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French Pages 826 [812] Year 1968
TROISIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE
D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE
THIRD INTERNATIONAL CONFERENCE
OF ECONOMIC HISTORY
ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES — SORBONNE SIXIÈME
SECTION
: SCIENCES
ÉCONOMIQUES
ET
SOCIALE
CONGRÈS ET
COLLOQUES
x
PARIS
MOUTON & CO MCMLXVIII
I-A HAYE
TROISIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE
D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE
MUNICH I965 •
THIRD INTERNATIONAL CONFERENCE
OF ECONOMIC HISTORY
Publié sur la recommandation du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines, avec le concoursfinancier de V Unesco. Honoré d'une subvention de l'État de Bavière.
O '968, École Pratique des Hautes Études and Mouton et Co.
Printed in France
PRÉFACE
Le Congrès des historiens de l'économie, à Munich, en août 1963, marquera dans les annales de notre discipline. A double titre : par la richesse de son programme, par sa qualité. De grandes questions, et fondamentales, avaient été inscrites à l'ordre du jour ; et les meilleurs d'entre nous qui, des cinq continents, sont venus en débattre, ont apporté à l'édifice que nous bâtissons ensemble de précieux matériaux. Ce Congrès marquera, aussi, par la fondation d'une Association internationale d'histoire économique ; les bases en avaient été jetées à Stockholm en i960, puis à Aix-en-Provence en 1962. Mais cest à Munich que notre association a pris sa forme définitive : désormais, à travers les organismes nationaux ou régionaux, elle groupe historiens et économistes dans une même famille, et, acceptons-en l'augure, pour le meilleur de l'histoire économique. Trop riche, le Congrès de Munich ne témoigne-t-il pas de nos diversités stimulantes, de nos multiples curiosités, de notre désir de mieux nous comprendre par-delà les barrières et nuances des langues, des idéologies, des traditions, des spécialités ? A cet égard, Munich a été un succès que nul ne contestera. Le succès, nous le devons, en premier lieu, à notre hôte le professeur Friedrich Lütge, à son enthousiasme juvénile, à son talent d'organisateur, à sa personnalité généreuse. Il a su faire de notre réunion une fête de l'esprit et de l'amitié. Notre gratitude lui est acquise ainsi qu'à ses collaborateurs. Désignée à Munich, une autre équipe désormais tient la barre, sous la présidence attentive et souriante du professeur Frederic C. Lane. Notre Président s'emploie à assurer à nos prochains Congrès — Bloomington ( U.S.A.) en 1968, Leningrad en 1970 — un égal succès. Et son premier soin a été d'assurer la publication des Actes de Munich, dont ce volume constitue les prémisses.
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PRÉFACE
Puisse cette masse de cinq volumes que nous sommes heureux d'accueillir parmi les publications de V École des Hautes-Études, ne pas rebuter nos jeunes collègues, mais ojfrir à tous, jeunes et moins jeunes, des éléments utiles, précieux, et des sujets de réjlexion, pour un heureux développement de Vhistoire économique. Fernand BRAUDEI.
AVERTISSEMENT
L e présent ouvrage, q u e nous soumettons, après plus de d e u x années de travail, à l'attention des historiens et des économistes, ouvre une série qui regroupera, en cinq tomes, l'ensemble des travaux et des discussions qui ont animé, à M u n i c h , d u 23 au 27 août 1965, le troisième Congrès international d'histoire économique. C i n q tomes, c'est b e a u c o u p , m ê m e si celui que nous offrons a u j o u r d ' h u i doit être le plus épais. L e u r mise sur pied a exigé — on s'en doute — un effort considérable et de longue haleine, qui explique le délai — q u e nous sommes les premiers à regretter — a u terme d u q u e l cette série c o m m e n c e enfin à sortir de presse. Il a p a r u opportun, pourtant, de mettre à la disposition des savants et des étudiants la somme de connaissances et d'expériences méthodologiques dont le Congrès de M u n i c h a été le reflet. L a richesse exceptionnelle, la q u a lité et la diversité des menus qui furent présentés lors de nos assises dans la capitale bavaroise ne méritaient-elles pas d'être perpétuées à travers une publication quasi intégrale, si m o n u m e n t a l e qu'elle pût devenir? Q u e l q u e s mots sur l'économie de la série. C e premier v o l u m e s'ouvre sur le rapport du professeur Simon K u z n e t s , présenté en séance plénière lors de l'ouverture du C o n g r è s ; la discussion nourrie q u i a suivi n ' a malheureusement p u être rapportée. V i e n n e n t ensuite les travaux de plusieurs sections. Nous n'avons pas cherché à les présenter dans u n ordre déterminé, mais, p o u r g a g n e r d u temps, nous avons retenu les premiers manuscrits q u e les responsables des sections nous ont remis, pour les envoyer aussitôt à l'imprimeur. Les trois volumes suivants, plus modestes, seront consacrés chacun à une section, dont les t r a v a u x et discussions, p a r leur ampleur ou leur caractère plus spécialisé, méritent d'être publiés à part : Produc-
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AVERTISSEMENT
tion et productivité de l'économie agricole (t. II, responsable J . Meuvret) ; Histoire économique de VAntiquité classique (t. I I I , responsable M. Finley); Démographie et économie (t. IV, responsable D . Eversley). Le cinquième et dernier volume comprendra toutes les autres sections, ainsi que le rapport sur les Paysages agraires, présenté par J . Le Gofl et R. Romano lors de la séance plénière finale. Quelques-uns des rapports ou des communications présentés dans cette série ont déjà fait l'objet de publications séparées. Nous n'avons pas jugé opportun de les écarter pour autant, afin que ces Actes conservent leur homogénéité et leur intégrité. En revanche, nous avons autorisé les auteurs qui le désireraient à apporter à leur texte les corrections et compléments que les vues échangées à Munich avaient pu leur inspirer. Le gros travail de mise au point de ces volumes n'a été possible que grâce à une large collaboration. Il nous plaît de remercier ici tout d'abord les responsables des sections, qui, après l'effort d'organisation qu'ils avaient accompli, ont bien voulu s'occuper de rassembler les textes de leurs collaborateurs et les mettre à jour avec eux. Notre gratitude va aussi à M l l e Anne-Marie Piuz et à M m e Béatrice Veyrassat-Herren, qui, avec d'autres de nos collaborateurs genevois, nous ont aidé à mettre au point les manuscrits et à corriger les épreuves. Notre gratitude va à l'École Pratique des Hautes Études qui a bien voulu prendre en charge l'édition de cette série, ainsi qu'à l'État de Bavière, au Centre National de la Recherche Scientifique (Paris) et à l'Unesco, qui ont honoré la présente publication de subventions importantes; ils nous ont par là aidé et encouragé : que ces institutions soient assurées de la reconnaissance des historiens de l'économie. J.-F.
BERGIF.R
CAPITAL FORMATION IN MODERN ECONOMIC GROWTH (and some implications for the past)
This paper deals first with quantitative aspects of capital formation in economically developed countries for the long periods over which their growth can be measured*. Several implications and questions concerning capital formation in the pre-industrial and pre-modern past, suggested by the statistical evidence are then treated in what, for lack of firm data, must be speculative fashion. It is hoped that scholars more familiar than the author with the pre-19th century past, will be able to pursue the speculative suggestions and questions more effectively than has been done here. 1. Definitions Domestic capital formation 1 is defined in current national accounts as additions to the stock of material capital goods within a country, obtained by the expenditure of current product—either of the given country or of some other country. National capital formation equals * I am indebted to my colleagues, Professors Alexander Gerschenkron and John R. Meyer, for helpful comments on the original version of this paper. 1. The term "capital formation" is used in preference to "capital investment" because "the term investment is sometimes used to indicate the process of spending money capital for the purchase of capital goods, or more generally, to signify the acquisition of securities and other financial claims" (United Nations, "Concepts and Definitions of Capital Formation," Statistical Papers, Series F, No. 3, New York, 1953, p. 7). The emphasis is on additions to real capital and not on purchase, or on acquisition of claims (except against foreign countries).
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domestic capital formation minus capital imports plus capital exports. National capital formation also equals the total savings of the country, since these savings can find embodiment only as additions either to the stock of material capital goods within the country, or to claims against the rest of the world, via net capital exports. Several restrictions are placed on the goods that may be included under capital formation. T h e first stems, of course, from the distinction between capital goods, i.e. those used in production, a n d all other goods; a n d the identification of goods as capital depends upon our view of economic production. Without digressing into a topic that deserves prolonged discussion, we merely note here the exclusion of two rather wide groups of commodities: consumers' durables other than dwellings (passenger cars, major appliances, etc.) in the hands of households and military durables (barracks, airfields, munitions, etc.) in the hands of final users. These commodities are excluded because the household is not considered a firm producing services of consumers' durables a n d the military establishment is not considered a firm producing economic goods. T h e second restriction limits capital formation to material goods, i.e. commodities, except for claims against foreign countries, which must be included in national (but not domestic) capital formation. This means the exclusion of investment (other than buildings a n d equipment) in education, health, a n d all other such factors influencing the productivity of h u m a n beings; investment in institutional arrangements (e.g. legislation, administration, voluntary organizations, etc.) that may be of cardinal importance in facilitating economic growth; and, in particular, changes in the stock of knowledge, even if limited to current inputs requisite for its sustenance or increase. Finally, only material and tangible capital that is derived from economic activity of the type that defines a nation's aggregate product is included. This means the exclusion of all natural resources, although not of any current inputs employed to introduce such resources into productive use so that a relatively effortless discovery of vast and valuable natural resources, m a n n a from heaven so to speak, cannot be included under capital formation. Nor can capital formation include acquisitions of territory, or even reproducible capital goods, or claims, resulting from war or aggression, since the latter is not accepted as economic production eventuating in aggregate economic product. T h e exclusions just noted, based on criteria of function (capital versus other goods), form (material versus non-material), a n d source (economic production versus nature and noneconomic activity), have obviously been adopted to facilitate economic measurement and analysis. T h e restrictive definition of economic production to excludc households and much government activity (particularly military),
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the limitation of capital goods to commodities that, unlike human beings, can be traded and evaluated on the market, and the disregard of natural resources and concentration on what can be produced—all facilitate economic analysis by excluding from capital formation elements of social and individual behavior that are not clearly subject to economic logic, and elements of nature that are irreproducible and hence presumably unaugmentable by economic action. On the other hand, these exclusions greatly restrict the relevance of capital formation, so defined and measured, to economic growth. But it is expedient to use the currently accepted restrictive definition and take advantage of the clarity and supply of information that it permits. What then does capital formation include ? First, it includes additions to fixed (long-lived) capital goods in the hands of their users, i.e. purchases or own-account construction (exclusive of land value before improvement) of new dwellings and major alterations in old; all other buildings, ranging from industrial plants, to government buildings, to farm structures; other construction including harbors, highways, dams, public utility roadbeds and mains, and the like; and equipment, often subdivided into transportation equipment (rolling stock, airplanes, cars, etc.) and other machinery and equipment. This item is designated domestic fixed capital formation in national accounts tables, and is ordinarily shown as a gross figure (i.e. before allowance for current consumption of fixed capital in the process of production). Second, there are changes, valued at current prices, in physical stocks of raw materials, work in process (except in construction and plantations where it is included under fixed capital formation), and finished products — in the hands of business enterprises but including government stockpiles. The sum of fixed capital formation and change in inventories is domestic capital formation. The addition of net balances on current international transactions in goods and in factor payments and accruals (i.e. the excess of exports of goods over imports of goods, and of factor receipts and accruals over factor payments and accruals) converts domestic into national capital formation or national savings. Finally, if fixed capital formation is a gross figure, the resulting totals are gross domestic and national capital formation; if fixed capital formation is adjusted for current consumption, the resulting totals are net domestic and national capital formation. There are consequently four relevant capital formation totals-two relating to gross and net additions to capital goods within the country, regardless of their ownership (by residents of the country or by foreigners), and of any claims by residents on the rest of the world; and two relating to gross and net additions to capital goods and
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claims owned by the residents of the country, regardless of the location of goods. These four capital formation totals are properly relatable to a corresponding set of aggregate product totals: gross and net domestic product, i.e. the output of the factors of production (labor and capital) located voithin the country, regardless of their ownership and of ownership claims of residents against other countries; and gross and net national product, i.e. the output of productive factors owned by the residents of the country, regardless of the location of these factors. Both sets of totals can be expressed in current and constant prices, making for eight capital formation and eight aggregate product totals; and there is a corresponding multiplicity of the ratios that relate these: the capital formation proportions, i.e. proportions to the aggregate product of which capital formation is appropriately part; and the incremental capital-output ratios, i.e. ratios of capital formation, viewed as additions to capital stock, to increases in aggregate product. 1 2. Capital formation proportions and incremental capital-output ratios: levels and trends Having defined our terms, we can summarize the statistical evidence on levels and trends in the capital formation proportions and incremental capital-output ratios. In this summary, we shall deal with all four capital formation proportions, but only with those based on current price values. For some purposes, constant price proportions would be more appropriate, but a shift to constant prices sharply reduces the number of countries with long-term records; and while the evidence suggests some differences in price trends between capital goods and aggregate product, the differences are not so marked as to call for the use of constant prices, especially since the price indexes, particularly for the more complex capital goods, are not too reliable. Consequently no major error is introduced when we treat capital formation proportions based on current price totals as approximations to those based on constant price totals. For the incremental capital-output ratios, i.e. ratios of capital formation proportions to rates of growth of the relevant aggregate product, the latter must, of course, be in constant prices s . The evidence is taken primarily 1. For more detailed definitions and discussion of both capital formation and aggregate product in national accounts see the United Nations, Statistical Papers, Series F, No. j , entitled: "Concepts and Definitions of Capital Formation," New York, 1953, and Studies in Methods, Series F, No. 2, rev. i , " A System of National Accounts and Supporting Tables," New York, i960. 2. If we designate reproducible capital C, and aggregate product T, then disregarding time subscripts, capital formation is d C (i.e. addition to C ) ; the capital formation proportion is d C / Y ; and the rate of growth of aggregate product is
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from fairly long records for the United Kingdom, Germany, Italy, the three Scandinavian countries, the United States, Canada, Australia, and Japan—but we shall refer occasionally to data for other countries for recent years a) For the long period which extends for most of the ten countries back to the third quarter of the 19th century, both the gross domestic and the gross national capital formation proportions for the different countries range between somewhat over 11 and about 22 percent of gross product, although the relative position of some countries changes as we shift from domestic to national capital formation. Since there is a perceptible, although limited, upward trend in the capital formation proportions (see below), averages for such long periods are to some extent artificial. But it is nevertheless significant that for most of the presently developed countries, over the long periods extending back to mid-19th century, gross capital formation proportions are distinctly below a fifth of gross product. Net capital formation proportions are necessarily much lower, since capital consumption charges are a much larger share of gross capital formation than of gross product. These net proportions for the long periods range among the various countries from a low of 6 to 7 percent to a high of 14 to 15 percent. Here too it is significant that for most of these developed countries, net capital formation proportions, domestic or national, and thus net national savings rates, were distinctly below a seventh of net output and even below a tenth. b) Whether these capital formation and national savings proportions are judged high or low depends upon the criteria employed. The criteria of particular interest here are connected with inferences concerning the levels of capital formation and national savings proportions in the pre-modern past; and two comments may be made. First, a national savings proportion of less than 15 percent—when in the course of modern economic growth per capita product rises on the average close to 20 percent per decade—can scarcely be considered a strenuous and remarkable achievement. In view of the fact that consumption was over 85 percent of net product and a shift from a 5 to a 15 percent net national savings rate meant a minor d Y / Y . Hence (dC/Y)/(dY/Y) = dC/dY, i.e. the ratio of the absolute addition to capital to the absolute addition to product or the incremental capital-output ratio. 1. The statistical summary that follows is based largely on my two papers in the series entitled "Quantitative Aspects of the Economic Growth of Nations," V I : "Long-Term Trends in Capital Formation Proportions," Economic Development and Cultural Change, Vol. I X , No. 4, Part II, July 1961, and V : "Capital Formation Proportions: International Comparisons for Recent Years," Economic Development and Cultural Change, Vol. V I I I , No. 4, Part II, July i960.
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change in the consumption proportion easily offset by the rise in aggregate product per capita, this shift can hardly be regarded as a revolutionary and crucial attainment—an indispensable part of the "take-off" in the Rostovian thesis or the major prerequisite in Arthur Lewis' discussion As a matter of arithmetic, it meant a minor proportional change in consumption, however proportionately large it was for the much smaller base of capital formation. T h e other comment bears upon the magnitude of capital formation as a significant addition to the stock of capital goods that are the embodiment of technological change, the major permissive source of modern economic growth. Here it is the structure of domestic capital formation that is relevant. For the developed countries in recent years, over 20 percent ofgross domestic capital formation was accounted for by dwellings, and another 5 to 6 percent by changes in inventories. These two components, unlike machinery do not embody the technological change that is a source of the rise in efficiency characterizing modern economic growth; and the same can be said of much of other constructions,—some of which (e.g. stores, personal service buildings) also serves consumers directly, and some of which is a provision for governmental overhead. We can therefore state that the capital goods that are clearly carriers of technological change—producers equipment and the construction that serves public utilities, dams, etc.—account for two-thirds, at most, of gross domestic capital formation in recent years; and for a smaller proportion in the earlier decades when the share of producers' equipment tended to be lower (see below). This statement applies with even greater force to net domestic capital formation. Therefore between 8 and 13 percent of gross, and between 5 and 9 percent of net domestic product was devoted to gross and net accumulation respectively of the capital goods that were the carriers and embodiments of technological change. If these capital goods were a crucial and sufficient requirement for growth-inducing technological change, a net savings proportion of about 5 percent in the earlier decades would have sufficed to supply the capital accumulation required—suggesting that the pro-
1. For the rapid rise in the national savings-investment ratio assumed in the Rostow theory of the "take-off," and the failure of the empirical data to support this assumption, see my "Notes on the Take-Off," in W. W. ROSTOW, editor, The Economics of Take-Off into Sustained Growth, London, 1963, pp. 22-43. Mr. Lewis' position is suggested in the following statement: "The central problem in the theory of economic growth is to understand the process by which a community is converted from being a 5 percent to a 12 percent saver—with all the changes in attitudes, in institutions and in techniques which accompany this conversion." (The Theory of Economic Growth, London, 1955, pp. 225-26).
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portion of total inputs needed to provide the material envelope of modern technical progress was a minor fraction. 1 c) T h e capital formation proportions rose significantly in the course of modern economic growth in a number of countries—from about 11-13 to over 20 percent for the gross proportions and from 6-7 to about 12-14 percent for the net. A n d for several developed countries that were substantial capital borrowers in the early phases of their growth, the upward trend was more conspicuous in the national capital formation proportions than in the domestic. O f the ten countries in our sample, only three failed to show such rises—the United K i n g dom, the United States, and G e r m a n y ; but data for the first two for the periods preceding the mid-19th century show that the rise occurred in these earlier periods, and this was probably also true of Germany. T h e trend was therefore fairly general—and not unexpected. Economic growth meant large increases in per capita product, and one would expect that the national savings rate rose; and, with a greater supply of capital funds, and hence a relatively lower price of capital, one would expect that the domestic capital formation proportions also rose. This broad association between modern economic growth and the rise in capital formation proportions for the developed countries must, however, be significantly qualified. In several countries, the relatively low domestic and national capital formation proportions found at the beginning of period of coverage remain low for several decades of rapid economic growth—so that the latter occurs despite modest capital investment ratios, and the rising per capita product has little effect on the national savings rate. Thus, in Denmark between 1870 and 1900, capital formation proportions were constant (at about 10 percent gross and 5 percent net) or declined slightly, while the rate of growth of gross product rose from 2.7 to 3.3 percent per year; and similar lags are evident in the data for Norway, Sweden, Canada, and Japan. A t the other end, in the more recent decades1. This observation is supported by the ease with which presently underdeveloped countries can achieve spectacular "showcases" of modern technology—so long as the knowledge and a few complementary factois are at hand. A n atomic bomb establishment, if one may consider it an example of advanced technology, demands material capital that is only a fraction of one percent of the aggregate product of the United States; and while the product of Mainland China is probably between a sixth and a tenth of that of the United States in the aggregate, and between a twentieth and a thirtieth on a per capita basis, China's authoritarian government faces no great barrier to devoting perhaps one percent of its product to building an atomic bomb establishment. T h e illustrations could easily be multiplied, but the essential point is clear, viz. that the relative magnitude of material requirements for apparently crucial capital formation does not in itself constitute a major factor in, or an obstacle to, modern economic growth.
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of growth, as per capita product continued to rise at a substantial rate, capital formation proportions ceased to rise—a point already made above in reference to the United Kingdom and United States (and presumably Germany) where the national savings rates failed to rise beyond the third quarter of the 19th century; and this failure of the proportion to rise is also observed in Canada after World War I and in Australia after the 1890's. d) The combination of the broad association between economic growth and the rise in capital formation proportions with the significant disparities in timing of the two variables suggests three implications. First, with economic growth bringing high rates of growth of product per capita or per worker, a rise in the capital formation proportions suggests, although it does not fully demonstrate, even higher rates of growth in reproducible capital per capita or per worker. This follows if the incremental capital-output ratios at the beginning of the growth period are equal to, higher than, or slightly lower than the average (i.e. total) reproducible capital-output ratio at the start—a not unrealistic assumption. It is, of course, the additions to reproducible capital stock per person or per worker that are so impressive in modern economic growth; and we may thus be led to an easy, but perhaps erroneous, assumption that high capital formation proportions are indispensable. Second, since in several countries high growth rates, associated with modern economic growth, emerged and were sustained over several decades with relatively low and constant capital formation proportions, we cannot accept unreservedly the notion that high capital formation proportions are required; or that there is a relatively short take-off period over which capital formation proportions rise sharply. It is also questionable that domestic or national capital formation proportions were much lower in the periods preceding the initiation of high rates of growth than in the first few decadcs of such growth in a number of countries. The model of abrupt and timely change in capital formation proportions at the start of the modern growth periods may fit the case of forced industrialization under authoritarian Communist auspices, but it is not applicable to past economic growth in the free societies of the world. Third, the failure of national savings proportions to rise in later stages of economic growth, while product per capita continues to grow at substantial rates, suggests some constraints or ceilings on capital formation proportions—so that even in the Communist countries, with the utmost pressure exercised, the proportions to aggregate product totals comparable with those of the West, do not exceed 20 to 23 percent over long periods. These constraints may be due partly to effects of changing technology and associated conditions
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of life on consumption needs, partly to the trends in the size distribution of income, and partly to institutional obstacles to easy conversion of savings into investments. Whatever the reason, the essential point is that even the richest countries of the world today, with a wealth and capacity far beyond the imagination of our forebears even in the late 18th or early igth century, raise the capital formation proportions to only moderate levels—indeed to levels that, on the net savings side, many earlier societies might have found not impossible, and perhaps even not too difficult, to attain. e) Trends in the structure of domestic capital formation by type are not easily established, because data on changes in inventories are particularly weak and classifications within fixed capital formation are not strictly comparable. Yet despite the limitations of the underlying data, the basic trends are fairly clear. First, the share in capita* formation of changes in inventories declines—from earlier levels that are in some countries well above 10 percent to about 5 to 6 percent in recent decades. Second, within fixed capital formation, and even within total capital formation, the share of construction declines and that of producers' equipment rises. Thus in several countries the share of construction in total capital formation drops from between 55 and 65 percent to 45 percent; whereas that of producers' equipment rises from between 20 and 25 percent to between 40 and 50 percent. The decline in the share of construction is partly due to a decline in the share of residential housing, but the share of other construction also shows a drop. These long-term trends in the structure of domestic gross capital formation reflect shifts in the industrial destination of capital formation, e.g. away from agriculture which requires substantial inventories; or, within fixed capital formation, from residential housing and such sectors as the public utilities which, particularly in the initial stages, required much construction for their basic network, to manufacturing and similar sectors in which the proportion of producers' equipment is relatively high. In good part, the trends have also been the result of technological changes, which in their effect upon transportation and communication reduced the need for inventories as buffers and which, within a number of sectors, created an increasing demand for advanced equipment and less demand for the construction shell. One may note incidentally that the structure of household consumption, including housing services, indicates a similar shift toward consumers' equipment and away from pure shelter and construction needs. And among the various effects of the shifts within domestic capital formation was the one on the ratio of capital consumption to gross capital formation, and indeed, as will be stressed below, on the very meaning of capital consumption: this ratio must be affect-
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cd by shifts in the relative importance of categories of capital goods with widely differing economic life spans, and hence differing bases ol capital consumption or depreciation allowances. But the most interesting aspect of these trends is the evidence they provide of the increasing emphasis o f modern technology on producers' equipment as the e m b o d i m e n t of technological change. For clearly the rising share of equipment is associated with the widening choice of increasingly complex tools reflecting the advances of technology. A n d the inputs required to supply the material envelope for these tools may, despite their rising share in total product, represent a diminishing share o f the total inputs, even material alone, required to produce the ideas, the knowledge basis of the new tools, and the institutional arrangements, often new, essential for their use. T h e shift from inventories and simple construction to more complex construction, machinery, and transport equipment is a trend within modern economic growth that m a y well be similar to the shift to modern economic growth and the technology underlying it from the earlier patterns of economic g r o w t h and technology—in that the former, taken as a whole, represents a movement toward a much greater relative use of a d v a n c e d knowledge than of purely material capital (and inputs of manhours). Consequently, to repeat, while material capital grew and increased relative to product, the capital proportions could be, and were, maintained at moderate levels precisely because the increase in knowledge and greater capacity for institutional adjustments played m u c h more important roles. f ) W e come, in concluding the summary of statistical findings, to the incremental capital-output ratios, which have been stressed so much in the recent literature on economic growth. Confining our attention to domestic capital-output ratios, because the national ratios m a y be affected b y differing and changing proportions of capital exports and imports and are thus less relevant in explaining the g r o w t h of output, we consider t w o sets of findings: one relating to international differences in the levels of these ratios among the several developed countries over the long period; the other relating to the movements of the ratios over time. T h e first set of findings is illustrated most clearly if we give greater weight to the period before W o r l d W a r I than to the one that extends from the 1890's through the i g s o ' s and is disturbed by two world wars a n d the major depression o f the 1930's. O m i t t i n g Italy, where sustained modern economic g r o w t h did not begin until the 1890's, w e find that the average incremental capital-output ratio for the first period ranged from a l o w of 2.9 for J a p a n to a high of 7.4 for G e r m a n y , on a gross basis; and from 1.6 to 4.8 for the same t w o countries, on a net basis. E v e n in the second period, this time includ-
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ing Italy (the averages omit the war intervals) the ratios ranged from 4.3 for Japan to 7.3 for Norway, on a gross basis ; and from 2.7 for the United States to 5.1 for Norway and 5.0 for Australia, on a net basis. The statistical source of such wide divergence in long-period incremental capital-output ratios among developed countries can be stated simply, with the first period as an illustration. For that period gross domestic capital formation proportions ranged among different countries from 9 to 22 percent; the net capital proportions, from 7 to 13 percent; and the relative range was thus between slightly above or below 2 to 1. Average rates of growth per year in aggregate product (gross or net, domestic or national, which are all close to each other) ranged, excluding Italy again, from 2.0-2.1 to 4.2-4.3 percent per year (also a range of about 2 to 1 ). If there were close positive correlation between capital formation proportions and the rates of growth of aggregate product, the capital-output ratios for the different countries could have been quite close to each other, since the variances for the numerator and denominator of the ratio were about the same. It is the absence of such an association that produced the wide diversity among the countries in the long-term capital-output ratios. Thus, Japan, with a fairly low gross capital formation proportion of 10.9 percent and a net of 6.0 percent shows one of the highest rates of growth of product (3.8 and 3.7 percent per year) ; whereas Germany, with a gross capital formation proportion close to 20 percent and a net of 13 percent, shows a relatively low rate of growth of product of 2.7 percent; and Norway, with a capital formation proportion substantially higher than that for Japan, shows a rate of growth that is little more than half that of Japan. A substantive explanation as to why higher capital formation proportions did not lead to higher rates of growth of product would take us far afield, and will merely be hinted at after we deal with the trends in the incremental capital-output ratios. The only relevant observation here is that the international differences in the incremental capital-output ratios are not reducible to differences in industrial structure, at least in so far as the scanty available data permit such an analysis. In other words, these countrywide capital-output ratios are neither high nor low because of the different weights of sectors that are generally characterized by high or low sectoral capitaloutput ratios. The second set of findings is that, in most of the nine countries (excluding Italy), the incremental capital-output ratios rose from the first to the second period ; and in some markedly, e.g. in Japan, from 2.9 to 4.3 for the gross ratio and from 1.6 to 3.1 for the net, and in Sweden from 4.1 and 2.6 to 5.5 and 3.6 respectively. Moreover,
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these findings are for two periods that overlap (the span from the 1890's to World W a r I is common to both); and a sharper distinction of the time periods would accentuate the change. But there are some conspicuous exceptions: in Germany, the ratios declined (although changes in territory affect comparability); in the United States the gross ratio rose (from 5.1 to 6.5) but the net declined (from 3.1 to 2.7); and in C a n a d a there was little change. T h e statistical reason for the rise in the ratios in most countries is that the rises in capital formation proportions are not accompanied by equally large proportional rises in the rates of growth o f product, if the latter rise at all (the rates of growth of product declined in the United K i n g d o m and Australia and remained about constant in Denmark, but the domestic capital formation proportions rose in the latter two countries). H o w can one explain the divergence among countries, all developed, in the long-period incremental capital-output ratios, or the marked trends in these ratios over time ? O n e possible approach lies in examining the reasons for expecting these ratios for countries undergoing modern economic growth to be about the same and stable over time. T h e expectation presumably is based on the notion that specific sectors and products are characterized by specific capital requirements and their average and incremental capital-output ratios should be the same the world over. In so far as modern economic growth meant emphasis on the same complex of specific sectors, one would expect similar capital-output ratios in the various countries; in so far as intersectoral shifts have only moderate effects on the aggregate, capital-output ratios would move only moderately over time, and would certainly be stable over relatively short periods, aside from fluctuations due to rates of capacity utilization. I f this conjecture is valid, the plausibility of a common level of capital-output ratios, if not of their complete stability over a long period, is associated with some notion of technological requirements, akin to the notion that one cannot run a railroad without track and rolling stock or produce cars without metal shaping and stamping machines. But clearly such technological constraints or requirements, even for specific products or plants, relate to hard-core minima; and the actual capital-output ratios are usually well above such minima. A machine can be run 8 or 24 hours a d a y ; a railroad roadbed can be two streaks of rust in the desert, as was the case with early American railroads, or it can be a well constructed track capable of bearing heavy trains at high speed. T h u s even in a highly specific use, the ratio of capital to output can vary a great deal above a low, indispensable minimum. T h e capital-output ratios are much more elastic when the output basket offers a choice that can satisfy one
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and the same complex of needs (e.g. railroads or waterways for transportation; natural or synthetic rubber and clothing fabrics, etc.), as far as domestic output is concerned; and a country engaged in international trade has even greater choice for many specific products, between domestic output and imports from abroad. In so far as each choice involves different capital-output ratios, the aggregate ratios may well differ and change substantially, even for relatively satisfactory and not dissimilar baskets of output and for an adequately high rate of growth. In short, the technological factor that may make for generally common and relatively stable capital-output ratios is overlaid with a variety of economic and institutional factors that may produce a wide divergence and substantial trends in these ratios. Differences and changes in the supply of savings for material capital formation; in the supply of major complementary factors such as natural resources, labor, and management; in the capacity to participate in the international division of labor through imports and exports; in the position in the sequence of followers in the spread of modern economic growth from its pioneering beginnings in England in the late 18th century, and many other factors that could easily be listed, may be relevant. This approach to an explanation is supported by the quantitative evidence in several production function studies that attempt to allocate the growth of aggregate product to the growth of various inputs, particularly labor and capital, and derive the effects of changes in efficiency or productivity on the rise of output per fully covered unit of all inputs. We use one of these, made recently for the United States for the period from 1909 to 1957 K O f the total growth rate of national income of 2.89 percent per year, the growth of capital accounted for only 0.57 percent, or no more than a fifth (from 1929 to 1957 the two growth rates were 0.45 and 2.93, and the ratio of the former to the latter between a sixth and a seventh). Since the growth of capital accounts for a limited fraction of the growth of product, its ratio to the latter could hardly be expected to be the same among countries or constant over time—if the view is of the production relations proper, i.e. of capital as the cause and product as the effect. 2 1. See Edward F. DENISON, "The Sources of Economic Growth in the United States and the Alternatives Before Us," Supplementary Paper No. 13, Committee for Economic Development, New York, 1962, Table ig, p. 148. Similar results can be obtained from the more detailed study by John KENDRICK, Pioductivity Trends in the United States, National Bureau of Economic Research, 1961. 2. This, of course, does not bar the possibility of common or stable elements in the ratios that may reflect the limits on the levels of both the aggregate, countrywide savings rates and the long-term aggregate rates of growth. If we could argue that for
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3. Some implications for the past What do the levels and trends of capital formation proportions and capital-output ratios in modern economic growth, summarized above, suggest for capital formation and its relation to growth in earlier periods? Since the records from which we drew our measures relate to "developed" countries, i.e. those that took advantage of the potentials of modern economic growth, our question may be specified further. Assume that before the 19th or late 18th century, economic growth in the countries of Western Europe—and we prefer to deal with Western Europe because that is where modern economic growth originated—was largely associated with sources different from those that characterized economic development in the last one and a haif to two centuries. It was not the spread of modern science and science-based technology to problems of transportation and production (which eventuated in modern industrialization, mechanization, urbanization, rationalization, and the other strands in modern economic growth) but may have been, say between the late 15th and mid-18th century, largely the thrust of European countries into the New World, the spread of transoceanic trade mixed with forced colonization and piracy, as well as a beginning of internal liberalization and the spread of domestic trade and of the lighter manufactures. If then for this preceding epoch of merchant capitalism, we identify the countries that took advantage of its growth potential so that they could be characterized as "developed" in these terms, would their capital formation proportions and the capital-output ratios differ much from those associated with the modern period—granted that the major sources of growth and possibly the sectors of capital destination were quite different in the two epochs (e.g. proportionately more investment in transoceanic trade, etc. in the earlier epoch and more in large scale manufacturing in the later) ? Or are the unusually high capital formation proportions a distinctive characteristic of the epoch of modern economic growth, so that one can argue some reason national long-term savings rates must be at least 10 and no more than 15 percent, and that differences in growth rates for aggregate product of developed countries cannot, in the long run, be more than say from 2.5 to 5 percent per year, then even with negative correlation between the two variables, the range in the capital-output ratios could not be wider than 2 to 6; with a random relation between savings and growth rates, the range could not be more than between 1.5 and 2 to 1; and with weak but positive association, the range would be even narrower. But in this case the presumptive similarity or temporal stability of the capitaloutput ratios would be due to the narrow ranges of aggregate savings and growth rates, not to the capital formation proportions determining these growth rates.
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that in the earlier periods economic growth was less rapid because of a lesser capacity to generate savings, relative to total product or income ? A n d , in the same speculative vein, we could ask the same questions about the pre-16th century period of the developed medieval city economy. Were the material capital formation proportions in the developed economic units of that time, the great trading and craft cities of Italy, Germany, and the L o w Countries, including the surrounding countryside—areas comparable to modern nations—similar to those in modern economic growth, again granted that the sources of growth and sector destinations and types of capital formation were different. T h e formulation of the questions suggests a notion o f distinct economic epochs, associated with epochal innovations that are the major sources of growth during each epoch,—innovations that are revolutionary enough to require several centuries for exploitation and general enough to affect a number of large societies. Within each epoch, after some passage of time, the areas, nations, or regions that are "developed," i.e. have taken sufficient advantage of the growth potential of the current epochal innovation, emerge; and we can then search for some common characteristics of such growth, e.g. capital formation proportions of more or less similar level, trend, or bearing on rates of growth of product. Although, we cannot present here an adequately detailed discussion of the concept of economic epoch, which is but a simple formal statement of periodization practiced in much of the writing at least on Western economic history, it is important to state these notions explicitly in order to specify our questions concerning the implications for the earlier periods of the quantitative characteristics of modern economic growth. A n d even if the questions now apply to Western Europe in a limited stretch of its past, we may find that some of the formal aspects of the answers are common to comparisons with many other parts of the world and many other segments of the past. I f then, coming back to a specific question, we ask whether the material capital formation proportions in the developed countries of the epoch of merchant capitalism—say the Netherlands, France, and England in the 16th, 17th, and early 18th centuries—were significantly below, or different from, the capital formation proportions associated with modern economic growth, I would hesitate to give a definite answer. A n d the answer would, o f course, be even more difficult if the question were applied to the developed areas of Western Europe in the 14th and 15th centuries. Y e t some conjectures are possible, and may be useful if only as leads to further discussion and research. W e start by recognizing one clearly established relevant difference
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between modern economic growth and growth in the earlier periods in Europe, say before 1750, viz. the much lower rate of population increase in earlier times. From 1850 to i960, the population in the area of European settlement, excluding Latin America (i.e. Europe including Asiatic Russia, North America, and Oceania), which i* fairly inclusive of, and is dominated by, the more developed countries, grew at average rates of about 10 percent per decade, or 0.95 percent per year. 1 The rate of population increase for all Europe could be estimated to be 0.09 percent per year from 1250 to 1500, and 0.17 percent per year from 1500 to 1750; for Western Europe excluding Ireland, Russia, Austria-Hungary, and the Balkans, the rates would be 0.08 and 0.17 percent respectively. 2 If we accept these estimates (and there is little question as to the much lower rates of population increase in the centuries before 1750 in Europe, even for the countries that were relatively prosperous); and if we can assign some plausible orders of magnitude to the longterm rates of growth of product per capita, we can derive plausible rates of increase of aggregate product. For the recent periods of modern economic growth and for the countries that are now developed, the rate of increase in product per capita was, at the lower end of the range, roughly 1.5 percent per year, which combined with population growth of about 1 percent, yields a rate of growth of aggregate product of about 2.5 percent per year. From this low figure the rate ranges up to 4.5 to 5 percent per year. Clearly, the rates of increase in per capita product for the pre1750 past in Europe were not as high. The Deane-Cole study for Great Britain suggests a rate of increase in per capita output (including home industries) between 0.2 and 0.3 percent per year for the first three-quarters of the 18th century; and over a similar period (from 1701 to 1771), the population grew about 0.27 percent per year, a rate substantially higher than the o. 17 percent for Western Europe from 1500 to 1750. 3 Given the long-term positive association between population growth and growth in per capita product that may have 1. Based on the Carr-Saunders estimates through 1900 and the United Nations estimates since 1920. T h e data for 1850-1900 were taken from United Nations, The Determinants and Consequences of Population Trends, New Y o r k , 1953, T a b l e 2, p. 1 1 ; for 1920-60 from United Nations, Demographic Yearbook, 1962, N e w York, 1963, T a b l e 2, p. 124. 2. See B. Ts. URLANIS, The Growth of the Population of Europe (in Russian), Moscow, 1941. T h e rates are calculated from the summary tables on pp. 414-15. T h e population estimates are for countries with constant (1914) boundaries. 3. See Phyllis DEANE and W . A . COLE, British Economic Growth, 1688-1939, Cambridge (England), 1962. T h e per capita product growth rates are from T a b l e 20, p. 80; those of population were calculated from T a b l e 2, p. 8.
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been due to peaceful, non-calamitous, and technological conditions favoring both, we would be inclined, in extending the results of early 18th century growth in Great Britain, to set the possible (and perhaps maximum) long-term rate of growth in per capita product for 15001750 in developed countries of Western Europe at about 0.2 percent per year—which would mean a rise in per capita product from 1500 to 1750 of about 65 percent. An assumed growth rate of 0.3 percent per year would yield a cumulative rise from 1500 to 1750 of 111 percent. Since the absolute per capita product even in advanced Europe as late as 1750 was low, the lower rate of antecedent growth seems much more plausible—although there may be an element of illusion in this choice. If then we use the lower growth rate—and the purpose here is to illustrate a question rather than provide a fully defensible answer—the rate of growth of aggregate product from 1500 to 1750 would be 0.4 percent per year, or about a sixth of the lowest aggregate product growth rate in modern economic development. Let us assume now that the incremental capital-output ratios found in modern economic growth—which ranged from 1.6 to 4.8 on a net basis, with a mean of about 3; and from 2.9 to 7.4 on a gross basis, with a mean of about 5—are applicable to the earlier period. By combining them with the aggregate growth rates for 1500-1750, we derive a net capital formation proportion of 1.2 percent; and a gross capital formation proportion of 2.0 percent. Similar calculations for the period 12501500, with the rates of growth of product set for purposes of illustration at about 0.2 percent per year (i.e. 0.08 percent for population and 0.12 percent for per capita product), yield a net capital formation of 0.6 percent and a gross capital formation proportion of about 1.0 percent. Are such low capital formation proportions plausible for the developed European countries in the 17th or early 18th century, or for that matter at the peak of the medieval town economy in the 15th century? The answer is not easy, if only because the proportions are so low; and given the character of the data, it is hardly possible to choose, in terms of plausibility of rough orders of magnitude, between 1 and 5, or even 10 percent for the capital formation proportions. And yet the above calculation does indicate that, if the low rates of growth of aggregate product in these earlier centuries are valid, either the capital formation proportions were much lower, or the incremental capital-output ratios were much higher, than in the recent century in developed countries. One of these two implications must follow; or perhaps both must share the burden of the difference. But we definitely can exclude the possibility that both the capital formation proportions and the incremental capital-output ratios
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were similar to those in modern economic growth. And with this helpful exclusion, we will extend our speculation further and try to determine whether it is the capital formation proportions that were much lower, or the incremental capital-output ratios that were much higher. From the viewpoint of the savings aspect of the capital formation proportions, we can argue that these proportions need not have been much lower in the earlier periods than in the recent one. Examination of some relevant evidence suggests that inequality in the distribution of income and wealth in these earlier times was quite wide. (A more careful comparison, which would require a more critical review of the basic data and the use of more sophisticated statistical tools might alter this finding, but only in degree.) The well-known distribution by Gregory King for England and Wales in 1688 shows that the top 5 percent of the population (i.e. the top in families with the highest per person income) accounted for close to 23 percent of total income—and even this is an underestimate since families in the King distribution include servants, apprentices, etc.; and the wealth distributions for a number of German and Swiss cities (sometimes including their countryside) in the 15th century are extremely unequal—even after allowance is made for various limitations due largely to gaps in the data. 1 The persistence of an unequal distribution, with the identity of people in the top brackets fairly continuous, combined with long-term constancy or slight rise in real product per capita, means that a substantial proportion of the population continues to live, and society is preserved, on a per capita income that is well below the country1. The Gregory King distribution is given in a basic table which shows the number of families, persons per family, income per person, for a variety of social groups within the country (see Two Tracts, edited by George E. B a r n e t t , Baltimore, 1936, p. 31). The shares are derived from cumulative arrays of population and total income, in descending order of per capita income with a logarithmic interpolation at the top 5 percent line. A diversity of data is available on the distribution of wealth in the 15th century German and Swiss cities, derived largely from special taxes on wealth (Augsburg, Frankfurt, Heidelberg and countryside, Basel, Zurich, and several others). For a brief bibliography and discussion see Josef K u u s c h e r , All genuine Wirtschaftsgeschichte des Mittelalters und der Neuzeit, Volume I, Munich and Berlin, 1928, p. 176 ff. A cursory review indicates wide inequality, in several cases far wider than that observable in the distribution of wealth in modern times. Allowance must be made for non-coverage of wealth exempted from taxation (at lower brackets), inclusion of household goods, differing sizes of family, non-coverage of certain population classes (clergy, sometimes secular nobility, and often the Jews and other alien groups). Yet the broad impression is of persistent and fairly wide inequality (data are available for some cities for a number of years). A careful analysis of these and similar data for other countries, a task not feasible here, might yield valuable results.
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wide average. T h u s , i f the top 5 percent of the population receive 25 percent of income, and the composition of the top g r o u p remains unchanged, the lower 95 percent lives fairly continously on 75 percent o f i n c o m e — b a r r i n g significant transfers (charity, etc.) f r o m the top to the lower income group. I f 95 percent of the population manages to live on a per capita income that is on the average less than eighttenths o f the countrywide (i.e. 0.75/0.95), an allowance for the per capita consumption of the top 5 percent group of three times the average for the lower 95 percent, means a savings proportion of 25-(5 X 2.4), or 13 percent of total p r o d u c t ; and even an allowance for per capita consumption of the top group five times as high still leaves a savings proportion of 5 percent of aggregate product. T h e point o f this illustration is that, given the assumptions, a "reasonable" limit to inequality in per capita expenditure, could still leave a substantial countrywide savings proportion. Therefore, with such a savings potential, an assumption of extremely low capital formation proportions in the pre-industrial past in Western Europe requires additional] proof. H o w e v e r , other evidence suggests that at least the net capital formation proportions must h a v e been quite low. T h e incremental capital-output ratios, determined partly b y the capital formation proportions, cumulated over a long enough period, will yield the average capital-output ratio, i.e. the ratio of a c c u m u l a t e d net capital stock at the end of the period to the current aggregate income. T h u s , if the average life span o f depreciable capital is a b o u t forty years (the weighted life of the various components of capital f o r m a t i o n ) , 1 incremental capital-output ratios cumulated over four decades will determine the ratio of total net capital stock at the e n d of the period to current income. H e n c e , if the rate of growth of aggregate product was 0.4 percent per y e a r during the epoch of 1500-1750, an average net capital formation proportion of 5 percent for the long period would yield a net capital stock in 1750 (and long before that date) that w o u l d be in the ratio to current income (at the same prices) of 5/0.4, or 12.5 to 1. In other words, by 1750 and in fact throughout 1. T h e calculation involves a harmonic mean of the life spans of the components of depreciable capital formation with distinctive life spans. Thus, if we assume that the structure of gross capital formation in these earlier periods allows 70 percent for construction, 20 percent for equipment, and 10 percent for net changes in inventories; if we assume, following current practices, a life of 100 years for construction and of 12.5 years for equipment (net changes in inventories have unlimited life span); and for simplicity calculate on a straight line basis, the average capital consumption charge would be (0.70 X 1) 4- (0.20 x 8), or 2.3 percent of gross capital formation, or 2.56 percent of fixed capital. This implies an average life of 100/2.56 or 39 years. As will be noted below, the life spans for construction and equipment assumed here m a y be too long for the earlier periods. 3
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most o f the period, the net reproducible c a p i t a l stock-aggregate p r o d u c t ratio w o u l d be 12.5. W e r e the a v e r a g e reproducible capital-output ratios a t this high level at the end or in the course of pre-industrial g r o w t h in Western E u r o p e ? T h e only estimate a v a i l a b l e , to m y k n o w l e d g e , is again the result o f G r e g o r y K i n g ' s work for E n g l a n d a n d W a l e s , as carefully reviewed b y Phyllis D e a n e . 1 F o r 1688, the ratio of reproducible capital, limited to producers' goods a n d inventories, livestock, a n d buildings, to national income o f that year is 2.3 ( D e a n e - I , p. 353). Since 1688 w a s a fairly prosperous y e a r (see ibid., p. 354), this ratio m a y b e s o m e w h a t on the low s i d e ; a n d for illustrative purposes w e raise it to 2.5. H o w e v e r , land is wholly e x c l u d e d f r o m this figure. In the estimates for 1688, as m u c h as 64 percent of total p r o d u c t i v e capital is attributed to land ( D e a n e - 1 1 , p. 270); a n d surely some part of its value represents inputs of resources to b r i n g it into cultivation and maintain its productivity. L a n d is of m a j o r i m p o r t a n c e even later; it accounts for over 50 percent of the total national c a p i t a l G r e a t Britain as late as 1832 ( D e a n e - I I , T a b l e 70, p. 2 7 1 ) . If, to take the most e x t r e m e case, the total value of l a n d is assumed to represent inputs, a n d thus is viewed as reproducible c a p i t a l , the net capitaloutput ratio in 1688 is raised from 2.5 to 2.5/0.36, or r o u g h l y 7. T h e assumption r e g a r d i n g land is obviously e x t r e m e ; nevertheless, the resultant a v e r a g e capital-output ratio w o u l d , given a g r o w t h rate of aggregate p r o d u c t o f 0.4 percent per year, yield an implicit net capital f o r m a t i o n proportion of 2.8 percent, a n d this at the u p p e r end o f a range that c o u l d vary d o w n to 1 percent. 2 T h i s single bit of evidence suggests that the a v e r a g e net r e p r o d u c i b l e capital-output ratios were not exceptionally high in pre-industrial 17th c e n t u r y E u r o p e ; a n d consequently the net c a p i t a l f o r m a t i o n proportions must h a v e been a p p r e c i a b l y lower than those in the m o d e r n period. 3 T h i s impression is also supported b y the rather 1. S ; e hsr " C w i t a l Formation in Britain Before the Railway A g e , " Economic Devel pnvnt and Cultural Change, V o l . I X , No. 3, April 1961, pp. 352-68 (referred to in the text as Deane-I), and the volume, jointly with W. A . COI.F. (cited in footnote 3, p. 30), Chapter V I I , pp. 278-314 (referred toas Deane-II). 2. Population in England and Wales grew from 1600 to 1700 at the rate of 0.3 percent per year (see URLANIS, op. cit., pp. 414-15); and hence the rate of aggregate growth may have been as high as 0.5 percent per year. If so, the implicit net capital formation proportion suggested by the capital-output ratios in the text would vary from 1.25 to 3.50 percent, most probably close to the lower figure. 3. Since average capital-output ratios reflect cumulations of capital formation over long periods, including results of wars and other calamities, and since the lummary for the modern period explicitly excludes war periods (at least World Wars I and II) from the averages for capital formation proportions and for rates of growth of product, the question arises whether inclusion of these w a r periods would
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moderate average reproducible, or even total capital-output ratios, for several European countries in the i gth century before the beginning of their industrialization, as well as in a number of underdeveloped countries. 1 If the long-term net capital proportions or net savings ratios were, in fact, significantly lower in the pre-industrial periods in Western Europe than in the recent century of modern economic growth, wars included, despite the persistent inequality in the preindustrial size distribution of incomi, various explanations can be suggested. Some of these may be noted because they emphasize interesting differences between the modern and pre-modern economic and social structures. Thus one may ask, first, whether the upper income recipients in the pre-industrial societies felt a greater compulmodify the averages for the modern period sufficiently to affect the comparisons made in the text. A precise answer would involve reliable estimates of destruction by war of real capital, which, unfortunately, are not available. T w o observations can, however, be made. First, the evidence for the pre-World War I period relating to net and gross capital form it ion proportions and incremental capital-output ratios would remain unaffected. Second, for the period from the 1890's through the ig6o's, we have rough estimates for two countries most clearly affected, one by both wars (G-rmany) and the other by World War II (Japan). For West Germany and Japan for 1955 the ratios of total net reproducible capital stock to national income at factor cost are 2.3 and 2.4 respectively (see International Association for Research in Income and Wealth, Income and Wealth, Series VIII, London, 1959, T,.ble VII, p. 32). Taken, as they should be, to national income in market prices, the ratios would drop to roughly 2.1 and 2.2. In Paper V I (already c'.ted), the cumulated ratios of net domestic capital formation to net domestic product, for the years since the i89o's but omitting the war periods, were 3.8 for Germany and 3.1 for Japan (Table 5, pp. 17-18). While the comparison is rough, it suggests a reduction in the incremental capital-output ratio, because of the war, of at least three-tenths. The rate of growth of aggregate product also declined, but largely because the growth in P'T capita product was retarded during the war and immediate postwar years. If we allow a reduction of some 15 percent in aggregate growth, the implicit net capital formation proportion in the extreme cases of these two countries would be reduced from 1 to (0.7 X 0.85), or roughly four tenths. In the case of Japan this would mean reducing the net domestic capital formation proportion in the later period from 14.1 to 8.5 percent (see Paper V I , Table 1, pp. 5-6)—compared with 6.0 percent in the earlier period; and for Germany the proportion would be reduced from 12.7 to about 7.5 percent, compared with 12.9 percent in the earlier period. T h e point is that even in these extreme cases of war-affected developed countries we need not lower the net capital formation proportions to less than 6 percent. And of course most of the developed countries were not affected to anything approaching the magnitudes above—with the possible exception of the U.S.S.R., which is in a class by itself. 1. For a brief summary see my paper, "Quantitative Aspects of the Economic Growth of Nations: IV. Distribution of National Income by Factor Shares," Economic Development and Cultural Change, Vol. V I I , No. 3, Part II, April 1959, Appendix B, pp. 61-70.
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sion to spend proportionately more a n d to save proportionately less than those in m o d e r n societies. I f these u p p e r i n c o m e groups, particularly a m o n g the nobility, had to consume at higher per c a p i t a levels—to m a i n t a i n their position a n d in a sense to defend their s t a t u s — m o r e t h a n this w o u l d be true o f the rich traders in the older times let alone the high income bourgeoisie in m o d e r n times, an equally wide proportional income inequality w o u l d be a c c o m p a n i e d in the earlier periods b y a relatively wider proportional expenditures inequality; a n d this, all other conditions being e q u a l , w o u l d m e a n a lower a g g r e g a t e savings ratio. O r , second, one m a y ask whether, given an a d e q u a t e supply o f money savings g e n e r a t e d b y the u p p e r income recipients, the opportunities for productive a n d safe investments were m o r e limited in the earlier p e r i o d s — s o that the savings m a y have g o n e into hoards of gold, silver, and plate, or into loans to governments for u n p r o d u c t i v e purposes; or to finance consumption of some of the lower i n c o m e groups in return for w h a t e v e r few assets they possessed—all of these in greater proportion than in modern times and all of these, o f course, flows of personal savings o f a given g r o u p in the p o p u l a t i o n (in this case the upper i n c o m e g r o u p ) that d o not result in capital formation a n d d o not constitute national savings as defined in social a c c o u n t i n g . 1 Finally, w e m a y ask w h e t h e r the i m p a c t o f all the political, w a r , d e m o g r a p h i c , a n d even climatic calamities that beset these earlier societies on the w e a l t h a n d incomes o f the established u p p e r groups was so great a n d so lasting that one must discount the a v a i l a b l e evidence on i n c o m e and w e a l t h inequality as possibly relating to the more prosperous years. T h u s , the assumption o f sufficient continuity in the upper income positions m a y h a v e to be severely q u a l i f i e d — w i t h consequent effects on the savings and investment ratios. I f then w e c a n reasonably assume that the long-term net capital formation proportions in the pre-industrial periods w e r e significantly lower than those in the m o d e r n period, the reasons lie not in simple differences in savings propensities flowing directly f r o m lower a v e r a g e incomes, b u t reflect a v a r i e t y of basic differences in the economic and social structures of the societies; a n d particularly in their differing c a p a c i t y to control, and recover from, social and natural calamities. Nevertheless, the possibility of an a p p r e c i a b l y different long-term incremental net c a p i t a l - o u t p u t ratio is not e x c l u d e d . E v e n if the net capital f o r m a t i o n proportions were well below 3 percent, with rates
1. It is to this possibility that Phyllis Deane may be referring in summarizing her conclusions from the Gregory K i n g data: " T h e limiting factors to an increase in the rate of capital formation seem to have operated more from the side of investment than from the side of s a v i n g " (Deane-II, p. 260).
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o f g r o w t h of product well below 0.5 percent per year, the incremental net capital-output ratios m a y easily have been as high as 7 - 1 0 — m u c h higher than in the decades o f modern economic growth. I f this is important, it is only as a s u m m a r y indication that various conditions were so different as to make the relation between net material capital additions and g r o w t h in aggregate output less favorable. T h e possibility that a m u c h higher incremental capital-output ratio characterized the early periods, becomes almost a certainty if w e shift from net to gross capital formation and from the net to the gross incremental c a p i t a l — o u t p u t ratio—gross o f current consumption o f fixed depreciable capital. Even if we assume that the net capital formation proportions in the earlier periods were so low that they yielded a net incremental capital-output ratio no higher than that in modern times (say 3 to 1), it can be demonstrated that the gross capital formation proportion in the earlier periods w o u l d not be that m u c h l o w e r ; and consequently the incremental gross capital-output ratio would be m u c h higher than in the decades of modern economic growth. T h e relation between net a n d gross capital formation, i.e. the weight of capital consumption, can be formulated b r i e f l y — i f w e set aside the less important problem of its allocation over the life of the capital good, and assume a simple, straight line basis. T h e relation of capital consumption to gross capital formation will then depend u p o n : first, the share in gross capital formation o f fixed capital subject to consumption (as distinct from net changes in inventories that have a perpetual life)—designated a ; second, the length of life of depreciable capital goods—designated n, the number o f years in the w e i g h t e d average life; third, the rate of growth of fixed depreciable capital formation, which if we assume that both a and the gross capital formation proportion are constant equals the rate of g r o w t h of gross product —designated r. U n d e r these simple assumptions, the proportion of capital consumption to gross capital formation will be larger if a is larger and i f « and r are smaller; and will be smaller if a is smaller and if n and r are larger. T h e differences in the share of net in gross capital formation will be negatively related to a and positively related to n and r. 1 T h e value o f a in the earlier periods depends again upon our treatment of land. I f part (or all) of land is included in reproducible capital and hence in capital formation, its classification as depreciable or non-depreciable capital depends upon the capability of the technol1. For the algebra u n d e r l y i n g these relations see m y p a p e r , " I n t e r n a t i o n a l Differences in C a p i t a l Formation a n d F i n a n c i n g , " in Moses ABRAMOVITZ, ed., Capital Formation and Economic Growth, Princeton, 1956, A p p e n d i x B. See also a detailed discussion with a different emphasis in Evsey D . DOMAR, Essays on the Theory of Economic South, N e w Y o r k , 1957.
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o g y o f the time to maintain it in full productive use w i t h current m a i n t e n a n c e — s i n c e for fixed capital goods, consumption is calculated o n l y if the economic life o f the good is terminable with full current m a i n t e n a n c e . If, despite full current m a i n t e n a n c e , its productivity declines significantly within a reasonably limited period, l a n d is a d e p r e c i a b l e asset. F a c e d w i t h these c o m p l i c a t e d questions to w h i c h I h a v e n o answer, I chose to disregard l a n d as a significant p a r t of reproducible c a p i t a l — c l e a r l y a gross oversimplification of the e c o n o m ics of the pre-industrial societies. But the a r g u m e n t that follows remains unaffected even if we i n c l u d e land u n d e r reproducible c a p i t a l — a s l o n g as the inclusion does not increase n, the a v e r a g e life o f depreciable capital, b y a large factor. W h a t w e assume in the calculation that follows is that the average ratio of inventories (the nondepreciable part of material capital) to net product is a constant m o d erate fraction (we use 0.5, a sixth of the total net material c a p i t a l stock assumed to be in the ratio to net p r o d u c t of 3 to 1); a n d then derive net changes in inventories from assumed changes in net p r o d u c t itself. W i t h a determined, the ratios of net capital formation a n d of capital consumption to gross capital formation will be set b y n a n d r. T h e i m p o r t a n t point here is that r was certainly m u c h smaller in the preindustrial periods than in modern e c o n o m i c g r o w t h ; and it m a y well be that n was also smaller, i.e. that the economic life of depreciable c a p i t a l w a s s h o r t e r — a point to be discussed further b e l o w . I f both n a n d r were smaller, the ratio of net capital formation to gross capital formation was also m u c h smaller than it is in modern economic g r o w t h ; and hence, even if the earlier net capital formation proportion was quite low, the gross capital formation proportion c o u l d well h a v e been relatively h i g h e r — w i t h consequent effects on the incremental gross capital-output ratios. T h e m a r k e d i m p a c t on the ratio of net to gross capital formation of the m u c h lower rate of g r o w t h of p r o d u c t (and hence of c a p i t a l f o r m a t i o n volumes) in the earlier periods c a n be seen from the a c c o m p a n y i n g exhibit. I f w e assume that the a v e r a g e life of depreciable capital goods in the earlier periods is a b o u t the same as at present, say r o u g h l y forty years, that net capital formation proportions are determ i n e d b y a fixed incremental net capital-output ratio of 3 to 1 (also similar to that in modern economic g r o w t h ) , and that net changes in inventories are determined as noted a b o v e , w h e n r, the rate of g r o w t h of aggregate product, is 0.4 percent per y e a r the net capital formation proportion is 1.2 percent but the gross capital formation proportion is 11.7 p e r c e n t ; whereas w h e n r is 2.5 percent per year, the n e t capital formation proportion is 7.5 percent a n d the gross capital formation proportion is 16.3 percent. T h e spread in the net capital formation
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proportion is from i .2 to 7.5 or a range of over 6 to 1; the range in the gross capital formation proportion is only from 11.7 to 16.3, or about 1.4 to 1. Since the rates o f growth of gross product and net product do not differ appreciably, and for rough calculations can be assumed to be identical, the net incremental capital-output ratio in both cases is 3; but the gross incremental capital-output ratio for the case o f low growth is 11.7/0.4, or 29.25, and for the case of higher g r o w t h it is 16.3/2.5, or 6.5. T h e rate o f g r o w t h of product, r, has strikingly different effects on the net a n d gross capital formation proportions and hence on the net and gross incremental capital-output ratios so long as n is kept realistically l i m i t e d — f o r the relative magnitude of the differential impact o f T diminishes as n is increased, and increases as n is reduced. It is for this reason that we stated above that the inclusion of land under reproducible depreciable capital would have little effect on the conclusions unless it raised n b y a large factor. I f land were treated as reproducible but completely non-depreciable capital, similar to net changes in inventories, the effect can be easily calculated. Using the G r e g o r y K i n g figures, we would raise the net capital-output ratio to 7 to 1, leaving the net depreciable capitaloutput ratio at 2.5 to 1. W i t h these ratios, for Case I I I (r = 0.4 percent per year), the net capital formation proportion (with n = 40) would become 2.8 percent (instead of 1.2) and the gross capital formation proportion 13.1 percent (instead o f 1 1 . 7 ) ; whereas for Case I V (r = 2.5 percent per year) the net capital formation proportion would become 17.5 percent (instead of 7.5) and the gross 25.4 percent (instead of 16.3). T h u s even with land included as a reproducible but not
Hypothetical Proportions of Gross Capital Formation to Gross Product (under varying assumptions concerning n, number of years in life of depreciable capital, and r, rate of growth of gross product per year). V a l u e of n in Years
Case I, T =
20
30
40
50
(I)
8,503
15,998
25-6% '9'%
'80,948
253,376 201,097
510,420
6,309
643,952
438,268
6,670,568
35-5 %
20.6 %
38.0 % 29-' %
Definitions: The sixteen cities of this study are all drawn from the 1910 list of cities of 100,000 and more inhabitants. For i860 the boundaries used are the counties of each city, New York being given as a combination of New York county and Kings county (Brooklyn); in 1910 the largest cities are given by "metropolitan district," the smaller by county; in i960 they are all given by "Standard Metropolitan Statistical Area" except for Chicago and New York which are given by the larger "Consolidated Statistical Area." In other words, the largest contemporary Census definition of a city has been employed for each city in each period.
SAM BASS W A R N B R ,
JR.
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the rapid industrialization of the butter, cheese, and condensed milk trade, all of whose processing points located out in the country near perishable supplies, added a new rural component to the food industry. 1 In 1910, beverages were the most important branch of the food processing industry. The value added by manufacture in all beverages exceeded bread baking and milling by more than two times, and was more than six times the value added in meat packing and dressing. Since i860 the distillery business had further concentrated outside the largest cities and became, as it has remained, a specialty of small cities and towns within districts of cheap corn and grain. In igio Peoria Illinois distillers made 22 per cent of the national product. 2 Before World War I and Prohibition the soft drink industry remained small and tied to the sale of syrups to soda fountains. Nevertheless, the industry stood on the threshold of rapid growth. The technical problems of fast mechanized bottling had been solved with the invention of the crown bottle cap, and automatic washing, carbonating, and bottling machines. More-over, such important firms as "Coca Cola," "Pepsi Cola," "Hires" and "Dr. Pepper" had been founded, had set up small chains of bottlers, and had begun advertising. 3 The lion of the beverage industry in 191 o was beer, and, with late nineteenth century advances in food chemistry and technology, brewing had become as mechanized an industry as flour milling. Although bottling no longer presented any expensive technical difficulties, the custom of the trade remained retailing of draft beer through saloons. This method of distribution seems to have sustained the little brewing companies despite strong competition from big city and regional brewers. In sales to saloonkeepers the small local brewer by friendly personal contact seems to have been able to maintain his outlets. Unlike England, where large breweries dominated the trade through purchase of inns and saloons which sold their product exclusively, American brewers had not by 1910 moved very strongly into retailing. A few beer gardens, and hotels, and some choice downtown corner saloons, and restaurants, constituted the limits of most brewer's holdings. Prohibition from World War I to 1933 1. Eric E . Lampard, The Rise of the Dairy Industry m Wisconsin (Madison, 1963), P- 4 4 9 -
2. The 1909 Census listed the national value added in distilling as $ 168,722,000, in brewing $ 278,134,000, or 38 per cent of the industry in distilling, 62 per cent of the industry in brewing. Among the sixteen cities of this study for whom statistics were given distilling was 7.5 per cent of the national total in distilling, and brewing was 51.2 per cent of the national total in brewing. 3. John J . RitEY, A History of the American Soft Drink Industry (Washington, 1958), P- 133-5» 275-282.
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SAM BASS
WARNER,
R.J
eliminated many small breweries, and since Repeal, national advertising and promotion of bottled beer has given the big brewers a competitive advantage over the small firm. Both in Milwaukee and Saint Louis, cities of cheap grain and large local German populations, big brewers began an inter-city marketing of their own labels. Anheuser-Busch and Lemp of Saint Louis, and Schlitz, Pabst, and Blatz of Milwaukee purchased fleets of refrigerator cars for distribution of beer throughout the mid-West and South. With the beginnings of the inter-city refrigerator car marketing by the large midwestern brewers, the beer-industry, with its mix of production centered at each large city and multi-city producers, resembled the meat-trade. 1 Second in importance to the beverage industry in value added bymanufacture was bread and pastry baking. Because these foods were offered fresh daily, bread and pastry bakers clung to their urban markets. The custom of daily delivery has meant that even today the national baking corporation and the large metropolitan independent bakery compete on even terms—at least one plant per city. By 1910, uniform flours and yeasts, and a host of mechanical inventions, made large-scale production possible. In each city a mix of large factories and small neighborhood shops supplied metropolitan customers. Some firms operated plants in several cities, but the big era of consolidation had yet to come. At this time the industry was beginning to wrap or label each loaf, and commenced advertising. Not until after World War I, however, did the industry succeed in luring the middle class housewife away from home bread-making. Since 1860, the marketing of baked goods in cities had been completely transformed. Instead of selling bread and pastries at the small neighborhood shops where they were produced, or delivering in short neighborhood routes, the large commercial bakeries now sold primarily through the neighborhood food outlet—the grocery store. As in the case of the small breweries and saloon, small local bakeries seem to have been able to find enough grocery outlets for their shop surplus. After World War I, however, when the retail grocery outlets began to consolidate into chains, and advertising became a big bakery expense, the small producers were slowly squeezed out of the 1. B A R O N , op. cit., p. 257-273, 288-307. T h e 1909 rank order of the sixteen cities by value added in brewing was: New York 9 55,335,000, Saint Louis $ 17,500,000, Chicago I 14,745,000, Philadelphia $ 11,010,000, Cincinnati $ 8,360,000, Pittsburgh I 6,300,000, MinneapolisSaint Paul $ 5,627,000, Boston 9 5,597,000, Buffalo 9 5,016,000, Cleveland 13,640,000, Baltimore 9 3,632,000, San Francisco 9 3,238,000, Toledo 9 1,435,000, Los Angeles 9 1,095,000, Kansas City and New Orleans, no statistics given.
SAM BASS WARMER, JR.
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industry, until the little shops that remain are local pastry makers, not primarily bread bakers. 1 Almost as important as bread and pastry baking in value added by manufacture, the flour milling industry located in an entirely different pattern. In i860 milling had favored rural locations though it was not absent from large cities; by 1910, it was consolidated in a few cities and towns in regions of wheat production, and along lines of transport of eastern, Pacific, and export markets. Since grain and flour are convenient commodities to ship by rail or water the early twentieth century milling trends to specialized cities persisted to the present day. After World War I, Minneapolis lost its favored railroad rates and its millers began investing in large Buffalo mills. Since the 1920's, Buffalo, and to a lesser extent Toledo, have advanced at the expense of the old Minnesota center. Further rate changes brought on by heavy federal investments in improvements of the Mississippi, Missouri and Ohio rivers caused a strong revival of milling at Saint Louis, and a lesser revival at Cincinnati. 2 By 1910, the old American distinction between the grazers of meat animals and the feeders for slaughter had come to be expressed in vast regional terms. Cheap grasslands and low freight rates enabled Texas, Oklahoma, and mountain state cattle and sheep grazers to raise animals for shipment to the cornbelt feeders in Kansas, Iowa, Nebraska, Missouri, Illinois, and Ohio. Four terminal railroad cities collected the cattle and sheep from the West and hogs from the cornbelt. At these terminals, range animals were sold for feeding, and feeder animals sold for slaughter at the terminal, or sold for shipment live to eastern cities. Kansas City, and Omaha did the greatest business in animal exchange; Saint Louis and Chicago concentrated more on slaughter and shipment of refrigerated dressed meat. These large public terminal facilities and their associated slaughterhouses dominated the national industry. Within large cities the distribution of dressed meat had taken on an entirely new pattern since 1860. Local independent slaughterhouses and branch houses of the "Big Five" national companies (Armour, Swift, Cudahy, Wilson, and Morris) killed and dressed the animals received at the railroad yards. The old small scale "butchers of the city market stalls no longer killed animals but instead became retailers
1. PANSCHAR, op. dt., I, p . 86-100.
a. Charles B. K U H L M A N , The Development of the Flour Milling Industry (Boston, 1929), p. 165-225; U . S. Industrial Commission, Report on the Distribution of Farm Products, VI (Washington, 1901), p. 44-55, 95-131; U.S. Board of Investigation and Research, A Report on the National Traffic Pattern, 79th Congress, 1st Session, Senate Document No. 83 (Washington, 1945), 31.
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SAM BASS WAKNKR, JR.
or purveyors to the restaurant, hotel and institutional trade. By 1910 city meat moved from the "Big Five" branch houses and the local packinghouse to hundreds of small meat stores and grocers scattered through the residential neighborhoods of the city. In the late nineteenth century the small "dry" grocer, selling coffee, sugar, bread, cookies and crackers, canned goods, milk, cheese, butter, and dried vegetables, became the principal food marketing agent of the city. Perhaps his rise was caused by the failure of cities to build public markets fast enough to keep up with residential expansion. In any case, nearness to customers and probably as important, the custom of selling on credit, enabled the dry grocer to seize control of food retailing from the renters of public market stalls. Then, when the city slaughterhouses began to supply dressed meats prepared for retail cutting, the skills of the butcher passed from common necessity. Little credit meat shops moved out next to the grocers, or the grocers themselves hired an ill-trained meat man and carried both lines of goods in their shop». Thus, as often happens in the course of American industrialization, consolidation and high technology at the manufacturing and wholesaling level brought the multiplication of small low-skill retail distributing outlets. 1 In sum, by 1910 the railroad had enabled a few branches of the food processing industry to move out next specialized regional sources of supply and to abandon their dependence on the supplies of each city's rural hinterland. Flour milling, cheese and butter manufacture took on this specialized pattern in the railroad era, and have kept to it ever since. Also, canned and refrigerated produce and fruits, wholly new products since the 1880's, moved by long railroad hauls from the south and Pacific to the big midwestern and Atlantic northeastern cities. Because of the cheap transportation of live animals packed and dressed meat firms located both at the feeder supply regions and at the big city markets. But brewing and baking were the largest share of the contemporary food industry. Because these two high valueadded branches of food processing concentrated at big cities, the largest cities of i860 and all the cities of 100,000 and more population, harvested the greatest share of the location benefits of the national food processing* industry.
1. David Brody, The Butcher Workmen (Cambridge, 1964), Ch. I, II; Dale E. Butz and George L. Bakkr, The Changing Structure of the Meat Economy (Boston, 1960), P- 59-
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III ig6o, The era of regional processing and distribution
The most striking characteristic of the contemporary location pattern of food processing is its dispersal. Compared to 1910 or i860 big cities have ceased to be the disproportionate locations, and, instead, by a continuing selective process in which each branch seeks its best location, the entire industry is coming to display a pattern of national diffusion. This aggregate result derives from a variety erf" events. Regional variations have decreased their spread through continued urbanization and industrialization so that differences among regions, and differences between city and country have sharply narrowed. Today there is almost a national diet. This diet keeps its traditional American heavy concentration on meat. Since 1910, however, fruit and produce, fresh, frozen, and canned, have gained at the expense of both sugar and flour. Most dramatic of all, fluid milk became a staple item and within the class of dairy products milk and ice cream have seized the dominant position from butter. 1 The net locational effect of these demand changes, even without any shifts in transportation or location of markets, was toward more even dispersal of the food processing industry. Increased consumption of fruit and produce in all forms encouraged the growth of sub-regional fruit and vegetable agriculture and thus an increasingly large share of the total food processing industry located at these widely scattered points of production. The big shift from butter to fluid milk and icecream in the dairy industry in turn moved a very large segment of dairy processing from a few states into city markets everywhere. These plants, handling perishable commodities, locate in proportion to the size of the urban market to be served. * Since 1910, competitive survival in the food processing industry has come to depend more and more upon effectively coordinated advertising, sales promotion, and servicing of retailers. Competition of this kind has led some large national firms to tie new regional processing plants to their older regional sales offices in order to coordinate all their operations on a regional basis. For instance, national brewers instead of shipping beer brewed in Milwaukee and Saint Louis to 1. U . S. Department of Labor, How American Buying Habits Change (Washington,
1959). P- 103-1252. Ronald M i o h e l l and John D.
B l a c k , Interregional Competition in Agriculture With Special Reference to Dairy Farming in the Lake States and New England ( C a m b r i d g e ,
1951), Chapters on N. Eng. milks hed.
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JR.
regional wholesale distributing points, have, since World War II, built combined regional breweries and marketing branches to serve large multi-city territories. These plants are not always located in the largest city of their region but are convenient for serving a large region. The Carling brewery at Natick, Mass., thirty miles from Boston, and the Anheuser-Bush plant at Tampa, Florida, are two such examples. 1 Changes since World War I in the meat industry give some measure of the fluid locational state which the modern American transportation system affords the food processing industry. The past half century of the meat industry also demonstrates the increasing importance of governmental regulation and institutional efficiencies. The basic cornbelt source of supply did not change from 1910 although the region has shifted to the West. Cattle raising in the South, however, has become an important new source of supply making that region much more self-sufficient than earlier. Freight rate adjustments remained, as in the past, critical to the industry. A 1945 shift in the relative charges for live animals versus dressed meat from the mid-West to Los Angeles opened the rich southern California market to cornbelt packers, a change which perhaps made up for the lessening of the southern market. 2 Despite this fairly stable production pattern, the automobile transformed both the assembly and slaughter of live animals, and the distribution of dressed meat to consumers. At the collection end of the business the federal highway program of "getting the farmer out of the mud," begun in 1916, had within ten or fifteen years enabled farmers to truck their own animals, or hire truckers to carry them, comparatively long distances. Especially since 1930, in feeder areas where cattle abound, sellers have been able to dispense for much of their sales with the big railroad terminals, their commission agents, and the uncertainties of long distance sales. Local county auctions, much like those of the pre-railroad era, sprang up to provide an alternative market for feeders and slaughterers. Independent packing companies using smaller plants than those of the four giant companies prospered with these new sources of supply. The refrigerator truck at the same time freed the independents from disadvantaged dependence on the refrigerator car fleets of the giant packers. The giant companies have had to set up collection pens at the auctions, or scatter their own buying agents through feeding districts, and they have had to relocate their plants more in the pattern of the medium sized units of the most successful independents. 1. B A R O N , op. cit., p. 338-348. 2. Stuart D A G G E T /'Interregional Freight Rates and the Pacific Coast," Law and Contemporaiy Problems, X I I (Summer, 1947), p. 610.
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On the retail side, chain stores have gained ground against small independent groceries since World War I. In the ig2o's the individual outiets of the chains remained small; their competitive advantage derived from the efficiencies of large-scale buying. For instance, in baking the chain stores either moved into commercial baking for their own outlets, or broke the formerly uniform wholesale price of bread by threatening to do so. With a high volume, low wholesale price for bread, the chains either undercut the small grocers or reaped more profit at the same retail price. 1 When after World War II the automobile became a major mode of shopping, the capital power of the chain stores enabled them to build new large supermarkets to serve the driving customers. In this period individual city chains proved as effective as the national organizations. The wider selection of goods and the larger customer territory of the supermarket gave these chains a further advantage over the local grocer. Beween 1958 and 1963 it has been estimated that 70,000 local grocers went out of business. This shift to large retailing organizations brought with it important changes for the wholesale meat industry. Sheer institutional inefficiency seems to have prevented the giant packers from responding well to chain store needs. Independent packers and new kinds of city wholesalers, who specialized in boning meats and preparing retail cuts, moved in to service the chains as well as the growing restaurant and institutional trade. The pressure of the chains for increased uniformity of product has led to a growing industry dependence upon the U.S. Government grades of meat, as opposed to the older packer grades which, despite heavy past advertising and promotion expense, proved to be variable and unreliable. City-based chain stores also sought out distant packers for direct shipments to their chain warehouses. On the Pacific coast especially, where the supply of finished animals varies a good deal, chains have imitated ihe big packers in making contracts with feeders for future delivery ol animals. The whole industry is now in considerable institutional flux. Suppliers of feed grains, contract feeders, packers, both giant and independent, specialized wholesalers, and chain stores all seem likely to continue in the meat supply business although relationships among them may become considerably more regularized by the growth of contracting for future delivery of animals or dressed meat. In general, the shift since igio has been strongly toward medium sized facilities in packing, packer branch houses, wholesaling, and retail chains. Such institutional units have proved efficient in catering to the suburbanized population of America's largest urban regions by 1 . P a n s c h a k , op. cit., C h . I X .
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giving economies of scale at the retail level, and by balancing economies of scale with adaptability in local selling at the wholesale level. The medium sized plant, sales, and purchasing organization also seems well suited to balancing economies of scale with adaptability in the inter-regional wholesale meat and animal trade. 1 Since 1930, the sheer abundance and cheapness of transportation has given increasing importance to the institutional factors in choice of location over against small variations in transportation costs. The post-World War I rise of competition through advertising and promotion forced manufacturers to seek more control over the marketing of their products. Already by 1938 full-line wholesale houses had declined to 20-30 per cent of the wholesale grocery business in all the heavily urbanized regions of the United States. Only in the South and mountain states did the full-line grocery wholesale houses still flourish. Elsewhere, 70-80 per cent of all the trade split about evenly between the manufacturers' own sales branches, and wholesale distributors who handled a few non-competing items. * In 1958 a slightly different government study showed the preponderance of all lines of food manufactures was being distributed direct from manufacturers' plants or through manufacturers' branch sales offices. This same study also revealed that the general American trend toward larger business units had run strong in the food industry as well as other lines of manufacture. Small firms producing for local markets had been crowded out by regional and national manufacturers. Only the soft drink, creamery butter and cheese, and poultry business were not dominated by large firms which possessed at least one mill of one hundred or more employees. 1 Such general institutional trends seem to match the mixed regional and national patterns which the meat industry and food retailers have developed over the past half century. It seems more than coincidental that the locational patterns of these institutions also matches the mixed national and intra-regional patterns of the American transportation system and the new diffuse patterns of urban settlement.
1. House Committee on Agriculture, 88th Congress, 2nd Session, Hearings on H. J. Res. 377 to Establish a National Commission on Food Marketing (Washington, 1964), p. 2 2 - j o i ; BUTZ and BAKER, op. cit., p. 49-93. 2. U . S. Department of Commerce, Bureau of Foreign and Domestic Commerce, Alias of Wholesale Grocery Ajeas, Market Research Series No. 19, by Elma S. MOULTON (Washington, 1938), Table IV, p. 268-9. 3. 1958 Census of Manufactures, I : Summary Statistics (Washington, 1959) "Distribution of Manufacturers' Sales by Class of Customer," p. 3-16.
DIE
GETREIDEVERSORGUNG
DER UNGARISCHEN
STÄDTE
V O M X V . BIS X V I I . J A H R H U N D E R T * von S. P. PACH (Budapest)
Es sei mir erlaubt, aus dem breiten Problemenkreis der Lebensmittelversorgung der ungarischen Städte vom X V . bis X V I I . Jahrhundert einen Sektor, und zwar den der städtischen Gi/r/üfeversorgung auszuwählen, denn gerade die Untersuchung dieses Sektors des inneren Marktes verspricht uns die reichsten Lehren auf dem Gebiete der Wirtschafts- und Sozialgeschichte in der erwähnten Entwicklungsperiode. Im folgenden werde ich also versuchen, einen kurzen Abriß der Gestaltung der städtischen Getreideversorgung in Ungarn darzulegen. A n erster Stelle werden wir unsere Aufmerksamkeit jener Frage zuwenden, inwiefern die ungarischen Städte des XV-XVII. Jh.'s ftir die ländliche Getreideproduktion einen Absatzmarkt geboten haben, und welche sozialen Gruppen der Warenproduzenten die städtischen Verwertungsmöglichkeiten ausgenützt haben. •Eine ausfuhrlichere Darstellung ist in den Jahrbüchern Jur Nationalökonomie mi Statistik, 179. Bd., 1966, erschienen.
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I Im X I V . Jahrhundert waren die meisten städtischen Siedlungen in Ungarn noch nicht als Städte i m eigentlichen Sinne des Wortes anzusehen, da ihr Handwerk noch auf einer unentwickelten Stufe stand, ihre Bevölkerung geringzählig war und zum größten Teil Urproduktionbetrieb. Erst in den letzten Jahrzehnten des X I V . und hauptsächlich in den ersten Jahrzehnten des XV. Jh.'s schritt die Ausgestaltung einer Wirtschafts- und Sozialstruktur städtischen Charakters fort, — zumeist in solchen Siedlungen, deren Stadtwerden durch eine günstige geographische Lage, durch eine intensive Einschaltung in den Außenhandel beschleunigt wurde. Die Bevölkerungszahl der höchstentwickelten Städte — Pozsony (Bratislava, Preßburg), Sopron (Odenburg), sowie Kassa (Kosice, Kaschau) und Kolozsvär (Cluj, Klausenburg) — erreichte bis zur Mitte des X V . J h . ' j die 4-5000, während sie sich in den kleineren etwa auf die 3000, in der Hauptstadt Buda (Ofen) auf die 8000 belief. Diese Bevölkerungszunahme war von einer fortschreitenden Abwendung von der Landwirtschaft, genauer gesagt, von dem Getreidebau begleitet. Der Anteil der Handwerker an der Gesamtbevölkerung der königlichen Freistädte betrug bis zur Mitte des X V . Jh.'s 20-30, und ungefähr Dreiviertel dieser Handwerker lebten z. B. in Preßburg und Odenburg tatsächlich vom Handwerk, indem sie den Weinbau höchstens als Nebenberuf betrieben, den Ackerbau aber fast alle aufgaben. U m 1430 waren in Odenburg nur 4 Handwerker und insgesamt 84 Bürger an der Getreideproduktion beteiligt, also beinahe 90 % der Gesamtbevölkerung waren hinsichtlich der Getreideversorgung auf Markteinkauf angewiesen. Der zunehmende Getreidebedarf und die wachsende Handwerksproduktion in den Städten führte zur Entstehung von Marktbezirken, in denen sich der Tausch von landwirtschaftlichen und Handwerksprodukten schon im X V . Jh. hauptsächlich auf den städtischen Märkten abwickelte. In den Städten wurden — neben den Wochenmärkten — gewöhnlich in den Spätsommer- oder Herbstmonaten die — im allgemeinen zwei Wochen lang dauernden — Jahrmärkte abgehalten, auf denen die Bauern ihre Agrarprodukte verkauften, während die Stadtbürger sich die nötigen Lebensmittelvorräte anlegten und ihre Gewerbeartikel absetzten. A b e r außer den Städten im eigentlichen Sinne des Wortes, außer den königlichen Frei- und Bergstädten (civitates liberae) — im X V . Jh. betrug ihre Zahl ungefähr 30 — gab es im Lande noch zahlreiche (königliche und privatherrschaftliche) Ortschaften, die sogennannten oppida (d.h. Landstädtchen, Marktflecken) — ihre Zahl ist zu gleicher Zeit auf 800 zu setzen — ,
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wo lebhafte Wochenmärkte, j a sogar teilweise auch Jahrmärkte abgehalten wurden. So kam es dazu, daß der Lebensmittelbedarf der Freistädte zum Teil auch auf den Märkten der oppida in Erscheinung trat. Die (hauptsächlich königlichen) Urkunden, die die marktenden Bauern gegen die feudale Anarchie zu schützen versuchten, bzw. ihnen Mautvergünstigungen gewährten, erhellen, daß Grundsassen von kleineren oder größeren Dörfern und Landstädtchen "diversas partes regni perlustrantes... cum rebus et bonis ipsorum venalibus et mercimonialibus" — selbstverständlich größtenteils oder geradezu ausschließlich mit Agrarprodukten, nicht zuletzt mit Getreide — regelmäßig "negotiari et forisare solent". Es läßt sich also feststellen, daß im X V . Jh. der Getreidebedarf der ungarischen Städte, bzw. der durch Markteinkauf gedeckte Großteil dieses Bedarfs von der bäuerlichen Warenproduktion und Handelstätigkeit befriedigt wurde, ( — und zwar hauptsächlich auf den Märkten der Städte selbst, dabei auch auf denen der Landstädtchen). II Die bäuerliche Tendenz der landwirtschaftlichen Marktproduktion und deren Rolle für die Lebensmittelversorgung der Städte läßt sich auch unter den durchaus ungünstigen politischen Umständen des XVI. Jh.'s, unter den Verhätnlissen der Dreiteilung Ungarns, nachweisen. Der bäuerlichen Linie der Warenproduktion gegenüber gewann indessen bereits seit dem Ende des X V . und im Laufe des X V I . J h . ' j die entgegengesetzte, gutsherrliche Tendenz der Agrarentwicklung in Ungarn ein zunehmendes Gewicht. Die Gutsherren haben sich — unter anderem — einen immer größeren Teil der Getreideerträge ihrer Bauern als Produktenabgabe und durch Anwendung des Vorkaufssystems, durch Zwangsankauf angeeignet, ihre Naturaleinkünfte in bedeutendem Maße erhöht, die marktbaren Getreidemengen der Bauernwirtschaften beträchtlich herabgesetzt. Es ist durchaus bezeichnend, daß in vier östlichen Komitaten des Habsburgischen Landesteiles — in den Komitaten Borsod, Heves, Bereg und Bihar, deren Agrarproduktion auf Grund der erhaltenen Zehntenlisten auch zahlenmäßig bestimmt werden — in der Mitte des X V I . Jh.'j noch 52 % des Gesamtertrags der Bauernwirtschaften den als Ware in Betracht kommenden Produktenüberschuß bildeten, bis zum Ende des Jahrhunderts aber dieser Anteil auf 31 % zurückging. Bei diesem Rückfall wirkte, neben der Erhöhung der Produktenabgaben und der gewaltsamen Ausnützung des Vorkaufssystems, seit den 30-40-er Jahrendes X V I . Jh.'s auch der fortschreitende Ausbau der gutsherrlichen Eigenbetriebe mit, was mit der Steigerung der Fronarbeit verbunden war und durch die
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herrschaftliche Inanspruchnahme der bäuerlichen Arbeits- und Zugkräfte die Bauernwirtschaften hart betraf. Es ist also klar, daß in den letzten Dezennien des X V I . Jh. die Getreidemenge, die die warenproduzierenden Bauernwirtschaften den städtischen Märkten zufuhrten, herabgesetzt, die Rolle der bäuerlichen Marktproduktion in der Lebensmittelversorgung der Städte vermindert wurde. Dabei spielten außer den erwähnten Momenten auch solche Maßnahmen der Gutsherren mit, die auch unmittelbar bezweckten, die Bauern von den Jahr- und Wochenmärkten der königlichen Freistädte fernzuhalten und möglichst nach den Märkten der privatherrschaftlichen Landstädtchen hinzulenken. So wuchs im Laufe des X V I . Jh. die Bedeutung der Märkte der oppida auf Kosten der civitatis liberal: auch die abnehmende bäuerliche Getreidezufuhr floß größtenteils den ersteren zu. Unter solchen Verhältnissen traten in den Freistädten — obwohl ihre Bevölkerungszahl (darauf werden wir noch zurückkommen) im allgemeinen nicht zunahm — von der Mitte des X V I . Jh. an nicht selten Getreidemängel und Versorgungsschwierigkeiten auf. Es stiegen die Lebensmittelpreise; infolge der geschilderten Umstände steigerten sich noch die Auswirkungen der Preisrevolution, die sich auch auf Ungarn erstreckt haben, — so daß sich für die städtische Getreide-und Lebensmittelspekulation ein weites Feld bot. In Odenburg wurde schon im Jahre 1543 den Fremden der Besuch des Getreidemarktes untersagt, weil fremde Leute das Getreide aufkauften und dadurch eine große Teuerung herbeiführten. In der Freistadt Nagyszombat (Trnava, Tyrnau) kam es im Jahre 1558 zu den gleichen Vorgängen. Eine andere Form der Spekulation bestand darin — dies ist auch eine wohlbekannte Tatsache aus der europäischen Stadtgeschichte — daß die Fremden oder die Vorstädter die zugeführten Lebensmittel noch vor den Stadttoren aufkauften. Die Vorstädter von Kaschau kauften z.B. in den 60-80-er Jahren des X V I . Jh. das Korn und das Vieh den Bauern ab, noch bevor die Stadttore geöffnet wurden, und beförderten es weiter nordwärts auf die Märkte der ZipserStädte (Szepessig, Spi§). Eben deshalb beschäftigten sich die Stadtversammlungen zu dieser Zeit besonders oft mit der Einschränkung oder Aufhebung des Handelsrechts der Vorstädter und der Mäkler, mit dem Verbot des "Vorkaufs" — d.h. des Vorkaufs in diesem Sinne, vor den Stadttoren — und trafen zur Unterbindung der Getreidespekulation wiederholt Bestimmungen. Die Statuten der Freiund Bergstädte betonten vielmals, daß es unter Androhung der Beschlagnahme der erstandenen Waren verboten sei, den marktfahrenden Bauern entgegenzukommen und ihnen vor den Stadttoren irgend etwas abzukaufen. Diese Vorschriften wurden jedoch
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nur selten eingehalten. Seit der Mitte des X V I . Jh. und besonders in den 70-80-er Jahren waren die Preissteigerungen und Versorgungsschwierigkeiten in den Städten immer auffälliger, — bei Weizen, Roggen, Gerste und Hafer, ferner bei Fleisch und anderen Lebensmitteln. III Die dargestellten Umstände boten den adeligen Gutsherren günstige Bedingungen, ihre Wirtschaftstätigkeit auszudehnen und auch in die Märkte der Städte einzudringen. Die über gute Beziehungen verfügenden, hohe politische und militärische Würden bekleidenden Großgrundbesitzer rissen vor allem auf dem Gebiet der Getreide-und Futterlieferungen für das Militär (zur Versorgung der im Lande stehenden Habsburgischen Söldnertruppen) die führende Rolle an sich. Nebst den ärarischen Lieferungen übten aber — infolge der erwähnten Versorgungsschwierigkeiten und der besonders hohen Preissteigerungen — auch die städtischen Märkte eine wachsende Anziehungskraft auf sie aus. Schon die bisherigen Forschungen lassen erkennen, daß sich die Gutsherren um die Mitte des X V I . Jh. auf Kosten der bäuerlichen Warenproduzenten in wachsendem Maße auch den städtischen Getreidemarkt zu belegen begannen. So wurde in den 70-80-er Jahren eine der wichtigsten Bergstädte, Selmecbänya (Banska Stiavnica, Schemnitz) bereits von adeligen Gutsherren mit Getreide en gros beliefert, während die Bauern der Umgebung zumeist nur Brot und kleinere Lebensmittel auf die städtischen Wochenmärkte brachten. Selbst Miklds Pälffy Baron zu Erdöd, einer der größten Armeeliferanten Ende des XVI. Jh., hat es nicht verschmäht, mit den westlichen Städten des Habsburgischen Ungarn Getreidegeschäfte abzuwickeln. Diese Geschäfte der Handel treibenden Gutsherren wurden auch durch ihre Adelsprivilegien unterstützt, insofern sie das Korn — sowie den Wein und andere landwirtschaftliche Produkte — oft von ihren in der Nähe gelegenen Gütern mautfrei in die Stadt einfuhren konnten. Neben den privatherrschaftlichen Getreidelieferanten trat aber auch das Ärar (das, wie erwähnt, zugleich der größte Getreidekäufer war) alsbald auch als Getreideverkäufer auf, und zwar zumeist auf den Märkten der östlichen Städte des Habsburgischen Landesteiles. Die diesbezügliche Tätigkeit des Ärars, genauer gesagt, der sog. Zipser Kammer erwuchs ursprünglich aus der Aufgabe der Verproviantierung der in ärarischer Verwaltung befindlichen Grenzfestungen, und zwar auf Grund der Produktion der Kameraldomänen,
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sowie der Naturaleinnahmen der von der Kammer gepachteten und eingetriebenen Getreide- und Weinzehnten. Obwohl man die Verpflegung der Grenzfestungen nie genügend zu sichern vermochte, liegt es dennoch offen, daß ein Teil der Naturaleinkünfte der Kammer in den Handel gebracht und auf den Märkten der Städte abgesetzt wurde. "Sollte aus den Produkteneinkünften einer Festimg nach der Versorgung der Besatzimg ein Uberschuß zurückbleiben, möge man ihn — heißt es in der Wirtschaftsinstruktion der Zipser Kammer — in Handel bringen,besonders wo das Getreide hoch im Preis steht und in den Städten Not herrscht." Und so geschah es zum Teil auch mit den Zehnteneinkünften der Kammer. 1602 brachte man z.B. das Zehntengetreide aus verschiedenen Dörfern auf den Kaschauer Markt, — bei einer Gelegenheit 330 Scheffel Weizen, 294 Scheffel Hafer und 37,5 Scheffel Gerste. Berechnet man den Kaschauer Scheffel mit 83 Liter, das Hektolitersgewicht aber mit 70 Kilogramm, so ergibt sich, daß diese einzige Getreidelieferung etwa 38,5 Tonnen, also ein nicht zu unterschätzendes Quantum ausmachte. Heute sind wir noch nicht in der Lage, die Anteilquote der bäuerlichen Zufuhr, des gutsherrlichen Absatzes und der ärarischen Getreideheferungen in der Marktversorgung der Freistädte auch zahlenmäßig bestimmen zu können. Wir dürfen aber schon jetzt getrost feststellen, daß in der zweiten Hälfte des X V I . Jh. der städtische Getreidemarkt den bäuerlichen Warenproduzenten immer mehr entrissen und von den Gutsherren in bedeutendem Maße belegt wurde. IV Das Vordringen der gutsherrlichen Handelstätigkeit setzte sich auch in der ersten Hälfte des XVII. Jh. fort, als nach dem Aufhören der Kriegskonjunktur der Produktenabsatz in den Städten für die unternehmerischen Gutsherren auch übrigens eine zunehmende Bedeutung erhielt. U m ihre städtischen Verkaufsmöglichkeiten auszudehnen und im allgemeinen ihr Ubergewicht gegenüber dem Städtebürgertum zu befestigen, unternahmen die Gutsherren mit verschiedenen Landtagsdekreten zahlreiche Schritte. Der Landtag vom Jahre 1635 betonte z.B. nachdrücklich, daß die Freistädte angehalten sind, den Herren und Adeligen die Einfuhr von wo immer gefechstem Korn und Wein zu gestatten, wobei die Zöllner aufgefordert wurden, "nach den auf den städtischen Märkten feilgebotenen Waren von den Adeligen keine Taxen zu erheben". Das Dekret des Jahres 1647 brachte gleichsam den völligen Sieg der Stadtfeindlichen Kräfte, als es den Adeligen den freien Zuzug in die Städte unbedingt gewähr-
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leistete, den in die Stadt zugezogenen Adeligen auch weiterhin den Gebrauch aller Adelsprivilegien sicherte, ihnen die Zufuhr von Getreide und Wein in die Stadt und den Absatz auf den Stadtmärkten einräumte. Hierzu, zu der höchst möglichen Ausnützung der städtischen Verwertungsmöglichkeiten, ermunterten die Gutsherren ihre Verwalter auch in den Privatinstruktionen. M a n solle, "besonders, wenn das Korn beim Preise ist," Weizen, Hafer, Gerste "nach Kaschau oder in andere Städte schicken und könne es dort für gutes Geld verkaufen" — heißt es in zahlreichen Anweisungen. Und wenn wir einerseits erfahren, daß privilegierte Adelige Mitte des X V I I . Jh. auch in solchen Städten erschienen, wo die Abwehr des Bürgertums bis dahin erfolgreich war,so z.B. in Löcse (Levoia, Leutschau) die Familie Märidssy, andererseits aber nicht lange darauf, davon unterrichtet sind, daß die Märiässys unweit von der Stadt Leutschau umfangreiche Vorwerke besaßen, so können wir den Zusammenhang zwischen der städtischen Markttätigkeit und der EigenwirtschafitsfUhrung der Adeligen leicht erkennen. U m das Bild abzurunden, müssen wir noch darauf hinweisen, daß die gutsherrliche Marktproduktion im Laufe des X V I I . Jh. nicht nur in der Versorgung der eigentlichen Städte, d.h. der Frei-und Bergstädte, sondern auch in der von zahlreichen Landstädtchen eine Rolle spielte. Die Tatsache, daß zu dieser Zeit auch mehrere Landstädtchen auf eine Getreideversorgung durch den Markt angewiesen waren, ist hauptsächlich jenem Umstand zuzuschreiben, daß im Laufe der zweiten Hälfte des X V I . und in der ersten Hälfte des X V I I . Jh. in einer Reihe der Landstädtchen eine Spezialisierung zu Gunsten des Weinbaus und auf Kosten des Ackerbaus in bedeutendem Maße fortgeschritten ist. Zu diesem Bezirke der Weinbaumonokultur gehörte auch Miskolc, die verhältnismäßig große Landstadt, deren Bevölkerungzahl in den 80-er Jahren des X V I I . Jh. etwa 900 Haushalte ausmachte. Schätzen wir den Getreidebedarf eines Haushaltes auf ungefähr 6 Doppelzentner jährlich und rechnen wir noch die Getreideabgaben der Stadt zu, so bekommen wir einen Getreidebedarf von 640 Tonnen pro Jahr. Die Getreideproduktion der Einwohner von Miskolc belief sich aber in dieser Zeit jnur auf ungefähr 300 Tonnen; mehr als die Hälfte des Bedarfs mußte man also durch Ankauf herbeischaffen. Nachdem die Getreidezehnteneinkünfte des ganzen Komitats — ohne Miskolc — damals insgesamt kaum 15 Tonnen betrugen, können wir in dieser Hinsicht von der bäuerlichen Marktproduktion getrost absehen. Man muß also annehmen, daß der Markt von Miskolc mit Getreide fast gänzlich von den adeligen Warenproduzenten versorgt wurde. In dieser Beziehung kamen jene Adeligen
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in Vorteil, die auch in Miskolc einen Hausbesitz hatten, demzufolge ihre Getreideerträge nicht nur aus der Stadtgemarkung, sondern auch aus ihren außerhalb der Stadt befindlichen Gütern enfiihren und mit Vermeidung der Marktlimitation beim eigenen Hause verwerten konnten. Diese vorteilhafte Lage zog ihren gesamten Getreideüberschuß nach Miskolc. Und im städtischen Rechnungsbuch, sowie in anderen Akten können wir allerdings die adeligen Besitzer — Andres Döry, György Bärczy und andere — auffinden, bei denen der Stadtwirt Getreide einkaufte. V Traten die Landstädtchen, die den Weg der Weinmonokultur beschritten, mit einer zunehmenden Nachfrage nach Getreide auf, können wir dasselbe bezüglich der eigentlichen Städte, d.h. der königlichen Freistädte, nicht mehr feststellen. Vielmehr sind in dieser Beziehung fallweise geradezu entgegengesetzte Erscheinungen zu beobachten. Diese Erscheinungen können wir etwa in folgendem zusammenfassen. Erstens : Jener enge Kreis königlicher Freistädte, der noch zur Zeit des Aufschwungs der Städteentwicklung, also in den ersten Jahrzehnten des X V . Jh.'s entstanden war, breitete sich im Laufe der nächstfolgenden Jahrhunderte nicht aus, denn angesichts der Hindernisse, die der bürgerlichen Entwicklung in den Weg gelegt waren, gerieten nur einzelne Landstädtchen in die Lage, die zum Erlangen dieser Vorzugsstellung notwendige wirtschaftliche und gesellschaftliche Kraft zu entfalten. Zweitens : Die verhältnismäßig bedeutende Bevölkerungszunahme, die sich in allen ungarischen Städten vom X I V . Jh. an gezeigt hatte, wurde seit dem Ende des X V . Jh. von einem Stillstand, sogar mancherorts von einem Rückgang abgelöst. Vergleichen wir die Bevölkerungsziffern der Städte des "königlichen Ungarn" mit denen des Jahres 1720 (als die erste Konskription der Gesamtbevölkerung durchgeführt wurde), so können wir feststellen, daß die Bevölkerung dieser Städte im Laufe der zweieinhalb Jahrhunderte überhaupt nicht oder nur in verschwindend kleinem Maße zunahm, in mehreren Fällen (Kaschau, Bartfeld, Epeijes, Letschau usw.) sogar zurückging. In der Mehrheit der königlichen Freistädte bewegte sich die Einwohnerzahl noch immer zwischen 2000 und 3000 Seelen. Drittens : Außerdem, daß die Zahl und die Größe der Freistädte im allgemeinen nicht wuchs, meldeten sich noch mancherorts gewisse Anzeichen einer Reagrarisierung.
