Une dynastie de jardiniers et de botanistes : les Richard. De Louis XV à Napoléon III 2296105378, 9782296105379

Antoine Richard et son fils Claude sont connus pour avoir réalisé les jardins du Petit Trianon. Huit générations se succ

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French Pages 128 [124] Year 2009

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Une dynastie de jardiniers et de botanistes : les Richard. De Louis XV à Napoléon III
 2296105378, 9782296105379

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Une dynastie de jardiniers La famille Richard constitue un cas assez unique où huit générations se sont succédées en exerçant le même métier de jardinier ou de botaniste. Leur histoire débute sous le règne de Louis XIV où ils sont jardiniers chez les membres de la cour installés à Saint-Germain-en-Laye, puis sous Louis XV et Louis XVI, ils occupent le poste de jardinier du roi à Versailles et à Trianon. Ils deviennent à partir de la Révolution jusqu’au début du Second Empire des botanistes et des médecins renommés. Parmi les rares sources biographiques dont on dispose sur la dynastie des Richard, la plus ancienne est la notice nécrologique qu’écrivit l’abbé Caron (1) suite au décès d’Antoine Richard le 27 janvier 1807. L’abbé Caron situe le berceau de la famille à Saint-Germain-en-Laye. D’après lui Antoine Richard serait le descendant d’un certain Richard, noble irlandais qui aurait suivi Jacques II Stuart lorsque ce dernier, fuyant ses sujets révoltés, vint chercher asile en France et accepta l’hospitalité que lui offrait son cousin Louis XIV à Saint-Germain. À partir de ces quelques données biographiques, nous avons entrepris d’établir la généalogie d’Antoine Richard. La consultation des registres paroissiaux nous a permis de remonter jusqu’au 16 novembre 1671 (2), date à laquelle est baptisé en la paroisse de Saint-Germain-en-Laye, Claude Richard, né ce jour, fils d’Antoine Richard, jardinier, et de Marie 5

Cacheux qui se sont mariés dans cette même paroisse le 29 octobre 1669 (3). On voit que la famille Richard était déjà implantée à Saint-Germain bien avant l’arrivée le 7 janvier 1689 de Jacques II dans cette ville, et que l’origine irlandaise des Richard est plus que douteuse. Il faut signaler ici que l’habitude de donner à l’un des fils le prénom du père est la source de nombreuses erreurs et confusions, notamment entre les Antoine et les Claude, où le fils est souvent confondu avec le père par bon nombre d’auteurs. Claude est leur second fils, sept autres enfants suivront. L’aîné, Edmond, eut comme parrain, son grand-père, Antoine Richard (4) qui décéda le 18 décembre 1675 à l’âge de 65 ans (5). Il était donc né en 1610, mais on ne peut affirmer qu’il ait été lui-même jardinier ou qu’il fût natif de Saint-Germain car on ne trouve nulle trace de son acte de baptême ni de celui de son fils Antoine. On peut penser qu’Antoine, le père de Claude, s’est établi avec sa famille à Saint-Germain quand Louis XIV s’y est installé de façon durable de 1666 à 1682, date à laquelle il migre à Versailles. Antoine Richard exerce ses talents de jardinier chez les courtisans installés à Saint-Germain et notamment chez le chancelier Étienne II d’Aligre qui lui confie l’entretien de ses jardins. En 1682, quand la cour déménage pour Versailles, la famille Richard connaît des années difficiles, mais en 1689, Jacques II Stuart qui vient d’être dépossédé de son trône par Guillaume d’Orange, s’installe avec ses partisans au château de Saint-Germain. Antoine et son fils Claude peuvent alors se mettre au service de la noblesse anglaise et irlandaise. 6

Un riche émigré anglais, passionné de fleurs, d’horticulture et de botanique recherchait un homme capable d’entretenir et d’embellir ses jardins. Antoine lui présenta son jeune fils Claude qui fut accepté. Le lord lui confia ses jardins qui devinrent grâce à ses talents l’une des merveilles horticoles de l’époque (1). Antoine Nicolas Duchesne (6) nous dit, à propos de Claude Richard, dans l’éloge historique qu’il fit de Louis Guillaume Lemonnier : « Si le goût des plantations était en Angleterre la passion des riches, celui des serres chaudes et des primeurs était depuis longtemps une recherche parmi les Hollandais, et les Anglais commençaient à se les procurer. Les amateurs de Saint-Germain ne pouvaient y être indifférents, mais il leur fallait des moyens d’exécution. L’actif et intelligent Richard père les leur fournit. Cet homme extraordinaire avait été, dans Saint-Germain, le jardinier d’un des Anglais réfugiés à la suite du roi Jacques. Il jouissait d’un jardin et d’une serre dûs à la bienveillance de cet étranger ; brillant en tulipes, œillets et auricules. Il avait surtout créé le goût des renoncules semi-doubles. Un commerce lié avec les fameux jardiniers de Harlem le mettait dans le cas d’échanger, chaque année, ses graines en semi-doubles avec les merveilleuses jacinthes des Hollandais, et il en fournissait à la cour de Versailles. »

Quelques années plus tard, son protecteur repartit pour l’Angleterre et lui fit don de ses jardins en reconnaissance du magnifique travail qu’il avait réalisé. Ce splendide cadeau avait cependant un prix car le chauffage des grandes serres se révéla ruineux. Claude Richard sut habilement rentabiliser cet investissement en cultivant et en vendant des plants de fleurs et d’arbustes 7

destinés à orner et à décorer les parcs et les jardins de l’aristocratie Saint-Germinoise. Claude Richard se maria le 16 février 1699 avec Marie Moüet (7). Ils eurent cinq enfants dont un fils, né le 13 août 1705, qui fut nommé Claude (8) comme son père.

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Claude (II) Richard (13/08/1705 – 21/11/1784) Claude (II) Richard fut le premier représentant de la famille à passer à la postérité en devenant jardinier du roi. Il apprit l’horticulture avec son père et notamment la maîtrise de la culture en serre chaude. Sa destinée bascula quand il fut remarqué par Louis Guillaume Lemonnier, premier médecin de Louis XV. Passionné d’horticulture, Lemonnier occupa la chaire de botanique au Jardin du roi à la mort d’Antoine de Jussieu en 1758. Lemonnier qui résidait à Saint-Germain se lia d’amitié avec Claude Richard ; il lui apprit la botanique et le latin qui était la langue universelle utilisée par les savants de l’époque pour communiquer entre eux. Il le recommanda au duc d’Ayen, Louis de Noailles, en lui vantant ses mérites et les recherches qu’il avait entreprises pour cultiver dans ses serres chaudes des plantes et des fleurs exotiques jusque-là inconnues en France. Il pouvait aussi produire hors saison, par forçage, sur des arbres taillés en espalier, des pommes, des poires ou des pêches. Le duc d’Ayen fit son éloge à Louis XV. Le roi prit alors l’habitude lorsqu’il chassait en forêt de Saint-Germain de s’arrêter chez Richard pour admirer ses jardins, ses serres, et discuter de botanique, science qu’il appréciait particulièrement et qu’il pratiquait à Versailles en compagnie du duc d’Ayen. Il ne repartait jamais sans faire provision de fleurs et de fruits qu’il offrait à la reine et aux dames de la cour (1). 11

Claude Richard se maria le 11 septembre 1731 avec Madeleine Joüan (10) qui lui donna seize enfants dont l’aîné, Claude, né en 1732 (11), Antoine en 1734 (12) et Louise Élisabeth en 1756 (13). Claude qui portait le même prénom que son père et son grand-père sera jardinier du roi à Auteuil. Antoine succédera à son père en 1784 comme jardinier de la reine au Petit Trianon et Louise Élisabeth épousera en 1776, François Gamain (14), resté célèbre pour avoir construit l’armoire de fer où Louis XVI conservait au château des Tuileries ses papiers les plus secrets. En 1748, la marquise de Pompadour, qui venait de faire construire sa résidence de l’Hermitage à Versailles, lui confia l’entretien de ses jardins, et en 1750, elle persuada Louis XV de demander à Gabriel de créer au domaine de Trianon une nouvelle ménagerie et un jardin potager. Le roi proposa à Claude Richard, dont il admirait le talent, de prendre la direction de ce jardin. Richard accepta, mais à la condition de ne recevoir d’ordre que du roi. Il quitta SaintGermain à la fin de l’année 1750 pour s’installer avec sa nombreuse famille dans la grande maison, proche du réservoir du Trèfle à Trianon, que le roi lui avait fait construire et que l’on peut encore voir aujourd’hui (15, 16).

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Dezalier d’Argenville qui visita ce jardin en 1755, en donne la description suivante (17) : « Une cour du commun vient ensuite, suivie d’un jardin fruitier. Il renferme un grand nombre de plantes étrangères, telles que l’ananas, le café, le cierge, l’aloès, le géranium, le figuier des Indes, l’opuntia major, appelé raquette à cause de ses feuilles larges de 14 pouces. Ces plantes sont rangées sur des gradins, à l’exception de celles qui demandent à être en pleine terre et qui sont enterrées dans du tan*. Un second jardin qui a, ainsi que le premier des serres vitrées pour les primeurs, est suivi d’un fleuriste dont les murs sont couverts de filaria, de buissons ardents, de jasmins-jonquilles et de siliquastrum ou gaîniers. Les plates-bandes sont bordées de petits orangers mis dans des seaux garnis de fer et enfoncés en terre, ce qui ferait croire qu’ils sont plantés en pleine terre. Je ne dirais point qu’il y a de plus un colombier, un nouveau potager et un autre jardin où l’on travaille à placer des serres vitrées pour faire venir des fruits prématurés et des plantes curieuses. »

En 1759 une partie du jardin fut dédié aux collections botaniques de Louis XV. Bernard de Jussieu en devint le conservateur. Il présentait dans des planches formant des carrés et ordonnées selon sa classification par familles, dites naturelles, qui lui était propre, les richesses botaniques du roi. Michel Adanson qui suivait ses travaux l’appelait le Newton de la botanique (15). Rapidement ce jardin devint l’un des plus renommés d’Europe. Il ne comportait pas moins de 4 000 spécimens de fleurs et de plantes, dont un bon nombre provenait de contrées lointaines rapporté par les navigateurs et les explorateurs qui sillonnèrent les *

tan : écorce de chêne, pulvérisée

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océans et les mers au XVIIIe siècle. Louis XV allait souvent dans son jardin de Trianon pour découvrir les nouveautés qui venaient régulièrement enrichir ses collections. Il en faisait une reconnaissance botanique avec l’aide de Richard ou de Jussieu. Il était en relation épistolaire avec les botanistes européens les plus célèbres comme Albert von Haller et Carl von Linné avec lesquels il échangeait des plantes rares et des graines. Il apprit même de son jardinier l’art de tailler et de greffer les arbres. Fort de son expérience, Claude Richard introduisit la culture des plantes et des fruits exotiques dans de grandes serres chaudes dites hollandaises dont les verrières transmettaient l’énergie calorifique du soleil à d’épaisses maçonneries orientées au sud qui l’accumulaient (18). Un chauffage d’appoint et une hygrométrie bien définie recréaient un climat tropical qui permettait d’obtenir des ananas, des figues des Indes et même de faire fructifier le caféier. Durant les années qui suivirent, Claude Richard, aidé de son fils Antoine, put donner libre cours à ses talents de jardinier et de botaniste. Il travaillait en étroite collaboration avec Bernard de Jussieu et Lemonnier. Après la mort de Louis XV le 10 mai 1774, Louis XVI fit cadeau du domaine du Petit Trianon à son épouse, la reine, en lui disant (15) : « Vous aimez les fleurs, Madame, j’ai un bouquet à vous offrir, c’est le Petit Trianon ».

Dès qu’elle eut pris possession de son domaine, le 6 juin 1774, Marie-Antoinette décida de transformer radicalement le jardin botanique et ornemental. Peu attirée par les sciences en général et la botanique en particulier, le jardin de Richard et de Jussieu avec son agencement symétrique et 14

ses innombrables étiquettes portant des noms latin incompréhensibles, l’ennuyait profondément. Elle ne rêvait que d’un jardin anglo-chinois dont la mode faisait fureur à l’époque chez les riches aristocrates. Le marquis de Girardin avait dépensé des sommes folles pour sacrifier à cette anglomanie dans son château d’Ermenonville. Le duc d’Orléans avait fait de même au parc Monceau. Respectueuse des usages, elle s’adressa à Antoine Richard pour réaliser son projet. Antoine qui avait acquis lors de son séjour en Angleterre une bonne connaissance des jardins anglo-chinois, élabora un projet un peu contourné qui faisait disparaître la botanique au profit d’un jardin anglais, mais qui conservait les grandes serres chaudes, fierté de son père. La reine accueillit froidement son projet, elle le trouva sans grâce et le rejeta sans appel.

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Projet pour le jardin anglo-chinois du Petit Trianon : Antoine Richard 1774. (Paris, Bibliothèque nationale, cabinet des estampes)

La princesse de Beauvau lui vanta alors les jardins que le comte de Caraman avait créés dans son hôtel de la rue Saint-Dominique à Paris (aujourd’hui, maison de la Chimie) et dans son château de Roissy. Ces jardins faisaient l’admiration de tous ceux qui suivaient cette mode venue d’Angleterre où la nature n’obéissait plus à une ordonnance rigoureuse, symétrique et géométrique, mais où elle pouvait s’épanouir de façon sauvage et débridée. Marie-Antoinette demanda au comte de lui dessiner les plans de son futur jardin. Celui-ci s’acquitta de sa tâche avec zèle, et le 10 juillet il lui remit une ébauche où une rivière serpentait au milieu de prairies verdoyantes, où des bouquets d’arbres ornementaux alternaient avec des fabriques telles qu’un temple, un belvédère, un rocher, une montagne ou une grotte. La reine séduite par ce second 16

projet se rendit le 23 juillet chez le comte de Caraman pour admirer les jardins de son hôtel parisien. Elle en revint enchantée et donna des ordres pour que les travaux commencent au plus vite (15, 19). La réalisation de ce jardin anglais fut confiée à Richard Mique, nommé en septembre 1774 premier architecte du roi en remplacement de Gabriel qui prit sa retraite le 1er janvier 1775. Après le départ de Gabriel, Mique assura également les fonctions d’intendant et de contrôleur général des bâtiments de la reine. Il devait suivre les plans du comte de Caraman et se conformer aux dessins d’Hubert Robert, promu à l’occasion dessinateur des jardins du roi (15). Antoine Richard, craignant que le chantier ne lui échappât suite à l’échec de son projet, demanda à son protecteur, le comte de Noailles, d’intercéder auprès du comte d’Angiviller en lui faisant parvenir le billet suivant (20) : « Je n’ai présenté mon plan à la Reine que parce que Sa Majesté me l’a ordonné et demandé. Mais dès que la Reine a jugé à propos d’en adopter un et de le signer de sa main, je serai fournir à tous les ordres qui me seront donnés par M. le Comte de Caraman et par M. Mique, et les exécuterai fidèlement, exactement et promptement. »

Dans sa lettre d’accompagnement, Noailles écrit (20) :

« Je vous envoie, Monsieur, le billet du sieur Richard fils. Il sera très soumis à vos ordres et a assez d’intelligence pour les bien exécuter ; aussi je crois comme vous que le règlement est très inutile. J’envoie la copie du billet à M. le Comte de Caraman, vous garderez l’original. Je suis avec beaucoup d’estime, de considération et d’amitié, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. »

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Cependant la concurrence s’avéra vive car une autre équipe de jardiniers, les Belleville, père et fils, entendaient prendre la meilleure part du gâteau. Belleville, le père, qui était le jardinier en chef du Grand Trianon, œuvrait pour que l’établissement du jardin anglais lui revienne. Claude Richard tenta de déjouer la manœuvre dans la lettre suivante qu’il adresse à Mique (20) : Monsieur, « Mon fils vient de me dire que vos intentions toujours bienfaisantes seraient de prendre M. Belleville fils avec mon fils pour les travaux intérieurs qui vont se faire dans ma partie. Il est étonnant comment il demande à avoir sa part de ces travaux ; je n’ai jamais demandé en aucune façon à participer aux travaux de sa partie. Il s’en est fait l’an passé, mon fils n’y a eu aucune part. Dès les premières propositions, j’ai demandé à Madame la Comtesse de Noailles les travaux. Elle, de sa bonté, l’a demandé à la Reine. Pour moi la Reine a donné pour réponse que c’était bien ses intentions. Je vous prie, Monsieur, de me faire jouir des intentions en entier de la Reine et de Madame la Comtesse et de me croire très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très fidèle serviteur. »

Claude et Antoine Richard devinrent en 1774 les jardiniers de la reine, et pour faire cesser le conflit qui les opposait aux Belleville, il fut décidé, suite à l’intervention du comte de Noailles, protecteur des Richard, qu’à partir du 1er janvier 1775, ils seraient les seuls responsables des jardins du Petit Trianon. Claude Richard aurait en charge le jardin anglais et son fils Antoine, le jardin français. Bien vite la tutelle du comte de Caraman, prince éclairé mais amateur, devint pesante aux Richard et à Mique. Ce dernier 18

réussit à évincer le comte jardinier grâce à l’appui de d’Angiviller, directeur des bâtiments du roi (20, 21). Marie-Antoinette avait créé pour son jardin anglais une administration indépendante de celle des bâtiments du roi, mais en négligeant de la doter d’un budget, elle vouait son fonctionnement à l’échec. Le directeur des bâtiments du roi, le comte d’Angiviller et le contrôleur général des finances, Jacques Necker, devaient payer pour des travaux dont ils n’avaient ni vu ni discuté les devis, d’où leur peu d’empressement à débloquer les fonds. Pour régulariser cette situation d’Angiviller tenta de récupérer la totalité des bâtiments royaux en mettant Mique sous sa dépendance et en lui adjoignant Soufflot et Hazon comme intendants généraux. Mais la reine ne l’entendait pas ainsi et elle fit comprendre à d’Angiviller que Mique devait rester le seul artisan et l’unique responsable de son jardin. Le 4 avril 1777, d’Angiviller en informe Mique : « Sa Majesté », écrit-il à Mique « m’a fait l’honneur de me dire qu’il est dans ses intentions que tout ce qui concerne l’établissement de son jardin soit traité et suivi par vous. »

