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French Pages 100 [160] Year 2013
Henri Lamendin
Les de Jussieu, une famille de botanistes aux XVIIIe et XIXe siècles
Les de Jussieu, une famille de botanistes aux XVIIIe et XIXe siècles
Médecine à travers les siècles Collection dirigée par le Docteur Xavier Riaud
L’objectif de cette collection est de constituer « une histoire grand public » de la médecine ainsi que de ses acteurs plus ou moins connus, de l’Antiquité à nos jours. Si elle se veut un hommage à ceux qui ont contribué au progrès de l’humanité, elle ne néglige pas pour autant les zones d’ombre ou les dérives de la science médicale. C’est en ce sens que – conformément à ce que devrait être l’enseignement de l’histoire –, elle ambitionne une « vision globale » et non partielle ou partiale comme cela est trop souvent le cas. Dernières parutions Jean-Jacques TOMASSO, La vie et les écrits de Bernard Nicolas Lorinet (1749-1814). Un médecin des lumières dans lé Révolution, 2013. Jean-Pierre MARTIN, L’instrumentation médico-chirurgicale en caoutchouc en France (XVIIIe-XIXe), 2013. Michel A. GERMAIN, Alexis Carrel, un chirurgien entre ombre et lumière, 2013. Henri LAMENDIN, Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723), le microscope médical et les spermatozoïdes, 2013. Christian WAROLIN, Molière et le monde médical au XVIIe siècle, 2013. Jean-Louis Heim, La longue marche du genre humain : de la bipédie à la parole, 2013. Mathieu BERTRAND, Horace Wells (1815-1848) et Villiam T.G. Morton (1819-1868). La rencontre improbable de deux précurseurs de l’anesthésie, 2013. Xavier RIAUD, Des dentistes qui ont fait l’Histoire..., 2013. Mathilde FRADIN, Entretiens avec le Docteur Lévy-Leroy, médecin résistant, 2013. Xavier RIAUD, Histoire indépendentaire, 2013. Jean-Pierre MARTIN, Instrumentation chirurgicale et coutellerie en France. Des origines au XIXe siècle, 2013. Henri LAMENDIN, Lazzaro Spallanzani (1729-1799), le père de la biologie médicale expérimentale, 2013. Gilles GROS, Le clou de girofle en médecine bucco-dentaire, 2013. Gilbert GUIRAUD, André Breton médecin malgré lui, 2012. Xavier RIAUD, Napoléon 1er et ses médecins, 2012.
Henri Lamendin
Les de Jussieu, une famille de botanistes aux XVIIIe et XIXe siècles
Du même auteur Anecdodontes, Lab. Aventis, Paris, 2004. Petites histoires de l’art dentaire d’hier et d’aujourd’hui (Anecdodontes), L’Harmattan, Paris, 2006. Dictons, propos, slogans bucco-dentaires d’hier et d’aujourd’hui, Musée dentaire de Lyon (faculté d’odontologie), Lyon, 2006 (avec collaborateurs). Praticiens de l’art dentaire du XIVe au XXe siècle (recueil d’anecdodontes), L’Harmattan, Paris, 2006. Soignez votre bouche par les plantes. Remèdes d’hier et d’aujourd’hui, L’Harmattan, Paris, 2007. De l’art dentaire à d’autres arts. Anecdodontes biographiques, L’Harmattan, Paris, 2007. Précurseurs de la phytothérapie bucco-dentaire occidentale, L’Harmattan, Paris, 2008. Historique de l’odonto-stomatologie du sport en France. Principaux acquis techniques et scientifiques, L’Harmattan, Paris, 2009. Investigations et expérimentations en odontologie. 40 années d’expériences, L’Harmattan, 2009. Linné (naturaliste) et …? selon plusieurs auteurs, Souvenirs Ed., Guillestre, 2011. Carl von Linné, L’Harmattan, 2012. Spallanzani (naturaliste) et … ? selon plusieurs auteurs, Souvenirs Ed., Guillestre, 2012. Evans (dentiste de Napoléon III) et … ? selon plusieurs auteurs, Souvenirs Ed., Guillestre, 2012. Thomas W. Evans (1823-1897), le dentiste de Napoléon III, L’Harmattan, Paris, 2012. Van Leeuwenhoek (naturaliste) et …? selon plusieurs auteurs, 2013. Feldenkrais (judoka) et …? selon plusieurs auteurs, Souvenirs Ed., Guillestre, 2013. En accord avec l’auteur, le nombre de ses ouvrages tenant sur plusieurs pages, nous nous sommes contentés de ne citer que ses livres relatifs à l’histoire de la médecine.
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [email protected] ISBN : 978-2-343-02172-0 EAN : 9782343021720
Avant-propos Lorsque l’on emploie le nom « Jussieu », celui-ci peut concerner l’un ou l’autre des membres de la « dynastie Jussieu », qui ont tous été célèbres d’une façon ou d’une autre. Ce recueil les englobe à partir de Laurent de Jussieu. Celui-ci, apothicaire, pharmacien, bourgeois de Lyon, avait épousé Lucie Cousin et en eut seize enfants, parmi lesquels Antoine, Bernard, Joseph, etc. Quoique pharmacien, il n'a pas dérogé à la règle. Il a fait ses preuves de noblesse et a été maintenu dans sa qualité de gentilhomme. Son nom a été, en conséquence, enregistré, ainsi que ses armoiries… Il figure dans la première catégorie, celle des familles pour lesquelles il n'y a eu ni à contester, ni à faire des recherches supplémentaires. La date de sa naissance et celle de sa mort demeurent inconnues (Aimé Vingtrinier, Et les deux Alexis, correspondance historique et archéologique). Antoine (1686-1758) a été médecin et botaniste. Bernard (16991777), botaniste, est l’auteur d’une classification des plantes. Joseph (1704-1779) a accompagné La Condamine au Pérou et a introduit, en Europe, diverses espèces ornementales. AntoineLaurent (1748-1836), neveu de Bernard, a été le promoteur de la classification « naturelle » des plantes qui sert à toutes les classifications actuelles (Larousse). Adrien (1797-1853), fils d’Antoine Laurent, a occupé la chaire de botaniste du Muséum… Par la suite, divers de Jussieu ont été encore réputés dans diverses spécialités. Mais, nous nous cantonnerons, ici, essentiellement aux botanistes, également thérapeutes, évoqués par Philippe Morat, professeur honoraire au Muséum national d’histoire naturelle, membre correspondant de l’Académie des sciences (Archives de France) : « Étonnant destin que celui des cinq Jussieu, véritable dynastie qui va rayonner sur la
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botanique française durant près d’un siècle et demi. Durant tout ce temps, les trois frères Antoine, Bernard et Joseph, puis leur neveu Antoine-Laurent et son fils Adrien se côtoient ou se succèdent au Jardin du roi et à l’Académie des sciences où, fait unique dans l’histoire de cette institution, trois frères en sont simultanément membres… Tous furent aussi médecins. Car, à cette époque, botanique et médecine sont si étroitement liées que la création, en 1636, par Guy de la Brosse, du Jardin royal des plantes médicinales, qui deviendra Jardin du roi, puis Muséum d’histoire naturelle, entraîne les protestations véhémentes de la Faculté de Paris qui avait jusque-là le monopole de l’enseignement de la médecine… Certains ont reproché à Antoine d’avoir trop consacré son temps à la médecine, qu’il a continué d’enseigner et de pratiquer jusqu’à sa mort, au détriment de la botanique. En effet, son œuvre, bien que très variée, comparée à celle de son neveu AntoineLaurent, auteur de multiples traités dont le célèbre Genera Plantarum, apparaît moins abondante et conceptuellement moins innovante. Lorsqu’il meurt subitement en 1758, Bernard, par modestie, refuse de prendre la place laissée vacante par son frère et reste démonstrateur à vie. Mais, le poste refusé sera attribué, quelques années plus tard, à Antoine Laurent, puis à son fils Adrien, dernier successeur de la lignée glorieusement inaugurée par Antoine de Jussieu. » Jusqu’à présent, on a plutôt raconté l’histoire des Jussieu, d’une façon traditionnelle. Mais, comme pour mes précédents recueils sur des personnages qui risquent aujourd’hui, en particulier en France, d’être les « plus assez aimés » de l’Histoire, ou plutôt de devenir des trop « mal connus » ou trop « oubliés » des plus jeunes notamment, j’ai aussi rédigé celui-ci avec les mêmes soucis de simplicité et d’arrière-pensée pédagogique, cherchant à mettre en évidence certains des principaux thèmes qui ont marqué les existences des Jussieu. D’ailleurs, je n’ai traité que des « botanistes », afin de bien les identifier dans leur globalité. Dans ce recueil, les thèmes sont énumérés sans aucune idée d’exhaustivité, ni de classification quelconque. Je me suis évidemment attardé sur leurs aspects, leurs comportements en fonction des circonstances ou de leurs rapports avec d’autres. Et je les ai illustrés par des citations tirées de livres ou d’articles de revues volontairement très divers et plus ou moins connus,
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témoignant chacun de leurs points de vue sur les Jussieu, pour l’ensemble de leurs vies ou de leurs particularités, ce qui est très instructif, et montre comment s’écrit l’histoire, même de façon populaire, la petite, l’anecdotique, enrichissant souvent la grande histoire. Puisque cet ouvrage est conçu afin que le lecteur puisse se forger une idée sur les Jussieu à partir de ce qui a été écrit à leur sujet, j’ai rapporté des extraits parfois longs, mais indispensables, pour qu’ils soient connus, ou au moins, rappelés. Cependant, pour chaque sujet, des choix ont été faits, afin de demeurer autant que possible dans des brèves qui peuvent être lues dans l’ordre ou le désordre. S’il existe parfois quelques à-côtés, il y a également quelques raccourcis, ainsi que des répétitions fréquentes, pouvant se confirmer ou se compléter, les mêmes faits étant racontés par des auteurs différents. Des chevauchements sont inévitables, voire contradictoires, entre certains auteurs. Il s’agit en effet de citations fidèlement reproduites, parfois avec quelques fautes de grammaire, d’orthographe d’origine. En confrontant les faits et les traits des Jussieu, soumis à la réflexion personnelle de chacun, j’espère qu’il sera possible, au lecteur, de porter un jugement propre sur les membres de cette famille, avec, bien entendu, le désir de les découvrir plus avant par la lecture d’autres écrits.
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Jussieu père La célèbre famille des Jussieu était très nombreuse, car son chef au XVIIe siècle, l'apothicaire Laurent de Jussieu de Lyon, a eu pas moins de seize enfants. Deux d'entre eux, Antoine et Bernard, ont été des botanistes célèbres, ainsi que leur neveu Antoine Laurent et son fils Adrien. Un Jussieu, dont les biographes ne parlent généralement pas, est venu à Paris, pendant la Révolution et s'est occupé d'instruction publique. Le procès-verbal du Comité d'instruction publique, qui l'appelle « Jussieu père », sans autre indication, le mentionne, le 1er pluviôse an II, comme auteur de « vues pour l'établissement de jeux décadaires », qui ont été renvoyées au Comité de salut public. Le 25 ventôse, il lit, à la Convention, qui l'admet aux honneurs de la séance, une pétition contenant « diverses vues sur l'instruction publique ». Avec sa pétition, il paraît avoir présenté le manuscrit d'un ouvrage dont il sera parlé plus loin. Il a imaginé une « méthode très simple d'apprendre à un grand nombre d'enfants le mécanisme de la lecture et de l'écriture, et de leur communiquer les idées les plus nécessaires », et il demandait un local pour quatre ou cinq mois, afin d'y expérimenter cette méthode sous les yeux du Comité d'instruction publique. Le 29 germinal, le Comité, sur le rapport de Thomas Lindet, qui a été chargé de conférer avec Jussieu, prend l'arrêté suivant : « Le Comité, convaincu de l'utilité de cette méthode, et de l'avantage qui résultera de l'existence d'un établissement dans lequel tous les instituteurs, ou les citoyens qui se destinent à cet état, ou ceux qui se proposent de composer des livres élémentaires, pourront consulter l'expérience, et observer les procédés de cette nouvelle méthode d'instruction, arrête que la demande du citoyen Jussieu sera renvoyée au Comité de salut public, avec invitation d'en favoriser l'exécution. »
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La pétition de Jussieu, enregistrée à la section de l’instruction publique du Comité de salut public, le 7 messidor, a été transmise à la Commission exécutive de l'instruction publique, le 27 messidor. Douze jours après, le coup d'Etat du 9 thermidor amène la désorganisation de la Commission exécutive. Aussi, voit-on Jussieu revenir à la charge auprès du Comité d'instruction publique dans la séance de la 4ème sans-culottide. Le Comité prononce alors l'ajournement « jusqu'à l'ouverture des écoles normales » et cet ajournement a été indéfini. Le 7 fructidor, Jussieu écrit au Comité une lettre où on lit : « Il y a, dans ma famille, un dépôt précieux fait par Jean-Jacques Rousseau sous ce litre : Dépôt fait à l'amitié par Jean-Jacques Rousseau pour être ouvert en 1800. Il le remit à Condillac, auteur de l'Origine des connaissances humaines. Condillac l'a laissé à la citoyenne Mably, sa nièce, ma cousine germaine. Elle l’a remise chez un notaire à Beaugency. » Cette lettre nous donne l'adresse de « Jussieu père ». Il habitait à Paris, dans un hôtel garni appelé la « maison de la Marine », rue Gaillon. Le manuscrit dont il s'agit était, ainsi que Rousseau l'a raconté lui-même, une copie des trois dialogues intitulés Rousseau juge de Jean-Jacques, celle-là même que l'auteur a tenté, le 24 février 1776, de déposer sur le grand autel de NotreDame de Paris. À une date qui ne peut être déterminée exactement, vers la fin de l'an II, Jussieu se résout à publier sa méthode pour l'enseignement élémentaire. Il existe, aux Archives nationales, un prospectus imprimé, intitulé Avis sur les écoles primaires, adressé aux sociétés populaires. On y lit : « Frères et amis, il y a une méthode simple, par laquelle on apprend en peu de temps aux enfants. L'expérience en a démontré la bonté. Cette méthode concerne surtout les enfants des cultivateurs et des artisans peu riches. Il y a deux choses à leur apprendre : 1° la lecture et l'écriture ; 2° les notions générales que tout citoyen doit avoir et une partie de celles qui sont utiles dans leur état. Par cette méthode, tout le temps mis à apprendre à lire est gagné, parce que c'est en faisant les lettres qu'ils apprennent à les connaître. En écrivant des mots, ils apprennent à les lire. Ces détails sont développés avec soin dans un ouvrage imprimé.
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Le Comité d'instruction publique dit, dans son arrêté du 29 germinal, que, convaincu de l'utilité de cette méthode, et de l'avantage qui en résultera, il invite le Comité de salut public à en faire autant. On paie pour la souscription de cet ouvrage, intitulé Conversations du vieillard de Vichy, 10 livres pour Paris. Les souscripteurs recevront cette année deux volumes. Il y aura quatre ou cinq volumes, qui paraîtront en deux ans. » Il nous a été impossible de trouver un exemplaire des Conversations du vieillard de Vichy. Nous savons seulement que, le 5 ventôse an III, le premier volume, le seul paru à cette date, a fait l'objet d'un compte-rendu dans la Feuille villageoise de Ginguené. On lit, dans cette notice : « L'ouvrage est du citoyen Jussieu. Ces conversations ne forment que l'avantpropos d'un plus grand ouvrage. Il en a fait hommage à la Convention nationale, qui en a décrété la mention honorable et le renvoi au Comité d'instruction publique. Outre les idées morales, il contient une méthode très simple pour apprendre à lire et à écrire en même temps à un grand nombre d'enfants. » Le compte-rendu nous fait connaître le cadre et la forme de l'ouvrage : « Un vieillard [qui n'est autre que Jussieu lui-même], qui a été l'élève et l'ami de Jean-Jacques, s'est retiré à Vichy, petite ville agréable du département de l'Allier. Il allait se promener chaque jour de décade dans une commune des environs. Il y allait avec un officier municipal, honnête laboureur, bon patriote, d'un esprit droit, juste, sans culture, mais d'un coeur excellent, et un instituteur, homme simple, sans prétention, plus attaché aux devoirs de son état qu'instruit de son importance. » [Suit l'analyse d'une conversation entre ces trois personnages où il est question des fêtes de l'enfance.] « Cet entretien est-il une fiction ou une réalité? Qu'importe? Le bon vieillard l'a publié avec plusieurs contes, où ses principes sont développés et sa méthode d'éducation expliquée sous la forme de dialogue. » Ce qui précède est tout ce qu'il nous a été possible de découvrir jusqu'à présent sur ce Jussieu révolutionnaire (James Guillaume, Institut français de l’Éducation).
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La famille de Jussieu La famille Jussieu a marqué de son empreinte la botanique française. Antoine Laurent de Jussieu a été le fondateur du Muséum national d'histoire naturelle et a publié une classification des plantes en fonction du nombre de cotylédons, intitulée Genera Plantarum et parue en 1789. Antoine de Jussieu (1686-1758), Bernard de Jussieu (16991776) et Joseph de Jussieu (1704-1799) sont les trois fils d'un pharmacien de Lyon qui se sont tournés vers la botanique. Le plus jeune, Joseph, est parti en Amérique du Sud où il a vécu de nombreuses années. Antoine succède à Tournefort comme directeur du Jardin des plantes. Bernard a été son collaborateur. En 1759, ce dernier réorganise le jardin du Trianon permettant une présentation des plantes prenant en compte le Fragmenta Methodi Naturalis de Linné, mais aussi le Methodus Plantarum de Ray. La présentation de Bernard de Jussieu s'éloigne, d'une part, des classifications basées sur des caractères uniquement qualitatifs, d'autre part, de ceux sexuels de Linné, trop artificiels. Son système divise les plantes à fleurs en monocotylédones et en dicotylédones, et prend en compte la position de l'ovaire, la présence ou l'absence de pétales, et leur soudure ou non. Cependant, il n’a jamais publié sa classification. À partir de 1763, il est accompagné dans son travail, par son neveu Antoine Laurent de Jussieu. Antoine Laurent de Jussieu publie très rapidement, en 1773, une première étude intitulée Exposition d'un nouvel ordre des plantes dans lequel il améliore le système de son oncle. Ce travail préliminaire se concrétise en 1789, par le Genera Plantarum dans lequel il divise les plantes en acotylédonées, en monocotylédonées et en dicotylédonées. Il prend ensuite en compte le périanthe, présence ou absence de pétales, soudure ou non, ainsi que la position des étamines. Les plantes à fleurs sont
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ainsi divisées en quinze classes (les ordres actuels) et en 100 ordres (les familles actuelles).
Bernard de Jussieu. Antoine Laurent de Jussieu.
De plus, apparaissent, pour la première fois, les notions d'étamines hypogynes, périgynes et épigynes qui sont encore en usage actuellement. Si Antoine Laurent de Jussieu a été le fondateur du Muséum national d'histoire naturelle, son fils Adrien a perpétué la tradition familiale.
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Les éminents botanistes de la famille de Jussieu Antoine de Jussieu, (Lyon 1686, Paris 1758), est écuyer, conseiller secrétaire du roi, docteur en médecine, naturaliste et enfin membre de l'Académie des sciences (Robert Tricaud Geneanet). Frère de Bernard et de Joseph, il entreprend d'abord des études de théologie avant de découvrir la botanique. Il décide alors d'entreprendre des études de médecine à Montpellier. Sa passion le conduit à herboriser en Normandie et en Bretagne. Ce sont ses recherches qui le font remarquer par Guy Fagon, médecin du roi et surintendant du Jardin du roi. Fagon le recommande pour le poste de professeur de botanique au Jardin du roi, laissé vacant par la mort de Tournefort en 1709, dont Antoine est par ailleurs un grand admirateur. Il est admis à l'Académie des sciences en 1711. Pierre Baux deviendra son correspondant à l'Académie en 1757. En 1716, Fagon lui confie une mission en Espagne et au Portugal afin d'y recueillir des plantes. Antoine demande alors à son frère Bernard de l'accompagner. À son retour, il fait paraître, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, la relation de son voyage. Peu de temps après, il est chargé du cours à la Faculté de médecine de Paris. Son enseignement fera l'objet d'une publication posthume, en 1772, intitulé le Traité des vertus des plantes. En 1718, il devient membre de la Royal Society. C'est Antoine de Jussieu qui, en 1720, permet l'introduction du caféier dans les Antilles. Parallèlement à son activité de botaniste, de Jussieu n'a jamais cessé d'exercer la médecine. Cette double spécialité lui permet d'expérimenter l'intérêt de nombreuses espèces comme l'écorce de quassia, une Simaroubaceae, contre les fièvres (Wikipedia). Bernard de Jussieu (Lyon 1699, Paris 1777), est professeur au Jardin royal des Plantes de Paris, pensionnaire de l'Académie des sciences de Paris, de Berlin, de Saint-Pétersbourg et
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d'Upsal, de la Société royale de Londres. Frère d'Antoine et de Joseph de Jussieu, il commence ses études au collège jésuite de Lyon, puis les poursuit à Paris. Elles sont interrompues par l'invitation de son frère Antoine à venir herboriser à ses côtés lors de voyages naturalistes en Espagne et au Portugal. À son retour, en 1720, il passe le diplôme de docteur en médecine à Montpellier. Mais, sa passion pour la botanique le conduit à abandonner l'exercice de la médecine. Il revient à Paris et, en 1722, prend le poste de professeur de botanique au Jardin du roi qu'a laissé vacant la mort de Sébastien Vaillant. Il reste à cette place toute sa vie et contribue à l'accroissement de l'herbier, souvent à ses frais. Sous sa direction, le droguier du Jardin prend une dimension considérable et adopte le nom de Cabinet du roi. D'une grande modestie, il se contente de son poste au Jardin du roi et refuse même la charge de botaniste du roi, devenue libre après la mort de son frère Antoine. Bernard de Jussieu ne publie que fort peu d'ouvrages. En 1725, il fait paraître une version augmentée de l'Histoire des plantes des environs de Paris de Tournefort et est admis la même année à l'Académie des sciences. En 1727, il devient membre de la Royal Society. Il explore les côtes de Normandie en 1742 et publie ses Mémoires, relatant son voyage et décrivant les espèces végétales, mais aussi animales qu'il y a rencontrées. C'est le premier à avoir séparé la baleine, des poissons. En zoologie, il propose la création de familles, comme les vers ou les crustacés. En 1758, Louis XV lui confie la création d'une école de botanique dans les jardins de Trianon dirigés par Claude Richard. Bernard ne suit pas pour cela la classification de Linné, mais développe un système nouveau basé sur les caractères morphologiques des plantes. Il subdivise d'abord les espèces en monocotylédones et en dicotylédones, puis en familles regroupées suivant leurs affinités morphologiques. C'est ce système que reprend et affine son neveu Antoine Laurent de Jussieu (Wikipedia). Dans la première moitié du règne de Louis XV, en 1734, la France ne possède pas encore un seul cèdre. L'Angleterre, plus heureuse, en voit plusieurs croître dans ses jardins et s'en montre très fière. Bernard de Jussieu, qui est alors démonstrateur des plantes au Jardin du roi, jure que nos pépinières n'auront pas longtemps à envier sur ce point les
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pépinières anglaises. Il a tenu parole. C'est à l'Angleterre même qu'il a dérobé l'arbre tant convoité et soigneusement gardé par elle. Il en a obtenu deux pauvres pieds bien chétifs, qu'on ne lui a donné peut être que parce qu'on pensait qu'ils ne pourraient pas vivre. C'est, dit-on, le médecin anglais Collinson, qui lui en a fait présent. Ne sachant où loger sa conquête, c'est-à-dire où la cacher, car il l'a emporté un peu comme un voleur, Bernard de Jussieu s’est servi de son chapeau pour y mettre, en bonne terre, les deux brins de verdure qui devaient être plus tard deux arbres géants. « J'ai longtemps douté de ce détail. Le chapeau devenu pot de fleur, le tricorne porte-cèdre, me semblait un peu légendaire, mais Condorcet, m'ayant confirmé le fait dans un Éloge de Jussieu où tout est vérité, je n'ai plus hésité à croire. La légende ne parle que d'un cèdre, mais Condorcet dit expressément que Bernard en a rapporté deux dont l'un a si bien grandi près du labyrinthe du Jardin des Plantes. » La tradition ajoute, sur leur voyage d'émigration, bien des détails que n'a pas oubliés M. Gozlan dans l'article, d'un esprit charmant mais d'une vérité douteuse, qu'il a écrit, en 1834, sur le cèdre du Jardin des Plantes, pour célébrer son centenaire. « Le voyage fut long, dit-il, tempétueux ; l'eau douce manqua ; l'eau douce, ce lait d'une mère pour le voyageur. A chacun, on mesura l'eau ; deux verres pour le capitaine, un verre pour les braves matelots, un demi-verre pour les passagers. Le savant à qui appartenait le cèdre était passager : il n'eut qu'un demiverre. Le cèdre ne fut pas même compté pour un passager, il n'eut rien ; mais le cèdre était l'enfant du savant, il le mit près de sa cabine, et le réchauffa de son haleine ; il lui donna la moitié de sa moitié d'eau et le ranima. Tout le long du voyage, le savant but si peu d'eau, et le cèdre en but tant qu'ils furent descendus au port, l'un mourant, l'autre superbe, haut de six pouces. Tout cela, certes, est on ne peut plus touchant ; tout cela même pourrait être vrai, s'il s'était agi d'un très long voyage, du Liban à Marseille, par exemple ; mais pour une simple traversée de Douvres à Calais, tout cela n'est guère vraisemblable. Aussi n'est-ce pas vrai, pour l'aventure dont il s'agit, du moins. Ce n'est pas Bernard de Jussieu qui faillit mourir de soif par dévouement pour son arbuste altéré, c'est le capitaine De Clieu ; l'arbuste, ainsi ranimé et mis en état de vivre, n'était pas un cèdre, mais un plant de caféier ; et le
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voyage que l'homme et son cher arbuste avaient à faire, n'était pas une simple traversée de Douvres à Calais, mais un voyage de plus long cours. De Clieu allait du Havre à la Martinique, où le plant de café qu'il avait ainsi pu sauver devint la souche de tous ceux qui, depuis 1716, ont si miraculeusement pullulé sur les parties montueuses de cette belle colonie, dont ils sont la richesse. Rendons à De Clieu ce qui est à De Clieu, au caféier ce qui appartient au caféier, et revenons à Bernard de Jussieu et à ses cèdres en espérance. Quand il fut de retour au Jardin du roi (Jardin des Plantes), Bernard y chercha bien vite un coin de la meilleure terre pour y faire sa plantation. C'est près de la butte, dont on a fait le labyrinthe, qu'il trouva ce coin béni. Le sol en était excellent. Bernard savait que, pendant des siècles, le Montfaucon du Paris de la rive gauche s'était trouvé là, et que le monticule ou copeau (vieux mot signifiant butte ou monticule, d'où vient le nom de la rue Copeau) du labyrinthe avait même été formé par ces amas d'immondices, qui sont pour la terre un si merveilleux engrais. Celui de ses deux cèdres qu'il y planta devait certainement pousser là on ne peut mieux. En effet, Bernard de Jussieu eut bonheur de le voir croître comme par magie. Lorsque Bernard mourut, quarante-trois ans après, en 1777, « il pouvait admirer, dit Condorcet, la cime de son arbre chéri qui dominait les plus grands arbres. » Il serait beaucoup plus élevé encore si la flèche n'eut été cassée par accident. Or, ces sortes d'arbres poussent par le sommet des branches, et quand ce sommet est coupé, ils ne croissent plus... » (D'après Chroniques et légendes des rues de Paris. Édouard Fournier, 1864). Joseph de Jussieu (Lyon 1704, Paris 1779) est docteur en médecine, ingénieur, botaniste, membre de l'Académie des sciences de Paris, auteur de plusieurs mémoires sur l'histoire naturelle du Pérou. Frère de Bernard et d'Antoine de Jussieu, il étudie la médecine et les sciences naturelles à Lyon, et à Paris. Il accompagne, en tant que botaniste, Charles Marie de La Condamine (1701-1774), lors de l'expédition chargée de mesurer, à l'Équateur, l'arc du méridien. Contrairement aux autres membres de cette expédition, il reste en Amérique du Sud afin d'y continuer ses études naturalistes et y demeure 36
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ans. En 1758, il est admis à l'Académie des sciences de Paris. Joseph de Jussieu revient, malade, en France, en 1771, et meurt quelques années après sans avoir eu le temps d'écrire ses mémoires. Malgré la perte d'une grande partie de ses manuscrits et de ses collections, il a enrichi considérablement les herbiers du roi, aujourd'hui conservés au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. C'est lui qui a introduit l'Héliotrope du Pérou (Heliotropium peruvianum) et il a grandement contribué à la connaissance des Quinquina, arbre dont on extrait la quinine décrite avant lui par La Condamine. Joseph aurait aussi découvert le caoutchouc et la coca (Wikipedia). Antoine Laurent de Jussieu (Lyon 1748, Paris 1836) est directeur du Muséum national d'histoire naturelle, docteur en médecine, professeur au Jardin royal des Plantes de Paris, membre de l'Académie des sciences. En 1770, il remplace Louis Guillaume Le Monnier (1717-1799) au poste de démonstrateur au Jardin du roi.
