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French Pages 695 [696] Year 2015
Benjamin Constant Œuvres comple`tes Se´rie Œuvres XIX
Benjamin Constant Œuvres comple`tes Se´rie Œuvres XIX Comite´ de Patronage Membre d’honneur : Roland Mortier † Membres : Andre´ Cabanis, Maurice De´chery, Michel Delon, Franc¸oise Fornerod, Doris Jakubec, Franc¸ois Jequier, Mario Matucci, Martine de Rougemont, Lionello Sozzi † et Arnaud Tripet Comite´ Directeur Pre´sident : Paul Delbouille Le´onard Burnand, Jean-Daniel Candaux, Cecil Patrick Courtney, Lucien Jaume, Kurt Kloocke, Giovanni Paoletti, Franc¸ois Rosset, Paul Rowe, Markus Winkler et Dennis Wood Secre´taire : Guillaume Poisson Commission des Œuvres Pre´sident : Kurt Kloocke Le´onard Burnand, Paul Delbouille, Lucien Jaume, Fre´de´ric Jaunin, Franc¸oise Me´lonio, Franc¸ois Rosset, Markus Winkler et Dennis Wood Ce tome XIX appartient a` la se´rie intitule´e E´crits sur la Religion dirige´e par Kurt Kloocke La re´vision en a e´te´ assure´e par Giovanni Paoletti La relecture en a e´te´ assure´e par Lisa Azorin La supervision du traitement informatique a e´te´ prise en charge par Kurt Kloocke
Benjamin Constant De la Religion, conside´re´e dans sa source, ses formes et ses de´veloppements Tome III Volume dirige´ par Denis Thouard et Kurt Kloocke E´tablissement des textes, introductions et notes par Raphae¨lle Hückstädt-Rivet, Kurt Kloocke, Laura Wilfinger et Denis Thouard Instruments bibliographiques par Laura Wilfinger
De Gruyter
ISBN 978-3-11-033490-6 e-ISBN (PDF) 978-3-11-033668-9 e-ISBN (EPUB) 978-3-11-039396-5 Library of Congress Cataloging-in-Publication Data A CIP catalog record for this book has been applied for at the Library of Congress. Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet über http://dnb.dnb.de abrufbar. 쑔 2015 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston Gesamtherstellung: Hubert & Co. GmbH und Co. KG, Göttingen 앝 Gedruckt auf säurefreiem Papier 앪 Printed in Germany www.degruyter.com
Table des matie`res
Dans un souci de clarte´, les titres qui figurent dans cette table ont e´te´ dans certains cas modernise´s et uniformise´s. Ils sont ainsi parfois le´ge`rement diffe´rents des titres qui apparaissent dans le volume.
Table des illustrations . . . . . . . . Principes d’e´dition des Œuvres comple`tes Signes, symboles, sigles et abre´viations Chronologie . . . . . . . . . . . . Introduction ge´ne´rale au tome XIX . . . Sources . . . . . . . . . . . . . Manuscrits . . . . . . . . . Imprime´s . . . . . . . . .
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IX
1 3 7 21 23 23 28
1. De la Religion, conside´re´e dans sa source, ses formes et ses de´veloppements. Tome troisie`me DE
LA
RELIGION,
CONSIDE´ RE´ E DANS SA SOURCE, SES FORMES
ET SES DE´ VELOPPEMENTS
Texte e´tabli et pre´sente´ par Denis Thouard et Kurt Kloocke Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 De la Religion, conside´re´e dans sa source, ses formes et ses de´veloppements . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Livre VI. DES E´ LE´ MENTS CONSTITUTIFS DU POLYTHE´ ISME SACERDOTAL. Chapitre Ier. De la combinaison du culte des e´le´ments et des astres avec celui des fe´tiches. . . . . . . . . . . . . Chapitre II. De la partie populaire du polythe´isme sacerdotal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre III. De la doctrine secre`te des corporations sacerdotales de l’antiquite´. . . . . . . . . . . . . . Chapitre IV. Exemple de la combinaison ci-dessus chez les E´gyptiens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
121 123 130 151
VI
Table des matie`res
Chapitre V. Exemple de la meˆme combinaison dans la religion de l’Inde. . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre VI. Des causes qui ont modifie´ dans l’Inde cette combinaison, sans toutefois l’emporter sur l’action du sacerdoce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre VII. Que nous pourrions trouver des exemples de la meˆme combinaison chez tous les peuples soumis aux preˆtres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Livre VII. DES E´ LE´ MENTS
170
229
255
CONSTITUTIFS DU POLYTHE´ ISME INDE´ PENDANT DE
LA DIRECTION SACERDOTALE.
Chapitre Ier. Que la combinaison de´crite dans le livre pre´ce´dant est e´trange`re au polythe´isme qui n’est pas soumis aux preˆtres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre II. De l’e´tat des Grecs dans les temps barbares ou he´roı¨ques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre III. De quelques questions qu’il faut re´soudre avant d’aller plus loin dans nos investigations. . . . . . . . . Chapitre IV. Du point de vue sous lequel nous envisagerons le polythe´isme des temps he´roı¨ques. . . . . . . . . . Chapitre V. De l’embellissement des formes divines dans le polythe´isme home´rique. . . . . . . . . . . . . . . Chapitre VI. Du caracte`re des dieux home´riques. . . . . Chapitre VII. Des notions grecques sur la destine´e. . . . Chapitre VIII. Des moyens employe´s par les Grecs pour pe´ne´trer dans les secrets de la destine´e. . . . . . . . . Chapitre IX. Des notions grecques sur l’autre vie. . . . . Chapitre X. Des efforts du sentiment religieux pour s’e´lever au-dessus de la forme que nous venons de de´crire. . . . Livre VIII. DIGRESSION NE´ CESSAIRE SUR LES POE` MES ATTRIBUE´ S A` HOME` RE. Chapitre Ier. Que la religion de l’Odysse´e est d’une autre e´poque que celle de l’Iliade. . . . . . . . . . . . . Chapitre II. Question qui re´sulte des observations ci-dessus. Chapitre III. Que la composition de l’Odysse´e, et par conse´quent sa mythologie, sont d’une e´poque poste´rieure a` celle de l’Iliade. . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre IV. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . .
289 291 294 312 318 326 346 351 359 369
381 395
397 418
VII
Table des matie`res
Textes comple´mentaires 2. Manuscrits sur fiches MANUSCRITS SUR FICHES . . . . . . . . . . . . . . . . . Textes e´tablis et pre´sente´s par Kurt Kloocke Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Livre VI. Des e´le´mens constitutifs du polythe´isme sacerdotal Chap. I. De la combinaison du culte des e´le´mens et des astres avec celui des fe´tiches . . . . . . . . . . . . Ch. 2. Exemple de cette combinaison chez les Egyptiens .
421
MANUSCRIT SUR FICHES POUR LE CHAPITRE III DU LIVRE VI Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . Manuscrit sur fiches pour le chapitre III du livre VI. Premier texte . . . . . . . . . . . . . . . . Manuscrit sur fiches pour le chapitre III du livre VI. Deuxie`me texte . . . . . . . . . . . . . . . Manuscrit sur fiches pour le chapitre III du livre VI. Troisie`me texte . . . . . . . . . . . . . . .
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443 445
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447
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451
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453
LE GRAND MANUSCRIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . Textes e´tablis et pre´sente´s par Kurt Kloocke Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fragments du chapitre premier du livre VI. Premie`re se´rie . Fragments du chapitre premier du livre VI. Deuxie`me se´rie Fragments du deuxie`me chapitre du livre VI . . . . . . Livre VI, chapitre 7. Encore un mot sur le the´isme he´braı¨que . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
461
423
425 432
3. Le Grand manuscrit
4. Fragments et e´bauches de textes pour les livres
VI
et
463 467 469 472 475
VII
FRAGMENTS ET E´ BAUCHES DE TEXTES POUR LES LIVRES VI ET VII . Textes e´tablis et pre´sente´s par Kurt Kloocke Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fragments et e´bauches de textes pour les livres VI et VII .
481 483 499
5. Suites d’ide´es pour le tome III de De la Religion SUITES D’IDE´ ES POUR LE TOME III DE De la Religion Textes e´tablis et pre´sente´s par Kurt Kloocke
. . . . . .
547
VIII
Table des matie`res
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Suite d’ide´es pour un manuscrit du tome III de De la Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1er Ch. du Liv. 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . Suite d’ide´es pour le chapitre V du livre VI . . . . . . Plan des chapitres du livre VI . . . . . . . . . . . . Suite d’ide´es pour le Livre VI, «Des e´le´ments constitutifs du polythe´isme sacerdotal» . . . . . . . . . . . . . . Suite d’ide´es pour le Grand manuscrit du tome III de De la Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Suite d’ide´es pour le Livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Suite d’ide´es pour le Livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion, e´tablie a` partir des e´preuves . . . . . . . . Suite d’ide´es du chapitre VII et ordre de travail . . . . .
549 557 558 559 561 562 564 566 570 571
6. Dossiers de travail NOTES BIBLIOGRAPHIQUES . . Texte e´tabli et pre´sente´ par Kurt Introduction . . . . Notes bibliographiques
. . . . . . . . . . . . . . . Kloocke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
573
RECHERCHES SUR L’INDE . . Texte e´tabli et pre´sente´ par Kurt Introduction . . . . Recherches sur l’Inde
. . . . . . . . . . . . . . . Kloocke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
583
Abre´viations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ouvrages cite´s par Constant . . . . . . . . . . . . . . . .
619 621 645
8. Index Index des personnes historiques et mythologiques
673
575 577
585 587
7. Instruments bibliographiques
. . . . . . .
Table des illustrations
1. Page de titre de la premie`re e´dition de De la Religion, tome III, Paris : chez Be´chet aıˆne´, Libraire, 1827. BCU, Institut Benjamin Constant. . . . . . . . . . . . . . .
116
2. Le premier manuscrit sur fiches, folio ajoute´ a` la premie`re se´rie des fiches. BCU, Co 3276, fo 66ter. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
422
3. Le second manuscrit sur fiches, folio avec le texte d’une note ajoute´ au lot originel. BCU, Co 3435/7, fo 40bisB. . . . . . . . . . . . . . . . . .
444
4. Le Grand manuscrit. Le folio 77 du chapitre e´carte´ «Du the´isme he´braı¨que». BnF, NAF 18823, fo 99. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
466
5. E´bauche ste´nographie´e de la premie`re page du chapitre IV du livre VI. BCU, Co 4725, fo 38ro. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
482
6. E´bauche ste´nographie´e d’un passage du livre VI, chapitre III. BCU, Co 4725, fo 34ro. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
498
7/1. Suite d’ide´es pour le Grand manuscrit. BCU, Co 3478, Q1/7, ro. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
546
7/2. Suite d’ide´es pour le Grand manuscrit. BCU, Co 3478, Q1/7, vo. . . . . . . . . . . . . . . . . .
548
8. Une page du manuscrit avec le texte restructure´. BCU, Co 3435/19. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
574
9. Plan de´taille´ d’un chapitre sur la religion de l’Inde pour organiser l’emploi des notes de lecture e´tablies en 1826. BCU, Co 3293/3/2, p. 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
582
10. Une page des notes de lecture sur la religion de l’Inde. BCU, Co 3293/3/2, p. 27. . . . . . . . . . . . . . . . . .
584
Principes d’édition des Œuvres complètes
La présente édition a pour règle de reproduire tous les textes connus, publiés ou non, de Benjamin Constant. Elle donne, pour chacun, toutes les variantes. On a maintenu l’orthographe et la ponctuation des originaux. On a préservé la diversité des usages, selon qu’on avait affaire à un autographe de Constant ou à une copie. Dans le cas des imprimés, on n’a corrigé dans le texte, avec mention en note, que les seules fautes d’impression évidentes. Pour les manuscrits, la règle est celle du respect maximal. Les cédilles n’ont pas été rétablies. Les tildes et les traits horizontaux placés sur certaines consonnes pour en indiquer le redoublement ont été conservés. En revanche, les capitales qui apparaissent parfois, dans l’écriture de Constant, à l’intérieur des noms communs, ont été considérées comme de «grandes lettres», non comme de vraies majuscules, et ont dès lors été normalisées. Les capitales n’ont pas été rétablies en tête des noms propres, ni en tête des phrases. Elles ont été respectées à l’intérieur des noms propres (ex. «M. DeSaussure»). Les apostrophes et les traits d’union n’ont pas été rétablis. Les mots liés ont été respectés («peutetre» pour «peut-être»). On n’ajoute aucun signe de ponctuation. En cas d’absence des parenthèses ou des guillemets fermants, une note signale le fait. On a respecté les tirets longs, mais non les traits qui, souvent chez Constant, achèvent la ligne. On a respecté également les deux points employés selon l’usage ancien. Les accents circonflexes et les trémas abusifs ont été maintenus. L’italique représente les soulignés simples ; l’italique souligné les soulignés doubles. Lorsqu’il y avait doute dans l’interprétation d’une lettre, d’un accent ou d’une graphie quelconque, on a tranché en faveur de l’usage actuel. Lorsqu’il y avait hésitation entre apostrophe et accent (exemple : «l été» ou «l’eté»), ou entre l’un de ces signes et la ponctuation de la ligne précédente, on a privilégié le signe de ponctuation par rapport à l’apostrophe et à l’accent, l’apostrophe par rapport à l’accent. Les abréviations ont été résolues quand le signe n’existe pas en typographie. On explique en note celles qui feraient difficulté pour le lecteur. Les mots abrégés ont été transcrits tels quels, avec une éventuelle explication en note. Pour la sténographie, une transcription en clair vient doubler la
2
Principes d’édition
transcription en abrégé. En revanche, les terminaisons de mots simplifiées, sauf s’il s’agit d’une évidente volonté d’abréviation, ont été restituées complètement, même si les dernières lettres étaient mal formées. Les fautes de syntaxe ont été transcrites telles quelles. On a évidemment maintenu la graphie des mots grecs isolés ou des citations. Dans le texte, les crochets carrés [ ] indiquent les restitutions textuelles. ` l’intérieur d’une restitution, le point (la suite de points) indique la (les) A lettre(s) illisible(s). Dans la transcription des variantes, le mot ou le passage en cause est suivi d’un crochet carré fermant ], lui-même suivi de la variante. Si le passage en cause est relativement long, il est désigné par son début et sa fin, séparés par trois points. Les crochets pointus 〈 〉 encadrent les mots ou les passages biffés. Les barres obliques à droites / / encadrent le(s) mot(s) biffé(s) à l’intérieur d’une variante biffée. Chacun des volumes des Œuvres complètes, aussi bien dans la série Œuvres que dans la série Correspondance, est soumis à l’attention d’un réviseur désigné par le Comité directeur, dont la tâche consiste à contrôler l’adéquation du travail aux principes d’édition qui viennent d’être succinctement énoncés. On voudra bien noter que l’accord donné par ce réviseur à l’issue de son examen n’implique nullement, de sa part, une adhésion aux opinions exprimées et aux jugements portés par les collaborateurs de l’édition.
Signes, symboles, sigles et abréviations
La liste qui suit ne reprend pas certaines abréviations d’usage très général (etc., M., Mme, Mlle) ; elle ne reprend pas non plus celles qui apparaissent dans les cotes des bibliothèques, ni celles par lesquelles nous désignons les ouvrages et les périodiques souvent cités (on trouvera ces dernières dans les «Instruments bibliographiques» à la fin du volume), ni les sigles par lesquels nous désignons les manuscrits ou les éditions des textes que nous éditons (ils sont donnés à la fin des introductions, dans la section «E´tablissement du texte»).
[...] ] 〈〉 // /
? *
2
1905
a. add.
: restitutions textuelles ; le point (la suite de points) indique la (les) lettre(s) illisible(s). : signe qui, dans la transcription des variantes, suit le mot ou le passage en cause, et qui est suivi de la variante. : encadrent les mots ou les passages biffés. : encadrent le(s) mot(s) biffé(s) à l’intérieur d’une variante biffée. : indique, dans une note ou dans une variante, le retour à la ligne. : indique, dans les vers cités en note ou en variante, la limite de chaque vers ; indique, dans la description des imprimés, le retour à la ligne ; indique, dans les textes de Constant, le changement de page ou de folio de la source. : le point d’interrogation suit toute indication conjecturale. : l’astérisque, mis en exposant devant le numéro d’un folio dans la description des manuscrits, indique que le folio ainsi désigné est perdu. : un chiffre mis en exposant devant l’année de publication d’un ouvrage dans la bibliographie indique qu’il s’agit de la 2e (3e ...) édition. : autographe(s) : addition
4 AN app. attr. art. BC BCU BGE BL BnF br. chap. col. coll. corr. c. r. éd. éd. orig. édit. fasc. fo fos IBC illis. inf. interl. J.I. lac. livr. mm ms. mss n. no nos p. part. pl. pp. ro ros réimpr.
Signes, symboles, sigles et abréviations
: Archives nationales, Paris : appendice : attribué(e)(s) : article(s) : Benjamin Constant : Bibliothèque Cantonale et Universitaire, Lausanne : Bibliothèque de Genève, Genève : British Library, Londres : Bibliothèque nationale de France, Paris : broché : chapitre(s) : colonne(s) : collection : correction(s), corrigé(s), corrigée(s) : compte rendu : édition : édition originale : éditeur : fascicule(s) : folio : folios : Institut Benjamin Constant : illisible(s) : inférieur(e) : interligne : Journal intime : lacune : livraison(s) : millimètres : manuscrit : manuscrits : note(s) : numéro : numéros : page : partiellement : planche(s) : pages : recto : rectos : réimpression
Signes, symboles, sigles et abréviations
s. s.d. s.éd. s.l. s.l.n.d. sup. supp. sv. t. v. vv. vo vos vol.
: signé : sans date : sans indication de l’éditeur commercial : sans lieu : sans lieu ni date : supérieur(e) : supprimé(s), supprimée(s) : suivant(s), suivante(s) : tome(s) : vers : vers : verso : versos : volume(s)
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Chronologie
1767, 25 octobre : Naissance de Benjamin Constant à Lausanne. 1779 : Il compose Les Chevaliers. 1780-1782 : Séjours en Angleterre, en Hollande, à Lausanne, puis à Erlangen, où il fréquente l’Université. 1783-1785 : Études à l’Université d’E´dimbourg. 1785 : Séjours à Paris, à Bruxelles, à Lausanne. Mise en chantier d’un ouvrage sur le polythéisme. 1786 : Rencontre et amitié avec Mme de Charrière. 1788 : Séjour à Brunswick où il rencontre Minna von Cramm, qui deviendra sa première femme, et en 1793 Charlotte von Hardenberg, alors épouse de Wilhelm Christian von Mahrenholz. Amitié avec Jacob Mauvillon, qui imprime aux études de BC sur la religion une nouvelle orientation. 1793 : Séjour à Colombier, près de Neuchâtel, chez Mme de Charrière. 1794 : Première rencontre avec Mme de Staël. Il travaille à son ouvrage sur la religion et rédige un chapitre «D’une nouvelle espèce de rapports que les théologiens modernes voudraient introduire dans la religion», le plus ancien manuscrit connu des écrits de BC sur la religion. 1795 : BC accompagne Mme de Staël à Paris. Ils commencent à jouer un rôle politique. 1796, fin avril : BC publie sa première grande brochure politique, De la force du gouvernement actuel et de la nécessité de s’y rallier. 14 novembre : Achat du domaine d’Hérivaux, sur le territoire de la commune de Luzarches.
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Chronologie
1797 : Il publie Des réactions politiques et Des effets de la Terreur. Naissance d’Albertine de Staël. BC est nommé par le Directoire président de l’administration de la commune de Luzarches, reconnaissance de fait de sa nationalite´ française. 1798 : Rencontre et amitié avec Julie Talma. 1799, juillet : Il publie Des suites de la contre-révolution de 1660 en Angleterre. Il travaille à sa traduction de l’ouvrage de Godwin. 9 novembre : Coup d’E´tat du 18 Brumaire. 1800 : BC est membre du Tribunat, dont il sera éliminé avec d’autres opposants le 17 janvier 1802. Séjour en Suisse. Il lit, dans la traduction française de Gallois, le livre V de l’ouvrage de Filangieri, «Des lois qui concernent la religion», et rédige un long extrait des quatre premiers chapitres. 1802 : BC travaille à un traité politique intitulé Possibilité d’une constitution républicaine dans un grand pays. Ce travail sera abandonné au mois d’octobre de cette même année. Il pense peu après à la rédaction d’un ouvrage élémentaire sur la liberté. Il s’agit probablement de ce qui deviendra les Principes de politique. 22 mars : Vente d’Hérivaux. Achat des Herbages, domaine qui se trouve lui aussi sur la commune de Luzarches. BC y travaille à son traité sur la religion. Il en résulte le dossier dit «manuscrit des Herbages», partiellement conservé. 1803 : Lectures en vue de la rédaction de l’ouvrage politique. Janvier : BC rédige Amélie et Germaine, abandonné le 10 avril. Il projette une Histoire de Frédéric II, jamais réalisée. Mai : BC s’installe aux Herbages. 15 octobre : Mme de Staël reçoit un ordre d’exil définitif. 19 octobre : BC et Mme de Staël partent pour l’Allemagne. 26 octobre : Ils s’arrêtent à Metz où ils se lient d’amitié avec Charles de Villers, un des premiers à faire connaître la philosophie de Kant en France. Mme de Staël conçoit le projet d’écrire un ouvrage sur l’Allemagne.
Chronologie
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14 décembre 1803 : Mme de Staël arrive à Weimar. BC la rejoint quelques jours plus tard. Il y restera jusqu’en avril 1804. Rencontres avec Goethe, Schiller, Wieland, le duc de Weimar et d’autres personnages de cette petite localité. Travail soutenu à son ouvrage sur la religion. BC découvre les axiomes fondamentaux de sa théorie sur la religion. Il rédige le plan dit «plan de Weimar». Celui-ci ouvre une série de restructurations continues de l’ouvrage. 1804, 22 janvier : Début du Journal intime. BC rentre en Suisse tandis que Mme de Staël se rend à Berlin. 9 avril : Mort de Necker. BC, de retour à Lausanne depuis le 7 avril seulement, repart pour rejoindre Mme de Staël à Weimar. Décembre : Départ de Mme de Staël pour l’Italie. Constant la rejoint à Lyon pour prendre congé d’elle. De retour à Paris, il retrouve Charlotte von Hardenberg, qui a épousé le vicomte du Tertre. 1805 : Passion pour Anna Lindsay. Mort de Julie Talma (mai) et de Mme de Charrière (décembre). BC travaille de janvier à juin à son ouvrage sur la religion, à Paris et aux Herbages. 1806, 4 février : Début du travail aux Principes de politique. La rédaction du texte sera interrompue à la fin de l’année. 4 septembre : Il projette Wallstein. 19 octobre : BC revoit Charlotte, dont il s’éprend et qu’il songe à épouser. 30 octobre : Il commence un roman d’où sortira Adolphe. 1807, 12 février : Constant rédige le plan d’un ouvrage intitulé «Recherches historiques sur la religion des principaux peuples de l’antiquité». Pendant l’été il poursuit la rédaction de son ouvrage, en dépit des différends avec Mme de Staël et des très nombreux déplacements entre Paris, Acosta, Dole et la Suisse. 1808, mars et avril : BC rédige le Livre verd, un cahier avec des additions à l’ouvrage sur la religion. Juin : Mariage avec Charlotte à Brevans.
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Chronologie
1809 : Publication de Wallstein. Juillet : Constant fait copier par Audouin un plan très développé des Recherches historiques. Celui-ci dominera la rédaction du texte dont il reste des fragments importants. La rédaction est abandonnée au moment où, en 1811, il partira pour Göttingen avec Charlotte. 1810 : Grosse perte de jeu et vente des Herbages. 1811, 17 janvier : Départ avec Charlotte pour la Suisse. 8 mai : BC fait ses adieux à Mme de Staël. 15 mai : Départ avec Charlotte pour l’Allemagne. Il reprend son Journal Intime. 18 mai : Les premières notes du Repertory, c’est-à-dire du «Répertoire de morceaux et de notes détachées sans destination fixe dans mon ouvrage sur la religion», sont rédigées. Ce recueil sera poursuivi jusqu’à l’automne 1813. Dès son installation à Göttingen, BC reprend le travail à son ouvrage avec beaucoup de courage, convaincu d’avoir trouvé «le moyen de tout concilier». 1812 : Séjour à Göttingen, où BC travaille au manuscrit qu’il appelle le Grand quarto bleu ou la Copie bleue, qui offrira une première rédaction ` une date indéterminée, après 1813 et probableachevée en 44 livres. A ment avant 1825, il fera établir par deux copistes une mise au net de ce manuscrit, les Grands Cahiers blancs. BC travaille régulièrement à la bibliothèque de l’université et rédige d’importants extraits de lecture qui constituent les matériaux de base de son futur travail. Ces dossiers comprennent environ 375 folios et beaucoup de notes éparses. Ils seront exploités systématiquement pour la rédaction de l’ouvrage imprimé. 11 février : Mort de Juste de Constant. 23 mai : Départ de Mme de Staël qui quitte Coppet pour Moscou, SaintPétersbourg, Stockholm et l’Angleterre. BC apprend la nouvelle avec inquiétude à la fin du mois. Juin-décembre : Campagne de Russie et retraite de l’armée napoléonienne en déroute. 1813 : BC commence Le Siège de Soissons. L’ouvrage sera achevé en 1826.
Chronologie
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BC redécouvre, avec le désastre de la campagne de Russie qui laisse espérer la chute de l’Empire, sa vocation politique. Il commence la rédaction de De l’esprit de conquête et de l’usurpation et se rallie au prince royal de Suède. 1814, 30 janvier : De l’esprit de conquête et de l’usurpation est publié à Hanovre. Février-avril : BC accompagne Bernadotte à Liège, puis à Bruxelles, et retourne seul à Paris, laissant Charlotte en Allemagne. 6 avril : Abdication de Napoléon. 24 mai : Publication des Réflexions sur les constitutions, la distribution des pouvoirs, et les garanties dans une monarchie constitutionnelle. 10 juillet : Publication de De la liberté des brochures, des pamphlets et des journaux. 31 août : Passion subite pour Juliette Récamier. Été 1814 (?) : BC fait établir par un copiste le Registre violet avec des additions et des notes de lecture pour l’ouvrage sur la religion. 1815, 10 février : BC publie De la responsabilité des ministres. 6 mars : Débarquement de Napoléon à Golfe-Juan. 20 mars : Fuite de Louis XVIII à Gand. Avril : BC rédige l’Acte additionnel. 2 juin : Il publie les Principes de politique, texte de 1815. 18 juin : Waterloo. 31 octobre : BC, toujours pris par sa passion pour Juliette Récamier et inquiet du projet de restauration politique, quitte la capitale et rejoint sa femme en Belgique. 1816, janvier-juillet : Séjour à Londres. Il commence la rédaction de son «apologie», de laquelle sortiront les Mémoires sur les Cent-Jours. Juin : Il publie Adolphe. 23 juillet : Il confie les manuscrits de son ouvrage sur la religion à Nathaniel May. Départ pour Bruxelles.
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Chronologie
26 septembre 1816 : L’ordonnance du 5 septembre qui dissout la Chambre introuvable encourage BC à rentrer à Paris. Il laisse son Journal intime chez le banquier Schumacher à Bruxelles. Décembre : Il relance le Mercure de France et publie, à la fin de ce mois, la brochure De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France. 1817 : BC se fait une réputation de journaliste et d’auteur politique. 14 juillet : Mort de Mme de Staël. Août : Échec à l’Académie. Septembre : Échec aux élections. Publication, avec Saint-Aubin, des Annales de la Session de 1817–1818, dont la dernière livraison paraît en avril 1818. Octobre : Le premier tome du Cours de politique constitutionnelle est en librairie. Fin décembre : Le Mercure de France est supprimé. 1818, fin janvier : Publication de la première Lettre à M. Odillon-Barrot, avocat en la Cour de Cassation, sur l’affaire de Wilfrid Regnault, condamné à mort. Début février : Fondation de la Minerve française. 6 février : Première lecture à l’Athénée royal sur la religion. Mi-février : Publication de la 2 me Lettre à M. Odillon-Barrot, sur le procès de Wilfrid Regnault. 18 mars : Deuxième lecture sur la religion à l’Athénée royal. Avril : BC publie Du discours de M. de Marchangy, avocat du Roi, devant le tribunal correctionnel dans la cause de M. Fiévée. 22 mai : Troisième et dernière lecture sur la religion à l’Athénée royal. La suite annoncée de ce cours ne se réalisera pas. 25 juin : Il se blesse au genou dans le jardin de Mme Davillier. Juillet : Publication de De l’appel en calomnie de M. le marquis de Blosseville contre M. Wilfrid Regnault. BC intervient dans l’affaire Lainé avec la Lettre à M. Odillon-Barrot, sur le procès de Lainé, entraîné au crime de fausse monnaie par un agent de la gendarmerie et condamné à mort.
Chronologie
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Octobre 1818 : Échec électoral. 30 novembre : Début de la correspondance entre BC et Charles Goyet de la Sarthe. 2 décembre : BC prononce à l’Athénée royal l’Éloge de Sir Samuel Romilly. C’est la première lecture de son cours sur la constitution anglaise qui se terminera en juin 1819. 1819, février : De la liberté des anciens comparée à celle des modernes. Mars : Le tome III du Cours de politique constitutionnelle paraît en librairie. 25 mars : Élu député de la Sarthe, BC intervient fréquemment dans les débats de la Chambre. Son premier discours sera Sur le projet de loi relatif à la répression des délits de la presse. Début juin : Prospectus de La Renommée. 21 août : Il publie dans La Minerve un important article sur la traite des noirs. C’est le début d’une longue campagne contre l’esclavage. Début septembre : La première des Lettres sur les Cent-Jours est publiée dans La Minerve. Fin octobre : BC défend dans La Renommée la «Société des amis de la Presse». 29 novembre : Réouverture de la Chambre. 1820, janvier à juillet : BC déploie une activité considérable à la Chambre des députés, où il prend plus de quarante fois la parole. 23 janvier : BC publie dans La Minerve une réponse à un article de Chateaubriand paru dans Le Conservateur. 13 février : Assassinat du duc de Berry à l’Opéra. 20 février : Le ministère Richelieu succède à celui de Decazes, forcé de démissionner. Mars : Dépôt légal du premier volume des Mémoires sur les Cent-Jours. 7 mars : Discours Sur la loi d’exception contre la liberté individuelle. 23–30 mars : Discours Sur la loi d’exception contre la liberté de la presse. 27 mars : Suppression de La Minerve.
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Chronologie
20 mai 1820 : Publication de la brochure Des motifs qui ont dicté le nouveau projet de loi sur les élections. Juin : Suppression de La Renommée qui sera remplacée un mois plus tard par Le Courrier français. Mi-juillet : BC distribue à la Chambre les Éclaircissements sur quelques faits, adressés à MM. les membres de la Chambre des députés pour protester contre la saisie de lettres adressées à Charles Goyet. L’affaire donnera lieu à un procès qui se terminera en mars 1821. 15 juillet : Fin de la session de 1820. BC loue une maison de campagne à Montmorency pour s’y reposer. Septembre : BC a accepté d’écrire un «Commentaire» sur l’ouvrage de Filangieri, dont la traduction française de Gallois sera rééditée. 20 septembre : BC publie une brochure électorale, De la dissolution de la Chambre des députés et des résultats que cette dissolution peut avoir pour la nation, le gouvernement et le ministère. 20 septembre – début octobre : Voyage dans la Sarthe, avec Charlotte, pour prendre contact avec ses électeurs. 7–8 octobre : Graves incidents à Saumur. Des officiers de cavalerie menacent d’assommer BC. 19 octobre : BC publie la brochure Lettre à M. le marquis de LatourMaubourg, ministre de la Guerre, sur ce qui s’est passé à Saumur les 7 et 8 octobre 1820. Novembre : Élections partielles pour le renouvellement de la Chambre. Les royalistes emportent 198 sièges sur 220. Décembre : Chambre des députés, ouverture de la session de 1821. 1821 : BC travaille, depuis plusieurs mois déjà, à un manuscrit sur la religion, dit «Copie à chiffres romains». Entre le 13 février 1820 et le 22 mai 1821, BC rédige une brochure, De la charte constitutionnelle, telle que le ministère de 1820 l’a faite. Cette brochure est annoncée mais ne sera pas publiée. Début mars : BC a un nouvel accident à la jambe en quittant la tribune. Il ne pourra assister aux débats pendant un mois environ.
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BC est cité devant la cour d’Assises dans le procès de Sauquaire-Souligné et de Goyet. Grands discours de BC devant la Chambre : Sur l’interdiction de la parole, par suite de rappel à l’ordre et à la question. 19 mai 1821 : Discours Sur une pétition relative à l’influence du clergé catholique sur l’éducation des protestants. Mort de Camille Jordan. BC publie un article nécrologique dans le Courrier français du 22 mai. 27 juin : Audacieux discours Contre la traite des noirs. BC semble avoir repris le travail à son Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri. Les manuscrits fragmentaires permettent de dire que la discussion sur l’esclavage conduit BC à élargir la mouture précédente du texte qui n’en parlait probablement pas encore. 7 juillet : Discours de BC Sur la censure des journaux. 31 juillet : Clôture de la Chambre. BC est fatigué et découragé. Septembre : BC reprend le travail à son ouvrage sur la religion. 15 octobre : BC s’installe 17, rue d’Anjou St. Honoré, où il reste jusqu’en janvier 1823. Il change alors de maison, passant au numéro 15, qu’il a acheté et où il reste jusqu’à sa mort. Novembre : BC travaille à la seconde partie des Mémoires sur les CentJours qui paraîtront finalement en 1822. Le travail à son Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri se poursuit. 5 novembre : Reprise des séances de la Chambre des Députés. Villèle devient président du Conseil des ministres. 1822, 19 janvier : La première partie du Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri paraît en librairie. Juin : Mgr Frayssinous est nommé Grand-Maître de l’Université. Juillet : Le deuxième tome des Mémoires sur les Cent-Jours paraît en librairie. E´té : Travail à la quatrième partie du Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri, qui comprend un important chapitre sur la religion. 13 novembre : Échec aux élections de la Sarthe. BC se sent découragé, mais aussi libéré d’une lourde charge.
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1823, 6 et 13 février : BC est condamné en appel dans ses procès (affaires Mangin et Carrère) et doit payer 2000 frs d’amendes. Mars : Il reprend, dans l’espoir de pouvoir publier enfin son ouvrage, le travail au Polythéisme et rédige des plans pour une publication ainsi que des ébauches de prospectus. Un grand nombre des notes du Repertory est intégré au premier tome. Juillet : Publication d’un prospectus qui donne le titre définitif : De la Religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Août : Signature d’un contrat de publication avec Bossange frères et Ponthieu. Septembre : Fin de la guerre d’Espagne menée par la France pour la défense de Ferdinand VII et contre laquelle BC s’est élevé dans la presse. Décembre : Dissolution de la Chambre. BC se porte candidat a` Paris. 1824, mars : BC est élu député de Paris. ` partir de mars : Publication de plusieurs comptes rendus, souvent anoA nymes, de l’ouvrage De la Religion dans la presse. 30 mars : Dépôt légal du premier tome de De la Religion. Avril : Dernier voyage en Suisse à la recherche de papiers relatifs à sa descendance maternelle pour répondre aux contestations quant à sa nationalité française. 29 mai : Le premier tome de De la Religion paraît en librairie. BC rédige à partir du texte publié une «Suite d’idées» très détaillée de l’ouvrage, qui permet une orientation rapide dans le texte. 25 juin : BC publie un article sur le tome Constitutionnel.
I
de De la Religion dans Le
Été : BC travaille à la rédaction finale de la quatrième partie de son Commentaire sur l’ouvrage de Filangieri. 16 août : Les parties 2 à 4 du Commentaire paraissent avec un retard considérable. Août : BC publie un article sur De la Religion dans la Revue européenne. Cet article avait déjà été publié en anglais dans la European Review le mois précédent.
Chronologie
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16 septembre 1824 : Mort de Louis XVIII et avènement de Charles X. 29 septembre : BC commence son Carnet de notes, un journal de travail qu’il tiendra jusqu’au 4 août 1827. 4 et 6 octobre : Le journaliste Jean-Philibert Damiron publie un compte rendu élogieux de De la Religion dans Le Globe. Novembre : BC tombe sérieusement malade. 1825 : BC travaille au tome II de De la Religion, en même temps qu’il remplit sa tâche de député. 25 avril : Il publie dans l’Encyclopédie moderne l’article «Christianisme», repris d’abord dans Le Globe (7, 10 et 12 mai), puis dans les Mélanges de littérature et de politique sous le titre «Des causes humaines qui ont concouru à l’établissement du christianisme». Septembre : BC publie un Appel aux nations chrétiennes en faveur des Grecs. L’impression du tome II de De la Religion et préparation de la rédaction du tome III. 10 octobre : Dépôt légal de De la Religion, tome II, mise en vente le 15 octobre. BC commence la rédaction d’un manuscrit sur fiches du tome III. 1826 : Activité parlementaire, nombreux discours à la Chambre, articles et travail assidu à la préparation du tome III de De la Religion. Janvier-février : Le baron d’Eckstein fait paraître deux grands articles sur les premier et deuxième volumes de De la Religion dans Le Catholique. Mars : BC projette de publier une réponse à la réfutation de sa doctrine par le baron d’Eckstein. 26 juin : BC publie dans l’Encyclopédie progressive l’article «Religion», qui sera repris dans les Mélanges de littérature et de politique sous le titre «Du développement progressif des idées religieuses». Cet article sera condamné par le Saint-Office. Août : BC commence la rédaction du Grand manuscrit du tome III de De la Religion. E´té-fin de l’année : BC travaille à une restructuration de son ouvrage sur la religion jusqu’à la réouverture de la Chambre en décembre 1826. 1827, janvier : Didot lance l’impression du tome III. BC arrête vers la fin du mois l’impression et procède à une refonte en profondeur de son ouvrage.
18
Chronologie
17 juin : Le tome I de De la Religion est condamné par la Congrégation de l’Index du Saint-Siège. Le «Bando» est affiché le 15 septembre aux portes des églises principales de Rome. Juin : La refonte du tome III s’achève in extremis. Juillet : BC publie le premier tome de ses Discours à la Chambre des députés. Août : De la Religion, tome
III,
paraît en librairie. Voyage en Alsace.
Octobre : Le baron d’Eckstein publie un grand article dans Le Catholique pour répondre aux attaques violentes de BC dans le tome III. 15–17 novembre 1827 : BC est élu à la fois à Paris et dans le Bas-Rhin. Il opte pour l’Alsace. 18 décembre : Il commence son Registre universel, un grand cahier qui nous renseigne sur son travail, sa bibliothèque, sa fortune, ses correspondances et la société qu’il fréquente. 1828, février : Le deuxième tome de ses Discours sort en librairie. Septembre : Voyage en Alsace. Il dicte ses Mémoires à Coulmann. 1829, juin : Publication des Mélanges de littérature et de politique. Août : Voyage triomphal en Alsace. Octobre : BC publie ses «Réflexions sur la tragédie» dans la Revue de Paris, tome VII. 1830, février : Le premier des trois articles «Souvenirs historiques à l’occasion de l’ouvrage de M. Bignon» paraît dans la Revue de Paris. 21 mars : Dissolution de la Chambre. Juin : Réélection à la Chambre. Juillet : Les deux derniers articles des «Souvenirs historiques à l’occasion de l’ouvrage de M. Bignon» paraissent dans la Revue de Paris. Juillet : De la Religion, tome IV, est compose´ pour la publication, mais le tirage est retardé par les événements politiques. 24 juillet : Publication des quatre ordonnances qui décrètent la suspension de la liberté de la presse, la dissolution de la Chambre, la modification du règlement des élections et la convocation des collèges électoraux pour la mi-septembre. 27–29 juillet : Révolution de Juillet.
19
Chronologie
29 juillet : La Fayette invite BC, qui se trouve à la campagne, à retourner à Paris. 30 juillet : Il rédige avec Sébastiani une déclaration en faveur de LouisPhilippe. Août-octobre : BC prend une part très active (15 discours et interventions) aux délibérations de la Chambre. 27 août : Il est nommé Président de section au Conseil d’E´tat. Octobre 1830 : Il est élu député de Strasbourg. Échec à l’Académie française. 19 novembre : Dernier discours de BC à la Chambre. Novembre : Il corrige les épreuves du tome
V
de De la Religion.
8 décembre : Il meurt à Paris. 12 décembre : Funérailles grandioses. 1831, 6 avril : Parution des tomes
IV
et
V
de De la Religion.
1833, 10 avril : Publication de Du Polythéisme romain, édition établie par Jacques Matter.
Introduction générale au tome
XIX
Ce volume contient le tome III de De la Religion. Nous reproduisons le texte de l’édition de Paris de 1827, avec, dans l’apparat critique, les variantes de tous les manuscrits connus qui se rapportent directement à la rédaction du texte imprimé. Nous n’avons pas tenu compte, par contre, des manuscrits antérieurs à 1824, puisqu’ils représentent un autre état de l’écriture sur ce sujet qui sera présenté dans le tome XVI des Œuvres complètes. Et nous avons exclu, comme pour les autres volumes de cette œuvre, l’édition de P. J. de Mat et l’édition autorisée de H. Talier et P. J. Voglet, toutes deux parues à Bruxelles en 1827. La première est une édition pirate, la seconde n’a pas été surveillée par Benjamin Constant. Les textes complémentaires que nous ajoutons au présent volume reproduisent d’une manière exhaustive tous les matériaux relatifs au travail de rédaction du tome III que nous avons réussi à identifier, mais qui ne se prêtent pas à être pris en considération pour l’apparat critique. On trouvera dans les six chapitres de cette partie de l’ouvrage des textes destinés dans un premier temps à faire partie de l’ouvrage, mais écartés par la suite (textes des manuscrits sur fiches et du Grand manuscrit), des fragments et ébauches pour la rédaction de la version imprimée (une série importante de fiches isolées et inclassables) et des documents purement techniques élaborés pour la rédaction de l’ouvrage (fragments de ce que Constant appelle des «suites d’idées», des notes bibliographiques et des extraits de lecture spécialement rédigés pour le travail aux chapitres sur la religion de l’Inde). Comme tous les volumes des Œuvres complètes de Benjamin Constant, celui-ci est le résultat d’un travail d’équipe. La saisie du texte imprimé a été faite par Laura Wilfinger, le collationnement a été pris en charge par Lisa Azorin et les éditeurs eux-mêmes. La saisie et les révisions des textes complémentaires, si nous ne les avons pas faites nous-même, ont été assurées par Vanessa Weihgold. Raphaëlle Hückstädt-Rivet a établi les variantes des chapitres V et VI du livre VI. Hermann Krapoth (Universität Göttingen) nous a aidé à compléter un certain nombre de notes. Laura Wilfinger a surveillé l’uniformité de la rédaction des notes et élaboré les instruments bibliographiques. Paul Delbouille et Martine Willems ont relu la totalité du volume. Lisa Azorin s’est chargée de la relecture du volume achevé. L’hospitalité de François et Hanka Rosset a permis à K. Kloocke plusieurs séjours prolongés à Lausanne pour assurer l’étude des manuscrits de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire. L’équipe de l’Institut Benjamin Constant de Lausanne
22
De la Religion, III
et en particulier Guillaume Poisson ont efficacement soutenu nos recherches dans les archives de Lausanne ou dans les fonds de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne. La numérisation de beaucoup de manuscrits réalisée par le service de la BCU a été une aide précieuse pour le travail de l’éditeur. Les recherches de D. Thouard ont été rendues possibles grâce au C.N.R.S., son intérêt pour B. Constant et son interprétation de la Grèce ancienne favorisé par le travail effectué sur l’histoire des traditions savantes au sein du «Centre de recherche philologique» de Lille, notamment par Pierre Judet de La Combe et Philippe Rousseau. Que Klaus Grotsch (Universität Bochum) soit remercié de ses précieux conseils relatifs à l’annotation. Nous avons fait appel pour la rédaction de certaines notes explicatives à Ernst August Schmidt (Universität Tübingen) pour des questions relatives à la littérature grecque et latine, à Bernhard Maier (Universität Tübingen) pour les traditions celtes, à Hanns Christof Brennecke (Universität Erlangen) pour élucider des allusions aux œuvres d’Eusèbe et à Wolfgang Wischmeyer (Universität Wien) pour des problèmes de l’histoire de la première chrétienté. Qu’ils trouvent ici l’expression de nos remerciements. D. Th. et K. K.
Sources
La liste qui suit regroupe, en les résumant, les descriptions des sources de tous les textes contenus dans le tome XIX. Pour les manuscrits, le regroupement se fait par bibliothèques et fonds d’archives, et à l’intérieur de ceuxci, les mentions apparaissent dans l’ordre croissant des cotes. On notera cependant que la reconstitution de plusieurs manuscrits fragmentés et par conséquent répertoriés sous plusieurs cotes diverses nécessite des recoupements entre les entrées. Pour les imprimés, la liste donne les ouvrages et les articles dans l’ordre de leur publication. Manuscrits A. Bibliothèque nationale de France (BnF) – Paris A1.
A2.
NAF 18823, fo 49. [Suite d’idées pour le premier chapitre du livre 1 fo, 2 pp. a., 200 × 155 mm. Hofmann, Catalogue, IV/141. NAF 18823, fos 66, 111, 121. [fragments d’un manuscrit sur fiches du tome 3 fos, 3 pp. a., environ 220 × 115 mm. Hofmann, Catalogue, IV/1621.
VI].
III
de De la Religion]
A3.
NAF 18823, fo 71vo. [Suite d’idées pour un chapitre à placer dans le tome III de De la Religion]. 1 fo, 1 p. a., 290 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, non répertorié.
A4.
NAF 18823, fos 75–97. Du Théisme des Hébreux. 23 fos, 23 pp. a., 245 × 185 mm. Hofmann, Catalogue, III/87
1
Voir ci-dessous, p. 24, no B1.
24
De la Religion, III
A5.
NAF 18823, fos 98–104. Chap. 7 Encore un mot sur le Théisme des Hébraïque. 7 fos, 7 pp. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/1381.
A6.
NAF 18823, fo 105. Note sur l’Inde. 1 fo, 1 p. a., 450 × 125 mm. Hofmann, Catalogue, IV/44.
A7.
NAF 18823, fo 148. Une page abandonnée du livre 1 fo, 1 p. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/1702.
VI,
chapitre
VII.
A8.
NAF 18825, fos 1–135 ; BCU, Co 3435/19, fo 80 ; BCU, Co 3445 ; NAF 18823, fo 148. De la Religion, livre VI, chapitres V VI et VII. 137 et 44 fos, 181 pp. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/170, IV/155 et IV/1943.
A9.
NAF 18825, fos 1–92. [Suite d’idées pour le livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion]. Hofmann, Catalogue, IV/170.
B. Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU) – Lausanne B1.
Co 3267 ; Co 4725 ; Co 4727 ; BnF, NAF 18823, fos 66, 111, 121. [Manuscrit sur fiches du tome III de De la Religion, livres VI, VII, IX, XI]. 673 fos, 673 pp. a., formats variables ; la plupart des fiches mesurent environ 220 × 115 mm. Hofmann, Catalogue, IV/71, IV/162, IV/170 et IV/224.
B2.
Co 3267, fos 202 et 203 (fiches abandonnées), Co 3446, Co 3293, Co 4725, fos 1, 9, 57 et 89, Co 3436/1, Co 3436/2, BnF, NAF 18823, fos 98–104. [Le Grand manuscrit du tome III de De la Religion] 105 fos avec le texte de 1825–1826, auxquels s’ajoutent 25 fos avec des
1 2 3
Voir ci-dessous, no B2. Hoffmann l’attribue à tort au ms. BnF, NAF 18825. Voir ci-dessous, les numéros B9 et B11.
Sources
25
ajouts rédigés la même année, 130 pp. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/171, IV/165, IV/69, IV/71, IV/138. B3.
Co 3277, fos 10–16. Chap. 3 du Théisme de l’Inde. 7 fos, 7 pp. a., 240 × 185 mm. Hofmann, Catalogue, IV/79.
B4.
Co 3293. [Manuscrit composite. Notes de lectures et pièces diverses concernant la religion]. 373 fos, plus de 373 pp. a. et de copistes, formats variables. Hofmann, Catalogue, III/69.
B5.
Co 3419bis, fos 20 et 36. [E´bauches pour le livre VI, chap. III]. 2 fos, 2 pp. de la main d’un secrétaire. Hofmann, Catalogue, III/18.
B6.
Co 3435/2. [Suite d’idées pour le Grand manuscrit du livre VI, «Des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotal»]. 21 fos, 21 pp. a., 155 × 95 mm, qui forment plusieurs cahiers. Hofmann, Catalogue, IV/154.
B7.
Co 3435/5, fos non numérotés, Co4725, fos 19, 22, 25–27, 18, 23, 111, 17, 16, 116, 20, 24 et 21, Co 3293, Q3/12, fo27. [Fragments du livre VI, chapitre III de l’imprimé]. 27 fos, 27 pp. a., environ 150 × 100 mm. Hofmann, Catalogue, IV/151, IV/71 et IV/69.
B8.
Co 3435/5, Co 3435/6, Co 3435/7, Co 3435/8. [Le troisième manuscrit du tome III. Manuscrit sur fiches]. 92 fos, 92 pp. a., formats variables, entre 140–200 × 100 mm. Hofmann, Catalogue, IV/151, IV/152 et IV/153.
B9.
Co 3435/19. [Le fo 80 et dernier du ms BnF, NAF 18825] 1 fo, 1 p. a., environ 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/1551.
1
Voir ci-dessus, p. 24, no A8.
26
De la Religion, III
B10. Co 3444. [Fragments pour le livre VII]. 4 fos, 4 pp. a., 305 × 195 mm. Hofmann, Catalogue, IV/193. B11. Co 3445. [Livre VI, chapitre VII]. 44 fos, 44 pp. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/1941. B12. Co 3447, fo 1. [Note sténographiée sur la doctrine secrète des prêtres]. 1 fo, 1 p. a., 240 × 180 mm. Hofmann, Catalogue, IV/147. B13. BCU, Co 3448, fos 11 et 8. [Fragments de texte pour le chapitre VII du livre VI] 2 fos, 2 pp. de la main d’un copiste, 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/146. B14. BCU, Co 3449, fo 2vo. [E´bauche de deux ajouts pour le livre VI, chap. III.] 1 fo, 1 p. a. Hofmann, Catalogue, IV/97. B15. Co 3450 ; Co 3444, fos 1 et 2 ; Co 4725, fos 141 et 4. [De la Religion, t. III, livre VII, chapitres IV-V] 11 fos, 11 pp. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, , IV/71, IV/171 et IV/193. B16. Co 3451 [De la Religion, t. III, Manuscrit pour l’imprimeur] 57 fos, 37 pp. du copiste aux hampes longues. Hofmann, Catalogue, IV/156. B17. Co 3454. [Fragments du Grand manuscrit, livre 14 fo, 14 pp. a., 300 × 190 mm. Hofmann, Catalogue, IV/165. 1
Voir ci-dessus, p. 24, no A8.
VI,
chapitres
II
et
III..
27
Sources
B18. Co 3470, fo 5. [Plan des chapitres du livre VI]. 1 fo, 1 p. a., 175 × 145 mm. Hofmann, Catalogue, IV/161. B19. BCU, Co 3473, fo 1. [E´bauche du chapitre III du livre 1fo, 1 p. a., 315 × 195 mm. Hofmann, Catalogue, IV/145
VI]
B20. Co 3478, fo 2. [Suite d’idées pour les livres VI et 1 fo, 2 pp. a., 195 × 160 mm. Hofmann, Catalogue, IV/148.
VII
du Grand manuscrit].
B21. Co 3480, fo 1. [Note sténographiée pour le livre VI, chapitre 1 fo, 1 p. a., 140 × 140 mm. Hofmann, Catalogue, IV/128. B22. Co 3717. [Suite d’idées du chapitre VII du livre 1 fo, 1 p. a., 260 × 205 mm. Hofmann, Catalogue, IV/207.
VI
IV].
et ordre de travail].
B23. Co 4722, fos 143vo–146vo. [Note sur le sacerdoce et sa résistance contre la loi de la progression]. 4 fos, 1 p. a., 300 × 200 mm. Hofmann, Catalogue, IV/121. B24. Co 4725. [Fragments de textes, ébauches]. 149 fos a., formats très variables. Hofmann, Catalogue, IV/71. B25. Co 4726. [Suite d’idées pour le chapitre 1 fo, 1 p. a., 310 × 195 mm. Hofmann, Catalogue, IV/149.
V
du livre
B26. Co 4727. [Fragments de textes, ébauches]. 8 fos, 10 pp. a., formats très variables. Hofmann, Catalogue, IV/224.
VI].
28
De la Religion, III
B27. BCU, Co 4879, fo 4vo. [Trois notes sténographiées sur l’Inde]. 1 fo, 1 p. a., 450 × 120 mm. Hofmann, Catalogue, IV/17 et IV/150.
Imprimés 1.
DE LA RELIGION, CONSIDE´RE´E DANS SA SOURCE, SES FORMES ET SES DE´VELOPPEMENTS. PAR M. BENJAMIN CONSTANT. [deux lignes d’une citation grecque] TOME III. [ligne ornementale enflée] PARIS, CHEZ BE´CHET AINE´ ; LIBRAI RE, QUAI DES AUGUSTINS, No 47. [petit filet ornemental] 1827. 8o (215 × 135 mm). 476 pp. Courtney, Bibliography, 58a(3). Courtney, Guide, A58/1, (3).
2.
DE LA RELIGION, CONSIDE´RE´E DANS SA SOURCE, SES FORMES ET SES DE´VELOPPEMENTS. PAR M. BENJAMIN CONSTANT. [deux lignes d’une citation grecque] TOME III. [ligne ormentale enflée] PARIS, CHEZ PICHON ET DIDIER, E´DI TEURS, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, No 47. [signe typographique ornemental] 1830. 8o (215 × 135 mm). 476 pp. Courtney, Bibliography, 58e(3). Courtney, Guide, A58/5 (3).
De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements 1827
Introduction
Dieu nous garde des gens qui ne veulent voir qu’une seule idée, là où toutes les idées se placent à côté l’une de l’autre, et se contredisent sans s’exclure, parce qu’elles ne s’entrechoquent pas1.
Longtemps négligé par la critique, desservi par son volume et les circonstances de sa publication, De la religion commence à occuper la place de choix qui lui revient et à jeter ses lueurs sur l’ensemble de la pensée de Benjamin Constant2. Publiés séparément, les différents tomes constituent les parties d’un tout, mais aussi les moments cohérents de son articulation. Ils peuvent ainsi être considérés en eux-mêmes. Le troisième tome du De la religion aborde les grandes religions classiques, principalement de l’E´gypte, de l’Inde et de la Grèce. C’est l’occasion de distinguer deux formes principales d’organisation religieuse dans le polythéisme : celle qui repose sur le pouvoir des prêtres et celle qui en est indépendante. L’une tend à la stabilité, voire à la pétrification, l’autre au progrès, au développement. L’histoire de la sensibilité religieuse paraît rythmée par l’opposition de ces deux forces, dont Constant expose le conflit. Cette opposition engage la marche de l’histoire dans son ensemble en dévoilant un de ses plus puissants moteurs : la force de la liberté, qui va de ` ce titre, l’ouvrage est une inpair avec l’affirmation de l’individualité. A terprétation philosophique du cours de l’histoire humaine. Dans ses développements les plus chargés de connaissances glanées aux sources d’une érudition souvent limitée à mesure qu’elle quitte les parages rassurants de sa formation classique, Constant n’abandonne pas sa visée principale, qui est démonstrative. La subsomption de la matière inépuisable des faits religieux sous les catégories du sacerdotal et du non-sacerdotal in1 2
De la Religion, livre VI, chap. 5, p. 182 ; voir ci-dessous, p. 225. Le livre de Pierre Deguise, Benjamin Constant méconnu. Le livre De la religion, Genève : Droz, 1966, reste l’apport fondamental aux recherches, à compléter par Patrice Thompson, Les Écrits de Benjamin Constant sur la religion, Paris : H. Champion, 1998. Depuis 1999, la parution du t. II édité par Pierre Deguise (OCBC, Œuvres, t. XVIII) d’une part, la réédition de l’ensemble en un gros volume par Tzvetan Todorov et Étienne Hofmann d’autre part, ont rendu plus aisé l’accès au texte, mais l’intégration à l’ensemble de la pensée de BC reste en partie à accomplir. Pour quelques réflexions d’étape, voir Denis Thouard, «Un fondement religieux du libéralisme ? Considérations en marge du tome XIX des OCBC», ABC, 36, 2011, pp. 97–109, dont certains éléments sont repris par la suite.
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dique que l’esprit parcourt les formes religieuses léguées par l’histoire depuis un point de vue d’emblée constitué. Si cela entraîne Constant à des simplifications souvent réductrices, c’est aussi la raison du prodigieux intérêt de son livre pour saisir la cohérence de sa pensée. L’inscription de De la religion dans la pensée de Constant Entre les écrits politiques où il dessine les principes du libéralisme moderne et le livre sur la religion, le lecteur est de prime abord tenté de considérer qu’il s’agit là de deux continents sans relation. D’un côté, une réflexion au vif de l’actualité politique, suscitée par l’expérience de la Révolution puis de l’Empire et de sa décomposition, aboutissant dans l’activité du député, orateur brillant et écouté, intervenant sans relâche pour créer ou consolider des niches de liberté dans la société de la Restauration1. De l’autre, le produit des lectures accumulées dans les bibliothèques allemandes, à Brunswick puis à Weimar et Göttingen, pendant les périodes de nécessaire oisiveté politique dues à l’affermissement du Premier Empire, entraînant un reflux de l’engagement actif. Les ouvrages politiques sont brefs, nerveux, réactifs, qu’ils soient directement en prise sur l’actualité comme les petites interventions post-révolutionnaires ou le pamphlet De l’esprit de conquête, plus développé mais écrit d’une même inspiration, ou bien qu’ils prennent la forme d’une théorie comme les Principes de politique en leurs multiples avatars. Dans ces textes, les références sont le plus souvent réduites au strict minimum et l’argumentation est privilégiée, non sans s’appuyer fréquemment sur les amplifications de la rhétorique. De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements tranche avec ces écrits. Il s’agit d’un ouvrage immense qui s’étend sur cinq tomes, échouant à y enfermer l’ampleur de son objet. Limité à son thème général, il eût figuré parmi les réflexions philosophiques sur l’essence de la religion qui se rencontrèrent en nombre vers la fin des Lumières et dont le Sur la religion de Schleiermacher est demeuré le plus connu2. Abordé dans la perspective historique qu’il annonce, il fait signe vers l’histoire des religions comparées qui allait s’affirmer au cours du XIXe siècle avec Guigniaut et Renan. Les «formes», dans leur variété, et les «développements», dans leurs vicissitudes, imposaient à Constant un programme 1
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Voir Françoise Mélonio, «Constant orateur», ABC, 36, 2011, pp. 37–49. OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 29–32, 34. Pour le contexte de ce renouveau voir Françoise Douay, «La rhétorique en France au XIXe siècle», Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne (1450– 1950), publié sous la direction de Marc Fumaroli, Paris : PUF, 1999, pp. 1071–1214. Parmi les auteurs ayant écrit sur la religion autour de 1800, citons J. J. Spalding, J. S. Sem` maints égards BC ler, I. Kant, Fichte, Hegel, Schelling, mais aussi Hölderlin, Humboldt. A s’inscrit dans cette mouvance, comme son Journal de Weimar le laisse à penser.
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qu’il n’eut ni le temps ni les moyens d’honorer entièrement. Les volumes posthumes édités par Jacques Matter n’allaient que jusqu’au platonisme et au «polythéisme romain» – il eût fallu encore envisager l’essor du christianisme et le déclin des paganismes, le schisme de l’E´glise d’Orient, l’Islam et les Croisades, la Réforme et la diversification extrême des confessions et des sectes qui s’ensuivit. Constant ne les évoque que furtivement. Ses descriptions et analyses n’évitent pas toujours les longueurs et, parfois excessivement elliptiques sur certains aspects, accordent aussi parfois trop d’importance à certains phénomènes qui l’ont particulièrement frappé. La reprise de l’ouvrage au cours du temps, comme on parlerait d’un tricot auquel on travaille, que l’on oublie et reprend, a pu jouer sur l’absence de vision d’ensemble, plusieurs plans s’étant présentés successivement à l’esprit de son auteur, alors que la teneur en demeurait largement la même. Nonobstant cette diversité manifeste des registres et des rythmes de rédaction des écrits politiques et religieux, on peut défendre l’idée d’une cohérence profonde de leurs objectifs et d’une complémentarité parfaite. Or cet accord des deux pans de sa pensée ne provient pas en premier lieu du procédé, fréquent chez lui, de la réutilisation de portions de texte, voire de pages entières, dans des contextes différents et pour des propos distincts. Le phénomène de la migration des paragraphes, tout bien considéré, est appelé par la dualité du rythme de travail de Constant, conjuguant des travaux de longue haleine, supposant une vaste documentation qui n’est pas toujours immédiatement disponible, et des interventions sur l’événement, demandant une extrême réactivité. L’accélération du rythme rend parfois nécessaire le transfert de pages déjà rédigées dans un contexte nouveau. Mais si la possibilité même de cette opération suppose la cohérence de sa pensée, elle ne l’établit nullement. La réutilisation de certains passages permet de constater un procédé de composition, mais ne saurait tenir lieu de sa légitimation. Politique et religion : une même liberté L’argument du De la religion peut être résumé rapidement, narrant l’opposition récurrente entre le sentiment religieux universel chez l’homme et les formes historiques dans lesquelles il se dépose. En s’incarnant, le sentiment se fige pour se retourner en quelque sorte contre lui-même. Cette anthropologie religieuse ne décrit pas l’histoire d’une nécessaire aliénation de l’essence de l’homme dans l’image de Dieu, comme chez Feuerbach1, mais
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Ludwig Feuerbach, Das Wesen des Christentums (L’essence du christianisme), Leipzig : Otto Wigand, 1841.
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celle d’une trop fréquente captation des énergies religieuses par un groupe particulier qui en mobilise les formes à son profit. De surcroît, loin que l’on soit pris dans un face à face dualiste entre l’aspiration du sentiment religieux et sa déviance politique, la structure se complique du fait de l’existence historiquement attestée d’un «polythéisme indépendant de la direction sacerdotale» auquel est précisément consacré le VIIe livre. Un espace de liberté politique est possible en dehors d’une mainmise intéressée. De plus, seul le sentiment religieux peut rappeler à l’âme envahie par la vie publique sa dimension principielle : le citoyen est un individu politique, sans doute, mais c’est aussi, d’abord et avant tout, un sujet, comme toutes les religions l’expriment confusément et comme les religions monothéistes le soulignent avec peut-être plus de clarté que les autres. La transcendance du Dieu Un s’exprime à travers la transcendance du principe subjectif qui est irréductible aux formes dans lesquelles il se dépose, fussent-elles politiques ou religieuses. La double référence à Athènes et Jérusalem permet de repenser l’une contre l’autre, mais aussi l’une avec l’autre, la politique et la religion sous les espèces de l’invention républicaine et du protestantisme moderne, mais aussi – autre façon de lire cette médiation – de la France et de l’Allemagne. On ne reprochera pas à Constant de ne pas appuyer son analyse sur une interprétation plus étayée de la modernité : du moins met-il constamment en avant les traits caractéristiques des sociétés contemporaines à partir desquelles il opère sa lecture des religions passées. Deux faits se détachent particulièrement : l’événement de la Révolution française, bien sûr, mais aussi l’émergence d’un protestantisme éclairé en Allemagne, issu de l’Aufklärung et ouvert sur la société. Or c’est bien la combinaison de ces deux références qui lui permet de dégager un point de vue propre, en permettant la dissociation de la religion et des prêtres d’une part, la critique d’un modèle politique irrespectueux des aspirations individuelles d’autre part. L’alternative bien française entre le politique et le religieux, l’un paré de toutes les vertus, l’autre dénigré comme appartenant à un passé obscurantiste, est désamorcée comme l’opposition de deux discours tendanciellement dogmatiques. En annonçant un tertium datur, Constant ne renonce ni à la grandeur de l’émancipation politique ni aux ressources de la religion, mais renverse la perspective en suggérant que l’une est redevable de l’autre. On pourrait désigner comme «critique», par référence à Kant laissant à égale distance le discours du dogmatisme et celui du scepticisme, la modalité introduite par Constant dans le débat théologico-politique. Il s’exposait par là à recevoir des coups des deux camps, ce qui ne manqua pas de se produire. Le modeste intérêt rencontré par De la religion en témoigne à sa façon.
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Le passage d’un registre à l’autre s’opère cependant sans difficulté dès lors que l’on considère que le libéralisme politique ébauché par Constant délimite un espace soustrait à l’intervention de la force publique, concernant les modalités subjectives de la citoyenneté, à savoir les croyances, les opinions et la communication des connaissances1. L’envers des droits individuels est un pouvoir de l’individu qui ne se réduit pas à sa seule existence empirique, mais, en tant que tel, se fonde sur une conception de la subjectivité. Le recours aux droits subjectifs n’a en effet de sens que lorsqu’une conception de la subjectivité est exposée, qui en légitime la distinction d’avec l’ordre objectif. C’est précisément l’office de cet ouvrage que d’exposer la subjectivite´ de sentiment comme moteur du processus historique et donc comme seuil décisif de l’affirmation de la conscience de la liberté. Là où la théorie politique des droits individuels n’indique que négativement le point de vue théorique qui l’énonce, le livre sur la religion développe abondamment l’universalité de la subjectivité religieuse et constitue ainsi le pendant de la réflexion politique. De même, s’agissant du statut de la subjectivité, la religion apporte le fondement du sujet politique. Les principes du libéralisme de Constant ne consistent pas simplement en la réduction de la sphère politique au profit de la sphère privée, mais en la prise en compte du phénomène de la pluralisation des sphères d’activité et des valeurs dans la société moderne. Le respect des individus suppose un apprentissage de la tolérance mutuelle à l’égard des différentes prétentions à la vérité, que celles-ci s’élèvent sur le mode de la croyance, de l’opinion ou du savoir. Une telle conception de la tolérance s’exprime à travers la présentation des croyances religieuses dans leur légitime pluralité, telle que l’examen de la dynamique historique permet de les découvrir. En outre, elle sert manifestement de modèle pour la prise en compte de la discussion contradictoire dans un régime représentatif. La politique énonce alors les conditions juri1
Dans sa contestation du bien-fondé de cette opposition, Raymond Geuss renvoie à BC, tout en négligeant les attendus religieux et politiques de sa conception de la subjectivité, Public Goods, Private Goods, Princeton : University Press, 2001, éd. all. complétée : Privatheit. Eine Genealogie, Frankfurt am Main : Suhrkamp, 2002. Dans son opposition des passions et des intérêts, Albert O. Hirschmann ne parvient pas à placer la passion désintéressée, fondamentale dans la doctrine libérale, dans sa reconstruction de la genèse du capitalisme, The Passions and the Interests. Political Arguments for Capitalism before its Triumph, Princeton : University Press, 1977 (traduction française : Les passions et les intérêts, Paris : PUF, 1980). Pour la formation de ces concepts, voir G. A. J. Rogers, «The limits of State Authority. John Locke and the invention of the private», Dal necessario al possibile : determinismo e libertà nel pensiero anglo-olandese del XVII secolo, a cura di Luisa Simonutti, Milano : Franco Angeli, 2001, pp. 99–115. Chez BC, voir notamment la Réflexion sur les constitutions, OCBC, Œuvres, t. VIII ; Principes de politique (1815), OCBC, Œuvres, t. IX.
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diques de la coexistence pacifique des prétentions au vrai comme au salut. C’est pourquoi Constant insiste sur les protections à apporter à la liberté de penser comme à la liberté religieuse1. Les garanties juridiques de ces libertés dessinent en creux l’espace de la subjectivité politique, religieuse et ` la liberté d’opinion et de recherche s’ajoute nécessairement scientifique. A la liberté de croire conformément aux trois modes d’assentiments dégagés depuis Locke et repris par Kant2. L’inspiration lockienne de la Lettre sur la tolérance revêt chez Constant une portée politique et fonde la doctrine du libéralisme. La liberté individuelle est garantie par la liberté politique, mais ne s’identifie pas à celle-ci. La dualité de la subjectivité et des formes est insurmontable chez les Modernes. La dynamique historique déployée par Constant en tient compte : l’histoire est nécessairement conflictuelle quand les aspirations subjectives ne se reconnaissent plus dans les formes disponibles pour leur expression. Les lectures qui plaquent sur le corpus constantien une idée préconçue du libéralisme comme phénomène prioritairement économique, solidaire de l’affirmation d’un ordre marchand, manquent cet aspect essentiel. Le fondement n’est pas la possession, mais le rapport à soi donné dans le sentiment de l’infini, qui confère une importance décisive à la capacité pour un sujet de se dégager de lui-même. La reconstruction de sa doctrine en termes d’«individualisme possessif», telle que Macpherson l’a proposée pour les grands auteurs du libéralisme, échoue à en rendre compte3. Ce n’est pas une 1
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Principes de politique (1806–1810), chap. VII-IX ; Principes de politique (1815), chap. XVIXIX. Voir l’étude de Kurt Kloocke, qui contient de nombreuses indications précieuses, «Le concept de la liberté religieuse chez Benjamin Constant», ABC, 10, 1989, pp. 25–39, ainsi que Kurt Kloocke, «L’idée de l’individualité dans les écrits politiques de Benjamin Constant», ABC, 29, 2005, pp. 143–158, qui à maints égards lui fait pendant. Pour une discussion récente de cette question, voir James Mitchell Lee, «An Answer to the Question : What is Liberalism ? Benjamin Constant and Germany», ABC, 29, 2005, pp. 127–141, et Denis Thouard, «Gefühl und Freiheit in politischer Hinsicht. Einige Überlegungen zu Humboldt, Constant, Schleiermacher und ihrem Verhältnis zum Liberalismus», Kultur, Staat, Christentum. Akten des Kongresses der Internationalen Schleiermacher-Gesellschaft in Berlin, März 2006, hrsg. von Andreas Arndt, Ulrich Barth und Wilhelm Gräb, Berlin : De Gruyter, 2008 (Schleiermacher-Archiv 22), pp. 355–374. J. Locke, Essay on human Understanding, IV, § 14. Epistola de tolerantia. Een brief aangaande de verdraagzaamheit, Rotterdam : By Barent Bos, boekverkooper, 1689. I. Kant, Kritik der reinen Vernunft, Riga : J. F. Hartknoch, 1781, Transzendentale Methodenlehre, II/3 : «Vom Meinen, Wissen und Glauben» (A 820–831). Sur cette généalogie du libéralisme, voir notamment Lucien Jaume, La liberté et la loi. Les origines philosophiques du libéralisme, Paris : Fayard, 2000, notamment sur Fénelon, pp. 49–60, Bayle, pp. 79–93, Locke passim. C. B. Macpherson, La théorie politique de l’individualisme possessif. De Hobbes à Locke, Paris : Gallimard, 2004. Pour une tentative de montrer la pertinence de l’axiome du désintéressement pour une prise en compte rationnelle de l’économie, contestant au passage le soupçon de l’intéressement systématique, voir Jon Elster, Le désintéressement. Traité critique de l’homme économique I, Paris : Seuil, 2009, notamment pp. 25–116.
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subjectivité renfermée sur elle-même et définie par le rapport à soi de l’amour égoïste, telle que l’anthropologie hobbienne l’avait dégagée et que Bernard Mandeville l’avait systématisée dans sa Fable des abeilles, qui anime la pensée de Constant. Le sujet y est chez lui fondamentalement ouvert à autre chose que lui-même, fondamentalement désintéressé. C’est bien cette structure qui permet seule de saisir l’originalité des conceptions de Constant en politique, ainsi que l’importance décisive de la religion dans l’ensemble de sa pensée. N’était-ce pas reprendre la leçon de Rousseau, en revenant, antérieurement à lui, aux intuitions si pénétrantes de Fénelon ? La lecture un peu sentimentale faite à Coppet de Kant et de Schiller ne se comprend-elle pas par le souci de faire droit clairement au primat d’une subjectivité désintéressée ? Constant pouvait trouver dans cette tradition un dispositif conceptuel susceptible de faire pièce à l’utilitarisme qu’il combattait. Comment, en effet, fonder les droits subjectifs sans passer par une remise en question radicale de l’anthropologie réductionniste des Modernes, tendant à accepter le naturalisme cynique de l’école égoïste ? Comment affirmer les droits de l’individu contre le despotisme si l’on accordait d’emblée à celui-ci une conception désabusée de l’humanité réduite au désir de puissance et de jouissance ? Le parti pris de Constant est parfaitement clair et accordé aux exigences de Coppet, quand même les moyens de sa réalisation peuvent paraître inadéquats. Il s’agit bel et bien de renverser l’histoire humaine en replaçant la liberté à sa base, et de montrer que la religion a d’abord et surtout été le lieu où s’accusait le conflit entre la liberté et ses ennemis. Elle n’est donc pas une chose du passé, mais, par son histoire, qui traduit un dynamisme intrinsèque, elle montre la voie. Une telle religion comme le lieu de l’exercice de la liberté et donc comme le fondement dernier de la liberté politique ne saurait avoir de forme contraignante qu’il s’agirait de rétablir. Au contraire, toute son histoire milite, comme l’ont souligné les théologiens allemands modernistes et les grands esprits d’Outre-Rhin de Lessing à Kant, contre la solidification de certaines formes. La portée philosophique du De la religion tient donc pour Constant à l’équilibre que ce projet vient apporter à son édifice politique. Mais sa portée directement politique ne doit pas être non plus méconnue, malgré les circonstances retardées de sa publication. Elle apparaît nettement si on le compare avec le grand livre de Mme de Staël, qui poursuivait un objectif parallèle, mais plus directement contemporain et politique. De l’Allemagne fut considéré par le censeur impérial comme une provocation. Il fut interdit en 1810 comme l’on sait et ne parut qu’en 1813. Mais en quoi ce livre était-il un affront à l’Empire ? Non pas parce qu’il faisait la réclame d’un pays voisin, de sa culture et de sa littérature. Peut-être davantage parce qu’il
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établissait un contraste avec la France napoléonienne, qui en accusait l’uniformité et l’abstraction. Assurément parce qu’il plaidait pour la liberté subjective, vers laquelle convergent les quatre parties de l’ouvrage. Sans doute trop de lecteurs se sont-ils arrêtés aux deux premières, brossant une physionomie des mœurs et de la société allemande, étendue à la littérature, qui pourrait prendre place quelque part entre Montesquieu et Taine. Mais les deux dernières, portant sur la philosophie et la religion, proposaient véritablement un contre-modèle à portée subversive. On a pu sourire de la présentation parfois expéditive de la philosophie idéaliste sous la plume de Mme de Staël et de sa lecture sentimentale de Kant, mais c’était méconnaître le motif qui l’intéressait : elle avait retenu dans la conception kantienne de la subjectivité le désintéressement fondamental qui rendait celle-ci irréductible à une lecture en termes de simple sensibilité1. Sa ligne de lecture renvoie, au-delà, à la lutte contre l’intérêt propre, ce qui explique pourquoi elle associe Jacobi et Kant, pourtant objectivement en conflit2. La perfectibilité qu’elle défend et illustre sur l’exemple allemand trouve son moteur dans la moralité voire dans la religion et la capacité à s’enthousiasmer auxquelles elle consacre la dernière partie de son ouvrage. Qu’on lise de conserve le premier chapitre du livre du De la Religion et les «Considérations générales sur la religion en Allemagne» qui introduisent à cette dernière partie chez Mme de Staël, les échos et la solidarité conceptuelle sauteront aux yeux. Que l’on regarde plus avant les sources de leur inspiration commune, on rencontrera une définition large du sentiment religieux étendu à «la disposition religieuse appelée mysticité» qui accorde une place éminente à Fénelon3. L’interprétation de l’idéalisme allemand qui est proposée 1
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«Il faut distinguer, en étudiant la philosophie de Kant, le sentiment de la sensibilité», De l’Allemagne, III, 14. Sur une telle lecture, présente aussi chez Villers, voir François Azouvi et Dominique Bourel, De Königsberg à Paris. La réception de Kant en France (1788–1804), Paris : Vrin, 1991, chap. IV : «Kant parle à notre cœur», pp. 167–183. «Avant même que les écrits de Kant eussent paru, Jacobi avait déjà combattu la philosophie des sensations, et plus victorieusement encore la morale fondée sur l’intérêt» (De l’Allemagne, III, 7, t. II, p. 143). Leur conflit est au centre de la Querelle du Spinozisme déclenchée par Jacobi au sujet du «panthéisme» caché de Lessing, dans le but d’attaquer les représentants de l’Aufklärung, dont Moses Mendelssohn. Kant parvint à dégager un espace entre les deux fronts dans son opuscule «Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?» (1786). De l’Allemagne, IV, 5. (t. II, pp. 263–272). Pour apprécier la plausibilité de la lecture de Mme de Staël, il suffit de considérer l’immense succès de Fénelon en Allemagne, bien audelà du Télémaque, notamment dans les milieux piétistes. Matthias Claudius avait traduit trois volumes de Lettres spirituelles (Werke religiösen Inhalts, Hamburg : Friedrich Perthes, 1800–1818, 3 vol.). Jacobi en était imprégné, au point de choisir une épigraphe fénelonienne à sa Lettre à Fichte (1799), écrit où il opposait au philosophe idéaliste le risque de déboucher sur un «nihilisme». La critique du rapport à soi sur le plan spéculatif mais aussi moral trouvait son inspiration dans les fines analyses féneloniennes. Voir Volker Kapp,
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n’en fait pas un spiritualisme, mais une philosophie de la spontanéité qui permet de dépasser le factice. Cette dimension est fondamentale et partagée aussi bien par Constant que par Mme de Staël, qui ont en commun la conviction que le protestantisme moderne sait honorer les exigences de la subjectivité. La solidarité des deux ouvrages est stratégique. Benjamin Constant a par ailleurs des exigences particulières liés au développement de sa propre réflexion qui déterminent la physionomie de son ouvrage.
Le statut de la subjectivité S’il n’y a pas à proprement parler de théorie de la subjectivité chez Constant1, on peut considérer que, à côté des écrits de fiction qui en livrent comme la phénoménologie, le De la Religion en tient lieu. En effet, l’ouvrage expose bien une conception du sujet de sentiment inséré dans une histoire dont il produit le dynamisme tout en contestant les formes dans lesquelles il se dépose. Mais cette subjectivité n’est jamais coupée d’un devenir historique, elle en est au contraire le moteur : tout en étant inscrite en lui, marquée par ses formes héritées, elle permet sa transformation et favorise l’irruption du nouveau. Il importe de garder clairement à l’esprit la distinction fondamentale entre l’individu, qui est le produit des sociétés modernes et dont l’émancipation est un gain irrévocable de la Révolution française, et le sujet, que Constant pense à travers le sentiment religieux, qui renvoie à la structuration en profondeur de l’homme dans son rapport à la liberté. L’individu est le produit d’une formation historique, alors que le sujet, rapport à soi fondé en liberté, est à la source de la dynamique historique. Ces deux concepts se meuvent sur deux plans différents. Constant reproche à l’anthropologie des Lumières, inspirée de Hobbes, de réduire le sujet à l’individu centré sur son intérêt propre. Il salue dans la philosophie allemande contemporaine, chez Kant ou Schleiermacher, la promotion de la liberté eu égard à l’intérêt.
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«Der Einfluß der französischen Spiritualität auf das deutsche Geistesleben des XVIII. Jahrhunderts», Religionskritik und Religiosität in der deutschen Aufklärung, hrsg. von Karlfried Gründer und Henning Rengsdorf, Heidelberg : L. Schneider, 1989, pp. 25–42 (Wolfenbütteler Studien zur Aufklärung, 11) ; Leo Just, «Fenelons Wirkung in Deutschland», Fénelon. Persönlichkeit und Werk. Festschrift zur 300. Wiederkehr seines Geburtstages, hrsg. von Johannes Krauss und Jean Calvet, Baden-Baden : Verlag für Kunst und Wissenschaft, 1953, pp. 35–62 ; Robert Spaemann, Reflexion und Spontaneität. Studien über Fénelon, Stuttgart : Kohlhammer, 1963 (1990). Le fragment de Système général (1804–1805 ?) ne peut guère y prétendre, OCBC, Œuvres, t. III, pp. 479–487.
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En combinant différemment les traits différentiels des religions, sacerdotales ou non, et de l’organisation sociale, ordonnée au collectif ou à l’individu, Constant dégage un espace qui lui permet d’envisager un correctif mutuel du religieux et du politique. Il rassemble ainsi les éléments qui légitiment son point de vue d’une démocratie libérale et d’un protestantisme moderne. L’apologie des droits subjectifs en politique, qui concerne le périmètre de l’individu dans la société, est ainsi étayée par une théorie de la subjectivité religieuse ancrée dans le sentiment. Or c’est bien le De la religion qui pose l’universalité du sentiment et suggère son caractère fondamental pour l’appréhension de l’homme. Si le sentiment est fondateur de la subjectivité comme conscience de soi immédiatement sentie, la politique libérale ne repose pas sur une conception de l’individu égoïste, soucieux de préserver et d’accroître sa propriété et pensé même sur le mode de la construction de soi dans le travail comme appropriation fondamentale. Elle se fonde au contraire sur un sujet dont l’accès à l’universalité passe par sa capacité primordiale à se défaire de sa propre particularité. La politique qui pense le statut des individus dans une société différenciée, léguée par la Révolution française, s’ancre dans une conception universaliste de la subjectivité. La liberté mise au fondement de l’ordre politique exclut la réduction de la société à la somme des égoïsmes individuels. Le sentiment religieux fait apparaître au fond de l’âme humaine un désintéressement premier, qui renvoie à la capacité de se subordonner à plus haut que soi. Or cela à quoi le sujet est prêt à se soumettre peut bien être un dieu ou un tenant-lieu de dieu, mais il peut aussi être un dieu législateur, le dieu de Moïse, voire être simplement la loi, comme la loi morale de Kant1. Le sentiment est universel mais le monothéisme, en le fondant sur la conscience de la loi, en dégage plus nettement l’universalité formelle et la puissance libératrice. En lisant les Discours sur la religion de Schleiermacher, Constant rencontrera une forme de subjectivité radicale, voyant dans le sentiment de l’infini l’ouverture première du sujet au monde, plus fondamentale que les domaines de la pratique ou de la théorie, mais aussi que les formes des religions instituées, leurs dogmes et leurs symboles2. Nous sommes donc bien en présence d’une conception de la subjectivité qui n’a rien à voir avec le courant utilitariste ni même avec la lignée empiriste, qui privilégie la fonction économique3. Le sentiment religieux est le 1 2
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I. Kant, Kritik der praktischen Vernunft, Riga : J. F. Hartknoch, 1788, I/1–3 : «Von den Triebfedern der reinen praktischen Vernunft». Ce rapport est développé dans D. Thouard, «Religione e soggettività in Schleiermacher e in Benjamin Constant», Religione e religioni a partire dai ’Discorsi’ di Schleiermacher, a cura di Sergio Sorrentino, Assisi : Cittadella, 2000, pp. 261–294, repris et mis à jour dans «Subjectivité et sentiment religieux : Constant et Schleiermacher», ABC, 30, 2006, pp. 71–95. Voir Lucien Jaume, La liberté et la loi, Paris : Fayard, 2000, pp. 205–250. On peut contester
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porteur des «notions d’humanité, de générosité, de justice»1. Constant est, si l’on veut, kantien, au sens où la structure de la subjectivité est en elle-même porteuse d’universalité et ne saurait se réduire à l’individualité empirique2. Il appréhende dans le sentiment un concept permettant de dépasser le sensualisme condillacien, qui reconduit nos idées à des «sensations», et de poser le pôle subjectif dans son caractère relationnel. Le recours à ce concept, s’il entre en résonance avec certains usages kantiens ou schilleriens, n’en est pas moins spécifique dans le contexte français, où certains auteurs ont commencé d’y recourir3. Mais on peut sans doute voir dans cette conception l’accueil de motifs puissants de la tradition spirituelle du désintéressement, magnifiquement théorisés par Fénelon à l’occasion de son apologie de la possibilité d’un pur amour, mais irriguant aussi la pensée allemande à travers le piétisme. La redécouverte de la spiritualité à l’ocˆ mes intérieures et de Charles de casion de la fréquentation du groupe des A Langallerie ne saurait être réduite, comme c’est trop souvent le cas, à une
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la reconstruction de Macpherson qui tend à rabattre substantiellement la position de Locke sur celle de Hobbes et ne manque pas de nous renseigner sur les propriétés effectives de Locke, La théorie politique de l’individualisme possessif, note 151, p. 524. De la Religion, livre VIII, chap. 1, p. 410, ci-dessous p. 381. L’intérêt de BC pour Kant est avéré, il possédait toutes ses œuvres essentielles, mais la reconstitution de sa lecture de Kant reste à faire. Sur le concept de sentiment, voir Denis Thouard, «L’invention du sentiment chez Kant. De la critique à l’anthropologie», Kunst und Empfindung. Zur Genealogie einer kunsttheoretischen Fragestellung in Deutschland und Frankreich im 18. Jahrhundert, hrsg. von Elisabeth Décultot und Gerhard Lauer, Heidelberg : Carl Winter, 2012, pp. 129–146. C’est notamment le cas de Pierre-Simon Ballanche, Du sentiment considéré dans ses rapports avec la littérature et les arts, Lyon : Ballanche, an IX (1801). Ballanche se réfère à Kant dans sa préface, qui semble avoir fondé son système sur le sentiment (il l’appelle «Kent», p. 28), en précisant qu’il attend qu’il soit traduit pour confirmer ses dires. Les notes de fin lui permettent d’exprimer un repentir : d’après un compte rendu de la Critique de la raison pure, Ballanche pense s’être trompé (p. 238). L’analogie était dans l’air du temps. S’il avait eu accès à la Critique du jugement, Ballanche aurait pu reconsidérer le bien fondé de son intuition. Mais son propos s’inscrit dans un recouvrement non seulement religieux, mais catholique des formes d’expérience mises à mal par l’épisode révolutionnaire. Il évoluera cependant. BC possédait l’Essai sur les Institutions sociales (1818), réédition Paris : Fayard, 1991. Malgré la différence des perspectives, bien des points de recoupement de leurs analyses se font sentir, notamment dans l’appréciation du sentiment religieux, voir livre II, chap. 6, pp. 111–123. Outre chez Mme de Staël, on rencontre également chez Joseph Joubert une réflexion sur le sentiment (souvent nommé «sens intime»), à la fois morale et esthétique, voir notamment son essai «Qu’est-ce que la pudeur ?» de 1815, dans J. Joubert, Essais 1779–1821, Paris : Nizet, 1983, pp. 230–246. Tout en s’opposant, comme Ballanche, à l’approche sécularisée de Mme de Staël, Chateaubriand et son Génie du christianisme (1802) ont aussi contribué à la prise en compte du «sentiment».
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auto-thérapie. Elle prouve au contraire le sérieux avec lequel Constant considère ce genre d’attitudes spirituelles et ce qu’elles lui paraissent révéler de l’âme humaine. L’emprise de l’approche biographique et psychologisante est telle dans les travaux sur Constant que l’on peine à croire qu’il pût placer «quelques valeurs réelles plus haut que ses intérêts personnels»1. La cohérence de l’œuvre dans ses pans politique, religieux et littéraire plaide pourtant pour la reconnaissance d’une subjectivité sensible et capable d’universel, au foyer de ses différentes expressions. La ténacité avec laquelle il a poursuivi le projet du livre sur la religion en témoigne fortement. Contre la réduction drastique des modes de l’assentiment au seul savoir, vouant l’opinion, mal aimée des philosophes, mais aussi la croyance, aux gémonies, Constant restitue le feuilleté d’une subjectivité complexe. C’est elle qui est fondatrice des droits individuels que la constitution républicaine entend défendre dans leur triple dimension de liberté d’opinion, de culte et de recherche, sanctionnée par le caractère public de leur exercice. La croyance et l’opinion sont des modes qui doivent concéder la possibilité pour autrui d’une autre prétention à la vérité, impliquant une relativisation de toute position dogmatique, alors que le savoir se soumet à la loi de la réfutation, seule façon d’avérer son universalité. Le discours sur la religion permet d’articuler le régime de l’opinion à celui de la science par la médiation nécessaire de la croyance. Il introduit ainsi, contre toute caricature de la thématique religieuse, une dimension critique dans la position de Constant. De même que Kant avait limité le savoir pour faire place à la croyance comme modalite´ critique de l’assentiment2, Constant articule les différentes modalités selon lesquelles nous nous rapportons au vrai dans un ouvrage imposant qui déroule finalement la toile de fond sur laquelle se détachent ses convictions politiques. En plaçant le sentiment au centre de sa compréhension de la subjectivité, Constant souligne autant la dimension universelle de l’aspiration à la liberté que la modalité esthétique, individuelle et sensible, sous laquelle le sujet s’apparaît à lui-même. Cette inclusion permanente du point de vue subjectif des acteurs dans la prise en compte des faits religieux indique sa distance avec une reconstitution qui ne 1
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Dans la formulation prudente de P. Delbouille, «Aux sources de la démocratie libérale : Benjamin Constant», Revue d’Histoire Littéraire de la France, 106, 2006/2, p. 270. Henri Gouhier rappelle à bon droit que «Benjamin Constant n’est pas sainte Thérèse» ni même Biran avec sa «troisième vie», mais minimise trop cependant la portée de cette expérience, Henri Gouhier, Benjamin Constant devant la religion, Paris : DDB, 1967, p. 51. I. Kant, Kritik der reinen Vernunft (1787), Vorrede, B XXX. Le dogmatisme métaphysique n’est pas seulement combattu en faisant une place à la croyance, mais aussi à l’opinion, comme Josef Simon l’a justement souligné, Kant, Berlin et New York : De Gruyter, 2003.
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serait appuyée que sur des faits accumulés, ou sur des principes d’organisation contraignants : «ce qui constitue une religion, c’est la manière dont la comprennent ses adorateurs» (VI, 4). Cette voie verra sa légitimité confirmée du côté de la phénoménologie des religions, voire de l’anthropologie participative. Pour autant, il ne s’agit nullement d’ignorer la force des structures ni leur pouvoir explicatif. Les schèmes de la pensée de Constant Afin de bien saisir la portée du De la religion pour la pensée de Constant, il convient de déployer les schèmes qui structurent l’ouvrage et soutiennent la masse des faits convoqués. Ils sont au nombre de trois. Premièrement, l’opposition entre la liberté des Anciens et celle des Modernes assume à maints égards un rôle organisateur dans sa pensée politique et demeure déterminante pour le traitement des religions1. Là où la distinction permettait, sur le plan politique, de souligner les risques d’une nostalgie pour le modèle antique de la liberté, incompatible avec l’état de la société moderne bourgeoise2, elle permet, sur le plan religieux, de mettre entre parenthèses la tentation d’un éloge trop appuyé du polythéisme tel que les Lumières radicales, par antichristianisme, l’avaient conduit. Si la tension entre le christianisme et les polythéismes abrite un des enjeux politiques du livre, elle ne prend sens qu’articulée aux autres découpages qui font échec à toute lecture simpliste du passé religieux. C’est un thème familier de l’argumentation de Constant que de comprendre la différence entre les Anciens et les Modernes, non pas en termes religieux (comme Chateaubriand) ou esthétiques (comme les romantiques, notamment en Allemagne), mais bien en termes politiques. Dans «De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes», la Grèce antique est dénoncée sur le plan politique comme 1
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BC a prononcé son discours «De la liberté des anciens comparée à celle des modernes» à l’Athénée en février 1819 (voir OCBC, Œuvres, t. XV, à paraître) où il avait donné en 1817–1818 des lectures sur la religion ; voir OCBC, Œuvres, t. X, pp. 37–118. On se reportera maintenant au livre de Giovanni Paoletti, Benjamin Constant et les Anciens, Paris : H. Champion, 2006. Pour une synthèse informée de la discussion sur la démocratie antique, qui permet de situer les positions de BC, voir dorénavant Wilfried Nippel, Antike oder moderne Freiheit ? Die Begründung der Demokratie in Athen und in der Neuzeit, Frankfurt am Main : Fischer, 2008, notamment pp. 170–221. Voir De l’esprit de conquête et de l’usurpation, II, chap. 6–8. Pour une bonne synthèse des usages politiques de l’Antiquité, voir Claude Mossé, L’Antiquité dans la Révolution française, Paris : A. Michel, 1989. Outre G. Paoletti, voir Stephen Holmes, Benjamin Constant and the Making of modern Liberalism, Yale : University Press, 1984, traduit par Olivier Champeau, B. Constant et la genèse du libéralisme moderne, Paris : PUF, 1994, chap. 1 et 2.
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incapable de proposer un modèle viable pour la société bourgeoise moderne, principalement en raison de son ignorance de la légitimite´ de «l’indépendance individuelle» de tous les membres de la société qu’elle soumettait à la «souveraineté collective»1. L’effacement de l’individualité, gain de la société moderne différenciée, est la marque des nouveaux despotismes2. La légitimité relative du christianisme à cet égard est d’avoir dégagé le principe de la liberté individuelle, lequel n’a pas toujours été honoré dans ses formes (par exemple sous l’Inquisition) et qu’il convient de rappeler et surtout de traduire en termes de garanties politiques3. Deuxièmement, la terminologie que retient Constant pour classer et hiérarchiser les formes historiques de la religion gouverne, nous l’avons suggéré, l’ensemble de son propos. Les religions dites sacerdotales – qui peuvent du reste connaître une assez grande variété de réalisations – sont fondamentalement celles qui s’inscrivent en faux contre la dynamique historique, un petit groupe accaparant le pouvoir au détriment de l’aspiration des individus, alors que les religions non-sacerdotales ne connaissent pas ce dévoiement. Il s’agit là d’une catégorie formelle qui transcende l’opposition des religions monothéistes et polythéistes, puisqu’elle peut s’appliquer aussi bien aux unes qu’aux autres. Elle constitue un héritage de la pensée anticléricale des Lumières4 et projette, comme on le verra, sur les développe1
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«De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes», dans B. Constant, De la liberté chez les modernes : écrits politiques, textes choisis, présentés et annotés par Marcel Gauchet, Paris : Livre de Poche, 1980, p. 503 (OCBC, Œuvres, t. XV, à paraître). Une lettre à Mme de Staël datée du 6 septembre 1810 exprime bien ce constat d’une solidarité entre l’effacement des individus et le despotisme : «Il n’y a plus rien d’individuel chez les hommes, ce que fait l’un, chacun pourrait le faire : ce ne sont plus que des noms propres, sous lesquels se classe une série d’actions ou un recueil d’idées qui tiennent à la position et non à l’individu. Il y a un homme qui sait cela et qui l’apprend tous les jours au monde» (Madame de Staël, Charles de Villers, Benjamin Constant. Correspondance, établissement du texte, introduction et notes par Kurt Kloocke avec le concours d’un groupe d’étudiants, Frankfurt : Peter Lang, 1993, p. 114). Voir S. Holmes, «La tyrannie moderne», Benjamin Constant and the Making of modern Liberalism, chap. 8. Ce fut la grandeur de la Réformation que de l’avoir rappelé, comme BC a pu en trouver la démonstration historique chez Charles de Villers, Essai sur l’Esprit et l’influence de la Réformation de Luther, Paris : Metz, an XII (1804), et chez Arnold Ludwig Heeren, Entwickelung der politischen Folgen der Reformation für Europa. Ein vorläufiger Versuch der Beantwortung einer, von dem Französischen National-Institut aufgegebenen Preisfrage, dans ses Kleine historische Schriften, I, Göttingen : Röwer, 1803. Sur cette lecture de la Réforme à Göttingen, voir Luigi Marino, I Maestri della Germania, chap. 6 : «Riforma protestante e storia dell’equilibrio europeo : Charles de Villers e A. H. L. Heeren», Torino : Einaudi, 1975, pp. 308–328 ; D. Thouard, «Benjamin Constant et l’E´cole de Göttingen», Göttingen vers 1800. L’Europe des sciences de l’homme, sous la direction de Hans Erich Bödeker, Philippe Büttgen et Michel Espagne, Paris : Cerf, 2010, pp. 143–153. BC avait commencé son travail dans cette perspective avant de l’infléchir en une apologie du sentiment religieux. Deux citations en restituent l’esprit : «Depuis Calchas, qui assassina
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ments qui l’invoquent, une ombre portée polémique indéniable dans le contexte de la parution de l’ouvrage. La dimension anticléricale du discours de Constant n’est anti-catholique que dans la mesure où le parti ultra aspirait à une restauration politique légitimée par un théisme dogmatique1. Cette opposition se trouve renforcée par le clivage politique entre le domaine du commun, du social et du partagé, et celui du secret et de l’obscur, qui justifie le privilège accordé aux formes publiques de la religion, partant de la mythologie, par rapport aux mystères. Troisièmement, le schème historique général de la marche des religions conduit du polythéisme au monothéisme, mais ce schéma progressif est compliqué par l’opposition entre les religions sacerdotales et non-sacerdotales. Constant est un adepte de l’idée de perfectibilité, qui ne suppose aucun progrès mécanique, mais une disposition au meilleur. Il y superpose cependant le récit d’une succession logique d’étapes, qui interdit en principe certains retours en arrière, à moins qu’un groupe particulier s’entende à bloquer le processus historique. Un polythéisme non-sacerdotal peut ainsi avoir sur un monothéisme sacerdotal de grands avantages. La téléologie du progrès que Constant assume contre les tentatives restauratrices admet,
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la fille d’Agamemnon, jusqu’à Grégoire XII et Sixte V, deux évêques de Rome qui voulurent priver le grand Henri IV du royaume de France, la puissance sacerdotale a été fatale au monde» (Voltaire, Dictionnaire philosophique, «Prêtres» (1765), édition d’Alain Pons, Paris : Gallimard, 1994, p. 441) ; «Les prêtres de toutes les religions ont trouvé le moyen de fonder leur pouvoir, leurs richesses et leur grandeur, sur les craintes du vulgaire ; mais, nulle religion n’eut autant de raisons que le christianisme pour asservir les peuples du sacerdoce» (Baron D’Holbach, Le christianisme dévoilé (1767), chap. XV : «De l’Eglise ou du sacerdoce des Chrétiens», Herblay : Editions de l’idée libre, 1961, p. 199). L’anticléricalisme pouvait cependant très bien s’accorder avec une grande ouverture pour les enthousiasmes religieux, plus compatibles in fine avec la liberté, voir Hume, dans son essai «Superstition et enthousiasme», dans D. Hume, Essais, t. I, traduit par Michel Malherbe, Paris : Vrin, 1999, pp. 133–139 : «Ma première réflexion est que la superstition favorise le pouvoir des prêtres, alors que l’enthousiasme s’y oppose autant et même plus que la saine raison et la philosophie» (pp. 134–135). C’est une ligne équilibrée qu’adoptera BC. Les idéologues de la restauration ultra sont aussi, comme Joseph de Maistre, explicitement anti-protestants ; voir par exemple Philippe Boutry, «Joseph de Maistre lecteur de Bossuet», Bossuet. Le Verbe et l’Histoire (1704–2004). Actes du colloque international de Paris et de Meaux pour le troisième centenaire de la mort de Bossuet, publiés par Gérard Ferreyrolles, Paris : H. Champion, 2006, pp. 376–403. Le plus virulent fut certainement le baron d’Eckstein et son journal Le Catholique, dont l’action est bien décrite par Jean-René Derré, Lamennais, ses amis et le mouvement des idées à l’époque romantique 1824–1834, Paris : Klincksieck, 1962, pp. 115–225. Voir S. Holmes, «Le libéralisme et les contre-Lumières», dans Benjamin Constant and the Making of modern Liberalism, chap. 9.
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grâce à la combinaison de ces schèmes, une complexite´ de figures qui permet d’éviter un traitement trop sommaire. Dans une histoire faite de conflits et de ruptures, la possibilité de renaissances et de révolutions est non moins présente que celle de régressions ou de restaurations. La croyance en la perfectibilité ne relativise aucunement les contingences des vicissitudes historiques1. Constant n’est pas intéressé à l’histoire des dogmes ou à l’histoire ecclésiale, mais son point de vue d’historien n’est pas pour autant purement neutre. Outre la conviction, relevant d’une philosophie de l’histoire, de la marche progressive des idées religieuses, morales et politiques, il laisse transparaître ses préférences confessionnelles et ne manque pas de suggérer, derrière les descriptions du pouvoir sacerdotal empruntées aux religions les plus éloignées, les dangers d’une conception cléricale du monothéisme dont le catholicisme sous la Restauration ne fut pas toujours exempt. Il serait sans doute juste de dire que la dimension confessionnelle qui affleure dans ce livre implique une analyse politique : le plaidoyer pour la pluralité et la tolérance fonde le combat contre les tentations restauratrices. Si l’axe polythéisme / monothéisme est redoublé par l’axe sacerdotal / non-sacerdotal, deux religions vont présenter des traits tout à fait originaux : le polythéisme grec d’une part, échappant à tout clergé et à toute caste sacerdotale, le protestantisme moderne d’autre part, le plus proche d’une religion morale, comme l’ont annoncé en Allemagne Lessing, Semler, Spalding ou Kant, qui correspond largement au point de vue de Constant2. Si celui-ci fournit bien souvent les critères d’appréciation et de reconstruction d’une cohérence de l’histoire des religions, celui-là se signale comme une exception originale sur laquelle il convient de s’attarder un peu. La perspective religieuse permet à Constant de mettre en lumière la vertu de l’individualisation esthétique dans le polythéisme grec, reprenant en cela la leçon de Winckelmann3. Là où la Grèce antique était dénoncée sur le plan politique comme ignorant la distinction du public et du privé, elle était en revanche louée sur le plan religieux pour avoir pu se passer des prêtres. Le
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On consultera sur ce thème Ernst Behler, Unendliche Perfektibilität. Europäische Romantik und französische Revolution, Paderborn : Schöningh, 1989, et L’Homme perfectible, sous la direction de Bertrand Binoche, Seyssel : Champ Vallon, 2004. Après une première inspiration fidèle aux Lumières françaises radicales comme Holbach, BC s’est persuadé de l’enjeu d’une religion moderne pour la défense de la liberté individuelle. Johann Joachim Winckelmann lie la floraison de l’art à l’essor de la liberté chez les Grecs, notamment dans le livre II de sa Geschichte der Kunst des Altertums, Dresden : Walther, 1764 ; voir sur cette interprétation de l’art grec les chapitres afférents dans Elisabeth Dé-
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chapitre consacré aux poèmes homériques, qui semble s’écarter du propos général développé par De la religion, tire sa signification et sa portée de l’exemplification poétique du polythéisme présenté dans l’épopée. En abordant Homère par les moyens de l’érudition moderne issus largement de la science allemande (et protestante), de Heyne à Wolf, Constant établit une affinité élective entre l’antiquité grecque et la modernité protestante. La Grèce de Constant n’est ici ni un modèle politique ni le lieu d’un «miracle» rationnel, mais un cas exceptionnel de résistance a` l’organisation sacerdotale en matière de religion. Là, aucune caste n’accapare le pouvoir en vertu de son savoir. L’esthétisation de la vie publique, notamment à travers la statuaire et la littérature qui donnent une présence sensible aux figures du panthéon olympien, renforce l’individualisation, de même que la force d’égalité et de liberté du christianisme indique le travail d’une subjectivation. La combinaison de ces apports oriente donc vers une conception de la subjectivité articulant l’individualisation esthétique et la subjectivation morale. C’est pour un tel sujet sensible, acteur de la vie publique et jaloux de son espace privé, que Constant recherche les conditions politiques d’épanouissement dans la société moderne. Le libéralisme politique de Constant contracte ainsi une dette discrète mais essentielle envers la pensée allemande qui ne passe pas par quelque emprunt à une doctrine politique déterminée, mais par l’élaboration du point de vue selon lequel la réalité politique est à considérer. Celui-ci signale l’invention d’une forme de subjectivité originale, dont les droits imprescriptibles fondent les restrictions de la sphère politique. Cette théorie de la subjectivité se distingue de l’anthropologie dominante dans les Lumières, qui privilégie la prise en compte de l’intérêt propre. Le sujet du libéralisme politique est au contraire capable de désintéressement. Plus encore : son intérêt suprême pour la liberte´ se traduit par sa capacité à mettre certaines valeurs au-dessus de lui-même. On peut situer ainsi le fondement théorique du libéralisme de Constant dans la conception de la subjectivité sous-tendant De la Religion1.
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cultot, J. J. Winckelmann. Enquête sur la genèse de l’histoire de l’art, Paris : PUF, 2000, pp. 175–189, et Édouard Pommier, Winckelmann, inventeur de l’histoire de l’art, chap. IX, Paris : Gallimard, 2003, pp. 253–280. Cette interprétation, qui souligne le rôle du protestantisme libéral allemand dans la définition d’un «libéralisme à la française», a été notamment suggérée par Kurt Kloocke dans les articles ici cités ; voir récemment «Benjamin Constant et l’Allemagne», Œuvres et Critiques, t. XXXIII/1, 2008, pp. 19–38.
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La composition du livre et particulièrement du troisième tome Comme l’analyse de son titre le fait apparaître, De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements, la pensée de Constant s’organise à partir de trois termes : un pôle subjectif, des formes objectives et une dynamique historique qui les met en rapport. Il les distingue ici comme la source, les formes et les développements de la religion. La progression historique pose l’axe d’une perfectibilité indéfinie dans le temps. L’ampleur temporelle des développements déroule le cadre d’une philosophie de l’histoire dont le but ne saurait être autre qu’une adéquation toujours plus poussée entre l’exigence de liberté et les conditions de son exercice. Le pôle subjectif, source de la religion, introduit une universalité, l’ouverture à la transcendance dans le sentiment qui est instauratrice d’une subjectivité échappant au repli sur soi et à l’intérêt propre. Le sujet de sentiment se pose comme un absolu, irréductible aux calculs égoïstes. Il joue le rôle d’un moteur qui relance toujours la recherche d’une meilleure expression de ses aspirations. Le désintéressement qui définit sa modalité échappe au réductionnisme utilitariste et tient lieu d’un rapport mondain à la transcendance. Cette dimension que Constant prend au sérieux justifie aussi l’intérêt et le temps consacrés aux religions considérées comme des tentatives d’honorer cette exigence infinie de liberté. Les formes de la religion exposent dans leur diversité historique une puissance de résistance et d’inertie à la double poussée de la liberté subjective et de la marche de l’histoire. Rapportées l’une à l’autre comme l’élan absolu au devenir, celle-ci fournit le principe de la réalisation par effraction de la liberté dans l’histoire. L’exigence religieuse, c’est-à-dire aussi bien morale et politique, donne son élan, souvent contrarié, à la dynamique historique, laquelle est présente également dans le registre politique sous la forme de la tension entre les aspirations d’un peuple et ses formes gouvernementales. Le caractère démonstratif du livre que Constant se résout à publier est souligné par la composition de l’ensemble. Rappelons la logique de sa progression : l’introduction générale donnée dans le premier livre pose la source universelle des religions dans le sentiment ; puis Constant expose les formes les plus «grossières» assumées chez les «sauvages» (livre II) avant de consacrer deux livres entiers à rendre compte de l’irruption du «pouvoir sacerdotal» en exposant ses conditions d’apparition et d’affirmation (livres III et IV). Celui-ci est présenté comme ce qui, davantage que le fétichisme spontané, risque d’altérer le sentiment religieux. La structure de l’histoire des religions épouse celle d’un récit où le protagoniste rencontre des obstacles avant de pouvoir s’affirmer, mûri par les épreuves, dans sa pureté, au terme de l’aventure. Il en va ainsi des péripéties du sentiment religieux
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dans la narration de Constant. Elle conduit non pas au récit du déniaisement du héros comme dans les romans de formation, mais, de façon plus rousseauiste, à l’opposition de l’individu animé par des aspirations très pures et de la société dans son dévoiement sacerdotal. La logique du fétichisme n’est pas, loin s’en faut, aussi redoutable car elle correspond à un processus psychologique individuel. En revanche, la formation d’un pouvoir tutélaire qui détourne à ses fins l’ordre social, en projetant sur l’ordre politique une hiérarchie donnée comme naturelle, est une perversion de la société. Non seulement elle impose de l’extérieur des cérémonies et des contenus dogmatiques, mais elle se met en travers de toute évolution des formes de la croyance, tant celles-ci sont devenues solidaires d’un pouvoir terrestre ignorant des attentes individuelles. Le livre V prépare la construction d’une relation d’affinité entre le pouvoir sacerdotal et la religion astrale en suggérant que l’absence de l’un est corrélée à celle de l’autre, ce qui laisse une place libre pour l’interprétation de la religion grecque dont le statut exceptionnel ne sera pas pour autant inexplicable. Fort de cette préparation, le troisième tome expose les deux types fondamentaux pour l’histoire des religions que sont le polythéisme sacerdotal et le polythéisme indépendant. Après avoir traité des sources, des formes, des causes et influences, Constant entreprend l’approfondissement des «éléments» qui entrent dans la composition des principales religions et entre lesquels se joue la dramaturgie essentielle. L’opposition polémique entre le paganisme et le christianisme cède la place à une opposition catégorielle interne aux religions antiques – les seules qui trouveront finalement place dans l’ouvrage1. Ce gain en abstraction permet de mettre à distance l’apologétique confessionnelle. Constant peut ainsi complexifier le schéma des religions possibles, héritant aussi bien de la réévaluation des religions non chrétiennes due aux Lumières que de l’intérêt accru pour l’histoire comparée des religions, notamment en Allemagne où il a puisé ses principales sources de documentation. En présentant longuement ces deux types, le troisième tome reçoit une place centrale dans l’édifice argumentatif du livre. Les autres livres vont en effet établir la comparaison systématique de ces deux modèles présentés ici dans leur état pur (livre IX), puis reprendre à un plus haut degré de précision leurs caractéristiques intrinsèques, notamment sous l’angle de leur rapport à la moralité (livres X-XII), et traiter avant de conclure (livre XV) deux questions disputées, l’une touchant les mystères grecs (livre XIII), l’autre l’exemple de la religion scandinave (livre XIV). 1
BC n’accorde pas de place à l’Islam, qui pourtant est évoqué ici ou là, comme dans De la Religion, livre VII, chap. 7, p. 364 (ci-dessous, p. 350) à propos de la fatalité. C’est qu’il ne pouvait guère appliquer sa grille anti-sacerdotale, et ne disposait manifestement ni des catégories ni des connaissances permettant de s’en approcher.
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En cette succession de quinze livres, et malgré la durée séparant la publication de ses cinq tomes, due largement aux activités parlementaires de Constant, laquelle déteint également sur l’orientation des annotations qu’il ajoute in fine à son travail, s’affirme un clair dessein démonstratif. Si la source est unique car universelle, quelles que soient les apparences qu’elle revêt, les formes se réduisent à deux principales, l’une marquée par l’emprise d’un pouvoir tyrannique, la religion dirigée par les prêtres, l’autre par une pluralisation esthétique, le polythéisme indépendant. Cette solution plastique, susceptible de remaniements et d’améliorations, a les faveurs de Constant. Pour les religions antiques du moins, sans remplacer le secours de la Révélation qui a apporté aux hommes d’un seul coup les fondements de la moralité, elle est davantage compatible avec une morale purifiée qu’une religion placée sous la direction d’une caste de prêtres. Le modèle de Constant rencontre cependant une difficulté en ce que la révélation mosaïque doit bien être rangée parmi les phénomènes antiques. Or elle constitue le socle de la forme moderne de religion qui a ses préférences et définit même le point de vue assumé par lui tout au long du livre. C’est pourquoi il prend soin de la défendre contre la tentation d’une opposition tranchée entre le judaïsme et le christianisme à laquelle ses contemporains ne résistaient pas toujours1. Les deux formes cardinales retenues peuvent faire l’objet d’une traduction politique qui en rehausse la pertinence et souligne la plausibilité d’une lecture oblique de De la religion comme critique radicale de la tentation théologico-politique. Le polythéisme sacerdotal, dévoiement politique de la religion et accaparement religieux de la société, suggère bien les impasses et les dangers de la théologie politique2. De son côté, le polythéisme indépendant esquisse, par ses caractérisations sensibles, les formes esthétiques d’une politique de l’individu telle que le libéralisme voudrait la faire exister. La première dénonciation connaît son expression accomplie, en amont des Lumières, chez Spinoza3, alors que l’attrait grécophile trouve ses pendants aussi bien du côté de Winckelmann que du goût d’un Wilhelm von Humboldt pour les individualités du panthéon grec qui lui servirent de modèle à sa conception de la pluralité irréductible des langues4. Face à la 1 2
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De la Religion, livre IV, chap. 9 (OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 148–159). «Un seul écrivain du siècle de Louis XIV a eu le malheur de rédiger un véritable code de despotisme : c’est Bossuet dans sa politique de l’Ecriture sainte», écrit-il dans ses «Fragments d’un essai sur la littérature dans ses rapports avec la liberté» (OCBC, Œuvres, t. III, p. 512). Voir en premier lieu Paul Vernière, Spinoza et la pensée française avant la Révolution, Paris : PUF, 1954, t. I, pp. 38–219. Wilhelm von Humboldt, «Über das vergleichende Sprachstudium», Gesammelte Schriften, hrsg. von der Königlich-Preußischen Akademie der Wissenschaften, Berlin : De Gruyter, 1968, 1. Abt., t. IV, p. 33.
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menace théocratique qui plane sur la tradition de la révélation mosaïque, le sens de l’indépendance hérité des Grecs est le «dépôt inestimable» de l’Europe moderne1. Dans le bilan des deux premiers tomes, en concluant son livre V, Constant pose clairement à son lecteur le dilemme qui caractérise la situation actuelle et souligne par là tout l’enjeu de l’œuvre : il ne s’agit pas de s’intéresser pour elles-mêmes aux multiples formes des religions passées, mais de réfléchir, à partir de leur exemple, aux différentes possibilités d’évolution du christianisme. Si «aujourd’hui nous sommes possesseurs du christianisme», la seule question qui se pose est celle de l’adéquation entre ce christianisme et l’aujourd’hui, une question qui soulève inévitablement des échos directement politiques en ces temps de Restauration. L’alternative qui se dessine est entre la régression en direction d’une forme sacerdotale plus ou moins avouée, faisant violence aux aspirations subjectives d’une morale purifiée, et l’orientation vers un christianisme moderne, assez souple pour apporter des améliorations et rendre justice aux attentes du sentiment. Le polythéisme sacerdotal en Égypte et en Inde Constant ne procède pas en historien. Il établit un modèle abstrait, puis classe sous ce type un ensemble de phénomènes, sans chercher à prendre en compte toute leur variété. Il pose ainsi la constitution d’une caste de prêtres qui se seraient emparés des doctrines religieuses dans le but de «dominer»2. S’arrogeant le dépôt des vérités de la religion, ceux-ci s’instituent ses uniques ministres, imposant par là leur arbitraire aux populations. La base du polythéisme sacerdotal est l’astrolâtrie ou culte des éléments astraux, qui fait système avec le fétichisme. L’intervention d’une caste de prêtres s’appuie sur l’invocation d’une version savante de cette religion qui reste cachée au profane. Depuis cette «métaphysique», ils interprètent en retour les croyances populaires par leurs allégories et détournent ainsi la dévotion à leur profit. Ils introduisent «ce double et triple sens qui [...] désoriente et confond l’intelligence»3, faisant de l’herméneutique l’instrument de leur domination. Cette usurpation de l’élan sincère du sentiment religieux se traduit par sa fixation dans un ensemble de dogmes dont ils détiennent les clés. Le savoir non-partagé est l’instrument d’un pouvoir oppressif et occulte. Constant exemplifie ce discours très marqué par les luttes des Lumières contre l’E´glise en développant le cas de l’Inde et de l’E´gypte. Pour 1 2 3
De la Religion, livre V, chap. 7 (OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 288–303). De la Religion, livre VI, chap. 3 (ci-dessous, p. 138). De la Religion, livre VII, chap. 1, p. 274 (ci-dessous, p. 289).
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ces deux exemples, Constant pense retrouver à la fois l’évolution du fétichisme en anthropomorphisme et sa liaison au culte des astres. La science des prêtres y manipule dans les deux cas les croyances du peuple. La caste des détenteurs du savoir préserve sa domination au moyen des allégories qui pérennisent cette différence en conciliant la stabilité des formes et l’opacité du sens. La communication religieuse est détournée, la communication sociale interrompue : une société sclérosée et oppressive s’installe. La construction que présente Constant hérite manifestement de l’effort des Lumières pour articuler en un récit cohérent et progressif la multitude des phénomènes religieux et les ranger ainsi à leur place dans une histoire de la civilisation, mais elle doit sans doute ses traits saillants aux idées du président de Brosses. Dans Du culte des dieux fétiches (1760), celui-ci n’avait pas seulement mis à la mode l’interprétation des religions des «nations sauvages» en termes de fétichisme, il avait surtout échafaudé une démonstration en trois moments où le culte tout sensible des sauvages devait servir à éclairer celui des peuples antiques chez lesquels cependant il se combinait avec l’astrolâtrie1. Le propos comparatif du président de Brosses
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Il est ici utile de reconstituer cette construction, qui n’est pas détaillée dans le livre de référence de Pierre Deguise, en 1966. La troisième partie de l’écrit de de Brosses doit beaucoup à la lecture de l’Histoire naturelle de la religion de David Hume, «un célèbre écrivain étranger, de qui je tire une partie de ces réflexions» (Du culte des dieux fétiches ou Parallèle de l’ancienne religion de l’E´gypte avec la religion actuelle de Nigritie, s.l. [Genève], 1760, réédition en collection Corpus, Paris : Fayard, 1988, p. 111). Voir «Lettres inédites de Diderot et de Hume de 1755 à 1765 au président de Brosses», éditées par Madeleine David, Revue philosophique de la France et de l’étranger, 156, 1966, pp. 135– 144, notamment la lettre de janvier 1764 où de Brosses déclare à Hume que son intention de le citer fut contrariée par la prudence requise au moment de l’Affaire Helvétius dont le De l’Esprit fit scandale et déclencha une répression sévère, pp. 143–144. Voir également M. David, «Histoire de la religion et philosophie au XVIIIe siècle : le président de Brosses, David Hume et Diderot», Revue philosophique de la France et de l’étranger, 164, 1974, pp. 145–160. L’auteur indique que la partie centrale de la troisième partie du Culte des dieux fétiches, pp. 105–114, porte nettement l’empreinte de Hume, p. 159. De fait, de Brosses suit de très près son modèle : «Nous pouvons aussi bien imaginer que les hommes habitèrent des palais avant d’habiter des huttes et des cabanes, ou étudièrent la géométrie avant l’agriculture, que soutenir qu’ils saisirent la Divinité sous la forme d’un pur esprit omniscient, omnipotent et omniprésent, avant de l’appréhender comme un être puissant quoique limité, doué de passions et d’appétits, de membres et d’organes. L’esprit s’élève progressivement de l’inférieur au supérieur [...] etc.» (David Hume, Histoire naturelle de la religion, traduit par Michel Malherbe, Paris : Vrin, 1989, p. 41) ; «Il seroit plus censé d’imaginer que l’homme a bâti des palais avant que de bâtir des cabanes, qu’il a étudié la Géométrie avant l’Agriculture, que d’assurer qu’il a conçu la Divinité comme un pur esprit remplissant tout l’univers de son immensité, avant que de se l’être figurée comme une
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s’affirme dès son exposé du fétichisme1 et débouche sur l’affirmation d’un processus universel, tous les peuples étant censés progresser d’un culte sensible à un culte plus abstrait2. La dualité du culte sensible d’un objet immédiat, pierre, arbre ou animal, et du culte des objets éloignés que sont les astres constituait le système par lequel de Brosses entendait rendre compte du phénomène religieux. Cette dualité du «fétichisme» et du «sabéisme» ou culte des astres continue de structurer le polythéisme sacerdotal de Constant, bien que celui-ci fasse l’économie du second terme et se montre relativement prudent avec le premier3. Le système que compose Constant est forme´ du fétichisme du président de Brosses et du polythéisme de Hume pour ses catégories principales, sur lesquelles viennent se greffer d’autres emprunts ou d’autres médiations comme celle, décisive au moment de la rédaction, de représentants de «L’E´cole de Göttingen», à commencer
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grande puissance du genre de la puissance humaine, mais douée d’une force tout-à-fait supérieure et non limitée, ayant des désirs et des passions semblables à celles de l’homme, des membres et des organes comme lui. L’esprit humain s’élève par degrés de l’inférieur au supérieur [...] etc.» (de Brosses, Du culte des dieux fétiches, p. 106). Dès 1764 le terme fetichus apparaît à Göttingen, sous la plume de Heyne. Il figure également dans les Discours sur la religion de Schleiermacher, Über die Religion. Reden, Berlin : Unger, 1799, pp. 127– 128. Édition moderne : Friedrich Schleiermacher, Kritische Gesamtausgabe, Erste Abtheilung : Schriften und Entwürfe, t. II : Schriften aus der Berliner Zeit (1796–1799), hrsg. von Günter Meckenstock, Berlin et New York : De Gruyter, 1984, pp. 185–326. Charles de Brosses, Du culte des dieux fétiches, pp. 17, 18, 24, 30. De Brosses raisonne plutôt qu’il n’atteste. Il fonde ainsi la généralisation de sa comparaison sur un «raisonnement naturel» : «Mais puisque les moeurs, le culte et les actions des Egyptiens ont été à peu près les mêmes que celles des Nègres et des Américains, n’est-il pas bien naturel d’en conclure qu’ils ont aussi tous agi en vertu d’une façon de penser à peu près uniforme et de juger que c’est là tout le mystère d’une énigme dont on a si longtemps cherché le mot, que pour en avoir conçu une trop belle idée, que faute de s’être avisé de ce parallèle facile à faire des mœurs antiques avec les modernes ?» (Du culte des dieux fétiches, p. 44, italiques de notre fait). De Brosses, Du culte des dieux fétiches, p. 104. Comme le souligne M. David, «Histoire de la religion et philosophie...», le «polythéisme» est un terme que de Brosses utilise peu (quatre fois en tout) et qu’il reprend de Hume, voir notamment David Hume, Histoire naturelle de la religion, «Que le polythéisme fut la religion primitive de l’homme», p. 40 et sv. Mais, quelles que soient les distances prises par BC vis-à-vis de ses inspirations, Hume et de Brosses jouent un rôle déterminant, leurs thèses étant diversement reprises par de nombreux auteurs. Pour une remarquable synthèse sur la question, voir l’article de Pol P. Gossiaux, «Statut et fonction de la religion dans l’anthropologie de l’Age classique aux Lumières», ABC, 13, 1992, pp. 55–85. Pour une mise au point sur le passage de «l’idolâtrie» au «polythéisme» (terme introduit en français par Jean Bodin dans La Démonomanie des sorciers, 1580, à partir de Philon d’Alexandrie), voir l’étude de Francis Schmidt, «Polytheisms : Degeneration or progress ?», History and Anthropology, 3, 1987, pp. 9–60.
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par Christoph Meiners et Heyne1. C’est dans cette dualité que s’introduisent les prêtres. Ils s’immiscent entre les «affections» de l’humanité et leur objet. Constant a mis à l’épreuve cette construction en la confrontant notamment aux cas de l’E´gypte et de l’Inde, n’évoquant qu’à la marge les autres grandes religions, les aires slaves, scandinaves, celtes ou chinoises. L’E´gypte fournissait le type même de la religion statique, selon des stéréotypes courants au XVIIIe siècle2. L’Inde devait se conformer à ce premier schéma, quand même lui était concédé «on ne sait quoi de vivant échapp[ant] à la compression sacerdotale»3. Ces assouplissements sont mis sur le compte du climat, par contraste d’avec une Chine dont le système religieux et politique est qualifié sans originalité de «mécanique». Là aussi, les limites de l’investigation de Constant, tant documentaires qu’analytiques, sont manifestes. Le cas de l’E´gypte est pour lui délicat, car il fait fond sur des connaissances classiques, tirées d’une bonne familiarité avec la tradition grecque, d’Hérodote aux «nouveaux platoniciens» et du savoir accumulé par les érudits et les antiquaires, d’Athanasius Kircher à Dornedden4. Or depuis la Campagne d’E´gypte de Bonaparte, doublée d’une expédition scientifique d’envergure, non seulement l’E´gypte est à la mode5, mais la connaissance qu’on en a se trouve incroyablement enrichie. Constant est contemporain de ce qui s’annonce comme une révolution des études avec les découvertes de 1
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Pour Meiners, voir Martin Gierl, «Christoph Meiners. Histoire de l’humanité et histoire universelle à Göttingen» et D. Thouard, «B. Constant et l’E´cole de Göttingen», Göttingen vers 1800, pp. 515–533 et pp. 139–143. Ils furent diffusés largement par Herder dans ses Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité, publiées entre 1784 et 1791, que BC lit à Weimar et dont il pensait faire un extrait sous forme d’article (Journal, 20 janvier 1805), et se rencontrent encore dans l’esthétique et la philosophie de l’histoire d’un contemporain de BC comme Hegel. Voir Kurt Kloocke, «Johann Gottfried Herder et Benjamin Constant», ABC, 29, 2005, pp. 55–72. L’E´gypte est un géant assoupi et muet (par allusion à son écriture indéchiffrée). Voir U. J. Schneider, Die Vergangenheit des Geistes. Eine Archäologie der Philosophiegeschichte, Frankfurt : Suhrkamp, 1990, «Rätsel Egypten», pp. 227–247, «Monstrum China», pp. 247–264. De la Religion, livre VI, chap. 6, p. 206 (ci-dessous, p. 238). Carl Fr. Dornedden, Phamenophis oder Versuch einer neuen Theorie über den Ursprung der Kunst und Mythologie, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1797. Sur l’E´gypte et la naissance de l’égyptologie, voir Jan Assmann, Ägypten. Eine Sinngeschichte, München : Carl Hanser, 1996, en particulier p. 475 et sv. ; L’E´gyptologie avant Champollion, par Florimond Lamy et Marie-Claire Bruwier, Louvain-la-Neuve : Versant Sud, 2005 ; L’E´gyptologie et les Champollion, par Michel Dewachter et Alain Fouchard, Grenoble : Presses Universitaires, 1994 ; sur la passion égyptienne : Ägyptomanie. Europäische Ägyptenimagination von der Antike bis heute, hrsg. von Wilfried Seipel, Wien : Kunsthistorisches Museum Wien et Mailand : Skira, 2000.
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Champollion et conduira à la fondation de l’égyptologie1. Or il entend conserver son appréciation critique de la religion égyptienne, purement théocratique et oppressive. Son Égypte est taillée pour le contraste avec la Grèce, porteuse de valeurs positives d’individualite´ et de liberté. Sa prise en compte des avancées de Champollion est donc essentiellement défensive. Le savant de Figeac vient compliquer la tâche de Constant... Quoi qu’il en soit des limites de l’engagement de Constant dans le champ égyptien et des difficultés que lui causèrent le déchiffrement de la langue sacrée, son effort documentaire est appréciable, supposant une capacité à s’orienter dans une masse de récits, de traductions, de descriptions et d’analyses. Sur les informations qu’il recueillait, Constant opérait au second degré, à partir d’un travail préalable qu’il ne pouvait contrôler : il demeurait dans une logique réflexive héritée des Lumières, pour laquelle il y allait de l’identification d’un principe plutôt que de la restitution de la complexité des relations empiriques. En même temps, en s’engageant résolument dans 1
Jean-François Champollion, Lettre à Monsieur Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques employés par les Egyptiens pour inscrire sur leurs monuments les titres, les noms et les surnoms des souverains grecs et romains, Paris : Didot, 1822 ; Précis du système hiéroglyphique des anciens E´gyptiens, ou Recherches sur les élémens premiers de cette écriture sacrée, sur leurs diverses combinaisons, et sur les rapports de ce système avec les autres méthodes graphiques égyptiennes, Paris : Treuttel et Würtz, 1824. BC est mal à l’aise avec les résultats de Champollion sur la science et la sagesse de l’E´gypte ancienne. Il insiste sur l’écriture réservée aux prêtres (livre III, 10 ; OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 117), mais suggère un blocage par ceux-ci de tout progrès dans les sciences (livre III, 10 ; OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 121). Il a manifestement pu se procurer la grammaire de Champollion avant sa publication. Le Manuscrit sur fiche (Co 4727), daté de 1826, mais devant logiquement être antérieur à la parution du Précis de Champollion puisque BC dit le lire en manuscrit, et précéder de toute façon la parution du t. II, qui s’y réfère au chapitre X, témoigne de ses contorsions interprétatives : «Les hiéroglyphes seuls pourront un jour nous apprendre quelle était la doctrine des prêtres de l’E´gypte, mais ce que nous savons déjà de cette écriture sacrée suffit pour prouver que leur prétendue haute science était née dans l’âge de l’enfance de l’esprit humain ; qu’ils s’étaient créé dans les hiéroglyphes un moyen de transmission peu maniable peu propre à faciliter les progrès intellectuels ; qu’ils ne l’élèvent jamais jusqu’à l’usage d’un véritable alphabet et que privés de ce moyen ils ne purent perfectionner que la géométrie et l’arithmétique ; mais que pour les sciences morales, pour les idées philosophiques, pour les dogmes religieux, cette caste sacerdotale tout en dominant sa nation a dû rester elle-même en arrière des Hébreux, des Grecs et des Romains, loin d’avoir été leur instituteur ou leur modèle [...]» (IV, 162). Le préjugé alphabétiste se fait sentir, en accord avec la thèse générale que BC cherche à défendre : «La grammaire manuscrite de M. Champollion jeune donne une idée de la régularité laborieusement établie par les prêtres égyptiens dans l’ensemble de leurs signes mais en admirant leur patience, on sent qu’une semblable écriture devait leur interdire l’éloquence ou la poésie, ralentir l’élan de la pensée, et freiner (? lecture hypothétique) la sphère des études. Point de circulation d’idées nouvelles parmi le peuple, qui probablement même ne lisait qu’avec difficulté et très incomplettement les inscriptions laissées et qui ne possèdent pas un livre [...]» (IV, 162). Pour la discussion des idées de Champollion sur l’écriture, le débat avec Humboldt est particu-
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une voie comparative élargie, il préparait le terrain pour la recherche comparée en matière de religions et de mythes, et lui fournissait même certains schémas d’interprétation qu’on retrouvera par exemple chez Renan1. L’Inde On peut se demander ce qui poussa Constant à s’engager du côté de l’Inde, alors que son projet original, dans la continuité de sa culture classique, n’envisageait que les Grecs et les Romains. En un sens, il suit Friedrich Schlegel, qui lui avait montré la voie, passant d’un néo-classicisme strict à la perspective comparative d’une Renaissance orientale2. Mais il ne le suit pas en érudit, se plongeant, comme l’avait fait Schlegel, dans l’étude du sanscrit et des textes classiques de l’Inde. Il se contente d’être un utilisateur averti des recherches récentes. Il s’appuie sur les travaux de la société asiatique publiés à Calcutta et fait feu de tout bois : les informations, les traductions, les textes. Il entend recueillir de façon suffisamment plausible un ensemble de caractéristiques pouvant servir au raisonnement général qu’il élabore sur les religions. Alors que Schlegel, de façon parfois rapide, mais avec assurément des intuitions scientifiques pénétrantes, anticipait la grammaire comparée, fondement d’une approche objective des phénomènes linguistiques3, Constant en reste aux formes extérieures, ce qui lui facilite des rapprochements, des analogies, voire des identifications hasardeuses.
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lièrement éclairant, voir Markus Messling, Pariser Orientlektüren. Zu Wilhelm von Humboldts Theorie der Schrift. Nebst der Erstedition des Briefwechsel zwischen Wilhelm von Humboldt und Jean-Francois Champollion le jeune (1824–1827), Paderborn : F. Schöningh, 2007. Humboldt est en mesure de s’emparer des découvertes de Champollion, de les éprouver et de les discuter avec l’intéressé ! Voir ci-dessous, pp. 84–86, «Vers l’histoire des religions». Après un engouement exclusif pour la Grèce, le jeune Friedrich Schlegel sut rapidement reconnaître la distance moderne d’avec la Grèce et se tourna, dans son livre Sur la langue et la sagesse des Indiens (1808), vers l’idée d’une nouvelle «Renaissance», inspirée à l’Europe non plus du retour de la littérature grecque, comme au Quattrocento, mais de la découverte de l’Inde. Voir les notes du livre VI, chap. 5, ci-dessous ; voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 149. La réception française de Friedrich Schlegel, orchestrée par le baron d’Eckstein et sa revue Le Catholique, ne pouvait manquer d’attirer l’attention sur l’utilisation idéologique de la référence indienne chez Schlegel ; voir à ce sujet les pages instructives de Jean-René Derré, Lamennais, ses amis et le mouvement des idées, en particulier les pp. 115–167, ainsi que René Gérard, L’Orient et la pensée romantique allemande, Paris : Didier, 1963, pp. 84– 128. Sur l’Inde romantique, voir Raymond Schwab, La Renaissance orientale, Paris : Payot, 1950 ; sur la discussion de la religion indienne au XVIIIe siècle, voir Catherine WeinbergerThomas, «Le crépuscule des Dieux : regards sur le polythéisme hindou et l’athéisme bouddhique (XVIIe-XIXe siècle)», History and Anthropology, 3, 1987, pp. 149–176. Il revient à Franz Bopp de l’avoir effectivement établie sur des bases méthodologiques précises avec son Konjugationssystem de 1816. Voir Jean Rousseau, «La genèse de la grammaire comparée», History of the Language Sciences, Edited by Sylvain Auroux, E. F. K. Koerner, Hans-Josef Niederehe, Kees Versteegh, Berlin, New York : De Gruyter, 2006, pp. 1197–1209.
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Autrement dit, le «comparatisme» dans lequel il s’engage n’a pas de visée empirique, mais relève d’une ouverture de l’enquête anthropologique que les Lumières avaient favorisée et qui conduisait peu à peu à une prise en compte mieux nourrie d’une perspective globale. Cette tendance s’atteste remarquablement chez un des auteurs de prédilection de Constant, Arnold Heeren, dont les Ideen couvrent les trois grandes aires politiques et commerciales de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe, au moins pour l’Antiquité classique avant Alexandre1. Dans le livre VI, Constant procède à un montage qui satisfera peu l’historien : il prélève des «éléments» pour recomposer une forme d’organisation qu’il qualifie de «polythéisme sacerdotal». Choisissant lui-même les traits distinctifs dans une matière empirique immense et parcourue au galop, il avait toutes les chances de produire un modèle fonctionnel de comparabilité. La question de savoir dans quelle mesure les religions évoquées correspondaient effectivement au schéma qu’il en extrayait lui paraissait manifestement secondaire. Le gain démonstratif, en revanche, était obvie, car en réorganisant les éléments prélevés dans chaque religion concernée autour des principes qu’il avait lui-même dégagés, il pouvait rendre plausible leur «identité» générale. La différence d’avec un comparatisme portant sur les formes grammaticales (Bopp), sur la structure des langues (Humboldt), ou sur les formes de la pensée et du mythe (Dumézil) est patente : le passage par l’universel abstrait du modèle imposé à l’analyse gomme ici les différences empiriques, et jusqu’aux possibles contradictions. Il est intéressant à ce titre de voir comment Constant présente cette opération dans le cas de l’Inde : elle serait nécessaire, puisque nous n’avons pas affaire à un ensemble cohérent, mais à une multitude de renseignements tantôt concordants, tantôt contradictoires sur des croyances et des cultes – et aucune série génétique, aucune reconstruction historique ne vient apporter la moindre lumière, car la notion de progrès est absente dans cet univers2.
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A. L. Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1793, 1805–1812, 3 vol. L’ouvrage fut traduit par Alexandre Thurot en 1827 sous le titre de Manuel de l’histoire ancienne, Paris : Didot, le sous-titre renvoyant seul à l’ampleur inhabituelle du champ considéré. Sur Heeren, on consultera Christoph Becher-Schaum, A. H. L. Heeren. Ein Beitrag zur Geschichte der Geschichtswissenschaft zwischen Aufklärung und Historismus, Frankfurt et Bern : Peter Lang, 1993, et Ulrich Muhlack, «De la philologie à l’histoire politique. Le cheminement intellectuel de Ludwig Heeren vers une science historique de l’homme», Göttingen vers 1800, pp. 559–579. «La création, œuvre passagère, semble n’être que l’illusoire moyen de combler un gouffre qui ne s’emplit jamais. Le Chronos des Grecs est l’Haranguer-Behah des Indiens. Faut-il en
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Constant fournit une description assez fine de la perte de l’original1 et de l’inévitable jeu de médiations et de refontes qui ont accompagné la transmission d’une doctrine forcément «souvent modifiée». Le jeu du passage de la loi divine entre le langage céleste et le sanscrit, la formation des quatre Vèdes principaux, puis les six grands commentaires mille ans après tournant autour des arts du langage, enfin une nouvelle vague de commentaires cinq siècles plus tard (médecine, arts mécaniques et musique), montrent bien à ses yeux la solidarité des sciences et de la religion. «Enfin, trois mille trois cent ans après l’apparition des Vèdes originaux, cinq écrivains inspirés présentèrent une nouvelle rédaction». Il s’agit là des grands textes du Mahabarat de Vyasa, du Ramayan de Valmiky, et des codes de Menou2. Le sens de la démonstration de Constant est patent : devant une telle masse de textes, avec de tels écarts temporels, devant des reprises et refontes attestées, une reconstitution historico-critique est hors de portée ou fortement prématurée. Il faut se contenter des grands motifs de pensée qui émergent clairement de la masse. De surcroît, aux altérations des filiations textuelles, il faut ajouter les transformations profondes de la sensibilité religieuse, voire les «révolutions que la religion indienne a subies», dont il cite le bramaïsme, le shivaïsme, le wichnouïsme et le bouddhaïsme. Le constat général sur la situation de la recherche religieuse en Inde justifie ainsi le parti adopté : «Cette succession non interrompue de réformes dont le sacerdoce a volontairement interverti ou confondu les dates, cette absence
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conclure que cette idée est venue de l’Inde, et n’est-il pas plus vraisemblable qu’une loi de la nature que l’expérience révèle avant toutes les autres, nous voulons dire, cette tendance rapide de tous les êtres vers l’abîme inconnu qui les attend et les engloutit, a, dans tous les climats, suggéré cette image à l’homme, dès qu’il a commencé à réfléchir ?» (De la Religion, livre VI, chap. 5, p. 178 ; ci-dessous p. 222). Il est intéressant de constater que sur ce point, BC, qui ne disposait pas des apports de la grammaire comparée et donc du cadre hypothétique des langues indo-européennes ou indo-germaniques, voit la nécessité d’explications systématiques qui fasse abstraction des phénomènes d’influence et de transfert. Une génération après, armé de la révolution scientifique de la philologie allemande, Renan pouvait lui aussi rejeter la théorie des «emprunts» et établir l’analogie entre les similitudes des langues et les similitudes des religions, qu’il faisait du reste remonter à l’unité d’une «race» (E. Renan, «Paganisme» (1857), Éudes d’histoires religieuses, Paris : Gallimard, 1992, pp. 333–334). De façon plus précautionneuse, c’est le moteur des rapprochements opérés par Georges Dumézil, qui dénonçait la vanité des tentatives d’explication génétique des mythes et des cultes, et plaidait pour la distanciation produite par l’abstraction, voir G. Dumézil, Mythes et dieux des Indo-européens, Paris : Flammarion, 1992, p. ex. pp. 135 et 143. Mais l’analyse fonctionnelle de Dumézil, appuyée sur le savoir linguistique, élabore des cadres de comparaison bien plus serrés. Dans cette perspective, l’identité des systèmes égyptiens et indiens vole en éclat, puisque les premiers ignoreraient le mode de catégorisation trifonctionnel propre aux sociétés indo-européennes, p. 101. «Les Vèdes originaux, les Akhovèdes sont perdus ; les brames en conviennent», De la Religion, livre VI, chap. 5, p. 99 (ci-dessous, p. 173). De la Religion, livre VI, chap. 5, p. 101 (ci-dessous, p. 175).
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de tous monuments non falsifiés, ce travail des prêtres pour déguiser les anciennes doctrines en les amalgamant avec les nouvelles, ou les expliquant par ces dernières, toutes ces choses rendent l’histoire religieuse de l’Inde un chaos.»1 Nonobstant cette impénétrabilité, ou plutôt à raison redoublée de l’impossibilité d’une description exhaustive des phénomènes religieux de l’Inde, la méthode de réduction aux éléments et de réassemblage empruntée par Constant se trouve légitimée. Tant pis si l’association du fétichisme et de l’astrolâtrie fournit un cadre un peu étroit pour cette matière inépuisable ! L’astrolâtrie, d’abord culte des astres, puis leur étude, permet de rendre compte de cette indétermination foncière entre la science et la religion dans les sociétés sacerdotales. Et celle-ci s’accorde bien au statut singulier des sciences indiennes, dont ce qui correspond plus ou moins au trivium et au ˆ ge latin sont tirés de commentaires des Vèdes et quadrivium du Moyen A des Upavèdes2. Le dualisme entre le niveau des hypothèses philosophiques et cosmogoniques et celui des croyances populaires, qui supporte une politique déterminée, offre précisément l’espace de manipulation aux détenteurs du savoir. Toute explication réductrice de la religion indienne par le panthéisme ou le théisme est pour cela vaine. La portée politique de l’étude des religions est rehaussée par cette insistance. Elle seule permet de concevoir pourquoi Constant affirme avec autant de témérité l’identité des éléments observés en Égypte et en Inde. Mais n’était-ce pas aussi cela qu’il entendait mettre en avant, comme le confirme la légèreté avec laquelle il conclut son livre sixième où, en touriste pressé, il passe en revue des exemples épars de religions présentant une semblable combinaison chez «tous les peuples soumis aux prêtres» ? Se trouvent ainsi enrôlés au service de la thèse pêle-mêle : les Chaldéens, les Syriens, les Étrusques, les Perses3, les peuples du nord, Scandinaves, Germains, Celtes, les «traditions russes». Chez tous, avec les nuances dues aux différences de climat, «les mêmes éléments forment les mêmes combinaisons avec les mêmes incohérences : c’est que les causes et les effets sont pareils»4. 1
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` la fin du chap. 6, il parlera d’un «labyrinthe dont De la Religion, livre VI, chap. 5, p. 120. A nul jusqu’ici n’a pu trouver le fil», (ci-dessous, p. 254). De nos jours, Madeleine Biardeau, dans sa contribution sur les «Philosophies de l’Inde», écrivait : «La philosophie de l’Inde est une véritable jungle, où il est difficile de distinguer les lianes parasites des arbres qui les soutiennent, et où le défrichement est à peine commencé» (Encyclopédie de la Pléiade, t. XXVI : Histoire de la philosophie, I, Paris : Gallimard, 1979, p. 82). A côté de l’astronomie, la médecine, la législation, les arts martiaux et la musique sont également détaillés par BC. BC doit ici rendre compte de la haute abstraction des Zend-Avesta, qui paraissent contredire le schéma polythéiste : il en fait le fruit d’une réaction du «despotisme temporel contre l’autorité théocratique» (VI, 7) qui, comme les réformes en Inde, n’eut pas de conséquences pratiques. De la Religion, livre VI, chap. 7, p. 272 (ci-dessous, p. 285).
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Ainsi, Constant assoie essentiellement sa démonstration sur l’opposition de deux modèles imparfaitement connus : l’E´gypte, appréhendée à travers le prisme des écrivains grecs, et l’Inde, entrevue à travers la première vague de publications et de traductions, hâtivement généralisées. Ouvertement hétéroclite, cette «combinaison»1, fabriquée à partir d’outils théoriques et descriptifs issus des Lumières françaises pour lesquelles la religion était devenue un terrain d’investigation anthropologique, partiellement rafraîchie par de nouveaux aperçus sur l’Inde, est avant tout un contre-modèle. Il présente par contraste ce que ne sera pas la Grèce, que Constant connaît mieux, de meilleure source, et qui jouera dans son dispositif un rôle décisif. L’unité du polythéisme sacerdotal tient uniquement à son dualisme structurel qui permet la manipulation de la masse par les prêtres. Constant distingue en effet une religion populaire, avatar du fétichisme se développant en anthropomorphisme, de l’ensemble des doctrines dont elle dépend, souvent d’ordre astral, détenues par la caste des savants, lesquels s’arrogent ainsi le monopole du sens et du pouvoir. Mais la généralité foisonnante de cette configuration issue de la rencontre du fétichisme anthropomorphique et du culte des astres a une finalité précise dans son argumentation : il s’agit de rehausser le caractère exceptionnel de la liberté grecque, à savoir du seul peuple, selon lui, qui inventa une religion sans clergé. Vers la fin du livre VI, Constant ne manque pas de souligner la portée de sa démonstration et de nommer ses cibles. Il ne s’agit pas tant de porter des jugements à l’emporte-pièce sur la religion indienne que d’en prévenir des usages intéressés et des actualisations douteuses. La mode indienne sert en effet, dans les années où paraît De la Religion, à nourrir des nostalgies théologico-politiques2. Il ne cèle pas les attraits du monde indien. Il souligne l’assouplissement apporté par l’imagination au despotisme sacerdotal ainsi que la douceur et le charme qui caractérisent maints aspects de la religion indienne. Il esquisse aussi un parallèle entre l’Iliade et le Ramayan d’un côté, l’Odyssée et les voyages de Bhima ou l’épisode du géant Hidimbo dans le Mahabarat3. Mais ces concessions ne le font pas quitter son objectif principal. S’il conclut sur «l’impossibilité pour l’esprit humain de s’affranchir par degrés de ces erreurs» dans la religion indienne, il propose néanmoins une interprétation favorable de la doctrine des avatars comme préparant «l’imagination à contempler de nouveaux prodiges et l’entende1 2
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De la Religion, livre VII, chap. 1, p. 273 (ci-dessous, p. 289). De la Religion, livre VI, chap. 6, pp. 232–233 (ci-dessous, p. 253). Comparer avec les propos de Ballanche contre De Maistre. «Je n’ai fait cette digression que pour marquer la distance vraiment incommensurable où nous sommes des institutions primitives. Nous ne pouvons pas reconstruire le Vieil Orient [...]» (La Ville des expiations et autres textes (1831), édition préparée par l’ERA 477 du CNRS sous la direction de J.-R. Derré, Lyon : PUL, 1981, p. 30). Il aurait pu évoquer aussi les Voyages de Sinbad le marin, troisième voyage, Les mille et une nuits, LXXVe à LXXVIIIe nuit, traduction d’Antoine Galland, Paris : GF, 1965, t. I, pp. 246–255.
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ment à recevoir des doctrines nouvelles» conformément à la «marche progressive de cette religion» et surtout à l’universalité des aspirations du sentiment religieux1. Mais cette contradiction partielle paraît bien avoir pour fin de contester l’interprétation trouvée chez Creuzer qui voit dans la multiplicité des incarnations ou bien différents systèmes «ou les débris d’un système unique, ouvrage du temps et du génie, sorte de catholicisme antique et primitif, dissous et déchiré par le temps»2. Constant rejette l’idée d’un système antérieur et accentue au contraire les potentialités réformatrices contenues dans la doctrine des avatars, qui suppose que le temps peut ap1 2
De la Religion, livre VI, chap. 6, p. 213 (ci-dessous, p. 242). De la Religion VI, chap. 6, note p. 213 (ci-dessous, p. 242), qui renvoie à J.-D. Guigniaut, Religions de l’Antiquité, considérées principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques ; ouvrage traduit de l’allemand du Dr Frédéric Creuzer, refondu en partie, complété et développé par J. D. Guigniaut, Paris : Treuttel et Würtz : [puis] J.-J. Kossbühl : [puis] Firmin-Didot Frères, 1825–1851, 4 tomes en 10 vol., t. I, p. 143 : «Sont-ce les parties intégrantes d’un vaste et unique système, ouvrage du temps et du génie, sorte de catholicisme antique et primitif, où les éléments les plus divers étaient venus se fondre en s’épurant, dans une antiquité reculée, et que des schismes, des réformes, des scissions de tout genre auraient, par la suite des temps, dissous et déchiré ?» Il n’y a pas de passage équivalent dans le texte de Creuzer, mais Guigniaut paraphrase les pages où celui-ci désigne bien la caste des brahmes comme «cette vieille église catholique» bousculée par le bouddhisme qui s’adressait à toutes les castes (Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Völker, Leipzig et Darmstadt : Karl Wilhelm Leske, 1810–1812, 4 vol., ici t. I, 1819, pp. 577–578). Cette adaptation de Friedrich Creuzer a transformé, à partir de la parution du premier volume, les cadres de la discussion en France, et causé de ce fait maintes difficultés à BC. Guigniaut a procédé à des ajouts qui doublent quasiment le volume de l’œuvre originale ; de plus, il en a bouleversé l’ordre, substituant à la progression Égypte-Inde-Perse de Creuzer une série Inde-Perse-E´gypte. Précisément dans les cas des religions de l’Inde, présentes, mais peu développées chez Creuzer (II. Buch, Ethnographische Betrachtung der Gottheiten und des Götterdiensts, 2. Kap. : Von den Religionen Indiens, pp. 533–648), Guigniaut signale avoir «substitué à son travail à peine ébauché un travail étendu et développé», Religions de l’Antiquité, avertissement, p. 5, tout en précisant que Creuzer a vu et approuve´ ces modifications (pp. 6–7). Guigniaut marquait sa solidarité avec les positions de Creuzer : «Chrétien et catholique, nous ne craindrons point d’unir notre profession de foi à celle d’un chrétien et d’un protestant accusé de catholicisme et même de paganisme par l’intolérance judaïque de certains protestants» (p. 7). Sur le dossier Creuzer, voir René Gérard, L’Orient et la pensée romantique allemande, pp. 161–198 ; Werner Paul Sohnle, Georg Friedrich Creuzers «Symbolik und Mythologie» in Frankreich. Eine Untersuchung ihres Einflusses auf Victor Cousin, Edgar Quinet, Jules Michelet und Gustave Flaubert, Göppingen : Verlag Alfred Kümmerle, 1972. Sur BC et Creuzer, on lira l’étude de Kurt Kloocke, «B. Constant, De la religion et G. F. Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Völker», Cahiers Staëliens, 37, 1985, pp. 107–116. BC a lu Creuzer dès 1811 à Göttingen, mais pratiqué aussi l’Antisymbolik de Voß, critique rationaliste de la mythologie creuzérienne, voir notamment J. H. Voß, Antisymbolik, Stuttgart : Metzler, 1826, t. II, pp. 333–335. Sur Voß, voir Voß’ Übersetzungssprache – Voraussetzungen, Kontexte, Folgen, hrsg. von Anne Baillot, Enrica Fantino und Josefine Kitzbichler, Berlin : De Gruyter, 2014. Sur la polémique de Creuzer avec Voß, voir Ernst Howald, Der Kampf um Creuzers Symbolik, Tübingen : Mohr, 1926 ; Gerhard Schwinge, «Creuzers Symbolik und Mythologie und der Antisymbolikstreit mit Voß sowie dessen Kryptokatholizismusvorwurf», Friedrich Creuzer 1771–1858. Philologie und Mythologie im Zeitalter der Romantik, hrsg. von Frank Enge-
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porter une amélioration. Mais une telle virtualité ne peut être mise à profit, tant les brames se mettent en travers de toute évolution, figeant l’Inde dans une religion sacerdotale «cruelle», «stationnaire» et «absurde», où les aspirations de l’esprit à la justice sont dévoyées. Pour le lecteur qui aurait laissé échapper la pointe, il la réitère en conclusion du même chapitre, tonnant contre les «dévots d’espèce nouvelle» qui surévaluent la religion de l’Inde et tentent sournoisement de réintroduire grâce à elle une forme réactionnaire de catholicisme1. L’absence de la perspective d’un développement moral, l’impossibilité de concevoir une histoire qui est, pour Constant, indissolublement une histoire de la liberté, voilà les motifs qui doivent écarter radicalement de toute attirance pour une telle religion. La logique de l’affranchissement s’oppose frontalement à celle de l’asservissement, comme les deux protagonistes de l’épopée du sentiment religieux. L’exception grecque Après le contre-modèle représenté principalement par l’Inde et l’E´gypte, Constant construit sur mesure une religion polythéiste indépendante de la direction sacerdotale qui ignore l’amalgame de fétichisme et de culte astral propre aux religions dont la dualité servait de ressort à la domination des prêtres. On passe ainsi du régime de l’allégorie, porté par les religions sacerdotales, au sens propre de l’humanité, avec une religion modelée sur l’humain. Avec le monde grec, on quitte l’aliénation religieuse pour entamer la restitution de l’esprit humain, qui reprend possession de lui-même2. Conformément à cette affirmation de la conscience de soi de l’humanité en Grèce, Constant expose les principes de son herméneutique des mythes en refusant l’allégorie : la signification d’un texte doit s’établir sur la base de
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hausen, Armin Schlechter und Jürgen Paul Schwindt, Heidelberg : Verlag Regionalkultur, 2008, pp. 73–88. Sur l’ensemble des controverses suscitées par Creuzer, le lecteur peut se reporter à George S. Williamson, le chap. «Olympus under Siege : Creuzer’s Symbolik and the Politics of the Restauration», The Longing for Myth in Germany. Religion and Aesthetic Culture from Romanticism to Nietzsche, Chicago : University Press, 2004, pp. 121–150. De la Religion, livre VI, chap. 6, pp. 232–233 (ci-dessous, p. 253). BC vise sans doute en première ligne le baron d’Eckstein et sa revue Le Catholique. La pensée contre-révolutionnaire regardait favorablement l’intérêt pour l’Orient, légitimation de la nécessité d’un sacerdoce. C’était le cas de Bonald. «Le professeur de Heidelberg retrouvait le postulat que Bonald – en attendant Joseph de Maistre et Lamennais – avait placé au principe de l’apologétique» (J.-R. Derré, Lamennais, ses amis et le mouvement des idées, p. 52). Comparer avec Ballanche : «L’erreur de M. de Maistre est de vouloir nous replacer sous les dures lois de la solidarité antique, de la division initiative des castes sous les lois traditionnelles, absolues, immobiles de l’Orient» (La ville des expiations, p. 26). Contrairement à la thèse de Marcel Gauchet qui voit dans le christianisme la religion de la sortie de la religion, c’est d’abord dans le polythéisme indépendant des Grecs que BC appréhende une forme de religion qui prépare à l’émancipation. Voir M. Gauchet, Le désenchantement du monde, une histoire politique de la religion, Paris : Gallimard, 1985.
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son sens littéral, le seul partagé dans l’usage de la langue. «Nous n’avons point à rechercher ce qu’Homère a pensé, mais ce qu’il a dit, pour se conformer aux pensées contemporaines»1. Les Lumières s’imposent en chassant les énigmes et les contradictions pour rendre l’homme à lui-même au milieu de sa société. Or ce modèle ne trouve selon Constant qu’une seule exemplification dans l’histoire des religions antiques : les Grecs, «seul peuple assez heureux pour n’avoir pas vu s’élever sur sa tête des corporations dominatrices»2. Mais ce statut d’exception ne laisse pas de poser une difficulté de taille pour le raisonnement de Constant. En effet, d’un côté il établit un schéma universel de la «marche des idées religieuses», alors que, de l’autre, il doit reconnaître à sa seule réalisation parfaite le statut d’une heureuse exception, héritage d’un double privilège «de la nature et du sort» : «une réunion de circonstances qui ne s’est plus reproduite dans l’histoire» lui permit «de ne jamais s’écarter de la marche naturelle des idées religieuses»3. Il faut donc considérer que les forces contraires à cette dynamique peuvent non seulement parfois, mais bien dans la plupart des cas l’emporter ! La tension entre la réalisation du télos de la liberté et le cadre d’une «marche des choses» relevant d’une philosophie de l’histoire est manifeste. Il est besoin d’un «heureux hasard». Nous aurons l’occasion d’y revenir. La revalorisation de la religion grecque est la pierre de touche du livre. C’est le seul domaine où les informations de Constant sont de première main, étendues et solides, et ses connaissances de la recherche, essentiellement allemande, très bonnes. Son exposé des données de la querelle homérique déclenchée par la publication des Prolegomena ad Homerum de Friedrich August Wolf est ainsi le premier bilan bien informé de la question en langue française4. Son souci d’aller aux meilleurs guides, de Heyne à Wolf et de Creuzer à Karl Otfried Müller, comme son exploitation des ressources de la bibliothèque de Göttingen, lui ont ouvert un monde qui reposait encore pour le public français cultivé sur des représentations largement scolaires et conventionnelles. Il s’agit pourtant dans le même temps d’une reconstruction, contestable pour son époque même et compte tenu de l’état des connaissances qui était le sien. Constant, en s’appuyant surtout sur la littérature et la mythologie, négligeant les rites et les mystères par 1 2 3 4
De la Religion, livre VII, chap. 4, pp. 314–315 (ci-dessous, p. 316). De la Religion, livre VII, chap. 1, p. 276 (ci-dessous, p.290). De la Religion, livre V, chap. 7 ; OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 289. Voir Pierre Judet de La Combe, «Sur la perfectibilité d’Homère. F. A. Wolf et B. Constant», Marianne – Germania. Deutsch-französischer Kulturtransfer im europäischen Kontext / Les transferts culturels France-Allemagne et leur contexte européen 1789–1914, hrsg. von Étienne François, Marie-Claire Hoock-Demarle, Reinhart Meyer-Kalkus, Michael Werner, in Zusammenarbeit mit Philippe Despoix, Leipzig : Universitätsverlag, 1998, pp. 253–274.
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manque d’information mais aussi par choix interprétatif, propose une image globalement néoclassique et esthétique de la religion grecque, qui insiste sur l’individualisation sensible. Le polythéisme s’est exprimé dans une mythologie anthropomorphe poussant l’individualisation des formes dans le récit épique1. Les dieux grecs présentent une société d’individus, d’abord saisissables sous leur forme sensible. Le travail de la religion grecque, dont témoignent les récits homériques, fut de dépasser l’état sauvage en direction d’un état plus «policé» de la société. Cette individualisation s’opéra sous la forme d’un «embellissement des formes divines», reposant sur une affinité entre le sentiment «désintéressé» du beau et le sentiment religieux2. Le détachement de formes belles contribue à l’éducation du jugement qui s’exerce à réfléchir ce que son sentiment lui révèle. En écho avec le Kant de la Critique de la faculté de juger ou avec le Schiller des Lettres sur l’éducation esthétique3, Constant suggère que l’expérience esthétique des Grecs a contribué à former au jugement individuel : les dieux, dans leurs querelles, donnaient euxmêmes l’exemple. L’auditeur était invité à réfléchir sur chaque cas. Le livre VII occupe ainsi une place stratégique dans l’argumentation de Constant. D’une part, il est un des mieux renseignés car sa connaissance de la Grèce, y compris son information philologique, est sans comparaison meilleure et plus directe que celle concernant les autres cultures qu’il évoque. Il tire profit des avancées de la philologie classique à Halle et surtout à Göttingen. D’autre part, ce livre constitue en lui-même un pivot de son argumentation, en introduisant une exception historique remarquable. De quelle manière la conjonction de la richesse documentaire et de la portée stratégique du cas grec s’y traduit-elle ? Tout d’abord, Constant doit expliquer pourquoi il limite sa présentation des «sources» pertinentes de la religion grecque aux poèmes homériques assortis des seuls commentaires d’Apollodore et des descriptions de Pausanias. Pourquoi ignorer les mystères et ne pas se préoccuper des rites ? Il 1
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BC pouvait ici exploiter des suggestions présentes également chez Creuzer, bien que subordonnées chez celui-ci à l’hypothèse du monothéisme primitif. C’est un aspect, comme l’a remarqué Benedetto Bravo, que Welcker accentuera dans sa propre Götterlehre (1857–63), suivant en cela les conseils de Humboldt, voir B. Bravo, «Dieux et les dieux chez F. Creuzer et Friedrich Gottlieb Welcker», History and Anthropology, 3, 1987, pp. 263–301, ici p. 297. De la Religion, livre VII, chap. 5, pp. 324–325 (ci-dessous, p. 324). I. Kant, Critik der Urtheilskraft, Berlin : Lagarde und Friedrich, 1790, les §§ 1–22 ; F. Schiller, Über die ästhetiche Erziehung des Menschen (1795), dans Kleinere prosaische Schriften, t. III, Carlsruhe : G. Schmieder, 1804, pp. 36–248 (dès la deuxième lettre, la beauté est posée comme la voie de la liberté).
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renvoie pour s’en justifier à tout le livre XIII consacré aux mystères grecs, dont l’existence constitue effectivement une objection de taille à sa démonstration en introduisant une dualité dans la sphère religieuse que son modèle exclut en principe. L’objection historique se double d’une objection logique puisque l’avocat de la religion des mystères, Friedrich Creuzer, fut aussi un inspirateur des adversaires politiques de Constant. D’une part, Constant en fait un apport allogène, le produit superficiel d’un «sacerdoce étranger» qui ne modifie pas la teneur de la religion grecque. Il s’appuie en cela sur les thèses historiques de Karl Otfried Müller concernant les Doriens1. D’autre part, il considère que les mystères n’eurent pas d’influence sur la religion populaire, qui est seule déterminante à ses yeux, car la seule à être publique et partagée par tous. La religion doit être rapportée à l’état de la société, qui la modèle. Ainsi la séparation politique des cités grecques, due à une particularité géographique, a-t-elle favorisé le polythéisme. Constant tire de ce principe de publicité une maxime de méthode : «Une religion est toujours pour un peuple telle que ce peuple la conçoit»2. C’est pourquoi sa Grèce est bien plus une Grèce littéraire, celle de Homère, Hésiode et Sophocle, conformément aux valeurs humanistes des Lumières, qu’une Grèce des secrets et des mystères que pourtant les mythologues romantiques avaient commencé de révéler3. C’est cette Grèce-là, héritière d’une culture littéraire 1
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De la Religion, livre VII, chap. 3, p. 288 (ci-dessous, p. 297). Karl Otfried Müller, Die Dorier, Breslau : Josef Max, 1824. Il rencontre cette idée d’une autonomie grecque chez Christian August Lobeck (1781–1860), Aglaophamus sive de Theologiæ mysticæ Græcorum causis libri tres, Königsberg : Bornträger, 1829, 2 vol. (Lobeck était intervenu lors de la polémique contre Creuzer et sa «falsification de l’histoire» en plusieurs recensions anonymes parues dans la Jenaische Allgemeine Literatur-Zeitung en 1810, 1811 et 1812, comme le rappelle Voß, Antisymbolik, Stuttgart : Metzler, 1826, t. II, pp. 270–281). De la Religion, livre VII, chap. 4, p. 310 (ci-dessous, p. 313). Il suit en cela Hermann, voir Gottfried Hermann et Friedrich Creuzer, Briefe über Homer und Hesiodus vorzüglich über die Theogonie, Heidelberg : Universitätsbuchhandlung, 1818, p. 51. BC est informé par Creuzer et Goerres, mais ne les suit manifestement pas dans l’interprétation qu’ils donnent du phénomène qu’ils présentent. Si la Grèce dionysiaque est découverte bien avant Nietzsche et Rohde, elle suscite les réserves de BC, lesquelles peuvent être culturelles, mais aussi politiques et confessionnelles, semblables à ces réticences précoces devant Friedrich Schlegel et Schelling, qui n’ont pu qu’être confortées par la lecture de l’Antisymbolik de Voß. Sur Creuzer on consultera outre Benedetto Bravo, «Dieu et les dieux chez F. Creuzer et F. G. Welcker» ; P. Judet de La Combe, «La querelle philologique du mythe. Les termes d’un débat en Allemagne et en France au début du siècle dernier», Revue Germanique Internationale, 4, 1995, pp. 55–67 ; Francesca Marelli, Lo sguardo da Oriente. Simbolo, mito e grecità in Friedrich Creuzer, Milano : LED, 2000 ; George S. Williamson, The Longing for Myth in Germany. Religion and Aesthetic Culture from Romanticism to Nietzsche, Chicago : University Of Chicago Press, 2004. Pour la reprise de cette dimension au XXe siècle, voir principalement l’ouvrage de E. R. Dodds, Les Grecs et l’irrationnel (1959), traduit de l’anglais par Michael Gibson, Paris : Aubier, 1965.
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largement scolaire, qui se prête à l’exemplification du progrès moral du livre XII, lequel s’attarde sur Hésiode, Pindare, les historiens et les tragiques. Constant joue manifestement sur cette image pédagogique, popularisée par le Télémaque de Fénelon et les Aventures du jeune Anacharsis de l’abbé Jean-Jacques Barthélémy, qui préparaient l’un et l’autre au christianisme, contre la Grèce romantique et ses sous-entendus idéologiques1. Il refuse l’explication du clair par l’obscur et entend s’en tenir aux documents les plus explicites et les plus partagés par la société. Il procède en historien ayant un fort sens des réalités sociales, non en herméneute des profondeurs. Partant du plus connu, il construit son image de la religion grecque à partir de l’Iliade, considérée comme le document principal sur la religion grecque. Hésiode est rejeté comme plus tardif et relevant d’un autre état de la société, où le travail, la conscience politique et la sensibilité vis-à-vis des femmes sont bien différents. Il entérine un choix classiciste par un raisonnement historique. Ensuite, conformément a` la valorisation de la forme esthétique qu’il promeut, Constant insère une «digression» remarquablement savante qui fait le point sur la «Question homérique» telle qu’elle avait été posée par Wolf et Heyne. Il fait place alors à l’approche érudite de l’Antiquité, ouvrant un dossier problématique pour sa propre entreprise parce qu’en rupture avec son procédé habituel. Il y a ainsi un substrat savant à De la religion qui affleure parfois dans les notes et dont la pointe émergée est la «digression nécessaire» sur Homère. Constant ne s’en sent l’obligé que lorsque cela sert son propos et lui apporte un surcroît d’autorité. Il n’entend pas suivre systématiquement le dernier état des connaissances. Cet entre-deux est délicat à maintenir, car cela l’oblige à se tenir au courant de l’état de la recherche, comme on l’a vu dans le cas de l’E´gypte, tout en maintenant son cap philosophique. De toute façon, ses hypothèses, très générales, ne risquent guère d’être invalidées par l’évolution des connaissances historiques. Mais cet aveu tacite affaiblit d’autant son propre discours. Le lecteur n’est-il pas en droit de se demander pourquoi il a malgré tout recours dans ce cas à cette érudition, s’il n’est prêt ni à en suivre les conclusions ni à se confronter
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Fénelon, Les aventures de Télémaque, 1699, dans Œuvres, t. II, édition établie par Jacques Le Brun, Paris : Gallimard, 1997 (Pléiade). Voir le recueil édité par Alain Lanavère, Je ne sais quoi de pur et de sublime. Télémaque, Orléans : Paradigme, 1994, ainsi que le numéro «Fénelon, Télémaque», Littératures classiques, 23, 1995. Jean-Jacques Barthélémy, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce dans le milieu du IV e siècle, Paris : Bure aîné, 1788, t. IV. Sur Anacharsis, voir Guido Naschert, «Wissensordnung und ihre Narrativierung in Jean-Jacques Barthélémys Voyage du jeune Anacharsis», Historia literaria, hrsg. von Frank Grunert, Friedrich Vollhardt, Berlin : Akademie-Verlag, 2007, pp. 231–258 (avec bibliographie).
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vraiment à une démarche purement empirique ? Ce sera une des objections de Karl Otfried Müller. La Grèce de Constant est une Grèce dont le miracle est d’avoir échappé à la superstition miraculeuse. Elle doit cette vigilance à sa formation plastique et philosophique, dont témoigne sa littérature. L’affinité entre la floraison d’une littérature et l’aspiration à la liberté est une thèse qui reprend et corrige en partie les conceptions énoncées par Mme de Staël en 1800 dans son De la littérature1. Le souvenir ou l’anticipation de la liberté inspire le génie. Le siècle d’Auguste ou celui de Louis XIV ne durent ainsi pas leur éclat littéraire à des conditions politiques favorables mais, au contraire, au souvenir de la République dans le premier cas et à une résistance larvée au pouvoir dans le second, qui annonçaient les Lumières à travers des auteurs subversifs comme Fénelon, La Fontaine ou La Bruyère. Cette liberté est une aspiration encore indistincte du sentiment, très comparable à l’aspira- tion religieuse. Les «sentiments vrais» s’expriment dans la littérature et visent une liberté qui peut trouver sa traduction en termes politiques, mais aussi en termes religieux. «Le premier progrès qui s’opère dans une croyance libre de toute gêne et de toute entrave, c’est l’embellissement de la figure des dieux. Cet embellissement est un besoin pour l’homme»2. Dans l’étude consacrée à la Grèce, la dimension religieuse de la liberté inspirant la littérature grecque passe au premier plan. La recherche du «beau idéal des formes humaines», en introduisant une individualisation des formes, combat la lecture despotique du polythéisme menée par les «prêtres». Le beau annonce le bien moral et participe de l’avènement d’une humanité libérée et réconciliée : la publicité de l’éclat esthétique garantit l’accord des âmes. L’Olympe, comme l’a formulé Giovanni Paoletti, forme une «sorte d’opinion publique transfigurée»3. Constant ne laisse pas d’être sensible aux 1
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En commençant la seconde partie de son ouvrage De la littérature en 1800, Mme de Staël soulignait a` sa façon l’importance dévolue à Homère dans la perspective de la marche de la civilisation : «J’ai suivi l’histoire de l’esprit humain depuis Homère jusqu’à 1789» (De la littérature, présentation par Gérard Gengembre et Jean Goldzink, Paris : GF, 1991, p. 297). Pour BC, voir ses «Fragments d’un essai sur la littérature dans ses rapports avec la liberté» (vers 1805), OCBC, Œuvres, t. III, pp. 489–519, dont la partie consacrée à la littérature latine fut mise au propre dans «De la littérature dans ses rapports avec la liberté» (septembre 1817) des Mélanges de littérature et de politique (Œuvres, texte présenté et annoté par Alfred Roulin, Paris : Gallimard, 1957 [Pléiade], pp. 852–860). De la Religion, livre VII, chap. 5, p. 316 (ci-dessous, p. 318). G. Paoletti, Benjamin Constant et les Anciens, p. 369. La formule pousse un peu loin ce que dit BC : «Ainsi les dieux forment une espèce de public, non pas infaillible, non pas incorruptible, mais plus impartial et plus respecté que le vulgaire des mortels. L’opinion présumée et la force reconnue de ce public céleste ne sont pas sans avantages» (De la Religion, livre XII, chap. 9, p. 479).
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pouvoirs de l’esthétique que Mme de Staël avait sciemment, et dans les mêmes desseins, vantés dans De l’Allemagne. Mais il inscrit ces pouvoirs dans la tradition d’une pensée désintéressée, où le spectacle du beau donne au sujet l’occasion de se déprendre de lui-même. Il laisse affleurer cette tradition à travers l’exemple qu’il affectionne de l’Apollon du Belvédère ou d’un tableau de Raphael1. Les études de Constant l’avaient préparé à une appréciation bien plus fine de la Grèce que des contrées plus lointaines. Ses séjours répétés en Allemagne, où la philologie florissait et assumait un rôle croissant dans la formation des élites modernes, prenant à maints égards le relais de la théologie, le dotaient d’une connaissance des textes et de l’état des discussions savantes plus qu’honorable. N’était-il pas membre correspondant de la Société Royale des Sciences de Göttingen2 ? Que ce soit des travaux de cette Société ou des antiquisants contemporains (Böttiger, Creuzer, Hermann, Heyne, Kanne, Majer, Müller, Schlegel, Voss, Wolf), il fut un lecteur assidu et compétent. Mais cette érudition impressionnante et, dans le domaine grec, solide, disparaît dans le livre. Il y a à cet effacement plusieurs raisons. En premier lieu, ce qui lui importe est bien la démonstration d’une thèse, non l’étalage d’une érudition qui serait inutile puisque Constant s’adresse au public des lecteurs/électeurs éclairés et non aux «savants» parmi lesquels il ne se compte pas3. Pour cela, il lui suffit de se profiler à égale distance des deux camps ayant engagé une féroce controverse, les rationalistes et les 1
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Le passage de De la Religion, livre VII, chap. 5, p. 324, trouve un parallèle dans les Principes de politique, VIII, I, (Hofmann, Genèse, p. 141), mais aussi dans «De Madame de Staël et de ses ouvrages», dans les Mélanges de littérature et de politique, OCBC, Œuvres, t. XXXIII (BC, Œuvres, [Pléiade], p. 833), sans mention de Raphael. BC souligne : «[...] je l’ai déjà dit ailleurs, mais on ne saurait trop le redire [...]». De Fénelon, Leibniz et Shaftesbury jusqu’à Goethe, en passant par Hutcheson (dont BC possédait l’Essai en allemand), Adam Smith, Kant, cet exemple est caractéristique de l’investissement du champ esthétique par le discours de la spiritualité, dont la structure, ainsi sécularisée, vient alimenter la réflexion jusqu’à l’époque romantique. Voir Leibniz, Lettre à Spannheim, 20 février 1699, Sämtliche Schriften und Briefe, t. XVI, Berlin : Akademie Verlag, 2000, p. 602 ; Lettre à la Princesse Sophie, dans Die philosophischen Schriften, hrsg. von C. I. Gerhardt, t. VII, Berlin : Weidmann, 1890, p. 549. Une pensée reprise par Mme de Staël : «Mais à quoi servent l’Apollon du Belvédère, les tableaux de Raphael, les tragédies de Racine ? A quoi sert tout ce qui est beau, si ce n’est à l’âme ?» (De l’Allemagne, III, VII, chronologie et introduction par Simone Balayé, Paris : GF, 1968, t. II, p. 154 ; Corinne, livre V, chap. 3, édition présentée, établie et annotée par Simone Balayé, Paris : Gallimard, 1985, p. 137). Nommé en décembre 1812. Il utilisera ce titre pour signer De l’esprit de conquête et d’usurpation en 1814. Quand on lui proposa d’exposer quelques aspects de son livre en cours de rédaction à l’Athénée, il précisa bien qu’il n’entendait pas se présenter «comme un Professeur en règle, mais uniquement comme un homme de lettres» (lettre du 26 octobre 1817, publiée par L. Quilici, R. Ragghianti, Cromohs, 6, 2001, http://www.eliohs.unifi.it/testi/800/quilraggh/index.html).
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romantiques. D’un côté, l’ombrageux traducteur d’Homère, Johann Heinrich Voss, qui n’a de cesse de pourfendre les tenants de l’école mythologique dont il suppute les intentions rétrogrades. Il est soutenu par Gottfried Hermann et les partisans d’une philologie centrée sur les mots1. De l’autre les efforts pour ouvrir la philologie ancienne à l’ensemble des manifestations de la civilisation antique, menées dans l’E´cole de Göttingen, dont Heyne peut passer pour l’inspirateur. Par sa théorie du mythe notamment, radicalisée par Creuzer et Görres, Heyne introduisait à une perception du mode de penser mythique, saisi dans son étrangeté et son originalité2. Constant s’informe de part et d’autre. Tout en étant réservé vis-à-vis de la tendance irrationaliste des romantiques et surtout de leurs arrière-plans idéologiques, il se laisse volontiers instruire et cite les différents camps aux prises. Plus en sympathie avec l’éthos protestant d’un Voss, il sait en voir les limites intellectuelles3. En reprenant son ouvrage pour l’édition, il ajoute peu de lectures nouvelles par rapport à celles de Göttingen, dont celles de Karl Otfried Müller, qui opère une synthèse, sous le signe de l’histoire, de ces différents courants4. 1
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Gottfried Hermann et Friedrich Creuzer, Briefe über Homer und Hesiodus vorzüglich über die Theogonie. Voir Sotera Fornaro, «Die Mythologie übersetzen. Der Briefwechsel zwischen Friedrich Creuzer und Gottfried Hermann», Translating Antiquity. Antikebilder im europäischen Kulturtransfer, hrsg. von Stefan Rebenich, Barbara von Reibnitz und Thomas Späth, Basel : Schwabe, 2010, pp. 75–97, pour la reprise des positions de Hermann par BC, pp. 90–92. Christian Gottlob Heyne (1729–1812) a développé une théorie du sermo mythicus permettant de rendre compte de la production de l’imagination mythologique comme ayant sa propre cohérence. Il est à ce titre aussi bien l’inspirateur de l’entreprise de Creuzer que de la philosophie de la mythologie de Schelling – et pour cela même directement attaqué par Voss dans l’Antisymbolik (Heyniasmus). De Heyne, voir surtout : «Temporum mythicorum memoria a corruptelis nonnullis vindicata» (1763), Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. III, 1785–1786, pp. 1–19 ; Questio de causis fabularum seu mythorum veterum physicis (1764), dans Opuscula academica, Göttingen : H. Dieterich, 1785, t. I, pp. 190–196 ; «Sermonis mythici seu symbolici interpretatio ad caussas et rationes ductasque inde regulas revocata» (1807), Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. XVII, 1807, pp. 285–323 ; Vorrede zu Martin Gottfried Hermann, Handbuch der Mythologie aus Homer und Hesiod als Grundlage zu einer richtigeren Fabellehre des Altertums, Berlin et Stettin : F. Nicolai, 1787. Sur sa conception du mythe, voir Axel Horstmann, «Mythologie und Altertumswissenschaft. Der Mythosbegriff bei Chr. G. Heyne», Archiv für Begriffsgeschichte, t. XVI, 1972, pp. 60–85 ; Luigi Marino, «Chr. G. Heyne e l’origine della mitologia come scienza», I Maestri della Germania, Torino : Einaudi, 1975, pp. 254–270 ; Sotera Fornaro, L’antropologia della Grecia antica in Christian Gottlieb Heyne e nel suo tempo, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2004. «Les lettres mythologiques de Voss contiennent l’idée dominante de mon livre, mais perdue et enterrée dans les Détails» (20 juin 1804), OCBC, Œuvres, t. VI, pp. 149–150. Malgré l’hommage appuyé dont il fait l’objet, Müller servit un compte rendu fort critique, soulignant les légèretés avec lesquelles BC cite ses sources et pointant surtout du doigt certaines incohérences de sa démonstration (voir la section suivante).
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Par ailleurs, conscient sans doute du caractère encyclopédique et général des informations puisées dans les sources intermédiaires comme Christoph Meiners ou Ludwig Arnold Heeren, il tend à en supprimer les références, tout comme celles de maints auteurs du XVIIIe siècle1. Dès son séjour a` Weimar, une des périodes les mieux documentées de sa vie grâce à son Journal, sa correspondance et les annotations de Böttiger, il s’interroge sur le bien-fondé des citations, veut éviter «l’érudition», pense à retrancher des notes2. Böttiger enregistre ces doutes : «Il n’a pas encore décidé de combien de citations et de démonstrations savantes il veut donner à son œuvre. Les Français ne supportent absolument pas cet apparat d’érudition si bienvenu chez les Allemands»3. Il y a donc chez Constant une ambiguïté, qui traduit bien son statut «transfrontalier»4. Fasciné par l’érudition allemande qui s’affirme à ce moment comme «la science» allemande, ainsi dans le choix de F. A. Wolf de rebaptiser la philologie «science de l’Antiquité» (Altertumswissenschaft)5, il est parfaitement conscient que ce modèle n’est pas transposable en l’état dans la France de la Restauration, et que de surcroît il 1 2 3 4
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Sur la façon de travailler de BC et sa dissimulation de l’érudition, je renvoie à D. Thouard, «Benjamin Constant et l’E´cole de Göttingen», Göttingen vers 1800, surtout pp. 133–143. Voir en date du 25 février et du 28 mai 1804, OCBC, Œuvres, t. VI, pp. 75 et 135. K. A. Böttiger, Literarische Zustände und Zeitgenossen, Berlin : Aufbau Verlag, 1998, p. 394. Sur BC et l’érudition allemande, voir Otto Olzien, «B. Constant, Göttingen et la bibliothèque universitaire», ABC, 3, 1983, pp. 123–154 ; Bärbel Bendach et Otto Olzien, Benjamin Constant und Niedersachsen, Hannover : Niedersächsischer Landtag, 1982 (catalogue d’une exposition, comprenant notamment une introduction d’O. Olzien, pp. 4–15, et la liste des ouvrages empruntés par BC, dorénavant dans OCBC, Œuvres, t. VII, pp. 691–706) ; Frank P. Bowman, «B. Constant, Germany and De la Religion», Romanische Forschungen, 74, 1962, pp. 77–108 ; plus ancien et peu satisfaisant, Helene Ullmann, B. Constant und seine Beziehungen zum deutschen Geistesleben, Marburg : A. Ebel, 1915. Enfin, on trouvera des indications utiles dans P. Deguise, Benjamin Constant méconnu (sp. pp. 116–134 et 235–239) et «Un catalogue de la bibliothèque de Benjamin Constant», Saggi e riccerche di letteratura francese, t. X, Roma : Bulzoni, 1969, pp. 149–195 ; Comtesse Jean de Pange, «Catalogue des livres écrits en allemand ou intéressant l’Allemagne possédés par M. de Staël et ses enfants au château de Coppet», Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’après des documents inédits, Paris : Albert, 1938, pp. 565–579 ; Paul Bastid, Benjamin Constant et sa doctrine, t. I et II, Paris : Armand Colin, 1966 (sp. pp. 171–254 et 561–691). Pour Herder, voir Kurt Kloocke, «Johann Gottfried Herder et Benjamin Constant», ABC, 29, 2005, pp. 55–72. Sur le rapport à Schleiermacher, voir D. Thouard, «Subjectivité et sentiment religieux : Constant et Schleiermacher», ABC, 30, 2006, pp. 71–95. Enfin D. Thouard, «Benjamin Constant et l’E´cole de Göttingen», Göttingen vers 1800, pp. 129– 153. Friedrich August Wolf, «Darstellung der Altertumswissenschaft nach Begriff, Umfang, Zweck und Wert», Museum der Alterthums-Wissenschaft, 1, Berlin : Realschulbuchhandlung, 1807. Voir Friedrich August Wolf e la scienza dell’antichità. Atti del Convegno Internazionale (Napoli 24–26 maggio 1995), a cura di Salvatore Cerasuolo, introduzione di Fulvio Tessitore, Napoli : Pubblicazioni del Dipartimento di Filologia Classica dell’Università degli Studi di Napoli Federico II, 14, 1997.
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risque fort d’être inopérant, alors que ce qu’il recherche est l’efficacité pour ses écrits. De la religion n’est pas un livre fondateur de l’histoire comparée des religions (il serait à ce titre obsolète), mais une contribution à la réflexion sur les fondements de la pensée politique. Le polythéisme grec tel qu’il est présenté dans l’Iliade a l’avantage d’introduire une dimension critique dans l’appréhension du phénomène religieux en raison de la dispersion même des divinités. Les dieux de l’Olympe, vaquant chacun à leurs affaires, sont en proie à de passions et à des intérêts contradictoires1. Ils se prêtent au jugement, à la réflexion, et participent, peut-être à leur corps défendant, à la formation d’une conscience citoyenne. Le polythéisme échappe de ce fait à l’emprise d’une caste, parallèlement au système politique éclaté que connaît la Grèce entre différentes cités rivales. Il est lié à un polythéisme des valeurs qui favorise l’individualisation. Dans sa présentation populaire, dans les fables transmises par la littérature, il encourage de surcroît une humanisation et une moralisation de la religion. Pour autant, le polythéisme grec produit ses propres contradictions, qui sont la rançon des avancées qu’il promeut. Alors qu’il introduit une intériorisation de la religion, la guerre des dieux dégénère sous la poussée de l’intérêt. Les divinités sont sollicitées pour obtenir des avantages particuliers. C’est là une refétichisation inévitable qui corrompt la moralité de la religion. Cette recrudescence du fétichisme signale un retour victorieux de l’intérêt, que la ` ce stade, selon une jolie «marche des religions» s’efforcera de dépasser2. A formule de Constant, «les dieux sont, pour ainsi dire, toujours à l’enchère»3. Ils se vendent au plus offrant. Le paradoxe du moment grec de la conscience religieuse est qu’elle produit des formes individualisées qui l’aident à contester ces mêmes formes : «L’homme les avait créées pour lui ; voilà qu’ils n’existent plus que pour eux-mêmes.»4. C’est la même «tendance de l’homme à former de ses dieux un corps» qui est «une lutte du sentiment religieux contre le polythéisme qui le choque»5. Constant analyse un «travail du sentiment religieux sur le polythéisme homérique.»6. Pour rendre plausible une telle évolution traduisant la dialectique conflictuelle qu’il situe au cœur de la dynamique religieuse, Constant doit introduire des distinctions chronologiques. Il souligne ainsi les progrès accomplis par la religion publique de l’Iliade et la transformation de celle-ci, perceptibles dès l’Odyssée, analysée comme ressortissant d’un état plus raffiné de la civilisation. Pour étayer cette chronologie, un arrêt sur les poèmes homé1 2 3 4 5 6
Le chant V de l’Iliade en fournit peut-être les plus belles illustrations. De la Religion, livre VII, chap. 10 (ci-dessous, pp. 369–378). De la Religion, livre VII, chap. 6, p. 343 (ci-dessous, p. 335). De la Religion, livre VII, chap. 6, p. 355 (ci-dessous, pp. 343–344). De la Religion, livre VII, chap. 10, p. 400 (ci-dessous, p. 372). De la Religion, livre VII, chap. 10, p. 401 (ci-dessous, p. 373).
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riques eux-mêmes est nécessaire. C’est l’occasion pour Constant de mobiliser la «Question homérique» soulevée par F. A. Wolf au service de sa propre construction, faisant coïncider son intuition doctrinale avec les avancées contemporaines de la philologie1. La «Question homérique» Le livre VIII se présente paradoxalement comme une «digression nécessaire», deux termes qui sembleraient s’exclure2. Si Constant s’attarde sur les poèmes homériques, c’est qu’ils constituent une pièce importante de son dispositif qui privilégie les formes littéraires du panthéon grec. C’est la religion commune qui est décisive. Or l’Iliade et l’Odyssée, lues comme les documents présentant la première religion grecque, trahissent des degrés
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Sur l’état de la question homérique en France avant Wolf, on se reportera à Luciano Canfora, «Studi omerici in Francia prima di Wolf», Friedrich August Wolf e la scienza dell’Antiquità, pp. 87–98. La discussion portait davantage sur l’esthétique et la bienséance que sur la connaissance des poèmes. Depuis l’opposition entre Houdart de la Motte et Mme Dacier, y compris l’intervention de l’abbé d’Aubignac avec ses Conjectures académiques de 1715, il s’agit essentiellement d’une seconde vague de la Querelle des Anciens et des Modernes. Pour une histoire de la «Question homérique», voir Giovanni Broccia, La questione omerica, Firenze : Sansoni, 1979. Sur l’importance de Wolf, voir Manfred Fuhrmann, «F. A. Wolf», Deutsche Vierteljahrschrift, 33, 1959, pp. 187–236 ; Diego Lanza, «F. A. Wolf : l’antico e il classico», Belfagor, 36, 1981, pp. 529–553 ; Anthony Grafton, «Prolegomena to F. A. Wolf» (1981), Defenders of the text, Cambridge, Mass., London : Harvard University Press, 1991, pp. 214–243 et 308–319. BC a commencé sa lecture des Prolegomena le 24 mai 1804. L’idée d’un chapitre consacré à la mythologie homérique lui vient alors, voir en date du 28 mai 1804, OCBC, Œuvres, t. VI, p. 134. Le 5 juin, il poursuit ses extraits, et son jugement, d’abord très critique, a changé. Il envisage de prolonger ce travail par des extraits des «dissertations de Heyne [...] dans son édition d’Homère» (7 juin 1804) et de Villoison (l’éditeur des scolies de Venise, qu’il lit encore en octobre 1804). Sur BC et Wolf, outre l’article cité de P. Judet de La Combe «Sur la perfectibilité d’Homère. F. A. Wolf et B. Constant», voir les deux contributions, plus descriptives, d’Antje Kolde, «La Question homérique dans le De la Religion de Benjamin Constant», colloque de Grenoble (novembre 2002), Gaia. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne, 7, 2003, pp. 491–502, et «Benjamin Constant, De la religion, livre VIII : dans l’atelier de l’auteur», Geschichtsschreibung zu Beginn des 19. Jahrhunderts im Umkreis Johannes von Müllers und des Groupe de Coppet. L’historiographie à l’aube du XIX e siècle autour de Jean de Müller et du Groupe de Coppet, textes allemands réunis par Doris et Peter Walser-Wilhelm, textes français et édition du volume réalisée par Marianne Berlinger Konqui, Paris : H. Champion, 2004, pp. 145–166 (Travaux et recherches de l’Institut Benjamin Constant, 6). Leopardi a lu en 1828 et discuté la présentation par BC des idées de Wolf, voir notamment Leopardi, Zibaldone [4405–4411], Tutte le opere, introduzione e cura di Walter Binni, con la collaborazione di Enrico Ghidetti, Firenze : Sansoni, 1993.
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différents de civilisation : «On dirait qu’un long intervalle sépare les dieux de ces deux poèmes et que durant cet intervalle, leur éducation morale a fait des progrès»1. L’enjeu d’une étude spécifique de la différence des formes de religion exposées dans les deux épopées est ainsi capital. Comme il l’annonce au livre V, la question de l’authenticité des poèmes homériques est bien plus qu’un problème littéraire ou philologique ; c’est la clé de l’histoire de l’humanité. En effet, «de sa décision dépend tout le système qu’il faut adopter sur la marche du genre humain, depuis sa sortie de l’état sauvage ; c’est en quelque sorte l’histoire entière de notre espèce sur laquelle nous sommes appelés à prononcer»2. Constant doit rendre compte de la différence de la perspective morale des deux poèmes tout en justifiant l’homogénéité de la religion présentée à différents stades de la civilisation. Tant l’évolution de l’arrière-plan politique que le raffinement des comportements moraux, comme en témoigne la scène si pudique de Nausicaa à la fontaine, indiquent que le monde d’Achille n’est pas celui d’Ulysse. Le statut des femmes, le rôle du commerce et du luxe, la représentation de la science, de la curiosité, le caractère des dieux, la composition même des poèmes indiquent des différences stables3. Pour étayer sa perception de la distance historique entre les deux poèmes, renvoyant à des états distincts de la civilisation grecque, Constant s’appuie sur la discussion philologique, telle que l’avait soulevée Friedrich August Wolf en publiant ses Prolegomena ad Homerum en 1795. Le propos de Wolf n’était ni de détrôner «Homère» au profit du peuple grec dans son ensemble ni de nier purement et simplement l’existence d’un «auteur» tel que «Homère» comparable à ce que ses contemporains entendaient par «auteur». La chose avait été faite à diverses reprises, notamment par Herder. Bien que le grand public retînt surtout cette conséquence de la discussion soulevée par Wolf, il s’agissait pour celui-ci de préparer une édition de l’Iliade en faisant le point sur les conditions d’apparition et de transmission des poèmes qui nous sont parvenus sous ce titre4. Les «prolégomènes» ne sont donc qu’une introduction critique à une édition qui ne 1 2 3
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De la Religion, livre VIII, chap. 1, p. 413 (ci-dessous, p. 384). OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 265 (De la Religion, livre V, chap. 5). En même temps, le massacre des Prétendants dans l’Odyssée relève d’une vengeance sans pitié qui nuance toute opposition tranchée construite en termes in fine chrétiens de «progrès moral». Ulysse répète sur les Prétendants qu’il enferme la violence sauvage qui a permis de prendre Troie. Il utilise des ruses semblables à celles des Grecs contre les Troyens. Homeri Opera Omnia ex recensione Frid. Aug. Wolfi, tomus prior : Prolegomena ad Homerum sive de operum homericorum prisca et genuine forma variisque mutationibus et probabili ratione emendandi, Halis Saxonum : E libraria orphanotrophei, 1795. Il s’agit bien d’une introduction, elle-même encore incomplète, puisque seule la partie historique, non la partie technique, fut écrite par Wolf.
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vit pas le jour. L’originalité de l’ouvrage, qui doit bien des vues à Christian Gottlob Heyne1, tenait dans la fermeté de la démonstration historique, fondée sur une solide érudition qui savait se mettre au service de la réflexion. Wolf historicise Homère en reconstituant l’histoire du texte, depuis sa mise en écrit au temps de Pisistrate (Ve siècle), seconde par rapport une phase de transmission orale, jusqu’à son établissement critique dans la forme la plus ancienne que nous pouvons reconstituer, qui correspond au résultat des savants d’Alexandrie. Le lien entre le lecteur moderne et le temps d’Homère est irrémédiablement rompu. Tout au plus l’histoire du texte peut-elle tenter de reconstituer l’état élaboré par Aristarque et ses contemporains. Tout ce qui vient avant est sujet à conjecture. L’historicisation wolfienne, qui se fonde sur l’histoire du texte et de la transmission pour invalider la croyance en l’auteur Homère, est ainsi mobilisée au profit de la thèse civilisationnelle de De la religion. Constant s’est très tôt intéressé au débat : le Journal de Weimar le voit déjà informé, puisque capable de voir les limites de la «réfutation» de Wolf par SainteCroix qui «ne s’est pas donné la peine de réfléchir sur l’Iliade et l’Odyssée»2. Conscient de l’importance de cette question, il reprend toutefois les Prolégomènes en mai, en fait des extraits en juin, qu’il complète par d’au-
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Les positions de Heyne et Wolf étaient en fait assez voisines, mais c’est Wolf qui entreprit la démonstration rigoureuse des conditions de rédaction des poèmes homériques. Outre ses annotations de l’Iliade, utilisées par BC, Heyne a diffusé ses vues par ses cours, ses discours ou ses comptes rendus pour les Göttingische gelehrte Anzeigen. Wilhelm von Humboldt a suivi par exemple ses cours sur Homère en 1790–1791, voir ses notes en appendice de la correspondance avec F. A. Wolf éditée par Mattson, dans Humboldt, Briefe an F. A. Wolf, hrsg. von Philip Mattson, Berlin et New York : De Gruyter, 1990, p. 333 et sv. C’est un compte rendu critique des Prolegomena paru dans les Göttingische gelehrte Anzeigen le 21 novembre 1795 qui attribue le mérite du travail à Villoison, lequel avait auparavant édité le codex de Venise (1788) contenant de nombreuses scolies utiles, et souligne sa propre priorité. Wolf répond en indiquant que Heyne n’a pas vu le problème qu’il traite, et a négligé le rôle des diaskeuastes, à ses yeux déterminant. Voir F. A. Wolf, Briefe an Herrn Hofrath Heyne. Eine Beilage zu den neuesten Untersuchungen über den Homer, Berlin : G. C. Nauck, 1797. OCBC, Œuvres, t. VI, pp. 48–49 (22 janvier 1804). BC pense à la «Réfutation d’un paradoxe littéraire de M. Fréd. Auguste Wolf sur les poésies d’Homère», parue d’abord dans le Magasin Encyclopédique, t. V, 1797, pp. 67–79 et 191–209. Quatre jours après, il réexpédie les pièces du dossier à Böttiger : «J’ai l’honneur de renvoyer à Monsieur Böttiger avec mille remerciemens 1° le mscp relatif à l’hypothèse de Wolff. 2° Wolffs prolegomena. 3° la prétendue réfutation de Ste-Croix» (26 janvier 1806, à Böttiger, dans Ernst Behler, «Benjamin Constant und Karl August Böttiger», ABC, 10, 1989, pp. 95–131, p. 112). BC avait donc déjà lu le dossier, auquel il revient plus tard pour prendre des notes pour son livre.
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tres lectures comme Heyne, Villoison ou Schlegel1. L’importance de l’écrit dans la vie intellectuelle allemande lui paraît telle qu’il proposera plus tard à Charles de Villers d’en faire une présentation dans la Bibliothèque germanique que celui-ci projetait2. Devant l’abandon du projet, il aura à cœur d’initier son lecteur à cette discussion allemande, sur laquelle il s’attarde, conscient du décalage existant entre les deux pays en matière d’information3. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de voir Constant consacrer, non pas tant l’essentiel de sa digression que, vers la fin, une série de notes très précises dans lesquelles il retrace l’argumentation de Wolf et en montre la pertinence pour son propre propos. C’est après un exposé beaucoup plus nourri qu’à l’accoutumée que sont reprises les conclusions connues sur le statut collectif de l’auteur homérique et qu’elles sont intégrées à la logique du livre. Constant doit entrer dans l’argumentation de Wolf pour soutenir la postériorité de la religion de l’Odyssée par rapport à celle de l’Iliade. Wolf s’est 1
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OCBC, Œuvres, t. VI, p. 139 (5 juin 1804). Au sujet de Heyne, BC remarque : «il a à peu près la même opinion que Wolf, seulement comme il voudroit diminuer le mérite du travail de Wolf, qui l’a offensé, il tache de mettre le moins d’importance possible à l’opinion qui leur est commune» (7 juin, OCBC, Œuvres, t. VI, p. 141). Ansse de Villoison (1750–1805), qui avait publié les scolies vénitiennes d’un manuscrit de l’Iliade permettant de reconstruire avec précision l’histoire du texte et le rôle de la critique alexandrine, fut décisif pour la démonstration wolfienne. Friedrich Schlegel fut un des premiers à saisir les enjeux poétiques des Prolégomènes, notamment dans une brève mais décisive recension, «Über die Homerische Poesie» (1796), Kritische Friedrich-Schlegel-Ausgabe, t. I : Studien des klassischen Altertums, hrsg. und eingeleitet von Ernst Behler, Paderborn : F. Schöningh, 1978, pp. 131–136, dont la teneur est reprise dans son Histoire de la poésie des Grecs et des Romains (1798) («traduit un morceau de frédéric Schlegel sur l’Authenticité des poésies d’Homère», 31 octobre 1804, OCBC, Œuvres, t. VI, p. 245), citée par BC à la première note du chapitre 3 ; voir D. Thouard, «F. Schlegel de la philologie à la philosophie (1795– 1800)», dans Symphilosophie. F. Schlegel à Iéna, Paris : Vrin, 2002, pp. 17–66. Pour la lecture faite par Friedrich Schlegel de Wolf, voir maintenant les fragments inédits sur la littérature antique, et leur discussion dans Antike – Philologie – Romantik. Friedrich Schlegels altertumswissenschaftliche Manuskripte, hrsg. von Christian Benne und Ulrich Breuer, Paderborn : F. Schöningh, 2010. En date du 10 janvier 1805, OCBC, Œuvres, t. VI, p. 299. «Chose remarquable combien des idées peu répandues en France, sont reçues et p. a. d. devenues communes en Allemagne» (20 juin 1804), OCBC, Œuvres, t. VI, p. 149. De fait, BC y est un des premiers à exposer sérieusement l’argument wolfien, contrairement à Sainte-Croix. Le 10 juin 1804, il a fini la partie sur la différence des deux poèmes du point de vue moral et s’attaque au «morceau sur l’authenticité des deux poèmes», qui doit lui donner du fil à retordre, puisqu’il n’en vient à bout que le 4 janvier 1807 : «j’ai fini ce maudit chap sur l’authenticité des poésies d’Homère. Bon ou mauvais, il restera» (OCBC, Œuvres, t. VI, p. 460). On pourrait penser que le chapitre VIII soit ainsi demeuré en l’état, mais il emprunte de nouveau les Prolegomena à la bibliothèque Georgia Augusta de Göttingen les 31 décembre 1811 et le 14 avril 1812 (OCBC, Œuvres, t. VII, p. 706).
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interrogé sur la composition des poèmes, en a repéré des discordances et conclu à l’absence d’unité. Il a réfléchi sur les effets du passage de la poésie orale à l’écrit. En premier lieu, celui-ci impliquait une révolution technique, avec l’invention et surtout l’usage plus répandu de l’écriture, dont Wolf traite aux chapitres XIII-XX. Il supposait aussi une décision politique, avec un aboutissement sous Pisistrate, qui impose une première canonisation. Enfin, cette transformation engageait une métamorphose intellectuelle, dont le travail des critiques subséquents, jusqu’à l’E´cole d’Alexandrie, porte le témoignage. Le texte de Constant suit ici Wolf de près, ou plus précisément son «sous-texte», car la discussion court dans les notes, qui sont longues et précises. Le corps du chapitre peut ainsi rester parfaitement clair et conclusif. La note b p. 439 aborde la question de l’écriture. La note f p. 445 traite des rhapsodes, mais c’est la note a p. 447, la plus longue, qui rapporte les aperçus géniaux de Wolf sur le rôle des diaskeuastes, critiques qui ont corrigé, complété, harmonisé les poèmes, et dont les Scolies de Venise, publiées par Villoison, avaient mis en évidence l’importance. Les discussions de Constant avec Friedrich Schlegel ont dû ici jouer un rôle de premier plan, car Schlegel avait eu l’intuition de la portée de l’intervention de ces critiques dans la composition des poèmes homériques. Ils constituaient un argument décisif pour la progressivité de l’œuvre, autrement dit son caractère indéfini, inachevé, dépendant du travail critique et réflexif des philologues pour aboutir à sa forme. Ces diaskeuastes «changeaient, ajoutaient, retranchaient, corrigeaient, en un mot refondaient les ouvrages», rapporte Constant1. La conscience des médiations intervenant dans la constitution des traditions textuelles est un élément essentiel dans l’abandon de la représentation de classiques immuables. En précisant le rôle des critiques, Constant, avec Wolf, insistait sur le degré de réflexion présent dans les poèmes homériques. Dire ainsi que «Homère est un nom générique» et que ses poèmes «sont l’ouvrage de plusieurs bardes»2, ce n’est pas s’adonner à une rêverie sur la gestation spontanée de la poésie dans l’imagination populaire, mais raisonner sur les conditions de la création poétique dans l’Antiquité grecque. Il s’agit d’une prise en compte des contraintes historiques. Constant, sur l’exemple d’Homère, cherche à conjuguer au plus près le point de vue historique avec son schéma général de la perfectibilité3. Il ne tire pas les conclusions des romantiques comme les frères Schlegel qui 1 2 3
De la Religion, livre VIII, chap. 3, p. 448 (ci-dessous, p. 404). De la Religion, livre VIII, chap. 3, p. 461 (ci-dessous, p. 412). «Aucun individu, jeune ou vieux, ne secoue le joug de son siècle. Quand ce siècle a fait des progrès, on imite le passé, mais on n’est plus animé de son esprit. Les impressions de l’atmosphère qui nous environne deviennent une partie de nous-mêmes ; elles s’identifient avec notre existence ; chacune de nos paroles en est pénétrée» (De la Religion, livre VIII, chap. 2, p. 434, ci-dessous, p. 395).
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transformaient en ces années la perfectibilite´ inspirée de Condorcet en une progressivité sans but1, restant fidèle à l’idée d’une marche du progrès. Les critiques de Karl Otfried Müller La proximité de Constant avec l’E´cole de Göttingen rendait probable une réaction à la parution de la Religion dans les Göttingische gelehrte Anzei` la différence des deux premiers, recensés par Friedrich Bouterwek, gen. A le troisième volume le fut par le chef de file de la nouvelle école historique, Karl Otfried Müller2. Müller3 perçoit la différence entre la position de Constant, très marquée encore par les Lumières, et l’historisme allemand, plus attentif aux faits, 1 2
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Voir E. Behler, Unendliche Perfektibilität ; Bertrand Binoche, «Condorcet, F. Schlegel et la perfectibilité indéfinie», Études germaniques, 52, 1997, pp. 593–607. K. O. Müller, Göttingische gelehrte Anzeigen, 17–19, 1831, pp. 161–168 (il recensera les t. IV et V à titre posthume en 1834, Göttingische gelehrte Anzeigen, 60, en limitant de ce fait ses remarques). Le compte rendu du t. III a été repris, avec quelques coupures, dans K. O. Müller, Kleine deutsche Schriften über Religion, Kunst, Sprache und Literatur, Leben und Geschichte des Alterthums, gesammelt und herausgegeben von Eduard Müller, Breslau : Josef Max, 1848, t. II, pp. 69–76, celui des tomes suivants aux pages 76–81. La version originale a été rééditée par Kurt Kloocke et Ulrich Steller dans «Les comptes rendus de De la Religion parus dans les Göttingische gelehrte Anzeigen», ABC, 10, 1989, 133–160, notamment pour le t. III, pp. 148–155. Karl Otfried Müller (1797–1840) est alors l’étoile montante de la mythologie scientifique et des études grecques en général, suivant une approche positive qui le conduira jusqu’à une mort prématurée sur le sol grec. BC utilise principalement à partir du t. III ses ouvrages suivants : Die Dorier, Breslau : Josef Max, 1824 ; Prolegomena zu einer wissenschaftlichen Mythologie, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 21825. Tout en provenant de Göttingen et en devant beaucoup à son maître August Boeckh à Berlin, Müller a reçu certaines impulsions de Karl Wilhelm Ferdinand Solger, dont il a édité les cahiers mythologiques, «Solgers mythologische Ansichten», dans K. W. F. Solger, Nachgelassene Schriften und Briefe, herausgegeben von Ludwig Tieck und Friedrich von Raumer, Leipzig : Brockhaus, 1826, pp. 676–718. On consultera Zwischen Rationalismus und Romantik. Karl Otfried Müller und die antike Kultur, hrsg. von William M. Calder III und Renate Schlesier, Hildesheim : Weidmann, 1998, dont notamment pour son accueil en France P. Judet de La Combe, «‘Le savant antiquaire de Goettingue’. Karl Otfried Müller en France», pp. 283– 311. Sur son projet de mythologie scientifique, voir Maria Michela Sassi, «Ermeneutica del Mito in Karl Otfried Müller», Annali della Scuola Superiore di Pisa, 14, 1984, pp. 911– 935 ; Josine H. Blok, «Quest for a scientific Mythology : F. Creuzer and K. O. Müller on History and Myth», History and Theory, 33, 1994, pp. 26–52. Pour Blok, Müller voit dans le mythe le produit de la rencontre des dispositions mentales d’un peuple et de circonstances historiques et locales, p. 42. Si Müller s’inscrit manifestement dans la lignée de Heyne pour reconnaître l’originalité du mythe comme expression d’une certaine disposition d’esprit, il se distingue de lui par son refus de la perspective comparative anthropologique et par l’inscription locale, voir M. M. Sassi, «Ermeneutica del Mito», pp. 931–932.
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malgré tous les gages donnés par Constant, notamment quand il le cite comme caution savante1. Il situe précisément la «tendance entièrement politique et pratique de toute l’œuvre, qui soumet à soi la matière historique»2, une tendance qu’il ne peut aucunement admettre. Il regrette de ne pas rencontrer un «engagement plus chaud pour les faits historiques» et décèle encore chez lui des traits de cette «Aufklärung prétentieuse» qui lui paraît incompatible avec une réception complètement profitable des acquis de l’historisme allemand. Un critère décisif de la scientificité d’un ouvrage est constitué par les garanties apportées par l’apparat des notes, qui allèguent et précisent les assertions avancées. Or Müller ne se prive pas de prendre sur ce point Constant en défaut, voyant un certain désordre et une grande nonchalance dans l’organisation de ses notes. Il juge en historien et n’entre pas dans le raisonnement général de Constant, ou bien le rejette dans son principe même de compromis entre le matériau historique et la reconstruction forcée. Müller cherche la reconstitution d’un «ensemble effectif» (wirklicher Zusammenhang), il est sur la voie d’une construction du monde historique telle que Dilthey cherchera à la penser, autour du concept d’ «ensemble d’effets» (Wirkungszusammenhang)3. Les assertions de Constant qui mettent sinon tous, du moins bon nombre de péchés au compte des prêtres demanderaient à être un peu mieux prouvées : certaines évolutions eussent pu fort bien se produire de même, prêtres ou pas. Il soupçonne un certain dogmatisme dans le procédé de Constant, qui s’accroche à la démonstration d’une thèse plutôt qu’il ne s’efforce de faire avancer notre connaissance des religions antiques. Posant un jugement scientifique, Müller n’hésite pas à dénoncer les erreurs de Constant, tant factuelles que dues à la faiblesse de la construction proposée, comme sur le rapport de la religion populaire à la religion des prêtres en Inde. Venant à l’examen de son domaine de prédilection, Müller est tenté d’être plus sévère encore. Une difficulté fondamentale de la démarche de Constant est qu’il ne compare pas l’ensemble des cultes, mythes et usages de la religion grecque avec ses analyses précédentes, mais «se tourne d’emblée vers la poésie épique»4. Le risque est alors grand de livrer 1
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De la Religion, livre VII, chap. 3, note p. 293 (ci-dessous, p. 301. n. a), où «l’autorité» de Müller est revendiquée à propos des dieux d’Homère. Plus généralement, BC voit en Müller un allié précieux contre l’idée d’une origine exogène de la religion grecque. Sur le sens de cette reprise, riche en malentendus, voire P. Judet de La Combe, «‘Le savant antiquaire de Goettingue’», pp. 291–292. Kleine deutsche Schriften, t. II, p. 70 ; ABC, 10, 1989, p. 149. Wilhelm Dilthey, L’édification du monde historique dans les sciences de l’esprit (1911), traduction, présentation et notes par Sylvie Mesure, Paris : Cerf, 1989, chap. IV : «Le monde spirituel en tant qu’ensemble interactif». Dilthey comprend aussi K. O. Müller parmi ses prédécesseurs. K. O. Müller, Kleine deutsche Schriften, t. II, p. 72 ; ABC, 10, 1989, p. 151 (corriger la note 55 de cet article qui suggère que BC ignorait les Prolegomena zu einer wissenschaftlichen Mythologie de Müller, dont il utilise l’édition de 1825, voir ci-dessous dans l’annotation du livre VII).
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une interprétation largement littéraire et idéalisée de la religion grecque ! Une approche plus soucieuse des réalités locales des cultes particuliers aurait conduit à nuancer fortement le tableau par trop schématique brossé par Constant. Müller lui reproche en outre sa réduction de la religion grecque à un de ses aspects relativement tardifs, qui lui permettait de renforcer le contraste avec la construction du livre VI1. Constant cherchait alors à réintroduire la distance d’une évolution morale entre les deux poèmes, en fait indûment privilégiés. Mais cette distinction ne tient guère puisqu’il doit proposer, pour être cohérent, une lecture sur trois niveaux mythologiques, allant de la mythologie populaire à peine issue du fétichisme, à une religion plus épurée, enfin à des traces d’une cosmogonie allogène2. Müller objecte à ces découpages le projet cohérent de l’Iliade, l’accomplissement de la volonté de Zeus, qui suppose une visée parcourant l’ensemble et lui conférant une «belle orientation éthique»3. Concluant son examen du livre, Müller revient sur l’opposition cardinale entre le sentiment et les formes, dont il cherche à établir un fondement psychologique : il y a dans le psychisme humain un fort besoin d’être placé dans des états originaux suscités par des représentations ou des actions. Dans le premier cas, on a affaire à la «croyance – foi» (Glauben), dans l’autre au «culte» (Kultus). Par leur caractère bienfaisant, ils procurent une conviction inébranlable. Müller suggère un dynamisme psychique d’ensemble. Or Constant oppose de façon radicale l’aspiration du sentiment à sa réalisation dans une forme individuelle : cette structure dualiste le condamne à demeurer dans le conflit car toute réalisation du sentiment est en même temps ipso facto sa fixation indue dans une forme, qu’il faut bientôt combattre. Müller travaille dans l’horizon de la fondation d’une mythologie scientifique, qui exclut d’en rester à l’hypothèse d’une tendance contradictoire de l’âme humaine. Il entend réhabiliter les formes historiques. Il déconnecte ainsi le devenir-forme et le sentiment du discours sur le caractère oppressif des prêtres qui dévoieraient celui-ci à leur profit. On ne fait pas l’histoire de simples aspirations, mais des formes effectivement rencontrées. Si la critique de Müller n’est pas sans force, on peut toutefois se demander si la pointe philosophique de la pensée de Constant ne lui échappe pas. En effet, c’est précisément le double mouvement d’une aliénation inévitable de la subjectivité dans des formes et de l’utilisation intéressée de ces formes 1
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Nous avions déjà remarqué vers la fin du livre VI l’intérêt de BC pour une réflexion littéraire comparée des formes épiques, avec plusieurs parallèles établis entre les épopées indiennes et Homère. Iliade, XXIV, Odyssée, VI-VIII, XIII sv. Voir livre VIII, 3. Kleine deutsche Schriften, t. II, p. 75 ; ABC, 10, 1989, p. 153. «Eine schöne ethische Gesinnung», à savoir une belle disposition éthique.
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par un groupe, qui retient celui-ci. Il y a bien deux processus. Constant décrit le rapport du sentiment aux formes comme relevant d’une dialectique où la forme produit la nécessité de sa propre destruction en donnant une expression à la fois nécessaire et inadéquate du sentiment. Il invoque plusieurs fois «l’empire de la logique», voire sa «vengeance»1. Le sentiment n’est pas adéquat à une forme, mais requiert une exposition indéfiniment développée, car il est essentiellement liberté. Or cette dialectique, qui constitue la dynamique de l’histoire humaine, entre en conflit avec les interventions intentionnelles de groupes déterminés qui tendent à en bloquer le processus pour le figer en certains de ses moments. L’action humaine reste au centre de l’histoire, conçue comme une suite de luttes et de libérations, y compris dans le champ religieux, dont il ne saurait être question de fournir une présentation harmonieuse, analogue au développement naturel du psychisme humain à ses commencements. Or Müller pense pour sa part que le mythe n’est pas simplement une forme de pensée (en quoi il s’oppose à Creuzer2), mais indissolublement la trace d’un événement. Il fusionne ce qui a eu lieu et ce qui a été pensé, le «réel» et l’ «idéal», dans un seul récit3. Cette fusion ne pouvait s’opérer consciemment, mais de façon «nécessaire et inconsciente», ce qui ne paraît obscur ou mystique que parce que ce procédé n’a plus d’analogie avec la pensée moderne4. S’il reprend en partie des motifs hérités des recherches contemporaines, il est manifeste que son effort porte fondamentalement sur l’établissement d’une science historique de la mythologie, dont il souligne l’ancrage local dès que possible, au risque a` terme d’un éparpillement de son objet. La distance dans les attentes était telle que Müller ne pouvait guère goûter le De la religion, dont il continua cependant, dans la recension des tomes IV et V, de saluer les talents de l’auteur sans en approuver ni la méthode ni les résultats5.
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De la Religion, livre VII, chap. 8, p. 376 (ci-dessous, p. 358). K. O. Müller, Kleine deutsche Schriften, t. II, pp. 3–25 ; Prolegomena zu einer wissenschaftlichen Mythologie, Göttingen : Vandenhoeck und Ruprecht, 21825, pp. 331–336. BC s’efforce pourtant bien de s’approprier cette théorie, ainsi De la Religion, livre VII, chap. 3, pp. 287–288 (ci-dessous, p. 297) : «La mythologie grecque, dit l’auteur de l’ouvrage le plus ingénieux et le plus profond sur l’ancienne histoire des tribus doriennes, forme un ensemble dont les matériaux divers deviennent homogènes par la fusion qui s’opère, et dans lequel toutes les teintes locales se fondent et s’unissent pour composer une seule couleur.» K. O. Müller, Prolegomena, pp. 111–112. Le texte est reproduit dans les Kleine deutsche Schriften, t. II, pp. 76–81 ; ABC, 10, 1989, pp. 155–160.
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L’actualité du livre en 1825–1827 Commencée en 1824 avec le premier tome, la publication du livre s’accéléra : le tome II parut le 10 octobre 1825 et le tome III le 13 août 1827. Or entre ces deux dates, Constant est actif à la Chambre et réunira un premier volume de ses Discours en 1827, peu avant la parution du tome III. Un second volume de Discours suivra aussitôt, en 1828. Les temporalités de la politique au jour le jour et de la longue durée de la réflexion se rejoignent finalement. Il est manifeste que certaines préoccupations d’ordre politique viennent inspirer la rédaction de notes ou suggérer des allusions au moment où il met au propre son ouvrage pour la publication. Les développements inspirés du «chantier» de De la religion dans des livres comme De l’esprit de conquête ou les Principes de politique montrent bien la perméabilité des registres. Le raidissement du pouvoir, avec le ministère Villèle fin 1821, puis le sacre de Charles X en 1825, suscitaient une désapprobation croissante dans l’opinion. Or le retournement de l’opinion s’opère particulièrement entre les années 1825 et 1827, soit pendant la période qui court entre la publication des tomes II et III. Un bon indice de ce revirement est la parution d’un autre De la religion en même temps que celui de Constant. Félicité de Lamennais publie en effet en deux livraisons, l’une en 1825, l’autre en 1826, son ouvrage De la religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et civil1. Lamennais est clairement de l’autre bord : il défend l’E´glise catholique et la royauté. Il dénonce le système politique de la Restauration comme étant une démocratie qui ne veut pas dire son nom, un État indifférent, sans principe, tolérant, et par là même opposé au christianisme. Le titre de son second chapitre est limpide : Que la religion, en France, est entièrement hors de la société politique et civile, et que par conséquent l’Etat est athée. Lamennais dénonce la solidarité de la Révolution française, de la philosophie du XVIIIe siècle et du protestantisme. Il tend même à exclure la lecture différenciée pour laquelle optera Constant en construisant une alternative polémique entre le christianisme pris dans la figure du catholicisme traditionnel et l’athéisme2. Hors de l’E´glise, point de salut. Cependant, dans la partie pu1
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Œuvres complètes de Félicité de Lamennais, t. II, Bruxelles : Haumann, 1839, pp. 5–94 (également dans Œuvres, introduction de Henri Guillemin, Genève : Editions du Milieu du Monde, s.d. [1948 ?], pp. 27–297). Voir l’ouvrage essentiel de Jean-René Derré, Lamennais, ses amis et le mouvement des idées, pp. 267–274. «Il est impossible de rien comprendre à ce qui se passe sous nos yeux, si l’on ne reconnaît d’abord, dans les deux mouvements opposés qui agitent le monde, la continuation de la guerre que l’athéisme déclara ouvertement, vers le milieu du dernier siècle, à la religion catholique, sa seule véritable ennemie ; et si l’on ne considère, d’une autre part, que cette guerre, plus vive qu’elle ne le fut jamais, a totalement changé de nature, en ce qu’autrefois l’athéisme, n’ayant à ses ordres que des soldats dispersés et sans presque aucune organi-
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bliée en 1826, qui comprend les six derniers chapitres du livre1, sa critique du gallicanisme le conduit à préférer la séparation de l’E´glise et de l’E´tat à la corruption de l’E´glise par la politique. En effet, le principe même du gallicanisme contredit à l’autorité de l’E´glise et n’est que l’expression de sa dissolution. S’il réitère sa critique du protestantisme et notamment du De la religion de Constant qui «déclame avec chaleur contre l’institution du sacerdoce» et «réduit la religion à un sentiment indéfinissable»2, c’est conformément à sa critique religieuse et sociologique des effets conjugués de l’esprit démocratique et du protestantisme, transformant la société en «une vaste agrégation d’individus dépourvus de liens»3. S’il n’a pas encore embrassé la cause du «peuple», Lamennais est attentif aux bouleversements de la société, il cherche à en comprendre la crise et se prépare à s’engager dans une longue évolution politique4. Il est symptomatique que le tournant, pour beaucoup d’acteurs, se situe précisément dans ces années 1825–18265. Constant pouvait difficilement prévoir le contexte dans lequel paraîtrait un ouvrage couvé si longtemps et dont des plages de rédaction remontaient à des décennies antérieures. S’inscrivant cependant dans une lignée critique, il n’eut aucun mal à souligner, au moment de boucler la préparation du deuxième tome, toute la portée politique de l’opposition des religions sacerdotales aux religions indépendantes. L’évolution du contexte politique a manifestement marqué l’orientation de la révision du manuscrit. Le 29 mai
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sation, combattait la société publique, chrétienne alors, sinon dans ses membres, au moins dans ses lois, ses institutions, ses usages, ses maximes ; tandis que, maître aujourd’hui de cette société qu’il a conquise, il attaque avec toutes les forces qu’elle lui prête la religion, défendue seulement par des individus isolés» (Œuvres, t. II, p. 27 ; éd. Guillemin, p. 85). Avertissement, Œuvres, t. II, p. 10. Chap. 6, Œuvres, t. II, p. 48 ; éd. Guillemin p. 154. Chap. 5, Œuvres, t. II, p. 34 ; éd. Guillemin, p. 107 ; «Le protestantisme se ploie partout à ce qu’on demande de lui, parce qu’il n’a rien à conserver, ni dogmes, ni discipline ; partout il est esclave de la puissance temporelle, parce que, dépourvu de sacerdoce, il n’offre pas même les premiers éléments d’une société» (Œuvres, t. II, p. 34 ; éd. Guillemin, p. 109). Parti très à droite, il finira très à gauche. BC a pris connaissance du livre de Lamennais, voir notamment les extraits dans ses notes de lecture (OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 450–455). Lamennais commence son chapitre 9 ainsi : «Rien aujourd’hui de plus commun que de juger, d’après des souvenirs, des idées d’un autre temps et d’une autre société, sans tenir compte des changements survenus dans l’ensemble des institutions, et de la marche générale des choses, qui modifie les effets et souvent change la nature de ce qu’il y a de meilleur en soi» (chap. IX, Œuvres, t. II, p. 83 ; éd. Guillemin, p. 268). Une évolution comparable existe chez Victor Hugo, entre les premiers volumes d’Odes monarchistes (1822– 1823) et les Odes et ballades (1827), ouvertes à la modernité libérale. Après 1824, Chateaubriand observe lui aussi une évolution allant dans le même sens. Voir la remarquable étude de Paul Bénichou sur la genèse du «sacerdoce littéraire» en France en ces années, Le sacre de l’écrivain, Paris : Corti, 1973, pp. 111–192.
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1825, Charles X était sacré à Reims, renouant avec une tradition interrompue par la Révolution française1. Ce geste avait une signification réparatrice et expiatoire. Par lui, la monarchie entendait refermer la parenthèse révolu` rebours d’une tionnaire et resserrer les liens entre la royauté et l’E´glise. A lecture conciliante de la Charte qui insisterait sur l’autonomie du pouvoir politique, le sacre soulignait la primauté du pouvoir spirituel sur la royauté et rappelait que le roi lui-même avait fondamentalement une fonction sacrée. Associée à une recrudescence de mesures répressives, le sacre devenait l’emblème de la volonté d’étouffement des aspirations politiques des nouvelles couches sociales issues de la Révolution, voire d’une abolition de l’épisode révolutionnaire et impérial considéré, selon les catégories des penseurs contre-révolutionnaires, comme un péché à expier2. Cette mise en scène constituait pour les libéraux une provocation en même temps qu’une menace. Constant avait anticipé les dangers liés à la tentation d’un retour en arrière dès 1820 : «Je crois que l’abîme de la contre-révolution s’ouvre devant nous»3. Ses assauts contre la cléricature ainsi que son apologie de la tolérance et de la liberté religieuse constituent une réponse aux tentatives de resacralisation. Replongé dans le flux de «la marche des religions», cet épisode n’apparaîtrait bientôt plus que comme un soubresaut. 1
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Pour la description d’un témoin, voir Achille Darmaing, Relation complète du sacre de Charles X, avec toutes les modifications introduites dans les prières et les cérémonies et la liste de tous les fonctionnaires publics qui ont été appelés au sacre par lettre close, Paris : Baudouin Frères, 1825 (réédité aux Éditions Communication et tradition, Paris, 1996), notamment ce qui concerne la consécration du Roi, p. 63 et sv. : «Alors M. l’évêque de Soissons, faisant les fonctions de diacre, va chercher sur l’autel le saint-chrême et le présente à l’archevêque. Le roi à genoux, l’archevêque de Reims assis, tenant la patène d’or du calice de saint Remi, sur laquelle est l’onction sacrée, en prend avec le pouce droit et sacre le Roi. La première onction sur le sommet de la tête, en faisant le signe de la croix et en disant : «Je vous sacre Roi avec cette huile sanctifiée, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La seconde sur la poitrine, les deux cardinaux tenant la camisole et la chemise ouverte ; la 3e entre les deux épaules ; la 4e sur l’épaule droite ; la 5e sur l’épaule gauche ; la 6e au pli du bras droit ; la 7e au plis du bras gauche, faisant à chaque onction le signe de la croix et répétant la même prière. M. l’évêque diacre essuie les onctions à mesure qu’elles sont faites» (p. 64). Sur les tentatives de re-sacralisation de la société dans les années 1820 et surtout à partir de 1825 avec le «Sacre» de Charles X, outre la Relation de Darmaing citée plus haut, on peut voir également l’ouvrage de Landric Raillat, Charles X. Le sacre de la dernière chance, Paris : O. Orban, 1991, notamment le chapitre II : «Quel sacre possible en 1825 ?» (pp. 57–98). Le thème est partagé par Bonald, de Maistre ou Ballanche. Stephen Holmes voit dans le sacre une «véritable mise en scène cérémonielle de la conception ultra-royaliste de la Légitimité», citant Marc Bloch soulignant la vanité de cette dernière tentative pour «rendre à la monarchie le lustre du miracle» (Les rois thaumaturges, Paris : Gallimard, 1983, p. 404), S. Holmes, Benjamin Constant, p. 326. Discours à la chambre du 7 mars 1820 (BC, Œuvres [Pléiade], p. 1285).