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Während um 1430 in Odenburg, wie oben erwähnt, die Handwerker die Ackerwirtschaft fast alle aufgegeben und nur 4 Handwerker ixnd insgesamt 84 Bürger Getreidebau betrieben hatten, erhöhte sich diese Anzahl bis 1526 auf 31, bzw. 197. Um 1430 waren etwa 90 % der Bevölkerung von Odenburg auf Markteinkauf der ZereaUen angewiesen, wogegen 1526 schon rund 40 % der Bewohner wieder Getreide produzierten, sodaß der Umfang des bebauten Ackerbodens in der Stadtgemarkung von 6-700 Joch auf ungefähr 1700 Joch anstieg. In Kaschau, wo sich die Bürgerschaft bereits um die Mitte des X I V . Jh. von dem Ackerbau völlig abgewandt hatte und auch Ende des X V . Jh. in den Vorstädten bloß 17 Meierhöfe zu finden waren, besaßen um die Mitte des X V I I . Jh. in der unteren und oberen Vorstadt 464 Bürger Meierhöfe und Gärten und Ende des X V I I . Jh. war in der Gemarkimg der Stadt, neben den Küchengärten und Wiesen, auf 2225 Scheffel Boden Getreide angebaut. Viertens : Zu all dem kam noch, daß die Städte der vorherrschenden feudalen Richtung der Wirtschaftsentwicklung sich völlig anpaßten, auch selbst zu "kollektiven" Gutsherren wurden, so daß sie einen Teil ihres Produktenbedarfs auch aus den Erträgen der städtischen Liegenschaften decken konnten. Mehrere Städte hatten schon im Laufe des X I V - X V . Jh. die Dörfer ihrer unmittelbaren Umgebung angekauft. Dies bezweckte damals hauptsächlich den Ausbau des städtischen Marktbezirkes, die Sicherung der Zufuhr der Agrarprodukte aus den umhegenden Dörfern. Nachdem die Bauern damals hauptsächlich zu Geldleistungen angehalten waren, spielten die Natural-abgaben der Bauerndörfer in der Versorgung der Städte damals noch eine durchaus geringe Rolle. Im Laufe des X V I - X V I I . Jh. hat sich aber die Lage auch in dieser Beziehung allmählich verändert. Den adeligen Domänen ähnlich, steigerten auch die Städte die Lasten ihrer Bauerndörfer und legten auf die Eintreibung von Naturalabgaben eben falls ein wachsendes Gewicht. Dem Beispiel der adeligen Domänen folgten die Städte auch im Ausbau von Eigenwirtschaften und begannen zu diesem Zwecke die Fronarbeit der im Stadtbesitz befindlichen Dörfer in steigendem Maße auszunützen. Vergebens protestierten die Bauern von Odenburg gegen derartige Maßnahmen in Odenburg bereits am Ende des X V I . Jh.; das städtische Statut aus dem Jahre 1606 erklärte, daß die sieben Dörfer der Stadt "für den gemeinen Stadtnutz" ihre Fronarbeit verrichten sollen und "fuernemlich in ackhern, so viel als durch sie beschehen kann." Die — wie man sagte — "edle königliche Freistadt Kaschau" war als Fronherr ihrer Dörfer gleichfalls überaus regsam, wie dies aus einer Reihe von Belegen erhellt.
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Die für "die äußeren Liegenschaften und Vorwerke" von Kaschau erlassene Anweisung folgte z.B. so gut wie ganz dem Vorbild der herrschaftlichen Wirtschaftsinstruktionen nach. Sie verfugte über die Bestellung der Vorwerke, über die Leistungen "der Untertanen der edlen Freistadt," über den Getreidezehnten, sogar auch darüber, daß die entflohenen Bauern "aufgetrieben und reduzieret werden sollen." All dies bedeutet, daß im Laufe des X V I - X V I I . Jh. die autarke Bedarfsdeckung in der Getreideversorgung der Städte eine steigende Rolle spielte, nicht nur infolge der zunehmenden individuellen landwirtschaftlichen Tätigkeit der städtischen Bürger, sondern auch deshalb, weil die Städte, als kollektive Gutsherren, von ihren Bauerndörfern in gesteigertem Maße Natural-abgaben eintrieben, sogar auch den Weg der Errichtung von Getreide produzierenden Vorwerken betraten. Unter diesen Umständen erweiterte sich der Getreideabsatzmarkt in den Städten nicht, sondern erfuhr — da die Bevölkerungszahl in den Städten seit dem Ende des X V . Jh. im allgemeinen nicht zunahm — durch die Reagrarisierung einzelner Städte, durch das Vordringen der Selbstversorgung bei einem ansehnlichen Teile der Bürgerschaft eher eine ausgesprochene Einengung. Und diese Einengung und Beschränkung des städtischen Getreideabsatzes wurde, in landweitem Maßstab betrachtet, durch die Getreidenachfrage der Weinmonokultur betreibenden Landstädtchen nicht ausgeglichen. So schlug der Sieg der feudal-gutsherrlichen Richtung in der wirtschaftlich-sozialen Entwicklung Ungarns auf die warenproduzierenden Gutsherren selbst zurück : ihre auf die Getreideproduktion eingestellte gutsherrliche Eigenwirtschaft wurde dadurch der Nachfrage nach Agrarprodukten beraubt, — der Nachfrage nach Agrarprodukten, die innerhalb des Landes grundlegend durch eine schwungvolle stadtisch-bürgerliche Entwicklung gewährleistet worden wäre. Im spätfeudalen Ungarn mußte der städtische Getreide-und Lebensmittelmarkt notwendigerweise in einer engen Begrenzung verbleiben, und in der Verpflegung des Städtebürgertums spielte die Selbstversorgung, die autarke Bedarfsdeckung noch lange eine bedeutende RoUe. Die ungarischen Nationalökonomen und Statistiker mußten selbst um die Wende des X V I I I - X I X . Jh. feststellen, daß der überwiegende Teil der städtischen Handwerker außer dem Handwerk noch immer vom Ackerbau lebte, und daß sich die landwirtschaftlichen Produzenten und die Konsumenten (d. h. Markteinkäufer der landwirtschaftlichen Produkte) — in landweitem Maßstabe betrachtet — im Verhältnis von 20 zu 1 gegenüberstanden.
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Die städtisch-bürgerliche Entwicklung in Ungarn nahm erst im X I X . Jh. und besonders nach der Aufhebung der Leibeigenschaft, in der zweiten Hälfte des X I X . Jh., einen Aufschwung. Damit begann eine neue Epoche auch in der Geschichte der Getreideversorgung der Städte, — die Epoche des rapiden Anwachsens der städtischen Lebensmittelnachfrage, die Epoche der Modernisierung der Versorgungsverhältnisse.
DAS K O N S U M Z E N T R U M UND
SEINE V E R S O R G U N G
LONDON 1500-1640
von Ingomar BOG ( Marburg)
Es bedarf keiner Begründung, daß sich auf wenigen Seiten nicht alle Probleme erörtern lassen, die unser Thema stellt*. Es werden darum Stichwörter genügen müssen : 1. zu den Fragen des Wachstums der gesamten englischen Wirtschaft in seinem Verhältnis zum exzessiven Wachstum und Reichtum Londons, 2. zum Wachstum Londons als einem eigenständigen Problem, 3. kann auch die englische Wirtschaftspolitik sowie die städtische Wirtschaftspolitik von Mayor, Aldermen und Common Council Londons nur gestreift werden, 4. müssen die Ernährungsgewohnheiten bis auf das Nötigste außerhalb der Diskussion bleiben, obwohl das 5. Kapitel, das der Versorgung der Metropole gewidmet ist, eigentlich erst recht verständlich wird, wenn man die schichten-spezifischen Ernährungsgewohnheiten kennt. Dem 5. Problemkreis, der Versorgung Londons, werden wir dann etwas näher treten, und den 6. Problemkreis schließlich, den vom Wachstum der Hauptstadt heraufgefiihrten neuen Organisationsformen des Handels, werden wir wiederum nur streifen können. * Das Thema ist ausfuhrlich behandelt in der FestschriftfltrFriedrich Lütge, 1966.
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1. Die Forschung ist nicht ganz sicher, daß die englische Wirtschaft zwischen 1500 und 1640 gewachsen ist. Die rudimentären Bilanzen zeigen uns den Außenhandel negativ, folglich empfahl es sich, Autarkiepolitik zu betreiben. Weniger Einfuhr, mehr Ausfuhr, hieß die Devise. Indes blieben alle Bemühungen der Regierung erfolglos, die Luxusimporte für die höhere Gesellschaft einzuschränken. Alles in allem ist die berühmte Expansion des Elisabethanischen Außenhandels ein Mythos. Der große Aufschwung beginnt erst im 17. Jahrhundert mit dem Reexport kolonialer Güter, liegt aber jenseits unseres Zeitraums. Daß die innere Wirtschaft Englands zwischen 1580-1650 expandierte, steht außer Zweifel. Nef hat von der ersten industriellen Revolution gesprochen. Die stürmisch wachsende Metropole organisierte nicht nur die Märkte der Home-Counties, sondern griff auch auf entfernte Provinzen, auf die Nordwest- und die Südost-Küste, sowie nach Berwick, Cornwall und Wales aus. Schon die Zeitgenossen der zweiten Hälfte des 17. Jahrhunderts wußten, daß sich keine Grafschaft in England finde, wo das Land nicht ein Drittel mehr im Werte produziere als 100 Jahre zuvor. Die Wirtschaft des 16. und der ersten Hälfte des 17. Jahrhunderts expandierte also unter den starken Impulsen Londons und leitet den Aufstieg der Schichten ein, die in der Revolution des 17. Jahrhunderts die Macht im Staate gewinnen werden. Auch wenn man sich nicht scheut, von wirtschaftlichem Wachstum und nicht nur von Expansion zu sprechen, muß man betonen, daß dieses Wachstum schichtenspezifisch gewesen ist 2. Wie man die Probleme, die das Sozialprodukt zu lösen aufträgt, auch beurteilen mag : Das Wachstum der Hauptstadt tritt als wesentliches Phänomen englischer Wirtschaftsentwicklung deutlich ans Licht. Während um 1500 London hinter den Städten Paris, Neapel, Venedig und Mailand an Größe noch weit zurücksteht, hat es 1600 die Hunderttausend mit Mailand, Venedig, Lissabon, Rom, Amsterdam, Antwerpen u.a. sicher erreicht, wahrscheinlich weit 1. R . H . T A W N E Y , The Agrarian Problem in the Sixteenth Century ( 1 9 1 2 ) ; N. S. B. GRAS, " T h e Evolution of the English Corn Market from the Twelfth to the Eighteenth Century", Harvard Economic Studies, V o l . X I I I . Cambridge and Harvard University Press ( 1 9 1 5 ) ; J- U . NEF, " T h e Progress of Technology and the Growth of large-scale Industry in Great-Britain 1540-1640", Econ. Hist. Rev., Vol. V ( 1 9 3 4 ) ; ders., "Prices and Industrial Capitalism in France and England 1 5 4 0 - 1 6 4 0 , " Econ. Hist. Rev., Vol. V I I ( 1 9 3 7 ) ; F . J. FISHER. "Commercial Trends and Policy in Sixteenth-century England," Econ. Hist. Rev., Vol. X ( 1 9 4 0 ) ; Lawrence STONE, "State Control in Sixteenth-century E n g l a n d " , Econ. Hist. Rev., Vol. X V I I ( 1 9 4 7 ) ; F. J. FISHER, " T h e Sixteenth and Seventeenth Centuries: T h e dark Ages in English Economic History?", Economica, N e w Series, V o l . X X I V ( 1 9 5 7 ) ; Barry E. SUPPLE, Commercial Crisis and Change in England 1600-1642. A Study in Instability of a Mercantile Economy, Cambridge Studies in Econ. Hist. ( 1 9 5 9 ) .
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überschritten (Maximalschätzung 250 000), und 1700 mit mehr als 500 000 Einwohnern alle anderen europäischen Städte weit hinter sich gelassen 1 . Um 1500 erreicht London die dritte Stufe im Gras' sehen Entwicklungsschema des Getreidehandels, die Stufe der "wachsenden Zentralstadt" 2 . Früher als Paris organisiert es eine hauptstädtische Wirtschaftsaera 3 . Um 1600 wird der Raum zwischen Fleet River und Abbots Mill aufgeschlossen und besiedelt. Westminster und London wachsen zu einer Stadt zusammen. Durch Bebauung der klösterlichen Grundstücke nach der Reformation unter Heinrich V I I I . erreicht die Stadt ihr Maximum innerhalb der Wälle. Seit Elisabeth greift sie nach Osten und Norden aus, die Häfen der City reichen nicht mehr zu, Deptford, Greenwich, Wapping, Ratcliff, sogar Woowich und Gravesend beginnen mit dem Schiffsraum zu wachsen *. Während des 16. Jahrhunderts konzentrierte sich der Verkehr auf die Route London- Antwerpen, London gewann auf Kosten der Außenhäfen und zog 80 — 90 % des Verkehrs an sich8. Die Metropole zahlte unter Elisabeth I. soviel Steuern wie alle anderen Städte des Reiches zusammen e , dreißigmal soviel wie Norwich, die zweite Stadt Englands. Harrisson beobachtete zu Shakespeares Zeiten den außerordentlichen Zustrom von Händlern und Handwerkern, aber auch der jungen Gentlemen aus den Landstädten und vom Lande 7 . Die Rechtsschulen wuchsen auf ein Mehrfaches ihrer ursprünglichen Schülerzahlen, die königlichen Gerichtshöfe zogen die Gentry an, Wilson schätzte den Zustrom vornehmer Familien zur "LondonSeason" auf 16-17 0 0 0 8- 1564 zählte man 2 730 Ausländer, sechzehn Jahre später schon waren sie auf 6 452 angewachsen *. Die Anziehungskraft erklärt sich aus dem Reichtum der Metro1. Roger MOLS, Introduction à la Démographie historique des Villes d'Europe du XIVe au XVIIIe siècle. T o m e I I . Les Résultats (Louvain 1955). 2. N . S. B. GRAS, The Evolution of the English Corn Market (1915). 3. F. J . FISHER, " T h e Development of the London Food Market 1540-1640," Econ. Hist. Rev., Vol. V (1935). 4. N. G . BRETT-JAMES, The Growth of Stuart London (1935); J. P. WHEELER, A Treatise of Commerce (New York 1931). 5. Lawrence STONE, State Control in Sixteenth-century England, a.a.O. 6. W. G . HOSKINS, " A n Elizabethan Provincial T o w n : Leicester," Studies in Social History. A tribute to G. N. Trevelyan (1955). 7. Harrison's Description of England in Shakespeare's Youth. 11/3 (1878). 8. Thomas WILSON, The State of England (1600). E d . b y F. J . Fisher, Camden Miscellany, V o l . X V I (Camden, 3. Ser. V o l . L I I , London 1936); F. J . FISHER, The Development of London as a Centre of Conspicuous Consumption in the Sixteenth and Seventeenth Centuries. Transactions of the Royal Historical Society, I V . Ser. V o l . X X X (London 1948); H . T h . STEPHENSON, Shakespeare's London (New York 1904). 9. John ENTICK, A New and Accurate History and Survey of London, Westminster, Southwark and Places Adjacent, Vol. I (London 1766) ; George UNWIN, The Guildes and Companies of London (4 1963).
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pole. Harrisson sieht die Zahl der Kaufleute in seinen Tagen enorm wachsen (die "industrial revolution,, des 16. und 17. Jahrhunderts wird j a vom Londoner Kapitale inszeniert *), der wachsende Wohlstand der Gentry kommt gleichfalls der Metropole zugute s , die Läden und Marktbuden, zunächst auf East-und Westcheap begrenzt, verbreiten sich folglich im letzten Drittel des 16. und am Anfang des 17. Jahrhunderts in Fleetstreet, Strand, Kingstreet und Westminster. Das Volk macht extravagante Ausgaben, wie Stow klagt 4 , ein Venezianer zählt allein am Strand 52 Goldschmiede 6, die Wirte sind reich, auch kleine Innkeeper, und decken den Tisch mit purem Silber, 1625 läuft die erste "hackney-coach" (Pferdetaxe), 1637 schon fünfzig, 1652 an die zweihundert und 1654 schließlich dreihundert : "The Londoners live confortably 6 ". Die Metropole war ein " C e n t r e
of conspicuous
consumption
7".
3. Die Sorge um Nahrung Nachschub müssen sich in der Wirtschaftspolitik des Landes und der Stadt niedergeschlagen haben. Es muß hier der Hinweis genügen, daß weder die Import- noch die Exportgesetze der Tudors und Stuarts die Versorgung der Metropole ernsthaft berührt haben. Ernsterer Natur ist die Konkurrenz der Streitkräfte mit der Stadt um die Lebensmittel. Sie zu regeln, diente die Restraint-Politik seit 1586, ein strenges System von Produktions- und Handelskontrollen, das den Markt aber nicht beruhigen konnte. Londons Großkaufleute wußten zu konkurrieren und diese Kontrollen auszuschalten. Die Versorgung der Stadt ging ungestört fort. Für die Stadt läßt sich zusammenfassend sagen : I. Die Zunftgesetzgebung, sowohl der nationalen Behörde, des Lordchancellors, als auch der Behörden der City, haben den Trend zum Großbetrieb in den Exportgewerben nicht gehindert. II. Hat die City bei aller Härte gegen Preiskartelle zugunsten der Versorgung eine liberale Preis- und Marktpolitik betrieben. Vor allem ist der Entwicklung des in ganz Europa verspönten Zwischenhandels kein ernsthafter Widerstand entgegengesetzt worden. Ohne 1. HARRISON, I / I I (1878).
2. J. U . NEF, The Progress of Technology, usw., a.a.O. 3. T h . W I L S O N , a . a . O . ; HURSTCTELD, " T h e Profits of Fiscal Feudalism 1 5 4 1 1602", Econ. Hist. Reo., II. Ser., Vol. X I I I (1955). 4. W. BESANT, London in the Time of the Stuart (1903). 5. P . H . D I T C H F I E L D , The Story of the City Companies (1926); A Relation... of Island of England (um 1500, hg. 1847). 6. P . H . D I T C H F I E L D , The Story of the City Companies (1926); A Relation... of Island of England; E. A . PRATT, A History of England Transport and Communication in England
(1912)7.
F.
J.
FISHER,
The Development of London, usw., a.a.O.
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"3
Zwischenhändler war die Stadt bei den Entfernungen ihrer Nachschubgebiete nicht mehr zu versorgen 1 . 4. Der Wohlstand bestimmt die Verbrauchsgewohnheiten. Die Englandreisenden bestätigen, daß sich die Engländer aller Klassen besser nähren als die vergleichbaren Klassen auf dem Kontinent London dürfte den Landesdurchschnitt weit hinter sich gelassen haben. Weizenbrot wird in England erst im 18. Jahrhundert Massennahrung, in London aber weigern sich die Armen 1631, selbst in Zeiten des Mangels, Gerste oder Roggen zu kaufen. Das "maslin bread" wird in unserem Zeiträume mit wachsendem Weizenanteil ausgebracht *. Zwei Drittel Weizen, ein Drittel Roggen scheint um 1590 der allgemeine Standard gewesen zu sein. Der Verbrauch nach Wein ist wesentlich höher als auf dem Lande. Gab es unter Eduard VI. noch 40, so wuchs die Zahl der Tavernen unter Elisabeth auf über 100, 1618 schon zählte man etwa 400, die alle ihren Mann nährten Daneben leben die Alehouses, deren exzessive Zahl man einzuschränken sucht. 1574 werden 84 Brauhäuser (Stow spricht allerdings von 26) allein über See mit Gerste beliefert. Keineswegs alle Schankstatten aber brauen, jeder Koch hat das Recht, Bier zu schänken 6. Man weiß, daß die Handwerker wie die Arbeiter in der Stadt mehr Fleisch aßen als die gleichen Schichten auf dem Lande. Harrison erzählt von mannigfachen Fleischsorten und "white meals" (Milchprodukten) in der Ernährung städtischer Arbeiter. Die Taglohner wurden im Haushalt verköstigt, und jeder verzehrte wöchentlich eine Summe, die zwischen den Kosten für die Ernährung des Meisters und den Kosten für die Ernährung der Kinder lag. Vom Brot war schon die Rede. Tatsächlich ist der Speiseplan des St. Bartholomews Hospital von 1687 sehr vielfaltig 6 und um vieles besser als der des Bürgerspitals zu Würzburg. Bei Hofe speiste man täglich an 47 Ti-
1 . N . S . B . G R A S , The Evolution of the English Corn Market; Cornelius W A L F O R D , Early Laws and Customs in Great Britain regarding Food. Transactions of the Royal Historical Society, Vol. X I I I (London 1880); G. UNWIN, The Guildes and Companies of London; Sylvia T H R U P P , A Short History of the Worshipful Company of Bakers of London (1933); William A D D I S O N , English Fairs and Markets (London 1953); Arthur P E A R C E , The History of the Butchers Company (London 1929). 2. J . G . D R U M M O N D and Anne W I L B R A H A M , The Englishman's Food. A History of the Centuries of English Diet (1. Aufl. 1939, 2. Aufl. 1957). 3. Sir William A S H L E Y , The Bread of our Forefathers. An Inquiry in Economic History (Oxford 1928). 4. André L. SIMON, The History of the Wine Trade in England, Vol. II (London 1907). 5 . F . T A V E R N E R P H I L L I P P , A History of the Worshipful Company of Cooks (London 1932); N . S. B . G R A S , The Development of the English Corn Market; G . D O D D , The Food of London (London 1856). 6. C U R T I S - B E N N E T , The Food of the People, being the History of Industral Feeding ( 1949).
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sehen unzählige Gänge 1 . Jährlich wurden 600 000 gallons Bier und Ale vertrunken und nach unvollständigen Angaben etwa 1591 900 Ochsen, 16 200 Hämmel und Lämmer usw. verzehrt s . Die städtische Aristokratie und der gehobene Bürgerstand gaben der Hofgesellschaft kaum etwas nach s , 1543 und 1544 wurden Acts of Common-Council erlassen, das luxuriöse Essen und Trinken in Zeiten des Mangels einzuschränken. Vier bis sechs Gänge (wenn keine Gäste) waren nach Harrisson bei Kaufleuten gang und gäbe 4 . 5. Dieser ungemessene Bedarf an Lebensmitteln, die zu großem Teile relativ einkommenselastisch nachgefragt wurden, zog gewaltige Probleme der Versorgung nach sich. Uberraschend ist, daß sie gelöst werden konnten im großen und ganzen, indem man die heimische Produktion entfaltete. London blieb von ausländischer Lebensmittelzufuhr, Fisch ausgenommen, unabhängig. Nach Entick waren 1521, 1527, 1550, 1555, 1563, 1573, 1574, 1594, 1596 Jahre großen Mangels. Nur 1527 und 1594 wird, gewiß zufällig, von Zufuhr ausländischen Getreides berichtet. Aber auch Moryson weiß nur von einmal in zehn Jahren. Fest steht, daß London nur in Notzeiten aus dem Baltikum und anderen Ländern versorgt wurde. Nie ist es gelungen, London zu einem Stapelplatz ausländischen Getreides zu machen, obwohl von 1550-1663 praktisch kein Kornimportgesetz in Kraft ist und der Reexport gestattet worden wäre. Abzusehen ist hier von der systematischen Vorratspolitik, die die City seit 1520 betreibt (Bridge-House, Lager der Livery Companies) 5 . Ein Kreis von Landmärkten umzirkte die Stadt, Uxbridge, Brentford, Kingston, Hampstead, Watford, St. Albans, Hertford, Croyden und Dartford. Ohne Zweifel waren die home-counties die Hauptquelle des Nachschubs. In der Mitte des 17. Jahrhunderts aber greift die Stadt bis Berwick, Cornwall und Wales aus, die Seehandelsziffern wuchsen ständig in dem Maße, in dem sowohl die Nordost- als auch die Südwestküste ins Geschäft kamen 8. Der wachsende Londoner Markt dürfte die Agrarwirtschaft Englands stark intensiviert haben. Sie zeigt ein bedeutendes "Netto-Wachstum" durch regionale Spezialisierung unter dem Einfluß Londoner Kapitals. 1. T h . W I L S O N , The State of England, a.a.O. 2. Allegra W O O D W O R T H , Purveyance for the Royal Household in the Reign of Queen Elizabeth. Transactions of the American Philosophical Society. New Ser. Vol. X X X V , Part I (Philadelphia 1945). 3. M. St. C. BYRNS, Elizabethan Life in Town an Country ( L o n d o n ' 1961). 4. J . E N T I C K , A New and Accurate History (1766); H A R R I S O N ' S Description... (1878). 5. F . J . F I S H E R , The Development of the London Food Market, a . a . O . ; N . S . B . G R A S , The English Com Market; An Itinerary written by Fynes Moryson Gentleman (London 1617); G . U N N W I N , The Guildes and Companies of London. 6 . N . S . B . G R A S , The English Com Market; F . J . F I S H E R , The Development of the London Food Market.
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Die Wasserversorgung scheint keinen ernsthaften Schwierigkeiten begegnet zu sein. Um 1532 wurde eine Wasserleitung an der Südseite von Aldgate errichtet, die ihr Wasser von Hackney bezog. 1568 entstand eine Leitung fiir Themsewasser an der Ecke von Wallbrook. 1577 wurde ein Leitungssystem in Led-Lion-Street errichtet, das Wasser von Snow-Hill herabführte, 1582 erhielt Peter Maurice, ein deutscher Ingenieur, ein Privileg fiir ein Themse-Wasserwerk, das bis weit ins 18. Jahrhundert hinein, immer wieder vergrößert, gearbeitet hat. 1608 endlich wurde der Plan Hugh Middletons verwirklicht, der einen Fluß von Chadwell in ein Becken nach Islington leitete und genügend Wasser fiir Hausgebrauch heranführte 1 . Nach dem Großen Feuer sind dann Pläne erwogen worden, den Old Cut bei Draydon (Middlesex) abzuschneiden und nach Marylebone Fields zu leiten London hatte sein Leitungssystem ausgewachsen. Der Nachschub des Viehs (Statistiken fehlen, 1593 schätzt Erswick den Bedarf der Stadt auf 67 500 Rinder in der Woche) beschäftigt das ganze Land. Gloucestershire und Northampton u. a. liefern die Schafe. Die Gentlemen von Wales leben von der Aufzucht des Viehs, das in ganz England vertrieben, insbesondere in den Midlands, in Essex und Kent, sechs Monate bis drei Jahre alt, für den Londoner Markt gemästet wird. In der zweiten Hälfte des 17. Jahrhunderts hatte das Welsh cattle mit dem schottischen Vieh zu konkurrieren *. Die vier großen Fleischmärkte der City waren ständig überiiillt, so daß die Schafe 1615 nach Smithfield auswandern mußten *. Der natürlichen Konsumgewohnheiten und der amtlichen Fischtage (Fleischersparnis) wegen wurde viel Fisch verbraucht, besonders in Zeiten der Fleischteuerung im 17. Jahrhundert, bis der koloniale Reis Volksnahrungsmittel wurde. Frischen Fisch gewann man aus den Flüssen, Teichen und Bächen der umliegenden Grafschaften, auch aus dem Stadtgraben, und hielt sie bis zum Verbrauch in künstlichen Weihern (stews). Die königliche Tafel versorgte sich aus den "Royal Pike Ponds" zu Southwark 6. Für Trocken-und Salzfisch, insbesondere für Heringe, ist England mit London bis an die Schwelle des 18. Jahrhunderts von holländischen Importen abhängig gewesen. Die Holländer erbitterten mit ihren Fischzügen an der schottischen und 1. J. E n t i c k , A New and Accurate History (1766). 2. A Plan of the Design for bringing Water usw. (nach 1666, wahrscheinlich Ende des Jahrhunderts. Br. Mus. 816 — 8, — 8, — 8).
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4. C. S k e e l , The Cattle Trade between Wales and England from the Fifteenth to the Nineteenth Centuries. Transactions of the Royal Historical Society, 4. Ser., Vol. I X (1926); J. E r s w i c k , Briefe Note of the Benefits... (1593). 4. A. P e a r c e , The History of the Butchers Company. 5. J. G. D r u m m o n d , A. W i l b r a h a m , The Englishman's Food.
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englischen Küste, die eine Million Pfund einbrachten, die Küstenbewohner. Das englische Konkurrenzunternehmen von 1632, die " R o y a l Fishery of Great Britain and Ireland" zerfiel 1640 nach großen Verlusten Zeitgenossen errechneten 154 Fischtage für das Jahr und empörten sich über die Schwäche der englischen Flotte, die Fremden das Geschäft überließ 2 .
Im 16. Jahrhundert wuchs der Weinkonsum der Londoner merkantilen Klasse erheblich. England importierte während der ersten sechs Jahre unter Elisabeth jährlich etwa 58 000 Tonnen, 1595-1600 etwa 35-40 000 Tonnen jährlich. Der königliche Hof, Flotte und Heer versorgten sich mit Hilfe von Kontrakten mit meist ausländischen Kaufleuten. London allein konnte den Bedarf nicht decken. Die Vintners Company importierte 1638 nur 5 000 Tonnen französischen und 4 000 spanischen Weins, vorwiegend wohl gemäß dem städtischen Bedarf. Vor allem wird hellroter "claret" konsumiert, ein leichter Gascogner oder Bordeaux, auch Pfälzer Wein. Im 16. Jahrhundert gewinnt besonders der "sack," ein südspanischer Wein, an Boden. Relativ bescheidene Mengen werden über Antwerpen aus Frankfurt, Trier, Mainz und Köln importiert. Wein bleibt Genußmittel der gehobenen Bürger. Zwischen 1612 und 1633 vermehren sich die Londoner Tavernen um 61, ein Zeichen des Reichtums der Stadt 3. Weiterer Forschungen bedarf die Versorgung der Stadt mit Obst und Gemüse. Die Praktiken des Gartenbaus werden 1568 bis 1572 durch Niederländer nach England gebracht. Seitdem entwickelt sich dieser Wirtschaftszweig rapid, vor allem in den östlichen Vororten Londons und in Sandwich, Kent und Surrey. Hopfen wird nun in Essex gebaut. Vorher waren vor allem die volkstümlichen Zwiebeln und Konditorfrüchte sowie Hopfen aus Flandern importiert worden. 1617 wollen die Gartenbauunternehmer Londons "Tausende von armen Leuten, Männer, Frauen und Kinder" beschäftigt haben, genau sind es allerdings nur 1 500 und 400 Lehrlinge 4. Man wird dabei vor allem an den Obstbau denken, weil noch 1678 im Christ's Hospital und 1687 im St. Bartholomews Hospital Gemüse auf dem Speiseplan völlig fehlt, und 1612 auch im königlichen Haushalt nur als Ingredienzien für die Suppen gebraucht werden. Noch 1693 T . JENKINS, The Herring and the Herrmgfisheries (London 1 9 2 7 ) . J. E R S W I C K , Briefe Note of the Benefits... ( 1 5 9 3 ) ; Th. Y E N N E R , Londons Blame: If not its Shame ( 1 6 5 1 ) . 3 . A . L . SIMON, The History of the Wine Trade in England. 4 . F . J . FISHER, The Development of the London Food Market, a.a.O.; J . C. D R U M MONO, A. W I L B R A H A M , The Englisman's Food; W. Th. G R O S W E L L E R , The Gardeners Company. A short Chronological History 1605-1907 (London 1 9 0 8 ) . 1. J .
2.
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verzehrt die Gardeners Company bei ihrem Festessen kein Gemüse 1624 wollen die Fruiterer vor Importen geschützt werden Allerdings reichte im 17. Jahrhundert St. Pauls Church Yard als Obstund Gemüsemarkt nicht mehr aus, und der vierte Earl of Bedford wurde mit einem neuen Markt in Covent Garden privilegiert. Das Problem bleibt offen. Milch ist in unmittelbarer Nähe der Stadt erzeugt worden. Stow erzählt 1603, wie er bei seinem Bauern Milch einkauft. Unter dem Einfluß des Londoner Kapitals und spezifischer Organisation entwickelten sich in Hertfordshire, Essex, Kent und Surrey die Käse-, Butter-, Hühner-, Eier- und Schinkenproduktion. Man spricht von den Molkereibauern von Suffolk 3 . Gegen Ende des' 17. Jahrhunderts greift die Stadt weit aus. Zwanzig Schiffe der Cheesemongers bringen Käse von Liverpool und Chester heran 6. Es liegt auf der Hand, daß eine Nachfrage dieses Grades nicht im direkten Verkehr von Erzeuger und Verbraucher befriedigt werden kann. Eine Kette von Zwischenhändlern, die Zunftgerechtigkeiten der City durchbrechend, mußte sich allein darum bilden, weil der städtische Handel in steter Konkurrenz zu den Surveyors des königlichen Haushalts und den Kommissaren der Streitkräfte um die begehrten Lebensmittel nachfragte. Das "book of orders" von 1587 mit seinem Kontrollsystem des ländlichen Angebots konnte sinnvolle Verteilung nicht garantieren. Die Stadt hing ab von der Fähigkeit ihrer fixen Aufkäufer B. Das Getreide kam vom Erzeuger in die Hände der "mealmen," der Großmüller von Enfield, Hertford, Hatfield, Hitchin, St. Albans usw. und wurde dann den Großhändlern, den badgers und regrators, auf den Londoner Märkten übergeben Die öffentliche Meinung wurde nicht müde, diese Zwischenhändler zu verurteilen 7 . Sie setzten sich auf den Getreide-, den Mehl-, den Fisch-, dem Geflügel- und den Malzmärkten durch. Der Kleinhandel und das zünftische Gewerbe der "freemen" erwies sich als unfähig, 1 . J . C. DRUMMOND, A . W I L B R A H A M , The Englishmen's Food; Ch. W E L C H , History of Worshipful Company of Gardeners (London 1900). 2. A . W . G O U L D , History of the Worshipful Company of Fruiterers (London 1 9 1 2 ) . 3. C . W . S H A W , The London Market Gardens on Flowers, Fruits and Vegetables as grown for Market (London 1879); F . J . F I S H E R , The Development of the London Food Market, a.a.O. 4. The Cheese-Mongers Case relating to Dover Peer (Ende 17. Jahrhundert, Br.
Mus. 8 1 6 ^ 8).
64 5. B. P E A R C E , "Elizabethan Food Policy and the Armed Forces", Econ. Hist. Rev., Vol. X I I (194a). 6 . F . J . F I S H E R , The Development of the English Food Market, a.a.O. 7. The Baker's and Brewer's Warning-Piece... (1662); Hugh A L L E Y , A Caveat for the City of London... (1598).
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nicht nur die Stadt von außen zu versorgen, sondern auch die Waren zu verteilen. Darum traten Tausende von "hucksters" auf, die Geflügel, Butter, Fleisch, Gemüse, Brot, aber auch Böttchererzeugnisse in die Häuser trugen und auf den Straßen feilboten, so daß sich der Kleinhandel genötigt sah, diese Konkurrenz unter Vertrag zu nehmen und auf eigene Rechnung zu beschäftigen. Uberall, im Bäckergewerbe, bei den Gardeners und Fruiterers und im Braugewerbe dienten Unzünftige der Versorgung der Metropole Am Ende unserer Zeit, in der Mitte des 17. Jahrhunderts, wird das erste Kaffeehaus in London gegründet. Mit Import und Reexport von Plantagengütern beginnt ein Zeitalter neuer Verbrauchsgewohnheiten, ein neuer Abschnitt zugleich in der Geschichte der englischen Handelsbilanz und Londons als Konsumzentrum.
1.
The Case of Fishermen (Ende 17. Jahrhundert, Br. Mus.
P A Ä D , E. NEWTON, The Story of Bread (London 1 9 5 7 ) ; tory oj tht Worshipfod Company of Bakers of London.
816 —
S. THRUPP,
8);
R.
SHEP-
A Short His-
DIE V E R S O R G U N G DER STÄDTE IM SPÄTEN U N D IN DER
OBERDEUTSCHEN MITTELALTER NEUZEIT
von Dr. H .
Mauersbero
(München)
Bei dem angekündigten Thema* "Die Versorgung der oberdeutschen Städte im späten Mittelalter und in der Neuzeit" müsste in der Darstellung zunächst einmal darauf abgestellt werden, den Terminus "Versorgung" näher abzugrenzen. Unter Versorgung kann in diesem Falle nicht allein die Bereitstellung der unbedingt zur menschlichen Existenz notwendigen Nahrungsmittel unter Einschluss einiger weniger wichtiger Gebrauchsgüter, wie z.B. von Feuerung oder auch Bauholz, also die zur Errichtung und Erhaltung menschlicher Behausungen erforderlichen Materialien verstanden werden, sondern man muss unter diesem Wort auch das vielfaltige Angebot von Wirtschaftsgütern der verschiedernsten Art begreifen, ohne die eine bürgerliche Existenz in den Städten dieser Epoche einfach undenkbar gewesen wäre. Soweit in die vorliegende Aufgabenstellung alle in Oberdeutschland gelegenen Städte einbezogen sind, stellt sich das Problem ganz *. Eine ausfuhrliche Darstellung ökonomie und StatLlik, 1966.
erschien in den Jahrbüchern für
National-
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DR. H.
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offensichtlich als zu allgemein. Man muss angesichts der grossen Zahl, bei gänzlich unterschiedlichen Qualitäten, notwendigerweise differenzieren und eine Klassenunterscheidung von zumindest drei Formen und Grössenordnungen treffen, wobei die unterste Stufe von den vielen kleinen Ackerbürgerstädten gehalten wird, deren Einwohner der Hauptsache nach noch dem bäuerlichen Lebensbereich zugewandt, und in denen nur ganz wenige handwerkliche Gewerbe vorhanden waren. Die Selbstversorgung der bäuerlichen Existenz, der Oikosbetrieb gleichsam, spielt hier in der materiellen Versorgung der Einwohner noch weitgehend die Hauptrolle. Diesen eigentlich nur vc/grösserten dörflichen Siedlungen vorrangig zugeordnet war die zu recht erheblicher Anzahl schon anzutreffende Amts-oder Gerichtsstadt, deren Bürger aber immer noch zu einem grossen Teil auch der Urproduktion von Fcltlfrücliten und Gartenarbeit in reichlichem Masse zugetan waren, wenn auch schon innerhalb ihres gerichtlichen und administrativen städtischen Bannbereiches ein wesentlich stärkergegliedertes Gewerbe vorhanden war, das sowohl als produktives, meistens unter der Spezialbezeichnung der "wirkenden Hand" benannt, in Erscheinung trat, wie in Ergänzung zu den auch in ihnen, wenn auch in einer meist schwächeren Besetzung vorhandenen Angehörigen der Gruppe der "werbenden Hand", also den Kaufleuten, die aber zumeist nur Detaillisten, also kleine Krämer waren. Diesen beiden in einer grossen Menge als untergeordnete Gruppe bestehenden städtischen Gemeinwesen war eine, gleichsam auf dem ersten, dem höchsten Rang stehende Klasse von Städten übergeordnet, die in ihrem Bürgerverband ein wirtschaftliches Potential vielfältigster Art und von hohem Leistungsstand in sich vereinigte, von deren intakter Wirksamkeit nicht nur alle näher gelegenen dörflichen Siedlungen, oder kleineren wie auch mittleren kommunalen Gemeinwesen abhingen, sondern deren Funktionen sogar weltweit eingewoben waren in das überstaatliche Wirtschaftsgeschehen der damaligen Zeit überhaupt. In diesen Städten, von denen einige über eine recht ansehnliche Bevölkerungszahl verfugten, die bereits zu Beginn der Neuzeit schon oft über i o ooo und bei manchen sogar fast 20 000 Menschen und darüber zählten, verdichtete sich das Problem der Versorgung mit den notwendigen Lebensmitteln, Waren und sonstigen Gebrauchsgütern, die zur Erhaltung der wirtschaftlichen Existenz dieser Gemeinwesen unbedingt vonnöten waren, zu einer schwierigen und grossen Aufgabe von erheblicher Differenziertheit, sowohl in Ansehung der jeweils in Frage stehenden Quantitäten wie auch Qualitäten. I n diesen grösseren städtischen Gemeinden waren zahlreiche Gewerbe zu Hause, deren Angehörige eben nicht nur für den lokalen
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oder engeren regionalen Markt arbeiteten, sondern, die, soweit sie dem produktiv tätigen Handwerk zugehörten, mit ihren erzeugten Gütern in erheblicher Weise auch exportintensiv sich betätigten und mühten. Mussten sie dagegen dem Stand der werbenden Hand, also der Kaufmannschaft zugerechnet werden, so war wohl nur ein bestimmter Teil von ihnen, aber zu einem keineswegs immer überwiegenden Prozentsatz als Krämer, Höker oder Tändler fiir den örtlichen Bedarf tätig, während der Hauptteil von ihnen, vor allem aber der kapitalkräftigere und angesehenere sich weitgehend dem grösseren überörtlichen Marktgeschehen sowohl im Geld-, wie im Fertigwaren-, bzw. im reinen Rohstoffhandel oder auch im Speditionswesen widmete. Die Bereitstellung aller nur hierzu erforderlichen materiellen Gegebenheiten und Voraussetzungen war vom Standpunkt dieser Fernhändler wieder hineingewoben in ein räumlich weit ausgelegtes Kaufmannsgeschäft mit einer unter den gegebenen Umständen fest aufgerichteten Ordnung des Verkehrs-, Geleits-und Nachrichtenwesens, dessen Störung durch Ursachen welcher Art nur immer mit Notwendigkeit auch eine Verprellung und Verengung der allgemeinen europäischen oder gar weltwirtschaftlichen Lage zur Folge haben musste und in dieser Misslichkeit auch die von ihnen abhängigen mittleren und kleineren Städte und selbst die dörflichen Siedlungen in Mitleidenschaft zog. Aus sich selbst heraus konnten aber alle diese grossen städtischen Gemeinwesen weder die zum Unterhalt ihrer zahlreichen Bevölkerung erforderlichen Lebensmittel, noch die sonstigen notwendigen Existenzbedürfnisse bereitstellen, auch waren die zuträglichen Quantitäten oder Qualitäten nicht einmal immer nur aus der nächsten Nachbarschaft herbeizuschaffen und abzudecken. Diese grossen Städte waren eben zugleich Ein-und Verkaufsmarkt für sich selbst und ebenso auch noch für viele andere wirtschaftlich nachgeordnete städtische Gebilde oder sonstige Siedlungskomplexe, gleichsam in einer Art von Selbstidentifikation des Begriffes und Wesens Markt überhaupt. War das Getreide, das Vieh, die Edel-oder Nichtedelmetalle, die Wolle, der Hopfen, das Holz, das Salz auf dem Markt dieser Städte infolge von Missernten, Kriegs-, Pestilenz-oder sonstigen Notzeiten, also aus in wirtschaftlicher Hinsicht sich eben negativ auswirkenden Anlässen knapp, so war es gleichzeitig zumeist nicht nur auch in ihrem eigenen Hinterland rar und teuer, sondern oft auch noch im weit entfernten Raum eingeschränkt und im Preis hochstehend. Nicht minder vermochten sich aber auch sonst in ökonomischer Hinsicht durchaus positiv auswirkende Ursachen als marktverengende und preissteigernde Faktoren damals bemerkbar zu machen, wie es z.B. aus geschichtlichen Berichten über Zeiten des hochgehenden Bedarfs zu entnehmen ist, die davon Kunde geben, welche Schwierig-
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keiten die grossen Rcichsversammlungen in Städten wie Frankfurt a.M., Nürnberg und Augsburg bei der Bereitstellung mit Waren des täglichen Bedarfs oft im Gefolge hatten, oder wie die aus anderen Anlässen in diese häufiger zahlreich einströmenden Menschenmassen eine grosse Nachfrage an Lebensmitteln und Gütern des gehobenen Bedarfes erwirkten, und damit oft gleichzeitig eine gewisse Mangellage in diesen Dingen. Man denke in diesem Zusammenhang nur an die Abhaltung der grossen Messen oder auch an die weltweiten Zusammenkünfte kirchlicher Würdenträger, wie es sich ganz offensichtlich anlässlich der zu Basel oder Konstanz abgehaltenen Konzilien ereignete. Denn der Automatismus einer sich selbst regelnden Wirtschaft war den Gewerbetreibenden dieser Bürgergemeinden trotz ihrer geltenden genossenschaftlichen Grundordnung des Zunftsystems ein nicht völlig fremdes ökonomisches Element und er stand auch gerade zu dieser Epoche des ausgehenden Mittelalters und in den folgenden ersten Jahrhunderten der Neuzeit in besonderen Fällen und aus bestimmten Anlässen auf den gefreiten Märkten durchaus in Geltung. In mancher Beziehung hat es sogar als spezielles Charakteristikum dieser grossen Handelsstädte gegolten, deren vornehmste Glieder noch im Stand einer staatsrechtlichen Unabhängigkeit und Freiheit existierten. Konkretisiert man dieses System der auf weite Distanz miteinander in engstem Handelsaustausch und Geschäftsverkehr stehenden Gemeinwesen durch Nahmhaftmachung bestimmter Individualitäten, so ist für die nördliche Begrenzung des diesem Thema vorgeschriebenen Raumes an Frankfurt a.M., Nördlingen und Mainz zu denken, in östlicher an Nürnberg und Regensburg, in südlicher an Augsburg, Ulm, Ravensburg und Konstanz, dem in zeitlicher wie staatsrechtlicher Hinsicht mindestens noch bis zum ersten Drittel des 16. Jahrhunderts sich die Stadt Basel zugehörig betrachtete, sodann noch die im Südwesten und Westen belegenen Städte Freiburg, Colmar und Strassburg. Ihnen unmittelbar verbunden waren aber noch Städte wie München, Stuttgart, Heidelberg, Würzburg und Bamberg und darüber hinaus noch aus dem oberdeutschen Raum etwas hinausreichende Städte, wie Salzburg oder Innsbruck. Für sie alle reichte weder zu normalen Zeiten noch in aussergewöhnlichen Epochen die aus ihrem unmittelbar zugehörigen Hinterland zu beschaffende Menge an Lebensmitteln zur Deckung des für die zahlreiche Einwohnerschaft auftretenden Bedarfes aus, ebenso wie aus diesem nachbarlichen Raum für die grosse städtische Bevölkerung die erforderlichen Rohstoffe für zahlreiche produktive städtische Gewerbe nicht allein bereitzustellen war. Zumeist mussten diese Rohstoffe und Güter aus dem grossen Handelsstrom gespeist werden, wie er in noch heute
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nachweisbaren Bahnen über geographisch zumeist recht weite Räume hin auch schon in der damaligen Zeit zirkulierte. Ihre örtlich extremen Endpunkte erstreckten sich entweder bis tief in den Balkan oder nach Italien und Spanien, bzw. nach Frankreich, den Niederlanden oder auch nach Nord-und Ostdeutschland, sowie nach Polen, Skandinavien oder Russland hinein. Die Wolle oder Rohseide fiir die verschiedenen zahlreichen städtischen Textilgewerbe, der Hopfen und die Gerste fiir das bürgerliche Brauwesen, das Salz oder Korn fürs tägliche Brot, das Eisen und Kupfer fiir die bürgerlichen Feuerhandwerker, das Holz fiir die Maurer und Tischler, das Leder fiir die Lederhandwerker, alle diese wichtigen Mittel und notwendigen Grundmaterialien, die sowohl zum Erhalt der leiblichen Existenz, wie auch fiir das bürgerliche Erwerbsleben dringend erforderlich waren, standen nicht den Bürgern dieser Städte im direkten Zugriff aus der unmittelbaren Umgebung oder gar aus ihren eigenen städtischen Bannbereichen allein zur Verfugimg. Im Gegenteil sie, die Bürger, hatten ausser fiir sich selbst gerade noch fiir viele Menschen des angrenzenden offenen flachen Hinterlandes und oft noch fiir viele Städte im näheren oder weiteren Umkreis bis zu Distanzen von 50, 100 oder noch mehr Kilometern im Hinblick auf deren wirtschaftliche Existenz Mitsorge zu tragen und damit zu einem gewissen Part auch deren materielle Versorgung mit sicher zu stellen. Diese Zufuhr an zahlreichen Wirtschaftsgütern war eben auch schon damals in das wohlfunktionierende System eines überörtlichen Marktgeschehens hineingestellt, von dem aber Bürger aller städtischen Gemeinwesen, auch der unterschiedlichsten Grössenklassen, in aktiver wie in passiver Hinsicht, also sowohl als Subjekte wie auch als Objekte, im Geben und Nehmen zugleich, abhingen. Die Quellenlage vorhandener Archivalien aus manchen dieser grossen städtischen Gemeinwesen ermöglicht noch heute die Hauptlinien dieser örtlich gebundenen wie überregionalen grossräumigen Marktfunktionalität in Ansehung der Versorgungslage dieser Städte nachzuweisen, ebenso wie aus der Dokumentation dieser vorliegenden Akten Übersichten zu gewinnen sind, die in ihren demographischen und gewerbestatistischen Daten deutlich erkennen lassen, wie das Versorgungssystem der oberdeutschen Städte in allen drei möglichen Grössenklassen sowohl auf Grund der recht unterschiedlichen Einwohnerzahlen als auch nach dem Stand der verschiedenen Berufsgruppen, deren Gliederung nach dem Prinzip der qualitativen Arbeitsteilung vielfaltig in sich aufgefächert war, im ausgehenden Mittelalter, zu Beginn der Neuzeit und in den folgenden Jahrhunderten wirklich beschaffen war. Diese vorhandenen Quellen geben eben noch heute darüber Aufschluss, wieviel Konsumenten und Produzenten jeweils während der in Frage stehenden Geschichtsepoche vorhanden waren,
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ferner, worauf die städtischen Einwohner ihre Existenz beruflich gründeten, und woher sie sich schliesslich auch die materiellen Mittel für ihren Lebensunterhalt und ihre Arbeit besorgten. Hierdurch wird sich erweisen, dass für den angesprochenen Raum und Zeitabschnitt das System einer reinen Oikoswirtschaft oder das einer autark verengten, aber wohl möglichst geschlossenen Stadtwirtschaft in keiner Weise mehr existent gewesen ist.
DIE FLEISCHVERSORGUNG DER NORDWESTEUROPÄISCHEN GROßSTÄDTE UNTER BESONDERER BERÜCKSICHTIGUNG DES INTERTERRITORIALEN RINDERHANDELS * von Dr. H.
WIESE
(Güttingen)
Die Fleischversorgung der Großstädte in früherer Zeit hat in der wirtschaftsgeschichtlichen Forschung bislang wenig Beachtung gefunden. Die Forschungen der Wirtschaftshistoriker kamen mit weitem Vorrang dem Getreidehandel und der Getreidehandelspolitik der Städte und Landesherren zugute. So liegen Untersuchungen über den Viehhandel und die Fleischversorgung kaum vor, obwohl die Viehhaltung und insbesondere die Rinderhaltung in einigen Gebieten Europas über längere Zeiträume hinweg weit größere Bedeutung besaß als der Getreidebau. Bereits ausgangs des 15. Jahrhunderts hatte sich, durch natürliche und ökonomische Verhältnisse bedingt, eine räumliche Differenzierung in der Erzeugung der Agrarprodukte vollzogen. Was den Standort der Fleischproduktion anbelangt, so lagen die Aufzuchtgebiete fern von den Verbrauchszentren. Da die Tiere aber auf dem Marsch zu den Großstädten einen beträchtlichen Teil ihres Gewichtes einbüßten, erfolgte die Mast vorwiegend erst in der Stadtnähe. Die Richtung des Rinderhandels ging also von den marktfernen Aufzuchtgebieten zu den marktnahen Mastgebieten und von hier in die Großstädte. Die typischen Aufzuchtgebiete für mastfahige Ochsen lagen am Rande des europäischen Wirtschaftsgebietes. Im Norden bei Jütland, den dänischen Inseln und Schonen beginnend, breiteten sie sich über Polen, Böhmen und Ungarn nach dem Süden aus und erfaßten sogar Teile Rußlands und Rumäniens. Während aus dem ost - und südosteuropäischen Raum die mittel - und süddeutschen Großstädte *. Eine ausführliche Danteilung erschien in den Jahrbüchern für Nationalökonomie und Statistik, 171 Bd., 1966.
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mit Fleisch versorgt wurden, erfolgte die Aufzucht der Rinder für die nordwesteuropäischen Verbrauchszentren im dänischen Raum und auf dem Geestrücken entlang der Nordseeküste. Diese Gebiete versorgten bis in das 19. Jahrhundert hinein die Mastgebiete der inneren Weidezone, die Nordseemarschen, Ostund Westfriesland und die fruchtbaren Flußniederungen mit Magervieh. Den Sommer über fettgeweidet, fand dieses im Herbst in den nahen Städten Absatz. Obwohl sich die Tiere selbst transportierten, dürfte die Organisation des Viehtransportes große Probleme beinhaltet haben. Ehe die Tiere an ihrem Bestimmungsort anlangten waren Entfernungen zu überbrücken, die einen drei- bis vierwöchigen Marsch erforderten. Während dieser Zeit mußten die Tiere beisammengehalten, gefuttert und nachts gelagert werden. Eine Herde — die Tiere wurden lose getrieben — zählte etwa 250 bis 400 Ochsen, die in mehreren kleinen Gruppen zu je 40 bis 50 Stück, für die jeweils zwei Treiber zuständig waren, hintereinander getrieben wurden. Dem langen Zug eilte der "Reisemarschall" voraus, der für Unterkunft und Verpflegung von Mensch und Tier zu sorgen hatte. Im 15. Jahrhundert und zu Beginn des 16. Jahrhunderts, als die Viehlieferungen von Dänemark größere Ausmaße erreichten, wird es nicht immer leicht gewesen sein, Mensch und Tier unter Dach zu bekommen. Hundert Jahre später waren entlang der "Ochsenwege" in regelmäßigen Abständen "Ochsenkrüge" entstanden, wo die Treiber ihr Unterkommen und die Tiere getränkt und gefuttert werden konnten. Die Organisation, der Umfang und die Preisentwicklung im nordwesteuropäischen Rinderhandel waren Gegenstand einer Untersuchung, die der Verfasser 1963 abgeschlossen hat. Nach Auswertung der Rendsburger und Gottorfer Zollisten sowie anderer Archivalien unterlag die Gesamtrinderausfuhr Dänemarks, Schleswigs und Schonens während des Untersuchungszeitraumes von 1480 bis 1810 folgenden Schwankungen :
ZEITSPANNE
A N Z A H L DER EXPORTIERTEN RINDER
1480 -
1500
etwa
1500 1540 1580 1600 1630
-
1540 1580 1600 1620 1630
etwa
1630 1790 -
1790 1810
2 0 OOO 3 0 OOO 4 5 OOO-5O OOO 3 0 OOO-35 0 0 0 5 5 0 0 0 - 6 0 000
etwa
35 ° O ° 2 0 0 0 0 - 3 0 000
über
30 000
Stck. — — — — — —
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Der Gesamtexport an Ochsen belief sich zur Blütezeit des Rinderhandels, d.h. vor Ausbruch des Dreißigjährigen Krieges, auf 55 000 bis 60 000 Stück pro Jahr. Etwa 75 Prozent davon wurden über die Elbe gesetzt und bis in die friesischen und niederländischen Mastgebiete getrieben. V o n hieraus wurde K ö l n und das Verbrauchszentrum Amsterdam mit Fleisch versorgt. Etwa ein Viertel wurde auf den Marschen nördlich der Elbe fettgegräst und diente der Versorgung Hamburgs und Lübecks. Genaue Zahlen über das jährlich in Hamburg geschlachtete V i e h liegen erst ab 1700 vor. Z u dieser Zeit belief sich der jährliche Konsum Hamburgs auf durchschnittlich 12 000 Ochsen, 800 bis 900 Kühe, 7 000 bis 1 o 000 Kälber, 25 000 bis 30 000 Schafe und 30 000 bis 35 000 Schweine. Bei einer Einwohnerzahl von 70 000 bis 75 000 ergibt sich ein jährlicher Fleischverzehr von etwa 60 kg j e Einwohner, d.h. es wurde um 1700 etwa ebenso viel Fleisch gegessen wie heute in der Bundesrepublik Deutschland. Nur ein Drittel davon (21 kg) wurde als Frischfleisch von den Metzgern geliefert. In der Hauptsache wurde der Fleischbedarf durch die Hausschlachtungen der Bürger gedeckt. Etwa 8 000 Ochsen und 25 000 Schweine wurden zu Beginn eines jeden Winters innerhalb weniger Wochen mit festlichem Aufwand in den Bürgerhäusern geschlachtet. Eine wertmäßige Vorstellung über den Umsatz auf dem Hamburger Viehmarkt kann aus den ersten Jahren des Dreißigjährigen Krieges vermittelt werden. Für die Zeit von 1620 bis 1637 sind die Einnahmen aus der Hamburger Viehakzise, die sich nach dem Kaufpreis richtete, erhalten. Im Durchschnitt wurde im Jahr für 266 640 Reichstaler Vieh geschlachtet oder, über den Silbergehalt der Münzen umgerechnet, für etwa 1,5 Millionen Reichsmark. Die Einwohnerzahl Hamburgs belief sich zu dieser Zeit auf ca. 40 000. Die Zahlen der Lübecker Hausschlachtungen konnten aus den Ochsenakzisebüchern der Stadt, die für die Jahre 1664 bis 1811 überliefert sind, gewonnen werden. Bei etwas über 20 000 Einwohnern bewegen sich die privaten Hausschlachtungen zwischen 2 000 und 3 000 Ochsen pro Jahr. Wieviel Tiere im Schrangen (Schlachthof) geschlachtet wurden, konnte für Lübeck nicht ermittelt werden. Der jährliche Gesamtverbrauch dürfte bei 5 000 Ochsen gelegen haben. Diese wurden aus den schleswig-holsteinischen Marschgebieten herangeführt. Nach der Zunftrolle der Lübecker Knochenhauer aus dem Jahre 1385 wurden die Tiere vorwiegend in Flensburg, Schleswig, Meldorf, Itzehoe und " i n den vrezen" (Friesland) eingekauft. In den Zollrechnungen des 15., 16. und 17. Jhdts. werden als Heimatorte der Schlachtviehherdenbesitzer Tondern, Husum und die Dörfer der Marschgebiete angegeben. Darüber hinaus liefen regelmäßig baltische Schiffe den Lübecker Hafen an, die in Tonnen eingesalzenes Fleisch anlandeten.
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A u f dem Lübecker Viehmarkt versorgten sich aber nicht nur die Einheimischen mit V i e h , auch aus anderen Städten, namentlich aus Lüneburg und Göttingen, traten Einkäufer auf. Die Fleischversorgung Amsterdams erfolgte wie bei H a m b u r g und Lübeck durch Mastgebiete, die in keiner großen Entfernung zur Stadt lagen. Das Aufzuchtgebiet der mastfahigen Ochsen war aber der dänische R a u m . Hierin lag ein Risiko für die kontinuierliche Belieferung des holländischen Marktes. Unsichere politische Verhältnisse, Streitigkeiten und Fehden der Städte und einzelner Gebiete konnten die Belieferung erschweren oder ganz z u m Erliegen bringen. Das in den einzelnen Jahren mitunter stark schwankende Handelsvolumen spiegelt diese Ereignisse deutlich wieder. Langfristig gesehen verbirgt sich hinter den säkularen Schwankungen des Ochsenhandels das A u f und A b der gesamtwirtschaftlichen Entwicklung. Der Ochsenhandel war so Jahrhunderte lang ein Indikator des Wirtschaftslebens. Genaue Zahlen über den Amsterdamer Fleischverbrauch können nicht gebracht werden. Neben der Eigenversorgung diente hier das Fleisch der geschlachteten Tiere auch zur Proviantierung der Schiffe. Ein Zeitgenosse berichtet, daß in Amsterdam jährlich allein 2 000 Ochsen für die Ostindienfahrer geschlachtet, d.h. etwa 400 000 kg Fleisch an Bord geschafft wurden. Einen Anhaltspunkt für den Gesamtbedarf des niederländischen Verbrauchzentrums bietet vielleicht die Anzahl der Ochsen, die über die Elbe geschlagen und nach Friesland und den Niederlanden getrieben wurden. Diese Zahl bewegte sich von 1560 bis 1620 zwischen 25 000 und 35 000 Stück pro Jahr. N a c h dem Dreißigjährigen Kriege waren es nur noch knapp 20 000 Tiere. Hinzugerechnet werden muß noch die linkselbische Eigenproduktion an Jung- und Mastrindern. Andererseits wurde aber von Friesland und den Niederlanden aus auch der Kölner Markt mit Fleisch beliefert. Kölns Fleischvcrsorgung gestaltete sich ungleich schwieriger als die der bisher genannten Großstädte, denn auch die schlachtreifen Tiere mußten über weite Strecken herangeschafft werden. Die Fleischversorgungspolitik der Stadtväter war daher verständlicherweise in erster Linie auf die Sicherung der Zufahrtswege bedacht. Immer wieder berichten die Akten, d a ß V i e h auf dem Wege nach Köln geraubt oder d a ß Territorialherren um freies Geleit für die Ochsentrift angegangen wurden. U m den Fleischbedarf der Bevölkerung — jährlich 6 000 bis 8 000 Ochsen — zu sichern, war K ö l n sogar bereit, sein eigenes Recht zu schmälern. So wurde den Bürgern von Zwolle und Nymwegen gegen Ende des 15. Jahrhunderts wiederholt freies Geleit zugesichert, obwohl diese Städte ihre Schulden an Kölner Bürger nicht bezahlt hatten und ihr Vieh in Köln hätte gepfändet werden können.
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Nach der Morgenansprache des Kölner Rates über den Ochsenhandel vom 24. Oktober 1492 standen in Köln sowohl dänische, friesische und eiderstädtische als auch polnische, ungarische und russische Ochsen zum Verkauf. Bei oberflächlicher Betrachtung könnte der Eindruck entstehen daß einmal die Fleischversorgung der Großstädte in früherer Zeit wenig Schwierigkeiten bereitet hätte — für Hamburg und Lübeck mag dies zutreffen, denn diese Städte lagen in unmittelbarer Nähe der Aufzucht- und Mastgebiete — , zum anderen könnten die Ausfuhrungen den Anschein erwecken, daß unsere Vorhafen reichlich mit Fleisch versorgt waren und auch ihren Nahrungsbedarf zum großen Teil mit Fleisch deckten. Das war ausgangs des Mittelalters wohl noch der Fall, aber die sinkende Kaufkraft breiter Konsumentenschichten, die mit der starken Bevölkerungszunahme und der Preisentwicklung im 16. Jahrhundert einherging, führte zu einer Einschränkung des Fleischverzehrs. Es gibt zahlreiche Beispiele dafür, daß die zwar ebenfalls teurer gewordenen aber je Nährwerteinheit immer noch billigeren zerealen Nahrungsmittel die Fleischspeise verdrängten. Andererseits wird aus dieser Zeit auch über einen unvorstellbar hohen Fleischverbrauch an Hochzeiten, Doktorfeiern und ähnlichen Festen berichtet. Wohlleben und Hunger standen seinerzeit krasser als heute nebeneinander, besonders in den Großstädten. Seit der Mitte des 16. Jahrhunderts liegen zahlreiche Nachrichten vor, die von einer allgemeinen Fleischnot im deutschen Raum berichten. So wurden beispielsweise Preistaxen erlassen, um ein starkes Ansteigen der Fleischpreise zu verhindern, es wurden zusätzliche Fasttage eingeführt, die Gaststätten zur Einschränkung der Abgabe von Fleischgerichten angehalten, durch Verbote und Zölle sollte die Viehausfuhr aus dem eigenen Herrschaftsbereich unterbunden werden usw. Zeitweilig sahen sich die süddeutschen Landesherren gezwungen, ihre Beauftragten in die Mastgebiete der Nordseeküste zu schicken, um hier ihren Fleischbedarf einzukaufen. In den Gottorfer Zollrechnungen dieser Zeit sind der Markgraf von Nürnberg, der Graf von Nassau und die Kurfürsten von Sachsen und Brandenburg wiederholt als Eigentümer von Mastochsenherden eingetragen. Alles dies bestätigen die Nachrichten über eine, wie es scheint, allgemeine Fleischnot seit der Mitte des 16. Jahrhunderts. Der Rückgang des Fleischverzehrs je Kopf der Bevölkerung, erzwungen durch die sinkende Kaufkraft, wurde anscheinend durch das starke Bevölkerungswachstum kompensiert, so daß der Gesamtbedarf annähernd gleich geblieben sein dürfte. Aber die Fleischzufuhr aus dem südosteuropäischen Raum war durch die Verheerungen der Türkenkriege und die anschließenden politischen und religiösen Wirren in Ungarn bzw. den österreichischen Erblanden fast völlig zum Erliegen gekommen. Die starke Ausdehs
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nung der nordeuropäischen Viehproduktion in der zweiten Hälfte des 16. Jahrhunderts vermochte diese Lücken anscheinend nicht zu schließen. Die unbefriedigte Nachfrage nach landwirtschaftlichen Produkten in der zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts fand in der Preisentwicklung ihren Niederschlag. Auch die Mastochsenpreise wurden von der allgemeinen Entwicklung erfaßt. Aus über 270 000 gesammelten Einzelpreisen für Schlachtochsen, die auf dem Kölner, Hamburger und Lübecker Markt von 1470 bis 1820 gehandelt wurden, kann die säkulare Preisentwicklung für Schlachtrinder während dieses Zeitraumes vorgelegt werden. Etwa 200 g Silber mußten um 1500 für einen Ochsen gezahlt werden. 1620 erreichte der Preis eine für die damalige Zeit wahrhaft schwindelerregende Höhe von über 900 g Silber. Er fiel in der Depression des 17. und 18. Jahrhunderts auf 300 bis 400 g Silber zurück und stieg um 1800 wieder auf etwa 800 g Silber an. Das sind die markanten Punkte in der Preisentwicklung für Schlachtochsen. U m 1800 trat ein Wandel in den Verzehrgewohnheiten der großstädtischen Bevölkerung ein, denn die Zahl der Hausschlachtungen ging mehr und mehr zurück (in Lübeck haben diese nach der Franzosenzeit ganz aufgehört), zugunsten einer stärkeren Nachfrage nach Frischfleisch. Es mögen verschiedene Gründe mitgespielt haben, daß die Sitte des häuslichen Einschlachtens immer mehr schwand. Vor allem wandten sich Aufrufe und Publikationen von ärztlicher Seite her gegen eine Ernährung auf Grundlage von eingesalzenem Fleisch — nach damaliger Ansicht der Ärzte sollte dadurch der Skorbut hervorgerufen werden — , andererseits erfolgte mit der Zeit ein reichhaltigeres und besseres Frischfleischangebot von Seiten der Metzger. Es war nicht nur bequemer, frisches Fleisch vom Metzger zu holen, das zudem auch noch wohlschmeckender war, es wurde auch nicht viel teurer, wenn man alle Ausgaben zusammenrechnete, die mit dem Einschiachten verbunden waren. Nicht nur der Rückgang der Hausschlachtungen in Lübeck, auch die starke Zunahme der gewerblichen Schlachtungen in Frankfurt bestätigen den Wandel im Fleischverzehr — vom gesalzenen Fleisch zum Frischfleisch.
DIE VERSORGUNG DER GROßSTÄDTE DES RUHRGEBIETES IM 19. UND 20. JAHRHUNDERT von Helmuth CROON (Krefeld)
Von der Gegenwart aus gesehen unterscheiden sich die großen Städte des Ruhrgebietes, wenn man von den durch die geographische Lage bedingten Besonderheiten absieht, im Bereich der Versorgung nicht von den anderen großen Städten im Rheinland und Westfalen. Sie sind auf Zufuhren angewiesen, um die mehr als vier Millionen Menschen in der ausgedehnten Stadtlandschaft zwischen Duisburg und Hamm, der Ruhr im Süden und der Lippe im Norden zu versorgen. Verfolgt man jedoch den Wandel, der sich im Bereich der Versorgung von der Mitte des 19. Jahrhunderts bis zur Gegenwart vollzogen hat im einzelnen, so ergeben sich Gemeinsamkeiten, aber auch Unterschiede, die sich durch die verschiedenartige, noch heute im Siedlungsbild erkennbaren Entwicklung der Städte, die andersartige Zusammensetzung der Bevölkerung in früheren Jahrzehnten ergaben. Zu Beginn der 50er Jahre des vorigen Jahrhunderts gab es im Rheinland und Westfalen nur eine Großstadt im modernen Sinne : Köln, das als Festung in seiner räumlichen Ausdehnung behindert, über den mittelalterlichen Stadt-mauerring nicht hinausgewachsen war.