Neveu d'Antoine, de Bernard et de Joseph de Jussieu, Antoine Laurent commence ses études à Lyon. En 1766, son oncle, Bernard, l'appelle auprès de lui à Paris, où il termine ses études de médecine. En 1773, il présente son Examen de la famille des Renoncules à l'Académie des sciences, ce qui lui vaut d'y être
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élu membre. Il développe les idées de son oncle Bernard de Jussieu sur la classification des végétaux suivant un système basé sur la morphologie des plantes. En 1774, il fait paraître son Exposition d'un nouvel ordre des plantes adopté dans les démonstrations du Jardin royal, dans les Mémoires de l'Académie des sciences, complétée quinze ans plus tard par son Genera plantarum secundum ordines naturales disposita.
Georges Cuvier (1769-1832) en parlera comme d'un livre « admirable dans les sciences d'observation peut-être aussi important que la chimie de Lavoisier dans les sciences d'expérience ». La méthode employée par Antoine Laurent dans son Genera Plantarum sera reprise en zoologie par Cuvier et affinée, puis formalisée par Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), botaniste suisse, qui la complètera en apportant de nouvelles distinctions dans la classification. Cette œuvre est à la base de toute la classification actuelle des végétaux supérieurs. En effet, on y retrouve la majorité des genres et des familles décrits par Antoine Laurent, qui ont été postérieurement corrigés et/ou complétés, puis enfin confortés par les résultats de la phylogénie. En 1794, il est nommé directeur du nouveau Muséum national d'histoire naturelle et il y fonde
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immédiatement une bibliothèque. En 1804, il occupe la chaire de professeur de botanique à la Faculté de médecine de Paris, poste qu'il occupe jusqu'en 1826. En 1829, il devient membre étranger de la Royal Society de Londres. Devenu presque aveugle, il se démet de sa chaire au Muséum au profit de son fils Adrien. En 1838, son nom est donné en hommage à la rue Saint-Victor, qui devient la rue Jussieu (Wikipedia). Adrien Henri de Jussieu (Paris 1797, Paris 1853) est docteur en médecine, botaniste et membre de l'Académie des sciences. Il est le fils d'Antoine Laurent de Jussieu. Après des études de médecine à Paris, en 1824, il remplace son père à la chaire de botanique du Jardin des Plantes en 1826. Sa thèse porte sur les Euphorbiacées et s’intitule De euphorbiacearum generibus medicisque earumdem viribus tentamen. Elle est suivie de nombreux travaux sur les Rutacées, les Méliacées, les Malpighiacées… Le 8 août 1831, il est élu membre de l'Académie des sciences, dont il est le président en 1853. En 1839, il publie ses Recherches sur la structure des plantes monocotylédones et surtout son Cours élémentaire de botanique qui sera utilisé par des générations d'étudiants. En 1845, il remplace, au poste de professeur d'organographie végétale à la Sorbonne, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), naturaliste français. La même année, il publie sa Géographie botanique. Il a donné son nom à la rue Villa Adrien de la commune de Meudon, où il se promenait fréquemment avec ses étudiants pour étudier les plantes de la forêt environnante (Wikipedia). Laurent Pierre de Jussieu, littérateur français, neveu et cousin des deux célèbres botanistes, Antoine Laurent et Adrien de Jussieu, est né à Lyon, en 1792. Lors de la fondation de la Société pour l'instruction élémentaire, il devient rédacteur du Journal d'éducation, organe de cette association. En 1811, il est aide-naturaliste-adjoint au Muséum national d'histoire naturelle dirigé par son oncle. En 1817, la société met au concours la composition d'un ouvrage élémentaire, « où seraient tracés, avec simplicité, précision et sagesse, les principes de religion chrétienne, de morale, de prudence sociale qui doivent diriger la conduite des hommes dans toutes les conditions, et les
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qualités de père, de fils, de mari, de citoyen, de sujet, de maître et d'ouvrier ». Laurent Pierre de Jussieu écrit, à cette occasion, son livre le plus populaire intitulé Simon de Nantua, qui obtient le prix. Publié chez L. Colas en 1818, ce livre a été réimprimé depuis presque chaque année. En 1829, Jussieu lui donne une suite sous le titre d'Œuvres posthumes de Simon de Nantua, ouvrage auquel l'Académie française a décerné le prix Montyon. Disciple et ami de l'abbé Gaultier, Jussieu cherche à faire connaître les méthodes de cet éducateur, auxquelles il consacre une série d'articles dans le Journal d'éducation. Après la mort de l'abbé Gaultier, il entreprend, sur le même sujet, un travail plus étendu et publie, en 1822, un volume portant le titre Exposé analytique des méthodes de l'abbé Gaultier, à Paris, chez L. Colas et A. Renouard. La seconde édition paraît en 1833, sous le titre de Guide des parents et des maîtres qui enseignent d'après les méthodes de l'abbé Gaultier, toujours à Paris, chez Renouard. On a encore de L. P. de Jussieu : Le village de Valdoré, ou Sagesse et prospérité, imité de l'allemand, Paris, 1820 ; Antoine et Maurice, Paris, 1821 qui a obtenu le prix proposé par la Société pour l'amélioration des prisons, en faveur du meilleur livre destiné à être donné en lecture aux détenus; Histoire de Pierre Giberne, ancien sergent de grenadiers français, ou quinze journées aux Invalides, publiée pour l'instruction et l'amusement des soldats de l'armée française, Paris; Les petits livres du père Lami, contenant : Premières connaissances, Historiettes morales, Eléments de géographie, Histoire sainte, Histoire de France, Arts et métiers, Paris, 1830, 1833, 1842, 6 vol. Il a publié, pendant cinq ans, un petit journal destiné à la jeunesse qu’il a baptisé Le bon génie. L. P. de Jussieu est devenu, en 1831, secrétaire général de la préfecture de la Seine. Plus tard, il a été nommé maître des requêtes au Conseil d'Etat. Député de 1839 à 1842, il siège au centre. Rentré dans la vie privée après 1848, il est mort en 1866 (Institut français de l’Éducation).
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Patronymie, toponymie Patronymie Jussieu est un patronyme porté notamment par : - Christophe de Jussieu (1685-1758), apothicaire lyonnais ; - Antoine de Jussieu (1686-1758), frère du précédent, botaniste et médecin français ; - Bernard de Jussieu (1699-1777), frère du précédent, botaniste français ; - Joseph de Jussieu (1704-1779), frère du précédent, botaniste français ; - Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), fils de Christophe, botaniste français ; - Adrien de Jussieu (1797-1853), fils du précédent, botaniste français ; - Bernard Pierre de Jussieu (1751-1836), fils de Christophe, frère de Antoine Laurent ; - Laurent Pierre de Jussieu (1792-1866), fils du précédent, écrivain moraliste français ; - Christophe Alexis Adrien de Jussieu (1802-1865), haut fonctionnaire, frère du précédent (Wikipedia). Toponymie Jussieu est un nom de lieu notamment porté par : - Le Campus de Jussieu, campus principal de l'université Pierreet-Marie-Curie dans le Ve arrondissement de Paris, situé à côté du Muséum national d'histoire naturelle, est couramment appelé « Jussieu ». Rue Jussieu, voie du Ve arrondissement de Paris. Place Jussieu, place de Ve arrondissement de Paris. Jussieu, station de métro de Paris située dans le même quartier. - Rue Jussieu, à Marseille (13004). - Rue Jussieu, à Lyon (69002). - Rue Jussieu, à Saint-Etienne (42000). - Rue de Jussieu, à Nice (06000).
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- Rue Jussieu, à Angers (49100) (Date de dénomination : 11/03/1893). Histoire du terme choisi : Famille de botanistes et médecins français, parmi lesquels Joseph de Jussieu (17041779) qui voyage en Amérique et introduit, en Europe, plusieurs variétés de plantes ornementales ; Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), directeur du Muséum, qui expose les principes servant de base à la méthode naturelle de la classification des plantes. La dénomination répond à la volonté « d'honorer la mémoire des hommes illustres de notre chère France et de perpétuer le souvenir de ceux qui se sont distingués par des travaux considérables, des découvertes importantes, des actions d'éclat, ou qui sont morts pour la patrie » (délibération du 11 mars 1893). Le choix de ce nom évoquant la botanique s'accorde par ailleurs avec la situation de la rue, à proximité immédiate du Jardin des Plantes, etc.
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Un franc-maçon Antoine Laurent de Jussieu Titres: médecin (1770) et botaniste, Académie des sciences (22 mars 1773), Franc-maçon « Loge des Neuf Sœurs » Né le 12 avril 1748 (vendredi) – Lyon. Décédé le 17 septembre 1836 (samedi) – Paris, à l’âge de 88 ans. Parents : Christophe de Jussieu (1685-1758) et Jeanne Pallier (1718-1785). Union(s) et enfant(s) : Marié le 7 juin 1779 (lundi) avec Mlle Sophie Bellet (ca 17601783) (Parents : Thomas Bellet, Mercier (ca 1725-1788) & Angélique Louise Nau (1735-1818)), enfant : Sophie Geneviève de Jussieu (1780-1840). Marié le 19 septembre 1791 (lundi) avec Thérèse Adrienne de Boisneuf (1767-1857), enfants : Antoine Thérèse Amélie de Jussieu (1794- ? ) et Adrien de Jussieu (1797-1853). Frères et sœurs : Bernard Pierre de Jussieu (1751-1836), marié le 25 janvier 1791 (mardi), Lyon, avec Suzanne Saint Didier (ca 1770- ? ). Christophe Nicolas de Jussieu, (1754- ? ), médecin, marié le 13 novembre 1787 (mardi), Paris, avec Agathe Vincent (ca 1770- ? ). Enfant élevé : François Péron (1775-1810), naturaliste. 1806 : Témoin au mariage de André Marie Ampère (17751836), physicien, et de Jeanne Françoise Potot (1778-1866). Notes individuelles : Docteur en médecine. Sa thèse, soutenue avec succès devant la Faculté de Paris, a eu pour sujet, la comparaison de la structure et des fonctions des organes végétaux avec les phénomènes de la vie animale.
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Cet exposé précis et élégant, de tout ce que l'on savait à cette époque sur cette question, a frappé vivement Le Monnier, prédécesseur d'Antoine Laurent de Jussieu, qui, trop absorbé par ses fonctions de Premier médecin du Roi, désirait se faire suppléer dans sa chaire de botanique. Il demande alors à Buffon et obtient la nomination d'Antoine Laurent (Alain Garric, GeneaNet). La Loge maçonnique des Neuf Sœurs dispose d’un jeton à l'effigie de Benjamin Franklin, en date de 1783, avec l’adage suivant : « De leurs travaux naîtra leur gloire. » La Loge des Neuf Sœurs est une loge maçonnique qui a eu une influence particulière dans l'organisation du soutien français à la Révolution américaine (Wikipédia).
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Les Jussieu et Montpellier La plante modèle des généticiens, l'Arabette des dames (Arabidopsis thaliana), fleurit au printemps sur les trottoirs de Montpellier. Le botaniste Antoine Laurent de Jussieu a dû apprécier. Après s'être fait recevoir docteur en médecine à Montpellier, Antoine de Jussieu est venu à Paris, en 1708. En 1720, Bernard de Jussieu passe le grade de docteur en médecine à Montpellier.
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Les Jussieu et Lyon Merveilleux a été ce XVIIIe siècle lyonnais qui nous a donné trois frères, docteurs en médecine et botanistes, Antoine, Bernard et Joseph de Jussieu.
Antoine, Bernard et Joseph de Jussieu. Leur père, Laurent de Jussieu, était un grand apothicaire lyonnais.
Antoine, né le 6 juillet 1686, à Lyon, commence des études de théologie, puis poursuit des études de médecine à Montpellier afin de parfaire sa passion de la botanique. Ses travaux le font remarquer par Guy Fagon, médecin et surintendant du Jardin du roi. Ce dernier le choisit pour enseigner la botanique au Jardin du roi. Antoine sera élu à l'Académie des sciences à l'âge de 29 ans. Bernard, né le 17 août 1699, à Lyon, fait des études à Lyon, puis à Paris, pour terminer par des études de médecine à Montpellier par amour de la botanique. En 1722 Antoine, l'aîné, fait venir son frère à Paris. Bernard prend alors un poste de professeur de botanique au Jardin du roi et se révélera être l'un des plus grands botanistes de son temps. Carl von Linné le
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considérait d’ailleurs en tant qu’autorité infaillible : « Aut Deus, aut de Jussieu ». Joseph, le petit dernier, né le 3 septembre 1704 à Lyon, fait des études de médecine, de botanique et de mathématiques à Lyon. Mais, il voulait voir plus loin que le Jardin du Roi. Une grande expédition se préparait avec pour but d'aller mesurer, à l'Équateur, la longueur d'un arc d'un degré du méridien. Charles Marie de La Condamine, explorateur scientifique, est désigné pour la diriger et Joseph de Jussieu se fait alors accepter comme botaniste. De 1735 à 1744, de nombreuses observations ont été accumulées par les astronomes et les géomètres. La Condamine, ayant poussé jusqu'au bassin de l'Amazone, découvre le "cahuchu" des Indiens, c'est-à-dire l'hévéa. De son côté, Joseph de Jussieu a découvert plus de 100 espèces, allant des arbres produisant le Quinquina, dont les Espagnols n’ont pas voulu révéler l'origine, à l'ipécacuanha, la coca, la capucine et l'héliotrope (Heliotropium peruvianum) en 1740. Il enverra des graines d'héliotrope à son frère Bernard, alors démonstrateur de botanique au Jardin des Plantes, à Paris. L'héliotrope du Pérou, plante arbustive aux feuilles rugueuses, aux fleurs de couleur bleue violacée, réunies en corymbes qui se renouvellent tout l'été et dont le parfum puissant rappelle celui de la vanille. Non rustique, il ne peut supporter un climat aux températures descendant au-dessous de 0°. Passionné par tant de découvertes, Joseph de Jussieu décide de ne pas rentrer en France et de poursuivre ses investigations. Il parcourt, de Quito à La Paz, les hauts sommets andins comme des volcans à 5 000 m d'altitude, des vallées où il a découvert des orchidées. La guerre de Trente ans qui s'est déclarée en Europe le laisse sans nouvelle, ni certitude que ses envois de graines sont bien parvenus à destination. Malgré les fièvres tropicales et des vertiges, il s'obstine à vouloir rester dans cette région et à ne pas rentrer en France. Il devient alors le médecin personnel du gouverneur de la région de Potosi. Bernard de Jussieu, inquiet pour son petit frère, qui refuse sans cesse les opportunités de rentrer au pays, finit par lui envoyer un émissaire pour le ramener de force. Joseph de Jussieu se laisse faire et revient en France, usé par les maladies tropicales et les trop nombreuses périodes de mélancolie qui s'en suivent. L'esprit absent, il survit huit ans en France, sans jamais retrouver la raison pour pouvoir
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écrire ses mémoires. Son frère, Christophe, né en 1685, à Lyon, a été apothicaire (Le petit carnet de Maxence).
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Sculpture et squares de Jussieu Cette ronde-bosse de marbre blanc représente Bernard de Jussieu en pied, tenant dans sa main droite une loupe et dans sa main gauche une plante. Dans l’iconographie du personnage, c’est souvent de cette manière qu’il est représenté. Dès février 1876, le conseil municipal de la ville de Lyon lance le projet d’élévation d’une statue en l’honneur d’un des frères Jussieu, originaire de cette ville. Le concours est lancé en octobre 1883. Le projet de Pierre Aubert est retenu en 1885 et la statue est installée dans le square Jussieu (IIIe arr.) spécialement aménagé à cet effet en 1894. Sur Pierre Aubert (1853-1912), on possède peu d’éléments sur la vie de ce sculpteur. En octobre 1969, pour faire place au buste d’Edouard Herriot, la statue est transférée au parc, devant les grandes serres. Elle remplace alors les statues représentant les quatre saisons qui prennent place alors à l’Orangerie2. Le square Jussieu est aménagé en rive gauche du Rhône à la jonction du quai Augagneur et du cours de la Liberté, dans le IIIe arrondissement. Il a une forme triangulaire, limité au nord 2
On appelle Jardin Jussieu la partie actuellement engazonnée, située devant les grandes serres, à Lyon. Au centre, trône la statue de Bernard de Jussieu, célèbre botaniste lyonnais. Depuis plus d’un siècle, cette partie du jardin a beaucoup évoluée. En 1867, on trouve, à cet endroit, les petites serres de culture du service fleuriste. Elles restent à cet emplacement jusqu’en 1900, date à laquelle elles déménagent de l’autre côté des grandes serres. Des pelouses sont alors créées et la forme du massif représente l’ombre projetée au sol de la grande serre. Dans un premier temps, cette pelouse accueille, en 1908, les statues des quatre saisons venant de la fontaine des Jacobins du 2ème arrondissement, construite en 1865, en l’honneur du préfet Vaïsse. Elles sont par la suite déplacées à l’orangerie du Parc où elles se trouvent toujours aujourd’hui dans les niches de la façade. La statue de Bernard de Jussieu, quant à elle, est installée, en 1969, devant les grandes serres, quittant le square du 3ème arrondissement où elle était installée depuis 1894.
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et au sud par des treilles, ainsi qu'une grande maison de briques au sud. Au nord, il est terminé par une pelouse et des petits magnolias qui promettent de belles grandifloras. Ce sont surtout les vues qui sont agréables, malgré le ronronnement des voitures. A l’est, ce sont les belles façades du cours et, par-delà le Rhône, on distingue l’Hôtel-Dieu, Fourvière, les Cordeliers, le dôme de l’Opéra et la colline de la Croix-Rousse. Antoine Laurent de Jussieu est né à Lyon, le 19 avril 1748. Jussieu était un grand botaniste. Il a herborisé dans le pays lyonnais et a été surtout impressionné par les variétés trouvées dans la vallée du Gier. Il s’est rendu célèbre pour sa formule de classification des végétaux, dont la méthode est publiée pour la première fois en 1763, sur la famille des renoncules. Par la suite, il l’a généralisée en juillet 1789, dans son livre intitulé Genera Plantarum. Il est mort en 1836, à Paris, ce qui lui vaut le nom d’une grande université parisienne. Avant lui, ses trois oncles, Antoine, Bernard (1699-1777), à qui est dédié le square, et Joseph, Lyonnais aussi de naissance, se sont déjà illustrés dans la botanique. Bernard a tenté de classifier les végétaux en concurrence avec Carl von Linné. Antoine a dirigé, quant à lui, le Jardin du roi, à Paris, et Joseph a découvert le Quinquina au Pérou. Je ne sais pas ce que Jussieu a fait pour se voir attribuer ce square, puisqu’il a acquis, de longue date, la mémoire des Lyonnais avec sa rue située juste de l’autre côté du Rhône dans le quartier Grôlée. Il est certes plus judicieux d’attribuer un square qu’une rue à un botaniste. Le livre des archives municipales, consacré au palais SaintJean, donne la réponse. Il explique que Charles Textor a sculpté un plâtre conservé au palais afin de participer à un concours visant à glorifier Bernard de Jussieu. C'est Pierre Aubert qui a gagné le concours et qui a érigé une statue de marbre de trois mètres de haut inaugurée le 13 mai 1894, ici, alors square Lafayette devenant square Bernard de Jussieu. On peut voir la statue de Jussieu au parc, devant la grande serre (ruesdelyon). Autre square, autre ville. J’ai habité à Lille, avant la guerre 1939-45, jusqu’en mai 1940, date de l’évacuation devant l’attaque allemande, puis y suis revenu à la fin du conflit.
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Mon lieu de résidence se trouvait rue nationale, à proximité du square de Jussieu. Je n’ai pas trouvé le prénom du Jussieu dont il s’agissait. « Le square Foch, ancien square de la reine Hortense (18621870), puis square de Jussieu jusqu'en 1949, a été élaboré en 1862, à l'emplacement d'une ancienne dérivation de la Deûle et d'anciens fossés d'enceintes comblés à partir de 1859. À l'origine, le square est un jardin à l'anglaise délimité, au nordouest, par la rue de Tenremonde, et au sud-est, par la rue impériale devenue la rue nationale à partir de 1870 ». « En 1902, le square de Jussieu abrite le monument Desrousseaux. Ce dernier est composé d'une stèle, surmontée du buste du chansonnier. L'œuvre est complétée d'une représentation de la célèbre Canchon Dormoire du P'tit Quinquin. La carte postale nous montre une vue d'ensemble du monument, à peine achevé, et l'écrin de verdure formé par le square de Jussieu. En 1936, une statue érigée à la gloire du maréchal Foch est installée à l'extrémité du square de Jussieu. Dans un même temps, le square est réaménagé à la française et une allée droite remplace les chemins irréguliers tracés au XIXe siècle. Le square est alors baptisé square Foch et les deux allées qui le délimitent au sud-ouest et au nord-est portent le nom d'avenue Foch, depuis 1949 ». De mon temps, tous les Lillois connaissaient cette plaisanterie vulgaire disant que le square Jussieu n’était pas fait « que pour uriner », puisque « Foch y est ! ». Créée en 1838, sous le nom de place Saint-Victor sur les terrains de l'ancienne abbaye Saint-Victor, […] elle prend le nom de place Jussieu en 1867, en hommage à la famille de Jussieu. La place Jussieu donne accès au campus de Jussieu de l'université Paris VI. Elle constitue l'accès à la station de métro homonyme. La fontaine dite de la « Bouche de la Vérité » a été installée au centre de la place en 1994. La place Jussieu est située près des arènes de Lutèce…
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Le Jardin royal des plantes médicinales et sa bibliothèque par les Drs Henri Lamendin & Xavier Riaud La bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle, bibliothèque dévolue à la recherche, patrimoniale et publique, spécialisée en sciences naturelles est l'une des plus importantes du monde dans ses domaines. Le Muséum trouve ses origines dans le Jardin royal des plantes médicinales projeté dès 1626, mais véritablement créé en 1635 par le roi Louis XIII, à l'initiative de l'un de ses médecins ordinaires, Guy de la Brosse. Il est ouvert en 1640, après acquisition et aménagement de l'emplacement du clos Coypeau. C'est alors un établissement chargé de cultiver et de conserver des plantes médicinales servant à la formation des pharmaciens, et droguistes. Il dispense aussi un enseignement structuré autour des ressources du Jardin, destiné à former les futurs médecins à l'utilisation des plantes médicinales : « Attendu qu'on n'enseigne point, ès école de médecine, à faire des opérations de pharmacie ... Voulons que dans ledit jardin, il soit gardé un échantillon de toutes les drogues tant simples que composées. » (Lettres patentes de Louis XIII, février 1626, marquant la fondation du Jardin royal des plantes médicinales. Muséum national d’histoire naturelle de Paris.) En 1720, Bernard de Jussieu passe le grade de docteur en médecine à Montpellier. Mais, sa passion pour la botanique le conduit à abandonner l'exercice de la médecine. Il revient à Paris et, en 1722, prend le poste de professeur de botanique au Jardin du roi devenu vacant. Il demeure à cette place toute sa vie et contribue à l'augmentation de l'herbier, souvent à ses frais. Sous sa direction, le droguier du Jardin prend une dimension considérable et adopte le nom de Cabinet du roi.
