Analecta Reginensia. Extraits des manuscrits latins de la reine Christine conservés au Vatican 8821000974, 9788821000973


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Italian Pages 377 [380] Year 1984

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Analecta Reginensia. Extraits des manuscrits latins de la reine Christine conservés au Vatican
 8821000974, 9788821000973

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STUDI

E TESTI 5 9

ANDRÉ WILMART, 0. S. B.

ANALECTA REGINENSIA EXTRAITS DES MANUSCRITS LATINS DE LA REINE CHRISTINE CONSERVÉS AU VATICAN

CITTÀ DEL VATICANO BIBLIOTECA APOSTOLICA VATICANA MDCCCCXXXIII

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STUDI

K TESTI SO

ANDRÉ WIL5TART, 0. S. B.

ANALECTA REGINENSIA EXTRAITS DES MANUSCRITS LATINS DE LA REINE CHRISTINE CONSERVÉS AU VATICAN

CITTÀ DEL VATICANO BIBLIOTECA APOSTOLICA VATICANA MDCCCCXXXIII

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IMPRIMATUR: E Civitate Vaticana, die 17 iunii an. 1933. -¡- Er. A ug. Z ampini, Ep. Porphyreonen.,

Vic. Gan. Civitatis Vaticanae.

Ristampa anastatica - Dini

Modena 1984

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TABLE DES EXTRAITS

I.

- Liste des reliques réunies à Jouarre au ixe siècle............................

9

II.

- Un nouveau texte du faux concile de Césarée sur le comput pascal

19

III.

- Catéchèses ce ltiq u e s................................................................................................29

IV .

- IV Ars arengandi de Jacques de Dînant, avec un appendice sur

V.

- Un florilège carolingien sur le symbolisme des cérémonies du

V I.

- Les traités de Gérard de Liège sur l ’amour illicite et sur l ’amour

VII.

- Lettre relative à l’ élection de Lambert de La Palud évêque

V III.

- Commentaire du Distigium de Jean de G a r la n d e .................................253

IX .

- Commentaire de la Consolation de B o è c e ................................................. 259

X.

- Préface de Guillaume de Conches pour la dernière partie de son

ses ouvrages De d ic ta m in e ............................................................................ 113 baptême, avec un appendice sur la lettre de Jean diacre

.

.

153

de D ie u .....................................................................................................................181

d’A n g o u lê m e ..................................................................................

249

D i a l o g u e ...............................................................................................................263 X I.

- Un développement patristique sur l’ Eucharistie dans la lettre

X II.

- Révélation d’ un mauvais prêtre qui avait érigé une église en

de Pascase Radbert à F r e d i g a r d ............................................................ 267

l’honneur de S. C é s a ir e ................................................................................... 279 X III.

- La lettre-préface de la Visio Anselli s c o la s t i c i.......................................283

X IV .

- Modèle de testam en t............................................................................................. 287

XV.

- Péroraison de l ’invective de C atilin a............................................................ 289

X V I.

- L ’ art de discourir. Préceptes, exemples, extraits, lettres

X V II.

- Le commentaire de Nicolas d’ Osimo sur la règle de saint François

.

.

X V III. - Les vers de Guillaume le Breton pour ses ouvrages bibliques.

.

293 301

.

311

XIX.

- Cadre du commentaire sur Job du prêtre P h i l i p p e ...........................315

XX.

- L ’ ancien récit latin de l’ A s s o m p t i o n ....................................................... 323

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AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR

Le fonds des manuscrits latins de la Eeine de Suède, qui est l ’une des parties principales de la Bibliothèque Yaticane depuis l ’année 1690, — date de l ’acquisition par le pape A le ­ xandre V I I I , — comprend maintenant, par suite d ’accroisse­ ments et de déplacements variés, assez complexes, 2119 v o ­ lumes. Chargé, il y a trois ans, d ’en préparer le catalogue complet et méthodique, suivant les règles établies par son Eminence le Cardinal F . Ehrle, cette tâche m ’a donné l ’occasion d ’étu­ dier en ses moindres détails une première tranche de la col­ lection. Les notices réunies des Reginenses 1-250 paraîtront sans trop de délai, et j ’ose espérer que la Providence me lais­ sera assez de forces pour continuer l’ entreprise à souhait. Afin, tout à la fois, d ’alléger et d ’éclairer un peu le cata­ logue, il a semblé qu’un recueil parallèle de textes, publiés in extenso, avait sa raison d ’être et pourrait intéresser plu­ sieurs catégories de lecteurs. Le présent volum e d'Analecta Reginensia, qui voudrait n’être que le début d ’une série, propose une vingtaine de morceaux de dimensions diverses, relatifs soit à l’antiquité soit au m oyen âge, et qui ont paru, les uns et les autres, dignes d ’a tte n tio n .1 N on pas que la substance du catalogue méthodique soit épuisée pour autant. C’est plutôt une prélibation que nous voudrions en offrir, sous cette forme. Les problèmes sont encore innombrables dans le domaine littéraire du passé, autour des textes inédits ou négligés,

1 Le compte n’ en énumùre que vingt; mais les articles IV , V et X X pourvus d’un appendice.

sont

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ANALECTA BEGINENSIA

8

incompris ou maltraités; et le rôle des érudits, voués à l’exa­ m en de ces textes et à la discussion de ces problèmes, n’est pas proche de son terme. Ceci soit dit pour encourager les bonnes volontés de la génération montante, et ne point désespérer d ’avance les futurs lecteurs du catalogue des Reginenses, qui ont le goût de la recherche — car nous voudrions, au contraire, que les textes édités ci-après et les brefs commentaires auxquels ils ont donné heu stimulent le zèle des bons ouvriers. Au

nom de Mgr Giovanni Mercati, préfet de la Biblio­

thèque Yaticane, qui a daigné m ’ appeler à une collabora­ tion dont je ne me sens pas digne, je désire joindre, dans mes remercîments, celui de

Mgr Eugène Tisserant, propréfet,

grâce auquel le plan suivi dans ce volum e a pu être adopté et les loisirs nécessaires à cet effet m ’ ont été procurés.1

Rome, le 1er juin 1932.

1 Le R. P. dom G. Godu a bien voulu m’aider à corriger les épreuves. — J’ai établi moi-même une table sommaire, qui, dans mon dessein, devrait rendre plus aisé l’emploi des textes ici rassemblés.

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I.

REG. LA T.

n

(fol. 182-182v)

Liste des reliques réunies à Jouarre au I X e siècle. Le dernier feuillet du psautier de Bury Saint-Edmunds nous révèle, sans l’expliquer d’aucune manière, la curieuse odyssée de cet ouvrage. Magnifiquement illustré suivant le style des artistes de Winchester, il a dû être exécuté vers le milieu du x ie siècle, et sans doute à Bury même, dans l’East-Anglia. Aux psaumes fait suite une série de Procès (fol. 165-181 ) . 1 Ainsi se terminait le recueil du x ie siècle. Au x n e siècle, un feuillet double (bifolium) fut ajouté, dont nous n’avons plus, malheureusement, que la première partie (fol. 182). La teneur du texte que je publie ci-après ne laisse place à aucune hésitation sur les avatars du manuscrit. Le psautier anglais était passé sans bruit à Notre-Dame de Jou arre,2 dans le diocèse de Meaux, y devenant la propriété des moniales, qui eurent l’idée de joindre, à la fin, le cata­ logue des reliques (pignera) rassemblées par l’abbesse Hermentrude « multis e diversis locibus... per multis delatoribus ». Il est assuré que cet acte, tronqué et peut-être mal reproduit, mais qui s’éclaire par bonheur grâce aux indications d ’un protocole barbare, a été tout d’ abord rédigé au I X e siècle. De l’abbesse Hermen­ trude, sœur de Wenilo, 3 qui fut abbé de Ferrières en Gâtinais, puis 1 J’ai donné une description de ce groupe et l’édition des textes plus impor­ tants dans The Downside Review, octobre 1930, p. 198-216. A corriger le détail suivant (p. 199): la mention de l’cvêque dans la litanie (fol. 160v) ne peut s’appli­ quer à l’évêque d’Ely, ce diocèse n’ayant été érigé qu’un demi-siècle environ plus tard; elle vise donc normalement le siège auquel ressortit cette région (Fen country) de 886 à 1067, à savoir Dorchester; mais elle s’expliquerait également bien, du point de vue littéraire, par le modèle du recueil, fourni en toute vraisemblance par Winchester. 2 On peut lire un intéressant article de L . D e l is l e , relatif à l’importation de livres anglais en France aux XIe e t x u e siècles (ci. Journal des Savants août 1903, p. 428-440, et voir la notice bibliographique Delisle dans le Dictionnaire d'Archéo­ logie chrétienne et de Liturgie, IV, 1, 1920, col. 559); mais cette étude ne suggère que des analogies; il s’ agit surtout des échanges pratiqués entre la Normandie et l’ île d’ Outre-Manche. 3 Sœur ou cousine, indique la notice du Gallia Ghristiana, V III (1744), col. 1710; Mabillon est plus vague: eidem Vveniloni affinis (cf. Annales O. S. B ., ad ann. 847, 1. X X X I I , § 58, éd. de Lucques, II, 1739, p. 632). Le récit complet de la transla-

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10

ANALECTA - REG. LAT. 12

archevêque de Sens (841-865), nous savons qu’ elle était déjà en charge au début de l’année 8 3 9 .*1 Une autre circonstance de son gouverne­ ment, beaucoup plus significative, nous a été rapportée dans le plus grand détail. En 847, Hermentrude obtint de l’archevêque de Sens, pour son monastère, la principale partie du corps de saint P oten tien .2 Évidemment, cette abbesse avait, si l’ on peut dire, la passion des reliques; le nouveau témoignage qu’ en apporte d ’une façon imprévue le psautier de Bury n’a guère besoin d’ être commenté. Mais il ne faut pas oublier que, depuis plus d ’un demi-siècle, ecclésiastiques et laïcs d’outre-monts rivalisaient dans la recherche des corps saints, notam­ ment dans leur désir d’obtenir, à tout prix, des catacombes et des sanctuaires romains quelque ossement des martyrs, voire mieux encore. D e quoi l’ on n’a pas seulement gardé des renseignements directs, extrêmement instructifs à divers égards, mais l’explication même des trouvailles abondantes faites à B o rn e .3 Beplacée dans ce contexte tant historique que littéraire, la liste des reliques de Jouarre devient un document fort suggestif. Comme le nom de Potentien n’y figure point, on pourrait pré­ tendre, en dépit de l’absence de la seconde partie, moins considérable d’ailleurs, que la translation de 847 fut le plus beau succès de l’ab­

tion, naguère retrouvé, fixe le détail: 1° par cettè glose du narrateur: eiclem episcopo proximo, affinitate coniuncta (noter que toute la narration n’est pas seulement exal­ tée, mais proprement emphatique dans ses termes; 2° surtout par le fragment de « discours » de l’archevêque qui est rapporté et provient, très probablement, d’une lettre: E n o carissima soror... (cf. Catalogus codicum hagiographicorum Latinorum... in Bibliotheca Nationali Parisiensi, II, 1890, p. 342,1. 22 et 31). La liste des abbesses de Jouarre est très incomplète; il se trouve que, de Uermantrudis, l’on passe à Ermingardis, vers l’ an mil (Gallia Christiana, 1. laud.). 1 Diplôme de Louis le Pieux, du 23 janvier de cette même année, qui con­ firme un échange deterres entre Hilduin, abbé de Saint-Denis, et « Ermentrudi(s) monasterii sanctae Mariae Ioderensis abbatissa»; ci. B r é q u ig n y , Table chronologi­ que des diplômes... I (1769), p. 196; B o u q u e t , Recueil des Historiens des Gaules, VI (1749), p. 623 (n. C C X X X ). 2 Passio sive translatio sancti Potenüani episcopi et martyris, dans le manus­ crit de Paris 5360, x iv e s., f. 183-189 (édition des Bollandistes, dans Catalogus codicum..., voir ci-dessus, p. 340-349). Mabillon, qui avait pu connaître une partie de ce texte (il cite deux passages du § 5, mais non pas le discours de Wetiilo à sa sœur) fait justement observer que Jouarre n’ a dû posséder qu’une partie du corps de Potentien: solummodo aliquam sancti antistiiis reliquiarum...; nonnihil ex huius sancti reliquiis..., aliquot sancti Potentiani pignora... (cf. P. L ., C X L IÏ, 779C, 781B, à propos de la translation de Savinien et Potentien à Saint-Pierre le Vif en 847, d’après le récit d’ Odorannus). Les rédacteurs du Gallia ont un peu forcé: maximum partem reliquiarum samcti Potentiani. A Sens, naturellement, on ne connaît que la translation du 25 août 847 à la basilique Saint-Pierre; à Jouarre, on n’est pas moins absolu, sans se soucier des dires du voisin. 3 Voir la documentation réunie par M. J. G u ir a u d , Le commerce des reliques au commencement du I X e siècle, dans les Mélanges G. B. de Rossi (1892), p. 73-95.

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RELIQUES RÉUNIES À JOUARRE

11

besse Hermentrude, préparé par de plus modestes entreprises et, par suite, que le catalogue fut rédigé avant la date susdite. Trois parts, en tout cas, avaient été faites des nombreuses reliques recueillies de côtés et d ’autres: cent-quarante fragments renfermés dans la croix « majeure », trente dans la croix « moindre », cinquante, plus importants peut-être, dans une châsse. 1 Si ces nombres ont été transcrits exactement, il faut avouer qu’ils ne correspondent pas à l’état de la liste; peut-être certains articles réunissaient-ils plusieurs parcelles. Pour qu’on se rende mieux compte tant du caractère géné­ ral que des particularités du « trésor » de Jouarre, je donne tout de suite une table alphabétique, avec quelques notes. Am ator2 I. 101. Ambrosius 3 I. 23. Anianus 4 I. 34, 47. Avitus 5 I. 46. Baldechildis 6 I. 57. Benedictus 7 I. 35. Brietius 8 I. 69. Brigida9 I. 56. Castor10 IT. 22.

Ciricus 1 01 I. 53. 9 8 *7 5 4 3 2 Clemens II. 27. Columba 12 I. 100. Cosmas et Damianus I. 51-52. Crispinus et Crispinianus 13 I. IS­ IO. Cucufas 14 I. 27. Deodatus 15 I. 64. Dionisius 16 I. 19.

1 Nous possédons, dans les coutumes dites de Farfa (cf. Revue Mabillon, 1921, p. 89 sq.), un inventaire des reliques conservées à Cluny vers le milieu du x ie siè­ cle (cf. B. A lbeks , Consuetudines monasticae, I, 1900, p. 184). Sont distinguées expressément: une imago sancti Petri, qui renferme nombre de reliques, et une capsa argentea. On les portait en procession aux grandes fêtes (cf. ibid., p. L X I V 1). Pour l’époque carolingienne, on peut comparer l’inventaire de Saint-Riquier (Monumenta Germaniae, Scriptores, X V , 1, 1887, p. 174-179); le classement des re­ liques y est méthodique: Saluatoris, apostolorum, martyrum, confessorum, uirginum. 2 Probablement, l’évêque d’Auxerre f 418. 3 Peut-être, l’évêque de Sens f 455. 4 L ’évêque d’ Orléans, Ve siècle. 5 L ’abbé de Micy, en aval d’ Orléans, f v. 525. * L ’abbesse de Chelles f v. 680. 7 Reliques venues, évidemment, de Fleury-sur-Loire. 8 L ’évêque de Tours t v. 450. 9 La vierge de Kildare en Irlande f 523; les reliques de Jouarre auront été données par des Scots pèlerins. 10 Peut-être, l’évêque d’Apt f ve s. in. 11 Le martyr de Tarse? 12 La vierge-martyre de Sens. 13 Les martyrs de Soissons. 14 Sans doute, le martyr de Barcelone; mais la mention: archiepiscopi, est déconcertante. 16 Probablement, l’évêque de Nevers (19 juin) +679; toutefois, l’abbé du Blésois, au v ie siècle, n’est pas impossible. w L ’évêque-martvr de Paris.

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12

ANALECTA -

Dominus: aromata I. 15. frumentum I. 16. lancea T. 8-9. lapis I. 7, 11, 14. lignum s. crucis I. 1-3; II, 1-4. lintea II. 6-7. mensa I. 6, 12; II, 8-9. pannus I. 10. sepulcrum I. 5. spongia II. 5. vestimentum I. 4. Eleutherius1 I. 22. Eligius 2 I. 84. Epimachus I. 40. Eucerius 3 I. 59. Eufemia I. 33. Eutropia4 I. 75, 93-94. Evurtius 5 I. 44. Felicitas6 I. 62. Filibertus 7 I. 65. Firminus8 I. 76. Furseus 9 I. 79.

REG. LAT. 12

Georgius I. 50; II. 19. Germanus 10 I. 24, 95-98. Gervasius et Prothasius II. 20-21. Gregorius p . 11 I. 90. Hilarius (H yl.)12 I. 28. Hippolytus (Yp.) I. 25. Iacobus I. 54, 88; II. 12. Innocentes I. 39. Innocentius 13 I. 26. Iohannes bapt. I. 91-92. Iohannes ev. I. 68. Isaías (Ys.) pr. I. 38. Karileffus 14 II. 25-26. Lambertus 15 I. 58. lapis (Abraham) I. 55. lapis (Moysi) I. 90. Laurentius I. 32. lignum (paradisi) I. 13. Lupus Senon.16 I. 102-103. Maria (B. V.): capilli I. 17; II. 11.

1 Le compagnon dé l’évêque de Paris. 2 L ’évêque de Noyon f 659. 3 Probablement, l’évêque d’ Orléans f 738 (?) 4 La sœur de Nicaise, évêque de Reims (14 décembre); mais pourrait être aussi la sainte romaine de laquelle Deusdona procura des reliques à Raban en 836, avec celles de sainte Félicité et d’autres encore (cf. Mon. Germ., Scriptores, X V , 337 sq.). 5 L ’évêque d’ Orléans, rv® siècle. 6 Voir ci-dessus: Eutropia. 7 Le célèbre abbé de Jumièges, décédé à Noirmoutiers en 684, dont les trans­ lations successives, au cours du ix e siècle, sont bien connues: Déas (836), Cunauld (857), Messay (862), Tournus (875). 8 Le martyr patron d’Amiens. 9 L ’abbé irlandais de Lagny f v. 650. 10 Les mentions doivent viser non seulement l’évêque d’Auxerre, mais celui de Paris. 11 Voir ci-après: Sebaslianus. 12 L ’évêque de Poitiers. 13 Peut-être le compagnon de saint Maurice. 14 L ’ abbé manceau, ve siècle. 15 Peut-être l’évêque de Lyon t 668; peut-être, plutôt, le célèbre évêque de Maëstrieht f v. 705. 16 A savoir saint Leu f au début du v ie siècle (1er septembre).

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RELIQUES RÉUNIES 1 JOUARRE

Maria (B. V.): sepulcrum II. 10. vestimenta I. 18. Marcellinus et Petrus 1 I. 41. Martinus I. 70. Matheus 2 I. 71. Mauricius et socii I. 61. Maximianus 3 I. 45. Maximinus I. 81. Nicasius conf. 4 I. 82. Measius m. 5 I. 86-87. N onica6 II. 24. Paulus ap. II. 15-16. Petrus ap. I. 66; II, 13-14. Petrus m. (cf. Marcellinus). Philippus ap. I. 85. Pueri (tres) I. 37.

1° -Lo

Quadraginta martyres 7 I. 89. Quintilius 8 I. 83. Bemediana9 I. 63. Remigius 10 I. 72-73. Richarius 11 I. 74. Rusticus 12 I. 21. Scolastica13 I. 36. Sebastianus 14 I. 20; II. 23. Silvinus 151 6I. 80. Sindulfus 18 I. 67. Stephanus I. 43. Timotheus I. 77. Trudo17 I. 60. Vitus18 I. 29-31. Walericus 19 I. 78.

1 Ces reliques sont sûrement en relation avec le transfert de Rome à Michelstadt, puis à Mülheim (Seligenstadt) en 827-830. 2 Noter que ce saint est qualifié simplement « martyr ». 3 Saint Mesmin l’abbé de Micy | v. 520. 4 L ’apôtre du Vexin (11 octobre). 5 L ’évêque de Reims f v saec. (voir ci-dessus Eutropia). 6 Personnage inconnu, que je sache, sous cette forme; on trouve seule­ ment Nonnieiae au Martyrologe Hiéronymien, dans un groupe de martyrs (4 des calendes de juillet); la variante Nonnicae a été relevée. Paudrait-il lire ici: Monicat 7 Les martyrs de Sébaste. 8 Probablement, l ’apôtre du Vermandois (31 octobre). 9 Vierge-martyre par ailleurs inconnue, si je ne me trompe; faudrait-il lire: Emerentiana? 10 L ’évêque de Reims | v. 532. 11 L ’abbé de Centule, dans le Ponthieu f vers le milieu du v u e siècle. 12 L ’autre compagnon de saint Denis (voir ci-dessus: Dionisius, Eleutherius). 13 Voir ci-dessus: Benedictus. 14 En 826, Hilduin avait fait transporter le corps des saints Sébastien et Grégoire à Saint-Médard de Soissons (cf. Mon. Germaniae, Scriptores, X V , p. 377-391).

15 Peut-être Silvinus, qui aurait été évêque de Thérouanne au début du v m e siècle; à moins qu’on ne veuille lire: Siluanus, vénéré en Berry (22 sep­ tembre). 16 Sendou, ermite près Reims, au début du v n e siècle, transféré à Hautvillers vers 850. 17 L ’abbé du Hainaut, à la fin du v n e siècle. 18 Ici nous avons une référence suffisamment précise à la translation de France en Saxe; voir ci-après. 19 Saint Valéry au pays de Caux f v. 640.

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14

ANALECTA -

REG. LAT. 12

Un simple coup d ’œil permet de voir que l’abbesse Hermentrude, outre les corps saints venus de Eome, obtint surtout des reliques de la province de Sens et de celle de Reims, comme il était assez naturel. Deux notices se distinguent parmi les autres, à cause des précisions qu’elles nous donnent.»La première de toutes (I. 1) mentionne «la maison de Sainte-Croix » et « la maison de Saint-Aignan. » Faut-il entendre dans les deux cas qu’il s’agit d ’Orléans? Je croirais plutôt que la référence à Sainte-Croix vise, non pas la cathédrale d’ Orléans, mais le monastère du même nom, appelé aussi S^int-Faron, qui se trouvait à Meaux et dont il est question dans le récit de la transla­ tion de saint Y i t . 1 L ’autre notice (I. 30-31) est tout à fait circonstan­ ciée. Elle rappelle certainement la translation du corps de saint Y it, depuis Rebais jusqu’à Corvey en Saxe, par l’entreprise de l’abbé W a rin .2 Ce moine saxon était venu à Corbie au temps de l’abbé Adalhard (822). Peu après, en 826, Warin fut choisi pour être abbé de Corvey, monastère récemment fondé dans sa patrie. Il était en faveur auprès de l’empereur Louis le Pieux, qui lui confia l’abbaye de Rebais vers 831. En 836, Warin, abbé de Corvey et Rebais, obtint d’Hilduin, l’abbé de Saint-Denis, le corps de saint Vit qui reposait depuis le milieu du siècle précédent à Saint-Denis, apporté de Rom e par l’abbé Fulrad avec les corps des saints Alexandre et Hippolyte. Il se rendit donc à Saint-Denis pour recevoir le précieux dépôt. Le cortège partit le 19 mars 836 vers Rebais. L ’on y resta jusqu’au 21 mai, tandis que s’accomplissaient les miracles. C’est alors que l’ abbesse de Jouarre dut satisfaire son dessein; la liste rapporte le nom du prêtre qui lui remit de la part de’ Warin un ossement enveloppé. D e Rebais, l’on gagna la Saxe en ligne droite par Oyes et Saint-Gond; le parcours est décrit minutieusement. Le 23 juin, on était à Corvey.

[NJomina hec sanctorum, que hic continentur inserta, scito quisquis e a 3 legeris multis e diuersis locibus pignera eorum domne e r m e n t r v d i abbatisse nutu diuino ardentique desiderio, p(er) multis delatoribus detentu sacratissimo cenobio »Sanctae dei Genitricis m a r ie lotrensis monasterii loco peruente, ob sua suorumque manibus commissis apud diuina cle­

1 Translatio S. Viti § 18 (Acta Sanctorum, II Jun., 1029); d’autre part, cf. Gallia Christiana, V III (1744), 1688. 2 Tous les détails sont fournis par la Translatio; voir l’édition de Ph. J affé , Monumenta Corbeiensia (1864), p. 3 sqq., 12-17 (surtout § 12-18). 3 [NJomina... ea: prima haec linea uncialibus litteris exscripta est.

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RELIQUES RÉUNIES À JOUARRE

15

mentia scelera eorum detergenda, et ut cunctis hic recitantibus nomina eorum patescant loca requietionis. Crux enim maior dei et illorum in honore peracta, a dicta abbatissa retinet ex his humero C.XL, minor autem X X X , capsa L.

[I] 1-3.

De ligno sancte crucis quod in eadem domo sancte crucis inuentum est, et de alia particula que in domo sancti Aniani accepta est, uel de aliis locis particulas III. 4-6. De uestimento et sepulchro domini, et de mensa eius. 7. De lapide ubi ipse stetit quando dixit: Quem dicunt homines esse f(ilium) h(ominis). 8-10. De lancea qua corpus domini perforatum est, de ferro scilicet et asta, et de panno quo tersum fuit. 11. De lapide Iordanis ubi Xpistus 1 baptizatus fuit. 12. De mensa domini in Chana Galilee. 13. De ligno quod est in paradiso. 14. De lapide quem reuoluit angelus ab hostio monumenti. 15. De aromatibus corporis domini. 16. De frumento seminato in agro domini. 17-18. De capillis et vestimentis beatae Mariae. 19. De tunica sancti Dionisii cum qua martyrium percepit. 20. De linteis in quibus sacratissimum corpus sancti Sebastiani martyris inuolutum fuit. 21. De casula sancti Eustici e(um) qua martyrium accepit. 22. De dalmatica sancti Eleutherii diaconi c(um) qua martyrium accepit. 23. De dalmatica sancti Ambrosii cum qua sepultus est. 24. De cilicio sancti Germani episcopi. 25. De ossibus sancti Ypoliti martyris. 26. De ossibus sancti Innocentii martyris. 27. De ossibus sancti Cucufatis archiepiscopi et m(arty)r(is). 28. De corpore sancti Hylarii episcopi et confessoris. 29. De ossibus sancti Viti m(arty)r(is). 30-31. Item de eodem martyre os unum, et Linteum in quo eiusdem mar­ tyris corpus inuolutum fuit Guarino dante a Eesbacis monaste­ rio, idem [et] 2 Adalun sacerdos huc detulit. 32. De capillis sancti Laurentii m(arty)r(is). 33. De sanguine Eufemia« uirg(inis) et m(arty)r(is). 34-36. De cinere sancti Aniani episcopi et conf(essoris), et eximii patris nostri Benedicti et sancte Scolastico sororis eius. 1 Hio adamussim sine lineola codex. 2 Scriptor ipse, ut videtur, verbum illud expunxit.

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ANALECTA -

16

37. 38. 39. 40-43. 44. 43. 46. 47. 48-49. 30. 51-52. 53. 54. 55. 56-57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. 72-73. 74. 75. 76. 77. 78. 79. 80. 81. 82. 83. 84. 85.

REG. LAT. 12

De De De De

corpore trium puerorum. corpore Ysaie prophete. corpore sanctorum Innocentum. sancto Epimacho, et sanctorum Marceilini et |(fol. 182”) Petri, et sancti Stphani. De ossibus sancti Euurtii. De ossibus sancti Maximiani. De corpore sancti Auiti. De corpore sancti Aniani. De sanguine sanctorum Crispini et Crispiniani. De ossibus et sanguine sancti Georgii m(arty)r(is). De ossibus sanctorum Cosme et Damiani. De ossibus sancti Cirici in(arty)r(is). De ossibus sancti Iacobi fratris domini. De lapide super quem Abraham immolare noluit Ysaac. De capillis sancte Brigidae uirginis, et sancte Baldechildis. De digito sancti Lamberti. De dalmática sancti Eucerii episcopi. De planeta sancti Trudonis. De sancto Mauricio sociorumque eius. De costa sancte Felicitatis. De digito sanctae Bemedianae uirg(inis) et m(arty)r(is). De baculo sancto D eodato.1 De baculo sancti Filiberti abbatis. De lecto sancti Petri apostoli in quo uiuens iacuit. De digito sancti Sindulfi. De uestimento sancti Iohanniseuu(an)g(e)l(istae). De sancto Brictio. De sancto Martino. De ossibus sancti Math(e)i martyris. De dalmática et casula sancti Remigii episcopi. De capillis sancti Richard episcopi. De ossibus sanctae Eutropiae uirg(inis). De ueste sancti Firmini mart(yris). De ossibus sancti Timothei m(arty)r(is). De ossibus sancti Walerici conf(essoris). De capillis et barba sancti Fursei conf(essoris). De ueste sancti Siluini conf(essoris). De ossibus sancti Maximini m(arty)ris. De ossibus sancti Ricasii conf(essoris). De corpore sancti Quintini m(arty)r(is). De ueste sancti Eligii episcopi et conf(cssoris). De sanguine sancti Philippi apostoli.1

1 Becentior manus correxit: sancti deodati.

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RELIQUES REUNTES A JOITARRE

86-87. 88. 89. 90.

De De De De

91-92. 93-94. 93-96. 97-98.

De De De De

99. 100. 101. 102-103.

De De De De

17

capite et costa sancti Mchasii m(arty)r(is). ossibus sancti Iacobi apostoli. reliquiis X L martyrum. lapide ubi Moyses stabat quando dominus dixit ei: Solue calciamenta de p(edibus) t(uis). sanguine et carne sancti Iohannis baptiste. ossibus et ueste sanctae Eutropie uirg(inis) et m(arty)r(is). pallio sancti Germani a pontifice sibi largito, et de cappa eius. tunica sancti Germani qua in sacris mysteriis utebatur, et de tunica circa, carnem eius. ueste sancti Gregorii pape. tunica sancte Columbe eiusdemsanguine perfusa. cappa sancti Amatoris qua usus est circa collum et faciem. planeta et stola sancti Lupi Senonensi1 episcopi.

[II] ISTE ENIM QUE SECUNTUR SUNT IN CRUCE AUREA MINORE. 2

1-4. 5. 6-7. 8-9. 10- 11. 12.

13-14. 15-16. 17-18. 19. 20 - 21 . 22-23. 24. 25-26. 27. 1 2 3 4

De ligno domini TIII particulas. De spongia impleta aceto. De linteo c(um) quo dominus sepultus fuit, et de alio ab hostio monumenti. De mensa domini ubi cum discipulis cenauit, et de alia in Chana Galileae ubi de aqua uinum fecit. De sepulchro sancte Mariae et capillis eius. De Iacobo fratre domini, de corpore proprio. De barba et capillis sancti Petri, eiusdemque uestimentis. De sanguine et uestimentis sancti Pauli apostoli. De reliquiis sanctorum m(arty)r(u)m Crispini et Orispiniani, et de uestimentis s(ui)s. De sancto Georgio martyre. De ossibus sanctorum m(arty)r(u)m Geruasii et Prothasii. De capillis sancti Castoris [et linjteo 3 sancti Sebastiani. De sancta Xonica, ex digito. De dente et digito sancti Karileff[i. D e ]4 sancto Clemente ||

Recenlior manus aliam s addidisse videtur. Sio inscriptio haec uncialibus litteris distincta est. Hic et inferius obscura macula particulam textus abdit. Spatium non est ad nomen adponendum.

A.