En se résignant, il accepta de n’être que le bailleur de fonds pour le jardin anglais, mais le château du Petit Trianon, le potager et le jardin français resteraient sous sa responsabilité, bien que Mique continuerait à en assurer la direction (15). Le financement des travaux restera toujours problématique, soit par la mésentente qui existait entre les acteurs et les payeurs, soit par les modifications incessantes qu’apporta Marie-Antoinette au projet initial, rendant impossible toute tentative de chiffrage à terme. Les entrepreneurs ne seront payés qu’avec beaucoup de retard et de façon très 19

irrégulière. Le 31 août 1791 on leur devait encore près de 500 000 livres (15). Claude Richard et son fils Antoine seront les premiers à en subir les conséquences puisqu’ils durent attendre de longues années le remboursement de leurs avances. Le compte de liquidation des dépenses du Petit Trianon établi le 31 août 1791 par Charles Cuvillier, ancien premier commis des bâtiments du roi, indique que le montant total des travaux qu’ils avaient engagés pour le jardin du Petit Trianon, s’élevait à 255 302 livres 22 sols, 8 deniers, et que 6 102 livres, 22 sols, 8 deniers leur restaient dûs (22). Richard Mique termina le plan d’ensemble du jardin du Petit Trianon le 26 février 1777. On fit faire un plan relief du futur jardin qui fut montré à tous les membres de la cour. Un premier devis établi en octobre 1774 se montait à 170 000 livres, mais le devis définitif d’avril 1777 portait cette somme à 298 375 livres, 10 sols et 10 deniers. Une ordonnance accordant un crédit de 100 000 livres avait été signée le 27 août 1775 (20), mais seulement 60 000 livres avaient été débloquées. Au début de l’année 1777 il manquait près de 200 000 livres pour continuer les travaux. En avril 1777, d’Angiviller adressa à la reine un mémoire pour lui exposer la situation due au manque de financement. Son département ne pouvant supporter à lui seul cette dépense de 200 000 livres, il lui demanda l’autorisation d’en appeler à Louis XVI pour qu’il puisse solliciter le ministre des finances d’allouer la somme nécessaire, à moins qu’elle ne voulût en parler elle-même au roi. La reine n’en référa pas à son royal époux et d’Angiviller se chargea de la négociation auprès de Necker qui n’y mit guère d’empressement puisque le directeur des 20

bâtiments du roi fut obligé de relancer le ministre des finances dans une lettre datée du 10 juin 1777 (20). Faute de crédits, les travaux ne commencèrent vraiment qu’en 1776 ; on s’était borné auparavant à quelques plantations et à mettre en pelouses le jardin botanique. Claude Richard assista impuissant à la destruction de ses grandes serres qui firent place au petit lac supérieur et à la rivière. Une nouvelle serre chaude, plus petite, fut cependant édifiée près de sa maison. Ses années de patient travail pour créer à Trianon le plus beau jardin botanique d’Europe étaient réduites à néant par le caprice d’une jeune reine. Les collections botaniques furent transférées au Jardin du roi à Paris (aujourd’hui Jardin des plantes), seul subsistait, à l’ouest du Petit Trianon, le jardin français de Louis XV. Marie-Antoinette voulut faire du domaine du Petit Trianon son espace réservé. Elle entendait exercer de plein droit son autorité et contrôler personnellement la réalisation de son jardin. Le règlement qu’elle fit établir en son nom et qui commençait par ces mots : De part la Reine, transcendait l’autorité du roi et rompait avec la tradition séculaire qui voulait que la reine n’intervînt pas directement dans les affaires de l’État. Claude Richard reçut en 1777, pour des ouvrages réalisés l’année précédente, un acompte de 32 600 livres, approuvé par Marie-Antoinette le 21 avril 1777 et signé de sa main (20).

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Plan du jardin et château de la Reine à Trianon : Richard Mique, 1779. Stockholm, Bibliothèque royale.

Il revint à Claude Richard les travaux de terrassement et de plantations d’arbres d’ornement. Il composa avec beaucoup de réussite des massifs où alternaient des essences rares venues d’Amérique et d’Asie avec de grands conifères des Alpes comme des pins et des mélèzes. Il fit planter, pour leur port magnifique, des micocouliers, des catalpas, des sophoras, des arbres de Judée, des saules de Babylone, des cèdres du Liban, des magnolias grandiflora, des chênes de Louisiane, des tulipiers de Virginie et des bouleaux du Canada (21).

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Sophora du Jardin des plantes de Paris, issu des graines plantées par Bernard de Jussieu en 1747

Identification du Sophora du Jardin des plantes de Paris

Le premier Sophora introduit en France et planté par Bernard de Jussieu en 1747 au Jardin du roi, provient des graines que le R.P. Pierre d‘Incarville envoya de Chine. Ses feuilles et ses fruits étaient utilisés pour teindre en jaune les vêtements de l’Empereur de Chine. 23

Ces travaux étaient considérables et Claude Richard était le seul responsable de leur bonne marche. Il lui revenait non seulement le choix des maîtres d’œuvre, mais il devait établir avec eux les devis et régler sur ses fonds propres les factures qui lui étaient présentées, sans espérer un remboursement rapide du trésor royal. L’équilibre de ses finances fut toujours problématique au vu des énormes sommes qu’il devait avancer, et bien souvent il eut recours à l’emprunt pour payer ses fournisseurs et ses entrepreneurs. En 1777, Claude Richard employait une moyenne de 18 hommes par jour pour des travaux de terrassement et de plantations, qui pour l’année entière représentèrent 1 867 journées de travail (23). Pour alimenter les rivières et les lacs du Petit Trianon en eau claire et limpide, selon le vœu de la reine, Il fallut faire venir l’eau du réservoir de Marly situé à 2 044 toises, soit 4 km, ce qui nécessita la pose de 4 084 tuyaux de fonte. Rivières et lacs furent creusés, puis glaisés à grands frais. Pour la seule année 1778, l’apport de glaise coûta 6 400 livres (21). En cinq ans de 1777 à 1781, le total des dépenses de terrassement, de plantations, de fournitures et de travaux divers, se montait à près de 132 000 livres (23).

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La rivière anglaise et le temple de l’Amour Établissement public du musée et du domaine de Versailles

A la fin de l’année 1778, rivières et lacs étaient creusés et glaisés, mais trois années supplémentaires furent nécessaires pour modeler le paysage par l’apport d’innombrables tombereaux de bonne terre, de centaines d’arbres d’ornement et de milliers de plantes et de fleurs. On peut considérer le jardin anglais comme terminé à la fin de l’année 1781. Le 1er août 1781, Marie-Antoinette donne sa première fête nocturne avec illumination du jardin anglais lors de la visite de son frère, l’empereur d’Autriche Joseph II (23). Mme Campan écrit dans ses mémoires (24) : « Une fête d’un genre nouveau fut donnée au Petit Trianon. L’art avec lequel on avait, non pas illuminé, mais éclairé le jardin anglais, produisit un effet charmant : des terrines, cachées par des planches peintes en vert, éclairaient tous les massifs

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d’arbustes ou de fleurs et en faisait ressortir les diverses teintes, de la manière la plus variée et la plus agréable ; quelques centaines de fagots allumés entretenaient dans le fossé, derrière le temple de l’Amour, une grande clarté qui le rendait le point le plus brillant du jardin. »

On brûla en fait 3 600 fagots, pour la somme de 522 livres (23). Un autre témoignage sur le jardin anglais nous est donné par le duc de Croÿ lorsqu’il visita ce jardin le 21 avril 1780 (25). « J’allai ensuite chez mon ami Richard, au Petit Trianon, cédé alors à la Reine. Je n’y avais pas été depuis l’avant-veille de la mort du Roi, où j’en avais été prendre congé, le cœur si gros. Richard et son fils me menèrent, et je crus être fou et rêver, de trouver à la place de la grande serre chaude (qui était la plus savante et chère de l’Europe), des montagnes assez hautes, un grand rocher et une rivière. Jamais deux arpents de terre n’ont tant changé de forme, ni coûté autant d’argent. La Reine y faisait un grand jardin anglais du plus grand genre, et ayant de grandes beautés, quoiqu’il me paraissait choquant qu’on y mêlât ensemble tout le ton grec avec le ton chinois. À cela près, la grande montagne, des fontaines, le superbe palais de l’Amour, en rotonde, de la plus riche architecture grecque et des parties de gazon, sont au mieux. Les ponts, le rocher et quelques parties me parurent manquées. C’était un genre mêlé auquel les amateurs de jardins anglais auront peine à se prêter. Mais ce qui est superbe, c’est que M. Richard, se livrant à son goût et à son talent, y mettait de grands arbres rares de toutes sortes, et je lisais alors, avec enthousiasme, le cahier de l’admirable M. Besson sur les Alpes qu’il fait enfin connaître en

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naturaliste excellent. M. Richard, qui en a fait le voyage exprès, me montra, en nature, tous les arbres et arbustes par gradations, qui sont sur les Alpes jusqu’où cesse la végétation. C’est surtout pins, mélèzes superbes, puis, en s’élevant, grands sapins, puis sapins rabougris à petites feuilles, puis ce qu’on appelle aulnes dans le pays et par M. Besson, et qui y ressemble, mais est d’une tout autre espèce, et, enfin, un petit rosier et un petit genévrier rampant des Alpes qui sont les derniers avec cette apparence d’aulne. Il était bien curieux, pour un zélé amateur, de voir en nature ce que je venais de lire avec tant d’intérêt. M. Richard plantait une allée tournante avec de chaque côté, un arbre de toutes les espèces et variétés possibles. Il en réussira bien peu, mais avec ce qu’il y a déjà, si cela grandit et est remplacé et soigné, ce seront les deux jardins des Reines de France et d’Angleterre qui auront ce qu’il y a de mieux en grands arbres, le jardin de Kew, en Angleterre, étant ce qu’il y a de mieux et de plus grand.»

Pour compléter son projet Marie-Antoinette fit édifier son Hameau avec ses fermes normandes et sa campagne recomposée où de vrais fermiers jouaient leur propre rôle dans un décor d’opérette. Mais ce n’est qu’en 1786 que les jardins du Petit Trianon trouveront leur aspect définitif, bien que des travaux d’aménagement des bâtiments du Hameau se poursuivront jusqu’en 1790 (22). Le compte de liquidation des dépenses du Petit Trianon, arrêté au 31 août 1791 par Charles Cuvillier, se montait à 1 649 529 livres, 12 sols et 3 deniers (22). À cette somme il faut rajouter le montant des comptes qui avaient été fermés, car totalement réglés aux entrepreneurs, et qui ne figuraient pas dans l’état de liquidation, ainsi que la plus grande partie 27

des frais de plantations que le roi avait pris à sa charge (20). On peut alors estimer le coût total des travaux effectués par Marie-Antoinette dans son domaine du Petit Trianon, de 1774 à 1790, à plus de deux millions de livres. Cette somme peut paraître considérable, mais il faut la comparer aux dépenses annuelles de la vénerie qui se montaient à la fin des années 1780, à environ un million de livres par an et aux dépenses de la Maison du Roi qui atteignaient pour la même période une trentaine de millions de livres par an (26). Claude Richard continua à s’occuper des jardins de la reine jusqu’à sa retraite qu’il prit le 18 juillet 1784 en regrettant peut-être le temps où Louis XV venait herboriser avec lui. Louis XVI lui accorda une pension de 2 000 livres par an qui lui maintenait ses derniers appointements (27). À titre de comparaison, François Richard, le médecin homonyme du jardinier qui inocula Louis XVI et ses frères, reçut en 1781, une pension de retraite de 3 000 livres ; celle d’Antoine de Sartine, ancien ministre et secrétaire d’État, se montait en 1778 à 15 600 livres (27). Claude Richard ne profita pas longtemps de sa retraite puisqu’il mourut quelques mois plus tard, le 21 novembre 1784 à l’âge de 79 ans (28). L’inventaire après décès, établi le 27 novembre 1784 par Maître Raux-Rolland, notaire à Versailles (29), donne une bonne description de la maison des jardiniers que Louis XV avait fait construire pour Claude Richard au Petit Trianon. Cette vaste maison de onze pièces réparties sur deux niveaux comprenait : une cuisine, une salle à manger, un salon, six chambres et deux pièces où étaient entreposées des fleurs et des graines. Une de ces chambres était occupée par Morel, premier garçon jardinier et une autre par le 28

commis. La totalité des biens de Claude Richard fut chiffrée à 5 263 livres. Parmi les objets décrits dans cet inventaire, on remarque l’argenterie gravée au monogramme du défunt qui fut évaluée à 1 571 livres. On apprend que Claude Richard et son fils Antoine s’étaient associés pour réaliser les jardins du Petit Trianon dans une entreprise où chacun possédait la moitié des parts. Cette association dura de 1776 à 1782. Le montant des travaux qu’ils avaient dû financer pendant cette période, s’élevait à 268 507 livres, 12 sols et 1 denier. À la mort de Claude Richard, seulement 176 800 livres avaient été remboursées par le trésor royal ; on leur devait donc 91 707 livres, 12 sols et 1 denier dont la moitié, soit 45 853 livres et 16 sols, revenait à la succession du sieur Richard père. Pendant ces années, Claude et Antoine Richard éprouvèrent de grandes difficultés financières dues à l’absence de recouvrement rapide des sommes qu’ils avaient avancées. Les factures impayées s’accumulaient, l’inventaire indique que les dettes se montaient à 9 777 livres. On devait 1 884 livres à Valentin, le boucher. Morel, le premier garçon jardinier, n’avait pas été payé depuis des années et réclamait ses 1 610 livres de gages. Le montant des travaux non réglés aux ouvriers du Petit Trianon s’élevait à 1 310 livres. Une facture de 926 livres présentée par les Vilmorin-Andrieux n’avait pas été honorée ainsi qu’une autre de 636 livres du grainetier Traitant. L’inventaire des livres de la bibliothèque de Claude Richard fut réalisé par Pierre Blaizot, libraire du roi à Versailles, et par Maître Linard, juré priseur. Cette bibliothèque qui était composée d’environ 320 volumes, et 29

dont la plupart concernait la botanique, fut estimée à 1 042 livres. On y retrouve les livres des grands botanistes du XVIIIe siècle comme : Morison, Plukenet, Dillenius, Plumier, Dalechamp, Gesner, Gmelin, Albert von Haller et Carl von Linné. Son fils Antoine lui succéda comme jardinier de la reine à Trianon.

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Antoine (III) Richard (24/10/1734 – 27/01/1807) Antoine Richard est le troisième des seize enfants qu’eurent Claude Richard et Madeleine Joüan. Il naît le 24 octobre 1734 à Saint-Germain-en-Laye, rue de la grande fontaine (12). Son père qui voulait lui donner l’éducation qu’il n’avait pas reçue, lui fit faire des études classiques au collège de Versailles. Il suivit ensuite les cours de botanique qui étaient donnés au Jardin du roi à Paris. En 1758, muni d’une mission du gouvernement, obtenue grâce aux recommandations d’Antoine et de Bernard de Jussieu, il part herboriser au Mont-Dore sur les traces de Louis Guillaume Lemonnier qui avait fait le même voyage quelques années auparavant. D’après l’abbé Caron, (1) il aurait fait toute la route à pied. En 1760, il reçoit une mission plus importante, celle de faire l’inventaire des ressources botaniques des provinces du sud de la France et d’évaluer l’intérêt économique des cultures pratiquées dans ces différentes régions. Il traverse les Pyrénées où il étudie la riche flore de ces montagnes, passe en Espagne et au Portugal, et après avoir sillonné tous les sentiers ibériques, en collectant les plantes rares et en notant toutes ses observations dans un journal qu’il fait parvenir régulièrement à son père, il se rend aux îles Baléares et visite en premier l’île de Minorque qui venait de passer sous domination française après sa conquête par la flotte de l’amiral de La Galissonnière. Il en rapporte, le premier en France, le chêne de Gibraltar (Quercus pseudo suber) dont 31

l’écorce ressemble à celle du chêne-liège, le buis de Mahon à feuilles de laurier et la giroflée maritime. Après avoir parcouru en tous sens les îles Baléares qui étaient alors peu connues des naturalistes, il voulut découvrir les côtes de l’Afrique en se rendant à Tunis et à Alger. Le roi ayant appris qu’il avait demandé un passeport pour se rendre dans ces contrées hostiles, lui interdit ce voyage, sachant qu’un français, un certain Simon, avait eu la tête tranchée quelques années auparavant. Mais sans attendre son passeport, il part vers ces pays inhospitaliers où il sait se faire accueillir avec bienveillance par ces peuples réputés dangereux. De là il va aux îles du Levant qui avaient émerveillé Tournefort par leurs richesses botaniques, puis il pénètre en Asie mineure et revient en France en 1763, chargé d’une collection inestimable de plantes et de fleurs inconnues (1). En janvier 1770, il fait parvenir à Linné sa flore des Baléares sous la forme d’un manuscrit de 4 pages, écrit en latin, et récemment retrouvé dans la bibliothèque Linnéenne de Londres. Linné lui répond le 16 février 1770 dans une lettre très élogieuse où il l’encourage à publier sa flore (30) :

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A son très cher Richard jeune, Mille saluts Charles Linné. « J’ai lu et relu mille fois avec le plus grand charme votre flore de Majorque ou des îles Baléares qui m’a été communiquée par M. Hemquist, et je doute que personne puisse la lire avec plus d’utilité et de profit que moi. Imprimez-la, je vous prie, aussitôt qu’il sera possible, pour que tous les botanistes y trouvent le plaisir qu’elle m’a causé J’ai passé la nuit dernière sans dormir ; je l’ai consacrée tout entière à lire votre flore, et elle était passée avant que je n’eusse fini ma lecture. Grand Dieu ! Qu’ils sont heureux les habitants de ce pays d’avoir dans leurs prairies toutes ces fleurs qui font l’ornement de nos jardins, même nos jardins académiques. Je vous dois, à vous et à votre respectable père, plus de plantes qu’à personne ; l’année dernière, il m’a envoyé un grand nombre de graines rares. Un certain nombre sont bien venues, la plus grande partie n’a pas réussi. Si vous avez un échantillon et un spécimen desséché de l’Hyppocistis 1 et de la Dalechampia 2, je m’adresse à votre libéralité pour me les procurer. La Calcéolaire 3 et la Zizanie 4 m’ont causé tant de plaisir que ma plume ne peut le redire, et jamais je n’ai vu ces plantes sans un sentiment de respect à l’égard de votre respectable père. 1

Hyppocistis, Tourn., famille des Aristolochiées, J. Parasite des Cistes. Dalechampia, L., famille des Euphorbiacées, J. Ainsi nommé en mémoire de Daléchamp, médecin lyonnais du XVIe siècle, érudit botaniste, auteur de l’Historia generalis plantarum ; Lyon, 1580. 3 Calcéolaria, L., famille des Scrophulariées. Origine exotique, cultivée dans nos jardins. 2

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J’ai reçu une fois des graines de Trapœolum peregrinum 5, mais jamais elles n’ont germé. J’ai reçu des graines fraîches de la Loosa. J’en avais demandé à tous les botanistes de l’Europe, mais personne ne l’a plus. Si vous me récrivez un jour, mettez sur l’adresse : À la Société royale des sciences d’Upsal ; j’ouvre moi même toutes les lettres de la Société. Faites mes compliments les plus empressés à votre illustre père, et quand vous vous promènerez dans le jardin royal, souvenez-vous de moi. Les graines que vous m’avez envoyées vous-même, il y a quelque temps étaient toutes rares, bien choisies et fertiles. » Upsal ; 1770, 16 février

Malgré les conseils de Linné, cette flore ne fut jamais publiée. Louis XV, pour le récompenser de ses services, le nomma jardinier adjoint avec le titre de jardinier-botaniste pour seconder son père aux jardins de Trianon. En 1764, on lui demande d’aller en Angleterre qui était la référence en matière d’horticulture et de conception de jardins. Il découvre à Londres les merveilleux jardins botaniques de Kew et de Chelsea et à Buckingham les jardins de Stowe, considérés comme le summum du jardin anglais. Il rencontre les plus grands jardiniers botanistes 4

Zizania, L., famille des Graminées, tribu des Orysées. Synonyme, ivraie, originaire de la Jamaïque. 5 Trapœolum peregrinum, L., (Cardamindum). Originaire du Pérou.