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D'une grande modestie, il se contente de son poste au Jardin du roi et refuse même la charge de botaniste du roi, libre après la mort de son frère Antoine (B.I.U. Santé de Paris).
En 1759, à la demande de Louis XV, Bernard de Jussieu crée au Trianon un jardin botanique et fait construire les plus grandes serres chaudes d'Europe, aujourd'hui appelées orangerie de Jussieu. Avec les jardiniers Claude et Antoine Richard, il se livre à des expériences d'acclimatation de plantes exotiques ou rares : géraniums, fraises, ananas, figuiers des Indes, café, riz, tabac ... À partir de 1774, la création du jardin anglais de MarieAntoinette fait disparaître le jardin botanique. Le jardin de Jussieu qui comptait jusqu'à 4 000 variétés de fleurs et de
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plantes rares est alors transporté au Jardin des Plantes à Paris (Chateauversailles.fr). Le Muséum national d'histoire naturelle naît officiellement le 10 juin 1793, par un décret de la Convention nationale. Mais, ce nouvel établissement n'est que la métamorphose du Jardin royal des plantes médicinales, apparu plus de 150 ans auparavant, en 1635, sous Louis XIII. Tout débute lorsque l'un des médecins ordinaires du roi, Guy de la Brosse, appuyé par le premier médecin du roi, Jean Héroard, et par Richelieu, persuade Louis XIII de créer à Paris, un jardin de plantes médicinales, destiné, d'une part, à la culture, à la conservation, à l'étude et à l'utilisation de plantes utiles à la santé, et, d'autre part, à l'enseignement de la botanique, de la chimie et de l'anatomie, à destination des futurs médecins, et apothicaires. Ces cours, enseignés en français - c'est une première, car, partout ailleurs, la langue usitée est le latin -, sont également accessibles au grand public. Ils sont dispensés par des démonstrateurs et obtiennent un vif succès. Des auditeurs de tous âges, Français et étrangers, fréquentent les leçons données au jardin. Destiné à ses débuts aux collections botaniques et aux besoins de la maison royale, d'où le nom de « jardin royal des plantes médicinales », le jardin est rapidement en butte à l'hostilité de la Faculté de médecine, qui reste la seule, à Paris, à pouvoir décerner le grade de docteur en médecine. D'ailleurs, les démonstrateurs sont tous médecins, mais formés, eux, en province, et notamment à Montpellier, la faculté rivale et détestée… En 1693, un compromis est trouvé, le conflit avec la Faculté de Paris étant devenu trop aigu. Antoine de Jussieu est alors recruté. Les voyages d'études dans les pays lointains sont encouragés, ainsi que l'importation et l'acclimatation des plantes tropicales, et notamment le café, alors monopole de l'Arabie, que Jussieu introduit aux Antilles… La déclaration royale du 31 mars 1718 sépare la charge de premier médecin du roi de la surintendance du Jardin et, en 1729, l'ancien « droguier » qui a perdu progressivement son aspect d'officine, prend officiellement le titre de « cabinet d'histoire naturelle ».
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En cinquante ans, le jardin double sa superficie. L'école de botanique, ainsi que le cabinet d'histoire naturelle, sont agrandis. Y sont découverts de nouveaux naturalistes, parmi les plus prestigieux, dont Antoine Laurent de Jussieu. Joseph de Jussieu passe trente-cinq ans au Pérou espagnol, de 1735 à 1770, où il contribue grandement à la connaissance du Quinquina, découvert par La Condamine… La Révolution transforme profondément le fonctionnement du Jardin. Le 20 août 1790, un décret de l'Assemblée nationale demande aux démonstrateurs de rédiger un projet pour sa réorganisation… Le corps des professeurs et leur directeur, élu et renouvelé chaque année, doivent être le garant de l'indépendance de la recherche. Mais, le projet n'aboutit pas, l'Assemblée nationale ne donnant pas de suite. Finalement, le 10 juin 1793, le Muséum obtient le vote du décret l’établissant, lui donnant ainsi une existence juridique propre. Le logo du Muséum, datant de la Révolution française, symbolise les règnes de la nature, de la liberté, du travail et de leurs fruits. Le poste d'intendant est alors remplacé par la fonction de directeur. L'ancienne hiérarchie des officiers du jardin, notamment les démonstrateurs et sous-démonstrateurs, est abolie. Douze postes de professeurs assurent, de façon égale et collégiale, l’administration du Muséum. Les enseignements sont répartis en douze chaires professorales. Adrien de Jussieu, fils d’Antoine Laurent, succède à son père, en 1826, à la chaire de botanique du Muséum. Il est le directeur du Muséum d’histoire naturelle et du Jardin des Plantes (Wikipédia). Le Jardin royal des plantes médicinales est donc officialisé par un édit de 1635. Ouvert au public à partir de 1640, ce qui deviendra plus tard le Jardin des Plantes, renferme à cette époque près de 2 300 plantes. La toile Jardin du Roy très Chrestien Henry IV de P. Vallet (1608) en donne diverses images. Après une période incertaine, le jardin est réagencé en 1694, par J. P. de Tournefort, selon ses classes d'herbes et d'arbres. Entre-temps, la « butte Coypeau », grand labyrinthe actuel, est plantée de vignes, puis des déblais provenant de l'élargissement des rues de Paris en constituent le petit labyrinthe. Ces deux monticules seront plus tard peuplés de
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conifères et B. de Jussieu y installera en 1734, le cèdre du Liban, toujours vivant (Encyclopædia Universalis). Le campus de Jussieu, Faculté des sciences, construit de 1958 à 1972, a été inauguré en 1970 (Paris VII) et en 1971 (Paris VI) à l’emplacement de la Halle aux vins. En 1957, les premiers bâtiments universitaires sont construits le long du quai SaintBernard et de la rue Cuvier. La station de métro qui s'appelait autrefois Jussieu-Halle-aux-vins est inaugurée le 26 avril 1931. Il ne subsiste aujourd'hui que le nom de « Jussieu ». Les deux quais ont été rénovés en style Motte en 1975 (Robert Sire, 2013).
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Bernard et Versailles par les Drs Henri Lamendin & Xavier Riaud En 1758, Louis XV lui confie la création d'une « Ecole de botanique » dans les jardins de Trianon… Bernard ne suit pas pour cela la classification de Linné, mais développe un système nouveau, basé sur les caractères morphologiques des plantes. Il subdivise d'abord les espèces en monocotylédones et en dicotylédones, puis en familles regroupées suivant leurs affinités morphologiques. C'est ce système que reprendra et affinera son neveu Antoine Laurent de Jussieu. À Versailles, la Maison de Quartier « Bernard de Jussieu Petits Bois - Picardie » est située au 6, rue Bernard de Jussieu. « Bernard de Jussieu-Petits-Bois-Picardie » se distingue par la variété de son environnement. Les pavillons fleuris, les jardins ouvriers apportent une agréable touche de verdure qui entoure les grands immeubles, harmonisant ainsi les témoins du passé et ceux d’un présent plus contemporain. La diversité de sa population (7 200 habitants) en fait toute sa richesse, car il y a un réel esprit de quartier fait de fierté, de spontanéité et d’entraide, comme celui d’une grande famille dont on peut percevoir la convivialité, notamment sur le marché de la rue Claude Debussy, auprès de chaque commerçant, tout comme au sein des nombreuses associations qui animent la vie quotidienne. Pour accompagner l’accès aux nouvelles technologies et lutter contre la « fracture numérique », la ville a ouvert son premier cyberespace dans les locaux annexes de la maison de quartier Jussieu-Petits-Bois-Picardie, baptisé « Cybersailles Bernard de Jussieu » (Ville de Versailles). Tout en restant l’un des plus vastes espaces sauvegardés de France, la ville de Versailles doit aujourd’hui s’adapter aux nouveaux enjeux sociétaux, économiques et environnementaux. Bâtir de nouvelles infrastructures qui répondent aux normes esthétiques et
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écologiques actuelles tout en préservant la richesse du patrimoine architectural existant demeure une priorité du maire de Versailles, François de Mazières (Communication à la Maison de quartier de « Bernard de Jussieu Petits Bois Picardie »).
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Bernard et Ray À Versailles, en 1759, Bernard réorganise le jardin du Trianon pour « l’Ecole de botanique » voulue par le Roi, permettant une présentation des plantes en prenant en compte le Fragmenta Methodi Naturalis de Linné, mais en ne le suivant pas, ainsi que le Methodus Plantarum de Ray, à propos duquel sont rapportées ces présentes lignes. John Ray, Fellow of the Royal Society, né le 29 novembre 1627, dans le village de Black Notley, près de Braintree, dans l'Essex, et mort le 17 janvier 1705, est un naturaliste anglais, parfois surnommé le père de l'histoire naturelle britannique. Jusqu'en 1670, il signe John Wray. Contrairement aux autres naturalistes de son époque, il n'est pas médecin. Il ne s'intéresse donc pas aux plantes pour la pharmacologie, mais pour des raisons plus scientifiques. Ray est considéré comme l’un des fondateurs de l’histoire naturelle moderne. Fils de forgeron, il fait ses études à l’école de grammaire de Braintree. Il acquiert une solide connaissance du latin. Ce choix a sans doute provoqué la méconnaissance persistante de son œuvre parmi les scientifiques anglais et américains. Pourtant, il s’intéresse également à la langue anglaise et fait paraître, en 1670, une collection de proverbes sous le titre de Collection of English Proverbs. C’est durant ses années à Cambridge que John Ray rencontre Francis Willughby, entré comme membre (fellow-commoner) au Trinity College. Son amitié n’est pas seulement l’occasion pour Ray d’entamer une fructueuse collaboration. Willughby, homme aisé et généreux, finance leurs voyages communs et offre à Ray, jusqu’à la fin de ses jours, un hébergement ainsi qu’une rente de soixante livres après la mort précoce de Willughby, Ray s’occupant de l’éducation de ses deux fils, Francis (1668-1688) et Thomas (1672-1729). Ray lui en sera
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toute sa vie reconnaissant. Willughby meurt à seulement trentesix ans. Les historiens des sciences ont souvent tenté de mesurer la part de l’un ou de l’autre dans les ouvrages que publie Ray après la mort de Willughby. Il est indéniable, et Ray lui-même le souligne avec une grande modestie, que l’apport de Willughby, la qualité et le nombre de ses observations, est immense. L’œuvre de deux hommes, où il est impossible de démêler avec exactitude la part prise par l’un ou par l’autre, est un bel exemple de l’amitié en science, qui n’est pas même interrompue par la mort. De 1663 à 1666, Ray et Willughby voyagent en Europe, parfois entourés d’autres compagnons. Ils visitent la France, les PaysBas espagnols, la principauté de Liège, la Prusse, l’Autriche, la Suisse et l’Italie. Ils réalisent de nombreuses observations sur la flore comme sur la faune et rencontrent de nombreux savants. Le voyage est interrompu lorsque le roi de France émet un édit en 1666 qui interdit la présence de Britanniques sur le sol du royaume. Les deux hommes rapportent une immense moisson d’observations qu’ils commencent alors à organiser. Ray rencontre, de passage à Montpellier en 1665, Niels Stensen (1638-1686), auteur De Solido intra Solidum naturaliter Contento publié en 1669 et traduit en anglais en 1671. John Ray est élu membre de la Royal Society en 1667. Willughby et Ray font bientôt paraître dans les mémoires de la Royal Society leur première publication scientifique. Elle est consacrée à la circulation de la sève dans les arbres. John Wilkins (1614-1672), qui a activement participé à la création de la Royal Society, lui demande de traduire en latin son livre Real Character. Ses premiers travaux de botanique commencent, alors que, malade, il doit faire de longues marches dans la campagne. Il dira plus tard que l’étude des plantes peut être un loisir qui permet de contempler ce que l’on a constamment sous les yeux et que l’on piétine sans y penser, d’admirer la beauté des plantes et l'art habile de la nature. « D'abord la diversité des plantes de printemps, puis la forme, la couleur et la structure de plantes particulières m'a fasciné et absorbé. L'intérêt pour la botanique est devenu une passion. » En 1660, il fait paraître anonymement une flore des environs de Cambridge, dans Catalogus stirpium circa Cantabrigiam nascentium où il expose ses premières observations en suivant
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l’organisation de l’ouvrage de Gaspard Bauhin (1560-1624) intitulé Catalogus Plantarum circa Basileam sponte nascentium, publié en 1622. Il décrit pas moins de 558 espèces des environs de Cambridge qu’il a toutes examinées directement. Chaque fois qu'il aborde une espèce nouvelle, il donne des informations sur une description morphologique, son habitat, sa floraison et des indications thérapeutiques. Il suit la classification de Jean Bauhin (1541-1613), frère de Gaspar Bauhin. L'ouvrage connaît un immense succès. Thomas Johnson (1604/5-1644) et son ami John Goodyer (1592-1664) ont envisagé, dès 1641, de réaliser une flore britannique, mais la mort de Johnson durant le siège de Basing House met un terme à ce projet. Ray entreprend alors de poursuivre un projet identique et de réaliser une flore de l’Angleterre. Ce projet ne trouve un aboutissement qu'avec la parution de son Iter plantarum en 1690. Ray envisage la publication d'une flore européenne et étend ses voyages à l'Europe. Il commence à travailler sur ce nouveau projet en 1682 et fait paraître la première partie en 1686, sous le titre d’Historia plantarum generalis, première tentative d'une flore mondiale. Sa publication s’achève en 1704, avec la parution de la troisième partie. Ray ajoute aux espèces européennes les plantes qui lui sont envoyées par les explorateurs européens. La taille très imposante de ces volumes, que la présence d’illustrations n’explique pas, les rend difficilement maniables, surtout dans le cadre de leur consultation sur la table d’un naturaliste. Selon Arber (1943), c’est sans doute l’une des raisons qui ont fait des Institutiones rei herbariae de Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), livre de petite taille et très maniable, un ouvrage de référence pour les botanistes du début du XVIIIe siècle, bien plus que les qualités intrinsèques de la classification de John Ray. Celui-ci décrit, dans son Historia plantarum, 6 000 espèces et, même si la plupart ne sont pas des nouveautés, les descriptions brèves et complètes sont d’une grande qualité. Ray tente une première classification naturelle des plantes et expose sa méthode dans trois ouvrages : Methodus plantarum nova (1682), le premier volume d'Historia plantarum (1686) et dans Methodus emendata (1703). Il sépare ainsi les monocotylédones des dicotylédones de façon nette, probablement inspiré par Théophraste, les gymnospermes des
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angiospermes. Il écarte aussi les plantes sans fleurs, comme les fougères, des plantes à fleurs. Grâce à lui, le vocabulaire botaniste s'enrichit considérablement. On lui doit notamment le terme de cotylédon ou celui de pollen. Il emploie aussi le vocabulaire formé par Marcello Malpighi (1628-1694), de Karl Sigismund Kunth (1788-1850) ou de Nehemiah Grew (16411712) (Wikipédia) Et pour l’École de botanique au Trianon, Bernard de Jussieu, consulte, notamment, le Methodus plantarum de John Ray, d’où cette citation.
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Ecoles Jussieu Une école primaire réside rue de la Baignerie à Lille. Il existe aussi une école franco-équatorienne Joseph de Jussieu. L'Alliance française de Cuenca est l'une des 5 alliances françaises du réseau équatorien et la troisième en terme d'importance après celles de Quito et de Guayaquil. Fondée en 1966, ce centre culturel de droit local n'a eu de cesse de promouvoir les échanges culturels entre la France et l'Équateur, et a su, par sa programmation culturelle variée, donner une image plurielle, et moderne de la France, et de la francophonie dans cette troisième ville d'Équateur. Elle est devenue l'un des principaux acteurs culturels de la ville. Son studio Radio France International-Équateur, situé dans ses locaux, permet une retransmission des programmes internationaux en français et en espagnol ainsi que la production d'un magazine culturel quotidien visant à rendre compte des principales manifestations locales, et nationales. Chaque année, l'Alliance française de Cuenca dispense auprès de plus de 800 élèves différents des cours de français et organise, deux fois par an, des sessions du DELF3 et du DALF4. L'Alliance française est à l'origine de la création, en septembre 2007, de l'école franco-équatorienne Joseph de Jussieu qui scolarise des élèves conformément aux programmes d'enseignement français. Une antenne campus France, installée depuis novembre 2008, oriente les étudiants dans leurs projets d'études en France. L'escuela Joseph de Jussieu de Cuenca en Equateur, petite école bilingue, dépendant de l'Alliance française, présente à Cuenca, a ouvert ses portes il y a 3 ans. Pour l'instant, ils ont ouvert des 3 4
Diplôme d’études en langue française. Diplôme approfondi en langue française.
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classes jusqu’à la cinquième primaire, mais leur but est de continuer à ouvrir des classes chaque année. Quatre classes, pour les enfants de 5 à 8 ans, participent au projet (latitudefrance.org).
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Antoine et Barrelier Jacques Barrelier est un dominicain et biologiste français, né en 1606, à Paris, et mort le 17 septembre 1673, dans cette même ville d’une crise d’asthme. Il devient docteur en médecine en 1634, avant d’entrer dans l’ordre des prêcheurs ou ordre des Dominicains. La théologie devient dès lors son occupation principale. Il consacre ses loisirs à la botanique et visite la Provence, le Languedoc, l’Espagne, et l’Italie. Il séjourne vingttrois ans à Rome et y crée le jardin des plantes du couvent de Saint-Xyste. Pendant tout ce temps il remplit les fonctions d'assistant du général de l'ordre. C’est pendant son séjour qu’il travaille à son Hortus Mundi ou Orbis botanicus, où il décrit les espèces récoltées durant ses voyages. Il fait graver sur cuivre de nombreuses illustrations destinées à figurer dans son livre. Il revient à Paris en 1672, au couvent de la rue Saint-Honoré, et il meurt avant de mener à bien son projet. Certains auteurs affirment qu’il travaille à son livre à Paris, et non pas à Rome. Un incendie détruit toutes ses notes. Seules ses planches en cuivre ont survécu. C’est Antoine de Jussieu (1686-1758) qui assure leur publication plus de 30 ans plus tard, sous le titre d’Icones Plantarum per Galliam, Hispaniam et Italiam observatæ5. L'ouvrage compte 324 planches de plantes de France et d'Espagne, et 1 392 planches de plantes d'Italie, dont une centaine d’espèces nouvelles. Plusieurs d’entre elles lui ont été dédiées (Wikipédia).
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Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae, R. P. Jacobo Barreliero, etc. (Paris, 1714, avec 334 pl.). (Dr L. Hn).
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Page de titre de Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae.
Un exemplaire numérique est consultable sur Cervantes Virtual. Antoine de Jussieu les a utilisées pour la publication de l'ouvrage intitulé Hortus mundi, seu orbis botanicus, in quo omnium plantarum toto orbe cognitarum historia continetur.
Antoine de Jussieu, ayant consulté le manuscrit du père Jacques Barrelier (1606-1673), l'a classé, divisé en neuf séries et s'est servi de quelques-uns des matériaux qu'il renferme pour
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l'ouvrage publié par lui, Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae. Opus posthumum, accurante Antonio Jussieu, in lucem editum (Muséum national d’histoire naturelle).
Le Sophora de Bernard La carte pour se balader dans l'Arboretum de Chèvreloup est si mal faite que, peut-être, certains ont raté une de ses principales attractions. Une fois devant, l'arbre lui-même ne présente que peu d'intérêt, sauf quand on raconte sa petite histoire. « Jussieu a crée un jardin botanique au château de Versailles sous Louis XV et Louis XVI afin d'instruire la cour. De celui-ci ne subsiste qu'un Sophora Japonica, arbre originaire de Chine qui venait juste d'être introduit en Europe. » « Abattu par la tempête de 1999, un morceau de tronc avec racines a été mis en culture. Et après deux saisons sans réaction, le fragment prélevé a émis une tige. Au bout de quatre ans de culture, il a été planté au même endroit que l'ancien arbre. Ainsi, le vieux Sophora planté (1747 ?) par Jussieu vit-il encore par "bouture interposée". Il est un clone exact de l'arbre d'origine. » Le caféier d’Antoine Antoine de Jussieu donne, en 1715, la première description botanique précise et le premier dessin exact d'une branche de caféier, de ses fleurs et de ses fruits (Mémoires de l'Académie des sciences). Le jeune botaniste du Jardin royal en a reçu un pied de Hollande. Il le considère comme un jasmin et le nomme Jasminum arabicum. Linné le dénomme, de son côté, Coffea
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arabica. C’est l’arbuste dominant en Amérique. Il mesure 5 à 6 mètres. Ses feuilles d’un vert foncé luisant rappellent celles du Gardénia. L’Euphorbe d’Adrien La thèse d’Adrien de Jussieu porte sur les Euphorbiacées et s’intitule De euphorbiacearum generibus medicisque earumdem viribus tentamen. Parmi les floraisons qui se font plus nombreuses lorsque le printemps s'installe, une fleur un peu étrange a peut-être parfois piqué votre curiosité. Sa couleur acidulée peut sembler ambiguë. S'agit-il d'une feuille ou d'une fleur? L'équivoque se poursuit parfois plus loin. Vivace ou arbuste ? Ce qui est sûr, c’est que l’euphorbe ne manque pas d'originalité. Avec ses nuances originales et ses formes insolites, elle a un talent fou pour faire pétiller le printemps. (Gerbeaud.com). La vaste famille des Euphorbiaceae compte entre 5 000 et 8 000 espèces réparties dans environ 300 genres. Les feuilles sont généralement alternes et simples, souvent très réduites chez les espèces succulentes. Ainsi, chez Euphorbia, ce qui est pris pour la fleur est en fait une inflorescence (cyathe) composée d'une fleur femelle entourée de quelques fleurs mâles réduites à une étamine et d'un involucre imitant les pétales, et pourvu de glandes nectarifères (Antoine Laurent de Jussieu – Encyclopédie).
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La classification naturelle Réflexions sur la classification naturelle de Jussieu par Georges Vignaud & Pierre Frazer (2010). Le progrès essentiel, on le doit à Bernard de Jussieu (16991777), botaniste de Louis XV. Son neveu, Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) sera titulaire d’une des premières chaires de botanique au Muséum d’histoire naturelle de Paris. L’histoire est la suivante : Louis XV charge Bernard de Jussieu de composer au Trianon de Versailles, un jardin botanique qui soit le reflet de la classification naturelle. Jussieu a une première idée géniale. Il fabrique une carte du jardin qu’on appellera le « Système du Trianon » et que publiera, en 1789, Antoine Laurent de Jussieu dans son Genera plantarum. Sur cette carte, chaque espèce est figurée par une petite surface. La surface est plus grande quand elle rassemble des espèces qui se ressemblent. C’est un petit bosquet qui représente un « genre ». Les différents genres sont regroupés dans une parcelle de plus grande taille, appelée « famille ». La question alors est celle de savoir quels sont les critères selon lesquels on rapproche les espèces et les genres. C’est là que Jussieu a une seconde idée géniale. Il recherche les caractères précis qui restent constants à l’intérieur de chacune des parcelles, c’est-à-dire pour chaque groupe d’organismes – ou « taxon » – rassemblés en espèce, genre ou famille. Jussieu comprend que, pour définir les familles, le caractère clé est le « plan d’organisation » de la fleur. Il existe ainsi une fleur de type « orchidacée », une fleur de type « rosacée », etc. On peut alors décrire avec précision un certain ordre de la nature. On pense même avoir trouvé la méthode naturelle pour parvenir à la classification naturelle (Web sémantique). Bernard de Jussieu, chargé en 1758 de diriger la plantation d'un jardin botanique au Trianon, au lieu de suivre pour cette
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opération le système de Linné, presque exclusivement adopté à cette époque, distribue les plantes suivant une méthode naturelle basée sur l'ensemble de leurs rapports. Cette méthode sera ensuite affinée par Antoine Laurent, son neveu. Dans cet herbier du XIXe siècle, organisé selon la classification scientifique de Jussieu, chaque spécimen est identifié par son nom en français sur une petite étiquette. La classification de Jussieu, publiée, en 1789, dans son Genera Plantarum, supplante celle de Carl von Linné. La classification Jussieu fait de l'ombre à Linné. Un nom qui fait date dans l'histoire de la botanique. Cette illustre famille de scientifiques français a œuvré au développement de cette discipline naissante au XVIIe siècle. Un plus particulièrement : Antoine Laurent a mis au point une classification des végétaux toujours en vigueur actuellement. Chez les de Jussieu la botanique est une histoire de passion, de cœur et surtout de famille. La fibre végétale se transmet de génération en génération. Au XVIIIe siècle, trois frères lyonnais Antoine, Bernard et Joseph de Jussieu, tous diplômés de médecine, découvrent une discipline scientifique encore peu exploitée à l'époque : la botanique. Antoine est le premier à s'enflammer pour ce domaine. Il constitue un herbier des espèces végétales de Normandie et de Bretagne, se faisant remarquer au passage par Guy Fagon, médecin attitré du roi Louis XIV. Par cette rencontre, Antoine de Jussieu décroche le poste de professeur de botanique du Jardin du roi en 1709. Ce poste sera également occupé par son frère Bernard en 1722. Contrairement à ses deux frères, Antoine poursuit en parallèle sa carrière de médecin et décèle des pouvoirs thérapeutiques insoupçonnés chez les plantes. Par exemple, il découvre que l'écorce de quassia permet de calmer les fièvres. Explorateur dans l'âme, ce trio de botanistes voyage dans différents pays, voire continents, pour répertorier des espèces jusqu'alors inconnues. Pendant 36 ans, Joseph de Jussieu travaille en Amérique du Sud pour poursuivre ses recherches naturalistes. Ces voyages enrichissent considérablement les herbiers du roi de France et deviennent au passage une référence de la diversité botanique.