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Vers l’histoire des religions La réorientation du projet initial sur le «polythéisme», commencé dans l’esprit non seulement anticlérical, mais aussi antichrétien des Lumières, en défense et en illustration de la valeur du sentiment religieux comme fondateur de la modernité politique a entraîné des modifications substantielles du schéma initial du livre. Elle n’a pourtant pas modifié profondément l’outillage conceptuel utilisé par Constant. Quoiqu’engagé dans une revue de la diversité des formes des religions antiques, sans que les contours de son enquête soient absolument établis, il n’envisage aucunement un travail direct sur les sources, mais se contente d’organiser une vaste matière glanée dans ses lectures. Les principes qui président à ses choix sont d’ordre intellectuel. Non seulement il se place sous la dépendance des historiens et mythographes, mais il suit les philologues et les traducteurs. C’est un point essentiel pour marquer sa distance encore très grande d’avec une démarche de mythologie comparée. Il est loin de Friedrich Schlegel, de Franz Bopp, de Wilhelm von Humboldt. Ses incitations à la comparaison relèvent encore largement d’un paradigme de l’anthropologie empruntée aux Lumières. La position stratégique du fétichisme en témoigne, comme on l’a vu plus haut. C’est pourquoi les attendus politiques de l’ensemble restent constamment perceptibles. Non seulement les catégories que se constitue Constant relèvent d’une abstraction dont la pertinence historique est plus que douteuse, mais surtout son indifférence à la dimension linguistique l’éloigne d’emblée des travaux comparatistes qui se développaient à son époque. Bien sûr, il a lu les philologues allemands et consacre notamment des pages remarquables à Friedrich August Wolf, mais c’est toujours l’argumentation qui l’intéresse, non la matière verbale ou l’historicité des textes. Le langage lui est si indifférent qu’il travaille aussi aisément avec des traductions qu’avec les originaux, sans jamais signaler la différence d’autorité qui peut en résulter, ni considérer sérieusement les cas où la lettre engage l’interprétation. Il s’agit là d’une disposition générale, qui excède l’indisponibilité, au moment où il rédige, de tel ou tel ouvrage que pourtant il a lu. Il peut ainsi utiliser la traduction allemande de Du culte des dieux fétiches du président de Brosses, dont il a évidemment pratiqué la version originale. Mais il cite Homère ou Hésiode sans indiquer l’édition (ou la traduction) utilisée, comme s’il y avait «un» Homère, alors même que sa discussion du livre VIII le montre averti du caractère hautement problématique de cette dénomination. De même, on ne rencontre par de réflexion sur les noms, sur le lexique, sur la proximité ou non de différentes langues. Le langage, dans ses diffé-
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rentes modalités, est d’abord un instrument de pouvoir, comme la discussion des hiéroglyphes le montre bien. C’est dans une perspective encore marquée par les combats des Lumières qu’il l’envisage : le moyen d’une communication ou de sa rétention. L’idée de passer par la comparaison des langues pour comparer des représentations, idée qui trouve son expression achevée dans les écrits de Humboldt, ne l’effleure pas. Constant reste en deçà de ce programme. Pourtant, ce décrochage par rapport au paradigme bientôt triomphant de la linguistique comparée est aussi ce qui l’a préservé de ses égarements, quand on commença à coupler les familles linguistiques avec une généalogie des races1. En situant son propos à un niveau plus abstrait que celui des influences historiques, il proposait un schéma interprétatif susceptible d’inspirer des recherches empiriques plus libres, et pouvait par la suite se trouver mieux en phase avec des approches plus structurales. Bien que l’ouvrage ne relève pas encore de l’histoire comparée des religions, qui se développera notamment avec l’adaptation procurée par Guigniaut de la Symbolique de Creuzer à partir de 18252, il pose une ligne de recherche qui marquera un mode de questionnement particulier des religions que l’on retrouvera jusque chez Renan. En effet, celui-ci place au début de ses Études d’histoire religieuse une revue de la synthèse de Guigniaut qui prend en compte l’état de la question en Allemagne depuis Wolf, Heyne et Creuzer. Le travail de Renan, appuyé sur un savoir philologique autrement plus développé, continuera à suivre une inspiration très voisine, opposant les registres de la spontanéité et de la réflexion. Il loue Guigniaut d’avoir «entrepris de réparer un arriéré de plus d’un demi-siècle, et de rendre accessibles les trésors de saine érudition que l’Allemagne avait en1
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Pour ces vicissitudes, voir Maurice Oldender, Les langues du paradis, Paris : Gallimard/Le Seuil, 1988 ; du même, Race sans histoire, Paris : Galaad, 2005 ; pour l’histoire des religions subséquente, voir H. G. Kippenberg, Die Entdeckung der Religionsgeschichte. Religionswissenschaft und Moderne, München : C. H. Beck, 1997 ; Renate Schlesier, Kulte, Mythen und Gelehrte. Anthropologie der Antike seit 1880, Frankfurt : Fischer, 1994 ; Volkhard Krech, Wissenschaft und Religion. Studien zur Geschichte der Religionsforschung in Deutschland 1871 bis 1933, Tübingen : Mohr, 2002 ; Friedrich Wilhelm Graf, Die Wiederkehr der Götter. Religion in der modernen Kultur, München : Beck, 2007 ; Hermann Usener und die Metamorphose der Philologie, hrsg. von Michel Espagne und Pascale Rabault-Feuerhahn, Wiesbaden : Harrasowitz, 2011 ; pour la France, Perrine Simon-Nahum, «L’histoire des religions en France autour de 1880», Revue germanique internationale, 17, 2002, pp. 177–192. Religions de l’antiquité, considérées principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques ; ouvrage traduit de l’allemand du Dr Frédéric Creuzer, refondu en partie, complété et développé par J. D. Guigniaut, Paris : Treuttel et Würtz : [puis] J.-J. Kossbühl : [puis] Firmin-Didot frères, 1825–1851, 4 tomes en 10 vol.
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tassés pendant que la France continuait les traditions de critique superficielle du XVIIIe siècle»1, autrement dit de compléter de façon plus savante ce que Constant avait entamé. Comme lui, il se tient à distance des lectures réductrices par rationalisme excessif autant que de l’engouement pour les mystères et les symboles. Renan voit lui aussi dans le sentiment le moteur des religions : «Le sentiment religieux porte en lui-même sa certitude que la raison ne saurait ni fortifier ni affaiblir»2. Le sentiment se trouve sollicité comme la forme de conscience susceptible de rendre compte des divers aspects assumés par les religions historiques. Collaborateur de Guigniaut, Alfred Maury analyse lui aussi l’histoire des religions antiques à la lumière du sentiment religieux3. Le maintien d’une subjectivité critique du côté de l’historien et du respect de la dimension subjective du côté des phénomènes religieux constitue une originalité souvent menacée de l’histoire des religions, qui sera relayée au XXe siècle par la phénoménologie et l’anthropologie. Au XXe siècle, Lucien Lévy-Bruhl interroge les pratiques et les représentations de l’«âme primitive» à partir du sentiment, qu’il conçoit comme une conscience encore non séparée4. D’autres ponts pourraient être lancés5. Il suffit ici d’indiquer qu’il y va sans doute, avec De la Religion, de l’esquisse d’une forme originale d’histoire des religions. Conclusion De la Religion dégage la toile de fond, tissée pendant plus de 40 ans, sur laquelle se détachent les pensées politiques et les interventions plus ponctuelles de Constant. Ce travail pénélopéen fut loin d’être vain : il permet de 1
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5
E. Renan, «Les religions de l’Antiquité» (1851), Études d’histoire religieuse, Paris : M. Lévy frères, 1851, édition définitive établie par Henriette Psichari, Paris : Gallimard, 1992, p. 37. Études d’histoire religieuse, p. 57. Alfred Maury (1817–1892), Histoire des religions de la Grèce antique, Paris : Ladrange, 1857–1859, préface : «Je suis le progrès des idées par cela seul que je m’attache à marquer les époques, car rien n’est immobile dans ce qui touche à l’homme, quoique le fond sur lequel ce mouvement s’accomplit demeure immuable. Les religions ont été, chez les anciens, des formes plus ou moins passagères d’un sentiment éternel» (p. xi). Rappelons que Lévy-Bruhl commença sa carrière par un livre consacré à Jacobi, une référence de la pensée du sentiment pour BC. Voir surtout ses considérations tardives recueillies dans les Carnets, Paris : PUF, 1998. Michel Nicolas le cite dans ses Essais de philosophie et d’histoire religieuse, Paris : Michel Lévy, 1863, p. 214. Ernest Havet, proche également de Renan, renvoie à BC comme prédécesseur dans son ouvrage en 4 volumes Le christianisme et ses origines, Paris : Michel Lévy, 1871–1884, préface, p. xxxiii. Pour une analyse de la transition entre la philosophie de la religion et l’histoire des religions, voir Hans G. Kippenberg, Die Entdeckung der Religionsgeschichte. Religionswissenschaft und Moderne, München : C. H. Beck, 1997, pp. 13–43.
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reconstituer sa conception de la subjectivité, qui donne à sa pensée politique libérale son fondement original. Constant est bien dans une tradition de pensée proche de Locke, Kant, voire Humboldt, qui se caractérise par son absence d’utilitarisme et de priorité a` l’économique. Son éloignement des Idéologues et de la tradition française privilégiant l’amour-propre comme motif principal des actions humaines, des Moralistes à Helvétius et d’Holbach, s’exprime directement dans son engagement pour la liberté religieuse. Pourquoi cependant Constant crut-il nécessaire de conférer à cette entreprise une tournure encyclopédique qui la rendait impossible à réaliser ? Quel rapport entretiennent la démonstration philosophique et l’exposé savant ? Comment ces deux plans parviennent-ils à s’articuler ? Ne tendent-ils pas plutôt à se fuir ? On a l’impression que, fort de son information récoltée lors de longues campagnes de lecture, Constant engage le combat sur un double front, et que ce combat est finalement ce qui lui tient à cœur. D’une part, il lui faut régler ses comptes avec le discours anthropologique des Lumières, qui tendait à la réduction du phénomène religieux en proposant de l’émergence des religions une explication fondée sur le fétichisme, le mythe, le préjugé et le rôle funeste des prêtres. Or une telle lecture ne laissait guère de place à la subjectivité, à la croyance vécue comme une promesse de libération. C’est du côté de l’Aufklärung allemande, où la théologie participait de l’effort des Lumières au lieu d’en être, comme en France, l’adversaire, qu’il trouvera une solution pour sortir de cette alternative stérile. D’autre part, en traitant principalement des religions antiques, l’éloignement historique des conflits entre le sentiment religieux et les formes ossifiées et dogmatiques de la religion permettait de mettre en scène, à un plus grand degré de généralité, la lutte de la liberté individuelle pour la reconnaissance au cours de l’histoire, lutte qui n’était pas sans susciter des échos dans l’actualité. Les différentes scènes historiques où se présente la religion montrent le conflit fondamental qui se rejoue sous des modalités sans doute toujours diverses, mais entre les mêmes puissances concurrentes. L’actualité politique est inscrite dans ce schéma. Mais, précisément, n’y a-t-il pas une contradiction entre la recherche d’un fondement pour la liberté dans une forme originale de subjectivité et l’exposition d’une fresque historique qui relève d’une «philosophie de l’histoire» alternative ? Le modèle de Constant a beau être structure´ par le conflit entre une instance subjective aspirant à la reconnaissance et des formes où celle-ci se réalise temporairement de façon toujours inadéquate, il n’en reste pas moins que le principe général d’une «marche des choses» est ce qui structure la progression historique dans son ensemble. Il peut bien y avoir des moments d’accélération, comme quand Moïse fournit un arsenal législatif tout prêt à son peuple assorti du message de l’unicité de Dieu,
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De la Religion, III
affolant les positions des prêtres égyptiens. Il peut aussi y avoir des moments particulièrement heureux, quand les Grecs inventent une religion qui se passe apparemment des prêtres. Mais ces réalisations ponctuelles de la téléologie de la liberte´ ne laissent pas de s’inscrire dans une progression d’ensemble qui semble devoir nous porter inéluctablement vers l’affirmation de la plus grande liberté religieuse dont le modèle est incontestablement les formes de protestantisme éclairé que présentaient l’Allemagne contemporaine. Mais n’est-ce pas dire que le religieux est voué à passer à terme intégralement dans l’histoire des religions, conformément aux contradictions mêmes du protestantisme éclairé ? La mise en scène du sentiment au cours de l’histoire annonce aussi d’emblée son historisation comme inéluctable. Pour autant, il ne paraît nullement que Constant ait eu effectivement en vue une résorption du religieux. Son rejet de l’anthropologie des Lumières y contredit. Le sentiment est fondamentalement une aspiration à la liberte´ qui, émanant d’une disposition religieuse, comme chez Schleiermacher, transcende les autres champs et trouve, chez Constant, son expression privilégiée dans le domaine politique. Dans cette perspective, l’histoire religieuse semble fonctionner chez lui comme une sorte de «base arrière» des luttes politiques, lui fournissant des ressources et des élans. Sans le décalage entre l’exigence religieuse et son histoire, la dynamique historique menacerait de se clore. Cette menace accompagne les périodes de glaciation despotique, et fut clairement un des dangers de l’ère napoléonienne. En ces situations, la liberté transcendantale, dont le sentiment religieux est le témoin historique, court le risque d’être reprise par le «cours des choses», historisée à son tour, tarissant la «source», pour reprendre le terme du soustitre de Constant, qui fait de l’histoire, précisément, une histoire de la liberté. Par ce long détour, que d’aucuns jugeront disproportionné, il importait à Constant de montrer que la liberté ne peut jamais être durablement asservie. D. Th.
Historique du texte Le tome II de De la Religion paraît le 15 octobre 1825. C’est sans aucun doute un événement qui fait date dans la vie quotidienne de Constant, libéré enfin d’un grand poids. Mais libre aussi pour continuer le travail de rédaction au volume suivant. Les efforts d’organisation de ce volume sont déjà perceptibles pendant la phase finale de la rédaction du tome II. Ils consistent surtout dans le travail pratique de mise en ordre dans les papiers, opération nécessaire pour pouvoir attaquer l’écriture en partant de matériaux déjà
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disponibles, travail de triage et de classification, de lectures à faire1, de révisions critiques de textes déjà rédigés, de planification des volumes qui restent à concevoir et, surtout, dans la confection d’un nouveau manuscrit qui offre, dans un état certainement provisoire, une version probablement complète ou presque complète des livres et des chapitres destinés à trouver une place dans le nouveau volume. Nous allons voir que ce projet se réalisera en plusieurs étapes et que le plan pour organiser la distribution des matières de ce volume prévoyant d’abord quatre livres sera bouleversé à deux reprises : une première fois au cours de la rédaction du tome III, parce que Constant se croyait obligé de prévoir deux livres supplémentaires ; une seconde fois pendant l’impression, en bouleversant profondément le texte, ce qui aboutira presque à une catastrophe. Le travail de rédaction se fait en cinq étapes, à savoir : la confection d’un manuscrit sur fiches ; la rédaction d’un manuscrit du tome III, organisé «comme pour l’impression» ; une première refonte de l’ouvrage qui est documentée par un troisième manuscrit ; la mise au net du texte de ce volume par un secrétaire, qui deviendra la copie à remettre à l’imprimeur. Cette dernière subira pendant l’impression une transformation radicale qui aboutira au texte imprimé. Le manuscrit de ce travail subsiste, mais précisons qu’on n’a aucune trace de la mise au net de ce grand brouillon, pourtant indispensable pour l’atelier de l’imprimeur Didot. 1. Les manuscrits sur fiches. Pour ce qui est des manuscrits sur fiches, nous savons que Constant dispose, outre des livres du Grand Quarto bleu, d’anciens manuscrits plus ou moins complets, plus ou moins achevés qui offrent le texte ou des parties du texte de certains chapitres à prévoir pour le volume qui se prépare2. Ces matériaux exigent un examen critique duquel 1
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Voir pour le premier projet de travail de ce genre le Carnet de notes depuis le 29 septembre 1825, la note «Ordre de travail pour le 3e vol.» (OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 551). La note qui suit immédiatement esquisse un calendrier possible avec la date du 1er octobre 1826 pour l’impression du volume. Même si cette dernière commence en fait trois mois plus tard, les différentes étapes esquissées ici resteront presque inchangées. Ces entrées sont confirmées par la lettre que BC adresse le 6 octobre 1825 à Rosalie, dans laquelle il analyse de manière très lucide les raisons pour lesquelles son ouvrage sur la religion est contraire à l’esprit de l’époque : «Nous sommes dans un moment où tout ce qui n’est pas positif, tout ce qui ne rapporte pas un produit matériel, semble n’être qu’un amusement de l’esprit, et une perte de temps. Je ne trouve pas de public qui puisse sympathiser avec mes idées. Tout ce qui n’est pas machine à vapeur est une rêverie. Je travaille maintenant au troisième volume, en attendant les Chambres. Je voudrais qu’il parût au printemps prochain, sans quoi je ne le publierais pas de toute l’année, [...]» (Corr. Rosalie, p. 268). La date envisagée dans cette lettre est un souhait nettement trop optimiste. Les suppositions du Carnet de notes sont plus réalistes, et même celles-ci devront être corrigées par la suite. Citons, à titre d’exemple, le manuscrit fragmentaire de l’ouvrage sur la religion, conservé à Lausanne sous les cotes Co 3449 et Co 3460, 36 folios en tout. Le manuscrit est datable de
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De la Religion, III
sortira une refonte sous la forme d’un manuscrit sur fiches. Nous connaissons plusieurs exemples de ce type de manuscrit : celui, fragmentaire, pour le dernier chapitre du livre V de De la Religion1, les différents manuscrits sur fiches pour le tome III, dont le plus important est le manuscrit MF1, ou encore un autre, également fragmentaire, pour le tome IV. Ces deux derniers manuscrits ne formaient à l’origine qu’un seul, comme le prouve la numérotation continue des fiches. Nous y reviendrons2. Constant commence la rédaction de manuscrits sur fiches pour le tome III probablement pendant l’impression du tome II. Il est impossible de décrire ce travail avec la précision souhaitable, puisque les fragments à notre disposition n’admettent que des hypothèses très générales. Il faut distinguer deux lots nettement différents, un premier qui comprend la grande série de fiches établie sans aucun doute après l’achèvement de l’impression du tome II, parce que le manuscrit fourni à l’imprimeur a servi pour fabriquer ces fiches, et un second, une série de fiches matériellement homogènes, mais représentant probablement plusieurs tentatives de rédaction pour le chapitre III du livre VI. Nous y reviendrons plus loin3. Le grand manuscrit autographe sur fiches pour le tome III a été établi à une date que nous ignorons, mais sans doute proche de la publication du tome II puisque Constant se sert du manuscrit de ce même volume que l’imprimeur lui avait restitué pour fabriquer les fiches. La nouvelle rédaction du tome III, comme d’ailleurs tous les textes rédigés sur fiches, offre une version en continu, avec cette particularité que chacune des fiches numérotées ne contient qu’une seule idée, le plus souvent même qu’une seule phrase. L’avantage de cette présentation est la souplesse. Il est facile de déplacer des phrases ou des morceaux plus ou moins longs en changeant le numéro d’ordre des fiches. Il est facile d’élargir le texte en ajoutant une nouvelle fiche avec des numéros bis, ter, quater, etc., procéde´ souvent utilisé par Constant qui peut ainsi profiter d’anciennes versions des passages en cause, de manuscrits divers pour en tirer des formulations ou des nuances à ajouter, des notes de lecture qui étoffent l’argumentation ou complètent les renvois de ses propres notes de bas de page. Nous supposons que l’état très souvent lacunaire des manuscrits sur la religion que nous possédons est
1 2 3
1821 environ et correspond, en grande partie, aux plans de l’ouvrage en dix livres (Co 3289 et Co 3270). Sont conservés une partie de l’introduction, des chapitres fragmentaires des livres III et IV, ainsi qu’une version différente du premier chapitre du livre VI. Dans un souci de clarté, nous écartons ce manuscrit de l’établissement du texte du t. III de De la Religion puisqu’il représente un état précédent du texte. On se reportera, pour plus de détails, au t. XVI des OCBC. BCU, Co 3435/9. Voir ci-dessous, p. 93. Voir ci-dessous, pp. 443–460.
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dû, en partie du moins, à cette technique d’écriture. Constant élimine des feuilles dont il n’a plus besoin, il les découpe pour ne garder que ce qui peut encore servir ou pour coller des morceaux de ces manuscrits sur une autre page au lieu d’en copier le texte. Nous savons aussi qu’il les utilise en partie pour en faire des fiches, témoignages d’états perdus qui résistent très souvent aux efforts des critiques engagés dans la reconstitution des stades antérieurs d’un certain texte. Ce que nous venons de dire en règle générale est confirmé par le manuscrit sur fiches du tome III que nous connaissons. Il était pour Constant un document transitoire et offre, dans la mesure où nous pouvons le vérifier, un texte proche, néanmoins différent, de celui de la version publiée. Mais c’est ce texte sur fiches, et non pas les nombreux fragments de rédactions parallèles, le plus souvent antérieures, qui est d’importance pour la reconstitution d’une partie considérable du travail d’écriture au tome III1. Il est certain que les livres VI, VIII et XI (numérotation des livres avant celle de l’imprimé) sont concernés. Aucune fiche pour le texte du livre VII n’a pu être retrouvée. Nous supposons que le livre IX a connu une rédaction sur fiches, mais excluons le livre X qui n’a pas été rédigé non plus lors du travail au manuscrit suivant, que nous désignons par le Grand manuscrit du tome III. Du manuscrit sur fiches, nous possédons les fragments suivants : Le manuscrit sur fiches num. des fiches
num. des livres et chapitres du ms.
Cote des bibliothèques
1–64ter
livre VI, chap. I
livre VI, chap. I
Co 3267
65–164
livre VI, chap. II
livre VI, chap. II
Co 3267
livre VI, chap. III
livre
Co 3267
bis
164 –186
〈187–229〉, 230, livre VI, chap. ? 〈231–246〉, 247, 〈248–275〉, 276, livre VI, chap. VII
1
num. des livres et chapitres de l’imprimé
VI,
chap.
III
livre VI, chap. ? livre VI, chap. ? livre VI, chap. ?
Co 4725, fo 46ro Co 4725, fo 47ro Co 3267
Nous tenons à préciser déjà ici que les très nombreux fragments de textes qu’on trouve dans le chapitre V de la partie complémentaire du présent volume constituent un dossier hétéroclite. On y trouve des fragments de manuscrits anciens, dont le texte est parfois assez proche du texte définitif, des versions abandonnées de certains passages, des documents de travail, des ébauches souvent sténographiées de quelques phrases ou même de plusieurs alinéas à la suite. Ces documents fournissent donc des détails du travail d’écriture, mais ne permettent guère d’émettre des hypothèses sur la structure de l’ouvrage.
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De la Religion, III
〈277–335〉, 336, livre VI, chap. VII 〈337–388〉 livre VI
livre VI, chap. VI livre VI?
Co 4725, fo 48ro −
389–448
livre VIII, chap. I
livre VII, chap. VII
BnF, NAF 18823, fo 111 Co 3267
449–518
livre VIII, chap. II
livre VII, chap. IX
Co3267
〈519–540〉, 541–542, 〈543–553〉 554–555, 〈556–7101〉
livre VIII, chap. ? livre VIII
livre VII, chap. X
livre VIII livre IX ?
livre VII, chap. X
〈711–825〉, 826, livre XI, chap. ?
livre VIII, chap. III
〈827–873〉
livre
874 et suiv.
livre XI
− Co 3267 − Co 3267 −
VIII
Co 3267, fo 1158vo −
livre IX (t. IV)
Co 3267
La série de fiches ainsi restituée ne pouvait contenir la totalité du texte du tome III. La numérotation des fiches indique évidemment la succession des notes, et les fiches des trois premiers chapitres du livre VI correspondent très exactement aux pages qu’on trouvera pour ce texte dans la copie autographe de Constant, ce qui permet d’estimer la dimension approximative du texte dont les fiches ont disparu. C’est ainsi qu’on peut dire que le texte des chapitres IV à VIII du livre VI pouvait très bien tenir dans les 200 fiches perdues (187–388) à la fin de la première série. Aucune fiche pour le livre VII du manuscrit n’a été retrouvée. La série de fiches qui suit contenait des morceaux du livre VIII, le texte des deux premiers chapitres. Sont conservées également quelques fiches d’un chapitre suivant. Toute la série des fiches (jusqu’à la fiche 710 environ) aurait pu absorber la totalité du texte du livre VIII. Aucune fiche pour les livres IX et X n’est attestée. La seule fiche conservée de la dernière série (711–873) contient un fragment de texte du dernier chapitre du livre XI (livre VIII de l’imprimé). La rédaction sur fiches servait à surveiller les matériaux à réunir, surtout à éviter des contradictions qui pouvaient résulter de l’hétérogénéité des manuscrits. L’état lacunaire du manuscrit sur fiches n’est certainement pas toujours le résultat d’une perte. La rédaction partielle s’explique aussi par 1
Les chiffres 710 et 711 (à la ligne suivante) sont hypothétiques. Nous voulons indiquer ainsi approximativement la césure entre les livres VIII et IX.
Introduction
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l’état des sources. Le livre VII du manuscrit était sans doute plus achevé et n’exigeait pas une refonte par la copie sur fiches. Le livre X par contre n’existait pas encore et ne pouvait faire l’objet d’une nouvelle rédaction. Les parties non conservées des livres VIII et XI sont des pertes, car nous pouvons déduire de la numérotation qui reprend avec la fiche 874 que les fiches précédentes ont duˆ exister. Le fait que Constant ne recommence pas la numérotation des fiches pour les matériaux qui passeront dans le t. IV de De la Religion suggère que les structures de l’ouvrage n’étaient, à ce stade du travail, pas encore définitivement arrêtées. Résumons nos réflexions pour faire un pas de plus. La nouvelle étape de l’écriture est envisageable pour Constant à partir du mois de septembre 1825, donc pendant que l’impression du tome II est en cours. La note du 4 septembre 1825 qu’on trouve dans le Carnet des notes depuis le 29 septembre 1824 en est la preuve irrécusable : «Effacer de la nouvelle copie du 3e volume tout ce qui a été employé dans le 2d»1. Il ne parle évidemment pas d’un manuscrit qui existe déjà, mais d’un manuscrit à rédiger, soit du manuscrit sur fiches. Il est évident aussi qu’il s’agit d’un travail à long terme, qui touche à sa fin au début du mois d’août 1826, comme le prouve une des entrées de son Cahier de notes : «Copier comme pour l’impression les six livres qui forment le 3e volume»2. Cette note nous apprend que le manuscrit sur fiches sera remplacé par un autre dont nous parlerons par la suite, et elle nous révèle du coup les grandes lignes du nouveau plan du tome III. Il formera un ouvrage en six livres, et non pas en quatre comme c’était prévu dans un premier temps, et il a déjà atteint les contours d’un ouvrage prêt à être publié. 2. Le Grand manuscrit intégral du tome III. Le manuscrit, également autographe, qui offrira le texte complet, à l’exception du livre X, de l’avantdernier état du troisième volume de De la Religion, sera élaboré à partir des fiches, copiées pour «refondre le tout et en faire une rédaction suivie»3. Pour compléter la documentation, Constant a recours surtout au Grand Quarto bleu, mais aussi à d’autres manuscrits plus anciens dont nous apercevons l’existence, sans pouvoir fournir de détails précis, notamment sur leur datation ou sur le cadre dans lequel ils seraient à replacer.
1 2 3
Voir OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 549. BC a donc commencé ou commencera sous peu la nouvelle copie des matériaux de ce volume. Voir OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 569, note du 3 août 1826. Cette note est postérieure au changement du plan général du volume. Cela signifie que la première copie sera retravaillée en intégrant les nouvelles recherches, préparant ainsi la suite : «revoir ensuite quelles recherches j’aurais encore à faire» (OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 551).
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De la Religion, III
Les contours et le contenu du Grand manuscrit nous sont assez bien connus, bien qu’il ne soit conservé que partiellement, grâce à quelques circonstances dont nous devons esquisser ici l’essentiel. Nous commençons par le contenu, en reproduisant la table des matières détaillée d’un premier état du manuscrit qui se lit dans le Carnet de notes1. La présentation de la matière et la marche de l’argumentation subiront encore des modifications dont nous parlerons par la suite2. Table des matières du tome
III
Livre VI. Des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotal. Chapitre 1. De la combinaison du culte des éléments et des astres avec celui des fétiches. Chapitre 2. Exemple de cette combinaison chez les Égyptiens. Chapitre 3. Erreur expliquée par cette combinaison. Chapitre 4. Des peuples auxquels on a le plus généralement attribué le théisme. Chapitre 5. Du prétendu théisme des Indiens. Chapitre 6. Du prétendu théisme des Perses. Chapitre 7. Encore un mot sur le théisme hébraïque. Chapitre 8. Résultat des considérations ci-dessus.
1–13 14–35 36–37 38–40 41–62 63–75 76–83 84–893
Livre VII. Des éléments constitutifs du polythéisme indépendant de la direction sacerdotale, comparés à ceux des religions soumises au sacerdoce. Chapitre 1. Que la combinaison décrite dans le livre précédent est étrangère au polythéisme qui n’est pas soumis aux prêtres. 90–93 Chapitre 2. De l’état des Grecs, après leur entrée dans la civilisation, par l’action des colonies. 94–95 Chapitre 3. Que la figure des dieux s’embellit dans le polythéisme homérique. 96–97 Chapitre 4. Que la figure des dieux dans le polythéisme sacerdotal reste stationnaire. 98–115 Chapitre 5. Du caractère des dieux homériques. 116–137 Chapitre 6. Des efforts du sentiment religieux pour s’élever audessus de la forme qui constitue la croyance des temps héroïques. 138–146 147– Chapitre 7. Du caractère des dieux du polythéisme sacerdotal4. Chapitre 8. D’une notion tirée [...] etc. 1 2 3 4
Voir le Carnet de notes depuis le 29 septembre 1824, OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 569–570, 570–571, 571, 574 et 575. Voir ci-dessous, à partir de la p. 100. Ce chiffre corrigé d’après l’entrée du Carnet de notes, p. 572. BC ne peut pas encore donner le nombre exact des pages des chapitres 7 et 8 du livre VII. La suite de la table montre pourtant que le problème a été résolu.
Introduction
Livre VIII. Des notions grecques et sacerdotales sur la destinée. Chapitre 1. Des notions grecques sur la destinée Chapitre 2. Des moyens employés par les nations indépendantes des prêtres pour pénétrer dans les secrets de la destinée. Chapitre 3. Des notions sacerdotales sur la destinée. Chapitre 4. Des moyens de communication des prêtres avec leurs dieux dans les religions sacerdotales. Chapitre 5. Des notions grecques sur l’autre vie. Chapitre 6. Des notions sur l’autre vie dans les religions dominées par les prêtres. Chapitre 7. De la metempsychose. Chapitre 8. Des demeures des morts et de la description des supplices infernaux dans les religions sacerdotales. Livre IX Des dogmes particuliers au polythéisme sacerdotal Chapitre 1. Objet de ce livre. Chapitre 2. Pourquoi la suprématie d’un dieu sur les autres est beaucoup mieux établie dans le polythéisme sacerdotal que dans le polythéisme indépendant. Chapitre 3. Du caractère du dieu suprème dans le polythéisme sacerdotal. Chapitre 4. Des dieux inférieurs ou de la démonologie sacerdotale. Chapitre 5. Des divinités malfaisantes. Chapitre 6. Des divinités qui s’appliquent à séduire l’homme. Chapitre 7. De la notion de la chute primitive ou d’un péché originel. Chapitre 8. D’un dieu médiateur. Chapitre 9. Des divinités triples ou ternaires. Chapitre 10. De la destruction du monde1.
95 163–168 169–175 176–180 181–190 191–204 205–220 221–227 228–236 237
238–242 243–246 247–253 254–265 266–267 268–271 272–274 275–277 278–
Livre X. Principe fondamental des religions sacerdotales2. Chapitre 1. ? Livre XI. Disgression nécessaire sur les poèmes qui portent le nom d’Homère3. 1 2 3
Une fois de plus, BC ne précise pas le nombre des pages pour un chapitre. Le texte de ce nouveau livre X n’est probablement pas disponible. La note du 23 août 1826 parle d’une copie à faire (OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 574). La pagination de ce livre XI n’est pas corrigée, puisque BC doit rédiger d’abord le livre X dont la composition ne semble pas avancer. Nous ignorons les obstacles qui s’y opposent. Serait-ce une dissonance du concept général qui s’y annonce ? Faut-il supposer que le livre X est à l’origine du bouleversement profond qui a menacé l’impression du volume à l’été 1827 ?
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De la Religion, III
Chapitre 1. Nécessité de cette disgression. Chapitre 2. Que l’Odyssée nous présente un autre état social que l’Iliade. Chapitre 3. Qu’il en résulte une forme plus perfectionnée de la religion. Chapitre 4. Que la différence qui distingue l’Iliade de l’Odyssée s’étend au mérite littéraire. Chapitre 5. Question qui résulte des vérités ci-dessus. Chapitre 6. Que la composition de l’Odyssée et par conséquent sa mythologie sont d’une époque postérieure à celle de l’Iliade.
237 238–249 250–255 256–261 262–263 264–287
Cette table des matières est le seul document complet qui permette de se faire une idée de la structure du tome III tel que Constant l’envisageait au mois d’août 1826 après avoir quasiment terminé la rédaction du Grand manuscrit. La marche de l’argumentation et le poids de certains raisonnements est sensiblement différente de celle de la version imprimée. L’ouvrage, dans sa forme de 1826, comprend des thèmes qui seront rejetés par la suite au volume suivant, notamment tout ce qui concerne les dogmes particuliers au polythéisme sacerdotal. Cette table des matières du volume III est complétée et confirmée par deux «suites d’idées» détaillées dont nous connaissons quelques numéros. Les pages indiquées à la fin des entrées renvoient à ce manuscrit1. Ajoutons encore que la numérotation des pages, précise et sans accident jusqu’à la fin du livre VIII, comprend une numérotation concurrente pour les livres IX et XI de cette version du texte, qui commencent tous les deux avec la même page 237, pour courir dans le premier cas jusqu’à la page 278, dans le second jusqu’à la page 2872. Cette contradiction s’explique par le fait que le plan du volume, et avec ce plan la distribution des matières, a changé en cours de route. Le nouveau livre XI était prévu, dans un premier temps, après le livre VIII. Constant avait arrêté la numérotation du manuscrit de ce livre en attribuant la page 237 au premier folio de ce lot. Cette opération est datable d’avant le 22 août 1826. La révision du plan, survenue le 26 du même mois, fait du livre sur les poèmes d’Homère le dernier du tome III en intercalant deux nouveaux livres IX et X. Pour ce livre IX, Constant redistribue la numérotation des folios du manuscrit ; il arrive jusqu’à une page 278 avec laquelle commence le chapitre 10 du même livre. 1
2
Pour plus de détails et les textes voir ci-dessous, pp. 551–552 et 562–565. Le projet luimême, «faire une suite exacte d’idées», est annoncé dans le Carnet de notes à la date du 25 juin 1826 (OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 567). BC lui attribue une grande importance parce qu’il lui permet de surveiller plus facilement les détails de la rédaction, et surtout d’éviter les répétitions. La dernière page de ce chapitre 6 est indiquée dans une note récapitulative du Carnet de notes. Voir OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 572.
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Introduction
Le texte du livre X n’existe peut-être pas encore, de sorte que Constant n’a pu continuer à arranger le manuscrit du tome III. Nous ne connaissons que le titre de ce livre, mais pas les titres des chapitres. Cela explique aussi pourquoi la pagination définitive du nouveau livre XI n’est pas esquissée dans le Carnet de notes. Si le travail de composition du tome III en 1826 consiste surtout en réarrangements et copies de matériaux déjà disponibles sous forme de ce Grand manuscrit, nous ne devons néanmoins pas sous-estimer le travail de rédaction à proprement parler. Constant élabore de nouvelles versions des livres par étapes1, en partant de ces matériaux, en copiant son manuscrit sur fiches2, en intégrant ses notes de lecture ainsi que les livres du Grand Quarto bleu, en ajoutant enfin les résultats de nouvelles lectures. Cette stratégie lui permet d’avancer assez rapidement, de penser dès le mois de septembre à l’impression du volume et de prévoir pour cela une date autour du 15 décembre 1826, comme il ressort d’une note destinée au Carnet de notes3. Ces opérations, très claires en principe, se traduisent dans la pratique de tous les jours par des recherches assez complexes, des ébauches de parties de chapitre, des hésitations, des révisions permanentes de l’agenda et des retards inévitables. Le Grand manuscrit se retrouve partiellement dans les papiers de Benjamin Constant où les fragments conservés sont classés sous des cotes différentes. La reconstitution du manuscrit révèle des pertes considérables, des déplacements de chapitres ainsi que des ajouts parfois importants. Le tableau suivant montre l’état actuel des dossiers. Le Grand manuscrit de 1826 du tome
III
Livre VI. Des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotal. Chap. 1. De la combinaison du culte des éléments et des astres avec celui des fétiches. 1–13 non conservé Développements supplémentaires partiellement utilisés 11ter, 11VI, 11VII, 11XI, 11XIX
1
2 3
Voir l’entrée avant le 25 septembre 1826 du Carnet de notes. OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 577 et celle du 20 octobre, qu’on trouve dans le Livre verd et que nous avons intégrée dans le Carnet de notes (p. 582), comme nous l’avons expliqué (p. 581, n. 7 ; corriger dans cette note la dernière phrase en supprimant les mots «quelques jours» et en rétablissant la bonne année à la fin : «1825»). L’entrée du Carnet de notes du 23 août 1826 parle de ce travail. BC se propose d’avoir terminé la copie du manuscrit sur fiches (780 fiches en tout) le 31 août. Voir dans l’entrée du 20 octobre 1826 le no 16 (OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 582).
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Développements supplémentaires, deuxième série Chap. 2. Exemple de cette combinaison chez les Égyptiens. Développements supplémentaires nonutilisés Chap. 3. Erreur expliquée par cette combinaison. Chap. 4. Des peuples auxquels on a le plus généralement attribué le théisme. Note sur Berger1 Chap. 5. Du prétendu théisme des Indiens. Chap. 6. Du prétendu théisme des Perses. Chap. 7. Encore un mot sur le théisme hébraïque. Chap. 8. Résultat des considérations ci-dessus.
11ter, 11VII, 11X, 11XI 14–35
13/14, 18, 22, 24, 26, 28–29 35V–35VII, 35IX–35X
36–37
36
38–40
non conservé Co 4725, fo 98
41–62
non conservé
63–75
63–74
76–83
76–83
84–89
84–89
Livre VII. Des éléments constitutifs du polythéisme indépendant de la direction sacerdotale, comparés à ceux des religions soumises au sacerdoce. Chap. 1. Que la combinaison décrite dans le livre précédent est étrangère au polythéisme qui n’est pas soumis aux prêtres. 90–93 90–93 Chap. 2. De l’état des Grecs, après leur entrée dans la civilisation, par l’action des colonies. 94–95 94–96 Un nouveau chapitre qu’on trouvera dans l’imprimé Chap. 3. De quelques questions qu’il faut résoudre avant d’aller plus loin dans nos investigations 96bis–96XV, 96XVIII-XIX Chap. 3. Que la figure des dieux s’em-
1
La place de ce folio est hypothétique. Le papier, l’écriture, la disposition du texte sur la feuille, la copie soignée du texte, le sujet traité semblent confimer l’appartenance de ce folio au Grand manuscrit, ajouté sans doute au cours d’une des transformations du texte. Mais les premières et dernières lignes ainsi que la marge de gauche ont été découpées, ce qui a fait disparaître l’ancienne pagination. Le contexte suggère de le rattacher au chap. IV ou au chap. VI sur le théisme des Perses. Ce dernier chapitre deviendra une note développée dans l’imprimé, qui absorbera aussi la réfutation de Berger.
Introduction
bellit dans le polythéisme homérique. Chap. 4. Que la figure des dieux dans le polythéisme sacerdotal reste stationnaire. Chap. 5. Du caractère des dieux homériques. Chap. 6. Des efforts du sentiment religieux pour s’élever au dessus de la forme qui constitue la croyance des temps héroïques. Chap. 7. Du caractère des dieux du polythéisme sacerdotal1. Chap. 8. D’une notion tirée [...] etc.
96–97
non conservé
98–115
non conservé
116–137
116–137
138–146
138–146
147–
Livre VIII. Des notions grecques et sacerdotales sur la destinée. Chap. 1. Des notions grecques sur la destinée 163–168 Chap. 2. Des moyens employés par les nations indépendantes des prêtres pour pénétrer dans les secrets de la destinée. 169–175 Chap. 3. Des notions sacerdotales sur la destinée. 176–180 Chap. 4. Des moyens de communication des prêtres avec leurs dieux dans les religions sacerdotales. 181–190 Chap. 5. Des notions grecques sur l’autre vie. 191–204 Chap. 6. Des notions sur l’autre vie dans les religions dominées par les prêtres. 205–220 Chap. 7. De la metempsychose. 221–227 Chap. 8. Des demeures des morts et de la description des supplices infernaux dans les religions sacerdotales. 228–236 Livre
IX
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Des dogmes particuliers au polythéisme sacerdotal
Livre X. Principe fondamental des religions sacerdotales.
161
163–168
169–175 non conservé
184–190 191–203
non conservé non conservé
non conservé non conservé non conservé
Livre XI. Disgression nécessaire sur les poèmes qui portent le nom d’Homère. non conservé, à l’exception des dernières phrases du chap. 2 1
BC ne peut pas encore donner le nombre exact des pages des chapitres 7 et 8 du livre VII. La suite de la table montre pourtant que le problème a éte´ résolu.
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Nous constatons que les livres IX à XI du Grand manuscrit du tome III ne sont pas conservés, exception faite d’un fragment de la fin du chapitre II du livre XI, qui deviendra le livre VIII de l’imprimé. Cet état des choses suggère, pour le livre IX, l’hypothèse que cette partie du manuscrit a disparu avec le travail de rédaction pour le tome IV, la matière traitée étant passée dans ce volume ; pour le livre X, qu’il n’a jamais été rédigé ; pour le livre XI enfin, que Constant utilise les feuilles de ce livre solidement intégré dans le tome III pour en faire des fiches. Les parties conservées par contre, 105 folios en tout, auxquels s’ajoutent encore 21 folios nouveaux avec des développements supplémentaires, appartiennent aux livres VI et VII. Ce sont les livres qui ont subi les plus profondes transformations au cours du travail. Constant a donc jugé utile de les conserver jusqu’à la fin de l’impression. 3. Un troisième manuscrit du tome III ? Le Grand manuscrit ne servira pas à l’établissement de la copie pour l’impression. Constant procède, vers la fin de 1826, à une restructuration importante de l’ouvrage, pour des raisons qui nous échappent. Les traces de cette opération sont perceptibles dans le Grand manuscrit, reconnaissables aux folios intercalés. Nous supposons que le texte suivi qu’on trouve dans le Carnet de notes sur l’«ordre des idées du chap. 3 du 6e livre», ainsi que les entrées des pages suivantes, concernent ce travail1. La preuve en est un manuscrit fragmentaire sur fiches dont nous possédons trois séries de fiches qui se recoupent partiellement, ne se contredisent pas sur le plan de l’argumentation, même s’il est impossible d’y voir l’ébauche cohérente et suivie d’un chapitre2. Il s’agit au contraire de deux ou trois tentatives successives qui obéissent au plan esquissé dans le Carnet de notes et dans lesquelles on retrouve sans trop de difficultés le plan du chapitre V du livre VI de la version imprimée, même si celle-ci est beaucoup plus développée3. Voici l’objectif principal de ce plan : «En second lieu, la plupart des modernes ayant commis l’erreur infiniment grave de s’obstiner à croire contre l’évidence que la religion populaire des nations Sacerdotales dependoit essentiellement de la doctrine secrète de leur Sacerdoce, & n’étoit qu’une representation matérielle ou un voile plus ou moins transparent de cette doctrine, il y a beaucoup d’esprits auxquels nous ne parviendrions pas à persuader que notre exposé des notions religieuses de ces peuples est complet, si nous ne placions à côté de cet exposé celui de la doctrine des prêtres4.» Un texte suivi de cette nou1
2 3 4
Voir OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 582–585. Ces pages attestent une restructuration du t. III justifiée par la clarté et la cohérence de l’argumentation, mais aussi pour réduire les matières à traiter. Nous croyons comprendre que BC accepte un quatrième volume. Pour les détails de la description de ce dossier, voir ci-dessous, p. 445. Le chap. V de l’imprimé traite de la même matière que le chap. III du manuscrit. OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 583. Le texte est extrêment difficile à décrypter. Nous avons apporté deux corrections («lieu» pour «livre», «si» pour «ni»).
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velle rédaction n’est pas conservé. Mais il doit avoir existé, car Constant se décide à lancer l’impression. ` ces trois séries de fiches s’ajoute une quatrième, sur des feuilles du A même format, mais pas numérotées et conservées sous trois cotes dans le fonds Constant de la BCU1. Il s’agit de 27 folios dont le texte se retrouve dans le chapitre III du livre VI. La conformité du texte de cette dernière série avec la version imprimée est particulière à ces folios, qui ne sont peut-être que des morceaux découpés dans un manuscrit abandonné. Ils proviennent tous du même lot de papier, de sorte que leur format est peu variable. Nous datons ces folios de 1826. 4. Le manuscrit pour l’imprimeur. Le troisième manuscrit, fréquemment corrigé, truffé de rajouts, ne peut servir pour lancer l’impression de l’ouvrage. Constant fait établir une mise au net qui servira à l’imprimeur. Cette copie sera confiée au même secrétaire qui avait réalisé le manuscrit pour l’impression du volume II de De la Religion. Nous ignorons son nom, puisque les Livres de dépenses, qui donnent des mentions récurrentes des deux copistes précédents, Fénié et Méan, restent muets sur celui qui prendra la relève le 7 décembre 1824, date de la dernière mention de Méan. Le nouveau copiste, qui se distingue par une écriture très fine, claire, lisible et une mise en page soignée des textes, reste pour nous anonyme. Nous l’appellerons, faute de mieux, le copiste aux hampes longues. Le manuscrit destiné à lancer l’impression embrassait sans aucun doute le volume entier, du livre VI à un livre XI. Il suit évidemment le plan arrêté autour du mois d’octobre 1826. Nous en connaissons 56 folios, qui offrent des chapitres entiers ou des fragments de chapitres des livres VI, VII et XI de l’ouvrage à publier. Le numéro de ce dernier livre a été corrigé deux fois (Livre dixzième ; livre 9ème). Le texte truffé de corrections autographes diffère considérablement de la version imprimée, même si nous retrouvons ` cela s’ajoutent encore quatre beaucoup de pages dans le livre publié. A pages écartées qui appartenaient à l’ancienne version du second chapitre. Toutes les différences textuelles et les autres interventions mentionnées s’expliquent par le bouleversement de la structure de l’ouvrage au cours de l’impression. Nous y reviendrons2. Le manuscrit se présente sous forme d’une pile de doubles-feuilles de grand format. Chaque double-feuille contient deux pages, écrites avec soin, presque sans corrections, avec quelques lacunes pour pouvoir compléter le texte par le mot que le copiste ne savait lire, le plus souvent des noms propres ou des citations en écriture grecque. Le copiste a ménagé une marge de cinq centimètres environ sur le côté gauche de la page. Les notes ac1 2
BCU, Co 3435/5, Co 4725 et Co 3293, Q3/12. Voir ci-dessous, à partir de la p. 101.
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crochées au texte principal se lisent toutes au bas des pages, séparées du texte par une barre ou une ligne ondulée horizontale. Les versos des pages sont blancs. Les folios sont numérotés par livre. On trouve la numérotation des pages impaires en haut des feuilles, dans l’angle droit. Les pages paires ne sont pas numérotées. Nous possédons de ce manuscrit les fragments suivants. Notre description reproduit évidemment les structures de l’ouvrage telles que nous les trouvons dans la table des matières ci-dessus.
Le manuscrit destiné à l’imprimeur Livre VI. Des élémens constitutifs du polythéisme sacerdotal. Fos 1–4. Chapitre I : De la combinaison du culte des élémens et des astres avec celui des fétiches. Fos 4–12. Chapitre II : De la partie populaire du polythéisme. Fos 11–12. Pages éliminées du second chapitre. Fos 13 et suivants : Non retrouvés. Livre VII. Des élémens constitutifs du polythéisme indépendant de la direction sacerdotale, comparés à ceux des religions soumises au sacerdoce. Fos 1–16. Non retrouvés. Ils contenaient les chapitres I à IV et le début du chapitre V . Fos 17–24. Chapitre V : Du caractère des dieux homériques. fos 25–33. Chapitre VI : Des efforts du sentiment religieux pour s’élever au dessus de la forme qui constitue la croyance des temps héroïques. Fos 34 et suivants. Non retrouvés. Livre VIII. Non retrouvé. Livre IX. Digression nécessaire sur les poèmes attribués à Homère. Fo 1. Chapitre I. Nécessité de cette digression. Fos 2–4. Chapitre II. Que l’Odyssée nous présente un autre état social que l’Iliade. Fos 5–12. Non retrouvés. Fin du chapitre II et début du chapitre III. Fos 13–16. Chapitre III. Qu’il en résulte une forme plus perfectionnée de la religion. Fos 17–18. Non retrouvés. Fos 19–23. Chapitre IV. Que la différence qui distingue l’Iliade de l’Odyssée s’étend au mérite littéraire. Fos 24–25. Chapitre V. Question qui résulte des vérités ci-dessus. Fo 26. Chapitre VI. Que la composition de l’Odyssée et par conséquent sa mythologie sont d’une époque postérieure à celle de l’Iliade. Fos 27–34. Non retrouvés. Fos 35–43. Suite du chapitre VI. Fos 44 et suivants. Non retrouvés.
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Le manuscrit a servi à organiser la première étape de l’impression du tome III. Il est certain que celle-ci se réalise dans un premier temps sous forme de placards pour faciliter les corrections nécessaires et pour permettre des ajouts ou des retranchements avant la mise en page définitive des cahiers du volume. Preuve en est ceux conservés dans les papiers de Constant. Cette composition provisoire est attestée aussi par la signature du prote Velaine qu’on trouve sur certains folios1. L’impression du volume semble commencer autour de la mi-janvier 1827, comme il ressort du Carnet de notes2 et de la lettre adressée le 19 janvier à Rosalie : «Je vous écris bien à la hâte et seulement un mot, car jamais homme n’a été plus écrasé d’affaires que je ne le suis. Mon troisième volume est à l’impression3», ce qui serait bon signe, s’il ne devait pas annoncer en même temps la menace d’une nouvelle loi sur la presse. 5. La refonte de l’ouvrage. L’impression de l’ouvrage aurait pu prendre son cours normal, si Constant n’avait pas pris une décision des plus graves. Les raisons de cette décision nous échappent, mais nous croyons pouvoir risquer l’hypothèse selon laquelle ce n’est pas l’accumulation des faits, le résultat des recherches historiques, l’encombrement des détails qui gênent Constant, mais c’est la faiblesse de la démonstration d’un point central de sa théorie, à savoir le rôle des prêtres dans la marche de la religion, qui lui fait craindre l’échec de son ouvrage. Cette question est liée aux analyses de la religion des Hindous, toujours en vigueur dans l’Inde moderne. Il décide d’arrêter l’impression et de remanier profondément son texte. Du coup, le manuscrit livré à l’imprimeur perd presque toute autorité. Constant réduit le nombre des livres des six prévus à trois. Il transpose des chapitres entiers. Il fait de certaines parties du texte principal des notes et les déplace dans un autre contexte. Il est donc obligé de procéder à une restructuration fondamentale du volume. Elle se traduit par une refonte de plusieurs chapitres, clairement visible pour les chapitres V et VI du livre VI, et la rédaction d’un nouveau chapitre VII pour ce même livre. Nous apercevons également une nouvelle rédaction pour le premier chapitre du livre VI. Celle-ci a nécessité au moins deux, sinon trois étapes dont nous trouvons les traces dans les manuscrits qui subsistent sans pouvoir en analyser les détails. Nous savons seulement, par le témoignage du manuscrit sur fiches, que ce premier chapitre traitait «des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotal». La copie de ce chapitre dans le Grand manuscrit n’est pas conservée. Les pages retrouvées de ce dossier, deux séries distinctes, mais toutes les deux nu1 2 3
Le nom du prote apparaît sous deux graphies : Velaine ou Veleine. La date prévue était le 8 janvier 1827, comme il ressort de la note que nous datons d’avant le 23 octobre 1826. OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 603–604. Corr. Rosalie, p. 296.
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mérotées du chiffre 11, élargi par des «bis» ou des chiffres romains en exposant, et deux pages écartées de la copie du texte pour l’imprimeur, attestent d’au moins deux tentatives d’une nouvelle formulation de ce chapitre. Le texte définitif de l’imprimé se retrouve également dans la copie pour l’imprimeur. De la refonte de l’ouvrage résulte donc une nouvelle organisation du volume déjà composé en partie par l’atelier Didot, ce qui entraîne sans doute, sur le plan pratique, des travaux importants dans l’atelier de l’imprimeur, car un nombre considérable de formes sont devenues inutilisables, le corps des lettres de l’ancien texte principal, déplacé dans les notes, étant trop grand pour ces notes. Tout ceci annonce une crise profonde et presque l’échec d’un projet que Constant n’a sauvé qu’à la dernière minute. Cet événement important exige quelques développements. Nous savons, comme nous venons de le dire, par la lettre du 19 janvier 1827 adressée à Rosalie, que l’impression du volume III de De la Religion est en cours. Il faut penser que l’éditeur dispose probablement de la totalité du texte prévu pour ce volume, comme il ressort de quelques indices dont nous parlerons par la suite en expliquant la rédaction du septième chapitre du livre VI de De la Religion1. Nous savons aussi, par le brouillon d’une lettre adressée avant le 21 janvier 1827 à Béchet, que Constant vient de corriger la première feuille du tome III, feuille qu’il retourne à l’éditeur «bonne à tirer», après la correction d’un certain nombre de fautes qui se trouvent dans les notes2. Dans cette même lettre, Constant promet en plus de lui envoyer la «seconde feuille corrigée» le jour suivant ou «après le 21 janvier». Il joint à sa lettre, avec la première feuille, ce qu’il appelle «les nouvelles épreuves», corrigées elles aussi pour qu’on puisse les mettre en page. Il s’agit par conséquent de placards non encore composés en cahiers pour la confection du livre. Cela indique que les travaux pour la composition de ce troisième volume suivent la marche normale. Une note non datée (elle se place entre les 2 janvier et 15 mars 1827) du Carnet de notes confirme ces opérations. Constant y dit avoir corrigé «en premières épreuves» les chapitres 1 à 4 du livre VI, «en feuilles» les chapitres 1 à 6, ce qui doit signifier que la mise en page est arrêtée jusqu’au chapitre 4 inclus, et qu’elle se poursuivra jusqu’à la fin du chapitre 6. Il n’est pas encore question d’un septième chapitre. 1 2
Voir ci-dessous, p. 106. En voici le texte : «Je vous envoye, Monsieur la 1ere feuille bonne à tirer. Il y a dans les notes plusieurs fautes, qui rendroient les citations inintelligibles. ayez la complaisance de veiller soigneusement à leur correction. Je vous envoye, en même tems, de nouvelles épreuves corrigées & qu’on peut mettre en pages a` la suite de celles que vous avez déja. Je vous renverrai la seconde feuille corrigee demain ou après. Agréez mille complimens. ce 21 janvier B.C.»
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La lettre du 26 janvier 1827 à Sismondi fait pourtant état d’un doute très grave sur la solidite´ de son ouvrage. Constant confesse à son ami qu’il était prêt «à le jeter au feu, mais Gallois1 à qui je l’ai montré l’a trouvé meilleur que je ne pensais». Nous ignorons tout de la nature des doutes de Constant, mais ils sont tellement graves qu’ils l’engagent à risquer la transformation profonde de son livre à un stade assez avancé de l’impression. Cela retardera la parution de l’ouvrage. Nous ne connaissons ni la réaction de l’éditeur Béchet ni celle de l’imprimeur Didot, mais il est évident que la crise de l’écrivain entraîne des pertes financières importantes. 6. Le manuscrit du texte reformulé. La décision de Constant exige une nouvelle rédaction des chapitres V et VI du livre VI et, à l’été 1827, l’ajout d’un nouveau chapitre VII pour remplacer les anciens chapitres écartés du volume. Nous connaissons le nouveau manuscrit qui en résulte : il s’agit d’un manuscrit autographe de grand format, aujourd’hui fragmenté. Une partie est conservée à Paris, les chapitres V et VI, à laquelle il faut ajouter un folio isolé conservé à Lausanne sous la cote Co 3435/19 : la dernière page du chapitre VI. La seconde partie, le chapitre VII, se trouve dans le fond Constant à Lausanne. Le manuscrit comprend 179 folios en tout. Les feuilles sont divisées en deux colonnes, avec le texte et les notes de bas de page dans la colonne de droite ainsi que des ajouts et des corrections et, pour le chapitre V, une suite d’idées dans la colonne de gauche. Les folios portent une numérotation en haut, dans les colonnes de gauche. Elle est en continu pour les chapitres V et VI, mais recommence pour le chapitre VII. De nombreuses feuilles sont intercalées, reconnaissables aux «bis», «ter», etc. La rédaction des chapitres V et VI a dû se faire pendant les premiers mois de 1827. Le texte est assez proche de la version imprimée. Mais les corrections multiples excluent que ce manuscrit ait été remis à l’imprimeur2. Il a servi par contre à organiser la correction des épreuves. Nous trouvons, dans les colonnes de gauche, près d’une douzaine de notes marquant le «commencement de la 9e feuille», «de la 12e feuille», etc. presque toujours conformes à la distribution définitive du texte ou ne diffèrant que très peu de celle-ci ; parfois les notes constatent qu’il est encore possible de corriger le texte3. Les très nombreuses variantes que nous avons répertoriées confirment effectivement que Constant a introduit encore beaucoup de changements sur les épreuves, indiquant d’un travail de rédaction qui se poursuit pendant l’impression. Avec le chapitre VII, nous entrons dans la phase la plus difficile de tout le volume. Les bouleversements sont considérables et menacent l’achèvement 1 2 3
Il s’agit du tribun Jean-Antoine Gallois, le traducteur de l’ouvrage de Filangieri. On trouve au fo 112 du ms. BnF, NAF 18825 la remarque : «donné 10 pages à copier», seule trace de ce que BC a peut-être fait établir un manuscrit pour l’imprimeur. Ces notes sont répertoriées avec les variantes.
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des travaux. La première trace tangible de la rédaction de ce nouveau chapitre VII est une suite d’idées que nous lisons au dos d’une lettre adressée à Constant le 19 juin 1827. Cette suite d’idées concerne sept points et renvoie précisément au manuscrit que nous connaissons, plus exactement aux douze premiers folios de ce manuscrit1. La structure de la suite d’idées correspond exactement à celle de la rédaction définitive. Une note, au bas de la même feuille, esquisse le travail à faire «demain», mot qui désigne probablement une date que nous situons peu de jours après le 19 juin. Les travaux comprennent la correction simultanée des épreuves de l’édition de ses discours à la Chambre et du tome III de De la Religion, ainsi qu’une reprise du travail de rédaction du chapitre VII du livre VI. Celui-ci, commencé peu de jours avant la date de la lettre d’un dénommé Emile Roque, se poursuit par conséquent à partir de la seconde moitié du mois de juin et au mois de juillet, se faisant donc dans les toutes dernières semaines de l’impression. Constant travaille avec une rapidité étonnante pour écrire ce chapitre et rédiger le manuscrit que nous connaissons. Ce manuscrit porte des traces évidentes d’un travail précipité. Constant part de matériaux à sa disposition et élabore un montage du texte composé de morceaux copiés dans des manuscrits précédents, de fiches découpées qu’il colle sur les feuilles pour ne pas recopier soit des notes, soit des morceaux du texte principal, fabriqué même avec des placards de Didot qu’il découpe pour ne pas copier le texte. Le texte ainsi rédigé est très proche de celui de la version imprimée. Les variantes par rapport au texte définitif suggèrent néanmoins que ce manuscrit n’a pas servi directement à l’impression. Les feuilles ne portent aucune signature d’un prote. Constant a sans doute livré à l’imprimeur une copie mise au net, éliminant ainsi les très nombreuses corrections et un certain nombre d’imperfections, peut-être même en améliorant parfois la rédaction de ce chapitre. Le manuscrit est composé de 44 feuilles du même format que celui des deux chapitres précédents, soit de feuilles de 300 × 190 mm. Constant a commencé la rédaction en copiant des matériaux ou en écrivant un nouveau texte à partir de sa documentation. Le texte est porté dans la colonne de droite des folios, réservant celle de gauche à des corrections ou des ajouts. Les notes sont disposées au bas des pages, quand elles ne viennent pas s’ajouter au texte pendant les corrections. Au fur et à mesure que le travail avance, la rédaction en principe soignée du texte est perturbée par les nombreuses interventions de l’auteur, par l’élargissement de l’argumentation qui se manifeste par de nombreuses feuilles intercalées et numérotées par des «bis», ter», etc. On découvre les dérangements aussi dans l’économie du 1
Voir le texte de la suite d’idées ainsi que la note sur le travail «à faire demain», ci-dessous, p. 571.
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travail dont le montage des morceaux découpés est le signe le plus évident. Cette technique peut avoir pour conséquence que les pages ne sont pas entièrement remplies ou, au contraire, trop chargées de texte, de sorte qu’il a fallu ajouter des papillons. Les appels des notes ne sont d’ailleurs pas toujours corrigés, ce qui est un signe que la dernière toilette de ce texte ne s’est pas faite sur ce manuscrit. Le fait que Constant peut utiliser dans deux endroits des morceaux découpés dans les premiers placards pour composer des notes très étendues montre qu’un long passage du texte de ces notes devait faire partie, dans un premier temps, d’un chapitre du texte principal. Le corps des lettres des découpes le prouve. Ajoutons encore qu’il arrive aussi que Constant efface des corrections portées dans la marge de gauche en les couvrant par des papillons blancs. Si ce manuscrit, trace précieuse d’une restructuration de l’ouvrage à la dernière minute, n’est pas celui livré à l’imprimeur, il est pourtant un des derniers du lot qui composent la totalité des manuscrits qui ont servi pour la rédaction du tome III de De la Religion. Signalons qu’il existe un fragment de cinq folios qui offre un texte proche, mais néanmoins assez différent des chapitres III et VII du livre VI, entre autres celui de la longue note qu’on lit au milieu du chapitre VII. Ce texte est sans doute antérieur à la version actuelle, surtout puisqu’il expose l’argument passé en note comme texte principal. On le trouvera ci-dessous dans le dossier des fragments précédant le texte imprimé1. On ajoutera à ce dossier une série de neuf fiches numérotées 28–36 (Co 3435/3, Hofmann, Catalogue, IV/82) qui portent le texte de la réfutation de Berger ; il sera utilisé pour le chapitre VII du livre VI. Elles proviennent d’un manuscrit non identifié datable d’après 1822, puisque Constant utilise le manuscrit du Commentaire sur Filangieri pour rédiger le texte. 7. Le livre VII du tome III et un manuscrit supplémentaire rédigé au cours de la restructuration. Nous avons décrit ci-dessus le Grand manuscrit du tome III de De la Religion et nous avons répertorié les chapitres conservés de ce manuscrit. Or, pour ce qui est du livre VII de l’imprimé, ou des livres VII et VIII du Grand manuscrit, nous constatons que les fragments qui en ont survécu correspondent aux chapitres du livre VII de l’imprimé, à l’exception des changements et des compléments que voici : le but de la restructuration de ces deux livres était d’en éliminer tout ce qui concerne les religions sacerdotales, ce qui fera disparaître, dans le livre VII, le chapitre IV, dans le livre VIII les chapitres III, IV, VI-VIII. Cette opération explique du coup l’élargissement du Grand manuscrit par l’interpolation, après la page 96, de 18 folios numérotés 96bis à 96XIX contenant le texte d’un nouveau chapitre III. Il s’agit d’un texte d’orientation méthodologique, intitulé «De quelques questions qu’il faut résoudre avant d’aller plus loin dans nos investigations». Elle explique aussi l’introduction du nouveau chapitre IV qui expose 1
Voir ci-dessous, pp. 507 et 536–538.
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De la Religion, III
les points de vue à observer pour la suite de la lecture. Le manuscrit de ce chapitre nous est parvenu. Elle explique enfin l’élargissement considérable de l’ancien chapitre III, qui sera remplacé par un texte entièrement nouveau, le chapitre V de l’imprimé, sur le même sujet. Nous connaissons d’importants fragments de ce manuscrit, rédigé sur des folios du même format que ceux du Grand manuscrit, mais paginés séparément. Cette refonte générale des livres prévoit enfin un ordre différent des chapitres, qui se fait probablement sans toucher au texte. Le tableau suivant résume les opérations. Restructuration des livres Imprimé Chap. 1. Que la combinaison décrite dans le livre précédent est étrangère au polythéisme qui n’est pas soumis aux prêtres. Chap. 2. De l’état des Grecs dans les temps barbares ou héroïques Chap. 3. De quelques questions qu’il faut résoudre avant d’aller plus loin dans nos investigations. Chap. 4. Du point de vue sous lequel nous envisagerons le polythéisme des temps héroïques. Chap. 5. De l’embellissement des formes divines dans le polythéisme homérique. Chap. 6. Du caractère des dieux homériques Chap. 7. Des notions grecques sur la destinée Chap. 8. Des moyens employés par les Grecs pour pénétrer dans les secrets de la destinée. Chap. 9. Des notions grecques sur l’autre vie. Chap. 10. Des efforts du sentiment religieux pour s’élever au-dessus de la forme que nous venons de décrire.
VII
et
VIII
Grand manuscrit pp. 90–93
Livre
VII,
Livre
VII,
pp. 94–95
Livre VII, pp. 96bis–96XV, 96XVIII-XIX Nouveau ms. Co 4725, fos 141 et 4, paginés 1 et 4 ; Co 3444, fos 1 et 2, paginés 2 et 3 Nouveau ms. Co 3450, fos 5, 6, 9, 10 et Co 3444, fos 7 et 8 Livre
VII,
pp. 116–137
Livre
VIII,
pp. 163–168
Livre
VIII,
pp. 169–175
Livre
VIII,
pp. 191–203
Livre
VII,
pp. 138–148
Il est par conséquent assez plausible que le livre VII ait trouvé sa forme définitive au cours de la restructuration in extremis du tome III qui a profondément changé la marche du livre VI. Nous ne connaissons pas l’état d’avancement des travaux de l’atelier Didot, mais le manuscrit du chapitre VII du livre VI suggère l’hypothèse que les placards comprenaient des pages qui seront employées plus tard pour
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109
l’impression du tome suivant. Cela confirmerait l’hypothèse selon laquelle la réduction du nombre de livres pour ce tome III est le résultat de cette restructuration. Les manuscrits des chapitres III, IV et V du livre VII sont conservés intégralement (III et V) ou en partie dans les archives de Lausanne. Le texte est très proche de celui de l’imprimé. 8. Le livre VIII du tome III. Le texte de ce livre, dont nous ne connaissons qu’un seul petit fragment manuscrit à classer dans le dossier du Grand manuscrit de 1825, semble être la partie du tome III qui n’a subi que très peu de changements. Nous prenons acte que la numérotation du livre (livre XI dans le Grand manuscrit, livre VIII dans l’imprimé) a été corrigée et que le nombre de chapitres a été réduit, probablement sans toucher au texte. C’est donc la partie la moins problématique de ce volume. Lorsque Constant prépare, début août 1827, son voyage en Alsace et aux eaux de Baden-Baden, l’impression du troisième volume est sans doute achevée ou sur le point de l’être. Le dépôt légal est daté du 13 et la sortie de l’ouvrage en librairie du 18 août 1827 ; le Constitutionnel publiera un premier article le 30 de ce même mois. Établissement du texte Nous reproduisons dans le présent volume le texte de la première (et unique) édition du tome troisième de De la Religion. L’édition de 1830, lancée par Pichon et Didier, utilise les exemplaires non vendus de l’édition de 1827, en remplaçant les pages de titre. Les variantes des manuscrits établis entre 1825 et 1827 pour la rédaction de ce volume sont répertoriées au bas des pages. Nous n’avons pas tenu compte des deux éditions de Bruxelles, celle de l’éditeur P. J. de Mat étant une contrefaçon, celle de H. Tarlier et P.-J. Voglet, bien qu’autorisée par l’auteur, n’ayant pas été surveillée par lui. Manuscrits : 1. BCU, Lausanne, Co 3267, Co 4725, Co 4727, BnF, NAF 18823, fos 66, 111 et 121. [De la Religion. Manuscrit sur fiches] 673 fos a., formats variables, mais la plupart des fiches mesurent environ 220 × 115 mm. Texte du tome III de De la Religion, livres VI, VIII, IX et XI. La numérotation des livres est celle du plan de 1825. Sont conservées, pour le livre VI, les fiches 1 à 186, 230, 247, 276 et 336. Manquent les fiches 9–10, 74, 77, 165–166, 170–174, 180–185, 187–229, 231–246, 248–275, 277–335 ainsi que 337–388. Pour le livre VIII, les fiches 389–518, 541–542, 554–555. Manquent les fiches 519–540, 543–553, 556–710. Ce dernier chiffre est hypothétique
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De la Religion, III
pour indiquer approximativement le nombre de fiches de ce livre. Pour le livre XI une seule fiche, 826. Manquent les autres, entre les fiches 711 (chiffre hypothétique) et 873. Pour le livre X de l’imprimé, les fiches 874 et suivantes. Voir, pour les détails, le t. XX des OCBC. Les versos des fiches sont souvent blancs. Mais une grande partie porte au verso des fragments du texte du volume II de De la Religion, version du manuscrit livré à l’imprimeur. D’autres encore contiennent des notes de frais, des fragments de factures, des brouillons de lettres ou d’autres textes. Ce dernier groupe porte, aux rectos le plus souvent, des numéros avec une spécification en exposant («bis», «ter», IV, etc.). Date proposée : 1825. Hofmann, Catalogue, IV/162. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MF1. Nous mentionnons encore une fiche isolée, témoignage d’un manuscrit nonidentifié. Le texte de cette fiche se retrouve dans le livre VI, chap. VI. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MF1a. 2. BCU, Lausanne, Co 3267, fos 202 et 203 (fiches abandonnées), Co 3446, Co 3293, Co 4725, fos 1, 9, 57, 89 et 98, Co 3436/1, Co 3436/2, BnF, NAF 18823, fos 98–104. [Le Grand manuscrit du tome III de De la Religion] 105 fos avec le texte de 1825–1826, auxquels s’ajoutent 26 fos avec des ajouts rédigés en 1826, 131 pp. a., 300 × 190 mm. Sont conservés les fos 11ter, 11VI, 11VII, 11XI, 11XIX, 13/14 (une feuille), 18, 22, 24, 26, 28–29, 35V–35VII, 35IX–35X, 36, 63–96, 96bis–96XV, 96XVIII–96XIX, 116– 146, 161, 163–175, 184–203. ` cela s’ajoutent 4 folios, numérotés 11ter, 11VI, 11X–11XI, un folio (Co 4725, A fo 98) non paginé avec la note sur Berger, ainsi qu’un folio (Co 4725, fo 57ro) sans pagination restituable, avec les dernières phrases du chapitre II du livre XI sur les poèmes homériques. Le texte du Grand manuscrit est écrit en continu, avec les notes au bas des pages ; les versos sont blancs. On distingue nettement deux états de la rédaction, le premier écrit sur les folios numérotés en chiffres arabes, un second qui se trouve sur des feuilles intercalées, reconnaissables à la numérotation qui porte des chiffres arabes avec des éléments mis en exposant. La petite série des 4 folios appartient très probablement à ce dossier. La numérotation qui fait double-emploi avec celle des pages d’un groupe semblable au début du manuscrit s’explique sans doute par la nécessité de rédiger, après la restructuration de l’ouvrage, un nouveau texte pour l’ancien premier chapitre. Constant a lancé deux tentatives avant d’arriver au texte imprimé. Le fait que nous ne possédons pour le livre XI que le quart du dernier folio du chapitre II semble confirmer l’hypothèse selon laquelle le texte de ce
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livre avait trouvé très tôt sa forme définitive. Constant pouvait donc sacrifier cette partie du dossier. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/171, IV/165, IV/69, IV/71, IV/138. Nous désignons ce manuscrit par le sigle GM. 3. Co 3435/5, Co 3435/6, Co 3435/7, Co 3435/8 [Le troisième manuscrit du t. III] 92 fos, 92 pp. a., du livre VI, chapitre III. Manuscrit sur fiches, numérotées par chapitres, état provisoire des textes. Il atteste de l’effort de restructurer l’ouvrage. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/151, IV/152, IV/153. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MR1. 4. BCU, Lausanne, Co 3435/5 ; Co 4725 fos 25–27, 18, 23, 19, 22, 114, 17, 16, 116, 20, 24 et 21 ; Co 3293, Q3/12, fo 27. [De la Religion, Livre VI, chapitre III, manuscrit sur fiches] 28 fos, 28 pp. a., environ 150 × 100 mm, fiches non numérotées. Les morceaux reviennent presque littéralement dans le livre VI, chapitre III de l’imprimé. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/151, IV/71 et IV/69. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MF5. 5. Co 3451 et Co 4725, fo 41. [De la Religion, t. III, Manuscrit pour l’imprimeur] 60 fos, 40 pp. du copiste aux hampes longues. Le manuscrit est une mise au net très soignée du manuscrit précédent. Elle a servi à l’impression du volume III de De la Religion, comme l’atteste la signature du prote Velaine au folio 23 du livre VII et au folio 1 du livre IX (livre VIII de l’imprimé). Le manuscrit consiste en doubles-feuilles de 300 × 190 mm, numérotées seulement sur les pages impaires. La numérotation recommence à chaque livre. Sont conservés du livre VI les folios 1–12, qui contiennent le texte des deux premiers chapitres, ainsi qu’un folio dont nous ignorons la pagination avec des notes pour le chapitre VII du livre VI ; du livre VII les folios 17–33 ; du livre IX (= VIII de l’imprimé) les folios 1–4, 13–16, 19–26 et 35–43. Presque toutes les feuilles portent des corrections autographes. La numérotation du livre IX est corrigée (〈XI〉, puis IX). Il y a en plus, dans le même dossier, deux folios écartés, numérotés 11 et 12. Ils appartiennent à une version abandonnée du second chapitre.
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De la Religion, III
Les corrections de Constant ainsi que les quatre folios écartés attestent du travail de restructuration de l’ouvrage. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/156 et IV/71. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MI. 6. BCU, Lausanne, Co 4725, fos 129, 121, 127, 86 et 98. [De la Religion, t. III, livre VI] 5 fos, 5 pp. a., formats variables, 160–230 × 185 mm. Les fragments sont l’unique témoignage d’un manuscrit probablement assez important qui contenait le livre VI dans un état du texte proche de celui livré à l’imprimeur avant la refonte. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MLivVI. 7. BnF, NAF 18825 et Co 3435/19 ; Co 3445 et BnF, NAF 18823, fo 148. [De la Religion, t. III, livre VI, refonte des chapitres V, VI et VII] 137 et 44 fos, 180 pp. a., 300 × 196 mm. Les folios 45, 78–79 du manuscrit parisien sont perdus. Beaucoup de traces d’une restructuration du texte, reconnaissables aux corrections très nombreuses et aux folios intercalés avec une numérotation élargie par des «bis», «ter», etc. en exposant. Dans les colonnes de gauche du chapitre V, on trouve une suite d’idées numérotées (§. 1., §. 2., etc.), qui court jusqu’au numéro 108. La perte des entrées 81–84, 102–103 et 105–106 est une conséquence des corrections qui ont fait éliminer ou perdre certaines feuilles. Signalons encore que les folios 7 et 8 du manuscrit Co 4725 se trouvaient à la fin du chapitre V et ont été écartés au cours des corrections. On y trouve encore cinq entrées supplémentaires de la suite d’idées (109–111, 113–114). Le manuscrit contient trois chapitres récrits en 1827 alors que l’impression du t. III avait déjà commencé et que les premiers cahiers étaient déjà corrigés par Constant. Le manuscrit est divisé en deux colonnes, le texte étant écrit dans celle de droite, la colonne gauche étant souvent employée pour les corrections ou les nombreux ajouts. La numérotation est en continu pour les chapitres V et VI et et recommence avec la première page du chapitre VII. On trouve de nombreuses feuilles intercalées, reconnaissables à la numérotation élargie par des éléments mis en exposant. Le manuscrit n’a guère pu servir au travail de l’imprimeur, à cause des très nombreuses corrections, parfois difficiles à lire. Mais une série de notes marginales prouve qu’il a servi à la correction des épreuves. Le fo 148 de Bnf, NAF 18823, paginé 4 par Constant, a été rédigé sans doute au cours des travaux de restructuration (même disposition du texte). Elle offre un texte proche du fo 6 de Co 3445. Il s’agit donc d’une page écartée de ce dossier.
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Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/170 et IV/155 ; IV/194. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MR2. 8. BCU, Lausanne, Co 4725, fos 141 et 4, Co 3450 et Co 3444, fos 1 et 2. [De la Religion, t. III, livre VII, chapitres IV-V] 11 fos, 11 pp. a., 300 × 190 mm. Fragments de la nouvelle rédaction des chapitres IV-V du livre VII qui élargit le texte et remplace la version éliminée du chapitre V – elle est plus brève – sur le même sujet. Le manuscrit est complet. La pagination se trouve en haut, pour le chapitre IV dans l’angle gauche des feuilles, pour le chapitre V dans l’angle droit. Constant laisse une marge d’environ 4 cm sur la gauche des folios. Les folios se présentent parfois comme un montage de fragments d’anciens manuscrits découpés, collés l’un sous l’autre pour éviter la copie. Plusieurs papillons proposent des ajouts. Il y a de nombreuses corrections. L’état matériel du document signale qu’il s’agit d’un brouillon qui appartenait peut-être à deux dossiers plus anciens, comme la pagination semble le suggérer. Les feuilles ne faisaient pas partie du manuscrit précédent. Elles n’ont pu servir non plus au travail de l’imprimeur. Les versos sont blancs ou portent, dans deux cas, le texte de discours politiques (pp. 129 et 130 du manuscrit qui a servi à l’impression des discours), ainsi que des fragments de textes sur la religion (dos des papillons). Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71, IV/171 et IV/193. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MR3. Imprimés : 1. DE LA RELIGION, CONSIDE´RE´E DANS SA SOURCE, SES FORMES ET SES DE´VELOPPEMENTS. PAR M. BENJAMIN CON STANT. [deux lignes d’une citation grecque] TOME III. [ligne ornementale enflée] PARIS, CHEZ BE´CHET AINE´ ; LIBRAIRE, QUAI DES AUGUSTINS, No 47. [petit filet ornemental] 1827. Faux-titre : DE LA RELIGION : [tiret] TOME TROISIE`ME. 215 × 135 mm. Pp. [i] faux-titre, [ii] publicité, au bas de la page l’adresse de Firmin Didot, rue Jacob no 24, [iii] titre, [iv] blanche, [1]–272, Livre VI, [273]–408 Livre VII, [409]–472 Livre VIII, [473]–475 Table des chapitres du troisième volume, [476] Errata, [477–478] Extrait du catalogue de Béchet aîné. Courtney, Bibliography, 58a(3). Courtney, Guide, A58/1, (3). Nous désignons cette édition par le sigle Rel3.
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De la Religion, III
2. DE LA RELIGION, CONSIDE´RE´E DANS SA SOURCE, SES FORMES ET SES DE´VELOPPEMENTS. PAR M. BENJAMIN CON STANT. [deux lignes d’une citation grecque] TOME III [monogramme de l’éditeur] BRUXELLES, P. J. DE MAT, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DE L’ACA DE´ MIE. [tiret] 1825. (pour 1827). Faux-titre : DE LA RELIGION. [tiret] TOME TROISIE`ME. Courtney, Bibliography, 58b(3). Courtney, Guide, A58/2. Nous ne tenons pas compte de cette contrefaçon. 3. DE LA RELIGION, CONSIDE´RE´E DANS SA SOURCE, SES FORMES ET SES DE´VELOPPEMENTS. PAR M. BENJAMIN CON STANT. [deux lignes d’une citation grecque] TOME TROISIE`ME. [ligne ornementale enflée] H. TARLIER, RUE DE LA MONTAGNE, P.-J. VO GLET, RUE DE RUYSBROEK. [ornements typographiques] 1827. Faux-titre : DE LA RELIGION [tiret] TOME TROISIE`ME. Courtney, Bibliography, 58c(3) Courtney, Guide, A58/3. Nous ne tenons pas compte de cette édition autorisée, mais pas surveillée par Constant. 4. DE LA RELIGION, CONSIDE´RE´E DANS SA SOURCE, SES FORMES ET SES DE´VELOPPEMENTS. PAR M. BENJAMIN CON STANT. [deux lignes d’une citation grecque] TOME III. [ligne ornementale enflée] PARIS, CHEZ PICHON ET DIDIER, E´DITEURS, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, No 47. [signe typographique ornemental] 1830. Faux-titre : DE LA RELIGION. TOME TROISIE`ME. Courtney, Bibliography, 58e(3). Courtney, Guide, A58/5 (3). La même édition que celle de 1827, mais avec une nouvelle titraille. Comptes rendus et répliques : 1. Z., Gazette de France, no 230, 18 août 1827, pp. 3b–4b. 2. Anonyme., Le Constitutionnel, 30 août 1827, pp. 2b–3b. 3. X., Gazette de France, no 269, 26 septembre 1827, pp. 3b–4b. 4. Anonyme, Le Globe, recueil philosophique et littéraire, no 68, 8 septembre 1827, p. 364a–364b. 5. S., Revue encyclopédique, ou analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans les sciences, les arts industriels, la littérature et les beaux-arts, t. XXXVI, octobre 1827, pp. 604–614. 6. Ferdinand baron d’Eckstein, «Réponse de M. le baron d’Eckstein aux attaques dirigées contre lui par M. Benjamin Constant, dans son ouvrage
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intitulé : De la Religion», Le Catholique. Ouvrage périodique dans lequel on traite de l’universalité des connaissances humaines sous le point de vue de l’unité de doctrine, t. VIII, 1827, pp. 56–113. Le texte a été republié verbatim sous forme d’une brochure peu après (Paris : A. Sautelet et Cie, 1827). 7. Anonyme, The Foreign Review, no I, 1828, pp. 318–319. 8. S. L., Giuseppe, comte de, «Remarques sur l’opinion de M. Benjamin Constant, Que l’Iliade et l’Odyssée ne sont pas du même auteur», Le Mercure de France au dix-neuvième siècle, t. XIX, Paris : Au bureau du Mercure, 1827, pp. 74–78. 9. Karl Otfried Müller, Göttingische gelehrte Anzeigen, 17. Stück, 31. Januar 1831, pp. 161–168, et 18. Stück, 3. Februar 1831, pp. 169–1741. Traduction : Die Religion, nach ihrer Quelle, ihren Gestalten und ihren Entwickelungen. Von Benjamin Constant. Mit Vorwissen des Verfassers aus dem Französischen übersetzt, und mit einigen Anmerkungen. Deutsch herausgegeben von Dr. Philipp August Petri, Prediger zu Lüethorst im Königreiche Hannover. Dritter Band. Berlin : bei G. Reimer. 1828. (Erster Band, 1824. Zweiter Band 1827). K. K.
1
Voir Kurt Kloocke et Ulrich Steller, «Les comptes rendus de De la Religion parus dans les Göttingische gelehrte Anzeigen», ABC, t. 10, 1989, pp. 133–160.
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De la Religion, III
1. Page de titre de la première édition de De la Religion, tome III, Paris : chez Béchet aîné, Libraire, 1827. BCU, Institut Benjamin Constant.
De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements.
5
Par M. Benjamin Constant. Μεμνημε νον ωë ς οë λε γων, υë μειÄς τε οιë κριταιÁ , ϕυ σιν αÆ νθρωπι νην εÍ χομεν. . (PLATON, Timée1.)
Tome troisième.
1
Pour l’explication de la citation, on se reportera au t. I de De la Religion (OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 69).
10
De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements.
[1]
Livre VI. Des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotal.
Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3451 [=MI] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 1–5.
5 VI. ] 6 Co 3451
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Chapitre premier. De la combinaison du culte des éléments et des astres avec celui des fétiches.
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Nous avons, jusqu’à un certain point, déblayé notre route, indiqué la cause première du pouvoir sacerdotal, décrit son étendue, signalé la marche que les prêtres ont eu intérêt à suivre dès l’origine des sociétés, montré la direction différente, imprimée par la nature à l’esprit humain dans sa liberté, chez les nations indépendantes du sacerdoce. Nous pouvons donc, sans avoir à craindre des objections fondées, passer à l’exposition des cultes libres et progressifs, et des cultes imposés et stationnaires, déterminer leurs formes respectives, et rechercher quelle est sous l’une et sous l’autre de ces formes l’action du sentiment religieux, action d’autant moins perceptible que l’autorité collective est plus dogmatique, l’individualité plus comprimée ; action, par conséquent, plus difficile à démêler dans le polythéisme sacerdotal que dans le polythéisme indépendant. Occupons-nous d’abord du premier de ces polythéismes pour le comparer ensuite à l’autre ; mais avant de nous hasarder dans cette carrière, prévenons nos lecteurs qu’en montrant quelle route le sacerdoce a suivie, nous ne prétendons point qu’en agissant ainsi il ait conçu dès l’origine un plan fixe. Des circonstances que nous avons décrites avaient créé son pouvoir a. Ces circonstances lui en ont suggéré l’usage, suivant l’exigence du moment. Par cela même que ce pouvoir existait, il imposait à ses possesseurs la nécessité de le maintenir, il les pénétrait du besoin de l’étendre. Toute classe dont l’autorité dépend d’une suprématie intellectuelle qu’elle ne peut conserver que par le monopole, est dans une position hostile : chaque progrès qui s’opère hors de son sein est un danger pour elle, et ce danger, d’une nature toujours identique, imprime à cette classe une action uniforme. Elle semble alors s’être tracé un plan, tandis qu’elle ne suit que la marche dictée chaque jour par le péril du jour ; mais le plan qu’elle n’avait pas conçu d’abord résulte bientôt de cette marche même. L’expérience l’éclaire : elle a
Voyez ci-dessus, t. II, p. 25.
1 Chapitre premier. ] Chap 1 Co 3451 13–15 perceptible ... indépendant. ] le ms. porte perceptible qu’il y a dans la religion plus de positif & moins de volontaire, action ... à démèler, devant la connoissance & la vigueur du Polythéisme indépendant, qu’à l’époque de la décadence & presqu’impossible à reconnaître dans le Polythéisme sacerdotal, immobile, lourd & dogmatique. Co 3451 16 du premier ... polythéismes ] de ce dernier Polythéisme Co 3451
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De la Religion, III
voit que l’immobilité, l’ignorance, la dégradation de tout ce qui n’est pas elle, sont les conditions de son existence ; et renfermant dans l’enceinte impénétrable où elle a pris son poste ce qu’elle a recueilli de lumière et de science, elle déclare une guerre à mort à toute science, à toute lumière qui brille au dehors. Nous n’attribuons donc point aux prêtres des temps à demi sauvages le projet gigantesque de gouverner le monde. Nous disons seulement que, formés en corporations dans certains pays par la nécessité, ils ont obéi, comme toutes les corporations, à ce qui était leur intérêt, dans la position où ils étaient placés, et cet intérêt les a conduits à conquérir et à défendre un empire que leurs successeurs ont, durant plusieurs siècles, rendu toujours plus illimité. Nous n’écrivons point en haine du sacerdoce ; nous aurions voulu, ne fût-ce que pour éviter une apparence de partialité qui nous importune dans des recherches étrangères à toutes les agitations du moment, n’avoir à nous élever contre aucune caste, à nous porter accusateurs d’aucune classe d’hommes. Est-ce notre faute, si depuis les âges les plus reculés nous avons rencontré partout un ennemi que nous ne cherchions pas ? Estce notre faute si cet ennemi, peu redoutable sur les bords de l’Orénoque ou dans les steppes de la Tartarie, se montre plus terrible sur les rives du Nil ou du Gange ? Est-ce enfin notre faute, si à une époque où bien des souvenirs étaient effacés, bien des ressentiments adoucis, à une époque où, comme nous aimions à le reconnaître, une forme divine, plus douce et plus épurée, avait heureusement dis tingué le sacerdoce moderne, organe d’une religion d’amour et de paix, de ces prêtres, despotes des temps anciens, couverts de sang humain dans leurs sacrifices, et tyrans à la fois des rois et des peuples, une audace imprudente, confondant des choses si différentes, réveille tous les souvenirs et se plaît à rallumer tous les ressentiments ? Notre ouvrage était écrit long-temps avant cette époque ; et s’il paraissait dans quelques-unes de ses parties un livre de circonstance, ce ne serait pas a` nous qu’il faudrait s’en prendre.
10 et cet ] & que cet Co 3451
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Dans les climats qui forcent les hommes à l’observation des astres, le premier culte est l’astrolâtrie. Dans les pays où l’astrolâtrie n’est pas naturelle, mais où les phénomènes physiques favorisent le pouvoir des prêtres, ce premier culte est l’adoration des éléments. Toutefois, les astres, qui suivent au haut des cieux leur course éternelle, les éléments, divinités en quelque manière abstraites, puisque leur ensemble échappe a` nos sens, ne sont pas des êtres assez disponibles pour que l’homme, encore enfant, s’en contente. Le sentiment pourrait s’en contenter. Plus ses dieux sont vagues, mystérieux, au-dessus de lui, plus ils lui plaisent. Il en est autrement de l’intérêt. L’intérêt demande que ses dieux descendent sur la terre pour protéger de plus près la race mortelle. Ainsi, tandis que les corporations privilégiées mettent au premier rang de la hiérarchie divine les éléments et les astres, la multitude, qui est en dehors de ces corporations, cherche ou conserve des dieux proportionnés à son intelligence. Or, repoussée qu’elle est de toute science et de toute étude, son intelligence n’est guère plus exercée que celle du sauvage. Les dieux de cette multitude et ceux du sauvage sont donc à peu près de la même nature. Chez presque tous les peuples soumis au polythéisme sacerdotal, le culte des animaux, celui des pierres, des arbres, celui de petits simulacres grossièrement façonnés, et chez les tribus plus particulièrement guerrières, celui des lances et des épées, viennent combler l’intervalle immense qui sépare les habitants des cieux de ceux de la terre. Les Germains, dont les prêtres dirigeaient les hommages vers des divinités invisibles ou célestes, l’air, l’eau, la nuit, le soleil, la voûte des cieux, n’en avaient pas moins pour fétiches des animaux a et des arbres. Ils ara
Depromptæ sylvis lucisque ferarum imagines. TACIT. Hist. v. 22. Voyez la note du tome II, page 45, avec la citation de Grégoire de Tours1. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3451 [=MI] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 6–14.
1 Chapitre II. ] Chap. 2 Co 3451 1
BC cite une phrase de Tacite, Historiæ, livre IV, chap. XXII : «hinc veteranarum cohortium signa, inde depromptæ [...] imagines, ut cuique genti inire prœlium mos est.» On trouve la
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ro saient ces derniers de sang a, ils jetaient des victimes dans les fleuves b : c’était une combinaison des deux cultes ; et la superstition, qui suppose encore aujourd’hui chaque rivière de l’Allemagne habitée par une nymphe séduisante et trompeuse, que le peuple désigne sous le nom de Nix, et qu’il accuse de l’enlèvement de ceux qui périssent dans les ondes, en est probablement une réminiscence. La religion astronomique des Étrusques n’excluait ni l’adoration de leurs pierres bétyles ou animées c, ni les hommages rendus au pivert prophétia b c
AGATHIAS, I1. Les Capitulaires de Charlemagne prohibent ce culte. (Cap. Car. Magn. I. Tit. 632.) OVID. Fast. IV3. Monde prim. I, 84. V. sur le Lapis manalis des étrusques, SPANHEIM, de Veteris Latii Domestic. Religionibus, et FESTUS, vo aquæ licium5.
11–12 Spanheim ... Religionibus ] Spangenb. de Vet. Lat. domest. Religion. Co 3451 De Veteris ... Religionibus ] la source porte de Vet. Lat. Damest. Religion. faute corrigée dans l’Errata
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même idée dans la Germania du même auteur : «effigiesque et signa quædam detracta lucis in prœlium ferunt» (chap. VII, 2). – Quant à la citation de Grégoire de Tours (Historia ecclesiastica Francorum, Liber secundus, cap. X), voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 80, n. b. BC cite Grégoire d’après Martin Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. II, Paris : Aux dépens des Libraires associés, MDCCXXXIX, p. 167A. BC renvoie à l’édition bilingue et dans celle-ci à la traduction latine d’ΑΓΑΘΙΟΥ ΣΧΟΛΑΣΤΙΚΟΥ ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΙΟΥΣΤΙΝΙΑΝΟΥ ΒΑΣΙΛΕΙΑΣ ΒΙΒΛΟΙ ΠΕΝΤΕ. Agathiæ scholastici de imperio et rebus gestis Iustitiani imperatoris libri quinque. Ex bibliotheca & interpretatione Bonaventuræ Vulcanii, cum notis eiusdem. [...], Parisiis : E typographia Regia, MDCLX. Il pense au passage suivant : «Arbores enim quasdam colunt [= Alemanni] & fluminum lapsus & colles & saltus. atque his tanquam iusta facientes, equos aliaque quamplurima resectis capitibus immolant» (p. 18A). Voir le Capitulare ecclesiasticam (anno 789), titre 64 : «Ideo præcipimus ut cauculatores nec incantatores, nec tempestrarii vel obligatores non fiant ; et ubicumque sunt, emendentur, vel damnentur : Item de arboribus vel petris vel fontibus, ubi aliqui stulti luminaria vel alias observaciones faciunt, omnino mandamus, ut iste pessimus usus et Deo execrabilis, ubicumque inveniatur, tollatur et distruatur» (MGH, Legum t. I, p. 64). La note de BC n’est pas claire. Le renvoi à Ovide, Fasti, vise l’arrivée de Cybèle à Rome ; la déesse a, selon Tite-Live (Ab urbe condita, livre XXIX, chap. 10.4–11.8), la forme d’une pierre. Tite-Live raconte la translation de la déesse de Pessinonte à Rome et dit entre autres : «Is [= le roi Attalus de Pergame] legatos comiter acceptos Pessinuntem in Phrygiam deduxit sacrumque iis lapidem, quam matrem deum esse incolæ dicebant, tradidit ac deportare Romam iussit» (XXIX, 11.7). Ovide ne parle pas de ce détail. BC cite Antoine Court de Gébelin, Monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne, Paris : L’auteur, Bondet et al., 1773–1782, 9 vol. Mais à l’endroit indiqué, l’auteur ne parle pas des E´trusques. Il y soutient, d’une manière générale, que le sens allégorique d’un fable n’efface pas les aspects qui ne se prêtent pas à une interprétation allégorique. L’auteur de l’ouvrage De veteris Latii religionibus domesticis commentatio (Gottingæ : Dieterich, 1806) est Ernst Peter Johann Spangenberg et non pas le jurisconsulte et théologien du 17e siècle Ezechiel Spanheim. – BC cite l’ouvrage de Pompeius Festus d’après Spangenberg, p. 11, n. 27. Sex. Pompei Festi et Mar. Verrii Flacci de verborum significa-
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que a, à la lance guerrière b et aux chênes couverts de a b
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mousse dans les
DENYS D’HALIC. I, 21. CLEM. ALEX. Cohort. ad gentes2. ARNOB. VI3. SPANHEIM, p. 11. JUSTIN. XLIII, 334. Schwarz Bemerkungen ueber die Aeltest. Gegenst. der Verehr. bey den Roemern nach Varro5. TIT. LIV. I, 106, SERV. ad Vergil X, 4237. LUCAN. Phars. I, 1368. PLIN. Hist nat. XII, 19. Æneid. XII, 76610. FESTUS. vo Fagutal11. TIBULLE. I, Eleg. 1112.
3 Spanheim ] Spangenb. Co 3451 l’Errata
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5 Vergil ] la source porte Æmil. faute corrigée dans
tione. Lib. XX. Notis et emendationibus illustravit Andreas Dacerius, [...], Amstelodami : Sumptibus Huguetanorum, MDCC. On y trouve : «Aquælicium dicitur, cum aqua pluvialis remediis quibusdam elicitur : ut quondam, si creditur, manali lapide in urbem ducto» (p. 34). BC aurait dû renvoyer à Denys d’Halicarnasse, Les Antiquités romaines – Antiquitates romanæ, I, 12, où il parle de l’oracle des Sabins qui avaient placé un pivert sur une colonne. Disons d’abord que, dans cette note de BC, tous les renvois à des auteurs divers proviennent de Spangenberg, qui indique les sources avec plus de précision. – Voir Clemens Alexandrinus, Cohortationes ad Gentes (Le Protreptique, introduction, traduction et notes de Claude Mondésert, deuxième édition revue et augmentée du texte grec avec la collaboration de M. A. Plassart, Paris : Éditions du Cerf, 1976). Le renvoi est très général et vise les chap. II-VII qui parlent abondamment de l’absurdité des dieux, des mythes, des cultes païens. On y trouve tous les exemples indiqués par BC dans le présent chapitre. Les lectures étendues de Clément (vers 150 – entre 211 et 216) sont une source très riche. Le renvoi à Arnobe («æris laminas adoratis») provient de Spangenberg : Arnobii disputationum adversus gentes libri septem, Antverpiæ : ex officina Christophori Plantini, MDLXXXII, liber VI, p. 197. – On trouve chez Spangenberg, De veteris Latii religionibus, p. 11 : «Hastas enim veteres pro numinibus habuisse.» Voir ci-dessous, p. 427, n. 2. BC copie ce renvoi à Justinus chez Spangenberg, De veteris Latii religionibus, p. 11, n. 21. Le renvoi est faux. Spangenberg vise l’extrait des Historiæ Philippicæ de Pompeius Trogus (Ier siècle av. J.-C.) conservé par Marcus Junianus Justinus dans son ouvrage Historiarum ex Trogo Pompeio libri XLIV. Dans l’édition de Thomas Hearne (Oxonii : E Theatro Sheldoniano, 1705), on trouve ceci : «Nam & ab origine rerum, pro diis immortalibus veteres hastas coluere ; ob cujus religionis memoriam adhuc deorum simulacris hastæ adduntur» (XLIII, 3, p. 261). BC renvoie d’une manière générale, et en copiant le titre tronqué tel qu’on le trouve chez Spangenberg, à l’étude de Christian August Schwarze, Bemerkungen über die ältesten Gegenstände der religiösen Verehrung bei den Römern nach einigen Fragmenten des Varro, qui a paru lors d’une fête scolaire du lycée à Görlitz (Görlitz : Burghart, 1803). Tite-Live, Ab urbe condita, livre I, chap. 10, 5–6 qui raconte la victoire de Romulus sur le roi des gens de Cæsina. Romulus, après avoir tué le roi, lui prend ses armes et les voue à Jupiter : «spolia ducis hostium [...] gerens in Capitolium escendit ; ibique ea cum ad quercum pastoribus sacram deposuisset, simul cum dono designavit templo Iovis finis cognomenque addidit deo. ‘Iuppiter Feretri’ inquit, ‘hæc tibi victor Romulus rex regia arma fero [...]’». Quant à Servius, BC renvoie à l’ouvrage Commentarii in Virgilium Serviani ; sive commentarii in Virgilium, qui mauro servio honorato tribuuntur [...] instruxit H. Albertus Lion, Gottingæ : Apud Vandenhoeck et Ruprecht, MDCCCXXVI. Servius commente le vers 425 de Virgile, tiré de la prière de Pallas que celui-ci adresse à la divinité du Tibre : «hæc arma exuviasque viri tua quercus habebit.» «Tua quercus ; in tuis ripis creata. [...] Hæc arma, etc. ; hic ergo cum arborem nominat videtur veteris ritus inducere mentionem.»
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forêts de l’ancien Latium a. C’est avec les dieux de cette dernière espèce que les communications sont les plus fréquentes et les plus directes. Toutes les fêtes égyptiennes, celles d’Héliopolis exceptée, étaient consacrées aux dieux animaux b, et c’était en leur nom que se rendaient les oracles c. Les individus se partagent ces déités secondaires : chaque homme ou chaque tribu se choisit dans le nombre un protecteur spécial : c’est ce qui arrivait en Égypte pour les animaux ; c’est ce qui arrive encore aujourd’hui aux Indes pour les pierres consacrées. Mais il est pour les prêtres d’un grand intérêt que l’homme ne puisse aborder ses dieux sans intermédiaire, conclure avec eux son marché directement, les avoir, pour ainsi dire, toujours sous la main. En conséquence, le sacerdoce s’empare des fétiches et les réunit en un seul corps ; chacun d’eux n’est plus, comme chez le Nègre ou chez l’Iroquois, l’allié personnel de a
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L’adoration des arbres dans le Latium avait donné naissance à un usage qu’on révoquerait en doute, si plusieurs autorités irrécusables ne déposaient en sa faveur. Lorsqu’un fugitif trouvait le moyen de couper une branche dans la forêt d’Aricie, près de Rome, forêt consacrée à Diane, il la présentait au prêtre de la déesse, qui était obligé de se battre avec lui, et dont il prenait la place, s’il le tuait. (LUCAN, III, 86, VI, 74. OVID. Fast. III, 271 ; Met. XIV, 3311.) Il ne faut pas oublier qu’Isis et Osiris avaient été des dieux animaux, Isis la vache, Osiris l’épervier. On verra dans le chapitre 4 de ce livre quels sens mystiques de plus d’un genre s’étaient groupés autour de ces vestiges de fétichisme. HERODOT. II, 822.
4 celles ] la source porte celle faute corrigée dans l’Errata 6 ou ] la source porte et faute corrigée dans l’Errata 13 un seul corps ] un corps Co 3451 8 9
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` l’en(Note de la page précédente) Le renvoi à Lucain, La Pharsale reste énigmatique. A droit indiqué, l’auteur parle de Pompée, l’adversaire de César. (Note de la page précédente) Pline l’ancien parle dès le premier chap. du livre XII de son Historia naturalis des arbres et rappelle dès la première phrase que les arbres et forêts sont toujours considérés comme habités par les dieux. (Note de la page précédente) En citant Virgile, BC fait allusion à ces vers : «Forte sacer Fauno foliis oleaster amaris hic steterat, nautis olim venerabile lignum» (XII, 766). (Note de la page précédente) L’entrée citée de Festus dit : «Fagutal sacellum Jovis, in quo fuit fagus arbor, quæ Jovi sacra habebatur» (p. 141). (Note de la page précédente) Le renvoi à Tibulle I, 11 est sans doute une faute de copie, puisque le livre premier ne comprend que dix pièces. Faut-il lire I, II ? La deuxième élégie parle d’une magicienne. Les renvois de BC portent sur Lucain, La Pharsale. Voir La guerre civile (La Pharsale), texte établi et traduit par A. Bourgery, Paris : Les Belles Lettres, 1926, t. I, p. 67 et t. II, p. 6, où la forêt de Diane d’Aricie est évoquée. – Il ajoute deux passages chez Ovide. Celui des Fastes dit ceci : «regna tenent fortes manibus pedibusque fugaces, et perit exemplo postmodo quisque suo.» Le passage des Métamorphoses mentionne la forêt de Diane, mais pas le combat du fugitif avec le prêtre. Hérodote précise qu’aucun des hommes de l’E´gypte ne possède le don de prononcer des oracles. Les oracles se font au nom d’Héraclès, d’Apollon, d’Artémis, de Zeus.
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l’adorateur qui l’a choisi ; groupés autour d’un étendard commun, ils forment, en quelque sorte, une armée régulière, soumise aux lois d’une mystérieuse discipline. Ils sont dirigés, dans les secours qu’ils accordent à qui les implore, non par la seule considération des mets qu’on leur offre ou des honneurs qu’on leur rend, mais par une volonté qui descend de plus haut, et qui substitue le calcul à l’instinct et le despotisme à l’anarchie. Chaque espèce de fétiche se concentre sous un chef, archétype de l’espèce entière. Nous avons montré a le germe de cette idée dans le culte du sauvage. Les prêtres s’en saisissent et la développent b. Apis, Anubis, Bubastis, étaient des dieux de ce genre c. Le sacerdoce détourne ainsi sur un seul individu l’adoration qui flottait autrefois sur tous ses pareils, et rend ces derniers à leur destination naturelle, au travail, à la mort, à tous les usages auxquels l’homme peut les employer ; il concilie les exigences de la superstition avec les besoins de la société ; il donne en outre un caractère plus solennel à l’objet consacré ; chaque individu n’a plus une idole qui lui appartienne en propre, mais une divinité générique : et pour plaire à cette divinité, il faut recourir à ses ministres d. a b c
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T. I, p. 161, seconde édition1. DIOD. I, 1. Ælian. V. H. PTOL. de Afric. IV. EUSE` B. Præp. ev. III, 4. PLUTARCH. Sympos2. JABLONSKY. Panth. Aeg. II, 60. Apis le représentant des taureaux, Anubis des chiens, Bubastis des chats3. Si les prêtres en agissent ainsi relativement au fétichisme, dont la nature semble repousser une pareille généralisation, à plus forte raison prennent-ils des précautions analogues pour empêcher les dieux supérieurs d’être exposés à des communications trop faciles. Ce travail est remarquable, en ce qui regarde le culte du feu. Une fois découvert, le feu devait briller dans toutes les huttes, servir aux besoins de toutes les familles, être à la disposition de chaque individu. Les prêtres instituent un feu sacré dont seuls ils sont gardiens et dépositaires, et sans lequel aucune cérémonie n’est permise. Souvent même le feu destiné aux usages les plus communs de la vie, doit, à de certaines époques, être rallumé par des mains pontificales, avec une flamme empruntée de l’autel. (HYDE, de Rel. Pers. page 19.
7 se concentre ... archétype de ] 〈générique ou prototype qui représente〉 se concentre dans un chef, archétype de la corr. a. dans la marge de gauche Co 3451 1 2
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Voir OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 234. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, livre I, chap. I qui parle de ces choses d’une manière très générale. – L’histoire du taureau Apis est racontée par Élien dans le livre XI, chap. 10 de De natura animalium libri septemdecem, sans les détails rapportés par BC. – Le renvoi au traité géographique de Ptolémée n’est pas élucidé. – La mention de La préparation évangélique d’Eusèbe ne cible pas un passage précis, mais la thèse générale du livre III, chap. IV. – Plutarque, Écrits Moraux fournit quelques anecdotes. Paul Ernst Jablonski, Pantheon Ægyptiorum : sive, de diis eorum commentarius cum prolegomenis de religione et theologia Ægyptiorum, Francofurti ad Viadrum : Sumptibus Ioan. Christ. Kleyb, 1750–1752, 3 vol. Le renvoi vise une p. du livre III, chap. III, qui parle longuement de Bubastis et précise que les habitants de la ville de ce nom adoraient les chats. Jablonski traite d’Apis et d’Anubis dans le livre IV, chap. II et dans le livre V, chap. I.
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Telle est, dans le principe, la composition du polythéisme sacerdotal. Il ne diffère d’abord du fétichisme brut que par l’introduction de divinités célestes ou invisibles, qui ont peu de relations avec leurs adorateurs, et par la mise en commun, si l’on peut ainsi parler, des idoles jadis isolées qui continuent à être les dieux populaires. Il s’en éloigne davantage ensuite, à mesure que ces idoles se rapprochent de la figure de l’homme ; ce qui se fait indépendamment de la volonté des prê tres, ou même au mépris de cette volonté. Il achève enfin de se distinguer du premier culte sauvage par les significations symboliques qui établissent de certains rapports entre les fétiches et les dieux d’une nature plus relevée, rapports qui, ainsi que nous allons l’expliquer, unissent, sans les identifier, la science des prêtres à la croyance du peuple. Dans toutes ces choses, rien ne s’adresse au sentiment religieux pour l’épurer ou pour l’ennoblir. Considérée sous un point de vue moral, la religion n’a fait aucun progrès : des hommes en petit nombre ont accaparé son influence ; ils ont ravi à la majorité de leurs semblables ce qui jusqu’alors était sa propriété ; du reste, nul perfectionnement ne s’est opéré : MAIMONID. Tract. VI, page 161.) Des traces de cette pratique passèrent en Grèce ou s’y conservèrent, nommément à Delphes, où étaient rassemblées toutes les cérémonies venues du dehors et étrangères à la religion publique, et dans les temples de Cérès et de Proserpine, divinités mystérieuses honorées par des rites différents des rites ordinaires. (PAUSANIAS.) Toutefois le penchant inhérent à l’esprit humain résiste à cet effort, ou combine du moins la résistance et la soumission. Il ne rejette pas le dieu sacerdotal ; mais il n’abandonne point sa notion première. Bien qu’Anubis eût à Cynopolis son temple comme le représentant céleste des chiens, plusieurs de ses semblables avaient dans la même ville leurs adorateurs particuliers. (STRAB. XVII2.) 1–5 Il ne diffère ... populaires. Il s’en éloigne ] Elle ne diffère ... que par 〈le rapprochement〉 la mise en commun, si l’on peut ainsi parler, des idoles jadis isolés. Elle s’en éloigne Co 3451 6–7 ce qui se fait ... au mépris ] 〈progrès que nous décrirons plutard & qui s’opère〉 ce qui se fait la corr. a. dans l’interl. indépendamment ... Prêtres, & même 〈en dépit〉 au mépris corr. a. dans l’interl. Co 3451 8 Il achève ] Elle achève Co 3451 10–12 d’une nature ... du peuple. ] célestes & invisibles, rapports qui ainsi que nous allons l’expliquer l’incise dans la marge de gauche unissent sans les identifier 〈les notions vulgaires〉 la doctrine des Prêtres les quatre derniers mots corr. a. dans l’interl. et 〈les notions scientifiques〉 la croyance du peuple. les quatre derniers mots, corr. a., dans l’interl. Co 3451 16 du reste ] 〈mais〉 du reste corr. a. dans l’interl. Co 3451 17 Maimonid. Tract. ] Maimonid. de sacrif. Jugi. Tract. Co 3451 25 (Strab. XVII) ] mots ajoutés à la fin de la note dans la marge de gauche avec un appel de note, comme si c’était une note sur la note Co 3451 1
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Renvoi à Thomas Hyde, Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religionis historia, Oxonii : E Typographeo Clarendoniano, MDCCLX (editio secunda), p. 19, où Hyde traite du feu sacré chez les Perses. C’est Hyde qui cite, comme un autre exemple d’une doctrine semblable, Maïmonide, de sacrifio jugi, Tractatus VI, § 6, où l’on trouve : «Si quis ignem altaris (vel unum carbonum de majore rogo sublatum) extinxerat, verberandus erat : at si ignem candelabri, aut Thuribuli extinxerat, impune ferebat, utpote qui non tenebatur esse perennis.» Voir de Strabon, Description du monde (Geographia), livre XVII, § 298, où il est question très sommairement de la ville de Cynopolis et de son sanctuaire d’Anubis.
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la forme est autre, sans être meilleure ; elle a même ce vice de plus, qu’elle oppose à toute amélioration un obstacle qui n’existait pas dans la forme ancienne. Mais l’intelligence a des lois qu’elle est contrainte à suivre, malgré ses calculs et en dépit de ses intérêts. Ces lois dominent le sacerdoce : il leur résiste en vain ; elles le forcent à s’ouvrir, à côté de la religion publique, une autre carrière ; elles l’obligent à se créer une doctrine secrète toute différente des fables en crédit et des dogmes imposés. Le polythéisme sacerdotal devient alors un système bien plus compliqué ; nous allons l’exposer dans le chapitre suivant.
10 suivant. ] ce mot se trouve en haut du folio dont le reste n’est pas employé ; suit un folio écrit par le même copiste qui donne une suite possible de ce chapitre ou le début du suivant ; puisqu’il est impossible de trancher, nous donnons ce texte ici en signalant que certaines tournures se retrouvent dans les premiers alinéas du chapitre suivant. Ceci n’est encore qu’une partie des modifications apportées par le sacerdoce au fétichisme. Comme le pouvoir de cette caste repose sur la science, elle doit, tout en dérobant la science aux regards profanes, constater qu’elle la possède & rattacher le fétichisme à ses connaissances & à ses découvertes. Elle arrive à ce but de deux manières. D’une part des traditions qui font honneur aux Prêtres de l’invention de tous les arts, de l’établissement de toutes les loix, de la fondation des villes, en un mot du passage de la vie du sauvage à la civilisation, remontent jusqu’à des Dieux animaux, descendus sur la terre sous cette forme bizarre, pour confier à des favoris inspirés & prophètes, comment ils doivent rassembler les hordes errantes, pourvoir à leur subsistance, les soumettre au joug 〈illis.〉 inaccoutumé d’institutions divines. Ces traditions se perpétuent 〈par des fables〉 par des représentations dramatiques, tantot célébrées publiquement, en présence de la multitude, tantot renfermées dans le sanctuaire, où sont admis, alors seulement, quelques initiés, témoins muets & spectateurs étonnés qui sentent le prix de cette confidence, & se retirent, plus convaincus sans être plus éclairés, plus émerveillés, sans être plus instruits. D’une autre part, ces Dieux animaux deviennent des emblêmes de tout ce que les Prêtres savent. leur figure exprime la position, leurs avantures les mouvemens des planétes ou l’action des forces occultes de la nature. Le peuple apprend ainsi qu’il y a des secrets dont il est exclus, que ces secrets sont la propriété de ses maîtres, qu’eux seuls connaissent les volontés celestes, & l’ordre établi parmi les 〈hommes〉 hommes par ces volontés, & que troupeau docile & laborieux, sa destination est de travailler, de croire et d’obéir. Co 3451
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Chapitre III. De la doctrine secrète des corporations sacerdotales de l’antiquité.
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Pour nous former une idée nette de la doctrine secrète des corporations sacerdotales de l’antiquité, nous devons remarquer d’abord que cette doctrine se séparait en deux branches très-différentes l’une de l’autre. La première se composait des résultats suggérés aux prêtres par l’observation des astres et des phénomènes de la nature ; elle constituait une science plutôt qu’une religion a. Cette science sur laquelle reposait le pouvoir de la caste sacrée, devait être à la fois conservée pour elle, et rendue inaccessible au reste du peuple. De là des traditions orales qui ne sortaient pas du sanctuaire ; de là encore des livres mystérieux, qui demeuraient fermés éternellement à la multitude b. Là étaient consignés les calculs astronomiques, les a
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La barbarie notoire de quelques peuples que nous savons avoir été dominés par les prêtres, tels que les Thraces, a porté plusieurs écrivains à nier qu’aucune doctrine scientifique fût la propriété de ces jongleurs de tribus presque sauvages (Jebb ad Schol. Arist. I, p. 1181). Rien n’est, au contraire, plus compatible que l’affectation exclusive d’une science mystérieuse, concentrée dans une corporation, et le dernier degré de l’abrutissement dans tout ce qui est repoussé de cette enceinte. Mais il faut ajouter, en réponse à d’autres qui exaltent la sagesse de ces instituts théocratiques, que les éloges qu’ils leur donnent leur rendraient le plus funeste service, si l’exagération n’était plus visible ; car plus vous supposez le sacerdoce éclairé, plus vous le déclarez coupable d’avoir tenu volontairement l’espèce humaine dans un état d’abaissement et de dégradation. Tels étaient, chez les Étrusques, les livres achérontiques et rituels de Tagès, contenant des préceptes d’agri culture, de législation, de médecine, des règles de divination, de météorologie et d’astrologie, et une doctrine métaphysique dont nous parlerons plus tard2 ; tels étaient en Égypte, les livres de Mercure Trismégiste3 ; tels sont, chez les Indiens, les Vèdes, les Pouranas, les Angas et leurs innombrables commentaires, telle était la sagesse divine des Druides dans les Gaules.
Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3435/5 [=MF5] 2. Co 4725, fos 25–27, 18, 23, 19, 22, 114, 17, 16, 116, 20, 24 et 21 [=MF5] 3. Co 3293, Q3/12, fo 27 [=MF5]. Imprimé : De la Religion, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp.15–60. 1
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BC cite Ælii Aristidis Adrianensis Opera omnia : Cum notis & emendationibus Gul. Canteri, Tristani, Palmerii [...] adjunctis insuper veterum scholiis et prolegominis Sopatri Apamensis, ab erroribus ut plurimum repurgatis. Græca, cum mss. codicibus variis & præstantissimis collata, recensuit & observationibus suas adiecit Samuel Jebb, Oxonii : e theatro Sheldoniano, 1722–1730, 2 vol. Le renvoi aux livres secrets désignés par le nom du dieu étrusque Tagès sera repris cidessous, p. 260. L’identification d’Hermès avec le dieu égyptien Thot est attestée depuis les Ptolémées. On lui a longtemps attribué les dialogues du Corpus hermeticum. C’est Isaac Casaubon
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découvertes de physique, les remèdes indiqués par une étude peu avancée de la marche des maladies, et de l’action des simples sur le corps humain ; les moyens de lire dans l’avenir, à l’aide des planètes ou des phénomènes ; en un mot, tout ce que, deux mille ans plus tard, Varron désignait sous le nom de Théologie physique ou de Physique sacrée. Mais l’existence de livres ou de traditions de cette espèce était à elle seule une invitation aux prêtres d’y faire entrer ce qui leur convenait ; ils s’en prévalurent. Les récits qui leur attribuaient l’invention de tous les arts, l’établissement des lois, la fondation des villes, le passage enfin de l’état sauvage à la civilisation a ; les modes merveilleux de communications qui avaient ouvert entre le ciel et ses favoris de si intimes correspondances, les rites destinés à éterniser le souvenir de ces révélations, les institutions dictées par les dieux, la division en castes, et tous les priviléges de l’ordre sacerdotal furent consacrés par ces traditions ou enregistrés dans ces livres. L’histoire y pénétra sous une forme fabuleuse ; les expéditions entreprises par l’ordre des prêtres ou dirigées contre eux, les prospérités des princes qui les avaient servis ; les malheurs, les crimes, la chute des tyrans qui leur avaient résisté ; les calamités physiques, châtiments des peuples, les bouleversements politiques, punitions des rois, s’entassèrent dans une chronologie idéale et sous un vernis mythologique. Ces récits, ces annales, ces cérémonies n’appartenaient toutefois qu’en apparence à la doctrine secrète des prêtres. Eux-mêmes avaient intérêt à les voir s’échapper par fragments de la nuit qui les couvrait ; la foule en était frappée d’un respect plus profond pour ses instituteurs et ses guides. La seconde partie de leur doctrine secrète est d’une nature plus relevée et par conséquent plus réellement mystérieuse. L’étude des corps célestes et des phénomènes physiques ne constate que de certains faits. Ces faits ont des causes : il est dans la nature de l’intelligence de rechercher ces causes. Sans doute à l’époque que nous décrivons, l’intelligence est renfermée dans un cercle étroit ; elle est le mono pole d’un très-petit nombre d’hommes qui travaillent toujours avec opiniâtreté, souvent avec succès, à étouffer ses germes : mais ces monopoleurs ombrageux, ces privilégiés impitoyables, n’en sont pas moins eux-mêmes des hommes, et la nature se fait jour à travers les entraves qu’ils imposent à la classe déshéritée et qu’ils tâchent de s’imposer à eux-mêmes b. a
b
Sous un certain point de vue ces récits n’étaient pas des impostures, il est incontestable, par exemple, que l’agriculture en Égypte avait dépendu des calculs à la faveur desquels le sacerdoce avait déterminé la périodicité des inondations, et les lois théocratiques de l’Inde étant certainement l’ouvrage des prêtres, ils pouvaient réclamer le titre de premiers fondateurs des lois. Comme nul effort humain ne remporte sur les lois naturelles une victoire complète, la qui a découvert qu’il s’agissait de traités hellénistiques : De rebus sacris & ecclesiasticis exercitationes XVI, Francofurti : Ruland, 1615.
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Les prêtres se demandent donc quels êtres ont présidé à la création, à l’ordonnance de l’univers, pourquoi ces êtres ont eu la volonté, comment ils ont été investis de la force créatrice. De quelle substance sont-ils ? D’où tiennent-ils la vie ? Sont-ils un ou plusieurs ? Dépendants ou indépendants les uns des autres ? Moteurs spontanés ou agents forcés de lois nécessaires ? Ces questions se présentent inévitablement à l’intelligence ; et, dans quelque situation qu’elle soit placée, dans quelque enceinte qu’elle se renferme, l’intelligence veut les résoudre : sa nature la contraint à le vouloir. Ici les prêtres entrent dans une carrière toute nouvelle : sans quitter le caractère sacerdotal, ils prennent celui de métaphysiciens et de philosophes ; et si, d’une part, ils maintiennent la religion publique immuable et stationnaire, ils se livrent de l’autre sans scrupule aux spéculations les plus abstraites et les plus hardies. Les livres indiens contiennent, indépendamment des récits fabuleux et des rites prescrits, des systèmes de métaphysique nombreux et variés. Les mages se divisaient en plusieurs sectes ; et nous apercevons chez les Égyptiens la même diversité. Ce qui est remarquable, c’est que les hy pothèses qui dominaient le plus dans les doctrines sacerdotales étaient subversives de toutes les notions religieuses. C’était le panthéisme, c’était un théisme abstrait qui impliquait l’inutilité de toute adoration et l’inefficacité de toute prière ; c’était enfin l’athéisme sous diverses formes. Les prêtres chaldéens dans leur doctrine secrète rapportaient l’origine des choses à une nécessité sans intelligence, à une force sans volonté. Cette même nécessité, cette même force, disaientils, président par leurs lois immuables au gouvernement du monde. Tous les êtres qui existent, produits sans but, formes sans durée, sortent du chaos progression se fait jour aussi dans les religions sacerdotales, lentement et par des voies détournées. Mais alors elle a ceci de particulier, que l’intelligence étant concentrée dans une caste, la progression ne s’exerce que dans cette caste, et l’intérêt de cette caste étant opposé à la progression, loin de s’en vanter, elle la dérobe à tous les regards, prétendant avoir toujours su ce qu’elle vient d’apprendre. Dans les religions libres, chaque modification s’opérant par l’opinion qui se modifie, est aperçue avant même qu’elle ne soit accomplie. Les nouvelles idées se montrent sans voile ; tout se fait au grand jour. Les religions sacerdotales se modifient, au contraire, à huis-clos, dans les ténèbres. Les formes, les expressions, les rites restent les mêmes ; tout est immobile jusqu’à la destruction complète de ces religions. (Encyclopédie progressive, art. Religion1.) 9–13 Ici ... hardies. ] texte que l’on retrouve sur la fiche Co 4755, f o 25 Ici les Prêtres entraient ... quitter leur caractère 〈de Prêtres〉 sacerdotal corr. dans l’interl. ils prenoient ... philosophes : & comme tels ils se livroient sans scrupules à la témérité des spéculations les plus hardies. 1
BC cite, avec coupures, son article «Du développement progressif des idées religieuses», qu’il vient de publier dans l’Encyclopédie progressive. Voir OCBC, Œuvres, t. XXXIII, pp. 233, lignes 20–26 et 234, lignes 21–36.
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pour y rentrer. La pensée n’est que le résultat fortuit d’éléments aveugles. Il n’y a point de séjour à venir où les vertus soient récompensées, où les crimes soient punis a. Cette absence de religion, dans la doctrine secrète d’une caste au pouvoir de laquelle la religion servait de base, s’explique par la position de cette caste. Quand l’esprit humain, en possession de sa liberté native, réfléchit sur l’infini, sur l’éternité, sur les relations du monde invisible avec le monde matériel, le sentiment prend place au rang des juges et participe à la décision. Mais la position des corporations sacerdotales de l’antiquité devait étouffer et détruire en elles le sentiment religieux. Partout où il y a calcul, ruse, intention intéressée, projet de faire de la religion un instrument, de la plier à un but hors d’elle-même, le sentiment religieux se flétrit d’abord et disparaît ensuite. Les corporations sacerdotales des peuples anciens se voyaient appelées, dès leur origine, à transformer la religion en moyen de pouvoir : pour le brame, le mage, le prêtre d’Héliopolis, le culte était un métier, comme pour le jongleur. Il nous importe peu que ce métier fût exercé avec plus ou moins de rudesse ou d’habileté, d’ignorance ou de science. La fraude, la déception, le mensonge, en étaient des parties constitutives. La fraude avilit le culte, elle exclut la croyance. Le prêtre qui invente des modes prétendus de communications avec le ciel, sait d’autant mieux que ses inventions sont une imposture, qu’il les a plus habilement disposées de manière à faire impression sur la foule crédule. Quand, profitant de ses connaissances en astronomie, il annonce le retour nécessaire d’une éclipse comme un signe effrayant du courroux des dieux, il ne saurait se faire illusion sur la fausseté de la cause qu’il lui assigne ; tandis que la multitude se prosterne, il demeure étranger à ce qu’il y a de religieux dans les émotions de la multitude. Il ne partage ni ses terreurs, ni ses espérances, car c’est lui seul qui les a provoquées, en se proclamant l’interprète d’une voix qu’il n’a pas entendue, le ministre d’une intervention qui n’existe pas. Il veut tromper, comment pourrait-il croire ? Ainsi les corporations sacerdotales devaient perdre la faculté du sentiment religieux, par cela seul qu’elles dégradaient la religion, en l’employant à leur intérêt. Il ne leur restait pour guide, dans toutes leurs méditations sur les objets dont le sentiment se serait emparé si le sacerdoce ne l’eût étouffé, a
PHILO de Migr. Hebr. SEXT. EMP. adv. Math. v1.
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BC paraphrase un passage de Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 276 (éd. de 1935, p. 138) et copie sa note. Görres est plus précis en citant Philon, De migratione Abrahami, dans les Opera omnia, p. 415 (édition et volume non identifiés) et Sextus Empiricus, Adversus mathematicos (Sexti Empirici Opera Græce et Latine [...], Lipsiæ : Gleditsch, 1718), livre V. Il s’agit du livre Contre les astrologues, dirigé notamment contre les Chaldéens et leur abus des signes.
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que la logique aride et sévère. Or, toutes les fois qu’on met l’ame et ses émotions, la conscience intime et ses révélations spontanées hors de la question, l’incrédulité, le doute, la négation même combattent avec des armes au moins égales les espérances sans cesse réclamées par notre cœur a. L’athéisme poursuit ces espérances d’analogies frappantes, qui leur sont toutes contraires. Il leur montre l’ordre universel qu’elles invoquent en leur faveur, dérangé chaque jour par des exceptions, dont les germes, contenus dans cet univers lui-même, accusent ou l’intelligence, ou le pouvoir ou la bonté suprême ; il se rit des causes finales, reposant toujours sur des pétitions de principe, et tournant toujours dans des cercles vicieux. Il s’applaudit, dans son exultation déplorable, de cet affaiblissement graduel de l’ame, qu’il déclare le résultat des organes, parce qu’elle en est l’esclave, partage leur déclin, et paraît brisée, quand la mort les brise. Il oppose à l’allégation, plus ou moins gratuite, qui déclare qu’il n’y a point d’effet sans cause, la possibilité d’un ensemble éternel, immuable, existant parce qu’il a existé, et qu’il n’est après tout pas plus inconséquent d’admettre qu’il ne l’est de supposer une cause sans cause elle-même, et qui n’éloigne que d’un degré l’objection qu’il faudrait résoudre. Malheur alors à l’être religieux qui veut lutter par le raisonnement seul ! Malheur à lui, s’il n’appelle à son aide mieux que le raisonnement, la certitude imprimée par le ciel au fond de notre ame ! Rival de l’athéisme, le panthéisme se présente avec des arguments non moins forts, et sous des couleurs plus séduisantes b. A la vue de tous ces a
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«Toute croyance religieuse a un caractère qui doit nous frapper, c’est l’inévidence..... La certitude n’est pas l’évidence. Ce mot, qu’on a beaucoup trop prodigué, désigne une qualité de l’objet : le mot certitude exprime plus particulièrement un état du sujet. L’évidence est dans l’idée ou dans le fait ; la certitude est dans l’homme qui se prononce sur ce fait ou sur cette idée..... L’évidence est relative à l’organisation générale et arrêtée de l’espèce humaine ; la certitude dépend à un certain point de l’état divers et muable des individus. Il est donc des vérités en grand nombre sur lesquelles nous pouvons obtenir la plus satisfaisante certitude, que nous ne pourrions renier sans mentir à notre conscience et à notre raison, et qui toutefois sont privées du caractère de l’évidence : au nombre et même à la tête de ces vérités sont celles qui font l’objet des croyances religieuses.» (Mémoire en faveur de la liberté des Cultes, par ALEX. VINET.1) Le panthéisme est l’adversaire naturel du polythéisme : le polythéisme divise les forces de la nature ; le panthéisme les réunit. L’athéisme est l’adversaire naturel du théisme : le théisme divise tout en deux substances, l’esprit et la matière ; l’athéisme nie l’une pour n’admettre que l’autre. Aussi les philosophes de l’antiquité qui se sont écartés du polyLa citation provient d’Alexandre Vinet, Mémoire en faveur de la liberté des cultes, Paris : Henry Servier, 1826, pp. 17–18 et 20. Dans l’édition moderne (Mémoire en faveur de la liberté des cultes, précédé de la brochure «Du respect des opinions» et suivi de la «Lettre à un ami», avec une préface et des notes par Edouard Vautier, Lausanne : Librairie Payot, 1944) pp. 56–59. Citation littérale, mais avec d’importantes coupures. Vinet cite le Ier livre de De la Religion au chap. VIII à propos de la persécution, p. 56, et loue même BC pour ses
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êtres partiels, semblables à des songes fantastiques, rentrant dans le tout indéfinissable pour en ressortir et y rentrer de nouveau, qui n’est tenté quelquefois de révoquer en doute ces vaines apparences, et de n’aper cevoir dans cet univers qu’une seule substance réelle, dont les courtes modifications sont pareilles au reflet de l’ombre qui se projette impalpable, ou de l’astre des nuits qui se mire dans les eaux a ? Nous irons plus loin. Lorsque le sentiment n’est pas arrêté par l’impérieux besoin d’espérances morales, il trouve lui-même quelque charme à se plonger dans le panthéisme. Il existe entre nous et toutes les parties de la nature, les animaux, les plantes, les vents qui gémissent, l’onde qui mur-
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théisme sont tombés en grand nombre dans le panthéisme ; tandis que les modernes qui ont rejeté le théisme se sont déclarés athées. Le panthéisme est évidemment plus raisonnable que l’athéisme. L’athée, bien que forcé de reconnaître l’existence de l’intelligence, ne la considère que comme le résultat de certaines combinaisons partielles et passagères ; c’est à ses yeux le produit, l’accident d’une organisation, d’une fermentation nécessaire. On pourrait concevoir dans ce système toutes les créatures intelligentes disparaissant du monde, et le monde n’en subsisterait pas moins. Nous parlons ici de l’athéisme qui argumente comme les matérialistes, comme l’auteur du Système de la Nature : c’est que cet athéisme n’est au fond qu’une réaction contre le spiritualisme dogmatique ; mais bien qu’il semble, au premier coup d’œil, plus positif et susceptible de preuves, parce qu’il en appelle à l’expérience, il est insuffisant pour expliquer beaucoup de phénomènes, et repose sur une supposition tout aussi gratuite. Le panthéisme, en regardant l’intelligence comme une partie essentielle, indestructible, inséparable, comme une condition sine qua non de l’existence de l’univers, évite cet écueil. En général on ne peut nier que le pan théisme n’ait été jusqu’ici faiblement et puérilement attaqué. Le célèbre article de Bayle contre Spinosa est d’une métaphysique à laquelle le plus mince écolier de nos jours n’attacherait pas son nom1. Bayle se fonde sur la différence de l’étendue et de la pensée, comme si nous connaissions l’étendue, et comme si nous savions ce qu’est la pensée. Il tire des objections misérables de ce que Dieu étant tout, il doit être chaque individu, et chaque chose à part ; ici mort, là vivant ; ici triste, là gai ; ici froid, là chaud, comme s’il avait ignoré que Spinosa distinguait entre la substance et ses modifications, entre la réalité et les apparences. Ses arguments empruntés de la co-existence de la vérité et des erreurs, des perfections et de la félicité de Dieu, ne sont pas plus forts. Bayle était pourtant très-bon logicien ; mais la logique ne peut rien quand elle sort de sa sphère. Comparaison tirée du symbole des brames2.
thèses sur la force morale de la liberté religieuse opposée aux contraintes despotiques (pp. 41–42). Les objections de BC contre l’article de Bayle sur Spinoza (le plus long article du Dictionnaire) se rapportent aux réflexions exposées dans la note N de cet article, à compléter par la note CC (Dictionnaire historique et critique, Amsterdam : Brunel et al. et Leide : Samuel Luchtmans, t. IV, pp. 253–271, et plus particulièrement pp. 259–262 et 267–268). Allusion au chap. XIV de la troisième partie de l’ouvrage de Sonnerat, Voyage aux Indes orientales, où il est question de cette métaphore.
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mure, les cieux, tantôt sereins, qui semblent nous appeler dans un océan de lumière, tantôt voilés, et qu’on dirait sympathiques avec nos douleurs, je ne sais quelle mystérieuse correspondance, qui paraît nous révéler que nous sommes tous portions d’un même être, arrachés de son sein par une séparation violente, mais si passagère qu’elle est presque illusoire, et devant y rentrer pour abjurer cette division qui nous tourmente, et cette individualité qui nous pèse. La disposition de notre ame au panthéisme est telle que la mysticité dans toutes les religions, comme l’abstraction extrême dans toutes les philosophies, aboutit à ce résultat. Comparez les vers de Xénophane, la prose éloquente de Pline, les symboles des brames, les hymnes des Sufiz persans, les allégories des nouveaux platoniciens, les expressions de quelques sectes mahométanes, celles des Japonais et des lettrés chinois, l’ivresse de nos quiétistes, la métaphysique nouvelle d’une philosophie allemande, vous y trouverez le panthéisme exposé diversement, ou même quelquefois en paroles merveilleusement semblables. Et cependant le panthéisme n’en est pas moins destructif de toute distinction entre le Créateur et les créatures, de toute justice distributive et de toute protection spéciale dans l’un, de tout mérite moral et de toute prière efficace dans les autres, en un mot, de tout ce qui satisfait le sentiment religieux. Certes, en reconnaissant que la logique sèche et dédaigneuse donne aux doctrines incrédules de tristes avantages, nous n’insinuons pas que les espérances du sentiment religieux soient fausses. L’on a vu, dès notre premier volume, que nous contestons la juridiction du raisonnement dans ce qui n’a pas rapport à la nature physique, et aux relations établies par les hommes entre eux et leurs semblables. Pour tout ce qui n’est pas restreint à cette sphère, un élan de l’ame nous semble porter en lui plus d’éléments de conviction que les syllogismes de la dialectique la plus serrée ; mais le fait que nous énonçons n’en est pas moins vrai. Il en résulte que, tandis que l’irréligion, chez les philosophes des peuples indépendants, qui suivaient naturellement le cours de leurs pensées, était souvent combattue ou domptée par la résistance indestructible du sentiment religieux ; elle ne rencontrait rien, pour lutter contre elle et la tempérer, au sein des corporations sacerdotales de l’antiquité. Ouvrez ce qui nous reste des livres sacrés de toutes les nations courbées sous le joug théocratique, en n’oubliant pas que ces livres étaient exclusivement destinés aux prêtres : vous y verrez tantôt un panthéisme qui, confondant le monde et son auteur, réduisait tous les êtres aux modifications apparentes d’une seule substance éternelle ; tantôt la négation de toute intelligence, présidant à l’ordre de l’univers, et une nécessité aveugle et matérielle, substituée à toutes les conceptions que le sentiment religieux suggère ou réclame a. a
Nous aurions voulu faire précéder cette partie de nos recherches de l’histoire de la philo-
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Ce fait a été remarqué bien avant nous par un grand nombre d’observateurs instruits et éclairés, qui sont arrivés, par diverses routes et non sans surprise, à ce résultat unanime et bizarre, que la doctrine secrète des sacerdoces anciens était subversive, non seulement des religions particulières au nom desquelles ils gouvernaient, mais de toute religion quelconque. Nous ne nous distinguons de nos prédécesseurs qu’en deux points. Premièrement, ils n’avaient constaté qu’un fait, nous en avons recherché et indiqué la cause. En second lieu, ils avaient conclu de ce fait que les systèmes irréligieux composaient exclusivement la doctrine secrète, qu’ils considéraient comme un ensemble cohérent, se rattachant à une pensée unique, autour de laquelle se seraient groupées, portions secondaires d’un édifice régulier, des idées toutes du même genre, homogènes entre elles, exemptes de contradictions, et concourant, par leur amalgame et leur harmonie, à la démonstration de la pensée première. Notre opinion est tout opposée : nous croyons que les corporations sacerdotales de l’antiquité n’avaient point une doctrine unique, et nous en voyons la preuve dans les faits, et l’explication dans la manière dont s’était formée leur doctrine secrète. Née avec le sacerdoce, au moment même où la nécessité lui imposait la loi d’acquérir des connaissances sans lesquelles la société n’aurait pu subsister, cette doctrine fut le réceptacle, le lieu de dépôt de ces connaissances. A mesure qu’elles s’étendirent, que d’autres vinrent en accroître la masse, ou que des conjectures, des suppositions, des systèmes vrais ou faux s’y associèrent, la doctrine secrète s’élargit. Les faits observés graduellement, les découvertes successives, les hypothèses résultant de ces faits et de ces découvertes, s’y placèrent, pour ainsi dire, par couches. Les prêtres ajoutaient toujours, et ne retranchaient jamais. Ils ajoutaient toujours, parce que ces additions leur étaient commandées, pour maintenir sophie chez les nations indépendantes des prêtres, notamment chez les Grecs. Ce que nous disons ici serait plus complet. Le lecteur verrait mieux comment l’esprit humain arrive successivement aux hypothèses entre lesquelles il se partage. On ne peut distinguer les diverses époques des philosophies sacerdotales, et leurs progrès graduels, parce que les prêtres, étant les seuls philosophes, couvrent leur philosophie du même voile que la religion. En Grèce, au contraire, malgré les efforts de quelques chefs de secte pour imiter le sacerdoce oriental dans l’obscurité dont il s’entourait, la publicité étant la règle et le mystère l’ex ception, la marche des opinions et la succession des doctrines sont faciles à suivre ; mais un obstacle insurmontable nous a arrêtés. La philosophie grecque n’a pris naissance qu’après l’introduction de plusieurs doctrines sacerdotales en Grèce, et les principaux philosophes de cette contrée, ceux en particulier de l’école ionienne, se sont emparés de ces doctrines pour en faire la base de leurs systèmes. La connaissance de ces emprunts est donc indispensable à toute histoire de la philosophie grecque : vouloir rendre compte de celle-ci avant d’avoir exposé les éléments étrangers qu’elle s’est appropriés, eût été nous engager dans un cercle vicieux.
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leur doctrine au niveau de leur propre intelligence ; ils ne retranchaient jamais, parce que tout retranchement est une innovation et que d’ailleurs l’unité de la doctrine n’importait nullement aux corporations prises dans leur ensemble. Que voulaient-elles, ces corporations ? Dominer : elles avaient pour moyens un culte public, imposé comme un joug et maintenu par des lois inflexibles. Leur doctrine intérieure n’avait de rapports avec le vulgaire que parce qu’elle lui inspirait plus d’admiration pour les dépositaires de secrets augustes et impénétrables. La nature, la cohérence de ces secrets étaient, sous ce point de vue, une chose fort indifférente : l’intelligence individuelle s’attache aux opinions ; l’esprit de corps choisit les armes, et voit avec une indifférence égale les vérités et les erreurs. La variété des hypothèses servait de plus merveilleusement les prêtres dans les explications qu’ils avaient à donner aux initiés et aux étrangers. Des réponses partielles, appropriées aux dispositions des auditeurs, étaient ce qui convenait le mieux ; et plus ces systèmes étaient nombreux et divers, plus l’arsenal du sacerdoce était inépuisable. Prenons pour exemple les prêtres d’E´gypte : ils satisfaisaient le crédule Hérodote en lui montrant l’analogie de leurs fables et de celles de la Grèce : ils flattaient le penchant de Platon en lui présentant comme leur pensée intime les notions de la plus subtile métaphysique ; ils se rabaissaient avec Diodore à des interprétations purement humaines, et les événements de l’histoire, retracés sous des formes symboliques, avaient, à les entendre, servi de base à la religion que le peuple révérait sans la comprendre. Ils caressaient ainsi dans chacun son opinion favorite, suivant sa ténacité dans cette opinion ou sa facilité à la modifier. Ainsi les hypothèses les plus opposées coexistaient sous le même voile, et désignées par le même nom. Tout à côté des systèmes athées ou panthéistiques, le théisme, le dualisme, peut-être même le scepticisme, avaient aussi leur place, et chacun de ces systèmes se partageait encore en plusieurs branches. Le panthéisme s’alliait quelquefois au spiritualisme, la matière étant conçue alors comme une illusion de l’esprit pur. C’est ainsi qu’il se présente dans l’Inde moderne, et qu’il se présentait probablement dans l’E´gypte ancienne. D’autres fois il s’identifiait au matérialisme, et ce qui n’était qu’une forme devenait la substance unique, l’esprit n’étant qu’un résultat mensonger des modifications apparentes de cette substance. Tel il règne au Tibet, à Ceylan, à la Chine a. Ailleurs la substance unique, divia
Tai-Kié, dans le panthéisme chinois, est la matière première, le chaos infini, inconcevable pour l’entendement, doué de capacité, de grandeur, d’étendue, de force, d’identité avec
17–25 Prenons ... modifier. ] Voyez les Prêtres ... métaphysique : & se rabaissant ... humaines, 〈ils le〉 fortifiant dans la supposition irreligieuse que les événemens de l’histoire retrouvés sous des formes symboliques avoient servi de baze ... comprendre. servant ainsi chacun suivant son 26–27 Ainsi ... nom. ] opinion favorite, sa tenacite ... modifier. Co 4725, f o 26–27 et 18 Réunis, ou plutot entassées suivant l’ordre des tems, & la date de leurs inventeurs, toujours
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sible à l’infini, faisait d’atomes innombrables et imperceptibles les par ties constitutives du grand tout, qui n’en demeurait pas moins toujours immuable et toujours identique. Le théisme aussi se séparait en deux catégories distinctes. Tantôt, subissant le joug de la logique, il perdait tout ce qu’il a de doux et de consolant, et n’offrait plus à l’homme cette Providence particulière, dont l’amour immense accueille nos prières, admet nos repentirs, nous absout de nos fautes, compatit à nos douleurs. Le Dieu créateur du monde lui avait imprimé des lois générales, immuables, que nulle supplication, nul mérite, nul appel à la justice ou à la bonté ne pouvaient fléchir. A dater de l’instant où ce monde avait reçu l’impulsion divine, tous les évènements, nous dirons plus, tous les sentiments, toutes les pensées, s’étaient rangés sous un enchaînement nécessaire, que rien n’avait pu, que rien ne pouvait rompre. Les causes avaient dû produire, elles devaient produire à jamais leurs effets inévitables, et de la sorte le théisme n’était dans le fond qu’une forme plus animée d’une invincible fatalité b ; triste et décourageante hypothèse que repousse le sentiment : car s’il n’exige point, comme le fétichisme intéressé du sauvage, que l’être auquel il rend hommage satisfasse les passions terrestres, et prête aux penchants effrénés et aux désirs, même coupables, un appui mercenaire, il implore une voix qui lui réponde, une approbation qui le soutienne,
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toutes choses, le ciel dans le ciel, la terre dans la terre, les éléments dans les éléments, sans commencement ni fin, dirigeant tout, mais sans volonté ; produisant tout, mais sans intelligence, sans mouvement réel, en repos dans le fond de sa nature, s’étant divisé seulement en apparence en deux forces, l’active et la passive, le Li et le Ki, ou, suivant une autre terminologie, le Yang et le Yn. (Dialogue de Tchin dans DU HALDE1. Chou-King de DEGUIGNES, p. 3112.) L’auteur du catéchisme latin pour le Tonquin dit que les Tonquinois supposent une substance matérielle, sans intelligence et sans vie, qu’ils appellent Thaieuc, d’où sont sorties deux autres substances, Am et Duam, le ciel et la terre. Cette catégorie du théisme était celle qui s’accordait le mieux avec la partie scientifique de la doctrine des prêtres. Elle expliquait la constante régularité des corps célestes, leur cours uniforme, leurs révolutions périodiques. Elle rendait compte de toutes ces apparences de nécessité qui éclatent dans l’univers matériel, et devait satisfaire l’intelligence sacerdotale, séparée, comme nous l’avons dit, du sentiment religieux.
anonymes, elles coexistoient, sans combats apparens, sans lutte visible, à la faveur de le nuit épaisse qui empechoit les profannes d’etre frappés de leurs dissidences. Co 4725, f o 23 1
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BC exploite Görres, Mythengeschichte (éd. 1935, p. 45), qui cite la traduction allemande de Du Halde, Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, Paris : Le Mercier, 1735, t. III ; on y trouve «Dialogue où un philosophe moderne, nommé Tchin, expose son sentiment sur l’origine et l’état du monde». BC renvoie à l’ouvrage Le Chou-King, un des ouvrages sacrés des Chinois : qui renferme les fondements de leur ancienne histoire, les principes de leurs gouvernements & de leur morale. [...] Ouvrage recueilli par Confucius, traduit & enrichi de notes, par feu le P. Gaubil
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une sympathie céleste qui le ranime, quand l’injustice ou l’adversité l’accable. En lui contestant cet espoir, vous le refoulez mécontent sur lui-même, et il est tenté de se détacher d’une croyance privée de toute chaleur et de toute vie. D’autres fois, déviant de sa rigueur primitive, le théisme se combinait avec l’émanation. Les êtres, séparés de Dieu, et toujours plus impurs à mesure qu’ils s’éloignaient de leur source, pouvaient néanmoins s’y réunir par des épurations successives. Ce système évidemment contenu dans la doctrine secrète des Égyptiens, en est bientôt sorti pour s’introduire dans la croyance publique. Seulement (et ici nous reconnaissons le sacerdoce) les libéralités, la soumission aux prêtres, et l’observance exacte des rites commandés par eux, ont été les moyens épuratoires. Le dualisme se présentait de même sous deux formes : celle qui accordait une parité complète, une force égale, une égale durée au principe du bien et au principe du mal, et celle qui, réduisant ce dernier à la qualité d’être inférieur, réservait au premier une victoire définitive. On a prétendu que le scepticisme avait toujours été étranger aux doctrines occultes du sacerdoce a. Nous concevons que de tous les systèmes, le scepticisme était celui que les prêtres devaient cacher le plus soigneusement. L’affirmation a toujours quelque chose d’imposant : elle annonce la science, ou elle implique l’autorité. Elle peut se présenter comme une découverte, réunir autour d’un centre ceux qui la professent, et les pénétrer d’un intérêt commun. Mais le scepticisme, qui ne permet pas l’affirmation, qui ne rassemble ses partisans que pour les disperser de nouveau comme des troupes légères, tombant au hasard sur quiconque elles rencontrent ; le scepticisme, dont la tendance est de désunir et de dissoudre, et qui révoque en doute toute juridiction, la sienne comprise, est ce qu’il y a de plus répugnant à l’esprit sacerdotal. Cependant un écrivain b qui a long-temps et attentivement a
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Jusqu’à présent, dit l’auteur du Traité sur la sagesse et la langue des Indiens, au milieu des nombreuses variations qu’on trouve dans leurs livres, on n’en a découvert aucun qui contienne un véritable système de scepticisme. (SCHLEG. Weish. der Ind. p. 1521.) L’abbé DUBOIS, Mœurs, Institutions et Cérémonies des peuples de l’Inde. Il appelle cette secte Nastica. II, 982. [...], revu & corrigé [...] par M. de Guignes, [...], Paris : N. M. Tilliard, 1770. Les explications qu’il cite se trouvent pp. 411–412. BC renvoie, comme Görres, à «Essai historique de l’étude de la philosophie chez les anciens Chinois», Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres avec Les Mémoires de Littérature tires des Registres de cette Académie, t. XXXVIII, 1777, pp. 269–311. Friedrich Schlegel, Über die Sprache und Weisheit der Indier. Ein Beitrag zur Begründung ` la p. indiquée, Schlegel der Altertumskunde, Heidelberg : Mohr und Zimmer, 1808. A admet hypothétiquement l’existence d’exemples isolés de scepticisme «einzelne Beispiele der gemeinen skeptischen [...] Denkart», mais affirme, comme le dit BC, qu’on ne connaît aucun texte qui développe un scepticisme sytématique. Notes de lecture, Co 3293, la note 34, marquée «empl. 1826». BC adapte ici sa note de lecture no 94 : «Dubois parle d’une secte appelée Nastica dont la
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observé les brames, nous parle d’une école de brames sceptiques, et bien que nous ne puis sions accorder à cet écrivain ni des lumières étendues, ni une critique solide, son témoignage, quand il s’agit d’un fait positif, n’est pas sans valeur. Il est, en effet, difficile de penser que parmi des hommes qui, protégés par les ténèbres dont ils s’entouraient, abordaient de tous les côtés des questions inévitablement et éternellement insolubles, aucun n’ait été poussé vers le scepticisme, ce terme naturel de toutes les recherches, terme que la raison arrive à considérer comme un abri, dès qu’elle cesse de le regarder comme un écueil. Si, dans les doctrines du sacerdoce, on n’a pas aperçu le scepticisme, c’est que ce système a dû plus qu’un autre être dérobé aux classes inférieures destinées à croire, et qui ne devaient pas soupçonner que leurs maîtres étaient réduits à douter. Toutes ces doctrines étaient entassées dans la philosophie secrète des prêtres, prêtes à se confondre plutôt qu’à se combattre ; car deux causes se réunissaient pour rendre cette confusion facile. La première était la terminologie que les prêtres se voyaient obligés d’employer pour exprimer leurs hypothèses métaphysiques. Au moment où ils commençaient à s’occuper des questions ardues de l’origine des choses, l’ignorance sur plusieurs points était encore profonde, les connaissances sur d’autres points mêlées de beaucoup d’erreurs, la langue surtout très-imparfaite. Elle n’offrait pour la notion de cause et d’effet que des mots empruntés des idées les plus simples et les plus grossières, ceux, par exemple, de naître et d’engendrer a. Ces mots s’appliquaient de mille manières. Naître ne signifiait pas seulement être produit, mais être postérieur à un objet, ou lui être inférieur, ou même simplement en avoir emprunté quelque qualité ou reçu quelque modification. On disait de toutes les propriétés, de toutes les forces, de tous les attributs d’une substance, qu’ils en étaient nés, qu’ils avaient été engendrés par elle. Cette terminologie, appliquée indistinctement à tous les systèmes, établissait entre eux une similitude apparente qui rendait leur opposition réelle moins frap pante et moins tranchée. Le panthéiste montrait le grand tout, engendrant l’illusion qui nous trompe en nous faisant voir la diversité dans l’unité ; le dieu du théiste engendrait également les créatures qui se corrompaient, en s’éloignant de leur source ; et, pour exprimer la production du monde par une nécessité éternelle, l’athée recourait à l’image de la génération, ou, plus fantastique encore dans ses métaphores, il disait que a
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HEYNE, de Theog. Hes1. doctrine fondamentale est un pyrrhonisme absolu» (Co 3293, Q3/12). BC renvoie à l’étude de Heyne, «De Theogonia ab Hesiodo condita. Ad Herodoti Lib. II. c. 52. commentatio recitata d. XVII iun. MDCCLXXIX», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. II, 1780, pp. 125–154, et plus particulièrement pp. 139–141.
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l’être nécessaire s’était brisé, et que l’univers était né de ses fragments. Nous aurons à revenir tout-à-l’heure sur un autre effet de cette langue sacerdotale. Ici nous nous bornons à indiquer comment elle confondait sous des expressions pareilles des hypothèses divergentes. Une seconde cause favorisait encore cette confusion. Bien que les corporations sacerdotales de l’antiquité, envisagées collectivement, ne pussent éprouver aucun respect pour la religion, froissée entre leurs mains et pliée selon leurs vues, le sentiment religieux, qui renaît toujours, reprenait par intervalle ses droits sur quelques membres de ces corporations, ou sur des initiés honorés de leurs confidences. Alors se réintroduisait soudain dans les doctrines les plus incrédules et les plus rebelles un enthousiasme qui dénaturait et déguisait ces doctrines. L’ame luttait contre la logique, et les émotions natives de l’une imposaient aux conceptions arides de l’autre une forme qui paraissait religieuse. Écoutez Apulée peignant le panthéisme d’E´gypte, ou le disciple de Crischna rendant grace à son maître de la révélation à laquelle l’incarnation céleste vient de l’initier : «O Nature !» s’écrie le premier, «souveraine de tous les éléments, fille contemporaine de l’origine des siècles, suprême divinité, reine des mânes, première des immortels, figure immuable des dieux et des déesses, qui d’un signe dispenses aux cieux leurs clartés lumineuses, aux vents leur souffle salutaire, aux enfers leur terrible silence ; être unique que vénère l’univers de mille manières, par des rites variés, sous des noms divers, et que ceux qui sont versés dans la doctrine antique appellent Isis, c’est toi que les Égyptiens savent adorer par des cérémonies convenables qu’ils ont transmises aux Grecs ; c’est toi qui arrondis le globe, en flammes le soleil, gouvernes le monde, foules le Tartare. Les astres te répondent, les temps t’obéissent, les dieux se réjouissent de toi, les éléments te sont soumis ; à ton souffle les vents respirent, les nuages grossissent, les semences germent, les germes croissent. Ta majesté frappe d’une sainte horreur les oiseaux qui tremblent dans l’air, les animaux sauvages qui parcourent les montagnes, les serpents qui rampent sous l’herbe, les monstres que l’Océan renferme dans ses gouffres. Tu es la protectrice constante et sacrée du genre humain ; toujours libérale envers la race favorisée des mortels, que tu soignes dans leurs malheurs avec une affection maternelle, et que tu reçois après leur mort dans ton sein, où tout retourne parce que tout en est sorti a.» a
APULE´ E, Métam.
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5–14 Une seconde ... religieuse. ] Une seconde ... antiquité, ne pussent ... religion, qu’elles pliaient à leurs vues, ... religieux, reprenant ses droits ... honorés par leur[s] confidences, 1
BC aurait dû renvoyer à Apulée, Métamorphoses, livre XI, chap. V. Le passage en cause est attribué par Apulée à la déesse Cybèle qui se définit elle-même ainsi. Il est d’ailleurs cité
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«Grand dieu !» s’écrie Arjoun, quand Crischna lui apparaît sous sa véritable forme, orné de robes éclatantes et de guirlandes magnifiques, avec des yeux et des bouches sans nombre, tenant dans ses millions de bras des glaives prêts à frapper, exhalant des parfums célestes, et couvert de toutes les choses merveilleuses qui brillent isolées dans l’univers ; «grand dieu ! je vois dans ta poitrine toutes les divinités réunies et toutes les classes des êtres divers. Je vois Brama sur son trône de lotos, et depuis les saints jusqu’aux serpents célestes. Je te vois toi-même de tous côtés, avec tes formes infinies, tes yeux, tes bouches, tes bras que nul ne saurait compter ; mais je ne puis découvrir ni ton commencement, ni ton milieu, ni ta fin, seigneur universel, source éternelle des mondes. Je te vois avec ta couronne éblouissante, armé d’une massue et d’une fronde terrible, telle qu’un globe étincelant dont nul ne saurait soutenir la vue. Tu resplendis d’un éclat ineffable, comme le feu dans toute sa force, et les astres dans toute leur pompe : le soleil et la lune sont tes yeux ; ta bouche est un volcan qui lance des flammes. Les phalanges célestes ne savent si elles doivent ou te fuir, ou t’approcher. Les unes cherchent un asile auprès de toi ; d’autres épouvantées tendent leurs mains suppliantes, et chantent tes louanges. Quand je te contemple entouré de tant de lumières, décoré de tant de couleurs, mon courage m’abandonne. Quand je regarde tes dents menaçantes, emblèmes du temps qui dévore tous les êtres, je demeure immobile et confondu. Je vois les guerriers des armées, les souverains de la terre, se précipiter dans ta bouche comme dans une ardente fournaise. Quelques-uns restent suspendus entre tes dents, le corps déchiré. Mais tous enfin, tous ces héros de la race humaine, sont engloutis dans cet abîme, comme les fleuves vont d’un cours rapide se perdre dans l’Océan, ou comme une troupe d’insectes qu’un vent impétueux entraîne, se jette dans la flamme qui les attire pour les consumer a.» Quelques-unes de ces paroles sont éloquentes ; plusieurs semblent indiquer un sentiment profond de l’immensité, de la puissance, de la suprématie d’un Dieu, distinct du monde qu’il gouverne et des générations qu’il crée ou a
Bhag. Gita. Trad. angl. p. 901.
réintroduisoit quelquefois, en dépit de la logique, un enthousiasme inattendu dans les doctrines les plus 〈arides〉 incrédules & les plus rébelles. c’étoit la lutte de l’ame contre l’aridite de l’esprit. Co 4725, f o 114 24–29 c’est toi ... croissent. ] texte identique dans Co 4725, f o 17 4–18 et couvert ... louanges. ] texte identique dans Co 3293, Q3/12 et Co 3435/5
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par Sainte-Croix, Mémoires pour servir à l’histoire de la religion secrète des anciens peuples, Paris : Nyon, 1784, p. 484, et par Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Völker, besonders der Griechen, Leipzig et Darmstadt : Heyer und Leske, 1811, t. II, p. 50, ce qui explique peut-être le choix de cette longue citation par BC. Voir ses Notes de lecture (Co 3293, Q3,5), l’entrée 185, qui retient cette citation. BC traduit partiellement ou résume un passage de la traduction de Charles Wilkins, The
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qu’il détruit. Mais ce ne sont au fond que les touchantes et nobles inconséquences d’individus qui cèdent à leurs émotions, ou peut-être les trompent en s’enivrant de déclamations sonores. La langue symbolique du sacerdoce introduit toujours dans les expressions du panthéisme une contradiction qui lui donne quelquefois l’extérieur du théisme. Le principe du panthéisme, c’est de ne pas distinguer le tout d’avec ses parties. Mais comme, lorsque le tout est personnifié, il s’établit, entre lui qui seul existe, et les parties qui n’existent pas, des rapports qui nécessairement impliquent leur existence, la notion de diversité à laquelle le panthéisme voudrait se soustraire rentre dans cette doctrine par cette route, et proteste contre la sentence dont elle est frappée. C’est ainsi que, dans ce même Bhaguat Gita, Crischna dit : «Je suis l’humidité dans l’eau, la lumière dans le soleil et la lune, l’invocation dans les Vèdes, le son dans l’air, la nature humaine dans l’homme, le parfum sur la terre, et la dévotion dans l’ame pieuse ; je suis l’intelligence des sages, la gloire des fiers, la force des forts. Toutes choses sont suspendues à moi, comme les pierres précieuses au cordon qui les unit et qui les soutient a.» Par là même Crischna, qui prétend être la seule existence, diffère des existences partielles, comme le cordon diffère des pierres précieuses. Cette inexactitude forcée dans les expressions ne change rien au fond du système, et le déguise sans le modifier. Cette Nature, dont Apulée paraît faire une divinité intelligente et compatissante, n’est dans la doctrine égyptienne qu’un tout impassible, dont les êtres partiels ne sont que des formes qu’il produit sans but et qu’il anéantit sans pitié. Ce seigneur universel des mondes, devant lequel Arjoun se prosterne, n’est que l’univers même ; et le Bhaguat Gita, où nous avons puisé cette allocution si enthousiaste, contient le système de panthéisme à la fois le plus subtil, le plus rigoureux, et, comme on le verra bientôt, le plus étranger à toute sensibilité et le plus destructif de toute morale. Tel est, selon nous, le point de vue sous lequel on doit envisager la partie métaphysique de la doctrine secrète des prêtres de l’antiquité. Cette doctrine a
Bhag. Git. p. 69–701.
4–11 La langue ... frappée. ] 〈ici pour les lecteurs peu accoutumés à〉 la langue ... du sacerdoce, 〈qu’il y a〉 introduit ... contradiction inévitable qui ... entre 〈un tout〉 lui qui seul existe & ses parties ... frappée. Co 3435/5 11–20 C’est ainsi ... système, ] C’est ainsi ... Crischna dit 27 sysencore : je suis ... des 〈existences〉 preuves ... systême Co 4725, f o 16 et Co 3435/5 tème de panthéisme ] la source porte système faute corrigée dans l’Errata
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Bha˘gva˘t-Geeta, or Dialogues of Kre˘e˘shna˘ and A˘rjo˘o˘n ; in Eighteen Lectures, with notes. Translated from the Original [...] by Charles Wilkins [...], London : C. Nourse, 1785, pp. 90–93. BC traduit littéralement le passage d’après Charles Wilkins, The Bha˘gva˘t-Geeta, p. 70.
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ne se bornait point à un système unique : les hypothèses qu’amenait chaque série de méditations étaient reçues et enregistrées. Comme aucun sentiment religieux n’avait de prise sur la corporation, considérée comme corps collectif que dominait exclusivement son intérêt, l’irréligion n’était point repoussée, mais admise à l’égal de toute autre théorie, et sous la condition du mystère. La corporation profitait de cette diversité de systèmes pour adapter ses confidences au caractère de chaque auditeur, en apportant une attention sévère à conserver au-dehors les apparences de l’unité. Ainsi, ceux qui ont vu dans les philosophies sacerdotales le théisme, le dualisme, le panthéisme, et même l’athéisme, ont tous eu raison et ont tous eu tort. Ils ont eu raison, toutes ces choses y étaient ; ils ont eu tort, aucune n’y était seule a. a
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Ce qui explique, et, jusqu’à un certain point, ce qui excuse les écrivains qui sont tombés dans cette méprise, c’est que, philosophiquement parlant, toutes les doctrines, tendant à se fondre dans le panthéisme, ont par là même une certaine similitude, au moins dans la route qu’elles suivent. Le théisme à lois générales, le seul que la logique rigoureuse puisse admettre, ne se distingue du panthéisme que parce qu’il reconnaît deux substances, l’une intelligente et active, l’autre inerte et sans intelligence ; et la logique ne trouve nul obstacle, et puise même dans ses argumentations plus d’un encouragement à réunir ces deux substances. Le dualisme, qui proclame deux êtres, l’un bon, l’autre méchant, est entraîné vers la fusion de ces deux êtres en un seul par le mélange du bien et du mal, et la manière dont ils s’engendrent et rentrent l’un dans l’autre. Nous en voyons la preuve à la Chine. Le Yang (le ciel, le soleil, la chaleur, le jour, le genre masculin, le feu primitif, la santé et le bonheur), voilà le bon principe : il est représenté par la ligne droite. Le Yn (la terre, la lune, le froid, la nuit, le genre féminin, l’eau primitive, la maladie, le malheur), voilà le mauvais principe : il est figuré par la ligne courbe. (Livre Yeking, Couplet, Confucius Sinarum philosophus1.) Mais presque aussitôt les deux principes sont réunis dans le grand tout matériel, le Tai Kié. La doctrine de l’émanation n’est, en quelque sorte, qu’un théisme provisoire ; car, bien que les êtres séparés de l’Eˆtre-Suprême soient des individus aussi long-temps que la séparation dure, cependant, comme l’individualité est un état passager et contre nature, que la tendance de tous les êtres partiels est de se réunir au grand tout, et que, cette réunion opérée, tout est absorbé dans la même substance, et toute individualité disparaît, un pareil théisme doit se terminer par le panthéisme, et s’y reposer. Le système des atomistes, ostensiblement opposé au panthéisme, aboutit néanmoins aussi à ce re´sultat. Des atomes, infinis en nombre et d’une extrême subtilité, sont une même substance dans laquelle l’apparence de la division ne constitue point la diversité. Quand l’athéisme se contente de nier un premier principe de tout ce qui existe, il n’aborde que la superficie des questions ; car il n’approfondit pas le fait dont il rejette l’une des causes ; et tel a été le tort de la plupart des incrédules du dixhuitième siècle. Pour peu que l’athée aille plus loin, il est conduit à se réunir à celle des catégories panthéistiques, qui, faisant de la matière la substance réelle, considère l’esprit comme une illusion. Il ne faut pas se le déguiser, le sentiment religieux mis de côté, le panthéisme est le dernier terme de toutes les doctrines. On le voit, depuis le fétichisme le plus grossier jusqu’au théisme le plus subtil, ouvrir ses bras immenses pour les saisir Le renvoi à la traduction latine des textes de Confucius ne vise pas un endroit précis ; BC indique la source : Confucius Sinarum philosophus, sive scientia sinensis latine exposita, studio & opera Prosperi Intorcetta, Christiani Herdtrich, Francisci Rougemont, Philippi Couplet, patrum Societatis Jesu, Jussu Ludovici Magni, [...], Parisiis : Apud Danielem Horthemels, 1687. BC résume ce qu’il a lu chez Görres, Mythengeschichte, t. I, pp. 61–62 (pp. 43–44 de l’éd. de 1935).
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Résumons maintenant ce que nous venons de dire sur la composition du polythéisme sacerdotal. Sa base est l’astrolâtrie, ou le culte des éléments, sous lequel se place le fétichisme. Au-dessus de ce culte vulgaire plane un système scientifique, que le sacerdoce travaille à perfectionner, et qu’il tient toujours hors de la portée des classes asservies. A ce système de science, qui n’est que l’observation des faits, se joignent des tentatives pour découvrir les causes, et ces tenta tives aboutissent à des hypothèses philosophiques et métaphysiques : ces hypothèses ne forment point un ensemble : elles existent chacune à part, ignorées du peuple. Elles ne peuvent donc ni le scandaliser par leur impiété, ni l’étonner par leurs dissidences. Enfin, ces trois éléments sont revêtus d’une ou de plusieurs terminologies symboliques, résultant à la fois de l’imperfection du langage et de la disposition des prêtres au mystère a. Ces terminologies expriment tour-à-tour les relations
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et les absorber. Ce qui peut sauver le sentiment religieux de cette aberration métaphysique, c’est qu’il a besoin d’un objet d’adoration et d’amour hors de lui-même ; mais ce n’est pas l’abstraction qui peut l’y conduire. Nous verrons, en traitant de la décadence du polythéisme, le chef des nouveaux platoniciens, Plotin, partir de l’abstraction pour arriver à la connaissance de l’Eˆtre-Suprême, et, malgré son ame très-enthousiaste et ses efforts trèssincères, retomber sans cesse dans le panthéisme, sur lequel il s’efforce de prendre le change. Nous nous flattons que cet exposé répondra pleinement aux objections d’un des hommes de France dont nous apprécions le plus les connaissances et la bonne foi. M. Guigniaud nous a reproché de ne pas tenir assez compte de cette observation spontanée, de cette étude intuitive et nécessaire de la nature et du monde, d’où résultèrent une science, une philosophie primitive, contemporaines de la formation des systèmes religieux. «Tous, de près ou de loin, appartiennent, dit-il, à la haute antiquité, où sentiment et pensée, idée et croyance, science et religion, se confondaient. Ce sont les prêtres qui ont fait, non pas la religion, car elle est éternelle, inhérente à la nature de l’homme, identique avec la raison, avec le bien, avec le beau, mais les religions qui ont passé sur le monde, en se proportionnant aux lumières et aux besoins du temps, en se mêlant aux erreurs et aux passions des hommes : et cependant les prêtres, ayant toujours commencé par être les savants de chaque époque, comme ils ont été plus ou moins les premiers législateurs de tous les peuples, n’ont-ils pas dû consigner dans les symboles qu’ils proposaient à la foi implicite de leurs contemporains, les connaissances relatives qui, se révélant à eux avec le caractère de vérités absolues, devaient commander leur propre croyance et leur paraître la base la plus solide de l’édifice religieux et politique qu’ils voulaient élever ?» (9e note sur Cr. pag. 895–8971.) Nous sommes prêts à signer, avec quelques restrictions sur la date de l’introduction de la science
BC cite, avec quelques coupures et quelques changements sans importance un passage de la longue «Note 13» (et non pas 9) de Guigniaut au sujet des «principaux rapports de la religion et de l’astronomie chez les Égyptiens» (Religions de l’Antiquité, considérées principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques, ouvrage traduit de l’allemand
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des dieux supérieurs, élémentaires ou astronomiques, avec les fétiches ou les dieux à forme humaine, celles des êtres ou des abstractions métaphysiques avec les divinités du peuple a et les dieux supérieurs, et celles des personnifications cosmogoniques avec les axiomes de la science et les objets de l’adoration. Mais elles ont encore une autre conséquence. Des mots de naître et d’engendrer résultent des cosmogonies, des théogonies qui paraissent dans un lointain obscur, et pour ainsi dire, derrière la mythologie populaire. L’infini, le vide, la force créatrice, conservatrice, destructive, deviennent une classe de dieux jusqu’alors inconnus, dont les amours, les viols, les incestes, les mutilations représentent les diverses hypothèses destinées à expliquer la création de cet univers b. Sortis de la religion par la
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dans la religion, et sur le sentiment religieux des prêtres, ce jugement de M. Guigniaud, pourvu que, de son côté, il nous accorde que les connaissances sacerdotales ne changeaient rien à la grossièreté des superstitions publiques, et que la caste savante, par cela même qu’elle fondait son pouvoir sur la science, n’a profité de son ascendant que pour déranger la proportion nécessaire entre les croyances qui passent sur le monde et les lumières ou les besoins du temps. Ainsi, par exemple, pour exprimer la variéte´ de formes apparentes que prend la matière élémentaire et unique, l’ame de Fo passe successivement dans le corps d’une foule d’animaux, d’un singe, d’un dragon, d’un éléphant blanc ; et l’adoration de ces animaux lie le fétichisme au panthéisme. Il n’est pas inutile d’observer que chez les peuples les plus éloignés les uns des autres, ces légendes ont entre elles une grande ressemblance. On trouve partout l’œuf cosmogonique. Les Phéniciens nous parlent du souffle (πνευÄ μα), qui, saisi d’amour pour ses propres principes, engendra la matière. La matière s’arrondit en forme d’un œuf, et de cet œuf sortirent le vent Kolpiah et sa femme Baau, dont les noms rappellent le Kol-pi-jah et le Bohu de la Genèse. A eux deux ils engendrèrent le temps et le premier-né, la race humaine. Chez les Égyptiens, Cneph produit l’œuf, d’où sort Pht[h]as, l’ordonnateur du monde. (EUSE` B. Præp. ev. III. I. OLYMPIOD. ad Plat. Fragm. Orphic. pag. 5101.) En Chine, Pankou se renferme dix-huit cents ans dans un œuf, et les parties de son corps, précisément comme celles d’Ymer en Scandinavie, et comme l’œuf indien de Pradjapat (voyez ci-dessous chapitre 52), deviennent le soleil, la lune, la terre, les forêts et les fleuves. (Cosmogonie de Taot-Zée dans Couplet, Tab. Chron. Monarch. Sin. p. 133.) Partout aussi les dieux cosmogoniques s’unissent incestueusement ; Brahm produit Bhavani, la nature, le monde visible :
2–5 celles ... l’adoration. ] texte identique Co 4725, f o 20 Pradjabat faute corrigée dans l’Errata
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31 Pradjapat ] la source porte
du Dr Frédéric Creuzer, refondu en partie, complété et développé par J. D. Guigniaut, t. I, deuxième partie, p. 895) et dans laquelle Guigniaut reproduit en le traduisant un passage de Görres, Mythengeschichte der asiatischen Welt, Heidelberg : Mohr und Zimmer, 1810 (t. I, p. 275), cité par BC dans le t. I (pp. 180 et 185 sv.). On voit que Guigniaut, tout en marquant son adhésion aux opinions de BC, insiste sur des nuances importantes. Lire Eusèbe livre III, chap. 11, 46 (La préparation évangélique, t. II, p. 229), qui résume Jamblique, Les mystères d’E´gypte, III. – Olympiodori scholia in Philebum (Godofredus Stallbaum, Lipsæ : Hinrichs, 1820) contient des éléments sur l’œuf orphique. Voir ci-dessous, p. 209. Le renvoi a` la Tabula chronologica Monarchiæ Sinicæ qu’on trouve en annexe à la tra` la p. indiquée, on trouve l’année de naisduction latine de Confucius reste énigmatique. A
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mé taphysique, les prêtres y rentrent par les cosmogonies que cette métaphysique leur a suggérées. Les êtres cosmogoniques personnifiés et doués de volonté, de vie et d’action, sont d’autant plus imposants qu’ils sont plus vagues. Ces dieux planent sur la croyance publique, s’y mêlant quelquefois, et surtout lui imprimant leurs couleurs sombres, mystérieuses, souvent obscènes et révoltantes. Les révélations partielles qui, bien que retardées le plus qu’il est possible, sont inévitables, deviennent par-là moins inattendues et d’un effet moins dangereux, parce qu’il est moins brusque, et les portions qui s’échappent de temps à autre de la doctrine secrète, sont admises avec moins d’inconvénients dans la religion publique et se concilient plus aisément avec elle a. Les théogonies et les cosmogonies la peuplent de fables incohérentes, la surchargent de cérémonies énigmatiques b : c’est à cette cause qu’il faut
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elle a trois fils, Brama, Wichnou et Schiven, et se change en trois filles pour épouser ses fils. Chez les Étrusques, Janus et Camazène sont frère et sœur, et mari et femme. (LYDUS, de Mens. p. 571.) Partout encore ces dieux se mutilent. Ces coïncidences prouvent que toutes ces conceptions appartiennent à la même époque de l’intelligence et du langage dans lequel l’homme à cette époque est forcé de les rédiger. Les prêtres d’E´gypte avaient trouvé le moyen de profiter de l’indiscrétion au lieu de la craindre. Après avoir transformé en symboles leurs notions métaphysiques, ils expliquaient ces symboles par des fables, puis confiaient ces fables à leurs disciples, non comme nouvelles, mais comme non revélées jusques alors. Leur but n’était point que la fable ainsi confiée demeurât secrète ; ils voulaient qu’elle se répandit par degrés, comme ayant fait toujours partie de la religion. Ce qui leur importait n’était point le secret sur la fable, mais le secret sur la date ; et celui-ci ne pouvait être trahi, car nul ne le savait : de la sorte l’indiscrétion servait à leurs vues. Ceci se démontre par les faits. Les fables relatives à Osiris, secrètes du temps d’Hérodote, étaient connues du temps de Diodore (DIOD. I, 212) ; mais alors de nouvelles fables étaient l’objet de nouvelles confidences et de secrets nouveaux. Souvent il est impossible de déterminer si les rites populaires viennent de la doctrine secrète, ou si l’explication de tel ou tel rite n’a pas suggéré telle hypothèse qui fait partie de
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6–13 Les révélations ... énigmatiques : ] ce passage se présente sur trois fiches avec des corrections en cascade Première fiche 〈Elles rendent〉 les révélations ... brusque texte identique, syntagmes arrangés autrement ; la phrase restructurée en invertissant la place des syntagmes pour aboutir à la version qu’on trouve dans l’imprimé ; deuxième fiche, plusieurs rédactions successives première rédaction Car, précisément, parce que la doctrine secrette du Sacerdoce ne forme pas un ensemble, Il s’en échappe de tems à autre quelques portions qu’il faut alors admettre & combiner dans la religion publique. deuxim ` e rédaction Car précisément parce que de la doctrine ... sacerdoce s’échappent ... publique. troisième rédaction, sans tenir compte du début de la fiche & les quelques portions qui s’échappent ... sont admises ... avec elle. troisième fiche 〈Ainsi, la religion populaire〉 〈&〉 de la sorte cette dernière le syntagme de 1
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sance du philosophe, rien de plus. Voir Ioannis Laurentii Philadelpheni Lydi, De mensibus [...] textum recognovit atque emendavit, e græco in latinum convertit [...] Car. Bened. Hasii et Fried. Creuzeri [...], Lipsiæ & Darmstadii : Typis & impensis Caroli Guilielmi Leskii, 1827 (dans cette éd. IV, 2–3, p. 150). Le chapitre indiqué raconte la légende d’Osiris.
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attribuer ces orgies féroces et licencieuses, partie si étrange des cultes sacerdotaux. Pour rendre plus sensible le contraste et l’union de la force créatrice et destructive, les prêtres de ces cultes étalent en pompe les signes sanglants de leurs honteuses mutilations, ou pour exprimer la lutte des éléments, ils se livrent au pied de leurs autels des combats acharnés a. L’esprit de corps, sûr de sa puissance, ne leur épargne aucune douleur et transforme ses instruments en victimes. Cependant la religion, dans ses rapports avec la multitude, demeure immuable, parce que sur elle reposent la puissance des corporations et l’autorité de la théocratie. Les prêtres qui, retirés dans le sanctuaire, la dédaignent ou la dénaturent en l’interprétant, pratiquent au dehors tous ses rites avec une ardeur merveilleuse ; peut-être même la conscience de leur indifférence pour les opinions sert-elle à réchauffer leur zèle pour les pratiques. Convaincus de la nécessité de les maintenir toujours ferventes et d’en offrir l’exemple, ils s’astreignent aux cérémonies les plus minutieuses comme aux privations les plus pénibles. Les jeûnes, les austérités, les macérations et les supplices dans lesquels ne devrait se précipiter que la dévotion la plus sincère et la plus exaltée, le brame et le bonze se les imposent : le brame, dont la doctrine secrète est un panthéisme qui ne saurait admettre aucun culte ; le bonze b, véritable athée, puisqu’il ne reconnaît, sous un autre nom, qu’un monde matériel sans intelligence c. Mais
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cette doctrine. Les prêtres de Thrace préféraient la nuit au jour pour leurs cérémonies religieuses ; mais cette préférence, manifestée dans leurs rites publics, naissait-elle de l’idée mystérieuse d’une nuit primitive, principe de tout, idée admise dans leur doctrine secrète, ou cette idée mystérieuse naissait-elle des pratiques antérieures dont ils avaient voulu assigner la cause ? Le culte matériel du feu a-t-il donné lieu au système de l’émanation, ou ce système a-t-il introduit dans la religion le culte du feu ? Nous posons ces questions pour indiquer l’influence que l’une de ces choses a pu avoir sur l’autre. Dans le temple d’Hiérapolis, les prêtres se battaient entre eux pour figurer l’opposition du principe actif et du principe passif. Nom générique des prêtres de Fo, appelés en Chine Seng ou Hoschang, en Tartarie lamas ou lama-seng, à Siam talapoins. L’incrédulité, dans les philosophies sacerdotales, n’abolit ni la langue religieuse, ni l’observance du culte. Sougat, philosophe athée, qui vivait à Kikof, dans la province de Béhac, environ deux mille ans avant Jésus-Christ (mille ans après le commencement de l’âge de fer, dont la 4882e année était l’an 1781 de notre ère. Voyez Wilkins, As. Res. I, 1291), ne croyait qu’aux choses visibles. Il écrivit beaucoup de livres contre la religion (suite des variantes de la p. précédente) la correction dans l’interl. se peuple de fables incohérentes, ce dernier mot dans l’interl. se surcharge de cérémonies enigmatiques, ce dernier mot dans l’interl. prend une signification double ou triple & demeure pourtant, dans ses rapports avec la multitude, toujours immuable, parce que sur elle reposent la puissance des corporations & l’autorité de la Théocracie. Co 3435/5 15 Camazène ] la source porte Comazène faute corrigée dans l’Errata
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BC résume, en déformant les noms, certaines informations qu’il a trouvées dans l’étude de Charles Wilkins, «A Royal Grant of Land, Engraved on a Copper Plate, bearing date Twenty-Three years before Christ ; And discovered among the Ruins at Mongueer. Trans-
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en échange, le bonze et le brame, réservant pour eux la doctrine intérieure qui n’annonce à l’homme que l’absorption ou le néant, procla- ment en public l’immortalité de l’ame individuelle, et promettent la félicité d’une autre vie à qui les enrichit et qui les honore. Cette combinaison, dont nous traçons ici les traits fondamentaux, diffère ensuite dans les détails, suivant les climats, les situations locales, le génie des peuples, leurs habitudes, les hasards mêmes qui influent sur leur destinée : le fond ne varie pas. Nous le prouverons en appliquant successivement les principes que nous avons posés à la religion de l’E´gypte et à celle de l’Inde. établie, prétendant que les actions ne trouvent leur récompense et leur châtiment que dans cette vie. Mais il n’en menaçait pas moins ses adversaires des peines à venir ; et dans le fragment d’un de ses écrits qui nous est parvenu, il peint les morts se souvenant de leur existence antérieure, et désirant revoir les royaumes du jour. Fo, disent les bouddhistes, après avoir enseigné durant toute sa vie, qu’avaient signalée des mortifications admirables, des dogmes revêtus, malgré leur abstraction excessive, d’une couleur religieuse, rassembla près de son lit de mort les disciples qu’il honorait d’une confiance particulière, pour leur déclarer qu’il ne leur avait enseigné jusqu’alors que sa doctrine extérieure. «Ma doctrine secrète, continua-t-il, la vérité unique, le fruit de toutes les méditations de l’intelligence, et ce qu’elle découvre par les plus sublimes efforts, c’est que rien n’existe : tout est illusion ; il n’y a de réel que le vide et le néant.» Ses auditeurs reçurent avec respect cette confidence ; elle devint leur doctrine occulte : mais ils ne cessèrent ni de mettre en tête de leurs ouvrages la même formule que les brames, le mot Om, symbole des attributs de la Divinité (As. Res. IV, 1751), ni de pratiquer des cérémonies et de se livrer à des pénitences dont une foi vive peut seule faire un devoir.
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5–10 Cette combinaison ... l’Inde. ] Cette combinaison ... climats, les 〈positions〉 situations ... destinées. Mais le fond reste le même. Nous allons le prouver, ... successivement les 〈vérités〉 14–21 Fo ... néant ] Fo ... qu’avaient le mot suivant au principes ... l’Inde. Co 4725, f o 21 masculin signalé 〈des austérités &〉 des mortifications ... qu’il honoroit 〈illis.〉 d’une ce mot récrit sur un autre illis. confiance particulière ... avait appris ... néant. Co 3435/5 et Co 4725, f o 24
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lated from the Original Sanscrit, by Charles Wilkins, Esquire, In the Year 1781», Asiatick Researches, London : Vernor, Hood, and Sharpe et al., t. I, 51806, pp. 123–129. Wilkins explique dans une note : «Soogot signifies an atheist, or follower of the tenets of Soogot, a philosopher, who is said to have flourished at a place called Keekot, in the province of Behar, one thousand years after the commencement of the Kolee Joog, or Iron Age ; of which this is the 4882d year. He beleaved in visible things only, or such as may be deduced from effects the cause of which is known ; as from the smoke the existance of fire. He wrote many books to prove the absurdity of the religion of the Brahmans ; [...] He further held that all our actions are attended by their own rewards and punishments in this life ; [...]» (p. 129, n. 1). La dernière observation sur les peines à venir se trouve vers la fin du texte sancrit (p. 128). BC cite une phrase du discours du 20 février 1794 de William Jones, «On the Philosophy of the Asiatics», relative à un ouvrage désigné par le terme Saugata, soit un texte bouddhiste, (Asiatic Researches, t. IV, 1798, p. 164–180, et plus particulièrement pp. 172–173) : «it begins, like other Hindu books, with the word Om, which we know to be a symbol of the divine attributes».
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Chapitre IV. Exemple de la combinaison ci-dessus chez les Égyptiens.
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La combinaison que nous venons de décrire s’aperçoit clairement dans le polythéisme égyptien. Nous y voyons d’abord l’adoration des animaux : le chat reçoit les honneurs divins à Bubaste ; le bouc, à Mendès ; le taureau, à Hiéropolis ; l’aigle et l’épervier, à Thèbes et à Philes ; le singe, à Arsinoé ; le crocodile, sur le lac Mœris ; l’ichneumon, dans la préfecture héracléotique ; ailleurs l’ibis, la musaraigne, le chien, le coq, le lion ; à Éléphantine et à Syène, l’oxyrinque, le lépidote et l’anguille a. a
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On peut consulter, pour une énumération plus complète, DESBROSSES, Culte des Dieux Fétiches, pag. 31–321 ; STRAB. XVII ; AELIEN, Hist. an. X, 232. On voyait encore, du temps de MAILLET (Descr. de l’E´gypte, p. 1753), dans les soins rendus a` des animaux qu’on nourrit et qu’on entretient dans des édifices consacrés à cet usage, des vestiges de ce culte. Plutarque (de Is. et Os.) prétend que les habitants de la Thébaïde n’adoraient point de dieux qui eussent été mortels. Cneph, dit-il, était leur unique dieu ; aussi ne contribuaient-ils point à l’entretien des animaux sacrés. Quelque fait partiel trop généralisé aura probablement motivé cette assertion, contre laquelle beaucoup d’autres faits s’élèvent4. Établissement du texte : Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 61–93.
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La liste partielle des dieux animaux de cet alinéa repose sur le passage indiqué de Charles de Brosses, Du culte des dieux fétiches, ou Parallèle de l’ancienne Religion de l’E´gypte avec la Religion actuelle de Nigritie, [Genève] : s.éd., 1760. BC l’a trouvé chez Meiners, Allgemeine kritische Geschichte der Religionen, t. I, pp. 191–192, n. y, qui le transcrit intégralement. La preuve en est que le renvoi à de Brosses reproduit la faute de Meiners (p. 31–32 au lieu de p. 81–82) et que BC cite, comme Meiners, Strabon et Élien que celui-ci avait trouvé chez de Brosses. Voir ci-dessous, p. 431, n. a. Meiners dit (n. 1, ci-dessus) que la liste la plus complète des dieux animaux égyptiens se trouve chez Strabon, Geographia, livre XVII et renvoie au livre X, 23, de l’ouvrage d’E´lien (De natura animalium libri septemdecim, verba ad fidem librorum manuscriptorum constituit et annotationibus illustravit Fridericus Jacobs, Jenæ : Impensis Friderici Frommanni, 1832, p. 150 , début d’une série de chap. sur le culte des animaux). BC copie ces références. Benoît de Maillet, Description de l’E´gypte, contenant plusieurs remarques curieuses sur la géographie ancienne et moderne de ce Païs, sur ses monumens anciens, sur les mœurs, les coutumes & la religion des habitans, sur le gouvernement & le commerce, sur les animaux, les arbres, les plantes, &C., composée sur les Mémoires de M. de Maillet [...] par l’Abbé Le Mascrier, Paris : chez Louis Genneau et Jacques Rollin, fils, 1735. Renvoi non élucidé. Allusion à Plutarque, De Iside et Osiride, § 21, dernière phrase. L’opinion de BC relative au dieu Cneph (Amun sous l’apparition d’un serpent) n’est pas entièrement confirmée par les
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On a voulu expliquer cette adoration de plusieurs manières ; aucune ne soutient une discussion sérieuse. Parler, comme Diodore, des métamorphoses des dieux, c’est rendre raison d’une absurdité par une fable. Remonter aux étendards qu’auraient arborés les différentes tribus, c’est renverser l’ordre des idées. Un peuple peut choisir pour étendard la représentation de ce qu’il adore ; mais il n’adore pas tel ou tel objet, parce qu’il l’a choisi pour étendard. La politique des rois, cherchant à diviser leurs sujets en leur donnant des objets divers de vénération religieuse, est une application maladroite du système d’E´vhémère, qui rapportait, comme on sait, l’origine de toutes les religions aux combinaisons des législateurs. Le fétichisme a été antérieur à toute loi positive. Favorisé par l’intérêt d’une classe, il a pu se prolonger sous la civilisation et par l’action de l’autorité : mais il a dû naître librement au sein de la barbarie. Enfin nous avons déja montré que l’utilité des diverses espèces n’entre que pour infiniment peu dans le culte que les sauvages leur rendent a. Il en était de même en Égypte. On y adorait également les animaux utiles et les animaux nuisibles. Quand une croyance est ébranlée, il est difficile d’imaginer sur quoi reposait son crédit ancien. On lui attribue alors mille genres d’utilite´ subalterne, dont aucun n’aurait suffi pour la faire adopter, et qui ne s’offrent qu’après coup, pour expliquer en apparence ce qui est devenu inexplicable b. Ainsi, de nos jours, on a justifié le carême comme favorisant par la pêche une pépinière de marins ; mais les premiers qui s’étaient imposé des abstinences, n’avaient pour but que de plaire au ciel. a b
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Tome I, p. 154. Seconde édition1. Telle a été l’erreur de M. de Paw, écrivain doué cependant d’une sagacité remarquable : «L’utilité de certains animaux, dit-il (Recherches sur les Égyptiens et les Chinois, II, 119– 120), a pu motiver leur culte en Égypte. Les Turcs, bien éloignés de ce culte, ne permettent pas néanmoins de tuer des ibis. Certaines villes d’E´gypte en adorant le crocodile assuraient l’entretien des canaux nécessaires pour leur procurer de l’eau potable, et par lesquels ces animaux arrivaient jusqu’à elles. L’entretien de ces canaux était, en quelque sorte, sous la sauve-garde de la religion2.» En écrivant ces lignes, comment M. de Pauw ne s’apercevait-il pas qu’il se réfutait lui-même ? Puisque les Turcs, qui sont très-éloignés du fétichisme, protégent les ibis sans les adorer, et parce qu’on leur doit la destruction des serpents, les Égyptiens n’auraient pas eu besoin de rendre un culte aux crocodiles pour les épargner, et leurs hommages religieux envers ces amphibies avaient une autre cause. recherches modernes. Ce dieu était vénéré dans un culte équivalent au culte mortuaire des animaux, prédécesseurs des dieux. Plutarque dit, correctement, que ce dieu était vénéré à la place des animaux sacrés. OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 219. BC résume une réflexion de De Pauw, Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, t. II, pp. 120–123.
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Si les explications de Diodore sont superficielles, celles de Plutarque pèchent par un excès de subtilité. Tantôt, l’adoration des animaux tiendrait, à l’entendre, à la métempsycose a ; mais la métempsycose, telle que les sauvages la conçoivent, ne saurait servir de base à un culte, puisque, vague et inconséquente dans ses con jectures, elle ne prescrit ni pitié, ni respect pour les animaux dont le corps est l’asile des ames errantes qui cherchent un abri b. Tantôt les animaux, dit-il, étant l’ouvrage du mauvais principe, les habitants de l’E´gypte auraient voulu le désarmer en les adorant. Mais cette assertion dictée au philosophe de Chéronée par son penchant à retrouver partout le dualisme, est démentie par les faits. Loin d’être les créatures du mauvais principe, les dieux animaux, dans l’opinion des E´gyptiens, étaient ses ennemis, et pour l’apaiser ils les immolaient1. Tantôt enfin Plutarque s’épuise en efforts pour démêler et pour faire ressortir une ressemblance imaginaire entre les qualités qui caractérisent certaines espèces, et celles qu’on attribuait aux dieux : mais ces dieux devaient exister, pour qu’on remarquât ces ressemblances, et ce n’est qu’ensuite qu’elles ont pu enrichir la langue symbolique2. Porphyre, dans ses conjectures, approche davantage de la vérité. La divinité, suivant lui, embrasse tous les êtres ; elle réside aussi dans les animaux, et l’homme l’adore partout où il la trouve. Mais Porphyre n’exprime ici que le premier élan du sentiment religieux dans le fétichisme. Il ne rend point compte de la combinaison par laquelle le culte des animaux prend une forme régulière, et se prolonge long-temps après que l’homme a placé la divinité fort au-dessus de la nature physique3. Les écrivains de nos jours ont été plus malheureux encore dans leurs tentatives. Il en est qui ont imaginé que les Égyptiens n’avaient adore´ les animaux que pour se rappeler le sens attaché à chacun d’eux dans les hiéroglyphes c. Mais si la religion égyptienne n’était qu’une écriture, un a b c
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Cette hypothèse a été reproduite par Énée de Gaza, dans le cinquième siècle4. Tome I, p. 201–202. Seconde édition5. Dornedden, dans un ouvrage allemand, intitulé : Phaménophis6. Plutarque, De Iside et Osiride, chap. 73. Plutarque, De Iside et Osiride, chap. 75. BC pense probablement à un passage de l’ouvrage De abstinentia. (De l’abstinence, texte établi et traduit par Jean Bouffartigue et Michel Patillon, Paris : Les Belles Lettres, 1979). On possède d’E´née de Gaza (vers 460-vers 520), philosophe néoplatonicien, converti au christianisme, un dialoque intitulé Théophraste, qui traite de l’immortalité (Æneæ Gazæi, Philosophi Christiani, Theophrastus, sive de animarum immortalitate et corporum resurrectione dialogus, PG, t. DXXXV, 1860, col. 871–1004. Quant à la métempsycose, on se reportera aux col. 887–895). OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 282. Carl Friedrich Dornedden, Phamenophis oder Versuch einer neuen Theorie über den Ursprung der Kunst und Mythologie, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1797. Dornedden
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calendrier ou un alphabet, ce n’était pas une religion. Si sa signification scientifique était cachée au peuple, quelle idée le peuple se faisait-il des formes dont le calendrier ou l’alphabet occulte était revêtu ? Comment concevait-il les dieux qu’on avait créés pour désigner des périodes ou des lettres, et dont on lui déguisait la signification ? On ne saurait trop le répéter, ce qui constitue une religion, c’est la manière dont la comprennent ses adorateurs a. La découverte d’un culte en vigueur chez les sauvages, et parfaitement semblable au culte extérieur des Égyptiens, doit mettre un terme à ces chimériques hypothèses b. Placez chez les nègres des corporations de prêtres parvenues à la connaissance du mouvement des astres, et conservant dans leur sanctuaire cette connaissance à l’abri de la curiosité des profanes : ces corporations ne chercheront point à changer les objets de l’adoration vulgaire, elles consacreront au contraire le culte qu’on leur rend c ; elles lui a
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Autant il est incontestable qu’une application astronomique des noms des dieux égyptiens a eu lieu, et que la mythologie de l’E´gypte a éte´ employée comme un calendrier, autant il serait déraisonnable de prétendre qu’elle n’a été employée qu’à cet usage. Tout système qui veut limiter la mythologie à un seul objet, est, non pas précisément faux, mais partiel et incomplet. La mythologie d’un peuple contient toute la masse des connaissances qu’il a pu acquérir dans son enfance, mais qu’il n’a, par une suite naturelle de la pauvreté de sa langue et de son écriture, pu rendre que par des images. Or cette masse de connaissances n’est pas restreinte à la seule astronomie. Les prêtres s’occupent, autant qu’ils le peuvent, de toutes les sciences ; ils les font entrer dans leurs systèmes, leur donnent une terminologie sacrée, et les noms des dieux qu’ils avaient employés pour désigner leurs calculs astronomiques, leur servent au même but dans d’autres sciences. Si donc nous accordons que, dans le système astronomique de l’E´gypte, Osiris était l’année, Mendès la semaine, Thauth le premier mois, il ne s’ensuit point que, hors de ce système, par une autre combinaison, ces dieux ne désignassent pas des choses toutes différentes. Les borner à une seule signification, c’est agir comme un homme qui n’ayant lu qu’un seul livre, conclurait que les lettres qu’il y aurait trouvées n’auraient jamais exprimé que les idées contenues dans ce livre. Ceci peut être prouvé dans les détails avec une évidence incontestable. Ce même Thauth était, dans un autre sens, le symbole de l’intelligence ; ce même Mendès, celui du monde ; ce même Osiris, celui de l’agriculture. (HEEREN1.) Nous voyons, dit Heeren (Ideen. II, 664), le culte des animaux depuis l’E´thiopie jusqu’au Sénégal, chez des peuples tout-à-fait sauvages. Pourquoi lui chercher une autre origine chez les Égyptiens2 ? Isis, disaient les prêtres, avait ordonné de consacrer à Osiris un animal quelconque, destiné à jouir des mêmes honneurs que le dieu, soit pendant sa vie, soit après sa mort. rapporte cet usage possible des hiéroglyphes pp. 370–379. BC résume un long passage de Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt. Zweyter Theil, Africanische Völker. Zweyte Abtheilung, Aegypter, Göttingen : Vandenhoe[c]k und Ruprecht, 31815, pp. 601–612. La note de lecture no 206, marquée «empl. 1825» (Co 3293, Q3/7), renvoie à ce passage. BC copie sa note de lecture no 208 (Co 3293, Q3/7), qui résume un argument qu’on trouve chez Heeren, Ideen, Zweyter Theil, Africanische Völker, Zweyte Abtheilung, Aegypter, 3 1815, p. 637.
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donneront plus de pompe et de régularité. Elles voudront, surtout, que l’intervention sacerdotale soit né cessaire dans toutes les cérémonies ; puis elles rattacheront, par un sens mystique, ces objets matériels à leur science cachée ; et vous aurez chez les nègres précisément la religion de l’E´gypte, le fétichisme à la base, l’astrolâtrie au faîte, et dans l’intérieur, une science fondée sur l’astronomie, et grace à laquelle les fétiches, dieux pour le peuple, seront pour les prêtres des symboles a. Intervertir cet ordre est une erreur grossière. Ce qui fut long-temps reconnu pour un signe ne peut toutà-coup se transformer en un dieu ; mais il est facile de concevoir comment ce qui passe pour un dieu dans l’opinion de la masse peut devenir pour une classe plus éclairée, une allégorie, un symbole, un signe. Alors l’idée de Plutarque reçoit son application, et des ressemblances frivoles ou fantastiques motivent le choix des symboles. Le bœuf Apis b dut à quelques taches, d’abord fortuites, puis renouvelées avec art, l’honneur d’être l’un des signes du zodiaque c. Une analogie recherchée entre la force productive et le bouc Mendès, en firent le ciel père des étoiles ; le chat fut redevable à sa luisante a
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Ce que nous offrons ici comme une supposition est précisément ce qui est arrivé. Nous avons, en parlant de l’influence des colonies sur l’établissement du pouvoir sacerdotal, indiqué celles qui vinrent de Méroé civiliser ou plutôt asservir l’E´gypte. Elles furent en assez grand nombre et indépendantes les unes des autres, mais toutes gouvernées et conduites par des prêtres. Or c’était, remarque Heeren (Ideen, II, 569–575), une règle de la caste sacerdotale éthiopienne, partout où elle dirigeait ses colonies, de s’attacher les indigènes en adoptant une partie de leur culte extérieur, et en assignant aux animaux qu’ils adoraient une place dans leurs temples, qui devenaient le sanctuaire commun et le centre de la religion de tous1. Apis était de couleur noire, mais luisante, et figurait ainsi le passage des ténèbres à la lumière ; il avait sur l’épaule droite une tache blanche de forme ronde, emblème de la lune, et une autre carrée sur le front, emblème de l’année ; sous la langue, l’image d’un scarabée dont les cornes indiquaient le croissant. Les poils de sa queue étaient en tresses doubles, exprimant le double mouvement de la lune et du soleil. GATTERER, de Theog. Æg. Com. Soc. Goett. VII, 1–162. Voir Heeren, Ideen, le passage indiqué. BC renvoie en même temps à une hypothèse de Heeren que celui-ci évoque dans la seconde partie de l’ouvrage. «Der Thierdienst in Aegypten war, wie schon aus mehreren Stellen des Herodot gezeigt ist, verschieden nach den Nomen. Sollten wir nicht hierauf die Vermutung gründen dürfen, daß es eine Gewohnheit der Aegyptischen Priester gewesen sey, in den Oertern, wo sie Colonien stifteten, die rohen Einwohner durch Annahme ihres Cultus an sich zu ziehen, und indem sie den Thieren, die jene für heilig hielten, Wohnungen in ihren Tempeln anwiesen, diese Tempel eben dadurch zu den gemeinschaftlichen Heiligthümern jener Stämme zu machen ?» (Ideen, t. II, 2, p. 638 de l’éd. de 1815). Voir Johann Christoph Gatterer, «Commentatio prima de Theogonia Ægyptiorum ad Herodoti L. II, cap. 145. de tribus deorum ægyptiorum classibus», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. VII, 1786, pp. 3–57. Le renvoi ne vise pas un passage précis.
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fourrure, comme l’ibis à sa couleur équivoque qui paraît un intermédiaire entre la nuit et le jour, d’être le symbole de la lune ; le faucon devint celui de l’année a. Le scarabée, qui passe six mois sous terre, fut l’emblème du soleil b. Et ce qui prouve que la superstition populaire se combinait avec la science, c’est que les dévots égyptiens portaient au col des scarabées, comme amulettes ou talismans c. Il en fut de même des arbres et des plantes d, fétiches non moins révérés que les animaux. Les feuilles du palmier, dont la longévité semble un privilége divin e, décorèrent la couche des prêtres, parce que cet arbre, poussant tous les mois a
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CREUTZ. Symbol. II, 3231. ZOEGA, de Obelisc. pass. et surtout p. 5472. Il était aussi le symbole de Neith et de la caste des guerriers. (Voyez ci-dessus, tome II, page 3903.) On verra plus loin que chaque symbole avait plus d’une signification. DENON, pl. 97. SCHLICHTEGROLL, Dactyl. stosch. II, 384. La vénération des Égyptiens pour les arbres s’est prolongée jusqu’à nos jours. M. Denon raconte le scandale que les soldats français excitèrent en abattant un vieux tronc, révéré de temps immémorial par les indigènes. Voy. en Ég. I, 2295. OL. CELS. Hierobotan. I, 5346.
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BC se trompe. Il faut renvoyer à Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, pp. 323–324, où l’on trouve plusieurs détails évoqués ici. Voir Johann Georg Zoëga, De origine et usu obeliscorum, Ad Pium Sextum Pontificem Maximum auctore Georgio Zoega Dano, Romæ : Typis Lazzarini Typographi Cameralis, 1797. BC résume un passage de Creuzer, Symbolik, t. I, p. 324 et copie sa référence. Le renvoi à la p. 547 est faux. BC aurait pu citer une phrase de la p. 64 : «In eo prope obeliscum est scarabæus, Soli sacer et creatoris symbolum.» Voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 256, qui ajoute dans la n. c une hypothèse plutôt problématique sur l’origine égyptienne du nom d’Athéna. BC renvoie à la planche XCVII de l’ouvrage de Denon qui montre différents modèles de scarabées (Voyage dans la Basse et Haute E´gypte t. II, Planches du Voyage, Paris : Didot 1803, pp. 169–170). – Voir Johann Joachim Winckelmann, Dactylotheca Stoschiana oder Abbildungen aller geschnittenen Steine, die ehemals der Baron Philipp von Stosch besass, die sich jetzt aber in dem Königlich Preussischen Museum befinden, von Johann Winkelmann. Und mit Anmerkungen und Erläuterungen von Friedrich Schlichtegroll, Nürnberg : ` la p. indiquée se trouve la gravure d’une pierre taillée avec un scaraFrauenholz, 1797. A bée. Note copiée chez Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, p. 324. Ceci explique pourquoi BC ne cite pas l’édition française de cet ouvrage (Description des pierres gravées du feu baron de Stosch, Firenze : Andre Bonducci, 1760). Dominique-Vivant Denon, Voyage dans la basse et la haute Égypte, pendant les campagnes du général Bonaparte, préfacé et annoté par Hélène Guichard et Adrien Goetz, Paris : Gallimard, le Promeneur, 1998. Dans l’édition de 1803, t. I, p. 229 ; voir ci-dessous, p. 427. La même observation chez Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, p. 331, y compris le renvoi à l’ouvrage d’Olof Celsius, Hierobotanicon sive de plantis sacræ scripturæ dissertationes breves, Upsaliæ : Sumptu Auctoris, 1745–1747. Notes de lecture (Co 3293, Q3/5), no 140, sans les renvois, ce qui prouve que BC travaille en consultant le livre.
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des branches, marque le renouvellement du cycle lunaire a. Le lotus, que nous rencontrons également aux Indes, berceau de Brama b comme d’Osiris c, la perséa apportée d’E´thiopie par une colonie sacerdotale d, l’arnoglossum dont les sept côtes rappellent les sept planètes, et qu’on nommait, pour cette raison, la gloire des cieux e ; tous ces végétaux eurent des rapports avec l’astronomie f. Le peuple y voyait les objets d’une adoration antique ; le sacerdoce y retrouvait les caractères qui lui servaient à retracer et à perpétuer ses découvertes. A ces premiers éléments du culte se joignit, sans doute, l’influence des localités g, qui tantôt troublait, par des différences partielles, l’uniformité a b c d e f
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DIOD. I, 34. PLIN. Hist. nat. XIII, 17. MAURICE, Hist. of Indost. I, 601. PLUTARCH. de Isid2. DIOD. loc. cit. Schol. Nicandr. therapeut. 764c3. KIRCHER, Œd. Ægypt. III, chap. 24. Ne voulant pas démontrer des vérités prouvées, nous ne nous étendrons pas ici sur la place importante de l’astronomie dans la religion égyptienne. Nous renvoyons ceux de nos lecteurs qui désireraient plus de détails à tous les ouvrages où ce sujet a été traité, et nous indiquons à ceux qui préfèrent un résumé court et lumineux la note 13 du liv. III de M. GUIGNIAUD, p. 895–9315. Aucun peuple du monde n’a été plus empreint des localités que les Égyptiens. C’est que l’E´gypte, presque au même moment et dans les mêmes lieux, offre les phénomènes les plus Note copiée chez Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, p. 331, pour renvoyer à l’ouvrage de Thomas Maurice, The History of Hindostan, its Arts and its Sciences, as Connected with the History of the Other Great Empires of Asia, during the most Ancient Periods of the World, with Numerous Illustrative Engravings, by the Author of Indian Antiquities, Lon` l’endroit indiqué, l’auteur parle de l’œuf cosmodon : Author et al., 1795–1799, 2 vol. A gonique, idée commune à la tradition indienne et égyptienne, d’où elle est passée en Grèce. Plutarque, De Iside, § 29, rapporte «que Bacchus le premier amena des Indes en Égypte deux bœufs, dont l’un s’appelait Apis, et l’autre Osiris» (Traité d’Isis et Osiris, traduction de Dominique Ricard, Paris : Lefevre, 1844, réimprimé Paris : Sand, 1995, p. 37). BC exploite toujours Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, p. 332, en donnant des détails sur l’arbre perséa, y compris le renvoi à Diodore de Sicile, I, p. 34 et au scholiaste qui commente une pièce en vers (Θηριακα de Nikandros). Remarquons que BC n’a pas consulté directement Diodore qui dit sur la perséa : «[...] qui porte des fruits d’une saveur particulièrement agréable et dont le plant fut apporté d’E´thiopie par les Perses au temps où Cambyse conquit ce pays» (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, t. I, livre I, chap. XXXIV, 7, p. 77). BC renvoie à l’ouvrage d’Athanasius Kircher, Œdipus Ægyptiacus, t. III, diatriba IV, cap. II, «De herbis et plantis hieroglyphicis», § III : «Vocatur autem ab Ægyptis gloria CŒli, quia septem nervos habet veluti septem planetarum radios quosdam in se derivatos, omnem planetarum vim obtinens» (dans la réédition de Wilhelm Schmidt-Biggemann, Hildesheim : Georg Olms, 2013, t. III/4, p. 70). BC revient à la même note citée ci-dessus, p. 146 et recommande la lecture intégrale de ce texte, en effet excellent et lumineux.
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que le sacerdoce s’efforçait d’établir, tantôt associait à des rites relatifs aux principes généraux de la science, des pratiques qui se rapportaient à une position particulière. De là, d’une part, les diversités des animaux adorés par les différentes tribus de l’E´gypte. S’ils n’avaient été que de purs symboles, les prêtres, qui cherchaient à rendre leurs institutions uniformes, auraient-ils in troduit des symboles variés et inconciliables ? Ces variétés ne s’expliquent que par la condescendance du sacerdoce envers les habitudes antécédentes des peuples a. De là, d’une autre part, ces allégories entassées, sans être réunies par un lien commun, et formant, pour ainsi dire, plusieurs couches séparées. Apis, par exemple, d’abord le manitou prototype des taureaux, puis dépositaire de l’ame d’Osiris b, et en cette qualité le soleil, se trouve avoir une troisième signification qui tient le milieu entre les deux précédentes. Il est le représentant du Nil, fleuve nourricier de la contrée ; et tandis que sa couleur, l’arrangement de ses poils d’un noir d’ébène, les taches d’une blancheur éclatante qui doivent marquer son front, la durée enfin de ses jours qui ne peuvent excéder vingt-cinq années, sont du ressort de l’astronomie,
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opposés et les plus propres à frapper l’imagination : la fertilité la plus abondante éclate à côté des sables les plus stériles ; la nature la plus morte et la plus aride, à côté d’une végétation dont les Européens ne sau raient concevoir la prodigalité. Cette influence des localités se fortifia par la manière dont l’E´gypte fut peuplée. Vallée étroite, traversée par le Nil, entourée de deux côtés par une chaîne de montagnes, bornée au nord par la mer, au nord-ouest par un désert sablonneux, elle se forma du limon du fleuve, et l’art de l’homme dut la conquérir graduellement. La Haute-E´gypte, la Thébaïde, dut être habitable plus tôt que la Basse-E´gypte. Les colonies sacerdotales, y arrivant donc à diverses époques sur plusieurs points, indépendamment les unes des autres, adoptèrent comme bases du culte populaire les animaux adorés par chaque tribu sauvage, et qui n’étaient pas les mêmes partout. Les prêtres de ces colonies se conciliaient ainsi ces tribus nomades, les rassemblaient dans leurs temples, et s’emparaient de toute la puissance des habitudes et des souvenirs. VOGEL, Rel. der Æg. 97–981. DIOD. I2. L’ame d’Osiris passa à sa mort dans le corps du bœuf Apis, et successivement dans celui de tous les taureaux qu’on lui substitua. Il y a dans cette notion quelque chose d’analogue à celle de la divinité et de l’immortalité du Lama. Les besoins des prêtres étant les mêmes dans toutes les religions sacerdotales, les fables ont souvent une ressemblance qu’on ne peut expliquer, quand on méconnaît l’identité des positions et des vues. BC résume deux pages de l’ouvrage de Paul Joachim Siegmund Vogel, Versuch über die Religion der alten Ägypter und Griechen, Nürnberg : In der Frauenholzischen Kunsthandlung, 1793. Voir aussi les Notes de lecture (Co 3293, Q3/7), la note 23, marquée «empl. 1826». BC pense à Diodore, Bibliothèque historique, livre I, chap. XXI, 7. Mais Diodore est plus vague, même si l’on ajoute les autres passages du livre I où il est question du taureau Apis.
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la fête de sa naissance se célèbre le jour où la crue du fleuve commence. Il est conduit en pompe à Nilopolis, et précipité, quand le terme de sa carrière est venu, dans une fontaine consacrée au Nil a. Des faits historiques paraissent aussi s’être mêlés à la religion égyptienne. Plusieurs de ses fables semblent faire allusion aux guerres des peuples pasteurs. La mort d’Osiris, emblème du soleil d’hiver, peut n’avoir été, dans l’origine, que la commémoration d’un événement réel b ; Osiris serait alors, non pas précisément un homme déifié, mais un héros associé postérieurement à une divinité qui n’avait jamais participé à la condition humaine. C’est pourquoi les monuments de l’E´gypte nous le montrent quelquefois sous les dehors d’une momie ; et l’histoire nous parle de ses tombeaux, tandis qu’Isis demeure toujours étrangère aux habitations et aux formes du trépas c. Les hypothèses métaphysiques viennent ensuite. Le panthéisme n’est pas méconnaissable dans l’inscription célèbre gravée à Saïs, sur le temple d’Isis d et de Neith : «Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est, tout ce qui sera e.» Les prêtres égyptiens ajoutaient que Neith et a
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ÆLIAN. II, 101. De même Anubis, le manitou prototype des chiens, devient dans la religion astronomique l’horizon ; et c’est pour cela qu’il est à la fois un dieu du ciel et un dieu souterrain. HE´ ROD. II, 1282. ZOEGA, de Obelisc. 302–3733. MACROB. Saturn. I, 204. C’est pour cela qu’on peignait Isis, comme plusieurs divinités indiennes, entourée des symboles des quatre éléments, de la salamandre, de l’aigle, du dauphin et de la lionne. PLUTARCH. de Isid. Une preuve que les hypothèses métaphysiques, dont le panthéisme est une des principales, ne s’introduisent qu’après la religion populaire et la religion astronomique, c’est que l’inscription de Saïs est postérieure à Hérodote ; car il n’en parle point5.
` l’endroit indiqué, Ælianus raconte Le renvoi est faux. Il faut lire «Livre XI, chap. 10.» A longuement l’histoire d’Anubis (ΑΙΛΙΑΝΟΥ ΠΕΡΙ ΖΩΩΝ ΙΔΙΟΤΗΤΟΣ ΒΙΒΛΙΑ ΙΖ, Æliani de Natura animalium libri XVII, græce et latine cum priorum interpretum et suis animadversionibus edidit Io. Gottlob Schneider, Lipsiæ : Sumtibus E. B. Schwickerti, MDCCLXXXIV. La version latine se lit dans le t. II, pp. 145–146). BC aurait dû citer le livre II, chap. 144, qui suggère peut-être une interprétation de ce genre. Voir Zoëga, De origine et usu obeliscorum. BC renvoie à un passage de la quatrième partie, premier chap., «De monumentorum institutio» où il est question d’Isis et d’Osiris. BC renvoie à Macrobe, Saturnalia, livre I, chap. 20, à la fin. On y trouve un passage dans lequel le dieu égyptien Sarapis, identifié avec le soleil, se décrit lui-même comme réunissant l’univers dans sa personne. Le chapitre se termine avec une phrase sur Isis : «Isis iuncta religione celebratur, quæ est vel terra vel natura rerum subiacens soli.» Plutarque, De Iside, § 9, qui donne le texte de l’inscription. Il est probable que BC résume ici ce qu’il a trouvé chez Creuzer, Symbolik und Mythologie. t. I, p. 309.
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Phthas, l’intelligence et la force, n’étaient point des êtres séparés, mais les manifestations diverses d’un être universel. Athyr, la nuit élémentaire et sans bornes, était cette unité primitive qui contenait tous les êtres et qui ne faisait qu’un avec eux. C’était le grand tout, le seul être existant, le dieu unique non encore manifesté a. a
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Deus in statu non manifesto. DAMASC. de Princip. cep. WOLFF. Anal. græc. III, 2361. EUSEB. Præp. Evang. III, 6 et suiv2. JAMBL. de Myst. æg. VIII, 53. De cette introduction du panthéisme dans la doctrine égyptienne résulte une autre conséquence qui a désolé les commentateurs par la confusion qu’elle a causée. Chaque dieu, à son tour, est représenté comme le grand tout, Osiris dans Diodore, Isis dans Apulée4 ; Neith qui dit d’elle-même : Je suis le passé, le présent et l’avenir (PROCL. in Tim5.) ; Sérapis dont le firmament est la tête, l’air les oreilles, la mer le corps, la terre les pieds, les flambeaux du ciel les yeux. Le Nil enfin, dieu local et restreint, est quelquefois appelé le père de toutes les divinités (DIOD. I6), et figuré par le serpent circulaire, emblème de l’éternité. BC copie cette note chez Görres, Mythengeschichte, (éd. de 1935, p. 175), mais introduit à son tour des abréviations incorrectes. Görres utilise le texte de Damascius dans l’édition de Johann Christoph Wolf, Anecdota Græca, sacra et profana, Hamburgii : Felginer, 1724, t. III, pp. 195–262 (voir l’éd. de 1935, bibliographie). En ce qui concerne le texte cité ici, voir Damascius, Traité des premiers principes, texte établi par Leendert Gerrit Westerink et traduit par Joseph Combès, Paris : Les Belles Lettres, 1986–1991, 3 vol. Le renvoi à Eusèbe ne vise pas un passage précis, mais tout le reste du livre III où Eusèbe veut prouver que Dieu ne peut être représenté par rien. «Mais s’ils disent qu’ils ne déifient pas les corps visibles du soleil, de la lune et des astres ni les parties sensibles du monde, mais les forces invisibles de l’être suprême en personne qui s’y cachent – car ils prétendent qu’un dieu unique emplit toutes choses de ses diverses puissances, qu’il pénètre tout, préside à tout, présent qu’il est partout de façon incorporelle et invisible [...] – pourquoi donc ne rejettent-ils pas les fables honteuses et indécentes sur les dieux, [...] pourquoi n’anéantissent-ils pas les livres mêmes qui en traitent [...] afin de célébrer le seul Dieu unique et invisible, simplement, purement, sans périphrase honteuse ?» (Eusèbe, La préparation évangélique, livres II et III, introduction, texte grec, traduction et annotation par E´douard des Places, S. J., Paris : Édition du Cerf, 1976, p. 245). Le renvoi vise probablement Jamblique, Les mystères d’E´gypte (De Mysteriis), livre VIII, aux chapitres qui parlent des doctrines hermétiques des Égyptiens. On ne doit pas «rapporter à des causes physiques toutes les traditions des Égyptiens. Il y a chez eux de multiples principes et relatifs à des essences multiples, ainsi que des puissances hypercosmiques qu’ils célèbrent par le rituel hiératique» (Jamblique, Les mystères d’E´gypte, texte établi et traduit par Édouard des Places, S. J., Paris : Les Belles Lettres, 1966, p. 199). En ce qui concerne Osiris, BC pense probablement à Diodore, Bibliothèque historique, livre I, chap. XI, 1. – Le renvoi à Apulée cible une fois de plus le livre XI, chap. V des Métamorphoses : «Ægyptii cærimoniis me propriis percolentes appellant vero nomine reginam Isidem.» BC exploite Creuzer, Symbolik, t. I, pp. 309–310 ou Görres, Mythengeschichte (éd. de 1935, p. 183), qui citent Proclus, Commentaire sur le Timée, d’après l’édition monumentale de Simon Grynæus (Platonis omnia opera, cum commentariis Procli in Timæum et Politica, Basiliæ : apud J. Valderum, 1534), p. 30. BC n’a sans doute pas consulté le texte difficile de Proclus qui développe, dans sa première partie, les arguments relatifs à l’existence d’un être suprême (Proclus, Commentaire sur le Timée, traduction et notes par A[ndré]-J[ean] Festugière, Paris : Vrin, 1967. Sur la déesse de Saïs, voir t. I, pp. 133–144 et 201–224). Quant au Nil, voir la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, traduction nouvelle [...]
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Tout à côté de ce panthéisme, quoique probablement à une époque moins reculée, apparaissent des traces évidentes de théisme. «Sors de toutes les bornes communes, dit le faux Hermès Trismégiste a, élance-toi loin de ton corps, franchis le temps, deviens l’éternité, reconnaistoi pour immortel, pour capable de tout concevoir et de tout faire. Sois plus haut que toute hauteur, plus que toute profondeur profond ; sois à la fois dans toutes les parties du monde, dans le ciel, sur la terre et au sein des eaux. Saisis d’un seul embrassement tous les cycles, toutes les mesures, toutes les qualités, toutes les étendues, et tu pourras comprendre ce que c’est que Dieu. Il n’est ni limité, ni fini ; il est sans couleur et sans figure, la bonté éternelle et immuable, le principe de l’univers, la raison, la nature, l’acte, la nécessité, le nombre et le renouvellement b, plus fort que toute force, plus excellent que toute excellence, au-dessus de tout éloge, et ne devant être adoré que par une adoration silencieuse c. Il est caché, parce que a b c
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HERM. TRISM. § 12, de Communi1. De Regeneratione, hymnus, § 12. Poemander, § 23. PORPHYRE (de Antro nymphar4.) dit que les Égyptiens vénéraient par le silence la source de toutes choses, et que de là venait la statue mystérieuse d’Harpocrate, avec le doigt sur la bouche. Mais ici se reproduit encore un exemple des doubles significations attachées par les prêtres à chaque notion ou personnification religieuse. Ils avaient lié celle de l’adoration silencieuse avec l’astronomie : c’était l’étoile qui est sur la tête du dragon dans l’hémisphère septentrional de la sphère grecque. Aratus en parle. On ne sait, dit-il, quelle est cette figure ; on l’appelle ordinairement l’homme à genoux : elle semble tomber pliant les genoux, et levant les bras en l’air. (ARAT. Phén. 64 v5. CICE´ R. de Nat. par Ferd. Hoefer, Paris : Adolphe Delahaye, 1851. «Pour les Égytiens, l’Océan est le Nil où, selon eux, les dieux ont pris naissance» (t. I, § XII). BC résume un passage de Görres, Mythengeschichte, t. II, p. 344 et copie la note qu’on y trouve (éd. 1935, p. 170). Görres cite le texte d’après Franciscus Patricius, Nova de universis philosophia libris quinquaginta, quibus sunt adiecta, Zoroastris oracula 320 ex Platonicis collecta, Hermetis Trismegisti libelli viginti, Asclepii discipuli tres libelli, Venetiis : Meiettus, 1593 (voir la bibliographie de la Mythengeschichte, éd. 1935, p. 361). BC traduit des tournures lues chez Görres, Mythengeschichte (t. II, p. 344) et copie le renvoi à De Regeneratione Hymnus. Le renvoi, ainsi que ceux commentés dans les notes précédente suivante, est copié chez Görres, Mythengeschichte. BC reprend dans son texte une idée de Görres. Porphyre (De antro nympharum) rappelle que «les sages d’E´gypte défendaient de parler en passant les portes et les portails et honoraient par le silence le dieu qui est le principe de toutes choses» (L’antre des nymphes, traduit par Yann le Lay, Lagrasse : Verdier, 1989, p. 80). BC traduit partiellement le passage d’Aratus : «Idolum, quod quidem nemo scit manifesto dicere, Neque cui incumbit ille labori ; sed ipsum vulgo Engonasi vocant, eo quod in genubus laborans Geniculandi simile est ; super ambobus vero ei humeris Manus elevantur» (Arati Solensis Phænomena et Diosemea græce et latine [...] recensita [...] curavit Ioannes Theophilus Buhle, Lipsiæ : in officina Weidmannia, 1793, t. I, p. 27).
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pour exister il n’a pas besoin de paraître. Le temps se manifeste, mais l’éter nité se voile. Considère l’ordonnance du monde, elle doit avoir un auteur, un seul auteur, parce qu’au milieu des corps innombrables et des mouvements variés, un seul ordre se fait remarquer. Si plusieurs créateurs Deor. II, 431.) Nixa genu species, et Graïo nomine dicta Engona sis, ingeniclâ vides sub origine constat. Engonasin vocant, genibus quia nixa feratur. MANIL. V, 6442. On retrouve cette figure sur les obélisques. V. DENON, CAYLUS, Antiq. Égypt. Étrusq., etc., no II ; pl. VII, no 4 ; VII, no 123. L’objet de son adoration, c’est la lyre, devant laquelle elle se prosterne. Les Grecs en firent tantôt Lycaon redemandant sa fille, tantôt Thésée soulevant la pierre sous laquelle était caché le glaive fatal, tantôt Atlas ou Hercule (HERMAN, Myth. Handb. III4), parce que la fable racontait qu’Hercule avait une fois remplacé Atlas, et soutenu le monde à sa place. (HYG. 2, FEST. AVIEN. ad Arat5.) 4 créateurs ] la source porte créatures faute corrigée dans l’Errata 1
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BC vise la fin du chap. 43 du livre II du De natura deorum. C’est Balbus qui parle : «Ordo autem siderum et in omni æternitate constantia neque naturam significat – est enim plena rationis – neque fortunam, quæ amica varietati constantiam respuit. Sequitur ergo, ut ipsa sua sponte, suo sensu ac divinitate moveantur» («Or, l’ordre des astres et leur régularité éternelle ne sont pas le signe qu’il s’agit d’un procès naturel, car l’ordre est pleinement rationnel, ni le signe du hasard qui, aimant le changement, répugne à la régularité. Il s’ensuit que les astres se meuvent d’eux-mêmes, spontanément, grâce à leur faculté de sentir et à leur divinité» [Cicéron, La nature des dieux, traduit par Claire Auvray-Assayas, Paris : Les Belles Lettres, 2002, p. 76.]) BC cite trois vers de Marcus Manilius, Astronomica, livre V, 644–646. Le passage confirme ce qu’Aratus a dit, mais le texte donné par BC est peu fiable, comme les commentaires de l’époque le soulignent déjà. Dans l’édition critique de Goold, on trouve : «Nixa genu species et Graio nomine dicta Engonasin, cui nulla fides sub origine constat, dextra per extremos attollit lumina Pisces» («The figure on bended knee and called by the Greek name of Engonasin, about whose origin no certainty prevails, brings forth its stars on the right simultaneously with the last portion of the Fishes.») Manilius, Astronomica, with an English Translation by G. P. Goold, Cambridge, Massachusetts : Harvard University Press, London : William Heinemann, 1977. La source citée par BC n’est pas identifiée. Denon et Caylus fournissent le même type de renseignement. Martin Gottfried Hermann, Handbuch der Mythologie enthaltend die astronomischen Mythen der Griechen, mit erläuternden Anmerkungen begleitet nebst einer Sterncharte und Einleitung, Berlin et Stettin : Friedrich Nicolai, 1795. BC ne saurait renvoyer à un passage précis de ce t. III, parce que les renseignements sont dispersés dans plusieurs chapitres. Le renvoi à Hygin, Fables, est peut-être faux. Le texte cité ne parle pas de la tradition évoquée par BC. – Le mention de Rufus Festus Avienus (IVe siècle ap. J.-C.) vise son ouvrage Aratea, la traduction élargie d’Aratos, Phaenomena, où il est question d’Hercule (vv. 169–193). Voir Aviénus, Les phénomènes d’Aratos, texte établi et traduit par Jean Soubiran, Paris : Belles Lettres, 1981.
