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Latin Pages [436] Year 1970
TRENT
UNIVERSITY
LIBRARY OF RELIGION
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*
CORPVS CHRISTIANORVM
Continuatio Mediaeualis
XX
CORPVS
CHRISTIANORVM
Continuatio Mediaeualis
XX
CONSTITVTIONES CANONICORVM
REGVLARIVM
ORDINIS ARROASIENSIS
TVRNHOLTI TYPOGRAPHI
BREPOLS
EDITORES
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PONTIFICII
CONSTITVTIONES CANONICORVM
REGVLARIVM
ORDINIS ARROASIENSIS
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MILIS
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TVRNHOLTI TYPOGRAPHI
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INSTITVTIONI Artibvs
editvm
Praeposito
AVANT-PROPOS Les historiens des mouvements
religieux montrent,
quelque temps, un interet special pour les chanoines Cependant
les monographies,
depuis
r^guliers.
aussi bien que les ^ditions de
textes, relatives a leur passe, sont encore si peu nombreuses que chaque
pas en ce sens peut rejouir. Une
telle consid6-
ration est a la base du present ouvrage, qui reproduit le coutumier-ordinaire du douzieme
d’une des branches
du mouvement
canonial
siecle, 1’ordre d’Arrouaise. Nous avons fait prec6-
der le texte d’une introduction, oii l’on cherche a penetrer dans la structure meme du texte et a en depister les sources. Cette introduction
constituait la derniere partie de la these de
doctorat, presentee par L. Milis a 1’Universite de Gand, en 1967, sous le titre de : De orde der reguliere kanunniken van Arrouaise.
Geschiedenis, instellingen en constituties vanaf de
stichting der moederabdij (ca. iogo) tot het einde der jaarlijkse kapittels (1471), dont
les autres parties sont publiees en
1969 dans un livre intitule : L’ordre des chanoines reguliers d’ Arrouaise. Son histoire et son organisation depuis la fondation de Vabbaye-mere (vers iogo) d la fin des chapitres annuels
(I47I)Dom
J. Becquet
a relu le texte du coutumier,
ainsi que
1’introduction, en proposant ou apportant des corrections. On doit aussi a son erudition les references bibliques et une partie des sources reperees.
Parmi
les nombreuses
personnes,
qui nous
ont fourni des
ou qui ont eclairci pour nous l’un ou l’autre nous voulons mentionner specialement MUe
renseignements probleme,
J. Vielliard et Mr J. Glenisson, de 1’Institut de recherches et d’histoire des textes a Paris ; Mr 1’abbe J. Dumoulin, de Tournai ; le R.P. J.B. Van Damme, de Westmalle ; Mr du Rijksarchief a Arnhem, et Mr P. Bougard, des Archives departementales du Pas-de-Calais a Arras. Nous les remercions sincer ement. G. Mentink,
L. Milis.
*
INTRODUCTION I. APERTU
HISTORIQUE
L’6tablissement, vers l’an 1090, de trois ermites le long d’une ancienne route romaine, au milieu de l’6paisse foret d’Arrouaise, ne fut, a la fin du xie et au d^but du xne siecle, qu’un evenement facilement explique par les courants spirituels de l’epoque, les phOiomenes de base de la Reforme gregorienne (1). Ces ermites du premier moment : le Bx Heldemare, Conon, futur Cardinal archeveque de Preneste, et le laic Roger attirent d’autres gens, d’une meme inspiration spirituelle, ce qui constitue encore un fait normal a cette epoque. Quelques annees plus tard deja, lors de la confirmation de la
fondation par 1’eveque Lambert d’Arras (diocese libere depuis peu du “joug” cambresien), on prevoit la possibilit£ d’organiser une vie commune : c’est le marite de Conon, le superieur de la maison dans la periode 1095/7-1107 et de son successeur Richer (j- 1121) de l’avoir r6alisee. Entre membres de 1’ermitage se sont fait remarquer temps, plusieurs dans le domaine de la rdnovation des structures ecclesiastiques aux eveches d’ Arras et de Therouanne. Vers 1116, on fait un pas decisif vers 1’organisation communautaire definitive de la maison : canonicus remplace dorenavant dans les chartes eremita.