W ilm akt ,

O. S. B., Analecta Reginensia.

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II. R E G . L A T . 39 (fol. 102', 103v-105v)

Un nouveau texte du faux concile de Césarée sur le comput pascal. Le haut m oyen âge, jusqu’à l’époque carolingienne, s’est pas­ sionné pour les questions de com put; l’antiquité avait ouvert les voies, à diverses reprises, en tâchant de fixer les termes de Pâques. L ’astronomie et l’allégorie se mêlaient, dans ces discussions; la pensée de la résurrection du Christ animait l’ensemble. Dans lés milieux insulaires notamment, nombre de traités et de pièces diverses ont vu le jour, touchant ces problèmes; l’esprit de dispute, pour la défense des usages particuliers, excitait la fièvre du savoir. Le continent fit accueil, ensuite, à cette littérature bizarre. Npus n’y comprenons plus grand’ chose. Pourtant, sans la connaissance de ces textes, tout un côté de la culture médiévale nous échapperait. Il est assez probable, d ’ailleurs, que beaucoup de gens d ’Église, alors, n ’y comprenaient rien non plus; voire les copistes. Le nouveau texte que je propose ci-dessous se présente, à la suite des lettres d ’Hilaire et de Victorius sur la Pâque, dans une calligraphie impeccable — apparemment française — du milieu du ix e siècle environ; sa barba­ rie n’en est pas moins éclatante. Le modèle était sans doute déjà chargé de fautes; le travail de copie a dû en ajouter de plusieurs espè­ ces. Le résultat· est presque effarant. Pour faciliter la lecture, je mettrai en regard — à droite — l’édi­ tion quelque peu artificielle, mais commode, donnée par M. Bruno Kruseh, il y a plus d ’ un demi-siècle, de ces prétendus Actes de Cé­ sarée de l’année 1 9 8 .1 L ’éditeur leur attribue une origine britanni-

1 Studien sur chrisÜich-mittelalterliehen Chronologie (Leipzig, 1880), p. 300-310, La recension B .avait été publiée par J o h a n n e s N o v io m a g u s en 1537 (Cologne), parmi les œuvres de Bède; la recension A le fut ensuite par B a l u z e , et la recen­ sion C par M u r a t o r i . M. K r u sc h est intervenu pour faire sa place à un témoin de la recension A , remarqué par lui à Berne et qu’il voudrait reculer jusqu’à la fin du v n e siècle (je préférerais dire, pour mon compte, vers 750; voir le facsimilé

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ANALECTA -

20

REG. LAT. 39

que et tient pour certain qu’ils existaient déjà au v n e siècle.*1 II en a distingué trois recensions, et combiné les deux principales. Notre texte se rapproche nettement de la première, en particulier de la rédaction d ’un manuscrit de Berne, qui paraît dater du v m e siècle; mais non point sans en différer souvent et fortement. En outre, il ajoute à la fin un morceau inédit sur le bisscxtum et le point initial de la journée (à savoir Vêpres). La publication sur deux colonnes, appariant l’ancien et le nouveau texte, me permet de reproduire celui-ci sans aucun changement; on retrouvera donc et ses graphies les plus singulières et sa ponctuation capricieuse. D e plus, je distinguerai au moyen du caractère italique les particularités des concurrents. Au reste, la colonne de droite n’ offre pas toujours les meilleures leçons; mais, aussi longtemps que la correspondance se poursuit, elle donne presque toujours le moyen d’interpréter la lettre du Reginensis. INCIPIT RATIO PASCHALIS ET CE­ INCIPIT

TERORUM CCCXVIII EPl(SCOPORUM) 4

( t r a c t a t u s ) 23

QVI CONSIDERATIONE FESTI PASCHA­

ORDINIS PASCHALIS

LIS ET CETERORUM SAPIENTIUM VIRO­ RUM QUI DIXERUNT AUCTORITATEM.5

Cum omnes apostoli de hoc mundum transissent per uniuersum orbem. diuersa. erant ieiunia. Nam et omnes gallii unum diem. anniuersarium. VI I I kl. ap(ri)lis. pascha tenebant dicentes. Quid «obis est. ad luna- eonpolum. eum iudaeis facere pascha necundum 3 domini nataZem quodeumque diae uenerit,. VIII kl. ian(uarias) ita VIII kl. ap(ri)lis. Quando resurrectio /radetur ehristi

I. Cum omnis apostoli de hunc mundum transissent per uniuersum orbem, per singulas prouintias eccle­ siae diuersa tenebantur ieiunia. Nam et omnes Gallii, quacumque die VIII k. ap(rilis) fuisset, semper pascha caelebrahimt, dicentes: Quid nobis est a X I I I I luna compotum cum Iudaeis facere pascha? sed, sicut est domini natalis, quocumque die euenerit VIII kl. ian(ua)r(ia)s, ita et V III kl. ap(rilis), quando /raditur Christi resurrectio,

ap. A. F. 15d in , Facsimile* nj tlie. ( 'reeds, 1909, pi. IV ). Son édition insère entre crochets les additions soit de A soit de II: je préciserai les cas, niais négligerai, sauf nécessité, les autres indications qu’ il réunit en note. 1 On peut se demander toutefois, surtout après examen des citations bibli­ ques, si une origine africaine ne mériterait, pas d’ être considérée. Il y a, d’autre part, relation avec le l)e Pascha (amputas du Ps.-Cyprien. 2 ex inscriptione Demensis codicis restitui: incipit tractatus ordinis 3 in rasura TÎ, sed prima manu 4 epi lineola suprascripta 6 haec est inscriptio tertiae recensionis, idest Ambrosiani codicis

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FAUX CONCILE DE CÉSAKÉE

deberimus pascha teneri. Orientales nero sicut eusebii Caesariensis nar­ rat aeloquia. quocumque diae m(cnsc) martio XI1II lun(a)

paschae caelebrabnnt. in italia autem plenus XL dies caelebrabunt. Alii X X . Alii dice­ bant septem dies, in quibus mundus eluditur, suilicerit ieiunare. X L diebus ieiunanit haelias. X L horas tenere deberint. Cum hac talis diuersa esset, obseruatio. meror. erat in sacerdotnm. ut ubi erat una fides. dies dissonarent ieiunia. 7/oc elegit iunc uictor. romanae urbis episcopus ut daret auctoritatem ad thiophilum Caesariensi phalestinae prouinciae episcopum. Quia tunc in hierosolima sede caesariam metropholi dacebantur.1 inde paschalis, ordina­ tio prouenerit ubi in corporem eo fuisse uersatus. Accepit itaque auctoritatem 23 .
ieinnabant, alii X X , alii dice­ bant VII diebus, in quibus omnis mundus concluditur, sic sufiieii ieiunare; alii, nuia dominus XL diebus ieiunasset, et illi XL horas [tenere 30 deberent]. 4 II. Cum haec talis obseruationis per singulas prouintias [tenerentur],5 unde meror erat sacer- 35 dotibus, eo quod, a quibus una fides recta tenebatur, eorum dissentirent ieiunia, tunc papae Victor Romanaeque urbis episcopus hoc elegit, ut diriberet auctoritatem [ad Thiophilum Caesariense Phalastini prouinciae episcopum],6quia tunc non Hyernsolima sed Caesarea metropolis dicebatur, nnde paschalis ordina­ tio perueniret, quomodo pascha recto & iure a cunctis catholicis caelebraretur ecclesiis, ubi dominus et saluator mundi in carne fuerat eonuersatus. Accepta itaque auctoritate, Thcophylus non solum de sua prouintia, sed ,->n etiam de diuersis regionis omnes epi­ scopis et sapientes uiris ad concilium euocauit. Ubi cum illa sacerdotum uel sapientium utrorum multitudo in omnibus scripturis eruditis in unum 55 fuisset collecta,tunc praedictus episco­ pus pertulit auctoritatem ad se missam papae Victoris ct quid sibi operis fuisset iniunctum ostendit.

sic R sententiam totam ab auctoritate ad auctoritatem om. R, ut videtur supplet Krusch e recensione A item supplet e Bernensi item e Bernensi e recensione A

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oo

ANALECTA -

REG. LAT. 30

Tunc omnes di­ xerunt primum nobis inquirendum est: quomodo in principio1 /uerit mundus factus. Et dum hoc fuerit diligentius inuestigatum: tunc 65 poterit ex eo paschalis ordinatio salubriter peruenire. Dixerunt 60

7o

75

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95

dominico. Abi dixerunt quomodo potestis probare, quia primus dies dominicus fuisset factus.

Responderunt dicente scriptura. Et factum est uespere. et factum est mane dies primus. 2 Inde secundus. III. IIII. V. VI. VII. In quo requieuit ab omnibus operibus suis:3 quem diem sabbatum appellauit. Cum ergo nouissimus sit sabbat(us) Quis poterat esse primus. nisi dominicus? Dixerunt sic est. et aliter non est. Ecce diem probastis de tempora: quid dico bis. uidetur quattuor tem­ pora. in anno recipiuntur. Ver. aestws. autumnus. hyems. Quo tempus ergo primus factus est in mundum. dixit. Vernum. At illi pro - ■ bate quod dicens.

Tunc pariter omnes episcopi di xerunt: Primum nobis inquirendum est, quomodo in principio mundus /uerit factus, et cum hoc fuerit diligentius inuestigatum, tunc poterm ex eo paschalis ordinatio salubriter peruenire. Dixerunt ergo episcopi: Q uo diem credimus primum fuisse factum im mundum nisi dominicam? Alii dixerunt: Quomodo ergo potest probare, quia primus dies dominicus fuerit factus? Tbeophilus episcopus dixit: Pro­ bate quod dicitis. Episcopi responderunt: fecun­ dum scripturae auctoritatem diuinae « /actum est uespere et factum est mane, dies unus »; et secundus et tertius et quartus et quintus et sex­ tus et septimus. In quo septimo requieuit ab omnibus operibus suis, quem diem septimum sabbatum aj>pellauit. Cum ergo nouissimus sit sabbatum, quis potest esse primus, nisi dominicus?

,

Theopbylus episcopus dixit: Ecce de die dominico quia primus sit probastis. De tempora quid uobis uidetur? IIII01' autem mundi tem­ pora in anno acceduntur. Ver, aestas, aui/mmnus et hiemps. Quod ergo tempus primum factum esse creditis in mundum? Episcopi dixerunt: Vernum. Theopbylus episcopus dixit: Pro­ bate quod dicitis.

,

,

1 ( ·EN . I, ] .

2 G kn . 1, 5h; eum B legendum est: Et factum est..., et fortasse primus (quam lectionem lialuzins firmat. Of. Augustinum, De Genesi ad litteram I §17: Et facta est uespera et factum est mane dies unus; e contra in Vulgata recensione: Factum­

que est uespere et mane d. u). 3 Cf. (¡en. II, 2-3; Augustinus ib., I V § 1 sic recitat: et requieuit deus die septimo ab omnibus operibus suis quae feeit; aliter in Vuly.: req. die s. ab uniuerso opere quod patrarat.

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FAUX CONCILE DE CESAREE

-Responderunt dicente scriptura. Germinet terra herba forni, se­ cundum genus et lignum fru­ ctiferum. faciens in se fructus.1 Haec uernum. temptes, uidimus fieri. Dixerunt uerum est. Et adieccrunt tribus mensibus uernum. tempus ac­ cipitur. Quo loco mundi capud esse credimus. In principio an medio anni finem. In aequinoc­ tium. id est V III kl. ap(ri)l(is). At illi pro­ bate quod dicitis. Responderunt dicente scriptura.2 Et fecit deus lucem et Zucem uocauit diem et fecit deus t/ienebras et t/ienebras uocauit noc­ tem. Et diuisit deus inter lucem et t/ienebras. aequas partes. Dixerunt sic uerum est. Ecce de diae uel tempora probatis. De luna quid uobis uidetur: quomodo dicemus fuisse creata, plena aut mi­ nuentem. Dixerunt plena. A t illi probate quod dicitis. -Responderunt dicente scriptura:3 Et fecit deus luminaria magna et posuit ea in firmamentum caeli, sicut luserint

23

Et illi responderunt: Scrip tum est: « Germinet terra herba?« feni se­ cundum genus suum, et lignum po­ miferum ferentem fructum». Ilaec enim ueris temp oribus uidemus lieri.

Thvophilus episcopus dixit: Quo loco capud mundi esse creditis? in principio temporis an medio tempo­ ris aut in fine? Episcopi dixerunt: In aequinoc­ tium, id est V III kl. apr(i)l(is). Theophilus episcopus dixit: Pro­ bate quod dicitis. Et illi responderunt: Scriptura dicit quia « fecit deus lucem ct uocauit deus Zucem diem, et fecit deus tenebras et tenebras uocauit noc­ tem et diuisit inter lucem et tenebras » aequas partes. Theophylus episcopus dixit: Ecce de die uel tempore probastis. De luna quid uobis uidetur? utrum crescentem an plenam an imminutam fuisse a domino creatam? Episcopi dixerunt: Plenam. E t ille dixit: Probate quod dicitis. Episcopi responderunt: Dic it diuina scriptura: « .Fecit deus duo luminaria magna et posuit ea in ut lucerent firmamento caeli,

1 G e n . I, 11; c/. Augustinum ib., 11 § 13: Germinet terra herbam pabuli ferentem semen secundum genus... et lignum fructiferum faciens fructum: eadem sunt in Supputatione Romana (apud Krusch op. I., p. 231, et ef. p. 13): omnino diversa in Vulgata (ef. Revue Bénédictine., 1027, p. 200). - G e n . I, 4-5; e/. Augustinum ib., I § 17. et facta est lux, et diuisit deus inter lucem et tenebras et uocauit deus lucem diem et tenebras uocauit noctem ( mensis initium mensuum, pascha

1 A n Ex. X I I , 15? 2 Ps. C X V II, 11; et sic uindicaui in Sangermanensi tantum (ultus sum in Vulg.); at fauum (quod Vulg. om.) in Augustino, Veronensi, Mozar., Cassiod. 3 Ps. C X V II, 22. 4 re vera e expuncta est 5 Ps. C X V II, 24 (sic eo in Veron. et Mozar.). 6 Ps. C X V II, 272 (festum in frequentationibus tantum in Veronensi; in Vulg.: sollemnem in condensis). 7 Ex. X I I , 2 (in Vulg.: Mensis iste uobis principium mensium; cetera desunt); cf. Ps. Cyprianum, De pascha comp. §1. 8 omittit tertia recensio 9 iuxta recensionem A 10 iuxta recensionem B

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ANALECTA -

20

arto

facile ut in cum non dixit, in diae prima mensis aut in decima aut in alia sed totus X X X dies. /¿esponderunt iam antea diximus capud mundi esse in aequinoctio ab VIII kl. ap(ri)l(i)s usque ad VIII kl. mai(i). Hi sunt X X X dies in yaselia sanctificate. At illi dixerunt. impium non est ut illi tres dies dominicae foras terminum ex­ cludantur. XI kl. ap(ri)lis. V feria. quod caena domini uncator. Quod cum discipulis suis discubuit.*1Quando et iudae praedixit, quod ab ipso tradi­ turus esset. Quod et constat fuisse suppletum. Quomodo ergo liii tres dies foras terminum excludantur:

235

ne passio omittatur, sed intro­ ducantur.2 in ordinem paschali, liii tres dies.

¿io

215

22**

22···

Et ita stet litum est. in ipso concilio. Ut nec ante. XI kl. ap(ri)l(is). nec post VIII kl. mai(i) 2i*i fieri debeat pascha.

Ecee de qua euangelista dixit: e x i i t d e l a t e r e e iu s a q u a e t s a n g u is . 7 Siue ideo asumitur aqua ad confundendos eos qui dicunt non causa misterii sed inebriandi uos accipere uinum. V. quaeritur cur haec figuratio in forma corporis uisibiliter non uidetur. Idest, quid8 necesse fuit uiderc in totum quod in totum pene spiritaliter or» efficitur. Idest9 dum inuisibilis idest anima ut quid inuisibilis esset cibus eius in manibus sanctorum. Siue ideo quia quod mistice agitur magis a cre­ dentibus appetitur.10 Thesaurus enim absconditus semper auidius quae­ ritur. Et quod celatur ab infidelibus 11 non irridetur. ET POST HAEC DIXIT IHESTJS AMEN DICO VOBIS QUIA NON BIBAM AMODO 100 DE HOC GENIMINE VITIS USQUE IN ILLUM DIEM 12 CUM ILLUD BIBAM NOVUM v o b is c u m in r e g n o p a t r is m e i . - n o n b i b a m a m o d o , idest non manducabo

amodo donec manducem uobiscum post resurrectionem, idest cum comedit partem assi piscis et faumn mellis. Siue n o n b i b a m , idest domum Israel non bibam quae uinia domini sabaoth erat13 nisi in regno patris mei, idest nisi m, cum eiusdem patris habuerint14 uenerint per filium ad patrem, ut. in IIJ uel V milibus post resurrectionem per Petrum credentibus. Vel non b ib a m , idest de fide Iudeorum, 15 uel in aeelesia gentium corporis et sanguinis mei sacrificium assumam. Vel non b i b a m , idest uinuin pro lctitia accipi solet, 1 corr. e simillaret 2 add. s. I. 3 Ut supra, textus particulae horridis atramenti maculis laborant. 4 sic in alius ut videtur, repugnante macula 5 Ps. CTX, 4. 6 ( ¡ e x . I l l , 17 ( V n h est om. opere tuo). 7 Ion. X I X , 34 (Valg. om. de 1. e.). 8 sic q(ui)d pro q(uia), ut uid. 11 fortasse pro siue ideo 10 appetatur corr. al. rn. 11 corr. ex inledel. 12 superius autem d. il.: item I/ il. d. 1:1 O f. Is. V, 7 (Vulg.: exercituum). 11 postea fort, supplendum filium idest 15 qua et opus incitatur quasi luna accenditur sole. Stello, idest uirtutes principales: prudentia, temperantia, fortitudo, iustitia. Prudentia est agnitio uere fidei et scientiae scripturarum; (temperantia...); iustitia dilec­ tionem dei et proximi seruat; fortitudo uim martirii liabet, et metum mor­ tis contempnit in omni uerbo et in omni opere. Reptilia, idest bona opera; uolantia,2*idest cogitationes caelestium; grandia, idest sensus principales corporis et animae; pecora, idest simplicia consilia — sicut legitur in euan­ gelio: e s t o t e p r u d e n t e s usque c o l u m b a e ; 3 bestiae, idest zelus iustitiae. Ecce nunc uidemus quod omnia quae in mundo sunt in homine conti­ nentur. Homo enim microcosmus, idest mundus minor, uocatus est. Haec i® est aula regia dei sub caelo, sed tunc domus dei erit, si se sanctificet ut sit templum dei sanctum deo, quia nisi in sancto deus non habitat, ut dicitur, spiritus sanctus effugit fictum, 45 *ut profeta dixit: 5 t u a u t e m in san cto HABITAS.

Denique quicumque uult domum dei fieri ponat VI custodes ad custo- i«n diam sui, primum custodem ab oriente, II a meridie, III ab occidente, IIII ab aquilone, V intus, VI foris, ne fur nocturnus et pollutus, idest diabolus, introiens in se polluat eum. Quocumque enim modo diabolus in homine intrauerit, desinit homo domus dei fieri. Nam dum in magna caeli habitatione fieri simul non potuerunt, quanto Gmagis in parua liomines 78 mensura simul habitare non possunt. Hi autem sunt custodes homi­ nis. Custos ab oriente, (idest) cogitatio cotidiana mortis: quicumque enim semper cogitat esse moriturum omnia mundi contempnit desideria. Custos a meridie, idest firma fides in deum de corde puro, ut est: c o r d e c r e d it u r a d j u s t it ia m , o r e c o n f e s sio f i t a d s a l u t e m . 8 Custos ab occidente, no idest penitentia de praeteritis peccatis: uera enim penitentia est· penitenda non admittere et admisa9 deflere. Custos ab aquilone, idest opus perfec­ tum mandatorum dei: qui enim operatur101iustitiam mercedem operis suis recipiet. Custos intus, idest timor perfectus domini, quam imperat pro­ feta, idest TIMETE DOMINUM OMNES SANCTI EIUS QUONIAM NON EST INOPIA 175 t im e n t ib u s e u m . 11 Custos foris, idest disciplina bona (quae) iram dei

1 m aius, fi 2 A n pro uolatilia? 8 M t . X , 10. 1 O j . Sa i *. I, 5 ( F u l g . : effugiet). 5 Ps. X X I , 4. 0 quando li 7 pro hominis, u t u id. 8 K om . X , 10. 9 R2 corr. e misa (id es t admissa) 10 operator R 11 Ps. X X X I I I , 10.

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14

ANALECTA -

KEG. LAT. 49

prohibet, sicut profeta dixit:1 a p p r e h e n d it e d isc ip l in a m n e q u a n d o Quicumque enim neglerit hos sex custodes po­ nere ad sui custodiam, introibit in se fur nocturnus. Deinde domus diaboli |S" erit, qui est malus heres. Domus autem illius mali heredes sunt, et pigri concident et submergerentur2 in foueam inferni profundam, ubi erit fletus et stridor dentium, ubi ignis sine extinctu et nix sine defectu, ubi bestiae non deerunt et uermes, ubi uidebitur inimicus diabolus, ubi audie­ tur gemitus et planctus, ubi nou odoratur nisi fetor, ubi non gustabitur t;-5 nisi amaritudo, ubi erit lux sine luce, ubi rogabitur mors et non dabitur; sed erunt iniqui et peccatores eterni in pena eterna cum demone aeterno. Qui autem uigilantes et prudentes fuerint erga custodiam ponentes VI custodes praedictos ad custodiam suam, templa sancta dei erunt super excelsum fidei fundamentum edilicata. Et postea in montem sublimem an regni caelestis subleuabuntur, ubi erit uita sine fine letitia sine tristitia, iuuentus sine senectute, sanitas sine dolore, lux sine tenebris; ubi non uidebitur inimicus et non audietur nisi spirituale carmen laudis domini nostri Ihesu Christi; ubi non odorabitur nisi suauissimus (odor), ubi non gustabitur nisi dulcedo, ubi dabuntur praemia sempiterna sanctis eternis, cum eterno deo in secula suculorum ainen. ir a s c a t u r d o m in u s .

[111. VARIA EXCERPTA]

(fol. 20-20'’)

(].} V inferni sunt: 1 dolor, II senectus, III mors, IU I sepulcrum, V pena. Dolor comparatur inferno, quia si habuisset homo omnes sub­ stantias quibus homines in hoc mundo uti solent letus fieri non potest, ut dicit filius Serae3 n o n e s t c e n s u s s u p e r c e n s u m s a l u t is c o r p o r is . - II. Se3 nectus assimilatur inferno, quando V sensus in exitum exeunt. Nam oculi caliginant, aures sordescunt, gustus non bene discernit, odoratus uitiatur, tactus rigescit; sed et dentes denudantur, lingua balbutiat, pectus licoribus grauatur, pedes tremore et tumore tumescunt, manus ad opus debili­ tantur, canities floret, et corpus omne infirmatur, sed sensus diminuitur. h> Sepulcrum etiam infernus est: u b i4 terra terrae redditur, cibi cadauer uermibus exhauritur; ubi limo caro miscetur; ubi aures et os et oculi III impletionibus replentur: primo cruore, IT uermibus, III humo; ubi ossa arida redatis 5 pulueri carnibus remanent. Semper6 ante oculos nostros ponemus7 quod non amicorum turba, . enim s. s. e. q. nos p. reddat quam aquae b. reddidit (e/. P . G. X I I , 9S.0 G l. (>-S). 3 s ic, u t v id ., legendum , n on u ero et in 4 in R d iversus est ordo, v id elicet: (inter) p(re) c(uiu)s no(men) 5 intrauit R (sim iliter in fe r iu s ) 6 In ter cetera fragm en ta quae serra n tu r, testim on iu m illu d exstare n on videtur. 7 r« u era sapienti (cum lin eola supra scrip ta ) R , u t su p eriu s p lu r ie s ; a n hic p ro sapientilores)’ 8 V e sim ilibu s sign is cf. P . L . X ( ’1 V , 555 I i ; illa e x a liq u a I'hornae a p o c a ­ ly p s i adlata viden tu r (cf. R ev u e B én éd ictin e X X V I I I , P H I , / atque sanaret, uerbum per quod facta sunt omnia caro factum est Sanctus, sanctus, sanctus dominus deus sabaoth; sic et nos cum ipsis cantabimus 7 hoc in saecula saeculorum amen.8

1 H e b r . IV , 12. 2 corr. e fulgiens 3 Ps. L X X X I I I , l l b (in om n ibu s p s a lter iis: elegi ab. esse, et habitare). 4 Ib ., l l a. 5 0 7 8

P h il . I, 23 ( V u l g desiderium habens dissolui...). Col . III, 1-2 (Vulg.: sedens). cantauimus B

I l i e brevem pa rticu la m addere iu va t quae in ter partes nostras § V I et V I I exscrib itu r, vid elicet com m en tariolu m de A p o c a ly p s i I V , v. 5a. e t d e throno e x e u n t fu lg o r a e t voces e t t o n it r u a . Idest de aeelesia in mundum procedit diuina narratio, quae aliquando fulgorem imitatur. Fulgor namque subitanius ignis est, uelox et terribilis, lucidus et tenuis. Non omnes exurit; omnes deterret; corpora quaerit incendere. Sic enim et ueritatis narratio subito uenit, nelocitcr penetrat, tenebrosa illuminat corda, attenuat corpora in abstinentia, iustos simul et peccatores deterret, iustos tamen in uindicta non urit, sed corporalia uitia in ipsis consumit. Aliquando uoecm assimulat, quando sua uia quoque de regno pronuntiat. Vox etenim tunc uera uox est, quando nec dolore frangitur nec ira accenditur. Sic nimirum diuina. praedicatio, quae nec infirmitatem uindictae iu praesenti infert, nec inferni iras in futuro promittit. Tonitruum autem animo pauorem intus incutit et aures impulsat et oculos non conturbat. Sic enim est ali­ quando et diuina narratio: aures penitrat, cor intus compungit; intellectus autem non subuertit.

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72

ANALECTA -

KEG. LAT. 49

[VII. COMMENTUM DE VERBIS IOH. 11, 1-11J (fol. 45v-47r) IN ILLIS DIEBUS DIE TERTIO NUPTIAE FACTE SUNT IN CHANAN GALI­ LAEAE ET ERAT IBI MATER IHESU. VOCATUS EST AUTEM IHESUS, C*t reliqua. * 1

Sanctus Iohannes euangelista qui fuit alumnus domini nostri Ihesu Christi hanc narratio(nem) do mirabilibus narrat, in illis diebus , idest natiui■'· tatis et circumcisionis et babtismatis Christi, quia inuicem illi dies propin­ qui sunt; siue in illis diebus , idest a die qua uidit Iohannes Ihesum ad se uenientem exultans in utero matris suae; uel in diebus nuptiarum. — die 2* tertio , idest nuptiarum, quia m dies ad nuptias reputaban­ tur. — nuptiae factae , idest coniunctio uiri et mulieris. 3 — et erat ibi io MATER ihesu , idest ad praeparationem uirtutis futurae quam postulat mater. Rogatus autem Iliesus uenire ad nuptias cum discipulis suis: exem­ plum autem nobis in hoc datum non uenire ad domum eonuiuii, nisi aliquis rogauerit. i?> dicit mater ihesus : vinum non habent : nunc Maria uolens glorifi­ cari Ihesum per uirtutes, et rogans eum ut populo nuptiarum uinum daret. DICIT EI IHESUS: QUID MIH1 ET TIBI EST MULIER? NONDUM VENIT ORA idest quid me rogas, quia corpus quod a te traxi non potest facere 2o uirtutem, sed diuinitas potest, quae non tua est? — nondum venit ora mea ; ac si dixisset: Nunc nolo glorificationem meam, ne impediat mortem mea ;

meam in cruce. DICIT MATER IHESU'1 MINISTRIS: qUAKCUMQUK 6 DIXERIT VOBIS FACITE;

idest per maternam fiduciam Maria hoc dicit; et hoc indicat quod impear, trauit Maria quod rogauit. ERANT AUTEM 1B1 POSITAE HIDR1AE LAPIDEAE VI 6 SECUNDUM PURIFI­ CATIONEM lUDEORUM CAPIENTES METR1TAS BINAS VEL TERNAS. Ibi, idest

in Kan(an) (lal(ilaeae), uel in domo cenae. — Hidriae, idest nasa, aquatica; liidor g(raeee) aqua la(tine) dicitur. — Ideo autem VI erant, quia 11° uasa .m de illis ad lauaerum manuum iuxta oblationem matutinam, ct 11° alia iuxta ob(lationcm) meridianam, et II" alia iuxta ob(lationem) uespertinam fie­ bant; uel III mane et 1II uespere. Indei namque multum lauabant corpora extrinsecus et animam immundam intrinsecus relinquebant, ut de eis 1 Iou. II. l-2a (iu ria mensura ponderis est, quae habet X modios. Deinde aliae hidriae X X X modios pro diuersitate multitudinis populi in eis se lauantis habe­ bant. Imporauit autem Ihesus ministris replere hidrias istas aqua, et illi IMPLEVERUNT EAS USQUE AU SUMMUM. Dixit CIS IheSUS: HAURITE NUNC in et ferte architkk ’('li) no , idest principi III circulorum, et attulerunt 4 UT GUSTAVIT ARCIIl(TRICLINUS) AQUAM IN VINUM VERSAM, 5 NESCIE­ 0 unde esset , ministri autem sciebant , idest materiam uirtutis, misterium7 uero nesciebant. Architriclinus autem vocavit 8 sponsum EI.

BAT

et ait ei:

omnis homo primum bonum vinum ponit et cijm inebriati

«

FUERINT TUNC QUOD 9 DETERIUS EST. TU VERO10 SERVASTI VINUM OPTI­ MUM 11 usque nunc . 12 Hanc primam 13 uirtutem fecit ihesus in cha(NAN) GALILAEAE) ET MANIFESTAVIT HONOREM 14 SUUM, ET CREDIDERUNT d i s c i p u l i E iu s; idest addidit uirtus quam fecit Ihesus fidem illo­ rum, quia uisibilia opera uidentes inuisibilem deum crediderunt. Xam ·■>» multa mirabilia fee.it deus in lioe die.15 Hodie enim uinum de aqua fecit- in Cha(nan) (lal(ila-eae). Hodie bene­ dixit Y panes et- IT pisces, ex quibus V' milia hominum satiauit. Hodie ille ab lohannc babtizatus est in Iordane, et cessauit flumen fluere qua-ndiu ( ’hrisfus iu illo fuerat, sed unda Iordanis in montem ele- .v, nata est sublim(em); Ille autem non indiguit babtismo, quia mundus erat, sed tamen tincto illo in lordauen loliannem et omnia flumina mundi sancfilicauit. Ilodiae aperti sunt caeli iuxta babtisnimn ('liristi. Hodie uox 1»atris de caelo facta est:16 h ic e s t f i l i u s m e u s d i l e c t u s , et reliqua. Hodie spiritus sanctus in specie columbae supra Christum dominum nostrum hi» ueni t. Hodie III magi ab orienti' uenienfos cum III,>us muneribus 111esum Christum dominum nostrum inuenerunt. Haec est autem tractatio nom(iin e v m

I Mt . X X III, (iu I'«/(/.: I Cor . X V , 9. 5 II P e t . III, 15. 6 E ph . IV , 32 ( i n V u l g . : don. uobis).