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eussent existé, le plus faible aurait porté envie au plus fort, et la discorde eût ramené le chaos. Il n’y a qu’un monde, une ame du monde, un soleil, une lune, un dieu a. Il est la vie de tous, leur père, leur source, leur puissance, leur lumière, leur intelligence, leur esprit et leur souffle. Tous sont en lui, par lui, sous lui. Il les conserve, les féconde et les dirige b.» Cependant ce théisme même retombe dans le panthéisme : car, après cet entassement de toutes les épithètes, cette accumulation de tous les attributs, revient l’axiome fondamental : un seul est tout, et tout n’est qu’un c. Hors de lui, il n’y a ni dieu, ni ange, ni démon, ni même aucune substance. La doctrine de l’émanation s’amalgame aussi avec le théisme d, tantôt s’élevant du point le plus inférieur, tantôt descendant du point le plus élevé. Dans le premier cas l’ame émane de la matière, l’intelligence de l’ame, Dieu de l’intelligence e. Dans le cas opposé, les dieux secondaires émanent du dieu suprême, les démons des dieux, les hommes des démons, les oiseaux des hommes, les quadrupèdes des oiseaux, les poissons des quadrupèdes, les reptiles des poissons. Les créatures ainsi dégra dées remontent au ciel par la même voie, quand elles se sont suffisamment purifiées dans leurs diverses métamorphoses f. a b c d e f
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Mens ad Mercur. § 11, ASCLEPIAD. p. 1211. HERM. ap. Cyrill. adv. Julian. 33–34. CEDREN, Chronolog. p. 262. HERM. TRISM. § 123. GOERRES. II, 4254. Ib. II, 4225. GOERRES. II, 4276. BC traduit un passage de Görres, Mythengeschichte, t. II, pp. 347–348 (éd. de 1935, p. 171) et copie la note qui y est accrochée. Görres renvoie au texte du Hermes Trismegistos et à un fragment d’Asclepiade de Myrleia, cité par Damascius, qu’on lit dans le t. III des Anecdota græca, p. 261. BC paraphrase un passage de Görres, Mythengeschichte, t. II, p. 351 (éd. de 1935, p. 173) ainsi que la note qui s’y rattache. Görres cite l’ouvrage de Cyrille l’Alexandrin, Adversus Julianum libri X d’après l’édition des Opera omnia, Basileæ : Apud Andream Cratandrum, 1528 et les Annales sive historiæ ab exordiis mundi ad Isacium Comenam usque compendium gr. et latine de Georgius Cedrenus d’après l’édition de Xylander (Basileæ : Oporinus et Episcopius, 1566). Voir la bibliographie de la Mythengeschichte, éd. de 1935. BC exploite Görres, Mythengeschichte, t. II, p. 351 (éd. de 1935, p. 172) et renvoie, comme sa source, à Hermes Trismegistos, De mente communi ad Tatium. Joseph Görres, Mythengeschichte. BC résume un passage sur la raison, devenue dieu, «göttlich aus eigener Natur und selbst Gott», «aufgenommen in den Reigen der höheren Mächte, preißt sie Gott genießend Gott» (éd. de 1935, p. 201). Görres, Mythengeschichte. BC traduit une phrase : «Darum auch sagt der Agathodämon, die Seele sei im Körper, die Vernunft in der Seele, in der Vernunft das Wort, Gott aber sei aller Vater» (éd. de 1935, p. 200). BC résume remarquablement une longue note de Görres, Mythengeschichte, t. II, pp. 427– 429 (éd. de 1935, p. 202).
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Mais bientôt un lien s’établit d’une part entre ces hypothèses métaphysiques et les dieux astronomiques, de l’autre, entre ces mêmes hypothèses et les idoles du peuple. L’épervier, qu’on retrouve sur la porte de tous les temples, n’est pas seulement le soleil, mais le symbole de la nature divine. La musaraigne qu’adoraient les habitants d’Athribis, et que les Égyptiens supposaient aveugle, parce qu’elle a les yeux si petits qu’on les aperçoit a` peine, désigne pour les métaphysiciens l’incompréhensibilité du premier principe a. L’ibis n’est plus uniquement le symbole de la lune, mais celui d’Hermès, parce qu’Hermès a mesuré la crue du Nil, et que l’ibis, à l’époque de l’inondation, dévore les serpents et les insectes qui infestent les bords du fleuve. Le vautour d’E´thiopie figure le principe passif, parce que, disait-on, il n’y avait pas de mâle dans son espèce ; et pour une raison opposée, le scarabée, né sans le concours d’une mère, est l’emblème du principe actif. Ainsi, en Égypte, comme ailleurs, les erreurs de la physique sont consacrées par la religion. La gazelle prophétique b, en descendant au rang de victime, lègue ses cornes à Hermès Anubis, qui apprit d’elle la division du jour en douze heures ; le lotus, symbole local dans ses rapports avec le Nil, astronomique dans ses rapports avec le soleil, cosmogonique comme lit nuptial des deux premiers principes, reparaît dans la sphère métaphysique, emblème de la renaissance ou de l’immortalité. L’oignon, le plus ridicule et le plus célèbre des fétiches, devient, grace aux pellicules qui le composent et qui semblent autant de sphères contenues l’une dans l’autre, l’image végétale de ce vaste univers, toujours différent et toujours le même, et où chaque partie est le représentant de l’ensemble c, c’est-à-dire le symbole du pan théisme ; et l’on conçoit alors l’importance que les Égyptiens y attachaient d. a b
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PLUTARCH1. Lorsque la crue du Nil devient sensible, la gazelle fuit dans le désert. (ARAT. Phén. v. 3302.) GOERRES. I, 2913. Si les divinités intellectuelles de l’E´gypte avaient dès l’origine été contenues dans les fétiches ou les divinités populaires, comment serait-il arrivé qu’à côté de ces divinités populaires on eût adoré des divinités intellectuelles ? Si Isis, sous sa forme de génisse, était déjà la sagesse divine, d’où vient qu’on rendait hommage à la sagesse divine sous le nom de Neith ? Cela ne s’explique qu’en supposant que les prêtres présentaient leur doctrine secrète tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, suivant le besoin de chaque moment. Ils disaient aux uns, qu’ils voyaient avides de nouveautés et désabusés sur quelques portions de la religion publique, que leur doctrine en était différente ; aux autres, qui respectaient encore le BC cite Plutarque, Symposiaques, V. Le même argument apparaît chez De Paw, Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, t. II, pp. 124–125. Rien de tout cela dans Aratus, Phænomena. Le renvoi est faux. BC aurait dû citer Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 400 (éd. de 1935, p. 191).
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Enfin, par la raison que nous avons indiquée au chapitre précédent, apparaissent les cosmogonies et les théogonies. Celles de l’E´gypte, comme celles de toutes les nations sacerdotales, sont l’expression figurée des hypothèses métaphysiques sur l’origine des choses. Athyr, la nuit élémentaire, engendre les pre miers dieux Cneph, Phthas, Neith, qui bientôt disputent à leur mère la prééminence. Ils se rapprochent de la religion reçue : Neith devient Isis, Cneph et Phthas prennent indifféremment le nom d’Osiris. Mais en leur qualité cosmogonique, ils ne sauraient demeurer dans les routes battues, et par un hymen mystique ou un inceste prématuré, ils engendrent à leur tour, renfermés qu’ils sont dans le sein de leur mère, d’autres divinités. Arouëris est le fruit des amours précoces de la sœur et du frère ; la naissance d’Anubis est due à un adultère incestueux, celle d’Harpocrate à l’union monstrueuse de la mort et de la vie a. Symboles variables de doctrines diverses, ces dieux représentent, suivant qu’ils s’appliquent à l’une ou a` l’autre de ces doctrines, la matière et l’esprit qui la coordonne et qui l’anime, les forces créatrices, conservatrices et destructives qui luttent entre elles, les deux principes du bien et du mal, ou enfin les divisions apparentes de la substance unique, c’est-à-dire tantôt le théisme b, tantôt le dualisme c, d’autres fois le panthéisme. Des images obscènes, des fables licencieuses pénètrent dans la religion par le seul effet des paroles empruntées de l’union des sexes. Isis parcourt la terre pour retrouver les organes dont un ennemi cruel a privé son époux, et ses courses sont marquées par des indécences et des incestes nouveaux : nous verrons plus tard l’influence de ces symboles sur les cérémonies et les rites publics.
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culte égyptien, ils présentaient leurs abstractions comme une portion plus sublime de ce culte. La sagesse divine apparaissait tour-à-tour sous un nom étranger à la religion vulgaire (celui de Neith), et sous le même nom qu’Isis. Cette dernière conservait ses partisans, et ceux des idées nouvelles étaient satisfaits. PLUT. de Is. et Os. Isis avait eu Harpocrate d’Osiris, après qu’il eut été tué par Typhon1. Il est bon d’observer que, même pour exprimer le théisme, les Égyptiens se servent d’images semblables ; seulement les dieux alors ne s’engendrent pas les uns les autres. L’Eˆtre éternel et unique s’engendre lui-même ; il est tour-à-tour son propre père, son propre époux, son père et son fils. (FIRMICUS, de Error. profan. religion. p. 1152.) Le dualisme est exprimé par la sortie violente de Typhon qui, engendré par la nuit primitive, ou selon d’autres par la terre, s’élance du sein maternel en le déchirant. Nephthys, la femme de Typhon, est aussi une expression du dualisme. Tantôt belle et séduisante comme la Mohanimaya des Indiens, tantôt hideuse et sinistre comme leur Moudhevi ou Boudevi, elle est opposée à Isis ainsi qu’elles le sont à Lakchmi, femme de Wichnou ; elle trompe, enivre, désole et détruit. Légende racontée par Plutarque, De Iside et Osiride, § XIX, dernière phrase (Traité d’Isis et d’Osiris, p. 30). Renvoi à Iulius Firmicus Maternus (IVe siècle ap. J.-C.), De errore profanarum religionum, ad Constantium et Constantem Augg., publié avec Minutius Felix, Octavius, dans l’édition de Jacobus Gronovius, Lugduni Batavorum : C. Boutenstein, S. Luchtmans, 1709. Il y est
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En même temps ces dieux se rattachent à la science proprement dite ; ils sont des planètes. Isis est la lune ; Typhon, le malfaisant et triste Mercure ; Osiris le soleil, qu’en cette qualité la mort frappe deux fois dans l’année : au printemps, époque des chaleurs excessives qu’apporte à l’E´gypte le vent du désert ; en automne, quand la contrée cachée sous les eaux doute si les flots qui la submergent doivent l’engloutir ou la fertiliser. Mais de plus, ces dieux prennent des noms et des formes d’animaux. La vache est Isis, Osiris l’épervier, Typhon le crocodile ; et le sphinx qu’on retrouve sur les monnaies égyptiennes du temps d’Adrien, est, par la complication de ses attributs, tout à la fois le point de réunion des animaux adorés par le peuple, et le type de l’unité dans la doctrine panthéistique des prêtres a. Ainsi les théogonies et les cosmogonies créent une mythologie d’espèce nou velle, qui se combine tout à la fois par son sens mystique avec la philosophie, par son sens littéral avec la superstition. Une autre circonstance complique encore cette combinaison. Les hiéroglyphes ont un effet presque pareil à celui des cosmogonies. Tous les signes hiéroglyphiques étant des images, celui qui s’en sert ne peut rendre sa pensée qu’en la revêtant d’une forme narrative ou fabuleuse. A-t-il, par exemple, à consigner une découverte astronomique ? il désigne les différents astres par des figures d’animaux ou d’autres objets qui sont censés agir les uns sur les autres. De là une suite de récits qui prennent aux yeux du peuple l’autorité d’une révélation ou d’une histoire. Ainsi sont nées certainement plusieurs traditions sacrées des prêtres égyptiens sur leurs dieux ou leurs rois b. Mais de quelque manière que la combinaison de ces éléments religieux s’opère, et quel que signification qu’on donne aux symboles, une règle uniforme s’observe invariablement. Les dieux que le peuple implore, ceux qui influent sur sa destinée, sont toujours plus rapprochés des fétiches que des divinités symboliques. Les Égyptiens disaient expressément qu’Osiris, Isis, a
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Ce sphinx est sans barbe, le lotus sur la tête, couvert d’un voile qui lui tombe jusqu’aux pieds ; un crocodile renversé sort de sa poitrine, un serpent rampe auprès de lui, un griffon est cramponné sur son dos, tenant une roue, emblème du grand tout chez plusieurs peuples. Par exemple, celle qui est relative à Mars (HE´ R. II, 64), est de la première espèce ; celle qui se rapporte à Rhampsinite (ibid. 122), est de la seconde. Cette remarque appartient à M. Heeren (Afric. 4991). question de la religion égyptienne pp. 405–409. BC résume un passage de Heeren, Ideen, Zweyter Theil, Africanische Völker, Zweyte Abtheilung, Aegypter, éd. 31815, pp. 471–472. Heeren renvoie à Hérodote, livre II, chap. 63, où il est question de la bagarre des prêtres de Papreris en l’honneur de Mars et au chap. 122 du même livre qui raconte un épisode sur le roi Rhampsinitos, descendu vivant dans les enfers, ce qui est l’origine d’une fête de plusieurs jours qui commémore cet événement.
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Horus, Typhon et sa femme ou concubine Nephthys, étaient des dieux de la troisième classe ; et, bien qu’ensuite ils les confondissent avec les planètes, ils les en distinguaient dans cette classification, contradiction qui n’en prouve que mieux la complication de leurs doctrines. Dieux animaux ou antropomorphiques, c’est en cette qualité que ces êtres étaient adorés, qu’ils écoutaient les prières et se mêlaient des intérêts des mortels. Notions métaphysiques ou dieux planétaires, ils n’avaient de rapports qu’avec les prêtres a, et si les progrès de la science amenèrent quelquefois dans les rites et dans les légendes des modifications dont on aperçoit la trace b, l’esprit de la religion publique ne se ressentit jamais de ces modifications. Cette combinaison de la religion égyptienne, ces symboles, ces allégories, cette série de significations se succédant, sans que la plus récente ou la plus subtile fît oublier celles qui l’avaient précédée, expliquent les contradictions de la plupart des auteurs anciens c. Quand Plutarque considère les dieux de l’E´gypte comme des divinités locales, et qu’Osiris est pour lui le Nil, et Isis la terre que le fleuve fertilise ; quand ensuite il s’élève au sens astronomique, et qu’Osiris est le soleil et Isis la lune ; quand ailleurs il embrasse les théories métaphysiques ou cosmogoniques, faisant d’Osiris et d’Isis le principe actif et le principe passif, et suivant la terminologie de la philosophie platonicienne, du premier, l’ame du monde, de la seconde, la matière mise en ordre et vivifiée par cette ame universelle, d’Horus leur fils, ce monde visible, résultat du débrouillement du Chaos, de Typhon, le mauvais principe renfermé dans la matière, et luttant contre l’esprit divin qui doit l’animer ; assurément Plutarque se contredit : mais s’il y a contradiction, il n’y a pas erreur. Toutes ces significations existaient dans la doctrine égyptienne : et Plutarque ne commence à se tromper que lorsqu’il en adopte une préférablement à toutes les autres d. a
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L’une des trois sectes qui divisent le Japon, et précisément celle du Sinto dont le Dairi est le pontife, par conséquent la plus sacerdotale, ne rend aucun culte au Dieu suprême, mais en rend un aux génies inférieurs dont elle reconnaît 33,333 qu’elle appelle Camis. Voyez l’excellent ouvrage de M. GUIGNIAUD, I, 801–8031. Les E´gyptiens, au dire de Chérémon, ne reconnaissaient de dieux que les planètes. Au dire de Jamblique, indépendamment de l’harmonie des sphères, ils adoraient des intelligences supérieures, et plaçaient un royaume de liberté morale au-dessus de celui de la nécessité matérielle. L’une et l’autre de ces hypothèses avait sa portion de vérité2. Il est curieux de comparer ces explications avec celle de Synésius et celle de Diodore. L’exemple choisi par Guigniaut à l’endroit indiqué (t. I, deuxième partie) dans sa «Note 3» est le mythe d’Isis et d’Osiris. Chérémon d’Alexandrie, Ier siècle après J.-C., directeur de la bibliothèque. On lui doit des livres sur les antiquités égyptiennes, Ægyptiaca et Hieroglyphica. – Quant à Jamblique, BC semble se reporter au livre VIII, chap. 7 et 8 de De mysteriis. Voir Les mystères d’Egypte, texte établi et traduit par Édouard des Places, S. J., Paris : Les Belles Lettres, 1966, pp. 200– 201.
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On conçoit aussi comment, en renversant l’ordre des idées et la suite des faits, on a pu construire en faveur du prétendu théisme de l’E´gypte des systèmes brillants et assez plausibles. Tel a été celui de Jablonski, longtemps le guide unique des érudits, commentateurs de ses hypothèses. Les Égyptiens, si nous l’en croyons, auraient été d’abord adonnés au seul théisme : mais la division des attributs et de l’action de l’Eˆtre suprême aurait donné naissance à plusieurs divinités intellectuelles. A côté de ces divinités, on en aurait placé d’autres, destinées à frapper les sens, telles que la lune, les planètes et le firmament qui les contient. A ces huit dieux on aurait associé les révolutions des solstices et des équinoxes, et bientôt les cinq jours intercalaires. L’adoration du Nil aurait été l’un des effets des ravages et des bienfaits du fleuve. Enfin les symboles sacerdotaux employés pour désigner énigmatiquement la nature divine, auraient introduit un culte inférieur a. Nous ne relèverons point les erreurs partielles de ce système ; nous nous bor nerons à dire qu’il faut renverser la série des hypothèses, et partir du culte combiné des fétiches et des astres, pour les voir dans la doctrine secrète des prêtres, transformés tantôt en divinités intellectuelles, tantôt en un seul Dieu créant et dirigeant l’univers, tantôt en une substance unique absorbant dans son sein et cet univers, et ces divinités, et ce Dieu suprême. Cette combinaison explique aussi la nature des communications graduelles faites par les prêtres égyptiens aux étrangers. Hérodote n’apprit d’eux les choses les moins importantes que sous la promesse du secret. Devenus moins farouches, ils instruisirent Diodore de tout ce qui concernait Osiris, sans astreindre le voyageur au silence. Du temps des Ptolémées, les prêtres furent contraints à dévoiler leur doctrine secrète, parce que la philosophie
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Synésius ne voit que l’histoire fabuleusement travestie par les traditions sacerdotales. Isis reine, et Osiris roi d’E´gypte, sont chassés du trône par Typhon, qui lui-même en avait été repoussé pour ses crimes. Le sceptre tombe entre les griffes d’animaux féroces, et les oiseaux sacrés baissent tristement la tête. Mais les dieux frappent les oppresseurs d’une terreur panique : Osiris ressuscite et ramène l’âge d’or. Dans Diodore on reconnaît l’introduction des idées grecques. Osiris est l’inventeur du vin. A sa suite marchent Apollon et les Muses. Le conquérant distribue à ses favoris les provinces grecques : à Macédon, la Macédoine ; à Maron, la Thrace ; a` Triptolème, l’Attique : ce sont les successeurs d’Alexandre reportés à une époque plus reculée. JABLONSKY, Panth. Æg1. Renvoi à P. E. Jablonski, Pantheon Ægyptiorum : sive de diis eorum commentarius, livre IV, chap. I, à partir du § 14. L’hypothèse de BC selon laquelle le symbolisme complexe cultivé par les prêtres égyptiens aurait contribué à introduire un culte inférieur est peut-être fondée sur les réflexions exposées par Jablonski dans la dernière partie de son ouvrage, intitulée «Prolegomena».
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était arrivée à des idées pareilles, et les avait publiées ; mais alors les prêtres eurent deux buts à atteindre et plusieurs précautions à prendre. Ils ne voulaient pas convenir que leur doctrine secrète eût été dès l’origine tellement séparée de la religion publique, que celle-ci ne fût qu’un instrument du pouvoir. Ils ne voulaient pas laisser voir non plus qu’ils admettaient des idées nouvelles ; en conséquence ils représentèrent ces idées nouvelles comme ayant toujours été dans leur doctrine secrète, et cette doctrine néanmoins comme liée intimement et l’ayant toujours été avec la religion populaire. De là l’explication de tous les usages religieux, explication subtile et forcée a. A mesure que les doctrines philosophiques se multiplièrent et se contrarièrent, les prêtres pliant leurs divinités et leurs explications à chacune d’elles, chaque divinité devint le symbole de toutes ces doctrines discordantes. Quand les prêtres virent leur religion tout-à-fait décréditée, ils abandonnèrent toute philosophie, et se bornèrent à nourrir la superstition du peuple en revenant, pour ainsi dire, au fétichisme par la sorcellerie.
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VOGEL, p. 1491.
17 par ] la source porte pour faute corrigée dans l’Errata
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Dans l’alinéa auquel se rattache cette note et le suivant, BC résume un raisonnement de Vogel (Die Religion der alten Ägypter, pp. 148–149) relatif à l’influence de la philosophie grecque sur la religion égyptienne à l’époque des Ptolémées. Notes de lecture (Co 3293, Q3/7), notes 51–54, marquées «empl. 1826».
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Chapitre V. Exemple de la même combinaison dans la religion de l’Inde a.
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La même combinaison se trouve dans la religion indienne ; mais elle est moins facile à reconnaître. Une circonstance qui semblerait au premier coup d’œil favorable au succès de nos investigations, est un obstacle plutôt qu’un secours. Les Indiens sont une nation encore existante. On pourrait espérer d’eux quelques explications sur eux-mêmes et sur leurs ancêtres ; mais si leur existence s’est prolongée de la sorte durant plusieurs milliers d’années, en dépit des siècles et malgré les invasions, c’est qu’ils ont conservé toujours leur répugnance des étrangers. Cette répugnance subsiste dans toute sa force b, et nos communications avec des hommes qui voient en nous des maîtres impurs, des oppresseurs immondes, se ressentent d’un préjugé religieux fortifié par des haines politiques. a
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Ce chapitre n’est point une exposition des dogmes ou des rites de la religion indienne. Cette exposition trouvera sa place dans les livres suivants. Ici nous n’avons à indiquer que les éléments dont cette religion est composée, et la manière dont ces éléments sont combinés. Toutes les personnes qui ont visité l’Inde ou qui ont quelques notions du caractère des brames, de la haute opinion qu’ils ont d’eux-mêmes et de la distance à laquelle ils se tiennent du commun des hommes, auront pu juger combien il est difficile de se familiariser avec eux, ou même de les approcher. Le mépris qu’ils nourrissent dans leur ame pour tous les étrangers, les Européens surtout, la jalouse inquiétude avec laquelle ils s’efforcent de dérober aux regards des profanes les mystères de leur religion, les archives de leurs connaissances et leur vie domestique, élèvent entre eux et l’observateur une barrière qu’il est presque impossible de franchir. (DUBOIS, Mœurs, Institutions et Cérémonies des peuples de l’Inde. Préface, pag. xxxj1.) En citant l’abbé Dubois, nous ne le donnons ni pour un observateur profond, ni pour un juge éclairé ; mais il confirme un fait important, car il en résulte que la difficulté dont les anciens se plaignaient, il y a trois mille ans, n’a pas été surmontée par les modernes. Établissement du texte : Manuscrits : 1. BnF, NAF 18825, fos 1–92 [=MR2]. 2. Co 4722/1, fo 13vo [=MF1a]. Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 94–187.
1 Chapitre V. ] Chap. 6. NAF 18825 4 indienne ] de l’Inde NAF 18825 6 favorable ... investigations ] favorable à nos investigations NAF 18825 19 brames ... distance ] Brames & de la distance NAF 18825 23 regards des profanes ] regards profanes NAF 18825 25 Mœurs ... peuples ] Mœurs &ca des peuples NAF 18825 1
Dubois, Mœurs, Institutions et Cérémonies des peuples de l’Inde, t. I, préface. Citation conforme, mais avec coupures. Voir les notes de lecture (Co 3293, Q3/12).
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Les monuments a que nous possédons sur leur croyance et leur culte, bien
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En tête de ces monuments il faut placer les Vèdes, au nombre de quatre1 : Le Rig-Véda, contenant des hymnes en vers ; le Yadjour-Véda, renfermant des prières en prose ; le Sama-Véda, dans lequel sont les chants religieux ; et l’Atharvan ou Athar-Véda, rempli de formules d’expiations et d’imprécations, et prescrivant les sacrifices sanglants, et même ceux de victimes humaines. L’authenticité de ce dernier Vède, contestée par Jones et Wilkins, a été défendue par Colebrooke. (As. Res2.) M. Bentley, dans le même recueil, a voulu prouver, par des observations d’astronomie et par différents noms de princes mahométans, qu’aucun des Vèdes n’était antérieur à l’invasion mahométane3 ; mais ces noms, comme plusieurs parties des Vèdes, ont pu être interpolés. Personne ne prétend que les Vèdes existent aujourd’hui dans leur état primitif. D’ailleurs l’assertion de M. Bentley serait fondée, que si la rédaction des Vèdes était moderne, les idées dominantes n’en seraient pas moins anciennes. Indépendamment des prières (mantras), les Vèdes contiennent des préceptes et des traités de théologie. La collection des premières s’appelle le Sanhita de chaque Vède ; celle des seconds, Brahmanas et Upanishads. (COLEBR. As. Res. VIII, 387–3884.) Les hymnes et les prières ne s’adressent pas toujours à des divinités, mais aussi à des rois, que les auteurs louent ou remercient de leurs bienfaits. C’est probablement en chantant un hymne pareil que Calanus se brûla devant Alexandre. (ARRIEN.5) Les Brahmanas et les Upanishads sont la partie didactique des Vèdes. Les Upanishads consistent pour la plupart en dialogues entre les dieux, les saints et les éléments ; l’Oupnekat qu’Anquetil-Duperron6 nous a procuré est un extrait des Upanishads, et son titre n’est que le même mot, prononcé à la manière persane. Après les Vèdes viennent les Pouranas, attribués à Vyasa (voyez plus loin les détails sur Vyasa7). Ces Pouranas sont au nombre de dix-huit ; ils traitent de la création de l’univers, de ses révolutions, de son renouvellement, de la généalogie des dieux, des exploits des héros, distribuant cette histoire fabuleuse entre les époques d’une chronologie idéale, et sous ce rapport, ils remplissent dans la littérature de l’Inde la place que les théogonies occupaient en Grèce. A côté des Pouranas se présentent les deux grandes épopées indiennes, le Ramayan, où
5 d’expiations ] expiatoires NAF 18825 8 d’astronomie ] astronomiques NAF 18825 17 louent ou remercient ] louent et remercient NAF 18825 20 l’Oupnekat ] dans la col. gauche, une note pour le copiste Ici les notes commencent à pouvoir être corrigées NAF 18825 1
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Les informations relatives aux Vèdes sont le résultat des lectures de BC, surtout des Ideen de Heeren qui cite les auteurs qu’on trouvera par la suite. Pour un brouillon de ce passage, voir ci-dessous, p. 517. BC citera par la suite surtout l’essai de Colebrooke. C’est un jugement général. BC a lu attentivement les essais de John Bentley. Voir cidessous, p. 174, n. 2, p. 175, n. 1, p. 176, n. 2, 193, n. 1, p. 605, n. 3 et p. 611, n. 1. BC renvoie une fois de plus à l’étude de Colebrooke, «On the Vedas, or Sacred Writings of the Hindus», Asiatick Researches, t. VIII, 1805, pp. 369–476. BC résume un passage qu’on trouve aux pp. indiquées. L’histoire de Calanus, sage indien du temps d’Alexandre est racontée par Flavius Arrianus (IIe siècle apr. J. C.) dans son ouvrage Anabase (De expeditione Alexandri Magni), livre VII, chap. III. Voir Oupnek’hat id est Secretum tegendum ad verbum, è Persico idiomate Samskriticis vocabulis intermixto, in Latinum conversum, dissertationibus et annotationibus difficiliora explanantibus illustratum studio et opera Anquetil Duperon, Argentorati : Levrault, 1801, 2 vol. Voir ci-dessous, p. 174.
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que nombreux et variés, ne forment point un ensemble. Si quelquefois ils s’éclaircissent les uns par les autres, plus souvent ils se contredisent et se combattent. L’époque d’aucun de ces monuments n’est incontestable ; l’authenticité de plusieurs est douteuse ; et comme ceux qui sont apocryphes sont toutefois empreints de l’imagination brillante et bizarre, et de l’excessive abstraction qui caractérisent les productions littéraires et philosophiques de cette contrée, l’on est d’autant moins en état de fixer les dates, de démêler les opinions primitives, et de déterminer la marche et les progrès de ces opinions. sont célébrées les actions de Rama, et le Mahabarat, qui raconte les guerres entre les héros des races Pandous et Kourous. Le Bhaguat-Gita en est un épisode. M. Heeren, à l’occasion de ces poèmes, a voulu établir entre la religion et la mythologie des Indiens une différence plus subtile que solide. Il cherche la première dans les Vèdes, et la seconde dans les épopées ; c’est comme si l’on cherchait la religion grecque dans les compilations d’Hésiode, ou dans ce qui nous est parvenu des dogmes orphiques, et qu’on rejetât les poèmes d’Homère. Les divinités des Vèdes, dit M. Heeren, sont des personnifications d’objets ou de forces physiques qu’on peut réduire à trois, la terre, le feu, le soleil ; et ces trois doivent derechef être considérés comme manifestation d’un seul être. (HEEREN, t. II, p. 430 et suiv1.) Qu’importe ? la religion du Mahabarat et du Ramayan n’en est pas moins la religion du peuple ; les traditions rapportées dans ces poèmes donnent lieu à des fêtes et à des rites sans nombre : et de plus on trouve dans les Vèdes mêmes des invocations aux divinités du Ramayan et du Mahabarat. Ces deux épopées ne sont pas les seules qui nous fournissent des renseignements sur la religion indienne. Nous aurions pu indiquer le Sisupala-Badha, où la victoire de Crischna sur Sisupala est célébrée ; le Cirata-Juniya, destiné à chanter les mortifications et ensuite les exploits belliqueux d’Arjoun, disciple de Crischna ; le Magaduta de Calidasa, célèbre auteur du charmant drame de Sacontala ; le Rhaguvansa, contenant les hauts faits de Rama, et plusieurs autres : mais ces poèmes ne sont pas au nombre des livres saints ; et bien que, au jugement des critiques anglais, ils surpassent en beautés poétiques le Ramayan et le Mahabarat, ils n’ont pas d’autorité religieuse comme ces derniers. Enfin parmi les sources de nos connaissances sur l’Inde se placent les commentaires des diverses sectes, théistes, panthéistes, dualistes, athées, ceux de l’école Vedanta, des deux philosophies Niaya, des deux Mimansa et des deux Sanchya, qui se rattachent aux Vèdes
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p. 171.24–28 Ils traitent ... Grèce. ] passage ajouté dans la marge de gauche 1–2 ils s’éclaircissent ] à la hauteur de ces mots, dans la col. de gauche, une note destinée au copiste Ce n’est que d’ici que le texte peut être corrigé NAF 18825 5 empreints ] empreints également NAF 18825 bizarre ] 〈qui〉 〈illis.〉 NAF 18825 13 Heeren ] Heeren, Ideen NAF 18825 13–14 n’en est ] n’en sont NAF 18825 16–24 Ces deux épopées ... ces derniers. ] passage ajouté dans la col. de gauche NAF 18825 21 autres ] autres (As. R. X. 4252.) NAF 18825 1
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BC renvoie à Heeren, Ideen, Erster Theil, Asiatische Völker, Dritte Abtheilung, Inder, dans l’édition de Göttingen, 1824, t. I, 3, p. 115 : «Die Gottheiten, an welche alle diese Hymnen gerichtet sind, sind aber keineswegs diejenigen, welche in der indischen Mythologie nachmals als Heroen glänzen ; es sind vielmehr personificierte Gegenstände der Natur ; das Firmament, das Feuer, die Sonne, der Mond, das Wasser, die Luft, der Dunstkreis, die Erde, etc. unter mancherley Namen und Beinamen.» La suite du texte de Heeren, qui d’ailleurs résume surtout l’étude de Colebrooke, citée à la p. précédente, n. 4, parle des Vèdes. Le renvoi est faux, ce qui explique pourquoi il n’est pas maintenu.
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Les Vèdes originaux, les Akhovèdes sont perdus ; les brames en conviennent. Les détails que ces brames communiquèrent à Holwell a sur la révélation et sur la transmission de ces livres, démontrent que même depuis leur rétablissement, d’après la tradition, ils furent refondus encore, et que par conséquent la doctrine qu’ils contiennent fut souvent modifiée. Suivant ces détails, 4,900 ans avant notre ère, le Dieu suprême, pour réconcilier à lui les esprits tombés, confia d’abord à Brama la loi divine dans un langage céleste. Brama l’ayant traduite en sanscrit, en forma les quatre Vèdes. Mille ans plus tard, des brames écrivirent six commentaires sur ces premiers livres. Ces commentaires sont les six Angas qui traitent de la prononciation des saintes voyelles, de la liturgie, de la grammaire, du rhythme sacré, de l’astrono mie, et de la signification des mots mystérieux. Cinq cents ans s’écoulèrent, et de nouveaux commentateurs publièrent une seconde interprétation, dans laquelle ils s’écartèrent du sens primitif, et interpolèrent beaucoup d’allégories et beaucoup de fables. De là naquirent les quatre Upavèdes, contenant les règles de la médecine, de la musique, de la profession des armes et des arts mécaniques ; et les quatre Upangas, dans le premier desquels on a renfermé plus tard les dix-huit Pouranas.
a
pour la forme, tout en s’en écartant pour le fond. Voyez, plus loin, des éclaircissements sur ces différentes sectes ou écoles1. KLEUKER, IV, 14. As. Res. I, 4662.
1 originaux ] primitifs NAF 18825 2–3 la révélation ] l’origine NAF 18825 7 confia ] révéla NAF 18825 18 plus tard ] ensuite NAF 18825 19 Voyez plus loin ] v. dans la suite NAF 18825 21 Kleuker ... 466. ] ajouté dans la marge de gauche NAF 18825
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Le renvoi est vague. On pourrait penser aux observations qu’on trouve ci-dessous, pp. 186, 202 ou 214. BC renvoie à l’ouvrage de Johann Friedrich Kleuker, Das Brahmanische Religionssystem im Zusammenhange dargestellt und aus seinen Grundbegriffen erklärt ; wie auch von den verschiedenen Ständen Indiens mit besonderer Rücksicht auf Fr. Paullini a S. Bartholomæo ‘Systema Brahmanicum etc.’ Nebst einem kurzen Auszuge aus eben desselben Sidharubam oder Samskrdamischen Grammatik, Riga : Johann Friedrich Hartknoch, 1797. Kleuker y parle, à la p. indiquée, de l’étude de John Zephania Holwell, Interesting Historical Events, Relative to the Provinces of Bengal, London : Becket and De Hondt, 1765–1771, 3 vol. Le ` la p. indiquée, on lit un tableau météorologique. renvoi aux Asiatic Researches est faux. A BC veut renvoyer, d’après Kleuker, à un texte de Gauverdhan Caul, «Literature of the Hindus, from the Sanscrit, communicated by Goverdhan Caul, with a short Commentary», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 340–355.
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Enfin 3300 ans après l’apparition des Vèdes originaux, cinq écrivains inspirés présentèrent une nouvelle rédaction. L’un d’entre eux, Vyasa, l’auteur des Pouranas, est aussi celui du grand poème épique des Indiens, le Mahabarat. Mais ce Vyasa pourrait bien n’avoir été qu’un nom générique, désignant une série de commentateurs des Vèdes, comme le nom d’Homère désigne probablement les auteurs des premières épopées grecques a. L’incertitude qui est répandue sur l’époque de Vyasa, et que les efforts de M. Bentley n’ont pu dissiper b, nous ferait pencher vers cette opinion c. Les contradictions des Indiens à cet égard sont manifestes et choquantes. D’une part, ils séparent le Ramayan, poème qu’ils attribuent à Valmiky, du
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Voyez nos recherches sur l’authenticité des poèmes homériques, à la fin du volume1. As. Res. V, 3212. Il est remarquable que le nom de Vyasa signifie compilateur (As. Res. III, 378, 392 et 488), et que dans l’une de ses acceptions celui d’Homère exprime des choses mises ensemble (Eurip. Alcest. 7803). Cette question, du reste, nous est indifférente. Si Vyasa a été un individu, la tradition dit qu’il a eu plusieurs disciples qui en ont eu eux-mêmes une foule d’autres. Si Vyasa n’était qu’un nom générique, il y a eu plusieurs Vyasa, au point qu’il s’est formé onze cents écoles différentes sur la manière d’interpréter et d’enseigner les Vèdes.
5 désignant ... des Vèdes ] manque NAF 18825 5–6 comme le nom d’Homère ... auteurs ] come Homère n’a été probablement qu’un nom générique, désignant les auteurs NAF 18825 6-p. 175.5 L’incertitude ... miracle ] manque NAF 18825 9 Voyez ] v. NAF 18825 16–19 Cette question ... Vèdes. ] 〈Vyasa〉 Cette question ... Vèdes. la totalité de la note était conçue comme une suite de la note précédente NAF 18825 18 il y a eu ] il y a NAF 18825 19 les Vèdes ] Suit un passage barré, prévu comme note à la place de la note b de l’imprimé 〈v. nos recherches sur l’authenticité des poèmes Homériques à la fin du volume〉 NAF 18825
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Voir ci-dessous, pp. 379–418. BC utilise l’étude de John Bentley, «Remarks on the Principal Aeras and Dates of the Ancient Hindus», Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 315–343, et en particulier le petit chapitre consacré à établir les époques de la vie des poètes Valmic et Vyasa, pp. 321–322. BC dissimule sa source. Il a trouvé l’explication du nom de Vyasa «compilateur» chez Heeren, Ideen, Erster Theil, Asiatische Völker, Dritte Abtheilung, Inder, dans l’édition de Göttingen, 1824, t. I, 3, p. 119, qui, à son tour cite les pp. de l’étude de Colebrooke, «On the Vedas, or Sacred Writings of the Hindus», Asiatick Researches, t. VIII, 1805, pp. 369–476. Aux pp. indiquées, Colebrooke affirme cette opinion. – L’allusion à d’Euripide, Alceste, n’est pas élucidée.
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Mahabarat de Vyasa, par une distance de 864,000 ans ; et de l’autre, ils affirment que ces deux poètes se sont souvent rencontrés et consultés sur la rédaction de leurs poèmes. Quand on leur reproche cette absurdité chronologique, ils échappent à l’objection, en recourant à la supposition d’un miracle. Vyasa est de plus un personnage mythologique, tantôt une régénération de Brama, née dans le troisième âge, quatre ans après l’entrevue de sa mère avec un Richy, tantôt une incarnation de Wichnou dans le sein de la jeune Caly, demeurée vierge après lui avoir donné le jour a. Le second rédacteur des Vèdes fut Menou, plus connu que le premier, comme législateur des Indiens b. Le recueil de ses lois est leur plus ancien code ; mais ce code n’a été probablement, ni l’ouvrage d’un seul homme, ni l’œuvre d’un seul siècle c. Les trois autres rédacteurs, de l’aveu des brames eux-mêmes, se rendirent suspects d’hérésie. Nous n’examinons pas la vérité du récit : mais il indique suffisamment les refontes réitérées de la religion indienne. Tout le monde connaît les importantes déclarations de Wilford sur les falsifications du Pandit, qui lui avait fourni les matériaux de sa comparaison entre les fables de l’Inde et celles de l’E´gypte d. On peut, a b c d
Voyez le Mahabarat, poème attribué à Vyasa lui-même1. As. Res. I, 1622. HEEREN, Ind. II, 4403. As. Res. VIII, 2514.
5 Vyasa ] il NAF 18825 6 Brama ] 〈Wichnou〉 NAF 18825 12 Les trois autres rédacteurs ] Les trois autres NAF 18825 18 Voyez ... lui-même ] Mahabarat ... lui-même note ajoutée dans col. de gauche NAF 18825 20 Heeren ... 440. ] Heeren, Ideen, T. . p. 440 NAF 18825 1
2 3
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BC traduit un passage de l’étude de John Bentley, «Remarks on the Principal Aeras and Dates of the Ancient Hindus», Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 315–343, et plus particulièrement p. 321. Il avait noté ce passage, avec quelques détails supplémentaires, dans ses notes de lecture. Le renvoi est faux. BC semble copier une information qu’il n’a pas contrôlée. Heeren, Ideen, Erster Theil, Asiatische Völker, Dritte Abtheilung, Inder, dans l’édition de Göttingen, 1824, t. I, 3, p. 134. Heeren résume l’opinion de William Jones, Institutes of Hindu Law ; or the Ordinances of Menu according to the Gloss of Cullúca, containing the Indian System of Duties, religious and civil. Verbally translated from the original Sanskrit ; with a preface by Sir Will. Jones, Calcutta : printed by the Order of the Government, 1794 et London : reprinted for J. Sewell et al., 1796, p. 18. Voir ci-dessous, p. 578. BC renvoie à la partie introductive de l’essai de Francis Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West, with other Essays Connected with that Work», Asiatick Researches, t. VIII, 1808, pp. 245–375, en particulier aux pp. 245–253, qui traitent de l’imposture de son «pandit», de celui des Brahmanes de l’équipe de Wilford que celui-ci désigne par le titre honorifique. Voir la note no 18 des Notes de lecture de BC (Co 3293, Q3/5), marquée «empl. 1826», qui résume cette affaire.
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ce nous semble, en tirer des conséquences graves sur les falsifications des livres indiens en général. Les indigenes eux-mêmes ne contestent point ces falsifications, mais se bornent à les excuser, en disant que la corruption du siècle force les sages à prêter aux vérités les plus sublimes l’appui d’une fabuleuse antiquité a. S’il était de plus constaté, comme l’affirme l’abbé Dubois, que le climat détruit assez rapidement tous les manuscrits pour forcer les brames à les recopier chaque siècle, on concevrait combien d’interpolations, d’altérations de doctrines devraient en résulter1. Si l’on réfléchit encore que durant douze à quatorze cents ans ces monuments ainsi mutilés, ces copies ainsi refondues, ces commentaires dont les auteurs avaient à faire prévaloir une opinion favorite, ont servi soit d’occasion soit de texte à des ouvrages philosophiques ou métaphysiques dans lesquels chaque secte donnait son système comme le seul primitif et véritable, on appréciera la défiance qu’il faut apporter dans leur examen. En effet, il suffit de les parcourir avec quelque attention pour reconnaître que, loin de contenir une doctrine reçue, ils sont pour la plupart l’ouvrage de réformateurs ou d’inspirés qui voulaient interpréter, épurer, c’est-à-dire modifier et transformer la doctrine reçue. Le Néardirsen, par exemple, que les Indous du Bengale et de toutes les provinces septentrionales de l’Inde regardent comme un shaster sacré, tandis que ceux du Décan, de Coromandel et du Malabar le rejettent, est un pur système de métaphysique, admis parmi les livres saints, grace à la progression des idées, ainsi qu’auraient pu l’être les ouvrages des éclectiques, si le polythéisme, épuré par eux, se fût
a
As. Res.
VIII,
2032.
2–5 Les indigenes ... antiquité ] passage avec la note ajoutés dans la col. de gauche NAF 18825 3 la corruption ] La dépravation NAF 18825 4 aux vérités ] à l’appui des vérités NAF 18825 5–8 S’il était ... en résulter. ] Il est constaté dit l’abbé Dubois, que l’action du climat contribue aussi à les détruire assez rapidement et que les Brames les recopient. renvoi à une note 4 (Mœurs & coutumes de l’Inde) On concoit combien ... doivent en résulter. NAF 18825 9 Si ... encore ] Enfin si l’on réfléchit NAF 18825 quatorze cents ans ] quatorze siècles NAF 18825 18 Néardirsen ] la source porte Néardisen faute corrigée dans l’Errata
1
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Allusion non localisée. Dubois, Mœurs, Institutions et Cérémonies des peuples de l’Inde, t. II, pp. 119–126, donne des détails techniques sur les manuscrits de l’Inde qui pourraient suggérer une réflexion de ce genre. John Bentley, «On the Hindu Systems of Astronomy and their Connection with History in Ancient and Modern Times», Asiatic Researches, t. VIII, 1808, pp. 195–144, en particulier p. 203 où l’on trouve la phrase résumée par BC.
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maintenu a. Il en est de même du Bhaguat-Gita ; l’effort de ce qui s’introduit contre ce qui existe, l’empreinte du réformateur qui lutte et qui argumente, s’y reproduisent a` chaque ligne b ; et lorsque Crischna relève les ames des femmes de l’anathème qui les condamnait à passer dans le corps d’un brame avant de monter aux cieux, on reconnaît encore la réforme combattant un préjugé consacré par la religion ancienne. Chercher dans ces livres la mythologie primitive et populaire, c’est prendre, comme on l’a fait trop souvent, le nouveau platonisme pour la religion des premiers siècles de la Grèce ou de Rome. Rien n’est plus semblable aux shasters indiens pour le fond des idées, que les ouvrages des philosophes païens, qui, dans le second ou le troisième siècle de notre ère, travaillaient à travestir le polythéisme grec en allégories, et à lui prêter des subtilités étrangères à son génie et ignorées de ses premiers sectateurs c. a
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L’auteur du Néardirsen emploie un grand nombre de raisonnements pour distinguer l’ame universelle de l’ame vitale. Cette nécessité de prouver ce qu’on affirme annonce une hypothèse philosophique et non une religion. Les religions en vigueur révèlent, affirment, commandent et ne discutent pas. «Je veux, dit Crischna a` son disciple Arjoun, te faire connaître un secret mystérieux à toi qui ne cherches point à blâmer. L’insensé me méprise sous cette forme humaine ... Personne, excepté toi, n’a pu obtenir la vue de ma forme suprême, ni par les Vèdes, ni par les sacrifices, ni par une étude profonde, ni par des cérémonies, ni par des actions, ni par les plus sévères mortifications de la chair ... Je ne puis être vu ainsi que par le moyen du culte qui n’est offert qu’à moi seul. L’objet des Vèdes est d’une triple nature : sois libre de cette triple nature. Abandonne toute autre religion, prosterne-toi devant moi, et tu viendras sûrement en moi.» (Bhag. Gita. Trad. fr. pag. 40, 109, 110 et 1511.) Qui peut ne pas reconnaître à ces paroles le désir de faire triompher une doctrine nouvelle opposée à des dogmes encore en vigueur ? Mais il y a dans le même livre un passage qui trahit bien plus clairement l’intention et la position du maître vis-à-vis de son disciple. Arjoun dit à Crischna : «Je ne suis pas rassasié de tes paroles.» Celui-ci répond : «Que les célestes faveurs tombent sur toi.» C’est une prière absurde et superflue dans la bouche d’un dieu qui dispose luimême des faveurs célestes ; mais le réformateur est touché, comme un homme peut l’être, de la soumission de son auditeur. (Bh. G. p. 96.) Quoique l’auteur du Bhaguat-Gita, dit son traducteur anglais (Préf. p. xxxxj), n’ait pas osé attaquer ouvertement les principes établis par le peuple, ni l’autorité des anciens Vèdes,
5 monter ] s’élever NAF 18825 6 religion ] 〈reforme〉 religion, la correction dans l’interl. NAF 18825 11 ou ] & NAF 18825 12 grec ] manque NAF 18825 13 premiers ] manque NAF 18825 14 Néardirsen ] la source porte Néardisen faute corrigée dans l’Errata 21 ni par des cérémonies ] manque NAF 18825 25 151 ] 161 NAF 18825 25–26 reconnaître à ] démêler dans NAF 18825 26 des dogmes ] une doctrine NAF 18825 30 dieu ] 〈réformateur〉 Dieu NAF 18825 33 xxxxj ] xxxi NAF 18825 34 principes établis ] opinions revérées NAF 18825 1
Montage de plusieurs citations (coupures importantes) tirées de Le Bhaguat-Geeta, ou dialogues de Kreeshna et d’Arjoon ; contenant un Précis de la Religion & de la Morale des Indiens. Traduit du Samscrit, la langue sacrée des Brahmes, en Anglois, par M. Charles Wilkins ; et de l’Anglois en François, par M. Parraud, Londres et Paris : Buisson, 1787. L’ordre des citations ne correspond pas à l’ordre des pages indiquées.
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Aux difficultés qui résultent des altérations des livres sacrés, il faut ajouter celles qui naissent des révolutions que la religion indienne a subies. On doit en reconnaître au moins quatre, et même cinq principales : le bramaïsme, le schivaïsme, le wichnouïsme, que Crischna n’a guère fait que perfectionner, et le bouddhaïsme, chassé de l’Inde proprement dite, après des guerres acharnées et des massacres épouvantables a ; mais triomphant au Tibet, et partageant avec la religion des brames le royaume de Népaul. Partout sur la surface de l’Inde éclatent des preuves de ces révolutions. Plusieurs temples y sont considérés comme l’œuvre des mauvais génies, et nul n’ose y pratiquer les rites du culte aboli. Or, chez tous les peuples, les cultes déchus passent pour une magie sacri lége : leurs prêtres sont des sorciers, et leurs dieux des êtres coupables et malfaisants. Les Vèdes constatent également ces bouleversements religieux de l’Inde. Ils ordonnent les sacrifices sanglants, et même les sacrifices humains b. La répugnance des Indiens pour l’effusion du sang, bien qu’elle leur fût de tout temps inspirée par le climat, n’était donc point une partie originaire de leur culte primitif. Mais lorsque la civilisation eut prévalu, malgré les prêtres,
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b
néanmoins, en offrant un bonheur éternel à tous ceux qui adorent le Tout-Puissant, tandis qu’il déclare que la récompense de ceux qui adorent d’autres dieux ne sera que la jouissance passagère d’un ciel inférieur, pendant un espace de temps proportionné à leurs mérites, son dessein était manifestement de détruire le polythéisme, ou au moins d’engager les hommes à croire le Dieu unique présent dans les images devant lesquelles ils se prosternaient, et à le regarder comme le seul objet de leurs cérémonies et de leurs sacrifices. Les plus savants brames d’aujourd’hui sont unitaires ; mais ils se soumettent tellement aux préjugés vulgaires, qu’ils suivent extérieurement toutes les ordonnances des Vèdes, telles que les ablutions, etc1. Ceci n’a pas mal de ressemblance avec les philosophes qui allégorisèrent le polythéisme, quand le théisme s’établit. Batta, de l’école bramanique de Niaya, extermina beaucoup de bouddhistes dans une levée générale qu’il provoqua contre eux (voyez t. II, 1552), et se brûla ensuite lui-même en expiation du sang qu’il avait répandu. Le brame Vegadeva acheva son ouvrage : le peuple voyait en lui Wichnou lui-même s’armant contre les impies. (Lettr. édif. XXVI, 2183.) Il est remarquable que les divinités auxquelles on offrait spécialement des sacrifices sanglants et même des victimes humaines, étaient les divinités tutélaires des villes et des villages, c’est-à-dire probablement les premières et plus voisines des fétiches.
7 Népaul ] Népal NAF 18825 13 ces ] les NAF 18825 16 originaire ] manque NAF 18825 22 prosternaient ] prosternent NAF 18825 29 voyez ] v. ci-dessus NAF 18825 se brûla ] brula NAF 18825 32–33 des sacrifices ... humaines ] des animaux et des hommes NAF 18825 1 2 3
BC traduit presque littéralement une observation de Charles Wilkins que celui-ci exprime dans la préface de sa traduction du Bhagvat-Geeta. Voir The Bha˘gva˘t-Geeta, p. 24. OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 135–136. BC cite de seconde main. La note résume un passage de Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 194 (p. 102 de l’éd. de 1935). Görres cite, pour appuyer son texte, les Lettres édifiantes et curieuses, écrites des missions étrangères, par quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus (Paris : P. G. Le Mercier et M. Bordelet, 1743), t. XXVI, p. 247.
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contre cette coutume barbare, on fit honneur de son abolition à Wichnou a dans son incarnation, comme Buddha b, rattachant ainsi, suivant l’usage, toutes les réformes successives aux anciennes divinités c. Les incarnations rapportées dans les livres de la religion indienne sont pour la plupart des époques de réforme. Le Bhagavat-Pourana (le Bagavadam) déclare que Wichnou s’incarne toutes les fois que sa présence est nécessaire pour combattre l’erreur et faire triompher la vérité d. Wichnou, dans sa quinzième incarnation e, corrige les Vèdes ; Crischna, le grand réformateur, qui, suivant une tradition, essaya de bannir du culte les cérémonies obscènes, est la huitième ou la dix-septième incarnation de Wichnou. Buddha, qui sappa dans sa base le système du bramaïsme en abolissant les castes, est, suivant les diffé rentes chronologies, la neuvième ou la dixneuvième. a b c
d e
Gita-Govinda, poème en l’honneur des incarnations de Wichnou. SONNERAT, Voyage aux Indes, p. 1801. Dans le polythéisme indépendant des prêtres, cette interversion de dates n’a pas lieu, parce que l’esprit humain qui avance à découvert ne déguise point sa marche. Ainsi Saturne exigeait des sacrifices humains ; Hercule les abolit. La même théorie des incarnations se retrouve presqu’à chaque page dans le Bhaguat-Gita. Les grandes incarnations de Wichnou sont au nombre de dix, et les Indiens attendent encore la dixième, celle où le cheval blanc posera son quatrième pied sur la terre, et donnera ainsi le signal de la destruction du monde ; mais si l’on met ensemble les diverses époques ou` ce Dieu s’est incarné, ses incarnations sont bien plus nombreuses. Nous reviendrons, à la fin de ce chapitre, sur la théorie indienne des incarnations, et nous indiquerons une conséquence de cette théorie, à laquelle personne, jusqu’à ce jour, n’a donné une attention suffisante.
1 honneur ] honneur 〈a Wichn〉 NAF 18825 5–7 Le Bhagavat-Pourana ... la vérité. ] La Bhagavat-Pourana (le Bagavadam) Livre orthodoxe ... la vérité. ce passage ajouté dans la col. gauche, de même que la note d NAF 18825 12–13 dix-neuvième ] suit un passage biffé 〈& quelques divisés que soient les savans sur son époque ou sur sa personne, ils le reconnaissent tous pour l’auteur d’une grande révolution religieuse〉 NAF 18825 15 Voyage ] Voy. NAF 18825 17 qui avance ... point ] 〈qui〉 avance à découvert & ne cherche point à déguiser NAF 18825 1
BC renvoie au livre III, chap. II, «Du culte des Indiens» de l’ouvrage de Pierre Sonnerat, Voyage aux Indes orientales et à la Chine, fait par ordre du Roi depuis 1774 jusqu’en 1781, dans lequel on traite des mœurs, de la religion, des sciences & des arts des Indiens, des Chinois, des Pégouins & des Madégasses ; suivi d’Observations sur le Cap de BonneEspérance, les Isles de France et de Bourbon, les Maldives, Ceylan, Malacca, les Philippines & les Moluques, & de recherches sur l’Histoire naturelle de ce pays, par M. Sonnerat, Paris : chez l’auteur, Froulé, Nyon, Barrois, 1782, 2 vol. On y trouve ceci : «Une Nation douce aura beaucoup de Prêtres, mais peu de Sacrificateurs ; s’il faut des offrandes pour attester la dépendance des hommes envers les Dieux, elle ne les cherchera que parmi les végétaux ; tel est le culte actuel des Indiens : autrefois, dans des tems reculés, ils sacrifièrent des animaux & même des hommes ; mais dans leur cruauté timide, ils avoient horreur du sang, ils n’égorgeoient pas leurs victimes, les souverains Pontifes se contentoient de les étouffer» (p. 206).
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Sans doute, cette dernière révolution est l’objet de beaucoup d’incertitudes. Les savants se divisent sur la personne et l’époque de Buddha. Les uns a regardent son culte comme une déviation, une réforme ou une hérésie qui s’est introduite dans celui de Brama, et Buddha par conséquent comme postérieur à ce dernier. Les autres b ont adopté l’opinion opposée. Ils confondent avec Buddha, Baouth, une ancienne idole, dont on trouve encore çà et la` d’informes simulacres et des temples qui tombent en ruines. Ils supposent que sa religion, antérieure au bramaïsme, a été supplantée et proscrite par les Brames, et s’est réfugiée dans le Tibet, à Ceylan, en Tartarie, au Japon, à la Chine, en se conservant chez quelques tribus indiennes c. Cette question est très-difficile à éclaircir : d’un côté, le culte de Baouth paraîtrait plus ancien que le bramaïsme. Les traditions qui s’y rattachent et l’extérieur grossier des figures indiquent le fétichisme. D’un autre côté, le Buddha qui a médité l’abolition des castes était certainement postérieur à Brama. Les castes ont dû s’établir sans contradiction, ou elles ne se seraient jamais établies. Buddha a pu les attaquer, après qu’elles étaient consacrées, comme les philosophes modernes ont attaqué des institutions existantes ; mais ces institutions avaient précédé les philosophes. a b c
Presque tous les collaborateurs des Recherches asiatiques publiées à Calcutta. Voyez Legentil1. Les partisans de cette hypothèse s’appuient sur un passage de Clément d’Alexandrie, où Baouth est nommé comme jouissant aux Indes des honneurs divins. CLEM. ALEX. I ; voyez aussi ST.-JE´ ROME, adv. Jov. lib. I2.
1 de beaucoup d’ ] 〈d’une grande〉 de beaucoup ces deux mots dans l’interl. d’ récrit sur la dernière syllabe de l’adjectif biffé NAF 18825 2 Les savants se divisent ] les savans de tous les pays sont divisés NAF 18825 4 qui s’est ... Brama ] de celui de Brama NAF 18825 5–6 ils confondent ... Baouth ] ils 〈pensent qu’〉 confondent ... Baouth mots dans l’interl. NAF 18825 7 çà et là ] à la Chine NAF 18825 d’informes ] 〈beaucoup de〉 d’informes corr. dans l’interl. NAF 18825 des temples ] 〈quelques〉 temples NAF 18825 9–10 dans le Tibet ... à la Chine ] dans le Tibet, à Ceylan, à la Chine NAF 18825 12–13 Les traditions ... fétichisme ] passage remanié autant que nous pouvons en juger par les traditions qui s’y rattachent, & par l’extérieur 〈souvent〉 informe & sans art des figures qui remontent à cette époque, c’était un fétichisme grossier NAF 18825 13 D’un autre côté ] le ms. porte d’une autre part NAF 18825 16 Buddha ... consacrées ] syntagmes intervertis Buddha a pu venir après qu’elles étoient consacrées & les attaquer NAF 18825 22–23 Clem. Alex. ... lib. I. ] Clem. Alex. Strom. I. v. aussi St Jerome adv. Jovian. Lib. I. NAF 18825 1
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BC a pu trouver cette information chez Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 168, qui renvoie à Guillaume Le Gentil, Voyage dans les mers de l’Inde, Paris : Imprimerie Royale, 1779, sans préciser davantage. Une autre source possible est l’étude de William Chambers, «Some Account of the Sculptures and Ruins at Malvalipuram, a Place a few Miles North of Sadras, and known to Seamen by the Name of the Seven Pagodas», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 145–170. Chambers cite (pp. 168–169) l’ouvrage de Le Gentil. Le renvoi à Clément d’Alexandrie et à St. Jérôme figure dans l’essai de Chambers cité dans la note précédente, qui cite à son tour un passage de Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville,
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La difficulté se résoudrait, en admettant deux Buddhas, dont le premier serait le même que l’ancien Baouth, et le second l’auteur de la religion qui a fait scission dans les Indes, et s’est introduite à la Chine, en substituant le nom de Fo à celui de Buddha a. Alors il n’y aurait rien de commun entre le second Buddha et le Baouth ancien, si ce n’est que le premier ayant précédé la division en castes, et le second étant postérieur à cette division, l’un aurait ignoré une institution encore inconnue, et l’autre, la trouvant consacrée, l’aurait combattue b. Nous pouvons, du reste, laisser indécise la question historique. Buddha n’est plus aujourd’hui qu’un être fabuleux, comme Wichnou, Rama et tous les avatars indiens, incarnés pour la régénération de l’espèce humaine. Ses a
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JONES, As. Res. II, 1231. L’hypothèse des deux Buddhas a été adoptée par Georgi et les Cachemiriens en général. La difficulté se résoudrait encore, si l’on ne voyait avec Georgi (Alphab. Tib.) dans le mot de Buddha, pris à tort pour un nom propre, que la désignation jadis usitée pour toute sagesse, vertu ou sainteté supérieure. L’auteur d’un célèbre dictionnaire sanscrit, appelé de son nom l’Amaracoscha, fortifie cette opinion, en énumérant dix-huit interprétations de ce mot, exprimant toutes l’une de ces idées. Le capitaine Mahony, dans son Essai sur les Doctrines buddhistes, dit que le mot buddha signifie, dans la langue pali et dans celle de Ceylan, connaissance ou sainteté universelle, un saint supérieur à tous les saints, un dieu supérieur à tous les dieux. (As. Res. VII, 332.)
1 La difficulté ... en admettant ] passage remanié La difficulté 〈peut〉 se résoudroit si l’on admettoit NAF 18825 2 et le second l’auteur ] & dont le second seroit l’auteur NAF 18825 6–8 l’un aurait ignoré ... l’aurait combattue ] passage remanié ils se seroient rencontrés en ce sens, que l’un n’admettait pas une institution encore inconnue, & que l’autre, la trouvant consacrée, voulait l’abolir. NAF 18825 9 laisser ... historique ] sans inconvénient laisser de coté la question historique NAF 18825 9–11 Buddha ... espèce humaine ] Buddha est manifestement aujourd’hui un personnage mythologique : sa légende est du même genre que celle de Wichnou & de tous les avatars qui se sont incarnés pour travailler à la régénération de l’espèce humaine. NAF 18825 11-p. 182.2 Ses aventures ... favorite ] manque NAF 18825 14–21 La difficulté ... 33.) ] ajouté dans la col. de gauche NAF 18825 14–15 le mot de Buddha ] ce mot NAF 18825 16 de son nom ] d’après lui NAF 18825 18 exprimant ... idées ] qui toutes expriment l’une de ces idées (As. R. II. 123–125) NAF 18825 19 Doctrines buddhistes ] doctrines du Buddha, confirme l’assertion de Georgi NAF 18825 dit que ... signifie ] syntaxe différente Le mot Buddha, dit-il, ... signifie connaissance ... NAF 18825
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Antiquité géographique de l’Inde, Paris : Imprimerie Royale, 1775. On trouve la même information aussi dans l’ouvrage de Michael Symes, An Account of an Ambassy to the Kingdom of Ava, sent by the Governor-General of India, in the Year 1795, London : Bulmer, 1800. Il s’agit donc d’un lieu commun. BC renvoie à un essai de William Jones, «On the Chronology of the Hindus», Asiatick ` la p. indiquée, Jones soutient l’opinion citée par Researches, t. II, 51807, pp. 111–147. A BC. BC résume l’argument dans la phrase finale de sa note. Voir Antonio Agostino Georgi, Alphabetum tibetanum, missionum apostolicarum (Romæ : Typis Sacræ Congregationis de Propaganda Fide, 1762), pp. X-XI et 373–374. – Mahony, «On Singhala, or Ceylon, and the Doctrines of Bhooddha. From the Books of the Singhalais», Asiatick Researches, t. VII, 51807, pp. 32–56. BC résume, en traduisant les phrases de Mahony, l’explication du mot «Bhooddha» qu’on lit à la p. indiquée.
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aventures sont pour la plupart celles de Rama, dans le Ramayan a : les bouddhistes les ont transportées à leur incarnation favorite. «Lorsqu’il descendit de la région céleste, afin d’éclairer les anges et les mortels,» racontent ces hérétiques, «la belle Mahamaya, femme du Raja Soutah, monarque de Ceylan, le reçut dans son chaste sein, qui devint aussitôt semblable en transparence au cristal le plus diaphane. L’enfant divin, beau comme une fleur, attendait, appuyé sur ses mains, l’heure de sa naissance. Après dix mois et dix jours d’une grossesse mystérieuse, Mahamaya obtint de son époux la permission de visiter son père. Bordés spontanément d’arbres chargés de fruits, rafraîchis par des urnes pleines d’une eau limpide, et brillants de l’éclat de mille flambeaux allumés en son honneur, les chemins s’aplanirent devant elle. Non loin de la route qu’elle suivait, un jardin s’offrit à sa vue. Elle voulut s’y reposer et y cueillir des fleurs. Les douleurs de l’enfantement la saisirent. Des bosquets touffus se penchèrent sur elle pour la dérober à tous les regards. L’air se remplit de parfums délicieux, des sons à la fois mélodieux et tristes retentirent au loin, et la nature ébranlée éprouva un frémissement indéfinissable, prophétique de déchirements, de luttes et de malheurs. Buddha naquit, et Brama le recueillit dans un vase d’or ; mais déja doué d’une force merveilleuse, l’avatar futur s’élança sur la terre, et, faisant sept pas, rejoignit sa mère, qui le reporta dans sa demeure. Un saint homme, retiré dans les forêts pour y pratiquer l’adoration silencieuse, fut averti par une voix secrète de la naissance de Buddha. La vertu de ses pénitences lui fit traverser les airs, et il se présenta devant le raja pour rendre hommage au dieu nouveau-né. A son a
Par exemple, l’histoire de l’arc que nul ne pouvait tendre, et qui valut à Rama la main de Sita, comme à Buddha celle de Vasutura. (Ramay. liv. I, sect. 531.)
3 afin d’éclairer ] envoyé pour instruire NAF 18825 4 racontent ces hérétiques ] manque NAF 18825 la belle ] la 〈chaste et〉 belle NAF 18825 5 sein ] note dans la colonne de 6 semblable ] au-dessus de 〈pareil〉 NAF 18825 gauche fin de la 7e feuille NAF 18825 8 grossesse mystérieuse ] mystérieuse grossesse NAF 18825 9 de visiter ] d’aller voir NAF 18825 12 les chemins ... devant elle ] mots dans l’interl. NAF 18825 12–13 Non loin ... suivait ] manque NAF 18825 13–14 un jardin ... la saisirent ] passage modifié 〈Mahamayan se mit en route mais entrée dans〉 un jardin 〈pour〉 s’offrit à sa vue. Elle voulut ces mots dans l’interl. s’y reposer et y cueillir des fleurs, 〈elle fut saisie par〉 les douleurs de l’enfantement la saisirent ces mots dans l’interl. NAF 18825 15–18 L’air se remplit ... de malheurs ] manque NAF 18825 18 naquit ] vit le jour NAF 18825 et Brama ] et soudain Brama NAF 18825 21 retiré ] qui 〈avoit cherché〉 s’étoit retiré NAF 18825 22 voix secrète ] inspiration intérieure NAF 18825 23 La vertu ... les airs, ] Il traversa les airs par l’efficacité de ses pénitences NAF 18825 24-p. 183.1 A son aspect ] On apporta l’enfant & a son aspect le mouni témoigna tour à tour de la douleur & de la joye NAF 18825 25–26 Par exemple ... sect. 53. ] note manque dans NAF 18825 1
BC renvoie à The Ramayuna of Valmeeki in the original Sungskrit, with a Prose Translation and Explanatory Notes by William Carey and Joshua Marshman, Serampore : [Mission Press], 1806–1810. pp. 378–381. Il avait lu l’histoire sur Buddha et Vasatura dans une
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aspect il témoigna tour-à-tour une joie immodérée et une douleur profonde. Interrogé sur ces manifestations contradictoires, Je m’afflige, dit-il, parce que Buddha, monté au rang d’avatar, me laissera loin de lui, me repoussera peut-être ; mais je me réjouis de sa présence, qui m’absout de tous mes péchés. Le dieu, qui ne l’était pas encore, fut nommé Sacya, et vécut ignoré durant seize années. A cette époque, un raja fameux offrait la main de Vasutura, sa fille, à qui pourrait tendre un arc magique. Mille rajas l’avaient tenté vainement. Sacya, plus heureux, épousa la fille de Chuhidan. Il devint père ; mais une révélation l’ayant éclairé, il quitta son palais, son fils, son épouse, suivi d’un seul serviteur, et traversant le Gange, il renvoya même ce compagnon de sa route, son cheval et son armure. Cinq fleurs, contemporaines de la création du monde, étaient déposées dans les mains de Brama. Sacya découvrit dans le calice de l’une de ces fleurs des vêtements tels qu’en portent les solitaires dont l’humilité se nourrit d’aumônes. Il s’en couvrit. Ainsi déguisé, il continua son pélerinage. Un voyageur, passant auprès de lui chargé de huit faisceaux d’herbes odoriférantes, en fit hommage au pélerin, qui étendit son corps sacré sur ces herbes. Tout-à-coup un temple sortit de terre : il était haut de trente coudées, et dans le sanctuaire s’élevait un trône d’or. Brama descendit au milieu des nuages, tenant un dais sur la tête de Sacya. Indra vint le rafraîchir avec un éventail, et Naga, le roi des serpents, conduisit vers lui les quatre divinités tutélaires qui siégent à chacune des extrémités de l’univers. Mais les Assours a accoururent pleins de rage pour attaquer l’avatar. Les dieux l’abandonnèrent ; Sacya, sans défense, implora la Terre, qui, plus secourable, ouvrit à ses eaux souterraines une vaste issue. Les Assours, vaincus, furent mis en fuite. Les cinq codes sacrés proclamèrent la divinité de Sacya, qui, sous le nom de Buddha, consolidant sa dignité nouvelle par vingt-un jours d’un jeûne sévère, siège sur le plus élevé des mondes b, jouissant de l’inefa b
Les mauvais génies. Dans la cosmogonie des bouddhistes, le monde, composé d’une infinité de mondes sem-
3–4 me repoussera peut-être ] manque, suit un passage biffé 〈dans une autre demeure〉 NAF 18825 10 mais ] suit 〈éclairé soudain par des〉 NAF 18825 11 suivi ] suivi〈t〉 NAF 18825 même ] manque NAF 18825 13 Cinq fleurs ... monde ] Contemporaines de la création du monde, cinq fleurs mystérieuses NAF 18825 14–15 Sacya ... solitaires ] L’une de ces fleurs renfermait les vêtements que portent ceux des solitaires NAF 18825 16 Il ] Sacya NAF 18825 Ainsi déguisé ] manque NAF 18825 19 Tout-à-coup ] à la hauteur de ces mots, une note biffée dans la col. de gauche 〈commencement actuel de la 8e feuille〉 NAF 18825 19–20 et dans ... d’or ] manque NAF 18825 23 tutélaires ] suit 〈des quatre communication de John Shore, Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 383–387, «The Translation of an Inscription in the Maga Language engraved on a Silver Plate found in a Cave near Islamabad», qu’il avait traduite presque intégralement dans un petit carnet de notes sur l’Inde. Ajoutons que la traduction moderne Le Ra¯ma¯yana de Va¯lmı¯ki édition publiée sous la ˙
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fable bonheur d’une impassibilité absolue. Il a laissé derrière lui les codes sacrés. En les lisant, le fidèle se délivre des machinations des esprits immondes, s’ouvre les voies de la rédemption, soustrait son ame à la renaissance, se préserve de la pauvreté, parvient aux honneurs, se guérit des maladies et gagne par la foi le Nieban ou Nivani, félicité éternelle qui consiste dans l’absence de tout changement, dans la perte de toute individualité, dans l’anéantissement de tout sentiment, de toute connaissance, de toute pensée.» Telle est la légende de Buddha. Désigné à Ceylan sous le nom de Sommonacodom, à Siam sous celui de Godama, à la Chine sous celui de Fo, quelquefois sous celui de Tamo, représenté au Tibet par le grand Lama a, il n’en a pas moins tous les caractères d’une incarnation indienne, bien que la secte qu’il a fondée ait substitué postérieurement les apothéoses aux incarnations. On reconnaît ces caractères dans les miracles qui établirent sa supériorité sur Bommazo, dieu qui lui disputait l’empire, et qui défia imprudemment son habileté. Caché dans le centre de la terre, comme un grain de sable imperceptible, Bommazo fut découvert par le regard perçant de Buddha, qui, sommé de se cacher à son tour, se plaça dans le sourcil de Bommazo même, et laissant son rival le chercher vainement dans les quatre grandes îles et dans les deux mille de moindre étendue, au fond de l’Océan, sur les sommets inacces sibles de Zetchiavala, et jusque sur la cime du Mienmo b, trompa ses efforts, et le contraignit de s’avouer vaincu : et dans
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blables l’un à l’autre, et rentrant l’un dans l’autre, comme les Homæoméries d’Anaxagore, a pour cime un rocher au haut duquel Buddha est assis. (As. Res. VIII, 4061.) En réunissant toutes les populations qui professent le culte de Buddha, les deux Tibets, la Tartarie, la Chine, Pégu, Siam, Laor, Cambodje, la Cochinchine, le Japon, la Corée, plusieurs pays au-delà du Gange et l’île de Ceylan, cette religion compte environ quatre cent cinquante millions de fidèles. Montagne de la mythologie fabuleuse des Birmans.
(suite des variantes de la p. précédente) Zones coins de l’univers〉 NAF 18825 25–26 ouvrit ... issue ] ouvrit un passage aux eaux souterraines NAF 18825 27–28 Sacya ... Buddha ] Sacya-Buddha qui NAF 18825 29 sévère ] rigoureux NAF 18825 siège sur ] repose immobile sur le point NAF 18825 5 félicité ] séjour de félicité NAF 18825 10 à Siam ... Godama ] ajouté dans la col. de gauche NAF 18825 14–22 On reconnaît ... vaincu. ] passage, y compris la note b, ajouté dans la col. de gauche ; BC accroche une deuxième note à la fin As. Res. VI. 238–239. NAF 18825 20 de moindre étendue ] moins étendues NAF 18825 22-p. 185.7 et dans une autre ... récits ] passage ajouté dans la col. de gauche. Suit un passage biffé en haut de page 〈on demele dans cette [puis la] legende [cinq ou six mots illis.] des Brames〉 NAF 18825 25–28 En réunissant ... fidèles ] manque NAF 18825 24 As. Res. ] A. R. NAF 18825
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direction de Madeleine Biardeau et de Marie-Claude Porcher, Paris : Gallimard (Pléiade), 1999, suit un autre texte. BC reprend ici une idée du baron d’Eckstein, «De la nature des élémens selon les doctrines philosophiques et religieuses de l’Inde», Le Catholique, ouvrage périodique dans lequel
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une autre légende Buddha n’est que Wichnou qui s’incarne pour détruire les Tripouras, trois géants féroces, habitant des villes enchantées dont les murs étaient d’or, de cuivre et de fer, et qu’ils transportaient, à l’aide d’ailes immenses et de l’invocation du Lingam, partout où ils voulaient étendre leurs ravages. Wichnou-Buddha les vainquit par ses prédications et par ses prodiges. Il n’en est pas moins considéré comme l’auteur d’une hérésie détestable, et la malveillance des brames éclate dans tous leurs récits. Les dieux du bramaïsme, après avoir adoré Buddha, presque malgré eux, lui refusent leur aide, et, s’il est quelquefois confondu avec eux, le plus souvent son rang d’avatar n’établit entre lui et les trois grands objets du culte des Indous que des relations accidentelles et interrompues. Cependant cette défaveur, jetée sur l’ennemi de la division en castes, n’affaiblit point son caractère divin. La différence fon damentale du spiritualisme bramanique et du matérialisme bouddhiste ne devient perceptible que lorsqu’on laisse de côté les rites publics, et les traditions qui motivent ces rites, pour s’attacher exclusivement à la doctrine philosophique ou secrète. Du reste, l’extérieur des deux religions, leurs cérémonies, leurs sacrifices, leurs établissements sacerdotaux, leur tendance à la vie contemplative, ont maintenu entre elles une ressemblance que déguise en vain leur haine réciproque. Les Chéritras ou livres sacrés des uns ont une analogie évidente avec les poèmes épiques des autres. Le Rama-Kien des Siamois paraît n’être qu’une traduction du Ramayan, avec moins de poésie et de charme. Partout, dans leurs fictions comme dans la mythologie orthodoxe, on voit, tantôt un pénitent saisi d’une dévotion mystique à l’aspect d’un figuier flétri, commander aux éléments par ses austérités ; tantôt un Raja percé par une lance magique, parce qu’il veut s’approcher d’une belle que cette lance animée a sous sa garde ; ici un alligateur se plonge dans l’Océan, enlaçant de ses replis une jeune princesse qui échappe par miracle à cet amant redoutable ; là un éléphant aspire à la main d’une autre princesse, qui n’est préservée de cet hymen bizarre que par les macérations d’un solitaire et la valeur d’un héros ; plus loin le tigre et le taureau, unis d’une étroite amitié, obtiennent des prières d’un Rischi la figure humaine. Crischna, Bhagavatti, Rama se retrouvent dans ces fables sous des noms à peine modifiés a. a
Bhagavatti s’appelle Pockavadi, et Rama Pra-Ram.
2–3 des villes ... d’or ] des villes d’or NAF 18825 6 prodiges ] appel de note sans note NAF 18825 7 leurs ] ces NAF 18825 9 s’il est ... souvent ] mots ajoutés dans interl. NAF 18825 11 Indous ] Indiens NAF 18825 12 n’affaiblit point ] ne va jamais jusqu’à contester NAF 18825 14 devient perceptible ] mots dans l’interl. remplaçant 〈s’affaiblit〉 NAF 18825 17 leurs sacrifices ] leurs sacrifices, leurs fables NAF 18825 18 contemplative ] contemplative, l’asservissement du peuple aux prêtres NAF 18825 on traite de l’universalité des connaissances humaines sous le point de vue de l’unité de la doctrine, t. III, 1826, p. 341. Le renvoi aux Asiatic[k] Researches est faux.
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Cette succession non interrompue de réformes dont le sacerdoce a volontairement interverti ou confondu les dates, cette absence de tous monuments non falsifiés, ce travail des prêtres pour déguiser les anciennes doctrines en les amalgamant avec les nouvelles, ou les expliquant par ces dernières a, toutes ces choses rendent l’histoire religieuse de l’Inde un chaos. La lumière brille isolément sur quelques détails, et chaque jour les portions qu’elle éclaire sont en plus grand nombre ; mais il fau dra plus d’un siècle encore pour que l’ensemble se devoile à nos regards. Néanmoins on peut distinguer dans cette religion les mêmes éléments que dans l’égyptienne, le fétichisme transformé graduellement en anthropomorphisme, l’adoration des éléments et des astres d’abord comme culte, ensuite comme science, les hypothèses métaphysiques et les cosmogonies. Le culte des arbres, des quadrupèdes, des oiseaux, des pierres, s’est conservé dans l’Inde jusqu’à nos jours, en s’associant à l’adoration des dieux supérieurs par l’union mystique qui leur assigne pour demeure ces objets matériels b. Brama, Wichnou et Schiven sont censés résider dans le Kolpo, et prendre quelquefois naissance dans certains cailloux. Routren c se plaît a` a
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Les livres actuels des Indiens, dit Fréd. Schlegel (Weish. der Ind. p. 1961), sont probablement des essais de réunion entre les diverses sectes opposées, et peut-être aucun de ces livres n’est parfaitement conforme à la religion populaire d’aucune époque. Les pierres de Wichnou sont appelées par les Indiens salagramas ; on les trouve dans une rivière du royaume de Népaul. Elles sont noires, rondes, et souvent percées en plusieurs endroits. Alors on suppose que Wichnou s’y est introduit en reptile. Quand les Indiens croient y découvrir quelque ressemblance avec une guirlande de fleurs, ou le pied d’une vache, ils disent que Lachmi, femme de Wichnou, s’y est cachée avec lui. Les pierres que Schiven habite sont nommées banling (As. Res. VII, 2402). Les rochers que les premiers chrétiens appelaient cunni diaboli, parce qu’ils les supposaient l’asile des divinités païennes, sont adorés dans l’Inde ; les dévots traversent à plusieurs reprises l’ouverture, quand elle est assez grande, ou y mettent le pied ou la main, quand le corps ne saurait y pénétrer ; c’est, disent-ils, une purification (As. Res. VI, 5023). Autre nom de Schiven.
6 détails ] points NAF 18825 8 devoile ] mot dans l’interl., à la place de 〈revele〉 NAF 18825 11 et des astres ] manque NAF 18825 13 des quadrupèdes, des oiseaux ] des oiseaux, des quadrupèdes NAF 18825 20 n’est ] n’est-il NAF 18825 22 Népaul ] Népal NAF 18825 23 en reptile ] changé en reptile NAF 18825 29 quand ] si NAF 18825 mettent ] enfoncent NAF 18825 1 2
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BC cite la dernière entrée de ses Notes de lecture, Co 3293, note no 40, marquée «empl. 1826». Le renvoi est à corriger : p. 186. BC résume la réflexion de Schlegel. BC copie une note sur les pierres «Sálagráma» et «Bán-ling» qu’on lit à la p. indiquée de l’essai de H. T. Colebrooke, «On the Religious Ceremonies of the Hindus, and of the Bramens especially. Essay II», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 232–311. La suite de la note résume une p. de l’essai de Francis Wilford, «On Mount Caucasus», Asiatic Researches, t. VI, 1807, pp. 455–539.
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se renfermer dans l’outrachou a : le dieu de la pagode de Perwuttum n’est qu’une pierre informe b ; et toutes les fois qu’une maladie ou un accident quelconque atteignent l’habitant d’un village, tous ses concitoyens se réunissent pour chercher une pierre noire, sanctuaire mystérieux de la Divinité. Quand ils l’ont trouvée, ils la portent en pompe et lui dressent des autels c. Les Indiens rendent un culte à l’éléphant, à l’aigle, à l’épervier, au corbeau, au singe, au scarabée, qui est chez eux, comme en Égypte, un symbole astronomique, parce que ses cornes et l’éclat de ses ailes figurent l’astre du jour ; au cygne, dont la blancheur éclatante, bravant le contact de l’onde qui l’entoure, est l’emblème de l’ame, traversant, pour s’unir à Dieu, les tentations du monde terrestre qui l’assiégent sans la souiller. Ils choisissent leurs taureaux sacrés d’après les mêmes règles que les Égyptiens d ; et les sectateurs de Schiven observent régulièrement le jour dédié à cette divinité quadrupède e, qui porte Schiven dans les airs, dont les trois a b c d
e
Semence d’un fruit aigre (Sonnerat)1. As. Res. v. 3042. Ibid. ibid3. Le colonel Pearse ayant dit à un Indien que les Égyptiens adoraient un taureau et choisissaient ce dieu d’après une marque à la langue, et qu’ils adoraient aussi des oiseaux et des arbres, cet Indien répondit que cette religion était celle de tous ses compatriotes, qu’ils reconnaissaient le taureau divin de la même manière, et qu’ils rendaient un culte à différents arbres et à différents oiseaux (As. Res4.). DUBOIS, I, 95.
1 l’outrachou ] suit 〈semence〉 NAF 18825 2–6 les fois ... autels. ] les fois ... accident atteignent ... noire, dans la quelle ils supposent que la Divinité réside, & quand ... autels. Les 15 quadrupède ] mot ajouté dans la col. Individus se partagent ces Co 4722/1, f o 13v o gauche NAF 18825 18 Ibid. ibid ] As. Res. Ib. NAF 18825 19–23 Le colonel ... As. Res.) ] texte de la note dans les deux col. 1
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Il faut lire : «outrachon». Sonnerat parle de ce fruit dans le t. I, p. 256. Dans sa note, il précise : «On l’appelle également ‘noyau de Routren’, parce que les sectateurs de ce Dieu croient qu’il se plaît à s’y renfermer.» BC se réfère à une description, «Account of the Pagoda at Perwuttum», publiée par Kirkpatrick dans les Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 303–314. Il en cite une phrase en simplifiant : «From hence I was conducted to the smaller and more ancient temple of Mallecarjee, where he is adored in the figure of a rude stone.» Mallecarjee est la divinité principale de cette localité. BC renvoie au même article que dans la note précédente qui, pourtant, ne contient rien de ce genre. BC résume, en traduisant certaines tournures, une anecdote racontée par Pearse dans un entrefilet, «On two Hindu Festivals, an the Indian Sphinx», Asiatick Researches, t. II, 5 1807, pp. 333–335. BC résume une observation de Dubois qui ajoute encore que le zèle des sectateurs de Schiven force les membres des autres castes à observer l’adoration du taureau également. L’entrée des Notes de lecture (Co 3293, Q3/12, note 6) est plus laconique. BC semble avoir consulté le livre qu’il possède dans sa bibliothèque.
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cornes sont les Vèdes, et qui est tellement redoutable à l’injustice, que le règne de celle-ci ne commence que là où finit la queue du taureau céleste a. La vache est invoquée comme représentant Surabhi, dispensatrice des félicités ; Budrani, la bien-aimée de Schiven, sous la figure d’une génisse ; Lachmi, la belle compagne de Wichnou, qui parfois revêt la même forme, et re pose sur le sein de son amant. L’histoire de la vache Nandini, si poétiquement racontée par Calidasa dans le Rhagu-Vansa ; celle de la vache Bahula ; qui demande la vie à un tigre, épisode charmant des Itahasas b, sont des embellissements de ces souvenirs du fétichisme c. Les oiseaux fantastiques Garouda d et Arouna sont des fétiches idéalisés qui se rattachent à l’astrolâtrie. Arouna, faible, imparfait, est l’aurore qui précède le soleil et ne répand qu’une lumière douteuse : Garouda est ce soleil dans toute sa pompe, le type de la vérité, la monture de Wichnou. Les mêmes réminiscences se font remarquer dans des sectes plus modernes ; les djainas, hérétiques détestés des brames, et dont nous ne pouvons a b
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As. Res. VIII, 481. Les Itahasas sont une collection de récits ou de chants mythologiques. Les images de Bahula et de son fils sont adorées dans plusieurs temples, et le jour de leur fête, l’extrait des Itahasas qui les concerne est lu ou chanté solennellement. L’adoration de la vache s’est tellement conservée dans l’Inde, qu’en 1808, les Anglais qui allaient à la recherche des sources du Gange, virent une plaine fertile et d’une étendue considérable, dont un Indien, qui avait tué par hasard une vache, avait, à grands frais, fait l’acquisition pour la transformer en un pâturage expiatoire, où des troupeaux de vaches paissaient en liberté (As. Res. XI, 5102). Le Garouda n’est un oiseau fantastique, d’après ses formes et ses couleurs, que dans la mythologie. Le Garouda réel est un aigle de la plus petite espèce, qui fait aux serpents une guerre acharnée. Mais par une suite naturelle de l’association des idées, cet oiseau profite de la vénération des Indiens pour le Garouda fabuleux. En tuer un serait un sacrilége, et les Indiens se rassemblent pour lui rendre une espèce de culte et lui jeter de la nourriture, qu’il saisit adroitement dans les airs.
2 céleste ] suit un mot barré illisible NAF 18825 5 Lachmi ] Lachsmi NAF 18825 18 Les Itahasas ... mythologiques ] passage qui se retrouve à la fin de la note NAF 18825 20 solennellement ] suit Les Itahasas sont une collection de récits, mis dans la bouche d’un des Dieux mourans de la mythologie indienne NAF 18825 20–24 L’adoration de la vache ... As. R. XI. 510) ] passage entier noté dans la col. de gauche NAF 18825 22–24 par hasard une vache ... en liberté ] une vache par hasard avait fait en expiation un vaste paturage où ces animaux paissoient en liberté NAF 18825 25–30 Le Garouda ... les airs ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 1
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BC résume une remarque de Paterson, qu’on trouve à la p. indiquée dans son étude «Of the Origin of the Hindu Religion», Asiatic Researches, t. VIII, 1808, pp. 44–87. Les Notes de lecture de BC (Co 3293, Q3/5) ne parlent pas de ce détail. BC paraphrase une page du texte de F. V. Raper, «Narrative of a Survey for the Purpose of discovering the Sources of the Ganges», Asiatic Researches, t. XI, 1812, pp. 446–563.
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parler ici qu’en passant pour ne pas nous détourner de notre sujet a, associent à chacun de leurs saints ou pénitents déifiés un animal qui lui sert d’emblème b. Enfin dans les forêts et sur les montagnes du Carnatique, ainsi que sur divers points de la côte du Malabar, le fétichisme subsiste encore dans son intégrité. Plusieurs tribus de sauvages nomades n’adorent que leurs démons ou génies individuels, et ne rendent point de culte aux grandes divinités du pays c. a
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Les djainas qui, comme tous les dissidents, prétendent être restés exclusivement fidèles aux notions primitives, ne reconnaissent ni les Vèdes, ni les Pouranas orthodoxes ; ils ont des Shasters et des Pouranas particuliers. Leur Shaster fondamental est l’Agama-Shastra, qui contient l’exposé de leurs devoirs religieux. Divisés en quatre castes, ils repoussent, comme les autres Indiens, la cinquième, les parias ou tchandalas ; mais ils diffèrent d’eux sur plusieurs points, ne rendant aucun culte aux morts, ne permettant pas aux veuves de se brûler sur le corps de leurs maris, et leur interdisant seulement les secondes noces. Leurs opinions sur les dieux sont assez contradictoires. D’une part, ils supposent qu’une incarnation divine a présidé à l’établissement de leur religion, et que vingt-quatre incarnations se sont succédées jusqu’à ce jour. De l’autre, ils semblent, comme les bouddhistes, n’admettre que des apothéoses, et ne voir dans les natures divines que les ames d’hommes déifiés par l’effet d’une vertu supérieure. Adyssouara est le plus puissant et le plus ancien de tous. Brama et les autres divinités indiennes ne sont pour eux que des êtres secondaires, et ils les représentent dans leurs temples toujours à genoux devant les simulacres qu’ils révèrent. Malgré ces différences, la doctrine des djainas aboutit, comme celle des Indiens, au panthéisme, par la réunion de l’ame à Dieu (As. Res. IX, 244–3221). Le taureau est celui de Rishabha, l’éléphant d’Ajita, le cheval de Sambhava, le singe d’Abhimandana, le lotus de Padmaprabha, la lune de Chandraprabha, le rhinocéros de Sreyansa, le buffle de Vasurujia, le sanglier de Vimala, le faucon d’Ananta, l’éclair de Dharma, l’antilope de Santi, le bouc de Cunthu, la cruche de Malli, la tortue de Munisnorala, le lis de Nami, le serpent de Parsva, le lion de Vardhamana, etc. (As. Res. IX, 304– 3112). Ces noms sont ceux des vingt-quatre incarnations ou apothéoses, qui dans la mythologie des djainas forment la grande chaîne divine descendant de la création du monde à l’époque actuelle, et devant se prolonger jusqu’à la destruction de l’univers. DUBOIS, I, 923.
1 qu’en passant pour ne pas ] mots dans l’interl. à la place de 〈sans〉 NAF 18825 8–9 qui, comme ... primitives ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 10 Shaster ] Shastra 1
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Renvoi à un texte intitulé «Account of the Jains, collected from a Priest of this Sect at Mudgeri, translated by Cavelly Boria, Bráhmen, for Major C. Mackenzie», Asiatic Researches, t. IX, 1809, pp. 244–322. BC simplifie la description qu’on lit dans le texte cité à la note précédente. L’auteur parle des saints déifiés des Djainas en précisant : «They are all figured in the same contemplative posture, with little variation in their appearence, besides a difference of complexion : but the several Jinas have distinguishing marks or characteristic signs, which are usually engraved on the pedestals of their images, to discriminate them» (p. 304). BC énumère 18 exemples sur 24. Le renvoi à Dubois vise une seule phrase : «Toute la religion de ces sauvages consiste [...] dans le culte des boutams ou démons, qu’ils honorent d’une manière spéciale, et ils ne font aucun cas des autres dieux du pays» (Notes de lecture, Co 3293, Q3/12, note 12, marquée «empl. 1826»).
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L’association de ce fétichisme à un anthropomorphisme, qu’on peut ne regarder que comme une altération des formes extérieures, se manifeste dans les fables qui, en attribuant aux dieux la figure humaine, les surchargent d’additions empruntées aux animaux adorés jadis exclusivement a. A côté de ce fétichisme et de cet anthropomorphisme combinés se place le culte des éléments et des astres. L’un des auteurs les plus anciens qui nous aient transmis sur l’Inde des renseignements exacts, a vu, près de la côte de Coromandel, un temple dédié aux cinq éléments b. L’air, le feu, la terre, invoqués sous leurs noms véritables, avec le soleil, la lune et les planètes, sont désignés en même temps sous les appellations de Brama, de Wichnou, de Buddha, toujours honoré, quoique toujours suspect. C’est aux éléments qu’est rapportée l’origine des Vèdes. Le Rig-Véda est né du feu, le Yajour-Véda de l’air, le Sama-Véda du soleil c. Quelquefois le penchant des Indiens à tout déifier transforme les Vèdes eux-mêmes en divinités. Narada raconte dans le Varaha-Pourana, qu’il aperçut un jour, sur un lac, une fleur d’une grandeur étonnante, et qui resplendissait des plus vives couleurs. Sur les rives du même lac était une jeune fille, d’une ravissante beauté. Elle reposait mollement sur l’herbe, les yeux à demi fermés, et le sein découvert. Qui es-tu, lui dis-je, continue Narada, ô belle inconnue, la plus accomplie des vierges, toi dont la taille est svelte comme l’arbre qui s’élance dans a b
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Voyez plus loin le chapitre sur la figure des dieux1. ABRAHAM ROGERS, Paganisme Indien2. Les cinq éléments indiens sont la terre, l’eau, le feu et l’air qu’ils divisent en deux, le vent et l’éther. Dans l’Indra-Pourana, l’on trouve ces paroles : «Indra n’est autre chose que le vent, le vent n’est autre chose qu’Indra.» As. Res. VIII, 3793.
(suite des variantes de la p. précédente) NAF 18825 11–12 comme les autres Indiens ] manque NAF 18825 12 tchandalas ; mais ... d’eux ] tchandalas ; 〈ou plutot la placent〉 Ils diffèrent des Indiens NAF 18825 14 et ... seulement ] mais leur interdisant NAF 18825 16–17 se sont succédées ] succédé Rel3 ms porte succédées NAF 18825 19 Adyssouara ... de tous ] note ajoutée dans la col. de gauche NAF 18825 22 comme celle des Indiens ] manque NAF 18825 23 à Dieu ] à Dieu 〈réunion qui〉 NAF 18825 29 ou apothéoses ] ces mots dans l’interl. NAF 18825 30 grande ] dans l’interl. NAF 18825 descendant ] qui s’étend NAF 18825 31 devant se prolonger ] qui se prolongera NAF 18825 1 L’association ] précède un passage biffé 〈Mais les Prêtres indiens vont plus avant dans la science〉 NAF 18825 1–2 qu’on peut ne ... altération ] qui n’est qu’une altération NAF 18825 4 adorés jadis ] jadis adorés NAF 18825 6–8 L’un des auteurs ... cinq éléments ] passage, y compris la note b, ajouté dans la col. de gauche NAF 18825 18 à demi ] mots dans l’interl. NAF 18825 19 continue Narada, ô belle inconnue ] ô belle inconnue, continue Narada NAF 18825 22 indiens ] des Indiens NAF 18825 1 2
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Voir ci-dessous, pp. 318–325. D’après Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 88 (éd. de 1935, p. 55), qui cite Abraham Rogerius, Offene Thür zu dem verborgenen Heydenthum : oder Wahrhafte Vorweisung deß Lebens und der Sitten, samt der Religion und dem Gottesdienst der Bramines, auf der Cust Chormandel, und denen herumligenden Ländern Nürnberg : Johann Andreas Endters, 1663. BC traduit une phrase de l’étude de H. T. Colebrooke, «On the Vedas, or Sacred Writings of
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les airs ? Elle acheva de fermer les yeux et garda le silence. Alors le souvenir des choses divines m’abandonna ; j’oubliai les Shasters et les Vèdes eux-mêmes, et je m’approchai de celle qui avait captivé toutes mes pensées ; trois formes célestes étaient sur son sein. Les yeux de la dernière brillaient d’un éclat indicible, éblouissant comme le soleil. Elles disparurent après s’être montrées. L’inconnue resta seule. Dis-moi, m’écriai-je, comment j’ai perdu mes Vèdes. La première forme que tu as vue sur mon sein, répondit-elle, était le Rig-Véda ou Wichnou, la seconde le Yajour-Véda ou Brama, la troisième le Sama-Véda ou Schiven. Reprends donc, ô Narada, tes Vèdes et tes Shasters, fais tes ablutions dans ce lac qui est Véda-Sarovara ou le lac des Vèdes, et tu te souviendras des différentes transmigrations que tu as parcourues a. Ainsi les Vèdes sont trois dieux, mais trois dieux élémentaires, qui se célèbrent eux-mêmes dans des chants mystiques ; car le Rig-Véda commence par un hymne adressé au feu, le Yayour-Véda par un hymne à l’air, le Sama-Véda par un hymne au soleil b. Au-dessus paraît la religion scientifique, l’astronomie, l’astrologie sa compagne, l’observation des phénomènes physiques, et son application, soit aux usages religieux, comme divination, soit aux usages pratiques, comme médecine. L’histoire de Crischna est toute astronomique. Les douze nymphes qui composent sa suite sont les signes du zodiaque ; et l’inconstance qui le porte de l’une à l’autre est le passage du soleil dans ces divers signes c. Sa a b c
As. Res. XI, 120–1211. Voyez l’un des commentateurs de Menou, Maditithi, cite´ par Colebrooke. (As. Res2.) (PATERS. As. Res. VIII, 643). «Les véritables résidences de la plupart des personnages qui figurent dans la mythologie indienne ne sont-elles pas aux cieux ? leur fonction n’est-elle
4 trois ... sur son sein ] sur son sein 〈de neige étaient〉 s’élevoient trois formes célestes dans la col. de gauche, une note commencement de la 9e feuille qu’il est encore possible de corriger NAF 18825 10 ô Narada ] manque NAF 18825 13–15 qui se célèbrent ... au soleil. ] car il est dit ailleurs que Brama est la terre, Wichnou l’eau, Schiven le feu. NAF 18825
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the Hindus», Asiatick Researches, t. VIII, 1805, pp. 369–476. BC résume et cite en les traduisant quelques phrases qu’il tire d’un morceau transcrit par F. Wilford dans son étude «An Essay on the Sacred Isles in the West, with other Essays connected with that Work. Essay VI», Asiatic Researches, t. XI, 1812, pp. 11–152. La citation tirée du Varáha-purán’a se lit pp. 120–121. Allusion non localisée. Voir sur les commentateurs des lois de Menou la préface de l’édition de William Jones, Institutes of Hindu Law, or the Ordinances of Menu, 1796, pp. XIV-XV. Paterson, «Of the Origin of the Hindu Religion», Asiatic Researches, t. VIII, 1808, pp. 44– 87. BC copie textuellement l’entrée no 15 de ses Notes de lecture (Co 3293, Q3/5), marquée «empl. 1826».
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victoire sur le grand serpent Caliga-Naga, rappelle, comme celle d’Apollon sur un monstre de la même espèce, l’action de l’astre du jour purifiant l’atmosphère. Les brames, avant l’aurore, demandent à la Trimourti sacrée de rendre aux humains la lumière des cieux a. Ils lui asso cient les flambeaux immortels qui nous réchauffent et nous éclairent : et c’est encore à ces dieux scientifiques que les vanaprastas qui se sanctifient dans la solitude, offrent les sacrifices les plus méritoires et les plus efficaces b. Le Sourya-Siddhanta, le plus ancien des traités d’astronomie, est considéré comme une révélation c. Meya, son auteur, l’a reçue du soleil, pour prix de ses pénitences d. Schiven a ses Tontros, qui ont fait connaître aux hommes les révolutions des mois et des jours. Le Brama et le Wichnou-Siddhanta indiquent par leur nom seul leur origine divine. D’autres Siddhantas sont écrits par de simples mortels, mais sous une inspiration surnaturelle ; tous ensemble, au nombre de dix-huit, comme les Pouranas, portent le titre de shasters, expressif de leur supériorité sur les commentaires postérieurs,
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pas de présider au temps et à ses différentes divisions, de conduire la marche de l’année, des mois, des saisons et des jours ? Et pour ceux qui habitent les enfers, leur exacte corrélation, leurs luttes perpétuelles avec les habitants des cieux, cette opposition même des fils de la lumière et des enfants des ténèbres .., ne prouvent-ils pas que l’astronomie a fait en grande partie les frais du brahmanisme ?» (GUIGNIAUD, p. 258–2601.) Chaque brame, avant que le soleil ait paru sur l’ho rizon, doit prononcer l’invocation suivante : «Brama, Wichnou, Schiven, Soleil, Lune, et vous toutes, planètes puissantes, faites paraître l’aurore.» (Tiré du Nittia-Carma, ou grand Rituel des brames.) Le Homam, sacrifice de riz et de beurre liquide. (DUBOIS, Mœurs et Coutumes de l’Inde, II, 3412.) Il est intitulé Sourya-Siddhanta, parce qu’il a été révélé par Sourya, le soleil. As. Res. X, 563.
1 grand ] au niveau de ce mot, note dans la col. de gauche commencement de la 9e feuille NAF 18825 6–7 les vanaprastas ... efficaces. ] & les Vanaprastas, qui se sanctifient par la solitude offrent le Homam l’un des sacrif. les plus us. & les plus mérit. ébauche sur une feuille volante de Co 4879 19 prouvent-ils ] prouvent-elles NAF 18825 21–23 Chaque brame ... l’aurore ] manque NAF 18825 25 341 ] 241 NAF 18825 p. 193.1 œuvres ] ouvrages NAF 18825 p. 193.1–4 et ce qui achève ... connaissances. ] On remarque dans le Surya Siddhanta l’effort des prêtres pour concilier l’infaillibilite´ sacerdotale avec les rectifications que les progrès des connaissances humaines ont annoncés successivement. Les mouvements à partir de ce mot et jusqu’à ... celle du langage le texte est porté dans la col. de gauche ; pour les variantes, voir la p. suivante NAF 18825 1
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BC se sert d’un passage du livre I, chap. IV de l’ouvrage de Guigniaut. La citation n’est pas littérale, mais le sens du texte n’est pas altéré par les transformations. Voir Religions de l’Antiquité, t. I, première partie, p. 259. BC aurait dû renvoyer à la p. 241 du t. II de l’ouvrage de Dubois. Voir les Notes de lecture (Co 3293, Q3/12), la note 104, marquée comme «empl.». BC exploite un passage de F. Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West, with other Essays connected with that Work. Essay V», Asiatic Researches, t. X, 1811, pp. 28–157. Aux pp. 55–56, on trouve les informations sur le traité d’astronomie Súrya-Siddhánta et son auteur Meya. Voir ci-dessous, pp. 598 et 610.
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œuvres profanes de l’esprit humain e ; et ce qui achève de donner à ces shasters l’empreinte sacerdotale, c’est qu’on y remarque l’effort des prêtres pour concilier l’infaillibilité de leurs enseignements avec les rectifications successives qu’amènent les progrès des connaissances. Les mouvements des planètes peuvent changer, est-il dit dans le Sourya-Siddhanta, mais les principes de la science sont les mêmes ; et pour pallier aujourd’hui la contradiction qui existe entre les découvertes qu’on a faites et les fables absurdes des Pouranas et des Vèdes, dont on n’ose disputer l’autorité, les Pandits recourent à des interprétations. Quelquefois les fables s’y refusent. Ainsi les Vèdes enseignent positivement que les éclipses sont occasionnées par le dragon Rahou, monstre épouvantable auquel Wichnou a coupé la tête. Ce monstre, qui avait dérobé aux dieux quelques gouttes de leur amrita, l’ambroisie de l’Inde, a légué sa tête immortelle aux cieux et sa queue à la terre, d’où, se relevant avec fureur, elle poursuit, comme le Fenris des Scandinaves, le soleil et la lune pour les dévorer. Les Pandits disent que le fait est certain ; mais qu’obligés d’appliquer à l’astronomie les lumières humaines, ils écrivent comme philosophes, et non comme théologiens. Les physiciens du dix-huitième siècle s’exprimaient de même. La conformité des circonstances produit nécessairement celle du langage. L’astronomie n’est pas la seule science dont la religion s’empare, qu’elle enregistre, qu’elle identifie avec ses fables, et qu’elle soumette à son autorité. La législation est contenue dans le Darma-Shaster. La médecine est également le présent d’un dieu, qui l’a révelée dans l’Ajour-Véda, dont on n’a plus que quelques fragments, et l’un des Upanishads des Vèdes renferme un traité d’anatomie. Dans plusieurs Pouranas, une section spéciale est réservée à la géographie, et les brames proscrivent les traités géographiques en langue vulgaire. e
As. Res.
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5 dans le Sourya-Siddhanta ] manque NAF 18825 6 les mêmes ] toujours les mêmes NAF 18825 aujourd’hui ] manque NAF 18825 8 des Pouranas et des Vèdes ] des Vèdes et des Pouranas NAF 18825 9 recourent à des interprétations ] tachent d’expliquer ces fables NAF 18825 les fables s’y refusent ] toute explication est impossible NAF 18825 11–15 Ce monstre ... les dévorer. ] manque NAF 18825 15–16 Les Pandits ... certain ] alors que les Pandits disent que 〈sans doute〉 le fait est sans doute incontestable NAF 18825 16–17 mais qu’obligés ... théologiens ] mais que les hommes, quand ils s’occupent d’astronomie ne peuvent appuyer leurs calculs que sur des règles purement humaines NAF 18825 17–19 Les physiciens ... du langage. ] Ceci rappelle les 〈Philosophes〉 incrédules, dans l’interl. du 18e siècle, ecrivant come philosophes & non comme Theologues. As. R. II. 257–258. III. 333. NAF 18825 22–25 La médecine ... anatomie ] passage ajouté dans la col. de gauche du feuillet suivant avec ces mots Reporté à la page 30 après l’astronomie suit une note R.A. IV. 160 NAF 18825 1
Il faut lire : As. Res. VI, 579. BC renvoie à une page de l’essai de J. Bentley, «On the Antiquity of the Surya’ Siddhanta, and the Formation of the Astronomical Cycles therein
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Nous avons, disent-ils, les divins Pou ranas, que faut-il de plus à la race humaine a ? Les sept notes de la musique sont placées sous la protection de sept divinités, dans le Rama-Vède. Cet art divin fut communiqué à notre espèce par Brama et Sarasvatti sa fille ; et leur fils Nared est l’inventeur de la lyre, comme Mercure chez les Grecs. Les divisions ultérieures des différents tons sont personnifiées comme autant de nymphes, dans le Sangita-Ritnacara b ; ou d’autres fois, associant une science à l’autre, et l’astronomie à la musique, les Indiens réduisent les notes musicales au nombre de six, pour qu’elles correspondent aux saisons de l’année c. Ils consacrent un mode particulier d’harmonie à peindre tour-à-tour la mélancolie des mois rigoureux, la gaieté contemporaine du retour du printemps, l’accablement des chaleurs excessives, ou la renaissance de la nature, quand des pluies fécondantes rafraîchissent l’atmosphère long-temps embrasée ; et ramenant toujours les fables à la science, ils sup posent six Ragas, êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes, se jouant dans les airs, partageant leurs faveurs entre cinq compagnes d’une beauté sans égale, mères chacune de huit génies, qui voltigent à leur suite sur la cime des monts ou dans les replis onduleux des nuages, famille pleine de grace, qui rivalise avec les fictions les plus élégantes de la mythologie grecque d. a
b c d
As. Res. VIII, 268. Ces traités paraissent avoir été connus de Mégasthène et de Pline l’Ancien. (Hist. nat. VI, 291.) Ib. IX, 4582. Les saisons aux Indes sont de deux mois chacune. As. Res. III, 72, 733.
4–6 cet art divin ... chez les Grecs ] note placée dans la col. de gauche. Suit une référence As. 10 Ils consacrent ] au niveau de ces mots, note barrée dans la col. Res. III. 67 NAF 18825 gauche 〈fin de la feuille 9〉 NAF 18825 15 Ragas ] Ragas 〈ou génies〉 NAF 18825 19 pleine de grace ] dans l’interl. pleine de graces au-dessus de 〈ravissante〉 NAF 18825 19–20 élégantes ] écrit dans l’interl. au-dessus de 〈gracieuses〉 NAF 18825 21–22 Ces 24 de deux mois chacune. ] manque ; la traités ... Hist. nat. VI, 29) ] manque NAF 18825 note est incomplète dans NAF 18825
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contained», Asiatic Researches, t. VI, 1807, pp. 540–593. BC traduit une phrase de l’essai de F. Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West», et renvoie au chap. sur les traités géographiques de l’Inde. – Mégasthène (autour de 400 av. J.-C.) était ambassadeur du roi Seleukos Ier à la cour du roi indien Sandrakottos, et a écrit un ouvrage sur l’Inde dont on connaît des fragments. Ses propres observations sont complétées par des sources indiennes. -Quant à Pline l’ancien, BC aurait pu citer la phrase de sa Naturalis historia, livre VI, 26/101 «nunc primum certa notitia patescente». BC résume ce qu’il a trouvé dans l’essai de J. D. Paterson «On the Gramas or Musical Scales of the Hindus», Asiatic Researches, t. IX, pp. 454–469, en particulier pp. 456–457. L’information est complétée par l’étude de William Jones, «On the Gods of Greece, Italy, and India», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 221–275, en particulier pp. 264–265. BC résume en simplifiant quelques réflexions de William Jones «On the Musical Modes of the Hindus», Asiatick Researches, t. III, 51807, pp. 55–87, en particulier pp. 72–76.
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La grammaire enfin, cette organisation ingénieuse de la découverte à la fois la plus décisive et la plus inexplicable, de cette découverte du langage dont les animaux s’approchent sans jamais l’atteindre, et qui, servant d’organe et de lien aux facultés de l’homme, lui assigne son rang dans la création ; la grammaire a pour premier auteur le serpent Patanjali, qui en fixa les lois dans son Morabashya a. Panini, autre grammairien fameux, est vanté dans les Pouranas comme inspiré et comme prophète b. L’histoire de son commentateur Catya-Juna se rattache aux légendes c ; et Bhartri-Hari, poète didactique qui rédigea en vers les règles établies par ses prédécesseurs, est frère de ce Vicrama-Ditya, dont les austérités, les guerres, les miracles, figurent à chaque page dans les poèmes sacrés d. L’Agni-Pourana est un système de prosodie ; et l’invention de cet art, auquel les Indiens attachent tant d’importance, remonte à Pingala-Naga, être fabuleux, représenté, comme Patanjali, sous la forme d’un reptile, ou peut-être identique avec Patanjali même e. a b c d e
Ib. VII, 2051. Ib. 2032. Ib. 2043. As. Res. VII, 2044. Ib. X, 3905. Par cela seul que les brames ont traité, tant bien que mal, de toutes les sciences, on a pu facilement retrouver aux Indes toutes les sciences ; et prenant à la lettre des effusions poétiques, on est arrivé à attribuer aux Indiens les découvertes les plus difficiles et les plus récentes. On a prétendu que toute la philosophie newtonienne, et notamment le système de l’attraction, étaient contenus dans les Vèdes, qui donnent au soleil une épithète expressive de cette idée, et l’on s’est appuyé encore du passage suivant, dans le poème intitulé Schirin et Féridad : «Un penchant impérieux pénètre chaque atome, et entraîne les particules les plus imperceptibles vers quelque objet déterminé. Examine l’univers de la base au sommet, du feu à l’air, de l’eau à la terre, des lieux sublunaires aux sphères célestes, tu ne trouveras aucun corpuscule dénué de cette attractibilité naturelle. C’est cette impulsion
19 As. Res. VII, 204. ] ib. ib. NAF 18825 20-p. 196.25–27 Par cela ... l’attire. ] passage noté dans la colonne de gauche Par cela même que ... l’ambre. C’est elle ... à chaque 〈objet〉 substance ... l’attire. «suite d’idées, § 59» encadré et entouré du texte de l’ajout NAF 18825 1
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BC renvoie à l’étude de Henry Thomas Colebrooke, «On the Sanscrit and Pracrit Lan` la p. indiquée on trouve le nom guages», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 199–231. A de l’ouvrage, Mahábháshya, et les détails sur son auteur fabuleux. Colebrooke, «On Sanscrit», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 202–203, donne quelques détails sur l’auteur légendaire Pa’n’ini, Ve ou IVe siècle av. J.-C. Sa grammaire (Astadhya¯hyi) résume une riche tradition savante de plusieurs dizaines de grammairiens antérieurs, rapportant leurs analyses de la langue. La première traduction moderne par Otto von Böhtlingk parut à Leipzig (1837–1840). Colebrooke, «On Sanscrit», Asiatick Researches, t. VII, 31807, p. 204, parle de Ca’tya’yana, «an inspired saint and Law giver, whose history, like that of all the Indian sages, is involved in the impenetrable darkness of mythology». Colebrooke, «On Sanscrit», BC cite le passage sur le poète didactique Bhartrı˘-Hari et son frère Vicramaditya, qui auraient vécu au Ier siècle av. J.-C. Colebrooke, «On Sanscrit and Pracrit Poetry», Asiatic Researches, t. X, 1811 : «The rules of
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Ainsi, aux Indes comme en Égypte, c’est toujours de la religion que descend la science, c’est par la religion qu’elle se conserve ; et, comme en Égypte, sa possession est un privilége réclamé par l’ordre sacerdotal. Malheur à qui veut l’en dépouiller ! Lorsque les rois de Magadha permirent aux lettrés de leur cour de publier des écrits destinés à l’instruction de toutes les classes, les brames irrités frappèrent d’anathème ce royaume, et le déclarèrent une contrée sacrilége que nul fidèle ne pouvait habiter a. Dans une sphère plus élevée, nous trouvons les hypothèses métaphysiques, plus subtiles encore qu’en E´gypte, et subdivisées, diversifiées, nuancées de telle sorte, que nous renonçons dans cet ouvrage à les détailler toutes, ou seulement à les énumérer. Nous pourrions sans doute, comme tant d’au tres et sans grande peine, nous donner une apparence d’érudition toujours agréable, en laissant à ces systèmes et à leurs subtilités infinies des noms étrangers. Deux ou trois extraits de Colebrooke et de Schlegel nous fourniraient des matériaux plus que suffisants ; et en traduisant ces auteurs sans les citer, nous nous approprierions l’honneur de leur science. Mais nous fatiguerions nos lecteurs inutilement ; nous n’avons point à nous occuper ici de ces hypothèses en elles-mêmes, mais de la manière dont les prêtres, brames ou bouddhistes, les introduisent dans leur doctrine savante, et de l’influence que leur introduction dans cette doctrine exerce sur le culte public. En conséquence, au lieu de prendre et d’exposer à part chaque système indien, nous resterons fidèles aux grandes divisions que nous avons déja établies, le théisme, le panthéisme, l’émanation, le dualisme et l’athéisme1.
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qui force le fer pesant et dur à s’élancer vers l’aiguille aimantée, la paille frêle et légère à s’unir à l’ambre odoriférant. C’est elle qui imprime à chaque substance sa tendance immuable et son irrésistible besoin de s’attacher étroitement à l’objet qui l’attire.» As. Res. VIII, 2702.
10 que nous renonçons ...à ] qu’il nous serait impossible ... de NAF 18825 11 énumérer ] à ce niveau, passage barré dans la colonne de gauche 〈Les dogmes les plus opposés ont tous, sinon leur source première, au moins leur commune sanction dans les Vèdes qui font loi pour toutes les Sectes. Guign. 263〉 NAF 18825 Nous pourrions ] dans la colonne de gauche, passage biffé 〈hypothèse métaphysique. Dubois II, 77 & suiv.〉 NAF 18825 13–14 subtilités infinies des noms ] rafinemens innombrables leurs noms NAF 18825 18 hypothèses ] doctrines NAF 18825
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prosody are contained in Sictras or brief aphorisms, the reputed author of which is Pingalana’ga, a fabulous being, represented by mythologists in the shape of a serpent ; and the same, who under the title of Patanjali, is the supposed author of the Mahábháshya» (p. 390). Cette défense de la méthode sur laquelle repose la théorie de BC est en même temps une attaque contre les opinions du baron d’Eckstein qu’on trouve dans les t. III et IV du Catholique. Eckstein répondra par un long article (no d’octobre 1827). Francis Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West». BC résume un passage qu’on lit pp. 270–271 et qui finit par cette observation : «This [à savoir l’instruction de toutes les classes] was carried so far as to incur the resentment of the whole sacerdotal class, who
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Le théisme se rencontre dans presque tous les livres sacrés de l’Inde. Le symbole des brames enseigne que l’adorateur du dieu unique n’a pas besoin d’idoles. Le Bedang, personnifiant, dans une fable très-longue sur la création du monde, tous les attributs de ce dieu unique, rapporte à lui seul l’origine de toutes les choses. Les lois de Menou a combinent ce dogme avec celui d’une fatalité absolue : le Dirm-Shaster le proclame, en réduisant tous les récits qui semblent contrarier l’unité de Dieu à des manifestations particulières de la Providence b : le Bagavadam accumule des fables sans nombre pour inculquer et faire triompher cette unité. Tantôt il raconte que l’un des pères de l’espèce humaine, voulant connaître la nature divine, s’imposa de sévères pénitences, et, par la force de ses jeûnes et de ses macérations, fit sortir de son front une flamme brillante. Tous les dieux en furent effrayés et cherchèrent un asile auprès de Brama, de Schiven et de Wichnou. Ces trois divinités supérieures se présentèrent au pénitent. Alors, se prosternant devant elles, Je ne reconnais qu’un Dieu, leur dit-il, lequel de vous est ce Dieu véritable ? dites-le-moi, pour que je l’adore. Les trois dieux lui répondirent : Il n’existe entre nous aucune a b
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SCHLEGEL, Weish. der Indier, et la Cosmogonie de MENOU, traduite par le même1. Vous parlez de Dieu comme s’il était un, dit à Brimha Narud la raison humaine. Toutefois on nous révèle que Ram, qu’on nous apprend à appeler dieu, naquit dans la maison de Jessaret, dans celle de Bischo, et ainsi de plusieurs autres. Comment devons-nous entendre ce mystère ? Vous devez, répond Brimha, regarder ces naissances comme autant de manifestations particulières de la providence de Dieu pour obtenir quelque grande fin. Il en fut ainsi a` l’occasion des seize cents femmes appelées Gopi, lorsque tous les hommes de Sirendiep (l’île de Ceylan) furent détruits à la guerre : les veuves se mirent en prières pour obtenir des maris. Leurs désirs furent satisfaits dans une même nuit, et elles se trouvèrent toutes enceintes. Il ne faut pas supposer pour cela que Dieu, qu’on introduit comme agent dans cet évènement miraculeux, soit sujet aux passions et aux fragilités humaines, étant par sa nature incorporel et la pureté même : il peut dans le même temps se montrer dans mille endroits différents, sous mille noms et mille formes, sans cesser d’être immuable, dans son essence divine. (Prem. chapitre du Dirm-Shaster2.)
1–5 Le symbole des brames ... les choses. ] manque NAF 18825 5–9 Les lois de Menou ... cette unité ] passage remanié reprenant trois paragraphes dans le recueil des loix de Menou, dans le Bagavadam, dans le Dirmshaster. ajout d’un sigle indiquant que les deux derniers syntagmes doivent être intervertis Le premier le combine avec le dogme d’une fatalité absolue. Le second le proclame [...] Le troisième accumule [...] NAF 18825 6 absolue ] à ce niveau, passage biffé dans la colonne de gauche 〈voir Colebrooke sur le Théisme et sur les Sectes 9 cette unité. ] passage biffé dans la colonne de Indiennes. VII. 279–283〉 NAF 18825 23 obgauche 〈Colebrooke sur les sectes Indiennes & le Théisme. As. Res. VII. 279–283〉 tenir ] parvenir à NAF 18825
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unanimously declared, that Magad’ha could no longer be considered as a proper country for the twice-born to live in, without losing the fruit of their good works, and greatly impairing their energy in the path of righteousness.» Renvoi à la traduction de la loi de Menou par Schlegel, Weisheit der Indier, pp. 272–283. BC cite presque littéralement, sans coupures d’importance, la fin du premier chap. du
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différence. Un seul être est à-la-fois le créateur, le conservateur et le destructeur. L’adorer sous l’une de ces trois formes, c’est lui rendre hommage sous toutes les trois a. Ailleurs il nous apprend que Schakty, fille de Dachsa, femme de Schiven, et méprisée par son père, excita son époux à la venger. Un géant à mille bras, produit d’un de ses cheveux qu’il avait arraché dans sa colère, entra dans l’assemblée des dieux et coupa la tête à Dachsa, qui maudit sa fille. Les dieux se plaignirent à Brama, Schiven fit grace à son beau-père. Une tête de bouc remplaca la tête abattue et consumée par le feu, et Wichnou déclara de nouveau que les trois dieux, dépositaires des formes de la nature, ne composaient qu’une seule essence, un seul et même Dieu b. Le théisme se manifeste également dans une autre fable, qui se rattache en même temps à l’événement historique de l’abolition du culte de Brama. Fier de la puissance de produire, Brama voulut un jour s’égaler au destructeur Schiven, et se prétendit supérieur à Wichnou, qui maintient toutes les choses créées. Un combat terrible s’engagea entre Wichnou et Brama. Les sphères célestes furent ébranlées : les étoiles tombèrent du ciel : la terre trembla. Au milieu de cet affreux tumulte, parut une colonne de feu dont on n’apercevait ni le sommet, ni la base. A cette vue, les deux antagonistes convinrent que la suprématie appartiendrait à celui qui découvrirait les fondements de cette colonne ou qui en atteindrait le sommet. Wichnou, sous la forme d’un sanglier, creusa la terre pendant mille années, s’enfonçant à chaque minute d’une profondeur de trois mille lieues. Mais le pied de la colonne resta toujours caché dans l’abîme. Wichnou reconnut son impuisa b
Bagavadam, liv. IV1. Bagavadam, liv. IV2.
10 formes ] forces NAF 18825 11 composaient ] forment NAF 18825 13 l’événement historique ] 〈l’abolition〉 NAF 18825 17 du ciel ] ces mots barrés dans le ms. NAF 18825 20–21 les fondements ] le fondement NAF 18825 33 liv. IV ] loc. cit. NAF 18825
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Dirm-Shaster qu’on trouve en traduction française (pp. CXXIV-CXXV) dans Le BhaguatGeeta, ou dialogues de Kreeshna et d’Arjoon ; contenant un précis de la Religion & de la Morale des Indiens. Traduit du Sanscrit, la langue sacrée des Brahmes, en Anglois, par M. Charles Wilkins ; et de l’Anglois en François par M. Parraud, de l’Académies des Arcades de Rome. A Londres : Buisson, MDCCLXXXVII. Nous proposons de tenir compte de la leçon de la variante à la ligne 10. – BC résume la légende de Sacty, l’épouse de Schiven et fille de Dachsa (Teechen) d’après le Bagavadam dans la traduction de Foucher d’Obsonville (Bagavadam ou doctrine divine. Ouvrage indien, canonique sur l’Eˆtre suprême, les dieux, les géans, les hommes, les diverses parties de l’univers, publié par M. Foucher d’Obsonville, Paris : Tilliard & Clousier, 1788), pp. 100– 105. On trouve dans les notes pour le chap. VI (Co 3293,Q3/12, fo 3ro) ceci : «Malédictions réciproques de Dachsa & de Schiven également puissantes contre l’un & l’autre. Bagavad. Liv. 4».
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sance. Brama, métamorphosé en cygne, s’éleva dans les airs, à une hauteur que la parole ne peut décrire. Il parcourait en une heure trente-six mille lieues, et son vol dura cent mille ans. Enfin, ses ailes fatiguées refusèrent de le porter. Comme il redescendait vers la terre, il rencontra sur son passage une fleur. Il la saisit avec la main, et ne lui rendit la liberté qu’à condition qu’elle déposerait en faveur du succès de sa recherche. A peine avait-elle prononcé ce faux témoignage que la colonne de feu s’entr’ouvrit. Schiven parut, riant d’un rire terrible, et condamna Brama, pour châtiment de son imposture, à n’avoir désormais ni temples, ni simulacres, ni sectateurs. Le repentir du dieu désarma sa colère ; mais il ne rétracta point sa sentence, et Brama n’obtint que d’être adoré par les bramines, sans culte public, et sans cérémonies extérieures. Ainsi fut reconnue la supériorité de Schiven a, dieu suprême, maître unique de tout, et dont tous les êtres sont les serviteurs et les victimes b. Il est remarquable que dans cette fable comme dans plusieurs autres, les Indiens accordent la préférence au principe destructeur. Ce caractère de leur mythologie s’explique par leur dis position à considérer l’anéantissement comme la félicité suprême. C’est un malheur pour tous les êtres que de revêtir des formes terrestres : la puissance qui les détruit, la puissance qui délivre l’homme de l’individualité qui lui pèse, doit avoir la préférence sur celle qui maintient ces formes et cette individualité. L’idée de la destruction a
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Dans un autre endroit, le Bagavadam arrache à Wichnou lui-même, par une espèce de suicide, des hommages a` l’unité de Schiven, unité qui prive Wichnou des honneurs divins. Il déclare les brames au-dessus des autres hommes, et les galigueuls au-dessus des brames : or les galigueuls sont des sectaires qui nient la divinité de Wichnou. Cette bizarrerie s’explique par l’habitude des prêtres de l’Inde, qui font toujours de leurs dieux les organes de leurs opinions. Ici cette habitude les entraîne à prêter à Wichnou un aveu par lequel son existence même est révoquée en doute. Le Bagavadam, à côté de cette doctrine de théisme, contient une foule de fables populaires favorables au polythéisme, et les inculque à ses lecteurs comme articles de foi, indice manifeste de ce double mouvement du sacerdoce qui veut à la fois allégoriser ou interpréter les traditions et les conserver pourtant intactes. SONNERAT, I, pag. 129–131. BALDÆUS, Beschr. der Ostind. Kuste1. 144–145.
18–19 C’est un malheur ... les détruit ] La puissance, qui détruit les forces que c’est un malheur de revêtir, NAF 18825 19 terrestres : la ] la source porte terrestres. La faute corrigée dans l’Errata 20 avoir la préférence ] l’emporter NAF 18825 28–31 Le Bagavadam ... pourtant intactes ] manque NAF 18825 32 Kuste ] la source porte KUSTE, erreur manifeste que nous corrigeons 1
BC résume un passage de Sonnerat, Voyage aux Indes orientales, Livre II, section première «Des Dieux», qui raconte cette légende sur Brama et Shiven (pp. 153–154 de l’éd. de 1782). – Le renvoi à l’ouvrage de Philippus Baldaeus, Wahrhaftige ausführliche Beschreibung der
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est d’ailleurs, pour un peuple contemplatif, plus immuable, plus infaillible, et par-la` même plus imposante que celle de la conservation, toujours variée, placée dans le temps, pendant que la destruction l’est dans l’éternité, toujours vaincue enfin par cette destruction qui ne manque jamais d’être victorieuse. Aussi, dans les guerres des dieux contre les géants, Schiven est presque toujours la divinité principale. Brama est le chef de son armée, les quatre Vèdes sont ses coursiers ; Wichnou lui sert de flèche. Nous ne citons pas l’Ezourvedam, puisqu’il est prouvé maintenant que nous le devons à la fraude pieuse d’un missionnaire zélé a. Mais la facilité qu’a trouvée ce missionnaire à tromper les lecteurs les plus assidus des livres authentiques, démontre d’autant mieux la conformité du théisme avec une des doctrines philosophiques des brames. a
Sonnerat avait soupçonné cette fraude il y a long-temps ; mais elle n’a été complétement démasquée que par M. Ellis, dans le XIVe volume des Recherches asiatiques1. AnquetilDuperron, qui avait consacré plusieurs années à étudier les monuments religieux de la religion indienne, fut complétement dupe de cette imposture. M. de Voltaire partagea son erreur (voyez Siècle de Louis XV, chap. 29, en note) ; mais sa méprise n’est pas étonnante. Il était loin d’avoir les connaissances requises, et ne réunissait point à son universalité
7 quatre Vèdes ] Vèdes NAF 18825 9 zélé ] au niveau de ce mot, note dans la col. de gauche fin de la feuille 9 NAF 18825 facilité ] facilité même NAF 18825 12 une des doctrines philosophiques des brames. ] avec la doctrine des brames philosophes. appel d’une note inscrite dans la col. de gauche puis biffée 〈nous retrouverions facilement des indices de la même doctrine dans un ou deux mots illis. Bouddhistes malgré leur tendance déclarée vers l’athéisme ou le panthéisme matériel〉 NAF 18825 13–14 Sonnerat ... asiatiques ] manque NAF 18825 14–15 asiatiques. Anquetil-Duperron ] la source divise cette note en la distribuant sur deux pages, faute corrigée dans l’Errata 14-p. 201.15 Anquetil-Duperron ... d’examen ] manque NAF 18825
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berühmten Ost-Indischen Kusten Malabar und Coromandel, als auch der Insel Zeylon [...] Benebst einer umständlichen und gründlichen Entdeckung der Abgötterey der Ost-Indischen Heyden [...], Amsterdam : bey Johannes Janssonius et al., 1672, n’est pas vérifié. Les pp. indiquées traitent de particularités géographiques de la ville de Tutecory. Le récit développé, «Abgötterey der ost-indischen Heyden», pp. 429–610, ne parle pas de cet épisode. Il est probable que BC copie un renvoi qu’il a trouvé chez Görres. Voir Francis Ellis, «Account of a Discovery of a Modern Imitation of the Vedas with Remarks on the Genuine Works», Asiatick Researches, t. XIV, 1822, pp. 1–59. Sonnerat avait publié son opinion dans le Voyage aux Indes orientales, p. 215. C’est Ellis qui apporte les preuves. L’auteur de l’imposture, sans doute un missionnaire, n’est pas identifié. Le premier éditeur du faux est Sainte-Croix, L’Ezour-Vedam ou Ancien commentaire du Vedam, contenant l’exposition des opinions religieuses & philosophiques des Indiens. Traduit du Samscretan par un Brame, revu & publié avec des observations préliminaires, des notes & des éclaircissemens, Yverdon : de Felice, MDCCLXXVIII. Sainte-Croix dit (p. X) d’avoir complété son texte avec des matériaux fournis par Anquetil-Duperron.
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En conclura-t-on, comme l’a fait plus d’un écrivain préoccupé d’une idée, que le théisme est la religion de l’Inde, ou du moins qu’il constitue à lui seul toute la doctrine bramanique ? La conclusion serait fausse ; qui ne voit que, pour la foule ignorante et crédule, le sens littéral de ces récits, dans lesquels les dieux se combattent, se détruisent, se réconcilient, où les vestiges du fétichisme se font remarquer en eux, et où il est question de leurs naissances et de leurs mariages, ne saurait être contre-balancé par un axiome métaphysique qui, n’offrant qu’une abstraction, fait le plus souvent descendre la divinité du rang d’être moral à celui de substance ? C’est l’énonciation d’une philosophie, ce n’est pas l’enseignement d’une religion. Ce que les fables inculquent, les rites le confirment. Dans les cérémonies nuptiales, on invoque Brama, Wichnou, Schiven, Devendren, les douze Ad-
d’ailleurs admirable une critique sévère. Lorsqu’un fait servait à son hypothèse, il l’adoptait sans trop d’examen1.
1–2 d’une idée ... est ] d’une pensée exclusive ... soit NAF 18825 3 bramanique ] au niveau de ce mot, note biffée dans la col. de gauche 〈bonnes observations de Mills sur le Théisme Indien. I. 318 et suiv.〉 NAF 18825 9 le plus souvent ] manque NAF 18825 12 Ce que les fables ... confirment ] manque. A la place, un autre passage dans ms. Le Bagavadam même, à côté de sa doctrine de Théisme, contient une foule de fables populaires, favorables au polythéisme, & les inculque à ses lecteurs, come articles de foi, indice manifeste de ce double mouvement du sacerdoce, qui veut à la fois allégoriser ou interpréter les traditions & les conserver partout intactes. NAF 18825 12-p. 202.3 Dans les cérémonies ... mémoire. ] passage noté dans la col. de gauche d’un feuillet pour faire suite à l’observation relative aux refus du polythéisme. Voir ci-dessous p. 203, lignes 13–14..
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Toute cette note de BC est un écho d’une observation qu’on trouve dans le compte rendu du t. XIV des Asiatic Researches par A. W. Schlegel dans son périodique Indische Bibliothek, t. II, 1827, pp. 49–65, en particulier pp. 55–56. Schlegel y analyse l’article d’Ellis cité dans la note précédente, répète qu’Anquetil-Duperron avait fourni à l’éditeur de l’Ezourvedam des matériaux pour son travail et ajoute que cet auteur compte encore dans sa traduction du l’Oupnekat (1802), t. I, p. XVIII l’Ezourvedam parmi les sources authentiques, en dépit des doutes de Sonnerat. BC possède ce périodique dans sa bibliothèque (voir le Catalogue). On consultera sur cette question l’introduction de l’ouvrage de Ludo Rocher, Ezourvedam. A French Veda of the Eighteenth Century, edited with an Introduction, Amsterdam/Philadelphia : John Benjamins Publishing Company, 1984, pp. 13–21.
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dytias, les huit Vanouras, les neuf Bramas, les onze Rouddras a, les Siddas, les Saddias, les Navadas, les sept grands pénitents, les neuf planètes, enfin tous les dieux dont les noms se présentent à la mémoire. Le théisme n’a donc jamais été la croyance publique de l’Inde. Les sectes mêmes qui le professent en dévient sans cesse. Les adorateurs exclusifs de Schiven b lui associent Bhavani, sa femme. Ceux de Wichnou c rendent en même temps un culte à Radha, l’une de ses favorites. D’autres qui prétendent n’offrir leurs hommages qu’à Rama d y comprennent Sita, son épouse, ou vénèrent les deux époux réunis e. On voit dans la mythologie indienne des dieux en lutte avec les géants, souvent opprimés par eux, contraints par les pénitences f ou subjugués par les malédictions, et se soumettant, malgré leur puissance, à ce qui leur est le plus pénible. Chaque temple, chaque pagode atteste la pluralité des dieux, leurs métamorphoses, leurs faiblesses, leurs
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Les Rouddras, dans la religion astronomique, ne sont que le soleil considéré sous différentes faces ; mais les invocations populaires en font autant de divinités à part. Les Saïvas, qui ont eu pour fondateur Sanchara-Acharya, l’un des plus fameux commentateurs des Vèdes. Les Vaischnavas, dont l’origine remonte à Madhava-Acharya et à Wakhaba-Acharya. Les Ramanuj, une branche des Vaischnavas, qui n’adorent Wichnou que dans son incarnation de Rama. As. Res. VII, 279–2821. Voyez ci-dessus, sur la puissance attribuée à la pénitence par les Indiens, liv. IV, chap. 2, t. II, p. 143, où nous expliquons les rapports de cette opinion avec le climat2.
1 les onze Rouddras ] les 11 Roudras, les Gandauras NAF 18825 4–5 Les sectes mêmes ... réunis. ] manque. A la place, un autre passage Aujourd’hui même, en prenant cette croyance telle quelle se présente a` nous, après toutes les altérations qu’elle a subies, on se convaincra facilement qu’elle ne peut suggérer au peuple aucune idée du Théisme pur. NAF 18825 9 On voit ... indienne ] On y voit NAF 18825 14–15 Les Rouddras ... à part. ] manque NAF 18825 16–17 Les Saïvas ... Vèdes. ] manque NAF 18825 18 Les Vaischnavas ... Acharya. ] manque NAF 18825 19–20 Les Ramanuj ... Rama. ] manque NAF 18825 22 Voyez ... chap. 2 ] v. ci-dessous 21 As. Res. VII, 279–282. ] manque NAF 18825 relativement à la puissance attribuée par les Indiens à la pénitence, le ch. 2 du livre IV. NAF 18825
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Henry Thomas Colebrooke, «On the Religious Ceremonies of the Hindus, and of the Bramens especially. Essay II», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 232–311. BC renvoie à la note A : «Among the Rámánuj, some worship Rama only, others Sítá ; and others both Ráma and Sítá» (p. 281). OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 130–131, n. a.
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vices. Le temple de Tirumaton rappelle le triomphe du géant Eruniaschken sur les dieux et les hommes réunis, les prières de Brama qui engagèrent Wichnou à retirer la terre de l’abîme où ce géant l’avait plongée, les ruses du dieu pour vaincre sous la forme d’un san glier ce terrible adversaire a. La figure de Devendren retrace ses amours illégitimes, et sa punition d’abord indécente, puis bizarre b. La preuve que le théisme n’a jamais été la croyance en vigueur, jaillit des écrits mêmes des prêtres philosophes partisans du théisme. Les uns, timides et réservés, ne s’ouvrent aux adeptes qu’en leur prescrivant un profond si lence. Ainsi, quand dans l’Ouppanayana, le père du néophyte lui enseigne l’existence d’un dieu unique, maître souverain, principe de toutes choses ; il ajoute que c’est un mystère incommunicable au vulgaire stupide, et dont la révélation attirerait sur la tête du coupable les plus grandes calamités. Les autres, plus sincères, combattent le polythéisme ouvertement c. Mais l’on ne a b
c
Voyez sur cette fable la note t. II, p. 1451. Devendren ayant conçu un violent amour pour la belle Ahalia, femme d’un mouni (brame voué à la vie contemplative), se rendit chez elle sous la forme de son époux, comme Jupiter chez Alcmène. Ahalia, trompée par les apparences, céda sans scrupule a` ses désirs. Mais le brame surprit Devendren au milieu de ses plaisirs illicites, et par ses malédictions couvrit tout le corps du dieu d’organes semblables à celui dont il venait d’abuser. Se laissant néanmoins fléchir ensuite, il remplaça ces organes par des yeux innombrables dont le corps de Devendren est semé. Cette fable ne doit-elle pas produire sur la masse des Indiens le même effet que les amours de Jupiter, ou ceux de Mars et de Vénus sur la masse des Grecs ? Elle s’explique, du reste, scientifiquement, comme beaucoup d’autres. Devendren, dans la langue astronomique, est l’air ou le ciel visible, et les yeux semés sur son corps sont expressifs de la transmission de la lumière. Nous le verrons aussi reparaître dans la démonologie sacerdotale, comme chef des génies du second ordre. Nous avons parlé de l’E´zourvédam comme d’un livre apocryphe, écrit par un missionnaire ; mais il en prouve d’autant mieux l’existence de l’idolâtrie aux Indes. Si le théisme y dominait, le missionnaire n’eût pas dirigé ses coups contre l’idolâtrie. L’un des hommes les plus versés dans l’histoire de la mythologie et de la philosophie indienne, et qui en même temps a embrassé une opinion tout-à-fait opposée à la nôtre, puisqu’il suppose la religion primitive de l’Inde une religion toute intellectuelle et toute abstraite, reconnaît cependant que les systèmes établis dans les Shasters et les Pouranas n’ont été que des tentatives de réunion entre une foule de sectes diverses, et portent l’empreinte de doctrines inconciliables qu’on essayerait vainement d’amalgamer. (SCHLEG. Weish der Indier. p. 1862.) Son témoi-
2 qui engagèrent ] engageant NAF 18825 7–8 des écrits mêmes ] des formules et des ecrits mêmes NAF 18825 10 silence ] secret NAF 18825 13 les plus grandes calamités ] les plus grands malheurs NAF 18825 14 ouvertement ] à ce niveau, passage ajouté dans la col. de gauche et intégré au texte imprimé, ci-dessus, p. 201, ligne 12 – p. 202, ligne 3, sans 24 Elle ] Cette fable NAF 18825 reproduire la référence à la source Dub. I. 304. 27 second ordre ] 2o ordre NAF 18825 28–30 missionnaire ; ... contre l’idolâtrie. ] missionnaire en faveur de l’unité de Dieu, pour préparer les Indiens au Christianisme. Mais ce livre 1 2
OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 132, n. a. BC reprend, en se répétant, la note 40 de ses Notes de lecture (Co 3293). Voir ci-dessus, p. 186, n. 1.
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combat de la sorte qu’une doctrine encore existante. Personne, de nos jours, chez les mahométans ni chez les chrétiens, n’écrirait contre le polythéisme a.
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gnage est d’autant plus précieux qu’il milite contre son opinion favorite. Il n’a pu lui être arraché que par l’évidence des faits. Cet hommage rendu à la vérité fait honneur à sa loyauté comme érudit. Il est fâcheux que cette loyauté ait disparu dans l’écrivain politique. Dans le dialogue d’un missionnaire et de Zaradobura, grand-prêtre de la religion des Rohannis à Ava, celui-ci raconte au chrétien que lorsque l’expiration du premier règne de mille ans eut annoncé l’apparition d’un nouveau dieu, il y eut six faux prophètes. L’un enseignait qu’un esprit sauvage était la cause du bien et du mal ; le second niait la métempsycose ; le troisième affirmait que tout finit avec cette vie ; le quatrième proclamait une nécessité éternelle et aveugle ; le cinquième bornait à une durée passagère le bonheur des justes ; le sixième disait qu’un seul être avait créé le monde, et méritait les hommages des humains. Godama (BUDDHA) vainquit ces six imposteurs. (BUCHANAN, on the Religion of the Burmas1.) Voilà donc le théisme mis au rang des doctrines impies, et son apôtre traité de faux prophète. Au moment où nous livrons à l’impression cette feuille, quelques brochures, déja anciennes dans l’Inde, mais peu connues en Europe, nous parviennent, et semblent destinées à corroborer la vérité que nous établissons2. Ces brochures, dont la première a paru en 1817, sont l’ouvrage d’un bramine, nommé Raja Rammohan-Roy, qui, s’étant déclaré contre l’idolâtrie et pour le théisme, est persécuté par sa caste, et serait victime de l’intolérance sacerdotale, s’il n’était sous la protection du gouvernement anglais. Suivant la même marche que tous les réformateurs, il affirme d’abord que la doctrine qu’il recommande est la religion qu’ont pratiquée les ancêtres des Indiens actuels ; qu’elle est enseignée dans les Pouranas et les Tantras, aussi bien que dans les Vèdes ; que beaucoup de commentaires, écrits par les plus célèbres théologiens, Vyasa et Sanchara-Acharya en tête, proclament l’unité de l’Eˆtre invisible. (A Defense of the Hindoo Theism, by Rammohan-Roy ; Calcutta, 1817.) Mais il ajoute que, bien que plusieurs brames soient parfaitement convaincus de l’absurdité du culte des idoles, ces conceptions erronées ont prévalu ; que les Européens qui cherchent à pallier les traits révoltants de l’idolâtrie indienne, en prétendant que tous les objets de cette idolâtrie sont considérés comme des représentations emblématiques de la divinité suprême, font trop d’honneur à ses compatriotes ; que les Indiens d’aujourd’hui croient fermement à l’existence réelle de dieux et de déesses sans nombre, qui possèdent, dans leurs fonctions
(suite des variantes de la p. précédente) prouve ... l’idolatrie. Si le théisme dominait aux Indes, ce n’est pas contre l’idolâtrie que le missionnaire eût dirigé ses coups. NAF 18825 36 essayerait ] la source porte essayait faute corrigée dans l’Errata 2 ni ] ou NAF 18825 7–8 grand-prêtre ... Ava, ] manque NAF 18825 14 Godama ... imposteurs. ] manque NAF 18825 1
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BC résume un passage de l’essai de Francis Buchanan, «On the Religion and Literature of the Burmas», Asiatic Researches t. VI, 1807, pp. 163–308, en particulier le chap. «A Short View of the Religion of Godama», pp. 265–273. BC cite les deux brochures suivantes : Raja Rammohan Roy, A defence of Hindoo theism, in reply to the attack of an advocate for idolatry at Madras, Calcutta : s.éd., 1817. L’avocat en cause s’appelle Sankara Sastri, d’après le catalogue de la BnF. – Raja Rammohan Roy, Translation of an Abridgement of the Vedant, Or Resolution of All the Veds, the most celebrated and revered Work of Brahminical theology, likewise a translation of the Cena Upanishad, one of the Chapters of the Sama Veda, according to the Gloss of the [...] Shancaracharya,
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Si le théisme semble dominer dans le Bagavadam et le Dirm-Shaster, il est impossible de méconnaître le panthéisme dans d’autres livres sacrés. Les Vèdes, à la vérité, ne contiennent pas un pur panthéisme. Ils enseignent qu’il y a trois mondes, l’un est la pensée de la divinité, l’autre la réalisation de cette pensée par la production d’un monde idéal, le troisième le monde matériel dont ce monde idéal est le type. Mais les commentateurs des Vèdes se sont appliqués à donner aux textes une interprétation panthéistique a. La puissance universelle, dit l’un d’eux, cette puissance qui resplendit dans le soleil et régit l’esprit de l’homme, est dans le diamant son éclat, dans les arbres et dans les plantes leur sève, dans l’être vivant son ame : elle est aussi le créateur, et la providence, et la force qui conserve ; elle projette et absorbe tout ; elle est le soleil et tous les dieux, tout ce qui se meut et tout ce qui est immobile dans les trois mondes dont il est parlé. La philosophie védantiste va plus loin ; elle repousse cette trinité de mondes (Trilokya) ; elle n’en admet qu’un, que l’illusion multiplie : la reconnaissance de cette illusion constitue la divinité qui existe seule, et l’univers n’est qu’un fantôme sans réalité. La substance de l’ame, le sentiment qu’elle a de son existence, ses connaissances, ses perceptions, toutes ces choses sont Dieu lui-même, dit le symbole des brames b. Tout ce qui a été de tout temps est
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respectives, un pouvoir complet et indépendant ; que, pour se concilier les idoles et non le vrai dieu, des temples sont bâtis, des cérémonies pratiquées ; que dire le contraire, passe pour une hérésie. (Translation of an Abridgment of the Vedant ; préface ; Calcutta, 1818.) Certes, c’est un aveu bien récent, bien positif et bien authentique ; c’est un brame qui le publie, un brame partisan du théisme, rougissant des erreurs de son pays, bravant la persécution pour l’éclairer. Il finit par ces paroles : «En suivant le sentier que me tracent ma conscience et ma sincérité, né que je suis dans la caste des brames et brame moi-même, j’ai encouru les plaintes, les reproches, les menaces de mes parents les plus proches ; leurs préjugés sont invétérés ; leur bien-être temporel repose sur ces préjugés ; mais, quelque accumulés que soient mes dangers et mes souffrances, je les supporte avec tranquillité ; le jour arrivera où mes efforts seront envisagés avec justice, avec reconnaissance peut-être, et, dans tous les cas, qu’importent les hommes, si je suis agréable à celui qui voit nos actions, et qui les recompense ?» Qu’on nous parle à présent du théisme pur, antique et constant des brames qui persécutent le théisme en 1818. Dans le Chandogya-Upanischad, qui se rapporte au Sama-Vède, Aswapati blâme les sages rassemblés autour de lui, de ce qu’ils regardent l’ame universelle comme un être individuel. Cette ame, leur dit-il, est tout ce qui existe. SONNERAT, III, chap. 141.
1–17 Si le ... réalité ] le feuillet 45 du ms. qui devait contenir ce texte est perdu NAF 18825 22 Translation ... 1818.) ] ajouté dans la col. de gauche 33 1818.] 1817. NAF 18825
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establishing the Unity and the sole Omnipotence of the Supreme Being, London : T. and J. Hoitt, 1817. BC renvoie au début du chap. XIV, «Symbole des Brames», de la troisième partie, où l’on peut lire : «L’être suprême que nous appelons Chiven & que d’autres nomment Vichenou, est le seul que nous reconnoissons pour le Tout Puissant ; il est le principe des cinq élémens, des actions & des mouvemens qui occasionnent la vie & le tems : confondu avec nos ames,
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Dieu, tout ce qui est est Dieu, tout ce qui sera est encore Dieu a. Toi, moi, tous les êtres sont Wichnou b. Repousse toute notion de diversité, et vois l’univers dans ton ame c. Et le Bagavadam, oubliant tout-à-coup son thème favori, enseigne qu’il n’y a rien dans le monde qui ne soit Wichnou ; que cet être unique prend différentes formes ; qu’il agit de différentes manières ; mais que tout n’est qu’un avec lui, et que la substance de tous les corps, de toutes les ames n’est autre chose que la sienne, rentrant dans elle-même, après une séparation apparente d. Mais c’est surtout dans le Bhaguat-Gita que cette doctrine est développée. C’est là que Crischna se définissant luimême, dit qu’il était au commencement de toutes choses, tout ce qui existe, mais inaperçu ; que depuis il est tout ce qui a été et tout ce qui sera, et que hors de lui il n’y a qu’illusion. Je suis, continue-t-il, le sacrifice et le culte, le parfum et l’invocation, le feu et la victime, la génération et la destruction, le soleil et la pluie, l’immortalité et la mort, l’être et le néant e. Le panthéisme éclate même dans les notions particulières sur chaque divinité. a b c d
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Prière des brames à la suite des instituts de Timur. Mohamadgara, poème dont le titre signifie remède contre les agitations de l’esprit. As. Res. I, 39–401. Bagavadam, de Guignes, Mém. Acad. des Inscr. XXVI, 7932. Bhag. Gita. Trad. angl. pag. 803. Il ajoute encore : «L’ame n’est pas une chose dont on puisse dire qu’elle a été, qu’elle est ou qu’elle sera : elle est sans naissance, constante, éternelle, incorruptible, inépuisable, indestructible, universelle, permanente, immuable, inaltérable. J’ai toujours été, ainsi que toi, ainsi que tout ce qui existe.» (Bhag. Gita. Trad. angl. pag. 35–37.) Il est assez remarquable qu’en affirmant ainsi l’immortalité de l’ame
8 apparente ] à ce niveau, dans la col. de gauche, un passage biffé 〈Un seul esprit, une seule ame, une seule vie, procédant d’un seul & même principe sont répandues dans tout l’univers, & l’univers n’est autre chose qu’une grande manifestation du très-haut où mille formes de sa substance unique circulent ; le Monothéisme n’est réellement dans l’Inde qu’un Panthéisme rafiné. Guign. 276–277〉 NAF 18825 9 développée. ] développée. C’est là qu’il est dit & répété sans cesse que toutes les différentes espèces d’êtres qui sont dans la nature, sont comprises en un seul, d’où elles sont répandues au dehors & distribuées dans leurs innombrables variétés. Suit une note en bas de page Bhag. Gita. Trad. fr. 120–121. NAF 18825 12 il n’y a qu’ ] dans l’interl. au-dessus de 〈tout est〉 NAF 18825 15-p. 207.4 Le panthéisme ... mortelle. ] passage noté dans la col. de gauche et biffé ; la première phrase tournée autrement Le Panthéisme éclate dans toutes les notions sur les divinités. Brama ... qu’il naît et qu’il meurt. ... parce qu’il y a chaque jour des êtres qui naissent & d’autres qui meurent ; et il ... la vie humaine. NAF 18825 16 instituts de Timur. ] instituts Timur NAF 18825
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il nous donne l’existence ; aussi la substance de l’ame & la connoissance qu’elle a, n’est autre chose que Dieu lui-même» (Sonnerat, Voyage aux Indes orientales, p. 314). W. Jones, «A Dissertation on the Orthography of Asiatick Words in Roman Letters», Asiatick Researches, t. I, 1788, pp. 1–56. BC cite le poème Mo’ha Mudgara, dont le texte et la traduction se trouvent pp. 34–40. M. de Guignes, «Réflexions sur un livre indien intitulé Bagavadam», Histoire de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXXVIII, 1777, pp. 312–336. Résumé et traduction partielle d’un passage de la version anglaise du Bhag. Gita, p. 80. Les
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Brama est à-la-fois chaque homme individuellement, et collectivement il est la race humaine : ce qui fait qu’il naît et meurt tous les jours, parce qu’à chaque instant des êtres naissent et d’autres meurent ; et il meurt aussi tous les cent ans, parce que c’est le terme le plus long de la vie mortelle a. Mais de même que nous avons vu les par tisans du théisme rattacher soigneusement leur doctrine aux fables populaires, de même les panthéistes, loin de les dédaigner, les consacrent, dans l’exposé d’un système qui semblerait devoir les exclure. Quand, pour mieux inculquer cette hypothèse, Crischna se décrit à son disciple, et lui dit2 : Je suis l’ame contenue dans le corps de tous les êtres, le commencement, le milieu et la fin de toutes choses : parmi les Addytias b je suis Wichnou ; parmi les astres, le soleil ; je suis l’un des points cardinaux du ciel au milieu des vents, et le premier livre des Vèdes : parmi les facultés, je suis la vie ; et dans les êtres animés, la raison : je suis la plus puissante des onze destinées, et parmi les géniescelui de la richesse, entre les éléments le feu, et Merou parmi les montagnes c ; parmi les sages je suis leur chef Vrischapati d ; entre les guerriers Scandra, le dieu de la guerre ; entre les fleuves, l’Océan ; parmi les paroles,
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dans le sens du panthéisme, le Bhaguat-Gita répande en même temps sur cette opinion des doutes qu’il déclare impossibles à dissiper. «Soit que tu regardes l’ame, dit Crischna, comme d’éternelle durée, ou que tu penses qu’elle meurt avec le corps, tu n’as nul motif de t’affliger. A quoi bon gémir de ce qui est inévitable ? L’état antérieur des êtres est inconnu, leur état présent est seul manifeste : leur état futur ne peut être découvert.» (Bh. Git. Trad. angl. pag. 37–381.) Ceci confirme nos assertions sur les contradictions inhérentes aux philosophies sacerdotales. As. Res. V, 2473. Signes du zodiaque. Merou, la montagne sainte des Indiens, célébrée par tous leurs poètes et décrite dans le Mahabharat, I, 16. En même temps la planète de Jupiter.
8 exclure. ] à ce niveau, passage biffé dans la col. de gauche 〈Lien du Panthéisme avec les 11 les Addytias ] mots dans l’interl. au-dessus de fables populaires dans Ste〉 NAF 18825 〈immortels〉 NAF 18825 le soleil ] je suis le soleil NAF 18825 12 et le premier ] je suis le premier NAF 18825 13 la vie ] l’intelligence mot dans l’interl. au-dessus de 〈la vie〉 NAF 18825 15 le feu ] je suis le feu NAF 18825 16 Scandra ] je suis Scandra NAF 18825 17 fleuves ] mers mots dans l’interl. au-dessus de 〈fleuves〉 NAF 18825 27–28 Merou ... I, 16. ] Merou ... Mahabharat Liv. I, chap. 15. Note portée dans la col. de gauche NAF 18825 29 Jupiter ] 〈Vénus〉 Jupiter NAF 18825
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deux citations suivantes sont un montage de plusieurs phrases (pp. 36–37, 38). BC renvoie à ces pp. de la traduction française du Bhagvat-Gita pour indiquer que le passage est en fait une citation du texte de Parraud. BC cite un extrait fameux du Bagavadam, non pas d’après Dubois, qui l’appelle Bagavatta (Mœurs, Institutions et Cérémonies des peuples de l’Inde, t. II, pp. 400–402), mais en utilisant une autre source. Francis Wilford, «On the Chronology of the Hindus», Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 241–295. BC résume un passage en le traduisant partiellement.
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le Oum mystérieux a ; je suis le chef des chœurs célestes b, et le premier des mounis entre les pieux pénitents ; parmi les cultes, l’adoration silencieuse ; parmi les arbres de la forêt je suis Aswatta c ; parmi les chevaux Ourchisrava, qui sortit des ondes avec l’amrita tant disputée d ; parmi les éléphants Iravat, et le souverain parmi les hommes ; parmi les armes, le tonnerre ; parmi les bestiaux la vache Kamadouk e, fille de la mer : je suis le dieu fécond de l’amour ; parmi les reptiles leur chef Vasouki, parmi les serpents le serpent éternel, et parmi les habitants des flots le dieu qui les gouverne : parmi les juges, je suis Yama, celui des enfers ; parmi les mau vais esprits Prahlad f, et dans les calculs je suis le temps : entre les animaux je suis leur roi, et parmi les oiseaux le prodigieux Vinateya : parmi les vents qui purifient, je suis l’air ; au milieu des héros, Rama g ; parmi les poissons Makar h, parmi les rivières le Gange, enfant de Jahnou i ; je suis la première des voyelles, et parmi les mots je suis Duandua k ; je suis la mort et la a
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e f g h
i
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Le monosyllabe sacré que les Indiens de toutes les sectes et même les bouddhistes prononcent en commençant leurs prières et mettent en tête de leurs livres sacrés1. Par un singulier effet de la confusion qui règne toujours dans les fables indiennes, et qui n’est au fond que le résultat du panthéisme, revêtu des formes mythologiques, ce chef des chœurs célestes, Chitrarah, avec lequel Crischna s’identifie ici, est un des ennemis d’Arjoun, et sa défaite est un épisode poétique du Mahabharat. L’arbre pipal (Ficus religiosa). Le breuvage de l’immortalité, pour la possession duquel les dieux et les géants se livrèrent des combats acharnés, décrits dans le Mahabharat. La vache d’abondance. Mauvais esprit converti par Crischna. Incarnation de Wichnou et le héros du Ramayan. Poisson fabuleux représenté avec la trompe d’un éléphant, et en même temps le signe du Capricorne. Lorsque le Gange sortit pour la première fois de sa source pour se rendre à l’Océan, ses flots troublèrent la dévotion de Jahnou, qui était en prières sur les bords du Mahadany. Jahnou irrité avala la rivière ; mais sa colère s’étant apaisée, il la laissa ressortir par une incision faite à sa cuisse, et à cette occasion on lui donna le nom de fille de Jahnou. (Ramayan, liv. I, sect. 352. ) Manière de former des mots composés dans la langue indienne.
1 le Oum ] je suis le Oum NAF 18825 1–2 je suis le chef ... pénitents ] passage noté dans la col. de gauche et initialement prévu après Aswatta ligne suivante NAF 18825 4 tant disputée ] manque NAF 18825 9 je suis Yama, celui des enfers ] Jama, celui des enfers NAF 18825 13 enfant de ] à ce niveau, dans la col. de gauche fin de ce qui est corrigé NAF 18825 15–16 Le monosyllabe ... sacrés. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 17–20 Par un singulier ... Mahabarat. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 21 Ficus religiosa ] manque NAF 18825 23 décrits dans ] qui sont décrits 34 dans la dans NAF 18825 32–33 (Ramayan, liv.I, sect. 35) ] manque NAF 18825 langue indienne ] manque NAF 18825 1 2
Voir ci-dessus, p. 150, une autre définition de ce mot. Voir Ramayuna, p. 275. Jahnou libère le Gange par ses oreilles.
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résurrection, la fortune, la renommée, l’éloquence, la mémoire, l’intelligence, la vaillance, la patience, Gayatri a parmi les mesures harmonieuses, la gloire, l’industrie, la victoire, l’essence de toutes les qualités ; parmi les mois, Margasirsha b : entre les saisons le printemps, entre les fraudes le jeu ; Vyasa parmi les inspirés c ; parmi les poètes Ousana d ; parmi les gouvernants je suis le sceptre, et le silence parmi les secrets : de toutes les choses, soit animées, soit inanimées, il n’en est aucune que je ne sois. Quand Arjoun lui répond : Tu es Vayou, le dieu des vents, Agny, le dieu du feu, Varoun, le dieu des mers, Sasanka, la lune, Prajapati, le dieu des nations, et Prapitamaha, le puissant ancêtre, n’est-il pas évident que l’auteur du Bhaguat-Gita accrédite ainsi les fables mêmes qu’il dénature ? Le coursier Ourchisrava, la vache Kamadouk, le juge des enfers, Yama, Jahnou, père du Gange, sont autant d’allusions et pour ainsi dire d’hommages rendus aux fictions reçues, sous lesquelles le panthéisme se replace, a
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Prière mystérieuse des Indiens, et de plus le pivot sur lequel roule toute leur croyance ; car c’est à-la-fois une prière et une divinité, une fête et la force créatrice, un mode d’adoration et la Trimourty, une invocation ir résistible et la réunion de tous les dieux. (Voyez plus loin, vers la fin du chapitre, l’analyse de cette combinaison.) Le mois d’octobre où les pluies finissent et où les chaleurs diminuent. V. ci-dessus, page 100, ce qui se rapporte à Vyasa1. Le convertisseur des mauvais génies, et en même temps la planète de Vénus.
1–2 la fortune ... la patience, ] syntagmes dans un autre ordre la fortune, l’éloquence, l’intelligence, la mémoire, la vaillance, la renommée, la patience NAF 18825 4 parmi les mois ... le jeu ; ] passage se trouvant quelques lignes plus haut dans le ms., après Duandua NAF 18825 14-p. 210.2 reçues ... aboutir. ] deux rédactions successives ; la première : reçues. Le Panthéisme s’y replace, en quelque sorte comme un formulaire obligé, souvent sans liaison quelconque avec la fable même. la seconde : reçues, sous lesquelles le Panthéisme se replace, comme un formulaire obligé, en quelque sorte auquel toutes les fables viennent aboutir. les corr. écrites dans l’interl. NAF 18825 15–18 Prière mystérieuse ... combinaison.) ] La note reprend un passage fortement remanié et biffé dans son ensemble, noté dans la col. de gauche 〈La fameuse invocation ou prière des Indiens avec laquelle Crishna s’identifie. La Gayatri est un être mystérieux & compliqué, dans lequel se 〈recouvrent〉 confondent plusieurs notions. C’est 〈une prière〉 un rythme, 〈une invocation〉, un langage sacré, le texte des Vedes, 〈une science〉 un enseignement, une révélation 〈c’est〉 & en quatre ou cinq mots illis. une déesse, la parole personnifiée & divinisée, la mère de l’Univers, l’épouse de Brama, le soleil femelle, une cérémonie à laquelle rien ne résiste, & que les Brames sont tenus à pratiquer sans cesse. C’est à dire ces mots dans l’interl. au-dessus d’un passage biffé illisible 〈de〉 la science, la métaphysique et 〈& du〉 & le mysticisme. meles de maniere à ce qu’il est impossible de les séparer. suit ce commentaire de l’auteur Voir s’il ne faut pas placer ceci plus tard à l’endroit où je parle de la combinaison des différens élémens. NAF 18825 20 V. .... Vyasa. ] v. ci dessus les détails sur Vyasa NAF 18825 1
Voir ci-dessus, p. 174.
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comme un formulaire en quelque sorte obligé ; toutes les fables viennent y aboutir. Crischna, dans son enfance, dérobait aux nymphes le lait de leurs troupeaux. Elles s’en plaignirent à Yasoda, sa nourrice. Le dieu, pour toute réponse, ouvrit sa bouche vermeille, et Yasoda surprise y aperçut l’univers entier dans toute sa splendeur a. Qui ne voit ici le panthéisme, se voilant sous une légende qu’il consacre, tout en établissant une doctrine destructive de toute légende ? Quelquefois une profession de foi panthéiste termine un récit qui semble ne la préparer ou ne l’appuyer en rien. Trivicrama régnait sur les rives du Godavéri. Chaque matin un brame lui présentait une fleur. Le roi la prenait avec respect ; mais lorsqu’elle était flétrie, il la jetait dans la cour de son palais. Un jour, entr’ouvrant celle qu’il venait de recevoir, il y aperçut un diamant du plus grand prix. Le brame interrogé promit d’expliquer ce mystère, si le prince voulait l’accompagner dans une forêt. Ils se mirent en route : arrivés au terme de leur voyage, ils virent un cadavre que soutenaient les rameaux d’un chêne. Le brame pria son illustre compagnon de porter ce corps jusque dans sa demeure. Trivicrama, surmontant sa répugnance, prit le mort sur ses épaules ; mais ce mort, l’amusant d’histoires merveilleuses, a
As. Res. II, 2671.
2–5 Crischna ... splendeur ] passage fortement remanié noté dans la col. de gauche ; on distingue deux rédactions, la première : Les nymphes se plaignant a Yasoda, nourrice de Crishna, de ce qu’il dérobait aux nymphes ces deux derniers mots ajoutés dans la marge le lait de leurs troupeaux. Le Dieu pour toute réponse, ouvrit sa bouche & Yaso y apercut l’univers entier dans toute sa splendeur. As. Res. II. 267. Qui ne voit ici le Panthéisme se voilant sous une légende qu’il consacre, tout en établissant une doctrine destructive de toute légende ? la seconde version est le texte imprimé NAF 18825 8–9 Quelquefois ... en rien. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 10 matin ] 〈jour〉 matin NAF 18825 13 prix ] appel d’un passage, ajouté dans l’interl. Il rechercha les autres & trouva de même dans chacune d’elles une pierre précieuse. NAF 18825 Le brame interrogé promit d’expliquer ce ] Ayant interrogé le Brame, celui-ci promit 〈de reveler le〉 d’expliquer corr. dans l’interl. ce NAF 18825 14 si ] crochet dans le texte, avec annotation dans la col. de gauche commencement de la feuille 11 NAF 18825 15–16 un cadavre ... chêne. ] un cadavre ces deux mots dans l’interl. suspendu à un chêne NAF 18825 16–17 de porter ... sa demeure. ] de couper la corde & de lui apporter ce corps NAF 18825 17 Trivicrama ] le Roi NAF 18825 18 l’amusant d’histoires ] lui racontant des histoires NAF 18825 1
Il faut corriger le renvoi. BC cite un passage de l’étude de William Jones, «On the Gods of Greece, Italy, and India», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 221–275. «The Nymphs had complained to Yasódás, that the child Crishna had been drinking their curds and milk. On being reproved by his sister-mother for his indiscretion, he requested her to examine his mouth ; in which, to her just amazement, she beheld the whole universe in all its plenitude of magnificence.»
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réussit vingt-cinq fois à s’échapper. Le monarque irrité se saisit enfin du fugitif étrange, qui lui dévoila les complots du brame, aspirant à son trône, et méditant sa perte par des rites magiques, pour lesquels un corps qui avait cessé de vivre était nécessaire. Le prêtre conspirateur fut puni, et Schiven, se montrant aux regards du prince : Trois fois, lui dit-il, tu es sorti de ma propre essence : je t’ai deux fois rappelé dans mon sein. Quand le terme de tes jours sera venu, je t’y recevrai de nouveau, et tu ne seras plus séparé de moi a. D’autres fois le panthéisme réintroduit le polythéisme en sous-ordre par des détours dont il est curieux d’observer la subtilité. Adorer l’être-suprême, qui renferme tous les êtres, c’est s’adorer soi-même, disent les panthéistes, et cette adoration doit être prohibée. Mais il est permis de rendre un culte aux parties de la divinité, qui sont supérieures l’une à l’autre, et ce culte peut s’adresser légitimement aux simulacres dans lesquels cette divinité est forcée de descendre par la puissance des invocations b. Les cérémonies ont de même une tendance double. L’apothéose de tous les instruments qui servent à les célébrer, des vases, des trépieds, des pavillons ou pandels, des herbes mêmes, qui deviennent autant de dieux qu’on adore, sont du panthéisme déguisé : c’est encore du panthéisme que les a b
As. Res. As. Res.
IX, XI,
1261. 1262.
1 réussit ] 〈parvint〉 réussit NAF 18825 1–2 Le monarque ... étrange ] A la 26e ces mots dans l’interl. Trivicrama irrité parvint à 〈le〉 retenir ce fugitif étrange NAF 18825 3 sa perte ] 〈sa mort〉 sa perte NAF 18825 3–4 un corps ... nécessaire. ] le corps d’un mort lui était nécessaire. NAF 18825 4 Le prêtre ... puni ] le monarque punit le prêtre conspirateur NAF 18825 5 aux regards du prince ] à ses regards NAF 18825 6 je t’ai deux fois rappelé ] 〈&〉 je t’ai ces trois derniers mots dans l’interl. deux fois 〈je t’y ai〉 rappelé NAF 18825 9–15 D’autres fois ... invocations. ] passage noté dans la colonne gauche NAF 18825 9 réintroduit ] la source porte reintroduit faute que nous corrigeons parce que BC écrit partout ailleurs dans ce volume réintro[...] REl3 16 Les cérémonies ... double. ] Les rites & les ceremonies portent l’empreinte du même mélange. NAF 18825 17 à les célébrer ] au culte NAF 18825 17–18 des vases ... des herbes mêmes, ] syntagmes dans un ordre différent des vases, des trépieds, des herbes, des Pavillons ou Pandels NAF 18825 18–19 de dieux qu’on adore ] de Divinités qu’il faut adorer NAF 18825 19-p. 212.7 c’est encore ... à ses terres. ] passage ajouté dans la col. de gauche, plusieurs corr. 〈Il en est de même de l’adoration des〉 C’est encore du panthéisme que les hommages offerts aux outils de 〈illis.〉 toutes ... Gahoury, l’un des ces deux derniers mots dans l’interl. noms ... Le laboureur 〈rassemble〉 se prosterne devant ces trois derniers mots dans la marge ses charrues, ... le charpentier adore ses haches, ses scies & ses rabots le barbier ses rasoirs, l’écrivain son stylet de fer. le chasseur & le guerrier ses armes, ... métiers le boucher ses coutelas, le cultivateur 〈doit offrir des〉 sacrifi〈ces〉er au fumier ... terres. NAF 18825 1 2
F. Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West. Essays II-IV», Asiatic Researches, t. IX, 1809, pp. 32–243. BC résume une légende qui se lit pp. 124–126. F. Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West. Essay VI», Asiatic Researches, t. XI, 1812, pp. 11–152. BC résume quelques lignes d’un entretien fictif.
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hommages offerts aux outils de toutes les professions, à la fête de Gahoury, l’un des noms de Paravatti, femme de Schiven. Le laboureur se prosterne devant ses charrues, ses pioches, ses faucilles ; le maçon devant sa truelle et sa règle, le charpentier devant la scie et la hache ; le barbier invoque ses rasoirs, l’écrivain son stylet de fer, le guerrier ses armes, le pêcheur ses filets, le tisserand ses métiers ; le cultivateur sacrifie au fumier qui doit servir d’engrais à ses terres. Mais si ces rites mystiques rappellent au brame imbu de sa doctrine occulte son unité abstraite, la transformation d’objets matériels en divinités particulières inculque au vulgaire la pluralité des dieux. On peut en dire autant des saintes épopées, le Ramayan et le Mahabarat. Le panthéisme perce fréquemment dans le Ramayan a, et l’on y retrouve également et la doctrine des trois mondes, enseignée par les Vèdes b, et la notion sacerdotale qui attribue aux dieux l’invention de toutes les sciences et de tous les arts. Cette notion sert d’introduction à l’ou vrage, et l’épisode des deux oiseaux, dont l’un, tué par un chasseur et regretté par sa compagne, dicte à la pitié de Valmiki le rhythme harmonieux que Brama consacre c, est raconté avec un charme particulier. Quant au Mahabarat, le Bhaa
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Ramayan, liv. I, ou Adi-Kanda, sect. 2, où il est dit : «Celui qui lit cette section, au milieu d’un cercle de sages, sera, lors de sa mort, absorbé dans le sein de la divinité1.» Dis-moi qui est grand et puissant, préservant les trois mondes, liv. I, sect. 1. Ravana, célèbre dans les trois mondes, ib. ib. Duscharrata, célèbre dans les trois mondes, ib. sect. 6. Ravana, troublant les trois mondes, ib. sect. 14. Deux formules ou prières ; Bala et Utibala, puissantes dans les trois mondes, ib. sect. 20. Bali, fils de Virochana, renommé dans les trois mondes, ib. sect. 272. Le Sloka, ainsi nommé du mot indien schoka, douleur, en commémoration de la douleur de l’oiseau dont le compagnon avait péri. M. Chézy a publié sur ce rhythme un petit traité savant et ingénieux3.
7 rites ] 〈déguisements〉 rites corr. dans l’interl. NAF 18825 8 imbu de sa doctrine occulte ] philosophe NAF 18825 11 Mahabarat ] Mahabarat bien que leurs auteurs fussent certainement plus initiés aux dogmes religieux & par là même aux subtilités métaphysiques que les bardes des premiers tems de la Grèce. NAF 18825 12–13 Le panthéisme ... également ] On retrouve dans le Ramayan NAF 18825 13 enseignée ] dans l’interl. au-dessus de 〈adorée〉 NAF 18825 16 oiseaux ] Crounchas NAF 18825 16–18 dont l’un ... consacre ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 18-p. 213.2 Quant au ... encore ] manque NAF 18825 19–20 Ramayan ... divinité.« ] note sous forme de passage annoté dans la col. de gauche avec comme référence p. 27 NAF 18825 21–25 Dis-moi ... sect. 27. ] manque NAF 18825 1 2 3
La phrase citée ne se trouve pas dans la traduction de Carey et Marshman (voir ci-dessus, p. 182, n. 1). Ramayuna, p. 3. BC cite Antoine-Léonard Chézy, Sloharacanavidni. Théorie du Sloka, ou mètre héroïque sanskrit, Paris : Dondey-Dupré, 1827. Il possède cette brochure dans sa bibliothèque (voir le Catalogue).
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guat-Gita en faisant partie, la doctrine panthéiste y est plus manifeste encore ; mais la poésie entraîne nécessairement les poètes à remplacer les abstractions par des images et des récits où l’individualité reprend sa place a. Si la couleur de ces épopées est plus solennelle et plus philosophique dans un certain sens que celle des Rhapsodies Homériques, les dieux du Ramayan ne sont pas moins individuels, pas moins passionnés, pas moins diversifiés dans leurs caractères, leurs penchants, leurs volontés, que les dieux d’Homère. Cette variété, qui ne se concilie avec le panthéisme que par une série de raisonnements difficiles à saisir et à suivre, doit en détruire l’effet populaire. La multitude, à laquelle une interdiction jalouse ferme ces volumes sacrés b, est toutefois admise à les entendre réciter dans les cérémonies où elle est spectatrice, et ce qu’ils lui enseignent ne peut que la confirmer toujours davantage dans sa croyance au polythéisme c. a
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Le Ramayan nous en offre un singulier exemple dans la section 26 du livre I. Wischwamitra donne à Rama des armes magiques. Ces armes sont à-la-fois tous les dieux et toutes les forces de la nature. Après leur longue énumération, le poète ajoute : «Et ces armes invincibles, répétant les Mantras dans la forme proscrite, se présentèrent à Rama, les mains jointes, et lui disant : – «Ordonne, ô fils de Ragha, héros au bras puissant.» Rama les ayant examinées et prises dans sa main, leur répondit : «Allez, et quand vous entendrez ma voix, accourez.» Et ces terribles armes, baissant humblement la tête, se retirèrent. L’incohérence même de l’image trahit la lutte de la poésie et du panthéisme1. En lisant le Ramayan, le Cuttery devient un monarque, le Vaysia obtient toutes les prospérités commerciales ; le Soudra, l’artisan, n’a pas la permission de le lire lui-même, mais il peut en écouter la lecture. (Ramayan, liv. I, sect. 1, vers. fin2.) Le Ramayan est si peu connu en France, et si difficile à se procurer, qu’en rapportant plus
2 mais la poésie entraîne nécessairement ] mais les loix nécessaires de la poésie forcent NAF 18825 5–6 plus solennelle ... certain sens ] 〈plus exaltée &〉 plus mystique & plus solennelle NAF 18825 11 La multitude ] 〈le peuple〉 la multitude NAF 18825 12–13 est toutefois ... spectatrice. ] est toutefois admise à les entendre ces six derniers mots dans l’interl. au-dessus de 〈les connoit toutefois par les traditions qui descendent jusqu’à lui〉 la suite dans la col. de gauche reciter, ... spectatrice. reste d’une corr. abandonnée dans la marge 〈qu’ils lui〉 13–14 qu’ils lui enseignent ... la confirmer ] qu’ils le signe du pluriel ajouté dans l’espace lui ce dernier mot récrit sur 〈leur〉 〈apprend〉 enseignent ce dernier mot au-dessus du verbe biffé ... 〈l’empreindre〉 le confirmer les deux derniers mots dans l’interl. NAF 18825 15–22 Le Ramayan ... panthéisme. ] ajouté dans la col. de gauche NAF 18825 20 et prises dans sa main ] manque NAF 18825 21–22 L’incohérence ... trahit ] on remarque ici dans l’incohérence même de l’image NAF 18825
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Ramayuna, pp. 20–21. On n’y parle pas de mantras. Ramayuna, p. 18.
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Certes, l’Indien qui, dans ses prières, s’écrie, en pirouettant douze fois, je suis Brama, l’univers est moi, rien que moi n’existe dans l’univers, n’attache point à ces paroles un sens philosophique. Au moment où il les répète, ses adorations multipliées envers des divinités infinies en nombre prouvent qu’il ne s’astreint nullement à la conception exclusive qui remplace dans le panthéisme toute diversité. S’obstiner à voir dans ce panthe´isme la doctrine définitive de l’Inde, c’est prendre une fraction pour l’ensemble et généraliser une vérité partielle, infaillible moyen d’en faire une erreur a.
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haut des fables qui en sont extraites, nous avons toujours renvoyé nos lecteurs aux Recherches asiatiques, où ces fables se trouvent, parce qu’il nous a paru convenable de leur fournir le moyen le plus commode de vérifier nos citations ; mais dans le chapitre qui va suivre, et où sont indiquées plusieurs modifications particulières à la religion de l’Inde, nous aurons à revenir en détail sur le poème de Valmiki. M. Guigniaud nous paraît avoir commis cette erreur jusqu’à un certain point. Un seul esprit, une seule ame, une seule vie procédant d’un seul et même principe, sont répandues dans tout l’univers, dit-il, et l’univers n’est autre chose qu’une grande manifestation du TrèsHaut, où mille formes de la substance unique circulent. Le monothéisme n’est réellement dans l’Inde qu’un panthéisme raffiné (pages 276–277). Sans doute, en supposant les brames toujours conséquents dans leur logique, l’assertion de M. Guigniaud est vraie : mais tous les esprits n’arrivent pas au dernier terme de leurs prémisses, et il nous est démontré que plusieurs écoles brahmaniques se sont arrêtées en route, persévérant dans le théisme, bien que le panthéisme semblât les appeler. L’ingénieux écrivain dont nous parlons l’a senti lui-même ; car il dit, page 263 : Les dogmes les plus opposés ont tous, sinon leur source première, du moins leur commune sanction dans les Vèdes. Donc il y avait opposition dans les dogmes qui coexistaient, et il n’y avait pas de doctrine exclusive1.
4 multipliées ] manque NAF 18825 5 conception exclusive ] conception abstraite, exclusive NAF 18825 5–6 qui remplace ... diversité. ] que le panthéisme substitue à la notion de diversité. NAF 18825 11–13 mais ... Valmiki. ] passage résultant d’un remaniement de la fin de la note ; on distingue deux états ; premier état : Mais le Ramayan étant à la mythologie indienne ce qu’est l’Iliade à la mythologie grecque, nous aurons à revenir 〈en détail sur le〉 sur plusieurs details du poème de Valmiky, un mot illis. l’objet d’une comparaison que nous croyons necessaire entre le caractère & la nature des Dieux de l’Inde, & la nature & le caractère des dieux homériques. second état, obtenu par une série de biffures et l’ajout d’une phrase : Mais+ 〈le Ramayan étant à la mythologie indienne〉 [〈]ce qu’est l’Iliade à la mythologie grecque,[〉] les mots ce qu’est ... grecque ne sont pas biffés par inadvertance #nous aurons à revenir 〈en détail sur le 〉 sur plusieurs details du poème de Valmiky, 〈illis. l’objet d’une comparaison que nous croyons necessaire entre le caractère & la nature des Dieux de l’Inde, & la nature & le caractère des dieux homériques〉. BC ajoute à la fin +dans le chapitre qui va suivre & où sont indiquées des modifications particulières à la religion de l’Inde# les signes de renvoi + et # indiquent la place de cette phrase NAF 18825 14–25 M. Guigniaud ... exclusive. ] manque NAF 18825 17 substance ] la source porte subtance REl3 1
BC attaque l’opinion de Guigniaut en renvoyant à un passage du Livre I, chap. V, qu’il cite en l’arrangeant. Les changements et les coupures n’affectent pas le sens du texte. Le renvoi
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Le système d’émanation se présente aussi sous les mêmes formes à-peuprès qu’en Égypte : la divinité se partage en une foule de dieux qui revêtent d’abord des corps à forme humaine, mais légers, diaphanes et purs. Par degrés leurs corps s’obscurcissent, s’alourdissent, et se corrompant toujours davantage, ces dieux descendent à la condition des hommes, pour remonter ensuite à leur source première. Il y a ici du théisme et du panthéisme a : du théisme, en ce que tout est émané d’un seul être, auquel tout se rejoint par des épurations ; du panthéisme, en ce que la tendance de tous les êtres partiels est de se réunir au grand tout, et que, cette réu nion opérée, tout est absorbé dans la même substance et toute individualité disparaît b. a
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Voyez, pour le système d’émanation, l’Extrait des lois de Menou, par Sir W. Jones. (As. Res. V et VII1.) M. Fr. Schlegel a voulu prouver que le système d’émanation différait essentiellement du panthéisme, en ce que, dit-il, le mal dans le premier système reste toujours séparé de Dieu. Il reconnaît cependant que la doctrine du Bhaguat Gita est un pur panthéisme, et Crischna déclare dans le Bhaguat Gita que les méchants, les insensés et les ames viles n’entreront point en lui. Cette apparente contradiction ne signifie autre chose sinon que, pour amener le retour des diverses natures partielles ou plutôt apparentes dans l’être universel et seul existant, il faut que ces natures partielles soient redevenues homogènes avec cet être universel ; mais quand cette homogénéité est produite, il n’y a plus d’individualité. Le panthéisme est forcé par l’évidence à reconnaître des modifications diverses de la substance unique ; mais tout système où ces modifications aboutissent à la destruction de l’individualité et a` la fusion complète de tous les êtres dans cette substance, tout système pareil est un acheminement au panthéisme. (Weish. der Ind. p. 592.)
2–6 la divinité ... première ] passage dans la col. de gauche, remanié plusieurs fois 〈chez les Birmans,〉 la Divinité se partage en une foule 〈les〉 de Dieux qui revètent d’abord des corps 〈diaphanes et purs〉 à forme humaine, mais légers, diaphanes & purs. Par dégrés 〈ils prennent l’amour de l’individualité〉 leurs corps s’obscurcissent, ils deviennent tout à fait des hommes 〈&〉 ils se corrompent toujours davantage. 1 chiffre en exposant pour annoncer la note As. Res. VI, 246. suite du texte & remontent ensuite 〈à leur forme〉 par des epurations successives à la forme première dans laquelle ils sont absorbés & confondus NAF 18825 7 tout se rejoint ] tout doit remonter NAF 18825 13 essentiellement ] manque NAF 18825 24 un acheminement au ] du NAF 18825 (Weish. ... 59.) ] référence manque NAF 18825
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à la p. 265 (et non pas 263) résume correctement l’opinion que Guigniaut exprime au début du chap. V : «Quelle que soit la véritable origine de la religion des hindous, et quoi qu’on doive penser des prétentions de ces sectes nombreuses qui la divisent depuis tant de siècles, il est un fait important, capital, et qui se représente toujours plus pressant à mesure qu’on pénètre plus avant dans ces dogmes antiques : c’est qu’ils ont tous, même les plus opposés en apparence, sinon leur source première, au moins leur commune sanction dans ce vaste corps de doctrine qu’on appelle les Védas.» Notons que l’opinion de Guigniaut correspond à ce que soutient la critique de nos jours. L’hypothèse de BC est peut-être plus fragile que l’analyse de Guigniaut. Le renvoi est faux. Ni l’un ni l’autre des volumes cités ne parle des lois de Menou. Le renvoi est faux, il faut lire : 95. BC se sert de ses Notes de lectures (Co 3293), notes
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Le dualisme se fait voir également. Entré dans la doctrine métaphysique avec le théisme et le panthéisme, qui tous deux ont besoin de lui, l’un pour s’absoudre a, l’autre pour expli quer sa double apparence, il redescend du sanctuaire dans les fables du peuple. Wichnou, dans ses incarnations innombrables, paraît à chaque instant sur la terre pour y combattre le mal, ou sous la forme d’un héros, d’un réformateur, d’un pénitent, d’un sage ; ou sous celle d’une tortue, d’un sanglier, d’un lion à face d’homme. Souvent le bon et le mauvais principe sont unis dans le même dieu considéré sous deux aspects différents. Varouna, le dieu des mers, tantôt protège et purifie la race mortelle, tantôt, environné de crocodiles et de serpents, retient dans ses gouffres les ames enchaînées. Schiven est bienfaisant, quand il repose sur le Cailasa, ayant le taureau pour monture et la gazelle pour emblème, heureux du bonheur qu’il répand, lorsque son front lumineux s’entr’ouvre pour transmettre au monde altéré l’onde fécondante, source de prospérités et de délices ; mais bientôt malfaisant, il exige du sang, se plaît dans les larmes, et sa bouche lance des feux dévorants. Enfin, Ganga ou Bhavani, cette déesse de l’Inde, la tisseranne de la nature, la dominatrice de l’Himala, l’eau primitive qui confère à tous les êtres le don de l’existence, devient Cali la terrible, qui préside dans l’autre monde aux tourments des pécheurs, et réclame dans celui-ci des victimes humaines b. a
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On verra plus loin, IVe volume, au chapitre qui traite des divinités malfaisantes admises par toutes les religions sacerdotales, dans quel sens le théisme recourt, pour s’absoudre de l’existence du mal, à la doctrine d’un être pervers, soit égal, soit subordonné au bon principe1. Cette portion de la mythologie indienne a beaucoup de ressemblance avec les idées persanes. Wichnou se montre sous les mêmes traits que les héros, Rustan et Féridoun, dont on
1 se fait ] s’y fait NAF 18825 1–4 Entré dans ... du peuple. ] manque NAF 18825 5 paraît ] descend NAF 18825 ou ] tantôt NAF 18825 6 ou ] tantôt NAF 18825 9–10 tantôt ... mortelle ] est tantot le bienfaiteur & le purificateur des hommes NAF 18825 10–11 environné ... enchaînées. ] il retient dans ses abymes les ames enchainées : les serpens & les crocodiles sont les ministres de sa colère & l’un d’eux lui sert de monture NAF 18825 11–15 Schiven ... délices ; ] autre formulation Schiven, bienfaisant, porté sur le taureau Nandi, tenant entre ses mains l’antilope ou la gazelle, recoit sur son front paré du croissant l’eau celeste & s’enyvre de délices sur le Caïlasa, au milieu de sa cour divine NAF 18825 15–16 mais bientôt ... dévorants. ] autre formulation Schiven, malfais[an]t, s’abreuve de sang & de larmes, & lance de sa bouche armée de dents aigues & tranchantes des feux dévorans. Les cranes humains forment sa 〈ceinture〉 couronne, des serpens sa ceinture NAF 18825 16– 18 cette déesse ... l’existence ] autre formulation La grande ouvrière, la créatrice, la reine de l’Himala, qui envoya de toutes parts l’onde fécondante NAF 18825 19–20 qui préside ... humaines. ] autre formulation qui dans l’autre monde foule aux pieds les ames des pecheurs, & qui dans celui-ci reclame des victimes humaines NAF 18825 26 les héros ] les héros des Perses NAF 18825
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nos 1–12, qui concernent toutes les pp. 95–100 de l’ouvrage de Schlegel. Quatre notes sont marquées «empl. 1826». La note de BC résume et rectifie les observations de Schlegel. Voir De la Religion, t. IV, livre X, chap. IV, «Des divinités malfaisantes», pp. 134–157.
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Ce que nous venons de dire du théisme, du panthéisme, de l’émanation, du dualisme, s’applique à l’athéisme. De quelque manière qu’on interprète et qu’on torture la doctrine de Fo, le terme et la base de cette doctrine sont le vide et le néant. Les ancêtres du genre humain sont sortis du néant, ils y sont rentrés ; nous y rentrons tous. Tous les êtres animés et inanimés ne sont différents qu’en apparence, comme la neige, la glace et la grêle ne sont que des formes diverses de l’eau. La matière existe seule. La naissance, la mort, le crime, la vertu, les souillures et les purifications sur cette terre, tout est illusion. On peut, si l’on met du prix à éviter le mot d’athéisme, appeler ce système un panthéisme matérialisé ; mais il part des mêmes principes que l’athéisme, il aboutit aux mêmes conséquences ; et la confidence du réformateur a` ses disciples sur son lit de mort a, confidence qui, si elle n’est pas un fait historique, exprime au moins le fond du système, dépose contre les subtilités que ces disciples invoquent, pour se laver de l’accusation qui leur est intentée par toutes les autres sectes. Néanmoins chez les bouddhistes, comme chez les brames orthodoxes, toutes les hypothèses coexistent, et de
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célèbre encore les hauts faits. Frédéric Schlegel attribue une origine persane au dualisme indien (Weish. der Ind. pag. 134, 135). Pourquoi, dit-il, puisque tant de choses sont venues de l’Inde, rien n’y serait-il retourné avec des additions ou des modifications opérées dans d’autres pays ? Quelle que soit la valeur de cette hypothèse, ce qui est hors de doute, c’est que le dualisme est l’une des doctrines dominantes dans les Pouranas1. Voyez ci-dessus, page 592.
1–2 Ce que ... l’athéisme. ] phrase notée dans la col. de gauche, à côté d’un passage biffé 〈L’athéisme n’y joue pas un moindre role〉 NAF 18825 2–3 qu’on interprète et ] manque NAF 18825 3 la doctrine de Fo ] la doctrine de Buddha ou de Fo, suit un passage biffé 〈cette doctrine selon laquelle〉 NAF 18825 cette doctrine ] dans l’interl. au-dessus de 〈toutes choses〉 NAF 18825 4 le néant. ] suit un passage biffé 〈peut revêtir des formes panthéistiques : elle peut se présenter sous les dehors d’un panthéisme matérialisé. mais elle part des mêmes principes que l’athéisme : elle aboutit aux mêmes conséquences〉 NAF 18825 5 tous. ] tous après la mort. NAF 18825 7 existe seule. ] dans l’interl. au-dessus d’un passage biffé 〈est le seul Dieu, & l’illusion seule nous persuade qu’il y en a d’autres que〉 NAF 18825 8 sur cette terre ] suit les peines et les recompenses a venir NAF 18825 9–11 On peut ... conséquences ; ] passage noté dans la col. de gauche, reformulant un passage biffe´ plus haut NAF 18825 met du prix à éviter ] veut éviter NAF 18825 12–15 confidence ... sectes. ] passage noté dans la col. de gauche, avec une note prévue à accrocher au mot «systeme» la note à la page suivante voir p. 218, variante à la ligne 6 NAF 18825 14 laver ] justifier NAF 18825 16 comme chez ... coexistent ] en partie dans l’interl. au-dessus d’un passage biffé 〈mêmes, le Théisme, le Dualisme, le Panthéisme, l’emanation〉 comme ... toutes les hypothèses coexistent avec l’athéisme NAF 18825 16-p. 218.1 et de plus ] dans l’interl. au-dessus de 〈sans doute〉 NAF 18825 20 Voyez ... 59. ] le chiffre manque NAF 18825 1
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BC résume une réflexion de Schlegel sur les «deux principes». Le rapprochement de Wichnou et des héros perses Rustan et Feridun se lit chez Schlegel p. 129. La question qu’on trouve à la fin de la note de BC traduit une phrase de Schlegel qui se lit pp. 134–135. Voir ci-dessus, pp. 149–150.
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plus, par une suite des précautions que nous avons indiquées plus haut a, cette classe d’hommes entretient le peuple dans des opinions toutes contraires. Elle se conforme aux rites extérieurs, les vante, les impose, et la tradition nous la montre sortant d’auprès de son maître expiré, pour étonner le peuple par l’austérité de ses macérations et la ferveur de ses invocations religieuses. Les éléments qui composent la religion de l’E´gypte et celle de l’Inde sont donc identiques. C’est du fétichisme, c’est de la science, c’est de la philosophie enfantant les hypothèses qui se sont présentées partout à l’esprit humain, hypothèses dont les prêtres n’admettent aucune exclusivement, mais qu’ils déposent dans le sanctuaire b. a b
Voyez pages 58–591. Malgré ce que nous avons relevé plus haut, comme une erreur légère de M. Guigniaud, il n’a pu repousser entièrement la vérité que nous établissons. Son second chapitre sur l’Inde démontre, plus qu’il ne l’a senti peut-être, non pas la succession, mais l’existence simultanée du théisme, du panthéisme, de l’émanation et du dualisme dans les systèmes indiens. (Voyez p. 150–1662.)
2 cette classe d’hommes entretient ] Les Brames & les Bouddhistes entretiennent NAF 18825 6 religieuses. ] suit un important passage barré 〈mais l’enseignement secret n’est point conforme à ces démonstrations & la confidence du réformateur à ces disciples sur son lit de mort, confidence qui, si elle n’est pas un fait historique, exprime au moins le fond du systeme, depose contre les subtilités que ces disciples invoquent pour se justifier de l’accusation qui leur est intentée par toutes les autres sectes.〉 Une note, également barrée 〈Les adhérents de Fo racontent que, touchant à sa dernière heure, il rassembla ses amis les plus intimes ; Je vous ai enseigné jusqu’ici, leur dit-il, ce qu’il est bon que les hommes croyent. Apprenez aujourd’hui la vérité. Tout est prestige, rien n’existe. Renfermez en vous-mêmes ce résultat des méditations les plus profondes & laissez au vulgaire ses rêves mensongers.〉 NAF 18825 7 Les éléments ] à ce niveau, une phrase barrée dans la col. de gauche 〈ici commence ce qui n’est pas mis en ordre〉 NAF 18825 la religion de l’Egypte et celle de l’Inde ] les deux syntagmes inversés NAF 18825 11 sanctuaire. ] suit un important passage barré 〈La combinaison de ces éléments est aussi la même. La science se rattache au fétichisme par des personnifications, à la philosophie par des symboles. La philosophie, qui prétend assigner les causes des faits observés par la science, emprunte en même temps des images & des fables fétichistes pour exprimer ses hypothèses ; & le fétichisme, associé, sans que la multitude s’en doute à la science & à la philosophie, demeure la religion populaire, en devenant une portion de l’idiome sacerdotal.〉 NAF 18825 12 Voyez ... 58–59. ] v. ci-dessus p. NAF 18825 13–17 Malgré ... 166. ] note dans la col. de gauche NAF 18825 1 2
Voir ci-dessus, p. 149. BC cite un passage important du Livre I, chap. II, où Guigniaut décrit plus qu’il ne l’analyse la présence simultanée de plusieurs formes religieuses. «En effet, considéré en lui-même, il [= Brama] ne saurait avoir aucune figure, quoique à l’extérieur il se manifeste sous des figures innombrables ; il est l’unité et le tout à la fois, plus petit qu’un atome, plus grand que le monde, ineffable et inexprimable par son essence» (p. 151).
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Enfin une dernière circonstance complète l’identité. Contraints d’exprimer, comme les prêtres d’E´gypte, leurs hypothèses métaphysiques en termes figurés, les brames les ont transformées en cosmogonies que signalent des générations monstrueuses, des viols et des in cestes. Il serait trop long d’entrer dans le détail de ces cosmogonies plus compliquées et plus incohérentes que chez aucun autre peuple, parce que les systèmes qu’elles devaient exprimer étaient plus nombreux et plus subtils. Il suffit de montrer Brahm a, le premier des êtres, pur au-dessus de toute pureté, excellent par-dessus toute excellence, la lumière des lumières, engendrant le Verbe sacré, fils de Dieu, pareil à Dieu, le Verbe, dont la première lettre, présidée par Brahm, contient la terre, le monde, les hommes, le printemps et le passé ; la seconde, présidée par Wichnou, l’atmosphère, la chaleur vitale, l’été et le présent ; la troisième, le soleil, l’hiver ou la saison des pluies, et l’avenir qu’attend Mahadewa ou Schiven, le dieu de la destruction. Maya cependant, Maya la trompeuse, sœur et fille du tout-puissant, Maya, le désir de Brahm, l’amour éternel, et en sa qualité d’amour l’illusion, embrase son père d’ineffables et incestueuses flammes. Mollement couchée sur le voile brillant qu’elle a tissu de ses mains habiles, elle reçoit à travers le temps la semence féconde de celui qui était seul. Génisse tricolore, rouge, noire et blanche, et par la réunion de ces trois couleurs, emblème des trois forces qui créent, conservent et détruisent, elle enfante les forces décevantes qui peuplent le monde des apparences. Elle change le mensonge en vérité, la vérité en mensonge, cachant l’être universel qui existe, derrière les êtres partiels qui n’existent pas. Les idées fondamentales de cette cosmogonie se retrouvent partout. Suivant une tradition, Ady-Sakty, la force originaire, enfanta les trois dieux ou la Trimourty, réunie en un seul corps. Elle en devint éperdument amoureuse, et elle épousa ses enfants. Suivant une autre tradition, de la semence d’Adya
Cette cosmogonie, fort abrégée, est tirée de l’Oupnekat : on la trouvera exposée plus au long dans le livre sur l’Inde de l’excellent ouvrage de M. Guigniaud. Nous n’avions pas besoin de la traiter avec tant d’étendue, notre but n’étant ici que de constater son identité avec les autres cosmogonies des peuples sacerdotaux, et la suite de nos recherches nous appelant à revenir sur plusieurs détails1.
1 Enfin ] dans la col. de gauche, un passage biffé 〈Cosmogonie s’amalgamant avec la métaphysique & l’astronomie. La Divinité longtems concentrée en alle même, contenait la lumière & les tenebres. elle se manifesta pour créer le monde. les tenebres se métamorphosèrent en eau, la lumière en œuf du monde fut Brama qui deposa sur les eaux l’Œuf cosmogonique qui devint le soleil des etres. mais par une de ces evolutions communes dans les subtilités de la mythologie Indienne, en vertu desquelles le Créateur devient subitement un être crée par ceux auxquels il a donné la naissance, le créateur sort lui même de cet œuf qu’il a déposé dans les eaux. a` coté des obscurités cosmogoniques un autre principe joue un grand rôle aux Indes. ce 1
Religions de l’Antiquité, considérées principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques ; ouvrage traduit de l’allemand du Dr Frédéric Creuzer, refondu en partie,
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Sakty, l’énergie qui crée, naquit Siva, l’énergie qui tue1. Celui qui existait seul, dit le Yajour-Vède, fut saisi de crainte ; mais il réfléchit : qu’ai-je à craindre, puisque je suis seul ? Et il fut saisi d’amour ; mais que lui servait l’amour dans sa solitude ? Et il désira l’existence d’un autre, et il devint tel que l’homme et la femme dans leurs mutuels embrassements. Les deux moitiés se séparèrent, et la femme, redoutant l’inceste, prit diverses formes : elle se changea en vache, et lui en taureau ; en jument, lui en étalon ; en chèvre, lui en bouc ; en brebis, lui en bélier ; et ainsi les diverses espèces furent créées, depuis l’éléphant colossal jusqu’à l’insecte imperceptible. Dans l’un des Pouranas, le gigantesque Atri, l’un des premiers pères de la race humaine, faisait une rigoureuse pénitence dans un lieu retiré. Une goutte fécondante tomba dans l’Océan. C’est mon fils, s’écria-t-il, je te le recommande. L’Océan paresseux laissa flotter ce germe au gré des vents et des ondes. Enfin, se rappelant ce dépôt négligé, il le plaça dans le ciel. Une lune naquit, mais pâle, imparfaite, fatiguée des secousses qu’elle avait subies. Les dieux alors la rejetèrent au sein des ondes, y mêlèrent des plantes fortifiantes et des arbres pleins d’un suc précieux, et bientôt une lune nouvelle s’élança dans les airs resplendissante. D’après un autre récit, les regards des trois dieux qui n’existaient encore qu’en idée, se rencontrèrent sur un même point. Leur choc engendra la déesse blanche, qui est la Trimourti, vierge sous une triple forme ; mais qui est en même temps Sarasvati, fille de Brama, et Bhavani, femme de Schiven : celle-ci célébrait par des danses sa joie d’être créée, et de son sein principe est la contemplation. les quatre Iers êtres que Brama produit pour coopérer avec lui à la création, s y refusent pour se livrer à la vie contemplative. Bagavadam. ce caractère tient au climat. v. p. 65IV relire dans Eckstein une cosmogonie. no 15. 529〉 p. 219.1 identité ] identité de la combinaison NAF 18825 p. 219.5–6 incohérentes ] incohérentes chez les Indiens NAF 18825 p. 219.19 était ] dans l’interl. au-dessus d’ 〈existait〉 NAF 18825 p. 219.28-p. 220.1 Suivant ... qui tue. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 p. 219.29–30 au long ] suit et plus exactement quant à chaque détail NAF 18825 p. 219.31 de la traiter avec tant d’étendue ] de tant d’exactitude NAF 18825 p. 219.32– 33 nous appelant à revenir sur plusieurs détails. ] nous obligeant d’entrer dans des développemens plus étendus NAF 18825 5 Les deux ] Mais les deux NAF 18825 8 espèces ] espèces d’animaux NAF 18825 9 imperceptible. ] suit une note As. Res. VIII. 441 NAF 18825 11 lieu retiré ] endroit écarté NAF 18825 12 fécondante ] 〈de sa force〉 fécondante NAF 18825 s’écria-t-il ] cria-t-il NAF 18825 14–18 Enfin, se rappelant ... resplendissante. ] autre formulation Enfin, se rappelant le soin dont Atri l’avait chargé, il voulut placer dans le Ciel ce dépot négligé. La lune 〈brilla〉 naquit, mais fatiguée des longues secousses qu’elle avait éprouvées, elle éclairoit à peine le monde. Les Dieux, alors, la rejetant
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complété et développé par J. D. Guigniaut, Paris : Treuttel et Würtz, 1825. BC renvoie au t. I, 1, Religions de l’Inde, pp. 233–264. Les anecdotes sur Ady-Sakty sont empruntées à Dubois, Mœurs, Institutions et Cérémonies des peuples de l’Inde, t. II, p. 290. Voir les Notes de lecture (Co 3293, Q3/12), que BC omet de citer ici.
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s’échappèrent les trois œufs d’où les trois dieux sortirent. Ici apparaît l’œuf cosmogonique, qui se rencontre dans les traditions de tous les peuples ; cet œuf, moitié d’or, moitié d’argent, dont une portion forme le ciel, une autre la terre ; dont le germe est l’astre du jour, le jaune les montagnes, les veines les fleuves, et dont la chaleur, tour-à-tour brûlante et fertilisante, durcit les rochers insensibles ou donne la vie aux êtres animés. Mais, par une suite des contradictions particulières aux cosmogonies, enveloppes d’une métaphysique subtile, le créateur devient lui-même la créature de l’œuf qu’il a produit ; et c’est de cet œuf brisé qu’il sort, la première fois qu’il se manifeste a. Cependant, né de la confusion et du mélange de tous les germes, Haranguer-Behah b, tantôt le principe de la production, tantôt la collection des éléments subtils, tantôt le chaos, engendre Pradjapat, à la fois la génération première, la figure du monde et le représentant de l’année. Et ce Pradjapat porte les mains à sa bouche, et ce mouvement engendre le feu des sacrifices, et ce feu paraît tel qu’un coursier dont la tête est à l’orient, la croupe à l’occident, les flancs au nord et au sud ; et de la semence de Pradjapat naît a
b
Les Indiens appellent cet œuf Bramandha, et dans une concession de terres, traduite par sir W. Jones (As. Res. III, 45), il est range´ parmi les présents qu’offre aux dieux le roi ViranRisinha1. En samscrit Hirannya-Garbha, le Ventre-d’Or.
dans la mer, avec une foule de plantes & d’arbres précieux agitèrent la plaine liquide, & bientôt une lune nouvelle se lanca dans les airs, resplendissante, au grand contentement des Dieux et des hommes. NAF 18825 p. 220.19 D’après ] suivant NAF 18825 p. 220.20 se rencontrèrent ] s’étant rencontrés NAF 18825 engendra ] donna naissance NAF 18825 p. 220.21 qui est ] manque NAF 18825 une ] sa NAF 18825 p. 220.21–22 qui est ] manque NAF 18825 p. 220.22 Brama ] suit un passage barré 〈qui s’unit à son père〉 NAF 18825 p. 220.23 celleci ... être créée ] qui, joyeuse d’être créée, témoignait sa joye par des danses NAF 18825 1 d’où les trois dieux sortirent. ] d’où sortirent les trois dieux NAF 18825 2 traditions ] audessus de 〈cosmogonies〉 NAF 18825 3 moitié ... argent ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 3–4 dont une portion ... le germe ] passage remanié 〈auquel le premier être s’incorpore〉, dont 〈la moitié d’or est〉 une portion forme le Ciel, 〈la moitié 〈dor〉 d’argent la Terre &〉 une autre la terre, dont 〈le Soleil〉 le germe NAF 18825 7–8 enveloppes ... subtile ] empruntées d’une métaphysique subtile, suit un passage biffé 〈et en vertu desquelles 〉 NAF 18825 8 de l’œuf ] de cet œuf NAF 18825 9 produit ] au-dessus de 〈cree〉 NAF 18825 de cet œuf brisé qu’il sort ] de là qu’il sort 〈avec ses frères〉 NAF 18825 se manifeste. ] se montre au monde NAF 18825 11 Cependant, né de ] Ailleurs, HaranguerBehah, né de à ce niveau, annotation dans la col. de gauche commencement de la 12e feuille NAF 18825 12–13 tantôt ... subtils ] manque NAF 18825 13–14 la génération première ] manque NAF 18825 14 de l’année. ] suit une note, inscrite dans la col. de gauche et entièrement barrée, passage à peu près identique au paragraphe précédent 〈en lui se condense l’œuf cosmogonique dont la moitié d’or devient le ciel, & la moitié d’argent la terre, dont le jaune forme les montagnes, les pellicules les nuages, les veines les fleuves, & dont la chaleur, 1
W. Jones, «A Royal Grant of Land in Carnata ; communicated by Alexander Macleod, Esq., and translated from the Sanscrit by the President», Asiatick Researches, t. III, 51807, pp. 39– 53. BC renvoie à la stance 17.
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la terre, et de l’union de cette semence avec le verbe, le soleil ; et Haranguer-Behah, dans sa faim dévorante, veut, comme Saturne, engloutir les nouveau-nés ; et fille de l’effroi qu’il leur inspire, la parole s’y oppose ; et, se partageant entre les noms des diverses créatures et l’expression des pensées divines, elle s’incorpore aux Vèdes sacrés. Ici l’on ne peut méconnaître un symbole universel, empreint dans les cosmogonies les plus opposées. Cette insatiable faim d’Haranguer-Behah, qui dévore tout ce qu’il produit, et qui ne produit que pour avoir plus à dévorer, est l’image effrayante de la destruction réservée à tout ce qui existe. La création, œuvre passagère, semble n’être que l’illusoire moyen de combler un gouffre qui ne s’emplit jamais. Le Chronos des Grecs est l’Haranguer-Behah des Indiens. Faut-il en conclure que cette idée est venue de l’Inde, et n’est-il pas plus vraisemblable qu’une loi de la nature que l’expérience révèle avant toutes les autres, nous voulons dire, cette tendance rapide de tous les êtres vers l’abîme inconnu qui les attend et les engloutit, a, dans tous les climats, suggéré cette image à l’homme, dès qu’il a commencé à réfléchir ? Mais si les cosmogonies indiennes ressemblent ainsi, sous des rapports généraux, à celles de tous les peuples que régissent les prêtres, le climat leur imprime des traits particuliers. L’amour de l’inaction, la passion d’une immobilité rêveuse, le charme d’une contemplation intérieure qui amortit les chocs du dehors, passent du caractère des adorateurs au caractère des objets adorés ; et la création, avant d’être opérée, rencontre plus d’un obstacle dans cette disposition. Le premier être créé par Brama s’enfuit au désert, pour se plonger dans la méditation jusqu’à la fin des siècles. Neuf Rischis, produits par un second acte de la volonté de l’E´ternel, se refusent de même tour à tour brullante et fécondante, durcit les roches insensibles, ou donne la vie aux êtres animés〉 NAF 18825 p. 221.15 et ce mouvement engendre ] et de ce mouvement naît NAF 18825 p. 221.18 dans une concession de terres ] 〈dans une〉 une concession de terres dans le carmatique 〈il est dit que le Roi Viran Risinha parmi〉 NAF 18825 p. 221.19–20 il est rangé ... le roi Viran- Risinha. ] le range parmi les présents offerts aux Dieux par le Roi NAF 18825 p. 221.21 En samscrit ... le Ventre-d’Or. ] manque NAF 18825 5 Vèdes sacrés. ] suit un passage biffe´ 〈et dans les variations de cette cosmogonie, nous voyons encore Brama s’unissant à Saraswati sa fille, & de cet inceste naissent les cent fils qui à leur tour engendrent chacun cent filles〉 trois autres passages biffés sans entrée dans le texte se trouvent également dans la col. de gauche de ce feuillet du ms. 〈Cosmogonie. D’Eckst. 16. 535, 538, 539〉 〈Le Créateur créa, par la force de sa méditation, la terre qu’il tira de l’abyme des ondes, les Dieux, les Vasons, les Roudras, qui lui demandèrent comment ils pourroient à leur tour former des créatures. Il répondit par une méditation profonde & il leur donna du feu consacré. Avec ce feu, ils pratiquèrent des austérités. En une année, ils formèrent une vache unique, elle enfanta 999 veaux. D’Eckst. 16. 154.〉 〈v. pr une fable deja racontée ib. 180–181.〉 NAF 18825 5–16 Ici l’on ne peut ... à réfléchir ? ] manque NAF 18825 17 les cosmogonies ... ressemblent ] la cosmogonie ... ressemble NAF 18825 18 leur ] lui NAF 18825 19 L’amour ] annotation dans la col. de gauche Commencement de la 12 feuille (sic) NAF 18825 20 contemplation ] absorption NAF 18825 amortit ] 〈preserve〉 amortit NAF 18825 21 du dehors ] 〈des objets〉 du dehors NAF 18825 22 création ] suit 〈du monde〉 NAF 18825 d’un ] d’une NAF 18825 23 au ] dans le NAF 18825 24 se plonger dans la méditation ] s’absorber dans ses méditations NAF 18825 25 de même ] suit à concourir NAF 18825
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à l’œuvre créatrice a, et c’est alors que Brama, combinant les deux idées favorites de la génération par l’union des sexes et de l’énergie de la contemplation, s’unit à Sarasvati, et de cet inceste naissent les cent fils, qui, à leur tour, engendrent chacun cent filles. En même temps, et par la force de sa pensée, il tire du fond des eaux la terre, les dieux, les Rouddras, qui lui demandent comment ils pourront, à leur tour, former des créatures. Brama rentre en lui-même, médite, enfante le feu consacré ; et tous ces êtres secondaires, pratiquant avec ce feu des austérités et des pénitences, fabriquent, par le travail d’une année, une vache unique, le type des vaches, qui accouche de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf veaux. On ne peut se rendre compte de tant d’inventions étranges qui sembleraient l’œuvre confuse et informe d’une imagination en délire, qu’en les attribuant au besoin qu’éprouvent les prêtres de remonter, pour la satisfaction de leur propre intelligence, aux causes premières des phénomènes qu’ils ont observés, et de montrer, suivant qu’ils penchent pour le théisme ou le panthéisme, tantôt le grand tout se divisant, tantôt l’être créateur faisant émaner de son sein le type du monde céleste, auquel correspond le monde matériel. Sous le rapport de l’empire des prêtres sur la multitude, ces cosmogonies étaient superflues. Cet empire reposait suffisamment sur le fétichisme et l’anthropomorphisme. Mais, voulant enregistrer leurs hypothèses et leurs systèmes, et ne pouvant les exprimer qu’en images empruntées à une langue imparfaite, ils accumulent les figures les plus bizarres et les plus obscènes, expliquant la bizarrerie par le symbole, et couvrant l’obscénité par l’allégorie. a
BAGAVADAM et POLIER, Mythologie des Indous1.
1–10 et c’est alors ... veaux. ] passage compilant les passages biffés du feuillet précédent NAF 18825 2 par ] par 〈l’inceste & de〉 NAF 18825 3 Sarasvati ] Sarasvati 〈sa fille〉 NAF 18825 10 neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ] 999 NAF 18825 11 se ] manque NAF 18825 12 et informe ] barré dans ms. NAF 18825 en délire ] 〈délirante〉 NAF 18825 15–21 et de montrer ... les exprimer qu’en ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 21–22 images empruntées ] 〈mais contraints d’une part à s’exprimer en〉 images 〈qu’ils〉 emprunt〈ent〉ées NAF 18825 22 imparfaite ] imparfaite 〈& fidèles de l’autre a cette condition du mystère qui sert de baze à leur existence〉 NAF 18825 les figures ] manque NAF 18825 24 l’allégorie. ] suit un passage barré dans la col. de gauche 〈la forme narrative donne à leurs cosmogonies un caractère mythologique & de la resulte une religion en quelque sorte nouvelle, qui plane au-dessus de la religion vulgaire〉 suit un autre passage barré dans la col. de droite 〈Car on doit remarquer que sous le rapport de leur empire sur la multitude, les fables cosmogoniques étoient superflues : celles que leur fournissaient le fétichisme & l’anthropomorphisme suffisaient〉 1
BC cite l’ouvrage de Polier sans indiquer un passage précis, mais il se peut qu’il vise le chap. XIII, où l’on trouve des renseignements sur les Richis. Voir Mythologie des Indous, travaillée par Mdme. la Chnsse. de Polier, sur les Manuscrits authentiques apportés de l’Inde par feu Mr. le Colonel de Polier, Roudolstadt : Librairie de la Cour, Paris : F. Schoell, 1809.
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Le mélange de ces éléments divers éclate aux Indes comme en Égypte. Les aditias, dont Wichnou est le douzième, représentent les douze mois a : voilà la partie astronomique. Ces aditias sont fils d’Adidi, la force productive, et de Casyapa, l’espace infini b. Ici l’hypothèse cosmogonique se mêle à l’astronomie. Enfin Wichnou est l’un des dieux les plus actifs de la mythologie populaire, et de la sorte unit la croyance qui offre les idoles, la science qui a constaté les faits, la métaphysique qui cherche les causes, et la cosmogonie qui est forcée de les personnifier. Les brames, dans leurs prières les plus empreintes de panthéisme, font des allusions fréquentes à l’observation des astres, et de plus fréquentes encore aux formes antiques dont le fétichisme ou l’anthropomorphisme à son berceau avaient jadis revêtu les dieux c. Combinant, par exem ple, d’une part le fétichisme avec l’astronomie, et de l’autre l’astronomie avec la musique, ils donnent à Sourya, le soleil, l’épithète de Hamsa, le cygne d. a b c
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Sketches to the Hist. relig., etc., of the Hindoos. I, 1881. BAGAVADAM. En accomplissant le Sandia, purification journalière du brame à son lever, il doit se représenter Brama d’un rouge éclatant, monté sur une oie et tenant dans ses quatre bras cent choses merveilleuses ; Wichnou, de couleur rouge, ayant quatre bras aussi, et porté par l’oiseau fantastique appelé garouda ; Schiven, d’un blanc triste et terne, à trois yeux sur chacun de ses cinq visages, et que porte Dherma, sous la figure d’un bœuf. (Voyez plus loin, le chapitre sur la figure des dieux dans le polythéisme sacerdotal2.) Passant ensuite à l’astronomie : Divin soleil, s’écrie le brame, vous êtes Brama, quand vous paraissez sur l’horizon ; Schiven, quand vous rayonnez de tous vos feux au milieu de votre carrière ; Wichnou, quand, plus doux et moins resplendissant, vous approchez de son terme. (NittiaCarma, ou grand Rituel des brames.) Un écrivain qui dénature tout, confond tout, et, nous pourrions dire, ignore tout, tant sa manière de savoir est à-la-fois tranchante et superficielle, veut réduire l’idée indienne du
8–12 Les brames ... les dieux. ] manque NAF 18825 De même les Br. ds leurs prières les pl. empreintes de Panth. font des allus. freq. à l’observ. des astres & en font de plus fréquentes aux formes antiq. dont la gross. lecture hypothétique du dernier mot du fétich. dont l’antropomorph. a son berceau avt jadis revetu les Dx ébauche dans Co 4879 12–14 Combinant ... le cygne. ] reprend un passage collé et barré dans la col. de gauche 〈combinaison du fétichisme et de l’astronomie. Sourya le soleil, est surnommé Hamsa, le cygne〉 NAF 18825 17–26 En accomplissant ... des brames. ] manque NAF 18825 27 Un écrivain ... ne s’entrechoquent pas. ] compilation de deux annotations, l’une dans la col. de gauche et l’autre écrite sur un papier collé au bas de la col. de droite NAF 18825 p. 225.17 notion abstraite ] conception 〈métaphysique〉 abstraite NAF 18825 journal le Catholique ] manque NAF 18825 p. 225.17–18 parce que ... esprit pur ] le soleil, dit-il [dans le Yapourvède] le soleil est la cause originelle de tous les êtres, & d’après d’autres passages des Vèdes, il est Brame & esprit pur. il n’est donc pas seulement le soleil physique que dit M. d’Eckst. (non sans doute dans la religion scientifique. N° 15 p. 527) NAF 18825 1
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BC renvoie aux Sketches chiefly relating to the History, Religion, Learning ans Manners of the Hindoos, London : T. Cadell, 1792, de Quintin Craufurd (1743–1819). Les Adityas sont expliqués t. I, p. 189. Voir ci-dessous, pp. 318–325.
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La fameuse invocation ou prière des Indiens avec laquelle Crischna s’identifie a, la Gayatri, est un être mystérieux et compliqué, où se con fondent toutes ces notions ; c’est un rhythme b, un langage sacré, le texte des Vèdes, un enseignement, une cérémonie toute-puissante, et que les brames sont tenus de pratiquer sans cesse, une révélation et en même temps un être à part, une déesse, la mère de l’univers, l’épouse de Brama, le soleil femelle, c’est-à-dire de la superstition, de l’astronomie, des abstractions et du mysticisme, mêlés de telle sorte qu’il est impossible de les séparer. Au Tibet, dont toutes les doctrines dérivent de celle de Fo, et sont par conséquent indiennes, malgré les modifications qu’elles ont éprouvées, Cenresi, représenté sous l’emblème d’une roue, qui exprime les transformations par lesquelles il devient successivement la substance de toutes les ames et de tous les corps, Cenresi à-la-fois la nature, le monde, et la nécessité, motrice du monde, est, dans les légendes publiques, un enfant descendu des cieux, exposé sur une montagne, recueilli par des pâtres, parvenu au rang de législateur par sa sagesse et par ses miracles, mais qui,
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soleil à une pure notion abstraite (journal le Catholique, no 15, page 527), parce que dans quelques passages des Vèdes, le soleil est brame ou esprit pur. Sans doute, dans la portion purement métaphysique. Mais il n’est pas moins le soleil matériel, adoré par le peuple dans le sens littéral, et dieu astronomique dans la doctrine savante. Dieu nous garde des gens qui ne veulent voir qu’une seule idée, là où toutes les idées se placent à côté l’une de l’autre, et se contredisent sans s’exclure, parce qu’elles ne s’entre-choquent pas1. Voyez plus haut, pages 158–1592. Ce rhythme, appelé Gayatriyam, se compose d’une stance de trois lignes, chacune de huit syllabes, ou plutôt d’une seule ligne de vingt-quatre, séparées par une césure qui en rejette seize au commencement et huit à la fin. (As. Res. XIV, 493.)
1–8 La fameuse invocation ... séparer. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 7 de l’astronomie, des abstractions ] de la science, de la métaphysique NAF 18825 9– 10 dont toutes ... éprouvées, ] manque NAF 18825 11 Cenresi ] à la hauteur de ce mot passage biffé dans la col. de gauche 〈Les peuples du Tibet avoient enté les hérésies de Buddha sur leur ancienne mythologie, ce fait est prouvé par les recherches de Cassiano qui avoit longtemps habité chez eux & 〈puis〉 au prolixe mais instructif Georgi. As. R. III. 10.〉 NAF 18825 sous l’emblème d’une roue ] tantot sous la figure d’un espace vide tantot sous l’emblème d’une roue NAF 18825 14 un enfant ] un monarque NAF 18825 20 savante. ] scient. NAF 18825 garde ] préserve NAF 18825 17–22 notions ... pas. ] ébauche partiellement sténographiée conceptions 〈métaphysiques〉 abstraites. le soleil dit il – êtres. mais d’après d’autr. pass. des Vedes il est Brame ... pas moins aussi le soleil matériel 〈adoré〉 adoré 1
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C’est la seconde critique adressée au baron d’Eckstein qu’on trouve dans ce volume. Eckstein la repoussera violemment (Réponse de M. le baron d’Eckstein aux attaques dirigées contre lui par M. Benjamin Constant, Extrait du Catholique, octobre 1827, Paris : A. Sautelet, 1827), accusant BC à son tour d’inconséquence dans sa théorie et de travailler comme un compilateur (pp. 23–28). L’article avait paru d’abord dans le t. VIII du Catholique, pp. 56–113. La suite annoncée n’a pas été publiée. Voir ci-dessus, pp. 208–209. BC résume, en utilisant les tournures de l’auteur, une analyse de Francis Ellis, «Account of a Discovery of a Modern Imitation of the Vedas», Asiatick Researches, t. XIV, 1822, p. 49.
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désespéré des crimes des hommes, brise contre un roc sa tête en onze morceaux, dont chacun devient une tête à part a. Ici la fable populaire s’allie au panthéisme, en admettant, confusément encore, l’idée d’un sacrifice divin et d’une rédemption par ce sacrifice, idée dont nous aurons à parler ailleurs. Que si on cherchait un dernier exemple des fables les plus extravagantes, combinées avec la science et les idées mystiques, on le trouverait dans l’histoire de Trisankou, le plus bizarre des épisodes accumulés dans le Ramayan. Le roi Trisankou, l’un des ancêtres de Rama, conçoit le projet de monter vivant jusqu’au séjour céleste. Repoussé par des pénitents qu’il implore, et dont les malédictions le changent en Paria, il s’adresse au puissant Wischwamitra, qui ordonne un sacrifice où il invite les dieux. Sur leur refus de s’y rendre, Wischwamitra, par la vertu de ses austérités, lance Trisankou dans la sphère éthérée. Les dieux lui crient : «Ta place, ô Tchandala, n’est point parmi nous.» Précipité du haut des airs, le roi vomit des torrents de sang. Son protecteur l’arrête dans sa chute, et, par un second effet des macérations qu’il avait pratiquées, il crée de nouveaux dieux, un nouveau firmament, de nouveaux astres. L’Olympe indien capitule ; ses habitants adressent à Wischwamitra d’humbles supplications. Trisankou demeure suspendu, la tête vers la terre, mais entouré d’une lumière brillante ; et tous les astres créés par Wischwamitra sont maintenus dans une station inférieure, resplendissant de l’éclat dont sa parole les a revêtus1. Cette narration fantastique indique évidemment des découvertes d’astronomie, enregistrées par les prêtres dans leur langage fabuleux, et renferme de plus les notions habituelles de l’Inde sur le mérite et le pouvoir des douleurs volontaires, la confirmation de l’empire des brames, qui contraignent les dieux à leur obéir, enfin des allusions à la science géographique, puisque le sang que vomit Trisankou rougit la rivière Sama, qui coule dans la partie du Tibet, nommée Tsan par les Chinois b. a
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GEORGI, Alph. Tibet2. Une autre fable attribue la couleur rougeâtre des eaux de cette rivière à Rama, qui, forcé pour éviter la malédiction paternelle, de couper la tête à sa mère, lava dans ses ondes son cimeterre sanglant.
dans le sens littér. par le peuple. ... Dieu nous preserve des ... voir 〈partout〉 qu’une seule ... les idées 〈se deux mots illis.〉 se posent a coté ... pas. NAF 18825 p. 225.24–26 Ce rhythme ... XIV, 49.) ] note en bas de la page, dont la moitié est recouverte par un papier collé NAF 18825 2–5 Ici la fable ... ailleurs. ] On apercoit ici mélangés une fable populaire, un germe de l’idée de redemption dont nous parlerons ailleurs & un symbole de Panthéisme NAF 18825 6–29 Que si on cherchait ... par les Chinois. ] manque ; perte d’un folio NAF 18825 1 2
Ramayuna, I, sections 44 et 45. Agostino Antonio Georgi, Alphabetum tibetanum, missionum apostolicarum commodo editum, pp. 165–166.
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Cet amalgame des fictions populaires avec la science introduit, tantôt des contradictions dont il est difficile de se rendre compte quand on cherche une unité chimérique a, tantôt des fables très-singulières et souvent amusantes. Suranah ou Souranou, femme du soleil, ne pouvant supporter l’éclat qui entoure son époux, s’enfuit secrètement. Le soleil, affligé de son absence, la redemande à Twaschta, son beau-père. Celui-ci lui propose, comme moyen unique d’une réconciliation durable, de laisser tondre ses rayons. Le soleil y consent, et placé sur une roue, il est dépouillé de sa chevelure ; c’est pour cette cause que, lorsque des brouillards s’élèvent, il paraît sans rayons, masse ronde et rougeâtre. Mais Twaschta s’y était pris maladroitement, et avait fait à son gendre plusieurs blessures douloureuses. Il les guérit avec un baume qui n’effaça pas les cicatrices, et de là les taches qu’on croit voir quelquefois le soir sur le disque du soleil b. a
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M. Guigniaud demande comment on peut concilier l’idée de la chute primitive et le panthéisme : il n’y a rien à concilier, là où les contradictions sont de l’essence même de la chose1. C’est avec ces rayons que Twaschta forma le feu qui sert à tous les usages terrestres : jusqu’alors il n’y avait de feu que dans le soleil ; les hommes ne pouvaient y atteindre.
1 populaires avec la science ] 〈vulgaires〉 populaires ce dernier mot dans l’interl. avec la métaphysique et la science NAF 18825 1–3 tantôt ... tantôt ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 8 chevelure ] le ms. porte une référence As. Res. XI. 67–68 NAF 18825 10 Twaschta ] son beau-père NAF 18825 12 voir ] apercevoir NAF 18825 14–16 M. Guigniaud ... chose. ] note ajoutée dans la col. de gauche NAF 18825 17-p. 228.11 C’est ... 69.) ] note ajoutée dans la col. de gauche NAF 18825 1
BC fait allusion à un passage de la «Note 14» au chap. V du livre Ier sur la religion de l’Inde. Guigniaut part d’une observation de Colebrooke (Asiatick Researches, t. VIII, 1805, p. 398) où celui-ci démontre que «dans les Védas il est question de combats entre les bons et les mauvais génies, entre les dieux et les démons». Il est de même attesté que les bons et les mauvais esprits sont soumis aux renaissances et aux purifications. Et il poursuit : «Cela suffit-il pour admettre comme originale et vraiment antique, dans la religion de l’Inde, l’idée d’une chute première des esprits ou anges, causée par l’orgueil [...] ? Faut-il admettre, par suite, l’origine indienne du dogme de la création des âmes, antérieure à celle du monde visible ; et celle-ci comme ayant été une conséquence de leur chute ? Enfin, tout ce système d’une religion purement morale dans son essence, déterminée et historique dans ses formes autant qu’abstraite et métaphysique dans son objet ; cette tradition si nue, si claire, si développée, qui nous la présente comme une révélation accordée par la miséricorde divine aux esprits déchus pour les ramener à leur gloire première ; tout cela se concilie-t-il réellement avec la double exposition que nous avons faite des croyances populaires contenues dans les Pouranas et de la haute doctrine enseignée dans les Védas, surtout avec le panthéisme à la fois poétique et philosophique qui partout respire dans les uns et dans les autres ?» (t. I, seconde partie, p. 650). BC se débarrasse assez vite des scrupules justifiés de Guigniaut.