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anglais et écossais, comme : Philip Miller, Peter Collinson, et Thomas Whately. De son séjour anglais Il rapporte le bouleau à canot (Betula nigra) dont l’écorce sert aux indiens d’Amérique à fabriquer leurs canots, l’acacia rose (Robinia hispida), le sophora de Chine (Sophora sinica), le févier de Chine (Gleditsia horrida) et le pin à cônes piquants (Pinus rigida) que Miller lui avait donné. Il termine son périple britannique par la visite de l’Écosse et de l’Irlande, et en 1765, il se rend en Hollande, à l’université de Leyde pour étudier la culture sur couche, puis à Haarlem il découvre avec la célèbre famille de jardiniers, les Voorhelm-Schneevoogt, l’art de produire et de cultiver les jacinthes et les tulipes, source d’un commerce très lucratif entre la Hollande et les cours européennes. Il quitte La Haye le 5 mai 1769 et termine son expédition en visitant la Suisse et l’Allemagne d’où il rapporte plusieurs variétés de pommes de terre de qualité bien supérieure à celles qui étaient cultivées en France. Au cours de ses voyages il se constitue une importante bibliothèque composée de tous les grands classiques de l’époque comme l’Hortus Cliffortianus de Carl von Linné, l’Hortus Indicus Malabaricus de Hendrik Adrian van Rheede, l’Historia stirpium indigenarum Helvetiae d’Albrecht von Haller, l’Opera botanica de Conrad Gesner et la Flora Sibirica de Johann Georg Gmelin (16). Jusqu’en 1774, il seconde son père dans l’entretien et l’amélioration du jardin botanique et du jardin français du Petit Trianon. Suivant l’exemple de ce dernier, il entretient une correspondance régulière avec Linné ; celle-ci est en latin, langue de tous les échanges scientifiques au XVIIIe siècle. 35

En 1774, l’arrivée de Marie-Antoinette au Petit Trianon bouleverse sa vie. La création du jardin anglais voit la disparition du jardin botanique et l’arrêt de ses recherches. Dès lors il ne lui reste plus que l’entretien du jardin français et les nouvelles serres chaudes où il peut quand même continuer son œuvre de botaniste en acclimatant des espèces végétales rares. Il s’efforcera de remplir au mieux sa fonction en répondant aux désirs de la reine et en secondant son père dans les dernières années de sa vie. De 1776 à 1782, il s’associe à parts égales avec lui pour réaliser les jardins du Petit Trianon. Après la retraite de ce dernier, le 18 juillet 1784 (27), il lui succède en tant que jardinier de la reine au Petit Trianon. Il a en charge l’entretien de l’ensemble des jardins du domaine. Il s’associe alors avec le jardinier Delorme jusqu’en 1788, date à laquelle il reprend seul la direction des jardins (20). Contrairement à une idée reçue, l’activité du château de Versailles ne s’arrêta pas le 6 octobre 1789 avec le départ de la famille royale pour les Tuileries. Le personnel qui avait en charge l’entretien des bâtiments et des jardins, ainsi que bon nombre de fonctionnaires, restèrent en place en continuant son travail comme si de rien n’était. Tous se confortaient dans un illusoire retour du roi et de la cour. Antoine Richard comme tous les autres occupa son poste jusqu’à la chute des Tuileries le 10 août 1792. Dans le rôle des journées d’ouvriers qu’il tenait quotidiennement, il écrit pour les six premiers mois de l’année 1792 (22) : - 9 février 1792 : journée à faire des trous pour planter des cerisiers. - 19 mars 1792 : journée à planter des fleurs au Hameau. 36

- 21 avril 1792 : journée à planter des arbres verts sur les montagnes. - 30 juin 1792 : journée à labourer et retirer au râteau. Le rôle s’arrête à cette dernière date, mais les travaux à Trianon continueront et seront payés jusqu’au 10 août 1792. Avec l’arrivée de la République, ayant fait allégeance au nouveau régime, plus par raison que par conviction, il est nommé par le ministre de l’intérieur, Roland, conservateur du jardin et des pépinières de Trianon (15). L’avenir du domaine de Versailles sembla compromis quand en septembre 1793, Charles Delacroix, commissaire de la Convention en mission à Versailles, déclara en contemplant le parc depuis les terrasses (31) : « Il faut que la charrue passe ici. » Aussitôt, Antoine Richard, avec l’appui des habitants de Versailles, décide de faire échec à ce projet iconoclaste. Il envoie à la Convention un mémoire où il propose habilement pour sauver le parc de le faire évoluer en jardin de rapport en transformant les parterres en potager et en plantant des arbres fruitiers dans toutes les allées. La fin de l’année voit les deux parterres de Latone changés en champ de pommes de terre et en verger. Finalement la Convention, devant la pression des Versaillais, retira son projet (19, 32). Mais le même Delacroix qui voulait détruire à tout jamais les symboles de la royauté, récidiva au début de l’année 1795 en voulant mettre en vente les jardins du Petit Trianon et du Hameau après les avoir divisés en dix lots. Antoine Richard s’adresse alors à Delacroix et à la Convention pour surseoir à cette vente, arguant du peu de profit que l’on en tirerait et de la perte inestimable de ce conservatoire de botanique. La Convention écouta sa supplique et par un décret du 14 germinal an III (3 avril 37

1795), reporta sine die cette vente en déclarant la nécessité de garder et d’entretenir les maisons et jardins nationaux aux frais de la République « pour servir aux jouissances du peuple et former des établissements utiles à l’agriculture et aux arts. » Mais renonçant à ses belles promesses pour un simple intérêt pécuniaire, la Convention loua le domaine au limonadier Langlois qui transforma le château du Petit Trianon en auberge, le pavillon français en café et le jardin français en bal public (15, 31). Antoine Richard se retrouva sans emploi et sans ressources. En 1795 la Convention décida la création d’un Institut national chargé de recueillir les découvertes et de perfectionner les arts et les sciences, avec une École centrale par département. En 1798 le Potager du roi devint le jardin botanique de l’École centrale de Versailles dont la direction fut confiée à Antoine Richard. Il put ainsi sauver en les rapatriant au Potager les collections botaniques qu’il entretenait dans les serres chaudes du Petit Trianon, derniers vestiges du jardin botanique de Louis XV (33). En 1805, sous l’Empire, le Potager est rendu à sa destination première, et Richard est démis de ses fonctions par le comte Lelieur de Ville-sur-Arce, administrateur des parcs, pépinières et jardins impériaux (33). Éprouvant les plus grandes difficultés financières, il est contraint de vendre les livres les plus prestigieux de sa bibliothèque (1). Pour subvenir aux besoins de sa famille, il devient pépiniériste en faisant le commerce d’arbres qu’il fait croître dans des lopins de terre qu’il possède à SaintGermain-en-Laye. Désespéré, ruiné et malade il meurt le 27 janvier 1807 à Versailles au n° 26 de la rue Saint-Honoré, âgé de 73 ans (34). 38

Il s’était marié le 21 août 1782 avec Renée Jeanne Gautier (35) qui lui donna quatre enfants : - Marie-Antoinette, née le 10 janvier 1783 (36) et mariée le 10 août 1810 (37) à Versailles avec François Joseph Brassin, jardinier de son état. L’acte de mariage nous apprend qu’elle vit avec sa mère et qu’elle travaille comme ouvrière en robes. - Antoine Philippe, né le 24 août 1785 (38). À son baptême, le 13 juillet 1788 (39), il eut comme parrain et marraine le comte d’Artois et Marie-Antoinette, qui furent représentés par Charles René de Maillé Latour-Landry, premier gentilhomme de la chambre du comte d’Artois, et par Louise Auguste de Fitz-James, princesse de Chimay, dame d’honneur de la reine. Ces parrainages illustres sont le témoignage de la considération que portait Marie-Antoinette à son jardinier. Antoine Philippe devient jardinier comme son père. Il meurt à Versailles le 21 juin 1808, âgé de seulement 23 ans (40). - Claude Antoine François, né le 27 mai 1787 (41). - Athénaïs Jeanne Pierrette née le 22 janvier 1790 (42). À la mort de son père, suivant l’exemple de sa sœur, elle doit travailler comme couturière pour pallier le manque de revenus de sa mère. Elle se marie le 13 août 1814 à Versailles avec Jean Jacques Chabrolle, maréchal-ferrant (43). Elle décède le 12 décembre 1828 en son domicile de Versailles, au n° 6 de la rue de l’Occident (44). Antoine Richard était membre de l’Académie royale des sciences d’Orléans. L’inventaire après décès qui fut établi le 11 mai 1807 par Maître Antoine Nicolas Desjardins (45), notaire à Versailles, fait mention d’un mobilier en mauvais état et de peu de 39

valeur. Le linge, la literie et les habits sont défraîchis et usagés, le matériel et les ustensiles de cuisine sont dépareillés et abîmés. L’énumération des biens lors de l’inventaire montre bien la gêne dans laquelle vivait Antoine Richard et sa famille. On peut supposer qu’il avait dû se séparer de tout ce qui avait un peu de valeur. À titre d’exemple, l’argenterie qui comprend en tout et pour tout ; une cuillère à ragoût, quatre cuillères et quatre fourchettes en argent blanc, est estimée à 16,66 francs. Dans l’écurie, une petite charrette ne vaut que 12 francs et l’âne au poil gris, hors d’âge, ne dépasse pas les 20 francs. De sa magnifique bibliothèque il ne reste plus que 190 volumes, qui ne valent que 69 francs. Dans la cave on ne trouve aucune bouteille de vin bouché, mais seulement une pièce et demie de vin ordinaire de Saint-Germain. Le montant total des biens du couple fut estimé à 1 102,66 francs, montant que l’on peut comparer avec celui qui figure dans leur contrat de mariage passé devant Maître Raux-Rolland, notaire à Versailles, le 17 août 1782 (45). Les biens d’Antoine Richard furent estimés à 1 000 livres et ceux de sa future épouse à 2 000 livres. On mesure alors la perte financière causée par la Révolution et l’Empire aux époux Richard. Leurs dettes se montaient à 293,90 francs et le propriétaire de la maison où logeaient les Richard, M. Landrin, réclamait les deux termes échus du loyer qui était de 300 francs par an. Il restait 149,50 francs en deniers comptants, et deux pépiniéristes devaient 347 francs à Antoine Richard pour des arbres qu’il leur avait livrés. Dans le petit jardin de sa maison, Antoine Richard, fidèle à sa passion pour la botanique, cultivait des plantes exotiques comme ; Solanum Bonariense, Solanum gigantea, 40

Rhus trifolia glabra, Phlomis purpurea, Medicago arborea, Hypericum, Sidéritis Canarien ou Sida Augustissima. Dans des pots il faisait pousser une centaine de plants de tulipiers pour en faire le commerce.

Solanum Bonariense

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Claude (III) Richard (09/08/1732 – 17/09/1799) Claude (III) Richard est l’aîné des seize enfants de Claude (II) Richard et de Madeleine Joüan. Il naît le 9 août 1732 à Saint-Germain-en-Laye, rue de la grande fontaine (46), et perpétue la tradition familiale en devenant jardinier à l’instar de son père et de son frère Antoine. Il se marie à Versailles le 11 avril 1752 avec Marie Madeleine Crosnier, fille de Denis Crosnier, jardinier de Madame de Pompadour (47). Suivant l’exemple de ses parents, il aura seize enfants. L’aîné, Louis Claude Marie, né en 1754, (48) sera professeur de botanique et académicien. En 1753, il succède à son père comme jardinier de la marquise de Pompadour pour son domaine de l’Hermitage à Versailles. En 1761, Louis XV, grand amateur de botanique et de fleurs, décide d’acquérir au village d’Auteuil, près du bois de Boulogne, une maison avec un jardin entouré de murs. La propriété qui appartenait à Camille Hector de Jonquières est vendue le 6 septembre 1761, devant Maître Antoine Dutartre, notaire à Paris, pour la somme de 26 703 livres (49). Louis XV confie la direction de son nouveau jardin à Claude Richard qui prend le titre de jardinier et de fleuriste du roi avec 2 000 livres de gages par an. Il quitte Versailles en octobre 1761 et s’installe avec ses six enfants à Auteuil où neuf autres enfants naîtront.

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En 1772 Louis XV rachète les terrains de 41 propriétaires voisins, doublant ainsi la superficie de son jardin qui passe de 9 à 19 arpents (3,1 à 6,6 ha) (49). Deux ans plus tard à la mort de Louis XV, en 1774, Louis XVI ne trouvant pas de raison de conserver la résidence de son aïeul à Auteuil, appelée communément la maison du coq, décide par mesure d’économie de la vendre aux enchères. Georges Frédéric Stras, marchand mercier, l’obtient, le 9 août 1774, pour 68 000 livres. Stras, qui n’avait versé qu’un acompte de 30 000 livres, fait faillite en 1776 et s’enfuit hors de France. Ses biens sont confisqués ; la maison est mise en vente une nouvelle fois. Nicolas Niverd, procureur au Parlement de Paris s’en porte acquéreur le 20 juin 1778 pour 68 600 livres (49). Claude Richard se retrouvant sans travail, adresse en décembre 1774 une supplique au comte d’Angiviller pour lui demander de maintenir ses gages ou de lui trouver un autre poste de jardinier. Charles Cuvillier écrit en marge de sa lettre, à l’attention de d’Angiviller (49) : « Ses mémoires n’avaient point de bornes, et les bontés du roi pour cet homme le mettaient au-dessus de tout examen, de toute subordination. »

On ne peut être plus clair, Cuvillier n’en voulait pas. Pour le dédommager, le roi lui accorde le 14 août 1774 une pension de 1 000 livres qui sera portée à 1 500 livres le 12 décembre 1784 (50). Il quitte alors Auteuil avec sa nombreuse famille pour Saint-Germain-en-Laye où son père lui loue la maison qu’il avait achetée en viager en 1761 à l’abbé Jabrot (51) et qui lui revint en 1774 par la mort de l’abbé. Il remet en état le jardin et loue à la veuve Haurion d’autres jardins à Saint-Germain-en-Laye, l’un rue de la 44

grande fontaine et l’autre au lieu dit Panloup. Par la pratique de la culture sur couche dans des châssis vitrés, il produit à la manière des jardiniers hollandais de nombreux plants de fleurs destinés à être repiqués pour orner les jardins de l’aristocratie Saint-Germinoise, tels que des lis blancs ou orangés, des belladones, des tulipes, des iris, des fraxinelles, des jacinthes, des seringas, des renoncules, des jasmins d’Espagne, des œillets, des phlox, des giroflées doubles, des hydrangeas, des spirées et des faux ébéniers. Dans des terres héritées de sa mère, il fait croître en pépinières des arbres d’ornement comme des orangers conditionnés et vendus dans des caisses, des arbres de Judée, des pommiers de paradis, des sapinettes, des peupliers, des érables, des saules pleureurs, des pruniers sauvageons, des érables et des hêtres pourpres. En avril 1783, son père pour faire face à ses créanciers, envisage de mettre en vente sa maison de Saint-Germain. Claude Richard, redoutant de se retrouver sans logis et sans travail, sollicite une nouvelle fois le comte d’Angiviller de lui accorder la survivance de son père et d’être nommé jardinier avec son frère Antoine pour l’entretien du domaine de Trianon, soit pour le jardin anglais, soit pour le jardin français. Il mentionne dans sa lettre qu’il a onze enfants à charge. On lui répond sèchement le 6 mai que son père ne dépendant pas du département des bâtiments du roi, sa demande ne peut être satisfaite (20). Il loue alors au notaire parisien Simon Provost une grande maison au n° 65 de la rue de la Pologne, à SaintGermain-en-Laye, où il meurt le premier jour complémentaire an VII (17 septembre 1799) à l’âge de 67 45

ans (52). Son épouse était morte le 25 octobre 1777 âgée de seulement 44 ans (53). Claude Richard s’était remarié le 7 août 1781 avec Louise Julie Mouton, veuve de Charles Barthélemy Hauducœur, marchand mercier (54). Le contrat de mariage passé le 28 juillet 1781 devant Maître Simon Provost (55), notaire à Paris, indique que Claude Richard est inspecteur des jardins de Monsieur, frère du roi (le comte de Provence, futur Louis XVIII). Les biens de la future épouse sont estimés à 3 615 livres et elle jouit de 689 livres de rente par an. Le contrat stipule que le futur époux sera tenu de subvenir aux dépenses de la maison où sa future épouse sera logée, nourrie, chauffée et éclairée ainsi que deux de ses enfants, et pour indemniser le futur époux de ses dépenses, elle consent à lui payer annuellement une somme de 800 livres, dont 500 livres sont pour elle et 300 livres pour ses deux enfants. Cette somme sera payable en deux fois 400 livres par période de six mois échus. L’inventaire après décès de Claude Richard fut effectué le 2 brumaire an VIII (24 octobre 1799) par Maître Julien Charles Fournier (56), notaire à SaintGermain-en-Laye. Le montant total des biens fut estimé à 2 477 livres et 10 sols. Cet inventaire nous apprend que Claude Richard avait hérité lors du décès de sa mère, Madeleine Joüan, de pièces de vignes, vergers, terres cultivables et terrains clos de murs qui furent vendus aux enchères le 12 ventôse an VIII (3 mars 1800) par le même notaire.