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CATÉCHÈSES CELTIQUES

85

mus de bono quasi nobis aliis similiter faciamus, et quod nobis nolumus proximis non optemus, ut sapiens dixit:12« Omnis prope modum actuum 70 nostrorum in eo colligitur obseruantia, ut quod ipsi nolumus pati hoc nec aliis inferamus »; et alibi: « Quod tibi utile, et illi facito ». Hic itaque saluator noster ut unitatem et caritatem atque pacem ex corde habeamus a/m)monuit, dicens: o m n ia q u a e c u m q u e , et reliqua; qua­ si ex corde non fuerit, non multum prodest, ut profeta dixit:2 n e s i - n m u l t r a d a s m e cu m p e c c a t o r ib u s , et reliqua usque in c o r d ib u s e o r u m ; si autem pax et caritas ex corde habeantur, nullum bonum a nobis deerit, ut Petrus dixit: 3 scio a u t e m f r a t r e s h a e c o m n ia m a n d a t a f a c t u r o s v o s , s i c a r it a t e m i n v e s t r o c o r d e f ig a t is o m n e b o n u m p e r s e ; sicut e contrario eos qui ab salute alieni sunt omne malum facere odium so docet. Qui autem hic ueram caritatem habuerit, unitatem et pacem atque caritatem habebit in caelis, sicut Petrus dixit: il l u d p r a e c a e t e r is ab o m n ib u s

v o b is

cu pio in

com m une

servari

ut

c o n c o r d ia m

t e n e a t is

PER QUAM POSITIS PORTUM QUIETIS INTRARE CIVITATEM REGIS SUMMI QUAE PAX NOMINATUR HABITARE. 85

[X. COMMENTUM DE VERBIS MT. XIII, 45-46] (Eoi. 2.V-27C

Matheus hoc testimonium capi(tuli) CXL et ca(nonis) X.

s im il e e s t

REGNUM CAELORUM HOMINI NEGOTIATORI QUEIIENTI BONAS MARGARETAS, ET INVENTA UNA PRECIOSA MARGARETA VADIT ET VENDIT OMNIA QUAE HABET ET EMIT EAM. 4

Christus hunc sermonem primitus dixit, ac Matheus postea scrip(sit). 5 Scripturae autem sacrae eloquium aliquando plane et aperte, aliquando obscure narratur. Inde sapiens dixit: 5 « Scriptura sacra tota quidem prop­ ter] nos scripta est, sed non tota intelligitur a nobis ». Multa6 quippe in ea ita aperte sunt scrip(ta) ut pascant paruulos, quaedam uero 7 obscurio­ ribus sententiis ut exerceant fortis,8 quatinus cum labore intellecta, plus m grata inueniantur. Nonnulla autem in ea clausa sunt, ut, dum ea non intelligimus, agnoscentes infirma nostrae caecitatis ad humilitatem magis quam ad intelligentiam proficiamus. Sunt enim quaedam de caelestibus ita quae loquuntur ut superna praemia solis angelis praesentibus poterant,9

1 Locum non inveni; an ex Seneca, an e Gregorio M . ? 2 Ps. X X V I I , 3. 3 Hic et deinceps ex apocrypho aliquo, ut vid.; an e Clementiuis scriptis? 4 In Vulg.: inu. autem, abiit et uendidit (sic uendit in Gelt. D), habuit. 5 He vera Gregorius papa M ., in homiliis de Ezechiele l. I I , hom. I I § 3 (P. L ., L X X V I , 986 B l. 14 sq.). 8 Quae sequuntur, usque ad l. 22 (ambulemus), similiter paucis mutatis vel omissis ex homilia s. Gregorii § 4-5 abstracta sunt (ib. 986 G l. 3-D l. 5, 987 A 15 sq.). 7 u(t) B 8 portes sic B 9 sic pro ut solis illis supernis ciuibus in patria sua persistentibus pateant

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ANALECTA -

REG. LAT. 49

is necdum nobis adhuc peregrinantibus reserantur. Nam siquis ad urbem incognitam pergens multa de illa in uia audit, quaedam quidem ex ratione colligit, quaedam uero, quia necdum uidet, nullomodo cognoscit. Ipsi uero ciues quae in ea sunt et quae de illa tacentur uident, et quae de illa dicuntur intelligunt. Nos igitur in uia sumus adhuc, multa de illa patria ¿o audimus, alia iam per spiritum et rationem intelligimus, quaedam uero non intellecta ueneramur. Restat ergo ut in his quae intelligimus in pro­ fectu caritatis quotidie ambulemus, et ea quae sunt planiora prosequamur.

AUREA ET MARGARETUM FULGIENS QUI ARGUIT SAPIENTEM

ET AUREM

totius generis humani, ut de eo dictum est:2 e t c i r c u ir a t ih e s u s t o t a m g a l i (l a k a m )

d o c en s

in

s i ( n a g o g is )

eorum

p r a e d ic a n s

evange-

LIUM REGNI ET SANANS OMNEM LANGOREM ET OMNEM INFIRMITATEM IN POPUI.O. in il l i s d ie b u s . Idest in diebus quibus Ioliannes crescebat babtista, 10 ut dictum est: 3 p u e r a u t e m c r e s c e b a t , et reliqua; hoc est in diebus

V I mensium a natiuitate Iohannis usque ad natiuitatem Christi, sine in diebus quibus Maria reuersa est in do(mum) suam postquam fuerat cum Elizabeth III mensibus, ac si diceret: in diebus incarnationis Christi et infantiae Iohannis babtistae. is e x i i t e d ic t u m . ►Sciendum quod interest inter dictionem et edictionem ac edictum. (Nam dictio inter propinquos dicitur, edictio inter populos et plebes; aedictum autem dicitur quod ex alio dictum et ab alio ministra-

1 Nunc, ut supra de prima particula, proprias lectiones nostri atque Celtico­ rum testium iuxta versus recitabo. 2 M t . I X , 35 (in Vulg.: circumibat I. ciuitates omnes et castella, et praed., curans o. 1., in pop. om.; sic in pop. R). 2 Lc. I, 80.

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CATÉCHÈSES CELTIQUES

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tum; hoc est ex Agusto dictum et a praeside Cirino ministratum, ut censum profiteretur uniuersus orbis, idest denarium 12 3 X nummos habens.

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HAEC PRIMA PROFESSIO FACTA EST A PRAESIDE SIRTAE CIRINO NOMINE.

Ideo primam dicit. Nullus enim Romanorum censum imperauit in Asia, usquedum peruenit imperium Agusti. Siriam dicit, in qua prouincia Palestina est; in Palestina Iudaea, in ludea Bethlem in qua natus est Christus. ET IBANT OMNES UT PROFITERENTUR UNUSQUISQUE IN SUAM CIVITA- 25

2 Ideo unusquisque compellebatur exire in suam ciuitatem ut certus esset numerus populi uniuscuiusque reddentis censum regi in sua ciuitate. a s c e n d it a u t e m io s e p h usque b e t h l e m . 3 Iosepli ascendere di­ citur, idest per altos situs ludac, dum montana regio est, et pro cel­ situdine meriti ascendentis. 30 u t p r o f i t e r e t u r , et reliqua usque d e s p ir it u s a n c t o . 4 IIII modis desponsata est Maria Ioseph:56ne lapidaretur ut adultera, et ut fugiens in Aegiptum haberet solacium, ut per generationem eius Christi genaelogia texeretur, et ut partus a diabolo celaretur. f a c t u m e s t a u t e m cum i b i e s s e n t , usque u t p a r e r e t . 6 Idest im 35 pleti sunt IX menses et VI dies de decimo mense, ut alii dicunt, quia simile fuit tempus partus eius tempori partus hominum, qui similis nobis per omnia absque peccato fuit.7 Siue impleti sunt dies profetiae Daniaelis, cui a reliqua u s q u e A p a s t o r ib u s . Omnes qui in diucrsorio erant, uel in tota ciuitate, mirati sunt hoc mirabile quod pastores annuntiau eran t.

MARIA AUTEM CONSERVABAT HAEC OMNIA CONFERENS IN CORDE /SU O ;,

idest cogitans in corde suo et in mente sua quae audierat et uidcrat ab i:s ange(lis)4 in Bethlem; idest humilitatem nobis decet dare omni personae nuntianti bonum, dum non dedignata est discere a pastoribus. ET REVERSI SUNT PASTORES LAUDANTES ET BENEDICENTES 5* DOMINUM

usque i l l i s . Laudantes idest ore, magnificantes idest corde: laudari et magnificari oportet dominum, quia ille laudabilis et gloriosus in saecula 135 saeculorum.6 l a u d a n t e s e t m a g n if ic a n t e s , idest angelos assimulantes. in o m n ib u s q u a e a u d i e r a n t . (Idest) ab angelis, idest: in v e n ie t is in f a n t e m . - e t v i d e r a n t . Idest oculis in ciuitate, idest: in v e n e r u n t MARIAM F.T IOSEPH ET INFANTEM. - AUDIERANT. Idest: ECCE NUNTIO VOBIS, et, reliqua. - e t v i d e r a n t . Idest: c l a r it a s d e i c ir c u m f u l s it e o s . *** Cesar possessio principalis interpre(tatur); Augustus uero interpre'tatur/ sollemniter stans. Quae II nomina Christo conueniunt, qui prin­ cipatum praesentium et futurorum et praecedentium tenet, et qui omnia sollemniter rubicundus est sanguis, pondus uenti unde est anhela, pondus florum unde est uarietas oculorum, pondus nubis unde est instabilitas mentium, pondus roris unde est sudor. Haec sunt V III pondera de quibus factus est Adam; alius pondus, idest anima, de celestibus facta est. Dies dominicus dies beatus, in qua die obtulit Abel munera7 sua deo. u> Dies dominicus dies beatus, in qua uidit Eoe lumen de arca postdiluuium. Dies dominicus dies beatus, in qua exiit Israel per mare rubrum siccis pedibus. Dies dominicus dies beatus, in qua percussa est petra et fluxerunt 15 X flumina ab ea et saturati sunt populi. 1 I C o r . II, 9. 2 Eadem (usque ad l. 40: sine commot.) piius §111 n° 5 recitata sunt 3 senectine sic E (c/. similia in Caesariano sermone, P. L. X X X I X , 2210 l. 7, atque in Bonifatianis, P . L. L X X X I X , 856 C l. 6, 871 A L 4) 4 fUionu(n) sic R 5 Postea magnam distinctionem scriptor male notavit. 6 Similia de octo ponderibus Adam, nisi jallor, in principio antiqui lectionarii Selestadiensis n. 1003, servantur. 7 corr. e manus

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ANALECTA -

REG. LAT. 49

Dies dominicus dies beatus, in qua pluit manna de caelo per XL dies populo. Dies dominicus dies beatus, in qua exiit Iesu filius Xun successor 1 -0 Moisi per flumen Iordanis siccis pedibus. Dies dominicus dies beatus, in qua uenit dominus ad domum Abralie, quando fuerunt III mediae 2 in uno die: et medium 3 mundi et media etas Abrahe et media dies. Dies dominicus dies beatus, in qua ordinatus est primus episcopus 25 Aaron nomine. Dies dominicus dies beatus, in qua bene dixit deus uinum in Canan Galilee. Dies dominicus dies beatus, in qua uenit Christus in mundo. Dies dominicus dies beatus, in qua cepit deus ieiunare ab initio (qua3o dragesimae) usque ad pasca. 4 Dies dominicus dies beatus, in qua resurrexit dominus a mortuis, quando liberatus est totus mundus de ore diaboli. Dies dominicus dies beatus, in qua discendit spiritus sanctus super apostolos. 35 Dies dominicus dies beatus, in qua ueniet5 dominus deiudicare uiuos ac mortuos. Dominus dixit: Si constitueritis diem sanctam dominicam, aperiam catarectas caeli uobis et multiplicabo fructum uobis et benedictionem in domum uestrum (omnibus) diebus usque ad mortem, et post mortem 40 dabo uobis regnum meum, et quid quaeritis dabo uobis, et letabitur6 propter uos, et scietis quia ego sum dominus. Iuro uobis per patientiam dei et per angelos meos,7 si non conuerseritis ad sanctam diem domini­ cam, inducam super uos uindictam magnam, et sustinentiam bonam uestram faciam, uos miseri; comburet uos ignis caelestis. 45 Qui faciunt opera in die dominico, et qui tundunt caput in die domi­ nico, et qui purgant8 domum in die dominico, hi sunt quos 9 iaciet 10 deus in tenebras exteriores. Et nos debemus praedicare ad omnes homines, 1112 ut uitam aeternam habeamus sine fine in secula saeculorum. Amen. Finit amen. 18

1 sueeessore(m) Jl 2 medie p rius; eadem manus, quae mediae sic correxit, s. 1. meridies addidit 8 medio sic li 4 pasce prius 5 ueniat sic R 0 postea corr.: letabimur 7 angelus meus sic R 8 purg(un)t R 9 corr. e. qui. 10 ieciat sic R 11 corr. ex omnis hominis 12 Sequitur haec subscriptio: Guilhelm scripsit hunc librum.., deo gratias.

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REG. LAT. 64 (fol. 1-8)

L’ “ Ars arengandi” de Jacques de Binant avec un Appendice sur ses ouvrages “ De dictamine” Un certain Jacques de Dînant, décédé en 1260, a laissé quelque souvenir: chanoine de Sainte-Geneviève à Paris, archidiacre de Thérouanne, puis évêque d ’Arras de 1247 à 1 2 5 9 .1 Le nôtre, dont le nom s’est conservé en tête d ’un traité sur l’art de discourir, ou plutôt de plaider (ars arengandi, ars concionatoria), dans un manuscrit copié vers le début du x iv e siècle,2 est encore inconnu dans l’histoire des lettres et n’a point même, si je suis bien informé, d ’état-civil. Il révèle, sans plus, son identité dans une pièce de vers qui précède cet opuscule: Jacques natif de Dînant, moine profès (v. 15 sq.). Sans doute aussi faut-il entendre, dès maintenant, qu’il enseignait ce dont il traite et, par suite, qu’il fut professeur de rhétorique. Ces traits, si vagues qu’ils soient, suffisent à le distinguer de l’évêque d ’Arras. Reste à savoir où et quand il vivait. Le traité lui-même, assez bien construit,3 ne nous apprend, à peu près, rien. Presque toute la substance en est prise au célèbre De arte rhetorica ad G. Herennium. D e cela, d ’ailleurs, nous sommes informés, équivalemment, dans la préface métrique: après Salomon « l’ecclésiaste », c ’est-à-dire le concionator typique, dont l’éloge remplit le premier chapitre (§ 1), Jacques se recommande expressément de « Tullius », voire ne prétend qu’au rôle d 'extractor (v. 14). A part le §22, en effet, le principal de ses développements se laisse retrouver sans difficulté dans les livres I, I I I et IV A d Herennium. Tenu com pte des fautes de copie, l’auteur n’a peut-être pas toujours très

1 Cf. Histoire littéraire de la France, X X I (1847), p. 583; Notices et extraits des manuscrits, X X I V , 2 (1876), p. 196 sq.; Journal des savants (1890), p. 193. 2 Peut-être dans le nord de la France ou aux environs; ce qui permettrait de croire que Jacques de Dînant ne fut pas tout à fait oublié dans son pays d’origine. 3 J’ai gardé les sections originales du manuscrit, plus ou moins régulières, au nombre de trente-huit, qui permettent la comparaison avec l’ouvrage cicéronien. A. Wilmart, O. S. R., Analecta Reginensia.

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ANALECTA -

REG. LAT. 64

bien compris son modèle; mais, au total, il a fait œuvre intelligente et mérite encore d ’être lu; en tout cas, nous montre-t-il comment l’ on enseignait et pratiquait l ’éloquence en plein m oyen âge. Il sem­ ble même qu’une nouvelle édition du traité « cicéronien » ne devrait pas négliger cette tradition détournée. 1 Mais, pour le reste, je n’ai relevé dans VArs arengandi en dehors de la préface, que deux allusions au milieu du compilateur; tant celuici s’ attache résolument à son modèle, pour instruire l'arengator, ou advocatus, des meilleures règles de Voratio eoneionatoria. Au début (§2), il met en cause, directement, les habitants de Eeggio — apparemment, Reggio en Emilie — pour savoir s’il faudrait leur livrer bataille. Ailleurs de même (§ 23), une suggestion banale du maître antique lui donne l’idée de tracer le tableau d ’un spectacle familier à ses yeux: un bon chef d ’armes a soin de répartir ses gens en trois corps: acies, c ’est-à-dire « cheria», terme vulgaire qui a survécu sous la forme schiera et s’ explique naturellement par l’influence de la stratégie germanique (Schaar). Or, le premier corps, com posé des meilleurs hommes est dénommé fronteria; pareillement, le troisième, retroguardia; tandis que les troupes les moins sûres sont placées au centre. Il est loisible de croire que, dans l’un et l’autre cas, Jacques de Dînant est témoin des factions qui présidèrent à l’établissement des communes italiennes. Le x m e siècle et, peut-être, l’Italie, semblent donc être le cadre où Jacques de Dînant a professé la rhétorique; mais, à vrai dire, si nous n’avions que l’attestation du Reginensis, lequel permet d ’inscrire un terminus ad quem, il faudrait se contenter de marquer avec beaucoup de réserve ces premières indications. Un manuscrit de la Bibüoteea Angelica, de la même époque, et nettement italien, nous instruit mieux, par bonheur, en même temps qu’il ajoute à l’héritage de Jacques de Dînant un groupe d ’écrits relatifs à l’art épistolaire ou dictamen. Que lW s dictandi, auquel les historiens commencent de s’intéres­ ser, 2 soit lié dans l’enseignement médiéval à Vars concionatoria, 1 On peut distinguer trois parties dans IM rs de Jacques de binant, suivant le regroupement des parties de YA d Herenninm: (1°) §1-21, qui correspondent à Herenn. 1. I, c. 2 §2-3, c. 3 § 5, e. 3 § I, c. 4 § 6, c. 7 §11, c. 4 §7 et c. 5 § 8. c. 3 §5 , c. 4 §6 , c. 6 §9-10, c. 7 § 11, c. 9 § 14 et 16, c. 10 § 17; — (2°) §23-36: Herenn. 1. III, c. 9 §16-17, c. 11-12 § 20-21, c. 13 § 24, c. 14 §24-25. c. 15 §26-27, c. 16 § 28-29, c. 17 § 30, c. 19 § 32, c. 20 § 23; — (3°) § 37-38: Herenn. 1. IV , c. 12-13 § 17-18. Parfois, l’auteur abrège et résume beaucoup; plus souvent, il transcrit imperturbablement les préceptes antiques, non sans en modifier la lettre. Le §22 s’accroche seulement à quelques remarques du traité 1. II c. 30 § 47, et 1. I l l c. 10 § 18, sur la confirmntio et la eonfutatio. 2 Pour s’ orienter, voir H. B resslau , Handbuch der Urkundenlehre, II, 1 (1915), p. 247-282; O. M a n a c o r d a , Storia della Scuola in Italia, I, 2 (1914), p. 255-279; C. II. H a s k in s , Studies in mediaeval Culture (1929), p. 6 sq., 170-192. En dépit

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c ’est ce qui devrait le moins nous surprendre. Le Reginensis 64 en offre déjà la preuve; à la suite de VArs arengandi, revendiqué person­ nellement par Jacques de Dînant, le même copiste, mais d ’une main plus fine, a commencé de transcrire six formules anonymes et scolaires: « talis tali...», « idem eidem...» (fol. 8V-10V) . *1 Le rapprochement du m a­ nuscrit J). 8. 19 (al. 516) de l’Angeliea autorise, sans attendre davan­ tage, à réclamer ces premières formules isolées pour Jacques de Dînant. Cet important volume, qui appartenait vers le x iv e siècle à Gé­ rard de Pise, 2 a été décrit sommairement par B. ISTarducci, 3 sans exciter pourtant la curiosité de la gent érudite. Pour sa partie prin­ cipale (fol. l-9 5 v, 99-115), il intéresse au premier chef le dictamen, n ’étant pas autre chose qu'un copieux recueil de traités et de let­ tres, où l’ on retrouve, auprès du nom de Jacques de Dînant, 4 ceux de Pier délia Vigna, 5 Matteo dei L ib r i,6 Mino de Colle di Val d ’Eisa; 7 mais c ’est bien Jacques de Dînant qui fournit le plus gros morceau, comme on en va juger. Ce contexte nous fixe décidément en Italie

des publications de Gaudenzi, Langlois, Haskins, il reste beaucoup à faire en ce domaine; l’ouvrage fondamental est encore le gros recueil, si méritoire, de L. R o CK in GE R, Briejsteller und Formelbüoher des eljten bis vierzehnten Jahrhunderts (Munich 1863). 1 La sixième est incomplète, notre fragment de manuscrit se terminant avec le fol. 10, c’est à dire ne dépassant pas la limite d’un quaternion un peu augmenté. 2 On lit son ex-libris au bas de l’avant-dernière page (fol. 163): Iste liber est p(re)sb(ite)ri Gerardi de Pisis; l’écriture doit être à peu près contemporaine du manuscrit. 3 Catalogus codicum manuscriptorum... in Bibliotheca Angelica olim coenobii Sancti Augustini de Urbe (1892), p. 230 sq. 4 Au commencement (fol. l-1 5 v), se trouve une série anonyme, fort longue, de brèves formules (112, d’après une note contemporaine fol. 15v) parmi lesquelles on remarque de nombreux billets envoyés par des podestats (potestates) de l’Italie septentrionale et centrale; le dernier morceau est une proclamation de Manfred roi de Sicile (f 1266). 5 « Iste sunt litere scolastice facte a Petro de Vineis » (fol. 16). Sur cet auteur (f 1249), protonotaire de la chancellerie impériale, au temps de Frédéric II, ef. B resslau , l2, p. 565, et II, 1, p. 271 sq. - Les lettres seraient ici au nombre de 76 (fol. 26v). A la suite (fol. 27), une pièce de treize vers sur la prise d’Imola, en 1263: Irnola non mella sapiunt ciuillia bella. 6 «Summa dietaminis» (fol. 28-30v), dont l’auteur se qualifie lui-même «citoyen de Bologne »; autre exemplaire dans le manuscrit I). fi. 9 de l ’Angelica (fol. 22-26: fin du x m e siècle); en outre des Aringhe sont conservées de lui dans le Medicevs PL L X X V I , 74, f. 52-118 de la Laurenziana (xve siècle). Cependant, Gaudenzi ne mentionne même pas son nom parmi ceux des dictateurs bolonais. 7 « Notule super arte dictaminis » (fol. 31-33v); proverbes et préceptes (fol. 33v36); «epistole magistri M ini de Colle Vallis Else» (fol. 36-54v), au nombre d’environ cent-cinquante, et encore cette collection dont je ne vois pas qu’on se soit encore occupé est-elle incomplète à la fin, un cahier du manuscrit ayant disparu entre fol. 54v et fol. 55.

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au x in e siècle, et l ’on peut même déjà dire, selon la vraisemblance, dans la région de Bologne. Sous le patronage explicite de Jacques de Dînant, le copiste a réuni: 1° un Breviloquium sur le dictamen (fol. 55-56v), que je publie ci-après, entièrement; — 2° un commentaire (expositiones) du même opuscule (fol. 57-65v), dont je reproduirai la première partie; — 3° une Summa dictaminis étendue (fol. 66-82v), qu’il peut suffire, provisoi­ rement, d ’analyser; — 4° une double série d ’exordes généraux s’adap­ tant aux divers échelons de la société ecclésiastique et civile, à savoir « in linea clericali » et «in linea seculari » (fol. 83-95v); un réviseur con­ temporain indique que le total est de deux cents morceaux protocolaires; cependant, la seconde collection (fol. 94v sq.) se trouve réduite arbi­ trairement aux textes concernant la personne de l’empereur et celle des r o is ;1 — 5° enfin et surtout, une collection de cinquante-trois lettres, réelles ou fictives (fol. 99-115v), qui offrent, toutes ensemble, le plus vif intérêt, mais que je ne puis songer à éditer tout de suite. Bornonsnous maintenant à l’essentiel, le mieux étant trop souvent l’ennemi du bien en matière d ’érudition. Le « Breviloquium » devait être un manuel de classe, longuement médité, puisque son auteur a pris soin de l’expliquer. Il révèle la même main qui a composé VArs arengandi; les préceptes et les exem ­ ples tirés du traité Ad Herennium y reparaissent. Je n’ai pas recherché davantage ses sources; très probablement, ne contient-il presque rien d ’original, à part la disposition. D eux exemples, entre autres, rendent un son plus vivant. Le professeur se met lui-même en scène, tout en justifiant une formule régulière d 'allocutio, pour introduire un dictamen: « A Jacques, homme vénérable ». Il tenait sans doute aux égards et aux titres, selon la coutum e des fonctionnaires empa­ nachés. Une autre formule topique est plus instructive: « A Octavien évêque de Bologne. » Il s’agit assez clairement d ’Ottaviano Ubaldini, qui fournit une longue carrière (1260-1295), et nous apprenons ainsi du haut de quelle chaire s’exprimait le moine pédagogue. Quant au reste, nous voyons, cette fois encore, que la grammaire, la com posi­ tion et la ponctuation étaient, au m oyen âge, l’objet d ’un enseigne­ ment méthodique et convaincu. Les « Expositiones» renforcent cette leçon. Elles nous apportent, au surplus, un exorde d ’un tour personnel: Jacques faisait partie de la dictatoria facultas. Ailleurs, il s’élève contre des collègues novateurs ou ignares (scioli), « néophytes d ’aujourd’ hui », comme il les appelle, 1 Voir dans la Summa, c. X V I , l’énumération complète des «personnes sécu­ lières », exactement parallèle à celle des « personnes ecclésiastiques » (c. X V ).

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en ayant soin d ’ajouter astucieusement: ut cum reuerencia loquar. Sans doute entendait-il garder la tradition des premiers maîtres du x m e siècle qui jetèrent tant d ’éclat sur l’école de Bologne, les Buoncom pagno, les Magister « Bene », les Guido Faba. Mais on aimerait savoir pertinemment à qui il en veut; serait-ce à Zacharie de Bologne, à Jean de Bologne, à Laurent de Cividale, qui devaient être ses collè­ gues et ses émules, mais probablement plus jeunes d ’â g e ? 1 Quoi qu’il en soit, Jacques, qui place régulièrement sous son propre nom les exemples à retenir, indique déjà ce que la Somme et les Exordes montrent en détail. 11 y a, selon lui, deux catégories ou genres de lettres, suivant que celles-ci vont du côté du pape ou du côté de l’em­ pereur. N on pas qu’il envisage, dans cet ordre littéraire, un antago­ nisme par ailleurs trop réel; il n ’est question, pour un « dictateur», que de distinguer les deux sociétés juxtaposées, qui réalisaient, dans la sphère des principes, l’harmonie du m onde médiéval, de même qu’il y a deux droits, traditionnellement établis, le « canonique » et le « civil ». Par où il s’ avère, de notre point de vue, que la chancellerie impériale continue de fonctionner en Italie. Ceci ne permet point de dépasser la fin du x m e siècle. Néanmoins convient-il de se rappeler que le Saint-Empire est arrivé pratiquement à son terme avec la m ort de l’infortuné Corradin, survenue en 1268; dès lors, il ne fait que se survivre pour quelque temps, comme la façade trompeuse d ’un monument du passé dont les œuvres principales sont en ruines. Chemin faisant, Jacques a l’occasion de se reporter à une « Somme » de sa com position, qu’il qualifie: dictatoria ou dictatorie facultatis, et qu’il déclare « depuis longtemps terminée » (iamdiu compilata)·, rai­ son de plus pour regarder son Breviloquium comme le fruit d ’un pa­ tient enseignement. C’est cette même Somme, évidemment, que le recueil de l’Angelica nous fait lire ensuite et dont je présenterai la succession des chapitres avec quelques extraits: « Summa dictaminis magistri Iacobi de Dinanto», suivant la rubrique de Vexplicit. D e même que VArs arengandi, elle est précédée d ’une pièce en vers léonins, où l’auteur réclame la propriété de son ouvrage. L ’identité de celui-là est donc établie une fois encore, de la façon la plus catégorique. J a c­ ques se présente de nouveau comme « moine ». Mais fut-il moine à l’ancienne mode, ou bien Cistercien? c ’est ce que l'on n’ose trop déci­ der, faute d ’arguments qui emportent la conviction. J ’inclinerais à croire qu’il appartint à l'observance de Cîteaux, plus sensible, assez curieusement, que l’ancienne lignée monastique à l’attrait des Univer­ 1 Sur ces auteurs et le- avérés maîtres de Bologne au cours d·' x m e siècle, voir H. B r e s l a u, op. la’ ·!., p. 257 :·>.«■

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sités; on peut aussi noter que Jacques inscrit les « convers » sur sa liste des personnes ecclésiastiques,1 et c ’est là un trait notoire de l’organisation cistercienne. Je prévois du reste une objection: si ce professeur était enrôlé dans l’Ordre de Cîteaux, ne s’en fût-il pas glo­ rifié? - Peut-être; mais les raisons de pure vraisemblance échappent au contrôle et peuvent donner lieu à des discussions sans fin. Mieux vaut donc laisser la question p o sé e .2 Parmi les Ordres nouveaux, constitués au x m e siècle, Jacques de Dînant ne signale expressément que celui des « Mineurs » qu ’il sait régis par des « ministres » et des « custodes. » Mais il connaît aussi les Templiers, leurs « maîtres » et leurs « précepteurs », et ceci vaut un terminus ad quem·, les Templiers n’ont pas encore succombé aux entre­ prises de Philippe le Bel (1307-1314). Parmi les autres données chrono­ logiques, qu’on pourrait encore recueillir çà et l à , 3 j ’en retiens deux seulement, plus circonstanciées. Jacques est informé de première main au sujet des habitudes épistolaires d ’un cardinal « bone memorie», défunt par conséquent, qui portait très probablement le nom de Guil­ laume. 4 II doit s’agir, dans le cas, de Guillaume de Bray, doyen de Laon, archidiacre de Beims, promu au titre presbvtéral de Saint-Marc en 1262, décédé le 29 avril 1282. Cette fois, nous aurions donc à mar­ quer un terminus a quo. Un autre récit, plus vague par rapport aux dates qui nous importent, n ’en est pas moins fort significatif. Jacques s’y m ontre un témoin bien informé des affaires de la commune de Bologne (c. X X X ) . Il nous raconte en effet, que, dans l’aventure mili­ taire où le roi Enzo, fils rebelle de l’empereur Frédéric II, fut saisi par les troupes bolonaises à Possalta, le 26 mai 1249, le succès dépen­ dit proprement du savoir-faire du « podestat ». 5 Des expressions employées, il semble aussi qu’on puisse induire que le malheureux roi de Sardaigne, demeuré dans les prisons de la république jusqu’à son décès (15 mars 1272), 6 n ’était plus de ce monde, quand la Somme 1 Noter qu’il nomme en outre les « oblats» pizocati, ou frères du tiers-ordre, connus spécialement en Italie (pizzocheri). 2 Je rappelle, sans insister, que les Cisterciens possédaient, depuis l’année 1250, une abbaye non loin de Bologne, elle s’appelait Strada. (Santa Maria de Strata): ef. J a n a u s c h e k , Origines Cistercienses, p. 248 (n. 647). 3 Noter les mentions accordées aux « princes » d’Achaïe, d’Antioche, de Salerne. La dernière pourrait être caractéristique; elle paraît s’appliquer à la maison d’ Anjou, en la personne de Charles d’Anjou, titulaire en 1266. 4 Le copiste orthographie, à deux reprises: Vichelmi (c. L U I). 5 Sur ce fait d’armes, voir le Ohronicon Bononiense (de 1162 à 1299), publié par A . C a l o g e r a , Nuovaraccoltad’opuscoli IV (1758), p. 129 sq.; le podestat est nommé: Philippus de Ugonibus. Voir de plus le Memoriale historicum reram Bononensium pa,r Matthaeus de Grift'onibus (M u r a t o r i , Scriptores, X V I I I , 1731, p. 113). 6 Cf. le susdit Memoriale (ad ann. 1272), p. 122 E.