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Ainsi, dans les religions sacerdotales, il y a similitude parfaite, nonseulement quant aux matériaux, mais quant à l’ordonnance de ces matériaux. La science se rattache au fétichisme par des personnifications, à la philosophie par des symboles : la philosophie emprunte, pour raconter les faits observés par la science et assigner leurs causes, des images et des fables fétichistes ; et le fétichisme, associé, sans que la multitude s’en doute, à la science et à la philosophie, demeure la religion populaire, en devenant une portion de l’idiome sacerdotal.
Twaschta est donc en quelque sorte le Prométhée des Indiens ; mais Prométhée fut sévèrement puni d’avoir employé la ruse et la violence, tandis que Twaschta, n’ayant tondu le soleil que de son aveu, profita légitimement de sa dépouille. (As. Res. XI, 68–691.)
1–8 Ainsi ... sacerdotal ] passage noté dans la col. de gauche Ainsi 〈plusieurs mots illis.〉 dans les religions sacerdotales 〈plusieurs mots illis.〉 il y a similitude parfaite, non seulement quant aux notions premières, mais quant a` l’arrangement de ces notions, à leurs combinaisons & à leurs mélanges. la science ... symboles. La philosophie qui prétend assigner les causes des faits observés par la science emprunte en même tems des images & des fables fétichistes pour exprimer des hypothèses abstraites, & le fétichisme ... sacerdotal. NAF 18825 9 des Indiens ] des Grecs NAF 18825
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F. Wilford, «An Essay on the Sacred Isles in the West. Essay VI», Asiatic Researches, t. XI, 1812, pp. 11–152. BC parle de la légende d’un homme appelé Twashtá, racontée pp. 67–69, qui se termine par cette remarque : «Before that time, there was no such a thing as Téja, resplendance, light, or fire, in the world [...] till a favourable opportunity offered itself to Twashtá, who eagerly seized it, and obtained by gentle means, what Prometheus got by stealth ; and for which he was severely punished.»
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Chapitre VI. Des causes qui ont modifié dans l’Inde cette combinaison, sans toutefois l’emporter sur l’action du sacerdoce.
Nous avons annoncé, en commençant le chapitre qu’on vient de lire, qu’il ne contiendrait point une exposition des dogmes ou des rites de la religion indienne, et que nous voulions simplement indiquer les éléments dont cette religion était composée, et la manière dont ces éléments se combinaient. Beaucoup de questions ont en conséquence dû être ajournées. Rien n’a été dit sur le caractère des dieux, leurs relations avec les hommes, l’influence de ces relations sur la morale, les notions, soit populaires, soit philosophiques, sur la vie à venir et sur la destinée. Ces objets seront traités ailleurs : un seul exige dans le moment actuel des développements. Identique avec les cultes sacerdotaux, dans ses matériaux et dans leur ordonnance, la religion de l’Inde leur est pourtant supérieure sous plus d’un rapport. Rendue mystérieuse par les prêtres, elle semble éprouver un besoin d’expansion, pour ainsi dire, qui lutte contre cette disposition au mystère. Cruelle trop souvent sous l’empire d’une caste, il y a en elle un sentiment inné de sympathie et de douceur que ne peut étouffer l’esprit théocratique. On dirait un peuple d’enfants accoutumé à respecter des maîtres féroces, mais contemplant avec étonnement leurs pratiques sévères, et mêlant à ces rites, qu’il ne comprend pas, une gaieté que rien ne peut détruire, et une innocence que rien ne peut souiller. On se sépare de l’E´gypte avec fatigue, oppressé par une atmosphère où la respiration est pénible et l’existence lourde. On fuit la Gaule avec épouvante, poursuivi de spectacles sanglants et hideux, sur lesquels plane une mysticité sombre, voisine de la magie. On retrouve dans l’Inde cette oppression, cette mysticité, ces sanglants spectacles ; et l’on s’en rapproche toutefois avec charme. L’oppression pèse moins, grace à l’élasticité d’une Établissement du texte : Manuscrits : 1. BnF, NAF 18825, fos 93–135 [=MR2]. 2. BCU, Co 3435/19 [=MR2]. Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 188–235. 4 qu’on vient de lire ] 〈que nous venons de terminer〉 NAF 18825 6 et que ... simplement ] nous 〈avons〉 voulions ce mot dans la col. de gauche simplement 〈voulu〉 NAF 18825 16 lutte contre ] contrebalance dans l’interl. au-dessus de 〈lutte contre〉 NAF 18825 21 une gaieté que rien ne peut détruire ] 〈sa〉 une ce mot dans l’interl. gaité 〈native mot illis.〉 que ... détruire syntagme dans l’interl NAF 18825 22 que rien ne peut souiller. ] 〈enfantine〉 que rien ne peut souiller. corr. dans l’interl. NAF 18825 28 L’oppression ... grace à ] l’oppression est adoucie par NAF 18825
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imagination qui joue avec le joug qu’on lui impose. La mys ticité est embellie par des élans d’enthousiasme et des chants d’amour. Les hideux spectacles sont relégués dans un lointain qui les voile, et, les confondant avec des traditions fabuleuses, donne à la réalité qui existe encore un air de fiction qui en affaiblit l’horreur. D’où vient cette différence ? De deux causes. Nous avons déja fait allusion à l’une a : nous devons y revenir une seconde fois. Nous indiquerons l’autre, et peut-être ses résultats paraîtront-ils nouveaux et curieux. Le climat est la première de ces deux causes. Moins âpre et plus serein que celui de la Germanie et de la Gaule, non moins pur, mais moins monotone que celui de l’E´gypte, le climat de l’Inde berce avec bienveillance les habitants de cette contrée dans sa riante variété. Le monde matériel s’y montre poétique, et cette poésie du monde matériel pénètre dans l’ame qui s’en empare, et la reproduit non moins brillante et plus fantastique. Sans doute les prêtres ont exercé leur pouvoir pour empoisonner ces présents du ciel ; mais ils ont, en partie au moins, échoué devant la nature ; ils ont eux-mêmes cédé quelquefois à son ascendant : leurs symboles sont devenus moins sévères, leurs chants plus harmonieux ; et, en dépit de leurs efforts, l’Indien, environné d’images qui le charment, heureux quand on lui permet de l’être, paisible quand on ne l’enivre pas d’un fanatisme qui répugne à son caractère, est demeuré bienveillant, malgré les brames qui lui commandent l’horreur contre ce qui n’est pas de sa caste ; tolérant, bien que ces brames l’aient entraîné souvent dans des guerres sanglantes, et poussé à des massacres épouvantables. Pour concevoir l’effet du climat sur les Indiens, ce sont leurs poèmes sacrés qu’il faut lire : ils revêtent de couleurs vivantes leurs dogmes les plus abstraits ; quand ils rencontrent des traditions d’une férocité trop choquante, ils les enveloppent d’une profusion d’images qui permet à peine de les entrevoir, et lorsque rien dans leur religion ne contraste avec les affections naturelles, ils les expriment avec une énergie et une tendresse qu’on ne a
Voyez tome II, pages 132–1551.
1 joue avec le ] mots dans l’interl. au-dessus de 〈se derobe au〉 NAF 18825 4 réalité qui existe encore ] réalité 〈déplorable〉 〈qui existe〉 encore 〈subsistan〉 présente les mots à partir de 〈qui existe〉 dans l’interl. au-dessus de 〈deplorable〉 NAF 18825 10 Gaule ] Gaule 〈plus〉 NAF 18825 12 Le monde ] 〈tout〉 le monde NAF 18825 13 poétique ] 〈éclatant &〉 poétique NAF 18825 14 non moins brillante ] 〈non moins〉 aussi brillante NAF 18825 20–21 répugne ] répugne au-dessus de 〈est étranger〉 NAF 18825 22 ce qui ] tout ce qui NAF 18825 29 ne contraste avec ] n’étouffe 〈exprime〉 ces mots dans l’interl. au-dessus de 〈ne contraste avec〉 NAF 18825 1
OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 126–136. BC renvoie au chap. II, «Du Climat», du livre IV.
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retrouve que dans un seul des chefs-d’œuvre de l’antiquité, et qu’on chercherait vainement dans les poé sies civilisées de nos temps modernes. Quoi de plus naïf, par exemple, et de plus gracieux que la description des courtisanes envoyées pour attirer à la cour du pieux Dascharatha le fils d’un sage retiré dans les forêts ? Son ignorance de la distinction des sexes, son étonnement à l’aspect de la taille svelte, des formes arrondies, des mouvements cadencés de ces séduisantes inconnues, leur blancheur éclatante, leurs vêtements diaphanes, le son des clochettes qui parent leurs pieds agiles, la mollesse et la rapidité de leur danse harmonieuse, les premières impressions d’un désir ignoré jusqu’alors, et qui se glisse doucement dans une ame innocente, les cieux retentissant d’ineffables mélodies, les dieux versant sur le vaisseau qui porte Rischya-Schringa et ses belles compagnes, des torrents de parfums dans une pluie de fleurs, tout est ravissant dans ce tableau a. Ce que les autres cultes de même nature présentent comme un ignoble mélange de superstition et de débauche, se transforme sous les doigts de Valmiki en une combinaison magique, où la volupté devient religieuse, et où la religion invite au plaisir. Et si nous nous transportons ensuite auprès de Dascharatha forcé d’exposer son fils aux périls de la guerre ; si nous prêtons l’oreille aux gémissements de ce vieillard blanchi sous le faix de onze mille années, et qu’engage un serment contre lequel son cœur paternel réclame ; si nous le voyons se jeter aux pieds du puissant Wischwamitra, lui demandant grace, en répétant mille fois ce refrain touchant : «Rama, mon bien-aimé, est ma vie, mon appui, mon trésor suprême. Je ne puis vivre sans Rama. Comment affronterait-il les monstres à dix têtes ? O sage ! ne m’enlève pas Rama b,» a
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O mon divin père, dit Rischya-Schringa à Vibandouka qui l’interroge, de jeunes hommes au regard enchanteur, sont venus près de moi. Ils ont pressé contre ma poitrine des globes d’une forme surprenante, beaux à voir et doux à toucher, qui décorent leur sein. Ils ont em preint sur mes lèvres des baisers embaumés. Ils m’ont chanté des airs qui m’ont enivré, et se balançant en cadence, ils m’ont captivé par mille attitudes variées et irrésistibles. (Ramayan, liv. I, sect. 91.) Ramayan, liv. I, sect. 20. Nous ne citons point l’épisode charmant de la mort de Yajnatabada, parce qu’il est connu de tous les hommes instruits ou curieux, par l’élégante traduction de M. Chézy2.
2–3 Quoi de plus ] Rien de plus NAF 18825 6 aspect de la taille ] aspect 〈des form〉 de la taille NAF 18825 11 une ] 〈cette〉 une NAF 18825 les cieux ... mélodies ] phrase notée dans la col. de gauche NAF 18825 14 de même nature ] à ce niveau, dans la col. de gauche un ] une NAF 18825 32–34 Nous ne Commencement de la 13e feuille NAF 18825 citons ... Chézy ] note dans la col. de gauche NAF 18825 33 de tous les hommes ... curieux ] passage apposé en fin de note NAF 18825 1 2
Ramayuna, p. 87. BC cite l’édition d’une partie du Ramayana par Antoine-Léonard de Chézy, Yajnadatta-
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nous placerons sans hésiter ces passages, l’un à côté de la description célèbre de cette ceinture de Vénus où réside le charme amoureux, et le désir, et le doux langage, et la flatteuse prière qui triomphe de la sagesse elle-même a ; l’autre auprès des adieux d’Hector et d’Andromaque, ou des lamentations de Priam. En général, la comparaison du Ramayan avec l’Iliade, sous le rapport littéraire, philosophique et religieux, serait une entreprise singulièrement instructive et curieuse. La haine des prêtres, caractère distinctif des héros et des rois grecs, et la vénération sans bornes des Indiens pour leurs brames, le contraste de la poésie simple et sublime d’Homère, avec l’imagination exubérante de Valmiki, la similitude des événements et la différence des mœurs, jetteraient sur les modifications que les circonstances et les époques impriment à l’espèce humaine un jour que nous pouvons à peine soupçonner encore. Le premier livre du Ramayan nous présente un récit semblable dans ses détails, bien qu’opposé dans ses résultats à celui qui commence le second chant de l’Iliade. Jupiter envoie un Songe trompeur vers Agamemnon, pour l’engager à conduire les Grecs au combat. Wichnou, voulant s’incarner dans le sein de Kouscha-Lya, porte à Dascharatha, son époux, le breuvage qui doit préparer la fécondité miraculeuse. Mais la description du messager céleste est laconique dans le poète grec : le maître des dieux fait venir le Songe, lui parle ; le Songe vole près du fils d’Atrée, remplit sa mission, et disparaît b. L’auteur, impatient d’action, supprime tous les ornements qui l’arrêteraient. Le poète indien se délecte, au contraire, dans le tableau développé de tout ce qui rappelle la splendeur divine. Certain de plaire à ses lecteurs, il leur peint avec complaisance l’être surnaturel qui a b
Iliade XIV, 2141. Iliad. II, v. 62.
1–4 l’un à côté ... l’autre auprès ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 6-p. 236.6 En général, la comparaison ... avec son époux. ] La comparaison tout le passage qui suit constitue une seule note dans le ms. [«avec son époux.»]. Il s’agit en tout de 9 feuillets NAF 18825 9 et la vénération ... brames, ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 12 mœurs ] dans la col. de gauche, à côté de 〈circonstances〉 sous l’annotation suite de la note et au-dessus de Commencement de la 13e feuille NAF 18825 24 Certain ] 〈il est〉 certain NAF 18825 26 Iliade ... 214. ] manque NAF 18825 27 Iliad. ... 6. ] note dans la col. de gauche NAF 18825
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bada, ou la mort d’Yadjnadatta, épisode extrait du Ramâyana, poème épique sanscrit, donné avec le texte gravé, une analyse grammaticale très détaillée, une traduction française, et des notes, par A. L. Chézy, Paris : F. Didot, 1826. Il possède cet ouvrage dans sa bibliothèque (voir le Catalogue). BC résume les vers 214–217 du chant XIV. Le rêve trompeur est envoyé par Zeus à Agamemnon pour le décider à s’engager le lendemain dans la bataille contre les Troyens.
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descend des cieux. «Du sein de la flamme qui s’agite sur l’autel du sacrifice, au milieu des mélodies célestes qui remplissent les airs, s’éleva toutà-coup un être surnaturel, d’incomparable éclat, de taille incommensurable, vêtu d’une pourpre éblouissante, puissant, héroïque, irrésistible : son visage était noir, ses yeux brillaient d’un feu sans pareil : ses cheveux et sa barbe, d’une couleur azurée, ombrageaient sa poitrine et ses épaules de touffes luisantes ; il égalait en hauteur les montagnes à cime escarpée, en force le tigre majestueux : sa forme, semblable au soleil, resplendissait comme la flamme brûlante : dans ses muscles nerveux se déployait la vigueur du lion. Ses mains étaient couvertes d’ornements variés : vingt-sept perles entouraient son cou : ses dents ressemblaient au roi des étoiles qui darde partout ses rayons lumineux ; il pressait sur son sein, comme une épouse chérie, l’urne d’or, aux bords argentés, remplie de la payousa divine, ambroisie des immortels. S’approchant de Rischya-Schringa : «Vois en moi, lui dit-il, l’émanation de Brama ; prends ce breuvage, et que Dascharatha le reçoive de tes mains a.» La même différence entre la poésie homérique et la poésie indienne se reproduit dans un épisode du Ramayan, assez analogue à celui de Briséis, si ce n’est que dans l’Iliade il s’agit d’une captive, et dans le Ramayan de la vache Sabala. Deux vers suffisent à Homère pour raconter le départ de la jeune prisonnière b, dont la douleur muette n’est rappelée que long-temps après. Valmiki en consacre quatorze à peindre Sabala plaintive à-la-fois et menaçante : «Sabala, enlevée par le monarque aux projets audacieux, médite solitaire, en pleurant, pleine de désespoir. Comment suis-je oubliée par le pénitent aux paroles puissantes, et traînée victime outragée par les serviteurs d’un roi ? Qu’ai-je fait au prophète, dont la vue perce le secret des choses, pour que le sage, exempt de souillures, m’abandonne ainsi, moi fidèle ? Et méditant, et méditant de nouveau, elle s’élance, renversant par milliers les gardiens profanes, et court, plus rapide que le vent, au seuil de l’ermitage. Elle arrive, tourmentée d’angoisse et baignée de larmes, et mugit aux pieds du saint homme des lamentations amères. Tu me délaisses, ô bienheureux, a b
Ramayan, liv. I, sect. 141. Iliad. I, 345, 346.
7 les montagnes à cime escarpée ] 〈la cime escarpée d’une〉 montagne NAF 18825 12 il pressait ... chérie ] passage dans la col. de gauche, à la place d’un passage barré 〈il portait dans son sein une〉 〈il pressoit sur〉 cette corr. dans l’interl., suivi de l’urne l’article récrit sur la dernière voyelle de l’article indéfini NAF 18825 17 homérique ] 〈indienne〉 homérique NAF 18825 31 de larmes ] de pleurs NAF 18825 33 Ramayan ... 14. ] manque NAF 18825 34 Iliad. ... 346. ] note intégrée au corps du texte dans le ms. NAF 18825 1
BC traduit un passage du Ramayuna, pp. 128–129.
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savant dans les Vèdes, riche d’austérités, fils de Brama, tu délaisses ton humble compagne : » et le sage lui répond comme à sa fille d’adoption, comme à sa sœur chérie a. Nous n’indiquons ici que quelques détails ; mais ces détails tiennent à un ensemble : ils démontrent le caractère opposé des deux genres de poésie. L’homérique est toute en dehors, ardente, avide de mouvement, serrée dans celles de ses descriptions qui ne sont pas indispensables à l’action ellemême, plus narrative que lyrique, adaptée aux récits des faits plus qu’au vague de la rêverie, en conséquence peu religieuse, et consacrant la religion aux usages terrestres, au lieu de l’élever au-dessus de la sphère de l’humanité. L’indienne, essentiellement méditative, ne s’occupe des objets qui l’entourent que pour les attirer à elle, les absorber, pour ainsi dire, se les identifier ; on voit dans ses descriptions souvent trop prolongées, dans ses répétitions trop fréquentes, dans l’accumulation d’épithètes confuses, incohérentes, qui tendent, par leur harmonie, a` faire naître l’émotion, plutôt qu’à peindre les objets extérieurs, qu’elle n’attribue à ces derniers qu’une réalité relative, et que la réalité véritable est pour elle au fond de l’ame, qui toujours aspire à s’unir à Dieu. Cette disposition rend la poésie de l’Inde éminemment religieuse. Le mouvement l’importune, la contemplation l’enchante ; elle n’est heureuse, elle ne se trouve dans son atmosphère qu’avec cette fille du repos ; elle ne s’en éloigne jamais qu’à regret, et par là même avec un certain effort : moins l’action est son élément, plus elle emprunte dans ses récits des couleurs tranchées, des formes gigantesques : en s’écartant de sa nature, elle se fait violence, et cette violence lui imprime quelque chose de convulsif et de désordonné. Elle revient néanmoins sans cesse à sa douceur native ; elle s’efforce d’adoucir les traditions féroces qui la révoltent. Le roi Ombourischa veut a
Ramayan, liv. I, sect. 421.
6 avide de ] 〈cherchant partout l’action & le〉 avide de dans l’interl. NAF 18825 11–13 ne s’occupe ... identifier ; ] ne se précipite point, comme sa rivale, sur les objets qui l’entourent. Elle les attire à elle lentement, les absorbe 〈en elle〉 pour ainsi dire, se les identifie NAF 18825 13–18 on voit dans ses ... à Dieu. ] Ses descriptions sont longues, ses épithètes accumulées, quelquefois confuses. elles peignent plutot l’impression produite par les objets que les objets mêmes, parce que c’est à ces impressions plus qu’à leur cause extérieure que le génie indien attribue la véritable réalité NAF 18825 19 l’importune ] le trouble NAF 18825 21 elle ne s’en éloigne jamais qu’à regret ] Elle s’en éloigne à regret NAF 18825 22 moins ... élément ] moins ajouté dans l’interl. l’action est ce mot récrit sur un mot illis. 〈pas〉 son élément NAF 18825 23 dans ses récits ] suit pour la peindre NAF 18825 25 de convulsif et de désordonné. ] ces deux syntagmes intervertis NAF 18825 26–27 Elle revient ... d’adoucir ] Toutefois, même dans ses ecarts on la voit s’efforcer d’adoucir NAF 18825 28 Ramayan ... 42. ] manque. A la place, le passage suivant Nous reviendrons à la fin du chapitre sur cet épisode du Ramayan que nous aurons à envisager sous un autre aspect NAF 18825 1
Traduction d’un passage du Ramayuna, pp. 324–325.
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immoler une victime humaine : Indra l’enlève du bûcher sacré. Le roi persiste. Un brame indigent lui vend un de ses fils pour des millions de l’or le plus pur, des monceaux de diamants et cent mille vaches. L’infortuné rencontre Wischwamitra livré à ses austérités saintes. Le cœur plein d’angoisse, il se jette aux pieds de l’illustre pénitent. «Il n’y a plus pour moi, ditil, ni père qui me protége, ni mère caressante, ni ami fidèle, ni compagnon sur la terre. O toi que des douleurs volontaires ont doté d’une divine énergie, sauve un malheureux sans espoir ; que le sacrifice du roi s’accomplisse, et pourtant que je vive.» Wischwamitra, touche´ de compassion, ordonne à ses enfants de remplacer l’étranger qui l’implore : ils refusent, et ses malédictions en font des Parias immondes. Se tournant ensuite vers le suppliant : «Récite, lui dit-il, à l’instant d’être consacré comme victime, ce Mantra a puissant que je te communique, agréable louange en l’honneur d’Indra et des autres dieux.» La cérémonie commence, les dieux s’approchent avec avidité pour y prendre part ; mais la victime entonne l’hymne mystérieux, et Indra charme´ la délivre, en accordant au roi le fruit du vœu dont il empêche l’accomplissement : Tout dans ce récit a son importance. Le poète ne se permet aucun blâme : l’immolation d’une victime humaine lui semble un acte vertueux : la victime elle-même ne veut point que le sacrifice soit interrompu : le prince est récompensé de son intention pieuse. L’influence sacerdotale se manifeste ici tout entière b ; mais le caractère indien, qui n’ose lutter contre cette influence, l’élude et triomphe en conciliant le mérite du sacrificateur et le salut de la victime c. Ce que nous connaissons du Mahabarat appuierait nos assertions de nouvelles preuves. Plusieurs parties de cette épopée ont avec l’Odyssée des rapports frappants. Les voyages de Bhima ont de l’analogie avec les longues courses d’Ulysse ; et l’épisode du géant Hidimbo, monstre anthropophage, ressemble à celui de Polyphème. Mais partout le poète indien mêle aux aventures bizarres qu’il raconte, des sentiments plus doux et plus profonds que le poète grec. a b
c
Prière ou hymne en honneur des dieux. Nous prouverons, dans un livre suivant, que la prolongation des sacrifices humains fut dans tous les pays l’œuvre exclusive du sacerdoce1. Ramayan, liv. I, sect. 482.
6 qui me protége ] protecteur NAF 18825 13 communique ] donne NAF 18825 15 avec avidité ] 〈avides comme ceux〉 NAF 18825 24 du Mahabarat appuierait ] appuyerait au besoin NAF 18825 de nouvelles preuves ] manque NAF 18825 25 avec l’Odyssée des rapports frappants ] de grands rapports avec l’Odyssée NAF 18825 26–28 Les voyages ... Polyphème. ] les deux syntagmes intervertis NAF 18825 26 de l’analogie ] assez d’analogie NAF 18825 30 en honneur ] en eloge NAF 18825 33 Ramayan ... 48. ] manque NAF 18825 1 2
Voir le livre XI, chap. II, «Des sacrifices humains» (t. IV, pp. 208–246). BC résume l’histoire d’Umbourischa en citant des passages du Ramayuna, sections 48 et 49.
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L’amour de la sœur d’Hidimbo contraste avec la brutale férocité de son frère, tandis que rien n’adoucit le tableau moitié burlesque et moitié repoussant du sauvage Cyclope : et le dévouement filial et fraternel de Bhima est peint sous des couleurs beaucoup plus touchantes que le respect un peu froid de Télémaque envers Pénélope, et même que la réunion si long-temps retardée de cette reine avec son époux. Un caractère analogue se manifeste dans toutes les cérémonies et dans tous les rites. La célébration du mariage retrace l’alliance de l’homme avec la nature, soit animée, soit inanimée. C’est au nom de l’eau désaltérante, du feu purifiant, de l’air qui régénère, et des dieux qui résident dans les éléments, que la jeune épouse est remise à son époux avec ces paroles : «Que toutes les divinités rassemblées enchaînent vos cœurs l’un à l’autre ; que l’eau, l’air, le feu vous unissent, et soyez surtout unis par l’amour, par l’amour, enivrant breuvage. Trois breuvages enivrants se tirent du grain, du lait et des fleurs de Brama ; le quatrième, c’est la femme. Ils enivrent par leurs fumées, elle par ses regards. Cette vierge, c’est l’amour qui la donne, c’est l’amour qui la reçoit. Sama, qui dirige la lune argentée, la confia jadis à un Gandharba qui brillait dans les chœurs célestes ; le Gandharba la remit au dieu du feu ; le dieu du feu te la cède, et avec elle la richesse et une nombreuse postérité. Soleil qui présides aux divines harmonies, rayons éclatants, nymphes du soleil, étoiles brillantes, nymphes de la lune, pluies fécondes, nymphes de l’air, et vous hymnes sacrés, nymphes de l’intelligence, protégez ce couple heureux. Charmante Sarasvati, par qui furent créés tous les éléments, sanctuaire où se développèrent les germes de l’univers, entends le chant nuptial, gloire des épouses. Sois ma compagne, dit à son tour l’époux, en versant sur la tête de la vierge l’eau qui chasse toutes les souillures, sois ma compagne, l’haleine de mon haleine, l’os de mes os, l’essence de mon essence ; que nul ne brise nos liens. J’invoquais la déesse du bonheur, et tu es cette déesse. Je suis le Sama-Vède, et toi le Rig-Véda. Je suis le soleil, et tu es la terre. E´cartons par cette eau, douée d’une énergie merveilleuse, les sinistres présages qui pourraient se cacher dans tes sourcils et dans tes cheveux, tout ce qui participerait du péché dans tes paroles ou dans tes sourires, tout ce qui serait impur dans tes mains gracieuses, dans 2–3 moitié burlesque et moitié repoussant du ] qu’Homère nous présente de son NAF 18825 7–8 Un caractère ... tous les rites. La ] Cette poésie se repand sur toutes les cérémonies & sur tous les rites. 〈Dans〉 la NAF 18825 8 retrace ] dans la col. de gauche retrace de nouveau NAF 18825 10 les ] ces NAF 18825 14 du grain ] du 〈lait du〉 grain NAF 18825 16 leurs fumées ] leurs 〈rayo〉 fumées NAF 18825 18 chœurs ] la source porte murs faute corrigée dans l’Errata 21 étoiles brillantes, nymphes ] etoiles dans l’interl. au-dessus de 〈feux〉 scintillantes, nymphes au-dessus de 〈rayons〉 NAF 18825 31 qui pourraient se cacher ] manque NAF 18825
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tes pieds légers et dans tes appas les plus secrets. Fille du soleil, monte sur ce char semblable à la fleur de l’heptaphylle a, teint de couleurs variées, éclatant comme l’or. Source de l’ambroisie, répands la prospérité sur ton époux ; que tout soit gai, que tout soit caressant, que tout soit plaisir et joie.» Le prêtre enfin vient commander aux dieux d’une voix solennelle : Air, feu, lune, soleil, expiateurs du mal, éloignez toutes les taches qui terniraient la beauté de cette vierge, tout ce qui en elle nuirait à son époux. Femme, je bannis loin de toi les périls, les obstacles, les enchantements des mauvais génies, tout ce qui menacerait ton bien-aimé, ta race, tes troupeaux, tes biens et ta renommée. Amenez ici la vache du sacrifice ; autrefois immolée, qu’elle soit aujourd’hui mise en liberté à la prière de la jeune épouse ; ne tuez pas la vache innocente, la mère des Rouddras, la fille des Vasous, la sœur des Adityas, celle qui nous prodigue des flots d’un lait délicieux ; ôtez-lui ses liens, qu’elle foule à son gré l’herbe de la prairie, se nour risse des plantes salutaires, et boive à longs traits l’onde pure du fleuve sacré b. Ces cérémonies si poétiques sont entremêlées, il est vrai, de pratiques obscènes : l’image du Lingam blesse les regards ; le prêtre offense la pudeur virginale en portant ses mains indiscrètes sur l’organe de la reproduction que doit oindre une huile bénite ; et c’est vraisemblablement de l’Inde qu’était venu à Rome, dans les derniers temps d’une république corrompue, l’usage révoltant qui forçait la nouvelle mariée à sacrifier a` de hideux simulacres les prémices de la virginité qu’elle devait perdre. Mais ici encore c’était le génie sacerdotal, abusant de l’idée du sacrifice c, et poursuivant de ses lois bizarres l’espèce humaine esclave jusque dans ses affections et dans ses plaisirs. a b c
Le cotonnier. Extraits des Yajour et du Sama-Vède1. Nous traiterons, dans un livre suivant, des rites licencieux introduits dans les religions sacerdotales par l’idée du sacrifice2.
8 les obstacles ] suit 〈tout ce qui〉 NAF 18825 13–14 d’un lait délicieux ] dans l’interl. d’un lait 〈pur〉 délicieux au-dessus de 〈d’ambroisie〉 NAF 18825 17 Ces cérémonies ] 〈sans doute〉 ces ceremonies NAF 18825 le feuillet commence par un passage biffé 〈Cette poésie se repand sur les rites religieux. rien par exemple n’égale le charme de leurs cerémonies nuptiales〉 NAF 18825 si poétiques ] mots ajoutés dans la col. de gauche NAF 18825 entremêlées, il est vrai ] dans l’interl., au-dessus de 〈troublées〉 NAF 18825 18–20 le prêtre ... huile bénite ; ] passage noté dans la col. de gauche Le prêtre ... bénie. NAF 18825 23 de la virginité ] 〈du trésor〉 de la virginité corr. dans l’interl. NAF 18825 27 Le cotonnier ] l’arbre du coton NAF 18825 1
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Montage de citations tirées des deux versions des Yahur Veda et du Sama Veda, probablement d’après les traductions de William Jones pour les premiers et de Rammohan Roy pour le second texte (voir ci-dessous p. 580). Voir De la Religion, t. IV, livre XI, chap. IV.
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La philosophie même, dans ses spéculations les plus téméraires, se ressent de l’influence bienfaisante du climat. Opposez le panthéisme de l’Inde à celui de la Chine ou du Thibet. Le panthéisme chinois ne nous offre qu’une force aveugle et muette ; le mécanisme domine dans les méditations religieuses comme dans l’organisation politique. On dirait les débris ossifiés d’un monde qui n’est plus, et dont les formes gigantesques, en excitant l’étonnement, ne présentent que l’idée de la mort. Dans l’Inde, au contraire, on ne sait quoi de vivant échappe à la compression sacerdotale ; d’ingénieuses images, tout en attestant l’identité de dieu et de l’ame, profitent de la différence momentanée pour encourager l’homme au perfectionnement. «Deux oiseaux habitent sur le même arbre : l’un dévore ses fruits ; l’autre, sans y toucher, contemple et attend son compagnon. L’un est dieu ; l’autre est l’ame enfermée dans le corps ; elle est le jouet des illusions, et déplore sa propre impuissance. Mais quand elle découvre celui qui habite avec elle, l’union s’opère, éternelle et intime, et l’ame est délivrée de toute erreur et de toute souffrance.» Il y a de l’individualité dans les combinaisons, malgré la doctrine qui proscrit l’individualité ; et la merveilleuse diversité des formes les soustrait à l’unité exclusive, à la quelle la logique et le dogme essaient de tout réduire. La seconde circonstance qui distingue la religion indienne de toutes les croyances soumises aux prêtres, c’est la théorie des incarnations ; théorie qu’à la vérité toutes ces religions consacrent, mais dont aucune n’a fait l’emploi qu’on remarque aux Indes. Cette théorie, inculquée d’abord par le sacerdoce pour son avantage, a réagi plus tard contre lui. Telle que les Indiens la conçoivent, elle n’a rien de déraisonnable a. Dès qu’on admet, disent-ils, un pouvoir bienveillant qui a créé l’homme pour le a
Nos missionnaires, en dirigeant contre cette notion toute la force de leur logique, ont, plus d’une fois, été beaucoup plus loin qu’ils n’auraient voulu. Dans le Chama-Vède, ouvrage apocryphe, composé probablement par un jésuite, fondateur de la mission de Madoure en
1–2 se ressent ] se ressent 〈aux Indes〉 NAF 18825 3 ou du Thibet. ] dans l’interl. Suit un passage non repris dans l’imprimé Le mouvement, la vie, une sympathie animée & touchante entre l’homme & tous les êtres brillent dans le premier. 〈Le second〉 NAF 18825 5 On dirait ] Ce sont dans l’interl. au-dessus de 〈on dirait〉 NAF 18825 6 et dont les ] ses dans l’interl. au-dessus de 〈et dont les〉 NAF 18825 7 ne présentent que l’idée de la ] mais leur immobilité nous revele qu’elles sont frappées de dans l’interl. et la col. de gauche, au-dessus de 〈ne présentent que l’idée de la〉 NAF 18825 8 échappe à la compression sacerdotale ] se fait jour de toutes parts dans l’interl., au-dessus de 〈échappe à la compression sacerdotale〉 NAF 18825 8–16 d’ingénieuses images ... toute souffrance.» ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 9–10 profitent de la ] adoucit ses NAF 18825 10 pour encourager ] qui encouragent NAF 18825 12 compagnon ] la source porte conpagnon REl3 12– 13 L’un est dieu, l’autre est l’ame ] les deux syntagmes intervertis NAF 18825 18 les ] se NAF 18825 19 réduire. ] suit une note tout en bas à gauche du feuillet donné 10 pages à copier NAF 18825 20 croyances ] suit 〈sacerdotales〉 NAF 18825 21–23 théorie ... aux Indes. ] manque NAF 18825 27-p. 238.27 Nos ... chrétienne-] note inscrite dans la col. de
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perfectionner et le rendre heureux, de quel droit refuser à ce pouvoir le choix des moyens qui tendent vers ce but ? Quand la corruption ou l’ignorance égarent l’œuvre de ses mains, comment lui interdire, dans son indulgence et dans sa pitié, l’envoi de quelque émanation de lui-même pour rouvrir à la terre la route des cieux ? En reconnaissant le miracle de la création, vous avez renoncé à nier aucun miracle. L’absurdité ne commence, que lorsqu’on circonscrit à des pays ou des temps déterminés cette action d’une providence bienfaisante ; elle se renouvelle toutes les fois que le monde en a besoin, et le monde, ajoutent-ils, en a besoin sans cesse a. Cette doctrine se retrouve partout dans les Pouranas. La terre se plaint de ce qu’elle est prête à retomber dans l’abîme, sous le poids de l’iniquité ; les dieux gémissent sous l’oppres sion des mauvais génies. Wichnou les console en leur promettant un sauveur qui brisera cette tyrannie. Ce sauveur naîtra, dit-il, parmi les bergers et dans la cabane d’un berger ; et par un raffinement qui tient à des notions dont nous n’avons point à nous occuper ici, ce sauveur s’incarnera dans le sein d’une vierge. Pour écarter les objections spécieuses que des récits bizarres, quelquefois scandaleux, pourraient suggérer aux censeurs difficiles, les Indiens supposent qu’une fois incarnée, la divinité s’ignore elle-même : sujet à toutes les erreurs, à tous les vices, à toutes les infirmités, partage malheureux de
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1620 (Robert de Nobilibus ou de Nobilis, proche parent du pape Marcel II et neveu du cardinal Bellarmin) ; dans le Chama-Vède, disons-nous, l’auteur enseigne que l’Eˆtre-Suprème ne s’incarne jamais ; qu’il n’a jamais eu de commerce avec les femmes, et que c’est une impiété de le dire et de le penser. Mais, demande l’écrivain anglais de qui nous empruntons ces détails, si le missionnaire parvient à convaincre son disciple, n’éprouverat-il pas quelque embarras pour lui faire adopter ensuite les mystères de la foi chrétienne ? (As. Res. XIV1.) Voyez la phrase du Bagavadam, citée page 109 de ce volume2. Toutes les fois que la vertu perd sa force, et que le vice ou l’erreur dominent, j’accours, dit aussi Crischna, pour protéger la justice, punir les pervers, et rendre au bien l’énergie qui l’abandonne. (Bhag. Gita.)
gauche NAF 18825 4 de lui-même ] suit 〈sur la terre〉 NAF 18825 rouvrir ] 〈lui〉 rouvrir NAF 18825 5 à la terre ] dans l’interl. NAF 18825 13 qui brisera ] qui 〈s’incarnera pour〉 briser NAF 18825 14–16 par un ... s’incarnera ] par un ... notions qui〈e nous expliquerons dans la suite〉 seront 〈plus tard〉 d’ailleurs expliquées, ce passage dans la col. de gauche 〈& les Bouddhistes l’annoncent〉 ils ajoutent qu’il s’incarnera NAF 18825 17 spécieuses ] dans l’interl. NAF 18825 18 censeurs ] dans l’interl. au-dessus de 〈esprits〉 NAF 18825 20 partage ] dans l’interl. au-dessus de 〈resultat〉 NAF 18825 25 si ] 〈lorsque〉 si NAF 18825 28–31 Voyez ... Gita.) ] note dans la col. de 27 As. Res. XIV.) ] manque NAF 18825 gauche ; les mots dit aussi Crischna manquent NAF 18825 1
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Allusion à l’étude déjà citée (voir ci-dessus, p. 200, n. 1) de Francis Ellis, «Account of a Discovery of a Modern Imitation of the Vedas», Asiatick Researches, t. XIV, 1822, en particulier à la note II, pp. 56–59. Voir ci-dessus, p. 179.
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l’esprit uni avec la matière, le dieu qui s’incarne perd la conscience de sa nature. Il s’identifie avec la forme qu’il a revêtue. L’action du présent efface en lui la mémoire du passé a. Ainsi Brama devient un Tchandala impur, qui se nourrit long-temps par le vol et le meurtre : mais rappelé tout-à-coup à son essence divine par les invocations de deux pénitents et le mérite de ses austérités, ce vil paria s’élève au premier rang des inspirés et des poètes. Il explique les Vèdes, et les plus sages s’humilient devant ses interprétations merveilleuses. Il prend la lyre, et les échos retentissent des chants harmonieux du Ramayan, et la terre s’instruit et se corrige en apprenant de Valmiki l’histoire de Wichnou, descendu déja sept fois parmi les mortels : et prenant enfin son vol vers le ciel, ce Valmiki, devenu poète, cet être immonde régénéré, dont le nom, jadis un objet d’horreur, en est un maintenant de vénération et d’enthousiasme, c’est Brama, expiant un orgueil téméraire, et se condamnant à célébrer Wichnou. De même Wichnou incarné, comme Balaramen ou Bala-Rama, ne se souvient qu’il est un dieu, que lorsque, destructeur des géants, il arrache l’espèce humaine au culte sacrilége que ces géants lui avaient imposé b. a
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Cette notion singulière est une des principales causes de l’obscurité qui couvre la mythologie indienne. L’on ne sait jamais si l’incarnation agit en sa qualité d’homme ou d’être céleste ; et, ce qui est encore plus inexplicable, la connaissance de sa nature divine ne change rien à ses relations avec les habitants de la terre. Lorsque, dans le Ramayan (liv. I, sect. 62), un autre Rama, qui n’est pas le héros du poème, vient attaquer ce dernier, Dascharatha, son père, est saisi de crainte ; il supplie l’agresseur de ne pas tuer son fils : et quand cet agresseur, reconnaissant l’adversaire qu’il a imprudemment défié, pour une émanation de Wichnou, se jette à ses genoux, et implore sa pitié, Dascharatha n’en continue pas moins à voir dans Rama son fils bien-aimé, à trembler pour sa vie chaque fois qu’il affronte un nouveau péril, et à se réjouir chaque fois qu’il évite, par sa vaillance et sa force, une mort imminente1. SONNERAT, I, 139–1402.
1 esprit uni ] 〈l’union de〉 l’esprit uni ce dernier mot dans l’interl. NAF 18825 3 devient ] se change dans l’interl. au-dessus de 〈devient〉 NAF 18825 4–5 mais rappelé ... divine ] passage barré dans le ms., qui porte dans l’interl. retiré ensuite de cet abyme de 〈perversité〉 corruption NAF 18825 8 échos ] 〈cieux〉 NAF 18825 11 mortels : ] la source porte mortels, faute corrigée dans l’Errata 11–14 et prenant ... célébrer Wichnou. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 15 ne se souvient ] n’apprend NAF 18825 16 arrache ] à ce niveau, note dans la col. de gauche commencement de la 14e feuille NAF 18825 18–28 Cette ... imminente. ] note dans la col. de gauche NAF 18825 18–19 couvre ... indienne ] règne dans 〈la〉 cette mythologie 〈de ce peuple〉 NAF 18825 19–20 ou d’être céleste ] ou en sa qualité d’incarnation NAF 18825 27 réjouir ] suit aussi NAF 18825 qu’il évite ... et sa force ] qu’il échappe par ses exploits à NAF 18825 1 2
BC résume ce qui est raconté dans la section 63 du Ramayuna. Pierre Sonnerat, Voyage aux Indes orientales et à la Chine, fait par ordre du Roi depuis 1774 jusqu’en 1781, Paris : chez l’Auteur, Froulé, Nyon, Barrois, le jeune, 1782, 2 vol.
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Cette théorie des incarnations s’est prolongée dans l’Inde jusqu’à nos jours. Les Sikhs, secte de déistes qui soutinrent durant quatre siècles des guerres sanglantes à-la-fois contre les orthodoxes et les mahométans a, regardent Govindsinh, qui remporta de grandes victoires au profit de leur croyance, comme le dixième avatar ; or, Govindsinh mourut au commencement du dix-huitième siècle.
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L’origine et les progrès de cette secte, fondée par Nanac, vers l’an 1590, sont racontés d’une manière fort authentique et fort intéressante par le colonel Malcolm, dans les Recherches asiatiques. (Tom. XI, p. 197, 2921.) Le passage de l’esprit pacifique et tolérant à l’esprit guerrier et persécuteur, à mesure que les chances de succès nourrissent les espérances, ou que les cruautés des adversaires enflamment les haines, est curieux à observer. C’est une preuve que toutes les fois que les opinions prennent un corps, arborent un étendard, revêtent en un mot ce que nous avons nommé une forme, leurs dangers sont les mêmes, quelle que soit leur nature. Rien de plus pur, de plus doux que le théisme de Nanac. Il repose, comme le christianisme primitif, sur une bienveillance universelle et une parfaite égalité. Rien de plus révoltant que les barbaries exercées au nom de ce théisme par Hargovind, cinquième successeur de Nanac, son fils Tegh-Bahadur, son petit-fils Govindsinh, et surtout le compagnon d’armes et de croyance de ce dernier, le fanatique Banda, qui, après avoir versé des torrents de sang, égorgea son fils de sa propre main, sans répandre une larme, et mourut déchiré par des tenailles ardentes, sans pousser un cri. L’histoire de cette secte nous aurait fourni, si nous l’avions cru nécessaire, une démonstration surabondante de l’attachement des Indiens au polythéisme, puisqu’elle nous montre ce même Govindsinh, qui était toujours prêt à faire prévaloir le théisme par le glaive et l’incendie, forcé néanmoins à des concessions nombreuses envers les traditions mythologiques et les anciennes divinités, que ses sectateurs refusaient d’abjurer.
2 déistes ] suit 〈Indiens〉 NAF 18825 4 Govindsinh ] a` ce niveau, note dans la col. de 22–23 toujours ] manque NAF 18825 gauche Commencement de la 13e feuille NAF 18825
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Dans cette édition, p. 165, Sonnerat relate ceci : «La septième [incarnation de Wichnou] fut encore en homme, sous le nom de Balapatren. Dans cette incarnation, Balapatren ignoroit qu’il fût une partie de Vichenou ; il vécut dans la solitude & la pénitence, se bornant à détruire sans éclat les méchans qu’il rencontroit. Il purgea la terre d’une quantité de Géans, parmi lesquels on distingue Vroutarassourer, qui par ses cruautés avoit forcé les hommes à le déifier, & à lui adresser les offrandes & les sacrifices destinés aux Dieux.» BC résume l’étude du Brigadier-Général Malcolm, «Sketch of the Sikhs», Asiatic Researches, t. XI, 1812, pp. 197–292. John Malcolm (1769–1833), un ami de James Mackintosh, servait dans l’armée britannique dans le Pundjab. BC, lecteur assidu de tous les numéros des Asiatic Researches, souligne surtout dans sa paraphrase ce qui est dit sur Nanac, Har Govind et les supplices des sectateurs, dont il est question aux pp. 217 et 239. BC parle aussi des réflexions sur la religion des sikhs, qu’on lit dans la troisième partie de l’essai.
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Si maintenant on réfléchit aux conséquences directes et nécessaires de ce principe fondamental de la religion indienne, on le trouvera très-favorable à la marche progressive de cette religion. Il prépare l’imagination à contempler de nouveaux prodiges, et l’entendement à recevoir des doctrines nouvelles. Il représente le dogme comme n’étant jamais fixé définitivement, et laisse toujours au-dessus de la loi présente un espace vide où peut apparaître une loi meilleure. Chaque incarnation, nous l’avons déja dit a, est une époque d’amélioration et de réforme. Le savant Creutzer et son traducteur habile ont eu le sentiment de cette vérité b ; mais ils l’ont, ce nous semble, obscurcie ou faussée. A les entendre, les incarnations seraient ou des systèmes originairement différents, ou les débris d’un système unique, ouvrage du temps et du génie, sorte de catholicisme antique et primitif, dissous et déchiré par le temps c. C’est une erreur. Il n’y a point eu de système unique : a b
c
Voyez ci-dessus, pag. 1091. «On ne peut s’empêcher de reconnaître dans la religion de Wichnou un haut développement, tout à-la-fois poétique et moral, qui dut être le long enfantement des siècles, et le résultat d’un notable progrès dans la civilisation des peuples.» (GUIGN. p. 2182.) GUIGN. pag. 142, 1433.
3–7 Il prépare ... meilleure. ] passage noté dans la col. de gauche, à côté d’un passage barré dans la col. de droite 〈Chose singulière ! Les Brames avoient inventé les incarnations pour commander au peuple de la part des Dieux, & quelquefois pour se présenter à lui comme etant eux mêmes des natures divines : & c’est néanmoins à ce principe que sont dus les adoucissemens successifs qui placent la religion de l’Inde à un dégré plus haut que la théocratie immobile de l’Egypte ou le culte sanguinaire de la Gaule〉 NAF 18825 7 Chaque ... dit, ] 〈comme nous l’avons dit au commencement de ce chapitre〉 nous l’avons déjà dit dans l’interl. NAF 18825 8–9 et son traducteur habile ] et son habile traducteur M. Guignaud NAF 18825 10–13 A les entendre ... le temps. ] manque ; à la place, long passage dans le ms. rapporté de façon résumée dans le texte imprimé 〈les incarnations successives〉 «Il est difficile 〈de〉 dans l’interl. dit ce dernier, 〈peuvent-elles être regardées〉 de déterminer jusqu’à quel point les incarnations successives peuvent être regardées comme des époques réelles, représentant les phases diverses, les révolutions, en un mot le développement historique de la religion des Hindous. sont-ce des systêmes originairement différens, des doctrines, des sectes opposées ou distinctes ? Sont-ce les parties intégrantes d’un vaste & unique systême, ouvrage du tems & du génie, sorte de catholicisme antique & primitif, où les élémens les plus divers étaient venus se fondre en s’épurant, dans une antiquité reculée, & que des schismes, des réformes, des scissions de tout genre auroient par la suite des tems dissous & décliné ? Voila deux hypothèses contraires, qui se concilient plus ou moins avec les traditions nationales, mais dont la seconde, celle du systême unique, nous paraît de beaucoup la plus vraisemblable. NAF 18825 13 C’est une erreur. ] Nous ne sommes nullement de cet avis. 〈Nous ne pensons pas que les deux hypothèses soient contraires, parce que nous pensons qu’aucune n’est vraïe〉 NAF 18825 13 unique ] antérieur aux traditions qui l’ont défigurée NAF 18825 14 Voyez ... pag. 109. ] manque NAF 18825 15–17 «On ... 218.) ] note dans la col. de gauche NAF 18825 1 2 3
Voir ci-dessus, p. 179. Citation conforme (Livre I, chap. III). Les phrases auxquelles la note est accrochée sont composées de plusieurs morceaux d’un passage du premier chapitre du Livre I.
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il n’y a pas eu non plus simplement des sectes de doctrines différentes. Il y a eu d’abord des croyances grossières, puis des épurations successives, que la théorie des incarnations a favorisées, malgré les prêtres. L’époque de quelques-unes de ces incarnations a pu et dû être intervertie pour une raison que nous avons indiquée dans notre premier volume a. Ainsi, bien que, dans les récits indiens, la religion de Brama précède celle de Schiven b, celle-ci a dû être la plus ancienne, car elle est la moins avancée ; et celle de Brama, la plus métaphysique de toutes, a dû succéder au schivaïsme c. Mais, quelque confusion qu’ait introduite dans la chronologie mythologique ce renversement volontaire de dates impossibles d’ailleurs à déterminer avec précision, la progression des idées, des conceptions, des mythes qui les expriment n’est pas méconnaissable d. Cette progression se fait sentir jusque dans les formes des incarnations. Wichnou revêt d’abord celle d’un poisson. Bientôt, amphibie, il étend son action sur la terre et la mer : s’élevant ensuite plus haut dans le règne animal, il devient un sanglier vigoureux et redoutable ; plus tard encore, roi des animaux, il ajoute au a b c
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Pag. 172–1741. GUIGN. pag. 139–1432. En énumérant, à la page 107 du chapitre précédent3, les diverses révolutions religieuses de l’Inde, nous avons placé, suivant l’usage, le bramaïsme avant le schivaïsme, parce que nous ne voulions pas choquer les idées reçues, avant d’exposer quels étaient nos motifs pour adopter une autre chronologie, qui, du reste, porte sur les doctrines plus que sur les faits. Cette progression a donné lieu à plusieurs traditions des brames sur la manière dont les Vèdes ont été révélés ou transmis. Parmi ces traditions il en est une qui indique manifestement une refonte, revêtue d’une rédaction mythologique. Vasampayana, disciple fabuleux du fabuleux Vyasa, avait enseigné le Yayour-Vède à Yajnyawalcya. Mais cet élève refusant de prendre sa part de la culpabilité d’un meurtre commis involontairement par son maître, celui-ci ordonna de vomir ce Yayour, qu’il fit aussitôt avaler par ses autres disciples, transformés en perdrix. De là le Yayour noir ou souillé. Cependant Yajnyawalcya, dans son désespoir, invoqua le soleil. Une révélation lui fut accordée, un nouveau Yayour descendit du ciel ; c’est le Yayour blanc, qui remplaça le Yayour impur.
1 différentes ] opposées entr’elles & sources de toutes les contradictions qui nous étonnent 〈qu’on remarque encore actuellement〉 NAF 18825 2 eu ] eu 〈dans l’Inde〉 NAF 18825 7 moins avancée ] dans l’interl. au-dessus de 〈la plus grossière〉 NAF 18825 8–9 et celle de Brama ... schivaïsme. ] ce passage barré dans le ms. NAF 18825 18 Pag. 172–174. ] manque NAF 18825 21 le schivaïsme ] suit 〈& le Wichnouisme〉 NAF 18825 23 les faits ] les 〈faits〉 noms NAF 18825 23–31 Cette progression ... impur. ] note dans la col. de gauche NAF 18825 26 refonte ] refonte 〈appliquée par une fable, Vasampayana, disciple〉 NAF 18825 29 celui-ci ] ce dernier NAF 18825 30 souillé ] pollué NAF 18825 1 2 3
OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 186–187. BC réfute énergiquement l’argumentation de Guigniaut exposée aux pp. indiquées du chap. I du Livre I. Voir ci-dessus, p. 178.
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corps du lion la tête de l’homme. Sa doctrine plus douce, plus pure que celle de Schiven, atteste la marche de la civilisation. Les tentatives de Crischna contre les pratiques licencieuses a, les efforts de Buddha contre l’inégalité des castes, sont autant de pas essayés vers des institutions moins révoltantes et moins oppressives ; et ces tentatives, éludées ou proscrites par les brames, ont pourtant l’avantage d’imprimer momentanément aux esprits un mouvement salutaire ; et de les préserver de l’apathie égyptienne dans laquelle le sacerdoce s’efforce toujours de les maintenir. Malheureusement les brames ont constamment combattu l’influence salutaire des deux circonstances que nous venons d’indiquer ; et comme, dans cet univers, le bien a ses inconvénients, ainsi que le mal ses avantages, l’influence bienveillante du climat, qui comble les Indiens de tant de faveurs, a consolidé en même temps la domination sacerdotale. La lecture du Ramayan est, sous ce point de vue, d’un intérêt extrême. Tout ce que nos voya geurs nous ont raconté en blâme et en mépris, de l’asservissement des Indiens aux brames, est surpassé par ce que nous trouvons dans la grande épopée de Valmiki ; et son témoignage est d’autant plus incontestable, que c’est avec admiration qu’il rapporte les preuves du dévouement et de la soumission dont ils sont environnés. Ici c’est une ville opulente, Uyodhya b, où nul n’ose offrir à un brame moins de mille roua
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On trouve dans Goerres (II, 556–5581) des observations très-intéressantes sur la réformation projetée par Crischna, réformation qui, en remplaçant par un culte plus pur et plus doux les rites sanglants et les pratiques obscènes du schivaïsme, aurait eu pour but de procurer à l’Inde le bienfait que l’Europe a recueilli de la substitution du christianisme à la loi judaïque, bien que nous soyons loin de comparer cette loi au culte barbare et scandaleux de Schiven. Alors Crischna devrait être envisagé sous deux points de vue, comme réformateur d’un culte populaire, et comme philosophe, ayant sa doctrine occulte que le Bhaguat-Gita renferme, en la rattachant aux dénominations et aux aventures des divinités adorées par le peuple. Elle existe encore dans l’Indostan, sous le nom d’Oude, corruption manifeste du nom primitif.
9 Malheureusement ] 〈Mais il n’en est pas moins〉 vrai, malheureusement, 〈que〉 NAF 18825 l’influence salutaire ] l’action bienfaisante NAF 18825 18 preuves ] dans l’interl. au-dessus de 〈traits〉 NAF 18825 21–29 On trouve ... le peuple. ] toute cette note sous la forme d’une coupure de placard collée en bas de la col. de gauche NAF 18825 23 eu ... à ] passage noté dans la marge de gauche de la coupure, remplaçant une expression barrée illis. dans celle-ci NAF 18825 30–31 Elle ... primitif. ] la cité nommée Oude par corruption & qui existe encore dans l’Indostan. d’Esthet. 7. 375. cette note dans la col. de gauche NAF 18825 1
` l’endroit indiqué, on trouve une réflexion comparative Voir Görres, Mythengeschichte. A (religion de l’Inde, judaïsme, christianisme) sur «Crischna als Reformator, ausführend was seine Vorgänger angelegt, mildernd den alten Dienst des Mahadeva, reinere, mehrgeläuterte, religiöse Ideen verbreitend» (p. 556 ; éd. de 1935, p. 256).
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pies à-la-fois a. Là, quand le fils d’un solitaire s’approche, un roi sort de sa capitale à la tête de toute sa cour ; il y rentre, suivant modestement le saint homme à distance : la cité tout entière est parée de guirlandes ; elle étincelle de feux éblouissants, et des hymnes d’obéissance retentissent dans ses remparts b. Plus loin, Dascharatha, parlant aux prêtres qu’il emploie dans les sacrifices, leur adresse d’humbles prières ; se nomme leur serviteur, leur esclave ; fait construire, pour recevoir leurs frères étrangers ou indigènes, des milliers de tentes superbes, remplies de mets et de vins exquis. Aucun d’eux, dit le poète, n’eut à former un vœu ; tous étaient devancés par les soins du prince. Ils vantaient sans cesse avec enthousiasme la nourriture préparée pour eux suivant l’ordonnance. Ils s’écriaient : «Fils de Rhagava, comme tu nous as bien repus c ! Que la prospérité t’accompagne !» Ailleurs, ce même prince, à genoux devant les oiseaux et les poissons immolés, confesse publiquement ses péchés ; les brames les effacent, et le roi leur offre des terres immenses ; mais ils répondent : «L’étude des Vèdes est notre mission ; loin de nous les possessions de ce monde ; de légers présents, des vaches, un diamant, quelque peu d’or, voilà ce que nous pouvons accepter de toi ;» et le roi leur donne un million de vaches, cent millions de pièces d’or, quatre cent millions de pièces d’argent ; et voyant qu’il a satisfait les brames, le fils d’Ischwakou, les yeux baignés des larmes d’une joie pieuse, se prosterne à leurs pieds ; et leurs bénédictions se répandent, sous mille formes variées, sur le monarque aimé des dieux d. a b c d
Liv. I, sect. 61. Liv. I, sect. 15. Traduit littéralement. Liv. I, sect. 122. Nous aurions pu citer mille autres exemples. Dascharatha se jette aux pieds de son confesseur. (Ramayan, liv. I, sect. 11.) Les solitaires qui rendent visite à Rama ne s’occupent de lui qu’après avoir adoré Wischwamitra. (Ib. sect. 27.) Rama et ses frères,
6 les ] leurs NAF 18825 9 tous étaient ] dans l’interl. au-dessus de 〈qui ne fut〉 NAF 18825 16 monde ; de ] monde. De ce dernier mot dans l’interl. au-dessus de 〈quelques〉 NAF 18825 17 voilà ] 〈& le Roi leur〉 voilà NAF 18825 21 bénédictions ] bénédictions 〈sous mille formes variées〉 NAF 18825 26-p. 246.33 Nous aurions pu ... Pourana.) ] note portée dans la col. de gauche et formulée différemment La supériorité des prêtres sur les guerriers éclate partout dans le Ramayan. Les Solitaires qui rendent hommage à Wischwamitra ne s’occupent de Rama qu’après Ram. 309. Les enfans de Raska Rama après une victoire se prosternent aux pieds de Wischamitra. ib. 318. Janacka approche de Wischwa-mitra les mains jointes & se félicite de sa présence. ib. 449. Le même appelle Wischwa-mitra son maître & lui demande ce qu’il ordonne. 548. Dascharatha dit à Janacka : Wischwa-mitra & les autres sages sont nos maîtres. ib. 590. le prêtre toujours nommé le précepteur du Roi. 606. Rama, après sa victoire sur l’autre Rama, se prosterne devant Waschista. 619. honneurs rendus par les Dieux aux prêtres. d’Esth. 17. 361. NAF 18825 27 visite ] la source porte visitent Rel3 1 2
BC renvoie toujours dans les notes qui suivent au livre I du Ramayuna. BC traduit un passage qu’on lit vers la fin de la section 12 du Ramayuna et cite par la suite
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L’histoire de Wischwamitra n’est pas moins remarquable. Roi tout-puissant, conquérant sans égal, il a subjugué tous ses ennemis. Il requiert d’un brame le don d’une vache, que celui-ci lui refuse : il enlève l’animal miraculeux, qui lui échappe, et qui retournant vers son maître a, lui rappelle la supériorité du brame sur le guerrier. Le brame, encore timide, doute de sa puissance. «Ce roi, dit-il, a d’innombrables armées d’éléphants, de fantassins et de cavaliers : il a des chars en foule, roulant comme le tonnerre ; ses drapeaux sont suivis par des multitudes : que puis-je contre lui ?» – «O brame, répond la merveilleuse génisse, la force du brame est divine et surpasse celle du cuttery. Redoutable est le bras de celui-ci ; la parole du brame invincible. Commande, et je détruirai ses soldats farouches, et je briserai l’orgueil de l’impie.» Le brame le permet, et un mugissement de Sabala fait apparaître des phalanges dont le nom semble une allusion à quelque événement historique b ; vaincues par Wischwamitra, ces phalanges font place à d’autres qu’un prodige renouvelle sans cesse ; et Wischwamitra, tel qu’un torrent privé de son cours rapide, tel qu’un serpent aux dents arrachées, tel que le soleil qu’enveloppe une éclipse, fuit en se traînant comme un oiseau qu’abandonnent ses ailes. Un siècle d’austérités lui concilie la faveur des dieux ; il obtient d’eux des armes enchantées, et revient attaquer le brame, objet de sa haine. Mais les présents du ciel cèdent au pouvoir sacerdotal. Une baguette en main, une vache à ses côtés, le prêtre soulève les éléments, lance des flammes qui dévorent les armes magiques, et s’écrie : «Insensé, où est maintenant la force du guerrier ? Connais-tu enfin la parole du brame, chef insolent, vil comme la poussière ?» Et le prince éperdu se retire en répétant : «La puissance du guerrier n’est qu’un vain songe. L’empire est au brame, et au brame seul c.»
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après une victoire, se prosternent devant lui. (Ib. sect. 28.) Le roi Pramati en agit de même. (Ib. sect. 37.) Janacka ne s’approche du saint homme que les mains jointes, se félicitant de sa présence. (Ib. sect. 40.) Il l’appelle son maître, et lui demande ce qu’il ordonne. (Ib. sect. 53.) Les brames sont toujours nommés les précepteurs des rois. (Ib. sect. 61.) Et les dieux ne témoignent pas moins de respect a` la caste sacrée. Crischna, visité par un brame, embrasse ses genoux, lui lave les pieds, et lui assigne une place au-dessus de la sienne. (Bhag. Pourana.) Voyez ci-dessus, page 1971. Le Ramayan les appelle Pahlavas, nom sous lequel étaient désignés les anciens Perses. Ramayan, liv. I, sect. 432.
25 le prince ] dans l’interl. au-dessus de 〈Wischwamitra〉 NAF 18825 34 Voyez ... 197. ] note incomplète dans ms. v. cidessus p. NAF 18825 35 Le Ramayan ... Perses. ] manque NAF 18825 36 Ramayan ... 43. ] manque NAF 18825
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une série d’exemples pour illustrer la sousmission des rois sous les brames, sans entrer dans les détails. Voir le Ramayuna aux sections indiquées. Voir ci-dessus, p. 233. BC ne cite pas une phrase, mais interprète un passage de la section 43 : «What is wretched
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Ce n’est pas tout : «Et moi aussi je veux être brame,» dit le monarque, et par des pénitences inouïes il subjugue les dieux. Il les contraint à transiger avec lui, à reconnaître de nouveaux dieux créés par sa volonté ; et cependant, lorsqu’il demande à Brama la dignité de brame, il rencontre encore un refus. Alors, recommençant des macérations de mille années, il met le monde en péril ; les dieux accourent aux pieds de Brama. «Déja, disent-ils, un désordre affreux se manifeste aux extrémités de l’univers. Les mers sont agitées, les montagnes s’écroulent, la terre tremble, les vents sont immobiles, la race humaine va se précipiter dans l’impiété, le soleil est privé de sa lumière par la splendeur de l’irrésistible pénitent. Père des dieux, exauce sa prière, sauve le ciel d’une ruine imminente.» Et Brama, s’avançant avec l’immortel cortége, s’adresse à Wischwamitra. «Nous t’accordons des jours sans fin, un pouvoir sans bornes, une sagesse divine, un bonheur sans mélange ; tes austérités t’ont valu la nature et la dignité d’un brame ; sois brame, ô Wischwamitra ;» et seul de tous les enfants des hommes depuis l’origine des siècles, Wischwamitra parvient à cette éminente et inaccessible dignité a. Enfin, pour résumer ce que l’Inde pense de ses prêtres, écoutons les avis du vieux Dascharatha, prêt à se séparer de son fils. «Sers, lui dit-il, avec la plus grande assiduité, les brames voués à l’étude des Vèdes. Efforce-toi de leur plaire : demande leurs conseils. Que leurs instructions soient reçues par toi, comme l’eau qui donne l’immortalité. O Baratha ! les brames sont grands ; ils sont la source des prospérités et du bonheur. Les brames, or ganes des Vèdes, sont à chaque instant nécessaires. Sous la forme des brames, les dieux, pour assurer l’existence du monde, ont fixé leur demeure parmi les mortels. Les brames sont les dieux de la terre ; en eux résident les Vèdes et les Shasters, et l’incomparable vertu b.» Nourris dans ces idées, les Indiens n’ont jamais secoué le joug du sacerdoce : il a profité de la douceur du climat, du bonheur qui accompagne le repos, de la crédulité d’une imagination que la rêverie berce, et que l’exaa b
Ramayan, liv. I, sect. 521. Ramayan, liv. I, sect. 632.
18–27 Enfin ... vertu. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 18 résumer ] résumer en peu de mots NAF 18825 avis ] conseils NAF 18825 19 prêt ... fils ] à son fils NAF 18825 22 Baratha ] mon fils NAF 18825 29-p. 248.9 il a profité ... anciens abus. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 31 Ramayan ... 52. ] manque NAF 18825 32 Ramayan ... 63. ] Eloge des Brames Ramayan 532. NAF 18825
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power of a Kshutriya ; Bruhma-energy is real strength : by one Bruhma-staff are all my weapons destroyed» (p. 335). Paraphrase de la section 52, intégrant la traduction d’un discours. Ramayuna, pp. 371–377. BC traduit un passage qu’on trouve au milieu de la section 63.
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men aurait fatiguée, pour étendre et conserver son empire. Les réformes, qui, sous le nom d’incarnations, l’auraient importuné, il les a désarmées, en rendant hommage à la théorie, et en éludant l’application. Il a reconnu la divinité de Crischna ; mais il a maintenu le culte du Lingam. Il n’a point contesté à Buddha le titre d’avatar ; mais il a persisté dans la division en castes. Les prêtres bouddhistes eux-mêmes l’ont réintroduite avec des déguisements. En un mot, les incarnations de l’Inde ont eu le sort de la réformation dans plus d’une contrée de l’Europe. Les prêtres n’ont entouré les étendards nouveaux que pour mieux reconstituer les anciens abus. L’habileté funeste des brames, leur invincible ténacité, ont triomphé, en dernier ressort, et des bienfaits de la nature, et des progrès de l’intelligence. Cruelle, au milieu d’un peuple doux, stationnaire malgré le germe de perfectionnement qu’elle contenait, absurde dans ses récits populaires, sanguinaire et obscène dans ses rites, minutieuse dans les devoirs qu’elle impose a, monstrueuse dans ses cosmogonies, livrée dans ses hypothèses métaphysiques à toutes les aberrations auxquelles est condamné notre esprit, en dépit et peutêtre à cause des formes qu’il se crée pour se diriger, telle est la religion qui pèse sur l’Inde. Son excessive spiritualité ne la préserve ni des notions les plus grossières, ni des images les plus repoussantes. Dans le polythéisme indépendant des prêtres, nous verrons la spiritualité rehausser les qualités et les perfections divines. Dans les religions sacerdotales, elle les confond et les défigure, tantôt en les élevant au-dessus de la portée de l’intelligence a
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Les législateurs [h]indous et les auteurs des Pouranas, dit Colebrooke, As. Res. VII, 2771, ont accumulé une foule de préceptes ridicules par leur minutie et souvent par leur absurdité : tantôt ils se rapportent à la diète, interdisent tout-à-fait plusieurs aliments, prohibent l’usage habituel de quelques autres, tantôt ils règlent la manière dont on peut accepter la nourriture qui est présentée, la main qui doit l’offrir, la feuille sur laquelle il faut qu’elle repose, l’heure des deux repas du matin et du soir, les lieux où ces repas sont permis, ceux où ils deviendraient un crime, et parmi ces derniers sont toutes les espèces de navires, ce qui tient peut-être à la haine de la mer, caractère du sacerdoce aux Indes comme en Égypte. Ils indiquent les convives près desquels il est licite de s’asseoir (le fils est de ce nombre, tandis que la femme en est ex clue), l’attitude qu’on doit conserver quand on est assis, le point de
5 titre ] rang NAF 18825 6–7 avec des déguisements ] sous une autre forme NAF 18825 9 abus ] suit & de la sorte NAF 18825 10 des brames, leur ] 〈de cette caste〉 de la caste des Brames, son NAF 18825 13 récits ] rites NAF 18825 sanguinaire ] à ce niveau, note dans 13–14 sanguinaire ... la col. de gauche Commencement de la 15e feuille NAF 18825 impose, ] les deux syntagmes interposés NAF 18825 18-p. 249.12 Son ... faculté. ] passage noté dans la col. de gauche NAF 18825 21 divines ] des Dieux NAF 18825 22 défigure ] 〈rend〉 bouleverse NAF 18825 22-p. 249.1 la portée ... la plus exercée, ] la portée dans l’interl. au-dessus de 〈des conceptions〉 de 〈toute〉 l’intelligence la plus exercée ces mots dans l’attitude ... l’interl. NAF 18825 32 exclue ] commencement de la 15 e f e NAF 18825 1
BC résume, tout en traduisant quelques phrases ou syntagmes, une page de l’étude de Colebrooke, «On the Religious Ceremonies of the Hindus, and of the Bramens especially», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 232–311.
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la plus exercée, tantôt en les rabaissant au-dessous des conceptions de l’intelligence la plus vulgaire. Là, l’esprit pur, par l’effet de certaines paroles consacrées, s’unit à des pierres, à des morceaux de bois, à d’informes simulacres ; l’infini se renferme dans des êtres bornés ; le changement devient l’attribut de l’être immuable ; le mouvement s’opère dans l’intérieur de l’être immobile ; les dieux immatériels sont en même temps des dieux animaux ; les substances impassibles éprouvent les douleurs, les passions, les vanités de notre nature ; ces choses coexistent, parce que, dans l’inintelligible, on n’aperçoit pas la contradiction a ; elles composent le chaos le plus étrange, et le résultat de ce chaos est pour les esclaves des brames une sorte de perpétuel délire, la corruption de toute idée du juste et de l’injuste, et l’abdication volontaire de toute faculté. Accusera-t-on notre jugement de trop de rigueur ? nous pourrions citer bien des au torités : nous choisirons celle du chevalier Jones, connu par sa partialité pour un peuple qu’il révélait, en quelque sorte, à l’Europe, et qu’il avait un intérêt d’amour-propre à vanter outre mesure. «Le Code de Menou, dit-il, forme un système où le despotisme et la prêtrise, restreints par l’apparence des lois, conspirent en réalité pour se prêter un appui mutuel. Ce système est rempli de notions absurdes en physique et en métaphysique, de superstitions puériles et de dogmes dangereux par leur obscurité, qui favorise les plus étranges interprétations. Les cérémonies sont ridicules, les
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l’horizon qui doit fixer les regards, et surtout les précautions à prendre pour éviter en s’isolant tout attouchement impur. Nous verrons plus loin l’effet de ces préceptes multipliés sur la morale, qu’elles dénaturent et pervertissent plus qu’on le croit. Définition de dieu dans l’Oupnekat : «Il est grand, il n’est pas grand ; il environne, il n’environne pas ; il est lumière, il n’est pas lumière ; il a et il n’a pas le visage de tous côtés ; il est et il n’est pas le lion qui dévore tout ; il est et il n’est pas terrible ; il est et il n’est pas le bonheur ; il rend la mort vaine et il meurt ; il est et il n’est pas vénérable ; il dit et il ne dit pas : Je suis dans tout. (Oupn. 50, n. 178.) Celui qui dit, je l’ai compris, ne l’a pas compris ; qui ne le comprend pas le comprend, et qui le comprend ne le comprend pas.» (Oupn. 36, n. 1471.)
assis ] la manière d’être assis NAF 18825 4 changement ] 〈mouvement perpétuel〉 changement NAF 18825 8 ces choses ] toutes ces choses NAF 18825 8–9 parce que ... contradiction ; ] ce syntagme ainsi que la note a manquent NAF 18825 9–10 le chaos le plus étrange ] des combinaisons étranges NAF 18825 10 ce chaos ] ces combinaisons NAF 18825 11 idée du juste et de l’injuste ] morale NAF 18825 13 nous pourrions citer ] un passage de 10 lignes en partie illisible, barré et biffé plusieurs fois précède ces mots en haut de la col. de droite plus fort que la illis. & plus illis. que illis. d’acquérir par ses propres forces, soit qu’elle illis. ... à l’appui de ce jugement sévère, nous pourrions 〈citer〉 invoquer ce mot dans l’interl. NAF 18825 16 Le Code ] dans l’interl. au-dessus de 〈les loix〉 NAF 18825 19 absurdes ... métaphysique ] 〈absurdes〉 fausses en metaphysique & ces mots dans l’interl. en physique 〈& en metaphysique〉 NAF 18825 24 qu’elles dénaturent ] qu’ils fin de la note manque NAF 18825 25–31 Définition ... n. 147.) ] manque NAF 18825 1
La citation revient littéralement sur une feuille de notes (Co 3293, Q3/12, fo 1ro).
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châtiments capricieux, souvent atroces, d’autres fois d’une répréhensible indulgence ; et la morale même, bien que généralement rigide, est, sur plusieurs points, par exemple sur les serments violés et le parjure qu’excusent des motifs pieux, inconcevablement relâchée a.» Cet arrêt, qui semble déja suffisamment sévère, ne l’est pas encore assez aux yeux d’un observateur moins prévenu que le chevalier Jones. Les brames, dit Buchanan b, n’ont répandu aucune science utile ; ils ont détruit l’histoire, perverti la morale, élevé la puissance de l’autel sur les ruines du trône et de la liberté. Sous leurs mains, les lois attribuées à Menou, lois qui pouvaient convenir à une monarchie absolue, sont devenues le système d’oppression le plus abominable et le plus dégradant qu’aient jamais inventé l’artifice et l’ambition c. a
b c
As. Res. V. Prelim. Disc. IX, X1. Si un homme, entraîné par sa passion, se parjure pour une femme, ou pour sauver sa vie, ou pour ne pas perdre son bien, ou pour rendre service à un brame, l’imposture est excusable. (Code des Gentoux, par HALHED.) As. Res. V, 1662. Nous nous sommes abstenus d’invoquer le témoignage du révérend William Ward, à qui nous devons pourtant un ouvrage assez utile sur l’Inde (A View of the History, litterature and religion of the Hindoos) ; mais ce missionnaire est si fanatique, qu’on ne saurait recourir à son autorité3. Bien que nous adoptions en partie ses conclusions sur la religion indienne, nous n’accusons point de paganisme ceux qui les rejettent, et rien ne nous paraît plus ridicule que les lamentations du missionnaire sur les traductions de quelques hymnes
1 atroces ] note prévue, mais écartée un témoin oculaire, M. Carey, donne les détails suivans sur les supplices enfligés 〈illis.〉 chez les Burmans. «voici ce que j’ai vu dans la seule ville de Rangoon, durant une résidence, qui n’excède pas 4 ans. j’ai vu un fer trois mots illis. dans l’interl. dans la bouche d’un homme. j’en ai vu 4 cloués sur un échaffaud, la langue & les oreilles coupées, la bouche fendue, & le ventre ouvert. J’en ai vu 6 cloués de même, les yeux arrachés avec des crochets. j’en ai vu quatre autres attachés avec des cordes debout sur une croix, languissant 15 jours avant d’expirer. quelques uns sciés depuis l’épaule jusqu’aux bouches, Une femme frappée d’un baton jusqu’à la mort.» & cependant la nature des Indiens est de respecter la vie & d’avoir en horreur l’effusion du sang. NAF 18825 4 Cet arrêt ] 〈Cette sentence〉 Cet arrêt NAF 18825 7 perverti ] 〈corrompu〉 perverti NAF 18825 9 pouvaient ] pouvaient 〈à une époque ignorante〉 NAF 18825 11 l’ambition. ] suit un long passage biffé 1
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BC traduit un passage qu’on lit dans l’«Advertisement» en tête des Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. IV-XI. On y traite d’une comparaison entre la loi mosaïque et celle de Menou. BC cite l’essai de Francis Buchanan, «On the Religion and Literature of the Burmas», Asiatic Researches, t. VI (et non pas V), 1807, pp. 163–308. «No useful science have the Brahmens diffused among their followers ; history they have totally abolished ; moralty they have depressed to the utmost ; and the dignity and power of the altar they have erected on the ruins of the state, and the right of the subject. Even the laws attributed to Menu, which, under the form in use among the Burmas, are not ill suited the purpose of an absolute monarchy, under the hands of the Brahmens have become the most abominable and degrading system of oppression, ever invented by the craft of designing men.» William Ward (1764–1823) était un missionnaire baptiste aux Indes. Il a écrit un ouvrage, Account of the Writings, Religion and Manners of the Hindoos, including Translations from their Principal Works, Serampore : Mission Press, 1811, 4 vol. – Il suffit de lire la préface (t. I, pp. III-XXVI) pour voir que le jugement de BC est justifié.
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On pourra nous opposer plusieurs détails. Ceux mêmes que nous avons donnés sur l’influence naturelle du climat de l’Inde serviront à nous combattre avec un avantage apparent. Mais si nos adversaires sont de bonne foi, qu’ils répondent aux questions suivantes : N’y a-t-il pas eu, n’y a-t-il pas encore fétichisme aux Indes ? Les prêtres de cette contrée, en se partageant entre diverses doctrines plus raffinées que la croyance du peuple, ne laissent-ils pas peser sur ce peuple une religion publique entée sur le fétichisme ? Les principales doctrines entre lesquelles ces prêtres se partagent, ne sont-elles pas le théisme, le panthéisme et l’athéisme ? Le théisme même ne va-t-il pas se perdre dans des subtilités qui lui enlèvent ce qu’il a de religieux, pour ne lui laisser que ce qu’il a d’abstrait ? Ces doctrines, bien que liées plus ou moins habilement à la religion publique, ne demeurent-elles pas étrangères de fait à cette religion, dont elles ne changent ni les dogmes, ni les rites ? Cette combinaison d’une métaphysique qui se résout souvent en incrédulité dans les classes savantes, avec une superstition toujours grossière dans la masse de la nation, ne produit-elle pas les plus déplorables conséquences ? N’est-ce pas en vain que le théisme offre aux Indiens un système, tantôt consolant par ses espérances, tantôt sublime dans sa sévérité ? N’est-ce pas samscrits par le chevalier Jones. «C’est une violation de la neutralité, s’écrie-t-il, une offense à l’E´vangile ; qu’aurait dit le prophète Élisée d’un tel emploi de temps et de talent ?» M. Ward a manqué sa vocation ; ce n’est pas le christianisme, c’est le bramanisme qu’il devrait défendre : il se croit l’ennemi des brames, mais il pense et parle comme eux. dans la col. de droite 〈La religion Indienne, comme toutes les religions sacerdotales, a tous les vices du polythéisme independans des prêtres, sans avoir aucun des avantages de cette croyance libre & progressive : & à ces vices se joignent l’asservissement de la pensée, la perpétuité des erreurs de chaque époque & l’impossibilité pour l’esprit humain de s’affranchir par dégrés de ces erreurs, heureuse faculté, qui est grace au ciel dans sa destination & sa nature〉 NAF 18825 p. 250.12–14 homme ... Halhed.) ] cette partie de la note dans la col. de gauche NAF 18825 pp. 250.16–251.25 Nous nous ... comme eux. ] note ajoutée dans la col. de gauche NAF 18825 p. 250.19 la religion ] les vices de la religion NAF 18825 1 On ... opposer ] On 〈nous〉 pourra nous opposer 〈vraisemblablement〉 à ce niveau, annotation en haut de la col. de gauche Ici commence ce qui n’est pas envoyé à l’imprimeur La col. dde roite commence par un passage biffé 〈Dans 〈notre〉 cet exposé de la religion Indienne, nous n’avons point eu la prétention de présenter quelque chose de complet, ou qui ne pût être contesté〉 NAF 18825 1–2 avons donnés ... serviront ] venons de donner, pourront servir NAF 18825 1–3 Ceux-mêmes ... apparent. ] passage dans la col. de gauche NAF 18825 3 apparent ] suit un long passage biffé dans la col. de droite 〈On rangera même ces détails dans un ordre apparent, d’où paraîtra resulter un certain ensemble. Cet ensemble imposant & regulier charmera les hommes peu instruits, captivera les imaginations enthousiastes, commandera l’admiration de ceux que les mots enyvrent, & que la distance & l’obscurité séduisent〉 NAF 18825 18–19 conséquences ? ] suit un passage biffé qu’on retrouvera plus loin, cidessous, p. 252, lignes 15–16 〈Voilà, au fond, tout ce qui nous importe. Or, aucune de ces questions ne sauroit tolérer la négative.〉 NAF 18825 20 N’est-ce pas en vain ... système ]
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en vain que le panthéisme les invite au repos, l’émanation au perfectionnement, la philosophie en général au mépris des superstitions vulgaires ? Les divinités de la multitude ne sont-elles pas des êtres individuels, séparés les uns des autres, que les dévots implorent suivant leur désir du moment, Indra pour les plaisirs des sens, Lachmi pour prospérer dans leurs entreprises, Atri et ses ancêtres pour avoir des enfants, Agny quand ils veulent séduire par la beauté, Roudra quand ils veulent vaincre par la force ? Les brames ne persistent-ils pas avec tant d’obstination dans l’enseignement de leurs anciennes fables, que ceux de Gangotri a ra content encore que les glaçons des rochers du Gange sont les cheveux de Mahadéva b ? L’abbé Dubois n’a-t-il pas vu célébrer la fête de Nagara-Pantchamy, en l’honneur des serpents qu’on cherche dans leurs repaires, pour leur offrir du lait et des bananes ? et le Pongol des vaches n’est-il pas une solennité de l’Inde actuelle, où les fidèles se prosternent devant ces animaux1 ? Voilà au fond tout ce qui nous importe ; or aucune de ces questions ne peut être résolue par la négative. a
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Gangotri ou Gangautri signifie cataracte. Le Gange en a trois ; et l’une d’elles a donné son nom à une ville assez considérable. (WILFORD, Geography of India. As. Res. XIV, 462.) Voyage du capitaine Hodgson aux sources du Gange. (As. Res. XIV, 1183.)
précèdent quelques lignes d’une phrase mutilée, biffée, en partie illis., qui appartiennent à une rédaction précédente [est] condamné notre esprit quand l’autel le fausse, que les passions l’obscurcissent ou qu’il s’égare dans les formes mêmes qu’il se crée pour se diriger. n’est-ce pas ces derniers mots ajoutés dans l’interl. En vain que ce dernier mot dans l’interl. le théisme 〈lui〉 offre aux Indiens ces deux derniers mots dans l’interl. un systême NAF 18825 p. 251.21-p. 252.1 N’est-ce pas en vain que ] les mots n’est-ce pas ainsi que le mot que ajoutés dans l’interl. NAF 18825 p. 251.25 pense et parle ] ces deux syntagmes intervertis NAF 18825 2 la philosophie en général ] 〈une〉 la philosophie 〈aride〉 en général les corr. dans l’interl. au-dessus des mots biffés NAF 18825 vulgaires ] suit un passage biffé difficilement lisible 〈etrangère //indifférente// à toutes ces spéculations, la multitude //persiste dans// est reléguée par ses prêtres dans le Fétichisme & le Polythéisme〉 NAF 18825 3 de la multitude ] mots ajoutés dans la col. de gauche NAF 18825 4 implorent ] 〈invoquent tel ou tel dieu〉 implorent NAF 18825 6 Atri ] 〈les Rischis〉 NAF 18825 9 que ceux de Gangotri ] mots ajoutés dans la col. de gauche NAF 18825 encore ] suit 〈aujourd’hui〉 NAF 18825 15–16 Voilà ... négative. ] passage ajouté dans la col. de gauche ; voir aussi cidessus, p. 251, la variante aux lignes 18–19 NAF 18825 18 46. ] 461 la note dans la col. de gauche NAF 18825 1 2 3
Voir Dubois, Mœurs et institutions des peuples de l’Inde, t. II, p. 333. Le serpent en cause est le cobra. L’information citée ici vient de l’étude du colonel F. Wilford, «On the Ancient Geography of India», Asiatick Researches, t. XIV, 1822, pp. 373–470. Voir pp. 460–461. BC cite une phrase du rapport de J. A. Hodgson de son expédition aux sources du Gange : «Journal of a Survey to the Heads of the Rivers, Ganges and Jumna», Asiatick Researches, t. XIV, 1822, pp. 60–152.
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C’est donc bien à tort qu’on prétend élever la religion de l’Inde au-dessus de toutes les anciennes religions, et que des dévots a d’es pèce nouvelle la placent de nos jours presque à côte´ du christianisme, parce qu’ils espèrent puiser dans les Vèdes, instruments et œuvres du sacerdoce, des moyens de plier à ses vues despotiques l’E´vangile, doctrine céleste qui a rendu à l’homme sa liberté légitime et sa dignité première. Cette religion indienne, comme les autres religions sacerdotales, a toutes les imperfections du polythéisme indépendant des prêtres, sans avoir aucun de ses avantages, et à ces imperfections se joignent l’asservissement de la pensée, la perpétuité des erreurs de chaque époque, et l’impossibilité pour a
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Nous voulons parler d’une école récente qui cherche dans les théocraties de l’Orient le modèle de la théocratie qu’elle espère transplanter en Europe, et dont les intentions sont aussi perverses que ses assertions sont trompeuses, et son ton dogmatique1. Cette école s’introduit en France à la faveur de la métaphysique allemande qu’elle comprend mal, et de l’érudition allemande qu’elle ne possède pas. L’un des organes de cette école est un homme d’esprit, qui a les connaissances communes à tous les étudiants qui ont fréquenté les universités germaniques, et qui sait employer ce léger bagage avec un art tout particulier. Évitant presque toujours de citer quand il affirme, et s’appuyant adroitement de citations, souvent fausses, sur quelques points secondaires, il émet des opinions si tranchantes qu’on se fait scrupule de rien contester à un écrivain si convaincu : ce n’est qu’à la seconde lecture qu’on s’aperçoit de sa ressemblance avec un grand seigneur, disputant sur un sujet qu’il connaissait peu, et finissant par dire : «Je vous donne ma parole d’honneur que j’ai raison.» Le but de cet écrivain est de constituer un grand pouvoir intellectuel, qui serait le monopole de l’autorité, c’est-à-dire, qui rendrait l’Europe la parodie de l’E´gypte. Les brames, les druides, toutes les corporations qui ont opprimé les hommes, sont les objets de son admiration. Les sacrifices humains, les orgies où la débauche s’unissait au meurtre, lui paraissent de mystérieuses représentations d’un ordre primitif, ou des élans religieux vers un ordre futur : tout est bon, pourvu que la liberté n’y entre pour rien ; tout est sublime, pourvu que l’individualité soit proscrite. Les Grecs, qui ont eu le malheur de s’affranchir du joug de leurs prêtres, n’intéressent l’auteur que par les vestiges de l’heureuse époque où la domination sacerdotale pesait sur leurs têtes. Mais il voit dans les croyances de l’Inde un bien plus haut degré de grandeur morale, et c’est à ce degré de grandeur morale qu’il veut nous ramener. Son ouvrage est peu lu, nous le regrettons. Les déguisements que revêtent les défenseurs d’une cause perdue sont curieux à examiner. Vaincus dans ce qui est positif par
1–6 C’est donc ... première. ] texte manque dans le ms., suit un passage biffé 〈ainsi malgré les incarnations, malgré les réformes, malgré le climat, l’Inde n’a pu secouer le joug. Le Sacerdoce a été〉 un folio enleve´ NAF 18825 7 Cette ] Cette 〈La〉 Co 3435/19 les autres ] toutes les Co 3435/19 7–9 a toutes ... avantages, ] est entachée des 〈a toutes les〉 imperfections nombreuses ce dernier mot ajouté du polythéisme indépendant des prêtres elle ne possede 〈sans avoir〉 aucun des 〈ses〉 avantages, que nous indiquerons dans le livre suivant, le dernier syntagme dans la marge Co 3435/19 1
Nouvelle attaque contre le baron d’Eckstein qui rétorquera avec force dans sa Réponse (pp. 28–50). Il n’hésitera pas à montrer que BC utilise, sans citer sa source, une attaque contre Eckstein de la plume de Félix Bodin parue dans le Constitutionnel.
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l’esprit humain de s’affranchir par degrés de ces erreurs, heureuse faculté qui est, grace au ciel, dans sa destination et dans sa nature. Redisons encore, en finissant ce chapitre, que nous sommes loin de prétendre avoir dissipé toutes les obscurités qui entourent le sujet que nous venons de traiter. Nos lecteurs ont pu juger du nombre de causes qui entretiennent cette obscurité. La confusion des monuments et l’incertitude de leurs dates, la simultanéité de doctrines opposées, l’indifférence des brames pour des contradictions qui ne nuisaient point à leur puissance, la manière dont chaque dieu dans le panthéisme est à lui seul le grand tout, et dont, quand on passe au théisme, chaque dieu tour-à-tour est le dieu suprême, sous le nom de Schiven, de Brama, de Wichnou, d’Indra ou même de Devendren, divinité d’ailleurs subalterne, la singularité qui fait que les incarnations sont à-la-fois des êtres célestes qui s’ignorent et des êtres humains qui peuvent périr, enfin, la nécessité dans laquelle nous nous sommes trouvés d’ajourner des questions que nous aurons à traiter ailleurs a, ont laissé dans notre exposé beaucoup de lacunes. Nous nous flattons néanmoins de l’avoir rendu assez clair pour être compris, et assez complet pour servir de guide à ceux qui, libres de toute opinion adoptée d’avance et sur parole, voudraient pénétrer dans un labyrinthe dont nul jusqu’ici n’a pu trouver le fil.
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les progrès d’une civilisation toujours croissante, vaincus dans ce qui est abstrait par ceux de l’intelligence, à laquelle il ne manque plus que de connaître ses bornes, ils appellent à leur secours les erreurs et les oppressions de tous les siècles, en s’agenouillant devant les voiles symboliques dont ils enveloppent ces débris. Impuissants architectes d’un édifice dont le plan se perd dans les nuages, et dont les matériaux tombent en poussière ! Les principales de ces questions sont : le caractère moral des dieux que les religions sacerdotales présentent à l’adoration ; la suprématie d’un de ces dieux sur les autres ; les attributs de ce dieu ; la démonologie, l’introduc tion de dieux pervers par nature, la chute primitive, les dieux médiateurs, la destruction du monde, la notion du sacrifice et ses résultats, l’immolation de victimes humaines, les privations des plaisirs des sens, les rites licencieux, la sainteté attachée à la douleur, l’abdication des facultés intellectuelles, etc. etc1.
3 encore ] manque Co 3435/19 10 tour-à-tour est ] est également Co 3435/19 mot ajouté dans l’interl. Co 3435/19
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BC annonce ici les matières à traiter dans le t. IV de De la Religion.
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Livre VI, Chapitre VII – Exemples de la même combinaison
Chapitre VII. Que nous pourrions trouver des exemples de la même combinaison chez tous les peuples soumis aux prêtres.
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Les observations contenues dans les précédents chapitres s’appliquent à toutes les religions dont les sacerdoces anciens s’étaient emparés. Nous voyons à-la-fois, chez les Chaldéens a, le chien, le coq et le bouc, adorés par le peuple b ; l’anthropomorphisme, qui en modifie les formes extérieures, Saturne avec le corps d’un homme et une tête de singe, Jupiter a
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On a regardé les Chaldéens comme une caste de devins ou de prêtres ; mais Cicéron dit en propres termes que c’était un peuple. Chaldæi, non ex artis, sed ex gentis vocabulo nominati. (De Divin. I, 11.) Le coq sous le nom de Nargal2, le bouc sous celui d’Aschima, le chien sous celui de Nibchaz. Rois. XVII, 29, 303. SELDEN de Diis syr. Syntagm. II, 8, 94.
Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3445 [MR2] 2. BCU, Co 3435/3 [=Berger] 3. Co 4725, fo 98 [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 236–272.
1 Chapitre VII. ] Chap. 7. Co 3445 5 les sacerdoces ... emparés. ] le Sacerdoce de l’Antiquité s’étoit emparé. Co 3445 6–7 Chaldéens ... peuple ; ] Chaldéens le simple fétichisme, 〈le〉 l’adoration du ces trois derniers mots dans l’interl. chien, 〈le〉 du corr. dans l’interl. coq 〈le〉 & du ces deux derniers mots dans la col. de gauche et dans l’interl. bouc 〈adorés par le peuple.〉 Co 3445 7 qui en modifie ] qui 〈en〉 modifie Co 3445 8-p. 256.1 Jupiter ... vautour ; ] mots ajoutés dans la col. de gauche, avec la note Co 3445 9–11 On a regardé ... (De Divin. I, 1.) ] note ajoutée dans la col. de gauche, sans indiquer le mot auquel elle se rattache ; au début on lit On a ... une caste de prêtres ou de divins Co 3445 13 Selden ... 8,9. ] Seld. de Dis. Syris, Syntagm. II. 89 on trouve dans la col. de gauche trois notes : 〈D... Görres. 291〉 ; 〈relire mon livre 26 sur l’allégorie〉 ; E... auteur de illis. Co 3445 1 2 3
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La citation est exacte ; on lit cette phrase au § 2 du livre premier. BC utilise ce nom dans une des versions du Florestan. Voir OCBC, Œuvres, t. VIII, l’index des noms de personnes. La référence exacte serait Deuxième livre des Rois, chap. XVII, 29–31. Le texte biblique donne les noms de ces divinités, qui appartiennent à plusieurs localités, sous une forme légèrement différente. BC renvoie aux chap. 8 et 9 de la seconde partie de l’ouvrage de John Selden (1584–1654), De Diis Syris Syntagmata II. [...] editio [...] omnium novissima, Additamentis & Indicibus copiosissimis locupleta, operâ M. Andreæ Beyeri, Amstelodami : apud Lucam Bisterum, (11617), MDCLXXX. Dans cette dernière édition pp. 241–253.
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avec celle d’un vautour a ; Oannès, dieu poisson d’abord, puis législateur et prophète, avec la tête et les pieds d’un homme, rentrant dans la mer tous les soirs et en ressortant tous les matins, pour donner aux mortels des lois et leur révéler le cours des astres b ; les dieux en même temps symboles des planètes, c’est-à-dire la science prêtant à ces conceptions grossières un sens plus relevé ; les calculs astronomiques servant de base à la mythologie, et racontés au vulgaire comme les actions des immortels ; les arbres plantés au nom des divinités qui président à chaque étoile, et demeures de ces divinités quand elles se rapprochent des humains c ; l’astrologie formant une grande a b c
KIRCHER, Œdip. ægypt. II, 1771. APOLLOD. Fragm, ed. Heyn. p. 408 et suiv2. HELLADIUS, dans Photius, p. 374. ABULFARAG. Hist. dynast. pag. 23, MAIMONID. More nevoch. cap. 29.
3–4 pour donner ... astres ; ] manque, ainsi que la note qui se rapporte au dernier mot Co 3445 4–6 les dieux ... les calculs ] La science qui prête à ces conceptions grossières un sens plus relevé, Les Dieux symboles des planètes, les calculs Co 3445 9 l’astrologie ] 〈enfin〉 l’astrologie Co 3445 10 Kircher ... ægypt. ] Kirch. Œd. Æg. Co 3445 12 Abulfarag ... 29. ] la source porte Albufarag. ... 29. Rel3 Albufar. Hist. Dyn. p. 2. ... Cap. 29. Co 3445 1
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Le renvoi de BC semble faux. Nous n’avons pas réussi à identifier le passage en cause dans l’ouvrage du P. Athanasius Kircher, Œdipus ægyptiacus, hoc est universalis hieroglyphicæ veterum doctrinæ, temporum injuria abolitæ, instauratio, Romæ : ex typographia Vitalis Mascardi, 1652–1654, 4 vol. L’excellente nouvelle édtion de cet ouvrage (Athanasius Kircher, Œdipus Ægyptiacus (1652–54), dans Hauptwerke, t. III/4, hsrg. von A. Eusterschulte, W. Schmidt-Biggemann, O. Breidbach, mit einer wissenschaftlichen Einleitung von Wilhelm Schmidt-Biggemann und einem kommentierten Autoren- und Stellenregister von Frank Böhling, Hildesheim, Zürich, New York : Georg Olms, 2013) ne fournit aucune indication de ce genre. BC renvoie à une note laconique de Heyne («In his fuit locus de Oanne monstro, quod ex mari rubro prodierat») de son édition Apollodori atheniensis Bibliothecæ libri tres et fragmenta, curis secundis illustravit Chr. G. Heyne, Gottingæ : H. Dieterich, 1803, 2 vol., plus particulièrement p. 408. – Helladius de Césarée, passage cité par Photius, Bibliothèque, p. 874 (et non pas 374). BC utilise pour son récit et les renvois Creuzer, Mythologie, t. II, p. 68. BC cite une édition latine ou une traduction de l’ouvrage d’Abulfarag. Aucune des éditions que nous avons consultées ne contient l’information qu’il suggère. Voir Historia dynastiarum, authore Gregorio Abul-Pharajio, Malatini Medico, Historiam complectens universalem, a mundo condito, usque ad Tempora Authoris, res orientalium accuratissime describens, Arabico edita & latine versa ab Edvardo Pocockio [...], Oxoniæ : Impensis Ric. Davis, MDCCLXIIIXXX. – En ce qui concerne Maïmonide, BC renvoie à une traduction de l’ouvrage Rabbi Majemonidis Liber Moreh nevukhim Doctor Perplexorum [...] in linguam latinam perspicue & fideliter conversus a Johanne Buxtorfio [...], Basileæ : König, 1629. Nous citons le passage du chap. V (et non pas 29) d’après la traduction anglaise : «The Zabii [...] erected images to the stars ; to the Sun images of gold, but to the Moon images of silver. They also distributed the metals, and the climats of the earth amongst the stars, adjudging a certain climate to a certain star. Afterwards, they built chapels, and placed the images in them, believing, that the power of the stars flowed into them ; that they possessed intelligence ; bestowed the gift of prophecy upon men ; and indicated to them what things
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chaîne qui descend du ciel sur la terre, et dont une extrémité tient à la science des prêtres et l’autre à la croyance du peuple a ; plus tard la métaphysique re cherchant les causes après que la science a enregistré les faits, le théisme sous le nom de feu primitif, de lumière incréée, et tout à côté le dualisme, comme un esprit ténébreux, ennemi du bon principe, enfin les cosmogonies revêtant d’images sanglantes ou obscènes les hypothèses métaphysiques ; des êtres à deux têtes ou hermaphrodites, nés de la nuit et de l’eau b ; la hideuse Omorca partagée en deux par Bélus, sa mort causant celle de tout ce qui a vie, ses deux moitiés formant le firmament qui nous a
b
GOERRES, II, 435, 439, a remarqué qu’à mesure que la doctrine métaphysique prenait du crédit, l’astronomie qui était une doctrine cachée jusqu’alors au peuple, devenait une doctrine extérieure, comparativement aux hypothèses métaphysiques. Nous aurons à développer cette idée, en traitant de la marche ultérieure de la religion1. PLINE, Hist. nat. II2.
2 croyance du peuple ] croyance 〈des prêtres〉 du peuple Co 3445 4 lumière incréée ] à la hauteur de ces mots 〈Panthéisme des Chaldéens. Görres. 268–276.〉 Co 3445 5 ennemi ] éternel ennemi Co 3445 6 sanglantes ou obscènes ] bizarres 〈&〉 ou indécentes à la hauteur de ces mots, dans la col. de gauche, une note Görres. 307. Creutz. II. 13–16. Co 3445 8-p. 258.2 la hideuse ... son sang. ] Omorca ou Omesa coupée en deux, par le Dieu Bélus, sa mort causant celle de tous les animaux, Belus se coupe la tête, les animaux & les hommes naissent de la terre détrempée de son sang. texte ajouté dans la col. de gauche, destiné à remplacer une autre rédaction Omorca partagée en deux, & formant de ses deux moitiés le firmament qui nous couvre ... habitons. les deux rédactions sont fondues pour aboutir à celle que nous trouvons dans l’imprimé Co 3445 11 au peuple ] manque Co 3445 11–12 une doctrine extérieure, comparativement ... métaphysiques ] les deux syntagmes sont intervertis comparativement ... métaphysiques une doctrine extérieure suit dans le ms., après cette note, une autre sans appel dans le texte Diod. Sic. Co 3445
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were useful and salutary. They also affirmed the same concerning those trees that where consecrated to stars. When a tree was dedicated to a star, it was planted in its name, and workshopped after a prescribed form, in order that the stars might communicate spiritual powers to it» (The Reasons of the Laws of Moses. From the «More Nevochim» of Maimonides. With Notes, Dissertations, and a Life of the Author by James Townley, D. D., London : Longman, Rees, Orme, Brown, and Green, 1827 ; reprint Westport, Connecticut : Greenwod Press, 1975, pp. 158–159). – Il est évident que les indications de BC sont copiées chez Görres, Mythengeschichte, I, p. 289 (p. 143 de l’éd. de 1935), car il traduit une phrase de cet auteur : «Selbst Bäume, gewissen Sternen geweiht, gepflanzt im Namen der Gottheit dieses Gestirns, waren Gegenstände der Verehrung.» Voir la note no 146 des Notes de lecture (Co 3293, Q3/5), marquée «empl. 1825», qui traite de ce passage. Joseph Görres, Mythengeschichte. Les pages indiquées par BC sont fausses. Il faudrait renvoyer aux pp. 444–445, où Görres parle d’un «gradweises Ansteigen in dem Verständnis und der Offenkundigkeit der Lehre», d’une croissance graduelle de la compréhension et de la publicité des doctrines à l’origine secrètes. BC utilise l’ouvrage de Pline l’Ancien, Historia naturalis, Livre II, chap.V. Voir la traduction française Histoire naturelle, Livre II, texte établi, traduit et commenté par Jean Beaujeu, Paris : Les Belles Lettres, 1950, pp. 12–16.
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couvre et le globe que nous habitons ; Bélus se coupant la tête à lui-même ; les races animées naissant de la terre détrempée de son sang ; Tauthé et Apasson, principe actif et passif, frère et sœur, mari et femme, engendrant le monde visible ; Bélus reparaissant comme s’il naissait pour la première fois ; personnage mythologique, historique et cosmogonique, re présentant le Demiourgos a ou l’ordonnateur qui donne à l’homme l’intelligence, et crée le soleil, la lune et les autre planètes b. Le même spectacle nous frappe chez les Syriens. Leur divinité principale est le soleil, qui, tandis que son char brillant roule sur leurs têtes, habite au milieu d’eux, dans une pierre de forme ronde c. Ici le fétichisme se mêle à l’astronomie. Mais pour éviter des répétitions, nous ne parlerons que des traits particuliers à chaque peuple. a b c
SYNCELL. Chron. p. 281. DAMASCIUS de Principiiss2. SELDEN, de Diis syris. MIGNOT, Acad. Inscr. XXXI, 137. Religiosa silex, densis quam pinus obumbrat. Frondibus. CLAUD. de Rapt. Proserp. I, 2143.
2–7 Tauthé ... planètes. ] manque, ainsi que les deux notes qui s’y rattachent Co 3445 16 Religiosa ] la citation est précédée de cette phrase Une pierre étoit aussi la Divinité principale des Phrygiens dont le sacerdoce prouvoit sa puissance par ses rites obscurs & sanguinaires. v. Agath. Lib. I. Religiosa Co 3445 1
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Nous avons consulté Georgius Syncellus et Nicephorus CP. ex recensione Guilielmi Dindorfii, Bonnæ : Imprensis Ed. Weberi, MDCCCXXIX, 2 vol. Le renvoi de BC n’est pas tout à fait exact. Il résume, en traduisant certaines phrases, l’anecdote qu’on trouve pp. 29–30 (dans l’éd. citée pp. 51–53). BC copie le renvoi et ce qu’il dit sur les divinitées Tauthé et Apasson chez Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 309 (éd. de 1935, p. 151). BC cite l’œuvre de Damascius sans indiquer de passage précis. Il copie une note de Görres (Mythengeschichte, t. I, p. 309) qui précise «Wolf, Anecd. Graeca, p. 258». La thèse évoquée est le sujet du De principiis, De la procession. Voir Damascius, Traité des premiers principes, t. III, De la procession, Paris : Les Belles Lettres, 1991. Le renvoi à Selden est vague. L’index de l’ouvrage indique plusieurs endroits où il est question du soleil, dieu principal de plusieurs peuples. Le renvoi au deuxième des cinq mémoires de l’abbé Mignot, «Mémoire sur les anciens philosophes de l’Inde», Histoire de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, avec les Mémoires de littérature tirés des Registres de cette Académie, [...], t. XXXI, Paris : de l’imprimerie royale, MDCCLXVIII, ` l’endroit cité, Mignot parle du culte du phallus. – Claudius pp. 81–338, est erroné. A Claudianus (370–408), De raptu Proserpinæ. Voir L’enlèvement de Proserpine, poème de Claudien, traduit en prose françoise, avec un discours sur ce poète et des remarques par M. Merian, Berlin : Georges Jacques Decker, 1767. «Là repose la pierre religieuse dans un temple révéré des mortels qu’une forêt de pins enferme dans son ombre épaisse» (p. 132).
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Un œuf est tombé dans la mer, disent les habitants de l’Hiérapolis syrienne ; les poissons l’ont porté jusqu’au rivage a, les colombes l’ont couvé b : Vénus en est éclose c. Voila` la cosmogonie motivant le fétichisme. Derceto, continuaient-ils, séduite par cette même Vénus et s’étant livrée aux embrassements d’un jeune prêtre, avait exposé dans une caverne le fruit de sa faiblesse, et s’était précipitée dans les ondes sous la forme d’un poisson. L’enfant abandonné, nourri miraculeusement par des colombes, adopté par un berger, élevé par une destinée singulière sur le trône d’Assyrie, s’était immortalisé dans ses fastes sous le nom de Sémiramis. Voilà le fétichisme s’alliant à l’histoire.
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XE´ NOPH. Anab. I, 4, et la note de Larcher1. CICER. de Nat. Deor. III, 1, 52. DIOD. II, 4. PORPHYR. de Abst. II, 61 ; IV, 15. Il cite en témoignage l’ancien poète comique Ménandre3. TIBULLE, I, 8, 18, et la note de Brockhuys4. HYG. Fab. 1995. Cæs. germ. ch. 206. THEON. ad. Arat. 131.
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1 disent ] disoient Co 3445 8 berger ] à la hauteur de ce mot une note dans la col. de 12 comique ] manque Co 3445 13 Brockhuys ] la gauche 〈Creutz. II. 432.〉 Co 3445 source porte Brochhuys faute corrigée dans l’Errata Co 3445 1
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BC utilise la traduction française de Xénophon par Larcher : L’expédition de Cyrus dans l’Asie supérieure et la retraite des dix mille. Ouvrage traduit du grec, avec des notes historiques, géographiques & critiques par Larcher, Paris : De Bure, 1778. Il renvoie au livre I, chap. 4, 9, à la phrase suivante : «Après cela Cyrus fait quatre étapes, [...] et arrive au Chalos, rivière large d’un plèthre, qui était remplie de gros poissons apprivoisés. Les Syriens les regardaient comme des dieux et défendaient qu’on leur fît du mal, non plus qu’aux colombes» (cité d’après Anabase, texte établi et traduit par Paul Masqueray, Paris : Les Belles Lettres, 1964, p. 62). Le renvoi à Cicéron, De natura deorum, livre III, 39 vise une seule phrase : «piscem Syri venerantur». BC se sert du chap. IV de l’ouvrage de Diodore de Sicile, Histoire des Assyriens pour rédiger la fin de l’alinéa qui raconte la légende de Sémiramis. – Porphyre, De abstinentia. On consultera la traduction française de Porphyre, De l’abstinence, texte établi et traduit par Jean Bouffartigue et Michel Patillon, Paris : Les Belles Lettres, 1979, t. II, p. 124 et le t. III (Michel Patillon et Alain Ph. Segonds), pp. 24–25. Les renvois à Diodore et à Porphyre, y compris la remarque sur Ménandre, proviennent de Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Völker, besonders der Griechen, Leipzig et Darmstadt : Heyer und Leske, 1811, t. II, p. 64, note 113. BC renvoie à l’«Elegia VIII», qu’il a lue dans Albii Tibulli Carmina libri tres cum libro quarto svlpiciæ et aliorum, novis curis castigavit Chr. G. Heyne, Lipsiæ : apud Ioannem Fridericum Iunium, 1777. Heyne cite dans son édition les notes de Brockhuys. Renvoi d’après Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. II, p. 64, note 113. BC traduit partiellement et résume un passage de Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. II, pp. 65–67, y compris les renvois de la note. Creuzer cite (p. 65, note 114) la fable 197 (et non pas 199) de Hygin, qui raconte l’histoire de Vénus (Hygin, Fables, texte établi et traduit par Jean-Yves Boriaud, Paris : Les Belles Lettres, 1997, p. 142). Les références fautives à la traduction en vers de l’ouvrage d’Arate, Φαινω Ä μενα, par Cæsar Germanicus, (voir p. ex. Germanici Cæsaris Aratea cum scholiis, edidit Alfredus Breysig, Berolini : Sumptibus et formis Georgii Reimeri, 1867) et à Theon d’Alexandrie ont
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L’adoration des oiseaux, des chênes et des lances, chez les Étrusques, à côté de leur Tina, le dieu suprême, la nature, la cause première et la destinée immuable a, et de Janus le conservateur, le médiateur, qui préside au temps et qui est le temps lui-même, l’astronomie et l’astrologie dans les livres de la nymphe Bigoïs, le théisme attribué à Tagès b, le dualisme sous le nom de Mantus et de Védius c, la démonologie tour-à-tour astronomique et métaphysique, l’inceste cosmogonique de Janus et de Camazène d et les dieux hermaphrodites offrent la même combinaison. a
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b c d
SENEC. Nat. quæst. II, 451. Ce que nous savons de la philosophie des E´trusques nous vient presque uniquement de cet écrivain, aux assertions duquel nous ne pouvons accorder une confiance entière. Stoïcien zélé, il a pu facilement prêter à un sacerdoce dont la doctrine remontait à des temps obscurs des opinions stoïciennes. Néanmoins, comme le fond de ces opinions n’est point en opposition avec les hypothèses qu’il est naturel au sacerdoce de concevoir et de cacher, il serait téméraire de rejeter le seul témoignage qui nous soit parvenu à cet égard. Si nous l’admettions, la doctrine étrusque aurait flotté, comme l’égyptienne et l’indienne, entre le théisme et le panthéisme. SERV. ad Æneid. X, 198. ANYSIUS, dans Lydus, de Mens. p. 682. Lydus, de Mensib3. Deus Venus, Venus Almus, Jupiter la mère des dieux4.
1–8 L’adoration ... combinaison. ] passage profondément remanié 〈L’hymen incestueux de Janus Lydus & Camazène〉 L’adoration des oiseaux, des chênes & des lances ces neuf derniers mots dans la col. de gauche chez les Etrusques, à côté de ces trois derniers mots ajoutés dans l’interl. leur Tina, 〈illis.〉 le Dieu suprême, la nature ces deux mots ajoutés dans la col. de gauche 〈tout à la fois〉 la cause première & la destinée immuable (BC prévoit ici la note qu’on trouve dans l’imprimé avec quelques petits changements Sénec ... uniquement de Sénèque ... stoïcien lui même, il a ... panthéisme.) & de Janus, le conservateur, le médiateur, qui préside au tems & qui est le tems lui même, l’astronomie & l’astrologie, dans les livres de la nymphe Bigoïs, le Théisme attribué à Tagès (BC prévoit ici une note qui ne sera pas imprimée Placidius Lactantius ad Thebacd. Statii, IV. 15 16.) le Dualisme, sous le nom de Mantus & de Védius (BC y prévoit la note Serv. ... de Mens. p. 68) 〈leur〉 la démonologie tout à tour astronomique & métaphysique, 〈l’hym〉 l’inceste cosmogonique de Janus & de Camazène (note Lydus de Mensibus) & les Dieux hermaphrodites (note Deus T..., Venus almus, Jupiter est même quelquefois nommé la mère des Dieux.) offrent la même combinaison. les mots 〈l’hym〉 ... hermaphrodite ainsi que les deux notes qui s’y rattachent dans la col. de gauche Co 3445
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été copiées chez Creuzer (voir la note précédente). Nos efforts pour les corriger ont été vains. Les Notes de lecture (Co 3293, Q3/5), notes nos 193 à 195, marquées «empl. 1826», résument les arguments de Creuzer mais ne donnent pas ses références. ` l’endroit indiqué, Sénèque parle des atSénèque, Naturalium quæstiones libri septem. A tributs du dieu suprême Jupiter, observés aussi chez les Étrusques. Le renvoi à Commentarii in Virgilium Serviani (instruxit H. Albertus Lion, Gottingæ : apud Vandenhoeck et Ruprecht, 1826) semble faux. Le passage en cause parle d’Ocnus et de la fondation de Mantoue. – Lydus, (VIe siècle apr. J.-C.) auteur de l’écrit De mensibus (ΠεριÁ μηνω Ä ν), ici IV, 20 (Februarius) avec un renvoi à Anysius, évêque de Thessalonique, mort après 403. Lydus, De mensibus, IV, 2–3. BC adopte, avec les formules latines, une idée de Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Völker, besonders der Griechen (première édition, t. II, p. 431).
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Chez les Perses, le coq symbolique, Hufraschmodad, cet oiseau céleste, vainqueur d’Eschem, monstre ennemi des hommes et qui les poursuit pour les dévorer a ; Hufraschmodad, sentinelle du monde, terreur des mauvais gé nies b, lui dont l’œil perçant s’étend sur toute la terre c, dont le bec est une lance acérée, et qui, trois fois le jour et trois fois la nuit, veillant sur la demeure des justes, appelle les hôtes de l’air d’une voix sonore, pour qu’ils défendent la source sainte d’Arduissour d, eau vierge et primitive, émanation d’Oromaze ; les Amschaspans, dont plusieurs ont des figures d’animaux, et président aux sept planètes ou sont peut-être les sept planètes mêmes ; Hom, l’arbre de vie, à-la-fois arbre et prophète, séjour de l’ame de Zoroastre, qui passa plus tard dans le corps d’une vache ; Honover, la parole puissante, proférée par Ormuzd, et qu’il n’a pas jusqu’à ce jour cessé de prononcer ; le taureau Abudad, qui renferme les germes de toutes choses e ; la vache a b c d e
Izeschné, Ha, 10 et 25. Vendidad, Farg. 10 et 11. Boundehesch. c. 291. Izeschné, Ha, 56–572. Jescht-Sadès. 893. Ibid. 844. Boundehesch. 3, 4, 10, 145.
7 eau ] l’eau Co 3445 11 Honover ] Honover 〈enfin〉 Co 3445 13 le taureau ] l〈a〉e 〈pierre〉 taureau mot dans l’interl. Co 3445 18 Boundehesch. 3, ] Boundehesch. c. 3, Co 3445 1
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Les renvois visent Eschem et les traductions de Kleuker : Izeschne, Xe Ha : «Die Lust des Bösen [...] geht aus vom Dew, der Eschem heißt, deß Glorie ist Mordgrausamkeit» (ZendAvesta : Zoroasters lebendiges Wort, worin die Lehren und Meinungen dieses Gesetzgebers von Gott, Welt, Natur, Menschen ; ingleichen die Ceremonien des heiligen Dienstes der Parsen u.s.f. aufbehalten sind, Riga : bey Johann Friedrich Hartknoch, 1776–1777, 3 parties en 1 vol., Erster Theil, pp. 97 et 113, 2e éd., pp. 120 et 148). Vendidad, Xe et XIXe Fargard, où se trouve répétée la formule sur Eschem (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], zweiter Theil, pp. 355–356). Bun-Dehesch, chap. XXIX, avec la formule «Eschem kehrt alles um. [...] Eschem ists eigentlich, der gegen das von Ormuzd geschützte Volk feindselig handelt» (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], dritter Theil, p. 108). Le terme «Ha» désigne les sections du Izeschne, le terme «Fargard» celles du Vendidad. Voir Izeschne, Ha LVI-LVII : «Hufraschmodad [entkräftet] den Eschem, schlägt diesen grausamen Würger mit dem Gürtel, ihn, der sich frech erhebt, um selbst den Menschen zu zernichten» (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Erster Theil, 2e édition, pp. 202–203). BC renvoie à Jeschts-Sades, no LXXXIX, Carde 24 : «Lobpreise dem Schuzwächter Mithra, deß Blik über alle Weite der Erde geht, wie Hufraschmodad» (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], zweiter Theil, p. 232). BC pense à Jeschts-Sades, no LXXXIV, Carde 16. «Lobpreis [...] dem Vogel Feriduns [c’est un autre nom pour Hufraschmodad] der [...] sorgsam Wache hält, dreimal des Tages, dreimal des Nachts, über die Schuzlosen Wohnungen des Schlafs, damit nicht grausame Gewalt sich ihrer bemeistere. Um das letzte Drittheil der Nacht [...] ruft dieser Vogel dreimal mit hoher starker Stimme um Schutz der Quellen Arduisurs.» La suite parle de cette eau sainte, phrases que BC résume dans son texte (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], zweiter Theil, pp. 202–203). Les renvois au Bun-Dehesch visent des passages qui parlent de la cosmogonie. BC en
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Purmaje, chantée dans le Schah-Nameh, sont évidemment l’alliance du culte des animaux, des pierres et des arbres avec une doctrine tantôt dualistique et tantôt panthéiste, suivant que Zervan-Ake rène, le temps sans bornes, est le seul principe, ou qu’Oromaze et Arimane sont deux principes égaux. Oromaze, le Verbe incarné ; ce Verbe qui, d’après les expressions usitées, naquit le premier de la semence de l’E´ternel ; Oromaze, quelquefois l’infini, parce que la lumière est infinie, et alors, semblable à Zervan-Akerène, est tour-à-tour l’aigle et l’épervier. Mithras, le soleil, dans la science, est, dans la cosmogonie, un dieu médiateur, à l’aide duquel la création s’opère a. a
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Il serait trop long de détailler ici les caractères variés de Mithras suivant qu’il appartient à la métaphysique ou au dualisme, à la cosmogonie ou à un ordre d’idées que nous développerons ailleurs, et qui transformait les dieux mêmes en êtres souffrants et mourants pour l’homme (voyez le IVe volume1), conception singulière, qui tient d’une part à l’astronomie et de l’autre au mysticisme, et fait tour-à-tour de ces dieux mourants l’image du soleil en hiver, ou des victimes expiatoires de l’espèce humaine. Anquetil a voulu distinguer Mithras du soleil ; mais les livres Zend l’identifient expressément à cet astre. (Vendidad, farg. 192.) Ailleurs, il est vrai, Mithras est nomme´ un intermédiaire entre le soleil et la lune (JestSadès) et entre Oromaze et la terre, ou entre Oromaze et Arimane. Cela n’en prouve que mieux la complication que nous in diquons, et qui se reproduit perpétuellement dans la doctrine des prêtres.
p. 261.13-p.262.1 la vache ... Schah-Nameh ] syntagme ajouté dans la col. de gauche Co 3445 2 des pierres et des arbres ] des arbres & des pierres Co 3445 3–4 le temps sans bornes ] manque Co 3445 7 Oromaze ] Ormuzd Co 3445 10 cosmogonie ] à la hauteur de ce mot, dans la col. de gauche 〈Plutarque. Guig. 351.〉 Co 3445 création ] à la hauteur de ce mot, dans la col. de gauche, une note biffée 〈Dieu mourant combiné avec l’astronomie. Ggd. 353– 354. explications différentes des mêmes dogmes. ib. 357. ib. 378–381.〉 Co 3445 11–21 Il serait ... doctrine des prêtres. ] texte de la note sur un papillon collé découpé dans un manuscrit qui prévoyait dix livres, comme le prouve le renvoi interne entre parenthèses Il serait ... pour l’homme (v. le ch. du liv. 10) le numéro du chap. n’est pas encore arrêté conception ... (Vendidad, Fargard XIX) ... la lune (Jescht Sadès) ... doctrine des prêtres. Co 3445
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retient quelques détails, y compris des informations sur le taureau Abudad qu’il a trouvées dans une note de Kleuker (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Dritter Theil, pp. 61–66, 71–72 et 79–83). Voir le livre X, chap. VII, «D’un Dieu médiateur». BC résume ses lectures, surtout ce qu’il a lu dans les ouvrages de Kleuker, dans lesquels il a pu s’orienter grâce à l’index détaillé (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Dritter und letzter Theil). Le renvoi au Vendidad, XIXe Fargard, vise la phrase suivante : «Nach Beginn der Tagesdämmerung, wenn Mithra in seinem Glanz sich über die Lichtberge hebt und die Sonne in den Höhen glänzt, [...]» (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Zweyter Theil, p. 378). Disons que la distinction établie par Anquetil entre Mithras et le soleil (le soleil comme emblême de Mithras) a été soutenue par d’éminents érudits de l’époque, entre autres par Hammer-Purgstall (Mithriaca ou les Mithriaques, mémoire académique sur le culte solaire de Mithra, Caen et Paris : Treuttel et Wurtz, 1833, p. 29).
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Zervan-Akerène lui-même est tan tôt une puissance génératrice, le temps sans bornes a, tantôt un symbole astronomique, la grande période de douze mille années b. Djemschid est l’année solaire, l’inventeur de la science, et un invincible conquérant. Des animaux fabuleux, mélange chimérique de l’oiseau, du poisson, du bouc et du singe, figurent les astres. Un monstre également fantastique c représente les races impures, œuvre d’Arimane ; et la licorne est le symbole des espèces pures, créées par Ormuzd. Behram, l’Yzed du feu, sorti de son sein, est tantôt un jeune guerrier, tantôt un coursier plein d’ardeur, un bœuf laborieux, un agneau paisible d : le chien Soura, qui garde au haut des cieux les étoiles fixes, veille de là sur la race humaine, et protége sa fécondité. Si la cosmogonie des Perses est moins ob scène que celle des Indous, cette différence tient peut-être à l’époque où les livres Zend furent composés, et à l’influence de la civilisation sur une réforme tardive e. Ce que les Indiens expliquaient par l’acte de la génération, les Perses l’attribuaient à la séparation des ténèbres et de la lumière, de l’eau et du feu : cependant la distinction des sexes existe entre ces deux éléments, et la réunion des
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Vendidad, farg. 191. Izeschné, Ha, 192. Le Martichoras, composé du lion, du scorpion et de l’homme ; on retrouve ce symbole dans les ruines de Persépolis3. Jeschts-Sadès, 944. Voyez tome II, pag. 185–1935.
3–7 Djemschid ... Ormuzd ] texte sur trois papillons découpés dans un autre ms. Co 3445 Djemschid est ] Djemschid est en même tems Co 3445 5 astres ] planêtes Co 3445 7 par Ormuzd ] par 〈Oromaze〉 Ormuzd Co 3445 7–8 Behram ... sein ] Behram, qui est sorti de son sein Co 3445 12 Si la ] La Co 3445 13–14 composés ] compilés Co 3445 20–21 Le Martichoras ... Persépolis. ] texte de la note sur un papillon découpé dans un autre ms. Co 3445
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BC renvoie à Vendidad, Fargard XIX, où se trouve la tournure «Zeit ohne Grenzen» (ZendAvesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Zweyter Theil, p. 376). L’identification du roi Zervan au le temps se trouve aussi dans Jeschts-Sade, no XXIX et XXXII (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Zweyter Theil, pp. 154 et 160). Renvoi peut-être erroné. Le passage indiqué ne parle pas de la période de douze mille ans. BC donne les informations qu’on pouvait lire dans les manuels de mythologie. BC résume la prière du Jeschts-Sades qui évoque, dans les Cardes ajoutés à ce texte, les apparitions successives de feu Behram (Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Zweyter Theil, pp. 271–278). Le terme Yzed ou Ised désigne un esprit bienveillant. Voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 154–158.
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sexes dans le Dieu suprême a. Mithras est à-la-fois le soleil mâle b et le soleil femelle c. Kaiomortz, le premier homme, jouit également de ce double attribut. La semence du taureau, tombée sur la terre, recueillie par Ormuzd, purifiée par le soleil, gardée pendant quarante ans par deux génies tutélaires d, transformée en un arbre qui présentait l’image d’un homme et d’une femme unis l’un à l’autre, et qui engendra Meschia et Meschiane e, offre des détails non moins indécents que les histoires de Brama et de Saraswati, de Bhavani et de Schiven1.
a
b c d e
Jovem in duas dividunt potestates, naturamque ejus ad utriusque sexus transferentes, et viri et feminæ simulacra ignis substantiam deputantes. (JUL. FIRMIC. de err. prof. rel. I, 52.) HAMMER, Wien. Jahrb. X, 229 et suiv3. KLEUCKER, Anh. zum. Zend. II, 34. Sapandomad et Neriosingh. Boundehesch.
1–2 Mithras ... femelle. ] syntagme ajouté, avec les deux notes, dans la col. de gauche Co 3445 2–3 jouit ... attribut. ] 〈est aussi mâle & femelle.〉 jouit ... attribut. corr. dans la col. de gauche Co 3445
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BC résume ce qu’il a probablement lu dans plusieurs publications non identifiées. Le renvoi au Bun-Dehesch ne se réfère pas à un passage précis. On pourrait effectivement citer plusieurs chapitres ainsi que des notes de Kleuker. La citation est tirée de l’ouvrage de Julius Firmicus, De errore profanarum religionum, chap. V. Le texte est conforme, à un détail près (Julii Firmici Materni V. C., De errore profanarum religionum, ad constantium et constantem augustos liber, edidit Fridericus Münter, Havniæ : Sumptibus C. A. Reitzel, 1826, pp. 16–17). Joseph Freiherr von Hammer-Purgstall (1774–1856), un des très grands orientalistes de son époque. BC renvoie a` son compte rendu, plutôt une discussion-introduction approfondie consacrée à trois ouvrages (la traduction anglaise du Shah Namu par Thomas Whatley, publiée à Calcutta en 1811 ; la traduction anglaise du Soohrab par James Atkinson et l’ouvrage de Joseph Görres, Das Heldenbuch von Iran, aus dem Schachnameh des Firdussi, Berlin : Reimer, 1820), paru dans le périodique Jahrbücher der Literatur, Wien, t. IX, pp. 1–83 et t. X, pp. 210–259. C’est le second article «Altpersische Religion» qui est mentionné dans cette note, en particulier une observation que l’on peut lire pp. 229–230 et qui précise que Mithras (ou Mithra) peut signifier soit «der männliche Genius der Wahrheit (Mithras)», soit «der weibliche der Liebe (Mithra)». BC simplifie les observations de Hammer-Purgstall. BC renvoie à l’ouvrage de Johann Friedrich Kleuker (1749–1827), Anhang zum ZendAvesta, Leipzig et Riga : Johann Friedrich Hartknoch, 1783, 3 vol. L’indication vise la partie linguistique de l’ouvrage.
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Livre VI, Chapitre VII – Exemples de la même combinaison
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Au milieu de cette mysticité, de ces hommages rendus à un Dieu unique, de ce dualisme, de ce panthéisme, de ces cosmogonies monstrueuses, nous trouvons chez les Perses un polythéisme positif, pratiqué par le peuple a,
a
Avant Zoroastre ou Zaradès, dit Agathias, dans le second livre de son histoire, les Perses adoraient Saturne, Jupiter et les autres dieux des Grecs1. Cette assertion d’un historien récent n’est précieuse qu’en ce qu’elle atteste l’opinion universelle, durant onze siècles, sur le polythéisme primitif des Perses ; car on lit à-peu-près la même chose dans Hérodote, et il faut se défier du penchant des Grecs à retrouver leurs dieux chez les autres peuples ; le polythéisme des Perses était probablement beaucoup plus grossier que celui de la Grèce, et ressemblait plutôt au fétichisme des sauvages qu’à la mythologie homérique. Un passage de Porphyre atteste que les Mages, dans leurs mystères, prenaient chacun le nom de quelque animal. (PORPH., de Abst. IV2.) Or c’était un usage général dans l’antiquité que les prêtres
1 unique ] à la hauteur de ce mot dans la col. de gauche une note biffée 〈Creutz. II. 19. 23–24. 198–199. 202–203. 206–207.〉 Co 3445 3 chez les Perses ] ajouté dans l’interl. Co 3445 4-p. 266.8 Avant ... mystérieux. ] texte de la note sur trois papillons collés au bas des f os 12 et 13, découpés dans un autre manuscrit Co 3445 6 siècles ] mot omis par inadvertance Co 3445 10 homérique. Un ] homérique. 〈Rien à la〉 Un Co 3445 1
2
Voir Agathias, Histoire de l’empereur Justinien, dans Histoire de Constantinople depuis le Règne de l’ancien Justin jusqu’à la fin de l’Empire, traduite sur les originaux grecs par M. Cousin, t. II, A Paris : chez Damien Foucauld, MDCLXXXV [1685]. «Il n’est pas facile de marquer précisément le temps auquel ce Zoroastre ou Zarade (car on rappelle indifféremment de l’un ou de l’autre de ces deux noms) a régné & a publié ses lois. Tout ce que les Perses modernes en disent est qu’il a vécu sous Hystaspes sans distinguer si cet Hystaspes est le père de Darius, ou si c’est un autre. Mais enfin en quelque temps qu’il ait vécu, il est certain que c’est lui qui a changé la religion de ses sujets & qui a institué de nouvelles cérémonies & donné cours à des opinions ridicules & extravagantes. Autrefois ils adoraient Jupiter, Saturne & les autres Dieux des Grecs, quoi que ce fût sous d’autres noms : car ils appelaient Jupiter Bel, ils appelaient Hercule Sandene, ils appelaient Venus Anaïtis & ainsi des autres, comme le témoignent Bérose Babylonien, Athonocle & Symmaque qui ont écrit l’histoire ancienne des Assyriens & des Mèdes. Maintenant ils sont dans la même erreur que les Manichéens, en ce qu’ils reconnaissent comme eux deux premiers principes, l’un qui est bon & qui produit tous les biens & l’autre qui est mauvais & qui produit tous les maux. Ils ont imposé à ces deux divinités deux noms barbares tirés de leur langue. Ils appellent Ormisdas le Dieu qui est la source du bien & Arimane le Dieu qui est la cause du mal» (Livre II, chap. XI). – Quant à Hérodote, BC pense sans doute au Livre I qui parle, à partir du chap. 131, des mœurs et de la religion des Perses. – Porphyre parle de cet usage dans De l’abstinence, livre IV, chap. XVI, qui traite des Perses (éd. Patillon et Segonds, t. III, pp. 25– 27). Voir ΠΟΡΦΥΡΙΟΥ ΦΙΛΟΣΟΦΟΥ ΠΕΡΙ ΑΠΟΧΗΣ ΕΜΨΥΧΩΝ ΒΙΒΛΙΑ ΤΕΣΣΑΡΑ. Porphyrii philosophi de abstinentia ab esu animalium libri quatuor [...], Trajecti ad Rhenum : apud Abrahamum a Paddenburg, 1767, livre IV, § 16, p. 350.
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invoqué
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par les rois a, et auquel le sacerdoce consent fréquemment à
empruntassent, tantôt le nom, tantôt la figure de leurs dieux. Dans l’explication de divers monuments singuliers par D. Martin, dans la Table Isiaque, et dans les Antiquités du comte de Caylus, nous voyons des prêtres avec des têtes de loup, de chien, d’épervier, de lion ; l’adoption de dénominations analogues à ces travestissements avait sans doute un motif de la même espèce1. Les Mages laissèrent aux Perses, comme les prêtres de l’E´gypte aux Égyptiens, leurs anciens fétiches, en les combinant de diverses manières avec leurs rites mystérieux. Cette adoration des dieux étrangers par les rois de Perse a entraîné un célèbre érudit de l’Allemagne dans une singulière erreur2. Il pense que Cyrus, flatté des prophéties du Jehovah des Hébreux en sa faveur, et s’étonnant de les voir accomplies, se convertit au culte des Juifs, et que, dociles à ses leçons et à son exemple, ses sujets et ses successeurs prirent leurs idoles en détestation. De là, dit cet érudit, les outrages prodigués par Cambyse aux dieux de l’E´gypte ; de là la destruction des temples de la Grèce par Darius. Mais si le conquérant de l’Asie, subjugué par la véracité des oracles du dieu d’Israël, eût consulté les prêtres de ce dieu jaloux, l’esprit intolérant et austère des lévites l’eût réduit bientôt à l’alternative d’une soumission complète ou d’une rupture absolue. Toute adoration partagée leur eût semblé une insulte, toute transaction un sacrilége. A peine voulaient-ils admettre des prosélytes. La condescendance imparfaite de Cyrus les eût peu satisfaits ; peut-être même, ce que nous ne présentons ici que comme une conjecture conforme au caractère des prêtres hébreux, a-t-il un fondement dans l’histoire. Peut-être ne voulurent-ils pas se laisser traiter comme nous avons vu (tom. II, pag. 193) que Cyrus traita les Mages ; et de là le mécontentement de ce prince, mécontentement qui interrompit la construction du temple de Jérusalem ; mais, quoi qu’il en soit, si l’on attribue au monarque perse une conviction suffisamment profonde pour que le théisme des Juifs l’ait détaché de tout autre culte, on n’expliquera jamais comment il n’admit pas, dans toute son étendue, la croyance révélée par Moïse, et les rites prescrits par ce législateur. L’effet paraîtra toujours trop restreint pour la cause, et cette objection acquerra plus de force quand on verra ce même Cyrus adopter, sans répugnance, le sacerdoce d’un autre peuple soumis à son empire. Que s’il ne s’agit que de quelques sacrifices, de quelques démonstrations de respect envers Jehovah, tous les conquérants de l’antiquité croyaient devoir des hommages aux dieux des peuples conquis ; mais
2 dieux. Dans ] Dieux. 〈Chez les〉 Dans Co 3445 10-p. 267.16 Cyrus, flatté ... par lui ] ce conquérant, flatté ... par lui. texte de la note sur huit papillons collés au bas des f os 14 à 16 Co 3445 20 une conjecture ] ajouté dans l’interl. Co 3445 22 (tom. II, pag. 193) ] (T. 2. p. ) Co 3445 25 l’ait ] l’eut Co 3445 1
2
BC renvoie à l’ouvrage du Mauriste P. Dom Martin, Explication de divers monumens singuliers qui ont rapport à la religion des plus anciens peuples, avec l’examen de la dernière édition des ouvrages de S. Jérôme, & un traité sur l’astrologie Judiciaire, Paris : Lambert, 1739. Il a consulté en plus l’ouvrage Nouvel essai sur la Table isiaque, avec gravures, par Alexandre Lenoir, Paris : s. éd., 1809, et utilise également l’ouvrage du comte Caylus, Recueil d’Antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises, Paris : N. M. Tilliard, MDCCLII-MDCCLXVII, 7 vol. On trouve dans les t. IV (p. 14 et planche V), t. V, (pp. 16–17 et planche V), t. VI, (pp. 59–60 et planche XVIII) et t. VII (pp. 12–13 et planche V) des exemples des statues dont il est question ici. Il s’agit de J. D. Michaelis. Le fragment «Du théisme des Perses» (OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 309–321) renvoie au Droit mosaïque de Michaelis sans toutefois parler de conversion («Les uns ont prétendu que les Perses adoptèrent du temps de Cyrus les opinions des Israélites sur l’Unité et la nature de Dieu», p. 315). Voir J. D. Michaelis, Mosaisches Recht,
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s’associer. Xerxès immole sur les bords du Scamandre mille bœufs à la Minerve troyenne ; et les Mages offrent, par ses ordres, des libations aux héros de la contrée a. Après la tempête qui détruit leur flotte, les Perses sacrifient aux vents, à Thétis et aux Néréides b. Leur roi, maître d’Athènes, charge les bannis athéniens de monter à la citadelle, et d’y adorer leurs dieux conformément à leurs rites c. Mardonius envoie consulter les oracles de la Grèce, recommandant à son messager d’aller partout où il serait admis, pour connaître les décrets des dieux d. Datis, général de Darius, fait brûler pour 300 talents d’encens sur les autels d’Apollon e. Il se croit obligé de renvoyer dans son temple une statue de ce dieu, enlevée par les
a b
c d
e
c’était un principe de polythéisme, et non de théisme. Cyrus put, sans être théiste, courber son front devant la divinité nationale des Hébreux. Cambyse tua le bœuf Apis, et brûla le temple de Jupiter Ammon ; mais, d’une part, Cambyse était en démence, et, de l’autre, ces violences purent avoir pour cause les résistances du sacerdoce égyptien au joug étranger. Les motifs de Darius furent la vengeance et l’avarice, et ses successeurs se hâtèrent de charger d’offrandes les autels des dieux de la Grèce offensés par lui. HE´ ROD. VII, 431. HE´ ROD. VII, 912. Il y a ici un mélange du culte des éléments, culte indigène en Médie, et de l’adoration des dieux étrangers. HE´ ROD. VIII, 543. Le général se servait dans ses cérémonies religieuses d’un devin grec, dont le nom est parvenu jusqu’à nous : c’était Hégésistrate, d’E´lée. Il était le devin de l’armée perse, puisque les Grecs auxiliaires des Perses avaient un devin particulier, Hippomachus, de Lampsaque. (HE´ ROD. IX, 36–374.) HE´ ROD. VI, 975.
5 de monter ] d’aller Co 3445 9 d’Apollon ] d’Apollon 〈& de Diane〉 Co 3445 la ] furent comme nous le prouverons ici même l’ajout dans l’interl. la Co 3445 VII, ] ib. Co 3445 21 Le général ] Ce général Co 3445
1 2 3 4 5
15 furent 18 Hérod.
1ster Theil, 2. Vermehrte Ausgabe, Frankfurt am Mayn : bey Johann Gottlieb Garbe, 1775, pp. 206–208, où Michaelis explique que les Perses étaient ennemis du polythéisme et purent sans trop de difficulté accepter que Jehova, le Dieu du ciel, ait favorisé leur victoire. Michaelis renvoie à 2 Chron. 36, 23 : «Yahvé éveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit proclamer – et même afficher – dans tout son royaume : «Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Yahvé, le Dieu du ciel, m’a remis tous les royaumes de la terre ; c’est lui qui m’a chargé de lui bâtir un Temple à Jérusalem, en Juda» (traduction de l’E´cole Biblique de Jérusalem, Paris : Cerf, 1955). Voir aussi Isaïe 41,1–5 /44,28 / 45,1 / 46,10–11 / 48,14. BC exploite les observations de Kleuker dans son Anhang zum Zend-Avesta, t. II, troisième partie, p. 12 : «die Magier aber brachten den vergötterten Helden Trankopfer.» BC se trompe. Il faut renvoyer au livre VII, chap. 191, où Hérodote raconte la perte de la flotte des Perses dans une tempête, près de la ville de Kasthaneia en Thessalie. Hérodote raconte à l’endroit indiqué par BC comment Xerxes demandait aux fugitifs athéniens de sacrifier à l’Acropole, détruite par son armée, à leurs dieux selon leurs rites. L’histoire héroïque du devin d’Hégésistrate, captif des Lacédémoniens, qui réussit à leur échapper en se coupant un pied, est racontée par Hérodote au chap. 37 du livre IX. Hérodote raconte ce détail en citant le message que Datis fait passer aux habitants de Délos par la voix d’un hérault et confirmer par le sacrifice d’encens.
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Perses a. Le respect de Tissapherne envers la Diane d’E´phèse b sert de moyen oratoire à Cicéron pour aggraver l’impiété de Verrès c. Si les Perses marchent contre le temple de Delphes, ce n’est point qu’ils contestent au dieu qu’on y vénère ses droits aux honneurs célestes, mais, comme Hérodote le dit formellement d, pour en porter les trésors à Darius, qui avait, continue l’historien, une connaissance parfaite des richesses que ce temple renfermait e. Les faits que nous empruntons à Hérodote ne consistent point en rumeurs vagues, en opinions puisées dans des sources peu sûres ou défigurées, à la manière des Grecs ; ce sont des faits positifs sur lesquels cet historien ne pouvait se tromper. Xénophon, qui, par son expédition en Asie, avait acquis quelque connais sance des traits principaux de la religion perse, nous parle de sacrifices offerts au soleil, à Jupiter et à plusieurs autres divinités. Il décrit la nature et les rites de ces sacrifices ; et, ce qui est bien plus décisif, il nous montre Cyrus le Jeune invoquant les dieux tutélaires de l’empire qu’il veut conquérir. Aspasie ou Milto, sa maîtresse, se croyant redevable à a b c
d e
HE´ ROD. VI, 1181. THUCYDID. VIII, 1092. CIC. in Verrem. On a expliqué ce dernier fait, en supposant que le culte d’E´phèse avait beaucoup de rapports ou une origine commune avec celui des Perses. Cette hypothèse a été très-ingénieusement établie par un écrivain moderne (M. CREUTZER, dans sa Symbolique) ; mais le polythéisme des Perses n’en serait que mieux prouvé3. HE´ ROD. VIII, 354. Darius accusa les Athéniens d’avoir brûlé les temples dans l’Asie-Mineure. (HE´ ROD. VIII, 85.) Ce reproche n’indique-t-il pas que l’incendie de ceux de la Grèce ne fut qu’une représaille ?
1–2 Le respect ... Verrès. ] Tissapherne 〈adore〉 immole ce dernier mot dans l’interl. dans Ephèse des victimes à la fille de Latone, & la tradition de son respect pour cette Déesse sert de moyen oratoire à Cicéron pour aggraver l’impiété de Verrès. Co 3445 4 célestes ] 〈divines〉 célestes Co 3445 6 que ce temple ] 〈qu’il〉 que ce temple la corr. dans l’interl. Co 3445 15 le Jeune ] manque Co 3445 16 Milto, sa maîtresse, ] Milto, la maîtresse de Cyrus le Jeune, Co 3445 17 Hérod. VI, ] ib. Co 3445 1 2
3 4 5
La restitution de la statue dorée d’Apollon du temple de Délion en Béotie est racontée par Hérodote à l’endroit indiqué. «Ainsi il [Tissapherne] arriva d’abord à Ephèse, où il offrit un sacrifice à Artémis» (Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, traduit par J. de Romilly, Paris : Laffont, 1990, p. 656). Il s’agit des dernières lignes du livre. BC renvoie à Creuzer, Symbolik, t. II, pp. 107–122 ; voir en outre Meiners, Kritische Geschichte der Religionen, t. I, pp. 418–420. Le chapitre en cause raconte le fait mentionné par BC. Ce que ce dernier ne mentionne pas, ce sont les événements miraculeux qui protègent les richesses du sanctuaire de Delphes. Le renvoi est incorrect. BC pense probablement à une phrase du livre VII, chap. VIII, où Hérodote résume un discours de Xerxes devant les grands de son empire. Le roi reproche aux Athéniens, probablement comme son père Darius, d’avoir brûlé les temples dans l’Asie mineure.
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Vénus de son élévation, lui érige une statue a. Après la mort de son amant, elle devient prêtresse de la Vénus assyrienne b, dont Artaxerce consacre le culte ; et les successeurs de ce monarque lui élèvent des temples dans leurs villes les plus considérables, et les enrichissent de présents immenses c. Les Perses sont donc, en dépit des livres Zend et de la doctrine savante et abstraite de leurs Mages, restés polythéistes jusqu’à la chute de leur em-
a b
c
AEL. Var. hist. XII, 11. C’est cette même Vénus assyrienne que les écrivains grecs appellent tantôt Diane-Persique, tantôt Vénus-Anaïtis, tantôt Junon ou Minerve, tantôt Zaretis ou Azara. (HE´ ROD. POLYB. PLUTARCH. Vit. Artax. STRABON, XII et XIV.) Le culte de cette Vénus-Anaïtis pourrait bien avoir été l’amalgame de l’astrolâtrie et d’un culte étranger. L’Ized ou le génie de la planète de Vénus est nommée Anahid dans le Zendavesta2. PLUT. loc. cit3. POLYB. X, 244. CLEM. ALEX. Protrept. p. 5755.
7 Ael. ... 1. ] Bayle, art. Cyrus. Co 3445 collé Co 3445 10 XIV. ] XVI Co 3445
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8–12 C’est ... Zendavesta. ] note sur un papillon 13 Clem. Alex. ] Berode ap. Clem. Alex. Co 3445
BC renvoie à l’histoire d’Aspasia racontée par Claude Élien dans le livre XII, chap. I de son ouvrage ΠΟΙΚΙΛΕ ΙΣΤΟΡΙΑ (Varia historia cum notis integris Conradi Gesneri, Johannis Scheffleri, Tanaquili Fabri, Joachimi Kuhni, Jacobi Perizonii & Interpretatione Latina Justi Vulteji, [...] curante Abrahamo Gronoviio, Lugdunum Batavorum [...] : S. Luchtmans & J. A. Langerak, 1731, pp. 717–718 ; dans l’édition anonyme, Basileæ : apud Johannem Schweighauser, 1774, pp. 303–317). BC cite plusieurs auteurs pour soutenir cette opinion. Hérodote, Histoire, Livre I, chap. 105, Polybe, Histoires, livre X, chap. 27 (description du palais d’Ecbatane), Plutarque, Vie parallèles, «Artaxerxes», chap. 27, où il est raconté qu’Aspasia, une des femmes de ce roi, est nommée prêtresse d’«Artemis à Ecbatane qu’on appelle Anaïtis». Strabon, Description du monde (Geographia), livre XII, et XIV. – La source de cette cascade de renvois est probablement Creuzer, Mythologie, t. II, pp. 19–26, IV, p. 246 ou Kleuker, Anhang zum ZendAvesta, t. II, 3. – La remarque sur Anahid, le bon génie de la planète de Vénus, est tirée de Kleuker, Zend-Avesta, Zoroasters Lebendiges Wort, [...], Dritter Theil, Bun-Dehesch, chap. V, p. 66. BC revient à l’histoire d’Artaxerxes qui enrichit le sanctuaire d’Artemide. Polybe, Histoires, livre X, chap. 29 donne la description des richesses de la ville d’Ecbatane. BC pense à un passage de Clemens Alexandrinus dans son ouvrage Protrepticon ad Græcos. Voir Clément d’Alexandrie, Le Protreptique, introduction, traduction et notes de Claude Mondésert, Paris : Éditions du Cerf, 1949, p. 130 : «[...] celui-ci [Artaxerxès, fils de Darius] érigea le premier la statue d’Aphrodite Anaïtis à Babylone, à Suse, à Écbatane, et induisit à la vénérer les Perses, les Bactriens, Damas et Sardes.» Kleuker, Anhang zum Zend-Avesta, p. 109 reproduit et commente le même passage.
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pire a sous le règne du dernier Darius, et par conséquent avant que l’in-
a
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Nous sommes entrés dans quelques détails sur le polythéisme des Perses, parce que c’est surtout chez ce peuple qu’on a prétendu trouver un théisme pur. La religion des Perses était une religion sacerdotale. Parmi les systèmes que ces religions reçoivent, ou, pour mieux dire, entassent, plutôt qu’elles ne les amalgament ou ne les concilient, le théisme pur doit se rencontrer ; car tout s’y rencontre. Mais ce n’est jamais comme doctrine unique, ni doctrine populaire. On ne saurait trop se le répéter, si l’on veut concevoir des idées claires sur la marche de la religion : les lumières doivent être parvenues à un point assez élevé, les connaissances sur les lois de la nature doivent avoir acquis un certain degré de profondeur et de vérité, pour que la conception du théisme soit possible. Le peuple, objectera-t-on peut-être, n’est guère plus éclairé parmi nous qu’il ne l’était chez les nations anciennes, et le théisme est cependant la religion publique. Nous répondrons d’abord que les classes inférieures de nos temps modernes, dans quelque abaissement qu’elles soient encore, ne sauraient toutefois être comparées à ces castes condamnées jadis à des professions invariables, repoussées de toutes les connaissances, étrangères à l’usage des lettres, n’apprenant des arts que la partie mécanique, et soumises à mille subdivisions arbitraires, qui ne permettaient, ni combinaisons d’idées, ni développement de l’intelligence. De plus, le peuple de nos jours reçoit ses notions de théisme des classes supérieures : son propre jugement, ses propres méditations n’y entrent pour rien. Les ministres de la religion, loin de s’envelopper de ténèbres comme les corporations sacerdotales de l’antiquité, loin de cacher à la masse de la nation la doctrine pure qu’ils possèdent, la lui communiquent, la lui enseignent, la lui imposent. Si l’on pouvait leur adresser un reproche, ce ne serait pas de rendre le monopole de leurs opinions inaccessible aux profanes, à l’instar des prêtres de l’ancienne Égypte ; ce serait, au contraire, de vouloir trop souvent forcer les profanes à participer à toutes leurs opinions : et cependant les classes inférieures s’écartent sans cesse de la rigueur des opinions unitaires, invoquent des saints, se choisissent des protecteurs, placent, en un mot, sous un Dieu unique la multiplicité des dieux. Si telle est la relation nécessaire de l’ignorance avec un polythéisme tout au plus
1-p. 271.1 et par conséquent ... croyance, ] manque Co 3445 2-p. 272.19 Nous sommes ... fétiche. ] longue note qu’on trouve sur les f os 21 à 23 en partie copiée d’un autre manuscrit, en partie sur des placards découpés et collés dans les col. de droite et enfin sur trois papillons collés dans la col. de gauche du f o 23, partiellement pliés puisque les fiches débordent ; un passage des placards subdivisions ... s’envelopper de est répété par inadvertance parce que BC travaillait avec deux jeux et a laissé subsister sept lignes Co 3445 7 populaire. ] positive. Co 3445 8 se le ] le Co 3445 23 enseignent ] assignent Co 3445 24 leurs ] les Co 3445 26–28 cependant ... s’écartent ... invoquent ... choisissent ... placent ] cependant voyons ... s’écarter faute de syntaxe dans l’imprimé ; BC corrige ici comme par la suite en remplaçant dans cette phrase les infinitifs des verbes par la troisième personne du pluriel ... invoquer ... choisir ... placer Co 3445
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vasion grecque eût dénaturé leur croyance,
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ils adoraient une image du
déguisé, même chez les nations que l’enseignement et les lumières retiennent dans la croyance opposée, à plus forte raison devait-il en être ainsi, lorsque des castes dédaigneuses et jalouses n’étaient occupées qu’à accroître toutes les distances qui les séparaient d’une foule aveugle. Le zèle que des théologiens très-religieux ont mis à donner au théisme l’antériorité sur tout autre culte, a droit de nous surprendre. Ces défenseurs ardents du christianisme, dont nous nous croyons aussi d’ardents défenseurs, travaillaient, ce nous semble, à leur insu, par leur propre hypothèse, à détruire la base de la croyance dont le triomphe était leur espoir. Si les Perses, comme le suppose Hyde1, ou les Égyp tiens, comme Jablonsky2 l’affirme, n’avaient adoré qu’un seul Dieu, quelle eût été la différence entre ces peuples et les tribus hébraïques ? Pourquoi Dieu, dans ses décrets éternels, aurait-il séparé les Juifs par d’invincibles barrières d’avec des nations non moins fidèles, et qui lui offraient des hommages non moins purs ? Cette objection s’applique surtout au système de Hyde, qui prétend que les Perses n’ont jamais dévié du culte orthodoxe. Comment alors n’auraient-ils pas été le peuple de Dieu ? Nous l’avons déja dit, nous le démontrerons dans la suite, et ce ne sera pas l’un des objets les moins intéressants que nous aurons à traiter : il y a dans le cœur de l’homme une tendance vers l’unité, et par conséquent vers le théisme ; mais cette tendance, qui, à toutes les époques, se manifeste partiellement et sous diverses formes, ne se déclare et ne se développe tout entière que fort tard. Elle est le résultat de la disproportion du polythéisme et du besoin religieux, modifié par les lumières. Or, pour que cette disproportion se fasse sentir, ne faut-il pas que les lumières existent ? L’auteur d’un ouvrage distingué sur la marche des idées philosophiques dans la religion
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5–11 Le zèle ... entre ces ] passage qu’on trouve dans Co 3435/3 où il appartenait au texte principal du chapitre auquel était accrochée la note sur Berger, voir ci-dessous, p. 272, la variante à la ligne 3 〈Qu’il nous soit permis de nous étonner ici du zèle que des Théologiens très religieux ont mis 〈illis.〉 à donner au Théisme l’antériorité sur tout autre culte. Ces défenseurs ardens du christianisme travaillaient à leur insu, par leur propre hypothèse, à détruire la baze de la croyance qu’ils vouloient défendre. Si les Perses, comme le rapporte Hyde, ou les Egyptiens, comme Jablonsky l’affirme, n’avoient adoré qu’un seul Dieu, quelle eut été la différence entre les〉 Co 3435/3 Co 3445 17–23 Nous l’avons ... existent ? ] passage qu’on retrouve dans la note sur Berger, Co 3435/3 ; voir ci-dessous, p. 272, la variante à la ligne 19 17 dans la suite ] plus tard Co 3445 24-p. 272.19 L’auteur ... seul fétiche. ] une version plus développée de cette note se retrouve dans Co 3435/33, fiches 28 à 36, avec, dans la marge de 24 ouvrage distingué ] ouvrage assez la fiche 28, l’observation mis ds le ch. des Juifs distingué Co 3435/3 1
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BC pense à Thomas Hyde, Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religionis historia, editio secunda, Oxonii : e typographeo Clarendoniano, 1760, chap. XXXIII : «Persæ, ob origine Gentis, semper crediderunt in unicum verum Omnipotentem & Immortalem Deum» (p. 402). BC cite sommairement la théorie de Paul Ernst Jablonski, Pantheon Ægyptiorum. Jablonski expose ses réflexions dans la partie intitulée «Prolegomena», chap. I, § VII-IX, pp. XII-XIX. Sur ce ms., voir ci-dessus, p. 107.
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soleil, et des si mulacres d’or et d’argent a ; et si nous en croyons Tacite b, dont nous n’avons aucune raison de révoquer en doute l’autorité, ils ont
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(BERGER, Gesch. der Relig. philos1.), s’est efforcé d’appuyer de raisonnements qui lui sont propres, la priorité du théisme. Cette croyance, dit-il, a pu être chez quelques peuples la première religion, non que ces peuples se soient élevés, dès leur enfance, jusqu’à l’idée de l’unité abstraite et métaphysique, mais d’après le penchant naturel de l’homme à se créer des objets d’adoration conformes à sa situation personnelle. Chez les peuples nomades, les chefs de famille, chargés de la direction générale de leurs troupeaux nombreux, de leurs femmes, de leurs enfants et de leurs esclaves, et présidant seuls à cette direction, imaginèrent un dieu unique, gouvernant le monde, comme ils gouvernaient leurs familles. Cet écrivain confond, ce nous semble, deux choses dissemblables : quelques hordes nomades pourraient n’adorer qu’un seul dieu, pour la raison que cet auteur allègue ; encore n’en connaissons-nous aucun exemple : mais alors même, elles ne considéreraient point ce dieu comme le seul existant ; elles reconnaîtraient d’autres dieux, protecteurs des nations étrangères, et que seulement elles n’adoreraient pas. Or ce n’est point l’adoration, c’est la croyance exclusive qui constitue le théisme, et c’est cette croyance exclusive qui ne peut triompher qu’au sein de la civilisation. En raisonnant comme cet écrivain, l’on pourrait voir jusque dans le fétichisme une espèce de théisme ; car la plupart du temps, et dans les circonstances ordinaires, chaque sauvage n’adore qu’un seul fétiche. QUINT. CURT. III, 32. TACIT. Annal. III, 161–162. Vopiscus raconte que les Perses du temps d’Aurélien avaient consacré à Mithras ou au soleil, sinon des temples, du moins des statues. Il nous apprend (Vie d’Aurélien, ch. 5) que le roi de Perse fit présent à ce prince, avant son avénement au trône, d’une coupe du même poids que celle qu’on avait coutume d’offrir aux empereurs, et
3 Gesch. der Relig. philos. ] Geschichte der Religionsphilosophie Co 3435/3, Co 4725, Co 3445 4 propres ] particuliers Co 3435/3, Co 4725, 6 se créer ] 〈voir〉 se créer Co 3445 7 des objets d’adoration conformes ] les objets de son adoration conformément Co 3435/3 12–13 encore ... même, elles ] Mais elles Co 3435/3, Co 4725 13 alors même ] ajouté dans l’interl. Co 3445 point ] pas Co 3435/3 15 point ] pas Co 3435/3, Co 4725 16 ne peut ] 〈constitue le théisme〉 ne peut BC se corrige en copiant sa source Co 3445 17–18 voir jusque dans le fétichisme ] voir dans le Fétichisme même Co 3435/3, Co 4725 18 espèce ] sorte Co 3435/3 18–19 la plupart ... sauvage ] le plus souvent le sauvage Co 3435/3, Co 4725 19 fétiche. ] fétiche. Sans doute, & nous l’avons déjà dit, & nous le montrerons dans la suite, il y a dans le cœur de l’homme une tendance vers le Théisme. nous décrirons ailleurs les progrès de cette tendance, & ce ne sera pas l’un des objets les moins intéressans de ceux que nous aurons à traiter ; mais cette tendance ne se developpe que fort tard. Elle est le résultat de la disproportion du Polythéisme, avec le besoin religieux modifié par les lumières. Or pour que cette disproportion se fasse sentir, ne faut-il pas que les lumières existent ? Co 3435/3 la dernière phrase de ce passage manque dans Co 4725 21-p. 273.3 Tacit. ... ce dieu. ] texte sur une fiche collée Co 3445 1
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Immanuel Berger, Geschichte der Religionsphilosophie oder Lehren und Meinungen der originellsten Denker aller Zeiten über Gott und Religion, historisch dargestellt, Berlin : im Verlage der Langischen Buchhandlung, 1800. La théorie réfutée par BC se trouve : livre I, chap. 1, pp. 1–4. Quinte-Curce, De rebus gestis Alexandrini Magni regis Macedonum libri superstites, [...] instructi a Frid. Schmieder, Gottingæ : Sumptibus Henrici Dieterich, 1803, pp. 27–30, et plus particulièrement p. 29.
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persisté dans le polythéisme long-temps après a. Ainsi en Perse, comme
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sur laquelle le soleil était représenté dans le costume que portait la mère d’Aurélien, prêtresse de ce dieu1. L’histoire de la religion perse se divise en trois époques2. Jusqu’au temps d’Alexandre, elle fut un mélange de la doctrine de Zoroastre et de la religion antérieure de la Perse ; depuis Alexandre, ces deux éléments se combinèrent avec beaucoup de notions et de pratiques empruntées des Grecs. Ce ne fut que sous la dynastie des Arsacides et des Sassanides, dont la dernière se prétendait issue de Zoroastre même, que les dogmes de ce réformateur s’établirent, tels que ses livres les enseignent. A cette époque, les rois de Perse, de concert avec les Mages, travaillèrent à repousser de leur religion tout ce qui s’y était glissé d’étranger. Ils rétablirent dans leur ancienne dignité et leur ancien pouvoir les Mages, réduits, sous les Grecs, à n’être plus que des sorciers méprisés et mercenaires. Ils détruisirent les temples de Vénus-Anaïtis ; le nom de cette déesse ne se trouve, ni dans Ammien-Marcellin, ni dans Procope. Agathias en parle comme d’une déesse adorée autrefois. Ainsi, après les Arsacides, les Perses n’eurent que des dieux nationaux, Mithras, la lune, la terre, l’air, le feu, enfin Oromaze et Arimane, dont le culte n’était devenu public que lors des conquêtes d’Alexandre. Ils ajoutèrent des cérémonies outrageantes contre Arimane, mais restèrent d’ailleurs fidèles à leur ancien culte, malgré leur asservissement aux Arabes et les persécutions qu’ils éprouvèrent. Ces persécutions, qui durent encore, les ont rapprochés du théisme. Les Guèbres actuels, lorsqu’on les questionne sur l’adoration prodiguée par eux ou par leurs ancêtres, soit au feu, soit au soleil, soit aux autres planètes, répondent qu’ils n’adorent point ces objets comme des dieux ; mais qu’ils leur adressent des hommages dirigés en réalité vers le Dieu suprême et unique (HYDE, de Rel. pers.) : c’est que les Perses, opprimés aujourd’hui comme idolâtres par les Mahométans, ont un vif intérêt à repousser toute inculpation d’idolâtrie, et qu’ils essaient, pour y mieux réussir, d’en justifier même leurs aïeux. Environnés d’ailleurs de nations unitaires, ils sont enclins à raffiner sur les croyances des générations passées, et à leur prêter des subtilités qu’elles n’ont pas connues et des distinctions qu’elles n’ont point faites. De ce nombre est la vénération purement civile, qui, disent-ils, engageait les anciens Perses à se prosterner devant le soleil et devant le feu, comme devant les grands et les rois. (BRISS. de Reg. Pers. princ3) Que signifie une vénération purement civile, envers des êtres avec lesquels les hommes ne sauraient, dès qu’ils les personnifient, avoir que des rapports religieux ?
2–34 L’histoire ... religieux ? ] texte de la note sur cinq fiches collées dans la col. de droite 13 Perses ] Prêtres Co 3445 15 Ils ajoutèrent ] Les perses ne (f os 25 et 26) Co 3445 changerent rien à cet ancien culte si ce n’est qu’ils ajoutèrent Co 3445 17–18 mais ... asservissement ] Ils lui resterent fidèles malgre´ leur asservissement Co 3445 26 pas ] point Co 3445 31 lesquels ] mot omis par inadvertance Co 3445 1
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Le renvoi à Tacite est faux, l’erreur non élucidée. – BC résume la dernière phrase de Flavius Vopiscus, Vie d’Aurélien, chap. V : «Elle (la coupe) représentait le Soleil avec les attributs mêmes sous lesquels on l’adorait dans le temple où sa mère était prêtresse». Nous ignorons la source de cette information. BC renvoie sommairement à Ammien-Marcellin, Res gestæ et à Procope de Césarée, Livres des guerres. BC renvoie à Barnabæ Brissonii JC, [...] De regio persarum principatu libri tres, [...] opus denuo recensuit & observationes adjecit Albertus Dietericus Trekell JC, et plus particulièrement au début du livre II qui parle de la religion, des lois, des mœurs et des institutions des Perses. Les passages qu’il faudrait consulter se lisent dans le volume des Opera minora
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ailleurs, le fétichisme, le polythéisme, la science, l’histoire, la métaphysique, la cosmogonie, tout se rencontre, se mêle et se confond a. Si les livres Zend, réforme commandée par le pouvoir et exécutée par le calcul, refonte artificielle et plus ou moins arbitraire d’une croyance déja ancienne et graduellement modifiée par une vieille civilisation, œuvre rédigée enfin par l’ordre du despotisme temporel contre l’autorité théocratique ; si les livres Zend, disons-nous, semblent s’être affranchis de quelques dogmes et de quelques pratiques révoltantes, le sacerdoce, conservant et regagnant son empire, exerça son influence ordinaire ; toutes les institutions, tous les préceptes furent empreints de son esprit : son culte, surchargé de pratiques, ne laissait à l’homme aucun instant de relâche ; la notion de l’impureté le poursuivait sans cesse, le troublait dans toutes ses actions ; il se consumait en invocations, en purifications, en expiations multipliées. Ces devoirs factices étaient mis au rang des premiers devoirs, et le mécanisme des rites pesait sur le sentiment et l’étouffait. a
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Goerres (As. Mytheng. I, 236–2381) présente des observations très-intéressantes sur l’insuffisance de toute explication partielle de la religion des Perses, et ces observations militent contre les explications partielles de toute autre religion. Il serait facile, dit cet écrivain, de présenter le système de Zoroastre comme une suite de personnifications chronologiques : Zervan-Akerène serait l’éternité, Zervan la durée du monde, les Amschaspans de grandes périodes, Mithras l’année solaire, les Izeds les jours, les Gaehs les heures ou les divisions des jours. On pourrait y trouver aussi des calculs astronomiques : Oromaze serait le monde, Mithras le soleil, le Taureau mystérieux le taureau équinoxial, les quatre Oiseaux les zones, les Amschaspans les planètes, les Izeds les étoiles fixes, Albordi le zodiaque, Meschia et Meschiane les jumeaux, l’introduction d’Arimane dans le monde le signe de la balance, etc. Il serait encore facile d’y glisser une interprétation géographique : l’Albordi serait l’olympe persan, ou la demeure d’Oromaze ; Ixhordad, l’Araxe et les lieux qu’il arrose ; Schariver le règne minéral, Sayandomad les troupeaux, Amerdad la fertilité ; les Izeds les dieux des villes, des fleuves, des montagnes, les pénates des familles. Enfin une explication métaphysique ne serait pas impossible : Zervan-Akerène serait l’infini, Oromaze l’intelligence, Mithras l’ame du monde, les Izeds les idées, Arimane la destruction, Honover la force
2–15 Si les livres ... l’étouffait. ] texte ajouté dans la col. de gauche Co 3445 5–6 rédigée ... despotisme ] dirigé enfin par le despotisme Co 3445 7 dogmes ] dogmes absurdes Co 3445 8 et ] ou Co 3445 16 Goerres ] la source porte Goerrès Rel3 16–33 Goerres ... insolubles. ] note écrite sur trois fiches collées au f o 28, col. de droite et repliées puisque la feuille ainsi obtenue dépasse la taille du folio Co 3445 21–22 les heures ... jours ] les jours ou parties des jours Co 3445 22 Oromaze ] Ormuzd Co 3445 25 balance, ] balance, 〈illis.〉 Co 3445 26 encore ] tout aussi Co 3445
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varii argumenti, Lugdunii Batavorum : Apud Joann. Arnold. Langerak, MDCCXLVII, pp. 513 et 515 : «In patriis esse moribus adorare quotidie solem orientem» ou «Ignis autem, divinis illis honoribus a Persis cultus, perpetuo focis acensus, sic ut numquam deficeret, adservabatur». Il est évident que BC cite l’ouvrage du célèbre juriste (1531–1591) de seconde main, d’après une source non identifiée. Aux pp. indiquées de son ouvrage Mythengeschichte (éd. de 1935, p. 121), Görres admet des exégèses différentes de la religion des Perses, exégèse chronologique, astronomique, géographique, historique ou philosophique. Il enchaîne ainsi : «Jede Erklärungsart hat ihre
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Passons maintenant à l’occident et au nord ; voyons d’abord les Scandinaves, les Germains a, toutes les nations connues sous le nom de Celtes, ayant pour idoles des arbres b, des animaux c, des cailloux d, des armes e, et de plus, le soleil f, les éléments g, les étoiles.
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créatrice. Chaque explication aurait son côté vrai ; mais comme chacune serait exclusive, il resterait dans chacune quelque chose d’inexpliqué qui fournirait des objections insolubles. On trouve tous les faits qui constatent ce culte grossier dans la Germanie, rapportés par Sulzer, allgem. Theor. der Schœn[.] Künste, vol. VI1. Grégoire de Tours, déja cité, vol. II, pag. 45 ; et dans Borlase (Antiq. of Cornwall, p. 121– 122), les décisions des conciles. Veneratores lapidum, accensores facularum, et excolentes sacra fontium et arborum admonemus. (Conc. Tur. A. D. 5672.) TACIT. Germ. 453. BARTHOLIN, 1114. MALLET, Introd. à l’Hist. de Dan. 184–185. PROCOP. Vandal. I, 3. AMM. MARCELL. XXXI, 2. Voyez aussi sur le culte des lances, JUSTIN, XLIII, 35. Le soleil sous le nom d’Odin, la lune sous celui de Mana. Tout le monde connaît l’énumération transmise par Hérodote des dieux élémentaires des Scythes : Tabiti, le feu ; Papæus, l’ame du monde ou le ciel ; Apia, la terre ; Oetasirus, le soleil ; Artimpasa, la lune ; Thamimasadès, l’eau. (HE´ ROD. IV, 596.) Pelloutier, bien que trop systématique, et n’ayant vu de la religion que la forme extérieure, est forcé toutefois de convenir que les nations qu’il appelle Celtes, ne considéraient point les éléments comme de simples images d’une divinité invisible, mais comme étant euxmêmes des divinités7.
1 maintenant ... voyons ] maintenant 〈des régions orientales ou méridionales,〉 à l’Occident & au Nord 〈pour les traverser rapidement〉 voyons Co 3445 4 étoiles. ] étoiles+ : 〈un Roi de Norvège〉 l’ajout prévu et rédigé dans la col. de gauche est caché par une fiche collée ; cette fiche est blanche, sauf le petit ajout plus bas (voir la variante aux lignes 14–17) Co 3445 7 pag. 45 ] le chiffre manque encore Co 3445 7–8 p. 121–122 ] ajouté dans l’interl. Co 3445 14–17 Tout le monde ... IV, 59.) ] passage ajouté sur la fiche collée dans la col. de gauche. Co 3445 19 forcé ... convenir ] 〈prouve〉 est force´ ces deux mots dans l’interl. toutefois 〈très bien〉 de convenir ces deux mots dans l’interl. Co 3445
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eigene wahre Seite, durch deren Hervorheben sie im ganzen Umfange wahrscheinlich gemacht werden mag : jede aber muß vieles fallen lassen, was sie nicht aufnehmen kann, und daraus läßt sich dann jedesmal ihre Widerlegung führen. Die eigentliche Wahrheit ist, daß die Lehre selbst alle zusammen, und keine von allen ist.» BC pense aux Nachträge zu Sulzers allgemeinen Theorie der schönen Künste, t. VI, Leipzig : Verlag der Dykischen Buchhandlung, 1800, notamment à l’article de Heinrich Delius «Über die Religion der alten Deutschen», pp. 245–293. OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 80, n. b. BC cite Grégoire de Tours d’après, Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France. – William Borlase, Antiquities Historical and Monumental of the County of Cornwall, London : Baker, 21769. Tacite rapporte des Estiens qu’ils vénèrent la «Matrem Deum» par des figures de sangliers : «Matrem deum venerantur. Insigne superstitionis formas aprorum gestant» (Germania, chap. XLV, 2–3). Thomæ Bartholini, Thomæ filii, Antiquitatum danicarum de causis contemptæ a Danis adhuc gentilibus mortis libri tres, ex vetustis codicibus & monumentis hactenus ineditis congesti, Hafniæ : J. P. Bockenhoffer, 1689. Renvoi à Paul-Henri Mallet, Introduction à l’histoire du Dannemarc, ou l’on traite de la
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Le dieu principal des Livoniens est à-la-fois un oiseau et l’astre du jour a. Les légendes de Regner-Lodbrog donnent le nom de déesse à la vache Sibylia, que ce conquérant menait avec lui dans toutes ses batailles, et dont les mugissements terribles forçaient les ennemis à se percer de leurs propres glaives b. Les anciens Russes avaient pour fétiches des serpents apprivoisés ; et chaque village de la Pologne reconnaissait un dieu particulier, revêtu d’une forme monstrueuse c. Les nouveau-nés de la Bohême étaient présentés aux flammes, et les mères les recommandaient à la protection du a
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ADAM BREM. ch. 224. Livones honorem Deo debitum, animalibus brutis, arboribus frondosis, aquis limpidis, virentibus herbis, et spiritibus immundis impendunt. Bulla Innocent. III. A. D. 1199. Ap. Gruber in Orig. Livon. pag. 2051. RAGNARS-SAGA. ch. 82. DLUGOSZ, Hist. Pol. tom. I3.
6 village ] 〈commune〉 village corr. dans l’interl. Co 3445
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Religion, des Loix, des Mœurs & des Usages des anciens Danois, Copenhague : chez les Frères C. et A. Philibert, 1756, livre IV, le chap. intitulé «Honneurs rendus aux armes», p. 140. Mallet ne dit pas que les armes sont vénérées comme des idoles par les Scandinaves, mais qu’elles servaient dans les cérémonies où l’on prêtait serment «par l’épaule d’un cheval & par le tranchant de l’épée». – Le renvoi à Ammien Marcellin vise la fin du chap. indiqué des Res gestæ, qui dit que les Alanes vénèrent l’épée comme dieu de la guerre. – Le dernier exemple renvoie aux extraits des Historiæ Philippicæ de Pompeius Trogus connus sous le nom de Justin (livre XLIV, chap. 3), où il est question du culte des lances. (Note de la p. précédente) La source de l’information donnée dans la première phrase n’est pas identifiée. – Les noms sont légèrement différents chez Hérodote. Tabiti, Papaios, Api, Oitosyros, Urania Argimpasa, Thagimasadas. (Note de la p. précédente) BC pense à Simon Pelloutier, Histoire des Celtes, et particulièrement des Gaulois et des Germains, depuis les tems fabuleux, jusqu’à la prise de Rome par les Gaulois, Paris : Quillau, 1770–1771, 8 vol., livre III, chap. III, qui parle de la vénération des éléments chez les Celtes. Adamus Bremensis, Gesta Hammaburgensis Ecclesiæ Pontificum. (voir Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte des Mittelalters, t. XI, Darmstadt : Wiss. Buchgesellschaft, 1961, pp. 135–503). – Johann Daniel Gruber, Origines Livoniæ sacræ et civilis seu Chronicon Livonicum vetus, continens res gestas trivium primorum episcoporum quibus devictæ a Saxonibus, et ad sacra christianorum traductæ livoniæ absolvitur historia a pio quodam sacerdote [Henricus de Lettis] [...] conscripta et ad annum Christi nati MCCXXVI deducta. E codice ms. recensuit [...] testimonibus illustravit [...] indicem adiecit Ioan. Daniel Gruber A. B., Francofurti & Lipsiæ : s.éd., 1740. Cet ouvrage cite, dans la partie documentaire pour l’année 1199, la Bulle d’Innocent III : VII, De negotio fidei in Livonia. BC utilise pour cette note l’ouvrage de Franz Joseph Mone, Geschichte des Heidenthums im nördlichen Europa, Leipzig et Darmstadt : Carl Wilhelm Leske, 1822, t. I, pp. 75 (note) et 77. Cette saga du XIIIe siècle fait partie de la Völsunga Saga. Le chap. 8 narre l’expédition en Suède de Ragnar et les nombreux sacrifices faits à Upsala, dont celui de la vache Sibylia. Voir Ragnar-Lodbroks-Saga und Norna-Gests-Saga, übersetzt durch Friedrich Heinrich von der Hagen, Breslau : im Verlage von Josef Max, 1828, p. 35. BC cite la note d’après une source non identifiée. Les divinités de la Pologne païenne sont décrites dans le premier livre de la Historia Polonica de Długosz (Ioannis Długossi seu Longini canonici quondam cracoviensis Historiæ Polonicæ libri XII, [...] Lipsiæ : Sumpti-
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feu sacré a. Ce feu, nourri chez les Finnois par leurs prêtres, attirait sur leur tête, en s’éteignant, la peine de mort. Le même peuple offrait pour victimes aux lézards des coqs, au soleil des hommes ; et ces hommages barbares étaient rendus par les Slaves au Bog b, au Don c, au Danube. Un roi de Norwège adorait une vache ; un héros islandais sacrifiait à son cheval ; d’autres vénéraient des pierres d. Le pays de Galles, siége du plus antique druidisme, avait ses taureaux et ses vaches sacrés, nés du taureau mystérieux, fils de l’ancien monde e. L’un de ces taureaux, par un rapprochement naturel des idées guerrières et des notions religieuses, était le taureau du combat f. Des déesses habitaient les a b c d e f
HAGECK, Bœhm. Chron. p. 2541. L’Hypanis des anciens. Le Tanaïs. BARTHOL. III. Rüh, Scandinavia, p. 122. Archæol. of Wales. II, 21, 803. Archæol. of Wales. II, 4, 72, 764.
4 au Danube ] & au Danube Co 3445 7 siége ... druidisme, ] manque Co 3445 8–10 L’un de ces taureaux ... combat. ] ajouté dans la col. de gauche, avec la note accrochée à cette phrase Co 3445 8–9 L’un de ces taureaux ] l’un d’eux Co 3445 10-p. 278.1 Des déesses ... Grande-Bretagne. ] 〈Il avait〉 ses lacs 〈habités〉 peuplés par des Déesses. on trouve encore audessus des deux premiers mots biffés l’ébauche d’une correction inachevée la gde Bretagne Co 3445 15 21, 80. ] 21 & 80. Co 3445
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bus Ioannis Ludovici Gleditschii & Mauritii Georgii Weidmanni, 1711, col. 36–38). Cette description ne confirme pas entièrement ce que dit BC. Wenceslai Hagecii von Libotschan Böhmische Chronik vom Ursprung der Böhmen [...], Leipzig : bei Thomas Fritschen, 1718. Le passage évoqué par BC dit ceci : «[...] und sobald das Kind aus dem Mutterleib kam, nahmen sie und hieltens über das Feuer, opfferten es den Geistern des Feuers, mit Bitt, daß sie diesem Kind bis an seinen Tod beystehen wollten.» BC revient à Thomæ Bartholini, Thomæ filii, Antiquitatum danicarum de causis contemptæ a Danis adhuc gentilibus mortis libri tres. – Renvoi à l’ouvrage de Friedrich Rühs, Die Edda, nebst einer Einleitung über nordische Poesie und einem Anhang über die historische Literatur der Isländer, Berlin : Realschulbuchhandlung, 1812. Nous savons qu’il cite la deuxième entrée de ses Notes de lecture (BCU, Co 3292) qui exploite exactement ce passage en le traduisant. Il faut lire «I, 21, 80». Voir Owen Jones, Iolo Morganwg, William Owen Pughe (éds.), The Myvyrian archaiology of Wales, London : printed by S. Rousseau, 1801–1807, 3 vol. BC cite cet ouvrage dans cette note et la note suivante sans doute d’après une source non identifiée. Le texte visé est la triade «Tri phrif ychen ynys Prydein». Voir Rachel Bromwich, Trioedd Ynys Prydein : The Welsh Triads, second edition, Cardiff : University of Wales Press, 1978, pp. 117–118. Sur les triades, une espèce de répertoire de textes poétiques, voir Ceri W. Lewis, «The Content of Poetry and the Crises in the Bardic Tradition», A. O. H. Jarman, Gwilym Rees Hughes (éd.), A Guide to Welsh Literature, Llandybïe : Christopher Davies, 21984, t. II, p. 93. Voir R. Bromwich, Trioedd Ynns Prydein, «Tri Tharw Caduc Ynys Prydein», pp. 11–12.
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lacs de la Grande-Bretagne. Un barde gallois du cinquième siècle invoque le dieu de l’air, un autre celui du feu a, un troisième le soleil b ; et dans le panégyrique d’un prince, le souvenir du culte des animaux semble s’allier, comme aux Indes, à la gloire d’une incarnation. Owen a paru, dit le chantre inspiré, sous la forme d’un bouclier sonore, qu’un chef valeureux porte sur son bras avant le tumulte qui s’annonce, sous la forme d’un lion devant le chef aux ailes puissantes, sous la forme d’une lance terrible à la pointe étincelante, sous la forme d’une épée brillante qui moissonne les ennemis et distri bue la gloire après le combat, sous la forme d’un dragon devant le souverain de l’Angleterre, et sous la forme d’un loup dévorant c. Le polythéisme qui s’introduit ne supplante point ce premier culte ; chaque famille de la Germanie a son fétiche particulier, que son chef porte a
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«Qu’il s’élance, pétille, éclate, dans sa course indomptée, le feu rapide, le feu qui consume, celui que nous adorons, bien au-dessus de la terre.» (Poème de Taliésin, barde du sixième siècle1.) «Le chef élevé, le soleil, est prêt à remonter sur l’horizon, le souverain très-glorieux, le seigneur de l’île Bretonne.» (Poème intitulé Gododin, par Aneurin le Northumbrien2.) Poème de Cyndelw, dans l’ouvrage intitulé Mythologie des Druides ; Londres, 18093. C’est, du reste, une de ces productions insensées de vanité nationale, où tout est rapporté à un seul pays, qui est présenté comme le berceau de toute religion et de toute science ; et sous ce point de vue, la lecture n’en est curieuse que pour ceux qui aiment à voir jusqu’à quel point une idée exclusive peut fausser l’esprit et rendre l’érudition ridicule.
6 sous la forme ] sous forme Co 3445 11 Le Polythéisme qui s’introduit ] 〈un Roi de Norwege adorait une vache, un héros islandais sacrifiait à son cheval, d’autres veneraient des pièrres.〉 Le Polythéisme qui s’introduit corrections successives ; le passage biffé de ce f o 29 ter est la suite immédiate du texte qu’on trouve au f o 28 (voir ci-dessus, p. 277, lignes 3–7) ; la terminaison des verbes de la phrase biffée est récrite sur celle du participe présent ; le mot qui est récrit sur 〈en〉, et s’introduit sur s’introduisant ; d’autres corr. portées dans la col. de gauche cachées sous une fiche collée Co 3445 12 de la Germanie ] manque Co 3445 son chef ] le chef Co 3445 13 indomptée ] 〈illis.〉 indomptée Co 3445 16 souverain trèsglorieux ] souverain 〈seigneur〉 très glorieux Co 3445 1
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BC cite Edward Davies, The Mythology and Rites of the British Druids, London : J. Booth, 1809. Il traduit la fausse traduction du texte gaélique par Davies (p. 533). La faute du traducteur est à l’origine de la mauvaise exégèse du texte adoptée par BC. Voir J. Gwenogvryn Evans, Facsimile and Text of the Book of Aneirin, Pwllheli : s.éd., 1908, p. 48. On trouve de nouvelles propositions de traduction dans Kenneth Hurlstone Jackson, The Gododdin : the oldest Scottish Poem, Edinburgh : University Press, 1969, p. 122, et dans Aneirin : Y Gododdin, ed. by A. O. H. Jarman, Llandysul : Gomer Press, 1990, p. 180. Voir Davies, The Mythology and Rites, p. 115. BC traduit la (fausse) traduction du texte gaélique par Davies. Voir Evans, Facsimile and Text of Taliesin, Llanbedrog : Private Press of the Editor, 1910, p. 47. Voir Davies, The Mythology and Rites, pp. 11–15.
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partout avec lui a, tandis que les dieux nationaux sont renfermés dans des caisses qui leur tiennent lieu de temples, et placés sur des chars qui accompagnent les tribus errantes b. La science emprunte des images à ce double culte, pour perpétuer ses découvertes et ses calculs sans les divulguer. Les allusions fréquentes des bardes gallois à l’astronomie prouvent leur étude et leur observation des corps célestes c. Au fond de ce coin reculé du monde, les Druides avaient rédigé des traités d’une géographie fabuleuse d. Les trois grandes fêtes des Scandinaves se célébraient au solstice d’hiver, à la nouvelle lune du second mois de l’année, et à l’équinoxe du printemps e. Asgard, leur cité céleste, est, dans l’une de ses acceptions, le zodiaque ; et ses habitants, sur leurs douze trônes, en sont les douze signes. a
b
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Ces fétiches s’appelaient Allrunes, et ce nom passa d’eux aux prêtres, aux devins et à l’écriture sacerdotale. Magas mulieres quas ipse (Filimer) patruo sermone aliorumnas cognominavit. (JORNANDE` S)1. TACIT. Germ. 402. L’absence de temples a été alléguée en preuve des idées sublimes sur la divinité, tant pour les peuples du Nord que pour les Perses. Nous avons démontré la fausseté de cette assertion relativement à ceux-ci ; et quant aux premiers, nous demanderons si des chariots et des caisses sont des demeures plus convenables pour l’Eˆtre unique et suprême, que les temples des autres nations. Archæol. of Wales3. CÆS. de Bello gall4. MALLET, Introd. à l’Hist. du Dan. I, 1095.
2 qui ... temples ] mots ajoutés dans l’interl. Co 3445 4 images ] images & des fables Co 3445 5–7 Les allusions ... célestes. ] ajouté dans la col. de gauche, y compris la note Co 3445 7–8 Au fond ... fabuleuse. ] ajouté dans la col. de gauche Au fond ... geographie doublement 〈par ses er〉 fabuleuse par ses erreurs & ses formes mystiques. Davies. I. 53 la référence doit être lue comme une note à prévoir Co 3445 13 Ces fétiches ] 〈Magas mulieres quas〉 Ces fétiches Co 3445 16–20 Tacit. ... nations. ] note sur une fiche collée au bas de la page Tacit. ... Temples 〈illis.〉 ... relativement à 〈ces derniers〉 ceux-ci ... 〈autres〉 premiers ... nations. les corrections dans l’interl. Co 3445 22 Cæs. ... gall. ] manque Co 3445 23 Mallet ... Dan. ] Mall. Intr. Co 3445 1
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BC cite une phrase de l’ouvrage de Jordanes ou Jornandes episcopus, De origine actibusque Getarum, une des principales sources sur ce peuple. Le passage se trouve au chap. XXIV. Le terme «aliorumna» traduit le mot gothique «haljaruna». BC cite sans doute d’après un auteur non identifié. Tacite parle dans ce chapitre du culte de Nerthus, déesse et mère des peuples germaniques. Cette déesse, servie par un prêtre, vit dans un bois sacré et quitte parfois le sanctuaire, assise sur un char tiré par des vaches et tenant lieu de temple mobile, pour se faire vénérer par les tribus qu’elle visite. Voir, pour cet ouvrage, ci-dessus, p. 277, n. 3. Allusion non localisée. Davies, Mythology and Rites, p. 53, dit le contraire : «the remaining works of the Bards scarcely afford us an opportunity of judging, as to their proficiency in these sciences.» Une source possible pour cette observation est peut-être Edward Jones, Musical and Poetical Relicks of the Welsh Bards, London : printed for the Author, 1808, p. 84. Sur les druides, voir De bello gallico, livre VI, chap. 13–14. Le passage visé ici se lit dans l’édition de 1755 aux pp. 81–82. BC résume Mallet, en utilisant les expressions de celui-ci.
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Un même nom désigne le temps, le soleil, et la citadelle où les dieux se retirent pour se défendre contre les géants. Les nains, qui occupent une si grande place dans cette mythologie, ces enfants des dieux et de trois géantes entrées dans Asgard pour les séduire, sont au nombre de trente-six, dont les deux premiers, Ny et Nithi, représentent la pleine et la nouvelle lune, et quatre autres les points cardinaux du ciel. Mais comme il faut que la religion se rattache toutes les sciences, ces nains rappellent aussi la fusion des métaux : ils percent les entrailles de la terre, créent les pierres précieuses, et façonnent l’or et le fer dont ils forgent les armes, gloire des héros a. Les sept têtes et les sept épées du Rugiavith vandale figurent la semaine. Radegast, tantôt éblouissant de blancheur, tantôt d’un noir d’ébène, avec le symbole solaire du taureau sur la poitrine, et portant, comme le dieu de l’harmonie, le cygne sur la tête, rappelle les attributs d’Apollon b. Chaque soir, Perkouna, femme de l’Océan, la Thétis de Pologne, reçoit ce dieu couvert de poussière, mais que rafraîchit un bain qu’elle a préparé, et qui reparaît chaque matin environné d’un nouvel éclat c. Liboussa, célèbre par sa connaissance des métaux, et par le culte d’un simulacre d’or dont elle était a b c
Voluspa, édit. Resenii1. MASIUS, Antiq. Mecklemb2. DLUGOSZ, Hist. pol3.
1 nom ] 〈terme〉 nom Co 3445 7 rappellent aussi ] président à Co 3445 8 créent ] creant Co 3445 9 façonnent ] faconnant Co 3445 13 rappelle ] réunit Co 3445 14 femme de l’Océan ] manque Co 3445 reçoit ] recoit dans le palais de l’océan son époux Co 3445 18 Resenii ] de Resenius Co 3445 19 Antiq. Mecklemb. ] Antiquit. Meckl. Co 3445 1
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Peder Hansen Resen, Edda Islandorum an. Chr. MCCXV islandice conscripta per Snorronem Sturlæ Islandiæ, nomophylacem nunc primum islandice, danice et latine ex antiquis codicibus mss Bibliothecæ Regis et aliorum in lucem prodit opera et studio P. J. Resenii, Havniæ : Gödianus, 1665–1673, 4 vol. BC s’intéresse à la seconde partie : Philosophia antiquissima norvego-danica dicta Voluspa quæ est pars Eddæ Sæmundi, Eddâ snorronis non brevi antiquioris, Islandice et latine publici juris primum facta a Petro Joh. Resenio (Havniæ : Typis Henrici Goediani, 1665, non paginé). Les versets 10 et 11 : «(10) Inter nonos omnes, Durinus autem secundas, Qui Nani multas finxerunt humanas effigies ex terrâ, tanquam dixit Durinus. (11) Nör & Nidi, Nordri & Scudri Austre & Vestre, Althiosur Dvalin, Bivör & Bavor, Baumbaur Nori, An & Anar, Ai Miödvitner.» La note de Resenius précise la fonction des nains : «Nor a novilunio, quod Nu vernacule sonat, quasi Nyrog Ni a silente vel decrescente luna, antiquis Nid appellata, Nordri / Borealis, Sudre / Australis, Austre / Orientalis, Westre / Occidentalis a quatuor mundi cardinibus appellati quia ventis cardinalibus præsunt» (p. [1]). BC reprend cette explication cosmologique de la série des nains et la complète par la série des métaux. BC cite l’ouvrage d’Hektor Gottfried Masius (1653–1709), Hectoris Gothofredi Masii Mecklenburgensis schediasma historico-philologicum de diis obotritis seu idolis mecklenburgensium, & præcipue de Radegasto celebri olim idolo. [...] cum notis Andreæ Borrichii, Hafniæ : Joh. Philip. Bockenhoffer, 1688. Une description de la statue de cette idole se lit pp. 73–74. BC cite d’après une source non identifiée l’ouvrage de Długosz, Historia Polonica, livre XI,
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la prêtresse ; Liboussa, qui ne veut s’unir qu’à un laboureur, et qui, l’ayant trouvé derrière sa charrue, l’épouse et le fait roi de Bohême, consacre à-lafois, dans la religion, la métallurgie et l’agriculture. Les traditions russes ont la triple empreinte du fétichisme, de l’astronomie et de l’histoire. Wolkow, ancien prince du pays, est adoré par les habitants des bords du Volga, sous la figure d’un crocodile. Wladimir, ce premier roi converti au christianisme, qui, du reste, n’eut guère plus à se vanter de cette conquête que de celle de Constantin a, est appelé dans toutes les légendes nationales le brillant soleil, le soleil ami de l’homme : Kiow, sa capitale, est surnommée la ville du soleil. Ses ennemis sont les mauvais génies, enfants des ténèbres et du froid. Toutes ses aventures b consistant, comme les exploits de l’Apollon grec, en enlèvements de jeunes filles et en combats contre des serpents et des dragons, renferment un sens scientifique ; et elles ont ceci de remarquable, que l’introduction d’un culte nouveau, destructif de celui qui leur conférait un caractère religieux, les modifie sans leur enlever ce caractère. Le Wladimir historique devient un monarque chrétien : le Wladimir astronomique reste un dieu planétaire ; les symboles sacerdotaux survivent à la croyance ; et ce n’est que par une persécution de plusieurs siècles qu’ils sont enveloppés, avec cette croyance, dans une ruine commune. Derrière la science vient la philosophie. Dans le langage de la première, le dieu qui envoie un souffle bienfaisant pour fondre la glace et pour préa
b
Ce Wladimir, pendant qu’il était encore païen, égorgeait des chrétiens sur l’autel de ses idoles. Il avait neuf cents concubines ; et voici ce que les annalistes rapportent de lui. Uxoris hortatu christianitatis fidem suscepit, sed eam justis operibus non ornavit ; erat enim fornicator immensus et crudelis. (ANNALISTA SAXO, ad A. 1013, p. 426, ap. Dietmar. Merseburg1.) Voyez le prince Wladimir et sa Table ronde, chants héroïques de l’ancienne Russie, Leips. 18192.
2–3 à-la-fois ] manque Co 3445 4 ont ] portent Co 3445 6–7 ce premier ] le premier Co 3445 9 Kiow ] 〈la ville〉 Kiow Co 3445 21–22 le langage ... le dieu ] 〈l’une, le〉 le langage de la première, le Dieu Co 3445
1 2
col. 343, une tradition des Samogithes : «Quibus diebus [en octobre] aliquot epulati, Diis suis falsis, præcipue Deo, lingua eorum appellato, Perkuna, id est, Tonitru, ad focos quisque suos, offerebant libamina, existimantes celebritate & epulatione illa, & placari Deos, & animas suorum necessariorum cibari.» BC rapporte cette anecdote qu’il tire d’une note de F. J. Mone, Geschichte des Heidenthums, t. I, p. 125, n. 14, qu’il se contente de recopier sans indiquer sa source. BC renvoie à la traduction des chansons de geste russes par Karl Heinrich Busse, Fürst Wladimir und dessen Tafelrunde, alt-russische Heldenlieder, Leipzig : Brockhaus, 1819. BC cite d’après Mone, Geschichte des Heidenthums, t. I, p. 125.
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parer la création a, n’est que l’énonciation d’une loi de la nature physique exprimant l’action de la chaleur sur le froid. La métaphysique en fait le dieu inconnu, le dieu non encore manifesté b, qui nous a frappés en Égypte comme symbole du panthéisme c. Le serpent Jornumgandour, qui mêle ses poisons à l’eau primitive ; les enfants de Loke, Vali et Nari, qui, changés en loups par le bon principe, se dévorent eux-mêmes, et dont les entrailles servent de chaînes au dieu du mal, sont des emblèmes dualistiques. Un théisme assez pur caractérise quelques-unes des poésies du barde gallois Taliésin d ; et l’on retrouve chez les Vandales le dualisme, dans cette singulière conception qui fait de chaque dieu un être double, noir et blanc, méchant et bon, l’émanation dans la série des êtres qui sortent du grand Swantevit pour se pervertir en s’éloignant, et le panthéisme dans ce Swantevit, immuable, éternel, qui les absorbe tous, quand l’heure marquée les ramène à lui. Il y a plus : la Maya indienne, cette déesse de l’illusion, fille trompeuse de l’E´ternel, créatrice fantastique d’êtres qui n’existent pas plus a b c d
Edda, in Init1. Deus in statu abscondito2. Voyez ci-dessus, page 773. «J’adore le souverain, régulateur suprême du monde.» (Poème intitulé les Dépouilles de l’abîme4.)
4 Le serpent ... Taliésin. ] texte ajouté dans la col. de gauche, y compris la note Co 3445 9 retrouve ] retrouve simultanement le dernier mot dans l’interl. Co 3445 11 bon ] bon 〈tour à tour &〉 Co 3445 12 s’éloignant ] le ms. prévoyait ici une note, biffée 〈Mone, 198–199〉 Co 3445 13–14 éternel ... lui ] éternel, qui les ces deux derniers mots dans l’interl. absorbant mot non corrigé tous 〈les êtres qui retournent〉 quand l’heure marquée les a ramené ces cinq derniers mots dans l’interl. à lui Co 3445 16 Edda, in Init. ] note ajoutée dans la col. de gauche Co 3445 1
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«Erat autem Ginnungagapium leve ut æther sine vento. Qvumq´; aura caloris ab eo latere tangeret congelata pruina in guttas resoluta est vividas, ex quibus decidentibus, per virtutem ejus, qui calorem misit, homo factus est nomine Ymer». BC a pu lire ce passage dans Edda Islandorum, éd. par Resenius, Hafniæ, 1665, dans le chapitre Mythologia IV, intitulé «Quomodo cuncta coeperint, & qui antea fuit» (le livre n’est pas paginé). Formule que BC a trouvée chez Creuzer, Symbolik und Mythologie der alten Völker, Leipzig et Darmstadt : Heyer und Leske, 21820, t. II, pp. 428 et 438. Cette tournure, qui s’applique à Kronos, n’existe pas dans l’édition précédente. Voir ci-dessous, p. 160. Ce renvoi interne existe aussi dans le ms. Co 3445, preuve irrécusable que ce manuscrit a été rédigé pendant l’impression du t. III, plus exactement après que BC ait déjà autorisé l’impression des premiers cahiers. BC cite la poésie «Preiddeu Annwn» («Le butin de l’autre monde»), The Myvyrian Archaiology of Wales, I, p. 43. Ajoutons que Mone raconte l’histoire de Taliésin dans sa Geschichte des Heidenthums, 4. Hauptstück, §§ 124 et 125, pp. 519–537.
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qu’elle, se reproduit en Scandinavie dans le monde imaginaire que les Scaldes nomment Vanaheim a. Là règnent l’erreur, les chimères, les songes. De mensongères apparences se succèdent, étonnent les regards, fascinent l’imagination, livrent l’intelligence au vertige, et la forcent de se demander sans cesse, et toujours sans obtenir de réponse, si quelque chose existe, et si elle peut distinguer ce qui existe de ce qui n’existe pas. Ainsi partout la philosophie a senti son impuissance ; et les prêtres, les plus affirmatifs des mortels, ont, à côté des nombreux systèmes au milieu desquels ils s’agitaient comme nous, placé, dans le lieu le plus secret du sanctuaire, l’aveu de cette impuissance irrémédiable, en l’entourant des voiles les plus propres à la déguiser. La cosmogonie se présente aussi avec ses luttes sanglantes et ses générations monstrueuses. Le plus ancien dieu de la Finlande s’engendre luimême dans le sein de Runnotaris, le vide ou la nature b. Le Ginning-Gagap, l’espace infini des Scandinaves, correspond au Zervan-Akerène, le temps sans bornes des Perses ; les deux principes du froid et de la chaleur, des a
b
Stur, Abhand. ueber Nord. Alterthüm. Berlin, 1817, pag. 741. Wahn signifie encore aujourd’hui, en allemand, l’illusion, le délire. Rüh, Finnland und seine Bewohner2.
1 qu’elle, ] qu’elle 〈illis.〉. Co 3445 2–6 Là règnent ... pas. ] passage ajouté dans la col. de gauche Co 3445 8 des nombreux systèmes ] de 〈leurs〉 puis des 〈illis.〉 nombreux ces deux derniers mots dans l’interl. systêmes Co 3445 11 la déguiser ] le déguiser Co 3445 12–13 La cosmogonie ... monstrueuses. ] plusieurs corrections qui se superposent 〈Le Sacerdoce polonais attache une divinité à〉 reste d’un ajout devenu inutile dans la col. de gauche 〈La Science emprunte des images à ce double culte, pour perpétuer ses découvertes, la philosophie pour en.... (plusieurs lettres illis.) ses hypothèses〉, au-dessus des six derniers mots une correction illis. la Cosmogonie 〈pour établis la suite de ses〉 se présente ces deux derniers mots dans la col. de gauche 〈illis.〉 aussi 〈illis.〉 avec ses luttes sanglantes & ses ces deux derniers mots dans la col. de gauche générations monstrueuses. Co 3445 13–14 Le plus ... nature. ] passage ajouté, avec la note, dans la col. de gauche Co 3445 1
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Le renvoi à l’ouvrage de Peter Feddersen Stuhr, Abhandlungen über nordische Alterthümer (Berlin : Maurersche Buchhandlung, 1817), est exact. L’auteur résume trois passages d’ouvrages de la littérature scandinave (Heimskringla [chap. premier : Ynglingasaga] et l’Edda de Snorri Sturluson ainsi que la Völuspá). BC utilise, comme il ressort du nom «Runnotaris» qu’il cite, l’ouvrage de Franz Joseph Mone, Geschichte des Heidenthums, t. I, § 15 (Erstes Hauptstück, Zweiter Abschnitt), p. 54. Il copie mal le nom mythologique du vide ; Mone écrit correctement Kunnotaris. Le renvoi à l’ouvrage de Friedrich Rühs, Finland und seine Bewohner, mit einer Charte von Finland, Leipzig : Georg Joachim Göschen, 1809, est faux, mais motivé peut-être par le fait que Mone cite cet ouvrage en note pour prouver autre chose. Rühs parle d’ailleurs bien de la religion des Finlandais primitifs, donc de l’époque avant la conquête suédoise (au milieu du XIIe siècle), mais ne donne aucun des détails qu’on trouve chez BC. Il admet lui-même que l’on en sait peu sur la religion de la Finlande païenne.
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ténèbres et de la lumière, ne sont pas, à la vérité, deux individus, comme Oromaze et Arimane, mais deux royaumes différents, le Nifleim et le Muspelheim. Le soleil hermaphrodite a est confondu avec Odin dans les traditions historiques : un inceste l’unit à Freya, sa femme et sa fille. Le chaos b engendre trois fils, l’eau, l’air et le feu c ; leurs enfants, la gelée, les montagnes de glace, la flamme allumée avec effort, le charbon calciné, la cendre stérile, forment une famille cosmogonique adaptée au climat. Le géant Ymer, doué comme Odin d’un double sexe d, livre aux dieux qui le tuent son corps immense, qui, pareil à l’œuf moitié d’or, moitié d’argent, des Indiens, devient le monde visible ou le globe terrestre ; son sang compose la mer et les fleuves, ses os les rochers, ses dents les cailloux, ses cheveux les plantes, son cerveau les nuages e. La nuit f s’unit au crépuscule g pour engendrer le jour h, et, montés chacun sur un coursier énorme, le jour et la nuit parcourent les cieux. Le coursier de l’une, couvrant son frein d’écume, produit la rosée ; la crinière de l’autre, en s’agitant, répand la lumière. Deux loups les poursuivent ; ils remplissent de sang le ciel et les airs ; de là viennent les éclipses ; et l’arc-en-ciel est un pont qui s’élève de la terre aux cieux. a
b c d e f g h
Cette qualité d’hermaphrodite se trouve encore chez deux divinités vandales, Rugarth et Harevith, qui ont chacun quatre têtes d’hommes et deux têtes de femmes. (FRENCEL. de Diis sor. pag. 1241.) Potrimpos, la lune, est hermaphrodite chez les Lithuaniens. Fornierd. Ager, Bare et Lage. Voluspa. Voluspa. Nott. Dellingour. Dagour.
1 ne sont ... vérité, ] ne ce mot dans l’interl. sont 〈non〉 pas à la vérité les trois derniers mots dans l’interl. Co 3445 8–9 son ... qui ] son 〈vaste〉 corps immense ce dernier mot dans l’interl. qui 〈devient le monde〉 Co 3445 14 de l’une ] de la nuit Co 3445 15 de l’autre, en s’agitant ] celui du jour Co 3445 19–21 Cette qualité ... Lithuaniens. ] note ajoutée dans la col. de gauche, avec une autre page pour l’ouvrage de Frencel 134 et complétée pour la dernière phrase par un renvoi à la source Mone 94 Co 3445 23 Ager ... Lage. ] Œger, Kare, & Loge suit encore, au bas de la p., un ajout qui appartient à des corrections qui se trouvaient dans la col. de gauche, maintenant recouvertes par des fiches collées 〈Les sept têtes & les sept épées du Rugiavith vandale //illis.// figurent la semaine〉 Co 3445 25 Voluspa. ] ibid. Co 3445 1
Michael Abraham Frenzel, «Commentarius philologico-historicus de Diis soraborum aliorumque slavorum», Scriptores rerum Lusaticarum antiqui et recentiores, Lipsiæ et Budissæ : Richter, t. II, 1719, pp. 85–236. BC cite sans doute d’après une source non identifiée. Frenzel, Frentzel ou Frencel (1656–1740) est un théologien luthérien et historiographe. On lui doit de précieux ouvrages sur l’histoire et la langue des sorabes, peuple slave fixé dans la Lusace.
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Ceridwen, chez les Gallois, fille de la nécessité a, force indéfinissable et aveugle, est l’objet de l’amour du taureau primordial sorti de son sein b ; elle enfante avec lui l’œuf cosmogonique qui a donné naissance à l’œuf de serpent des Druides c, et servi, en Angleterre, de modèle aux sanctuaires de Stonehenge et d’Abury d. Ainsi, chez les peuples du Nord, sous des formes moins gracieuses que dans l’Inde, plus animées et plus poétiques qu’en Égypte, les mêmes éléments forment les mêmes combinaisons avec les mêmes incohérences : c’est que les causes et les effets sont pareils. La coexistence de croyances et de doctrines qui se perpétuent simultanément, à l’aide du mystère et en dépit des contradictions, telle est la première vérité qu’il faut reconnaître, si l’on veut trouver le fil du labyrinthe. Mais il est temps de terminer ce chapitre ; dans un ouvrage comme le nôtre, nous indiquons la route sans la parcourir nous-mêmes.
a b c d
Archæol. of Wales1. Cambrian Biography2. PLINE, Hist. nat3. Camden’s Antiq4.
2 l’amour ... primordial ] l’amour incestueux du taureau primitif Co 3445 4 et servi ] & 〈qui〉 ser〈t〉vi Co 3445 6–7 Ainsi ... Égypte, ] Ainsi ... sous des formes passage porté dans la col. de gauche moins gracieuses 〈qu’en Eg〉 & moins elegantes que dans l’Inde, plus animées, & ces trois derniers mots dans l’interl. plus poétiques 〈illis.〉 qu’en Egypte, Co 3445 7–12 les mêmes ... labyrinthe. ] passage ajouté dans la col. de gauche pour remplacer un morceau biffé 〈mais aussi confus, aussi peu cohérent que dans ces deux contrées, & totalement impossible à débrouiller, si l’on n’admet pour premier principe la coexistence de croyances & de doctrines contradictoires, qui se perpétuoient un mot illis. simultanément à l’aide du mystère, & en dépit des contradictions.〉 Co 3445
1 2 3 4
Allusion non localisée. William Owen, Cambrian Biography, or historical Notices of celebrated Men among the Ancient Britons, London : Williams, 1803. Pline, Histoire naturelle, XXIX, chap. VIII. BC évoque, sans doute d’après Mone, l’encyclopédie britannique de William Camden, Britannia sive florentissimorum regnorum Angliæ, Scotiæ, Hiberniæ et insularum adiacentium ex intima antiquitate chorographica descriptio, auctore Guilielmo Cmdeno, Francofurti : apud Ioannem Wechelum, 1590. L’ouvrage a été plusieurs fois complété, corrigé, traduit et mis à jour. Mone, Geschichte des Heidenthums im nördlichen Europa, t. VI, p. 433 renvoie expressément aux éditions récentes («die neueren Ausgaben») de l’encyclopédie de Camden.
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De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Livre VII. Des éléments constitutifs du polythéisme indépendant de la direction sacerdotale.
7 sacerdotale. ] sacerdotale, 〈comparés a ceux des Religions soumises au sacerdoce〉. Co 3436 2
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Chapitre premier. Que la combinaison décrite dans le livre précédent est étrangère au polythéisme qui n’est pas soumis aux prêtres.
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La combinaison que nous venons de décrire ne se retrouve point dans le polythéisme que les prêtres ne dominent pas. La croyance des peuples indépendants de cette domination n’est point un amalgame de plusieurs éléments de nature contraire : on ne voit point figurer à côté ou au-dessus de fétiches matériels des divinités abstraites. Les forces cosmogoniques ne jouent aucun rôle. Les allégories sont rares, accidentelles, et plutôt dans l’expression que dans la pensée. Rien ne rappelle ce double et triple sens qui, dans les religions sacerdotales, désoriente et confond l’intelligence. Il n’y a point de savants privilégiés, car il n’y a point de science : il n’y a point de mystère, parce qu’il n’y a point de corporation intéressée au mystère. L’esprit humain s’étant élevé au-dessus du fétichisme, n’y retombe jamais : tout au plus, en conserve-t-il quelques obscurs vestiges. Il ne se perd pas non plus dans les subtilités d’une métaphysique qui, devenant toujours plus ardue, aboutit à un panthéisme vague, à un doute insoluble, ou même à une négation formelle de toute existence. Préservé de ces deux extrêmes, plus dangereux à cette époque qu’à aucune autre, parce que les connaissances sont très-bornées et les conjectures d’autant plus hardies, l’homme reste inébranlable sur le terrain plus solide, c’est- à-dire plus proportionné à ses lumières, qu’il a pour ainsi dire conquis, et sur lequel il construit l’édifice de ses notions religieuses.
Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 34362, fos 90–93 [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 273–276.
7 de cette domination ... plusieurs ] de la 1 Chapitre premier. ] Chapitre 1 Co 3436 2 direction sacerdotale n’est ... de 〈deux〉 plusieurs ce dernier mot dans l’interl. Co 3436 2 13–14 savants ... parce qu’il ] science, 〈puisqu’〉 mais ce dernier mot dans l’interl. il n’y a point de savans privilégiés : Il n’y a point de mystères 〈parce qu’〉 mais ce dernier mot dans 17 plus dans les subtilités ] plus 〈dans les profondeurs d’une science l’interl. il Co 3436 2 20 extrêmes ... parce ] déguisée sous des voiles religieux, ni〉 dans les subtilités Co 3436 2 extrêmes, 〈d’autant〉 plus dangereux a cette époque la suite dans l’interl. qu’à aucune autre 24 notions ] 〈idees〉 notions corr. dans l’interl. Co 3436 2 parce Co 3436 2
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Dans les religions sacerdotales, tout est en disproportion avec le reste des idées, ce qu’il y a de plus sublime et de plus abstrait, comme ce qu’il y a de plus abject et de plus grossier. Tantôt l’intelligence, arrachée à la sphère qui paraissait s’ouvrir devant elle, se voit jetée dans un monde fantastique qu’entourent des nuages qu’aucune clarté n’est admise à dissiper. Tantôt elle est condamnée à reculer en-deçà des limites qu’elle avait déja franchies, et ramenée violemment à des conceptions qu’elle laissait bien loin derrière elle. Dans le polythéisme indépendant, tout se proportionne au contraire à l’état social, qui se régularise et se développe. Toutes les qualités attribuées aux dieux sont des qualités humaines sur une plus grande échelle. Rien n’est énigmatique, rien n’est contradictoire, la nature et l’époque des hypothèses une fois admises a ; rien ne choque la raison contempo raine, résultat naissant et par-là même imparfait encore des enseignements de l’expérience, mais faculté perfectible, et dont aucun pouvoir ennemi n’entrave les progrès. Comme nous cherchons toujours pour appui les faits, nous allons démontrer nos assertions par l’exposé du polythéisme des premiers Grecs, c’est-àdire de la religion du seul peuple assez heureux pour n’avoir pas vu s’élever sur sa tête des corporations dominatrices.
a
Nous ajoutons ces mots à dessein, parce que nous aurons à relever des contradictions même dans le polythéisme indépendant : mais ces contradictions ne tiennent point, comme dans les religions sacerdotales, à la volonté de maintenir les idées anciennes en enregistrant les idées nouvelles. Elles tiennent à la marche de l’intelligence, qui, placée entre ses progrès et ses préjugés, s’agite quelque temps incertaine, avant d’accorder la victoire aux premiers et de s’affranchir des souvenirs que les seconds lui ont légués.
1–2 avec le reste des idées ] avec le reste ces deux derniers mots dans l’interl. 〈l〉des idées 12 hypothèses ] 〈conceptions〉 hypothéses corr. dans l’interl. 〈contemporaines〉 Co 3436 2 Co 3436 2 13 rien ... contemporaine ] rien, 〈en un mot,〉 ne choque la raison contemporaine 17–19 premiers Grecs ... dominatrices. ] passage ce dernier mot dans l’interl. Co 3436 2 assez remanié ; première version : premiers Grecs, ou de la religion des peuples barbares assez heureux pour ne pas voir s’élever sur leurs têtes des corporations qui les subjuguent. deuxième version : premiers Grecs, ou de la religion de ceux des peuples barbares qui sont ... les subjuguent. troisième version : celle de l’imprimé, les corr. dans l’interl. ; BC a laissé par inadvertance le mot tête au pluriel Co 3436 2
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Chapitre II. De l’état des Grecs dans les temps barbares ou héroïques.
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La Grèce, à l’époque dont nous nous occupons maintenant, était divisée en tribus nombreuses, dont chacune habitait un territoire très-resserré a. L’autorité théocratique, ou n’avait jamais existé, ou était détruite b. Celle des chefs qui gouvernaient ces sociétés, mal définie, quelquefois oppressive, souvent disputée, laissait à chaque individu la faculté, sinon légale, au moins matérielle, de la réclamation, de la résistance ou de l’invective ; tantôt les peuplades, les armées s’assemblaient pour délibérer, et l’on eût dit que la légitimité de leurs délibérations était reconnue ; tantôt les rois décia
b
La Grèce du temps d’Homère était morcelée en un bien plus grand nombre d’états différents qu’elle ne le fut depuis. La Thessalie seule ne contenait pas moins de dix états séparés. La Béotie avait cinq rois : les Minyens dont la capitale était Orchomène, les Locriens, les Athéniens, les Phocéens, avaient chacun leur chef : et les Locriens même se partageaient en deux royaumes. Dans le Péloponèse, on comptait ceux d’Argos, de Mycène, de Sparte, de Pylos, celui des Éléens, gouvernés par quatre princes, et celui d’Arcadie. La plupart des îles avaient un roi particulier. Ulysse régnait à Ithaque, Idoménée en Crète, Ajax a` Salamine, etc1. Voyez tome II, liv. V, ch. 22. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 34362, fos 94–96 [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 277–281.
1–3 Chapitre II. ... héroïques. ] Chap. 2. de l’Etat social des Grecs, après leur entrée dans la civilisation, par l’action des colonies. Co 3436 2 4 très-resserré ] assez resserré Co 3436 2 2 6 ces sociétés ] les sociétés Co 3436 9 dit ] ajouté dans l’interl. Co 3436 2 11–18 La Grèce ... etc. ] le texte de la note manque dans le ms. BC renvoie à celui du placard : v. la note imprimée. Co 3436 2 1
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Le fait que BC renvoie quant au texte de la note à un placard qui le donnait, permet de préciser quelques détails sur les fos 94–96 du ms. Co 34362. Il est évident que l’état du texte avant les corrections actuelles appartient au grand ms. établi à partir des fiches (voir cidessus, notre Introduction, p. 93). Il a été revu pour l’impression et au moins complété par la note sur l’état de la Grèce du temps d’Homère. BC l’a revu une seconde fois pour la version définitive. Nous trouvons ces corrections dans les marges et les interlignes. Il faut penser qu’il a porté ces corrections sur les épreuves ou fait établir une copie de ces pages pour la céder à l’imprimeur. Le chapitre du t. II auquel renvoie BC évoque la possibilité d’une théocratie antérieure. Voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 214–223.
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daient seuls, et leurs décisions, objets de blâme ou sujets de plainte, étaient pourtant obéies. Thersite se déchaîne contre Agamemnon ; Achille s’emporte ; l’armée reste spectatrice et soumise. Ces peuplades ne possédaient sur les moyens de pourvoir aux besoins et aux jouissances de la vie que des connaissances imparfaites ; elles les tenaient plutôt des étrangers que de leurs propres efforts. Leurs progrès dans quelques arts de luxe paraissent rapides, parce qu’ils sont un effet de l’imitation ; et pour cette cause, à cette époque, le superflu devance le nécessaire. L’homme1 a commencé cependant à conquérir l’empire de la nature physique : la terre a été déchirée par la charrue ; la mer a subi le joug des navires ; les facultés morales profitent des instants de loisir que leur assurent ces progrès de l’homme : mais ces instants sont courts, ce loisir précaire. La terre, grossièrement cultivée, demeure souvent avare ; la mer affrontée dans de frêles canots, se montre rebelle ; et la guerre est encore la ressource la plus facile et la plus productive. La position des peuplades grecques les y encourageait : voisines les unes des autres, leurs relations étaient habituellement hostiles. De là des invasions, des pillages, qui rendaient la distribution de la propriété inégale, sa possession précaire, les vicissitudes de la destinée incalculables : le trône et l’esclavage, la richesse et la misère, se succédaient avec une rapidite´ effrayante. Hécube est reine aujourd’hui ; demain ses bras sont chargés de fers. De cet état de choses résultait un mélange de perfidie et de loyauté, de ruse et de franchise, d’avidité et de noblesse, de vice et de vertu, qui entretenait les idées morales dans une agitation et une vacillation perpétuelle a. a
Ulysse est le type de ce caractère, même dans l’Iliade. Le brigandage et la piraterie parais-
4 ne possédaient ] 〈n’avoient〉 ne possédoient corr. dans l’interl. Co 3436 2 5–6 les tenaient ] tenoient ces connoissances Co 3436 2 7 un effet ] l’effet Co 3436 2 9–16 L’homme ... encourageait : ] passage ajouté dans la marge de gauche L’homme a commencé cependant ces trois derniers mots dans l’interl. à conquérir 〈cependant〉 l’empire ... morales 〈de l’homme〉 profitent ... ressource 〈illis.〉 la plus ... y encourageoit. Co 3436 2 16–17 voisines ... hostiles. ] 〈Le voisinage où ces associations étoient〉 voisines corr. dans l’interl. les unes des autres 〈les tenoit dans un état presque〉 // 〈etablissoit entr’elles〉 des relations // corrigé en leur relations étoient ces trois derniers mots dans l’interl. habituellement hostiles. Co 3436 2 18–19 sa possession précaire, ] manque Co 3436 2 24–25 de vice ... morales ] de vices & de vertus, qui entretenoit les idées 〈de〉 morales la première partie du verbe ajoutée dans l’interl. ; le mot morale mis au pluriel en corrigeant le texte Co 3436 2 26-p. 293.27 Ulysse ... pirates. ] note ajoutée dans la marge Co 3436 2 1
Ici commence la correction la plus importante par un ajout de huit lignes qui entraîne encore d’autres changements.
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Durant leur prospérité, les rois, ou pour mieux dire, les chefs avaient de nombreux troupeaux, de vastes demeures où ils exerçaient une généreuse hospitalité : leurs palais étaient décorés du fruit de leurs rapines ou des présents de leurs hôtes ; un luxe empreint de barbarie, une élégance à demi sauvage, pénétraient dans leurs mœurs. Leur climat fortuné leur donnait prématurément un sentiment exquis de la beauté des formes. Les arts, surtout ceux qui captivent les nations naissantes, la musique et la poésie, qu’alors on ne séparait jamais, se mêlaient à leurs festins et ennoblissaient leur intempérance. La guerre, la dévastation, le plaisir, le danger, les chants, les fêtes et les massacres, remplissaient tour-à-tour leur vie active et diversifiée. Tels sont les traits sous lesquels les poèmes d’Homère nous peignent les Grecs des temps héroïques : ils occupent l’échelon intermédiaire qui sépare l’état sauvage de l’état policé. Nous avons indiqué dans notre second volume a de quelle forme religieuse cette époque de la société a besoin, et comment elle se crée cette forme. Réunion des fétiches en un corps, division du pouvoir surnaturel, dénominations distinctives, telles sont les premières conditions communes aux religions sacerdotales et au polythéisme indépendant. Maintenant, pour connaître les modifications ultérieures qui caractérisent ce dernier, nous avons devant nous le monument le plus authentique, nous voulons dire l’Iliade. Des questions se présentent néanmoins qui arrêteraient nos recherches, si nous négligions de les résoudre. Nous allons l’essayer.
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saient des occupations tellement honorables, que les rois s’y adonnaient publiquement ; et lorsqu’on accordait l’hospitalité à des étrangers, on leur demandait, sans intention d’offense, s’ils étaient des pirates1. Pages 7–82.
13 des temps ] des siècles Co 3436 2 20–24 caractérisent ... l’essayer. ] 〈achevent〉 caractérisent ce dernier, consultons le monument ... l’Iliade. Co 3436 2 28 Pages 7–8. ] T. II. p. 7–8 ajouté dans la marge Co 3436 2 1 2
La note ajoutée dans la marge sur le personnage d’Ulysse ; elle entraîne la correction du texte déjà composé. BC se réfère au début du livre III où il énonce le principe d’une correspondance entre l’état social et la forme de la religion : «La société humaine se formant, une société céleste se forme. Les objets de l’adoration composent un Olympe, dès que les adorateurs composent un peuple.» L’analyse intègre la dimension sociale et anthropologique à l’étude du fait religieux et désigne explicitement la «division du travail» comme le facteur essentiel de la complexification de la société et de son panthéon. C’est pourquoi BC peut souligner à l’occasion les potentialités démocratiques du polythéisme. Il ne dénonce pas catégoriquement la religion, comme Feuerbach, mais s’en prend à ses dépravations et détournements. Voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 59.
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Chapitre III. De quelques questions qu’il faut résoudre avant d’aller plus loin dans nos investigations.
Deux races distinctes se sont partagé la Grèce : la dissemblance de mœurs, de penchants, d’habitudes qui caractérisent ces deux races, nous permet-elle de leur attribuer une religion complétement la même ? L’Iliade nous offre-t-elle la peinture fidèle de la croyance des âges que son auteur ou ses auteurs s’étaient imposé la tâche de décrire ? Enfin, si nous accordons à l’Iliade le mérite de la fidélité et de l’exactitude, s’ensuit-il que nous puissions nous passer de consulter d’autres monuments pour achever le tableau ? Examinons d’abord la première question. Nous venons de dire qu’il y avait en Grèce deux races distinctes : nous aurions pu dire qu’il y en avait quatre ; les Éoliens, les Achéens, les Doriens et les Ioniens ; mais les deux premières disparurent ou se fondirent dans les deux autres ; les Doriens se fixèrent dans le Péloponèse et se répandirent en Béotie, en Locride et en Macédoine ; les Ioniens dans l’Attique, les îles de l’Archipel et l’Asie-Mineure. Ces deux races étaient fort dissemblables entre elles, et cette dissemblance s’étendait depuis le langage jusqu’à l’organisation politique et religieuse. Les Doriens étaient un peuple sérieux, constant dans ses usages, austère dans ses mœurs, plein de vénération pour les vieillards dépositaires des traditions antiques, aristocrate dans ses formes de gouvernement, dédaigneux des beaux-arts, fort attaché à sa religion, dont les cérémonies étaient simples, et consultant soigneusement les oracles, avant de tenter aucune entreprise. Les Ioniens, légers et mobiles, changeaient facilement de coutumes, avaient peu de respect pour les mœurs anciennes, un goût ardent et inquiet des nouveautés, une passion sans bornes pour la perfection et l’élégance ; et Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 34362, fos 96bis–96VI et 96XVIII–96XIX. [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 282–308. 1 Chapitre III. ] Ch. 3. Co 3436 2 4 Deux ] est précédé d’un petit paragraphe : Plusieurs questions se presentent neanmoins qui arrêteroient nos recherches, si nous négligions de les résoudre. Deux Co 3436 2 5 qui caractérisent ] qui 〈ont〉 caractérise le verbe reste incorrigé Co 3436 2 16 Péloponèse ] Peloponèse 〈en Locri〉 Co 3436 2 29-p. 295.1 l’élégance ... culte ] l’élégance des habitudes ; & 〈illis.〉 le culte Co 3436 2
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parce que le culte, lorsqu’il est libre, exprime toujours la disposition morale d’un peuple, ils cherchaient dans le leur l’éclat et la gaieté, comme dans leurs institutions la démocratie. L’opposition de ces deux races se fait remarquer à chaque époque de l’histoire grecque, et préside à toutes les révolutions que subirent les habitants de la Grèce. Mais cette opposition a-t-elle exercé sur le polythéisme de cette contrée, dès les temps héroïques, assez d’influence pour qu’il en soit résulté des différences fondamentales dans les dogmes, les rites, et surtout la croyance ? Nul doute que plusieurs détails n’attestent des dissemblances ; quelques exemples nous éclaireront sur la nature de ces détails. Les Doriens, placés loin des côtes et au milieu des terres, négligent Neptune et les divinités maritimes, auxquelles les Ioniens, habitants des îles ou des rivages, rendent un culte assidu. Les orgies de Bacchus répugnent aux Spartiates plus qu’aux Athéniens a et aux autres peuples de la Grèce. Le caractère d’Apollon, moins irritable que les immortels qui entourent avec lui le trône de Jupiter, moins emporté que Jupiter lui-même, et qui se distingue par ce calme dédaigneux dont sa statue nous a transmis d’admirables vestiges ; le caractère d’Apollon, disons-nous, porte manifestement une empreinte dorienne b : et les inclinations viriles de Diane, ses occupations mâles, son amour excessif a
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Cependant il ne faut pas confondre entièrement les Athéniens avec la race ionienne : ils tiennent plutôt le milieu entre les deux races, en se rapprochant beaucoup plus de celle-ci. Leur poésie indique ce rang à-peu-près intermédiaire. L’épopée appartient à l’Ionie, et se distin gue par l’action, le mouvement, quelque chose d’avantureux et de passionné. Le genre lyrique est dorien, grave, mesuré, sentencieux et moral. La tragédie est athénienne, et réunit, dans Eschyle et dans Sophocle, les deux caractères ionien et dorien, en penchant vers le premier. Voyez, dans les Doriens d’Ottfried Müller, des observations aussi justes qu’ingénieuses sur le caractère sérieux d’Apollon dans Homère, qui pourtant traite avec assez de légèreté les dieux amis des Troyens. (Dorier, I, 2931.)