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Jardins des serres d’Auteuil*

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Après plus d’un siècle d’abandon, le jardin de Louis XV renaît de ses cendres lorsqu’en 1898 la municipalité de Paris décide de rétablir sur le même lieu un jardin fleuriste dont la conception des serres et l’organisation générale furent confiées à Jean Camille Formigé, architecte en chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris. Aujourd’hui le jardin des serres d’Auteuil est le siège du jardin botanique de la ville de Paris.

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Louise Élisabeth Richard (02/06/1756 – 19/02/1842) Louise Élisabeth Richard est la dernière des seize enfants de Claude Richard (II) et de Madeleine Joüan. Elle naît le 2 juin 1756 à Versailles (57) dans la maison des jardiniers de Trianon. En 1774, elle voit arriver une jeune reine qui a son âge, à quelques mois près, et qui va bousculer les habitudes de toute sa famille. Elle se marie à vingt ans, le 17 février 1776, avec François Gamain (58) dont le père Nicolas est serrurier des bâtiments du roi. À cette occasion, Louis XVI, par reconnaissance envers Claude Richard (II) et Nicolas Gamain (père de François), offre aux époux un terrain d’une superficie de 30 perches carrées soit environ 1 000 m2, situé dans l’ancien Pré de Clagny, à la charge de n’y pouvoir bâtir que suivant les alignements, symétrie et décoration qui leur seraient prescrits par les officiers des bâtiments de Sa Majesté (59). Il dote de plus l’épouse d’une somme de 1 200 livres (60). Rapidement trois enfants naissent de leur union : Louise Élisabeth Françoise en 1776 (61), François Nicolas (62) en 1779 et Gabrielle en 1781 (63). Le 8 juillet 1776, Charles Cuvillier choisit François Gamain pour remplacer son oncle Louis dans tous les travaux de serrurerie concernant le domaine de Trianon (64). Mais François a d’autres ambitions, il veut avoir sa propre

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affaire. Grâce à un don de 3 000 livres de Louis XVI *, il monte son entreprise de serrurerie au début de l’année 1777 et s’installe au domicile de ses parents au 7 boulevard du Roi (65). Les débuts sont prometteurs ; François obtient le 1er janvier 1780 son brevet de serrurier du roi (59) et achète en viager le 2 décembre 1781 aux époux Fouacier, (67) un terrain à l’angle de la rue de Maurepas et du boulevard de la Reine (au n° 8 actuel de la rue de Maurepas), sur lequel il fait construire l’année suivante une maison d’habitation. Mais rapidement les affaires vont mal ; François est obligé de quémander à Louis XVI en avril 1783 une pension pour pouvoir élever ses enfants. Le roi la lui accorde aussitôt pour un montant de 240 livres (68). L’entreprise périclite de plus en plus, Louis XVI qui s’est pris d’affection pour François et qui compatit à ses malheurs lui accorde une gratification extraordinaire de 3 000 livres en février 1784 (68), mais peu après il doit fermer ses ateliers, son entreprise s’avérant peu rentable. À court de finances, François quémande à nouveau les faveurs royales ; Louis XVI l’emploie par protection dans ses cabinets particuliers pour l’aider dans ses travaux de mécanique. Il le rétribue 1 600 livres par an qu’il lui paie par trimestre de 400 livres jusqu’en juin 1790 (68) ; François se déclare alors pompeusement Maître serrurier des cabinets particuliers du Roy. Louis XVI continue à se montrer généreux, il lui donne en juillet 1785 une pension personnelle de 200 livres (68). Pour éponger leurs dettes, les Louis XVI écrit dans son journal de comptes en décembre 1776 (68) : « J’ai donné à Gamain le fils pour son établissement, 3 000 l. » Ce qui sous-entend que Louis XVI devait travailler avec son père, Nicolas. *

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époux Gamain sont contraints de vendre le 12 août 1786 le terrain du Pré de Clagny, cadeau de Louis XVI pour leur mariage, au sieur Denis Drouet, entrepreneur de bâtiments, pour la somme de 1 200 livres (59). Avec l’arrivée de l’époque révolutionnaire, voulant donner des preuves de fidélité au nouveau régime et faire oublier qu’il a été un serviteur dévoué de Louis XVI, François se fait nommer le 7 janvier 1792 membre du Conseil général de la commune de Versailles, mais siège de façon très épisodique aux séances (69). En novembre 1792, Gamain va plus loin et trahit Louis XVI en révélant la cachette de l’armoire de fer, trahison qui pèsera lourd dans le procès du roi. Dans l’après-midi du 20 novembre 1792, le ministre de l’Intérieur, Jean-Marie Roland de La Platière, remet à la Convention nationale un ensemble de documents trouvé le matin même dans une armoire de fer, cachée sous des lambris dans un corridor des appartements de Louis XVI au château des Tuileries. Cette découverte fait suite à la révélation que François Gamain a faite à Heurtier, collaborateur direct de Roland, d’avoir fabriqué et installé, sur l’ordre du roi, cette armoire de fer au mois de mai 1792 dans le couloir qui relie les appartements du roi à ceux du dauphin. La grande majorité de ces lettres trouvées dans l’armoire de fer ne présentait aucun caractère séditieux et ne pouvait alimenter l’accusation de trahison portée à l’égard de Louis XVI, mais quelques-unes étaient équivoques et la commission des douze, nommée par la Convention, les a présentées comme pièces à charge pour discréditer Louis XVI et le faire condamner. 51

En fait cette armoire de fer n’aurait pas été fabriquée en mai 1792, mais un an auparavant en mai 1791. Louis XVI ayant projeté son départ des Tuileries dès le début de l’année 1791, il lui fallait trouver un lieu sûr pour cacher les documents importants de son règne qu’il voulait transmettre à son fils, s’il était appelé à lui succéder. En mai 1791, Louis XVI a toute confiance en Gamain qui n’a pas encore donné de marques d’attachement au nouveau pouvoir, alors qu’un an plus tard il fait partie du Conseil général de la commune de Versailles et a rejoint le camp des révolutionnaires ; il s’adresse donc tout naturellement pour réaliser cette armoire à son fidèle serviteur qu’il a comblé de bienfaits et qui ne saurait le trahir. Grâce à sa révélation de l’armoire de fer, Gamain est nommé le 13 janvier 1793 officier municipal, mais le 30 septembre 1793, le représentant du peuple Crassous, envoyé en mission en Seine-et-Oise, destitue la municipalité de Versailles (69). Gamain ayant perdu sa fonction municipale, craignant d’être inquiété par le tribunal révolutionnaire et n’ayant, ni emploi, ni pension, adresse une pétition à la Convention le 8 floréal an II (27 avril 1794) afin d’obtenir une aide financière, il prétend que Louis XVI a voulu l’éliminer en lui faisant boire un verre de vin empoisonné. Le citoyen Peyssard, au nom des comités des secours publics et de liquidation, fit un violent réquisitoire contre Louis XVI à la tribune de l’Assemblée. La Convention nationale, après avoir entendu le rapport des comités des secours publics et de liquidation, décréta que François Gamain, empoisonné par Louis Capet le 22 52

mai 1792, jouira d’une pension annuelle et viagère de 1 200 livres, à compter du jour de l’empoisonnement. Gamain déclare dans sa pétition à la Convention, avoir été après le 22 mai 1792 dans l’impossibilité de se déplacer pendant neuf mois, étant perclus de tous ses membres, mais peu de temps après la pose de l’armoire de fer, il assiste aux séances du Conseil général de la commune de Versailles. Les registres de la commune attestent sa présence le 4 juin, les 8, 16 et 20 juillet ainsi que le 22 août 1792 (69). De plus, le certificat établi par les officiers de santé, le chirurgien en chef de l’hôpital de Versailles, François Voisin et le médecin chef, Paul Lameyran, ne mentionne nullement que Gamain ait été empoisonné, mais qu’il était soigné depuis longtemps pour une maladie chronique de l’estomac (70). Gamain pouvait ainsi facilement grâce à ses douleurs d’estomac, accréditer la thèse de l’empoisonnement. À la trahison de l’armoire de fer, il a ajouté l’infamie en accusant Louis XVI d’avoir voulu se débarrasser d’un témoin gênant. Il n’a inventé cette histoire d’empoisonnement que dans le but de se faire attribuer une pension. Gamain ne profita pas longtemps de sa pension puisqu’il mourut prématurément à 44 ans, le 18 floréal an III (7 mai 1795) dans sa maison de Versailles au 38 de la rue Homère (actuellement 8 rue de Maurepas) (71), probablement des suites de son affection stomacale. Privée de ressources, sa veuve, Louise Élisabeth fut obligée de prendre des locataires ; en mai 1795 elle en avait quatre qui lui procuraient un revenu global de 295 livres par an. Elle se remaria le 3 mars 1797 avec l’un de ses locataires, Michel Bourdel, employé au département de la Seine-et-Oise (72). Elle 53

mourut le 18 février 1842 à l’âge de 85 ans en son domicile de Versailles, 5 rue de la Paroisse (73). Sa fille Louise Élisabeth Françoise se maria le 8 octobre 1817 avec Charles Bourdel, chef d’escadron et fils de son beau-père Michel Bourdel (74). Le 11 novembre suivant, elle donna naissance à un garçon qui fut prénommé Charles comme son père. Elle mourut le 16 juin 1853 dans sa maison située au 23 de la rue des Réservoirs, à Versailles (75). Son fils François Nicolas, sous lieutenant d’artillerie, mourut des suites de fièvres à la prison du fort de Figueras en Espagne le 1er juillet 1811 (76). Sa seconde fille Gabrielle mourut en bas âge.

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Une dynastie de botanistes et de médecins Louis Claude Marie Richard (19/09/1754 – 06/06/1821)

Jules Boilly : Lithographie de Louis Claude Marie Richard : Archives de l’Académie des sciences

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Louis Claude Marie Richard est le second des seize enfants de Claude (III) Richard et de Marie Madeleine Crosnier. Il naît le 19 septembre 1754 à Versailles (48) dans la maison des jardiniers de Trianon. Très jeune il se passionne pour la botanique en accompagnant son père et son oncle Antoine dans les jardins du Petit Trianon et de l’Hermitage. Il s’enrichit de leurs conseils et de leur expérience et décide de se consacrer à la botanique. Lorsque sa famille s’installe à Auteuil en 1761 (49), il suit les cours du collège de Vernon où il se fait remarquer par ses talents de dessinateur. Alors qu’il termine ses études, l’archevêque de Paris, Monseigneur de Beaumont qui avait décelé chez lui de grandes dispositions, lui propose de choisir la carrière ecclésiastique. Ce choix qui lui assurerait un brillant avenir fut favorablement accueilli par son père, mais Louis Claude Marie ne l’entendait pas ainsi, il voulait avant tout être botaniste et peu lui importait la fortune et la notoriété. En rupture complète avec son entourage, il quitte le domicile familial en 1768, à l’âge de 14 ans. Tout en continuant ses études au collège Mazarin et au Jardin du roi où il suit l’enseignement et les séances d’herborisation de Bernard de Jussieu, il réussit à obtenir d’architectes paysagistes des plans à recopier. Le fruit de ces travaux complète la modique pension de 12 livres que lui verse son père chaque mois. La qualité de ses prestations est rapidement reconnue et les commandes affluent, lui permettant de vivre décemment (77). En 1781, le maréchal de Castries, ministre de la Marine, soucieux du développement économique des colonies 56

françaises d’Amérique, décida d’y introduire la culture des arbres à épices pour s’affranchir de l’hégémonie qu’exerçait la Hollande sur la production et le commerce des épices (77b, 78). Quelques années auparavant, entre 1769 et 1771, Pierre Poivre, intendant des îles de France (île Maurice) et Bourbon (île de la Réunion), avait monté deux expéditions pour se procurer des graines et des plants de muscadiers et de girofliers dans les Indes néerlandaises et plus précisément dans l’archipel des Moluques à l’île Gebi. Les épices obtenues à partir de ces arbres faisaient l’objet d’un commerce intense de la part des Hollandais qui tiraient d’énormes profits de leurs plantations des Moluques. Ils entendaient en conserver le monopole en interdisant toute exportation de graines ou de plants de ces arbres à épices et en punissant de la peine de mort toute personne qui aurait tenté de s’en procurer. Ces expéditions furent couronnées de succès puisque les botanistes Simon Provost et Pierre Sonnerat purent ramener 400 pieds de muscadiers, 10 000 noix de muscade prêtes à germer et 70 pieds de girofliers qu’ils cultivèrent en plantations aux îles de France et Bourbon (79) Castrie demanda à l’Académie des sciences de lui recommander un naturaliste capable de réaliser les projets qu’il formait pour l’économie des colonies d’Amérique. Grâce à l’appui de la Maison de Noailles, Louis Claude Marie Richard fut retenu, et l’Académie lui proposa de se rendre en Guyane et aux Antilles pour y développer la culture du giroflier et du poivrier et accessoirement du cannelier et du muscadier (77b, 78). Avant son départ, Louis XVI reçut Richard pour lui rappeler l’importance économique que représentait pour la 57

France la production de ces épices. Il lui demanda également d’étudier la flore et la faune de ces lointaines contrées d’Amérique pour enrichir les collections du Jardin du roi, avec l’espoir d’acclimater en France de nouvelles espèces végétales (77b, 78). Le maréchal de Castries et le duc d’Ayen lui avaient fait attribuer une somme annuelle de 3 000 livres pour subvenir à ses besoins, ainsi que 3 000 livres pour l’achat du matériel nécessaire à son expédition. Cette somme se révéla rapidement insuffisante et Richard fut obligé de sacrifier ses économies pour financer son expédition. Avant même d’embarquer, il se plaint dans une lettre adressée le 19 juin 1781 à Antoine Laurent de Jussieu de l’insuffisance des moyens qui lui sont alloués (80) : « M. de Bessner vient de me dire que les 1 000 écus (3 000 livres) de dédit que M. le Directeur avait ajouté aux 1 000 écus d’appointements ne devaient se payer qu’une fois. En sorte que je n’ai réellement que 1 000 écus de gages au lieu du double sur lequel je comptais. »

Officiellement nommé par Necker, il s’embarque à Bordeaux pour la Guyane le 2 juillet 1781 sur le navire marchand : La Comtesse de Dufort (80). Dès le début de son séjour à Cayenne il entre en conflit avec le gouverneur, le baron de Bessner, qui lui demande de l’informer sur son travail et sur ses résultats, pour qu’il puisse en rapporter à son ministre de tutelle, le maréchal de Castries. À chaque demande, Richard lui oppose que son travail ne regarde que lui-même et qu’il n’a de comptes à rendre à personne ; qu’il fera connaître tous ses résultats, au roi, au ministre et à l’Académie, dès qu’il sera rentré en France. Il accuse le gouverneur d’avoir transformé le Jardin du roi en potager pour y produire des fruits et des légumes 58

destinés à sa consommation personnelle, et de lui interdire l’accès à ce jardin. Il l’accuse aussi d’avoir rassemblé au lieu dit : La Gabrielle, tous les girofliers de la colonie pour faire à son seul profit le commerce du clou de girofle (77a, 77b, 78). Antoine du Puget d’Orval qui séjourna aux Antilles de 1784 à 1786 avec mission du gouvernement de faire un rapport sur le développement des épices dans les Antilles, nous dresse des portraits nuancés du gouverneur, le baron de Bessner et de Richard (78) : « Le gouverneur, le baron de Bessner, était un intrigant de beaucoup d’esprit, mais qui manquait de véritables connaissances : quoique mon arrivée lui inspirât quelques inquiétudes, dans la crainte que je me mêlasse d’administration, il me reçut avec infiniment d’honnêteté, me logea chez lui et fut au devant de tout ce qui pouvait m’être agréable. »

Quant à Richard : « Une rencontre que je fis à Cayenne d’un célèbre botaniste nommé Richard, fils ou plutôt neveu du jardinier de Trianon, me procura le moyen d’être promptement instruit des principes végétaux de ce pays et de ceux des Antilles ; quoiqu’il fut très bon et très honnête, il n’était point adroit, il avait déplu au gouverneur qu’il n’avait pas cherché à ménager et à plusieurs habitants auxquels il n’avait pas assez témoigné de reconnaissance, de sorte qu’il jouait un triste rôle à mon arrivée ; je le raccommodai avec presque tout le monde, ou du moins on lui témoigna moins d’éloignement à ma considération, et il me suivit dans plusieurs voyages où son instruction me mit assez promptement au fait des objets les plus communs ou les plus remarquables. Je le voyais s’occuper de la petite botanique et négliger les superbes végétaux qui sont la plupart d’une si

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grande valeur dans le commerce, je l’engageai donc à travailler la botanique des arbres. Il sentit l’importance de mon observation et il en fit usage. »

Du Puget parvient à obtenir du gouverneur, en février 1785, l’autorisation que Richard puisse l’accompagner dans sa visite à la plantation : La Gabrielle. Louis Claude Marie recense 4 563 girofliers de différents âges, dont certains dépérissent par l’attaque de larves de coléoptères. À l’insu du baron de Bessner qui exerce à son égard une obstruction constante, il envoie à la Martinique des graines de giroflier pour obtenir dans des plantations la précieuse épice, et il entreprend de cultiver dans la colonie de Cayenne des espèces provenant des îles de France et Bourbon, et originaires des Indes néerlandaises, comme le litchi (scytalia litchi), le sagoutier (sagus palmapinus), le jamier ou pomme rose (eugenia jambos) et le manguier (mangifera indica) (77b). Au début du mois d’avril 1785, il se rend au Brésil où il tente d’explorer les îles de l’estuaire de l’Amazone, mais l’hostilité que lui manifestent les Portugais l’empêche de mener à bien ses recherches. Il regagne la Guyane le 30 mai avec pour seule richesse le talin ou pourpier du Para (talinum oleaceum), sorte de salade rafraîchissante, légèrement acidulée (77a, 77b). Quelques temps plus tard le baron de Bessner décède et est remplacé par M. de Villebois, dont la bienveillance à son égard contraste avec l’hostilité que lui manifestait son prédécesseur. Il lui permet d’accéder en toute liberté au Jardin du roi et de se livrer sans contrainte à la culture des arbres à épices. 60

En février 1786, il effectue un premier voyage aux Antilles où il reste jusqu’au mois de novembre 1787. Il visite successivement les îles de Sainte-Croix, SaintThomas, Tortola et Spanish Town. Il rapporte de l’île de Sainte-Croix l’eugenia expetita, au fruit succulent (77b). En juin 1788 pour son second voyage aux Antilles, il se rend à la Martinique où le climat tropical a raison de sa santé. Il reste de longs mois dans un état préoccupant, souffrant d’une affection aiguë de la vessie. Dans une lettre du 15 septembre 1788, le comte de La Luzerne informe le médecin naturaliste Jean Baptiste Leblond, envoyé en mission à Cayenne, que Richard est dans un état pitoyable (81) : « J’ai appris par votre lettre le départ du sieur Richard avec une ample collection de plantes. Une lettre venue de SaintDomingue m’apprend qu’il est dans un état de marasme qui fait craindre qu’il n’atteigne pas l’Europe. Je sais au surplus qu’il a beaucoup de connaissances en botanique, mais de plus grandes prétentions encore ».