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Mehr als 40 000 Einwohner hatten die vornehmlich von der Textilindustrie geprägten Städte Aachen, Elberfeld, Barmen und Krefeld. Im Bereich des heutigen Ruhrgebietes gab es bis zur Mitte der 40er Jahre nur Klein-und Mittelstädte, deren größte Duisburg noch keine 8 000 Einwohner hatte. Bochum, Dortmund und Recklinghausen waren beschauliche, in der Entwicklung zurückgebliebene ländliche Kreisstädte, deren Bürger in der zur Stadt gehörenden Feldmark Gärten und Felder hatten, ihre Kühe täglich auf die Gemeindeweide treiben ließen. Nur in den rheinischen Städten Duisburg, Mülheim und Ruhrort bestanden bereits größere gewerblich-industrielle Unternehmen. Nördlich des Hellweges zwischen Emscher und Lippe gab es nur Dörfer und Bauernschaften. Mit dem Vordringen des Bergbaues nach Norden, dem Bau der ersten Hüttenwerke begann sich der Charakter der Städte zu ändern, sie wurden zu Industriestädten, deren Einwohnerzahl seit den 70er Jahren vor allem in starkem Maße zunahm. Dortmund und Essen hatten vor der Jahrhundertwende bereits 100 000 Einwohner, bevor sie ihr Stadtgebiet durch Eingemeindungen vergrößerten. Von den 11 Großtädten des Rheinlandes und Westfalens im Jahre 1905 lagen im Ruhrgebiet allein fünf, im übrigen Rheinland sechs Großstädte. Während aber Köln, Aachen, Krefeld und Düsseldorf, deren Wohnbereich beträchtlich gewachsen, von einem großen landwirtschaftlichen Hinterland umgeben waren, selbst im gewerbe- und städtereichen bergischen Land die Landwirtschaft noch eine erhebliche Rolle spielte, waren den Großstädten des Ruhrgebietes Industriegemeinden benachbart, deren größte wie Borbeck und Altenessen, heute Vororte von Essen, sowie Bottrop und Buer mehr als 30-40 000 Einwohner hatten. Sie waren in wenigen Jahrzehnten gewachsen, seitdem in ihrem Gebiet die ersten Großschachtanlagen mit einer Belegschaft von 34 000 Mann entstanden waren. A m stürmischsten war die Entwicklung in Hamborn verlaufen, das binnen zweier Jahrzehnte aus einer Gemeinde mit wenigen tausend Einwohnern zum größten Dorf Preußens mit 100000 Einwohnern heranwuchs, bevor es 1911 im rechtlichen Sinne Stadt wurde. Im Zuge der gemeindlichen Neugliederung des rheinisch-westfälischen Industriegebietes entstanden in den 20er Jahren die Großstädte der Gegenwart, von denen Köln und Dortmund flächenmäßig größer als die kleinsten Landkreise im Rheinland und in Westfalen sind. Kennzeichnend für die westfälischen Städte des Ruhrgebietes ist, daß sich zwischen dem enggebauten, räumlich ausgedehnten Stadtkern und den Industrievororten, sowie zwischen diesen sich noch große Bereiche landwirtschaftlich genutzter Flächen erstrecken, die zwar allmählich und in steigendem Maße für neue Wohngebiete beansprucht werden. Der rheinische Teil des Ruhrgebietes ist stärker bebaut und dichter besiedelt, die Land-
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Wirtschaft ist aus ihm weitgehend verdrängt. Bedeutung hat sie in der Gegenwart nur in den beiden zum Ruhrgebiet gehörenden nördlichen Industrielandkreisen Dinslaken und Recklinghausen. Die tägliche Versorgung mit frischen Lebensmitteln — Gemüse, Obst, Milch, Butter, Eiern — bereitete bis zu den 70er Jahren keine Schwierigkeiten; selbst für die wenigen großen Städte wie Köln, Aachen und Düsseldorf war sie durch die ländliche Umgebung gesichert. Die Grenzlage Aachens hatte in dieser Hinsicht keine Bedeutung. Die Bauern kamen mit ihren Erzeugnissen in die Stadt, verkauften sie auf den Wochenmärkten. Sie lieferten die Milch unmittelbar an die Verbraucher, Händler aus der Stadt kauften aufdem Land Butter, Eier, auch Geflügel auf, brachten sie ihren Kunden ins Haus, oder verkauften sie in ihren kleinen Läden. Die Familien in der Stadt hatten ihren Bauern, der ihnen Obst und Gemüse zum Einmachen, die Winterkartoffeln lieferte. Von den Verwandten im heimatlichen Dorf am Niederrhein, in der Eifel, im Münsterland oder Sauerland, von dem sie in die Stadt gezogen, erhielten viele, insbesondere Handwerker und Arbeiter ihre Kartoffeln, ihren Kohl, den Anteil von der Schweineschlachtung, auch ein ganzes Schwein. Die Metzger kauften das Schlachtvieh in der Nachbarschaft bei den Bauern, Gutsbesitzern, fuhren nach Bedarf auch in weiter entlegene Dörfer, wie auch andererseits Bauern und Viehhändler ihr Vieh zum Verkauf in die Städte brachten. Bis zum Beginn des ersten Weltkrieges hat diese überlieferte Form der Versorgung auch noch in den Großstädten bestanden, vor allem in den Städten außerhalb des Ruhrgebietes und an seinem Rande. Die bäuerlichen Marktfrauen, der Buttermann, der Kartoffelbauer sind jedem vertraut, der vor dem ersten Weltkrieg in diesen Städten aufwuchs. Der Kolonialwarengroßhandel, der selbst seine Waren vornehmlich aus den Niederlanden bezog, versorgte von den großen Städten aus die Einzelhändler der kleineren Städte und Dörfer in einem weiten Bereich, von Aachen z. B. die Eifel und das Jülicher Land, von Krefeld und Duisburg den Niederrhein. Der Duisburger Großhandel verlor zwar sein altes Absatzgebiet im Bergischen Land, seitdem dieses — eine Folge des Eisenbahnbaues — von Düsseldorf aus günstiger beliefert werden konnte. Er fand aber im wachsenden Ruhrgebiet einen neuen, wenn auch räumlich begrenzteren Absatzbereich, da in Essen und Mülheim wie in Dortmund frühzeitig ein eigener und selbständiger Kolonialwarengroßhandel entstand. Die ersten durch die industrielle Entwicklung, das Wachsen der Bevölkerung bedingten Veränderungen in der überlieferten Versorgung zeigten sich im Getreidehandel. Seit den 60er Jahren reichten die Ernten der Warburger und Soester Börde nicht mehr aus, um den westfälischen Teil des Ruhrgebietes mit Getreide zu versorgen, wie auch die Zufuhren vom Oberrhein neben dem einheimischen Getreide
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der benachbarten Gebiete den Bedarf der rheinischen Städte nicht mehr decken konnten. Duisburg wurde zum Hauptumschlagplatz für das über die niederländischen Häfen rheinaufwärts eingeführte Getreide aus Rußland und Nordamerika, seit der Mitte der 8oer Jahre auch für argentinische Lieferungen. Neben und an Stelle der zahlreichen, seit den 40er Jahren entstandenen mittleren und kleineren Dampfmühlen, von denen einige noch in der Zeit vor 1914 das in ihrer unmittelbaren Nähe geerntete Getreide verarbeiteten, traten die Großmühlen in Dortmund, Witten und Duisburg, die durch ihre Lage am Rhein besonders begünstigt waren. Die Verlegung der Rossinyschen Mühlen von Witten nach Duisburg 1885 trug den veränderten Wettbewerbsbedingungen Rechnung. Die Großmühlen, die das Ruhrgebiet heute mit Mehl versorgen, liegen mit einer Ausnahme, einer Großmühle in Dortmund, alle in Duisburg oder auf der gegenüberliegenden Rheinseite in Homburg. Sie versorgen das Ruhrgebiet, aber zugleich auch weite Teile des Niederrheins. In den 60er Jahren entstanden in Essen und Dortmund auf privater Grundlage in der Nähe der Bahnhöfe die ersten Viehmärkte, auf denen größere Viehhändler Schlachtvieh, das sie auf den großen rheinischen Märkten in Köln und Neuß oder auch im Münsterland erworben hatten, den Metzgern anboten. Aus ihnen entwickelten sich die beiden Hauptschlachtviehmärkte des Ruhrgebietes, als 1884/85 in beiden Orten von den Städten neben den Schlachthöfen auch besondere Viehhöfe gebaut wurden, während die anderen Städte sich mit dem Bau von Schlachthöfen begnügten, aus hygienischen Gründen trotz des Widerstandes der Metzger den Schlachthofzwang einführten. Mit dem Wachsen der Bevölkerung dehnte sich seit den 8oer Jahren der Einzugsbereich der Städte für die Versorgung mit frischen Lebensmitteln und Fleisch, wenn auch in unterschiedlicher Weise aus. Mit der in den 90er Jahren durch den Bergbau bedingten Industrialisierung des Landkreises Recklinghausen schied dieser in zunehmenden Maße für die Versorgung der großen Städte am Hellweg aus. Das gleiche galt für die Gebiete am rechten und linken Niederrhein in die die Schwerindustrie gleichzeitig ihren Einzug hielt (Hamborn, Walsum, Dinslaken, Mörs und Rheinhausen). Hinzu kam, daß die linksrheinischen Gebiete vornehmlich den Bedarf der großen Industriestädte am Niederrhein zu decken hatten. Altüberlieferte und moderne Formen zeigte die Milchversorgung der großen Städte vor dem ersten Weltkrieg. Die Bauern in den Außenbezirken oder in der unmittelbaren Nachbarschaft der großen Städte lieferten wie bisher unmittelbar an die Verbraucher in die Stadt, bedienten sich aber auch der ständig steigenden Zahl der Milchhändler, die — eine Erinnerung an vergangene Zeiten — im westfälischen Teil des Ruhrgebietes auch heute noch "Milchbauer" genannt werden. Niedrige
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Kraftfutterpreise, hohe Schlachtvieh- und Trinkmilchpreise begünstigten das Entstehen der Abmelkwirtschaft in den stadtnahen Gebieten, besonders der westfälischen Städte, wie um Köln. Auf ihr beruhte vornehmlich — z. T. 80 % — die Milchversorgung der großen Städte vor dem ersten Wetkrieg. Hinzu kamen mit steigendem Bedarf, der Verbesserung der Verkehrs- und Transportverhältnisse, Milchlieferungen einzelner Landwirte und verkehrsgünstig gelegener Molkereien des Niederrheins, des Münsterlandes und des Paderborner Gebietes. Dies spiegelte sich auch in der Statistik wieder. War noch 1901 etwa ein Drittel der in den Großstädten verbrauchten Milch in einem Umkreis von 25 km, fast die Hälfte im Umkreis von 2550 km gewonnen worden, so betrug der Anteil dieser beiden Bereiche an der Milchversorgung im Jahre 1911 nur noch 8,8 und 17,7 v. H. Mehr als die Hälfte der Milch, die in den großen Städten des Ruhrgebietes verbraucht wurde, kam aus Gebieten, die 50-100 km entfernt waren. Nur in den Randgebieten, insbesondere in dem noch in weiten Teilen landwirtschaftlich geprägten Kreis Recklinghausen wurde der Bedarf völlig in nächster Umgebung gedeckt, wie dies auch in den großen linksrheinischen Städten der Fall war. Die Abmelkwirtschaft diente zugleich im beträchtlichen Maße der Fleichversorgung. Schätzungen kamen zu dem Ergebnis, daß im rheinischen Teil des Ruhrgebietes etwa 60, im westfälischen Teil etwa 67 v. H. der geschlachteten Rinder Abmelkkühe waren, ihr Anteil in den großen Städten zeitweise 85 v. H. betrug. Lieferungsgebiete für Rinder, Kälber, Schweine, die auf den Viehmärkten in Dortmund und Essen verkauft wurden, zu einem beträchtlichen Teil aber auch unmittelbar an die Schlachthöfe in Bochum und Duisburg geliefert wurden, waren zunächst Westfalen im Norden und Osten des Ruhrgebietes, vor allem das Münsterland, im geringeren Maße der rechte Niederrhein, da die landwirtschaftlichen Gebiete des linken Niederrheins vor allem die rheinischen Städte außerhalb des Ruhrgebietes versorgten, die großen Städte im Süden des Reviers, Hagen, Elberfeld, Barmen, die Städte des Bergischen Landes ihren eigenen hohen Bedarf in den südlich anschließenden Höhengebieten beider Provinzen deckten. Seit der Mitte der 80er Jahre, also dem Zeitpunkt, als neue Schachtanlagen zwischen Ruhr und Lippe entstanden, Arbeiter in steigender Zahl aus den preußischen Ostprovinzen kamen, vergrößerte sich der Zulieferungsbereich durch die landwirtschaftlichen Überschußgebiete Nordwest- und Norddeutschlands : Hannover, Braunschweig, Provinz Sachsen. Seit den 90er Jahren wurde der Husumer Fettviehmarkt in den Wintermonaten einer der Hauptlieferanten fiir Großvieh. Auch der Berliner Markt was vor 1914 als Mittler für die Überschüsse der ostdeutschen Landwirtschaft, wenn auch in geringem Maße an der Versorgung beteiligt. Eine Sonderstellung
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nahm Duisburg ein. Die alten Handelsbeziehungen zu den Niederlanden hatten dazu gefuhrt, daß neben Westfalen die Niederlande seit den 60er Jahren vornehmlich den Fleischbedarf deckten. Wenn auch durch zollpolitische und seuchenpolizeiliche Maßnahmen die Schlachtvieheinfuhr aus den Niederlanden in erheblichem Maße zurückging, fast bedeutungslos wurde, so waren doch die Niederlande um die Jahrhundertwende an der Frischfleischbelieferung des Duisburger Marktes noch mit etwa 40 v. H. beteiligt. Ein besonderes Kennzeichen für die Fleischversorgung des Ruhrgebietes vor dem ersten Weltkrieg und in der ersten Nachkriegszeit waren der hohe Anteil der Schweineschlachtungen, eine Folge der schweren körperlichen Beanspruchung der Arbeiterschaft, sowie die umfangreiche Viehhaltung der Arbeiter, insbesondere der Bergleute. Auf dem Essener Schlachthof wurden z. B. im Jahre 1900 40 000 Schweine und 25 000 Rinder geschlachtet, in Duisburg 22 000 und 12 000. In Krefeld dagegen überwog die Zahl der Rinder und Kälberschlachtungen (17 000) die der Schweineschlachtungcn (16 000); in Aachen wurden im gleichen Jahre 26 900 Rinder und Kälber, aber nur 18 000 Schweine geschlachtet. Wenigstens 2-3 Schweine im Jahr zu mästen, war bei den aus den ländlichen Gebieten zugewanderten Bergleuten üblich, das Schwein war ihre Sparkasse. Es wundert darum nicht, wenn vor 1914 von allen westfälischen Kreisen in den Industrielandkreisen des Ruhrgebietes die Schweinehaltung im Vergleich zur landwirtschaftlichen Nutzfläche am größten war. Der weithin bekannte Ferkelmarkt in Altenessen versorgte die Bergleute mit Oldenburger und Münsterländer Schweinen. Für den kinderreichen Bergmann und seine Frau war es selbtsverständlich, die Familie mit Milch durch Halten einer Ziege, der Bergmannskuh, mit Kartoffeln und Gemüse durch Gartenarbeit zu versorgen. Eine Wohnung ohne Stall und Land am Haus oder wenigstens in unmittelbarer Nähe nahmen sie nicht. Diesen Wünschen trugen die Bergwerksgesellschaften beim Bau der Wohnungen für die Bergleute weitgehend Rechnung. Die Kolonie in unmittelbarer Nähe der Zechen mit ihren Doppelhäusern, in denen zwei bis vier Familien wohnten, mit Stall und Garten gehört zu den für das Ruhrgebiet charakteristischen Sicdlungsformen der Städte, insbesondere in der Emscherzone und im West Recklinghausen. In den älteren dichter bebauten Industriestädten des Rheinlandes, wie Köln, Aachen, Elberfeld, Krefeld finden wir ähnliche Siedlungen aus der Zeit vor 1914 nicht. Die Mentalität der Arbeiter, die in der zweiten und dritten Generation in der Stadt lebten, war eine andere; zu berücksichtigen ist aber auch, daß die verwandtschaftlichen, für die Versorgung wichtigen Beziehungen zum ländlichen Heimatort nocht weiterbestanden. Für den rheinischen Teil des Ruhrgebietes wurden seit den 80er
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Jahren, als die örtliche Nahversorgung nicht mehr ausreichte, die Niederlande zu dem wichtigsten Lieferanten für Obst, Gemüse und Frühkartoffeln. An erster Stelle stand das Gemüseanbaugebiet um Venlo, dessen Händler zugleich als Vermittler für die übrigen niederländischen Anbaugebiete sich betätigten. U m die Jahrhundertwende deckten die Niederländer mehr als die Hälfte des Bedarfs, Niederländisches Gemüse und Obst kam auch in den westfälischen Städten zum Verkauf. Von den 48 Gemüse- und Obstgroßhändlem Dortmunds im Jahre 1914 waren allein 18 Niederländer. Obst und Gemüse lieferten auch das rheinische Vorgebirge. Bühler Pflaumen wurden bereits um die Jahrhundertwende von einzelnen tüchtigen Händlern in den Städten des Ruhrgebietes angeboten. Die Winterkartoffeln lieferten neben den unmittelbar angrenzenden landwirtschaftlichen Gebieten die östlichen Kreise Westfalens, die Provinzen Hannover und Sachsen, sowie die östlichen Provinzen : Brandenburg, Pommern und Posen. Der Obst-und Gemüsegroßhandel stand vor dem ersten Weltkrieg noch in unmittelbarem räumlichem Zusammenhang mit den Wochenmärkten, auf denen die wenigen Großhändler an den Markttagen von ihren Ständen aus Kleinhändler, in steigendem Maße auch den Ladenhandel belieferten. Eine besondere Hauptmarkthalle für den Großhandel wurde erstmals 1904 von der Stadt Köln gebaut; sie diente aber vornehmlich der Versorgung der Stadt Köln selbst und ihrer nächsten Umgebung. Überörtliche Bedeutung hatte sie nicht. Die Versorgung des Bergischen Landes, die bis zur Jahrhundertwende Aufgabe des Kölner Großhandels gewesen war, erfolgte wie in den übrigen Städten des Rheinlandes und Westfalens durch den örtlichen Großhandel. Daß auch die Landwirtschaft beim Anbau und Verkauf ihrer Erzeugnisse dem Bedarf der großen Städte Rechnung tragen müsse, erkannten als erste im Jahrzehnt vor dem ersten Weltkrieg einige Bauern am Niederrhein, die im Gebiet um Straehlen nach niederländischem Vorbild mit dem Anbau von Gemüse auf Feldern und in Treibhäusern, seinem Verkauf in örtlichen Versteigerungen nach dem Muster der Veiling begannen. Außerhalb des Ruhrgebietes, aber nicht allein zu seiner Versorgung, entstanden seit den 70er Jahren längs des Rheins besondere Zentren der Nahrungsmittelindustrie : Zuckerraffinerien in Köln und Urdingen, Oel und Getreidemühlen, Nährmittelfabriken vor allem in Neuß, dessen wirtschaftiicher Aufstieg allein auf diesen Industrien und seinen Hafenanlagen beruht, sowie um die Jahrhundertwende als niederländische Gründungen die Margarinefabriken in Kleve und Goch. Zu erwähnen sind ferner die Fleischwarenfabriken in Gütersloh und der Grafschaft Bentheim, die aber vornehmlich dem gehobenen Bedarf der älteren Industriestädte dienten; in den
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Arbeiterstädten des Ruhrgebietes fanden sie nur einen geringen Absatz. Dem Einzelhandel mit Lebensmitteln erwuchs in den großen Städten und Industriegemeinden frühzeitig ein Wettbewerber in den Konsumanstalten der großen Werke, deren erste 1868 von Krupp in Essen gegründet wurde. Sie versorgten die Arbeiterschaft mit Lebensmitteln zu billigen Preisen. Die 1922 auf Anregung August Thyssens gebildete Vereinigung der Konsumanstalten zählte bei ihrer Gründung 23 Anstalten mit 280 Filialen. Seit den 90er Jahren, vor allem aber nach der Jahrhundertwende traten als weitere Wettbewerber die Filialgeschäfte einzelner Handelsunternehmen : Kaiser in Viersen, Tengelmann in Mülheim, Hill in Hattingen hinzu. Ursprünglich Kaffeegeschäfte wurden sie zu Lebensmittelgeschäften, in denen zu kaufen für weite Kreise des Bürgertums zwar verpönt war; dem großen Kreis des kleineren Mittelstandes, der Arbeiterschaft boten sie aber billige Einkaufsmöglichkeiten für gute Konsumwaren. Die von der Arbeiterschaft gegründeten Konsumvereine litten z. T. darunter, daß sich die Sozialdemokratische Partei für sie einsetzte; nur in einigen Städten, wie Essen, wurden sie für den Einzelhandel zu einem ernsthaften Wettbewerber. Die von der Konsumgenossenschaft Eintracht errichtete Großbäckerei sowie die Kruppsche Brotfabrik, vor 1914 die größte des Ruhrgebietes, nahmen vor allem in Essen den Bäckern den größten Teil der Kundschaft weg. Die Versorgung der Bevölkerung mit Gas und Wasser gehörte auch im Ruhrgebiet zu den wichtigsten Aufgaben der Städte; die ersten Gasanstalten wurden bereits in den 50er Jahren in Bochum und Duisburg, in den 60er Jahren in Essen gebaut. Essen war als erste Stadt auch genötigt, 1865 ein Wasserwerk anzulegen, während die anderen Städte erst zu Beginn der 70er Jahre folgten. Die Schwierigkeiten, in dem dichtbesiedelten Gebiet einwandfreies Trinkwasser in ausreichender Menge zu gewinnen, führte 1899 erstmals zur übergemeindlichen Zusammenarbeit im Ruhrtalsperrenverein, dem nach der Jahrhundertwende der Ruhrverband und die Emschergenossenschaft zur Abwässerbeseitigung folgten. Zu ihren Mitgliedern gehörten außer den Städten und Gemeinden auch die großen Industrieunternehmen des Ruhrgebietes. Im Bereich der Elektrizitätsversorgung, die in Dortmund, Duisburg und Bochum zunächst die Städte selbst übernahmen, entstanden zwei Großunternehmen : 1902 in Essen unter der Leitung von Hugo Stinnes das Rheinischwestfälische Elektrizitätswerk, 1906 als Gemeinschaftsgründung mehrerer Landkreise, Bergwerksunternehmen, der Stadt Bochum und der A E G unter Rathenau das Elektrizitätswerk Westfalen in Bochum. Das R W E behielt seinen gemischtwirtschaftlichen Charak-
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ter, während das Bochumer Unternehmen 190g in den Besitz der Landkreise und Städte überging, ein rein kommunales Unternehmen auch blieb, als es in den 20er Jahren mit dem Dortmunder Elektrizitätswerk die Vereinigten Elektrizitätswerke Westfalen (VEW) bildete. Erst in jüngster Zeit führten Gründe der Kapitalbeschaffung dazu, in geringem Maße auch nicht kommunale Geldgeber zu beteiligen. Die Schwierigkeiten, die sich während des ersten Weltkrieges und den nachfolgenden Jahren der Zwangswirtschaft in der Versorgung der großen Städte und Gemeinden im Ruhrgebiet ergaben, sind in diesem Zusammenhang nicht näher zu erörtern. Den Städten, denen die schwierige und undankbare Aufgabe oblag, die Ernährung ihrer Bewohner sicher zu stellen, bedienten sich beim Ein- und Verkauf des örtlichen Groß- und Einzelhandels. Das Neben und Gegeneinander der einzelnen Städte in dem Bemühen, ihre Bürger zu versorgen, endete erst, als es 1916 zur völligen staatlichen Regelung der Versorgung, zur Zuteilung kam. Von den Einrichtungen, die die Städte schufen, hatten nur die Milchhöfe als Sammel- und Absatzstelle für die Kleinhändler einen längeren Bestand. Aus kommunalen Unternehmungen wurden aber gemischtwirtschaftliche, an denen die Städte, die Molkereien und die Händler in unterschiedlicher Weise beteiligt waren. Sie hatten aber keine Monopolstellung—von Ausnahmen wie Essen und Krefeld abgesehen—mehr. Die Erfahrungen der Kriegs- und Nachkriegszeit hatten aber auch gelehrt, daß eine Versorgung auf örtlicher Basis allein durch den örtlichen Großhandel wie in der Zeit vor 1914 nicht mehr möglich war. Das Ruhrgebiet mit seinen großen Städten und verstädterten Industriegemeinden war zu einem einheitlichen Verbrauchergebiet zusammengewachsen, gleich den Städten im Tale der Wupper, im Bergischen Land, am Niederrhein. Voraussetzung, den Massenbedarf an Lebensmitteln sinnvoll zu decken, war aber auch, daß das Angebot der Erzeugergebiete zusammengefaßt, der Absatz im Großen organisiert wurde. Stellt man die Frage, welche Wandlungen sich in der Versorgung in den letzten 40 Jahren vollzogen haben, so ergeben sich bei der Beantwortung gewisse Schwierigkeiten, wenn man sich nicht mit der einfachen Feststellung begnügen will, daß die Verbrauchergewohnheiten sich geändert haben, der Ausbau von Bahnen und Straßen, vor allem das starke Anwachsen des Lastkraftwagenverkehrs die überörtliche Versorgung, auf weite Entfernung erleichtern. Es fehlen Einzeluntersuchungen, von wenigen Ausnahmen abgesehen. Die Veröffentlichungen betreffen zumeist nicht eine Stadt allein, sondern das gesamte Ruhrgebiet. Wenn man in diesen liest, daß dieses Industriegebiet noch heute ein Drittel seines Kartoffel-und Eierbedarfs, die Hälfte seines Milchbedarfs selber decken kann, so ist zu beachten,
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daß es sich nicht um das Ruhrgebiet im engeren Sinne handelt, die Stadtlandschaft zwischen der Ruhr im Süden und der Lippe im Norden, zwischen Duisburg im Westen und Hamm im Osten, sondern um den Bereich des Siedlungsverbandes Ruhrkohlenbezirk. Zu diesem gehören aus planarischen Gründen außer dem Ruhrgebiet im engeren Sinne die teils industrialisierten, teils landwirtschaftlich geprägten Kreise Dinslaken und Mörs, linksrheinisch der rein landwirtschaftliche Kreis Geldern, rechtsrheinisch Teile des Kreises Rees, sowie im Süden südlich der Ruhr der Ennepe-Ruhrkreis und Teile des Kreises Iserlohn, die sich in ihrer Struktur von dem durch die Schwerindustrie geprägten Ruhrgebiet wesentlich unterscheiden. Erschwert wird jeder Vergleich auch dadurch, daß sich die Verwaltungsgrenzen seit den 20er Jahren durch die Eingemeindungen in starkem Maße verändert haben, Vergleichszahlen damit fehlen. Ländliche Gemeinden, deren Bauern bisher in die Stadt geliefert hatten waren nunmehr Teil einer großen Stadt, deren Eigenversorgung dadurch zunächst größer wurde. Trotz der Wirtschaftskrisen und des letzten Krieges ist die bauliche Erschließung der ländlichen Gebiete der großen Städte weiter gegangen. Industrieanlagen, Wohnsiedlungen, neuerdings Universitäten und Hochschulen nehmen den Platz der alten Bauernhöfe heute ein. Dennoch lassen sich einige Entwicklungslinien feststellen. Die Verbrauchergewohnheiten haben sich geändert. Dies gilt vor allem für den Arbeiter, den Bergmann. Die Bergleute der zweiten und dritten Generation sind in der Lebenshaltung und Lebensweise "bürgerlicher" geworden. Sie haben sich der städtischen Lebensweise angepaßt. Schweine zu halten ist nicht mehr beliebt, wenn auch Krisen und Kriegszeiten die eigene Schweinehaltung vorübergehend wieder aufleben ließ, Heimatvertriebene ¡wie die Zuwanderer der ersten Generation ein, zwei Schweine mästeten, ein Stück Gartenland bebauten. Aus dem Stall wird die Garage. Der Arbeiter, der Bergmann ist eher bereit, zwei Stunden länger für sein Kotelett zu arbeiten, als seiner Frau die Last der Schweinemast zuzumuten. Die Ziege, die Bergmannskuh, hat heute Seltenheitswert. Der Wandel kündigte sich bereits in den 30er Jahren an. 1937 wurde in Bottrop, Gladbeck, Recklinghausen und Castrop-Rauxel von 32-38 v. H. aller Haushaltungen Vieh gehalten; in Wanne-Eickel und Gelsenkirchen betrug der Anteil 20-23 v. H., in Bochum dagegen nur 11, 5 v. H. Der Anteil der Viehhalter war also am größten in den Gemeinden, in denen erst seit den 90er Jahren Schachtanlagen entstanden waren, in denen noch die erste Generation der zugewanderten Bergleute lebte, am geringsten im ältesten Teil des Ruhrgebietes. Der Arbeiter, der Bergmann, seine Frau und Kinder haben es auch nicht mehr nötig, dem Bauern auf dem Felde zu helfen, Kartoffeln zu ernten, wie es
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ihre Eltern, die Heimatvertriebenen in der ersten Nachkriegszeit taten, um damit ihre Winterkartoffeln zu erhalten. Dem Bauern fehlen dadurch die erforderlichen Arbeitskräfte in den Zeiten des Spitzenbedarfs. In weiten Kreisen der Bevölkerung ist es, wie in allen verstädterten Gebieten, nicht mehr üblich, Wintervorräte in großem Maße einzukellern. Die räumlichen Verhältnisse in den Wohnungen machen es in den meisten Fällen unmöglich. Geändert hat sich der Altersaufbau der Bevölkerung. Betrug in den schnell wachsenden Industriestädten und Gemeinden vor dem ersten Weltkrieg der Anteil der Kinder unter 14 Jahren 40-45 v. H. der Gesamtbevölkerung, so ist er heute nur noch 20-22 v. H. Wenn auch heute nur noch 1 v. H. der Erwerbstätigen in den Städten in der Landwirtschaft arbeitet, so ist die landwirtschaftliche Nutzfläche selbst in der verstädterten Kernzone des Reviers noch beträchtlich. Sie beträgt 40-50 v. H. der Gesamtfläche. Ein Drittel, in einigen Städten mehr als die Hälfte davon sind aber Haus und Kleingärten. Arbeitskräftemangel und Marktüberlegungen haben den Bauern im Ruhrgebiet veranlaßt, die Erzeugung zu ändern, sich seit den 50er Jahren in stärkerem Maße dem arbeitsextensiven Getreidebau wieder zuzuwenden. Die Abmelkwirtschaft, vor 1914 eine der Haupteinnahmequellen der Landwirte im Ruhrgebiet, war unrentabel geworden, seitdem von den 20er Jahren an die Preise fiir Milchvieh und Kraftfutter stiegen. Die Vorrangstellung der marktnahen Betriebe wurde auch dadurch gemindert, daß nach dem ersten Weltkrieg verkehrsgünstig gelegene Molkereien entfernterer Gebiete Absatz fiir ihre Trinkmilch in den großen Städten des Ruhrgebietes suchten. Aus dem örtlich begrenzten Markt der Vorkriegszeit war auch im Bereich der Milchversorgung der moderne Großmarkt geworden. Die Eigenerzeugung an Milch betrug in den großen Städten Ende der 20er Jahre vor dem Abschluß der großen Eingemeindungen im Durchschnitt etwa 3-5 v. H. des Bedarfs; nur in Einzelfallen, insbesondere im nördlichen Teil, in Recklinghausen und Buer vermochte sie ein Drittel des Bedarfes zu decken. Bereits bevor der Reichsnährsamt seine Marktordnungen erließ, gab es Bestrebungen, die Trinkmilchversorgung zweckmäßiger zu regeln. Das Milchgesetz von 1930 bildete die Grundlage fiir die Bildung der Milchwirtschafsverbände 1933/34. Ihr Ziel, die Trinkmilch möglichst in unmittelbarer Nähe der großen Städte zu erzeugen, ließ sich für das Ruhrgebiet nicht verwirklichen. Noch nicht 15 v. H. des Bedarfs werden heute im Umkreis von 50 km vom Verbrauchsort gewonnen, während der Anteil dieses Einzugsbereichs für den Köln-Düsseldorfer Raum 1525 v. H. beträgt, im Aachener und Krefelder Industriebereich 5070 v. H. des Bedarfs in der Nahzone erzeugt werden. War aber 1928 mehr als 29 v. H. der benötigten Milch von Molkereien geliefert wor-
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den, die 100-250 km entfernt waren, 14 v. H. des Bedarfs aus einer Entfernung von über 125 km, so waren es seit den 30er Jahren keine 10 v. H. mehr. Heute kommt in den Städten des Ruhrgebietes die Trinkmilch zu fast go v. H. aus Molkereien, die bis zu 100 km entfernt sind. Die landwirtschaftlichen Überschußgebiete des Niederrheins, des Münsterlandes sind heute die Hauptliefergebiete für Trinkmilch, sowie die ostwärts des Ruhrgebietes gelegenen Kreise Unna, Soest, Lippstadt und Wiedenbrück. Da der Niederrhein aber auch den Düsseldorfer Raum und Teile des Bergischen Landes versorgen muß, ist die Folge, daß auch die Städte im rheinischen Teil des Ruhrgebietes aufZufuhren aus Westfalen nicht verzichten können. Milcherzeugnisse, Butter und Käse liefern neben den rheinischen und westfälischen Molkereien vor allem die entfernt gelegenen Molkereien in Oldenburg und Niedersachsen. Es war nicht nur eine Folge der Autarkiebestrebungen der nationalsozialistischen Zeit, daß der niederländische Anteil an der Butterversorgung, der in den 20er Jahren fast die Hälfte des Bedarfs betrug, sich beträchtlich minderte. Erhebungen für Duisburg, Essen und Dortmund im Jahre 1930 ließen bereits erkennen, daß mit der zunehmenden Organisation des landwirtschaftlichen Absatzes in den Erzeugungsgebieten, Verbesserung der Molkereien das rheinische und westfälische Angebot das niederländische bei weitem übertraf, dieses nur noch etwa ein Dritttel des Bedarfes deckte. Der Mangel an Arbeitskräften, die Luftverschmutzung machen den Gemüseanbau im Ruhrgebiet nicht mögüch. Nur im Kreise Recklinghausen, am Rande des Bergbaugebietes, wird Grobgemüse angebaut. Entscheidend war aber, daß nicht nur in den Niederlanden, sondern auch am Rande des Vorgebirges zwischen Köln und Bonn, am linken Niederrhein in den Kreisen Neuß, Grevenbroich, Kempen-Krefeld und Geldern seit den 20er Jahren Feldgemüse in Frühbeeten und Treibhäusern gewonnen und über Großmärkte vertrieben wird, so daß bereits in den 30er Jahren der Anteil der deutschen Erzeugung den holländischen an der Versorgung des Ruhrgebietes überwog. Auf dem Essener Markt kamen 1931 noch 67 v. H. des angebotenen Gemüses aus dem Ausland, vornehmlich aus den Niederlanden. 1936 waren es nur noch 45 v. H. Wie in der Vorkriegszeit Essen und Dortmund durch ihre Schlacht- und Viehhöfe zu den Hauptschlachtviehmärkten des Ruhrgebietes geworden waren, so entstanden in beiden Städten mit Hilfe der Stadtverwaltungen zu Beginn der 20er Jahre Großmarktanlagen für Obst, Gemüse und Kartoffeln. Der Essener Markt wurde in wenigen Jahren zum führenden Großmarkt des Ruhrgebietes für Gemüse und Obst. In den 30er Jahren wurden fast zwei Drittel der dort umgesetzten Waren nach Duisburg, Dortmund, Hagen und Recklinghausen weiter verkauft.
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Neben ihm— er ist der bedeutendste Markt nach dem Kölner für Rheinland und Westfalen — gewann der Dortmunder Markt vor allem fiir den westfälischen Teil des Ruhrgebietes an Bedeutung, während der Bochumer vornehmlich der örtlichen Versorgung dient. Der Dortmunder Markt ist heute dem Essener fast gleich. Er versorgt aber über das Ruhrgebiet hinaus wie der Dortmunder Schlachtviehmarkt weite Teile Westfalens, den Hagener Raum, Iserlohn, Arnsberg, sowie Bielefeld und Siegen. Die Versorgung erfolgt aber nicht allein über diese Großmärkte. Großhändler aus dem Ruhrgebiet kauften und kaufen auch unmittelbar auf den rheinischen Erzeugergroßmärkten im Vorgebirge (Roisdorf) und am Niederrhein (Straehlen, Krefeld, Mörs) ein, auch im niederländischen Venlo. Zahlenmäßige Feststellungen über die Höhe dieser Ankäufe sind nicht möglich. Die Lieferungen mit Lastkraftwagen entziehen sich weitgehend jeder amtlichen Feststellung. Es entspricht dem allgemeinen Wandel der Verbrauchergewohnheiten, wenn heute, vor allem in Zeiten geringer, witterungsbedingter eigener Erzeugung die Zufuhren aus dem Ausland, aus Italien und Frankreich zunehmen. Erhebungen des Dortmunder Großmarktes aus jüngster Zeit zeigen, daß im Eisenbahnverkehr ausländisches Gemüse und Obst mit 90 v. H. den Hauptanteil stellen, 70 v. H. der Erzeugnisse kamen aus Italien, 10 v. H. aus Spanien. Die Zahlen sind nur Hinweise, da der Antransport aus den rheinischen und westfälischen Erzeugergebieten, wie aus den Niederlanden vornehmlich mit Lastkraftwagen erfolgt. Niederländische Güterwagen mit Gemüse sieht man heute anders als in den 20er und 30er Jahren nur noch ausnahmsweise auf den Bahnen des Ruhrgebietes. Daß die Bauern heute ihre Erzeugnisse fast ausschließlich über die Versteigerungen auf den Großmärkten absetzen, lassen die Wochenmärkte in den Städten erkennen. In den 20er Jahren kamen Bauern vom Niederrhein noch in großer Zahl auf den Markt. Heute sieht man nur noch wenige. Auf ihren Ständen verkaufen sie jedoch zugleich — Ausnahmen bestätigen die Regel — neben ihren eigenen Erzeugnissen Obst und Gemüse, das sie in der Frühe auf dem Großmarkt oder beim Großhändler selbst gekauft haben. Nur in Ausnahmefallen bezieht der Städter heute seine Winterkartoffeln wie in früheren Zeiten noch von einem bestimmten Bauern auf dem Lande unmittelbar. Im Allgemeinen kauft er sie in kleinen Mengen entsprechend seinen Bedarf beim Händler, der sie über den Großhandel vom Niederrhein, aus Westfalen, Niedersachsen bezieht. Die preußischen Ostprovinzen, die bis zum Ende des letzten Krieges einen erheblichen Teil des Bedarfes deckten, sind ausgefallen. Liefert das Rheinland vor allem Obst und Gemüse in die Städte des Ruhrgebietes, so Westfalen das Schlachtvieh : Rinder, Kälber,
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Schweine. Daß die industrie- und städtereichere Rheinprovinz in geringerem Maße als Westfalen die Städte mit Fleisch versorgen konnte, zeigen Erhebungen im Jahre 1938. In den rheinischen Städten des Ruhrgebietes wurde der Bedarf an Schlachtvieh nur zu 20-30 v. H. (Schweine 20,2 v. H., Rinder 29,6 v. H.) aus der Rheinprovinz selbst gedeckt, während in den westfälischen Städten im Durschnitt 60 v. H, bei Kälbern sogar 80 v. H. des benötigten Schlachtviehes aus Westfalen stammten. Der Unterschied in der Versorgung der rheinischen und westfälischen Städte zeigte sich auch darin, daß 1938 auf den westfälischen Schlachthöfen zwei Drittel des Rindviehes aus Gemeinden im Umkreis von 100 km aufgetrieben wurde, dagegen auf den rheinischen Schlachthöfen nur ein Drittel; 45,5 v. H. des rheinischen, aber nur 22,2 v. H. des westfälischen Schlachtviehauftriebes kam aus Gebieten, die 100-250 km entfernt waren. Wenn heute im Durchschnitt der letzten Jahre das auf dem Dortmunder Schlachtviehmarkt — es ist der zweitgrößte in Rheinland und Westfalen — aufgretriebene Schlachtvieh nur noch knapp zur Hälfte aus der Nahzone (bis zu 100 km Entfernung), d. h. aus Westfalen stammt, so erklärt sich dies vornehmlich durch den Rückgang der Abmelkwirtschaft, aber auch aus dem durch die Bevölkerungszunahme gestiegene Bedarf. Entsprechend ist der Anteil des Auftriebes aus Niedersachsen und Oldenburg gestiegen. 80-85 v - H. des in Dortmund zum Verkauf gebrachten Schlachtviehes stammt heute aus diesen drei Gebieten. Den Rest decken Schleswig-Holstein, in gerinem Maße auch Bayern. Der Berliner Viehmarkt als Vermittler der Überschüsse der preußischen Ostprovinzen hatte bereits in den 20er Jahren seine Bedeutung als Lieferant für das Ruhrgebiet verloren. Lassen sich für den Bereich der Milch- und Fleischvcrsorgung Veränderungen in den Liefergebieten, wenn auch nur in großen Umrissen feststellen, da sie in amtlichen Statistiken zum Teil ihren Niederschlag finden, so ist dies für den Bereich der übrigen Lebens- und Genußmittel nicht möglich. Warenhäuser und Filialgeschäfte, Einkaufsgenossenschaften des Einzelhandels, Konsumgenossenschaften kaufen ihre Waren selbst oder über ihre Zentralen dort ein, wo sie am günstigsten zu erhalten sind. Sie richten sich nach dem Geschmack der Verbraucher, suchen ihn aber auch in ihrem Sinne zu beeinflussen. Staatliche Maßnahmen beeinflussen die Versorgung mittelbar. Wurde in den 30er Jahren im Zeichen der Autarkiebestrebungen in den Duisburger Mühlen vornehmlich einheimisches Getreide verarbeitet, so wird heute wie in den 20er Jahren überwiegend ausländisches Getreide vermählen. Die Maßnahmen der Europäischen Wirtschaftsgemeinschaft wirken sich heute in den Städten des Ruhrgebietes wie in allen anderen Städten aus. Die Verbrauchergewohnheiten unterliegen einem ständigen Wandel. Vor 1914 kamen
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Südfrüchte nur selten zum Verkauf, "Spanische Gärten" gab es nur in den größeren Städten, heute werden sie allenthalben in großen Mengen angeboten. Sie sind zum allgemeinen Nahrungsmittel geworden. Das Geflecht der mannigfachen Handelsbeziehungen aufzudecken, die der Versorgung einer Stadt, einer Gruppe von Städten dienen, ist dem Historiker nicht möglich, kann doch selbst der Statistiker sie nur unzulänglich erfassen. Er muß sich begnügen, an Hand von Anzeigen in den Tageszeitungen, Branchenverzeichnissen der Adreßbücher die Veränderungen in ihren Grundzügen zu ermitteln. Die Akten der Städte, der Behörden geben keine Auskunft; nur in Not- und Krisenzeiten, wenn staatliche Maßnahmen im Einzelnen die Versorgung regeln, ist dies der Fall.
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seine Entwicklung
una
75 Jahre Schlacht und Viehhof Dortmund 1855-1960, herausg. von der Stadtverwaltung Dortmund i960. CHANDON, Emil, " D i e Versorgung des niederrheinisch-westfälischen Industriegebietes mit Fleischwaren", Schriften des Instituts für Konjunkturforschung, Abt. Westen, Sonderheft 3, Essen 1 9 4 1 . 80 Jahre Schlacht- und Viehhof 1865-1965, herausg. von der Stadtverwaltung Dortmund 1965. Festschrift zur Eröffnung des Großmarktes in Dortmund 1952. LAUFENBERG, H., " D e r Duisburger Großmarkt, Geschichte und Entwicklung", in : Stadt und Hafen Duisburg., I H g . 13, 1962, S. i m ff. 10
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CROON
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DITT,
DIE BILDUNG DER KLASSEN DER INDUSTRIELLEN ARBEITERSCHAFT IN DEUTSCHLAND von Werner
CONZE
(Heidelberg)
I Eingrenzung der Frage
Zeitlich ist die Periode der frühen Industrialisierung gemeint, d.h. fiir Deutschland die Zeit von etwa 1830-1870. Inhaltlich handelt es sich vor allem um die Arbeiterschaft der zunehmend zur maschinellen Produktion übergehenden Industrie der Fabriken. Doch sind gemäß den wirtschaftlichen und sozialen Verhältnissen der Handwerksbetrieb, besonders hinsichtlich der Gesellen, sowie das Hausgewerbe im Verlagssystem mit in die Betrachtung einzubeziehen. II Methodisches
Wir sind angewiesen auf die Quellen der Zeit selbst und damit auf die Begriffe und die Berufsbezeichnungen, wie sie um die Mitte des ig. Jahrhunderts üblich waren. Eine saubere begriffsgeschichtliche Methode ist das erste Erfordernis zur Annäherung an das Problem. Die Begriffe (z.B. Arbeiter, Klasse) und Bezeichnungen (z.B. Kattundrucker, Bandwirker) sind jeweils sozial möglichst konkret zu fixieren, damit über die Verschiedenheit staatlich, landschaftlich oder örtlich bestimmter Wortprägungen hinausgegangen und sozialgeschichtlich vergleichend Typisches festgestellt werden kann. Wir besitzen zwar eine Fülle monographischer Arbeiten, in denen sich Material zu
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WERNER CONZE
unserer Frage findet, und neuerdings ist eine Reihe von Arbeiten erschienen, die das Problem mit geschärftem methodischem Bewußtsein behandelt h a b e n a b e r wir sind noch weit davon entfernt, für die deutschen Staaten u m 1850 generell gültige Angaben machen z u können, weder hinsichtlich einer soziologischen Typologie, noch durch eine einigermaßen zuverlässige, zusammenfassende Sozialstatistik. Gleichwohl seien im folgenden — als Diskussionsgrundlage gedacht — abstrahierend und knapp einige Grundzüge angedeutet, wie sie sich aus dem Stand der Forschung heute ergeben.
III Zum
Inhalt
der
Frage
Der Plural " K l a s s e n " statt des Singulars " K l a s s e " ist durch die Fragestellung bestimmt, da nicht das Problem der Bildung einer "Arbeiterklasse" oder des "Proletariats" im Sinne der Arbeiterbewegung oder eines proletarischen Klassenbewußtseins, sondern die vielfältige soziale Herkunft der in sich differenzierten Arbeiterschaft thematisiert wird. Der hier verwendete Sprachgebrauch steht also außerhalb der ideologisch oder politisch belasteten Kontroverse von Überbetonung oder Leugnung der "Arbeiterklasse" und des Klassenbewußtseins, wie sie neuerdings von E.P. Thompson mit Recht als unergiebig bezeichnet und durch eine historisch verstehende Betrachtung des Problems ersetzt worden ist 2 . Bezeichnenderweise ist in Deutschland schon in der ersten Hälfte des 19. Jahrhunderts auch der Singular "handarbeitende Klasse" gebräuchlich, der einer alten Begriffstradition entsprach und von den 30er Jahren an allmählich politisch aktualisiert wurde. A b e r überwiegend wird von den "handarbeitenden Klassen" gesprochen, womit uns |der Zugang zu unserer Betrachtung eröffnet ist. Z u ihnen zählten alle Menschen, die von Handarbeit lebten, wobei die H o f b a u e m allerdings in der Regel 1. D r e i besonders w i c h t i g e
M o n o g r a p h i e n seien als Beispiele g e n a n n t
:
W o l f g a n g KÖLLMANN, Sozialgeschichte der Stadt Barmen im ig. Jahrhundert, T ü b i n g e n i960. R u d o l f STRAUB, Die Hälfte des ig.
Lage und die Bewegimg der Chemnitzer Arbeiter in der ersten
Jahrhunderts, Berlin
i960.
W o l f r a m FISCHER, Der Staat und die Anfange der Industrialisierung in Baden, 1850,
Bd. I, Berlin
I m übrigen sei v o r allem hingewiesen a u f W o l f r a m FISCHER, " S o z i a l e schichten i m
1855-
1962.
Z e i t a l t e r der
Frühindustrialisierung", International Review of
UnterSocial
History, 8 ( 1 9 6 3 ) , S. 4 1 5 f r . 2. E . P . THOMPSON, The Making S. 193fr.
of the English
Working Class, L o n d o n
1963, bes.
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nicht dazu gerechnet wurden. Sehen wir also von diesen ab, so gliederten sich die "handarbeitenden Klassen" in folgend^ große Schickten oder Klassen : a) Handwerksmeister, soweit sie nicht besonders wohlhabend oder gar bereits Fabrikanten ("kleinkapitalistische Unternehmer" im Sinne Sombarts) geworden waren, als kleine Gewerbetreibende, weithin im "Ein-Mann-Betrieb" oder nur mit einem Gehilfen arbeitend und in "proletaroider" Existenz lebend. b) Handwerksgesellen, z.T., noch im Hause des Meisters, zunehmend aber schon selbständig wohnend, vielfach verheiratet und ohne Aussicht auf eine Meisterstelle, großenteils zur Fabrikarbeit strebend, da dort eine relativ größere Sicherheit zu finden war. c) Berg- oder Hüttenarbeiter mit ständischem Sonderrecht und Sonderbewußtsein; beides seit den 50er Jahren schrittweise abgebaut und allmählich, wenn auch sogar bis zur Gegenwart nicht vollständing, nivelliert. d) Lohn- oder Heimgewerbetreibende auf eigene in Abhängigkeit von Fabrikanten oder Verlegern.
Rechnimg,
aber
e) Fabrikarbeiter ohne handwerkliche Gesellenqualifikation, aber "gelernt" und daher durch Lohnhöhe und verträglich hervorgehobene Stellung eine Elite gegenüber dem f ) Handarbeiter oder Taglöhner ohne Arbeitsqualifizierung, mit geringerem Lohn und schlecht gesicherter Stellung, zur Fabrikarbeit strebend und damit schon in der Stadt hausend oder auf der Wanderung vom Dorf in die Stadt. g) Ländliche Handarbeiter und Taglöhner mit Kleinstbesitz an Feldoder Gartenland (Häusler) oder besitzlos (Einlieger); Menschen ländlicher Übervölkerung, die bis etwa 1850 weithin bis ins Unerträgliche ansteigt, dann aber infolge der ansaugenden Industrie abnimmt. h) Gesinde in Stadt und (vorwiegend) Land. i) Total Verarmte oder Asoziale, von Fürsorge der Gemeinden, anderer Mildtätigkeit, Bettel und Stehlen lebend. Die Grenzen dieser Klassen waren je nach oben und unten fließend. Die Meister neigten in ihrer Mentalität zum "Mittelstand" und zünftlerischer Rückwärtsgewandtheit. Die Gesellen fühlten sich als verhinderte Meister, nannten sich aber seit den 30er Jahren in ihren Auslandsvereinen und in Deutschland, 1848 mit starker Betonung, bewußt "Arbeiter" und wurden demgemäß in der Sprache der Zeit zusammen mit den Fabrikarbeitern als der "Arbeiterstand" begriffen. Unterhalb dessen stand das seit den 30er Jahren so genannte "Proletariat" der Tagelöhner oder ungelernten Hand- und Gelegenheitsarbeiter,
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deren Lage besonders in Krisenjahren angesichts der bis 1850 steigenden ländlichen Übervölkerung im sog. "Pauperismus" weithin durch bitterste Not und (Krise der Hausindustrien, besonders der Weberei) Hungerdasein gekennzeichnet war. Innerhalb der großen, durchaus differenzierten Masse der "handarbeitenden Klassen" gab es also als K e r n einen "Arbeiterstand" von Gesellen und gelernten Fabrikarbeitern, der das qualifizierte Arbeitspotential des frühen "Industrialismus" war und in dem bezeichnenderweise die Arbeiterbewegung entstand. Die Differenzierung nicht nur innerhalb der "handarbeitenden Klassen" insgesamt, sondern selbst innerhalb des Kerns des "Arbeiterstandes" oder, wie es auch heißt, der "eigentlichen Arbeiter" war bestimmt. a) durch die Herkunft der Arbeiter. b) durch die neuen Produktionsverhältnisse. a) Die Herkunft wirkte oft noch lange nach und war klassifizierend im Sinne der sozialen Mentalität, so wenn der zünftig ausgebildete Geselle, der seinen Gesichtskreis auf der Wanderschaft geweitet hatte, neben dem unzünftigen Arbeiter 1 oder wenn etwa der einst staatlich-königlich privilegierte Hallore (Salzsieder in Halle) seinen Arbeitsplatz neben Fabrikarbeitern in einer ihm ungewohnten Tätigkeit angewiesen erhielt 2 . Die Frage nach der Herkunft ist selbstverständlich nicht für alle oben bezeichneten Klassen von sozialgeschichtlichem Interesse. I m Grunde konzentriert sie sich auf die beiden Klassen der Bergund Hüttenarbeiter sowie der Fabrikarbeiter und sie zerlegt sich in die beiden Aspekte der räumüchen und der sozialen Herkunft. Die Lage in Deutschland (1830-1870) war dadurch charakterisiert, daß Übervölkerung (wenn auch nicht in allen deutschen Landschaften gleich heftig), "Pauperismus" und Arbeitskraftüberschuß bis zur Jahrhundertmitte bedrohlich zunahmen, während von dieser Zeit an die vorher nur schwache Industrialisierung rasch und intensiv gesteigert wurde, so d a ß das überstarke Angebot an Arbeitskräften durch eine übermäßig hohe Nachfrage verhältnismäßig schnell vermindert, d.h. die Übervölkerung durch Industrialisierung aufgehoben wurde. Das bedeutete für unsere Frage, d a ß innerhalb der handarbeitenden Klassen das Gewicht bis etwa 1850 bei der großen Masse der ländlichen und städtischen ungelernten Handar1. V g l . z.B. Percy Ernst Schramm, Hamburg, Deutschland und die Welt, M ü n c h e n 1943, S . 170. 2. A l s frühes Beispiel (Halloren in einer K n o p f f a b r i k n a c h 1790) s. Erich N e u ö , Entstehung und Entwicklung der Klasse der besitzlosen Lohnarbeiter in Halle, Berlin 1958, S. 202f.
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beiter und Tagelöhner lag und daß es sich von der Jahrhundertmitte an rasch zu den Fabrik- und Bergarbeitern hin zu verschieben begann. Mit dieser Feststellung ist die Herkunftsfrage zu einem großen Teil bereits beantwortet : die ungelernte, überwiegend ländliche Unterschicht ("Proletarier" im vormarxschen Sprachgebrauch) ermöglichte durch Zuwanderung die rasche Industrialisierung; die Mehrheit der ungelernten Arbeitskräfte der Industriewirtschaft rekrutierte sich aus dieser Schicht. Die größtenteils vom Lande kommenden Industriearbeiter stammten also, sofern es sich nicht um ländliche Fabriken handelte, überwiegend nicht aus ihrer neuen Arbeitsstadt selbst, sondern entweder aus dem unmittelbaren Umkreis der industriellen Ballungen oder aus weiter abliegenden ländlichen Überschußgebieten. Diese Unterschicht und Mehrheit der Industriearbeiterschaft veränderte also grundlegend ihre Lebensweise durch Verstädterung. Es handelte sich dabei aber nicht, wie oft falschlich in historischen Darstellungen zu lesen ist, um "Umschichtung". Vielmehr blieben diese Binnenwanderer in der Unterschicht, freilich von nun an unter den Bedingungen der entstehenden Industriegesellschaft und daher im Vergleich zu ihrer Lage vorher unter günstigeren Aufstiegsbedingungen — trotz aller bekannten Hemmungen, die einer vollen sozialen Demokratisierung noch im Wege standen. Zum Verständnis dessen ist daran zu erinnern, daß die deutsche Agrargesellschaft — von Kleinbauerndörfern in südwestdeutschen Realteilungsgebieten abgesehen — in sich erheblich sozial abgestuft gewesen ist. Bauern sind daher im Typus nicht unter den abwandernden Industriearbeitern gewesen. Die Land- Stadtwanderung als solche veränderte das soziale Schichtbild also nicht. Umschichtungen oder besser : Aufstiegswege und fortgesetzte Berufsdifferenzierungen sind erst Kennzeichen der sich anschließenden Ausformung der industriellen Gesellschaft. Anders war der Vorgang bei den gelernten und vor allem bei den noch zünftig zu Gesellen ausgebildeten Fabrikarbeitern jener Zeit. Sie kamen größtenteils schon aus städtischer und gewerblicher Tradition und brachten Fertigkeiten mit, durch die sie mehr oder weniger gut als Fabrikarbeiter qualifiziert waren. Sie waren der eigentliche "Arbeiterstand" (s.o.) mit einem entsprechenden Bewußtsein, das sich an der zünftigen Sperrmauer brach und daher naheliegenderweise in Protesthaltung, "Aufklärung" und "Arbeiterbewegung" (seit den 40er Jahren) überging. Unter diesen Arbeitern war der Anteil der bereits ansässig Gewesenen wohl größer als bei den vom Lande zuströmenden Ungelernten. Doch reichte auch hier das örtliche Einzugsgebiet nicht aus; das Gesellenwandern beförderte zudem die Mobilität; vor allem aber mußten Facharbeiter häufig bewußt von außen und z.T., sogar von weither angeworben,
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ja abgeworben werden, wenn es in der Gründungszeit von Fabriken, die sich von der örtlichen Handwerksbasis entfernten, an qualifizierten Fachkräften fehlte. Dieser schon aus der Zeit der fürstenstaatlichen Gewerbepolitik bekannte Vorgang 1 setzte sich in der liberalen Frühindustrialisierung fort. Bezeichnend dafiir war etwa das Heranziehen englischer Facharbeiter im Bergbau — sowie in der Stahl - und Maschinenindustrie 2 . Daß sich das Lohn- und Heimgewerbe nicht durch Zuwanderung, sondern aus sich selbst rekruderte, ist einleuchtend. Hier handelte es sich nicht um eine moderne, sondern um eine ältere Betriebsverfassung, die auf lange Sicht zum Niedergang verurteilt war, wenn sie sich auch in unserem Zeitraum überall dort zäh hielt, wo die Bedingungen dafiir noch gegeben waren. Selbstverständlich waren bestimmte Industrien (z.B. die Maschinenindustrie) in hohem Maße auf gelernte, qualifizierte Fachkräfte, andere aber (z.B. die Textil- oder die Tabak-industrien) auf ländliche Zuwanderer angewiesen. Wie dies sich auf die Zusammensetzung neuer Industriezentren auswirkte, zeigt z.B. Rudolph Strauß für Chemnitz sehr instruktiv 3. Dort kamen die Weber und Spinner — dabei besonders viele Frauen — aus der nächsten Umgebung und vollzogen damit den Übergang von der Heim- zur Fabrikarbeit. Die Maschinenarbeiter, sowohl Handwerksgesellen (Schmiede, Schlosser, Zeugschmiede, Tischler) wie ausgebildete "Maschinenbauer", kamen dagegen kaum aus Chemnitz selbst, vielmehr zur guten Hälfte aus dem übrigen Sachsen, zur andern Hälfte aus verschiedenen Teilen Deutschlands und des Auslands. Sie wurden also einzeln und nicht in großen Gruppen, weit gestreut, herangezogen. b) Waren also die landschaftlichen und sozialen Unterschiede der frühen Industriearbeiter auf Grund ihrer Herkunft erheblich und wirkten sie oft noch lange in der neuen Arbeitswelt nach, so schwächten sie sich naturgemäß im Laufe der Zeit, besonders durch Generationswechsel ab. Doch steht diesem Einebnungsprozeß durch Abbau der Herkunftsunterscheidungen ein neuer Differenzierungsvorgang entgegen, der durch die zwingenden Arbeitsbedingungen der industriellen Welt in Gang gesetzt wurde 4. Die oben angegebenen 1. V g l . d a z u etwa die Arbeit des Sombart-Schülcrs (nächst den Forschungen von Sombart selbst) K u r z HINFZE, Die Arbeiterfrage zu Beginn des modernen Kapitalismus in Brandenburg-Preußen 1685-1806, 1. Aufl. 1927, 2. A u f l . Berlin 1963. 2. Beispiele aus dem Ruhrgebiet bei Wilhelm BREPOHL, Der Aufbau des Ruhrvolkes im Zug' 4er Ost-West-Wanderung, Recklinghausen 1948, S. 83fr. und Wollgang KÖLLMANN, Friedrich Harkort, Bd. I, Düsseldorf 1964, S. 63fr. 3. STRAUA, a . a . O . , S. 59fr. 4. Für das Ruhrgebiet zeigte dies Wilhelm BREPOHL, Industrievolk im Wandel von der agraren zur industriellen Daseinsform, dargestellt am Ruhrgebiet, Tübingen 1957.
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drei Untersuchungen von Köllmann, Strauß und Fischer geben, beispielhaft für andere Veröffentlichungen, zahlreiche Fälle solcher Differenzierung, wie sie von vornherein in der maschinell betriebenen Fabrikindustrie sich als erforderlich erwies. Die Skala vom Werkmeister bis zu den zulangenden Kindern, wie sie sich sowohl aus der Qualifikation der Arbeiter, wie aus der Verschiedenheit von Tätigkeiten mit verschiedener handwerklicher oder AnlemVorbildung jeweils ergab, ist weit und reichhaltig gewesen. Dem entsprachen Lohnunterschiede von beträchtlicher Streuweite 1 . Doch nur die Spitzenlöhne reichten fiir den Unterhalt einer Familie. Die große Mehrzahl der nach einzelnen Klassen unterschiedenen Löhne aber war noch auf den unverheirateten Gesellen oder Arbeiter zugeschnitten, erforderte also fiir Familienväter, daß weitere Familienglieder, Söhne, Frauen, Kinder gleichfalls Lohnarbeit suchten. Auf lange Sicht traten Handwerksgesellen in Fabriken einerseits, Hausgewerbetreibende im Verlagssystem andererseits hinter dem modernen Fabrikarbeitertypus zurück. Das gilt vor allem für letztere, die an eine mehr und mehr veraltende Arbeitsverfassung gebunden waren. Handwerksgesellen blieben aber auch weiterhin der Nachwuchs eines Teils der Facharbeiterschaft, fiir die mit fortschreitender Industrialisierung zunehmend neue Ausbildungswege gefunden wurden. So steht nicht "Proletarisierung", sondern es stehen soziale Differenzierung und unterschiedliche Arbeitsqualifizierung am Beginn der Bildung der industriellen Arbeiterschaft. Damit soll selbstverständlich nichts von der Härte und der materiellen Knappheit des Lebenszuschnitts der Arbeiter jener ersten Industrialisierungsperiode verharmlost werden. Aber es ist ein sozialgeschichtliches Faktum, daß der Arbeitsplatz in der Fabrik, vor allem fiir den gelernten Arbeiter oder Gesellen, vor dem Elend der Proletarisierung, dem die Mehrheit [der "handarbeitenden Klassen" ausgesetzt war, bis zu einem gewissen Grade schützte, obgleich der Lohn noch kein Familienlohn war. Damit war — im Zuge der ersten Fabrikgründungswelle — der erste Schritt dazu getan, daß das Gespenst des Pauperismus beseitigt werden konnte und der Weg frei wurde für eine fortschreitende Emanzipation und Hebung des "Arbeiterstandes" und des "Proletariats" — dank des fortschreitenden Wirtschaftswachstums, dank des Kampfes der Arbeiterbewegung und dank einer sich immer mehr erweiternden staatlichen Sozialpolitik. Die soziale Differenzierung der Arbeiterschaft aber, wie sie sogleich zu Beginn des industriellen Prozesses in Erscheinung trat, setzte sich fort und steigerte sich bis zur Vielfalt der modernen Arbeitswelt unserer Gegenwart. i. S.
FISCHER,
Soziale Unterschichten,
a.a.O., S. 43af.
DIE IN DER
ARBEITSKRÄFTE
BÖHMISCHEN DER
INDUSTRIE A M
INDUSTRIELLEN
VORABEND
REVOLUTION
von Jaroslav
PUR§
(Praha)
Diese Zusammenfassung enthält einige Schlussfolgerungen aus einer umfangreicheren Studie über die Struktur und Dynamik der Entwicklung der Industrie in Böhmen im letzten Viertel des 18. Jahrhunderts 1 . Hauptquelle für das Studium der Gesamtentwicklung der Industrie in Böhmen im letzten Viertel des 18. Jahrhunderts sind die Manufakturtabellen. Einige Angaben entnahmen ihnen die zeitgenössischen Autoren Riegger und Schreyer, vor allem für die Jahre 1785, 1786, 1789 und 1792. Auf die von Riegger und Schreyer publizierten Daten stützte sich später eine Reihe von Autoren. In der vorliegenden Studie habe ich als Quellenmaterial Manufakturtabellen aus den Jahren 1775 bis 1798 benutzt, die in der Mehrzahl im Zentralen Staatsarchiv in Prag und auch im Hofkammerarchiv in Wien liegen. 1. Vgl. Jaroslav PURS, Struktur und Dynamik der industriellen Entwicklung in Böhmen im letzten Viertel des 18. Jahrhunderts, Jahrbuchßcr Wirtschaftsgeschichte, Berlin 1965, Teil I, S. 160-196, Teil II, S. 103-124 u. Nachtrag.
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JAROSLAV PURS
Die Gesamtzahl der in den Handelsgewerben, das heisst in den Manufakturen und im Handwerk beschäftigten Personen (mit Ausnahme der Spinner), die für einen breiteren als nur für den lokalen Markt und darüber hinaus für den Aussenhandel produzierten, stieg in Böhmen von 1775 bis 1780 von 54 818 auf 71 779 und erreichte in 1798 bereits 148 632. Nehmen wir das Jahr 1780, das letzte vor der Aufhebung der Leibeigenschaft als Bezugsbasis, so betragen die entsprechenden Indizes für das Jahr 1775 = 76, für das Jahr 1780 = 100 und für 1798 = 207; das bedeutet, dass sich in der Zeit von der Aufhebung der Leibeigenschaft bis zum Ende der neunziger Jahre die Zahl der in der Industrie beschäftigten Personen mehr als verdoppelte. Am langsamsten stieg die Zahl der Meister; vom Jahre 1784 an nahm sie jedoch ebenfalls bedeutend zu, denn zu dieser Zeit machten sich die günstigen Folgen der Aufhebung der Leibeigenschaft und der prohibitiven Zollpolitik bemerkbar. Den stärksten Anstieg (um 57 bis 58 Prozent gegenüber 1780) wies die Zahl der Meister am Ende der Regierungszeit Josephs II. auf; in den neunziger Jahren sank sie etwas und schwankte dann, bis sie in den Jahren 1797 bis 1798 wiederum 52 000 bis 53 000, dass heisst ungefähr den Stand vom Ende der achtziger Jahre, erreichte. Bei dieser Kategorie handelt es sich grösstenteils um selbständige Meister des Zunfthandwerks und des nicht zunftgebundenen Handwerks; es sind jedoch auch Meister darin einbegriffen, die für Lohn bei anderen Meistern oder in Manufakturen arbeiteten, so dass man diese Kategorie nicht eindeutig der Unternehmerschicht in der handwerklichen Produktion gleichsetzen kann. Viel bedeutender wirkten sich die Aufhebung der Leibeigenschaft und die josephinische Reformpolitik auf die Entwicklung der ausgeprochenen Arbeiterkategorien, nämlich Gesellen, Lehrlinge und Hilfsarbeiter, aus. Doch auch hier gab es Unterschiede. Während die Zahl der Gesellen, die bisher in einer Reihe von Handwerkszweigen durch die Bestimmungen der Zünfte beschränkt blieb, in der Zeit von 1775 bis 1780 von 10 554 auf 12 984 stieg, wuchs sie nach der Aufhebung der Leibeigenschaft stetig an und erreichte 1797/98 etwa 25 000. Das Wachstumtempo nahm besonders seit der Mitte der achtziger Jahre zu, während es sich in den neunziger Jahren wieder verlangsamte. Es wurde bereits darauf hingewiesen, dass es den Kindern der Hörigen durch das Patent ' ber die Aufhebung der Leibeigenschaft erleichtert wurde, ein Handwerk zu erlernen. Das stärkere Ansteigen der Zahl der Lehrlinge von 1781 an spiegelt zweifellos diese Tatsache wieder. Dabei muss man allerdings beachten dass in einer Reihe von Handwerkszweigen die Beschränkung der Lehrlingszahl andauerte. Bedenkt man, dass in den Manufakturtabellen auch manche jugendlichen Hilfsarbeiter in die Lehrlings-
JAROSLAV PUR§
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kategorie einbezogen wurden, so können wir uns erklären, warum diese Kategorie in den Tabellen relativ viel rascher anzuwachsen scheint als die der Gesellen. Während sich nämlich die Zahl der Meister in den Jahren 1780 bis 1798 um 58 Prozent erhöhte, stieg die Zahl der Gesellen im gleichen Zeitraum um 91 Prozent und die der Lehrlinge um 136 Prozent. Dabei betrug die absolute Zahl der Lehrlinge im Jahre 1798 10 822. Den stürmischsten Anstieg zeigte jedoch die Zahl der Hilfsarbeiter, die sich von der Aufhebung der Leibeigenschaft bis in die zweite Hälfte der achtziger Jahre mehr als verdoppelte und sich bis Ende der neunziger Jahre verdreifachte — von 12 722 im Jahre 1775 stieg sie auf 20 768 im Jahre 1780 und auf 62 344 im Jahre 1797; im darauffolgenden Jahr ging sie dann etwas zurück (Diagramm).
Hitfsarbtütr
Lehrünse Gesellen
Meister
Diagramm. —
Prozentualer Anteil der Beschäftigten in der Industrieproduktion Böhmens in den Jahren 1775-1798 (ohne Spinner).
Während noch Anfang der achtziger Jahre die Meister (einschliesslich der Fabrikanten, das heisst der nicht zunftgebundenen Meister und Unternehmer) ungefähr die Hälfte aller in der Industrie beschäftigten Personen ausmachten und auf die Gesellen ungefähr
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PURS
16 % , die Lehrlinge 7 % und die Hilfsarbeiter ungefähr 27 % entfielen, sank der Anteil der Meister bis Ende der neunziger Jahre auf etwa 35 % ; der Anteil der Gesellen und Lehrlinge blieb gegenüber dem Beginn der achtziger Jahre etwa gleich, während der Anteil der Hilfsarbeiter an den in der Industrie beschäftigten Personen 40 % überstieg. Dieser Prozess verlief in den einzelnen Zweigen ungleichmässig; Tempo und Endeffekt wurden durch den Umstand bestimmt, dass die Hilfsarbeiter besonders stark in der Textilindustrie beschäftigt wurden. Wenn wir somit die Daten über die soziale und klassenmässige Zusammensetzung der in der Industrie Böhmens Beschäftigten in den Entwicklungsstadien von der Aufhebung der Leibeigenschaft bis zum Ende der neunziger Jahre vergleichen, so gelangen wir zu dem Schluss, dass sich erst in dieser Zeit in grösserem Unfang die Verknüpfung beider Seiten der ursprünglichen Akkumulation des Kapitals, der Anhäufung von Kapital auf dem einen Pol und der Freisetzung von Arbeitskräften auf dem anderen, zu verwirklichen begann. Bei der bisherigen Analyse haben wir die Spinner unberücksichtigt gelassen, und zwar deshalb, weil ein grosser Teil von ihnen sich nur teilweise oder gelegentlich mit Spinnen beschäftigte. Wir können heute nur schwer feststellen, wieviel Spinner sich im letzten Viertel des 18. Jahrhunderts ganztägig dem Spinnen widmeten bzw. wieweit es sich dabei um Gelegenheitsarbeit handelte. Wir sind daher auf blosse Schätzungen angewiesen. Gehen wir von Schreyers Schätzungen aus, die sich auf das J a h r 1788 beziehen, so gelangen wir zu dem Schluss, dass sich damals in Böhmen von 234 008 Flachsgarnspinnern 71 198 dauernd, 142 396 etwa während eines Fünftels des Jahres und 20 414 nur gelegentlich dieser Arbeit widmeten. Rechnen wir die Gelegenheitsspinner nicht mit ein, so ergibt sich, dass die Zahl der während des ganzen Jahres ganztägig beschäftigten Spinner, die der Gesamtzahl aller Flachsgarnspinner entsprochen haben dürfte, damals ungefähr 100 000 betragen hat. In Böhmen gab es den Spinnertabellen zufolge im Jahre 1775 106 877 Flachs- und Hanfspinner, 21 146 Schafwollspinner und 4 660 Baumwollspinner, insgesamt also 132 683 Spinner. Bis 1780 erhöhte sich die Zahl der Flachs-und Hanfspinner auf 133 214, die der Schafwollspinner auf 33 906 und die der Baumwollspinner auf 6 6 1 6 , die der Spinner insgesamt auf 173 736; im Jahre 1798 gab es bereits 321 720 Flachsund Hanfspinner (ein leichter Rückgang im Vergleich zum Vorjahr), 50 614 Schafwollspinner und 31 903 Baumwollspinner, insgesamt also 404 237 Spinner. Wichtige Angaben zum Thema "Bevölkerung und Wirtschaftswachstum" bringt Tabelle (in der Anlage), aus welcher das Wachstumstempo der Bevölkerung, der dauernd tätigen Spinner, der
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PURÎ
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in der Industrie beschäftigten Personen, der benützten Webstühle und der Weizenpreise in Böhmen in der Zeitspanne 1775 bis 1799 ersichtlich ist. Die Feststellung der Trends und der Korrelationen dieser Erscheinungen wird eine genauere mathematische Analyse erfordern. Die Entwicklung der Industrieproduktion wies in den einzelnen Gebieten Böhmens bedeutende Unterschiede auf. Dies wurde durch die natürlichen Bedingungen, die in der Periode des sich zersetzenden Feudalismus eine bedeutende Rolle spielen (Vorhandensein von Holz und Erzen, geeignetem Sand und anderen Rohstoffen fiir die Glasindustrie, Wasserläufen, Flachs, Schafwolle usw.), durch demographische Momente (Zahl der Bevölkerung in den einzelnen Gebieten), durch die Produktionstradition der einzelnen Gebiete, durch die Bedingungen der landwirtschaftlichen Produktion und durch eine Reihe anderer sozialökonomischer Momente verursacht. Bei einer gründlicheren Analyse müsste man von dem genauen Standort einzelner Industriezweige ausgehen und sich bemühen, unter Berücksichtigung aller Faktoren die grundlegenden ökonomisch-geographischen und sozialökonomischen Gebiete Böhmens abzugrenzen. Da es eine solche Analyse bisher auf Grund der Quellenlage für das Ende des 18. Jahrhunderts nicht gibt, müssen wir uns mit einer strukturell-genetischen Analyse nach einzelnen Kreisen begnügen, wo wir vergleichbare Daten fiir längere Zeitabschnitte besitzen. Ausser den Angaben für sechzehn Kreise stehen uns vor allem Daten über die Entwicklung in der Hauptstadt Prag zur Verfugung (Kartogramm). Die Analyse der Manufakturtabellen hat uns einen tieferen Einblick in die Entwicklung der Industrie in Böhmen im letzten Viertel des 18. Jahrhunderts gewährt. Anhand der umfangreichen, differenzierten Zusammenfassung der quantitativen Angaben konnten wir verfolgen, welche grundsätzliche Bedeutimg die josephinischen Reformen — vor allem die teilweise Freisetzung von Arbeitskräften fiir die sich entwickelnde Handwerks - und Manufakturproduktion, fiir die weitere Entwicklung der Industrie im Zuge der Aufhebung der Leibeigenschaft im Jahre 1781 — hatten. Das letzte Viertel des 18. Jahrhunderts hatte fiir die wirtschafliche Entwicklung Böhmens besondere Bedeutung — einerseits als Höhepunkt des Manufakturstadiums, was vor allem die Beziehung dieses Zeitraumes zum vorangegangenen Zeitabschnitt unterstreicht, und andererseits als die Periode, in der sich die Voraussetzungen für den Übergang zu einem höheren Stadium der kapitalistichen Produktion, das heisst zur fabrikmässigen Erzeugung, entwickelten, was wiederum die Beziehung zum nächstfolgenden Stadium, das heisst zum Anfangsstadium der industriellen Revolution, herstellt, das an der Wende des 11
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18. und ig. Jahrhunderts beginnt . Durch die Analyse des Standes der Industrie in Böhmen am Vorabend der industriellen Revolution wird das Studium dieses umwälzenden sozialökonomischen Prozesses historisch fester verankert. Vorläufig haben wir nur eine Art Rohentwurf der Struktur der Industrie und ihrer Dynamik am Ende des 18. Jahrhunderts, der durch ein gründliches Studium der Entwicklung der Industrie in den einzelnen Gebieten und Orten präzisiert werden muss. So treten in plastischer Form die spezifischen, charakteristischen Züge der Entwicklung des Kapitalismus in Böhmen hervor; das Studium der Entstehung und Entwicklung der Arbeiterklasse wird konkretisiert, und die wirtschaftlichen Wurzeln der tschechischen nationalen Wiedergeburt werden deutlicher sichtbar.
i. Vgl. Jaroslav PURS, " K otázce prùmyslové revoluce v hlavnich odvétvích textilniho prùmyslu v Ceskych zcmich", (Zur Frage der industriellen Revolution in den Hauptzweigen der Textilindustrie in den böhmischen Ländern), Ceskosloverufy casopis historicky, Jahrg. I I (1954)» Nr. 1, S. 9 3 - 1 4 3 ; Ders. : Prumyslovd revoluce v ceskych ztmich (Die industrielle Revolution in den böhmischen Ländern), Praha i960; Ders. : " T h e Industrial Revolution in the Czech Lands", Histórica, II, Praha i960, S. 183-272 und weitere Beiträge desselben Autors in Histórica, V I (1963), S. 145-237» V I 1 ('963), S. 85-97 und (1965), S. 67-157.
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JAROSLAV PURS TABELLE Bevölkerung
und
Wirtschaftswachstum
in Böhmen
1775-1799
ZAHL JAHR
1775 1776 1777 1778 1779 1780 1781 1782 1783 1784 «785 1786 1787 1788 1789 «790 «79' >792 1793 «794 «795 1796 «797 «798 «799
ZAHL DER OB» SAMTBEVÖLKERUNG
2369104 2 401 1 1 5 — — —
2550609 26154IO 2646952 2668398 2 696 562 2718895 2746669 2807938 2846965 2868478 2882 IOI 2896497 2 931467 2943634 2 968 190 2 980528 2998470 2986849 3 0 3 0 939 3053132
der dauernd beschäftigten Spinner (Schätzung)
der Beschäftigten in der Industrie (ohne Spinner)
71333 80241 75648 89455 95458 97 268 1:2712 1 1 2 198 116507 127 421 116507 147 241 182540 «795«« «7452«
126 1 5 1 138845 140926 150787 162969 169047 186948 196 826 205 186 227364 206896 260528 305088 301 3 1 0 295 974
— —
197888 197803 194816 164919 «794'7 2 1 1 653 219564
—
—
336300 3 3 3 782 332 867 302 736 3'7527 362422 368 196
PRES PRO N. Ö. UBTZE der beWEIZBN nützten IN PRAO Webstühle (GULDHN)
27619 27633 29484 26 007 31078 33«52 27801 36645 37472 4« 9«9 —
48750 50057 5« 56« 52 704 54126 55548 —
55 566 56105 53457 53346 56482 57597
2,24834 «.53889 '.45624 2,19848 2.39334 2,03833 2,24792 2,2901G 2,08958 2,379'7 2,52084 2,25M 2.75833 3.'8333 3,00000 3.70625 3.44000 2,76667 2,06389 2,00833 2.75'87 2,60417 2,36463 2,76250 3.75950
Quellen: F. DVOÄXÖEK, Soupisy obyvaUlstva 0 Cechdch, na Moroni a ve Slezsku v leteek 1754-1921. Praha 1926, Tabellen; Jaroslav PUR} : "Struktur und Dynamik...,,, a.a.O.; Landesaufnahmstabella Ober die Commercial Fabricata, Manufacta und Producta im Königreich Böheim pro Arno 1781, H K A Wien, K o m m e n rot 795, Fol. 491-524; N T M Praha, S D S , Fond 347, Nr. 19.
DIE FORMIERUNG UND EVOLUTION DER ARBEITERKLASSE IN DER UdSSR (1917-1964) von
R . P . DADYKLN
I Die Untersuchung des Prozesses der Formierung und der Evolution der Arbeiterklasse in der UdSSR (1917-1964) stellt eine der wichtigen Aufgaben der Geschichtsforschung dar. Diesen Prozeß zu untersuchen heißt die quantitativen und tiefgreifenden Veränderungen aufzudecken und zu analysieren, zu denen es in den Reihen der führenden Klasse im Gefolge der revolutionären Entwicklung der Gesellschaft im Zusammenhang mit dem sozialistischen und kommunistischen Aufbau in der UdSSR kam. Dieses Problem beinhaltet folgende Hauptfragen: quantitatives Wachstum der Arbeiterklasse und deren Verteilung nach den Volkswirtschafts- und Industriezweigen; Quellen zur Ergänzung ihrer Reihen; Veränderungen in der Zusammensetzung der Arbeiterklasse nach Geschlecht, Alter, Dienstalter, Qualifikation usw.; Veränderungen in den Lebens- und Arbeitsbedingungen der Arbeiter und in deren kulturtechnischem Niveau; schließlich die Veränderungen in der territorialen Verteilung der Arbeiterklasse und die Schaffung von Arbeiterkadern in allen früher rückständigen
R. P. DADYKIN
Sowjetrepubliken aus den Vertretern der örtlichen Nationalitäten. Die revolutionären Umgestaltungen in allen Lebensbereichen der sowjetischen Gesellschaft konnten nicht umhin, sich auf die Arbeiterklasse auszuwirken. Das Antlitz des ganzen Landes umgestaltend, gestaltete sich die Arbeiterklasse selber um. Deshalb soll die Untersuchung des Problems der Formierung und Evolution der Arbeiterklasse im Zusammenhang mit der Analyse sozialer Wandlungen, zu denen es in der sowjetischen Gesellschaft kam, sowie der Entwicklung der Industrie und der anderen Zweige der Volkswirtschaft angestellt werden, die die Grundlage des Bestehens und des Wachstums der Arbeiterklasse sind.
II Eine Einsichtnahme in die historische Literatur zeigt, daß der Untersuchung der Entwicklung der Arbeiterklasse selber von den Historikern und Wirtschaftswissenschaftlern bis zur letzten Zeit weniger Aufmerksamkeit geschenkt wurde, als deren schöpferischer Tätigkeit und besonders deren Produktionsarbeit. Bis jetzt gibt es keine verallgemeinernde Untersuchung, in welcher der Prozeß der quantitativen und qualitativen Veränderungen in der Arbeiterklasse der UdSSR als ganzes und binnen aller Jahre der Sowjetmacht behandelt wird. Eine gewisse Ausnahme bildet lediglich der Sammelband von Artikeln über die Veränderungen in der zahlenmäßigen und qualitativen Zusammensetzung der sowjetischen Arbeiterklasse, welcher vom Institut für Geschichte der Akademie der Wissenschaften der UdSSR vorbereitet wurde 1 . In diesem Sammelband sind überaus wertvolle und mannigfaltige Angaben enthalten, die das zahlenmäßige Wachstum und die Veränderungen in der Zusammensetzung der Arbeiterklasse der UdSSR in verschiedenen Etappen des sozialistischen Aufbaus kennzeichnen. Jedoch sind eine Reihe von wichtigen Fragen sowie von Entwicklungsetappen der Arbeiterklasse in dem Sammelband ungenügend oder überhaupt nicht beleuchtet. Einzelne Fragen der Entwicklung der sowjetischen Arbeiterklasse werden auch in Büchern und Beiträgen behandelt, die in der letzten Zeit veröffentlicht wurden a , jedoch in der Regel nicht speziell, i. «HaMeHeHHH B HHCJieHHOCTH H cocTaße coBeTCKoro paGonero Kaaeca » : CöopHHH craTeö. M., /g6/. a. Zum Beispiel : M. JA. SONIN, Die Reproduktion der Aibeitskraft in der UdSSR und du Arbeitsbilanz, Moskau, 1959; A.W. MITROFANOWA, Die Arbeiterklasse der Sowjetunion in der ersten Periode des Großen Vaterländischen Krieges (1941-1942), Moskau, i960; A.A. MATJUOIN, Die Arbeiterklasse der UdSSR in den Jakren der Wiederherstellung der Volkswirtschaft (1921-1925), Moskau, 1962; "Fragen der Arbeit in der UdSSR",
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sondern im Zusammenhang mit anderen, allgemeineren Aufgaben und in verhältnismäßig kurzem chronologischem Rahmen. Die Ungleichmäßigkeit in der Untersuchung der quantitativen und besonders qualitativen Veränderungen in der Arbeiterklasse ist weitgehend damit verbunden, daß die Geschichts- und Wirtschaftswissenschaftler größere Aufmerksamkeit der Arbeiterklasse der Industrie und vor allem der Schwerindustrie schenken und wesentlich weniger die anderen Teile der Arbeiterklasse—die Bau-, Transport- und Landarbeiter sowie die im |Fernmeldewesen, in der Kommunalwirtschaft beschäftigten Arbeiter usw. untersuchten. III Einen wichtigen Teil des Problems stellt die Frage über die Veränderungen der zahlenmäßigen Zusammensetzung und die Quellen zur Ergänzung der Arbeiterklasse dar. Die Untersuchung dieser Frage gibt die Möglichkeit, eine Reihe von der sozialistischen Reproduktion der Arbeitskraft eigenen Gesetzmäßigkeiten zu verfolgen und das konkrete Bild der Festigung der sozialen Basis des So^'etstaates zu erkennen. Das zahlenmäßige Wachstum der Arbeiterklasse, die Veränderimg der Rolle und Bedeutung einzelner Quellen zur Ergänzung deren Reihen, die Zunahme deren Anteils in der Gesellschaft sind das Ergebnis der Entwicklung und Vervollkommung der sozialistischen Produktion. In den ersten fiinf Jahren der Sowjetmacht (1917-1922) verringerte sieht stark die Zahl der Arbeiter in der Volkswirtschaft infolge des zuerst durch den imperialistischen und dann durch den Bürgerkrieg hervorgerufenen wirtschaftlichen Ruins im Lande. In der Großindustrie verminderte sie sich von 2 596,4 Tausend auf In den nachfolgenden Jahren 1 096,2 Tausend oder um 57,8 % wuchs die Arbeiterzahl unentwegt, wenn auch in den einzelnen Etappen des wirtschaftlichen Aufbaus ungleichmäßig. Bereits im Jahre 1928 erreichte die Zahl der Arbeiter und Angestellten in der Volkswirtschaft des Landes beinahe den Stand des Vorkriegsjahres 1913 und betrug im Jahre 1963 70,5 Millionen Menschen, indem sie diesen Stand um mehr als das Fünffache überstieg2. Die Arbeiter und AngeSammelband von Artikeln, Moskau, 1958; A.B. SLUZKIJ, Die Arbeiterklasse der Ukraine im Kampf flir die Schaffimg des Fundamentes der sozialistischen Wirtschaft (igs6rgjs), Kiew, 1963 und andere (alles russisch). 1. A . G . RASCHIN, "Die Dynamik der Industriekader der U d S S R in den Jahren 1917-1958", Veränderungen in der zahlenmäßigen und qualitativen Zusammensetzung der sowjetischen Arbeiterklasse, Sammelband, Moskau, 1961, S. 9. 1. Die UdSSR in Rahlen, kurzer statistischer Sammelband, Moskau, 1964, S. 144.
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stellten machten im Jahre 1963 74,3 % der Bevölkerung des Landes gegenüber 17 % im Jahre 1913 aus 1 . Allein in der Industrie und dem Bauwesen waren im Jahre 1963 25 188 Tausend Arbeiter beschäftigt 1 .
IV Neben dem zahlenmäßigen Wachstum der Arbeiterklasse vollziehen sich tiefgreifende quantitative Veränderungen in deren Zusammensetzimg — nach Geschlecht, Alter, Dienstalter usw. In den Jahren der Sowjetmacht ist der Wohlstand der Arbeiterklasse und gleichzeitig damit auch deren Bildungs- und kulturell-technisches Niveau gewachsen. Es wurde vollständig das Analphabetentum unter den Arbeitern liquidiert. V011 je 1000 Arbeitern hatten im Jahre 1939 die Hochschul- und Mittelschulbildung (darunter auch die unvollständige Mittelschulbildung) 82 Arbeiter, während im Jahre 1959 diese Kennzahl 386 erreichte8. Das Wachstum der Mechanisierung und die Schaffung einer ganzen Reihe neuer Produktionszweige brachten wesentliche Veränderungen in der Zusammensetzung der Arbeiterklasse mit sich. Es wuchs die Zahl und der Anteil qualifizierter Arbeiter, es verschwanden einige alte Berufe und entstanden neue.
V In den Jahren der Sowjetmacht hat sich das gesellschaftlich-politische Antliz der Arbeiterklasse der UdSSR verändert. Eines der wichtigsten Ergebnisse der sozialistischen Rekonstruktion der Volkswirtschaft, die während der Vorkriegsfiinfjahrpläne durchgeführt wurde, waren die vollständige Liquidierung der kapitalistischen Elemente in der Wirtschaft und folglich auch die Liquidierung der Ausbeutung des Menschen durch den Menschen sowie die Abschaffung des privaten Dingens der Arbeitskraft. Die ganze Arbeiterklasse vereinigte sich in der Sphäre der gesellschaftlichen sozialistischen Produktion, was für deren Verwandlung in eine Klasse der sozialistischen Gesellschaft von entscheidender Bedeutung war. Mit der völligen Liquidierung der Arbeitslosigkeit und der Herbeiführung der Zuversicht in den morgigen Tag gewann die Arbeiterklasse noch einen Charakterzug, wodurch sie sich von dem Proletariat des vorre1. Ebenda, S. 21. Nicht beschäftigte Familienmitglieder miteingerechnet. 2. Ebenda, S. 145. 3. Ergebnisse der Volkszählung ig§ . Die UdSSR (Sammelband), Moskau, 1963 S. 116.
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volutionären Rußland und eines beliebigen kapitalistischen Landes auszeichnet. Eine neue Erscheinung war auch die rasche Formierung der Arbeiterkader aus der örtlichen Bevölkerung in allen Sowjetrepubliken. Das ist das Ergebnis der sozialistischen Industrialisierung des Landes und der damit verbundenen Standortverteilung der Produktivkräfte, das Ergebnis der Verwirklichung der Leninschen Nationalpolitik. Es ist wesentlich, daß sich in denjenigen früher rückständigsten Republiken, die seinerzeit den Weg der kapitalistischen Entwicklung nicht beschreiten konnten, die Arbeiterklasse gleich als eine Klasse der sozialistischen Gesellschaft ausbildete. VI In den Jahren der Sowjetmacht ist das Niveau der Organisiertheit und des politischen Bewußtseins der Arbeiterklasse bedeutend gewachsen. Die breiten Arbeitermassen bekunden großes Interesse für die Fragen des inneren Lebens und der internationalen Lage des Landes, sie beteiligen sich aktiv an der Tätigkeit staatlicher und gesellschaftlicher Organisationen, an der Leitung der Produktion; enstanden und gewachsen ist das Verantwortungsgefühl gegenüber dem Lande für die Erfüllung der Produktionspläne, das Bestreben, die Arbeitsproduktivität zu steigern und nach Kräften die sozialistische Produktion zu vervollkommnen. Davon zeugen solche Fakten wie das unentwegte Wachstum der schöpferischen und politischen Aktivität der Arbeiter, der Rationalisatorenbewegung der Neuerer und Erfinder, des sozialistischen Wettbewerbs der Massen. Somit gewann die Arbeiterklasse der UdSSR bereits in den Vorkriegsjahren alle Charakterzüge der Klasse der sozialistischen Gesellschaft. Sie wurde zu einer Klasse, deren Existenz selber in einer auf der Ausbeutung des Menschen durch den Menschen beruhenden Gesellschaft unmöglich ist, zu einer Klasse, die nicht nur ihrer objektiven Stellung in dem System der gesellschaftlichen Produktion, sondern auch ihrer gesellschaftlich-politischen Gestalt und ihrem Bewußtsein nach ganz neue Charakterzüge trägt. Heutzutage ist die Arbeiterklasse die führende Kraft der sowjetischen Gesellschaft, die den Kommunismus aufbaut, sie genießt die Autorität und das Ansehen des ganzen Volkes. Der X X I I . Parteitag der KPdSU entwickelte in dem Programm der Kommunistischen Partei der Sowjetunion schöpferisch die These von der führenden Rolle der Arbeiterklasse. Die Periode der Leitung der Gesellschaft seitens der Arbeiterklasse beschränkt sich nicht auf die Periode deren Diktatur, deren politischen Herrschaft. "Da die Arbeiterklasse, so heißt es in
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dem Programm der KPdSU, die fortgeschrittenste und bestorganisierte Kraft der sowjetischen Gesellschaft ist, spielt sie auch während des entfalteten kommunistischen Aufbaus die führende Rolle. Die Ausübung ihrer Funktion als Leiter der Gesellschaft wird die Arbeiterklasse beenden, wenn der Kommunismus erbaut ist, wenn die Klassen verschwunden sind." Diskussion. In der Diskussion der 9. Sektion über die Herausbildung der industriellen Arbeiterklassen sprachen 10 Redner. Der grösste Teil von ihnen widmete seine Aufmerksamheit dem Problem der Differenzierung innerhalb der Arbeiterklassen. Wolfram Fischer (Berlin) sprach von der sozialen Differenzierung als Folge — und Begleiterscheinung des Maschinen-und Fabrikswesens. Er wies darauf hin, dass das Fabriksystem mit seinen neuen Organisationsformen, neuen Arbeitskooperationen, neuen Arbeitsstrukturen, neuen Prestigeskalen, Wertund Verhaltensnormen sieht nicht nur auf das Betriebsleben und die arbeitsgebundene Zeit beschränkt, sondern, dass diese Elemente, die dem neuen Produktionssystem zugehören auch ausserbetrieblich wirken, als soziale Differenzierungsfaktoren im Bereiche des Lebens und Zusammenlebens. Zu demselben Problem sprach Rudolf Braun (Bern) der darauf hinwies, dass es keinesweg nur darum geht grobe Kriterien wie Vorgesetztenfunktionen, Facharbeiter etc. zu betrachten. Er sprach davon, dass es notwendig ist "einen Sehfehler zu korrigieren, dem besonders die zeitgenössischen bürgerlichen Sozialreformer bei ihrer Beschreibung und Bewertung der frühindustriellen Fabrikverhältnisse unterlagen. Mit axiomatischer Selbstverständlichkeit wurde von diesen Sozialreformern postuliert, dass a/ die Maschinenarbeit in den neuen Produktionsstätten die betroffenen Arbeiter nivelliere und b/ entseele." Dabei wurde oft als Kontrast ein Idealbild der Handwerksarbeit gezeichnet. Herr ¡Braun wies dabei darauf hin "dass die frühindustrielle Fabrikarbeiterschaft ihrer Arbeit mit und an der Maschine völlig anders bewertete, zeigen mit aller Deutlichkeit die Gedichte und Erlebnisberichte dichtender Arbeiter; ich betone: dichtender Arbeiter und nicht etwa Arbeiterdichter. Bei der Analyse dieser Quellen zeigt sich, welches Selbstwertgefiihl die Betroffenen aus der Maschinenarbeit ziehen und wie die Maschinenarbeit eben nicht nivelliert, sondern differenziert, neue soziale Beziehungsformen, neue soziale Prestigesymbole und neue soziale Strukturierungen schafft. Von meinen Untersuchungen über die züricherische Textilindustrie her weiss ich, dass diese Gedichte von dichtenden Arbeitern
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bei der frühindustriellen Arbeiterschaft auf ein starkes Echo stiessen." Herr Braun ist der Meinung, "dass bei der Frage des Selbstverständnisses und der Selbsteinschätzung der Fabrikarbeiterschaft diesen Quellen mehr Beachtung geschenkt werden sollte." Auch Sidney Pollard (Sheffield) sprach in seinem Diskussionsbeitrag von der weiteren Differenzierung, die der technische Fortschritt mit sich gebracht hat. Man muss hier die Aufmerksamkeit den Löhnen aber auch der sozialen Stellung widmen. Es genügt nicht nur darauf hinzuweisen, dass einzelne Betriebe verschiedene Löhne gezahlt haben, insbesondere denen die die Aufsicht über die Arbeit gehabt haben. Pollard zeigte weiter, dass es notwendig ist die Aufmerksamkeit der Frauen-und Kinderarbeit im Zusammenhang mit dem Einkommen der Familie im Gegensatz zu dem Lohn des Einzelnen zu schenken. Weiter wies er daraufhin, dass die schlechter bezahlten Arbeiter durch intensivere Arbeit, oder dadurch dass ihre ganze Familie zur Arbeit ging, den besser bezahlten Arbeitern sich ausgleichen wollte. Pollard zeigte weiter, dass am Anfang der Industrialisierung die soziale Differenzierung dazu gefuhrt hat, dass Mädchen aus Familien der Facharbeiter nicht Bergleute, oder Hilfsarbeiter heiraten wollten. Am Ende dieses Zeitabschnittes verschwand diese schroffe Scheidung. Eine Ausnahme bilden blos die Landarbeiter. Die soziale Differenzierung zwischen Facharbeitern und Hilfsarbeitern wächst in Gross-Britanien wieder in der zweiten Hälfte des 19. Jahrunderts. Die Ursache dazu war wahrscheinlich die, dass die führende industrielle Stellung Gross-Britaniens nur durch die Arbeit seiner Facharbeiter aufrecht erhalten werden konnte. Auch Gerhard Adelmann (Bonn) zeigte in seinem Diskussionsbeitrag, dass sich die Differenzierimg der Arbeiterschaft nach dem Mechanisierungsprozesse fortsetzte. Er wies dabei auf seine Untersuchungen bei der Industrialisierung der nordwestdeutschen Textilgewerbe. "Mit dem Aufkommen der ersten mechanischen Flachsspinnereien im Bielefelder Raum während der 1850er Jahre waren die im Ravensbergischen ansässigen Spinner die bisher in der Heimarbeit hauptberuflich oder nebenberuflich neben der Landwirtschaft tätig gewesen waren, vor die Entscheidung gestellt, entweder in Spinnfabriken zu gehen, also Industriearbeiter zu werden, oder als Handweber ihr Leben zu fristen oder schliesslich in eine völlig berufsfremde Tätigkeit (Eisenbahnbau oder Bergbau) auszuweichen. Den Übergang in die Spinnfabrik, die man als Zuchthaus ansah, vermied man wenn irgendmöglich. So musste z.B. die Ravenberger Spinnerei A.G. trotz Arbeitslosigkeit unter den einheimischen Textilarbeitern noch bis in die 1870er Jahre auswärtige Arbeitskräfte als mechanische Spinner anwerben." Adelmann wies weiter noch darauf hin, dass
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viele textilgewerbliche Heimarbeiter seit den 1850er Jahren in den Ruhrbergbau, insbesondere in den Dortmunder Raum abwanderten. Rolf Engelsing (Berlin) sprach im Zusammenhang mit der Differenzierung über die Frage der Vereinheitlichung. "Seit der Mitte des 19. Jahrhunderts vermehren sich die Teile der Arbeiterschaft, die man Führungsschicht nennen kann, und gruppieren sich. Ich habe hier nicht die berufliche, sondern die geistige und politische Qualifizierung im Auge. Das Entscheidende ist dies : aus Einzelnen wird eine Führungsgruppe und im Verlauf einer fortschreitenden politischen Organisation eine Funktionärsschicht... Eine Führungsgruppe, damit sind Leute gemeint, die nun die Gewerkschaftsfunktionäre, Parteileute, Zeitungsredakteure, Agitatoren usw. werden. An dieser Führungsgruppe ist wichtig, dass sie nicht aus der allgemeinen Arbeiterschaft und auch nicht aus der allgemeinen Industriearbeiterschaft hervorgeht, sondern vorwiegend aus qualifizierten Handwerkern die z.T. in die Industrie gingen... Führungsgruppe heisst aber nun, dass ihre Angehörigen zwar überwiegend als Arbeiter, z.B. als Schriftsetzer, Zigarrenmacher oder Holzarbeiter angefangen haben, es aber in ihrer neuen Funktion nicht mehr sind. Indem sie die Führung der Arbeiter übernehmen und behaupten, sie zu vertreten, sind sie keine Arbeiter mehr, sondern eben Verwaltungsfachleute, politische Funktionäre, Journalisten usw. In dieser Führungsschicht und durch diese Führungsschicht, die weder den Standart eines Arbeiters noch den Standart eines Bürgers hat, vereinheitlicht sich die Arbeiterschaft. Die Führungsschicht verschafft den Teilen über die Differenzierung hinweg... die Einheit, auf die es wesentlich ankommt — die politische Einheit, die mit einer Konfliktsituation unmittelbar und notwendig zusammenhängt... Die Einheit konnte sich nicht auf der vormärzlichen lokalen und regionalen Ebene bilden, die dafür zu eng war. Sie entstand in der Bewegung von der lokalen und regionalen Ebene zur nationalen. Der nationale Rahmen oder, genauer die Bildung des nationalen Rahmens war Voraussetzung für die Bildung der Führungsschicht." Rudolf Forberger (Freiberg) sprach in seinem Diskussionsbeitrag davon, dass der Prozess der Herausbildung der Arbeiterklasse und die Arbeiterbewegung nach Betriebstechnik und Arbeitsorganisation sowie Profitgewinnungsmethoden in verschiedenen Bereichen ungleich verlief. Er verglich die Genesis der Textilfabriken mit den Bergfabriken in Sachsen und sagte, dass bei den Bergfabriken "die Steigerung der Arbeitsproduktivität gegenüber dem Handbetrieb vollzog sich nicht in einem grossen Sprung, wie dies zumeist bei der Textilindustrie der Fall war." Weiter wies er darauf hin, dass "die Bergfabriken früher als die Fabriken zu kapitalistischen Produktionsverhältnissen gekommen sind, dass sich in ihnen zeitiger als anderswo freie Lohnar-
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beiter fanden mit der Konsequenz einer ebenfalls zeitigeren Ausbildung von Solidaritätsgefiihl und einem gegenüber der Klasse der Industriekapitalisten antagonistischen Bewußtsein." Hamich Rubner (Freiburg) sprach über die Entstehung der Waldarbeiterschaft besonders in Mittel- und Westeuropa. Er zeigte, dass erst die Auswirkungen der industriellen Revolution aus den verschiedenen im Walde arbeitenden Menschengruppen die Waldarbeiter formten. Er sagte : "Die späte Entstehung einer eigentlichen Waldarbeiterschaft hängt teils an der grossen geographischen und soziologischen Differenzierung der im Walde arbeitenden Menschen, aber auch an dem vorherrschenden Einfluss der staatlichen Forstbetriebe über das Jahr 178g hinaus." Als Beispiel für die späte Bildung eines Klassenbewußtseins der Waldarbeiter zeigte er auf die Entwicklung Zentralfrankreichs. Da sich fast alle Diskussionsbeiträge mehr oder weniger mit der Frage der Differenzierung oder dem Klassenbewusstsein befassten, war es möglich sie in dieser Form zusammenzufassen. Der Diskussionsbeitrag des Herrn G. Sinzheimer (Edinburgh), befasst sich mit einigen wichtigen Fragen der Industrieentwicklung Russlands in Zusammenhang mit den Thesen des Herrn Jacunskij. Darum wird er hier ganz abgedruckt.