1 exprime ] expriment la terminaison du pluriel ajoutée dans l’espace devant le mot suivant Co 3436 2 4 L’opposition ] devant ce mot un crochet, signalant le passage à la ligne Co 3436 2 10 des dissemblances ] ces différences Co 3436 2 15 d’Apollon, ] d’apollon, 〈jusques dans Homère, où〉 seconde tentative 〈qui〉 Co 3436 2 16 moins ] 〈&〉 moins Co 3436 2 17 lui-même ] lui même, 〈le fils de Latone〉 & qui les deux derniers mots dans l’interl. Co 3436 2 19-p. 296.3 et les inclinations ... en courage. ] passage ajouté dans la marge de gauche Co 3436 2 21–27 Cependant ... le premier. ] manque Co 3436 2 28 Müller ] Muller, (I. 293) Co 3436 2 qu’ingénieuses ] que savantes Co 3436 2 29 pourtant ] cependant Co 3436 2 30 Troyens. ... 293.) ] Troyens. Co 3436 2 1
BC cite ici la première édition de Die Dorier, Breslau : Josef Max, 1824, parue comme volume 2 de sa Geschichte hellenischer Stämme und Städte, 3 vol. (une édition augmentée
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de l’indépendance, tenaient peut-être aux qualités des femmes de Sparte, qui jouissaient d’autant de liberté que leurs époux, qu’elles égalaient en courage. Tandis que la Sapho de Sicyone, Praxilla, célèbre Vénus, amante d’Adonis a et mère séduisante du dieu de l’ivresse b ; tandis que les courtisanes de Corinthe sont consacrées aux plaisirs publics sous l’auspice de cette déesse c, Sparte a sa Vénus armée et sa Vénus protectrice des chastes flammes de l’hymen. Les fables lacédémoniennes sur Hercule, centre habituel de la mythologie des Doriens, sont d’un autre genre que celles qu’on racontait ailleurs sur le même dieu. Lorsque ces fables passent de la race dorienne à la race ionienne, celle-ci les modifie ; elle joint au culte du fils de Jupiter le souvenir de Thésée, le héros athénien par excellence. Enfin la religion grecque est plus simple et plus grave chez les Doriens que dans l’Attique, l’Asie-Mineure ou les îles : et Platon reproche avec amertume à ses concitoyens l’ostentation de leurs fêtes fastueuses et l’égoïsme de leurs prières, en les comparant aux rites modestes et aux adorations désintéressées de Sparte d. a b c
d
HESYCH. ΒαÆ κχου Διωë νης1. ZENOB. Prov. 4, 21. DIOGEN. 5, 212. Sicyone et Corinthe étaient néanmoins des colonies doriennes ; mais le luxe et le commerce des étrangers les avaient dépouillées de leur caractère primitif. Dans le second Alcibiade3.
18 4, 21 ainsi que 5, 21 ]
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IV.
21. ainsi que V. 21. Co 3436 2
a été publiée après la mort de l’auteur par les soins de F. W. Schneidewin, Breslau : Josef Max und Komp., 1844). Müller souligne la rigueur du traitement d’Apollon, qui échappe aux traits parodiques accompagnant les dieux amis des Troyens. Praxilla de Sicyone fait de Bacchus le fils d’Aphrodite. BC cite l’entrée Βα κχου Διω νης du lexique du grammairien Hesychios d’Alexandrie (Ve ou VIe siècle apr. J.-C.), Hesychii Lexicon, recensuit Joannes Alberti, Lugduni Batavorum : apud Samuelem Luchtmans, 1766, t. I, col. 682. Dans l’édition mineure de Moritz Schmidt (Hesychii Alexandrini Lexicon [...] editionem minorem curavit Mauricius Schmidt [...], Jenæ : Sumptibus Hermanni Dufftii, 1867), col. 287. Zenobius, sophiste du IIe siècle de notre ère, compilateur de proverbes, Zênobiou Epitomê / Zenobii Proverbia (repris par Andreas Schott dans les Adagia sive proverbia Græcorum ex Zenobio seu Zenodoto Diogeniano & Suidæ collectaneis ab Andrea Schotto, Antverpiæ : Ex officina plantiniana, 1612, et dans Corpus parœmiographorum græcorum, ediderunt E. L. Leutsch et F. G. Schneidewin, t. I : Zenobius. Diogenianus. Plutarchus. Gregorianus Cyprius, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1839, pp. 1–175). La centurie IV, 21 renvoie à l’histoire de Praxilla et d’Adonis, p. 89. Les Proverbes populaires tirés de Diogène (non pas Diogène Laërce, car le Ve livre de ses Vies porte sur l’école péripatéticienne) donnent à la centurie V, 21 des données étrangères à la question traitée ici par BC. Sans doute la référence est-elle fautive. Le renvoi de BC vise, dans le second Alcibiade, un dialogue attribué à tort à Platon : la fin de l’argument de Socrate, qui loue les adorations modestes des Lacédémoniens et souligne la grande valeur de la vertu.
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Mais toutes ces différences entre les deux races sont bien postérieures aux âges homé riques : ceux mêmes qui les ont le mieux observées ont reconnu cette vérité. Les Grecs d’Homère, remarque M. Heeren, se ressemblent tous, quelle que soit leur origine. Il n’y a nulle distinction à faire entre les Béotiens, les Athéniens, les Doriens, les Achéens que nous rencontrons dans ses poèmes. Les héros de ces diverses peuplades n’ont rien de local. Les contrastes qui les séparent, proviennent de leur caractère individuel et de leurs qualités personnelles a. Il en est de même des dieux. Bien que Junon soit la divinité spéciale de l’Argolide, Jupiter de l’Arcadie, de la Messénie et de l’E´lide, Neptune de la Béotie et de l’E´gialée, Minerve de l’Attique, toutes ces spécialités disparaissent dans la mythologie homérique. La mythologie grecque, dit l’auteur de l’ouvrage le plus ingénieux et le plus profond sur l’ancienne histoire des tribus doriennes b, forme un ensemble dont les matériaux divers de viennent homogènes par la fusion qui s’opère, et dans lequel toutes les teintes locales se fondent et s’unissent pour composer une seule couleur c. a
b c
HEEREN, Ideen. Grecs, pag. 1171. La tradition qui attribue à Lycurgue le premier recueil des poésies d’Homère, prouve l’importance attachée à ces poésies dans le Péloponnèse comme dans l’Attique. M. OTTFR. MULLER. OTTFR. MULL. Dorier. I, 2122. Cet écrivain en cite un exemple que nous croyons devoir rapporter. Dans une ancienne tradition de l’E´lide, Alphée et Diane étaient réunis ; ils avaient un autel commun (PAUS. VII, 5. SCHOL. Pind. Nem. I, 3. OLYMP. V, 10), et l’on racontait
2–3 le mieux ... vérité. ] le plus soigneusement observées en ont fait l’aveu. Co 3436 2 3–16 Les Grecs ... couleur. ] BC traduit le texte de Heeren Co 3436 2 6–7 local. Les ... séparent, proviennent ] 〈national〉 local : tous ces deux derniers mots dans l’interl. les séparent les uns des autres provien〈t〉nent Co 3436 2 8–11 Il en est ... homérique. ] ajouté dans la marge Il en est ... mythologie nationale. Co 3436 2 12 La mythologie grecque ] 〈La〉 Cette corr. dans l’interl. mythologie 〈grecque〉 Co 3436 2 17–19 La tradition ... l’Attique. ] manque Co 3436 2 20 M. Ottfr. Muller. ] manque Co 3436 2 20-p. 298.20 Ottfr. Mull. ... amour. ] note ajoutée, à partir des mots en cite sur un papillon Ottfr. Müller ... dans une 〈tradition〉 ancienne tradition ... (Pausan. V. 14. 5 ... l’opinion universelle ... amour. Co 3436 2 1
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BC résume, en traduisant quelques tournures, l’observation de Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt, Dritter Theil, Europäische Völker, Erste Abtheilung, Griechen, Göttingen : Vandenhoe[c]k und Ruprecht, 2 1821, pp. 121–122. En ce qui concerne Lycurgue et la diffusion des poèmes d’Homère dans le Péloponnèse, BC puise l’information chez le même auteur. Voir p. 168, n. 5 et pp. 182–183. BC cite en fait Karl Otfried Müller, Prolegomena zu einer wissenschaftlichen Mythologie, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1825, p. 212, où Müller évoque le rôle des poètes dans l’unification de la mythologie grecque marquée par des traditions locales sensiblement différentes. Ajoutons que dans son ouvrage Die Dorier, Müller parle d’Alphée et de l’Ar-
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La séparation des races pourra donc nous servir quand nous traiterons des progrès ultérieurs du polythéisme de la Grèce ; elle n’est pour le moment d’aucune importance. Quant aux doutes manifestés par plus d’un critique sur l’identité de la mythologie homérique et des croyances vulgaires, peu de mots suffiront pour les dissiper1. Ce qui a donné naissance à ces doutes, c’est, d’une part, l’obstination qui a voulu prêter aux Grecs des notions plus subtiles, plus métaphysiques, moins matérielles que l’Iliade ne leur en attribue ; et c’est, d’une autre part, la disproportion qu’on a cru remarquer entre un peuple barbare et le langage harmonieux, la poésie sublime d’Homère. Nous pensons avoir prouvé surabondamment que la religion grecque, telle qu’elle dominait l’esprit des peuples, soit dès l’origine, s’il n’y a pas eu en Grèce de caste sacerdotale, soit après la destruction de cette caste par les guerriers révoltés contre elle, ne contenait aucun des raffinements que nous rencontrons dans les religions ou dans les philosophies des prêtres. On a vu le génie grec modifier tout ce que l’étranger lui avait apporté : des rites mystérieux ont pu subsister, des cérémonies énigmatiques être célébrées leurs amours réciproques ; mais le caractère virginal de Diane ayant prévalu dans l’opinion nationale, la tradition locale céda : les mépris de Diane remplacèrent son amour. 2 de la Grèce ] grec Co 3436 2 4 Quant aux doutes ] à la hauteur de ces mots une note La 10 peuple ] devant ce mot un crochet ouvrant et à la copie à faire comence ici Co 3436 2 hauteur de cette ligne la note Commencement de la 19e f. la note se rapporte à l’ouvrage 11 harmonieux, la ] harmonieux 〈&〉 la Co 3436 2 13 l’esprit des ] imprimé Co 3436 2 l’esprit 〈de ces tr〉 des Co 3436 2
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temis alphéenne et rapporte la fable de la fontaine Aréthuse (t. I, pp. 375–376 ; seconde édition de 1844, p. 380) renvoyant partiellement aux références signalées par BC (notamment à Pindare, Olymp. 6, 10). Le renvoi à Pausanias est donné correctement dans le ms. (voir la variante à la ligne 23). La note technique qu’on trouve dans la marge (voir la variante a` la ligne 4) prouve que les folios 96bis à 96XIX appartiennent à un stade de travail qui précède l’impression. BC rédige ce chapitre III du livre VII à partir d’anciens matériaux qu’il réunit en les copiant ou en les découpant dans les manuscrits précédents. Il s’agit donc d’un manuscrit de travail qui offre un texte proche de la version imprimée, mais qu’il faut copier pour pouvoir le donner à l’imprimeur. Les quatre notes qui indiquent, également dans les marges, les débuts des feuilles 19 et 20 (voir ci-dessous, pp. 298 et 307, les variantes aux lignes 1 et 15) confirment notre hypothèse. Les folios 19 et 20 désignent évidemment, comme on peut le vérifier sur l’édition originale, les grandes feuilles de l’imprimeur. Quant à la feuille 19, BC corrige cette indication deux fois, avant d’en arriver à la troisième version de cette note, ce qui indique des corrections qui se succèdent et obligent l’imprimeur à réajuster la mise en page définitive.
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même publiquement ; mais leur signification sacerdotale, scientifique ou abstraite, était oubliée de ceux qui les célébraient a. a
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Il est d’autant plus nécessaire de ramener le polythéisme homérique à sa simplicité, ou, si l’on veut, à sa grossièreté primitive, qu’un travail en sens inverse a été fait de très-bonne heure par les Grecs eux-mêmes, que les progrès de la morale portèrent naturellement à supposer qu’elle avait toujours dû faire partie de la religion. Voyant quel respect entourait les poèmes d’Homère, les philosophes cherchèrent à leur prêter un sens plus convenable et plus pur1. Théagène de Rhégium, Anaxagore, Métrodore, Sté simbrote, suivirent cette route. Le stoïcien Cratès se livra surtout à ce genre d’interprétations (EUSTATH. p. 3, 40, 561, 614. STRAB. I, 31) ; et, long-temps après, les nouveaux platoniciens, Porphyre, Proclus, Simplicius, recommencèrent avec bien plus de raffinement et de hardiesse. Toutes ces subtilités doivent être rejetées, comme le produit d’âges postérieurs, et comme en opposition directe avec le génie de l’époque des Rhapsodies homériques. Nous avons, en faveur de notre refus de les admettre, indépendamment du raisonnement, l’opinion de Xénophon, d’Héraclite (DIOG. LAERT. VIII, 21 ; IX, 1, 18), de Platon, qui, loin de reconnaître le sens moral d’Homère, le chassait de sa république ; d’Aristarque, qui déclarait ces explications des rêveries ; de Sénèque enfin, qui observe très-justement que, lorsque tout se trouve dans un écrivain rien ne s’y trouve. (Epist. 88.)
1 mais ] devant ce mot un crochet ouvrant et à la hauteur de cette ligne la note biffée Commencement de la 19e feuille〉 la note se rapporte à l’ouvrage imprimé Co 3436 2 2 ceux 3–18 Il est ... Epist. 88.) ] note ajoutée sur un papillon qui ] ceux 〈mêmes〉 qui Co 3436 2 collé dans la marge de gauche Il est ... heure chez des Grecs eux mêmes 〈Aussitot que les〉 par une conséquence naturelle 〈ces quatre derniers mots dans l’interl.〉 des progrès de la morale 〈eurent porte〉 que portoient 〈ces deux mots dans l’interl.〉 les hommes à en supposer 〈ces deux mots dans l’interl.〉 la place 〈dans la religion, ils s’efforcèrent de trouver de la morale〉 dans les notions religieuses préexistantes. voyant que les poèmes d’Homère étoient en quelque sorte sacrés, les philosophes cherchèrent à 〈en trouver〉 leur donner 〈ces deux mots dans l’interl.〉 un sens plus 〈moral〉 pur 〈 ce dernier mot dans l’interl.〉 que celui qu’ils offroient naturellement. 〈Il en résulta des explications allégoriques morales, métaphysiques & physiques.〉 Théagène de Rhégium, Anaxagore de Clazomène, Métrodore de Lompragne, Stésimbrote de Thase prirent 〈ce parti〉 suivirent cette route. 〈ces trois derniers mot dans l’interl.〉 Crates le Stoicien ... Strab. I, 31.) & lors de la chute du Polythéisme, les nouveaux Platoniciens ... recommencèrent à allégoriser Homère d’une manière plus subtile encore. Toutes ... le produit d’un tems très postérieur, et comme ... l’opinion de Pythagore, de Xénophon, ... d’Homère veut le chasser de sa république, 〈des Ep〉 d’Aristarque, qui déclarait ces explications autant de rêveries 〈(E〉 de Seneque qui observe très justement que lors qu’on trouve tout dans un auteur, rien de ce qu’on y trouve n’y est réellement. (Ep. 88.) Co 3436 2 1
BC s’en prend à la tradition de lecture allégorique des poèmes homériques, dans lesquels les actions des héros étaient expliquées comme relevant d’un processus physique ou théologique. On trouvait déjà une telle explication chez Théagène de Reghium. Elle fut ensuite répandue chez les stoïciens puis chez les «nouveaux platoniciens», voir notamment Robert Lamburton, Homer the Theologian. Neoplatonist Allegorical Reading and the Growth of the Epic Tradition, Berkeley : University of California Press, 1989 ; et Homer’s Ancient Readers : The Hermeneutics of Greek Epic’s Earliest Exegetes, Edited by Robert Lamberton & John J. Keaney, Princeton : Princeton University Press, 1992. Dans les Prolegomena,
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Que si, passant à l’autre objection, l’on nous reproche de considérer comme un code religieux un recueil amusant et bizarre de fables ingénieuses et brillantes que des poètes ont présentées comme ils l’ont voulu, qu’ils ont dénaturées pour les embellir, et qu’ils ont variées suivant leur caprice, nous répondrons que l’antiquité n’envisageait point ainsi ces épopées religieuses. A ses yeux, attaquer Homère, était attaquer la religion. Ce fait se prouve par les pratiques des prêtres, par les argumen tations des philosophes, par les railleries des incrédules. Les poèmes homériques avaient, en Grèce, une autorité sacrée : Platon réfutait les fables qu’ils renferment, comme partie intégrante des dogmes publics a ; et pour renverser ces dogmes, Lucien b dirigeait contre ces poèmes des attaques assez semblables à celles de nos esprits-forts contre la Bible dans le dernier siècle. Si l’on y réfléchit, on trouvera que la religion décrite par Homère est précisément ce que doit être celle d’un peuple barbare et guerrier, dans un beau climat, sous a
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Eutyphron. Voyez, sur les plaintes des anciens philosophes contre Homère, Diogène Laerce ; et sur le peu de maturité du peuple grec relativement à ces fables, le Timée1. Dans tous ses dialogues, et nommément dans celui du Coq2.
12 Si l’on ] Et si l’on Co 3436 2
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pp. 161–168, Wolf expose les raisons qui ont conduit, à partir de Théagène de Reghium, Anaxagore et Metrodore, les interprètes et grammairiens de Homère à procéder à des adaptations («moralem doctrinam suæ ætatis accommodare»). Platon prenait au sérieux le problème de la poésie en le discutant au livre III de sa République, discussion reprise au livre X et débouchant sur le bannissement des poètes hors de la Cité (607ab). Sénèque, Lettre 88 : «Tantôt on en fait un stoïcien n’ayant d’estime que pour la force d’âme, abhorrant le plaisir et ne s’écartant pas de l’honnête au prix même de l’immortalité ; tantôt on en fait un épicurien louant l’état d’une cité paisible où la vie s’écoule parmi les festins et les chants de fête ; c’est un péripatéticien qui présente une division tripartite des biens ; enfin c’est un académicien qui dit que tout n’est qu’incertitude. La preuve qu’il n’est rien de tout cela c’est qu’il est tout cela, ces systèmes se trouvant incompatibles», traduit par Henry Noblot, dans Sénèque, Entretiens. Lettres à Lucilius, édition établie par Paul Veyne, Paris : Robert Laffont, 1993, pp. 883–884. Euthyphron (6b) «Tu estimes donc toi que chez les dieux, il y a réellement guerre des uns contre les autres, de terribles inimitiés, et des batailles, et quantité d’autres pareilles choses, telles que les racontent les poètes» (Platon, Œuvres complètes, t. I, trad. du grec ancien par Joseph Moreau et Léon Robin. Édition de Léon Robin avec la collaboration de Joseph Moreau, Paris : Gallimard, 1950 [Pléiade], p. 357). Dans son dialogue Le songe ou le coq, Lucien se moque de la métempsychose. Le coq est ainsi prétendument la réincarnation de Pythagore et narre à son maître ses différentes vies passées, au cours desquelles il a connu des conditions diverses (Lucien, de la traduction de N. Perrot d’Ablancourt, avec des remarques sur la traduction, nouvelle édition revue et corrigée, t. II, Amsterdam : Mortier, 1709, pp. 92–109).
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une nature bienveillante, quand aucune autorité ne gêne ce peuple. En effet, comment peut-il concevoir ses dieux ? Comme des êtres pareils à l’homme, mais doués de forces plus colossales, de facultés plus étendues, d’une science et d’une sagesse supérieures, qui n’excluent pourtant, ni les passions, ni même les vices que ces passions entraînent. Le fétiche est avide et affamé, parce que ces besoins physiques sont les seuls que le sauvage connaisse. Jupiter est encore vorace et mercenaire, parce que ni l’avidité ni l’intempérance ne disparaissent chez les Barbares ; mais d’autres passions s’étant développées dans le cœur humain, ces passions deviennent aussitôt partie intégrante du caractère de Jupiter. Les modernes, qui n’admettent guère les scrupules, parce qu’ils en ont peu, ni la conviction, parce qu’ils n’en ont plus, ont supposé que les poètes grecs, et surtout Homère, pour employer ce nom générique, avaient embelli ou défiguré la religion et les divinités de la Grèce, parce que cette religion et ces divinités étaient précisément telles que le besoin et le génie d’un poète les auraient créées ; mais c’est que la nation et la période de l’état social étaient poétiques. Les poètes n’ont fait que suivre l’impulsion de leur nation et de leur époque. Les poèmes d’Homère, et principalement l’Iliade, car tout ce que nous disons ici des épopées homériques s’applique surtout à cette épopée, sont donc la peinture la plus authen tique et la plus fidèle de la religion des temps héroïques a ; mais à côté de ce monument précieux n’y a-t-il pas d’autres sources que nous devrions aussi consulter ? a
Nous aimons a` nous appuyer de l’autorité d’un des écrivains les plus savants et les plus ingénieux de l’Allemagne. «Les dieux d’Homère,» dit Ottfried Müller (Prolegom. zu ein. wissensch. Mythol. page 721) «sont les mêmes dieux auxquels les Grecs avaient élevé des temples. Ces dieux agissent toujours conformément au caractère que leur prêtent leurs
1 bienveillante, quand ] bienveillante, 〈En effet〉 quand Co 3436 2 4 pourtant, ni ] pourtant 〈ni les besoins〉 ni Co 3436 2 6 affamé ] devant ce mot un crochet ouvrant et à la hauteur de cette ligne la note biffée commencement de la 19e feuille〉 la note se rapporte à l’ouvrage imprimé Co 3436 2 7–8 mercenaire ... Barbares ; ] 〈affamé〉 mercenaires parce que ... barbares cette moitié de phrase dans la marge Co 3436 2 11–12 guère ... peu ] ni le scrupule, parce qu’ils n’en ont point Co 3436 2 12 peu ] point Co 3436 2 22 précieux ] précieux 〈à tant de titre,〉 Co 3436 2 24-p. 302.11 Nous aimons ... fables.» ] note ajoutée dans la marge de gauche j’aime à m’appuyer ... le sens philosophique qu’on a pu y rattacher. Co 3436 2 1
BC cite les Prolegomena zu einer wissenschaftlichen Mythologie. Müller esquisse dans ce chapitre la formation de la mythologie grecque. L’élément constant est le mode d’action des dieux. La paraphrase de BC simplifie légèrement le texte de Müller : «Ces récits sont l’expression de la croyance aux dieux du pays, de la religion, même si nous laissons encore tout à fait indéterminé et ne voulons pas du tout décider le fait de savoir si les dieux sont issus de philosophèmes.» Autrement dit, ce n’est pas tant directement le sens des récits mythologiques qui est en cause ici que leur origine, abstraite ou non.
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Quelles seraient ces sources ? Nous laissons de côté les hymnes orphiques, importation sacerdotale ou fragments épars d’un système détruit, auquel Homère fait quelquefois allusion a, mais qui est complètement étranger à sa propre mythologie. Nous en avons déja parlé ci-dessus ; nous aurons encore occasion d’en parler plus tard. Il nous reste donc les poètes et les prosateurs qui se sont emparés des récits d’Homère, soit pour en orner des épopées postérieures, des tragédies ou des odes, soit pour raconter les mêmes faits dans un style plus simple et dans un ordre plus méthodique. Commençons par Hésiode b.
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adorateurs ; et les fables grecques sont l’expression de la croyance aux dieux du pays, quelle que soit l’origine de ces dieux et le sens philosophique attaché à ces fables.» Lorsque Homère (Il. XXI, v. 34) fait combattre Vulcain contre le Scamandre, c’est de la doctrine orphique, dit Creutzer d’après Philostrate. (Heroic. pag. 1101.) Car c’est la lutte de l’humide et du sec, peut-être : mais Homère y voyait-il autre chose qu’un combat réel entre deux divinités de partis opposés ? et surtout n’est-ce pas sous ce seul point de vue qu’il présente ce fait à ses auditeurs ? Il est prouvé qu’Hésiode est postérieur à l’auteur ou aux auteurs des épopées homériques. La tradition qui suppose une lutte, un défi entre eux, est d’une évidente fausseté. Hésiode doit avoir vécu environ deux cents ans après l’époque à laquelle Homère est communément placé, et probablement vers la 20e olympiade ; car il fait allusion à des usages qui n’ont pris naissance qu’après la 14e. Il parle de jeux et de courses où les athlètes étaient entièrement nus. C’est ainsi qu’il décrit nommément la course d’Hippomène et d’Atalante ; or cette coutume, ainsi que le mot γυμναÆ σιον, ne s’est introduite qu’après la 14e olympiade. (SCHOL. HOMER. ad Il. XXIII, 683. DENIS D’HALIC. VII, vers. finem. Voss, Géogr. anc., pages 16 et 202.) Quelques modernes ont voulu conclure de ce que les poèmes d’Hésiode sont plus imparfaits que ceux qu’on attribue à Homère, qu’ils leur étaient antérieurs en date. Nous pensons au contraire qu’ils portent des marques non méconnaissables d’une sorte de décadence dans la poésie épique, provenant, d’une part, de l’état dans lequel la Grèce était tombée, et, de l’autre, de ce que, dès l’âge d’Hésiode, les poètes, désespérant d’égaler Homère, cherchaient de nouveaux moyens d’effet, ce qui produit toujours une détérioration. La dégénération de l’épopée date d’Hésiode, comme celle de la tragédie date d’Euripide. Il est remarquable que dans Hésiode le siècle héroïque est expressément relégué dans le passé. Tout indique un état de mœurs et d’organisation politique, tel qu’il devait être, pendant le passage orageux des monarchies dégénérées à des républiques, qui avaient encore à se constituer. La préférence qu’Homère accorde au gouvernement d’un seul (Il. II, 204), servirait, au besoin, de preuve qu’Hésiode est d’un siècle postérieur.
3 quelquefois ] ajouté dans l’interl. Co 3436 2 12–16 Lorsque ... auditeurs ? ] manque 17–36 Il est ... postérieur. ] note sur un papillon collé dans la marge de gauche Co 3436 2 Co 3436 2 1
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L’allusion au passage de Creuzer, Symbolik, n’est pas localisée. Mais on sait que Creuzer traite de Vulcain dans le cadre de la doctrine orphique (t. III, § 26, à partir de la p. 397). Le combat de Héphaistos contre le dieu Scamandre est raconté dans le chant XXI de l’Iliade, vv. 341–382. BC indique le début de la lutte d’Achille contre les Troyens, protégés par Scamandre, pour venger la mort de Patrocle. – Quant à Flavius Philostratos (IIe siècle apr. J.-C.), BC renvoie à l’ëΗρωικο ς (Les Héroïques) à un passage non identifié. BC résume ce que l’on peut lire aux endroits indiqués. Le renvoi à l’ouvrage de Denys d’Halicarnasse ne concerne qu’une seule phrase. – BC a consulté encore Johann Heinrich
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Ce poète décrit un état social fort différent de celui d’Homère. Le développement de cette vérité, et celui de ses conséquences relativement à la religion, seraient déplacés maintenant. Hésiode est le représentant d’une révolution très-importante dans les notions religieuses de la Grèce. L’examen de cette révolution trouvera sa place. Nous ne pouvons donc ici dire que peu de mots. Trois idées dominent dans ce qui nous reste des poésies d’Hésiode : c’est premièrement celle de la nécessité du travail. Elle se reproduit sans cesse dans les Œuvres et les Jours. Le poète cherche à l’inculquer de mille ma nières. On sent qu’à cette époque, cette conviction avait l’énergie que la nouveauté prête aux sentiments qui viennent de naître : c’était une découverte récente, résultat d’un changement dans la situation des tribus hellènes. De retour de leurs expéditions militaires, mais tombés dans un épuisement qui leur avait inspiré l’aversion de pareilles entreprises, les Grecs étaient fatigués de leurs guerres intestines, qui renouvelaient dans leur patrie les maux qu’ils avaient éprouvés dans l’étranger. Presque partout, durant l’absence des vainqueurs de Troie, d’ambitieux sujets ou des parents perfides avaient usurpé leur trône et leurs richesses. Les citoyens s’attaquaient entre eux, les familles s’élevaient l’une contre l’autre. Des clans entiers, chassés de leurs demeures, fondaient sur leurs voisins et les expulsaient. Plus d’une fois, toutes les parties de la Grèce, excepté l’Attique et l’Arcadie, changèrent d’habitants, et des torrents de sang marquaient chacune de ces révolutions. Les Grecs étaient donc saisis de l’amour du repos. La culture de la terre, la vie agricole, le travail assidu, par conséquent, étaient à leurs yeux les conditions indispensables de leur bien-être futur ; Hésiode, pénétré à cet égard d’un sentiment profond, s’y laisse ramener sans cesse a. a
Par là même Hésiode doit avoir beaucoup moins de charme qu’Homère. Bien qu’assurément, dans l’ordre actuel, qui vaut mieux cent fois que ce qui l’a précédé, le travail soit la base de toute morale et de toute liberté, le passage de la vie guerrière à la vie laborieuse
4–6 L’examen ... de mots. ] l’examen ... à sa place phrase ajoutée dans la marge Nous 〈n’en parlerons〉 ne pouvons donc ici 〈que très brièvement〉 dire que peu de mots. corr. dans les interl. Co 3436 2 7 des poésies d’Hésiode. ] de/s/ 〈ses〉 poésies d’Hésiode le nom ajouté dans la marge Co 3436 2 10 avait l’énergie ] avait 〈pour ainsi dire〉 l’énergie Co 3436 2 12 des tribus hellènes. ] 〈de l’espèce humaine peuplades〉 tribus ce dernier mot dans l’interl. hellènes. Co 3436 2 16–23 l’étranger. Presque ... donc saisis ] l’étranger. 〈Ils étoient〉 presque ... donc ce passage dans la marge de gauche saisis Co 3436 2 26 à cet égard ... profond ] à cet égard 27-p. 304.25 ces trois derniers mots dans l’interl. du/n/ sentiment 〈si〉 profond Co 3436 2 Par là ... poésie. ] la note comprenait d’abord seulement la première phrase ; la suite a été ajoutée dans l’espace disponible en bas de la page puis dans la marge de gauche Co 3436 2 Voss, Alte Weltkunde, mit einer Hesiodischen Welttafel, Jena : Goepherdt, 1804 (dans les Kritische Blätter nebst geographischen Abhandlungen, Stuttgart : Metzler’sche Buchhandlung, 1828, t. II, p. 336). BC copie chez Voss le renvoi à Denis d’Halicarnasse.
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En second lieu, les plaintes réitérées contre les rois qui dévorent les peuples et contre l’iniquité de leurs jugements, indiquent la fermentation qui a dû précéder, chez les tribus barbares, l’abolition des monarchies et l’établissement des républiques. Lorsque les hommes suivent leurs chefs au pillage, ils se consolent de leur obéissance envers ces chefs par l’oppression qu’ils exercent à leur tour sur les vaincus. Ce despotisme sauvage passe de main en main ; chacun le tolère, parce que chacun en jouit ; mais quand la paix a succédé à la guerre, la tyrannie, devenant le privilége de quelques hommes puissants, ne présente aucun dédommagement à la multitude. Le besoin d’une liberté plus grande et d’une espèce de garantie est donc l’un des premiers résultats de la vie paisible. Nous montrerons bientôt dans l’Odyssée même le germe de cette tendance et d’un certain accroissement de l’autorité du peuple a. Le poème des Œuvres et des Jours, postérieur à l’Odyssée, fut vraisemblablement composé peu avant la naissance des républiques grecques, dans un temps où les grands de chaque pays abusaient de leur autorité. L’on remarque dans Hésiode plus que dans Homère la pression des grands sur la multitude b : non que cette pression n’existât peut-être davantage du temps du premier, mais elle ne paraissait pas encore une chose étonnante. Il faut du temps à l’homme pour découvrir qu’il a le droit de se plaindre.
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n’est rien moins que poétique. Il paraît substituer, et dans l’enfance du travail il substitue en effet, une carrière de monotonie et d’asservissement aux écarts, aux irrégularités, aux violences des jours héroïques, choses funestes en réalité, mais qu’embellissent aisément l’imagination et la distance. Comparez à l’Iliade les Œuvres et les Jours, aux Saisons le Paradis perdu, à Delille le Tasse, et dites où se manifeste le plus brillamment le coloris magique et merveilleux de la poésie1. Voyez le livre VIII, à la fin du volume2. Œuvres et Jours, 200–209, et nommément 2083.
2–3 indiquent ... les tribus ] indique ... des Tribus Co 3436 2 16 autorité. ] autorité. 〈Cet abus insupportable & les illis. que le poète espère devoir en être la suite,〉 Co 3436 2 26 livre VIII ] 27 Œuvres ... 208. ] note ajoutée dans la marge Co 3436 2 livre IX Co 3436 2 1
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J. F. de Saint-Lambert (1716–1803), auteur du poème Les saisons, Amsterdam : s.éd, 1769. Le Paradis perdu de Milton avait été traduit en prose par Chateaubriand. L’abbe´ Delille (1738–1813), traducteur de Virgile (Géorgiques, 1770, Enéide, 1804, Bucoliques, 1806) et du Paradis perdu de Milton (1805). Le Tasse, auteur de la Jérusalem Délivrée. Ces exemples de poésie épique moderne étaient très prisés au début du XIXe siècle. Heyne a évoqué un grand nombre d’épopées modernes, de Camoëns à Milton et Voltaire, dans un excursus de son commentaire de l’Enéide, Heyne, P. Virgilii Maronis Opera, varietate lectionis et perpetua adnotatione illustrata a Chr. Gottl. Heyne, tomus secundus : Æneidis, lib. I-IV, Lipsiæ : Sumtibus Caspari Fritsch, 1771, Excursus xiv, pp. 668–674. Voir ci-dessous, pp. 379–418. «De tristes souffrances resteront seules aux mortels : contre le mal il ne sera point de recours. Maintenant aux rois, tout sages qu’ils sont, je conterai une histoire. Voici ce que
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Enfin, les invectives fréquentes contre les femmes sont une troisième preuve d’une modification dans les relations sociales. Les poètes qui décrivent les temps héroïques, ne parlent guère que des femmes de la classe supérieure ; or les femmes de cette classe, coupables quelquefois de crimes atroces, n’influent pas néanmoins sur la vie de leurs époux d’une manière habituelle. Elles ont des esclaves qu’elles dirigent dans quelques arts ou quelques métiers faciles ; mais dans l’état plus compliqué d’une vie laborieuse, les femmes deviennent des compagnes plus nécessaires aux individus de la classe subalterne, qui commence à prendre sa place. Le travail des femmes, leur assiduité, leur obéissance sont plus indispensables ; et de là les plaintes de leurs maris, plaintes qu’Hésiode répète jusqu’à la satiété. En général, il est à remarquer que la classe du peuple, dont il n’est parlé dans Homère que comme d’une masse bourdonnante et indigne d’attention, sort de sa nullité dans Hésiode : comme dans l’histoire de nos monarchies féodales, après plusieurs siècles, où les seigneurs, qui sont les rois des temps héroïques, remplissent exclusivement toutes les annales, on voit surgir les communes. Homère peint en quelque sorte l’âge féodal ; Hésiode, l’âge qui commence à être industrieux, agricole, et presque mercantile. On verra plus loin comment la religion se proportionne aux nouveaux besoins d’une société qui se modifie. Ici nous n’avons qu’à en conclure qu’Hésiode nous servira grandement, lorsque nous aurons à comparer deux époques qui se sont suivies ; mais qu’il ne ferait que nous troubler, si nous le consultions sur la première de ces époques, à laquelle il n’appartient pas. Une autre circonstance rend le témoignage d’Hésiode peu recevable sur cet objet. Durant l’intervalle qui sépare l’Iliade de la Théogonie, la communication des Grecs avec les Barbares avait introduit en Grèce beaucoup de fragments de traditions, de croyances et de doctrines sacerdotales, qu’Hésiode avait réunis dans ses vers sans les comprendre. Sous ce rapport, la religion, telle que nous la rencontrons dans Hésiode, n’a été la religion grecque d’aucune époque. Pour démêler en Grèce quelque chose de pareil, c’est aux mystères qu’il faut recourir, et nous n’en sommes pas aux mystères. Les poètes cycliques a s’écartent moins de la véritable mythologie des temps barbares ; mais ces poètes ne nous apprennent rien qu’Homère ne a
Nous ne connaissons de ces poèmes que peu de fragments et le nom des auteurs. Stasinus de Chypre avait composé les Cypriaques en onze livres, contenant les événements du siége de
12–31 En général ... mystères qu’il ] manque : perte d’un f o Co 3436 2 34 barbares ; mais ces poètes ] barbares 〈que ne le fait Hésiode〉 mais 〈d’une autre part〉 ces poètes Co 3436 2 l’épervier dit au rossignol au col tacheté, tandis qu’il l’emportait là-haut, au milieu des nues, dans ses serres ravissantes. Lui, pitoyablement, gémissait, transperce´ par les serres crochues ; et l’épervier, brutalement, lui dit : ‘Misérable, pourquoi cries-tu ? Tu appartiens à bien plus fort que toi. Tu iras où je te mènerai, pour beau chanteur que tu sois, et de toi, à
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nous fournisse avec plus de détail et de beautés poétiques. Copistes secs et froids, ils n’ont eu pour but que d’enchaîner fables après fables, récits après récits : ils n’ont pour mérite que de rétablir quelque circonstance minutieuse ou quelque tradition oubliée que le chantre de l’Iliade avait omise. Mais comme il n’y a dans leur ame point de poésie, il n’y a dans leurs chants point de religion. Les lyriques sont dans une autre catégorie : ils écrivaient à une époque plus avancée de civilisation et de perfectionnement ; de là le besoin de proportionner les traditions aux progrès des idées ; voyez Stésichore1 et Pindare. L’un se repent d’avoir accueilli de mauvais bruits sur Hélène, et déclare que, mieux informé, il sait qu’elle n’a jamais été dans les murs de Troie ; l’autre rejette plusieurs récits, en déclarant qu’ils ne sauraient être exacts, car ils sont indignes de la majesté des dieux a. Nous reviendrons sur ce travail des lyriques, quand nous montrerons la religion grecque marchant d’un pas égal avec la morale, et s’épurant à mesure que l’intelligence de l’homme s’éclaire. Nous n’avons à l’envisager
a
Troie, avant la querelle d’Achille et d’Agamemnon. On devait à Arctinus de Milet, l’Æthiopide ou la Mort de Memnon, et la Destruction de Troie, en deux chants. Leschès de Mitylène avait célébré en quatre livres la dispute d’Ulysse et d’Ajax, et la ruse du cheval troyen. Eugamon racontait dans la Télégonie les aventures d’Ulysse depuis son retour ; et les cinq livres d’Augias étaient destinés au souvenir des revers que les Grecs vainqueurs avaient essuyés en regagnant leur patrie2. PYTH. III, 27 ; IX, 45. NEM. VII, 203.
p. 305.35-p. 306.22 Nous ne ... patrie. ] note sur un papillon collé dans la marge de gauche Nous ne ... poèmes que 〈des〉 peu de corr. dans l’interl. fragmens ... nom de/s/ 〈leurs〉 auteurs. ... contenant le/s/ 〈récit des〉 〈illis.〉 dans l’interl. événemens 〈de la guerre〉 du siège de Troye ... Milet 〈deux ouvrages sur〉 l’Æthiopide ... Memnon 〈en cinq livres〉, & la ... d’Augias étoient 〈deux mots illis.〉 destinés au souvenir des revers qu’ont les deux derniers mots dans l’interl. éprouvés 〈par〉 les ..., en regagnant dans leur patrie. Co 3436 2
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mon gré, je ferai un repas ou te rendrai la liberté’» (traduction de Paul Mazon, Les travaux et les jours, Paris : Les Belles Lettres, 1986). Stésichore, poète lyrique grec (vers 632-vers 556) qui donna à la lyrique chorale un grand essor. De la vaste œuvre lyrique, on ne possède que des fragments, entre autres le fragment 93, mentionné par BC, dans lequel il regrette d’avoir mal parlé d’Hélène en suivant Homère et Hésiode. BC emprunte tout ce qu’il dit sur les «poètes cycliques», c’est-à-dire sur les auteurs de textes épiques à placer probablement dans les VIIe et VIe siècles av. J.-C. et consacrés à des matières autour de la guerre de Troie, de la mort d’Ulysse ou des légendes de Thèbes, à Heeren, Ideen, Griechen, dans l’édition citée pp. 179–180, n. 3 et 4. Cette dernière note contient tous les noms et tous les titres indiqués par BC, dont on ne sait effectivement guère plus que ce qu’on lit chez Heeren. BC renvoie aux troisième et neuvième odes pythiques et à la septième ode néméenne. C’est surtout cette dernière qui parle de la poésie digne des héros et des dieux.
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ici que pour démontrer que la religion que les lyriques améliorent de la sorte n’est plus celle que les Grecs avaient professée sous les remparts d’Ilion. Nous ne devons espérer, à plus forte raison, des tragiques grecs ni fidélité ni exactitude. Ils éloignent ce qui blesserait leurs auditeurs, ils inventent ce qui peut leur plaire, Eschyle et Sophocle moins qu’Euripide, parce qu’Eschyle et Sophocle étaient des croyants, ne cédant qu’a` un sentiment moral et à l’épuration graduelle des idées, et ne supprimant en conséquence que les actions dégradantes pour les dieux, sans révoquer en doute leur existence. Vers le temps d’Euripide, au contraire, le progrès des lumières avait fait germer l’incrédulité. La mort de Socrate l’avait irritée. Euripide, ambitieux d’effet comme Voltaire, obéissait comme Voltaire à l’esprit de son siècle, et, en le flattant, réagissait sur lui. Il pliait sa mythologie à un but ; il ne reconnaissait dans les dieux du vulgaire que des forces physiques ou des abstractions a. Parfois, il réunissait en une seule plusieurs divinités ; son imagination se jouait des traditions religieuses, ou sa philosophie les a
Jupiter, dans Euripide, est rarement un dieu individuel ; c’est tour-à-tour l’E´ther, la nécessité, la nature1. (Troy. 891.)
2 remparts d’Ilion. ] murs de Troye. Co 3436 2 3-p. 308.2 Nous ne devons ... plus inconnues. ] passage ajouté sur une fiche collée du côté droit du f o pour remplacer un morceau biffé avec un texte très proche 〈Nous ne devons ... éloignent ce qui pourroit blesser leurs auditeurs. Ils supputent ... moins qu’Euripide, parce qu’ils ne cedent qu’au sens moral, & suppriment les actions illis. des Dieux sans révoquer en doute leur existence, tandis qu’Euripide philosophe reconnoit que l’individualité des anciennes Divinités grecques, & se plaît à y retrouver, soit des abstractions métaphysiques, soit des forces physiques.〉 d’Euripide, au contraire ces deux derniers mots dans l’interl. obéissait comme Voltaire ces deux derniers mots dans l’interl. pliait sa mythologie ces deux derniers mots dans l’interl. à son but 〈philosophique la〉 ... Parfois, il 〈se〉 réunissait en une seule ces trois derniers mots dans l’interl. ... pour cadres 〈illis.〉 de ses doctrines ... ses pièces du charme Co 3436 2 1
Dans ce jugement dépréciatif d’Euripide, on note un accord avec l’inversion de la hiérarchie défendue par les romantiques allemands, notamment les frères Schlegel, avant Nietzsche. BC en fait notamment une lecture à Weimar. Voir les leçons de Friedrich Schlegel sur la poésie antique tenues à Vienne en 1812, Geschichte der alten und neuen Literatur, F. Schlegel, Sämtliche Werke, t. I, Wien : Jakob Mayer, 1822. Voir la seconde leçon pp. 46–88. A. W. Schlegel, Comparaison entre la Phèdre de Racine et celle d’Euripide (1808), édité par J. M. Valentin, Arras : Artois Presses Université, 2013 (édition qui donne également le cinquième «Cours de littérature dramatique» consacré à Euripide, pp. 187–206). Voir Ernst Behler, Le premier romantisme allemand, Paris : PUF, 1996, p. 98, et du même, «A. W. Schlegel and the Nineteenth-Century Damnatio of Euripides», The Nineteenth-Century Rediscovery of Euripides ; Greek, Roman and Byzantine Studies, t. XXVII, 4, 1986, pp. 335– 367, ainsi que Lauriana Sapienza, «Euripides : Eine disziplinierte Polemik ?», Disciplining Classics – Altertumswissenschaft als Beruf, hsrg. von Glenn Most, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2002, pp. 55–71.
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prenait pour cadres de ses doctrines, et son désir de revêtir ses pièces d’un charme nouveau lui faisait préférer les plus récentes ou les plus incon nues a. Ainsi, nous pouvons bien retrouver dans Eschyle et dans Sophocle la religion grecque, telle que leurs contemporains la concevaient, et même, dans le premier, des réminiscences de traditions encore antérieures. Euripide nous fait voir l’hostilité naissante de la philosophie déja persécutée ; mais toutes ces choses n’ont rien de commun avec la croyance des peuplades purement guerrières que gouvernaient Achille ou Agamemnon. Quant aux poètes d’Alexandrie, la mythologie qu’on peut nommer véritable, celle qui avait commandé long-temps la croyance et le respect, est entièrement dénaturée par eux, sous le poids d’ornements recherchés et d’une érudition pédantesque. Comme religion, il n’y a plus de foi ; comme talent, plus d’enthousiasme : ce sont des compilateurs, quelquefois élégants, souvent fastidieux, qui préfèrent les traditions oubliées aux traditions vulgaires, pour donner à leurs compositions l’attrait de la nouveauté, à euxmêmes le mérite du savoir. Ils sont utiles dans leurs descriptions des rites et des cérémonies, dans leurs allusions à des doctrines enfantées par la philosophie ou venues du dehors ; mais la distance morale qui les sépare du premier polythéisme grec, est encore plus grande que la distance chronologique. Les écrivains en prose ne nous offrent guère des ressources plus sûres : les uns, traducteurs pour ainsi dire des poètes épiques, racontent dans un style dépourvu d’ornements ce que ces derniers avaient entouré de tout l’éclat d’une imagination brillante. Les autres, cherchant à ranger dans un certain ordre les fables reçues, choisissent entre ces fables celles qui s’y plient le plus facilement, et deviennent des guides trompeurs, puisque leur a
C’est pour cela qu’il suit Pindare, dans ce qu’il raconte de Pélops ; Stésichore, dans ce qu’il dit d’Hélène1.
10 commandé ] ajouté dans l’interl. Co 3436 2 12 Comme religion ] sous le rapport de la 12–13 comme talent ] sous celui 〈de la religion〉 du talent Co 3436 2 religion Co 3436 2 15 l’attrait ] récrit sur un mot illis. Co 3436 2 15–16 à eux-mêmes ] devant le mot eux un crochet ouvrant et dans la marge la note commencement de la 20e feuille qui se rapporte aux 16 Ils sont utiles ] Ils sont ces deux mots dans l’interl. Utiles 〈tout au épreuves Co 3436 2 plus〉 Co 3436 2 17 dans leurs allusions ] 〈&〉 dans leurs allusions Co 3436 2 18 morale ] 25 ordre ] ajouté dans l’interl. Co 3436 2 ajouté dans la marge Co 3436 2 1
Allusion aux Phéniciennes d’Euripide qui suit la première ode olympique de Pindare en ce qui concerne Pélops et à Hélène du même qui reprend ce que dit Stésichore dans le fragment 93. Voir ci-dessus, p. 306, n. 1.
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choix est arbitraire ou systématique a. Quelques-uns, flatteurs du pays natal, tourmentent les traditions pour placer parmi leurs concitoyens, le plus de dieux et de héros qu’ils le peuvent b. D’autres encore introduisent absurdement la critique historique au milieu des fictions, discutent pour savoir si Esculape a péri par la foudre, ou d’une autre manière, s’il est ressuscité à Delphes ou ailleurs c, supputent les années, les mois, les jours des combats devant Troie d : et de la sorte, bien que leurs labeurs s’exercent sur des objets qui appartenaient jadis à la religion, ce n’est pas la religion, c’est l’érudition qui les occupe. Des prosateurs plus imposants par leur titre et leur caractère, sont les historiens. Leurs recherches les reportent à l’origine des peuples et à leurs mœurs anciennes, et par là les ramènent aux temps fabuleux. Mais ils n’avaient pour juger les fables aucun moyen particulier ; ceux qui étaient dévots comme Hérodote, cherchaient tout au plus à les con cilier, en les racontant, si même ils osaient les raconter e ; ceux qu’aucun préjugé ne a
b c d
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«J’écris, dit Hécatée de Milet, ce qui me paraît vrai, car les récits des Grecs sont en grand nombre, et plusieurs, à ce qu’il me semble, ridicules.» (Apud DEMETR. περι εë ρμην, § 121.) Acésilaus l’Argien, fait de l’Argien Phoronée le premier homme2. APOLLOD. III, 10. 3. Schol. PIND. Pyth. III, 963. Hellanicus avait, dit-on, d’après les indications recueillies par lui dans les poètes, compilé une espèce de journal où la date de tous les événements du siége de Troie était déterminée. (Fragm. ed. Stürz. p. 774.) HE´ RODOTE, passim.
8–9 ce n’est ... occupe. ] toute religion leur est étrangère. Co 3436 2 11–12 Leurs ... fabuleux. ] 〈mais ils n’avoient〉 deportés par leurs recherches à l’origine ... anciennes, ils 〈etoient〉 sont par là même ce dernier mot dans l’interl. ramenés aux tems des fables. Co 3436 2 23 Hérodote, passim. ] Hérodote, (passim) s’arrête sans cesse devant des fables qu’il n ose pas raconter Co 3436 2 1
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BC renvoie à la première phrase des Γενεαλογι αι de l’historien grec Hécatée de Milet (Hekataios) (Ve siècle av. J.-C.) qu’il cite d’après Demetrios (Ier siècle apr. J.-C.), ΠεριÁ εë ρμηνει ας. BC évoque la tradition de Phoronée, roi légendaire de l’Argos, le premier homme selon la mythologie grecque. Sa légende se retrouve chez Acousilée qui exploite l’épopée Phoronis. Pausanias, Description de la Grèce, livre II, chap. XV, rapporte cette tradition. Les renvois de BC visent le livre III, chap. 10 de la Bibliothèque d’Apollodore qui raconte la légende d’Asclépios, fils d’Apollon et de Coronis, élevé par le centaure Chiron qui lui enseigne la médecine. Asclépios, sachant ressuciter des morts avec le sang de la Gorgone, fut puni par Zeus qui le tua par la foudre. La troisième ode pythique de Pindare traite me même sujet. Ni Apollodore, ni Pindare parlent d’un retour d’Asclépios à la vie. BC fait allusion à une discussion non identifiée. BC cite l’édition de Friedrich Wilhelm Sturz, Hellanici Lesbii Fragmenta e variis scriptoribus collegit, emendavit, illustravit, et præmissa commentatione de Hellanici ætate vita et scriptis in universum edidit Fridericus Guilielmus Sturz, Lipsiæ : litteris et sumtu Sommer, 1787, pp. 77–78 (dans la seconde édition, Lipsiæ : Hartmann, 1826, pp. 79–81). Hellanicus est un historien grec polygraphe du Ve siècle av. J.-C. dont on ne connaît que des fragments.
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dominait, tels que Thucydide, les repoussaient par un dédaigneux silence, et n’en tiraient d’autres conclusions que la barbarie des premiers âges a. Le triomphe de l’incrédulité et du scepticisme créa plus tard une classe subalterne de critiques b, qui entreprit la tâche facile de séparer le merveilleux de ce qu’elle prétendait appeler histoire. Elle transforma les dieux en simples mortels, en guerriers heureux, en législateurs déifiés. Ces écrivains nous serviront beaucoup, quand nous décrirons la décadence et la chute du polythéisme : nous n’en pourrions rien tirer maintenant. Nous devons, par le même motif, laisser de côté les philosophes, soit qu’ils interprètent le polythéisme pour le plier à leurs hypothèses, sans l’attaquer ouvertement, soit que, plus hardis, ils le combattent par le raisonnement et le ridicule. La seule manière dont ils puis sent à présent nous être utiles, c’est en nous prouvant encore davantage que la religion homérique était en Grèce le véritable polythéisme, puisque, ainsi que nous l’avons dit plus haut, Homère est toujours en butte à leurs attaques. En résumé donc, Homère reste seul, représentant et organe de la religion héroïque de la Grèce ; et parmi la foule d’écrivains qui lui ont succédé ou a b
Voyez le commencement de l’histoire de Thucydide1. ÉVHE´ ME` RE2, etc.
1 repoussaient par ] repoussoient au contraire, par Co 3436 2 4 entreprit ] entreprend 5 transforma ] transforme Co 3436 2 9 Nous devons ... laisser ] A plus forte Co 3436 2 12–13 La seule ... utiles ] La seule utilité dont ils raison, devons nous laisser Co 3436 2 19 Evhémère, etc. ] manque Co 3436 2 puissent nous être a` présent Co 3436 2 1
2
Le premier livre de l’Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide expose les conditions réunies au commencement de la guerre du Péloponnèse et propose une «archéologie» de la Grèce fondée sur le raisonnement et la conjecture (L. I, 2–21). Du nom d’un critique du IIIe siècle avant notre ère, dont le principe était d’expliquer les mythes à partir d’une origine historique (voir son ouvrage ëΙεραÁ αÆ ναγραϕη ). Le mythe naîtrait de l’histoire par une déformation des faits initiaux. BC repère à cette occasion la tendance evhémériste chez Pausanias, une de ses sources importantes pour la religion grecque. La réduction des mythes à des faits historiques connut un renouveau dans la critique de la religion des Lumières, de Fontenelle au Président de Brosses, voir notamment Antoine Banier (1673–1741), Explication historique des Fables, où l’on découvre leur origine et leur conformité avec l’histoire ancienne, Paris : Le Breton, 1711, 2 vol. La théorie de la fable de Heyne chercha à donner une interprétation plus élaborée des mythes. Sur cet aspect, voir Sotera Fornaro, «Heyne et l’‘evemerismo’ francese», dans I Greci senza Lumi. L’antropologia della Grecia antica in Christian Gottlob Heyne (1729–1812) e nel suo tempo, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2004, p. 169–173. – Pour une réflexion sur ce mouvement, nous pouvons renvoyer à Marcel Detienne, L’invention de la mythologie, Paris : Gallimard, 1981, et Luc Brisson, Christoph Jamme, Introduction à la philosophie du mythe, Paris : Vrin, 1991, 2 vol.
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qui l’ont commenté, il n’y en a que deux que nous puissions consulter quelquefois, quand Homère lui-même nous semble ou obscur ou incomplet. L’un est Apollodore, compilateur sans prétention, qui rassemble tout sans rien dénaturer, parce qu’il n’a pour but de rien expliquer. L’autre est Pausanias, voyageur curieux, questionneur infatigable, et qui profite indistinctement des fragments des poètes, des traditions locales, des récits des prêtres, et de la vue des monuments ou des ruines, pour inscrire dans son itinéraire tout ce qu’il a pu entendre et recueillir.
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Nous allons maintenant présenter à nos lecteurs le tableau de la mythologie homérique, chez les peuplades grecques, encore barbares et ignorantes : nous écarterons toutes les interprétations historiques, philosophiques ou symboliques. La part de ces interprétations a été faite ; les vraisemblances d’après lesquelles on pouvait admettre l’existence d’une caste et d’une religion sacerdotales chez les Grecs antérieurs au siége de Troie, ont été indiquées. Nous aurons à offrir à cet égard de nouveaux développements, quand nous parlerons d’Hésiode, quand nous traiterons de la philosophie, et surtout quand nous arriverons à la décadence du polythéisme. Mais si nous nous lancions maintenant dans cette carrière, nous confondrions des notions qui doivent rester absolu ment séparées. Il s’agit de bien comprendre ce qu’est la croyance populaire à l’époque que nous décrivons, et quel est le travail du sentiment religieux sur cette croyance. Or, ici rien n’est occulte, rien n’est scientifique : le symbole même, langage convenu pour le sacerÉtablissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 4725, fos 141ro et 4ro. [=MR3] 2. BCU, Co 3444, fos 1 et 2. [=MR3] 3. BCU, Co 3450, fos 1–4 [=MR3] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 309–315. 1–3 Chapitre IV ... héroïques. ] le titre de ce chapitre dans la marge de gauche Ch. 4 Co 4725 6 nous écarterons ] 〈en〉 nous écarterons ce dernier mot récrit sur écartant Co 4725 7–8 symboliques. ... d’après ] symboliques. 〈Nous avons fait〉 la part de ces interprétations a été faite ces trois derniers mots dans l’interl. quand ce mot récrit sur un mot illis. 〈nous avons indiqué〉 les vraisemblances 〈qui semblent indiquer〉 d’après Co 4725 9–10 ont été indiquées. ... de nouveaux ] ont été indiquées. ces trois mots dans l’interl. 〈la marche des idées religieuses & leurs modifications qui sont le résultat momentané du travail de l’intelligence de l’adoucissement des mœurs, & de la communication des peuples entr’eux〉 Nous 〈imposons la nécessité d’illis.〉 aurons à offrir ces trois mots dans l’interl. à cet égard 〈dans〉 de nouveaux Co 4725 16 Or, ici rien ] Or, 〈dans cette croyance & dans les changemens que le sentiment religieux lui fait éprouver〉 ici ce mot dans l’interl. rien Co 4725 17 scientifique : ] scientifique, rien n’est mystérieux. Co 4725 17-p. 313.2 langage convenu ... ont un sens littéral ] langage convenu 〈du〉 pour ce mot dans l’interl. le sacerdoce & ses initiés, n’est la particule de la négation dans l’interl. pour la foule 〈des croyans〉 qu’une les lettres qu’ dans la marge de gauche langue dont tous ce mot dans l’interl. les 〈expressions〉 termes ce mot dans l’interl. ont un sens littéral Co 4725 1
Un état légèrement différent du début de ce chapitre (jusqu’au mot «hasardée.», ci-dessous, p. 313, ligne 7) se trouve sur le fo 141 du ms. Co 4725. Il faisait partie d’un ms. très proche de celui qui a servi pour l’impression ; les corrections et les biffures ont été faites en copiant le ms. précédent. Les lignes biffées sont difficiles à décrypter.
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doce et ses initiés, n’est pour la foule qu’une langue dont tous les termes ont un sens littéral, positif, conforme à leur signification vulgaire. Qu’on ne vienne donc point nous dire que nous prenons le polythéisme homérique trop matériellement : nous le prenons comme le concevaient les Grecs des temps héroïques, et nous répétons notre maxime fondamentale : une religion est toujours pour un peuple telle que ce peuple la conçoit. Ceci n’est point une opinion personnelle ou trop légèrement hasardée. Bien que le défaut de la plupart des écrivains allemands, qui se sont occupés avec tant de sagacité d’ailleurs, et, sous plus d’un rapport, avec tant de succès, de l’étude des mythologies, soit d’en avoir cherché plutôt le sens mystérieux que l’influence populaire, les plus sensés d’entre eux sont revenus à ce résultat. Le célèbre Hermann démontre jusqu’à l’évidence qu’Homère, en rapportant quelques fables symboliques, et en faisant allusion à plusieurs autres, n’en a nullement compris le sens a ; et M. Creutzer lui-même, qui cherche para
Homère les raconte, dit-il, comme des faits, en toute croyance, sans en rechercher les motifs, et sans hasarder aucune explication ; et il en donne un exemple assez ingénieux, pour qu’il nous paraisse convenable d’en faire mention. Dans le XIIe livre de l’Odyssée, les Sirènes, pour attirer Ulysse dans leurs piéges, lui chantent le bonheur de l’étranger initié par elles (v. 188) dans la science de toutes choses, γαρ τοι παντα. Ces mots annoncent qu’elles dévoileront à ses yeux tout ce qui se passe sur la terre diversement habitée, επι χθονι πολυβοτειρη ; et cependant qu’offrent-elles de lui apprendre ? l’histoire des malheurs de Troie, que mieux que personne Ulysse devait savoir. D’où vient cette déviation subite d’une route indiquée ? De ce qu’Homère ne connaissait les Sirènes que par quelques rapports confus, qu’il répétait sans leur attribuer d’autre sens que leur signification littérale. Dans les doctrines orientales, la fable des Sirènes tenait à cette idée fondamentale des prêtres, que la science, révélée autrement que par eux et sous les conditions qu’ils imposent, est un mal, un crime que suit de près un châtiment inévitable et sévère : les Sirènes veulent perdre Ulysse en lui promettant la connaissance du bien et du mal. D’autres mythologies ont pris pour base cette même idée. Mais Homère ne voit dans les Sirènes que des monstres perfides qui chantent harmonieusement ; et, après avoir annoncé, d’après la tradition qu’il ne comprend pas, qu’elles vont exposer les secrets du monde, il les fait parler de ce qu’il comprend, de la guerre qu’il a racontée, et des exploits qu’il a célébrés.
2 leur signification vulgaire. ] ses apparences extérieures. Co 4725 4 prenons ] prenons ici Co 4725 comme le concevaient ] comme 〈les gr〉 le convevoient Co 4725 7 trop légèrement hasardée. ] trop légèrement hazardée. ces mots écrits en travers dans la marge de gauche Co 4725 Bien que ... Symboliq. trad. fr. p. 100–101. ] passage dont on retrouve l’ébauche sur les f os 1r o et 2r o de Co 3444 ; il s’agit du brouillon précédant immédiatement ce texte. 11 d’entre eux ... résultat. ] d’entr’eux, 〈après s’être debattus (?) longtems contre l’évidence〉 en sont revenus à 〈des〉 ce résultat〈s pareils aux nôtres〉. Co 3444 11–14 Le célèbre ... sens. ] passage ajouté dans la marge Co 3444 14 Et M. Creutzer ] mots ajoutés dans la marge pour remplacer quatre lignes biffées quasiment illis. 〈Après avoir établi comme une certitude ce que nous n’avons un mot illis. que comme une hypothèse un mot illis. l’existence d’une domination sacerdotale en Grèce avant trois mots illis. M. Creutzer〉 & M. Creutzer Co 3444 14-p. 314.1 partout le symbole ] partout, plus obstinément & plus systématiquement que personne des symboles Co 3444 15–32 Homère ... célébrés. ] texte de la note dans la marge et sur un papillon il les raconte, dit l’auteur, ... doctrines 〈sacerdotales〉 orientales ...
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tout le symbole, est forcé de conclure ainsi : «La Grèce antique peut avoir été, durant un certain temps, sacerdotale, et, pour ainsi dire, orientale. Les fondateurs des murs, des portes, des grottes cyclopéennes de Tirynthe, de Sicyone, de Mycènes a, ont pu être des prêtres ; mais l’atmosphère de la Grèce, les montagnes, les forêts, les fleuves qui la divisaient en tout sens, l’énergie des peuplades qui l’envahirent, opposèrent de bonne heure de nombreux obstacles à tout pouvoir purement religieux. Les mœurs et les institutions, la réflexion et la poésie, se réunirent pour détourner les tribus belliqueuses des dogmes abstraits et des croyances contemplatives : leur mythologie devint nécessairement moins aventureuse, moins extravagante en apparence, mais aussi moins élevée et moins profonde en réalité. Des chantres se présentèrent, se disant inspirés sans être prêtres : ils dédaignèrent la science occulte ; ils formèrent une classe à part, qui vit dans les prêtres ses rivaux, et qui leur fut préférée par les monarques et les guerriers. Tandis que Calchas tremble b, et que Leïodès périt c, Phémius obtient la vie, et les honneurs lui sont prodigués d.» a b c d
PAUSAN. II, 25, 3 ; VII, 25, 71. CALCHAS. Iliad. I, 74, 83. Odyss. III, 2672. CREUTZER à Hermann, IVe Lettre, p. 48–493.
du mal 〈deux ou trois mots illis.〉 d’autres ... qu’elles vont reveler 〈quel〉 les secrets ... célébrés. Co 3444 2 orientale ] 〈théocratique〉 orientale Co 3444 7 tout pouvoir purement religieux ] tout 〈autre empire que celui des guerriers〉 pouvoir ... religieux ce dernier syntagme ajouté dans la marge Co 3444 9 des dogmes ] des ce mot récrit sur du 〈savoir & de tous les〉 dogmes Co 3444 12 chantres se ] chantres 〈qui〉 se 〈disent ins〉 corr. faite en rédigeant la traduction Co 3444 16 et ... prodigués. ] & 〈 se voit comblé d’honneurs.〉 les honneurs ... prodigués. ce dernier syntagme dans l’interl. Co 3444 1
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Les renvois à Pausanias sont incomplets. BC cite les descriptions de Tirynthe et ses murs cyclopéens (Livre II, Argolis, 25, 8), de Mycènes et ses murs également attribués aux Cyclopes (Livre VII, Achaia, 25, 6), mais omet la description de Sicyone (Livre II, Argolis, 5, 6), qui d’ailleurs, n’est pas très détaillée. BC cite Creuzer qui se trompe. Les exemples cités ne parlent pas tous de chantres mais surtout d’augures. Calchas, cité dans l’Iliade, tremble effectivement, mais Achille promet de le protéger contre ceux qui le menacent. Leiodes, un jeune augure et un des aspirants de Pénélope, vit dans la maison d’Ulysse et est tué par celui-ci (Odyssée, XXI, 144–162 ; XXII, 310–329). L’augure dans l’histoire de Clytemnestre et d’E´gisthe (Odyssée, III, 254–275) n’a pas de nom. Phémios, le chantre forcé par les aspirants de Pénelope à les entretenir à table, est épargné par Ulysse, qui accepte les arguments de Télémaque (Odyssée, XXII, 330–356). BC résume les pp. 46–49 de Gottfried Hermann et Friedrich Creuzer, Briefe über Homer und Hesiodus, vorzüglich über die Theogonie, Heidelberg : Universitätsbuchhandlung, 1818.
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Homère, continue-t-il, avait ses motifs pour se conformer aux croyances vulgaires. La poésie veut plaire avant tout. Il pliait son génie aux mœurs, aux opinions régnantes ; il connaissait probablement l’E´gypte et l’Orient ; il avait pu voir les sculptures symboliques de la Thébaïde, ou les navigateurs ioniens, ses compatriotes, les lui avaient décrites. Mais quand il s’est agi d’insérer dans ses poèmes ces allégories profondes, artiste habile, il les fondit dans sa narration, les identifia à ses personnages, leur ôta leur aspect énigmatique, et, plus sage peut-être qu’il ne le paraît, il ne s’attacha qu’à la forme, en passant sous silence la doctrine a ; et la nation tout entière, sub jua
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lettre, pag. 127. Cette correspondance de deux hommes d’une érudition vaste et d’une sagacité incontestable, forme un recueil d’un extrême intérêt. Quelle que soit notre admiration pour M. Creutzer, nous ne pouvons dis convenir que dans cette lutte son adversaire n’ait beaucoup d’avantages. Pour mettre nos lecteurs à portée d’en juger, il nous suffira de leur exposer la définition de la mythologie par les deux antagonistes. La mythologie, dit M. Creutzer, est la science qui nous apprend comment la langue universelle de la nature
1–9 Homère ... doctrine ] passage profondément remanié ; nous pouvons reconstituer une première rédaction en ne tenant pas compte des corrections apportées dans la version définitive «Homère» dit-il «pouvoit avoir des motifs pour ne se s’enfermer (?) entièrement dans la religion de la multitude. le sentiment profond de l’art qui veut plaire avant tout lui fesoit une loi de plier son génie aux mœurs & aux opinions du moment dans la Grèce. Parce qu’il connut selon toute apparence l’Egypte & l’Orient, qu’il eut vu de ses yeux les sculptures symboliques de la Thébaide, ou tout au moins, en eut entendu la description de la bouche des navigateurs Ioniens ses compatriotes, voulant faire entrer dans ses poèmes, plusieurs mots illis. par allegories profondes, il falloit qu’en artiste habile, il en adoucit les formes, sut les fondre avec sa narration, avec les personnages & par cela même les dépouilla de leur aspect mystérieux qui excitait si vivement l’esprit & le remplissoit du sens caché. Homère pourroit donc bien être plus sage que nous ne le savons, mais il peut (?) illis. la forme & laisse le fond aux doctrines tomber. Briefe über Homer und Herod. illis. II. 545. voici la transcription diplomatique ; presque toutes les corr. se trouvent dans les interl. «Homère» 〈dit-il〉 continue-t-il 〈pouvoit〉 avoi〈r〉t 〈d〉ses motifs pour 〈ne se s’enfermer // deux mots illis. // entièrement dans la religion de la multitude〉 se conformer aux croyances 〈regnantes ?〉 vulgaires. 〈le sentiment profond de l’art qui〉 La poésie veut plaire avant tout, 〈lui fesoit une loi de〉 il pli〈er〉oit son ... opinions 〈du moment dans la Grèce〉 regnantes. 〈Parce qu’〉 Il la première lettre récrite sur la minuscule connaissoit récrit partiellement sur «connut» 〈selon toute apparence〉 probablement l’Egypte & l’Orient, 〈qu’il illis.〉 les sculptures ... Thébaide, ou 〈tout au moins, en eut entendu la description de la bouche〉 des navigateurs Ioniens ses compatriotes, 〈voulant faire entrer dans ses poèmes, plusieurs mots illis. par alle〉 les lui ... decrites. mais quand il voulut inserer dans ses poemes dont l’action constituoit le illis., peut-être «nerv» de ces allegories profondes, 〈il falloit qu’en〉 artiste habile, il 〈en adoucit〉 en changea les formes, 〈sut〉 et les fond〈re〉it 〈avec〉 dans sa narration, 〈avec l〉 Il les identifia à ses personnages 〈& par cela même les dépouilla de leur ?〉 Il leur ota leur aspect mystérieux 〈qui excitait si vivement l’esprit & le remplissoit du sens caché. Homère pourroit donc bien être〉 plus sage qu〈e〉’il 〈nous〉 ne le 〈savons〉 parait, 〈mais〉 il 〈peut illis.〉 ne s’attacha qu’à la forme & 〈laisse le fond aux〉 doctrine〈s tomber〉. 〈Briefe über Homer und Herod. illis. p. 45–49.〉 Co 3444 9-p. 316.5 et la nation ... sienne. ] texte ajouté sur un papillon, sans l’indication trad. fr. p. 100–101. Co 3444 11 d’un extrême intérêt. Quelle que ] curieux. Quelque Co 3444 13 n’ait ] n’a Co 3444 14 antagonistes ] adversaires Co 3444
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guée par le génie de ce grand poète, oublia bientôt, à la vue de son nouvel et brillant Olympe, les leçons sublimes, mais à demi voilées, qu’elle avait reçues jadis des prêtres de l’Orient : croyances, poésie, sculpture, tout se régla sur ce modèle désormais national ; toute autre lumière pâlit devant la sienne a. Cet aveu nous suffit1 b. Nous n’avons point à rechercher ce qu’Homère a pensé, mais ce qu’il a dit, pour se conformer aux pensées contemporaines.
a b
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s’exprime par tels ou tels symboles. (CREUTZER à Hermann, page 97.) La mythologie, dit M. Hermann, est la science qui nous fait connaître quelles notions et quelles idées tel ou tel peuple conçoit et représente par tels ou tels symboles, images ou fables. (HERMANN à Creutzer, p. 1.) On voit à l’instant combien la première définition est vague et inappliquable, et combien la seconde est précise et conforme à la raison2. Symboliq. trad. fr. p. 100–1013. Il ne reste guère plus qu’un homme dans le monde savant, si toutefois il en fait partie, qui persiste à ne voir dans les poèmes homériques que le développement d’un vaste et universel symbole4. Achille, à l’entendre, n’est point, dans l’intention d’Homère, un être individuel, mais une force symbolique, comme Mithras ou Crischna. Les amours d’Hèlène ne sont plus, soit un fait historique, soit une fiction que la poésie aurait empruntée aux traditions fabuleuses : c’est la lutte du froid et du chaud, du sec et de l’humide, du jour et des ténèbres, du bien et du mal. Grand bien lui fasse ! Un érudit allemand ne prétend-il pas que l’ânesse de Balaam n’est autre qu’Orphée5 ? Libre à chacun de rêver à sa guise, pourvu qu’il s’en
6–7 Nous ... pensé, ] 〈ce qu’ils quelques mots illis.〉 Nous n’avons point 〈quelques mots illis. qu’il〉 la recherche de ce qu’il a ces six mots dans l’interl 〈qu’il〉 a pensé, mais de ce qu’il ces six mots dans l’interl. a pensé. Co 4725 14 guère ] 〈donc〉 guères ce mot dans l’interl. Co 4725 20–21 Un érudit ... Orphée ? ] phrase ajoutée dans la marge de gauche Co 4725 1
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Avec cette phrase commence la dernière page du manuscrit de ce chap. IV du Livre VII, rédigé au moment de l’impression de l’ouvrage, soit fin 1826, ou plutôt en 1827 (Co 4725, fo 4). La disposition du texte est la même que celle que l’on trouve dans Co 34362. Dans la lettre citée par BC, Creuzer défend l’idée d’un accroissement du procédé allégorique dans la rédaction de l’Odyssée. Creuzer parle d’une «langue universelle de la nature» dont les sonorités sont reprises dans chaque mythe hellénique (p. 97). Pour Hermann, la référence ne correspond pas à une citation mais à un résumé de la thèse de Hermann. BC cite le premier volume de la traduction de Guigniaut, qui porte sur «Quelques aperçus sur l’histoire des symboles et de la Mythologie chez les anciens et chez les modernes». On peut y lire au sujet d’Homère : «Le théâtre des principaux événements de son poème est précisément la limite des deux mondes, de l’Orient et de l’Occident, comme son poème luimême, ou le génie qui l’a dicté, met une barrière éternelle entre le vague mystérieux des religions asiatiques et cette troupe brillante, animée, pleine de physionomie et de variété, des dieux de la mythologie grecque» (pp. 100–101). BC attaque le baron d’Eckstein, qui répond dans le Catholique, no d’octobre 1827. Voir pp. 50–59. BC pense à Johann Arnold Kanne qui soutient cette opinion dans son ouvrage Erste Ur-
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Ce sont ces pensées qu’il est essentiel de connaître ; c’est l’influence de ces pensées qu’il nous importe d’examiner.
tienne à des rêves sur l’antiquité. Rien jusque-là n’est plus innocent ; mais quand on veut appliquer ces rêves aux temps modernes, et qu’on cite à faux les ouvrages anciens, pour forger, au nom du symbole, des fers à tous les peuples, au profit de la caste qui les a opprimés depuis quatre mille ans, la chose devient alors un peu moins innocente.
1 qu’il est essentiel ] qu’il 〈nous importe〉 est essentiel ces deux mots dans l’interl. Co 4725 4 qu’on cite ... pour ] passage ajouté dans la marge de gauche Co 4725 6 mille ans, la chose ] mille ans, 〈quand on cite à faux les ouvrages anciens pour tromper en les quelques mots illis.〉 la chose Co 4725
kunden der Geschichte oder allgemeine Mythologie, Zwei Bände mit einer Vorrede von Jean Paul Friedrich Richter, Baireuth : Johann Andreas Lübecks Erben, 1808, p. 681. Kanne fonde sa thèse sur des raisonnements étymologiques.
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Le premier progrès qui s’opère dans les croyances libres de toute gêne et de toute entrave, c’est l’embellissement de la figure des dieux. Cet embellissement est un besoin pour l’homme ; nous l’avons démêlé déja chez les sauvages a. En satisfaisant ce besoin, l’homme s’écarte momentanément de cette tendance vers l’inconnu, tendance inhérente d’ailleurs au sentiment religieux b. Nous le verrons tout-à-l’heure s’en écarter encore, lorsque après avoir attribué la beauté physique aux objets de son culte, il re cherchera quelles doivent être leurs qualités morales. Plus il réfléchira sur ces questions, plus il fera ses dieux semblables à lui. Mais c’est une transition, un travail préliminaire, auquel il ne se livre qu’aussi long-temps qu’ils lui sont inférieurs par leurs qualités ou par leurs formes. Dès qu’il en a fait ses égaux, en leur prêtant ce qu’il y a de meilleur dans sa nature, il en fait ses supérieurs, en les délivrant de ses faiblesses et de ses vices ; ce nouveau a b
Tome I, page 2711. Tome I, page 2252. Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3450, fos 5–7, 10–11 [=MR3] 2. BCU, Co 3444, fos 3 et 4. [=MR3] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 316–325.
1-p. 320.4 Chapitre V. ... la date. ] passage qu’on retrouve sur les f os 5–7 de Co 3450 Chapitre V. ] Chap. 5 Co 3450 6 démêlé déja ] 〈remarqué〉 démélé déja corr. dans l’interl. Co 3450 8 besoin ] 〈penchant de la nature〉 besoin corr. dans l’interl. Co 3450 momentanément ] mot ajouté dans l’interl. Co 3450 10 Nous ... encore, ] 〈Il continuera même de〉 nous le verrons tout à l’heure corr. dans l’interl. s’en écarter encore le dernier mot dans l’interl. Co 3450 11 recherchera ] recherche〈ra〉 Co 3450 12 réfléchira ] réfléchi〈ra〉〈t〉ra Co 3450 13 fera ] fera récrit sur un mot illis. Co 3450 un ] 〈c’est〉 un Co 3450 14 qu’ils ] 〈que ces Dieux〉 qu’ils la corr. dans l’interl. Co 3450 15 en a fait ] 〈s’applique a se les rendre〉 en a fait corr. dans l’interl. Co 3450 16 en fait ses ] 〈les a rendus〉 en fait ses corr. dans l’interl. Co 3450 17-p. 319.1 ce nouveau travail ] 〈& par〉 ce nouveau travail, 〈Il〉 Co 3450 18 page 271. ] p. Co 3450 19 page 225. ] p. Co 3450 1 2
BC a déjà posé le principe du rôle civilisateur de la forme esthétique, qui exprime un certain consensus rencontré de Winckelmann à Schiller, voir OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 259. OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 219. Il y est question de la dialectique entre le sentiment désintéressé et ses possibles dévoiements, qui sont sans doute en partie inévitables et scandent le rythme de l’histoire.
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travail établit des différences nouvelles, incalculables, indéfinies, et la religion rentre dans sa sphère. Cette métamorphose ne s’achève cependant pas tout-à-coup. Durant quelque temps, l’imagination défigure les dieux par des additions plus ou moins bizarres. Elle leur prête tantôt plusieurs bras ou plusieurs têtes en signe de force ou d’intelligence, tantôt des ailes en signe de vélocité ; mais ces additions fantastiques disparaissent graduellement. Le goût s’épure et porte dans le polythéisme, lorsque cette croyance peut suivre en liberté la direction qui lui est propre, le beau idéal des formes humaines. Les plus anciennes divinités grecques étaient de monstrueux simulacres a. Pausanias parle d’un dieu à figure de poisson, qu’on voyait de son temps dans le sanctuaire de Junon a` Olympie b : les Arcadiens, près de Phigalie, adoraient Cérès avec une tête et des crins de cheval c. Proserpine avait de même la tête d’un animal, quatre yeux et quatre cornes d. Larisse a
b c d
HEYNE, Antiquar. Aufsätze, I, 162. Ejusd. Apollodor. et de form. invent. et de fabul. Homer. Com. Soc. Goett1. HERMANN, Myth. Handbuch. II, 1682. PAUSAN. Élid. 413. PAUSAN. Arcad. 424. CREUTZ. Symb. IV, 85. Elle tenait dans une main une colombe, et dans l’autre un dauphin ; autour d’elle étaient des serpents et d’autres animaux5.
3 Cette ] Cette récrit sur La Co 3450 cependant ] ajouté dans l’interl. Co 3450 4 défigure les dieux ] les défigure 〈encore〉 Co 3450 10–11 de monstrueux simulacres ] 〈des figures monstrueuses〉 de monstreux simulacres 〈diffamans ou monstrueux〉 corr. dans la marge et dans l’interl. Co 3450 11 voyait de ] voyait 〈encore〉 de Co 3450 14-p. 320.1 cornes. Larisse montrait ] cornes. 〈Elle tenoit dans une main une Colombe & dans 1
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Les Antiquarische Aufsätze évoquent les luttes entre les éléments dans les cosmogonies anciennes qui posaient problème pour être représentées. BC se réfère ici à l’essai «Die in der Kunst üblichen Arten, die Venus vorzustellen», Sammlung Antiquarischer Aufsätze, Erstes Stück, Leipzig : Weidmann, 1778, p. 115–164. – Par la suite, BC cite sommairement trois textes de Heyne, à savoir Apollodori Atheniensis Bibliotheca libri tres et fragmenta, curis secundis illustravit Chr. G. Heyne, Gottingæ : Dieterich, 1803 ; l’étude «De auctore formarum» (ci-dessous, p. 321, n. 1) ; la dissertation «De origine et caussis fabularum Homericarum», Novi Commentarii Societatis Regiæ Gottingensis, t. VIII, 1777, (Commentationes historicæ et philologicæ classis), pp. 34–58. Il s’agit de Martin Gottfried Hermann, disciple de Heyne, et non de Gottfried Hermann, l’adversaire de Creuzer. BC cite l’ouvrage Handbuch der Mythologie, mit erläuternden Anmerkungen begleitet von Martin Gottfried Hermann. Nebst einer Vorrede des Hofrath Heyne, Berlin : Nicolai, 1790, 3 vol. Les Mythologische Briefe de Voss (Königsberg : Nicolovius, 1794, réédité dans J. H. Voß, Antisymbolik, t. II, Stuttgart : Metzler, 1826) commencent par une critique en règle de cet ouvrage, qui implique également une critique de son inspirateur et préfacier Heyne. Référence non retrouvée, peut-être fautive. ` l’endroit indiqué, Pausanias décrit cette statue de bois, assise sur une pierre, à tête et crin A de cheval, des serpents et d’autres animaux autour de sa tête. BC résume, en les traduisant partiellement, les phrases de Creuzer. Voir Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. IV, p. 85.
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montrait son Jupiter à trois yeux a ; Amyclée son Bacchus b, l’E´lide sa Diane ailée c. Mais toutes les fois que les historiens ou les voyageurs font mention de ces représentations sacrées, ils ajoutent qu’elles remontent à une antiquité tellement reculée qu’ils n’en sauraient assigner la date d. C’est que ces monstruosités s’étaient adoucies, effacées, avaient disparu graduellement, sans qu’on pût indiquer l’instant précis de leur disparution. Esculape, a
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Jupiter Patroous ou Triophtalmos. Pausanias fait remonter cette statue au siége de Troie, c’est-à-dire à une époque incertaine et fabuleuse, et, si nous ajoutons foi à la tradition qui la disait apportée de cette ville même, nous serons ramenés en Phrygie, pays où le sacerdoce dominait. (Voyez CR. I, 167.) Le même écrivain qui nous transmet ces détails, hasarde sur cette figure de Jupiter une explication convenable à son temps, mais inadmissible si on l’applique à l’époque à laquelle il la reporte. Je crois, dit-il, que le statuaire a donné trois yeux à Jupiter, pour indiquer qu’un seul et même dieu gouverne les trois parties du monde, le ciel, la mer et les enfers, que d’autres disent tombés en partage à trois maîtres différents. (Co rinth. 24.) Il est évident que cette conjecture est celle d’un siècle où la tendance générale était vers le théisme. Le Jupiter Triophtalmos avait trois yeux pour la même raison qui en assigne à plusieurs divinités indiennes un nombre pareil ou un plus grand nombre. Les trois yeux de Schiven (As. Res. VIII, 60) expriment la perspicacité de sa vue1. PAUS. Lac. 19. PAUS. Élid. 19. La même contrée possédait une statue antique et grossière d’Apollon ; ses habitants tenaient beaucoup, en leur qualité de descendants des Doriens, aux plus anciennes images des dieux. PAUS. Élid. 19. Arc. 42. Corinth. 242.
(suite des variantes de la p. précédente) l’autre un Dauphin, autour d’elle etoient des serpens & d’autres animaux〉 appel pour une note : 〈Creutz. II. 388–389.〉 Larisse 〈avait〉 montroit la corr. dans l’interl. Co 3450 15–16 162. Ejusd. ... Goett. ] 152. Ejusd. ... Goett. ajouté dans la marge Co 3450 18 Pausan. ] id. Co 3450 19–20 IV, 85. ... animaux. ] la source porte 10, 85 faute corrigée dans l’Errata – IV. 85 le renvoi à Creuzer récrit sur 〈II. 388–389〉 et la phrase ajoutée à droite dans l’espace encore libre Co 3450 2 voyageurs ] géographes Co 3450 4 sauraient ] 〈peuvent〉 sauraient corr. dans l’interl. Co 3450 4-p. 323.7 C’est que ... contribué. ] texte ébauché se lit dans deux folios de Co 3444 8 ajoutons ] ajoutions Co 3450 9 serons ] serions Co 3450 10 (Voyez ... 167.) Le ] v. Cr. I. 167. ajouté dans la marge Le récrit sur Ce Co 3450 17 indiennes ] manque Co 3450 18 Les trois ... Schiven ] 〈Schiven a〉 les corr. dans l’interl. trois ... Schiven Co 3450 20 contrée ] ville Co 3450 20–22 ses habitans ... dieux. ] les habitans de la laconie tenoient beaucoup, en leur qualité de Doriens, aux plus anciennes images des Dieux. Co 3450 20–22 La même ... des dieux. ] ajouté dans l’espace libre à droite Co 3450 1
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BC résume Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, p. 167, qui expose à l’endroit indiqué ces détails d’après Pausanias (Argos, chap. 24) que celui-ci cite en note. – Le renvoi aux Asiatic Researches, t. VIII, 1808, vise l’étude de Paterson, «Of the Origin of the Hindu Religion». Dans cette note, BC développe, comme il ressort des indications ci-dessus, une idée qu’on retrouve dans ses Notes de lecture regroupée sous le nom de Paterson (Co 3293, Q3/5), note no 13, marquée «empl. 1825». Pausanias évoque par conjecture des objets disparus, mais qui ont laissé des traces.
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d’abord une cruche, puis un dieu nain, prit, à des époques incertaines (car le mérite du perfectionnement est attribué à divers sculpteurs) a, une forme plus belle ; et le seul vestige qui resta de son ancienne figure, fut, dans quelques-uns de ses temples, une statue pygmée placée à côté de lui b. Cécrops était venu d’E´gypte, avec un double corps et une queue de serpent, figurant ainsi, disent les commentateurs, une double nature, l’une agricole, qu’expriment le fouet et les rênes que deux de ses mains agitent ; l’autre belliqueuse, indiquée par le glaive et le bouclier que portent ses deux autres mains c. Les Athéniens, peu sensibles à l’allégorie, retranchèrent ces difformités. Cécrops fut pour eux un législateur divin, présidant au mariage, et semblable d’ailleurs à tous les mortels. Le Bacchus ailé d’Amyclée se dégagea aussi de son importun et inutile symbole, pour devenir l’idéal de la beauté voluptueuse et efféminée, comme Apollon celui de la beaute´ majes-
a b
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PAUS. Corinth. 27. HEYNE, de Auctor. formar. p. 251. PAUS. Mess. 22. Ottfr. Müller prétend que les épithètes Βοωπις pour Junon, et Γλαυκωπις pour Minerve, sont une réminiscence du temps où l’une était adorée comme vache, l’autre comme hibou. (PROLEG. zu einer wissen[s]ch. Myth. p. 2632.) JO. DIACON. ad Hesiod. Scut. Herc. pag. 219. PLUTARCH. de Sera Num. Vind3.
1 nain ] 〈pygmée〉 nain Co 3444 4 placée ] manque Co 3444 4–5 Cécrops ... d’E´gypte ] Cecrops vient d’Egypte Co 3444 5–11 Cécrops ... mortels. ] texte et note ajoutés sur un papillon Co 3444 13-p. 322.1 beauté ... mâle. ] beauté 〈mâle &〉 majestueuse & mâle. Co 3444 15 réminiscence ] la source porte reminiscence nous corrigeons, BC écrit partout ailleurs dans ce volume réminiscence REl3
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Voir Pausanias, Argos, chap. 27, et Christian Gottlob Heyne, «De auctoribus formarum, quibus Dii in priscæ artis operibus efficti sunt» (Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. VIII, 1787, pp. XVI-XXX). En fait, BC résume ce qu’il a lu chez Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. II, pp. 350–351. Müller traite de la question du symbolisme animal chez les dieux d’Homère. Il reconnaît qu’il n’y a rien de tel chez Homère, mais qu’on peut cependant retrouver des traces d’une religion indiquant cette proximité, notamment dans l’expression «Boôpis Hèra». Il situe la formation de la formule dans l’Argos où Héra avait des vaches sacrées. De même, Athena Glaukôpis remonte selon Müller à une tradition locale. BC puise ces références chez Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. II, p. 385. Creuzer y expose la double nature de Cécrops, homme et animal, bon et fourbe à la fois. Il renvoie au commentaire du Bouclier d’Hercule de J. Diacon et au De sera numinis vindicta (Sur les délais de la justice divine) de Plutarque. On notera l’existence d’une traduction par Joseph de Maistre, Sur les délais de la justice divine dans la punition des coupables, Lyon : M. P. Rusand, 1833.
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tueuse et mâle a. Scylla, ce monstre terrible aux na vigateurs, d’abord un dragon à douze pieds et à six gueules toujours ouvertes pour engloutir sa proie, fut, plus tard, une femme à formes séduisantes de la ceinture en haut ; et les récifs qui l’entouraient dérobaient aux regards sa queue de poisson avec les chiens menaçants dont les aboiements épouvantaient les pilotes. Si nous ne craignions de devancer les époques, nous montrerions clairement que lorsque les circonstances introduisirent l’esprit grec dans les religions sacerdotales, cet esprit y fit triompher, malgré la résistance des prêtres, la tendance à l’embellissement des formes divines. Le Sérapis d’E´gypte était primitive ment une tête sur une urne, entourée de serpents. A Alexandrie, les artistes grecs, protégés par les Ptolémées, lui donnèrent la figure humaine b. A Canope, au contraire, où l’esprit grec ne pénétra jamais, Sérapis continua d’être adoré sous son ancienne forme c. a
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Voyez sur la question des divinités ailées en Grèce, les ouvrages de Winckelmann et les Lettres mythologiques de Voss1. A l’exception de Mercure (et l’exception pourrait encore être contestée), à l’exception, disons-nous, de Mercure, qui, en sa qualité de messager des dieux, conserve de petites ailes presque invisibles, et qui ne le défigurent pas, toutes les divinités ailées, l’Amour, Némésis, la bonne foi, Diké, la justice, sont de l’époque allégorique, et par conséquent étrangères à la mythologie réelle, à celle qui suppose la croyance. Quand l’allégorie pénètre dans la religion, la figure des dieux se modifie dans un sens inverse de celui que nous décrivons actuellement. L’anthropomorphisme change le symbole en attribut, l’allégorie change au contraire l’attribut en symbole. Avec le modius sur la tête, et en plaçant à ses côtés une figure à triple tête de chien, de loup et de lion, dont un serpent entourait le corps2. CREUTZ. Zoeg. Numm. Ægypt. tab. III, n. 5 ; XVI, n. 8. Il est probable que l’esprit du sacerdoce persan exerça sur les Grecs d’Ionie, soumis à la domination perse, une fâcheuse influence, quant aux représentations de leurs dieux. Plusieurs statues qui n’avaient point d’ailes dans le Péloponèse, étaient ailées dans l’Asie-Mineure. M. de Paw attribue cette
12 jamais ] 〈point〉 jamais Co 3444 14–22 Voyez ... en symbole. ] texte ajouté dans la marge de gauche Co 3444 23 ses côtés une ] ses coté, le signe du pluriel manque 〈une espèce de illis.〉 une Co 3444 de chien ] répété par inadvertance Co 3444 25 Il est ] 〈D’un autre coté il est Co 3444 28-p. 323.7 M. de Paw ... contribué. ] phrase biffée sur la fiche collée, mais transcrite littéralement au-dessous sur la feuille Co 3444 1
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Voss commence à traiter la question des moyens de transport des dieux homériques à la lettre XIV, en partant de Winckelmann, et court sur tout le premier volume des lettres pour aboutir au second volume à une classification des dieux ailés. Il distingue les ailes attribuées à Mercure (dans le Handbuch der Mythologie, t. I, de Martin G. Hermann) des semelles de vent et argumente point à point contre Heyne qu’il accuse d’allégoriser, alors que l’expression ne signifie que la rapidité du déplacement (voir Briefe, Stuttgart : Metzler, 21827, p. 90). BC utilise une phrase de Creuzer : «Er war ein ernster Gott, mit dem Modius (Getreidemass) auf dem Haupte, der das von einer Schlange umwundene Thier mit dem HundsLöwen- und Wolfkopf neben sich hatte» (Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, pp. 304– 305).
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Le Phallus, cette idole obscène et hideuse, qui reparaît sans cesse dans tous les cultes sacerdotaux ; le Phallus, transmis aux Grecs par l’ancienne théocratie pélagique, ou venu d’E´gypte en Grèce, fut d’abord surmonté d’un visage d’homme ; bientôt l’organe indécent fut retranché, et le Phallus ne différa des autres statues que dans les rites mystérieux a.
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différence au climat. (Rech. sur les Grecs.) Mais certainement l’esprit et l’action du sacerdoce y avaient contribué1. Hécate est la seule divinité adorée en Grèce qui pa raisse avoir conservé sa forme monstrueuse ; elle a trois visages, trois corps, six mains, armées d’une épée, d’un poignard, d’un fouet, de cordes et de flambeaux, une couronne et un dragon sur la tête, et des serpents au lieu de cheveux. (FIRM., de Error. prof. Rel., page 72.) Elle rappelle la Badrakaly indienne, fille de Schiven, avec ses huit visages, ses défenses de sangliers, ses deux éléphants suspendus à ses oreilles, des serpents entrelacés pour tout vêtement, et tenant dans ses seize mains, des clefs, des tridents, des armes de toute espèce. Aussi Hécate n’était pas grecque. Eusèbe fait remarquer combien elle diffère des autres divinités. (Præp. évang. V.) Homère n’en parle point. Son nom paraît pour la première fois dans Hésiode. Les Centimanes, Typhée, Briarée, mentionnés très-passagèrement dans l’Iliade, ne sont en aucun rapport avec la mythologie habituelle ; aucun culte ne leur est rendu ; aucun suppliant ne les invoque.
1-p. 325.5 Le Phallus ... religieuse. ] passage qu’on retrouve sur les f os 10–11 de Co 3450 5 dans ] 〈par〉 dans à la hauteur de cette ligne on lit Commencement de la 21e feuille Co 3450 8–19 Hécate ... invoque. ] texte de la note sur un papillon accroché au f o 10 Co 3450 12 visages ] visages 〈ses seize mains,〉 Co 3450 14–15 grecque. Eusèbe ] grecque : elle étoit importée de l’étranger. Eusèbe Co 3450 1
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BC reproduit une idée de Creuzer, Symbolik und Mythologie, t. I, p. 305, qui renvoie à son tour à l’ouvrage de Johann Georg Zoëga (1755–1809), Numi Ægyptii Imperatorii, prostantes in Museo Borgiano Velitris : Adiectis præterea quotquot reliqua huius classis numismata ex variis museis atque libris colligere obtigit, Romæ : Apud Antonium Fulgonium, 1787. – Quant à Cornelius De Pauw, le renvoi correct serait Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, Berlin : G. J. Decker, 1773, p. 281 : «Si le climat de la Grèce eût été six ou sept degrez plus chaud, on y eût vu beaucoup d’artistes s’égarer en donnant dans le style oriental. Aussi observe-t-on que de certaines statues qui n’étoient point encore ailées dans le Peloponnese, l’étoient déja` dans l’Ionie.» BC traduit un passage de Görres, Mythengeschichte, t. I, p. 254 (p. 129 de l’éd. de 1935), qui renvoie à Julius Firmicus Maternus dans l’édition de l’Octavius de Minutius Felix («recensione Jacobi Ouzelii», Lugduni Batavorum : Maire, 1652). (Voir aussi Firmicus Maternus, Iulius, De errore profanarum religionum, ad constantium et constantem augustos liber, edidit Fridericus Münter, Havniæ : Reitzel, 1826, p. 17). On trouve chez Görres : «ein Weib mit dreifachem Antlitz von furchtbaren Schlangen umwunden. Mit drei Körpern, sechs Händen, bewaffnet mit einem Schwerdte, einem Dolche, einer Peitsche, Stricken, Fackeln, mit Schlüssel und Krone, ein Drache auf dem Haupte [...] ist die einzige Gestalt die selbst in der späteren römischen Plastik an jene seltsamen indischen Götterdiphtongen erinnert». – Le § 7 de Maternus porte sur la légende de Cérès, Proserpine et Pluton. Hécate aux organes triples rappelle la déesse Kali des Indiens aux huit bras. L’origine orientale de la déesse titanienne est acceptée. Elle ne connaît pas de notoriété après son apparition dans la Théogonie. – Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, livre V, chap. VII-VIII et XII, reprend des passages de Plutarque sur Hécate.
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Ainsi s’agite l’intelligence, pour embellir ce que l’ame adore. Le besoin de contempler dans leurs dieux l’idéal de la beauté, inspira aux Grecs cette passion pour la beauté en elle-même, source de chefs-d’œuvre que nous ne saurions imiter a. Même lorsque le sens mys térieux eut pénétré dans leur religion, il resta toujours en seconde ligne ; la beauté fut le but. Le symbole lui fut constamment sacrifié. Et qu’on ne pense pas que l’art seul profita de cette disposition. La proportion, la noblesse, l’harmonie des formes, ont quelque chose de religieux, de moral. Un homme de génie disait que la vue de l’Apollon du Belvédère ou d’un tableau de Raphael le rendait meilleur1. En effet la contemplation du beau en tout genre nous détache de nous-mêmes, nous inspire l’oubli de nos intérêts étroits, nous transporte dans une sphère de pureté plus grande et de perfectionnement inespéré. La corruption peut faire dévier cet enthousiasme, comme elle peut tout pervertir ; mais l’effet de cette corruption est circonscrit et momentané. Il n’agit point sur les a
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L’admiration des Grecs pour la beauté des formes était une passion véritable, qui l’emportait dans leur religion sur les usages et les traditions anciennes, et dans leur politique sur les haines nationales les plus invétérées. Hérodote raconte (V. 47) que les habitants d’E´geste, en Sicile, élevèrent une chapelle et offrirent des sacrifices à Philippe de Crotone, fils de Butacide, quoiqu’il fût venu avec Doriée pour envahir leur pays, et qu’ils l’eussent tué. L’historien trouve la chose toute naturelle, parce que ce Philippe était le plus beau des hommes2. A Æga, en Achaïe, le plus beau jeune homme était nommé prêtre de Jupiter. (PAUS. Achai. c. 243.) Il est bon toutefois de remarquer que l’embellissement des divinités n’eut pas lieu, en Grèce, sur les monnaies. L’art ne réclamait pas les monnaies comme de sa compétence.
1 pour embellir ] 〈pour em〉 biffé par inadvertance repousser ce qui blesse les sens & pour em ces mot dans l’interl. Co 3450 3 la beauté ... chefs-d’œuvre ] beauté en elle-même ces quatre derniers mots dans la marge 〈qui a presidé à des〉 source des corr. dans l’interl. chef d’œuvres Co 3450 4–6 Même ... sacrifié. ] ajouté dans la marge de gauche Co 3450 5 Le symbole ] le sens mystérieux Co 3450 7–9 Et ... moral. ] 〈C’est que〉 Et qu’on ... proportion corr. dans la marge de gauche et dans l’interl. la beauté 〈dans〉 〈illis.〉 l’harmonie ce dernier mot dans l’interl. des formes 〈a〉 ont ce mot dans l’interl. quelque chose de illis. moral. Co 3450 12 nous ] & par la même nous Co 3450 25 monnaies ] monnoyes comme dans les ouvrages de l’art. Co 3450 1
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BC cite une observation chère à Goethe qu’on trouve dans son ouvrage Italienische Reise ou qu’il reprenait dans d’autres écrits. «Eine Ahnung des Sittlich-Höchsten will sich durch Kunst ausdrücken, und man [a` savoir : les artistes médiocres] bedenkt nicht, daß nur das Sinnlich-Höchste das Element ist, worin sich jenes verkörpern kann» («Letzte Kunstausstellung» (1805), Goethes Werke, Hamburg : Christian Wegner Verlag, t. XII, 21956, p. 130.) La phrase de BC évoque cette idée, dont il a pris connaissance au cours de son séjour à Weimar en 1803–1804 (Kloocke, Biographie, p. 144, n. 88). BC résume et explique l’anecdote qu’on trouve chez Hérodote dans le livre V, chap. 47. Pausanias raconte à l’endroit indiqué (Livre VII, Achaia, chap. 24) qu’on choisissait autrefois le plus beau garçon imberbe pour lui confier le service de Zeus. Dès que la barbe commençait à se montrer, on en choisissait un autre.
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masses ; et il est incontestable qu’un peuple qui dans son culte, ses fêtes, ses édifices, en un mot dans tout ce qui frappe ses regards, a besoin d’une beauté idéale, vaut mieux moralement qu’un peuple étranger à ce besoin. Cette différence est donc une première supériorité ; c’est un premier avantage que les Grecs recueillaient de leur indépendance religieuse.
Bacchus paraît dans plusieurs sous la forme de taureau ou de serpent, enlaçant Proserpine dans ses embrassements tortueux, tandis que les peintres le représentaient revêtu d’une beauté céleste, entre les bras d’Ariane, à Naxos. (CREUTZER, III, 494, 4951.)
2 a besoin ] 〈s’emeut a b〉 a besoin Co 3450 5 religieuse. ] religieuse, & qui les placoit malgré leur barbarie 〈illis.〉 au dessus des peuples étrangers à ce besoin. Co 3450 8 céleste ] 〈male〉 céleste corr. dans l’interl. Co 3450
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BC résume le raisonnement assez détaillé de Creuzer que l’on trouve à l’endroit indiqué de Symbolik und Mythologie.
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Chapitre VI. Du caractère des dieux homériques.
Les efforts du sentiment religieux, livré à sa tendance libre et naturelle, ne se bornent pas à l’embellissement extérieur et pour ainsi dire matériel des dieux. La même tendance le porte à opérer en eux une révolution intérieure. Il voudrait leur attribuer tout ce qu’il conçoit de beau, de noble et de bon. Il y travaille autant que ses notions imparfaites le permettent ; et dans ses assertions générales, il prête à ses dieux la beauté, la justice, le bonheur. Mais la même cause de dégradation que nous avons observée dans le fétichisme, l’action de l’intérêt du moment, de cet intérêt toujours vil, impatient et aveugle, s’exerce sur le nouveau culte à la hauteur duquel l’homme a réussi à s’élever. Un double mouvement se fait donc sentir, et de là naît une lutte constante. Cette lutte se complique de la crédulité et de la jeunesse d’imagination qui caractérisent les peuples enfants. Les fables se présentent d’autant plus nombreuses qu’elles ne sont pas le monopole des prêtres. La foi les accueille, l’intérêt s’en empare, le sentiment s’efforce de les modifier : de la` naît une mythologie souvent disparate, pleine de contradictions qui passent inaperçues, parce que nul ne les rapproche pour les comparer, et que, destinées un jour à se combattre, elles coexistent encore paisibles, faute de se rencontrer. C’est un tel spectacle que va nous offrir le tableau du polythéisme de l’Iliade ; nos lecteurs se rappellent que nous le leur présentons ici comme il
Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 34362, fos 116–137 [=GM] 2. BCU, Co 4725, fo 48. [MF1] 3. BCU, Co 3451, fos 17–24 [=MI] 4. BCU, Co 4725 [=f o épars] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 316–357.
1 Chapitre VI. ] Chapitre 6. Co 3436 2 2 Du ... homériques. ] 〈que les Dieux d’Homère sont plus passionnés, plus violens, plus vicieux que illis.〉 du caractère des Dieux Homériques dans l’interl. Co 3436 2 13–14 constante. Cette ] constante. 〈c’est le spectacle de cette lutte que va 17 accueille, ] accueille : une nous offrir le tableau du Polythéisme de l’Iliade.〉 Co 3436 2 tradition que le peuple repete devient bientot une Divinité. BC prévoit encore une note Hésiod. Œuvr. & jours. 708–709. Co 3436 2 23 nos lecteurs ... comme ] Nous le soumettons ici à nos lecteurs, comme Co 3436 2
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était conçu par la masse des Grecs, en écartant, suivant le conseil d’un critique habile a, toutes les doctrines qui en dénatureraient la simplicité. Sur le sommet d’une montagne b, que d’épais nuages dérobent aux yeux profanes, habite l’assemblée des dieux. Chacun de ces dieux présente à l’esprit la notion d’une qualité, d’une vertu, d’une force, supérieures à celles que possèdent les humains. Jupiter est l’idéal de la majesté, Vénus de la beauté, Minerve de la sagesse. Nous ne voulons point dire que les Grecs en fissent des êtres allégoriques c, mais seulement qu’ils tâchaient de réunir a b
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HEYNE, de Théog. Hes1. Nous prenons la mythologie grecque au règne de Jupiter ; toute la cosmogonie antérieure lui est étrangère. Nous avons montré dans notre IIe volume, p. 386, avec quelle indifférence les Grecs la reçurent, et avec quel empressement le génie grec la relégua dans une sphère dont la religion publique ne s’occupa plus. Voyez Vesta, fille aînée de Saturne et de Rhée, Εστια. (HE´ SIOD. Theog. 4542.) Elle n’a point d’attributs ; aucune fable ne se rattache à elle. On lui offre de souvenir un sacrifice avant les autres divinités ; puis on l’abandonne ; elle n’agit jamais. L’on est très-disposé à voir l’allégorie là où elle n’est point, quand on ne se fait pas de l’allégorie une idée suffisamment exacte. Lorsqu’un peuple s’est créé des dieux, et leur a assigné des fonctions spéciales, il est fort simple que chacun d’eux soit chargé de tout ce qui a quelque rapport avec ces fonctions. Ainsi Vénus interviendra dans les passions et dans les faiblesses amoureuses ; Mars suscitera les guerres qui s’élèveront entre les peuples. Minerve présidera aux travaux des sages et aux conseils des nations. Mais si, à côté de ces fonctions déterminées, les dieux conservent un caractère individuel qui en soit indépendant, ce n’est point là de l’allégorie. Or, dans la mythologie grecque, à l’époque dont il s’agit, Vénus livre son cœur à la haine ; Minerve s’abandonne à la colère ; il n’y a pas une divinité qui, par ses actions, ne démente l’emploi qu’elle exerce et le poste qu’elle occupe. Les dieux ne sont donc point des allégories ; ce sont des individus dont la profession, si on peut ainsi parler, ne les empêche, ni de former des projets, ni de nourrir des passions, ni d’obéir à des intérêts privés et personnels. Faute d’avoir senti cette vérité, les poètes, depuis la renaissance des lettres, ont cru que l’allégorie remplacerait dans leurs ouvrages les personnages mythologiques. Mais quand Jupiter paraît dans l’Iliade, nous ne savons pas ce qu’il va faire ; il peut changer d’avis, se
2 doctrines ... simplicité. ] doctrines, les subtilités & les interprétations philosophiques. Co 3436 2 10–16 Nous ... jamais.] note ajoutée sur un papillon dans la marge de gauche ; ce dernier est perdu, quelques traces permettent de dire qu’il contenait le passage suivant : Nous ... ne s’occupa plus. Voyez dans la marge Vesta, fille ainée de Saturne et de Rhée. presque point de fables, d’attributions ni de symboles. on lui offrait en Grèce des sacrifices avant toutes les autres Divinités, puis on la laissoit là. sens mystique supposé par Creutz. II. 418–421. Co 3436 2 1
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BC renvoie à l’étude de Heyne, «De Theogonia Ab Hesiodo Condita. Ad Herodot Lib. II, c. 52. commentatio recitata d. XVII. iun. MDCCLXXIX», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. II, MDCCLXXX, pp. 125–154. Le conseil en cause se lit au début de l’étude, pp. 127–130. OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 255. BC renvoie au vers 454 d’Hésiode, Théogonie : «Histié, Déméter, Héra aux brodequins d’or» (traduction de Paul Mazon). Sur l’organisation grecque de l’espace, nous pouvons renvoyer à l’étude de Jean-Pierre Vernant, «HestiaHermès. Sur l’expression religieuse de l’espace et du mouvement chez les Grecs»,
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en eux ce qu’ils imaginaient de plus majestueux, de plus beau, de plus sage. Les mortels lèvent avec respect leurs regards sur cette assemblée vénérable d’êtres surnaturels qui les contemplent et les protégent. Jusqu’ici c’est le sentiment religieux profond et pur. Mais les Grecs veulent tirer de leurs dieux le même parti que les sauvages de leurs féti ches. L’intérêt vient souiller la nouvelle forme vers laquelle le sentiment s’était élancé. Pour supposer que les dieux favorisent nos désirs inconstants, nos passions avides ou effrénées, il faut les imaginer sensibles aux dons, aux sacrifices, aux offrandes. Aussitôt les voilà mercenaires ; et tels sont en effet les dieux de l’Iliade. Ce n’est point la morale, ce n’est point l’équité, ce sont les sacrifices qui décident de leur conduite. Si Minerve protége les Athéniens, c’est qu’ils lui présentent des gâteaux d’un blé pur, des agneaux sans tache, des béliers dont elle se plaît à contempler les cornes dorées a. Jupiter est touché de compassion pour Hector, non parce que ce héros défend son père et sa patrie, mais parce qu’il a toujours chargé les autels de ce dieu de vins, de
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courroucer, se laisser fléchir. Au contraire, le fanatisme, la discorde, ou la liberté personnifiée, doivent agir nécessairement dans un sens prévu d’avance. Il ne saurait y avoir d’incertitude ; rien par conséquent ne réveille la curiosité, rien ne captive l’intérêt. Aussi la mythologie ancienne est ce qu’il y a de plus poétique et de plus animé ; les allégories modernes, sans excepter celles de la Henriade1, sont ce qu’il y a de plus ennuyeux et de plus froid. Odyss. III, 4362.
4 pur. ] un papillon collé dans la marge de gauche ajoute ceci D’ailleurs on contesteroit la fidélité des poèmes Homeriques dans le tableau qu’ils contiennent de la religion des 1ers Grecs qu’on n’y gagnerait que peu de chose. Nous avons cité dans notre 2d vol. p. 324–325 l’opinion d’Isocrate de Platon & de Diogène Laerce sur les doctrines d’Orphée de Musée & d’autres plus grossières encore que les dogmes d’Homère. la reprobation dont sont frappées ces doctrines prouvent jusqu’a quel point les imperfections & les vices des Dieux etoient considérés comme inhérens à la croyance populaire. chaque siecle prête toujours à l’antiquité sa propre opinion. Quand nous serons arrivés à l’epoque allegorique & philosophique, nous verrons les allégories & les abstractions de la métaphysique la plus subtile présentées sous le nom d’Orphée : mais à l’époque 〈que〉 dont nous traitons & longtems après, comme on le voit, les Grecs, imbus d’une mythologie qui fesoit de leurs Dieux des êtres corrompus & intempérans, attribuoient à cet Orphée des notions pareilles & c’etoit la croyance populaire que les Philosophes attaquaient en 24 Odyss. III, 436. ] Iliad. la note sans doute différente puisque BC veut lui. Co 3436 2 prouver autre chose Co 3436 2
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L’Homme, 1963, 3, pp. 12–50 (repris dans Mythe et pensée chez les Grecs, Paris : Maspero, 1965, pp. 124–170). BC fait allusion au poème de Voltaire, La Henriade (1728), pour évoquer la chute de l’invention poétique depuis la Renaissance, qui utilisa le répertoire mythologique en un sens trop souvent allégorique, pour illustrer des idées abstraites. Il faudrait prendre en fait tout le passage Od. III, 430–446.
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mets et de parfums exquis a. Diane négligée par les Étoliens envoie contre eux un sanglier furieux. Protée déclare à Ménélas qu’il ne ren trera dans sa patrie qu’après avoir offert des sacrifices aux dieux de l’E´gypte b. Attirés par le vœu d’une hécatombe, les habitants des demeures éthérées descendent pour intervenir dans les circonstances les moins importantes. Apollon dirige lui-même, dans les jeux près du tombeau de Patrocle, la flèche de Mérion, dont le rival a négligé d’acheter son assistance c. Les Grecs tiennent à leurs dieux le même langage que les sauvages adressaient à leurs fétiches d ; et dans leurs propres entretiens, ces dieux se reprochent mutuellement comme des actes d’ingratitude, l’oubli des taureaux, des chèvres et des victimes choisies que les guerriers qu’ils abandonnent avaient immolées sur leurs autels e. Ainsi la religion est de nouveau pervertie. Le polythéisme n’est plus supérieur au fétichisme qu’en apparence f. Les objets que l’on consacre aux dieux sont d’un plus grand prix ; mais la relation qui s’est établie entre la divinité et l’homme est la même. La dégradation ne s’arrête pas là : la lutte entre l’intérêt et la pureté du sentiment religieux se complique par l’intervention d’une troisième puissance qui vient, comme juge, prononcer des arrêts auxquels les deux adversaires sont loin de s’attendre. Cette puissance, c’est le raisonnement. A mesure que l’esprit humain s’éclaire, il apprend à tirer des principes qu’il admet les conséquences qui en découlent : c’est une loi de sa nature. L’homme est forcé de raisonner juste, de quelque point qu’il parte, et lors même que la justesse de ses raisonnements va contre son but. a
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Iliad. XXII, 170, 172. Aussi Priam dit-il (Il. XXIV, 425–428) que les dieux se souviendront de son fils, parce que, vivant, il leur a prodigué les sacrifices1. Od. IV, 472–481. Il. XXIII, 863–873. Iliad. VIII, 238 ; X, 291 ; XV, 372–375 ; XXIV, 425–428. Odyss. III, 58–59 ; IV, 352–353. Ib. 761–765 ; XIX, 363–368. Il. XXIV, 33, 34. Odyss. I, 60–62. Ceci n’est point en contradiction avec ce que nous disons du perfectionnement progressif des idées religieuses. On en verra la preuve au dernier chapitre de ce même livre2.
2 furieux. ] BC prévoyait une note Iliad. le chant n’est pas indiqué 529. Co 3436 2 26–27 Aussi ... sacrifices. ] manque Co 3436 2 34 au dernier chapitre ] au ch. espace pour le numéro qui manque encore Co 3436 2 1
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Les exemples homériques suggèrent une interprétation des sacrifices comme pris dans une logique du troc où les humains s’efforcent de tourner à leur profit la volonté des dieux. BC rapproche donc ces comportements des descriptions des cultes du fétiche données par les voyageurs ou lues chez de Brosses. Voir ci-dessous, pp. 369–378.
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Il en résulte que lorsqu’il adopte sur ses dieux une hypothèse quelconque, l’esprit tire de cette donnée les conclusions qui s’ensuivent nécessairement : et il arrive par ces conclusions à un terme qu’il ne prévoyait guère, et qui blesse à la fois le sentiment qui avait créé la nouvelle forme religieuse, et l’intérêt qui voulait s’en servir. Les dieux, par les premières modifications qui se sont glissées dans leur caractère, composent une société d’êtres plus puissants que les mortels, et qui vendent à ces derniers leur protection en échange de présents et de victimes. Accordant des faveurs par des motifs intéressés, ils les accordent aux coupables comme aux innocents. Non-seulement les criminels peuvent se flatter de regagner leur bienveillance par des offrandes et des sacrifices, doctrines reçues dans des religions plus avancées ; mais les mêmes moyens leur concilient les secours célestes dans les entreprises les plus condamnables. Pandarus promet à Phœbus cent agneaux nouveau-nés, s’il le seconde dans sa perfidie a. Égisthe suspend dans les temples des présents, prix d’un adultère b. Alors toute confiance s’anéantit : les vices des dieux c se multia b c
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Iliad. IV, 101–102. Odyss. I, 273–275. Les vices des dieux s’empreignaient tellement dans les notions populaires, qu’il en résultait des surnoms habituels, exprimant la défiance des hommes pour ces perfides divinités1. Ainsi Pausanias nous apprend que dans l’île de Sphérie, qui dépendait de Trézène, un temple était consacré à Minerve Apaturie ou trompeuse. Une ancienne tradition motivait cette épithète. Ethra, mère de Thésée, disait-on, avertie en songe par Minerve de rendre les derniers devoirs à Sphérus, inhumé dans cette île, y avait été violée par Neptune, et dans son ressentiment avait donné à Minerve le nom d’Apaturie. On l’appliquait aussi à Vénus, mais la fable était différente (STRAB. p. 495), et faisait allusion à la cosmogonie2.
3 et il ... à un terme ] & nous allons voir l’homme arriver par ces conclusions à un terme Co 3436 2 7 composent ] forment Co 3436 2 19–26 Les vices ... cosmogonie. ] une ébauche de cette note sur un papillon collé dans la marge du f o 121 Admiration de Minerve pour le mensonge (Od. XIII. 287 & suiv) la ruse & le mensonge sont naturellement admirés dans un etat social tel que celui que nous peint Homere. Le point d’honneur ne se forme que par les progrès de la civilisation. Les sauvages ne voyent de honte ni à tromper ni a` fuir. Minerve se vante elle même d’être la plus rusée des Divinités (Od. XII. 287–299) Minerve la trompeuse. (Rep. § 46. la Science du mensonge est la première que les Arabes apprennent à leurs enfans & celle dans laquelle ils les instruisent avec le plus de soin. Valentia’s Travels. on trouve une version moins développée de ce texte sur un papillon collé dans la marge de gauche du f o 123 Co 3436 2 21 qui dépendait ] dependante Co 3436 2 22–23 ou trompeuse. ... épithète ] ou la 24 avertie ] trompeuse. on motivoit cette epithète sur une ancienne traditions Co 3436 2 〈avoit été〉 avertie Co 3436 2 25–26 On l’applicait ... cosmogonie. ] manque Co 3436 2 1
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La version de ce passage transcrite dans la variante aux lignes 19–26 cite l’ouvrage de George Annesley Valentia, Voyages and Travels to India, Ceylon, the Red Sea, Abyssinia, and Egypt, in the Years 1802, 1803, 1804, 1805, and 1806, in three Volumes, London : William Miller, 1809. Nous n’avons pas réussi à localiser cette information sur l’éducation arabe. BC renvoie ici à Pausanias, Description, livre II, Corinthie, chap. XXXIII (Pausanias, Des-
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plient par une gradation que le raisonnement rend inévitable, et ils arrivent au plus haut point de perversité et de corruption. De la vénalité ils passent à la perfidie. Les hommes ne sont point sûrs de leur assistance, même quand les sacrifices sont agréés par eux. Ils les acceptent et préparent aux suppliants de nouveaux malheurs. Si l’on supposait que les auteurs de la mythologie homérique ont voulu peindre dans le caractère de leurs dieux l’abus inhérent à la force exercée sur des êtres incapables de représailles ou de résistance, on devrait s’étonner de tout ce que l’homme a deviné dans ce genre dès l’enfance des sociétés ; c’est que son instinct devance son expérience. Chacun, pour juger du mal qu’occasionne le caprice sans bornes et le pouvoir sans frein, n’a qu’à descendre dans son propre cœur. Les dieux d’Homère sont ce que nous serions dans nos accès de passion et de violence, avec la certitude de l’impunité. Ils ne respectent pas les lois les plus saintes des peuples qui les adorent. Sous ce rapport seul, ils s’affranchissent de l’imitation des actions humaines ; ils violent jusqu’à l’hospitalité si sacrée dans ces temps barbares. Hercule tue son hôte Iphitus et n’en est pas moins reçu dans l’Olympe a. Jupiter savoure à loisir le spectacle du carnage b ; il se réjouit de voir les dieux se combattre avec fureur c ; il passe les nuits à méditer des projets funestes d ; il sacrifie toute l’armée grecque à l’orgueil d’Achille et aux sollicitations de Thétis e ; il envoie sur la terre Até, sa fille, la source de tous les maux f. L’injustice de ce maître du tonnerre est peinte très-énergi quement par Minerve : Il reviendra, dit-elle, plein de courroux dans les cieux ; il nous saisira tous, les innocents comme les coupables g. Mais Minerve ellemême n’est ni moins cruelle, ni moins perfide, quand elle veut assouvir sa haine : elle entraîne Hector à sa perte par la ruse la plus révola b c d e f g
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Odyss. 22–301. Il. XX, 22. Il. XXI, 389–390. Il. VII, 478. Il. V, 596–602. Il. XIX, 91. Il. XV, 136, 138. cription de la Grèce, traduction nouvelle [...] par M. Clavier, Paris : A. Bobée, 1821) et à la Géographie de Strabon (traduction nouvelle par A. Tardieu, Paris : Hachette, 1867). Le meurtre d’Iphitus par Herakles est rapporté au XXIe chant de l’Odyssée (vv. 25–27), comme BC aurait dû le préciser : «Denn als Iphitos endlich bei Zeus’ hochtrotzenden Sohne Kam, dem starken Herakles, dem Manne von großen Taten ; Tötete dieser den Gast in seinem Haus, der Wütrich !» (Johann Heinrich Voß, Homers Odüssee, übersetzt von Johann Heinrich Voß, Hamburg : auf Kosten des Verfassers, 1781). («Parce qu’il arriva chez l’énergique fils de Zeus, l’homme Héraclès, l’auteur des grands travaux, qui le tua dans sa maison malgré qu’il fût son hôte», L’Odyssée, traduit par Philippe Jaccottet, Paris : Maspero, 1982).
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tante a. Elle permet qu’Ulysse et Diomède lui consacrent les dépouilles de Dolon, massacré par eux au mépris d’une promesse solennelle b. Elle applaudit, ainsi que Neptune, à la férocité du fils de Pélée, insultant au cadavre de son ennemi vaincu c. Apollon recourt pour tromper Patrocle à un artifice dont un mortel rougirait d. Les enfants de Latone immolent à leur mère une famille innocente e. Junon, pour satisfaire plus librement sa vengeance, livre à son époux les nations les plus adonnées à son culte, les plus soigneuses de ses autels f. Tous les dieux poursuivent Bellérophon de leur haine injuste g. D’autres fois, ils se font les instigateurs du crime. Mercure enseigne à Autolycus à dérober avec adresse h. Vénus, irritée contre Diomède, corrompt sa femme Égialée i. Pour se venger de la mère de Myrrha, elle pousse sa
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Il. XXII, 224–247. Minerve se vante elle-même d’être la plus rusée des divinités. (Od. XII, 287–299.) Elle exprime d’une manière formelle son admiration pour le mensonge. (Od. XIII, 287 et seq.) Dans un état social, tel que celui que nous peint Homère, la fraude et la ruse sont naturellement en grande estime. Le point d’honneur ne se forme que par les progrès de la civilisation. Les sauvages ne voient de honte, ni à tromper, ni à fuir. Il. X, 383–570. Il. XXIV, 25–26. Il. XVI, 785–790. Il. XXIV, 602–6091. Il. IV, 40–63. Il. VI, 200–202. Od. XIX, 395–398. Schol. HOM. ad Iliad. V, 4122.
6 innocente ] à la hauteur de ce mot, dans la marge de gauche Vr pour la susceptibilité des Dieux dans les plus petites choses Mein. de Vo Deo. 211 Co 3436 2 10 ils se font ] les Dieux 13–17 Il. XXII ... fuir. ] un papillon collé à la hauteur du passage sur se font Co 3436 2 Diomède et Pélée donne une ébauche de cette note Admiration de Minerve pour le mensonge. Od. XIII. 287 & suiv. la ruse & le mensonge sont naturellement admirés dans un état social, tel que celui que décrit Homère. Le point d’honneur ne se forme que par les progrès de la civilisation. les Sauvages ne voyent point de honte à fuir. voir ci-dessus, p. 330, la variante à 21 Il. XXIV ... 609. ] Il. XXIV. 525–526. Co 3436 2 la ligne 19 Co 3436 2
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Dans le ms. Co 34362, BC ajoute une note qui renvoie à Christoph Meiners, Historia doctrinæ de vero Deo omnium rerum auctore atque rectore, Pars 1, Qua veterum gentium eorumque sacerdotum de divina natura opiniones explicantur, Lemgoviæ : Meyer, 1780 ; à la p. 211, Meiners évoque les infimes péchés retenus par les dieux. BC renvoie au scoliaste pour compléter le texte homérique.
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fille au crime a. Lorsque Hélène paraît ébranlée par les remords, elle la force à persévérer dans l’adultère, et ce n’est point une allégorie b. L’amour n’entre pour rien dans la nouvelle faiblesse d’Hélène. Vénus l’y contraint par des menaces grossières et presque brutales. Hélène, en cédant à la terreur, adresse à Vénus d’injurieux reproches c ; et son discours est surtout remarquable par l’idée qu’il donne des rapports que la religion des temps héroïques suppose entre les dieux et les hommes. Ce sont cependant ces dieux qu’on invoque en faveur de la morale. Priam conjure Achille de mériter la faveur des immortels par son humanité envers lui d. Ménélas demande à Jupiter de venger les droits de l’amitité et de l’hospitalité blessée ; mais il faut distinguer ce que les hommes disent de ce que les dieux font. Les suppliants et les offensés, dans leurs prières, parlent le langage de leur intérêt plus que celui de leur croyance. Dans l’examen des religions, on prend quelquefois pour un système complet de morale des maximes qui expriment plutôt le besoin qu’on a de l’appui des dieux que leur véritable caractère. On loue leur justice comme celle des rois, pour les engager à être justes. Ce que les hommes dans la passion leur demandent, ne prouve point ce qu’ils en espèrent : ils les invoquent, parce que la douleur sans ressource et l’indignation sans puissance s’adressent indistinctement à tous les objets qui se présentent. Même avant que la religion intervienne d’office dans la morale, les hommes implorent les dieux contre l’injustice, comme dans Sophocle, Philoctète, abandonné de tout secours humain, demande vengeance contre Ulysse aux rochers, aux montagnes, aux forêts de Lemnos, témoins muets, témoins insensibles de son désespoir e. Cet appel à des forces invisibles prouve le malheur et non la confiance. a b c d e
Schol. THEOCR. Idyll. I1. Voyez ce que nous avons dit sur l’allégorie au commencement de ce chapitre2. Il. III, 390–420. Il. XXIV, 503. SOPH. Philoct. 981, 9863.
1 au crime ] à l’inceste Co 3436 2 4 grossières ] 〈brutales〉 grossières corr. dans l’interl. Co 3436 2 11 blessée ; ] BC prévoyait une note Il. le chant et les vers ne sont pas indiqués Co 3436 2 13 plus ] plutot Co 3436 2 18–19 espèrent : ils les invoquent ] espérent. Ils les invoquent, parce que dans le malheur on a besoin de prier & pour ainsi dire faute de mieux. Ils 21 d’office ] ajouté dans l’interl. Co 3436 2 28 Voyez ... les invoquent Co 3436 2 chapitre. ] manque Co 3436 2 1 2 3
Le crime de Myrrha est l’inceste duquel naîtra Adonis (Ovide, Métamorphoses, livre X, vv. 298–514. Il faut revenir à la p. 320. «Ah ! Feu, horreur, canaille, odieux machinateur ! Comme tu me manoeuvrais, comme tu m’as menti ! [...] O baies, ô promontoires, ô promontoires, ô bêtes sauvages des monts ma seule compagnie, ô roches escarpées, vous êtes toujours là, c’est à vous que j’en appelle ;
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Cette réflexion s’applique même au châtiment du parjure, que les dieux cependant sont intéressés d’office à punir. C’est Agamemnon, c’est Idoménée, ce sont des généraux grecs qui annoncent aux Troyens, coupables de ce crime, que la colère céleste tombera sur eux a ; et il est bon d’observer que l’évènement ne jus tifie point leurs prédictions menaçantes. Ce n’est point parce que les Troyens commettent un parjure que la chute de Troie est dans les arrêts de la destinée ; c’est, au contraire, pour amener la destruction de cette Troie, encore innocente, au moins de ce crime, que les dieux excitent ses habitants à renouveler la guerre par un parjure. Troie, condamnée à succomber la dixième année du siége b, ne périt ni plus tôt ni plus tard, parce que les Troyens enfreignent un traité. L’Olympe reste divisé entre les défenseurs et les ennemis de cette ville c. Les dieux qui la protégent ne se détachent point de sa cause, parce qu’elle a violé la foi des serments. Ils ne s’en efforcent pas moins de retarder par tous les moyens en leur puissance l’heure fatale de la cité qu’ils chérissent. Aussi les hommes ne savent-ils que trop combien leur recours à la justice des dieux est inefficace. Le même Agamemnon, qui implorait Jupiter, l’accuse bientôt de mensonge et de perfidie d ; et Ménélas, tout en l’invoquant, s’en prend à lui de tous les maux qui l’accablent e. Ces êtres, que le sentiment religieux s’était créés pour y placer son besoin d’adoration, deviennent des objets de haine et de crainte plutôt que d’amour et d’espérance. Agamemnon se sert, en parlant de Pluton, d’une expression qui mérite d’être remarquée. Pluton, dit-il, est inexorable et inflexible ; c’est de tous les dieux celui que les mortels haïssent le plus f. Les peuples se mettent en garde contre les auxiliaires puissants, mais infidèles, qu’ils ont placés sur leurs têtes. Les uns les enchaînent dans leurs temples, afin qu’ils ne puissent aller se joindre à leurs ennemis prodigues de serments et de a b c d e f
Iliad. IV, passim. Prédiction de Calchas, Iliad. Iliad. IV, 439. Ib. 507, 516 ; XX, 32. Il. IX, 18, 25. Il. XIII, 629 et suiv. Il. IX, 158, 159.
17 est inefficace ] est impuissant & inefficace Co 4725 20–21 Ces êtres ... deviennent ] Aussi ces êtres ... deviennent-ils Co 4725 et Co 3436 2 23 c’est ] mais c’est aussi Co 3436 2 24 Les peuples ] à la hauteur de ces mots un papillon à Phanagorie, dans la cheronée Taurique, il y avoit un temple de la Vénus trompeuse, que les habitans expliquoient par une fable cosmogonique. Cit. Cr. III. 559. Co 3436 2 Je ne sais personne d’autre à qui m’adresser» (Sophocle, Philoctète, dans Tragiques grecques. Eschyle. Sophocle, traduits par Jean Grosjean, Paris : Gallimard, 1967 [Pléiade], qui suit une autre numérotation des vers, 926–928 et 935–938).
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promesses a ; les autres ne prononcent leurs noms sacrés qu’à voix basse, pour que les étrangers, ne sachant comment les invoquer, perdent tout moyen de les séduire b. Ajax, prêt à combattre Hector, exhorte les Grecs à prier tout bas, pour que les Troyens ne puissent les entendre c. Tous les peuples admettent que les nations, par des largesses adroites, peuvent se dérober réciproquement leurs dieux d . Ainsi, à cette époque de la religion, les dieux sont, pour ainsi dire, toujours à l’enchère. Leur approbation a
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Les Lacédémoniens avaient une statue de Mars enchaîné : les Athéniens avaient ôté les ailes de celle de la Victoire. Les premiers pensaient, dit Pausanias (Lacon. 15), que Mars chargé de fers ne pourrait les quitter ; et les seconds, que la Victoire privée de ses ailes resterait à jamais au milieu d’eux. Quand ces notions gros sières eurent fait place à des idées plus pures, les Grecs imaginèrent d’autres raisons d’enchaîner des dieux, ou, pour parler plus exactement, ils s’expliquèrent d’une autre manière pourquoi certains dieux étaient enchaînés. L’art, disent-ils, leur a donné la vie et le mouvement ; il faut les enchaîner pour les retenir. (JACOBS, Rede ueber den Reichtum der Griechen an Plasti[s]chen Kunstwerke[n], p. 171.) Ainsi les premières notions s’effacent, les usages survivent ; on leur trouve de nouveaux motifs. Hélénus propose aux Troyens de séduire Minerve. Il. VI, 89. Il. VII, 194–196. Il ajoute ensuite : «Ou bien priez tout haut, car nous n’avons rien à craindre.» Ce dernier mouvement est conforme au caractère d’Ajax, dont le courage est toujours représenté comme impétueux et téméraire : mais la première recommandation est analogue aux usages du temps. Nous verrons la même précaution adoptée par les Romains, sous une forme encore plus régulière. Les E´ginètes, révoltés contre les Épidauriens, leur dérobèrent les statues de Damia et d’Anxésia, déesses tutélaires d’E´pidaure, et les mêmes que Cérès et Proserpine : ils les placèrent au milieu de leur île, et tâchèrent, par des sacrifices qu’ils établirent, de se concilier leur faveur. (HE´ ROD. V, 82, 83. PAUSAN. II, 32 ; VIII, 532 ; FESTUS, voce Damium
1 sacrés qu’à ] sacrés 〈qu’avec crainte〉 qu’à Co 3436 2 6 Ainsi ] 〈Par une〉 Ainsi Co 3436 2 11–17 Quand ... motifs. ] passage ajouté sur un papillon Quand ... d’enchainer les enchainés. Il faut, dirent-ils, enchainer des Statues auxquelles l’art a donné le mouvement & la vie. (Jacobs Rede ueber den Reichthum der Griechen an plastischen Kunst-Werk. p. 17) nouvel exemple de ce travail infatigable de l’esprit grec pour trouver à des pratiques qui ne lui convenaient pas des motifs qui lui convinssent. Co 3436 2 15 den Reichtum ] la source porte de Reichtum faute corrigée dans l’Errata 1
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Christian Friedrich Wilhelm Jacobs, Rede über den Reichtum der Griechen an plastischen Kunstwerken und die Ursachen derselben, München : Max Joseph Stöger, 1810. Il n’a pas été possible de retrouver les propos évoqués par BC. BC relate ces faits d’après Creuzer, Symbolik, t. IV, pp. 50–52. Notons que Pausanias reprend Hérodote en y ajoutant simplement l’autopsie, voir Corinthie, Description, II, 30 : «Quant à Auxésie et Damie, on sait que les Épidauriens, depuis longtemps privés de pluie, firent faire, d’après le conseil de l’Oracle, ces deux statues avec du bois d’olivier qui leur fut donné par les Athéniens. [...] j’ai vu ces deux statues, et je leur ai sacrifié de la même manière à peu près, qu’on a coutume de le faire à Éleusis.»
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n’est point une preuve de mérite ; leur haine n’implique nul blâme, nulle honte. L’obéissance à leurs ordres est un moyen de leur plaire, mais n’est
sacrif. MACROB. Sat. VII, 121.) Cette vénalité des dieux était une croyance si universelle, qu’en s’emparant d’un pays, le premier soin des Grecs était d’en séduire les divinités. Solon, projetant la conquête de Salamine, commença par immoler des victimes aux héros Périphémus et Cichréu, qui avaient été les chefs du pays. (PLUTARCH. in Solon.) Oxylus en agit de même en envahissant l’E´lide. (PAUSAN. El. II2.) A cette opinion se joignait une idée non moins défavorable à la dignité divine, c’est que les dieux étaient contraints de suivre leurs simulacres, même quand on les enlevait de force. Mais cette idée n’est pas purement grecque ; c’est une conception sacerdotale que nous expliquerons, et qui probablement avait pénétré en Grèce.
3–11 Cette vénalité ... Grèce. ] passage plusieurs fois remanié sans trouver une solution définitive ; un papillon porte Les Grecs avoient pour loi quand ils étaient maîtres d’un pays, fut-il d’une grande ou d’une petite étendue, de se croire aussi maîtres des lieux sacrés, qui s’y trouvoient, en les respectant autant qu’il étoit en leur pouvoir & remplissant d’ailleurs les rites accoutumés. Thucyd. IV. 98. Solon, voulant se rendre maître de Salamine, commenca par immoler des victimes aux héros Périphémus & Cichreus ... qui avoient été les chefs du pays. 〈Solon in〉 Plutarq. in Solon. on trouve une autre version au bas de la page, ajoutée dans la marge après la prise de Troye Sthénelus, fils de Capanée adora une statue de Jupiter. Antiphème, chef des Doriens transporta d’Omphace ville des Sicaniens une statue de espace faite par Dédale. Paus. Arcad. ch. 46. Par une suite de cette opinion, ceci dans le dernier chapitre les cinq derniers mots dans l’interl. les peuples s’envoyoient aussi réciproquement les Statues divines, quand ils vouloient se favoriser. Les mêmes Eginètes s’alliant aux Thébains contre Athènes, leur prêtèrent les statues des Æginiens, descendans d’Æacus fils de Jupiter & d’Egine (Hérod. V. 80, 81. Not. de Larcher 188. Larcher VIII. 81. v. aussi la note de Wesseling. suite de la note sur un papillon Oxylus, s’étant emparé de l’Elide, rendit à tous les héros de la contrée le culte prescrit par les loix. Paus. Elid. II. la fin de la note sur un papillon perdu ; les quelques restes de mots qu’on trouve encore montrent que ce papillon contenait une phrase proche de la dernière de la note actuelle A cette opinion ... expliquerons plus loin. les mots et qui probablement avait pénétré en Grèce. ne se trouvaient probablement pas dans le ms. Co 3436 2
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Festus Grammaticus (IIe siècle apr. J.-C.) a abrégé et par là sauvé le De verborum signifi` Damium sacrificium, Flaccus catione de Verrius Flaccus (55 av. J.-C.–22 apr. J.-C.). A indique que le terme Damium, rapproché de public, valait par antiphrase, car ces sacrifices étaient bien peu publics. «Damium sacrificium, quod fiebat in aperto in honorem Bonæ deæ, dictum a contrarietate, quod minime esset δημο σιον, id est publicum. dea quoque ipsa δαμι α, & sacerdos ejus δαμι ας, appellabatur» (M. Verri Flacci Quæ extant et Sextii Pompei Festi, De verborum significatione libri XX, ex editione Andreæ Dacerii, Londini : Valpy, 1826, lib. IV, pp. 210–211). – Le renvoi à Macrobe, Saturnales, n’ajoute rien d’essentiel. En fait, les hommes d’Oxylus se contentent d’observer le silence pour, par cette ruse, envahir plus facilement Elis ; voir Pausanias, Description de la Grèce, VI, 2 (Elide), 23. Pausanias reprend une légende locale.
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point une vertu : la résistance est souvent un moyen de gloire ou même de succès. C’est malgré Junon qu’Hercule conquiert l’Olympe ; c’est malgré Neptune qu’U lysse revoit Ithaque. Si quelquefois les dieux inspirent à leurs favoris de certaines qualités, la prudence, la pitié a, le courage, c’est dans une circonstance particulière, pour un but déterminé b ; c’est un miracle, c’est de la féerie. Il ne s’agit point d’amélioration morale, de règle de conduite fixe et immuable ; car d’autres fois ils enseignent le contraire de ces qualités. Les dieux t’ont donné, dit Ajax à Achille, un cœur cruel et impitoyable c. La jalousie est une partie essentielle de leur caractère. Ils sont jaloux, dit Homère d, non-seulement du succès, mais de l’adresse et du talent. Toute prospérite´ mortelle fait ombrage à l’orgueil divin e. Cet orgueil implacable attend les hommes et les empires au faîte du bonheur, pour les précipiter dans l’abîme f. a
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La preuve que ce n’est pas une règle générale, c’est que lorsque Agamemnon répond par un discours d’une férocité sans égale aux supplications d’Ardraste désarmé, et empêche Ménélas de lui accorder la vie. (Il. VI, 55, 62), les dieux ne désapprouvent nullement cette cruauté. Iliad. IX, 255, 256 ; XX, 110. Iliad. IX, 636. Iliad. VII, 455. Cette notion de la jalousie des dieux traverse toutes les époques des croyances sans jamais s’effacer complètement. Lucrèce, tout en niant la providence, reconnaît une force jalouse et maligne qui se plaît à renverser les grandeurs humaines. Usque adeo res humanas vis abdita quædam Obterit, et pulchros fasces sævasque secures Proculcare, ac ludibrio sibi habere videtur. V. 12321. On trouve chez les Grecs modernes un vestige assez curieux de cette ancienne idée, que les dieux sont jaloux de tout ce qui est distingué. Ils considèrent la louange comme pouvant attirer les plus grands malheurs sur la personne qui en est l’objet, ou qui est propriétaire de la chose qu’on admire ; et ils demandent avec instance au panégyriste indiscret de détourner l’effet de ses éloges par quelque signe de mépris qui désarme le courroux céleste. (POUQUEVILLE, Voy. en Morée2.)
1–2 la résistance ... succès. ] à la hauteur de cette phrase un papillon Ils sont 〈de forces inégales &〉 divisés sans cesse. 〈illis.〉 Neptune dit à Junon que les Dieux protecteurs des Grecs n’ont pas besoin d’attaquer les Dieux auxiliaires des Troyens, parce que ceux ci sont beaucoup 15–18 La preuve ... cruauté. ] cette note ajoutée plus faibles. Il. XX. 132–135. Co 3436 2 dans la marge de gauche ; elle commence par lorsqu’Agamemnon ... d’Adraste ... cruauté. 22–27 Cette notion ... V. 1232. ] note ajoutée sur un papillon Co 3436 2 Co 3436 2 1
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«Tant quelque force obscure broie les destinées humaines, renverse sous nos yeux les glorieux faisceaux, les haches cruelles, jouet de son caprice» (Lucrèce De la nature, traduction de José Kany-Turpin, Paris : Garnier-Flammarion, 1993, vv. 1233–1235). F. C. H. L. Pouqueville, Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie et dans plusieurs autres contrées de l’Empire ottoman pendant les années 1798, 1799, 1800 et 1801, contenant la description de ces pays, leurs productions, les mœurs, les usages, les maladies et le
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Les dieux, ainsi rabaissés dans les qualités morales dont le sentiment religieux s’était complu à les décorer, perdent aussi en grande partie les attributs que, dans son respect, il leur avait conférés, l’infini, l’immensité, l’éternité, l’immortalité même. Leur vue s’étend au loin, parce qu’ils sont placés au sommet du monde ; mais ils ne voient point tout ce qui s’y passe a. Quand ils veulent connaître les évè nements de la terre, ils y font descendre des messagers qui les leur rapportent b. Pour apercevoir à la fois les Troyens et les Grecs, Jupiter se place sur le mont Ida c. Pendant qu’il a les yeux fixés sur la Thrace, Neptune, malgré son ordre, porte des secours aux Grecs, et Neptune lui-même aurait ignoré le danger de ces Grecs qu’il favorise, si du haut d’une montagne, où il s’était assis par hasard, il n’eût découvert leur flotte menacée et les Troyens triomphants d. Ascalaphe est tué à l’insu de Mars, son père e, qui n’apprend sa mort que de la bouche de Junon f. Minerve, bien que la pénétration dût être sa qualité distinctive, se plaint avec amertume de n’avoir pas prévu l’avenir g. Les dieux ne jouissent de la lumière du jour que lorsque l’Aurore la leur ramène h ; souvent ils cèdent au sommeil i ou succombent à la fatigue k. Junon reproche à Jupiter de rendre inutiles ses travaux et ses sueurs, et les fatigues de ses a
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L’idée que les dieux ne savaient pas tout, se pro longea chez les Grecs long-temps après l’époque du polythéisme homérique. Xénophon dit : «La plupart des hommes pensent que les dieux savent de certaines choses et en ignorent d’autres, mais Socrate croyait que les dieux savaient tout.» Memor. Socrat. I, 1, II, 191. Iliad. Odyss. passim. Iliad. VIII, 51 ; XI, 81 ; XX, 22. Iliad. XIII, 3, 16. Iliad. XIII, 521. Iliad. XV, 110, 112. Iliad. XVIII, 366. Iliad. II, 48, 49 ; XI, 1, 2 ; Od. III, 1, 2 ; V, 1, 2. Tous les dieux dormaient, excepté Mercure. Iliad. XXIV, 677–678. Iliad. II, 1, 2 ; XIV, 233 ; Iliad. 253–254 ; Iliad. 259 ; XV, 4–11 ; XXIV, 677–678.
1 dont ] 〈illis.〉 dont Co 3436 2 4 même. ] BC avait prévu une note Sans doute ils sont toujours plus forts que les hommes. Minerve repousse d’un souffle la lance d’Hector (Il. XX. 437–438) Junon s’indigne de rencontrer des obstacles dans une entreprise qu’un mortel même pourroit achever. (Il. XVIII. 362–367) 〈Apollon〉 Achille reconnoit en frémissant qu’Apollon peut défier sa vengeance (Il. XXII. 19–20) mais leurs forces n’en sont pas moins limitées. Co 3436 2 14 dût ] premier mot du texte de ce chap. dans le ms. Co 3451 15 Les dieux ] 18 ses sueurs ] les sueurs Co 3451 19–22 L’idée ... 19. ] note Ils Co 3436 2, Co 3451 29 49 ] 49 Co 3451 la source ajoutée sur un papillon Co 3436 2 28 XVIII ] VIII Co 3451 porte 59, faute d’imprimerie que nous corrigeons
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commerce de leurs habitans, avec des rapprochements entre l’état actuel de la Grèce et ce qu’elle fut dans l’Antiquité, Paris : Gabon et Cie, 1805, 3 vol. Voir Xénophon, Mémorables, dans Œuvres complètes t. III, traduites par Emile Chambry, Paris : Garnier-Flammarion, 1967, p. 288. Le titre est traditionnellement Mémorables voire Mémorables socratiques. La traduction de François Charpentier, Choses mémorables de
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coursiers a. Mercure se plaint d’avoir à traverser l’Océan inhabitable, plaine vaste et déserte, que n’embellissent point les habitations humaines. Quand ils veulent mettre une armée en déroute, ils se défient de leur vigueur naturelle ; ils ont recours à des moyens qui, tenant de la magie, trahissent d’autant plus l’insuffisance des forces divines b. Ils agitent aux yeux des combattants l’égide redoutable qui sème partout la terreur c. Sans doute ils sont en général plus forts que les hommes. Minerve repousse d’un souffle la lance d’Hector d. Junon s’in digne de rencontrer des obstacles dans une entreprise qu’un mortel même pourrait achever e. Achille reconnaît en frémissant qu’Apollon peut défier sa vengeance f. Mais leurs forces n’en sont pas moins limitées. La beauté des déesses est due à l’huile d’ambroisie g, à cette huile immortelle qui donne à leurs charmes un nouvel éclat ; la pureté de leur sang, à ce que la même ambroisie remplace le froment brisé sous la pierre et la grappe foulée par le vendangeur h ; la rapidité de leur marche, à la vélocité des merveilleux coursiers qui les traînent i : car les dieux ne peuvent agir sur les hommes sans s’en rapprocher, et leur simple volonté ne saurait les transporter d’un lieu dans un autre. Minerve et Mercure ont des sandales miraculeuses k qui les soutiennent sur la mer immense et sur la terre qui s’étend au loin. Ils revêtent les formes qu’ils veulent l ; mais ils sont souvent reconnus malgré leurs déguisements m. La seule faculté des a b c d e f g h i k l m
Iliad. IV, 26–28. Le casque de Pluton rendait invisible le dieu qui le portait. (Iliad. V, 846.) Iliad. XV, 320–323. Odyss. XXII, 297–2981. Iliad. XX, 437–438. Iliad. XVIII, 362–367. Iliad. XXII, 19–20. Odyss. V, 211–2182. Iliad. V, 339. Odyss. I, 96–98 ; V. 44–46. Iliad. IV, 389, 390. Iliad. II, 790–795 ; III, 121–124, et pass. Iliad. III, 396–397 ; XVII, 322–3233.
6–11 Sans doute ... limitées. ] manque, y compris les notes Co 3436 2, Co 3451 11–14 La beauté ... vendangeur ] texte identique, y compris celui de la note ; une ancienne fiche 336 15 les dieux ] ils Co 3436 2, Co 3451 16 rapprocher ] BC accroche ici, Co 4725, f o 48 16–17 ne saurait les transporter ] serait correctement, la note Il. IV. 389. 390. Co 3451 impuissante, pour les transporter Co 3436 2, Co 3451 17–19 Minerve ... au loin. ] manque, y compris les notes Co 3436 2, Co 3451 22 Le casque ... portait. ] Le casque de Pluton avoit le don de rendre invisibles ceux qui le portoient. note dans la marge de gauche Co 3436 2 23 Odyss. ... 298. ] Co 3451 Odyss. XXII, 297–298 Rel3 27 Od. V. 211–218. ] Co 3451 Il.
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Socrate, ouvrage de Xénophon traduit en français par M. Charpentier de l’Académie française avec La vie de Socrate du même académicien, Amsterdam : aux dépens de la Compagnie, MDCCLVIII, a inspiré J. G. Hamann pour ses Sokratische Denkwürdigkeiten. ` partir de cette note, BC (ou l’imprimeur) ont perturbé l’ordre de plusieurs renvois. La A
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dieux qui ne soit pas limitée, c’est celle d’entendre. Ils entendent de partout, bien qu’ils ne voient pas de partout a. Les hommes ont besoin qu’ils entendent, et n’ont pas besoin qu’ils voient. Un peuple de muets donnerait à ses dieux une vue bien plus longue. L’idée de la mort se sépare assez vite des conjectures de l’homme sur l’essence divine : la mort étant ce qu’il craint le plus, il se hâte d’affranchir les dieux de cette dure condition de sa propre vie. Cependant ceux d’Homère ne sont pas encore immortels dans la signification absolue de ce mot. Les infirmités de la vieillesse ne les respectent pas toujours. Des accidents imprévus, leurs discordes intestines, l’audace des humains, peuvent mettre un terme à leur carrière. Hercule vole le trépied de Delphes : Apollon veut le combattre et le tuer ; et Jupiter s’empresse de séparer ses deux fils. Vulcain, précipité du ciel par sa mère, ne conserve la vie que grace au secours de Thétis b. Jupiter, trompé par le sommeil, le cherche dans tout l’Olympe pour le faire périr dans les ondes c. Mars, enchaîné par les Aloïdes, gémit treize mois dans un cachot obscur ; et déja sa force était épuisée lorsque Mercure le délivra d. Instruit du sort de son fils Ascalaphe, le même dieu jure de le venger, dût-il mourir de la main de Jupiter e. Enfin, suivant l’une des traditions grecques, et probablement la plus ancienne f, le serment du Styx avait pris son origine dans la supposition que les eaux de ce fleuve étaient mortelles pour les dieux. Dans la suite, d’autres traditions remplacèrent celle-ci : le serment par le Styx devint un engagement inviolable, a b c d e f
Iliad. XVI, 515–516. Iliad. I, 591, 592 ; XVIII, 395, 398. Iliad. XIV, 257, 258. Iliad. V, 385. Iliad. XV, 116, 118. Voy. HERMANN, abrégé de la mythologie grecque suivant Homère et Hésiode, t. I. LARCHER, not. sur Hérodote, VI, p. 1011.
(suite des varinates de la p. précédente) XV. 320–323 Rel3 28 Il. V, 339. ] Co 3451 Odyss. V, 211–218. Rel3 31 Il. 790. 795. III. 121. 124 et pass. ] Co 3451 Iliad. IV, 389,390. Rel3 32 Il. III. 396. 397. XVII. 322. 323. ] Co 3451 Iliad. II, 790–795 ; 121–124, et pass. Rel3 23 Il. XVI. 515. 516. ] Co 3451 Iliad. 11–12 Hercule ... fils. ] manque Co 3436 2, Co 3451 III, 396–397 ; XVII, 322–323. Rel3 24 Il. I. 591. ... 398. ] Co 3451 Iliad. XVI, 515–516. Rel3 25 Il. Il. XIV, 257,258. ] Co 3451 Iliad. I, 591, 592 ; XVIII, 395, 398. Rel3 26 Iliad. V, 385. ] 27 Il. XV. 116. 118. ] Co 3451 Iliad. V, 385. Rel3 Co 3451 Iliad. XIV, 257, 258. Rel3 28–29 Voy. Hermann ... p. 101. ] Co 3451 Iliad. XV, 116, 118. Rel3
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variante à cette ligne donne comme référence un passage de l’Iliade. Nous en avons tenu compte puisque les deux conviennent. (Note de la p. précédente) Ce renvoi ainsi que les autres notes de BC, jusqu’à la p. 340, ont été corrigés d’après le ms. Co 3451. Les renvois sont faux dans l’imprimé, suite à l’erreur de copie signalée ci-dessus. (Note de la p. précédente) Il faudrait citer les vers 333–334. Le renvoi à Martin Gottfried Hermann, Handbuch der Mythologie aus Homer und Hesiod,
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nous disent Hésiode a et Apol lodoreb parce que Styx, la fille de l’Océan, avait combattu les Titans rebelles ; ainsi les fables se succèdent quand les idées changent. Rabaissés jusqu’à la nature de l’homme, les dieux empruntent ses mœurs et ses habitudes. Vulcain, que Vénus a trompé, redemande à son père les présents qu’il a faits pour obtenir la main de cette déesse infidèle c. Jupiter donne la Sicile à sa fille Proserpine d. Mars ayant tué le fils de Neptune, est jugé par un tribunal de dieux, sur la colline où l’aréopage tenait ses séances. Apollon chante et prophétise dans les festins célestes, comme les rhapsodes et les devins aux banquets des rois. Diane et Apollon ayant tué le serpent Python, viennent à Égialée pour être purifiés de ce meurtre ; et le même dieu ayant mis à mort un brigand spoliateur de Delphes, se fait expier en Crète. Aussi long-temps que l’usage des chars est peu fréquent parmi les mortels, les dieux vont à pied. Les mers, les montagnes, les déserts, mettent des obstacles à leur marche. Ils évitent dans leurs voyages les contrées inhospitalières qui leur refuseraient la nourriture qui leur appartient, nourriture souvent pareille à celle des hommes, ou qui, tout au plus, n’en diffère que parce qu’elle se compose d’une substance plus pure et plus éthérée e. a b c d
e
HE´ SIOD. 397. Apollod. Bibl. I1. Odyss. VII, 313. Voyez sur ce présent d’Anacalyptérie ou de noces transporté du ciel à la terre, DIODORE, V, 12. Quelquefois les dieux d’Homère se repaissent simplement de la fumée des sacrifices ; d’autres fois ils paraissent prendre part réellement aux repas qu’on leur offre. Pardonnons aux Grecs ces idées matérielles, Noé, dit la Genèse, sacrifia au sortir de l’arche, et le Seigneur sentit l’odeur agréable. (Gen. VIII, v. 20–21.)
6–10 Jupiter ... rois. ] la première phrase placée après les deux autres dans le ms. Co 3436 2, Co 3451 ce ms. porte la Sicile en dot 18 plus éthérée. ] plus 〈illis.〉 éthérée. Co 3451 19 Hésiod. 397. ] Co 3451 Voy. Hermann ... p. 101. Rel3 20 Apollod. Bibl. I. ] Co 3451 Hésiod. 397 Rel3 24–27 Quelquefois ... 20–21.) ] la note sur un papillon, la remarque sur Noé dans la marge ; les mots Pardonnons aux Grecs ces idées matérielles manquent dans le ms Co 3436 2 ; toute la note manque dans Co 3451
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als Grundlage zu einer richtigeren Fabellehre des Alterthums, Berlin, Stettin : Friedrich Nicolai, 1785, vise l’entrée «Styx», pp. 405–407, qui analyse les passages sur le Styx qu’on trouve chez Hésiode. BC suit par commodité la synthèse de Herrmann. Sur le serment et le Styx, voir l’article de Jean Bollack, «Styx et serments», repris dans La Grèce de personne, Paris : Seuil, 1997, pp. 265–287 et 435–443. – BC se réfère aux notes de l’édition de PierreHenri Larcher qui a traduit Histoire d’Hérodote, traduite du grec, avec des remarques historiques et critiques, un essai sur la chronologie d’Hérodote et une table géographique, Paris : Musier, 1786, 7 vol. Le renvoi est faux. BC renvoie à Apollodore, Bibliothèque, livre I, chap. II, 9. L’Anacalyptérie ou fête des noces où l’épouse ôte son voile, se montrant à tous. Diodore, Bibliothèque historique, aborde les îles dans son Livre V, I, et notamment l’histoire de l’enlèvement de Proserpine, 2–5. Heyne avait procuré une nouvelle édition en 11 volumes
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Les festins des dieux sont une imitation très-frappante des coutumes terrestres, à une époque où les jouissances physiques remplissaient exclusivement les moments d’intervalle que la guerre laissait aux chefs des nations. Dans ces festins, les dieux qui, d’autres fois, semblent se repaître de la fumée des sacrifices, prennent leur part de la nourriture des hommes. Jupiter aime à s’arrêter chez les Éthiopiens, dont la piété lui dresse des tables splen dides, couvertes de mets délicieux, propres à réparer sa force épuisée et à le délasser de ses fatigues a. Iris, envoyée en message, est impatiente de s’acquitter de sa commission, pour retourner en Égypte prendre sa part d’un festin b. Neptune oublie à table sa haine contre Ulysse, passe en Éthiopie dix-sept jours, et n’aperçoit le roi d’Ithaque que le dix-huitième c. a b c
Iliad. I, 423, 425. Iliad. XXIII, 205, 208. Odyss. I, 26. Ces festins des dieux dont le théâtre est, comme on voit, presque toujours chez les E´thiopiens, pourraient avoir eu rapport à une cérémonie égyptienne ou éthiopienne : tous les ans les Éthiopiens venaient chercher à Thèbes1 en Égypte la statue de Jupiter-Ammon, et la transportaient sur leurs frontières, où ils célébraient une fête en son honneur. (DIOD. II ; EUSTATH. ad. Iliad2.) Cette fète, qui probablement durait douze jours, puisque les dieux homériques étaient censés s’arrêter douze jours en Éthiopie (Neptune se reproche d’y avoir fait un plus long séjour), avait manifestement une signification astronomique : les scholiastes d’Homère l’indiquent (Voy. les Schol. publiés par VILLOISON) ; mais Homère, ou pour parler plus exactement, les auteurs de l’Iliade ne s’en doutaient point. L’origine et le sens mystérieux de la fable avaient été oubliés en Grèce, et le sens littéral avait survécu seul dans l’opinion populaire.
1 imitation ] 〈instit〉 imitation Co 3436 2 2 les jouissances physiques ] 〈ces〉 les corr. dans l’interl. jouïssances physiques le dernier mot dans l’interl. Co 3436 2 8–9 impatiente ] avant ce mot un crochet ouvrant et dans la marge commencement de la 23e feuille Co 3436 2 16 Thèbes ] la source porte Thélus faute corrigée dans l’Errata Thèbes Co 3436 2, Co 3451 19 Éthiopie ] BC avait l’intention d’étoffer la note, comme le prouve une observation dans la marge différentes interprétations des festins des Dieux chez les Ethiopiens. Creutz. I. 115–116, & IV. 405 Co 3436 2 se reproche ] reproche Co 3451 21 Villoison ] la source porte Villaisan faute corrigée dans l’Errata
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que BC a pu trouver à Göttingen, Diodori Siculi Bibliothecæ historicæ libri qui supersunt e recensione Petri Wesselingii cum interpretatione latina Laur. Rhodomani atque annotationibus variorum integris indicibusque locupletissimis, Nova Editio cum commentationibus III Chr. Gottl. Heynii et cum argumentis disputationibusque Jer. Nic. Eyringii, Biponti : Typographia Societatis, 1793–1807. Thèbes. La variante à cette ligne enregistre la correction d’une faute d’impression. Cette faute est la preuve, avec la signature du prote signalée ci-dessous, p. 345, dans la variante à la ligne 4, que le ms. Co 3451 a servi à l’impression de ce chapitre. Un lecteur qui ne possède pas un savoir historique suffisant peut effectivement lire à cet endroit «Thélus en Égypte». Diodore parle des Éthiopiens dans le livre III de la Bibliothèque, mais sans traiter de la fe˜te de Jupiter-Ammon, Le renvoi à Eustathe n’est pas élucidé.
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L’homme ne saurait conserver un respect profond pour de pareils êtres ; et leur volonté, cessant d’être respectée, devient importune. Il essaie donc de s’en affranchir ; et chez un peuple barbare, dont toutes les habitudes sont belliqueuses, l’idée de résister est voisine de celle de combattre : aussi voyons-nous d’audacieux guerriers attaquer les immortels, les blesser, les charger de fers. Otus et Éphialte plongent Mars dans un cachot, et l’y laissent languir au-delà d’une année a ; Idas combat Apollon à coups de javelots b ; Bacchus se dérobe à Lycurgue par la fuite c ; Laomédon menace Phœbus et Neptune de les transporter dans quelque île éloignée, et de les vendre après leur avoir coupé les oreilles d. Ces combats ne sont point dans Homère des allégories, mais des traditions parfaitement conformes à l’esprit d’une religion qui ne voyait dans les dieux que des hommes plus puissants. Lorsque Vénus est blessée par Diomède, elle souffre des douleurs cruelles, et ne pourrait regagner l’Olympe, si Mars ne lui offrait son char et ses coursiers e. Quelques moments après, ce dieu lui-même n’échappe qu’avec peine au fils de Tydée, et peu s’en faut que le coup qu’il reçoit ne le tue ou ne le mutile f. Hercule, avant son apothéose, atteint de ses traits Junon à la poitrine g et Pluton à l’épaule h : la flèche déchirante y reste attachée i ; et le maître des enfers se traîne avec effort jusqu’au ciel, où Péon, d’une main habile, étanche le sang et guérit la plaie k. Arrêtons-nous maintenant ici, pour considérer à quel point et par quelle route les dieux ont tellement dévié de leur destination primitive. L’homme
a b c d e f g h i k
Iliad. Iliad. Iliad. Iliad. Iliad. Iliad. Iliad. Iliad. Iliad. Iliad.
385. 555, 556. V, 130. XXI, 453–455. V, 290–335 ; ib. 354–358. V, 858–885. V, 392. V, 395. V, 397. V, 407 ; VI, 130.
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12 les dieux ] ses Dieux Co 3436 2
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les avait créés pour lui ; voilà qu’ils n’existent plus que pour eux-mêmes a. Bien que chacun d’eux ait une fonction spéciale et préside au gouvernement de quelque partie de la nature, ils n’en ont pas moins un caractère individuel. Ils vivent entre eux, absorbés par leurs passions, leurs rivalités, leurs querelles b, se conformant aux coutumes des mortels, mais se jouant des habitants de la terre. Ici se manifeste, d’une manière bien remarquable, cet empire de la logique dont nous avons parlé plus haut. Le dieux devant répondre aux prières de l’homme, subvenir à ses besoins, il eût été de son avantage de ne pas leur attribuer des passions souvent contraires aux biens
a
b
M. de Châteaubriand a très-bien remarqué ce caractère des dieux homériques. Le paradis est beaucoup plus occupé, dit-il, des hommes que l’Olympe. (Génie du Christianisme, I, 4811.) Ils sont inégaux en force comme les mortels. Neptune dit à Junon que les dieux protecteurs des Grecs n’ont pas besoin d’attaquer les dieux auxiliaires des Troyens, parce que ceux-ci sont beaucoup plus faibles. (Iliad. XX, 132, 135.)
1-p. 344.4 eux-mêmes. ... accessoires. ] les mss comportent deux versions de la fin du chap. ; première version, commune à Co 3436 2 et Co 3451 : eux. Singulier exemple de cet empire de la logique dont nous avons parlé plus haut. La société qui s’est formée sur la terre ayant eu pour résultat une sociéte´ dans le ciel, & l’essence de toute société étant de s’occuper de ses propres intérêts, les Dieux ne considèrent ceux de leurs adorateurs que comme accessoires. la note sur Chateaubriand Mr. de Chateaubriand ... Christ. I. 481. suite du texte Ils sont devenus une espèce à part, que ses passions, ses rivalités, ses querelles absorbent, accroché à ce mot le texte de la note Ils sont inégaux ... 135.) ajouté dans la marge de Co 3436 2 & qui est toujours prête à sacrifier à ses calculs personnels la race mortelle. Co 3436 2, Co 3451 ; la seconde version se lit seulement dans Co 3436 2, sur une fiche collée à gauche de la feuille Nous arrivons dans la suite de nos recherches à une periode de la 〈illis.〉 religion où les Dieux paraîtront exister uniquement pour les hommes, & où le bonheur & le malheur de l’espèce humaine seront leur intérêt principal. Mais nous n’y sommes point encore. les Dieux sont beaucoup plus occupés d’eux mêmes que des mortels. la note sur Chateaubriand appelée par une croix et rédigée dans la marge M. de Chateaubriand a très bien remarqué ce caractère des Dieux homériques. Le paradis est beaucoup plus occupé des hommes que l’Olympe. Génie du Christianisme, I, 481. (Il. XXIV. 525–526) Bien que ... individuel. Nous sommes fort éloignés du moment où ils seront des êtres allégoriques. Ils sont plutôt une espèce à part. Ils vivent ... terre. Ici se manifeste ... que come accessoires. l’homme par les lois de son intelligence qui soumet les raisonnemens à une serie (?) indépendante de lui, fut contraint de la sorte a laisser les Dieux lui échapper. Co 3436 2
1
Citation assez exacte : «En général, le paradis est beaucoup plus occupé des hommes que l’Olympe» (Chateaubriand, Génie du christianisme, Livre IV, Du merveilleux, ch. IV, Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorite´ sur les divinités chrétiennes, Œuvres complètes, t. III, Paris : Lefèvre, 1836, p. 127).
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qu’il espérait d’eux ; mais la formation d’une société humaine avait eu pour résultat une société divine. Il est de l’essence d’une société d’avoir des intérêts à part. La société des dieux dut en conséquence s’occuper des siens, et ne considérer les hommes que comme accessoires a. L’intel ligence humaine est soumise à des lois indépendantes de ses désirs. A peine l’homme s’est-il fait des dieux pour son usage, que ces lois s’en emparent et les lui dérobent. Attendons toutefois : nous le verrons, persévérant dans ses tentatives et infatigable dans ses espérances, ressaisir ces dieux dont il a besoin, et renouveler l’alliance indispensable avec les êtres qui lui ont échappé.
a
Homère exprime cette idée en deux vers caractéris tiques par leur amertume. «Les dieux, dit-il, ont assigné pour sort aux misérables humains l’angoisse et la souffrance : eux-mêmes vivent heureux et insouciants.» (Il. XXIV, 525–526.)
4 accessoires. ] à la hauteur de ce mot dans Co 3451 la signature du prote Velaine peine l’homme s’est-il fait ] A peine s’est-il fait Co 3436 2, Co 3451
5–6 A
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Quand les hommes ont constitué la race divine en relation d’intérêt avec la race humaine, et que la religion est devenue un trafic régulier d’offrandes et de faveurs, les adorateurs doivent ménager des excuses aux objets de leur culte, si ces derniers ne gardent pas la foi promise et manquent au traité. Une notion confuse et mystérieuse s’offre pour voiler l’impuissance et pallier l’infidélité. C’est celle de la destinée. Elle est nécessairement sujette à beaucoup de contradictions. L’homme a besoin d’y croire, pour ne pas s’aigrir sans retour contre la cruauté des dieux qu’il adore ; mais il a besoin d’en douter, pour attribuer à ses prières quelque efficacité : de là vient que les Grecs, à cette époque, considèrent les lois de la destinée tour-à-tour comme irrésistibles et comme pouvant être éludées. Dans quelques endroits des poèmes homériques, Jupiter se borne à peser le sort des individus et des empires a. Quand la balance d’Achille l’emporte, le protecteur d’Hector, Apollon, se voit forcé de l’abandonner b ; mais dans une foule d’autres passages, non moins positifs, les dieux suspendent par leur volonté l’accomplissement des destinées. Ces destinées voulaient a b
Iliad. Iliad.
VIII, XXII,
69, 74. 209–313.
Établissement du texte : Manuscrits : 1. BnF, NAF 18823, fo 111, fiche 389. [=MF1] 2. BCU, Co 3267, manuscrit sur fiches, fiches 390–421. [=MF1] 3. BCU, Co 34362, Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et fos 163–168. [=GM] ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 358–366. 1 Chapitre VII. ] Chapitre 7 le chiffre récrit sur 6 (?) on trouve en haut, à gauche, l’indication Liv. 8, ch. 1 Co 3267 〈Livre huitième Des notions Grecques & Sacerdotales sur la destinée & l’autre vie.〉 Chapitre 7. le chiffre récrit sur 1 Co 3436 2 Liv. 8. Ch. 1 Chapitre I NAF 18823 3–6 Quand ... au traité. ] Quand les hommes ont fait de leurs Dieux des êtres qu’ils peuvent séduire ou même corrompre, il faut qu’ils leur ménagent des excuses, s’ils se refusent à leurs vœux. NAF 18823, Co 3436 2 7–8 s’offre ... destinée. ] vient à leur secours, c’est celle de la destinée. Co 3267, Co 3436 2 9–11 L’homme ... efficacité. ] Les hommes ont besoin d’y croire pour ne pas s’aigrir sans retour contre la cruauté des Dieux qu’ils adorent, mais ils ont besoin d’en douter, pour attribuer quelque efficacité à leurs prières. Co 3267, Co 3436 2 12 Grecs ] 〈peuples〉 Grecs Co 3267 14 se borne à ] ne peut que Co 3267, Co 3436 2 18-p. 347.4 Ces destinées ... ceux du sort, ] passage absent du ms. sur fiches Co 3267, ajouté dans la marge de gauche Co 3436 2
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qu’Ulysse revît Ithaque, et cependant le conseil des dieux s’assemble pour délibérer sur son retour, et Minerve, sa protectrice, s’exprime avec doute et avec crainte en implorant Jupiter a ; et même après les décrets divins, réunis à ceux du sort, Polyphème, invoquant Neptune, le prie de retarder du moins le retour du héros dans sa patrie b. Il reconnaît donc à Neptune une faculté de résistance semblable à celle que Phœbus exerce dans Hérodote, lorsqu’il répond à Crésus qu’il a été détrôné trois ans plus tard que ne le portaient les arrêts éternels. L’action des dieux ne s’arrête pas toujours à cette influence dilatoire et momentanée. Neptune aurait fait périr le héros d’Ithaque malgré le Destin, dit le poète, si Minerve ne l’eût secouru c. Ces mots, malgré le Destin, se retrouvent fréquemment dans l’Iliade et dans l’Odyssée. Les Grecs auraient levé le siége de Troie malgré le Destin, sans la vigilance de Junon d. C’est malgré le Destin qu’ils auraient acquis de la gloire, si Apollon n’eût excité le fils d’Anchise à se mettre à la tête des Troyens e : c’est malgré le Destin qu’E´née, réservé pour régner un jour à la place de Priam, aurait succombé sous les coups d’Achille, sans le secours miraculeux de Neptune f. Minerve dit que les dieux ne sauraient préserver de la mort leurs favoris, ni leurs enfants mêmes, quand l’heure fatale a sonné g. Cependant Jupiter sauve Sarpédon, son fils, malgré la destinée h ; il est prêt une seconde fois à lui accorder la même faveur i ; le danger de l’exemple est la seule considéraa b c d e f g h i
Odyss. I, 82–87. Odyss. IX, 532. Odyss. V, 4361. Iliad. II, 155, 156. Iliad. XVII, 321, 323. Iliad. XV, 300–336 ; XXI, 515, 517. Odyss. III, 236–238. Iliad. XII, 402. Iliad. XVI, 432–438.
5 retarder ... patrie. ] retarder le retour d’Ulysse dans sa patrie, si les decrets éternels ordonnent qu’ils la revoyent l’incohérence grammaticale semble indiquer une correction Co 3267 retarder 〈le retour d’Ulysse dans sa〉 au moins l’arrivée du heros dans sa corr. dans l’interl. patrie, 〈si les décrets éternels ordonnent qu’il la revoye〉 Co 3436 2 6 résistance semblable ] résistance, au moins temporaire, semblable Co 3267, Co 3436 2 8 arrêts éternels. ] arrêts du sort. suit le renvoi en note à Herodote Co 3267, Co 3436 2 9 s’arrête ] se borne Co 3267, Co 3436 2 12 fréquemment dans ] fréquemment & dans Co 3267, Co 3436 2 27 XXI ] v. aussi XXI Co 3267 30 Iliad. ... 438. ] la note manque dans le ms. sur fiches Co 3267 1
Od. V, 436–437 : «Jetzo wäre der Dulder auch wider sein Schicksal gestorben, Hätt’ihn nicht Pallas Athene mit schnellem Verstande gerüstet» (Voß) («Alors le malheureux eût succombé, outrant le sort, sans le conseil de la déesse aux yeux brillants», Jaccottet).
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tion qui le retienne. Souvent il se montre tenté de dérober Troie à la ruine qui l’attend a ; Junon ne lui en conteste pas la puissance : Tu le peux, lui ditelle, mais les autres dieux ne t’approuveront pas b. Cette désapprobation des dieux est leur menace habituelle, quand le maître de l’Olympe veut s’affranchir des décrets du sort c ; les dieux sont à l’égard de la destinée comme les gouvernements relativement à l’opinion : ils peuvent la braver, mais la censure publique pèse sur eux. Aussi d’ordinaire ils la respectent, et ils s’en servent pour l’accuser de leurs propres fautes. Jupiter attribue à ses arrêts immuables les défaites que les Grecs doivent essuyer jusqu’à la réconciliation d’Agamemnon et du fils de Pélée d, tandis que c’est lui-même qui a promis à Thétis de satisfaire sa vengeance, en accordant aux Troyens des succès passagers e. Les hommes sont perpétuellement repoussés de l’une de ces conjectures à l’autre : quand ils veulent se reposer dans la résignation, ils justifient les dieux, comme soumis à des lois qu’ils ne peuvent changer ; quand ils veulent se ranimer par l’espoir, ils rendent une sorte d’indépendance à des êtres qu’ils se flattent de fléchir par leurs supplications ou de séduire par leurs offrandes f. a b c d e
f
Iliad. IV, 7–19. Iliad. IV, 29. Iliad. XVI, 441, 443 ; XXII, 181. Iliad. VIII, 471. Iliad. I, 516–526. Aussi les Grecs confondent-ils quelquefois la destinée et la volonté des dieux. Nous ne sommes pas coupables, mais la haine de Jupiter et la destinée. Odyss. XI, 561. LUCIEN, dans son dialogue intitulé Jupiter convaincu, développe très-bien les contradictions qui résultent de la doctrine de la destinée, quand on veut la concilier avec la religion populaire1.
2 conteste pas ] conteste point Co 3267, Co 3436 2 8–9 Aussi ... fautes. ] en général, comme nous l’avons dit ci dessus, la destinée paraît plutot l’excuse que la loi des immortels : Ils rejettent sur elle leurs propres fautes. Co 3267, Co 3436 2 10–11 d’Agamemnon et du fils de Pélée ] d’Achille & du fils d’Atrée Co 3267, d’Agamemnon & du fils d’Atrée Co 3436 2 11–12 qui a promis ... passagers. ] qui 〈les〉 a promis〈es pour satisfaire la vengeance de Thetis〉 à Thétis ces deux derniers mots dans l’interl. de satisfaire ... passagers. Co 3267 15 qu’ils ne peuvent changer ] 〈immuables〉 qu’ils ne sauroient changer la corr. dans l’interl. Co 3267 17 fléchir ] séduire faute de copie ? Co 3436 2 qu’ils ne sauroient changer. Co 3436 2 23–25 Aussi ... 561. ] ajouté dans la dernière ligne et dans la marge de gauche Co 3436 2 1
Lucien, Jupiter convaincu (c’est-à dire réfuté), est un dialogue entre Kiniskos et Zeus. Celui-là se réclamant du destin, ne parvient pas à défendre pourquoi les dieux devraient être pris en considération si de toute façon ils ne sont pas en mesure de changer quoi que ce soit au cours des choses.
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Les relations des hommes avec le sort sont exposées aux mêmes incertitudes. Tantôt ni la connaissance de l’avenir a, ni les précautions de la prudence, ni les efforts du courage, ni la faveur céleste b, ne changent rien à ce que les Parques ont filé, dès la naissance des humains c ; tantôt les mortels, tout faibles et tout aveugles qu’ils sont, échappent aux décrets du sort par la valeur, par l’adresse, même par le crime d ; quelquefois ils ont le choix entre deux destinées différentes. Laïus pouvait avoir ou ne pas avoir un fils ; mais s’il en avait un, ce fils devait être parricide e. Achille, à sa naissance, avait le choix de vivre long-temps sans gloire, ou de mourir illustre à la fleur de l’âge. Amphiaraüs était libre de ne pas se rendre au siége de Thèbes, mais la mort l’attendait sous les murailles de cette ville. C’est une manière d’allier la doctrine de la destinée avec une certaine liberté humaine ; c’est une transaction entre deux hypothèses opposées. Une fatalité absolue, en rendant la divinité inutile à l’homme, serait destructive de tout culte. Si quelques peuples se sont crus complétement fataa
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Iliad. II, 830, 834 ; ib. 858, 860. Iliad. VI, 448 ; ib. 487 ; XIV, 464 ; XV, 610, 614 ; XVII, 198, 208 ; XXII, 5 ; ib. 360 ; ib. 366 ; XXIII, 78, 81 ; XXIV, 540, 542 ; Odyss. VIII, 196, 198. Iliad. XXIV, 209, 210. Jupiter se plaint d’E´gisthe, meurtrier d’Agamemnon, malgré la destinée. Les mortels, dit-il, s’attaquent et se détruisent en dépit de ses arrêts, et ils nous accusent ensuite des forfaits qu’ils ont commis. (Od. I, 32–33.) EURIPID. Phœn. 19, 20. Sophocle nous offre plusieurs exemples d’une double destinée : l’un dans Ajax, V, 778, 779 ; un autre dans Ménécée, ib. 918, 9211.
6 même par le crime ; ] ces quatre mots ainsi que la note qui s’y rattache manquent dans le ms. sur fiches Co 3267 ; les quatre mots manquent, la suite ajoutée dans la marge de gauche Jupiter ... destinée. C’est ainsi 〈que〉 dit-il, qu’en depit de ses arrets les mortels 〈les d〉 s’attaquent & se détruisent, & ils accusent ensuite les Dieux de leurs crimes. Odyss. I. 32–33. 10 illustre ... l’âge. ] jeune Co 3267 14-p. 350.37 Une fatalité ... toute sa Co 3436 2 douceur. ] le passage manque dans le ms. sur fiches Co 3267 et dans Co 3436 2 23–24 nous offre ... Ménécée ] 〈dit〉 nous offre un autre exemple d’une double destinée dans Ajax, 778–779, & dans Menœcé. Co 3267 1
BC évoque ici la destinée de Laïos, père d’Œdipe, à qui Phébus, consulté, lui dit, selon les vers prononcés par Jocaste au début des Phéniciennes d’Euripide : «Toi qui règnes sur Thèbes aux beaux chevaux, garde-toi bien d’ensemencer le sillon féminin. Les dieux te l’interdisent. Si tu engendres un fils il te tuera, et toute ta maison sera trempée de sang» (traduction de M. Delcourt). Le destin n’est pas une nécessité absolue, mais un enchaînement d’actions funestes, dont la structure est clairement hypothétique, ce qui correspond à la démonstration entreprise par BC qui y voit une «transaction» entre deux possibilités. Dans l’Ajax de Sophocle, c’est la prétention démesurée de pouvoir se passer des dieux au combat qui attire sur Ajax le courroux d’Athéna. Le Messager, aux vers référés par BC, expose la «double destinée» en suggérant qu’une fois passée la colère d’Athéna, il sera peut-être possible, «à l’aide d’un dieu», de sauver Ajax. La prétention à être vainqueur sans le secours des dieux est une rupture de la transaction entre liberté et destin qui caractérise le monde tragique. La mention de Ménécée est à corriger : elle concerne en fait un autre passage des Phéniciennes, vv. 858–1018, et notamment v. 918.
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listes, c’est que les hommes se trompent souvent sur leurs propres opinions. Ils ne les envisagent que sous le rapport qui leur convient momentanément, et les abandonnent à leur insu, dès qu’ils ont besoin de l’opinion contraire. Ainsi les Mahométans affirment que nul ne peut échapper à sa destinée, lorsqu’ils trouvent dans cette assertion de quoi repousser loin de leur esprit la crainte des dangers et de la mort ; mais dans leur vie habituelle, ils n’en font pas moins des vœux, ils n’en adressent pas moins des prières, ils n’en pratiquent pas moins des cérémonies, qui seraient illusoires, si l’homme était soumis, dans les plus petites et dans les plus grandes choses, à une loi éternelle et immuable. L’on reconnaît à ces fluctuations les efforts de l’esprit humain pour découvrir un système qui lui représente à-la-fois ses dieux comme bons et puissants, et son malheur comme ne les inculpant, ni d’injustice, ni de faiblesse. L’unité de dieu, loin de résoudre ce problème, paraît au premier coup d’œil de com pliquer encore. Le polythéisme n’attribuant pas à ses dieux la toute-puissance, et nous les montrant souvent divisés, on conçoit une destinée au-dessus d’eux, qui les domine, et soit en quelque sorte leur règle commune ; mais dans le système de l’unité de dieu, sa puissance étant sans bornes, la destinée se place dans sa volonté, et l’on a d’abord quelque peine à concilier cette croyance avec celle de l’efficacité du culte et du libre arbitre de l’homme. Ce n’est que lorsque la religion s’est fort épurée, lorsqu’on a écarté de l’idée de dieu tous ces restes d’anthropomorphisme, qui sont en quelque sorte l’héritage du polythéisme, et même du fétichisme, ce n’est qu’alors que toutes les difficultés relatives à la destinée, à la fatalité, au libre arbitre, disparaissent et s’évanouissent. Alors succèdent aux notions de nécessité ou de trafic, a` ces deux hypothèses qui se combattent sans cesse dans les religions encore imparfaites, une notion qui en réunit tous les avantages, et qui en écarte ce qu’elles ont de grossier. Alors nous concevons l’homme doué de la liberté, afin que ses triomphes sur lui-même aient un plus grand mérite. Nous savons qu’en trompant nos vœux, le sort fait mieux qu’en les exauçant. Nous nous unissons à la cause inconnue, non pour satisfaire nos caprices d’un jour, mais pour atteindre un plus haut degré de perfectionnement moral, en nous élevant au-dessus de tout ce qui n’est qu’éphémère et personnel. Alors seulement le courage a toute sa force, et la résignation toute sa douceur.
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Chapitre VIII. Des moyens employés par les Grecs pour pénétrer dans les secrets de la destinée.
Quelles que soient les transactions de l’imagination avec le raisonnement, et de la logique avec la terreur, les hommes doivent chercher des moyens de prévoir cette destinée qui plane sur eux. Ces moyens ne sont pas les mêmes dans les deux espèces de polythéisme. Celui qui est indépendant place au premier rang les communications im-
Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3267, manuscrit sur fiches, fiches 421– 448. [=MF1] 2. BCU, Co 3267, manuscrit sur fiches, fiches 554–555 [=MF1] 3. BCU, Co 34362, fos 169–175. [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 367–376.
1–3 Chapitre ... destinée. ] manque dans le ms. sur fiches Co 3267 Chap. 8. Des moyens ... pénétrer 〈dans〉 les secrets de 〈la destinée〉 l’avenir corr. dans l’interl. ; un peu plus haut que la première ligne du titre, à gauche, l’ancienne numérotation de ce chapitre dans le livre VIII Ch. 2 Co 3436 2 4-p. 354.7 Quelles que soient ... les ont mal compris. ] le passage manque dans le ms. sur fiches Co 3267 ; on en trouve pourtant une première ébauche sur les fiches 421–423 〈Mais〉 quelle que soit la transaction, quelle que soit la doctrine les hommes doivent chercher des moyens de connoître cette destinée qui plane sur eux. Les moyens ne sont pas tous les mêmes dans les deux espèces de polythéisme. dans celui qui est indépendant, les communications immédiates sont préférées à tout autre. (v. 2d vol.) a ces communications se joignent la divination & enfin l’institution des oracles. Mais la divination phrase incomplète, certainement le début d’un passage à citer ici quant aux oracles, cette institution singuliere dt on n’a encore jusqu’a ce jour ––– l’inconsequence vient manifestement des phrase interrompue et reprise sur la fiche suivante Première rédaction de la fiche De ces contradictions sur le dogme de la destinée resulta pour les Grecs la singuliére institution des oracles, institution dont on n’a encore, ce nous semble, ni expliqué ni remarqué même toute l’inconséquence. Rédaction remaniée Quant aux oracles les singularites de cette institution les huit derniers mots dans l’interl. vient manifestement des ces trois derniers mots ajoutés au bas du texte pour remplacer les mots 〈De ces〉 contradictions dans ce dernier mot dans l’interl. au-dessus de 〈sur〉 le dogme de la destinée dont ce mot précédé de 〈resulta pour ... oracles, institution〉 on n’a encore, ce nous semble, ni expliqué ni remarqué même toute l’inconséquence. Les oracles sont d’une époque un peu posterieure 〈à celle〉 aux épopées homériques. Co 3267 7 pas les ] pas toujours les à la hauteur de ces mots, sur un papillon, on lit le fragment d’un ajout l’évocation des morts, que nous avons déjà vue chez les sauvages Tom. I. p. l’homme semble avoir toujours conclu de ce que les morts appartiennent au passé que l’avenir leur appartenoit, ou plutot, c’est parce qu’il ne croit pas à la mort qu’il a questionnés toujours ceux qu’elle avoit 8 indépendant ] indépendant des prêtres Co 3436 2 frappés. Co 3436 2
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médiates et directes ; nous avons montré, dans notre second volume a, combien les poèmes homériques les mettent au-dessus de celles qui sont obtenues par l’entremise des prêtres. Mais dans cet état d’opinion, nul n’accorde de foi implicite qu’aux communications dont il est honoré lui-même. Subjugués par le dieu qui les tourmente, Cassandre et Laocoon s’agitent vainement pour obtenir la confiance du peuple ; il est sourd à leur voix, et ce n’est qu’en périssant qu’il abjure son opiniâtre incrédulité. Ces communications ne peuvent donc jamais avoir une influence étendue ; et le sacerdoce, quelque peu d’autorité qu’il possède, cherchant toujours à les supplanter, parce qu’elles rendent superflue son intervention, la divination doit les remplacer. Mais la divination, dans les temps héroïques, était une science subalterne et dédaignée. Polydamas, dans l’Iliade, parle avec mépris du vol des oiseaux b. Constamment sous les armes, exposant leur vie, et doués d’une grande énergie physique et morale, les héros croient porter leur destinée en a b
Tome II, p. 293–2941. V. le discours de Polydamas à Hector, dans l’Iliade2.
3–11 Mais ... remplacer. ] on lit ceci dans Co 3436 2 : A ces communications que le sacerdoce, quelque peu d’influence qu’il possede, cherche toujours à supplanter, parce quelles rendent superflue son intervention, se joint la divination, le passage suivant (une note ?) dans la marge les oiseaux ne prennent leur vol que dans une direction prescrite. les victimes portent dans leurs flancs de révélations assurées & les mystères de l’avenir. & l’on voit paraître plutard l’institution des oracles, institution dont l’idée première vint probablement des pays sacerdotaux, puisque tous les oracles des Grecs se rattachoient à ceux d’Ethiopie & d’Egypte. 12 divination ... était ] divination resta en Grèce Co 3436 2 14-p. 353.20 Constamment ... de la Grèce. ] on lit ceci dans Co 3436 2 : S’il n’en fut pas de même à Rome, la difference vînt, comme nous le prouverons plus tard, de ce que le Culte Romain étoit empreint d’un esprit sacerdotal, qu’il avoit hérité de l’Etrurie. Encore la divination à Rome étoit-elle un instrument de la politique. Quant aux Oracles, les singularités de cette institution, dont on n’a, ce nous semble, ni expliqué jusqu’ici ni même remarqué toute l’inconséquence, tiennent manifestement aux contradictions, compagnes nécessaires de toutes les hypothéses humaines sur la destinée.
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OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 208–209. C’est pourquoi Hector lui répond : «Quoi ! vous osez nous conseiller de mettre en oubli les promesses de Jupiter, ces promesses infaillibles et irrévocables qu’il m’a faites à moimême, et qu’il m’a confirmées par les signes les plus assurés ? et vous nous exhortez d’obéir à des oiseaux, qui d’une aile inconstante et légère fendent les airs ? à des oiseaux dont je ne fais nul compte, et auxquels je m’arrête si peu, que je ne prends jamais garde s’ils volent à la droite vers les lieux où se lève le soleil, ou à la gauche vers les climats obscurs où il termine sa course ?» (Il. XII, 235–240, L’Iliade d’Homère, traduction d’Anne Dacier, Paris : Lefèvre, 1841, pp. 270–271).
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eux-mêmes, et répugnent à la soumettre aux mouvements capricieux des animaux, ou aux signes douteux que laisse échapper la nature inanimée. Ce n’est qu’à une seconde époque de la religion grecque que la divination prend faveur. A Sparte surtout, son crédit est sans bornes ; et cela doit être : l’autorité, quelque nom qu’elle porte, s’aperçoit bientôt des avantages que lui promet l’interprétation systématique des circonstances les plus communes. Mais n’anticipons point sur les faits. Après la divination vinrent les oracles, transmis d’E´gypte en Grèce, ou survivant chez les Grecs à la destruction du gouvernement sacerdotal ; ils jouirent d’abord de peu d’influence : la révolution qui avait mis aux prises les deux castes était trop récente, et la haine des guerriers trop vive. Homère ne parle d’aucun oracle, si ce n’est de Dodone, encore n’est-ce que très en passant, et nous avons déja remarqué que le nom de Delphes ne se trouve pas dans ses poèmes. Toutefois la curiosité inquiète et la crédulité l’emportèrent. Les oracles obtinrent du crédit : on rattacha leur origine aux temps les plus antiques, et d’ordinaire à des colonies a. On les plaça près des sources, au fond des forêts, surtout près des tombeaux b ; et, malgré les réclamations des philosophes c et les épigrammes des auteurs comiques, ils acquirent une puissance qui souvent mit entre les mains de leurs interprètes le sort de la Grèce. Ces oracles n’impliquaient pas dans l’origine la persuasion que les dieux connussent l’avenir ; seulement, comme on les imaginait tantôt amis, tantôt ennemis, on les interrogeait, non sur ce qui devait arriver, mais sur ce qu’ils voulaient faire, comme nous interrogerions un homme puissant, un juge qui aurait à prononcer sur nous une sentence, sans croire à sa prescience de la destinée en général, mais parce que nous le croirions instruit de ses propres a
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On attribuait la fondation de celui de Delphes à Pagasus et au divin Agyieus, fils des Hyperboréens. (PAUSANIAS1.) Voyez, quant à Dodone, notre second volume2. Celui de la fontaine de Tilphossa, près du tombeau de Tirésias et du monument de Rhadamanthe. Ceci confirme une de nos assertions. L’homme a toujours demandé aux morts la révélation des choses futures, croyant que l’avenir appartient aux races du passé, qui n’ont avec le présent plus rien de commun. (Voyez tom. I, p. 3393.) Voyez DICE´ ARQUE, dans les Lettres de Cicéron à Atticus, VI, 24.
21 Ces oracles ] Les oracles Co 3436 2 22 seulement ] 〈mais〉 seulement Co 3436 2 23 on 24 puissant, ] puissant, 〈de qui dépendroit〉 Co 3436 2 les ] 〈de l’h〉 on les Co 3436 2 1 2 3 4
BC évoque le récit de Pausanias sur les origines de l’oracle de Delphes dans la Description, livre X, Phocide, chap. V, 7–8. OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 228–229, n. g. OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 313. Il est difficile de voir pourquoi BC se réfère ici à la lettre VI, 2 à Atticus, car le propos de Dicéarque qui y est rapporté concerne l’emplacement des villes grecques en bord de mer, pas la divination ou les oracles. Dicéarque est un philosophe et géographe des IV-IIIe siècle av. J.-C.
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déterminations. De là résulte, comme de tout ce que l’homme essaie pour plier la religion à ses vues, un nouvel inconvénient, aussi imprévu qu’inévitable. En obligeant les dieux à prédire l’avenir, c’est-à-dire à déclarer leurs intentions futures, on les expose à se tromper ou à tromper les hommes ; et pour les relever de l’erreur ou de la perfidie, il faut supposer que les suppliants qui les interrogeaient les ont mal compris. De là l’ambiguité des oracles ; ils sont toujours susceptibles d’une interprétation double, et c’est la plus fâcheuse qui se réalise ; souvent la prophétie cause les malheurs qu’elle semblait destinée à prévenir : les mortels se précipitent dans le piége et courent vers l’abîme par les précautions mêmes qu’ils prennent pour l’éviter. Et remarquez que l’ambiguité funeste de ces prophéties n’appartient pas uniquement aux siècles des traditions et des fables. Au contraire, elle augmente à mesure que l’homme répugne davantage à conserver de ses dieux des notions défavorables : lorsqu’il est encore assez peu éclairé pour les supposer capables de mentir volontairement, les prédictions peuvent être sans ambiguité ; l’on ne regarde alors le
1–7 De là ... mal compris. ] manque Co 3436 2 8–9 De là ... se réalise ; ] 〈Les〉 mais pourquoi cependant ces les quatre derniers mots dans l’interl. oracles 〈du Polythéisme〉 sont ils ce dernier mot dans l’interl. toujours susceptibles d’une interprétation double : 〈& c’est toujours〉 & d’ou vient q presque les cinq derniers mots dans l’interl. la plus facheuse 〈qui〉 se réalise. Co 3267 Mais pourquoi ces oracles sont-ils le plus souvent susceptibles d’une interprétation double ? d’où vient que c’est presque toujours la plus facheuse qui se réalise ? 9–10 souvent ... prévenir : ] première rédaction de la fiche Souvent la prophétie Co 3436 2 seule cause les malheurs qu’elle paraît destinée à prévenir. version corrigée, mais pas retenue d’ou vient que souvent la prophétie 〈seule〉 même cause les malheurs qu’elle paraissait destinée à prévenir. Co 3267 D’où vient que fréquemment ce dernier mot dans l’interl. ... prévenir Co 3436 2 10 les mortels ] & que les deux premiers mots ajoutés dans la marge Les hommes 11–12 précautions mêmes ] précautions Co 3267 Co 3267 même tournure dans Co 3436 2 12–13 l’ambiguité ... appartient ] les prophéties inintelligibles leurs précautions Co 3436 2 ou equivoques n’appartiennent Co 3267 ces prophéties, funestes par leur ambiguité seule, n’appartiennent Co 3436 2 14-p. 355.5 Au contraire ... trompeurs. ] manque dans le ms. sur fiches Co 3267 ; dans Co 3436 2 on trouve sur une fiche collée à côté de ce passage l’ébauche de la rédaction définitive on verra dans la suite que l’ambiguité des oracles augmente à mesure que l’homme répugne davantage à conserver de ses dieux des notions défavorables. Lorsque l’homme est encore assez peu éclairé pour supposer ses Dieux capables de mentir volontairement, les prédictions peuvent être sans ambiguité. l’on ne regarde alors le mensonge que comme une preuve de la colère divine : mais, à mesure que 〈la morale〉 le caractère des Dieux se perfectionne, on n’admet plus le mensonge volontaire, & l’on rend les oracles équivoques, pour épargner l’honneur des Dieux, lorsque ce qu’on avoit compris dans ces oracles ne se réalise pas. C’est pour cela que les prédictions de Jupiter dans l’Iliade sont trompeuses & non pas obscures, tandis qu’on verra dans Herodote que les oracles sont obscurs pour n’être pas trompeurs
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mensonge que comme une preuve de la colère divine : mais plus le caractère des dieux se perfectionne, moins on admet cette hypothèse pour épargner leur honneur. Les prédictions de Jupiter dans l’Iliade sont trompeuses et non pas obscures, tandis que dans Hérodote les oracles sont obscurs, pour n’être pas trompeurs. Ainsi ce n’est donc pas seulement Laïus qui, en exposant son fils nouveau-né, prépare l’accomplissement de la prophétie qu’il croit éluder. Ce n’est pas Crésus seul qui court à sa perte en marchant audevant du roi de Perse, parce que les dieux lui annoncent qu’en traversant un fleuve, il renversera un grand empire a. C’est beaucoup plus tard que la Pythie engage les Lacédémoniens, par une réponse du même genre, à livrer bataille aux Tégéates, qui les mettent en déroute b. C’est plus tard encore que les prêtres de Dodone, en conseillant aux Athéniens de s’établir en Sicile, les excitent à commencer contre Syracuse une guerre qui est la première cause de leur décadence et de leur ruine, tandis que la Sicile indiquée par l’oracle était une petite colline voisine d’Athènes c. Enfin, c’est à une époque où les lumières étaient universellement répandues, qu’E´paminondas, qui avait toujours évité les expéditions maritimes, parce que les dieux l’avaient averti de se défier du pélagos, c’est-à-dire de la mer, meurt dans un bois de ce nom, près de Mantinée d. Ces anecdotes, pour a b c d
HE´ ROD. I, 46–551. HE´ ROD. I, 662. PAUSAN. Arcad. ch. II3. Voy. encore dans Pausanias l’oracle rendu aux Messéniens dans la seconde guerre de la Messénie, et dont l’ambiguité reposait sur un mot signifiant à la fois bouc et figuier sauvage. L’oracle d’Ammon avait de même prédit à Annibal qu’il trouverait sa sépulture en Libye ; il pensait donc revoir sa patrie après avoir défait les Romains. Mais ce fut au village
5 Ainsi ... pas ] Ce n’est pas Co 3267, Co 3436 2 6 prépare ... prophétie ] prépare ainsi l’accomplissement de la prédiction Co 3267 prépare l’accomplissement de la prediction Co 3436 2 7 Crésus seul ] seulement Crésus Co 3267 9 un fleuve ] le fleuve qui le sépare de ses ennemis Co 3267 15 indiquée par l’oracle ] que l’oracle avoit en vue Co 3267, 17 évité les ] évité toutes les Co 3267 23 Voy. encore dans ] Voyez dans Co 3436 2 25 avait de même prédit ] avoit prédit Co 3267 Co 3267, V. encore dans Co 3436 2 26-p. 356.5 Mais ... Pyrrhus : ] mais la fortune lui ayant été contraire, Flaminius forca Prusias à le chasser de ses états ou il s’étoit réfugié. Annibal dans sa fuite se blessa le doigt avec son épée, à demi sortie du fourreau. la blessure s’envenima : Trois jours aprés, il fut enterré dans un village que les nicomédiens nommoient Lybie. V. encore l’oracle à Hercule dans les Trachiniennes, & l’oracle à Pyrrhus. Co 3267 1 2 3
Les chapitres cités racontent l’histoire de Crésus qui consulte les oracles trompeurs. L’oracle de la Pythie de Delphes est à l’origine de la bataille malheureuse des Lacédémoniens contre les Tégéates. Pausanias, Description VIII (Arcadie), 11 (et non 2) : «Quant aux Athéniens, l’oracle de Dodone leur avait conseillé de peupler la Sicile. La Sicile est une petite colline à peu de distance de la ville ; mais ne saisissant pas le véritable sens de l’oracle, ils entreprirent des expéditions lointaines et la guerre de Syracuse. Il serait facile de citer plusieurs autres exemples pareils à ceux-là.»
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n’être pas des faits authentiques, n’en prouvent pas moins la prolongation de la croyance générale à cet égard, croyance qui influait même sur les surnoms qu’on donnait aux dieux a.
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de Libye, dans les états de Prusias qui le trahissait, qu’il trouva la mort. Tout le monde connaît l’oracle qui trompa Pyrrhus : «Aio te Æacida, Romanos vincere posse1.» Ainsi l’on invoquait Apollon Loxias, appelé de la sorte à cause de ses réponses toujours ambiguës. Quand l’astronomie eut pénétré dans la religion grecque, on expliqua cette épi-
3 aux dieux. ] aux dieux. Cette ambiguité des oracles etoit une suite inévitable de l’obligation qu’on 〈leur〉 imposoit aux Dieux ces deux derniers mots dans l’interl. de prédire l’avenir, & d’un effort du sentiment religieux pour ne pas les accuser de mensonge volontaire. Les oracles n’impliquaient pas dans l’origine que les Dieux connussent l’avenir ; mais seulement comme on supposait les Dieux tantot amis tantot ennemis, on les interrogeoit, non sur ce qui devoit arriver, mais sur ce qu’ils vouloient faire, comme nous interrogerions un homme puissant, de qui dépendroit notre destinée un juge qui auroit à prononcer une sentence sur nous, sans croire 〈pour cela qu’il fut instruit de ce qui doit arriver,〉 a sa prévision de la destinée en général ces huit derniers mots dans l’interl. mais parce que nous le croirions instruit de ses propres déterminations. la fiche suivante offre deux tentatives pour continuer le texte, les biffures indiquent plusieurs phases de correction ; première rédaction : 〈En obligeant les Dieux à prédire l’avenir, on les expose à se tromper, & pour les relever de leurs erreurs,〉 il faut 〈leur prêter je ne sai quelle〉 duplicité sombre & mystérieuse, 〈les représenter comme trouvant je ne sai quel plaisir〉 malveillant & moqueur à se jouer des tristes humains. correction incomplète du début de cette première rédaction 〈les chargeant de cette mission hazardeuse, on les expose〉 ... deuxième tentative, également inachevée car cette ambiguité attribuoit aux Dieux une duplicité sombre & mytérieuse, qui leur fesoit trouver un plaisir malveillant ... humains. Co 3267 ; troisième version de ce passage sur les fiches 554–555 L’ambiguité des oracles, cette ambiguité dont nous avons indiqué les suites funestes, est sous un rapport une tentative de ce genre. L’antropomorphisme 〈pouvoit supposer les Dieux capables de mentir volontairement〉 grossier de l’interet seul aurait pu les en soupconner. mais le sentiment intime 〈se〉 révolté 〈a〉 de cette supposition : 〈il ne veut plus admettre le mensonge volontaire, & il〉 rendit les oracles équivoques, pour sauver l’honneur des Dieux, lorsque ce qu’on 〈a〉 avoit compris dans leurs oracles ne se réalis〈e〉air pas. ressource incomplète & impuissante Co 3267 dans Co 3436 2, on trouve une rédaction améliorée : Dieux. Cette ambiguité des oracles étoit une suite inévitable de l’obligation qu’on leur imposoit de predire l’avenir, & d’un effort du sentiment religieux, pour ne pas les accuser de mensonge volontaire. l’antropomorphisme grossier de l’interet seul auroit pu les en soupconner : mais le sentiment intime revolté de cette supposition, rendit les oracles équivoques pour sauver l’honneur des objets de son culte : ressource incomplette & illusoire ! car cette ambiguité attribuoit aux Dieux une duplicité sombre & mystérieuse, qui leur fesoit trouver un plaisir malveillant & moqueur à se jouer des tristes humains. 6–7 ses réponses toujours ambiguës. ] l’ambiguité de ses réponses Co 3267 1
L’oracle de la Pythie de Delphes avait en effet déclaré : «Lorsqu’un bouc boira dans la tortueuse Néda, je ne défendrai plus les Messéniens, et leur ruine sera prochaine.» C’est le mot tragos (τρα γος) qui signifie aussi bien bouc que figuier sauvage. Voir Pausanias, Description IV, 20 (Description de la Grèce, traduction nouvelle [...] par M. Clavier, Paris : A. Bobée, 1821). – Sur l’oracle égyptien d’Ammon, BC paraphrase Pausanias, Description de la Grèce, VIII, 11 : «L’oracle d’Ammon lui avait prédit qu’il serait enterré après sa
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Tout confirme de la sorte l’une de nos assertions, sur laquelle, vu son importance, nous ne craignons pas de revenir. Lorsque notre intelligence a adopté un premier axiome, favorable en apparence à nos espérances et à nos désirs, nous sommes forcés à raisonner d’après cet axiome, avec une exactitude rigoureuse, qui déconcerte nos calculs et trompe notre attente. Institués pour guider la faiblesse humaine à travers la nuit épaisse de l’avenir, les oracles devinrent bientôt, par leurs ambiguités inévitables, plus terribles que l’obscurité même ; et l’homme qui les avait inventés pour se rassurer, n’y puisa qu’un nouveau motif de doute et d’épouvante. On dirait que nos deux puissances intellectuelles sont deux ennemies irréconciliables, dont l’une ne pouvant arrêter l’essor de l’autre, la poursuit dans son vol pour s’en venger. L’imagination jette en avant ses conjectures hardies ; le raisonnement s’en empare, et lors même qu’il les adopte, les soumet à des formes tellement sévères, qu’il en tire des conséquences toutes différentes de celles que l’imagination avait cru prévoir. Au reste, le polythéisme n’est pas le seul culte dans lequel l’homme se soit fatigué de vains syllogismes, pour concilier sa confiance dans l’être qu’il interrogeait, avec les évènements qui démentaient ses réponses ou taxaient de fausseté ses promesses. «Les Gabaïtes, dit un auteur pieux, ayant défait les Israélites, ceux-ci demandèrent à Dieu s’ils continueraient la guerre. Il leur répondit de la continuer, et de livrer bataille. Dix-huit mille furent taillés en pièces par ceux de Gabaa. Il semble pour le coup que Dieu les trompait ; mais c’était eux qui se trompaient eux-mêmes. Personne ne promettait la victoire. Seulement Dieu leur déclarait sa volonté d’exposer le peuple au danger, et d’y faire périr ceux qu’il destinait à la mort. Quiconque jugerait sans réflexion de cet évènement, traiterait l’oracle de faux : raisonnement téméraire. La réponse n’était ni conseil, ni prophétie ; c’était un commandement. De la
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thète, par l’obliquité du cours du soleil ; explication scientifique qui ne changeait rien au sens moral de la fable populaire. SUIDAS, voce Δοξιας. MACROB. Saturn. I, 3, 171. 1 Tout ... l’une ] 〈L’ambiguité des Oracles〉 le mot suivant dans l’interl. Ceci confirme encore ce dernier mot dans l’interl. une Co 3267 8 l’homme ] 〈celui〉 l’homme Co 3267 13 adopte, les ] adopte, il 〈est forcé par sa nature〉 les Co 3436 2 16-p. 358.9 Au reste ... à la 30 3, 17. ] § 17. vérité.« ] manque dans le ms. sur fiches Co 3267 et dans Co 3436 2 Co 3436 2
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mort dans la Libye ; il espérait donc détruire l’empire Romain, et revenir dans sa patrie terminer ses jours de vieillesse. Mais Flaminius, général romain, faisant tous ses efforts pour le prendre vivant, il se réfugia comme suppliant auprès de Prusias [...] et il mourut trois jours après, dans un endroit que les Nicomédiens nomment Libye.» – L’oracle concernant Pyrrhus peut vouloir dire en effet aussi bien «Je te dis que tu peux vaincre les Romains» que «Je te dis que les Romains peuvent te vaincre.» L’expression est un exemple d’amphibolie et figure dans les manuels de rhétorique. La souda (ΣουÄ δα) ou suidas est une compilation de nature encyclopédique datant du IXe
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même manière Dieu envoya saint Bernard commander à saint Louis de se croiser contre les Sarrasins, non qu’il destinât la victoire à ce prince, mais parce qu’il voulait employer la guerre à punir l’armée française a.» Quand les religions sont tombées, les amis zélés des nouvelles croyances se trouvent quelquefois dans un embarras contraire. Parmi les oracles, il y en a qui se sont réalisés ; et ne pouvant les attribuer à la véracité des dieux auxquels on ne croit plus, on est forcé de leur supposer une autre source. «Dieu, dit Rollin, pour punir l’aveuglement des païens, permit quelquefois que les démons rendissent des réponses conformes à la vérité b.» Lors de la chute du polythéisme, l’ambiguité des oracles servit de texte aux plaisanteries amères des écrivains incrédules. La logique se venge toujours avec usure des outrages qu’elle a reçus : mais sa vengeance est lente ; elle s’exerce, comme le courage des nations, sur des ennemis qui sont à terre.
a b
SAINT-PHILIPPE, Monarchie des Hébreux, I, 44–451. ROLLIN, Hist. anc., I, 3872.
10 Lors de la chute ] 〈Ce n’est que beaucoup plus tard que nous verrons〉 Lors de la décadence 11 La logique ] La raison Co 3267, Co 3436 2 Co 3267 même formulation dans Co 3436 2 13–14 elle s’exerce ... à terre. ] & ne s’exerce la plupart du tems que lorsqu’elle est devenue inutile & même funeste. Co 3267, & ne ... ou même funeste Co 3436 2
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siècle. Elle constitue une source complémentaire précieuse. Il y a une entrée Δοξασι ας et non Δοξια (conjectures, opinions). Voir Σουι δας Suidæ Lexicon græce et latine, Thomam Gaisfordum recensuit et annotatione critica Godofredus Bernhardy, Halis et Brunsvigae : Sumtibus Schwetschkiorum, 1853, p. 1437. – Les Saturnales I, 3 portent sur les divisions du jour. BC reproduit ses notes de lecture plutôt qu’il ne cite l’ouvrage de Don Vincent Bacallar y Sanna (mort en 1726), Marquis de Saint-Philippe, La Monarchie des Hébreux, traduit de l’espagnol par M. A. de Beaumarchais, La Haye : Henri Scheurleer, 1728, t. I, pp. 44–45. ` travers Charles Rollin (1661–1741) et son Histoire ancienne (1730–1738), BC cite en fait A Augustin, De Civitate Dei lib. V, 7. Voir Charles Rollin : «Saint Augustin, en plusieurs endroits de ses écrits, nous avertit que cette folle et sacrilège crédulité est un juste châtiment de Dieu, qui punit souvent l’aveuglement volontaire des hommes par des ténèbres plus épaisses, et qui permet que les démons, pour les mieux retenir dans leurs filets, leur fassent prédire quelquefois des choses qui arrivent effectivement, mais dont souvent l’attente ne sert qu’à les tourmenter» (Œuvres de Rollin, t. I : Histoire ancienne des Egyptiens, des Carthaginois, des Assyriens, des Babyloniens, des Mèdes et des Perses, des Macédoniens et des Grecs, Paris : Desrez, Janet, 1837, pp. 303–304).
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Nous avons montré le sauvage perpétuellement occupé de l’idée de la mort. A mesure que la civilisation fait des progrès, cette préoccupation perd de sa force. La civilisation crée tant de relations, de prétentions, de désirs, de vanités factices, que l’homme n’a pas trop de toute sa pensée pour faire sa route à travers la mêlée, occupé toujours ou d’attaquer ou de se défendre. La vie est tellement remplie par ces luttes qui en cachent le terme, qu’on dirait que ce terme est évitable, et ne doit entrer pour rien dans nos projets et dans nos calculs. Chacun sait qu’une heure l’attend qui le séparera de tout ce qu’il a vu, et, s’il aime quelque chose, de tout ce qu’il aime ; chacun sait que cette heure sera terrible, accompagnée de convulsions d’un funeste augure, et de douleurs inconnues, que nul n’a pu décrire et qu’aucun être vivant ne peut conjecturer. A ces douleurs, à ces convulsions, après un dernier effort, succède un silence qui ne doit jamais être interrompu. De ce gouffre où se sont accumulées, depuis tant de siècles, tant de créatures d’espèces diverses, les unes fortes et audacieuses, les autres sensibles et passionnées, mais toutes attachées à la terre par tant d’intérêts et de liens, aucun cri ne s’est échappé : aucune instruction ne nous est parvenue, du sein de l’abyme si riche d’expériences englouties. La terre s’entr’ouvre et se tait : elle se tait en se refermant, et sa surface redevenant uniforme, laisse nos questions sans réponse et nos regrets sans consolation. Et nous marchons pourtant légèrement sur les tombes, et le jour qui luit encore nous captive ; obscurci déja par la nuit qui s’approche, il nous semble ne devoir jamais faire place à cette nuit épaisse à laquelle nous touchons. Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3267, manuscrit sur fiches, fiches 449– 518. [=MF1] 2. BCU, Co 34362, fos 191–200 [=GM] 3. BCU, Co 3267, fiches abandonnées, fos 202 et 203. [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 377– 392. 1–2 Chapitre IX ... vie. ] Chapitre 9 le chiffre récrit sur 5 (?) Des notions ... vie Co 3267 Chapitre 9. le chiffre récrit sur 5 des notions ... sur 〈la destiné〉 l’autre vie. Co 3436 2 3-p. 360.5 Nous avons ... à la destruction. ] Nous avons expliqué, en traitant des idées d’une autre vie dans le fétichisme, comment le besoin que l’homme éprouve de connoître & de décrire sa demeure future dégradoit cette portion de ses conjectures religieuses. La même cause subsiste : le même effet en résulte. Co 3267, Nous avons ... eprouve ... décrire son habitation future ... de conceptions religieuses. Co 3436 2
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Moins distraits que nous des impressions naturelles, les Grecs barbares avaient la mort plus présente ; et poursuivis sans relâche par ce noir fantôme, ils recouraient, comme les sauvages, à des conjectures qui le rendaient moins terrible en transportant le monde actuel dans un monde inconnu, et en substituant le déplacement à la destruction. L’enfer des Grecs homériques conserve tous les traits que nous avons remarqués chez les tribus errantes, et n’est modifié que conformément aux progrès de la société. Le fils d’Atrée est environné de ses compagnons tués en même temps que lui par Égisthe a. Achille se promène au milieu des guerriers qui combattirent à ses côtés sous les murs de Troie b. Dans le tableau de l’enfer par Polygnote, tableau qui se trouvait sur la place publique de Delphes, Agamemnon porte dans sa main un sceptre ; un chien de chasse est couché aux pieds d’Actéon ; Orphée tient une lyre, Palamède joue aux dés ; Penthésilée est armée d’un arc et vêtue d’une peau de léopard c. Faibles imitatrices a b
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Odyss. XI, 388–389. Odyss. XI, 467–468 ; ib. XXIV, 15–27. Le même Achille épouse dans les enfers Hélène et Médée. TZETZ. in Lycophr. LIBANIUS1. PAUSAN. Phoc. 30. Cette imitation de la vie après le trépas n’est point particulière à cette époque de la religion grecque, bien qu’elle y soit plus manifeste que dans les époques postérieures, parce que l’imagination plus jeune décrit plus vivement ce qu’elle vient d’inventer. Nous voyons encore dans Hérodote, Mélisse, femme de Périandre, sortir de son tombeau pour se plaindre d’être nue et d’avoir froid. (HE´ ROD. V) Les filles de Cécrops continuent dans Euripide leurs danses favorites. (Ion. 495–4962.) Même du temps de Lucien, les Grecs mettaient dans la bouche des morts une pièce d’argent, pour qu’ils pussent payer le passage du Styx. Ils faisaient brûler leurs vêtements sur des bûchers et logeaient
6 tous les traits ] les traits Co 3267, Co 3436 2 7–8 les tribus ... société. ] les sauvages, modifiés seulement suivant les progrès qu’a faits la société. Co 3267, les sauvages ... progrés qu’ont fait la société. Co 3436 2 12 de l’enfer ... Delphes ] de 〈Polygnote〉 l’enfer d’Homère fait par Polygnote, tableau qui ... Delphes Co 3436 2 13 sa main un sceptre ; ] sa main droite un baton De Commandement, Co 3267 15 léopard. ] léopard. 〈c’est ainsi qu’aujourd’hui encore l’arabe du désert ordonne en expirant qu’on laisse mourir sur sa tombe un chameau qui le porte à travers les plaines qu’il doit parcourir dans l’autre monde. suit la note Gibbon. ch. 50.〉 dans la marge la note voir si ceci n’est pas déja dans le 1er vol. Co 3267 15-p. 361.4 Faibles ... ses chants. ] dans le ms. sur fiches ce passage (fiches 452–454) se lit avant les fiches qui contiennent les exemples de la mythologie grecque (fiches 455–457) Co 3267 18 Tzetz. ] Tzetzés Co 3267 19-p. 361.22 Pausan. Phoc. 30. Cette ... plus raffinés. ] le ms. sur fiches ne prévoyait dans un premier temps que le renvoi à Pausanias ; la suppression du passage transcrit dans la variante précédente a pour conséquence que BC place un autre long passage du texte (fiches 459–465) en note Pausan. ... d’inventer. Mais nous voyons ... favorites. Eurip. Ion. 495–496. Même ... parle 〈des habits &〉 des parures ...son enfer soit tout différent, ne repousse point ces détails. ... raffinées. Co 3267 1 2
Tzetzès, Isaac et Jean, Scholia in Lycophronis Alexandram. – Le renvoi à Libanius n’est pas élucidé. Pausanias sur Penthésilée : «Penthésilée est représentée comme une jeune fille, avec un arc
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du temps qui n’est plus, les ombres font encore ce qu’elles faisaient sur la terre. Le chasseur poursuit les vains fantômes des animaux tombés sous ses coups ; le guerrier fait briller le simulacre de ses armes ; le poète répète ses chants. Mais la même répugnance de la mort, qui l’emporte dans l’ame du sauvage sur le désir de décorer de teintes riantes la demeure qui s’ouvre pour lui, se reproduit chez les Grecs. Dans leur monde à venir, comme dans le fétichisme, tout est morne, terne, lugubre : tout est, pour ainsi dire, diminué. Les astres ont moins de splendeur : ils scintillent dans les ténèbres plutôt qu’ils n’éclairent. Les vents sont plus froids ; le feuillage est plus noir ; les fleurs se teignent de couleurs plus sombres : tout souffre, tout languit. Les vierges pleurent leur printemps stérile ; les héros portent envie aux plus abjects des vivants : tous s’affligent des peines qui ont troublé leur vie, s’affligeant aussi de l’avoir perdue ; tous regrettent les jours écoulés. Les ombres toujours désolées (cette épithète revient sans cesse) a, racontent leurs malheurs b : Her-
a b
leurs esclaves près de leurs tombeaux. (LUCIEN, Nigrinus et le Menteur.) Dans ce dernier dialogue, Eucrate parle des parures de sa belle-mère, consumées avec elle. Philostrate nous montre l’ombre de Protésilas s’exerçant à la course1 ; et Virgile, bien que son enfer soit froidement et pédantesquement philosophique, ne néglige point ces détails. (Voy. les Excursus de HEYNE sur le 6e livre de Virgile2.) Ils ont toujours un certain charme, ils replacent nos habitudes dans nos espérances, et répondent mieux à l’égoïsme qui nous attache à la terre que des descriptions plus sublimes et plus raffinées. Στυγεραι3. Odyss. XI, 540–5414.
4 chants. ] chants. BC prévoit une note v. dans Herman, I. 372–382. la description de l’enfer 4 de la mort ] ajouté dans l’interl. Co 3436 2 13 s’affligent des d’Homère. Co 3436 2 peines ] s’affligeant encore des 〈illis.〉 peines Co 3267 15 malheurs : ] malheurs. les souvenirs les poursuivent, les regrets les assiégent. Co 3267
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semblable à ceux des Scythes, et une peau de léopard sur les épaules» (Description X (Phocide), ch. 32 [et non 30]). – Le passage de Ion d’Euripide renvoie aux parties chorales qui évoquent les danses des «trois filles d’Aglauros». Lucien, Le Menteur, § 27, où Eucrate déclare : «A sa mort, je brûlai sur son bûcher toutes ses parures, tous les vêtementts qu’elle se plaisait à porter durant sa vie». Nigrinus ou le philosophe est un autre dialogue de Lucien. – BC cite Philostrate, Dialogue sur les héros (ou Héroïques), qui évoque les âmes des héros homériques après la mort. J. F. Boissonade en avait donné une édition en 1806. BC se réfère aux appendices du livre VI de l’Enéide où Heyne livre un certain nombre d’explications. P. Virgilii Maronis Opera, varietate lectionis et perpetua adnotatione illustrata a Chr. Gottl. Heyne, tomus secundus : Æneidis, lib. I-VI, Lipsiæ : Sumtibus Caspari Fritsch, 1771. Les quinze excursus de Heyne figurent aux pp. 646–676. BC a pu penser en particulier aux excursus I, VI, VIII (reconstitution chorographique des Enfers), IX (les fleuves), X et XIV (contre l’interprétation allégorique des mythes). ` savoir : misérables. A Od. XI, 540–541 : «Aber die andern Seelen der abgeschiedenen Toten Standen traurend da, und sprachen von ihrer Betrübnis» (Voß) («Les autres âmes de ces défunts morts restaient tristes et immobiles, et chacun conta ses peines», Jaccottet).
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cule a et Achille b parlent d’une voix plaintive ; Agamemnon verse des torrents de larmes c ; le roi des Grecs ne peut oublier la trahison dont il a été victime d ; Ajax conserve son ressentiment du refus injuste qui lui a ravi les armes d’Achille e. La douleur est tellement dans la destine´e des ombres, que, tandis qu’Hercule goûte dans l’Olympe les délices des festins célestes, et jouit des charmes de la jeune Hébé f, son spectre, triste et menaçant, gémit aux enfers g. La mort ! la mort ! toute la mythologie homérique porte l’empreinte de la terreur que doit causer à l’homme enfant cet inexplicable mystère. La jeune imagination des Grecs regarde cette dissolution de notre être comme un évènement violent et, pour ainsi dire, comme un prodige. Les ames arrachées d’un corps qui leur était nécessaire ne supportent cette séparation qu’avec un tourment continuel. Cette manière de concevoir l’existence humaine après cette vie, ne permet pas à la morale de s’unir étroitement aux notions de l’homme sur l’état des morts. Ils habitent chez les Grecs une demeure commune, à l’excep tion de ceux qui ont offensé les dieux personnellement. Toutes les fables qui font entrer la morale dans la vie future, les juges, les tribunaux, les arrêts portés contre les ombres, pour des fautes qui ont précédé leur descente dans le sombre empire, sont postérieurs aux temps homériques. L’erreur de plusieurs écrivains à cet égard vient de ce que les ombres, imitant autant qu’elles le peuvent, toutes les apparences de la vie passée, les rois et les vieillards qui, suivant les usages de ces temps, avaient prononcé de leur vivant sur les différents soumis à leur arbitrage, exercent aux enfers les mêmes fonctions. Ils apaisent les querelles passagères qui troubleraient l’éternel silence. Cette juridiction ne s’applique qu’à ce qui se passe dans l’autre monde. On a cru qu’elle s’étendait aux actions commises dans celuici. Parce que l’Odyssée représente Minos jugeant les morts un sceptre à la
a b c d e f g
Odyss. XI, 616. Ib. 471. Ib. 390. Ib. 391 ; ib. 451 ; XXIV, 21 ; ib. 95–97. Odyss. XI, 542, 545. Ib. 601–603. Ib. 616.
11 et, pour ] & 〈contre nature〉 pour Co 3436 2 18 les juges ] les Juges, les Juges mots répétés en allant à la ligne Co 3436 2 27 s’étendait ] à la hauteur de ce mot, dans la marge de gauche, un mot illis. biffé Co 3436 2
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main a, l’on a pensé qu’il les jugeait pour leurs crimes antérieurs : rien n’est plus opposé aux idées d’Homère. Minos juge comme Orion chasse b, comme Hercule disperse les ombres, tenant en main son arc redoutable c. Il fait après sa mort ce qu’il a fait durant sa vie. Ce n’est que dans la suite que nous verrons sa magistrature se modifier conformément aux progrès du polythéisme d. Alors aussi l’E´lysée, qui n’est point encore une partie des enfers, y sera transporté. Maintenant c’est un séjour de bonheur, mais où les morts ne pénètrent pas e. Ménélas, que Jupiter a miraculeusement pré servé de la loi commune, l’habite avec Rhadamante, qui n’y exerce aucune fonction de juge f. a b c d
e
f
Odyss. XI, 567–5691. Odyss. 572–574. Ib. 605–606. Voy. dans le tome IV, les modifications de la religion grecque depuis Homère jusqu’à Pindare2. Odyss. IV, 563–564. L’E´lysée dans Homère n’est point une demeure des morts, c’est un lieu de plaisance dans une ou plusieurs îles de l’Océan occidental. Là, près des portes du soir, un sentier conduit au ciel ; là, près de la chambre à coucher de Jupiter, coule la source de l’ambroisie ; là, sans avoir subi le trépas, sont les favoris des dieux parmi les humains ; et Junon se promène non loin de ce séjour de délices, dans ses magnifiques jardins pleins de fruits d’une couleur brillante et d’une saveur exquise. (Voss, alte Welt Kunde.) Strabon (liv. III) place l’E´lysée auprès de l’Espagne dans les îles Canaries. (Voyez les Excursus de HEYNE, déja cités3.) Ce n’est que dans l’hymne homérique à Cérès qu’il est question, pour la première fois, de récompenses après cette vie ; mais cet hymne, composé vers la 30e olympiade pour les nouvelles Éleusinies, et par conséquent destiné à l’exposition d’une doctrine mystérieuse, n’a, comme on le sent bien, aucun rapport avec la mythologie dont nous traitons.
14 Voy. ... depuis ] V. le 4e vol. livre sur les progrés du polythéisme grec depuis Co 3267 16 morts, c’est ] morts, mais Co 3267 19–20 là ... jardins ] là sont sans avoir subi le sort commun du trépas, les favoris des Dieux parmi les hommes, & Junon non loin ... a de ma21–22 Strabon (liv. III) ] Strabon gnifiques jardins Co 3267, parmi les humains Co 3436 2 22–23 Voyez ... cités.) ] v. les Excursus de Heyne sur le 6e livre de Virgile. (III) Co 3267 Co 3267 23 cités.) ] cités.) 〈Pausani〉 faute de copie en commençant la note suivante ; BC prévoyait d’élargir la note description de l’enfer grec empruntée de l’Egypte suivant Creutz. I. 24–27 Ce n’est ... traitons. ] la note manque dans 341. ajouté dans la marge Co 3436 2 Co 3267 et dans Co 3436 2 1
2 3
Od. IX, 567–568 : «allein mich trieb die Begierde des Herzens, Auch die Seelen der andern gestorbenen Helden zu schauen» (Voß) («mais mon cœur préférait encore, au fond de moi, voir les âmes d’autres défunts», Jaccottet). De la Religion, t. IV, Livre XII («De la marche du polythéisme indépendant des prêtres jusqu’à son plus haut point de perfectionnement»), chap. V, pp. 382–392. Johann Heinrich Voß, Alte Weltkunde, mit einer Hesiodischen Welttafel, Jena : Goepherdt, 1804. – P. Virgilii Maronis Opera, varietate lectionis et perpetua adnotatione illustrata a Chr. Gottl. Heyne, tomus secundus : Æneidis, lib. I-VI, Lipsiæ : Sumtibus Caspari Fritsch, 1771, pp. 646–676. Notamment les excursus VIII et IX. – BC trouve dans Heyne les références à Strabon, Géographie, livre III.
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Dans le Tartare a sont enfermés les rivaux des dieux, dieux aussi bien que leurs vainqueurs, mais dieux chassés du trône. Jupiter y retient les Titans b, et Saturne c qui lui-même y a précipité la race d’Uranus d. Quand les habitants de l’Olympe lui résistent, il les menace encore de cette punition a
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Pausanias prétend qu’Homère avait emprunté de la Tesprotie sa topographie des enfers ; que l’Achéron et le Cocyte étaient des fleuves de cette contrée ; que Pluton en était le roi, que sa femme se nommait Proserpine et son chien Cerbère. (Att. 171.) Mais cette assertion, qui se ressent de l’évhémérisme dont Pausanias, malgré ses intentions quelquefois dévotes, subissait l’influence, ne modifiant en rien la croyance publique étrangère à toutes les explications historiques ou géographiques, nous n’avons pas à nous en occuper. Nous parlerons plus loin des pratiques égyptiennes qui s’étaient glissées en Grèce, et avaient agi sur les opinions grecques, relativement à la demeure des morts, et nous aurons occasion de remarquer de nouveau comment l’esprit grec réagissait sur tous ces emprunts pour se les soumettre2. Les Titans sont précipités dans le Tartare sans être morts (Iliad. VIII, 477. HE´ SIOD. Theog. 717 ; 820) : preuve que les châtiments du Tartare ne sont point réservés à l’autre vie. Pourquoi Jupiter, dit le Prométhée d’Eschyle (154), ne m’a-t-il pas précipité dans le Tartare ? Iliad. VIII, 479–480. APOLLODORE. Scholiaste de Lycophron3.