Partiellement rétabli, il visite la Guadeloupe de décembre 1788 à janvier 1789 (82). Pendant les huit années que dure son séjour en Guyane et aux Antilles, il réalise un herbier de 2 470 espèces dont 1 389 concernent la Guyane et 1 081 les Antilles. Dans cette collection, 174 espèces sont d’un genre nouveau, 120 pour la Guyane et 54 pour les Antilles (83a). Chaque plante de cet herbier est accompagnée de son dessin, exécuté avec une finesse et une précision remarquables. Chaque fleur est représentée en indiquant la position de ses organes et leurs implantations. Chaque fruit est vu en coupe pour montrer le tégument, la pulpe et la graine avec leurs couleurs (77b). Il s’intéresse aussi au règne animal en dessinant et en décrivant les oiseaux, les 61

poissons, les insectes, les reptiles et divers animaux qu’il rencontre. Il en fait naturaliser certains et en conserve d’autres dans de l’alcool. On lui doit notamment une superbe collection d’insectes et d’oiseaux guyanais, dont plusieurs espèces sont nouvelles (83a, 83b). En naturaliste averti, il s’intéresse à la minéralogie en collectant dans ses voyages environ 1 500 échantillons de roches et de cristaux ainsi que des variétés de sable, de terre et de lave (83a). Mais Richard veut garder jalousement le résultat de ses recherches et pas plus qu’il n’a voulu les communiquer au gouverneur de Cayenne, il n’entend en faire part à l’Académie en envoyant graines et plantes, comme l’on fait de célèbres botanistes avant lui, tels que Dombey au Pérou, Desfontaines en Afrique du Nord ou les naturalistes de l’expédition Lapérouse jusqu’à leur dernière escale en Australie. Dans une lettre du 3 juillet 1787, Malesherbes écrit à son neveu le comte de La Luzerne, gouverneur de SaintDomingue, pour l’informer des problèmes qu’il éprouve à recruter un botaniste susceptible de s’établir à SaintDomingue pour en étudier la flore et exploiter les richesses de l’île. Sur les conseils de l’Académie, un certain Bruguières avait été pressenti, mais au dernier moment Malesherbes s’aperçut que le maréchal de Castries avait donné la préférence à Richard. Dans la même lettre il évoque les reproches que l’on fait à Richard envoyé à Cayenne (84). « Votre Richard, élevé par son grand-père et son oncle, est un très bon sujet, botaniste instruit, très ardent et de plus très bon dessinateur. Les gens qui se plaignent de lui (et que je vous

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nommerai tout à l’heure) lui rendent cette justice, ils disent qu’il n’est que botaniste, c'est-à-dire point naturaliste pour les autres règnes, point chimiste, point physicien, ce qui est un inconvénient pour l’usage que vous voulez faire de lui, mais aussi point médecin, ce qui est un avantage, car puisque vous exigez que celui qu’on vous enverra ne fasse point de médecine, s’il est médecin, le plus sûr est qu’il ne le soit pas du tout. Richard a cet avantage, et je vous ai dit que Bruguières l’a aussi car quoique celui-là ait été reçu docteur dans quelque faculté, il n’a jamais tâté le pouls à un malade. Revenons à Richard, Ceux qui se plaignent de lui sont M. Lemonnier, à qui j’en ai parlé depuis que le choix est fait, et M. Thouin. Leurs plaintes sont que depuis cinq ou six ans qu’il voyage aux frais du Roi, il n’a rien envoyé, ou, ce qui est la même chose, qu’il a envoyé une seule fois quelques petits paquets de graines où il n’y avait que sept ou huit graines dans chaque paquet, pendant que rien ne lui était si aisé que d’envoyer quantité suffisante des graines que le pays qu’il habitait produit en abondance, et qu’il n’ignore pas que des graines envoyées de fort loin réussissent difficilement, et que lorsqu’il y en a peu, c’est un très grand hasard s’il y en a une seule qui lève. Aussi n’a-t-on eu qu’une plante de cet envoi. On lui a écrit, on lui en a fait des reproches. Le parti qu’il a pris a été de ne rien envoyer du tout. En sorte que des quatre ou cinq années qu’il a passées à Cayenne aux frais du Roi, il rapportera peut-être des graines à son retour, c'est-à-dire des graines à étaler dans un cabinet comme objet de curiosité, mais il n’a envoyé, et, de projet déterminé, n’a voulu envoyer aucune graine à semer, car je n’ai que faire de vous observer que les graines recueillies à Cayenne et qu’il rapportera cinq ou six ans après en France ne seront plus des graines à semer.

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Ce n’est point de négligence qu’on l’accuse. On sait bien qu’il travaille, qu’il observe, qu’il dessine, mais il ne veut rien communiquer qu’à son retour en France, et il y est si décidé qu’il s’est même brouillé avec le baron de Bessner, gouverneur de Cayenne, mort actuellement, qui d’abord l’aimait beaucoup et s’était intéressé à son voyage, parce que ce gouverneur lui demandait des mémoires sur son travail pour en rendre compte au ministre dans ses dépêches. Celui-ci lui a répondu que son travail est à lui, qu’il n’en veut rendre compte à personne, que ce ne sera que lui même qui en donnera le résultat au Roi, au ministre et au public, après son retour. Ces reproches faits à Richard ne sont point des imputations d’ennemis. Je ne crois pas M. Lemonnier capable d’accuser quelqu’un injustement. Pour Thouin que vous connaissez ainsi que moi, c’est un homme dont je réponds comme de moi-même ; d’ailleurs pour m’en assurer, j’ai passé à Trianon et j’ai vu Antoine, oncle de Richard. Il m’a dit qu’il est très vrai que son neveu n’a rien envoyé à personne et ne veut rien envoyer, et il se trouve qu’il a raison, parce que, s’il faisait des envois, ceux à qui il les ferait divulgueraient ses observations, en sorte qu’à son retour il n’en aurait plus la primeur quand il donnerait la relation de son voyage. Il en serait de même des graines qu’il enverrait. Si elles réussissaient dans les jardins de France, elles seraient connues de tout le monde avant que ce fut lui qui les fit connaître. Antoine dit qu’il y a d’autres savants à qui ce malheur est arrivé et que son neveu n’est pas assez sot pour s’y exposer. Il en résulte que votre Richard est un homme qui depuis cinq ou six ans voyage aux frais du Roi pour sa propre gloire ; qu’il compte publier à son retour un magnifique ouvrage sur les plantes d’Amérique qui sera imprimé si le Roi l’aide encore pour

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les frais de gravure, que cet ouvrage lui fera un grand nom, lui donnera des titres pour être de l’Académie, etc. L’amour de la gloire est un sentiment très noble et je sais que cette passion est le plus souvent mêlée d’un peu de jalousie. Cependant l’effet de cette politique est absolument contraire à l’intention dans laquelle il a été envoyé. Quant à l’ouvrage qu’il compte donner au public, on court le risque qu’il meure avant d’être revenu, ce qui est arrivé à Commerson dans son voyage autour du monde ; celui-là n’avait point d’occasions d’envoyer en France, mais ceux qui en ont ne manquent pas d’écrire et surtout d’envoyer des graines quand ils le peuvent. Les voyageurs qui sont avec M. de Lapérouse en ont envoyées dès qu’ils ont touché à un port d’Espagne ; M. Dombey qui était au Pérou, dont les relations avec l’Europe sont bien plus difficiles que celles de Cayenne, écrivait et envoyait toutes les fois qu’il le pouvait. M. Desfontaines qui a passé deux ans à Alger et qui a parcouru une partie de la Barbarie et du mont Atlas, n’a jamais vu partir un bâtiment pour la France sans écrire et faire des envois. M. Richard qui était à Cayenne d’où il est très aisé d’entretenir une correspondance suivie avec la France est donc absolument dans son tort de n’avoir rien écrit à personne, et encore plus d’avoir refusé au gouverneur de Cayenne la relation qu’il lui demandait de ses travaux pour en rendre compte au ministre. Il espère que le public n’y perdra rien parce que son ouvrage sera imprimé et que tout s’y trouvera. Mais le public court le risque de sa mort, et si ce malheur arrivait on ne trouverait que des manuscrits qu’il serait très difficile à tout autre de mettre en ordre, ce qui est arrivé à ceux de Commerson.

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Il est vrai que Richard n’est pas le seul homme qui n’ait pas fait entrer dans les calculs le cas de sa mort. Mais quant aux graines qu’il devait envoyer et qui étaient un des principaux objets de son voyage, il savait bien que cela ne peut pas être réparé par la publication d’un beau livre ; ainsi à cet égard il a été absolument infidèle à sa mission. Il a été nécessaire de vous rendre compte de tout cela pour vous faire connaître l’homme à qui vous aurez affaire. Voyons à présent le parti que vous comptez en tirer. Un autre correspondant de M. Thouin, arrivé à la Martinique lui a mandé qu’il a vu M. Richard, qu’il l’a trouvé se portant assez mal et ayant de la peine à s’accommoder aux pays chauds, quoiqu’il y soit depuis longtemps, que cependant il y résiste parce qu’il a beaucoup de courage et un grand désir d’achever l’ouvrage sur lequel il fondera sa réputation. Si cela est vrai, je doute qu’il veuille se domicilier à SaintDomingue. Mais cette lettre du botaniste de la Martinique ne mérite grande confiance, et vous savez sur cela plus que moi, puisque vous-même vous y avez vu M. Richard en passant. Mais il reste à savoir s’il est encore dans le projet de revenir en France pour y publier ses ouvrages sur l’Amérique et jouir de la réputation qu’ils lui auront faite. Si cela est, il n’est point du tout propre à ce que vous voulez faire de lui, il ne convient pas à la place et la place ne lui convient pas. Mais ce sera à vous à en juger, quand il sera arrivé à SaintDomingue, vous vous en expliquerez avec lui. Je vous donne cet avis pour que vous ne le pressiez pas trop, et que, s’il vous paraît qu’il n’ait pas assez de zèle pour le genre de travail qui vous convient, et que son projet ne soit pas de se faire habitant de Saint-Domingue et de se consacrer entièrement à l’utilité de cette colonie, vous sachiez qu’il y a ici un autre sujet tout prêt à

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vous être envoyé à sa place, qui n’aspire pas à remplacer Linné dans l’univers, qui ne fait pas de si beaux dessins, mais qui cependant est très bon botaniste et peut-être plus propre aux différents usages auxquels vous l’emploierez. Ainsi, dans le cas où après avoir fait une connaissance plus particulière avec M. Richard, vous verriez que ce n’est pas votre homme, on pourra vous envoyer Bruguières et cela ne constituera pas le gouvernement dans plus de dépenses. »

Dans une lettre datée du 26 septembre 1786 le ministre des finances Calonne proposa à Richard d’aller s’établir à Saint-Domingue pour évaluer les richesses botaniques de cette colonie et les ressources que l’on pourrait en tirer (84), mais Richard qui se trouvait à la Martinique ne prit connaissance de cette lettre qu’à la fin de l’année 1787, lors de son retour à Cayenne. Il n’avait nullement l’intention de se rendre à Saint-Domingue et préféra effectuer un second voyage à la Martinique. Villebois, le nouveau gouverneur de la Guyane, en informe Calonne dans une lettre du 30 juin 1788 (84) : Monseigneur, nous avons l’honneur de vous rendre compte du départ pour la Martinique du sieur Richard, botaniste employé en cette colonie. Cet artiste que M. le maréchal de Castries avait sur votre demande destiné à passer à Saint-Domingue, a profité du bateau du roi : Le Coureur, expédié par MM. de Damas et de Foulquier pour prendre des plants d’épicerie en cette colonie. De là il se rendra en France où vous serez à portée de lui faire passer vos ordres pour son emploi ultérieur.

Après avoir chargé, le 4 mars 1789, sur le brigantin : Le Sultan, ses précieuses collections qui ne remplissaient pas moins de 61 caisses, il embarque de Saint-Pierre de la 67

Réunion le 9 mars suivant sur la frégate : La Perdrix, et arrive à Rochefort le 25 avril, malade et sans argent, alors qu’à Paris les esprits s’échauffent et que la Révolution se prépare (80). N’ayant plus un sou pour récupérer ses collections entreposées au Havre, il demande le 17 mai 1789 au président de l’Académie des sciences de lui accorder une somme de 2 000 livres pour payer le fret de ses caisses et leur transport jusqu’à Paris, insistant sur le fait qu’un trop long délai pourrait détériorer irrémédiablement ses collections et priver la science du fruit de ses recherches (84). L’Académie lui accorda au bout de plusieurs mois le strict nécessaire à l’acheminement de ses caisses. En juin 1789, deux mois après son retour en France, Richard présente à l’Académie des sciences le précis de son voyage ; il y donne de façon succincte le contenu de ses 61 caisses (80). L’Académie chargea Jussieu, Thouin et Lamarck de donner leur avis sur les collections qu’il avait rapportées. Ils rédigèrent un rapport qu’ils remirent à l’Académie lors de la séance du 15 mai 1790. Les rapporteurs furent unanimes à reconnaître la qualité de ses collections et leur intérêt pour le développement des connaissances en histoire naturelle, bien qu’ils n’eurent pas le temps de les examiner en détail. Ils encouragèrent l’Académie à l’aider matériellement pour qu’il puisse publier le résultat de ses recherches (83). Suite à la pétition de Richard du 9 décembre 1791 qui demandait qu’on le remboursât des dépenses qu’il avait engagées au cours de son voyage, le Comité d’instruction 68

publique confia l’examen de ses collections à Lacépède, Prieur, Romme, Bosc et Lamarck. Romme, député du Puy-de-Dôme, fut chargé d’établir un projet pour l’indemniser. « Le gouvernement lui avait alloué pour sa dépense alimentaire 1 000 écus par an, sur quoi on lui a toujours retenu environ le cinquième, cette somme a toujours été au-dessous de ses besoins, aussi a-t-il dépensé au-delà, 50 000 livres sur les épargnes de plusieurs années de travaux et de privations ou dans des emprunts auxquels il doit répondre aujourd’hui et cette somme de 50 000 livres qu’il a demandée comme une juste indemnité au ministre à son retour en France en 1789 ».