THE FORMATION OF THE INDUSTRIAL WORKING CLASSES : SOME PROBLEMS by E . J . HOBSBAWM
( University of London)
1. The industrial working class is not the economist's 'labour,' or even that fraction of labour which works in 'industry,' itself a somewhat conventional category. It is a social group, or complex of group», with specific sociological as well as economic characteristics, not to mention historic ones. The student of the subject cannot therefore confine himself to the techniques of any one of the apparently relevant academic disciplines. 2. If he studies the formation of the industrial working class he need not spend much time on the question how large the 'industrial' proportion of the total social labour force must be to allow us to call an economy 'industrial.' It is clear that industrialization necessitates a fairly rapid rise in the absolute numbers, and probably the proportion, of the labour force in industry, though the exact rate is uncertain. Theoretically it is immaterial whether this proportion of the total social manhours is composed of persons devoting their entire labourtime to industry or not (e.g. part-time industrial labour of peasants or married women). In practice the most convenient
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division of labour in the processes of industrialization up to the present has tended to be (with certain exceptions) one between fulltime industrial and non-industrial workers. Again, while in the abstract this labour force need not consist of wage-earners (as distinct from, say: slaves, persons doing labour service, small independent producers etc.), in practice it has evolved as a class, or classes, of wageworkers. Historically it is indeed difficult to see how an industrial economy could initially have come into existence otherwise than as a market economy of cash transactions, which implies such a class. The investigation of the formation of such a class is also the analysis of the transition from a society in which this was not the case to one in which it was. The initial problem is that of the transition from pre-capitalist to capitalist economies. More recently it is also a problem of the transition from pre-capitalist economies in the setting of world capitalist development, to other (socialist) industrial economies, or from capitalist to socialist ones. 3. The problem of the formation of an industrial working class is therefore in the first instance that of the transformation of nonwage-workers into wage-workers and of the concurrent diversion of labour from non-industrial to industrial occupations, and in the second instance that of the creation of fulltime industrial wageworkers and (probably) of their concentration in specific industrial centres (plants, villages, cities, regions, etc.). In several, but not in all, preindustrial economies such groups of fulltime wage-workers and permanent concentrations exist, though some of them (e.g. certain types of urban and semi-craft production) cannot be absorbed into modern industrial economies without profound transformations. The initial expansion of the industrial working class can sometimes take place through internal recruitment (e.g. by local population growth), but this is a special case. Industrialization as a whole has historically always required massive social and geographical displacements, with or without overall population growth, and within these, massive transformations of non-wage-workers into wage-workers. Before the victory of the modern industrial economy (i.e. at the earliest, the British Industrial Revolution), and sometines after it, various transitional devices were utilised to overcome the great obstacles to such displacements and transformations. The most important of these were (a) the various forms of decentralised manufacturing production, rural and urban, known by such names as 'domestic' or Verlagssystem, and (b) various forms of systematic temporary, recurrent or more rarely permanent, migrations of workers, —mainly evolving into movements of specialised workers such as builders,—generally from regions of abnormal poverty or low local
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labour requirements, such as pastoral mountain areas. Both made it possible to use labour from socially or geographically immobile groups, or of those not yet wholly divorced from the control of the means of production, but the transformations achieved by these means rarely produced the definitive versions of the industrial working class, though they sometimes determined its ulterior pattern of location. The main questions which arise about these transitional solutions are i ° the analysis of the obstacles which made them necessary; 2° the analysis of the factors which determined their actual shape, or detailed sources of recruitment; 3 0 their quantitative importance in the industrialising or pre-industrial economy and 40 the technical, economic or social limits of their utilisation. A t a (normally) later stage the direct forms of displacement move into the foreground, as does the internal recruitment of, or shifts within, already large classes of at least second-generation industrial wage-workers. Mass permanent labour migrations (Landfluckt, international or inter-regional movements) require a double analysis: of the factors which inhibited them up to a certain point and of the structural patterns imposed by them on the new industrial working class e.g. the (initial or permanent) recruitment of certain occupations and grades from members of distinct national or social groups. The first point ceases to be of major importance in the mid 20th century when a propensity to mass labour migration can be taken, broadly, for granted in virtually all countries. The second remains important. The interactions between internal and external recruitment have indeed become more important, except in relatively stagnant industries, or at the point at which no non-industrial sources of labour remain to be recruited, or at times when recruitment by immigration is administratively prohibited for long periods. We need to know, among other things, what rate or quantity of net influx will turn an established 'hereditary' working class which has hitherto absorbed or assimilated new entrants, into a declining group, itself absorbed by, or more probably segregated from, the new comers, and what other factors determine the character of such interactions. 4. The groups of wage-workers existing prior to the Industrial Revolution raise no problems of comparable importance. Except for certain types of workers, mainly skilled, mainly in occupations which survive the first (British-type) phase of industrialisation with little change (e.g. many journey men, artisans descended from earlier crafts), their importance for industrialization has probably been exaggerated. It is not clear how far pre-industrial 'proletariats' in town or country were permanent social categories or residual or temporary aggregations, how far there is continuity between them 12
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and later industrial groups of the same nominal occupation (e.g. porters or dockers), or how far bodies of uprooted persons (beggars, vagrants, refugees etc.) were in fact absorbed into manufacturing occupations in the pre-industrial period. It is reasonably clear that their consciousness of themselves as a 'class,' or part of a class in preindustrial times, was far less developed than it became in the 19th or 20th century. 5. From a qualitative point of view the industrial working class consists of a collection of differentiated skills and of less differentiated behaviour-patterns (habits of work-regularity, routines, accessibility to incentives etc.), which are not adequately supplied, or sometimes even foreshadowed, in pre-industrial economies. O n the whole, the more advanced the technological level on which an economy enters upon industrialization, the less useful or relevant are the preindustrial skills available to it, these being e.g. more valuable to Britain in 1780 than to Bulgaria in 1945. Hence, while the process of industrialization probably produces its own mechanism for the supply of an adequate quantity of workers (e.g. mass Landflucht), it increasingly requires a deliberately planned supply of skills (e.g. through public education) and the economising of scarce skills; especially so where an arbitrarily rapid rate of growth is imposed, e.g. by public planning. Hence, while in the U.S.S.R. in the 1930*5 'cadres decide everything,' in Britain in the 1800's they appeared to provide no special bottleneck. However, we need to distinguish also between the historically unusual situations (in the initial phase of industrialisation) of general labour shortage and the more common ones of sectional labour shortage, and the various types of skill or other qualification which may require different time-scales, costs etc., for their supply. Recent work has already begun to reconsider the effect of such labour supply problems on the pattern of industrialization. Behaviour-patterns have, historically, called for fewer new methods since it has generally been possible to rely in part on preindustrial devices to ensure industrial behaviour (e.g. family or quasi-family cohesion and discipline, traditional patterns of cooperation, military organization etc.), partly on decentralised small-scale production (which reduces the size of the units under supervisions), partly on technologically imposed regularities (e.g. conveyorbelts), partly on state compulsion, partly on the goad of hunger and insecurity etc. In the main these are transitional devices, whose actual use remains to be fully studied, as do the limits on their use. At a certain stage, in Britain by the period 1850-70, both workers and employers have adopted adequate 'industrial behaviour,' but the process of adoption
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remains obscure. Thereafter analogous problems may arise during the transition from one phase of industrialism to another, but probably in a less acute form. However, the large-scale adoption of certain patterns at one stage (e.g. legal compulsion and anti-trade-unionism in early igth century Britain) may subsequently impose distortions or affect the process of further change. 6. The industrial working class which this emerges is a social group with its own structure (including stratification) institutions, culture etc.? Its initial separateness from the rest of society and its sociological autonomy are unusually marked, because of its nontraditional character, and because of the manner of its formation under capitalist development. Its relations with the rest of society pass through three broad phases, of which the last is not directly relevant to the study of the formation of the industrial working class. They are: A) A transitional phase of early industrialism when an industrial working class with an independent way and view of life emerges from the former 'lower orders' or 'labouring poor'; B) A phase of highly developed 'separatism' and; C) A phase of relative decline of separateness, which becomes possible (but not necessary) when the fundamental material needs of the industrial working class become somewhat less urgent and the economy begins to rely largely upon their purchases. (It may be noted that even in the extreme forms of this tendency of 'embourgeoisement' it produces nothing like a simple assimilation of the industrial working class to the 'middle class' world.) In Britain: Phase A) ends in the 1840's—which also mark the moment in Western Europe when the 'proletariat' is recognised as a crucial problem of industrial society, or even as a major social and political force; phase C) is not really observable until the 1950's, while Phase B) covers the intervening century. In Britain (but probably not in countries entering upon industrialisation in the late 19th and 20th centuries), Phase B) may be further subdivided into a phase of relative disorganization (from the 1840's to the 1880's) and one in which all the major institutions of the working-class world,—labour and socialist movements, special forms of institutionalised leisure (football, press) etc.,—appear fully developed. This hiatus arises because the young industrial working class of Phase A) may be able to utilise several pre-industrial assets, which the massive progress of industrialism subsequently eliminates, e.g. customary or traditional modes of social cooperation (such as in self-governing cooperative labour teams and gangs), traditions of artisan self-defence organization and political activity, reserves of
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education and ideology drawn from the pre-industrial skills or from other as yet not too distant sectors of the 'menu paiple,' adaptations of traditional practices such as folksong and the like. The early industrial working class and its movements may therefore appear unusually 'advanced' (e.g. in their massive resistance to the new industrialism), partly because they have not as yet been fully absorbed into it. As in Britain (and other countries of archaic or early industrialism) collapse and a period of effective adaptation to the conditions of industrial society may therefore occur before the fully industrial world of the industrial working class is constructed. Phases A) and C) have attracted more attention in recent years than Phase B). Similarly formal labour movements,—the central and crucial institutions of the industrial working class,—have attracted more attention than its informal practices and institutions. A final problem which becomes important in the 20th century is the effect on the industrial working class of (and of the i.w.c. on) a transition from capitalist to non-capitalist forms of industrial economy.
P O I N T S DE V U E S U R LE M O N D E
OUVRIER
D A N S L A F R A N C E D U XVIILE S I È C L E par P. LÉON ( Université de Lyon)
La présente communication se bornera à examiner trois points particuliers, il est vrai essentiels à la compréhension du monde ouvrier et de ses réactions dans la France du xvm* siècle. I PROBLÈMES
DE DÉFINITION
Qu'est-ce que 1' « ouvrier » ? Existe-t-il une classe ouvrière homogène en France, entre la fin du règne de Louis X I V et les débuts de la Révolution? Nous excluons, bien entendu, de notre champ de vision, les travailleurs du sol, les journaliers agricoles en tant que tels, et nous partons d'une définition précise de l'ouvrier, ou du prolétaire : un travailleur vivant de la force de ses bras, à l'exclusion de tout revenu du capital, un salarié, un tâcheron totalement détaché des occupations agricoles, un « dépendant >. Or, 1' « ouvrier » industriel du xvm 0 siècle
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répond malaisément à cet ensemble de notions, et l'on peut se demander s'il existe un seul ouvrier — au sens moderne du terme — dans la France de Louis XV et de Louis XVI. Car la société est essentiellement rurale, et l'activité industrielle se mêle étroitement aux pratiques agricoles. L' « industrie urbaine », elle-même, vit en symbiose avec les campagnes avoisinantes; aussi, l'ouvrier-paysan, de type mixte, est-il majoritaire. Par ailleurs, on ne recense que très peu de salariés « purs » : beaucoup d'ouvriers-paysans sont de petits ou de très petits propriétaires, qui profitent des revenus — si modestes soient-ils — d'un capital foncier, et le terme de prolétaire, dans les campagnes de l'Ancien Régime, est anachronique. Dans ces conditions, quel est le rôle du salaire industriel dans le revenu ouvrier? Appoint ou élément primordial du niveau de vie ? Encore conviendrait-
il de dire ce que l'on entend par salaire, et distinguer le salaire proprement dit du prix-fait. D'autre part, dans bien des villes moyennes, voire importantes, le travailleur urbain reste relié aux choses de la terre. Les inventaires après décès témoignent souvent de domaines ruraux, exigus sans doute, mais qui empêchent souvent le tâcheron d'être totalement « déraciné • et « démuni ». Ailleurs, on voit les ouvriers propriétaires de portions d'immeubles ou titulaires de créances. Quant au « patronat-dépendant », que nous classons dans le monde ouvrier, il constitue un type mixte. Le maître-ouvrier de Lyon est, à certains points de vue, un patron, disposant d'un capital et salariant des compagnons; à d'autres points de vue, en tant que façonnier et qu'humble « exécutant » étroitement dominé par le marchand-fabricant, il est un « travailleur ». Ainsi, se constitue un « prolétariat à deux niveaux » : les conflits entre maîtres-ouvriers et marchands-fabricants se superposent à ceux qui divisent compagnons et maîtres-ouvriers, traduisant la complexité de rapports, qu'il n'est pas possible de faire entrer dans les « normes » contemporaines. Finalement, il semble impossible de parler de « classe ouvrière » dans la France du xvni« siècle; nous avons affaire à une série de groupes hétérogènes, aux intérêts parfois différents, sinon opposés. II PROBLÈMES DE DÉNOMBREMENT
Pour pouvoir apprécier le « poids social » du monde ouvrier, il est indispensable de commencer par en dénombrer les effectifs. Sommesnous en présence de masses importantes ou d'éléments de faible importance? Comment les effectifs d'ensemble se répartissent-ils
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entre les différentes professions, entre les diverses régions du pays? Dans ce domaine, nous nous heurtons à de grosses difficultés, résultant de l'insuffisance et de la dispersion des sources. i. — Les catégories retenues Il est d'abord utile de s'entendre sur la nature des catégories de travailleurs reconnues comme d'essence • ouvrière » et retenues comme telles. Nous exclurons les ouvriers-paysans dispersés du textile, au moins aussi paysans qu'ouvriers. Nous nous intéresserons essentiellement à trois catégories, qui paraissent à peu près remplir les conditions définies plus haut : a) Les ouvriers des métiers urbains, compris dans l'agglomération et dans ses faubourgs immédiats; b) Les ouvriers des « manufactures » concentrées (textiles, papetières, métallurgiques, minières), urbaines et rurales, encore qu'il convienne de préciser la notion de « concentration » et que nous risquions, faute d'une définition totalement satisfaisante, d'englober bien des « ruraux « dans nos computs; c) Le « patronat dépendant » des villes, dans la mesure où nous parvenons à l'isoler. Ainsi, la ville nous apparaît comme le véritable centre de formation du prolétariat en puissance, qui rayonne à plus ou moins large échelle sur les campagnes. C'est sur la ville que nous aurons intérêt à nous appuyer, pour distinguer un « noyau » ouvrier proprement dit et des formes de dégradation progressives. 2. — Les sources Les sources disponibles sont variées, mais de valeur inégale. Les états de Vinspection des manufactures, en général douteux lorsqu'ils s'appliquent au recensement de la main-d'œuvre rurale, sont assez valables pour les villes; ils peuvent se prêter, moyennant certaines précautions, aux études « sérielles », indispensables pour déterminer le mouvement de l'emploi et ses pulsations. Les registres fiscaux, de taille et surtout de capitation, bien qu'utiles, ne vont pas sans entraîner des équivoques et des confusions. Les recensements des métiers urbains, les sources démographiques, dénombrements, tel celui de Grenoble en 1725, si bien étudié par M . Edmond Esmonin (Cahiers d'Histoire, tome II, n° 3, 1957), les registres de la taxe des pauvres (vus de près pour Paris par M . F. Furet) seront d'un grand secours.
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3. — Les résultats possibles U n tel travail, à l'échelle de la France, exige la constitution d'équipes, agissant de concert, selon des normes identiques. I l ne permettra jamais de déterminer exactement le volume de la main-d'œuvre ni les variations de l'emploi dans l'industrie. Mais la conjonction d'études locales, surtout urbaines, doit faciliter une approche suffisante du problème. Les exemples de Beauvais pour le x v n e siècle, de Paris pour le xvm« siècle, sont, à ce point de vue, significatifs. Des travaux sont en cours à Lyon sur ce genre de sujets. Actuellement, on peut seulement conclure, des chiffres rassemblés et des courbes constituées, qu'il s'agit de faibles minorités (existait-il 400 000 ouvriers véritables, femmes et enfants compris, dans la France de 1789?), mais de minorités étroitement groupées, faisant masse, tirant de leur
rassemblement dans certains quartiers une conscience plus aiguë de leur force et de leur être. III PROBLÈMES DE MENTALITÉ
1. — Les mentalités traditionnelles Sans doute, les traces d'une mentalité « traditionnelle » restent-elles fort importantes, sinon majoritaires jusqu'à la Révolution. L'ouvrier ne se pense pas, le plus souvent, comme appartenant à un groupe particulier, et le compagnonnage v a directement contre l'esprit de classe, par les divisions qu'il imprime à la masse travailleuse, par les multiples rivalités qu'il suscite, par les castes qu'il engendre. Si, d'autre part, la violence des réactions peut être forte, elle tranche sur un fond général de résignation, de passivité, de soumission et de respect — voire d'humilité — à l'égard des a autorités sociales ». Les explosions ouvrières se manifestent généralement sous la forme d'élans passionnels, suscités par des facteurs purement locaux, et s'éteignent aussi rapidement qu'elles naissent. Rares sont, jusque vers 1770-1780, les actions longues et dominées par des mobiles moins transitoires. Bien plus, les ouvriers en arrivent à être le jouet de leurs patrons et à intervenir à l'encontre de leurs intérêts les plus évidents. Par ailleurs, le recours au notaire pour la rédaction de contrats de mariage et de testaments est aussi fréquent dans le milieu ouvrier que parmi les classes plus élevées, quelque modiques que soient les avoirs. Il y a, dans ce trait de mœurs, un témoignage qui ne trompe pas, signe de la persistance d'un esprit « bourgeois ». Il en est de même dans la tendance qui s'affirme parfois à constituer un pécule, si réduit soit-il. L'ouvrier espère pouvoir sortir de sa condition, prendre place
P.
LÉON
185
parmi la petite bourgeoisie de l'atelier et de la boutique, encore que les possibilités d'une ascension sociale réelle lui soient de plus en plus énergiquement refusées. 2. — Les premières manifestations d'une « conscience de classe » Cependant, dans les deux dernières décennies du x v m e siècle, et surtout dans les années 1780, apparaissent des traits nouveaux, qui annoncent la montée du « quatrième état ». Sans doute, convient-il de se montrer prudent, et de ne pas généraliser des manifestations sporadiques, limitées aux grands centres ou à certaines professions, dont le personnel se révèle plus « évolué ». L'accroissement des effectifs, l'influence d'une agglomération plus resserrée, peut-être le reflet — fort lointain — des idées pré-révolutionnaires, de Condorcet ou de Mably, l'action de la « Crise économique finale » de l'Ancien Régime, durement sentie dans les branches directement frappées, bien avant le Traité de Commerce de 1786, toutes ces causes peuvent aider à expliquer cette transformation diffuse. En tout cas, les solidarités apparaissent plus étroites, les mots d'ordre se transmettent sur de plus larges espaces, voire à l'échelle « nationale »; une étude plus minutieuse des « pulsations grévistes », que l'on n'a pas encore tentée, serait sans doute révélatrice. Les textes qui émanent des ouvriers des grands centres, les mémoires qu'ils adressent à l'autorité, les Cahiers qu'ils rédigent à la veille de la Révolution, font preuve d'une nette opposition de classe, affirment les droits du travail, réclament pour les travailleurs un emploi assuré et un traitement moins dur. Il n'y a, dans ces témoignages, qu'une tendance encore à peine dessinée, mais qui semble quand même bien annoncer l'existence, dans les milieux les plus évolués, les plus conscients, d'une mutation mentale et morale, d'une prise de position plus accusée, dont les effets se feront sentir à échéance immédiate et surtout plus lointaine.
A U X ORIGINES DE LA CLASSE INDUSTRIELLE
OUVRIÈRE
PARISIENNE
(FIN XVIIIE - DÉBUT XIXE SIÈCLE) par A. SOBOUL (Paris)
L'étude des origines de la classe ouvrière industrielle parisienne soulève des questions à la fois de documentation et de méthode. La documentation statistique, lacunaire et disparate de l'époque de la Révolution et de l'Empire, pose de délicats problèmes d'interprétation. Plus encore, le débat porte sur la nature exacte de la « classe ouvrière » et sur la proportion de ses diverses composantes, à la fin du XVIII0 siècle et au début du xix® siècle, à une époque où la grande industrie apparaissait à peine dans la capitale. Débat qui dépasse le cas parisien et qui, plus largement, importe à l'étude de la formation de toute classe ouvrière industrielle. I Quels étaient les effectifs du monde du travail parisien à la fin du XVIII6 siècle et au début du xix e ? A s'en tenir aux estimations les plus récentes 1 , G. Rude donne pour 1791 « une population ouvrière pari1. G. RUDE, « La population ouvrière parisienne de 1789 à 1791 », Amalcs historiques de la Révolution française, 1965.
A . SOBOUL
sienne » d'environ 350 000 personnes, soit à peu près la moitié de la population parisienne. L. Bergeron, pour 1807, arrive aux mêmes chiffres : « Il est certain que la petite entreprise et le salariat faisaient vivre, ensemble, entre 3 et 400 000 habitants, soit plus de la moitié de la population totale » 1 . Ce dernier auteur en distinguant petite entreprise et salariat, pose, sans le résoudre, le problème qui nous intéresse ici. L'essentiel du débat porte en effet sur l'importance relative que tiennent, dans le monde parisien du travail, d'une part les éléments attachés à la production dispersée et à l'artisanat, de l'autre les éléments salariés relevant d'entreprises déjà concentrées et que l'on peut considérer comme étant aux origines de la « classe ouvrière industrielle parisienne ». Une question de méthode importe dès l'abord. Malgré tout leur intérêt, les documents descriptifs auxquels on a eu trop souvent recours, ne sauraient suffire. S'agissant de préciser la proportion d'une catégorie sociale dans l'ensemble d'une population urbaine, il ne suffit pas de décrire, « encore faut-il compter », comme l'a souvent rappelé Georges Lefebvre. La méthodologie de l'étude des structures sociales est ici en débat. Deux critères semblent cependant essentiels pour caractériser un groupe social : le niveau social proprement dit et le rang dans la production. Pour Paris, les quelques éléments statistiques que l'on peut réunir se caractérisent par leur manque de rigueur et de précision. La statistique dressée par F. Braesch, pour l'année 1791, sur laquelle l'on se fonde généralement ne peut être prise à la lettre 2 . Le taux de concentration ouvrière auquel il aboutit (16,6 ouvriers par patrons pour l'ensemble de Paris), est faussé par l'élimination des petites entreprises où le patron artisan travaille avec un ou deux compagnons salariés. Pour une section parisienne, celle du Faubourg-Montmartre, en juin 1793, et pour quatre corps de métier, le taux de concen1. L. BEROERON, « Les sans-culottes et la Révolution française », Annales, Économies, Sociétés, Civilisations, 1963, n° 6, p. n 15. L'estimation de L . Bergeron concorde avec celle de G . VAUTHIER, < Les ouvriers de Paris sous l'Empire », Revue des Études napoléoniennes, juillet-septembre 1 9 1 3 , p. 426. Cette dernière étude se fonde sur les états d'ouvriers détenteurs du livret, établis en 1807 par les services de Du bob, préfet de police. 2. F. BRAESCH, < Essai de statistique de la population ouvrière de Paris vers 1791 », La Révolution française, 1 9 1 2 , t. 63, p. 28g. Pour la discussion, de divers points de vue, des chiffres avancés par F . Braesch, voir : G . RUDE, € T h e Parisian Wage Earning Population and the Insurrectionary Movements of 1 7 8 9 - 1 7 9 1 » (Londres, 1950, thèse dactylographiée); A. SOBOUL, Les sans-culottes parisiens en l'an II. Mouvement populaire et Gouvernement révolutionnaire (Paris 1958), pp. 4 3 5 - 4 3 8 ; G . RUDE, The crowd in the French Revolution (Oxford, 1959), pp. 1 1 - 5 8 ; M . REINHARD, « Paris pendant la Révolution » (Paris, 1962, cours polycopié), pp. 68-73 e t 8 1 - 8 5 . G . Rude reprend (art. cit., note 1 supra) l'étude critique des chiffres de F. Braesch.
A . SOBOUL
189
tration est de 5,5 ouvriers par patron, alors que F. Braesch avançait pour cette section le taux de 15,9, en i7gi. Ajoutons que l'enquête de 1791 a laissé échapper bon nombre d'ouvriers en chambre et les travailleurs à façon, salariat dispersé, qui, à l'occasion, travaillait aussi à son compte. Dans plusieurs branches de production, la dispersion du travail est en effet accentuée par la prédominance du travail à domicile pour le compte d'un entrepreneur ou d'un marchand. Cette structure de type lyonnais semble avoir progressé dans Paris, au cours de la Révolution, au témoignage même d'un rapport de la Chambre de commerce en 1807. Le travailleur en chambre (le chambrelan) se rencontre en fait dans toutes les industries parisiennes, les plus récentes comme les plus traditionnelles. En 1807, un fabricant de couvertures au faubourg Saint-Marcel emploie quatre cents ouvriers dont seulement quatre-vingts sur place, les autres dispersés dans Paris et les départements La persistance et l'importance du travail à domicile au niveau des entreprises les plus considérables ne permettent pas de conclure à une évolution vers la concentration ouvrière. C'est bien l'artisanat qui imprime sa marque au monde parisien du travail. Il y avait certes, dans Paris, des zones de concentration ouvrière se rattachant à l'industrie textile, dans les sections du Centre et du Nord en particulier. Portés sur la liste de F. Braesch, 102 fabricants de dentelle, de gaze et de drap employaient 7 191 ouvriers, soit 70,5 par manufacture. Pour l'ensemble de Paris, on comptait, en 1791,49 manufactures employant 100 ouvriers ou davantage, 3 en employant 500 ou plus, une enfin dont l'effectif atteignait 800 2. La grande entreprise constituait une exception : ce que confirment encore, en 1807, les listes d'entreprises « notables » dressées par les maires des arrondissements parisiens ou la Chambre de commerce. Ces exceptions ne changent pas grand'chose au problème : s'agissant de phénomènes sociaux, à l'échelle d'une grande ville, c'est la tendance générale qu'il faut saisir. Sans doute, certains corps de métier, les typographes, les ouvriers des fabrications d'armes revendiquèrent à diverses reprises, en juin 1791, au printemps 1794, des augmentations de salaires réel, donnant ainsi la preuve d'une véritable prise de conscience. Sous 1. Exemple avancé par L. B e r o e r o n , art. cit., p. 1122. a. A suivre les chiffres de F. Braesch, repris (sans une critique suffisante à notre avis), par G . R U D E , la zone de plus forte concentration ouvrière était constituée par le faubourg Saint-Denis : < Cette section surtout était marquée par le développement d'une grande industrie et la moyenne des ouvriers par entreprise s'y montait à 31,8, donc i peu prés le double de celle de la ville entière » (art. cit., note 1 supra). « O n voit s'esquisser un mode de vie industriel et des relations entre ouvriers el patrons qui ne sont plus ceux de la production artisanale > ( ibid.J : affirmation qu'aucun document ne vient étayer.
igo
A. SOBOUL
l'Empire comme sous la Révolution, la masse des salariés n'en continua pas moins, en période de crise, à réclamer le pain à bon marché : dépourvus de toute conscience de classe, les salariés n'avaient aucune notion de la valeur sociale du travail
II Ici se pose un problème plus général de terminologie, et qui n'est pas valable seulement pour le cas parisien. S'agissant de la formation de « la classe ouvrière industrielle », comment désigner les masses salariées de l'époque pré-industrielle? Le débat ne peut progresser que si se réalise d'abord une large entente sur le vocabulaire à employer. Pour la France, et plus particulièrement Paris, l'expression « bras nus » employée par D. Guérin sans qu'il en donne d'ailleurs une définition satisfaisante, ne saurait être acceptée : elle ne constitue pas un critère précis de différenciation sociale. Les historiens soviétiques (en ce débat, S. A . Lotte et J . Zacker),délaissant les textes de l'époque, usent de deux expressions : « masses plébéiennes » et « préprolétariat », qui paraissent équivoques parce que se référant à des conditions historiques différentes, comme à des réalités sociales imprécises 3 . L'expression masse plébéienne, même si elle est employée par les classiques du marxisme, ne saurait satisfaire ici par sa référence à l'histoire de l'Antiquité. Sous la Révolution, plèbe n'est quasiment pas usité : quand parfois le mot est employé, il l'est au sens romain, avec une nuance péjorative et par opposition avec la masse qui travaille. « Parmi les habitants de ce département », selon un texte du printemps 1798, cité par F. Brunot dans son Histoire de la langue française ( I X , p. 728), « il est une classe d'hommes qui n'est pas la classe ouvrière, mais celle qu'à Rome on appelait plebs, cette masse d'individus qui n'appartiennent à aucun parti et qui sont vendus à tous... ». Sans doute, il fut question, dans le Tribun du peuple, du 9 frimaire an I V (30 novembre 1795), de plébéianisme au sens de démocratie. Sans doute, encore y eut-il, toujours en l'an I V , un journal intitulé L'Orateur plébéien ou le Défenseur de la République. Usage rare cependant et relevant du vocabulaire politique plutôt que des réalités sociales. 1. Voir A. S O B O U L , « Problèmes du travail en l'an I I », Annales Historiques de la Révolution française, 1956, p . 236. a. D. GUÉRIN, La lutte ds classes sous la première République, Bourgeois et « bras-nus », ¡793-1797 (Pa™. «946). 3. Sur cet aspect du problème, voir G. R U D E , J .
ZACKER,
S.A.
LOTTE,
A.
SOBOUL,
« I sanculotti : una discussione tra stortici marxisti », Critica storica, 1962, n
4.
A.
SOBOUL
Inusitée à l'époque, l'expression masse plébéienne ne correspond d'autre part à aucune catégorie précise de la société urbaine française de la fin du XVIIIe siècle, même si l'on tient compte de l'importance numérique des indigents (un indigent secouru pour neuf habitants à Paris, en 1793-1794, un pour trois dans les trois sections du faubourg SaintAntoine). Elle ne présente aucun caractère spécifique ; par sa résonance romaine, elle déforme la réalité et fausse la perspective. Le terme de préprolétariat ne saurait satisfaire davantage. Le mot prolétariat apparaît surtout dans le vocabulaire babouviste, donc tardivement et au sens antique de citoyens pauvres qui seront fournis du nécessaire par la « communauté ». Trait significatif, c'est dans la bouche de Dupont de Nemours, économiste et constituant, le 24 septembre 178g, que le mot prolétaire apparaît lié à la notion de travail et non à celle de pauvreté. O n ne saurait évidemment parler de prolétariat parisien pour la fin du xvm® siècle, si ce n'est dans la mesure très faible où existait un secteur industriel déjà concentré; encore ces éléments participaient-ils dans une large mesure de la mentalité artisanale. Quant à l'expression de préprolétariat forgée par référence à l'évolution sociale future, si elle paraît acceptable dans son sens chronologique, elle n'en demeure pas moins vague et peu spécifique. « Ce groupe social », écrit S. A. Lotte, « comprend des couches diverses où s'est développé le véritable prolétariat ». Sans doute... Sous le poids de l'évolution économique, le monde parisien de l'artisanat et de la boutique se dissocia tout au cours du xrx e siècle. Parmi les descendants des sans-culottes parisiens, si certains demeurèrent attachés à l'artisanat et à la boutique, si d'autres, plus entreprenants ou plus heureux, s'élevèrent au niveau du capitalisme industriel, la majorité fut éliminée des rangs des petits et moyens producteurs marchands. Avec les petits paysans rejetés des campagnes par l'évolution capitaliste de l'agriculture et la désagrégation de la communauté rurale, ils formèrent la masse de la classe ouvrière industrielle. Toutes les catégories populaires de la fin du xvm® siècle, époque pré-industrielle, ont à des titres divers constitué un préprolétariat. Le terme de sans-culotterie, usité à l'époque révolutionnaire et consacré par l'historiographie, peut paraître vague au regard du vocabulaire sociologique actuel. Par rapport aux conditions économiques et sociales du temps, à prédominance artisanale et boutiquière, il répond cependant à une réalité, étant entendu que les sansculottes, comme toute catégorie sociale, se définissent par un ensemble de traits à la fois sociaux et de mentalité collective. Le terme de sansculotterie nous paraît cependant avoir une résonance trop politique, les limites chronologiques de son usage sont trop étroites, pour qu'il puisse être retenu ici. Dispersés et sans conscience de leurs intérêts propres, les travail-
192
A . SOBOUL
leurs de la petite entreprise artisanale ne constituaient pas une classe. Pourquoi, dès lors, ne pas recourir à l'expression salariat de type ancien ? ** *
L'élément dominant des luttes sociales des masses parisiennes pendant la Révolution et longtemps encore au xix e siècle, ne fut pas constitué par une « classe ouvrière industrielle », mais par une coalition de petits patrons et de compagnons travaillant et vivant avec eux, subissant leur influence idéologique. Quant aux salariés des manufactures déjà concentrées et anonymes, s'ils eurent à l'occasion un comportement plus indépendant qui n'est pas sans annoncer celui des prolétaires de la grande industrie contemporaine (ainsi lors de l'émeute Réveillon, le 28 avril 1789), ils n'en demeuraient pas moins imprégnés de l'esprit artisanal et de l'idéologie petite bourgeoise. Ils avaient le plus souvent débuté dans de petits ateliers, ils vivaient parmi les artisans et les compagnons en proportion desquels ils ne constituaient qu'une faible minorité. Ni par la pensée ni par l'action, les travailleurs salariés ne constituèrent dans Paris, à la fin du xvin e et au début du XIXe siècle, un élément social indépendant : on ne peut, pour cette époque, parler d'une « classe ouvrière industrielle parisienne ». Pour ce qui est du salariat de type ancien, l'évolution achèvera de différencier ses rangs. La liberté économique accélérera la concentration des entreprises, transformant les conditions matérielles de la vie sociale, mais altérant en même temps la structure des masses populaires traditionnelles. Du sort qui risquait d'être le leur (car pour un artisan qui s'élèvera à l'industrie, combien échoueront?), artisans et compagnons avaient le pressentiment, sachant, ceux-ci que la machine augmentait les risques de chômage, ceux-là que la concentration capitaliste entraînait la fermeture de leurs ateliers et les transformait en salariés. Tout au cours du xix e siècle, artisans et compagnons parisiens se cramponnèrent à leur condition. Il serait intéressant à ce titre de préciser quelle est la part qui, des journées de juin 1848 à la Commune de 1871, revient soit à la classe ouvrière industrielle, soit au salariat de type ancien: on mesurerait par là la dégénérescence des masses populaires traditionnelles, à mesure que triomphe le capitalisme industriel, tout en soulignant l'une des causes de faiblesse des tentatives révolutionnaires parisiennes du xix e siècle.
PECULARITIES OF INDUSTRIAL IN E A S T E R N E U R O P E A N D T H E
PROGRESS
DEVELOPMENT
O F T H E W O R K I N G CLASS by IvÁn T .
— György (Budapest)
BEREND
RÄNKI
The development of modern industrial working classes has been closely connected in every country with the gathering strength of the industrial revolution. Extensive international literature is available on the industrial revolution and its effects on social conditions. Well-founded, accurately documented statements have been laid down on Western European continental and North American industrial revolutions; lately much has been written on the question with reference to the developing countries, the former colonies. However, apart from a few attempts, 1 a revealing account of the peculiar Eastern European process of the industrial revolution is i. See among others Jürgen K U C Z Y N S K I , "Zum Problem der industriellen Revolution", ZtiischriftfiirGeschichtswissenschaft, 1956, 3 ; Witold K U L A , "Some Observations on the Industrial Revolution in Eastern European Countries*',
Kwartabiik historii Kultury materialnej, Warazawa, Vol. VI, 1958; Jaroslav PuJlS, "The Industrial Revolution in the Chech Lands", Historia, II, Praha, i960; V . "La revolucione industríale in Russia", Studii Storici, 1961, 5-6; Olga
JACUNSKI,
CONSTANTiNEscu, N . N .
CONSTANTINESCU, CUfirivirela
in Rominia, Bucuresti, 1957, Editura Stiintifica.
problema revokdiei industrióle 13
194
IVAN T . BEREND-GYÖRGY
RÄNKI
still lacking; this process, which may chronologically be put between the industrial revolution of the western countries and that of the former colonies, amounted to an intermediate step regarding its level as well as in many other respects. In the majority of Central-Eastern European countries the economic-social conditions produced by the 18th and 19th centuries were marked by a line of development which from the close of the 15th century had deviated from the path followed by the development of capitalist economy in Western Europe; they were furthermore marked by the survival of feudal serfdom and absence of the accumulation of capital. The gradual weakening and loosening of mediaeval feudal restrictions and feudal forms of rent and revenue, the system of paid work, the introduction a n d spread of capitalist l a n d rents in agriculture, the prosperity of trade, flourishing world commerce and accumulation of capital following the discovery of new continents and the consequent advent of the age of manufacture in industry revolutionized economy in most Western countries of Europe. In the Central-Eastern European countries situated in the peripheral region of world-trade, these roads of advancement were for the greater part blocked. As proved by extensive research work in the last few years, from the turn of the 15th century in the majority of these countries increasing severity of serfdom, restoration of bondage to the soil, menial service instead of rent, and especially duty labour of villeinage were dominant features. The ever vaster estates of landowners prevented urbanization and the accumulation of any considerable capital. Trades were still practized within the framework of guilds 1 . In the approximately three centuries which elapsed from the 15th, 16th centuries to the 18th and 19th, as regards economic progress, Europe was divided into two widely separated parts. These antecedents provided very different preconditions and chances for modern industrial development and for the course of the industrial revolution. England was the first country where the industrial revolution laid the foundations of a modern manufacturing industry from the last decades of the 18th century. O n the unanimous evidence of literature concerned with economic history, Britain grew into a great industrial power in the not quite fifty years of the industrial revolution, from the 1780*3 to the 1820's. The revolutionary transformation of productive forces soon reached the continent, to run its 1. Zsigmond P A l P a c h , "Die ungarische Agrarentwicklung im 16.-17. Jahrhundert. Abbiegung vom westeuropäischen Entwicklungsgang", Studio Historica, 59, Budapest, 1965.
IVÀN T. BEREND-GYÖRGY RÄNKI
»95
course in the first decades of the 19th century in France, while the most important years of the German industrial revolution were in the two decades from the 1830's to the middle of the century. 1 By the middle of the igth century industrialization and urbanization had made considerable progress in the Western European countries. In numbers the urban population was far superior to the rural population in Britain at the middle of the igth century. 8 In France the population grew from 25 to 36 million in the years from 1789 to 1859, while town inhabitants increased from one fifth to one fourth of the total population. 3 As a result of industrialization in Western regions, in the German States the numbers of the non-agrarian population leapt from 20 per cent in 1830 to 40 per cent by i860. 4 By the year i860, the industrial population accounted for over 26 per cent of the total population of Denmark, 8 and from the beginning of the 19th century the proportion was similar in Belgium. 8 Naturally, the picture is entirely different in Central and Eastern Europe. The paralyzing influence of serfdom which prevailed until the middle, — in some countries until the last third, — of the 19th century made itself strongly felt by the absence of industrialization. At the end of the 18th century and the first half of the 19th, industrialization gained hardly any noteworthy impetus, so that the agrarian character of these countries underwent practically no change. In the European parts of Russia, after the reform abolishing serfdom, the urban population amounted to altogether 9.9 per cent in 1863; by the year 1885, this figure rose no higher than 12.2 per cent. 7 In the same years —in 1859 and i860— the population engaged in industry and commerce accounted for 9 per cent of the inhabitants in the Rumanian principalities. 8 In Hungary the urban population i. See among others
Capital, Budapest, 1 9 4 9 ; I.C. C L A PH A M , Economic H.L. D E A L E R , The Industrial Revolution, 1750-1850, London, 1 9 3 9 ; Maurice D O B B , Studies in the Development of Capitalism, London, 1 9 4 7 ; Pierre B E N A E R T S , Les origines de la grande industrie allemande, Paris, 1 9 3 7 ; Studien zur Geschichte der industriellen Resolution in Deutschland, Berlin, I 9 6 0 ; D U N H A M , La Revolution industrielle en France, Paris, 1 9 5 3 i E.J. H O B S B A W M , The Age of Revolutions, MARX,
History of Modem Britain,
1927;
Budapest, 1964. А. R . E . 1961,
p.
CAMERON,
France and the Economic Development of Europe, New Jersey,
6.
3. E . LEVASSEUR,
Paris, 1867.
Histoire des classes oumitres en France depuis 178g jusqu'à nos jours,
4 . P . B E N A E R T S , op. cit.,
5. Jens
SAMSÖE,
б . R . E . C A M E R O N , op. cit., 7. LENIN,
garian). 8 . G.D.
130.
p.
Die Industrialisierung Dänemarks, Jena, p.
1928,
The Development of Capitalism in Russia, Budapest,
CIOIUCEANU,
p. 11.
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La Raumtone écanomiquc, Paris,
1928,
1949,
p.
p.
69.
11
(in Hun-
196
xvAN T. BEREND-GY&RGY RANKI
amounted to 13.5 per cent of the total in 1869; b y 1910 this figure increased to 23 per cent. 1 I n the Central-Eastern European countries, w h i c h from the 16th century followed their o w n peculiar pattern o f development, decisive economic transformation failed to take place in the first h a l f or the first two-thirds o f the 19th century. T h e delay o f the Eastern European industrial revolution, however, involved not only a chronological postponement. T h e particular w a y of agricultural development associated with the survival o f serfdom gradually led to rudimentary agricultural capitalism; in contrast to the situation in Western European countries, in the majority of Central a n d Eastern European countries this finally resulted in an extremely slow and contradictory but earlier start of capitalist development in agriculture through the international corn-trade connected w i t h farming, before the industrial revolution h a d taken place. Therefore, again unlike the cours followed b y the economic development o f Western countries, after the reforms abolishing serfdom in Central-Eastern Europe, it was not industrialization w h i c h stood in the focus of capitalist development but, for a relatively long time, the modern capitalist transformation and development o f farming. A s a matter o f fact it was in these years that the system of hired labour gained g r o u n d in farming in these countries and the use of machines was introduced. T h e initiated modern capitalistic credit organizations were closely connected w i t h the requirements of agriculture; the bulk o f b a n k credits went to finance agriculture, while the establishment o f modern c o m m u n i c a t i o n lines promoted the solution of problems presented b y the sale of agricultural products. I n Russia serfdom was abolished b y the reform of 1861 w h i c h p u t an end to the system of forced labour on the large estates. After transitional forms — a s metayage, e t c . — b y the last decades o f the 19th century a b o u t 3.5 million agricultural labourers worked in European Russia, one fifth of the total peasantry consisting then of hired workmen. 8 U n t i l the close of the 19th century the activities o f the late established Russian organizations o f credit-service were concentrated o n a g r i c u l t u r e ; of the credits provided by the Russian Bank founded in i860, as late as the y e a r 1896 the greater part — 2 5 . 3 million r o u b l e s — was granted to agriculture, while industry received a m u c h smaller share, only 15.3 million roubles. T h e building of railways, started in i860 merely for strategical reasons, having 1. O n the basis of the national census. 2. R U D N Y E V , "Peasant Industry in European Russia", ^emstuo Collection of Saratov, 1894 1 1 (6). Quotes L E N I N , op. cit., pp. 233, 234.
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gained a secondary, economic importance, agricultural interests became the main concern, as shown by statistics: in the years between 1860 and 70, thirty to forty per cent of the transported goods were consignments of corn, and it was only by the turn of the century that this figure was reduced to twenty per cent. 1 Similar phenomena may be noted in Hungary during the years following the revolution of 1848. In half a century, former cotters and serfs became hired labourers; the number of farm-hands employed on the large estates and agricultural workmen approached i .9 million heads by the turn of the century, amounting to approximately 40 per cent of the earning agricultural population. * The network of railways built in the given period served almost completely the interets of agriculture and Austrian exports, which is graphically illustrated by the fact that until 1880 to 1890, only 10 per cent of industrial areas and of the regions producing industrial raw materials were given railway lines. In the business activities of the large banks state loans and railway investments were followed by agricultural credits in order of importance, while minor banking institutions, —including the ubiquitous network of provincial savings banks,— placed 40 per cent of their outlaid capital to finance large estates.3 Thus, while industrialization proceeded at a very slow rate and, on the evidence of the above quoted data, on an extremely low level, the advancement of agriculture and the spheres connected with farming became the principal event in the economic growth of Central-Eastern European countries. This was reflected also by the rapid increase of agrarian production and exports. Reverting to the examples mentioned before, in European Russia, compared to the level of the years 1864-66, corn production increased by over 73 per cent in the years between 1885 and 1894. 4 In Rumania it was nearly doubled in four decades. 5 In Hungary the average wheat crop of 20.6 million quintals between 1871 and 1885 increased in these decades to 41 million quintals by the years between 1901 and 1915, being actually doubled. Rye production grew by 50 per cent, barley crops were doubled, while maize production showed an average 2.5 fold increase. • This special line of development, of which ever more rapid and leading agrarian progress following upon bourgeois transformation i. Bertrand GILLE, Histoire économique et sociale de la Russie, Paris, 1949, p. 171. ». Figures from the igoo census. 3. Statistics of Hungarian Banks, i8gi, igog, Budapest, 1911. 4. LENIN, op. cit., p . 2 4 6 .
5. Petre ERÔUTA, Die Genesis des modernen Kapitalismus in Rumänien, Leipzig, p. 9 0 . 6. Based on Statistical Year-books.
1941,
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formed an important part, largely decided not only the time but also the course of the industrial revolution. In Eastern European countries the industrial revolution, after some delay, took place in the last third, of the i gth century mostly in the beginning of 20th century, when its track was virtually carved out on the one hand by the peculiar economic structure and agrarian character of the country and its role as supplier of agricultural goods strengthened in the era of free trade; on the other hand by the activities of industrially and technically highly developed, exceedingly wealthy Western European countries as exporters of capital. In the Central-Eastern European countries the industrial revolution, concluded—if they concluded—at the beginning of the 20th century, partly adapted itself to the agricultural requirements of these countries, partly was carried out invariably with the cooperation and extensive investments of foreign capital, which implies that it also served the interests of highly developed industrial countries active as buyers of raw materials and exporters of finished industrial products. With reference to the chief facts an account is given of phenomena which accompanied the delay of the industrial revolution and its deviations from the usual pattern. In the majority of Central-Eastern European countries the industrial revolution, initiated only in the last third of the 19th century and stretching partly over the opening of the present century, was accomplished almost a hundred years later than in Great Britain and five to seven decades later than in the Western countries of the continent. In Hungary, which was relatively one of the most advanced among the Central-Eastern European countries, there were only nine steamengines before 1848; though the sporadic appearance of machine alone can by no means be regarded as an industrial revolution, in this case the figure speaks for itself. The actual onset of an industrial revolution may be observed from the sixties, after communication and transport had been revolutionized, when the foremost branch of industry, the flour mills, had been mechanized. As concerns the other branches of industry, the use of machines began to gain ground only in the years between 1870 and 1880, but in some fields the process failed to run its course even by the turn of the century. In Rumania and Bulgaria the years between 1870 and 1880 were the period when machinery was installed sporadically. The process got under way in the decades preceding or rather those following the turn of the century, without being accomplished before the First World War. The late development of the industrial revolution is indirectly confirmed by the fact that in the year 1863 there were altogether twenty-two thousand industrial workers in Rumania, whereas by 1901 and 1902 their number rose to exactly 120 000,
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one third of whom were employed in factories. In Bulgaria, there were altogether 36 factories in 1867; by 1907, their number increased to 260, with twelve thousand workers. 8 In 1868 altogether, 11 factories could be found in Serbia; in 1908, already 172. 3 As concerns Russia, in the first decades following reform, —between i860 and 1880,— at the beginning, industrialization is known to have proceeded at an extremely slow rate, to gain a stronger impetus in the last decades of the century. In the years between 1875 and 1878, fewer than sixty-three thousand steam-engines were used in industry with a capacity of altogether 1 1 5 000 horse -power. By the year 1892 the number of steam-engines was more than doubled, while capacity rose to threefold, i.e. 345 000 horse-power. The first veritable leap from this extraordinarily low level took place by 1912, the h.p. capacity of industrial machine stock having risen in the meantime to 1.2 million h.p. 4 After the first steps in the industrialization and consequent industrial revolution of the Central-Eastern European countries as late as in the years of i860 to 1870, the true expansion of these processes can thus be noted only from the years of 1880 to 1890. As pointed out before, the delay of the industrial revolution naturally involved the emergence of other peculiar traits. Of the latter the first to be mentioned is that whereas in Great Britain, the pioneer in industrial revolution, the technical revolution of communication and transport was preceded by the industrial revolution and in the majority of the Western European countries the two ensued parallel, in the countries of Eastern Europe the revolution of communication and transport, the building of modern railways and the utilization of waterways, preceded the industrial revolution, owing to the agricultural character of these countries and the related interests of foreign trade, furthermore to the accumulation of capital in the Western countries favouring investments in Eastern Europe, and lastly to technical achievements and economic interests. Up to the year i860 approximately 1.5 thousand kilometers of railway lines had been built in Russia, induced chiefly by strategic reasons; by 1880 over 20 thousand kilometers of railway lines were completed, predominantly to serve agrarian and commercial interests. 1. P. ERCUTA, op. cit., p. 71; N.N. CONSTANTTNESCU, 2. Paul LINOENBBRO, Das note Bulgarian, 1887-igis, 3. J o z o TOICASEVICM, Peasants, Politics and Economic '955. P- 1724- Contribution to the Statistics of Steam-Engbies of Data Concerning Russian Manufacturing Industry. GFLLE, op. cit., p. 198.
op. cit., p. 173. Berlin, 1912. Change in Jugoslavia, Stanford, in the Russian Empire; Summary Quotes LENIN, op. cit,. p. 502
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In the following twenty-five years the length of railway lines was trebled. 1 In Hungary, the first railway was opened in 1846, and by the middle sixties a network of about two thousand kilometers was in operation, connecting the big agricultural centres with Budapest, and the Hungarian capital with Vienna. In the years following the Austro-Hungarian compromise of 1867 until 1878 the length of the railway network rapidly increased to about fourfold, building of all the main lines in the country having been completed. 8 In the case of both countries it is therefore obvious that the principal phase of railway construction was terminated before the industrial revolution came into full swing, before industrialization really began. Similar tendencies may be noticed in the history of Rumania and Bulgaria. In Rumania the first, not quite 200 kilometers long railway line was finished in 1869, but by the end of the eighties the network grew to a length of 2.5 thousand kilometers. 3 In Bulgaria the first 224 km line was opened to the public in 1886; by the end of the century a network of 1.5 thousand km was completed. 4 The process of constructing railways and the prosperity of the latter before the industrial revolution were, of course, not without influence on industrial progress itself, since they promoted the introduction of mining-metallurgic branches engaged in exploitation and primary processing. Not infrequently financial groups effecting major investments in the sphere of communications appeared with offers to open up mines, to found metallurgic works, to build communication lines and provide fuel. For instance, the Austrian Danube Steamship Company, which introduced modern steamship navigation in Hungary in the middle of the 19th century, was among the first to open up and develop stone-coal mines in the vicinity of Pics. The Austrian State Railway Company which played a leading role in the early stage of Hungarian railway building exposed another extensive anthracite deposit in Southern Transylvania, and built at Resica the most modern metallurgic base in the Hungary of those days. 5 Thus in the peculiar course of the industrial revolution in CentralEastern European countries, due to the priority of railway building, mining and metallurgy were from the very first assigned a visibly 1 . B . G I L L E , op. dt.,
171.
p.
2. T a m i s F O L D I , Hungarian Railway Building, the Profit Source of the Foreign Capital, ¡867-1900. Studies on the History of Capitalism in Hungary, 1867-1918, Budapest,
>9563 . C I O R I C E A U , op. cit.,
p.
126;
N.N.
C O N S T A N T I N E S C U , op.
cit.,
p.
44.
Nicola S H A R O F F , Die industrielle Entwicklung Bulgarians, 1904. 5. Sdndor Vilmos, Development of the Industry, in Hungary, 1867-1900, Budapest, 1954, p. 118. 4.
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prominent role, and so were other branches of heavy industry connected with railway building. It was nevertheless other branches that played the most outstanding part in the industrial revolution. Even when industrialization began to make rapid headway, technical revolution could not be initiated in every branch of industry. The development of industry started later mostly with the aid of Western capital was extremely onesided as regards its branches. Notwithstanding the wide dissimilarities encountered in this respect in the various Estern European countries, it may be stated in general that the textile industry was allotted a position which remained far behind that of the food industry in importance. As concerns Hungary, the advent of the manufacturing era was greatly retarded by the survival of serfdom until the middle of the 19th century and by the economic policy of the Habsburgs devised to hamper industrialization. The weakness of the handicraft workshops of the period, on the other hand, left its mark on the belated industrial revolution. The course of the industrial revolution was further distorted by the feudal remnants which survived bourgeois transformation, and by the industrial and economic superiority of Austria which was allowed to dominate in the Austro-Hungarian Monarchy. Therefore it was in the food branches that the industrial revolution was accomplished in the first place. The first important steps in using machines were also connected with this field, for the more than half a dozen modern sugar factories founded chiefly with Austrian capital in the years between 1850 and i860, amounted to revolutionizing a whole branch of industry. After the foundation of the first steam-mill in the first half of the 19th century, the Pest Rolling Mill, a good many years later, from the middle sixties flour-mills were put into operation in quick succession, so that within two decades Budapest became one of the world's largest flour-mill centres, second only to Minneapolis. The leading role of the food industry is indicated by about 30 per cent of the whole steam-engine capacity installed at the close of the 19th century in Hungarian manufacturing industry having been applied in this branch which produced about 44 per cent of the total industrial output. At the same time, only 5 per cent of the employed machine park, —calculated after horse-power,— served the textile industry, the production of which amounted to altogether 3.6 per cent of the total industrial output. 1 In Rumania, around 110 million leis of the capital were invested in the food industry by the year 1901, while the capital invested in the textile industry amounted to no more 1. Ivin
BEREND,
Gyorgy
Budapest, 1955, p. 298.
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Hungarian Manufacturing Industry, 1900-1914,
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than 11 million leis. Half of the over 38 thousand h.p. capacity produced by the engines employed in industry in 1902, exactly ig thousand h.p., was used in the food industry, while the machine-stock of the textile industry was of altogether 1.7 thousand h.p. strength. 1 Of the 260 factories operating in Bulgaria in 1907, 147 produced foodstuffs but there were only 61 textile works. O f the French capital of 62 million francs invested in manufacturing industry, 22 million went into the foodstuff branches, and only barely more than half, altogether 13 million francs, were allotted to the textile industry. * The leading role of the food industry in the industrial revolution is shown also by the fact that as late as the beginning of the present century, in 1913, it produced 36 per cent of the total industrial output in Russia, while the textile, leather, and clothing industries produced altogether 22 per cent. The corresponding figures were 55 and 10 in Rumania in 1902, 58 and 24 in Bulgaria in 191 o. The peculiar Central-Eastern European features of the industrial revolution exerted a strong influence on the development of the industrial working classes and brought to the surface numerous typical traits of the process as compared to conditions in Western European countries. The industrial revolution and the special features of the process of industrialization naturally exerted a powerful influence on the course followed by the development of the working classes as well as on the social structure of it. The most direct and at the same time the most striking effect of the above outlined Central-Eastern European development was that after the abolishment of serfdom, —in the first decades of the capitalist epoch,— it was not the rapid development of the industrial working classes which became the most salient social characteristic, but the immense masses of agrarian proletariat. Taking the example of Hungary to illustrate the process it must be pointed out first that in the second half of the 19th century the great majority of the population still looked to farming as a livelihood; if there were only about 250 000 craftsmen, members of guilds and factory workers in Hungary in the forties, by the turn of the century no radical change can be said to have taken place 3 . On the proof of the census of 1900, despite accelerated industrialization at the end of the century, only about 10 per cent of the active population found a sustenance in industry. However, great changes 1 . N . N . CONSTANTINESCU, o p . cit., 2. P.
L I N D E N B E R G , op.
pp. 81,
148.
cit.
3. Iván B E R E N D , Gyorgy R Á N K I , "Das Niveau der Industrie Ungarns zu Beginn des ao. Jahrhunderts im Vergleich zu dem Europas", Stadia Histórica, 51, 1961.
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occurred in the agricultural majority of the population. The laws of 1848 about the abolishment of serfdom assigned the land having hold earlier only to about one fifth of the ancient serfs. Another 20 per cent received only small parcels but the cotters constituting the great majority, 60 per cent, were liberated without obtaining any land. In the second half of the 19th century, this tremendeous mass became the agrarian proletariat. In 1900, two thirds of the country's active population worked in agriculture, but 39 per cent of agricultural active population were agrarian proletarians. Owing to the prevailing conditions and the backwardness of the large estates, only a small part of the farm labourers, approximately one quarter, lived on the farms of the estates as servants, as hired labourers attached to the large estates. Three quarters wandered about the country, finding work in the farming season and taking jobs as navies in public works, in railway and road building. The circles of the agrarian proletariat were further completed by petty peasants whose tiny holdings failed to afford a livelihood, who could keep themselves and their families only by going out to work as hired labourers. The number of these amounted to 15 per cent of agricultural population. Thus the agrarian proletariat and semiproletarian masses made up exactly one third of the total number of active population in the country. 1 This extensive mass of agrarian proletariat was many times superior in number to the industrial workers at the end of the 19th century. Among the industrial population the number of those employed in large and small industry in 1900 hardly exceeded 700 000 heads, i.e. one tenth of the active population. A study concerned with the development of the working classes cannot confine itself to the most obvious points. As compared to Western European countries, not only preponderance of the agrarian proletariat and the extremely small numbers of the industrial proletariat appear as special features. The development of the industrial working classes themselves also displays many dissimilar elements. In Great Britain or the Western countries of Europe, as the industrial revolution advanced a considerable number, at the beginning the overwhelming majority, of the industrial proletariat employed in the factories were recruited from the workers of the old factories based on manual labour, from the assistants of formerly independent workshops, and partly from their former owners very many of whom had been ruined by the competition of modern capitalist industry. i. Tibor KOLOSSA, "Beiträge zur Verteilung Agrarproletariats in der Österreich-Ungarischen
51» '961.
und Zusammensetzung des Monarchie, SUtdia Histórica,
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At the start of the industrial revolution and upon its upswing at the end of the century, the relatively severe shortage of labour in the Central and Eastern European countries did not make it possible to exploit these sources of labour as extensively as it was done in the West. The industrial development of preceding centuries having been limited in every branch to a backward level and a narrow circle, large-scale industry could cover only a fraction of its labour demand from this source. In the following we should like to mention some details from the data recorded in this field in Hungary. In the forties of the 19th century there were 1 1 7 000 craftsmen working in the country, roughly the same number of assistants, and altogether 23 000 workmen employed in factories and workshops. In the second half of the century the development of the industrial revolution did not deprive independent craftsmen of their existence; by the turn of the century the number of owners of independent workshops and their assistants increased to 400 000 and 300 000 heads respectively. The negligibly small number of workers employed by factories based on manual labour hardly came into consideration when it came to the foundation of large factories. Therefore it was not industry but agriculture, rural destitution which became the chief source to cover manpower demand. Increase of the number of industrial workers, —in 1880 1 1 1 000, in 1900 320 000 heads,— ensued chiefly by part of the agrarian proletariat becoming industrial workers. This difference in itself became the source of further special features. The masses of agrarian proletarians of peasant stock employed by the factories coming from the villages, were inexperienced in industrial work and could in truth be used only as hands for unskilled labour. T o satisfy the demand raised by the industrial revolution for skilled workmen, earlier handicraft "share-workers" who might easily be taught to handle machines could hardly be found in the country owing to the special turn development had taken. The only possible way to cover the demand for skilled manpower therefore was to employ foreign labour. In the last third of the century, a considerable part of the skilled workers employed by Hungarian industry had actually drifted into the country from Austrian and Bohemian territories of the Austro-Hungarian Monarchy. In the year 1875, at Budapest, 25 per cent of the factory workers were foreigners; in the iron and machine industries requiring highly skilled workmen the figure was 35 per cent. 1 Another consequence of the origin of the working classes which made itself strongly felt in the 19th century must also be pointed out. 1. For this issue see Miklos Lack6, Composition of the Hungarian Working CUtsu, i86y-iQ4g, Budapest, 1961, pp. 46 to 48 (in Hungarian).
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The fact itself that these masses of rural extraction were mostly employed as unskilled factory hands played a role in preserving for a long time the transitory type of workman who had not yet broken away completely from the village and from farming. This issue is, however, absolutely inseparable also from the fact that revolutionizing of communication and transport preceded technical industrial transformation; as a result railway building and other extensive public works absorbed immense masses from agriculture and led to the development of a special transitory type of workman. Many of these worked temporarily in industry, for instance during the strong season of the food industry, but for a relatively long time they did not become permanent workmen. 1 The late beginning of the industrial revolution and the low level of industrialization made themselves felt not only in the number of the actual industrial proletariat and the maintenance of lasting rural relations, but also in the very structure of the industrial working classes. Owing to the peculiar character of the industrial revolution in Hungary, industrialization required a type of workmen which differed from the western type. The importance attached to iron and machine industry, —chiefly on account of revolutionized communication and transport,— created a strong demand for highly skilled labour, while the technological claims of the branch called for the employment of large masses of unskilled hands. From the viewpoint of numbers it confirms the significance of ironand machine industry that in the year 1900 nearly one third of factory workers were engaged in these branches, apart from mining. This figure, however, includes the unskilled factory hands. The number of skilled workmen employed in the iron and machine industry may nevertheless be estimated to have amounted to minimum one fifth of industrial workmen. This stratum, which formed the basis of the developing Hungarian labour movement, owing also to its mass, exerted a strong influence on the picture presented by the working classes. Beside the iron and machine industry workers and the, thin layer of skilled labour to be found in other branches of industry, it was the unskilled hands, including large numbers of seasonal workers, who formed the majority of the working classes, all the more so as the food industry which played a leading role in Hungarian industrial progress employed very few skilled workmen. The predominant role of the former type flowed from the nature of industrial development. Here reference is made to various branches of food industry, chiefly the flour mills and sugar factories which employed seasonal labour to a large extent. The building trade also required large numbers of 1 . Miklos LACKO, op.
cit.,
pp. 38, 39.
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permanently available entirely unskilled hands. These two branches of industry employed more than one third of the working classes. Their manpower demand could be covered from the ranks of the agrarian proletariat whose members being unwilling to break away for good from their villages favoured work which permitted them to return to their respective rural districts at least for the height of the farmwork season in spring and in summer. The type of semi-skilled labour so characteristic of the industrial revolution, particularly in Great Britain where it was employed the most extensively in the textile industry, was entirely absent from or played hardly any part in the ranks of the Hungarian working classes. In Hungary altogether 6 per cent of industrial workmen were employed in textile industry. When other branches of light industry, as leather and clothing industries, requiring semi-skilled labour in a considerable measure are taken into consideration, the number of semi-skilled workmen employed in these branches is still found to have remained under one tenth of factory workers. 1 Another noteworthy aspect of this special structure of the working classes ascribable to the industrial revolution is the relatively small role played by female and child labour as compared to conditions in Western countries, masses of female and child workers being the most suitable for semi-skilled handling of machinary in textile industry. On the other hand, no considerable number of women and children could be used for skilled work demanding extensive training or for unskilled labour requiring great physical strength. A rather large number of women were certainly employed in the food industry (sugar factories, tobacco factories) but these branches of industry did not create a manpower demand similar to that of the textile industry. In the year 1890, the number of female workers consequently failed to reach 15 per cent of the total of Hungarian industrial workers. 2 The number of child workers was still more insignificant. On statistical evidence from 1885, out of 354 000 workers only 12 000 were under sixteen years of age. According to records from 1901, referring to factories alone, only 5.2 per cent of workers were younger than sixteen years. 3 When these data are compared to those which marked the initial stage of industrial development in Western countries, there can be no doubt that important differences will be found. On the strength of records from 1851, female labour may be estimated to have 1. Ivin B E R E N D , Gyorgy R A N K I , Hungarian Manufacturing Industry, p. 298 (in Hungarian). a. Vilmos S A N D O R , op. cit., pp. 593 and 613. 3. Miklos L A C K O , op. cit., p. 52. I. B E R E N D , Gy. R A N K I , op. cit., p. 304.
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amounted to 40 per cent in France. 1 In the forties of the 19th century, female labour rose to approximately 25 per cent in Germany, to 25 to 30 per cent in Great Britain. 2 As regards child labour, both in France and Germany it is known to have amounted to 10 to 15 per cent of the total in the middle of the past century. 8 In this connection the relatively lower proportion of child work in the Eastern European countries may be attributed to the effect of the relatively advanced social legislation of several decades' standing at the time in Western Europe, in addition to the peculiar traits of the Hungarian industrial revolution. This explains e.g. the relatively low figures shown by child employment in Hungarian mining. As a characteristic trait of the development of the Hungarian working classes, the relatively small share of female and child work is connected with the Hungarian features of the industrial revolution. Finally, in tracting special elements in the development of the Hungarian working classes, mention must be made of the large numbers employed in artisan's workshops. Owing to the slow development of large-scale industry, small-scale industry continued to keep its leading role, at least as regards the number of employed workmen, right until the end of the 19th century, and it was only at the beginning of the present century that relative superiority of numbers went to the factory workers. Figures Concerning Industrial Workers in Hungary 4
1890 1900 1910
TOTAL
EMPLOYED IN FACTORIES
%
488 000 718 000 978 000
165 000 320 000 5 1 0 000
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Through numerical growth and a special composition the peculiar elements of the industrial revolution shaped the Hungarian working classes to become in many respects different from the working classes of Western countries. The factors which we should have like to explain exerted a strong influence on the situation of the developing working 1. KNOWLES, Economic Development in Europe, p . 139. 2. J . KUCZYNSKI, The Situation of the Working Classes in Great Britain, Budapest, 1951, p. 23 (in H u n g a r i a n ) ; J . KUCZYNSKI, Die Gtschichte der Lage der Arbeiter in Deutschland, Berlin, 1948. 3. Pierre BENAERTS, op. cit., p. 585; A . AUDIGANNE, Les populations ouvriires, t. I I , Paris, p. 285. 4. I. BEREND, G y . RANKI, Hungarian Manufacturing Industry..., op. cit., p. 298.
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classes. O f course, in this case, too, we have to deal with phenomena which may be observed in every Central-Eastern European agricultural peasant country. T h u s it deserves attention that the step of becoming an industrial worker involved a social and financial degradation only to a part of the workers concerned, namely to ruined owners of workshops, members of guild, etc.; for the greater part, the agrarian proletarians, for the village poor, industrial wages being higher than those paid on the land, even extremely backward factory conditions were more favourable than agricultural employment and generally brought an advance in the living standard. This logically followed from the circumstance that as a result of the immense numbers of the agrarian proletariat, the difference between supply and demand was much greater on the rural than on the urban manpower market. In g e n e r a l agricultural wages therefore r e m a i n e d
far behind industrial wages, being much lower than would have been justified by the lower costs for living in the villages. Moreover, the situation of agricultural labourers was further deteriorated by extraordinarily extensive unemployment and partial employment confined to seasonal work. In dealing with the situation of agricultural labourers it cannot be disregarded that both from economic and social aspects, their position was affected not only by the employer and hired labour relationship, but also by the adverse influence of surviving remnants of feudalism. The so-called Servants Act enforced in Hungary in 1907, referred to in contemporary literature as the Slave Act, prohibited servants from leaving the farm, from receiving strangers in their dwellings, while incitement to go on strike was punished by sixty days' prison. Working time was not limited; in summer servants worked 16 to 18 hours. T h e greater part of the exceedingly low wages was paid in kind. The situation of agricultural labourers was marked by similar conditions. A greater part of their wages was paid in money, but the average day-wages of men were only fifty to sixty per cent of the contemporary industrial wages. But to get work even at such low daywages depended in a certain degree in luck, for, on the evidence of contemporary records, only twenty-five per cent of agricultural labourers could find work for 250 days a year. 1 While in manufacturing industry, child labour was relatively limited, there are records on 300 000 workers of 7 to 14 years having been employed in farming around the turn of the century. It is difficult to draw a clear picture of female labour, but there was a widespread form of so-called "working o f f " which means that the 1. PDL SANDOR, Agrarian Crisis at the Close of the igth Century in Hungary, Budapest,
'956.
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women of the family worked without payment, that the men might take jobs as share-croppers or land for share-farming. Housing is best illustrated by the fact that 96 per cent of servants' dwellings were adjacent to the stables. In this "hot bed" of contagion and disease tuberculosis took a heavy toll and child mortality was appallingly-high. The majority of servants and agricultural labourers were illiterate. Under such conditions, to become a factory worker generally implied an improvement of circumstances even though rural traditions, attachment to the soil and a certain reluctance to submit to factory discipline induced agrarian proletarians to strive to acquire land rather than to become industrial workers. Though workmen lived at the bottom of the social scale in towns and, as will be shown later, under miserable conditions, they were not afflicted by feudal constraints, by the despotism of landlords or weighed down by laws restricting a man in selling his working ability freely, as mentioned before in connection with the agrarian proletariat. The workmen who were capable of breaking away for good from their villages and moved to a town to become permanent industrial workers mostly escaped also the bane of unemployement. The close of the 19th century was the dynamic period of capitalism in Hungary; in most places the manpower of factories steadily increased, town enlargement, building, etc., created a much larger manpower demand than could be covered by the mobilization of urban labour. Even if rural unemployment did influence the position of industrial workers, obviously this more favourable ratio between manpower demand and supply created more fortunate wage conditions in industry than were those prevailing in farming. Moreover, through early initiated labour movements, organization and strikes, the working classes had in a certain measure acquired means to put in a word themselves when it came to fixing industrial wages. All these factors led to the result that the wages of industrial workers were more favourable than those of the agrarian proletariat, while their circumstances and social position appear to have been more acceptable than were those of destitute villagers. This means that although owing to the economic and social backwardness of Hungary and Central-Eastern European countries, in general the emergence of capitalism proceeded under much more adverse conditions for the masses and with lower wages than in Western Europe, the industrial revolution itself did not bring about any deterioration in the living conditions of wide social strata in general and the working classes in particular. This is typical of every country where industrialization ran its course in the presence of big estates of feudal origin under backward agrarian circumstances, where the 14
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agrarian proletariat furnished almost the only source of labour to the industrial revolution. Russia, where the working classes lived in particularly dire indigence, offers an illustrative example. In his work, "The Development of Capitalism in Russia", Lenin repeatedly emphasized that compared to the moujik's situation the status of an industrial workman was a considerable advance. 1 This development therefore evidently differs from that of countries where a relatively large number of workshop labourers existed before the industrial revolution, where the change of living conditions following the foundation of factories attracted attention to the difference in living conditions and the living standard. Though the peculiar features displayed by the development of the working classes in Central-Eastern Europe cannot be disregarded in the debate on the influence exerted by the industrial revolution on the living standard of the working classes. 2 Eastern European data furnish no support or confirmation of any simple viewpoint in a debate on British or Western-European conditions. However, although one may point to a certain advance instead of deterioration, this does not affect the circumstance that, as mentioned before, compared to the living conditions of the working classes in more advanced capitalist countries. Hungarian laborers may be said to have lived in abject poverty. The large agrarian proletariat undoubtedly had an adverse influence on the shaping of wages, particularly in the field of unskilled labour, reducing thereby industrial wages in general. It may be stated that the average wages of the Hungarian working classes remained 40 to 50 per cent below those paid in Western Europe. Around the turn of the century, the average weekly wage of a Hungarian workman was 11.9 crowns, while in Belgium it corresponded to 21.4, in France to 25.4 crowns a week. On the proof of available statistics, weekly wages were about 15 per cent higher at the time in Austria. 8 As a matter of fact differences in nominal wages in reality fail to reflect a true picture, owing to the differences in living costs. Hungary being an agrarian country, foodstuffs and consequently living costs in general were cheaper. Indeed, the lower cost of living was also due to the general economic and cultural backwardness of the country, to antiquated, obsolete ways of nutrition, and extremely low cultural and social demands, etc. t. Lenin, op. cit. a. E . J . Hobsbawm, "The British Standard of Living, 1790-1850", The Economic History Review, 1957; M. H a r t w e l l , "The Rising Standard of Living in England, 1800-1850", The Economic History Review, 1961, 3. 3. österreichisches Statistisches Handbuch, 1914, p. 148; V. SAndor, op. cit., p. 662.
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It thus came about that for instance in Germany, a working family with average pay and two earners, spent 45 per cent of its income on foodstuffs while in Hungary, notwithstanding lower food prices, the corresponding figure was 60 per cent. 1 Rents were approximately similar, but whereas in Germany 29 per cent of wages went to cover expenditure on clothing and cultural demands, in Hungary only 13 per cent were spent on the latter. 8 In the years between 1905 and 190g, according to certain calculations taking British real wage income as 100, the level of German wages was 68, that of French wages 5 1 . 8 The index of Hungarian wage level, on the other hand, may be estimated to have been no higher than 30. It is worthy of note that even food consumption per head was lower in Hungary than in the Western countries. Yearly corn consumption per head amounted to 124 kg in Hungary, 173 kg in Austria, 197 kg in Germany, and 304 kg in Belgium; Hungarian sugar consumption amounted only to 10 per cent of British consumption, 16 per cent of Swiss, 27 per cent of French, 29 per cent of Austrian, and to 32 per cent of German consumption. The fact that the average real wage income afforded a much lower living standard than the Western European conceals elements of class disproportion. The wage-system applied in various strata of the working classes widely differed in every country. However, in the countries where industrialization was backward these differences appeared in a more marked form. It is suggested that the reason of this lay in demand for skilled labour having had to be satisfied by the employment of workers from industrially more advanced countries, as pointed out in connection with Hungary; partly to stimulate removal to another country, partly induced by the necessity of adaptation to the higher wages paid in more advanced countries, exceedingly high wages had to be given to foreign workmen as compared to the home wage level. This peculiar trait of the wage-system, established in the early stage of capitalism, became hereditary and was manifested by the relatively high wages paid to skilled workers. Compared to these the other categories of labour were paid disproportionately low wages, determined by the virtually infinite resources of manpower. The differences between the respective wages of skilled and unskilled workers did not assume such proportions as in the colonies, but they nevertheless led to sharp inner disparity. At the beginning of the present century 5 to 6 per cent of factory workers earned about i . Based on data from the German Imperial Statistical Bureau. a. I. Berend, Gy. RAnki, Hungarian Manufacturing Industry..., op. cit., p. 334. 3. Erik Jeszenszky, Aristocracy of the Working Classes in Great Britain, May >930. p p .
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three times more than the average factory wages, and four or five times more than the workers earning the lowest wages, approximately one fifth of the total number of workers. 1 Whereas the income of the higher categories equalled or approached the level of the lower groups of the middle classes, of clerks, civil servant and petty bourgeois branches, the wages of poorly paid unskilled labourers failed to provide even for bare necessities. The position of the working classes and its peculiar elements were furthermore marked not only by lower wages than were paid in Western Europe and by sharper inner incongruities, but also by the generally more unfavourable turn in the development of labour-and living conditions. In the advanced capitalist countries, notwithstanding initial failure and defeat, the fundamentally successful fight of the large masses of highly organized workmen pursued over several decades, the progress of capitalist conditions and technical achievements, the modern technical means and organization increasing productivity led to the improvement of factory conditions and a gradual betterment of the inhuman conditions which had been characteristic of the early decades of capitalism. Therefore by the end of the 19th century in Great Britain and the Western countries of the continent a significant change set in as compared to conditions in the opening decades. The most striking advance appeared in shortening of the working day. In the eighties of the past century there were 53-54 working hours a week in the chief branches in Great Britain. At the beginning of the present century, working time was daily nine and a half hours on the average in Germany. * In Hungary, on the other hand, at the time of the turn of the century there was still no law to limit or to restrict actual working hours in a considerable measure. In the year 1901 ten per cent of factories demanded daily labour of twelve or even more hours, in over sixty per cent of factories ten to twelve hours was the normal working time. 8 Hence it was only in one third of factories that the daily working time was shorter than ten hours. The same result is obtained when the question is approached from the angle of the number of employed workers. Approximately three quarters of the total number of workmen worked more than ten hours daily. A decade later the situation was roughly similar. In the 1880's the average daily working time was twelve hours in Budapest; in the years before the First World War it was ten hours and a half. 1. With reference to workshop and labour statistics from 1901 and 1910. a. Colin Clark, The Conditions of Economic Progress, London, 1940; Kuczynski, Die Geschkhte..., op. cit., p. 201. 3. With reference to workshop and labour statistics from 1901.
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Under the existing backward conditions of work at the factories it was especially difficult to endure the long working hours. In advanced countries big modern factories offered more facilities and better sanitary conditions of work, and certain social institutions in the years around the turn of the century. Records of the Hungarian authorities in control of industry as late as in the opening years of the present century paint a picture which is reminiscent of factory conditions in Great Britain during the early stage of industrialization. "The workshops are evil-smelling, dirty holes without any traces of facilities for washing or ventilation", runs the report on a screw mill. "Among the female workers of weaving mills tuberculosis has found to be so widespread", a record states in 1910, "as to affect nearly one quarter of the women in one year." Among nearly five thousand factories there were lavatories in altogether iog, canteens in 75, and nursery schools —for altogether maximum 500 children— in 7 . 1 Notwithstanding the gross backwardness of general conditions, it is obvious that industrial working conditions in Hungary about the turn of the century, though they recall the European situation of several decades earlier, were by no means similar to the misery which accompanied the industrial revolution in Great Britain, to the intolerably inhuman circumstances described in accounts of the position of British workmen at the end of the 18th century and the beginning of the igth. This may be explained in the first place by the international achievements of the workers of Europe attained by the second half of the igth century having made themselves felt also in Hungary. Thus the composition and the position of the developing working classes were noticeably influenced by the special Central-Eastern European elements of the industrial revolution.
1. From reports of the authorities in control of industry.
QUELQUES REMARQUES
SUR LA
DES CLASSES O U V R I E R E S AU
FORMATION
INDUSTRIELLES
JAPON
par H. KOHACHIRO TAKAHASHI
( Université de Tokyo)
Nous voudrions souligner ici quelques points caractéristiques de la formation des classes ouvrières au Japon au temps de la Révolution industrielle, en mettant l'accent sur la corrélation interne entre la propriété foncière et le capital industriel. (Voir notre communication sur la répartition sociale de la propriété foncière au Japon qui a été faite dans la Section 15 de ce Congrès.)
I Sous le régime seigneurial et shogunal de Tokugawa, où prédominait l'agriculture féodale, l'industrie japonaise demeurait encore au stade d'une simple ou petite production marchande. Mais la Restauration de Meiji (à partir de 1866) ouvrit une nouvelle voie pour un développement rapide de la production capitaliste et, par la révolution industrielle des années 1890-1910, le capitalisme industriel s'établit définitivement au Japon : indice de la production industrielle : 100 en 1890, 442 en 1910. Au temps de la Restauration de Meiji, le maintien de l'indépendance nationale contre la pression des pays capitalistes avancés, imposa la nécessité d'une transformation rapide du régime seigneurial
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H. KOHACHIRO TAKAHASHI
et féodal du Tokugawa-Shogunat, en un État capitaliste moderne. Pour accomplir cette tâche nationale, cependant, il fallut d'immenses ressources en argent, afin de maîtriser les grands seigneurs résistants, de réprimer les révoltes provinciales et paysannes, d'indemniser les propriétaires seigneuriaux et féodaux, de protéger et d'encourager l'industrie nouvelle, et d'installer rapidement les manufactures d'État. L'accumulation du capital industriel étant encore très faible à cette époque, le nouveau gouvernement de Meiji se trouva obligé de chercher des ressources financières dans l'agriculture et dans l'impôt foncier : la réforme agraire de la Restauration de Meiji (qui s'appelle chisokaîsei) eut pour but de transformer les anciennes redevances seigneuriales en nature, en impôt foncier en argent. Le taux du nouvel impôt foncier n'étant en effet que l'évaluation en argent du taux des redevances en nature de l'époque de Tokugawa, cette réforme fut loin d'affranchir réellement les paysans des charges féodales et de créer les conditions sociales pour le développement d'une paysannerie libre et d'une petite ou moyenne production marchande indépendante. Tandis qu'en Europe occidentale, les manufactures d'État, royales ou privilégiées, disparurent au cours de la révolution bourgeoise, les fabriques d'État (principalement arsenaux et usines sidérurgiques) prospérèrent au Japon après la Restauration et les usines de filature furent aussi rapidement mécanisées et modernisées. Ces entreprises d'État, prototype du capitalisme formé sous le haut patronage de la Monarchie absolue de Meiji, furent vendues, après 1880, par adjudication mais à vil prix, à de gros capitalistes privilégiés et monopolistes, qui étaient en étroit contact avec le gouvernement oligarchique de Meiji. Si la Restauration de Meiji réalisa l'unité nationale, en abolissant le régime seigneurial et féodal du Tokugawa-Shogunat, elle n'a en rien entamé la base économique des grands propriétaires (jinushis) et des gros négociants ou banquiers (zaïbatsu). La révolution industrielle se réalisa donc sous la domination d'une haute bourgeoisie de grands marchands-entrepreneurs privilégiés : ainsi le capitalisme japonais présenta, dès ses débuts, un caractère oligarchique et monopoliste. Il lui manqua le libéralisme économique et l'amélioration incessante de la composition organique du capital par la libre concurrence entre des capitaux individuels. C'est ce qui lui donna une structure essentiellement différente de celle du capitalisme d'Europe occidentale. Sous le capitalisme ainsi formé, l'industrie légère (principalement le textile et surtout la filature) se développa très rapidement, grâce à l'introduction du machinisme ou des nouvelles techniques réalisées dans les pays occidentaux et aux bas salaires des ouvriers japonais :
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«7
ses produits pouvaient ainsi rivaliser, sur le marché asiatique ou même mondial, avec les marchandises anglo-américaines. L'industrie lourde cependant (surtout sidérurgique), nécessaire à la fabrication des moyens de production, demeurait sensiblement en retard; elle fut protégée par le gouvernement et ses progris furent accélérés, surtout sous forme d'entreprises d'État pour les fabrications d'armements. II La formation historique des classes ouvrières industrielles au Japon correspond à ce processus de la formation structurelle du capitalisme japonais. Les tableaux I, II, III et I V ci-dessous montrent clairement l'accroissement rapide du nombre des ouvriers industriels travaillant en usine (de plus de io ouvriers) au cours de la révolution industrielle du Japon. La population agricole tend à diminuer proportionnellement tandis que la population industrielle augmente absolument et relativement pendant la révolution industrielle : entre 1872 et 1910, la population agricole descend de 81,4 % à 59,3 % et la population industrielle monte de 4,8 % jusqu'à 17,3 % . Il est remarquable que les ouvriers de la filature (soie et coton) constituent plus de la moitié de tous les ouvriers d'usine, ceux de la fabrication de machines n'en constituant qu'une faible partie. La grande importance des ouvriers des entreprises d'État et surtout de l'industrie des munitions de guerre (comme le montre le tableau V)j révile le caractère spécifiquement militaire, dès ses débuts, du capitalisme japonais d'avant-guerre. Tous ces traits correspondent aux caractéristiques de la formation du capitalisme au Japon, évoquées ci-dessus. II est à noter également qu'au Japon, malgré le développement très rapide de la production industrielle capitaliste, il n'y eut pas de transformation capitaliste de l'agriculture, par suite de la survivance des rapports féodaux de production dans les campagnes, et de la prépondérance de la propriété foncière jinusktame. Il n'y eut pas dans l'évolution économique du Japon de révolution agricole, ni de différenciation de la paysannerie entre capital et travail fibre et salarié (voir notre rapport dans la Section 15). D'où la persistance chez les petits paysans de l'industrie à domicile, contrôlée par les marchandsentrepreneurs. Et c'est ainsi que les ouvriers demeurèrent attachés à leur lopin de terre et restèrent dans les campagnes. L'accroissement rapide du nombre des ouvriers, comme l'indiquent les tableaux ci-dessous, exprime non seulement une prolétarisation des petits artisans urbains et campagnards, des vagabonds ou des samurtns appauvris, mais aussi la formation d'une classe ouvrière
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Bibliographie principale 1. Rapport officiel du Gouvernement, Shokkô jijô (Conditions des classes ouvrières) (Sources fondamentales), 1903. 2. Mori tarò Y A M A D A , Nihon shihon-shugi butueki (Analyse du capitalisme japonais), 1934. 3. Gitarô H I R A N O , Nihon shihon-shugi shakaï no kikô (Structure de la société capitaliste japonaise), 1934. 4. Yasoji K A Z A H A Y A , Nihon shakaï seisaku-shi (Histoire de la politique sociale du Japon), 1937. 5. Shin'ichi W A T A N A B E , Nihon nâson jinkô-ron (Essai sur la population agricole du Japon), 1938. 6. Masao ENDÔ, Kûyshù keizaishi kenkyû (Études sur l'histoire économique du district Kyûshû), 1942. 7. Shin'ichi O G A W A , "Rôdôsha no jôtai oyobi rôdôsha undô" (Conditions des classes ouvrières et mouvements ouvriers), Nihon Shihonshugi kôza, 1932. 8. Kazuo OKÔCHI, "Rôdô hogo rippô no riron ni tsuite" (Théorie de la législation réglementant le travail des ouvriers), Keizaigaku ronsh (Université de Tokyo), vol. I I I , n° n , 1933. 9. Masao ENDÔ, "Meiji shoki ni okeru rôdôsha no jôtai — Gunju teki sho-sangyô ni okeru rôdô j i j ô " (Conditions des ouvriers dans les fabriques de munitions de la première période de Meiji), Keizaigaku kenkyû (Université de Kysûhû), vol. V I I , n° 4, 1937. 10. Keizô F U J I B A Y A S H I , "Meiji 20 nendai ni okeru waga bôseki rôdôsha no idô genshô ni tsuite" (Émigrations des fileuses dans les années 20 de Meiji), Mita gakkai zasshi (Université de Keiô), vol. X X X V I I , n° 7, 1943. 1 1 . Kazuo OKÔCHI, Reimei-ki no nihon rôdô undô (Mouvement ouvrier au Japon, premier stade), 1952. 12. "Rôdô-shi" (Histoire du travail), Gendai nihon shôshi, 1952. 13. Mikio S U M I Y A , Nihon chinrôdô-shi ron (Histoire des ouvriers salariés au Japon), 1955. 14. De même, Nihon no rôdô mondai (Questions ouvrières au Japon), 1964. 15. Shikitarô Ô Y A M A , Kôzan rôdô to oyakata seido (Le travail dans les mines et son système de patronat), 1964. 16. Toru W A T A N A B E , "Meiji zenki no rôdô shijô keisei o megutte" (Formation du marché du travail dans la première moitié de l'ère Meiji), Jinbun kagaku (Université de Kyoto), n° 4, 1953. 17. Masumi T S U D A , "Nihon ni okeru kindaï dai-keiei no seritsu — kinzoku seiren-gyô — " (Formation de la grande entreprise moderne dans l'industrie métallurgique japonaise), Musashi daigaku ronshû (Université de Musashi), vol. V I , n08 1-2, 1958. 18. Kazuo F U T A M U R A , "Ashio bôdô no kiso katei" (Base économique de l'émeute dans la mine de cuivre Ashio), Hôgaku shirin (Université de Hosei), vol. L V I I , n° 1, 1959.
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L A F O R M A T I O N DES CADRES
OUVRIERS
DANS L'INDUSTRIE EN RUSSIE A V A N T
1917
par V . K. YATSOUNSKI (Moscou)
1. De nos jours, dans les ouvrages historiques soviétiques, ce sujet représente une partie [importante d'un problème plus vaste et notamment de celui de l'histoire du prolétariat. Dans les thèses, il n'est pas possible de caractériser les ouvrages consacrés à ce sujet ni leurs sources. L'auteur se borne à faire un bref résumé des résultats de ses recherches. 2. Les cadres ouvriers — pour qui le salariat dans l'industrie était devenu, de génération en génération, la source principale d'existence — commencèrent à se former en Russie au xvm® siècle. Ce furent principalement des ouvriers d'entreprises à travail forcé. Les plus typiques étaient les ouvriers des usines métallurgiques de l'Oural. Ceux-ci vivaient dans leurs propres maisons, avaient des potagers, des prairies, du bétail. A l'époque de la fenaison, les usines ne fonctionnaient pas. Parmi les ouvriers de l'industrie manufacturière, il y en avait alors un petit nombre dont les pères avaient déjà travaillé comme salariés. Dans la première moitié du xix e siècle, s'accroît le nombre de
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V . K . YATSOUNSKI
salariés dans l'industrie manufacturière, où le salariat commence à prédominer. Comme exemple typique, pour l'époque, on peut citer les ouvriers du textile de la région industrielle centrale, originaires de la petite bourgeoisie urbaine, et, principalement, de la paysannerie, — des paysans serfs surtout, qui payaient de leur salaire une redevance au propriétaire foncier. Des filateurs et des ouvriers de teintureries et de travaux de finition vivaient parfois dans les villes, mais surtout dans les villages où se trouvaient les fabriques en question. Les tisserands, qui composaient la majeure partie des ouvriers du textile, restaient dans leurs villages. Ils travaillaient à domicile et étaient payés à la pièce. Les paysans travaillant dans l'industrie textile restaient agriculteurs. En été, les tisserands ainsi que beaucoup d'ouvriers d'autres professions abandonnaient l'industrie. Encore au XVIII e siècle et dans la première moitié du xix e , on utilisait dans l'industrie manufacturière le travail des femmes et des enfants. Dans la métallurgie, les femmes ne travaillaient pas, d'habitude, tandis que les hommes commençaient à travailler dès l'adolescence. 3. Durant la période qui suivit l'année 1861, le nombre d'ouvriers de la grande industrie s'est réduit, car une partie des entreprises de l'industrie manufacturière — dans lesquelles, jusqu'en 1861, on utilisait le travail forcé, — fut fermée, tandis que, dans la métallurgie, le passage au salariat fut suivi d'une réduction du nombre d'ouvriers. La grande industrie comptait, au total, vers 1865, 674 000 ouvriers. Plus tard, ce nombre devait s'accroître. En 1879, il s'éleva à près d'un million d'ouvriers; en 1900, à plus de deux millions; en 1913, à près de trois millions d'hommes. Ces chiffres n'incluent pas les ouvriers de la petite industrie. 4. L'accroissement du nombre d'ouvriers dans la grande industrie en Russie capitaliste est dû à trois causes principales : a) La grande industrie attirait ceux qui avaient travaillé dans la petite industrie en qualité d'ouvriers et de petits patrons indépendants ou semi-indépendants; b) La population agricole, en nombre considérable, venait également travailler dans la grande industrie; c) Les fils de père ouvrier « se livraient » aussi à l'industrie. 5. Le rapport entre ces facteurs variait suivant la région, la branche d'industrie, la spécialité de l'ouvrier. L'époque de la fondation de l'entreprise jouait également un rôle. Dans les anciennes régions industrielles, telles que la région centrale et celle de l'Oural, le pour-
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ccntagc de ceux dont les pères avaient travaillé ou travaillaient dans l'industrie était plus élevé que dans de nouvelles régions industrielles apparues après 1861. Ce pourcentage était particulièrement élevé en Oural où, au début du xx e siècle, les 4/5° de l'ensemble des ouvriers de l'industrie métallurgique provenaient des familles ouvrières. Dans le gouvernement de Moscou, déjà, vers les années 80, les pères de plus de la moitié (55 % ) des ouvriers étaient également ouvriers. Dans le gouvernement de Vladimir, en 1897, 37 % des ouvriers étaient enfants d'ouvriers. En Ukraine et surtout à Bakou, ce pourcentage fut moins considérable. Parmi les ouvriers qualifiés, ce pourcentage était plus élevé que parmi les non qualifiés. Donc, dans les branches de l'industrie où prédominaient les ouvriers peu qualifiés, la part des ouvriers déjà d'origine ouvrière fut moins grande. Dans les anciennes entreprises, le nombre d'ouvriers descendants d'ouvriers était plus élevé que dans les entreprises plus récentes. Avec le temps, la proportion de ces ouvriers tendait à s'accroître. Dans le gouvernement de Moscou, vers les années 80, 29 % seulement des ouvriers âgés de plus de soixante ans étaient de père ouvrier, tandis que parmi les adolescents, 64 % étaient enfants d'ouvriers. Comme on peut le voir, d'après les chiffres cités, le nombre d'ouvriers dans la grande industrie, lors de la période de 1865-1913, s'accrût à peu près de 4,5 fois. La population du pays augmenta, lors de la même période, du double, approximativement. L'accroissement naturel des familles ouvrières était inférieur à celui de la population agricole. Outre cela, une partie des enfants d'ouvriers se trouvaient en dehors de la grande industrie. Il s'ensuit qu'en général, en Russie, la source principale de l'accroissement du nombre des ouvriers dans les usines et les fabriques, résidait non pas dans les traditions héréditaires des familles ouvrières, mais dans l'embauche d'une maind'œuvre d'origine très diverse. La population agricole fournissait plus d'ouvriers que la petite industrie. 6. La mécanisation de la production incitait les ouvriers à se désintéresser de l'agriculture. Ainsi, vers les années 80, dans le gouvernement de Moscou, seuls 12 % des tisserands utilisant des métiers mécaniques les abandonnaient en été, contre 82 % des tisserands occupés à la production des étoffes de coton (travail manuel). Un nombre considérable des ouvriers qui n'abandonnaient pas leur travail en été, continuaient à s'occuper de l'agriculture par l'intermédiaire de leurs familles demeurées à la campagne.
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7. Le processus de la formation des cadres industriels était suivi de migrations de la population sur le territoire de Russie. Les ouvriers de Pétersbourg étaient normalement originaires des gouvernements du Nord-Ouest de la Russie. A Moscou, travaillaient les habitants des régions limitrophes. Dans l'industrie des mines et l'industrie métallurgique de l'Ukraine, travaillaient les ouvriers originaires de Russie centrale. En Lettonie, outre les Lettons, il y avait des ouvriers russes et lituaniens. En Estonie, travaillaient les Estoniens et les Russes. Parmi les ouvriers de Bakou, on trouvait des Azerbaïdjanais, des Arméniens, des Russes, des montagnards de Daghestan, des ouvriers originaires d'Iran.