Pendant ces annees, on a jete les bases de 1’expansion consiabbe derable que connait la maison, a 1’avenement du dejeune plusieurs Gervais en 1121. Cette expansion se manifeste fa^ons : la composition d’un reseau de centres d’exploitations agricoles, le remplacement de Yordo antiquus par Yordo nouus, observance moderne plus severe, qui est en vogue a Springiersbach et a Premontre des avant 1126, date probable de son introduction a Arrouaise ; enfin 1’affiliation de chapitres deja existants, qui envisagent une observance plus stricte de la vie canoniale, et la fondation de quelques nouveaux etablissements. Surtout ce troisieme phenomene s’avere important^ parce qu’il permet a Arrouaise de s’elever au rang de chef d’ordre, grace a ses propres institutiones fratrum Aridagamantiae, completant la Regie de Saint Augustin.
On peut decrire 1’expansion geograpbique de l’ordre comme suit ; un developpement rapide dans les dioceses avec
s d’ Arrouaise : (1) Nous reprenons ici 1’essentiel de notre etude sur les chanoine son organisation L. Milis, Uordre des chanoines reguliers d’ Arrouaise. Son histoire et
annuels {1171), depuis la fondation de 1’abbaye-m'ere {vers 1090 ) d la fin des chapitres
Bruges, 1969 (Werken
Fac. Lett. en Wijsb. Gent, n° 147-148).
VIII
INTRODUCTION,
lesquels les premiers
I
religieux entretiennent
des contacts
frequents, c’est-a-dire Arras et Therouanne. Ensuite, grosso modo entre 1129 et 1145, iis se repandent sur toute la province ecclesiastique de Reims, a 1’exception de la partie Est. En dehors de ce cadre, on constate 1’affiliation ou la fondation de quelques maisons en Normandie, avec un resultat simplement eph^mere, ainsi que dans les principautes de Champagne et de Lorraine, ou la concurrence cistercienne semble trop lourde pour Arrouaise ; en Bourgogne, son expansion reste faible. Apres 1145 les affiliations deviennent exceptionnelles ; de plus, on constate, aussi bien avant qu’apres cette date, que quelques maisons quittent l’ordre pour suivre d’autres observances. Le nombre global de maisons arrouaisiennes aux anciens Pays-Bas et en France est d’une trentaine. Or, longtemps avant cette date, l’ordre fait son entree dans plusieurs autres regions de la chrffiienffi occidentale : a partir de 1133 en Angleterre, a partir de 1139 en Ecosse. L’annee suivante, il se repand en Irlande, ou le succes numerique est considerable. Les motifs de cette implantation dans le monde britannique sont nombreux (les relations entre Boulogne et Arrouaise d’une part, entre Boulogne et les maisons royales d’ Angleterre et d’Ecosse d’autre part ; etc.). En Ecosse et en Irlande, doit situer 1’implantation des usages arrouaisiens dans on le cadre des essais de modemisation de ces figlises celtiques, selon le modele
Continental. Une meme
idee
est a la base de 1’introduction des chanoines arrouaisiens en Silesie et quelques autres regions polonaises. En ce qui concerne les us, il suffit de souligner dans cet aperqu que 1’expansion de l’ordre en a necessite la redaction, et que ce fait a facilite largement l’£panouissement de la societas. L’apogee est tres vite atteint, et la demission de l’abbe Gervais en 1147 est deja le premier signe d’un declin indeniable. Un essai de rffiorme n’a lieu que sous 1’abbatiat de Gauthier (1180-1193), dont la personnalite comporte beaucoup de similitudes avec celle de Gervais. Cet essai envisage 1’assainissement de la situation dans 1’abbaye-mere (par exemple par 1’abandon de possessions lointaines) et dans 1’ordre (par exem¬ ple par le renforcement de 1’autorite de l’abbe du chef d’ordre). La mort imprevue de Gauthier et la famine desastreuse de 1196 empechent le succes de cette entreprise. Quant a 1’observance, la decadence est manifeste ; on la constate dans d’autres ordres canoniaux, comme a Premontre. En 1233 une commission apostolique se mele, avec peu de succes, des affaires de 1’ordre. Les divergences entre les membres s’en trouvent meme renforcees. Il faut attendre les premieres annees de la deuxieme moitie du xme siecle avant qu’on aboutisse a une solution de ces problemes aigus : l’usage r^glemente de la viande, l’admission limitee des femmes.