Il demande donc qu’il soit versé à Richard, à titre compensatoire, une somme de 36 800 livres, à laquelle il serait bon d’ajouter 15 000 livres en récompense pour sa contribution à l’avancement des sciences. Le décret ne fut pas publié et Richard ne fut jamais remboursé de ses dépenses. L’Assemblée nationale lui avait cependant accordé une rente viagère de 3 000 livres par an, payable à partir du 1er janvier 1790 par un décret du 29 septembre 1791 (84). « L’assemblée nationale décrète que le sieur Richard, envoyé par le Roi dans l’Amérique septentrionale, mettra en ordre et déposera aux cabinets appartenant à la Nation, les divers monuments et morceaux d’histoire naturelle qu’il a apportés en France, que les déboursés nécessaires pour leur préparation et conservation lui seront remboursés sur l’état qu’il en donnera, après qu’il aura été vu et examiné par l’Académie des Sciences. Décrète en outre qu’il sera payé sur le fonds de dix millions à ce destiné, et de la manière prescrite par les décrets de l’Assemblée, d’une pension de trois mille livres par année, sa vie

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durant, à compter du 1er janvier 1790, lui réserve à se pourvoir conformément aux décrets pour les arriérés de traitement qui pourraient lui être dûs. » Collationné et trouvé conforme à l’original déposé aux archives de la République Française n° 4032, en foi de quoi, j’ai signé et fait apposer le sceau des dites archives. À Paris le 3 octobre 1792 l’an I de la République. Camus, garde des archives de la République

À court de finances, Richard multiplie les demandes auprès de l’Assemblée législative puis de la Convention pour obtenir le versement des appointements qu’on lui devait pour les dix-huit derniers mois qu’il avait passés en Amérique et qui n’avaient toujours pas été payés. En outre, il réclame avec insistance qu’on lui avance les fonds nécessaires à la conservation de ses collections et notamment des plus fragiles comme ses oiseaux guyanais. La Convention, par un décret du 16 février 1793, accepta de lui payer son arrérage de salaire qui se montait à 4 500 livres, par contre elle ne voulut pas avancer la somme nécessaire à la sauvegarde de ses collections, elle lui demanda de remettre l’ensemble de celles-ci au Cabinet national, à charge pour celui-ci de procéder aux travaux nécessaires à leur conservation. S’engage alors un véritable bras de fer avec les autorités gouvernementales, Richard ne voulait pas céder ses collections tant qu’on ne lui aurait pas versé la somme nécessaire à leur conservation, et Garat, ministre de l’Intérieur, ne voulait débloquer les fonds demandés que sur présentation de factures dûment acquittées. Devant l’obstination de Richard, le ministre de l’Intérieur demanda le 30 avril 1793 à Bernardin de Saint70

Pierre, intendant du Jardin des plantes, de lui faire un rapport sur les moyens qu’il fallait affecter à la conservation des collections, d’après l’examen qu’en avait fait Lamarck. Bernardin de Saint-Pierre lui répondit le 13 mai suivant. Richard devait déposer au Cabinet national la totalité de ses collections afin que les officiers attachés au Cabinet prennent les soins nécessaires à leur conservation, et qu’il sera présenté au ministre un état des dépenses affectées à cet objet. Dans une lettre du 19 mai 1793 adressée à Garat, Richard offre de remettre ses oiseaux et ses insectes au Cabinet national pour y recevoir les soins urgents et nécessaires à leur conservation, mais dans une ultime tentative pour obtenir des fonds il entend se réserver la préparation du reste de ses collections. Le 9 juin 1793, Garat invite Richard à remettre l’ensemble de ses caisses au Cabinet national (83). Richard ne fut jamais remboursé des fonds propres qu’il avait engagés lors de son voyage malgré le décret de la Convention du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) qui stipulait (85) : « Le comité, sur le rapport qui lui a été fait par la Commission d’instruction publique, duquel il résulte qu’il est dû au citoyen Richard, naturaliste, pour ses voyages en Amérique et en Afrique, et pour les avances considérables qu’il y a faites, une somme excédant celle de cinquante mille livres (valeur de 1790) ; considérant l’extrême indigence à laquelle se trouve réduit cet estimable savant chargé d’une nombreuse famille, ainsi que l’utilité dont ses travaux ont été pour l’histoire naturelle, arrête que la Commission d’instruction publique se

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retirera par devers le Comité de salut public, section des dépenses, afin d’en obtenir au moins un acompte sur ce qui est si légitimement dû au citoyen Richard, afin de le mettre en état de subsister, lui et sa famille. »

La Convention reconnaissant ses talents le porta par le décret du 14 nivôse an III (3 janvier 1795) sur la liste des « gens de lettres et les artistes qui méritent par leurs talents et la situation actuelle de leur fortune, l’attention généreuse de la Convention nationale », et lui accorda une somme de 3 000 livres (86). Mais il affirme que faute de moyens financiers, il ne peut publier son ouvrage sur la flore des Antilles et de l’Amérique septentrionale. Cuvier nous dit que, résigné et amer, Richard continua ses recherches en botanique, ignorant la société qui lui avait refusé son aide (77b) . Cependant il est admis le 7 janvier 1791, sur présentation de Bruguières, comme membre de la Société d’histoire naturelle où il participe activement à ses travaux jusqu’en septembre 1797 (77a). La dissolution des Académies le 8 août 1793 fit passer au second plan l’intérêt que le monde scientifique portait à ses découvertes, face aux problèmes de société qui devenaient de jour en jour plus préoccupants. La Convention entreprit le vaste travail d’inventorier les richesses que possédaient les Académies ainsi que les biens confisqués au clergé, aux émigrés et aux suspects incarcérés. Un décret du 18 pluviôse an II (6 février 1794) organisa la commission des arts, composée de 43 membres répartis en 12 sections. Richard fut nommé membre de cette commission pour inventorier les collections d’histoire naturelle, de botanique, de zoologie et de minéralogie. Du 72

15 nivôse an II (4 janvier 1794) au 19 frimaire an IV (10 décembre 1795) il réalisa environ 65 missions d’inventaire de cabinets d’histoire naturelle et il assura le transport des collections remarquables au Muséum national d’histoire naturelle. Cette fonction de commissaire lui assurait un revenu de 2 000 livres par an (77a). Les excès de la Révolution étant passés, les études médicales furent réformées par la loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794) qui créa les Écoles de santé. Richard est nommé le 26 frimaire an III (16 décembre 1794) professeur adjoint de matière médicale et botanique à l’École de santé de Paris (87), puis le 22 frimaire an IV (13 décembre 1795) membre résidant de 1ère classe de l’Institut national des sciences et des arts qui avait remplacé l’Académie royale des sciences dans la section d’anatomie et de zoologie (88). Malgré les honneurs et la considération retrouvés, Richard ne publia qu’une faible partie de ses immenses travaux, ne supportant ni la critique, ni les contradicteurs. Parmi les quelques ouvrages qui furent publiés de son vivant, on peut citer : Démonstrations botaniques, ou analyse du fruit, considéré en général (89). Ce livre paru en 1808, est dû à un de ses élèves, Henri Auguste Duval, à partir de notes prises lors de ses cours à la faculté de médecine. Richard les relut et récrivit entièrement le manuscrit qu’il remit à Duval pour le faire imprimer. En première page de son manuscrit, Richard écrit (90) : « N’ayant pas l’argent nécessaire pour faire imprimer cet extrait de mes leçons sur le fruit, je prie M. Duval de le publier sous son nom et à son profit le plus tôt possible car la priorité de

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plusieurs de mes découvertes pourrait bien, sans la plus grande célérité dans l’impression, m’être ravie par un mémoire, que quelqu’un imbu de mes principes et connaissant mes dessins se propose de publier. »

Là encore, la relation qu’entretient Richard avec l’argent est surprenante ; alors qu’il est professeur d’Université, il prétend ne pas avoir la somme nécessaire pour faire imprimer le contenu de son cours qui ne comprend que 111 pages au format in 12°, et charge un de ses étudiants de le faire à ses frais ! Duval en préambule du livre décrit la façon dont se déroulaient ses cours de botanique (89). « Le cours de botanique à l’École de Médecine de Paris, se compose d’herborisations aux environs de cette ville, de leçons fondamentales à l’amphithéâtre et de démonstrations au jardin médical. Avant le parfait établissement de ce jardin, M. Richard, assis au milieu de ses élèves, leur démontrait à la fin de chaque herborisation, les caractères des plantes qui avaient été recueillies. Ces leçons champêtres, d’une institution nouvelle, avaient d’autant plus d’attrait et d’utilité que les assistants avaient sous les yeux les fleurs fraîches et les fruits qui en faisaient l’objet. Elles ont été remplacées par les démonstrations dont je vais parler. Une exposition méthodique de toutes les parties caractéristiques des plantes fait ordinairement le sujet des premières leçons fondamentales. C’est en effet de la connaissance de ces parties que dérivent toutes les autres connaissances, soit théoriques, soit pratiques. En donnant de chacune d’elles une définition précise, M. Richard fait en même

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temps connaître les rapports de position et de fonction qui lient les unes aux autres. L’analyse botanique des plantes du jardin médical et principalement des genres est la base des démonstrations qui se font dans des cabinets attenants au dit jardin. Le jardinier cueille pour chaque démonstration les fleurs et les fruits dont l’examen lui paraît le plus pressant ; en met quelques unes sur la table du professeur et en distribue à tous les assistants. M. Richard prenant successivement les fleurs de diverses espèces, en fait l’analyse détaillée à haute voix et assez lentement pour que chaque élève puisse entendre et saisir de ses propres yeux tous les faits énoncés. En faveur des commençants, les diverses parties sont d’abord décrites en langue vulgaire et ensuite en langue technique. Au moyen de ces deux versions, ils apprennent simultanément, et les mots, et les choses que ceux-ci représentaient. Des réflexions sur les faits observés et sur les affinités naturelles des plantes terminent ordinairement chaque démonstration qui par là devient aussi utile à ceux qui sont déjà instruits. Depuis plus de six ans, je suis avec autant d’exactitude que mes autres occupations me le permettent, le cours de botanique dont je viens de tracer le plan. J’ai donc été à portée de rédiger à peu près toutes les leçons de M. Richard et d’en former un recueil, d’autant plus intéressant que lui-même ne les a jamais écrites. Il a bien voulu de temps à autre, suppléer aux vides que mes absences y laissaient. Ayant gagné son amitié par mon assiduité, j’ai aussi puisé dans ces entretiens particuliers les moyens d’enrichir chaque année mon recueil des observations nouvelles qu’il me communiquait. Tous les botanistes qui fréquentaient notre laborieux professeur, savent qu’il possède de nombreuses observations

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rédigées dans l’intention d’en déduire un jour les lois fondamentales de la botanique. Tous savent qu’elles sont accompagnées de figures analytiques dessinées par lui-même avec la plus grande exactitude. Tous ceux qui prennent quelque intérêt aux progrès de la science doivent désirer la publication de ces utiles travaux. Mais la pénible situation de M. Richard, le peu de succès de ses démarches réitérées pour obtenir quelques secours du gouvernement, la résolution qu’il a prise de ne rien publier qu’il n’ait la faculté pécuniaire de faire graver ses dessins ; telles sont pour lui les raisons d’un délai d’autant plus affligeant, que le terme en est incertain. Puisse celui-ci être rapproché par une heureuse exécution du projet qu’il vient de former, de vendre tout ce qu’il possède, excepté ce qui concerne la botanique ! C’est le dernier effort qu’il lui est possible de faire pour se procurer les moyens de subvenir aux frais de gravure et par conséquent de publier ses observations. M. Richard m’ayant néanmoins témoigné plusieurs fois le désir de voir quelqu’un de ses auditeurs publier un abrégé de ses leçons, j’ai cru faire une chose utile aux élèves qui y assistent et peut-être aussi aux botanistes, en m’occupant de cet objet. Tout en élaguant les développements propres à une leçon, mais déplacés dans un extrait, j’ai conservé autant que possible les paroles mêmes du professeur qui par la lettre suivante a adopté ma rédaction. » Duval, étudiant en médecine.

Parmi les autres ouvrages qu’il a écrits, on peut citer les livres suivants : - Tableau explicatif du système sexuel de Linné, publié en 1795. 76

- Dictionnaire élémentaire de botanique, de Bulliard, dans une nouvelle édition qu’il a entièrement refondue, publié en 1799 à Paris chez A.J. Dugour et Durand. - Flora Boreali-Americana de Michaux, dont il est l’auteur anonyme et qui a été publié en 1803 à Paris. - Fragment d’un ouvrage botanique sur les mélastomes. Deux autres ouvrages ont été publiés après sa mort par son fils Achille : - Commentatio botanica de coniferis et cycadeis…, en 1826. - De Musaceis commentatio botanica, sisten characteres hujusce familiæ generum…, en 1831. Il a aussi présenté un certain nombre de mémoires à l’Académie des sciences et au Muséum d’histoire naturelle, sur les conifères, les cycas, le lygée sparte et sur les familles des graminées, des butomées, des balanophorées, des calycérées, des hydrocharidées et des orchidées (77b, 77f, 77g). Il est fait chevalier de la légion d’honneur le 30 août 1819 (91). Il meurt en son domicile parisien, 18 rue des Fossés Monsieur le Prince (aujourd’hui, rue Monsieur le Prince) le 6 juin 1821, à l’âge de 67 ans (88). Louis Claude Marie Richard s’était marié le 30 novembre 1790 (92) avec Félicité Person, fille de Jean Person, piqueur de la Grande Écurie du roi. Ils eurent quatre enfants (77a, 88) : - Louis Félix Alexis, né le 11 décembre 1790 (93), aide chirurgien à l’armée d’Espagne puis au Val de Grâce à Paris. Il disparaît en 1817 au cours d’une mission aux confins de l’Amazonie et de la Guyane (77a, 94).

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- Jean Charles Auguste, Saint-Cyrien, officier d’infanterie, émigre aux États-Unis. À la mort de son père, en 1821, il réside à Boston (77a, 95). - Achille, né le 4 floréal an II (23 avril 1794), deviendra professeur de botanique et membre de l’Académie des sciences comme son père. - Marie Émilie, née le 30 frimaire an V (2 décembre 1796) (96), mariée le 19 mai 1818 à Antoine Charles Vauthier (97), peintre d’histoire naturelle ; domiciliée à Paris, 13 rue de la Garancière. L’inventaire après décès qui fut effectué le 14 juin 1821 par Maître Charles Henry Lebrun (95), notaire à Paris, estima à 9 472,55 francs le montant des biens du couple, leurs dettes se montant à 842,78 francs. Cet inventaire nous apprend que le défunt jouissait d’une pension sur le trésor de 2 200 francs par an, il bénéficiait également d’une autre pension de 1 000 francs et de son traitement comme membre de l’Institut de l’ordre de 1 000 francs. Il était locataire de son logement et payait un loyer de 1 200 francs par an au propriétaire, M. Borde. La lecture de cet inventaire nous montre que Louis Claude Marie possédait un niveau correct de revenus et qu’il était loin de vivre dans le dénuement comme il l’a toujours prétendu. Il possédait une bibliothèque d’environ 575 volumes ayant trait essentiellement à la botanique, qui fut estimée à 785 francs, ainsi qu’une collection de plantes, coquillages, madrépores, pétrifications et autres objets d’histoire naturelle évaluée à 4 000 francs.

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Achille Richard (23/04/1794 – 05/10/1852)

Maurin : lithographie d’Achille Richard : Archives de l’Académie des sciences

Achille Richard est le troisième des quatre enfants de Louis Claude Marie Richard. Il naît le 4 floréal an II (23 avril 1794) à Paris, 31 rue Copeau (98), aujourd’hui, rue Lacépède. Très jeune il s’intéresse aux plantes et aux fleurs en les reproduisant sous forme de dessins et de gravures. Alors qu’il est encore étudiant en médecine et qu’il se destine comme son père à enseigner la botanique, il est 79

enrôlé en 1814 comme pharmacien militaire à l’hôpital de Strasbourg. La chute de l’Empire en 1815 le rend à la vie civile (99). En 1817 il est nommé aide démonstrateur de botanique à la faculté de médecine de Paris (99). Avant la fin de ses études il fait paraître en 1819 son premier ouvrage intitulé : Nouveaux élémens de botanique appliqués à la médecine à l’usage des élèves qui suivent les cours de la faculté de médecine et du Jardin du Roi *.

Ce livre connaît un succès immédiat dans le milieu universitaire, il est réédité sept fois de 1822 à 1852 et traduit en allemand, en anglais et en néerlandais. Trois ans plus tard, considérant que cette première édition est incomplète, il revoit et augmente de façon importante la seconde édition de 1822 qui prend pour titre : Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale.

L’éditeur, conscient de cette amélioration considérable, lui tripla ses droits d’auteur. Il publie également en 1819, à l’usage du corps médical : Formulaire de poche à l’usage des praticiens, ou recueil des formules les plus usitées dans la pratique médicale, avec l’indication des doses exprimées en poids officinaux et en poids anciens.

Sept éditions se suivront jusqu’en 1840. Le 16 mars 1820, il soutient sa thèse de doctorat en médecine intitulée : Histoire naturelle et médicale des différentes espèces d’ipécacuanha du commerce **. *

Voir la liste des ouvrages publiés par Achille Richard en annexe n° 1 Consultable en ligne sur le site Gallica de la BnF : http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98565q **

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Le président du jury n’est autre que son père et les examinateurs sont : MM. Duméril, Antoine Laurent de Jussieu, Richerand et Désormeaux. En 1821, il est nommé successivement démonstrateur à la faculté de médecine de Paris pour enseigner la botanique, puis suppléant de M. Mirbel à la faculté des sciences de Paris. Il devient en 1827, aide naturaliste de René Desfontaines, au Muséum d’histoire naturelle, grâce à Benjamin Delessert qui lui confie le soin de ses herbiers et de ses nombreuses collections. Le 11 avril 1831, il accède par concours à la position de professeur de botanique à la faculté de médecine de Paris, titulaire de la chaire d’histoire naturelle médicale, succédant à Antoine Laurent de Jussieu (99). Le 24 février 1834, il est élu à l’Académie des sciences dans la section de botanique pour occuper le fauteuil laissé vacant par le décès de M. de La Billardière (100). Il était également membre de l’Académie de médecine, de la Société centrale d’agriculture depuis 1850, de la Société philomathique, de la Société de biologie, examinateur à l’École de pharmacie. Il est nommé chevalier de la légion d’honneur le 1er mai 1831 à l’âge de 37 ans et promu officier le 11 décembre 1849 (98). Toute sa vie, Achille Richard s’est voué à l’enseignement qu’il aimait passionnément. Alors qu’il n’était qu’aide démonstrateur de botanique, ses cours attiraient déjà la foule pour la clarté et la précision de ses présentations. Dès 1819 il avait écrit pour ses étudiants son traité de botanique et de physiologie, sans cesse remanié et amélioré dans les huit éditions qui se suivirent régulièrement jusqu’en 1852. Cet ouvrage fit longtemps 81

référence dans l’enseignement de la botanique, en France comme à l’étranger. Il pouvait présenter les notions d’anatomie et de physiologie végétale les plus récentes et les plus complexes en captivant son auditoire par la simplicité et la précision de son exposé. Sa tendance naturelle le poussait vers l’application à la médecine des dernières connaissances en matière de botanique. Il décrivait longuement les plantes source de médicaments comme de poisons. Il publia à cet effet en 1823, un ouvrage intitulé : Botanique médicale, ou histoire naturelle et médicale des médicaments, des poisons et des aliments, tirés du règne végétal.