COMMENT ON THE PAPER « LA FORMATION DES CADRES OUVRIERS DANS L'INDUSTRIE EN RUSSIE AVANT 1917 » BY PROFESSOR V. K. YATSOUNSKI (MOSCOW) by
Gert SmzHEiMKR
(University of Edimbttrgh)
Russia was the last of the great European powers of the 19th Century to undergo the process of industrialization. The start of this process in that country may now be said to have begun around the year 1830, and by the year 1847 the Empire of the Tsars (or rather, the more economically developed European parts, the Baltic provinces and the grain producing littorals of the Black Sea and the Sea of Azov) were involved in a world-wide financial crisis. It was not until the Emancipation of the Serfs in 1861, however, that a determined attempt was made to cut through the legal jungle which inhibited the modernization of the country. In the thirty years prior to this historic turning-point, which Soviet historians argue to be the beginning of the 'capitalits' period in Russian history, a situation of enormous social and economic stresses had been allowed to grow unchecked. To give one instance, peasants who were still serfs and bondsmen in law had played an important part as creative
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GERT SINZHEIMER
entrepreneurs in such important sectors as textiles, iron manufacture, mining and chemistry—but over and beyond this, such 'serf entrepreneurs', those certainly who had become enriched through trade, owned serfs of their o w n . 1 Small-scale handicraft industry has a long history in Russia, and originated (as far as we can tell) in the necessity of finding a source of side earnings from an agricultural subsistence sector limited by the rigours of climate. In this respect, some analogy can be traced to the economic history of many Western European countries (England, France, the Low Countries, Germany, Switzerland) between the end of the sixteenth oentury and the early years of the nineteenth. In Russia, however, the rigidities of the Moscovite absolutist state and of its unwieldy bureaucracy heightened the explosive potential inherent in the phenomenon of the emerging factory proletariat, as Marx rightly recognised. In a country where until 1917 illiterate peasants formed between 80% and 90%, of the total population, where the rudimentary nature of the transport and communications system imposed a very low ceiling on the widening of the market and the division of the labour-force, and where even the most advances in commercial and industrial technology could only be secured through imperial fiat and the importation of foreign technicians and managers, the disparities between great power pretensions and the reality of a calamitous economic backwardness were dramatically highlighted by the defeat of the Crimean War (1853-55). The most significant points to bear in mind are: 1. The strong seasonality of Russian agriculture; 2. The virtually complete absence of any indigenous capital formation from among the great mass of the Russian peasantry before 1 9 1 7 ; 3. Disguised under-employment among the tillers of the soil, parcellization of holdings, aided and abetted by the hereditary and repartitional village communes, both before and after 1861; 4. Over-population relative to accessible food-supplies and raw materials, and the resultant low-income trap; 5. The barriers placed by government policy in the way of internal migration before the late i88o's; 6. The sprawling, village-like character of the few cities; 7. The lack of an urban, professional bourgeoisie. In the eighteenth century, Peter the Great and his successors, Anna Ioannovna, Elizabeth, and Catherine I I , used forced labour in creating new industrial enterprises. These fell, broadly speaking, into three categories:- a) state; b) prossessionnal, and c) domainial. 1.
SHCHEPETOV,
K.
N.
Krcpostno epravo v vokkinakh Shercmeteiykh, Moscow,
194'', and verbal communication from Professor S.B. Okun' (Leningrad).
GERT SINZHEIMER
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The beginnings of a salaried labour-force can only be dated, however, from the second half of the eighteenth century. It is in this connection that Yatsounski's reference, on page 2 of his report to 'a small urban bourgeoisie' arising at this time in the textile sector of the Central Industrial Region around Moscow, needs further refinement. A significant point of difference with countries such as England and France at the same period is the statement on the same page that: "the spinners and dye-workers, and those employed in the finishing processes sometimes lived in towns, but most of all in those villages where the factories in question were located." The present discussant's own work to date bears out Yatsounski's statement about the use of female and child labour in manufacturing industry in the eighteenth and first half of the mineteenth centimes in Russia. No great evidence exists, on the other hand, as far as this writer is aware, of a reduction in the number of workers in heavy industry in the years immediately following 1861. If Yatsounski here has new material which can substantially modify the conclusions of Lenin ("Development of Capitalism in Russia"), Khromov and Rashin, he should expand this thesis and make it more widely known. Perhaps he has not altogether escaped the pitfalls of double counting which limit the usefulness of Tugan-Baranovskij's work on this vexed problem. And it is really rather misleading to say (as does Yatsounski on page 3 of his report) that the percentage of second and third generation industrial workers was growing above all (itaics in the original) in the Urals mining and metallurgical region, when it is a matter of common knowledge among specialists that this area was engaged in a headlong decline from about the year 1810 onwards. If Yatsounski had wanted to surprise us, he would have had to prove his thesis for the new industrial regions of the Donbass, Krivoi Rog, and the Caucasus, for the period of "monopoly capitalism," 1896-1917. But it is precisely this point which he disclaims from making in the last paragraph of the same page. It is true that adaptation to the discipline of a factory society proceeded more smoothly among the children of skilled workers than among the children to the unskilled or semi-skilled, but when saying that "natural increase among the families of workers was inferior to that (observed) among the agricultural population," it is surely necessary always to bear in mind here that living conditions in the factory barracks of Ivanovo-Voznesensk and Moscow militated against a normal family life for young married couples, and that the high rate of industrial accidents as well as the unsanitary living conditions made an enforced separation of man and wife necessary, often for many months, if not years in the crucial stages of a marriage. It might also be true that the failure of the death-rate to decline
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GERT SINZHEIMER
in Russia, in the early stages of the Industrial Revolution (as it did in England, for example) in the factory towns, played a larger part than is commonly believed in the two-fold increase in the total population which Yatsounski mentions for the period 1865-1913, and that the rural population, held in check b y recurring waves of harvest failure, famine, and epidemic, did not in fact display the spectacular growth with which it is often credited in this period.
INTRODUCTION by H. J.
HABAKKUK
(Oxford)
That there is an intimate connection between property and political power has often been observed, and whole systems of thought have been founded on hypotheses about the connection. But there are also close links between property and economic activities: the distribution of income, the causes and level of saving, the nature of the market, the origins of entrepreneurs are all influenced by the forms of property and its distribution. This is the justification for the present section. This introduction retains the form in which it was first drafted as an attempt to set out some of the questions that arise in the investigation of property distribution so that the discussion at the conference might proceed, if not on a common front, at least on an interconnected one. The first part considers problems which arise in the case of all forms of property, while the second part is more particularly concerned with landed property.
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H . J . HABAKXUK I. —
INTRODUCTION
Our enquiry is concerned with both tangible assets and financial claims: tangible assets such as land, houses, inventories, machines, consumer durables; and financial claims such as money, deposit liabilities of banks and credit institutions, various forms of private debt (e. g. bonds, mortgages), the stocks and shares of corporations, Government debt. We want to know the composition of the stock of wealth, so defined, in different periods and places. We want to know also the type of ownership, how much of the wealth was owned by individuals, by corporations (religious organizations, commercial and industrial companies) and by various types of public authority (the State, towns). Within this general field we are particularly concerned with the property belonging to individuals. What was the composition of personal property as a whole, i.e. what was the relative importance of the various types of asset and claim? What was the distribution of personal wealth between the two sexes, among different age groups and between different levels of wealth. How was wealth distributed by size of fortune ? Has the distribution become more or less equal ? What was the degree of concentration of personal wealth as a whole and of particular types of wealth? What are the causes of differences in this respect between places and periods? What relation does division among persons by size of property have to other social groupings ? To what extent, in many period or area, do the richer and the poorer owners differ, not simply in the amount of property which they own, but also in the type of property ? Who composed the class of large property-owners: rural landowners? owners of urban sites? financiers? merchants? industrialists? Who composed the middle ranges: shopkeepers? industrialists? lawyers and other professional men? Do members of the same calling generally possess the same amount of property ? It is only in respect of relatively recent times that attempts have been made to answer such questions for whole countries and for all forms of wealth. This type of aggregate study is represented in this section by the contributions of Professor Gallman for the U.S.A. and Mr. Revell for Great Britain. For earlier periods the nature of the evidence leads historians to concentrate upon particular areas and particular forms of property. Professor Daumard's study, La Bourgeoisie Parisienne de 1815 d 1848, is a notable example; and most of the papers that follow are instances of this second type of study. Even when we have data, on a national basis, for the changes in concentration of wealth it is difficult to interpret them, (a) In some cases they reflect a change in the rate at which the various groups
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acquire or dispose of property, i.c. a change in the rate at which groups are saving. Thus some of the lessening in the degree of concentration in Britain during this century is probably the result of a disproportionate increase in the savings of the salaried middle class, savings which take the form of the owner-occupation of houses and of saving for life assurance and pensions. (¿) Other changes in the concentration of wealth are due not to the fact that different groups acquire assets at different rates, but to ¡the fact that (i) different groups hold a different 'mix' of assets, and (ii) some types of asset change in price more than do other types. Thus it is clear that changes in the distribution of wealth in the U.S.A. are very sensitive to changes in the market price of securities, [(a) and (b) are of course connected since changes in the price of assets may alter rates of saving.] In both cases (a) and (¿) it is reasonable to suppose that the change in the concentration of wealth represents a genuine change in the distribution of wealth between different social groups, (c) But changes in concentration may be due to "changing practices in the transfer of wealth." For example, one cause of the lessening of concentration in Britain may be the tendency of very wealthy persons to avoid estate duty by distributing, during their lifetime, more of their wealth to younger members of their own family; and another cause may be the increasing share of personal wealth held by women (because of their increased longevity relative to men). Since the women and children in any social group have less wealth than the adult males of the group, an increase in their relative importance will lead to a reduction in the proportion of property owned by the wealthier groups. The third of these considerations—i.e. that under (c)—has probably acquired significance only in very recent times as a result of heavy taxes on succession. It would be interesting to investigate how far succession taxes in earlier times led to a redistribution of assets between members of the same family, but there is a fair presumption that the influence in this respect was slight. Reason (b) has probably become progressively more important with the long-term growth of markets in tangible assets and financial claims and with the disappearance of conventional elements in their valuation. But it had some importance even in early times. For example, the rise in the capital value of urban sites had an effect on the distribution of property. Sombart based a whole theory of the origins of capital accumulation on this phenomenon. In the case which Sombart was considering, the change in capital value of the property was primarily the result of changes in its income (actual or potential). But changes in the value of assets arose also from changes in the rate at which a given income was capitalized, and such changes must have become increasingly common as interest rates became more
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responsive to economic considerations. Thus, in England the fall in the long-term rate of interest in the first half of the eighteenth century led to a rise in the year's purchase of land, and this rise in the capital value of land must have affected the distribution of property. And from at least the eighteenth century there have also been considerable changes in the capital value of long-dated Government debt, which presumably also had some effect on the distribution of wealth. It is clearly very difficult to decide which combination of these causes is responsible for any particular change in the distribution of wealth. The studies for the U . K . and the U.S.A. make this clear even for the relatively recent periods. For the 19th century and earlier times we can be reasonably sure that any change in the distribution of wealth was a genuine redistribution between social groups (as opposed to transfers within families), but it is difficult to say how far any change was due to the net rate of acquisition of assets and how far to differential changes in the capital value of assets. Even if these influences could be disentangled, it would be difficult to identify the more fundamental causes. How far were changes in savings between group the result of changes in income ? How far—on the other hand— were they the result of independent changes in the types of asset available. It was suggested by G. P. Watkins, in an examination of the growth of large fortunes in the U.S.A. in the 19th century, that "abstract wealth", i.e. wealth held for income or capital appreciation lends itself more easily to concentration than does wealth held for the sake of producing output. For only "abstract wealth" can be readily manipulated in large amounts. O n analogous reasoning it might be argued that financial claims lend themselves more easily to concentration by market operations than do tangible assets; and a similar argument can be applied within the field of financial claims, e.g. it is easier to accumulate stocks and shares than mortgages, because stocks and shares are more marketable than mortgages. If it is true that the nature of the assets available influences the distribution of ownership, we need to investigate what determines the nature of the assets and in particular what influences the form and volume of financial claims in any particular economy. One influence is evidently the relative importance of tangible assets and the type of ownership to which they are subject. Different tangible assets and different types of ownership give rise to different forms of financial claim. U p to this point, we have been considering changes over time in the distribution of property, in so far as they were the result of primarily economic causes. But the question must be asked, in the case of any given area, how far changes of this type were simply marginal and made only minor changes to a pattern of distribution set by events which
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can be broadly classified as "political," often very remote events such as the original settlement of the area. How far, we need to ask, does, economic development and industrialization alter the older patterns of property distribution, and how far, on the other hand, did these patterns constitute an independent influence on the speed and forms of development? How recent are the origins of differences in property distribution between one area and another? So far we have considered the distribution of property by size of fortune and we have been dealing with statistical categories. But we are also concerned with the personnel of property owners, i.e. with the particular families who owned property. The two problems are, of course, distinct. The distribution of property by size of fortune may remain the same while particular propertied families are rising and falling and even when the whole character of the propertied classes is changing. Conversely, the same families may continue to hold the bulk of property in an economy, while the distribution of property between them is changing. How much truth is there in the old saying "clogs to clogs in three generations"—a saying which implies a remarkably high degree of mobility among the ranks of the property owners ? Do property-owning families shift from one type of property over the course of generations? At this point we march along the border where economic history joins social and political history. What are the relations between old and new wealth? Between rentiers and those who live on profits derived from capital equipment?
II. —
LANDED PROPERTY
There is a justification for treating land separately from other forms of property. For it has been subject to non-economic motives to an exceptional extent. At least in the long-settled areas, it has never been simply a capital-asset comparable with other types of property. It has formed the basis for ruling groups and has therefore been held and acquired for reasons of social prestige; for this reason, among others, it has usually yielded a substantially lower return than that on other forms of asset. For somewhat different reasons, land has been held for non-economic motives in peasant societies. The distribution of land at any given moment therefore reflects past history as opposed to current economic movements to an extent which is not true of other forms of property.
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H. J. HABAKKUK i. The forms of property in land
These vary from absolute ownership vested in a single owner to a complex of rights shared between several parties. These rights may be shared between a group, e.g. the various forms of communal ownership, ownership by companies. They may be shared between a hierarchy of owners, e.g. between lord and peasant; and the degree of peasant interest may vary from the peasant who pays only a small rent fixed in perpetuity in money terms to the peasant who makes payments, in kind, labour or money, which are fixed only by custom or not fixed at all. The rights in other cases may be shared between parties which do not necessarily constitute a hierarchy, viz. the division of rights between the lessee who holds on a very long lease and the owner of the reversion of the property when the lease expires. What have been the changes in the forms of landed wealth ? From the point of view of the present discussion perhaps the most relevant division is between the long settled and the recently settled areas; in the former the structure of landownership reflects a longer history and is less likely to be a product of recent economic change. Among the long settled areas, the most evident distinction is between those where the land is—with whatever variations—divided between lord and peasant and those where it is not. The problems of urban property are excluded from the scope of the present paper. In what follows we shall be primarily concerned with landed property in societies with some form of 'lord' and 'peasant' relation. Both these terms are here used in an extremely general sense which does not do justice to the complexities of particular structures. 'Lord' covers all large landowners who receive some of their income from peasants in forms which are not subject to a market contract. The term 'peasant' covers family-farmers who have some rights of ownership or usufruct in the land they cultivate. 2. The distribution of landed property by size How stable has this distribution been and what have been the influences making for change, either in the direction of polarisation or of greater equality? i) There have obviously been periods of rapid change as a result of political events: (i) conquest by foreigners, e.g. the Norman Conquest of England, the Moghuls in India; (ii) confiscations, e.g. the Thirty Years War, French Revolution, dispossession of ecclesiastical landowners;
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(iii) changes in the territory available to private landowners, e.g. by the sale of Crown property; or by an expansion of territory (e.g. Russia in 17th and 18th centuries); or the reverse (e.g. the resumption by the State of common lands after the Meiji restoration); (iv) measures of agrarian reform; the abolition of serfdom, the Meiji land reforms. It would be interesting to make a comparative study of such events in different countries, but the individual circumstances vary so much that it is not possible to do so in a short space. There is, however, one general question that can be posed. How far did these major redistributions accelerate and how far reverse the autonomous tendencies already at work? In the case of Japan, the land changes after the Meiji restoration accelerated the differentiation already evident among the peasantry. What happened in other major redistributions? 2) How much change has there been in periods and areas free from disturbances of these kinds, and has change been due to autonomous changes within the system of landownership or to economic developments external to the system? This question needs to be considered in three contexts: (a) changes in the upper ranges of the landowners, i.e. in the distribution of property between large estates (magnates' estates) and moderate estates (gentry estates); (b) changes in the distribution of property as between magnates plus gentry, on the one hand, and peasants on the other; (c) changes within the peasantry; a) Distribution ofproperty within the upper ranges of landowners. The papers show considerable diversity of experience on this point. For Britain since 1500 Mr. Thompson suggests that, though there was a long-term trend towards greater concentration of landed property until the 19th century, it was extremely gradual. For Poland, Mr. Maczak shows that there was a marked process of concentration of property among the gentry between the end of the fifteenth century and the eighteenth century. There is also evidence of a change— though this time a decrease—in the average size of the holdings of the princes and great boyars in Russia in the 16th century. How great has the rate of change been in different societies ? And in what direction has the change been? As to the causes, any circumstances will make for change in the distribution of property which alter the relative advantages of different sizes of estate. It is convenient to divide these circumstances into those which relate to the internal structure of the estates and those which relate to developments in the economy as a whole. Though it may
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be impossible to assess the force of these influences, we may possibly be able to estimate the direction of each particular influence on the distribution of property: (i) Among the internal factors the most important are probably inheritance customs. Equal division makes for decreasing concentration It has been held responsible for the fall in average size of estate in 16th century Russia and for the decline by the 19th century in the number of the great holdings received from the Tzar in the 18th century. Primogeniture on balance makes for an increase in concentration, since some properties fall to heiresses who marry property owners. The situation most favourable to rapid changes in property distribution is where different sizes of estates are subject to different inheritance customs; thus the extension of the larger estates in Poland was partly due to the fact that the lesser gentry divided their possessions while the large landowners sometimes secured legal exemptions, which secured them inheritance by primogeniture, by Acts of the Diet. (ii) Have there been changes in the relative economic advantages of different sizes of estates ? Mr. Maczak argues for Poland that the agricultural boom of the late 16th century and early 18th century caused an extension of estates of the upper gentry. But this does not appear to be because they were better adapted in a strictly economic sense but because, while all types of landowners had the economic incentive to expand, only the larger ones could call on political power to enable them to do so. Mr. Maczak also argues that, in the devastation caused by war in the mid-17th century and in the beginning of the 18th century, the larger landowners were at a relative advantage because they could more easily rebuild their estates. In England between 1540 and 1640, Tawney argued, the medium sized gentry estate was better able to adapt to changes in economic circumstances than was the magnate's estate; though Mr. Thompson suggests that the belief that efficiency in estate management was a function of moderate estate size is no longer held. If a particular size of property becomes disadvantageous, the distriqution of property may be affected in so far as owners of this size of property are more likely to sell. (iii) But the distribution of property depends not only on the relative legal and economic advantages of different sizes of property but on the nature of the demand for land, especially among those who are not already landowners; i.e. it depends on the distribution of wealth among the new landowners. If e.g. the newcomers are men of moderate fortune they will tend to buy moderate sized landed estates, whether or not this is the most viable size.
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b) Distribution ofproperty as between landlords and peasants. It is evident that in many countries there have been considerable shifts between these two groups, quite independently of the changes brought about by specific acts of government policy like land reform or the abolition of serfdom. Can anything general be said about the influences on the distribution of property between these two groups ? The clearest case of an expansion of seigneurial property at the expense of the peasantry is perhaps provided by Europe east of the £lbe. Here the lords had both an incentive to expand and the judicial and political power to do so. The incentive and the power were, of course, closely interlocked. East of the Elbe the state—probably always weaker than in the West—was gradually excluded from the relation between lord and peasant either because of the weakness of the Crown, or because, in Russia, the Crown had to buy the support of the gentry against the great nobility. Thus the lords obtained jurisdictional and administrative privileges and acquired a relatively free hand over their peasants. They were therefore enabled to extend their interests at the expense of the peasantry. The lords appear to have done so both when agricultural profits were rising and also in periods when agricultural profits were depressed. They reacted to the fall in grain prices in the 15th century by expanding the demesne—at the expense first of abandoned land but by the end of the century at the expense of occupied holdings—and increased the labour services in order to obtain the necessary labour. But they reacted in the same way to the boom caused by increased demand for grain in Western Europe in the 16th and early 17th centuries. This led to expropriation of the peasantry and sometimes also to purchase of peasant property. Once, East of the Elbe, there were estates worked by their owners they had a strong tendency to grow. The estates grew in size when agriculture was prosperous; but they did not diminish when agriculture was not prosperous since they were held together by institutional restraints—at least they did not diminish in size until the fall in agricultural prices in the late 19th century. In a sense the crux of the matter was the jurisdictional and political power of the lord. As Professor Abel has written, "das Gutsland und seine Inhaber waren mit besseren Rechten ausgestattet als die Bauern und Bauernhöfe und besassen darum auch die grossers Expansioncraft". Developments east of the Elbe show in their clearest form the circumstances which were favourable to the expansion of the lords'
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property; the dependence o f the lords on agricultural profits gave them an economic incentive to expand and their jurisdictional privileges gave them the power to do so. It is not of course necessary for such an expansion that the lords should work their estates directly. India provides an instance of an expansion by owners who were not dependent directly on agricultural profits. T h e incentive in their case was the increased demand for revenue made by the British, in response to which the samindars— many of them new—tried to cut down peasant rights. Nor is the possession of political and jurisdictional power essential. What the presence or absence of such power determines is the form which the expansion of the lords property will take, i.e. whether it takes the form of expropriation or purchase. T h e expansion of the property of the English landowners at the expense of the owner-cultivator in the century after 1660 took place—as I have argued elsewhere— as a result primarily of purchase. Likewise the "large-scale spontaneous development of Landlordism" in the Ryotwari areas of India seems to have been due to sales by peasant-cultivators as the result of increased demands from the state for land revenue. Wherever a peasantry holds its property subject to some payment to the lord which is not fixed by law or custom, there will be a strong tendency for the lords interest to expand simply as a result of the growth of population. If population grows and there is no adequate competition for workers from an industrial sector, land becomes scarcer; the bargaining position of the lord is therefore strengthened and he can obtain, in effect, a larger proportion of the product. If, in addition, population is growing faster than agricultural population, the absolute as well as the relative amount taken by the lord will increase. Wherever there is scope for variation, the proportion of the product taken by the lord depends on the density of agricultural population. T h e statistics produced by Professor Takahashi are to the point here: although the product was in principle divided between lord and peasant 50:50, in fact the proportion varied between 70:30 and 60:40. W e have considered instances of the expansion of lords' property at the expense or the peasantry. W e now turn to the instances where this did not happen or where the reverse process actually occurred. Wherever the lord becomes a rentier, i.e. depends upon payments fixed in terms of money, the long term developments are likely to favour the peasants wherever the total revenue from land is increasing; for the increase in agricultural profits will accrue to the peasants. In essence this seems to be what happened in many parts of Western Europe. Exactly how the lords came to depend on rentier incomes is a complicated matter, but once they had done so, the movements of
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agricultural profits had quite different effects in the West from what they had in the East. Moreover where the landlord has become a rentier, the growth of population has a different effect on the distribution of property from that which it has under a system where the lords' share of the product is not fixed in money terms. Population growth drives up the price which peasants are prepared to pay for land. Peasant families are usually prepared to pay more for land than it is worth on a strict capitalisation of its income, and the growth of population increases this premium. In these circumstances peasants are likely to absorb not only the properties of the less fortunate members of their own group, but some of the property of the lords. When landlord property is sold it will command a better price broken up into parcels within the reach of peasant purchasers than when sold as a single unit. If, in addition, as is commonly the case, the rentier landlords live beyond their means and are forced to sell a considerable amount of land, the peasantry may make considerable gains at their expense. c) Changes in distribution of property within peasant sector. There are also very strong sources of change within peasant society and particularly a tendency to morcellement as a result of the growth of population. This proceeds in two ways. 1) Where the peasantry practise subdivision of property among heirs, peasant properties may become so subdivided, as population increases, that they cannot support a family. 2) Where population has grown very dense, properties will tend to be broken up on sale in order to take advantage of the very high prices commanded among the peasants by small pieces. The larger properties will always command a better price divided than as a whole. There are a number of relevant questions. How far is morcellement the result of sub-division on inheritance and how far of break-up on sale ? What determined the extent to which morcellement was carried ? Within most peasant societies there are forces tending to counteract the effects of division of property; to some extent it provides its own remedy for it checks the growth of population by inducing peasants to defer or avoid marriage. "It is not found," wrote Sismondi, "that in the Swiss Cantons the patrimonies of the peasants are ever so divided as to reduce them below an honourable competence." In an age of high death rates, moreover, the death of coheirs and the marriage of heiresses will tend to lead to the growth in size of properties; and it is evident that in some societies in the past, the aggregation of property from these causes was sufficient to balance the subdivision of property by equal inheritance. On the other hand there are
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many instances of extreme and continuous morcellement. W a s this because of falling death-rates or because the peasants were not attached sufficiently strongly to their traditional standards of living to protect them by restricting family size? O r is it simply that some types of agriculture can be carried on in smaller units of cultivation than other types (e.g. the cultivation of rice in Japan). Morcellement, besides leading to a lowering in the average size of peasant property may have other effects on the distribution of property. (i) It m a y result in a change in the relative position of different groups within the peasantry. Some peasants will have families smaller than the average—as a matter of chance if not from greater p r u d e n c e — a n d will as a result suffer less from subdivision. Such peasants will have more economic holdings and they may therefore be able to buy the parcels of land which their less fortunate fellows are compelled to sell. There may result a polarisation of property within the peasantry, (ii) Alternatively the morcellement may produce a general levelling down of peasant properties. This will happen if the restraints on family size are weaker on large than on small peasant properties, as some Polish evidence suggests m a y have happened. (W. Stys, ' T h e Influence of Economic Conditions on the Fertility of Peasant W o m e n ' , Population Studies, X I (1947), 136-48.) In this case, subdivision is likely to proceed until it reaches some critical minimum, (iii) Another possibility is that morcellement has no significant effect on the relative position of peasant groups; some peasant families gain some lose,—and perhaps the gainers in one generation are the losers in the n e x t , — b u t the relative position of the various statistical groups remains the same. O n e of the most interesting developments is the marked growth of the distinction in Japan between non-cultivating peasant proprietors (jiruishi) and the small cultivating peasants (kosaku). It would be interesting to know in what circumstances distinctions of this type emerge within a peasantry. This is a specifically Japanese form of landownership; but small non-cultivating owners occur to some extent in most societies. d) Absentee land ownership. There is one type of ownership of land which calls for separate notice: absentee ownership. W h a t determines the extent of such ownership and of changes in it? It is simplest to take the case of an increase in such ownership, since this seems the commonest case in practice. A n increase in absentee ownership can occur because owners of land cease to live on the land and go and live in the town. (There may be a change in the habits of the nobility.) A rather similar effect
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will be produced if a property comes by inheritance to a town-dweller (this is possibly the explanation of the substantial number of small owners in late 18th century England who were non-resident). An increase in absentee ownership can also occur if townsmen acquire land as an investment and without intending to live on it. A movement of this kind is likely to take place only when land is regarded merely as one of a range of capital assets, an asset which, of course, possesses characteristics of its own, but whose relative attractions are measured by economic criteria. 3. The composition of the landowning classes
Consideration of the changes in the distribution of property by size of holding leads naturally to the changes in the personnel of the landholding classes. The two questions are logically distinct; the distribution of landownership by size of estate may remain the same while particular landed families are rising and falling and even while the whole character of the landed class is changing; conversely, the same families may continue to hold the land while the distribution of landed property between them is changing. And it is argued that, in the case of England, substantial changes in personnel were compatible with stability in the distribution of property by size of estate. But we should certainly expect them to tend to move together and we should also expect that the forces which changed the distribution of property would also tend to change the composition of the landowners at the same time. There have been abrupt changes in the character of the landholders due to confiscation, e.g. the Norman Conquest. But, confiscation apart, a change in the personnel of the landowners usually takes place via the sale and purchase of land. In this it differs from changes in distribution by size of estate. It is possible to imagine changes in the distribution of property by size taking place without any sales of land, as a result, e.g., simply of the operation of laws of inheritance. It is not easy to see how a change in the personnel of the landowning classes could come about except as a result of transactions in the land market. Buying and selling can of course take place without necessarily having much effect on the composition of the landowning classes, but without buying and selling it is unlikely that the composition will change. The individual papers contain a number of instances of relatively rapid changes in the composition of the landowning classes. In the case of India the increase in the land revenue by the British caused a great transformation in the composition of the zatnindar class. Many of
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the old hereditary zamindars were forced to sell their rights to mpneylenders, official favourites and petty officials. In Europe men who made their money in government law and trade have often sought to acquire land, and the movement has been of long standing. What has determined the variations in this movement from time to time and from area to area? 4. Economic consequences of changes in landownership There is an obvious difficulty in discussing this topic. For while the structure of landownership affects economic developments, the reverse is also true; in the most obvious case for example, the adoption of a particular crop may influence the type of structure of landownership that develops. Interrelationships of this type are difficult to disentangle except in detailed studies of particular cases. But it is evident from the papers that there have been areas and periods in which the distribution of landownership can be taken as "given" for the purpose of economic development and we can therefore reasonably consider the economic consequences of different structures. a) Relations between distribution of property and agriculture. How far does the structure of ownership influence the type of agriculture adopted in an area and the ability of the area to adjust its production to changes in demand? Are there cases where the size of the unit of ownership has militated against the choice of the type of agriculture most appropriate in other respects to the region? How far does the unit of ownership determine the unit of cultivation ? It is possible in an area where the optimum unit of cultivation is smaller than the unit of ownership for the lands of a single owner to be distributed among many tenants; conversely, where the optimum unit of cultivation is smaller, a farmer can rent land from several proprietors. How often and under what circumstances has such flexibility been shown ? How far is it true that "cultivation spontaneously finds out the organisations which suits it best" (de Lavergne). (In the U.S.A., since 1920, the increase in the optimum size of the unit of operation as a result of mechanization has reacted back on the size of the unit of ownership and there has been an increase in the latter.) More generally how do different types of systems of landownership differ in their ability to reallocate the factors of production? How does the structure of landownership affect savings ? Is it sure that a system of peasant proprietorship such as developed in 19th — century Europe promotes a high rate of saving not only among those who arc peasants but among those who hope to become so ?
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How does landownerhip affect the supply of external capital to agriculture ? How far do lords enjoy better access to external finance ? How far is external finance applied to land only when property changes hands, i.e. not via loans to existing landowners but via the purchase of property by men with money outside agriculture ? How does landownership affect the sources of enterprise in agriculture? How far is it relevant to the adoption of new techniques? How often has it been true that the peasantry bring more intense application and more skill and intelligence to their operations than other types of landowners ? Does the abundance of effort and the shortage of capital and land in the peasant sector direct their attention towards labour-intensive, land-and-capital-saving innovations ? b) Regions of recent settlement. In the case of landed property in regions of recent settlement additional problems occur which arc raised on Professor Gates's paper. Where the ownership of the land is initially acquired by the State, it can, in principle, be disposed of by grant (permanent or for a term of years) or by sale. What effect on the structure of landownership has been exerted by different types of policy? Then there is the question of the role of land-speculation in opening up the new areas. How did it influence the speed at which new land was brought into cultivation ? What was the division of the gains which accrued during the process of settlement and development ?
DIE SOZIALE V E R T E I L U N G V O N VERMÖGEN SEIT DEM
IN
MOBILEM
DEUTSCHLAND
SPÄTMITTELALTER von
Wolfram FISCHER und Peter CZADA (Freie Universität Berlin)
Vorbemerkung : Das folgende Referat konzentriert sich im wesentlichen auf zwei Perioden : den Ubergang vom "Mittelalter" zur "Neuzeit", also das 15. und 16. Jahrhundert, und auf das 19. Jahrhundert. Der Grund für diese Beschränkung liegt darin, daß für die erste der beiden Perioden besonders viele Vorarbeiten vorliegen und daß in der zweiten Periode die amtliche statistische Messung von Einkommen und (in geringerem Umfang) von Vermögen beginnt und somit erstmals die makroökonomische Erfassung der Vermögensverteilung über den Bereich einer einzelnen Stadt oder kleinen Region hinaus ins Auge gefaßt werden kann. Da ftir die dazwischenliegenden Jahrhunderte weder das eine noch das andere zutrifft, müssen sie weitgehend außer acht bleiben. Der erste Teil stammt von Wolfram Fischer, der zweite von Peter Czada. Beide Bearbeiter gingen verschieden vor. Während der erste Teil des Berichts vor allem die bisherige, sehr zerstreute Literatur zusammenzufassen und dabei einige durch sie aufgeworfene Fragen hervorzuheben sucht, konzentriert sich der zweite auf die methodische Erörterung der Probleme einer gesamtwirtschaftlichen Messung
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der Vermögensverteilung unter den Bedingungen sehr fragmentarischer und verschiedenartiger statistischer Quellen. Die hier vorgelegten Materialien stellen in beiden Teilen nur Bruchstücke der vorhandenen dar, um an ihnen entweder methodische Probleme oder relativ gesicherte Ergebnisse zu erläutern. Die Anmerkungen bzw. der bibliographische Anhang verweisen auf die vorhandene Literatur, in der weiteres Material zu finden ist. Vollständigkeit ist jedoch auch bei ihnen nicht angestrebt. Der Untersuchungsraum umfaßt im ersten Teil auch einige Schweizer Städte, für die gute Vorarbeiten vorhanden sind, im zweiten Teil beschränkt er sich auf die zum Deutschen Bund bzw. Deutschen Reich gehörigen Staaten. Beide Teile sind vorläufig und wollen an Hand der bisherigen Literatur eher Probleme aufwerfen als eigene Untersuchungsergebnisse vorlegen. I Daß eine zuverlässige, quantifizierende und verallgemeinernde Darstellung der Verteilung des mobilen Vermögens auf verschiedene soziale Schichten für jedes beliebige Jahrhundert eine kaum lösbare Aufgabe ist, bedarf keiner umständlichen Erörterung, sondern erscheint evident. Die Voraussetzungen hierfür fehlen auf beiden Seiten der Gleichung. Weder kennen wir die Höhe und Art der vorhandenen Vermögenswerte zu irgendeiner Zeit und für irgendeinen Ort oder ein Territorium mit genügender Genauigkeit, noch gibt es allgemein anerkannte Kriterien für die soziale Schichtung, die es ermöglichen, die Bevölkerung eindeutig sozial einzustufen. Wir müssen uns also in jedem Fall mit sehr groben Annäherungswerten begnügen. Die Eigenart der Quellen erfordert eine weitere Einschränkung. Fast immer handelt es sich um Steuer-Unterlagen. Erfaßt ist in ihnen also nur das versteuerbare, nicht das vorhandene Vermögen. Was aber versteuerbar ist und in welcher Weise es eingeschätzt wird, muß von Fall zu Fall geklärt werden. Immer bleiben große, nicht näher zu erfassende Restbestände entweder solcher Vermögen, die nicht unter die Steuerpflicht fallen oder solcher, die von der Steuer nur sehr grob und schematisch erfaßt werden. Die ersten können sehr großen Umfang besitzen, aber nur einen kleinen Personenkreis betreffen; das sind die Vermögen der Steuerprivilegierten, also der "Herrenstände" einschließlich der Korporationen : Adel, Geistlichkeit, Städte, Kirchen, Klöster, etc.; sie können aber auch sehr klein sein und daher nicht zur Steuerpflicht herangezogen werden und fallen dann für gewöhnlich auf einen sehr großen Perso-
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nenkreis, vor allem die Unterschichten. Beides zusammen bewirkt, daß die erfaßbaren Vermögen wie die erfaßbaren sozialen Schichten nur einen Bruchteil, wohl immer weniger als die Hälfte der überhaupt vorhandenen ausmachen. Bis ins 19. Jahrhundert kommt hinzu, daß auch die erfaßten Vermögen oft nur sehr schematisch, eher nach objektiven Gesichtspunkten, z.B. der Zugehörigkeit zu einem bestimmten Gewerbe, versteuert werden und das einem Individuum tatsächlich eigentümliche Vermögen davon weit abweichen kann, daß außerdem sehr grobe Steuergruppen gebildet werden und oft nur die — noch dazu auf Grund von Selbsteinschätzimg — gezahlte Steuer, nicht aber das ihr zugrunde liegende Vermögen notiert ist. Die Verteilung des Vermögens auf soziale Schichten wird da völlig unmöglich, wo nur das Gesamtsteueraufkommen, nicht das der einzelnen Gruppen gezählt wird; doch auch da, wo die Gruppen gesondert ausgewiesen sind, fehlen oftmals die sozialen Kriterien. Was zu wissen übrigbleibt, ist meist, wieviele Personen in welchen Steuergruppen versteuert und wie hoch das Steueraufkommen der einzelnen Gruppen im Verhältnis zum Gesamtaufkommen ist. Im 19. Jahrhundert gewinnt die Einkommenssteuer gegenüber der Vermögenssteuer überdies zunehmendes Gewicht. Die sich daraus ergebenden Probleme — Wie kann von Einkommen auf Vermögen, von fließenden Strömen auf ruhende Bestände geschlossen werden? — werden im zweiten Teil des Referats ausführlicher erörtert. Andere Quellen über die Vermögensbildung bzw. über die Vermögensbestände sind fiir Deutschland nur sehr spärlich erschlossen. Die wichtigsten wären wohl die in Notariats-, Stadt- oder Nachlaßgerichtsarchiven hegenden Erbschaftsakten. Aus ihnen könnte immerhin auf die Vermögensbestände der wohlhabenderen sozialen Schichten geschlossen werden. Wir wissen über sie wohl aus einzelnen Beispielen, aus Familien- und Firmenuntersuchungen, bescheid, kaum aber für den Bereich sozialer und politischer Einheiten wie einer Stadt oder eines Territoriums. Die bekannten Beispiele betreffen meist die größten Vermögen, die der wohlhabendsten und seinerzeit berühmtesten Kaufleute. Einzelbeispiele dieser Art, die von der Forschung schon z.T. vor einem halben Jahrhundert behandelt wurden, gibt es aus allen Jahrhunderten und den meisten der größeren Handelsstädte in Deutschland wie Augsburg, Nürnberg, Frankfurt, Köln, Hamburg, Lübeck oder Leipzig 1 . Sehr wenig bekannt aber 1. Vgl. dazu etwa R . EHRENBERG, Grosse Vermögen, ihre Entstehung und Bedeutung, Bd. 1, 2. Aufl. Jena 1905. F. BOTHE, "Frankfurter Patriziervermögen im 16. Jahrhundert", in : Archiv für Kulturgeschichte, 2. Ergänzungsheft, Berlin 1908.
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ist der U m f a n g kleinerer und mittlerer Vermögen und sofern Einzelbeispiele bekannt sind, erhebt sich fiir sie stärker als für die ganz großen Vermögen, die für sich selbst stehen, die Frage, o b sie für eine bestimmte soziale Schicht repräsentativ sein können. Ebenso schwer ist es, die Arten des vorhandenen Vermögens zu erfassen. Schon die Trennung von immobilem und mobilem Eigentum ist oft äußerst schwierig, da nur das Gesamtvermögen angegeben oder versteuert wird und es Besitzanteile gibt, wie die K u x e n an Bergwerken und die Parten an Schiffen, die nach altem R e c h t und nach alter Wirtschaftsauffassung als immobil gelten, seit der Mitte des 19. Jahrhunderts jedoch rechtlich wie ökonomisch "mobilisiert" werden. I m spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Bergbau und in Hafenstädten machen sie einen großen Teil des Gesamtvermögens aus. Meist kennen wir die Zusammensetzung des Vermögens wiederum aus individuellen Beispielen. Bei der steuerlichen Erfassung wird entweder gar nicht oder nur sehr grob nach Grund- und Hauseigentum, Hausrat und anderen Vermögensbeständen unterschieden, worunter dann meist Schmuck, Wertpapier und Bargeld zu verstehen ist. Welchen Wert aber etwa eine Firma, eine Werkstatt, ein Privileg wie das Mahlrecht, die Zugehörigkeit zu einer Zunft, das Bürgerrecht, ein akademisches Studium oder andere großenteils unsichtbare Vermögen repräsentieren, ist noch kaum versucht worden zu erforschen. Gewisse Hinweise erlauben hier etwa das Einkaufsgeld, das zum Erwerb eines solchen Vermögenswertes nötig war, oder die Schätzungen und Zahlungen, die im späten 18. und frühen 19. Jahrhundert besonders in Österreich und Süddeutschland bei der Ablösung von Realgerechtigkeiten durchgeführt wurden. D a ß die Ermittlung und soziale Einstufung der Vermögensträger nicht weniger schwierig ist als die der Vermögensgrößen und Vermögensarten, wurde schon erwähnt. Für unsere Fragestellung nach der sozialen Verteilung der Vermögen wird sie noch erschwert durch die Tatsache, d a ß ein großer Prozentsatz der Vermögen wohl immer auf rechtliche, nicht natürliche Personen entfallt und die Zurechnung zu sozialen Schichten kaum möglich ist. M a n könnte es sich einfach machen und diese Vermögensträger als "sozial irrelevant" weglassen. In Wirklichkeit stellen sie jedoch sozial und W. R I C H T E R , Lübeckische Vermögen im 16. und IJ. Jahrhundert (1500-1630), Diss. Kiel 1930. J . S T R I E D E R , Zur Genesis des modernen Kapitalismus. Forschungen zur Entstehung der grossen bürgerlichen Kapitalvermögen zum Ausgang des Mittelalters und zu Beginn der Neuzfit; zunächst in Augsburg, München 1935. H . R E I N C K E , "Hamburgische Vermögen 1350-1530". in : Forschungen und Skizzen zur hamburgischen Geschichte, Hamburg 1951.
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politisch durchaus wichtige Glieder einer Herrschafts- und Gesellschaftsordnung dar, und es kann für den Charakter einer Gesellschaft durchaus von ausschlaggebender Bedeutung sein zu wissen, ob 25 % , 50 % oder gar 75 % der gesamten Vermögensbestände auf solche kollektiven Träger entfallen und in welche sozialen Gruppen sie sich einordnen lassen. Stärkt der Vermögensbesitz der Kirche den des Adels oder schwächt er ihn ? Kann das Vermögen einer Stadt als das aller seiner Bürger oder gar Einwohner betrachtet werden oder steht es nicht vielmehr in der Verfügungsgewalt einer kleinen Schicht, des Patriziats, der ratsfahigen Geschlechter oder der Großkaufmannschaft ? Ist vor dem 19. Jahrhundert das Vermögen eines regierenden Fürsten sein persönliches bzw. das seiner Familie oder ist es ein "öffentliches", ein Staatsvermögen und wem ist es also zuzurechnen? Viele solche Fragen tauchen auf und müßten auch dann weitgehend unbeantwortet bleiben, wenn die Höhe und die Arten des gesamten Vermögensbestandes zu irgendeiner Zeit und an irgendeinem Ort einigermaßen exakt nachzuweisen wären. Angesichts dieser zahlreichen ungeklärten und z.T. auch nicht klärbaren Fragen ist das Material und sind die Ergebnisse, die hier vorgelegt werden können, außerordentlich dürftig. Sie eignen sich höchstens zur vorläufigen Beantwortung von solchen Teilfragen wie der nach der Spanne zwischen den niedrigsten und den höchsten bekannten Vermögen, nach der Verteilung des gesamten versteuerten Vermögens auf kleinere, mittlere und große Vermögensbesitzer oder nach dem kurz- oder mittelfristigen Trend der Vermögensverteilung. Diese letzten beiden Fragen werden in fast allen diesem Referat zugrundeliegenden Arbeiten direkt oder indirekt gestellt. Ohne daß die Gründe dafür angegeben werden, neigen die meisten Autoren z.B. dazu, die zahlreichen tatsächlich vorhandenen Steuergruppen zu drei zusammenzuziehen, und es ist schon ein Gewinn, wenn der Versuch gemacht wird, neben den Ober-, Mittel- und Unterschichten noch eine oder zwei Zwischenschichten zu bilden. Fast allen, besonders den älteren Arbeiten aus der Schule des "Kathedersozialismus", liegt überdies die Tendenz nahe, zuerst danach zu fragen, ob und warum die höheren und niederen Vermögensgruppen überproportional zunehmen und der "Mittelstand" zwischen den "ganz Reichen" und den "ganz Armen" zerrieben wird. Ob man die monographischen Arbeiten für das 15. und 16. Jahrhundert nimmt oder die statistischen Untersuchungen für das 19., fast immer ergibt sich das gleiche Bild : der Mittelstand ist das "Opfer der Entwicklung". Würde man versuchen, die so gefundenen Trends etwa für das späte 15. und frühe 16. Jahrhundert linear zu verlängern, so dürfte es im 19. Jahrhundert schon längst keinen Mittelstand mehr geben, 17
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und die Prognosen, die am Ende des ig. Jahrhunderts auf Grund der Entwicklung der vorangegangenen Jahrzehnte fiir unser Jahrhundert entstanden sind, führten meist zu einem ähnlichen Ergebnis. Es stellt sich hier also die Frage, wie es kommt, daß zu fast allen Zeiten die mittleren Vermögensgruppen aufgespalten und zerrieben zu werden scheinen und sich nichtsdestoweniger mittlere Schichten immer wieder finden. Ist hier der "Narrenspiegel der Statistik" am Werke oder lassen sich dafür reale soziale Prozesse finden? Dies fuhrt auf die Frage nach dem sozialen Substrat, das den statistisch gebildeten Gruppen zugrundeliegt. Bleibt es gleich oder verändert es sich ? Mit anderen Worten : Wer gehört zur Oberschicht im 15., wer im 17., wer im 19. Jahrhundert, wer zu mittleren, wer zu den unteren Schichten? Können wir z.B. kollektive Auf- und Abstiege ganzer Berufsgruppen feststellen oder nur familiäre und individuelle Bewegungen? Bekannt ist und vielfach belegen läßt sich der schnelle Wechsel der reichsten Familien. Große Vermögen bilden sich schnell und zerrinnen schnell, nicht zuletzt weil ihren Trägern der Sinn für die Proportionen verloren geht und ihr Aufwand noch schneller wächst als ihr Vermögen Wie verhält es sich aber mit den mittleren und kleineren Vermögensgruppen ? Sind es immer und überall die Kaufleute und Juristen, die zur oberen Mittelschicht gehören, die Handwerker und ähnliche Kleingewerbetreibende, die zu den unteren Mittelschichten gehören, wie es auf den ersten Blick in den meisten spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Städten der Fall zu sein scheint, oder lassen sich hier entweder Variationen zwischen den Städtetypen oder säkulare Wandlungsprozesse feststellen, wie sie in manchen neueren Arbeiten konstatiert sind — etwa der Aufstieg der Juristen vom dritten auf den zweiten Rang (nach den Kaufleuten) oder gar an die erste Stelle — immer gemessen am durchschnittlichen Vermögen? 2 Oder fallen nicht oft individuelle Vermögensumstände aus der ständischen Gleichförmigkeit heraus, daß man bei einer genaueren Untersuchung die Angehörigen ein und derselben sozialen Schicht oder Berufsgruppe in sehr verschiedenen Vermögensumständen findet, wie es beispielsweise fiir Hildesheim und Bremen im 16. und 17. Jahrhundert
1. Beispiele aus den Hansestädten des 18. und 19. Jahrhunderts dazu bringt der Aufsatz von R . E N G E L S I N G , "Lebenshaltungen und Lebenshaltungskosten im 18. und 19. Jahrhundert in den Hansestädten", in : International Review of Social History 1 (1965). 2. Diesen Aufstieg konstatiert fiir Leipzig, Wittenberg, und Erfurt vom 15. zum 16. Jahrhundert H. KRAMM, "Besitzschichten und Bildungsschichten der mitteldeutschen Städte im 16. Jahrhundert", in : VSfVG 51 (1964), S. 454 ff., bes. S. 473.
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bezeugt ist ? 1 Trotzdem läßt sich in den meisten Städten eine bestimmte Schichtung der Durchschnittsvermögen verschiedener Berufsgruppen finden, wobei allerdings zu beachten ist, daß in den Zünften, die hier meist als soziale Einheiten genommen sind, durchaus verschiedenartige Berufe zusammengefaßt, j a ganz handwerks- oder kaufmannsfremde untergebracht sein können (wie der Gymnasialprofessor Peter von Jena in Zerbst, der im letzten Viertel des 16. Jahrhunderts Mitglied der vornehmen Gewandschneidergilde und als solcher Bürgermeister von Zerbst war) s . Wenn in vielen, besonders mittelgroßen Städten, die Gewandschneider das höchste Durchschnittsvermögen aufweisen 3 , so besagt das also nicht unbedingt, daß der Beruf der Gewandschneider, also Tuchhändler, zu diesem Zeitpunkt das höchste Einkommen und damit die stärkste Vermögensbildung gestattete, sondern es kann auch sein, daß in der Innung mit dem höchsten sozialen Rang sich alle diejenigen — aus verschiedenen Berufsgruppen — versammelten, die das höchste Einkommen, soziale Prestige und die Ratsfahigkeit auf sich vereinten. Was sich jenseits solcher, jeweils nur durch genaue Quellenforschung auszuräumender Schwierigkeiten durchweg zeigt, ist die Tatsache, daß sich eine beachtliche Vermögensstreuung oder -Schichtung, zwar in verschiedenem Umfang, aber grundsätzlich in gleicher Weise im ganzen Untersuchungszeitraum findet, auch in der sozial angeblich so einheitlichen mittelalterlichen Kleinstadt. Nirgends und niemals ist eine auch nur annähernde Gleichheit der Vermögensumstände der großen Mehrzahl der Bürger einer Stadt oder gar ihrer Einwohner — was bekanntlich nicht das gleiche ist — erreicht. Nur der Grad der Ungleichheit ist verschieden und verändert sich; aber diese Veränderungen sind nur selten revolutionär. Daß dieser Ungleichheitsgrad mit dem wirtschaftlichen und sozialen Charakter der Stadt variiert, liegt auf der Hand. H. Jecht hat in einem inzwischen fast klassisch gewordenen Aufsatz vor vierzig Jahren in Anlehnung an Max Weber und Werner Sombart für das mittelalterliche Deutschland vor allem drei Städtetypen unterschieden : 1) die Ackerbürgerstadt, 2) die Gewerbe- und Han-
1. V g l . u . a . K . J . UTHMANN, Sozialstruktur und Vermögensbildung im Hildesheim des 15. und 16. Jahrhunderts, Bremen 1 9 5 7 , und R . PRANGE, Die bremische Kaufmannschaft des 16. und 17. Jahrhunderts in sozialgeschichtlicher Betrachtung, B r e m e n 1963.
a. H. K R A M M , a.a.O.,S. 4 6 7 , zahlreiche ähnliche Beispiele aus oberdeutschen Städten finden sich bei E. MASCHKE, "Verfassung und soziale Kräfte in der deutschen Stadt des späten Mittelalters, vornehmlich in Oberdeutschland", in : VSWG 46 (1959), S . 289-349 u n d
433-476.
3. So auch in Hildesheim im 15. Jahrhundert, s. K.J. Uthmann.
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delsstadt mit vorwiegend lokalem Absatzgebiet, 3) die Exportgewerbeund Handelsstadt Diese Typisierung ist seitdem als methodischer Ansatz von vielen Forschern übernommen bzw. an Hand einzelner Städte kritisch überprüft worden und hat sich dabei ebenso beständig, weil im großen und ganzen sinnvoll, wie auch fragwürdig und im einzelnen ergänzungsbedürftig erwiesen wie die obengenannte übliche Dreiteilung der sozialen Schichtung. Jecht kam dabei zu dem Ergebnis, daß die Ungleichheit der Vermögensverteilung mit der wirtschaftlichen Bedeutung einer Stadt wächst, daß insbesondere die Exportwirtschaft, sei es der Fernhandel, sei es ein Spezialgewerbe, dessen Erzeugnisse über weite Entfernungen hin Absatz finden, zur Öffnung der "Schere" beiträgt : einerseits ermöglicht sie die Anhäufung großer Vermögen, andererseits zieht sie vermögenslose Arbeitskräfte an, die sich als Unterschichten, als "Proletariat" in Städten oder Landschaften dieser Art ansiedeln. Das Ergebnis ist hier natürlicherweise ein relatives Zurückbleiben der herkömmlichen Mittelschichten, wenngleich sie auch absolut durchaus noch wachsen können. In diesen Städten verwischt sich auch am ehesten der Zusammenhang von sozialem Rang und Vermögen, weil "homines novi" mitunter die erfolgreichsten sind und zu den Reichsten gehören, längst ehe sie sozial anerkannt sind. Eine solche Wirkung kann nun, und das hat Jecht nicht durchweg erkannt, von vielfaltigen Ursachen ausgehen. Die Entwicklung zur Exportgewerbestadt ist nur eine der Möglichkeiten. Eine andere ist die Ansiedlung land- oder Stadt- oder glaubensfremder Flüchtlinge, die in der europäischen Geschichte ja häufig vorgekommen ist : die Heranziehung v o n Hugenotten in mehreren zentraleuropäischen Staaten, die Niederlassung der Sephardim an der Nordsee, die Ubersiedlung der evangelischen Tessiner in die deutsche Schweiz etc. Sie mögen neue Gewerbetätigkeiten mitgebracht und so die wirtschaftliche Struktur einer Stadt erweitert haben; aber selbst wo das nicht der Fall ist, verändern sie mitunter die Vermögensschichtung beträchtlich, und zwar wiederum sowohl durch eine Anhäufung großer, in die Emigration mitgefuhrter Vermögen wie durch einen plötzlichen Zuwachs der vermögenslosen Schichten. Strukturveränderungen sind jedoch auch ausgegangen von wirtschaftsfremden Ereignissen wie der Reformation, die den Stand der Geistlichen als weltlichen Stand konstituierte, erheblich zur Erweiterung und sozialen Anhebung der anderen akademischen Berufe beitrug und allen "Literatur-Produzenten" ein weites Betätigungsfeld brachte. Im 16. Jahrhundert erscheinen nicht zufällig vorwiegend, wenn 1 . H . J E C H T , "Studien zur gesellschaftlichen Struktur der Städte", in : VSWG 19 (1926), S. 48-85.
mittelalterlichen
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auch nicht ausschließlich in protestantischen Gegenden, die Buchdrucker und Buchhändler — oft in einer Person — unter den oberen sozialen Schichten und gehören bald zu den vermögendsten Bürgern. Als Einzelbeispiel mag hier Lucas Cranach der Ältere angeführt werden, der sich nicht nur als Maler, Formschneider, Kupferstecher und Medailleur in verschiedenen Branchen der Kunst betätigte, sondern auch als Inhaber eines Verlages, als Besitzer einer Druckerpresse und eines Papier- und Buchhandels (neben dem Handel mit Wein, Bier, Holz, Sandstein und Farben) ein Vermögen erwarb, das ihn 1528 zum zweitreichsten Bürger von Wittenberg machte 1 . Schließlich weisen mehrere Untersuchungen, besonders über wirtschaftlich zweit- und drittrangige Städte darauf hin, daß gesamtwirtschaftliche Datenverschiebungen wie die Preisrevolution des 16. Jahrhunderts von ganz immensem Einfluß auf die Vermögensschichtung einer Stadt werden können, indem sie das herkömmliche Verhältnis von Besitzenden und Nichtbesitzenden verschieben, die Gewerbetreibenden z.B. gegenüber den Rentenbeziehern begünstigen und so ein Dahinschwinden an altem Reichtum und die Neubildung vieler mittlerer Vermögen verursachen Mit zunehmender marktwirtschaftlicher Verflechtung gewinnen diese gesamtwirtschaftlichen Ursachen sicherlich an Bedeutung, und seit dem ig. Jahrhundert dürften sie die wichtigsten Ursachen in der Vermögensumschichtung auch einzelner Städte sein. II Nach diesem kurzen Resumé einiger Fragen, die sich auf Grund der bisherigen Forschungen aufdrängen, seien nun einige Beispiele konkreter Vermögensschichtung aus dem 15. und 16. Jahrhundert vorgeführt, um das Gesagte zu verdeutlichen. Als Beispiel sehr geringer Vermögensdifferenzierung mögen die Landschaft Freiburg im Uechtland und die Rheinpfalz gegen die Mitte des 15. Jahrhunderts dienen, in denen die Mehrzahl der Bevölkerung zu den kleinen und mittleren Vermögensbesitzern zählte. In der Landschaft Freiburg gehörten 43 % zu den wenig Vermögenden und 33 % zu den mittleren Schichten, nur der Rest von 24 % zu den "Reichen" und "Armen" s . Der Grund liegt 1. H.J. K r a h m , a.a.O., S. 477. 3. Als Beispiel kann wieder Hildesheim (s. U t h m a n n a.a.O.) oder Mülhausen in Thüringen dienen (s.H. Weiß, Bevölkermgs- und Vermögensverhäitrtisse der Stadt Mülhausen in Th. von 1563-1614, Diss. Halle 1926). 3. F . B u o m b e r g e r , "Bevölkerungs- und Vermögensstatistik in der Stadt und Landschaft Freiburg i. U e . um die Mitte des 15. Jahrhunderts", in : Zeitschrift für Schweizerische Statistik, 1900, S. 205 ff.
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darin, daß es weder ein ausgebautes Gewerbe, noch einen nennenswerten Handel, noch gar ins Gewicht fallende Diensdeistungsberufe gab. Auch in der Rheinpfalz gehörten im Jahre 1439 70-80 % der Bevölkerung zu diesen beiden Gruppen 1 , wobei natürlich die Gruppenbildung wie immer recht willkürlich ist und bei einer höheren oder niedrigeren Ansetzung der Grenzen sich Verschiebungen der Relationen ergeben würden. Bemerkenswert ist die Behauptung : "Ganz Arme und ganz Reiche gab es nicht" 2 — eine Behauptung, die Anlaß gibt, an der Zuverlässigkeit dieser Mitteilungen zu zweifeln. Ähnlich fielen die Ergebnisse einer Auszählung der Bederegister der Grafschaft Mark für das Jahr 1486 aus. Dort versteuern von knapp 4 000 Steuerpflichtigen 28,7 % o — 25 Gulden, 44,5 % 26 — 100 Gulden, 24,4 % 101 — 200 Gulden und 2,4 % oder 97 Personen ein Vermögen von mehr als 200 Gulden 3. Wenn auch hier offenbleibt, wie viele vermögenslose Nichtsteuerpflichtige und wie viele vermögende Steuerprivilegierte noch hinzuzuzählen sind, so zeigen diese Ergebnisse doch, daß im Spätmittelalter auf dem sogenannten platten Land zumindest unter den Steuerpflichtigen die Vermögensdifferenzierung in der Tat gering ist. Nur unwesentlich verschieden von dieser Vermögensschichtung ist die der sogenannten "Ackerbürgerstädte". Auszählungen hegen hier u.a. für Bautzen aus den Jahren 1414 und 1435 und für eine Reihe kursächsischer Kleinstädte vor 4 . Hier gehören sogar bis zu 70 % der Steuerzahler zu den Kleinvermögenden und gegen 30 % zu den mittleren Vermögenden. Höhere Vermögen sind nur von etwa 1 % der Bevölkerung ausgewiesen. Wiederum finden wir allerdings die Behauptung : "Eine größere Schicht Besitzloser gab es nicht" 8, und wiederum ist daher Skepsis am Platze, wissen wir doch nach neueren Forschungen zumindest von den oberdeutschen Städten des Spätmittelalters, daß die vermögenslosen Unterschichten oft 20-30 % und mehr ausmachten 4. Auch hier müßten also die älteren Forschungsergebnisse auf ihre Stichhaltigkeit geprüft werden; auch hier hegt die Vermutung nahe, daß Steuerzahler unbesehen
1. F. EULENBURG, "Zur Bevolkerungs- und Vermögensstatistik des 15. Jahrhunderts", in : Zeitschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, 3 (1895), S. 424 ff. 2. So bei K.J. UTHMANN, a.a.O.,S. 14, bei seiner Diskussion dieser Forschungsergebnisse. 3. Ebd. 4. J. JATZWAUK, Bevolkerungs- und Vermögensverhältnisse der Stadt Bautzen zu Anfang des 15. Jahrhunderts, Diss. Leipzig 1912, S. 24 ff. F. STOY, "Zur Bevolkerungs- und Sozialstatistik kursächsischer Kleinstädte", in : VSWG 23 (1935), S. 209 ff. 5 . S o erneut K . J . UTHMANN, a . a . O . , S.
15.
6. E. MASCHKE, Soziale Unterschichten im Spätmittelalter (noch nicht erschienen).
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gleich Einwohner gesetzt worden sind, eine Annahme, die kaum irgendwo zutrifft. Ein schon weiterer Fächer der Vermögensverteilung findet sich in den mittleren Städten mit einer ausgeprägten Gewerbestruktur und einem Handel, der immerhin eine gewisse regionale Bedeutung hat, in Städten also, die oben unter 2) als "Gewerbe- und Handelsstadt mit vorwiegend lokalem Absatzgebiet" bezeichnet wurden. Nach den meisten ökonomischen und soziologischen Definitionen bilden sie überhaupt die unterste Stufe der Stadt, denn erst sie sind auf eine "kontinuierliche Lebensmittelzufuhr von außerhalb" (Max Weber) angewiesen. Städte dieser Art sind u.a. in Österreich untersucht worden, so Enns und Linz 1 . In Enns befinden sich noch 1415 fast 80 % der Steuerzahler in den beiden Klassen von 0-10 Pfund (43,6 %) und von 10-50 Pfund (35,9 % ) ; weitere 9,5 % versteuern 50-100 Pfund, 5,1 % 100-200 Pfund, 4,4 % 200-400 Pfund und 1,5 % über 400 Pfund, d.h. gegen 6 % können deutlich zu der oberen Vermögensschicht und ca. 15 % zu einer oberen Mittelschicht gezählt werden. Noch ausgeprägter finden wir diese Vermögensdifferenzierung, sobald die Stadt fiir einzelne ihrer Produkte Fernhandel ausübt oder überhaupt in das Fernhandelsnetz des späteren Mittelalters eingegliedert ist. Vergleichbare Zahlen besitzen wir fiir einige Städte in der Schweiz mit 5 000 bis 7 000 Einwohnern (St. Gallen um 3 000) VERMÖGEN IN PFUND
0-25 (Freib. 10) 25-100 ( « ) 100-500 500-1000 1000-5000 über 5000
FREIBURG I.UE.
BERN (1448)
ZÜRICH
ST. GALLEN
(1445)
(«417)
('447)
28,3 38,1 20,0 5.8 5.8 2.0
35.8 % 23.3 % 25.8 % 6.1 % 6.6% 2,7 %
30,6 % 36,8 % 23,1 % 3.5 % 4,9% 1,1 %
% % % % % %
64% 23% 5 % 4 % 0,2 % (3,7 % nicht erfaßbar)
i. L. GROB, "Beiträge zur städtischen Vermögensstatistik des 14. und 15. Jahrhunderts in Österreich", Forschungen zur inneren Geschichte Österreichs, Heft 10, Innsbruck 1913, S. 24 ff. A . HOFFMANN, "Die Vermögenslage und soziale Schichtung der Linzer Bürgerschaft am Ausgang des Mittelalters", in : Jahrbuch der Stadt Linz, 1949, S. 233 ff 1. H. NABHOLZ, "Zur Geschichte der Vermögensverhältnisse in einigen Schweizerstädten in der ersten Hälfte des 15. Jahrhunderts", Festgabe för Paul Schweizer, Zürich 1922, S. 93-1 ig. Die Hauptergebnisse dieser wie auch der obengenannten und im Folgenden zitierten Untersuchungen sind auch resümiert bei K.J. UTHMANN,
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Diese Aufstellung zeigt, besonders im Vergleich zu der für das österreichische Landstädtchen Enns, auch deutlich die Problematik einer Dreiteilung. Je nachdem nämlich, ob man die unteren Vermögensschichten bei 25 Pfund oder bei 100 Pfund enden läßt, ist die Stärke der unteren Vermögensgruppen außerordentlich verschieden. Die Existenz einer unteren Mittelschicht, die für viele Städte charakteristisch ist, kommt deutlich heraus, wenn man die 25 — 100 Pfunde- Besitzenden für sich zählt. Dann zeigt sich eine ziemlich gleiche Verteilung auf Unterschicht, untere Mittel- und eigentliche Mittelschicht und eine in sich mehrfach gegliederte, insgesamt nicht unbeträchtliche Oberschicht, die ca. 10 bis 15 % der Steuerzahler ausmacht. Der große Anteil der vermögenden Schichten scheint für die Schweiz charakteristisch zu sein. In deutschen Städten des 15. und auch des 16. Jahrhunderts, wo die Vermögensschichtung untersucht wurde, zeigt er sich nirgends in gleichem Umfang, am ehesten noch in dem nahegelegenen Konstanz, wo zwischen 1418 und 1460 der Anteil der Reichen — mit Vermögen von mehr als 1400 Pfund — zwischen 11,8 und 8,5 % schwankt und übrigens eine abnehmende Tendenz zeigt Charakteristisch für die größeren und wirtschaftlich bedeutenderen Städte sowohl in Ober- wie in Mitteldeutschland scheint vielmehr der hohe Anteil der vermögenslosen Unterschichten zu sein. Sie und die vermögensarmen unteren Mittelschichten machen z.B. in Augsburg im letzten Viertel des 15. Jahrhunderts, für das drei Zählungen aus den Jahren 1471, 1475 und 1498 vorliegen, zwischen 96 und 97 % der gesamten Steuerzahler aus. Der Anteil der Vermögenslosen steigt in der ersten Hälfte des 16. Jahrhunderts von 43,6 % (1498) auf über 50 % an und sinkt dann in der zweiten Hälfte des Jahrhunderts und im 17. Jahrhundert bis unter 30 % . Im gleichen Zeitraum wächst die Zahl der kleinen Vermögen bis auf über 60 % an, so daß der Anteil der unteren Schichten etwa konstant bleibt. Ob diese Verschiebung von den Vermögenslosen zu den kleinen Vermögen eine echte Vermögensbildung der unteren Volksschichten anzeigt oder auf inflationäres Sinken des Geldwertes zurückzuführen ist, muß hier unentschieden bleiben; sehr wahrscheinlich wirken beide Faktoren zusammen. Deutlich ist in Augsburg auch das fast kontinuierliche Steigen der oberen Mittelschicht, die wohl den durchschnittlichen Kaufmann repräsentiert, während die großen Vermögen a.a.O., S. 13-21. Die Zahlen für St. Gallen nach H.C. Peyer, Lemuxmigewtrhe und Ftmhandel der Stadt St. Gallen von den Anfängen bis 1530, Bd. 11, St. Gallen 1960, S. 64. 1. A. Nuglisch, "Die Entwicklung des Reichtums in Konstanz von 1388'55o"> in : Jahrb. f. Nationalökonomie und Statistik, 32 (1906), S. 363.
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in Augsburgs Blütezeit bis zur Mitte des 16. Jahrhunderts deutlich wachsen, sich dann auf diesem Stand bis zum Ausbruch des dreißigjährigen Krieges halten und nach 1618 schroff absinken. Im einzelnen ergibt sich fiir Augsburg in der Zeit von 1471 bis 1712 folgendes Bild der steuerpflichtigen Vermögen 1 :
JAHR
1471 '475 •498 151a 1526 >54» »554 »558 »576 >590 1604 1618 1632 1646 1660 1674 1688 1702 1712
Gesamtzahl der Steuerzahlenden
5109 4485
535' 548o 6097
7'55 8242 8770 8706
9069 10069 9528
7199 4839 5340 5"5 5'9° 5587 5474
Vermögenslose (bis 20 fl Einkommen)
Einkommen)
Einkommen)
Steuerzahler üb. 50 fl (ü. 500 fl Eink.)
«Mg- %
»mg- %
insg %
»nsg. %
334' 654 2958 65,9 233' 43.6 2476 45.2 3291 54.' 3749 52 A 4382 53.2 4161 47.4 387' 44.5 3985 43.9 4293 42,6 4120 43.2 3'54 43.8 1573 32.5 1501 28,1 '345 26,3
3'.6 '375 30.6 2849 53.2 2773 50.6 2535 41,6
1247
24,0
'57'
28,1 274
1500
Steuerzahler bis 10 fl (20-80 fl
1613
3016
42,1
334'
40.5 46,8 48,0
4081 4265
4446 48,9 49.4 4542 47.2 3443 47.8 2908 60,1 3454 64,6 334° 65.3 356o 68,6 3527 63,1 3465 63,3
498I
Steuerzahler 10-50 fl (80-500 fl
140 132
2.7 3.o
'39
2.6
162 182 263
3.0 3.0 3.7 33o 4.0 339 3.8 403 4.5 428 4.7 534 5.2 560 5.9 444 6,2 300
6,2
324 33'
6,1
316 408
437
6,4 6,0
7.3 8,0
' 5 0,3 —
—
32 0 , 6 6 8 1,2
95 '.3 «27 189 189 167 210 261 306 158
1,8 2,3 2,0 1,9 2,2 2,5 3,1 2,1
58 ' . 2 6 l 1,1 69 1,1 67 1,1 81 1,4 72 ',3
Ähnlich wie in Augsburg stellt sich die Vermögensschichtung auch in Erfurt dar, das zu Beginn des 16. Jahrhunderts (1511) reichlich 16 0 0 0 Einwohner hat und zu den größeren Fernhandelsund Exportgewerbeplätzen Mitteldeutschlands gehört. Da hier im
1. Zusammengestellt nach J . HARTUNO, "Die direkten Steuern und die Vermögensentwicklung in Augsburg von der Mitte des 16. bis zum 18. Jahrhunderts", in : Schmollers Jahrbuch für Gesetzgebung, Verwaltung und Volkswirtschaft, NF 22 (1898) .. S. 171 ff.
266
WOLFRAM FISCHER UND PETER CZADA
Unterschied zu Augsburg nicht die gezahlten Steuern, sondern die versteuerten Vermögen zugrundegelegt sind, erscheint die gänzlich vermögenslose Schicht mit 15,3 % zwar sehr viel geringer, zählt man zu ihr jedoch auch die Gruppe mit einem Vermögen bis zu 25 Gulden, die fast 55 % ausmacht, so kommt man auf einen Anteil von mehr ab 70 % für die unteren Schichten. Der Unterschied zum extrem reichen Augsburg zeigt sich am ehesten in den oberen Vermögensgruppen. In Erfurt sind die oberen Mittelschichten oder die unteren Oberschichten, also wohl der durchschnittlich wohlhabende Kaufmann, sehr viel stärker vertreten als die "ganz Reichen" der obersten Vermögensgruppen. Von 1511 bis 1569, in einer Zeit, in der Erfurt an wirtschaftlicher Bedeutung einbüßt, wachsen hier vor allem die vermögenslosen Schichten an. Ihr Anteil verdoppelt sich fast, während er in Augsburg bei wachsender wirtschaftlicher Bedeutung in der gleichen Periode sinkt Uber ausgezeichnetes und sehr frühes Material über die Vermögensverteilung verfügen wir neuerdings für Eßlingen am Neckar. Auf Grund fast lückenloser Steuerbücher für die Jahre 1360 bis 1460 und einer sehr intensiven Erforschung der Steuerpraxis stellt B. Kirchgässner die Vermögensverteilung dieser weinbauenden und weinhandelnden, in begrenztem Umfang auch fernhandelnden "großen Mittelstadt" wie folgt dar 2 :
1. T b . NEUBAUER, " D i e sozialen und wirtschaftlichen Verhältnisse Erfurts vor Beginn der Reformation", Mitteilg. d. Vereins f . Gesch. und Altertumskunde, Erfurt 1913, S. 68. A . LOFFING, Die soziale und wirtschaftliche Gliederung der Bevölkerung Erfurts in der s. Hälfte des ¡6. Jahrhunderts, Diss. Münster 1911, S. 21. 2. B. KIRCHGÄSSNER, Wirtschaft und Bevölkerung der Reichsstadt Eßlingen im Spätmittelalter. Nach dm Steuerbüchern 1360-1460 (Eßlinger Studien, Bd. 9), Eßlingen 1964, S. 98.
W O L F R A H FISCHER UND P E T E R C Z A D A
267
VcrmögensverUilung in Eßlingen 1362-1458 (Prozentsatz der Steuerpflichtigen)
JAHR
1362 1366
1370 1376 1378 1380
'384 '389 1396 1403 1411 1417
«423 1430 1437 «443 «447 1450
«455 «458
FRAGLICHE
5 5 4 4 4
5 3
Kl. I bis ioil 38 29 21 27
«9 17 —
6
—
5
14
3 1 2 2 2
16 18 12
4 8
7 5 7
7
7
8
4
18
24
3 2
25
Kl.n Kl. m Kl. IV bis bis bis ioofl 500 fl 50 fl 34 35 33 31
40 40
55 56 4« 43 42 40
35 38 30 25 25 23 21 21
9 11 «4 «4 16
«5 17 16 16
«5 «5 '5 «9 15 «5 «5 «7 16
«3 «3
11 '5 «9 «7 «7 18
«9 19
20
«9
20 24 29 30
33 36 3« 29 30
3«
Kl. v bis I 000 fl
Kl. vi Kl. vu Kl. vm bis bis über 3 000 fl 5 000 fl 500ofl I 2
2
3 5 4 3 3
3 3 I 2 2
4
3 3 3 3
5 5 4
7 7
8
7
6 6
—
1 I I 2
3 3
4 4 5 3 2
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
3
Die Zahl der Vermögenslosen oder fast Vermögenslosen (bis 10 fl.) sinkt in Eßlingen in dem behandelten Zeitraum deutlich, wenn auch mit plötzlichen Fluktuationen. Der größte Teil der Steuerzahler befindet sich in den drei mittleren Vermögensklassen zwischen 10 und 500 fl. Zusammen stellen sie fast immer zwei Drittel bis drei Viertel aller Steuerzahler, wobei die untere Mittelschicht zwar nicht kontinuierlich, im ganzen aber doch abnimmt, die obere ebenso wächst, die mittlere hingegen fast stabil bleibt. Möglicherweise ist dies, wenn es überhaupt eine "typische" Schichtung und Entwicklung der Vermögen in spätmittelalterlichen deutschen Städten gibt, die repräsentativste Zahlenreihe. Auch in Eßlingen wachsen die oberen Vermögensklassen deutlich an. Daß eine Schichtung der Steuerzahlenden mit einer Konzentration in den Mittelschichten "die" typische Schichtung der mittelgroßen mittelalterlichen Stadt gewesen sei, ist eine alte, in ihrer Allgemeinheit zwar bestreitbare, aber immer wieder auch belegbare These. Sie wird auch durch die Zahlen gestützt, die wir für Hildesheim, eine
268
W O L F R A M FISCHER UND P E T E R
CZADA
ca. 8000 Einwohner zählende, ebenfalls handeltreibende, aber nicht ausgesprochen fernhändlerisch orientierte norddeutsche Stadt, besitzen. Die von K . J . Uthmann durchgeführte Gruppierung der Steuerzahler in sechs Vermögensklassen ergibt folgendes Bild Die Vermögensverteilung in Hüdesheim
1404-1484
STEUERZAHLER IN % VERMÖGEN :
0— 1 5 Mr. 1 6 — 1 0 0 Mr. 1 0 1 — 5 0 0 Mr. 5 0 1 — 1 0 0 0 Mr. 1001 — 5 0 0 0 Mr. über 5000 Mr.
1404
1425
1450
1463
30.2 55.6
31.6 54,5 »1.7
18,0 61,6 18,9 1,3 0,2
ai,3
12,7
i,3
0,2
——
2,0 0,2 — .
~'—
58,1
»9,i
»,i 0,4 '
1484
23,6
55,6
»9,i
»,3 0,4 1
III Bisher haben wir nur die Verteilung der Steuerzahlenden au verschiedene Steuergruppen betrachtet. Nicht minder wichtig ist jedoch die Verteilung der Gesamtvermögens auf die Steuergruppen. Hier ergibt sich erwartungsgemäß eine Umkehrung der Prozentsätze : Ein erheblicher Teil des gesamten Vermögens wird überall von den wenigen großen Steuerzahlern versteuert und ihr Anteil am Gesamtvermögen ist naturgemäß dort am größten, wo die mittleren Vermögen nur schwach ausgebildet sind. In den Städten mit ausgeprägten mittleren Vermögensgruppen verschiebt sich das Bild leicht. Auch hier ist der Prozentsatz der unteren Gruppen gering; der höchste Anteil wird jedoch nicht von den nur gering besetzten obersten, sondern von der stark besetzten oberen Mittelschicht erreicht:
i . K . J . UTHMANN, a . a . O . , S . 26.
W O L F R A H FISCHER UND P E T E R
CZADA
269
Verteilung der Vermögen auf die Steuergruppen (Anteil in %) a) in Eßlingen 1 . Kl. i bis
Kl. n bis
1362
3
11
1380
i i i i
JAHR
10 fl
2
«366 >37o >376 1378 «384 1389 1396
1430
1437 •443 1447 1450 1455 1458
Kl. iv bis
Kl. v bis i 000 fl
9
31 30
21 16 18 20 21 20 21 21 18 21
100 fl
8
8
5
6
8 10
7 9 9
9
—
10
—
II
10 10
10
10
I
2
1403 1411 1417
»423
50 fl
KI. m bis
i i
9
9 7
9 7 7
5 6
— —
6 6
5
— — —
9
i
—
3 3 3 3 3
4 5 6
5 5
500 fl
«4
28
31 33 32 37 35 37 40
34 35 39 32 33 30 33 37 37
17
22 21 17
21 20 21 23
22 22
Kl. vi bis
3 000 fl
Kl. vn bis
Kl. vm über
5 9 11
2 10
5 000 fl 5000 fl
20
25 25
3«
5
28
—
25
3
17
3 7 3 4 3 7
22 18 21
— — —
5
20 26 23 23
— — — — — —
7 5 3 6
25
24
26
6
13 9
8 10 2
3 5
23
18
8
23
2 2
b) in Hildesheim
Jahr
1404
«425 1450
1463 1484
0-15
16-100 Mk
101-500
501-1000
1001-5000
Mk
Mk
Mk
5.0 5>9 3.1 3.3 3.2
34.0 31.8 31.0
43.0 37.5 49.7 52.5 50,1
14,1 20,0
3.9 4,8 4.5
Mx
28,5 28,3
«1.7 9.3 10,8
6,8
7.6
Ob. 5000 Mk
— — —
Bemerkenswert ist die Konstanz, mit der in Eßlingen die Klassen IV bis V I ihren Anteil wahren; in Hildesheim verstärkt sich der Anteil der mittleren Schicht sogar. Etwas anders sieht es in St. Gallen aus, 1 . B . KIRCHGÄSSNER, a . a . O . , S . 9 8 2. K . J . UTHMANN, a . a . O . , S . 98.
270
W O L F R A M FISCHER UND P E T E R
CZADA
wo durch Leinwandgewerbe und Fernhandel im 15. und 16. Jahrhundert wenige große Vermögen entstehen, die sehr schnell einen Anteil von mehr als 20 % gewinnen. Ein, wenn auch schwankendes Wachstum zeigen auch die oberen Mittelklassen, deren Anteil 1520 mit 44 % doppelt so groß ist wie 100 Jahre zuvor. Wiederum kann das zum Teil auf inflationäre Entwicklungen zurückgeführt werden. Es zeigt aber auch, wie in einer Stadt mit lebhafter Handelstätigkeit sich große Vermögen anhäufen. c) in St. Gallen 1 . JAHR
BIS 100
101-500
501-1000
1001-5000
1422
37 27 20
21 16
22
»447 1471
20 11 18
"495 1520
«7 6
16,5 11
39 31 29
17 13 9
44
5001-10.000
ÜBER IO.OOO
. 7 14 20 26
4.5 4
IV Alle diese Prozentzahlen können natürlich in die Irre fuhren, wenn man nicht die Entwicklung der absoluten Zahlen mitberücksichtigt. O b die Bevölkerung und das Gesamtvermögen in dem betrachteten Zeitraum wuchs, stagnierte oder schrumpfte, ob beide Zahlenreihen in der gleichen Richtung sich entwickeln oder gegenläufig, ist natürlich von außerordentlichem Gewicht. Bei wachsender Bevölkerung ist z.B. ein Vermögenszuwachs in den unteren Gruppen sehr viel höher zu bewerten als bei stagnierender oder gar schrumpfender. Wir können diese Daten nicht für alle hier behandelten Beispiele in extenso vorfuhren. Bemerkt sei jedoch, daß z.B. in St. Gallen zwischen 1422 und 1520 das gesamte steuerbare Vermögen sich mehr als verdoppelte (von 15 500 fl. auf 36 300 fl.), während die Bevölkerung stagnierte, so daß das durchschnittliche Vermögen pro Kopf der Bevölkerung in diesem Zeitraum von 50 fl. auf 120 fl. wuchs. Auch wenn wir Geldwertveränderungen einkalkulieren, spricht sich darin ein bedeutender Vermögenszuwachs aus. H. C. Peyer, dem wir diese Zahlen verdanken, kommt nach einem Vergleich mit anderen Städten — u.a. Augsburg, wo das Durchschnittsvermögen 1398 40 fl., 1498 jedoch 1. H . C . PEYER. a . a . O . , B d . I I , S. 64.
WOLFRAH FISCHER UND PETER CZAOA
27I
über 200 fl. betrug — zu dem Ergebnis, daß sich St. Gallen in diesen hundert Jahren von einer bescheidenen, j a ärmlichen, in eine durchaus vermögliche Stadt verwandelt habe 1 . Viel ungleichmäßiger ist hingegen die wirtschaftliche Entwicklung Eßlingens, dessen Gesamtvermögen von 1362 bis 1370 sehr schnell (von 188 000 fl. auf 377 000 fl.) wächst, dann aber infolge einer politisch-wirtschaftlichen Katastrophe wieder auf unter 250 000 fl. absinkt und erst im zweiten Jahrzehnt des 15. Jahrhunderts eine deutliche Aufwärtsentwicklung nimmt. 2 Die Bevölkerung Eßlingens ist in dieser Zeit nicht erheblich gestiegen, die Zahl der Steuerzahler nimmt sogar a b ; das allerdings eher dank einer großzügigeren Handhabung der steuerlichen Untergrenze, als wegen tatsächlicher Bevölkerungsabnahme. Das Durchschnittsvermögen der Eßlinger schwankt somit in diesem Jahrhundert wohl im großen entsprechend dem Gesamtvermögen. Hildesheim hingegen bietet das Beispiel einer Stadt mit beachtlicher Bevölkerungszunahme. Von 1404 bis 1425 betrug der Zuwachs möglicherweise sogar mehr als 30 % — von 6000 auf 7 500 bis 8 000 Einwohner — nimmt dann vermutlich wieder ab, wächst aber seit Beginn des 16. Jahrhunderts erneut bis auf 9 000 oder 10 000 Personen und bis 1572 auf mehr als 11 000. Das versteuerte Vermögen beträgt 1404 75600 Mark und wächst bis 1463 auf 113 700 Mark. Das bewirkt, daß das Durchschnittsvermögen gerade auch der unteren Vermögensklassen deutlich wächst. Während 1404 373 Personen (3°>2 % der Steuerzahler) der Klasse 0-15 Mark im Schnitt je 10,2 Mark besaßen, ist das Durchschnittsvermögen der 309 (21,3 %) Steuerzahler der gleichen Gruppe 1463 auf 12,2 Mark gestiegen, obwohl der Anteil dieser Gruppe am Gesamtvermögen von 5 auf 3,3 % fiel. Bis 1572 steigt dann das Gesamtvermögen auf 911 348 Mark. Das Durchschnittsvermögen der Hildesheimer liegt nun bei 465 Mark, verglichen mit 61 Mark, denn die Zahl der Steuerpflichtigen ist nur von 1233 auf 1916 gewachsen, auch bei Ausschaltung der Geldwertveränderungen ist das noch immer ein erheblicher Vermögenszuwachs. 3 V Zwei wichtige Fragen sind bisher unbeantwortet geblieben, obwohl sie von großer Bedeutung für die Klärung der sozialen Verteilung des Eigentums und seiner Veränderungen sind, die eine betrifft die Ausschaltung von Geldwertveränderungen und damit die Kon1. Ebd., S. 6a. J. B. Kirchoässnbr, a.a.O., S. 94 f. 3. Berechnet nach K.J. Uthmann, a.a.O., S. 23 f. und S. 33.
272
WOLFRAM FISCHER UND PETER CZADA
struktion besser vergleichbarer Zeitreihen, die zweite die Vergleichbarkeit der Zahlen verschiedener Städte mit unterschiedlichen Währungseinheiten, Steuergruppen, Steuererhebungsgewohnheiten, Lebenshaltungskosten etc. Beide Fragen sind bisher nur selten angegangen worden. Zur Lösung der ersten sucht Uthmann beizutragen, indem er fiir das 16. Jahrhundert die Geldwertveränderungen in Hildesheim berücksichtigt. Ohne auf seine Methode einzugehen, seien hier seine beiden Reihen, die unkorrigierte und die korrigierte nebeneinandergestellt, um einen Anhaltspunkt zu geben, wie sich auch die anderen, meist unkorrigierten Reihen möglicherweise verändern und welche unterschiedliche Interpretationsmöglichkeiten sich hierdurch eröffnen: Vermögensverteilung in Hildesheim vor und nach Ausschaltung von Geldwertveränderungen 1504-1572
0-«5 Jahr vor
16-100
101-500
nach vor nach vor
(in
%)
1001 -5000
üb. 5000
nach vor nach vor nach vor nach
52.3 52,3 30.4 30,4 14,8 14,8 >525 43,2 44.' 29,3 28,7 21,7 21,5 «552 22,4 30.0 33,5 35,5 30,9 26,8 1572 17,6 3'.6 38,0 29,1 33,o 27,9 1504
501- 1000
1
i,7 4,o 7,5 «i,3
i,7 0,8 3,9 ',7 5,8 5,« 8,3 9,o
0,8
i,7
0,1 0,1
3,o
1,1
2,1
0.1 —
0,1
Diese Gegenüberstellung zeigt klar, wie die sogenannte "Preisrevolution" des 16. Jahrhunderts besonders in der zweiten Hälfte den Geldwert verminderte und somit eine Verschiebung der Vermögen zugunsten der größeren Vermögen bewirkte, so daß ein Vermögenszuwachs (und auch eine Vermögenskonzentration) vorgetäuscht werden, die in Wirklichkeit nicht vorhanden waren. Am wenigsten ist davon die untere Mittelklasse betroffen, deren beide Zahlenreihen sehr dicht beieinander hegen. Aber die relative Abnahme der kleinen Vermögen erscheint, wenn man die Geldwertverminderung nicht berücksichtigt, fast doppelt so groß und der Zuwachs in den großen und größten Vermögen schwindet beträchtlich, wenn man einen Inflationsindex einbaut. Die Frage nach der Vergleichbarkeit ist von verschiedenen Autoren — so Nabholz, Ammann und Kirchgässner 2 angeschnitten worden. 1. Zusammengestellt nach K . J . UTHMANN, a.a.O., S. 33 und S. 36. 2. NABHOLZ, KIRCHQÄSSNER, a.a.O., H. AMMANN, Schafflumser Wirtschaft im
Mittelalter, Thayngen 1949.
WOLFRAM FISCHER UND PETER CZADA
273
Die Umrechnung auf die gleiche Währungseinheit, so kompliziert sie im einzelnen sein mag, stellt dabei noch die geringsten Probleme. Die Verschiedenartigkeit der Steuererhebung und der Lebenshaltungskosten können jedoch, wenn überhaupt, nur durch sehr mühsame Untersuchungen in jedem Einzelfall ausgeschaltet werden. Hier sei nur soviel bemerkt, daß vor allem die Steuerpraxis in den einzelnen Städten so unterschiedlich war, daß daraus erhebliche Unterschiede besonders bei den unteren Vermögensschichten entstehen können. Die gänzlich Vermögenslosen werden fast nirgends tatsächlich und vollständig mitgezählt, und in Zeiten wachsenden Wohlstandes wird die Steuerfreigrenze entweder nominell hinaufgesetzt oder doch durch eine großzügigere Handhabung der Kleinstvermögen praktisch so verschoben, daß immer größere Teile der Bevölkerung nicht mehr erfaßt sind. B. Kirchgässner hat das wiederum für Eßlingen exakt nachgewiesen, wo im 14. Jahrhundert "paupers" tatsächlich Vermögenslose sind, die in den meisten anderen Städten in den Steuerlisten gar nicht erscheinen, wo aber im Laufe des 15. Jahrhunderts immer mehr Vermögensarme von der Steuererhebung freigestellt werden, ohne daß sie auf den Status der "paupers" im strengen Sinne zurücksinken 1 . Dazu gibt es parallele Erscheinungen übrigens in fast allen deutschen Staaten im 19. Jahrhundert Es finden sich aber auch umgekehrte Beispiele, daß zunächst die Armen kaum miterfaßt werden, später dann aber mitgezählt sind. Wenn manche Autoren daraus auf das plötzliche Auftreten eines vermögenslosen "Proletariats" schließen, dürfte das meist ein Irrtum sein. Das Proletariat war fast schon immer da; es erscheint nur plötzlich in den Quellen und verschwindet auch mitunter ebenso schnell wieder. VI Zum Schluß sei noch eine Frage kurz aufgeworfen, die für unser Thema von ausschlaggebender Bedeutung ist: Welche sozialen Gruppen lassen sich den gefundenen Vermögensklassen zuordnen? Auch dafiir sind die Voraussetzungen ungünstig. Selbst dort, wo wie in Eßlingen die Steuerlisten Name fiir Name durchgegangen worden sind, läßt sich nur ein Teil der Steuerzahler beruflich identifizieren. Bei den größten Vermögen ist dies noch am leichtesten, weil deren Träger aus der allgemeinen oder Familiengeschichte oft bekannt sind und als Großkaufleute, Ratsherren, etc. individuell erfaßt werden können. Bei manchen anderen geben Berufsbezeichnungen Hinweise; ob aber der angegebene Beruf immer ausgeübt wird, 1.
B.
KIRCHGÄSSNER,
a.a.O., bes. S. 67 ff. IS
274
WOLFRAM FISCHER HMD PETER CZADA
ob z.B. die vielen Weingärtner, Bäcker und Schuher in Eßlingen ihren Beruf immer ausgeübt haben, blieb auch B. Kirchgässner zweifelhaft. Daß die Zugehörigkeit zu einer Zunft, die in anderen Städten feststellbar ist, keinen irrtumsfreien Rückschluß auf den ausgeübten Beruf darstellt, wurde schon erwähnt. Die zahlreichen Frauen und Witwen, die überall als Vermögensbesitzer auftauchen —- nicht selten gehörten sie zu den Reichsten — lassen sich ebenfalls nur gelegentlich bekannten Familien und damit sozialen Gruppen zuordnen. Fast immer müssen wir uns daher mit Anhaltspunkten begnügen, wenigstens bei den mittleren und unteren Schichten. Im großen und ganzen gilt, daß für die Kaufleute und Akademiker eine erhebliche Vermögensungleichheit, für die Handwerker eine relative Vermögensgleichheit angenommen werden kann, zumindest so, daß bei den letzteren die ganz Reichen zumindest solange, als sie nicht Exportgewerbe betrieben, Ausnahmen bleiben. Bei Exporthandwerken, wie den Tuchmachern, können jedoch schon erhebliche Unterschiede des Vermögens Zustandekommen, und daß gelernte Handwerker jeder Branche sich in den vermögenslosen Unterschichten finden, oft ohne Bürger- und Meisterrecht, darf man ebenfalls als Regel annehmen.
Eine Berechnung von durchschnittlichen Vermögen einzelner Zünfte über einen größeren Zeitraum findet sich in K . J. Uthmanns Untersuchung über Hildesheim, wo die Kämmereirechnungen die Schoßregister ergänzen und eine Aufgliederung der Vermögen nach Zünften möglich machen 1 . Danach war am wohlhabendsten die Gewandschneidergilde, deren wenige (18-21) Mitglieder sämtlich der oberen Mittelschicht und den obersten Vermögensklassen angehören. 1450 sind 50 %, 1484 sogar 66 % in der Klasse zwischen 101 und 500 Mk zu finden. Bei den Kramern konzentrieren sich die meisten in der unteren und mittleren Mittelschicht; es gibt aber auch ganz Arme und einige wenige in den höheren Vermögensklassen. Das gleiche gilt für die Höker, nur daß hier der Durchschnitt noch etwas niedriger liegt als bei den Kramern. Bei den Tuchmachern und Wollenweben kommt zwischen 1450 und 1572 eine bemerkenswerte Differenzierung zustande. Während 1450 noch 60 % bei den Vermögen zwischen 16 und 100 Mark und fast 29 % in der nächst höheren Vermögensgruppe bis 500 Mark zu finden sind, reicht die Skala 1572 durch alle Vermögensklassen mit dem Schwerpunkt bei der mittleren (100 bis 500 Mark), zu der 40 % gehören. Die Erklärung dafür ist in dem außerordentlichen Zuwachs dieser Zunft, von 35 Mitgliedern auf 152 Mitglieder zu suchen. Die unteren Vermögensklassen bestehen hier offenbar vorwiegend aus 1. K.J. Uthmann, a.a.O., S. 48 ff., die zusammenfassende Tabelle S. 65.