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fut rédigée; en outre, que les sympathies de l’auteur allaient au parti gibelin. Si quelque doute subsistait encore touchant la situation réelle de Jac­ ques de Dînant, les lettres qui sont conservées dans le recueil de l’Angelica dissiperaient les dernières obscurités, aussi vrai que ces textes, lus même distraitement, font la pleine lumière autour de celui dont ils portent le nom. Je puis me borner aux indications les plus nettes; car les faits abondent désormais. La première épître (fol. 99) a l’adresse que voici: « Johannes de Columpna, dei simul et apostolica gracia Romandiole cornes·. Vniuersis recthoribus eiusdem prouincie, salutem cum pacis augmenta» (Ea que geruntur in terris...). Ce Jean Colonna se déclare mandataire de « notre très saint père N ., par la divine providence pontife du siège de Rome. » Il est clair qu’on doit identifier ces personnages, l’un avec M colas IV, Jérôme d ’Ascoli, ministre général des Frères Mineurs, puis évêque de Palestrina, élu pape en 1288, qui accorda toute sa. faveur aux Co­ lonna (t 1292), l’autre avec le chef de la même famille en ce temps-là, sénateur de Rom e, nommé par le précédent marquis d ’Ancône et recteur de la Marche, décédé un peu avant 1294. 1 La réponse suit, modeste, dépêchée par un Malatesta, c ’est-à-dire, sans doute, au nom de la commune, alors guelfe, de Rimini: « Vira potentissimo patriciorum Romanorum sanguine clarissimo domino J. de Columpna dei simul et apostolica gracia Romandiole comiti Malatesta reuerencie munus tam debitum quam deuotum» (Status rei publiée conscruatur...). Ces pièces, correspondantes, ne peuvent être tenues pour des fictions, et c ’est assez dire que Jacques de Dînant avait de l’entregent. Les deux der­ nières de la collection (fol. 114v-115) sont envoyées, l’une par V., citoyen de Bologne, k L ., citoyen de Gênes, l’autre par C., pareillement citoyen de Bologne, à A ., citoyen de Lodi. On peut dire que la plu­ part des morceaux intermédiaires trouvent place dans le même cer­ cle, avec Bologne pour centre. Plusieurs n ’ont d ’autre objet que de tenir en relations des étudiants de Bologne avec leurs parents, en résidence à Parme ou ailleurs, et avec leurs amis (f. 103-104v, l l l - l l l v); et dans ce rôle, classique pour les dictatores, même s’il n ’y faut voir qu’un jeu, Jacques est bien le professeur que l’on s’attend à rencontrer. Aussi bien, il écrit, au nom des « recteurs de l’université des écoliers étudiant à Bologne » (fol. 108); mais, d ’autre part, à un citoyen de Florence, de la part du pode­ stat, du capitaneus et de toute la commune de Bologne (fol. 105v, 1 Cf. L . M onîaldus , Sériés rectorum Anconitanae MarcMae (Recanati 1X24), p. 19; A . Coppi , Memorie Colonnesi (Rome 1855), p. 65 sq.

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106v) ; 1 et encore: à l’abbé de Saint-Procule (de Bologne), de la part de l’abbé G. de Nonantola (fol. 107) — à savoir Guido, qui fut abbé de Saint-Silvestre, de 1280 à 1309; à l ’évêque de Yerceil, de la part de «Ocio», archevêque de Milan (fol. 112v) — à savoir Othon Yisconti (1263-1295); à O. marquis d ’Ancône, de la part des consuls de Bologne (fol. 113) — à savoir Napoléon Orsini, recteur de la Marche en 1289, puis de nouveau, après Jean Colonna, de 1296 à 1 3 0 1 .2 Que, pour le reste, notre auteur se soit laissé aller à des fantaisies, qui ont peu de portée en dehors de la rhétorique, c ’est ce qui ressort sans conteste d ’une «missive» qu’il suffira d ’énoncer (fol. 102): « Mcsscias prophetice repromissus et cuntis a seeulis expectatus uniuersis A de filiis cuiuscumque ritus et fidei sint professores, salutis officium non nugatorium, sed salubriter salutare» (A mundi principio cum cecidit protoplastus...)·, - et, non moins, de la réplique, censée soit de Nicolas I I I (1277-1280, soit (plutôt) de Nicolas IV (1288-1292), comme il appert (fol. 102v): « Nicholaus episcopus seruus seruorum dei non dilecto sed perdicionis filio desolacionis ydolo, nec salutis nee apostolice benedicionis graciant salutarenv>(Non terrant tantummodo, sed et celum possit3 facilius dépé­ rir e quant possit solui scripture iota minimum sacrosante...). Deux autres exercices du même goût comportent une date qu’on pourrait attacher, provisoirement, à l’ensemble du dossier. Par la main béné­ vole de notre magister, Philippe, roi de France, c ’est-à-dire Philippe IV le Bel (1284-1314), petit-fils de saint Louis, mande au sultan (soldano) une épître « comminatoire », à propos de la destruction de Saint-Jean d ’Acre (fol. 110): Securis contra secantem per eam non debet ullatenus gloriari...·, bien plus, la cité d ’Acre s’efforce, à son tour, d ’ apitoyer sur son sort l’Église entière (fol. 108v): Diuina iudicia sunt abissus... Le copiste a pris soin d ’indiquer en marge, au moyen d ’une rubrique proprement dite, la date de cet évènement mémorable, qui émut en effet la chrétienté: « Sub A nno domini millesimo ducento nonagesimo primo indictione quarta die Veneris decimo octauo madii » (fol. 109). L ’on peut en rester là, en concluant de ces divers détails que Jac­ ques de Dînant, moine et rhéteur, versé pareillement dans l’art du plaidoyer et dans celui du dictamen, dépensa ses talents à Bologne

1 Noter que la chronique de, 1162 à 1299, publiée par Oa l o g e k a (voir ci-dessus) n’est guère qu’ une liste des podestats (potetitatrs) et des capitaines de la commune. Par malheur, elle ne manque pas de lacunes, et je n’ai pu y reconnaître les noms du podestat TI. et du capitaine M ., désignés en même temps. 2 Cf. M onaldi , op. laud., p. 19, 21; et P. Sella , Costituzioni dello stato delta Ghiesa antsriori alla riforma Albornoziana (Florence 1927), p. 5. 3 poscit Ms.; plus loin, le réviseur a corrigé la même faute.

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vers le déclin du x m e siècle. Il est possible, d ’ailleurs, qu’il y ait passé vingt ou trente années, voire davantage. Retenons aussi que l'école de Bologne com pte dans ses rangs un nouveau maître que la postérité avait trahi. La teneur du h'eginensis est correcte d'ordinaire, et presque tou­ jours peut-on la contrôler au moyen du traité Ad Herennium. Celle du recueil de l’Angelica, au contraire, cause beaucoup de souci; un reviseur a redressé souvent les phrases du Brevüoquium et des Expositioneu; pour la ¡Stimma, l’ éditeur est réduit à ses propres ressources. Je ne saurais me flatter d ’avoir toujours compris bien ce que j ’ai tâché de transcrire exactement. * * * Ars arengandi datur hoc sub breuitate, Discrete fandi que non caret utilitate. Concio miratur si prudens quisque loquatur. Quam sit preciarum bene dicere, quam quoque rarum Omnes cognoscunt qui mundi climata noscunt, Dum non ignoscunt miseris qui premia poscunt. Quam per scripturam non audiui specialem Tradi, per curam dare nunc uolui generalem. Salomon huic primus auctor nec Tullius ymus Dicitur, et nummus dicar qui sum quasi limus. Deposco ueniam uanitatis quam michi non do. Non paret inuidiam, dico non propria condo. Tullius est auctor cunctorum si uideatur, Sim uelut extractor, ne liuor in hoc acuatur. Iacobus est nomen scribentis, consonet omen, Dinanto natus, monachi uoto religatus.

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(1.) Concionatoris officium est de hiis rebus posse dicere que res ad usum ciuilem legibus moribus ue constitute sunt, quo aptius fleri poterit. E s t1 autem sciendum quod ea que requiruntur in oratore siue aduocato, excepta sciencie subtilitate quantum ad practicam, suo modo requi­ runtur in contionatore, qui uulgo dicitur arengator. -> Nomen- contionatoris proprie fuit ipsius prudentissimi Salomonis; qui Salomon ecclesiasten se uoluit nominare. Dicitur enim ecclesiastes secun­ dum linguam Hebraycam contionator. Salomon autem in libro qui dicitur Ecclesiastices 2 ecclesiasten se dixit, v an ita s , inquit, vanitatum d ix it ECCLESIASTICES, VANITAS VANITATUM ET OMNIA VANITAS. Ex Iliis liquido 10 patet quante nobilitatis sit concionatoris officium, quod quidem ab ora1 Particulae omnes partis cuiusque rubro signo idest *f[ distinguuntur. 2 ecclesiastices sic scriptor ipse correxit ex ecclesiastes.

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toris officio noscitur emanasse, quod deinde a tam nobilissimo exemplari, uidelicet Salomone qui concionatorem se dixit, sumpsit paradigma nomi­ nis et ominis,1 regulam denominationis proprie siue formam. (2.) Sunt autem tria genera causarum que spectant ad officium concionatoris: demonstratiuum, deliberatiuum, iudiciale. Demonstratiuum est quod attribuitur in alicuius persone laudem uel uituperationem, ut si uelim arengare quod seruus sit dignus laude uel 5 uituperio. Deliberatiuum est quod, positum in consultatione, habet in se sua­ sionem dissuasionem, ut an debeat fieri exercitus contra Reginos uel non. Iudiciale est quod, positum in controuersia, habet accusationem 10 cum defensione, ut si accusem seruum de furto uel petam X solidos ab eodem. (3.) Notandum autem quod demonstratiuum respicit tempus preteritum, deliberatiuum futurum, iudiciale presens. Debet igitur habere concionator V. Recepta namque causa demonstratiua uel deliberatiua uel iudiciali, 5 procurare debet concionator quomodo necessaria ad causam suam inueniat Secundo, quomodo inuenta disponat. Tertio, quomodo inuenta eloqui debeat. Quarto, quomodo inuentorum et dispositorum memoriam habeat. Quinto, quomodo coram iudice uel aliis quorum interest pronunciare 10 debeat tam inuenta quam etiam disposita per eundum. Et sciendum quod inuentio est rerum uerarum aut uerisimilium que reddunt probabilem concionem. Dispositio est ordo et distributio rerum que demonstrat quod quibus locis sit collocandum in concionando. 15 Eloquutio est ydonea uerborum et sentenciarum ad concionem accomodatio. Memoria est firma rerum ac uerborum animi perceptio. Pronunciatio est uocis, uultus, gestus2 moderacio cum uenustate. (4.) In oratione concionatoria exiguntur VI, quemadmodum in ora­ tione rethorica, ex quibus partibus concionator conficit dictum suum. Prima pars est exordium. Secunda narratio. 5 Tertia diuisio. Quarta confirmatio. Quinta confutatio. Sexta conclusio. 1 Hic credo sic legendum esse pro communi compendio o(mn)is. 2 gustus Ms.

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L ’ « ARS AREN G AN D I » D E JACQTTES D E D IN AN T

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Debet enim concionator in causa demonstratiua, si causam suscipiat defendendam u e l1 impugnandam, et similiter in causa deliberatiua et to iudiciab':2 primo inuenire exordium cause, secundo narrationem et sic de singulis, ita uidelicet ut primo exordiatur. Secundo exordita debet nar­ rare, tercio narrata diuidere, quarto diuisa confirmare, quinto dicta uel que dici possent in contrarium dicti sui confutare, sexto et ultimo concludere. (5.) Igitur exordium est principium orationis per quod animus audi­ toris uel iudicis constituitur uel comparatur ad audiendum. Narratio est rerum gestarum aut proinde { u t ) 3 gestarum expositio. Diuisio est per quam aperimus quid conueniat, quid in controuersia sit, {e t) per quam exponimus quibus de rebus dicturi sumus. 5 Confirmatio est nostrorum argumentorum expositio cum assertione. Confutatio est contrariorum locorum dissolutio, idest argumentorum. Conclusio est artificiosus terminus orationis. (6.) Exordiorum due sunt species: principium et insinuatio. Est autem principium, cum statim auditoris animum nobis vdoneum reddimus ad audiendum. Insinuatio eius modi debet esse ut occulta dissimulatione illa eadem faciamus per insinuationem que facere intendimus per principium. r> Unde hec est differentia inter principium et insinuationem, quia prin­ cipium statim et aperte reddit ydoneum auditoris animum ad audiendum, insinuatio uero occulte et per dissimulationem eadem facit que principium. Iterum alia {est) differentia inter principium et insinuationem, quia, cum principio uti non possumus nec debemus, tunc insinuatione uti debemus, io (7.) Notandum quod sunt tria que debemus a iudice uel ab auditore acquirere per principium et insinuationem: docilitatem, attentionem, beniuolenciam. Dociles auditores habere poterimus, si summam breuiter exponemus et si attentos eos faciemus. Nam docilis est ille qui attente uult audire. r> Attentos habebimus, si pollicebimur nos de rebus magnis et inusitatis uerba facturos. Beniuolos faciemus IIII modis: a nostra {persona), ab aduersariorum nostrorum persona, ab auditorum persona, a rebus ipsis. A nostra persona beniuolenciam contrahemus, si nostrum officium m sine arrogancia laudabimus, aut in rem publicam, quales fuerimus, aut in parentes, ant in amicos, aut in eos ipsos qui audiunt aliquid referemus; cum hec omnia ad eam ipsam rem de qua agitur si{nt) accomodata; item si incommoda nostra proferemus, solitudinem, calamitatem, et si orabimus ut nobis sint auxilio, si simul ostendemus nos in aliis spem habere noluisse. t"> 1 uel] in add. Ms. 2 iudieiali] scripsi pro demonstratiua 3 cf. § 27 de « narratione »

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124

ANALECTA -

REG. LA T . 64

(8.) Ab aduersariorum persona captabitur beniuolencia, si eos in odium, in inuidiam, (in ) contemptionem adducemus. In odium rapiemus, si quid eorum spurce, superbe, perfidiose, crude­ liter, flagitiose, confidenter, malicióse factum proferimus. (In ) inuidiam trahemus, si vim, si potentiam, factionem, diuicias, incontinenciam, nobilitatem, clientulos, ospicium, sodalitatem, affinita­ tem aduersariorum aperiemus. In contemptionem adducemus, si inherciam, ignauiam, desidiam, luxuriam aduersariorum proferemus. (9.) Ab auditorum persona similiter captatur beniuolencia, si res eorum feliciter,1 sapienter, mansuete, magnifice iudicatas proferemus, si que 2 de hiis estimatio, que iudicio exspectatio sit aperiemus. (10.) A rebus ipsis beniuolum faciemus auditorem, si nostram causam laudando extollemus, aduersariorum per contemptionem deprimemus. (11.) Videndum est quot sunt conditiones causarum siue questionum quantum ad earum proprietates siue denominationem, ut sciamus in quo genere uel in qua specie concionator loquatur. Est autem quadruplex: honestum, turpe, dubium, humile. Honestum est, cum aut id defendimus quod ab omnibus defendendum uidetur, aut oppugnamus quod uidetur (a b ) omnibus oppugnandum, ut pro uiro forti contra par(r)icidam. Turpe genus intelligitur, cum aut honesta res oppugnatur aut defen­ ditur turpis. Dubium genus est quod habet in se causa 3 honestatis aut turpitudi­ nis partem. Humile genus est, cum contempta res ante fertur. (12.) Si dubium genus cause habebimus, ne quid 4 illa turpitudinis pars nobis obesse possit, a beniuolentia constituemus. Si humile genus cause erit, faciemus attentos. Si turpe genus erit cause, insinuatione utendum est, nisi quid nacti erimus, quare, aduersario criminando, beniuolenciam captare possimus. Si honestum genus erit cause, licebit recte uel uti uel non uti princi­ pio. Si uti nolemus, aut id opportebit ostendere quare causa sit honesta, aut breuiter quibus de rebus dicturi sumus exponere. Si principio uti nolemus, a lege, (a ) scriptura, uel ab aliquo firmissimo nostre cause adiumento principio carere 5 opportebit.

1 sic pro fortiter (cf. Ad Herenn. 1 , 5 § 8) 2 qua Ms. 3 causam Ms., immo expunctum 4 neq(ui)t sic Ms., sed scriptor ipse lineolam post ne nota\ it 6 sic pro principium capere (Ad Herenn. I, 4 § 6)

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(13.) Sciendum quod uti principio nos non possumus, si causam tur­ pem habebimus; hoc est cum ipsa res animum auditoris a nobis alienat, aut cum animus auditoris persuasus esse uidetur ab hiis qui ante contra­ dixerunt, aut cum defessi sunt eos audiendo qui ante dixerunt. (14.) Notandum quod, si causa turpitudinem habebit, exordiri pote­ rimus: hiis rationibus hominem non rem, aut rem non hominem spectari opporteret, non placere nobis ipsis que facta dicantur ab aduersariis et esse indigna et nefaria. Deinde, cum diu rem auxerimus, nichil simile a nobis ostendemus 12factum, aut aliquorum iudicium de simili causa aut de maiori aut de minori proferemus. Deinde ad nostram causam pedetentim 2 accedemus et similitudinem conferemus. Item, si negabimus nos de aduer­ sariis aut de aliqua re dicturos, et tamen dicemus interiectione uerborum. (15.) Notandum quod, si dicta partis aduerse fidem fecerint contra partem nostram, si uolumus exordiri, insinuabimus ad causam nostram de eo quod aduersarii firmissimum adiumentum sibi putauerint, de illo primo pollicebimur nos dicturos, aut ab aduersariis dictai3 exordiemurj et ab eo maxime quod ille nuperrime dixit, aut dubitatione utemur quid potissimum dicamus, aut cui loco 4 primo respondeamus cum adfirmatione. 5 (16.) Sciendum quod, si auditores erunt defessi per eos qui antea contra nos dixerunt, debemus exordiri ab aliqua re que risum mouere possit, uel apollogo uel fabula uel uerisimili immutatione,6 deprauatione,7 inuersione ab ambiguo,8 suspitione, irrisione, stulticia, exurpatione,9 collectione, litterarum mutatione, preterea exspectatione, similitudine, nouitate, istoria, uersu aut aliter interpellatione aut arrisione. Et si pro­ miserimus aliter, ut parati fuerimus, nos dicturos esse, nos non eodem modo, ut cuncti101 soleant, uerba. facturos, quod alii soleat, quod nos facturi sumus, j quod | 14 breuiter exponemus. (17.) Tria sunt que debent seruari in exordio, et nomine exordii intelligitur principium et insinuatio. Primum est ut leuis 12 sit sermo; secundo

1 ostendimus Ms. 2 pede tentim Ms. 3 pro aduersarii dicto (Ad Ilerenn. I, 6 § 10) 4 ioco Ms. 5 admiacione uel adnnacione sic male Ms. (nota syllabae er superposita) 6 sic pro imitacione 7 deprauare(m) sic Ms. 8 sic ab amb. pro abiectione 9 pro superlatione 10 pro ceteri 11 Verbum illud superest. 12 sic pro lenis

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126

ANALECTA -

KEG. LAT. 64

ut usitata \Sit> uerborum consuetudo; tertio, ut non ap parata1 uideatur oratio esse. (18.) Dictura est quibus modis exordium fieri debeat, hoc est que sunt condiciones exordii laudabiles. Nunc uidendum est que uicient exordium. Sunt autem VIJ. Primum uiciosum exordium est quod in plures causas accomodari potest, quod uulgare dicitur. Secundo uitiosum est exordium 5 quo nicliilominus aduersarius uti potest, quod commune appellatur. Tercio uiciosum est illud quo aduersarius ex contrario poterit uti. Quarto uiciosum est quod nimium apparate propositum est. Quinto uiciosum est quod ni­ mium proprie cohereat cum narratione. Septimo 2 et ultimo uiciosum est exordium quod neque beniuolum 3 neque docile neque attentum faciat io auditorem. (19.) Tria 4 conuenit habere narrationem, ut sit breuis, ut sit dilucida, ut sit uerisimilis. Breuis erit, si inde incipiemus narrare unde necesse erit; et si non ab ultimo initio repetere uolemus; et si summatim, non particulariter, narraa bimus; et si non ad extremum, sed usque quo opus erit, persequemur; et si translationibus 5 nullis utemur; et si non deherrabimus ab eo quod cepi­ mus exponere; si exitus rerum ita exponemus ut ante quoque que facta sunt fieri6 possunt, tamen et s i7 nos reticuerimus; quod genus est,8 si dicam me ex prouinciarediisse, profectum quoque in prouinciam intelligatur. io Et omnino non modo id quod obest, si id quod neque obest neque adiuuat sacius est preterire. Et ne bis aut, sepius idem dicamus,9 cauendum est etiam ne id quod supra semel diximus deinceps repetamus. (20.) Verisimilis narratio erit, si, ut morum,10 ut oppinio, ut natura postulat, dicemus; si spacia temporum, dignitas personarum, consilio­ rum rationes, locorum oportunitates constabunt, ne refelli possit aut temporis pavum fuisse, aut causam nullam, aut locum ydoneum non 5 fuisse, aut homines ipsos facere aut pati non potuisse.11 Si uera res erit,12 nichilominus hec omnia conseruanda sunt; nam sepe ueritas, nisi

1 approba(n)t sic Ms. 2 Sic sextum uitium omissum fuit. 3 prius beniuolenciam 4 Quia sic Ms. 6 pro transitionibus 6 sic pro sciri uel pro scire (Ad Herenn. I, 9 § 14) 7 sic tamen et si pro tametsi 8 est hic superest, ut videtur 9 Hic mala distinctio in ms. notatur, ut cauendum tantum cum iis quae se quuntur coniungatur. 10 sic pro mos 11 potuisses Ms. 12 reserit sic

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L ’ « ARS ARKNGANDI » D E JACQUES DE D IN AN I'

12?

exornata sit,1 fidem non potest facere; si erit ficta,2 eo magis est conseruanda. De hiis rebus caute, confingendum est; quibus in rebus tabule aut ali­ cuius firma auctoritas uidebitur interfuisse. io (21.) Causarum diuisio in duas partes distributa est. Primum percreata narracione 3 debemus aperire quod 4 nobis eonucniat cum aduersariis, quid in controuersia relinquatur. Demum, cum hoc fecerimus, distributione uti debemus; ea diuiditur in duas partes; in enun­ tiatione et expositione. j Enuntiatione utemur, cum dicemus de numero, quot de rebus dicturi sumus. Eam plus quam trium partium numero contineri non opportet. Nam et periculosum est, ne quando minus plus ue dicamus, et suspitionem affert auditori meditationis et artificii, que res fidem abrogat orationis. Expositio est, cum res de quibus dicturi sumus exponimus breuiter et io absolute. (22.) De quarta et quinta et sexta parte orationis concionatorie est sciendum quomodo 5 de hiis promiscue tractat Tullius. Sed quantum ad hanc artem spectat que illi subalternatur tanquam menbrum nobile, sic erit notandum quod, habito principio et inuento uel insinuatione reperta, ubi insinuatio habet locum, statim debemus post principium et insinuationem narrationem aggredi, et breuiter et dilucide et uerisimiliter quan­ tum possumus enarrare. Cauendum tamen ne narrationem que multa continet aliquando de necessitate uelimus uiolenter abbreuiare, omissis aliquibus de contingen­ tibus uel necessariis. Narratione6 completa, oportet narrationem diuidere et enuntiare, et enuntiata exornare. Quibus factis debemus exornata pro­ bare. Dictis nostris confirmatis, debemus si qua dicantur in contrarium confutare, hoc est ualde dolendum est quod ad illud quod corpus nostrum inquinat et destruit, animam occidit, famam obnubilat, eterna beatitudine nos priuat et ad supplicia perpetua nos obligat, tanta auiditate, tanto desiderio et tanto conamine rapimur, et ad illud summum bonum nostrum, perfectum gau­ dium nostrum, delectabile et suaue iugum, scilicet amorem diuinum, dc 10 quoi toute ioie uient et tous solas, — unde dicit auctoritas quod amor est causa totius iocunditatis, — ad ipsum scilicet inquirendum et acquiren­ dum tantum segnes, tepidi et remissi sumus, prodolor. Nec mirum quod scriptum est in Genesi:1 s e n s u s h o m i n i s e t c o g i t a t i o p r o n i s u n t a d m a l u m a b a d o l e s c e n t i a s u a . Et natura corrupta magis appetit corrupti- i» bilia et sibi nociua, scilicet uoluptates et delicias, quam permanentia et sibi utilia, quia ualde difficile, inmo impossibile est ut caro nata de uanitate et uoluptate non sit uanitatis et uoluptatis amatrix. Et uere, in quan­ tum deus melior est quam mundus uel caro, in tantum feruentius et arden­ tius amandus a nobis esset. Mundus clamat: v Ego de aciam »; caro dicit: 20 « Ego putrefiam »; diabolus: « Ego decipiam », deus uero: « Ego reficiam ». Vide ergo quem sequeris ad amandum. Deum uere solum, si sapiens fueris. Idcirco uideamus ea que nos incitare possunt et debent ad eum perfecte amandum. 166 ad h (o )c R s(an)e(t)am R 167 m ulta m ultum T, fortasse m ultum redundat, ex archetypi vitio 168 om ittem us R em ittim us T 1 q u in q u e] septem R T ; ista sunt praem ittit B 2 diligendum deum i? ar­ denter om. B 5 ortam . B 13 proch d ol. B 21 d y a b . B R (et constanter infra) 22 u id e] unde B T 1

1 G e n . V I I I , 21 ( V u l j S. enim et cog. hum ani cordis in malum prona s. etc.).

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206

ANALECTA -

REG . LAT. 71

[1 ]

Et precipue quinque sunt que incitant nos, scilicet sacra scriptura, natura, gratia nobis a deo exhibita, uniuersa creatura, et gloria nobis a deo repromissa.

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[I.] Scriptura nos incitat in multis locis. Unde Deuteronomium VI0: 1 d o m i n u m d e u m t u u m t o t o c o r d e t u o , et cetera. Item, X I0: 1 23 a m a d o m i n u m d e u m t u u m , et cetera. Item, prima Iohannis 1111°: 3 d i l i ­ d il ig e s

gam us

DEUM, QUONIAM IPSE PRIOR DILEXIT NOS.

[II.] Natura ad idem incitat. Si enim amat filius naturaliter patrem a quo habet partem corporis sui, quanto magis amare debet deum, qui 10 corpus eius et animam ex nichilo fecit. Unde Augustinus: Amandus est generator, sed preponendus est creator.45Item Ecclesiastici V II0: 8 i n t o t a a n i m a t u a d i l i g e e u m q u i t e f e c i t . Et qualem te fecit, Bernardus deter­ minat in sermonibus, ita dicens: Cogita o homo qualem te deus fecerit: nempe secundum corpus egregiam creaturam, secundum animam magis 15 ymagine creatoris insignem, rationis participem, beatitudinis eterne capa­ cem; porro ambos sibi coherere fecit, scilicet corpus et animam, artifitio incomprehensibili, sapientia inuestigabili.6 Nec ante promeruit homo, quia ante non fuit; nec spes retributionis deo fuit, quoniam bonorum nostrorum non egete Item, si aliquis miles diligit aliquem dominum suum, eo quod io aliquid tenet in feodum de ipso, et fidelitatem ei in omnibus conseruat, quantum amandus est deus a nobis, a quo habemus et tenemus sensum nostrum, rationem, memoriam, membra nostra, sensus corporis nostri, corpus nostrum et animam nostram. Non enim uellemus amisisse uisum nostrum pro mille marcatis terre annui redditus, nec rationem uel sen­ as sum uel uitam nostram pro toto mundo, et tamen hec et multa alia dedit nobis deus, et ea et multa alia tenemus a deo, et tantummodo ea habe­ bimus quamdiu ei placuerit, et tam parum eum timemus et diligimus. Unde Bernardus: Valde omnino michi amandus est, per quem sum, uiuo et sapio.7 2 ex ib. R 3 d e o ] ex ib ita prius add. B postea cancellavit 4 deut. R deuteron. B T , sic compendio, fortasse pro deu teronom io 13 tu o om. R T 15 T sic distinxit: ins. rationis, part. beat, eterne, capacem p orro... 17 h o m o ] scilicet add. R 24 m archat. B 25 d edit... alia (26) om. B T

1 D e u t . V I, 5 (ex to to ). 2 D e u t . X I , 1. 3 1 I o h . IV , 19 (Yulg.: qu on . deus prior). * A u g ., Serm. C, 1 § 2 (P . I... X X X V I I I I , 603). 5 E c c l i . V I I , 31, 32. 6 B e r n ., Serm. de Ps. qui habitat, X I V § 1 (P . L ., C L X X X I I I , 239 A 1. 3: paulo diversius). 7 B e r n . In Cant. X X § 1 (ib id ., 867 A 1. 10)

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TRAITÉS D E GÉRARD DE LIÈGE

[DI.] Gratia etiam a deo nobis exbibita inuitat nos ad eum amandum, 30 et maxime gratia redemptionis. De qua secunda {a d ) Corinthios VIII0: 12 s c i t i s f r a t r e s g r a t i a m d o m i n i n o s t r i ih e s t j c h r i s t t , idest con grant amour il eut a nous, et con grant bonte il nons a fait. Et determinat apostolus ipsam in parte, non tamen in toto, ista dicens: q u o n i a m p r o p t e r v o s egenus

factus

est

cum

esset

d iv e s ,

ut

il l iu s

in o p ia

vos

d iv it e s

35

Item {a d ) Galatas II0: 2 d i l e x i t m e e t t r a d i d i t s e m e t i p s u m p r o m e . Non ero ingratus tante gratie dei. Car certes ie lamerai. Sed quan­ tum? Querit Augustinus a domino quantum amare eum debeat, ita dicens: Quantum amabo te, bone Ihesu, quantum amabo? Amor tuus sicut fons iugiter fluens, amor meus sicut sitis. Ex toto enim te me amasti. Scio certe w quid faciam. Ponam totum meum contra totum tuum, idest tout contre tout, et ex toto me te amabo.34 *7Quod prius non potero, plus autem potero, cum dare uolueris. Sed unum tamen scias quod non quiescam donec totus amor fiam. — Item dicitur, Ecclesiastici X X IX 0: 4 g r a t i a m f i d e i u s s o r i s t u i n e o b l i v i s c a r i s . Et pour quoi? Certe, quia dedit pro te animam suam, is Ecce in parte quantum nos deus amauit, et quantum eum amare debemus, scilicet ex toto nos, quia ipse nos ex toto se. Unde in Ieremia:5 r e l i q u i e s s e t is .

DOMUM MEAM, DIMISI HEREDITATEM MEAM, DEDI DILECTAM ANIMAM MEAM m a n i b u s i n i m i c o r u m s u o r u m , et hoc totum fecit pro te. Unde Petrus in canonica sua:6 c h r i s t u s p a s s u s e s t p r o n o b i s habendis. Unde Augustinus: Tantum emit te ut solus possideret.7 Car dius ne resamble pas garcon. Car il ne viout Ice nus parchon ait a lame ki lamera. Unde dicit Augu­ stinus: Amor dei in corde esse non potest, ubi non est uel solus uel sum­ mus, quia unum cor simul et semel diuersos amores non capit. Unde in Ysaia:8 COANGUSTATUM EST STRATUM, COrdiS SCilicet, ITA UT ALTER DECIDAT e t p a l l i u m b r e v e , amoris scilicet, UTRUM QUE OPERIRE NON p o t e s t . Ita est de amore dei et amore carnali, qui in simul esse non possunt. Ergo illa que pro nobis fecit et sustinuit deus nos incitare debent ad eum amandum. Unde Bernardus: Si totum me debeo deo pro me facto, quid addam pro me re-

in

50

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30 ex ib. B 31 secundo B cor. B T sic compendio, chorin t. item B 33 il 2 °]e st prius add. B postea exp. et om .B 34 tam en] tam 'J' ta(ntu)rn B 3 6 V II° sic B B T 37 la m erai] le ramerai B 40 fluens] feruens B T , scilicet add. B 42 p riu s] plus B B 45 q u oy B 47 iherem . B 50 sua om. T n obis] nobis relinquens exem plum prius add. T postea exp. 51 dieus B dex B 6 2 ga rchon B v iu t B v o e lt B n(ous) B parthon B alame B kilam era J? kil am . B 55 yza(ia) B ita ] ul sic prius add. T postea exp. 56 utrum q. B

1 II C o r . V III, 9. 2 G a i .. II, 20. 3 Tantum verba haec, ni ]altor, sincera Augustini opera exhibent, videlicet: [Diligam] deum ex toto me (Serm. X X X I V , 5 §8: P. L „ X X X V I I I , 212). 4 E coli. X X I X , 20 ( Vulg. om. tui). 6 H i e r . X I I , 7 ( Vulg.: m anu). 11 I P e t r . II, 21. 7 A ug ., Tr. V II in Ioh., §7 (P. L ., X X X V , 1441: Tanti emit ut s. possideat). 8 Es. X X V I I I , 20.