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Tous trois membres de l'Académie des sciences, ils ouvrent la voie à la génération suivante de botanistes dont un restera célèbre grâce sa classification Antoine Laurent de Jussieu, leur neveu. Pour ne pas déroger à la coutume familiale, Antoine Laurent de Jussieu suit des études de médecine à Lyon. Auprès de ses oncles, il se forme en botanique et reprend le flambeau. En outre, il continue l'étude de Bernard de Jussieu sur l'élaboration d'une classification des végétaux. Contrairement à celle de Carl von Linné, botaniste suédois, basée sur les organes sexuels des plantes, Jussieu distingue les caractères constants ou variables au sein, ou entre les familles de plantes reconnues par la profession. Chacun des grands escaliers de l’École de pharmacie, à Paris, s’éclaire de deux fenêtres jumelles de forme cintrée, placées en hauteur. Du point de vue iconographique, le projet ne mentionne que « trois scènes à sujets historiques concernant la fondation de l’institution au XVIIIe siècle ». Le choix de la période correspond à la vogue que connaît alors « le Siècle des Lumières », qu’illustre la même année la création de la Manon de Massenet. Pour rendre hommage à des personnalités dont les travaux fondateurs ont marqué l’enseignement dispensé en ces lieux, les trois représentations, sans réelle historicité, les mettent en scène sur le mode de l’anecdote. Elles sont du reste légendées pour être comprises. D’après le cartouche de son soubassement, la verrière de gauche de l’escalier sud figure Linné reçu au Jardin des Plantes par Bernard de Jussieu. Le botaniste suédois Carl von Linné (1707-1778) n’a séjourné à Paris qu’au retour d’un voyage européen, vers 1737. C’est donc à cette occasion qu’il a pu rencontrer son confrère d’origine lyonnaise, Bernard de Jussieu, en poste à partir de 1722 au Jardin du roi inauguré en 1640 dans le Faubourg Saint-Victor – l’actuel Jardin des Plantes –, avant que, en 1758, Louis XV ne lui confie la création de l’école de botanique des jardins de Trianon à Versailles. Le nouveau système de classification des plantes développé par ce savant, différent de celle de Linné, justifie la partie droite de l’inscription supposée relater le dialogue entre les deux
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hommes. « Moi aussi, je cherche à établir des familles naturelles » (Linné). L’autre verrière du même escalier représente le neveu de Bernard de Jussieu en une scène intitulée « Laurent de Jussieu fait replanter l’École botanique ». La partie droite du cartouche, « Méthode naturelle Genera plantarum (1789) », renvoie à l’ouvrage avec lequel il a complété le système de classification des végétaux de son oncle, donc différent de celui de von Linné. Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), médecin à Paris depuis 1766, nommé au poste de démonstrateur au Jardin du roi en 1770, y enseigne la botanique avant d’être promu directeur du nouveau Muséum national d’histoire naturelle en 1794 et d’exercer comme professeur à la Faculté de médecine de Paris jusqu’en 1826. La scène, qui se déroule sous Louis XVI devant les serres du jardin, joue sur le pittoresque horticole, peuplé d’outils, d’un arrosoir et d’une brouette.
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Biographies Ces biographies, qui comportent évidemment de nombreuses répétitions, constituent un résumé confirmant, complétant, ou même corrigeant, tout ce qui a été cité précédemment. Antoine de Jussieu, naturaliste, né à Lyon en 1686, mort en 1758, manifeste, de très bonne heure, un penchant invincible pour l'étude de la botanique. Après s'être fait recevoir docteur en médecine à Montpellier, il vient, en 1708, à Paris, puis fait un voyage botanique en Normandie et en Bretagne, est nommé, à son retour, professeur de botanique au Jardin du roi, en remplacement de Tournefort, enseigne la même science à la Faculté de médecine de Paris, en même temps qu'il exerce avec grand succès comme médecin. Il est admis, en 1711, à l'Académie des sciences. Antoine de Jussieu fait de savantes excursions dans la France méridionale, l'Espagne, le Portugal, et publie les résultats de ses travaux dans les Mémoires de l'Académie des sciences. Il publie aussi, à part quelques petits ouvrages, un Discours sur les progrès de la botanique, en 1718, à Paris. On lui doit une édition des Institutiones rei herbariae de Tournefort augmentées d'un appendice, paru à Lyon, en 1719, et la publication, en 1714, des planches botaniques de Barrelier auxquelles il a joint un texte. En 1772, le Dr Grendoger de Foigny a publié, sous le titre de Traité des vertus des plantes, un cours de matière médicale qu'Antoine de Jussieu a professé à la Faculté de médecine de Paris. C'est Antoine de Jussieu qui a fait le premier connaître la fleur et le fruit du caféier. Né d'un père maître-apothicaire installé à Lyon depuis plusieurs générations, Antoine de Jussieu, deuxième d'une lignée de seize enfants dont beaucoup sont morts en bas âge, montre précocement un penchant pour la botanique. Il est initié aux travaux de Tournefort, éminent botaniste de son temps, par
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le Dr Goiffon qu'il assiste en herborisant, dès l'âge de 14 ans, en vue de la réalisation d'une flore de la région lyonnaise. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) vient, en effet, de publier une nouvelle méthode de classification du monde végétal très en avance sur son temps, avant de partir pour son voyage au Levant entre 1700 et 1703. Professeur et démonstrateur au Jardin du roi, il exerce une attraction irrésistible sur le jeune Antoine qui vient de terminer sa médecine à Montpellier et brûle d'envie de le rencontrer. Parti pour Paris, il y arrive quand Tournefort agonise après avoir été écrasé par une charrette. À sa mort en 1708, la place vacante est très fugacement occupée par Danty d'Isnard, qui la libère une année plus tard, et c'est Antoine qui est nommé professeur en 1710 par Guy-Crescent Fagon (1638-1718), médecin du roi et surintendant du Jardin. La promotion de ce jeune médecin de 24 ans suscite bien des jalousies d'autant plus qu'il n'appartient pas à la Faculté de Paris et que Sébastien Vaillant (1669-1722), déjà célèbre démonstrateur au Jardin, semblait tout désigné comme successeur de Tournefort. Antoine brille par ses démonstrations faites en français, qui attirent beaucoup de monde. Une affiche d'époque, conservée au Muséum, rappelle qu'il y « est interdit d'entrer avec épée et bâton ». Sitôt nommé, il entreprend de nombreuses randonnées dans le Languedoc et en Provence, avant d'être envoyé par l'abbé Bignon, président de l'Académie des sciences, dans la presqu'île ibérique pour y recueillir des plantes pour le Jardin. Son frère, Bernard, venu à Paris le rejoindre, sur les conseils de Sébastien Vaillant, l'accompagne dans ce voyage de près de dix mois. Rentré à Paris, il se consacre dorénavant à l'introduction et à l'acclimatation de plantes du monde entier, mais surtout des colonies françaises (Canada, Indes, Réunion, Saint-Domingue, Antilles, Sénégal...), que lui font parvenir ses correspondants. Parmi eux, figurent de nombreux chirurgiens ou médecins, dont son frère Joseph. Ce dernier, parti, en 1735, au Pérou, accompagner l'expédition de La Condamine pour mesurer la longueur d'un degré de méridien, ne rentre en France qu'en 1771, après avoir passé 36 ans dans les Andes et en Amazonie, d'où il expédie de nombreux documents, graines et plantes, dont la coca et le Quinquina.
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On doit à Antoine, la première description du caféier, en 1716 (1720 selon certains auteurs), plante déjà utilisée et appréciée, mais dont l'étude restait à faire, ainsi que l'introduction, aux Antilles, du premier pied de cette plante qu'il remet au chevalier Desclieux. L'intérêt scientifique porté aux espèces botaniques est toujours doublé chez ce chercheur d'une approche économique. Il introduit ainsi, à Paris, le poivre de la Réunion, le benjoin, la citronnelle et autres espèces médicinales, ou productrices de gommes végétales. Grâce à lui, Louis XIV, puis Louis XV peuvent s'enorgueillir de posséder un des plus riches jardins du monde. Antoine est un naturaliste complet. Il a montré ses qualités de « botaniste colonial », de brillant démonstrateur et ses talents de collecteur dans la plupart des régions de France, en Espagne et au Portugal. Ses nombreux herbiers, intégrés aux 20 000 parts de l’« herbier Jussieu » regroupant les récoltes familiales, ne sont légués au Muséum qu'en 1853, à la mort d'Adrien. Avec ceux de Vaillant et de Tournefort, ils forment le noyau de l'herbier national, actuellement le plus riche du monde. Une analyse inédite présentée par Antoine à l'Académie en 1722 du célèbre Livre d'heures d'Anne de Bretagne, datant de 1508, témoigne de son intérêt pour l'histoire de la botanique. Chacune des 339 pages de ce fragile manuscrit porte une miniature représentant une fleur. L'ensemble donne donc un aperçu de la flore de France à la fin du XVe siècle. Il est aussi géologue par ses descriptions des mines de cinabre d'Amalden en Espagne et préhistorien par ses études sur les fossiles (empreintes sur schistes houillers de Saint-Chamond qu'il attribue aux fougères et ammonites). Il démontre aussi que certaines pierres, alors considérées comme naturelles, sont en fait des silex taillés. Certains lui ont reproché d'avoir trop consacré son temps à la médecine, qu'il a continué d'enseigner et de pratiquer jusqu'à sa mort, au détriment de la botanique. En effet, son oeuvre, bien que très variée, comparée à celle de son neveu Antoine Laurent, auteur de multiples traités dont le célèbre Genera Plantarum, apparaît moins abondante et conceptuellement moins innovante. Les idées d'Antoine, légèrement modifiées par Vaillant, s'écartent difficilement de la pensée de Tournefort qu'il a
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toujours admiré. Lorsqu'il meurt subitement en 1758, Bernard, par modestie, refuse de prendre la place laissée vacante par son frère et reste démonstrateur à vie. Mais, le poste refusé sera attribué, quelques années plus tard, à Antoine Laurent, puis à son fils Adrien, dernier successeur de la lignée glorieusement inaugurée par Antoine (Philippe Morat, professeur honoraire au Muséum national d'histoire naturelle, membre correspondant de l'Académie des sciences, archives de France). Bernard de Jussieu, frère du précédent, né à Lyon en 1699, mort à Paris en 1777, accompagne Antoine dans son voyage botanique en Espagne et au Portugal, se fait recevoir docteur à Montpellier en 1720, et succède, en 1722, à Vaillant dans les fonctions de démonstrateur de botanique au Jardin du roi. En 1725, il publie une édition augmentée de l'Histoire des plantes des environs de Paris de Tournefort. Ce livre, encore estimé aujourd'hui, le fait admettre à l'Académie des sciences, quoiqu'il soit âgé seulement de 26 ans. Aucun naturaliste de son temps n'a plus ni mieux su. Cependant, il publie peu et il se borne à donner quelques Mémoires, très remarquables à la vérité, dans le recueil de l'Académie des sciences. Mais, cet homme qui a écrit si peu médite sans cesse sur les lois qui régissent les êtres organisés et sur les rapports par lesquels ils se lient les uns aux autres. Chargé, en 1758, de diriger, par Louis XV, la plantation d'un jardin botanique au Trianon destiné à devenir une école, au lieu de suivre pour cette opération le système de Linné, presque exclusivement adopté à cette époque, il distribue les plantes suivant une méthode naturelle basée sur l'ensemble de leurs rapports. Cette méthode est la première esquisse de celle qu'Antoine Laurent, son neveu, publiera par la suite. Bernard de Jussieu est un de ceux qui ont le plus contribué à l'accroissement du Muséum d'histoire naturelle. On remarque, au Jardin des Plantes, un cèdre du Liban qu'il a apporté dans son chapeau en 1734, et qui est devenu le plus grand arbre du jardin. Il commence ses études au collège jésuite de Lyon, puis vient à Paris pour les poursuivre. Elles sont interrompues par l'invitation de son frère, Antoine de Jussieu, à venir herboriser, à ses côtés, lors de voyages naturalistes en Espagne et au Portugal. Il revient sur Paris et, en 1722, prend le poste de
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professeur de botanique au Jardin du roi qu'a laissé vacant la mort de Sébastien Vaillant. Il reste à cette place toute sa vie et contribue à l'augmentation de l'herbier, souvent à ses frais. Sous sa direction, le droguier du Jardin prend une dimension considérable et adopte le nom de Cabinet du roi. D'une grande modestie, il se contente de son poste au Jardin du roi et refuse même la charge de botaniste du roi, libre après la mort de son frère Antoine. C'est le premier à avoir séparé la baleine des poissons. Citons, parmi ses élèves, le chimiste Antoine Lavoisier (Univ. Orléans). Le convoi de Bernard de Jussieu, âgé de 79 ans, décédé rue des Bernardins, Paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet, secrétaire du roi, professeur et sous-démonstrateur de botanique au Palais royal, de l’Académie royale des sciences et de la Société royale de Londres, a lieu le 7 novembre 1777 (Wikipédia). Joseph de Jussieu, frère des précédents, né à Lyon en 1704, mort en 1779, se livre aussi dès sa première jeunesse à l'étude des sciences. À la fois ingénieur, naturaliste et médecin, il accompagne, en qualité de botaniste, les astronomes qui se rendent, en 1735, au Pérou, mesurer un arc du méridien. Après le départ de ses collègues pour l'Europe, il continue de parcourir l'Amérique méridionale pour y poursuivre ses recherches d'histoire naturelle et ne revient en France qu'en 1771, après 36 ans d'absence. Mais, sa santé a reçu de profondes atteintes et il meurt sans avoir pu rédiger les mémoires de ses voyages. Il a envoyé ou rapporté au Jardin du roi, un grand nombre de graines, et d'échantillons de végétaux. Depuis 1743, il appartient à l’Académie des sciences. On lui doit la découverte de l’héliotrope du Pérou. Antoine Laurent de Jussieu, neveu des précédents, né à Lyon en 1748, mort en 1836, vient à Paris en 1765, pour terminer ses études sous la direction de son oncle Bernard. Il y prend, en 1770, le grade de docteur en médecine, supplée quelque temps Lemonnier, dans sa chaire de botanique au Jardin du roi, est nommé, en 1777, démonstrateur dans le même établissement à la place de son oncle et est admis, en 1773, à l'Académie des sciences. En 1789, il publie le Genera Plantarum secundum
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ordines naturales disposita, livre admirable « qui fait, dit Cuvier, dans les sciences d'observation, une époque peut-être aussi importante que la chimie de Lavoisier, dans les sciences, a d'expérience. » Il y applique, à tout le règne végétal, une méthode de classification naturelle, ou du moins visant à l'être. En 1784, il fait partie de la commission choisie au sein de la Société royale de médecine pour l'examen du magnétisme animal. Ne pouvant s'accorder avec ses collègues sur l'appréciation des faits, il refuse de signer leur rapport et en publie un particulier pour expliquer, et motiver son refus. Il y reconnaît la réalité des effets singuliers produits par Mesmer et les attribue à l'action de la chaleur animale. De 1790 à 1792, il est membre de la municipalité de Paris et est chargé, à ce titre, de l'administration des hôpitaux et hospices. En 1804, il est nommé professeur à la Faculté de médecine de Paris, mais, en 1822, il se voit arbitrairement privé de cette chaire6. En 1826, l'affaiblissement de sa santé et de sa vue l'engage à se démettre de ses fonctions de professeur au Muséum, mais il conserve jusqu'à sa mort toute la netteté de son esprit. Depuis la publication de son Genera, il est sans cesse occupé à perfectionner ce grand travail. Les résultats de ses recherches à ce sujet sont consignés dans une suite de Mémoires remarquables; mais il n'a pas pu, comme il le voulait, donner une nouvelle édition à son ouvrage. On doit encore, à Antoine Laurent, une suite de notices sur l'histoire du Muséum et un grand nombre d'articles de botanique dans le Dictionnaire des sciences naturelles, parmi lesquels on remarque surtout l'article sur la méthode naturelle. Adrien de Jussieu, fils de Laurent, né à Paris en 1797, mort en 1853, continue l'illustration de cette famille. Il remplace son père dans sa chaire de botanique au Muséum en 1826, et est reçu en 1831, membre de l'Académie des sciences. Il en sera président en 1853. Ses principaux ouvrages sont : sa thèse sur la famille des Euphorbiacées en 1824, une monographie des Rutacées en 1825, un mémoire sur le groupe des Méliacées, en 6
Voir annexe 1 sur la « Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808) » en fin d’ouvrage. Les raisons de son éviction y sont expliquées.
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1830, la monographie des Malpighiacées en 1843, œuvre capitale, à laquelle il a travaillé 14 ans, un excellent Traité élémentaire de botanique, rédigé pour les collèges, en 1840, un petit traité de taxinomie botanique, publié, en 1848, dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle. On a en outre de lui un grand nombre de « Notices » ou « Rapports » insérés dans divers ouvrages. À la faculté des sciences de Paris, Adrien de Jussieu est suppléant, à partir de 1835, d'Auguste de Saint-Hilaire, professeur-adjoint, puis titulaire d'organographie végétale. Il est nommé agrégé à la faculté en 1840. En 1850, il succède à Charles-François Brisseau de Mirbel à la chaire de botanique, anatomie et physiologie végétale. À son décès, la chaire est supprimée au profit de la création d'une chaire de physiologie générale. En 1845, il publie sa Géographie botanique (Wikipédia).
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Château de Venteuil Le château de Venteuil, notamment connu par la famille des Jussieu, propriétaires du domaine pendant de longues années, surplombe la vallée de la Marne. Avant le XVIe siècle, aucune information précise sur le château n’est donnée. En 1588, les premières sources apparaissent et montrent que le domaine a souvent été vendu. Différents propriétaires y sont passés. La première description du domaine se trouve dans un acte de vente daté du 19 juin 1666. Il y est décrit : « Une ferme appelée Vanteuil, scize proche Jouarre en Brie, paroisse de Sept-Sorts, consistant en maison manable, jardin, enclos, basse court où il y a un colombier ainsi que toutes les terres qui en dépendent. » En 1736, dans un autre document recensant l’ensemble des terres attachées à Venteuil, il y est fait mention de plus d’un millier d’hectares s’étendant entre Jouarre, Sept-Sorts et SignySignets. Le 29 juillet 1737, le château de Venteuil est racheté par le baron Aimé Magnus d’Obenheim, lieutenant-général allemand. C’est alors que le château connaît des changements et prend un nouveau visage. Rasant les anciens bâtiments, il choisit, vers 1760, de faire édifier un élégant château, le même qui, cinquante ans plus tard, sera acquis par Antoine Laurent de Jussieu. Pour mener à bien son projet, le baron d’Obenheim fait appel à un célèbre architecte, Saget des Louvières, qui avait déjà œuvré dans la région en réalisant notamment l’auditoire de l’abbaye Notre-Dame de Jouarre, bel édifice abritant actuellement la mairie de Jouarre. Pour Venteuil, Saget des Louvières travaille selon le plus pur goût de l’époque. Simple dans ses lignes, le château n’en est pas moins harmonieux, avec son étage surmonté d’un toit d’ardoises d’où se détachent un fronton triangulaire, quelques lucarnes en oeil de bœuf, quatre grosses lucarnes et quatre grosses cheminées. Autour du château, il réalise aussi deux
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pavillons de garde encadrant une cour d’honneur. Au Nord, il fait aménager une vaste esplanade, destinée à accueillir des jardins à la française et ouvrant la vue sur la vallée de la Marne (tourisme-jouarre).
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Annexes -
La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808). Les enseignants de la Faculté de médecine de Paris sous l’Empire.
Annexe 1 : La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808) par le Dr Xavier Riaud. Le 8 août 1793, la Convention vote la fermeture de toutes les académies et de toutes les sociétés savantes, ce qui provoque également la fermeture des écoles de médecine. Le 4 décembre 1794, sous l’impulsion de Fourcroy, la Convention vote une loi visant à créer trois écoles de médecine à Paris, Montpellier et Strasbourg. De 1795 à 1808, l’Ecole centrale de Santé, comme est nommée celle de Paris, devient l’Ecole de médecine, puis la Faculté de médecine (Lemaire, 1994). Corvisart, devenu premier médecin de Bonaparte, statut qu’il conserve lorsque l’Empire est décrété, pour éviter les querelles inutiles, influe pour que le premier médecin - en l’occurrence lui-même - soit le seul à nommer les médecins affectés à la Maison impériale, mais aussi au Conseil des professeurs de la future Faculté de médecine de Paris. Cette institution, à elle seule, dispose de toute latitude et de toute l’autorité requise pour prendre des décisions engageant toute la profession médicale sur tout le territoire de l’Empire. Les écoles de Montpellier et de Strasbourg ne disposeront jamais d’un tel pouvoir et seront reléguées à un rôle plus subalterne (Lemaire 1994 ; Corlieu, 1896). Fourcroy jette son dévolu sur les locaux de l’Académie de chirurgie. Spacieux, agrémenté d’un amphithéâtre majestueux, ils peuvent recevoir la bibliothèque, les cours magistraux, les collections d’anatomie ainsi que toute l’instrumentation requise. Pourtant, les démonstrations chirurgicales, les dissections ou encore les expériences de physique - chimie se font dans le couvent des Cordeliers qui est désaffecté et à quelques pas de l’académie (Lemaire, 1994 ; Kersaint, 1966). L’enseignement repose sur quatre principes fondamentaux et incontournables. Le choix pour la chirurgie ou la médecine ne peut s’envisager qu’après un tronc commun d’études. L’enseignement théorique est impérativement accompagné d’un enseignement pratique sur le malade qui se résume à des démonstrations et des exercices directement effectués sur le patient. L’entrée au sein de la structure passe obligatoirement par un concours. Il en va de même pour les enseignants, ce qui
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suscite une indéniable émulation. Les études sont sanctionnées par un diplôme, le doctorat en chirurgie ou le doctorat en médecine. Des droits universitaires sont légitimement perçus (Lemaire, 1994). En 1797, le nombre des étudiants est supérieur à 1 000. La formation dure trois ans. Il y a neuf cours de médecine et trois de clinique. L’école comprend deux enseignants par chaire, soit 24 professeurs, chacun ayant la responsabilité d’un semestre. En 1808, avec la création de l’Université impériale, l’école devient la Faculté de médecine avec à sa tête un doyen. Finalement, l’enseignement médical reprend les caciques de celui de l’Ancien Régime (Lemaire, 1994). Selon Lemaire (1994), « Dès 1795, Fourcroy s’octroie la chaire de chimie médicale et de pharmacie. Pourtant, c’est Nicolas Deyeux qui en assure les cours. Chaussier, très proche de Fourcroy, prend en charge la chaire d’anatomie et de physiologie, associé à Duméril. Sabatier est désigné pour celle de la médecine opératoire. Son adjoint est Lallement. Sue s’occupe de la chaire de médecine légale et de celle de l’histoire de la médecine. De Jussieu et de Richard délivre leurs connaissances en histoire naturelle médicale. Hallé, quant à lui, se voit confier la chaire de physique médicale et d’hygiène, associé à Desgenettes. La pathologie externe est enseignée par Richerand et Percy. Les cours de pathologie interne sont dispensés par Pinel et Bourdier. Leroy et Baudelocque, dont l’antagonisme devant les tribunaux a alimenté les chroniques médicales de l’époque, expliquent l’art des accouchements. La clinique interne pour la médecine, la clinique externe pour la chirurgie et la clinique de perfectionnement sont attribuées à Corvisart et Leroux qui officient à la Charité, Pelletan et Boyer, à l’Hôtel-Dieu, Dubois et Petit-Radel, dans la Faculté ellemême. Directeur depuis 1795, Thouret en devient le doyen. Leroux sera son successeur. » Corvisart, Thouret, Hallé, Leroux et Leroy sont des docteursrégents, Desgenettes est titulaire d’un doctorat soutenu à Montpellier et Baudelocque, Dubois, Lassus, Pelletan et Sabatier sont issus du Collège de chirurgie (Lemaire 1994 ; Corlieu, 1896). La plupart de ces enseignants, dans le même temps, occupent les plus hautes fonctions dans la Maison impériale (Corvisart,
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Dubois, Deyeux, etc.), dans la politique (Cabanis), dans l’administration (Fourcroy) ou dans l’armée (Percy, Desgenettes). Bien évidemment, compte tenu de ces hautes responsabilités, Légion d’honneur et noblesse d’Empire leur tendent les bras (Lemaire, 1994). A partir de 1796, les programmes annuels enseignés sont clairement définis. Ainsi, les étudiants en 1ère année sont-ils dénommés les commençants. Pour eux, durant le semestre d'hiver, l'anatomie, la physiologie, la chimie médicale et la pharmacie et durant l’été, la matière médicale, la physique médicale et l'hygiène, des séances d'ostéologie, des exercices de bandages et d'appareillage. Pendant quatre mois, dans le même temps, ils ont pour obligation de suivre un stage à la clinique chirurgicale de l'Hôtel-Dieu. Ceux de 2ème année, ou commencés, vaquent, l’hiver, à l’étude de l'anatomie agrémentée d’exercices, de la physiologie, de la chimie médicale, de la médecine opératoire. L'été, ils découvrent la matière médicale, les accouchements, des exercices de bandages, d'appareillages. Un stage similaire de quatre mois doit être effectué à la Charité où les étudiants se mettent au service des malades, ce qui constitue la grande nouveauté de cette réforme médicale. Enfin, ceux de 3ème année, ou encore les avancés, finissent leur cursus avec, en hiver, l'anatomie, la chimie médicale et la médecine opératoire. Les exercices sont libres. En été, s’offrent, à eux, la matière médicale, la pathologie externe, la pathologie interne et les accouchements, la médecine légale et l'histoire de la médecine. Le stage clinique dure toute l’année à l'hospice de l'École, sous l’égide de la clinique de perfectionnement où les étudiants soignent activement les malades et voient leurs prestations justement rémunérées (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1970). Lors de l’ouverture de l’Ecole centrale de Santé en 1794, il n’y a aucun examen venant sanctionné la fin des études. Cela change avec l’accession de Bonaparte au poste de Consul. L’année qui suit voit des examens de fin d’année, puis en 1799, la thèse redevient obligatoire. Malgré une organisation extrêmement précise, les ratés existent, mais ne sont que des ponctuations dans l’ordonnancement de l’institution. En outre, au vu du grand nombre des étudiants, il est très difficile de les
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encadrer afin de leur rendre l’accès aux malades possible. Cent à deux cents élèves autour du lit d’un malade unique n’est pas chose envisageable (Lemaire, 1994). Au cours des démonstrations cliniques dans l’amphithéâtre de l’Ecole pratique, Les deux responsables, Dubois et Petit-Radel, diagnostiquent, interrogent et expliquent aux étudiants présents, les malades étant dévêtus et sous l’autorité des assistants. A côté, deux internes prennent en note, l’un, les prescriptions et les consignes relatives au traitement mis en place, l’autre, les questions soumises à la réflexion des étudiants sur un temps très limité. En définitive, l’idéal est de se voir attribuer quelques lits, voire une partie de la salle (Lemaire 1994 ; Corlieu, 1896). Le concours de l’externat et de l’internat a été conçu par Chaptal, ministre de l’Intérieur, en 1801. L’externat est aisé et, globalement, les 2/3 des candidats aboutissent à une nomination. L’internat, quant à lui, est autrement plus difficile. Le 13 septembre 1802, le jury présidé par Lepreux retient 24 candidats sur la quarantaine qui s’est présentée. Les sessions suivantes se tiennent en décembre et voient leur nombre tomber à 10-15% de succès seulement. En 1812, la réalité de cette compétition est si féroce que le nombre d’impétrants est de 120 pour seulement 18 postes à pourvoir (Lemaire, 1994). Les dissections de cadavres ne sont plus interdites, mais il convient mieux de ne pas se faire prendre où les sergents de police peuvent demander le rachat du cadavre. Si elles sont tolérées, elles doivent être pratiquées dans la discrétion. Ainsi, Bichat pratique-t-il près de 500 autopsies dans les 18 mois qui précèdent sa mort. L’autopsie devient un acte médical à part entière. En tous cas, Bichat lui confère ses lettres de noblesse. Souvent contrôlé à la sortie des cimetières, la calèche remplie de corps, il aura souvent maille à partir avec la police. Tous agissent de même. Selon Lemaire (1994), « Dubois, quant à lui, paye des femmes de petite vie pour qu’elles distraient la police pendant qu’il fait sa collecte, Dupuytren reste une nuit durant, pour ne pas être attrapé, sous une dalle tombale ou encore Portal, de son côté, dissèque sur son lit, dans sa chambre, les corps que des rabatteurs lui ont amené, et lorsque les forces de
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police menacent sa tranquillité, en tirant un drap, il évacue le corps dans la ruelle attenante. » Corvisart, de son côté, dans son service, n’hésite pas à réaliser l’autopsie sur des malades morts dans son service (Lemaire 1994 ; Rabusson Corvisart, 1988). Si les corps sont à profusion pour les dissections, il est important, pour mieux en maîtriser la valeur, de manipuler des pièces en bois ou en cire, répliques fidèles des organes du corps humains. Lors de son séjour à Florence, Napoléon s’émerveille devant 40 cires anatomiques conçues par Felice Fontana pour Léopold II, grand-duc de Toscane et futur empereur d'Autriche, que l'artiste lui détaille en 1796. En souvenir de cet instant, Napoléon suggère logiquement la fondation d'une école française entièrement dévolue à la conception de cires anatomiques. Tous ses interlocuteurs, emballés, ne tarissent pas d’éloges dans une réponse pleine d’enthousiasme, le 8 mai 1806. Le 29 mai, l’Empereur promulgue un décret instaurant, dans la ville de Rouen, « une école destinée à l'enseignement de l'art des préparations anatomiques modelées en cire. » Le chirurgien Laumonier, anatomiste reconnu et aussi le beau-frère de Thouret, directeur de l’Ecole de médecine depuis 1795, en a la charge. Il a pour mission de réaliser des pièces d’anatomie humaine les plus fidèles et les plus précises possibles pour l’Ecole de médecine, le musée d’histoire naturelle et toutes les structures hospitalières intéressées. Ces pièces sont anatomiques, démonstratrices ou à caractère pathologique. Cette école ouvre ses portes en 1807 et les ferme en 1810. Moins de six étudiants l’animeront (Lemaire, 1994 ; Corlieu, 1896). Outre l’enseignement, les sollicitations sont nombreuses. Des ministres posent des questions ou missionne la Faculté sur différents thèmes le plus souvent en rapport avec la Santé publique : contrôle des eaux minérales, épidémies, etc. Par exemple, selon Lemaire (1994), « le 8 mars 1810, le ministre veut savoir s'il est nécessaire d'adjoindre un chirurgien aux médecins pour le contrôle des eaux minérales. » ou encore, « les 9 et 15 février 1809, le Conseil (des professeurs de la Faculté) discute du trajet d'une épidémie d’une fièvre encore indéterminée dans la Creuse, la Corrèze, la Dordogne, la
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Haute-Vienne. » Des mémoires présentent les résultats d’investigations ou des nouveaux matériaux médicaux sont débattus. L’administration de guerre, elle-même, n’hésite pas à écrire pour soumettre des interrogations relatives à l’hygiène ou à certains protocoles aseptiques. Ainsi, les interventions de la Faculté de médecine sont très diverses et touchent, outre à la médecine, mais aussi à de grands sujets sociétaux (Lemaire, 1994). La Société médicale d’émulation est fondée en 1796, à l’Ecole de médecine. A sa tête, Corvisart la préside et insuffle cette émulation tant recherchée. Outre les concours ou les discours, elle est omniprésente, jusqu’à la remise annuelle d’une médaille d’or que le premier médecin de l’Empereur a voulu avec le portrait de Bichat qui récompense le concours de la Faculté de médecine. Dans le bureau de cette société, apparaissent cinq membres de l’Institut, treize enseignants de la Faculté de médecine, Coste et Desgenettes pour l’armée et Jeanroy pour les dispensaires. L’accessit est limité à 60 membres. Les places sont chères et la compétition est rude. Larrey, Yvan ou Ribes notamment en font partie. En 1809, l’ensemble des mémoires présentés représente six volumes qui sont publiés dans l’Almanach de 1810 (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1951). En 1800, le ministre de l’Intérieur, Lucien Bonaparte, signe un décret autorisant l’Ecole de médecine de s’allouer les services de quinze personnes extérieures susceptibles de l’aider dans les multiples sollicitations que l’institution rencontre au quotidien. C’est l’acte de naissance de la Société de l’Ecole de médecine qui est différente de la société d’émulation. Triés sur le volet, Corvisart y fait figurer tous les plus grands noms de la médecine de l’époque et, en particulier, ceux qui n’ont pas vu leur candidature retenue pour enseigner. Associés aux professeurs, avec des statuts similaires, ils forment un groupe de quarante membres qui ont pour vocation d’enseigner, mais aussi d’améliorer les pratiques médicales. En 1800, y entrent Bichat, Chaptal ou encore Cuvier, etc. En 1809, c’est au tour de Bourdois de la Motte, de Larrey notamment. Le succès de cette société est si grand et son prestige, si important que Corvisart instaure quinze places supplémentaires d’associés-adjoints.