»75
WOLFRAM FISCHER UND FETER CZADA
neu Zugewanderten, während es den Alteingesessenen z.T. gelang, in höhere Klassen aufzusteigen. Bei den Schmieden, Schneidern, Kürschnern findet sich wieder eine starke Konzentration auf die zweitunterste Gruppe. Bemerkenswert ist eine Art kollektiver Aufstieg der 20 Kürschner in der zweiten Hälfte des 16. Jahrhunderts, in der sie ziemlich gleichmäßig je eine Gruppe hinaufrücken. Ein Vergleich der Durchschmttsvermögen von sieben Hildesheimer Zünften zwischen 1450 und 157s ergibt folgendes Bild : 1450 Gewandschneider Tuchmacher u. Wollenweber Krämer Höker Schneider Schmiede Kürschner
1484
413,83 Mr. 124,88 Mr. 160,70 Mr. 45,34 Mr. 56,29 Mr. 59,86 Mr. 45,06 Mr.
578,28 77,96 137,17 78,87 48,28 73,65 55.75
Mr. Mr. Mr. Mr. Mr. Mr. Mr.
1525
169,81 169,36 200,34 69,45 130,01 52,07
Mr. Mr. Mr. Mr. Mr. Mr.
1572
425,25 528,71 368,07 132,62 250,32 210,01
Mr. Mr. Mr. Mr. Mr. Mr.
VII Versuchen wir zum Schluß, einige vorläufige Ergebnisse aus den vorliegenden Untersuchungen zusammenzufassen, darunter auch solche, die hier nicht ausführlich diskutiert werden : 1. Eine Trennung von immobilem und mobilem Vermögen ist auf Grund der städtischen Steuerstatistiken entweder nicht möglich oder ist von den Bearbeitern kaum durchgeführt worden. Die Ergebnisse beziehen sich daher eher auf städtisches, im Unterschied zu ländlichem Vermögen als auf das mobile Eigentum. (Vorhandene Aussagen über die Zusammensetzung einzelner Vermögen wurden nicht berücksichtigt, weil unklar bleibt, wie repräsentativ ihre Zusammensetzung ist.) 2. Überall zeigt sich Ungleichheit der VermögensverteUung. Der Grad dieser Ungleichheit variiert und scheint von einer Reihe von Faktoren abhängig zu sein. Er wächst anscheinend : a) mit der Größe der Stadt, b) mit der Spezifizierung und Differenzierung der Gewerbetätigkeit, insbesondere dem Auftreten von Fernhandel und Exportgewerbe; c) mit konjunkturellen und langfristigen Aufschwüngen, die zu einer wachsenden wirtschaftlichen Aktivität fuhren.
276
WOLFRAM FISCHER UND PETER
CZADA
Die Wirkung anderer Faktoren wie Kriege, Seuchen, Bevölkerungswachstum oder -schwund, auch die Wirkung einer Schrumpfung der wirtschaftlichen Aktivität ist nicht eindeutig. Sie können ebensogut zu einer Abwanderimg der Reichen bzw. zu einem Vermögensverlust der Reichen und damit zu größerer Gleichheit, aber auch zum Anwachsen der vermögenslosen Unterschichten und damit zu größerer Ungleichheit fuhren, mitunter zu beidem gleichzeitig. 3. Ein eindeutiger Trend, sei es in Richtung auf größere Gleichheit, sei es in Richtung auf größere Ungleichheit, ist nicht erkennbar; jedoch scheinen die Fälle, in denen die Ungleichheit im Laufe einer nicht durch Katastrophen unterbrochenen wirtschaftlichen Entwicklung wächst, häufiger zu sein. 4. Die größere Ungleichheit muß jedoch nicht eine absolute Verschlechterung der wirtschaftlichen Lage der unteren Schichten bedeuten, sondern bedeutet im Laufe eines "normalen", d.h. nicht durch Katastrophen unterbrochenen wirtschaftlichen Wachstums offensichtlich nur, daß die Vermögen der wirtschaftlich Stärkeren, meist der selbständig Wirtschaftenden, überproportional wachsen. 5. Umgekehrt bedeutet größere Gleichheit der Verteilung nicht eine relativ bessere wirtschaftliche Lage der Mehrzahl der Bevölkerung oder größere "Gerechtigkeit", sondern meist mangelnde wirtschaftliche Aktivität und Entfaltungsmöglichkeit. Sie deutet auf eine stagnierende oder schrumpfende Wirtschaftsentwicklung hin, so wie die größere Ungleichheit eine wachsende Wirtschaft vermuten läßt. 6. Eine eindeutige Zuordnung sozialer Schichten zu Vermögensgruppen ist nicht möglich. Doch ist es wahrscheinlich daß die großen städtischen Vermögen besonders von Kaufleuten gebildet wurden und daß es den nichtselbständigen Lohnarbeitern kaum gelang, über die unterste oder zweitunterste Schicht hinauszudringen. Kleinhandel und Handwerk konzentrieren sich typischerweise in den unteren bis oberen Mittelschichten. Die öffentlichen Bediensteten — vom juristisch vorgebildeten Ratsherrn bis zum Nachtwächter — finden sich in allen Vermögensklassen. Die Grundrente als Einkommensquelle aus ausgesprochen immobilen Vermögenswerten ist dabei nicht berücksichtigt und somit auch nicht die Stellung vorwiegend von ihr lebender Schichten wie Patrizier oder in der Stadt wohnender Landadliger bzw. Institutionen wie Klöster. Ebenfalls nicht behandelt ist die soziale Stellung und Vermögensklassierung der "Fremden" und Juden. Für sie mag das gleiche gelten wie für die öffentlich Bediensteten, daß sie nämlich in allen Vermögensklassen vorkommen können.
WOLFRAM FISCHER UNS PETER GZADA
277
Teil II In der Periode vom Ende der napoleonischen Kriege bis zum Ausbruch des ersten Weltkrieges ergeben sich für die Bemessung der Vermögensverteilung im Vergleich zu früheren Zeitabschnitten neue Aspekte sowohl durch den Wandel der Statistik selbst als auch im Hinblick auf Art und Umfang des verfügbaren statistischen Materials. Die Statistik in Deutschland fand im 19. Jahrhundert in der "Phase der Ausreifung zu einer geschlossenen, komplexen Fachwissenschaft" (Charlotte Lorenz) von der beschreibenden Staatskunde allmählich zu ihrem eigenen Aufgabengebiet, der quantifizierenden Darstellung von Massenerscheinungen. Gleichzeitig vollzog sich die Reorganisation und Institutionalisierung der amtlichen Statistik. Beginnend mit Preußen (1805), gefolgt von Bayern (1810) errichteten in der ersten Hälfte des ig. Jahrhunderts die meisten deutschen Staaten eigene "statistische Bureaus" \ die zunächst in enger Bindung an Verwaltungsaufgaben, bald jedoch auch selbständig mit der Erhebung, Veröffentlichung und nicht zuletzt wissenschaftlichen Bearbeitung des statistischen Materials hervortraten und damit der gesamten Statistik eine neue fruchtbare Basis schufen. Trotz der Verbesserungen, die die Statistik im Laufe dieser Entwicklung erfuhr, blieben Vermögen und Einkommen — mit wenigen Ausnahmen bis in die Gegenwart — ihren direkten Zugriff entzogen. Infolge des Mangels an Primärerhebungen über Art und Höhe des individuellen Vermögens und Einkommens mußten sich die statistischen Ämter auf die Veröffentlichung und gelegentliche Bearbeitung sekundären Materials, vornehmlich steuerstatistischer Daten beschränken, die trotz mannigfacher Unzulänglichkeiten als die relativ besten und vollständigsten Angaben zur Klärimg des Verteilungsproblems anzusehen sind. Der Aussagewert derartiger, als Nebenprodukt fiskalischer Tätigkeit anfallender Statistiken ist dabei aufs engste von Art und Umfang der jeweiligen Steuer sowie von der Steuergesetzgebung und Erhebungspraxis abhängig. Für die Vermögensverteilung in Deutschland lassen sich auf der Grundlage steuerstatistischer Daten für die erste Hälfte des 19. Jahrhunderts allerdings kaum Aussagen gewinnen. Infolge 1. Es folgten u.a. zwischen 1820 und 1850 : Württemberg (i8ao), Sachsen (1831), Hamburg und Bremen (1847), in den 50er und 60er Jahren : MecklenburgSchwerin, Baden, Braunschweig, Oldenburg, Hessen-Darmstadt und die Thüringer Staaten.
2^8
W O L F R A M FISCHER
UND P E T E R
CZADA
des in den meisten deutschen Staaten vorherrschenden Ertragssteuersystems (Grundsteuer, Gewerbesteuer, Kapitalertragssteuer etc.) erlauben die entsprechenden Statistiken bestenfalls Rückschlüsse auf den Ertragswert bzw. die Erträge der jeweiligen Steuerobjekte, die in der Regel ziemlich vollständig erfaßt werden, sagen jedoch nichts über deren personelle Verteilung aus Erst der allmähliche Übergang zur Personalbesteuerung — hauptsächlich in Form der Einkommen- und Vermögensteuer — schuf hierzu die statistischen Voraussetzungen. Zu den Ausnahmen gehört die in Bremen seit 1730 bestehende Vermögensteuer, der Schoss, die je nach Finanzbedarf bis in die zweite Hälfte des 19. Jahrhunderts unter wechselnden Veranlagungsvorschriften (Schossordnungen von 1805, 1812, 1827 und 1848) erhoben wurde. Schosspflichtig waren mit Ausnahme einiger Berufsstände alle Bürger, die je nach Vermögen oder Erwerb zu teilweise "geheimer" Steuerentrichtung herangezogen wurden. Die Ergebnisse dieser Steuer ermöglichen mit allen Vorbehalten, die aus der Steuererhebung resultieren, eine verhältnismäßig rohe Bemessung der Vermögensentwicklung, infolge fehlender Klassifizierung jedoch keine hinreichende Klärung der Vermögensverteilung. Zur Deckung des kriegsbedingten außerordentlichen Finanzbedarfs wurde ferner in Preußen 1812 eine Vermögensteuer ausgeschrieben, deren Fortführung am heftigen Widerstand gegen diese Besteuerungsform scheiterte. Erst 80 Jahre später kehrte Preußen zu einer am Gesamtvermögen bemessenen Besteuerung zurück. Eine Vermögensteuer, deren statistisch ausgewertete Ergebnisse, abgesehen von methodisch bedingten Einschränkungen, direkte Einblicke in die Vermögensverteilung ermöglichen können, wurde in den einzelnen deutschen Bundesstaaten im 19. Jahrhundert verhältnismäßig spät und zumeist nur dort wieder eingeführt, wo die bisherigen vermögensbezogenen Ertragsteuern gleichzeitig fortfielen. Im Gegensatz zum Steuersystem in den Vereinigten Staaten oder der Schweiz, wo sie zeitweise die Hauptsteuer mit entsprechend umfassender Ausgestaltung bildete, blieb die Vermögensteuer in 1. Die Grundsteuer vermag zwar einigen Aufschluß über die Verteilung des Grundbesitzes zu geben. Ihre Bemessungsgrundlage bilden jedoch in der Regel einmalige Grundstückskataster (z.B. in Preußen die Schätzung der Ertragsfahigkeit des Grundbesitzes im Jahre 1861), die ohne Rücksicht auf spätere Wertsteigerungen beibehalten werden. Desgleichen bedient sie die Gewerbesteuer häufig solcher Betriebsmerkmale als Bemessungsgrundlage, die keinen Rückschluß auf das Betriebskapital zulassen. So äußert Jastrow über die preußische Gewerbesteuer, d a ß sie niemals dazu gedient habe, die Gewerbebetriebe wirklich nach dem M a ß des in ihnen angelegten Vermögens zu belasten. J . JASTROW, "Die Vermögensteuer und ihre Einfügung in das preußische Steuersystem", in : JahrbücherfitrNationalökonomie tmd Statistik, Bd. 5g, Jg. 1892, S. 164.
WOLFRAM FISCHER UND PETKR CZADA
«79
den deutschen Staaten vom Ausgang des 19. Jahrhunderts bis zum ersten Weltkrieg lediglich eine Ergänzung zur Einkommensteuer und erstreckte sich ausschließlich auf große und größte Erwerbavennögen einschließlich des Grundbesitzes1. Die allgemein üblichen hohen Freibeträge schränken den Aussagewert der Statistiken im Blick auf die Verteilung außerordentlich ein. Nur ein geringer Teil der besitzenden Schichten und des Gesamtvermögens unterliegt der Steuerpflicht. In Preußen, das 1895 nü* der Einführung der Steuer voranging, wurden im Zeitraum 1895 — 1900 nur 4 v.H. der Einkommensteuerpflichtigen zur Ergänzungssteuer veranlagt. Einen Eindruck von der ungenügenden Erfassimg der Vermögenssumme vermitteln neuere Daten für die Bundesrepublik im Jahre 1953. Demnach unterlagen lediglich 25 % des fand- und forstwirtschaftlichen Vermögens, 33 % des Grundbesitzes und 50 % des Betriebskapitals dem Zugriff der Steuer 2. Den Daten der Ergänzungssteuerstatistik ist somit bestenfalls eine Aussage über die Vermögensverteilung an der Spitze der Eigentumspyramide abzugewinnen. Der Sockel der Verteilung bleibt unbekannt 8 . Abgesehen von spezifischen steuerstatistischen Mängeln, die z. B. in der Unterbewertungstendenz (Steuerhinterziehimg, Steuerermäßigungen) und einer unvollkommenen juristischen Vermögensdefinition liegen, wird die Auswertung der Statistiken durch die geringe Zahl der Größenklassen (Steuerklassen), ihre entsprechend hohe Spannweite sowie die Beschränkung auf die Zensitenzahl ohne Angabe der Vermögenssumme je Klasse erschwert und eingeengt. Der Zeitraum der Steuererhebung erweist sich schließlich fiir die erforderlichen intertemporalen Vergleiche als unzureichend. Nur in verhältnismäßig wenigen Staaten wurden die Ergebnisse der Ergänzungssteuer statistisch ausgewertet und veröffentlicht: Neben Preußen gehören hierzu Sachsen, das 1904 eine Steuer auf Vermögen mit Ausnahme des Grundbesitzes einführte, Hessen (1900) und Baden (1906). In allen vier Ländern gestattet die Statistik eine rohe Gliederung des erfaßten Vermögens nach Vermögensarten, die in ihrer Abgrenzung problematisch bleibt, nicht jedoch die Verteilung der Vermö1. Eine Ausnahme bildet Sachsen, wo nach der Einführung der Vermögens teuer die Grundsteuer beibehalten wird und erstere sich auf das Erwerbsvermögen mit Ausnahme des Grundbesitzes bezieht. 3. Die erhebliche Unterschätzung des immobilen Vermögens resultiert aus der Verwendung der niedrigen Einheitswerte aus der Vorkriegszeit. 3. Lediglich für Hessen findet sich eine detailliertere Statistik für die erste Steuerveranlagung (1901/02) mit Angaben aber die Zahl der Personen, die ein unter der Pflichtgrenze (3000 M) liegendes Vermögen besitzen. Vgl. Beiträgt Otr Statistik des Großherzogtums Hessen, 50. Bd., 1. Heft.
28O
WOLFRAM FISCHER UND PETER CZADA
gensarten auf die einzelnen Steuerklassen. Eine Scheidung in Grundbesitz und restliches Vermögen ist damit bei Verteilungsuntersuchungen ausgeschlossen. Sämtliche außerhalb des jeweiligen Staatsgebietes liegenden Vermögenswerte bleiben außer Ansatz. Desgleichen fehlt jeder Hinweis auf die soziale Stellung der Eigentümer und mithin die Möglichkeit einer Gliederung des Vermögens nach sozioökonomischen Gruppen. Die wenigen vorhandenen Daten geben jedoch immerhin Aufschluß über die typische Schiefe der Verteilung und die Tendenz zu überproportionalem Wachstum der großen Vermögen l ; sie erlauben femer — zumindest innerhalb der einzelnen Länder — regionale Vergleiche über die unterschiedliche Verteilung in städtischen und ländlichen Gebieten. Die skizzierten Mängel der Vermögensteuerstatistik, vornehmlich ihre Beschränkung auf die obersten besitzenden Schichten sowie die verhältnismäßig späte Einführung und kurze Dauer der Steuer in den einzelnen Bundesstaaten haben dazu beigetragen, daß sie in der Literatur zum Verteilungsproblem im Gegensatz zur Einkommensteuerstatistik relativ selten oder kursorisch behandelt wird. Namentlich den älteren Untersuchungen geht es weniger um eine exakte Scheidimg und getrennte Analyse von Einkommen und Vermögen, sondern vielmehr um eine möglichst umfassende "Gliederung der Gesellschaft nach dem Wohlstand" (Michaelis) und um die Klärung der "sozialen Frage", des Schicksals der Unterschichten und des Mittelstandes. Hierzu hat die Einkommensteuerstatistik nicht nur zeitlich weiter zurückreichendes, sondern auch infolge der am (steuerlichen) Existenzminimum ausgerichteten Freigrenze bedeutend umfassenderes Material. Sieht man von der 1820 in Preußen eingeführten Kopfsteuer ab, die als reine Klassensteuer in ihren statistischen Ergebnissen nur indirekte und höchst unsichere Anhaltspunkte über die Einkommensverhältnisse bis zur Steuerreform im Jahre 1851 vermittelt, so beginnt der Zeitabschnitt, für den in zunehmenden Umfang Einkommenstatistiken deutscher Staaten zur Verfügung stehen, mit der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts. Wurden die Ergebnisse der Besteuerung auch nicht in allen Staaten veröffentlicht, so doch weitaus häufiger als bei der vorstehend behandelten Vermögensteuer. 1. Den Ergebnissen der Ergänzungssteuer in Preußen zufolge entfielen z.B. im Zeitraum von 1895 bis igoo auf g v.H. der Vermögensteuerzensiten rd. 60 v.H. des versteuerten Vermögens (errechnet aus den Steuerbeträgen pro Klasse). Am Vermögenszuwachs partizipierten im gleichen Zeitraum die höchsten Vermögensklassen eindeutig stärker als die niederen, allerdings unter gleichzeitiger Vermehrung der entsprechenden Zensitenzahlen : "Die Millionen haben sich mit den Millionären vermehrt." Vgl. Kurt N I T S C H K E , Einkommen und Vermögen in Preußen, Jena 1902, S. 42 und 60.
WOLFRAM FISCHER UND PETER. CZADA
281
Daten zur Einkommensbesteuerung — zum Teil bei den Finanzbehörden, zum Teil in den statistischen Amtern bearbeitet — , finden sich für Preußen seit 1851, Oldenburg (1864), Hamburg (1866), Sachsen-Altenburg (1868), Bremen (1871) Sachsen (1875) und Sachsen-Meiningen (1890) ! . Die süddeutschen Staaten — abgesehen von Elsaß-Lothringen — Bayern, Württemberg und Baden führten infolge ihres gut ausgebauten Ertragsteuersystems die Personalbesteuerung verhältnismäßig spät durch : Baden bereits 1885, Württemberg und Bayern jedoch erst 1905 bzw. 1912. Soweit "Einkommensteuerstatistiken" für frühere Jahre veröffentlicht wurden — so z. B. für Bayern seit den 60er Jahren, — handelt es sich nicht um eine Besteuerung des Gesamteinkommens, sondern um Arbeitsertragessteuern, die nur Löhne und Gehälter (einschließlich der Pensionen und Honorare) erfassen. Die Resultate der Einkommensteuerstatistik, die streng genommen wie jede Steuerstatistik zunächst nur genaue Angaben über die Zahl der Steuerpflichtigen, ihre Einschätzimg und den Steuerbetrag geben, erlauben methodisch mehr oder minder einwandfreie Rückschlüsse auf die tatsächliche Einkommensschichtung und ebenfalls nur nach beträchtlichen Korrekturen und Ergänzungen eine konjekturale Bemessung des Volkseinkommens s . Eine eindeutige Beziehung zum Vermögen und seiner Verteilung ist bei der Einkommensteuer zunächst direkt nicht gegeben. Zwar wird in fast allen Staaten eine — im einzelnen unterschiedliche — Trennung der Einkommensarten nach ihrer Quelle vorgenommen, die einzelnen Einkommensarten (aus Grundvermögen, Kapitalvermögen, Handel und Gewerbe, gewinnbringender Beschäftigung etc.) sind jedoch — ähnlich wie bei der Ergänzungssteuer — nur in der Gesamtsumme ausgewiesen, ermöglichen somit keine getrennte Darstellung ihrer Verteilung und damit keine Rückschlüsse auf die dahinterstehende Vermögensschichtung. Dennoch erscheint bei Anerkennung bestimmter Prämissen eine hilfsweise Verwendung dieser Statistiken zur Bemessung der Vermögensverteilung und ihrer Änderung in der Zeit nicht nur erlaubt, sondern unter Umständen sogar 1. In Bremen bestand seit 1847 eine Einkommensteuer, die aber wie die oben behandelte Vermögensteuer auf geheimer Steuerzahlung basierte und keinen Aufschluß über die tatsächlichen F.inWnmmynTv^rhaitniW bietet. Vgl. W.G. Hoffmann, J.H. M ü l l e r u.a., Das deutsche Volkseinkommen 1851-1957, S. 98.
Tübingen 195g,
a. Die Jahreszahlen in Klammem betreffen den Zeitpunkt der Steuergesetzgebung. 3. Die Mehrzahl der bisherigen Untersuchungen zielt auf die Bemessung der Einkommensverteilung. Zur Berechnung des Gesamt- (Volks-) Einkommrai vgl. W. G . Hoffmann, J . H. M ü l l e r u.a., a . a . O .
282
WOLFRAM FISCHER UND PETER CZADA
aufschlußreicher als die Interpretation der verhältnismäßig unvollkommenen Materialien der Ergänzungssteuern.
Die typische Verteilungsschiefe, die für die Vermögensschichtung kennzeichnend ist, findet bei der Einkommensverteilung ihre Entsprechung. Hier wie dort entfallt auf einen geringen Prozentsatz von Personen ein relativ hoher Anteil des Gesamteinkommens bzw. -Vermögens. Untersuchungen von Franz Grumbach über die Entwicklung der Einkommensverteilung mehrerer deutscher Staaten im 19. und 20. Jahrhundert scheinen dabei seine Schlußfolgerungen zu rechtfertigen, daß eine direkte Beziehung zwischen Einkommens- und Vermögensverteilung in der Art besteht, daß die Verteilungskurve des Gesamteinkommens als Überlagerung der unterschiedlichen Verteilungsformen des Arbeitseinkommens und der Vermögenserträge gedeutet werden kann. Grumbach nimmt an, daß die Vermögen und die ihnen proportionalen Erträge der bekannten Pareto-Kurve entsprechen, die Arbeitseinkommen jedoch normalverteilt seien 1 . Unter dieser Voraussetzung resultiert die Schiefe der Einkommensverteilung aus der ungleichen Vermögensschichtimg und deren Änderung im Zeitverlauf unter anderem aus der unterschiedlichen Bedeutung der beiden Einkommensarten aus Arbeit und Vermögen in verschiedenen Phasen des Industrialisierungsprozesses a. Auch unter der Annahme einer weniger streng postulierten Interdependenz der beiden Verteilungen scheint der Rückschluß auf die Vermögensschichtung erfolgversprechend, wenn man davon ausgeht, daß die Bildung neuen Vermögen letztlich von der Einkommenshöhe entscheidend abhängig ist. Die Auswertung der Einkommensteuerstatistik, der zeitliche und regionale Vergleich ihrer Ergebnisse wird durch eine Unzahl steuertechnisch und methodisch bedingter Eigenarten außerordentlich erschwert, die den Wert der gewonnenen Resultate zumindest relativieren. Unterschiedliche Steuergesetzgebung und - praxis sowie der verschiedenartige Umfang des veröffentlichten Materials in einzelnen Ländern lassen kein generelles Urteil über die Qualität der Daten zu, ihre kritische Behandlung würde zudem weit über den Rahmen und das Ziel dieser Ausfuhrungen hinausgehen. Einige Bemerkungen zur preußischen Einkommensteuer, die einer großen Zahl anderer Staaten als Modell diente, mögen einen Eindruck der im Material verborgenen Unsicherheiten geben. Infolge wechselnder gesetzlicher Vorschriften sind für Preußen im Zeitraum 1851-1914 drei Steuerperioden zu unterscheiden : 1. Franz GRUMBACH, Statistische Untersuchung über die Entwickimg der Einkommensverteilung in Deutschland, Di.3
Indust. Commerce, Consumers Government Pub. Ut. 13
20 23
24 29 32 37 38 36 34 38 38 35 33
11 «5 19
21
23 24 29
31
29
27 30 36 37
40
i 2 2
3 3 4 4 5 8
9
10
11
16
«4
* Thefiguresfor igooA arc comparable with the 19th century series; the figures for igooB, with the aoth century series. Saurct: Appendix table.
3*5
ROBERT E. GALLMAN TABLE
2
Distribution of total national assets among major groups of owners, The United States, igoo-ig^g 1900
1912
1922
1929
1939
1949
Natural Persons 1 Corporations * Governments 1
61.1 %
60.2% 33-8
566% 36-7
56-3% 37-6
5«-6%
520 %
33-3 5-5
Totals
99-9%
100.0 %
100.0%
OWNERS
6.6
6.0 100.0%
99-9 %
6.1
36.6 11.8
36.8 11.2
100.0 %
1. Non-farm individuals, farmers, unincorporated businesses, and personal trust funds. 2. All corporations except government corporations; non-financial, non-profit institutions. 3. Federal state, and local government.; government corporations. Military property is excluded. Source: Raymond W. GOLDSMITH, A Study of Saving m the United States, Volume III, Princeton, New Jersey: Princeton University Press, 1956, p. 43, 45, 47, 49» 53» 57-
Since 1900 the share of the industrial sectors in tangible wealth has remained roughly constant and the continued growth of the fraction of property owned by corporations must be accounted for by the further diffusion and more elaborate articulation of the form of organization. The share of intangibles in total assets has continued to mount, reflecting the extension of corporate activity, the expansion of the government sector, and the growth of consumer credit.
II
1. The ownership of personally-held wealth probably grew more concentrated from the middle of the last century to about 1890, perhaps grew less concentrated from them until the early i92o's, and certainly grew less concentrated from the early 1920's to the middle 1950's. The ownership of non-landed wealth has been, on the whole, more concentrated than the ownership of landed wealth, but the degree of concentration has probably been reduced somewhat, at least since the early 1920's. The phrasing of these statements should make clear that they are made with unequal force. One cannot presently be sure of the changes made in the size distribution of personally held wealth before 1922.
316
ROBERT E. GALLMAN
The aggregate quantitative evidence available probably does not warrant even the limited assurance the statements of the preceding paragraph display. In a few years scholars may know much more about these matters. A vast and valuable body of evidence relating to the distribution of American wealth toward the middle of the last century is now being exploited in a systematic way and the results should become available over the next several years x . For the present it is necessary to work with less desirable materials. 2. Robert J. Lampman's study of the distribution of personally held wealth in the United States contains the most useful work on this subject presently available to economic historians 2. The value of the study derives not only from the care and imagination with which it was done, the comprehensiveness of the wealth concepts used, and the v e r y large v o l u m e of data provided, but also from the long span of years covered, 1922 through 1956. From no other single study can one obtain an impression of long-term 20th century changes in the size distribution of personally-held wealth. According to Lampman, the fraction of wealth owned by the top wealth-holders (his term) has declined somewhat since 1922, because this group's savings rate has been insufficient to maintain its share in wealth. The share of the wealthiest one per cent of the adult population in total equity of the personal sector of the economy changed as follows during this period. 3 1922
1929
1933
1939
1945
1949
1953
1954
1956
31.6% 36.3% 28.3% 30.6% 23.3% 20.8% 24.3% 24.0% 26.0% These findings appear firm and reasonable, but some cautions should be observed. First, the decline is less pronounced if the wealthholding unit is changed from the adult to the family. The richest two per cent of families owned 33 per cent of total personal equity, in 1922, and 28.5 per cent, in 1953 *. In Lampman's terms, part of the reduction in concentration among adults was due not to changed savings patterns, but to "... changing practices in the transfer of wealth." 8 Women and children are more heavily represented in the 1. The evidence is contained in the manuscript census of 1850, i860, and 1870, which Professor Lee Soltow of Ohio University, has just begun to sample and process with the help of computers. A more limited project, conducted at the University of North Carolina with the i860 materials, is discussed in a subsequent section of this paper. 2. Robert J. LAMPMAN, The Share of Top Wealth-Holders in National Wealth, 19221956, Princeton, New Jersey: Princeton University Press for the National Bureau of Economic Research. 1962. 3. Ibid., p. 204. 4. Ibid., p. 206. 5. Ibid., p. 244.
ROBERT E. GALLMAN
3»7
top wealth group than formerly, presumably because tax laws have encouraged the early distribution of property among members of the family. Second, Lampman computed the ratios appearing in the preceding paragraphs from independently estimated numerators and denominators. The numerators (wealth owned by top wealth-holders) were estimated from estate tax data, whereas the denominators (total personal equity) were derived from Goldsmith's work, which depends on quite different sources. The use of this procedure calls for an allowance for error in the ratios. However, the Goldsmith series were drawn up with the knowledge that they would be used for these purposes and presumably special care was devoted to assuring the consistency of the two sets of estimates. 1 Lampman has also been able to test his results for 1953 against the sample study of the Survey Research Center, with exceptionally reassuring results. 2 Finally, while the concentration ratio is, indeed, markedly lower in the 1950's than it is in the 1920's, the interim movements are quite striking. The ratio rises almost 5 points between 1922 and 1929, falls 8 points in the brief period 1929-1933, and rises over 5 points between 1949 and 1956 (see the first text tabulation, above). It ends in 1956 only 5.6 points lower than it began in 1922. Lampman finds that differential price movements of assets operated (over the full period) in the direction of increasing inequalities. 3 A sustained stock market boom, of the kind the United States has recently experienced, might over-balance the savings factor and produce a further widening of wealth differentials. This impression is somewhat strengthened by a very interesting table, excerpted below (Table 3), which shows the degree of concentration of ownership of various types of assets. Security holdings are very heavily concentrated and, therefore, the degree of concentration of wealth ownership, in the aggregate, might be sensitive to security price changes. On the other hand, the table also suggests very strongly that the trends Lampman has found reflect basic changes in the distribution of American wealth. The ownership of assets contributing directly and immediately to economic well-being,—real estate (to the extent that this entry is dominated by residential property), insurance, and miscellaneous property, which includes consumer durables,— appears to have grown markedly less concentrated. Assets conferring economic power remain closely held. But the power has been diluted, in some measure by the developments described in 1. a.
op. cit., Volume III, pp. 277-385. op. cit., pp. 195-197. 3. Ibid., p. 222. GOLDSMITH, LAMPMAN,
318
ROBERT
E.
TABLE
GALLMAN 3
Share ofpersonal sector assets and liabilities held by the top one per cent of adults, variousyears, 1922-1953 (per cent) T Y P E OP PROPERTY
Real estate U . S. government bonds State and local bonds Other bonds Corporate stock Cash Mortgages, and notes Cash, mortgages, and notes Pension and retirement funds Insurance Miscellaneous property
1922
18.0
45-0 88.0 69.2 61.5
1929
17-3 1
100.0 82.0 65.6
>939
'945
«3-7 1 755
11.1 32-5 1 78.5
91.0
69.0
—
—
—
—
—
—
31.0 8.0
35-3 23.2
34-0
8.0 27.0 29.0
3'-5 6.0
17-4 19.0
61.7
17.0
34-7 «9-3 5-9 '7-3 21.4
1949 10.5
35-8 77.0 78.0 64.9 18.9 32.0 20.5
5-5
15.0 15.0
•953 >2-5
31.8 1
77-5
76.0
24-5 305 25.8
5-5 '-5 •5-5 1
1. In excess of 100%, apparently due to errors arising from the derivation oi numerators and denominators from different sources. Source: LAMPMAN, p. 209.
the preceding section, the growth of institutional control of property and the widening economic role of government. 3. Lampman is concerned with property owned by top wealthholders. The wealth of the rest of the community can be derived by subtraction, but little can be said about the distribution of wealth among these people, except for the year 1953. For that year Lampman has produced a distribution containing several classes. But if one is interested in changes over time one must go beyond Lampman's study. In 1927 Willford King published a distribution across 44 narrow classes referring to the end of the year 1921. 1 The article in which the distribution appeared is in the nature of a preliminary report and contains only a sketch of his procedure. The final report was never published, although a review of the manuscript is contained in a paper by C. L. Merwin, Jr. Merwin is impressed with King's work, considering it a pioneering effort, but suggests that the data were heavily processed and that King was forced to fill statistical gaps by extrapolation and assumptions not easily defended. 8 Additionally, King's 1. Willford I. KINO, "Wealth Distribution in the Continental United States at the Close of 1921," Journal of the American Statistical Association, New Series, No. 158, June 1927, pp. I35-I532. C L. MERWIN, Jr., "American Studies of the Distribution of Wealth and Income by Size," in Studies in Income and Wealth, Volume III, New York: National Bureau of Economic Research, 1939, pp. >4-17, 26-27.
ROBERT E. GAIAMAN
319
estimate of the share of wealth held by top wealth-holders is laiger than Lampman's estimate for 1922. According to Lampman, .79 per cent of adults owned 29.2 per cent of personal equity in 1922. 1 King's table distributes wealth among property holders, not adults. Assuming that all property holders were adults and that all remaining adults owned no property, then King's data imply that .41 per cent of adults owned 28.1 per cent of total wealth at the end of 1921 and 1.05 per cent owned 37.3 per cent. A reasonable interpolation yields an estimate of 34.9 per cent for the richest .79 per cent. 1 The deviation from Lampman's result must be recognized, but it is not exceptionally large in view of the fact that the sources and methods used by the two men were entirely different. With these reservations in mind we may compare Lampman's 1953 distribution with a 1921 distribution derived from King's work: * 1921
WEALTH CLASS
2
3 4 5
% of Adults
«953 % of Wealth
«•5 3-1 55
40.2 16.1
21.9
18.9
>4-3
% of Adults
1.6
3-o 5-8
6
•7-7 504
7-3 3-a
21.2 18.4 50.0
Totals
100.1
100.0
100.0
% of Wealth
27.6
11.2
«3-4 29-3 10.2
8-3
100.0
The table shows a general movement in the direction of greater equality. Over time the three lowest wealth classes gain at the expense of the three highest. The finding cannot bear much weight, in view 1. LAMPMAN, op. cit., p . 206.
2. Derived from KINO, op. cit., p. 152, and U.S. Bureau of the Census, Historical Statistics of the United States, Colonial Times to 1957, Washington, D. C., I960, Series A75-A85, 1920. The procedure slightly understates the number of adults with no property and, therefore, slightly understates the degree of concentration of wealth ownership. 3. LAMPMAN, op. cit., p. 213. The wealth concept is ostensibly "total gross estate, basic variant," but, in fact, is probably "total gross estate, prime wealth variant." (Compare p. 213 with p. 193.) The latter aggregate is very slightly larger than "equity of the personal sector" ("economic estate") in 1953. See, also, footnote 2, above.
320
ROBERT E.
GALLMAN
of the doubts one must entertain concerning the comparability of the two sets of estimates. T o the extent that it can be given weight it suggests that Lampman's finding of a long-term decline in the share of wealth owned by the richest group is symptomatic of a more general reduction in inequalities. The result lends further substance to the belief that the downward drift of the wealth share of top wealth-holders, discovered by Lampman, describes a trend, as distinct from the casual results of temporary factors affecting only the position of the richest group, as related to the rest of society. 4. In the last decade of the 19th century, G. K . Holmes and C. B. Spahr published distributions of personally-held wealth, both referring to the year 18901. Holmes followed a procedure which is a crude version of the method King used to make his 1921 table. He began, as King did, with a distribution of farm property among classes of farm owners and tenants, based on census data. (Holmes had helped to gather and analyse these data.) He then distributed residential and household property among the poorest 91 per cent of families on the basis of census information concerning home ownership and mortgages, together with the farm data described above. Next he moved to the peak of the wealth pyramid and computed the holdings of millionaires by multiplying the number of millionaires (taken from a report of the New York Tribune) by an estimate of the wealth held per millionaire. He estimated the total wealth-holdings of individuals at $ 60 billion, a figure close to the value of domestic tangible wealth in 1890, and probably also close to the value he sought, 2 and then obtained the value of property held by the remaining classes as a residual. Holmes, a very able quantitative worker, surely did not intend that his distribution bear much analytical weight. But his work does have certain real advantages. His procedure and sources are similar to King's and, therefore, his results for 1890 can be compared with King's for 1921 with some hope of profit. Second, Holmes' treatment of the richest group is very simple, indeed, and easily subject to testing. Spahr, on the other hand, depended on estate tax information and very involved procedures, difficult to reconstruct and appraise. His results are not markedly different from those achieved by Holmes, so far as one can tell, but he does show greater concentration of wealth holdings, probably an unreasonably high degreee of concentration. 3 The following comments, then, will be limited to the work of Holmes. 1. Sec MERWIN, op. cit., pp. 3, 5-9, 13-17, upon which this paragraph depends heavily. 2. Compare the estimates of "economic estate, total wealth variant", in LAMPMAN, pp. 193, 265, 267, 269, 271, 273, with the estimates of domestic tangible w e a l t h contained in the appendix table. 3. MERWIN, op. cit., pp. 6-9, 24-26 and LAMPMAN, p. 206, footnote 12.
321
ROBERT E. GALLMAN
T h e following tabulation compares the 1890 distribution m a d e b y Holmes
(as articulated b y Merwin)
u p from King's table:
Families m ci e« ei g n e o . œ co r* ñ ó — co ci
ci à» »- —
ci o> 0 1 o e o t ^ q O J ^ J c oo* T f ci n o CT)^ m . ^ c o — ci ^ r — i o — m i o CiÄ mn in Tt< eòto ci eó
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o 5 1 § S » 3-j ._ f concentration of wealth is still far greater than the degreee of c-oncentration
38o
JACK
REVELL
of personal incomes. According to the official statistics [pace Professor Titmuss) 1 the top one per cent of income earners receive something like eight per cent of total income before tax and something like five per cent after tax. But personal wealth is less concentrated than personal investment income, of which in 1954 the top one per cent of the population received around 58 per cent. This is necessarily so, because much of property held by the less well-to-do which appears in the estate duty statistics yields either no income or a low income—owneroccupied dwellings, savings bank deposits and life assurance policies, for example. But, of course, the distribution of wealth is not really comparable with the distribution of either personal income or personal investment income. The wealth distribution is one of individuals, as I stressed above, while the distributions of personal income and personal investment income are based on the units assessed for income tax-—a husband, wife and dependent children. Our distribution of personal wealth necessarily counts many wives of rich men as having little or no property in their own right. In spite of this, however, it is evident that we have a very long way to go before we achievc a "property owning democracy." Although the statistics give only an imperfect indication of the actual degree of concentration in any one year, they are far more useful as indicators of trends in the concentration of wealth over time. Certainly there has been a significant lessening in the degree of concentration of personal wealth over the period from 1 9 1 1 covered by Table 6, and I think that we can go some way towards explaining this trend. There are four factors which I propose to consider: a) the effects of estate duty, b) the growth of a salaried middle class, c) price changes and d) what I may call, very loosely, demographic factors. The popular approach to the lessening concentration of wealth is to ascribe almost all of it to the effects of death duties. Obviously an impost on wealth every generation must have some effect, but I doubt whether this has been a very important direct factor; indirectly it has been of the greatest importance. The effects of what I have termed "the growth of a salaried middle class" are really the effects of the decreasing inequality of income. As Professor Meade has shown, 2 this is a complex field in which both equalizing and disequalizing tendencies are at work, and I cannot hope to discuss it here. But I can point to two factors associated with the growth of a salaried middle class which have definitely tended to lessen the inequality of wealth. The first is the growth of owner-occupation of dwellings: when one 1 . ' R . M. TITMUSS, Income Distribution and Social Change, 1962. 2. J . E. MEADE, Efficiency, Equality and the Ownership of Property, 1964, chap, v and Appendix II.
JACK R E V E L L
individual owned several houses which he let out as an investment, he had a good chance of appearing in the top one per cent, whereas the houses now appear in a number of smaller estates. The second is the growth of saving through life assurance and pension schemes, which, as we have seen, do not find a full reflection in the estate duty statistics. Price changes have also had some influence on the degree of concentration of personal wealth. The relative fall in the price of land during the twenties had the effect of lessening concentration, but paradoxically the great rise in the price of land and other real property in recent years has also tended to lessen concentration because it has increased the wealth of the owner—occupiers in the middle strata. As a short term effect changes in the relative prices of fixed-interest securities and ordinary shares can also make noticeable differences in the degree of concentration from one year to another. I want to concentrate attention on the remaining factor of "demographic" changes,—changes in the distribution of personal wealth between the sexes, between age groups and between married, widowed and single individuals as compared with changes in the age and sex structure of the population. I shall consider the changes between 1927 and 1954 or i960, as these are the years for which the most complete statistical information is available. I have set out the relevant statistics in Tables 7 and 8. It goes without saying that all except the population statistics should be considered as relative orders of magnitude rather than as firm facts. Out of this mass of figures I want to pick three salient points. 1. While the age distribution of the male population over 15 years of age has shifted towards the older age groups, the age distribution of personal wealth owned by men has remained unchanged. 2. Among women the age distributions both of the population and of the ownership of personal wealth have swung towards the older age groups. 3. The proportion of total personal wealth owned by women has changed sharply from 33.1 per cent in 1927 to 42.1 per cent in i960. These facts are consistent with two hypotheses. The first hypothesis is that really wealthy persons—predominantly men—have tended to avoid estate duty by distributing a larger share of their wealth while they are alive. It is only among the top one per cent of the population that the rates of estate duty are really onerous, and, as can be seen from Table 6, it is only the top one per cent of the population which haslost ground in the distribution of personal wealth; the remaining layers of the population have generally gained. It has become a common statement in recent years that estate duty is a
382
JACK
REVELL
voluntary tax, in the sense that there are many perfectly legal ways of avoiding or reducing liability. Very few of the forms of duty avoidance affect the estate duty statistics since the full value of the asset is given even though it bears a reduced rate of duty, but outright gifts inter vivos do have the effect of lessening the degree of concentration. The system of taxing gifts in Britain is that they bear rates of estate duty appropriate to the size of the donor's whole estate if he fails to live for a prescribed period (at present five years) after making the gift; the gifts as such are not taxed. There is thus no incentive for the donor to distribute his gifts among a wide range of persons, and we may deduce that a lot of the apparent redistribution of wealth is redistribution between successive generations of the same family. This is redistribution of a rather special sort, and not quite what we have in mind when we talk of redistribution from rich to poor. It would be nice if we could ascribe the increased share of personal wealth held by women to increasing social equality of women, but TABLE
7
Age and sex distribution of population and personal wealth (Percentages of total) S E X AND AGE GROUPS
Men under 45 45-64
65 and over
P O P U L A T I O N OVER
I93I
63.1
28.2 8.6
15
i960
1927
i960
53-9 33-6
31-9 43-I
42.1
100.0
100.0
100.0
26.5 43-8
24.7
21.6 41.7 36.7
100.0
100.0
12.5
Totals
100.0
Women under 45 45-64 65 and over
61.0 29.0 10.0
49-0 33-1 17-9
Totals
100.0
100.0
47-3 52.7
47-3 52.7
Men Women
PERSONAL W E A L T H
24.9
66.9 33-1
33-5
24.4
57-9
42.1
Sources: Population: Annual Abstract of Statistics. Personal wealth: author's estimates from Report of H.M. Commissioners of Inland Revenue (annual) with allowance for lighter mortality of wealthier persons. 1927 England and Wales, i960 Great Britain.
JACK
REVELL
TABLE
383
8
Distribution of estates by sex and marital status (Percentages of total value of estates) S E X AND MARITAI, STATUS
Men Women
Married Widowed Single Married Widowed Single
1927
1954
42.6 16.6 10.3
37-8 14-5
5-7
6.6
16.1
8.7
8.7
22.0 10.3
100.0
100.0
Sources: 1927 Report of H. M. Commissioners of Inland Revenue. 1954 author's estimate from records of Principal Probate Registry, London. Note: Columns do not always add to totals because of rounding.
I think that the undoubted social emancipation of women finds very little reflection in these statistics. In any distribution of wealth owned by individuals women have a rather peculiar role. They have some savings before they marry, but most of the wealth which accrues to a married couple (except perhaps direct gifts and bequests to the wife) will go into the husband's name and appear in his estate when he dies. The increased social equality of women will show itself only in the greater say which the wife has in running the family financial affairs. Once her husband dies, however, what is left of her husband's estate after the payment of estate duty partly or wholly fails to the widow. I suggest that the increased share of personal wealth held by women is largely due to the increased longevity of women relative to men, a point which is borne out by the figures for the proportions of estates of widows shown in Table 8. (These are the proportions of the estates of persons who died during the year and not the proportions of personal wealth.) What relative importance to attach to the four factors operating on the concentration of personal wealth I do not know; I hope that we shall ultimately be able to reduce the problem to a mathematical model, and work it out that way. But I have stressed the importance of the fourth factor deliberately because it has a corollary which we should not fail to note: if the lessening concentration of personal wealth is due in any great degree to the earlier distribution of wealth from one generation to the next and to the increased longevity of women relative to men, then it is not an irreversible process. We
384
JACK KEVELL
cannot assume that increased social equality will always be accompanied by a redistribution of wealth. Two examples of what might happen will be sufficient to make the point. 1. If estate duty were replaced by an impost on wealth in the hands of the living, there would be a reduced incentive for wealthy men to pass on their wealth well before they died. 2. If medical science succeeded in equalizing the life expectancy of men and women, there would be less wealth held by widows and an apparent reconcentration of personal wealth.
É T A T PRÉSENT DES SUR LA
RECHERCHES
RÉPARTITION
DE LA PROPRIÉTÉ
FONCIÈRE
A LA FIN DE L'ANCIEN
RÉGIME
par Jacques DUPÂQUIER (Paris)
L a question de la répartition de la propriété foncière en France à la fin de l'Ancien Régime a attiré depuis longtemps, et à juste titre, l'attention des historiens. En effet aucune appréciation sérieuse du rôle de la Révolution française dans l'évolution de la société rurale ne peut être tentée tant qu'on ne sait pas dans quelle mesure l a terre a changé de mains : l'étude de la répartition de la propriété foncière constitue donc le fondement de celle de la condition paysanne. Georges Lefebvre en a donné un exemple éclatant dans sa thèse magistrale sur les Paysans du Nord et la Révolution. Pendant tout le cours du x i x e siècle, on a admis sans examen que la petite propriété, qui semblait dominer largement dans les campagnes françaises, était le fruit de la Révolution. C'était encore le point de vue soutenu par l'historien russe Karéiev en 1899 : pour lui, seuls les alleutiers (propriétaires d'un bien exempt de redevances féodales) pouvaient être considérés comme propriétaires; comme presque toutes les tenures étaient chargées de cens, de champart, et d'autres redevances, il aboutissait à la conclusion que la propriété paysanne était pratiquement inexistante en 1789. 35
386
JACQUES
DUPAQUIER
Ce fut le grand mérite d'un autre historien russe, Loutchisky, que de montrer que les tenanciers, libres de vendre, de louer et de léguer leurs terres, en avaient la propriété utile (1897). Il fallait donc entreprendre une évaluation quantitative de la répartition du sol à la fin de l'Ancien Régime. Loutchisky donna l'exemple pour le Limousin (i9i3)Beaucoup d'autres monographies ont paru depuis 1900. Georges Lefebvre en a dressé la liste dans un article paru dans la Revue d'Histoire moderne en 1928, réédité et complété dans ses Études sur la Révolution Française ( 1954). D'autres travaux ont été menés à bien depuis dix ans, notamment dans la Creuse, le Gâtinais septentrional et les campagnes montpelliéraines. Enfin, le problème de la répartition de la propriété a été abordé dans toutes les grandes thèses d'histoire rurale parues ces dernières années. Dès maintenant, on peut prendre une vue globale de la question, bien que des provinces entières restent encore à explorer. Voici, selon Georges Lefebvre, les traits caractéristiques qui se dégagent de ces études : la répartition est extrêmement variée; les biens du clergé occupent une superficie bien moindre qu'on ne l'avait cru; ils sont moins étendus dans l'Ouest et dans le Midi que dans kNord de la France; au contraire, la propriété noble domine dans l'Ouest, dans les régions de landes et de marais et aux alentours des villes, où elle coexiste avec la propriété bourgeoise. Enfin, l'extrême division des propriétés, notamment des propriétés paysannes, est un trait universel. « Par ces deux caractères : multiplicité des propriétaires paysans, éparpillement du domaine proche des privilégies, le régime agraire de la France s'oppose fortement à celui de l'Europe orientale et à celui de l'Angleterre », telle est la conclusion de Georges Lefebvre. L'une des conséquences les plus heureuses de ces recherches a été l'introduction de la mesure dans les études historiques. Sans doute, le culte des chiffres a-t-il été poussé parfois un peu loin, et certaines précisions font sourire quand on sait la marge d'incertitude que le sujet comporte nécessairement. Mais la méthode quantitative a eu le grand avantage d'obliger les historiens à des raisonnements plus rigoureux, à des exigences accrues, à des précautions nouvelles. Elle devait triompher bientôt en un autre domaine : celui de l'histoire des prix. Cependant, la méthode mise au point par Loutchisky et par Georges Lefebvre — utilisation aussi complète que possible des documents fonciers et nécessité d'en extraire des pourcentages chiffrés — , a été remise en cause par deux historiens français : P. de Saint-Jacob et R . Baehrel. Leurs critiques ont porté essentiellement sur deux points : le calcul par surface et les sources utilisées.
JACQUES
DUPAQUIER
387
« Nous risquons, écrit le premier, de transposer dans le passé une notion moderne qui ne peut que déformer les perspectives et les conclusions ». Sans reprendre le point de vue de Karéiev sur la notion juridique de propriété, il considère que « nos statistiques enferment souvent dans une même moyenne la gamme infinie des charges qui pèsent sur la terre. Nous réunissons sous un même chiffre ou un même pourcentage des surfaces qui, en valeur et en profit, ne sont nullement comparables... Si l'on songe à la valeur d'exploitation de la terre, il n'est pas de commune mesure entre les propriétés, sauf dans les rares lieux où les redevances ont été unifiées. Dire qu'un paysan possède 2 hectares est une formule sans valeur absolue au point de vue économique et social ». De son côté, Baehrel insiste moins sur l'inégalité des charges qui pèsent sur la terre que sur les différences de revenu. Étudiant une région (la Basse Provence) où la fertilité des terres peut varier de 1 à 20 et même de 1 à 80 selon qu'elles sont irriguées ou non, il lui paraît évident qu'il faut utiliser les estimations et non les superficies : « Appuyer la démonstration sur des superficies, des hectares par exemple, ce serait supposer que tous les hectares sont créateurs du même revenu. » D'autre part, Saint-Jacob en est arrivé à nier complètement, non seulement l'intérêt, mais même la possibilité d'une étude de la répartition foncière à la fin de l'Ancien Régime. A la fin de sa vie, il parlait de « faux problème », de « fantôme insaisissable », il déclarait à la Société d'Histoire moderne : « Nous ne possédons pas et nous ne posséderons jamais les documents qui nous seraient nécessaires. L'étude de la propriété ne peut vraiment commencer qu'avec la fiscalité d'État sans privilège, c'est-à-dire au début de la Révolution, avec le vingtième de 1790 » ; et il écrivait dans sa thèse : « Nous devons à la résistance des privilégiés l'impossibilité de connaître exactement la répartition et la valeur de la propriété foncière en 1789. C'est en 1793 que doit s'établir la première grande statistique sûre de la propriété. Auparavant, dans le fouillis du régime seigneurial, dans les insuffisances de l'administration fiscale, tout paraît impénétrable. On ne peut se résoudre à un immense travail condamné par avance à des résultats factices ». Évidemment, l'hypercritique de Saint-Jacob risquait de décourager les historiens : elle a contribué à un recul des études sur la répartition de la propriété à la fin du xvm e siècle : aucune thèse ni aucun diplôme d'études supérieures n'ont été entrepris sur ce sujet, à notre connaissance, au cours des dernières années. Tout n'a pas cependant été stérile dans ces critiques : il est bien évident qu'il vaut mieux, comme l'a fait Baehrel, étudier la répartition des revenus que celle des superficies, chaque fois que les docu-
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JACQUES DUPÀQULER
ments s'y prêtent. Cette précaution est surtout utile dans des pays de fertilité très variable, comme la Provence. Ailleurs, notamment dans la région parisienne, l'expérience prouve qu'il s'établit une certaine compensation. Ainsi, dans quarante paroisses du Vexin français que nous avons personnellement étudiées, la part de la propriété paysanne est de 14,7 % du revenu, et de 14,4 % des superficies. Sans doute tel tenancier est-il plus riche avec 1 arpent de vigne que son voisin avec 8 arpents de mauvaise terre; mais, lorsqu'on travaille sur de grands nombres, les lois générales de la statistique ne manquent pas de jouer : tous les cas individuels sont discutables, le résultat d'ensemble ne l'est guère. Il subsiste cependant une difficulté très sérieuse du fait que le revenu de la terre varie, non seulement à l'intérieur d'un même finage, mais d'une province à l ' a u t r e : comment comparer les résultais obtenus dans le Limousin et dans le Cambrésis si l'on s'obstine à utiliser le système rigide de classement de propriétaires utilisé par Loutchisky et par Georges Lefebvre : o à 1 hectare, 1 à 5, 5 à 10, etc.? Cette échelle, ainsi que nous pensons l'avoir démontré dans une communication au Congrès des Sociétés Savantes de Lyon en 1964, a de plus l'inconvénient de grossir arbitrairement certaines classes. Nous avons donc proposé une autre échelle, fondée sur une progression géométrique simple : o à 62 ares y2; 62 ares l/2 à 1 hectare 1/4; 1 hectare 1/4 à 2 hectares 2 hectares y 2 à 5 hectares; 5 à 10; 10 à 20; 20 à 40, etc. Les classes étant définies par des écarts constants, toutes les comparaisons deviennent possibles d'une région à l'autre, en faisant le décalage nécessaire. De plus, les résultats déjà obtenus demeurent aisément utilisables, les nouvelles limites ne s'éloignant pas trop des anciennes. Reste l'objection fondamentale de Saint-Jacob sur l'insuffisance de la documentation. Évidemment, nos études seraient beaucoup facilitées si nous disposions d'un cadastre. En principe, les terriers de droits féodaux dressés en abondance par les seigneurs et les abbayes à la fin du xvin e siècle peuvent nous rendre le même service, mais il faut qu'ils couvrent la totalité du terroir et que la superficie de la réserve puisse être connue avec précision. Il semble en effet complètement vain d'étudier des terriers partiels ou des terriers mutilés, puisqu'on n'appréhenderait ainsi que des lambeaux de propriété. Nous avons préconisé récemment, pour l'étude des terriers, l'utilisation d'un matériel normalisé : fiches, tableaux et cahiers. L'indication de la nature des cultures (terres à labour, prés, vignes, bois, friches) nous semble indispensable, ainsi qu'un système de repérage des terres surchargées de droits seigneuriaux (surcens, dîme, champart) Une question très importante est celle des horsins : en effet les propriétés s'étendent souvent sur plusieurs terroirs, si bien qu'une
JACQUES DUPÀQUŒR
389
partie des biens des villageois échappe à nos observations, alors que nous trouvons de nombreuses parcelles entre les mains d'habitants des villages voisins (horsins) dont nous ignorons à peu près tout. On ne peut résoudre ces questions qu'à l'aide de plusieurs terriers jointifs et contemporains (cas extrêmement rare) ou de documents fiscaux : rôles de tailles et de vingtièmes. Malheureusement, ces documents, très complets, et du plus haut intérêt, sont souvent entachés de fraude, les paysans dissimulant une partie importante de leurs propriétés. On peut cependant arriver, par des procédés statistiques élémentaires, à mesurer cette fraude fiscale et à établir des pourcentages très proches de la réalité. De toute façon, la solution du problème de la répartition de la propriété ne nous semble pas être dans un dépouillement limité à une seule catégorie de documents mais dans une étude comparative de toutes les sources disponibles : rôles de tailles et de vingtièmes, terriers complets, états de sections de 1791, papiers de l'enregistrement. D'autre part, on ne peut plus se contenter des catégories traditionnelles de propriétaires Paysans-Horsins-Bourgeois-NoblesClergé. Les études entreprises ces dernières années ont montré l'insuffisance de cette classification : la classe paysanne n'est pas homogène; la notion de bourgeoisie varie d'un auteur à l'autre. Aussi avons-nous préconisé une différenciation beaucoup plus poussée de la paysannerie. — Gros fermiers, receveurs de seigneurie, laboureurs et meuniers; — Petits laboureurs et vignerons; — Colons et métayers; — Manouvriers et journaliers; — Artisans ruraux; —• Marchands ruraux; — Domestiques agricoles, charretiers, gardes et bergers; — Autres éléments de la société rurale. Dans chaque catégorie, les horsins seraient comptabilisés à part. De même, on distinguerait, dans la bourgeoisie, les fonctionnaires, les artisans et marchands, le petit peuple des villes et les autres éléments urbains. On voit ainsi clairement apparaître une nouvelle orientation des recherches : le problème de la répartition de la propriété foncière ne semble avoir d'intérêt que dans la mesure où il débouche sur une étude plus large, comme celles qu'ont entreprises Georges Lefebvre, R. Baehrel ou P. Goubert. L'histoire de la répartition de la propriété française à la fin de l'Ancien Régime a ouvert les voies à l'histoire sociale telle que nous la concevons aujourd'hui. Elle doit s'y intégrer totalement pour prendre toute sa signification.
DIE E N T W I C K L U N G DES GRUNDEIGENTUMS
IN
LÄNDLICHEN
DEUTSCHLAND
I M 18. U N D 19. J A H R H U N D E R T von R. DIETRICH (Berlin)
In der deutschen Agrargeschichte bilden das 18. und ig. Jahrhundert keine als solche erkennbare, in sich abgeschlossene Epoche. Die Entwicklung des ländlichen Grundeigentums in Deutschland während des 18. Jahrh. nimmt ihren Ausgang von den Verhältnissen, die der 30 jähr. Krieg hinterlassen hatte; um' sie zu verstehen, muß man also von den Jahren nach 1648 ausgehen. Außerdem stellen das 18. und ig. Jahrh. in sich keine Einheit dar, denn die Bauerabefreiung der ersten Hälfte des ig. Jahrh. schafft nicht nur eine ganz neue Agrarverfassung, sondern greift auch stark ein in die ländlichen Besitzverhältnisse. Schließlich wird auch in Deutschland im ig. Jahrh. die Landwirtschaft in den Sog des Prozesses der Industrialisierung hineingezogen und die sich daraus ergebenden Folgen wirken nach bis in unsere Tage. Seit dem 30 jähr. Krieg bildeten sich die drei Hauptgebiete der Agrarverfassung, neben einer ganzen Anzahl von Gebieten mit besonderen bäuerlichen Rechten, noch schärfer heraus als vor ihm, sodaß die Unterschiede zwischen Altdeutschland und dem mittelalterlichen Neusiedlungsgebiet im Osten, zwischen Nord- und Süddeutschland
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R.
DIETRICH
sich noch verschärften. Friedrich Lütge hat diese Vielfalt der Formen in seinen Untersuchungen über die mitteldeutsche Grundherrschaft und ihre Auflösung und in seiner Geschichte der deutschen Agrarverfassung überzeugend nachgewiesen. Im Gebiet der süddeutschen Grundherrschaft herrschte der kleinbäuerliche Betrieb vor, in dem der nordwestdeutschen die hannoversche Meierhofverfassung, in dem der mitteldeutschen der geschlossene mittelbäuerliche Betrieb, während der Osten die Form der Gutsherrschaft mit erbuntertänigem Kleinbauerntum immer stärker ausbildete. Aber auch hier benötigte der Staat die dem Grundherrn verpflichteten Bauernwirtschaften, da er von ihnen den Nachschub an Rekruten für die Armee bezog und weil ihre Stallungen und Gebäude, deren Unterhaltungspflicht für den Gutsherrn eine Last bedeutete, für den Staat wichtig waren als Möglichkeiten, Quartier für die Armee zu beschaffen. Der Bauernschutz des Staates in Preußen und Österreich ist also vor allem aus militärischen Erfordernissen zu erklären. Anders verhält es sich mit der sogenannten Reintegrationsgesetzgebung in Nordwestdeutschland, deren Zweck die Wiederbesetzung der Meierhöfe nach dem 30 jähr. Krieg war. Sie wird erklärlich aus dem finanziellen Interesse der Landesherren an den von den Meiern zu entrichtenden Steuern und richtete sich infolgedessen gegen die Zerschlagung der Meierhöfe und die Ansetzung kleinerer Wirtschaften wie der Kötter, da diese steuerlich nicht leistungsfähig genug gewesen wären. Im Nordwesten waren also die Landesherren an der Wiederherstellung der Meierhöfe als geschlossene Einheiten interessiert und gegen ihre Zersplitterung in kleinere Höfe, im Osten gegen ihre Aufsaugung durch den Großbetrieb, das sogenannte Bauernlegen. Im Gebiete der Grundherrschaft im Südwesten erlaubte die Struktur der Wirtschaft dem Adel den Bezug von Renten von den nach der Stadt verkaufenden Bauern. Das Recht des Grundherrn beschränkt sich hier also auf das Obereigentum am Boden. Seine Bewirtschaftung bleibt den bäuerlichen Hintersassen überlassen, die dafür dem Grundherrn Zinsen und Abgaben, aber nur im beschränkten Maße Frondienste zu leisten haben. Der landwirtschaftliche Betrieb ist also Sache des Bauern, während der Grundherr nur einen geringen Teil seines Grundbesitzes selbst bewirtschaftet. Ihm genügte also die dingliche Abhängigkeit des Bauern, die ihm dessen Leistungen an Zinsen und Abgaben gewärleistete; darüber hinaus war sein Interesse an der Gebundenheit des Bauern gering. So steht also auch die bäuerliche Gemeinde hier neben der Grundherrschaft, deren in einem Dorf meist mehrere mit verschiedenen Gerechtsamen vertreten waren. Fronden und Abgaben beließen bei aller Belastung dem Bauern doch noch die persönliche Freiheit; die Rechte des Grundherrn waren nur Quelle seiner Renten, im äußersten Fall
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dienten sie zur Festigung seiner landesherrlichen Stellung; der Bauer konnte jedoch aus der Vielzahl der Herren und der Vielfalt der Herrschaftstitel im Dorf und am Dorf sogar noch Vorteile ziehen. Ganz anders lagen die Verhältnisse im Gebiet der Gutsherrschaft. Hier war die städtische Wirtschaft als Markt, die im Südwesten dem Adel den Rentenbezug gestattete, viel weniger ausgebildet. Der Grundherr behauptete infolgedessen, durch die Schranken des städtischen Marktes nicht gebunden, sein Recht, seine Produkte frei zu verwerten. Wollte er die Grundrente steigern, so geschah das am besten durch die Ausweitung der Eigenproduktion für den Export. Das bedeutete jedoch Interesse an der Vergrößerung des Eigenbetriebs, oder anders ausgedrückt, an der Vermehrung des Hoflandes auf Kosten des Baueralandes, also Einziehung von Bauernstellen schlechten Rechts, Vereinigung von wüsten Stellen mit dem Gutshof sowohl nach dem 30 jähr. Krieg wie nach dem Nordischen und nach dem Siebenjährigen Krieg. Diese Vergrößerung des Eigensbetriebs des Gutsherrn hatte eine Veränderung der Rechtsstellung der übriggebliebenen Bauern notwendigerweise zur Folge. Die Verschärfung der Lasten und Fronden, vor allem der Hand- und Spanndienste auf dem gutsherrlichen Hof lassen ihn schon fast als Gutsarbeiter erscheinen. Die dem Grundherrn von der über ein größeres und geschlossenes Gebiet herrschenden Territorialgewalt verliehenen obrigkeitlichen Rechte, wie Patrimonialgerichtsbarkeit und Polizeihoheit, dienten ihm zum Ausbau der Gutsherrschaft. Da der Gutsherr in der Regel Herr des ganzen Dorfes war, trennte er einerseits den Staat und seine Behörden vom Bauern, verband sie aber andererseits, da er die Funktionen einer unteren staatlichen Verwaltungsbehörde ausübte. Die Gemeinde wurde also zum Teil der Gutsherrschaft, der Bauer Untertan des Gutsherrn. Die Steigerung der Frondienste machte dem Bauern mit der Zeit die Bestellung des eigenen Ackers immer schwieriger; steigende Landflucht war die Folge. Der Gutsherr versuchte natürlich, diese Landflucht zu erschweren, indem er die Gestellung eines Ersatzoder Gewährsmannes forderte, schließlich den Abzug überhaupt verbot. Der Bauer wurde also scholienpflichtig. Dazu kam, daß sich das Vorrecht der Herrschaft auf die Dienste der Bauernkinder, wenn diese in Dienst gehen wollten, zum Gesindedienstzwang entwickelte; er wurde zur Dienstpflicht, meist auf einige Jahre beschränkt, oft aber bei Bauerntöchtern ausgedehnt bis zur Heirat, bei Bauernsöhnen bis zur Übernahme des väterlichen Hofes. Fronden, Schollenpflichtigkeit und Gesindedienstzwang sind also die Elemente der Erbuntertänigkeit. Gerade diese Entwicklung führte aber zur landesherrlichen Fürsorge für den Bauernstand als
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Steuerzahler und Rekrutenreservoir. Der Erfolg war meist gering: Wiederansiedlung bäuerlicher Familien mit geringerem Besitz als Büdner, die neben der Bewirtschaftung ihrer kleinen Stelle auf Nebenerwerb als Arbeiter auf dem Gutshof angewiesen waren, bzw. Ansiedlung auf Neuland aus Waldrodung oder Bruchkolonisation. Erfolgreicher war die Bauernpolitik des Absolutismus' bei den Domänenbauern, fiir die Friedrich Wilhelm I. z. T . schon die Bauernbefreiung durchsetzen konnte, während der Adel sich ihr mit Erfolg widersetzte. Eine besonders energische Bauernschutzpolitik betrieb Maria Theresia mit der Urbarialregelung von 1767; der Versuch Josefs II., die Bauern völlig zu befreien, scheiterte jedoch am Widerstand des Adels, sodaß unter Leopold II. nur die persönliche Freiheit des Bauern gesetzlich gesichert werden konnte. Erbuntertänigkeit bedeutet nun aber nicht Leibeigenschaft, wenn sie ihr auch theoretisch gelegentlich angenähert wurde. Eines der frühesten Zeugnisse dafür ist der "Tractatus de servis seu de hominibus propriis" des Mecklenburgers Husanus aus dem Jahre 1590, in dem auf die Sklaverei bezügliche Normen des römischen Rechts auf die Erbuntertänigkeit der Bauern angewendet werden. In Mitteldeutschland kann jedoch davon keine Rede sein. In Hessen z. B. stand der Bauer unter dem Recht der Emphyteusis, d. h. er besaß ein eigentumsähnliches, vererbliches und veräußerliches Nutzungsrecht, also eine Art Erbpachtrecht am Boden, das seine Rechtsstellimg auf die Dauer verbessern mußte. Obwohl bereits im 18. Jahrh. gelegentlich, z. B. in den Edikten Friedrich Wilhelms I. und Friedrich des Großen, Maria Theresias und Josefs II. über die Befreiung der Domänenbauern, der Ausdruck Leibeigenschaft gebraucht wird, gibt es sie auch in den deutschen Ostgebieten nicht. Leibeigenschaft bedeutet Sklaverei: ein Leibeigner kann wie ein Sklave frei verkauft, vermietet oder verpachtet werden, kann kein Eigentum für sich selbst erwerben und ist persönlich nicht rechtsfähig. Ein erbuntertäniger Bauer ist jedoch eine rechtsfähige Persönlichkeit, wird in diesem Stand vom Staat grundsätzlich geschützt, auch wenn er in der Ausübung der daraus resultierenden Rechte in mannigfacher Hinsicht beschränkt ist. Er gehört nicht dem Gutsbesitzer, sondern zum Gut, darf sich von dort nicht oder nur unter erschwerten Bedingungen entfernen; er ist zu Leistungen und Diensten verpflichtet, kann sich in ihnen aber vertreten lassen; seine Kinder müssen sich im Gesindezwangsdienst mit einem geringerem Lohn begnügen als freie Arbeitskräfte. In den meisten Fällen sind die Dienste der erbuntertänigen Bauern aber "gemessene", d. h. in ihrem Umfang rechtlich fixiert; wo sie allerdings "ungemessene", d. h. der Willkür der Herrschaft anheimgestellt sind, können sich die Zustände der Leibeigenschaft annähern. In voller Form hat sie sich jedoch nur in Rußland,
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nicht einmal in den westslavischen Gebieten, entwickelt. Bezeichnend dafür ist, daß in Böhmen und Mähren, als die Regierung 1781 die "Aufhebung der sog. Leibeigenschaft" erwog, die Stände antworteten, eine solche bestehe weder verfassungsmäßig noch in der Rechtspraxis, sondern nur die "so benannte subditela oder adscriptio plebae", bei der die Hintersassen nicht "nach der gehässigen Leibeigenschaft", sondern als "blosse natürliche Untertanen" behandelt würden. Nun darf nicht verkannt werden, daß die Erbuntertänigkeit zum Rückgang der Landbevölkerung, vor allem durch Geburtenbeschränkung, sowie zur Verschlechterung, weil widerwillig geleisteten Arbeitsleistung gefuhrt hat. Diese Umstände, zusammen mit dem Bauern— legen zur Vergrößerung des Gutslandes haben zur Verringerung des Bauerntums, d.h. aber der verfügbaren Arbeitskraft beigetragen. Die Lage der verbliebenen Bauern wurde dadurch immer mehr verschlechtert, der Bauernschutz zu einem immer dringenderen Gebot. Aus der für Preußen charakteristischen Verbindung einer durch den Merkantilismus entwickelten Form der Verkehrswirtschaft und der im sozialen Bereich ständischen Beschränktheit des Absolutismus ergab sich eine besondere Form des landwirtschaftlichen Kredits, bei der eine Verwandtschaft mit den Ideen John Laws ins Auge fallt. Der Anlaß dazu war die Verschärfung des Hypothekenrechts durch die Bildung der Fideikommisse, für die seit 1748 die Aufnahme von Krediten auf dem Geldmarkt verboten war. Dadurch entstanden zwei Gefahren : die Unmöglichkeit, zu günstigen Bedingungen Kredit aufzunehmen, erschwerte die wirtschaftliche Lage des Großgrundbesitzes; "schwarze Kredite" zu hohen Zinssätzen aufzunehmen, mußte jedoch auf die Dauer zu hoher Verschuldung führen. Der Ausweg aus dieser Situation war, zuerst 1770 in Schlesien, die Organisation der sog. Landschaften. Der Gedanke dabei war der, die Rittergüter einer Provinz zur Aufnahme von Darlehen unter Begünstigung durch den Staat zwangsweise zu vereinigen. Der Kreis derer, denen diese Kredite zugute kommen sollte, wurde also begrenzt auf die Rittergutsbesitzer, der Kreis derer, die sie gewähren sollten, mußte dagegen möglichst groß sein. Man begab also Pfandbriefe, Schuldurkunden, durch die solidarisch für sie haftende Landschaft. Ursprünglich war diese Regelung nur als vorübergehendes Hilfsmittel zur Besserung der Lage des durch den Siebenjähr. Krieg schwer geschädigten Adels gedacht, denn man war sich durchaus klar über die Gefahren, die eine so enge Verbindung der Grundverschuldung mit dem allgemeinen Kapitalmarkt bedeuten konnte. Da diese Pfandbriefe sich aber bald zu gesuchten Wertpapieren entwickelten, kam es zur Gründung weiterer Landschaften 1777 in Brandenburg, 1781 in Pommern, 1787 in West- und 1788 in Ostpreußen.