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2 08

ANALECTA -

BEG . LAT.

71

facto, et refacto hoc modo, — scilicet morte sua amarissima?1 — In primo opere me michi dedit, in secundo se; et ubi se dedit, me michi reddidit. Datus ergo et redditus, me pro me debeo et bis debeo. Et quid deo retri­ buam pro se? Nam et si me milies respondere possem, quid sum ego ad deum?2 - Item dicit Bernardus super Cantica: Super omnia reddit te michi «a amabilem, bone Ihesu, calix quem bibisti, opus nostre redemptionis. Hoc omnino amorem nostrum facile totum uendicat sibi. Hoc, inquam, est quod nostram deuotionem et blande allicit et iustius exigit et artius astrin­ git et afficit uehementius.3 - Item de eodem dicit Anselmus: Eccedo mine, quia me fecisti, debeo me ipsum amori tuo totum; quia tanta promittis, 70 debeo meipsum amori tuo tantum, inmo tantum debeo plus quam meipsum quanto tu maior me es pro quo dedisti te ipsum.4 60

[IV.] In predictis ergo apparet quod gratia nobis a deo exhibita inci­ tare nos debet ad eum amandum; item ad amandum deum incitat nos omnes creature. Unde Augustinus in libro Confessionum: Celum et terra 75 et omnia que in eis sunt, ecce undique michi dicunt ut te amem, nec cessant dicere omnibus, ut sint et inexcusabiles.5 Dupliciter dicunt creature nobis ut ^eum amemus: uno modo, ostendendo eum dignissimum amore nostro; bonitas enim uniuersarum creaturarum ostendit creatorem esse optimum, et ideo amore nostro dignissimum. Item sunt dona nature, dona fortune, so dona gratie et dona glorie. Dona nature sunt fortitudo corporis, pulcritudo, subtilitas, intellectus, eloquentia, uocis melodia, et similia que nobis dedit ad seruiendum sibi et ad euin amandum. Dona fortune sunt honores, diuitie et delitie. Sed heu nos nequissimi, de donis suis et gratiis suis non solum ei seruire con85 tempnimus, inmo de ipsis donis et gratiis suis, quod nequissimum est, ipsum inhonoramus, et guerram gerimus contra eum, prebentes et exhi­ bentes membra nostra et corpus nostrum arma iniquitatis peccato;6 de quo ualde dolendum est, quia crudelissime et horribiliter punietur. Est enim homo fortis, et quandoque contigit quod, de ipsa fortitudine glorians et 90 confidens, fit pugil, raptor uel predo. Fit quandoque homo acutus ingenio, peritus in legibus et eloquens, et fit aduocatus et uendit astutiam suam ad decipiendum et exhereditandum simplices et innocentes. Fit mulier 60 h o c ] licet B sua m or. B 66 h o c ] sed B 68 ancelm . B 70 ta n ­ tum 1° om. B T y (m )m o B 72 exib. R 74 et om. B 76 et om. BT 82 e t] delicie prius add. R postea exp. 86 ipsum om R ex ib. R 88 h orrib .] honorabiliter B 92 exered. R m ulier om. B T

1 B e r n ., D e dilig. deo V § 15 (P. L·., C L X X X I I , 985 C 1. 5). 2 Ibid . (983 C 1. 15). 2 B e r n ., In Cant. X X § 2 (P . L „ C L X X X I I , 867 C 1. 9). 4 A n s ., M edit. de hum ana redem ptione (P . L ., C L V III, 768 D -7 6 9 A 1. 5: paucis mutatis). 2 A u g .,- Confess. 1. X , 6 § 8 (P . L ., X X X I I , 782). 8 JiOM. V I, 13.

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TRA ITÉS R E GÉRAUB D E LIÈGE

209

pulcra et formosa, et de ipsa, pulcritudine sua impugnat deum, et animam et corpus scilicet et animas multorum concupiscentia sui trahit in perditio­ nem sempiternam. Unde Ecclesiasticus:1 p r o p t e r s p e t i e m m u l i e r i s 95 m u l t i p e r i e r u n t . Certe uerum est et in corpore et anima. Ecce quod unde debemus deum honorare et ardentius eum diligere, inde eum contempnimus et ad iracundiam prouocamus. Prodolor, dicit quedam auctoritas Gregorii, quid nequius, quid detestabilius quam ut inde creator tuus a te despiciatur unde magis merebatur amari? ioo [V.] Item dona gratie sunt uirtutes, ut est humilitas, benignitas, patientia, obedientia, caritas et cetera. Dona glorie sunt uisio, cognitio, fruitio et dilectio, et cetera bona que dinumerari non possunt; et pro hiis omnibus que pro me fecit deus nichil requirit a nobis deus nisi ut ametur toto corde a nobis. Ideo dicit Augustinus: Pro hiis omnibus que pro me fecit deus, quid ei retribuam non habeo, nisi ut tantum diligam eum? Non enim melius nec decentius quam per dilectionem rependi potest quod per dilectionem donatum est. Quankes il fist entiere il le fist pour mamour auoir, et quankes ie ferai dorénavant ie le ferai pour plaire a lui seulement et pour samour auoir, amen. Unde in Canticis:2 d i l e c t u s m e u s m i c h i e t e g o i l l i . Pro me enim totus uixit et pro me mortuus est. Sic et tota uita mea et tota mors propter ipsum erit, ut flat quod apostolus dicit: 3 s i v e m o r i a ­ m ur

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v iv a m u s .

[II] Cum, igitur in promptu habeamus querere et inuestigare in sacra scriptura aliqua que nos incitare et inflammare possunt et merito debent ad amandum deum, et aliqua iam supra habeamus, querendum nobis primo est quid sit amor siue dilectio, et que sit eius diffinitio. Hanc diffinit Augustinus, ita dicens: Amor est uis unitiua siue copu- 5 latiua, uniens et copulans amantem ad amatum.4 Item Honorius dicit quod amare deum perfecte est omnia commoda et incommoda contempnere causa perfruendi deo. Sciendum uero est quod anima rationalis talis nature est quod non potest durare uel uiuere sine amore, qualiscumque 95 unde] inde S IT (corr. B 2) 98 prochdol. B 103 denumer. B 104 que... deus o m .B T nisi... a nobis (105) om. B T 105 pro ii. omn. iterat T 106 eum om. B T 108 quanques B fist 7°] fit B 109 feray B dore enauant BB plere B 1 am. B

habeamus corr. T ut uid. ex habemus 2 ex citarer habemus B 6 uiuens B T 9 qualicumq. B T 1 3 2

3 am. deum] eum

1 E c c l i . I X , 9. 2

C a n t . II,

10.

X I V , 8 ( V u l g Sive enim vivimus, domino vivimus; sive morimur, domino morimur). * Atro., De Trinitate V III, 10 § 14 (P. L ., X L I I , 960: Quid est ergo amor nisi quaedam vita suo aliqua copulans... amantem scilicet et amatum). 3

R

om.

A. W ilm art , O. S. B.,

A n a lecta R e g in e n e ia .

14

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ANALECTA -

210

REG.

lat

.

71

sit. Et ideo cum ita sit, pour diu, uideat ut bene implicet et digne ponat amorem suum. Talis enim nature est amor cordis quod, si ponatur in aliqua re minus ualente quam ipse, deturpatur, deterioratur et uiliflcatur. Si uero erigatur ad illud quod eo melius, pulcrius et nobilius est, melioratur, pulcrior efficitur et nobilitatur ad modum metalli, et idcirco cum maxima 15 diligentia uidendum est ubi cor nostrum et amorem nostrum ponamus, quia, sicut Bernardus dicit, in omni creatura que sub sole uanitatibus occupatur nichil humano corde sublimius, nichil nobilius, nichil pretiosius, nichilque deo similius reperitur. Quapropter nichil requirit deus a nobis nisi cor nostrum, idest amorem cordis nostri. Et certes il le doit bien auoir 20 pour moult de raisons, quia, si ad donandum est, nullus eo dignior est quam deus, cum ipse sit summe bonus et summe spetiosus pre omnibus filiis hominum.1 Unde in Elucidario scriptum est quod deus est tam inestimabilis pulcritudinis, tam ineffabilis suauitatis et dulcedinis, ut angeli qui septuplo solem sua uincunt pulcritudine iugiter in eum insatiabiliter 25 desiderent prospicere.2 Et non solum ipse est spetiosus, sed etiam tocius spetiei generator est, ut habetur in libro Sapientie.34Item si uenalis est amor noster, certe nullus deo carius emet, absque eo etiam quod iam eum carissime emit, scilicet morte sua horribili, adhuc tamen eum carissime paratus est emere, quia dabit pro eo etiam in presenti gloriam bone con30 scientie, de qua summe gloriabatur apostolus, ita dicens: 4 g l o r i a n o s t r a h e c e s t t e s t i m o n i u m c o n s c i e n t i e n o s t r e . Item dabit pacem suam, illamque exsuperat omnem sensum.5 Que pax intelligi potest contemptus et odium omnium que sunt in mundo, scilicet concupiscenu» carnis, con­ cupiscentia oculorum et superbia uite;6 et talis contemptus est maximum 35 gaudium in presenti, quia dicit Gregorius: Nichil grauius nichilque labo­ riosius quam terrenis et carnalibus desideriis estuare, nichilque iocundius, nichil suauius quam nichil appetere de hoc mundo. Quantam pacem et quantum bonum omnis affluentia rerum mundanarum dare non posset, quia oculus mundanorum non satiatur uisu, nec auris impletur auditu nec M cor appetitu, et talis pax acquiritur par diu amer. Unde Bernardus: Bo­ nus amor Christi per quem carnalis amor excluditur, contempnitur et uincitur mundus.7 Item dicit Gregorius: Cum anima deum amare ceperit, 10

10

B em et

R

d ieu B R 14 c u m iterat T 18 s im ii.] s u b lim iu s 11 20 ra son s 24 u in c. su a B u in c u n t ] n u tr iu n t R 27 e m it sic R ut viri. corr. er a b s q u e ... e m it (2 8 ) om. R 28 ca riss. eu m B 33 lio d iu m prius m o n d o R (et infra constanter) 40 U n d e nm. ltT

1 Ps. X L I V , 3. 2 Elucid., I § 1 (P. L ., C L X X I I , 1109 B 1. 3: Deus est substantia spiritualis tam etc.). 3 S a p . X I I I , 3. 4 II C o r . I, 12 . 6 P h i l . IV , 7. 6 I I o h . II, 16. 7 Bern., In Cant. X X § 9 (P. L ., C L X X X I I I , 876 D 1. 6, ubi carn. uita exclu­ ditur etc.).

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TRAITÉS DR GÉRARD DE LIÈGE

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fit desiderio anxia, uilescunt ei cuncta: que prius ei in seculo placebant et que prius delectabant animum eius fiunt ei postmodum uehementer onerosa.12 3Et ideo bonum est ei dare amorem nostrum. Item dabit in futuro 45 pro amore nostro regnum celorum, quo nicliil maius nihilque pretiosius potest dari. Si autem uiolentiam requirit amor noster, cest con li face force, nullus maiorem uiolentiam pro eo faciet quam ipse. Petit enim eum quasi gladio euaginato. Aut enim eum amabis aut eterna morte morieris. Unde Dauid:2 n is i c o n v e r s i f u e r i t i s , ab amore mundi scilicet ad amorem dei, r»o g l a d iu m su u m v i b r a b i t . Unde hic potest dici quoddam carmen quod uulgo canitur: Tout a force maugre uostre uorsai uostre amour auoir. Et dicit Augustinus in persona sui et omnium nostrum: O domine, quid tibi sum ipse ut amari te iubeas a me, et nisi hoc faciam irascaris michi et mineris ingentes miserias? 3 55 [III] T Et sciendum est quod diligere deum debemus quadrupliciter. Est enim amor uerecundus, amor fortis, amor suauis et amor sapiens. [I.] Amor uerecundus prouenit ex tribus: de fidei lesione, de furto et de traditione, (1.) Certum est quod nos onmes qui baptismum suscepimus in ipso baptisino renuntiauimus per patrinos nostros coram multis et uicario Ihesu Christi, scilicet sacerdote, diabolo et omnibus pompis eius.4 Et quid est renuntiare diabolo, qui est caput omnium superborum, nisi fugere, dete­ stari et contempnere elationem, iaotantiam et omnem cupiditatem mun­ dane exaltationis? Et que sunt poinpe diaboli concomitantes superbiam, nisi conoupiscentie carnales, ut sunt concupiscentie oculorum, concupiscentie carnalium uoluptatuin, et cetera? Nunc igitur uideamus quomodo istam fidem, quam in baptismo deo uouimus, custodiuimus, scilicet inno­ centiam et ceteras gratias, uirtutes quas nobis commisit et dedit deus in ipso baptismo. O prodolor, de mille non inuenitur unus qui ipsum thesaurum innocentie et uirginitatis non amiserit, et multociens priusquam ueniant ad uirilem etatem. Unde dicit magister Iohannes de Abbatisuilla: R

45 honer. T in int. om. It 46 quo] scripsi, quod BT quia R 50 mundi] dei li1, vorr. al. m. 55 ¡11 gentes B

I R earn. B

5

10

15

47 chest

est om. B 2 suauis] foris Ii', al. m. supplevit dulcis fi renuntiamus 7 dyab. BR (et infra) 8 omn. superb.] totius superbie R 12 uolup. B 14 uirtute« sic omn., fort, pro uirtutum 15 inuenietur prius 17 albat. B ut vid.

1 G r e g ., Horn. X X V in Evang., § 2 (P. L ., E X X V I , 1191 A 1. fi; idest ab his verbis: fit desiderio...). 2 Ps. V II, 13. 3 A ug ., Confess. 1. I, 5 § 5 (P. L ., X X X I I , 663: om. O domine et hoc). 4 Quae verba in baptismi ritibus adsunt.

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212

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25

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45

50

ANALECTA - R E O .

LAT. 71

Dominus statuit in euangelio puerulum unum in exemplum innocentie et puritatis coram discipulis suis, scilicet apostolis, et dixit illis:12« Isi si con­ uersi fueritis et efficiamini sicut puer iste, nunquam de cetero intrabitis in regnum celorum », et merito, quia infantes, gartiones et puelle adhuc infantule prius corrumpuntur et amittunt pretiosissimum et irrecupera­ bilem thesaurum innocentie et uirginitatis quam ueniant ad uirilem etatem. Unde in Apocalipsi:2 h a b e s p a t j c a n o m i n a i n s a r d i s , q u i n o n i n QUiN AVERU N T v e s t i m e n t a s u a . Et ideo non est mirum si, quando anima, uolens erigere desiderium cordis sui ad deum amandum, reminiscitur quod primam fidem, quam deo uouit in baptismo, lesit per malum consensum et per malam operationem, confunditur et erubescit. Et non solum fidem primi baptismi, qui fit per aquam, lesit, sed eciam secundi baptismi, qui fit per ingressum in religionem, qui est secundus baptismus, in quo recu­ perantur ea que amissa sunt de primo, excepto sigillo et integritate uirgi­ nitatis, que de cetero nullatenus possunt recuperari. Sed uideamus diligenter quomodo uiximus et uiuimus in terra sancta et in loco sanctorum et in domo perfectionis. Quam perfectionem nos omnes, qui ordinem Cisterciensem professi sumus, deuouimus, idest coram deo et sanctis eius promisimus,3quod nos magis sancte, magis pure et deuote, et magis perfecte uiueremus in ordine quam aliqui in toto mundo qui simili uinculo non sunt astricti, et sine dubio illud quod uouimus oportebit nos reddere. Et uideamus quomodo uota nostra domino soluimus, scilicet in perfectione uite, que consistit in IIIIor, scilicet in cogitatione sancta, affectione pura, locutione uera et operatione perfecta. Heu heu, quid di­ cemus domino, nos miseri qui cotidie transgredimur uota nostra, uota. utique perfectionis, per cogitationes immundas, affectiones impuras, locu­ tiones uanas, falsas et deceptorias, et per operationes iniquas et iniustas? Multi enim uacant corporis opere, sed uagantur foras cogitatione et affec­ tione: similes filiis Israel qui, existentes in deserto ut uenirent in terram promissionis, in qua erat plenitudo omnium bonorum, et iam multas dietas fecerant et tamen toto corde et toto desiderio flagrabant et anelabant ad ollas carnium Egipti, quas reliquerant et quas tam care emerant, scilicet in labore durissimo et in seruitute uilissima, ut habetur in Exodo, 4 et tamen in tantum anelabant ad ipsas ollas carnium, idest carnalium uoluptatum, quod, inmemores gaudii et feruoris et leticio cordis que habuerunt 18 unum om. B 19 pur.] pietatis B 20 nonq. 1!T 21 gareion. R 23 quam] antequam B 26 desider.] testimonium Ii 29 qui fit... bap­ tismi om. B T 30 fit om. B 31 que] de quo I! exopto Ii 33 set R dilig. om. R 35 ordine cisterciensi R idest] quod nos add. B T 40 quat. BR 43 loqut. R (et infra) 44 uan.] uarias B et add. et 46 simil(is) filii T 49 egyp. B et om. R 51 anliel. R T

1 2 3 4

M t . X V I I I , 3 (sicu t pa rvu li non in tra b .). A roc. III, 4. Cf. Reg. s. Bened., X L V I I I (P. T.„ L X V I , 805 A 1. 7). E x . X V I , 3.

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TRAITÉS D E GÉRARD D E LIÈGE

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in exitu de Egipto et in transitu maris rubri, inmemores etiam quod deus cotidie pascebat eos manna et pane celesti, omne delectamentum in se habente et omnis saporis suauitatem,1 inmemores etiam quod ipsis proprie dominus promiserat terram fluentem lac et m ei,2 egregiam super omnes terras, in qua bonorum omnium habundantia iocunde perimerentur, omnium malorum timore sublato, — et iam in uia erant et multum pro­ fecerant, — tamen omnium horum inmemores, corde habitabant in Egipto, et tantummodo corpore in deserto; et nisi fuisset mare rubrum, quod non audebant intrare et quod oportebat eos transire, si reuerti induissent, si hoc non fuisset, sine dubio multi eorum reuersi fuissent. Sic, multi existentes in religione, quos dominus pro dilectione specialissima et tenerrima huc adduxit de fornace ferrea Egipti,3 idest mundi, et exierunt inde in magno femore et magna letieia cordis et deuotionis, ut per desertum religionis uenirent ad terram promissionis, idest eterne beatitudinis, quia per hunc desertum penitencie necesse est transire, et iam per multas dietas quas fecerunt ipsi terre multum appropinquauerunt, et quos dominus cotidie cibat manna, idest pane celesti, pane utique filiorum suorum quem non uult dari canibus,4 idest iracundis, superbis, luxuriosis et consimilibus, sed tantummodo filiis, idest predestinatis ad uitam beatam. Iste panis quo dominus suos filios karissimos cotidie cibat est, lectio moralis et sancta, oratio humilis et deuota, cantus in ecclesia et psalmodia, et altaris eucharistia. Et panis iste nobis dat spem et lidutiam, si denoto sumimus, quod sumus filii dei. 5 Et ad terram promissionis, idest hereditatem eterne beatitudinis, possidendam, uocauit nos dominus et adduxit in hunc desert um religionis. Xon enim legimus aliquos manducasse manna, nisi eos quibus dominus promisit terram promissionis et eos qui cum ipsis orant. Sic est de isto pane quo dominus suos reficit et sustentat in isto deserto, ne deficiant in uia.6 Et quamuis dominus paratus sit eos sustentare, idest tenir le menton, sicut pueris natantibus ne mergantur in pro­ fundum, et presentet eis cotidie hunc sanctissimum et ualde confortatiuum panem, tamen ipsum fastidiunt, sicut manna eis in fastidium uenit; nec apponere illum ad os suum, nec masticare uolunt, idest se exercitare in hiis, ut inde nutrimentum et dulcedinem deuotionis elicerent. Sed, hiis omnibus neglectis et contemptis, - sicut symia que querit nucleum nucis et, inueniens amaritudinem in cortice nucis, proieit totam nucem et sic

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53 et,om. L> 55 proprie om. /,' 5!) egvp. IS (i! eos] redire prius add. II postea exp. uol.] ualuisseut II 71 heatarnj «(cilicet) atld. I i 72 quos i' caris, lil. suos B 74 eucar. R 7(i a

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iis

120

ANALECTA -

REG. LAT. 71

perdit nuclei dulcedinem, sic isti propter aliquam austeritatem et amari­ tudinem quas aliquando inueniunt in exercitio uirtutum, ipsum exercitium cito fastidiunt et deuotionem per suam negligentiam non inueniunt, et cor suum, cogitationes et affectiones cordis sui et omnia desideria sua in mundo et in carnalibus desideriis et ad ea que reliquerant, et multa alia que non fecisse eos penitet remittunt in tantum ut solum modo cor­ pus eorum in claustro, in dormitorio et in ecclesia sit, et cor eorum et affectio, cogitatio, desiderium et amor eius totus in seculo et in carnalibus desideriis, et est sicut statua, ubique sine sensu deuotionis et sine ratione et sine memoria eorum bonorum spiritualium que amittit, et penarum eternarum ad quas uadit, et gaudiorum beatorum que in eternum perdit. Et sic fit quod quicquid uidet, quicquid audit, quicquid facit, omnia ei displicent, omnia fastidit, eo quod implere non ualet quod male concu­ piscit. Et si posset per aliam uiam quam per mare rubrum, idest per con­ fusionem, redire in Egiptum, idest ad seculum, sine dubio timor dei, nec amor eum minime retineret. Sed mare rubrum, idest confusio et timor egestatis et paupertatis, eum retinet. Et ideo liii tales ualde timere debent illud quod consecuti fuerunt ipsi filii Israel pro mala concupiscentia sua; quamuis enim dominus tot et tanta mirabilia fecisset pro ipsis in exitu de Egipto,1 et quamuis eis promisisset terram promissionis et iairi multum profecissent, tamen nullus eorum intrauit in eam nec gustauit dulcissimos fructus illius terre, nisi tantum modo duo homines,2 inmo omnes in solitudine perierunt3 et precipue cupidi in maxima penuria et miseria, et ita perdiderunt et corpus suum et animam suam. Sic isti miseri, inmo certe miserrimi et infelicissimi, qui sunt corpore tantum in religione, mente uero, desiderio, cogitatione assidua et affectione tota morantur et habi­ tant in mundo et in carnalibus concupiscentiis, perdunt corpus suum, uitam et animam suam, quia non ipsi implent suam ardentem concupi­ scentiam, non quia uolunt, sed quia non possunt. lSTon enim eis deest mala uoluntas, sed potestas uel copia; et. quia penes uuluntatem stat omne me­ ritum, siue in bonum siue in malum, et magis iudicat et remunerat domi­ nus secundum intentionem et uoluntatem quam secundum actum, et licet non sedeant plene ad' mensam diaboli et mundi et carnis, ubi possint mordere aperto ore morsellos carnalium uoluptatum, et se ipsos aliquan­ tulum ipsis uoluptatibus satiare, tamen in quantum possunt lambunt scutellas, hastilia et patellas ubi et in quibus cibaria fuerunt. Unde in quo91 suum] et add. R (fortasse rectius) 92 in .2" om. II 91 eorum om. R 96 consensu B T 99 quidq. I ’ (ter) 100 displieiunt· R 101 possit li 102 egyp. Ii 109 ter. ili. R (fn t. rrHiv.s) duo.] in R recentiar manus add. in marg. Josue scilicet ct Calep 115 suam et aitim. R T , ipsi | non add. R T 116 deest eis B 120 dyah. J1R et 2° om. B 129 hastilias R fuer. cib. B

1 Ps. C X I II , 1. 2 N uat. X X X I I , 12. 3 D e u t . I X , 28.

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TRA ITÉS D E GÉRARD D E LIÈGE

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dam uulgari prouerbio dicitur: Pour chou leke li ciens en le paiele, pour chou MI ni puet mordre. Sed multo libentius morderent pleno ore, si possent. Unde in libro Paralipomenon dixit Adonibezech, idest diabolus uel mun­ dus: SEPTUAGINTA REGES SUB MENSA MEA COLLIGEBANT MICAS QUE CADE­ BAN T d e m e n s a m e a ; 1 idest ideo colligebant minima mense mee, scilicet recordationes carnalium uoluptatum, quia non poterant plene sedere ad mensam uoluptatum carnalium mearum, de quo eos tam ualde penitebat. Sic isti miserrimi, quia non possunt implere opere concupiscentias et uoluptates suas carnales, quas toto corde appetunt, lambunt. Las, lambunt eas et adorant quantum possunt, ut sic aliquantulum refrigerent ardorem cupiditatis sue. Et scitis quid deuenit eis inde sine dubio. Quanto plus et frequentius carnales uoluptates lambunt per recordationes, refricationes, ymaginationes et locutiones, tanto plus postea sine dubio cru­ ciantur et inardescunt. Sicut uidemus de muscis ad scutellam mellis, que, postquam aliquantulum degustauerint de ipso meile, ita insolentes sunt quod uix unquam fugari possunt, — sic est de talibus; et pro talibus cupidi­ tatibus et desideriis pessimis, nisi digne penituerint, in eternum in inferno dampnabuntur cum illis qui in delitiis uiuunt in seculo et ad plenum uolup­ tates suas operibus adimplent, — inmo grauius, quia, licet illi perdant animas suas, tamen multo melius est illis qui operibus uoluptates corporis et car­ nis sue exsecuntur. Sed isti perdunt et corpora sua et animas suas, et in presenti sunt miseri et in futuro erunt miserrimi in eternum. Unde in Exodo dixit Pharao filiis Israel: 2 p a l e e n o n d a b u n t u r v o b i s e t t a m e n n i c h i l m i n u e t u r d e l a b o r e v e s t r o ; inmo oportebat eos reddere Pharaoni tan­ tum numerum laterum quantum solebant, quando eis palee dabantur.3 Sic isti tales, quamuis non habeant copiam exequendi uoluptates suas, inmo subtracta sit eis, tamen tantum pondus et tantum numerum penarum diabolo soluent in inferno quantum facient multi uoluptuosi in seculo, quia, sicut iam diximus, penes uoluntatem stat omne meritum. (2.) Item amor uerecundus nascitur in corde, quando reminiscitur anima quod furtum fecit sepius de rebus seculi et diaboli, scilicet peccata in corde suo contra deum celando et occultando.

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124 cou B (et inf.) kiens 11 en ii2 er. ut viti. paiolle Ii 125 quii BR 120 adonibeszec sic E (s postea exp.) dynl>. B li mond. Ii 127 eolig. R(ct inf.) colligebat T 130 carri, uolnpt. B 131 op. impl. (fori, rec­ tius) 132 lambunt las eras, in B ut uul. 134 quid] q(ue) R in ras. sine dub. cum sequentibus coniumxit Ii 130 et om. B T 1.39 nunq. B nonq. R 143 quia B T (minus recte, ut vid.) 144 exeo. B exeq. R et T‘ om. R suas om. B 146 dicit B nobis B 147 nostro B 150 eis] illisi? 151 dyab. B R (et infer.) faciunt B 153 uerec(on)dus R T 1 3 2

1 I tjd. I, 7 (Vulg.: co li, sub m . m ea ciboru m reliquias; sed cf. M t . X V , 27). 2 E x . V , 11 (Nec minuetur quidquam de opere vestro), 18 (pal. n. d. vobis). 3 Ibid., 8, 13.

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216

ANALECTA -

BEG . LAT. 71

(3.) Item erubescit anima de traditione quam fecit deo, membra corporis sui exhibendo arma iniquitatis peccato,1 et seipsam quam deus tenerrime diligebat tradendo per consensum malum diabolo. Et idcirco, cum anima uult se erigere ad deum deprecandum et eum amandum, et uidet se to160 ciens deum inhonorasse et offendisse et sepius ei mentitisse, non est mi­ rum, si de malis suis confunditur et erubescit, cum debeat in conspectu dei apparere. Et propter hoc dicebat Esdras:2 o d e u s m e u s c o n f u n d o r ET ERUBESCO VALDE ERIGERE OCULOS MEOS AD TE. Et pour quoi1 ! Certe, quia iniquitates nostre multiplicate sunt et peccata nostra creuerunt 165 usque ad celum.3 Aliquando enim, quando nos grauiter infirmamur et timemus mortem, clamamus ad dominum cum magno dolore cordis et cum lacrimis et suspiriis: « Domine, domine pie et misericors, miserere mei, » — et: « Eedde michi sanitatem et spatium penitentie», — et: «Egopromitto tibi quod ego me ualde emendabo et te amabo corde et tibi seruiam toto ito corpore omnibus diebus uite mee. » Sed, cum sani facti sumus, certe multociens peiores sumus quam antea fuimus, et illud quod benignitate et maxima misericordia sua nobis contulit deus ad malorum nostrorum emendationem conuertimus et impendimus ad maiorem nostram dampnationem. Unde dicit lo b :4 d e d i t e i d e u s t e m p u s p e n i t e n t i e e t i l l e a b u t i 175 t u r e o i n s u p e r b i a . Et tamen deus non irridetur.5 Ipse enim est patiens et est redditor,6 quia, sicut dicit Gregorius, ipse modo sustinet peccata ho­ minum, sed sine dubio postea reddet uindictam eorum, et qui modo sper­ nunt deum benignissimum et misericordem in sua sanitate et prosperi­ tate, postea in sua maxima necessitate spernentur ab eo et inuenient eum 180 districtissimum iudicem in inestimabili crudelitate. Unde Ysaias:7 v e q u i s p e r n i s d e u m , scilicet in tua sanitate, in iuuentute tua et in tua pro­ speritate, n o n n e e t i p s e s p e r N e r i s in tua necessitate, in tua infirmitate et in tua morte? Certe sic. Item apostolus dicit: 8 a n d i v i t i a s b o n i t a t i s ET PATIEN TIE ET LONGANIM ITATIS D E I CONTEMPNIS? Et quid Sequitur? 185 Subdit: SECUNDUM AUTEM D URITIAM TUAM ET COR INPENITENS THESAU­ RIZAS t i b i , de die in diem scilicet, i r a m et indignationem in die iudicii. Ergo cum anima considerat se in multis predictorum aut in omnibus deli157 sui] ei add. T 159 erig.] d(er)igere R 160 et 2° om. R mentisse sic corr. R2 mentitam fuisse B 163 quoy B certe om. B T 167 susperiis R , dicentes add. B domine semel om. B 174 dixit B utitur sic R i corr. 175 enim] tamen R 180 in om. B T 181 scii. om. B . 182 et om. R sperneris] spernet te R iri tua infirm. om. R 185 autem] enim R 187 multis] peccatorum prius add. T postea exp.

1 R o m . V I, 13. 2 I E s d . I X , 6a

(Vulg.: o om ., e ru b . le v a r e fa c ie m m e a m a d t e j.

3 Ib id ., 66.

4 I ob

X X I V , 23 (Vulg.: locum paen., superbiam).