Il insistait dans ses cours sur les connaissances que le médecin doit posséder en botanique. « Quel est le médecin, dit-il, qui peut, sans quelque honte, prescrire chaque jour à des malades des plantes qu’il n’a jamais vues fraîches et dont il n’a point étudié les caractères ? Pour savoir la botanique médicale, il faut commencer par étudier les principes fondamentaux de la science, sans lesquels tout n’est qu’hésitation et tâtonnement. »

Il était né professeur, et dans son enseignement il savait soigner la forme alors que son père ne s’en souciait guère. Louis Claude Marie Richard, homme de génie à la pensée profonde, ne recherchait pas la popularité ; il aimait rester dans l’ombre, loin du monde et du bruit. Ainsi s’explique le fait qu’il n’ait pratiquement rien publié de ses immenses travaux, prétextant bien souvent comme argument le manque d’argent. Son fils, au contraire, était d’un caractère agréable et attirait naturellement à lui un grand nombre d’étudiants par le charme de son élocution et la clarté de ses cours. Il savait faire valoir la qualité de ses recherches par 82

ses très nombreuses publications qu’il donna jusqu’à la fin de sa vie. Il ne dédaignait ni les honneurs, ni la considération, mais en restant toujours d’une grande modestie. Une attaque de typhus, survenue alors qu’il était pharmacien militaire à Strasbourg, affecta profondément sa santé et l’empêcha de participer à des expéditions lointaines comme il l’ambitionnait. Ne pouvant voyager, il mit à profit sa grande connaissance de l’histoire naturelle pour rédiger la partie botanique des ouvrages que les explorateurs donnèrent de leurs voyages. La première grande flore à laquelle Achille Richard attacha son nom est celle de la Sénégambie, suite au voyage effectué par Samuel Perrottet et Leprieur de 1824 à 1829. Richard publia cette flore en collaboration avec Antoine Guillemin, elle parut sous le titre : Rapport sur la flore de la Sénégambie de MM. Guillemin, Perrottet et Richard, fait par MM. Desfontaines et Mirbel, dans la séance du 27 février 1832.

De 1826 à 1829, Dumont d’Urville au cours de sa deuxième circumnavigation dans le Pacifique sud, à bord de l’Astrolabe, effectua, entre autres, la reconnaissance et la cartographie des côtes de la Nouvelle-Zélande, tandis que Pierre Adolphe Lesson, le naturaliste de l’équipage, étudia la flore de cette île et recueillit de nombreux échantillons de plantes. Au retour de l’expédition, Richard écrivit avec Lesson la partie botanique du récit du voyage qui fut publié sous le titre : Voyage de découvertes de l’Astrolabe, exécuté par ordre du roi pendant les années 1826-1827-1828-1829, sous le commandement de M. J. Dumont d’Urville.

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Cette partie botanique comprend deux volumes, le premier est intitulé : Essai d’une flore de Nouvelle-Zélande (1832) et le second : Sertum Astrolabianum (1834). Achille Richard y décrit 380 espèces de plantes, certaines étaient déjà connues de Forster qui fut l’un des compagnons de Cook dans ses voyages autour du monde. À la fin de l’année 1838, une mission scientifique, composée de Théophile Lefebvre, lieutenant de vaisseau, et des naturalistes, Richard Quartin-Dillon et Antoine Petit, parcourut les diverses provinces de l’Abyssinie pour en étudier le climat, les mœurs et les richesses botaniques. En 1847, Richard rédigea les tomes IV et V de la troisième partie du récit du voyage, consacrée à l’histoire naturelle et à la botanique, publiée sous le titre : Voyage en Abyssinie exécuté pendant les années 1839, 1840, 1841, 1842, 1843 par une commission scientifique composée de MM. Théophile Lefebvre, lieutenant de vaisseau, Antoine Petit, Richard Quartin-Dillon, tous deux médecins naturalistes du Muséum et Vignaud, dessinateur.

Ce voyage fut marqué par la mort des deux naturalistes, Richard Quartin-Dillon et Antoine Petit. Richard QuartinDillon était l’élève et l’ami de Richard, il avait en charge les études de botanique. Au cours de leur exploration dans la province de Tigré, il voulut, malgré les mises en garde des naturels du pays, visiter la vallée insalubre de Mareb pour y recueillir des plantes rares que l’on ne trouvait pas ailleurs. Quelques jours après, il fut atteint de fièvres et mourut le 22 octobre 1840. Antoine Petit reprit les études de son infortuné collègue, et alors qu’il touchait au terme de son voyage, il trouva une mort affreuse le 3 juin 1843. En 84

traversant le Nil à la nage pour se rendre à Gondar, il fut dévoré par un crocodile (99). En préface de son ouvrage, Richard rend hommage à ses jeunes confrères, victimes de leur passion pour la science. Dans une première partie nommée Tentamen floræ Abyssinicæ, il énumère les 1 500 espèces récoltées par Quartin-Dillon et Petit et dans une seconde partie il donne une description complète d’environ 1 100 plantes, considérées comme nouvelles. On doit aussi à Achille Richard la publication en 1845 de la flore de l’île de Cuba d’après les plantes recueillies par Ramon de la Sagra pendant les neuf années de son séjour à Cuba. Le titre est : Histoire physique, politique et naturelle de l’île de Cuba, en 12 volumes par Ramón de la Sagra. Volume 9 : Botanique, Plantes vasculaires, par Achille Richard (1845).

Enfin, en 1841, il donna avec Samuel Perrottet une monographie des orchidées originaires des Indes orientales : Monographie des orchidées recueillies dans la chaîne des Nil-Gherries (Indes Orientales) avec Samuel Perrottet (1841).

Achille Richard s’était marié le 15 avril 1820 avec Gabrielle Antoine Lucile Dorbe (101), fille naturelle du célèbre chirurgien Antoine Dubois qui accoucha l’impératrice Marie-Louise du roi de Rome. Ayant mené à bien cet accouchement qui s’avérait difficile, Napoléon le remercia en lui faisant un don de 100 000 francs et en le nommant baron, le 23 avril 1812. Bien qu’il n’ait pas reconnu sa fille, Antoine Dubois assura sa subsistance et son éducation jusqu'à son mariage. Son acte de naissance indique qu’elle 85

est née le 10 floréal an XII (30 avril 1804), fille de Dame Caroline Dorbe et d’un père absent. Mais son second prénom, Antoine, surprenant chez une fille, révèle bien sa filiation paternelle, de plus le contrat de mariage passé le 14 avril 1820 (102) devant Maître Bellanger, notaire à Paris, nous apprend qu’elle réside au n° 12 de la rue Monsieur le Prince, adresse de son père. Ce dernier lui avait fait, le 4 mars 1813, devant Maître Dunays, notaire à Paris, une donation de 24 000 francs, acceptée par son tuteur M. Emmanuel Grégoire Patrix. Son père la dote pour son mariage d’une somme de 16 000 francs, et avec l’accord du conseil de famille, il échange ces deux donations d’un montant total de 40 000 francs contre une ferme en métairie qu’il possède à Rosay-en-Val, commune de Theuville dans le département de l’Eure-et-Loir. Cette ferme comprend des bâtiments agricoles et environ 74 hectares de terres labourables divisées en plusieurs parcelles (102). Achille Richard et son épouse eurent trois enfants. - Antoinette Émilie Cécile, née à Paris le 23 avril 1821 (103). Elle se marie le 6 juillet 1839 avec Eugène François Bouvard, astronome à l’observatoire de Paris (103). Le physicien et astronome, François Arago est le témoin du marié. - Félix Adolphe, né à Vitry-sur-Seine le 13 juin 1822, deviendra chirurgien. - Paul Antoine Gustave, né à Paris le 12 juillet 1827, sera le dernier naturaliste de la dynastie. Son épouse décède prématurément le 5 octobre 1848 à l’âge de 44 ans dans sa résidence secondaire de Courteilles près de Verneuil dans l’Eure (104). 86

Il meurt le 5 octobre 1852 (105) à l’âge de 58 ans dans la grande maison qu’il habitait au n° 46 de la rue d’Enfer Saint-Michel (actuellement Boulevard Saint-Michel). Cette maison située près du jardin du Luxembourg était la propriété du Muséum d’histoire naturelle ; y logeaient également ses trois enfants et son gendre, Eugène François Bouvard qui avait abandonné l’astronomie pour devenir commissaire au Chemin de fer de Strasbourg. L’inventaire après décès qui fut effectué le 14 octobre 1852 par Maître Le Tavernier (106), notaire à Paris, estima à 8 989 francs le montant total des biens. Il mentionne que le défunt touchait un traitement de 700 francs par mois comme professeur à la faculté de Médecine de Paris et de 1 200 francs par an comme membre de l’Institut. Dans la description des biens, on relève : - un herbier dont les feuilles sont rangées dans des armoires à casiers et qui est estimé à 400 francs. - Une bibliothèque renfermant environ 3 000 volumes, estimée à 2 000 francs. Une partie de cette bibliothèque venait de son père, Louis Claude Marie Richard. Quelques années plus tard, ses enfants, Félix Adolphe et Antoinette Émilie Cécile mirent en vente la bibliothèque que leur père et leur grand-père avaient patiemment constituée. Les milliers de livres qui la composaient furent dispersés dans une vente publique qui eut lieu à Paris du 28 au 31 décembre 1857. Le catalogue de la vente fait état de 539 lots représentant environ 2 000 volumes d’ouvrages scientifiques, plus un ensemble de 1 000 volumes d’ouvrages de littérature qui faute de temps, n’avaient pu être insérés dans le catalogue (107). On peut donc estimer la bibliothèque d’Achille Richard à environ 3 000 87

volumes. La majorité des livres de sciences concerne la botanique, les sciences naturelles et médicales ainsi que les voyages d’explorations scientifiques.

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Adolphe Richard (13/06/1822 – 12/06/1872) Félix Adolphe Richard est l’aîné des deux fils d’Achille Richard et de Gabrielle Antoine Cécile Dorbe. Il naît le 13 juin 1822 dans la propriété que possède son grand-père Antoine Dubois, à Vitry-sur-Seine (108). Suivant l’exemple de son père, il entreprend des études de médecine et soutient le 31 mai 1848 une thèse de doctorat en médecine, intitulé : De la muqueuse de l’utérus (109). Son père est le président du jury et les examinateurs sont MM. Trousseau, Sappey et Wurtz. Il entreprend ensuite une carrière de chirurgien en devenant l’élève d’Auguste Nélaton qui fut le chirurgien personnel de Napoléon III. Il est reçu en 1853 au concours de l’agrégation de chirurgie après avoir soutenu une thèse intitulée : Des diverses espèces de cataractes et de leurs indications thérapeutiques. Il exerce ses talents à l’hôpital Saint-Louis puis à l’hôpital Beaujon, et donne des cours de chirurgie à l’École pratique et à la faculté de médecine de Paris où il est nommé prosecteur puis professeur. Il publie en 1868 un ouvrage intitulé : Pratique journalière de la chirurgie qui fait le point sur les connaissances et les pratiques de la chirurgie qui lui étaient connues. Ce livre eut une seconde édition en 1880. Félix Adolphe Richard s’était marié le 28 septembre 1861 (110, 111) avec Adèle Cécile Eléonore Bertereau qui lui donna deux enfants.

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- Lucile Marguerite Cécile, née à Chaville le 3 août 1862 (112). - Claude Alexandre Auguste, né à Paris le 27 novembre 1866 (113). Il meurt le 12 juin 1872 en son domicile parisien, 45 rue de Luxembourg (114) (aujourd’hui rue Cambon dans le 1er arrondissement). L’inventaire après décès qui fut effectué le 3 juillet 1872 (112) par Maître Georges Emmanuel Ferdinand Courot, notaire à Paris, estima à 17 044 francs le montant des biens, avec un passif de 1 448 francs. On remarque dans cet inventaire la description d’une bibliothèque, comprenant essentiellement des livres de médecine, qui fut estimée à 915 francs, ainsi que divers instruments de chirurgie évalués à 150 francs. On y apprend l’existence d’un bail passé entre Adolphe Richard et M. Nauguet le 21 septembre 1871 pour la location d’un appartement situé au n° 45 de la rue de Luxembourg dans le premier arrondissement de Paris. Cet appartement s’étendait à tout le troisième étage de l’immeuble, plus trois chambres de domestiques à l’étage supérieur. Le loyer annuel se montait à 4 500 francs. On apprend également que le couple Richard employait une bonne d’enfant et un valet de chambre.

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Gustave Richard (12/07/1827 – 12/09/1857) Paul Antoine Gustave Richard est le fils cadet d’Achille Richard et de Gabrielle Antoine Cécile Dorbe. Il naît à Paris le 12 juillet 1827 (115). Comme son frère, Félix Adolphe, il s’oriente vers la médecine et soutient le 28 mai 1851 une thèse de doctorat, intitulée : Anatomie des trompes de l’utérus, chez la femme (116). Bérard est le président du jury et MM. Grisolle et Jarjavay sont les examinateurs. A l’exemple de son grand-père, Louis Claude Marie, il rêve d’expéditions lointaines. Ses études de médecine terminées, il entreprend de voyager ; il parcourt à pied les Alpes suisses, l’Italie, la Grèce, la Turquie et l’Afrique du Nord (77g). En 1856 il participe, en tant que médecin, à l’expédition menée par le comte d’Escayrac de Lauture dont le but était de découvrir les sources du Nil. Cette expédition avait été initiée et financée par le vice-roi d’Égypte. Elle devait assurer la gloire de l’Égypte en mettant un point final à la mythique recherche des sources du Nil (117). D’Escayrac fut chargé par le vice-roi de réunir une équipe internationale de scientifiques. Dans le courant du mois de septembre 1856, les douze membres de l’expédition se retrouvèrent au Caire. Mais suite à un désaccord complet sur les conditions du voyage entre M. d’Escayrac et les membres de l’équipe, un conflit éclata. L’autorité du chef de l’expédition étant remise en cause, il 91

ne fut plus question de partir sous son commandement. Le voyage d’exploration fut annulé et Richard regagna la France (117). Sur les recommandations que lui avait prodiguées Ferdinand de Lesseps, alors conseiller du souverain égyptien au Caire pour étudier le percement du canal de Suez, il décide de partir seul explorer le Soudan. Dans une lettre du 29 mars 1857 adressée à Napoléon III, son frère Félix Adolphe, sollicite l’Empereur de lui accorder un titre officiel de mission et une allocation de 10 000 F (118). Aucune suite ne fut donnée à cette demande et Gustave finança sur ses propres fonds cette expédition en se joignant à une caravane de marchands qui parcourait le Soudan. Malheureusement une parasitose intestinale eut raison de sa santé et l’empêcha d’arriver au terme de son voyage (77g). Il rentre en France pour mourir le 12 septembre 1857 en son domicile parisien du 29 de la rue d’Enfer. Il n’était âgé que de 30 ans (119).

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Bibliographie (1)

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consulter en ligne sur le site Internet des Archives départementales des Yvelines : http://img-dad.cg78.fr/bin/Asp_Archives/anummain.asp b) à partir de la recherche effectuée par Pierre Émile Renard, du Centre d’études généalogiques et héraldiques de l’Île de France., Les Richard, jardiniers-fleuristes et botanistes du roi ou la généalogie au service d’une histoire non légendaire, STEMMA, cahier n° 105, 2005. c) à partir de l’article de Pierre Boiteau., La dynastie des Richard, jardiniers-botanistes, Actes du 100e Congrès national des sociétés savantes, fascicule III, p 13-29, Paris, 1975. Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1168926, paroisse de Saint-Germain-en-Laye, Acte M, 1731, p 59. Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1168926, paroisse de Saint-Germain-en-Laye, Acte BMS, 1732, p 45. Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1168926, paroisse de Saint-Germain-en-Laye, Acte BMS, 1734, p 90. Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1080427, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte B, 1756, p 45. Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112507, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte M, 1776, p 18. Desjardins, Gustave., le Petit Trianon, histoire et description, Versailles, L. Bernard, 1885. Lamy, Gabriela., L’éducation d’un jardinier royal au Petit Trianon : Antoine Richard (1734-1807), POLIA - Revue de l’art des jardins, n° 4, 2005. Dezalier d’Argenville, Antoine Nicolas., Voyage pittoresque des environs de Paris ou description des maisons royales, châteaux…, Paris, de Bure aîné, 1755. AN O1 1887.

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Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112510, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte M, 1782, p 49. (36) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112510, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte B, 1783, p 18. (37) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112649, commune de Versailles, Acte M, 1810, p 95. (38) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112511, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte B, 1785, p 100. (39) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112513, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte B, 1788, p 81. (40) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1081404, commune de Versailles, Acte D, 1808, p 120. (41) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112512, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte B, 1787, p 66. (42) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112514, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte B, 1790, p 100. (43) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112650, commune de Saint-Germain-en-Laye, Acte MDiv, 1814, p 64. (44) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1112523, commune de Versailles, Acte D, 1828, p 179. (45) Archives départementales des Yvelines., inventaire du 11 mai 1807, après le décès de M. Antoine Richard, 3E44 183. (46) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1168926, paroisse de Saint-Germain-en-Laye, Acte BMS, 1732, p 45. (47) Archives départementales des Yvelines., État civil en ligne, Cote 1080426, paroisse de Versailles / Notre-Dame, Acte M, 1752, p 19.

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(117)

(118) (119)

(Seine). Sujet : De la muqueuse de l’utérus, Paris, Rignoux, imprimeur de la faculté de médecine, 1848. Cote Bnf : 8-TH PARIS-513 (1848,11,PEN-RIC). AN MC/ET/LXVII/1140. Contrat de mariage du 27 septembre 1861 entre M. Félix Adolphe Richard et Mlle Adèle Eléonore Cécile Bertereau. Archives de Paris : microfilm 5Mi3/696. AN MC/ET/LXVII/1208. Inventaire du 3 juillet 1872 après le décès de M. Félix Adolphe Richard. Archives de Paris : microfilm 5Mi3/533. Archives de Paris : microfilm 5Mi3/3. Archives de Paris : microfilm 5Mi1/308. Thèse pour le Doctorat en médecine, présentée et soutenue le 28 mai 1851 par Gustave Richard. Sujet : Anatomie des trompes de l’utérus, chez la femme, Paris, Rignoux, imprimeur de la faculté de médecine, 1851. Cote Bnf : 8-TH PARIS-552 (1851,12,PIG-ROY). Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire ou recueil des relations originales inédites, Paris, Gide, 1819-1865. a) Tome 150 = série 6/tome 6, p 368-369, 1856. b) Tome 151 = série 6/tome 7, p 377-378, 1856. c) Tome 153 = série 6/tome 9, p 116 ; 187-204 ; 246-248, 1857. d) Tome 154 = série 6/tome 10, p 114 ; 333-338, 1857. AN F/17/3212. Archives de Paris : microfilm 5Mi1/535.