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Der Erfolg war zwar eine Verbilligung des Kredits und Steigen der Güterpreise, andererseits aber Zunahme der Spekulation in Gütern und nach der Katastrophe des Staats 1807 der Zusammenbruch des Pfandbriefmarkts und damit die Insolvenz zahlreicher Rittergüter. Wir haben die verschiedenartige Entwicklung der Landwirtschaft in den einzelnen Teilen Deutschlands geschildert, wir müssen nun noch die Gründe dafür untersuchen. Sie sind verschiedenster Art. Der Hinweis Georg von Belows auf die größere M a c h t der Stände im Osten, der diesen die Möglichkeit gegeben habe, Bauern zu legen, bzw. ihre Rechtslage zu verschlechtern, trifft nur z. T . zu : auf Mecklenburg, Pommern, Brandenburg, Preußen, Schlesien, Böhmen und Mähren seit dem 16. und 17. Jahrh. D a ß dieses Moment nicht allein entscheidend sein kann, zeigt das Beispiel Sachsens, noch mehr das der wetsdeutschen Territorien mit ständischem Übergewicht, wie z. B. Hannover oder Württemberg. Entscheidend ist vielmehr wohl, daß die Grundherrschaft des Westens die ältere Agrarverfassung eines kräftigen Bauerntums zwar überlagern, nicht aber beseitigen konnte. Im Osten dagegen gehörte seit der Siedelperiode jeweils das ganze Dorf einem Gutsherrn, waren die deutschen Dörfer zu einem besseren, die slavischen zu einem schlechteren Recht angesetzt, durch die Eindeutschung nicht aber das Recht der slavischen Bauern verbessert, sondern das der deutschen verschlechtert worden. Eine weitere Ursache dürfte in der Steuerfreiheit des im Eigenbetrieb befindlichen ¡adligen Grundbesitzes und in der fortschreitenden Entwertung des Geldzinses durch die Geldverschlechterung liegen. Das trifft zwar fiir den Westen auch zu, aber dort befand sich eben nur ein kleiner Teil des Bodens im Obereigentum des Adels. N a c h den Ergebnissen Lujo Brentanos besaß in Bayern die Kirche 55,85 % des Grund und Bodens, der Landesherr 13,67 % , Freibauern 3,9 % , Hintersassen von Bauern 0,6 % , Stiftungen und Korporationen 2 , 1 5 % , der A d e l nur 23,83 % . Kirche, Korporationen und Landesherr hatten ein geringeres Interesse daran, Bauern zu legen oder ihr R e c h t herabzudrücken; sie aber waren im Osten im V e r l a u f der Reformation größtenteils der Säkularisation verfallen. Ein weiterer Grund liegt in der Verschiedenheit der volkswirtschaftlichen Struktur beider Teile Deutschlands. Die große Zahl der Städte aller Größenordnungen im Westen gab den Bauern einen natürlichen, leicht erreichbaren Absatzmarkt, sodaß Handel u n d Absatz von Agrarprodukten im Großen fehlten. Dadurch fehlte aber nach Below auch der Anreiz zur Produktion im Großen : " I n der Getreideproduktion kann der bäuerliche Besitz mit dem der großen Gutsherren noch eine recht weite Strecke den Konkurrenzk a m p f bestehen." Das trifft zweifellos zu für das 17. und 18 J a h r h . , wie übrigens auch für die Forstwirtschaft, wenn damit gesagt werden
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soll, daß der große Gutsherr in der Getreideproduktion eine weite Strecke mit dem Bauern konkurrieren kann, während der Bauer durch intensivere Bearbeitung des Bodens ausgleicht, was der Großgrundbesitzer, der sich meist auf die Viehzucht spezialisiert, ihm an Mitteln voraushat. Intensivierung der Landwirtschaft bedeutet ja bis zum 18. Jahrh. stärkere Bearbeitung des Bodens und vermehrte Düngung mit Stallmist. Besonders trifft dies zu auf Bauern mit stärkerer Viehhaltung und besseren Arbeitsbedingungen (Familienbetriebe statt Fronarbeit). Intensive Landwirtschaft ist also bis zum 19. Jahrh. nur in dichtbevölkerten Gegenden, in Deutschland also in Mittel- und Westdeutschland, möglich. In dünnerbesiedelten Gegenden ist daher auch die Bauernwirtschaft — oft verhältnismässig gross — nicht intensiver als der Gutsbetrieb, dieser folglich jener überlegen. Die Bevölkerungsdichte erweist sich also als ein sehr wichtiger Faktor. Die dünne Besiedlung des Ostens erklärt das Fehlen der Arbeitskräfte zu intensiver Bodennutzung, gleichzeitig aber auch das der Notwendigkeit, aus dem Boden das Letzte herausholen zu müssen, um eine starke Bevölkerung zu ernähren. Hinzukam überdies der verstärkte Rückgang der bäuerlichen Einwohner durch die Kriege des 16.-18. Jahrh., in Ostpreußen zusätzlich durch die Pest zu Beginn des 18. Jahrh. Aus diesen Gründen erklärt sich das Wüstwerden vieler Bauernstellen, die dann den Gutsbetrieben zugeschlagen wurden, die Beschränkung der Freizügigkeit der verbliebenen Bevölkerung und die Erhöhung der Dienstleistungen durch den Gutsherrn, um den Gutsbetrieb wenigstens extensiv aufrechterhalten zu können, sowie die Besitzverschlechterung von Bauern zu Büdnern. Es läßt sich jedoch auch umgekehrt argumentieren : der Adel sträubt sich beim Anwachsen der bäuerlichen Bevölkerung als Folge der inneren Kolonisation des 17. und 18. Jahrh., Gutsland für bäuerliche Neusiedlung freizugeben, sodaß das Eingreifen der Regierungen zum Schutz der Bauern nötig wird. Aus diesen Gründen entwickeln sich Gebiete mit landwirtschaftlichen Großbetrieben und wachsender Bevölkerung im 17. und 18. Jahrh. zu solchen mit ländlichem Hausgewerbe, wie in Schlesien, oder im 19. Jahrhundert in solche der bäuerlichen Abwanderung wie Preußen und Posen. Ein weiterer Grund für die Differenzierung der Entwicklung sind schließlich die Bodenverhältnisse. Für bäuerliche Wirtschaftsweise sind nur die besseren Böden geeignet; Gebiete mit einem großen Anteil schlechten Bodens, etwa sandigem, sind nur für extensive Landwirtschaft bzw. für Forstwirtschaft nutzbar. Neben der Bodenbeschaffenheit spielen natürlich auch Faktoren wie Klima, Niederschlagsmenge oder Höhenlage eine Rolle. Allerdings ist der Begriff "Unland" je nach dem Stand der landwirtschaftlichen Technik
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relativ. Im 17. und 18. Jahrh. gelten mehr als heute Gebirgs- und Heideböden als "Unland". In Brandenburg etwa wurde damals rund ein Drittel des Bodens als Wald genützt, nur etwa 10 % als Acker- und Weideland des Gutsbetriebs. Diese Verhältnisse ändern sich erst im 18. und 19. Jahrh., als der Nutzungsbegriff stärker verdrängt wurde durch den römischrechtlichen Eigentums begriff und als die landwirtschaftliche Technik verbessert wurde. In Brandenburg z. B. verdoppelte sich damals das Gutsland, in Pommern verdreifachte es sich. Um alle diese Gründe wirksam werden zu lassen, war jedoch die Herrschaft der wirtschaftlichen Ratio Voraussetzung. Gerade der ostdeutsche Adel ist dafür ein Beispiel. Er war nicht im eigentlichen Sinne reich, mußte also rentabel wirtschaften, um ein standesgemäßes Leben fuhren, u m seine Funktionen im Staats- und Militärdienst ausfüllen zu können. Das Vorbild für sein wirtschaftliches Denken fand er dabei im Deutschen Orden, der die Produktion an Getreide und Holz zu Artikeln der Massenausfuhr ausgestaltet hatte, für die in Westdeutschland ein aufnahmefähiger und leicht erreichbarer Markt vorhanden war. In Westdeutschland waren hingegen wiederum infolge der Dichte der Bevölkerung und aus Gründen seiner geographischen Struktur die Voraussetzungen für eine solche Massengüterproduktion und den Handel mit ihnen nicht gegeben. Dazu kam im Flußsystem des] deutschen Ostens ein fürs olche Massentransportartikel vorzüglich geeignetes Verkehrsnetz, das zudem gute Verbindungen nach Westen über See ermöglichte. Die Niederlande und der Niederrhein, z. T . über die ostfriesichen Häfen, später England, waren die Hauptabnehmer; z. T. gingen Holz und Getreide von hier aus im Zwischenhandel weiter nach Frankreich, Spanien, Portugal und Italien. Ostelbien und Polen waren damals die Kornkammern Europas, Danzig der wichtigste Exporthafen, Amsterdam der bedeutendste Umschlagsplatz. Hier war also ein Anreiz für die Produktion im Großbetrieb gegeben, der schon seit dem 16. Jahrh. ausgenutzt wurde. Ein Wirkungszusammenhang zwischen der Ausdehnung des Getreideexports und derjenigen der Gutswirtschaft ist also unbestreitbar, allerdings nur im Zusammenhang mit allen anderen vorher beschriebenen Faktoren. Über die bisher geschilderten Tatsachen hinaus liegt eine weitere Schwierigkeit der Analyse der deutschen Agrargeschichte in der territorialen Zersplitterung. Sie ist nicht zuletzt die Ursache dafür, daß Deutschland keine einheitliche Agrarrevolution erlebt hat, sondern daß diese, zumal auch die politische Revolution ausblieb, meist auf dem Weg einzelstaatlicher Gesetzgebung sich vollzog. Der Prozess der Agrarrevolution ist deshalb wohl im Bereich der Gutsherrschaft in Österreich und Preußen im Einzelnen zu verfolgen, aber für
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den der Grundherrschaft so differenziert, wie jüngst die Forschungen Ekkehart Schremmers über die Bauernbefreiung in Hohenlohe gezeigt haben, daß er nur in großen Zügen gegeben werden kann. Dabei ist außerdem zu bedenken, daß die linksrheinischen und nordwestdeutschen Gebiete durch die Annexion seitens Frankreichs der revolutionären bzw. napoleonischen Agrargesetzgebung unterworfen wurden und daß auch die Rheinbundstaaten z.T. die bäuerlichen Feudallasten ablösten; das Endergebnis war also annähernd dasselbe. Das 18. Jahrh. hatte im Gebiet der Grundherrschaft praktisch die Feudallasten zu Grundlasten umgewandelt, während die Frondienste nur noch eine geringe Rolle spielten. Diese Geld- oder Naturalgrundlasten wurden jetzt unter Beseitigung des Untertanenverhältnisses meist gesetzlich durch Geld abgelöst, so in Bayern 1808, in Nassau 1812, in Württemberg 1817, in Hessen-Darmstadt 1820 und in Kurhessen 1821. Die Frage war nun, ob die Bauern in der Lage sein würden, die Ablösungsgelder aufzubringen und dies war wiederum weitgehend abhängig von der Besitzgröße. Hier lag eine Schwierigkeit, vor allem im linksrheinischen Gebiet, da durch das Erbrecht der Realteilung der Kleinbesitz vorherrschte. Dieser aber war nur durch besonders intensive Kulturen zu halten wie Weinbau oder Gemüsebau, oder durch Verbindung mit Hausgewerbe. Die französische Gesetzgebung hatte die Realteilung noch weiter gefordert. Ablösungsverpflichtungen und Agrarkrise der 20er Jahre führten infolgedessen zu bedrohlicher Verschuldung und Übervölkerung des Landes. Kurhessen z.B. versuchte dieser Gefahr durch Wiederherstellung der Feudalverhältnisse 1825 zu begegnen, ein Versuch, der jedoch in der Revolution von 1830 scheiterte. Verarmung und Abwanderung des Kleinbauerntums waren in diesen Gegenden, die 1848 überall eine agrarische Revolution erlebten, die Folge. Erst die landnahe Industrialisierung seit den 50er Jahren schuf hier neue Lebensmöglichkeiten für das Kleinbauerntum. Anders vollzog sich dieser Prozess in Nordwestdeutschland und in Bayern. Hier blieb trotz der Mobilisierung des Grundbesitzes durch die Gesetzgebung das Anerbenrecht als Gewohnheitsrecht erhalten und somit die größere Bauernwirtschaft bestehen. Die Gefahr einer Uberschuldung entstand hier durch die Grundentlastung und die Notwendigkeit, weichende Erben auszusteuern. Die Bauern waren hier zwar nach dem Wegfall der Naturalabgaben in der Lage, voll für den Markt zu arbeiten, andrerseits aber auch abhängig von den Schwankungen dieses Marktes. Allmählich erst wuchsen sie stärker in das arbeitsteilige System der kapitalistischen Wirtschaft hinein. Diese Arbeitsweise kannte aber auch neben den Bauern Knechte, Häusler mit geringem und Einlieger ohne selbständigen Landbesitz. Diese unterbäuerliche Schicht war an Ablösung
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und Grundentlastung meist nicht beteiligt, ebenso wenig aber an der Allmendeteilung, da sie nicht Mitglieder der Markgenossenschaft waren; der Häusler verlor damit die Grundlage seiner Viehhaltung. Durch gleichzeitigen Verfall des Heimgewerbes im Prozess der Industrialisierung bzw. der auswärtigen Lohnarbeit wie der Hollandgängerei in Westfalen sowie durch ihre starke natürliche Vermehrung — im Gegensatz zu den Großbauern, die aus erbrechtlichen Gründen die Kinderzahl beschränkten — verfiel diese Schicht der allmählichen Proletarisierung. Bis in die 40er Jahre, in denen erst die Industrie als Arbeitgeber aufzutreten begann, war die Auswanderung in die U S A der einzige Ausweg. Diesen sozialen Veränderungen parallel verlief die Anpassung an moderne Wirtschaftsmethoden. Die alte Agrarverfassung hatte den
Übergang
zur
verbesserten
Dreifelderwirtschaft
weitgehend
verhindert. Private und landesherrliche Grundherrschaft hielten im Interesse ihrer Einkünfte z.B. am Triftrecht fest, sodaß eine Besömmerung der Brache nicht möglich war. Erst die Einsicht in die Notwendigkeit der Ertragssteigerung auf Grund eigener Versuche sowie in die politische Notwendigkeit der Grundentlastung vermochten es, die verbesserte Dreifelderwirtschaft einzuführen. Erst jetzt ergab sich für den Bauern die Möglichkeit, zu ihr bzw. zur Fruchtfolgewirtschaft und zur Intensivierung und Rationalisierung der Viehwirtschaft überzugehen. Auch der Großgrundbesitz als eigenbewirtschafteter Besitz hielt sich unter diesen Verhältnissen. Die Grundherrschaft vermochte zwar keinen Bauern zu legen, aber sie war in der Lage, Land finanzschwacher Kleinbauern aufzukaufen und bei der Allmendeteilung Gewinn zu erzielen. Im Allgemeinen zwang jedoch der Verlust der Grundrente den west- und süddeutschen Adel, dessen Lebensgrundlage sie noch im 18. Jahrh. gewesen war, in den Hof- und Staatsdienst überzugehen, zumal er politisch der Säkularisierung anheimfiel und die Ablösungsgelder j a nur eine gewisse Zeit liefen. Häufig war Verarmung die Folge und, soweit er nicht in der Lage war, moderne Wirtschaftsweise anzunehmen, der Auskauf durch kapitalkräftige Bürger. Die gesellschaftliche Schichtung auf dem Lande blieb in Westund Süddeutschland meist erhalten. Nur die alten Abhängigkeiten und das grundherrliche Obereigentum fielen weg, dagegen vollzogen sich bis auf die Verschuldung durch Ablösung, die die alten Besitzer oft zum Weichen zwang, keine grundlegenden Besitzveränderungen. Im Gebiet der Realteilung blieb das Kleineigentum, im Gebiet des Anerbenrechts das Großbauerntum erhalten. Die Einfügungsschwierigkeiten in das System der kapitalistischen Marktwirtschaft wurden nach den Agrarkrisen der 20er Jahre meist
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überwunden. Die Vermehrung der Bevölkerung durch die Industrialisierung ergab einen größeren Markt und ermöglichte es, günstigere Preise zu erzielen. Andererseits vergrößerte sich im Verlauf dieses Prozesses die Kluft zwischen dem Bauerntum und der Masse der landarmen bzw. landlosen unterbäuerlichen Schichten; auch hierin liegt einer der Gründe für die agrarrevolutionären Unruhen in der Mitte des 19. Jahrh. Ganz anders, aber ebenfalls nicht einheitlich, ist das Bild im Gebiet der Gutsherrschaft. In Schleswig und Holstein waren schon in den Jahren 1765-1787 die Domänen beseitigt und die Bauern zu freien Eigentümern ihres Landes geworden; das Gutsland wurde parzelliert und als bäuerliche Erbpachtstellen ausgegeben, sodaß die Dienste der Bauern nicht mehr benötigt wurden. 1805 wurde dieser Prozess auch für die Privatbauern nachgeholt. Da es bis dahin kaum Schutz gegen Bauernlegen gegeben hatte, wurde der kleine Besitz jetzt dadurch geschützt, ¡daß die Zahl der auf jedem ¡Gut vorhandenen und mit Land versehenen Familienstellen nicht vermindert werden durfte. Ahnlich ging man in Österreich vor. Die westlichen Erblande gehörten zum Bereich der Grundherrnschaft, die östlichen aber zu dem der Gutsherrschaft mit Überwiegen des Großgrundbesitzes mit proletarisierten Landarbeitern neben freien Bauern. Aus politischen Gründen war der Rhythmus der Bauernbefreiung anders als in Preußen. Da der Großgrundbesitz steuerfrei war, bemühte sich der Staat schon um der Steuererträge willen bereits unter Maria Theresia, das Bauernlegen zu verhindern und begann mit der Bauernbefreiung. 1776 wurden die böhmischen, 1778 die mährischen Domanialbauern befreit. Für die Einkünfte aus den früheren kgl. Maierhöfen gewann man Ersatz durch die Aufteilung derselben in bäuerliche Erbpachtstellen, deren Pachtzinsen nun als neue Einnahmequelle dienten. Zugleich aber erreichte man durch und mit der Freistellung der alten Bauernhöfe von Dienstleistungen eine Vermehrung des bäuerlichen Kleinbesitzes. Die Patente Josefs II. von 1781 hoben Erbuntertänigkeit und Gesindezwangsdienst auf, die Urbarialregelung vom 10. 2. 1789 wollte die Frondienste in begrenzte Geldzahlungen umwandeln. Damit sollten nicht nur alle gutsherrlich-bäuerlichen Verhältnisse der Privatbauern geregelt werden, sondern auch die Pflichten der Bauern fixiert und zugleich auf eine Höchstgrenze von 18 % des Bruttoertrags der Bauernstellen herabgesetzt werden. Diese Leistungen wurden zugleich aus Naturalleistungen in ablösbare Geldleistungen umgewandelt. Diese Regelung, die in Jahresfrist durchgeführt werden sollte, war also sogar schärfer als das französische Gesetz vom 4.8.1789. Sie scheiterte aber an der Revolte der Herren und Stände, sodaß Leopold II. die Patente 1790 wieder aufheben mußte. se
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Wenn auch die Erbuntertänigkeit beseitigt war, blieb der Bauer jedoch dienstpflichtig. Und weil überdies das Patent von 1785 bestehen blieb, war auch das Bauernlegen in Zukunft verboten. Die Folge der Reform war also eine Ausdehnung des nichtadligen Grundbesitzes; die bis 1800 verkauften Staatsgüter gingen meist in bäuerliche Hände über. Der Bestand des Großgrundbesitzes wurde durch das Verbot der Parzellierung verkäuflicher Adelsgüter gesichert. Erst das Jahr 1848 brachte in Österreich weiterhin Schritte auf dem Weg der Bauernbefreiung, da die bäuerliche Sozialrevolution gegen das Fortbestehen der Frondienste mit der bürgerlichen Revolution zusammenfiel. Im September 1848 beschloß der Reichstag auf Antrag des Bauernsohns Hans Kudlich das Gesetz zur Aufhebung aller Untertanenverhältnisse jeder Art. Für bisherige Dienste und Obereigentunisrechte wurden Jahrcsreiitcii festgesetzt, die durch Einschätzung der bäuerlichen Leistungen in Geldwert festgelegt wurden. 1/3 der Summe wurde ohne Entschädigung der Grundherrn gestrichen, das zweite Drittel übernahm der Staat, das dritte hatten die Bauern zu leisten. Die Ablösung der Privatbauern vollzog sich so zwar verspätet, aber doch ganz zu deren Gunsten, vor allem da die Aufbringung des bäuerlichen Drittels der Ablösungssumme durch die Gründung von Kreditanstalten erleichtert wurde. Die Besitzverhältnisse änderten sich durch die Bauernbefreiung kaum. Nach wie vor waren in Böhmen und Mähren etwa 72 % des Bodens in Händen des Großgrundbesitzes, 7,7 % in denen des Bürgertums, 20,3 % in bäuerlichem Besitz. Auf Grund dieser radikalen Generalbereinigung war sowohl dem Großgrundbesitz wie dem Bauerntum die Rationalisierung des Besitzes möglich. Auch hier sank infolge der modernen Ertragswirtschaft der Kleinbauer zum proletarisierten Landarbeiter herab und stellte diese unterbäuerliche Schicht das Arbeitskräftereservoir für die nach 1850 einsetzende Industrialisierung. Wiederum anders waren die Verhältnisse und verlief die Entwicklung in Preußen. Schon 1703 hatte unter Friedrich I. eine Lockerung der Verhältnisse der Domänenbauern begonnen; Friedrich Wilhelm I. und Friedrich d. Gr. hatten diese Bestrebungen fortgesetzt. Hatte Friedrich I. die Domänen in Erbpachtstellen vergeben wollen, hatte Friedrich Wilhelm I. das Pachtverhältnis wieder aus fiskalischen Gründen in Zeitpacht zurückverwandelt, so knüpfte Friedrich Wilhelm III. wieder an die Versuche Friedrich I. an. Jetzt war aber nicht mehr Bauernschutz im alten Sinne, also Rücksicht auf Erhaltung und Vermehrung der Kleinbauernstellen, maßgebend, sondern hinter der 1798 eingeleiteten Befreiung der Domänenbauern standen die Auswirkungen der Französischen Revolution. Das Ziel war jetzt nicht mehr Parzellierung des Domänenfeldes und Ansetzung neuer Bauern, sondern die Erhaltung der
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Gutswirtschaft. Der Bauer wurde frei, mußte jedoch als Entschädigung für die dem Amt dadurch entstehenden Ausfalle eine Reihe von Lasten übernehmen. Da die bisherigen Hand- und Spanndienste der Bauern jetzt von den Domänen selbst geleistet werden mußten, also Zugvieh beschafft, Instleute als Tagelöhner angesezt, Ställe, Scheunen und Wohnungen gebaut werden mußten, die die kgl. Kasse ganz (Wohnungsbau) oder mit 6 % Krediten (Zugvieh, Stallbauten) finanzierte, mußte der Bauer Fronden ablösen und Dienstgelder zahlen. Der Domänenpächter kam so in die Lage, den modernen rationalen Großbetrieb, die sogenannte "Schlagwirtschaft" einzuführen; der bisherige Domänenbauer aber wurde dienstfrei und, soweit sein Besitz spannfahig war, auch freier Eigentümer. Diese Maßnahmen waren allerdings zweischneidig insofern, als der Bauer sein Recht auf Unterstützung in Notfällen durch das Domänenamt ebenso verlor wie das auf Entnahme von Bau- und Brennholz aus dem nun Staatsforst werdenden Domänenwald. Dazu kam noch, daß in Brandenburg und Pommern die Übergabe des Landes in Eigentum an ein Einkaufsgeld von 100 bis 200 Thalern gebunden wurde. Diese Summe wurde nach 1808 unter dem Druck der Kriegslasten erlassen wie auch für zwei Jahre noch einmal der Unterstützungsanspruch der Bauern an die Domäne wieder eingeführt wurde. Die Frage war also, ob die Kreditfähigkeit durch freies Eigentum dem Bauern wirklich Ersatz für die von ihm aufgegebenen Rechte zu gewähren vermochte. Die Befreiung der Privatbauern begann erst nach der Niederlage von Jena. Seit dem Siebenjähr. Krieg waren Gutswirtschaft und Gutsherrschaft in Bewegung geraten. In Preußen, Mecklenburg, Schwedisch-Vorpommern und Teilen Schleswigs und Holsteins war der Adel durch sein Interesse an der Getreideproduktion für den europäischen Markt zum selbst wirtschaftenden Landwirt geworden. Er bediente sich der abhängigen Bauern als Arbeitskräfte, er verband sein Obereigentum an der gesamten Dorfmark mit Gerichts- und Polizeihoheit für Leibherrschaft, schmälerte dieBesitzrechte der Bauern und machte sie schollenpflichig. Im Gegensatz aber zu Mecklenburg, Vorpommern sowie Schleswig und Holstein saß in Preußen zwar der Junker auf seinem Gut, aber es gelang ihm nicht, dank des Interesses des Staates an der Erhaltung der Steuerleistung und des Rekrutenstamms der Bauernschaft, die Bauern zu legen. So war im Ganzen, wenn auch mit vermindertem Recht, der Bauernstand erhalten geblieben. Nach dem Krieg war jedoch der Wiederaufbau zerstörter Bauernstellen nicht immer möglich gewesen. Zu gleicher Zeit aber machten sich, auf dem Hintergrund sowohl steigender Lebenshaltungsansprüche des Adels wie einer Verbreiterung des Verbrauchermarktes durch das Ansteigen der Bevölkerung, erste Einwirkungen englischer Vor-
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bilder der Rationalisierung bemerkbar. So erschien die Erweiterung der gutsherrlichen Ackerflur durch Einziehung von Gemeindeland, Besömmerung der Brache, Anlegung von Kunstwiesen, aber auch die Vermehrung des Viehbestandes, die Errichtung gewerblicher Nebenbetriebe, vor allem von Schnapsbrennereien, lohnend. Die Fortschritte gingen jedoch zu Lasten der kleinen Bauernwirtschaften, deren Lebensmöglichkeiten durch die Einziehung von Gemeindeland beschränkt wurden, die sich jedoch zugleich vermehrten Anforderungen an Frondiensten gegenüber sahen. Bereits vor 1800 war jedoch bei einzelnen fortschrittlichen Gutsbesitzern die Einsicht vorhanden, daß eine Intensivierung der Wirtschaft nicht möglich sein werde mit widerwillig geleisteter schlechter Fronarbeit, sondern nur mit Hilfe freier Lohnarbeit. Daher schritt man z . T . schon auf eigene Faust zur Bauernbefreiung, d.h. zur Umstellung der Gutswirtschaft auf eigene Gespanne, Beschäftigung von Tagelöhnern und Gesinde — allerdings meist noch nicht auf den Vorwerken — , bot man den Bauern Ablösung der Dienste an, wobei die Ablösungsgelder wieder Mittel für die Betriebsrationalisierung abgeben sollten. Dazu kam noch das Problem, daß der adlige Grundbesitz selbst mobil zu werden begann. Die Marktlage war günstig, vor allem seit infolge der Französischen Revolution der Bedarf an Brotkorn durch Heereslieferungen gestiegen war, sodaß mit Hilfe des Landwirtschaftskredits der Verkauf und Ankauf von ganzen Gutskomplexen mit sämtlichen Herrenrechten und Bauern möglich geworden war. D a der Staat seit 1796 den Ankauf von Adelsgütern durch Bürgerliche nicht mehr verhinderte, stammten die Erwerber z.T. jetzt schon aus dem Bürgertum. Allerdings war sowohl die Bewegung der Güter wie der Kreis derer mit solcher privaten Bauernbefreiung relativ gering. Die Bauernwirtschaften selbst nahmen außerdem an diesen Fortschritten noch nicht teil, auch nicht die ostpreußischen Freibauern, da ihnen der Kredit der Landschaften nicht zugänglich war. Die Regierung förderte jedoch schon vor 1806 diesen Prozess z.T. aus wirtschaftlicher Einsicht, z.T. aus humanitären Bestrebungen, z.T. aus Sorge vor Bauernaufständen unter dem Einfluß der Französischen Revolution, wie z.B. in Schlesien. Beim Adel kam bei den vereinzelten Akten privater Bauernbefreiung hinzu die Einsicht in den wirtschaftlichen Vorteil, der durch den Wegfall der Verpflichtungen des Bauernschützes gegeben war, wie das Beispiel der Bauernbefreiung auf den Domänen gezeigt hatte. Die Bauernbefreiungspolitik des Staates nach Jena hat verschiedene Ursachen. Da ist einmal die Bauernbefreiung in Sachsen und im Herzogtum Warschau durch die Verfassung vom 22. Juli 1807; weiterhin der Verlust der Stellung des Adels als Getreidelieferant für die kriegführenden Mächte, da zahlreiche Güter zerstört und die
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Ernten vom Feind beschlagnahmt worden «raren; ferner die aus der dadurch bedingten Verarmung des Adels resultierende Unmöglichkeit, zerstörte Bauernstellen aus eigener Kraft wieder aufzubauen; schließlich die Notwendigkeit, neues landwirtschaftliches Kapital zu schaffen, d.h. aber den Bodenkredit zu heben. Eine Hoffnung, städtisches Kapital zur Anlage in der Landwirtschaft zu gewinnen, bestand aber nur, wenn für den Bärger grundsätzlich die Möglichkeit gegeben war, adligen Grundbesitz zu kaufen, also die Güterpreise durch die Vergrößerung des Interessentenkreises wieder gehoben wurden. Die Kapitalisierung der Landwirtschaft war also erstrebenswert; zu erreichen aber war sie nur durch Rationalisierung des Betriebes, d.h. aber durch die Befreiung des Privatbauern. Daher wurde mit der Übernahme der Leitung der Staatsgeschäfte durch Stein sofort mit der Vorbereitung der Agrarreform in der Uberzeugung begonnen, daß der Bauernstand durch Gesetz die persönliche Freiheit erhalten müsse. Das Edikt vom g. Okt. 1807 bestimmte also, daß in Preußen von 1810 ab die Erbuntertänigkeit aufgehoben sein sollte. Damit war aber erst das erreicht, was in Böhmen schon 1781 durchgeführt worden war. Als weitere Aufgabe stellte sich nun die Ablösung der Frondienste und die Feststellung eines sicheren bäuerlichen Besitzrechtes. Immerhin wurde der Wunsch des Adels nicht erfüllt, daß eine Bauernbefreiung nur gegen Anerkennung des vollen gutsherrlichen Obereigentums am gesamten Grund und Boden und gegen eine strenge Gesindeordnung für die Arbeitskräfte durchgeführt werden dürfe. Der Adel versuchte also jetzt, wie später, 1820, in Mecklenburg, wo die Bauernbefreiung Hand in Hand ging mit der Beseitigung aller Besitzrechte der bisherigen Untertanen an ihrem Grund und Boden, durch die Bauernbefreiung das Bauernland in seine Hand zu bekommen. Die Reformer, vor allem Stein und der Kriegsrat Schamweber, sahen die Gefahr, daß Bauernstellen durch wirtschaftlich stärkere Adlige aufgekauft werden würden. Das Ziel war aber nicht ein ärmlicher bäuerlicher Kleinbesitz, sondern' ein lebensfähiger Bauernstand im Sinn der westfälischen Meier oder der englischen Pächter, da die Lebensfähigkeit der Bauernstellen schon im Interesse der Wehrhaftigkeit des Landes nötig schien. Man war sich aber klar darüber, daß dies u.U. die Zusammenlegung jeweils mehrerer Bauemstellen bedeutete, daß also der Bauer nicht unbedingt in seinem gegenwärtigen Besitzstand geschützt werden konnte, in der Hoffnung, daß sich allmählich jeweils der Tüchtigste durchsetzen werde. Die Bauernbefreiung erscheint also so nur als Teil eines größeren Programms, dessen Ziel die Abschaffung der gutsherrlichen Gerichtsbarkeit und Polizeigewalt und die Ersetzung der obrigkeitlichen Stellung des Landadels durch eine Landgemeindeordnung sein mußte. Doch dies blieb
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zunächst nur Programm, da der Adel trotz Jena stark genug war, seine Herrenstellung zu behaupten, sodaß die volle Bauernbefreiung zunächst nur für die Domänenbauern durchgeführt werden konnte. Dieser Situation entsprach betriebswirtschaftlich und sozialpolitisch gesehen der Gegensatz zwischen dem von Albrecht von Thaer in seiner "Einleitung zur Kenntnis der englischen Landwirtschaft" (1794) nach englischem Muster empfohlenen System einer freien rationellen Landwirtschaft und dem von Adam Müller und seinem Kreis in den "Elementen der Staatskunst" (1809) vertretenen romantischen Ideal einer gebundenen Wirtschaftsverfassung. Der Kampf beider Tendenzen bestimmte die weitere Gestaltung des Reformwerks, für die jetzt die grundlegende Studie von Ernst Klein über Hardenberg vorliegt. Die Aufgabe Hardenbergs als Nachfolger Steins war es, die durch das Oktoberedikt offen gebliebenen Probleme zu regeln. Für die Ablösung des herrschaftlichen Obereigentums und der Frondienste war dabei nur der Weg der Entschädigung möglich. Das geschah in einer Reihe von Verordnungen : für Preußen 1808, Schlesien 1809, die Mark und Pommern 181 o. Sie boten dem Gutsherrn als Ersatz für die Erbuntertänigkeit die Beschränkung des Bauernschutzes, indem sie ihm gestatteten, Bauernstellen jüngeren Rechts, also vor allem die seit dem Siebenjähr. Krieg eingerichteten, wieder einzuziehen und bei den andern Bauernstellen kleine leistungsschwache zu größeren, leistungsfähigeren zusammenzuschlagen. Den nächsten Schritt auf diesem Wege stellt das Regulierungsedikt von 1811 dar. Während die Verordnungen von 1808 bis 1810 nur Normen aufstellten für diejenigen Gutsbesitzer, die die Lasten der Bauern aufheben wollten, so wurde jetzt die Regulierung auf Antrag eines der Beteiligten möglich und sollte nach 20 Jahren von Amts wegen vorgenommen werden. Als Entschädigung waren grundsätzlich Geldzahlungen vorgesehen, aber auf Wunsch des Gutsherrn auch die Möglichkeit einer Landentschädigung als Ersatz für die Verleihung des freien Eigentums; sie sollte bei erblichen Lassbauern 1 /3, bei nicht erblichen und Pachtbauern die Hälfte des Besitzes betragen. Außerdem mußte der Bauer auf das Recht auf Unterstützung und Bauhilfe verzichten. Da der Staat angesichts seiner eigenen Armut nicht in der Lage war, dem Bauern bei der Aufbringung der Ablösungssumme durch Schaffung von Darlehenskassen zu helfen, war die sich zugunsten des Gutsherrn auswirkende Landabtretung die Regel. Die Deklaration von 1816 kam dann dem Gutsherrn noch weiter entgegen : die Ablösung sollte nur noch auf Antrag möglich sein, die Ablösung von Amts wegen wurde aufgegeben; die Regulierbarkeit wurde beschränkt auf größere, spannfahige Bauernstellen, sodaß kleine, nur handdienstpflichtige Bauern nicht mehr in ihren
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Genuß kommen konnten. Schließlich sollten auch größere, spanndienstfahige Höfe nur noch dann reguliert werden können, wenn sie als Bauerngüter alten Bestandes katastriert waren, also nicht auf Ritteracker angelegt waren, wobei dem Bauern die Beweislast zugeschoben wurde. Dadurch war das Reformwerk in wesentlichen Teilen aufgeschoben worden. Ein Teil der Privatbauern wurden zwar jetzt freie Eigentümer, der Hauptvorteil aber lag bei dem Gutsadel. Der Fortfall des Bauernschutzes, die Landabtretung der befreiten Bauern, die Beschränkung der Regulierung auf nur Teile der Bauernschaft, die Aufrechterhaltung der Dienste der kleinen, nur handdienstpflichtigen Bauern entschädigte ihn überreich fiir den Fortfall der Erbuntertänigkeit, des Obereigentums an den Bauernhöfen und eines Teils der Frondienste. Diese Begünstigung der Gutsherrn erklärt sich z.T. aus den dem Großgrundbesitz und dem Großbetrieb zugeschriebenen wirtschaftlichen Vorteilen, z.T. aber auch aus politischen Rücksichten auf den königstreuen Adel. Das läßt sich beweisen an der unterschiedlichen Behandlung der Verhältnisse in Schlesien und in Posen. In Schlesien war das Entgegenkommen dem Adel gegenüber besonders stark: 1827 wurde hier die Regulierbarkeit auf spanndienstfahige Güter von mindestens 25 Morgen Größe mittlerer Bodenklasse beschränkt; die Folge war, daß es in Oberschlesien nur ganz wenige Ablösungen gab. Umgekehrt wurde 1845 auf Wunsch der Gutsherrn die Ablösbarkeit auch auf kleine Besitzer, sog. Gärtner oder Eigentümer, ausgedehnt, deren Dienste, da sie in natura durch Anteil am Rohertrag gelöhnt wurden, z.B. bei den sogenannten Dreschgärtnern die 10. Garbe bei der Ernte bzw. den 19. Scheffel beim Ausdrusch, für die Gutsherrschaft mehr eine lästige Berechtigung als eine Verpflichtung bedeutete. Anders in Posen, wo eine Rücksichtnahme auf den abgefallenen polnischen Adel nicht notwendig erschien. Deshalb wurde hier 1819 der Bauernschutz des alten Landrechts aufrechterhalten und auch 1823 bei der Regulierung die Bestimmungen zum Bauernschutz besser gehalten als in andern Provinzen. Erst 1836 kam es auch in Posen zur Beschränkung der Regulierbarkeit auf spanndienstfahige Bauerngüter von mindestens 25 Morgen Größe. Erst die Ablösungsordnung von 1821 brachte auch denjenigen spanndienstföhigen Bauern, die auf Ritteracker saßen, und fiir die deshalb die Deklaration von 1816 nicht galt, die Aufhebung der Naturallasten gegen Rente bzw. Landabtretung auf Antrag eines Beteiligten, sofern sie als Eigentümer, Erbzinsleute oder Erbpächter besseres Besitzrecht hatten, also vor 1763 angesetzt worden waren. Gleichzeitig wurde von Amtswegen eine Separationsordnung erlassen, die gemeine Weide also zwischen Gutsherren und Bauern
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aufgeteilt, während für die Beseitigung der Gemengelage der Flurstücke und die sich daraus ergebenden Lasten nach wie vor die Stellung eines Antrags nötig war. Auch Hardenbergs Voraussetzung war bei diesen Regelungen die, daß die freie Verkäuflichkeit und Beleihbarkeit von Grund und Boden die Bodenpreise sowohl wie diejenigen der Bodenerzeugnisse erhöhen werde und zwar zugunsten sowohl der Gutsbesitzer wie der Bauern. Das schien nun in den Hungeijahren 1816/17, als durch besonders schlechte Ernten ein enormer Preisanstieg einsetzte, in der Tat der Fall zu sein. Die erhoffte Ertragsbesserung trat jedoch nicht ein, da die Ernten zu gering waren und die Landwirtschaft noch unter den Kriegsfolgen zu leiden hatte. Im Gegenteil führte eine Reihe guter Ernten in den 20er Jahren zu schwersten Agrarkrisen. Preußen war als Agrarstaat a u f d e n E x p o r t von Getreide
angewiesen. Nach Einfiihrung der englischen Kornzölle war jedoch der englische Markt z.T. ausgefallen. Prohibitive Schutzzölle in Frankreich und den Niederlanden verschärften die Situation. Ein Sturz der Getreidepreise und damit des Werts von Grund und Boden war die Folge. Die Krise weitete sich aus zu einer Katastrophe des Landbesitzes, von der der Großgrundbesitz schwerer getroffen wurde als das Bauerntum. Ein Großteil des Großgrundbesitzes, angeblich um 80 % , was aber wohl übertrieben sein dürfte, kam unter den Hammer und wechselte den Besitzer. In dieser Krise vollendete sich jetzt," was die Reform begonnen hatte : die Bildung eines neuen Standes von Großgrundbesitzern, in dem Adel und Bürgertum verschmolzen, der den Boden auf kapitalistische Weise nutzte : d. h. Getreide- und Kartoffelproduktion mit gewerblichen Nebenbetrieben wie Schnapsbrennereien und Holzschneidereien aus der Waldnutzung vereinigte. In der Provinz Sachsen trat an die Stelle von Getreide- und Kartoffelproduktion der Anbau von Zuckerrüben und die Einrichtung von Zuckerfabriken. Der Gutsbesitzer blieb dabei selbstwirtschaftender landwirtschaftlicher Unternehmer und machte sich als solcher die rationelle englische Methode zu eigen, als deren Verbreiter in Deutschland Albrecht von Thaer zu gelten hat, sowie die Methoden der Agrikulturchemie, deren Begründer Justus Liebig wurde. Nach diesen langen Krisenjahren traten H a n n die erhofften Ergebnisse der Bodenreform in gewissem Umfang und in gewissem Sinne ein : die Landwirtschaft wurde für diejenigen Gutsbesitzer lind Großbauern gewinnbringend, die die Krise überstanden hatten. Allerdings begann jetzt auch eine neue Periode des Bauernlegens, denn Bauernland zur Abrundung des Gutsbetriebs und der großbäuerlichen Höfe einzuziehen, lohnte sich wieder. Weitere Gemeinheitsteilungen auf Grund der Ordnung von 1821 kamen im
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wesentlichen den Gutsbesitzern und Großbauern zugute, während die Kleinbauern im allgemeinen leer ausgingen. "Durch die Gemeinheitsteilungen sind die Bauern zu Edelleuten geworden und wir zu Bettlern" hieß es danach. Das ist sicherlich übertrieben. Richtig aber ist, daß neben den Großgrundbesitzern ein Großbauernstand erhalten blieb, der in gewissem zeitlichen Abstand — und insoweit er es tat — sich die rationellen Wirtschaftsmethoden zu eigen machte. Opfer dieser letzten Welle des Bauernlegens waren vor allem in den Provinzen Pommern, Preußen und Brandenburg die Lassbauern, von denen etwa 45 000 Stellen in freies Eigentum, jedoch 100 000 in Gutseigentum umgewandelt wurden. Diese früheren Kleinbauern und ihre Familien stellten den Stamm eines weitgehend proletarischen Gutsarbeiterstandes. Sie wurden angesetzt z.T. als Instleute mit etwas Garten- und Kartoffelland, z.T. als besitzlose Einlieger, die ganz von der Beschäftigung auf dem Gut abhängig waren. Die wirtschaftliche und soziale Lage dieser Schicht verschlechterte sich laufend, da die überdurchschnittliche Vermehrung dieses Bevölkerungsteils einen permanenten Druck auf das Niveau des Landarbeiterlohns ausübte. In den östlichen Provinzen Preußens wie auch in den westlichen Gebieten Kongreßpolens entstand so ein Bevölkerungsüberschuß, der auf den Gütern nicht voll beschäftigt werden konnte. Not und Elend waren die Folge, bis nach der Jahrhundertmitte ein Unterkommen in der Industrie möglich wurde. Das ländliche Proletariat Ostdeutschlands stellte so die industrielle Reservearmee flir Mittel- und Westdeutschland. Der Gutsadel, verstärkt durch die neuen bürgerlichen Großgrundbesitzer, vermochte so seine Herrenstellung im Dorf und seinen politischen Einfluß im Staat zu behaupten. Das begann sich erst zu ändern mit der Revolution 1848/49, die die Patrimonialgerichtsbarkeit und die adligen Jagdgerechtsame auf Baueroland aufhob. Das Gesetz vom 2. März 1850 beseitigte sodann entschädigungslos weitere gutsherrliche Rechte, ¡vor allem das des Obereigentums des Erbzinsherrn und des Erbpächters. Jetzt wurden auch kleinere Bauern regulierbar. Doch dieser Fortschritt kam nur noch wenigen zugute. Die meisten handdienstpflichtigen Bauern waren j a inzwischen zu Instleuten, wenn nicht gar zu Landarbeitern umgewandelt worden. 1861 fiel dann die Grundsteuerfreiheit der Rittergüter, 1876 schließlich die gutsherrliche Polizeigewalt. Die Romantik hat zwar danach und später den wirtschaftlichen und gesellschaftlichen Vorrang der Großgrundbesitzer als "gottgewolltes Ergebnis still wirkender geschichtlicher Kräfte" (Hausherr) erklärt und die Herabdrückung des Bauern zum Gutsarbeiter als Ausübung wohlerworbener Rechte angesehen. Aber, nüchtern betrachtet, ist es das Ergebnis der Reform gerade im deutschen Osten gewesen, daß der Bauern-
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stand nicht nur sehr \ Lei schwächer als in Mittel- und Westdeutschland, sondern auch als in großen Teilen des slavischen Westens, wie Böhmen und Mähren, teilweise aber auch Polen, vertreten war. Die volkspolitische Bedeutung dieses Vorgangs braucht nach den Ereignissen von i g i g und 1945 nicht erst erläutert werden. Die Ertragssteigerung, die durch die Neuordnung der Agrarverfassung in die Wege geleitet wurde, kommt zu voller Auswirkung aber erst dadurch, daß auch die Landwirtschaft durch Drainage, künstliche Düngung und Einsatz von Maschinen an dem Fortschritt der Technik teilnahm. Zu Beginn des 19. Jahrh. herrschte in Deutschland fast überall noch die sogenannte Dreifelderwirtschaft mit Ablösung von Wintersaat, Sommersaat und Brache; erst in manchen Gegenden war man zur verbesserten Dreifelderwirtschaft mit Zwischenfruchtanbau und Bcsümmerung der Brache übergegangen; in Gegenden mit besonders rauhem Klima und auf kargen Gebirgsböden fanden sich sogar noch primitivere Wirtschaftsmethoden. Dreifelderwirtschaft bedeutet das Brachliegen von ein Drittel der nutzbaren Fläche, d.h. also von etwa 7 Millionen ha bei 21 Millionen ha nutzbaren Ackerlandes. Damit Hand in Hand ging eine ausgedehnte Weidewirtschaft, besonders als Schafzucht; das bedeutet aber, daß wiederum die Wiesenwirtschaft primitiv und die Heuernte gering war, deshalb also auch die Möglichkeit gering, das Vieh überwintern zu lassen; der Viehbestand blieb also durch herbstliche Abschlachtungen beschränkt, mithin auch das Aufkommen an Dünger, sodaß infolge fehlender Möglichkeit des Düngens die Ertragskraft der Böden nur schwach war. Die erste Wendung dieser aussichtslosen Situation führte Johann Christoph Schubart mit der Einführung des Kleeanbaus herbei (er wurde deshalb von Josef II. mit dem Namen "von Kleefeld" geadelt). Jedoch erst Albrecht Thaer stellte den landwirtschaftlichen Betrieb auf die Grundlage wissenschaftlicher Erkenntnisse nach eingehendem Studium der fortschrittlichen englischen Landwirtschaft, deren Grundsätze er auf seinem Musterbetrieb in Celle und seit 1809 auf seinem Versuchsgut und seiner landwirtschaftlichen Lehranstalt in Möglin (bei Wriezen an der Oder) anwendete, die er auch in zahlreichen Schriften und als Professor der Landwirtschaft an der Berliner Universität vertrat. Seine Hauptverdienste liegen in der Anwendung der Erkenntnisse der Naturwissenschaft auf die Landwirtschaft, der Verbesserung des landwirtschaftlichen Betriebs, der Einfiihrung der Fruchtfolgewirtschaft, der Förderung des Kartoffelbaus und der Rationalisierung der Schafzucht. Von Möglin nahm ein mächtiger, ganz Norddeutschland umfassender, aber auch den Süden ergreifender Strom von Erkenntnissen seinen Ausgang, dessen lebendigstes Zeugnis die Gründung zahlreicher
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höherer Landwirtschaftsschulen war : u.a. 1818 Hohenheim bei Stuttgart und Idstein im Taunus, 1822 Schleißheim bei München, 1826 Jena, später Poppelsdorf bei Bonn oder Pillnitz bei Dresden. Was Thaer fiir die Landwirtschaft war, das bedeutet Heinrich Cotta für die Forstwirtschaft. Seit 1810 Direktor der Forstvermessungsanstalt in Tharandt bei Dresden, schuf er 1811 dort eine Forstlehranstalt, die 1816 in eine staatliche Forstakademie umgewandelt wurde. Cotta wurde so zum Begründer der modernen Forstwirtschaft und Forsteinrichtung. Ein weiteres Moment der landwirtschaftlichen Förderungsmaßnahmen neben der Begründimg der Bildungsanstalten waren noch besondere Einrichtungen zur gutachtlichen Beratung der Staatsbehörden, in Preußen z.B. seit 1848 das Landwirtschaftsministerium, und der Landwirtschaft selbst. Der erste mißglückte Versuch war das preußische Edikt zur Beförderung der Landeskultur von 1811 gewesen. Erst 1842 kam es dann zur Gründung des preußischen Landesoekonomiekollegiums. Ähnliche Aufgaben hatte in Sachsen der Landeskulturrat, in Bayern und Baden der Landwirtschaftsrat, in Württemberg die Zentralstelle fiir Landwirtschaft. Ein anderes Mittel zum gleichen Zweck war die schon von Thaer geforderte Bildung landwirtschaftlicher Vereine, deren Zahl aber erst sehr langsam zunahm. 1879 gab es in Preußen zwar 865 Vereine, die aber erst 10 % der Landwirte erfaßten. Erst die Krisenzeit der 80er Jahre führte zu der Einsicht in die Notwendigkeit einer schlagkräftigen Standesvertretung. In Bayern lagen die Dinge ähnlich. 1809 wurde ein landwirtschaftlicher Verein begründet, der 1850 als Berufsvertretung anerkannt wurde. In Württemberg entstanden seit 1807 zahlreiche Vereine, die 1838 in einer Zentralstelle vereinigt wurden, aus der dann 1848 das Landeskollegium hervorging. In Sachsen gab es seit 1810 eine ''Oekonomische Gesellschaft", die später Bezirks- und Kreisvereine bildete und 1848 im Landeskulturrat aufging. Baden besaß seit 1819 einen landwirtschaftlichen Verein, seit 1863 als Zentralstelle der landwirtschaftlichen Vereine fiir das Großherzogtum firmierend; in Hessen existierten seit 1831 Provinzialvereine, die 1848 in der Zentralstelle landwirtschaftlicher Vereine vereinigt wurden. Ähnlich entwickelten sich die Verhältnisse in beiden Mecklenburg, Braunschweig und den Thüringischen Staaten. Dieses Vereinswesen erlangte große Bedeutung durch Veranstaltung von Vorträgen, Ausstellungen, Herausgabe von Fachzeitschriften, ferner als Träger des unteren und mittleren landwirtschaftlichen Schulwesens, besonders der Winterschulen, durch Einrichtung von Versuchs- und Musterbetrieben, durch die "Wanderversammlungen der deutschen Land-Forstwirte" und die ständige Fühlungnahme zwischen Wissenschaft und Praxis. Neben der Begründung dieser
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Vereine schuf sich die Landwirtschaft noch Organe zur politischen Vertretung ihrer Forderungen im " K l u b der Landwirte" und im "Kongreß Nordeutscher Landwirte" (beide 1867). Die Vereine erwiesen sich aber auf die Dauer dazu als zu schwach. So ging man zur Gründung öffentlich rechtlicher Körperschaften mit Zwangsmitgliedschaft und Zwangsbeiträgen über. Den Weg dazu öffnete Preußen 1894 mit dem Gesetz über Landwirtschaftskammern, die die Gesamtinteressen der Land- und Forstwirtschaft jeweils einer Provinz wahrzunehmen und die Begründimg korporativer Organisationen der Landwirte zu fördern hatten. Daneben wurden sie gutachtlich für die Regierungen tätig, bekamen jedoch auch das Recht auf Gesetzesinitiative. Die meisten nichtpreußischen Staaten folgten bald, als letzte Württemberg (1919), Bayern (1920), und Mecklenburg-Strelitz (1922). Daneben stand aber noch die Selbsthilfe der Landwirtschaft durch Begründung landwirtschaftlicher Genossenschaften. Sie erwiesen sich als notwendig, da die von den verschiedenen staatlichen Stellen und Einrichtungen zur Verfügung gestellten Mittel zur Förderung der Landwirtschaft und zur Einführung technischer Verbesserungen nicht als Hilfsmittel fiir individuelle, sondern fiir gemeinnützige Zwecke bestimmt waren. Der einzelne Landwirt war oft zur Aufnahme von Krediten gezwungen, wenn er Verbesserungen, wie die Anschaffung anerkannten Saatgutes oder ausgewählter Zuchttiere einführen wollte. Die Gefahr war dabei immer wieder, daß er infolge Unerfahrenheit in die Hände wucherischer Darlehensgeber geriet. Die unter den Bauern des Westerwalds nach dem Krisenjahr 1847 aufgetretene Kreditnot wurde der Anlaß zur Gründung der ersten Selbsthilfeorganisadon durch den Bürgermeister Friedrich Wilhelm Raiffeisen (1849). Der Flammersdorfer Hilfsverein bemühte sich um Beschaffung von Brot, Saatgut und Saatkartoffeln, indem er die Wohlhabenderen zur leihweisen Hergabe von Mitteln für die Unterstützung unbemittelter Bauern gewann, um diese vor der Ausnützung durch Wucherer und Spekulanten zu schützen. Ursprünglich auf dem Prinzip der Wohltätigkeit und Nächstenliebe begründet, konnten Enttäuschungen auf diesem Wege nicht ausbleiben. Deshalb begann Raiffeisen 1859 die Bauern selbst zu Wirtschaftsgenossenschaften zusammenzuschließen, wobei zweifellos das Vorbild der Handwerksgenossenschaften von Schulze-Delitzsch mitwirkte. Aber im Gegensatz zu diesem, der den Gedanken der absoluten Selbsthilfe vertrat, suchte Raiffeisen Selbsthilfe durch Staatshilfe zu ergänzen. Auf dieser Basis entstand 1862 in Anhausen als Darlehenskassenverein die erste Raiffeisengenossenschaft. Ursprünglich eben wegen ihres Charakters als Darlehenskassenverein räumlich auf ein oder mehrere
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nahe beieinander liegende Dörfer unter ehrenamtlicher! Leitung beschränkt, wurde der Gewinn der Genossenschaften als Rücklage für einen Stiftungsfonds zur Gründung neuer Genossenschaften in anderen Orten verwendet. Dadurch dehnte sich die Arbeit der Genossenschaften allmählich räumlich, aber auch sachlich aus auf Bezug von Saatgut, Zuchttieren, Düngemitteln, Maschinen sowie auf den gemeinsamen Absatz landwirtschaftlicher Produkte. So entstanden nach und nach die Ein- und Verkaufsgenossenschaften, Produktions- und Verwertungsgenossenschaften, die nach 1870 in größeren Verbänden zusammengefaßt zu weit verzweigten geschäftlichen Unternehmungen wurden. Ein weiterer wichtiger Anreger für die Landwirtschaft war der Apotheker Justus Liebig, der durch Alexander von Humboldts Förderung Chemiker und dann Professor in Gießen und München geworden war und zum Begründer der Agrikulturchemie wurde. Seine wichtigste Erkenntnis war die der Notwendigkeit, dem Boden diejenigen Stoffe durch künstliche Düngung immer wieder zuzuführen, die die Pflanzen ihm entzogen hatten. Die von ihm propagierte Mineraldüngung des Bodens machte eine ungeahnte Ausweitung der Ernährungsbasis möglich. Die unmittelbare Folge des wissenschaftlichen Studiums der Landwirtschaft und der von den Schulen ausgehenden Verbesserungen war eine bedeutende Einschränkung der Brache durch den Übergang- über die Stufe der verbesserten Dreifelder- zur Fruchtwechselwirtschaft, wobei abwechselnd mit den Getreidefrüchten Hackfrüchte und Blattpflanzen angebaut, die natürliche Düngung sorgfaltiger durch-und die künstliche neu eingeführt wurden. Schon in der Mitte des 19. Jahrh. waren die Ergebnisse in der Zurückdrängung der Brache auf 15 % des Bodens bei gleichzeitiger bedeutender Ertragssteigerung sichtbar. Außerdem liefdamit parallel eine Zunahme der Viehhaltung und eine Verbesserung der Viehrassen; die Rinderzucht nahm etwa um das Doppelte, die Schweinezucht um das Dreifache zu, während allerdings angesichts dieser Intensivierung des Betriebs die stark extensive Schafhaltung abnahm. Das bedeutet, daß Deutschland in den sog. "inneren Ring" des Thünenschen Systems eingetreten war, also den Übergang zur intensiven Landwirtschaft vollzogen hatte. Das Problem ist jedoch noch von einer anderen Seite her zu erörtern. Die preußische Agrarreform war zu Lasten der kleinen handdienstpflichtigen Bauern gegangen; äußerlich hatte sich ihre Lage nicht stark verändert. Der Inste hatte wie der Bauer eine eigene Wirtschaft, etwa einen Morgen Land, hatte eigenes Vieh, darüber hinaus Anteil am Ertrag der Gutswirtchaft, aus der er im Fall der Not unterstützt wurde. Insofern war seine Lage sogar u.U.
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besser als die selbständiger Bauern. Nur : seine Stellung war abhängig von der Dauer seines Dienstvertrags, der nach freiem Belieben des Gutsherrn auch unter veränderten Bedingungen oder möglicherweise gar nicht erneuert zu werden brauchte. Zudem machten sich die Schwankungen der landwirtschaftlichen Konjunktur auch bei den Landarbeitern bemerkbar. Die Löhne folgten zwar den Bewegungen der Getreidepreise nur langsam, sanken also z.B. in der auf die Güterspekulation der Jahre 1815 bis 1819 folgenden Krise der 20er Jahre nur zögernd, folgten dafiir aber dem Aufschwung der 30er Jahre nur in einem ganz allmählichen Ansteigen. Immer bestand auch die Gefahr, daß Gutsherr oder Pächter bei intensiverer Wirtschaft die betriebsstörenden Naturalbezüge der Instleute aufhöben. Weiter machten Technisierung und Intensivierung, etwa bei der Getreideernte oder beim Kartoffel- und R ü b e n b a u , die
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schaft immer mehr zum Saisongewerbe und wurde eine große Zahl ständiger Arbeitskräfte nicht mehr benötigt. Ein Teil der Landbevölkerung wurde dadurch allerdings unterstützungsberechtigt und es kam häufig vor, daß der Gutsherr sich durch ein rechtzeitiges "Abschieben solcher Elemente" der daraus entstehenden Lasten zu entledigen versuchte. Die Entwicklung der Industrie ließ weiterhin die Landarbeiter auch, etwa in Schlesien, die winterliche gewerbliche Nebenarbeit verlieren. Die Maschine engte also den Lebensraum der Landarbeiter von zwei Seiten her ein. Schließlich spielte eine Rolle der Übergang von der Natural- zur Geldentlohnung, denn auch diese machte die Landbevölkerung konjunkturanfälliger, sodaß sie in Gegenden mit großen Besitz auch in Zeiten der Konjunktur wenig Aussicht auf Landerwerb, mithin auf Fortkommen und Aufstieg zur Selbständigkeit hatte. Deshalb war gerade der Tüchtige häufig bereit zur Abwanderung in die Stadt oder zur Auswanderung. Das Land hielt die Bevölkerung also nur dort fest, wo der Bauer selbständiger Landwirt geblieben war und wo für den Tagelöhner der Aufstieg zur Selbständigkeit noch möglich war. In allen andern Fällen wirkten Gustherr und Arbeiter gemeinsam an der Entvölkerung des platten Landes mit. In der Landwirtschaft selbst vollzogen sich also wichtige Verschiebungen. In der ersten Hälfte des 19. Jahrh. fand noch der größere Teil des deutschen Volkes seinen Erwerb in der Landwirtschaft. Ihre Lage und ihre Konsumkraft waren mithin entscheidend für den gesamten Volkswohlstand. Mit der Zunahme der Bevölkerung, den Fortschritten der Technik, der wachsenden Arbeitsteilung wurde nur noch ein zunehmend kleinerer Teil des Volkes für die landwirtschaftliche Produktion benötigt. Zahlreiche Rohstoffe und Nahrungsmittel wurden in steigendem Maße aus dem Ausland
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bezogen. Der wirtschaftliche und politische Schwerpunkt des Volkes verschob sich also von der Landwirtschaft zur Industrie. Das Wohl der Gesamtheit wurde nunmehr abhängig vom Gedeihender Industrie, d.h. auch das Wohl der Landwirtschaft wurde davon abhängig. D.h. aber weiter, daß die Landwirtschaft sich nicht nur wie das Handwerk, behaupten konnte, sondern in der Lage war, in den Zweigen, die durch die Nähe des städtischen Marktes und seiner steigenden Konsumkraft begünstigt waren, einen kräftigen Aufschwung zu nehmen. Wenn also auch im ganzen die Landwirtschaft von der Industrie aus ihrer fuhrenden Rolle verdrängt wurde, so besserte sich ihre Stellung doch in den Kulturen, in denen der Kleinbetrieb dem Großbetrieb überlegen war : im Gartenbau, Gemüsebau, Obstbau. Während 1875 v o n 43 Millionen Bewohnern Deutschlands noch 27 Millionen in Gemeinden bis zu 2 000 Einwohnern ansässig waren, waren es 1900 bei 54,4 Millionen nur noch 26 Millionen. Als weiteres Element kommt hinzu, daß im 19. Jahrh. nicht nur infolge des Bevölkerungswachstums der Verbrauch an landwirtschaftlichen Produkten um das 2 1 / 2 fache stieg, sondern auch der pro-Kopf-Verbrauch sich vergrößerte. In Sachsen etwa wurde 1890 pro Kopf etwa das 2 1/2 fache an Fleisch gegenüber 1840 verzehrt; von 1860-1911 stieg der Fleischverbrauch pro Kopf von 13,6 kg auf 48,5 kg jährlich und zwar am stärksten in den Großstädten. So betrug z.B. 1875 * n Sachsen der Verbrauch an Rind-und Schweinefleisch pro Kopf in den Landgemeinen und kleinen Städten 23,5 kg, in den Mittelstädten 34 kg, in den drei Großstädten aber: Chemnitz : 42,8 kg, Dresden : 5X>9 kg, Leipzig : 81,9 kg. Zu Anfang des 19. Jahrh. führte Deutschland noch in großem Umfang, vor allem nach England, Getreide aus. Das Versiegen dieser Ausfuhr nach 1815 genügte jedoch allein nicht, um den Mehrverbrauch der Bevölkerung ohne Intensivierung der Landwirtschaft zu decken, obgleich am Ende des 19. Jahrh. etwa 1/4 des deutschen Verbrauchs durch Einfuhr gedeckt wurde (Vieh, besonders als Konserven, bzw. Gefrierfleisch, Futtermittel, besonders Futtergetreide und Ölkuchen). Daran ist also ablesbar der Fortschritt der deutschen Landwirtschaft durch steigende Intensität des Betriebs. Allerdings zeigte sich bald, daß erhöhte Produktion und Intensivierung des Betriebs von einem gewissen Optimum angefangen mit einem verminderten Reinertrag des Gesamtkapitalaufwands verbunden waren. Der Kapitalaufwand wurde zu hoch und durch die Erlöse nicht mehr voll gedeckt. Oder mit andern Worten : eine weitere Rationalisierung und Intensivierung, also Produktionssteigerung der Landwirtschaft, jenseits dieses Optimums war nur noch bei steigenden Preisen möglich, wenn die Grundrente wenigstens auf gleicher Höhe gehalten werden sollte. Steigen der Preise und zugleich der Verbrauchsmengen setzte aber voraus, daß
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noch stärker als die Produktivität der landwirtschaftlichen Arbeit die der Verbraucher landwirtschaftlicher Erzeugnisse, d.h. der in Handel, Gewerbe und Industrie Tätigen, gestiegen war. Bis Ende der 70er Jahre waren parallel zur Intensivierung der Produktion in der Tat die Preise gestiegen. Nun aber setzten erhebliche Preisrückgänge ein durch das billige Angebot überseeischen Getreides auf den deutschen Märkten. Das dichtbesiedelte Deutschland mit seiner intensiven Landwirtschaft war den billigen Preisen der extensiven Produktionsweise der außereuropäischen Länder nicht gewachsen. Daher war eine Kostensenkung notwendig, die nur durch Rationalisierung erreichbar war, d.h. durch stärkeren Einsatz von Maschinen, der die Landarbeit noch mehr zur Saisonarbeit werden ließ; das hieß aber auch die Ersetzung des teureren deutschen Landarbeiters, der jetzt zur Abwanderung in die Städte der Industrie bezirke gezwungen war, durch den billigeren polnischen Saisonarbeiter. Andererseits führte diese Konkurrenz des ausländischen Getreides zum Übergang zur Schutzzollpolitik. Die Bismarckschen Schutzzölle haben das Verdienst gehabt, die deutsche Landwirtschaft im ganzen vor dem Niedergang zu bewahren. Deutschland war eben im Sinn der Thünenschen Theorie in den inneren Kreis eingetreten, dem an sich die intensive Gartenwirtschaft entsprochen hätte, wie es z.T. in Süd- und Süd-West-Deutschland tatsächlich der Fall war, oder aber extensive Bewirtschaftung bei nur geringen Bodenerträgen. Eine dritte Tendenz zeigte sich in der Abkehr von der seit der Bauernbefreiung begünstigten Ausweitung des Großgrundbesitzes zugunsten der Zerlegung von Großgütern in mittlere und kleine Bauernstellen. Dabei waren verschiedene Erwägungen maßgebend : die Vermehrung der ländlichen Bevölkerung und ihres Wohlstandes, was auch bedeutsam war für Handwerk und Handel der kleinen Städte durch die Schaffung einer kaufkräftigen bäuerlichen Kundschaft, ferner eine Intensivierung des Betriebs, eine Steigerung der Viehhaltung, kurz Erwägungen, die der Situation des "inneren Ringes" Thünens entsprachen. Dazu kamen nationalpolitische Gründe wie die Sicherung gegen slavische Unterwanderung. Die Grenze mußte da hegen, wo die rationellste Form der Landwirtschaft durch Parzellierung bedroht wurde : nicht jeder Boden ist intensiv nützbar, nicht jedes Klima eignet sich dazu. Getreideproduktion ist immer in gewissem Maß extensiv. Diese sog. "innere Kolonisation" wurde 1886 durch das "Gesetz betr. die Beförderung deutscher Ansiedlungen in den Provinzen Posen und Westpreußen" ins Leben gerufen. Ca 60 % der Stellen waren mittelgroße Bauerngüter mit Landzugaben von 10-25 ha, ca 14 % Krug- oder Halbbauernstellen mit 5-10 ha; ca 1 4 % wurden angelegt als Arbeiterstellen mit 3-5 ha, der Rest als Großbauemstellen. Bis 1906 waren etwa 20 000 Stellen geschaffen
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worden. Bis 1897 hatte man das Land dafür fast ganz aus polnischer Hand beschafft. Durch die Gründung der polnischen Rentenbank in Posen, die polnischen Gutsbesitz zur Ansiedlung polnischer Bauern aufkaufte und infolge des spekulativen Steigens der Bodenpreise sah man sich seitdem gezwungen, auch deutsche Großgüter aufzusiedein. Der Mangel an siedlungsfahigem Boden führte] 1908 zur Ermächtigung an die Ansiedlungskommission, auch Boden zu enteigen. Außerdem entschloß man sich 1904 zur Gründung landwirtschaftlicher Hypothekenbanken, um eine allzu bereitwillige Aufteilung von Großgrundbesitz durch verschuldete Besitzer zu vermeiden, die ihren Besitz der Ansiedlungskommission zur Aufsiedlung von sich aus anboten. Die Hypothekenbanken wurden in die Lage versetzt, durch staatliche Mittel private, überteuerte Hypotheken in unkündbare, niedrig verzinsliche Tilgungshypotheken zu verwandeln. Dadurch vermochte die Ansiedlungskommission auch weniger bemittelte Bewerber anzusetzen, die das Land nicht gegen eine feste Kaufsumme, sondern gegen eine begrenzte Jahresrente von 2 1/2 bis 3 % des Kapitals, in der auch die Tilgungsbeträge enthalten waren, erhielten. Diese Stellen waren für 50 Jahre unkündbar; als Sicherung gegen einen vorzeitigen Verkauf wurde ein staatliches Wiederkaufsrecht eingeführt und die Ablösbarkeit der letzten 10 % der Rentensumme vom gegenseitigen Einvernehmen abhängig gemacht. Als Siedler bevorzugte man kinderreiche Bauernfamilien aus Westund Süddeutschland, die etwa 50 % ausmachten; daneben waren etwa 25 % Bauernsöhne oder Landarbeiter aus den Ostprovinzen selbst, der Rest Rückwanderer aus Rußland bzw. Amerika. Die ersten Erfahrungen waren so günstig, daß man 1890 auch Privateigentümern das Recht auf Anlegung von Rentengütern zusprach. Diese Regelung wurde zwar 1891 bereits wieder aufgehoben, um nicht neues privates Obereigentumsrecht an Grund und Boden entstehen zu lassen; man verfiel dann auf den Ausweg, die 1820 für die Aufgaben der Regulierung gegründete Generalkommission einzuschalten. Der Zweck war Schutz der Ansiedler, denn dort, wo die Aufteilung notleidender Großgüter durch sogenannte private "Güterschlächter" vorgenommen worden war, war es durch rein schematische Aufteilung, durch Übervorteilung der Anwärter, durch mangelhafte technische Ausrüstung der Stellen, durch übermäßige Belastung mit Folgelasten wie Wegebauten, Kirchen- und Schulbauten, wasserwirtschaftliche Baumaßnahmen usw. rasch zu übermäßiger Neuverschuldung gekommen. Deshalb bildete die Frankfurter Generalkommission ein eigenes Verfahren aus, bei dem aus dem aufzusiedelnden Gut trotz der dadurch hervorgerufenen Steigerung der Einheitspreise des Siedlungslandes zunächst Teile als Gemeindevermögen herausgeschnitten wurden, aus denen dann die Folgelasten »7
4i8
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zu bestreiten waren. Damit hatte sich das Prinzip der Gemeinnützigkeit durchgesetzt. 1898 wurde die erste "Deutsche Ansiedlungsgesellschaft m . b . H " begründet. Sie ging später zwar an Kapitalmangel ein, ebenso wie die Pommersche Ansiedlungsgesellschaft, deren Kapitalgeber der Großgrundbesitz selbst war, wies aber einen gangbaren Weg. Nach diesen Grundsätzen wurde dann 1905 die "Ostpreußische Landgesellschaft" gegründet, deren Kapitalgeber Landwirtschaftskammer, Kreisverwaltungen, Spar- und Darlehenskassen waren. Nach diesem Muster einer halböffentlichen Gesellschaft erfolgten dann weitere Gründungen in Pommern und Schlesien, nachdem das Verfahren der Ansiedlungskommission generell auf die "national gefährdeten Gebiete" in Ostpreußen, Pommern, Schlesien und 1912 auch auf Nordschleswig ausgedehnt worden war. Aber auch in der Gesamtprovinz Schleswig-Holstein, im Rheinland und in Westfalen erfolgten Gründungen dieser Art. Landerskulturbehörden, Ansiedlungskommissionen und Siedlungsgesellschaften schufen in 30 Jahren etwa 40 000 neue Stellen. Daneben trat dann noch die private Unternehmertätigkeit vorwiegend in industriellen Bezirken, die durch Verkauf, Aufteilung und Aussiedlung von Gütern nochmals über 40 000 Kleinsiedlerstellen unter 2 ha Größe bereitstellten. Von den 24 000 Rentengutsgründungen der Jahre 1886-1916 waren etwa 29 % Kleinstellen unter 2 1 /2 ha Größe. Da sie aber meist als Landhandwerker- und nicht als Landarbeiterstellen angelegt wurden, war der Erfolg in der Landarbeiterfrage gering. Diese Erscheinung ist bedingt in der erklärlichen Zurückhaltung des ostdeutschen Großgrundbesitzes gegenüber Landarbeiterstellen, — obwohl Landarbeiter j a dringend gebraucht wurden — , da man nie sicher sein konnte, ob solche Landarbeiter auch dem Gutsbetrieb zu erhalten sein würden. Erfahrungen mit Begründung von Kleinsteilen für Häusler und Büdner, die sowohl die mecklenburgische Domänenverwaltung wie die preußische Staatsforstverwaltung gemacht hatten, zeigten, daß die Neigung seßhaft zu werden, in diesen Kreisen nur gering war. Außerhalb Preußens war der Gedanke der inneren Kolonisation nur wenig erfolgreich. In Bayern z.B. fehlte es an Siedlungsland, da die wenigen Großbetriebe über 100 ha nur 2,3 % der landwirtschaftlichen Gesamtfläche rinnahmen. Wenn in Bayern das Anlegen von Bauernhöfen auf Grund von Landverbesserung irgendwo nötig wurde, dann reichten die Mittel der Landeskulturrentenbanken dafür durchaus aus. Auch in den außerpreußischen Teilen Mitteldeutschlands war die Besitzverteilung so, daß kein tinmittelbarer A n l a ß zur Anlegung von Bauernstellen gegeben war. Nur in Oldenburg kam es in größerem Umfang für Kultivierung von Moor-und Ödland
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419
durch den staatlichen Landeskulturfonds, der den Ansiedlern zu günstigen Bedingungen Darlehen zur Verfugung stellte und damit Erfolg hatte. Die innere Kolonisation konnte zwar die Landarbeiterfrage nicht lösen, sie hat aber doch auf die ländliche Mittelstands- und Bevölkerungspolitik nachhaltig gewirkt. Sie bedeutete auch keine Bodenreform, denn der Landbesitz der Großbetriebe wurde nur unwesentlich vermindert, da selbst bei Aufteilung des Landes aus betriebstechnischen Gründen stets die Hälfte als Restgut erhalten blieb. Sogar in Pommern betrug der Landverlust des Großgrundbesitzes nur 5-6 % . Grundsätzlich muß man feststellen, daß die Frage der Betriebsgröße kein Gegenstand dogmatischer Anschauungen war, sondern von Fall zu Fall nach national- oder bevölkerungspolitischen, sozial-oder agrarpolitischen Erwägungen gelöst wurde. Gustav Aubin hat mit Recht darauf hingewiesen, daß der gesamte Gewinn an bäuerlichem Siedlungsland durch die innere Kolonisation kaum die Verluste an Bauernland durch das Bauernlegen der ersten Jahrhunderthälfte erreicht und daß das Polentum 1913 120 000 ha mehr Land in den preußischen Ostprovinzen bessesen habe als 1886. Schon damit sind die agrar- und die nationalpolitischen Grenzen dieser Aktion gekennzeichnet. Die Entwicklungstendenzen auf dem Gebiete des ländlichen Grundbesitzes haben sich also trotz der Agrarreformen des 19. Jahrhunderts nicht grundlegend geändert. Die Besitz- und Betriebsformen, die sich in den einzelnen Gebieten Deutschlands seit dem 30-jährigen Kriege herausgebildet hatten, sind im Wesentlichen erhalten geblieben, haben höchstens noch etwas schärfer herausgebildete Konturen angenommen. Das gilt vor allem fiir West- und Süddeutschland, wo sich sowohl die Zersplitterung des Kleinbesitzes wie die Erhaltung der großbäuerlichen Betriebsweise im Gebiet des Anerbenrechtes fortgesetzt haben. Im Osten Deutschlands muß man jedoch feststellen, daß die Bauernbefreiung zunächst zu einer Umstrukturierung größten Ausmaßes geführt hat durch das Bauernlegen der ersten Hälfte des 19. Jahrhunderts. Vor allem das mittlere und kleinere Bauertum mußte zugunsten des Großgrundbesitzes eine starke Minderung seines Bestandes hinnehmen. Allerdings hat die innere Kolonisation am Ausgang des 19. und am Beginn des 20. Jahrhunderts diesen Prozeß z . T . wenigstens wieder rückgängig gemacht, sodaß im Endergebnis jenes Gesamturteil doch auch fiir den Osten Deutschlands seine Gültigkeit behauptet.
QUELQUES REMARQUES HISTORIQUES SUR LA RÉPARTITION SOCIALE DE LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE AU JAPON DEPUIS LE XVI« SIÈCLE par H . K O H A C H I R O TAKAHASHI
(Tokyo)
I Les études d'histoire économique comparée enseignent que la féodalité japonaise était, comme l'a indiqué Marc Bloch dans sa Société féodale, de même nature que celle de l'Europe occidentale. Ce fait est à nouveau confirmé par les récents ouvrages des historiens occidentaux et orientaux. Mais, quant à l'organisation et la répartition sociale de la propriété foncière, nous devons souligner quelques traits originaux de l'histoire rurale japonaise. Il sera bon de préciser tout d'abord plusieurs étapes de l'histoire agraire du Japon, depuis la fin du xvi« siècle jusqu'à nos jours. En voici les trois principales. La première étape : le régime seigneurial et féodal du Tokugawashogunat, savoir depuis la fin du XVI e siècle jusqu'au milieu du x i x ® siècle. A cette époque, les rapports féodaux entre les seigneurs et les paysans tenanciers prédominaient partout, sur la base de la rente féodale en nature perçue par les seigneurs. La deuxième étape : depuis la Restauration de Meiji jusqu'à la fin
422
H. KOHACHIRO TAKAHASHI
de la Deuxième Guerre mondiale. Ici, les rapports entre les jinushi et les kosaku prédominaient. C'est ce qu'on appelle le système jinushien ou la propriété jinushienne, que nous examinerons plus tard. Par la réforme agraire de la Restauration de Meiji, l'ancien système seigneurial fut supprimé et le servage aboli. L a rente féodale en nature, payée jusque-là aux seigneurs par les paysans producteurs immédiats, fut transformée, d'une part, en impôt foncier en argent payé à l'État, et d'autre part, en rente foncière en nature payée aux jinushi. L a troisième étape : depuis la fin de la dernière guerre mondiale jusqu'à présent. Par la Réforme agraire de l'après-guerre, qu'on appelle « Nochi-Kaikaku », la propriété jinushienne fut démembrée et transformée en propriétés paysannes de kosaku. Le système jinushien fut définitivement décomposé et la rente foncière en nature perçue jusque-là par les jinushi disparut pour toujours. C ' e s t l à une transfor-
mation radicale de la répartition sociale de la propriété foncière. Pour suivre les grandes lignes de cette évolution, nous avons établi ci-dessous un tableau récapitulatif de la répartition sociale des produits agricoles au Japon, dès la fin du M o y e n A g e (voir le Tableau I). Ce qui importe ici, ce sont plutôt les proportions de la distribution, que les chiffres bruts de la production, étant donné que ces chiffres furent obtenus par différentes méthodes d'enquête suivant les époques. Examinons maintenant de plus près les différentes étapes de l'histoire agraire du Japon. 1. Notre point de départ, c'est le Kenchi (traduction littérale : Feldmessen, arpentage de la terre). Entamé en 1582 pour l'ensemble du pays, par Taiko Hidéyoshi (ainsi l'appelle-t-on Taiko-kenchï), maintenu et continué dans ses grandes lignes par le Tokugawa-shogunat, i l fut achevé dans la seconde moitié du XVII e siècle. C'était u n procédé pour mesurer l'étendue et la production de la terre, afin de déterminer le taux de la redevance seigneuriale. Dans le processus du kenchi, l'ancien régime domanial du Moyen Age s'est décomposé et les enchevêtrements compliqués des droits de divers seigneurs hiérarchisés sur une terre ont été balayés. O n voit maintenant apparaître un seigneur de type nouveau, qui domine directement et exclusivement sa propre terre et les paysans de son domaine qui s'appelle han. C'est ainsi que les redevances seigneuriales en nature s'établirent définitivement comme une forme normale et prédominante de rente foncière féodale. Certains services ou cens en argent étaient encore imposés a u x paysans, mais la partie essentielle des charges seigneuriales était toujours axée sur cette rente annuelle en nature, c'est-à-dire en riz. 2. A cette époque, la paysannerie japonaise n'était plus de compo-
H.
KOHACHIRO
TAXAHASHI
TABLEAU
I
REDEVANCE SEIGNEURIALE OU IMPÔT FONCIER (APRÈS L A RESTAURATION DE MEIJI) PAR TAN (EN KOKU) 1
I. Ancien régime domanial depuis le xm° siècle
II. Régime seigneurial et shogunal de Tokugawa depuis la fin du xvi® siècle 1.1594 (Taïko kenchi) 2.1686 (année de Teikyo) 3. moitié du xix e siècle
III. Depuis la Réforme agraire de la Restauration de Meiji 1. 1873 (Chiso kaisei) a. 1885 3. 1888 4. 1903-1907 (en moyenne) 5- 1933-1935 (en moyenne)
PARTIE RÉSERVÉE
RENDEMENT
A L'EXPLOITANT
TOTAL PAR
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OU KOSAKU) PAR
KOKU) *
TAN (EN KOKU) •
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429
l'extrême exiguïté de l'exploitation agricole, qui caractérisent l'agriculture japonaise. Selon les statistiques précises de la première moitié du x x e siècle, il est possible de dresser un tableau de la répartition de la propriété foncière. Il faut tenir compte, bien entendu, de la diversité régionale, mais pour l'ensemble du pays les paysans-propriétaires de moins de 3 ha constituent plus de go % de la totalité (formée, pour 70 % , de propriétaires de moins d ' i ha) (voir Tableau III). Les propriétaires de plus de 5 ha, qui, à l'échelle internationale, ne pourraient être rangés que dans la catégorie des petits paysans-propriétaires, ne sont plus au Japon des paysans exploitants, mais des propriétaires jinushiens non exploitants, rentiers et parasitaires. 3. O n constate la dissociation de la paysannerie, déjà au sein du système féodal et seigneurial du Tokugawashogunat : dissociation entre paysans-propriétaires non exploitants (jinushi) et petits paysansfermiers dépendants (kosaku). Ainsi la classe paysanne japonaise se différencia, en principe, entre propriétaires jinushiens et paysans kosaku assujettis à la rente foncière en nature (riz), et non pas entre fermiers-capitalistes et ouvriers agricoles salariés. Cette orientation historique de la différenciation de la paysannerie est très importante, pour bien comprendre les questions agraires au temps de la Restauration de Meiji et la Réforme agraire qui suivit la seconde guerre mondiale (voir Tableau I V ) .
III Nous allons examiner maintenant les résultats de la réforme agraire du temps de la Restauration de Meiji. 1. La Restauration de Meiji (à partir de 1866) abolit le régime seigneurial et shogunal de Tokugawa et, par sa réforme agraire (chiso-kaisei, 1875-1882), transforma la tenure paysanne (Bauernbesitz) en propriété paysanne (bäuerliches Eigentum) sous forme de propriété moderne au sens juridique du mot. Mais, les droits seigneuriaux ou rentes féodales perçus par les anciens seigneurs (redevances en nature) ne furent pas abolis sans indemnité : le nouveau gouvernement de Meiji en hérita et les transforma simplement en impôt foncier (chiso) payable en argent. Cet « impôt foncier » en argent, perçu par le gouvernement, constituait, par un prélèvement de 34 % sur tous les produits du travail des paysans producteurs, une charge presque identique, au point de vue du taux, à celle des anciennes redevances seigneuriales (voir Tableau I). O n peut donc affirmer qu'à la différence des paysans français après la Révolution, les paysans japonais n'ont pas été véritablement affranchis des anciennes charges
43°
H. KOHACHIR.O TAKAHASHI
seigneuriales : la Restauration de Meiji n'a pu créer les paysans véritablement libres et indépendants. 2. De plus nos paysans japonais n'avaient aucune occasion d'élargir leur propriété foncière, comme le firent les paysans français au cours de la Révolution, grâce à la vente des biens nationaux. Bien au contraire, des terres et des forêts, utilisées jusque-là par les paysans comme biens communaux, furent confisquées par l'État pour constituer des domaines impériaux et des terres d'Etat ou publiques, qui occupèrent bientôt une énorme étendue par comparaison avec les terres privées : soit, plus de la moitié de toute la terre du pays. Les tableaux ci-dessous (voir Tableau V ) extraits des Annuaires statistiques impériaux marquent l'arrondissement rapide et considérable des propriétés impériales, de l'État, etc., en comparaison avec les propriétés privées des particuliers, de 1881 (immédiatement après la réforme agraire de la Restauration de Meiji) à 1890 où la monarchie absolue s'établit définitivement. TABLEAU V Terres impériales et de VÉtat ANNÉE
1881 1890
PROPRIÉTÉS FONCIÈRES DE L ' É T A T
PROPRIÉTÉS FONCIÈRES IMPÉRIALES
(chô)1
F O R Ê T S ET BOIS D B L ' É T A T
16885 79 308
634 3 654 532
E T DES MUNICIPALITÉS
5»59 " 3 •7 595 421
TOTAL
5 276 70a 21 323 261
Terres privées des particuliers ANNÉE
1881 1890
RIZIÈRES
2631 132 2 536 118
CHAMPS
I 855 628 2 159 913
FORÊTS ET
BOB
6901 719 7 442 352
TOTAL
I I 388 479 12 138 383
1. Unité : chô (1 chô = environ 1 ha). Source: Teikoku tofcei tunkan. (Annuaires statistiques impériaux), n° III, p. 15-16 et n° X , p. 19.
Ainsi, l'économie paysanne ne pouvait que connaître des difficultés d'autant plus grandes que les paysans étaient dépouillés de leurs droits d'usage coutumiers sur les forêts et les landes. 3. Si tous les paysans japonais furent affranchis du régime seigneurial et du servage, ils ne se trouvaient point tous dans les mêmes condi-
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43»
tions économique et sociale. La paysannerie japonaise s'était différenciée, dans une certaine mesure, entre jinushi et kosaku, déjà sous le régime seigneurial et féodal de Tokugawa ; la diminution de la propriété paysanne et la concentration agraire aux mains des propriétaires jinushiens non exploitants étaient alors incontestablement avancées. La réforme agraire de la Restauration de Meiji précipita cette tendance générale. Les terres exploitées par kosaku (la propriété jirmshienne proprement dite), qui occupaient environ 30 % de la totalité du sol cultivé au début de Meiji, s'élevèrent à 39,3 % en 1887, à 44.5 % e n 1903» à 46 % en 1919 et à 48,1 % en 1930 (voir Tableau VI). 4. Dans ce régime jinushien, le propriétaire foncier non exploitant (jinushi) divisait sa terre en petites fermes et les louait, à temps, aux petits fermiers (kosaku), qui manquaient de terre; en contrepartie, le kosaku devait payer au jinushi, comme de misérables métayers de l'Ancien Régime en France, presque la moitié de ses récoltes (généralement en riz). Ces kosaku japonais, tout petits cultivateurs immédiats, étaient donc bien loin des grands fermiers capitalistes qu'on trouve en Angleterre et en France à l'époque moderne. Grâce à la réforme agraire de la Restauration de Meiji, les jinushi devinrent de véritables propriétaires fonciers, mais ils n'avaient aucun caractère commun avec les landlords anglais qui afferment leurs terres aux capitalist tenant farmers, eux-mêmes entrepreneurs agricoles et employeurs des travailleurs salariés. Rien de commun non plus, avec les Gutsherren ou Junker de l'Europe orientale, qui exploitaient directement leurs domaines au moyen des travaux de leurs paysans corvéables. 5. Ainsi peut-on dire qu'au Japon, on ne trouvait dans l'agriculture ni mode de production capitaliste, ni forme moderne de la propriété foncière. La propriété jinushienne comme telle n'était autre chose qu'une propriété foncière semi-féodale. Pour le confirmer, voici la répartition sociale du produit paysan à l'époque de la réforme agraire de Meiji : sur tous les produits du paysan cultivateur, le prélèvement de l'État monte à 34 % (impôt foncier en argent); la quotepart du jinushi arrive elle aussi à 34 % (prix de location, en nature) ; il ne reste donc que 32 % au kosaku, cultivateur immédiat. Si l'on soustrait encore les frais de semences et d'engrais, montant à peu près à 15 % de la récolte, le revenu net du kosaku se réduit à 17 % (voir Tableau I). Cette propriété jinushienne semi-féodale ou kosaku-chi (traduction littérale : des terres à louer) occupait, à la veille de la Réforme agraire appliquée depuis 1945 (nôchi-kaikaku : Rural Land Reform), presque la moitié de toutes les terres cultivées du Japon. Le but essentiel de cette dernière Réforme agraire était de supprimer les éléments féodaux qui se maintenaient dans la société rurale du Japon, en abolis-
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H. KOHACHIRO TABLEAU
TAKAHASHI VI
CATÉGORIE JKAKU-CHI
KOSAKU-CHI
TOTAL
ANNÉE 1903
2 923(55.5%)
2 343(44,5%)
5 2 6 7 (LOOO c h ô )
'9*3
3 177 ( 5 4 , 2 % )
2681 (45,8%)
5 859
1923
3 2 8 6 (54,2 % )
2781 (45,8%)
6 067
1933
3186(52,9%)
2 843 (47,I % )
6 028
1943
3 0 9 9 (54.2 % )
2618(45,8%)
5 718
>947
3031 (60,5%)
I 981 ( 3 9 , 5 % )
5 012
'949
4310(86,8%)
6 4 8 (13,2 % )
4 958
1945
2 787 (54,I % )
1950
4686(90,1%)
(immédiatement avant la Réforme agraire)
(après la Réforme agraire)
2368(45,9%)
515
(9,9%)
5
'56
5 200
i. Unité : IOOO chô (i chô = environ i ha). sant cette propriété jinushienne. Voici les chiffres concernant l'étendue des propriétés paysannes (jisaku-chi) et des propriétés jinushiennes (kosaku-chi) qui commençaient à se développer au sein du régime seigneurial et shogunal de Tokugawa et se consolidaient grâce à la Réforme agraire (chiso kaïsei) de la Restauration de Meiji, et qui enfin furent définitivement démembrées par la deuxième Réforme agraire (nôchi kaikaku) peu après la Seconde Guerre mondiale, suivant les statistiques de notre ministère de l'Agriculture. Nous voyons ici que, grâce à cette dernière réforme agraire, presque toute la terre de Kosaku fut émancipée et transformée en propriété paysanne.
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O U V R A G E S
/ . Epoque 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.
du
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HISTORY OF LAND OWNERSHIP IN THE UNITED STATES by Paul GATES (Cornell University)
Social position and status in America have not been dependent on the ownership of land as in England. Only at particular times and in certain areas of the United States has this not been true. The notable exceptions are the colonies outside of New England in the sixteenth and seventeenth centuries, the South in the slave-holding period and indeed for a time after emancipation, and the Hudson Valley of New York until the mid-nineteenth century. Elsewhere social position has been related to the possession of splendid town houses and to the income derived from the fur trade, from shipping, from whaling, from overseas commerce and from speculation in wild land and urban property. At a later date, it has been related to the income—and the power—arising from transportation, mining, manufacturing enterprises and from banking. To establish oneself as a member of the aristocracy in America it was not necessary to acquire a great rural estate surrounding an impressive manor house. The ownership of rural property has therefore never interested Americans in the way it has the English, and never has there been any attempt to analyze such ownership on a national scale. The consequence for the historian
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is that the Federal Government has not brought together data showing how much land and farms this or that owner actually possessed. American historians m a y well look with envy upon the great Return of Owners of L a n d that Parliament made available in the eighteen seventies. M a j o r influences in shaping the present land ownership and use patterns in the United States have been (a) geographic factors; (b) the policies of the colonizing nations; (c) Indian policy; {d) the federal form of government and the government's need of revenue; (e) land grants to railroads; (/) speculation; (g) the conservation movement; (,h) the drop control programs of the government; (i) and a tendency on the part of the courts to transform inchoate, uncertain and even worthless claims to land into fee titles. England was exceedingly liberal in granting charters to trading companies and proprietors for the establishment of colonies in A m e rica, giving them virtual self-governing powers so long as they conformed to English laws and did no major harm to English economic interests. A m o n g these powers was the general control over and right to grant or convey the land within their boundaries as they wished, subject only to the payment' of quit rents. By 1763 all but two of the thirteen colonies were firmly in' the business of granting lands to members of the governor's councils, landlords planning to settle tenants upon their tracts, combinations of influential leaders organized as land companies, military veterans and actual settlers. For the most part grants were subject only to a vague requirement that settlement or other improvement should follow. T h e y ranged from 50 acres headlights to the huge feudal grants made to the V a n Rensselaer family in N e w Y o r k , the Fairfax family in Virginia, and to Lord Granville in North Carolina. Northeastern United States, particularly N e w England, is a rugged high plateau area cut by swift running streams and narrow valleys, and, generally speaking, possessed of inferior soils. T h o u g h some large ownership» existed in the colonial and early national period, they did not lend themselves to large scale farming and were early broken u p . Topography and the compact system of settlement adopted by the early settlers led to the creation of small farms of 80 to 160 acres, composed of small cultivated fields, pastures and woods, and this remains the characteristic farm unit of the northeastern states. T h e large holdings in existence today in this area are not farm-land but timberland, the result of purchases of numerous smaller tracts b y pulp and paper companies—industries which must plan long range cutting and reforestation programs. O n e company alone today owns eleven percent of the total area of Maine. South of N e w England where the terrain was more conducive to
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larger farming operations, the Dutch and English proprietors and later the governors made large grants, some with feudal privileges, to members of the Council and other influential people. Many of these great estates survived until the American Revolution, others in the Hudson Valley of New York until the Nineteenth Century. O n five occasions efforts have been made to reduce the quantity of land that profligate governments permitted favored individuals and their heirs to hold. The first of these attempts occurred during the American Revolution. When feelings were running high between the Tories who supported England and the Patriots who insisted on independence, the victorious rebels in most states ordered the property of Loyalists who had wholeheartedly given aid to England to be confiscated. Among the feudal estates thus forfeited were the 22,000,000 acres of Lord Granville in North Carolina, the 1,000,000 acres of Lord Fairfax in Virginia, the 18,000,000 acres proprietory holdings of William Penn and the smaller estate of Lord Baltimore. In addition New York declared forfeited 2,500,000 acres belonging to 59 Tories, including the Johnson, Morris, DeLancey and Philipse families, Pennsylvania confiscated the property of 490 individuals, Georgia that of 117 individuals, and New Hampshire that of 28. At the conclusion of the War 2,560 Loyalists claimed losses o f £ 10,000,000 through forfeitures and they asked compensation from the British government. The Penn, Granville and Baltimore estates became the public domain of the states in which they were located and were thereafter granted or sold by them. There was some division of the Johnson, Morris, DeLancey and Philipse estates in New York but government officials and other insiders managed to acquire great blocks of these lands and the redistribution of landed property that J. Franklin Jameson thought was achieved has been shown to have been somewhat less than democratic. The failure of the revolutionary forces to abolish the incidents of feudal tenure in New York and the survival of large ownerships by descendants of the early Dutch and English lords of the manors was responsible for a second uprising against them in the 1840's. Numerous estates of the great landlords in the Hudson-Mohawk valley were occupied by hundreds of tenant farmers. The landlords' exactions were proving increasingly heavy as the productivity of the land declined and when rents fell into arrears force was harshly applied to compel payments. In a nation having a vast public domain where any man could purchase land in fee simple at modest prices, these tenures seemed outmoded, inharmonious with a democratic age. Land reform sentiments fostered by Horace Greeley's New York Tribune and workingmen's journals provided the spark that flared into open rebellion against landlords who tried to collect the arrears,
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enforce the quarter sales and other archaic obligations and eject recalcitrant tenants. A series of anti-rent disturbances broke out which focused attention on the outdated tenures, made forced collections difficult, led to attacks upon the titles and finally the abolition of the much criticized rental obligations. All these difficulties induced the landlords to sell their land at modest prices to the tenants. Contributing to the willingness of the landlords to sell was the fact that investments in railroads, industry, banking and western land were proving more profitable than the limited returns they were receiving from their real estate in the Hudson-Mohawk region. New York and Pensylvania continued to be the premier agricultural states as late as 1860, exceeding all other states save Ohio in the number and value of their farms, in the number of owner operated farms and in the wide diffusion of ownership. Even today tenancy is uncommon and non-resident or absentee ownership of farms is rare. Only on the Wadsworth estates in the Genesee Valley of New York has a large holding of farm land amounting to 24,000 acres and operated by perhaps 80 tenants and hired hands survived. Some of the Wadsworths have clung to their lands for the status ownership gives them and have attempted to reproduce on their estates the aristocratic character of nineteenth century English estates with their fox hunts, elaborate entertainments, and gaiety of life. And some of the Wadsworths, too, have been concerned to render the state public service either on the national or the local level. In New York and Pennsylvania private companies nowadays hold large areas of timber land and in both states great tracts are held by the Federal and State Governments for conservation purposes. Ten percent of the land of these large and densely populated states is in public ownership as parks or forests. On the broad level coastal plain of the states from Maryland to Georgia and on the upland area extending to the foothills of the Blue Ridge, large plantations ranging in size from a few hundred acres to a few thousand were established. Here rice, cotton or tobacco were produced by scores of indentured servants and hundreds of slaves. Small farms operated by yeomen farmers also existed but men of this class were usually to be found on the less productive land on which only a poor existence could be maintained. Staple crop economy based on slave labor seemed to exhaust the land soon. Therefore planters, anxious to have sufficient good land to which they could move their operations when necessary, engrossed large areas. Since poor white farmers were not always regarded as desirable neighbors because they might tamper with the slaves, planters tended to buy or push them out. Large holdings only partly under cultivation meant that extensive
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areas of the South were thinly populated, were dependent on rivers for transportation and had few economic opportunities to attract either people or capital. Moreover, the southern states, fearing that they had reached the maximum area within their boundaries on which their chief staples, cotton and tobacco, could be cultivated, supported an aggressively expansionist policy in the hope that the United States would acquire additional territory adapted to those staples and to slavery. In so doing they underestimated and neglected their existing resources, for in the fifteen slave states the unutilized area susceptible of improvement was subsequently increased by 223 % over what it was in i860. Not only did the South fail to develop its existing resources fully while striving to extend slavery into other areas to which it was not suited, like Kansas, but it also permitted the capital demands of its plantation system to absorb the profits from staple crop cultivation. Consequently the development of a diversified economy such as was coming into existence in the North, failed to occur. Such a combination of large aristocratic holdings of land, slave labor and lack of industrial employment made the South unattractive to immigrants from abroad. Nor was the South even able to hold its own population. By i860 nearly three quarters of a million people, or eleven percent of its native sons had been attracted to free states and territories. It was this lack of economic opportunity, this loss of population, this slow growth that brought the South to an increasing recognition of its waning political significance in the Union and, finally, to the point of rebellion in 1861. The second national effort to achieve redistribution of large landed estates came during the Civil War when the property of individuals who supported the southern cause was made subject to confiscation by the Federal Government. A few radical leaders in the North thought of the move as one that might, if pushed vigorously, make possible the redistribution of the property of the planters of the South among the freedmen and landless Whites, thereby accomplishing a great social revolution by forever destroying the power of the southern aristocracy that had brought on the war. To a limited extent property was forfeited outright to the Federal Government but more as a result of tax delinquency than of confiscation. The safeguards for property rights in Anglo-Saxon and American law are both elaborate and effective, and neither President Lincoln nor President Johnson wanted to accomplish any such social revolution as a policy of outright confiscation would have effected. The freedmen, disillusioned by their failure to gain ownership of land which they thought had been promised them, had to become tenants or sharecroppers and found themselves fairly rigidly controlled by the lien laws which virtually
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tied them to the soil and seemed to keep them perennially in debt to their landlords. After the thirteen colonies had achieved independence and had established the Federal Union, there fell to the United States ownership and responsibility for the administration of 200 million acres of public land between the Alleghanies and the Mississippi. Later, as a result of the Louisiana purchase, the acquisition of California from Mexico and the recognition of the United States' claim to the Oregon country, the public domain was extended to the Pacific. The United States, like Great Britain, treated the Indian tribes in its territory as dependent nations having occupancy rights to the soil. In persuading the Indians to surrender or sell their rights, negotiations were conducted with them in somewhat the same manner as diplomats conduct negotiations with foreign nations, and the stilted language of diplomacy was used in the treaties of surrender. But pressure was brought to bear upon reluctant tribes to get them to cede their land and inducements were offered in the form of presents, annuities, assumption of the Indians' debts, reservations farther West on less desirable land not yet wanted by Whites, and assistance in bringing portions of the new reservations under cultivation. As a result of these pressures the Indians were induced to surrender their occupancy rights generally for a few pennies an acre to all but some 150,000,000 acres of desert, mountain and high plains country then considered to be of little value save as grazing land. The next step in the degradation of the Indians was the initiation of the allotment policy in 1887 whereby portions of the remaining lands were allotted in fee to individual Indians who promptly and improvidently sold their allotments to Whites, thus breaking up the solid tribal ownerships of the range and making a proper use of grazing land impossible. As early as 1887, Helen Hunt Jackson tried to arouse Americans to the great wrongs being done the Indians by writing her Century of Dishonor, but to little avail. Another half century passed before remedial measures were adopted. Then, in 1946, an awakened national conscience led Congress to enact an extraordinary measure which stated in effect that every identifiable Indian tribe in existence could sue and recover from the United States a sum equal to the fair value of their land at the time they surrendered it as far back as 1783. Some 852 claims have been presented to the Commission-some of which have been later consolidated- calling for more than 2 billion dollars. Already more than $ 200.000 has been awarded under the act of 1946 and a related measure. Meanwhile, the tribal ownership of the remaining Indian lands has become somewhat insecure. Whites, who are anxious to get control of the mineral or grazing rights or other values in the land, are advocating termination of tribal relationships
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and individual allotment of the remaining lands. This would almost surely mean, as it has in the past, that individual Indians would sell their allotments improvidently and lose their means of subsistence. Within the territory acquired by the United States from Spain and Mexico, extensive private land claims existed and these have left a permanent mark on the land pattern of present day Florida, Louisiana, New Mexico, Texas and California. One field of historical investigation which I have entered with considerable hesitation is that of the role of the judges and of course of the lawyers who try to show them the way to interpret rights in land. Incomplete or inchoate grants of land made by officials of Spain and Mexico, which had not been carried to the final act of juridical possession, subsequently won easy acceptance and confirmation in American courts. Too frequently questionable claims were confirmed because they were presented by the ablest lawyers in the land, retained by large fees, while the United States was represented by overburdened officers, poorly paid and inferior in intellectual ability. More serious was the great respect judges had for inchoate claims to land even though some of the documents presented in their support were clearly antedated, forged, based on peijured testimony, or contrary to Mexican law. The Mexican colonization law of 1826 permitted grants up to eleven square leagues (49,000 acres) but claims with vague boundaries were so liberally interpreted by the United States courts and administrative officers as to gain confirmation of far larger areas. The Maxwell grant in New Mexico is perhaps the outstanding illustration of this excessive liberality. In the 1840's this grant was thought to contain 32,000 acres. In the late 70's it was still regarded as no more than 96,000 acres. When finally confirmed by the courts and patented, it contained 1,714,764 acres. Excessive generosity in this and other cases for which there seemed little justification led a government surveyor in 1886 to speak of the "wholesale spoliation of the public domain in the interest of private greed". Altogether in New Mexico some 8,000,000 acres fell into the hands of a combination of traders, politicians and representatives of outside capitalists through enlargement by judicial interpretation of the Mexican grants. Though there has been some division of these properties there still remains a great concentration of land ownership in New Mexico, the product not of the American land system but of vaguely-worded Mexican grants subsequently interpreted with extreme generosity by officials of the General Land Office, by Congress and by the Courts. In California many of the large grants to favored individuals made by Spain and Mexico and subsequently confirmed by American courts have been broken up, but other large holdings originating wholly
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or in part in these early grants still survive. Among them are the 400,000 acres of the Kern County Land Company, of which 128,000 acres are in irrigated crops, mostly leased to "independent farmerbusinessmen", as the Company smugly reports. Cotton yields on this irrigated land are two and three times the yields in the Southern states. On the balance of the Company's land in California, New Mexico and Arizona 120,000 cattle are grazed. A second large California land company whose holdings date from early Mexican grants— the Tejon Land Company—has 238,000 acres, 17,000' acres of which are under irrigation, 9,000 in dry farming, and 258,000 cattle graze on its range lands. On the Irvine Ranch in Southern California, except for small sales for resort development, it has taken 100 years for the pressure of population on the land supply to bring about suburban development, fortunately more carefully planned llian is
customary for that state. In 1916, the California Commission on Immigration and Housing listed 35 individuals or companies owning 5,211,000 acres, much of which dated from old Mexican grants. At that the report failed to include the holdings of the two largest land companies. In Texas, many of the great ranches which flourished in the last quarter of the 19th century were also built up from huge Spanish and Mexican grants. Best known of these large ranches is the King Ranch of a million and a quarter acres which still survives, as do part of at least 20 other ranches which at one time included 10,360,000 acres. The greater part of the good land in the states created out of territories acquired from Spain and Mexico was comprised in these private land claims and therefore never became part of the public domain or subject to the public land laws which, at least after 1850, were expected to produce a more democratic land pattern. At the outset of our national history, the new Federal Government, hard pressed for revenue, discarded the time-tried free grant policy which had been in force in many of the colonies and determined to make the public lands serve as a major source of revenue by selling them. A high minimum price was established, competitive bidding was encouraged and every facility was provided for large purchases by speculators and land companies who, it was assumed, would be intermediaries between the government and actual settlers. Squatting on government land was forbidden and the law rigorously enforced. At the outset, too, the Government decided to share its land with the states by making them grants for the support of common schools. Once this practice had been established, it was easy to carry through grants for roads, canals, universities, and land grant colleges. Altogether an area twice as large as France was conveyed to the 30 public land states for their administration and disposal. Consequently
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over the years there developed 30 state land offices which partly duplicated the sales and settlement policies of the Federal Government. For the next half century the quest for revenue was basic to American land policies. As a general rule the Federal Government's management of its lands, bad as it was at times, was much superior to the states' management of their lands. Corruption, special privileges, mismanagement, and inefficiency were characteristic of the state systems. States that were settled early sold their land quickly, but the states of the High Plains and Rocky Mountain country fortunately set unrealistic prices which attracted few buyers. In the twentieth century those states have come to appreciate their holdings and are no longer eager to sell their land. They have established rental and management controls, royalty provisions for mineral tracts and have adopted long range plans for utilizing or preserving for public enjoyment the fifty million acres they still retain. Not only did the Government share its land with the states but it also granted some 135,000,000 acres to railroads to aid them in financing construction of their lines. Thousands of immigrants purchased their 160 acre tracts from the railroads and capitalists and speculators acquired extensive holdings of railroad land which were in some instances developed into oversized bonanza farms, in other instances simply held for resale. From the railroad land grants and from the grants of the swamp lands to the states came the largest timber holdings. Most of the best and highest yielding Douglas fir land of the Weyerhaeuser Timber Company was once a part of the Northern Pacific Railroad grant. On the 1,525,000 acres which it bought from the N.P. it was estimated that there were 95 billion feet of timber. The balance of the Weyerhaeuser holdings of 3,600,000 acres also came chiefly from railroad grants. Similarly the Thomas B. Walker holdings in California— 881,000 acres in 1910—came from similar grants. The Bureau of Corporations made a study of timber land holdings in igio and found that 4 % of the coterminous area of the United States was held by 1,802 individuals and companies, much of which came from railroad and swamp land grants. In Florida the Bureau found 290 ownerships of timber land amounting to 18,949,000 acres, largely the result of the sale of swamp lands and railroad grants. As late as 1953 in the state of California 157 persons owned 5,437,000 acres of forest land between them. One of the oddest bits of legal fiction which the lawyers and judges brought off was the concept that a grant of land to a railroad was sufficiently owned by it to enable the company's promoters to mortgage the land but at the same time the land was not so fully owned
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by the railroad as to subject it to taxation until the grant had been surveyed and the costs of survey paid. In this way many millions of acres in the West escaped taxation for decades. Not only could the railroads mortgage their lands but they could sell them to settlers, collect payments on them of principal and interest for years, and not become subject to any tax liability. When the settlers were ready to make their final payment and wished title, the railroad would pay the cost of the survey, secure the patent, and convey title to the settler whose land then became taxable. By this interpretation both the railroads and the settlers on railroad land escaped taxation while settlers on adjacent homestead land might have to pay taxes from the date they occupied the land and/or filed their intention to homestead upon it. The consequence of federal and state land policies and of the railroad land grants was that much of the public lands and frequently the best were acquired by speculators at the outset. Huge holdings were established by individuals and groups of capitalists. In the 1830's scores of land companies were organized to acquire promising land suitable for cotton growing in Mississippi and Alabama, and in the 1850's extensive purchases were made of prairie land in Illinois and Iowa. Approximately 29,000,000 acres were acquired by such groups in the 30's and perhaps 50,000,000 acres in the 50's. Generally, although not always, these acquisitions included a high proportion of very good land. Some of these investors hoped for a speedy turnover of their capital and had no intention of making any improvements on their land, while others contemplated building up large estates operated by tenants in the old world manner. Most of them erred in not retaining sufficient capital either to carry their investments until market conditions enabled them to sell at a profit or to develop their lands to yield an income. Some of these landowners allowed their holdings to become tax delinquent and their titles involved in costly litigation. In many instances they had to liquidate their investments hastily. Other speculators, however, succeeded in profiting largely as a result of the rapidly appreciating land values in the developing American West. Numerous present-day large holdings of prairie land originated in these early land acquisitions of the 1830's and 1850's and have now passed to the third generation. Owners of five, ten, or twenty farms may live in nearby towns and give some supervision to their tenants, or they may leave responsibility to the farm management agencies which abound in the areas or to the prairie banks, which all have farm management branches. Though we have seen that social position and status in America has not been dependent on or related to land ownership yet in the
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Middle West, particularly in the richest and most highly commercialized rural areas in the central prairie counties of Illinois it has become fashionable for men of means in Chicago, St. Louis, and other midwestern cities who have made their money in finance, insurance, railroads or manufacturing, to invest part of their wealth in farm properties. Newcomers have thus been added to the third generation landlord families. Arthur Moore wrote in 1946 that eight out of ten men at a Rotary luncheon in Bloomington, Illinois, in the heart of the Corn Belt, were likely to own farms and to be talking about their yields of com or soybeans, their purebred stock or their feeder cattler brought in from the plains. Even such distinguished politicians and world figures as Thomas E. Dewey in New York and ex-president Dwight D. Eisenhower who seem never to have cherished a desire for farming, found it proper to invest in their later years in farm property which they stocked with purebred cattle. The Federal Government's policy of selling land in unlimited amounts not only permitted large tenant — operated estates to come into existence, but also permitted speculating capitalists to intrude between the government and actual settlers looking for land to buy and to profit at their expense. Critics of this system pointed out that it raised the cost of farm making to the actual settler, often forced him heavily into debt, made his tenure less secure, dispersed population widely, and delayed the coming of schools, roads, country government, churches and transportation facilities. When these amenities were obtained, the value of everyone's land was increased, but it was the actual settlers, whose improved farms were more heavily taxed than the unimproved holdings of speculators, who had contributed the greater share of their cost. In some instances it is true, speculators contributed to the development of an area by opening roads, advertising for settlers, helping to promote railroad companies as did the Holland Land Co. and the Land Grant Railroads, but too often speculator capitalists did nothing but sit back and wait for the labor of others and the pressure of population to increase land values. It was the retarding effect of the speculator upon western development that led George Henry Evans, Horace Greeley and other land reformers to demand that government land no longer be sold without limit to speculators, but be reserved for actual settlers and granted to them freely as had been the practice during the colonial period. The reformers argued that wild land on the frontier had no value until settlers had cleared the forest or broken the prairie, and contributed through required road-work and taxes to the cost of constructing roads and other improvements. Greeley not only favored free grants to actual settlers but also wanted to make the
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grants inalienable to prevent their being acquired by investors and land companies. Sympathy for the hardships suffered by the frontiersmen and diminishing need for revenue led the Federal Government gradually to liberalize the land system by a series of steps which culminated in the Homestead Act of 1862. A free grant of 160 acres then became available to every person who would develop it over a period of five years. The inalienability clause that Greeley had favored was not written into the Homestead Act and, as he had feared, the act proved susceptible of gross abuse. Through the use of dummy entrymen, commercial interests acquired much of the best timber, mineral, grazing and irrigable land and valuable hydroelectric sites also. Unhappily, too, the Homestead Law was not enacted until after the best arable lands in the Corn Belt and Cotton Belt had passed into private hands, and consequently it was not to prove of benefit to farm makers in these areas save as it offered those who were not succeeding in their struggle to own their farms an opportunity to try anew further West in the Great Plains. Furthermore, this law, which was intended to help the landless farmer was added to a land system, many features of which still worked to the advantage of men of capital. No important restrictions on the acquisitions of land at the government sales were imposed until 1889. Large cattle interests, mining companies and timber barons could still buy land without limitation in many parts of the West and in those areas where no new land was being offered for sale but was open only to homestead, they could and did employ hundreds of people who filed entries under the Homestead Act, commuted them to cash entries which gave them title in six months, and then transferred their title to their employers. In this way large holdings of land continued to be formed after 1862 as before, notwithstanding the attempts to limit unrestricted sales and the increased emphasis upon homesteading as a means to ownership. A third occasion when the growing concentration of land ownership aroused public hostility was during the years 1879-1890 when English and Scotch capitalists were investing heavily in ranch land and establishing great cattle companies. At the height of the excitement, when profits from such investments were reputed to be as high as 20 % a year, the total capitalization of these foreign companies was some $ 37,000,000 and well over 5,000,000 acres were acquired by them in Texas, Colorado, Wyoming, Montana and other range states. At the same time a well known Irish landlord, who had long been pilloried by his tenants and by other landlords and even by the London Times for excessive rack renting, was transferring his invest-
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ments to America. He eventually acquired 193,000 acres of rich farm land in Illinois, Kansas, Nebraska and Missouri. More than a thousand tenants farmed this extensive acreage. William A. Scully required his tenants to make their own improvements which they owned and could sell to successor tenants with the permission of the landlord. In consequence, the tenant improvements were little better than shacks or hovels and, as the tenants were required to pay the taxes they did their utmost to defeat proposals for better schools, roads and other local enterprises. The wretched improvements and retarded social facilities gave the regions where the lands were located a bad reputation and let to their being called Scully's slums and property owners of the neighborhood were highly critical of Scully's system of renting and the treatment he meted out to his tenants. Criticism of Scully's treatment of his tenants and of his huge land purchases reached its high point at the same time that people in the principal grazing states were becoming disturbed at the land grabbing of the English and Scotch cattle companies and the fact that they had enclosed, within their barbed wire fences, large areas of public land from which they were barring homesteaders. Led by the Chicago Tribune and by papers throughout the West, a concerted campaign was undertaken to require that the fences around public lands should come down, and to have laws enacted to compel aliens to dispose of their holdings and to ban further acquisitions by such persons. As a result ten states adopted antialien ownership laws but could only make them apply prospectively. Also, the Federal Government adopted a similar measure that would apply in the territories. Though some supporters of the measures hoped that they would apply retrospectively, it is doubtful whether they could have been enacted in that form. In actual practice the measures had little effect in changing ownership. These facts should not be interpreted to mean that the Homestead Law was a failure or insignificant in its effect on the land pattern. In certain areas it did create a democratic land pattern of small farms. It was influential in drawing to the West tenants from the older settled areas of the East who had failed to move up to ownership status, disillusioned farmers from the hill country of the Northeast, and peasant farmers from Europe, and it made it possible for tens of thousands of them to become farm owners. A more democratic pattern of land ownership in the Great Plains, in some of the older public land states and in some parts of the Interior Basin and Rocky Mountain country was thus encouraged. A total of 369,514 homestead entries were carried to title in the area of sufficient rainfall east of the Great Plains. This does not mean that an equal number of settlers succeeded in making farms on their tracts for many were
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acting as d u m m y entrymen for others. Notwithstanding this perversion of the Homestead A c t analysis of the census data of many counties provides evidence that free grants were being transformed into farms. Altogether 1,622,000 homestead titles were patented under the original 160 acre Homestead Act of 1862, the 320 acre Enlarged Homestead Act of 1909 or the 640 acre Stock Raising Homestead Act of 1916. M o r e than double this number of entries had been filed under these acts but slightly less than 50 % were carried to patent. In the principal states where homestead functioned 976,000 farms were created between i860 and 1890 and 10,000,000 people were added to their population. A l t h o u g h the Homestead Law was not solely responsible for this spectacular growth, it played a major part in d r a w i n g attention to the area and in providing an
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for many to become farm owners. As settlers pushed farther into the Great Plains and still farther West into the Great Basin between the Rockies and the SierrasCascades, and the semi-arid valleys of the coastal states, the size of the farm or grazing unit necessary for a profitable operation increased. Congress responded by increasing the homestead unit to 320 acres and then to 640 acres. But even this enlargement proved insufficient. A l t h o u g h other than Federal land was being used to create farms—state and railroad l a n d — i f we disregard this factor we still find that it took four original homestead entries and two final entries to produce a farm as of 1920. But what were farms in 1920 m a y only be fractions of farms in i960 because the technological revolution on the farm and ranch requires greater quantities of capital and larger units of land to justify the use of the great tractor drawn or self propelled soil preparing, planting and harvesting machines presently employed. In the states where homesteading last existed, the average size of farms and ranches has increased in the past forty years between three and four hundred percent. Elsewhere the increase is less marked but for the entire country the average size has more than doubled. Conversely the number of farms has diminished during these forty years by just one half, though the acreage in farms has somewhat increased. While the population of the country increased from 122 million in 1920 to 179 million in i960, the number of farms partly or fully owned by the operators dropped from 3,926,000 to 2,940,000. T h u s fewer and fewer were owning more and more. A final factor in facilitating the growing concentration of ownership o f farm land has been the crop control program in operation in the United States for most of the time since 1933. Unmarketable surpluses o f wheat, cotton, corn and other staples induced the Government
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to adopt an intricate series of measures and policies to bolster commodity prices and reduce surpluses. Among the devices was the allotment policy by which farms were assigned definite acreages to be planted in cotton, wheat or tobacco. The farmers' response to acreage reduction has been to select their best land for these crops, prepare the soil most carefully, use heavy applications of fertilizer, top dress with liquid nitrogen when the crops were well along, and apply chemical weed destroyers. The result has been that the output per acre has increased sharply. Further reduction of allotments threatened to reduce the acreage in these crops to a point where the big tractor drawn plows and other machines could not be profitably used. A solution that many farmers came to was to buy their neighbor's property with its allotment and thus bring their total allotment to the desired size. The acreage allotments of the crop control program, combined with the technological developments in agriculture, have brought about a rapid increase in the size of farms and the disappearance of three million farms through consolidation. One investigator found that, by 1959, 3.7 % of the farms of the country contained 49 % of all the land in farms. It takes no prophet to say that the day of the small farmer is rapidly passing. By 1957 the huge payments to capitalist farmers whose holdings ran to many thousands of acres became a national scandal. The $ 1,900,000 commodity loan to the Delta and Pine Land Company, the I 354,000 to the Leo Horrigan Farms to enable them to withhold their crops from market, the $ 209,000 paid to Jack Harris for not planting cotton on a portion of his 25,000 acre holding in Arizona and the $ 278,000 paid the Garvey Farms in Kansas for not sowing wheat on 22,779 acres created much resentment against the Republican farm program. It seemed to many that the control program was rapidly accelerating the disappearance of the small farmer and contributing largely to the profits of the big individual and corporate holding. Another Government development that has drastically changed land values and encouraged concentration of ownership has been the construction by Government of giant levees on the banks of middle western and southern rivers to keep out the flood waters of the spring runoff. The levees have made possible the transformation of low lying and perennially flooded areas of little value into the richest cotton, rice and cane producing land in the South, all with little or no cost to the owners. It is in the levee — protected region of the Delta of Mississippi that one of the largest foreign ownerships of agricultural land—38,000 acres—is to be found. The four principal states benefiting from this levee construction had in 1959 se
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2,581 farms of more than 2,000 acres and 109 of more than 10,000 acres. Farms in excess of 3,000 acres
STATE
Alabama Arkansas Louisiana Mississippi
N o . O F FARMS O V E R 2,000 ACRES
733 526 562 760
ACRES
2»955,763 1,911,108 2,550,611 2,847,077
No.