3 G a l . V I, 7. 6 E cci . i . V , 4. ’ E s. X X X I I I , 1. 3 R o m . II, 4, 5.

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TRAIT&S DE GERARD DE LlfcGE

2] 7

quisse et deum offendisse, non est mirum, si confunditur et timet et eru­ bescit. Et talis erubescentia siue confusio, scilicet quod deum offendit per peccatum, ualde placet deo. Unde dicit Gregorius: Sicut displicet deo impudentia peccatoris, ita placet deo erubescentia penitentis. Et talis erubescentia contritionis et confusionis est quasi reclamatorium, idest loire ad reclamandum et reuocandum deum et gratiam amissam. Et quantumcumque dominus elongetur a nobis pro peccatis nostris et eleuetur en haut, sicut falcones et accipitres, tamen moustre li le loire contriti cordis et humiliati, statim eam libentissime respiciet, et descendet et reuertetur et fiet pax. Unde in Apocalipsi dicitur:1 o c u l i t u i a v o l a r e m e f e c e r u n t . In oculis enim apparet dolor cordis et erubescentia confusionis, et per ista duo precipue fit pax et concordia inter deum et animam peccatricem, et recuperatur amor dei. Inmo multotiens post discordiam et etiam per discordiam fit maior concordia et dultior, fortior et feruentior amicitia, ut apparuit in Dauid et in Petro post negationem, et in multis aliis. Unde dicit Seneca: Discordia carior fit concordia.1 2 Sed quomodo, nunc uideamus. Certe, quando anima illuminata a gratia considerat mente quod multociens deum malis operibus suis grauiter offendit, pactum amicitie et fidelitatis multociens uiolauit, et in omnibus beneficiis que ei fecit et cotidie facit semper ingrata extitit, inmo de ipsis bonis et donis sepius aduersus deum guerrauit, et hec considerans amaris­ sime dolet, confunditur, erubescit et indignatur ualde sibi ipsi, quod ausa unquam fuit talia presumere aduersus deum creatorem suum et recreatorem et dominum omnipotentem, et de isto dolore cordis et-confu­ sione et indignatione quid sequitur? Certe inde, scilicet pro peccatis suis, ipsa anima mansuetior fit ad correctionem, inde patientior ad aduersitatem et laborem, inde sagatior ad cautelam, inde ardentior ad amorem, inde humilior pro conscientia, inde acceptior et magis placens pro uerecundia, inde paratior ad obediendum, inde ad gratiarum actionem et deuotior ac sollicitior. Et hec dicit Bernardus: Unde talis anima bene potest cantare quoddam carmen 3 quod uulgo dicitur: Greuet mont li mal damours mius en vaurai. Gar pins sages enserai. Et defoliser allours me garderai. Dicit enim apostolus quod d il ig e n t ib u s d e u m o m n ia c o o p e r a n t u r in

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189 deum] eum R 194 elongatur B 195 hault B ancipitres B tamen] (cum) B (idest compendio) mostre R monstre B 196 libent.] recipiet prius add. R postea exp. reuert.] conuertetur B 197 aduolare R 199 fiet R 203 fit] cum add. BT 206 amicie sic, R 208 aduersum T 213 coreptionem R 215 pro consc.] ad conscienciam B 217 solic. BR 218 greue B moult B 219 mieus B miols R vaulrai B volrai R defiliier B 1 (ut vid.) et R defoliier A 2 aillors R 220 enim] tamen R deum] nichil prius add. R postea exp.

1 2 3 iuxta

Ca n t . V I, 4 (Averte oculos tuos a me quia ipsi me avolare fecerunt). P u b l il iu s S y r u s , Sententiae, 131. B e r n ., In Cant. I § 9 (P. L ., C L X X X 1 I I , 788 C), § 11 (789 C); idest non verbum.

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ANALECTA -

REG. LAT. 71

b o n u m , 1 etiam uere, non solum bona que operati sunt, sed etiam et mala que fecerunt, ut apparet in auctoritate Bernardi superius. Dicit etiam Augu­ stinus: O peccator, licet sis peccator et enormis peccator, tamen nec peccata numeres et tempora multiplices, nullas habet dei misericordia Ji5 metas, quibus indulget improperare nescit, quibus miseretur in maiorem familiaritatis amicitiam suscipit. Et hec predicta de uerecundo amore sufficiant.

5

[II.] Item est amor fortis qui spernit timorem, appetit pro amore la­ borem et non refugit pudorem. (1.) Spernit timorem. Unde dicit Ieronimus: Nichil certe est quod non effreno captus amore ausit.2 Amor enim Dauid multum audacem fecerat, quando dicebat: 3 d o m in u s il l u m in a t io m e a e t s a l u s m e a , q u e m t im e b o ? DOMINUS PROTECTOR VITE MEE, A QUO TREPIDABO? SI CONSISTANT ADVER­ SUM ME CASTRA NON TIMEBIT COR MEUM. ETIAM SI AMBULAVERO IN MEDIO UMBRE MORTIS, NON TIMEBO MALA. Et pour quoif Certe QUONIAM TU MECTJM e s ; idest, car ie sui avoeuc mes amours. Et Ouidius dicit: Militie speties

io amor est, discedite segnes. Aon sunt hec timidis signa ferenda uiris. 4 Item dicit Ieronimus: Auida est periculi uirtus, — amoris scilicet, — et quo tenditur, non quid passura sit cogitat. 5 (2.)" Item fortis amor appetit dolorem et laborem. Fortiter enim amabat Iob, quando dicebat:6 q u is m ic h i d e t u t v e n ia t p e t it io m e a e t q u o d 15 e x o p t o t r ib u a t m ic h i d e u s ? Et quid erat illud quod tantum desiderabat? Subdens manifestat, dicens:7 q u i c e p it ip s e m e c o n t e r a t , s o l v a t m a n u m SUAM ET SUCCIDAT ME, ET HEC SIT MICHI CONSOLATIO UT AFFLIGENS ME

Item fortiter diligebat Dauid, quando precabatur dominum, dicens:8 p r o b a m e d o m in e e t t e m p t a m e , u r e r e n e s m eo s ao e t c o r m e u m . Sed quare appetebant hec isti sancti? Sciebant enim quod quanto amplius et grauius affliguntur pro deo boni, et tanto ardentius eum diligunt. Unde dicit Gregorius: Electorum desideria deprimuntur dolore non pa r c a t.

221 sunt om. B 224 habet] enim add B amorem prius add. T postea exp.

miser, dei B

220 familiar.]

3 iheron. B (et infer.)4 enim] tamen B 8 por B quoy B tum ecum sic B 9 suy B auoec B auoeke B amors B 10 ferenda] malis prius add. T postea exp. 11 dicit] iob prius add. B postea exp. 12 nonq. B sit] sicB B 13 enim] tamen B 19 me 1° om. B 20 et cor m .] et c(etera) B 21 et 2° om. B 22 eum] ipsum B 1 8 7 6 5 4 3 2

1 2 3 4 5 6 7 8

R o m . V III, 28. Be vera O v id ., Metam. V I, 465 (certe om.). Ps. X X V I , 1, 3; X X I I , 4. O v id ., Ars amatoria 2, 203 (tuenda pro ferenda). Re vera S e n e c a , Dial. I, 4, 4 (quo tendat). I ob V I, 8 (Vulg.: mihi om., exspecto. Tbid., 9-10 (Vulg.: sit mihi). Ps. X X V , 2.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

219

aduersitate ut crescant, sicut ignis flatu premitur ut crescat, et unde quasi extingui cernitur, inde amplius et uerius inflammatur.1 Unde illud: Quant plus me bat et destraint li ialous, tant ai ie mius en amours ma pensee. d e u s e n i m , ut dixit Moyses,2 e s t f o r t is z e l o t e s , idest ialous. Unde dicit Gregorius: Deus enim amorem suum fortius exigit, cum durius affligit. For­ tissime enim amabat sancta anima in Canticis que dicit: 3 s u r g a m e t c ir CULBO PER VICOS ET PLATEAS, QUERAM QUEM DILIGIT ANIMA MEA. Et postea: q u e s iv i il l u m e t n o n i n v e n i : uocaui et non respondit michi, et dum ita quererem amicum meum quem totis medullis cordis mei diligo et desidero, in v e n e r u n t m e c u s t o d e s c i v it a t is . 4 Et quid fecerunt tibi pour ten amis >. Certe p e r c u s s e r u n t m e , v u l n e r a v e r u n t m e et abstulerunt pallium meum,5 et hec omnia michi contigerunt et hec sustinui pro amico meo. Attamen niehil horum attendo, inmo certe hec omnia me magis ad deum amandum inflammant et accendunt. Et ke ie languis apries lui par amours; et ideo pour diu, nuntiate dilecto quia amore langueo.6 — Ecce uidemus quod mala etiam que sancti patiuntur in presenti pro Christo, causa et materia est eis maioris amoris et dilectionis. Sed ualde mirabile est quod in corde multorum amor dei deficit de bonis que deus habunde eis facit. Multi enim et maxime Begini et in religione multi existentes, dum sunt pauperes uel claustrales, nullam administrationem habentes uel potestatem, ita apparent humiles, benigni, miseri­ cordes et deo deuoti quod semper de deo cogitare, de deo loqui uelle uidentur. Cum autem eleuati fuerint in aliquam prelationem aut in aliquam dominationem et potestatem, que non est nisi a deo, ut ait apostolus, statim obliuiscuntur deum, nec cogitant nec loquntur de deo, et ita sunt inmisericordes, incompassibiles, obstinati, alios despitientes et in quantum possunt opprimentes et conculcantes; quod ualde mirum est, nec recor­ dantur nec attendunt quid uel qui fuerunt, sed quid sunt. Dicitur enim quod grifons animal est immundum; grifes enim habet alas aquile et corpus leonis. Sic multi in paupertate et in claustro existentes habent alas aquile; ita habent manicas plicatas, oculos submissos et omnia membra

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25 ie] iou inicus Ii miols It ani(oi')s /i ainour T pe(n)sce R 20 di­ cit B rnoyses] primi hic iteravit 11 ut dixit, postea exp. 28 enim] tamen It sancta] anna prius add. T postea exp. 29 platlieas Ii et] B(ernardus) B 31 et desid. oro. 11 32 custodes al. man. in B s. I. supplevit 30 et I “] ac B que B 37 dieu B nontiate T dilecto om. li', ei suppi, al. m. 38 quod] p(er) It 41 Begini sic T, Benigni B (al. m. in ras. ut vid.), benigni It 51 in monduni li- (imnond. I I ) grifons A’ aquile |et corpus leonis prinis add. K postea exp.

1 (inno. Mora). .NXYI, 15 § 24 (B. L ., L X X Y I , 301 C 1. 1: t?ic itaque el. des. dum premuntur adv. proficiunt, sicut etc. iride roboratur). 2 Kx. X X , 5. 3 Oa n t . III, 2. 4 C a n t . V, 7a. 5 Jbid., 7b. 6 Ibid., 8.

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ANALECTA -

BEG. LAT.

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corporis sui ita composita quod apparent multis sanctissimi et benignissimi; sed, cum exaltati fuerint, sicut iam diximus, ostendunt operibus quod sub illis alis habebant cor et corpus leonis occultatum, idest super­ biam et crudelitatem in cordibus suis. Unde illud:1 est qui se nequiter humiliat et intebiora eius plena sunt dolo . Iterum dicitur in quodam prouerbio quod honores mutant mores; sed certe non est uerum. Non enim mutant, sed monstrant mores. Unde Seneca dicit: Serpens etiam pestifera tuto tangitur et tractatur, dum riget frigore; tamen non desunt illi tunc uenena, — non uero, — sed torpent.1 2 Sic crudelitas, ambitio et superbia multorum sub uultu et sub aspectu latet; ut autem paria pessimis audeant, fortune fauore deficitur; eadem uero uelle eos — subaudis — cognosces, da posse quantum uolunt. Legitur enim in Ezechiele3 de leena que constituit leonem unum de leunculis suis qui incedebat inter leones, idest inter superbos, ambitiosos, crudeles et immisericordes, prelatos et potentes huius seculi. Et quid ab eis adiscit? Certe illud quod sequitur. Et quid certe! Ille qui uidebatur esse agnus dum erat in subiectione et in claustro, idest benignus, mansuetus, misericors et humilis, et qui uidebatur habere alas aquile et uolare duabus alis, scilicet per contemptum omnium terrenorum et desi­ derium etemorum, cum eleuatus est, repperitur leo crudelis et immiseri­ cors, et sic leo factus est et didicit predam capere hominesque deuorare, uiduas facere4 et multa alia mala, idest pauperes opprimere, contristare et bonis eorum eos defraudare. Et hec reportant de frequentia et consortio eorum. Unde dicit philosophus: Quociens inter homines, uoirc tales, fui, crudelior, superbior, auarior redii. Item dicit: Quociens inter homines fui, minus homo redii; idest minus uirtuosus, quia uidet quod alii quali­ tercumque diuitias pro posse suo congregant, et ille quicquid contingat, siue sit pax siue non, siue iustum siue iniustum sit, similiter uult facere. O prodolor certe, inmo quod ualde peius est et periculosius et dampnabilius est et erit illis, ipsi de malitia et crudelitate talium tuentur suas et tenent corde, et credunt quod eis similia facere liceat, eo quod uident quod multi magni et potentes talia faciunt, et ita obeeeatur insipiens cor eorum quod uadunt in dampnationem, et uidetur eis quod recte et iuste omnia faciant, nec reprehendit eos conscientia sua, et tamen certe multum timere debe­ rent, quia sunt uie que uidentur hominibus recte quarum finis usque ad profundum inferni demergit,5 et unde ardentius inherere deo deberent per 54 et benign. om. B 57 se] humiliter prius ndd. B postea exp. 00 mostrant sic B T 62 n(on) u(er)o sic T no(n). no(n) B n(on) n(on) Ii 66 leone. B leont. B incid. Ii incend. B 72 reper. B 75 eorum] et add. B 81 procbdol. B 82 tenentur B T 84 inscip. B 87 omnibus B 88 deberentur B 1 E c c l i . X I X , 23 (Vulg.: neq. hum . se). 2 Se n ., Epist. 42, 4 (Sic tuto serpens et p. tractatur d. r. fr., non d. f une illi ven. sed t.). 3 F.z. X I X , 5-6. 4 Ibid., 6, 7. 5 Reg. s. Benedicti, c. V II (P . I,., E X VI, 372 B 1. 2), idest i texta locum P r o v . X V I , 25.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

221

amorem, inde longius elongantur ab eo, cum etiam boni de malis et aduersitatibus que deus eis facit longius, ut predictum est, elongantur ab eo; »o de quo ualde dolendum est et etiam mirandum. Unde etiam dicit Ricardus: Mirare, obsecro, mirare et uehementius obstupesce quomodo in malis amor dei deficiat ex benefitio, et qualiter amor dei in bonis crescat, etiam (>x flagello. Absque dubio plus in Laurentio amor dei conualuit ex incendio, quod in Decio imperatore ex suo imperio quod sibi dederit deus; inmo 95 certe in Laurentio amor dei incanduit per incendium; in Decio uero penitus defecit per concesse potestatis imperium; et quod adhuc maius est et mira­ bilius, plus in martire amoris flamma conualuit ex acerba pena quam fieri potuisset ex qualibet et quantalibet temporali gloria. 1 (3.) Item fortis amor non refugit pudorem, inmo certe appetit, et est illi maxima gloria, et honor magnus ei esse uidetur confusionem et deiectionem sustinere pro Christo. Unde dicit Hildebertus: Celebre solatium est, cum Christus est in causa, tribulationem et confusionem et deiectionem sustinere.2 Hoc sciebant apostoli, qui ibant gaudentes a conspectu concilii, quoniam digni habiti sunt pro nomine Ihesu contumeliam pati. 34 5Yidebatur enim eis maxima dignitas et honor supremus esse ad que deus eos uocauerat, scilicet pati et sustinere tribulationem et confusionem pro Christo. Unde dicit apostolus:4 michi absit gloriari nisi in cruce domini nostri ihesu christi, idest in tribulationibus et despectionibus et confusionibus, que Christus sustinuit pro me, quia in hoc scio certissime quod me multum dilexit, pro quo tam dura sustinuit, et que ego sustineo pro amore suo, et que sunt crux mea. Item alibi dicit: 5 placeo michi in infirmitatibus MEIS, IN CONTUMELHS, IN PERSECUTIONIBUS, et Cetera, PRO CHRISTO. Et

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in multis aliis locis sepius talia dicebat, in quibus super omnia gaudebat.

Et merito uere, fratres, dico uobis quod inter spetialissimas gratias et nr> dona spiritualia precipua et unum de maximis donis que deus largitur in terra amicis suis spetialissimis et karissimis est quando deus dat alicui tribulationem uel confusionem aut aduersitatem magnam pro se et pro iusticia et pro ueritate sustinenda, quia deus ueritas est et in ipsa aduersitate siue confusione dat ei deus piam patientiam, cordis deuotionem et i»i iocunditatem et in omnibus gratiarum actionem. Et sine dubio talis debet gaudere multum, quia certa signa habet per hoc quod amicus dei est et

B B B

90 fecit. B 91 de quo] de T Unde B 93 deficit B 97 est om. 101 deieotationem B 102 pro christo etc. usque ad sustinere (104) om. 106 dign.] deitas jB supremos B 107 et eonfus. om. B T 110 quas 114 talia] ista B 117 cariss. B B

1 Cf. S. Laurentii ‘passionem (ed. Mombritius, Sanctuarium, I I , 51-52). 2 H it.d l b ., F.pist.. I, 19 ( P .L ., C L X X 1 , 191 B: in causa, et in ea persecutio­ nem sustinere). 3 A ct . Y , 41. 4 G a l . Y I, 14. 5 ri Cor ., X I I , 10.

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i2 2

ANALECTA -

REG. LAT. 71

filius eius karissimus. Et de istis duobus scriptum est: 1 ligit

quem enim d i ­ DOMINUS CORRIPIT, ET QUASI PATER IN FILIO COMPLACET SIBI, SC1-

licet de patientia, hilaritate et deuotione patientis, et in hoc iam habet arras eterne beatitudinis. Unde scriptum est:2 flagellat dominus om­ nem filium quem recipit . Et ideo dicitur 3 de Moyse quod maiores diuitias estimabat thesauro Egiptiorum improperium Christi; aspiciebat enim ad remunerationem quam per hoc consequeretur. Item apostolus dicit: 4 130 cum autem infirmor , idest cum aliquid aduersum sustineo pro Christo, tunc fortior sum , in spe scilicet et amore. Et hec ad presens de amore forti qui non refugit, inmo appetit pudo­ rem pro suis amoribus, sufficiant. 125

[III.] l Item est amor dulcis, qui est quadruplex, eo quod est insupe­ rabilis, inseparabilis, singularis et insatiabilis. 5 (1.) Insuperabiliter enim amabat beata Agnes, cuius amor nec donis presentibus nec promissionibus futuris nec minis futuris, nec in afflictionibus 5 nec uerberibus instantibus ab aliquo superari poterat. Unde quando ille iuuenis qui amore eius insaniebat afferebat ei ornamenta auri pretiosissima, lapides pretiosos, anulos aureos et multa alia monilia et promittebat ei infinitas diuitias, ut per hec posset amorem Agnes beata, quem habere se dicebat ad alium, eo pulcriorem, fortiorem et ditiorem superare et ad se i« attrahere, omnia que ei offerebantur et que promittebantur uelut stercora despiciebat. Unde ipsa dicebat: « Discede a me, pabulum mortis, fomes facinoris: discede a me, quia iam ab alio amatore preuenta sum. » Et postea enarrat qualis amicus suus erat, ut habetur in sua legenda; et dicit ibi multa mirabilia de amico suo. Qua de causa amor suus quem habebat ad eum nullo io modo ab aliquo nec minis nec donis nec promissionibus superari poterat. Unde ipsa dixit: « Non enim potero ad contumeliam prioris amatoris mei alium respicere qui talis est, et ipsum relinquere cum quo sum iam deuincta in celo, et iam posuit signum in faciem meam, ut nullum preter eum ama123 cariss. B T 123 illarit. R habet] vne boene cite prius add. ii postea cxp. 120 arras] beate prius add. T postea e.xp. 127 (ilium ] suum add. B 128 egvpt. B 132 hoc B 1 insep(ar). insepfar.) [insup. corr. 2a m.] singul. R insuper, singul. insepar. BT 3 insep(ar.) R i nec iriin. fut. om. K in om. Ii (iort. rectius) S hoc R amorem] suum habere add. B2 quem eras ii2, ut rid. habere] amore R 9 ad alium] in R vacuum spatium., iu quo Ii2 tantum alium inscrip­ sit ditiorem] et add. R 10 ei] sibi B uelud 7’ 11 discite 7?1 (corr. R 2) fames B T 17 deuicta B T 1 6 5 4 3 2

1 P r o v . III, 12. 2 H e b r . X I I , (i. 3 H e b r . X I . 20. 4 II C o r . X I I , 10 (Vuhj.: cum enim i. t. potens sum). 5 Quae divisio iam prius a Ricardo S. Victoris adhibetur (De quattuor gradi­ bus violentae caritatis: P. I.., C XC V I, 1213 D 1. 4). 6 A mbr ., Vita s. Agnetis §3 (P. I ., X V I I , ed. 1800, 81 1 A 1. t).

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TRAITES D E GÉRARD D E LIÈG E

22,3

torem admittam.» 1 Et postea dicitur quod uirgo Christi nec terrore concu­ titur nec blandimentis seducitur,2 ad hoc ut eius amor superetur. Nec 20 mirum si dulcis amor superari non potest. Amor enim siue dilectio morti comparatur in Canticis,3 que de omnibus triumphat et omnes uincit et superat — de omnibus uiuentibus loquor, — et nullus ei resistere potest, excepto deo. Et quid est mors, nisi passio grauissima et intolerabilis, quam nemo sentire et degustare potest, quin oporteat omnes sensus et motus 23 corporeos amittere et animam a corpore separare? Sic sine dubio amor siue caritas passio est fortissima, quam nullus sentire et degustare potest quin de necessitate oporteat eum omnes sensus et motus corporeos amittere et etiam motus anime, scilicet scire suum, posse suum et uelle suum, captiuare in obsequium amoris. Hoc enim bene senserat et cognouerat Augustinus, 30 li anguisseus damonrs, qui dicebat: O potens et prepotens passio caritatis. Iure enim potens, quia animum quem possederit sui ipsius efficit impo­ tentem. Cum enim in mente fuerit accensa, attingit a fine usque ad finem fortiter et crescit semper nec deficit, donec deficientem reddiderit ani­ mam; 4 — Sed nemo scit nisi ille qui accipit, 56 7et si ille qui hoc sentit et 'x> de eo loqui uoluerit linguam non intelliget qui non amat. (2.) Item est amor dulcis inseparabilis, quia separari non potest. Dul­ citer et inseparabiliter amabat Paulus, quando confidenter dicebat:G Vere, QUIS NOS SEPARABIT A CARITATE CHRISTI? Eritne TRIBULATIO AN ANGUSTIA, an prosperitas, a n p e r s e q u t i o , a n g l a d i u s ? Certe c e r t u s s u m quod n e q u e m o r s n e q u e v i t a , cest adire neque aduersitas neque prosperitas, et cetera, n e q u e c r e a t u r a aliqua, soit biele soit plaisans soit riche soit deduisans, p o t e r i t n o s s e p a r a r e a c a r i t a t e d e i , cest de mes amours. Amor enim dulcis qui est inseparabilis requirit totam cognitionem et locutionem et operationem. Inseparabiliter enim amabat Dauid, qui dicebat:7 a d h e r e a t l i n g u a m e a f a u c i b u s m e i s s i n o n m e m i n e r o t u i . Dicitur enim de beata Brigida uirgine, que inseparabiliter deum diligebat, quam sanctus Bran-

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*'»

20 superatur B T 21 siue dilectio] sine dubio Ii 22 in] quam add. R 24 exep. R 26 siue car. ero. R 27 est passio R et iteravit fortiss.] durissima R 28 de necessit. oro. R 29 suum 2° om. B T 31 prep.] re potens sic B R 1T, corr. R 2 33 atingit R 34 reddidit R 36 uol. lo­ qui B linguam] qui illius (?) gratiam R intelligit B 37 insuperab. T 38 Vere] Be sic R T , ut vid., om. B 40 persec. B 41 cest ad.] est dicendum B 2 s. I. add. 42 soit b. s. plais.] siue pulchra siue placabiles B 2 s. 1. add. riee B R (siue diues B2 s. I. add.) 43 amors R 44 dulcis] est add. R insuper. B R T 47 quam sic B R T , fort. pro q(uod) eam

1 Ibid. (814 B 1. 3; A 1. 13). 2 lbid. § 4 (815 B 1. 5). 3 Ca n t . V III, 6. 1 G illebertus (ut suprap. 1 9 7 ,1.12, sed hic ampliore modo: P. L ., C L X X X I V , 244, usque ad C 1. 6). 6 A poc . II, 17. 6 R om . V III, 35. 38-39. 7 Ps. C X X X V I , 0.

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224

ANALECTA -

BEO. LA T . 71

dalus causa deuotionis die quadam uisitauit pro magnis uirtutibus quas de ipsa audierat. Et post longa colloquia spiritualia idem beatus Branda60 lus secretissime, deuote et attente quesiuit ab ea quantum deum dilige­ bat. Que ad interrogationem istam obstitit. Tamen postea cum deuotione et humilitate, et precepto ipsius, humiliter ei respondit quod, sicut anhe­ litus eius sine intermissione de se exibat et aerem attrahebat et aliter non posset uiuere, sic sine intermissione deum habebat in corde et in memoria; 65 aliter enim spiritus eius deficeret. Ecce amor inseparabilis. Hec enim bene cantare poterat carmen quoddam quod uulgo canitur: En quel liu Ice mes cors soit mes cuers est a mes amours et allours estre ne doit. Et se il sen departoit mais ami ne reuenist, car ami fallit aroit. Item dulciter et insepara­ biliter deum amabat Augustinus, damours li anguisseus, quando dicebat: eo Certe ex quo te didici, bone Ihesu, semper manes in memoria mea, non recedens a corde, non recedens ab ore neque ab operibus, et gaudeo de te, quia purum seu sincerum gaudium non inuenio nisi in te, quia in aliis gaudiis semper risus dolore miscetur, et extrema gaudii luctus occupat.*1* Deus enim est amicus dulcis, consiliarius prudens, adiutor fortis. In hoc 65 enim exilio est ipse mansuetus et amabilis, in iuditio iustus erit et terri­ bilis, in regno suo gloriosus et admirabilis. Et ideo, cum sit talis, se ie laim ne men blasmes, car ie ne men puis tenir. Et pour quoii Certe, quia in ter­ renis rebus, ubicumque se uertit anima mea, amaritudinem inuenit nec habet unde dulcescat, nisi se ad te uertat, o bone Ihesu, qui suauis et dulcis 70 es domine. Hec predicta dicit beatus Augustinus. (3.) Item amor dulcis est singularis, quia socium in amore suo non ad­ mittit, maxime amico suo contrarium. Et hoc precepit Moyses qui sciebat uoluntatem dei, dicens:2 d i l i g e s d o m i n u m d e u m t u u m t o t o c o b d e t u o , t o t a a n i m a t u a e t t o t a v i b t u t e . Certe, ubi totum ponitur, nichil relinqui75 tur. Singulariter enim amabat beata Agnes, quando dicebat:: « Illi soli seruo fidem, ipsi me tota deuotione conmitto ».3 Si enim uilissimus et miserrimus gartio amaret mulierem aliquam, nullo modo uellet quod illa amaret alium quam se; quod si sciret quod illa plus amaret alium quam se, de nulla re magis contristaretur, si eam ardentissime amaret. Et quid putamus de deo, 50 deum] eum B 51 cum om. B T 52 ei om. B anel. B 53 se] dicebat prius add. B postea exp. 54 possit B 55 hoc T 56 pot. can­ tare B (fort. rectius) quoddam om. B T canitur ] s(cilicet) quod dicitur add. B ke] q(ue) B B 57 coers B allors B aillours B iestre B sen] se B 58falit B failli B 61 a om. B te] deus B add. 63 miscebitur B T 66 amirab. B se ie laim ... tenir fere omnino eras, in B 67 puis] p(us) B quoy B terrenis] ac prius add. B postea exp. 68 rebus om .B 69 ad te uertat] aduertat te B 74 tua om. B T 75 fid. seruo B 76 comm. BB 78 siret sic B illa pl. am. alium] alium pl. am. B T

1 P rov . X I V , 13. 1 D e u t . V I, 5 (Vulg.: ex toto c. t. et ex t. ari. t. et ex te fortitudine tua). * A m be ., Vita s. Agnetis §3 (P. L ., X V I I , 814 C 1. 5).

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TRAITÉS D E GÉRARD DE LIÈGE

225

qui summe desiderat totum amorem cordis nostri? Unde ipse petit:1 f i l i so , per amorem scilicet. Et Moyses dicit:2 q u i d a l i u d r e q u i r i t a t e d o m i n u s , n i s i u t d i l i g a s e u m ? Quasi dicat: Nichil aliud requirit, sicut nobilissima auis que nichil aliud uult de preda sua, nisi eor. Et sine dubio nichil requirit a nobis quod non fecerit pro nobis et infinitum multa maiora. Unde dicit Augustinus: Se toto nos amauit omnipotens sr> deus. Nota hec uerba, scilicet quod ille qui nos amauit est deus et est omni­ potens. Et subdit: Totum corpus scilicet posuit pro nobis ad tormentum, totam animam ad obedientiam, et maluit dei filius temporaliter mori quam nostro deesset amori. Inmo dicit Crisostomus quod nemo amatorum car­ nalium, etiam si sit supra modum insaniens in amorem dilecte sue, ita 90 exardescere potest in amorem suum sicut deus infunditur in amorem animarum nostrarum. Ecce quomodo deus nos amat. Et sicut dicit Augu­ stinus: Cum amat deus, nichil uult aliud quam amari, quippe qui non ob aliud amat nisi ut ametur, sciens ipsos amore beatos qui eum amauerint.3 Item dulciter et singulariter amabat Dauid, quando nullam aliunde conso- % lationem quam a solo deo recipere uolebat, quando dicebat: 4 r e n u i t c o n s o l a r i a n i m a m e a , in omnibus aliis scilicet. Sed quare? Certe, quia m em o r f u i dei e t d ele c t a t u s sum in tantum quod d e f e c i t s p i r i t u s m e u s . Similiter Hester singulariter diligebat, quando dixit:5 d o m i n e d e u s p r e b e m ic h i c o r t u u m

T U SCIS Q U O D N U N Q U A M L E T A T A S U M E G O A N C I L L A T U A E X Q U O H U C T R A N S LATA

SUM

USQUE

IN P R E S E N T E M

D I E M NISI IN T E

100

D O M IN E D E U S ISR A EL.

Ista bene cantare poterat istud: Se delui ne me vient ioie dautrui ne le quier auoir. Et quare? Certe, quia amici mei decor omnem excedit decorem et eius dulcor omnem superat dulcedinem. Inmo sicut dicit Bernardus: Ei omnis comparata aliunde iocunditas meror est, omnis suauitas dolor io> est, omne dulce amarum, omne decorum fedum, postremo omne quodcumque delectare potest amarum. Et hoc nouerat Augustinus, quando dicebat. Domine domine, da michi te ,6 non quero nisi te. Si non dederis te, 81 scilicet om. B T 82 nicil B 83 nobil. om. B que] qui T 84 et om. B 85 nos] corde B 86 nota] quod add. B qui om. B 93 aliud uult B 94 amore] amareB 1 (exp. al. m.) amauerit sic B 1T (corr. B 23 ) 5 4 95 aliunde] amabat prius add. B postea exp. 96 rennuit B 97 sci­ licet om. B T 98 deficit B 99 dilig. singul. B 100 nonq. T translatata B (sed ultima syllaba exp.) 101 israhel T 102 pot. cantare B daultrui B 103 exedit B 104 superat] excedit B 107 bec B T nouerat B lT (corr. B 2) 108 non q. nisi te om. B te] michi add. B

1 P r ov . X X I I I , 26 (Vulg.: Pr. fili mi c. t. mihi). 2 D etjt. X , 12 (Vuly.: Quid dom. deus tuus petit a te nisi ut timeas domi­ num deum tuum et ambules iu viis eius et diligas eum ac servias...). 3 Be vera B e r n ., In Cant. L X X X I I I § 4 (P. L „ C L X X X I I I , 1183 C 1. 12:... qui non aliud ete. qui se amaverint). 4 Ps. L X X V I , 3-4. 5 E st . X I V , 16, 18 (Vulg.: Tu scis necessitatem meam ete·., et numqsam laetata sit anc. t. ete. deus Abraham). 8 Quae sola verba (da mihi te) Augustinus profert (Confess. 1. X I I I , 8 § 9: P. L ., X X X I I , 848). A. W ilm art , O. S. B., A n a lecta R eg in en eia .

15

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226

110

iis

iio

iio

130

ANALECTA

-

REG . LAT.