102

Annexe n° 1

Ouvrages publiés par Achille Richard Titre

Formulaire de poche à l'usage des praticiens, ou recueil des formules les plus usitées dans la pratique de la médecine, in-18°. Nouveaux élémens de botanique appliquée à la médecine, in-8°. Histoire naturelle et médicale des différentes espèces d'ipécacuanha du commerce, in-4° (Thèse présentée et soutenue à la faculté de médecine de Paris, le 16 mars 1820 pour obtenir le grade de Docteur en médecine). Monographie du genre Hydrocotyle de la famille des Ombellifères, in-8°. Notice sur une monstruosité remarquable des fleurs de l'Orchis latifolia, L (lue dans la séance du 9 novembre 1821). Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, 1823, tome I, in-4°, p 202-209. Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale, 2e édition, in-8°.

Auteur

Editeur

Publié

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1819

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1819

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1820

Richard, A.

Bruxelles

1820

Richard, A.

Paris

1821

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1822

103

Botanique médicale, ou histoire naturelle et médicale des médicamens, des poisons et des alimens, tirés du règne végétal, in-8°. Mémoire sur les genres Ophiorhiza et Milreola (lu dans la séance du 8 novembre 1822). Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, 1823, tome I, in-4°, p 61-68. Monographie de la famille des Éléagnées (lue à l'Académie des sciences de l'Institut, le 7 décembre 1823). Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, 1823, tome I, in-4°, p 375-408. Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale, 3e édition, in-8°. Œuvres complètes de Buffon, mises en ordre et précédées d'une notice historique par M. A. Richard, 40 volumes in-8°. Commentatio botanica de conifereis et cycadeis..., opus posthumum ab Achille Richard, filio..., in lucem editum. Monographie des Orchidées des îles de France et de Bourbon. (Extrait d'un essai d'une flore des îles de France et de Bourbon, in4°). Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, 1828, tome IV, in-4°.

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1823

Richard, A.

Paris

1823

Richard, A.

Paris

1824

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1825

Buffon, G.L., Richard, A.

Paris, Baudouin frères

18261836

Richard, L.C.M. et Richard, A.

Stuttgart

1826

Richard, A.

Paris, J. Testu

1828

104

Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale, 4e édition, in-8°. Mémoire sur la famille des Rubiacéees, contenant la description de cette famille, et les caractères des genres qui la composent (lu à l'Académie royale des sciences dans la séance du 7 juillet 1829). Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, 1834, tome V, in-4°, p 202-209. Florae Senegambiae tentamen, seu Historia plantarum in diversis Senegambiae regionibus a peregrinatoribus Perrottet et Leprieur detectarum. Tome 1. De Musaceis commentatio botanica, sistens characteres hujusce familiae generum... opus posthumum ab Achille Richardo filio terminatum et in lucem editum. Éléments d'histoire naturelle médicale, contenant des notions générales sur l'histoire et les propriétés de tous les aliments, médicaments ou poisons, tirés des trois règnes de la nature, 2 volumes in-8° Esquisse d'un cours d'histoire naturelle médicale, avril 1831, in-4° (Thèse de concours pour la chaire d'histoire naturelle et médicale de la Faculté de médecine de Paris).

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1828

Richard, A.

Paris

1829

Richard, A., Perrottet, S. et Guillemin, A.

Paris, Treutel et Wurtz

1830

Richard, L.C.M. et Richard, A.

Bonn

1831

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1831

Richard, A.

Paris

1831

105

Voyage de découvertes de l'Astrolabe exécuté par ordre du roi pendant les années 1826-1827-1828-1829, sous le commandement de M. J. Dumont d'Urville. Botanique, par A. Lesson et A. Richard, 1 volume in-8°. Partie I : Essai d'une flore de la Nouvelle-Zélande. Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale, 5e édition, in-8°. Voyage de découvertes de l'Astrolabe exécuté par ordre du roi pendant les années 1826-1827-1828-1829, sous le commandement de M. J. Dumont d'Urville. Botanique, par A. Lesson et A. Richard, 1 volume in-8°. Partie II : Sertum Astrolabianum. Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale, 6e édition, in-8°. Descriptions des plantes nouvelles d'Abyssinie, recueillies dans la province du Tigré, par le docteur Richard Quartin-Dillon. Décades 1 et 2. Annales des sciences naturelles, 2e série, 1840, tome XIV, p 257-276. Iconographie végétale, ou organisation des végétaux, illustrée au moyen de figures analytiques par P.J.F. Turpin, avec un texte explicatif raisonné et une notice biographique sur M. Turpin par M. A Richard.

Richard, A.

Paris, J.Testu

1832

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1833

Richard, A.

Paris

1834

Richard, A.

Paris, Bechet jeune

1838

Richard, A.

Paris

1840

Richard, A., Turpin, P.J.F.

Paris

1841

106

Monographie des orchidées, recueillies dans la chaîne des Nil-Gherries (IndesOrientales), par M. Perrottet. Annales des sciences naturelles, janvier 1841. Observations sur le genre Quartinia. Annales des sciences naturelles, 2e série, 1841, tome XV, p 179-181. Histoire physique, politique et naturelle de l’île de Cuba par Ramon de la Sagra. Partie botanique. Plantes vasculaires. Essai d'une flore de l'île de cuba, ou description et histoire des végétaux qui y sont cultivés en grand, in-8°. Orchidographie mexicaine, d'après les échantillons, notes et dessins de MM. Galeotti, Linden, Funck, Ghiesbreght. Annales des sciences naturelles, janvier 1845. Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétales, 7e édition, in-8° Voyage en Abyssinie, exécuté pendant les années 1839, 1840, 1841, 1842, 1843, par une commission scientifique composée de MM. Théophile Lefebvre, A. Petit, Quartin-Dillon et Vignaud. Troisième partie, Histoire naturelle Botanique, tome IV et V, 2 volumes in-8°.

Richard, A.

Paris

1841

Richard, A.

Paris

1841

Richard, A.

Paris, Arthus Bertrand

1845

Richard, A.

Paris

1845

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1846

Richard, A.

Paris, Arthus Bertrand

1847

107

Précis d'agriculture théorique et pratique, à l'usage des écoles d'agriculture, des propriétaires et des fermiers. Notice sur les ouvrages et mémoires de botanique, publiés par M. Achille Richard. Précis de botanique et de physiologie végétale contenant l'organographie, l'anatomie et la physiologie végétales, ou Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétale, 8e édition, in-8°. Nouveaux éléments de botanique contenant l'organographie, l'anatomie, la physiologie végétales…, ou Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétale, 9e édition, in-12 Nouveaux éléments de botanique contenant l'organographie, l'anatomie, la physiologie végétales…, ou Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétale, 10e édition, in-12° Nouveaux éléments de botanique contenant l'organographie, l'anatomie, la physiologie végétales…, ou Nouveaux éléments de botanique et de physiologie végétale, 11e édition, in-12°

Richard, A. et Payen, A.

Paris

1851

Richard, A.

Paris

1852

Richard, A.

Paris, Béchet jeune

1852

Richard, A. et Martins, C.

Paris, F. Savy

1864

Richard, A. et Martins, C.

Paris, F. Savy

1870

Richard, A. et Martins, C. et Seynes de, J.

Paris, F. Savy

1876

108

Annexe n° 2

Aperçu des livres de la bibliothèque d’Achille Richard Titre Nova genera species plantarum quas in peregrinatione orbis novi collegerunt, descripserunt, partem adumbraverunt, 7 volumes in-4°, 700 planches. Dictionnaire élémentaire de botanique, in-fol, 19 planches. Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis..., 15 volumes. Regni vegetabilis systema naturale…, 2 volumes in-8°. Introduction à l’étude de la botanique…, 2 volumes in-8°. Stirpium icones et sciagraphia…, in-fol.

Auteur

Genre

Editeur

Publié

Bonpland, A. et Humbold, A.

Botanique

Paris

18151825

Paris, Desray

an VI (1797)

Bulliard, P. Botanique

Candolle de, A.P.

Botanique

Paris, Treutel et Würtz

18241852

Candolle de, A.P.

Botanique

Paris

18181821

Candolle de, Alphonse

Botanique

Paris, Roret

1835

Genève

1666

Chabraeo, Botanique D.

109

Historia generalis Daleplantarum…, Botanique champs, J. 2 volumes in-fol Histoire admirable des plantes et herbes Duret, C Botanique esmerveillables et miraculeuses en nature… Histoire des plantes Fuschsius, avec les noms Botanique L grecs, latins et françoys…, in-8° Historia stirpium Haller von, indigenarum Botanique A. Helvetiae…, 2 volumes. Species muscorum frondosorum…, opus posthumum Hedwig, J. Botanique editum a Friderico Schwaegrichen, 3 volumes in-4°. Dictionnaire de botanique pratique, Hoefer, F. Botanique in-18°. British Jungermanniae : being a history and description, with Jackson colored figures of Hooker, Botanique each species of the W. genus and microscopical analysis of the parts.

110

Lugduni, G. Rovillium

1586

Paris, N. Buon

1605

Paris, Veuve A. Byrkman

1549

Bernae

1762

Lipsiae

18011816

Paris, Firmin Didot frères

1850

London

1816

Illustrationes plantarum orientalium, ou Jaubert, choix de plantes H.F. et nouvelles ou peu Spach, E. connues de l’Asie occidentale, 450 planches. Plantes de la France Jaume décrites et peintes Saintd’après nature, 2 Hilaire, volumes. J.H. Genera plantarum Jussieu de, secundum ordines A.L. naturales disposita..., in-8°. Enumeratio plantarum omnium Kunth, hucusque C.S. cognitarum…, 5 volumes. Description du jardin royal des plantes médicinales estably par le Roy La Brosse Louis le Juste, à de, G. Paris, contenant le catalogue des plantes qui y sont de présent cultivées, in-4°. Flore française, ou description Lamarck, succincte de toutes J.B. et les plantes qui Candolle croissent de, A.P. naturellement en France, 6 volumes. Histoire naturelle Lamarck, des végétaux J.B. et classés par familles, Mirbel, B. 15 volumes in-18°.

Botanique

Paris

18421854

Botanique

Paris

18071809

Botanique

Paris, Hérissant

1789

Botanique

Stuttgart

18331843

Botanique

Paris

1636

Botanique

Paris

18051815

Botanique

Paris

1803

111

Flora Lapponica... Linné, C. Botanique Linné, C. Botanique Flora suecica... Fundamenta Linné, C. Botanique botanica…, in-8°. Hortus Upsaliensis, exhibens plantas Linné, C. Botanique exoticas…, in-8°. Mantissa in volumen tertium..., Linné, C. Botanique 3 volumes in-8°. Philosophia botanica..., Linné, C. Botanique editio quarta. Systema naturæ per regna triæ Linné, C. Botanique naturæ..., editio decima-tercia, 10 volumes in 8°. Systema plantarum Linné, C. Botanique 4 volumes in-8°. Historia plantarum, Raius, J. Botanique 2 volumes in-fol. Redouté, Les Liliacées, Botanique tomes 2 à 7 in-fol. P.J. Tournefort, Institutiones rei Botanique J.P. herbariæ. Choix de plantes dont la plupart sont Ventenat, cultivées dans le Botanique E.P. jardin de Cels, 2 volumes, avec 160 planches. Comptes rendus hebdomadaires des Communiséances de cations l’Académie des sciences, 32 volumes in-4°.

112

London Stockholm

1792 1755

Halæ

1747

Stockholm

1748

Stuttgardt

18221827

Halæ

1809

Lugduni

17891796

Francfortsur-le-Main

1780

London

16861688

Paris

1802

Paris

1719

Paris

1803

Paris

18351851

Mémoires de l’Institut national des sciences et des Communiarts : Sciences cations mathématiques et physiques, 19 volumes in 4°. Mémoires présentés à l'Institut des sciences, lettres et arts par divers Communisavans et lus dans cations ses assemblées. Sciences mathématiques et physiques, 16 volumes in-4°. Dictionnaire Sciences universel des Lemery, N médicales drogues simples, in 4°. Pharmacopée Sciences universelle, 5e Lemery, N médicales édition, 2 volumes in 4°. Cours d’histoire Adanson, Sciences naturelle fait en M. et naturelles 1772..., Payer, J.B. 2 volumes in-12°. Histoire naturelle Berthelot, Sciences des îles Canaries, S. naturelles in-fol.

113

Paris

18001817

Paris

Paris

1759

Paris

1763

Paris

1845

Paris, Béthune

18361850

Œuvres complètes de Buffon, mises en ordre et précédées d'une notice Buffon, historique par M. G.L., A. Richard, Richard, A. 32 volumes in-8°, et Lesson, dont 3 de A. supplément, avec le complément par Lesson en 6 volumes. Œuvres complètes de M. Buffon avec Lacépède la suite par M. de de, E. Lacépède, 6 volumes in 8°. Lamarck, J.B., Journal d’histoire Bruguières, naturelle rédigé par J.G., Haüy, MM. Lamarck, R.J., Bruguières, Olivier Olivier, et Pelletier, G.A. et 2 volumes in 4°. Pelletier, B. Dictionnaire universel d’histoire Orbigny d', C. naturelle, 13 volumes in-8°. Dictionnaire classique d’histoire naturelle rédigé par une réunion de naturalistes sous la direction de Bory de Saint-Vincent, 16 volumes in-8°.

Sciences naturelles

Paris, Delangle

Sciences naturelles

Paris

1819

Sciences naturelles

Paris

1792

Sciences naturelles

Paris

18411849

Sciences naturelles

Paris, Rey et Gravier

18221830

114

Dictionnaire des sciences naturelles rédigé par plusieurs professeurs du Jardin du Roi, 60 volumes in 8°. Traité de chimie appliquée aux arts, 8 volumes in-8°. Chimie organique appliquée à la physiologie végétale et à l’agriculture in 8°. Cours élémentaire de chimie, 3e édition, 4 volumes in-8°. General remarks geographical and systematical on the botany of terra australis. Voyage autour du monde exécuté par ordre du roi sur la corvette de Sa Majesté, La Coquille pendant les années 1822, 1823, 1824, et 1825. Botanique. Abrégé des voyages modernes depuis 1780 jusqu’à nos jours par M. Eyriès, 14 volumes in-8°.

Sciences naturelles

Paris, Levrault

1820

Dumas

Sciences chimiques

Paris

18281846

Liebig, J. et Gerhardt, C.

Sciences chimiques

Paris

1841

Regnault, H.V.

Sciences chimiques

Paris

1851

Voyages d’exploBrown, R. ration et de découvertes

London

1814

Duperrey, L.I.

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris, Arthus Bertrand

18261830

Eyriès, J.B.B.

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris, E. Ledoux

18121824

115

Voyage autour du monde entrepris par ordre du roi…, exécuté sur les corvettes de S.M., l’Uranie et la Physicienne pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Botanique, in-4°. Voyage autour du monde exécuté pendant les années 1836 et 1837 sur la corvette La Bonite. Botanique. Synopsis plantarum quas in itinere ad plagam aequinoctialem orbis novi collegerunt de A. de Humbold et A. Bonpland, 4 volumes in-8°.

Freycinet de, L. et Gaudi chaud, C.

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris

1826

Gaudi chaud, C.

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris, Arthus Bertrand

18441846

Kunth, C.S.

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris F.G. Levrault

1825

Abrégé de l’histoire générale des voyages..., 24 volumes in-8°.

La Harpe, J.F.

Paris, E. Ledoux

1820

Voyage de découvertes de l’Astrolabe exécuté par ordre du roi pendant les années 1826-1827-18281829, sous le commandement de M. J. Dumont d’Urville. Botanique.

Voyages d’exploration et de découvertes

Voyages Lesson, A. d’exploet Richard, ration et de A. découvertes

Paris

18321834

116

Histoire physique, Ramón de politique et la Sagra et naturelle de l’île de Montagne, Cuba. Botanique, 1 C. Plantes cellulaires. Histoire physique, politique et Ramón de naturelle de l’île de la Sagra et Cuba. Botanique, 2 Richard, A. Plantes vasculaires. Exploration scientifique de l’Algérie pendant les années 1840, Darien de 1841, 1842, publié Maisonpar ordre du neuve gouvernement..., Botanique ; Flore d'Algérie, cryptogamie. Nouvelles annales des voyages et des sciences géographiques, 136 volumes.

Voyages d’exploration et de découvertes Voyages d’exploration et de découvertes

Paris, Arthus Bertrand

18381842

Paris, Arthus Bertrand

1845

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris, Imprimerie royale

18461849

Voyages d’exploration et de découvertes

Paris, Arthus Bertrand

18191852

117

Voyages de découvertes de l’Astrolabe exécutés par ordre du roi pendant les années 1826-18271828-1829, sous le commandement de M. J. Dumont d’Urville. Histoire du voyage, 5 volumes, Botanique, 1 volumes. Zoologie, 5 volumes. Entomologie, 1 volume, Philologie, 1 volume Hydrographie, 4 volumes.

Voyages d’exploration et de découvertes

118

Paris

18301835

Annexe n° 3

119

Annexe n° 4

120

Annexe n° 5

121

Annexe n° 6

122

Annexe n° 7

123

Annexe n° 8

124

Table des matières Une dynastie de jardiniers Claude (II) Richard Antoine (III) Richard Claude (III) Richard Louise Elisabeth Richard

Une dynastie de botanistes et de médecins Louis Claude Marie Richard Achille Richard Adolphe Richard Gustave Richard

p5 p 11 p 31 p 43 p 49 p 55 p 55 p 79 p 89 p 91

Bibliographie

p 93

Annexe n° 1

p 103

Ouvrages publiés par Achille Richard

Annexe n° 2

p 109

Aperçu des livres de la bibliothèque d’Achille Richard

Annexe n° 3

p 119

Famille d’Antoine (II) Richard et de Marie Cacheux

125

Annexe n° 4

p 120

Famille de Claude (I) Richard et de Marie Moüet

Annexe n° 5

p 121

Famille de Claude (II) Richard et de Madeleine Joüan

Annexe n° 6

p 122

Famille d’Antoine (III) Richard et de Renée Jeanne Gautier

Annexe n° 7

p 123

Famille de Claude (III) Richard et de Marie Madeleine Crosnier

Annexe n° 8

p 124

Famille de Louis Claude Marie Richard et de Félicité Person

126