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Parmi ceux-ci, Royer-Collard ou Laënnec sont en bonne place. En 1810, cette association ne compte aucune publication à son actif. La recherche ne semble pas y avoir été véritablement mise à contribution, mais s’assurer d’une notoriété conséquente et indiscutable semble en avoir été le but premier (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1951). Lorsque Napoléon missionne Fourcroy pour créer l’Université impériale en 1808 et après que ce dernier ait été amené à réécrire jusqu’à 23 fois le texte législatif visant à l’instaurer, les corrections de l’Empereur étant particulièrement dures, il ne fait aucun doute pour le monde médical que Fourcroy, une fois effective cette nouvelle institution, en assumera la plus haute fonction, celle de Grand-Maître. Hélas, Napoléon lui préfère le comte de Fontanes, ce qui déclenche, chez le médecin, une vague de ressentiment qu’il conservera jusqu’à sa mort. Toujours est-il que, le 11 janvier 1809, Thouret, le doyen de la Faculté de médecine, reçoit une lettre du Grand-Maître lui annonçant sa visite prochaine. Rendez-vous est pris pour le 19 janvier, au cours de la soutenance de thèse de Beauchène fils, très bon chirurgien en devenir, bonapartiste convaincu et prosecteur à l’Ecole pratique. Son père est médecin à Paris et soigne un ami très proche de Fontanes, le sieur Joubert. Ayant exercé à la Cour de Louis XVI, il suit la famille royale en exil et en devient un proche. De retour en France, il a la charge d’un service à l’hôpital du Gros-Caillou. La thèse de Beauchène fils s’intitule Considérations sur l'organisation de l'oeil et sur l'opération de la cataracte appliquée au traitement des animaux domestiques et est présidée par Thouret lui-même. Quelques temps plus tard, Fontanes reviendra présider la séance d’hommages rendus par Leroux, le successeur de Thouret, à la mort de Fourcroy (Lemaire, 1994 ; Kersaint, 1966). A la Restauration, le concours public est supprimé. C’est le roi, en personne, qui nomme les enseignants et leur attribue une chaire (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1966). En novembre 1822, onze professeurs de la Faculté, ayant tous acquis une notoriété internationale, sont démis de leurs fonctions. Ils exercent tous depuis 1803. Il s’agit de De Jussieu, l'ancien vice-recteur, du doyen Leroux, des professeurs
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Chaussier, Desgenettes, Deyeux, Antoine Dubois, Lallement, Moreau de la Sarthe, Pelletan, Pinel et Vauquelin. Lors de l’éloge funèbre de Hallé qui se tient dans le grand amphithéâtre, Desgenettes tient des propos discutables sur Hallé en laissant entendre qu’il n’a jamais été capable d’imposer ses « propres convictions », ce qui déclenche un tollé accompagné d’applaudissements mettant le vice-recteur dans une situation très difficile. Quelques jours après, les cours sont annulés et les enseignants ayant des affinités prononcées pour l’Empire sont tous « révoqués ». La Faculté rouvre ses portes en février 1823, avec de nouveaux professeurs avec des convictions fidèles au régime en place, dont Laënnec. A l’arrivée de Louis-Philippe au pouvoir, ces nouveaux enseignants sont tous, à leur tour, renvoyés, hormis Laënnec et Bertin décédés entre-temps. Antoine Dubois, Deyeux, Desgenettes, Lallement et le doyen Leroux, tous bonapartistes rescapés, sont alors de retour. Trop âgé, Leroux ne reprend pas sa fonction de doyen qu’il confie alors à Dubois (Lemaire, 1994). Sous l’impulsion de Corvisart et de Fourcroy, la Faculté de médecine de Paris devient incontournable dans le milieu médical français et au sein de l’Empire. Lui assurant une hégémonie indéniable, elle voit tous les plus grands noms s’y succéder, ceux officiant sous l’Empire et bien après. Centralisant les pouvoirs, elle répond à des missions essentielles de Santé public et forme les médecins, et chirurgiens de la Grande Armée. Enfin, suite à la réforme de 1794 fomentée par Fourcroy qui crée par la même occasion l’enseignement hospitalo-universitaire et suite, également, à l’apparition de l’Université impériale mise en place par le même homme, elle est à la base de tous les préceptes et de toutes les institutions de la médecine du XXIème siècle, celle que nous connaissons aujourd’hui.
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Ecole de médecine sous le Consulat (© BIUS). Références bibliographiques : Bibliothèque interuniversitaire de Santé (BIUS), communication personnelle, Paris, 2010 et 2012. Corlieu Auguste, Centenaire de la Faculté de médecine de Paris (1794-1894), Alcan - Baillère - Doin - Masson (éd.), Paris, 1896. Ganière Paul, Corvisart, Flammarion (éd.), Paris, 1951. Ganière Paul, « Baron Antoine Portal, président perpétuel de l’Académie royale de médecine », in Bull. Acad. Natl. Med., 1966 Oct. 18 ; 150(26) : 539545. Ganière Paul, « La médecine et les médecins », in Revue du Souvenir napoléonien, oct. 1970, n° 256, pp. 14-16. Kersaint Georges, Antoine-François de Fourcroy (1755-1809). Sa vie, son œuvre, du Muséum (éd.), Paris, 1966. Lemaire Jean-François, « L’émulatrice Faculté de médecine de Paris sous l’Empire », in Revue du Souvenir napoléonien, mars-avril 1994, n°394, pp. 14-35. Rabusson Corvisart Didier, « Avis au lecteur », in Essai sur les maladies et les lésions organiques du cœur et des gros vaisseaux par Corvisart J. N. (3ème édition de 1818), Pariente (éd.), Paris, 1988, pp. 7-41. Riaud Xavier, « Corvisart, Jean Nicolas (1755-1821), physician to the Emperor », in Fondation Napoléon, http://www.napoleon.org, 2011, pp. 1-2. Riaud Xavier, « Antoine-François Fourcroy, un médecin et comte d’Empire, directeur de l’Instruction publique », in Revue de l’AMOPA, janvier-févriermars 2012, n° 195, pp. 31-32.
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Annexe 2 : Les enseignants de la Faculté de médecine de Paris sous l’Empire par le Dr Xavier Riaud.
Doyen Michel Augustin Thouret (1749-1810) (© BIUS). Directeur depuis 1795, doyen en 1808 jusqu’en 1810.
Successeur : Jean-Jacques Leroux des Tillets (1749-1832) (Corlieu, 1896, © BIUS). Doyen de 1810 à 1822.
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Chaire de chimie médicale et de pharmacie
Antoine François Fourcroy (1755-1809) (Corlieu, 1896, © BIUM).
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Nicolas Deyeux (1745-1837) (Corlieu, 1896, © BIUM).
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Chaire d’anatomie et de physiologie
François Chaussier (1746-1828) (Corlieu, 1896, © BIUS).
André Marie Constant Duméril (1774-1860) (Corlieu, 1896, © BIUM).
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Chaire de médecine opératoire
Raphaël Bienvenu Sabatier (1732-1811) (© BIUS).
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Chaire de médecine légale et d’histoire de la médecine
Pierre Sue (1739-1816) (© BIUS).
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Chaire d’histoire naturelle médicale
Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) (© BIUS). Professeur de botanique au Jardin du Roi. Professeur d’histoire naturelle médicale. Membre de l’Académie royale de médecine et de l’Institut.
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Achille Richard (1794-1852) (© BIUS). Membre de l’Académie royale de médecine.
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Chaire de physique médicale et d’hygiène
Jean Noël Hallé (1754-1822) (© Académie nationale de médecine).
René-Nicolas Dufriche Desgenettes (1762-1837) (© BIUS).
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Chaire de pathologie externe
Pierre François Percy (1754-1825) (Corlieu, 1896, © BIUS).
Anthelme Balthasar Richerand (1779-1840) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Chaire de pathologie interne
Philippe Pinel (1745-1826) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Chaire de l’art des accouchements
Jean-Louis Baudelocque (1745-1810) (Corlieu, 1896, © BIUS).
Alphonse Leroy (1742-1816) (© Musée Fabre).
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Clinique interne à la Charité
Jean Nicolas Corvisart (1755-1821) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Jean-Jacques Leroux des Tillets (1749-1832) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Clinique externe à l’Hôtel-Dieu
Philippe Jean Pelletan (1747-1829) (© Académie nationale de médecine).
Alexis Boyer (1757-1833) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Clinique de perfectionnement à la Faculté
Antoine Dubois (1757-1837) (Corlieu, 1896, © BIUS).
Philippe Petit-Radel (1749-1815) (© BIUS). Références bibliographiques : Académie nationale de médecine, communication personnelle, Paris, 2010 et 2012. Bibliothèque interuniversitaire de Santé, communication personnelle, Paris, 2010. Corlieu Auguste, Centenaire de la Faculté de Médecine de Paris (1794-1894), Alcan - Baillère - Doin - Masson (éd.), Paris, 1896. Lemaire Jean-François, « L’émulatrice faculté de médecine de Paris sous l’Empire », in Revue du Souvenir napoléonien, mars-avril 1994, n°394, pp. 14-35. Musée Fabre, communication personnelle, Montpellier, 2012.
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Remerciements Merci à l’actuel Maire de Lyon, dont je dois taire le nom en respect des lois électorales en vigueur afin de ne pas nuire à sa candidature aux prochaines élections municipales, pour sa gentille contribution. Il m’a fait un honneur considérable. J’en suis infiniment touché. Merci aussi au Dr Xavier Riaud pour son soutien constant, pour tout son travail de corrections et de mise en pages pour que ce livre puisse exister.
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Table des matières Avant-propos ..............................................................................7 Jussieu père...............................................................................11 La famille de Jussieu ................................................................15 Les éminents botanistes de la famille de Jussieu......................17 Patronymie, toponymie.............................................................25 Un franc-maçon ........................................................................27 Les Jussieu et Montpellier ........................................................29 Les Jussieu et Lyon ..................................................................31 Sculpture et squares de Jussieu.................................................35 Le Jardin royal des plantes médicinales et sa bibliothèque ......39 Bernard et Versailles ................................................................45 Bernard et Ray..........................................................................47 Ecoles Jussieu...........................................................................51 Antoine et Barrelier ..................................................................53 La classification naturelle.........................................................57 Biographies...............................................................................61 Château de Venteuil..................................................................69 Annexes ....................................................................................71 Annexe 1 : La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808). ..................................................................................73 Annexe 2 : Les enseignants de la Faculté de médecine de Paris sous l’Empire. .............................................................83 Remerciements .........................................................................91
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Santé et Médecine aux éditions L’Harmattan Dernières parutions rôle (Le) des soins palliatifs – Nouvelle édition
Geschwind Herbert
A la préoccupation de traiter la maladie, la médecine se soucie aujourd’hui d’apporter des soins aux mourants, à partir d’unités spécialisées en Soins Palliatifs. L’intérêt scientifique pour les moyens de guérir s’est déplacé vers la recherche des voies les moins traumatisantes du mourir. Parmi elle, l’euthanasie et l’assistance au suicide se sont révélées les plus sujettes à réflexions et débats. Ainsi se posent les questions de la «méthodologie» du mourir et celle de l’organisme ou de la personne chargée d’exécuter cette décision. (Coll. Questions contemporaines, 26.00 euros, 262 p.) ISBN : 978-2-343-00170-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-53107-9 risque (Le) biologique – Une approche transdisciplinaire
Panoff Jean-Michel - Préface de Jean-Louis Le Moigne
Faut-il être biologiste ou biotechnologue pour avoir le privilège d’étudier le risque biologique ? Juristes, sociologues, théologiens, paysans, historiens, psychologues nous avertissent : la biologie, avant tout science des «yeux», glisse insidieusement vers une science des «mains», de l’étude de la vie vers la manipulation du vivant. Voici une construction d’une pensée complexe autour de la question du risque biologique, question qui nécessite urgemment d’être collectivement posée. (Coll. Sociologies et Environnement, 38.50 euros, 388 p.) ISBN : 978-2-296-99846-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-53233-5 gynécologie (La) obstétrique pour le grand public 100 questions de femme
Badji Cheick Atab - Préface de Awa Niang Fall
Cet ouvrage apporte cent réponses à cent questions que les femmes se posent le plus souvent et qu’elles aimeraient poser à leur gynécologue sans en avoir toujours l’occasion ou le courage. Également destiné aux hommes, il leur permet de ne plus être exclus de l’intimité des femmes et de jouer pleinement leur partition dans cette grande aventure qu’est le couple... (Coll. Harmattan Sénégal, 17.00 euros, 178 p.) ISBN : 978-2-296-54900-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53228-1 greffes (Les) d’organes : une nouvelle fabrique du corps
Kreis Henri - Préface du Pr Jean-Michel Dubernard
L’histoire de la fabrique du corps n’a été entreprise que dans le but de guérir ce qui ne pouvait l’être par la médecine alors disponible. L’idée était simple mais n’a
pu s’accomplir, jusqu’à ce jour, que par une transgression des mécanismes vitaux de l’être humain et qu’en ravivant ses angoisses eschatologiques. Sa réalisation a mis en question l’altruisme, le rôle du politique et de l’administration, les luttes de pouvoir, la collusion avec l’industrie pharmaceutique, l’éthique médicale… (Coll. L’Éthique en mouvement, 25.50 euros, 260 p.) ISBN : 978-2-343-00027-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53102-4 imagerie (L’) médicale La fabrique d’un nouveau malade imaginaire
Briois Vilmont Laurence
La découverte des rayons X par le physicien Roentgen (1895) génère un bouleversement dans le monde médical : sans effraction cutanée, les intérieurs du corps humain vivant sont rendus visibles. Les techniques d’exploration prennent un essor considérable, devenant un outil diagnostique indispensable mais d’un usage dont la banalisation risque d’en négliger la réflexion. Le corps devenu mathématisable à la culture numérique appliquée aux images ne doit pas nous faire oublier la dimension humaine. (Coll. Sciences et Société, 17.00 euros, 172 p.) ISBN : 978-2-336-29284-7, ISBN EBOOK : 978-2-296-53222-9 à toi qui va naître
Ladjointe Xavier
Ils vivent ensemble et filent le parfait amour. Elle tombe enceinte. Il est tellement heureux qu’il commence à filmer leur vie pour leur futur enfant. Et puis il tombe sur ce concours de films. C’est alors qu’une autre grossesse inattendue d’un tout autre genre se déclare... Une grossesse cinématographique filmée ! Ce film est le premier docu-ciné prénatal de l’histoire du cinéma ! (20.00 euros) ISBN : 978-2-336-00807-3 Curriculum mortis
Monier Lionel
Le temps d’un soin dit « de conservation ». Nous suivons les gestes d’un thanatopracteur au cours de son travail. À chaque étape, une question. Autant de chapitres au cours desquels nous partons à la rencontre d’interlocuteurs qui tentent d’y répondre. Un voyage au pays de la mort, afin de cerner la place que notre société accorde à ses morts, mesurer l’évolution des rapports que les vivants entretiennent avec eux, éclairer les liens fondamentaux qui unissent le vivre au mourir. (20.00 euros) ISBN : 978-2-336-00781-6 question (La) de l’euthanasie La loi Léonetti et ses perspectives
Hacpille Lucie - Préface de Jacques Ricot
L’émergence de la question de l’euthanasie est née dans le contexte de la bioéthique et des droits des patients. Dans cet ouvrage l’auteur choisit une approche herméneutique à partir des témoignages de personnes faisant l’expérience de
situations existentielles extrêmes que sont la maladie grave, les handicaps lourds, mais aussi les expériences d’otages ou de rescapés des camps de concentration. (21.00 euros, 214 p.) ISBN : 978-2-336-29082-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51545-1 assistance (L’) médicalisée pour mourir Les soignants face à l’humanisation de la mort
Nkulu Kabamba Olivier
Depuis quelques années, les médecins sont confrontés à une demande croissante des patients en fin de vie réclamant que leur mort soit hâtée. Chaque sollicitation de l’aide médicale pour mourir place les soignants devant la problématique de l’humanisation de la mort qui, elle, engage de leur part la question fondamentale du «comment faire pour bien faire ?». (Coll. Sciences et Société, 28.00 euros, 278 p.) ISBN : 978-2-343-00065-7, ISBN EBOOK : 978-2-296-52986-1 Une éthique pour le malade Pour dépasser les concepts d’autonomie et de vulnérabilité
Benezech Jean-Pierre
L’éthique traditionnelle se fonde sur l’»autonomie» du sujet. Notre époque, elle, plébiscite la dimension de «vulnérabilité». Les soignants articulent souvent leur discours éthique sur ces thèmes. Mais pour une personne malade, ces deux concepts ne peuvent convenir pour construire une vie qui fait sens. Aussi, l’auteur propose le concept de la «personne étayée». Cette éthique originale constitue un nouveau paradigme, à rebours des valeurs antérieures, pour que chacun tente de tracer une vie « la moins mauvaise possible». (Coll. Sciences et Société, 17.50 euros, 182 p.) ISBN : 978-2-336-00857-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51645-8 Lazzaro Spallanzani (1729-1799) Le père de la biologie médicale expérimentale
Lamendin Henri - Préface de Jean-Guy Ferrand. Préface du Docteur Robert Sire
Henri Lamendin retrace le parcours de Lazzaro Spallanzani, peu connu de la médecine contemporaine, pourtant considéré comme l’un des pères de la biologie expérimentale. En effet, il fut l’un des premiers à avoir démontré ses dires après les avoir éprouvés dans une série d’expériences. Voici dressé un portrait juste et équitable d’un chercheur hors normes, qui a légué à la médecine une oeuvre dont la valeur n’a d’égale que la rigueur. (Coll. Médecine à travers les siècles, 14.00 euros, 140 p.) ISBN : 978-2-343-00129-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-51591-8 Eclair carmin
Batteault Rémy
«J’ai connu Isabelle à la maternelle. Atteinte d’une maladie rare, elle devient peu à peu aveugle. En effet, un stress trop grand ou un effort physique trop intense provoque une hémorragie oculaire, qui se traduit visuellement par un éclair carmin qui brouille sa vision. À chaque nouvelle attaque, sa vue baisse de manière
irrémédiable. (...) Comment vivre la «malvoyance» lorsqu’on a 36 ans, comment le parcours de vie est-il modifié ? Quel est le regard du monde extérieur ?» (Rémy Batteault). (20.00 euros) ISBN : 978-2-336-00776-2 Handicap et citoyenneté Quand le handicap interroge le politique
Bruchon Yves
«Et si le handicap nous aidait à réinventer le lien social ?» La question du handicap est celle de la démocratie ; la question du handicap est, centralement, politique comme en témoigne le fonctionnement de la dialectique droits de l’homme – droits du citoyen dans la problématique du handicap. Sans faire une histoire du handicap et sans prétendre donner des indications pour une politique du handicap, cet ouvrage donne quelques outils pour comprendre. (18.00 euros, 172 p.) ISBN : 978-2-296-99831-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-51533-8 recherche (La) sur les cellules souches Quels enjeux pour l’Europe ?