71

nichil uolo de te. — Et quare nichil uis de eo nisi se? Respondet idem: Certe, quia nusquam consolatio, nusquam refrigerium, sed ubique tribulationem et dolorem inuenio, dum illum quem ardenter diligo et instanter quero non inuenio. — Bemardus: Ubi erit foris consolatio, si intus in meipso, te domine absente, turbatio? Quo pacto non absconditur omne solatium a me, quamdiu abscondis faciem tuam a me? Michi certe dolor incumbit, dum a te me separari contingit. Inde, c o r mexim c o n t u r b a t u m e s t , d e r e ­ l i q u i t ME VIRTUS MEA ET LUMEN OCULORUM MEORUM, 1 dum tu ipse non es mecum. Tria hec tecum abierunt, scilicet uirtus, ueritas et idemptitas.1 2 Et tamen sine dubio, fratres, tunc anima felix est, quando ita dolet de eo quod deum non uidet nec sentit prout desiderat, quod quicquid uidet, quicquid autem ei displicet, nec in aliquo requiescit, quia illud non habet quod perfecte desiderat. Unde dicit Augustinus, li anguisseus damours: Felix anima, cui dulcis Ihesus tam dulciter sapit, que cuncta que cernit tristis considerat, dum in hiis que cernit illum non uidet quem tam feli­ citer amat. Talis anima bene potest dicere: Geste danse ne me plaist nient, puis ke mes amis ni tient. Et hec eadem uerba dicit Bernardus: Si lego, non placet michi, nisi uidero ibi Ihesum. Si confero aut disputo, non sapit michi, nisi sonuerit ibi Ihesus, mes amis. Et quare? Certe, quia Ihesus, mamours, mei est in ore, melos in aure et in corde iubilus. 3 Et ideo illum singulariter diligebat nec alia aliqua re amor cordis eius requiescere poterat, inmo quicquid aliud uidebat uel audiebat totum ei desipiebat et totum ei displicebat. Unde ipse Bernardus dicit: Dico uobis, fratres, nil interim aliud libet, dum presto non est quod solum libet . Et hec de amore singulari ad presens sufficiant.

^ (4.) Item est amor insatiabilis, eo quod satiari non potest, inmo quanto 135 plus sentit, plus degustat de dulcedine amoris sui, tanto amplius sitit, tanto amplius desiderat, tanto amplius ardet amore. Et est maxima diffe­ rentia inter uoluptates carnales et delitias spiritales; uoluptates enim carnales non habite ardenter desiderantur, habite uero fastidiuntur cito; e contrario uero delitie spirituales non habite fastidiuntur, habite uero ami*o piius desiderantur.4— Insatiabiliter enim amabat Augustinus, quando dice­ bat: O quid dulcius, quid suauius, quid iocundius amore tuo, domine, amore amoris tui? Languet anima mea in medio mei. Mais pour diu, refocilla eam. 109 nidulo T 111 dum... non inuenio (112) om. R quem] q(uod) T 112 sic Be(rnardus) T B(ernard)us B 114 a me] quamdiu absc. f. t. a me iteravit B postea exp. 120 ei om. B 122 cui] tibi B cernit ... que (123) om. R 124 anima om. B T 125 p(us) R ke] que B R 128 illum] eum R 129 aliqua alia R 130ym m o B (et infer.) uel] aut R disip. R1 (eorr. R 2) 135 tanto] quanto R 142 mais p. d.] sed propter deum add. B 3 s. I. dieu BR

1 Ps. X X X V I I , 11. 2 G il l e b e r t u s , In Cant. I l l § 1 (P. L ., C L X X X I V , 22 D 1. 131. 3 B e r n . In Cant. X V § 6 (P. L ., C L X X X I I I , 747 A 1. 4). * G r e g ., Horn, in F.vang. X X X V I §1 (P. L ., L X X V J , 1266 A).

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t r a it e s

de

gerard

de

d ie g e

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Sed lieu quid dico? Mentior, non languet; sed ut.inam langueret. Miror, et mi­ rando deficio. Cur non languet, eum, o bone Ihesu, memoria tua super mei sit dulcis, meditatio de te plus quam eibus suauis, loqui de te plena sit refectio, noscere te perfecta consolatio, tibi adherere uita eterna, a te separari mors perpetua? — Item insatiabiliter amabat Dauid, quando dicebat:1 s it iv it a n im a m e a a d d e u m FONTEM v i v u m , quia omnes alie iocunditates et delecta­ tiones huius mundi non sunt fontes uiui iugiter fluentes et decurrentes, sed nere sunt cisterne dissipate que continere diu non ualent aquas2 iocundilatum et uoluptatum, quia fere cotidie risus dolore miscetur et, extrema gaudii luctus occupat, scilicet et etiam omnia ista flumina intrant in mare 3 doloris et amaritudinis,4 sed delectationes sunt in dextera dei usque in finem;5 et ideo dicit idem Dauid:6 c o n c u p is c it e t d e f i c it a n im a m e a in a t r ia d o m in i . Item alibi, postquam gustauerat de dulcedine dei, dixit cum magno impetu desiderii:7 s ic u t d e s id e r a t c e r v u s a d f o n t e s a q u a r u m , it a d e s id e r a t a n im a m e a a d t e d e u s . Xatura enim cerui est ut, cum tamdiu senuerit quod pene deficit, tunc Circuit per diuersas cauernas occultas et attrahit anhelitu suo serpentem unum uenenatum et transglutit illum, et statim postea in tantum inardescit et sitit quod multi fontes uidentur ei non posse satisfacere suo desiderio, sed tamen satiari non potest, inmo pre nimia siti in tantum attenuatur et macillentus efficitur quod pellis a carne separatur et ita pelle deposita iterum iuuenescit. Ita sancta anima ardens et estuans pre desiderio amoris: quicquid uidet, quicquid audit, quiequid legitur de deo non eam possunt satiare, inmo magis animum eius conturbant et fortius inflammant, et ubi, sicut aliquibus uidetur, deberet inuenire consolationis refugium, ibi amplius inuenit desolationis et pertur­ bationis inditium, quia quanto pulcriora uidet, dulciora audit uel sentit de deo suo, idest de son ami, tanto animus eius amplius grauatur et contri­ statur et anxiatur de eo quod habere non potest illum quem tam ardenter desiderat, quia, sicut Augustinus dicit, cum amamus et desideramus et illud quod amamus non habemus, necesse est ut doleamus.8 Et tunc maxime



iso

155

teu

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ito

144 cur n. lang. om. R 140 nosce sic JIT 149 mondi R 151 fere c.orr. R 2 152 scilicet om. U T 154 defecit R 155 gustauerit B T 158 cateruas B R 'T (c.orr. R 2) ocult. R ] 159 anei. B R 101 tamen] tantum BT 102 pre] potest R 1 postea R 2 attenuatur] anicilatur R 1 anicliilatur H2 maeilen. R 104 pre] pro R uidet] et a d d .il 109 des. ami] suo amico B 2 atld. s. I. tanto] amplius prius ucld. R postea exp. eius an. R 172 quod ] habemus prius add. R. postea exp.

1 Ps. XI,I, :i (Y iilp .: fortem)

2H

ier

.

II, 13,

3 P kov. X IV , 13. 4 K c c l . I, 7. 5 Ps. X V , 11. 6 Ps. L X X X I I I , 3. 7 Ps. X L I , 2 ( V ulg.: Quemadmodum etc.). 8 Ai o., Iu Ps. X X X V I I §5 (P. T>., X X X V I , 308 non habemus n. e. ut d.).

vll. L: Quicquid

amamus et

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ANALECTA -

228

175

1«)

185

190

195

REG . LAT. 7 1

cogitat ubi est et ubi non est. Ubi est, sicut dixit dominus Ade post pecca­ tum: a d a m tibi e s ? 1— scilicet in quanta miseria, in quanta uilitate, in quanta penuria omnium uerorum bonorum et in quantis periculis temptationum, quia die qualibet in periculo sumus perdendi omnia bona que fecimus per peccatum mortale, et amittendi sempiterna gaudia beatorum, et eundi ad acerbissima supplicia et perpetua dampnatorum, nisi dei misericordia nos conseruet, et quia nescit homo utrum dignus sit amore uel odio, sed omnia reseruantur incerta. Et ideo dolet merito et timet. Item considerat ubi non est, scilicet in illo loco perfecti gaudii ubi auditur armonia ange­ lorum dulcissime sonans auditui, flagror omnium aromatum suauiter fumigans olfatui, pulcritudo incomparabilis obiecta uisui, dulcedo inestimabilis effluens gustui, suauitas ineffabilis subiecta tactui. Et ideo necesse habet cotidie in oratione ad amicum suum totis medullis cordis sui clamare et dicere: Oi, dous amis com longhement me laires uous en estrengue pais. He pour diu t r a h e m e p o s t t e . 2 Et ideo dicebat Paulus: 3 i n f e l i x ego HOMO, QUIS ME LIBERABIT DE CORPORE MORTIS HUIUS? Et Certe CUPIO d is s o l v i e t e s s e cu m c h r is t o . 1 4 Et quare? Certe scio quod, si terrestris 3 2 domus mea huius habitationis dissoluatur, quod edificationem habeo a deo, domum non manu factam, eternam in celis,5 et scio quia ibi, cum uenero, uidebo deum, hi esi mamours, ad uoluntatem, habebo ad uoluptatem, fruar ad iocunditatem. In eternitate qidebo, in ueritate fulgebo, in bonitate perfecta gaudebo. Ibi sine fine letabor de deo, cuius aspectus est pius et facies decora et eloquium dulce. Et ideo non est mirum s i6 u p i o d is s o l v i ET ESSE CUM CHRISTO.

[IV.] ^ Item est amor sapiens, qui est in tribus, scilicet in fugiendo omnia que amori displicent, in inquirendo ea que ei placent, et in preparando et ornando se ad hoc quod sit gratus, placens et acceptus amori. d e u s enim c a r it a s e s t , dicit Iohannes,7 idest amours. Et ideo ame hi 174 miseria] et add. R 175 omnium om. B T 178 accerb. T dampnat.] beatorum jK (quod postea ipse cancellavit) miser, dei B 179 od. uel am. R ISO et timet om. B T 183 offatui II1 184 suau. ineil. om. B nec.] est prius add. B postea exp. 186 oi etc.] haec B 2 s. L add.: O dul­ cis amice perquam longe me mittis tu in extranea prouineia douls B longem. BR estrainge B estrange B 187 he] et R p. di u] propter deum B 2 add. s. I. 188 cupio om. B T 189 cum] p(ro)p(osit)o sic prius add. T postea exp. 191 eternam] habeo B 192 ki e. m .] qui est amor meus B2 add. s. I. mamors B 4 id. am. dicit ioli. B

amors B

1 GIen . III, 9. 2 3 4 6 e 7

C a n t . I, 3. R o m . V II, 24. P h i l . I, 23 (V u lg .: desiderium haben s dis.). II C o r . V, 1. C a n t . II, 14; IV, 3. 1 I o h . IV, 8.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

229

viout amor, et bien viout iestre amee, par dedens et de fors bien doit iestrc aournee, par defors simple et coie, humle et bien ordenee, par dedens ardaument par amours embrasee. (1.) Primo ergo uidendum est in sapienti amore ut fugiamus ea que ei displicent. Et sicut nos uidemus materialiter, quando aliquis iuuenis siue laieus sit siue clericus amat ardenter aliquam feminam, ita quod zelotipus est de ea, si afferat ei de Parisius uel de longinquis nondinis pretiosa ornamenta, exenia uel eulogias ad componendum, ornandum et decoran­ dum amicam suam cum magnis sumptibus et expensis, et si ille uideret quod illa exenia et dona illa que ei dederat dedisset alii amatori suo quem magis diligeret, nichil esset quod eum magis offendere posset et quod magis ei displiceret. Et quid dicemus de deo, qui feruentissimus amator animarum nostrarum est, qui dedit et concessit nobis quicquid boni habemus, ut eum toto corde nostro amaremus, idest pulcritudinem, fortitudinem, scientiam, diuitias et honores? Et quid putatis quantum irascitur, quando uidet quod dona gratiarum suarum, que nobis contulit ut eum ardentius amaremus, quod nos ea impendimus in seruitio udissimorum et immun­ dorum amatorum, scilicet mundi, diaboli et carnis, qui nos non ob aliud amant nisi ut decipiant, corrumpant, spolient omnibus bonis, strangu­ lent et occidant? Et de tali anima conqueritur deus in Ezechiele, dicens e i:1 vasa decoris tui tulisti de auro meo et argento , idest sapientie et scientie, que d ed i tibi ad amandum me, et fecisti tibi de eis id ola . Item dicit dominus per Ezechielem tali anime: 2 oleum meum et thimiama meum posuisti coram eis , scilicet amatoribus tuis. Item Osee: 3 aurum ET ARGENTUM MULTIPLICAVI EIS ET FECERUNT SEBI BAAL; per quod intelligitur quod de donis gratuitis, que nobis contulit ad seruiendum sibi et ipsum honorandum, ipsum inhonoramus et ipsa impendimus in seruitium inimici eius, scilicet diaboli per superbiam, iram et inuidiam, — uel mundi per auaritiam et cupiditatem, — uel carnis per luxuriam et immunditiam. Et ideo, sicut dicitur Ecclesiastici: 4 zelus et furor viri non parcet IN DIE VINDICTE, NEC ACQUIESCET CUIUSQUAM PRECIBUS NEC RECIPIET PRO REDEMPTIONE DONA PLURIMA. 5 viut R (bis) iestrc] estre R (bis) (i aouree B 8 ergo] igitur Tt simplici prius add. R postea exp. ani. sap. H 10 layeus R siue sit R ardanter T 11 nundinis B partibus R 12 eunologias B 15 magis ei] sibi magis B (an reetef) 19 quantum] quam R2, ut uid., in ras. 21 uillis. T 22 dyab. BR (et infer.) non nos B 23 corrump.] et add. R 26 ydola BR 27 iezech. B T 28 ozee B 32 et] uel R 34 sic ecc(lesiasti)ci B ece(lesiastic)i R T 1 4 3 2

5

io

15

20

25

30

35

in]

1 Ez. X V I , 17 (Vuly.: E t tui. vasa. d. t. de. a. m. atque... et f. t. imagines masculinas). 2 E z. X V I , 18». 3 Os. II, 8 (Vuly.: et arg. mul. ei et aurum quae fecerunt Baal), at e/. V III, 4 (arg. suum et aurum suum fecerunt sibi idola). 4 P r ov . V I, 34-35 (nec suscipiet).

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ANALECTA -

230

REG. LAT. 71

(2.) Item amor sapiens est in inquirendo ea que beneplacita sunt amori, idest deo, et in faciendo. Dicitur enim in Ecclesiastico 1 quod benepla­ citum est deo fides et mansuetudo, quia per fidem possidetur homo a deo 40 quantum ad intellectum, et per mansuetudinem possidetur quantum ad affectum. Et hoc est totum quod requirit deus a nobis, scilicet intellectum nostrum et affectum nostrum. (1.) Adeo enim placet fides deo quod sine fide impossibile est placere ei, nmo quicquid non est ex fide peccatum est, ut dicit apostolus.23Et quid 45 est fides? Fides est recta credere deum retributorem omnium bonorum malorumque esse, ubique presentem esse, uidere et scire quicquid agimus, quicquid cogitamus et quicquid patimur. Ideoque multum gaudent boni de eo quod deus scit et pensat omnia. Si enim quis aliquam diligeret per­ sonam et remotus esset ab ea, multos posset sustinere labores, dolores et 50 aduersitates pro ea, que illa nesciret, et si forte dicerentur ei, non crederet; et in hoc et in omnibus precellit amor dei amorem mundanum et carnalem, quia, ubicumque fuero, deus scit quomodo michi est, et quid et quantum patior pro eo, et quantum eum diligo. Unde dicitur: 3 tu solus laborem et dolorem consideras , iuste scilicet. Et ideo cum anima sancta scit et 5.-. uidet per fidem quod deus eam ubique uidet, et scit quicquid patitur et quomodo sibi est, in omni loco se custodit diligenter interius et exterius, ne aliquid cogitet uel loquatur aut operetur quod deo displiceat, quia eum semper habet in mente sua presentem. Ideo dicebat Augustinus de deo: Ubique michi paratum se exhibet, ubique presentem se offert, ubicumque en me uerto non me deserit, quocumque iero semper occurrit uiicquid egero semper assistit. Et ideo talis fides facit in omni loco custodire animam, ius et honorem dei in se et in alio, nec potest uidere uel audire aliquid quod sit contra honorem dei, quin statim cor eius conturbetur et clamet et obsi­ stat pro posse suo, sicut legitur de Mathatia in libro Machabeorum 45 6 et 65 dicuntur notabilia multa de eo, que pertinent ad zelum dei. Item dicit Bernardus: Omne quod nomen dei mei decolorat cor meum excoriat. Talem fidem non habebat ille qui dicebat in Ecclesiastico:5 parietes sunt u n diq ue ; quis me videt ? Talem fidem non habebant illi qui dice­ bant in Ezechiele: 6 dereliquit dominus terram et dominus nos non 37 in om. R 41 effectum Bit, deus om. B T 43 imp. est piae, ei s. 46 esse] et add. R scire et uid. fine B 44 ymmo B 45 recte B 52 et quid om. R 54 ideo] ex 11 48 aliquando R 49 et om. B'l ' 59 michi om. R exib. R 60 gaudeo R, ut vid. 56 est] et add. R (il asist. 7’ ius om. B 68 quisj quoc.] me u(er.) prius add. R postea exp. nemo R 69 dereliquid R

1 2 3 4

E c c u i. I, 34-35. R o m . X I V , 23. P s. X , 14. I M a c h . TI, 27. 5 Eccui. X X I I I , 25-2(5 (aliter re vera: Quis me videt, tenebrae circumdant nie et parietes cooperiunt me). 6 E z. I X , 9 (nos om.).

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TRAITF.S D E GERARD D E LIEGE

231

v id e t . Talem fidem non habent ypocrite, qui ad oculum seruiunt et in 70 fatiem benedicunt. Sed talem fidem habebat apostolus, qui dicebat:1

CONTENDIMUS SIVE ABSENTES SIVE PKESENTES PLACERE EI.

(2.) Item mansuetudo siue benignitas iugis et pia patientia. Mansuetus enim uocatur qui alterius inquietatione uel iniuria sibi facta per impatien­ tiam uerbo uel facto uel nutu non rapitur, et talis mansuetudinis patientia multum placet deo et acquirit diuinum amorem. Unde in Apocalipsi dicit dominus:2 d il e x i t e . Et quare? quia servasti verbum patientie m ee , et cetera. Et talis patiens siue mansuetus multas prohibitates et multas uictorias cotidie transmittit deo, quia triumphat de carne sua per mansuetudinem, U nde:3 beati mites quoniam ipsi possidebunt terram carnis sue. Ibi dicit Bernardus quod mansuetudine acquiritur coUscientie castitas. Item per mansuetudinis patientiam triumphat de proximo suo, quando iniuriatus uerbo uel facto et patienter sustinet, et dulciter et benigne respondet, et facienti sibi mala bona in quantum potest rependit. Et talis assimilatur sancte anime in Canticis, de qua dicit dominus eam com­ mendando: 1 SICUT LILIUM INTER SPINAS SIC AMICA MEA INTER FILIAS. Sicut enim lilium plantatum inter spinas sepius pungitur ab eis, et tamen odorem suum diffundere non omittit, sic sancti uiri, licet grauentur a proximis, sepius tamen benignitatem et bonitatem suam operibus eis impendere non recusant. Inmo quanto plus eorum crescit iniquitas contra eos, tanto amplius eorum benignitas et bonitas cumulatur, et ita trium­ phant de proximo et fructum referunt in patientia. 5 Et diGit Crisostomus quod optimus uictorie modus est in multis uinci.6 Et gloriosius est iniuriam tacendo fugere quam respondendo superare, sicut dicit Gregorius: Et melius est uitium uincere quam personam.7 Vitium enim uincit qui tacet et sustinet patienter et benigne; personam aliquando uincere uidetur qui dure respondet, sed a uitio uincitur intus, licet extra fatuis uictor appareat. Item patientia mansuetudinis triumphat etiam de deo, quod amplius est; sicut patet in beato Iob. Videbatur enim quod dominus ualde iratus

ir.

so

85

oo

95

100

74 per imp.] et impaoiencia B 79 proibit. B probit. B 81 sue carn. B 82 conseientie] continentie BT' patientia continentia T23 4 83 suo om. BT 85 respondit T 86 anim. sancte B 89 obmittit T 92 benign. eor. B trium, ita B ; triumphauit B 1 (corr. B 2) 98 sed] si B

1 II Cor . V , 9 ( V u l y pl. illi). 2 A poc . III, 9-10 (V u ly.: quoniam serv.). 3 M t . V , 4. 4 Ca n t . II, 2. 5 Lue. V III, 15 (afferunt). 6 Ch r y s ., Hom. L X X X V in Mt. (ed. Par. 1585, 11, 617A: Saepenumero ergo vinci quam vincere praestantius est: optimus profecto iste victoriae modus est; c/. P. Ct., L V I II , 755). 7 G r e g . Epist. I, 34 (P. L ., L X X V I I , 488 C 1. 13: Nam sic culpam tuam inse­ quor ut personam diligam; sic personam diligo ut culpae vitium non amplectar).

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232

ANALECTA -

BEG . LAT. 71

esset contra eum et quod uellet eum conterere doloribus et aduersitatibus; et quasi ludens cum eo ad scacos faciebat multos inuitatus, idest enuiaus, contra eum; sed tamen Iob omnes tenebat, semper patientiam et mansue­ tudinem conseruans et gratiarum actionem referens, ita dicens:1 dominus 105 DEDIT, DOMINUS ABSTULIT, SICUT DOMINO PLACUIT ITA FACTUM EST, SIT nomen domini benedictum . Si enim inuitatus domini, idest enuiaus, non

tenuisset per impatientiam aut murmur, sine dubio lusum amisisset. Sed quia in omnibus firmiter lusum tenuit, lusum lucratus fuit. Unde dominus dixit illi, qui eum incitauit et commouit ad ludendum contra Iob, scilicet no diabolo: 2 tu autem commovisti me ut affligerem eum frustra , idest Ice ie iuasse ali pour ti, et nunc uide quid lucratus es? Et respondit diabolus ad deum: Certe, ipse ualde peritus est in tali lusu et est audax ad facien­ dum et tenendum omnes inuitatus, idest tous enuiaus, quia pellem pro pelle et uniuersa que habet homo pro anima sua, idest pour tenir le giu, iis quia ipse dicit:3 etiam si occidat me in ipso sperabo , cest adire etiam si in isto lusu contra deum haberem peiorem canceam que est in detiis, scilicet siet contre quatorse, que est melior cancea, non lusum relinquerem, inmo semper sperabo quod per patientiam meam et benignitatem et mise­ ricordiam dei lusum lucrabor, quia ualde placet deo, cum ei per piam Mo patientiam et humilem deuotionem benigno uiolentia infertur. Unde, quia Iob pie et patienter sustinuit et perseueranter lusum tenuit, dominus ei lusum dimisit, et ita lusum lucratus est. Unde dicitur quod dominus addidit omnibus que fuerunt Iob duplicia, 4 et ita per pati- itiam et dulce­ dinem et mansuetudinem de domino triumphauit. i®

130

(3.) Item amor sapiens requirit ut ille qui amare uult se ornet et com­ ponat, ut sit honorabilis et decorus, quia uulgo dicitur: Ke nus ne puet estre plaisans ne iolis Ici naime par amours. Quod bene nouerat Paulus qui dice­ bat: 5 Si essem tam fortis per meritum fidei ut montes transferrem, et si haberem scientiam omnium et cognoscerem misteria omnia et essem tam largus ut distribuerem omnes facultates meas in usus pauperum, et si etiam in tantum prodigus essem ut corpus meum traderem ad comburendum, ca ­ ritatem autem non h abeam , idest se ie naime par amours, nichil michi 102 faciebat] multotiens prius add. T postea exp. inuicatus Ii (et infer.) 107 patient. R 108 firmiter om. R 110 dyabolo B R (et infer.) 111 ke] que B R ie] iou B ali] sic B aliis T om. R 112 lusu] ludo B (an recte?) paoiendum B (an recte?) 114 legieu R 116 cantiam T canciam B deciis R desiis B 117 cancia B 120 uiolenter B 123 et dulced. om. BT 126 ke] q(ue) R iestre B 127 qui B R 128 ut] et B 129 cognosc.] multa prius add. T postea exp.1 4 3 2

1 Iob

1, 21.

2 I ob II, 3. 3 I ob XIII, 15 (Vulg.: occiderit). 4 I ob X L I I , 10. 3 I Cor . XIII, ,2-3.

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TRAITÉS D E GÉRARD DE LIÈGE

233

et nichil sum, scilicet in precio uel ualore. Ergo qui uult amari et amare debet esse interius et exterius compositus et ornatus, et ita placeret deo et diligeretur ab eo. Unde ipse dicit in Ysaia:: 1 e x quo h o n o r a b ilis 135 fa c t u s e s in o cu lis m e is e t g lo r io su s , ego d il e x i t e : honorabilis scilicet exterius in conuersatione, et gloriosus interius in sanctitate et puritate conscientie, que est gloria cordis. Ergo oportet esse gratiosum exterius et deuotum interius eum qui uult amare et au diu damours placere.

pro d est,

(1.) Et sciendum est quod per quinque fit homo gratiosus exterius deo et hominibus. Primum est compositio decens omnium sensuum et omnium membro­ rum, tam lingue quam aliorum. Et hoc fit per timorem et uerecundiam, que ualde placens est deo et hominibus, et maxime in mulieribus et iuuenibus hominibus. Unde dicit Bernardus: Verecundia in mente color est in facie, que uenustatem ingerit et auget gratiam.1 2 Item dicit, idem de uerecundia, que facit hominem gratiosum deo et hominibus: O quam pulcra et quam splendida gemma morum est in uita et uultu uerecundia ado­ lescentis. Quam uera et minime dubia bone spei nuntia boneque in­ dolis index. 3— Et quid ultra? Verecundia est specialis conscientie gloria, fame custos, uite decus, uirtutis primitie, uirtutum sedes, nature laus et insigne totius honesti.4 Ecce quomodo honesta compositio sensuum et membrorum omnium que fit per uerecundiam facit hominem gratiosum deo et hominibus. Et ideo ad hoc toto conamine conatus fuit beatus Ber­ nardus in primordiis sue conuersationis ut gratiosus esset deo et hominibus per uerecundiam ac membrorum sensuumque compositionem decentem. Unde legitur de eo in uita sua: Prima uirtus uiri sancti corporis sui ha­ bitus; quod ita composite et uno modo se habebat ut in eo nil appareret quod posset offendere intuentes. Totum in eo disciplinatum, totum insi­ gne uirtutis perfectionis forma. Secundum est simplex quod facit hominem gratiosum: uelox obedientia, quia ualde placens et gratiosus redditur deo et hominibus uelox obediens, sicut patet in Abraham, qui tantam gratiam promeruit a deo per obedientiam, ut legitur in Genesi. 56Item multum placuit deo et eum liniuit et placauit obedientia quam promisit Saulus, domino dicens:6 do m ine

uo

145

150

155

160

165

134 placebet T1 placebit T2 135 diligenter T l diligetur T2 135 hono­ rabilius B T 137 in i 0] uel T 139 a dieu B B damors B 144ethom in. et om. B (an rectet) 146 et·] habet prius add. B postea exp. 154 beatus om. B 157 hab. corp. sui B 158 se habebat] semper agebat B T 159 insigne(m) B

1 Es. XLIII, 4 (Vulg. om. te). 2 B e r n ., In Cant. X L §1 (P. L ., C L X X X I I I , 982 A 1. 13). 3 B e r n ., In Cant. L X X X V I §1 (i b i d 1195 B 1. 2). 4 Ibid. (1195 B 1. 15). 6 G e n . X X I I , 18; X X V I , 5. 6 A c i. I X , 6.

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234

ANALECTA -

REG . L A T . 71

vis f a c e r e ? — ac si diceret: Quicquid iusseris paratus sum facere, quamuis sit graue et mihi molestum. Similiter Dauid multum placuit deo, quando dixit:1 pa r a tu m cor m eum d e u s , pa r a tu m cor m eu m , et : 2 p a r a ­ tu s SUM ET NON SUM TURBATUS UT CUSTODIAM MANDATA TUA. Item non 170 solum deo placuit per obedientiam Dauid, sed etiam hominibus, quando eum laudauerunt apud regem Saul, dicentes — Eegum IIo: 3 q uis e n im in o m n ibus sic u t Da v id f id e l is inuentus est in regno tuo, ingrediens et egrediens, e t p e r g e n s ad im p e r iu m r e g is ? Item gratiosum reddit hominem deo et hominibus iugis et pia pa175 tientia. Unde dominus dixit in Apocalypsi: 4 d il e x i t e quoniam s e r ­ v a st i p a t ie n t ia m m eam . Scitis uos, fratres, qui in torneamentis frequentius reportant et habent precium, idest le pris dou tournoi. Numquid ille qui amplius lucratur? Certe non. Numquid ille qui amplius perdit? Non. Sed quis tunc? Certe ille qui diutius et magis continue tenet galeam in capite i«) et amplius patitur et diutius in conflictu moratur. Talis laudatur et appre­ tiatur, et de iure, quantumcumque pauper sit, pretium et gloriam torneamenti debet habere. Ita iugis et pia patientia reddit homines probos, lau­ dabiles et gratiosos, sicut nos amamus, laudamus et honoramus sanctos mártires, quia tot et tanta pie pro deo sustinuerunt. Unde in Iudith.5 Unde 185 auctoritas Gregorii: Qui patientior fuerit ad iniurias potentior consti­ tuetur in regno, e c c e b e a t if ic a m u s e o s qui s u s t in u e r u n t , 6 et cetera. Item in Ecclesiastico:7 l a u d e m u s v ir o s glo rio so s , et cetera. Item gratiosum reddit deo et hominibus hominem et amabilem facit despectus et humiliatio sui. Unde dominus, sciens quod humilitas et humii 9o liatio ualde placens sit in celo et in terra, docuit suos discipulos duas uirtutes que inter ceteras attrahunt gratiam et amorem dei, angelorum etiam et hominum, scilicet humilitatem et mansuetudinem. Unde dixit:8 d is c it e a m e quia m it is sum e t h u m il is c o r d e . Et ita conectuntur et coniunguntur in unum iste due uirtutes, quod una sine altera esse non potest, quia nullus 105 potest esse ueraciter humilis nisi fuerit mansuetus, et e conuerso. Item quod humilitas gratiosum et placentem faciat, dicit Bernardus: Sola est quid m e

166par.s.fac. q.iuss.B 171 T(eguin) sic B B T 174sapientiaB 176fratres] patres B in om. B T 177 tornoi B 178 nonq. B no(n)q. T (et infer.) 179 qui B tune] it(em) B 180 aprec. B 182 iugis et] iterat B pia om. B , pat. pia B probaos prius scripsit B postea corr. 183 ho­ nor. et laúd. B sanctos] homines add. B 185 iniuriam B 192 et eciam B 193 connect. B 194 non p. esseR 195 uer. esse B 196 placentem] fiat prius add. B postea exp. dicit om. B T 1 8 7 6 5 4 3 2

1 2 3 4

5 6 7 8

Ps. L V I, 8; C VII, 2. Ps. C X V III, 60. I Riso. X X I I , 14 (Vnlg.: in omn. servis tuis). A poc . III, 9-10 (Vulg.: verbum patientie meae; c/. sup., I. 77). I udith X V , 10-12. I ac . V , 11. E ccli . X L IV , 1. M t . X I , 29.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

235

que deo placet humilitas, siue in angelo siue in homine, et cetera. Unde inter ceteras uirtutes mirabiles beate Marie solam humilitatem dicit ipsa dominum respexisse,1 tanquam per hoc ipsam sibi gratiosam facientem. Unde dominus, uolens discipulos suos esse hominibus gratiosos, docuit eos, dicens: 2 cum in v it a t u s f u e r is ad n u p t ia s r e c u m b e in novissim o

200

LOCO, ET TUNC ERIT TIBI GLORIA CORAM SIMUL DISCUMBENTIBUS, QUIA om nis qui s e h u m il ia t e x a l t a b it u r . Hoc sciebat Dauid, quando dicebat: 3* 5 e x c e l s u s d o m in u s , f.t h u m ilia r e s p ic it , idest laudat et approbat. Unde

illa superba mulier Micol fllia Saul, uxor Dauid, non sapiebat nec intelli- 205 gebat quod humilitas et despectus sui facit hominem deo et hominibus gratiosum et gloriosum, quando reprehendit eum cum despectu cordis sui, de eo quod se humiliauerat pro domino coram archa et coram uniuerso Israel, ita dicens:4 o quam g lo r io su s f u it h o d ie r e x humilians et d isc o o p e r ie n s s e , q u asi s i esset u n u s d e s c u r r is . Verum dicere in 210 hoc non credebat, sed sine dubio uerum dixit, quod propter suam hu­ militatem deo et hominibus placuit et dei amicitiam tenerrime acquisiuit. Unde dominus dixit de e o :5 in v e n i hom inem sec u n d u m cor m eu m .