1 enfermés ] renfermés Co 3267, Co 3436 2 2 y retient ] BC note dans la marge comence8–9 Pausanias ... subissait ] Plut. malgré ses intentions ment de la 25e feuille Co 3436 2 dévotes subissoit Co 3267 〈Plutarque〉 Pausanias, ce dernier mot dans l’interl. malgre ses 11 plus intentions quelquefois ce dernier mot dans l’interl. dévotes, subissoit Co 3436 2 loin ] ailleurs Co 3267 11–13 qui s’étaient ... l’esprit grec ] qui avoient influé sur les opinions grecques relativement à la demeure des morts & nous aurons occasion de remarquer de nouveau comment l’esprit grec Co 3267
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Pausanias fait effectivement une telle supposition dans son livre sur l’Attique, Description de la Grèce I, 17, § 5 : «Et je pense que c’est après avoir observé tout cela, qu’Homère hasarde dans ses poèmes tout ce qu’il dit des enfers, et donne aux fleuves qu’il y place les noms de ceux de la Thesprotide.» Voir à partir de la p. 366. Heyne a édité Apollodore. Apollodori atheniensis Bibliothecæ libri tres ad codd. mss. fidem recensiti a Chr. G. Heyne, Göttingen : Diederich, 1782–83. Notons que certaines formulations de sa théorie du mythe y figurent, comme le remarque G. L. Bauer : «Qua in definitione potissimum illustrem Heynium in Commentat. De Apollodori Bibliotheca P. III, p. 906 sequimur. In his mythis antiquissimi ævi historia et hominum priscorum philosophia (si notiones, quas homines rudes et litterarum expertes de caussis rerum efformaverunt, ita dicere fas est) continetur» (Georg Lorenz Bauer, Hermeneutica sacra Veteris Testamenti, Leipzig : Weygand, 1797, p. 351). BC a pu lire dans la Bibliothèque d’Apollodore des assertions du scoliaste de Lycophron, voir Bibliothèque d’Apollodore l’Athénien, traduction nouvelle par É. Clavier, t. II : Notes sur Apollodore, Paris : Delance et Lesueur, An XIII, p. 11.
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terrible a. Les coupables tourmentés dans les enfers ne le sont que pour des outrages dirigés contre les dieux. Titye, que deux vautours dévorent, est puni pour avoir violé Latone b ; Sisyphe, pour avoir voulu frauder la mort et retourner à la vie c ; Tantale, pour avoir trompé Jupiter d. Ainsi, les supplices qui ont lieu dans les enfers ne sont point des actes de justice, mais des vengeances de la part des dieux. Ils frappent de la sorte a
b c
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Iliad. VIII, 16. Le décret de Momus, dans le dialogue de Lucien intitulé l’Assemblée des dieux, portant que ceux qui, rejetés par la commission chargée d’épurer l’Olympe, s’obstineraient à ne pas quitter le ciel, seraient plongés dans le Tartare, est une réminiscence burlesque de la plus ancienne mythologie grecque1. Odyss. XI, 575–576. Ixion était de même attaché à une roue, pour avoir violé Junon. Homère ne dit pas la cause du supplice de Sisyphe. On la trouve dans Théognis. Il était sorti des enfers pour un seul jour, sous prétexte de se faire enterrer, et ne voulait plus y retourner. (V. SOPHOCLE, Philoct. 624–625.) Pausanias (Corinth. 5) dit que Sisyphe fut puni, pour avoir révélé à Ésope où était sa fille E´gine que Jupiter avait enlevée2. Apollodore (III, 12–16) dit la même chose. Cette tradition viendrait encore mieux que l’autre à l’appui de notre assertion. Odyss. [XI.] 578–591. On trouve une tradition sur le crime de Tantale dans la première Olympique de Pindare, une autre dans l’Oreste d’Euripide (410), une troisième dans les Corinthiaques de Pausanias, une quatrième dans Hygin. Celui-ci dit que Tantale fut puni, pour avoir divulgué ce qui se passait au festin des dieux3. Cette tradition est d’un siècle où le mystère semblait une partie essentielle de la religion : Homère ne dit rien de pareil.
1–2 ne le sont ... les dieux. ] ne le sont jamais que pour avoir offensé les Dieux personnellement. Co 3267 5 Ainsi ] 〈Il n’est〉 Ainsi Co 3267 7–10 Le décret ... mythologie grecque. ] fait partie du texte principal dans Co 3267 Momus, dans ] Momus, qui, dans Co 3267 8 portant ] porte Co 3267, Co 3436 2 11 Ixion ... Junon. ] Ixion étoit 〈de même〉 attaché sur une roue pour avoir voulu violer Junon. Co 3267 Ixion ... de même ... avoir voulu 16–17 viendrait ... assertion. ] viendrait 〈également à l’〉 encore violer Junon Co 3436 2 mieux que l’autre ... assertion que les Dieux ne chatiaient dans le Tartare que ceux qui les avoient offensés directement. Co 3267 18 XI. ] le chiffre manque ; nous l’avons ajouté Rel3, 20-p. 366.28 Pausanias ... reprend ] Pausanias, 〈nous savons〉 (?) une quatrième Co 3436 2 dans Hygin. le passage suivant Celui-ci ... pareil. manque dans Co 3267 Ovide reprend la plus grossiére ... preuves d’un changement ... ce progrès. Co 3267 le passage qui manque dans Co 3267 se trouve dans la marge de gauche dans Co 3436 2 et se termine sur un papillon 1
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Dans le dialogue de Lucien L’Assemblée des dieux, Momus propose à Jupiter un décret où l’on peut lire que les dieux qui ne pourront faire la preuve de leur citoyenneté olympienne «seront renvoyés en leur pays, leurs autels profanés et leurs statues renversées, et s’ils s’ingèrent à l’avenir d’entrer dans le Ciel, ou sont trouvés sur le chemin, ils seront précipités dans les Enfers», dans Lucien, de la traduction de N. Perrot d’Ablancourt, avec des remarques sur la traduction, Nouvelle édition revue et corrigée, t. II, Amsterdam : Mortier, 1709, p. 419. Dans Sophocle, Philoctète, vv. 624–625 : «On me convaincra autant, une fois mort, de remonter de l’Hadès au jour, comme fit son père» (traduction de Jean Grosjean). – Pausanias, Description de la Grèce, II (Corinthie), 5, rapporte en effet cette histoire, concluant «s’il faut en croire les poètes, il subit dans les enfers la peine due à son indiscrétion.» Le renvoi à Apollodore, Bibliothèque, doit être corrigé. On trouve l’histoire de Sisyphe au livre I, chap. IX, 3. Allusion à Hygin, Fables, 82 (éd. Boriaud, p. 67). – Quant à Sisyphe, voir Od. XI, 393–600.
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ceux qui ont méconnu leur puissance, outragé leur divinité, ou seu lement contrarié leurs désirs. Les cachots qui renferment ces victimes sont des prisons d’état où ne conduisent point les attentats d’homme à homme. Il n’est pas inutile d’observer que ces supplices mêmes sont caractéristiques de l’époque à laquelle ces fables avaient pris naissance. Tantale s’efforce en vain de se désaltérer dans l’onde qui l’entoure, et d’atteindre aux fruits suspendus sur sa tête. Sisyphe roule en vain jusqu’au sommet d’une montagne escarpée le rocher qui doit retomber sur lui. L’eau s’échappe du tonneau des Danaïdes, et la corde d’Ocnus est rongée par l’ânesse dont il ne saurait écarter l’importun voisinage. L’une des peines les plus rigoureuses que les hommes des temps héroïques pussent concevoir, c’était le travail, l’effort inutile ; et c’est une preuve nouvelle qu’ils appliquaient aux idées de l’autre vie leurs habitudes dans celle-ci. Les Grecs de ces âges n’avaient pas comme nous une carrière inactive, où la douleur vient pour ainsi dire nous chercher, mais une carrière toujours active qui leur faisait braver la douleur dans l’espoir du succès : pour les peuples amollis par la civilisation, souffrir est le plus grand des maux ; pour les peuples dans la jeunesse de l’état social, et qui consument leurs jours dans les périls et les luttes physiques, le plus grand des maux est de ne pas réussir. Cette absence de toute morale dans les idées sur l’autre vie est tellement conforme au génie de cette époque du polythéisme indépendant, que lorsque des fables morales s’y introduisent, il les dépouille de leur sens, avant de les admettre. Les Égyptiens refusaient aux morts le passage de l’Achéron, si on ne pouvait les justifier des accusations portées contre eux : c’était une idée morale. Les Grecs, empruntant d’eux la fiction du fleuve et de son passage par les ames, disaient que lorsqu’un mort n’était pas enterré, son ame errait cent ans sur les bords du Cocyte. C’était une fable sans moralité. Ovide, contemporain d’Hygin, reprend la plus grossière de ces traditions. Nous reviendrons sur la différence de ces traditions comme preuves d’un progrès dans les idées, et nous dirons pourquoi Ovide méconnaît ou dédaigne ces progrès1. 1–2 divinité, ... ces victimes ] dignité. Mais les cachots qui les renferment Co 3267 2 Les 4 que ces ] que 〈les〉 ces cachots ] mais les 〈prisons〉 cachots corr. dans l’interl. Co 3436 2 Co 3267 6 dans l’onde ] dans l’eau Co 3267 8–10 L’eau ... voisinage. ] manque dans Co 3267 et dans Co 3436 2 11 hommes ... héroïques ] 〈anciens〉 hommes ... héroïques corr. dans l’interl. Co 3436 2 13 l’autre vie ] 〈cette〉 l’autre vie Co 3267 13 Grecs de ces âges ] Grecs, dans les ages héroïques, Co 3267 15-p. 367.4 active ... le malheur ] perte d’un folio de Co 3436 2 15 qui leur faisait braver ] où l’on bravait Co 3267 18–19 dans les périls ... de ne pas réussir. ] dans des travaux & des tentatives continuelles, le plus grand mal est de ne pas réussir. Du reste, les fautes commises sur cette terre n’entrainent aucun chatiment dans les enfers. Co 3267 20–27 Cette absence ... sans moralité. ] ce passage manque dans Co 3267 30 progrès ] 〈chang〉 progrès Co 3436 2 1
BC n’y revient plus.
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Aussi la perfide Ériphyle a habite-t-elle la même demeure que la mère d’Ulysse b, la vénérable Anticlée. La vertu, loin de recevoir une récompense, partage la tristesse universelle c. La pensée fondamentale de l’enfer d’Homère, c’est le malheur de l’ame séparée du corps. Si la vie est quelquefois appelée un don funeste d, la mort est toujours indiquée comme le plus grand des maux, et l’ame ne quitte le corps qu’en poussant un gémissement lugubre. L’idée de ce malheur fait tomber le poète dans des contradictions évidentes. Tantôt les ombres se rappellent leurs relations et leurs souffrances passées ; tantôt débiles e, impalpables f, sans forme et sans couleur, pareilles à de légers songes g, portées çà et là dans les airs, poussant des cris inarticulés h, elles voltigent, privées d’intelligence i, de force k et de mé moire l, et boivent avidement d’un sang a b c d e f g h i
k l
Odyss. XI, 325–326. Ib. 84–85 ; 1511. Iliad. XVII, 445–447. Iliad. XVI, 855 ; XXII, 363. Odyss. X, 521 ; ib. 536 ; XI, 29 ; ib. 49 ; ib. 404. Ib. 206–207. Ib. 221. Ib. 43 ; ib. 632. Proserpine avait conservé l’intelligence au seul Tirésias. (Od. X, 494–495.) Callimaque dit que ce fut Minerve (Hymne à Minerve au bain)2 ; mais l’exception confirme la règle. Elpenor n’était pas encore sans intelligence, parce qu’il n’avait pas été enterré. Il reconnaît Ulysse sans avoir bu du sang. (Od. XI, 51 et suiv.) Odyss. XI, 392. Ib. 388. Il y a plusieurs autres contradictions dans cette onzième rapsodie de l’Odyssée, à juger de l’état des ombres par ce que dit Anticlée à Ulysse, elles savent ce qui se passe sur la terre. (Od. XI, 180–195.) A en juger par ce que disent Achille et Agamemnon, elles ne le savent pas. (ib. 457–459 ; ib. 492.) Ils demandent des nouvelles de leurs enfants à Ulysse qui est descendu lui-même aux enfers pour en savoir de son père.
1 Aussi ... habite-t-elle ] La perfide 〈Eryphile〉 Eriphyle habite Co 3267 4–7 La pensée ... lugubre. ] l’idée fondamentale qui y est présentée sous les couleurs les plus vives, c’est le malheur de l’ame séparée du corps. la suite manque Co 3267 7-p. 368.28 fait tomber ... lumina ] passage qui se retrouve littéralement dans le lot des fiches abandonnées de Co 3267, sur deux grandes pp. numérotées 202 et 203 qui appartiennent au ms. Co 3436 2 ; pas de variante ; le texte principal prévoyait encore un nouvel alinéa Néanmoins, ici encore se deploye le sentiment le texte s’interrompt avec ce dernier mot, perte du f o 204 qui est attesté par la table des matières 15 Iliad. ... 447. ] manque dans Co 3267 1 2
Od. XI, 84–85 porte sur la vertueuse Anticlée, la mère d’Ulysse. Dans son hymne Pour le bain de Pallas, Callimaque énonce par la bouche d’Athena : «Une fois mort il sera seul parmi les ombres à rester en possession de sa science.» Ceci renvoie effectivement à Od. X, 490. Voir Œuvres de Callimaque, traduction de Joseph Trabucco, Paris : Garnier, 1933, p. 38.
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noir a, pour jouir un instant d’une vaine chaleur qu’elles ne tardent pas à reperdre b. a b
Odyss. XI, 95 ; ib. 146–148 ; ib. 232–2331. Un auteur moderne a, dans une petite pièce de vers latins intitulée le chant des mânes, trèsbien exprimé les idées des anciens sur l’état des ombres2.
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Saltemus : socias jungite dexteras ; Jàm manes dubius provocat hesperus ; Per nubes tremulum Cynthia candidis Lumen cornibus ingerit. Nullus de tumulo sollicitus suo Aut pompæ titulis invidet alteri : Omnes mors variis casibus obruit, Nullo nobilis ordine. Nobis nostra tamen sunt quoque sidera, Sed formosa minus : sunt zephyri, licet Veris dissimiles, auraque tenuior, Cupressisque frequens nemus. dulces animæ, vita quibus sua Est exacta, nigris sternite floribus Quem calcamus humum : spargite lilia Fuscis grata coloribus. 392
Aptos ut choreis inferimus pedes ! Ut nullo quatitur terra negotio ! Demta mole leves, et sine pondere Umbræ ludimus alites.
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Ter cantum tacito murmure sistimus. Ter nos Elysium vertimus ad polum. Ter noctis tenebras, stringite lumina Pallenti face rumpimus. Nos quicumque vides, plaudere manibus : Cantabis similes tu quoque nænias : Quod nunc es, fuimus, quod sumus, hoc eris. Præmissos sequere et vale.
5 ombres. ] dernier mot dans le ms. sur fiches ; BC note encore copier ce chant Co 3267 1 2
Les vers indiqués appartiennent au récit qui retrace la descente d’Ulysse aux enfers. Les âmes des morts qui boivent du sang noir révèlent à Ulysse ce qui l’attend. Ode XXXIII, Choreæ Mortuales de Jacob Balde ou Baldus (1604–1668). Première édition dans Jacobi Balde e Societate Jesu, Lyricorum libri IV. Epodon libri IX. In commodiorem Studiosæ imprimis Juventutis usum, & utilitatem seorsim editi, Coloniæ Agrippinæ : Apud Franciscum Bibliop. Under golden Waagen, 1706, pp. 100–101. Balde fut réapprécié par les romantiques, voir A. W. Schlegel, «Jakob Balde, ein Mönch und Dichter des siebzehnten Jahrhunderts» (1797), repris dans Kritische Schriften, t. I, Berlin : bey G. Reimer, 1828, pp. 325–330, et «Jakob Balde», Charakteristiken und Kritiken von August Wilhelm Schlegel und Friedrich Schlegel, t. II, Königsberg : bey Friedrich Nicolovius, 1801, pp. 342–348.
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Chapitre X. Des efforts du sentiment religieux pour s’élever au-dessus de la forme religieuse que nous venons de décrire.
Nous avions présenté comme une amélioration importante le passage du fétichisme des sauvages au polythéisme des tribus barbares : et toutefois, si l’on en juge par le tableau que nous avons tracé de ce polythéisme, l’homme a bien peu gagné. Les dieux, fiers de leur force, égarés par leurs passions, n’offrent pas une garantie plus sûre pour la morale ou pour la justice que les idoles informes des hordes errantes. Ces dieux ont même un inconvénient de plus. Les fétiches ne s’occupaient que de leurs adorateurs : les dieux homériques oublient souvent la race mortelle pour ne s’occuper que d’eux-mêmes ; quand ils s’en souviennent, c’est d’ordinaire par exigence. Ils veulent des sacrifices, mais du reste les dieux et les hommes sont deux espèces différentes qui vivent séparées. L’une est plus forte, l’autre est plus faible ; elles s’agitent, souffrent, jouissent chacune de leur côté. Il existe entre elles une alliance inégale, un commerce de faveurs et d’hommages, qui leur est quelquefois d’un avantage commun ; mais les exceptions sont fréquentes. L’oppression naît de l’inégalité : le pouvoir est d’une nature envieuse et malfaisante. Du reste, aucun système positif n’est établi, aucune règle fixe n’est observée. Nulle liaison ne s’étend de ce monde à l’autre. La protection céleste s’acquiert indépendamment des vices et des vertus ; le hasard, le caprice, l’intérêt du moment, décident dans chaque circonstance ; et l’homme, abandonné à lui-même, tire de son propre cœur tous les motifs des actions qui ne regardent que les autres hommes. Voyez néanmoins le sentiment religieux lutter contre cette forme, et la saisir de tous les côtés, pour l’élever au-dessus de ce qu’elle est extérieurement, pour en reculer les bornes, et pour la rendre plus convenable à ses besoins et à ses désirs. Ses efforts sont en sens inverse de presque tous les dogmes consacrés, et il se prévaut du moindre prétexte pour écarter de ces dogmes tout ce qui le blesse. Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3267, fiches 541–542 [=MF1] 2. BCU, Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses Co 34362, fos 138–146 [=GM] formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 393–408. 5 des sauvages ] d〈u〉es 〈polytheisme〉 sauvages 1 Chapitre X. ] Chapitre 6. Co 3436 2 Co 3436 2 6 que ] 〈des〉 que Co 3436 2 7 force ] 〈illis.〉 force Co 3436 2 9 des hordes ] 20 liaison ] liaison morale Co 3436 2 des 〈Tribus〉 hordes Co 3436 2
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Les dieux ne sont point incorporels : cependant il aime à les concevoir invisibles. En vain des exemples nombreux prouvent que les mortels les aperçoivent et les reconnaissent malgré eux. Leur invisibilité plaît au sentiment, parce qu’elle s’accorde avec les conceptions encore vagues de pureté, de spiritualité, qu’il a soigneusement conservées de la croyance antérieure a, et qu’il développera plus tard avec succès dans ses notions sur la nature divine. Il en est de même de leur immortalité : si la mort est représentée dans Homère comme possible pour les dieux, jamais cette possibilité ne se réalise. Trop de faits attestent à cette époque les combats des mortels contre les habitants de l’Olympe, pour que l’homme puisse entièrement rejeter ces traditions ; il s’en dédommage en attachant à ces combats des punitions sé vères. Celui qui lève sur les dieux un bras sacrilége est poursuivi par des malheurs qui ne manquent jamais de l’atteindre b. Aveugle, fugitif, insensé, solitaire, privé de ses enfants, repoussé de sa patrie, il erre sans secours, poussant des cris déplorables, et la mort est derrière lui. Ici l’homme se sacrifie au besoin de respecter ce qu’il adore, tant il est dans la nature que le sentiment l’emporte sur l’intérêt. La logique le force à reconnaître que des êtres passionnés et vicieux ne sauraient jouir d’un bonheur sans mélange. Les mêmes passions qui entraînent les dieux d’Homère à persécuter les mortels, les tiennent divisés entre eux. Ils se trompent mutuellement c : ils passent leurs jours dans les rivalités et les querelles d. Ils gémissent de leurs discordes intestines et se plaignent amèrement de leur destinée e. Le sentiment veut néanmoins que les dieux soient heureux : il les appelle toujours les bienheureux immortels f. L’homme dément par cette épithète les récits qu’il admet, et son ame proteste contre les conclusions que lui impose son esprit. Tous les détails se modifient dans ce sens. L’Olympe n’est plus simplement une montagne où a b c d
e f
Voy. t. I, p. 241 et suiv1. Iliad. V, 407 ; VI, 130. Iliad. XIV, 197 ; XIX, 94, 125. Iliad. I, 518, 521, 542–543, 565, 567 ; IV, 5–6, 20–22, 31, 36 ; V, 420, 765, 876, 881, 889 ; VIII, 360, 400, 407, 455 ; XV, 17, 30, 162, 167. Iliad. V, 874, 875. Iliad. Odyss. passim. Dans un endroit entre autres, les dieux sont appelés bienheureux aux moments où ils s’occupent de faire du mal aux hommes. (Odyss. XVIII, 130–135.)
3–4 plaît au sentiment, parce ] lui plaît parce Co 3436 2 5–6 antérieure ] des sauvages 26 L’homme ] 〈Il〉 l’homme corr. dans l’interl. Co 3436 2 27–371.3 Tous ... Co 3436 2 29 p. 241 et suiv. ] manque regards. ] manque, y compris la note a de la p. 371 Co 3436 2 36 Odyss. ... 135.) ] ajouté dans la marge Co 3436 2 Co 3436 2 1
Voir OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 235–236 ; il y est question de la montée en abstraction des conceptions religieuses sous l’impulsion des aspirations du sentiment religieux.
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les dieux habitent, et qui appartient à la terre ; c’est une demeure éthérée, un ciel brillant d’une splendeur surnaturelle, que supportent des colonnes d’une hauteur immense, qui le dérobent à tous les regards a. Si les dieux punissent le parjure, c’est comme un outrage envers eux, non comme un crime contre les hommes : mais il en résulte que ceux-ci commencent à prendre les immortels à témoin de leurs engagements réciproques. Ces engagements deviennent plus augustes ; les hommes se forment a` la fidélité, parce qu’ils ont intéressé les dieux à cette cause ; les dieux s’ennoblissent, comme garants de la foi jurée. La prison d’état, qui fait partie du monde futur, ne reçoit dans sa formidable enceinte que les ennemis personnels des dieux. Cette fiction n’offre donc nul appui à la morale. Mais le sentiment qui a besoin de la morale, médite sur la demeure de châtiment que les objets de son adoration n’avaient créée que pour eux seuls. L’homme, dominé par son intérêt, voudrait ne se faire de ses dieux que des auxiliaires : son sentiment intérieur le force à s’en faire des juges. Il s’empare de cette prison, même avant que la religion la lui cède, ce qui arrive plus tard, et déja la faiblesse opprimée précipite par ses imprécations ses oppresseurs dans le Tartare. Voulez-vous un exemple de la résistance du sentiment religieux aux fables reçues ? Homère raconte qu’Hercule tua son hôte, et il s’écrie : Le cruel ne respecta pas la justice des dieux ! exclamation d’autant plus bizarre, que, loin d’être puni, le meurtrier devient un dieu lui-même. Mais cette exclamation ne montre-t-elle pas le penchant de l’homme à croire que les dieux sont justes en dépit de toutes les preuves contraires ? Et ce Jupiter, père d’Hercule, et qui le reçoit malgré son crime à la table céleste, n’est-il pas toujours appelé le protecteur, le patron, le vengeur de l’hospia
CREUTZ. Fragm. hist. græc. antiquiss. I, 1771.
4 Si les dieux ] à la hauteur de cet alinéa une note non reproduite sur un papillon les crimes attribués aux Dieux n’ont pas comme on l’a cru, une influence mauvaise, parce qu’ils invitent les hommes à les imiter, mais parce qu’ils les empéchent de concevoir de la divinité des idées de perfection, & que la conception d’idées de ce genre est une amélioration de la nature 10–18 La prison ... le Tartare. ] autre version dans le ms. sur fiches humaine. Co 3436 2 〈L’enfer Homérique ne reserve pas de chatimens au crime : mais il y a une〉 au moins cette prison d’état contre les ennemis personnels des Dieux, prépare a` la morale un triomphe. Le sentiment 〈religieux〉 qui a besoin de la morale medite sur la demeuere de chatimens que les objets de son adoration viennent de créer pour eux. 〈La morale〉 l’indignation que produit l’injustice s’empare de cette prison même ... Tartare. Co 3267, fiches 541 et 542 manquent dans Co 3436 2 24 preuves contraires ] sur un papillon on lit Il en est de même du passage de l’Iliade (XVI. 384–388) ou Jupiter envoye les torrens & les tempetes pour punir l’iniquité des juges pervers. c’est une comparaison, & non pas un fait. le poète parle il ne raconte pas. Co 3436 2 1
Friedrich Creuzer, Historicorum Græcorum antiquissimorum Fragmenta, collegit, emendavit, explicauit ac de cuiusque Scriptoris ætate, ingenio, fide commentatus est Fridericus
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talité violée ? Le sentiment religieux va plus loin dans ses tentatives pour perfectionner sa forme. Non-seulement il détourne ses regards du spectacle affligeant des vices que cette forme attribue aux natures divines, mais il transforme quelquefois ces vices en vertus. Cette vénalité, qui offre aux conquérants d’un pays un moyen facile de séduire les dieux que ce pays adore, en leur prodiguant des dons et des hommages, descend des idoles aux adorateurs comme une sorte de fraternité entre les vainqueurs et les vaincus, prosternés devant les mêmes autels. Les Grecs emploient encore un autre artifice pour échapper aux tristes conséquences de l’anthropomorphisme qui fausse leur religion. Ils se dérobent aux détails en se réfugiant dans l’ensemble ; si les dieux, pris individuellement, sont peints quelquefois sous des traits immoraux et révoltants, les dieux pris en masse forment toujours un corps imposant et respectable : alors le sentiment se livre à toutes les conceptions de grandeur, de puissance, d’immensité, de morale qui composent son atmosphère ; il s’y trouve à son aise, il y respire en liberté. C’est pour cela qu’en continuant nos recherches, nous verrons des dogmes sacerdotaux, sinon transportés dans la religion publique, au moins accueillis par l’opinion qui n’en aperçoit que les contours extérieurs. Les poètes y font allusion ; les philosophes les commentent. C’est le sentiment, mécontent d’une forme imparfaite, et cherchant au dehors des notions dont l’apparence mystérieuse le séduit, et qu’il croit plus pures, parce qu’elles sont vagues. Cette tendance de l’homme à former de ses dieux un corps, est elle-même une lutte du sentiment religieux contre le polythéisme qui le choque, bien que les notions contemporaines ne lui permettent pas de s’en affranchir. L’esprit, qui a besoin de distinguer, divise et classe ; et il est contraint de proportionner ses divisions à ses lumières : l’ame, qui a besoin de réunir, ne craint pas de confondre, et devance souvent l’époque où les lumières doivent sanctionner ses réunions. C’est là ce qui donne fréquemment au polythéisme une apparence de théisme qui nous trompe, et c’est là aussi ce qui, beaucoup plus tard, quand l’intelligence a fait de grands pas, remplace le polythéisme par l’unité. 1–8 Le sentiment ... autels. ] manque Co 3436 2 16–22 C’est ... vagues. ] manque ; on trouve trois papillons avec les notes suivantes : à droite C’est à l’action du sentiment religieux sous la forme Homérique qu’il faut attribuer l’introduction des fragmens trés confus encore qu’on apercoit de dogmes sacerdotaux à cette époque de la religion grecque. le sentiment, n’étant pas satisfait de la forme populaire, cherchoit a se satisfaire dans des dogmes inconnus, vagues & imposans. à gauche Tous les détails se modifient conformément à cette tendance. l’Olympe n’est plus simplement une montagne où les Dieux habitent & qui appartient à la terre, dont elle n’est qu’un point plus élevé. l’Olympe est un ciel brillant & pur, soutenu par des colonnes. dernier papillon, à gauche plusieurs Olympes en Grèce. Creutz. II. 379. Citat. Co 3436 2 Creuzer, Heidelbergæ : in officina Mohrii et Zimmerii, 1806. La page à laquelle renvoie BC porte sur l’Olympe et sa localisation par les historiens de l’Antiquité.
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Tel est le travail du sentiment religieux sur le polythéisme homérique. Il n’est aucune partie de cette croyance qu’il ne s’efforce d’améliorer. L’ambiguité des oracles, cette ambiguité dont nous avons indiqué les suites funestes, est, sous un certain rapport, l’effet d’une tentative d’amélioration. L’intérêt, mécontent d’être trompé dans un espoir que les dieux avaient fait naître, pouvait les supposer capables de mentir volontairement ; le sentiment se révolte contre cette hypothèse offensante. Il ne veut point admettre le mensonge volontaire, et c’est lui-même qu’il accuse d’avoir mal compris les oracles lorsque leurs promesses ne se réalisent pas. Les ayant de la sorte mis à l’abri d’injurieux soupçons, il les soumet à son influence. Leurs prédictions annoncent aux tyrans leur chute, aux infortunés un meilleur avenir, ou proclament des maximes salutaires jusqu’alors inconnues ; et leurs vers empreints de la rudesse du dialecte antique concourent au triomphe de la civilisation et à l’adoucissement des mœurs. Le polythéisme devient donc un système plein de contradictions, mais qui, perfectionné par l’homme, contribue à son tour à son perfectionnement. En tâchant de se figurer les dieux revêtus de toute la beauté, la majesté, la vertu qu’il peut concevoir, il s’exerce à réfléchir sur ces choses, et sa morale gagne à ses réflexions. L’on ne s’est occupé jusqu’ici que des inconséquences de la religion d’Homère, et l’on en a tiré deux conclusions fausses : l’une, qu’elle n’avait pu exister ainsi, alors on s’est perdu dans l’allégorie ; l’autre, que l’homme n’avait aucune règle dans ses idées religieuses, et qu’il entassait sans discernement comme sans motif des absurdités inconciliables. Mais l’inconséquence elle-même a ses lois : l’homme ne déraisonne pas pour le plaisir de déraisonner. Quand il raisonne mal, c’est qu’il y a lutte entre ses facultés, et qu’il ne sait pas les mettre d’accord. Nous pouvons maintenant résoudre la question que nous nous sommes proposée au commencement de ce chapitre. L’homme a gagné en passant du fétichisme au polythéisme : car il s’est donné une croyance plus susceptible d’être ennoblie par le sentiment. Pour l’ennoblir, le sentiment la
3–14 L’ambiguité ... des mœurs. ] manque Co 3436 2 20 L’on ] dans la marge 26 feuille Co 3436 2 20–21 des ... religion d’Homère ] de ses inconséquences Co 3436 2 21 l’une ] à la hauteur de ce mot, une fiche collée portion transportée de la 23e a la 24e feuille – «credit est sans bornes. l’autorité, quelque nom qu’elle porte, s’aperçoit bientot des avantages que lui promet l’interprétation systématique des circonstances les plus communes. Mais n’anticipons pas sur les faits. Après la divination, vinrent les oracles, transmis d’Egypte en Grèce, ou survivant chez les Grecs à la destruction du Commencement de la 26e feuille : & leurs vers empreints de la rudesse du dialecte antique concourent [ au triomphe de la civilisation & à 23 dans ses ] dans 〈l’allégorie〉 ses Co 3436 2 l’adoucissement des mœurs. Co 3436 2
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fausse, mais elle prête, et c’est un avantage. Un célèbre Anglais observe qu’Homère vaut mieux que son Jupiter : c’est dire en d’autres termes que le sentiment valait mieux que sa forme a. Que de traditions grossières n’a-t-il pas déja repoussées, même à l’époque des poèmes homériques, où tant de grossièreté domine ! Jupiter rappelle à Junon les traitements sévères qu’il a exercés contre elle ; mais tout se borne à des menaces, tandis qu’autrefois
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WOOD, Genius of Homer1. On pourrait prouver, en comparant les traditions qu’Homère met en action, et qu’on doit regarder en conséquence comme les traditions contemporaines, avec celles auxquelles il fait allusion comme antérieures, que le Jupiter d’Homère est meilleur que le précédent. (Voyez ARISTOTE, Poétique, 25 ; et WOLF, Prolegomena Homeri, pages 161–168.) Vous y trouverez un exemple minutieux, mais singulier, de la manière dont les Grecs, lorsque, par l’introduction de la morale dans la religion, le caractère des dieux homériques fut devenu trop choquant, recoururent à des subtilités grammaticales pour dénaturer ou réformer le texte d’Homère.
3-p. 375.7 Que de ... derrière elles. ] manque Co 3436 2 manque dans Co 3436 2
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7–14 On pourrait ... d’Homère. ]
BC a sans doute en tête le passage suivant de Wood : «Is it not very remarkable, that Homer, so great a master of the tender and pathetic, who has exhibited human nature in almost every shape, and under every view, has not given a single instance of the powers and effects of love, distinct from sensual enjoyment, in the Iliad ? Though the occasion of the war, which is the subject of that poem, might so naturally introduce something of this kind : nor can I allow the story of Ulysses and Calypso, in the Odyssey, to come up to our ideas of that passion, any more than that of Jupiter and Juno, Mars and Venus, and some other love scenes of primitive manners» (Robert Wood, An Essay on the Original Genius and Writings of Homer, with a comparative view of than Ancient and Present State of the Troade, London : John Richardson, 1824, chapitre “Homer’s Manners”, pp. 105–107). Wolf se réfère au livre de Robert Wood, An Essay on the Original Genius of Homer, London : printed by H. Hughs, MDCCLXXV, au chap. XII des Prolegomena (pp. 31–35), notamment de leurs «Conjectural Observations on the Origins and Progress of Alphabetic Writing». Robert Wood (1717–1771) a voyagé en Grèce et en Asie Mineure. Il annonce une approche non purement livresque de l’Antiquité, fortement marquée par l’esthétique des ruines. Il produit un raisonnement sur l’écriture et le contexte historique caractéristiques de l’école écossaise (il fit ses études à Glasgow). Avec Thomas Blackwell, An Enquiry into the Life and Writings of Homer, London : s.éd., 1737, il engage un tournant anthropologique dans les études classiques, qui trouvera en Allemagne un fort écho chez Herder et explique en partie le succès et les malentendus de la réception des Prolegomena de Wolf. Voir Kirsten Simonsuuri, Homer’s Original Genius. Eighteenth-Century Notions of the Greek Epik (1688– 1798), Cambridge : CUP, 1979. – Le chapitre XXXVI de Wolf, Prolegomena, aborde la
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tout était action. Cependant les héros d’Homère sont encore supérieurs à leurs dieux. Comparez la vie domestique de Jupiter et de Junon, et le ménage mortel de Pénélope et d’Ulysse ; rapprochez les querelles conjugales de Vénus et de Vulcain, et l’affection si touchante et si pure d’Hector et d’Andromaque. Les mortels ont dévancé leurs idoles en perfectionnement ; mais bientôt, grace aux mortels, les idoles prendront leur revanche, et gagnant de vitesse leurs adorateurs, ils les laisseront loin derrière elles. Il y a de plus cette différence entre l’influence du fétichisme et celle du polythéisme de cette époque, que l’un isole les individus, tandis que l’autre les réunit, en leur faisant un devoir d’adorer en commun les mêmes dieux. Ainsi ce qui était effet devient cause ; et le polythéisme, résultat du rapprochement des hordes sauvages, consolide ce rapprochement. La religion institue des fêtes où les diverses tribus se rencontrent et s’habituent à vivre les unes avec les autres. Elle consacre un pays tout entier à servir de refuge à la paix, lorsque les ennemis et les divisions la troublent. L’E´lide, au centre de laquelle s’élevait le temple de Jupiter Olympien, décoré plus tard par le chef-d’œuvre de Phidias, ne pouvait jamais être le théâtre de la guerre. Les Grecs, en y rentrant, redevenaient frères et concitoyens. Les soldats qui
8 de plus ] déjà Co 3436 2 14 les autres. ] les autres. Elle établit des tréves, pendant lesquelles tout ressentiment reste suspendu. note prévue Elle ouvre des azyles, qui désarment les fureurs de la vengeance. elle rend plus imposante l’autorité des Tribunaux. note Les Amphyctions, qui remontent à la plus haute antiquité, tenoient leurs assemblées dans les temples. Chaque peuplade avoit une institution pareille. 〈ceux〉 les amphyctions de Béotie, de Corinthe, & d’Elide se rassembloient dans les temples de Neptune, ceux de l’Argolide dans celui de Junon, ceux de l’Eubée dans le temple de Diane. Le temple d’Apollon prêtait son sanctuaire à ceux de Délos. Enfin les Amphyctions de toute la Grèce se rassembloient à Delphes & aux Thermo14–15 Elle pyles. (Strab. mix. Ste Croix des anciens Gouvs fédératifs. p. 115. Co 3436 2 consacre ... la troublent. ] ici commence le passage qui fait d’une note dans le texte ms. le texte principal de l’imprimé La religion avoit consacré en Grèce un pays tout entier à servir d’azyle & de refuge à la paix, lorsque les divisions & les crimes la banissoient du reste de la Grèce. 18-p. 376.1 qui ... déposaient ] ne pouvoient traverser cette contrée sainte qu’en Co 3436 2 deposant Co 3436 2
période allant de Pisistrate à Zénodote, et explique comment les poèmes homériques devinrent l’objet de tentatives d’explications morales, jusqu’à Porphyre et Proclus. Ces interprétations allégoriques permettaient de défendre Homère contre la critique, voire la condamnation dont il faisait l’objet chez Platon. – Le renvoi à la Poétique 25 explicite les lois de la représentation (mimesis), le poète pouvant représenter ce qui fut tel qu’il fut, tel qu’on dit qu’il fut, ou encore tel qu’on aurait voulu qu’il fût. C’est pourquoi on peut comprendre qu’Homère valait mieux que son Jupiter.
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traversaient cette contrée sainte, déposaient leurs armes, qu’ils ne reprenaient qu’à leur sortie a. Conciliatrice également des querelles privées, la religion établit des expiations qui, non-seulement apaisent les haines, calment le remords, mais qui de plus forment un lien entre l’expié et celui dont l’auguste ministère fait descendre le pardon du ciel b ; elle distingue de l’assassin l’homicide a b
STRABON, VIII1. Médée ayant été expiée par Circé, celle-ci, bien qu’elle eût reconnu sa nièce fuyant avec Jason de la maison paternelle, n’osa ni la retenir captive, ni se permettre contre elle aucune violence. L’expiation était une chose si sacrée, que les descendants de ceux qui avaient expié Oreste se réunissaient tous les ans pour célébrer par un festin la mémoire de cette expiation, le jour et dans l’endroit où elle avait eu lieu. (PAUS. Corinth.) Les rois expiaient les coupables qui étaient d’un rang distingué. Copréus fut expié par Eurysthée, Adraste par Crésus. (Voy. HE´ RODOTE et APOLLONIUS2.) La religion avait, de plus, inventé des rites pour préserver le criminel de son désespoir, quand il ne pouvait pas être expié dans le moment même ; il coupait alors les extrémités de sa victime, en léchait le sang trois fois, et croyait la vengeance céleste suspendue jusqu’à ce qu’il pût se purifier par les grandes cérémonies expiatoires.
2 sortie. ] on trouve dans la marge du f o 144 et sur trois papillons collés à gauche sans préciser l’endroit où il faudrait les intégrer quatre passages que nous reproduisons l’un après l’autre ; certaines tournures se retrouvent dans des passages que l’on put lire par la suite ; premier texte les azyles, les expiations des meurtres volontaires, l’hospitalité, les villes, les maisons, les familles, les sermens, les traités sont sous la protection de Jupiter. Cr. II. 379. deuxième texte v. sur l’utilité morale de la religion grecque à cette epoque Creutz. IV. 592, 593. id. sur l’utilite des oracles comme point de réunion, & mettant fin aux inimitiés en interdisant les vengeances. I. 202. note 205 & pour des ex. Hérod. I. 159. Pausan. Achaïe. 21. Herder Phil. de l’hist. sur l’influence de la croyance grecque & son utilité pour la tranquillité & la paix. III. 168–169. troisième texte cette vénalité des Dieux qui porte les conquérans d’un pays à les adorer pour les séduire, est transformée par le sentiment religieux en un germe de fraternité entre les vainqueurs & les vaincus adorateurs des mêmes Dieux. quatrième texte Elide le pays sacré de la Grèce. Aucune guerre ne pouvoit y avoir lieu. Les troupes des différens peuples Grecs pouvoient le traverser ; mais en entrant, ils devoient déposer leurs armes qu’ils ne reprenoient qu’en en sortant. le Temple de Jupiter Olympien, à Olympie, dans Pise, en Elide, le 3-p. 378.2 Conciliatrice ... la temple national des Grecs. Heeren, Grecs. 25–28. Co 3436 2 paix. ] passage très différent dans le ms. Elle consacre des expiations qui non seulement finissent les querelles, appaisent les remords, mais qui de plus forment un lien entre l’expié & celui qui le reconcilie avec le ciel & avec lui-même. renvoi à la note sur Médée Co 3436 2 7 Strabon ] Strab. Co 3436 2 1
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C’est au VIIIe livre de sa Géographie que Strabon expose les institutions grecques et notamment au 3e chapitre l’Elide, où il rapporte le caractère sacré de la région : «C’est ce qui explique, ajoute Ephore, comment plus tard, lorsqu’on bâtit Elis, on la laissa sans murailles et comment on vit dorénavant tout corps d’armée ayant à traverser le pays livrer ses armes à l’entrée pour ne les recevoir que de l’autre côté de la frontière» (Géographie VIII, 3, 33, traduction nouvelle par A. Tardieu, Paris : Hachette, 1867). Pausanias, Description de la Grèce II, 31 (Corinthie) : «Devant ce temple est une pierre nommée la pierre sacrée, sur laquelle neuf Trézéniens, dit-on, purifièrent jadis Oreste du meurtre de sa mère». – Hérodote raconte dans l’Histoire, livre I, chap. 34–45 le sort du
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involontaire, et, par une délicatesse touchante, elle déclare ce dernier sacré, parce qu’il est malheureux ; elle ouvre des asiles qui désarment les fureurs de la vengeance. Presque tous les autels de Jupiter étaient des asiles a ; et remarquez à ce sujet combien il est vrai que l’utilité de toutes choses tient à l’époque de l’état social. Le droit d’asile est un abus dangereux, quand la civilisation est avancée, parce que les lois assurent à l’homme ce que le droit d’asile a d’avantageux ; mais dans un temps de barbarie, quand il n’y a point de garantie légale, et que la faiblesse est sans protection, il est heureux qu’il y ait des asiles, dussent-ils sauver des coupables, car ils sont l’unique refuge où l’innocence soit en sûreté. C’est, grace à ce polythéisme, quelque imparfait qu’il paraisse, que s’élèvent les amphictyonies. Partout elles siégent dans les temples b. Neptune prête son sanctuaire aux amphictyons de la Béotie, de Corinthe et de l’E´lide ; Diane à ceux de l’Eubée ; Apollon, de Délos ; Junon, de l’Argolide c. Delphes réunit ceux de la Grèce entière. Chargés de la célébration des fêtes nationales, ces amphictyons proclament des trèves, durant lesquelles tout ressentiment est suspendu. Ils sont les arbitres, quelquefois ima b c
EURIPID. Hercule furieux, 481. STE-CROIX, des anciens Gouvernements fédératifs, page 1152. PAUSAN. IV, §1. L’amphictyonie argienne subsistait encore dans la 66e olympiade. Elle condamna Sicyone et Égine à une amende de 500 talents, pour avoir prêté au roi Cléomènes des vaisseaux dans sa guerre contre Argos ; mais elle paraît avoir eu alors pour protecteur Apollon3.
3 Presque ... asiles ] une ébauche de cette phrase, y compris la note qui y est rattachée, dans la marge de gauche du f o 145, à côté de la note sur Médée Jupiter Sauveur. Il y avoit en Grèce beaucoup d’autels élevés à Jupiter sous ce nom. tous ces autels étoient des azyles. Eurip. Her. fur. 48. Co 3436 2
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malheureux Adraste qui avait tué involontairement son frère. Chassé par son père, il fut expié par le roi de Lydie, Crésus, tue, également involontairement, Atys, le fils de celui-ci en chassant un sanglier féroce. Adraste se tue sur le tombeau d’Atys. – Quant à Copréus et Eurystée, BC fait allusion à une seule phrase d’Apollodore (et non d’Apollonius) «Copreus, meurtrier d’Iphitos, s’était exilé à Mycènes, où Eurysthée l’avait purifié» (Bibliothèque, livre II, chap. V, 76). «M’assoir à cet autel de Zeus Sauveur» (Euripide, La folie d’Héraclès v. 48, traduction de Marie Delcourt). Baron de Sainte-Croix, Des anciens gouvernemens fédératifs et de la législation de Crète, Paris : Jansen, an VII. Le passage cité par BC porte bien sur les amphictyonies (ou cercles de réunion) particulières. Pausanias ne traite pas spécifiquement des amphictyonies dans le premier chapitre de la Messénie, mais dans Elide 2, 12 et Arcadie, 22, aux livres VI et VIII de sa Description de la Grèce.
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puissants, souvent utiles, des différents qui naissent entre les peuples. Leurs jugements, appuyés des oracles a, maintiennent ou rétablissent la paix. Tout ce qui est cher aux hommes, les villes, les maisons, les familles, les traités, les serments, l’hospitalité, se rattachent à la religion : elle n’accorde point encore à la morale une sanction positive ; mais l’appui qu’elle lui prête ressemble à celui qui résulterait, dans une société où il n’y aurait pas de lois, de l’opinion générale des plus forts. Un instinct rapide avertit les nations que les dieux sont amis du bien ; qu’ils veulent ce qui est juste. La Grèce, au sein de sa barbarie, choisit l’ir réprochable Éaque, pour supplier Jupiter de mettre un terme à la sécheresse qui frappait de stérilité ses campagnes brûlées b. C’est que l’amour de l’ordre inhérent à l’homme est de même inhérent aux dieux, malgré des exceptions fréquentes : ils embrassent la cause de l’opprimé, comme un héros, rencontrant un voyageur que des brigands attaquent, le sauve de leurs coups. Ce n’est point en qualité de juge, et l’on aurait tort d’en inférer que la société dont il est membre a pris des mesures pour châtier le crime et mettre l’innocence hors de péril. Néanmoins, il serait heureux que des hommes ainsi revêtus d’une force supérieure défendissent la cause de la justice : ces hommes sont les dieux d’Homère, et c’est déja beaucoup d’avoir créé une race puissante qui, d’ordinaire, protége la faiblesse et punisse l’iniquité.
a b
THUCYD. I, 281. PAUS. I, 44. PIND. Nem.
III,
17 et suiv2.
4–8 Tout ... forts. ] Ces fetes, ces azyles, ces tréves, & en général tout ce qui est cher aux hommes, les villes, les maisons, les familles, les traités, les sermens, l’hospitalite´ projet d’une note qui aurait renvoyé à l’ouvrage de Creuzer ; suite du texte : étoient sous la protection de Jupiter. note à rattacher à ce nom : Moralité de la religion des tems héroïques, sous un rapport plus vaste que la morale particuliére[.] Imitation des héros, de leur courage, de leur dévouement de leur protection de la faiblesse Cr. IV. 592–593. suite du texte : Ainsi la religion n’accorde point encore à la morale une sanction positive : mais l’appui qu’elle lui prête ressemble à celui qui résulteroit, dans une société où il n’y auroit pas de lois, de l’opinion 7–11 Un instinct ... brûlées. ] manque, ainsi que la note générale des plus forts. Co 3436 2 12 C’est que l’amour ] L’amour Co 3436 2 qui y est rattachée Co 3436 2
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Voir Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, livre I, 28, p. 187. Cette offrande d’E´aque à Jupiter panhellénique est rapportée à la fin de l’Attique, Pausanias, Description de la Grèce I, 44, § 9. – Dans la troisième ode néméique, Pindare chante l’éloge d’E´aque. Mais il n’est pas question d’une offrande à Jupiter.
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De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Livre VIII. Digression nécessaire sur les poèmes attribués à Homère.
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Chapitre premier. Que la religion de l’Odyssée est d’une autre époque que celle de l’Iliade.
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Avant de passer du polythéisme des temps héroïques aux religions sacerdotales, des explications sont indispensables. Nous croyons avoir prouvé que la religion grecque de ces temps n’offrait à la morale au cun appui solide. Le sentiment religieux cherchait à y faire pénétrer des notions d’humanité, de générosité, de justice ; mais il y avait repoussement et désaccord entre ce sentiment et la forme qu’il voulait modifier. Il en est autrement dans l’Odyssée ; la morale y devient une partie assez intime de la religion. Dès le septième vers du premier livre, il est dit que les compagnons d’Ulysse se fermèrent par leurs forfaits le retour dans leur patrie : et si le principal de ces forfaits est encore d’avoir tué les troupeaux d’Apollon a, ce qui rentre dans l’intérêt personnel des dieux, leur justice, en beaucoup d’autres endroits, est indépendante de leur intérêt personnel. Tous les crimes excitent leur indignation b. Si je forçais ma mère à quitter ma a b
Od. I, 8–91. Od. XIV, 83–862. Établissement du texte : Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 409–433.
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Dans l’invocation de la muse qui introduit le poème, il s’agit de l’évocation de l’excès fatal des compagnons d’Ulysse quand ils ont consommé les vaches du soleil. Dans la traduction de Johann Heinrich Voß, Homers Odüssee, Hamburg : auf Kosten des Verfassers, 1781 : «Toren ! welche die Rinder des hohen Sonnenbeherrschers Schlachteten ; siehe, der Gott nahm ihnen den Tag der Zurückkunft» (Od. I, 7–9) «par leur propre fureur ils furent perdus en effet ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du Dieu d’En-Haut le Soleil, qui leur prit le bonheur du retour» (dans la traduction de Philippe Jaccottet, L’Odyssée, Paris : Maspero, 1982). Les vers cités Od. XIV, 83–86 soutiennent clairement le propos de BC : «Alle gewaltsame That misfällt ja den seligen Göttern Tugend ehren sie nur und Gerechtigkeit unter den Menschen» (Voß) («Car les dieux bienheureux n’aiment pas les œuvres cruelles mais ils honorent la justice et les œuvres intègres», traduction Jaccottet). Dans toute sa démonstration de la différence morale des deux poèmes homériques, BC est conduit à minimiser l’immoralité d’Ulysse, fourbe et menteur, ainsi que sa violence sans pitié lors de l’extermination des prétendants, qui le met hors des lois d’Ithaque et le contraint à s’éloigner. La thèse des progrès parallèles de la civilisation et de la morale s’oppose diamétralement aux conceptions de Rousseau, dont le Discours sur les sciences et les arts (1750) argumentait la dissociation croissante des Lumières et de la vertu.
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maison, s’écrie Télémaque, elle invoquerait les furies a. Jupiter prépare aux Grecs une navigation funeste, parce qu’ils ne sont ni prudents ni justes. Les dieux avertissent Égisthe de ne pas assassiner Agamemnon pour épouser sa veuve b : lorsqu’il a consommé le meurtre, ils ne tardent pas à l’en punir. Minerve approuve et démontre l’équité de ce châtiment ; et Jupiter ajoute qu’E´gisthe a commis ce forfait malgré la destinée. Or, ce nouveau point de vue, qui interdit aux hommes d’accuser le sort de leurs propres fautes, est une amélioration dans les idées morales. La même Minerve, en reprochant aux dieux d’abandonner Ulysse qu’elle protége, ne motive pas son intercession sur le nombre des sacrifices, mais sur la justice et la douceur du héros c. Je ne te retiendrai pas de force, dit Alcinoüs à ce dernier : cette action déplairait à Jupiter d ; si je te tuais après t’avoir reçu, avec quelle confiance pourrais-je encore adresser mes prières au maître des dieux e ? Télémaque menace à plusieurs reprises f les prétendants de la colère céleste. Ulysse arrivant chez les cyclopes, va s’informer si les habitants de leur île sont favorables aux étrangers et craignent les immortels g protecteurs des a b c d e f g
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Od. Od. Od. Od. Od. Od. Od.
II, 1351. I, 29–472. V, 8–123. VII, 315–3164. XIV, 4065. I, 378 ; II, 68 ; IX, 174–1757.
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Chez Voß, ce sont les vers Od. II, 136–137 : «wenn von uns scheidend die Mutter Mich den grausen Erinnen verfluchte !» («lorsque ma mère m’enverrait les Erinnyes odieuses, quittant le seuil», Jaccottet). Od. I 29–47. Le sort des Atrides est essentiel pour comprendre la stratégie d’Ulysse à son retour à Ithaque, qui cherche avant tout à éviter le sort d’Agamemnon, qu’il connaît. Les dieux ont prévenu Égisthe, qui n’en suit pas moins son fatal destin : «So nahm jezo Aigisthos, dem Schicksal entgegen, die Gattin Agamemnons zum Weib’, und erschlug den kehrenden Sieger Kundig des schweren Gerichts ! Wir hatten ihn lange gewarnet» (Od., I, 35–37) («ainsi qu’on vit Egisthe outrant le sort prendre à l’Atride sa femme légitime, et le tuer à son retour, sachant la mort qui l’attendait, puisque nous l’avions prévenu», Jaccottet). Il est rappelé qu’Ulysse régnait avec un amour paternel sur son peuple, et cet oubli pourrait signifier l’oubli de la douceur, de l’aménité, de la bienveillance et de la mesure chez les dieux (V, 9 : «Huldreich, mild und gnädig zu sein, und die Rechte zu schützen» (Voß)). Alcinoos dit en effet, Od. VII, 315–316 : «car aucun Phéacien n’ira te retenir contre ton gré : Zeus nous en garde !» (Jaccottet). Référence aux propos du porcher Eumée qui rassure Ulysse sur ses intentions : une traîtrise altèrerait la qualité de ses prières, Od. XIV, 406. BC cite deux vers parallèles de la Télémachie, Od. I, 378–379 et II, 143–144 : «Je crierai vers les dieux éternels avec l’esprit que Zeus, un jour, vous rende coup pour coup» (Jaccottet). Sur les règles d’hospitalité, dont l’absence chez les Cyclopes témoigne justement d’un décalage de l’état des sociétés. Ainsi Ulysse, Od. IX, 174–176 : «J’irai sonder ces gens,
Livre VIII, Chapitre I – Que le religion de l’Odyssée est d’une autre époque
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suppliants. Cette protection caractérisait sans doute déja le Jupiter de l’Iliade ; mais elle appartient plus éminemment à celui de l’Odyssée a. Le premier ne s’intéresse à ceux qui l’implorent, que parce qu’ils embrassent ses autels, et que leur salut fait sa gloire : le second prend en main leur cause, parce qu’ils sont désarmés et sans défense. Les dieux de l’Odyssée interviennent comme d’office dans les relations des hommes entre eux. Ils parcourent, déguisés, la terre, pour y voir les actions du crime et de la vertu b. Dans l’Iliade, leur ressentiment ne se motive que sur quelques sacrifices négligés ou quelques insultes faites à leurs prêtres : dans l’Odyssée, les attentats d’homme a` homme attirent leur sévérité. Dans l’Iliade, ils confèrent aux mortels la force, le courage, la prudence, la ruse : dans l’Odyssée, ils leur inspirent la vertu, dont la récompense est le bonheur c. Si dans un seul endroit du poème les prétendants délibèrent sur un meurtre, et paraissent ne pas douter que les dieux ne l’approuvent jusqu’à ce qu’un signe vienne les en détourner d, c’est que toute époque à laquelle a b c d
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VII, 165 ; XIII, 213–214 XVII, 485–4872. XVII, 485–4873. XX, 241–2474.
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apprendre qui ils sont, si ce sont des violents et des sauvages sans justice ou des hommes hospitaliers, craignant les dieux» (Jaccottet). BC tire argument de cet aspect pour souligner la différence entre les deux poèmes et plaider le caractère plus poli et moral de l’Odyssée. Les multiples références renvoient à l’expression «Zeus des suppliants», sensible donc à la pitié, aux prières des hommes. Le rôle de «Zeus protecteur des hôtes» est aussi rappelé en ces formules. Sur la dissimulation des dieux pour surprendre les conduites des humains, préfiguration polythéiste de la conscience du regard divin ; Od. XVII, 485–487 : «Denn oft tragen die Götter entfernter Fremdlinge Bildung ; Unter jeder Gestalt durchwandeln sie Länder und Städte, Daß sie den Frevel der Menschen und ihre Frömmigkeit schauen» (Voß) («Car les dieux, sous l’aspect d’un homme d’autres lieux, prenant toutes les formes, font parfois le tour des villes pour sonder la violence ou la vertu des hommes», Jaccottet). BC (ou l’imprimeur) a répété par erreur les références de la page précédente, qui ne correspondent pas au propos comparatif qu’il tient dans ce paragraphe. Mais le propos, dans sa généralité, conserve sa pertinence pour la démonstration de BC. La seconde partie du poème, qui répète brièvement les difficultés de la première, voire inverse l’Iliade en disposant le siège autour du monde domestique de la patrie, se prête difficilement à soutenir la thèse de BC, tant le conflit est poussé à une violence dont la radicalité ne laisse rien à envier aux combats de l’Iliade. Le signe d’un oiseau venant alerter les prétendants sur le caractère funeste et répréhensible de leur projet d’assassinat est donc exploité avec profit dans une argumentation dont BC reconnaît en même temps la relative fragilité en invoquant le fait que toute époque voit s’opposer des idées nouvelles aux anciennes et est à ce titre une «époque de contradiction». Od. XX, 214–243 : «Und die Freier beschloßen, Tälemachos heimlich zu tödten. Aber linksher kam ein unglückdrohender Vogel, Ein hochfliegender Adler, und hielt die bebende Taube» (Voß) («Pendant ce temps, les prétendants tramaient la mort de Télémaque, mais un oiseau à leur gauche survint, un aigle des hauteurs tenant une timide colombe», Jaccottet).
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des idées nouvelles s’introduisent, avant que les idées anciennes soient complétement décréditées, est une époque de contradiction. D’ailleurs les dieux mêmes protestent ici contre cet espoir injurieux des prétendants : ceux-ci croient encore s’adresser aux dieux de l’Iliade ; les dieux de l’Odyssée leur répondent. On dirait qu’un long intervalle sépare les dieux de ces deux poèmes, et que durant cet intervalle, leur éducation morale a fait des progrès. Il ne faut pas confondre les effets de la religion avec l’emploi de la mythologie. Cet emploi est peut-être moins fréquent dans l’Odyssée que dans l’Iliade : mais les effets de la religion proprement dite y sont beaucoup plus diversifiés. Les hommes y ont mieux combiné les moyens de rendre les dieux non-seulement propices à leurs intérêts individuels, mais utiles à l’ordre public. Ces dieux de l’Odyssée ont un degré de dignité bien plus relevé. La description de l’Olympe est plus brillante, le bonheur de ses habitants est plus complet a. Leurs dissensions étaient le résultat des observations d’un peuple enfant, frappé du désordre et des irrégularités de la nature : ces dissensions s’apaisent, à mesure que l’homme découvre l’ordre secret qui préside à ce désordre apparent. Aussi les querelles des dieux, ces querelles qui occupent dans l’Iliade une si grande place, sont à peine rappelées dans l’Odyssée, et n’y sont indiquées que sous des traits beaucoup plus vagues et beaucoup plus doux. Minerve n’ose protéger ouvertement Ulysse, de peur d’offenser Neptune b. La distance qui sépare les dieux des hommes est aussi plus grande. Dans le premier de ces deux poèmes, les dieux agissent sans cesse, et ils agissent tous. Dans le second, Minerve est presque la seule divinité qui intervienne. Dans l’un, les dieux agissent à la manière des hommes : ils portent euxmêmes les coups ; ils poussent des cris qui font retentir le ciel et la terre ; ils arrachent aux guerriers leurs armes brisées. Dans l’autre, Minerve n’agit guère que par des inspirations secrètes, ou du moins d’une manière mystérieuse et invisible. Au lieu de ces combats, indignes de la majesté céleste, et que décrit si complaisamment le chantre d’Achille, le poète qui célèbre Ulysse ne nous a b
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Od. VI, 42–461. Ib. 329–3312. Les vers indiqués par BC renvoient à la description de l’Olympe comme demeure des dieux lumineuse et soustraite aux vents. Od. VI, 329–331. Les derniers vers du chant VI, où la protection d’Athéna se fait plus discrète, tant celle-ci semble craindre la réaction furieuse de Poséidon, aveuglé par sa haine d’Ulysse. Il est vrai que ce rappel est elliptique, comparé à Il. V ou Il. VI.
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montre qu’une seule fois, comme tradition et non comme action de son poème, un guerrier téméraire défiant Apollon ; mais il n’y a pas même de lutte ; l’adversaire du Dieu périt sans résistance : il est châtié plutôt que vaincu a. Quand les immortels, dans l’Iliade, veulent se dérober aux regards, ils sont obligés de s’entourer d’un nuage : leur nature est d’être vus ; le prodige est de ne l’être pas. Souvent on les reconnaît malgré leurs efforts. Minerve, lorsqu’elle descend du ciel, est aperçue par les Grecs et par les Troyens ; et pour n’être pas vu de Patrocle, Apollon s’enveloppe d’épaisses ténèbres. Mais dans l’Odyssée, Homère dit qu’il est impossible de reconnaître un dieu contre sa volonté. Ainsi à cette seconde époque, la nature des dieux est d’être invisibles : il faut un prodige pour qu’ils se laissent voir. Thétis, dans l’Iliade, est forcée par Jupiter d’épouser Pélée b. Dans l’Odyssée, les dieux désapprouvent les mariages des déesses avec les mortels c : le mélange de ces deux races leur paraît une mésalliance inconvenable. Jupiter défend à Calypso d’épouser Ulysse, et foudroie Jasion pour avoir contracté avec Cérès un hymen ambitieux. Ces différences entre les deux épopées d’Homère pourraient fournir beaucoup d’objections contre le tableau que nous avons tracé du premier polythéisme de la Grèce ; mais, si elles s’étendaient encore à d’autres objets que la religion, au lieu de compliquer ce problème, elles le résoudraient : car elles indiqueraient dans l’état social un chan gement qui expliquerait celui de la forme religieuse. Examinons donc l’Odyssée sous ce point de vue. On y démêle, à ce qu’il nous semble, le commencement d’une période qui tend à devenir pacifique, les premiers développements de la législation, les premiers essais du commerce, la naissance des relations amicales ou intéressées des peuples entre eux, lorsqu’ils remplacent, par des transactions de gré à gré, la force brutale, et par des échanges librement consentis, les conquêtes et les spoliations violentes. a b c
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Od. VIII, 222–2281. Il. XVIII, 432–4402. Od. V, 118–1193. Euryte défia Apollon au tir à l’arc et fut aussitôt tué, Od. VIII, 227–228, comme si Apollon refusait d’engager un combat contre lui, tant la disproportion des dieux et des hommes était devenue manifeste. La conjonction des mortels et des dieux est contrainte par les dieux dans Il. XVIII, 432–440 (sehr unwillig ... zwang, v. 434 pour Voß, Homers Ilias von Johann Heinrich Voss, dritte verbesserte Auflage, Tübingen : Cotta, 1806). C’est la raison pour laquelle Ulysse doit reprendre sa route et laisser Calypso (après sept années en sa compagnie toutefois) pour suivre son destin de mortel, Od. V, 118–119.
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Le soulèvement des habitants d’Ithaque contre Ulysse, après le meurtre des prétendants a, décèle un germe de républicanisme, un appel aux droits des peuples contre leurs chefs, et tout ce que nous trouverons plus clairement dans Hésiode, comme nous l’avons déja indiqué. L’un des traits caractéristiques de l’Odyssée, c’est une curiosité, une avidité de connais sances, preuves du repos et du loisir dont on entrevoyait l’aurore. C’est comme ayant beaucoup appris, observé les mœurs de beaucoup de peuples, qu’Ulysse nous est annoncé. Il prolonge ses voyages et brave mille périls pour s’instruire ; l’éloge de la science revient fréquemment, et ce sentiment s’incorpore aux fables mêmes. Atlas, père de Calypso, portant sur ses épaules les colonnes qui séparent les cieux de la terre, connaît ce que contiennent les profondeurs de la mer. Calypso elle-même donne à Ulysse des leçons d’astronomie, et les Sirènes sont représentées comme séduisantes, principalement parce que leurs chants sont instructifs. Pour satisfaire cette soif d’apprendre les merveilles des pays lointains, l’auteur de l’Odyssée recueille de toutes parts les récits mensongers des voyageurs, et les insère dans son poème. De là cette Circé, modèle plus naïf d’Armide et d’Alcine1 ; ces Cyclopes, rattachés à la mythologie par leur descendance de Neptune ; ces Lestrigons, dont on retrouve des traces dans les fragments des premiers historiens grecs2. Ces traits désignent manifestement l’époque à laquelle l’homme, encore assez jeune pour tout imaginer, assez enfant pour tout croire, est déja néanmoins assez avancé pour vouloir tout connaître ; époque évidemment postérieure à celle de l’Iliade, où les Grecs, occupés des intérêts immédiats de leur propre vie, et consumant leurs forces dans l’attaque et la défense, regardaient à peine autour d’eux. L’état des femmes, dont le rang marche toujours de pair avec la civilisation, est décrit tout différemment dans l’Odyssée que dans l’Iliade. Arété, femme d’Alcinoüs, exerce l’influence la plus étendue sur son mari et sur les sujets de son mari b. La pudeur délicate de Nausicaa, sa susceptibilité a b
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XXIV3. VII, 65–774.
Armide et Alcine sont, comme Circée, des magiciennes. Alcine est la magicienne de l’Orlando furioso de l’Arioste (1532), Armide est celle de la Gerusalemme liberata du Tasse (1581), habitant dans l’île enchantée où elle ensorcèle Rinaldo (XIV, 57–70). Thucydide a cherché à donner une localisation de ce peuple en Sicile représentant une société primitive, proches des cyclopes (Guerre du Péloponnèse VI, 1, 2). BC évoque les troubles qui ont suivi le massacre à Ithaque, Od. XXIV, 412–547. Curieusement, si l’on songe à ses propres idées politiques, la traduction de Voß n’accentue pas le thème républicain en écrivant, v. 415 : «Und nun erhuben sich alle, und sammelten hierher und dorther» (alors que Jaccottet par exemple utilise le mot de citoyens : «alors de toute part accoururent les citoyens»). Sur Areté, épouse d’Alcinoos, Od. VII, 74 : «et sa bonté apaise les querelles, même entre hommes» (Jacottet).
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raffinée, impliquent une société assez perfectionnée. La crainte qu’elle exprime de prononcer le mot de mariage devant son père a, sa description de la médisance, et, si nous osons employer l’expression propre, du commérage des Phéaciens b, devant lesquels elle n’oserait traverser la ville avec un étranger, prouvent une observation fine et réfléchie des relations sociales, dans un état pacifique et policé. Homère, dira-t-on peut-être, ayant à peindre dans la nation phéacienne un peuple commerçant, a fait habilement ressortir les particularités qui devaient distinguer les mœurs d’un tel peuple des mœurs guerrières de la Grèce. Mais Homère avait eu de même à décrire dans l’Iliade un peuple plus civilisé, moins exclusivement belliqueux que ses compatriotes, et il ne voit jamais que le côté fâcheux de ce progrès de l’état social ; il parle toujours des Troyens comme d’une race efféminée. C’est au contraire avec une complaisance approbative que la civilisation phéacienne est décrite dans l’Odyssée. L’admiration ou plutôt la surprise que montre l’Homère de l’Iliade pour le luxe de Troie, est celle d’un homme encore peu accoutumé à ce luxe : mais le chantre d’Ulysse en a l’habitude, il l’apprécie et l’admire. La fin du sixième livre de l’Iliade, les adieux d’Andromaque et d’Hector c, sont le seul endroit où l’amour conjugal soit peint sous des couleurs touchantes : mais c’est l’amour conjugal au désespoir, entouré de toutes les horreurs de la guerre, en proie à toutes les agitations d’une situation sans ressource ; ce n’est pas le bonheur domestique, résultat de l’ordre et de la tranquillité que les lois garantissent. Dans l’Odyssée, la prudente Pénélope, au milieu de sa douleur, dirige sa maison, et ne se livre à ses regrets que lorsque, après avoir partagé le travail entre ses femmes, et vaqué à tous les soins du ménage, elle rentre dans son appartement solitaire, pour baigner de a b c
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Od. VI, 66–671. Od. VI, 273–2852. Il. VI, 374–5023. Sur la pudeur de Nausicaa, Od. VI, 66–67 : «Also sprach sie, und schämte sich, von der lieblichen Hochzeit vor dem Vater zu reden» (Voß) («Ainsi dit-elle, elle eût rougi de parler à son père de la fête des noces», Jaccottet). Sur les commérages des Phéaciens, Od. VI, 273–274 : «Siehe, da mied ich gern die bösen Geschwätze, daß Niemand Uns nachhöhnte ; man ist sehr übermutig im Volke !» (Voß) («Je crains leur langue sans douceur et leurs critiques par-derrière : on est plein d’insolence en ce pays !», Jaccottet). BC pouvait difficilement manquer d’évoquer ce passage célèbre des adieux d’Hector à Andromaque tenant sur son sein leur petit Astyanax, qui paraît massivement contredire sa thèse et ne semble pas, dans sa tendresse et son sentiment vrai, avoir véritablement son pendant dans l’Odyssée. «Hector sourit en silence en le regardant [son fils Astyanax], tandis qu’Andromaque s’approche, versant des larmes, saisit la main de son époux» (L’Iliade d’Homère, traduction d’Anne Dacier, Paris : Lefevre, 1841, p. 148).
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pleurs la couche nuptiale. Et notez bien qu’à l’exception de cette Pénélope, toutes les femmes grecques des temps héroïques, Ériphyle, Hélène, Clytemnestre, Phèdre, se rendent coupables d’assassinat, de trahison, d’adultère. Pénélope est la transition de cet état violent et barbare à un état plus moral, plus doux, et par conséquent postérieur au premier, puisqu’il le remplace. Euryclée elle-même, nourrice fidèle et surveillante attentive, constate, par les égards dont on l’environne, bien qu’elle soit d’un rang subalterne, l’importance attachée à l’administration des femmes dans l’état de société, qui est celui de l’Odyssée. Hélène qui, dans l’Iliade, se borne à gémir de ses fautes et à en commettre, paraît dans l’autre épopée avec une dignité qui fait oublier ses égarements. Pour prouver que l’état des femmes n’avait point changé durant l’intervalle des deux poèmes, citera-t-on la destinée des captives a et le discours impérieux de Télémaque à sa mère b, discours dans lequel on a voulu trouver une preuve de l’état subordonné des femmes grecques ? Mais on s’est fort exagéré le sens de quatre vers, dictés évidemment par une circonstance extraordinaire. Télémaque, excité par Minerve, qui lui a laissé deviner en le quittant qu’elle était une déesse c, veut partir à l’insu de Pénélope : il est troublé par cette résolution, il parle, dans son trouble, avec l’intention d’écarter sa mère qui pourrait mettre obstacle à ses desseins. Sa conduite est une exception dans une conjoncture inaccoutumée. Le poète lui-même ajoute que Pénélope en fut étonnée d ; et dans tout le reste du poème, le fils d’Ulysse a pour sa mère la plus grande déférence. Elle commande dans son palais : il est obligé de prendre des précautions pour s’éloigner d’Ithaque sans son aveu e. Elle paraît au milieu des prétendants, et elle y paraît comme la maîtresse de la maison qu’ils dévastent. Il y a même deux vers qui prouvent qu’elle exerçait sur son fils une autorité positive. Elle n’a a b c d e
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Od. I, 356–3601. Il. VI, 454. Od. VIII, 526–5302. Od. I, 271, 3053. Od. I, 3604. Od. II, 248–3775. Passage qui évoque la dure condition des suivantes, Od. I, 356–360. BC pense sans doute à un commentateur d’une de ses sources allemandes sur la condition des femmes en Grèce, peut-être à Meiners. Mais il n’est pas improbable que Mme de Staël soit pour quelque chose dans les conceptions du rôle du statut des femmes comme indice du niveau de civilisation. Ce ne serait la première fois que BC suivrait ses suggestions. Il faut comprendre «271–305». «Staunend kehrte die Mutter zurück in ihre Gemächer» (Voß) («Stupéfaite, la reine regagna sa chambre», Jaccottet). Télémaque quitte Ithaque sans l’autorisation de Pénélope.
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jamais permis, dit Euryclée, qu’il commandât aux femmes esclaves a. Si cependant il avait succédé, en sa qualité de chef de famille, à tous les droits de son père, il aurait eu sur les esclaves des deux sexes la même puissance qu’Ulysse qui les fait punir de leur inconduite. Tout cet ensemble aurait dû éclairer les lecteurs de l’Odyssée sur le sens de quatre vers, qui tendraient à rejeter Pénélope dans des relations subordonnées à l’égard de son fils ; mais on n’a trouvé, la plupart du temps, dans les écrits des anciens, que ce que l’on croyait d’avance devoir y trouver. La destinée des femmes esclaves est sans doute la même dans les deux poèmes. Les lois de la guerre, plus rigoureuses que les usages de la paix, sont aussi plus lentes à se modifier. Lors même que les rapports des citoyens entre eux s’adoucissent, il est assez naturel que l’antique barbarie envers les ennemis se prolonge. Cependant la destinée des femmes captives est décrite dans l’Odyssée d’une manière plus pathétique que dans l’Iliade. Cette différence ne prouve-t-elle pas une amélioration dans les mœurs domestiques, amélioration qui, par une compensation fâcheuse, avait rendu plus terrible le sort des prisonnières ? Plus leur existence était heureuse au sein de leur famille, plus l’esclavage devait leur être odieux, Plus leurs époux commençaient à leur assigner un rang honorable, plus elles devaient éprouver de répugnance à prodiguer leurs charmes aux ravisseurs arrogants qui les regardaient comme une conquête. Briséis, dans l’Iliade, Briséis, dont Achille avait tué le père, s’attache à son vainqueur, sans remords et sans scrupule ; tandis que l’Odyssée nous montre une femme prisonnière, qu’on fait avancer à force de coups : et ce traitement rigoureux suppose dans l’infortunée une résistance dont l’Iliade n’offre pas d’exemple. Nous irons plus loin. L’on aperçoit dans l’Odyssée, non-seulement la démonstration d’un changement dans l’état des femmes, mais les effets de ce changement. On y découvre tout à-la-fois, et ses avantages, plus de douceur, plus de charme, plus de félicité intérieure, et ses inconvénients qui sont d’une époque encore postérieure aux avantages. Ceci demande peutêtre une explication. L’accroissement de l’influence des femmes a pour conséquence naturelle d’occuper plus habituellement les hommes de leurs rapports avec ces coma
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Les vers Od. XXII, 426–427, portent sur le rapport fils-mère : «Zwar seit kurzem erwuchs Telemachos ; aber die Mutter Wollte nimmer gestaten, daß er den Mägden beföhle» (Voß) («Télémaque est un homme depuis peu, sa mère ne lui permettait pas de faire la loi aux servantes», Jaccottet).
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pagnes de leur vie, qui ont pris dans l’état social une place plus importante. Il en résulte que l’amour est envisagé d’une manière plus détaillée, plus nuancée qu’auparavant, et que les points de vue sous lesquels on le considère se diversifient. Parmi ces points de vue, il en est un, qui fait de l’amour une chose légère, frivole, plus ou moins immorale, et prêtant à la plaisanterie. On ne tourne les yeux vers celui-là qu’après avoir épuisé les autres. Les peuples qui ont des mœurs entièrement grossières traitent l’amour sans délicatesse, mais ne plaisantent point sur l’amour. Toutes les fois que vous trouvez dans un écri vain des plaisanteries à ce sujet, soyez sûr qu’il vivait parmi des hommes déja plus ou moins civilisés. Or, vous rencontrez des traits semblables dans l’Odyssée, tandis que dans l’Iliade vous n’en apercevez aucune trace. L’histoire des amours de Mars et de Vénus, tradition postérieure à celle de l’Iliade, pour le dire en passant, car ici Vulcain n’a pas Vénus, mais Charis pour femme a, jette sur le mari trompé une teinte de ridicule. L’infidélité d’Hélène est traitée bien plus solennellement. Ménélas est outragé, mais personne ne cherche dans cet outrage un sujet de moquerie. Le Mercure de l’Odyssée, plaisantant avec Apollon sur le sort de Mars qu’il envie, est un petit-maître dans une société déja corrompue b. Les peuples barbares con sidèrent le plaisir plus gravement. C’est avec beaucoup de sérieux qu’Agamemnon déclare aux Grecs assemblés qu’il destine Chryséis
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Il. XVIII, 382. Lucien, dans son 15e dialogue des Dieux, donne tout à-la-fois Vénus et Charis pour femmes à Vulcain, celle-ci à Lemnos, l’autre dans l’Olympe. C’est que Lucien se plaisait à relever les contradictions d’Homère, et que d’ailleurs de son temps l’indifférence pour la religion confondait toutes les traditions sans s’en mettre en peine1. Lucien, dans le 20e de ses Dialogues des Dieux, a imité Homère, en présentant Vénus et Mars surpris par Vulcain, et les dieux riant de l’époux trompé ; mais ce tableau était plus adapté au siècle de Lucien qu’à celui de l’Iliade : aussi n’en est-il question que dans l’Odyssée.
Lucien a mis en scène les différentes amours des habitants de l’Olympe, notamment dans ses Dialogues des dieux, qui contiennent parfois, au-delà de leur impertinence, des indications mythologiques précieuses (Lucien, de la traduction de N. Perrot d’Ablancourt, t. I, Amsterdam : Mortier, 1709). Les amours de Vénus et Mars, surpris par Vulcain, a fait l’objet d’une vaste tradition iconographique (Botticelli, Tintoret, Luca Giordano ... ), elle est effectivement une scène d’alcôve propre à soutenir l’argumentation de BC sur la différence morale entre les deux poèmes.
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à son lit, parce qu’il la trouve plus belle que Clytemnestre a : c’est sans aucun mélange de plaisanterie que Thétis propose à son fils au désespoir de la mort de Patrocle, de se distraire par la possession d’une belle femme b. Les caractères qui sont communs à l’Iliade et à l’Odyssée frappent encore un œil attentif par d’autres différences, et ces différences sont toujours progressives. Dans les deux poèmes, l’hospitalité est un devoir sacré : mais l’hospitalité dans l’Odyssée a quelque chose de plus doux, de plus affectueux. Il n’y a que de la loyauté dans l’hospitalité de l’Iliade : il y a de la délicatesse dans celle de l’Odyssée. Ce n’est pas tout : ces deux poèmes ne se distinguent pas seulement sous le rapport mo ral, ils sont dissemblables aussi sous le rapport littéraire ; et leurs dissemblances indiquent, comme les précédentes, deux époques d’une civilisation croissante. L’unité de l’action, qui la rend plus simple et plus claire ; la concentration de l’intérêt, qui le rend plus vif et plus soutenu, sont des perfectionnements de l’art. Ces perfectionnements sont étrangers à l’Iliade c. a b c
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Il. I, 31, 112–1151. Il. XXIV, 1302. On a, sur la foi d’Aristote, vanté beaucoup l’unité de l’Iliade3. Ce critique célèbre a de la sorte induit, sans le prévoir, ses copistes modernes dans une erreur grave. Certes, il était loin de prétendre que l’Iliade ne contenait rien qui ne fût conforme à cette unité, et que l’intérêt ne divergeât pas fréquemment. Il voulait simplement distinguer les poèmes homériques des poèmes cycliques (voyez sur ces poèmes, dont au reste nous avons déja parlé, FABRICII Bibl. græc. I4 ; et HEYNE, ad Virg. Æn. II, EXCURS. I5 ; et sur le manque complet d’enLe discours d’Agamemnon à Calchas (Il. I, 112–115) est en effet fort clair : «Présentement tu viens de déclarer aux Grecs que le dieu aux flèches inévitables nous accable de maux, parceque je n’ai pas voulu recevoir la magnifique rançon de la jeune Chryséis : en effet, j’aime beaucoup mieux la garder, et je la préfère même à la reine Clytemnestre, ma femme ; aussi ne lui est-elle inférieure ni en beauté, ni en esprit, ni en adresse pour les beaux ouvrages» (traduction d’Anne Dacier, pp. 20–21). Il. XXIV, 30 : «Gut wär’ es, ein blühendes Weib zu umarmen» (Voß). Aristote, Poétique 23–25, sur l’épopée et le type d’unité qui lui revient. Aristote ne pose pas dogmatiquement l’unité de l’Iliade mais explique au contraire comment Homère a choisi de traiter un aspect de la guerre sous forme d’épisode, Poétique 1559a. Johann Albert Fabricius (1668–1736), philologue et érudit, a compilé d’importants pans du savoir antique dans ses séries de la Bibliotheca græca (1705–1728) et Bibliotheca latina (1734–1746). Voir Bibliotheca græca, sive notitia scriptorum veterum græcorum quorumcumque monumenta integra, aut fragmenta edita exstant, t. I : Liber I. Accessit Empedoclis sphæra, & Marcelli Sidetæ carmen de medicamentis e piscibus, Hamburgi : apud Christiani Liebezeit, 1705. Le Livre I porte sur les écrits antérieurs à Homère, présentés dans l’ordre alphabétique. L’excursus du commentaire à l’Enéide I, 51–52 (Nimborum in Patriam) de Heyne porte sur les ˆIles Eoliennes, repaire du dieu Eole, chez Homère, Quintus et Virgile. C’est l’occasion de suggérer que des imitations des poètes cycliques ont pu être faites par Virgile, voir
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L’action n’y est point une ; l’intérêt se divise dès les premiers livres : chaque héros brille à son tour. Diomède, Ulysse, les deux Ajax, le vieux Nestor et le jeune Patrocle partagent avec Achille notre attention indécise. Nous oublions souvent cet Achille, oisif dans sa tente, pour suivre au combat ses compagnons d’armes qu’il abandonne. Il y a des livres entiers où son nom est à peine prononcé ; il y en a qu’on pourrait retrancher sans que le lecteur s’en aperçût a.
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semble dans ces poèmes, WOLFF, Proleg., p. 126) : ces poèmes n’avaient ni plan, ni but, ni marche régulière, ni développements progressifs et gradués1. Mais il en serait autrement, qu’une considération puissante devrait nous engager à ne pas croire sur parole un écrivain qui cherchait des appuis pour une doctrine adoptée d’avance. L’unité était au premier rang des principes qu’Aristote voulait faire triompher. Il trouvait les poèmes homériques déja réunis en deux corps d’ouvrage. Ils étaient à juste titre l’objet de l’admiration des Grecs ; il les prenait pour servir d’exemple et de démonstration en faveur de sa doctrine. Il devait la chercher et par là même la trouver dans les deux épopées nationales. Cette nécessité l’a rendu indulgent sur beaucoup de points. C’est une sorte de faiblesse, ou, pour mieux dire, d’inflexion assez naturelle à l’esprit humain, et à laquelle les plus grands génies n’échappent qu’avec peine. Aujourd’hui que nous sommes convenus de regarder l’Iliade, telle que nous l’avons, comme complète, nous traitons le supplément d’Homère par un poète postérieur, de tentative ridicule et hasardée, et nous trouvons tout ce que ce dernier raconte inutile et déplacé. Nous en dirions autant si l’Iliade avait fini au retour d’Achille à l’armée, et là se terminait le sujet annoncé par le poète dans l’exposition. Si nous lisions dans Quintus de Smyrne la Théomachie, les jeux près du tombeau de Patrocle ou les funérailles d’Hector, nous rejetterions ces additions, la première comme contraire à la mythologie du reste du poème, la seconde comme retraçant les mœurs d’une autre époque, la troisième comme d’un style traînant et tout-à-fait indigne de l’épopée. Si l’énumération de l’armée ne faisait point partie de notre Iliade, et qu’on voulût l’y insérer, on se récrierait sur l’absurdité de placer ce froid catalogue dans un poème épique ; et il serait facile de démontrer qu’il peut appartenir à l’histoire, mais doit rester étranger à la poésie2. Heyne, P. Virgilii Maronis Opera varietate lectionis et perpetua adnotatione illustrata a Chr. Gottl. Heyne, tomus secundus : Æneidis, lib. I-VI, Lipsiæ : Sumtibus Caspari Fritsch, 1771, Excursus I, p. 106. Wolf, dans ses Prolegomena ad Homerum ch. XXIX (Homeri Opera Omnia ex recensione Frid. Aug. Wolfi, tomus prior : Prolegomena ad Homerum sive de operum homericorum prisca et genuine forma variisque mutationibus et probabili ratione emendandi, Halis Saxonum : E libraria orphanotropei, 1795 ; voir notre Introduction, ci-dessus, pp. 72–77), indique que les épopées cycliques ne présentent pas un développement entièrement cohérent, mais que suivant Aristote, l’Iliade tisse davantage ses épisodes autour d’une action principale. BC conteste ce point de vue. Il reprend le contenu de la note de Wolf, qui contient les renvois à la Bibliothèque grecque de Fabricius et au commentaire de Heyne sur l’Énéide. Il suit ainsi Wolf et ses sources sur les poètes cycliques. Les cycles, explique Wolf, étaient une collection de plusieurs épopées (collectio [...] multorum εÆ πω Ä ν) : chants cypriens, généalogies des dieux et des héros, dionysiaques, thébaïdes, épigones, naupactiques. Chez ceux-ci, jamais un héros ou une action unique traitée en épisodes comme dans l’Iliade (in nullo unam vel primariam actionem, episodiis as modum Iliados intertextam deprehendes). BC reprend la fin du ch. XXIX de Wolf, Prolegomena, pp. 128–129 : «Catalogum copiarum
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Enfin, l’objet de notre sympathie la plus habituelle, c’est Hector : et si d’un côté nous sommes entraînés par le talent du poète à désirer la prise de Troie, nous éprouvons de l’autre une sensation constamment pénible, en voyant, dans le défenseur de cette cité malheureuse, le seul caractère auquel tous nos sentiments délicats et généreux se puissent allier sans mélange. Ce défaut, car c’en serait un, si le poète avait eu pour but de former un tout consacré seulement à célébrer la gloire d’Achille ; ce défaut, disons-nous, a tellement frappé des critiques, qu’ils ont attribué à Homère l’intention d’élever les Troyens fort au-dessus des Grecs ; et la pitié qu’il cherche à exciter pour le malheur des premiers leur a paru confirmer cette opinion. Elle est toutefois démentie par les passages où le poète parle, nous ne dirons pas en son propre nom, car ce n’est jamais le cas, mais dans une forme descriptive, plus propre à laisser percer le penchant secret de l’auteur, que la forme narrative ou dramatique. Ainsi, par exemple, dans la peinture du premier combat que livrent les Grecs, leur profond silence, l’ordre de leur marche, la régularité de leurs mouvements, sont mis en opposition avec le tumulte, les cris presque sauvages, le désordre et l’indiscipline de l’armée troyenne. Mais si l’Iliade manque d’unité, elle s’élève au-dessus de tous les ouvrages sortis de la main des hommes par un accroissement continuel d’intérêt, de vivacité, de grandeur et de force, depuis son commencement jusqu’à sa fin, quelques épisodes exceptés. Le mouvement devient toujours plus impétueux, les passions violentes, les figures plus colossales, l’action des dieux plus merveilleuse et plus gigantesque. Ce genre de mérite est bien supérieur, comme l’observe un homme de beaucoup d’esprit a et profondément versé dans ces sortes de recherches, à cette régularité mécanique qui s’astreint à tout subordonner à un seul but ; mais cette admirable progres-
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A. W. SCHLEGEL, dans son Cours de Littérature1.
si non legeremus Il. B., illa nihil, puto, omissum quereretur ; forsitan adeo eam partem historici, non poetæ esse docuisset, ridendumque esse, qui heroum notitiam absque ea mancam existimaret» (Si nous ne lisions pas le catalogue des Vaisseaux en Iliade II, on ne se plaindrait pas que rien ait été omis ; peut-être qu’on a enseigne´ que cette part était le fait d’un historien et non d’un poète et qu’il serait ridicule de penser que notre connaissance des héros aurait été lacunaire en son absence). BC renvoie au Cours de littérature classique donné par August Wilhelm Schlegel en 1802– 1803. La 8e leçon porte sur l’épopée homérique, les 9e et 10e sur l’Iliade. Schlegel résume l’état de la question homérique jusqu’à Wolf, évoque les poètes cycliques. BC paraphrase un passage de la 9e leçon, Geschichte der klassischen Literatur (Kritische Schriften und Briefe, t. III, hrsg. von Edgar Lohner, Stuttgart : Kohlhammer, 1964, p. 112). L’unité mécanique est à mettre au compte des poéticiens français, à commencer par l’abbé Batteux (Les
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sion ne ferait-elle pas soupçonner une succession de Bardes, dont chacun aspirait à surpasser ses prédécesseurs ? Le caractère de l’Odyssée, au contraire, est une unité constante et parfaite. Non-seulement tout s’y rapporte au retour d’Ulysse, mais le poète, en nous attachant, dès le premier livre, à Télémaque et à Pénélope qu’il nous montre faibles, sans défense, opprimés par les prétendants, nous force, dès l’entrée du poème, à faire des vœux pour l’arrivée du père et de l’époux qu’ils attendent et qui seul peut les délivrer. Nous désirons cette arrivée, et par l’intérêt que nous inspire la jeunesse du fils, et par le respect que nous commande le noble caractère de la mère, et par la haine que nous éprouvons contre la tourbe intempérante et brutale de leurs grossiers persécuteurs. L’art supérieur qui brille dans l’Odyssée est encore remarquable dans quelques circonstances moins importantes, mais qui méritent d’être relevées. Les répétitions sont évitées bien plus soigneusement que dans l’Iliade. Ulysse, chez Alcinoüs, arrivé à l’endroit de ses voyages, que le poète a rapportés dans le livre précédent, s’interrompt, afin de ne pas dire une chose déja dite. En général, l’idée de faire commencer le poème au milieu de l’action, pour donner au héros l’occasion de raconter ses aventures, et pour varier le ton du récit, est un progrès de l’art : tous les écrivains postérieurs ont suivi cette méthode. Ainsi, d’une part, l’art du poète est plus exercé dans l’Odyssée ; de l’autre, la poésie de l’Iliade est plus éclatante, indice d’une époque plus jeune et plus vigoureuse.
Beaux arts réduits à un même principe, Paris : Durand, 1766), déjà pris en considération par Wolf au chap. XXIX des Prolegomènes.
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Livre VIII, Chapitre II – Question qui résulte des observations ci dessus
Chapitre II. Question qui résulte des observations ci-dessus.
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Toutes ces différences sont-elles suffisamment résolues par l’opinion que Longin nous a transmise1, et qui suppose que l’auteur de l’Iliade, jeune ou dans la force de l’âge, lorsqu’il écrivait son premier poème, a composé l’Odyssée dans sa vieillesse ? Nous ne le pensons pas. Il ne s’agit point, dans la question présente, de plus ou moins de hardiesse dans la conception, d’éclat dans les couleurs : il s’agit d’une opposition fondamentale dans le système entier des deux épopées, relativement à la religion, aux mœurs, aux usages, à l’état des femmes, à la vie civile et même politique. Aucun individu, jeune ou vieux, ne secoue le joug de son siècle. Quand ce siècle a fait des progrès, on imite le passé, mais on n’est plus animé de son esprit. Les impressions de l’atmosphère qui nous environne deviennent une partie de nous-mêmes ; elles s’identifient avec notre existence ; chacune de nos paroles en est pénétrée. La connaissance des monuments, des opinions anciennes, est de l’érudition : l’érudition nous éclaire sans nous inspirer ; elle nous fournit des développements plus ou moins heureux, des rapprochements plus ou moins habiles, des allusions, des contrastes ; mais ces choses sont imprégnées du temps et des mœurs contemporains. Voyez Virgile, il s’est nourri d’Homère, il a étudié les traditions étrusques : il n’est toutefois ni Grec ni Toscan ; c’est un Romain, courtisan d’Auguste. Nous osons le dire, il n’eût pas été plus possible a` l’Homère de l’Odyssée de composer l’Iliade, qu’à un Hébreu d’Alexandrie d’écrire les Psaumes ou le livre de Job2. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 4725, fo 57. [=GM] Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 434–437. 1
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Longin, Traité du sublime ou du merveilleux dans le discours, traduit par Boileau (Boileau, Œuvres diverses, Paris : Veuve de la Côte, 1674, ch. 7, p. 23 : «De là vient à mon avis, que comme Homère a composé son Iliade durant que son esprit était en sa plus grande vigueur, tout le corps de son ouvrage est dramatique et plein d’action : au lieu que la meilleure partie de l’Odyssée se passe en narrations, qui est le génie de la vieillesse ; tellement qu’on le peut comparer en ce dernier ouvrage au soleil quand il se couche, qui a toujours la même grandeur, mais qui n’a plus tant d’ardeur ni de force»). BC livre ici une déclaration d’historisme tel que celui-ci s’était imposé avec une radicalité diverse chez Herder, Heyne ou Eichhorn. Chez lui, il reste ordonné à la perspective générale
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Nous sommes donc forcés de consacrer quelques pages à l’examen d’une autre hypothèse. Malgré nos efforts pour abréger cette digression, elle semblera peut-être trop longue : mais les poèmes attribués à Homère sont les seuls qu’on puisse citer comme des monuments historiques. Tous les poètes qui écrivent à une époque avancée de la civilisation écrivent pour faire effet. Ils connaissent le goût de leur temps : ils ont devant eux le trésor des temps passés : ils y puisent à leur convenance, selon le but qu’ils se proposent, plusieurs sans discernement, tous sans exactitude. Les plus fidèles se bornent à embellir les mœurs qu’ils décrivent. Mais embellir, c’est dénaturer. La date de leurs ouvrages n’est donc qu’une question de pure littérature. Cette date donne des lumières sur l’état des lettres à l’époque où ces auteurs écrivaient, mais nullement sur la vérité de leurs tableaux, s’ils parlent d’un siècle qui n’est pas le leur. Placez l’E´néide cent ans avant ou cent ans après sa véritable époque, vos idées seront changées sur le mérite littéraire de ce siècle ; mais vous saurez alors, comme à présent, qu’il ne faut point chercher dans l’E´néide la peinture des mœurs des Troyens. Il n’en est pas de même des poèmes homériques. L’Iliade nous représente exactement les mœurs d’un peuple tel que devaient être les Grecs contemporains de la guerre de Troie ; mais l’Odyssée nous transmettant des détails d’un genre très-différent, si vous supposez ces deux ouvrages écrits en même temps, ou n’étant séparés que par quel ques années, la fidélité de tous deux devient suspecte. La date des poèmes homériques n’est donc pas seulement importante sous le rapport de la critique, elle est décisive pour l’histoire de l’espèce humaine.
12–24 mais nullement ... humaine. ] le seul passage du livre VIII qui soit conservé sur un folio découpé du GM ; pertes du texte, mais pas de variantes dans les syntagmes attestés
de la «marche de l’esprit humain», évitant tout relativisme. Les critères sont déplacés du côté de la subjectivité à la fois morale et esthétique. En ceci, BC hérite du travail des Lumières anglo-écossaises et allemandes, qui ont articulé la conscience de l’historicité aux ` cet égard, la sensibilité valeurs éthico-religieuses d’un christianisme très désacralisé. A française, plus étrangère à cette problématique, est demeurée aussi plus longtemps éprise des représentations classicisantes.
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Livre VIII, Chapitre III – Composition et mythologie de l’Odyssée
Chapitre III. Que la composition de l’Odyssée, et par conséquent sa mythologie, sont d’une époque postérieure à celle de l’Iliade.
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S’il était prouvé que l’Iliade et l’Odyssée ne sont pas du même auteur, mais au contraire que l’Odyssée est d’un siècle postérieur et d’une époque de civilisation plus avancée que l’Iliade, toutes les différences que nous avons exposées dans le chapitre précédent s’expliqueraient sans peine. Voyons, en conséquence, si les monuments ou les écrivains de l’antiquité doivent nous faire rejeter cette opinion. Observons d’abord qu’elle n’est point nouvelle. L’authenticité des deux poèmes attribués à Homère a paru douteuse à des savants de tous les siècles a. On a voulu faire dépendre la solution de ce problème d’une question plus obscure encore, celle de savoir si, du temps d’Homère, l’art de l’écriture était en usage. a
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Les scholiastes de Venise disent expressément que plusieurs critiques anciens assignaient à ces deux poèmes des auteurs différents. Ces critiques formaient une secte assez nombreuse pour qu’on la désignât sous un nom particulier, on les appelait Chorizontes. (FRE´ D. SCHLEGEL, Hist. de la poésie grecque.) Sénèque (de Brev. vit. cap. 13) reproche aux Grecs de s’être livrés dans tous les temps à des recherches frivoles, et compte parmi ces recherches celles qui tendaient à déterminer si l’Iliade et l’Odyssée étaient l’ouvrage du même poète1. Établissement du texte : Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, pp. 438–471.
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C’est le grand mérite d’Ansse de Villoison (1750–1805) que d’avoir édité les scoliastes de Venise, ouvrant ainsi la voie à une réflexion renouvelée sur la composition et l’histoire des poèmes homériques. Envoyé en 1781 à la Biblioteca Marciana, il exploite un manuscrit méconnu, le codex 454 ou Venetus A, comprenant le texte de l’Iliade, des remarques marginales, des résumés des poèmes cycliques, mais surtout des séries de scolies d’Aristarque, de Didyme, ou encore de Nicanor. Villoison les ordonna pour en faire une édition, avec les scolies B du manuscrit 453, moins importantes. Villoison explicitait aussi le système diacritique des critiques alexandrins. Son édition Homeri Ilias ad veteris codicis veneti fidem recensita. Scholia in eam antiquissima ex eodem codice nunc primum edidit cum asteriscis, obeliscis, aliisque signis criticis, Joh. Baptista Caspar d’Ansse de Villoison, Venetiis : typis et sumptibus fratrum Coleti, anno MDCCLXXXVIII, se compose d’une préface (prolegomena, comme Wolf après lui), du texte et surtout des scolies, qui représentent plus des deux tiers de l’ensemble, fournissant un matériau précieux pour la correction du texte, aussitôt salué et reconnu dans toute l’Europe. S’il a fourni la matière à Wolf, ce dernier n’a pas partagé ses conclusions. – Chorizontes, littéralement les «séparateurs», c’est-à-dire les partisans d’une distinction des deux poèmes homériques comme relevant de deux auteurs différents. Voir Friedrich Schlegel, Geschichte der Poesie der Griechen und Römer, Berlin :
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Hérodote, à la vérité, fait remonter cette invention à Cadmus ; mais on sait qu’Hérodote, qui ne racontait que ce qu’il croyait vrai, adoptait sans examen comme vrai tout ce qui lui était raconté. Un savant moderne (WOLFF, Proleg. Homeri.) l’appelle ingénieusement l’ami zélé de la vérité, et le narrateur passionné des fables ; encore Hérodote ne rapporte-t-il ce fait que comme un bruit qu’il ne garantit en aucune manière, ως εμοι δοκειν. Il cite ailleurs trois épigrammes qu’il regarde comme voisines du temps de Cadmus, et dit les avoir copiées dans le temple d’Apollon Isménien : mais les meilleurs critiques reconnaissent dans ces épigrammes une imitation du style d’Homère. Eschyle indique Prométhée comme ayant inventé l’écriture : d’autres remontent jusqu’à Orphée, à Cécrops ou à Linus. Les Grecs aimaient à placer dans les siècles les plus reculés l’origine des arts, et ne distinguaient point leurs progrès successifs. Cependant Euripide, dans un fragment qui nous a été conservé par Stobée, appelle Palamède l’auteur de l’alphabet, ce qui rendrait cette découverte contemporaine de la guerre de Troie. Il n’est pas vraisemblable qu’Euripide eût, en plein théâtre, substitué Palamède à Cadmus, si cette hypothèse eût été contraire à l’opinion généralement reçue. Les Grecs
Unger, 1798, p. 178, qui, s’il insiste sur le rôle unificateur du travail des diascévastes, indique aussi le plein droit critique des chorizontes qui séparent et soulignent les difficultés et contradictions des poèmes. Schlegel envisage la poésie homérique des deux points de vue. «Ce fut jadis une maladie des Grecs de se demander combien de rameurs avait Ulysse, si c’est l’Iliade ou l’Odyssée qui a été écrite la première, puis si elles sont du même auteur, ou autres niaiseries de ce niveau» (Sénèque, De la brièveté de la vie, ch. XIII, 2, dans Entretiens. Lettres à Lucilius, édition établie par P. Veyne, Paris : R. Laffont, 1993, p. 278). Hérodote attribue l’invention de l’écriture à Cadmos et aux Phéniciens dans Histoires V, 58. Wolf qualifie Hérodote à la fois de «veri amantissimus» et de «fictorum cupidus narrator», Prolegomena XIV, p. 103. BC rapporte les informations rassemblées par Wolf sur l’origine de l’écriture. – Eschyle, Prométhée enchaîné, vv. 459–461. Wolf cite aussi un fragment d’Euripide, Palamède, dans Stobée, Florilège c. 81. Hérodote parle prudemment («Il me semble»). Wolf sur Hérodote, Prolegomena, p. 108, avec la note (Hérodote, Histoires, II, 116. Prolegomena, p. 76). Wolf se réfère à Flavius Josèphe, Contra Apion I, 2, qui soutient qu’Homère aurait composé de mémoire ses poèmes. BC cite ce passage plus loin p. 400, note b (F. Josèphe, Guerre des Juifs. Livres I-III (Contre Apion), traduction de René Harmand, révisée et annotée par Théodore Reinach, Paris : Ernest Leroux, 1911). – La discussion d’Apollodore sur Il. VI, 168 est reprise du chap. XVII des Prolegomena, notamment de la note sur εÆ πιστολη ν qu’il comprend comme εÆ ντολη ν, mandatum, et conforte son opinion en ce que le texte donne εÆ πιγνω Ä ναι (agnoscere, reconnaître) et non αÆ ναγνω Ä ναι, qui serait lire, au sens propre. Voir J. Svenbro, Phrasikleia, anthropologie de la lecture en Grèce ancienne, Paris : La Découverte, 1988. BC se contente de résumer les points essentiels de cette discussion qu’il trouve rassemblés chez Wolf. La conclusion de Wolf est qu’Hérodote situe l’apparition de l’écriture très en amont dans le temps, mais ses effets ont mis longtemps à se faire sentir (c’est ‘l’intervalle’ évoqué par BC). Wolf a posé les termes du problème appliqué aux poèmes homériques de façon rigoureuse, mais une interrogation se
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rait la question affirmativement, qu’il n’en résulterait aucune preuve en faveur de l’authenticité de ces poèmes. Premièrement, il n’en resterait pas moins douteux que leur auteur les eût écrits a. Qui ne conçoit les difficultés qui ont dû s’opposer à la dissémination de l’écriture, ou qui ont dû naître du manque de matériaux sur lesquels on pût écrire ? Quel intervalle n’a pas dû s’écouler entre quelques inscriptions grossièrement sculptées sur la pierre ou l’airain, et la rédaction écrite d’ouvrages d’une tout autre étendue ?
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étaient si peu avancés du temps de Cadmus, que la fable d’Amphion, bâtissant les murs de Thèbes au son de la lyre, lui est postérieure d’un siècle. Or cette fable est évidemment l’emblème des premiers efforts du génie social pour rassembler des sauvages. On trouve dans Homère plusieurs détails qui semblent annoncer que l’écriture n’existait pas de son temps. Tous les traités sont conclus verbalement, on n’en conserve le souvenir et les conditions que par des signes : et s’il y a deux passages d’où l’on a prétendu inférer l’usage des lettres, le premier peut s’entendre de caractères hiéroglyphiques gravés sur le bois, et le second servirait au besoin de preuve contraire. (Iliad. VI, 167, 168.) Voyez sur ce passage les notes de Heyne, et les Prolégomènes de Wolff, pag. 76. Apollodore, en parlant de l’anecdote de Bellérophon, se sert du mot εÆ πιστολη mandatum, et εÆ πιγνωναι, qui ne se prend jamais en grec pour le verbe lire1. Le mot επιγραϕας, qui se trouve dans ce passage, ne prouve absolument rien. La signification des mots change avec le progrès des arts. Le mot γραϕειν, du temps d’Homère, si gnifiait sculpter : rien de plus naturel. Les guerriers qui ont mis un signe dans le casque d’Agamemnon, pour que le sort décide de celui qui combattra contre Hector, ne reconnaissant pas le signe que le héraut leur présente, il est clair que ce n’était pas un nom écrit, car chacun aurait pu lire le nom de son compétiteur aussi bien que le sien, mais un signe arbitraire que celui-là seul qui l’avait déposé pouvait reconnaître. Eustathe dit formellement que du temps d’Homère, la découverte des lettres était très-récente. Les premières lois écrites des Grecs furent celles de Zaleucus, soixante-dix ans avant Solon. (STRAB. VI ; CICER. ad Attic. V. Scymnus Perieg, 313.) Les lois de Solon lui-même furent gravées, quatre siècles après Homère, sur des matières très-peu portatives2.
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faisait sentir sur la portée des grandes inventions techniques au fil du siècle, de Vico (Scienza Nuova, dont Michelet préparait la traduction pendant que BC corrigeait ce volume) à Rousseau (Discours sur les sciences et les arts, Essai sur l’origine des langues). Voir Bibliothèque d’Apollodore l’Athénien, traduction nouvelle par É. Clavier, Paris : Delance et Lesueur, an XIII – 1805, livre II , chap. III, § 1, pp. 136–137. Sur ce dossier nous renvoyons le lecteur à Clarisse Herrenschmidt, Les trois écritures. Langue, nombre, code, Paris : Gallimard, 2007, notamment pp. 102–124 sur l’alphabet grec. L’innovation majeure des Grecs réside dans la notation des voyelles.
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Il y a chez tous les peuples, comme le remarque un érudit célèbre a, un fait qui constate l’époque à laquelle l’usage de l’écriture devient général ; c’est la composition d’ouvrages en prose. Aussi long-temps qu’il n’en existe point, c’est une preuve que l’écriture est encore peu usitée. Dans le dénûment de matériaux pour écrire, les vers sont plus faciles à retenir que la prose, et ils sont aussi plus faciles à graver. La prose naît immédiatement de la possibilité que les hommes se procurent de se confier, pour la durée de leurs compositions, à un autre instrument que leur mémoire : or, les premiers auteurs en prose, Phérécide1, Cadmus de Milet, Hellanicus, sont bien postérieurs à Homère, puisqu’ils sont du siècle de Pisistrate b. Il se pourrait donc que les deux épopées homériques n’eussent été transmises, pendant un assez long espace de temps, que de souvenir c. La mémoire est une faculté qui se perfectionne à un point étonnant, lorsqu’on en a besoin, et qui se perd avec une rapidité extrême, lorsqu’elle est moins nécessaire.
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WOLFF, Prolegom., p. 692. Un savant français (M. de SAINTE-CROIX, Réfutation d’un paradoxe sur Homère) a voulu répondre à ce raisonnement. Les Grecs, dit-il, habitués à la poésie, n’ont pu se résoudre que lentement et avec répugnance à descendre jusqu’a` la prose, et leurs premiers prosateurs ont affecté un style poétique. Cette observation, fût-elle fondée, n’expliquerait point comment il se fait que ces premiers prosateurs soient tous séparés des épopées homériques par un intervalle de quatre cents ans3. Telle était l’opinion du temps de l’historien Josèphe. On assure, dit-il, qu’Homère ne fit jamais que réciter ses poèmes verbalement, et qu’ils ne furent rédigés dans leur forme actuelle que long-temps après. (JOSEPH. contr. Apion. I, 2, p. 4394.)
Phérécyde de Syros (VIe siècle av. J.-C.) figure chez Diogène Laërce comme le dernier des sages antérieurs à Socrate. Il passe pour l’inventeur de la prose. Cadmus aurait été un logographe du même siècle, Hellanicus du Ve siècle av. J.-C. L’invention de la prose suppose l’invention de l’écriture. BC résume l’ensemble du chap. XVII où Wolf reconstruit la logique liant l’écriture au passage à la prose et à la transformation des fonctions de la mémoire. C’est à Weimar que BC a regardé la «réfutation» de Sainte-Croix (1746–1809), Réfutation d’un Paradoxe littéraire de Mr. Wolf, Professeur en langue grecque, sur les Poésies d’Homère, Paris : Armand Koenig, 1798 et l’a jugée : «Réfutation bien française : il ne s’est pas donné la peine de réfléchir sur l’Iliade et l’Odyssée ; mais il a écrit pour la gloire d’Homère, le sot !» (23 janvier 1804). Voir J.I., OCBC, Œuvres, t. VI, pp. 48–49. Le début du Contre Apion de Flavius Josèphe offre des hypothèses sur l’introduction de l’écriture en Grèce et suggère qu’elle était inconnue aux temps de la guerre de Troie. Voir F. Josèphe, Contre Apion, traduction de R. Harmand, Paris : Ernest Leroux, 1911.
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L’exemple des Bardes, des Scaldes, des Druides a, des prophètes hébreux, des poètes Calédoniens, enfin des improvisateurs d’Italie, ne permet pas de révoquer en doute cette assertion. Les Sagas, ou traditions des Scandinaves, qui, de père en fils, avaient conservé dans leur mémoire des récits assez étendus pour qu’on en ait rempli des bibliothèques lorsque l’art d’écrire est devenu commun en Scandinavie, servent à nous faire concevoir la possibilité d’une conservation orale des poèmes homériques. L’histoire entière du Nord, dit Botin b, était rédigée en poèmes non écrits. Notre vie sociale, a
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Magnum numerum versuum ediscebant (Druidæ) litteris non mandatorum. CÆS. de B. G. VI, 14. POMP. MEL. III, 21. Histoire de Suède, ch. 8. Il y a encore de nos jours, dans la Finlande, des paysans dont la mémoire égale celle des rhapsodes grecs. Ces paysans composent presque tous des vers, et quelques-uns récitent de très-longs poèmes, qu’ils conservent dans leur souvenir, en les corrigeant, sans jamais les écrire. (Rüh Finland und seine Bewohner2) Bergman (Strei-
Jules César à propos des Druides, De Bello Gallico VI, 14 : «Magnum [ibi] numerum versuum ediscere dicuntur» («On dit qu’ils pouvaient retenir un grand nombre de vers par cœur»). «Itaque annos nonnulli vicenos in disciplina permanent» («C’est pourquoi l’apprentissage de certains dure une vingtaine d’années»). «Neque fas esse existimant ea litteris mandare, cum in reliquis fere rebus, publicis privatisque rationibus Græcis litteris utantur» («Ils pensaient qu’il était sacrilège de les confier à l’écriture, bien que pour d’autres choses, publiques ou privées, ils montrassent la connaissance des lettres grecques»). – Pomponius Mela (géographe romain du Ier siècle), auteur de la compilation géographique De chorographia. Le livre III, 2 porte sur la Gaule, où l’on peut lire sur les Druides : «Cependant les Gaulois ont une certaine érudition et des maîtres de sagesse, les Druides. Ces maîtres font profession de connaître la grandeur et la forme de la terre et du monde, les révolutions du ciel et des astres, et la volonté des dieux. Ils communiquent une foule de connaissances aux plus distingués de la nation, qu’ils instruisent secrètement et pendant vingt années au fond des cavernes ou des bois les plus retirés. Le seul dogme qu’ils enseignent publiquement, c’est l’immortalité de l’âme et l’existence d’une autre vie : sans doute, afin de rendre le peuple plus propre à la guerre. De là vient que le Gaulois brûlent et enterrent avec les mots tout ce qui est à l’usage des vivants, et qu’autrefois ils ajournaient jusque dans l’autre monde l’exécution des contrats ou le remboursement des prêts. Il y en avait même qui se précipitaient gaîment sur les bûchers de leurs parents, comme pour continuer de vivre avec eux» (Géographie de Pomponius Mela, traduite par M. Louis Baudet, Paris : Panckoucke, 1843, p. 155). BC utilise la traduction allemande, Andreas Botins Geschichte der schwedischen Nation, im Grundriß, aus dem Schwedischen ins Deutsche übersetzt von Hartw. Ludw. Christ. Backmeister, Riga und Leipzig : bey Johann Friedrich Hartknoch, 1767, 2 vol. Le ch. 8 porte sur la science et les savants. – Quant à Friedrich Rühs, BC renvoie aux informations de son ouvrage Finland und seine Bewohner, pp. 326–342, ou` l’on trouve la description de cet art des paysans poètes et des poésies traduites en allemand. Les indications de BC traduisent partiellement le texte de Rühs. – Le renvoi à Bergman vise l’ouvrage Nomadische Streifereyen unter den Kalmücken in den Jahren 1802 und 1803 de Benjamin Fürchtegott Balthasar Bergmann, Riga : Hartmann, 1804–1805, en 2 parties.
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observe M. de Bonstetten a, disperse tellement nos facultés, que nous n’avons aucune idée juste de la mémoire de ces hommes demi-sauvages, qui, n’étant distraits par rien, mettaient leur gloire à réciter en vers les exploits de leurs ancêtres b. Un fait est certain : jusqu’au temps de Pisistrate, les rhapsodies homériques furent chan tées isolément par les rhapsodes c, sur les places publi-
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fereyen unter den Calmucken, II, 213), parle d’un poème Calmouk, de 360 chants, à ce qu’on assure, et qui se conserve depuis des siècles dans la mémoire de ce peuple. Les rhapsodes, qu’on nomme Dschangarti, savent quelquefois vingt de ces chants par cœur, c’est-à-dire un poème à peu près aussi étendu que l’Odyssée ; car par la traduction que Bergman nous donne d’un de ces chants, nous voyons qu’il n’est guère moins long qu’une rhapsodie homérique. Voy. en Ital. p. 121. Il faut observer, d’ailleurs, qu’on ne suppose point que le même individu sût par cœur les 15000 vers de l’Iliade ou les 12000 de l’Odyssée, mais seulement tel ou tel livre, tel ou tel épisode en particulier. Le nom de rhapsodes paraît postérieur à Homère, mais la chose existait déja lors de la composition de ses épopées2. Phémius et Démodocus sont des rhapsodes dans l’Odyssée. Leur profession était fort en honneur. Ils récitaient toujours les vers de mémoire et ils conservèrent cette habitude, même après l’invention de l’écriture, et lorsque les copies écrites des poésies homériques étaient déja communes. Ces poèmes étant le sujet le plus fréquent de leurs récitations orales, on les appelait quelquefois homérides ; ce qui a porté quelques savants à croire, contre toute raison, qu’il y avait des descendants d’Homère qu’on nommait ainsi. L’effet de ces poèmes devait être d’autant plus grand qu’ils étaient ainsi récités. Partout où l’écriture est employée à la conservation des poésies, celles-ci deviennent un objet d’étude pour la classe instruite, bien plus que d’enthousiasme pour la masse BC cite à peu près Charles Victor de Bonstetten, Voyage sur la scène des six derniers livres de l’Enéide, suivi de quelques observations sur le Latium moderne, Genève : Paschoud, An XII [1805], p. 12 : «Notre vie sociale disperse tellement nos facultés, que nous n’avons pas d’idée de la mémoire de ces hommes demi-sauvages, qui, n’étant distraits par rien, mettoient leur gloire à réciter en vers les hauts faits de leurs ancêtres.» Dorénavant dans Karl Victor von Bonstetten, Schriften über Italien 1800–1808, hrsg. und kommentiert von Doris und Peter Walser-Wilhem und Anja Höfler, Göttingen : Wallstein, 2008, 2 vol. (Bonstettiana. Historisch-kritische Ausgabe von Bonstettens Schriften). Le Voyage est dans le premier volume. Malgré les intérêts suscités de Herder à Fauriel pour la poésie populaire et les traditions orales, c’est uniquement au XXe siècle avec Milman Parry puis Albert Lord, qu’une étude de cette dimension et des possibilités de la composition orale a pu être reconnue sur des bases solides. Voir M. Parry, Les formules et la métrique d’Homère, Paris : Les Belles Lettres, 1928. Sur celui-ci en contexte, voir Hommage à Milman Parry. Le style formulaire de l’épopée homérique et la théorie de l’oralité poétique, édité par Françoise Létoublon, Amsterdam : Gieben, 1997 (dont notamment Gregory Nagy, «L’épopée homérique et la fixation du texte», pp. 57–78). Albert Lord, The Singer of Tales, Cambridge, Mass. : Harvard University Press, 1960. On se reportera aux écrits de John Miles Foley, The Theory of Oral Composition : History and Methodology, Berkeley : University of California Press,
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ques, et cet usurpateur fut le pre mier qui les fit rassembler et mettre dans l’ordre qui lui parut le plus convenable a. C’est ainsi que Charlema-
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vulgaire. L’effet complet de la poésie n’existe qu’aussi long-temps qu’elle est inséparable de la déclamation et du chant. Ce fut ainsi que les poèmes homériques se gravèrent dans la mémoire et dans l’esprit des Grecs. Récités dans les assemblées du peuple, récités au sein des familles, ils devinrent une partie intime de l’existence de tous et de chacun, de l’existence nationale et domestique. Même long-temps après que l’écriture était en usage, les anciens nous parlent de l’effet prodigieux de ces poésies, déclamées devant les Grecs. Je vois, dit un rhapsode à Socrate, dans un des dialogues de Platon (Dial. intit. Jon.1), je vois les auditeurs, tantôt pleurer, tantôt frémir, tantôt s’élancer comme hors d’eux-mêmes. Si les rhapsodes pouvaient exercer un tel empire, quand tout ce qu’il y avait de divin dans leur art avait disparu, et qu’ils ne chantaient que pour un salaire, quel ne devait-il pas être, quand ils étaient le seul moyen de communication entre les poètes et le peuple, et que n’étant flétris par aucun intérêt, ils étaient pour ainsi dire les intermédiaires entre la terre et le ciel ! Leur profession s’avilit en devenant mercenaire. C’est le sort de toutes celles qui tiennent aux facultés intellectuelles. Il y avait cependant encore des rhapsodes vers la 69e olympiade ; Cynœthus2, contemporain de Pindare, était un rhapsode. Pisistrate, dit Pausanias, 2e voy. en Élide, ch. 26, a recueilli les poésies d’Homère éparses de côté et d’autre3. Une autre tradition raconte, il est vrai, que les poèmes homériques avaient été portés précédemment par Lycurgue dans le Péloponèse ; mais rien n’est moins prouvé que ce fait. Le premier auteur où nous le trouvions est Héraclide. Il parle vaguement de la poésie d’Homère, sans indiquer de quels ouvrages cette poésie se composait. E´lien ajoute que ce fut toute la poésie homérique ; mais il n’entre dans aucun détail. (In Fragment. Πολιτειων.) Plutarque nous en donne pour lesquels il n’offre nulle garantie, et qui même, s’ils étaient admis, seraient plutôt de nature à confirmer nos doutes qu’à les dissiper. «Du temps de Lycurgue (in Lycurg.), dit-il, la réputation d’Homère n’était pas encore fort répandue. Un petit nombre de personnes pos sédait quelques fragments de ses poésies, mais épars et différents les uns des autres.» Ce qu’il y a de plus probable, c’est que Lycurgue rapporta de ses voyages en Grèce et en Asie quelques rhapsodies ou une connaissance vague des poèmes homériques, connaissance qui se perdit bientôt ; et que, trois cents
1988 ; Gregory Nagy, Le meilleur des Achéens (The Best of the Acheans), traduction Paris : Seuil, 1994 ; La poésie en acte : Homère et autres chants (Poetry as Performance. Homer and beyond), traduction Paris : Belin, 2000. Platon, Ion, 535e. «Car à chaque fois, du haut de l’estrade, je les vois pleurer, jeter des regards de menace, être avec moi frappés de stupeur en m’entendant» (Œuvres complètes, trad. du grec ancien par Joseph Moreau et Léon Robin. Édition de Léon Robin avec la collaboration de Joseph Moreau, Paris : Gallimard, 1950 (Pléiade), p. 65). Cynœthus, rhapsode qui aurait intercalé certains de ses vers dans ses recueils d’Homère. Selon Blackwell, l’hymne à Apollon serait de lui (Thomas Blackwell, Recherches sur la vie et les écrits d’Homère, Paris : Henri Nicolle, an VII, p. 116). BC fait le point sur la collecte des poèmes homériques, dont la décision est attribuée tantôt à Lycurgue, tantôt à Pisistrate ou à Solon.
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gne fit recueillir d’anciennes poésies germaniques transmises verbale ment
ans après Lycurgue, Pisistrate les fit rassembler et copier par des lettrés qui vivaient dans sa société intime. L’auteur du Dialogue d’Hipparque, faussement attribué à Platon, ne fait pas honneur de ce recueil à Pisistrate, mais à ses fils. Suidas semble insinuer que la tentative de Pisistrate ne fut pas la première ; et dans ses histoires diverses (III, 14), Élien n’attribue point à Pisistrate, mais à Solon, l’ordre dans lequel ces rhapsodies furent placées. L’antiquité dès-lors était partagée, tant sur les poèmes qu’il fallait attribuer à Homère, que sur les parties qui, dans ces poèmes, étaient véritablement de lui. Hérodote, nous l’avons dit plus haut, retranchait de la liste les Cypriaques et les Épigones. (HE´ ROD. II, 117 ; IV, 32.) Les anciens affirmaient, nous apprend Eustathe, que la Dolonéide formait un poème particulier, que Pisistrate avait fait insérer dans le corps de l’Iliade. D’autres rejetaient l’épisode de Glaucus, (HEYNE, ad Il. VI, 19. Scholiast. Venet. de Villois., p. 1581.) Ce n’est pas tout : le recueil ordonné par Pisistrate n’est point celui que nous possédons. Après ce tyran, comme avant lui, l’on fit des altérations fréquentes, non seulement au texte, mais à l’ensemble, à l’ordonnance entière des poèmes homériques. Les scho liastes d’Homère, et en particulier celui de Venise, nous parlent d’une classe de critiques qu’ils nomment diaskeuastes, et qui avaient travaillé sur ces poésies. Il en était sûrement de ces diaskeuastes, comme de ceux qui prenaient les tragédies pour objets de leur travail. Or, nous savons par le scholiaste d’Aristophane (Nuées, V. 552, 591), que ces derniers changeaient, ajoutaient, retranchaient, corrigeaient, en un mot, refondaient les ouvrages. L’exemplaire qu’Alexandre reçut d’Aristote avait été rectifié par plusieurs savants, et portait des corrections de la main même du vainqueur d’Arbelle. (PLUTARCH. Vit. Alex. ; STRAB. XII.) On nommait cet exemplaire, l’exemplaire de la cassette. Callisthène et Anaxarque avaient corrigé l’Odyssée. Aratus, qui avait mis en ordre un exemplaire de ce dernier poème, fut invité, par Antiochus Soter, roi de Syrie, à donner les mêmes soins à l’Iliade, défigurée par les rhapsodes et par les copistes. (SUID. I, 309. Auctor vetus vitæ Arati in Petav. Uran. p. 270.)2 Il faut observer que, dans ce temps, les rectifications faites sur un exemplaire d’un
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BC rapporte ici les explications de Villoison, Prolegomena, p. xxvi (c’est la préface de Homeri Ilias ad veteris codicis veneti fidem recensita de Villoison) sur les éditions «publice servatas vel publico jussu a quibusdam civitatibus factas» et les éditions pour particuliers, «exemplaria quæ singuli homines sibi solis describenda curabant». Voir aussi Wolf, Prol., p. 151. Le chapitre XLVIII est consacré à Aristarque, qui couronne l’école d’Alexandrie. BC fait allusion, en suivant Wolf, au rôle essentiel des diaskeuastes et critiques alexandrins, notamment Aristarque et Zénodote, pour la mise en forme des poèmes homériques. Voir aussi Prolegomena, ch. XXX, p. 131 : «eos versus non ex vulgari interpolatione, nec a Grammatico aliquo, sed a primis διασκευασταις duabus rhapsodiis nectendis adiectos esse» («Ces vers n’ont pas éte´ ajoutés par une interpolation ordinaire, ni pas un grammairien quelconque, mais par les premiers διασκευασταις [réviseurs] afin de connecter entre eux deux rhapsodies (sections de poème)»). BC rappelle la grande variété des interventions critiques qui ait contribué à l’établissement du texte homérique, en s’appuyant principalement sur les scolies éditées par Villoison et leur explication par Heyne et surtout Wolf.
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jusqu’à lui. C’est ainsi que les Arabes formèrent, vers le septième siècle, des collec tions nommées Divans, de poésies non écrites des âges antérieurs, et que, dans des temps plus modernes, Macpherson réunit des chansons éparses, sous le nom du fils de Fingal.
poème n’avaient qu’une influence très-bornée. La manière dont les copies se multipliaient en Grèce, par les soins des particuliers (αÆ ι κατ’ αÆ νδρα), ou par ceux des villes (αÆ ι κατα πολεις, αÆ ι των πολεων), faisait que les corrections d’un exemplaire n’étant pas publiques, ne changeaient rien aux autres exemplaires. En admettant donc la réalité d’une compilation ordonnée par Pisistrate ou par les Pisistratides, cette compilation n’aurait pu servir de règle que pour un temps très- court, et bientôt il s’y serait introduit des variantes nouvelles, ou de nouvelles corrections, suivant la fantaisie des copistes ou des propriétaires de chaque copie1. Les poèmes homériques ne paraissent avoir pris leur dernière forme que sous les Ptolémées, et leur arrangement actuel leur fut donné par les grammairiens d’Alexandrie (WOLFF, Proleg. p. 151), notamment par Aristarque, qui vivait sous Philométor, vers l’olympiade 166, et qui, soit dit en passant, révoquait lui-même en doute, ainsi qu’Aristophane de Bysance, critique non moins habile, l’authenticité de la fin de l’Odyssée. Encore, ainsi que le remarque Heyne (HEYNE, Homér. VIII), les grammairiens d’Alexandrie semblent-ils n’avoir eu d’autre but, dans leur division de ces poèmes, que de faire en sorte que les livres continssent une quantité de vers à peu près égale, et fussent en même nombre que les lettres de l’alphabet. De là des livres qui finissent au milieu d’un récit : de là encore des vers inutiles ou répétés à la fin et au commencement de chaque livre.
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Wolf rappelle l’histoire du texte et le fait que celui dont nous disposons ne permet pas de remonter à l’état antérieur qu’a connu Platon. Avec Pisistrate des modifications ont dû être apportées par des rhapsodes, puis avec Zénodote et Aristarque. Les scolies du manuscrit de Venise évoquent les interventions des diascévastes, éditeurs critiques et correcteurs des épopées homériques. Plutarque rapporte au sujet d’Alexandre : «Il faisait le plus grand cas de l’Iliade qu’il appelait la meilleure provision pour l’art militaire. Aristote lui donna l’édition de ce poème, qu’il avait corrigée, et qu’on nommait «l’édition de la cassette» (Œuvres de Plutarque, traduites du grec et annotées par Dominique Ricard, Paris : J. L. J. Brière, 1827, Vie d’Alexandre X, p. 488). BC se réfère ensuite à la Géographie de Strabon, livre XIII, qui attribue une partie des corrections à Alexandre lui-même : «En effet il existe une révision des œuvres de ce poète [=Homère] qu’on nomme de la cassette et qui est due à Alexandre» (Géographie de Strabon, t. IV, traduite du grec en français [par Antoine-Jean Letronne], Paris : Imprimerie impériale, 1814), l. XIII, ch. XXXIII, p. 594. – Callisthène et Anaxarque, savants de l’entourage d’Aristote, ont suivi Alexandre dans ses conquêtes. Aratus, poète du IIIe siècle av. J.-C., auteur des Phænomena, poème astronomique. Fabricius, dans sa Bibliotheca Græca, lui consacre un chapitre, Bibliotheca græca, t. II : Liber III : De scriptoribus, Hamburgi : apud Christiani Liebezeit, 1707, caput XVII, «De Arato solensi».
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Mais ces rhapsodes, qui, pendant plusieurs générations, chantèrent les poèmes d’Homère par morceaux détachés a, ont-ils pu n’en pas renverser l’ordre, n’en pas corrompre le texte, ne pas confondre, dans leur récitation populaire ou théâtrale, les compositions de divers auteurs ? Les amis de Pisistrate, en faisant un tout de ces pièces éparses, ne les auront-ils pas choisies, rangées, et corrigées à leur gré ? Dans le nombre des amis d’un tyran, qui, sans doute, s’en fiait à eux pour les recherches littéraires, car il était suffisamment occupé de son usurpation et des ruses que l’usurpation entraîne, dans le nombre de ces amis, disons-nous, nous trouvons Onomacrite d’Athènes, qui, peu de temps après, fut convaincu et puni d’avoir inséré dans les ouvrages d’Orphée et de Musée de longues et fréquentes interpolations b (ce qui ne donne pas une idée avantageuse de sa fidélité ou de ses scrupules), et qui se vendit ensuite aux tyrans expulsés de sa patrie, pour soulever contre ses concitoyens un autre tyran. Depuis Pisis trate jusqu’aux Ptolémées, qui nous dit combien de fois on aura renouvelé ces refontes, générales ou partielles c ? a
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ÆLIEN, Var. Hist. XIII, 14. Pindare appelle les rhapsodes, Ραπτων Επεων αοιδους, chantres de vers cousus1. HE´ ROD. VII, 6. Pisistrate, pour compléter les poèmes homériques, promit des récompenses à tous ceux qui en sauraient quelques morceaux par cœur, et qui les lui communiqueraient. On pense bien que ces promesses durent provoquer des interpolations (HEYNE, Com. Soc. Goett. XIII. no 62.) Ces conjectures, que le raisonnement autorise, les faits les confirment. Plusieurs vers, cités par des anciens, nommément par Hippocrate, Aristote et Platon (WOLFF, Proleg. pag. 373), ne se trouvent actuellement dans aucun de nos manuscrits d’Homère. Pausanias rapporte un passage de ce poète, pour prouver qu’il reconnaissait la divinité d’Esculape, puisqu’il appelle Machaon son fils, le fils d’un dieu (Corinth. 26) : rien de pareil ne se trouve, ni dans l’Iliade, ni dans l’Odyssée, telles que nous les avons aujourd’hui : en revanche, il y a d’autres vers qu’on lit également dans Homère et dans Hésiode, par exemple, le 265e vers du premier livre de l’Iliade, qui est le 182e du Bouclier d’Hercule. Deux critiques célèbres, Aristarque et Zénodote, rejetaient le catalogue des Néréides (Il. XVIII, 39–49), et le regar«Les Anciens chantaient les Poèmes d’Homère, par morceaux détachés, auxquels ils donnaient des titres, qui en marquaient le sujet [...] Ce fut assez tard que le Lacédémonien Lycurgue, étant allé voyager en Ionie, apporta le premier dans la Grèce, comme un effet précieux, toutes les Poésies d’Homère. Dans la suite, Pisistrate, les ayant rassemblés en forma l’Iliade et l’Odyssée» (Histoires diverses d’E´lien traduites du grec avec des remarques [par B.-J. Dacier], Paris : chez Moutard, 1772, pp. 425–427). Pindare Néméenne 2, 1–2. Heyne, «De antiqua Homeri lectione indaganda, diiudicanda et restituenda», publié dans les Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. XIII, 1795, pp. 159–182, en particulier pour l’émulation à réunir des poèmes, pp. 174–179. Heyne y fait le point sur la question après Wolf (dont il minimise bien sûr le rôle) et effectue des comparaisons avec les collections de chants calédoniens réunis en épopées, pp. 170–171. Il se réfère entre autres au passage d’E´lien, Histoires variées III, 14 (p. 174). Heyne souligne le caractère aléatoire de la transmission orale et les nécessaires aménagements apportés au cours du temps. Voir les Prolegomena, p. 37, où Wolf rapporte en note les citations d’Homère dans le corpus
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On oppose à la possibilité que l’Odyssée ou l’Iliade aient été, nous ne disons pas formées en entier de rhapsodies rassemblées au hasard, mais daient comme appartenant plutôt à Hésiode qu’à Homère. Ceci ferait croire que les rhapsodes transportaient quelquefois des fragments d’un poète dans les ouvrages d’un autre. On connaît le vers interpolé dont Solon s’appuyait pour établir les droits d’Athènes sur Salamine1. Ces interpolations étaient inévitables tout à-la-fois et faciles. Des rhapsodes, récitant des poèmes devant le peuple, apportaient naturellement à ces poèmes les changements qu’ils croyaient être agréables à leurs auditeurs. Nous en donnerons un exemple. Nous avons parlé d’un vers qui se trouve également dans le Bouclier d’Hercule et dans le premier livre de l’Iliade. Ce vers se rapporte à Thésée, héros pour lequel les Athéniens avaient un attachement religieux, et dont, par conséquent, les rhapsodes avaient intérêt à célébrer la gloire. Mais il y en a un autre dans le même sens au onzième livre de l’Odyssée, vers 630. Sa construction et son peu d’accord avec ceux qui le précèdent et ceux qui le suivent, l’ont fait regarder par les meilleurs critiques comme interpolé. J’aurais, dit Ulysse, voulu voir les héros Thésée et Pirithoüs. On ne conçoit guère comment Ulysse, qui avait vu presque tous les héros et les héroïnes des siècles passés, et qui choisissait entre les ombres, aurait eu ce désir sans le satisfaire. Mais on conçoit qu’un rhapsode, voulant rappeler Thésée pour plaire aux Athéniens, qui nommaient avec orgueil leur cité la ville de Thésée, et qui avaient envoyé le fils de Miltiade chercher les cendres de ce héros, dont le tombeau était devenu un temple et un asile (SUIDAS, HESYCH. Scholiaste Arist. in Plut. V, 627 ; PLUT. in Milt. et Cimon2) ; on conçoit, disons-nous, qu’un rhapsode ait glissé ce vers dans le texte : et ce qui est remarquable, c’est que plusieurs siècles après, Polygnote, dans son tableau de la descente d’Ulysse aux enfers, a placé Thésée et Pirithoüs sur des trônes d’or : voilà, ce nous semble, une progression assez frappante. L’auteur du onzième livre de l’Odyssée n’avait pas nommé Thésée : un rhapsode, flatteur du peuple d’Athènes, est affligé de ce silence, et l’adoucit par un vers de regret : un peintre profite de ce vers ; et Thésée, oublié par le poète, désiré par le rhapsode, paraît enfin sous les pinceaux du peintre. Il est vrai que celui-ci s’écarte de l’intention du rhapsode : car il montre Thésée enchaîné sur son trône, en punition de l’outrage dont il s’est rendu coupable envers Pluton : mais cette circonstance tient à ce que le tableau de Polygnote était destiné pour Delphes, et non pour Athènes. Quand le même peintre consacre sa palette aux Athéniens, il leur sacrifie sans balancer, non-seulement la mythologie, mais encore l’his-
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hippocratique, Platon et Aristote, qui ne se retrouvent pas dans les manuscrits qui nous sont parvenus : «plures insignes versus egimus, quorum nec in textu nostro, nec in Eusthatio veterrimisque et doctissimis Scholiis ullum indicium superest» («Nous lisons plusieurs vers remarquables dont ni notre texte ni Eustathe et les très vieilles et savantes scolies ne livrent aucune trace»). – Eustathe, philologue byzantin du XIIe siècle et archevêque de Thessalonique, a repris dans ses commentaires d’Homère de nombreux passages des scholiastes et critiques alexandrins (Commentarii ad Homeri Iliadem pertinentes, curavit M. van der Valk, Leyden : Brill, 1971–1987, 4 vol.). Le vers Il. I, 265 est le seul à évoquer Thésée, rapporté au vers XI, 630 (ou 631) : Thésée, Pirithous, enfants de la gloire des dieux (Jaccottet), que l’on trouve aussi dans le Bouclier d’Hercule attribué à Hésiode. Plutarque, Vie de Cimon, X-XII. Voir ci-dessus, pp. 357–358, n. 1 sur la Suidas. – Le renvoi à Hesychii Lexicon n’ajoute rien à l’argument de BC.
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considérablement accrues de la sorte, l’uniformité du style et de la couleur toire, et il fait assister Thésée à la bataille de Marathon. (PAUS. Att. 151.) Nous pourrions citer encore une autre interpolation moins heureuse, puisque tous les critiques et les traducteurs anciens et modernes ont unanimement rejeté le vers interpolé. Homère ne parle nulle part des mystères ; ni le nom d’E´leusis, ni celui du Thrace Eumolpe, fondateur des rites éleusiniens, ne se rencontrent une seule fois dans ses deux poèmes. Les partisans des mystères voulaient néanmoins les appuyer de son autorité. Que firent-ils ? ils glissèrent, après le 551e vers du dix-huitième livre, où il est question du bouclier d’Achille, un vers où l’épithète d’éleusinienne accompagne le nom de Cérès. Il est vraisemblable que lorsque des rhapsodes voulaient insérer dans un poème qui jouissait déja de l’approbation publique, des additions nouvelles, ils plaçaient les plus considérables à la suite du poème. Un scholiaste affirme que le vingt-quatrième livre de l’Iliade finissait par ces deux vers : Ils soignèrent ainsi les funérailles d’Hector : Alors vint l’Amazone, fille de Mars, le grand destructeur des hommes. Il est manifeste que c’était une transition à un nouveau chant. L’épisode de Mars blessé par Diomède, et celui de Diane fuyant du combat, sont probablement aussi des additions imitées de la description bien plus élégante de la blessure et de la fuite de Vénus. Nous pourrions indiquer, dans l’Iliade ainsi que dans l’Odyssée, des contradictions tellement manifestes, que le même auteur n’a pu y tomber, de quelque inattention qu’on le suppose capable. Dans le cinquième livre, v. 576, Pylæmènes, roi des Paphlagoniens, est tué par Ménélas ; et dans le treizième, v. 658, ce même Pylæmènes accompagne en pleurant le corps d’Harpalion, son fils. La chute de Vulcain, précipité dans l’île de Lemnos, est racontée à deux reprises avec des circonstances différentes. (Il. I, 589–595 ; XVIII, 395–405.) Dans le quatorzième livre de l’Odyssée, Ulysse, Eumée et les autres bergers se séparent pour se livrer au sommeil ; et au milieu du quinzième, nous les revoyons au même festin déja fini dans le livre précédent. Enfin n’est-il pas probable que le poète qui, dans le dixneuvième livre de cette même Odyssée et dans le onzième de l’Iliade, ne reconnaît qu’une Ilithye, fille de Junon, n’est pas celui qui en reconnaît plusieurs dans le quinzième et le seizième ? Il y a dans l’Iliade, comme dans l’Odyssée, des transitions maladroites, et qu’on sent n’être venues qu’après coup. (V. Iliad. XVIII, 356–368. Odyss. IV, 620.) Quelquefois les précautions mêmes des rhapsodes les trahissent. On voit qu’ils ont voulu répondre d’avance aux objections qu’ils redoutaient. Ainsi, pour expliquer comment on ne trouvait aucune trace du mur élevé par les Grecs autour de leurs vaisseaux, ils insèrent deux passages (Iliad. VII, 443–464 ; XII, 4–40), où ils racontent d’avance la destruction de ce mur par Neptune, qui, jaloux de l’orgueil des hommes, dirige contre leur ouvrage les ondes de tous les fleuves soumis à ses ordres. Les scholiastes de Venise et plusieurs autres regardent ces deux passages comme supposés, et le second surtout est manifestement hors de place. Il interrompt le récit d’un combat, pour entretenir le lecteur d’un évènement éloigné, sans rapport avec l’action. De même, craignant qu’on ne reprochât à l’auteur de l’Odyssée d’avoir parlé, sous le nom de Phéacie, d’un pays qui n’existait pas, ils ont comme fermé l’entrée de cette île aux navigateurs par un vaisseau changé en rocher. On invoquerait à tort, en faveur de l’authenticité des poèmes homériques, l’autorité de quelques auteurs anciens, qui n’expriment aucun doute, au moins relativement aux deux
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24 nous les ] la source porte nous le faute corrigée dans l’Errata 1
L’analyse du tableau de la bataille de Marathon par Polygnote se trouve dans la Description de la Grèce, Attique 15, 3. Le texte de Pausanias ne suggère pas ce que dit BC.
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poéti que : mais le style de tous les poèmes épiques des Grecs se ressemble, ainsi que leur dialecte a. Celui d’Hésiode, celui de la Batrachomyomachie, celui de Quintus de Smyrne, ne diffèrent qu’imperceptiblement de celui d’Homère ; et le rang supérieur de ce dernier tient à la vigueur des conceptions, à la vivacité d’une imagination inépuisable, bien plus qu’à ce qu’on peut nommer le style b.
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poèmes de l’Iliade et de l’Odyssée. Cette autorité, bien examinée, se réduit à peu de chose. Le premier qui parle d’Homère c’est Pindare (Pyth. IV, 493. Nem. VII, 29. Isthm. IV, 63.) Mais ce que Pindare dit d’Homère, il aurait pu le dire, quand ce poète n’aurait écrit que l’Iliade. Il y célèbre Ulysse, aussi bien qu’Ajax. Il faut remarquer que Pindare attribuait à Homère les Cypriaques, reconnus pour un ouvrage supposé. (ÆLIEN. Var. Hist. Voyez sur les Cypriaques, HEYNE, Excurs. ad. lib. II Æneid. p. 2291.) D’ailleurs quel poète moderne se ferait scrupule de nommer Ossian, sans rechercher si réellement il a existé ? Soixante-dix ans après Pindare vient Hérodote, qui représente Homère comme ayant vécu quatre cents ans avant lui, et comme étant l’auteur des épopées qui portent son nom. (HE´ ROD. II, 23, 53, 115 ; IV, 29, 32 ; V, 67 ; VII ; 161.) Mais nous avons déja rappelé l’excessive crédulité d’Hérodote. Enfin, trente ans plus tard, Thucydide cite Homère pour garant des faits qu’il avance. Le nom de Thucydide commande notre respect. Il mérite notre confiance pour tout ce qu’il dit, non-seulement sur ce qu’il a vu et sur ce qui s’était passé de son temps, mais pour tout ce qui se rapporte aux évènements, aux mœurs, aux institutions de la Grèce civilisée ; il n’en est pas de même lorsqu’il s’enfonce dans les traditions ténébreuses de l’antiquité. Nos meilleurs historiens racontent des fables lorsqu’ils remontent à l’origine des Francs, des Gaulois et des Germains. Ils citent des auteurs dont la véracité est douteuse ; ils évoquent des personnages dont l’existence même est apocryphe. Thucydide a montré si peu de critique, relativement à Homère, qu’il paraît, dans un endroit, lui avoir attribué l’un des hymnes à Apollon. (THUCYD. III, 104.) Or les deux hymnes en l’honneur de ce dieu sont reconnus par tous les savants comme bien postérieurs à l’Iliade et à l’Odyssée. En général, il ne faut pas se faire illusion sur l’état de la critique parmi les anciens. La même cause qui donne tant de charme à leur littérature, rend leur critique très-imparfaite. Comme ils recevaient les impressions, au lieu de les juger, ils adoptaient les traditions sans les approfondir. Dans toutes les sciences, le doute est la dernière qualité que l’homme acquière. Nous pourrions ajouter que, malgré cette uniformité apparente, les hommes les plus versés dans la langue grecque ont cru reconnaître une manière différente dans les diverses parties de l’Iliade. Le style des premiers livres se distingue de celui où le poète décrit le combat près des vaisseaux. La Patroclée diffère de l’Achillée proprement dite, et surtout les deux derniers livres semblent d’une tout autre main que les vingt-deux précédents. Nonnus lui-même, si différent d’Homère, par sa mythologie empreinte des allégories et des cosmogonies orientales, ne s’écarte en rien de la manière d’écrire homérique2. Élien, Histoires variées IX, xv. ‘D’Homère’, Histoires diverses d’Elien, traduites du grec avec des remarques [par B.-J. Dacier], Paris : chez Moutard, 1772, p. 282. Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, III, civ, 4, p. 354. Nonnus de Panopolis (en Egypte), poète du Ve siècle apr. J.-C., auteur des Dionysiaca, en dialecte homérique, 24 chants rassemblant des légendes autour de Dionysios, relatant son entrée triomphale en Inde.
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Cette conformité dans la manière de s’exprimer, est un trait caractéristique de l’époque de société à laquelle les poèmes homériques furent composés. On ne peut lire les chants d’Ossian sans être frappé de leur uniformité, et néanmoins Ossian n’a certainement pas été un seul et même barde. Le caractère individuel des écrivains ne se développe que fort tard. Aussi long-temps que l’esprit humain se débat, pour ainsi dire, contre la barbarie, il y a dans tous les styles une ressemblance générale. En cela, comme en tant d’autres choses, les extrêmes se touchent. L’absence de la civilisation donne à tous les individus une couleur presque pareille. La civilisation, dans ses progrès, développe les différences ; mais avec l’excès de la civilisation, ces différences disparaissent de nouveau. Seulement ce qui, dans le premier cas, était l’effet naturel des circonstances sociales, est dans le second le résultat d’une imitation préméditée ; et ce qui était uniformité devient monotonie1. A ces considérations on pourrait en ajouter d’autres, tirées de notre ignorance sur la vie d’Homère a. Ce qu’on nous raconte de son existence vagabonde et misérable ne s’accorde point avec l’époque dans laquelle nous a
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Celle qu’on attribue à Hérodote est l’ouvrage de quelque sophiste très-postérieur à cet historien. Les deux traités sur le même sujet, qui se trouvent dans les œuvres de Plutarque, et dont le second, suivant Gale, fut écrit par Denys d’Halicarnasse, sont sûrement les productions de rhéteurs assez modernes. Le nom même d’Homère est emblématique, et susceptible de plusieurs acceptions. Il signifie ce qui est mis ensemble (EURIPID. Alceste, 780), un gage ou garant, enfin un aveugle. (LYCOPHRON.) De ces trois significations, l’une s’accorde avec nos conjectures sur l’assemblage des rhapsodies homériques ; la seconde indique la confiance qu’on accordait aux poètes ; la troisième fait allusion à une circonstance qui devient d’autant plus douteuse qu’on a voulu l’exprimer de la sorte par le nom de l’individu2. BC livre ici en raccourci une interprétation dialectique des effets de la civilisation : on passe d’une égalité initiale, due à l’identité relative des conditions séparées, à un processus de différenciation issu de la comparaison accompagnant l’agrégation des individus, puis à une étape ultérieure où les différences cèdent à nouveau la place à une nouvelle uniformité. Dans sa généralité, ce schéma peut évoquer les distinctions de Rousseau qui oppose un état de nature où les hommes sont libres et égaux à la civilisation productrice de l’inégalité et de la comparaison, appuyée sur l’amour-propre, auquel répond le geste politique de refondation du contrat social qui réinstaure l’égalité. Il va sans dire que BC nourrit des réserves à l’endroit d’une uniformité qui «devient monotonie». Il aspire pour son compte à une forme sociale où les différences individuelles s’articulent au sentiment d’universalité propre à chacun. BC reprend une indication qu’il a pu trouver dans la préface aux œuvres de Plutarque par É. Clavier, qui rappelle que Thomas Gale attribuait la Vie d’Homère à Denys d’Halicarnasse (Opuscula mythologica, physica et ethica græce et latine, Amstelædami : apud Henricum Wetstenium, 1668), voir Œuvres mêlées de Plutarque, contenant la Vie d’Homère etc., traduites par É. Clavier, Paris : Janet et Cotelle, MDCCCXX [1820], t. VI, Préface, p. 14.
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le plaçons. Les poèmes homériques ne nous peignent pas les bardes dans un tel abaissement. Cet abaissement ne put être produit que par la décadence et la chute des monarchies grecques. Dans les temps guerriers et barbares, comme les âges héroïques de la Grèce, les poètes jouissent toujours de la plus grande considération auprès des peuples et auprès des rois ; nous en trouvons la preuve dans tous les monuments historiques des Scandinaves, qui ressemblaient aux Grecs sous plu sieurs rapports a. Mais à mesure que la civilisation fait des progrès, la vie des hommes devenant plus laborieuse, et les idées d’utilité prenant plus d’empire, l’existence des poètes perd de son importance. Ils sentent eux-mêmes leur chute, et ils la déplorent b. Si l’on adoptait l’idée qu’Homère a réellement existé, il serait impossible d’expliquer comment, en parlant des rhapsodes, ses prédécesseurs, si bien reçus et si bien traités, il n’aurait pas fait un retour sur lui-même. Non. Le hasard n’a point enfanté sur la ligne précise qui séparait deux civilisations différentes, un seul homme capable de décrire celle qui n’était plus et celle qui se préparait à naître. Homère est un nom générique c, comme Hercule ou comme Buddha d. a
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Harald, aux beaux cheveux, donnait aux scaldes la première place sur les bancs destinés aux officiers de sa cour. (TORFOEUS, Hist. Norweg.) Plusieurs princes leur confiaient, à la guerre et pendant la paix, les missions les plus importantes. On ne voit guère de scaldes chanter leurs vers à la cour des rois, sans en recevoir des anneaux d’or, des armes brillantes et des habits d’un grand prix. Le scalde Égyll se racheta, par une ode, de la peine d’un meurtre. (MALLET, Hist. du Dan1.) Voyez Pindare2. Va-t-on crier, comme il y a vingt ans, à l’attentat contre la gloire d’Homère ? (Réfutation d’un paradoxe sur Homère, par M. de Sainte-Croix3.) La gloire d’Homère ne fait rien à la question. Les savants se battent-ils pour la gloire de tel ou tel nom fameux, indépendamment de la vérité, comme les soldats pour leurs maîtres, indépendamment de la patrie ? Les siècles barbares tendent à réunir sur un seul personnage tout ce qui est éminent dans un Thormodus Torfaeus (1636–1719), historien islandais à la cour du Danemark. BC renvoie à son Historia rerum Norvegicarum, Hafniæ : Ex typographeo Joachimi Schmitgenii, 1711 (traduction islandaise : Tormod Torfæus, Norges Historie, Stavanger : Vigmostad & Bjørke As, 2008–2014). – BC se réfère à Paul-Henri Mallet (1730–1807), Suisse ayant exercé comme précepteur de la famille royale à Copenhague, auteur des trois volumes de l’Introduction à l’histoire de Dannemarc, Copenhague : chez les Frères C. et A. Philibert, 1758–1777. BC pense sans doute aux circonstances de la composition de l’ode «E´loge de Haquin». Eyvind, cousin de Harald, premier roi de Norvège, mort au combat vers 960 avec huit de ses frères, «composa cette ode pour être chantée aux funérailles de son parent» (P.-H. Mallet, Edda, ou Monumens de la mythologie et de la poésie des anciens peuples du Nord, troisième édition, Genève : Barde, Manget, 1790, p. 304). L’hypothèse de BC, hardie et des plus lucides, est sans parallèle dans la critique de son temps. Nous la retrouvons chez Rudolf Borchardt, dans son essai «Einleitung in das Verständnis der Pindarischen Gedichte», où nous lisons : «Der Sieg der Demokratie ist hier [à savoir à son époque] [...] das Ende der Poesie.» (Prosa. Gesammelte Werke in Einzelbänden, t. II, Stuttgart : Klett-Cotta, 1959, p. 153). Sainte-Croix, Réfutation d’un paradoxe littéraire de M. Fréd.-Aug. Wolf, professeur en
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Les poèmes homériques sont l’ouvrage de plusieurs bardes, dont chacun fut l’organe et le représentant de son siècle a. Deux ou même trois poèmes primitifs ont pu s’élever et servir comme de centre b ; mais ces poèmes ont subi plusieurs transformations importantes ; autour d’eux se sont groupés successivement plusieurs épisodes ; on a inséré dans chacun d’eux des parties étrangères ; la date de ces parties, de ces épisodes et des deux poèmes ne peut être déterminée que par des preuves morales ; nous en trouvons d’irrécusables dans les diversités essentielles qui distinguent l’Iliade de l’Odyssée ; et puisque ces diversités seraient inexplicables, si l’on attribuait ces deux ouvrages au même auteur ou au même siècle, il faut les reconnaître pour les productions de deux siècles et de deux auteurs différents c.
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genre. Le barde gallois par excellence, Taliésin, dont nous avons parlé ci-dessus1, paraît dans le premier siècle : il naît de la première femme, dans la fournaise d’Owen, où se brassent le génie et la science : il chante, dans le quatrième, le fils d’E´deyrin, prince renommé ; et dans le sixième, il est l’auteur des poèmes que nous avons indiqués (liv. VI, ch. 7), et son nom, comme celui d’Homère, est emblématique ; il signifie tête divine, tête éblouissante. (Archæol. of Wales, p. 17, 71.) On trouve dans des choses qui ne tiennent point à la mythologie, des progrès qui indiquent un assez long intervalle, par exemple, l’invention de la cavalerie. Dans l’Iliade, cette invention n’est point mentionnée ; on combat à pied, ou l’on se sert de chars. Dans l’Odyssée, Ulysse sur un mât est comparé à un homme monté sur un cheval. A la vérité, dans la Dolonéide, il est parlé de Diomède, monté sur un des chevaux de Rhésus. Mais la Dolonéide est une interpolation postérieure au corps du poème. A. W. Schlegel pense que l’Iliade est composée de trois poèmes, dont le premier finit avec le neuvième livre, le second avec le dix-huitième, et dont le troisième comprend la mort de Patrocle, celle d’Hector. Il regarde comme des compositions à part la Dolonéide et le vingt-quatrième livre. Les derniers chants, dit-il, sauf les trente vers qui terminent le tout, se rapprochent déja de la pompe et de la majesté préméditée de la tragédie2. Nous avons dit que cette opinion n’était pas nou velle, qu’elle avait été celle de beaucoup de critiques de l’antiquité ; nous ajouterons qu’elle s’est reproduite dans les temps modernes. Bentley, l’un des hommes les plus érudits du siècle dernier, appelle avec un peu d’exagération les poèmes homériques des chansons éparses. (Phileleuther. Lips. p. VIII.) Goguet a senti la différence qui sépare l’Iliade de l’Odyssée. «J’ai long-temps soupçonné, dit M. de Paw, que l’Iliade, telle qu’elle a dû être dans son origine, avait été composée pour les jeux funéraires célébrés en Thessalie à la mort d’Achille (l’auteur aurait dû dire en mémoire de la mort d’Achille), par des princes qui prétendaient être issus de la famille de Pélée et de la race des centaures. Ces sortes de jeux n’étaient pas toujours des fêtes momentanées, mais
30 Phileleuther. ] la source porte Phileheuter faute mal corrigée dans l’Errata en proposant Philelheuter.
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langue grecque, sur les poësies d’Homère, Paris : Armand Koenig, 1798. Il ne parle pas d’attentat, mais défend bien ce qu’il pense être la «gloire» d’Homère. Voir ci-dessus, pp. 278, 282. Le renvoi à l’anthologie The Myvyrian Archaiology of Wales est incomplet. Il faut ajouter : t. I. BC copie la référence probablement chez Davies, The Mythology and Rites. A. W. Schlegel, Vorlesungen über die Geschichte der klassischen Literatur (1802–1803). L’analyse de l’Iliade est donnée dans la 9e leçon et prolongée dans la 10e. Voir Kritische
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Nous ne pensons donc point qu’on puisse opposer au tableau que nous avons tracé du premier polythéisme des Grecs la mythologie de l’Odyssée. Celle-ci se rapporte à une époque postérieure au polythéisme. En général il faut distinguer, dans les poèmes homériques, trois espèces de mythologie. On y remarque, sur le premier plan, une mythologie populaire, telle que devait être celle d’un peuple qui sortait librement du fétichisme. Cette mythologie est celle de la plus grande partie de l’Iliade, et surtout des dix-huit premiers livres, qui embrassent et complettent l’action principale. On trouve ensuite la même mythologie, mais perfectionnée, la religion ayant fait des progrès et s’étant unie à la morale ; elle domine dans l’Odyssée ; mais les trois livres dans lesquels Ulysse raconte ses aventures s’écartent de cette mythologie et appartiennent plutôt à celle de l’Iliade a. La description de
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très-souvent des institutions anniversaires : de façon que l’Iliade ou plutôt l’Achilléide, peut avoir été composée en différents temps ; et depuis on s’avisa d’y ajouter tant de fragments, que si Homère pouvait renaître, il n’y reconnaîtrait point son propre ouvrage. Il y avait même à Athènes des écoles de grammairiens où on livrait aux enfants une édition de l’Iliade remplie de vers qui n’existent plus aujourd’hui, tel que celui qu’Eschine a cité contre Timarque.» Enfin l’un de nos voyageurs les plus distingués a remarqué, sans en rechercher la cause, que l’Iliade peignait des mœurs qui avaient plus de rapport avec celles des sauvages qu’avec celles de l’Odyssée. Je retrouve, dit-il, dans les Grecs d’Homère, surtout dans ceux de son Iliade, les usages, les discours, les mœurs des Iroquois, des Delawares, des Miamis. (VOLNEY, Tableau de l’Amérique1.) Il y a de certaines assertions dont la grande force est dans l’unanimité avec laquelle on les suppose adoptées. L’on oppose cette unanimité à tous ceux qui, dans chaque siècle, voudraient combattre ces assertions ; et l’on croirait que, malgré ces dénégations réitérées, l’assentiment n’en continue pas moins à être unanime. Cela ressemble à la ruse de certains gouvernements qui se prétendent appuyés du vœu du peuple, et qui opposent ce vœu en masse aux résistances de détail, comme si chacune de ces résistances n’était pas une portion du vœu national. On arrive quelquefois, avec cette manière de raisonner, à un point où toute une nation paraît d’un côté, et tous les individus de cette nation de l’autre. Il est remarquable que l’amour d’Ulysse et de Calypso soit absolument physique, et ressemble à celui d’Agamemnon pour Chryséis. Il est incompatible avec l’ordre d’idées que Schriften und Briefe, t. III, hrsg. von Edgar Lohner, Stuttgart : Kohlhammer, 1964, pp. 112– 126. BC résume simplement les thèses de Schlegel. Richard Bentley (1662–1742), théologien et philologue anglais, auteur de la démonstration du caractère apocryphe des Épîtres de Phalaris. Il publia sous le nom de Phileleutherus Lipsiensis (L’homme libre de Leipzig) une réfutation du déiste Anthony Collins, Remarks upon a late Discourse of free-thinking : in a Letter to N. N. by Phileleutherus Lipsiensis, the 6th Edition, Cambridge : Cornelius Crownfield, 1725 (traduction française : La Friponnerie laïque des prétendus esprits-forts d’Angleterre, ou remarques de Phileleuthère de Leipsick sur le Discours de la liberté de penser, traduites de l’anglais par M. N. [A. de la Chappelle], Amsterdam : Wettstein, 1738). On peut y lire en effet : «[Homer] wrote a sequel of Songs and Rhapsodies, to be sung by himself for small earnings and good cheer, at Festivals and other days of Merriment ; The Ilias he made for the Men, and the Odysseis for the other Sex. These loose Songs were not collected together in the Form of an Epic Poem, till
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l’état des morts est tout-à-fait hors de proportion avec une religion qui a fait entrer la morale dans sa croyance et dans ses préceptes. D’un autre côté, le vingt-quatrième livre de l’Iliade, que beaucoup de critiques regardent comme supposé a, et dont les trente derniers vers sur les funérailles d’Hector sont en effet indignes de la poésie homérique, paraît appartenir à la mythologie de l’Odyssée. Il y a sur la dignité des dieux des idées qui contrastent avec toute leur conduite antérieure. Mercure quitte Priam à l’entrée de la tente d’Achille, en lui disant qu’il serait inconvenable que les dieux se mêlassent trop ostensiblement des affaires des hommes b. Cette réserve est bien peu conforme aux habitudes de ces mêmes dieux qui, en mille autres endroits, ne croient point se dégrader en intervenant pour combattre, protéger ou tromper les humains ; et l’on ne peut méconnaître ici un progrès dans les idées religieuses, un accroissement de la dignité divine. Priam dit à Achille : «Respecte les dieux et prends pitié de moi ;» c’est un propos de l’Odyssée plus que de l’Iliade. Nous serions tentés de croire que la marche de la civilisation ayant adouci les notions des Grecs, ils sentirent le besoin, pour conserver dans Achille leur héros national, de le présenter sous des traits moins farouches et moins révoltants que ceux qui caractérisent plusieurs de ses actions antérieures. De là sa pitié tardive, et la restitution du corps d’Hector à son père c.
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suppose la pudeur de Nausicaa, et même avec la corruption qui préside aux plaisanteries de Mercure. Car il implique plutôt la grossièreté que la corruption. Calypso se contente de l’hommage forcé d’un amant qui passe ses jours à gémir sur le rivage, et qu’elle oblige à lui consacrer ses nuits, en lui promettant, pour prix de cette complaisance, la permission de la quitter. JONSIUS, Observ. de stylo Homeri. DAWES, Misc. crit. Voyez aussi (tome II, p. 409) les doutes d’Aristarque relativement au 24e livre de l’Iliade, et Heyne, Exc. ad. Il. XXIV, p. 6701. Iliad. XXIV, 463, 464. Ce qui nous confirme dans cette conjecture, c’est que la mythologie de ce dernier livre est différente de celle des précédents, sous d’autres rapports. Dans les vingt-trois premiers, c’est Iris qui est la messagère des dieux : dans le vingt-quatrième, Mercure la remplace. Or, il est connu que cette fonction ne fut attribuée à Mercure qu’à une seconde époque de la Pisistratus’s time about 500 years after» (p. 18, section VII). – BC pense sans doute à De l’origine des loix, des arts et des sciences, et de leurs progrès chez les anciens peuples, La Haye : Pierre Gosse Junior, 1758 3 vol., d’Antoine-Yves Goguet. – Cornelius De Pauw, Recherches philosophiques sur les Grecs, t. I, Berlin : G. J. Decker, 1787, p. 323 (la citation de BC est exacte à ceci près que De Pauw dit «toujours» et non «longtemps» au début, et écrit «à l’honneur d’Achille» et non «à la mort d’Achille»). Peut-être BC se sera-t-il luimême mal relu et mal recopié. – Quant à Volney, notons que la citation de BC est exacte, seul le soulignement lui est propre. Voir C.-F. Volney, Tableau du climat et du sol des EtatsUnis d’Amérique, t. II, Paris : chez Courcier, chez Dentu, an XII [1803], p. 502. Voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 265. Johannes Jonsius (1624–1659), historien de la philosophie, auteur de De scriptoribus historiæ philosophicæ, Francofurti : Göetzius, 1659. – Ricardi Dawes Miscellanea critica, iterum edita, curavit Thomas Burgess, Oxonii : E Typographeo Clarendoniano, 1781. Dawes discute la question du digamma soulevée par
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Il y a enfin dans Homère des traces d’une troisième mythologie, qui est cosmogonique et allégorique, et qui consiste dans la personnification mystérieuse des forces de la nature. Cette mythologie n’est point homogène avec les deux autres, qui ne sont que la même à deux époques différentes. Elle paraît tout-à-fait transplantée, d’origine étrangère, et le résultat des communications de la Grèce avec l’E´gypte et la Phénicie. On la remarque principalement dans le vingt-deuxième livre de l’Iliade, la Théomachie a, dans la fable de Briarée b, imcompatible avec ce qu’Homère dit ailleurs de la puissance de Jupiter c ; dans les métamorphoses de Protée d, que Diodore déclare une copie de celles d’un dieu égyptien e ; dans le mariage de Jupiter et de Junon, que le même Diodore reconnaît pour une partie de la cosmo-
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mythologie grecque. (Voyez ci-dessus, t. II, p. 408, la note 21.) L’auteur de l’Odyssée et celui de la Théogonie (v. 68) sont les poètes de cette seconde épopée ; et le plus ancien des tragiques grecs la caractérise en appelant Mercure le nouveau messager du nouveau maître des dieux. (ESCHYL. Prom. 941). Écoutons à ce sujet l’un des plus savants commentateurs d’Homère, in libro XXI. Multa nova et peregrina, nemo non qui ad carmen legendum accessit, observare debuit maxime concursu moxque conflictu Deorum facto, inductis etiam Diis qui, superioribus carminibus rerum Trojanarum et Achivarum nullam curam habuerant. Pugna Achillis, παρα ποταμον, ad Scamandrum fluvium novi omnino generis est carmen, ut nec minus pugna Deorum, quæ manifesta habet vestigia alieni ortûs et diversi ingenii. Magna sunt phantasmata, sed judicium poetæ parùm severum, nec cum carmine reliquo Iliaco fabula est conglutinata. (HEYNE, ad. Il. XXIV, Exc. II, p. 785.) Iliad. I, 396–4062. Ib. VIII, 183. Odyss. IV, 385, 4804. DIOD. I, 20–245. Bentley mais ne consacre pas de note particulière à l’étude du dernier livre de l’Iliade. BC renvoie au t. II, où il rapporte en note les doutes relatifs au XXIVe livre de l’Iliade, confortés ici par les références de Heyne. BC renvoie au t. II de De la Religion (OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 265, n. a). Le traducteur allemand est Philipp August Petri dont il cite la note à l’endroit indiqué. Dans la plainte d’Achille adressée à Thétis, le héros rappelle à sa mère qu’elle a envoyé Briarée, le géant aux cent bras, pour protéger Jupiter contre les intrigues d’autres olympiens qui voulaient le lier. Briarée est dans la mythologie grecque un monstre. BC renvoie au discours de Zeus qui défend aux dieux d’aider les Troyens ou les Achéens, et il leur rappelle qu’il est le plus puissant des olympiens. Od. IV, 385 désigne Protée comme dieu Égyptien ; le vers 480 désigne la fin du passage. Diodore parle de Protée dans le livre I, chap. 62. Il y identifie Protée avec un roi d’origine obscure, appelé Kéten : «Après la mort de ce roi [Amenemhat II], il y eut un interrègne de cinq générations ; puis un homme de modeste origine fut choisi comme roi. Les Égyptiens le nomment Kéten, mais chez les Grecs on pense qu’il s’agit de Protée, qui vécut à l’époque de la guerre de Troie» (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, t. I, texte établi par Pierre Bertrac et trad. par Yvonne Vernière, Paris : Les Belles Lettres, 1993). Le roi Kéten n’est pas identifié. Les chap. 20–24 du livre IV ne parlent pas de Protée, mais racontent la légende d’Osiris. On trouve dans le chap. 23 une phrase qui soutient l’opion de BC : «D’une manière générale, disent-ils, les Grecs se sont approprié les plus célèbres des héros et des dieux égyptiens ainsi que les colonies fondées par eux.»
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gonie de l’E´gypte a ; enfin dans l’île qu’habite E´ole, avec ses fils et ses filles au nombre de douze b : mais cette troisième mythologie ne se trouve dans les poèmes homériques que d’une manière fort incomplète et interrompue. Nous livrons, au reste, ces conjectures à ceux qui sont accoutumés et qui se plaisent à réfléchir sur ces matières. Ce qui nous importe et ce que nous croyons avoir démontré, c’est qu’il y a des différences essentielles entre la religion de l’Iliade et celle de l’Odyssée, et que ces deux poèmes ne peuvent être attribués ni au même temps, ni au même auteur. On nous demandera peut-être pourquoi, l’Odyssée se rapportant, selon nous, à une époque plus avancée du polythéisme, nous avons quelquefois appuyé de citations tirées de ce poème nos assertions sur le polythéisme primitif. C’est que, lorsque nous avons aperçu dans des passages peu nombreux de l’Odyssée, les mêmes opinions que nous avions trouvées dans l’Iliade, nous avons pensé que quelques fragments de ce dernier ouvrage s’étaient glissés dans l’autre. Lorsque au contraire nous avons rencontré dans l’Odyssée des opinions différentes, comme ces opinions étaient toujours dans le sens de la progression, nous avons reconnu les effets du temps et la marche nécessaire des idées. Lorsque vous remarquez dans un poète deux opinions qui se contrarient, ce n’est pas que ces deux opinions aient a
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De la Religion, III
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DIOD. ib1. Odyss. X, 1–12. La chaîne d’or de Jupiter, ses me naces à Junon, sont manifestement des allégories sacerdotales, qui ont le plus grand rapport avec les allégories indiennes (CREUTZ. I, 116, 1202). Aussi les commentateurs qui ont écrit avant que nous eussions aucune notion des traditions et des dogmes de l’Inde, ont-ils trouvé ces images tout-à-fait étrangères à la manière d’Homère, sans pouvoir se rendre raison de cette différence. On distingue encore des vestiges de ces importations dans ce qui se rapporte à Vulcain. Nous avons parlé (vol. II, pag. 3993) de ses trépieds ambulants, qui nous semblaient empreints de l’imagination orien-
26 399 ] la source porte 339 faute d’imprimerie que nous corrigeons 1
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Diodore dit, en parlant de la présence d’Homère en E´gypte : «Les mythes concernant Zeus et Héra, leurs amours et leurs voyages en Éthiopie, tout cela, le poète l’aurait pris en Égypte» (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, livre I, chap. 97). BC renvoie à Creuzer, Mythologie, t. I, pp. 116–120. Creuzer y expose les faits, les explique et suggère de rapprocher le texte de l’Iliade (VIII, 17–27) du poème indien Bhogovotgita, qu’il cite d’après la traduction de Friedrich Schlegel, Weisheit der Indier, p. 303. Il comprend la chaîne d’or de Jupiter comme faisant partie d’une langue imagée. La chaîne exprime la pénétration du cosmos par l’âme du monde. La comparaison avec le Bhagavad gita rapproche Krishna dans sa 8e incarnation sous les traits de Bhogovan qui console un héros en lui rappelant l’unité éternelle et immuable de toutes choses : «An mir hängt dieses All vereint, wie an der Schnur der Perlenzahl.» Le collier de perles exprime la même idée ou philosophème que la chaîne de Jupiter. OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 260.
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Livre VIII, Chapitre III – Composition et mythologie de l’Odyssée
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coexisté : c’est que le poète s’est servi tour-à-tour de l’une et de l’autre, suivant qu’elles convenaient à l’effet qu’il voulait produire et lui fournissaient des beautés. Mais quand dans un long et vaste poème, tel que l’Iliade, qui embrasse presque toutes les parties de l’existence humaine, vous ne rencontrez qu’une seule doctrine, compacte, uniforme, contredite tout au plus dans quelques détails courts et clair-semés, il est évident que cette opinion était seule dominante, à l’époque décrite par l’auteur. Ce que le poète ne dit pas, peut dans en ce sens être une preuve beaucoup plus incontestable que ce qu’il dit. En fait de chronologie, la preuve positive est quelquefois moins forte que la preuve négative.
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tale. Nous aurions pu parler aussi des vierges d’or qui l’aident dans ses travaux (Il. XVIII, 376) ; de ses soufflets qui soufflent d’eux-mêmes. (Ib. 470.) Il avait forgé un chien d’or, vivant, qui gardait les bois sacrés de Jupiter en Crète. (Schol. ad XIX, 518.) Enfin, le bouclier qu’il fait pour Achille, contient le ciel, la terre, la mer, l’Océan, les hommes, les animaux, les plantes, la nature entière. Rien n’a plus d’analogie avec les représentations de Brama ; mais le poète grec n’en fait que l’objet d’une description poétique, et Vulcain reste un dieu grotesque. Ce qui acheverait, s’il en était besoin, de démontrer qu’Homère n’entendait rien aux subtilités scientifiques ou cosmogoniques, c’est l’absence de toute personnification de l’amour. Comment, si cette notion eût été connue, le poète n’en aurait-il pas fait un fréquent usage dans les querelles et les réconciliations des dieux ? et de combien de tableaux brillants ou gracieux l’amour n’aurait-il pas été l’occasion ? Comment serait-il demeuré indifférent lors de la blessure de sa mère, ou inactif dans les démêlés de Pâris et d’Hélène ? mais Homère ne parle ni du fils de Vénus, ni de l’E´ros cosmogonique, inventions postérieures qu’Hésiode recueille.
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Chapitre IV. Conclusion.
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L’Iliade et l’Odyssée sont d’époques différentes. Durant l’intervalle qui les sépare, l’état social avait changé : les mœurs s’étaient adoucies ; les connaissances s’étaient accrues ; et la religion par cette cause avait dû se modifier. Les objections qui semblaient ébranler notre système le confirment donc. La forme religieuse qu’avait imposée aux Grecs leur première civilisation guerrière et farouche, ne suffisait plus à leurs descendants, moins belliqueux et plus policés. Le sentiment religieux continua son travail, agrandit, épura la forme ; et la proportion s’établit entre elle et l’état social nouveau.
FIN
DU TROISIE` ME VOLUME.
Établissement du texte : Imprimé : De la Religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements, t. III, Paris : Chez Béchet aîné, libraire, 1827, p. 472.
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Textes complémentaires
[Manuscrit sur fiches] 1825
2. Le premier manuscrit sur fiches, folio ajouté à la première série des fiches. On reconnaît que la fiche a été prise dans un manuscrit précédent, également rédigé sur fiches. Le syntagme du texte principal est biffé de traits obliques, l’ancien foliotage est biffé et remplacé par le numéro actuel, et les deux dernières lignes de la note sont écrites en travers dans la marge de gauche. BCU, Co 3267, fo 66ter.
Introduction
Le travail a` la rédaction du manuscrit sur fiches du tome III de De la Religion commence à une date indéterminée, mais assez proche de l’impression du tome II de l’ouvrage1. La preuve en est le fait que Constant se sert de fiches obtenues par le découpage d’un grand manuscrit in-folio du deuxième volume. Elle est corroborée par les notes du Carnet de notes et une lettre adressée à Rosalie, datée du 6 octobre 1825. Le manuscrit sur fiches du tome III consiste en trois lots qui comprennent pour le premier les numéros [1] à 189, pour le second les numéros 338 à 555 et pour le troisième les numéros 874 à 1199. Il se peut que ces trois séries, auxquelles il faudrait évidemment ajouter les documents perdus, aient concerné dans un premier temps uniquement le tome III. Les plans que nous connaissons ou que nous supposons en scrutant nos sources varient entre trois à six livres pour ce tome III. Mais avec la publication de la version imprimée et les transformations profondes qui la précèdent, les choses changent. Nous constatons qu’après la nouvelle distribution de la matière, seules les deux premières séries se rapportent au tome III, tandis que la dernière couvre une partie du volume suivant. Le manuscrit sur fiches n’est pas complet. Nous possédons, pour le tome III, les parties suivantes : fiches [1] à 64ter : Livre VI. Des élemens constitutifs du polythéisme sacerdotal. Chapitre premier : De la combinaison du culte des élémens et des astres avec celui des fétiches. fiches 65 à 164 : Livre VI. Chapitre II : Exemple de cette combinaison chez les Égyptiens. fiches 165bis à 186 : Livre VI. Chapitre III : Erreur expliquée par cette combinaison. fiches 230, 247 et 336 : fiches 389 à 448 :
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Livre VIII. Chapitre VI (?) Livre VIII. Chapitre VII : Des notions grecques sur la destinée.
Voir notre Introduction, ci-dessus, pp. 89–93.
424 fiches 449 à 518, 541 et 542, 554 et 555 :
De la Religion, III – Textes complémentaires
Livre VIII. Chapitre IX : Des notions grecques sur l’autre vie.
Nous constatons que le manuscrit sur fiches annonce une structure différente de celle du volume publié, ce qui implique aussi un déplacement des parties de cet ouvrage, une distribution autre des chapitres ainsi qu’une numérotation incertaine des livres. La numérotation des fiches par contre atteste l’ordre primitif des parties du volume tel que Constant le voyait en 1825. Le collationnement du manuscrit avec la version imprimée nous révèle pour certaines parties d’assez grandes différences entre les textes, en particulier pour les deux premiers chapitres du livre VI et deux petites séquences avec des fragments pour les chapitres VI et IX du livre VII ou VIII. Les autres parties, par contre, offrent un texte assez proche de celui publié en 1827. Nous reproduisons ici intégralement le texte des deux premiers chapitres du livre VI, avec les variantes par rapport au texte imprimé, si cela s’impose. Les variantes des autres parties, entre le manuscrit sur fiches et le livre VI, sont répertoriées dans l’apparat critique au bas des pages de la version imprimée. Établissement du texte Manuscrit : Des élémens constitutifs du polythéisme sacerdotal. BCU, Co 3267, fiches 1–164. 191, fiches, 191 pp. a. Les folios indiqués ci-dessus ne concernent que les parties du manuscrit sur fiches dont le texte diffère considérablement de celui de la version imprimée. C’est le texte reproduit ci-dessous. K. K.
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Livre
VI.
des élémens constitutifs du Polythéisme Sacerdotal.
Ch.
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de la combinaison du Culte des élémens & des astres avec celui des fétiches.
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nous avons, jusqu’á un certain point, déblayé notre route. Nous avons indiqué la cause première du pouvoir Sacerdotal. Nous en avons décrit l’étendue. Nous avons signalé la marche que, dès l’origine des Sociétés, les prêtres avoient intérêt à suivre, & montré la direction imprimée par la nature à l’esprit humain dans sa liberté, chez les Nations indépendantes de toute autre puissance. Nous pouvons donc, sans avoir à craindre des objections fondées, passer à l’exposition des élémens constitutifs des deux cultes. Dans les climats qui invitent les hommes à l’adoration des astres, le premier culte est l’astrologie. Dans les pays où l’astrolatrie n’est pas naturelle, c’est l’adoration des élémens. Mais les astres qui suivent au haut des cieux leur course éternelle, les élémens, divinités, en quelque manière abstraites, puis que leur ensemble échappe à nos sens, ne sont pas des êtres disponibles, pour que l’homme encore enfant s’en contente. [...] [...] Mais il en est autrement de l’intérêt. L’interet demande que les Dieux descendent sur la terre, pour protéger de plus près la race mortelle. Ainsi, tandis que les Corporations privilégiées mettent au premier rang de la hiérarchie divine, les élémens & les arbres, la multitude qui est en dehors de ces corporations, se fait des Dieux proportionnés à son intelligence. Or, repoussée qu’elle est de toute Science & de toute étude, Son intelligence Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3267, fiches 1–64ter. 15 chez les ] 〈aux〉 chez les ces deux mots dans l’interl. Co 3267
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n’est guère plus exercée que celle du Sauvage. Les Dieux de cette multitude & ceux du sauvage sont donc à peu près de la même nature. chez presque tous les peuples soumis aux Polythéisme Sacerdotal, le Culte des animaux, celui des pierres, des montagnes, des arbres, celui de petits Simulacres grossièrement faconnés, & chez les Tribus plus particulièrement guerrières, celui des lances & des épées, viennent combler l’intervalle immense qui sépare les habitans des cieux de ceux de la terre. & c’est avec les Dieux de cette dernière espèce que les Communications sont les plus fréquentes & les plus directes[.] Les Scythes qui adoroient l’air, le Ciel & les vents, représentoient Mars sous la forme d’une lance & une pierre étoit leur Jupiter. Les Nations connues sous le nom de Celtes, qui ne considéraient point les élémens comme de simples images d’une divinité invisible, mais comme étant eux mêmes des Divinités a, rendoient néanmoins un culte réel les unes à des haches & des piques b, les autres à des rochers & à des Cailloux c, les Alains aux Javelots d, les Esthons aux Sangliers e, les Saxons & les Finnes aux oiseaux aux arbres & aux quadrupèdes f. Les Allemands, que leurs Prêtres entretenoient de notions mystérieuses sur la nuit, le Soleil, la voute des cieux n’en avoient pas moins pour fétiches des arbres g qu’ils arrosoient de sang, & jetoient dans les fleuves h des victimes. La superstition qui suppose encore aujourdhui chaque rivière de l’Allemagne habitée par une nymphe séduisante & trompeuse que le peuple désigne sous le nom de Nix, & qu’il accuse de l’enlevement des ceux qui a
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De la Religion, III – Textes complémentaires
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v. Pelloutier hist. des Celtes1. Mallet introd. à l’hist. du Danem. 184–185. Bartholin. III. Procop. Vandal. I. 3. Amm. Marcell. XXXI. 2. v. aussi sur le culte des lances Justin. XLIII. 3. Tact. Germ. 45. Pellout. V. 209. Grég. d Tours. II. Maxim. Tyr. diss. 38. Helmold Chron. Slav. Cap. 48. Agathias. Lib. I2. Les Capitulaires de Charlemagne prohibèrent ce culte comme sacrilège. (Cap. Carol. Magn. lib. I. Tit. 63. VII. 236.)
10 directes ] directes suit le texte d’une note biffée 〈chez les Egyptiens, c’étoit au nom des Dieux animaux & non des Dieux célestes que les Prêtres rendoient leurs oracles. (Herod. II. 82.)〉 texte et renvoi repris ci-dessous, p. 427, lignes 9–10 et 24 Co 3267 12 Jupiter. ] 〈les allemands qui avoient les fleuves pour Dieux collectifs avoient les arbres pour fétiches.(1) (1) Agathias. Lib. I.〉 Co 3267 14 d’une ] récrit sur un mot illis. Co 3267 25 Pelloutier ] cette note, comme toutes les autres de la fiche 18, ajoutée après coup Co 3267 29 v. aussi ] 〈illis.〉 v. aussi Co 3267 32 Agathias ] note ainsi que la seconde note de cette fiche ajoutées après coup Co 3267 1 2
Pour les notes a–f, voir ci-dessus, pp. 275–276, n. 2–7. Pour les notes g–h, voir ci-dessus, p. 124, n. 1–2.
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périssent dans les ondes, est probablement une réminiscence de cet ancien culte. Les peuples plus méridionaux ne se distingoient point à cet égard de ceux du Septentrion. La religion Astronomique des Etrusques n’excluoit ni l’adoration de leurs pierres Béthyles ou animées a, ni les hommages rendus au pivert prophétique b à la lance guerrière c & aux chènes couverts de mousse dans les forêts de l’ancien Latium d. Chez les Egyptiens, c’étoit au nom des Dieux animaux & non pas des Dieux célestes que les prêtres rendoient leurs oracles e. leur vénération pour les arbres s’est prolongée jusqu’à nos jours. M. Denon raconte le scandale que des Soldats francais exitèrent, en abattant un vieux tronc, vénéré de tems immémorial par les indigènes f. Les Syriens qui adoroient le Soleil g & le feu h adoroient en même tems des poissons i, des Colombes k, des Cygognes l, & dans leur temple de Jupiter m, ce Dieu était représenté sous la forme d’une pierre. Les Pénates des Troyens, bien qu’Homère leur prête le Culte des Grecs, étoient probablement des Hermés assez grossiers. a b c d
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Monde primitif, I. 8. Ovid. fast. IV1. Den. d’Halic. I. 2. Clem. Alex. Cohort. ad Gent. Arnob. VI2. Tit. Liv. I. 10. Serv. ad Ænéid. X. 423. Lucan. I. 136. Plin. Hist. nat. XII. 1. Æneid. XII. 766. Festus Vo Fagutal. Tibull. I. Eleg. 11. Herod. II. 82. Voy. en Eg. I. 2293. Selden, de Diis Syris. 173. 197. 220. 244. 332. Mignot. Acad. Inscr. XXXI. 1374. Selden. loc. cit. 321. Xenoph. Anab. I. 4. & la note de Larcher. Cicer. de nat. Deor. III. 15. Diod. II. 4. Porph. de Abst. II. 61. IV. 15. il cite en témoignage l’ancien poète comique Ménandre. Tibull. I. 8. 18 note de Brockhuys. Selden, loc. cit. p. 269. Jupiter Casius5.
9 pas ] ajouté dans l’interl. Co 3267 19 Monde ] note ajoutée après coup, comme toutes les autres de cette fiche Co 3267 25 Voy. ] note ajoutée après coup Co 3267 26 Selden ] toutes les notes de cette fiche ajoutées après coup Co 3267 1 2
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Pour la note a, voir ci-dessus, p. 124, n. 3–4. Le renvoi à Arnobe, copié chez Spangenberg (voir ci-dessus, p. 125, n. 3), vise la phrase suivante : «Ridetis temporibus priscis [...] coluisse [...] pro Marte Romanos hastam, [...]» (Adversus nationes libri VII, livre VI, 11.1). Dominique-Vivant Denon, Voyage dans la Basse et Haute Égypte pendant les campagnes de Bonaparte, en 1798 et 1799, Londres : Charles Taylor, Sherwood, Nealy, et Jones, 1817, t. I, pp. 121–123. Voir ci-dessus, p. 156. Pour les notes g–k, voir ci-dessus, p. 258, n. 3 et 259, n. 3. L’information est vague et peut-être fausse. L’épithète «casius» désigne normalement le Jupiter de la montagne Casios en Syrie, vénéré dans cette région, en particulier à Antioche.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
Les Chaldéens, de tous les peuples le plus adonné à l’astrologie, rendoient hommage au coq, au bouc & au chien. Les Indiens, malgré la métaphysique Subtile & la cosmogonie mystérieus de leurs Brames, et à coté du sens astronomique qui domine leur religion, ont des animaux pour fétiches. Leurs taureaux sacrés ont avec le bœuf Apis une analogie qui n’est pas méconnoissable a. Certains arbres sont l’objet de leur adoration habituelle. Le Dieu qu’on adore dans la Pagode de Perwuttum n’est qu’une pierre informe b : & toutes les fois qu’une maladie ou un accident quelconque atteint l’habitant d’un village, tous ses concitoyens se réunissent pour chercher une pierre noire, où ils imaginent que la Divinité réside, & quand ils l’ont trouvée, ils la portent en pompe & lui dressent des autels. Les individus se partagent ces Déités secondaires. Chaque homme ou chaque Tribu se choisit dans le nombre son protecteur Spécial. C’est ce qui arrivoit en Egypte pour les animaux[.] C’est ce qui arrive encore aujourd’hui aux Indes pour les pierres consacrées. Mais au lieu que chez Nations independantes des Prêtres, le fétichisme demeure un culte individuel dans lequel chaque adorateur rend hommage a
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Le Colonel Pearse ayant dit à un Indien que les Egyptiens adoroient un taureau, & choisissent ce Dieu d’après une marque à la langue, & qu’ils adoroient aussi des oiseaux & des arbres, cet Indien répondit que cette religion étoit la même que celle des Indes, que les Indiens choisissoient leurs taureaux sacrés de la même manière, & qu’ils adoroient différens arbres & différens oiseaux. (As. Res. II. 335.) Brama, Wishnou, & Shiven sont censés résider dans le Kolpo, & prendre quelquefois naissance dans certaines pierres. Routren se plait à se renfermer dans l’outrachon, semence d’un fruit aigre. (Sonnerat) les pierres & les rochers percés que les premiers chrétiens appeloient Cunni Diaboli, parcequ’ils appeloient Diables les Divinités payennes, se trouvent fréquemment aux Indes. Les dévots passent par l’ouverture, quand elle est assez grande, ou y mettent le pied ou la main quand le corps ne sauroit y pénétrer. Ils croyent que c’est une purification1. (As. Res. VI. 502.) As. Res. V. 3042 .
5 ont ] récrit sur un mot illis. Co 3267 22 Le Colonel ] 〈Les taureaux sacrés des Indiens ont avec le bœuf Apis une analogie qui n’est pas méconnoisable.〉 Le Colonel la note écrite sur trois fiches provient d’un autre ensemble où elle était accrochée au passage suivant 〈leur religion, ont, comme les Egyptiens d’autrefois, des animaux & des arbres pour fétiches Le Dieu qu’on revère dans la Pagode de Perwuttum, n’est qu’une pierre informe & toutes As. 33 As. ] note ajoutée après coup Co 3267 Res. V. 304.〉 Co 3267
1
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Voir ci-dessous, p. 535. Voir ci-dessus, p. 187, où ce passage revient. – Le renvoi aux Asiatic[k] Researches, t. VI, 1807, p. 502, vise l’essai de Francis Wilford, «On Mount Caucasus» (pp. 455–539), qui contient à l’endroit indiqué les détails sur les «Cunni Diaboli» et l’équivalent aux Indes. BC résume, en traduisant certaines tournures, le texte de Wilford. Sur la pagode de Perwuttum, voir ci-dessus, p. 187.
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isolément à la divinité qu’il a choisie, ce même fétichisme devient un culte constitué, chez les nations soumises à l’inflence sacerdotale : & les fétiches forment un corps, sans se perfectionner, sans changer ni leurs attributs ni leur figure. Il est pour les prêtres d’un grand intéret que l’homme ne puisse aborder ses Dieux sans intermédiaire, faire avec eux son marché directement, les avoir, pour ainsi dire, toujours sous la main. En conséquence, le Sacerdoce s’empare du fétichisme, le place sous l’adoration des élémens & des astres, & proclame deux classes de Divinités, qu’il réunit ensuite dans sa doctrine secrète, par des symboles & des allégories mystérieuses. Mais cela même ne satisfait pas la prévoyance inquiète des Prêtres. Pour mettre les fétiches encore plus au dessus de la portée du vulgaire, ils assignent à chaque espèce un fétiche générique, archétype ou prototype de l’espèce entière. Nous avons montré le germe de cette idée dans le Culte du Sauvage a. Les Prêtres s’en emparent & la développent b. Apis ou Mnévis étoit en Egypte le représentant des Taureaux, Anubis celui des chiens, Bubastis celui des chats c. Le Culte d’Apis, ses cérémonies, la vérification des taches, & des signes qui constataient sa Divinité, portent l’empreinte visible d’une recherche, d’une préméditation qui indique un but. Les Prêtres en avoient deux. D’abord, en détournant sur un seul individu l’adoration qui étoit autrefois le partage de tous ceux de son espèce, ils rendoient celle-ci à sa destination a b
c
v. l’introd. de Vogel p. 21. & le Culte des fétiches, Trad. allemde p. 401. Diod. Sic. I. 1. Ælian. Var. Hist. Ptolom. de afric. IV Euse. præp. ev. Sympos2. Jablonsky, Panth. Æg. II. 60.
III.
4. Plutarch.
12 des Prêtres ] mots récrits sur deux mots illis. Co 3267 26 v. l’introd. ] note ajoutée après coup Co 3267 27 Diod. ] note ajoutée après coup Co 3267 28 Jablonsky ] note ajoutée après coup Co 3267 1
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BC renvoie d’une manière générale au t. I de De la Religion ainsi qu’à l’ouvrage de Vogel, Versuch über die Religion der alten Aegypter und Griechen, Nürnberg : Frauenholz, 1793, p. 21 qu’il possède dans sa bibliothèque (voir le Catalogue). Il cite en outre Charles de Brosses, Du culte des Dieux fétiches, p. 40 de la traduction allemande, pp. 58–59 de l’édition française, où il est question d’un manitou d’un certain animal(un bœuf, p. ex.) et que c’est le manitou et non pas le bœuf que le sauvage adore. Les renvois de BC sont moins précis qu’on l’attendrait. Pour les notes b–c, voir ci-dessus, p. 127, n. 2–3.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
naturelle, au travail, à la mort, à tous les usages auxquels l’homme pouvoit l’employer. Et secondement, ils donnoient un caractère plus solemnel & plus énigmatique a` l’animal consacré. Chaque adorateur n’avoit plus une idole qui lui appartînt en propre ; mais une Divinité générique, & pour lui plaire, il fallait recourir à ses ministres. Toutefois le penchant inhérent à l’esprit humain résistoit souvent à l’effort des prêtres. Il ne rejetoit pas leurs enseignemens, mais il n’abandonnoit point sa notion première. Bien qu’Anubis eut à Cynopolis son temple, Comme le représentant céleste des chiens, plusieurs de ses pareils avoient dans la même ville leurs adorateurs particuliers a. Telle est donc la composition du Polythéisme Sacerdotal. Au lieu de devenir, comme le Polythéisme livré à lui même un pur & simple anthropomorphisme, c’est un mélange de fétichisme & d’astrolatrie, une combinaison de superstition & de Science, qui se confondant & se mélant l’une à l’autre, offrent à l’observateur des incohérences inexplicables, & d’innombrables contradictions. Des fables grossières, des dogmes absurdes, des vestiges revoltans d’ignorance & de barbarie se combinent avec des observations, des découvertes, des parties de Science qui supposent une civilisation très avancée. & l’on court risque de prendre une portion de la doctrine secrète des prêtres, pour l’ensemble & le sens véritable de la religion publique. Toute religion Sacerdotale renferme un Systême Scientifique & souvent plusieurs. Mais à coté de ce systême Scientifique existe une religion populaire, que les prêtres ont intérêt à maintenir immuable, car leur autorité repose sur elle. Ils ont donc toujours un double1 mouvement b. Comme Savans, Ils introduisent dans la religion tout ce qu’ils savent : Comme prêtres, ils veulent lui conserver tout ce qui la rend active & puissante. Pour déguiser les contradictions qui resultent de ce travail, ils ont une ressource assurée, le mystère dans lequel ils se renferment. a b
Strabon. XVII. V. Tome Ier, Liv. I. ch. 9. p. 173.
OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 186.
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Iere
édition
35 Strabon. ] note ajoutée après coup Co 3267 Co 3267 1
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre I 64
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Ce mystère les dispense de rien concilier ; car il sépare, comme par un mur d’airain, les opinions diverses, qui existent de la sorte à coté les unes des autres, sans se combattre ou même se rencontrer a.
a
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v. dans Vogel, p. 103–104 une idée très juste. quand les prêtres avoient inventé des fables nouvelles, ils ne les publioient pas : mais les confioient à chacun à part, ce qui empêchoit qu’on ne connut l’époque de leur introduction dans la religion, & qu’on ne vît qu’elle[s] se contredisoient1. Des fables ainsi confiées devenoient peu à peu publiques. Ainsi, les fables relatives à Osiris, secrètes du tems d’Herodote, étoient connues du tems de Diodore. Mais alors de nouvelles fables étoient l’objet de nouvelles confidences & de nouveaux secrets. (ib. 104)2.
4 v. dans Vogel ] cette note, comme celle accrochée aux mots Culte du Sauvage ci-dessus, p. 429, ligne 16, ajoutée en corrigeant le texte au cours d’une relecture de l’ouvrage de Vogel Co 3267 8–10 Des fables ... (ib. 104) ] passage ajouté en lisant l’ouvrage de Vogel Co 3267
1
2
Voir Vogel, Versuch über die Religion der alten Aegypter und Griechen. BC reprend l’entrée no 26 de ses notes de lecture, marquée «empl. 1826» (Co 3293, Q3/7). Cette note date le manuscrit. BC copie la note de lecture no 27 («empl. 1826») tirée du même ouvrage.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
Ch. 2
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Exemple de cette combinaison chez les Egyptiens
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La combinaison du fétichisme & de l’astrolatrie s’apercoit clairement dans le Polythéisme de l’Egypte. Deux choses sont prouvées relativement à ce Polythéisme : l’une, qu’il contenait une religion astronomique, l’autre qu’il prescrivoit l’adoration de tous les animaux connus dans cette contrée a. On a eu recours à plusieurs Systemes pour concilier cette double apparence de Science d’une part & d’absurdité de l’autre. Nous ne parcourrons que très en passant ces divers Systêmes, tant ceux des anciens que ceux des modernes. parmi les écrivains de l’Antiquité, Herodote est le seul qui, ne s’étant voué de préférence à aucune hypothèse favorite, meriterait quelque confiance. Mais ce qu’il dit est à la fois insuffisant & obscur : insuffisant parce qu’il n’avoit que des connoissances incomplettes ; obscur parce qu’il s’imposoit des réticences superstitieuses[.] Une très petite partie de la Religion Eygyptienne lui avoit été révélée & retenu par des scrupules, il n’osoit dire de ce qu’il savoit qu’une partie plus restreinte encore[.] Hérodote ne connoissoit point les divinités intellectuelles des Egyptiens (Vogel. 54) & ne paraît avoir eu aucune idée de la religion Philosophique de a
66ter
Le chat étoit une Divinité à Barbaste, le Bouc à Mendès, la chèvre sauvage à Coptos, le Taureau à Hiéropolis, l’Hippopotame a` Paprémis, la brebis à Saïs, l’aigle à Thèbes, ainsi qu’une espèce de petit serpens non vénimeux, l’épervier à Thèbes & à Philes, le faucon à Butos, le singe d’Ethiopie à Babylone, le Cynocéphale à Arsinoé, le crocodile à Thèbes & sur le lac Mœris, l’Ichneumon dans la Préfecture Héracléotique, l’Ibis dans celle qui étoit voisine de l’Arabie, la Musaraigne à Athribis, ailleurs le chien, le loup, le lion, certains poissons tels que le maïote, à Eléphantine, & à Sienne l’Oxyrinque, le Lépidote & l’Anguille. Desbrosses, culte des Dieux fétiches, p. 31–32[.] Strabon XVII. Ælian. X. 23. Meiners Crit. Gesch. I. 191–1931. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3267, fiches 65–164.
24–32 Le chat ... 193. ] texte de la note sur deux fiches tirées d’un autre ms. plus ancien qui contenait le même texte ; la preuve en est le texte principal biffé 〈tous les animaux ... cette double [apparance]〉 (lignes 9–10) Co 3267 1
Voir ci-dessus, p. 151, n. 1.
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l’Egypte (ib. p. 58)1[.] il raconte diverses explications du culte des animaux, & cependant ne dit nulle part qu’ils fussent des symboles des Divinités immatérielles. d’ailleurs, soit que la Philosophie sacerdotale n’eut fait encore de son tems q peu de progres soit ce qui est plus vraisemblable que les Pretr. eg. fussent dans la premire fureur du myst. Il part avr ign. cpl. la port metaph. de cette relig. il ne parle nulle pt des deductn (?) intellect. ou immat. & s’occupe presqu’excl. de qq rites, de qqs ceremon. extér. De toutes les causes qu’assigne à l’adoration des animaux Diodore plus moderne & moins scrupuleux, sans être plus éclairé aucune ne soutient une discussion sérieuse. les metamorphoses des Dieux sont évidemment des explications inventées après coup. Il en est de même des étendarts qui avoient servi jadis aux différentes Tribus. Un peuple peut choisir pour étendart la représentation de ce qu’il adore : [...] La politique des Rois, cherchant à diviser leurs sujets, en leur donnant différens objets de vénération religieuse, est une application mal-adroit[e] du Systeme d’Evhémére, qui rapportoit, comme on sait, l’origine de toutes les religions aux combinaisons des législateurs. Mais aucune religion n’a été instituée de la sorte, & l’époque où la politique fonde ses calculs sur les croyances est fort éloignée de celle de la Naissance du fétichisme. Favorisé par l’intérêt d’une classe, il peut se prolonger sous la civilisation : mais il ne saurait naître qu’au sein de la [bar]barie. Enfin, nous avons déjà montré que l’utilité des diverses espèces n’entrait que pour infiniment peu dans le culte que les Sauvages leur rendent. On ne croit point parce qu’il est utile de croire[.] C’est lorsque la croyance tombe qu’on en recherche l’Utilité. Quand une religion est détruite, il est difficile d’imaginer ce qui la rendait sacrée2. 4–8 d’ailleurs ... extér. ] sténographie du développement de l’argument ajouté après coup Co 3267 16 peuple peut ] la source porte peut peut faute évidente que nous corrigeons Co 3267 26 barbarie ] la source porte barie la première syllabe omise en allant à la ligne Co 3267 31-p. 439.24 Quand une religion ... aux formes du trépas. ] le seul passage de ce 31 détruite ] chap. repris presque textuellement dans le chap. IV du livre VI. Co 3267 ébranlée Rel3 31–32 ce qui ... sacrée. ] sur quoi reposait son crédit ancien. Rel3 1 2
BC copie les notes 5 et 6 («empl. 1826») de ses notes de lecture prises en lisant l’ouvrage de Vogel, Versuch über die Religion (Co 3293, Q3/7). Avec cette phrase commence un long passage qui revient presque textuellement dans le chap. IV du livre VI. Nous avons répertorié les variantes entre cette version ms. et le texte définitif reproduit ici, évitant de surcharger l’apparat du texte imprimé avec des détails qui auraient exigé des explications supplémentaires.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
On lui attribue alors mille usages subalternes dont aucun n’aurait suffi pour la faire adopter, mais que l’on réunit & que l’on exalte pour l’appuyer dans sa décadence a. Ainsi de nos jours on a justifié le careme comme favorisant par la pêche une pepinière de marins. Mais les premiers qui s’étoient imposé des abstinences n’avoient eu pour but que de plaire au Ciel. Il est prouvé de plus, que les Egyptiens adoraient egalement les animaux utiles & les animaux nuisibles. Si les explications de Diodore sont superficielles, celles de Plutarque pechent par un excès de subtilité. Tantot l’adoration des animaux tiendroit, à l’entendre, à la métempsycose b. Mais la Métempsycose, telle que les sauvages la concoivent, ne sauroit servir de baze à un culte, puisque vague & inconséquente dans ses conjectures, elle ne prescrit ni pitié ni respect pour les animaux dont le corps sert d’azyle aux ames errantes, qui cherchent un refuge & un abri c. Tantot les aninmaux étant, dit-il, l’ouvrage du mauvais principe, les habitans de l’Egypte auroient voulu l’appaiser en les adorant. Mais cette assertion, dictée au philosophe de chéronée par son penchant à retrouver partout le Dualisme est démentie par les faits. Loin d’etre les créatures du mauvais principe, les Dieux animaux dans l’opinion des Egyptiens étoient ses ennemis, & pour l’appaiser, il les immoloient d. a
86ter 86IV 86V b c
d
Telle a été l’erreur de M. de Paw, écrivain doué cependant d’une sagacite´ remarquable. «L’utilité de certains animaux,» dit-il, (Rech. sur les Egypt. & les chinois, II. 119–120) «a pu motiver leur culte en Egypte. les Turcs, bien éloignés de ce culte, ne permettent pas néanmoins de tuer des ibis. Certaines villes d’Egypte, en adorant le croco dile, assuroient l’entretien des caneaux nécessaires pour leur procurer de l’eau potable, & par lesquels ces animaux arrivoient jusqu’à elles. L’entretien de ces canaux étoit en quelque sorte sous la sauvegarde de la religion». En écrivant ces lignes, comment M. de Paw ne s’apercevoit-il pas qu’il se réfutoit lui-même ? Puisque les Turcs qui sont très éloignés du fétichisme, protégent les Ibis sans les adorer, parce qu’elles détruisent les serpens les Egyptiens n’auroient pas eu besoin de rendre un Culte aux crocodiles, pour les épargner, & leurs hommages religieux envers ces amphibies avoient une autre cause[.] cette conjecture a été reproduite par Enée de Gaza dans le 5e Siècle[.] v. Tome Ier, Liv. 2. ch. . des idées d’une autre vie dans le culte des sauvages. p. 297–299. 1ere édit. V. ci-apres Liv. Ch. des chatimens infligés aux Dieux dans le Polythéisme Sacerdotal.
1 usages subalternes ] genres d’utilitié subalterne Rel3 2–3 mais que ... décadence. ] et qui n’offrent qu’après coup, pour expliquer en apparence, ce qui est devenu inexplicable. Rel3 8–9 Il est ... nuisibles. ] manque Rel3 15 sert ] est Rel3 16 un refuge & ] supprimé Rel3 18 l’appaiser ] le désarmer Rel3 24–34 Telle a éte ... cause ] la note commence sur la fiche 86 et se poursuit sur quatre fiches tirées d’un autre ms. contenant le même texte ; elle était rattachée au même endroit, comme il ressort du passage biffé 〈justifié le Carême ... un excès de subtilité.〉 Co 3267 32 parce qu’elles ... serpens ] parce qu’on leur doit la destruction des serpents Rel3 35 conjecture ] hypothèse Rel3
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre II 96
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Tantot enfin Plutarque s’épuise en efforts pour déméler & pour faire ressortir une ressemblance imaginaire entre les qualités qui caractérisent certaines espèces & celle qu’on attribuoit aux Dieux. Mais ces ressemblances sont toutes allégoriques : Ce sont les jeux tardifs d’une imagination deja exercée. Un intervalle immense separe le Fétichisme de l’allegorie[.] Porphyre dans ses conjectures approche davantage de la vérité. La divinité suivant lui, embrasse tous les êtres. Elle réside aussi dans les animaux, & l’homme l’adore partout où il la trouve. Mais Porphyre n’exprime ici que le premier élan du sentiment religieux dans le Fétichisme. Il ne rend point compte de la combinaison par laquelle le Culte des animaux prend une forme régulière & se prolonge longtems après que l’homme a placé la divinité fort audessus de la nature physique. Les ecrivains de nos jours ont été plus malheureux encore dans leurs tentatives. Il en est qui ont imaginé que les Egyptiens n’avoient adorés les animaux que pour se rappeler le sens attaché à chacun d’eux dans les hiéroglyphes a. Mais rien ne serait plus absurde que de supposer le Catholicisme populaire une religion astronomique, parce que chaque jour porte le nom d’un Saint. Si la religion Egyptienne n’était qu’un calendrier ou un alphabet, ce n’étoit pas une religion. Si sa signification Scientifique étoit cachée au peuple, quelle idée le peuple se fesoit-il des formes dont le Calendrier ou l’alphabet occulte étoit revêtu ? Comment concevoit-il les Dieux qu’on avoit créé pour désigner des periodes, ou des lettres, & dont on lui déguisoit la signification ? On ne sauroit trop le répéter : ce qui constitue une religion, c’est la manière dont la comprennent ses adorateurs. La découverte d’un culte parfaitement semblable au culte extérieur des
a
Dornedden, dans un ouvrage allemand, intitule Phaménophis.
4–6 Mais ... l’allégorie ] mais ces dieux devaient exister, pour qu’on remarquât ces ressemblances, et ce n’est qu’ensuite qu’elles ont pu enrichir la langue symbolique. Rel3 7 davantage ] la première syllabe récrite sur 〈pou〉 Co 3267 18 Il en est ] ces mots récrits sur des mots illis. Co 3267 20–21 Mais ... Saint. ] supprimé Rel3 22 Si ] Mais si Rel3 qu’un calendrier ] qu’une écriture, un calendrier Rel3 29 adorateurs. ] BC accroche à cette phrase une longue note Rel3 voir ci-dessus p. 154, n. a. 30-p. 436.1 parfaitement ... Sauvages ] en vigueur chez les sauvages Rel3
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Egyptiens chez les Sauvages doit mettre un terme à ces chimériques hypothèses a. Placez chez les Nègres des corporations de prêtres parvenues à la connoissance du mouvement des astres, & conservant dans leur Sanctuaire cette connoissance à l’abri de la curiosité des profanes, ces corporations ne chercheront point à changer les objets de l’adoration vulgaire. Elles consacreront au contraire le culte qu’on leur rend. elles lui donneront plus de pompe & de régularité. & voudront surtout que l’intervention sacerdotale soit nécessaire dans toutes les cérémonies de ce culte. Puis elles rattacheront par un sens mystique ces objets matériels a` leur Science, & vous aurez chez les Nègres précisément la religion de l’Egypte b. Les fétiches, Dieux pour le peuple, seront pour les prêtres des Symboles. Intervertir cet ordre est une erreur grossière. Ce qui fut longtems reconnu pour un signe ne peut tout à coup se transformer en un Dieu. Mais il est facile de concevoir comment ce qui passe pour un Dieu dans l’opinion vulgaire, peut devenir pour une classe plus eclairee une allégorie, un symbole, un signe[.] Alors l’idée de Plutarque reçoit son application, & des ressemblances frivoles ou fantastiques motivent le choix des symboles. Ainsi le bœuf Apis doit à quelques taches d’abord fortuites, puis renouvellées avec art, l’honneur d’être un des signes du Zodiaque. a
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De la Religion, III – Textes complémentaires
b
«Nous voyons,» dit Heeren, (II. 664.) «le culte des animaux en vigueur en afrique, depuis l’Ethiopie jusqu’au Sénégal, chez des peuples tout à fait sauvages. pourquoi lui chercher une autre origine, chez les Egyptiens ? Ce que nous offrons ici comme une supposition est probablement ce qui est arrivé. Nous avons, en parlant de l’influence des Colonies dans l’établissement du pouvoir sacerdotal, indiqué celles qui vinrent de Méroé civiliser ou plutot asservir l’Egypte : les colonies Ethiopiennes [...]
8 & voudront surtout ] & récrit sur 〈Elles〉 voudront surtout ce dernier mot ajouté dans l’interl. Co 3267 Elles voudront, surtout, Rel3 surtout ] ajouté dans l’interl. Co 3267 9–10 de ce culte ] supprimé Rel3 9 Science ] science cachée Rel3 12–13 de l’Egypte. Les fétiches ] de l’E´gypte, le fétichisme à la base, l’astrolâtrie au faîte, et dans l’intérieur, une science fondée sur l’astronomie, et grâce à laquelle les fétiches Rel3 17 vulgaire ] de la masse Rel3 21 Ainsi ... doit ] Le bœuf Apis dut Rel3 27–30 Ce que ... Ethiopiennes ] la note est incomplète et se lit sur une fiche tirée d’un ancien ms. ; le texte auquel elle était accroché est identique à celui de ce chapitre 〈chez les Nègres ... Dieu pour〉 BC ajoute dans la marge chercher la suite de cette note dans la copie 4o, ch. intitulé comme celui-ci Co 3267 Ce que ... asservir l’E´gypte. dans la version définitive BC continue avec un important développement Rel3 voir ci-dessus, p. 155, note a. 27 est ] ajouté dans l’interl. Co 3267
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Une analogie recherchée entre la force reproductrice & les qualités du bouc Mendès, en firent le ciel pere des étoiles a. Le Chat fut redevable à sa luisante fourrure, comme l’Ibis à sa couleur équivoque, qui paraît un intermédiaire entre la nuit & le jour, d’être le symbole de la lune1. Le faucon devint celui de l’Année b. Le Scarabée qui passe six mois sous la terre fut l’emblême du soleil c. Et ce qui prouve que la superstition populaire se combinait avec la science, c’est que les devots Egyptiens portoient au col des Scarabées, comme amulettes ou Talismans d. Il en fut de même des arbres & des plantes, fétiches non moins révéré[s] que les animaux. Les feuilles du Palmier, dont la longévité semble un privilége divin e, décorérent la couche des prêtres, parce que cet arbre, poussant tous les mois des branches marque le renouvellement du cycle lunaire f. Le lotus que nous rencontrons egalement aux Indes, berceau de Brama g, comme d’Osiris h, la Persea, apportée d’Ethiopie par une Colonie Sacerdotale i, l’Arnoglossum dont les sept côtes rappellent les sept planétes, & qu’on nommait pour cette raison la gloire des Cieux k, tous ces végétaux avoient des rapports avec l’Astronomie[.] Le peuple y vit les objets d’une adoration antique : Le Sacerdoce y retrouva les caractéres qui lui servoient à retracer & à perpétuer ses découvertes. a b c d e f g h i k
Gatterer de Theol. Ægypt. Com. Soc. Goett. VII. 1–18. Creutz. Symbol. II. 323. Zoega de obeliscis, passim & surtout p. 547. Denon Pl. 97. Schlichtegroll, Dactyl. Stosch. II. 382. Ol Lelon. Hiérobotan. I 5043. Diod. I. 34. Plin. Hist. nat. XIII. 17. Maurice, hist. of Ind. I. 60. Plut. de Isid. Diod. I. 34. Schol. Nicandr. Therapeut. 764. Kircher, Œdip. Æg. III. ch. 2.
20 avoient ] eurent Rel3 21 vit ] y voyait Rel3 22 retrouva ] retrouvait Rel3 28 Lelon ] Cels. Rel3 30–33 Maurice ... Æg. III. ch. 2. ] ces quatre notes sur une fiche également numérotée 130 Co 3267 1
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Notons que les fiches 124 à 140 ont été renumérotées. Nous répétons ici la numérotation actuelle suivie, entre parenthèses pointues, l’ancienne numérotation. 124 〈121〉, 125 〈126〉, 126 〈127〉, 127 〈125〉, 128 〈129〉, 129 〈130〉, 131 〈132〉, 132 〈133〉, 133 〈132〉, 134 〈135〉, 135 〈136〉, 136 〈137〉, 137 〈138〉, 138 〈139〉, 139 〈140〉, 140 〈141〉. Voir ci-dessus, p. 156, n. 4. BC écrit bien «Lelon», mais il est évident qu’il faut lire «Celsius».
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De la Religion, III – Textes complémentaires
A cette combinaison se joignit sans doute l’influence des localités a, qui tantot troubloit par des différences partielles l’uniformité que le saceredoce s’efforcoit d’établir, tant[ot] associoit à des rites relatifs aux principes generaux de la Science, des pratiques qui se rapportaient à une position particulière. De là d’une part les diversités des animaux adorés par les différentes Tribus de l’Egypte. S’ils n’eussent été que de purs symboles, les Prêtres qui cherchoient à rendre leurs institutions uniformes auroient-ils introduit des symboles variés & inconciliables ? Ces variétés ne s’expliquent que par la condescendance du Sacerdoce envers les habitudes antécedentes des peuples b. a
133ter 133IV 133V 133VI
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b
Aucun peuple du monde n’a été plus empreint des localités que les Egyptiens : c’est que l’Egypte presqu’aux mêmes époques & dans les mêmes lieux, [offre] les phénomènes les plus opposés, & les plus propres a frapper l’imagination humaine. La fertilité la plus abondante éclate à coté des sables les plus stériles ; la nature la plus morte & la plus aride à coté d’une végetation dont l’Europe ne permet pas à ses habitans de concevoir la prodigalité. Cette influence des localités se fortifia par la manière dont l’Egypte fut civilisée.+ Les Colonies Sacerdotales y arrivant donc a` diverses epoques, en divers lieux, & indépendamment les unes des autres, adoptèrent comme bazes du culte populaire les animaux sacrés que chaque Tribu sauvage adorait, & qui n’étoient pas les mêmes partout. Les Pretres de ces colonies se concilioient ainsi ces Tribus nomades, les rassembloient dans des temples & s’emparaient à la foi de toute la puissance des habitudes & des souvenirs. (Heeren II. 666.) l’Egypte est une vallée étroite, que le Nil traverse, & qui est entourée de deux cotés par une chaîne de montagnes. au nord, elle est bornée par la mer, au nord ouest par un désert Sablonneux. Cette vallée a du être formée du limon du Nil. & rendue habitable artificiellement. La haute Egypte, la Thébaide, a du être formée & habitée plutot que la basse Egypte. (Vogel. 67) raisons pour lesquelles l’Egypte a du être peuplée par des colonies venues d’Ethiopie. (ib. 68) mais ces colonies n’y sont venues que par hazard, & elles n’étoient pas de vrayes colonies, mais seulement des individus ou des familles éparses, poussées hors de leur pays par quelqu’accident. (Vog. ib. 69) assez ingénieuse hypothese pour expliquer l’origine de la civilisation & la découverte de l’Agriculture, ainsi que de la fusion des métaux, de l’établissement des loix &ca indigènes en Egypte1. (ib. 70–72) Vogel. Rel. der Æg. 97–982.
1 A cette combinaison ] A ces premiers éléments du culte Rel3 3 tantot ] la source porte tant Co 3267 8 n’eussent ] n’avaient Rel3 13–23 Aucun peuple ... Heeren II. 666.) ] texte de la note sur quatre fiches tirées d’un ms. plus ancien ; le texte principal biffé était identique 〈A cette combinaison ... particulière〉 Co 3267 18 civilisée.+ ] le signe renvoie à une suite à prévoir, une ébauche se lit à partir de la fiche 133 VI Co 3267 19 donc ] ajouté dans l’interl. Co 3267 24–33 l’Egypte ... (ib. 70–72) ] développement de la note ajouté sur deux fiches Co 3267 31 assez ingénieuse hypothèse ] dans la marge à la hauteur de cette phrase on trouve le mot relire Co 3267 1 2
BC copie les notes 9 à 12 de ses notes de lecture («empl. 1826») qui résument un raisonnement de Vogel, Versuch. Même opération que ci-dessus. BC reprend la note 23 («empl. 1826») de ses notes de lecture tirées de Vogel.
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De la d’une autre part ces allégories entassées les unes sur les autres, sans qu’elles fussent réunies par un lien commun, & formant, pour ainsi dire, plusieurs couches séparées. Apis, par exemple, d’abord le manitou prototype des Taureaux, ensuite le soleil se trouve avoir encore une troisième signification qui tient le milieu entre les deux précédentes : & tandis que sa couleur, l’arrangement de ses poils d’un noir ébène a, les taches d’une blancheur éclatante qui devoient marquer son front, la durée enfin de ses jours qui ne peuvent excéder 25 années, sont du ressort de l’astronomie, la fête de sa naissance se celebre le jour où la crue du fleuve commence. Il est conduit en pompe à Nilopolis, & précipité quand le terme de sa carrière est venu dans une fontaine consacrée au Nil b. Des faits historiques paraissent aussi s’être mélés à la religion Egyptienne. Plusieurs de ses fables semblent faire allusion aux guerres des peuples pasteurs. La mort d’Osiris qui prend ensuite une signification purement astronomique, peut n’avoir été dans l’origine que la commémoration d’un événement réel c. Osiris ne serait alors qu’un homme déifié, mais associé postérieurement à une Divinité, qui n’avoit jamais participé à la condition humaine. C’est pourquoi les monumens de l’Egypte nous le montrent quelquefois en forme de momie, & l’histoire nous parle de ses tombeaux, tandis qu’Isis demeure toujours étrangère aux habitations & aux formes du trépas d. Ce n’est pas tout encore1. a
b c d
les poils de la queue du bœuf Apis devoient former une double tresse pour exprimer le double mouvement du soleil & de la lune. Ælian. II. 102. Hérod. II. 1283. Zoega, de obelisc. 302–3734.
1–2 entassées ... réunies ] sans être réunies Rel3 4–5 ensuite le soleil ] puis dépositaire de l’ame d’Osiris, et en cette qualité le soleil BC rattache au nom d’Osiris une note renvoyant à Diodore Rel3 voir ci-dessus p. 158, lignes 11–12 et n. 2. 6 précédentes : ] précédentes. Il est le représentant du Nil, fleuve nourricier de la contrée ; Rel3 8 devoient ] doivent Rel3 17–18 qui prend ... astronomique ] emblême du soleil d’hiver Rel3 20 ne serait ... mais ] serait alors, non pas précisément un homme déifié, mais un héros Rel3 22–23 en forme de momie ] sous les dehors d’une momie Rel3 23 & l’histoire ] & 〈que〉 l’histoire Co 3267 1 2 3 4
Avec cette phrase commence la dernière partie du texte que l’on retrouve partiellement dans la version définitive. Voir ci-dessus, à partir de la p. 164. Il faut lire XI. 10. Voir ci-dessus, p. 127, n. 2. La référence est fausse. Peut-être faut-il penser au passage II, 144. Voir ci-dessus, p. 159, n. 3.
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Au sens littéral & au sens astronomique se joignent par dégrés des significations métaphysiques. Cette combinaison de la Religion Egyptienne, les allégories les symboles, les significations métaphysiques entamé[e]s par les Prêtres dans cette religion ont été la cause des contradictions de Plutarque[.] tantot il prétend que les Divinités Egyptiennes sont les Dieux de tout l’univers, adorés autrefois par tous les hommes, parce qu’elles n’étoient que les attributs d’un seul Dieu suprême, & sur lesquelles on s’est trompé 1o en les regardant comme des Dieux différens l’un de l’autre 2o en les considérant comme des dieux particulers à l’Egypte : tantot il les regarde comme des symboles des elemens & des forces de la nature ; tantot il les applique aux différens principes de la Philosophie Platonicienne. Osiris est le symbole de l’ame du monde, Typhon celui de la matière, Isis la matière susceptible de toutes les formes, Horus le monde visible, & encore Typhon le principe du mal qui est en lui & de son imperfection[.] L’épervier qu’on retrouve sur la porte de tous les temples, n’est plus seulement le soleil, mais le symbole de la nature divine[.] Le scarabée, naguère aussi un emblême solaire, devient l’un des signes de l’intelligence universelle. La musaraigne qu’adoroient les habitans d’Athribis, & que les Egyptiens supposoient aveugle, parce qu’elle a les yeux si petits qu’on les apercoit à peine, apres avoir été pour les astronomes la lune qui decroit, designe pour les métaphysiciens l’incomprehensibilite du premier principe a. [...] b Il nous seroit facile de démêler la même combinaison dans d’autres Polythéismes. a
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bis
151ter
De la Religion, III – Textes complémentaires
b
Plutarque[.] on concoit maintenant sans peine comment en renversant l’ordre des idées & la suite des faits, on a pu construire en faveur du prétendu Theisme de l’Egypte des systêmes brillans & assez plausibles. Tel a été celui de Jablonsky, longtems le guide unique des érudits, commentateurs de ses hypothèses. Les Egyptiens, si nous l’en croyons, furent adonnés au Théisme pendant trois siècles après le déluge ; mais la division des attributs & de l’action de
5 Plutarque. tantot ] Plutarque 〈plusieurs mots illis.〉 tantot Co 3267 28-p. 441.16–27 on concoit ... intellectuelles. ] au-dessus du texte de la note, on lit l’ancien texte principal biffé 〈le même, & où chaque partie est le représentant de l’ensemble. accroché à ce dernier mot l’appel de la note ci-dessus Il nous serait facile de demêler la même combinaison dans d’autres Polythéismes. Nous verrions chez les Chaldéens le chien, le Coq, & le bouc adorés par le peuple, d’autres Dieux combinant des restes de la figure de la figure des fétiches avec la forme humaine. Oannes par exemple〉 accrochée au mot «humaine» la note suivante 〈Görres, Mythen Gesch. der Asiat. Welt I. 291〉
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre II 153
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Nous verrions chez les Chaldéens le chien, le coq & le bouc adorés par le peuple, d’autres Dieux combinant des restes de la figure des fétiches avec la forme humaine a, Oannès par exemple, Dieu poisson d’abord, puis législateur & prophète avec la tête & les pieds d’un homme b, rentrant dans la mer tous les soirs & en resortant tous les matins. Les Dieux en même tems symboles des planètes, les calculs astronomiques servant de baze à la mythologie & racontés au vulgaire, comme les actions des immortels c, les arbres plantés au nom des divinités qui président à chaque étoile, & demeures de ces divinités, quand elles se rapprochoient des humains d, Enfin l’astrologie formant une grande chaine qui descend du ciel sur la terre, & dont l’une des extrémités tient à la Science des Prêtres & l’autre à la croyance du peuple e. Nous verrions les Sabéens avant Mahomet reunir dans les hommages rendus à la pierre noire le Culte grossier des pierres & l’adoration de Saturne f,
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a b c d e
f
l’être suprême donna naissance à plusieurs Divinités intellectuelles. A coté de ces Divinités, on en plaça d’autres, destinées à frapper les sens, telles que le soleil, la lune, les planètes & ` ces huit dieux, on associa les revolutions des solstices & le firmament qui les contient. A des équinoxes, & bientot les cinq jours intercalaires. L’adora tion du Nil fut un des effets des ravages & des bienfaits de ce fleuve. Enfin, les Symboles Sacerdotaux, employés pour désigner énigmatiquement la nature divine, introduisirent un culte inférieur celui des Animaux (Jablonsky Panth. Ægypt.) Nous ne releverons point les erreurs partielles de ce systême. Son auteur, s’appuyant toujours sur des fragmens défigurés de la doctrine de quelques prêtres représente les habitans de l’Egypte, tantot comme des Théistes & tantot come des Athées & des Spinosistes. Nous nous bornerons à dire qu’il faut renverser la série des hypothèses, & partir du Culte des animaux associé par dégrés à celui des astres, pour arriver aux Divinités intellectuelles1[.] Görres Mythen-geschichte der asiat. Welt. I. 291. Creutzer II. 68. rechercher cette note dans la copie bleue. Abulfarage, Hist. Dynast : p. 2. Maimonid. More Nevoch, cap. 29. Il est à remarquer qu’à mesure que la doctrine métaphysique prend du crédit, l’astronomie, qui est une doctrine cachée relativement au peuple, devient une doctrine extérieure, comparativement à la doctrine métaphysique. (Görres II. 435–439) Nous aurons à revenir sur cette idée en traitant des progrès ultérieurs de la religion. Gorres. I. 303–304
15 pierres ] 〈prêtres〉 pierres ce mot dans l’interl. Co 3267 Théistes Co 3267
1
24 des Théistes ] des 〈Athées〉
Notons que la fiche 151 est perdue. La note se trouve sur une série de fiches d’un format plus petit, provenant d’un manuscrit non identifié.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
les Syriens par le même amalgame, prêter a une pierre ronde la divinité du Soleil a, les Phéniciens reverer les quatre élémens dans quatre pierres Carrées. Nous reconnoitrions dans beaucoup de fables une ou plusieurs manières de lier entre elles ces notions distantes. Les Syriens pour identifier leur adoration des poissons & des Colombes avec leurs cosmogonies, racontoient qu’un œuf étoit tombé du ciel dans la mer. Les poissons l’avoient soutenu jusqu’au rivage : les Colombes l’avoient couvé : Vénus en est éclose b. Voilà de la sorte la Cosmogonie motivant le fétichisme, puis que l’œuf qui contient le monde est une partie esssentielle des Cosmogonies Sacerdotales. Mais lorsque ces peuples vouloient combiner le fétichisme avec l’histoire, Dercéto, disaient-ils, séduite par Venus & s’étant livrée aux embrassemens d’un jeune prêtre, avoit exposé dans une caverne le fruit de sa faiblesse, & s’étoit précipitée dans les ondes sous la forme d’un poisson. L’enfant abandonné avoit été miraculeusement nourri par des Colombes, adopté par un berger, élevé par une destinée singulière sur le trone d’Assyrie & immortalisé dans ses fastes sous le nom de Sémiramis c. Mais si nous appliquions en détail à tous les peuples, ce que nous avons dit sur les Egyptiens, les ressemblances nécessiteroient des repétitions, les differences des recherches qui se multiplieroient à l’infini. Dans un ouvrage tel que le nôtre, nous sommes obligés souvent d’indiquer la route, sans la parcourir nous mêmes. a b c
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Selden de Diis Syris. Hyg. fab. 199. Cæs. Germ. Ch. 20. Theon ad Arat. 131. On trouve chez les Perses les mêmes relations entre le fétichisme & la doctrine mystérieuse, par le Coq symbolique qui joue un si grand role dans cette mythologie. (Mayer Myth. Lexic. Vo [H]ufraschmodad) par les Amschaspans dont plusieurs ont des figures d’animaux (Wagn. p. 446) par la Pierre Abadad, cette pierre primitive qu’Oromaze a créée & qui renferme le germe de toutes choses (Boundehesch 3. 4. 10. 14.) Nous regrettons de ne pouvoir citer ici la manière ingénieuse dont Görres reunit & compare les explications chronologiques, astronomiques, géographiques, physiques & métaphysiques de la religion Persane. I. 236–2381.