Altavilla Annagrazia - Préface de Jean-François Mattei ; postface de Adriana Ceci Les enjeux liés à l’utilisation des cellules souches sur un plan scientifique, éthique, juridique, économique et de société sont nombreux. Ce livre présente l’état le plus actuel des connaissances et des débats éthiques à ce sujet et nous livre l’étendue des évolutions scientifiques et des changements juridiques déterminés par les espoirs placés dans la médecine régénératrice. (Coll. Ethique et pratique médicale, 57.00 euros, 682 p.) ISBN : 978-2-336-29022-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-51469-0 clou (Le) de girofle en médecine bucco-dentaire
Gros Gilles - Préface du Docteur Xavier Riaud
Partant du clou de girofle et de ses dérivés, Gilles Gros nous propose un parcours original au sein de l’histoire de l’art dentaire. Par ses réflexions philosophiques, il parvient avec brio à montrer comment les chirurgiens-dentistes se sont de plus en plus éloignés de la magie, de l’empirisme et de la contingence pour s’ancrer définitivement, au XXe siècle, dans l’univers de la rationalité. (Coll. Médecine à travers les siècles, 13.00 euros, 116 p.) ISBN : 978-2-343-00068-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51499-7
L'HARMATTAN ITALIA Via Degli Artisti 15; 10124 Torino L'HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest L'HARMATTAN KINSHASA 185, avenue Nyangwe Commune de Lingwala Kinshasa, R.D. Congo (00243) 998697603 ou (00243) 999229662
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En cinquante ans, le jardin double sa superficie. L'école de botanique, ainsi que le cabinet d'histoire naturelle, sont agrandis. Y sont découverts de nouveaux naturalistes, parmi les plus prestigieux, dont Antoine Laurent de Jussieu. Joseph de Jussieu passe trente-cinq ans au Pérou espagnol, de 1735 à 1770, où il contribue grandement à la connaissance du Quinquina, découvert par La Condamine… La Révolution transforme profondément le fonctionnement du Jardin. Le 20 août 1790, un décret de l'Assemblée nationale demande aux démonstrateurs de rédiger un projet pour sa réorganisation… Le corps des professeurs et leur directeur, élu et renouvelé chaque année, doivent être le garant de l'indépendance de la recherche. Mais, le projet n'aboutit pas, l'Assemblée nationale ne donnant pas de suite. Finalement, le 10 juin 1793, le Muséum obtient le vote du décret l’établissant, lui donnant ainsi une existence juridique propre. Le logo du Muséum, datant de la Révolution française, symbolise les règnes de la nature, de la liberté, du travail et de leurs fruits. Le poste d'intendant est alors remplacé par la fonction de directeur. L'ancienne hiérarchie des officiers du jardin, notamment les démonstrateurs et sous-démonstrateurs, est abolie. Douze postes de professeurs assurent, de façon égale et collégiale, l’administration du Muséum. Les enseignements sont répartis en douze chaires professorales. Adrien de Jussieu, fils d’Antoine Laurent, succède à son père, en 1826, à la chaire de botanique du Muséum. Il est le directeur du Muséum d’histoire naturelle et du Jardin des Plantes (Wikipédia). Le Jardin royal des plantes médicinales est donc officialisé par un édit de 1635. Ouvert au public à partir de 1640, ce qui deviendra plus tard le Jardin des Plantes, renferme à cette époque près de 2 300 plantes. La toile Jardin du Roy très Chrestien Henry IV de P. Vallet (1608) en donne diverses images. Après une période incertaine, le jardin est réagencé en 1694, par J. P. de Tournefort, selon ses classes d'herbes et d'arbres. Entre-temps, la « butte Coypeau », grand labyrinthe actuel, est plantée de vignes, puis des déblais provenant de l'élargissement des rues de Paris en constituent le petit labyrinthe. Ces deux monticules seront plus tard peuplés de
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conifères et B. de Jussieu y installera en 1734, le cèdre du Liban, toujours vivant (Encyclopædia Universalis). Le campus de Jussieu, Faculté des sciences, construit de 1958 à 1972, a été inauguré en 1970 (Paris VII) et en 1971 (Paris VI) à l’emplacement de la Halle aux vins. En 1957, les premiers bâtiments universitaires sont construits le long du quai SaintBernard et de la rue Cuvier. La station de métro qui s'appelait autrefois Jussieu-Halle-aux-vins est inaugurée le 26 avril 1931. Il ne subsiste aujourd'hui que le nom de « Jussieu ». Les deux quais ont été rénovés en style Motte en 1975 (Robert Sire, 2013).
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Bernard et Versailles par les Drs Henri Lamendin & Xavier Riaud En 1758, Louis XV lui confie la création d'une « Ecole de botanique » dans les jardins de Trianon… Bernard ne suit pas pour cela la classification de Linné, mais développe un système nouveau, basé sur les caractères morphologiques des plantes. Il subdivise d'abord les espèces en monocotylédones et en dicotylédones, puis en familles regroupées suivant leurs affinités morphologiques. C'est ce système que reprendra et affinera son neveu Antoine Laurent de Jussieu. À Versailles, la Maison de Quartier « Bernard de Jussieu Petits Bois - Picardie » est située au 6, rue Bernard de Jussieu. « Bernard de Jussieu-Petits-Bois-Picardie » se distingue par la variété de son environnement. Les pavillons fleuris, les jardins ouvriers apportent une agréable touche de verdure qui entoure les grands immeubles, harmonisant ainsi les témoins du passé et ceux d’un présent plus contemporain. La diversité de sa population (7 200 habitants) en fait toute sa richesse, car il y a un réel esprit de quartier fait de fierté, de spontanéité et d’entraide, comme celui d’une grande famille dont on peut percevoir la convivialité, notamment sur le marché de la rue Claude Debussy, auprès de chaque commerçant, tout comme au sein des nombreuses associations qui animent la vie quotidienne. Pour accompagner l’accès aux nouvelles technologies et lutter contre la « fracture numérique », la ville a ouvert son premier cyberespace dans les locaux annexes de la maison de quartier Jussieu-Petits-Bois-Picardie, baptisé « Cybersailles Bernard de Jussieu » (Ville de Versailles). Tout en restant l’un des plus vastes espaces sauvegardés de France, la ville de Versailles doit aujourd’hui s’adapter aux nouveaux enjeux sociétaux, économiques et environnementaux. Bâtir de nouvelles infrastructures qui répondent aux normes esthétiques et
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écologiques actuelles tout en préservant la richesse du patrimoine architectural existant demeure une priorité du maire de Versailles, François de Mazières (Communication à la Maison de quartier de « Bernard de Jussieu Petits Bois Picardie »).
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Bernard et Ray À Versailles, en 1759, Bernard réorganise le jardin du Trianon pour « l’Ecole de botanique » voulue par le Roi, permettant une présentation des plantes en prenant en compte le Fragmenta Methodi Naturalis de Linné, mais en ne le suivant pas, ainsi que le Methodus Plantarum de Ray, à propos duquel sont rapportées ces présentes lignes. John Ray, Fellow of the Royal Society, né le 29 novembre 1627, dans le village de Black Notley, près de Braintree, dans l'Essex, et mort le 17 janvier 1705, est un naturaliste anglais, parfois surnommé le père de l'histoire naturelle britannique. Jusqu'en 1670, il signe John Wray. Contrairement aux autres naturalistes de son époque, il n'est pas médecin. Il ne s'intéresse donc pas aux plantes pour la pharmacologie, mais pour des raisons plus scientifiques. Ray est considéré comme l’un des fondateurs de l’histoire naturelle moderne. Fils de forgeron, il fait ses études à l’école de grammaire de Braintree. Il acquiert une solide connaissance du latin. Ce choix a sans doute provoqué la méconnaissance persistante de son œuvre parmi les scientifiques anglais et américains. Pourtant, il s’intéresse également à la langue anglaise et fait paraître, en 1670, une collection de proverbes sous le titre de Collection of English Proverbs. C’est durant ses années à Cambridge que John Ray rencontre Francis Willughby, entré comme membre (fellow-commoner) au Trinity College. Son amitié n’est pas seulement l’occasion pour Ray d’entamer une fructueuse collaboration. Willughby, homme aisé et généreux, finance leurs voyages communs et offre à Ray, jusqu’à la fin de ses jours, un hébergement ainsi qu’une rente de soixante livres après la mort précoce de Willughby, Ray s’occupant de l’éducation de ses deux fils, Francis (1668-1688) et Thomas (1672-1729). Ray lui en sera
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toute sa vie reconnaissant. Willughby meurt à seulement trentesix ans. Les historiens des sciences ont souvent tenté de mesurer la part de l’un ou de l’autre dans les ouvrages que publie Ray après la mort de Willughby. Il est indéniable, et Ray lui-même le souligne avec une grande modestie, que l’apport de Willughby, la qualité et le nombre de ses observations, est immense. L’œuvre de deux hommes, où il est impossible de démêler avec exactitude la part prise par l’un ou par l’autre, est un bel exemple de l’amitié en science, qui n’est pas même interrompue par la mort. De 1663 à 1666, Ray et Willughby voyagent en Europe, parfois entourés d’autres compagnons. Ils visitent la France, les PaysBas espagnols, la principauté de Liège, la Prusse, l’Autriche, la Suisse et l’Italie. Ils réalisent de nombreuses observations sur la flore comme sur la faune et rencontrent de nombreux savants. Le voyage est interrompu lorsque le roi de France émet un édit en 1666 qui interdit la présence de Britanniques sur le sol du royaume. Les deux hommes rapportent une immense moisson d’observations qu’ils commencent alors à organiser. Ray rencontre, de passage à Montpellier en 1665, Niels Stensen (1638-1686), auteur De Solido intra Solidum naturaliter Contento publié en 1669 et traduit en anglais en 1671. John Ray est élu membre de la Royal Society en 1667. Willughby et Ray font bientôt paraître dans les mémoires de la Royal Society leur première publication scientifique. Elle est consacrée à la circulation de la sève dans les arbres. John Wilkins (1614-1672), qui a activement participé à la création de la Royal Society, lui demande de traduire en latin son livre Real Character. Ses premiers travaux de botanique commencent, alors que, malade, il doit faire de longues marches dans la campagne. Il dira plus tard que l’étude des plantes peut être un loisir qui permet de contempler ce que l’on a constamment sous les yeux et que l’on piétine sans y penser, d’admirer la beauté des plantes et l'art habile de la nature. « D'abord la diversité des plantes de printemps, puis la forme, la couleur et la structure de plantes particulières m'a fasciné et absorbé. L'intérêt pour la botanique est devenu une passion. » En 1660, il fait paraître anonymement une flore des environs de Cambridge, dans Catalogus stirpium circa Cantabrigiam nascentium où il expose ses premières observations en suivant
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l’organisation de l’ouvrage de Gaspard Bauhin (1560-1624) intitulé Catalogus Plantarum circa Basileam sponte nascentium, publié en 1622. Il décrit pas moins de 558 espèces des environs de Cambridge qu’il a toutes examinées directement. Chaque fois qu'il aborde une espèce nouvelle, il donne des informations sur une description morphologique, son habitat, sa floraison et des indications thérapeutiques. Il suit la classification de Jean Bauhin (1541-1613), frère de Gaspar Bauhin. L'ouvrage connaît un immense succès. Thomas Johnson (1604/5-1644) et son ami John Goodyer (1592-1664) ont envisagé, dès 1641, de réaliser une flore britannique, mais la mort de Johnson durant le siège de Basing House met un terme à ce projet. Ray entreprend alors de poursuivre un projet identique et de réaliser une flore de l’Angleterre. Ce projet ne trouve un aboutissement qu'avec la parution de son Iter plantarum en 1690. Ray envisage la publication d'une flore européenne et étend ses voyages à l'Europe. Il commence à travailler sur ce nouveau projet en 1682 et fait paraître la première partie en 1686, sous le titre d’Historia plantarum generalis, première tentative d'une flore mondiale. Sa publication s’achève en 1704, avec la parution de la troisième partie. Ray ajoute aux espèces européennes les plantes qui lui sont envoyées par les explorateurs européens. La taille très imposante de ces volumes, que la présence d’illustrations n’explique pas, les rend difficilement maniables, surtout dans le cadre de leur consultation sur la table d’un naturaliste. Selon Arber (1943), c’est sans doute l’une des raisons qui ont fait des Institutiones rei herbariae de Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), livre de petite taille et très maniable, un ouvrage de référence pour les botanistes du début du XVIIIe siècle, bien plus que les qualités intrinsèques de la classification de John Ray. Celui-ci décrit, dans son Historia plantarum, 6 000 espèces et, même si la plupart ne sont pas des nouveautés, les descriptions brèves et complètes sont d’une grande qualité. Ray tente une première classification naturelle des plantes et expose sa méthode dans trois ouvrages : Methodus plantarum nova (1682), le premier volume d'Historia plantarum (1686) et dans Methodus emendata (1703). Il sépare ainsi les monocotylédones des dicotylédones de façon nette, probablement inspiré par Théophraste, les gymnospermes des
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angiospermes. Il écarte aussi les plantes sans fleurs, comme les fougères, des plantes à fleurs. Grâce à lui, le vocabulaire botaniste s'enrichit considérablement. On lui doit notamment le terme de cotylédon ou celui de pollen. Il emploie aussi le vocabulaire formé par Marcello Malpighi (1628-1694), de Karl Sigismund Kunth (1788-1850) ou de Nehemiah Grew (16411712) (Wikipédia) Et pour l’École de botanique au Trianon, Bernard de Jussieu, consulte, notamment, le Methodus plantarum de John Ray, d’où cette citation.
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Ecoles Jussieu Une école primaire réside rue de la Baignerie à Lille. Il existe aussi une école franco-équatorienne Joseph de Jussieu. L'Alliance française de Cuenca est l'une des 5 alliances françaises du réseau équatorien et la troisième en terme d'importance après celles de Quito et de Guayaquil. Fondée en 1966, ce centre culturel de droit local n'a eu de cesse de promouvoir les échanges culturels entre la France et l'Équateur, et a su, par sa programmation culturelle variée, donner une image plurielle, et moderne de la France, et de la francophonie dans cette troisième ville d'Équateur. Elle est devenue l'un des principaux acteurs culturels de la ville. Son studio Radio France International-Équateur, situé dans ses locaux, permet une retransmission des programmes internationaux en français et en espagnol ainsi que la production d'un magazine culturel quotidien visant à rendre compte des principales manifestations locales, et nationales. Chaque année, l'Alliance française de Cuenca dispense auprès de plus de 800 élèves différents des cours de français et organise, deux fois par an, des sessions du DELF3 et du DALF4. L'Alliance française est à l'origine de la création, en septembre 2007, de l'école franco-équatorienne Joseph de Jussieu qui scolarise des élèves conformément aux programmes d'enseignement français. Une antenne campus France, installée depuis novembre 2008, oriente les étudiants dans leurs projets d'études en France. L'escuela Joseph de Jussieu de Cuenca en Equateur, petite école bilingue, dépendant de l'Alliance française, présente à Cuenca, a ouvert ses portes il y a 3 ans. Pour l'instant, ils ont ouvert des 3 4
Diplôme d’études en langue française. Diplôme approfondi en langue française.
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classes jusqu’à la cinquième primaire, mais leur but est de continuer à ouvrir des classes chaque année. Quatre classes, pour les enfants de 5 à 8 ans, participent au projet (latitudefrance.org).
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Antoine et Barrelier Jacques Barrelier est un dominicain et biologiste français, né en 1606, à Paris, et mort le 17 septembre 1673, dans cette même ville d’une crise d’asthme. Il devient docteur en médecine en 1634, avant d’entrer dans l’ordre des prêcheurs ou ordre des Dominicains. La théologie devient dès lors son occupation principale. Il consacre ses loisirs à la botanique et visite la Provence, le Languedoc, l’Espagne, et l’Italie. Il séjourne vingttrois ans à Rome et y crée le jardin des plantes du couvent de Saint-Xyste. Pendant tout ce temps il remplit les fonctions d'assistant du général de l'ordre. C’est pendant son séjour qu’il travaille à son Hortus Mundi ou Orbis botanicus, où il décrit les espèces récoltées durant ses voyages. Il fait graver sur cuivre de nombreuses illustrations destinées à figurer dans son livre. Il revient à Paris en 1672, au couvent de la rue Saint-Honoré, et il meurt avant de mener à bien son projet. Certains auteurs affirment qu’il travaille à son livre à Paris, et non pas à Rome. Un incendie détruit toutes ses notes. Seules ses planches en cuivre ont survécu. C’est Antoine de Jussieu (1686-1758) qui assure leur publication plus de 30 ans plus tard, sous le titre d’Icones Plantarum per Galliam, Hispaniam et Italiam observatæ5. L'ouvrage compte 324 planches de plantes de France et d'Espagne, et 1 392 planches de plantes d'Italie, dont une centaine d’espèces nouvelles. Plusieurs d’entre elles lui ont été dédiées (Wikipédia).
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Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae, R. P. Jacobo Barreliero, etc. (Paris, 1714, avec 334 pl.). (Dr L. Hn).
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Page de titre de Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae.
Un exemplaire numérique est consultable sur Cervantes Virtual. Antoine de Jussieu les a utilisées pour la publication de l'ouvrage intitulé Hortus mundi, seu orbis botanicus, in quo omnium plantarum toto orbe cognitarum historia continetur.
Antoine de Jussieu, ayant consulté le manuscrit du père Jacques Barrelier (1606-1673), l'a classé, divisé en neuf séries et s'est servi de quelques-uns des matériaux qu'il renferme pour
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l'ouvrage publié par lui, Plantae per Galliam, Hispaniam et Italiam observatae, iconibus aeneis exhibitae. Opus posthumum, accurante Antonio Jussieu, in lucem editum (Muséum national d’histoire naturelle).
Le Sophora de Bernard La carte pour se balader dans l'Arboretum de Chèvreloup est si mal faite que, peut-être, certains ont raté une de ses principales attractions. Une fois devant, l'arbre lui-même ne présente que peu d'intérêt, sauf quand on raconte sa petite histoire. « Jussieu a crée un jardin botanique au château de Versailles sous Louis XV et Louis XVI afin d'instruire la cour. De celui-ci ne subsiste qu'un Sophora Japonica, arbre originaire de Chine qui venait juste d'être introduit en Europe. » « Abattu par la tempête de 1999, un morceau de tronc avec racines a été mis en culture. Et après deux saisons sans réaction, le fragment prélevé a émis une tige. Au bout de quatre ans de culture, il a été planté au même endroit que l'ancien arbre. Ainsi, le vieux Sophora planté (1747 ?) par Jussieu vit-il encore par "bouture interposée". Il est un clone exact de l'arbre d'origine. » Le caféier d’Antoine Antoine de Jussieu donne, en 1715, la première description botanique précise et le premier dessin exact d'une branche de caféier, de ses fleurs et de ses fruits (Mémoires de l'Académie des sciences). Le jeune botaniste du Jardin royal en a reçu un pied de Hollande. Il le considère comme un jasmin et le nomme Jasminum arabicum. Linné le dénomme, de son côté, Coffea
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arabica. C’est l’arbuste dominant en Amérique. Il mesure 5 à 6 mètres. Ses feuilles d’un vert foncé luisant rappellent celles du Gardénia. L’Euphorbe d’Adrien La thèse d’Adrien de Jussieu porte sur les Euphorbiacées et s’intitule De euphorbiacearum generibus medicisque earumdem viribus tentamen. Parmi les floraisons qui se font plus nombreuses lorsque le printemps s'installe, une fleur un peu étrange a peut-être parfois piqué votre curiosité. Sa couleur acidulée peut sembler ambiguë. S'agit-il d'une feuille ou d'une fleur? L'équivoque se poursuit parfois plus loin. Vivace ou arbuste ? Ce qui est sûr, c’est que l’euphorbe ne manque pas d'originalité. Avec ses nuances originales et ses formes insolites, elle a un talent fou pour faire pétiller le printemps. (Gerbeaud.com). La vaste famille des Euphorbiaceae compte entre 5 000 et 8 000 espèces réparties dans environ 300 genres. Les feuilles sont généralement alternes et simples, souvent très réduites chez les espèces succulentes. Ainsi, chez Euphorbia, ce qui est pris pour la fleur est en fait une inflorescence (cyathe) composée d'une fleur femelle entourée de quelques fleurs mâles réduites à une étamine et d'un involucre imitant les pétales, et pourvu de glandes nectarifères (Antoine Laurent de Jussieu – Encyclopédie).
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La classification naturelle Réflexions sur la classification naturelle de Jussieu par Georges Vignaud & Pierre Frazer (2010). Le progrès essentiel, on le doit à Bernard de Jussieu (16991777), botaniste de Louis XV. Son neveu, Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) sera titulaire d’une des premières chaires de botanique au Muséum d’histoire naturelle de Paris. L’histoire est la suivante : Louis XV charge Bernard de Jussieu de composer au Trianon de Versailles, un jardin botanique qui soit le reflet de la classification naturelle. Jussieu a une première idée géniale. Il fabrique une carte du jardin qu’on appellera le « Système du Trianon » et que publiera, en 1789, Antoine Laurent de Jussieu dans son Genera plantarum. Sur cette carte, chaque espèce est figurée par une petite surface. La surface est plus grande quand elle rassemble des espèces qui se ressemblent. C’est un petit bosquet qui représente un « genre ». Les différents genres sont regroupés dans une parcelle de plus grande taille, appelée « famille ». La question alors est celle de savoir quels sont les critères selon lesquels on rapproche les espèces et les genres. C’est là que Jussieu a une seconde idée géniale. Il recherche les caractères précis qui restent constants à l’intérieur de chacune des parcelles, c’est-à-dire pour chaque groupe d’organismes – ou « taxon » – rassemblés en espèce, genre ou famille. Jussieu comprend que, pour définir les familles, le caractère clé est le « plan d’organisation » de la fleur. Il existe ainsi une fleur de type « orchidacée », une fleur de type « rosacée », etc. On peut alors décrire avec précision un certain ordre de la nature. On pense même avoir trouvé la méthode naturelle pour parvenir à la classification naturelle (Web sémantique). Bernard de Jussieu, chargé en 1758 de diriger la plantation d'un jardin botanique au Trianon, au lieu de suivre pour cette
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opération le système de Linné, presque exclusivement adopté à cette époque, distribue les plantes suivant une méthode naturelle basée sur l'ensemble de leurs rapports. Cette méthode sera ensuite affinée par Antoine Laurent, son neveu. Dans cet herbier du XIXe siècle, organisé selon la classification scientifique de Jussieu, chaque spécimen est identifié par son nom en français sur une petite étiquette. La classification de Jussieu, publiée, en 1789, dans son Genera Plantarum, supplante celle de Carl von Linné. La classification Jussieu fait de l'ombre à Linné. Un nom qui fait date dans l'histoire de la botanique. Cette illustre famille de scientifiques français a œuvré au développement de cette discipline naissante au XVIIe siècle. Un plus particulièrement : Antoine Laurent a mis au point une classification des végétaux toujours en vigueur actuellement. Chez les de Jussieu la botanique est une histoire de passion, de cœur et surtout de famille. La fibre végétale se transmet de génération en génération. Au XVIIIe siècle, trois frères lyonnais Antoine, Bernard et Joseph de Jussieu, tous diplômés de médecine, découvrent une discipline scientifique encore peu exploitée à l'époque : la botanique. Antoine est le premier à s'enflammer pour ce domaine. Il constitue un herbier des espèces végétales de Normandie et de Bretagne, se faisant remarquer au passage par Guy Fagon, médecin attitré du roi Louis XIV. Par cette rencontre, Antoine de Jussieu décroche le poste de professeur de botanique du Jardin du roi en 1709. Ce poste sera également occupé par son frère Bernard en 1722. Contrairement à ses deux frères, Antoine poursuit en parallèle sa carrière de médecin et décèle des pouvoirs thérapeutiques insoupçonnés chez les plantes. Par exemple, il découvre que l'écorce de quassia permet de calmer les fièvres. Explorateur dans l'âme, ce trio de botanistes voyage dans différents pays, voire continents, pour répertorier des espèces jusqu'alors inconnues. Pendant 36 ans, Joseph de Jussieu travaille en Amérique du Sud pour poursuivre ses recherches naturalistes. Ces voyages enrichissent considérablement les herbiers du roi de France et deviennent au passage une référence de la diversité botanique.
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Tous trois membres de l'Académie des sciences, ils ouvrent la voie à la génération suivante de botanistes dont un restera célèbre grâce sa classification Antoine Laurent de Jussieu, leur neveu. Pour ne pas déroger à la coutume familiale, Antoine Laurent de Jussieu suit des études de médecine à Lyon. Auprès de ses oncles, il se forme en botanique et reprend le flambeau. En outre, il continue l'étude de Bernard de Jussieu sur l'élaboration d'une classification des végétaux. Contrairement à celle de Carl von Linné, botaniste suédois, basée sur les organes sexuels des plantes, Jussieu distingue les caractères constants ou variables au sein, ou entre les familles de plantes reconnues par la profession. Chacun des grands escaliers de l’École de pharmacie, à Paris, s’éclaire de deux fenêtres jumelles de forme cintrée, placées en hauteur. Du point de vue iconographique, le projet ne mentionne que « trois scènes à sujets historiques concernant la fondation de l’institution au XVIIIe siècle ». Le choix de la période correspond à la vogue que connaît alors « le Siècle des Lumières », qu’illustre la même année la création de la Manon de Massenet. Pour rendre hommage à des personnalités dont les travaux fondateurs ont marqué l’enseignement dispensé en ces lieux, les trois représentations, sans réelle historicité, les mettent en scène sur le mode de l’anecdote. Elles sont du reste légendées pour être comprises. D’après le cartouche de son soubassement, la verrière de gauche de l’escalier sud figure Linné reçu au Jardin des Plantes par Bernard de Jussieu. Le botaniste suédois Carl von Linné (1707-1778) n’a séjourné à Paris qu’au retour d’un voyage européen, vers 1737. C’est donc à cette occasion qu’il a pu rencontrer son confrère d’origine lyonnaise, Bernard de Jussieu, en poste à partir de 1722 au Jardin du roi inauguré en 1640 dans le Faubourg Saint-Victor – l’actuel Jardin des Plantes –, avant que, en 1758, Louis XV ne lui confie la création de l’école de botanique des jardins de Trianon à Versailles. Le nouveau système de classification des plantes développé par ce savant, différent de celle de Linné, justifie la partie droite de l’inscription supposée relater le dialogue entre les deux
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hommes. « Moi aussi, je cherche à établir des familles naturelles » (Linné). L’autre verrière du même escalier représente le neveu de Bernard de Jussieu en une scène intitulée « Laurent de Jussieu fait replanter l’École botanique ». La partie droite du cartouche, « Méthode naturelle Genera plantarum (1789) », renvoie à l’ouvrage avec lequel il a complété le système de classification des végétaux de son oncle, donc différent de celui de von Linné. Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), médecin à Paris depuis 1766, nommé au poste de démonstrateur au Jardin du roi en 1770, y enseigne la botanique avant d’être promu directeur du nouveau Muséum national d’histoire naturelle en 1794 et d’exercer comme professeur à la Faculté de médecine de Paris jusqu’en 1826. La scène, qui se déroule sous Louis XVI devant les serres du jardin, joue sur le pittoresque horticole, peuplé d’outils, d’un arrosoir et d’une brouette.