Item honor et reuerentia exhibitus aliis facit hominem gratiosum, quia 215 non est aliquis sane mentis tam superbus et tam indignans qui non diligat eum quem uidet se continue honorantem et obsequentem eidem. Unde docebat apostolus dicens:6 h onore in v ic e m p r e v e n ie n t e s . Item:7 om nes h o n o r a t e , et cetera. (2.) Igitur in predictis uerbis habemus quod quinque faciunt hominem 220 S

ANALECTA -

REO. T.AT. 7 1

tionis participem:1 que nulli creature fecit unquam nisi solummodo angelo et homini. Et pro hiis tantis omnibus a me solummodo requirit toto corde meo amari. Non solum michi magna fecit, sed et dura et grauia pro me sustinuit, demonstrans michi in hoc quantum me amauit, ut hec recogitans et atten­ dens eum redamem, quia maiorem caritatem nemo habet quam ut animam 20 suam ponat quis pro amicis suis. 2 Sed et adhuc maiorem ipse habuit, po­ nens eam pro hiis qui eum non diligebant. Et ideo dicit Bernardus: Super omnia reddit te michi amabilem, bone Iliesu, calix quem pro me bibisti, et cetera, ut supra. 3 Et ideo uidetur nobis clamare deus cotidie per representationem sue passionis, cum respicimus ymaginem crucifixi illud quod 25 dixit Gregorius uersificator, ita dicens: Hoc homo te quod amo monstro tibi fixus ab hamo. Heu quod amo nec amor amens non hamo sed hamor. Pro quo sic hamor te meus hamet amor. — Et ideo dicit Petrus Eauenensis: O homo, dilige deum, sic amatus a deo, et ad illius gloriam da te totum, qui totum se propter te ad suam deduxit iniuriam.4 Et Ambrosius 30 dicit: Tantum fuit deo studium nostre salutis ut propemodum de sua periclitaretur, dum nos lucraretur.56 Ergo cum anima respicit deum per oculos cogitationum suarum, et uidens eius bonitatem in hiis que sibi fecit et perfectissimam dilectionem in hiis que pro se sustinuit, merito tota rapitur in eius dilectionem. Unde dicit Bernardus: Quid faciat consi 35 derata tanta et tam indebita dei erga nos miseratio, tam gratuita et sic probata dilectio, tam inopinata dignatio, tam stupenda dulcedo, quid, inquam, hec omnia faciant diligenter considerata, nisi ut considerantis animum ab omni prauo penitus uendicatum amore ad se mirabiliter ra­ piant et uehementer afficiant! fi w Et uere, si pulcritudo aliquem siue aliquam amabilem facit, quid pulcrius eo qui est speciosus forma pre filiis hominum, qui non solum spe­ ciosus, sed eciam speciei est generator, sicut habetur in libro Sapientie.78 Unde dicit amica in Canticis, quando queritur ab ea :8 q u a lis e s t d il e c t u s t u u s o p u l c r a in t e r m u l ie r e s — car a biele amie affiert biaus amis — 45 respondet ipsa et dicit:9 a m icu s m e u s c a n d id u s e s t e t r u b ic u n d u s , idest 15

15 homini]domini T 17 solum] modo add. B 2 20 et ora. B 21 lus R 25 dicit B mostro UT 27 te] me(n)s prius add. T postea exp. rauan. RT 34 delectationem B et iterat in hiis que pro se sustinuit 12 species R T specie B 44 afiert R Linux B

1 P.s.-B ekn ., Meditat. 3 §7 (P. L ., C L X X X IV , 480 O). 2 I oh . X V , 13 ( iuxta Romanam. anliphonam de Apostolis). 3 Cf. super p. 208, n. o.

4 P etr . Chrysol ., Serm. L X X (P. L ., L II, 599 A I. 14: O hom o redi ad deum...). 5 A m br ., De Iacob I § 25 (P. I,., XI V, 638 C 1. 6: 'P. domino st. tuae s. ete. te lucraretur). 6 B er n ., De dilig. deo IV §13 (P. L ., O L X X X II, 982 A 1. 2). 7 S a i >. X I I I , 3. 8 C a n t . V, 9 (Vulg.: pulcherrima). 8 Ibid., 10 (Vulg.: dilectus m. cand. et r.).

f.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

239

blans et couloures. Et hec faciunt pulcritudinem. Et uere tam amabilis et tam formosus fuit quod omnes qui audiebant de eo desiderabant eum uidere, sicut legitur de Salomone.1 Unde in euangelio Iohannis dicitur:23 * v o lu m u s ih es u m v i d e r e , propter eius pulcritudinem. d o m in e Et non solum pulcer, sed et diues. Unde apostolus: 3 o m n e s i n i l l o r>o d i v i t e s f a c t i e s t i s ; — e t:4 g l o r i a , idest toute ioie , e t d iv itie in d o m o EIUS.

Item est largissimus, quia d a t o m n i b u s a f f l u e n t e r — Iacobi;5 e t:67 Adhuc manus eius extenta, scilicet ad donandum, si quis esset qui uellet accipere. 55 Item placidus est in eloquiis. Car il set tres bien et tres biau parier. Unde Iohannes Y ° : 7 d o m i n e v e r b a e t e r n e v i t e h a b e s . Item prouidus est in consiliis. Unde dixit diuiti:8* si vis p e r f e c t u s e s s e , et cetera. Item sedulus est in obsequiis. Unde Matheus Y °:9 s o l e m s u u m o r i r i eo FACIT SUPER BONOS ET MALOS.

Item strenuus est in auxiliis. Unde Ia(a d ) Corinthios X °:10 f i d e l i s e s t q u i n o n p a t i e t u r vos t e m p t a r i s u p r a i d q u o d p o t e s t i s . Hic no­ tandum est quod in principio temptationis resistendum est, hoc est in principio cogitationum.11 Item in Exodo:12 d o m i n u s p u g n a b i t p r o v o b i s , er. et cetera. Ergo cum uidet anima per fidem et frequenter reuoluit in cogitatio­ nibus suis quod deus tanta sibi fecit, tanta pro ea sustinuit, et tam spetiosus est quod nullus similis illi est, et tam diues, tam sapiens, tam potens quod nullus potest ei comparari, ualde mirandum est et dolendum quod eum 70 perfecte non diligit, cum eius decor omnem superat pulcritudinem, eius dulcor omnem excedat suauitatem. Unde dicit ille qui fecit Elucidarium mirabile uerbum de deo, ita dicens: Deus est substantia spiritualis tam

d eu s

46 coloureus B 48 unde] ut B T dicitur s(cilicet) iohannis B 56 scet B biau] biel B 57 iohannis B T et V° om. uit. et. B 60 rnt. sic B T math(e)i B 62 prima B cor(inthios) B B T decimo B 65 nobis B 67 uidisset B T 68 tanta] ibi- prius add. T postea exp. fecit sibi B T ; sibi fecit sibi sic B scripsit ei sibi 1° cancellavit 70 ei] illi B 72 elucidar. corr. T ut uid. ex elucider. 73 uerbum] uidebo prius add. B postea exp.

1 III R e g . IV , 34.

2 I oh. X I I , 21. 3 * 6 6 7 8 8 10 11 12

I Cor . I, 5 IVulq.: in omnibus d. f. in illo). Ps. C X I, 3. I ac . I, 5. Es. I X , 12, 17, 21; X , 4. I oh . V I, 69. M t . X I X , 21. M t . V, 45. I Cor . X , 13 ( V u l g F. autem d. est). Cf. Septem remedia, sup. p. 184, I , l. 1 sq. E x. X I V , 14.

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240

ANALECTA -

REG. LAT. 71

ineffabilis pulcritudinis, tam inestimabilis suauitatis, ut angeli, qui septu et per talem locutionem acquiritur amor dei.

(2.) Item loquitur anima deo in oratione, quando meditando ostendit ei animum suum recogitando mala que fecit in amaritudine. Unde Ezechias dixit deo in Ysaia:3 r e c o g i t a b o t i b i o m n e s a n n o s m e o s , idest totam uitam meam, i n a m a r i t u d i n e a n i m e m e e . Sed prodolor multi et multe recogiw tant uitam suam malam et peccata, non in sua amaritudine, sed in delecta­ tione: quod ualde displicet deo; et occasiones sunt iterum recidendi. Unde legitur de filiis Israel, 4 qui frequenter recogitantes et rememorantes delec. tationes quas habuerant in Egipto pro nichilo habebant terram promis­ sionis et in Egipto reuerti cupiebant et illuc toto desiderio anhelabant. 45 Tales sunt multi in religione; de quo ualde dolendum est. Car il ont trop dolereuse vie, ut sciunt experti. Sed debemus uitam nostram malam representare deo humiliter et uerecunde cum amarissima amaritudine, et de ipsis malis instanter misericordiam postulare et non cessare cotidie, donec respondeat deus cordi nostro interius et dicat nobis: d i m i t t u n t u r t i b i 50 p e c c a t a t u a , sicut dixit Magdalene; 5 hoc est dicere: Li pais est faite inter me et te. Jetai matamour pardounee et par tel parlement tu as mamour eonquestee. v a d e i n p a c e . 67 Idest: De cetero noli ni : offendere per peccatum. Item debemus recogitare in oratione bona que deus nobis fecit et coti55 die facit, et etiam repromittit, ut doleamus et confundamur de nostra ingratitudine, sicut dixit Esdras:7 d e u s m e u s c o n f u n d o r e t e r u b e s c o le v a r e m a n u s m ea s a d t e . Et quare? Certe, q u i a i n i q u i t a t e s n o s t r e m u lt ip lic a te

60

su n t

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p ecc a ta

n o stra

c r e v e r u n t

u sq u e

ad

c e lu m

,

et ut de recordatione ipsorum bonorum accendamur ad eum ardenter amandum. Sed sciendum est quod omnis uirtus orationis ad hoc quod 31regineP 32 inic. amor. R pictag. T pactag. R 34 conf. ] Nunc autem deo in oratione prius add. R postea cancellavit 36 deo an. loq. R 37 ezechyas R 38 azaya R omnes om. R idest t. u. meam om. R 39 mee om. T prochd. B 41 recidendi] conieci, reeidiuandi B relidende R recitendi T 42 de] in R 43 egyp. BR 44 egyp. B toto om. B anhelant T hanelant R 46 doloreuse B 49 tibi om. B T 51 male am(or) R pardonnoe BR

1 2 fessio 3

I R eo . X X V , 32-3.3 ( V u l t / . : benedictum eloquium tuum, et benedicta tu). A u g ., In ep. Ioh. IV § 3 (P. L ., X X X V , 2006: initium virtutis nostrae con­ peccatorum). E s. X X X V I I I , 15. 4 N um. X X , 4. 5 Le. V II, 48 (ViiU/.: Remittuntur tibi p.).

6 Ih id ., 50. 7 I E sor . I X , 6 (e/. super, p. ~ in. u. 2).

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TRAITfSS DE GfiRARD DE L]±GE

243

placeat deo consistit in humilitate et contritione cordis, quia cor contritum et humiliatum nunquam, quicquid egerit, despiciet deus, sicut dicit psal­ mista. 1 Et hec ad presens de allocutione sufficiant in oratione. (3.) ^ Item loquitur anima deo in eius laudatione, scilicet in psalmodia «6 et cantu ecclesie et gratiarum actione. Sed tunc placet deo loquela lauda­ tionis, quando mens concordat ouci,2 et feruenter et hilariter fit; et de ipsa laudatione nichil aliud requiritur quam dei gloria, anime sue utilitas et proximorum edificatio. (4.) Item loquitur anima deo per desiderium, et hec locutio inter ceteras 70 alias plus placet deo, ac per hoc citius concedit et tribuit quicquid ab eo requiritur; et numquam ardenti et sancto desiderio diu deus denegare consueuit, quia desiderium attractiuum est, sicut muscipula ad attrahen­ dum aues in altissimis uolitantes, et sicut reclamatorium, idest loire, ad reuocandum accipitrem siue falconem. Et istud desiderium multociens tb ostenditur deo per effusionem lacrimarum, quia qui uere amat et perfecte desiderat flere dulce habet, dum presto non est quod amatur et quod desi­ deratur. Unde legitur de beato Petro apostolo, qui deum ardenter dili­ gebat et desiderabat, quod non poterat audire uel recordari de Ihesu et uita eius quin statim fleret pre amore et desiderio sui. Et Paulus dicebat: 34 *6 so c u p io d is s o l v i e t e s s e cum c h e is t o . Et Dauid dicebat:4 d o m in e a n t e TE OMNE DESIDERIUM MEUM, et: 5 SITIVIT ANIMA MEA AD DEUM FONTEM VIVUM, et:6 SICUT DESIDERAT CERVUS AD FONTES AQUARUM ITA DESIDERAT a n im a m e a a d t e d e u s . — Hic notandum est de natura cerui. — Similiter placide loquebatur deo Augustinus, quando dicebat:7 « Domine da michi 85 te, non quero nec cupio nisi te, et si non dederis te, nichil uolo de te.» Ergo locutio desiderii summe deo placet, et non uerborum multiplicitas uel compositio. Unde dicit Ambrosius: Desiderari Christus amat, confabu­ lationes non amat. Car il viout estre lobes de cuer et nemie deleures. Unde 61 consistit corr. T e consistat 64 hoc B; ad pr. hec R alloq. T 66 cantu(m) sic B R T 67 hvlar. B ilar. R et om. B 70 loq. T 71 plus] prius i? 73 est] quia est add. R trahendum B 76 infusionem R 78 deum] di prius addere incoeperat R postea exp. 82 et] etc(etera) B 85 loq. plac. R 86 quero] nisi te add. B dederis] michi add. i? 87 luqutio T 88 cum fabul. B 89 violt B R lebos B coer 11R ne mie R de leures R

1 P s. L , 19. 2 Reg. s. Bened., c. X I X (P. L ., L X V I , 476 A 1. 4). 3 P h i l . I, 23 (e/, super., p. 228, n. 4) 4 Ps. X X X V I I , 10. 6 Ps. XLI, 3 (c/. super., p. 227, n. 1). 6 Ps. XLI, 2 (c/. ib., n. 7). 7 Cf. super., p. 225, n. 6.

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244

ANALECTA -

REG. LAT. 71

flo Gregorius dicit: Loquimur placide, scilicet deo, cum eius faciem per desiderium postulamus,12dicentes cum Moyse:2 d o m in e o s t e n d e m ic h i f a c ie m t u a m . — « Et quare, o anima, dicit deus, tantum desideras uidere faciem meam?» — Eespondet ipsa et dicit illud quod inscribitur in Hester: 3*7 « Scio domine quod f a c ie s t u a p l e n a e s t g r a t ia r u m ; et non potes uideri 95 et non amari, quia dicit michi Bernardus quod tanta est speties tue pulcritudinis quod non potes uideri et non amari.» Et tali anime amanti et ita desideranti se diu negare et abscondere non potest deus, inmo cito ei appa­ ret et se offert ad libitum. Unde Augustinus dicit in persona domini: « O anima languens et estuans pre desiderio mei, quotiens per nuntios et tuo sodales tuos, idest per suspiria, gemitus, singultus et desideria tua nun­ tiasti michi: Veniat dilectus meus et osculetur me osculo oris sui. Ecce assum. Fixus maneo, brachia tendo, os porrigo, caput inclino. Veni ergo, amplectere me et osculare quantum libet.» Et hec ad presens de allocutione sufficiant. [III.] Nunc uideamus de amplexu per quem amor roboratur. Verum est quod anima membra non habet sicut corpus. Sed tamen effectus multiplices habet ad modum membrorum. Amplexatur enim anima deum et tenet per obedientiam et per patientiam quasi duobus bra5 chiis, scilicet mala patiendo pro Christo et bona faciendo, sicut dicit Gaufridus. (1.) Tunc anima amplexatur deum, cum non solum patienter, sed et libenter et gaudenter sustinet pro Christo tribulationes, paupertates, infir­ mitates, contumelias et aduersitates, sicut apostoli qui ibant gaudentes a io conspectu concilii, quoniam digni habiti sunt pro nomine Ihesu contume­ liam pati.1 Et Paulus dicebat: 5 p l a c e o m ih i in in f ir m it a t ib u s m e is , in c o n t u m e l iis , in n e c e s s it a t ib u s , in ANGUSTUS, et cetera, PRO CHRISTO. Et Iob dicebat:6 q u i c e p it ip s e m e c o n t e r a t , s o l v a t m a n u m s u a m e t SUCCIDAT ME, ET HEC SIT MICHI CONSOLATIO UT AFFLIGENS ME DOLORE is n o n p a r c a t . Quia in hoc scio me tenere amari, quia ipse dicit:7 ego q u o s a m o a r g u o e t c a s t ig o . E f Bernardus dicit: Tunc te scio michi pro­

pitium, cum te sentio iratum. 90

deo] ideo

BT

92

uidere om.

B

93 quod] quia B

104 alloq. T

2 affectus B 3 amplectitur B 5 paciendo B 8gaud. etlib. R lOconsil. B 12 in 2°] et B 13 saluat B B T 14 hoc B 17 sensio T

1 G reg .. Moral. X I , 42 § 57 (P. L ., L X X V , 978 C 1. 15). 2 E x. X X X I I I , 13. 3 E sth. X V , 17. 1 A ct. V, 41. 6 II C o r . X I I , 10 (c/. super., p. 221 l. 112). s I o r V I, 9-10 (Vulg.: mihi sit). 7 A po c . III, 19.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

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(2.) Item per obedientiam piam amplexatur anima dominum, quando extendit brachia sua ad faciendum in omnibus eius uoluntatem, dicens cum beato Paulo in Actibus:1 d o m in e quid m e v is f a c e r e , et cum psal- 20 mista:2 p a r a t u s sum e t non sum t u r b a t u s u t custod iam m a n d a ta t u a . Et tunc anima dulciter amplexatur deum et eum sibi stringit, quando uult omne quod deus uult, et placet ei quicquid scit deo placere, et displicet ei quicquid scit deo displicere. Unde dicit Bernardus: Amplexus spiri­ tualis est idem uelle et idem nolle. 3 Et talem animam ducit dominus con- 25 tinue per manum suam propriam quasi ad choream. Unde sancta anima per psalmistam dicit domino: 4 t e n u is t i d o m in e m anum d e x t e r a m m eam e t in v o l u n t a t e tu a d e d u x is t i m e , et cetera. Stricte amplexatus fuerat deum Paulus, quando dicebat: 5 o q u is nos s e p a r a b it a c a r it a t e d e i , t r ib u l a t io an a n g u s t ia , et multa alia que ibi commemorat, c e r t u s , 30 inquit, su m quod n e q u e m ors n e q u e v it a , et cetera, n e q u e c r e a t u r a a liq u a p o t e r it no s s e p a r a r e A c a r it a t e d e i . Inmo quanto durius et grauius me affligit, et quanto duriora pro eo sustineo, tanto ardentius eum diligo. Et Iob dicit: 6 e t ia m s i o ccidat m e in ipso s p e r a b o . Et hec breuiter «(dicta) de amplexu sufficiant. 35

[IV.] Sequitur de osculo, per quod amor confirmatur. Dicit enim Ber­ nardus quod, tociens anima osculatur deum, quotiens in eius amore compungitur. Et quid est compungi in amorem dei? Certe, tunc anima sancta recte compungitur in amorem dei, quando iam quantum potest mundata et purificata est per ueram contritionem, confessionem et penitentie satisfactionem, et degustata aliquantula dulcedine de deo, desiderat, sitit, anhelat toto conamine ad eum. Mchil ei placet in hoc mundo. Quic­ quid uidet, quicquid audit non sapit ei, inmo totum desipit, dum illum non uidet quem ardenter diligit; et continue in corde suo clamat:« O ueniat dilectus meus, et osculetur me osculo oris sui. A i lasse, quando ueniet et quando uidebo per eius dulcissimum osculum aliquantulum recreare spi­ ritum meum pre desiderio eius languentem». Et ideo, sicut superius dixit Bernardus, deum osculari est animam in eius amore et desiderio compungi. Et uere non est mirum si tantum desiderat anima osculari

r>

10

22 ainplex. dulc. B 25 dicit A T 26coream B R 33 quanta A 34 ociam cum praecedentibus B coniunxit accidat R 35 brou. de ampl. sic B T de ampl. breu. R 3 compungimur R xit om. R ili |q(ue) R

7 anci. R 10 Avlasse H 14 compungitur R 1 6 *5 3 2

11 eiusJ illius jK

13 di­

1 A ct . I X , (5. 2 Ps. O X V III, (50 (e.f. superius, p. 2iit I. 1(13). 3 B ern . I n C a n t .L X X X V I I l § 3 (P. L „ C L X X X I I I , 1182 0 1 . 12: Complexus plane ubi idem v. et et i. n. unum facit de duobus). 1 Ps. L X X I I , 24 (Vulg. om. domine). 5 R o m . V III, 35, 38-39 (e/, super., p. 223, l. 3'J). 6 Ior. X I I I , 15 (o/. super., p. 232, n. 3).

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246

ANALECTA -

REG. LAT. 71

is deum, quia scit quod osculum spontaneum et uoluntarium certe dilec­ tionis est signum. Sed sciendum est quod tripliciter osculatur anima deum: primo ad pedes, ubi cognoscit peccata sua et suam miseriam, et ibi est suspirium doloris. Deinde osculatur ad manus, et ibi est exerci­ tium laboris. Postremo osculatur ad os, et ibi est certum et euidentisjo simum signum amoris. In primo, ut diximus, cognoscitur propria miseria. In secundo datur uenia; in tercio, audatie et confldentie gratia. In primo osculo inuenitur deus pius, in secundo largus, in tercio gratus et placens, dulcis et gratiosus. Habet enim sponsus os suum, et sponsa os suum simi­ liter. Duo labia sponsi sunt superius promissio et inferius comminatio. 25 Duo uero labia sponse sunt superius spes et amor, inferius timor et tremor. Quando ergo anima coniungit labium suum inferius labio dei inferiori, idest timorem et tremorem comminationi, et labium suum superius labio dei superiori, idest spem et amorem promissioni dei, tunc fit et sentitur dulcissimum, suauissimum et delectabile osculum, quod ardentissime 30 desiderabat et toto conamine deprecabatur sancta anima in Canticis can­ ticorum, dicens:1 oi, o sc u le t u r m e , mes tres dous amis, osculo o ris s u i . Et certe mei et lac sub lingua eius.2 [V.] Et post tam dulce osculum nichil restat ad plenam consumma­ tionem perfecti amoris nisi factum, quod erit quando scilicet anima sancta perfecte adherebit et perfecte coniuncta erit deo suo, amico suo, sponso suo, et erit unus spiritus cum eo.3 Quod erit in paradiso per perfectissimam 5 caritatem, quando nichil uolet nisi quod deus uult, nichil amabit nisi deum, nichil desiderabit nisi deum, nichil sapiet nisi deum. Tunc cognoscet deum sicut et cognita est,4 tunc amabit sicut amata; tunc uidebit anima deum ad uoluntatem, habebit ad uoluptatem, fruetur ad iocunditatem. In eternitate uidebit, in ueritate fulgebit, et in bonitate gaudebit. Ibi gaudebit io sponsus super sponsam,5 et sponsa iubilabit de sponso suo, cuius est aspec­ tus pius, facies decora et eloquium dulce.6 Hic de iubilo quale gaudium est explicari non potest sermone. Ibi incipitur amor per uisum, crescit per uerbum, roboratur per amplexum, confirmatur per osculum; sed non potest consummari per factum nisi in 15 scit] sicut T 17 ubi] ut R 18 excercit. T 22 et 1° om. B T placens] et add. B T 23 et sponsa os s. om. R 26 coni. an. R 27 cum minationi R 29 dulciss.] et add. B 30 sancta] an(n)a prius add. T postea exp. 31 douls B 4 suo om. B T

1 2 3 4 6 4

8 habebit iterat T1 * 4 3 2

C a n t . I, 1. Ibid. IV , 11. I C o r . V I, 17. I C o r . X I I I , 12. Es. L X I I , 5. Ci. superius, p. 228 l. 194.

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TRAITÉS DE GÉRARD DE LIÈGE

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gloria beatorum. De quo facto et de qua gloria balbutire aliquantulum possumus, sed nichil dicere dignum. Sed hic nunc propter nostram insufficientiam et propter multiplices alias occupationes faciamus finem; sed rogemus dominum, ardentissimum amatorem animarum nostrarum, ut per suam piissimam misericordiam det et faciat nos ita incipere, proficere siue crescere, corroborari et confir­ mari in amore suo, quod possimus in ipso consummare in gloria beatorum, amen. EXPLICIT 15 aliq. balb. R 17 nunc om. B T al. mult. 1' 2.'i explieitj om. B ; T haec addit, expliciat, ludere scriptor eat, orate pro lue ad dominum deum nostrum; at R : Finito libro sit laus et gloria cliristo. Amen. Hunc de gorgha. P. scripsit, sibi proque sua pena tres prebentur soludi. trop pro(que)merentur

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VII. REG. LAT. 7u 2 (fol.

68-68v)

Lettre relative à l’élection de Lambert de la Palud, évêque d’Angoulême. Lambert de la P a lu d ,1 premier abbé de la Couronne (1122-1136), puis évêque d ’Angoulême (1136-1149), est connu grâce à VHistoria pontificum et comitum Engolismemiwm, 2 composée peu après sa mort. Il remplaçait, sur le siège d ’Angoulême, l’indomptable Gérard de Blaye, principal fauteur du schisme d ’Anaclet en Aquitaine. Voici une lettre qui relate les circonstances de son élection, attaquée, sem­ ble-t-il, par un évêque de la province (1. 44). L ’auteur pourrait être également l’un des électeurs favorables à Lambert. En tout cas, la lettre doit avoir été écrite à la fin de l’année 1136, aussitôt après la m ort de Gérard de Blaye (1. 40). Il paraît en outre qu’elle était destinée à l’Église romaine (1. 13) c ’est-à-dire au pape légitime, Innocent II, que la succession de Gérard n ’avait pu laisser indifférent. On pensera donc que le destinataire immédiat fut l’évêque de Chartres, Geoffroi de Lèves, légat du Siège apostolique pour l’Aquitaine. Le texte est conservé d ’une manière imprévue, au milieu d ’extraits divers, relatifs principalement à la liturgie. Le tout devait être déjà réuni, mais sans doute mieux distingué, dans l’archétype reproduit par notre fragment manuscrit vers la fin du x n e siècle (fol. 65-68). Quant à la lettre, elle aura été gardée tout d ’abord à titre du « for1 Le surnom de Palud donné à l’ évêque d’Angoulême Lambert se tire du lieu où il avait été curé, c’est-à-dire chapelain, pendant une vingtaine d’années pour le moins, avant de monter sur le siège épiscopal. La Palud, au sud et à sept kilomètres d’ Angoulême, se trouve au milieu de marais formés par la Boëme et la Charrau. L ’ abbaye d’Augustins que Lambert fonda sur ce site en 1122 prit le nom de la Couronne, parce qu’elle fut construite sur un terrain qui formait, dans ces marais, une île arrondie, appelée pour lors la Coronuelle. Depuis 1810, l’ancien nom de La Palud a fait place à celui de l’abbaye, et la commune industrielle s’appelle maintenant la Couronne. Ces détails, fournis par J. N anglard , Powillé histori­ que du diocèse d’Angoulême, I (1894), 49, 328, II (1897), 69, IV (1903), 199, m ’ont été communiqués avec beaucoup d’obligeance par Dom H. Cottineau O. S. B. La liste épiscopale dressée par Nanglard diffère quelque peu de celle du Oallia. 2 Éd. L abbe , Bibliotheca nova manuseripta, t. II (1657), p. 261-263 (cha­ pitre X X X V I I : De Lamberto episcopo).

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ANALECTA -

BEG. LAT. 72

mule », pour servir de modèle de style, le cas échéant. C’est une chance que le nom de Lambert de la Palud n’y ait point été effacé; on aurait pu croire que l’application à l’Église d ’Angoulême fût fictive. Ce par­ tisan de Lambert s’exprime avec tant de calme et de réserve qu’il faut un effort pour évoquer le cadre historique tracé passionnément par le premier biographe de l’abbé de Clairvaux. Somme toute, le nouveau document suggère que la vérité sur le personnage de Gérard de Blaye se trouve mieux sauvegardée dans 1'Historia ‘pontificum Engolismensium, que dans la Vit a Ber nardi. 1

5

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20

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Reuerende pater, cuius discretio in nulla disceptae(i)one habenda est suspecta, innoeencie mee cogniconem uestris auribus com(m)ittere non formido. Quoniam non captacione beniuolencie, 2 neque pecunie causa astrictus, iudicium et iusticiam fine debito terminare consueuistis. Scriptum est enim: « Facile deuiat a iusticia qui in causis non deum, sed homi­ nes formidat». Cum multa ad discutiendum meo animo subueniant, illius tamen rei que ueemencius meum remordet animum, tam initium quam ordinem et exitum uestra nunc3 sustineat audire attentio. Precognita etenim egrit.udini radice, compendiosius possunt adhiberi medicine, Pauca loquar, ne aures uestras offendam. Fortassis etenim in publica comoda peccem, si longo sermone uos detineam. Amplius iuxta canonum sanctiones et Romanorum decreta pontificum, grauiores questiones et obscura negotia sancte Romane matri ectiesie uelud capiti esse referenda et suo iudicio uentilanda cognouimus. Cum quidam prece, alii uero precio ad sublimes honorum gradus sint subrogati, iste tamen dictus dei gr(aci)a Engolismensis electus nec prece nec precio, sed eo(m>muni assensu ad episcopalem ordinem legitime promotus est. In quo, uenerande pater, auctoritas4 tua est seruata et nichilominus ecclesiastica dignitas custodita. Religios| sji namque abbates et integri nominis persone, isti inquam con«iliis sufficientes et oportuni quorum presencia iura sunt ad manus, in moribus uidelicet obseruancia, in legibus firmitas, in religione sanctitas, in presentibus nullum periculum, in futuris certum consilium, ad predicti uiri electionem sunt conuocati. Contra quos tanto periculosius est inniti quanto eorum fama est sincerior maiorque dignitas. His itaque conuocatis, non furtim, non latenter, non dolose,5 sed communi6 prouidentia et com­ 1 Voir la question posée par E. V a c a n d a r d , Vie de saint Bernard, I (1910), p. 363 sq., au sujet des derniers moments de Gérard. 2 beniulencie Ms.; et de nouveau, aussitôt après neque, on lit beniuolenei; mais le mot, cette fois, est souligné. 3 n(e)c Ms. 4 auctaritas Ms. 5 dolole Ms. 6 commune Ms, tout d’ abord. Le copiste a corrigé dans l’interligne.

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L’ÉLECTICN DE LAMBERT DE LA P ALUD

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muni, ut diximus, consilio ad p(re)dictam dignitatem1 promouetur. Iste inquam cuius nobilitas non minus floret philosophorum studiis quam rerum secularium officiis. Item quis canonicorum Engolismensium cor(r)uptis moribus et eclesiástico ordini conculcato subuenire potest nisi iste quem non minus uita quam literatura probat, cu i2 etiam ad fructum sciencia et ad exemplum mores exuberant? Nullus equidem. Preterea si auctoritati defertur, si eidem etiam fides non subtra