TERMINOLOGIE
IX
enfin le com promis au sujet du pouvoir Central de l’ordre. La solution qu’on donne a ces problemes dans cette pdriode d’activite legislative intense, provoque la 16thargie oii va tomber cet ordre d’ Arrouaise dans les siecles suivants : un £quilibre retrouv^ d’une part s’oppose a une indifference croissante envers les affaires de l’ordre d’autre part. II s’avere donc impuissant au moment ou les circonstances generales vont de mal en pis a cause de la Guerre de Cent Ans, avec ses suites desastreuses pour quelques maisons situees dans la zone que se disputent incessamment le roi de France et ses ennemis anglais et bourguignons. L’incertitude a un resultat lamentable. Le chapitre general ne se rassemble plus apres 1471, et, par consequent, la dissolution de l’ordre devient irreparable au siecle suivant. Meme un essai de restauration a 1’extreme fin du xvne siecle n’a aucun resultat. Entre temps, la situation evolue d’une fagon completement differente dans les maisons des pays lointains : les abbayes britanniques se montrent de plus en plus independantes des le debut du xme siecle, et celles dTrlande encore plus tot. Les Anglais ne cessent pas de se faire passer pour des chanoines d’Arrouaise, afin d’echapper aux chapitres triennaux des chanoines augustiniens, mais enfin 1’action du cardina! Wolsey conduit a 1’abolition de toutes les maisons religieuses de la Grande-Bretagne.
En ce qui concerne la Pologne, on note jusqu’au xvie siecle des signes de soumission a 1’autorite centrale de l’ordre ; or, des facteurs externes (comme la Reforme) et 1’inadaptation croissante des usages arrouaisiens vetustes aux besoins modernes, menent a la rupture des relations reciproques. L’ordre d’Arrouaise s’effondre, ses traces dans 1’historiographie sont rares ; cependant il appartient a ce groupe de reprfeentants meritoires du renouveau que connait hfiglise occidentale au seuil du xne siecle.
II. LA
La
TERMINOLOGIE
Regie de saint Augustin,
sommaire
comme
elle est,
a besoin d’un complement, qui doit servir de base a la vie reguliere. Ce complement, ou plutot les differents complements elabores dans des monasteres divers, donnent naissance aux observances multiples a 1’interieur dudit ordre de saint Augustin, et par consequent aux differentes congregations. C’est surtout chez les chanoines r^guliers de saint Augustin que la diversite est notable, par rapport aux fils de saint Benoit par exemple, et cela par manque d’un texte de base unifor¬ me. La Regula Sancti Augustini est un nom donne a quantite
INTRODUCTION,
X
de textes. Or la denomination
II
variable, donnee
a une forme de
vie identique, accroit encore la confusion (2). La collection la plus ancienne des usages arrouaisiens, par exemple, porte comme titre institutiones, tandis que la version suivante, post^rieure d’un quart de siecle seulement, se presente comme un liber constitutionum ; deux autres manuscrits, du xive siecle, mais appartenant a la meme tradition textuelle, sont des libri consuetudinum. Dans la codification de la fin du xve siecle enfin, la collection s’appelle constitutiones ordinis Arroasie, sous 1'influence de Premontre. Notons que les reformateurs apostoliques de 1233 parient souvent de liber Ordinis, une expression chere aux Victorins (3). II n’y a pas de doute qu’il s’agisse ici de prescriptions ecrites. Or, les memes termes sont courants pour les us non ticrits. En 1123, lors de 1’affiliation de la premiere fille, HeninLietard, donc une douzaine d’annees avant la mise par £crit des coutumes (comme nous le prouverons dans la suite), le comte de Flandre, Charles le Bon, accorde de suivre la Regie de saint Augustin et les Instituta ecclesie S. Nicolai ville veille a 1’application des instituta et consuetudines