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Biographies Ces biographies, qui comportent évidemment de nombreuses répétitions, constituent un résumé confirmant, complétant, ou même corrigeant, tout ce qui a été cité précédemment. Antoine de Jussieu, naturaliste, né à Lyon en 1686, mort en 1758, manifeste, de très bonne heure, un penchant invincible pour l'étude de la botanique. Après s'être fait recevoir docteur en médecine à Montpellier, il vient, en 1708, à Paris, puis fait un voyage botanique en Normandie et en Bretagne, est nommé, à son retour, professeur de botanique au Jardin du roi, en remplacement de Tournefort, enseigne la même science à la Faculté de médecine de Paris, en même temps qu'il exerce avec grand succès comme médecin. Il est admis, en 1711, à l'Académie des sciences. Antoine de Jussieu fait de savantes excursions dans la France méridionale, l'Espagne, le Portugal, et publie les résultats de ses travaux dans les Mémoires de l'Académie des sciences. Il publie aussi, à part quelques petits ouvrages, un Discours sur les progrès de la botanique, en 1718, à Paris. On lui doit une édition des Institutiones rei herbariae de Tournefort augmentées d'un appendice, paru à Lyon, en 1719, et la publication, en 1714, des planches botaniques de Barrelier auxquelles il a joint un texte. En 1772, le Dr Grendoger de Foigny a publié, sous le titre de Traité des vertus des plantes, un cours de matière médicale qu'Antoine de Jussieu a professé à la Faculté de médecine de Paris. C'est Antoine de Jussieu qui a fait le premier connaître la fleur et le fruit du caféier. Né d'un père maître-apothicaire installé à Lyon depuis plusieurs générations, Antoine de Jussieu, deuxième d'une lignée de seize enfants dont beaucoup sont morts en bas âge, montre précocement un penchant pour la botanique. Il est initié aux travaux de Tournefort, éminent botaniste de son temps, par
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le Dr Goiffon qu'il assiste en herborisant, dès l'âge de 14 ans, en vue de la réalisation d'une flore de la région lyonnaise. Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) vient, en effet, de publier une nouvelle méthode de classification du monde végétal très en avance sur son temps, avant de partir pour son voyage au Levant entre 1700 et 1703. Professeur et démonstrateur au Jardin du roi, il exerce une attraction irrésistible sur le jeune Antoine qui vient de terminer sa médecine à Montpellier et brûle d'envie de le rencontrer. Parti pour Paris, il y arrive quand Tournefort agonise après avoir été écrasé par une charrette. À sa mort en 1708, la place vacante est très fugacement occupée par Danty d'Isnard, qui la libère une année plus tard, et c'est Antoine qui est nommé professeur en 1710 par Guy-Crescent Fagon (1638-1718), médecin du roi et surintendant du Jardin. La promotion de ce jeune médecin de 24 ans suscite bien des jalousies d'autant plus qu'il n'appartient pas à la Faculté de Paris et que Sébastien Vaillant (1669-1722), déjà célèbre démonstrateur au Jardin, semblait tout désigné comme successeur de Tournefort. Antoine brille par ses démonstrations faites en français, qui attirent beaucoup de monde. Une affiche d'époque, conservée au Muséum, rappelle qu'il y « est interdit d'entrer avec épée et bâton ». Sitôt nommé, il entreprend de nombreuses randonnées dans le Languedoc et en Provence, avant d'être envoyé par l'abbé Bignon, président de l'Académie des sciences, dans la presqu'île ibérique pour y recueillir des plantes pour le Jardin. Son frère, Bernard, venu à Paris le rejoindre, sur les conseils de Sébastien Vaillant, l'accompagne dans ce voyage de près de dix mois. Rentré à Paris, il se consacre dorénavant à l'introduction et à l'acclimatation de plantes du monde entier, mais surtout des colonies françaises (Canada, Indes, Réunion, Saint-Domingue, Antilles, Sénégal...), que lui font parvenir ses correspondants. Parmi eux, figurent de nombreux chirurgiens ou médecins, dont son frère Joseph. Ce dernier, parti, en 1735, au Pérou, accompagner l'expédition de La Condamine pour mesurer la longueur d'un degré de méridien, ne rentre en France qu'en 1771, après avoir passé 36 ans dans les Andes et en Amazonie, d'où il expédie de nombreux documents, graines et plantes, dont la coca et le Quinquina.
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On doit à Antoine, la première description du caféier, en 1716 (1720 selon certains auteurs), plante déjà utilisée et appréciée, mais dont l'étude restait à faire, ainsi que l'introduction, aux Antilles, du premier pied de cette plante qu'il remet au chevalier Desclieux. L'intérêt scientifique porté aux espèces botaniques est toujours doublé chez ce chercheur d'une approche économique. Il introduit ainsi, à Paris, le poivre de la Réunion, le benjoin, la citronnelle et autres espèces médicinales, ou productrices de gommes végétales. Grâce à lui, Louis XIV, puis Louis XV peuvent s'enorgueillir de posséder un des plus riches jardins du monde. Antoine est un naturaliste complet. Il a montré ses qualités de « botaniste colonial », de brillant démonstrateur et ses talents de collecteur dans la plupart des régions de France, en Espagne et au Portugal. Ses nombreux herbiers, intégrés aux 20 000 parts de l’« herbier Jussieu » regroupant les récoltes familiales, ne sont légués au Muséum qu'en 1853, à la mort d'Adrien. Avec ceux de Vaillant et de Tournefort, ils forment le noyau de l'herbier national, actuellement le plus riche du monde. Une analyse inédite présentée par Antoine à l'Académie en 1722 du célèbre Livre d'heures d'Anne de Bretagne, datant de 1508, témoigne de son intérêt pour l'histoire de la botanique. Chacune des 339 pages de ce fragile manuscrit porte une miniature représentant une fleur. L'ensemble donne donc un aperçu de la flore de France à la fin du XVe siècle. Il est aussi géologue par ses descriptions des mines de cinabre d'Amalden en Espagne et préhistorien par ses études sur les fossiles (empreintes sur schistes houillers de Saint-Chamond qu'il attribue aux fougères et ammonites). Il démontre aussi que certaines pierres, alors considérées comme naturelles, sont en fait des silex taillés. Certains lui ont reproché d'avoir trop consacré son temps à la médecine, qu'il a continué d'enseigner et de pratiquer jusqu'à sa mort, au détriment de la botanique. En effet, son oeuvre, bien que très variée, comparée à celle de son neveu Antoine Laurent, auteur de multiples traités dont le célèbre Genera Plantarum, apparaît moins abondante et conceptuellement moins innovante. Les idées d'Antoine, légèrement modifiées par Vaillant, s'écartent difficilement de la pensée de Tournefort qu'il a
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toujours admiré. Lorsqu'il meurt subitement en 1758, Bernard, par modestie, refuse de prendre la place laissée vacante par son frère et reste démonstrateur à vie. Mais, le poste refusé sera attribué, quelques années plus tard, à Antoine Laurent, puis à son fils Adrien, dernier successeur de la lignée glorieusement inaugurée par Antoine (Philippe Morat, professeur honoraire au Muséum national d'histoire naturelle, membre correspondant de l'Académie des sciences, archives de France). Bernard de Jussieu, frère du précédent, né à Lyon en 1699, mort à Paris en 1777, accompagne Antoine dans son voyage botanique en Espagne et au Portugal, se fait recevoir docteur à Montpellier en 1720, et succède, en 1722, à Vaillant dans les fonctions de démonstrateur de botanique au Jardin du roi. En 1725, il publie une édition augmentée de l'Histoire des plantes des environs de Paris de Tournefort. Ce livre, encore estimé aujourd'hui, le fait admettre à l'Académie des sciences, quoiqu'il soit âgé seulement de 26 ans. Aucun naturaliste de son temps n'a plus ni mieux su. Cependant, il publie peu et il se borne à donner quelques Mémoires, très remarquables à la vérité, dans le recueil de l'Académie des sciences. Mais, cet homme qui a écrit si peu médite sans cesse sur les lois qui régissent les êtres organisés et sur les rapports par lesquels ils se lient les uns aux autres. Chargé, en 1758, de diriger, par Louis XV, la plantation d'un jardin botanique au Trianon destiné à devenir une école, au lieu de suivre pour cette opération le système de Linné, presque exclusivement adopté à cette époque, il distribue les plantes suivant une méthode naturelle basée sur l'ensemble de leurs rapports. Cette méthode est la première esquisse de celle qu'Antoine Laurent, son neveu, publiera par la suite. Bernard de Jussieu est un de ceux qui ont le plus contribué à l'accroissement du Muséum d'histoire naturelle. On remarque, au Jardin des Plantes, un cèdre du Liban qu'il a apporté dans son chapeau en 1734, et qui est devenu le plus grand arbre du jardin. Il commence ses études au collège jésuite de Lyon, puis vient à Paris pour les poursuivre. Elles sont interrompues par l'invitation de son frère, Antoine de Jussieu, à venir herboriser, à ses côtés, lors de voyages naturalistes en Espagne et au Portugal. Il revient sur Paris et, en 1722, prend le poste de
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professeur de botanique au Jardin du roi qu'a laissé vacant la mort de Sébastien Vaillant. Il reste à cette place toute sa vie et contribue à l'augmentation de l'herbier, souvent à ses frais. Sous sa direction, le droguier du Jardin prend une dimension considérable et adopte le nom de Cabinet du roi. D'une grande modestie, il se contente de son poste au Jardin du roi et refuse même la charge de botaniste du roi, libre après la mort de son frère Antoine. C'est le premier à avoir séparé la baleine des poissons. Citons, parmi ses élèves, le chimiste Antoine Lavoisier (Univ. Orléans). Le convoi de Bernard de Jussieu, âgé de 79 ans, décédé rue des Bernardins, Paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet, secrétaire du roi, professeur et sous-démonstrateur de botanique au Palais royal, de l’Académie royale des sciences et de la Société royale de Londres, a lieu le 7 novembre 1777 (Wikipédia). Joseph de Jussieu, frère des précédents, né à Lyon en 1704, mort en 1779, se livre aussi dès sa première jeunesse à l'étude des sciences. À la fois ingénieur, naturaliste et médecin, il accompagne, en qualité de botaniste, les astronomes qui se rendent, en 1735, au Pérou, mesurer un arc du méridien. Après le départ de ses collègues pour l'Europe, il continue de parcourir l'Amérique méridionale pour y poursuivre ses recherches d'histoire naturelle et ne revient en France qu'en 1771, après 36 ans d'absence. Mais, sa santé a reçu de profondes atteintes et il meurt sans avoir pu rédiger les mémoires de ses voyages. Il a envoyé ou rapporté au Jardin du roi, un grand nombre de graines, et d'échantillons de végétaux. Depuis 1743, il appartient à l’Académie des sciences. On lui doit la découverte de l’héliotrope du Pérou. Antoine Laurent de Jussieu, neveu des précédents, né à Lyon en 1748, mort en 1836, vient à Paris en 1765, pour terminer ses études sous la direction de son oncle Bernard. Il y prend, en 1770, le grade de docteur en médecine, supplée quelque temps Lemonnier, dans sa chaire de botanique au Jardin du roi, est nommé, en 1777, démonstrateur dans le même établissement à la place de son oncle et est admis, en 1773, à l'Académie des sciences. En 1789, il publie le Genera Plantarum secundum
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ordines naturales disposita, livre admirable « qui fait, dit Cuvier, dans les sciences d'observation, une époque peut-être aussi importante que la chimie de Lavoisier, dans les sciences, a d'expérience. » Il y applique, à tout le règne végétal, une méthode de classification naturelle, ou du moins visant à l'être. En 1784, il fait partie de la commission choisie au sein de la Société royale de médecine pour l'examen du magnétisme animal. Ne pouvant s'accorder avec ses collègues sur l'appréciation des faits, il refuse de signer leur rapport et en publie un particulier pour expliquer, et motiver son refus. Il y reconnaît la réalité des effets singuliers produits par Mesmer et les attribue à l'action de la chaleur animale. De 1790 à 1792, il est membre de la municipalité de Paris et est chargé, à ce titre, de l'administration des hôpitaux et hospices. En 1804, il est nommé professeur à la Faculté de médecine de Paris, mais, en 1822, il se voit arbitrairement privé de cette chaire6. En 1826, l'affaiblissement de sa santé et de sa vue l'engage à se démettre de ses fonctions de professeur au Muséum, mais il conserve jusqu'à sa mort toute la netteté de son esprit. Depuis la publication de son Genera, il est sans cesse occupé à perfectionner ce grand travail. Les résultats de ses recherches à ce sujet sont consignés dans une suite de Mémoires remarquables; mais il n'a pas pu, comme il le voulait, donner une nouvelle édition à son ouvrage. On doit encore, à Antoine Laurent, une suite de notices sur l'histoire du Muséum et un grand nombre d'articles de botanique dans le Dictionnaire des sciences naturelles, parmi lesquels on remarque surtout l'article sur la méthode naturelle. Adrien de Jussieu, fils de Laurent, né à Paris en 1797, mort en 1853, continue l'illustration de cette famille. Il remplace son père dans sa chaire de botanique au Muséum en 1826, et est reçu en 1831, membre de l'Académie des sciences. Il en sera président en 1853. Ses principaux ouvrages sont : sa thèse sur la famille des Euphorbiacées en 1824, une monographie des Rutacées en 1825, un mémoire sur le groupe des Méliacées, en 6
Voir annexe 1 sur la « Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808) » en fin d’ouvrage. Les raisons de son éviction y sont expliquées.
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1830, la monographie des Malpighiacées en 1843, œuvre capitale, à laquelle il a travaillé 14 ans, un excellent Traité élémentaire de botanique, rédigé pour les collèges, en 1840, un petit traité de taxinomie botanique, publié, en 1848, dans le Dictionnaire universel d'histoire naturelle. On a en outre de lui un grand nombre de « Notices » ou « Rapports » insérés dans divers ouvrages. À la faculté des sciences de Paris, Adrien de Jussieu est suppléant, à partir de 1835, d'Auguste de Saint-Hilaire, professeur-adjoint, puis titulaire d'organographie végétale. Il est nommé agrégé à la faculté en 1840. En 1850, il succède à Charles-François Brisseau de Mirbel à la chaire de botanique, anatomie et physiologie végétale. À son décès, la chaire est supprimée au profit de la création d'une chaire de physiologie générale. En 1845, il publie sa Géographie botanique (Wikipédia).
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Château de Venteuil Le château de Venteuil, notamment connu par la famille des Jussieu, propriétaires du domaine pendant de longues années, surplombe la vallée de la Marne. Avant le XVIe siècle, aucune information précise sur le château n’est donnée. En 1588, les premières sources apparaissent et montrent que le domaine a souvent été vendu. Différents propriétaires y sont passés. La première description du domaine se trouve dans un acte de vente daté du 19 juin 1666. Il y est décrit : « Une ferme appelée Vanteuil, scize proche Jouarre en Brie, paroisse de Sept-Sorts, consistant en maison manable, jardin, enclos, basse court où il y a un colombier ainsi que toutes les terres qui en dépendent. » En 1736, dans un autre document recensant l’ensemble des terres attachées à Venteuil, il y est fait mention de plus d’un millier d’hectares s’étendant entre Jouarre, Sept-Sorts et SignySignets. Le 29 juillet 1737, le château de Venteuil est racheté par le baron Aimé Magnus d’Obenheim, lieutenant-général allemand. C’est alors que le château connaît des changements et prend un nouveau visage. Rasant les anciens bâtiments, il choisit, vers 1760, de faire édifier un élégant château, le même qui, cinquante ans plus tard, sera acquis par Antoine Laurent de Jussieu. Pour mener à bien son projet, le baron d’Obenheim fait appel à un célèbre architecte, Saget des Louvières, qui avait déjà œuvré dans la région en réalisant notamment l’auditoire de l’abbaye Notre-Dame de Jouarre, bel édifice abritant actuellement la mairie de Jouarre. Pour Venteuil, Saget des Louvières travaille selon le plus pur goût de l’époque. Simple dans ses lignes, le château n’en est pas moins harmonieux, avec son étage surmonté d’un toit d’ardoises d’où se détachent un fronton triangulaire, quelques lucarnes en oeil de bœuf, quatre grosses lucarnes et quatre grosses cheminées. Autour du château, il réalise aussi deux
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pavillons de garde encadrant une cour d’honneur. Au Nord, il fait aménager une vaste esplanade, destinée à accueillir des jardins à la française et ouvrant la vue sur la vallée de la Marne (tourisme-jouarre).
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Annexes -
La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808). Les enseignants de la Faculté de médecine de Paris sous l’Empire.
Annexe 1 : La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808) par le Dr Xavier Riaud. Le 8 août 1793, la Convention vote la fermeture de toutes les académies et de toutes les sociétés savantes, ce qui provoque également la fermeture des écoles de médecine. Le 4 décembre 1794, sous l’impulsion de Fourcroy, la Convention vote une loi visant à créer trois écoles de médecine à Paris, Montpellier et Strasbourg. De 1795 à 1808, l’Ecole centrale de Santé, comme est nommée celle de Paris, devient l’Ecole de médecine, puis la Faculté de médecine (Lemaire, 1994). Corvisart, devenu premier médecin de Bonaparte, statut qu’il conserve lorsque l’Empire est décrété, pour éviter les querelles inutiles, influe pour que le premier médecin - en l’occurrence lui-même - soit le seul à nommer les médecins affectés à la Maison impériale, mais aussi au Conseil des professeurs de la future Faculté de médecine de Paris. Cette institution, à elle seule, dispose de toute latitude et de toute l’autorité requise pour prendre des décisions engageant toute la profession médicale sur tout le territoire de l’Empire. Les écoles de Montpellier et de Strasbourg ne disposeront jamais d’un tel pouvoir et seront reléguées à un rôle plus subalterne (Lemaire 1994 ; Corlieu, 1896). Fourcroy jette son dévolu sur les locaux de l’Académie de chirurgie. Spacieux, agrémenté d’un amphithéâtre majestueux, ils peuvent recevoir la bibliothèque, les cours magistraux, les collections d’anatomie ainsi que toute l’instrumentation requise. Pourtant, les démonstrations chirurgicales, les dissections ou encore les expériences de physique - chimie se font dans le couvent des Cordeliers qui est désaffecté et à quelques pas de l’académie (Lemaire, 1994 ; Kersaint, 1966). L’enseignement repose sur quatre principes fondamentaux et incontournables. Le choix pour la chirurgie ou la médecine ne peut s’envisager qu’après un tronc commun d’études. L’enseignement théorique est impérativement accompagné d’un enseignement pratique sur le malade qui se résume à des démonstrations et des exercices directement effectués sur le patient. L’entrée au sein de la structure passe obligatoirement par un concours. Il en va de même pour les enseignants, ce qui
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suscite une indéniable émulation. Les études sont sanctionnées par un diplôme, le doctorat en chirurgie ou le doctorat en médecine. Des droits universitaires sont légitimement perçus (Lemaire, 1994). En 1797, le nombre des étudiants est supérieur à 1 000. La formation dure trois ans. Il y a neuf cours de médecine et trois de clinique. L’école comprend deux enseignants par chaire, soit 24 professeurs, chacun ayant la responsabilité d’un semestre. En 1808, avec la création de l’Université impériale, l’école devient la Faculté de médecine avec à sa tête un doyen. Finalement, l’enseignement médical reprend les caciques de celui de l’Ancien Régime (Lemaire, 1994). Selon Lemaire (1994), « Dès 1795, Fourcroy s’octroie la chaire de chimie médicale et de pharmacie. Pourtant, c’est Nicolas Deyeux qui en assure les cours. Chaussier, très proche de Fourcroy, prend en charge la chaire d’anatomie et de physiologie, associé à Duméril. Sabatier est désigné pour celle de la médecine opératoire. Son adjoint est Lallement. Sue s’occupe de la chaire de médecine légale et de celle de l’histoire de la médecine. De Jussieu et de Richard délivre leurs connaissances en histoire naturelle médicale. Hallé, quant à lui, se voit confier la chaire de physique médicale et d’hygiène, associé à Desgenettes. La pathologie externe est enseignée par Richerand et Percy. Les cours de pathologie interne sont dispensés par Pinel et Bourdier. Leroy et Baudelocque, dont l’antagonisme devant les tribunaux a alimenté les chroniques médicales de l’époque, expliquent l’art des accouchements. La clinique interne pour la médecine, la clinique externe pour la chirurgie et la clinique de perfectionnement sont attribuées à Corvisart et Leroux qui officient à la Charité, Pelletan et Boyer, à l’Hôtel-Dieu, Dubois et Petit-Radel, dans la Faculté ellemême. Directeur depuis 1795, Thouret en devient le doyen. Leroux sera son successeur. » Corvisart, Thouret, Hallé, Leroux et Leroy sont des docteursrégents, Desgenettes est titulaire d’un doctorat soutenu à Montpellier et Baudelocque, Dubois, Lassus, Pelletan et Sabatier sont issus du Collège de chirurgie (Lemaire 1994 ; Corlieu, 1896). La plupart de ces enseignants, dans le même temps, occupent les plus hautes fonctions dans la Maison impériale (Corvisart,
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Dubois, Deyeux, etc.), dans la politique (Cabanis), dans l’administration (Fourcroy) ou dans l’armée (Percy, Desgenettes). Bien évidemment, compte tenu de ces hautes responsabilités, Légion d’honneur et noblesse d’Empire leur tendent les bras (Lemaire, 1994). A partir de 1796, les programmes annuels enseignés sont clairement définis. Ainsi, les étudiants en 1ère année sont-ils dénommés les commençants. Pour eux, durant le semestre d'hiver, l'anatomie, la physiologie, la chimie médicale et la pharmacie et durant l’été, la matière médicale, la physique médicale et l'hygiène, des séances d'ostéologie, des exercices de bandages et d'appareillage. Pendant quatre mois, dans le même temps, ils ont pour obligation de suivre un stage à la clinique chirurgicale de l'Hôtel-Dieu. Ceux de 2ème année, ou commencés, vaquent, l’hiver, à l’étude de l'anatomie agrémentée d’exercices, de la physiologie, de la chimie médicale, de la médecine opératoire. L'été, ils découvrent la matière médicale, les accouchements, des exercices de bandages, d'appareillages. Un stage similaire de quatre mois doit être effectué à la Charité où les étudiants se mettent au service des malades, ce qui constitue la grande nouveauté de cette réforme médicale. Enfin, ceux de 3ème année, ou encore les avancés, finissent leur cursus avec, en hiver, l'anatomie, la chimie médicale et la médecine opératoire. Les exercices sont libres. En été, s’offrent, à eux, la matière médicale, la pathologie externe, la pathologie interne et les accouchements, la médecine légale et l'histoire de la médecine. Le stage clinique dure toute l’année à l'hospice de l'École, sous l’égide de la clinique de perfectionnement où les étudiants soignent activement les malades et voient leurs prestations justement rémunérées (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1970). Lors de l’ouverture de l’Ecole centrale de Santé en 1794, il n’y a aucun examen venant sanctionné la fin des études. Cela change avec l’accession de Bonaparte au poste de Consul. L’année qui suit voit des examens de fin d’année, puis en 1799, la thèse redevient obligatoire. Malgré une organisation extrêmement précise, les ratés existent, mais ne sont que des ponctuations dans l’ordonnancement de l’institution. En outre, au vu du grand nombre des étudiants, il est très difficile de les
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encadrer afin de leur rendre l’accès aux malades possible. Cent à deux cents élèves autour du lit d’un malade unique n’est pas chose envisageable (Lemaire, 1994). Au cours des démonstrations cliniques dans l’amphithéâtre de l’Ecole pratique, Les deux responsables, Dubois et Petit-Radel, diagnostiquent, interrogent et expliquent aux étudiants présents, les malades étant dévêtus et sous l’autorité des assistants. A côté, deux internes prennent en note, l’un, les prescriptions et les consignes relatives au traitement mis en place, l’autre, les questions soumises à la réflexion des étudiants sur un temps très limité. En définitive, l’idéal est de se voir attribuer quelques lits, voire une partie de la salle (Lemaire 1994 ; Corlieu, 1896). Le concours de l’externat et de l’internat a été conçu par Chaptal, ministre de l’Intérieur, en 1801. L’externat est aisé et, globalement, les 2/3 des candidats aboutissent à une nomination. L’internat, quant à lui, est autrement plus difficile. Le 13 septembre 1802, le jury présidé par Lepreux retient 24 candidats sur la quarantaine qui s’est présentée. Les sessions suivantes se tiennent en décembre et voient leur nombre tomber à 10-15% de succès seulement. En 1812, la réalité de cette compétition est si féroce que le nombre d’impétrants est de 120 pour seulement 18 postes à pourvoir (Lemaire, 1994). Les dissections de cadavres ne sont plus interdites, mais il convient mieux de ne pas se faire prendre où les sergents de police peuvent demander le rachat du cadavre. Si elles sont tolérées, elles doivent être pratiquées dans la discrétion. Ainsi, Bichat pratique-t-il près de 500 autopsies dans les 18 mois qui précèdent sa mort. L’autopsie devient un acte médical à part entière. En tous cas, Bichat lui confère ses lettres de noblesse. Souvent contrôlé à la sortie des cimetières, la calèche remplie de corps, il aura souvent maille à partir avec la police. Tous agissent de même. Selon Lemaire (1994), « Dubois, quant à lui, paye des femmes de petite vie pour qu’elles distraient la police pendant qu’il fait sa collecte, Dupuytren reste une nuit durant, pour ne pas être attrapé, sous une dalle tombale ou encore Portal, de son côté, dissèque sur son lit, dans sa chambre, les corps que des rabatteurs lui ont amené, et lorsque les forces de
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police menacent sa tranquillité, en tirant un drap, il évacue le corps dans la ruelle attenante. » Corvisart, de son côté, dans son service, n’hésite pas à réaliser l’autopsie sur des malades morts dans son service (Lemaire 1994 ; Rabusson Corvisart, 1988). Si les corps sont à profusion pour les dissections, il est important, pour mieux en maîtriser la valeur, de manipuler des pièces en bois ou en cire, répliques fidèles des organes du corps humains. Lors de son séjour à Florence, Napoléon s’émerveille devant 40 cires anatomiques conçues par Felice Fontana pour Léopold II, grand-duc de Toscane et futur empereur d'Autriche, que l'artiste lui détaille en 1796. En souvenir de cet instant, Napoléon suggère logiquement la fondation d'une école française entièrement dévolue à la conception de cires anatomiques. Tous ses interlocuteurs, emballés, ne tarissent pas d’éloges dans une réponse pleine d’enthousiasme, le 8 mai 1806. Le 29 mai, l’Empereur promulgue un décret instaurant, dans la ville de Rouen, « une école destinée à l'enseignement de l'art des préparations anatomiques modelées en cire. » Le chirurgien Laumonier, anatomiste reconnu et aussi le beau-frère de Thouret, directeur de l’Ecole de médecine depuis 1795, en a la charge. Il a pour mission de réaliser des pièces d’anatomie humaine les plus fidèles et les plus précises possibles pour l’Ecole de médecine, le musée d’histoire naturelle et toutes les structures hospitalières intéressées. Ces pièces sont anatomiques, démonstratrices ou à caractère pathologique. Cette école ouvre ses portes en 1807 et les ferme en 1810. Moins de six étudiants l’animeront (Lemaire, 1994 ; Corlieu, 1896). Outre l’enseignement, les sollicitations sont nombreuses. Des ministres posent des questions ou missionne la Faculté sur différents thèmes le plus souvent en rapport avec la Santé publique : contrôle des eaux minérales, épidémies, etc. Par exemple, selon Lemaire (1994), « le 8 mars 1810, le ministre veut savoir s'il est nécessaire d'adjoindre un chirurgien aux médecins pour le contrôle des eaux minérales. » ou encore, « les 9 et 15 février 1809, le Conseil (des professeurs de la Faculté) discute du trajet d'une épidémie d’une fièvre encore indéterminée dans la Creuse, la Corrèze, la Dordogne, la
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Haute-Vienne. » Des mémoires présentent les résultats d’investigations ou des nouveaux matériaux médicaux sont débattus. L’administration de guerre, elle-même, n’hésite pas à écrire pour soumettre des interrogations relatives à l’hygiène ou à certains protocoles aseptiques. Ainsi, les interventions de la Faculté de médecine sont très diverses et touchent, outre à la médecine, mais aussi à de grands sujets sociétaux (Lemaire, 1994). La Société médicale d’émulation est fondée en 1796, à l’Ecole de médecine. A sa tête, Corvisart la préside et insuffle cette émulation tant recherchée. Outre les concours ou les discours, elle est omniprésente, jusqu’à la remise annuelle d’une médaille d’or que le premier médecin de l’Empereur a voulu avec le portrait de Bichat qui récompense le concours de la Faculté de médecine. Dans le bureau de cette société, apparaissent cinq membres de l’Institut, treize enseignants de la Faculté de médecine, Coste et Desgenettes pour l’armée et Jeanroy pour les dispensaires. L’accessit est limité à 60 membres. Les places sont chères et la compétition est rude. Larrey, Yvan ou Ribes notamment en font partie. En 1809, l’ensemble des mémoires présentés représente six volumes qui sont publiés dans l’Almanach de 1810 (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1951). En 1800, le ministre de l’Intérieur, Lucien Bonaparte, signe un décret autorisant l’Ecole de médecine de s’allouer les services de quinze personnes extérieures susceptibles de l’aider dans les multiples sollicitations que l’institution rencontre au quotidien. C’est l’acte de naissance de la Société de l’Ecole de médecine qui est différente de la société d’émulation. Triés sur le volet, Corvisart y fait figurer tous les plus grands noms de la médecine de l’époque et, en particulier, ceux qui n’ont pas vu leur candidature retenue pour enseigner. Associés aux professeurs, avec des statuts similaires, ils forment un groupe de quarante membres qui ont pour vocation d’enseigner, mais aussi d’améliorer les pratiques médicales. En 1800, y entrent Bichat, Chaptal ou encore Cuvier, etc. En 1809, c’est au tour de Bourdois de la Motte, de Larrey notamment. Le succès de cette société est si grand et son prestige, si important que Corvisart instaure quinze places supplémentaires d’associés-adjoints.