27–34 On trouve ... 238. ] le début de la note sur un papillon collé au bas de la fiche 162, la suite sur deux fiches tirées d’un ancien ms. Elle était accrochée dans ce ms. à un texte identique 〈Mais si ... les Egyptiens〉 Co 3267 1
BC renvoie à Friedrich Majer, Allgemeines mythologisches Lexicon, aus Original-Quellen bearbeitet, Erste Abtheilung, Weimar : Verlag des Landes-Industrie-Comptoirs, 1804, t. II, pp. 317–318, l’article sur le coq Hufraschmodad des Perses.
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[Manuscrit sur fiches pour le chapitre 1826
III
du livre VI]
3. Le second manuscrit sur fiches, folio avec le texte d’une note ajouté au lot originel, comme il ressort du foliotage, qui l’insère entre les anciens folios 40bis et 40ter. Il est évident que Constant copie un texte déjà prêt et qu’il corrige la source en la copiant. BCU, Co 3435/7, fo 40bisB.
Introduction
Les trois séquences de ce manuscrit sur fiches concernent le texte qu’on retrouvera partiellement soit dans le chapitre III, soit dans les chapitres IV et V du livre VI de la version définitive. Il devait être dans la version précédente le chapitre III, comme il ressort du titre que nous trouvons sur une des fiches. Les fragments attestent de la cohérence indéniable de l’argumentation, même s’il est impossible de reconstituer un canevas unique pour ce morceau. Les fiches se recoupent et, par endroits, s’excluent réciproquement. Néanmoins, en comparant la marche de l’argumentation esquissée dans ces fiches avec le projet d’écriture que l’on trouve dans le Carnet de notes à la date d’octobre 1826 et qu’on peut découvrir en analysant le texte définitif du chapitre V de l’imprimé, il est certain que nous retrouvons dans ces fragments le même plan1. Il est moins développé en 1826 qu’en 1827, où le chapitre sur l’Inde prend des dimensions considérables. Les recoupements entre ces trois documents appuient notre hypothèse. La reconstitution des trois séries de fiches est hypothétique. Elle diffère de celle décrite par Étienne Hofmann dans le Catalogue, qui ne tient pas suffisamment compte de la logique interne des séquences, préférant l’aspect matériel des fiches. Mais la numérotation corrigée de certaines fiches nous fait comprendre que B. Constant retravaille son projet sans recopier les fiches qu’il peut placer ailleurs2. Nous avons décidé d’essayer la reconstitution du dernier état de ce texte, sans tenter de revenir à un état abandonné. Les vingt-huit fiches non numérotées classées en partie sous la cote Co 3435/5 (13 fiches), en partie sous celle de Co 4725 (14 fiches) et Co 3293, Q3/12, fo 27, n’appartiennent probalement pas au même lot. Elles représentent tout simplement le manuscrit rédigé selon le plan du Carnet. On ne peut les intégrer dans les trois séries. La série est lacunaire. Elle comprend plusieurs séquences de textes qu’on retrouve toutes dans le chapitre III de l’édition définitive3.
1 2 3
Voir notre Introduction, ci-dessus, p. 100. Voir ci-dessous, pp. 449 et 456, les exemples qui montrent que BC ne corrige même pas la pagination. Nous les avons intégrées dans l’apparat des variantes de ce chapitre. Voir ci-dessus, pp. 130–150.
446
De la Religion, III – Textes complémentaires
Établissement des textes Notre présentation ne tient pas compte de l’ordre des folios adopté dans le fonds Constant de la BCU. Le nouvel ordre est justifié ci-dessous en indiquant les cotes des fiches. Manuscrits : 1. BCU, Co 3435/5, Co 3435/7 et Co 3435/8 Début du chapitre III du livre VI, dans la version définitive le chapitre V. Nous possédons les fiches 1–4, 4bis, 5–12, 13note, 14–19, 20bis, 21, 24, 26–28, 32–33, 35–36 et 62. Toutes les fiches sont conservées sous la cote Co 3435/7, à l’exception des fiches 32 et 33, cotées Co 3435/8, et 62, cotée 3435/5. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/151 et IV/152. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MR1.1. 2. BCU, Co 3435/6 Autre début pour le même chapitre. Nous possédons les fiches 2–15, manquent les fiches 1, 4, et 14. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/153. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MR1.2. 3. BCU, Co 3435/5, Co 3435/7 et Co 3435/8 Une grande partie du chapitre III du livre IV qui deviendra le chapitre V de la rédaction définitive. Ces fragments présupposent une partie introductive comme on peut la lire dans les deux fragments précédents. Nous possédons les fiches 27–31, 31bis, 32–34, 34bis, 35, 37, 40bis, 40bisB, 40ter, 49bis, 49X, 49XXIII, 49XXIV, 50–58, dont le fo *54 hypothétique, un autre fo 58, 58note, 59note, 60note, 61note, 62, 62terB, 64–65, 69–70, 79, 79ter, 81–82, 88, 90, 92, 99, 101. Sous la cote Co 3435/5 sont classés les folios 32, 33, 49X, 49XXIII, 49XXIV, 50, 52–58, 60, 58note, 59note, 60note, 61note, 62, 65, 101. Sous la cote Co 3435/7 sont classés les folios 29–31, 40bis, 40bisB, 40ter, 51, 61, 64. Sous la cote Co 3435/8 sont classés les folios 27–28, 31bis, 34, 34bis, 35, 37, 49bis, 62, 62terB, 69–70, 79, 79ter, 81–82, 88, 90, 92, 99. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/151 et IV/152. Nous désignons ce manuscrit par le sigle MR1.3. K. K.
447
Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III
[Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre [Premier texte]
III]
Chap. 3.
fo 1
Exemple de la même combinaison dans la religion de l’Inde.
fo 2 fo 3
fo 4
fo 4bis
fo 5 fo 6
La même combinaison se retrouve dans la religion Indienne : mais elle est moins facile a reconnoître1. Tous les livres qui nous sont parvenus sur cette religion sont d’une époque avant laquelle elle avoit subi sa revolution philosophique. La seule inspection des livres Indiens prouve que loin de contenir une doctrine recue, ces livres etoient l’ouvrage de reformateurs ou d’inspirés, qui vouloient interpréter, epurer, c’est à dire modifier & transformer la doctrine recue. Chercher dans ces livres l’ancienne mythologie populaire, c’est prendre, comme on l’a fait trop souvent, les systêmes des Stoïciens, des nouveaux Platoniciens ou des eclectiques, pour la religion des premiers siècles de la Grèce ou de Rome. Rien n’est plus semblable aux Shasters Indiens pour le fond des idées que les ouvrages des Philosophes payens, qui, dans le second & troisieme siecle de notre Ere, travailloient à travestir le Polytheisme Grec en allegories, & à lui prêter des subtilites allegoriques étrangéres á son génie & ignorees de ses premiers Sectateurs. la Religion Indienne a manifestement subi plusieurs révolutions importantes. Le fait est demontré par cette seule circonstance, qu’autrefois les Sacrifices sanglans & même les Sacrifices humains etoient ordonnés par les Vedes. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3435/5, Co 3435/7 et Co 3435/8 (= MR1.1). 10 La ... Indiens ] 〈Leur〉 La ce dernier mot dans l’interl. seule inspection des livres Indiens les trois derniers mots ajoutés dans l’interl. Co 3435/7 1
Allusion à l’ancien chap. II du Grand manuscrit qui parle de la religion égyptienne (cidessus, p. 98).
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448 fo 7
fo 8
fo 9 fo 10 fo 11 fo 12 fo *13 fo 14
fo 15
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fo 17
La repugnance des Indiens pour l’effusion du sang, bien qu’elle leur soit inspirée par le Climat, n’est donc point une partie originaire de leur Culte primitif. mais, lorsque le climat & la civilisation eurent prévalu contre cette coutume barbare, ils firent honneur de son abolition á Wichnou a dans son incarnation comme Buddha b, rattachant ainsi, suivant leur usage, toutes les reformes successives, aux anciennes Divinités. Presque toutes les incarnations, rapportées dans les livres de la Religion Indienne sont des epoques de réforme. Wichnou, dans sa 15e incarnation corrige les Vèdes. Crischna, le grand reformateur, qui, suivant une tradition, essaya de bannir du Culte les cérémonies obscènes, est la 17e incarnation de Wichnou1. Buddha, qui sappa dans sa baze le systeme du Bramaïsme, en abolissant les Castes, est, suivant les differentes chronologies la [ ] ou la [ ]2 [...] c. & quel que divisés que soient les Savans sur son époque ou sur sa personne, ils le reconnoissent tous pour l’auteur d’une grande révolution religieuse d[.] Toutes ces incarnations sont rapportées dans le Bagavadam3, livre orthodoxe, & l’auteur ajoute que Wichnou s’incarne chaque fois que sa présence est nécessaire pour combattre l’erreur & faire triompher la vérité e. Cette Succession non interrompue de réformes dont les Brames ont volontairement interverti ou confondu les dates, cette absence de tous monumens non falsifiés, le travail des Prêtres pour déguiser les anciennes doctrines, en les amalgamant avec les nouvelles, ou les expliquant par ces dernières, Toutes ces choses rendent l’histoire religieuse de l’Inde un chaos. La lumière brille isolément sur quelques détails, & chaque jour les portions qu’elle eclaire plus ou moins sont en plus grand nombre : mais il a b
fo 13note
De la Religion, III – Textes complémentaires
c
d e
1 2 3 4 5
[...] [...] Dieu, s’étant incarné, sous la forme de Buddha, se fit concevoir d’une manière miraculeuse dans le corps de Mahamaya, femme de Soutah, Raya de Caylas. le ventre de Mahamaya parut á l’instant, come un cristal pur & transparent, & l’on y vit Buddha comme une fleur á genoux & appuyé sur les mains. (As. Res. II. 384. v. Goerres. I. 192–194.] [...]4 [...]5 Voir ci-dessus, p. 179, où l’on retrouve cette formulation. Il faut compléter : «neuvième ou la dix-neuvième incarnation». Voir ci-dessus, p. 179. Voir ci-dessus, p. 179, où cette phrase revient. La note renvoyait aux auteurs des Asiatic[k] Researches. Voir ci-dessus, p. 180, n. a. La note ajoutait que la même théorie des incarnations se retrouve dans le Bhaguat-Gita. Voir ci-dessus, p. 179, n. d.
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III
fo 18 fo 19 fo *20 o f 20bis
fo 21 fo *22 fo *23 fo 24
fo *25 fo 26 fo 27
fo 28
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faudra cependant plus d’un siécle pour que [l’ensemble se devoile à nos regards]1. Essayons toutefois de déterminer ce que deja nous pouvons considérer comme a peu prés prouvé. L’ancien fétichisme de l’Inde n’est pas méconnoissable. [...] Au dessus de ce fétichisme & de cet antropomorphisme combinés se place la Science, l’astronomie, l’astrologie sa compagne, l’observation des phénomènes physiques, & son application soit aux usages religieux, comme divination, soit aux usages pratiques, comme medecine. Bientot apparaissent les Cosmogonies. [...] [...] Enfin, dans une sphère plus mystérieuse encore, s’élèvent des hypothèses métaphysiques, le Théisme, le Dualisme, le Panthéisme, l’Athéisme, repartis entre diverses écoles, que réunit un lien commun, la volonté de tenir le vulgaire à l’écart, & de conserver dans ce but les rites & les fables populaires2[.] [...] Mais il3 a occupé de bonne heure une place importante, parmi les Systêmes des Brames : leurs efforts pour ramener les récits les plus grossiers de l’ancienne mythologie à cette notion abstraite eclatent a chaque ligne de leurs livres Sacrés[.] D’un autre coté, ce Théisme, comme nous avons montré que cela doit être dans les doctrines sacerdotales, est de la nature la plus aride, la moins compatible avec les esperances qui servent d’aliment au sentiment religieux[.] L’émanation seule prise comme un fait pourroit tolerer ces esperances : mais soumise dans la philosophie occulte des Pretres á la nécessité qui domine leur Théisme abstrait, elle aboutit, moins directement, mais aussi 1 pour que ] le texte s’arrête sur ces mots ; nous l’avons complété à l’aide de la version imprimée Co 3435/7 14 s’élèvent des ] s’élèvent, 〈dégagés des monstruosités Cosmogoniques,〉 des Co 3435/7 16 de tenir ] 〈d’écarter〉 de tenir Co 3435/7 20 importante ] la source porte importantes Co 3435/7 29 seule ] mot ajouté dans l’interl. Co 3435/5 pourroit ... esperances ] fait les mots suivants ajoutés dans l’inlerl. pourroit ... espérances 〈pourroit sans doute motiver un culte :〉 Co 3435/5 31-p. 450.1 elle ... inaction ] elle 〈ne parle en rien au sentiment religieux qu’elle condamne〉 aboutit ... Panthéisme la corr. dans l’interl. á une inaction les deux derniers mots récrits sur des lettres illis. Co 3435/5 1 2 3
Voir ci-dessus, p. 186. Voir ci-dessus, p. 196. Le théisme.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
nécessairement que l’Athéisme ou le Panthéisme á une inaction forcée & á un découragement sans remède1. [...] fo 32 fo 33 fo *34 fo 35
fo 36
Auprès du Théisme surgit le Dualisme2. Bhavani, Badrakaly3, [...] Le Panthéisme est en réalité la doctrine dominante dans la Caste Sacerdotale de l’Inde. à elle aboutissent tous les systêmes celui de l’émanation compris, car l’émanation ne lui échappe que momentanément. L’Athéisme de Fo n’est qu’un Panthéisme matérialisé4.
4 Dualisme. ] suit encore 〈& la métaphysique emprunte des Cosmogonies entassées à coté d’elle d’effrayantes images pour exprimer la lutte des deux principes.〉 Co 3435/8
1
2 3 4
Nous plaçons la fiche 62, cotée Co 3435/5, à cet endroit, en soulignant que le contexte, satisfaisant du point de vue du contenu, est aussi assuré sur le plan du discours. Les mots «ces espérances» renvoient à une phrase qui parle d’un espoir théologique, et la seule qui réponde à cette condition se lit au fo 28 de Co 3435/7. C’est un bel exemple de la technique d’écriture de BC, qui déplace les fiches dans un nouvel entourage, sans même reprendre la numérotation des folios. Voir ci-dessus, p. 216. Bhavani, la tisserane, femme de Schiven. Badrakaly, fille de Schiven, à la forme monstrueuse. Voir ci-dessus, pp. 202, 264 et p. 322. Voir ci-dessus, p. 217.
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III
[Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre [Deuxième texte]
fo *1 fo 2 fo 3
fo *4 fo 5 fo 6
fo 7 fo 8
fo 9
fo 10 fo 11
fo 12
III]
[...] Nous ne nous étendrons toutefois sur cette matière que le moins qu’il nous sera possible. Elle est, à proprement parler, étrangère á notre sujet, & ce n’est que pour ne pas laisser dans nos recherches une lacune apparente, que nous consacrons un petit nombre de pages à cette recherche. [...] Premièrement, c’est toujours dans la religion que la philosophie trouve son berceau. La raison en est simple. Dans tous les pays où la civilisation n’est encore qu’ébauchée, les prêtres, lors même qu’ils ne gouvernent pas le pays, & qu’ils ont rencontré dans les guerriers des rivaux ou des maîtres, sont la seule classe qui puisse étudier ou réflechir. En second lieu, la philosophie, fille de la religion, n’est aucunement disposée à rompre avec sa mère. Soumise aux loix de l’intelligence, elle pose des principes & elle tire des conséquences : mais elle puise d’abord ces principes dans la religion, sans les examiner. Ce n’est que lorsque leurs resultats l’entrainent par delà ce que la croyance autorise ou tolére, qu’elle choque le Sacerdoce qui entre en courroux & qui la persécute. Elle propose vainement des transactions : ses paroles de paix sont dédaigneusement repoussées : la guerre se déclare. Nous verrons clairement les choses se passer ainsi en Grèce, où, tout se fesant à découvert, la marche de la philosophie & de la religion est facile à suivre : relativement à l’Inde, bien que nous ne discernions cette marche qu’obscurément, de la persévérance & de l’attention nous aiderons á la déméler. Toutes les écoles philosophiques de cette contrée se rattachent aux Vedes. elles invoquent toutes les Vèdes comme baze & sanction de leurs doctrines & neanmoins elles s’en éloignent progressivement1. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3435/6 (= MR1.2). 1
Voir ci-dessus, p. 171.
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452 fo 13
fo *14 fo 15
De la Religion, III – Textes complémentaires
La Mimansa de Jaimini, la plus ancienne de toutes ?, se donne pour une révélation1. elle s’accorde ostensiblement avec les Vedes en ce que [ ]. Mais elle en différe deja en ce que [ ] [...] Plus tard viennent les deux Sanchya.
1
BC manifeste ses doutes quant à cette constatation par un point d’intérogation. – Les phrases inachevées devaient parler de la forme et du fond. Voir ci-dessus, p. 172, fin de la n. a. Jaimini ou Djaimini est un philosophe hindou légendaire, de l’école Mimansa. On le situe dans le IVe siècle av. J.-C.
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III
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[Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III, sur les rapports de la philosophie et de la religion] [Troisième texte]
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fo 31
De là résultent des hypothèses sur la création, sur l’ordonnance de l’univers, & sur les êtres, auteurs des loix d’après lesquelles il se maintient, & qui règlent les mouvemens de ses diverses parties. Ces hypothèses, qu’il ne faut pas assimiler aux systêmes métaphysiques qui les suivront de près, sont ce qu’on a nommé Theogonies & Cosmogonies1. Ces Cosmogonies, ces Théogonies, exprimées dans le langage sacerdotal de l’époque, sont obscures & bizarres. les images qu’elles présentent sont tantot obscènes, tantot monstrueuses. Ce n’est pas précisément le sacerdoce qu’il en faut accuser. Il ne peut pas mieux faire dans la position où il s’est placé ; il s’est constitué la pensée unique de l’espèce humaine, quand la pensée est grossière, l’ignorance sur plusieurs points profonde, les connoissances sur d’autres points mélées de mille erreurs, la langue imparfaite. Cette dernière circonstance surtout mérite d’etre prise en considération[.] les langues, encore dans l’enfance, n’offrent point d’expressions propres à rendre la notion de cause & d’effet. Les auteurs des cosmogonies sont forcés alors d’employer les mots de naître & d’engendrer : & ces mots s’appliquent de mille manières. Naître ne signifie pas seulement être produit, mais être postérieur à un objet, ou lui être inférieur en place ou en action, ou même simplement, en avoir emprunté quelque qualité, ou recu quelque modification2[.] & il est curieux de remarquer l’opposition directe de ce Théisme Sacerdotal avec les promesses & les fables de la mythologie que les Prêtres jettent du fond du sanctuaire à la multitude. Ici la prière, les vœux, les pénitences peuvent tout. L’Univers est ébranlé par la volonté, la parole, les souffrances volontaires du suppliant le plus obscur. Le crime du Sacerdoce n’est pas de les avoir inventées mais conservées, & d’avoir de la sorte imposé comme toujours les locutions & par lá même les fables de l’ignorance & de la barbarie aux siécles qui, laissés à la liberté qui leur appartient, s’en seroient affranchis graduellement. Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3435/5, Co 3435/7 et Co 3435/8 (= MR1.3). 12 il s’est ] mots ajoutés dans l’interl. Co 3435/8 Co 3435/7 1 2
Voir ci-dessus, p. 132. Voir ci-dessus, pp. 141 et 146.
15 Cette ] 〈Non seulement〉 Cette
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454 fo 31bis
fo 32 fo 33
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fo 34bis
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De la Religion, III – Textes complémentaires
Les Théogonies, les Cosmogonies prennent donc, par la seule nécessité de leur rédaction, une apparence qui seroit mythologique lors même que leurs auteurs ne le voudroient pas, mais à laquelle, de plus, leurs auteurs se plaisent, par interet, par habitude, à donner une apparence mythologique. Seulement il en parcourt le cercle à huis clos, dans l’ombre, & cachant sa marche aux regards profanes. Mais il n’en est pas moins evident que nous devons retrouver, & il est incontestable que nous retrouvons dans les doctrines sacerdotales toutes les notions que nous présente la philosophie des peuples independans, celles des Grecs par exemple[.] Ce n’est pas tout. les cosmogonies, les Théogonies qui expliquent la création, l’ordonnance du monde, bien qu’elles soient des causes, relativement aux faits dont elles rendent compte, sont à leur tour des faits auxquels il faut chercher d’autres causes. Elles disent comment l’univers a été créé, quels êtres lui ont donné l’existence, comment ces êtres se sont unis ou divisés, associés ou combattus pour le faire sortir du Chaos ou du vide. L’intelligence humaine veut savoir pourquoi la Chose s’est passée ainsi. Pourquoi l’etre ou les êtres qui ont présidé à la création, ont-ils eu la volonté, la faculté créatrice ? De quelle substance sont-ils ? D’où tiennentils la vie & la force ? Sont-ils un ou plusieurs ? Dépendans ou indépendans les uns des autres ? Moteurs spontanés ou agens forcés de loix nécessaires dont ils ne sont que les instrumens ? [...] Il s’ensuit qu’après la connoissance plus ou moins exacte des faits physiques & astronomiques, après les cosmogonies destinées à expliquer ces faits, des hypothèses métaphysiques viennent à leur tour pour expliquer ces Cosmogonies1.
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[...] fo 49bis
Lorsque le Théisme admet la notion d’une providence particulière, il n’est au fond qu’une concentration du Polythéisme, en tant qu’il substitue un être unique, à une multitude d’êtres différents, dont il attribue les qualités diverses à cet être unique. 9–10 philosophie des peuples ... exemple ] rédaction précédente philosophie 〈Grecque, nous devons y retrouver ces quatre derniers mots ajoutés dans la marge le Théisme, le Dualisme, le Panthéisme l’Athéisme même〉 la version corrigée dans l’interl. Co 3435/7 32 différents ] la dernière lettre récrite sur un «e» Co 3435/8 attribue ] la dernière lettre récrite sur un «a» Co 3435/8 1
Voir ci-dessus, p. 159.
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III
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[...] fo 49X
Plus loin encore, il prend momentanément une apparence dualistique, destinée a` se résoudre bientot dans l’unité qui absorbe & engloutit tout. [...]
fo 49XXIII fo 49XXIV
fo 50 fo 51
fo 52
fo 53 fo *54
fo 55
Ce qui sauve le Sentiment religieux de ces aberrations métaphysiques, c’est que sa nature ne lui permet d’envisager l’ensemble de ce qui existe, ni comme un tout matériel où l’intelligence & la vie ne sont que des accidens, ni comme un tout Spirituel, dont l’accident seroit la matière, mais qui n’offriroit néanmoins à l’ame aucun objet d’adoration & d’amour hors d’elle même[.] Ce n’est pas que nous pretendions représenter les corporations Sacerdotales come vouées exclusivement á l’atheisme & a l’irréligion : à l’aide du mystère qui enveloppe ses progrès Cette Caste suit pour elle seule, en la retardant & en la voilant, le plus possible, la marche des siècles, avertie qu’elle est, par un instinct habile que pour désarmer les lumières, il faut s’en emparer, & avoir la propriété de ce dont on se fait un monopole. Ainsi brille soudain au sein des systêmes les plus subversifs de tout culte populaire un enthousiasme qui prouve la lutte de l’ame contre les conceptions de l’esprit1. ecoutez Apulée peignant à grands traits le Panthéisme d’Egypte, ou le disciple de Crishna rendant grace à son maître de la révélation à laquelle l’incarnation céleste vient de l’initier. [O nature, s’écrie le premier, souveraine de tous les élémens, fille contemporaine de l’origine des Siecles, Supreme Divinité, Reine des manes, 1ere des immortels, figure immuable des Dieux & des Déesses, qui d’un signe dispenses aux Cieux ses clartés lumineuses, aux vents leur souffle salutaire, aux enfers leur terrible silence ;] Vous y verrez tantot un Théisme tellement abstrait, établissant des loix générales tellement inflexibles, que l’adoration, la prière, le sacrifice ne sont que d’impuissantes & puériles pratiques : 2 encore, il ] 〈le Panthéisme〉 encore il corr. dans l’interl. Co 3435/5 12 exclusivement ] ajouté en dessous du texte Co 3435/5 a ] ajouté dans l’interl. Co 3435/5 13 ses ] 〈leur〉 ses corr. dans l’interl. Co 3435/5 17–18 des systêmes ... populaire ] 〈du Panthéisme〉 des systêmes ... populaire corr. dans l’interl. Co 3435/5 22 l’initier ] 〈illis.〉 l’initier Co 3435/5 26–27 aux vents ... silence : ] rétabli d’après l’imprimé 1
Avec cette phrase s’ouvre le passage (Ainsi brille ... terrible silence) qu’on retrouvera dans le texte imprimé (livre VI, chapitre III). Nous avons ajouté hypothétiquement le texte d’une fiche *54, peut-être identique à une des fiches non numérotées de ce même dossier. Voir cidessus, p. 142.
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456 fo 56 fo 57
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fo 40bis
tantot1 un Panthéisme qui, confondant le monde & son auteur, réduit tous les êtres créés aux modifications illusoires d’une seule substance éternelle : tantot la négation de toute intelligence présidant à l’ordre de l’univers, & une nécessité aveugle & matérielle, substituée à toutes les conceptions que le sentiment religieux suggere ou reclame a. l’esprit humain, lorsqu’il est libre à la fois de toute entrave au dehors & de toute arrière pensée au dedans eprouve le besoin de mettre ses notions en harmonie2. Il s’ensuit que toutes les écoles philosophiques de Grèce font choix d’un Systême exclusif b. a
fo 40bisB
fo 40ter
fo 58
De la Religion, III – Textes complémentaires
b
nous aurions pu faire précéder cette partie de nos recherches de l’histoire de la philosophie, chez les nations indépendantes des Prêtres, notamment chez les Grecs3. quand il s’agit des philosophies sacerdotales, on ne peut distinguer leurs diverses époques & leurs progrès graduels, parce que les Prêtres, étant les seuls philosophes, couvrent la philosophie du même voile que la religion[.] en Grèce, au contraire, malgré les efforts de quelques chefs de Sectes, pour imiter le sacerdoce oriental dans l’obscurité dont ils s’entouroient, la publicité étant la règle & le mystère l’exception, la marche des opinions & la succession des doctrines sont faciles à suivre ; mais un obstacle insurmontable nous a arrêté. La philosophie Grecque n’a pris naissance, qu’après l’introduction de plusieurs doctrines Sacerdotales en Grèce ; & les principaux philosophes de cette contrée, en particulier l’école Ionienne, se sont emparés de ces doctrines pour en faire la baze de leurs systêmes. La connoissance de ces emprunts est donc indispensable à toute histoire de la philosophie Grecque, & vouloir rendre compte de celleci avant d’avoir exposé les élémens étrangers qu’elle s’est appropriée, eut été nous engager dans un cercle vicieux. Ces systêmes se partagent encore en plusieurs branches. Le Théisme, déviant un peu de sa rigueur première se combine avec la doctrine de l’émanation. Le Panthéisme s’allie quelquefois au Spiritualisme, alors la matière est conçue comme une forme de l’esprit pur, forme qui n’existe qu’en apparence & privée de toute réalité. c’est ainsi qu’il se présente dans l’Inde moderne, & qu’il se présentoit probablement dans l’Egypte ancienne.
2 modifications ] modifications 〈passagères, chimériques〉 Co 3435/5 5 le sentiment religieux ] 〈l’esprit humain〉 le sentiment religieux ces trois mots dans l’interl. Co 3435/5 8 de Grèce ] mots ajoutés dans l’interl. Co 3435/5 10 nous aurions pu ] 〈Si〉 nous aurions pu audessus de ce dernier mot, dans l’interligne voulu corr. non retenue Co 3435/7 11 Grecs. ] Grecs, 〈la difficulté aurait été moindre〉. Co 3435/5 12 leurs ] récrit sur les Co 3435/7 16 opinions ] mot récrit sur un autre mot illis. Co 3435/7 20 en ] mot récrit sur un autre mot illis. Co 3435/7 Co 3435/5 1 2 3
Avec ce mot commence une séquence du texte qui va jusqu’à la fin de la note et réapparaîtra dans la version imprimée, livre VI, chapitre III. Voir ci-dessus, pp. 136–137. Début d’une autre séquence du texte (Ces systêmes ... toujours identique.) qu’on retrouvera dans le livre VI, chapitre III. Voir ci-dessus, pp. 138–139. En dépit de la pagination de ces fiches, la note doit être accrochée à cet endroit, comme le prouve la version de l’imprimé. Comme nous l’avons dit dans notre Introduction, BC change la disposition de son texte sans recopier les fiches, sans même toujours prendre la peine de corriger la pagination, comme c’est le cas ici.
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III fo *59 fo 60
fo 61
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fo *62bis fo *62ter fo 59note
[...] a. La doctrine secrete1, née avec les Pretres, à l’instant où la nécessité leur imposoit la loi d’acquerir des connoissances sans lesquelles la Société n’auroit pu exister fut le receptacle, le lieu de depot des connoissances. à mesure qu’elles s’étendirent, que d’autres vînrent en accroitre la masse, ou que des conjectures, des suppositions, des systêmes vrais ou faux s’y associèrent, la doctrine Secrète s’élargit pour les recevoir. les faits observés graduellement, les découvertes successives, les hypothèses résultant de ces faits & de ces decouvertes se plaçoient pour ainsi dire par couches b. Nous avons dit qu’à coté du Théisme, & simultanément s’offroit le Panthéisme, doctrine imposante & gigantesque, qui toujours, dans les doctrines Sacerdotales, ouvre ses bras immenses pour saisir á la fois, & le Polythéisme & le Dualisme, & le Théisme des Prêtres, élevé ou réduit à une volonté, à une force suprême, inflexible, inexorable qui n’a calculé que l’ordre universel & le maintien de cet ordre au milieu des gémissemens qu’elle n’entend pas ou qu’elle dédaigne. [...] [...] a
fo 60note
fo 61note
457
b
D’autrefois il s’identifie au matérialisme, & ce qui n etoit qu’une forme devient la Substance unique, l’esprit n’étant qu’un résultat mensonger des modifications apparentes de cette Substance. Tel il règne au Tibet, à Ceylan, à la Chine, par tout où le Bouddhaïsme prevaut sous differens noms. Ailleurs, la Substance unique, divisible à l’infini fait d’atomes innombrables & imperceptibles les portions constitutives du grand tout, qui n’en demeure pas moins toujours immuable & toujours identique[.] mais, quelles que soient leurs diversités extérieures, toutes ces doctrines, n’en ont pas moins les memes consequences négatives l’incredulite antireligieuse.
2 La doctrine ... Pretres ] 〈Leur〉 La doctrine secrete ce dernier mot ajouté dans l’interl. née avec 〈eux〉 les Prêtres les deux derniers mots dans l’interl. Co 3435/5 4 exister ] BC pensait ajouter une note 〈v. T. 2. p. ... l’exposé des circonstances qui ont pu rendre necessaires les corporations Sacerdotales des l’enfance de certaines Tribus dont l’existence matérielle étoit liée à l’étude de l’astronomie & de la physique.〉 Co 3435/5 7 recevoir. ] recevoir. 〈mais par une suite nécessaire de la nuit qui l’enveloppoit, les notions //que// qui survenoient demeuroient secrètes comme celles qui les avoient précédées.〉 Co 3435/5 9 couches ] couches, 〈sous un même voile, que désignoit un même nom.〉 Co 3435/5 19 matérialisme, ] matérialisme, 〈l’esprit n’étant que le résultat mensonger〉 26 leurs ] 〈les〉 leurs corr. dans l’interl. Co 3435/5 26–27 toutes ... antireligieuse. ] on distingue deux rédactions successives ; première rédaction de toutes ces doctrines, 〈telles q〉 telles que les Prêtres les concoivent, ne sont pas moins inconciliables avec une religion proprement dite & avec toutes les espérances du sentiment religieux. seconde rédaction toutes ces doctrines n’en ont pas moins les mêmes conséquences que la négation & l’incrédulité antireligieuse la version définitive est celle qu’on lit ci-dessus Co 3435/5 1
Cette séquence du texte (La doctrine ... par couches.) restera dans le livre VI, chapitre III. Voir ci-dessus, p. 137. Signalons que la note dont on trouve le texte dans les variantes à la
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458 fo 62terB
fo *63 fo 64
fo 65
De la Religion, III – Textes complémentaires
Le Panthéisme a ceci de semblable au Théisme, que, de même que celui ci réunit sur une seule Divinité les attributs de Divinités innombrables, imaginées précédemment, l’autre reunit en une Substance unique les deux notions d’une matière non intelligente & d’une cause intelligente, que le Théisme suppose exister à part. [...] On nous objectera que le Sacerdoce, dont la puissance se fondoit sur la croyance & la foi n’a pu s’affranchir ainsi dans l’intérieur du temple, & dans le secret de ses conceptions, de ce qui constitue & perpetue son regne. La réponse est facile. Peut etre même la conscience de leur indifférence pour les opinions servoit-elle à rechauffer leur zele pour ces pratiques. convaincus de la nécessité de les maintenir toujours ferventes, & d’en donner l’exemple, Ils s’astreignaient avec une admirable ardeur aux ceremonies les plus minutieuses comme aux privations les plus pénibles1.
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[...] fo 69
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Le Panthéisme est donc incontestablement l’un des élémens de toute doctrine sacerdotale. Il en seroit peut être le dernier terme, si, comme nous le verrons à la fin de ce chapitre même, il n’étoit de règle dans ces doctrines que les Systêmes les plus opposés s’y conservent simultanément. Observons ici par esprit d’exactitude que tandis que le Dualisme & le Théisme se divisent, comme on l’a vu, en deux branches, le Panthéisme se partage en trois.
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[...] fo 79
fo *79bis
Si nos lecteurs en etoient surpris, nous leur rappellerions ce que nous avons dit ci-dessus, de l’absence du Sentiment religieux, dans ces corporations redoutables. [...] 1–2 celui ci ] celui 〈illis.〉 ci Co 3435/8 7 On ... que ] 〈Nos lecteurs demanderont peut-être, comment〉 BC prévoyait d’abord de corriger ainsi Que si l’on objecte que puis il écrit On nous objectera que Co 3435/5 9 de ce ] de 〈tout〉 ce Co 3435/5 11 Peut etre ] 〈//D’une part//〉 la nuit qui enveloppa la doctrine secrette des Pretres les preservait de tous les périls dont la publicité les eut ce dernier mot dans l’interl. menac//erait//cés. Co 3435/5 leur indifférence ] leur 〈dedain〉 indifférence le dernier mot dans l’interl. Co 3435/5 11–12 servoit-elle ] 〈sert〉 servoit-elle Co 3435/5 12 ces ] 〈les〉 ces Co 3435/5 13 & ... l’exemple ] syntagme ajoute´ dans l’interl. Co 3435/5 13–14 s’astreignaient ] s’astreign〈ent〉aient Co 3435/5 14 admirable ... ceremonies ] 〈merveilleuse〉 admirable ardeur aux 〈rites〉 ceremonies Co 3435/5
1
ligne 4 renvoie au t. II de De la Religion, p. 29 (OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 71), où BC reprend une idée de Herder. Cinquième et dernière séquence du texte (Peut etre ... les plus pénibles) reprise dans le livre VI, chapitre III. Voir ci-dessus, p. 149.
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Manuscrit sur fiches, livre VI, chapitre III fo 79ter
459
Les corporations Sacerdotales, étrangères comme on l’a vu, au Sentiment religieux, n’ont par cela même pour l’athéisme qui ne franchit pas l’enceinte sacrée, pas plus de répugnance que pour toute autre doctrine métaphysique. [...]
fo 81
fo 82
L’affirmation a toujours quelque chose d’imposant. Elle annonce la Science, ou elle implique l’autorité. elle peut être présentée comme une découverte, servir à la composition d’un corps de doctrine, réunir autour d’un centre commun ceux qui la professent, & leur donner par la même un intérêt commun. Mais le Scepticisme qui ne permet pas l’affirmation, qui ne rassemble ses partisans que pour les disperser de nouveau, comme des troupes légères tombant au hazard sur qui elles rencontrent, le Scepticisme, dont la tendance est de désunir ou de dissoudre, & qui révoque en doute toute jurisdiction, la sienne comprise, est ce qu’il y a de plus répugnant à l’esprit sacerdotal[.]
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[...] fo 88
fo *89 fo 90
On dit de toutes les propriétés, de toutes les forces, de tous les attributs d’une substance, qu’ils en sont nés, qu’ils ont été engendrés par elle a. De là les amours des Dieux, leurs viols, leurs incestes, leurs mutilations. Ces récits, enrégistrés une fois dans la doctrine Sacerdotale y restent consacrés : & de là encore tant de choses qui nous semblent absurdes ou révoltantes. [...] L’unite´ de leur doctrine ne leur importoit point. Que vouloient-ils ? dominer. Ils avoient pour moyen un Culte public, imposé comme un joug, & garanti par des loix inflexibles. Leur doctrine intérieure n’avoit de rapports avec le vulgaire que parce qu’elle lui inspirait plus d’admiration pour les dépositaires de secrets augustes & impénétrables. La nature, la cohérence de ces secrets étoient, sous ce point de vue une chose fort indifférente1. a
Heyne, Theog. Hes. p. 1372.
10 commun. ] l’espace reste´ blanc sur cette fiche a été utilisé pour des calculs ; il est entièrement couvert de chiffres Co 3435/8 15 comprise, ] suit encore 〈ne peut être recu dans une doctrine de prêtres〉 Co 3435/8 18 On dit ] 〈Les mots de naître & d’engendrer〉 On dit Co 3435/8 21 consacrés ] la source porte consacrées 27 plus d’admiration ] plus 〈de respect &〉 d’admiration Co 3435/8 1 2
Voir ci-dessous, p. 138. Le renvoi à Heyne fournit la source de cette idée. On la retrouve ci-dessus, p. 141.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
[...] Ainsi rien n’étoit banni de cette doctrine. [...]
fo 99
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Les forces physiques étoient personnifiées. leurs combinaisons étoient figurées par des symboles empruntés de l’union des sexes. la vie, la volonté, la lutte, leur étoient attribuées, & derrière les légendes populaires, surgissaient des légendes plus étranges & plus gigantesques. [...] Résumons maintenant ce que nous avons dit sur la composition du Polythéisme Sacerdotal. Sa baze est ou l’astrolatrie ou le culte des élémens, sous lequel se place le fétichisme. Au dessus de ce culte vulgaire, mais soustrait à tous les regards profanes, plane un systême Scientifique que le Sacerdoce travaille à perfectionner, & qu’il tient toujours hors de la portée des classes asservies.
2 cette doctrine. ] 〈la〉 cette corr. dans l’interl. doctrine. suit encore 〈secrète des prêtres, pas même l’irréligion, come nous l’avons vu, qui, déposée dans le Sanctuaire n’étoit qu’une théorie inoffensive, propriété d’hommes qui avoient intérêt à ne pas l’ébruiter & à laisser peser sur les peuples le joug du culte & des dogmes établis.〉 Co 3435/8 4 physiques étoient ] 〈créatrices〉 sont ce dernier mot non biffé par inadvertance étoient Co 3435/8 étoient ] 〈sont〉 etoient corr. dans l’interl. Co 3435/8 6 étoient ] 〈sont〉 etoient corr. dans l’interl. Co 3435/8 10 baze est ou ] baze 〈étoit le fétichisme comme celle du Polythéisme ou dep〉 est ce dernier mot dans l’interl. au-dessus du verbe 〈étoit〉 Co 3435/8 11 place ] plac〈oit〉e Co 3435/5 12 à tous les regards ] à récrit sur aux puis tous les ajouté dans la marge regards Co 3435/5 plane ] récrit sur 〈planait〉 Co 3435/5 13 travaille ] récrit sur 〈travaillait〉 Co 3435/5 tient ] tien〈oi〉t la lettre «i» ajoutée en corrigeant Co 3435/5
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Le Grand manuscrit 1826
Introduction
Les transformations successives du texte du tome III de De la Religion que nous avons analysées dans notre introduction1 ont affecté d’une manière particulièrement grave le Grand manuscrit qui offrait, dans un premier temps, une rédaction quasiment complète et achevée de ce troisième tome. Il subsiste de ce manuscrit dans les papiers de Constant des fragments importants qui ont échappé à la destruction pour des raisons que nous ignorons. On y trouve des chapitres entiers des livres VI et VII qui sont assez proches du texte définitif, des fragments plus ou moins grands de certains chapitres, et enfin un chapitre entier ainsi que des passages qui n’ont pas été retenus par l’auteur, parce que la restructuration de l’ouvrage ne permettait plus d’en faire usage. L’éditeur du texte doit tenir compte de ces matériaux. Les parties avec des textes proches de la version définitive peuvent illustrer une des étapes précédentes de l’imprimé à travers les variantes répertoriées au bas des pages du texte principal. Les parties écartées par contre exigent une présentation à part. On trouvera ci-dessous les quatre morceaux qui n’ont pas laissé de trace dans le texte définitif. Il s’agit de trois fragments qui faisaient partie des chapitres II et III du livre VI qui ont été profondément remaniés et d’un chapitre entier sur le théisme hébraïque qui a été écarté de ce troisième volume à la suite d’un changement radical de la marche de l’argumentation. Ces quatre éléments sont la seule trace tangible d’une rédaction différente du troisième tome. Soulignons encore que ces morceaux représentent deux étapes rédactionnelles différentes. Le chapitre sur le théisme hébraïque appartient à la première mouture de l’ouvrage qui continuait directement les arguments du deuxième tome et reprend par conséquent, en partant de la même source, la réflexion assez élaborée sur la religion juive. Les trois autres morceaux ont été rédigés à la suite du premier bouleversement du plan qui affectait surtout les premiers chapitres du livre VI. Cela explique pourquoi nous possédons deux tentatives pour l’élargissement du premier chapitre du livre VI. Nous entrevoyons en plus que ces trois morceaux ont été écartés par Constant dès qu’il a changé une nouvelle fois le plan de la présentation de l’ouvrage. L’état lacunaire de ces parties du manuscrit illustre ces procédés. Puisque les textes ont perdu toute importance pour la rédaction de la suite de l’ouvrage, les folios ont été utilisés pour en faire des fiches. 1
Voir ci-dessus, pp. 93–100.
464
De la Religion, III – Textes complémentaires
La reconstitution des deux séries de fragments destinés à adapter le premier chapitre du livre VI aux exigences du plan remanié est hypothétique. La double numérotation (11ter, 11VII, 11XI) de six folios sur neuf prouve qu’il y a eu au moins deux tentatives de rédaction. Nous avons réunis dans la première série les fragments dont on trouve des échos dans le troisième chapitre (autrefois le premier chapitre) du tome III. Les folios de la seconde série évoquent des idées que l’on retrouve à d’autres endroits de l’ouvrage, ce qui correspond à nos yeux à une restructuration plus radicale. La fragmentation des matériaux (perte de douze folios sur plus de dixneuf) ne permet pas non plus d’esquisser des commentaires quant aux objectifs poursuivis par Constant avec ces interventions rédactionnelles. Nous nous contentons d’ajouter quelques observations dans les notes.
Établissement des textes Manuscrits : 1. [Fragments du chapitre premier du livre VI], première série. BCU, Lausanne, Co 3446, fos 11ter, 11VI, 11XI, 11XIX et Co 4725, fo 89 (= fo 11VII). 5 fos, 5 pp. a., mesures variées, 300 × 190 mm pour les folios non mutilés, 160 et 105 × 190 mm pour les folios découpés (fos 11VI et 11VII). La séquence des folios est hypothétique. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/171 et IV/71. 2. [Fragments du chapitre premier du livre VI], seconde série. BCU, Lausanne, Co 3446, fos 11ter, 11VII, 11X, 11XI 4 fos, 4 pp. a., 300 × 190 mm, le fo 11VII 170 × 190 mm. Séquence hypothétique. Au verso des folios 11ter et 11VII ébauches sténographiées pour des ajouts au t. III. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/171. 3. [Fragments du second chapitre du livre VI]. BCU, Lausanne, Co 3454, fos 35V–35VII, 35IX–35X. 5 fos, 5 pp. a., 300 × 190 mm. Développements non utilisés pour le chapi` cela s’ajoutent deux folios plus petits, restes d’une suite tre II du livre VI. A d’idées sur fiches qui se rapportent au texte du folio 35IX. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/165.
Le Grand manuscrit – Introduction
465
4. Encore un mot sur le Théisme Hébraïque. Bnf, NAF 18823, fos 98–104. 7 fos, 7 pp. a., 300 × 190 mm, paginés de 76–83. Perte de la p. 81. Mais le texte peut être complété par les fos 82–83 du même manuscrit qui contient un autre texte sur ce sujet datable d’avant 1825. Les recoupements textuels au début et à la fin du passage confirment cette opération. Notons que la pagination ancienne du chapitre sur le théisme hébraïque prouve son appartenance au Grand manuscrit. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/138. K. K.
4. Le Grand manuscrit. Le folio 77 du chapitre écarté «Du théisme hébraïque». La disposition du texte sur la feuille et l’ancienne pagination de Constant permettent de dire que ce chapitre faisait partie du Grand manuscrit. Nous voyons que l’auteur a remanié son texte en inscrivant des ajouts au bas de la page et sur un papillon collé dans la marge de gauche. BnF, NAF 18823, fo 99.
[Fragments du chapitre premier du livre VI]
Première série 11ter
11VI
11VII
[...] succincte ne parût incomplette. Une erreur dont les meilleurs esprits n’ont pu se garantir a de tout tems attaché a cette religion secrete une grande importance, même sous le point de vue de son influence sur la croyance des peuples : Il est donc nécessaire de refuter cette erreur. La doctrine secrète des prêtres s’est composée, à toutes les époques & chez toutes les nations asservies à leur joug, de tout ce que ces Prêtres savoient ou croyoient savoir. Elle n’a consisté à son origine, chez les adorateurs des astres qu’en calculs astronomiques, & chez les adorateurs des élémens qu’en observations sur les phénomenes de la Nature physique & sur les causes présumées de ces phénomènes. Il n’y avoit, ni dans l’une ni dans l’autre de ces choses, rien qui fut, à proprement parler religieux, c’est á dire, rien, qui, dans l’opinion des dépositaires de la doctrine secrète, établit entr’eux & les êtres que la religion suppose les régulateurs de cet univers un échange d’adoration & de bienveillance d’hommages & de protection. Il y avoit Science [...] [...] la périodicité des inondations ; & les loix théocratiques de l’Inde étant certainement l’ouvrage des prêtres, ils pouvoient reclamer le titre de premiers fondateurs des lois. Telle est donc la composition du Polythéisme Sacerdotal. au lieu de devenir, comme le Polythéisme livré à lui même un pur & simple anthropomorphisme, c’est un mélange de fétichisme & d’astrolatrie, de superstition & de Science, qui, ne tenant l’une á l’autre que par des liens souvent invisibles & des rapports toujours arbitraires, offrent á chaque pas des incohérences [...] C’est ce qui est arrivé à la plupart des écrivains qui ont traité ce sujet difficile. Ils ont toujours voulu voir dans la Science Sacerdotale un systeme
Établissement du texte : Manuscrits : 1. BCU, Co 3446.
2. BCU, Co 4725, fo 89.
3 succincte ... erreur. ] passage barré d’une grande croix 8–9 Prêtres savoient ] Prêtres 〈croyoient〉 savoient 25 chaque pas ] 〈l’observateur〉 chaque pas corr. dans l’interl.
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cohérent, une pensée unique, autour de laquelle se grouppoient, comme portions secondaires d’un édifice régulier, des idées toutes du même genre, homogénes entr’elles, exemptes de contradictions & [concourant, par leur amalgame et leur harmonie, à la démonstration de la pensée première. Notre opinion est tout opposée : nous croyons que les corporations sacerdotales de l’antiquité n’avaient point une doctrine unique, et nous en voyons la preuve dans les faits, et l’explication dans la manière dont s’était formée leur doctrine secrète.]1 [...] devoir, enfin de former une véritable secte. Ainsi rien n’était banni de la doctrine secréte des prêtres, pas même l’irréligion devenue inoffensive : & si l’on s’etonne de cette tolérance des corporations sacerdotales, nous observerons premièrement, que, déposée dans le sanctuaire, elle n’étoit qu’une des théories sans application, propriété d’hommes qui avoient interet à ne pas l’ébruiter, & qui laissoient peser sur les peuples le joug du culte & des dogmes établis. Nous dirons en second lieu, que le sentiment religieux doit avoir moins de prise sur les membres des corporations sacerdotales que sur toute autre classe qui ne fait pas de la croyance un instrument, & du culte un métier. La fraude avilit le culte, elle exclut la croyance. Le prêtre, qui invente des modes prétendus de communication avec le Ciel sait d’autant mieux que ses inventions sont une imposture, qu’il les a plus habilement disposées de manière à faire impression sur la foule crédule. Quand, profitant de ses connoissances en astronomie, il annonce le retour necessaire d’une eclipse, comme un signe effrayant du courroux des Dieux, il ne sauroit se faire illusion sur la fausseté de la cause qu’il lui assigne. Tandis que la multitude se prosterne, il demeure étranger á ce qu’il y a de religieux dans les émotions de la multitude. Il ne partage ni ses terreurs ni ses espérances, car c’est lui seul qui les a provoquées, en se proclamant l’interprète d’une voix qu’il n’a pas entendue, le ministre d’une intervention qui n’existe pas.
10–11 pas même ... inoffensive ] pas même 〈le scepticisme〉 & ce dernier symbole ne pas biffé par inadvertance l’irréligion devenue inoffensive les deux derniers mots ajoutés dans l’interl. 12 premièrement ] au-dessus de la dernière syllabe de ce mot un mot illis. dans l’interligne, ébauche d’une corr. 13 elle ... sans application ] 〈ces systemes〉 elle ce dernier mot dans l’interl. n’étoi〈ent〉t 〈que des〉 qu’une ces deux mots dans l’interl. des mot restitué 〈inoffensives〉 sans application ces deux derniers mots dans l’interl. 14 l’ébruiter ] l’article récrit sur 〈les〉 ébruiter
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Nous avons complété le passage en ajoutant quelques lignes de l’imprimé. Voir ci-dessus, p. 137.
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Fragments du chapitre premier 11XIX
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[...] Un effet bizarre du Panthéisme, & qui contribue à donner à cette hypothèse une apparence religieuse c’est l’espèce d’enthousiasme, passionné, parfois sublime dont il enyvre les sectateurs. Cette idée de l’immensité, dont l’homme devient ainsi partie intégrante, partie tellement indivisible qu’il ne se distingue plus de l’immensité même a semble lui révéler le secret de cette union intime, de cette correspondance mystérieuse, avec l’ensemble de la nature, sentiment que chacun éprouve, lorsqu’il s’abandonne sans s’analyser à l’impression que produit en lui tout ce qui est vaste, tout ce qui est vague, tout ce qui est sombre, tout ce qui lui semble infini. La disposition de notre ame au Panthéisme est telle que la mysticite´ dans toutes les religions, comme l’abstraction extrême dans toutes les philosophies, aboutit á ce résultat. Comparez les vers de Xénophane, la prose éloquente de Pline, les Symboles des Brames, les hymnes des Sufiz Persans, les allégories des nouveaux Platoniciens, les expressions de quelques sectes mahométanes, celles des Japonais & des lettrés Chinois, l’yvresse de nos Quiétistes, & la métaphysique nouvelle d’une philosophie allemande, vous y trouverez le Panthéisme, exposé diversement, ou même quelquefois en paroles merveilleusement semblables. O nature, s’écrie Apulée, Souveraine de tous les élémens, Fille contemporaine de l’origine des siècles [...]1
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Deuxième série 11ter
[...] Mais par un effet nécessaire de la progression inhérente à l’intelligence humaine & que cette intelligence lors même qu’elle est pervertie par l’intérêt, ne sauroit étouffer, des idées nouvelles pénétrent dans l’esprit des Prêtres, des connoissances nouvelles enrichissent malgré eux leur Science première ; alors ils admettent dans leur doctrine secrette ces connoissances & ces idées. Ils travaillent à cet égard dans un sens opposé à celui de leur action sur la doctrine publique. Ils s’efforcent de rendre celle-ci stationa
Indiens qui s’écrient je suis Brama.
2 l’espèce d’enthousiasme ] l’espèce ajouté dans l’interl. d’enthousiasme la lettre d récrite sur un l 4 partie tellement indivisible ] syntagme répété par inadvertance 20 O nature ... siècles ] passage barré d’un trait oblique 29 Ils travaillent ] 〈Le sacerdoce〉 Ils travaillent pluriel du verbe ajouté dans l’espace entre les mots leur ] 〈son〉 leur la corr. dans l’interl. 30 Ils s’efforcent ] pronom et verbe mis au pluriel au cours de la corr. 1
La suite de cette citation se lit ci-dessus, p. 142.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
naire : mais leur doctrine secrete est toujours progressive, c’est à dire elle reçoit dans son sein les hypothèses qu amenent a chaque époque les expériences ou les reflexions de cette caste privilégiée. á l’aide du mystére qui enveloppe leurs progrès, les Prêtres suivent de la sorte à huis clos, la marche des Siécles, avertis comme par instinct que pour désarmer les lumières, il faut s’en emparer, parce qu’il faut avoir la propriété de ce dont on veut se faire un monopole a 11VII
[...] auquel le sacerdoce, dans l’intérieur de son sanctuaire mettoit peu d’importance, bien qu’il l’employât au dehors d’une manière terrible, mais tout à fait indépendante de sa doctrine secrète. Seulement, lorsque, dans des tems plus avancés, les pratiques ou les fables, imposées á la crédulité ou prescrites à l’obéissance, devinrent des objets d’étonnement, surtout pour les étrangers jetés dans ces contrées par les Communications des peuples, les prêtres tirérent de l’obscurité du temple quelques fragmens de la doctrine secrète, ou des hypothèses religieuses qui servoient comme de parure à son aridité, pour les confier à leurs hôtes curieux, en adaptant aux préjugés ou aux préférences de ces hôtes ces confidences prudemment restreintes. Mais nous anticipons ici sur les tems. A la Sortie de l’état sauvage & dans les premiers momens de la civilisation, il n’a pu être question, même au sein des corporations sacerdotales de presqu’aucune des hypothèses que nous avons rappelées ici. Leur doctrine Secréte se bornoit alors à quelques notions, soit de physique, soit d’astronomie. c’est graduellement que les subtilités métaphysiques ont du y pénétrer. Nous en traiterons ailleurs, & l’on verra que le sacerdoce, obéissant en secret & souvent malgré lui à la progression [...] a
dans les religions libres, chaque modification s’opérant par l’opinion qui se modifie, est apercue avant même qu’elle ne soit accomplie. Les rites changent, les traditions se retirent dans un lointain obscur, qui fait que les croyances les oublient[.]
1 leur ] 〈sa〉 leur la corr. dans l’interl. 2–3 hypothèses ... reflexions ] plusieurs corr. successives en copiant le texte ; première version hypothèses fausses ou vrayes qu’amène chaque époque à l’aide des la rédaction est abandonnée après ce dernier mot ; deuxième version hypothèses qui a chaque époque sont le résultat des expériences ou des méditations troisième version hypothèses ... réflexions les corr. dans l’interl. ou récrites sur certaines lettres 4 enveloppe ] enveloppe〈nt〉 corr. faite en copiant le texte suivent de la sorte ] suivent 〈aussi, mais〉 de la sorte corr. dans l’interl. 5 désarmer ] 〈étouffer〉 désarmer corr. dans l’interl. 24 ont ] 〈illis.〉 ont 25 sacerdoce, obéissant ] sacerdoce, 〈en tenant les nations dans l’immobilité, a néanmoins senti le besoin de //suivre// se maintenir ces deux derniers mots dans l’interl. pour sa part & autant qu’il le pouvoit, au niveau des siècles, qui, malgré lui fesa〉 obéissant le passage biffé est la première rédaction de la phrase, abandonnée en copiant le texte
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[Tout ce qui a été] de tout tems est Dieu, tout ce qui est est Dieu, tout ce qui sera est encore Dieu, disent les Brames, dans la prière qu’on lit à la suite des instituts de Timur1. Dans toi, dans moi, dans toutes les créatures, réside Wichnou, dit la Mohamadgara a. L’homme doit repousser toute notion de divinité, & avoir l’univers dans son ame b. Selon le Bagavadam, il n’y a rien dans le monde qui ne soit Wichnou, il prend différentes formes, il agit de différentes manières ; mais tout n’est qu’un avec lui. La substance de l’ame des hommes n’est que Wichnou lui même, & á la fin de sa carriére elle rentre dans Wichnou c. [...] a pu facilement prêter á un sacerdoce dont la doctrine remontoit à des tems obscurs des opinions Stoïciennes. Néanmoins, comme le fonds de ces opinions n’est point en opposition avec les hypothèses qu’il est naturel au Sacerdoce de concevoir & de cacher, Il serait téméraire de rejeter tout à fait le seul témoignage qui nous soit parvenu á cet égard. Si nous l’admettions, la doctrine étrusque nous paraitroit un mélange de Panthéisme & de Théisme. mais nous y verrions une preuve nouvelle que le Théisme philosophique des prêtres ne se peut concilier avec une religion pratique. le Tina ou le Jupiter de l’Etrurie est a` la fois la cause première & la Destinée immuable d : & cette reunion de l’être suprême avec la fatalité, sappe toute religion populaire dans ses fondemens en détruisant l’efficacité des rites & l’utilité des ceremonies. La doctrine Sacerdotale des chaldeens & des Phéniciens parait avoir été, & celle des habitans du Japon, du Tibet & de la Chine est encore un mélange d’Athéisme & de Panthéisme[.]
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[...]2 [...] [...] Senec. Nat. Quæst. II. 45.
1–9 de tout ... Wichnou. ] passage barré d’un trait vertical la
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Nous avons complété la phrase à l’aide de l’imprimé (ci-dessus, p. 205). Le texte imprimé est proche de celui qu’on peut lire ici. Nous le reproduisons néanmoins afin de ne pas retrancher arbitrairement un folio du ms. Les notes ont été découpées. On les trouve ci-dessus, p. 206.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
[Fragments du second chapitre du livre VI]
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[...] Que la profession publique de plusieurs de ces opinions fut interdite par le Sacerdoce, bien qu’elles fussent contenues dans sa doctrine secrette, rien de plus incontestable & de moins étonnant. Déposées dans le Sanctuaire, elles n’étoient que des théories Spéculatives, propriété d’hommes qui avoient intérêt á ne pas les ébruiter, & laissant peser sur le peuple le joug du culte & des dogmes établis. La publicité les eut rendu hostiles contre ces dogmes. Prouvons par un exemple nos deux assertions, 1o que la doctrine Secrète de tous les Sacerdoces n’étoit qu’une accumulation graduelle d’hypothèses que les Prêtres se mettoient peu en peine d’accorder ; & 2o que cette doctrine n’exercoit nulle influence sur la religion populaire, lors même que les hypothèses qui s’y étoient glissées introduisoient ou motivoient certains rites & certaines pratiques de cette religion[.] La baze de la doctrine secrète des Egyptiens fut probablement l’astronomie. On a vu comment, en laissant au peuple ses fétiches, les prêtres d’Egypte avoient établi, dans une sphère plus élevée des Dieux d’une nature moins individuelle & moins grossière. Forcés, par l’empire tout puissant de la logique a à concevoir ces Dieux comme le raisonnement les y obligeoit, Ils durent leur oter la versatilité inhérente à toutes les Divinités populaires. Le Systême astronomique reposant sur la régularité du cours des astres, en fit des êtres supérieurs influant d’une manière déterminée d avance & ri goureusement immuable sur la destinée des hommes. Cette croyance auroit du réduire la religion á une adoration sans but & sans espérance, ou pour parler plus exactement encore, à une déclaration pure & simple de l’existence de ces êtres supérieurs, déclaration qui n’auroit du être accompagnée d’aucune tentative pour faire changer des décrets irrévocables. De la a
[...]1 Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3454.
3–15 Que la ... cette religion. ] ces deux alinéas barrés de traits obliques 17 peuple ] la source porte peuples 24–28 Cette croyance ... irrévocables. ] passage biffé 1
Le texte de la note n’est pas rédigé.
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Fragments du second chapitre
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resultait clairement, entre la religion populaire & la religion astronomique une opposition que rien ne pouvoit surmonter. Cependant le Culte public n’en fut point ébranlé & l’adoration des astres en devenant partie, reposa sur l’idée qu’on pouvoit fléchir ou même contraindre ces Dieux immuables. Quand la doctrine de l’émanation, doctrine plausible & consolante, se présenta aux prêtres Egyptiens, soit comme résultat de leurs meditations propres, soit ce qui est plus probable, importée de l’Inde, ils la recurent. Elle étoit pourtant inconciliable avec la rigueur du Systême astronomique. La dégradation des êtres, depuis les Dieux jusqu’à l’homme, & en descendant plus bas jusqu’aux animaux & plus bas encore jusqu’au régne végétal & minéral, & l’epuration en sens inverse qui releva les êtres souillés des impuretés qu’ils avoient contractées, impliquoit dans ces êtres un mérite moral, une liberté contraire à la régularité & à l’immutablité des Divinités qui brilloient au haut des Cieux. Bientot les notions de Théisme frappèrent, si nous osons employer cette expression, à la porte de la doctrine secrete. Elles furent admises. mais il ne paraît point qu’elles ayent modifié le systeme Astronomique autant qu’elles auroient du le modifier. nous voyons repandues dans les fragmens sur la doctrine secrète des Egyptiens beaucoup de locutions, beaucoup de dogmes, beaucoup de récits qui continuent á supposer la pluralité des Dieux. Ce ne fut pas tout. le Panthéisme vint, proclamant une substance unique, seule réelle, absorbant en lui toutes les existences partielles, toutes les individualités, & reduisant ainsi toutes les hypotheses precedentes à des apparences illusoires. Loin d’être repoussé il fut accueilli. il domine même tellement les autres doctrines que plusieurs philosophes ont prétendu qu’il les avoit toutes supplantées. Voilá certes une série de Systêmes opposés, une agglomération de contradictions bien manifestes. Ces contradictions s’expliquoient sans doute quand, ce qui étoit rare, il devenoit urgent de les expliquer. De nouvelles subtilités établissoient une liaison plus ou moins plausible entre les doctrines qui s’entrechoquoient, lorsque par hazard elles etoient rapprochées. Tantot l’astronomie se concilioit avec l’emanation par la matière constitutive des Astres, émanés du Soleil, & toujours moins purs à mesure qu’ils s’éloignoient de leur Source. Tantot l’astronomie & l’émanation fesoient des concessions au Théisme, et le soleil même emanoit d’un être supérieur & infini. Enfin [...] [...] cueillis de toutes parts à diverses époques, elles formoient, pour ainsi dire, de ces matériaux hétérogénes autant de couches superposées, entre lesquelles les dépositaires de ces doctrines ne sentoient que rarement le 7 soit ce qui ] soit 〈illis.〉 ce qui source porte plausibles
24 tellement ] ajouté dans l’interl.
29 plausible ] la
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besoin d’établir, par des explications toujours partielles & souvent variables, des liens qui n’etoient jamais ni complets ni durables. En effet, qu’importoit aux prêtres l’unité de leur doctrine secrète ? que vouloient-ils entr’eux. Gouverner les peuples. Ils avoient pour cela un culte public, imposé comme un joug, & maintenu par des loix inflexibles, & une doctrine cachée au vulgaire qui en concevoit pour eux plus d’admiration & plus de respect : pourvu qu’on les crut dépositaires de secrets augustes, peu leur importoient la nature la cohérence de ces Secrets. A qui devoient-ils quelquefois des explications sur leur science mystérieuse ? à des etrangers qui les questionnoient timidement & isolement. Des explications partielles, variées suivant les dispositions des auditeurs etoient suffisantes ; & plus les Systêmes renfermés dans la doctrine secrète étoient nombreux & divers, plus ils puisoient facilement dans cet arsenal inépuisable. Il ne faut pas emprunter nos conjectures sur ces Corporations de l’Orient de nos connoissances sur les Philosophes de la Grèce. Ceux ci méditoient librement & publiquement. Leurs écoles rivales luttoient avec l’émulation qui naît & grandit par la publicité. Les prêtres des nations Sacerdotales étoient a la fois privés de ce ressort & investis d’un pouvoir qui le remplacoit. De plus ce pouvoir même qu’ils possédoient en commun, leur interdisoit toute activité individuelle. Si néanmoins nous avions à prononcer sur les Systêmes le plus généralement admis dans la doctrine secrete des Sacerdoces anciens, nous croiions avec beaucoup d hommes éclairés que ces Systêmes étoient le Panthéisme & l’Athéisme : le Panthéisme, parce que, lorsqu’on suit le raisonnement tel que nous le fait la logique humaine, dans son aride Sévérité, il est difficile de ne pas arriver au Panthéisme ; L’Athéisme, parcequ’au fond, quoi qu’en disent les Panthéistes, dans leur enthousiasme que je trouve bizarre, mais que je crois sincère, l’Athéisme n’est autre chose que le Panthéisme, dépouillé de sa pompeuse terminologie. Et qu’on ne s’étonne pas de rencontrer pour dernier terme des philosophies sacerdotales la doctrine la plus opposée à toute religion. les Pretres de l’Antiquité, par cela même que leur domination avoit la religion pour instrument devoient être de tous les hommes les plus étrangers au Sentiment religieux. Ils trompoient, comment auroient-ils pu croire ? 4 Gouverner ] BC note sur une demi feuille du même papier une entrée pour une suite d’idées Gouvernoit le peuple par la religion populaire & par le mystère imposant de la doctrine secrète. 35IX 6 en concevoit ] en 〈connoit〉 convevoit 9 à des étrangers ] deuxième et dernière entrée conservée de la même suite d’idées Satisfesoit les etrangers un a un par des explications partielles 35IX 19 même qu’ils ] même 〈dont ils n’etoient〉 qu’ils 21 Si ... croire ? ] deux alinéas biffés d’un trait vertical Systêmes ] la source porte Systême 22 doctrine secrete ] doctrine 〈Sacerdotale〉 secrete
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Livre VI, chapitre VII – Théisme hébraïque
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Chapitre 7.
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Encore un mot sur le Théisme Hébraïque.
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Nous sommes entrés précédemment a dans des developpemens assez étendus sur le Théisme Juif, pour n’avoir pas besoin d’en parler ici de nouveau. Néanmoins, ceux, qui nient toute révélation Surnaturelle, pourront ne point regarder la difficultè fondamentale comme résolue. En conséquence nous essayerons de la résoudre, même dans leur hypothèse, qui n’est pas la nôtre. Au moment où les Hebreux ont professé le Thèisme, Ils étoient encore barbares & ignorans. Mais ils se trouvoient aussi dans une position dans laquelle aucun peuple ne s’étoit trouvé. Ne remontons pas aux plus anciennes de leurs traditions. laissons au Talmud & à l’Alcoran Abraham & le songe qui l’éclaire, & les Simulacres œuvres de ses mains & brisés par son zèle, & la fournaise ardente qui le vit braver la fureur des flammes b. Partons du moment où le Théisme Juif est bien constaté, c’est à dire du tems de Moyse. a
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b
Tome II, p. 198–2511. Abraham, suivant les Hébreux, vécut du tems de Nemrod ou de Ninus. Son père étoit idolatre. (Josué, 22 ou 24 : 2.) & originaire de la ville d’Ur, en Chaldée (Hyde, de rel. Persar. ch. 22.). Il s’appeloit Térach, ou Tharé, & ne fut jamais converti au Théisme. (S. Chrys. Homel. 31 & 373) Nachor, son fils, & Laban, son petit-fils, adoroient les idoles. Tharé vivoit de la fabrication des Simulacres, & avoit élevé Abraham dans cette profession (Epiphane4 Hyde, Suidas5) Ce dernier professa le Culte de son père jusqu’à quatorze ans. Établissement du texte : Manuscrit : BnF, NAF 18823, fos 98–104 et fos 82–83.
21 Tharé ] 〈Tharé〉 biffé puis à nouveau ajouté dans la marge 1
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BC renvoie au livre IV, chap. X et XI (OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 160–185). En dépit de l’état inachevé du texte (les notes demandent encore des retouches), le chap. sur le théisme hébraïque se lit comme la suite directe des réflexions exposées dans le t. II. Voir Thomas Hyde, Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religionis historia, Oxonii : E Typographeo Clarendoniano, 1760. Le chap. II raconte l’histoire d’Abraham. Le renvoi de BC ne vise pas un passage précis, à l’exception de ce qui est dit sur les persécutions d’Abraham qui sont rapportées par Hyde aux pp. 67 et 71–72. BC cite les homélies 31 et 37 sur l’évangle de saint Jean dans lesquelles S. Chrysostome évoque l’idolatrie des juifs ou leur rigidité dans l’observation des lois. Renvoi copié chez Bayle, Dictionnaire, Rotterdam : R. Leers, 1702, article «Abraham», t. I, p. 32, n. O : «St. Epiphane rapporte que l’idolatrie aiant commencé au tems de Sarug, bisaieul du Patriarche Abraham, les idoles ne consisterent qu’en plate peinture, & que ce fut Tharé qui commença d’en faire d’argile» (E´piphane, Advers. hæres. l.I. p. m. 7 & 8). Suidas, Encyclopédie, article ÆΑβραα μ, également cité d’après Bayle, «Abraham», n. B.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
Les Hébreux étoient les Parias de l’Egypte a. Or nous avons vu les Parias
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(Aug. de Civ. Dei, XVI. 131. ipsum longo tempore chaldæorum delirio de Astrorum Divinitate innutritum fuisse. (Philo, apud Salian2. & Maimonides, More Nevoch, III. 26 & 393.) Il fut converti par un songe (Philo de Abrahamo4) & sa conversion est célèbrée, non seulement par les Juifs (Joseph. Antiq. I. 75.) & les Pères de l’Eglise, mais par l’Alcoran (Hyde, ch. 2. Alcoran ch. VI.) Les écrivains Hébreux & orientaux parlent tous des persécutions que cette conversion lui attira. Il fut jeté, disent-ils, d’abord dans un cachot, ensuite dans une fournaise ardente (Hyde, ibid.) mais en accordant une confiance aveugle a ces traditions au moins fort douteuses, il n’en restera pas moins certain que le Théisme d’Abraham ne devint point une religion durable, puisque nous voyons le petit fils de ce patriarche délibérer sur la nature & le nombre des Dieux qu’il adorerait. Beytr. zum Vernunft. Denk. XVII. 1646. v. Tome 2, p. 2237. Genes. XLIII. 32. non poterant Ægyptii panem cum Hebrais comedere. nam hujus modi convivium pro immundo habent aut abominando. Spencer8. Plutard Josué dit expressément aux Juifs de renoncer aux Dieux qu’ont adoré leurs ancetres dans la
13-p. 477.18 Plutard ... Maimonide. ] passage ajouté sur un papillon collé dans la marge de gauche ; la place que nous attribuons à cet ajout est hypothétique
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Bayle ne cite que le fait, sans indiquer l’article. Notons encore que l’âge de la conversion d’Abraham au théisme (14 ans) se retrouve aussi chez Bayle. Bayle cite De civitate Dei, livre XVI, chap. 13. Mais ce chap. ne parle ni de l’âge d’Abraham ni de la fabrication de fétiches, mais résume l’histoire de Tharé qui s’installe avec son fils et sa famille à Chanaan. Preuve que BC n’a pas consulté l’ouvrage mais copié la référence chez Bayle. BC reproduit une phrase qu’il a trouvée chez Bayle, Dictionnaire, éd. 1702, article «Abraham», t. I, p. 32, n. e. Bayle renvoie à Salianus, Annales ecclesiastici veteris testamenti, t. I, Lutetiæ Parisiorum : sumpt. G. Josse et al., 1641, p. 387. Mais cette référence est peut-être erronée, bien qu’il soit question de Philo à cette page. Maïmonide. Bayle ne cite que le chap. 29 de la troisième partie, à raison puisqu’il parle d’Abraham. Les chap. cités par BC parlent de la législation hébraïque sans rapport avec l’histoire d’Abraham. Philo, De migratione Abrahami, cité d’après Bayle, «Abraham». BC renvoie à un passage de Josèphe (Josephus Flavius), De antiquitate Judæorum, livre premier, pp. 14–17 (Flavii Iosephii antiquitatum iudaicarum libri XX, Basileæ : Froben, 1559). BC renvoie à l’étude anonyme «Ueber den populären Monotheismus, oder den Theismus, der aus Glauben entsteht, oder durch Glauben fortgepflanzt wird», parue dans le périodique Beyträge zur Beförderung des vernünftigen Denkens in der Religion, t. XVII, 1793, pp. 157– 191. Sur ce périodique voir OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 341, n. 11. OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 172. Les deux renvois à Spencer prouvent que BC n’utilise pas l’ouvrage, mais copie les références. La première citation se retrouve dans John Spencer, De Legibus Hebræorum ritualibus er earum rationibus libri quatuor, Tubingæ : Sumptibus Johannis Georgii Cottæ, 1732, p. 192 (Liv I, chap. XI, sect. IV, «De rebus mundis et immundis»). Elle ne revient pas littéralement dans l’édition citée ci-dessous.
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Livre VI, chapitre VII – Théisme hébraïque
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de l’Inde, dans leur proscription déplorable, inventer pour leur usage des Divinités différentes de celles de leurs oppresseurs a. Si l’on réunissoit les Parias, si, constitués en corps de Nation, dirigés par un chef, astreints à des loix fixes, Ils avoient à lutter contre des ennemis redoutables, Il est vraisemblable que leurs conjectures, maintenant isolées & fugitives, deviendraient bientot un culte régulier. Moyse gendre d’un Prêtre Egyptien étoit verse dans les connoissances & les mystères du Sacerdoce. Le Théisme, bien qu’il ne fut pas la baze de la doctrine Sacerdotale, n’étoit pas étranger à cette doctrine. Moyse auroit pu s’en saisir b, pour mettre une barrière entre les Juifs & leurs anciens maitres. Malgré la disproportion qui existoit entre le Théisme & l’état intellectuel des Hébreux, la circonstance étoit favorable. Les Juifs entreprenoient une migration lointaine, hérissée d’obstacles & de dangers. Errant longtems sans trouver d’azyle, mais soutenus par la promesse d’une terre privilégiée,
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mesopotamie & dans L’Egypte. (Jos. XXIV. 14. Ezéchiel leur reproche d’avoir adore en Egypte les Dieux Egyptiens. (Ez. 23.) Recordando dies pueritia sua quibus Scortata fuit in terra Ægyptiorum. (Rois. II. 15. 8. v. Spencer de L. R. Hebr. II. 201. Euseb. præp. evang2. & Maimonide3.) Tome I. p. 2354. Ce que nous disons ici ne contredit en rien nos assertions sur les différences qui placent le Théisme Juif fort au dessus des doctrines purement cosmogoniques de l’Egypte. Nous raisonnons dans une hypothèse qui nous semble erronnée & qui doit connsequemment offrir des cotés faibles. Notre opinion est qu’on ne peut expliquer la pureté du Théisme Hebraique par des causes simplement humaines. Mais nous cherchons a prouver à ceux mêmes qui rejettent toute révélation, qu’il leur seroit possible de se rendre compte de l’apparition d’un Théisme quelconque, chez les Juifs, par des circonstances tellement uniques, qu’elles confirmeraient la règle, au lieu de l’infirmer.
19 Tome ... 235. ] texte de la note dans la marge
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23 Hebraique ] la source porte Hebraiques
Spencer, même titre, Cantabrigæ : Typis Academicis, 1727, p. 20 (liv. I, chap. I, sect. I, «Israelitas in Ægypto, & recens egressos ex Ægypto, gentem fuisse idolatriæ deditam»). Spencer cite le verset de l’Ancien Testament. Il faut corriger les renvois et lire : Ez. 23. 19–20 ; Rois II, 21. 15 et 8. Spencer I. 20. Le renvoi à Eusèbe, Præparatio evangelica, est probalement faux. Nous n’avons trouvé chez Eusèbe aucun passage à citer pour appuyer cette hypothèse. Le renvoi à Maïmonide est vague. Nous renvoyons une fois de plus au chap. 29 de la troisième partie. OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 229–230.
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sur laquelle le Ciel leur donnoit des droits, Ils étoient poussès, par un mouvement très naturel à se choisir, pour protecteur Spécial l’un des Dieux qu’ils adoroient anciennement, celui peut-être que dans quelque occasion périlleuse, ils avoient invoqué avec le plus de Succès. Dès que l’homme a connu l’idée de l’unité, elle s’offre à lui comme une ressource, soit en religion, soit en politique, lorsqu’il est atteint d’une grande terreur a. Un passage de Denys d’Halicarnasse semble destiné à nous suggérer cette conjecture. «Anciennement, dit-il b, lorsqu’un pays étoit trop peuplé, l’on consacroit tous les jeunes gens nés dans telle année, à un Dieu particulier, sous la protection Spéciale duquel ils etoient dès lors placés, & ils alloient chercher fortune sous ses auspices. Ce recours à un Dieu, unique au moins sous le rapport de la protection, recours usité, comme on voit, dans des circonstances presque ordinaires, étoit plus analogue encore à la disposition de l’esprit humain, dans un malheur plus grand, au milieu d’agitations plus violentes. Les peuplades dont parle Denys d’Halicarnasse, retournoient au Polythéisme, aussitot qu’elles avoient formé quelqu’établissement, c’est-àdire qu’ayant atteint leur but, elles rentroient dans leurs opinions habituelles. Mais les Hébreux errerent longtems sans demeure fixe. l’idée d’une terre promise leur fesoit dédaigner les contrées qu’ils traversoient, en même tems qu’ils étoient repoussés par les habitans de ces contrées. Ils n’avoient point de métropole, dont les institutions fussent précieuses à leur mémoire ou cheres à leur cœur. Ils n’avoient laissé derrière eux [que des tyrans1. Leur sacerdoce n’avoit d’affiliation avec aucun Sacerdoce. Celui de l’Egypte ne retracoit à leur souvenir que des fêtes auxquelles ils ne partia
b
C’est le contraire aussi longtems que l’intelligence humaine ne s’est pas élevée jusqu’à cette idée. L’on a vu (tom. I, p. 2652.) que dans les grands périls, les sauvages multiplient le nombre des Fétiches qu’ils invoquent. Ici encore la progression est frappante. Denys d’Halic. Lib.3
4–6 Dès que ... en politique ] 〈L’unité s’offre à〉 Dès que ces deux derniers mots dans l’interl. l’homme 〈comme une〉 a connu l’idée de l’unité, elle s’offre à lui comme ce dernier syntagme de dix mots ajouté dans l’interl. ressource, soit ce dernier mot dans l’interl. en religion, 〈comme〉 soit le verbe dans l’interl. en politique 8 «Anciennement ] les guillemets ne sont fermés nulle part 18 demeure fixe ] demeure〈s〉 fixe〈s〉 1
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Nous pouvons reconstituer la perte importante du texte grâce à une version proche, mais antérieure de ce chapitre conservée dans le ms. BnF, NAF 18823, fos 82–83 (voir OCBC, Œuvres, t. XVI, à paraître). Dans le Grand manuscrit, ce chap. se trouvait à la p. 82. OCBC, Œuvres, t. XVII, p. 255. BC résume ce qu’il a lu chez Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, livre I, chap. II (voir Les Antiquités romaines de Denys d’Halicarnasse, traduites en Français par Bellanger, t. I, Chaumont : Cousot, an VIII, pp. 34–36).
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Livre VI, chapitre VII – Théisme hébraïque
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cipoient pas & des sacrifices dont ils étoient victimes a. Isolés sur la terre, ils portoient avec eux leur Dieu, leurs Prêtres & leurs espérances. L’idée de l’unité de leur protecteur surnaturel devoit se graver chaque jours plus profondément dans leur esprit. Ce n’étoit néanmoins qu’une unité relative. à coté du Dieu seul objet de leur culte, ils reconnoissoient des Dieux ennemis qu’ils n’adoroient pas, qu’ils detestoient au contraire. Il seroit facile de prouver par une foule de passages des Annales Hébraïques b, que les juifs ne considéroient point Jehovah comme le seul Dieu de l’univers, mais comme la Divinité tutélaire de la nation Juive, Divinité qui s’étoit consacrée uniquement à la défense de cette nation & qui, demeurant, combattant, voyageant avec elle, & partageant ses inimitiés, traitait les Dieux étrangers en ennemis qui lui étoient odieux, & en rivaux dont elle étoit jalouse c. Elle vouloit renverser leurs autels pour elever ses autels, & detruire leurs peuples pour faire place à son peuple. a
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[Il est probable que les hommes roux que les Egyptiens sacrifioient, & qu’on voit représentés sur les basreliefs de l’Isle de Philé étoient des juifs. v. Görres. I. XXXII-XXXIII. & p. antérieures & Repertory no 5221.] [Genès. I. 26. III. 22, dans le second livre de Moyse, c. 11, dans le cinquième c. 15, & dans le 95e Pseaume le Dieu des Juifs est appelé le plus puissant des Dieux. Le discours de Rhapsacès, général du Roi d’Assyrie, à Ezechias Roi de Juda, indique clairement que ce Général] ne voyoit dans Jehova qu’une divinité nationale. «Les Dieux des nations, dit-il, ont-ils délivré leur pays de la main du Roi des Assyriens ? ou sont les Dieux de Hamath & d’Arpath. ou sont les Dieux de Sépharaïm, d’Henath, & d’Hirrach. qui sont ceux d’entre ces Dieux qui ont délivré leur pays de ma main, pour dire que l’éternel délivrera Jerusalem ? (Rois II. ch. 18. vers. 18 & suiv.) les Philistins en voyant l’Arche s’écrioient : voilà les Dieux des Hébreux, ceux qui ont fait tant de miracles pour eux en Egypte. (Samuel. I. 1. 8. 910) En conséquence ils rendirent l’Arche aux Hébreux comme le Dieu national qui leur appartenoit. (Sam. I. 7.) Ex innumeris Sacræ historiæ exemplis atque locis facile ostendi posset, Israelitarum vulgus Jehovam suum, non tanquam omnium gentium numen, sed tanquam suum gentique suæ peculiarem Deum, veneratum esse, quem inter ipsos habitare, cum ipsis in bella proficisci, easdem porro inimicitias exercere, omnes denique hostiles populos funditus exscindere velle, persuasum habebant. Meiners, Comm. Soc. Gött. I. 932.
30 locis facile ] locis 〈Israelitarum vulgus Jehovam suum〉 facile porte gentisque 1
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31 gentique ] la source
BC cite Görres, Mythengeschichte, t. I, en simplifiant les remarques de l’auteur. Voir l’édition de 1935, pp. 13–14. Les Hyksôs sont, selon Görres, des sémites hébraïques. BC accepte cette hypothèse qui n’est plus défendue par l’historiographie moderne. La note no 522 du Repertory résume le texte de Görres en donnant plus de détails. BC copie la phrase de Meiners qu’il avait partiellement traduite dans le résumé qu’il en donne dans son texte. Voir Chr. Meiners, «De Zoroastris vita, inventis et scriptis commentatio secunda», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. I, 1778, pp. 45–99, et plus particulièrement l’appendice intitulé «Nota», p. 93.
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Ce ne fut que par dégrés que les Hébreux abandonnerent cette notion circonscrite. Leur Dieu national se changea en Dieu unique. Rien encore de plus simple. leur Sacerdoce dut leur representer les Dieux étrangers d’abord comme mèchans, bientot comme faibles, enfin comme de vaines chimères. Les circonstances singulières des Hébreux étoient] donc favorables à l’établissement du Théisme. le Théisme toutefois ne s etablit chez aux qu’à travers beaucoup d’obstacles & par des moyens terribles. L’histoire du veau d’or, les résistances d’Aaron a, plusieurs autres faits b, démontrent que cette notion abstraite n’étoit point a la portée du vulgaire. Aaron mourut : Moyse triompha. Le séjour des Hébreux dans le désert dut concourir à fortifier l’ascendant de Moyse. L’autorite´ du législateur inflexible & sévère s’accrut de la situation désespérée dans laquelle son peuple se trouva plongé. Ainsi une hypothèse purement humaine pourroit expliquer d’une manière satisfaisante pour ceux qui ne veulent reconnoître que des causes naturelles l’exception unique que les Hébreux presentent. mais quelque parti que prenne le lecteur sur cette question, quelque origine qu’il assigne aux Annales Hébraïques, ces Annales sont elles-mêmes la confirmation la plus incontestable de l’incompatibilité du Théisme avec un etat social encore dans l’enfance.
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L’éternel a-t-il seulement parlé par Moyse n’at-il pas aussi parlé par nous, disent Aaron & sa sœur Marie ? (Nomb. XII. 1. 2.) v. l’énumération de ces faits par ordre de date tome II p. 231, not. 21. Moyse accorda aux Lévites les privilèges Sacerdotaux, pour avoir empêché un soulèvement du peuple. c’est peut-être un indice de l’opposition que rencontrait le Théisme.
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OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 176–179, n. b.
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Fragments et ébauches de textes pour les livres [1824–1827]
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5. Ébauche sténographiée de la première page du chapitre IV du livre VI. BC utilise une feuille volante pour y porter le texte du début de ce chapitre. BCU, Co 4725, fo 38ro.
Introduction
Le travail de rédaction pour le tome III de De la Religion commence en 1824, vers la fin de l’année. Nous avons essayé d’en reconstituer les étapes principales, à partir des manuscrits qui nous sont parvenus. Dans les papiers de Constant se trouve un nombre considérable de fragments de textes qui ont sans aucun doute servi à la rédaction de ce tome III, mais qui n’appartiennent a` aucun des grands manuscrits. Il s’agit souvent de restes d’anciens manuscrits qui traitaient de la même matière. Tous ces manuscrits sont probablement antérieurs à 1824. Constant, les jugeant dépassés, en a néanmoins conservé un certain nombre de pages, soit pour les intégrer dans son texte, soit pour en faire des fiches. Il est impossible de connaître l’ancien contexte ou d’établir la date précise de ces feuilles. Elles subsistent, nous allons en tirer quelques informations. Un autre lot de ce dossier est composé de fiches, couvertes de notes variées et isolées, d’ébauches de texte, de notes pour la rédaction de certaines pages du livre. On y trouve des formulations plus ou moins proches de celles que Constant choisira. Ces matériaux ne permettent pas non plus d’émettre des hypothèses fiables de datation, exception faite de quelques feuilles dont les versos fournissent des indices, souvent fragiles, pour une chronologie relative. L’état matériel et hétéroclite du dossier exclut d’emblée toute tentative de reconstituer des groupes, même si parfois deux ou trois feuilles proviennent du même ensemble. Nous donnons les textes selon le seul critère qui permet d’introduire un peu d’ordre dans ces feuilles éparses, à savoir le contenu, et les imprimons dans l’ordre de l’argumentation adoptée par Constant. La composition du livre nous fournit l’échafaudage pour la présentation de ces textes. La description des folios retrouvés et identifiés fournit toute l’information que nous pouvons tenir pour assurée. On verra que chaque feuille est pour ainsi dire un cas particulier qui permet de saisir un moment de la composition de l’ouvrage. Quant au contenu, le dossier n’ajoute rien aux grandes thèses défendues par Constant. Il permet par contre de retrouver quelques étapes de la préparation d’une idée, parfois de la première intuition à la forme définitive d’une formulation heureuse. Il s’agit, n’en doutons pas, d’une documentation fidèle du travail de l’écrivain qui cherche avec téna-
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De la Religion, III – Textes complémentaires
cité et sans craindre des transformations en profondeur le profil de sa pensée. Le côté expérimental, la conquête des faits matériels, la lecture des sources et des ouvrages érudits, les efforts critiques de l’historien des idées, les risques d’une lecture par trop superficielle, le bonheur d’une analyse réussie, tout y est. Les papiers trahissent aussi les scrupules méthodologiques qui s’expriment à travers l’écriture. Le dossier, lu dans cette optique, est un document impressionnant pour étudier les aventures de l’écriture scientifique.
Établissement des textes Nous reproduisons les documents tels que nous les trouvons dans les archives de Constant, où ils sont conservés dans le désordre probablement primitif. La plupart des papiers sont qualifiés d’«inclassables» parce qu’on n’a su en identifier ni le contenu ni la provenance. Les documents sténographiés sont transcrits tels quels, avec une version longue en note. Nous renvoyons toujours à la page de l’imprimé pour permettre des rapprochements. Le texte imprimé fournira, au besoin, l’annotation nécessaire. Nous avons renoncé a` répertorier les variantes entre ces épaves et le texte définitif au bas des pages pour ne pas entrer dans des commentaires philologiques inévitablement complexes, mais de peu de valeur critique. La liste ci-dessous donne les descriptions des folios contenant des morceaux de textes que nous transcrivons par la suite. La numérotation des descriptions est identique à celle des fragments ci-dessous. 1. BCU, Co 3293, Q3/12, sans foliotage. «suivant lesquelles l’ame de Fo» 1 fo, 1 p. a., 100 × 140 mm. Verso : blanc. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/69. 2. BCU, Co 4725, fos 133ro et 131ro. «Le sacerdoce détourne ainsi» 2 fos, 2 pp. de la main du secrétaire aux hampes longues, avec des corrections a., dimensions inégales ; le fo 133, 215 × 145 mm, est la partie supérieure d’une feuille de grand format ; le texte dans la col. droite, les corr. dans la col. de gauche. le fo 131, 145 × 330 mm, ne comprend plus que la col. droite avec le texte de la note qui faisait d’abord partie du texte principal. Il s’agit de deux morceaux du manuscrit destiné à l’imprimeur, mais corrigés par BC. Les corrections ont été intégrées dans le manuscrit revu. Les versos des feuilles sont blancs.
Fragments de textes – Introduction
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Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 3. BCU, Co 3451, fos 11 et 12. «Ceci n’est encore qu’une partie des modifications» 2 fos, 2 pp. de la main du secrétaire aux hampes longues. Deux folios abandonnés du manuscrit destiné à l’imprimeur, 200 × 330 mm et 200 × 110 mm. Très peu de corrections, elles sont peut-être de la main de BC. Le texte devait faire partie du chapitre II du livre VI, mais n’a pas été utilisé. Les versos sont blancs. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/156. 4. BCU, Co 4725, fos 29, 94vo, 30, 31 et 32. «19. Bientot ces hommes» 5 fos, 6 pp. a., 130 × 200 mm, restes d’un manuscrit sur fiches. Les versos sont blancs, à l’exception du fo 29 qui contient des corrections à apporter à ce texte ainsi que du fo 94 dont le recto comporte l’ébauche d’un texte sur le sacerdoce égyptien (voir ci-dessous le no 6). Date proposée : autour de 1824. Hofmann, Catalogue, IV/71. 5. BCU, Co 4725, fo 96. «Dira-t-on que nous attribuons» 1 fo, 1 p. a., 100 × 240 mm, ébauche d’un passage du texte précédent. Il suivait probablement immédiatement le texte de la fiche 53 (=Co 4725, fo 32). Verso blanc. Date proposée : autour de 1824. Hofmann, Catalogue, IV/71. 6. BCU, Co 4725, fo 94. «On peut sans doute» 1 fo, 1 p. a. 130 × 195 mm, ébauche d’une réflexion sur le sacerdoce égyptien. Le verso contient l’ébauche d’une autre réflexion sur la puissance du sacerdoce de l’E´gypte, de la Phénicie et de la Gaule et sur les sacrifices humains, ainsi que le texte de la fiche 31 du ms. sur fiches (ci-dessus, le no 4). Date proposée : après 1824. Hofmann, Catalogue, IV/71. 7. BCU, Co 3293, Q3, sans foliotage. «Si cependant» 1 fo, 1 p. a. Le texte développe les idées esquissées dans le texte précédent. Le verso est blanc. Date proposée : après 1824. Hofmann, Catalogue, IV/69.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
8. BCU, Co 4725, fo 38. «Ch. 4. de la doctr. sece» [de la doctrine secrète] 1 fo, 1 p. a., 170 × 220 mm. Ébauche sténographiée du début d’un chapitre IV du Livre VI, à mettre en rapport avec le chapitre 3 de l’imprimé. Le verso est blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 9. BCU, Co 4725, fo 137. «Chapitre 3. De la doctrine secrète» 1 fo, 1 p. a., 140 × 180 mm. Début du chapitre 3, barré d’une grande croix. Le texte a donc servi ; Constant a gardé la feuille parce que le verso est resté blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 10. BCU, Co 3473, fo 1. la doctrine secrète 1fo, 1 p. a., 315 × 195 mm. Ébauche du chapitre III du livre BC en 1826. Le verso est blanc. Date proposée : 1825 ou 1826. Hofmann, Catalogue, IV/145
VI,
utilisé par
11. BCU, Co 4725, fo 129. «de jongleurs de Tribus» 1 fo, 1 p. a., 185 × 160 mm. Le folio est découpé dans une page de grand format, en enlevant la marge de gauche, le haut de la feuille et au moins une ligne de texte au bas. Le texte peut être restitué en partie à l’aide de la version imprimée. Il s’agit d’une page du même manuscrit décrit ci-dessous sous le no 57. Le verso est blanc. Date proposée : 1824 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 12. BCU, Co 4725, fo 75. «qd l’esp. hum. en poss. de la lib. nat» [quand l’espèce humaine en possession de la liberté naturelle] 1 fo, 1 p. a., 115 × 175 mm. Ébauche sténographiée d’un passage du Livre VI, chapitre III du texte imprimé. Le verso est blanc. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 13. BCU, Co 4725, fo 34. «le Panthéisme est l’adversaire»
Fragments de textes – Introduction
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1 fo, 1 p. a., 135 × 190 mm. Ébauche sténographiée d’un passage du même chapitre que dans le numéro précédent. Au verso 8 col. de chiffres (calculs datés ?). Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 14. BCU, Co 4725, fo 78. «l’Athéisme est l’adversaire» 1 fo, 1 p. a., 165 × 120 mm. Texte proche de celui du folio décrit sous le no 13. Au verso de la fiche, quatre chiffres, sans doute restes d’une opération de calcul. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 15. BCU, Co 3419bis, fo 20. «si nous ... étendue» 1 fo, 1 p. de la main d’un secrétaire. Ébauche d’un ajout pour la note sur Bayle dans le livre VI, chap. III. Verso blanc. Date proposée : 1825 ou 1824 (?), peut-être avant cette date. Hofmann, Catalogue, III/18. 16. BCU, Co 3449, fo 2vo. «Lors q le Th. adm. la not. d’une prov. part.» ¯ 1 fo, 1 p. a. Ébauche de deux ajouts pour le livre VI, chap. III. Au verso une page du livre VI, chap. I de l’ouvrage sur la religion en dix livres. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/97. 17. BCU, Co 4725, fo 39. «9 95. L’epervier. 28–29.» 1 fo, 1 p. a., 195 × 155 mm. Feuille d’une suite d’idées, utilisées ensuite pour ébaucher des morceaux, entre autres un texte sténographié sur le sacerdoce égyptien. Plusieurs mots illisibles. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 18. BCU, Co 4725, fo 140. «De la, les contradictions» 1 fo, 1 p. a., 190 × 140 mm. Moitié inférieure d’un folio de grand format, mise au net d’un texte. Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
19. BCU, Co 3446, fo 11VIIvo «Taikié dans le Panth. Ch.» 1 fo, 1 p. a., 300 × 190 mm. Ébauche sténographiée d’une note. Le texte est écrit de travers. Au recto texte d’une page du Grand manuscrit. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/171. 20. BCU, Co 4725, fo 76. «Le Panthéisme, le Théisme» 1 fo, 1 p. a., 125 × 110 mm. Partie inférieure d’une page découpée dans un ms. non identifié. Verso blanc. Date proposée : 1825 (?) Hofmann, Catalogue, IV/71. 21. BCU, Co 4725, fo 10vo. «Dans une sphère» 1 fo, 1 p. a., 205 × 155 mm. Une page pliée au milieu. Elle contient sur le côté droit le texte d’une p. 22bis d’un manuscrit organisé en cahiers de petit format. Au recto une autre p. du même manuscrit. Voir ci-dessous, le no 36. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 22. BCU, Co 3447, fo 1. «Ns ns flatts» 1 fo, 1 p. a., 240 × 185 mm. Une page pliée deux fois. Elle contient sur le côté droit le brouillon d’une lettre adressée à Béchet, datable du 21 janvier 1827, et sur le côté gauche, écrites de travers, deux ébauches de textes à ajouter au chapitre III du livre VI. Le verso est blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/147. 23. BCU, Co 4725, fo 113. «Mais elles ont encore» 1 fo, 1 p. a., 145 × 85 mm. Note de travail. Verso blanc. Date proposée : 1825 ou 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 24. BCU, Co 4725, fo 130. «Ces légendes» 1 fo, 1 p. a., 200 × 250 mm. Reste d’une page d’un manuscrit de grand format. La partie supérieure du folio est perdue. La fin de la dernière phrase écrite de travers dans la marge de gauche, ce qui prouve que la fiche a été
Fragments de textes – Introduction
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découpée dans le manuscrit pour pouvoir utiliser le morceau dans un autre contexte. La note que l’on peut lire au verso confirme l’hypothèse : «pièces relatives aux 3 1ers chapitres du liv. 6». Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 25. BCU, Co 3293, Q3/12. «Ses disciples» 1 fo, 1 p. a., 85 × 110 mm. Première ébauche d’un passage du chap. III du livre VI. Verso blanc. Date proposée : 1825 ou 1826. Hofmann, Catalogue, IV/69. 26. BCU, Co 4725, fo 21. «Parmi ces notions» 2 fos, 2 pp. a., 135 × 80 mm. Deux folios qui appartiennent peut-être au manuscrit sur fiches non numérotées [MF5] pour le chapitre III du livre VI. Les versos sont blancs. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 27. BCU, Co 3293, Q3/14, sans foliotage. «q tte l’Eg» [que toute l’Egypte] 1fo, 1 p. a., 70 × 180 mm. Ébauche sténographiée d’une idée qu’on retrouvera sur une feuille du ms. sur fiches (voir la fiche 133ter). Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/69. 28. BCU, Co 3293, Q3/12, fo 6. «Chez les peuples» 1fo, 1 p. a., 105 × 215 mm. Ébauche sténographiée d’une remarque sur les hiéroglyphes. Verso blanc. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/69. 29. BCU, Co 3480, fo 1. «Cette combinaison» 1fo, 1 p. a., 140 × 140 mm. Passage remanié du chapitre IV du livre VI. Verso blanc. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/128. 30. BnF, NAF 18823, fo 105. «En montrant ici» 1 fo, 1 p. a., 220 × 125 mm. Ébauche du début du chapitre V du livre VI. Sur
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De la Religion, III – Textes complémentaires
la même feuille le texte d’un autre passage du même chapitre. Voir cidessous, le no 39. Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/44. 31. BCU, Co 3293, Q3/12, fo 1. «Chaque Vède» 1 fo, 1 p. a., 210 × 105 mm. Reste d’un folio plus large. Résumé d’un passage de Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt. Erster Theil, 3. Abtheilung. Au verso des colonnes de chiffres. Date proposée : 1825 (?), peut-être même autour de 1812. Hofmann, Catalogue, IV/69. 32. BCU, Co 4725, fo 125. «Tout le monde» 1 fo, 1 p. a., 145 × 110 mm. Une fiche numérotée 164IX qui, pourtant, n’appartient pas au manuscrit sur fiches Co 3267. Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 33. BCU, Co 3419bis, fo 36. «d’Arjoun et les réponses» 1 fo, 1 p. de la main d’un secrétaire. 190 × 300 mm. Moitié supérieure avec une note sur le dialogue entre Krishna et son disciple Arjoun qui revient dans un passage du chapitre III, livre VI, (voir ci-dessus p. 177). La moitié inférieure du folio porte une note sur le «pardon des injures chez les Indiens qui n’est pas utilisée dans le t. III. Au verso fragment d’une suite d’idées. Date proposée : 1825 ou 1824 (?), peut-être même plus tôt. Hofmann, Catalogue, III/18. 34. BCU, Co 3293, Q3/12. «Quoique l’auteur» 1 fo, 1 p. a., 115 × 105 mm. Fiche avec le texte d’un passage du livre VI, chap. V, presque identique à celui de l’imprimé. Verso blanc. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/69. 35. BCU, Co 4725, fo 28. «D’un coté» 1 fo, 1 p. a., 155 × 100 mm. Fiche avec l’ébauche d’un passage du livre VI. Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71.
Fragments de textes – Introduction
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36. BCU, Co 4725, fo 10ro. «L’histoire de Bhagavadi» 1 fo, 1 p. a., 205 × 155 mm. Feuille pliée au milieu pour pouvoir l’intégrer dans un manuscrit constitué de petits cahiers. Le texte d’un folio 26bisB2 se lit sur la moitié droite. Au verso le texte du no 21. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 37. BCU, Co 3293, Q3/19, fo 1. «On fait chaque jour» 1 fo, 2 pp. a., 200 × 150 mm. Le folio est plié au milieu pour former une double-feuille. Un second folio de la même taille, également plié, se trouve dans le même lot. Ces folios appartiennent peut-être à un petit répertoire avec des indications pour un texte à écrire, ce qui pourrait expliquer la disposition insolite des notes. Chacune des deux feuilles porte sur la première des quatre pages une note qui renvoie au dossier des notes de lecture. La première contient sur les pages 2 et 4 le texte, les autres pages sont blanches. Date proposée : 1825 (?). Hofmann, Catalogue, IV/69. 38. BCU, Co 4725, fo 65. «Toutes les législations» 1 fo, 1 p. a., 105 × 50 mm. Note de lecture sur une feuille volante. Au verso deux mots d’un passage non identifié. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 39. BnF, NAF 18823, fo 105. «Car, tout en admettant» 1 fo, 1 p. a., 220 × 125 mm. Ébauche d’un passage du chapitre V du livre VI. Le texte se trouve sur la moitié inférieure de la feuille. Verso blanc. Voir cidessus, le no 30. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/44. 40. BCU, Co 4725, fo 66. «C’est une singulière» 1 fo, 1 p. a., 130 × 55 mm. Fragment d’une page d’un manuscrit non identifié. Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
41. BCU, Co 3446, fo 11tervo. «Nous avons parlé» 1 fo, 1 p. a., 300 × 190 mm. Note sténographiée pour la réorganisation d’un texte à corriger. Recto texte du Grand manuscrit. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/171. 42. BCU, Co 3293, Q3/12. «N’est-il pas évident» 1 fo, 1 p. a., 135 × 85 mm. Note sur une feuille volante pour la correction d’un passage du chapitre V du livre VI. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/69. 43. BCU, Co 4725, fos 102–103. «au peuple, les absurdités» 2 fos, 2 pp. de la main d’un secrétaire, avec corrections a., 220 × 150 mm. Anciens folios 126 et 127 d’un manuscrit non identifié. Au verso des folios on lit la description d’une maison à vendre à Neuilly. Date proposée : 1825 ou peut-être 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 44. BCU, Co 4725, fo 77. «[Enfin] une dernière circonstance» 1 fo, 1 p. a., 125 × 100 mm. Partie inférieure d’une feuille de taille double (250 × 100 mm), découpée pour en faire des fiches. Verso blanc. Date proposée : 1825 ou peut-être 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 45. BCU, Co 3293, Q3/14. «Maya cependant» 1 fo, 1 p. a., 110 × 185 mm. Ébauche de deux passages du chapitre V, livre VI. Verso blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/69. 46. BCU, Co 3293, Q3/14 «On sait qu’il y a» 1 fo, 1 p. a., 105 × 135 mm. Date proposée : 1826 (?) Hofmann, Catalogue, IV/69. 47. BCU, Co 3435/6, fo 40. «En dépit d’eux»
Fragments de textes – Introduction
493
1 fo, 1 p. a., 140 × 100 mm. Folio d’un manuscrit non identifié. Verso blanc. Date proposée : 1825 ou antérieur. Hofmann, Catalogue, IV/153. 48. BCU, Co 3293, Q3/12. «L’authenticité de l’Ezourvedam» 1 fo, 2 pp. a., 130 × 80 mm. Note de lecture qui exploite une publication des Asiatic Researches. Au verso des notes de travail. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/69. 49. BCU, Co 3293, Q3/9, fo 2. «L’Idée fondamentale» 1 fo, 1 p. a., 135 × 215 mm. Une page d’un manuscrit non identifié. Les deux dernières lignes du texte, à partir des mots «puisqu’elle nous montre», écrites de travers dans la marge. Au verso le brouillon pour une formulaire de commandes des Discours à la Chambre et une note sténographiée sur les Vèdes. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/69. 50. BCU, Co 4725, fo 74. «composé des mêmes élémens» 1 fo, 2 pp. a., 270 × 265 mm. Il s’agit d’un brouillon. Les alinéas du recto sont écrits dans trois directions différentes, et l’ordre des morceaux est arbitraire. Date proposée : 1826 ou 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71. 51. BCU, Co 4725, fos 8ro, 7vo/2 et 7vo/1. «bien à tort» 3 fo, 3 pp. a., 300 × 190, 170 × 190 et 145 × 220 mm. La disposition du texte est en deux colonnes. Les feuilles, numérotées [70], 71 et 72, appartenaient au ms. BnF, NAF 18825, mais ont été remplacées par une série de folios avec un nouveau texte. Les folios de Co 4725 sont fort abimés ou découpés de sorte qu’une partie importante du texte est perdue. Les pages [70] et 72 contiennent, dans la colonne de gauche, les entrées numérotées §§ 109 à 111 et 113–114 de la suite d’idées qui manquent dans la version NAF 18825 (voir ci-dessus, p. 569). Les rectos des fos 7/1 et 7/2 comportent un autre texte sur la religion (voir ci-dessous, no 54). Le verso du fo 8 est blanc. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
52. BCU, Co 4725, fo 67. «Absurde dans sa partie populaire» 1 fo, 1 p. a., 100 × 160 mm. Un folio 46 d’un ms. non identifié. Date proposée : 1825 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 53. BCU, Co 4725, fo 11. «le Chev. Jones défend» 1 fo, 2 pp. a., 155 × 190 mm. Le folio est divisé par un pli au milieu en deux colonnes. Les deux notes se rapportent probablement au même manuscrit non identifié. Au verso un tableau de comptes. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 54. BCU, Co 4725, fos 7ro/1, 7ro/2 et 7vo/2. «Nous sommes loin» 3 fos, 3 pp. a., 180 × 205, 175 × 230 et 140 × 220 mm. Ensemble de trois folios collés formant une espèce de cahier fabriqué avec des fiches. Ébauche d’une longue note. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71. 55. BCU, Co 3448, fo 1 et Co 3435/7, fiche 12IX. «Les Syriens» 2 fos, 1 p. de la main du copiste aux hampes longues, 1 p. a. Le premier folio mesure 300 × 190 mm. Fragment de texte pour le chapitre VII du livre VI (voir le no 59). Manuscrit non identifié. Il pourrait s’agir d’un folio du ms. livré à l’imprimeur. Au verso un tableau de comptes. Le deuxième folio mesure 170 × 115 mm. Seule fiche conservée d’un manuscrit non identifié, mais probablement antérieur à celui établi par le copiste. Date proposée : 1825 ou 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 56. BnF, NAF 18823, fo 148ro. «Nous ne possédons» 1 fo, 1 p. a., 300 × 190 mm. Page éliminée d’un manuscrit proche de Co 3445 qui fournit le dernier état manuscrit du chapitre VII du livre VI. Date proposée : 1826 ou 1827. Hofmann, Catalogue, IV/170. 57. BCU, Co 4725, fos 121, 127, 86 et 96. «division. en conséquence» 4 fos, 4 pp. a., 230 × 185 mm. Quatre folios mutilés d’un manuscrit qui pré-
Fragments de textes – Introduction
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cède la version actuelle des chapitres V et VI du livre VI (voir ci-dessus, le no 11). Les versos sont blancs, à l’exception du folio 86 qui porte un passage du chapitre VII du livre VI, le recto une entrée pour un manuscrit sur fiches d’un texte sur la religion de l’Inde. Le fo 96 contient le texte de la note sur Berger que nous donnons avec les variantes de la p. 272. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 58. BCU, Co 3448, fo 8. «Les Scythes» 1 fo, 1 p. de la main du copiste aux hampes longues, corr. a., 300 × 190 mm. Fragment de texte pour le chapitre VII du livre VI. Voir pour une autre feuille du même manuscrit ci-dessus, le no 55. Verso blanc. Date proposée : 1825 ou 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 59. BCU, Co 4725, fo 79. «Et toute la légende» 1 fo, 1 p. a., 200 × 155 mm. Ébauche d’un passage pour le livre VI, chapitre VII, à partir de l’ouvrage de Franz Joseph Mone, Geschichte des Heidenthums im nördlichen Europa. Au verso fragment d’un discours à la Chambre. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71. 60. BCU, Co 4879, fo 4vo. «& ce qu’il y a ds ces legdes» 1 fo, 1 p. a., 260 × 200 mm, plié au milieu. Sur la moitié gauche l’ébauche d’un passage pour le chapitre VII du livre VI. Le recto porte l’adresse de B. Constant. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/17 et IV/150. 61. BCU, Co 4725, fo 136. «ce qui prouve» 1 fo, 1 p. a., 300 × 190 mm. Un quart du folio (à gauche, en haut) est découpé. Texte pour le chapitre VII du livre VI. Le verso est blanc. Date proposée : 1826 ou 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71. 62. BCU, Co 4725, fo 110. «mais cette opposition»
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De la Religion, III – Textes complémentaires
1 fo, 1 p. a., 200 × 150 mm. Texte écrit sur l’enveloppe d’une lettre adressée à BC. Il occupe la moitié droite du recto. Verso blanc. Date proposée : 1826 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 63. BCU, Co 4725, fo 141. «Ch. 4. du point de vue» 1 fo, 1 p. a., 250 × 200 mm. Début du chapitre IV du livre blanc. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71.
VII.
Le verso est
64. BCU, Co 4725, fo 4. «Cet aveu nous suffit» 1 fo, 1 p. a., 210 × 330 mm. Page d’un manuscrit non identifié, avec une note contre le baron d’Eckstein. Au verso texte d’un discours à la Chambre. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71. 65. BCU, Co 4725, fo 111. «à Saturne, c’est à dire» 1 fo, 1 p. a., 195 × 245 mm. Folio d’un grand manuscrit non identifié. Le verso est blanc. Date proposée : 1825 (?). Hofmann, Catalogue, IV/71. 66. BCU, Co 4725, fo 123. «[plu]sieurs Divinités Grecques» 1 fo, 1 p. a., 125 × 200 mm. Fiche avec le reste d’une phrase. Ancien manuscrit sur fiches ? Le verso est blanc. Date proposée : 1825. Hofmann, Catalogue, IV/71. 67. BCU, Co 4725, fo 57vo. «Minerve se complait» 1 fo, 1 p. a., 130 × 110 mm. Reste de l’unique trace du Grand manuscrit pour le livre VIII. Fiche avec des notes de lecture. Le recto porte le texte de la fin du chapitre II du livre VIII. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71. 68. BCU, Co 4725, fo 48. «La beauté des Déesses» 1 fo, 1 p. a., 135 × 240 mm. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/71.
Fragments de textes – Introduction
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69. BCU, Co 4725, fo 146vo et Co 3293, Q3/12, fo 10ro. «des moyens employés» 2 fos, 2 pp. a., 100 × 360 mm. Ébauche du début du chapitre VIII du livre VII. Le recto du premier folio et le verso de l’autre sont blancs. Date proposée : 1826 ou 1827. Hofmann, Catalogue, IV/71 et IV/69.
6. Ébauche sténographiée d’un passage du livre VI, chapitre III. On voit qu’il s’agit d’une nouvelle rédaction d’un texte déjà formulé dont Constant conserve l’essentiel. Il ne le copie pas entièrement, mais donne l’incipit et l’explicit du passage à conserver. Les ajouts prévus sont appelés par une croix et le signe #. BCU, Co 4725, fo 34ro.
[Fragments et ébauches de textes pour les livres
Livre fo *?ro
o
f 133r
o
VI
et
VII]
VI,
chapitre II 11
[...] 〈suivant lesquelles l’ame de fo ayant passé successivement dans le corps de plusieurs animaux a leur a donné des droits à l’adoration, en sont des Vestiges manifestes b.〉 Les individus se partagent ces Déités secondaires : chaque homme & chaque Tribu se choisit dans le nombre un protecteur spécial : c’est ce qui arrivoit en Egypte pour les animaux c’est ce qui arrive encore aujourd’hui aux Indes pour les pièr[res consacrées].
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22
10
Le Sacerdoce détourne ainsi sur un seul individu l’adoration qui flottait autrefois sur tous ses pareils, & rendant ces derniers à leur destination naturelle, au travail, à la mort, a` tous les usages auxquels l’homme peut les employer : il concilie les exigeances de la superstition avec les besoins de la société ; il donne en outre un caractère plus solennel à l’objet consacré.
15
a b
[...] [...]
Établissement du texte : Manuscrits : 1. Co 3293/Q3/12.
2. Co 4725, fos 133ro et 131ro.
11 Le Sacerdoce détourne ainsi ] 〈D’abord en détournant〉 Le Sacerdoce détourne ainsi 12 & rendant ces derniers ] 〈Ils〉 & ce mot dans la marge rend〈e〉ant 〈ensuite〉 ces derniers ces deux mots dans l’interl. sup. 14–15 il concilie ... en outre ] 〈& secondement〉 il concilie ... de la Société ; 〈& de plus〉 ces trois mots, d’abord prévus par la correction, biffés par la suite il〈s〉 donne〈nt〉 en outre ces deux mots dans l’interl. 1
2
Petit fragment d’une mise au net d’un état précédent de ce texte. Le récit sur le personnage de Fo, évoque´ par BC à plusieurs reprises dans le livre VI pour parler des rapports entre le fétichisme et le panthéisme ou la doctrine de l’athéisme, prend plus d’importance dans l’argumentation (voir ci-dessus, pp. 150, 217 et 225). BC en a détaché une phrase qui réapparaît presque littéralement ci-dessus, p. 126. Les notes du passage biffé ne sont pas conservées. On n’en trouve aucune trace dans l’imprimé non plus. Voir ci-dessus, p. 127.
500
De la Religion, III – Textes complémentaires
Chaque individu n’a plus une idole qui lui appartienne en propre, mais une Divinité générique : & pour plaire à cette divinité, il faut recourir à ses ministres a.
fo 131ro
a
Si les Prêtres en agissant ainsi relativement au fétichisme dont la nature semble repousser une pareille généralisation, à plus forte raison prennent-ils des précautions analogues, pour empêcher des Dieux supérieurs d’être exposés à des communications trop faciles1. Ce travail est remarquable, en ce qui regarde le culte du feu. une fois découvert, Le feu devait briller dans toutes les huttes, servir aux besoins de toutes les familles, être à disposition de chaque individu. Les Prêtres instituent un feu sacré dont seuls ils sont gardiens & dépositaires, & sans lequel aucune cérémonie n’est permise. Souvent même le feu destiné aux usages les plus communs de la vie, doit à de certaines époques, être rallumé par des mains pontificales, avec une flamme empruntée de l’autel(1). [(]Hyde, de Rel. Pers. page 19. Maimonid. de sacrif. Jugi. Tract. VI. 162.) des traces de cette pratique passèrent en Grèce ou s’y conservèrent, nommément à Delphes, où étaient rassemblées toutes les cérémonies venues du dehors & étrangères à la religion publique, & dans les temples de Cérès & de Proserpine, Divinités mystérieuses honorées par des rites différents des rites ordinaires. (Pausanias3.) #
6–7 Ce travail ] 〈le〉 Ce travail
1
2
3
11 mains ] récrit sur maisons
Le texte de la note était dans un premier temps destiné à figurer dans le corps du chapitre. BC utilise ce même folio du ms, apposant l’appel de note devant le premier mot. L’appel de note après le mot «l’autel» (ligne 12) concerne soit une note perdue, soit le renvoi à Hyde, a` Maïmonide et au Tractatus Misnicus qui sera intégré dans cette nouvelle note. Le signe # qu’on trouve après le nom de Pausanias appelle l’ajout que l’on peut lire dans l’imprimé (voir ci-dessus, p. 128, lignes 21–25). Ce passage n’est pas conservé parmi les épaves. BC renvoie à Thomas Hyde, Veterum Persarum et Parthorum et Medorum religionis historia, où l’on trouve à la p. indiquée la phrase citée ci-dessus, p. 128, n. 1. – Quant à Maïmonide, BC renvoie, comme nous l’avons dit ci-dessus, p. 256, n. 3, à une traduction de l’ouvrage Rabbi Majemonidis Liber Moreh nevukhim Doctor Perplexorum [...] in linguam latinam perspicue & fideliter conversus a Johanne Buxtorfio [...], Basileæ : König, 1629. – Le Tractatus Misnicus, De sacrificio iugi, nunc primum a Blasio Ugolino notis philologicis illustratatus doit être consulté dans l’édition du Thesaurus Antiquitatum Sacrarum, t. XIX, Venetiis : apud Joannem Gabrielem Herthz, et Sebastianum Coletti, 1756, col. MCCCCLXVIIMDII. Il est probable que BC transcrive ici une note d’un auteur non-identifié. Le renvoi à Pausanias n’est pas spécifié. BC pense surtout à la description de Delphes dans le livre X. Les temples de Demeter et de Persephoné sont cités à plusieurs endroits dans cet ouvrage.
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Fragments de textes
501
31 fo 11
fo 12
Ceci n’est encore qu’une partie des modifications apportées par le sacerdoce au fétichisme. Comme le pouvoir de cette caste repose sur la science, elle doit, tout en dérobant la science aux regards profanes, constater qu’elle la possède, & rattacher le fétichisme à ses connaissances & à ses découvertes. Elle arrive à ce but de deux manières. D’une part des traditions qui font honneur aux Prêtres de l’invention de tous les arts, de l’établissement de toutes les loix, de la fondation des villes, en un mot du passage de la vie sauvage à la civilisation, remontent jusqu’à des Dieux animaux, descendus sur la terre sous cette forme bizarre, pour confier à des favoris inspirés & prophètes, comment ils doivent rassembler les hordes errantes, pourvoir à leur subsistance, les soumettre au joug inaccoutumé d’institutions divines. Ces traditions se perpétuent par des représentations dramatiques, tantot célébrées publiquement, en présence de la multitude, tantot renfermées dans le sanctuaire, où sont admis, alors seulement, quelques initiés, témoins muets & spectateurs étonnés qui sentent le prix de cette confidence, & se retirent, plus convaincus sans être plus éclairés, plus émerveillés, sans être plus instruits. D’une autre part, ces Dieux animaux deviennent des emblèmes de tout ce que les Prêtres savent. leur figure exprime la position, leurs avantures les mouvemens des planètes ou l’action des forces occultes de la nature. Le peuple apprend ainsi qu’il y a des secrets dont il est exclus, que ces secrets sont la propriété de ses maîtres, qu’eux seuls connoissent les volontés célestes, & l’ordre établi parmi les hommes par ces volontés, & que troupeau docile & laborieux, sa destination est de travailler, de croire et d’obéir.
Établissement du texte : Manuscrit : 3. Co 3451, fos 11–12.
12 pourvoir ] corrigé sur pouvoir corr. a. 13 inaccoutumé ] 〈illis.〉 inaccoutume´ par des ] 〈par des fables,〉 par des 23 connoissent ] connoissent 〈&〉 24 hommes ] 〈hommes〉 hommes répété par inadvertance
1
Deux pages du manuscrit destiné à l’impression du tome III. Elles faisaient partie du chapitre II du livre VI, mais ont été abandonnées au cours des corrections, probablement avant de donner le manuscrit à l’imprimeur.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
Livre
VI,
chapitre III 41
fo 29ro
Bientot ces hommes forment un corps, une caste, & cherchent à se faire un monopole de la forme que le sentiment religieux s’est créée.
fo 94vo
Telles sont les choses que le sacerdoce perpétue : parlons maintenant des choses choses qu’il introduit. Mais rappelons une observation fort essentielle[.]
fo 30ro
Le sacerdoce a trouvé dans le cœur de l’homme, dans les agitations du sentiment religieux, dans les efforts de l’intérêt pour tirer parti de ce que le sentiment le portoit à croire les germes de toutes les notions meme des notions funestes ou insensées ; mais il fécondé les germes, il en a fait des dogmes fines.
fo 31ro
fo 29vo
La conjecture s’étoit présentée à l’intelligence encore aveugle indépendamment de lui. Il a fait de la conjecture une croyance. Le rite grossier, révoltant, sanguinaire avoit eu pour cause une superstition fortuite, & fugitive de sa nature. Le sacerdoce a consacré le rite & transformé l’égarement en devoir : la civilisation impuissante a fremi vainement de ce qu’elle devoit croire & pratiquer[.] [...] dans une uniformité qui ressemble au repos, dans une absence d’agitation qui ressemble au bonheur. Établissement du texte : Manuscrit : 4. Co 4725, fos 29ro–32ro et 94vo. 3 Bientot ] en haut et centré le numéro 19. 5–7 Telles ... essentielle. ] texte barré d’un trait vertical ; en haut et centré le numéro 31. sur la même page, tête bêche, l’ébauche sténographiée d’un texte sur le sacerdoce de l’E´gypte 8 Le sacerdoce ] en haut et centré le numéro 32. 10–11 notions ... insensées ; ] notions 〈religieuses. Il n’a donc, à proprement parler rien inventé〉 memes ... funestes ou 〈abs〉 insensées ; la correction en-dessous du texte principal 13 La conjecture ] en haut et centré le numéro 33. 19–20 dans ... bonheur. ] phrase qui devait se trouver sur la fiche 52 perdue ; la notation sténographiée se lit au f o 29v o ds une uniform. qui ress. au repos, dans une absce d’agit qui ress. au bonheur. 1
Probablement les restes d’un manuscrit sur fiches qui contenait une autre version de chap. III du Livre VI. Les fragments conservés correspondaient aux fiches 19, 31, 32, 33 et 53 du dossier. Les versos sont blancs, sauf deux : celui du fo 29 (= fiche 19), où l’on trouve une correction du texte que l’on pourra lire au fo 32 (= fiche 53), précédée de la dernière phrase de la fiche 52, perdue ; et celui du fo 94vo (fiche 31), qui contient une première ébauche du fo 32 (fiche 53) et du fo 96 (voir ci-dessous, le texte suivant), que nous croyons être l’ébauche de la suite du raisonnement dont on trouve la trace au fo 29vo. Nous voyons en comparant les deux versions de ce chapitre que BC a profondément changé la présentation de sa théorie.
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Fragments de textes fo 32ro
Mais soulevons cette couche de paix, de régularité, de stabilité que notre imagination admire : que démélerons-nous ? d’une part, l’accaparement de toute lumière, la combinaison de toutes les tyrannies, l’oppression intellectuelle ; de l’autre, l’esclavage, l’ignorance, la débauche & le sang.
51 fo 96ro
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Dira-t-on que nous attribuons au sacerdoce de l’antiquité trop d’influence, que s’il a profité de ce qui s’offrait à lui, il n’a invente ni les dogmes absurdes ni les rites affreux, que toutes ces choses etoient dans la nature de l’homme, que le sacerdoce n’en est point l’auteur que d’ailleurs cette autorité que nous representons partout comme illimitée, a ete au contraire partout mitigée, restreinte, quelquefois anéantie par les circonstances. que le despotisme temporel le commerce, la guerre le climat ont modifié l’esprit des peuples & par la même le pouvoir sacerdotal [...]
10
62 fo 94ro
On peut sans doute faire du sacerdoce de l’Eg. ou de l’Inde un tableau different.
Établissement du texte : Manuscrits : 5. Co 4725, fo 96ro.
6. Co 4725, fo 94ro.
1 Mais soulevons ] en haut et centré le numéro 53. stabilité ] stabilité, 〈dans〉 que version sténograpiée du f o 29v o 1–2 Mais ... part, ] Mais ... admire. que verrons-nous d’une part × passage qu’on retrouve au f o 29v o ; la correction s’arrête avec le mot part suivi d’une croix qui remplace des mots. La suite du texte commençait par le mot dira –- le tiret long après ce mot pourrait signifier que BC entamait la réfutation d’une objection 7 n’a invente ] n’a 〈rien〉 inventé 9 l’auteur que ] l’auteur 〈Nous l’a〉 que 1 2
Il pourrait s’agir du texte d’une réfutation à intégrer dans le fragment précédent et destinée à repousser une objection facilement prévisible. Ébauche des deux textes qui précèdent. Elle est écrite au verso de l’ancienne fiche 31 de ce manuscrit (fo 94vo) qui porte un passage barré de ce même chapitre et une autre ébauche. Nous lisons : «Mais au fond de ce tableau, n’y a-t-il d’une part l’accaparement de toute lumière, la combinaison de toutes les tyrannies, l’oppression intellectuelle et morale. De l’autre l’esclavage, l’ignorance, la débauche et le sang. Dira-t-on que nous attribuons trop au sacerdoce ? Nous reconnaissons Nous [le même verbe ?] Premièrement Deuxièmement ` l’oppression. La masse toujours plus forte à qui attribuer tous les maux de l’humanité. A que ses chefs.»
15
504
De la Religion, III – Textes complémentaires
Mais au fd de ce tableau n’y a-t il d’une pt l’accap. de tte lumière, la combin de ttes les tyr l’oppress. intell. & male. de l’autre l’esclav. l’ignor. la debche & le sang Dira-t-on q ns attr. trp au sacerdoce ? ¯
5
Ns reconnaissons Ns 1o 2o a qui attr. ts les mx de l’hum. a l’opr la masse tjrs pl fte q ses chefs ¯
10
71 fo ?ro
Si cependant nous voulons descendre jusqu’au fond de la question, une reflexion nous frappera. Quelle a ete la cause des maux qui ont jusqu’a nos jours accable l’espece humaine. Nous ne parlons pas des maux de la nature mais de ceux que les homes revetus du pouvoir sous un nom quelconque ont fait a leurs semblables ? l’opinion qui persuadoit à ces derniers qu’ils devoient supporter ces maux. les masses sont naturellement toujours plus fortes que les individus. qui les a désarmées ?
8 Ch. 4. de la doctr. sece ds ces mêmes relig.2
fo 38ro
La pie infér. & pope de la rel. ains. facnée suivt l’int. sac. (?)mante fn recl.
Établissement du texte : Manuscrits : 7. Co 3293,Q3/16, fo ?ro.
8. Co 4725, fo 38ro.
1 n’y a-t il ] la source porte Nn’y a-t il 1–2 la combin ... tyr ] mots ajoutés dans la marge 2 l’esclav. ] ajouté dans la marge 16 Nous ] 〈Je〉 Nous ce dernier mot dans l’interl. 1
2
Une autre ébauche de la même pensée, plus développée que la précédente. Au verso de la fiche une réflexion sur les rapports de la morale avec le polythéisme grec et le polythéisme sacerdotal, un problème traité dans le t. IV de De la Religion. Ébauche sténographiée d’une version ancienne d’un chap. qui deviendra le chap. III du
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l’attn. du Sac. apr. avr discpl. les fét. Il ft étb. entr’eux & les El. ou les astr. Dx d’une Nate. pl. relev. des rappt & des liens qui tt en corrob. l’influence du Clte puic n’ouvt ptt jams aux prof. le sanct de la Sce. Ici se préste la diff. des 2 doct q ns avs indi q. en comct ce livre. L’une assvi par de myst. instns. les tct ¯ aux Dx supér & ft¯des 1ers ttt les ags. ttt les Symb. ttt de sples digss des 2ds ; l’autre const les objets, les calc. les hyp. des prts en leur qlté de sav. de phys. d’astron. cette derne pie forme à elle sle ce qu’on a nomé la relgn sece la thgo. scrée des Corp. Sac. de l’ant c’est une Sce pl. qu’une relg. ms par un efft nécess. de la progr. inhér à l’int. hum. & q cette intell., même pvtie par l’int. ne saurt étffer, cette sc. tend à s’accst a ¯d’autr. Sces & dt à s’y jdre. la méd. se cbine avec l’étde de la Nat. des Théor pl.ou ms haz. sur l’orig. de cet Univ. res. des calculs astron. l’ame de l’home, son ess. ses fac. sa dest. se trouvt soumis btt aux mêmes rech. De la des syst. de cosmg. de Theog & de métaph. qu’un vle religieux semble couvr ms ss lesq ne se pra rien qui st appt pln relig.
11 Théor ] 〈Syst.〉 Théor
livre VI. Le ms. est extrêmement difficile à décrypter ; les lacunes que nous avons dû laisser subsister dans notre transcription et certaines hésitations le prouvent. Voici une proposition de lecture de cette note : «Chapitre 4. De la doctrine secrète dans ces mêmes religions. La partie inférieure & populaire de la religion ainsi façonnée suivant l’intérêt sacerdotal [deux mots illis.] réclame l’attention du sacerdoce. Après avoir discipliné les fétiches, il faut établir entr’eux & les éléments ou les astres, Dieux d’une nature plus relevée, des rapports & des liens qui tout en corroborant l’influence du culte public n’ouvrent pourtant jamais aux profanes le sanctuaire de la science. Ici se présente la différence des deux doctrines que nous avons indiquées en commençant ce livre. L’une asservie par de mystérieuses institutions, les soumet (?) aux Dieux supérieurs & fait des premiers tantôt les agents, tantôt les symboles, tantôt de simples digressions des seconds ; l’autre constitue les objets, les calculs, les hypothèses des prêtres en leur qualité de savants, de physiciens, d’astronomes. Cette dernière partie forme à elle seule ce qu’on a nommé la religion secrète, la théogonie sacrée des corporations sacerdotales de l’antiquité. C’est une science plutôt qu’une religion, mais par un effet nécessaire de la progression inhérente à l’intelligence humaine & que cette intelligence, même pervertie par l’intérêt, ne saurait étouffer, cette science tend à s’accoster à d’autres sciences & demandant à s’y joindre. La médecine se combine avec l’étude de la nature ; des théories plus ou moins hasardeuses sur l’origine de cet univers résultent des calculs astronomiques. L’âme de l’homme, son essence, ses facultés, sa destinée se trouvent soumises bientôt aux mêmes recherches. De là des systèmes de cosmogonie, de théogonie & de métaphysique qu’un voile religieux semble couvrir mais sans lesquels ne se produira (?) rien qui soit apparemment pleinement (?) religieux.»
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De la Religion, III – Textes complémentaires
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Chapitre 3. De la doctrine secrète des Pretres de l’Antiquité1
o
f 137r
Pour se former une idée nette de la doctrine Secrette des Corporations Sacerdotales de l’Antiquité, Il faut remarquer d’abord, que cette doctrine se sépare en deux branches, très différentes l’une de l’autre. La première se compose des résultats de l’Observation des astres & des phénomènes de la nature. Elle constitue une Science, plutot qu’une religion. Elle n’a par là même aucun rapport avec le Sentiment. 102 fo 1
10
la doctrine secrète des Prêtres de l’Antiquité se partageoit en deux branches. L’une, la science proprement dite contenue dans des livres sacrés. à cette science se joignoient toutes les traditions qui y avoient rapport. Par la même cette partie plutot secrete en apparence que réellement. les Prêtres bien aises que des fragmens s’en echappent & se repandissent au grand jour. La 2de branche de la doctrine secrete consistoit en hypotheses sur l’origine des choses. mais il ne faut pas croire qu’elle formât un ensemble cohérent. les mêmes prêtres qui au dehors maintenaient la croyance populaire stationnaire & immuable paraissent dans le nuit du sanctuaire s’être livrés à toute la témérité des spéculations les plus hardies. Dans l’Inde surtout, ils se sont divisés en une multitude de textes, toutes contradictoires dans leurs assertions. Beaucoup d’Indiens nous portent a croire qu’il ne regnoit pas plus d’unité dans la doctrine des mages : & si nous avions une connoissance complete de la philosophie des Prêtres Egyptiens, nous y trouverions peut etre les mêmes diversités. mais ce qui est remarquable c’est que les hypotheses qui dominent le plus dans les doctrines sacerdotales, sont des hypothèses subversives de toutes notions religieuses. Celà s’explique par la position des Prêtres. Établissement du texte : Manuscrits : 9. Co 4725, fo 137ro
10. Co 3473, fo 1.
2–9 Chapitre ... Sentiment. ] texte biffé par une grande croix 1 2
Voir ci-dessus, p. 130. Ébauche du chapitre III du livre
VI.
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BC l’utilise pour la rédaction de son texte en 1826.
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Cependant nous ne croyons point que l’athéisme ou le Panthéisme furent come on l’a pretendu l’unique doctrine des Corporations sacerdotales de l’antiquité. Nous pensons au contraire que les corporations n’avoient point une doctrine unique. Les individus se livroient aux divagations de leur esprit[.] les corporations attentives seulement a ce qu’aucune des hypothèses subversives de la religion publique ne se repandissent & ne l’ébranlassent se servoient de leur diversité même pour donner quand il le falloit des explications conformes au penchant & a la disposition de ceux qui étoient honorés de ces confidences[.]
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111 fo 129ro
[...] a. [La barbarie notoire de quelques peuples que nous savons avoir été dominés par les prêtres, tels que les Thraces, a porté plusieurs écrivains à nier qu’aucune doctrine scientifique fût la propriété] de jongleurs de Tribus presque sauvages ; (Scholiast. d’Arist. 1. p. 118. ed. Jebb2.) rien n’est au contraire plus compatible que l’affectation exclusive d’une science mystérieuse, concentrée dans une corporation, & le dernier dégré de l’abrutissement dans tout ce qui est repoussé de cette enceinte. mais il faut ajouter, en réponse à d’autres qui exaltent la sagesse de ces instituts théocratiques, [que] les éloges qu’ils leur donnent leur rendroient le plus funeste service, si l’exagération n’étoit pas visible, car le sacerdoce en serait d’autant plus coupable d’avoir tenu ses esclaves dans un tel état de dégradation & d’abaissement. a
v. T. 2. p. . & . pour l’exposé des circonstances qui ont pu rendre nécessaires des corporations Sacerdotales, dés [...]3.
Établissement du texte : Manuscrit : 11. Co 4725, fo 129ro. 1
2 3
Voir ci-dessus, p. 130. Ce texte passera en note dans l’édition. Perte de texte au début où manque, outre le passage restitué, au moins la fin de la phrase à laquelle était accrochée la note qu’on trouve au bas du folio et qui devait contenir le renvoi au t. II de De la religion. Les pages ne sont pas indiquées, mais il est évident que BC pense au livre III, chap. IV (OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 69–73). Cette note sera supprimée dans l’imprimé. Sur Ælius Aristides, voir ci-dessus, p. 130, n. 1. Le texte auquel se rattachait la note qui devait renvoyer au chap. IV du livre III (OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 30) n’est pas conservé.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
121 fo 75ro
qd l’esp. hum. en poss. de la lib. nat reflechit sur l’infini, sur l’eternite sur la création de nt univ. sur les rappts du Créat. av. les créat. & des puiss. invis. avec les habit. du monde materiel, le sentimt relig. interv. Mais dans les corpor. sac. le sent. relig. est sans fce. la nécess. qui fce ces Corp. a se fre de la Rel. un instr. du culte un métier, de la fde un moyen, etouffe & dett le sent. rel. Il en res. q ds leurs med. metaph les prêtres n’ett gds q par la logique aride & ¯ ¯ severe 132
o
o
f 34r
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10 ces
re
le Panth. est l’adv. nat. du Pol. le Pol. divse . les f dela N la Pant. les réun. l’Ath. est l’adv. nat. du th. le Théisme div. tt. en 2 ptes l’esp. & la Mat. lath. ref. l’une pr ne recontre q l’autre. aussi ts les ph. del’ant. qui secart. du P. se st rappr. du P. & ts les pls. mod. qui ont rejete le Th. se st declarés Ath. le P. est evd. pl. rs. q l’ath. –– accid3. ce syst. qui part au 1er cp d’œuil pl. parf. q le Spirit. est insufft prl’expl. de bp de ph. & rep. 〈sur〉
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144 fo 78ro
[...] l’Athéisme est l’adversaire naturel du Théisme, car le Théisme divise tout en 2 parties, & l’athéisme rejette l’une pour ne reconnoître que l’autre. le Panthéisme est l’adversaire naturel du Polythéisme, car il réunit toutes les divisions du Polythéisme, tandis que l’Athéisme repousse l’une des deux Établissement du texte : Manuscrits : 12. Co 4725, fo 75ro. 14. Co 4725, fo 78ro.
13. Co 4725, fo 34ro.
13–14 aussi ... Ath. ] phrase ajoutée plus bas ; la place pour cet ajout est indiquée par une croix 1
2
Première ébauche d’un passage qu’on retrouve ci-dessus, p. 133. Texte sténographié et difficile à décrypter, mais la place de ce morceau dans le texte futur ne fait pas de doute. Nous proposons cette lecture : «Quand l’espèce humaine en possession de la liberté naturelle réfléchit sur l’infini, sur l’éternité, sur la création de notre univers, sur les rapports du Créateur avec les créatures & des puissances invisibles avec les habitudes du monde matériel, le sentiment religieux intervient. Mais dans les corporations sacerdotales le sentiment religieux est sans force. La nécessité qui force ces corporations à se faire de la religion un instrument, du culte un métier, de la fraude un moyen, étouffe et détruit le sentiment religieux. Il en résulte que dans leurs méditations métaphysiques les prêtres n’étant guidés par la logique aride & sévère ...». La dernière phrase n’est pas achevée. Voir ci-dessus, p. 134. Nous proposons de lire : «le Panthéisme est l’adversaire naturel du Polythéisme. le Polythéisme divise les forces de la nature. le Panthéisme les réunit. l’Athéisme est l’adversaire naturel du théisme. le théisme divise tout en 2 parties l’esprit & la
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divisions du Théisme. Ainsi trouvons-nous que presque tous les philosophes de l’Antiquité qui se sont écartés du Polythéisme se sont rapprochés du Panthéisme, tandis que presque tous les Philosophes modernes qui ont nié le Théisme se sont déclarés athees.
151 fo 20ro
si nous ... étendue, & comme si nous savions ce que c’est que la pensée. Il tire des objections misérables de ce que Dieu étant tout, il doit être chaque individu, et chaque chose à part, ici mort, la vivant, ici triste, là gai, ici froid, là chaud. comme s’il avait oublié que Spinosa distinguait entre la substance & ses modifications, entre la réalité et ses apparences. Toute la métaphysique de Bayle est une métaphysique de bonne femme. même chose que dans le § ci-dessus, quand aux objections de Bayle, tirées de la morale & de la félicité divine. Idem sur les objections tirées de la co-existence des erreurs et de la vérité. Bayle croit détruire la doctrine de Spinoza sur l’immutabilité de Dieu en tant que sustance étendue & pensante, ...
Établissement du texte : Manuscrit : 15. Co 3419bis, fo 20ro.
1 presque ] mot ajoute´ dans l’interl. 3 presque ] mot ajouté dans l’interl. 6 pensée ] 〈pensée〉 pensée 11–17 métaphysique ... pensante, ... ] on retrouve le même texte biffé f o 38
3 4 1
matière. l’athéisme rejette l’une pour ne reconnaître que l’autre. aussi tous les philosophes de l’antiquité qui s’écartent du Polythéisme se sont rapprochés du Panthéisme & tous les philosophes modernes qui ont rejeté le Théisme se sont déclarés athées. le Panthéisme est évidemment plus raisonnable que l’athéisme. –– accident. ce système qui paraît au 1er coup d’œuil plus parfait que le spiritualisme est insuffisant pour l’explication de beaucoup de phénomènes & repose sur [une supposition tout aussi gratuite.]» (Note de la p. précédente) BC indique par le tiret un passage plus long. Dans l’imprimé il fait environ trois lignes. (Note de la p. précédente) Version différente du même passage. BC critique l’article de Bayle sur Spinoza. Voir ci-dessus, p. 135, livre VI, chap. III. BC a fait copier par un secrétaire sans doute une feuille volante ou une page d’un manuscrit abandonné. Le contexte est défini par la phrase citée en tête de ce texte et par une autre, incomplète, qu’on trouve à la fin. Cette dernière ne figure plus telle quelle dans l’imprimé.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
161 fo 2vo
Lors q le Th. adm. la not. d’une prov. part. Il n’est au fd qu’une concentr. ¯ substituant un être unique − unique. L’autre Cath. du P. est non du Polyth. smt destr. du Pol. mais de plus en etabl. q la cse 1ere agit par des regl. soit ¯ quelle ait des l’or. empr. − donne ce Theisme tend a fre disp. a la fois & les fables choq pour la raison & tte interv. de la Div. ds les chos. hum. De ces 2 catheg. du Th. l’une ne saurt entrer ds une phil. sacerd. & Si − moindre. nous aurions vu quelle marche l’esprit humain suit naturellement, quand il entre dans cette sphere de spéculations hardies & qu il s’élance vers ces ténèbres inexplorables mais un obst − arretes la Phil − syst. la conn. de ces emp −
Établissement du texte : Manuscrit : 16. Co 3449, fo 2vo.
10 ces ] 〈des〉 ces corr. ajoutée dans l’interl.
1
14 ces ] 〈 illis.〉 ces
Notice sténographiée pour la rédaction d’un passage du chap. III du livre VI. On retrouve une partie de ces notes dans l’imprimé. BC renvoie pour la rédaction de la version développée de ce morceau à un manuscrit non conservé (?) dont il veut utiliser certains passages, comme il ressort des tirets longs qui servent à identifier les phrases à conserver. Nous ajoutons, sans prétendre avoir compris toutes les abréviations de la note, une proposition de lecture : «Lorsque le théisme admet la notion d’une providence particulière, il n’est au fond qu’une concentration du polythéisme substituant un être unique ... unique. L’autre cathégorie du polythéisme est non seulement destructrice du polythéisme, mais de plus en établissant que la cause première agit par des règles (?) soit qu’elle ait dès l’origine emprunté ... donne. Ce théisme tend à faire disparaître à la fois et les fables choquantes pour la raison et toute intervention de la divinité dans les choses humaines. De ces deux cathégories du théisme l’une ne saurait entrer dans une philosophie sacerdotale, et ... Si ... moindre. Nous aurions vu quelle marche l’esprit humain suit naturellement, quand il entre dans cette sphère de spéculations hardies et qu’il s’élance vers ces ténèbres inexplorables. Mais un obstacle ... arrêtés. La philosophie ... systématique. La connaissance de ces emprunts ...». Voir cidessus, p. 137. – Notons encore que le texte se trouve au verso d’un folio du ms. qui contient la rédaction de l’ouvrage sur la religion en dix livres que l’on peut dater de 1821 environ. Nous datons cette ébauche de 1825 ou de 1826.
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171 fo 9ro
95. l’épervier. 28–29. C’est ce qui est arrivé à la plupart des écrivains qui ont traité ce sujet difficile. Ils ont toujours voulu voir dans la doctrine secrete des pretres V. en effet les Prêtr. Eg satisf. le créd. Herod. en –- Grece flatter –– metaph. admettre –– comprdre, suiv. en un mot chac. Insct –– favorite Ainsi rien n’et. banni de la doctr. secr. pas même le scept. & l’irrel. & si l’on s’étonne de cette toler. des corpor. sac. pr des syst. irrelig. ns obervs 1erement q depose ds le sanct. ces syst. n’et. q des theor inoff. ppté d’honneur –– la publicite seule les eut rend. host. ctre¯ ces dogmes. Nous diss en 2d lieu q le sent. rel. dt avor illis de prise sur les Mbres des corp. sac. q sur tte cl. qui¯ ne ft pas de la croy. un instr. & du culte un métier. ¯ la fr. avil. le culte, elle excl. la croy. le Pretre qui n’existe re illis ce q ns avs et. sur le Pol. sacr. il cont. un syst. scrt. q le sac. trav. a ¯ ¯ ns perf. des opin. qu’il accueille, qu il cache, & qu’il concil. d’aut. q (?) qu’il re s les empl ttes a les f d ses revel. confid. enfin une relig. pq qu il mtt immuable quatre ou cinq mots illis. Établissement du texte : Manuscrit : 17. Co 4725, fo 39ro. 4 C’est ] en haut de la feuille une première ligne au niveau de laquelle on trouve une ancienne pagination et une entrée pour une suite d’idées 9 95. L’epervier. 28–29 ces derniers nombres correspondent probablement à la pagination du manuscrit analysé 8 banni ] 〈excl.〉 banni la corr. dans l’interl. 13 pas de ] pas 〈du Cul〉 de 15–17 re ... immuable ] cet alinéa dans la marge de gauche 1
Ébauche d’une nouvelle rédaction d’un passage sur les doctrines secrètes du sacerdoce, à partir d’un texte déjà existant mais que nous ne connaissons pas. Il s’agit, comme on peut déduire de la première ligne de cette feuille (voir la variante à la ligne 4) d’un texte sur le sacerdoce égyptien. Les cinq alinéas ne sont peut-être pas à lire comme un argument cohérent. Le premier paragraphe est interrompu au milieu de la phrase. Dans le second, BC reprend un texte déjà rédigé en choisissant quelques phrases que nous pouvons compléter en partie. Les troisième et quatrième alinéas sont l’ébauche d’un nouvelle rédaction d’un passage partiellement réutilisé. Ici aussi, la dernière phrase est inachevée. Le dernier paragraphe est ajouté dans la marge de gauche. Il était peut-être destiné à précéder les deux alinéas précédents. La notation sténographiée est difficile à décrypter. Quelques mots sont illisibles. Nous proposons de lire le texte comme suit : «Voyons [Voir ?] en effet les prêtres égyptiens satisfaire le crédule Hérodote en [lui montrant l’analogie de leurs fables et de celles de la] Grece ; flatter [le penchant de Platon en lui présentant comme leur pensée intime les notions de la plus subtile] métaphysique ; admettre [les événements de l’histoire, retracés sous des formes symboliques, qui avaient, à les entendre, servi de base à la religion que le peuple révérait sans la] comprendre, suivre en un mot chaque institution –– favorite. Ainsi rien n’étant banni de la doctrine secrète, pas même le scepticisme et l’irreligion. Et si l’on s’étonne de cette tolérance des corporations sacerdotales pour des systèmes irreligieux nous observons premièrement que déposés dans le sanctuaire ces systèmes n’étaient que des
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De la Religion, III – Textes complémentaires
181 fo 140ro
De la, les contradictions sans nombre qui ont fait le désespoir des savans trop préoccupés d’une idée fausse, & qui cherchoient dans la doctrine secrete du sacerdoce, une unité qui ne s’y trouvoit pas sous le rapport religieux. Plus ils rattachoient cette unité à la religion proprement dite, plus leurs efforts étoient infructueux. S’ils ne l’avoient rattachée qu’à la Science, ils auroient mieux reussi, en leur supposant des renseignemens suffisamment experts, & la precaution de suivre la science dans les accroissemens qu’elle devait prendre. Cette Science seule, nous le répétons, constituoit la doctrine secrète. La religion n’étoit qu’un accessoire [...]
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192 fo 11VIIvo
Taikié dans le Panth. Ch. est la mat. 1ere − Yn. Ce syst. − de l’éducation. Le Desp. Ch. hérit. des hypoth. du Sac qu’il a subj. (v. T. 2) a divulg. ces hy. parce q ce n’est pt a l’aide de la rel. mais à l’aide du Bamb. qu’il règne ¯ Établissement du texte : Manuscrits : 18. Co 4725, fo 140ro.
19. Co 3446, fo 11VIIvo.
10–11 constituoit ... accessoire ] 〈constituoit〉 illis. seult q illis la 〈doctrine secrete〉 science & le fonds. La religion 〈n’étoit qu’un〉 l’accessoire 14 hérit. ... Sac ] 〈vainq de la Theocr.〉 hért. ... Sac la corr. dans l’interl. a ] 〈ne veut〉 a corr. dans l’interl. 15 règne ] suit un syntagme incomplet 〈de la un ppl. cq. priv. de〉
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théories inoffensives. Propriété d’honneur –– la publicité seule les eut rendus hostiles contre ces dogmes. Nous disons en second lieu que le sentiment religieux doit avoir ? de prise sur les membres des corporations sacerdotales, que sur toute classe qui ne fait pas de la croyance un instrument et du culte un métier. La fraude avilit le culte, elle exclut la croyance. Le Prêtre qui n’existe illis. ce que nous avons établi sur le polythéisme sacerdotal. Il cont (?) un système secret que le sacerdoce travaille à perfectionner. Des opinions qu’il accueille, qu’il cache, et qu’il concilie d’autant [ici un adverbe] qu’il les emploie toutes à les fondre (?) dans ses révélations confidentielles. Enfin une religion publique qu’il maintient immuable» Le reste est illis. Voir ci-dessus, p. 137. Moitié inférieure d’une feuille deux fois plus grande, reste d’un manuscrit exécuté avec soin. BC a remanié les phrases du dernier alinéa, mais il nous est impossible de décrypter les corrections. Ébauche sténographiée d’une note du chap. III du livre VI. BC utilise un manuscrit non retrouvé plus complet dont il reprend plusieurs phrases. Voici la version longue du texte : «Taikie´ dans le Panthéisme Chinois est la matière 1ère − Yn. Ce système − de l’éducation. Le despotisme Chinois héritier des hypothèses du Sacerdoce qu’il a subjugué (v. T. 2) a divulgué ces hypothèses parce que ce n’est point à l’aide de la religion mais à l’aide du Bambou qu’il règne.» Voir ci-dessus, p. 138. Le renvoi au t. II de De la religion vise le chap. XII du livre IV où il parle longuement de la Chine «comme un occidental héritier des Philosophes» (OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 198, n. 1).
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Fragments de textes
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201 fo 76ro
Le Panthéisme, le Théisme abstrait, sans providence, sans morale, sans rien de ce qui lui donne des rapports spéciaux avec la Race humaine tels sont les systêmes de Philosophie entre lesquels se partage la doctrine secrete des Prêtres de l’Antiquité : or pour mieux dire elle ne se partage point entre ces Systêmes : elle les annulle tous trois simultanément.
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212 fo 10vo
Dans une sphère plus mystérieuse viennent les hypothèses metaphysiques, les mêmes que nous venons de voir en Egypte, le Théisme, le Dualisme, le Panthéisme, l’Athéisme, repartis entre diverses écoles qui n’ont de commun entr’elles que la volonté de tenir le vulgaire à l’écart, & de conserver dans ce but les rites & les fables populaires.
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223 fo 1ro
Ns ns flatts q nt expose de la doctr. secr. ou sadte des Pr de l’antiq. répdra aux obj. d’un¯ des homes de frce dt nous apprece le plus ht les conoiss. & la Établissement du texte : Manuscrits : 20. Co 4725, fo 76ro. 22. Co 3447, fo 1.
21. Co 4725, fo 10vo.
8–12 Dans ... populaires. ] texte barré par un trait vertical ; en haut, dans l’angle droit, 14 q nt ] q 〈cet expos〉 nt l’ancienne pagination 22bis 1 2 3
Raisonnement dont on retrouve des éléments ci-dessus, p. 145. BC revient souvent sur cette analyse. Nous lisons ici sans doute une des premières ébauches. Une page d’un ms. datable de 1826. Voir ci-dessous, p. 520, n. 1. BC l’a écartée au cours de la rédaction et a utilisé le verso blanc pour un passage sur la religion de l’Inde. Voir p. 145. Ébauche sténographiée d’une note sur une objection de Guigniaud. Le texte se trouve sur le brouillon d’une lettre adressée le 21 janvier 1827 à Béchet (voir ci-dessus, p. 488. Le texte définitif de la note se trouve ci-dessus p. 146. «Nous nous flattons que notre exposé de la doctrine secrète ou sacerdotale des Prêtres de l’antiquité répondra aux objections d’un homme de france dont nous apprécions le plus hautement les connoissances & la bonne foi. M. Guigniaud nous a reproché de ne pas tenir assez compte – élever. Nous sommes prêts à signer avec quelques restrictions sur la date de l’introduction de la science dans la religion & sur le sentiment religieux des Prêtres ce jugement de M. Guignaud pourvu que de son côté il nous accorde que la Science des Prêtres n’a rien [illis.] à l’action des religions sur le peuple & qu’ils n’ont profité de l’ascendant que leur conférait cette science que pour déranger la proportion qui aurait du toujours exister entre les croyances qui passaient sur le monde & les lumières ou les besoins des temps.» – Sur la même feuille, en tête bêche, on lit
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De la Religion, III – Textes complémentaires
bone foi M. Gg ns a repr. de ne pas tenir assez cpte – élever. Ns somes prets à sign av. qq restr. sur la dte de l’intr. de la sc. ds la rel & sur le sent. rel. des Ps ce jugt de M. Ggd. pourvu que de son cote il nous accorde q la Sc. des prêtres n’a rien illis à l’act des relig. sur le pple. & q ils nont prof.¯ de l’asc. q lr cfrt cette science q pr derger la ppt qui aurt du tj.¯exist. entre les croy. qui¯ passoient sur le mde & les lum ou les bes. des tems
5
Chez les peuples les plus élgs les uns des autr. ces legds ont entr’elles de gdes cfmités. ces cfmités sont très illis.
231 fo 113ro
Mais elles ont encore une autre conséquence. Des mots de naître –– révoltantes. Les révélations –– avec elle. les Theogonies & les cosmogonies la [peuplent]2
10
243 fo 130ro
[...] Ces légendes ainsi introduites fournissent aux prêtres de nouveaux moyens de consolider & d’étendre leur autorité. les prêtres n’inventent pas ces moyens, ils les rencontrent. aux êtres cosmogoniques, Personifiés & doués de volonté, de vie & d’action, se rattachent les Dieux de la Science & ceux du vulgaire. ce sont ces Etres cosmogoniques plus imposans, parce qu’ils sont plus vagues qui ont Établissement du texte : Manuscrits : 23. Co 4725, fo 113ro.
24. Co 4725, fo 130ro.
2 av. qq ] 〈sans〉 av. 〈peu de〉 qq les corr. dans l’interl. le sent. ] l〈a〉e 〈conviction〉 sent. 4 rien ] suit un verbe abrégé et illis 4–5 ils nont ... pr derger ] syntagme ajouté au bas du texte et appelé par une croix à sa place 6 tems ] suit encore 〈ou sans cesse illis.〉 syntagme abandonné qui se termine par quatre mots illis. 7 entr’elles de ] entr’elles 〈une〉 de 8 ces ] 〈cette〉 ces 10 Mais ... conséquence. ] 〈A ces trois élémens /s’en/ se joint un〉 Mais elles ont encore 〈d’〉 une autre〈s〉 conséquence〈s〉. 17 aux ... cosmogoniques ] mots ajoutés dans la marge 17–18 d’action ] d’action 〈les Etres cosm〉
1 2 3
encore une phrase destinée au chap. III du livre VI (ci-dessus, p. 147, n. b) : «Chez les peuples les plus éloignés les uns des autres ces légendes ont entr’elles de grandes conformités. ces conformités sont très illis.» Le texte n’est pas achevé. Voir ci-dessus, p. 147. Notice pour un copiste (?) ; il comprend des passages assez longs. Voir ci-dessus, p. 147, ligne 5–148, ligne 6 et 6–12. Voir ci-dessus, p. 148.
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Fragments de textes
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dicté les institutions divines, la division en Castes, les privilèges de l’ordre Sacerdotal. A ces Etres se rattachent les modes merveilleux de communications qui ont établi entre les Dieux & leurs favoris de si intimes correspondance. Leurs légendes s’enrichissent du détails des rites institues pour perpétuer le souvenir de ces revelations sans en divulguer le mystere. Elles motivent les pratiques les sacrifices les invocations qui fléchissent ou qui subjuguent les Dieux. l’histoire elle meme prend une apparence fabuleuse, en remoulant jusqu’à ces légendes & en y placant ses premiers âges les expeditions entreprises par l’ordre des Pretres ou dirigées contr’eux. Les Rois qui les ont servis ou leur ont résisté tout s’empreint de la couleur symbolique sortie de la religion par la metaphysique abstraite. les pretres y rentrent par la cosmogonie que cette metaphysique leur a suggérée.
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10
251 fo ?ro
Ses disciples recurent avec respect cette confidence qui devint leur doctrine, sans qu’ils cesserent de pratiquer des ceremonies & de se livrer a des pénitences dont une foi vive peut seule faire un devoir.
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262 fo107ro
Parmi ces notions les unes se prêtent aux besoins du sentiment religieux, les autres s’y refusent : les Corporations sacerdotales, comme les philosophes, chez les peuples non soumis aux Prêtres, s’agitent entre ces notions diverses, & par une cause que nous allons indiquer, c’est en faveur des notion[s] irréligieuses que presque toujours elles se décident. E´tablissement du texte : Manuscrits : 25. Co 3293, Q3/12, fo ?ro. 91ro.
26. Co 4725, fos 107ro et
2 modes ] 〈recits〉 modes ce mot dans l’interl. 4 Leurs ] Le〈s〉urs 10 couleur ] couleur 〈illis.〉 11–12 sortie ... suggérée. ] écrit en travers dans la marge de gauche 14 qui ] 〈étrangère, elle〉 qui doctrine ... cesserent ] doctrine sans qu’ils ces trois derniers mots dans l’interl. pour remplacer la formulation précédente 〈illis. mais illis. adoptée par eux, & quelque bizarre que cela paraisse, ils ne〉 cesserent 〈point〉 16 une foi ] mots biffés dans l’intention de tourner la phrase autrement ; corr. non-achevée Elle sembloit 1
2
Première ébauche d’un passage du livre VI, chap. III (voir ci-dessus, p. 150). Les corrections restées inachevées montrent que BC a sans doute reporté le texte sans tarder dans le manuscrit auquel il travaillait. Voir ci-dessus, le livre VI, chap. III, autour de la p. 150. Les deux folios que nous donnons ici dans un ordre hypothétique appartiennent peut-être au manuscrit sur fiches non numérotées. Nous ne pouvons le prouver.
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516 fo91ro
De la Religion, III – Textes complémentaires
Mais en prouvant le fait on n en a point assigné la cause. On auroit du le faire : la conviction n’existe que lorsque l’explication la prépare, nous essayerons de la donner.
Livre VI, chapitre 271 fo ?ro
IV 5
q tte l’Eg. ne fut pas habitable en meme tems. vallée etroite, traversée par le ¯ Nil, entouree de 2 cotes par une chaine de mtgnes, bornee au Nord par la mer, au N ouest par un desert sablonneux elle se forma du limon du Nil & l’art de l’homme dut la conquerir graduellement. la he Eg. la Th. dut etre formee & hab. pltt q la basse Egypte. ¯
10
282 fo 6ro
Chez les peuples chez lesq. l’écrit. hiérogl. etoit en usage les hierogl. avt un effet presque pareil à celui des Cosm. Tt les sign. hiérogl. étt des images, II,122.
293 fo 1ro
15
Cette combin[aison] de la religion ég[yptienne] ces allég[ories] ces symb[oles]
Établissement du texte : Manuscrits : 27. Co 3293, Q3/14, sans foliotage. 29. Co 3480, fo 1. Co 3293, Q3/12, fo 6ro.
28.
6 q tte ] 〈cela dut arriver d’autant plus illis.〉 q tte ¯ ¯ 1 2 3
Première ébauche du passage que l’on trouve ci-dessus, p. 438. Le texte n’est pas tout-à-fait identique. Voir ci-dessus, p. 166. BC avait noté cette idée sur une petite fiche en lisant Hérodote. Le livre II traite des Égyptiens, mais le renvoi est faux. Petit fragment du remaniement d’un passage du chapitre IV du livre VI. Le manuscrit est introuvable dans le fonds Constant de Lausanne. Nous ne reproduisons que les premiers mots d’après Hofmann, Catalogue, IV/128.
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Fragments de textes
Livre VI, chapitre 301 fo 105ro
V
En montrant ici que la religion Indienne est composée des mêmes élémens que les autres religions sacerdotales, & qu’elle les combine de la même manière, nous+
5
312 fo 1ro
[...] Chaque Vède consiste en deux parties, les Mantras, prières, & le Bramanas, préceptes. la collection des hymnes, prières & invocations appartenant à un Vède, s’appelle son sanhita. les reste appartient aux Brahmanes. Ceux-ci contiennent des préceptes qui recommandent l’accomplissement des devoirs religieux, des Maximes qui expliquent ces préceptes, & des traités de théologie. On appelle ces derniers Upanishads. Colebrooke As. Res. VIII. 387–388. Heeren Inde, p. 418. les hymnes & les prières forment donc une grande portion des Vèdes, & s’adressent pour la plupart à diverses Divinités, mais il y en a qui s’adressent à des Rois que les auteurs, en Indien Richis, louent de leur avoir donné des preuves de libéralité. ib. 419. les Divinités auxquelles s’adressent ces hymnes ne sont point celles qu’on voit figurer activement dans la Mythologie & les épopés Indiennes. ce sont des personnifications de la nature, le firmament, le feu, le soleil, la lune, l’eau, l’air, l’athmosphère, la terre. Colebr. ib. Heer. 420. les Brahmanas & les Alpadischads sont la partie didactique des Vèdes : ils contiennent les principes fondamentaux de la théologie indienne, les recherces sur la divinité, le monde, l’ame &ca. p. 422. Cette portion est plus considérable dans le Samavède & surtout dans l’Athar-Vède (soupconné d’être plus récent que les autres, ce qui expliqueroit l’étendue accordée dans ce Vède aux investigations philosophiques & métaphysiques ib. 421.[)] les Upanischads sont la plupart du tems en forme de dialogues entre les Dieux, les Saints, les élémens &ca. p. 421. Mais comme il s’y trouve quelquefois soudain des Établissement du texte : Manuscrits : 30. BnF, NAF 18823, fo 105ro. fo 1ro.
31. Co 3293, Q3/8,
4 sacerdotales, ] sacerdotales, 〈nous ne pretendons point〉 1 2
Voir ci-dessus, p. 170. Il s’agit d’une ébauche de la première phrase de ce chapitre. Voir ci-dessus, p. 171. Le texte résume un long passage de l’ouvrage de Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt, Erster Theil, 3. Abteilung, Göttingen : Vandenhoe[c]k und Ruprecht, 1824, pp. 114–119. Les renvois à Colebrooke ou Arrien sont cités d’après cet ouvrage.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
invocations, il est assez difficile de les distinguer toujours des Mantras ou prières. l’Oupnekat d’Anquetil du Perron est un extrait des Upanischads Indiens, traduit du Persan. 422. Oupnekat, nom Persan, ou plutot manière Persane de prononcer le mot Upanischad. ib. L’Oupnekat contient des extraits des 4 Vèdes, mais surtout de l’Athar-Vède. ib. définition des Vèdes par Heeren. des collections de morceaux divers auteurs qui sont fréquemment nommés dans les ouvrages mêmes. Ces collections n’ont en conséquence pu se former que graduellement, & lors même qu’on leur accorde une haute antiquité, on doit penser que leur réunion en un corps d’ouvrage a dû être postérieur à leur composition primitive. Comme une grande partie des Vèdes consiste en hymnes & en prières Il est vraisemblable que ces prières & ces hymnes se perpétuoient d’abord oralement. La tradition le dit expressément. Les Grecs du tems d’Alexandre nous certifient la récitation d’hymnes sacrée par les Bramines. Ce fut en chantant un hymne de cette espèce que Calanus monta volontairement sur le bucher1. (Arrien) il est probable que ces hymnes étoient tirés des Vedes. 432–424.
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322 fo 125ro
Tout le monde connoit les importantes déclarations de Wilford sur les falsifications du Pandit qui lui avoit fourni les matériaux de ses recherches sur l’Egypte (As. Res. VIII. 251) mais on peut tirer de ce fait des conséquences graves sur les falsifications des livres Indiens en général. L’abbé Dubois nous apprend que l’action du climat détruit en un siècle environ les matériaux sur lesquels sont écrits livres sacrés & que les Brames les recopient. On concoit a combien d’interpolations & de modifications de doctrines cette obligation de copier des livres qui se détruisent a pu donner lieu.
Établissement du texte : Manuscrit : 36. Co 4725, fo 125ro.
18 Tout ] au-dessus de ce mot, dans l’angle gauche, la numérotation de la fiche 164.IX Tout 24 modifications ] partiellement récrit sur un mot illis.
1
2
Calanus ou Kalanos (398–323 av. J.-C.), sage indien qui accompagnait Alexandre à Persis et, se sentant affaibli, s’est suicidé en s’immolant lui-même en montant sur le bûcher et en récitant des Vèdes. Voir ci-dessus, p. 175, ainsi que p. 175, n. 4 sur Wilford et son étude dans les Asiatick Researches, p. 176, n. 1, sur le renvoi à l’ouvrage de l’abbé Dubois.
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Fragments de textes
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331 fo 36ro
[...] d’Arjoun et les réponses de Kreesna sont un résumé complet de la lutte des sentimens naturels & de l’intolérance religieuse, & aussi de la lutte de cette intolérance contre le climat des indes qui porte naturellement à la tolérance. Bhag. Geet. p. 28 96. Ce qui introduit dans cet ouvrage plusieurs contradictions à cet égard.
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342 fo ?ro
Quoique l’auteur du Bhaguat Gita, dit son traducteur, Pref. p. XX & XXI, n’aît pas osé attaquer ouvertement les préjugés établis parmi le peuple ni l’autorité des anciens vèdes, néanmoins en offrant un bonheur éternel à tous ceux qui adorent le tout-puissant, tandis qu’il déclare que la récompense de ceux qui adorent d’autres Dieux ne sera que la jouïssance temporelle d’un Ciel inférieur, pendant un espace de tems proportionné à leurs mérites, son dessein etoit manifestement de détruire le Polythéisme, ou au moins d’engager les hommes à croire le Dieu unique présent dans les images devant lesquelles ils étoient prosternés, & à le regarder comme le seul objet de leurs cérémonies & de leurs sacrifices. Les plus savans Brames d’aujourd’hui sont unitaires, conformément à la doctrine de Crishna : mais en même tems qu’ils ne reconnoissent qu’un seul Dieu, esprit universel, ils se soumettent tellement aux préjugés du vulgaire, qu’ils suivent extérieurement toutes les Cérémonies ordonnées par les Vèdes, telles que les ablutions &ca[.] Ceci n’a pas mal de ressemblance avec les prêtres philosophes qui allégorisent le Polythéisme, lorsque le Théisme s’établit.
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353 fo 28ro
[...] D’un coté le culte de Baouth paraîtrait plus ancien que le Bramaïsme. Autant que nous en pouvons juger par les traditions qui nous sont parvenues, & par les représentations extérieures que nous rapportons à cette époque, c’étoit un fétichisme grossier & informe[.] D’une autre part, [...] Établissement du texte : Manuscrits : 33. Co 3419bis, fo 36ro. 35. Co 4725, fo 28ro. 1 2 3
34. Co 3293, Q3/12, fo ?ro.
Note préparatoire pour l’analyse d’un passage du Bhaguat-Gita. BC l’utilisera en rédigeant son texte, comme il ressort du renvoi à la p. 96 du Bhaguat-Gita. Voir ci-dessus, p. 177. Mise au net d’un passage qui figurera en note (voir ci-dessus, p. 177). Le texte est très proche de celui de l’imprimé. Il permet de corriger une faute de renvoi dans la note. Voir ci-dessus, p. 180.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
361 fo 10ro
L’histoire de Bhagavadi finit par la concentration de toutes les divinités en une seule, c’est à dire par le triomphe du Théisme : mais tout le récit n’est qu’un tissu de fables qui se refusent même à être expliquées par l’allégorie a
372 fo 1vo
5
On fait chaque jour quelque decouverte dans cette branche de la Science historique : Mais il s’écoulera certainement plus d’un siècle encore, avant qu’on puisse asseoir sur ces découvertes partielles un systême suivi[.]
a
Mayer, art. Bhagavadi[.] on trouve également le Théisme dans une autre fable Indienne. v. Wagner. p. 1263.
Établissement du texte : Manuscrits : 36. Co 4725, fo 10ro. 1vo.
37. Co 3293, Q3/19, fo 1ro–
1 les représentations ] les 〈figur〉 représentations 4 L’histoire ] en haut, dans l’angle droit, 9 On fait ] f o numéroté dans l’angle droit 3 l’ancienne pagination 26bisB2
1
2
3
Il s’agit probablement d’une page d’un ms. rédigé en 1826, comme il ressort du fait que BC utilise deux entrées de ses Notes de lecture, à savoir la note no 20 tirée de Friedrich Majer, Allgemeines mythologisches Lexicon, aus Original-Quellen bearbeitet, Weimar : Verlag des Landes-Industrie-Comptoirs, 1803–1804, 2 vol., et la note no 19, d’après Johann Jakob Wagner, Ideen zu einer allgemeinen Mythologie der alten Welt, Frankfurt : in der Andreäischen Buchhandlung, 1808 (BCU, Co 3293, avec, pour les deux notes, la remarque «empl. 1826»). La légende autour de Bhagavatti n’est guère évoquée dans le t. III de De la Religion, mais l’idée du triomphe du théisme s’y trouve. Voir ci-dessus, p. 185. La fiche est une feuille d’environ 200 × 160 mm pliée au milieu pour former une doublefeuille. Le texte se trouve sur la partie gauche, sur la partie droite on lit des indications qui ressemblent à une classification (voir la variante à la ligne 1 de la p. 521). On trouve au verso l’observation sur les progrès des sciences historiques, au recto l’ébauche de la rédaction d’un passage dont on trouve dans l’imprimé une version plus développée (ci-dessus, p. 197). BC travaille à partir d’un ms., comme il ressort de la fin de cette entrée qui ne donne que les débuts et les fins des passages à reprendre. Nous supposons qu’il s’agit d’un manuscrit proche de celui qui est coté Co 3437, fos 19 et 20, qui contient ces passages. Les deux morceaux appartiennent probablement au même contexte puisque l’écriture est la même. Deux autres feuilles de la même taille, sans texte, ne donnent que les titres d’une classification : «Buddha Dubois 14 & 15 Eckstein Lettre B» et «Fétichisme Dubois 70». BC renvoie à l’important article «Bhagavadi» du Mythologisches Lexicon, t. I, pp. 190–199. Il vise plus particulièrement une phrase : «Hierauf erschien Wischnou selbst und erklärte
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Fragments de textes fo 1ro
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le Théisme se rencontre dans presque tous les livres sacrés de l’Inde, dans le recueil des loix de Menou a dans le Bagavadam, dans le Dirmshaster. Il se combine dans le 1er avec le dogme d’une fatalité absolue. les deux autres accumulent des fables sans nombre pour inculquer l’unite´ de Dieu. Un des 1ers pères –– toutes les trois. l’histoire de Schakty –– Dieu. Le Théisme se manifeste –– & les victimes.
5
381 fo 68ro
3e vol. Toutes les législations de l’Inde commencent par une cosmogonie. telle est l’introduction de celle de Menou[.] d’Eckst. VIII. 345.
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392 fo 105ro
Car, tout en admettant ainsi le Théisme dans leur doctrine secrette ces Prêtres philosophes ont soin de le rattacher aux fables populaires. ils y trouvent ce double avantage, qu’ils peuvent excuser ces fables aux yeux de la classe instruite en les présentant come des allégories & qu’ils les maintiennent pourtant en pleine force dans l’esprit du peuple. Ainsi le Bagavadam a
nous ne citons pas –– le demush. des Brames ; mais ne conclura-t-on come l’a fait plus d’un ecrivain systématique, que le Théisme soit la seule religion de l’Inde ou meme le seul systeme adopte dans la doctrine secrete des Brames. Établissement du texte : Manuscrits : 38. Co 4725, fo 65ro. fo 105ro.
39. BnF, NAF 18823,
1 le Théisme se rencontre ] 〈Nous trouvons〉 le théisme se rencontre ces deux derniers mots ajoutés à la fin de la ligne ; à la hauteur des lignes 2 à 6 du folio, dans la partie droite de la 13 fables ] 〈traditions〉 fables feuille, on lit Astronomie Dubois 52. 68. Eckstein Lettre A 14 excuser ] 〈montr〉 excuser 20 dans ] 〈pour〉 dans
1
2
allen, dass zwischen ihm, Brama und Schiwen kein Unterschied sey ; er sey Schöpfer unter dem Namen Brahma, Erhalter und Retter unter dem Namen Wischnou, und Zerstörer unter dem Namen Schiven.» Petite fiche avec une note prise en lisant une étude du baron d’Eckstein publiée dans le cahier VIII du Catholique et destinée à être intégrée dans le t. III de De la Religion, comme il ressort de la première ligne. BC aurait pu l’utiliser en parlant de la loi de Menou (voir cidessus, p. 197), mais ne l’a pas fait. Voir ci-dessus, p. 197, où cette idée se retrouve, bien que formulée autrement.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
401 fo 66ro
c’est une singulière association d’idées que celle des recompense[s] des punitions & de la protection divine avec la Panthéisme. elle règne partout dans le Bhaguat Gita. Crishna appelle les bénédictions célestes sur son disciple. Ailleurs, il lui dit, celui qui voit toutes choses en moi & moi en toutes choses, je ne l’abandonne pas. Trad. 73–742. Cette association d’idées dans la philosophie sacerdotale est l’effet du double mouvement du sacerdoce.
5
413 fo 11tervo
Nous avons parlé de l’Ezourvedam comme d’un livre apocryphe écrit par un Missionnaire mais il en prouve d’autant mieux l’exist. de l’Idol. come croy. popul. aux Indes. Si le Th. y domin. le miss. n’eut pas dirigé des att. contre l’idol. celui qui vdt convertir –– Dieux. L’un
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424 fo ?ro
[...] N’est-il pas évident que l’auteur du B. G. accrédite aussi les fables même qu’il dénature ? Le coursier Ourchisrava –– aux fictions recues, sous Établissement du texte : Manuscrits : 40. Co 4725, fo 66ro. 42. Co 3293, Q3/12, fo ?ro.
41. Co 3446, fo 11tervo.
10 livre ] 〈illis. fabrication〉 livre 11 en ... mieux ] première rédaction n’en prouve que d’autant mieux le mot d’autant ajouté dans l’interl. 13 Dieux. L’un ] Dieux. 〈mais l’Inde illis. idol.〉 L’un 1 2
3
4
Voir ci-dessus, p. 199, une phrase qui revient dans l’imprimé. Il est difficile de savoir si ce fragment est à rapprocher du texte imprimé. BC renvoie à Charles Wilkins, The Bha˘gva˘t-Geeta, or Dialogues of Kre˘e˘shna˘ and A˘rjo˘o˘n ; in Eighteen Lectures, with notes. Translated from the Original [...] by Charles Wilkins [...], London : C. Nourse, 1785. Ébauche d’une note partiellement sténographiée qu’on trouve ci-dessus, p. 203. BC copie sans doute un autre manuscrit, comme il ressort de la dernière phrase, assez longue mais interrompue dès le premier mot. Ébauche d’un passage assez étendu du texte imprimé (livre VI, chap. V) à partir d’une version précédente de ce morceau. BC reprend en partie ce texte et indique les morceaux qu’il choisit en en copiant les débuts et les fins. Puisque le fo est découpé probablement au milieu, nous ne pouvons savoir jusqu’où allait la restructuration du texte. Voir ci dessus, pp. 209–210. Les différences entre ce fragment et le texte imprimé sont insignifiantes. Au verso une notice sur les druides qui n’est pas employée pour la rédaction du livre.
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Fragments de textes
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lesquelles le Panthéisme se replace, comme un formulaire obligé en quelque sorte ? Crishna, dans son enfance, dérobait aux nymphes le lait de leurs troupeaux. Elles s’en pleignirent a` Yasoda sa nourrisse. le dieu, pour toute réponse, ouvrit sa bouche vermeille, & Yasoda surprise y apercut l’Univers entiers dans toute sa splendeur a. Qui ne voit ici le Panthéisme se voilant sous une légende qu’il consacre, tout en établissant une doctrine destructive de toute légende. Quelquefois Une profession de Panthéisme vient terminer un récit qui semble ne la préparer ou ne l’appuyer en rien. Trivicrama regnoit –– séparé de moi b. Le Panthéisme reintroduit –– des invocations c. Les rites & les Ceremonies –– dépensé. c’est encore du Panthéisme [que les hommages offerts aux outils ...]. 431 fo 102ro
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[...] au peuple, les absurdités expliquées en secret n’en sont pas moins publiquement révérées. Et cependt, bien qu’ils denaturent ainsi la spiritualité pour la ranger sous leur empire on diroit que les Pretres s’en défient toujours d. a b c d
As. Res. II. 267. As. Res. IX. 126. As. Res. XI. 126. ici la note sur Schlegel Établissement du texte : Manuscrit : Co 4725, fos 102ro et 103ro.
18-p. 524.1 Et ... somme. ] phrases ajoutées dans la marge de gauche 23 ici ... Schlegel ] après ces mots ajoutés entre parenthèses se trouve encore D. renvoi à une fiche qui contient le texte de la note à la hauteur de cette note et écrite légèrement en oblique, d’une autre plume, une note de travail ds le Ch. des dx malfesans cette note est sans doute postérieure à l’ajout 1
Anciens fos 126 et 127 d’un ms. non identifié, une mise au net de la main d’un secrétaire. Ces folios ont été écrits probablement autour de 1825, aux versos d’une offre pour une «Belle maison de Campagne à Neuilly ... à vendre à l’amiable». Le contexte du morceau est impossible à déterminer. On peut exclure le premier grand ms. du t. III. Le renvoi à la «note sur Schlegel» nous pousse à risquer l’hypothèse selon laquelle la note en cause est celle qu’on lit dans l’imprimé, livre VI, chap. V (ci-dessus, p. 215). La remarque «dans le chapitre des dieux malfaisants» (voir la variante à la ligne 23) est la trace d’une rédaction postérieure, au cours de la préparation du t. IV, livre X, où ce chap. a trouvé sa place.
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fo 103ro
fo 77ro
De la Religion, III – Textes complémentaires
Elle apparait en quelque sorte –– somme. Un inconvénient particulier de cette doctrine dans les religions sacerdotales, c’est qu’elle fortifie la tendance de ces religions au Dualisme qui est toujours une opinion funeste. L’Idée de l’esprit pur, venant de celle de la perfection, est par conséquent toute perfection se rattachant à l’esprit pur. Toute imperfection se rattache à la matière, la matière devient le principe du mal, & la Spiritualité con sacre ainsi le dogme du mauvais principe. Aussi la religion de Zoroastre qui fait un grand usage & en quelques égards un très bel usage de la Spiritualité, est de toutes les religions celle où le Dualisme a le plus dominé. Nous sommes ramenés sans cesse aux mêmes résultats, en morale, en métaphysique, en religion comme en politique & en organisation sociale. Le Genre humain ne raisonne avec justesse que lorsqu’il peut raisonner en liberté & les hommes qui par1 [...]
5
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[Enfin] une dernière circonstance complète l’identité des deux religions. contraints d’exprimer comme les Prêtres d’Egypte leurs hypothèses métaphysiques en termes figurés les Brames les ont transformés en Cosmogonies que signalent les impuretes les violes & les incestes. Brames [...]
20
Établissement du texte : Manuscrit : 44. Co 4725, fo 77ro.
1 Elle ... somme. ] Elle ... somme. lecture hypothétique du dernier mot ; suit encore G BC renvoie d’une manière abrégée à un passage qui se trouve sur la fiche G 17 contraints d’exprimer ] 〈devant complete〉 contraints d’exprimer ce dernier mot dans l’interl. 18–19 Cosmogonies que ] cosmogonies 〈ou se reproduisent les symboles empruntés de //obscurs// & les allégories licentieuses〉 que 19 les impuretes ] mots ajoutés dans l’interl. ; lecture hypothétique
1 2
Le texte s’interrompt sur ce mot. Voir ci-dessus, p. 219.
Fragments de textes
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451 fo ?ro
Maya, cependant, Maya la trompeuse le desir de Brahm, l’amour éternel, enfante tous les êtres apparens. vache tricolore, rouge, noire & blanche, elle change le mensonge en vérité, la vérité en mensonge. elle cache l’etre universel qui existe fait voir les etres partiels qui n’existent pas. ne de la confusion & du melange de tous les germes, Haranguer behah tantot le principe de la production tantot le chaos engendre Pradjapat, a la fois la figure du monde & le représentant de l’année. en lui se condense l’œuf cosmogonique dont la moitié d’or devient le ciel & la moitié d’argent la terre, dont le germe forme les montagnes les pellicules2 des nuages, les veines des fleuves & dont la chaleur fécondante tantot brulante durcit les rochers insensibles & tantot fécondante donne la vie aux etres animés. & ce Pradjapat porte les mains a sa bouche & de ce mouvement nait le feu des sacrifices, & ce feu parait comme un coursier dont la tete est a l’orient, la croupe a l’occident les flancs au nord & au sud & de la semence de Pradjapat naît la terre & de l’union de cette semence avec le verbe naît le soleil.
463 fo ?ro
On sait qu’il y a une identité parfaite entre la religion de l’Egypte & celle de l’Inde, soit dans les élémens qui les composent, soit dans la manière dont Établissement du texte : Manuscrits : 45. Co 3293, Q3/14, fo ?ro. fo ?ro.
46. Co 3293, Q3/13,
3 enfante ] 〈donne les〉 enfante 5 fait ] 〈&〉 fait ne ] ajouté dans l’interl. 6–7 tantot ... engendre ] passage ajouté dans l’interl. 8 se condense ] 〈illis.〉 se condense ces deux mots dans l’interl. 9 devient ] 〈forme〉 devient ce mot dans l’interl. 11 fécondante tantot ] la source porte fécondante donne l tantot BC en rédigeant le texte corrige une faute de copie, mais il oublie de biffer le verbe et la première lettre de l’article ; les mots à supprimer ici reviennent une ligne plus bas 15 croupe ... l’occident ] ajouté dans l’interl. sud ] 〈midi〉 sud 18-p. 526.3 On sait ... autorité. ] passage biffé par de gros traits de plume
1
2 3
Ébauche sous forme d’une note de lecture (?) de deux passages du texte imprimé (voir cidessus, pp. 219 et 221). BC lit, dans les Asiatic[k] Researches, t. III, l’étude de W. Jones et résume ses lectures pour utiliser les notes en rédigeant le chap. V du Livre VI. Il faut comprendre «une peau quasiment liquide à la surface des nuages». La fiche, angle gauche en haut d’une ancienne feuille quatre fois plus grande, numérotée 43ter, comporte le texte d’un ajout à un passage que nous ne connaissons pas. BC l’a utilisé pour rédiger un morceau du Livre VI, chap. VI (voir ci-dessus, p. 230) et il emploie une phrase du passage biffé à la p. 229. Voir aussi ci-dessous, pp. 530–531.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
ces élémens sont combinés, c’est à dire dans tout ce qui constitue l’action du sacerdoce. les différences tiennent à des circonstances indépendantes de son autorité. Plus pur, plus serein, plus caressant que le climat d’Egypte, celui de l’Inde donne à l’imagination des couleurs plus vives, une activité plus inépuisable. La Nature y est pour ainsi dire une poésie vivante. Les prêtres n’ont pu malgré leurs efforts empoisonner ces présens du Ciel.
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471 fo 40
En dépit d’eux, l’Indien, tout entrouré d’images riantes, est demeuré bienveillant tolérant quelquefois heureux & toujours paisible. Mais ce que le sacerdoce a pu faire pour l’opprimer & le pervertir, le sacerdoce l’a fait, & malgré les obstacles qu’il a rencontrés nous aurons trop souvent à gémer de sa victoire.
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482 fo ?ro
L’authenticité de l’Ezourvedam déjà disputée par Sonnerat. As. Res. XIV.33. Contradiction dans lesquelles sont entrainés ceux qui disputent contre une religion. – dans le chama-Vède, ouvrage apocryphe, composé probablement par un jesuite missionnaire (Robertus de Nobilibus ou de Nobilis, proche parent du Pape Marcel II (v. Lglt Dafi4) & neveu du Cardinal Bellarmin ; & fondateur de la mission de Madoure en l’année 1620 (As. Res. ib. 30) dans le Chama Vede, le missionnaire enseigne expressément, pour décréditer les incarnations des Vèdes, que jamais l’être suprême ne s’incarne, qu’il n’a Établissement du texte : Manuscrits : 47. Co 3435/6, fiche 40. fo ?ro. 6 ces présens ] 〈illis.〉 ces présens ces mots dans l’interl. 1
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48. Co 3293, Q3/12,
18 Lglt Dafi ] lecture hypothétique
Observation sur les activités des prêtres. Le passage est classé à tort dans le fonds de Lausanne avec les folios d’un manuscrit sur fiches. Il s’agit d’un fragment d’un ancien manuscrit non identifié. Notes de lecture d’après l’étude de Francis Ellis, «Account of a Discovery of a Modern Imitation of the Vedas with Remarks on the Genuine Works», Asiatick Researches, t. XIV, 1822, pp. 1–59. On les trouve sur une feuille volante dans Co 3293, Q3/12. BC utilise ces notes à deux endroits différents. Il lit le texte de l’auteur anglais pendant l’impression du t. III, comme il ressort de l’entrée relative à l’«analyse des Vèdes», car il précise «à ajouter peut-être en appendice, les feuilles où j’en traite étant déjà tirées». Cela permet du coup de dater les notes : 1827. Voir ci-dessus, p. 239. Non élucidé.
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Fragments de textes
fo?vo
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jamais eu de commerce avec les femmes, & que c’est une impiété de le dire & de le penser. l’écrivain anglais observe avec raison, qu’il n’y rien à objecter à cette doctrine, comme préface d’un systême de théisme, mais que lorsque le maître a réussi à convaincre son élève que Dieu s’incarne jamais, il doit éprouver quelque embarras à lui faire adopter le systême de la foi chrétienne1. analyse très exacte des Vèdes, à ajouter peut-être en appendice, les feuilles où j’en traite étant déjà tirées. ib. 36–462. Jaimini, le fondateur de l’école Mimansa, enseigne que les œuvres & les rites sont la partie essentielle de la religion, & que la divinité est incarnée dans les textes des Vèdes éternels & incrées. quelques sectes juives ont eu la même opinion relativement à la Bible, quelques sectes mahométans, relativement au Coran. ib. 463. la Gayatri, le plus saint des textes, a donné lieu à une espèce particulière de rythme appelé Gayatriam. c’est une stance de trois 3 lignes, chacune de 8 syllabes, ou plutot d’une seule ligne, séparée par une césure, qui la divise en deux l’une de 16 syllabes & l’autre de 8. ib.494. un seul esprit, une seule ame, une seule vie, procédant d’un seul & même principe, sont répandus dans tout l’univers, & l’univers n’est autre chose qu’une grande manifestation du très haut en mille formes de sa substance5.
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496 fo 2ro
L’idée fondamentale des incarnations est très favorable à la progression dans la religion indienne. Cette idée se retrouve partout dans les Pouranas. la terre se plaint de ce qu’elle est prête a retomber dans l’abyme, sous le poids de l’iniquité des hommes. les Dieux gemissent sous l’oppression des mauvais genies. Wichnou les console en leur promettant un sauveur qui les délivrera de la tyranÉtablissement du texte : Manuscrit : 49. Co 3293, Q3/9, fo 2ro. 1 2 3 4 5 6
Voir ci-dessus, p. 239. BC veut retourner à l’analyse des Vèdes par Ellis, qui dit vouloir compléter celle de Colebrooke publiée dans les Asiatick Researches, t. VIII. BC résume Ellis et reproduit la note de la p. 46. BC résume, en utilisant les tournures de l’auteur, l’analyse de la prosodie des Vèdes par Ellis. Commentaire de BC, sans rapport direct avec l’étude d’Ellis. Ébauche d’un passage qui figurera presque littéralement, avec des élargissements, dans la version imprimée (voir ci-dessus, pp. 239–241). BC semble copier une version précédente, comme les corrections que nous observons le suggèrent. Au verso de la feuille le brouillon d’une commande pour l’achat des deux volumes des discours de BC, ce qui permet de dater cette feuille de 1827. Elle fait partie des préparations de la rédaction finale.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
nie qui les accable ; il naitra dit-il parmi les bergers, & dans la cabane d’un berger, & les Bouddhistes l’annoncent, incarné dans le sein d’une vierge a. Cette théorie des incarnations s’est prolongée dans l’Inde jusqu’à nos jours. Les Sikhs, secte des déistes Indiens, qui soutint durant quatre siècles des guerres sanglantes à la fois contre les orthodoxes & les Mahometans, regardent Govindsinh, qui les organisa en nation belliqueuse, & remporta de grandes victoires au profit de leur croyance, comme le dixième avatar. or Govindsinh survint au commencement du 18e siècle b. fo 2vo
quelq. le pench. des Inds a tt. deifier transf. les Vèdes eux mêmes en divin. Narasa raconte – a b
Asiat. Res. X. 271. l’origine & les progrès de cette secte fondée par Nanac vers l’an 1490, sont racontés d’une manière fort authentique & fort intéressante par le Colonel Malcolm, dans les Recherches Asiatiques, XI, 197–292, Le passage de l’esprit pacifique & tolérant à l’esprit guerrier persecuteur, à mesure que les chances de succès nourissent les espérances où que les cruautés des adversaires enflamment les haines, est curieux à observer. C’est une preuve que toutes les fois que les opinions prennent un corps, arborent un étendart, revêtent, en un mot, ce que nous avons nommé une forme, leurs dangers sont les mêmes, quelle que soit leur nature. Rien de plus pur, de plus doux, que le Théisme de Nanac. Il rep. com. le chri. prim. sur une égte parf. & une bienv. univers2. rien de plus révoltant que les barbares exercices au nom de ce Théisme par Hargovind 5e successeur De ce prophète, son fils Teghbahadur, son petit fils Govinsinh, & surtout le compagnon d’armes & de croyance de ce dernier, le fanatique Banda, qui après avoir versé des torrens de sang, egorgea son fils enfant de sa propre main sans répandre une larme, & mourut déchiré par des tenailles ardentes sans pousser un cri. l’histoire de cette secte des Sikhs nous auroit fourni, si nous l’avions cru nécessaire une demonstration surabondante de l’attachement des Indiens au Polythéisme puisqu’elle nous montre Govinsinh, pret à faire prevaloir son théisme par le glaive & l’incendie, & forcé néanmoins à des concessions nombreuses envers les traditions mythologiques & les anciennes divinités.
1 les ] la source porte des les faute de copie 6 Govindsinh ] 〈God〉 Govindsinh 7–8 or Govindsinh ... siècle. ] passage remanié or ce dernier mot ajouté dans l’interl. Govindsinh 〈ne remonte toutefois qu’〉 survint écrit dans l’interl. au commencement du 18e siècle, 〈& Nanac, le véritable fondateur de la Secte que Govindsinh rendit belliqueuse & triomphante, était né // en 1460 // ds le 15e〉 9–10 quelq. ... raconte ] quelquefois le penchant des Indiens à tout déifier transforme les Vèdes eux-mêmes en divinités. Narasa raconte à la hauteur de cette note et écrite en travers l’ébauche d’une formule de souscription Sptn pr les discours de M. B. C. Je sgné m’engage à prendre exempl. des discours de M. B. C. en deux vol. illis. prix 14 fr. que je payerai contre la remise des exemplaires. 12 fondée ... 1490 ] phrase ajoutée dans l’interl. 19–20 Il ... univers. ] phrase ajoutée dans l’interl. 21 Hargovind ] Hargovind 〈son disciple〉 De ce prophète ] mots ajoutés dans l’interl. 27–29 puisqu’elle ... divinités. ] mots écrits en travers dans la marge de gauche 1
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BC renvoie à la première page de F. Wilford «An Essay on the Sacred Isles of the West, with other Essays connected with that Work. Essay V», Asiatic Researches, t. X, 1811, pp. 28–157. Il faut lire : «Il repose, comme le christianisme primitif, sur une égalité parfaite et une bienveillance universelle.»
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501 fo 74vo
fo 74ro
composée des mêmes élémens –– identique, si la religion Indienne est sous quelques rapports moins reels qu’apparens, supérieure a celle de l’Egypte, cette supériorité tient a des circonstances indépendantes de l’autorite du Sacerdoce. Plus pur –– sa victoire. la Religion qui est son ouvrage est absurde –- intelligence. elle a tous les défauts –– Nature Les elemens qui composent la religion de l’Egypte & celle de l’Inde sont donc identiques, c’est du fétichisme, c’est de la science, c’est enfin de la philosophie enfantant les hypothèses qui se sont présentées partout à l’esprit humain, hypotheses dont les Pretres n’adoptt aucune exclusivement, mais qu’ils deposent dans le sanctuaire. la combinaison de ces elemens est aussi la même. la lune se rattache au fétichisme par des personifications, a la philosophie par des symboles. La philosophie qui prétend expliquer les causes des effets observés par la science emprunte en meme tems des images & des fables fétichistes pour exprimer ses hypothèses. & le fétichisme associe de la sorte à la science & a la philosophie demeure la religion populaire en devenant une portion de la langue sacerdotale. Plutard Brama pour creer le monde s’unit à Saraswaty Sa fille & de cet inceste naissent cent fils qui a leur tour engendrent chacun cent filles.
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maya cepd –– la trompeuse a la fois sœur & fille du tout puissant, le desir de Brama –– l’emr –- l’illusion entraine son Pere dans d’ineffables & incestueuses voluptés. Mollement couchée sur le voile brillant qu elle a tissee de ses mains habiles elle recut la semence de l’eternel qui sde dans le tissu[.] fecondée elle enfte les êtres dt elle avt tracé l’image sur ce voile magique. genisse tricolore –– blanche & par la reunion de ces 3 coul. emblême des 3 forces qui créent conservt & detst. cette cosmogonie fort abrégée est tiree de l’Oupnekat. on la trouvera exposée plus au long & plus exactement dans l’excellent ouvrage de M. Ggnt2. Nous n’avions pas besoin de tant d’exactitude, notre but n’étant q de ¯ constater Établissement du texte : Manuscrit : 50. Co 4725, fo 74vo. 3 a celle ] a 〈trois mots illis.〉 celle 1
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24–25 sde dans le tissu. ] lecture hypothétique
Voir ci-dessus, pp. 218, 229 et 525. Le texte du verso de cette feuille montre un état de composition très différent de l’imprimé. La même observation s’impose pour la suite des notes. Il s’agit de l’ébauche de plusieurs passages. Il faut lire : Guigniaud. BC utilise ce texte ci-dessus, p. 219, n. a.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
l’identite avec les autres croy. des ppls sacerd. & la ste de nos recherches nous a aplt a rvir sur pl. det. 511 fo 8ro
[... bi]en a tort. [...]d placent la religion [... au] dessus de toutes les anciennes religions c’est bien à tort que les dévots d’espèce nouvelle a l’élèvent de nos jours presqu’à coté du christianisme, parce qu’ils espèrent puiser dans les Vèdes, instrumens & œuvres du Sacerdoce, des moyens de plier à ses rites despotiques l’evangile, doctrine céleste qui a rendu à l’homme sa liberté légitime & sa dignité première b. Composé des memes élémens que tous les religions sacerdotales, faconnée dans le même but, si la religion de l’Inde est supérieure, sous des a
b
[...]tien. eloge ridicule des [usa]ges de l’Inde. p. 80. moins belles, [pl]us achevées que les croyances du paganisme grec, les croyances de l’Inde se distinguent par un plus haut degré de [...]andeur morale. ib. 81. Les Vèdes nés des elemens, toujours l’idée d’engendrer. ib. 98. D’Eckstein attaquant Wilford no 15. p. 5172. Établissement du texte : Manuscrit : 51. Co 4725, fos 8ro, 7vo/2 et 7vo/1.
4 bien a tort ] bien a tort. 〈[illis.] religion In=〉 importante perte de papier en haut de la feuille ; il est quasiment impossible de compléter ce qui manque ou de décrypter les mots biffés la religion ] la religion 〈... & la mettre au dessus〉 5 c’est bien à tort ] dans l’interl. nouvelle l’élèvent ] nouvelle 〈placent〉 l’élèvent ce dernier mot dans l’interl. 10p. 531.5 Composé ... imagination ] texte biffé par un trait vertical 11 but, si ] but, 〈illis. de même nature〉 si 12 tien. eloge ] le début de la note, écrite dans la marge de gauche du folio, est emporté par la perte du papier 15 D’Eckstein ... 517. ] note écrite dans la marge de gauche 1
2
Voir ci-dessus, p. 253. Ces trois fos appartenaient au ms. NAF 18825. Il s’agit d’une série de feuilles à placer après l’actuel fo 92 (fo 69 dans la numérotation de BC) de ce manuscrit. Ce fo est devenu, après le remaniement du texte, la dernière feuille du chap. V du livre VI. La preuve pour notre hypothèse est double : d’une part la pagination des feuilles établie par BC (71IX ; 72 ; le fo 8ro ne porte plus de pagination, à cause des déchirures), d’autre part la série des entrées numérotées pour la suite d’idées de ce chapitre qui se lit dans la col. gauche. Le dernier numéro de cette suite d’idées attesté dans NAF 18825, est le § 108 (fo 92) ; les §§ 109 à 111 et 113 à 114 se trouvent a` leur place sur les feuilles que nous transcrivons cidessous, le § 112 est perdu. BC renvoie à l’essai du baron d’Eckstein, «Du rôle que joue le soleil dans la théologie de l’Inde», Le Catholique, t. V, mars 1827, pp. 510–545, et plus particulièrement p. 517, où l’on trouve : «Wilford, a` qui la pénétration a manqué, et qui n’a point compris le sens profond de la mysticité indienne, a cependant raison de comparer cette théorie avec ceux des psaumes hébraïques, où les ténèbres sont décrites comme demeure mystérieuse de Jéhovah, comme le pavillon dont il est couvert, tandis que des ondes obscures, au milieu desquelles il s’élève, l’entourent de toutes parts.»
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rapports plus réels qu’apparens, au culte monotone & oppressif de l’Egypte, cette supériorité tient à des circonstances indépendantes du sacerdoce a. Les plus importantes de ces circonstances sont au nombre de deux. L’une est le climat ; plus pu[r,] plus serein, plus caressant qu[e] celui de l’Egypte, le clima[t de l’In]de donne à l’imagin[ation ...]1 fo 7vo/2
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f 7v /1
[...] Mais quelque confusion qu’ait introduite dans la chronologie mythologique ce renversement volontaire des dates, impossibles d’ailleurs à déterminer avec précision, la progression des idées des conceptions, & des mythes qui les expriment, n’est pas contestable b. Cette progression se fait remarquer jusques dans les formes des incarnations. Wichnou, s’incarne d’abord en poisson, puis en amphibie, puis en quadrupède & en dernier lieu participe de [...] dans le [...] c. [...] ce que le Sacerdoce a pu f[aire] pour l’opprimer & le pervertir le sacerdoce l’a fait, & malgré les obstacles qu’il a rencontrés, nous aurons trop souvent à gémir de sa victoire. La religion Indienne telle qu’ils la maintiennent est absurde dans sa partie populaire, minutieuse dans les devoirs qu’elle impose d sanguinaire & a b
c
d
Charme des ceremonies nuptiales chez les Indiens. A. R. VII. 289–311. anecdote sur le Yajour Véda comme preuve de reforme par les incarnations. D’Eckst. 15. 5392. progression de la religion Indienne réconciliation du Culte de Wichnou & de Shiven dans le temple de Jagannath[a] où les deux cultes s’identifient. D’Eckst. 15. 5423. [...]4
3 Les plus ... de deux. ] biffé de deux traits obliques 4–5 plus pur ... imagination ] perte de papier ; restitutions hypothétiques 10–11 jusques ... incarnations. ] jusques ce mot dans l’interl. dans 〈les〉 les formes des ces trois derniers mots dans l’interl. incarnations 〈mêmes〉. 11 s’incarne ... en poisson ] s’incarne ce mot dans l’interl. d’abord en ce dernier mot dans l’interl. poisson puis en ... puis en ] les deux mots en dans l’interl. 14 faire ] mot partiellement enlevé par une goutte de cire 17 religion ... maintiennent ] religion 〈qui est son ouvrage〉 Indienne telle qu’ils la maintiennent le texte corrigé dans l’interl. 19 Charme ... 289–311. ] note écrite dans la marge de gauche 20–21 anecdote ... 539. ] note ajoutée dans la marge de gauche 22 progression ... 542. ] note ajoutée dans la marge de gauche 1
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Le passage perdu devait traiter des poèmes sacrés de l’Inde et peut-être de la doctrine de l’incarnation, comme il ressort de la suite de l’argumentation beaucoup plus développée que l’on trouve dans le texte imprimé. Voir ci-dessus, à partir de le p. 230. Cette légende se trouve dans l’étude d’Eckstein pp. 537–538. BC résume un récit assez dense que l’on peut lire dans l’étude du baron d’Eckstein pp. 541– 542. La phrase à laquelle il fait allusion ici dit : «Toutefois les deux sectes ennemies [= les cultes de Siva et de Vishnou] ont contracté une alliance ; cet accord s’est accompli par le culte rendu au temple de Jagannatha, où les religions de Vishnou et de Siva commencent par s’identifier.» La note prévue ici est perdue. On peut en lire le texte ci-dessus, p. 248, n. a.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
obscène dans ses rites, monstrueuse dans ses cosmogonies, livrée dans sa doctrine métaphysique à toutes [les aberrations auxquelles est condamné notre esprit]. [...]
Entrées numérotées de la suite des idées du chapitre
V
§ 109. la religion de l’Inde pourtant supérieure à celle de l’Egypte.
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§ 110. deux circonstances qui causent cette supériorité. § 111. l’une le climat. § 112. [...]1 § 113. néanmoins le Sacerdoce a fait aux Indes tout le mal qu’il a pu faire. § 114. Vices que l’empire des prêtres imprime à la religion Indienne.
522 fo 67ro
[...] Absurde dans sa partie populaire, sanguinaire & obscène dans ses rites, monstrueuse dans ses informes cosmogonies, livrée dans sa doctrine secrète à toutes les aberrations auxquelles est condamnée notre intelligence.
Établissement du texte : Manuscrit : 52. Co 4725, fo 67ro.
5 § 109. ... Egypte. ] dans la col. de gauche 6 § 110. ... supériorité. ] dans la col. de gauche 7 § 111. ... climat. ] dans la col. de gauche 9 § 113. ... faire. ] dans la col. de gauche 10 § 114. ... Indienne. ] dans la col. de gauche 12 Absurde ] 46 〈cette (?) La religion qui est son ouvrage comporte les mêmes élémens que toutes les religions sacerdotales, faconnée comme elles dans le même but, par une caste identique, elle ne leur est en rien supérieure.〉 Absurde
1 2
Cette entrée de la suite des idées devait évoquer la seconde circonstance qui a influé sur l’évolution de la religion de l’Inde. Voir ci-dessus, p. 248.
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Fragments de textes
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531 fo 11ro
(note) le Chev. Jones defend les Bouddhistes de l’accusation d’athéisme (As. Res. I. 142.) Il a raison, s’il parle de leur doctrine exterieure[.] 542
fo 7ro/1
5
Nous sommes loin d’envelopper dans cette censure beaucoup de savans fort estimables que se sont livrés à un enthousiasme peu réfléchi pour la partie abstraite & imposante des croyances ou plutôt des philosophies indiennes3. Nous concevons même cet enthousiasme jusqu’à un certain point ; l attrait de la nouveauté, le charme de la poésie, le plaisir de retrouver inopinément, dans des contrées lointaines & peu connues, plusieurs doctrines antiques & quelques dogmes modernes, enfin le penchant de l’esprit humain à se prosterner devant ce qu’il découvre, parce que la valeur intrinsèque de l’objet ajoute au merite de la decouverte, sont des justifications assez specieuses ou des excuses assez plausibles. Nous voulons parler d’une école nouvelle qui cherche dans les Théories de l’orient le modèle de la Théocracie qu’elle espère transplanter en Europe & ses intentions sont aussi perverses que ses assertions sont trompeuses & assertions sont trompeuses Établissement du texte : Manuscrits : 53. Co 4725, fo 11ro. 7vo/2.
54. Co 4725, fos 7ro/1, 7ro/2 et
3–4 le Chev. ... exterieure. ] texte biffé d’un trait vertical ; dans l’angle droit en haut l’ancienne pagination 26 Bis C. sur la moitié gauche de la feuille, tête bêche, l’ébauche d’une autre note : note Chez les peuples les plus éloignés les uns des autres elle était prévue pour le f o 77 du ms., comme il ressort de l’ancienne pagination 77bis 6–15 Nous ... plausibles. ] (1) Nous ... plausibles. passage biffé par un grand trait oblique 10–11 inopinément, dans ] inopinément, 〈a l’autre extrémité〉 dans 11 plusieurs ... antiques ] 〈les〉 plusieurs ce mot dans l’interl. doctrines 〈des sages de la Grèce〉 antiques ce mot dans l’interl. 13 de l’objet ] ajouté dans l’interl. 14 specieuses ] 〈plausibles〉 specieuses ce mot dans l’interl. 15 Nous voulons ... qui ] 〈Nous voulons parler de cette〉 Nous voulons parler d’une cette correction dans l’interl. école nouvelle 〈qui〉 qui 17 espère ... & ses intentions ] espère 〈faire peser sur nos têtes〉 〈constituer〉 transplanter en Europe, ces quatre derniers mots, le verbe biffé compris, dans la marge de gauche 〈ecole dont les〉 & ses intentions 17-p. 534.1 ses assertions sont trompeuses ] 〈son érudition est〉 ses assertions sont ces trois derniers mots dans l’interl. trompeuses le signe du pluriel ajouté dans l’espacement 1 2 3
Texte d’une note qui n’apparaît pas dans l’imprimé, mais qui provient du même manuscrit que les fragments 21 et 36, ci-dessus pp. 513 et 520. Voir ci-dessus, pp. 253–254. Le passage appartenait dans un premier temps au texte principal. BC l’a fait passer en note, comme il ressort du chiffre (1) qui précède le premier mot.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
& son ton dogmatique. Cette école s’introduit en France à la faveur de la métaphysique allemande qu’elle comprend mal & de l’érudition allemande qu’elle ne possède pas. L’un des organes de cette école est un homme d’esprit, qui a les connoissances communes à tous ceux qui ont fréquenté les universités Germaniques, & qui sait employer ce leger bagage avec un art parti culier. Evitant presque toujours de citer quand il affirme, & s’appuyant adroitement de citations peu exactes sur les points secondaires où la vérité ne le gêne pas, Il parle avec une telle certitude, qu’on se fait en quelque sorte scrupule de rien contester à un écrivain si convaincu : & ce n’est qu’à la seconde lecture qu’on s’apercoit qu’il ressemble à ce grand Seigneur, disputant sur un sujet qu’il connoissoit peu & finissant par dire, je vous donne ma parole d’honneur que j’ai raison. Le but de cet écrivain est de constituer un grand pouvoir intellectuel qui seroit, comme on le pense bien le monopole de l’autorité. Les Brames, les Druides toutes les corporations qui ont opprimé le monde font les objets de son admiration. les sacrifices humains, les orgies où la débauche s’unissoit au meurtre sont les representations cosmiques des grands mystères de la nature, tout est bon, pourvu que la liberté n’y soit pour rien. tout est sublime pourvu que l’individualité soit proscrite. Les Grecs qui ont eu le malheur de s’affranchir du joug de leurs prêtres, n’intéressent que par les Vestiges de la domination sacerdotale qui peut être a pesé sur eux. mais il voit dans les croyances de l’Inde un bien plus haut degré de grandeur morale (Journal le Catholique. No . p. 81) & c’est à ce degré de grandeur morale qu’il veut nous ramener. Son ouvrage est peu lu & nous le regrettons. Les déguisemens que prennent les défenseurs d’une cause perdue sont curieux à examiner. vaincus dans ce qui est positif par les progrès d’une civilisation toujours croissante, vaincus dans ce qui est abstrait par ceux de l’intelligence, à laquelle il ne [manqu]e plus que de connoitre ses propres bornes, Ils appellent [à leur] secours & les oppressions de tous les Siècles [en s’ag]enouillant devant les voiles symboliques dont ils en[velopp]ent ces debris. Impuissans architectes d’un edifice [dont] le plan se perd dans les nuages & dt les matériaux tombent en [pouss]ière. 6 Evitant ] 〈Son style es〉 Evitant 7 peu exactes ... secondaires ] 〈fausses〉 peu exactes ces deux mots dans l’interl. sur 〈d〉les points 〈moins importans〉 secondaires ce mot dans l’interl. 10 qu’à ] qu’a〈pres〉 12 Le but de cet écrivain ] 〈Son〉 Le ce mot dans l’interl. but de cet écrivain ces quatre mots dans l’interl. 17 cosmiques ] 〈typiques〉 〈symboliques〉 cosmiques ce mot dans l’interl. inf. 18 n’y soit pour rien ] n’y ces deux mots dans la marge de gauche soit 〈bannie〉 pour rien ces deux mots dans l’interl. 19–20 de s’affranchir du joug ] 〈de perdre〉 de s’affranchir 〈de la domination〉 du joug ces deux mots dans l’interl. 20 n’intéressent ... domination ] 〈ne l’〉 n’intéressent que par les Vestiges 〈qu’on voit〉 〈qu’il〉 〈qu on t〉 de la domination 24 Les déguisemens ] 〈Il est curieux de voir〉 Les déguisemens 26 toujours ] 〈en voie〉 toujours 31–32 dont le plan ... tombent ] dont ce mot caché sous un papillon collé le plan 〈est〉 ce dernier mot biffé récrit sur 〈sont〉 se perd ces mots dans l’interl. dans les nuages & dt ce dernier mot abrégé dans l’interl. les matériaux 〈reduits〉 tombent ce mot dans l’interl.
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Livre VI, chapitre VII 551 fo 11ro
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Les Syriens qui adoraient le Soleil a & le feu b adoraient en même tems des poissons c des Colombes d des Cigognes e, & dans leur temple de Jupiter, ce Dieu était représenté sous la forme d’une pierre f. une Pierre était aussi la Divinité principale des Phrygiens g & les Penates de Troje, bien qu’Homère prête aux Troyens le culte des Grecs, étaient des Hermes assez grossiers. Les Chaldéens, de tous les peuples, les plus adonnés à l’astrologie, rendaient homage au coq, au bouc & au chien h[.]
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〈Nous ne possédons sur les Etrusques que des renseignemens très confus. Ce que nous savons de leur philosophie nous vient surtout de Sénèque auquel nous ne pouvons accorder une confiance entière. Stoicien, il a pu facilement preter à des tems obscurs des opinions Stoïciennes. Neanmoins, comme le fond de ces opinions ne s’écarte point des hypothèses qu’il est
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a b c
d e f g h
Seld. de Diis syris. Mignot Acad. Inscr. XXXI. 137 Seld. ib. 331. Xenoph. Anabas. I. 4 & la note de Larcher. Ciceron, de Nat. Deor. III. 15. Diod. II. 4 Porphyr. de Abst. II. 61. IV. 15. il cite en témoignage l’ancien poète comique Ménandre. Tibulle I. 8. 18. Note de Brockhuys. Selden lib. cit. p. 269. Jupiter Casius. Religiosa Silex, densis quam Pinus obumbrat frondibus. Claud. de raptu Proserp. I. 214. Au coq, sous le nom de Nargal3, au bouc sous celui d’Aschima, au chien sous celui de Nibchaz (Rois XVII, 29. 30. Selden. II. 8. 9.) Établissement du texte : Manuscrits : 55. Co 3448, fo 11ro et Co 3435/7, fiche 12IX 56. BnF, NAF 18823, fo 148ro.
7 Hermes ] 〈Hermès〉 Hermes corr. a. dans l’interl. 1
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12 surtout ] ce mot dans l’interl.
Voir ci-dessus, pp. 255 et 427. Les notes de cette feuille ont été complétées par BC. Le fo de Co 3435/7 contient une version strictement identique du texte des notes a–g. Nous supposons que cette dernière feuille mal classée représente la source du ms. Co 3448. Voir ci-dessus, p. 260. Le fo 148 de NAF 18823, un ancien fo 4, faisait partie du manuscrit actuel du livre VI, chap. VII. BC, en remaniant son texte, a fait passer le morceau qui appartenait au corps du texte principal en note en le biffant d’un grand trait. La nouvelle version du texte principal est inscrite dans la col. de gauche, ainsi que l’ébauche de la nouvelle note qui reprend, comme il ressort de l’indication de cette phrase sténographiée (de «Sénèque» jusqu’à «Théisme.») le passage biffé. C’est ce que nous retrouvons dans l’imprimé. BC s’est inspiré du nom de cette divinité pour un personnage de son Florestan. Voir OCBC, Œuvres, t. VIII, p. 1337, sous ce nom.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
naturel au Sacerdoce de concevoir & de cacher, il serait téméraire de rejeter le témoignage le plus précis qui nous soit parvenu à cet égard. Si nous l’admettions, la doctrine étrusque auroit été un mélange de Panthéisme & de Théisme : mais d’un Théisme destructif de toute religion publique. le Tina ou le Jupiter de l’Etrurie est à la fois la cause première〉
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l’hymen incestueux de Lydus & de Comagène chez les Etrusques, leur Tina, Dieu supreme, tout à la fois la cause 1ere & la destinée immuable a, leur démonologie tour à tour astronomique & métaphysique, offrent la même combinaison.
571 fo 121ro
[...] division. en conséquence, le théisme est toujours [au fo]nd de l’ame : le Polythéisme est longtems dans les [ac]ceptions de l’esprit. Chez les Grecs, la publicité qui environnait toute leur [croy]ance donnait aux expressions de théisme que le senti[ment] leur dictait un démenti trop manifeste. mais chez des [peup]les soumis aux Prêtres, une grande partie de la reli[gion] étant toujours cachée, on a saisi toutes les expressions [du poly]théisme, pour supposer qu’au fond de cette religion ainsi [couve]rte d’un voile, était le dogme imposant de l’unité de [tout].
a
Ce q ns savs de la phil. des étr. ns vt presqu’unqt de Senèq. –– Théisme. ¯
Établissement du texte : Manuscrit : 57. Co 4725, fos 121ro et 127ro. 1 rejeter ] 〈regarder〉 rejeter 6–9 l’hymen ... combinaison. ] passage ajouté dans la marge de gauche 7 Dieu ] 〈ou〉 Dieu 1
Voir ci-dessus, pp. 270–272, n. a. Les quatre folios faisaient partie du même manuscrit. Ils ont été découpés, probablement pour en faire des fiches, de sorte que nous en sommes réduits à des restitutions hypothétiques du texte. Nous supposons qu’il nous manque environ deux lignes en haut et en bas des feuilles. Il est impossible de compléter le texte au début de notre péricope. Nous pouvons restituer les trois ou quatre lignes qui ont été enlevées entre les premiers trois folios, tout en sachant que le texte perdu était légèrement différent de celui de l’imprimé. Les pertes de mots ou de parties de mots en tête des lignes ont été restituées hypothétiquement. – Remarquons encore que le texte que nous lisons ici faisait partie de la démonstration dans la partie principale du texte. Le remaniement qu’il a subi n’a pas seulement affecté très sensiblement la syntaxe. Il est passé en note au cours des changements profonds du chap. VII de ce livre VI.
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Fragments de textes
fo 127ro
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Deux hypothèses frequemment confondues sont à distinguer [dans ce]te matière. Lorsqu’on affirme que les Egyptiens, les Perses, les Indiens [ont pr]ofessé le théisme, parle-t-on des prêtres ? parle-[t-on] du peuple ? Si c’est du peuple, n’est-il pas certain que toutes les sec[tes] dominées par des corporations sacerdotales étoient [rest]ées dans l’ignorance la plus épaisse, & que leurs guides, [loin] de chercher à les éclairer s’efforcaient de les maintenir [dan]s l’ignorance ? Or le Théisme est incompatible avec un [état] pareil de l’intelligence humaine. Le peuple, objectera-t-on peut être, n’est guères plus [éclair]é parmi nous, & le Théisme est toutefois la religion [publique.] [Nous répondrons d’abord que les classes inférieures de nos temps modernes ne sauraient toutefois être comparées, dans quelque abaissemen] t qu’elles soient encore a ces castes condamnées [jad]is à des professions invariables, repoussées de toutes [les c]onnaissances, étrangères à l’usage des lettres, n’ap[pren]ant des arts que la partie méchanique, qui, soumise [à m]ille subdivisions arbitraires, ne permettrait ni [com]binaison d’idées, ni développemens de l’intelligence, [nou]s observerons que le peuple de nos jours recoit ses [not]ions de Théisme des Classes supérieures. Son propre [juge]ment, ses propres méditations n’y entrent pour [rien.] Les Ministres de la religion, loin de s’envelopper de [ténè]bres, comme les corporations sacerdotales de l’antiquité, [loin] de cacher à la masse de la nation la doctrine parce qu’ils la [poss]édent, la lui communiquent, la lui enseignent, [la lui] imposent. Si on peut leur adresser une reproche, ce n’est [pas] de rendre le monopole de leurs opinions inaccessible [aux p]rofanes, comme les Prêtres de l’ancienne Egypte : c’est [au c]ontraire de vouloir trop souvent forcer les profanes [à pa]rticiper à toutes leurs opinions ; & cependant [nou]s voyons les Classes inférieures s’écarter sans cesse [du] Théisme, invoquer des Saints, se choisir des protecteurs, [et pla]cer en un mot sous un Dieu unique la multitude [des] Dieux. Si telle est la relation nécessaire de l’ignorance & du [Po]lythéisme, même chez les nations que l’enseignement [et les lumières] retiennent dans la croyance opposée, à plus [forte raison devait-il en être ainsi, lorsque des castes dédaigneuses et jalouses n’étaient occupées qu’à accroître toutes les distances qui les séparaient d’une foule aveugle.] [Le zèle que les théoligiens très-religieux ont mis à donner au théisme l’antériorité de tout autre culte, a droit de nous surprendre. Ces défenseurs
12 Nous répondrons ] folio découpé pour en faire des fiches ; les pertes du texte ont été restituées à l’aide du texte imprimé 24 imposent ] 〈enseignent〉 imposent
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538 fo 86vo
De la Religion, III – Textes complémentaires
ardents du christian]isme travaillaient, à leur insu, par leur propre hypo[thèse], à détruire la baze de la croyance qu’ils vouloient défendre. Si [les] Perses, comme le suppose Hyde, ou Les Egyptiens, comme [Ja]blonsky l’affirme, n’avoient adoré qu’un seul Dieu, quelle [eût] été la différence entre ces peuples & les Tribus Hébraïques1 ? [Pour]quoi Dieu, dans sa sagesse, auroit-il séparé les Juifs, par [d’in]vincibles barrières, d’avec des nations non moins fidèles [et qui] lui rendoient un hommage non moins pur a ?
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582 fo 8ro
Les Scythes qui adoraient l’air, le Ciel & les vents, représentaient Mars sous la forme d’une lance. Une pierre était leur Jupiter. Les peuplades connus sous le nom de Celtes, qui ne considéraient point les élémens comme de simples images d’une Divinité invisible, mais comme étant eux mêmes des Divinités b rendaient néanmoins un culte réel, les uns à des haches & des piques c, les autres à des rochers & des Cailloux d, les Alains aux Javelots e, les Esthions aux Sangliers f, les Saxons & les frises aux oiseaux aux arbres aux quadrupèdes g [...] a
b c d e f g
[Ce]tte objection s’applique surtout au systême de Hyde, qui [pré]tend que les Perses n’ont jamais dévié jusqu’à ce jour du [culte] orthodoxe. alors comment les Perses n’auroient ils [pas] été le peuple de Dieu3 ? Pelloutier hist. des Celtes. Mallet introd. a l’hist. du Danem. 184–185 Bartholin III Procop. Vandal. I. 3. Amm. Marcell. XXX. 2 v. aussi sur le Culte des lances Justin XLIII. 3. Tacit. Germ. 45. Pelloutier V 209 Grégoire de Tours. II Max. de Tyr, Dissert. 38. Helmold Chron. Slav. Cap. 48. Établissement du texte : Manuscrit : 58. Co 3448, fo 8ro.
2 Ces défenseurs ] folio découpé pour en faire des fiches ; les pertes du texte ont été restituées à l’aide du texte imprimé 1 2 3
Sur Jablonski et Hyde, voir ci-dessus, p. 271, n. 1 et 2. Voir ci-dessus, pp. 275 et 426. Pour ce qui est des renvois aux auteurs cités par BC, voir cidessus, p. 275. Cette note prouve que le texte que nous avons transcrit et reconstitué partiellement était le texte principal d’un ancien chapitre. – Signalons encore que la note laconique au verso de cette feuille pourrait être la trace d’une suite d’idées ou d’un plan et se rapporter au chap. VI du livre VI : «2. Confusion des ses monumens & de ses réformes». Elle vise, si cette hypothèse est exacte, la tradition des vèdes et des réformes successives de la religion de l’Inde. Voir ci-dessus, p. 254, une formulation proche de celle de la note. Elle prouve du coup que le morceau restitué précède la refonte des chapitres V à VII et appartient à la version dont l’impression a été arrêtée par BC. – Suit encore un folio (Co 4725, fo 96) qui
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Fragments de textes
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591 fo 79ro
Et toute la légende, l’enlèvement de Lépa, fille d’un chef Bulgare, ses combats avec Tugarin, fils d’un serpent, l’amour de la magicienne Dab Marina, pour un de ses oncles qu’elle metamorphose en Taureau parce qu’il la dédaigne, quelle accompagne ensuite change elle meme en un corbeau, & dont elle n’obtient la délivrance & l’amour qu’en se convt Chr 〈convertissant au Christianisme〉 toutes ses avantures, consistant, comme celle de l’Apollon Grec, en enlévemens de jeunes filles & en combats contre des serp. & des drags monstres, renferment un sens scientifique, dans lequel il parait absurde de chercher la croyance populaire, mais qu’on auroit egalement tort de ne pas admettre comme possible
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602 fo 4vo
& ce qu’il y a ds ces legdes de pl. remarq c’est que l’introd. d’une relig. nouv. destruct de celle qui dont à ces leg. un car relig. les mod. ss leur enlev. ce Établissement du texte : Manuscrits : 59. Co 4725, fo 79ro. fo 4vo.
60. Manuscrit : Co 4879,
4 Marina ... en Taureau ] première tentative : Marina, 〈que repousse〉 deuxième tentative Marina, pour un 〈oncle de Wladimir〉 qu’elle 〈change〉 en Taureau troisième tentative Marina, pour un de ses oncles qu’elle metamorphose en Taureau toutes les corrections, sauf la première, dans l’interl. 5 ensuite ... corbeau ] ensuite 〈sous la forme d’un〉 changee elle meme lecture incertaine en un corbeau les corrections dans l’interl. 6 convt Chr ] 〈convertissant au christianisme〉 convt Chr la corr., qui rétablit ce qui a été biffé, dans l’espace resté à droite de l’avant-dernière ligne de cet alinéa 8 toutes ] 〈&〉 toutes au-dessus de ce mot, dans l’interl., deux mots biffés, illis. 9–10 des ... monstres ] contre des serp. & des drags ces cinq derniers mots dans la marge de gauche montres 10–12 dans ... possible ] ce passage biffé par un trait oblique, le dernier mot effacé et presque illis. 15 celle ] celle 〈illis.〉 Co 4879 enlev. ce car. ] enlev. 〈illis. leur illis. relig.〉 ce car Co 4879
1
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contient le texte de la note sur Berger que nous ne reproduisons pas ici, puisqu’il est donné dans les variantes de la p. 272. Ébauche d’un passage du livre VI, chap. VII. BC résume, sans l’annoncer, une partie du § 31 (Zweites Hauptstück, Erster Abschnitt) de l’ouvrage de Franz Joseph Mone, Geschichte des Heidenthums im nördlichen Europa, t. I, Leipzig et Darmstadt : Carl Wilhelm Leske, 1822, pp. 127–128. Les noms, transcrits dans le texte ci-dessus, disparaissent presque tous dans la version de l’imprimé. Mais le raisonnement reste le même. Notons que le personnage qui n’est pas nommé ci-dessus, parce que la péricope est détachée de son contexte, est le premier roi russe Wladimir, connu pour ses excès. Voir ci-dessus, p. 281. Ébauche sténographiée d’un passage du chap. VII du livre VI que l’on trouve au verso de l’enveloppe d’une lettre adressée à BC. Voici le texte : «& ce qu’il y a dans ces légendes de plus remarquable c’est que l’introduction d’une religion nouvelle destructive de celle qui donnait à ces légendes un caractère religieux les modifie sans leur enlever ce caractère. le Wladimir historique devient un prince Chrétien le Wladimir astronomique demeure un Dieu
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De la Religion, III – Textes complémentaires
car. le Wlad. hist. devt un pce Chr. le Wlad. astr. demre un Dieu planét. les Emblemes Sacerd. surviv. a la croy & ce n’est q par une intolér. de plus. ¯ Siècles q’ls sont enveloppe dans une ruine commune. ¯ 611 fo 136ro
[...] ce qui prouve que cette combinaison est dans la nature, c’est que nous la rencontrons identique dans l’ancien Druidisme du pays de Galles. les Taureaux, la vache, les lacs, les arbres, les soleil, la lune y sont adorés. l’astronomie se joint à cette astrolatrie & à ce Fétichisme ; Le Théisme le Dualisme & l’emanation, à l’astronomie ; la Cosmogonie à ces systêmes philosophiques. Ceridwen, chez les Gallois, fille de la nécessité, aveugle & immuable, épouse incestueuse du Taureau primitif sorti de son sein, elle enfante avec lui l’œuf cosmogonique qui a donne naissance à l’œuf de serpent des Druides a & qui sert de modèle aux sanctuaires de Stonehenge & d’Abury : & tous ces élémens forment un ensemble[.] Livre
fo 110ro
VII,
chapitre 622
III
[...]3. Établissement du texte : Manuscrits : 61. Co 4725, fo 136ro.