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Parmi ceux-ci, Royer-Collard ou Laënnec sont en bonne place. En 1810, cette association ne compte aucune publication à son actif. La recherche ne semble pas y avoir été véritablement mise à contribution, mais s’assurer d’une notoriété conséquente et indiscutable semble en avoir été le but premier (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1951). Lorsque Napoléon missionne Fourcroy pour créer l’Université impériale en 1808 et après que ce dernier ait été amené à réécrire jusqu’à 23 fois le texte législatif visant à l’instaurer, les corrections de l’Empereur étant particulièrement dures, il ne fait aucun doute pour le monde médical que Fourcroy, une fois effective cette nouvelle institution, en assumera la plus haute fonction, celle de Grand-Maître. Hélas, Napoléon lui préfère le comte de Fontanes, ce qui déclenche, chez le médecin, une vague de ressentiment qu’il conservera jusqu’à sa mort. Toujours est-il que, le 11 janvier 1809, Thouret, le doyen de la Faculté de médecine, reçoit une lettre du Grand-Maître lui annonçant sa visite prochaine. Rendez-vous est pris pour le 19 janvier, au cours de la soutenance de thèse de Beauchène fils, très bon chirurgien en devenir, bonapartiste convaincu et prosecteur à l’Ecole pratique. Son père est médecin à Paris et soigne un ami très proche de Fontanes, le sieur Joubert. Ayant exercé à la Cour de Louis XVI, il suit la famille royale en exil et en devient un proche. De retour en France, il a la charge d’un service à l’hôpital du Gros-Caillou. La thèse de Beauchène fils s’intitule Considérations sur l'organisation de l'oeil et sur l'opération de la cataracte appliquée au traitement des animaux domestiques et est présidée par Thouret lui-même. Quelques temps plus tard, Fontanes reviendra présider la séance d’hommages rendus par Leroux, le successeur de Thouret, à la mort de Fourcroy (Lemaire, 1994 ; Kersaint, 1966). A la Restauration, le concours public est supprimé. C’est le roi, en personne, qui nomme les enseignants et leur attribue une chaire (Lemaire, 1994 ; Ganière, 1966). En novembre 1822, onze professeurs de la Faculté, ayant tous acquis une notoriété internationale, sont démis de leurs fonctions. Ils exercent tous depuis 1803. Il s’agit de De Jussieu, l'ancien vice-recteur, du doyen Leroux, des professeurs
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Chaussier, Desgenettes, Deyeux, Antoine Dubois, Lallement, Moreau de la Sarthe, Pelletan, Pinel et Vauquelin. Lors de l’éloge funèbre de Hallé qui se tient dans le grand amphithéâtre, Desgenettes tient des propos discutables sur Hallé en laissant entendre qu’il n’a jamais été capable d’imposer ses « propres convictions », ce qui déclenche un tollé accompagné d’applaudissements mettant le vice-recteur dans une situation très difficile. Quelques jours après, les cours sont annulés et les enseignants ayant des affinités prononcées pour l’Empire sont tous « révoqués ». La Faculté rouvre ses portes en février 1823, avec de nouveaux professeurs avec des convictions fidèles au régime en place, dont Laënnec. A l’arrivée de Louis-Philippe au pouvoir, ces nouveaux enseignants sont tous, à leur tour, renvoyés, hormis Laënnec et Bertin décédés entre-temps. Antoine Dubois, Deyeux, Desgenettes, Lallement et le doyen Leroux, tous bonapartistes rescapés, sont alors de retour. Trop âgé, Leroux ne reprend pas sa fonction de doyen qu’il confie alors à Dubois (Lemaire, 1994). Sous l’impulsion de Corvisart et de Fourcroy, la Faculté de médecine de Paris devient incontournable dans le milieu médical français et au sein de l’Empire. Lui assurant une hégémonie indéniable, elle voit tous les plus grands noms s’y succéder, ceux officiant sous l’Empire et bien après. Centralisant les pouvoirs, elle répond à des missions essentielles de Santé public et forme les médecins, et chirurgiens de la Grande Armée. Enfin, suite à la réforme de 1794 fomentée par Fourcroy qui crée par la même occasion l’enseignement hospitalo-universitaire et suite, également, à l’apparition de l’Université impériale mise en place par le même homme, elle est à la base de tous les préceptes et de toutes les institutions de la médecine du XXIème siècle, celle que nous connaissons aujourd’hui.
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Ecole de médecine sous le Consulat (© BIUS). Références bibliographiques : Bibliothèque interuniversitaire de Santé (BIUS), communication personnelle, Paris, 2010 et 2012. Corlieu Auguste, Centenaire de la Faculté de médecine de Paris (1794-1894), Alcan - Baillère - Doin - Masson (éd.), Paris, 1896. Ganière Paul, Corvisart, Flammarion (éd.), Paris, 1951. Ganière Paul, « Baron Antoine Portal, président perpétuel de l’Académie royale de médecine », in Bull. Acad. Natl. Med., 1966 Oct. 18 ; 150(26) : 539545. Ganière Paul, « La médecine et les médecins », in Revue du Souvenir napoléonien, oct. 1970, n° 256, pp. 14-16. Kersaint Georges, Antoine-François de Fourcroy (1755-1809). Sa vie, son œuvre, du Muséum (éd.), Paris, 1966. Lemaire Jean-François, « L’émulatrice Faculté de médecine de Paris sous l’Empire », in Revue du Souvenir napoléonien, mars-avril 1994, n°394, pp. 14-35. Rabusson Corvisart Didier, « Avis au lecteur », in Essai sur les maladies et les lésions organiques du cœur et des gros vaisseaux par Corvisart J. N. (3ème édition de 1818), Pariente (éd.), Paris, 1988, pp. 7-41. Riaud Xavier, « Corvisart, Jean Nicolas (1755-1821), physician to the Emperor », in Fondation Napoléon, http://www.napoleon.org, 2011, pp. 1-2. Riaud Xavier, « Antoine-François Fourcroy, un médecin et comte d’Empire, directeur de l’Instruction publique », in Revue de l’AMOPA, janvier-févriermars 2012, n° 195, pp. 31-32.
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Annexe 2 : Les enseignants de la Faculté de médecine de Paris sous l’Empire par le Dr Xavier Riaud.
Doyen Michel Augustin Thouret (1749-1810) (© BIUS). Directeur depuis 1795, doyen en 1808 jusqu’en 1810.
Successeur : Jean-Jacques Leroux des Tillets (1749-1832) (Corlieu, 1896, © BIUS). Doyen de 1810 à 1822.
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Chaire de chimie médicale et de pharmacie
Antoine François Fourcroy (1755-1809) (Corlieu, 1896, © BIUM).
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Nicolas Deyeux (1745-1837) (Corlieu, 1896, © BIUM).
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Chaire d’anatomie et de physiologie
François Chaussier (1746-1828) (Corlieu, 1896, © BIUS).
André Marie Constant Duméril (1774-1860) (Corlieu, 1896, © BIUM).
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Chaire de médecine opératoire
Raphaël Bienvenu Sabatier (1732-1811) (© BIUS).
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Chaire de médecine légale et d’histoire de la médecine
Pierre Sue (1739-1816) (© BIUS).
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Chaire d’histoire naturelle médicale
Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836) (© BIUS). Professeur de botanique au Jardin du Roi. Professeur d’histoire naturelle médicale. Membre de l’Académie royale de médecine et de l’Institut.
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Achille Richard (1794-1852) (© BIUS). Membre de l’Académie royale de médecine.
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Chaire de physique médicale et d’hygiène
Jean Noël Hallé (1754-1822) (© Académie nationale de médecine).
René-Nicolas Dufriche Desgenettes (1762-1837) (© BIUS).
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Chaire de pathologie externe
Pierre François Percy (1754-1825) (Corlieu, 1896, © BIUS).
Anthelme Balthasar Richerand (1779-1840) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Chaire de pathologie interne
Philippe Pinel (1745-1826) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Chaire de l’art des accouchements
Jean-Louis Baudelocque (1745-1810) (Corlieu, 1896, © BIUS).
Alphonse Leroy (1742-1816) (© Musée Fabre).
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Clinique interne à la Charité
Jean Nicolas Corvisart (1755-1821) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Jean-Jacques Leroux des Tillets (1749-1832) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Clinique externe à l’Hôtel-Dieu
Philippe Jean Pelletan (1747-1829) (© Académie nationale de médecine).
Alexis Boyer (1757-1833) (Corlieu, 1896, © BIUS).
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Clinique de perfectionnement à la Faculté
Antoine Dubois (1757-1837) (Corlieu, 1896, © BIUS).
Philippe Petit-Radel (1749-1815) (© BIUS). Références bibliographiques : Académie nationale de médecine, communication personnelle, Paris, 2010 et 2012. Bibliothèque interuniversitaire de Santé, communication personnelle, Paris, 2010. Corlieu Auguste, Centenaire de la Faculté de Médecine de Paris (1794-1894), Alcan - Baillère - Doin - Masson (éd.), Paris, 1896. Lemaire Jean-François, « L’émulatrice faculté de médecine de Paris sous l’Empire », in Revue du Souvenir napoléonien, mars-avril 1994, n°394, pp. 14-35. Musée Fabre, communication personnelle, Montpellier, 2012.
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Remerciements Merci à l’actuel Maire de Lyon, dont je dois taire le nom en respect des lois électorales en vigueur afin de ne pas nuire à sa candidature aux prochaines élections municipales, pour sa gentille contribution. Il m’a fait un honneur considérable. J’en suis infiniment touché. Merci aussi au Dr Xavier Riaud pour son soutien constant, pour tout son travail de corrections et de mise en pages pour que ce livre puisse exister.
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Table des matières Avant-propos ..............................................................................7 Jussieu père...............................................................................11 La famille de Jussieu ................................................................15 Les éminents botanistes de la famille de Jussieu......................17 Patronymie, toponymie.............................................................25 Un franc-maçon ........................................................................27 Les Jussieu et Montpellier ........................................................29 Les Jussieu et Lyon ..................................................................31 Sculpture et squares de Jussieu.................................................35 Le Jardin royal des plantes médicinales et sa bibliothèque ......39 Bernard et Versailles ................................................................45 Bernard et Ray..........................................................................47 Ecoles Jussieu...........................................................................51 Antoine et Barrelier ..................................................................53 La classification naturelle.........................................................57 Biographies...............................................................................61 Château de Venteuil..................................................................69 Annexes ....................................................................................71 Annexe 1 : La Faculté de médecine de Paris sous l’Empire (1808). ..................................................................................73 Annexe 2 : Les enseignants de la Faculté de médecine de Paris sous l’Empire. .............................................................83 Remerciements .........................................................................91
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Santé et Médecine aux éditions L’Harmattan Dernières parutions rôle (Le) des soins palliatifs – Nouvelle édition
Geschwind Herbert
A la préoccupation de traiter la maladie, la médecine se soucie aujourd’hui d’apporter des soins aux mourants, à partir d’unités spécialisées en Soins Palliatifs. L’intérêt scientifique pour les moyens de guérir s’est déplacé vers la recherche des voies les moins traumatisantes du mourir. Parmi elle, l’euthanasie et l’assistance au suicide se sont révélées les plus sujettes à réflexions et débats. Ainsi se posent les questions de la «méthodologie» du mourir et celle de l’organisme ou de la personne chargée d’exécuter cette décision. (Coll. Questions contemporaines, 26.00 euros, 262 p.) ISBN : 978-2-343-00170-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-53107-9 risque (Le) biologique – Une approche transdisciplinaire
Panoff Jean-Michel - Préface de Jean-Louis Le Moigne
Faut-il être biologiste ou biotechnologue pour avoir le privilège d’étudier le risque biologique ? Juristes, sociologues, théologiens, paysans, historiens, psychologues nous avertissent : la biologie, avant tout science des «yeux», glisse insidieusement vers une science des «mains», de l’étude de la vie vers la manipulation du vivant. Voici une construction d’une pensée complexe autour de la question du risque biologique, question qui nécessite urgemment d’être collectivement posée. (Coll. Sociologies et Environnement, 38.50 euros, 388 p.) ISBN : 978-2-296-99846-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-53233-5 gynécologie (La) obstétrique pour le grand public 100 questions de femme
Badji Cheick Atab - Préface de Awa Niang Fall
Cet ouvrage apporte cent réponses à cent questions que les femmes se posent le plus souvent et qu’elles aimeraient poser à leur gynécologue sans en avoir toujours l’occasion ou le courage. Également destiné aux hommes, il leur permet de ne plus être exclus de l’intimité des femmes et de jouer pleinement leur partition dans cette grande aventure qu’est le couple... (Coll. Harmattan Sénégal, 17.00 euros, 178 p.) ISBN : 978-2-296-54900-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53228-1 greffes (Les) d’organes : une nouvelle fabrique du corps
Kreis Henri - Préface du Pr Jean-Michel Dubernard
L’histoire de la fabrique du corps n’a été entreprise que dans le but de guérir ce qui ne pouvait l’être par la médecine alors disponible. L’idée était simple mais n’a
pu s’accomplir, jusqu’à ce jour, que par une transgression des mécanismes vitaux de l’être humain et qu’en ravivant ses angoisses eschatologiques. Sa réalisation a mis en question l’altruisme, le rôle du politique et de l’administration, les luttes de pouvoir, la collusion avec l’industrie pharmaceutique, l’éthique médicale… (Coll. L’Éthique en mouvement, 25.50 euros, 260 p.) ISBN : 978-2-343-00027-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53102-4 imagerie (L’) médicale La fabrique d’un nouveau malade imaginaire
Briois Vilmont Laurence
La découverte des rayons X par le physicien Roentgen (1895) génère un bouleversement dans le monde médical : sans effraction cutanée, les intérieurs du corps humain vivant sont rendus visibles. Les techniques d’exploration prennent un essor considérable, devenant un outil diagnostique indispensable mais d’un usage dont la banalisation risque d’en négliger la réflexion. Le corps devenu mathématisable à la culture numérique appliquée aux images ne doit pas nous faire oublier la dimension humaine. (Coll. Sciences et Société, 17.00 euros, 172 p.) ISBN : 978-2-336-29284-7, ISBN EBOOK : 978-2-296-53222-9 à toi qui va naître
Ladjointe Xavier
Ils vivent ensemble et filent le parfait amour. Elle tombe enceinte. Il est tellement heureux qu’il commence à filmer leur vie pour leur futur enfant. Et puis il tombe sur ce concours de films. C’est alors qu’une autre grossesse inattendue d’un tout autre genre se déclare... Une grossesse cinématographique filmée ! Ce film est le premier docu-ciné prénatal de l’histoire du cinéma ! (20.00 euros) ISBN : 978-2-336-00807-3 Curriculum mortis
Monier Lionel
Le temps d’un soin dit « de conservation ». Nous suivons les gestes d’un thanatopracteur au cours de son travail. À chaque étape, une question. Autant de chapitres au cours desquels nous partons à la rencontre d’interlocuteurs qui tentent d’y répondre. Un voyage au pays de la mort, afin de cerner la place que notre société accorde à ses morts, mesurer l’évolution des rapports que les vivants entretiennent avec eux, éclairer les liens fondamentaux qui unissent le vivre au mourir. (20.00 euros) ISBN : 978-2-336-00781-6 question (La) de l’euthanasie La loi Léonetti et ses perspectives
Hacpille Lucie - Préface de Jacques Ricot
L’émergence de la question de l’euthanasie est née dans le contexte de la bioéthique et des droits des patients. Dans cet ouvrage l’auteur choisit une approche herméneutique à partir des témoignages de personnes faisant l’expérience de
situations existentielles extrêmes que sont la maladie grave, les handicaps lourds, mais aussi les expériences d’otages ou de rescapés des camps de concentration. (21.00 euros, 214 p.) ISBN : 978-2-336-29082-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51545-1 assistance (L’) médicalisée pour mourir Les soignants face à l’humanisation de la mort
Nkulu Kabamba Olivier
Depuis quelques années, les médecins sont confrontés à une demande croissante des patients en fin de vie réclamant que leur mort soit hâtée. Chaque sollicitation de l’aide médicale pour mourir place les soignants devant la problématique de l’humanisation de la mort qui, elle, engage de leur part la question fondamentale du «comment faire pour bien faire ?». (Coll. Sciences et Société, 28.00 euros, 278 p.) ISBN : 978-2-343-00065-7, ISBN EBOOK : 978-2-296-52986-1 Une éthique pour le malade Pour dépasser les concepts d’autonomie et de vulnérabilité
Benezech Jean-Pierre
L’éthique traditionnelle se fonde sur l’»autonomie» du sujet. Notre époque, elle, plébiscite la dimension de «vulnérabilité». Les soignants articulent souvent leur discours éthique sur ces thèmes. Mais pour une personne malade, ces deux concepts ne peuvent convenir pour construire une vie qui fait sens. Aussi, l’auteur propose le concept de la «personne étayée». Cette éthique originale constitue un nouveau paradigme, à rebours des valeurs antérieures, pour que chacun tente de tracer une vie « la moins mauvaise possible». (Coll. Sciences et Société, 17.50 euros, 182 p.) ISBN : 978-2-336-00857-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51645-8 Lazzaro Spallanzani (1729-1799) Le père de la biologie médicale expérimentale
Lamendin Henri - Préface de Jean-Guy Ferrand. Préface du Docteur Robert Sire
Henri Lamendin retrace le parcours de Lazzaro Spallanzani, peu connu de la médecine contemporaine, pourtant considéré comme l’un des pères de la biologie expérimentale. En effet, il fut l’un des premiers à avoir démontré ses dires après les avoir éprouvés dans une série d’expériences. Voici dressé un portrait juste et équitable d’un chercheur hors normes, qui a légué à la médecine une oeuvre dont la valeur n’a d’égale que la rigueur. (Coll. Médecine à travers les siècles, 14.00 euros, 140 p.) ISBN : 978-2-343-00129-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-51591-8 Eclair carmin
Batteault Rémy
«J’ai connu Isabelle à la maternelle. Atteinte d’une maladie rare, elle devient peu à peu aveugle. En effet, un stress trop grand ou un effort physique trop intense provoque une hémorragie oculaire, qui se traduit visuellement par un éclair carmin qui brouille sa vision. À chaque nouvelle attaque, sa vue baisse de manière
irrémédiable. (...) Comment vivre la «malvoyance» lorsqu’on a 36 ans, comment le parcours de vie est-il modifié ? Quel est le regard du monde extérieur ?» (Rémy Batteault). (20.00 euros) ISBN : 978-2-336-00776-2 Handicap et citoyenneté Quand le handicap interroge le politique
Bruchon Yves
«Et si le handicap nous aidait à réinventer le lien social ?» La question du handicap est celle de la démocratie ; la question du handicap est, centralement, politique comme en témoigne le fonctionnement de la dialectique droits de l’homme – droits du citoyen dans la problématique du handicap. Sans faire une histoire du handicap et sans prétendre donner des indications pour une politique du handicap, cet ouvrage donne quelques outils pour comprendre. (18.00 euros, 172 p.) ISBN : 978-2-296-99831-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-51533-8 recherche (La) sur les cellules souches Quels enjeux pour l’Europe ?
Altavilla Annagrazia - Préface de Jean-François Mattei ; postface de Adriana Ceci Les enjeux liés à l’utilisation des cellules souches sur un plan scientifique, éthique, juridique, économique et de société sont nombreux. Ce livre présente l’état le plus actuel des connaissances et des débats éthiques à ce sujet et nous livre l’étendue des évolutions scientifiques et des changements juridiques déterminés par les espoirs placés dans la médecine régénératrice. (Coll. Ethique et pratique médicale, 57.00 euros, 682 p.) ISBN : 978-2-336-29022-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-51469-0 clou (Le) de girofle en médecine bucco-dentaire
Gros Gilles - Préface du Docteur Xavier Riaud
Partant du clou de girofle et de ses dérivés, Gilles Gros nous propose un parcours original au sein de l’histoire de l’art dentaire. Par ses réflexions philosophiques, il parvient avec brio à montrer comment les chirurgiens-dentistes se sont de plus en plus éloignés de la magie, de l’empirisme et de la contingence pour s’ancrer définitivement, au XXe siècle, dans l’univers de la rationalité. (Coll. Médecine à travers les siècles, 13.00 euros, 116 p.) ISBN : 978-2-343-00068-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51499-7
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Les de Jussieu, une famille de botanistes aux XVIIIe et XIXe siècles Quel père n’a pas rêvé de voir son fils lui succéder, marcher dans ses pas ? Quel père ne serait pas fier de voir son fils reprendre le flambeau d’un projet, d’une idée ou d’une activité qui a occupé l’essentiel d’une vie ? Telle est l’histoire des de Jussieu, une famille de botanistes ayant évolué au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Antoine, Bernard, Antoine Laurent, Joseph et les autres, membres de l’Académie des sciences pour la plupart, et même de la Royal Society de Londres, distinction suprême à l’époque récompensant des travaux considérables… C’est dire l’importance de leur œuvre. Antoine introduit le caféier en Europe. Bernard contribue à développer l’herbier du Jardin du roi, parvient à faire venir d’Angleterre le premier cèdre du Liban en France, arbre toujours vivace aujourd’hui, et met en place les bases d’une classification naturelle encore en vigueur aujourd’hui. Joseph ramène du Pérou l’héliotrope, développe l’herbier du roi et aurait découvert le caoutchouc et la coca. Antoine Laurent, quant à lui, devient le premier directeur du Muséum national d’histoire naturelle en 1794, institution nouvellement créée en 1793, et achève, en 1789, l’établissement de cette classification naturelle esquissée par Bernard. Henri Lamendin, dans ce nouvel opus, retrace le parcours exceptionnel de toute la famille de Jussieu dont l’œuvre botanique a été prépondérante et est toujours actuelle. Après Linné, Spallanzani, l’auteur nous invite à rencontrer une famille de scientifiques tombée dans l’oubli, qui s’est distinguée au service de la médecine. Xavier Riaud Henri Lamendin, docteur d’université en odontologie, docteur d’État èssciences, de l’Académie nationale de chirurgie dentaire, est membre de la Société française d’histoire de l’art dentaire. Il est aussi ancien directeuradjoint du département biologie de l’Institut de recherches appliquées au domaine de la santé (Université d’Orléans).
Illustration de couverture : Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836). © Bibliothèque interuniversitaire de Santé, Paris, 2013.
978-2-343-02172-0
12 €