62. Co 4725, fo 110ro.
1 le Wlad. hist. ] 〈illis.〉 le Wlad. 〈illis.〉 hist. Co 4879 2 a la croy ] 〈illis. a la croy〉 a la croy Co 4879 8 se joint ] 〈s’unit〉 se joint 8–9 le Dualisme ... emanation ] 〈&〉 le Dualisme & l’emanation, ces trois derniers mots dans l’interl. 10 chez les Gallois ] ajouté dans l’interl. 10–11 aveugle & immuable ] ajouté dans l’interl. 〈est〉 12–13 cosmogonique ... Druides & ] cosmogonique 〈dont la forme〉 qui ... & cette dernière partie de la phrase dans la marge de gauche
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mais cette opposition ne devient toutefois sensible & importante que postérieurement aux poèmes d’Homère. L’Iliade & l’Odyssée nous montrent les a
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planétaire. les Emblèmes sacerdotaux survivent à la croyance & ce n’est que par une intolérance de plusieurs Siècles qu’ils sont enveloppés dans une ruine commune.» Voir cidessus, p. 280. Voir ci-dessus, p. 284. Voir ci-dessus à partir de la p. 294. BC y parle du même problème, mais utilise une autre forme de démonstration. La note n’est pas conservée. Elle renvoyait sans doute à Pline l’Ancien. Voir ci-dessus, p. 284, n. h.
541
Fragments de textes
tribus grecques avec des institutions des mœurs, une religion presque identiques.
Livre fo 141ro
VII,
chapitre 631
IV
Ch. 4. du point de vue sous lequel nous envisagerons le Polythéisme des tems héroïques. nous allons maintenant présenter à nos lecteurs le tableau de la mythologie Homérique, telle que la concevoient les peuplades grecques, encore barbares & ignorantes : nous écarterons toutes les interprétations historiques, philosophiques ou symboliques. la part de ces interprétations a été faite quand les vraisemblances d’après lesquelles on pouvoit admettre l’existence d’une caste & d’une religion sacerdotales chez les Grecs antérieurs au Siège de Troye, ont été indiquées. Nous aurons à offrir à cet égard de nouveaux développements, quand nous parlerons d’Hésiode, quand nous traiterons de la philosophie, & surtout quand nous arriverons à la décadence du polythéisme. Mais si nous nous lancions maintenant dans cette carrière, nous confondrions des notions qui doivent rester absolument séparées. Il s’agit de bien comprendre ce qu’est la croyance populaire à l’époque que nous déÉtablissement du texte : Manuscrit : 63. Co 4725, fo 141ro. 10 nous écarterons ] 〈en〉 écart〈ant〉 nous ce mot dans l’interl. écarterons partiellement récrit sur la terminaison du participe 11–12 symboliques. ... d’après ] symboliques. 〈Nous avons fait〉 la part ... a été faite, ces trois derniers mots dans l’interl. quand 〈nous avons indiqué〉 les vraisemblances 〈qui semblent indiquer〉 d’après 14 ont été indiquées. Nous ... de nouveaux ] ont été indiquées ces trois mots dans l’interl. 〈la marche des idées religieuses illis. définitions qui sont le résultat illis. du travail de l’intelligence, de l’adoucissement des mœurs, & de la illis. des peuples entr’eux〉 nous 〈illis. a la illis. nécessité d’[...]tion〉 aurons à offrir à cet égard 〈dans〉 de nouveaux 1
Nous reproduisons ce texte dans ce dossier, bien que nous ayons introduit les variantes dans l’apparat du chapitre IV du livre VII, pour permettre une lecture plus facile. Il s’agit d’une grande feuille de 250 × 200 mm, papier épais, en mauvais état de conservation. On pourrait penser qu’elle faisait partie du même ms. que la feuille du dossier Co 3435/19. BC copie un manuscrit (sur fiches ?) précédent, et corrige, en le copiant, son texte. Les phrases biffées, partiellement indéchiffrables, trahissent un souci de corriger le style et de faire disparaître quelques maladresses. La version définitive est très proche de celle que nous lisons ici. Voir ci-dessus, à partir de la p. 312.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
crivons, & quel est le travail du sentiment religieux sur cette croyance. Or, ici rien n’est occulte, rien n’est scientifique, rien n’est mystérieux. Le symbole même, langage convenu pour le sacerdoce et ses initiés, n’est pour la foule qu’une langue dont tous les termes ont un sens littéral, positif, conforme à ses apparences extérieures. Qu’on ne vienne donc point nous dire que nous prenons le Polythéisme Homérique trop materiellement : nous le prenons ici comme le concevaient les Grecs des tems héroïques, & nous répétons ici notre maxime fondamentale : Une religion est toujours pour un peuple telle que ce peuple la conçoit. ceci n’est point une opinion personnelle ou trop légérement hazardée.
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641 fo 4ro
Cet aveu nous suffit a. Nous n’avons point à rechercher de ce qu’Ho[mère] a pensé, mais de ce qu’il a dit pour se conformer aux pensées contemporaines. Ce sont ces pensées qu’il est essentiel de connoître, c’est l’influence a
Il ne reste guères qu’un homme dans le monde savant, si toutefois, il en fait partie, qui persiste à ne voir dans les poèmes homériques que le développement d’un vaste & universel symbôle. Achille, à l’entendre, n’est point dans l’intention d’Homère un être individuel, mais une force symbolique, comme Mithras ou Crishna. les amours d’Hélène ne sont plus, soit un fait historique, soit une fiction que la poésie avoit empruntée aux traditions fabuleuses. C’est la lutte du froid & du chaud, du sec & de l’humide, du jour & des ténèbres, du bien & du mal. Grand bien lui fasse ! un érudit allemand ne prétend-il pas que l’anesse de Balaam n’étoit autre qu’Orphée ? libre à chacun de rêver à sa guise, pourvu qu’il s’en tienne a` des rêves sur l’antiquité. Rien, jusques là n’est plus innocent. mais quand on veut appliquer ces rêves aux tems modernes, & qu’on cite a faux les ouvrages anciens, pour forger au nom du symbole des fers à tous les peuples, au profit de la Caste qui les a opprimés depuis quatre mille ans, la chose devient alors un peu moins innocente. Établissement du texte : Manuscrit : 64. Co 4725, fo 4ro.
1–2 Or, ici rien ] Or, 〈dans cette croyance, & dans les changemens que le Sentiment religieux lui fait éprouver〉 ici ce dernier mot dans l’interl. rien 3 pour ] dans l’interl., au-dessus du trou dans le papier n’est pour la foule que ... ont ] n’est pour la foule que les mots n’ et que ajoutés dans l’espacement et dans la marge 〈des croyans〉 une langue dont tous ce dernier mot dans l’interl. les 〈expressions〉 termes ce dernier mot dans l’interl. ont 7 comme ] comme 〈les Gr〉 10 trop légérement hazardée. ] ces mots écrits en travers dans la marge de gauche 12–13 Nous ... pensé. ] 〈ce qu’ils quelques mots illis.〉 Nous n’avons point 〈quelques mots illis. qu’il〉 à rechercher ce qu’Homère ces cinq mots dans l’interl. a pensé. 14 qu’il est essentiel ] qu’il 〈nous importe〉 est essentiel ces deux mots dans l’interl. 15 guères ] 〈donc〉 guères ce mot dans l’interl. 21–22 un érudit ... Orphée ? ] phrase ajoutée dans la marge de gauche 24 qu’on cite ... pour ] passage ajouté dans la marge de gauche 26 mille ans, la chose ] mille ans, 〈quand on cite à faux les ouvrages un mot illis pour tromper en les quelques mots illis.,〉 la chose 1
Voir ci-dessus, p. 316. Passage identique.
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Fragments de textes
de ces pensées qu’il nous importe d’examiner1. Livre fo 111vo
VII,
chapitre 652
VI
[...] à Saturne a c’est a dire remontoit bien plus haut que la mythologie Homérique, & c’est de chez les Hyperboréens que la tradition fait arriver Latone à Délos sous la forme d’une louve b. Nos lecteurs ont pu remarquer que le Sauvage repugne à attribuer à sa Divinité sa propre figure. Placant, comme [...]
5
663 fo 123ro
[plu]sieurs Divinités Grecques, ailées dans l’origine, cessèrent de l’être dans les descriptions des poêtes & sous le ciseau des Statuaires c. a b
c
Apollon. Rhod. I. 103. Aristot. Hist. Anim. VI. 35. Ælien Hist. Anim. 44. Pausanias vit à Phigalie en Arcadie une Divinité qui avoit la figure d’un poisson, mais les habitans ne savoient pas précisément quelle Divinité c’étoit, tant ce genre de Divinités étoit peu dans l’esprit grec. Arcad. 415. [...] E´tablissement du texte : Manuscrits : 65. Co 4725, fo 111ro.
66. Co 4725, fo 123ro.
4 à Saturne ] à la hauteur de cette première ligne, dans l’angle gauche, l’ancienne pagination 842 remontoit ] à la hauteur de ce mot l’ajout suivant qui est appelé par une croix après le mot louve ; la formulation est provisoire mais dans les religions sacerdotales le fétichisme introduit en sous ordre se prolonge jusqu’au milieu de la civilisation. suit une phrase de 5 ou 6 mots, inachevée et illis. leur (?) p[... ...] & les tr[...] 1 2
3 4
5
BC prévoyait une note qu’il n’a pas rédigée. Il s’agit d’une p. 842 d’un grand ms sur la religion qui concerne un état précédent d’un passage du livre VI, chap. VII, dont nous retrouvons une trace dans le texte imprimé. Voir cidessus, p. 319. Reste d’un passage sur les divinités ailées des Grecs dont il est question dans le contexte d’une réflexion sur l’allégorie. Voir ci-dessus, p. 322. La note prévue n’est pas conservée. BC renvoie à un conte résumé par Aristote, Historia animalium, livre VI, chap. 35 : «On prétend que les louves mettent bas toutes ensembles durant douze jours chaque année ; et l’on explique le fait par la fable suivante : c’est le nombre de jours pendant lesquels on a fait voyager de chez les Hyperboréens jusqu’à Délos Létô metamorphosée en louve par crainte d’Héra.» (Aristote, Histoire des Animaux, t. II, livres V-VII, texte établi et traduit par Pierre Louis, Paris : Belles Lettres, 1968, pp. 128–129). – Le renvoi à Élien concerne son ouvrage De natura animalium, livre X, chap. 26 qui raconte la même légende. Voir Pausanias, Arcadie, 41, 6. BC exploite sans doute une source non identifiée, car Pausanias dit seulement sur la divinité, moitié femme, moitié poisson, qu’elle pouvait représenter une fille d’Océan, rien de plus.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
671 fo 57vo
[Mi]nerve se complait dans les cornes dorées des Vaches. Od.
III.
438
Les Dieux dit Menelas, me retiennent en Egypte, car je ne leur avais pas fait des hécatombes, & ils exigent sans cesse des mortels des marques de souvenir. Od. IV. 352–353.
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Ajax puni par Neptune de s’être vanté qu’il échapperait malgre les Dieux. Od. IV. 499–511. Livre fo 48ro
VII,
chapitre 682
VIII
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La beauté des Déesses est due à l’huile d’ambroisie a, à cette huile immortelle Qui donne à leurs charmes un nouvel éclat ; la pureté de leur sang, à ce que la même ambroisie remplace le froment brisé sous la pierre & la grappe foulée par le vendangeur b :
15
693 des moyens employés par les Grecs pour connoître l’avenir
fo 146ro
Quelles que soient les transactions, quelles que soient les doctrines, les hommes doivent chercher des moyens de connoître cette destinée qui plane sur eux. Ces moyens ne sont pas toujours les mêmes dans les deux espèces de Polythéisme. a b
Odyss. v. 211–218. Iliad. V, 339. Établissement du texte : Manuscrits : 67. Co 4725, fo 57ro. 69. Co 4725, fo 146ro et Co 3293, Q3/12, fo 10ro.
25
68. Co 4725, fo 48ro.
2–6 Minerve ... 352–353. ] ces deux notes barrées par des traits obliques côté de cette phrase la note dans le liv. suivt 1 2 3
20
7 Ajax puni ] à
Voir ci-dessus, p. 328, et pour le renvoi à l’Odyssée, IV, 352–353, p. 329, n. d. Voir ci-dessus, p. 339. Le texte est quasiment indentique. Les renvois qu’on trouve sur cette fiche confirment notre correction des renvois perturbés autour de la p. indiquée. Voir ci-dessus, pp. 351–352.
Fragments de textes
o
f 10r
o
545
Celui qui est independant des prêtres place au 1er rang les communications immédiates & directes. nous avons montré dans notre 2d vol. combien les poèmes homériques les mettent au dessus de celles qui sont obtenues par l’entremise des prêtres. (T. 2. p. 293–2941) aux communications que le sacerdoce quelque peu d’influence qu’il possède, cherchent toujours a supplanter, parce quelles lui sont le moins profitables se joint la divination & l’on voit paraitre plutard l’institution des Oracles, institution dont l’idée 1ere vint probablement des pays sacerdotaux puisque tous les oracles de Grece se rattachent a ceux d’ethiopie & d’Egypte. mais la divination resta toujours en Grèce une Science tres subalterne & même dedaignée. nous voyons Polydamas dans Homère parler avec mépris du vol des oiseaux a. S’il n’en fut pas de meme à Rome, la différence venoit, comme nous le prouverons plus tard –– politique. Quant aux oracles [...]
a
[...]2
1
OCBC, Œuvres, t. XVIII, p. 208. Voir ci-dessus, p. 352, le texte de la note.
2
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7/1. Suite d’idées pour le Grand manuscrit. Le folio est fabriqué de deux fragments d’un manuscrit découpé. On reconnaît dans la marge de gauche sur ce morceau le reste d’une espèce de titre courant qui indique, en dessous de deux doubles traits le chapitre en question. BCU, Co 3478, Q1/7, ro.
[Suites d’idées pour le tome III de De la Religion] 1825–1827
7/2. Suite d’idées pour le Grand manuscrit. On reconnaît dans la marge de gauche l’ancien titre courant qui indique, encadré de deux doubles traits, le livre et audessous le chapitre en question. BCU, Co 3478, Q1/7, vo.
Introduction
Une des particularités de l’écriture de Benjamin Constant consiste dans ceci qu’il rédige des schémas qu’il appelle «suite d’idées». La rédaction de ces documents purement techniques peut précéder ou suivre le texte en cause, ce qui signifie qu’ils peuvent servir à faciliter la composition d’un texte ou, au contraire, à s’orienter plus rapidement dans un chapitre déjà rédigé. Ils se lisent comme une table des matières détaillée, et indiquent par conséquent les pages du manuscrit, quelquefois aussi de l’imprimé. Les documents qui suivent concernent tous le tome III de De la Religion. Il s’agit soit de brouillons, soit de fragments de textes autrefois plus développés. Ils permettent d’analyser certains détails de la composition de l’ouvrage ou de connaître quelques circonstances particulières de l’écriture pour lesquelles nous ne disposons plus de manuscrits.
I
Suite d’idées pour un chapitre du tome De la Religion
III
de
Le texte analyse un chapitre qui parle du pouvoir des prêtres dans les religions sacerdotales, qu’on pourrait placer dans le livre VI. Les entrées sont numérotées en continu et renvoient aux pages d’un manuscrit que nous ne possédons plus. Le texte n’est datable que très approximativement. Nous supposons, puisque les renvois ne visent ni le manuscrit sur fiches ni le Grand manuscrit, que Constant travaille avec un document d’avant 1825.
II
Suite d’idées pour le premier chapitre du livre VI La suite d’idées pour le chapitre premier du livre VI retrace une argumentation très familière à Benjamin Constant. On la retrouvera dans le texte définitif aux deuxième et troisième chapitres de ce même livre VI, entourée de réflexions qui ne sont pas esquissées ici. La transposition s’explique surtout par les circonstances nouvelles évoquées dans le premier chapitre de la version imprimée, où Constant essaie de répondre d’avance a` des atta-
550
De la Religion, III – Textes complémentaires
ques possibles pour prévenir des mesures de la censure qui menace la publication de son ouvrage depuis la parution du premier volume. Au verso de la feuille, on trouve le titre du livre VI et celui du premier chapitre de ce même livre. La formulation sera adoptée sans changement dans la version imprimée. La datation de cette feuille ne peut être qu’approximative. Nous la plaçons autour de la publication du tome II de De la Religion.
III
Suite d’idées pour le chapitre 5 du livre
VI
Cette feuille est un document de travail qui nous fournit quelques détails intéressants relatifs à la rédaction définitive du chapitre V consacré à la religion de l’Inde. Le plan se rapporte à un manuscrit sur fiches avec un système de numérotation très souple. Celle-ci recommence à chaque chapitre avec le numéro 1, ce qui facilite considérablement le déplacement de chapitres entiers, une correction des détails de la numérotation étant superflue. C’est le système de numérotation que nous trouvons dans les premiers manuscrits sur fiches pour le livre VI. La suite d’idées que nous reproduisons ci-dessous correspond dans une large mesure au texte définitif que nous lisons dans le volume imprimé. Ce que nous ne pouvons pas reconstituer, ce sont les détails de la démonstration, en particulier les changements éventuels apportés au texte lui même, les matériaux ajoutés à l’appui de l’argumentation. Mais nous reconnaissons très clairement les structures fondamentales du chapitre définitif dans le plan esquissé sur cette feuille. Ajoutons encore à l’appui d’une datation autour de la fin de 1825 que cette suite d’idées sera reprise et développée en tête du manuscrit intitulé Recherches sur l’Inde. Il s’agit d’un texte pour organiser la rédaction difficile du chapitre sur l’Inde, qui commence en 1826. Les renvois aux pages du manuscrit, sans utilité dans le nouveau contexte, n’y apparaissent plus, tandis que la numérotation des entrées est développée.
IV
Plan des chapitres du livre
VI
Le plan des quatre premiers chapitres du livre VI de De la Religion présuppose l’existence d’un manuscrit déjà élaboré. Au lieu de renvoyer aux pages de ce manuscrit, les passages concernés sont définis par les premiers et
551
Suites d’idées – Introduction
derniers mots du texte. Nous retrouverons trois des titres dans l’imprimé, mais les textes cités ne correspondent plus à la rédaction définitive. Les versions attestées par le manuscrit sur fiches ou le Grand manuscrit semblent précéder ce plan. Nous datons cette feuille de 1826. V
Suite d’idées de la première version du livre VI, «Des élements constitutifs du polythéisme sacerdotal» Après avoir rédigé une version cohérente du livre VI et après avoir fait copier ce livre, Constant se propose, comme il l’avait fait pour d’autres parties de son ouvrage, de rédiger une suite d’idées de son texte pour pouvoir retrouver plus commodément les passages qu’il désirait relire1. Le manuscrit que nous reproduisons est le fragment d’un répertoire sans doute plus développé. Les entrées numérotées concernent les trois premiers chapitres du livre VI et renvoient, en indiquant la page, non pas à l’ouvrage imprimé, mais au Grand manuscrit de De la Religion. Les notes de la suite d’idées sont rédigées sur de petites doubles-feuilles emboîtées qui formaient des cahiers faciles à manier. Les trois cahiers que nous pouvons reconstituer comprennent cinq, une et six doubles-feuilles de petit format. Les trois demi-feuilles, trois pages droites consécutives d’anciennes doubles-feuilles (numérotées 15, 14 et 13), permettent de reconstituer la séquence d’un cahier. La page de gauche isolée (16) n’offre pas d’éléments pour une hypothèse de ce genre. Le nombre des entrées attestées présuppose un manuscrit de huit petits cahiers environ. Il se peut d’ailleurs que Constant ait parfois employé des feuilles simples.
Tableau récapitulatif partiel o
f 1/1 fo 2/1 fo 3/1 fo 4/1 fo *5/1 fo *5/2 fo 4/2 1
1 2 3 4 * 5 * 6 7
1 1 1 1
2
fo 7/1 fo 8/1 fo 9/1 fo 10/1 fo 11/1 fo *12/1 fo *12/2
47 48 49 50 51 * 52 * 53
14 14 14 15 15
Voir un autre exemple complet OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 387–413. On trouve une autre suite d’idées pour les livres IX-XII (468 numéros) dans BnF, NAF 18823, fos 20–37.
552 fo 3/2 fo *2/2 fo *1/2 fo *6/1 fo 6/2
De la Religion, III – Textes complémentaires
8 9 * 10 * 11 12
2
*
–
fo 11/2 fo 10/2 fo 9/2 fo 8/2 fo 7/2
54 55 56 57 58
16 16 16 17 17
Le tableau ci-dessus résume, à titre d’exemple, la description des trois premiers cahiers ; les numéros des folios dans les première et quatrième colonnes désignent les doubles-feuilles, moitié gauche ou droite (1/1 ; 1/2, etc.), les chiffres des deuxième et cinquième colonnes, les numéros des entrées et ceux des troisième et sixième colonnes, les pages du manuscrit. Les chiffres précédés d’un astérisque en exposant désignent des restitutions hypothétiques. Le texte est datable de 1826.
VI
Suite d’idées des chapitres VI-VII du livre VI et du chapitre premier du livre VII du Grand manuscrit du tome III de De la Religion Ce document fait suite au texte précédent. La numérotation est en continu, la pagination à droite renvoie au Grand manuscrit. L’orientation dans ce manuscrit sans doute volumineux de cette suite d’idées est assurée en citant les titres des livres et des chapitres. Le folio, fabriqué de deux fragments d’un manuscrit découpé, porte recto et verso des entrées qui concernent les livres VI et VII du Grand manuscrit, les chapitres VI et VII du livre VI et le chapitre I du livre suivant. Les numéros du verso sont biffés d’un grand traint vertical et représentent la suite d’idées du chapitre VI du livre VI et le chapitre premier du livre VII, ceux du recto concernent le chapitre VII du livre VI intitulé «Encore un mot sur le théisme des Hébreux». On reconnaît dans la marge de gauche sur les deux morceaux une espèce de titre courant qui indique, encadré de deux doubles traits, le livre et au-dessous le chapitre en question. Nous pouvons dater à l’aide de ces fragments l’élimination du chapitre sur le théisme hébraïque de 1826. Soulignons que les entrées du recto représentent un état du texte qui comprenait encore le chapitre sur le théisme hébraq¨ue, celles du verso sont sans doute très proche de ce même texte. Nous supposons que des corrections que nous ne pouvons préciser sont la cause de l’élimination de ces fragments pour en faire des fiches. Nous proposons de dater ce texte de 1826.
553
Suites d’idées – Introduction VII
Suite d’idées pour le livre VI, chapitre du tome III de De la Religion
V
La suite d’idées pour le chapitre V du livre VI est inscrite dans les colonnes de gauche du manuscrit qui précède immédiatement l’impression. Elle a été établie sans doute au cours du travail de rédaction de cette dernière mouture du texte, où les corrections abondent et risquent même de supplanter les entrées. Elles sont reconnaissables à la numérotation composée du signe §., suivi d’un numéro. Il est évident que Constant n’avait plus besoin, à ce stade du travail, d’un document détaché pour ce genre d’informations parce que la disposition conceptuelle était terminée et que le travail consistait surtout à surveiller la rédaction définitive et la correction des épreuves. La suite d’idées pour ce chapitre est donc une espèce de table des matières détaillée pour pouvoir maîtriser plus facilement le texte assez volumineux de ce chapitre. Nous datons ce manuscrit de 1827. VIII
Suite d’idées pour le livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion établie à partir des épreuves Ce folio abime´ et de petit format contient le fragment d’une suite d’idées établie sans doute à partir des épreuves du chapitre V du livre VI, car les entrées sont regroupées à l’aide de deux grandes accolades qui représentent les feuilles composées, c’est-à-dire les cahiers de l’ouvrage. Les trois dernières entrées sont attribuées à une «feuille 8», les douze premières renvoient par conséquent à la feuille précédente. Les pages indiquées précisent que la mise en page a déjà eu lieu. Le contenu analysé correspond au texte imprimé. Notons toutefois qu’il y a un léger décalage de quelques pages pour chacune des deux séries, ce qui indique que BC a corrigé son texte en l’élargissant. Les recoupements de cette suite d’idées avec la précédente sont évidents. Nous datons ce manuscrit de 1827. IX
Suite d’idées du chapitre VII du livre et ordre de travail
VI
Cette «Suite d’idées du chapitre VII», complétée par une note relative au travail à faire à une date inconnue, mais sans aucun doute pas très éloignée de celle de la «Suite d’idées», est pour nous un des rares documents qui nous permettent de préciser quelques circonstances de la rédaction finale du tome III. Nous savons que Constant avait fait imprimer le texte de son
554
De la Religion, III – Textes complémentaires
ouvrage «en placards»1, c’est-à-dire sur de grandes feuilles qui permettaient la correction de ces épreuves provisoires avant de procéder à la mise en page a` proprement parler. Nous savons aussi que cette mise en page avait commencé au début de l’année 1827 et qu’elle avançait régulièrement2. Mais à un moment donné, et pour des raisons que nous ne connaissons pas, Constant fait arrêter la mise en page de ce volume pour pouvoir ajouter au livre VI un nouveau chapitre VII, à rédiger en partant de matériaux déjà existants, même déjà composés en partie sur des placards. Le manuscrit de ce travail de composition nous est connu3. La «Suite d’idées» notée au dos de la lettre d’un certain Emile Roques4 et datée du 16 juin 1827 nous permet de connaître la date approximative du début de ce travail : avant le 16 juin, date vers laquelle Constant avait déjà rédigé au moins douze pages de nouveau chapitre dont l’argumentation suit exactement celle esquissée sur cette feuille, en renvoyant aux pages du manuscrit. La note sur le «travail a` faire demain» doit être postérieure de quelques jours à l’entrée précédente, sans que l’on puisse le préciser davantage. Nous comprenons néanmoins que la correction des épreuves du premier volume des Discours à la Chambre des députés, qui paraîtra le 10 juillet 1827, se fait en même temps que celle du tome III de De la Religion. Nous croyons trouver dans cette note aussi un indice pour supposer que la rédaction du nouveau chapitre VII a été interrompue, parce que Constant se propose de relire «la partie faite» et de compléter la relecture par de nouvelles recherches dans ses dossiers. Ces recherches étaient destinées à lui permettre d’en achever la rédaction, qui devait se faire d’urgence. Le dépôt légal du tome III est annoncé le 13 août 1827, ce qui désigne le terminus ante quem de la notice. Établissement des textes Manuscrits : 1. [Suite d’idées pour un chapitre à placer dans le tome III de De la Religion]. BnF, NAF 18823, fo 71vo. 1 fo, 1 p. a. de grand format. Date proposée : 1825. Hofmann, Catalogue, non répertorié. 1
2 3 4
C’est une technique habituelle chez BC. Nous savons qu’il l’a largement utilisée pour la composition du t. II (voir OCBC, Œuvres, t. XVIII, pp. 459–499 et t. XVII, les notes du Carnet de notes, pp. 478, 494, 525, 530, 541–542, 545 pour le t. II, et pp. 610 et 612 pour le t. III de De la Religion). Voir la lettre de BC à Béchet écrite avant le 21 janvier 1827. Voir ci-dessus, notre Introduction 105–107. Non identifié.
555
Suites d’idées – Introduction
2. [Suite d’idées pour le premier chapitre du livre BnF, NAF 18823, fo 49. 1 fo, 2 pp. a., 200 × 155 mm. Date proposée : 1825. Hofmann, Catalogue, IV/141.
VI].
3. [Suite d’idées pour le chapitre V du livre VI]. BCU, Co 4726. 1 fo, 1 p. a., 310 × 195 mm. Entrées numérotées de 1 à 22, avec à chaque fois le renvoi aux numéros du manuscrit sur fiches auxquels elles se rapportent. Au verso une addition. Date proposée : 1825. Hofmann, Catalogue, IV/149. 4. [Plan des chapitres du livre BCU, Co 3470, fo 5. 1 fo, 1 p. a., 175 × 145 mm. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/161.
VI].
5. [Suite d’idées de la version du Grand manuscrit du livre VI, «Des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotale»]. BCU, Co 3435/2. 21 fos, 21 pp. a., 155 × 95 mm, qui forment plusieurs cahiers. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/154. 6. [Suite d’idées des chapitres VI–VII du livre VI et du chapitre premier du livre VII du Grand manuscrit]. BCU, Co 3478. 1 fo, 2 pp. a., 195 × 160 mm. Il s’agit de deux fiches collées par des cachets de cire. L’ordre des entrées numérotées est perturbé. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/148. 7. [Suite d’idées pour le livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion]. BnF, NAF 18825, fos 1–92. Les entrées se trouvent dans les colonnes de gauche de ce manuscrit, à côté des endroits auxquels elles se rapportent. Elles sont numérotées en continu, les numéros sont reconnaissables au signe § qui les précède. Quelques lacunes dans la numérotation s’expliquent par le travail de rédaction qui se poursuit jusqu’au moment de l’impression et au cours duquel Constant a éliminé un certain nombre de feuilles pour les remplacer par une nouvelle
556
De la Religion, III – Textes complémentaires
rédaction du passage. Date proposée : début 1827. Hofmann, Catalogue, IV/170. 8. [Suite d’idées pour le livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion]. BCU, Co 3293, Q3/14. 1 fo, 1 p. a.. 140 × 95 mm. Reste d’une suite d’idées établie à partir des épreuves de l’ouvrage. Les entrées sont regroupées à l’aide de deux grandes accolades. Date proposée : 1827. Hofmann, Catalogue, IV/69. 9. [Suite d’idées du chapitre VII du livre VI et ordre de travail]. BCU, Co 3717. 1 fo, 1 p. a., 260 × 205 mm. Au verso une lettre d’Emile Roque du 19 juin 1827. Les sept entrées renvoient à un manuscrit déjà existant, identique à celui que nous connaissons pour la dernière rédaction de ce chapitre VII. L’ordre de travail mentionne plusieurs choses à régler, dont la correction des épreuves de ses Discours. Date proposée : juin 1827. Hofmann, Catalogue, IV/208. K. K.
Suite d’idées pour un manuscrit
557
I
[Suite d’idées pour un manuscrit du tome III de De la Religion]
fo 71vo
[22.] [...] qu’il en acquière quand l’home sort de cet état ? 23. Caractère de la cause qui doit résoudre cette question. 24. Si le sacerdoce eut jouï partout d’une influence sans bornes, on pourroit en chercher la cause dans le cœur de l’homme. 25. S’il eut été partout borné l’on attribueroit ses bornes à des circonstances ou à des obstacles accidentels. 26. mais dans plusieurs pays son autorité a été presqu’illimitée, tandisque dans d’autres, il n’en a eu presqu’aucune 27. ce n’est donc pas dans le cœur humain ni dans quelque circonstance passagère qu’il faut chercher la cause de ces divergences 28. faut-il la chercher dans le climat ? 29. le climat qui permet à l’homme l’oisiveté & le dispose à la contemplation favorise le pouvoir des prêtres. 30. mais le sacerdoce a été [...]
Établissement du texte : Manuscrit : BnF, NAF 18823, fo 71vo.
31–33. 34–35.
5
36–36bis 36ter–36IV
10
36V–36VI 15 VII
36 37. 37–38bis 20
558
De la Religion, III – Textes complémentaires
II o
er
1 Ch. du Liv. 6
o
f 49r
1o˙ 2o˙ 3o˙ 4o˙ 5o˙ 6o˙
7o˙
8o˙ 9o˙
fo 49vo
partie populaire & publique du Polythéisme Sacerdotal. Partie secrète. de quoi elle se compose. d’abord des connoissances des prêtres en astronomie & en physique. d’hypothèses cosmogoniques & astronomiques, assignant les causes de l’existence du monde & de ses phénomènes & astronomiques. des systêmes métaphysiques, sur les causes de la création & de l’ordonnance de l’univers & par suite sur sa destination & celle de la race humaine. Exposé des différens systêmes de métaphysique que l’intelligence peut concevoir, & distinction entre ceux des systêmes que les prêtres peuvent admettre dans leur doctrine secrete & ceux qu’ils doivent repousser. Résultat de ceci relativement à la doctrine secrète des Prêtres. Combinaison de cette doctrine secrete avec la religion populaire.
5
10
15
Livre 6 des élemens constitutifs du Polythéisme sacerdotal.
20
Ch. 1. de la combinaison du culte des elemens & des astres avec celui des Fétiches. 25
Établissement du texte : Manuscrit : BnF, NAF 18823, fo 49.
559
Suite d’idées pour le chapitre V du livre VI
III
[Suite d’idées pour le chapitre
V
du livre
VI]
Indes – grandes divisions
fo 1ro
1. Même combinaison qu’en Egypte. moins facile à reconnoître. l’histoire de l’Inde un chaos. on pourroit inférer de ce que les Indiens existent encore avec les mêmes mœurs & la religion qu’autrefois, qu’il est plus facile de parvenir à la vérité, mais ce qui fait que les Indiens existent encore est précisément l’une des principales raisons des difficultés des obstacles qui s’opposent à ce que leur religion nous soit bien connue. car cela vient de leur haine pour les étrangers & de leur repugnance à toute communication avec eux.
Nos 1–3.
2. Vedes originaux perdus. histoire de la transmission des Vedes.
4I–4XIII
3. Tous les livres Indiens, ouvrages de reformateurs & d’inspires, voulant modifier l’ancienne doctrine
4XIV–6bis
4. révolutions successives de la religion Indienne 5. fétichisme.
5
10
7–19. 20–20ter
6. Anthropomorphisme.
21
7. Science astronome. Mayer1
22
E´tablissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 4726.
3 Indes ] titre précédé de l’ébauche d’une suite d’idées pour le chap. 4 du même livre, puis du chapitre suivant sur l’Inde 〈Liv. 6. Ch. 4 Exemple de la combinaison ci dessus chez les Egyptiens Inde 1. la même combinaison – à reconnaître 2. Note. ce chap. – sont combinés. 3. l’ancienne histoire – de 2000 ans. les Indiens un peuple [illis.]〉 5 pourroit ... de ] pourroit 〈penser que〉 inférer 〈que〉 de 11 car cela ] car 〈cette〉 cela leur haine ] leur 〈haine〉 〈repugnance〉 haine 1
15
BC renvoie à Friedrich Majer, Mythologisches Lexicon, ouvrage qu’il possède dans sa bibliothèque et qu’il cite à plusieurs reprises.
20
560
De la Religion, III – Textes complémentaires
8. hypothèses métaphysiques.
23
9. Théisme.
23–23IX.
10. Panthéisme.
25–25IX
11. Dualisme.
25VII–25IX
12. Athéisme.
26–26bisB
13. Emanation. 14. ces doctrines reparties entre diverses ecoles. 15. Erreur de vouloir les réduire à l’Unité.
27–27
27IV 28–29
16. Théisme.
30–34IV
17. Panthéisme.
35–37X
18. Athéisme. 19. Identité de la combinaison Egyptienne & Indienne. 20. Cosmogonies Indiennes 21. Mélange de ces divers élémens aux Indes comme en Egypte 22. Resultat
5
ter
10
38 39–40 40bis–42 43–44 45 – fin.
15
561
Plan des chapitres du livre VI
IV
[Plan des chapitres du livre
VI]
Liv. VI. des élémens constitutifs du Polythéisme sacerdotal1
fo 5ro
Ch. 1. de la combinaison du Culte des élémens avec celui des fétiches2. nous avons –– par ces derniers3.
5
Ch. 2. Divinités principales des religions soumises aux Prêtres4. Dans les climats –– nécessaire d’indiquer5. Ch. 3. de la partie populaire des religions sacerdotales6. Les astres –– adorateurs particuliers7. Ch. 4. de la doctrine secrète dans ces mêmes religions8 La partie inférieure –– qu’une science9
Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3470, fo 5.
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Le titre du livre est identique à celui du texte imprimé. Le texte définitif ajoute un élément : «du culte des éléments et des astres». Le passage indiqué ici pourrait correspondre au texte de l’imprimé. La formulation de la fin du passage ne s’y trouve pourtant pas. Ce titre ne revient pas dans la version imprimée. Aucun passage n’a pu en être rapproché. C’est le titre du chapitre II de la version imprimée. Non identifié. ` rapprocher du titre du chapitre III de la version imprimée. A Non identifié.
10
562
De la Religion, III – Textes complémentaires
V
[Suite d’idées pour le livre VI, «Des éléments constitutifs du polythéisme sacerdotal»]
fo 1/1
1.
point auquel nous sommes parvenus1.
P 1.
[1]
fo 2/1
2.
indiqué la cause première du pouvoir sacerdotal.
1.
[1]
fo 3/1
3.
decrit son étendu.
1.
[1]
fo 4/1
4.
montré la marche que les prêtres ont intérêt à suivre
1
[1]
fo *5/1
[5.] [...]
fo *5/2
[6.] [...]
10
fo 4/2
7.
là où adoration des astres, astrolatrie.
2.
[6]
fo 3/2
8.
là où astrologie pas naturelle, culte des élémens.
2
[6]
fo *2/2
[9.] [...]
fo *1/2
[10.] [...]
fo *6/1
[11.] [...]
15
fo 6/2
12. & chez les Tribus
–
fo 7/1
47. Astronomie2
14
fo 8/1
48. Adoration des animaux
14 [53]
fo 9/1
49. Enumération des animaux adorés en Egypte. note3
14 [86]
[7] ?
Établissement du texte : Manuscrit : Co 3435/2. 17 47. ] dans l’angle gauche en haut le chiffre 5 1
2
3
5
Rappelons que nous avons ajouté entre crochets à la fin des entrées les numéros des pages de l’édition originale du t. III de De la Religion. On constatera facilement que cette suite d’idées est moins détaillée que celle du t. I de l’ouvrage signalée ci-dessus, p. 551, n. 1. Le chiffre 5 qu’on trouve dans l’angle gauche en haut (voir la variante) peut correspondre à la numérotation des cahiers. Cela signifie que notre folio 7 correspond à un folio 24 dans le ms. primitif. Idée reportée dans un autre contexte dans la version définitive.
563
Suite d’idées pour le livre VI fo 10/1
50. système sur la religion Egyptienne.
15. [56]
fo 11/1
51. Herodote
15. [56]
fo *12/1
[52.] [...]
fo *12/2
[53.] [...]
fo 11/2
54. Métamorphoses des Dieux.
16. [62]
fo 10/2
55. Les Dieux des étendarts
16. [62]
fo 9/2
56. Politique des Rois
16. [62]
fo 8/2
57. Utilité des espèces
17 [63]
fo 7/2
58. Efforts quand une religion est tombée, Pour deviner ce qui la rendoit sacrée
17 [63]
fo *13/1
[88.] [...]
fo *14/1
[89.] [...]
fo *15/1
[90.] [...]
fo 15/2
91. Apis
27 [74]
fo 14/2
92. Faits historiques mêlés à la religion Egyptienne.
27 [75]
fo 13/2
93. mort d’osiris, symbole Astronomique, peut etre commémoration d’un fait
fo 16/1
–
matériaux hétérogènes, couches pour ainsi dire superposées1
1
28 [75]
35
[?]
BC renvoie à la fin du deuxième chapitre de ce manuscrit. Nous n’avons pas réussi à vérifier si les faits résumés dans cette entrée sont restés dans le même contexte.
5
10
15
564
De la Religion, III – Textes complémentaires
VI
[Suite d’idées pour le Grand manuscrit du tome III de De la Religion]1
[Livre fo 1vo
fo 1ro
VI,
chapitres
VI-VII]
[176] [...] Perse ne prouveroit que plus son Polythéisme 177 haine des temples, pas une preuve du Théisme des Perses. 178 L’incendie des temples Grecs une repressaille. 179 authenticité des récits d’Hérodote à cet égard. 180 Sacrifices offerts par les Perses à plusieures Divinités, d’après Xenophone. 181 Aspasie ou Milto, sacrifiant à Vénus, preu[ve ...] [182–192] [...]
193 Ch. 7. encore un mot sur le Théisme des Hébreux. 194 Détails antérieurs sur les Hébreux rendant inutiles de longs développemens. 195 pourtant essayer de resoudre la difficulté de leur Théisme sans hypothèse surnaturelle. 196 Etat des Hébreux en Egypte. 197 écarter les traditions sur Abraham. 198 Commencer à Moyse. 199. Note sur Abraham. 200 Manière dont Moyse a pu être induit à leur imposer le Théisme.
70. 71. 71. 71.
10
ib.
76. 15
76. ib. ib. ib. 77. 76–77. 77.
Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3478. 5 Perse ... Polythéisme ] texte presque entièrement caché par le bord de la fiche supérieure, lisible contre la lumière 14 Ch. 7 ] à la hauteur de cette ligne, dans la marge de gauche, entre deux doubles barres, le chiffre 7 et au-dessous le chiffre 1 voir l’illustraion p. 548 1
5
Soulignons que la séquence reconstituée des entrées de cette suite d’idées ne veut pas suggérer qu’il s’agit d’un seul texte. Les lignes blanches entre les fragments signalent ce fait. Nous reproduisons néanmoins les entrées dans l’ordre des numéros puisque nous pensons, surtout à cause de l’identité de l’écriture, que les fragments appartiennent au même jet du travail de rédaction et peuvent pour cette raison être considérés comme un ensemble relativement cohérent. Rappelons, comme nous l’avons dit ci-dessus, p. 552, que cette suite d’idée permet d’affimer que le chapitre sur le théisme hébraïque a été éliminé assez tard.
20
Suite d’idées pour le Grand manuscrit
201 Que nous ne contredisons pas ce que nous avons dit dans le 2d vol. de la pureté du Théisme Juif. 202. circonstances favorables au Théisme dans la position des Hébreux. 203. passage de Denys d’Halicarnasse sur la tendance à l’unité des peuples même polythéistes, dans les grands dangers. 204. l’unité de Dieu chez les Hébreux d’abord une unité relative. 205. preuve de cette vérité par les faits. note. 207. tendance des Hébreux vers le polythéisme malgré leur Théisme. [208–216] [...]
fo 1vo
217. Bizarrerie du désir des Théologiens d’attribuer (?) le Théisme à tous les peuples.
[Livre
VII,
565 78. 79 5
79–80. 81. 81.
10
82–83.
88–89.
15
chapitre I]
218. Livre 7. Des élémens constitutifs du Polythéisme indépendant de la direction Sacerdotale, comparée a ceux des religions soumises au Sacerdoce. 219 Ch. 1. que la combinaison décrite dans le livre précédent est étrangère au Polythéisme qui n’est pas soumis aux Prêtres. 220. la croyance des peuples indépendans point un amalgame de fétichisme & de Science. 221. disproportion dans les religions sacerdotales entre notions religeuses & idées contemporaines soit en plus soit en moins.
90. 20
90. ib. 25
92.
17 Livre 7 ] à la hauteur de cette ligne, dans la marge de gauche, au-dessous d’une double barre, le chiffre 7 reste de l’ancien titre courant ; voir l’illustration p. 548
566
De la Religion, III – Textes complémentaires
VII
[Suite d’idées pour le Livre VI, chapitre V tome III de De la Religion]
fo 1
fo 3 fo 4 fo 5 fo 6
fo 7
fo 8
fo 9
fo 10 fo 12 fo 13 fo 14
§. 1. que la même combinaison, moins facile à reconnoître, se trouve dans la religion de l’Inde. §. 2. circonstance, favorable en apparence, défavorable au fonds, à la connoissance de cette religion. §. 3. Indiens, un peuple encore existant. §. 4. monumens de la religion Indienne. §. 5. Enumeration de ces monumens. §. 6. les Vèdes. §. 7. les Pouranas. §. 8. les épopées. §. 9. les commentaires des diverses Sectes. §. 10. Rècits de la transmission des Vèdes suivant les Brames. §. 11. Les 4 vedes écrits par Brama. §. 12. Six commentaires, les 6 Angas. §. 13. nouveaux commentaires, les 4 Apavèdes. §. 14. nouvelle rédaction par cinq inspirés, dont les deux 1ers, Vyasa & Menou. §. 15. Note sur Vyasa. §. 16. ces traditions prouvent dans tous les cas des refontes fréquentes de la religion Indienne. §. 17. Déclarations de Wilford. §. 18. Ces monumens servent de texte à différens systêmes de philosophie, tous différens de la religion populaire. §. 19. Le Néardirsen. §. 20. le Bhaguat Gita. §. 21. les ouvrages sont à la religion populaire ce que sont au polythéisme Grec & romain les ouvrages des nouveaux Platoniciens1. §. 22. Citation du traducteur du Bhagvat Gita. §. 23. Révolutions subies par la religion Indienne. §. 24. cinq ou au moins 4. le Bramaïsme, le Schivaïsme, le Wichnouïsme & le Bouddhaïsme. §. 25. Note sur le massacre des Bouddhistes. E´tablissement du texte : Manuscrit : BnF, NAF 18825. 1
Soulignons que les idées de BC sur ce sujet se lisent dj´à dans des ms. antérieurs à 1824 (voir Co 3419bis, fo 42). On trouvera le texte dans OCBC, Œuvres, t. XVI.
5
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Suite d’idées pour le Livre VI, chapitre V fo 15
fo 17
fo 18 fo 19
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fo 28 fo 30 fo 32 fo 33 fo 35
fo 37 fo 38 fo 39 fo 40
567
§. 26. Vestige de ces révolutions, temples détruits, Dieux démons, prêtres sorciers. §. 27. Sacrifices humains prescrits par les Vèdes & tombés en désuétude. §: 28. les Incarnations Indiennes des époques de réforme. §. 29. Vèdes corrigés par Wichnou. §. 30. Cérémonies obscènes proscrites par Crishna. §. 31. Abolition du Systême des Vèdes par Bouddha. §. 32. Détails sur les traditions relatives à Buddha. §. 33. confondu par quelques uns avec Baouth. §. 34. Difficulté de la question. §. 35. D’une part Quelques portions du Culte de Baouth plus anciennes que le Bramaïsme, car plus grossières. §. 36. D’une autre part l’abolition des castes certainement postérieure à leur établissement. §. 37. Supposition probable, 2 Bouddhas, l’un antérieur au Bramaïsme, l’autre postérieur. §. 38. Légende de Buddha. §. 39. Cette légende tout à fait Indienne. §. 40. Ressemblance extrême du Bramaïsme & du Bouddhaïsme dans tout ce qui n’est pas la doctrine. §. 41. conformité des livres Bouddhistes avec les épopées des Indiens. §. 42. Effet de cette Sucession non interrompue de réformes pour rendre la religion Indienne un Chaos. §. 43. Cependant mêmes élémens que dans la religion Egyptienne. §. 44. Fétichisme. Culte des arbres, des pierres, des animaux. §. 45. Détails sur le culte des pièrres. §. 46. Détails sur les culte des Tauraux sacrés & autres animaux adorés par les Indiens. §. 47. Réminiscences de Fétichisme dans la secte plus moderne des Djainas. §. 48. Indiens nomades n’adorent que des fétiches individuels. §. 49. association du fétichisme à l’antropomorphisme. §. 50 Culte des astres. §. 51. les Astres l’origine des Védes. §. 52. Astronomie. §. 53. l’histoire de Crischna toute astronomique. §. 54. Autres preuves d’Astronomie dans la religion Indienne. §. 55. tous les plus anciens livres d’astronomie considérés comme révélés. §. 56. la géographie Science sacrée. §. 57. la musique idem.
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568 fo 41 fo 43 fo 44 o
f 45
o
f 46 fo 47 fo 48 fo 49 fo 50 fo 52 fo 53 fo 54
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fo 56 fo 57
fo 63
fo 64
De la Religion, III – Textes complémentaires
§. 58. la grammaire idem. §. 59. Anathème des Brames contre toutes les sciences communiquées au peuple. §. 60. hypothèse métaphysiques. §. 61. comment d’autres ont traité ce sujet. §. 62. comment nous le traiterons, comme l’Egyptienne. grandes divisions, Théisme, Panthéisme, émanation, Dualisme, Athéisme. §. 63. Théisme, se rencontrant dans presque tous les livres sacrés de l’Inde. dans les lois de Menou, dans le Dirmshaster, dans le Bagavadam. §. 64. Loix de Menou. §. 65. Dirmshaster. §. 66. Bagavadam. §. 67. Fable du penitent auquel les trois Dieux déclarent qu’ils ne sont qu’un. §. 68. Fable de Schakty. §. 69. Fable de rivalité de Brama & de Wishnou & de la suprématie de Schiven. §. 70. Note sur un passage du Bagavadam, relatif aux Galiguvels. §. 71. Explication de la Suprématie que les Indiens accordent au principe destructeur. §. 72. l’Ezourvedam pas cité parce que pas authentique. §. 73. qu’il ne faut pas en conclure que le théisme soit la véritable religion de l’Inde. §. 74. le sens littéral des Fables ramène au polythéisme. §. 75. aujourd’hui même le Polythéisme la véritable croyance du peuple. §. 76. Fables qui y conduisent. §. 77. Temple de Terumaton. §. 78. la figure de Devendren. §. 79. Note sur Devendren. §. 80. Astronomie dans la fable de Devendren. §. 81. [...] §. 82. [...] §. 83. [...] §. 84. [...] §. 85. Symbole des Brames. §. 86. Prière des Brames. §. 87. Mohamadgara. §. 88. la Bagavadam lui-même. §. 89. Panthéisme développé dans la Bhaguat Gita. §. 90. Citations à l’appui.
5
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Suite d’idées pour le Livre VI, chapitre V fo 65 fo 66 fo 69 o
f 70 fo 74
fo 75 fo 77 fo 78
fo 80
fo 90
§. §. §. §. §. §. §. §.
569
91. fables populaires rattachées au Panthéisme. 92. doutes sur l’immortalite´ de l’ame au milieu de ce panthéisme. 93. Description que Crishna fait de lui même. 94. toute cette description se rattache à des fables polythéistiques. 95. histoire de Trivicrama. 96. Cérémonies panthéistiques, apothéose des instrumens du Culte. 97. Systême d’émanation. 98. Réfutation de Schlegel sur la prétendue différence entre le systême d’émanation & le Panthéisme. §. 99. Dualisme. §. 100. Analogie du Dualisme Indien & Persan. §. 101. Athéisme. doctrine de Buddha ou de Fo. §. 102. [...] §. 103. [...] §. 104. identité des élémens de la religion Indienne & Egyptienne. §. 105. [...] §. 106. [...] §. 107. Mélange des élémens divers, fétichistes, scientifiques, astronomiques, Métaphysiques & cosmogoniques. §. 108. Fables singulières amené[es] par le mélange du fétichisme, de la métaphysique & de la science.
5
10
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570
De la Religion, III – Textes complémentaires
VIII
[Suite d’idées pour le Livre VI, chapitre V du tome III de De la Religion, établie à partir des épreuves] fo 1
Les Vèdes Bhaguat Gita Révolutions que la religion Indienne a subies. Preuves des changemens de la religion Indienne Sacrifices sanglans abolis. Toutes les incarnations des reformes Note sur Budha Effet des ces reformes pour rendre la religion Indienne un chaos. Cependant mêmes élémens que dans l’Egyptienne, fétichisme, Science, métaphysique & cosmogonie. Fétichisme Antropomorphisme Science hypothèses métaphysiques que je n’imiterai pas d’Eckstein mais resterai fidèle à la grande division deja établie, le théisme, le Panthéisme, le Dualisme l’émanation & l’Athéisme.
102 102 105 106 106 107 107 110 110 110 112 112 113 114
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Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3293, Q3/14.
5–12 Les Vèdes ... Science ] les douze premières entrées regroupées à l’aide d’une grande accolade à laquelle manque le crochet supérieur ; la série des entrées est donc mutilée au début 18–21 hypothèses ... l’Athéisme. ] ces trois dernières entrées regroupées à l’aide d’une grande accolade pour signaler qu’elles concernent la feuille 8 du livre
Suite d’idées pour le Livre VI, chapitre V
[Suite d’idées du chapitre
IX VII du
livre
VI
571
et ordre de travail]
Suite d’idées du chap. 71. p. 1. 1o même combinaison que chez d’autres peuples. –1 2o Chaldéens. – 4. 3o Syriens. – 6. 4o Etrusques. – 7. 5o Perses – 11. 6o traits spéciaux de la cosmogonie des Perses – 12. 7o au milieu de tout cela, Polythéisme.
5
10
à faire demain 1o Corriger les épreuves de Pinard2 2o id. de Didot3 3o Relire la partie faite du 7e Ch. 4o Relire pour matériaux de la 2de partie, Parallelle4, Mone5, Mallet6, mes
Établissement du texte : Manuscrit : BCU, Co 3717.
1 2 3 4
5
6
Voir ci-dessus, pp. 255–285. L’ordre de travail suggère que BC va se lancer dans l’étude des religions celtes et scandinaves dont il traite à la fin de ce septième chapitre. J. Pinard était l’imprimeur et un des éditeurs des Discours a` la Chambre des Députés. L’éditeur de De la Religion. BC revient à l’ouvrage de François-Florentin Brunet, Parallèle des religions, ouvrage publié par le P. François-Florentin Brunet, Paris : Knapen, 1792, 3 tomes en 5 vol. BC cite ce livre assez fréquemment. BC se propose de revenir à l’ouvrage de Franz Joseph Mone, Geschichte des Heidenthums im nördlichen Europa, Leipzig et Darmstadt : C. W. Leske, 1822–1823, 2 vol. Nous connaissons une feuille avec des notes de lecture dans les Archives d’Estournelles, Créans, rédigée sur une page du manuscrit des Discours à la Chambre des députés. Le livre de Mone ne sera pas cite´ dans le t. III de De la Religion, bien que BC exploite cet écrit à plusieurs reprises. Voir ci-dessus, pp. 276, 280–284, 495. BC reprend Paul-Henri Mallet, Introduction à l’histoire du Dannemarc, ouvrage qu’il utilise dans son livre sur la religion. Voir ci-dessus, pp. 275, 279, 411 et 426.
15
572
De la Religion, III – Textes complémentaires
Scandinaves1, mon 26e Livre2, Meiners3, & Davies4. 5o Rédiger cette 2de partie.
1 2 3
4
Probablement un des chapitres sur les Scandinaves ou le livre XXIV du Grand Quarto bleu intitulé «Du Polythéisme scandinave» (liste des titres, Co 3474). Le XXVIe livre du Grand Quarto bleu porte le titre «Des changemens qui s’opèrent progressivement dans diverses parties des mythologies» (liste des titres, Co 3474). Il est impossible de nommer avec certitude l’ouvrage auquel BC veut revenir. Nous pensons toutefois qu’il pourrait s’agir des deux volumes de l’Allgemeine kritische Geschichte der Religionen, Hannover : Hellwingische Hof-Buchandlung, 1806–1807. Il s’agit d’Edward Davies (1756–1831) qui a publié deux ouvrages sur la langue et la religion celtes, à savoir : Celtic Researches on the Origin, Traditions and Language of the Ancient Britons, London : printed for the Author, 1804, et The Mythology and Rites of the British Druides, ascertained by National Documents and compared with the General Traditions and Customs of Heathenism as illustrated by the most Eminent Antiquaries of our Age. With an Appendix containing Ancient Poems and Extracts, with some Remarks on Ancient British Coins, London : J. Booth, 1809. Nous savons que BC a utilisé ce dernier ouvrage, mais il n’est pas à exclure qu’il ait consulté aussi le premier.
[Notes bibliographiques] [1824]
8. Une page du manuscrit avec le texte restructuré à la dernière minute. Il s’agit de la dernière page du chapitre VI du livre VI, écrit en 1827. Elle est à ajouter au manuscrit BnF, NAF 18825 qui est incomplet. La disposition du texte sur la feuille ainsi que le foliotage récrit sur le chiffre 79 confirme cette hypothèse. On voit clairement que Constant ajoute à la fin de ce chapitre les passages qu’on retrouvera dans l’imprimé. BCU, Co 3435/19.
Introduction
La liste commentée de 24 titres consacrés à la religion de l’Inde a été établie par Constant au moment où il préparait la publication du troisième volume de De la Religion. Elle sert à répertorier les ouvrages dont il compte se servir pour ses démonstrations et annonce le souci de surveiller l’utilisation de ses sources, comparable en ceci à la «Liste générale de tous les matériaux de mon ouvrage sur la religion»1. Mais contrairement à cette liste qui contient uniquement des notes de travail, des manuscrits préparatoires de l’ouvrage, des textes déjà achevés, soit des matériaux de ses archives, cette liste sans titre ne mentionne que des titres publiés dont deux seulement se trouvent dans sa bibliothèque2. Les livres doivent être empruntés à des bibliothèques de la capitale. La liste confirme, et cela n’est pas son moindre intérêt, que tout ce que dit Constant sur la religion de l’Inde est largement tributaire des travaux de l’Asiatick Society de Calcutta, dont la publication la plus connue est le ` cela s’ajoutent des éditions de textes périodique Asiatic(k) Researches. A des Vèdes, accompagnées de traductions anglaises, des études publiées sous forme de livres en Angleterre ou en Inde, ainsi que des brochures de théologiens hindous, en particulier celles de Raja Rammohan Roy, apprécié par Constant comme un médiateur entre la pensée théologique de l’E´glise anglicane et la doctrine hindoue présentée comme un théisme éclairé. La liste confirme également l’importance de l’ouvrage d’Anquetil-Duperron pour le travail de Constant3. Les publications de Kleuker, par contre, n’apparaissent pas dans cette liste4 ni les nombreux ouvrages sur cette matière qu’il possède dans sa bibliothèque.
1 2 3 4
OCBC, Œuvres, t. XVII, pp. 333–343. Nous avons daté cette liste de 1823. Celle que nous présentons ici est probablement postérieure. Une publication d’August Wilhelm Schlegel et une autre d’Antoine-Léonard de Chézy. Voir ci-dessous pp. 201, n. 1, 212, n. 3 et 231–232, n. 2. Ceci est important à savoir parce que la traduction du Zend-Avesta d’Anquetil-Duperron a été fortement critiquée dans les recherches de l’époque. BC possède de Johann Friedrich Kleuker Das Brahmanische Religionssystem im Zusammenhange dargestellt, Riga : Johann Friedrich Hartknoch, 1797. Voir le Catalogue.
576
De la Religion, III – Textes complémentaires
Établissement du texte [Notes bibliographiques]. Manuscrit : BCU, Lausanne, Co 3293, Q3/11. 3 fos pliés au milieu et emboîtés pour former un cahier de 255 × 200 mm, 5 pp. a. Liste de 24 titres, toujours abrégés mais facilement identifiables. Chaque titre est suivi d’un commentaire placé normalement entre parenthèses. Peu de corrections ou de repentirs. La liste mentionne deux ouvrages qui ont paru en 18231. Date proposée : 1823 ou 1824. Hofmann, Catalogue, IV/69. K. K.
1
Voir ci-dessous, p. 577, n. 5 et p. 580, n. 5.
577
Notes bibliographiques
[Notes bibliographiques]
fo 1ro
Asiatic Researches. – (la collection en est au
XIII
e
vol. inclusivement1.)
Le Ramayanam2. (une des grandes épopées des Hindous comptées au nombre des livres sacrés. Il en a paru trois vol. in 4o imprimés à Serampore avec une version anglaise au dessous du texte ; ils ne forment que le quart ou le tiers de l’ouvrage ; et renferment une multitude de notions précieuses pour l’histoire de la religion & des mœurs. –) Nalus, carmen Sanscritum, è Mahabaraso, Editit latinè vertit Fr. Bopp. Lond. in 8o˙ 1 vol3.
5
10
Annals of oriental litterature. London 18204. (il a paru trois nos˙ seulement de ce journal dont le 1er˙ & le 2e˙ renferment la traduction du premier chapitre (espèce de table des matières) du Mahabarat. Indische Bibliothek von A. W. Schlegel5. (4 nos˙ formant un volume : le 4e no contient quelques observations intéressantes sur l’introduction du Boudhisme dans l’isle de Java.) – Établissement du texte : Manuscrit : Co 3293, Q3/11, fos 1ro–3ro. 15 quelques ] 〈des〉 quelques ce dernier mot dans l’interl. 1 2
3
4 5
Le t. XIII des Asiatick Researches a paru à Calcutta en 1820. Le t. XIV est sorti en 1822, mais Constant ne semble pas l’avoir vu, le t. XV sortira en 1825. The Ramayuna of Valmeeki in the original Sungskrit, with a Prose Translation and Explanatory Notes by William Carey and Joshua Marshman, Serampore : [Mission Press], 1806–1810. Nalus : Carmen sanscritum e Mahàbhàrato, edidit, latine vertit et adnotationibus illustravit Franciscus Bopp, Londini, Parisiis et Argentorati : apud Treuttel et Würtz, bibliopolas, e Typographiâ Cox et Baylis, 1819. Cet ouvrage a fait l’objet d’un compte rendu très développé par A. W. Schlegel, dans le périodique Indische Bibliothek, t. I, 1823, pp. 97–128. BC l’a sans doute lu. Annals of oriental literature, 1820–1821. Trois volumes parus. Indische Bibliothek, eine Zeitschrift von August Wilhelm Schlegel, Bonn : Eduard Weber, 1820–1830. BC renvoie au t. I, formé de quatre cahiers, paru entre 1820 et 1823, en particulier à un petit texte d’August Wilhelm Schlegel, «Java und Bali», pp. 399–425. – Cette entrée permet de dater la liste comme postérieure à 1823.
15
578
De la Religion, III – Textes complémentaires
Ancient indian literature : illustrative of the Researches of the Asiatick Society. 4o˙ Lond. 18091. (C’est un extrait de deux Pouranams, du Shiva pouranam, et du Brahma vaïvartika Pouranam, suivi de quelques notices élémentaires sur la religion et l’histoire des Hindous.) – fo 1vo
5
Oupnekat, studio et opera Anquetil Duperron. Argentorati. 1802. 2 vol. in 4o˙2 – (c’est encore de tous les livres existans sur la religion indienne, celui d’après lequel on peut se faire l’idée la plus juste de la doctrine des Vèdes.) A View of the History, literature, and religion of the Hindous, by the Rever. W. Ward. Lond. 1817. in 8o˙ 2. vol3. Bagavadam, ou doctrine divine, ouvrage indien Canonique. Paris 1788. in 8o˙ 1. vol4. (c’est un assez mauvais abrégé du Bagavatha pouranam traduit du tamoul.)
10
15
Catalogue des Manuscrits Samscrits de la bibliothèque impériale. Paris 18075. (on trouve dans ce catalogue quelquefois des extraits, quelquefois des indications du contenu des ms.) Les loix de Menou, traduites en Anglais par Sir William Jones, en 1 vol in 8o˙ qui a été compris dans la collection de ses œuvres6. 14 traduit ] 〈d’ap〉 traduit 1 2 3
4
5
6
Antient Indian Literature Illustrative of the Researches of the Asiatick Society [...], London : for the editor ; sold by Black, Parry & Kingsbury, 1807. Voir ci-dessus, p. 171, n. 6. A View of the History, Literature, and Religion of the Hindoos : including a minute Description of their Manners and Customs, and their Translation from their principal Works, in two Volumes, by the rev. W. Ward, London : Black, Parbury, and Allen, 31817. Bagavadam ou doctrine divine. Ouvrage indien, canonique sur l’Eˆtre suprême, les dieux, les géans, les hommes, les diverses parties de l’univers, publié par M. Foucher d’Obsonville, Paris : Tilliard & Clousier, 1788. Catalogue des manuscrits samscrits de la Bibliothèque Impériale, avec des notices du contenu de la plupart des ouvrages, etc. par MM. Alexandre Hamilton [...] et L. Langlès, Paris : Imprimerie Bibliographique, 1807. BC veut consulter la traduction anglaise des lois de Menou par William Jones, qui avait paru d’abord en 1794 sous le titre Institutes of Hindu Law, or the Ordinances of Menu, According to the Gloss of Cullúca, comprising the Indian System of Duties, Religious and Civil, verbally translated from the Original Sanscrit. (Calcutta : Printed by the Order of Government) et repris dans la collection de ses œuvres Works, t. VII (éd. avec la biographie de Jones par Lord Teignmouth ; Reprint London : Routledge, 2000), pp. 75–399.
20
Notes bibliographiques
579
Le théâtre de l’Idolatrie &c. &c. par le Sieur Abraham Roger. Amsterd. 1670. in 4o˙ 1 vol1. (Il y a, je crois, beaucoup d’instructions sur l’Inde à tirer de ce livre, quoique fort ancien). fo 2ro
Gita-Govinda, ein Indisches Singspiel. – von Frid. Maier. Weimar, 1802. 8o˙ 1. vol2. (cette traduction allem. a été faite sur celle en Anglais de Will. Jones qui se trouve dans le 3e˙ vol. des Rech. Asiat. mais elle est accompagnée de quelques notes utiles et de quelques éclaircissements dûs à une meilleure division des différentes parties du poëme.) Specimens of Hindoo literature. &c by N. P. Kindersley. London 17943. 8o˙ (Ce recueil contient quelques généralités sur la mythologie des Hindous, des extraits d’un ouvrage indien sur la morale & la religion. – L’histoire de Nolla-Rajah. C’est pour le fond la même histoire que celle de Nalus, mais traduite d’une version populaire de ce poëme en Tamoul, où elle a perdu une grande partie de son caractère d’antiquité & d’originalité.[)] – Prabod’h Chandrodaya or the moon of Intellect and Athmabodha, translated from the Sanscrit by J. Taylor, Lond. 18124. 8o˙ – L’Athmobodha est un petit poëme didactique où sont exposés sommairement les principaux points d’un Spiritualisme orthodoxe des Indiens. – l’autre ouvrage est un drame allégorique fort curieux ou` sont personnifiés et mis en scène les quatre principaux Systêmes religieux et philosophiques des Hindous. 10 division ] 〈dis〉 division personnifiés 1
2
3
4
20 Spiritualisme ] 〈S〉 Spiritualisme
21 personnifiés ] 〈mi〉
Abraham Roger, Le théâtre de l’idolatrie, ou la porte ouverte pour parvenir à la cognoissance du paganisme caché, et la vraye représentation de la vie, des mœurs des Bramines, qui demeurent sur les costes de Chormandel, et aux pays circonvoisins : avec des remarques, enrichie de plusieurs figures en taille douce, Amsterdam : Schipper, 1670. Voir cidessus, p. 190, n. 2. Gita-Govinda, ein indisches Singspiel von Jajadeva, aus der Ursprache ins Englische von W. Jones, und aus diesem ins Teutsche übersetzt und mit einigen Erläuterungen begleitet von Friedrich Majer, Weimar : Landes-Industrie-Comptoir, 1802. Specimens of Hindoo Literature, consisting of Translations from the Tamoul Language of some Hindoo Works of Morality and Imagination with Explanatory Notes, to which are prefixed introductory Remarks on the Mythology, Literature [...] of the Hindoos, by N[athaniel] E[dward] Kindersley, London : Bulmer, 1794. Krishna Kesava Misra, Prabodh’ Chandro’daya, or, the Moon of Intellect : an Allegorical Drame ; and Atma Bod’h or the Knowledge of Spirit, translated from the Sanskrit and Prakrit, by J. Taylor, London : Longman, 1812.
5
10
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20
580 fo 2vo
De la Religion, III – Textes complémentaires
Yadjnadatta-Badha, ou la mort de Yadjnadatta. Paris 18141. brochure in 8o˙ (C’est un bel épisode du Ramayanam.) Translation of a Conference between an advocate and an opponent on the practice of Burning widows alive2. (C’est une brochure traduite du Bengali et imprimé dans l’Inde)
5
1o˙ 2o˙ 3o˙ 4o˙
Translation of an abridgement of the Vedanta3. Translation of the moonduk upanishad4. Translation of the Cena upanishad5. A defense of Hindoo theism in reply to the attack of an Advocate for Idolatry at Madras6. 5o˙ A second defense of the monotheistical System of the Veds, in reply to an Apology for the present state of Hindoo worship7. Les cinq opuscules cites dessus ont tous été écrits en anglais et imprimés dans l’Inde par un Brahme nommé Roy. C’est un homme instruit qui a étudié les langues, les sciences & la théologie de l’Europe, et qui, encouragé fortement par les Anglais, parait avoir entrepris de réformer les idées & les pratiques actuelles des Hindous sur la religion. Son principal objet est d’éta-
5 dans ] 〈à〉 dans l’interl.
1 2 3
4 5
6
7
13 Les ] 〈To〉 Les
en anglais ] 〈dans l’In〉 en anglais la correction dans
Antoine-Léonard de Chézy, Yadjnadatta-badha ou la mort d’Yadjnadatta, épisode extrait et traduit du Ramayana, poème épique sanskrit, Paris : P. Didot l’aîné, 1814. Rammohan Roy, Translation of a Conference between an Advocate and an Opponent of the Practice of burning Widows alive from the original Bungla, s.l.n.d. [1818 ?]. R. Rammohan Roy, Translation of an Abridgement of the Vedant, Or Resolution of all the Veds, the most celebrated and revered Work of Brahminical Theology, likewise a Translation of the Cena Upanishad, one of the Chapters of the Sama Veda, according to the Gloss of the [...] Shancaracharya, establishing the Unity and the sole Omnipotence of the Supreme Being, London : T. and J. Hoitt, 1817. R. Rammohan Roy, Translation of the Moonduk-Opunishud of the Uthuvu-Ved according to the glass at Shunkura-Charya, Calcutta : Lankheet, 1819. R. Rammohan Roy, Translation of the Cena Upanishad, one of the Chapters of the Sama Veda, according to the Gloss of the celebrated Shancaracharya, establishing the Unity and the sole Omnipotence of the Suprime Being and that of he above is the Object of Worship, Calcutta : Unitarian Press, 21823. R. Rammohan Roy, A Defence of Hindoo Theism in Reply to the Attack of an Advocate for Idolatry at Madras, Calcutta : séd., 1817. L’avocat en cause s’appelle Sankara Sastri, d’après le catalogue de la BnF. R. Rammohan Roy, A second Defence of the monotheistical system of the Veds, in Reply to an Apology for the present State of Hindoo Worship, Calcutta : s.éd., 1817.
10
15
Notes bibliographiques
581
blir que les Vèdes contiennent un Systême de Déisme très pur et trèssimple, et que toute l’Idolatrie actuelle n’est qu’une dépravation scandaleuse des doctrines et des usages primitifs. – fo 3ro
Journal des Savans. Janvier 18211. Contient un article fort intéressant de M. Abel Remusat, sur la succession des 33 premiers Patriarches de la religion de Boudha. – Il y a aussi dans quelques autres nos˙ du même journal des articles où l’on trouve des passages intéressans sur Budha. Recherches sur les langues Tartares par M. Abel Remusat. Paris 18202. in 4o˙ (on y trouve des faits relatifs à la propagation du Boudhisme parmi les peuples Tartares, dans le Thibet.)
12 dans ] 〈et〉 dans lecture incertaine ; peut-être le mot et n’est-il pas biffé
1 2
Abel Rémusat, «Sur la succession des trente-trois premiers patriarches de la religion de Bouddha», Journal des savans, janvier 1821, pp. 6–15. Abel Rémusat, Recherches sur les langues tartares, ou mémoires sur différents points de la grammaire et de la littérature des Mandchous, des Mongols, des Ouigours et des Tibétains, Paris : Imprimerie Royale, 1820.
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9. Plan détaillé d’un chapitre sur la religion de l’Inde pour organiser l’emploi des notes de lecture établies en 1826. La numérotation des idées de l’argumentaion est reprise à la tête des notes de ce cahier pour faciliter le travail de la rédaction. BCU, Co 3293/3/2, p. 1.
Recherches sur l’Inde [1826]
10. Une page des notes de lecture sur la religion de l’Inde. On voit que Constant est arrivé à la fin du tome VII des Asiatick Researches et qu’il prend des extraits dans l’essai de Joseph Endelin de Joinville. La note dans la marge indique que le passage résumé sera utilisé dans le chapitre sur les divinités malfaisantes qu’on lira dans le tome IV de De la Religion. BCU, Co 3293/3/2, p. 27.
Introduction
Le cahier avec les recherches sur l’Inde a été rédigé par Constant pour préparer les chapitres sur la religion de l’Inde qu’on trouve dans le t. III de De la Religion. Il se sert à ces fins d’anciennes notes prises au cours des années. Nous y trouvons des extraits de ses notes tirées de l’ouvrage de Dubois, lorsqu’il travaillait à la bibliothèque de Göttingen en 1812, des notes extraites des articles publiés par le baron d’Eckstein dans le périodique Le Catholique, enfin des extraits de divers essais publiés par l’équipe anglaise dans les Asiatic Researches qu’il avait déjà utilisés pour son travail aux volumes précédents, mais qu’il relit systématiquement pour rédiger les chapitres sur la religion de l’Inde. Le dernier volume consulté pour cette documentation est le t. XII des Asiatic Researches publié en 1822. La distribution des matériaux suit un ordre extérieur. On y trouve d’abord les notes extraites de Dubois, regroupées en suivant la pagination de l’ouvrage. Ensuite celles prises en lisant les articles du baron d’Eckstein, et c’est maintenant l’ordre de ces essais dans le périodique qui est respecté. Le troisième groupe est constitué des extraits des Asiatic Researches. Constant étudie les numéros dans l’ordre de leur parution. Curieusement, il ne retient que les numéros des volumes et des pages, sans noter les nom des auteurs des différentes études. Cette manière de citer une de ses sources principales revient dans le volume publié, comme s’il lisait un ouvrage collectif. Soulignons que ces notes sont inscrites avec soin dans les pages du cahier, d’une écriture fine et très serrée. Cela prouve que Constant copie des documents qui existent déjà, ce qui est évident pour les notes extraites de Dubois, dont nous connaissons la source, faite de notes de lecture beaucoup plus riches. La confrontation des deux documents montre que Constant copie un choix de ses anciens extraits dans ce cahier. Quant à Eckstein, nous ne possédons plus la source. Les quelques notes conservées dans les dossiers de Constant montrent pourtant qu’il utilisait pendant sa lecture des fiches de formats divers qu’il avait à portée de main. Les notes de ce cahier sont donc une mise au net à partir d’anciens papiers. Pour les notes extraites des Asiatic Researches, le procédé semble avoir été le même. Cela explique pourquoi nous ne possédons pas de feuilles rédigées avec soin comportant des extraits de ce périodique. Les extraits établis directement en consultant les derniers volumes ont été inscrits avec soin dans ce cahier.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
La datation de ce précieux document de travail est possible grâce à la première page du cahier qui esquisse en deux colonnes un plan sommaire, très proche de celui adopté pour la rédaction définitive. Le plan comprend 43 entrées numérotées, dont les numéros sont répétés dans les marges du cahier pour guider l’utilisation commode de ces notes.
Établissement du texte Nous reproduisons fidèlement le manuscrit. Les morceaux qui ont servi au travail de rédaction sont souvent barrés de traits obliques ou d’une grande croix. Nous l’indiquons en plaçant un astérisque au début des alinéas en cause. Les numéros qu’on trouve dans la marge sont ceux du plan de la première page. Manuscrit : BCU, Co 3293, Q3/7. Cahier de 7 doubles-feuilles, 28 pp. a., 230 × 180 mm. Copie et mise au net de plusieurs dossiers antérieurs. Date proposée : 1826. Hofmann, Catalogue, IV/69. K. K.
Recherches sur l’Inde
1a
A lire. 1. Bouddha. 2. Dubois. 3. Heeren. 4. Ward. 5. Müller. 6. Mills1, & classer les extraits suivant & à la suite des nos ci après. 1. Même combinaison dans la Religion Indienne que dans l’Egyptienne. 2. Circonstance en apparence favorable, mais facheuse au fond, l’existence des Indiens prolongées jusqu’à nos jours.
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3. haine des Indiens pour les étrangers. 4. Monumens que nous possédons sur la religion indienne. 5. Vèdes. 6. Pouranas.
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7. Epopées Indiennes. 8. Commentaires des diverses écoles. 9. Récit des Brames relatifs à la transmission des Vèdes. 10. les originaux perdus. 11. premiers commentaires sur les Vèdes après 1000 ans.
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12. Nouveaux commentateurs 500 ans plus plus tard. 13. Vyasa Menou 3300 ans après la 1ere apparition des Vèdes. 14. Notes sur Vyasa. 15. Refontes évidentes de la Religion Indienne. 16. Falsifications. Wilford. 17. preuves que les ouvrages que nous possédons sur l’Inde viennent de réformateurs. 18. Néardirsen, Bhaguat-Gita. Établissement du texte : Manuscrit : Co 3293, Q3/7. 1
Il s’agit de James Mill, The History of British India, London : Baldwin, Cradock and Joy, 1817.
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De la Religion, III – Textes complémentaires
19. Révolutions subies par la religion Indienne. 1b
20. preuves. sacrifices sanglans abolis. 21. Toutes les incarnations des réformes. 22. note sur Buddha. 23. effet de ces réformes, la religion Indienne un chaos.
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24. Cependant mêmes élémens qu’en Egypte, fétichisme, antropomorphisme, Science, métaphysique, cosmogonies. 25. Fétichisme & antropomorphisme 26. Science. 27. hypothèses métaphysiques.
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28. que je n’imiterai pas d’Eckstein. 29. Note sur d’Eckstein. 30. grandes divisions ci-dessus, Théisme, Panthéisme, Dualisme, émanation, Athéisme. 31. Théisme.
15
32. Panthéisme. 33. Emanation. 34. Dualisme. 35. Athéisme. 36. coexistence & contradictions de toutes ces doctrines.
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37. Cosmogonies. 38. Simultanéité du sens populaire, scientifique, métaphysique & cosmogonique. 39. caractère particulier de la religion Indienne. 40. Comparaison du Panthéisme chinois & Indien. 41. progression. 42. Influence de la théorie des incarnations sur cette progression. 43. Résultat. la Religion Indienne pervertie par les Prêtres malgré le climat & les bienfaits de la nature.
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Recherches sur l’Inde 2
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25. *
Indiens nomades qui n’adorent que des génies familiers, & ne font aucun cas des Dieux du pays. Dub. I. 921.
22. *
Buddha. Dub. I. 137–138.
24. *
Identité, quant au fond, du Bouddhaïsme, du Bramamisme, & de la religion des Djeinas. Dub. 139–140.
32. *
31. *
3.
la notion en apparence fort singulière par la suite de laquelle tous les instrumens qui servent aux cérémonies religieuses, les vases, les trépieds, le pavillon ou Pandel (208) qu’on employe, lors qu’on donne au Brame enfant sa 1ère tonsure, deviennent autant de divinités qu’il faut adorer, est manifestement un panthéisme déguisé. Dub. 223. Si dans l’ouppanayama, ou la cérémonie qui confère au fils du Brame le droit de porter le cordon, signe distinctif de cette caste, il est vrai que le père ou celui qui sert de père au neophyte lui dise : souviens-toi, mon fils, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, maître souverain & principe de toutes choses, que tout brame doit l’adorer en secret, mais sache aussi que c’est un mystère qui ne doit jamais être révélé au stupide : si tu le fesais, il t’arriveroit de grands malheurs ; il en résulte que le Théisme est maintenant la doctrine des Brames, mais que ce n’est pas la religion publique. mais cela meme est fort douteux. L’abbé Dubois peut l’avoir recueilli d’un Brame, sans que ce soit la doctrine universelle. De plus, quel Théisme ! le Panthéisme est toujours à coté & l’engloutit. Dub. 223. foule de souillures dans religion Indienne. par la vue ou le voisinage des morts : par le flux menstruel ou les couches des femmes : par les vases & vêtemens, & l’attouchement de tout Indien d’une caste inférieure ou de tout étranger : par toute peau de bête, excepté le tigre & la gazelle : par l’attouchement de plusieurs animaux & surtout du chien : isolement, ou ces notions d’impureté placent la nation vis à vis des étrangers, & chaque partie de la nation vis à vis des autres. Dub. 243–252 ; en note. presque toutes ces souillures communes aux Hébreux. la nécessité de considérer chez ceux-ci les notions d’impureté comme des prescriptions divines, tout en les envisageant chez d’autres peuples comme des superstitions ridicules a forcé les théologiens de prétendre que ces sortes d’impureté
19 doctrine ] 〈religion〉 doctrine corr. dans l’interl. 1
Toutes les notes qui renvoient à l’ouvrage de Dubois ont été copiées dans le dossier plus volumineux de notes tirées de cet auteur.
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n’étoient que figurations d’impuretés plus importantes qui sont les péchés envers Dieu & le prochain. Dub. 252. 3
32. *
Brama qui s’écrie je suis Dieu &a˙ Dub. 328.
36. *
Il est à remarquer que dans toutes les prières des Brames, dans celles mêmes qui expriment le plus le Théisme & surtout le Panthéisme, ils rappellent toujours l’ancienne figure des Dieux. ainsi, en fesant le Sandia, cérémonie purifiante, le Brame se présente Brama comme de couleur rouge, ayant 4 visages, & monté sur une oye, Wichnou de couleur brune, ayant 4 bras & monté sur l’oiseau Garoudha, Schiven, comme de couleur blanche ayant 5 visages, 3 yeux à chaque, & monté sur un bœuf. Dub. 352–354. Panthéisme & Astronomie. Divin soleil, vous êtes Brama à votre lever, Routren à midi, à votre coucher, Wichnou. Dub. 338.
35–36 De ces hypothèses métaphysiques sont nées plusieurs sectes de philosophie qui ne se rattachent à la religion que pour la forme, & qui au fond la détruisent. La secte douïtam, de deux, reconnoît deux êtres, Dieu & le monde, ou la matière qu’il a modifiée & à la laquelle il est uni. La secte Adouïtam, non deux, ne reconnoît qu’une seule substance, un seul être, Dieu seul. Celle-ci, la plus nombreuse, soutient que la création est impossible, que rien ne se fait de rien, que ce que nous regardons comme l’univers & les divers êtres qui paraissent à nos yeux le composer n’ont rien de réel, & ne sont que le produit d’une illusion qu’ils désignent sous le nom de Maya. l’univers des partisans de ce systême en tirent la conséquence qu’il n’existe ni bien ni mal, que ce que nous appelons des crimes comme tout le reste des apparences qui frappent nos regards, ne sont que les effets fantastiques de Maya qui nous séduit & nous fait prendre l’ombre pour la réalité. Suivant le Douïtam, au contraire, il y a deux substances, Dieu & la matière, à laquelle Dieu est uni, sans toutefois en prendre les imperfections, comme le Sen, bien que l’incorporant dans toutes les matières pures ou impures, ne perd rien de sa pureté. nos ames émanent de la Divinité, & en sont une partie, de meme que la lumière du feu, des planètes &ca émane du même soleil, l’eau des pluyes du même nuage &ca˙ L’ame unie à un corps, est emprisonnée dans l’ignorance & le péché, comme une grenouille dans la gueule d’un serpent, jusqu’à ce que, par la pratique de la contemplation & de la pénitence, elle se réunisse de nouveau & pour toujours à la Divinité. Les commotions de l’ame unie à un corps n’émeuvent point la Divinité, bien que l’ame en fasse partie, comme, quand l’image de la lune se réfléchit dans l’eau, cette image s’agite si l’eau est agite´e, sans que la lune le soit. Dub. II. 81–85.
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Dieu, suivant l’école Chévia, s’est rendu sensible. de Niracara (sans forme) il est devenu Nacara, (ayant forme) pour faconner & animer le monde. Dieu est composé d’un corps & de deux ames, l’ame suprême, Paramattma, qui est Dieu même, & l’ame animale, Djivattma, le principe sensitif. Pour parvenir à la suprême sagesse, & se réunir à Dieu, il faut éteindre ce principe sensitif : Jusques là dure la métempsychose & l’ame passe d’un corps à l’autre. Dub. 87–88 L’école vedanta, qui a pour fondateur Sanchara-Atcharia, professe le pur Panthéisme. Rien n’existe que l’unité simple qui est l’ame ou le moi. Tout ce qui n’est pas le moi est Maya ou illusion, la Sagesse consiste à se délivrer de cette illusion & à ramener tout au seul moi. les brames voués à cette secte répétent sans cesse ces paroles : Aham – eva param Brahma : je suis moi même l’être suprême. Dub. 89–90 L’école du Sankya, fondée par Capila enseigne que l’ame est une portion de la Divinité, & que la contemplation, Yoga, se termine par la fusion de l’ame dans la divinité. la Contemplation produit la délivrance de l’esprit par l’application constante à ces 3 vérités : Je ne suis en aucune chose : aucune chose n’est en moi : le moi luimême n’existe pas : exprimé par ces mots : Nismim – nama – naham. l’esprit enfin dégagé produit la fin du monde, & l’identification de tout avec la Divinité. Tout Culte, tendant à confirmer l’union de l’esprit avec la Matière, est un obstacle à la délivrance parfaite de l’esprit. Capila rejette la religion du Vulgaire qu’il dit être fondée sur des histoires fabuleuses infâmes & impies. Dub. 90–92. Le systême des Bouddhistes est le pur matérialisme. la matière est le seul Dieu, la substance unique, qui se divise en une infinité de corps. la Maya, ou l’illusion fait prendre le faux pour le vrai, & croire qu’il y a des Dieux, qu’on existe & qu’on meurt, qu’il y a des souillures & des purifications sur la terre, des peines & des recompenses a venir. Dub. 93–96. Le Homam, sacrifice au feu, au soleil & aux planètes. Dub.
42. *
Les incarnations de l’Inde s’ignoroient souvent elles mêmes. Brama incarné en Paria assassin. Guign. 125 ou 2251.
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BC veut renvoyer au livre I («Religion de l’Inde»), chap. IV, qui traite de la «Cosmogonie ou création générale par Brahmâ» et parle aussi des incarnations de Brama (pp. 223–264). Il s’agit ici de la seconde incarnation sous le nom de Valmiki dans la tribu la plus méprisée de toutes, celle des Parias.
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35–36. on peut suivre la gradation d’après laquelle les doctrines philoso* phiques de l’Inde, perdent la couleur religieuse, la Mimansa de Jaïmini, probablement plus ancienne que la doctrine vedantiste1, révélée par Crischna dans le Bhaguat-Gita2 se donne pour une révélation pure. la doctrine vedantiste egalement une révélation, est un systême mystique d’instruction & de contemplation de l’objet divin3. après ces doctrines viennent les deux Sanchya, dont l’une attribuée à Capila est un intermediaire entre le Panthéisme Spirituel du Védanta & le Panthéisme matériel des Bouddhistes4, & dont l’autre qui a pour auteur Patanjali, repose sur les mêmes bazes, mais porte encore plus loin la subtilité métaphysique5. à ces doctrines, encore liées à la mythologie, puisque Capila est considéré comme une incarnation de Wichnou, succèdent des systêmes purement rationels, le Niaya, ou dialectique de Goutama & le vaishejia ou philosophie atomiste de Canada6. Ces systêmes ne dominent dans aucun Pourana, & partent de l’analyse & se fondent sur l’expérience7. Cependant, telle est la tendance de la doctrine philosophique des Pretres à se rattacher à la religion, que le Niaya de Gautama est admis comme orthodoxe & supposé une dérivation des Védes, bien qu’il s’ecarte absolument & de leur génie & de leurs principes8. [ 1Eckstein. p. 334–335. 2ib. 336–337. 3ib. 343. 4 ib. 338. 5339–340. 6ib. 341. 7ib. 345. 8 3421. 32. *
la révolution dont l’Auteur porte le nom mythologique de Crischna est antérieure au 14e siècle avant J.C. & à la philosophie des Bouddhistes. D’Eckst. 335. la doctrine de Crischna diffère des Vèdes en ceci, qu’ils supposent une triple organisation intellectuelle & matérielle, trois mondes, un de la nature Idéale, un des phénomènes & un de l’impénétrable obscurité, La doctrine fondamentale des Vèdes n’est pas encore du Panthéisme pur, la nature n’y est pas envisagée comme une illusion : le monde existe de 3 manières, dans la conception de la divinité, (Satwa Gouna) dans la realisation de cette conception par la création du monde idéal, type du monde
28-p. 593.2 La doctrine ... 354 ] passage ajouté à la fin de l’entrée, mais appelé par une croix à cette place 1
Ici commence la série de notes tirées d’un essai du baron d’Eckstein, «De la nature des élémens selon les doctrines philosophiques et religieuses de l’Inde», Le Catholique, ouvrage périodique dans lequel on traite de l’universalité des connaissances humaines sous le point de vue de l’unité de la doctrine, t. III, 1826, pp. 330–359 et 414–456. On lit plusieurs attaques violentes par BC contre le baron dans ce t. III de De la Religion (voir ci-dessus, pp. 196, 225, 253 et 316–317). Nous savons, par le Livre des dépenses (OCBC, Œuvres, t. VII), que BC lit le Catholique avec la plus grande attention.
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matériel (Raja Gouna) enfin dans la production de ce monde matériel lui même (Tama Gouna). d’Eckst. 354[.] tandis que la Doctrine Védante établit que tous les objets n’en forment qu’un, que cette unité divine reconnoît l’illusion qui la recouvre & que cette reconnaissance constitue elle même la Divinité. L’esprit seul est réel & l’univers un vain fantome. Les Sectateurs du védantisme ont essayé de rattacher à leur théorie toutes les autres doctrines, même la religion populaire & matérielle de Schiven. Ils ont interprété les Vèdes & les Pouranas ou légendes sacrées qui célèbrent la divinité de Schiva & en ont entièrement altéré le caractère primitif. d’Eckst. 330–337.
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32. *
Les doctrines des Jainas (v. aussi Dubois) & des Bouddhistes vont formellement contre le texte des Vèdes. d’Eckst. 346. ils admettent l’éternité de la matière, sans intelligence ? ib.
22. *
Les Bouddhistes & leurs ouvrages ont émigré à Ceylan, dans les régions situés entre l’Inde & la Chine, dans la Chine même, au Tibet, en Tartarie & enfin dans le Japon. d’Eckst. 346
37. *
Cosmogonie Indienne. les elemens, comme tous les êtres révélés primitivement, étoient regardés comme doués de facultés divines, & c’étoit dans ce sens qu’on les nommoit des Dieux. ces Dieux n’avoient pas la même origine que les Dieux mythologiques, & s’ils rentroient dans la mythologie, c’étoit pour former une mythologie différente. d’Eckst. 349
37. *
37. *
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Panthéisme des Védantistes d’Eckst. 355.
35–36. la philosophie atomiste de Canada est assez semblable aux atomes * de Leucippe & d’Epicure & peut-être encore plus aux homœomeries d’Anaxagore. d’Eckst. 341. En général il y a quelque similitude entre la marche de la philosophie indienne & de la Grèce. Doctrine orphique des vèdes, Ecole Ionienne, Commentaires des Vèdes, Elenophane, Panthéisme. Leucippe, Philosophie atomiste. 35. *
5
L’Hyrania-Garbha, le ventre d’or, l’œuf cosmogonique. C’est au moyen de la semence divine, de la semence immortelle, de la semence intellectuelle, pour parler comme les Vèdes, que s’effectue l’enfantement céleste de la divinité. qui s’engendre elle même & se reproduit éternellement dans son propre sein. d’Eckst. 350–351. Cosmogonie des Vèdes. L’esprit créateur renfermait dans sa pensée Swadha, type d’un monde divin, auquel correspondait le monde matériel. Dieu, réfléchissant sur sa propre nature, tira l’univers de
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son sein. Alors Swadha devint Pourvusha, la forme visible de l’univers. Pourvusha devient à son tour Hiranya-Garbha, le corps élémentaire primitif, qui s’allie intimément à chaque forme particulière de la matière. Swadha est la semence céleste de Pourvusha, Pourvusha la semence d’Hiranya Garbha, qui est la semence de toutes choses. d’Eckst. 350–352 7
37. *
Philosophiquement parlant, la Cosmogonie des Vèdes est le monde matériel, créé d’après le type du monde intellectuel : mais la forme narrative de cette cosmogonie en fait une véritable mythologie[.]
37. *
Cosmogonie du Rig. Veda. As. Res. VIII. Rien n’existoit : mais celui là (Dieu) respirait seul en lui même. Il ne tirait pas hors de lui ce souffle de l’existence (le monde de l’Intelligence, Swadha) elle qui est contenue dans son sein. L’obscurité régnoit mais la puissance de la contemplation produisit la matière première. D’abord l’amour (Cama) l’amour qui e[st] le désir, fut enfanté dans son intellect, amour qui devint la semence originelle des générations ... Cette semence génératrice devint tout à coup providence, matière première.
37. *
37. *
Cosmognie de l’Atharva-Veda. Par la contemplation, l’être unique se produit lui même, sans forme de semence : il engendre la nourriture, puis il respire, le souffle de vie se repand &ca Jones’s Works. I. 347. Id. de Menou. Liv. I. Le monde n’étoit pas développé. alors celui qui existe seul par lui même déchira le voile. son idée s’étendit dans l’espace & il s’élance pour révéler cette idée. Il commenca par engendrer les eaux qui naquirent de la seule force de sa conception. dans ces eaux furent procréées par lui les semences génératives des choses. d’Eckst. 421–422
35–36. Nous ne pouvons entrer ni dans les Systêmes Vedanta & Yoga Sastra (celui de Patanjali, v. plus haut) non plus que dans les autres systêmes. nous indiquons les bazes. ces deux systemes ne différent entr’eux que par plus d’exaltation & de subtilité. 37. *
La terminologie Cosmogonique se retrouve meme dans la doctrine Sanchya de Capila, bien qu’elle soit fort opposée à celle des Vedes. Capila résout l’intelligence en matière subtile primitive productive qu’il appelle Prakiti. mais pour exprimer la création du monde, il n’en dit pas moins que Prakiti renferme la semence de toutes cho-
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ses. Le Pouroush, le génie de l’Univers, la forme des mondes, & le symbole de la virilité, est son époux. Dans son sein naît Buddhi, ou l’intellect, & de Buddhi émane Ahankara, le moi. d’Eckst. 429– 430. 8
37. *
35. *
37. *
Selon la Cosmogonie de Menou, l’œuf de monde fut placé dans la bouche de Purousha, le premier mâle. Avant qu’il y eut une matière organisée dans toutes ses parties, il y eut une matière subtile, organisée, lorsqu’elle sortit des ténèbres primitives[.] c’est cette dernière qui constitue l’Hiranya Garbha. Elle a pour figure les eaux primitives. Là est enfanté l’œuf type du monde, élément grossier. Le ventre d’or est la première forme dont Brahma se revêtit dans l’ombre de la création, avant qu’il s’enfermat, dans l’œuf symbolique, pour s’y développer sous la forme d’univers. Il brisa sa coque, en sortit & fut Pourousha. Il devint la forme du monde. Pourousha s’appele Viraj, le grand mâle. d’Eckst. 452. Les Vèdes ne sont pas du pur Panthéisme. Ils se prononcent en faveur de la doctrine des trois mondes, Trilokya, le monde de vérité, le monde d’apparence & le monde de ténébres. La doctrine Védantiste au contraire combat leur existence, en faveur de l’esprit pur, hors duquel il n’y a qu’illusion & dont l’illusion est elle même la compagne inséparable. d’Eckst. vol. 101. p. 44. Terminologie Cosmogonique, même dans les systêmes de pure philosophie rationelle. Lorsque Capila veut établir que le moi est le 1er principe de toutes choses, & que c’est lui qui les crée, il dit qu’Ahamkara le moi se modifie dans son propre sens pour les engendrer. +d’Eckst. 57.
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La cosmogogonie rapportée dans mon ch. se trouve ici+ p. 63–64. a comparer.
37 *
Tout étoit contenu dans l’Hiranya-Garbha. Il n’avoit que deux desirs, manger & détruire. oupnekat. 68.
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Cosmogonie de Menou. Ou engendrée par la pensée : semence placée dans l’eau, prenant la forme d’un œuf, Dieu naissant de nouveau dans l’œuf ; assis une année divine dans l’œuf ; brisant l’œuf par la contemplation. 70–71. Swayambhou celui qui existe par lui même naît ou se revêt de la matière contenue au centre de
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37. *
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BC désigne ainsi le cahier X, une partie du vol. IV du périodique, où se lit la suite de l’étude d’Eckstein.
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l’œuf. Il prend le nom de Narayuna (une des dénominations de Wichnou) celui qui se meut sur les eaux. Il devient ensuite Veray c’est à dire mâle & femelle. 9
24. *
Eloge ridicule des premiers sages. d’Eckst. 80. «moins ephemères, moins belles que les croyances du paganisme grec, les croyances de l’Inde dans leur corruption même, se distinguent par un plus haut degré de grandeur morale.» ib. p. suiv. d’Eckst1.
37.
Les Vedes nés des elémens, toujours l’idée d’engendrer. ib. 98.
20.
Les sacrifices humains ordonnés dans les Vedes, anathématisés par les Pouranas, en horreur aux Buddhistes. ib. 201–202.
4. *
Détails sur les livres sacrés des Indiens As. Res. I. 340 & suiv2.
31. *
Collége de Theistes Indiens fondé par Nanik Sah, Cattery, il y a environ 400 ans. As. Res. I. 292. dans une inscription rapportée As. Res. I. 284, Buddha est appelé par le brame qui l’adore, l’incarnation du Dieu unique, éternel, celui qui es[t] à la foi Brama, Wishnou & Mahadeva ou Schiven3.
22. *
Baout suivant le Gentil. As. Res. I 1694.
7. *
Valmiky, l’auteur supposé du Ramayan. As. Res. I. 1405.
22. *
Many Lamas or priests of Buddha have been found settled in Sibiria. It can hardly be doubted that they had traveled thither from
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La citation se trouve p. 108. Il faut donc lire : «pp. suivantes». Première note, dans cette série, qui tient compte des Asiatic Researches. BC renvoie à l’essai de Goverdhan Caul, «On the Literature of Hindus, from the Sanscrit, communicated by Goverdhan Caul, with a short Commentary», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 340– 355. Ce texte sera cité encore deux fois. Voir ci-dessous, pp. 606 et 614. Note qui renvoie à deux textes. Le premier : un rapport de Charles Wilkins, «A Letter from Charles Wilkins, Esq. : To Secretary to the Asiatick Society», qui parle d’une visite dans une communauté Seek à Patna (Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 288–294). Le second : une traduction d’une inscription, «Translation of a Sanscrit Inscription copied from a Stone at Bo˘o˘ddha˘-Ga˘ya˘, by Mr. Wilmot, 1785. – translated by Charles Wilkins» (Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 284–287). BC cite des phrases sans les mettre entre guillemets. Renvoi à une page d’une longue communication de William Chambers, «Some Account of the Sculptures and Ruins at Malvalipuram, a Place a few Miles North of Sadras, and known to Seamen by the Name of the Seven Pagodas», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 145– 170. Chambers cite (pp. 168–169) l’ouvrage de Guillaume Le Gentil de la Galaisière, Voyage dans les mers de l’Inde, fait par ordre du Roi, Paris : Imprimerie Royale, 1779. Le Gentil constate que le dieu Baouth est quasiment tombé en oubli. BC veut retrouver le texte d’une inscription communiquée par Charles Wilkins : «He, who was, as it were, another Valmeekee born in this dark age of impiety, amongst a dreadful and a cruel race of mortals, was a devout man who displayed the learning of the Veds in books of moral tales» («An Inscription on a Pillar near Buddhal», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 131–141 et 142–144 ; remarques de Jones).
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Tibet, whence it is more than probable that the religion of the Bouddhas was imported into Chinese or Southern Tartary : since we know that rolls of Tibetian writings have been brought even from the borders of the Caspian. The Chinese consider Buddha as a native of India. The Bramans insist that he was born in a forest near Gaya : & many reasons lead us to suspect that his religion was carried from the West & South to the eastern and northern country in which it prevails. As. Res. II. 32. Les Cachemiriens ne mettent qu’une distance de 24 ans, quelques uns même seulement de 12 entre Crishna & Buddha. Ils placent l’incarnation de celui-ci dans les 1ers mille ans de l’age actuel, le Cali-jug. The Brahmani universally speak of the Bouddhas with all the malignity of an intolerant spirit, yet the most orthodox amongst them consider Buddha himself as an incarnation of Brama. this contradiction can be reconciled only by supposing with Georgi that there were two Buddhas. ... We have besides reason to suppose that Buddha is in truth only a general word for a philosopher. the author of a celebrated Sanscrit Dictionary entitled from his name Amaracosha gives us 18 names of a Buddha in general, most of the significative of excellence, wisdom, virtue & saintety : As. Res. II 123–1251.
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le 1 Buddha, identifié avec la planète de Mercure, fils de Chandra ou la lune, divinité male, dont le père était Atri, fils de Brahma. As. Res. II. 1272.
26.
Le Surya Siddhanta, traité d’astronomie, supposé une révélation divine, trouvé à Benarès par Sir R. Chambers, & le Tika, un commentaire sur cet ouvrage, trouvé de même à Benares par M. Duncan. A. R. II. 2263. l’astronomie liée au dogme de la destruction du monde, le Calpa (ou grande periode de 4 millards, 510 millions d’années, fesant un des jours divins de Brama) divisé en Manwanteras ou destructions périodiqués. A. R. II. 2284.
21 Mercure ] 〈illis.〉 Mercure 1
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Montage de plusieurs citations, aucune littérale. La première vient du «Fifth Discourse on the Tartares» par Jones (Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 19–41), la suite de l’étude du même auteur «On the Chronology of the Hindus» (Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 111– 147). La note renvoie à l’étude de Jones, «On the Chronology», citée dans la note précédente. BC cite l’étude de Samuel Davis, «On the Astronomical Computations of the Hindus», Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 225–287, qui cite les auteurs mentionnés. Renvoi a` la même étude citée dans la note précédente.
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Meya, l’auteur du Surya Siddhanta. A. R. II. 234. les commentateurs regardent le Surya Siddharta comme le plus ancien des Shasters astronomiques, & nommément un Brahma-Siddhanta ou les observations contenues dans le 1er se trouvent corrigées. le premier shaster astronomique est le Surya Siddhanta, le second le Brahma Siddhanta, le 3e le Panlastya Siddhanta, le 4e le Soma Siddhanta. A. R. II. 235 2361 Moyen de concilier l’infaillibilité sacerdotale avec les corrections successives, indiqué dans le Surya Siddhanta même. les mouvemens des planètes peuvent changer, mais les principes de la science sont toujours les mêmes, dit Arca, le soleil, à Meya auteur du Surya Siddhanta. (Surya Siddh.) A. R. II. 2352 Les Pandits qui ont fait des progrès en astronomie ont des notions trop justes pour croire à ces fables ridicules des éclipses occasionnées par le monstre Rahu ; mais ces fables étant consacrées formellement dans les Vèdes & les Pouranas, dont aucun Indien n’ose disputer l’autorité, les astronomes prennent soin d’expliquer les passages qui contrasteroit avec leur science, & quand il est impossible de les concilier, Ils s’excusent en observant que les choses racontées dans les Shasters ont pu arriver & peuvent encore arriver ainsi, mais que lorsqu’il est question d’astronomie, il faut s’attendre aux règles astronomiques. ceci rappelle les philosophes du 18e siècle disant qu’ils écrivent comme philosophes, non comme théologiens. A. R. II. 257–2583 Traduction d’une inscription Indienne trouvée dans une caverne près d’Islamabad. Dieu envoya dans le monde Buddha Avatar, pour instruire les anges & les hommes & les diriger dans la bonne voye. Voici le récit de sa naissance & de son origine. Quand Buddha Avatar descendit de la région des ames, il entra dans le corps de Mahamaya, femme du Rajah Soutah Dannah, le ventre de sa mère parut soudain comme un cristal transparent, dans lequel on vit Buddah beau comme une fleur, à genoux & appuyé sur ses mains. Après dix mois & deux jours de grossesse, Mahamaya demanda à son époux la permission de visiter son père. Les chemins furent réparés pour faciliter son voyage, des arbres fruitiers furent plantés, des urnes
33 mains. ] mains. dans l’interl., après ce mot, une autre tentative de traduction pour un syntagme, illis. 1 2 3
Renvoi à l’étude de Davis. BC cite encore Samuel Davis. BC résume un raisonnement de Davis.
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pleines d’eau placées sur la route, de grandes illuminations faites de tous cotés. Mahamaya se mit en voyage & arrive près d’un jardin s’y arrêta pour se promener & pour cueillir des fleurs. Saisie par les douleurs de l’enfantement elle se soutient aux branches des arbres, qui se baissent sur elle pour la cacher aux regards. elle accoucha d’un fils & au même instant Brama se présenta, avec un vase d’or dans lequel il mit l’enfant qu’il confia à Indra qui chargea une femme de veiller sur ce dépot. Mais l’enfant s’élancant de ses bras, fit sept pas & fut repris par sa mère qui le reporta chez elle. Le lendemain la nouvelle de sa naissance se répandit. Le Mouni Tapaswi qui habitait les forêts pour se consacrer tout entier à l’adoration de la divinité, apprit par inspiration que Buddha étoit né dans le palais du Raja Soutan : il traversa les airs pour s’y rendre, & déclara qu’il venoit visiter l’enfant nouveau né. on apporta Buddha en sa présence. Le Mouni, observant les présages en vit d’heureux & de funestes, & se mit tour à tour à rire & à pleurer. Le Raja l’ayant interrogé, Je pleure, dit-il, parce que je n’habiterai pas la même demeure que Buddha, quand il sera monté au rang d’Avatar : mais en même tems je me réjouis de sa présence qui m’absout de tous mes péchés. Le Mouni partit ensuite, & cinq jours après il assembla quatre Pandits pour calculer la destinée de l’enfant. l’un d’entreux annonça qu’il s’élèverait à la dignité d’Avatar. L’enfant fut nommé Sacya, & parvint à l’âge de 16 ans à cette époque ; le Raya Chuhidan avoit une fille nommée Vasutara, qu’il s’étoit engage´ à ne donner en mariage qu’à celui qui tendrait un arc qu’il avoit en sa possession. Plusieurs Rayas l’avoient essayé sans y réussir. Sacya plus heureux épousa Vasantura1, & l’emmena dans sa demeure. Un jour, des vérités mystérieuses lui ayant été révélées, il forma le dessein de quitter son royaume, & bien que dans le même [temps ?] un fils, nommé Raghu, lui naquit, il quitta son palais avec un seul serviteur, & un cheval, & traversant le Gange il renvoya le cheval & l’homme, & quitta son armure. à la création du monde, cinq fleurs avoient été créés & Brama les avoit déposées en lieu de sureté ; l’une d’entr’elles fut présentée à Sacya qui découvrit qu’elle contenoit des vêtemens dont il se couvroit, adoptant les mœurs & menant la vie d’un mendiant. Un voyageur passa près de lui, avec huit paquets d’herbes sur les épaules, & lui en fit une offrande. Sacya l’accepta & se coucha sur ces herbes. Tout à coup un temple sortit de terre, haut de 30 coudes, &
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8 sept ] 〈neuf〉 sept 1
BC déforme le nom.
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au milieu duquel étoit un trône d’or. Brama descendit du ciel, pour tenir un dais sur la tête de Saya ; Indra vint aussi avec un un large éventail, & Naga, le Raya des serpens, avec des souliers dans sa main, & avec lui les quatre divinités tutélaires des quatre coins de l’univers. Mais d’un autre côté, le chef des assours ou mauvais génies accourut avec ses forces monté sur un éléphant, pour livrer bataille à Sacya. alors Brama, Indra & tous les autres Dieux abandonnerent ce dernier & disparurent. Sacya se voyant seul invoque l’assistance de la terre qui obéissante, ouvroit un passage aux eaux souterraines, & les assours vaincus furent forcés de se retirer. Cinq codes sacrés descendirent du ciel & Sacya fut revêtu du titre de Buddha Avatar. Il jeune 21 jours & retourna ensuite dans sa patrie où il gouverna en Raja avec équité. Quiconque lit ces livres sacrés se délivre par là des machinations des mauvais génies & de celles de ses ennemis, il suivra les voyes de la redemption, dit Buddha à son condisciple Anguli Mala, il soustrait son ame a de nouvelles transmigrations. il est préservé de la pauvreté & des effets de la haine, il parvient à toutes les dignités & à tous les honneurs, il prolonge la durée de sa vie. Il se guérit des afflictions, & des peines du Corps, & gagne par la foi le Ciel & la félicité éternelle. le nom de ces livres est Anguli Mala, comme celui du disciple de Buddha. A. R. II. 382–3871.
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26. *
Livres astronomiques plus anciens que les Siddhantas cités cidessus. Varaki sankita de Varaha, surnommé Mihira ou le soleil, à cause de sa science, vivant environ 500 ans avant J.-C. & Parasari Sankita, par Parasara vivant 1200 avant notre Ere. A. R. II. 392 & 3942.
26. *
Opinions astrologiques dans les écrits de ces deux astronomes. A. R. II. 397.
22.
que les peuples du Tibet étoient des Indiens qui avoient enté les hérésies de Buddha sur leur ancienne religion mythologique est
14 sacrés se ] sacrés 〈puise par la même sa (?)〉 se 15–16 il ... redemption, dit ] 〈&〉 il suivra ce deux dermiers mots dans l’interl. les voyes de la redemption 〈lui sont ouvertes. En les lisant〉, dit 19 il prolonge ... Il se ] 〈&〉 il prolonge ces mots dans l’interl. la ... vie 〈est prolongée. la lecture de ce livre〉 Il se 20 & ... le Ciel ] & gagne par ces deux mots dans l’interl. la foi 〈en eux illis.〉 le Ciel 1
2
BC traduit, à l’exception du premier alinéa introductif, presque littéralement le texte d’un article des Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 383–387, «The Translation of an Inscription in the Maga Language engraved on a Silver Plate found in a Cave near Islamabad, Communicated by John Shore Esq.». BC résume deux pages de l’essai de Jones, «A Supplement to the Essay on Indian Chronology», Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 389–403.
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connu par les recherches de Cassiano qui avoit longtems habité chez eux, & au prolixe mais instructif Georgi. A. R. III. 101. 40. dans la littérature des Indiens, toute la nature est animée & personou 5. * nifiée. tous les beaux arts sont présentés comme une révélation du ciel toutes les connoissances, divines & leurs aires ont leur source dans les Vèdes, & l’un d’eux, le Samaveda étoit destiné à être chanté. c’est pour cela que dans le Bagvat-Gita, Crishna, énumérant les diverses classes d’êtres dont il est le chef il dit «parmi les Vèdes, je suis Saman». De ce Sama Vède étoit dérivé l’Upavède des Gandbarbas ou musiciens du Ciel, cet art divin a été communiqué à notre espèce par Brama lui-même ou par sa force active Saraswati, la parole. & leur fils mythologique Nared fut l’inventeur de Cachhabi la lyre, come Mercure chez les Grecs. A. R. III, 672. 26. *
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By appropriating a different musical mode to each of the 6 seasons (each of two month in India) the artists connected certain straint with certain Ideas & were able to recal the memory of autumnal merriment at the close of the harvest, or of separation or melancholy during the cold months, of reviving hilarity on the appearence of blossoms, & complete vernal delight in the month of Madbu, or honey, of languor during the dry heats, & of refreshment by the first rains, which cause in that climate a second spring. (liaison de l’astronomie avec la musique). Pavan, or the inventor of his musical system, reduced the number, the notes from seven to six, in order to adapt them to the six seasons. every branche of knowledge in that country has been embellished by poetical fables, & the inventive talents of the Greeks never suggested a more charming allegory than the lovely famelies of the six Ragas, named in the order of the seasons above exhibeted, Bhairava, Malava, Sriraga, Hindola, or Vasanta, Dipaca & Megha, each of whom is a Genius or Demigod, wedded to five Raginis or Nymphs, & father of eight little Genii. A. R. III, 72–733.
BC résume un passage de «The Eighth Anniversary Discourse» de William Jones, publié dans les Asiatick Researches, t. III, 51807, pp. 1–16. Les ouvrages mentionnés sont l’Alpabetum Tibetanum de Georgi et l’Alphabetum Brammhanicum seu Indostanum universitatis Kasi, Romæ : Sacra Congragation de Propaganda Fide, 1771. BC Résume, en traduisant un grand nombre de tournures, une page de l’essai de William Jones «On the Musical Modes of the Hindus», Asiatick Researches, t. III, 51807, pp. 55–87. Le passage copié est légèrement adapté aux besoins d’une note de travail, qui ne dispose plus du contexte. On le trouve dans l’essai cité dans la note précédente.
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32.
Panthésime chez M. Necker. A. R. III. 169. id. des Sufis Persans & indiens. ib. 165–1831.
39.
Charme du Gitagovinda. A. R.
26.
le monstre Rahu, un immense dragon, animal fabuleux. A. R. 3333.
III.
185–2072. III
5. *
Il y a dans les Védes un Upanishad consacré à l’anatomie du corps humain, & contenant une énumération complète des nerfs, des veines, des artères. A. R. IV. 1604.
27.
le petit traité en quatre Chapitres attribué à Vyasa & contenant les dogmes de l’école Vedantiste, est extrêmement obscur, & ressemble plus à une table des matières qu’à un systême développé. mais cette obscurité a été en grande partie dissipée par le commentaire de Sancara sur la philosophie védantiste commentaire qui non seulement éclaircit le texte de Vyasa, mais expose les doctrines des autres écoles, depuis celle de Capila jusqu’aux plus modernes. A. R. IV. 165.
27.
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27.
Le plus ancien Chef de Secte dont l’ouvrage entier nous a été conservé est, suivant quelques auteurs, Capila, non pas le divin personnage, réputé petit-fils de Brama, & auquel Crishna se compare lui-même dans le Bhagvat Gita, mais un sage du même nom qui inventa la philosophie sanchya, ou la philosophie des nombres semblable en partie à la métaphysique de Pythagoras & en partie à la Théologie de Zenon. la doctrine de Capila a été défendu & expliquée par Patanjali, l’auteur d’un ouvrage de grammaire tres célèbre aux Indes. A. R. IV. 1626. Le second fondateur de Secte (si même il n’est pas le plus ancien, car les légendes Indiennes lui donnent pour femme Ahalya, rendue à la figure humaine par Rama, & un sage de ce nom est mentionné
33 Panthéisme ] au niveau de cette entrée, dans la marge une note de travail reprendre ici 1
2 3 4 5 6
BC prend acte du fait que William Jones cite un long passage de Necker dans son essai «On the mystical Poetry of the Persians and the Hindus», Asiatick Researches, t. III, 1790, pp. 165–183, et plus particulièrement pp. 168–170. BC renvoi à la contribution anonyme «Gitagovinda ; or the Songs of Jayavéva», qui se trouve dans le volume cité les pp. 185–207. Voir Francis Wilford, «From the ancient Books of the Hindus on Egypt and the Nile», Asiatick Researches, t. III, 51807, pp. 295–468, et plus particulièrement p. 333. BC lit l’étude de William Jones «Discourse the Eleventh on the Philosophy of the Asiatic», Asiatick Researches, t. IV, 41807, pp. 157–173. La note traduit une phrase. Il faut lire: 161. BC résume le passage, en traduisant plusieurs phrases de Jones. BC résume un passage qu’on trouve p. 162.
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souvent dans les Vèdes) est Gotama ou Goutamu. sa philosophie & celle de Canada, sont appelées toutes deux Nyaya, ou logique. Elles sont plus conformes qu’aucune autre au sens commun de l’espèce humaine, admettent l’existence réelle de la matière, dans son acception recue, & établissent des regles de raisonnement & de dialectique peu différentes de celles d’Aristote. A. R. IV. 162– 1631. 27.
27.
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27. *
4
Le dogme fondamental de l’école Vedantiste n’est pas de nier l’existence de la matière, c. à d. de la solidité, de l’impénétrabilité & de l’étendue, mais de corriger les notions populaires en établissant que la matière n’a point d’existence indépendante des perceptions de l’esprit ; que l’existence & la perceptibilité sont des correlatifs nécessaires ; que les apparences extérieures & les sensations sont illusoires, & s’évanouiroient si l’énergie divine qui les soutient étoit suspendue. (Jones essaye ici de défendre le Védantisme de l’accusation de Panthéisme, prétendant que l’omniprésence, la sagesse & la bonté de Dieu sont la baze de cette philosophie, mais sans le prouver). A. R. IV. 1643. Les disciples de Buddha se sont jetés dans l’extrême opposé aux Védantistes. Ils ont nié l’existence de l’esprit pur ne reconnoissant que la matière. voilà du moins ce dont les accusent les Brames qui du reste, irrités de ce que Buddha s’étoit [écarte´ de leurs] ancêtres, au sujet des sacrifices sanglans qu’ils regrettent & que les vèdes prescrivent, sont plus ou moins suspects de malignité sans leurs accusations contre les Boudhistes. cependant leurs livres commencent, tout aussi bien que les livres des orthodoxes, avec le mot Om, symbole des perfections divines. A. R. IV. 1654.
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mais quelqu’aient le siecle ou le mérite de Gotama, l’école de Vyasa adoptée presqu’en entier par son disciple Jaimini, est la plus celebre. leurs systêmes sont connus sous le nom de première & seconde Minansa, mot qui, comme celui de nyasa, exprime les opérations du raisonnement : mais le traité de Vyasa a plus particulièrement le titre de Vedanta, parce qu’il fondait sa doctrine sur les Vedes tels qu’il les interprêtait. A. R. IV. 1642.
The whole of the theology & part of the philosophy of Newton may be found in the Vedas & even in the works of the Sufis. The most subtil spirit, which he suspected in them to cause attraction &
Résumé et traduction partielle du passage. BC paraphrase le texte de Jones. La paraphrase du texte de Jones résume la thèse défendue par l’auteur. La remarque qu’on lit entre parenthèses appartient également à Jones. BC traduit le texte de Jones (pp. 172–173 du vol. IV). Nous restituons hypothétiquement les mots perdus au bas du folio. Jones écrit «as Buddha dissented from their ancestors».
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repulsion : the emission, refluction & refraction of light ; electricity, calefaction, sensation & muscular motion, is described by the Hindus as a fifth element, endued with those very powers ; & the Vedas abound with allusions to a force universally attractive, which they chiefly ascribe to the sun, thence called Aditya or the attractor, a name designed by the mythologists to mean the Child of the Goddess Adity : but the most wonderful passages on the theory of attraction, occurs in the charming allegorical poem of Shirin & Ferhad, or the Divine Spirit & a human soul & desinterestedly pious : a work which from the first verses to the last is a blaze of religious & poetical fire. «There is a strong propensity which dances through every atom, & attracts the minutest particle to some particular object. Search this universe from its baze to its summit, from fire to air, from water to earth, from all below the Moon to all above the celestial spheres, & thou wilt not find a corpuscle destitute of that natural attractability : the very point of the first thread, in this apparently tangled skein, is no other than such a principle of attraction : & all principles beside are void of a real basis : from such a propensity arises every motion perceived in heavenly, or in terrestrial bodies : it is a disposition to be attracted, which tought hard steel to rush from its place & rivet itself on the magnet : it is the same disposition which impels the light straw to attach itself firmly on amber : it is this quality which gives every substance in nature a tendency toward another, & an inclination forcibly directed to a determinate point.» A. R. IV. 169–1701.
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après 43.
Le ch. sur la doctrine secrette de l’Inde doit être suivi d’un chap. intitulé : des doctrines philosophiques résultant pour les Indiens de la doctrine secrète renfermée dans leurs livres religieux.
32 *
Jones dans son ardeur pour justifier les philosophes Indiens du Panthéisme, prétend qu’il n’y a aucune ressemblance entre le Panthéisme de Spinoza & de Toland & le systême de Gotama. A. R. IV. 172–1732.
43. *
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Sir W. Jones, on the Laws of Menu. It is a system of despotism & priestcraft, both, indeed, limited by law, but artfully conspiring to give mutual support, though with mutual checks ; it is filled with strange conceits in metaphysics & natural philosophy, with idle superstition, & with a scheme of theology most obscurerly figurative, & consequently liable to dangerous misconception ; it abounds with minute & childish formalities, with ceremonies gene-
Copie conforme, à quelques coupures près sans importance. Jones désigne la philosophie de Spinoza et la théologie de Toland comme «insane philosophy», tandis que la philosphie de Gotama serait «grounded on the doctrine of an imma-
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rally absurd & ridiculous ; the punishments are partial & fanciful ; for some crimes, dreadfully cruel, for others reprehensibly slight ; & the very morals, though rigid enough on the whole, are in one or two instances, (as in the cases of light oaths & of pious perjury) unaccountably relaxed : nevertheless, a spirit of sublime devotion, of benevolence to mankind, & of amiable tenderness to all sentient creatures, pervades the whole work ; the style of it has a certain austere majesty, that sounds like the language of legislation, & extorts a respectful awe ; the sentiments of independence on all beeings but God, & the harsh adminitions, even to kings, are truly noble ; & the many panegyris on the Gayatri, the mother, as it is called, of the Veda, prove the author to have adored not the visible material sun, but that divine & incomparably greater light, to use the words of the most venerable text in the Indian Scripture, which illumines all, delights all, from which all proceed, to which all must return, & which can alone irradiate, not our visual organs merely, but our souls & our intellects. A.R. V. IX-X1. 32. *
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après 43. *
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Le Panthéisme se laisse apercevoir dans toutes les fables des Indiens Brama est à la fois chaque homme individuellement, & collectivement il est la race humaine, ce qui fait qu’il naît & qu’il meurt tous les jours, parce qu’il y a chaque jour des hommes qui naissent & d’autres qui meurent : & qu’il meurt [aussi] tous les cent ans, parce que c’est le terme le plus long de la vie humaine. A. R. V. 2472. Valmiki & Vyasa étoient deux poètes contemporains que les Indiens séparent par un intervalle de 864.000 ans, prétendants que le premier vivait à la fin de 3e age (le Treta Yog) & le second à la fin du 4e (le Dwapar Yog) & ne pouvant nier que ces deux bardes n’ayent souvent conféré ensemble relativement à leur poèmes, ils aiment mieux expliquer ce fait par un miracle que porter atteinte à leur chronologie mythologique. A. R. V. 321. La guerre du Mahabarat eut lieu du tems de Vyasa qui l’a chanté dans le poème du même nom. ib. 3223.
terial Creator supremely wise, and a constant Preserver supremely benevolent», donc sans le moindre rapport avec une philosophie proche du panthéisme. BC cite un texte intitulé «Advertisement», qui résume une opinion avancée par Jones (Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. III-XI). Francis Wilford, «On the Chronology of the Hindus», Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 241–295. BC résume ce passage en le traduisant partiellement. Voir John Bentley, «Remarks on the Principal Aeras and Dates of the Ancient Hindus», Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 315–343, et plus particulièrement pp. 321–322.
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26. *
Adoration des élémens 348 & des astres 355 dans les cérémonies des Brames. A. R. V. 345–3681.
37 *
Dieu, par la pensée, créa les eaux & placa en elles une sémence productive. Loix de Menou ch. 1. v. 8. A. R. V. 3532.
39. *
Tolérance des Indiens. The Hindu is often seen to vie with the disciples of Ali, in his demonstrations of grief for the fate of two martyred sons of that apostle, and in the splendor of the pageant annually exhibited in their commemoration. He pays a respect to the holidays prescribed by the Koran, or set apart for the remembrance of remarkable events in the life of the prophet or his apostles. This degree of complaisance is perheaps not surprising in the disciples of Brahma, whose maxim is, that the various modes of worship, practised by the different nations of the earth, spring alike from the Deity, and are equally acceptable to him. A. R. VI. 113.
22. *
C’est dans l’Isle de Ceylan, dans le vaste empire des monarques Birmans & dans les Royaumes de Siam & de Cambodge que la religion de Buddha ou de Godama est professée, les adhérens sont répandus dans la Chine, la Cochinchine, le Japon & le Tonquin. M. Chambers, As. R. I. 160–166 a donné de très bonnes raisons pour croire que ce culte s’étendait autrefois sur toute l’Inde, & n’a été extirpé par les Brames que vers le 9e ou même le 12e siècle de notre ère. A. R. VI. 1564.
39. *
Buchanan déjà cité sur l’influence de la religion Indienne. A. R. V. 1695.
après 43.
Philosophie Atomiste des Burmans. il y a cinq espèces d’atomes. La première est un fluide invisible à l’homme, & qui pénètre tous les corps. La 2de se compose de ces particules subtiles qu’on voit flotter dans l’air, quand le soleil se fait jour par une ouverture. la 3e, cette poussière qui dans les tems de sécheresse s’echappe de dessous les pieds des voyageurs ou les roues des chars. la 4e, les portions moins fines de cette même poussière qui ne s’élèvent un moment que pour retomber. la 5e, les fragmens de feuilles de palmier qui tombent à terre, quand on écrit sur ces feuilles avec un
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Colebrooke, «On the Religious Ceremonies of the Hindus, and of the Brahmens especially», Asiatick Researches, t. V, 41807, pp. 345–368, et plus particulièrement les pp. indiquées. Même source que celle indiquée dans la note précédente. BC copie un passage du récit de William Hunter, «Narrative of a Journey from Agra to Oujein», Asiatic[k] Researches, t. VI, pp. 8–76. C’est la seule fois qu’il cite cet auteur, mais il n’y renvoie pas dans son ouvrage. Il faut lire : 163. BC traduit le début de l’essai de Francis Buchanan, «On the Religion and Literature of the Burmas», Asiatick Researches, t. VI, 1807, pp. 163–308. C’est la même source que celle citée dans la note précédente.
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stylet de fer, manière d’écrire en usage chez ces peuples. 36 de la 1ere espèce d’atomes en font un de la 2de, 36 de la 2de un de la 3e & ainsi de suite. Sept de la dernière sont égaux en grosseur à un pou, sept poux à un grain de riz, sept grains de riz à un pouce &ca. A. R. VI. 1681. 22.
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Les Rahans ou prêtres de Godama ou Buddha sont empêchés par leur religion de se livrer à l’étude de l’astrologie, les Brames profitent de la crédulité du peuple & se sont établis dans l’empire des Burmans, mais sans se mêler précisément du culte. Ils sont employés comme des devins à la cour & dans les palais des grands. on les consulte dans toutes les affaires importantes ils déterminent l’heure propice pour tenter les entreprises, & vendent à leurs protecteurs des amulètes & des talismans. A. R. VI. 168–1692. Astrologie. No person will commence the building of a house, a journey, or the most trifling undertaking, without consulting some man of skill to find a fortunate day or hour. Several men of rank have small boxes of theriac, to render themselves unvulnerable. Every Burma physician has at the end of his book some charms & magical squares of figures. every man of any education pretends to a skill in cheiromancy, or the foretelling of a person’s fortune by looking at the palms of his hands. a prophecy having been current, fortelling that Pegu would again be the seat of government, the king was thrown into considerable anxiety, and thinking to elude the prophecy sent orders to the Myoowun (governer of the province) to remoove the seat of his government from Rangoun to Pegu then in ruins. A. R. VI. 172–1733. however great the proficiency of the Brahmens in astrology they are very ignorant in astronomy. Though they sometimes attempt to calculate eclipses, yet they pretend not to ascertain either the hour of their commencement, or the extent of the obscuration. ... the time of the full moon & the duration of the eclipse, found by the rules given in the Surya Siddhanta differ considerably from the truth (AS. R. II 285) & the rules given in the Siddantha Rahasya & other more modern books, though making a nearer approach are far from being correct. A. R. VI. 173–1744.
BC traduit, en l’abrégeant, un passage de l’étude de Buchanan. Traduction d’un passage de la plume de Buchanan. BC copie, en l’abrégeant largement, un passage de l’étude de Buchanan. BC résume Buchanan. Le renvoi aux Asiatic Researches, t. II, vise la fin de l’essai de Samuel Davis, «On the Astronomical Computations of the Hindus», Asiatick Researches, t. II, 51807, pp. 225–287.
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Miracles de Buddha. le Nat Bommazo (un dieu des Birmans) ayant vu passer Godama, parlait avec dédain à ses compagnons du pouvoir de ce Dieu, lui proposa d’essayer lequel des deux pourroit opérer le plus grand miracle. que chacun de nous cache son corps, lui dit-il, & nous verrons lequel découvrira l’autre. Godama craignait, s’il se refusait à cette épreuve, que les Dieux & les hommes ne méprisassent sa divinité accepta cette la proposition il se couvroit les yeux de ses mains & Bommazo se transformant en un grain de sable, pénétra dans le centre de la terre & s’y cacha. mais Godama, qui voit tout en vertu de sa sagesse divine, mit une main sur l’ouverture par laquelle avoit pénétré Bommazo & de l’autre fouille la terre jusqu’à l’endroit où s’étoit caché son rival, en lui ordonnant de reparaître. Bommazo attribuant au hazard le triomphe de Godama voulut se cacher de nouveau, mais celui-ci lui dit : ne suis-je pas instruit des plus secrètes pensées de votre cœur ? Sortez donc & ne feignez pas de ne point m’entendre. le dieu forcé de céder demanda à Godama de se cacher à son tour. Godama ne se changea pas en un grain de sable, mais en un atome invisible, & se place sous l’un des sourcils de Bommazo lui criant de la chercher. Bommazo entendant la voix de Bommazo1 tout près de lui, ouvrit les yeux & chercha de tous cotés, sans les quatre isles de la terre, & les 2000 petites, tout l’océan & les montagnes inaccessibles de Zetchiavala ; il gravit les sommets du Mienmo (Montagne de la mythologie fabuleuse des Burmans) & poussa ses recherches jusques dans plusieurs autres mondes : fatigué & se déclarant vaincu, o grand Godama s’écria-t-il, ne te cache plus, & parais à nos yeux. alors Godama créant subitement une échelle magnifique, d’or massif et orné de perles, & reprenant sa taille ordinaire, descendit, revetu d’une parure éclatante, du sourcil de Bommazo jusqu’à terre. Ce dernier reconnut son arrogance & demanda pardon de sa faute adora Bouddha comme un Dieu, non seulement durant & après sa mort. A. R. VI. 238–2392. Un missionnaire cité dans les A. R. prétend que les Prêtres Burmans reconoissoient 4 classes d’hommes, la 1ere les Princes, la 2de les Bramans, la 3e les riches, la 4e les marchands, artisans &ca. mais l’auteur qui cite ce missionnaire atteste que dans l’Empire des Bur-
Il faut lire : «Godama», faute due à la distraction. BC traduit, en l’abrégeant, un grand passage cité par Buchanan. La source de Buchanan est la traduction latine de trois textes burmans par un missionnaire italien, Vincentius Sangermano, qui avait pu se les procurer.
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mans & à Siam, cette distinction cruelle & abominable est tout à fait inconnue. A. R. VI. 2511. 22.
Destruction du pouvoir sacerdotal par Bouddha. Bouddha has no doubt given to the bestowing alms on the clergy a conspicuous place among the virtues : but his clergy for support are entirely dependant on these alms : they have not ventured to propose any stated, lasting, or accumulating property, beeing annexed to their order ; nor have they assumed to themselves any rank or power in the management of secular affaires2.
22.
Cette destruction du pouvoir sacerdotal par Bouddha n’a point oté à sa religion l’esprit sacerdotal. aussi prêche-t-il les privations contre nature & place-t-il le célibat au dessus du mariage. A.R. VI. 2563.
22.
Noms divers de Bouddha. Godama ou Kodama parmi les Indiens au delà du Gange. Gotamas chez les Hindous. (As. R. IV. 170) Ce nom signifie gardien de bœuf & métaphoriquement Roi. (Mus. Borg. p. 8) une image de Bouddha est nommé Ananda. dans la langue Pali, son nom le plus commun est Bouddha. à Siam, Poutti Sat, à la Chine Fo, & chez les Burmans quelque fois Buraloun. A. R. VI. 260–2614.
22.
L’image de You-loe-fat, à la Chine, a beaucoup de ressemblance avec celles de Godama, & Buchanan a vu, à Amarapura, des Ambassadeurs chinois, rendre hommage à un simulacre de Bouddha le prenant pour la même divinité. A. R. VI. 261–2625.
22.
les Bouddhistes plus tolérans que les Brames. On a vu que Crishna accorde une félicité future plus ou moins longue à ceux qui adorent d’autres Dieux, mais dans la religion de Bouddha déclarant que de même que celui qui mange un fruit amer, le croyant doux, le trouve
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C’est toujours l’article de Buchanan qui est en cause. BC résume la citation de Sangermano et ajoute le jugement de Buchanan en en traduisant l’essentiel. BC extrait un passage de l’article de Buchanan. Voir p. 255 de l’article cité. BC interprète une observation de Buchanan. BC résume le passage sur les noms de Bouddha qu’on trouve chez Buchanan aux pp. 259– 261. Les deux renvois à d’autres publications proviennent de cet article et désignent dans le premier cas l’étude de William Jones «Discourse the Eleventh : on the Philosophy of the Asiatics», Asiatic Researches, t. IV, 41807, pp. 157–173 ; dans le second l’ouvrage de Paulinus a Sancto Bartolomaeo, Musei Borgiani Velitris Codices manuscripti Avenses Peguani Siamici Malabarici Indostani [...], Romæ : apud Antonium Fulgonium, 1793. Résumé d’une observation de Buchanan dans l’article cité.
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[être] amer, de même que celui qui avale du poison le croyant une liqueur salutaire, est pourtant empoisonné ; les adorateurs des faux dieux quoiqu’ils ayent enduré la faim, la soif, la chaleur & le froid, en l’honneur de ces faux Dieux, n’ont tiré de leur devotion aucun avantage, mais ont passé dans les enfers pour y subir d’horribles tortures. A. R. VI. 2701.
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Le nom des prêtres de Bouddha ou Godama est dans le langage des Burmans Rahans, dans la langue Pali Thaynka, par les Européens Talapoins. A. R. VI. 2742.
22.
Ces Prêtres vivant ensemble dans des couvens ou collèges, dont chacun a un chef nommé Zara. chaque grand personnage fonde un Kiaung ou couvent auquel il donne pour Zara son guide spirituel. Celui du Roi s’appelle Zarado. il est entouré d’un grand respect, les honneurs qu’on lui rend égalent ceux qu’on rend au Roi. il lui est permis de dormir sous un Pyathap (espèce de dais qui se termine par un Obélisque) privilège refusé même au fils ainé du Roi, admis au partage de la puissance Impériale. A. R. VI. 2763.
22.
L’intolérance des Bouddhistes est plus en théorie qu’en pratique : car, bien que leurs Rahans cherchent à faire des convertis & croyent qu’il n’y a de salut que dans leurs religion, ils n’employent jamais la violence, n’empêchent personne d’adorer Dieu à sa manière. Ils tolèrent les mosquées, les églises & les Pagodes, les processions publiques faites par des étrangers, & les infidèles sont admis aux emplois publiques. A. R. V. 2784.
22.
Autrefois il y avait chez les Bouddhistes des couvents astreintes à une virginité perpétuelle. mais cet usage est tombé en désétude. A. R. VI. 2795.
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The supposition of the Surya Siddhanta being transmitted to Meya by divine revelation, seems not the only pious fraud committed by the Bramins : a number of other astronomical works were framed, calculated also for the purpose of deception, some delivered from the mouth of Deity as the Brama Siddhanta, Wichnu Siddhanta &
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BC traduit une citation d’un passage des textes publiés par le missionnaire Sangermano. BC résume un passage de Buchanan. Buchanan parle des couvents de manière détaillée. BC note l’essentiel. Il faut lire : A. R. VI. BC résume le texte de l’auteur anglais en simplifiant. BC résume un passage de Buchanan qui parle des couvents pour femmes. Ils ont été abandonnés, selon cet auteur, sur ordre des rois burmans.
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the works of Shiva, commonly called Tontras : others through revelation, as the Soma Siddhanta, others fathered on the sages of the remotest antiquity as the Vasishta Siddhanta, Parasar Siddhan ta, Ruddra Siddhanta, Gorga Siddhanta, Bargob Siddhanta &ca. to the number of about eighteen altogether, including the Surya Siddhanta. These 18 are now called, by way of preeminence, the 18 original Shasters of astronomy1.
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Singhala, le nom Indien de Ceylan2.
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Bouddha signifie dans le langage Pali & dans celui de Ceylan, la science universelle, la sainteté parfaite, un Saint supérieur à tous les Saints, un Dieu supérieur à tous les Dieux. A. R. VII. 333.
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Buddha, avant son apparition sous une forme humaine, étoit le premier des Dieux. à la sollicitation des Dieux inférieurs, il descendit sur la terre & naquit plusieurs fois, se distinguant toujours par une vertu singulière & par des pénitences & une pitié sans exemple. Il naquit enfin de Mahamaya après une grossesse de 10 mois, ayant pour père Sooddodeneh. Il vécut heureux pendant 31 ans avec sa femme Yassodera, & sa mission devenant manifeste, il exerca ses fonctions spirituelles pendant 40 ans. Malgré cette légende, Bouddha n’est pas précisément considéré comme un Dieu incarné, mais plutôt comme un homme déifié à force de vertus & de pénitences. A. R. VII. 364. les habitans de Ceylan ne reconnaissent point de Dieu suprême auteur de l’univers & le gouvernant : mais une 1ere cause sous le nom vague de nature. pour autoriser leur denegation d’une intelligence creatrice du monde Ils objectent que si cette intelligence existoit, le monde ne périroit pas. A. R. VII. 34–355. Liaison de la mythologie Indienne avec la légende de Bouddha. Autrefois, 3 Géants maîtres de trois villes de fer & de cuivre & d’or, villes ailées & se transportant d’un endroit à l’autre adoraient Shiven & par la puissance de son embleme sous le lingam étoient
Asiatick Researches. t. VI, 579. BC renvoie à une page de l’essai de J. Bentley, «On the Antiquity of the Surya’ Siddhanta, and the Formation of the Astronomical Cycles therein contained» (Asiatic Researches, t. VI, 1807, pp. 540–593). BC note cette définition en utilisant le titre de l’étude de Mahony, «On Singhala, or Ceylon, and the Doctrines of Bouddha ; from the Books of the Singhalais», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 32–56. BC résume un alinéa de l’étude de Mahony. Il faut lire : A. R. VII. 33. Paraphrase simplifiée de la légende de Bouddha. BC résume, en simplifiant les faits, deux alinéas de l’étude de Mahony.
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invisibles. Ils opprimoient souvent les Dieux qui s’adonnèrent à Wichnou, lequel prit une forme humaine sous le nom de Bouddha & par les miracles & les predications détacha les hommes de ces 3 Géants qui tombèrent entre ses mains & furent détruit par lui. Cependant ses sectateurs sont traités d’hérétiques par les Indiens orthodoxes. A. R. VII. 56–571. 6. *
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Every Parana treats of five subjects, the creation of the Universe, its progress & the renovation of worlds : the genealogy of Gods & heroes, chronology, according to a fabulous system : & heroic history [con] taining the achievements of demi-gods and heroes. Since each Purana contains a cosmogony, with mythological and heroic history, the works which bear that title may not unaptly be compared with the Grecian Theogonies. A. R. VII. 202–2032. La grammaire au nombre des sciences inspirées. Panini, le père de la grammaire Sanscrit, suivant les Puranas, le petit fils de Devala, législateur inspiré. A. R. VII. 203. Panini les plus ancien des grammairiens indiens, mais indiquant par des citations que d’autres, oubliés aujourd’hui, l’avoient précédé. ib. 203. sa grammaire corrigée par Catyayana, également un inspiré, dont l’histoire se lie aux légendes mythologiques de l’Inde. ib. 206. les règles de la grammaire mises en vers par Bhartri-Hari, également mythologique, car on le suppose le frere du célèbre Vicramaditya. ib. ib. l’ouvrage de Panini intitulé Paniniya Sutra. le grand commentaire sur cette Science attribué à Patanjali, auquel la mythologie assigne une figure de serpent. Ainsi science & fables toujours confondues. ib. 205. Ce grand Commentaire intitulé Mahabhashya. ib. ib. Scholies sur ce commentaire par Caiyata, un savant Cashmirien. ib. ib. Autres commentaires. le Vrittinyasa, & le Madhavya vritti, dont l’auteur est Sangama, ministre de Sangama. Le Padamanjari, écrit par Haradatta Misra, grammairien d’une grande autorité. Mais le meilleur de tous les ouvrages de grammaire est le Casica-vritti, composé par Varanasi. ib. 206–207. l’un des plus récens est le Pracriya camundi, par Ramachanda. le Siddhanta Caumindi est plus récent encore, il est l’ouvrage de Bhaddiotji Dicshata qui vivoit il y a un siècle ou un siècle & demi, & dont la famille existe encore à Bénarès. ib. 209–210. ce grammairien a fait de plus un commen-
Il faut lire : 55–56. BC résume le dernier alinéa de l’essai de Colebrooke. Copie d’une note qu’on trouve dans l’essai de Colebrooke, «On the Sanscrit and Pracrit Languages», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 199–231.
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taire sur son propre livre intitulé Pranta menorama, & un autre sur la grammaire de Panini, sous le titre de Sabda Caustubha. nous ne continuerons pas l’énumération des grammaires postérieures, mais nous remarquerons seulement qu’elles se rattachent encore à la religion car l’auteur du Tatwa bodhini, commentaire du siddhanta Caumundi & du Manorama étoit Inyanendra Saraswati, un ascétique. ib. 2111.
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Un des effets de la liaison entre la religion et la science aux Indes a été que les lettrés & les poètes ont été enveloppés dans les persécutions religieuses. Tous les poèmes d’Amersinh, l’un des neuf diamans, come on les appelait, de la cour de Vicramaditya, ont été proscrits & ont péri dans les persécutions contre les Jainas & les Bouddhistes. A. R. VII. 2142.
entre 25 Adoration des élémens, tiré du rituel de Bhahadeva. As. R. & 26. * 233–234 &ca3.
dans l’invocation des Brames, pour le sacrifice qu’ils offrent aux planètes, Buddha est invoqué avec le feu & la planète de Mercure. A. R. VII. 2384.
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les pièrres de Wishnou, mentionné dans une note, sont appelées Salagramas, qu’on trouve dans la rivière Gandaci, au Royaume de Népal. Elles sont noires, rondes, & souvent percées en plusieurs endroits de vers, alors on suppose que Wichnou s’y est introduit, sous la forme d’un reptile. quand, par une observation minutieuse les Indiens croyent y découvrir quelque ressemblance avec le pied d’une vache ou une guirlande de fleurs, ils disent que Lackshmi, femme de Wishnou, y réside avec lui. D’autres pierres sont considérées comme des types de Shiven. on les nomme Banling. A. R. VII. 2405.
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Panthéisme dans les loix de Menou. The emboded spirit which has a thousand heads, a thousand eyes, a thousand feet, stands in the human breast, while he totally pervades the earth. that being is the universe, & all that has been or will be. A. R. VII. 2516.
Note encyclopédique, à partir d’un long passage de l’étude de Colebrooke, citée dans la note précédente. BC reproduit le début de la note, p. 214, de l’étude de Colebrooke. BC renvoie à une note de l’essai de Colebrooke, «On the Religious Ceremonies of the Hindus, and of the Bramens especially», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 232–311. BC renvoi au texte de la quatrième prière citée par Colebrooke. BC résume une note de Colebrooke. Ce texte revient dans le t. III de De la Religion, p. 122. BC copie le texte d’une prière.
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Fétichisme. A. R.
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The adoration of a cow is not uncommon. This worshop consists in presenting flowers to her, washing their feet. &ca. It seems to be founded on the superstituous notion, that the favour of Surabhi (the boon granting cow) may be gained by showing kindness to her offspring. The story of Vasishta’s cow, Nandini, attended by the king Dilipa, for the sake of obtaining a boon through her means, is grounded on this notion & beautifully told by Calidasa in the Rughwansar. Another fable of a cow, named Bahula who expostulates with a tyger, pleading with him to spare her life, forms an admirable passage in the Itahasas, or collection of stories supposed to related by Bimassena, while he lay on the point of death, wounded with innumerable arrows. The fourth day of Alswina is sacred to this cow & named from her Bahula Chaturbi. Images of her & of her calf are worshipped, & the extract from the Itihasas is on that day read with great solemnity. A. T. VII. 2762.
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les écoles Niaya, mot qui signifie livre sur la perception, le raisonnement, & l’intelligence, sont au nombre de deux, celle qui adopte la doctrine de Goutama en cinq chapitres, & celle qui professe la doctrine de Canada en dix. L’une & l’autre expliquent le sens des textes sacrés, la différence entre le juste & l’injuste, le bon & le mal. l’école Mimansa est aussi double. la 1ere compose de douze ch. a pour auteur Jaimini, & discute des questions de devoir & de la loi morale, & donne des règles de devotion. la 2de écrite par Vyasa en 4 ch. & 16 Sections examine diverses questions sur la Nature divine & traite des divines formes de l’être unique supreme. A.R. I. 3423. L’école Sanchya est aussi double. la 1ere est intitulée Patanjala, & consiste en un ch. de 4 sections, destiné à dissiper les doutes & à pénétrer dans la vérité par la comtemplation religieuse : la 2de ou Capila en six ch. traite de la production de toutes choses par l’union de Pracriti la nature avec Puruscha le 1er male (terminologie cosmogonique) Ainsi la Mimansa est en 2 parties, la Sanchya en deux parties & la Niaya en deux, & ces six écoles comprennent toute la doctrine du Théisme. A. R. I. 343–3444.
Note sans signification précise. Copie de la note de Colebrooke. Résumé d’un passage de la communication de Goverdhan Caul, «Literature of the Hindus, from the Sanscrit, communicated by Goverdhan Caul, with a short Commentary», Asiatick Researches, t. I, 51806, pp. 340–355. Même observation que dans la note précédente.
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Minutie de la religion Indienne. The hindu legislators & and the authors of the Puranas have heaped together a multitude of precepts, mostly trivial, & not unfrequently absurd. Some of them relate to diat, prohibet many sorts of food altogether, and forbid the constant use of others ; some the acceptance of food, which must not be received if given with one hand or without leaf or dish, some prescribe the hour of the two meals in the foremoon & in the evening. others enumerate the places where a Hindu most not eat, a boat, for ex. (haine de la mer) The persons with whom he should eat, (his sons & the inmates of his house) or not eat (his wife). The lawgivers, have bot been less particular, in directing the posture in which the Hindu must sit, the quarter towards which he ought to look, & the precautions he should take to insulate himself lest he be contaminated by the touch of some impure person. A. R. VII, 2771. Colebrooke sur les sectes Indiennes & le Théisme. A. R. VII. 279– 2832. Adoucissement des sacrifices même d’animaux. Anciennement aux Indes, dans les cérémonies Nuptiales, on tuait une vache. aujoudhui après lui avoir adressé une prière, on la met en liberté. (A. R. VII. 289) à l’intercession d’un des convives. p. 293. Les nouveaux mariés aux Indes sont tenus de vivre chastement pendant les 3 1ers jours. restes des privations contre nature. A. R. VII. 307. Charme des cérémonies nuptiales chez les Indiens. A. R. VII. 289– 311. Dans la Cosmogonie des Bouddhistes, le monde composé d’une infinité de mondes semblables l’un à l’autre, a pour cime un rocher, au haut duquel Buddha est assis. A. R. 4063 Il y a beaucoup de contradictions dans la métaphysique des Bouddhistes. tantot ils parlent de corps qui vivent & qui n’ont point d’ames, tantot d’ames sans corps qui pourtant sont de la matière. &ca. A. R. VII. 411. Malgré la métaphysique abstraite & le matérialisme panthéistique des Bouddhistes leurs légendes ne sont pas moins extravagantes que celles des Brames, tout en se rattachant à cette métaphysique a.
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Ceci dans les divinités malfaisantes4.
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BC revient à l’essai de Colebrooke. BC renvoie à une longue note, pp. 279–285 (et non pas 283). BC passe à la lecture d’un essai de Joinville, «On the Religion and Manners of the People of Ceylon», Asiatick Researches, t. VII, 31807, pp. 397–444. Voir le t. IV de De la Religion, livre X, chap. IV. La note se trouve dans la marge de gauche.
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ainsi p. ex. Bouddha, avant de rentrer dans le Nieban, c’est à dire dans l’état d’impassibilité absolue, prévoioit qu’un héros des- cendant d’un lion délivreroit Ceylan des mauvais génies, ordonna à Wichnou (relation de Bouddha avec les Dieux de l’Inde que j’ai niée) de lui prêter secours. 7 jours après l absorbtion de Buddha, le héros dont il avoit prévu l’arrivée débarque à Ceylan avec 700 géants que Wichnou lui avoit procuré. ce héros nommé Vige Kumareia étoit né du commerce de la fille d’un roi de Vagouratté & d’un lion qui ravageoit la contrée. il attaqua lui-même le lion son père & le tua. (retrouver ces détails dans un volume précédent.) Il débarqua ensuite à Ceylan & se reposa sous un figuier avec les 700 géants qui l’accompagnoient. Il y avoit alors dans cette Isle un démon femelle, qui avait 3 mamelles & qui savoit que lorsqu’une de ces trois mamelles tomberoit, il arriveroit un étranger puissant qui l’épouseroit. ce prodige aiant eu lieu, le démon femelle prit la forme d’une chienne, parvint jusqu’au héros, lui lécha les pieds & se retira. les géants la suivirent & se trouverent tout à coup précipités dans un lac. le héros, les ayant attendus longtems en vain se met à leur recherche. le démon qui avoit attiré ses compagnons dans le piège s’offrit à lui sous les traits d’une femme de la beauté la plus séduisante. mais plein de courroux de la perte des géants le héros la saisit par les cheveux & la menaca de la mort, si elle ne lui rendoit son armée. elle y consentit à condition qu’il la prendroit pour épouse. Il le lui promit par serment. aussitôt les géans s’élancèrent hors du lac. Kuveni, la nouvelle épouse du héros, lui apprit que les mauvais génies qu’il vouloit détruire habitoient deux villages, & qu elle lui donneroit les moyens de les détruire. elle se metamorphosa en jument & le héros porté par elle, les attaqua à l’improviste a l’exception d’un seul qui échappa & qui fait encore beaucoup de mal. As. R. VII. 417–419. après sa victoire le héros Koumarea épousa la fille d’un roi qui lui amena 700 jeunes filles que les géans épouserent, & Koumarea se declara Roi de Ceylan. ib. 441.
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Instruments bibliographiques
Abréviations
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Instruments bibliographiques
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der Städte : Ingleichen von Übung des Götzendienstes und Bekehrung zum Christenthum, von Aufrichtung uralter Kirchen, Bissthümer, Stiffter, und der Hohen Schul. Wie Auch von Bergwercken und Saltzbrunnen, von Privilegien und Antiquitäten, von guter Ordnung, Müntz, Maas, Gewicht, von seltsamer Kleidung, von Natur-Wundern, Land-Strafen, und was sich sonsten in geistlichen und weltlichen Händeln zugetragen, Leipzig : bei Thomas Fritschen, 1718. HALHED, Nathaniel Brassey, voir Code des lois des Gentoux. HAMMER-PURGSTALL, Joseph von, [C. r.] de «The Shah Namu, being a series of heroic poems on the ancient History of Persia [...], by the celebrated Abol Kausim i Firdoussee of Toos [...]. Calcutta : printed at the honorable Company’s press, by Thomas Watley, 1811 [...]. Soohrab, A Poem : freely translated from the original persian of Firdousssee [...] by James Atkinson [...], Calcutta : printed by P.Pereira, 1814. Das Heldenbuch von Iran, aus dem Schahnameh des Firdussi, von J. Görres. [...] Berlin, bey G. Reimer 1820», Jahrbücher der Literatur, hrsg. von Matthäus von Collin, Wien : Carl Gerold, t. IX, Jänner, Februar, März, 1820, pp. 1–83, et t. X, April, May, Juny, 1820, pp. 210–256. HEEREN, Arnold Herrmann Ludwig, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel, der vornehmsten Völker der alten Welt. Zweyte, sehr vermehrte und verbesserte Auflage. Mit einer Charte, Göttingen : Vandenhoe[c]k & Ruprecht, 1804–1812, 3 vol. (3e édition, 1815 ; 4e édition : Göttingen : J. F. Röwer, 1821–1826, 3 vol.). HERMANN, Gottfried, Briefe über Homer und Hesiodus, vorzüglich über die Theogonie, von Gottfried Hermann und Friedrich Creuzer. Mit besonderer Hinsicht auf des Ersteren Dissertatio de mythologia Græcorum antiquissima und auf des Letzteren Symbolik und Mythologie der Griechen, Heidelberg : Universitätsbuchhandlung, 1818. HERMANN, Martin Gottfried, Handbuch der Mythologie, Erster Band : aus Homer und Hesiod, als Grundlage einer richtigeren Fabellehre des Alterthums, Zweyter Band : enthaltend die Mythen aus den Lyrischen Dichtern der Griechen, Dritter Band : enthaltend die astronomischen Mythen der Griechen, mit erläuternden Anmerkungen begleitet, nebst einer Vorrede des Herrn Hofrath Heyne, Berlin et Stettin : Friedrich Nicolai, 1787– 1795, 3 vol. HERME` S TRISME´ GISTE (auteur prétendu), Corpus Hermeticum. – De mente communi ad Tatium. HE´ SIODE, Œuvres et jours – ÍΕργα καιÁ ëΗμε ραι. HE´ SYCHIOS, Hesychii Lexicon, Cum Notis Doctorum Virorum Integris, Vel Editis Antehac, Nunc Auctis & Emendatis, Hadr. Junii, Henr. Stephani, Jos. Scaligeri [...], Ex Autographis partim recensuit, partim nunc primum
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edidit, suasque Animadversiones perpetuas adjecit Joannes Alberti, Lugduni Batavorum : Luchtmans, 1746–1766, 2 vol. (t. II édité par David Ruhnken). HEYNE, Christian Gottlob, Excursus in Homerum, Oxonii : E Typographeo Clarendoniano, MDCCCXXII [1822]. – «Die in der Kunst üblichen Arten, die Venus vorzustellen», Sammlung Antiquarischer Aufsätze, Erstes Stück, Leipzig : Weidmann, 1778, pp. 115–164. – «De origine et caussis fabularum Homericarum», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. VIII, Commentationes historicæ et philologicæ, MDCCLXXVIII [1778], pp. 34–58. – «De Theogonia Ab Hesiodo Condita. Ad Herodot Lib. II, c. 52. commentatio recitata d. XVII. iun. MDCCLXXIX», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. II, Commentationes historicæ et philologicæ, MDCCLXXX [1780], pp. 125–154. – «De auctoribus formarum, quibus Dii in priscæ artis operibus efficti sunt», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. VIII, Commentationes historicæ et philologicæ, MDCCLXXXVII [1787], pp. XVIXXX. – «De antiqua Homeri lectione. Indaganda, diiudicanda et restituenda», Commentationes Societatis Regiæ Scientiarum Gottingensis, t. XIII, Commentationes historicæ et philologicæ, MDCCXCV [1795], pp. 159–182. – voir APOLLODORE D’ATHE` NES. – voir VIRGILE. Histoire de Constantinople depuis le Règne de l’ancien Justin jusqu’à la fin de l’Empire, traduite sur les originaux grecs par M. Cousin, A Paris : chez Damien Foucauld, MDCLXXXV [1685], 10 vol. HODGSON, J. A., «Journal of a Survey to the Heads of the Rivers, Ganges and Jumna», Asiatick Researches, Calcutta : Philip Pereira, t. XIV, 1822, pp. 60–152. HOLWELL, John Zephaniah, Interesting Historical Events, Relative to the Provinces of Bengal, London : Becket and De Hondt, 1765–1771, 3 vol. – Holwells merkwürdige und historische Nachrichten von Hindostan und Bengalen, nebst einer Beschreibung der Religionslehren, der Mythologie, Kosmogonie, Festen und Festtage der Gentoos und einer Abhandlung über die Metempsychose, aus dem Englischen mit Anmerkungen, und einer Abhandlung über Religion und Philosophie de Indier begleitet von J. F. Kleuker, Leipzig : Weygandsche Buchhandlung, 1788. HOME` RE, Homeri Opera Omnia ex recensione Frid. Aug. Wolfi, tomus prior : Prolegomena ad Homerum sive de operum Homericorum prisca et genuina forma variisque mutationibus et probabili ratione emendandi, Halis Saxonum : E libraria orphanotrophei, MDCCLXXXV [1795].
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eben desselben Sidharubam oder Samskrdamischen Grammatik, Riga : Johann Friedrich Hartknoch, 1797 (Abhandlungen über die Geschichte und Alterthümer, die Künste, Wissenschaften und Literatur Asiens, von William Jones und anderen Mitgliedern der im J. 1784 zu Calcutta [...] errichteten Gesellschaft, t. IV). – voir HOLWELL, John Zephaniah. KRISNAMISRA, Prabodh’ Chandro’daya, or, the Moon of Intellect : an Al˙legorical ˙ ˙ Drame ; and Atma Bod’h or the Knowledge of Spirit, translated from the Sanskrit and Prakrit, by J. Taylor, London : Longman, 1812. LARCHER, Pierre-Henri, Histoire d’Hérodote, traduite du grec, avec des remarques historiques et critiques, un essai sur la chronologie d’Hérodote et une table géographique, Paris : Musier, 1786, 7 vol. («Nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée», Paris : Crapelet, an XI [1802] 9 vol.). LE GENTIL DE LA GALAISIE` RE, Guillaume, Voyage dans les mers de l’Inde, fait par ordre du Roi, Paris : Imprimerie Royale, 1779. LENOIR, Alexandre, Nouvel essai sur la Table isiaque, avec gravures, par Alexandre Lenoir, Paris : s.éd., 1809. Lettres édifiantes et curieuses, écrites des missions étrangères, par quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus, Paris : P. G. Le Mercier et M. Bordelet, t. XXVI, 1743. LIBANIUS, (titre non identifié). LONGIN, Traité du sublime ou du merveilleux dans le discours, dans Nicolas BOILEAU, Œuvres diverses, Paris : Veuve de la Côte, 1674. LUCAIN, La Pharsale – Marci Annæi Lucani de bello civili libri decem. LUCIEN, Dialogues des Dieux – Deorum dialogi. MACKENZIE, Colin, «Account of the Jains, collected from a Priest of this Sect, at Mudgeri», Asiatic Researches, London : Vernor, Hood, and Sharpe et al., t. IX, 1809, pp. 244–286. – voir KIRKPATRICK, Major. MACLEOD, Alexander, «A Royal Grant of Land in Carnata, communicated by Alexander Macleod, Esq., and translated from the Sanscrit by the President», Asiatick Researches, London : Vernor, Hood, and Sharpe et al., t. III, 51807, pp. 39–53. MACROBE, Saturnales – Saturnalia. MAHONY, Captain, «On Singhala, or Ceylon, and the Doctrines of Bhouddha. From the Books of the Singhalais», Asiatick Researches, London : Vernor, Hood, and Sharpe et al., t. VII, 31807, pp. 32–56. MAILLET, Benoît de, Description de l’E´gypte, contenant plusieurs remarques curieuses sur la Géographie ancienne et moderne de ce Païs, sur ses monumens anciens, sur les mœurs, les coutumes & la religion des habi-
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Instruments bibliographiques
RAPER, F. V., «Narrative of a Survey for the Purpose of discovering the Sources of the Ganges», Asiatic Researches, London : J. Cuthrell et al., t. XI, 1812, pp. 446–563. RE´ MUSAT, Jean-Pierre, (Abel-Rémusat), Recherches sur les langues tartares, ou mémoires sur différents points de la grammaire et de la littérature des Mandchous, des Mongols, des Ouigours et des Tibétains, Paris : Imprimerie Royale, 1820. – «Sur la succession des trente-trois premiers patriarches de la religion de Bouddha», Journal des savans, janvier 1821, pp. 6–15. RESEN, Peder Hansen, Edda Islandorum an. Chr. MCCXV islandice conscripta per Snorronem Sturlæ Islandiæ, nomophylacem nunc primum islandice, danice et latine ex antiquis codicibus mss Bibliothecæ Regis et aliorum in lucem prodit opera et studio P. J. Resenii, Havniæ : Gödianus, 1665–1673 (Contient : Philosophia antiquissima norvego-danica dicta Voluspa quæ est pars Eddæ Sæmundi, Eddâ snorronis non brevi antiquioris, Islandice et latine publici juris primum facta a Petro Joh. Resenio, 1665). ROGERIUS, Abraham, Offene Thür zu dem verborgenen Heydenthum : oder Wahrhafte Vorweisung deß Lebens und der Sitten, samt der Religion und dem Gottesdienst der Bramines, auf der Cust Chormandel, und denen herumligenden Ländern, Nürnberg : Johann Andreas Endters, 1663. – Le Théâtre de l’idolatrie, ou la porte ouverte pour parvenir à la cognoissance du Paganisme caché, et la vraye représentation de la vie, des moeurs des Bramines, qui demeurent sur les costes de Chormandel, et aux Pays circon voisins : avec des remarques, enrichie de plusieurs figures en taille douce, Amsterdam : Schipper, 1670. ROLLIN, Charles, Histoire ancienne des Égyptiens, des Carthaginois, des Assyriens, des Babyloniens, des Mèdes et des Perses, des Macédoniens, des Grecs (Première édition : Paris : Jacques Estienne, 1730–1764, 14 vol.). RÜHS, Friedrich, Finland und seine Bewohner, mit einer Charte von Finland, Leipzig : Göschen, 1809. – Die Edda, nebst einer Einleitung über nordische Poesie und einem Anhang über die historische Literatur der Isländer, Berlin : Realschulbuchhandlung, 1812. SALIAN, Jacques, Annales ecclesiastici veteris testamenti, Lutetiæ Parisiorum : sumpt. G. Josse et al., 1641, 6 vol. SAINT-LAMBERT, Jean-François, Les saisons, Amsterdam : s.éd., 1769. SAINT-PHILIPPE, voir BACALLAR Y SANNA, Vicente. SCHLEGEL, August Wilhelm, Cours de littérature dramatique, traduit de l’allemand [par Madame Necker, née de Saussure], Paris et Genève : J. J. Paschoud, 1814, 3 vol.
Ouvrages cités par Constant
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– [C. r. de] «Nalus : Carmen sanscritum e Mahàbhàrato, edidit, latine vertit et adnotationibus illustravit Franciscus Bopp, Londini, Parisiis et Argentorati : apud Treuttel et Würtz, bibliopolas, e Typographiâ Cox et Baylis, 1819», Indische Bibliothek, Bonn : bey Eduard Weber, t. I, 1823, pp. 97– 128. – «Java und Bali», Indische Bibliothek, Bonn : bey Eduard Weber, t. I, 1823, pp. 399–425. SCHLEGEL, Friedrich, Geschichte der Poesie der Griechen und Römer, Berlin : Unger, 1798. – Ueber die Sprache und Weisheit der Indier. Ein Beitrag zur Begründung der Alterthumskunde, von Friedrich Schlegel, nebst metrischer Übersetzung indischer Gedichte, Heidelberg : Mohr und Zimmer, 1808. SCHWARZE, Christian August, Bemerkungen über die ältesten Gegenstände der religiösen Verehrung bey den Römern nach einigen Fragmenten des Varro, Görlitz : Burghart, 1803. SELDEN, Johannes, De Diis Syris Syntagmata II, [...] editio [...] omnium novissima, Additamentis & Indicibus copiosissimis locupleta, operâ M. Andreæ Beyeri, Amstelodami : apud Lucam Bisterum, MDCLXXX [1680]. SE´ NE` QUE, De la brièveté de la vie – De Brevitate vitæ. – Questions naturelles – Naturales quæstiones. SERVIUS, Maurus Honoratus, Commentarii in Virgilium Serviani ; sive commentarii in Virgilium, qui mauro servio honorato tribuuntur [...] instruxit H. Albertus Lion, Gottingæ : Apud Vandenhoeck et Ruprecht, MDCCCXXVI [1826]. SEXTUS EMPIRICUS, Adversus mathematicos, dans Sexti Empirici Opera Græce et Latine [...], Lipsiæ : Gleditsch, 1718. SHORE, John, «The Translation of an Inscription in the Maga Language engraved on a Silver Plate found in a Cave near Islamabad», Asiatick Researches, London : Vernor, Hood, and Sharpe et al., t. II, 51807, pp. 383–387. SONNERAT, Pierre, Voyage aux Indes orientales et a` la Chine, fait par ordre du Roi, depuis 1774 jusqu’en 1781, dans lequel on traite des mœurs, de la religion, des sciences et des arts des Indiens, des Chinois, des Pégouins et des Madégasses, suivi d’Observations sur le Cap de Bonne-Espérance, les isles de France et de Bourbon, les Maldives, Ceylan, Malacca, les Philippines et les Moluques, et de recherches sur l’histoire naturelle de ces pays, par M. Sonnerat, Paris : chez l’Auteur, Froulé, Nyon, Barrois, le jeune, 1782, 2 vol. SOPHOCLE, Philoctète – Φιλοκτη της. SPANGENBERG, Ernst Peter Johann, De veteris Latii Religionibus domesticis commentatio, Gottingæ : Typis Henrici Dieterich, 1806.
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Instruments bibliographiques
Specimens of Hindoo Literature, consisting of Translations from the Tamoul Language of some Hindoo Works of Morality and Imagination with Explanatory Notes, to which are prefixed introductory Remarks on the Mythology, Literature [...] of the Hindoos, by N[athaniel] E[dward] Kindersley, London : Bulmer, 1794. SPENCER, John, De Legibus Hebræorum ritualibus et earum rationibus libri quatuor, Cantabrigæ : Typis Academicis, 1727 (Tubingæ : Sumptibus Johannis Georgii Cottæ, 1732). Suidas. STRABON, Géographie de Strabon, traduite du grec en français [par Antoine-Jean Letronne], t. IV, Paris : Imprimerie impériale, 1814. STUHR, Peter Feddersen, Abhandlungen über nordische Alterthümer, Berlin : Maurersche Buchhandlung, 1817. STURZ, Friedrich Wilhelm, Hellanici Lesbii Fragmenta e variis scriptoribus collegit, emendavit, illustravit, et præmissa commentatione de Hellanici ætate vita et scriptis in universum edidit Fridericus Guilielmus Sturz, Lipsiæ : litteris et sumtu Sommer, 1787 (Seconde édition : Lipsiæ : Hartmann, 1826). SULZER, Johann Georg, Allgemeine Theorie der schönen Künste (1771– 1774). – Nachträge zu Sulzers allgemeiner Theorie der schönen Künste, t. VI, Leipzig : Verlag der Dykischen Buchhandlung, 1800. TACITE, Annales – Annalium libri I-XVI. – La Germanie – De origine et situ Germanorum. – Les Histoires – Historiæ. TASSE, Le, La Jérusalem délivrée – Gerusalemme liberata (1581). THE´ OCRITE, Bucoliques grecques. Thesaurus Antiquitatum Sacrarum, t. XIX, Venetiis : apud Joannem Gabrielem Herthz, et Sebastianum Coletti, 1756. THIETMAR VON MERSEBURG, Dithmars, Bischofs zu Merseburg, Chronik in Acht Büchern : nebst dessen Lebensbeschreibung, aus der lateinischen in die deutsche Sprache übersezt und mit Anmerkungen erläutert von M. Johann Friedrich Ursinus, Pfarrern in Boritz, Dresden : Walther, 1790. TIBULLE, Albii Tibulli Carmina libri tres cum libro quarto svlpiciæ et aliorum, novis curis castigavit Chr. G. Heyne, Lipsiæ : apud Ioannem Fridericum Iunium, 1777. TITE-LIVE, Histoire romaine – Ab urbe condita. TORFASON, Þormóþur, Historia rerum Norvegicarum, Hafniæ : Ex typographeo Joachimi Schmitgenii, MDCCXI [1711], 4 vol.
Ouvrages cités par Constant
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TROGUE POMPE´ E, Histoire philippique – Historiæ Philippicæ. THUCYDIDE, Histoire de la guerre du Péloponnèse – ëΙστορι α τουÄ ΠελοποννησιακουÄ Πολε μου. TZETZE` S, Isaac et Jean, Scholia in Lycophronis Alexandram. TIBULLE, Elégies – Carmina. UGOLINO, Blasio, Tractatus Misnicus, De sacrificio iugi, nunc primum a Blasio Ugolino notis philologicis illustratatus, dans Thesaurus Antiquitatum Sacrarum, t. XIX, Venetiis : apud Joannem Gabrielem Herthz, et Sebastianum Coletti, 1756, col. MCCCCLXVII-MDII. VALENTIA, George Annesley, Voyages and Travels to India, Ceylon, the Red Sea, Abyssinia, and Egypt, in the Years 1802, 1803, 1904, 1805, and 1806, in three Volumes, London : William Miller, 1809, 3 vol. Varia historia cum notis integris Conradi Gesneri, Johannis Scheffleri, Tanaquili Fabri, Joachimi Kuhni, Jacobi Perizonii & Interpretatione Latina Justi Vulteji [...] curante Abrahamo Gronoviio, Lugdunum Batavorum [...] : S. Luchtmans & J. A. Langerak, 1731 (E´dition anonyme : Basileæ : apud Johannem Schweighauser, 1774). VINET, Alexandre-Rodolphe, Mémoire en faveur de la liberté des cultes, ouvrage qui a obtenu le prix dans le concours ouvert par la Société de la morale chrétienne, Paris : H. Servier, 1826. VIRGILE, P. Virgilii Maronis Opera, varietate lectionis et perpetua adnotatione illustrata a Chr. Gottl. Heyne, tomus secundus : Æneidis, lib. I-VI, Lipsiæ : Sumtibus Caspari Fritsch, 1771. VOGEL, Paul Joachim Siegmund, Versuch über die Religion der alten Aegypter und Griechen, Nürnberg : Frauenholz, 1793. VOLNEY, Constantin-François de Chassebœuf, Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique. Suivi d’éclaircissemens sur la Floride, sur la colonie Française au Scioto, sur quelques colonies Canadiennes et sur les Sauvages. Enrichi de quatre planches gravées, dont deux Cartes Géographiques et une coupe figurée de la chûte de Niagara, Paris : Courcier et Dentu, an XII (1803), 2 tomes en 1 vol. VOLTAIRE, La Henriade (1728). – Siècle de Louis XIV (1751). VOPISCUS, Flavius, Vie d’Aurélien – Vita Aureliani. VOSS, Johann Heinrich, Mythologische Briefe, Königsberg : Nicolovius, 1794 (Réédité dans : Antisymbolik, t. II, Stuttgart : Metzler, 1826, 21827). – Alte Weltkunde, mit einer Hesiodischen Welttafel, Jena : Goepherdt, 1804. WAGNER, Johann Jakob, Ideen zu einer allgemeinen Mythologie der alten Welt, Frankfurt am Main : in der Andreäischen Buchhandlung, 1808. WARD, William, Account of the Writings, Religion and Manners of the Hindoos, including Translations from their Principal Works, Serampore : Mission Press, 1811, 4 vol.
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Instruments bibliographiques
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Ouvrages cités par Constant
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WINCKELMANN, Johann Joachim, Dactyliotheca Stoschiana oder Abbildung aller geschnittenen Steine, die ehemals der Baron Philipp von Stosch besass, die sich jetzt aber in dem Königlich Preussischen Museum befinden, von Johann Winkelmann. Und mit Anmerkungen und Erläuterungen von Friedrich Schlichtegroll, Nürnberg : Frauenholz, 1797, 2 vol. WOOD, Robert, An Essay on the Original Genius of Homer, with a comparative view of than Ancient and Present State of the Troade, London : printed by H. Hughs, MDCCLXXV [1775] (London : John Richardson, 1824). WOLF, Friedrich August, Prolegomena ad Homerum, voir HOME` RE. WOLF, Johann Christoph, Anecdota Græca, sacra et profana, ex codicibus manu exaratis nunc primum in lucem edita, versione latina donata, et notis illustrata a Io. Christophoro Wolfio, Hamburgi : apud Theodorum Christophorum Felginer, 1722–1724, 4 vol. XE´ NOPHON, L’expédition de Cyrus dans l’Asie supérieure et la retraite des dix mille. Ouvrage traduit du grec, avec des notes historiques, géographiques & critiques par Larcher, Paris : De Bure, 1778. – Mémorables – ÆΑπομνημονευ ματα. Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre, contenant les idées théologiques, physiques & morales de ce législateur, les cérémonies du culte religieux qu’il a établi, & plusieurs traits importans relatifs à l’ancienne histoire des Parses, traduit en François sur l’Original zend, avec des Remarques, & accompagné de plusieurs Traités propres à éclaircir les Matières qui en sont l’objet, par M. Anquetil Du Perron, Paris : N. M. Tilliard, 1771, 2 tomes en 3 vol. ZE´ NOBIOS, Proverbes – ÆΕπιτομη . ZOEGA, Georg, Numi Ægyptii Imperatorii, prostantes in Museo Borgiano Velitris : adiectis præterea quotquot reliqua huius classis numismata ex variis museis atque libris colligere obtigit, Romæ : Apud Antonium Fulgonium, 1787. – De origine et usu obeliscorum, Ad Pium Sextum Pontificem Maximum, auctore Georgio Zoega Dano, Romæ : Typis Lazzarini Typographi Cameralis, 1797. Zend-Avesta : Zoroasters lebendiges Wort, worin die Lehren und Meinungen dieses Gesetzgebers von Gott, Welt, Natur, Menschen ; ingleichen die Ceremonien des heiligen Dienstes der Parsen u.s.f. aufbehalten sind, Riga : bey Johann Friedrich Hartknoch, 1776–1777, 3 parties en 1 vol. (2e édition, 1786).
Index des noms de personnes
Index des noms de personnes Cet index contient les noms des personnes re´elles ou fictives mentionne´es dans les textes et dans les notes, a` l’exclusion de ceux des critiques modernes et de celui de Benjamin Constant lui-meˆme. Les graphies ont e´te´ uniformise´es, en principe sous la forme franc¸aise la plus usite´e aujourd’hui. Les noms ne sont suivis de la profession ou de la fonction que lorsqu’il faut distinguer des homonymes ou pre´ciser une identification. L’absence de toute pre´cision signifie, soit que la personne est parfaitement connue, soit au contraire qu’elle n’a pu eˆtre identifie´e.
Aaron, fre`re aıˆne´ de Moı¨se 480 Abhimandana, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Abel-Re´musat, Jean-Pierre 581 Abraham 475–476, 564 Abudad, divinite´ perse 261–262 Arce´silaus l’Argien 309 Achille 73, 292, 302, 306, 308, 314, 316, 331, 333, 337–339, 346–347, 349, 360, 362, 367, 384, 389, 392–393, 408, 412, 414–415, 417, 542 Acte´on, he´ros grec 360 Adam de Breˆme 276 Adidi, de´esse hindoue 224, 603 Adonis 296 Adraste, guerrier grec 337, 376 Adyssouara, divinite´ hindoue 189 Æacus, fils de Jupiter et d’E´gine 336 Agamemnon 232, 292, 306, 308, 334, 337, 348–349, 360, 362, 367, 382, 390–391, 399, 413 Agathias, historien grec 124, 265, 273, 426 Ager, divinite´ germanique 284 Agny, divinite´ hindoue du feu 209, 252 Agyieus, divin grec 353 Ahalia, femme trompe´e par Devendren 203, 602 Ajax 291, 306, 335, 337, 349, 362, 392, 409, 544 Ajita, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Albordi, divinite´ perse 274 Alcibiade 296 Alcine, magicienne de l’Orlando furioso 386 Alcinoüs, roi des Phe´aciens et hoˆte d’Ulysse 382, 386, 394 Alcme`ne 203 Alexandre le Grand 57, 168, 171, 273, 404– 405, 518 Alphe´e, divinite´ grecque 297
Amaracoscha, auteur d’un dictionnaire sanscrit 181, 597 Amenemhat II, pharaon 415 Amerdad, divinite´ perse 274 Amersinh, poe`te indien 613 Ammien Marcellin 273, 275–276 Ammon, dieu e´gyptien du soleil 355 Amphiaraüs, devin grec 349 Amphion, fils de Zeus et d’Antiope et fre`re jumeau de Ze´thos 399 Amschaspans ou Amesha Spenta, ge´nies be´ne´fiques du zoroastrisme 274 Amun, divinite´ e´gyptienne 151 Anahid voir Ve´nus Anaı¨tis voir Ve´nus Ananda (ou Ananta) voir Bouddha Anaxagore, philosophe grec de l’e´cole ionienne 184, 299, 593 Anaxarque, savant grec 404–405 Anchise, pe`re d’E´ne´e 347 Andromaque 232, 375, 387 Aneirin le Northumbrien 278 Anguli Mala, condisciple de Bouddha 600 Annalista Saxo 281 Annibal 355 Anquetil-Duperron, Abraham-Hyacinthe 171, 200, 262, 518, 575, 578 Anticle´e, me`re d’Ulysse 367 Antiochus Soter, roi de Syrie 404 Antiphe`me, chef des Doriens 336 Anubis, divinite´ e´gyptienne 127–128, 159, 165, 429–430 Anxe´sia, de´ese d’E´pidaure 335 Anysius de Thessalonique 260 Apasson, divinite´ chalde´enne 258 Aphrodite 269 Apia, divinite´ scythe 275 Apis, divinite´ e´gyptienne 127, 155, 157–158, 267, 428–429, 439
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De la Religion, III
Apollodore d’Athe`nes 64, 256, 309, 311, 341, 364–365, 377, 398–399 Apollon 126, 168, 192, 267, 280–281, 295– 296, 309, 320–321, 329, 332, 338–341, 343, 346–347, 356, 375, 377, 381, 385, 390, 398, 409, 539 Apollonios de Rhodes 376, 543 Apule´e 142, 144, 160, 455, 469 Aranta, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Aratos de Soles 161, 164, 404–405 Arca, divinite´ indienne 598 Arctinus de Milet 306 Are´te´, femme d’Alcinou¨s 386 Ariane 325 Aristide, Ælius 130, 507 Arhimane, dieu persan du mal 262–263, 265, 273–274, 284 Arioste, Ludovico Ariosto, dit l’ 386 Aristarque, grammairien et critique grec 74, 299, 397, 404–406, 414 Aristophane 404–405 Aristote 374, 391–392, 404–407, 543 Arjuna (ou Arjoun), prince hindou 143–144, 172, 177, 208–209, 490, 519 Armide, magicienne de la Gerusalemma liberata 386 Arnobe, rhe´teur 125, 427 Aroue¨ris, divinite´ e´gyptienne 165 Arouna, divinite´ hindoue 188 Arrien (Flavius Arianus) homme politique de Cappadoce 171, 518 Artaxerxe`s, roi de Perse 269 Arte´mis 126, 268 Artimpasa, divinite´ scythe 275 Ascalaphe, he´ros grec 338, 340 Aschima, divinite´ chalde´enne 255, 535 Asclepiade de Myrleia 163 Ascle´pios, dieu grec de la me´decine 309 Aspasie, e´pouse de Cyrus 268, 269, 564 Astyanax, fils d’Hector et Andromaque 387 Aswapati, personnage du Ramayana 205 Aswatta, surnom de Crishna 208 Atalante, he´ros grec 302 Ate´, divinite´ grecque 331 Athe´na 125, 349 Athonocle, auteur grec 265 Atkinson, James 264 Atlas, ge´ant 162, 386 Atre´e, roi de Myce`nes 232, 360 Atri, divinite´ hindou, ge´ant, fils de Brama 220, 252, 597 Atrides 382
Aubignac, Franc¸ois He´delin, abbe´ d’ 72 Augias 306 Auguste, empereur romain 67, 395 Augustin, saint 476 Aure´lien, empereur romain 272–273 Aurore, divinite´ romaine 338 Autolycus, voleur 332 Avienus, Festus 162 Azara voir Ve´nus Baau, de´esse phe´nicienne de la nuit, femme de Kolpiah 147 Bacchus 157, 295, 320–321, 325, 343 Badrakaly, fille de Shiven 323, 450 Bahula, la vache, divinite´ hindoue 188, 614 Bala-Rama (ou Balaramen), incarnation de Wichnou 240 Balaam, prophe`te 542 Balbus (ou Balbulus), personnage de Cice´ron, De natura deorum 162 Baldæus, Philippus 199 Bali, fils de Virochana 212 Ballanche, Pierre-Simon 41, 60, 62, 83 Banda, divinite´ indienne 241, 528 Baouth, divinite´ hindoue 180–181, 519, 596 Baratha, personnage du Ramayana 247 Bare, divinite´ germanique 284 Barhebræus, Gregorius Abu al-Farag 256, 441 Barthe´le´my, Jean-Jacques, abbe´ 66 Bartholin, Thomas 275, 277, 426, 538 Batta, guerrier indien 178 Batteux, Charles, abbe´ 393 Bayle, Pierre 36, 135, 487, 509 Be´chet, Franc¸ois, dit Be´chet aıˆne´, e´diteur 104–105, 513, 554 Behram, divinite´ perse 263 Bellarmin, Robert, cardinal 239, 526 Belle´rophon, roi de Corinthe 332, 399 Be´lus, prince babylonien 257–258 Bentley, John 171, 174–176, 193, 605, 611 Bentley, Richard 412–413, 415 Berger, Johann Gottfried Immanuel 98, 110, 271–272, 495, 539 Bergmann, Benjamin Fürchtegott Balthasar 401–402 Bernard, saint 358 Be´rose de Babylone, preˆtre chalde´en 265 Bhaddiotji Dicshata 612 Bhagavatti, divinite´ indienne 185, 491, 520 Bhartri-Hari, poe`te didactique 195, 612 Bhavani, la tisserane, femme de Shiven 147, 202, 216, 220, 264, 450
Index des noms de personnes Bhima, personnage du Maharabat 60, 235– 236 Bhogovan voir Crishna Bigoı¨s, nymphe 260 Bimassena, he´ros indien 614 Bischo, personnage mythologique de l’Inde 197 Blackwell, Thomas 374 Bodin, Fe´lix 253 Boeckh, August 77 Böhtlingk, Otto von 195 Böttiger, Karl August 68, 70, 74 Bohu, personnage biblique 147 Bommazo, personnage mythologique de l’Inde 184, 608 Bonald, Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de 62, 83 Bonaparte, Napole´on voir Napole´on Ier Bonstetten, Karl Viktor von 402 Bopp, Franz 56–57, 84, 577 Borchardt, Rudolf 411 Borlase, William 275 Botin, Anders af 401 Botticelli, Sandro 390 Bouddha (ou Buddha) 179–185, 189–190, 204, 244, 248, 411, 448, 567, 569–570, 581, 587–589, 596–600, 602–604, 606– 613, 615–616 Boudevi, de´esse indienne 165 Bouquet, dom Martin 124, 275 Bourguignon d’Anville, Jean-Baptiste 180 Bouterweck, Friedrich Ludewig 77 Brahma (ou Brama), dieu supreˆme de l’hindouisme 143, 147–148, 157, 173, 175, 180, 182–183, 186, 189–192, 194, 197– 203, 207, 209, 212, 214, 218–220, 222– 225, 233–234, 236, 240, 243, 247, 254, 264, 417, 428, 437, 469, 521, 525, 529, 566, 568, 590–591, 596–597, 599–602, 605, 610 Briare´e, ge´ant, un des trois He´catonchires 323, 415 Brimha Narud, divinite´ indienne 197 Brise´is, personnage de l’Iliade 233, 389 Brisson, Barnabe´ 273 Broekhuys 259, 427, 535 Brosses, Charles de 52–53, 84, 151, 329, 432 Brunet, Franc¸ois-Florentin 571 Brunswick-Lunebourg, Sophie Dorothea, princesse de 68 Bubastis, divinite´ e´gyptienne 127, 429 Buchanan, Francis 204, 250, 606–609 Budrani, aime´e de Shiven 188
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Buraloun, nom birman de Bouddha 609 Butacide 324 Ca’tya’yana, auteur fabuleux de l’Inde 195 Cadmos de Milet 398–400 Cæsar Germanicus 259 Caiyata, savant 612 Calanus (ou Kalanos), sage indien 171, 518 Calchas, devin home´rique 314, 334, 391 Cali, divinite´ hindoue 175, 216 Calidasa, auteur indien 172, 188, 614 Caliya-naga, serpent tue´ par Crishna 192 Callimaque 367 Callisthe`ne 404–405 Calypso, nymphe 385–386, 413–414 Camaze`ne, divinite´ e´trusque 148, 260 Cambyse Ier, pe`re de Cyrus 157, 266–267 Camden, William 285 Camo˜es, Luı´s de 304 Canada, philosophe indien 592–593, 603, 614 Capane´e, pe`re de Sthe´nelus 336 Capila, philosophe indien 591–592, 594–595, 602 Carey, William 182, 250 Casaubon, Isaac 130 Cassandre 352 Cassiano da Macerata, missionnaire du Tibet 225, 600 Casyapa, personnage mythologique de l’Inde 224 Catya-Juna (ou Catyayana), grammairien de l’Inde 195, 612 Caul, Goverdhan 173, 596, 606, 614 Caylus, Anne-Claude, comte de 162, 266 Ce´crops, fondateur d’Athe`nes 321, 360, 398 Cedrenus, Georgius 163 Celsius, Olof 156, 437 Cenresi, personnage de la mythologie indienne 225 Centimanes voir Briare´e et Typhe´e Cerbe`re 364 Ce´re`s 128, 319, 335, 363, 385, 408, 500 Ceridwen, magicienne gae´lique 285, 540 Ce´sar (Gaius Iulius Cæsar) 126, 279, 401 Chambers, Robert 597, 606 Chambers, William 180, 596 Champollion, Jean-Franc¸ois 55 Chandraprabha, maıˆtre du jaı¨nisme 189 Charis, une des Charites, de´esses primitives dans la mythologie grecque 390 Charlemagne, empereur d’Occident 124, 404, 426
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De la Religion, III
Charles X, roi de France 81, 83 Chateaubriand, Franc¸ois-Rene´, vicomte de 41, 43, 82, 304, 344 Che´re´mon, grammairien d’Alexandrie 167 Che´zy, Antoine-Le´onard de 212, 231, 575, 580 Chiron, centaure 309 Chitrarah, ennemi d’Arjoun 208 Chronos 222, 282 Chryse´is, fille de Chryse`s 390–391, 413 Chrysostome voir Jean Chrysostome Chuhidan, pe`re de Vautara, e´pouse de Sacya 183, 599 Cice´ron (Marcus Tullius Cicero) 161, 255, 259, 268, 399, 427, 535 Cichre´u, he´ros grec 336 Circe´, magicienne de l’Odysse´e 376, 386 Claudius, Matthias 38 Claudien (Claudius Claudianus) 258, 535 Clavier, E´tienne 410 Cle´ment d’Alexandrie 125, 180, 269, 427 Cle´ome`nes, roi de Sparte 377 Clytemnestre 314, 388, 391 Cneph, divinite´ e´gyptienne 147, 151, 165 Colebrooke, Henry Thomas 171–172, 186, 190–191, 195–196, 202, 227, 248, 517, 527, 605, 612, 614–615 Collins, Anthony 413 Comage`ne, divinite´ e´trusque 536 Condorcet, Antoine Caritat, marquis de 77 Confucius 147 Constant, Rosalie de 103–104, 423 Constantin, empereur romain 281 Copre´us, meurtrier d’Iphitos 376–377 Coronis, fille de Phle´gyas, me`re d’Ascle´pius 309 Couplet, Philippe 145, 147 Court de Ge´belin, Antoine 124 Crate`s, philosophe stoı¨cien 299 Cre´sus 347, 355, 376 Creuzer, Friedrich 61, 63–65, 68–69, 80, 85, 156–157, 159, 242, 259–260, 268, 302, 313–316, 319–320, 322, 325, 335, 371, 416, 437, 441 Crischna (ou Crishna) 142–144, 172, 177– 179, 185, 191, 206–208, 210, 215, 225, 239, 244, 246, 248, 316, 416, 448, 455, 490, 519, 522–523, 542, 569, 579, 592, 597, 601–602, 609 Cunthu, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Cybe`le 124, 142 Cyclopes 236, 386
Cynœthus, rhapsode 403 Cyrus, fondateur de l’empire perse 266–268 Dab Marina, magicienne 539 Dachsa, fils de Brahma 198 Dacier, Anne, ne´e Lefebvre 72 Damascius 160, 163, 258 Damia, divinite´ grecque 335 Danaı¨des 366 Darius Ier, roi des Perses 266–270 Darmaing, Achille 83 Dascharatha, pe`re de Rama 231–233, 240, 245, 247 Datis, ge´ne´ral de Darius 267 Davies, Edward 279, 572 Davis, Samuel 597–598, 607 Dawes, Robert 414 De´dale 336 Deguignes, Jose`phe 139, 206 Delille, Jacques, abbe´ 304 Delius, Heinrich 275 Deme´te´r, divinite´ grecque 500 Demetrios 309 Demiourgos 258 De´modocus 402 Denon, Dominique-Vivant 156, 162, 427, 437 Denys d’Halicarnasse 125, 302–303, 410, 427, 478, 564 De Pauw, Corne´lius 152, 164, 322–323, 412, 434 Derceto, me`re de Se´miramis 259, 442 Deus Venus voir Jupiter et Ve´nus Devala, le´gislateur indien 612 Devendren, demi-dieu hindou 201, 203, 254, 568 Dharma, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Dherma, divinite´ indienne 224 Diane 126, 268–269, 295, 297–298, 320, 329, 341, 375, 377, 408 Dice´arque 353 Didier, e´diteur 109 Didot, e´diteur 89, 104–106, 108, 571 Didyme, Arius, grammairien grec 397 Dike´ 322 Dilipa, roi indien 614 Dilthey, Wilhelm 78 Diodore de Sicile 127, 138, 148, 152–153, 157–158, 160, 167–168, 259, 341–342, 415–416, 427, 429, 431, 433–434, 437, 535 Dioge`ne le Cynique 296
Index des noms de personnes Dioge`ne Laerce 299–300, 328, 400 Diome`de 332, 343, 392, 408, 412 Djemschid, personnage de la mythologie perse, inventeur de la science 263 Długosz, Jan 276, 280 Dolon 332 Dorie´e, he´ros grec 324 Dornedden, Carl Friedrich 54, 153, 435 Dubois, Jean-Antoine, abbe´ 140, 170, 176, 187, 189, 192, 220, 252, 518, 585, 587, 589–591, 593 Du Halde, Jean-Baptiste 139 Dume´zil, Georges 57–58 Duncan, Jonathan 597 Duscharrata (ou Dasharatha), pe`re du prince Rama 212 E´aque, fils de Zeus 378 Eckstein, Ferdinand, baron d’ 56, 62, 184, 196, 220, 222, 224–225, 253, 316, 496, 521, 530–531, 570, 585, 588, 592–596 E´deyrin, noble gae´lique 412 E´giale´e, e´pouse de Diome`de 332 E´gine, fille d’E´sope 336, 365 E´gisthe 314, 330, 349, 360, 382 E´gyll, scalde germanique 411 Eichhorn, Johann Gottfried 395 E´lise´e, prophe`te biblique 251 Ellis, Francis 200, 225, 239, 526–527 Elpenor, personnage de l’Odysse´e 367 E´ne´e de Gaza 153, 434 E´ne´e 347 E´ole 391, 416 E´paminondas, ge´ne´ral the´bain 355 E´phialte, homme politique athe´nien 343 E´picure 593 E´piphane 475 E´riphyle, personnage de la mythologie grecque 367, 388 E´ros 417 Eruniaschken, ge´ant 203 Eschem, monstre de la religion perse 261 Eschine, orateur 413 Eschyle 295, 307–308, 364, 398, 415 Esculape 309, 320, 406 E´sope 365 Ethra, me`re de The´se´e 330 Eucrate, personnage du Menteur 361 Eugamon, auteur de la Te´le´gonie 306 Eume´e, personnage de l’Odysse´e 382, 408 Eumolpe, he´ros grec 408 Euripide 174, 302, 307–308, 349, 360, 365, 377, 398, 410
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Eurycle´e, personnage de l’Odysse´e 388–389 Eurysthe´e, roi de l’Argolide 376 Euryte, personnage de la mythologie grecque 385 Euse`be 127, 147, 160, 323, 429, 477 Eustathe de Thessalonique 299, 342, 399, 404, 407 Euthyphron, personnage du dialogue de Platon 300 Evhe´me`re, philosophe grec 152, 310, 433 Eyvind, cousin du roi Harald 411 Ezechias, roi de Juda 479 Ezechiel, prophe`te biblique 477 Fabricius, Johann Albert 391–392, 405 Fauriel, Claude 402 Fe´nelon, Franc¸ois de Salignac de la MotheFe´nelon 36–38, 41, 66–68 Fe´nie´, secre´taire de BC 101 Fenris, dieu-loup scandinave 193 Fe´ridoun, poe`te iranien 216 Festus, Pompeius 124–125, 335, 427 Feuerbach, Ludwig 33, 293 Fichte, Johann Gottlieb 32 Filangieri, Gaetano 105 Fingal 405 Firmicus, Julius 165, 264, 323 Flaminius, Gaius 355 Flavius Jose`phe 398, 400, 476 Fo, nom chinois de Bouddha 147, 149–150, 181, 184, 217, 225, 450, 484, 499, 569, 609 Fornierd, la chaos de la mythologie scandinave 284 Foucher d’Obsonville, Paul, abbe´ 198, 578 Frenzel (Frentzel ou Frencel), Michael Abraham 284 Freya, divinite´ scandinave 284 Gahoury, femme de Shiva 212 Gale, Thomas 410 Gallois, Jean-Antoine 105 Ganga voir Bhavani Gatterer, Johann Christoph 155, 437 Georges le Syncelle 258 Georgi, Antonio Agostino 181, 225–226, 597, 601 Giordano, Luca 390 Glaucos, personnage de la mythologie grecque 404 Görres, Johann Joseph von 65, 69, 147, 160, 163–164, 178, 180, 190, 244, 257, 264, 274. 323, 441–442, 448, 479
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De la Religion, III
Goethe, Johann Wolfgang von 68, 324 Goguet, Antoine-Yves 412 Gorgone 309 Gotama (Godama ou Goutama), nom de Bouddha 184, 204, 592, 603–604, 606– 610, 614 Govindsinh 241, 528 Gre´goire de Tours 123, 275, 426, 538 Gruber, Johann Daniel 276 Grynæus, Simon 160 Guigniaut, Joseph-Daniel 32, 61, 85–86, 146–147, 157, 167, 192, 214, 218–219, 227, 242–243, 316, 513, 529 Hadrien, empereur romain 166 Hageck, Thaddaeus 277 Halhed, Nathaniel Brassey. 250 Hamann, Johann Georg 339 Hammer-Purgstall, Joseph Freiherr von 262, 264 Hannibal voir Annibal Haradatta Misra, grammairien indien 612 Harald, roi du Danemarc 411 Haranguer-Behah, personnage de la mythologie de l’Inde 221–222 Harevith, personnage de la mythologie scandinave 284 Hargovind, he´ros indien 241, 528 Harpalion, filde de Pylæme`nes 408 Harpocrate, divinite´ e´gyptienne 161, 165 Hator (ou Athyr), de´esse e´gyptienne 160, 165 Havet, Ernest 86 Hearne, Thomas 125 He´be´ 362 He´cate, divinite´ grecque 323 He´cate´e de Milet 309 Hector 232, 328, 331, 335, 338–339, 346, 352, 375, 387, 392–393, 399, 412, 414 He´cube 292 Heeren, Arnold Herrmann Ludwig 44, 57, 70, 154–155, 166, 172, 175, 297, 306, 436, 438, 490, 517, 587 Hegel, georg Wilhelm Friedrich 32, 54 He´ge´sistrate, ge´ne´ral grec 267 He´le`ne 306, 308, 316, 333, 360, 388, 390, 417, 542 He´le´nus, fils de Priam 335 Helladius, grammairien grec 256 Hellanicus de Lesbos 309, 400 Helmold von Bosau 426, 538 Helve´tius, Claude-Adrien 52, 87 He´phaistos 302
He´ra 416, 543 He´racle`s 126 He´raclide, astronome 403 He´raclite 299, 403 Hercule 162, 179, 265, 296, 331, 337, 340, 343, 362–363, 371, 406–407, 411 Herder, Johann Gottfried 54, 70, 73, 374, 376, 395, 402, 458 Herme`s Trisme´giste 130, 161, 163 Herme`s 164, 427 He´rodote 126, 138, 148, 155, 159, 166, 168, 265, 267–269, 275–276, 309, 324, 347, 335, 355, 360, 376, 398, 404, 406, 409– 410, 426–427, 431–432, 439, 511, 516, 564 Hermann, Gottfried 65, 68–69, 313–314, 316 Hermann, Martin Gottfried 69, 162, 319, 322, 340 He´siode 65–66, 84, 172, 302–306, 312, 323, 327, 341, 364, 386, 406–409, 417, 541 He´sychios d’Alexandrie 296, 407 Heyne, Christian Gottlob 47, 53–54, 63, 66, 68–69, 72, 74–75, 77, 85, 141, 256, 304, 319, 321–322, 327, 361, 363, 391–392, 395, 399, 404–406, 409, 414–415, 459 Hidimbo, ge´ant de la mythologie indienne 60, 235–236 Hippocrate 406 Hippomachus, divin grec 267 Hippome`ne, he´ros grec 302 Hobbes, Thomas 39, 41 Hodgson, John Anthony 252 Hölderlin, Friedrich 32 Holbach, Paul-Henri-Dietrich, baron d’ 45– 46, 87 Holwell, John Zephania 173 Home`re 47, 63, 65–67, 69, 72–74, 76, 78–79, 84, 96, 172, 174, 213, 232–233, 291, 293, 295, 297–306, 310–311, 313, 315–316, 321, 323, 331–332, 337, 340–343, 345, 353, 363–365, 367, 370–371, 373–375, 378–379, 385, 387, 390–393, 395–400, 402–413, 415–417, 427, 535, 540, 542, 545 Horus, fils du dieu Osiris 167, 440 Houdart de la Motte, Antoine 72 Hufraschmodad, coq symbolique de la mythologie perse 261 Hugo, Victor 82 Humboldt, Wilhelm von 32, 50, 55, 57, 64, 74, 84–85, 87 Hume, David 45, 52–53
Index des noms de personnes Hunter, William 606 Hutcheson, Francis 68 Hyde, Thomas 127, 271, 273, 475–476, 500, 538 Hygin (Gaius Julius Hyginus) 162, 259, 365– 366, 442 Hystaspes, satrape de Parthe 265 Idas, fre`re de Lynce´e 343 Idome´ne´e 291, 334 Ilithye, divinite´ grecque 408 Indra, roi des dieux dans mythologie indienne 183, 235, 252, 254, 599–600 Innocent III (Giovanni Lotaro), pape 276 Inyanendra Saraswati, asce`te indien 613 Iphitos, personnage de l’Odysse´e 331, 377 Iravat, personnage du Mahabharata 208 Iris, divinite´ grecque 342, 414 Ischwakou (ou Ikshvaku), roi mythique dans l’hindouisme 245 Isis 126, 142, 151, 154, 159–160, 164–168, 439–440 Isocrate, orateur athe´nien 328 Ixion, personnage de la mythologie grecque 365 Ized, divinite´ perse 269, 274 Jablonski, Pawel Ernst 127, 168, 271, 429, 440–441, 538 Jacobi, Friedrich Heinrich 38, 86 Jacobs, Christian Friedrich Wilhelm 335 Jahnou, asce`te indien 208–209 Jaimini, philosophe indien 452, 527, 592, 603, 614 Jamblique 147, 160, 167 Janacka, personnage du Ramayana 245–246 Janus 148, 260 Jasion 385 Jason 376 Jean Chrysostome, saint 475 Jean Diacre 321 Je´hovah 266, 479, 530 Je´roˆme, saint 180 Jessaret 197 Job 395 Jocaste 349 Johannes Diaconus 321 Joinville, Joseph Endelin de 584, 615 Jones, William 150, 171, 175, 181, 191, 194, 206, 210, 215, 221, 249–251, 494, 533, 578–579, 594, 596–597, 600–605, 609 Jonsius, Johannes 414 Jornande`s (ou Jordane`s) 279
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Jornumgandour, serpent de la mythologie scandinave 282 Josue´, conque´rant du pays de Canaan 476 Joubert, Joseph 41 Junon 269, 297, 319, 321, 332, 337–339, 343–344, 347–348, 363, 365, 374–375, 377, 408, 415–416 Jupiter 203, 207, 232, 255, 260, 265, 267– 268, 295–297, 301, 307, 320, 324, 327– 328, 331, 333–334, 336, 338, 340–342, 346–349, 355, 363–365, 371, 374–378, 382–383, 385, 415–417, 426–427, 471, 535–536, 538 Justin (Marcus Junianus Justinus) 125, 275– 276, 426, 538 Kaiomortz, le premier homme 264 Kamadouk, la vache de la mythologie indienne 208–209 Kanne, Johann Arnold 68, 316 Kant, Immanuel 32, 34, 36–42, 46, 64, 68, 87 Ke´ten, pharaon e´gyptien 415 Kindersley, Nathaniel Edward 579 Kiniskos, personnage du Jupiter convaincu 348 Kircher, Athanasius 54, 157, 256, 437 Kirkpatrick, James Achilles 187 Kleuker, Johann Friedrich 173, 262, 264, 267, 269, 575 Kodama voir Bouddha Kol-pi-jah (ou Kolpiah), le vent 147 Koumarea, he´ros indien 616 Kouscha-Lya, me`re de Wichnou 232 Kronos voir Chronos Kunnotaris, personnage de la mythologie des Finnois 283 Kuveni, reine de Sri-Lanka 616 Laban, petit-fils de Te´rach 475 La Bruye`re, Jean de 67 Lachmi, e´pouse de Wichnou 165, 186, 188, 252, 613 La Fontaine, Jean de 67 Lage, divinite´ germanique 284 Laı¨us 349, 355 La Mennais (ou Lamennais), Fe´licite´ de 81– 82 Langallerie, Charles de 41 Laocoon 352 Laome´don 343 Larcher, Pierre-Henri 259, 336, 340–341, 427, 535
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De la Religion, III
Latone, me`re d’Apollon 332, 365, 543 Le Gentil de la Galaisie`re, Guillaume 180, 596 Leibniz, Gottfried Wilhelm 68 Leı¨ode`s, preˆtre 314 Leopardi, Giacomo 72 Le´pa, fille d’un chef bulgare 539 Lesche`s de Mityle`ne 306 Lessing, Gotthold Ephraim 37–38, 46 Leucippe, philosophe grec 593 Le´vy-Bruhl, Lucien 86 Libanius, rhe´teur 360 Libusˇe (ou Libussa), anceˆtre mythique du peuple tche`que 280–281 Linus, poe`te grec le´gendaire 398 Lobeck, Christian August 65 Locke, John 36, 41, 87 Loke, divinite´ de la mythologie scandinave 282 Longin 395 Louis IX ou Saint Louis, roi de France 358 Louis XIV, roi de France 67 Louis XV, roi de France 200 Lucain 125–126, 427 Lucien 300, 348, 360–361, 365, 390 Lucre`ce (Titus Lucretius Carus) 337 Lycaon, roi d’Acardie 162 Lycophron, poe`te grec 410 Lycurgue 297, 343, 403–404, 406 Lydus 148, 260, 536 Mace´don, divinite´ grecque 168 Machaon, fils d’Esculape 406 Mackintosh, James 241 Macpherson, James 36, 405 Macrobe 159, 336, 357 Madhava-Acharya, philosophe indien 202 Maditithi, commentateur de Menou 191 Mahade´va (ou Mahadewa) voir Schiven Mahamaya, me`re de Bouddha 182, 448, 598– 599, 611 Mahomet 441 Mahony 181, 611 Maillet, Benoıˆt de 151 Maı¨monide, Moı¨se 128, 256, 441, 476–477, 500 Maistre, Joseph de 45, 60, 62, 83, 321 Majer, Friedrich 68, 442, 520, 579 Makar, poisson fabuleux 208 Malcolm, John 241, 528 Mallecarjee, divinite´ indienne 187 Mallet, Paul-Henri 275, 279, 411, 426, 538, 571
Malli, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Mana, divinite´ scandinave 275 Mandeville, Bernard 37 Manilius, Marcus 162 Mantus, divinite´ e´trusque 260 Marcel II (Marcello Cervini), pape 239, 526 Mardonius, ge´ne´ral perse 267 Marie, sœur d’Aaron 480 Mars 166, 203, 327, 335, 338, 340–341, 343, 390, 408, 426, 538 Marshman, Josua 182 Martin, dom Jacques, mauriste 266 Masius, Hector Gottfried 280 Mat, P. J., e´diteur belge 109 Matter, Jacques 33 Maurice, Thomas 157, 437 Maury, Alfred 86 Maxime de Tyr 426 Maya 219, 282, 492, 525, 529 Me´an, secre´taire de BC 101 Me´de´e 360, 376 Me´gasthe`ne, ge´ographe 194 Meiners, Christoph 54, 70, 151, 388, 432, 479, 572 Me´lisse, femme de Pe´riandre 360 Me´nandre 259, 427, 535 Mendelssohn, Moses 38 Mende`s, divinite´ e´gyptienne 154–155 Me´ne´las, roi de Sparte 329, 333–334, 337, 363, 390, 408, 544 Menou 58, 175, 197, 215, 249–250, 521, 566, 568, 578, 587, 594–595, 606, 613 Mercure 166, 194, 322, 332, 338–340, 390, 414–415, 601 Me´rion, he´ros grec 329 Meschiane, personnage de la mythologie perse 264, 274 Me´trodore, philosophe 299 Meya, astronome indien 192, 598, 610 Michaelis, Johann David 266 Michelet, Jules 398 Mignot, E´tienne, abbe´ 258, 427, 535 Mill, James 201, 587 Miltiade, strate`ge athe´nien 407 Milto voir Aspasie Milton, John 304 Minerve 267, 269, 297, 321, 327–328, 330– 332, 335, 338–339, 347, 367, 382, 384– 385, 388, 544 Minos 362–363 Mithras 261–262, 264, 272–274, 316, 542 Mne´vis voir Apis Mohanimaya, de´esse indienne 165
Index des noms de personnes Moı¨se 40, 87, 266, 475, 477, 480, 564 Momos, divinite´ grecque 365 Mone, Franz Joseph 281–283, 285, 495, 539, 571 Montesquieu, Charles de Secondat, baron de 38 Moudhevi, de´esse indienne 165 Müller, Karl Otfried 63, 65, 67–69, 77–80, 295, 297, 301, 321, 587 Munisnorala, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Muse´e, musicien de l’entourage d’Orphe´e 328, 406 Muses 168 Myrrha, personnage des Me´tamorphoses 332 Nachor, fils de Te´rach 475 Naga, roi des serpents 183 Nami, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Nanac (ou Baba Nanac), fondateur de la secte des Sikhs 241, 528 Nandini, vache sacre´e du Rhagu-Vansa 188, 614 Nanik Sah, fondateur d’une secte indienne 596 Napole´on Ier 54 Narada (ou Narasa), auteur du Vahara-Pourana 190–191, 528 Nared, inventeur de la lyre 194, 601 Nargal, le coq, personnage de la mythologie chalde´enne 255, 535 Nari, enfant de Loke 282 Nausicaa 73, 386–387, 414 Necker, Jacques 603 Neith, de´esse e´gyptienne 156, 159–160, 164– 165 Ne´me´sis 322 Nemrod, personnage biblique 475 Nephthys, divinite´ e´gyptienne 165, 167 Neptune 295, 297, 330, 332, 337–338, 341– 344, 347, 375, 377, 384, 386, 408, 544 Ne´re´ides 267, 406 Neriosingh, ge´nie tute´laire de la mythologie perse 264 Nerthus, divinite´ germanique 279 Nestor 392 Newton, Isaac 603 Nibchaz, le chien, personnage de la mythologie chalde´enne 255, 535 Nicanor, scoliaste 397 Nietzsche, Friedrich 65 Nicandre 157 Ninus, roi me´sopotamien 475
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Nithi, nouvelle lune dans la mythologie scandinave 280 Nobilis (ou Nobilibus), Robert de 239, 526 Noe´ 341 Nonnos Panopolitanus, poe`te e´pique byzantin 409 Ny, pleine lune dans la mythologie scandinave 280 Oanne`s, divinite´ chalde´enne 256, 440, 441 Oce´an 341, 543 Ocnos, personnage de la mythologie grecque 366 Odin, dieu de la mythologie scandinave 275, 284 Oetasirus, divinite´ scythe 275 Ombourischa, roi indien 234 Omesa (ou Omorca), divinite´ de la mythologie babylonienne 257 Onomacrite d’Athe`nes 406 Oreste 365, 376 Orion 363 Ormisdas, divinite´ des Me`des 265 Ormuzd (ou Oromaze), divinite´ iranienne 261–264, 273–274, 284, 442 Orphe´e 316, 328, 360, 398, 406, 542 Osiris 126, 148, 151, 154, 157–160, 165– 168, 431, 437, 439–440, 563 Ossian 409–410 Otus, ge´ant grec 343 Ourchisrava, cheval mythologique de la mythologie indienne 208–209, 522 Ousana, poe`te indien 209 Ovide 124, 126, 366, 427 Oxylus, guerrier grec 336 Padmaprabha, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Pagasus, fondateur de Delphes 353 Palame`de 360, 398 Pandarus, personnage de l’Iliade 330 Pange, Pauline, comtesse de, ne´e de Broglie 70 Panini (ou Pa’n’ini), grammairien indien 195, 612–613 Pankou, dieu chinois 147 Papæus, nom scythien de Jupiter 275 Parasara, e´crivain indien 600 Paravatti, femme de Schiva 212 Paˆris 417 Parraud, Joseph-Pascal 207 Parsva, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189
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De la Religion, III
Patanjali, grammairien indien 195, 592, 594, 602, 612 Paterson, John David 188, 191, 194, 320 Patricius, Franciscus 161 Patrocle 302, 329, 332, 385, 391–392, 412 Paulinus a Sancto Bartolomaeo 609 Pausanias 64, 128, 297, 311, 314, 319–321, 324, 330, 335–336, 353, 355, 360, 364– 365, 376–378, 403, 406–407, 500, 543 Pavan, musicien de l’Inde 601 Pearse, Thomas Deane, officier d’artillerie dans l’arme´e du Bengal 187, 428 Pe´le´e, pe`re d’Achille 332, 348, 385, 412 Pelloutier, Simon 275–276, 426, 538 Pe´lops, roi le´gendaire du Pe´loponne`se 308 Pe´ne´lope 236, 314, 375, 387–389, 394 Penthe´sile´e, reine des Amazones 360 Pe´on (ou Paion), divinite´ grecque 343 Pe´riandre, e´poux de Me´lisse 360 Pe´riphe´mus, he´ros grec 336 Perkouna, divinite´ polonaise 280 Perse´phone 500 Petri, Philipp August 115, 415 Phe´bus voir Pœbus Phe`dre, e´pouse de The´see 388 Phe´mius, poe`te grec 314, 402 Phe´re´cide de Syros 400 Phidias 375 Phileleutherus Lipsiensis voir Bentley, Richard Philippe de Crotone 324 Philon d’Alexandrie 133, 476 Philocte`te 333 Philostrate (Flavius Philostratus) 302, 361 Phœbus 330, 343, 347, 349 Phorone´e, le premier homme 309 Photius, patriarche de Constantinople 256 Phthas, dieu e´gyptien 147, 160, 165 Pichon, e´diteur 109 Pinard, J., imprimeur 571 Pindare 66, 298, 306, 308–309, 363, 365, 378, 403, 406, 409, 411 Pingala-Naga, serpent fabuleux 195–196 Pirithoüs, he´ros grec 407 Pisistrate, tyran d’Athe`nes 74, 76, 375, 400, 402–406 Platon 138, 147, 296, 299–300, 328, 375, 403–407, 511 Pline l’Ancien 125, 136, 157, 194, 257, 285, 427, 437, 469, 540 Plotin 146 Plutarque 127, 151, 153, 155, 157, 159, 164– 165, 167, 269, 321, 336, 403–404, 407– 408, 410, 429, 434, 436–437, 440
Pluton 334, 339, 343, 364, 407 Pockavadi voir Bhagavatti Polybe 269 Polydamas, he´ros grec 352, 545 Polygnote, peintre grec 360, 407 Polyphe`me 235, 347 Pomponius Mela 401 Pompe´e, le grand Pompe´e 126 Porphyre 153, 161, 259, 265, 299, 375, 427, 435, 535 Potrimpos, divinite´ prussienne 284 Pouqueville, Franc¸ois-Charles-Hugues-Laurent 337 Poutti Sat voir Bouddha Pra-Ram voir Bhagavatti Pradjapat (ou Prajapati), divinite´ indienne des nations 209, 221, 525 Prahlad, mauvais esprit 208 Pramati, roi indien, personnage du Ramayana 246 Prapitamaha, divinite´ indienne 209 Praxilla, poe´tesse grecque 296 Priam 232, 329, 333, 347, 414 Proclus 160, 299, 375 Procope 273, 275, 538 Prome´the´e 228, 364, 398 Proserpine 128, 319, 325, 335, 341, 364, 367, 500 Prote´e 329, 415 Prote´silas, he´ros grec 361 Prusias, roi de Lybie 356 Ptolemaios VI Philome´tor, pharaon d’E´gypte 405 Ptole´me´e, Claude 127, 429 Purmaje, vache de la mythologie perse 262 Pylæme`nes, roi des Paphlogoniens 408 Pyrrhus, roi d’E´pire 356 Pythagore 300, 602 Pythie, preˆtresse a` Delphes 355–356 Python 341 Quinte-Curce 272 Quintus de Smyrne 391–392, 409 Radegast, dieu vandale 280 Radha, favorite de Wichnou 202 Ragha, personnage du Ramayana 213 Raghu, fils de Sacya 599 Ragnar, roi le´gendaire de Sue`de et du Danemarc 276 Rahans voir Bouddha Rahou, dragon tue´ par Wichnou 193, 598, 602
Index des noms de personnes Rama, dieu hindou 172, 181–182, 185, 197, 202, 208, 213, 226, 231, 240, 245, 602 Ramachanda, grammairien de l’Inde 612 Rammohan Roy, Raja 204, 237, 575, 580 Raper, F. 188 Raphae¨l 68, 324 Ravana, de´mon 212 Renan, Ernest 32, 56, 58, 85–86 Resen, Peder Hansen 280 Rhadamante 353, 363 Rhagava, personnage du Ramayana 245 Rhampsinite, pharaon e´gyptien 166 Rhapsace`s, ge´ne´ral assyrien 479 Rhe´e, personnage de la mythologie grecque 327 Rhe´sus 412 Rinaldo, personnage du Tasse 386 Rischya-Schringa, personnage du Ramayana 231, 233 Rishabha, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas premier maıˆtre du jaı¨nisme 189 Rogerius, Abraham 190, 579 Rohde, Erwin 65 Rollin, Charles 358 Roque, Emile 106, 554, 556 Roudra, divinite´ indienne 252 Rousseau, Jean-Jacques 398 Routren, divinite´ indienne 186, 428, 590 Rühs, Friedrich 277, 283, 401 Rugarth, divinite´ vandale 284 Rugiavith, divinite´ vandale 280 Runnotaris voir Kunnotaris Rustan, he´ros persan 216 Sabala, vache d’abondance dans la mythologie hindoue 233, 246 Sacya, dieu indien 183, 599–600 Saint-Lambert, Jean-Franc¸ois de 304 Saint-Philippe, Don Vincent Bacalar y Sanna, marquis de 358 Sainte-Croix, Guillaume-Emmanuel-Joseph Guilhem de Clermont-Lode`ve, baron de 74–75, 377, 400, 411 Sama, divinite´ indienne 236 Sambhava, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Sanchara-Acharya, commentateur des Ve`des 202, 204, 591, 602 Sandene voir Hercule Sandrakottos, roi indien 194 Sangama, dynastie indienne 612 Sangermano, Vincentius 608, 610 Santi, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189
683
Sapandomad, ge´nie tute´laire 264 Sapho (ou Sappho) 296 Sarapis, dieu e´gyptien 159 Sarasvati, de´esse indienne 194, 220, 223, 236, 264, 529 Sarpe´don, personnage de la mythologie grecque 347 Sarug, personnage biblique 475 Sasanka, divinite´e indienne de la lune 209 Saturne 179, 222, 255, 265, 327, 364, 543 Sayandomad 274 Scandra, dieu de guerre indien 207 Schakty, de´esse hindoue 198, 219–220, 521, 568 Schelling, Friedrich Wilhelm Joseph 32, 65, 69 Schiller, Friedrich von 37, 64 Schiven (ou Shiva, Siva), divinite´ hindoue 148, 186–188, 191–192, 197–202, 211– 212, 216, 219–220, 224, 243–244, 252, 254, 264, 320, 323, 428, 450, 521, 531, 568, 590, 596, 611, 613 Schlegel, August Wilhelm 68, 76, 201, 307, 393, 412, 575, 577 Schlegel, Friedrich 56, 65, 68, 75–76, 84, 140, 186, 196–197, 203, 215, 217, 307, 397–398, 416, 521, 569 Schleiermacher, Friedrich Daniel Ernst 32, 39–40, 53, 70, 88 Schlichtegroll, Friedrich 156, 437 Scoliaste a` Home`re 302 Scoliaste non identifie´ 297 Schwarze, Christian August 125 Scylla 322 Selden, John 255, 258, 427, 442, 535 Seleukos Ier, roi de Syrie 194 Se´miramis, reine le´gendaire de Babylone 259, 442 Semler, Johann Salomo 32, 46 Se´ne`que 260, 299, 397–398, 471 Se´rapis, dieu e´gyptien 160, 322 Servius, commentateur de Virgile 125, 260, 427 Sextus Empiricus 133 Shaftesbury, Antony Ashley Cooper, Earl of 68 Shore, John 183 Sibylia, vache ve´ne´re´e dans mythologie scandinave 276 Simplicius, pape 299 Sire`nes 313, 386 Sismondi, Jean-Charles-Le´onard Simonde de 105
684
De la Religion, III
Sisupala, personnage du Maharabat 172 Sisyphe 365–366 Sita, personnage du Ramayana 182, 202 Socrate 307, 338, 400, 403 Solger, Karl Wilhelm Ferdinand 77 Solon 336, 399, 403–404, 407 Sommonacodom voir Bouddha Sonnerat, Pierre 179, 199–200, 205, 240, 428, 526 Sooddodeneh, pe`re de Bouddha 611 Sophocle 65, 295, 307–308, 333, 349, 365 Sougat, philosophe indien 149 Soura, chien de la mythologie perse 263 Souranou (ou Suranah), femme du soleil dans la mythologie de l’Inde 227 Sourya, le soleil de la mythologie de l’Inde 224 Soutah, monarque de Ceylan 182, 448 Spalding, Johann Joachim 32, 46 Spangenberg, Ernst Peter Johann 124 Spanheim, Ezechiel 68, 124–125 Spencer, John 476–477 Smith, Adam 68 Sphe´rus, personnage de la mythologie grecque 330 Spinoza, Baruch 50, 135, 509, 604 Sreyansa, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Stae¨l-Holstein, Germaine, baronne de 37–39, 41, 44, 67–68, 388 Stasinus de Chypre 305 Ste´sichore, poe`te grec 306, 308 Ste´simbrote de Thasos, e´crivain grec 299 Sthe´nelus, fils de Capane´e 336 Stobe´e, compilateur mace´donien 398 Strabon 128, 151, 269, 299, 330, 363, 376, 399, 404, 430, 432 Stuhr, Peter Feddersen 283 Sturz, Friedrich Wilhelm 309 Sulzer, Johann Georg 275 Surabhi, la vache de la ple´nitude, divinite´ hindoue 188, 614 Swantevit (ou Swantovit), divinite´ slave 282 Symes, Michael 181 Symmaque 265 Syne´sius de Cyre`ne 167–168 Tabiti, divinite´ scythe 275 Tacite 123, 272, 275, 279, 426, 538 Tage`s, divinite´ e´trusque 130, 260 Taine, Hippolyte 38 Talie´sin, barde gae´lique 278, 282, 412 Tamo, nom chinois pour Bouddha 184
Tantale 365–366 Tarlier, H., e´diteur belge 109 Tasse, Torquato Tasso, dit le 304, 386 Tauthe´, divinite´ chalde´enne 258 Taylor, J. 579 Tegh-Bahadur, fils de Nanac 241, 528 Te´le´maque 236, 314, 382, 388, 394 Te´rach (ou Thare´), pe`re d’Abraham 475 Thamimasade`s, divinite´ scythe 275 Thauth, divinite´ e´gyptienne 154 The´age`ne de Rhe´gium 299 The´ocrite 333 The´ognis de Me´gara 365 The´on d’Alexandrie 259 Thersite 292 The´se´e 162, 296, 330, 407 The´tis, nymphe 267, 280, 331, 340, 348, 385, 391, 415 Thot, dieu e´gyptien 130 Thucydide 268, 310, 378, 409 Thurot, Alexandre 57 Tibulle 125, 259, 427, 535 Timarque, athe´nien 413 Tina, dieu e´trusque 260, 471, 536 Tintoret, Jacopo Robusti, dit 390 Tire´sias 353, 367 Tissapherne, satrape 268 Tite-Live 125, 427 Titye, he´ros grec, fils de Zeus 365 Toland, John 604 Torfæus, Thormodus 411 Trimourti, divinite´ indienne 220 Triophtalmos voir Jupiter Triptole`me, he´ros grec 168 Trisankou, roi indien 226 Trivicrama, roi le´gendaire de l’Inde 210, 523, 569 Trogus, Pompeius 125, 276 Tugarin, he´ros le´gendaire bulgare 539 Twaschta (ou Twashta´), dieu solaire de l’Inde 227–228 Tyde´e, personnage de la mythologie grecque 343 Typhe´e, une des trois he´catochires 323 Typhon, monstre grec 165–168, 440 Tze´tze`s, Jean 360 Ulysse 73, 235, 291–292, 306, 313–314, 332–333, 337, 342, 347, 367, 375, 381– 382, 384–388, 392, 394, 407–409, 412– 413 Uranus 364
Index des noms de personnes Vali, enfant de Loke 282 Valmiki, auteur du Ramayana 58, 174, 212, 214, 231–233, 240, 244, 591, 596, 605 Vahara, auteur du Varaki sankita 600 Varanasi, grammairien indien 612 Vardhamana, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Varoun (ou Varouna), dieu indien des mers 209, 216 Varron (Marcus Terentius Varro) 131 Vasampayana, disciple fabuleux de Vyasa 243 Vasishta, une des sept sages dans l’hindouisme 614 Vasouki, serpent dans la mythologie hindoue 208 Vasurujia, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Vasutura (ou Yashodhara), e´pouse de Bouddha 182–183, 599 Vayou, dieu indien des vents 209 Ve´dius, dieu romain 260 Vegadeva, brame 178 Velaine (ou Veleine), prote 103, 111, 345 Ve´nus 203, 232, 259–260, 265, 269, 273, 296, 327, 330, 332–334, 341, 343, 375, 390, 408, 417, 442, 564 Verre`s, Caius Licinius, proconsul romain 268 Vesta 327 Vibandouka, personnage du Ramayana 231 Vico, Giambattista 398 Vicrama-Ditya, fre`re de Bhartri-Hari 195, 612 Vige Kumareia, he´ros indien 616 Ville`le, Joseph, comte de 81 Villers, Charles de 38, 44, 75 Villoison, Jean-Baptiste-Gaspard d’Ansse de 72, 74–76, 342, 397 Vimala, saint ou pe´nitent de´ifie´ des djainas 189 Vinateya, aigle mythologique de l’Inde 208 Vinet, Alexandre 134 Viran-Risinha, roi indien 221 Virgile 304, 361, 391, 395 Virochana, pe`re de Bali 212 Vogel, Paul Joachim Siegmund 158, 169, 429, 431–432, 438 Voglet, P.-J., e´diteur belge 109 Volney, Constantin-Franc¸ois de Chassebœuf, comte de 413 Voltaire, Franc¸ois-Marie Arouet, dit 45, 200, 304, 307, 328
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Vopiscus, Flavius 272 Voss, Johann Heinrich 61, 65, 68–69, 302– 303, 322, 363 Vrischapati, nom pour Shiva 207 Vroutarassourer, ge´ant de la mythologie indienne 241 Vulcain 302, 340–341, 375, 390, 408, 416– 417 Vyasa, auteur du Mahabharata 58, 171, 174– 175, 204, 209, 243, 566, 587, 602–603, 605, 614 Wagner, Johann Jakob 442, 520 Wakhaba-Acharya, un des fondateurs du vishnouisme 202 Ward, William 250–251, 578, 587 Whatley, Thomas 264 Wichnou 148, 165, 175, 178–179, 181, 185– 186, 188, 190–193, 197–203, 206–208, 216, 219, 224, 240, 428, 232, 239–240, 242–243, 254, 448, 471, 521, 527, 531, 568, 590, 592, 596, 613, 616 Wilford, Francis 175, 186, 191–192, 194, 207, 211, 228, 252, 518, 528, 530, 566, 587, 602, 605 Wilkins, Charles 143–144, 149, 171, 178, 522, 596 Winckelmann, Johann Joachim 46, 50, 156, 322 Wischwamitra, personnage du Ramayana 213, 226, 231, 235, 245–247 Wladimir, prince le´gendaire russe 281, 539 Wolf, Friedrich August 47, 63, 66, 68, 70, 72–76, 84–85, 160, 374, 392, 394, 398– 400, 405–406 Wolkow, prince russe 281 Wood, Robert 374 Xe´nophane 136, 469 Xe´nophon 259, 268, 299, 338, 427, 535, 564 Xerxe`s Ier, roi de Perse 267–268 Xylander, Guilielmus 163 Yajnatabada, personnage du Ramayana 231 Yajnyawalcya, disciple de Vasampayana 243 Yama, juge des enfers de la mythologie indienne 208–209 Yasoda, nourrice de Crishna 210, 523 Yassodera, e´pouse de Bouddha 611 Ymer, divinite´ scandinave 147, 284 You-loe-fat, divinite´ chinoise 609 Zaleucus, le´gislateur grec 399
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De la Religion, III
Zaradobura, grand-preˆtre indien 204 Zaretis, nom de la Ve´nus assyrienne 269 Ze´nobios, sophiste 296 Ze´nodote d’Ephe`se 375, 404–406 Ze´non, stoı¨cien 602 Zervan-Akere`ne, le temps sans bornes dans la mythologie de l’Inde 262–263, 274, 283
Zeus 126, 232, 309, 324, 348, 383, 416 Zoe¨ga, Johann Georg 156, 159, 323, 437, 439 Zoroastre (ou Zarathoustra) 261, 265, 273– 274, 524