OF FARMS O V E R 10,000
30 '7 39 23
ACRES
ACRES
520,206 249,652 724,682 421,800
Such concentration of ownership was made possible by the lavish way the Federal Government gave away what seemed to be comparatively worthless swamp land to the states which in turn conveyed it to land companies, speculators and influential politicians on the understanding that they would drain the land, which they failed to do. Finally, the Government was persuaded to build the levees and to provide a great boon to the landowners whose holdings acquired high value. In the nineteenth century private ownership of land or other property was regarded as preferable to public ownership because when land was on the tax roll it contributed its share to the cost of local government and the spread of the social amenities. Conveyances to private owners were therefore invariably welcomed and any legislation that might have slowed down the transfer of the public domain to private hands was frowned upon. However, before the Federal Government had parted with the last of its valuable mineral, timber and grazing land, forward looking Americans began to realize that under private ownership the natural resources were being utilized in an improvident and destructive manner. In many farming areas careless methods of tillage had permitted the draining away of the priceless top soil and produced abandoned farms while in other areas forest cutting had hastened the spring runoff on major watersheds and had caused disastrous floods which had taken a heavy toll of life and property. The coal, copper and oil resources of the nation were likewise being exploited at a rapid rate and it was then feared they soon would be exhausted. Americans began to wonder whether it would not be wise to stop what Charles Beard called the Great American Barbecue—that is, the process of giving away the public lands. As the urban population grew, the nation developed a new appreciation of the value of its natural beauty spots on the moun-
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tains or at the seashore and to wish that they could be preserved for public enjoyment. The result was steadily increasing public support for conservation of the natural resources. At first a few areas of superlative natural beauty such as the canyons, mountains, hot springs, geysers of Yellowstone, the exquisite Yosemite with its spectacular waterfall, its Half Dome and its giant sequoias, and the Grand Canyon of the Colorado were set aside as National Parks. Then came the National Forest Reservation Act of 1891 which granted to the President authority to withdraw from public land status forest land on the watersheds of major streams. Over a hundred million acres of valuable Douglas Fir, lodgepole pine and spruce were by this act made areas in which commercial cutting would be permitted only under rigid Government controls designed to assure the best possible use of the land and its timber and the maintenance of effective reforestation plans. Very late Americans woke up to the fact that most of their great water power sites had also passed to private owners who erected their hydroelectric dams without regard to the natural beauty of the region and who drew substantial profits from public resources they had acquired cheaply. Since 1920 the remaining sites in national ownership have either been withheld for public use or granted for private development only subject to various controls. By 1934 the country had come to realize how much priceless top soil was annually being lost by wind and water erosion and the extent to which the public western ranges were being ruined by over grazing. Congress was then finally persuaded to set aside, in Government managed grazing districts, all the remaining public lands of any value. They were to be used thereafter only under strict controls to prevent careless grazing, the silting of the reservoirs and irrigation ditches, and the damaging floods that sometimes occurred in the Far West. Between 1872 and 1933 Americans had moved far from the view so long and so widely held that private ownership was invariably preferable to public. Indeed advocates of the superiority of private ownership and exploitation of the forests, minerals, and water power were on the defensive and it seemed for a time that the Government might go so far as to establish careful controls on the use of resources already in private hands. Fortunately, owners of great aggregations of forest land began to realize that their destructive cutting of timber, heedless waste, failure to protect standing timber from fire and disease, and to restock cut-over lands were both bad business and almost certain to bring upon them additional Government controls unless ended. Within a generation, private ownership has gone far in instituting many of the practices being followed on the National Forests and
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the demand for further acquisition of forest lands by the Government has subsided. But the accelerated growth of population that set in during World W a r I I and the rise in consumers' income and increased time for recreation have created an ever growing movement of urban masses to the mountains, lakes, seashore and forests and an awareness that the public resources are inadequate for this and future generations. Fostered by the Kennedy administration and its Secretary of the Interior, Stewart Udall, and supported by a variety of wild life enthusiasts, the demand for enlargement of the areas in state and Federal parks has either created or seems on the verge of success in adding, large areas of the Redwood country of Northern California, the Point Reyes Seashore, likewise in California, portions of Cape Cod and the Dunes of Indiana as National Parks. A t the same time areas within the National Forests are being set aside to be kept forever wild in their natural state, not subject to commercial cutting. Maintenance by the Federal Government of the last of its precious resources and indeed the repurchase of parts long since passed into private ownership has thus become the current national policy. Though but 24 % of the area of the United States (excluding Alaska) remain today in Federal ownership (28 % if state owned lands are included), and though there are included in this percentage large areas of mountain and desert country of little value there still remain in public ownership notably rich areas such as the rain forest of the Olympic peninsula of Washington, the rich Douglas fir country of Oregon which possesses some 60 billion board feet of timber, valuable sugar pine holdings in the Sierras, shale oil deposits of tremendous size that at present it does not hope to exploit, and numerous other valuable or potentially valuable resources. Three occasions in which the United States attempted to compel large holders of land to disgorge their possessions have already been mentioned. A fourth attempt was made when the Newlands Reclamation Act of 1902 was adopted. Like the National Forest Reservation Act of 1891, this measure was a step away from the view so widely held that private ownership of natural resources was superior to public ownership. Numerous efforts to construct reservoirs and ditches to irrigate arid but potentially productive land had not worked well and there seemed little likelihood that much future progress could be made without government aid. Consequently, the West reluctantly concluded that the Government should make such improvements. In 1902 advocates of Federal development of the water resources of the West linked up with supporters of the small single family farm concept to write into law the Newlands Reclamation Act which provided that the income from the sale and leasing of public lands should
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go into a revolving fund for the construction of dams, reservoirs and ditches to provide water for irrigation. Remaining public land benefited by such development was to be made available in small allotments to farmers and the excess lands of water users (privately owned and over 160 acres) were to be sold to ensure a pattern of small ownerships. Once adopted, the Newlands Act led the western states to press for more and more appropriations, and billions of dollars have been spent in building giant dams and huge reservoirs that provide water for several million acres of land now producing enormous quantities of citrus fruits, vegetables, sugar beets and alfalfa. The Government has been reluctant to resort to the excess lands provision of the Acts, and the dream of its supporters that it would compel the breakup of the large agricultural holdings has thus far not been fulfilled. The last occasion when consideration was given to' a proposal to democratize the ownership of land in the United States was during the Great Depression when farmers' equities were threatened, foreclosures were numerous, and the number of farm tenants was growing at an alarming rate. Never since the late 1870's were so many people threatened with the loss of all their savings in homes and farms. Yet in the midst of such threatening circumstances Americans were amazingly quiescent. The more vocal contented themselves with calling for the defeat of Herbert Hoover and the election of the candidate with the most aristocratic background who, however, proposed mild reform. True, some farmers driven to desperation by their fears conducted milk strikes, and others, by organized force, delayed the courts in carrying out foreclosure actions, but these were scattered and not serious threats. They did contribute to the education of Franklin D. Roosevelt and of the men he brought into the new administration. T o improve farmers' incomes and rid the country of unsaleable surpluses of food and fiber crops the New Deal set in motion a crop control program which as has been seen gave higher prices and relief to the larger landowners but at the same time accelerated the movement for the elimination of inefficient and small scale farmers from the land, especially marginal land. Attention was directed to the plight of the landless and dispossessed and tenant farmers. Hesitantly, steps were taken to aid tenants and landless farmers to purchase land for farms with Government aid. Unfortunately, the Bourbon Democracy of the South which had little sympathy with land reform and no desire to aid Negroes gain ownership was able to curtail and finally to halt the Farm Tenant purchase program before much if any progress had been made. Again America had turned its back upon efforts that might have brought about a more democratic pattern of land ownership.
THE SOCIAL DISTRIBUTION OF LANDED PROPERTY IN POLAND FROM THE 16th TO THE 18th CENTURY* by Antoni
MACJZAK
(Warsaw)
i. This problem has not been, as a whole, subject to much discussion, although Polish historians sometimes count it as a crucial question of early modern times in its political as well as economic consequences. About three-fourths to four-fifths of the population lived in the country; the share of national wealth in the hands of traditional non-urban groups was probably even greater. Any shift in the mutual relations of various groups of land owners must have altered profoundly the national economy. In this paper, I shall touch upon two main questions: the distribution of landed property among the estates and its legal conditions and economic effects, rind the dynamics of the distribution of wealth among the gentry.1 * Broader argument with more material and fiill notes will be published in Jahrbuch fur WirtschaftsgcschkhU (Berlin), in German. i. Terminology raises grave problems, which are by no means formal. Was in fact social stratification of nobility in various countries comparable ? I think it was but the question cannot be discussed here. By "the gentry" I understand a stratum of nobility consisting of landowners having one or some villages each. An upper stratum, the magnates, played in a sense the role of aristocracy which formally did not exist in Poland. The group monopolizing "senatorial offices" and seats in the Upper House (the Senate) was supplemented by the rising members of the gentry. At the opposite pole were petty squires, i.e. land-owners sharing village or even tilling their own lands without serfs.
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A word must be said, too, about changes in the lord-peasant relations in connection with the distribution of land. During the period discussed here, the right to own land was socially restricted and remained in fact the fundamental privilege of the nobility. With one local exception (Royal Prussia), commoners were excluded and confined to the lands granted to cities and boroughs by royal charters. Four principal groups of land owners should be treated separately: the Crown, the Church, towns and townspeople, and the nobility. 2. Developed during the Middle Ages, in the 16th century Church estates were not subjected to dissolution. The problem was not even seriously discussed although anti-clerical feelings were strong enough among the gentry. About the middle of the 16th century, Protestant gentry appropriated the endowments of many a parochial church, but no important institution of the Roman Catholic Church was seriously damaged. The bulk of its property remained untouched. It consisted of estates belonging to bishops and chapters or to monasteries. The size of the property of the regular clergy remained fairly stable from the late Middle Ages: The Archbishop of Gnieznos estate of three hundred villages remained virtually unchanged from the beginning of the 16th century. Another thirty four villages were settled. The Bishops of PoznaA (10 boroughs and 131 villages at the beginning of the 16th Century) were able to get or buy from lay owners only five villages and to gain one more by exchange (fifteen new ones were settled). Nothing suggests that other bishops or chapters considerably increased their possessions. The only exception was the See of Warmia. The Bishops of Warmia, availing themselves of seignorial authority over numerous noblemen, succeeded in dispossessing them by legal methods. It was the wealth of religious orders that grew dramatically. The ultimate victory of Rome was attested by innumerable pious foundations and grants. The division of ecclesiastical property by regions was uneven. It oscillated between 5-6 per cent (voivodships,—i.e. counties,—of Kalisz and Poznaii, 1571) to 21 (voivodship of Brzese Kujawski at about the same time) and 28 per cent in the voivodship of Cracow (1629). These percentages are calculated in terms of taxable peasant land; measurement by the number of villages would have resulted in a smaller figure (for Cracow a little below 24 per cent). The share in arable was most probably in-between. 3. In marked contrast to ecclesiastical, particularly monastic estates, royal property in the modern period continued to shrink. The Statute of King Alexander (1504) had restricted the royal right to give, sell, or mortgage royal domains, but chronic scarcity of money compelled his successor, Sigismuhd I (1506-1548), to
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continue the policy of his brother although on a somewhat smaller scale. Royal estates were the chief security of loans. In Western Europe, where money was lent mostly by merchants and bankers, creditors used to take over as security royal revenue—customs or taxes. In Poland, however, noble creditors as well as a few rich merchants-bankers made the most of the opportunity to secure royal estates. Consequently not only did state revenue diminish but royal property tended to dwindle away. A programme of restoration of Royal estates which had been lost from the late 14th century was moved by the gentry, and was at first strongly opposed not only by magnates but by the K i n g himself, closely connected with and dependent on influential senatorial families. However, when K i n g Sigismund Augustus decided to change his political allies, the so called "Executio bonorum regalium" could at last be decreed although on a limited scale,— confined to estates lost since 1504—and Parliament went over the charters and titles of property. T h e results of the "execution" have not yet been studied in detail. It seems most probable not only that some illegal appropriations came to light but that in general, the dwindling of royal property stopped or much slackened. Succesful in that respect, the reform failed completely as a blow given to the magnates. Leaders of the House of Deputies and the whole Lower House in general aimed at the political weakening of magnates entrenched in the Senate—Upper House, originally Royal Council. T h e compromise reached by the "Sejm" (Parliament) in 1563/64 left the great majority of estates once appropriated in the hands of their lessees for life. W h a t seems more important, the social composition of the group of Royal stewards—lessees (Lat.-capitanei)—did not change at all after that time. Let us take a well documented example of the Royal estates in Royal Prussia. A full list of their lessees does not show any change: as before the estates were transferred for the most part into the hands of relations. In an extreme case the family Dzialynski controlled the estate (capitaneatus) of Bratian for one hundred and seventy eight years (1536-1714) only to hand it down as an informal dowry. Other royal estates changed hands rather more often; the principle however remained the same. T h e rich estate of Czluch6w between 1526 and 1772 was sixteen times handed over to relations or transferred to them by way of a private informal contract later executed by the K i n g ; it was transferred only four times to strangers. For Nowe, that ratio of strangers to relations amounted to 13:3, in Gniew 10:4, in Mirach6w 7:3. Only one capitaneatus shows inverse figures: Grudziadz—8:11. It seems therefore reasonable to treat royal domains as a supplementary but indeed a very important source of wealth of the magnates.
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The act of "execution" laid down the principle that only one-fifth of the return should constitute steward's profit. Still it seems most significant that later on Royal stewards violently opposed any revaluation of estates. They even preferred to consent to a multiplication of the quota paid. The share of royal property, like the share of ecclesiastical property varied according to regions. Largest in Royal Prussia, once belonging to the Teutonic Order: where it was 32 per cent of villages or 49 per cent of taxable peasant land in the fifteen-seventies, it constituted a trifling proportion in some parts of Mazovia. About ten to fifteen per cent would be acceptable as a rough but safe average. Its importance may be appreciated only in a broader context of the social distribution of wealth among the nobility. 4. As previously stated, townspeople were entitled to purchase and own land only within narrow limits conceded by borough charters. In Royal Prussia, however, fifteenth century royal grants, a result of previous heavy borrowing, raised the share of cities and boroughs to a respectable eleven per cent, a phenomenon of enormous social and economic importance, which cannot be described here in detail. We shall return to it when discussing the dynamics of noble ownership. 5. The landed property of the nobles took various forms: small landholdings—about five to twenty ha—tilled by the owner himself, small manors 1 (mostly two to four in a village) consisting of petty demesne and a few villain holdings, substantial single manors—mostly about sixty to hundred hectares of demesne land with adequate (or inadequate) provision of peasant land and servile labour force—,and lastly, larger estates with demesne land in every third or fourth village possessed. Which were the principal trends in the distribution of landed wealth among the nobility ? Usually one mentions the concentration, of landed property. Unfortunately the very notion of concentration, so much discussed by economists and statisticians, is used by historians in the rather crude sense of accumulating more and more land in the hands of a wealthy minority. I shall return later to some weaknesses of such a conception, nevertheless the part played by big landed property grew beyond doubt. The process may be followed even from the 13th century; in a sense it formed the economic basis of structural change in the Polish society and politics. It would be impossible to trace here the beginnings of the small feudal land tenure in Poland. Its origins are still the matter of 1. By manor I understand here a complex of property, a demesne as well as appartenances and peasants' farms. It should not be confused with the village.
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ardent discussion among Polish historians. Simple knights as well as landlords played their role in the intensive internal colonization from the 13th century onwards. But just after the first stage of settling and clearing the soil one can observe the disappearance of small properties, which were bought up by the wealthier landlords. The phenomenon was most spectacular in the East of Poland, so let us reflect a little on the importance of the Eastern borderlands in Polish economy of the time. Preindustrial Poland presents a pure case of expansionistic development in Mr. B.F. Hoselitz's sense of the word. Although neither the Eastern frontier of Poland nor that of the Great Dukedom of Lithuania (then in union with Poland) was open in the political sense for the most part of the times discussed, the Ukraine as well sis the Ruthenian parts of the Great Dukedom were still very sparsely populated and offered a rich field to noble explorers. This circumstance strongly influenced the whole country. In this respect two phenomena attracted the attention of Polish historians: serfs running away, mostly from Little Poland, and the latifundia established in the East and SouthEast of the country. But almost eighty years ago it was observed that the buying up of small and middle size estates should be connected with the extreme difficulty the gentry felt in coping with the changing world. In marked contrast to the landlords, the smaller owners were not able to settle new tenants giving them some ten or more years free of rent. Many a squire had to sell his land and to settle down in the Eastern bordelands. The observation fits well the fifteenth as well as later centuries. But let us begin with more quantitative data. Earlier studies of the problem concentrated upon important noble families and rather upon the size of their estates than the way they were built up. Recent research, while embracing the whole question of the distribution of landed property, is usually done on the rather limited scale of a voivodship or even of a district. The principal trouble is that the economic and political importance of a magnate largely extended beyond this narrow scope. His estates were usually dispersed in some, perhaps as many as a score, of districts, so that estimates of the distribution of landed property according to size mostly undervalue the part played by the highest social strata. There are three principal means of measuring the dynamics of the distribution of landed property. One may (a) trace the development of individual estates, as a rule only large ones; (b) follow and balance the summary result of numerous transactions of sale and purchase; or (c) compare the general structure of landed property in various periods. The first method may usefully be used only in specific cases, parti-
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cularly in the case of those estates whose muniment rooms have resisted the storms of the times. As a matter of fact, the only case known in almost every detail is the rise of the enormous fortune of the Chancellor Jan Zamoyski (died 1605). This is a really extreme case. Zamoyski was born to a well-to-do but certainly not distinguished family possessing a few villages. Making a dizzy political carreer, he was able to multiply his personal fortune from four (in 1572) to about two hundred villages and eleven boroughs. He was entrusted for life with twelve boroughs and over six hundred royal villages, amounting altogether to about 17400 square kilometers (about 6700 square miles). Beyond doubt the income drawn from royal estates enabled him to purchase more real estate. His wealth grew step by step by buying up or exchange of manors, villages, or even single plots of land. "From these things used to be large ones, too", Zamoyski wrote once to a friend: "when parvum paroo additur". He began with rounding off his native estate by purchase of the remaining parts of neighbouring villages. After 1588 he was able to buy some larger pieces of fifteen or more villages. With a good heart he took over real estates heavily mortgaged, paid back debts or carried them over to other estates. As a virtual exception, by an act of Parliament he was granted two royal estates which he had well deserved by thoroughly defeating the Habsburg pretender to the Polish throne. In 1589 by another act of Parliament he was permitted to create a fidei commissum. That was not the first one in Poland but the first entirely succesful one. The rate of growth of the Chancellor's wealth was exceptional, but the technique of its accumulation seems rather typical. Let us consider another rising nobleman of the time: Sebastian Lubomirski. According to land-tax returns of 1581 he owned in the voivodship of Cracow only four whole villages with parts of two other; he also leased some other land. He was the first Lubomirski to be granted a senatorial office, 1 but the very fountainhead of wealth proved to be the lease of a salt-mine conceded by the King. As one of the very few Polish magnates he won the hereditary title of count from the Emperor. Nearly a half century later his son, already Prince Stanislaw, enjoyed possession of ninety-one villages and one borough in the voivodship of Cracow, together with twenty-three villages and two boroughs administered there on behalf of the King. The next fifty years brought only small additions as a result of many donations to lay people as well as of many sumptuous foundations of monasteries. Eleven villages noted in tax-returns of sixteen-fifties as belonging to Stanislaw Lubormiski, were a little earlier noted as Royal property. 1. See note 1.
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Ninety-one villages mentioned in 1629 belonged in 1581 to fortythree different gentlemen. The Promised Land of Polish landlords was however the East. Prince Konstanty Ostrogski (1527-1608) who passed for the richest man in Poland had in the voivodship of Cracow eighty villages (1581), but he was reputed to have on the whole,—together with leases—one thousand and three hundred villages and about one hundred boroughs and castles. The jidei commissum founded in 16081618 was composed of twenty four boroughs and five hundred and ninety-three villages, besides numerous real estates in Cracow and Warsaw. We are not able to measure the number of villages of another rising magnate—-Jeremi Wiiniowiecki. After all a village would not be a suitable unit in these fresh and sparse settlements. According to the estate inventories Prince Wiiniowiecki in 1630 counted on the left bank of the Dnieper 616 hearths (about 4 600 subjects); seventeen years later, on the eve of the famous uprising of Cossacks, the figure was 38 460 hearths (about two hundred and thirty thousands sujects)! The growth of large estates at the expense of smaller ones can be watched through the very numerous transactions registered in the notarial records during important fairs. These were mass-rallies of the nobility in some principal cities. The so called kontrakty (i.e. contracts) in Lw6w have been made the subject of some Ph. D. theses. Let us take a sample most thoroughly investigated, that of the years 1676-1686. During this time magnates bought in all 204 real estates—i.e. whole villages or lesser units,—but sold 143, of which 99 went to other magnates. The gentry won nothing from magnates and ceded 39 estates. The loss was partly recovered by favourable transactions with petty squires: the gentry gained thirty-three while parting with only seven small estates. It should be mentioned, however that the magnates as well as the gentry, on a somewhat minor scale, gained over fifty estates from the Church, whose substance diminished by forty-four estates, i.e. villages or less. By taking into account credit transactions one can investigate the reverse. The volume of transactions (credit transactions as well as sale-purchase) exceeded 19 million zl. (Polish florins). Petty gentry were concerned with only 65 000. Transactions among magnates and among gentry reached about 6.3 million for each group. Each group developed strong internal ties. Even petty gentry sold to or borrowed from one another for 34 000 while being connected with the gentry for a total of less than 30 000 zl. There was one characteristic exception, however: magnates borrowed from other
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magnates only 32 per cent of their total borrowings, while, on the other hand, a lion's share of money lent by them was distributed among other magnates. A n impressive amount of about 6.1 million was transferred by means of cession, sale and borrowing from gentry to magnates. The latter lent or paid only about 600 thousand. That supports the thesis that magnates become, in the second half of the 17th century, regular bankers of the gentry. The gentry furnished 59 per cent of money lent by magnates. A closer study would have to take into account the terms on which credit was given. Magnates usually paid interest in ready money. They took an estate and often kept the capital, only paying to the seller the interest agreed to. Lower strata of the noble society had to borrow hard; in particular petty squires could hardly get credit without mortgage or pledge. Other kinds of sources, e. g. poll-tax returns as well as literary sources show the other face of the phenomenon: squires once owners of their land, from the middle of the century reduced to lessees; retainers and hangers-on growing in number, serving, fighting, duelling and voting according to the wish and desire of their lord and sometimes simple tools of his local politics. The third method mentioned above gives a fragmentary picture as well, but seems to portray better the scope and quantitative results of the change. One can hardly stress sufficiently the regional diversity of the development, but its general course is clear. We still have to use "the village" as the basic unit. It has served us well when only large fortunes were compared. It seems not so useful a unit in the study of estates of diverse size, but the only issue is to appreciate its weaknesses. We do not know the true area of most real estates. According to the Statute of 1374 the demesne land,—defined as the land tilled by the lord's oxen,—was free of tax. Consequently it was not to be measured by the tax receivers. Recent research has proved that the ratio of demesne to peasant land was roughly inverse to the size of an estate. So that when an estate is measured in taxable hides {lanei about seventeen to over twenty ha) the larger estates are overestimated in relation to the smaller ones. This should be stressed with respect to woods, too. Woodland was by no means unproductive as a source of income, and large estates were usually richly provided with it. But even the basic small units—the hide or peasant holding—are less uniform and secure than appears at the first sight. Peasants were, in the opinion of the time, notorious encroachers who used to clear bush and woodland and to hide artfully the increase of arable. But let us not push argument too far. That would lead us to replace an imperfect but real unit of area by an—in given conditions—artificial and obscure unit of value. It will be sufficient to remember,—sum-
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ming up all the reservations made—that the untaxable demesne land played a greater role in smaller estates and that average number of peasant taxable hides was usually greater in larger estates; that however applies especially to Royal and Church estates. Statistical populations one can actually compare are not numerous: few administrative units as yet have been studied and the number of estates that each of them contained was not great. On the other hand we have mostly to do not with restricted samples but with almost complete data—from eighty per cent at worst. Three principal chronological cross-sections may be studied: (a) about 1580, (b) sixteen-sixties, (c) seventeen-eighties. Sometimes it makes however a great difference if we have to do with tax returns relating to a pre-war period—e. g. the sixteen-fifties—or to a post-war one, so even small chronological differences should be cautiously studied. The results show a very differentiated pattern of changes. One cannot reduce them all to a common denominator. Let us take the data for the earliest period. In the district of Lublin (Little Poland on the Middle Vistula) a steady rise of the big property is clearly visible. One should note the sharp decline of middle size estates in the first period studied. In general it may be observed that the most important phenomena,—the rise of the biggest landlords and the decline of gentry formerly most important as a group had already been accomplished before the middle of the 17th century. Another district,—Wielun, on the Silesian frontier—leaves similar impressions. More detailed data give a clearer idea about the average estate. I would not stress the fact that the average estate of the third class rose; it seems more important that the smallest ones declined in size. We shall be able to follow that on other examples. In general it was not so much the average size of big estates that rose but their number. In the voivodship of Cracow we have to consider a much larger administrative unit: about 1300 villages belonging to the nobility. Here, too, the number of big owners—over ten villages each—rose while their average wealth remained fairy stable. But is was an average of very dispersed figures: let us recall the ninety-one-village possession of Lubomirski and the eighty-village estate of Ostrogski. At the lower end of the social ladder we can notice the number of petty squires increasing by eleven per cent, and the average size of their possessions strongly diminishing—from 0,92 village to 0.25 on the average. The axis of the change consisted of middle size estates (2 to 4 villages), whose relative position as well as average size did not change. A similar but less marked development can be read in figures concerning the voivodship of Leczyca (central Poland, belonging to
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Great Poland). The percentage of villages belonging to petty squires decreased in two hundred years from 32.2 to 14.4. The number of owners in this class decreased much less. Consequently where there had previously been five squires, at the end of the 18th century one might expect to find eight. But already the two-village-squires class showed a marked increase. Here, too, it is the number of bigger land owners that grows, not their average wealth,—2.98 villages to 3.34. A remote district that, of Nakke on the ancient Great PolishPomeranian border, was the scene of a remarkable change. Circa 1580 only 9.5 per cent of estates exceeded 20 taxable lanei, constituting 48.5 per cent of the taxable peasant land, probably a little less of the arable. T w o hundred years later their share was 55.4 per cent, that of taxable land 91.1 per cent. The petty squirearchy disappeared. In general, the number of landowners shrank dramatically: at one time 105, later they counted only 45. The average size of estate rose from 17.5 lanei to 60.7 lanei. The last case is from Royal Prussia, the voivodship of Pomerania, on the left bank of Lower Vistula. Here big property simply did not exist —State and Church excepted. In the later 16th century, no estate reached hundred taxable lanei and there were 420 petty squires sharing 132 villages. The minutes of ecclesiastical inspectors, interested in tithes and the state of Roman Catholic parishes, as well as tax returns available for 1648, show a steady reduction of the number of petty estates and of their size. It was one-village gentry that gained. O f 155 comparable villages only 35 show an increase in the number of shares as against n o where the number of neighbouring squires diminished. Consequently the voivodship of Pomerania furnishes the only case where the middle class of the gentry increased their wealth in the 16th/17th century. But the third cross-section, that of the Prussian land inventory (1774) seems to witness quite a different trend. This source, containing an enormous quantity of information, had been long regarded as lost; now made accessible it has not yet been possible to investigate it exhaustively. Some figures seem to show a sharp increase of number of petty squires and small estates. The ratio of estates smaller than one village, to the number of divided villages,—i.e. number of petty squires in a village,—rose from 3.2 (1570) to 3.6 (1648) and 5.6 (1774). Large estates were growing but not very quickly: only eight exceeded ten villages in 1774, one reached 39 villages. Further research will bring much more material but the sparse data collected do permit us to draw some preliminary conclusions. Everywhere in the course of the two or three centuries discussed we can trace an increasing "polarization" of wealth. The number as well as the share of large estates grew. But what about small noble
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people? To appreciate the change of social structure of the gentry, in the broader sense of the word, one should not confine oneself to the landowners. There was always in modern times a group of lesser squires who could hardly live more nobiliari. "By the incessant dividing of property estates they must be led to great poverty," wrote a political writer of the time (1618), "...I know many a squire who has for tenants his relations, brother, or uncle, who had bought up their estates and now puts them to labour." Father and mother both noble was in Poland the essential condition of nobility, but it was, too, the only condition. The country was full of gentlemen whose wealth was inversely proportional to their pride and who were much concerned to behave properly, i. e. to abstain from trade—other than the grain trade—and handicrafts. In Great and Little Poland it is calculated that there were about five hides of petty noblemen without serfs on every hundred hides belonging to peasant holdings. In Mazovia, however, there were fifty-one « noble « hides and in Podlasie even seventy five. Consequently one may speak about many regions where nobility predominated in the population. Their standard of living was not so different from that of the peasant : they usually had rather less land, but they were free of many burdens oppressing the villain population. In an essay on landed property one may not overlook numerous, so to speak, "potential" landowners. I mean landless nobles. They increased in numbers and played a role as soldiers, clerks, lawyers, hangers-on. A landless noble residing in Cracow at the beginning of the 17th century was author of an extremely interesting manuscript, only now published but known from of old, entitled "Liber generationis plebeanorum". He collected over 2,300 names of people allegedly trying to sneak in to the nobility. Nobody can test today many of the accusations, but it seems most probable that he succeeded in catching red-handed many a commoner. It is a valuable suggestion that in their lower strata commoners and noblemen mingled rather more freely. If so, the phenomenon was more important in its social setting than in its economic respect. For economics and politics the most important fact was the weakening of the middle class—the gentry. In the sixteenth century this milieu brought forth a self-conscious group of political leaders, strongly opposed to the upper, senatorial group. The timing and some circumstances of their decline are unclear, although much discussed. It is generally acknowledged, however, that from the first quarter of the 17th century, the middle gentry was definitely lost as an independent political power. It may be suggested that the reasons for its i mpotence were to be found in the economic change we have just described. What were the causes of this development ? One must stress that
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the general course of economic change in Poland in modern times was highly favourable for greater landlords. That has been suggested by many scholars approaching the problem quite differently. Hypothetic terms of trade constructed by Witold Kula for diverse social groups—peasants, gentry, magnates—seem to show how advantageous was the position of the magnates. That was a consequence of a different basketful of commodities bought and of better opportunities of selling their products directly in Gdansk. One should, however, remember that these obvious advantages were partly reduced by the credit system of buying up the grain and wood produce which Gdansk merchants had brought to perfection. One may wonder if the terms so offered were as favourable as the Gdansk prices suggest. Recently Zbigniew Sadowski, in a study on the Polish money market in the first half of the 17th century, proved that even the monetary factor strongly favoured the magnates. But the fundamental factor was rooted in the very system of the Polish economy. I see it in the sphere of investments. The dominant system of agriculture provided little or no incentive to productive investment. As a rule the magnates as well as the gentry did not rent out their manors. Poland never knew "prosperous yeomen farmers." At the time, landowners disposed of primitive but cheap and at first abundant servile labour. As in colonial plantations this system of farming did not involve any great expenditure; money input used to be trifling. Expansion of direct farming was possible by enlarging demesne land at the expense of waste and/or of peasant holdings. One improved estates by building mills and digging fish ponds, but these never had any major importance. The increasing proportion of demesne land to peasant holdings was at first a profitable factor which helped to reduce disguised unemployment. But it proved to be harmful, too. Serfs laboured with their own cattle and implements and, with the growing need, some of them simply could not maintain sufficient stock. The Lord was compelled to furnish the necessary resources either directly to the manor or, more often, by lending them to his tenants. As the time went on, this ceased to be a mere exception. Again the distortion of equilibrium between demesne and peasant land was probably earlier and more acute in the case of smaller estates. The fact just stressed that farming did not require the expenditure of much money does not mean that the gentry did not need money. It suffices to look through the minutes of courts and offices to grasp the scope of borrowing. The Polish legal procedure of mortgaging—let us add—passed for very advanced. There were certainly reasons to sell land; lack of opportunity to invest in a productive form induced others to purchase it. Buying up was in fact the
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principal form of investment. Here the magnates were in a strong position and could press the gentry directly or indirectly. It may be, possibly, worth while to mention some theoretical implications deserving further study. The material discussed, albeit lacking much detail, does not seem to buttress the laws of Pare to and Gibrat which fit other cases well. (Cf. Lower Provence as shown by M. Baehrel.) It is evident that big landowners were winners. I would propose here a method of measuring distribution of property which has been used by economists and statisticians (the so called Corrado Gini curves): one counts units in each class of magnitude and measures of the classes from the smallest, in this case, part-village squires—to the biggest' e.g. over-ten-villages-magnates, on the abscissae. On the ordinates one puts in the same manner the percentage of land owned by each class. When joining points of intersection by a curve one can measure the area limited by the curve and the diagonal. Now one may get a coefficient of concentration by dividing the area just mentio-
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ned by the area of a triangle drawn by the diagonal and both axes. The whole procedure needs very little and very simple arithmetics. Its results? Sometimes they are surprising. For the voivodship of Leczyca— 16th to 18th centuries — we get about 0.39 and 0.57; for Cracow (1581 and 1629) — 0.36 and 0.67, an even greater change in a muchshortertime. For Kaklo, however, where changes in the distribution of property were strongest (1580, 1773) we get 0.55 and 0.59. Here appears a natural limit of the method: it measures only inequality and not change: a population often big landowners and another one of a thousand poor landowners can have very similar coefficients. So one should progress by means of different methods supplementing each other. But let us return to our social realities. In an essay on the English nobility Professor H. J . Habakkuk cites a pertinent view of the Hammonds: "A class which wishes to preserve its special powers and privileges has to discover some way of protecting its corporate inteConcentration curve voivodship of LECZYCA coefficient
XVI c.
= ca 0,37
c o e f f i c i e n t = ca 0.52
avIII C.
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rests from the misdemeanours and follies of individual members." One can cite material, as abundant as diverse, proving that the landowning class in Poland lacked such prudence. Even more: between the short-term or direct and the long-term interests of the Polish nobility there was an abyss. It does not mean we should define its way of doing business as "foolish;" in a special sense it was "rational," although one supposes that the margin of freedom of economic choice was rather narrow. Where villainage was strongly developed what way was left for a landowner to increase his income ? Mostly only to press his serfs harder and to multiply their labour dues. Investment by attracting new settlers was desirable but it degenerated into attracting fugitive peasants and mostly did not increase national wealth. One of the clues to the long and deep depression of the Polish economy from the beginning of the 17th century is to be seen in the division of land inside the Noble Estate. It is from that time that the internal equilibrium of landed property first showed marks of being shaken. Landlords began to worry about the state of peasants' cattle and debts but their curiosity did not bring any help to the peasantry. The "Bauernlegen" never played in Poland such an important role as in East Germany at the time; nevertheless, the most important ratio of demesne: peasant land increased dangerously. In the estates ofone-manor-gentry between x 5001580, the only period thoroughly studied, the ratio was in the average 2.3 and the deficit of the labour had to be completed by hired labour from the landless village poor. Big landowners of the 16th century were prone to foster the increase of demesne chiefly where there was some disguised unemployment and peasant holdings were small and numerous. In the early 16th century one hide had been regarded as the proper size of a holding; manuals of fanning of a later period prescribed rather a half hide. In the 18th century, one-fourth became rule. The once important stratum of rich peasants on about two hides well equipped with horses and cattle to keep their household going—• a nucleus of native yeomanry—disappeared already in the early 17th century (with the exception of some regions in ¡Royal Prussia). But these losses were not made good by a proportional increase of demesne production. After an initial growth of cereal production, during the first half of the 17th century, the dominating system of farming could not stand the double pressure from declining European prices of cereals and from declining productivity. Chains of causes and effects are complex; one could not expect Polish countryside to rebuild itself properly after the disasters of two wars (1655-60 and 1701-21). The increase |of waste was tremendous till the second half of the 18th century. It was an indirect result—and a direct as well — of the specific distribution of land.
THE SOCIAL DISTRIBUTION OF LANDED PROPERTY IN ENGLAND SINGE THE SIXTEENTH CENTURY by F . M . L . THOMPSON
( University College London)
The social distribution of land in England has been subjected to the probes of historical scholarship in two distinct phases. At the end of the last century the great concern of progressives for a wider diffusion of landownership and the creation of a massive body of English peasant proprietors led to inquiry into the circumstances of the earlier disappearance of such a body, and produced the studies of Tawney, Johnson, Gonner, Hasbach, Slater and others, all bearing on the question of the distribution of land between small owners and the rest. Then after an interval there has been a return of interest in our own generation, and under the lead once more of Tawney, in his second seminal penetration into the land, and of Habakkuk, this has produced studies by Trevor-Roper, Stone, Finch, Simpson, Joan Thirsk, Chambers, Mingay, and many others, which collectively furnish a great body of ideas and information on the subject. Although all these studies have been in some measure concerned with the causes and consequences of the distribution of land in various periods, their aims have usually been to use this approach along with others to illuminate some more general historical event or situation.
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Thus in the earlier phase of inquiry, the sympathy and conscience of historians were engaged on behalf of the sufferings and fate of the exploited class, the peasantry, whether in the sixteenth or the eighteenth centuries, and indignation was vented by ascribing these miseries to the injustices of capitalism and capitalists. In the second phase the studies of the sixteenth and early seventeenth centuries have been marked by a concern with the origins of the Civil War, and a desire to bring to bear analysis of broad economic and social movements in order to provide an explanation at a different, and to contemporaries more satisfying, level than the older constitutional and political interpretation. This purpose, legitimate enough in itself, has naturally led to emphasis on and selection of those parts of the evidence which point to the rise of the gentry, the decline of the decaying gentry, or the decline of the aristocracy, whichever is the chosen cause, with the teleological bias of showing how developments led up to the great crisis, or rather of showing how a social crisis had existed for decades before the breaking point of political and military crisis was reached. In contrast with these studies of earlier periods, which have essentially tried to establish economic causes for social and political events, studies of the eighteenth and nineteenth centuries have been less concerned with seeking explanations for shifts in power, and more with attempting to unravel the economic and social sinews and structure of the various classes connected with the land. For the economic historian, who is interested in knowing how and why the distribution of land between different classes varied over time, and what effects this had on the character and behaviour of the economy, there is an evident need to attempt a marriage between these different contributions, in the hope that its issue may be a continuous and internally consistent picture of developments over the last four centuries. 1 In the first place it is necessary to form a clear idea of the issues under discussion. T h e classes into which it is meaningful to divide landowners for the purposes of economic history are those groups whose members in general terms had in common estate size and landed income, economic function, and social position. A t any partii. This paper is largely based on the following works and a discussion of the statistics contained in them: L . STONE, The Crisis of the Aristocracy, 1558-1641. E . R E R R I D G E , " T h e movement of rent 1540-1640", Economic History Review, V I . G. E . M I N G A Y , English Landed Society in the eighteenth century. F . M . L . THOMPSON, English Landed Society in the nineteenth centuiy. Thomas WILSON, The State of England, 1600. Gregory K I N O , State and Condition of England. R. L E N N A R D , Rural England, 1086-1135. Sir Henry ELLIS, General Introduction to Domesday Book.
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cular moment any two landowners with similar-sized estates might have widely different social positions, depending on the length of their establishment as landed families and their traditions of political activity or inactivity; the difference in status between court and country, old-established and new-rising landowner could occasion differences in expenditure patterns and in management of assets. O n a broad view, however, it seems likely that the similarities in the treatment of economic resources on similar-sized estates were of more importance than the differences due to dissimilar status. Conventionally a threefold classification of landowners has been used, that of nobility, gentry, and freeholders. Certainly this classification had social validity, shown for example by the frequent use of this phraseology in the dedications of county histories and county maps. But it also ignored the criterion of estate size and wealth, in favour of that of legal status, and this disadvantage was voiced by those contemporaries, from Wilson, in the sixteenth, to Townsend in the nineteenth century who preferred to refer to the landed aristocracy, both tided and untitled. T h e Holies or Thynne families before their ennoblement in the seventeenth, the Coke or Grey families before their ennoblement in the nineteenth century, were certainly the equals in wealth and puissance of many of the then existing peerage. It is important therefore, wherever the nature of our| information allows, to talk of the great landowners, the landed aristocracy, rather than of the peerage alone, however convenient the titular rank to the historian struggling to identify his quarry. The point is of particular importance when dealing with periods miserly in their creations of new peers, such as those which preceded the creations of the Early Stuarts or the creations of the Younger Pitt. In such times whatever may have been happening to the possessions of the existing peers, there must remain the possibility that either the numbers or the individual estates of untitled great landowners were behaving in a different fashion. Indeed, even after forty years of intensive creations which doubled the size of the peerage, the peers in 1641 formed no more than two-thirds of the total number of great landowners; while in 1873, after nearly a century of active creations, those peers who were also large landowners formed only a little more than one half of the landed aristocracy. T h e threefold division, thus amended by the substitution of the landed artis toe racy for the peerage as the top group, must be allowed to stand, although in principle further refinements of classification are desirable where the nature of the available evidence permits. Thus the range of wealth and position represented by the gentry group is so large that a distinction should be made between the wealthy gentry who constituted the county notabilities, and the lesser gentry who were
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the village squirearchy. The freeholders below the rank of gentry were an even less homogeneous group, for not only were they often indistinguishable in income and position from copyholders and longleaseholders, but also they included prosperous yeomen who vied with the lesser gentry in all but social acceptance, as well as small working farmers in every way inferior to the larger tenant farmers; while in the eighteenth and nineteenth centuries at any rate the occupying freeholders were economically and socially distinct from the absentees who had non-agricultural occupations and were socially identified with their occupational fellows. The nature of the evidence, however, does not generally enable these distinctions to be upheld when attempts are made to estimate the social distribution of land on a national scale. While it is important to arrive at an accepted set of groups amongst which the distribution of land is being examined, it is essential to establish the meaning of the concept of social distribution itself. In essence we are trying to establish the proportion of the total area of England, or of the total area which was being effectively used at any particular period, which was owned or controlled, or the income from which was enjoyed, by each of the groups identified. Alternatively we can say that the object is to discover what proportion of the land fell into units of ownership of the different estate sizes associated with each group. This at once makes it clear that something different is at issue from the study of variations in the velocity of land transfers, whether these took place through the market, marriage, forfeiture and grant, or inheritance. It is evident that either a large or a small amount of land transfers may not affect the distribution by estate sizes, though in a period of comparative inactivity in transfers the distribution must remain stable, and in a period of marked activity there is the possibility of a shift occurring in the shares of different groups. The identification of a number of new and rising families does not therefore by itself tell us anything definite about the proportion of land held by different groups, unless we also have means of knowing at whose expense such estates were being acquired, and whether other families in the same group were succeeding in staying in it. Indeed some local studies of the gentry in the sixteenth century indicate that the number of families with increasing and with declining landed possessions were roughly equal, suggesting that no pronounced change in the balance of property was likely. The groups after all do not consist of a fixed number of families or estates, and movement into and out of a group is fairly free. The social system we are concerned with resembles a train with first, second, and third class passengers. Some passengers ride for the whole journey without moving
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from their seats; others at different stages pay an excess and move up a class, and less fortunate ones are moved down, on being discovered without the appropriate ticket; at intervals differing proportions from each class alight, and new people get on. Yet, at any given moment, we ought to be able to tell what proportions of the total then aboard are in each class. Unfortunately there are no booking office records which could supply a precise answer to this question. There are, however, some signposts to the route in the contemporary estimates of Thomas Wilson for 1601, Gregory King for 1688, in the prodigious labours of Lawrence Stone, and in the calculations of Mingay for the late eighteenth and of myself for the late nineteenth centuries. If these figures are taken at their face value they indicate considerable changes in, for instance, the share of land held by great landowners. Wilson's figures, which must be taken seriously in view of the substantial support they receive from Stone's calculations of peerage incomes, show that the peers enjoyed 3 per cent of the landed incomes of peers and gentry combined. Wilson's estimates of the incomes of yeomen and other landowners unhappily do not lend themselves to quantification, but it is clear that by his reckoning the peers held substantially less than 3 per cent of the total land of England. In Gregory King's table the peers had about 2 % P e r c e n t ° f the total income from land of all classes; by the end of the eighteenth century the great landowners owned about 20 per cent of the land of England, and by the late nineteenth century, 24 per cent. It may well be that these signposts provide a rough description of the journey: a slight shift towards the great landowners in the seventeenth century, a pronounced one in the eighteenth century, and then comparative stability. But they certainly do not provide anything like an accurate indication of the size of these shifts. When confronted by any reasonable estimates of average rents per acre, Thomas Wilson's figures for landed incomes in 1601 cannot stand up. His total landed income of peers and gentry cannot well have been more than twothirds of the total annual value of agricultural land in England, if allowance is made for the other groups of landowners. In that case, Wilson put the total landed income of the country at about £12 million, which on any plausible estimate of the cultivated acreage at that date would presuppose an average rental of more than 10s. per acre, which is more than 2 % times the probable figure. We cannot, however, reduce all Wilson's estimates by a factor of 2 % , since Stone's work establishes that the figure for the money income of peers is reasonably accurate. Hence all the reduction must be attributed to the other groups of landowners, and though it may be idle to guess by how much the income of the gentry and yeomen
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should be scaled down, it is at least clear that the peers' share of the total must be increased. From the income figures it would appear that the sixty peers of 1601 owned about one million acres, perhaps a bit more or a bit less, and this can be taken as a full 5 per cent of the cultivated acreage. For the great landowners as a group, it will be argued later, this is an unacceptably low proportion for 1601. Gregory King's estimates also contain well-known inconsistencies. T o begin with, he put the total annual value of the land of England and Wales at £ 1 2 million, and of the agricultural land alone at £91/2 million, while his estimates of the incomes of all classes of landowners total £161/2 million. The first total, based on average rents of 5s. 6d. per acre for arable and 8s. 8d. per acre for pasture and meadow, appears to be the more acceptable. Once again we cannot square the circle by reducing the estimated incomes of each group in the same proportion so that they add up to a plausible aggregate annual value. Mingay has given strong reasons for believing that Gregory King seriously underestimated the average income of peers, and rather less seriously underestimated the average incomes of the different gentry groups. It could well be, therefore, that Gregory King's overestimate of family incomes is entirely confined to his two groups of better and lesser freeholders, and it is most likely that for these groups he added together something for farming profits and something for rental value of the land owned, to arrive at his estimate of average income per family. It is of course only the second element, the rental value of land owned, which is relevant in calculations of the distribution of land. Mingay ^suggests £5,000 to £6,000 as the average income of a peer in the late seventeenth century, against Gregory King's £2,800, and in view of Stone's conclusion that the average income from land of a peer in 1641 was £5,000, these estimates seem sufficiently conservative. O n such a basis the peers in fact owned something between 8 and 10 per cent of the land in Gregory King's time, and this again is too low a proportion for the entire group of great landowners. As some check on this reasoning we have Stone's careful estimates of the income of the peerage in 1641, midway between Wilson and King. Stone puts the total landed income of the peerage at £630,000, which on the basis of average rents per acre represented not far short of three million acres, or from 10 to 15 per cent of the cultivated area. Moreover, Stone's opinion is that the peers in 1641 formed about two-thirds of the entire group of great landowners, so that titled and untitled great landowners should together have possessed getting on for four and a half million acres, or from 15 to 20 per cent of the cultivated acreage, distributed among some 200 families. Such proportions seem consistent with the revised view of Gregory King's
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estimates, and also with some slight reduction in the share of great estates which may conceivably have been the net effect after the dust had settled on the land transactions of the Interregnum. Possible estimates for the proportion of the cultivated land in England and Wales owned by great landlords would thus appear to be : 1641
1688
1790
1873
I5" 2 0 %
15-20%
20-25%
24%
Whether this pattern of land distribution, with its underlying impression of great continuity and stability coupled with a definite but gradual growth of great estates, was of still greater antiquity remains to be seen. The great growth in the total landed income of the peers from £175,000 in 1602 to £630,000 in 1641 was of course in large measure due to the influx of new peers, though a doubling in the size of the group does not necessarily lead us to expect a trebling in the group's total income. Average money incomes per peer may not have done much more than keep pace with movement of prices in general between 1602 and 1641, but they certainly increased more rapidly than rents, for while the average money incomes increased by 65 per cent, rents per acre only increased by 15 to 30 per cent. It follows that whatever may have been happening to the manorial holdings of peers, new and old, in this period, the average rent-producing acreage of their estates was increasing. It may be misleading to suppose, however, that a real growth in the average size and in the number of great estates, and hence in their share of the land, occurred between 1602 and 1641. It is logically possible that the average estates of the newly ennobled were considerably laiger than those of the 1602 peers, in which case the statistical effect is produced by the fact of peerage creation and not by any land transfer operations. It is also possible that both old and new peers, though holding constant or declining acreages, were succeeding in raising their rents per acre a great deal faster than the average. Neither supposition appears in the least likely, and we must therefore conclude that some growth of great estates, and some increase in their share of the land, did take place between 1602 and 1641. If we assume that all those ennobled between 1602 and 1641 were waiting in the wings in 1602 with their great estates at the ready, and that in the following period their estates did not behave any differently from those of the old peers, then the whole group of great landowners of 1602 owned about twice as much of the land as did the actual peers taken alone. Even so, this would leave the annual rate of growth of great estates in the period 1602-41 a good deal higher than in any subsequent period, and this does not seem very likely for
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a period in which the aristocracy still apparently had their backs to the wall. If we are to allow only for a more moderate growth of great estates in this period, the effect is to force an upward revision of the estimates for 1602, either of the amount owned by the peers, or of the amount owned by the untitled great landlords, or of both. In either case any relative decline of great estates seems to be confined to the years between 1559 and 1602, and doubts are raised about the existence of such a decline. It is abundantly clear from Stone's work that there was a decline in the land holdings of the group who chanced to be peers at the accession of Elizabeth, between 1559 and 1602, whether measured in manorial holdings, real income from land, or in presumed acreage producing such income. It is difficult for the non-expert to comment on the probable order of magnitude of this decline, except to observe that the three different ways of obtaining an indication point to rather different results. It also appears to the outsider that the argument for dismissing the possibility that in selling manors peers were pursuing a rationalising policy of selecting the small ones from their manorial portfolios, is not conclusive. The fact that manors sold by peers between 1595 and 1610 were more valuable than the general run of manors sold by all classes of owners, does little more than indicate that the peers tended to own the richer manors in the country. It remains quite possible, though the information to prove it one way or the other is not available, that the manors retained by the peers were much more valuable again than the manors they sold. Indeed if this had not been the case, the peers would have been acting in a strangely stupid fashion, far more stupidly than their forerunners had done after the Conquest, when they carefully selected their most valuable manors for retention and assigned their least valuable manors for subinfeudation. Hence the decline in the average number of manors per peer most probably exaggerates the decline in rentproducing assets or acreage. Nevertheless decline there was, and the important question is not whether the peers in 1602 owned 10 or 30 per cent less than they had owned in 1559, but whether their fortunes were representative of an economic class. The crucial information, on what was happening in this period to the untitled great landowners, is unfortunately lacking. The extreme assumption would be that the peers of 1559 comprised virtually the entire body of great landowners. It is evident from the previous argument that by 1602 the peers formed only between onethird and one half of the great landowner group. The effect of this is not only that the peers were becoming an increasingly small fraction of the group and perhaps therefore untypical of it, but also that the share of land held by great estates was increansig between 1559 and
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1602, even though the share held by the peers alone was declining. The extreme assumption is no doubt unrealistic, and some other assumption which would leave the share of great estates roughly constant for this period would perhaps be nearer the truth. Any statement as to the course of affairs before the middle of the sixteenth century must be even more highly conjectural than the previous analysis. Stone publishes Helen Miller's figures for 1485 to 1547, which show that the manorial holdings of the great majority, over two-thirds, of those who were or who became peers in this period remained static. On the other hand more than a quarter of Helen Miller's group of families were gaining, while only 4 per cent were losing, manors over this period, so that on balance there is the probability of a slight growth in the aggregate of peers' estates. It is impossible to do more than hazard a tenuous guess as to whether this was also the experience of the whole group of great landowners. Unlike the peerage of 1559-1602 which was a static group of families, the peerage of 1485-1547 was a changing set of families, with new ones coming in to replace, and just more than replace, those who dropped out through attainder or extinction. This affords a fair presumption that peerage and great landowners may have been keeping roughly in tune, and that changes in the size of the body of untitled great landowners may not have been of any great moment. In the second place any marked growth in the proportion of land held in great estates as a whole between the late fifteenth and the mid-sixteenth century seems unlikely, since the position held at the latter date appears to be of the order of 10 per cent, and any previous growth would imply a starting point so low that it appears inconceivable that even the ravages of the Wars of the Roses could have reduced the body of powerful landed families to such relative insignificance. Finally, any marked decline in the proportion seems equally unlikely, in view of the indicated slight growth in the estates of the peers and the likelihood that they remained a substantial majority of the group of great landowners as a whole. The conclusion of this complex discussion may seem sufficiently sober to lend credibility to the guesswork and tight-rope walking which has entered into it. The continuum which has been established may be described roughly as follows. Over the 400 years from the late fifteenth to the late nineteenth century the trend was one of growth, but never more than slow growth, in the relative importance of great estates, subject to some interruptions or plateaux. Until the midsixteenth century there was slight growth; there followed forty or fifty years to 1602 in which the net effect of active land transfers was a rough stability in the proportion; growth was then resumed until the Civil War at an active pace; from then until the end of the seven-
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teenth century the net result of considerable vicissitudes may again have been a period of stability; there followed a century of active growth; from 1790 to the 1880's the rate of growth slowed down and finally disappeared; decline then set in, but until 1920 it was very slight. Relative growth, it must be emphasised, was always very gradual. A large volume of land transfers, through inheritance, marriage and the market, was necessary for the great estate group even to mark time and stay in the same place. It seems most unlikely that the relative shift in favour of the group ever exceeded a rate of 5 per cent of the total acreage in a century, and that is far from being a dramatic rate of change. Only once, in the years since 1920, has the rate of change been higher than this, and then it has been downwards. Since 1920 something approaching 40 per cent of the land of the country has moved out of the hands of the great landowners and gentry combined, and into the possession of a new race of owneroccupiers. It is a fair guess that the losses have been borne as to 10 per cent by the great landed families and as to 30 per cent by the gentry, so that the great estates of the 1960's are back to the relative position they occupied in the late sixteenth century, though now spread among between two and three times as many families. Within the limits of this paper it is not possible to do more than suggest the implications of this impression of continuity for the history of the other groups of landowners, the gentry and the lesser owners. W e are told that the gentry rose and that the peasantry declined. It is perhaps worth while to attempt an estimate, however hazardous and tentative, of the scale and importance of such developments. It may seem a trifle fanciful to start with Domesday Book, but figures for numbers of persons of different categories compiled by Ellis, and the estimates of the economic position of different peasant types made by Lennard, furnish tempting material for a statistical exercise. It appears from these sources that the two main peasant groups, the villeins and the sokemen, between them possessed rather more than half the total number of plough teams recorded in 1086 in the 28 counties which were adequately covered by the returns, and therefore presumably occupied a similar proportion of the total arable land, the remainder being demesne. These of course were far from being owners of land, but they were occupiers who, whatever their personal legal status, enjoyed in practice some sort of beneficial interest in their holdings, and had some expectation that custom would make these heritable. They were the ancestors of copyholders and of peasants who managed to shake free of manorial obligations and become small freeholders; some, less fortunate in the legal stakes, were no doubt the ancestors of tenant farmers or of labourers. If in cavalier fashion we skip over the entire Middle Ages, and leave it to the medievalists to
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argue about the effects on the balance of properly of the active market in peasant land, and of the periods of expansion and contraction of demesne, we may suggest that something like half the land is the upper limit for the amount of land 'owned' by the peasants about 1500. Certainly the persistence at this level of society of the pattern of land distribution revealed in Domesday Book was noticed by Tawney in Norfolk and Suffolk, to which Lincolnshire might well be added; but it would be unwise to press the notion of such continuity too hard at the level of individual counties. This upper limit is probably too high, since it would leave only some 40 per cent as the share of the land owned by Grown, Church, and gentry combined, and that is certainly too low. If, however, the starting point was substantially lower, the decline of the peasantry becomes an inconsiderable affair. Gregory King's figures, taken at their face value, state that the peasantry, the freeholders of the better and lesser sort, enjoyed more than 60 per cent of the income from land; our revisions of his estimates imply that their share was about onethird. By 1790 the group had 15-20 per cent of the land, and in the 1870's estates of up to 300 acres occupied 22 per cent of the land. This picture of long-drawn out decline, finally halted under mounting pressure from industrial and commercial wealth seeking small landed properties, partially conceals the most important development. The peasant group of 1 500 were all farmers but they were not all owners, being in effect tenants holding on tenures of varying degrees of certainty conferring varying rights of dual-ownership shared with superior lords. The 'peasant' group of the 1870's were all owners but they were not all farmers. If a deduction is made from the official returns of the amount of owner-occupied land for the land occupied as home farms by the aristocracy and gentry, then the genuine small owner-occupiers possessed about 10 per cent of the land in the 1870's. In other words, over half the land in this estate-size group was then owned by petty landlords. As a measure of the decline of farming-peasant ownership it seems most meaningful to take this 10 per cent as the low point to which the group's share sunk, and to make some reduction in the 1790 estimate to take account of the same factor. The peasantry certainly underwent relative decline, but not all at once, not all in one century. They emphatically failed to establish a position of outright ownership in any way commensurate with their late medieval position as occupiers and customary dual-owners, and in this their history is in marked contrast to that of other European countries. One reason was the Tawney reason, the inability in the face of the vagaries of manorial customs or the unscrupulous conduct of lords, to establish tenures as copyholds of inheritance with fixed terms as to rents and entry fines, but it was a factor of limited operation. 31
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While some sixteenth-century yeomen prospered, grew rich at the expense of their neighbours, became freeholders through the neglect or indifference of stewards of manors, and elevated themselves into the ranks of the gentry, others were reduced to the status of tenants-atwill or labourers by the financial pressure of the raising of rents and fines; nevertheless many survived tenurially unaffected. It was stated, for example, that copyholds were prevalent in Sussex in the 1830's, and that almost without exception these were copyholds subject to arbitrary fines; by convention an arbitrary fine had come to mean two years' full rack-rent value, and such copyholders enjoyed as much security as freeholders. The condition of survival for the peasant was less the tenurial one, whether he happened to live on a manor with certain or uncertain fines, and more the economic one, whether he was capablc of making a living under changing market and techni-
cal conditions, and whether he was willing to resist the temptation to sell out at attractive prices. Almost as certainly there was a rise of the gentry, and if this began in the sixteenth century, it was over by the end of the seventeenth century. The share of the group in Gregory King's time has already in effect been established by upper and lower ranging shots, which leave about one half of the land for the gentry. Though there is much convincing argument that there was a shift against the gentry in the first half of the eighteenth century, their share in 1790 was still approximately a half. In the 1870's, if we allow into the lesser gentry those with estates between 300 and 1,000 acres—which were of comparable size to those included in the gentry in earlier estimates, even though some nineteenth-century observers felt that their owners were of lower status—the gentry's share was about 45 per cent. How far the gentry had risen before reaching this plateau is most uncertain. It is possible that they had begun the sixteenth century with something like 30 to 40 per cent of the land. If so, their rate of growth in the next 200 years was about the same as, or it may be less than, that of the great landowners, though a larger total area of land moved into the hands of old and new gentry. In many individual cases in the sixteenth century, no doubt, a new gentry estate was founded or an established one was expanded from the pickings of a great estate, but it is apparent that any general increase in the relative importance of gentry estates was not on balance at the expense of the great estates. Indeed, the simple economic explanation for any such phenomenon, that efficiency in estate management was a gentry monopoly, a function of moderate estate size, has long since been exploded. Between 1500 and 1700 the end result of great activity in land transfer seems to have been something like a net movement of a quarter of the land across the social boundaries,
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sometimes by an owner crossing a boundary and taking his land with him, sometimes by land crossing a boundary on change of ownership. The gainers in this process were the great landowners and the gentry, the losers the institutional holders, Grown and Church, and the peasants, perhaps in roughly equal proportions. The political and social effects of the decline of the institutional owners were very considerable, in increasing the power of the wealthier lay landowners and in reflecting and entrenching their control over society and ultimately over government. The direct economic effects of such transfers, however, were not of such importance, since neither the effective units of management nor the basic methods of exploitation were greatly affected. If then the important economic consequences are attributable to a decline in the peasants' slice, it follows that the net redistribution of land in the 150 or so years after 1700 was as significant as that of the preceding two centuries, for although a smaller total area of land was involved in this later redistribution, virtually all of it was contributed by a contraction in the peasants' share. Moreover, it was probably in the latter period that the non-occupying, absentee owners emerged as a significant group among the small landowners. It would be wrong to conclude that all this adds up to a demonstration that changes in the distribution of land were caused by broad movements in the economy, and that increasing commercialization and industrialization resulted in a grinding of the faces of the peasantry. In the sixteenth century the structure of landownership responded to the pressures of the market, the growing demand for agricultural produce, with a trend away from subsistence farming and towards more commercial farming, and this had its effect on the peasant element; not only did it create the situation in which many manorial lords exploited their legal rights to the utmost, but also it offered the opportunities for the fortunate and enterprising yeoman to prosper. But the structure also responded to the pressures of the competitive world of status, and the drive of newly made mercantile wealth to find security in land. Status needed new defences, in expenditure rather than in numerous bodies of retainers and followers, and this was another source of pressure on the peasants' position. It may well be that in the late sixteenth century the peers as a body were exposed to peculiar risks on this score, a need to defend their status by bolstering their style of living and ostentation, out of resources made available by easy credit conditions. Socially-induced expenditure, maintained for a while by borrowing, may have led them down one side of the landed escalator, while up the other side rode into the world of great estates a fresh band of commoners, with less extravagant necessities and more prudent habits. By the late seventeenth century the prestige element in landow-
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nership was of even greater importance. The opportunities for founding a family, for enhancing social standing, or for acquiring political power were of as much importance as its income-producing or security attractions in giving land its value. Some old-established gentry families were forced to sell out through such matters as the burden of taxation, some small owners were forced to sell because they could not survive a spell of adversity and low prices, and others because a larger neighbour offered attractive prices in order to round out his estate, perhaps preparatory to an inclosure. But the underlying movement which sustained the gentry estates and slowly increased the great estates was maintained less by the motives of profit-maximization and more by those of prestige-maximization. A combination of economic, social, and political factors determined the social distribution of land over time. But the importance of noneconomic motives for the possession and acquisition of estates, together with the basic continuity and slowness of the changes in the pattern of distribution, justify us in regarding this pattern more in the nature of a social system within which economic change operated, one essential element in the environment of economic development, and in placing less emphasis on the economic causes of changes in landownership. In agricultural terms England was overwhelmingly a land of tenant-farmers by the late eighteenth century not so much because this was then the most efficient way of meeting the demands of her population and its occupational distribution, which was true, but because this was the ineluctable consequence for agrarian organization of a pattern of land distribution previously arrived at in very different economic circumstances. Similarly, great landowners were able to make some significant contributions to the development of transport, mines, ironworks, or towns, and to levy in the form of rents a portion of the benefits of the greater developments undertaken by others, because great estates already existed, not because great estates were enabled to grow by industrialization. Things might have worked out differently. With a different system of social values and a different set of political arrangements, there might have been no great landowners with the spare resources to sponsor canals, sink pits, and run furnaces. This of coime would have been no insupportable loss, since their industrial operations were scarcely decisive or indispensable. It would have been of more moment if, say by the mid-eighteenth century, England had been all gentry estates and there had been few great estates. The gentry by and large had less room for manoeuvre in estate management than did the greater owners. The margin between their personal and family outgoings and their gross incomes was smaller, they had proportionately less available for investment, they were less able to incur the
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risks and perhaps temporary losses of altering farm sizes, they could not employ such well qualified agents, they tended to exact higher rents per acre leaving less incentive to tenants with initiative. In all, the expansion of agricultural output and efficiency, even if, as was the case, its chief direct agents were tenant farmers, would have been less than in fact occurred. It would have been of fundamental importance if the England of the population explosion and industrial revolution had been a country of peasant owners. Not only would such a structure have responded tardily to increasing demand for food and raw materials, and by its slowness in adapting to new levels of output and new techniques have damped down the population increase; but also, through its likely spending and saving habits, it would have substantially choked off a large part of the home market support for industrial growth. Further, the contribution of agriculture to industrial growth, not simply through the expansion of supplies for a growing non-agricultural sector, but also through its direct demand for industrial products, was an effect of the system of agricultural enterprise fostered by the structure of landownership. The demands from farming formed, for example, a substantial part of the market for the products of the iron industry by the close of the eighteenth century, through the demands of inclosure, of the equipment of new farms created out of the waste, and of the conversion from wooden to iron implements. Just how substantial it is difficult to say, but the implement demand alone was considerable. A rather small sample of farm valuations and inventories for three counties for 1810-25 suggests that the average value of farm implements containing iron was of the order of 5s. an acre. On a national scale, this implies a value of £5 million, of which perhaps one-third would represent the cost of the unworked iron. Normal replacement demand might therefore represent up to £100,000 worth a year of unworked iron, and in earlier peak years of initial equipment several times this amount, sizeable fractions of the ironmasters' output. In the first instance, it was tenant farmers who exerted this demand, but they were able to do so because they were tenants under a given structure of landownership. In virgin lands where the cost of land is little, the situation is different, but in an old-settled country owneroccupiers would have had to devote too much of their resources to paying for their land to be able to develop an industrial demand on this scale at this time of critical importance in the development of heavy industry. The peasant-owners, it must be repeated, did not disappear because there was an industrial revolution. They had gradually failed to survive over the preceding centuries. The final importance of the pattern of land distribution in England, with the
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great longevity of its essential outlines, is then perhaps this, that it furnished one strand in the basic framework within which industrialization and uninterrupted economic growth could occur, a necessary but not a sufficient condition of that growth, built up by nearly 300 years of political, social and economic pressures.
SALAIRES ET HISTOIRE
ÉCONOMIQUE*
par Ruggiero ROMANO (E.P.H.E., Paris)
Il y a quelques années à peine, il aurait été très simple de traiter un sujet tel que : « Salaires et histoire économique ». Il aurait suffi d'indiquer les rapports entre prix et salaires pour déboucher immédiatement sur un énorme sujet qui semble couvrir une bonne partie des préoccupations des historiens : la naissance — et le développement — du capitalisme. Aujourd'hui tout simplisme parait devoir être soigneusement évité : la complexité de l'histoire économique, que nous découvrons chaque jour, ne permet plus de suivre des itinéraires logiques trop linéaires... Ceci dit, je ne voudrais pas que l'on puisse croire que je regarde avec un petit sourire de supériorité les travaux des pionniers d'hier. Bien au contraire! Pour ces pionniers, j'ai toujours la plus vive admiration et je considère que, sans leurs essais d'il y a vingt, trente ans, nous ne serions pas en mesure de nous poser — en 1965 — le problème en des termes qui, sans prétendre constituer la vérité, semblent s'en approcher. * J'ai délibérément limité le champ de mes considérations à la période précédant la Révolution industrielle... Mais il faudra considérer que certaines d'entres elles sont certes valables aussi pour des époques ultérieures
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Essayons de cerner le problème à ses origines. L'histoire des salaires — il faut bien le reconnaître — a été un peu la « Cendrillon » de l'histoire des prix : à la limite, le salaire était considéré comme le prix du travail. Laissons de côté pour l'instant la validité de cette façon de poser le problème. Il reste que, liée à celle des prix, l'histoire des salaires devait inévitablement subir le contrecoup des inconvénients que la première a manifestés surtout pendant ces dernières années et dont elle semble parvenir à se libérer assez lentement. Ce n'est pas le lieu ici de faire le procès de l'histoire des prix, mais il faudra indiquer que celle-ci a longtemps péché par manque de détermination de ses objectifs. Histoire des prix, fin en elle-même ; histoire des salaires, fin en elle-même et, parfois, histoire des prix et des salaires. Ainsi on a parlé de niveaux de vie, de pouvoir d'achat, de capitalisme, etc. Problèmes importants, certes, qu'il fallait assurément poser et essayer de résoudre... Mais le chemin était-il bien choisi et la méthode était-elle bonne? En vérité, si nous sommes parvenus à nous rendre compte qu'on ne peut valablement parler de prix que s'il y a marché, et que le degré de représentativité de chaque prix est d'autant plus grand que le marché dans lequel il s'est manifesté est plus large, de la même manière — je crois — on peut dire qu'il n'y a pas de salaire s'il n'y a pas de marché du travail, s'il n'y a pas de salariés, et que la conclusion qu'on peut tirer d'une série de salaires sera valable seulement si elle représente le salaire perçu par un grand nombre de travailleurs vivant de ce salaire. Autre aspect — et combien dangereux! — du contrecoup qui s'est répercuté de l'histoire des prix à celle des salaires, celui des conversions en grammes de métaux précieux. Un certain accord paraît commencer à se manifester de manière suffisamment nette à propos de la distorsion introduite dans toute série de prix soumise au traitement de la conversion en grammes de métaux précieux. Il me semble que cet accord doit se faire encore plus facilement pour les salaires car, en vérité, quelle signification peut avoir la transformation en grammes d'or ou d'argent d'un salaire d'un travailleur du temps passé, alors que ce même travailleur percevait peut-être un solde en monnaie noire? N'arrive-t-on pas, ainsi, à trahir une réalité sociale ? Reste encore que, de même que pour les prix, on a eu trop tendance à considérer les salaires comme des chiffres étalés chronologiquement pour essayer de saisir des « structures », des « conjonctures », des « phases » assez souvent (mais pas toujours!) illusoires. En réalité ce qui est beaucoup plus important, c'est l'a environnement » économique et social de ces prix et de ces salaires, beaucoup plus que leur mouvement externe. Plus encore, leur évolution
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pourra être mieux saisie au fur et à mesure que cet « environnement » sera plus clair. Les prix? Et le rapport production consommation? Les salaires? Et la productivité du travail? Enfin, de même que le mot c prix » a été assumé sans différentiation, en oubliant la réalité différente qui existe, pour un même prix, entre la personne qui vend et celle qui achète, de même on a considéré les salaires comme un tout tandis qu'ici encore, derrière le même mot, se cachent deux réalités : un même salaire représente un revenu pour le travailleur, mais il est une dépense pour l'entrepreneur. Si l'on étudie les salaires du point de vue de l'un ou de l'autre sans distinction, on parviendra à des résultats confus, pour ne pas dire nuls. Jusqu'ici, je n'ai présenté que des exemples introductife; j'y reviendrai. Mais je crois avoir déjà indiqué avec une suffisante clarté comment l'histoire des prix a exercé sur l'histoire des salaires une influence qui n'a pas toujours été heureuse. Mais faut-il vraiment que l'histoire des salaires soit liée à l'histoire des prix? Je ne crois pas que la liaison soit nécessairement étroite; l'histoire des salaires peut — et même doit, parfois — aspirer à une certaine autonomie. * * *
Ceux qui ont l'expérience de recherches d'archives savent que, pour les périodes s'étendant jusqu'à la fin du xvin® siècle, s'il est facile — relativement — de trouver des éléments pour constituer des séries de prix, il est beaucoup plus difficile de trouver des séries de salaires. Et lorsqu'on en trouve — en laissant de côté les complications qui dérivent du fait des salaires d'hiver et des salaires d'été, des salaires comprenant l'alimentation, le logement, l'habillement ou autre chose encore, et de ceux qui ne les comprennent pas —, lorsqu'on trouve de telles séries de salaires, elles se réfèrent presque toujours (les exceptions, naturellement, ne manquent pas!) aux mêmes catégories professionnelles : ouvriers du bâtiment, en premier lieu; ouvriers du secteur textile et ouvriers agricoles. Au premier abord, eu égard aux caractères simples des économies des sociétés antérieures à la révolution industrielle, on est donc porté à croire que le mouvement d'ensemble de ces salaires représente avec une fidélité suffisante une bonne partie de l'évolution de cette économie. Oui, bien sûr! Mais combien de salariés y avait-il à l'époque considérée? Voici la première question qu'il faut se poser car, de toute évidence, si ces ouvriers, ces salariés, ne représentent qu'une petite minorité à l'intérieur de la population active, quelle capacité de représentation des mouvements d'ensemble de l'économie auront ces salaires? A la limite — et à titre d'exemple paradoxal — si celui dont nous retrouvons la trace
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dans les documents d'archives est le seul ouvrier salarié d'une ville, il sera arbitraire et absurde de considérer son salaire comme un thermomètre de la vie économique générale : celle-ci devra plutôt ctre saisie à travers l'étude des non-salariés. En somme, le problème véritable est celui de connaître non pas un mouvement de salaires, qui risque de se résoudre en soi-même, mais le mouvement de la masse des salaires payés pour une population active donnée. Ainsi tout un ensemble de phénomènes, tour à tour cause et effet, est mis en jeu : évolution de la durée de la journée de travail ; nombre de jours ouvrables pendant l'année; conditions d'embauche; chômage; rôle des apprentis; spécialisation progressive du travail; travail occasionnel; travail noir. Ce seront les premiers éléments d'approche. Mais il faudra pousser l'analyse : ces ouvriers dont nous retrouvons les salaires, dans quelle mesure sont-ils liés à leur patron par des dettes ? dans quelle mesure sont-ils obligés de faire leurs achats dans les débits, propriété des entrepreneurs? Et louent-ils leur travail ou leur personne? Dans leurs salaires — même évalués en monnaie — quelle est la part véritablement rétribuée en argent et celle en biens naturels (très souvent produits de leur propre travail) ? En somme — et pour nous servir d'une expression globale — le véritable problème est celui du marché de la main-d'œuvre : ce qui entraîne, par conséquent, les problèmes de la mobilité de la maind'œuvre, des mouvements démographiques, urbanisation, innovations techniques, désertion rurale. Je sais bien que la documentation permettra difficilement de répondre avec précision (c'est-à-dire avec chiffres à l'appui) à toutes ces questions. Mais il reste que l'historien devra les poser, et que toute réponse qu'on donnera à un quelconque problème d'histoire des salaires qui ne tiendra pas compte de l'ensemble de ces réalités ne pourra pas être satisfaisante. Cela dit, il est évident que cette préoccupation — sur laquelle j'insiste tout particulièrement — doit être précisée et il faudra se poser la question de savoir avec précision ce qu'on entend par marché de la main-d'œuvre. A titre d'exemple : il est connu qu'un des éléments qui le détermine est certainement la masse de main-d'œuvre disponible. Mais peut-on dire que cette réserve a toujours joué le même rôle ? S'il est relativement facile d'en déterminer le poids dans une économie moderne et d'en fixer les constantes, il est certain que ces mêmes constantes n'apparaissent plus comme telles dès l'instant qu'on les recherche dans les sociétés du passé. En effet, dans celles-ci, le manque de flexibilité des structures corporatives et une demande de main-d'œuvre qui se maintient à des niveaux relativement stables réduisent seulement, sans l'éliminer complètement car, s'ils ont peu agi sur les salaires, ils ont certainement contribué au maintien de la durée du travail, — le rôle de cette réserve
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de main-d'œuvre. A ce sujet, il me semble opportun d'indiquer qu'un des problèmes les plus importants — et les plus révélateurs — qu'un historien des salaires averti devrait résoudre, est précisément celui du rôle joué, à des époques historiques différentes, par « l'armée de réserve des travailleurs » dont la fonction, si elle ne peut pas être niée en bloc, ne peut pas non plus être acceptée de façon aveugle, mais doit être précisée, nuancée. D'un autre côté, s'il est important de remettre en cause tous ces différents aspects d'ordre strictement économique, il faut aussi que des remarques d'ordre conceptuel, intellectuel, psychologique soient prises en considération. Ainsi un point essentiel est celui de savoir s'il y a un rapport — de quelle nature, et comment il s'articule — entre le salaire et l'idée de travail. Si le salaire achite de la main-d'œuvre que l'on considère comme productrice d'un « vile officium », l'acheteur ne s'occupera pas de la valeur véritable — du rendement — du travail. Dans ce cas, en réalité, on louera la personne du travailleur beaucoup plus que le travail que ce dernier peut fournir. Si, par contre, le respect du travail arrive jusqu'à haïr t les mains qui sont oisives » (Rabelais), n'est-il pas normal que le salaire aussi prenne une valeur différente ? Ensuite : « le travail, cette créance, c'est déjà le sentiment de Denis Diderot, fils du maître coutelier de Langres : « les fortunes seront légitimement réparties lorsque la répartition sera proportionnée à l'industrie et aux travaux de chacun » (aux travaux, et non encore au travail) : la formule n'est pas trouvée, mais elle commence déjà à se chercher, que tous les réformateurs du xix® siècle vont proposer à leur adeptes pour résoudre le problème capital, le problème de la répartition des produits entre Travail, Capital (le mot n'est pas du xvm« siècle encore) et Talent. Le travail dont parlaient les hommes de ce temps, c'est le travail du laboureur, ou celui de l'artisan; le travail qui procure le pain quotidien et le vêtement, mais ne vise pas à procurer la richesse... » Ces dernières remarques extrêmement pertinentes de Lucien Febvre ne sont-elles pas de nature à nous faire réfléchir et à nous faire mieux saisir le problème ? A vrai dire, je ne crois pas que ces rapports entre vision conceptuelle et réalité économique soient linéaires et simples mais, sans doute, il existe une interaction entre les deux. Prendre en considération cette interaction n'est pas la dernière des tâches qu'un historien éclairé doit assumer pour comprendre les raisons profondes pour lesquelles des entrepreneurs du xvi® siècle, en considérant le problème de la fixation des salaires, ont tendance à les lier aux mouvements des prix du blé et du vin, éléments essentiels du vivre ouvrier quotidien, en éliminant tous les autres articles « essendo di niuna o ben puoca consideratione le spese che per loro si fanno intorno al vestire et altre occorrenze loro » (puisque les dépenses que les ouvriers font
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pour l'habillement et d'autres besoins sont très modestes et pour ainsi dire nulles). Par contre, les ouvriers qui sont en face d'eux, même s'ils n'ont pas encore recours au concept de valeur produite (je rappelle qu'il s'agit d'un document du xvIe siècle), essaient de démontrer que les hauts salaires se justifient même en période de prix bas... pour permettre au moins de racheter les biens mobiliers dont ils ont été obligés de se défaire aux moments de difficultés : « rimettersi dei mobili venduti et delle passate sciagure e stenti. » Ainsi, un des événements les plus importants de toute l'histoire économique et de l'histoire tout court, le passage du salaire de subsistance au salaire entendu comme rétribution d'une certaine quantité de travail fournie, tout ceci ne pourra pas être éclairci seulement de l'intérieur, mais devra être éclairé par des considérations sur les aspects théoriques, mentaux, de la vie du travail. * * *
Au-delà de ces remarques générales, il reste d'autres points à mettre en relief. Il est connu qu'un des sujets qui ont le plus attiré l'attention des historiens a été le problème des salaires réels. Conversion en grammes de métaux précieux; conversion en kg de blé ou litres de vin; calculs par rapport au mouvement général des prix... D'où toute une série de réponses... plus ou moins illusoires. Car, tout d'abord, il faut considérer que la réalité d'un salaire est double : a) elle est une pour l'ouvrier; b) elle est autre pour l'entrepreneur. Pour ce dernier, plus qu'un salaire, comptent les salaires. Ceux-ci, conjointement aux matières premières employées, représentent le capital circulant en opposition aux machines qui, elles, représentent le capital fixe : ainsi, plus encore que le salaire unitaire, ce qui intéresse vraiment l'entrepreneur (et l'historien lorsqu'il étudie les salaires en tant que dépenses) c'est le pourcentage relatif des deux investissements; car le rapport machine travail est très étroit : « partout où la main-d'œuvre est chère, il faut suppléer par des machines », dit déjà l'Encyclopédie à l'article « Cordage ». Le jeu alterné de ces deux énergies — la mécanique et l'humaine — représente en effet un des critères fondamentaux d'après lesquels l'entrepreneur juge l'évolution des salaires. Jean Fourastié, par une série d'études personnelles ou d'enquêtes menées sous sa direction, a beaucoup insisté sur le rôle de la productivité : aussi discutables (discutables dans un sens tout à fait positif, dignes de discussion) qu'elles soient, il n'en reste pas moins qu'elles ont montré, et parfois démontré que, du point de vue de
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l'entrepreneur, la réalité du salaire se réduit essentiellement à un concept de productivité. Le salaire-revenu, c'est-à-dire le salaire du point de vue de l'ouvrier, doit assurément être considéré par rapport au mouvement du coût de la vie. Voilà une vérité que je ne me propose pas de mettre en cause, même si à ce propos il me parait nécessaire de souligner qu'un indice du coût de la vie pour les époques précédant la Révolution industrielle, s'il doit être calculé pour servir à une étude de comparaison avec le mouvement des salaires ouvriers, pourra et devra être extrêmement simple et ne comprendre que les quelques rares produits dont les classes laborieuses faisaient un emploi effectif. Mais, je le répète, le simple rapport salaires/coût de la vie permettra, au mieux, d'étudier le salaire réel, ce qui — à la limite — constitue presque un problème théorique. En effet, pour nous historiens, le problème véritable doit être celui des salaires, de tous les salaires. Pour évaluer leur réalité, au point de vue du vendeur de travail, leur simple rattachement au coût de la vie n'est pas suffisant : ce qui compte véritablement, c'est le salaire familial, c'est-à-dire la masse d'argent entrée dans la maison de l'ouvrier : car, même si l'on a une réduction, par rapport au coût de la vie, du salaire réel du chef de famille, on peut avoir une augmentation des revenus de la famille par les salaires apportés par les autres membres de la famille : ces apports sont de nature à modifier complètement la tendance du niveau de vie, même s'ils posent, naturellement, le problème de l'accroissement de l'exploitation du travail fourni par le chef et les autres membres de la famille. Or, si nous voulons vraiment que l'histoire soit science du concret, dans l'étude des salairesrevenus il faudra être particulièrement attentifs à ce problème du niveau de vie, et du niveau de vie considéré parallèlement au genre de vie. Le point commun qui existe entre salaires revenus (pour l'ouvrier) et salaires dépenses (pour l'entrepreneur) pourra être trouvé dans le cadre juridique des rapports entre acheteurs et vendeurs de travail. Un exemple me parait très révélateur : dans un manuel de confession sicilien de la fin du XIV e siècle, au chapitre de l'avarice, une des questions que le confesseur pose au pénitent est la suivante : « si tenisti lu salariu a quilli chi ti serveru « (si tu as gardé entre tes mains le salaire dû à ceux qui t'ont servi). D'un autre côté, la condition juridique ne se réfère pas seulement aux rapports directs entre ouvriers et patrons. Ce rapport direct — qui, le plus souvent, prend la forme d'un salaire imposé d'en haut et de la perte de liberté de mouvement avec les nombreuses interdictions d'abandonner le lieu de naissance (et de travail habituel) — est assurément important, mais il est complété par des éléments indirects : par exemple par les appels, moyennant l'offre de suppléments de salaires parfois d'une certaine importance,
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de main-d'œuvre étrangère. Voici, donc, un des problèmes fondamentaux de l'histoire des salaires d'hier (et d'aujourd'hui encore) : le degré de dépendance du travailleur par rapport à l'entrepreneur. C'est ici que s'articule essentiellement — derrière toutes les séries possibles de chiffres — la réalité profonde du monde du travail; c'est ici que doit se réaliser sans tarder le passage que nous, les historiens, proclamons chaque jour plus nécessaire, du quantitatif au qualitatif. Sur l'étude de cette dialectique : salaires-revenus etj salairesdépenses, doit se concentrer toute l'attention de l'historien, car c'est autour d'elle que s'organise le marché du travail. Une courbe de salaires, si parfaite soit-elle, ne pourra jamais révéler si — et jusqu'à quel degré — salariés et entrepreneurs représentent des groupes « non compétitifs. » C'est la connaissance préalable de l'utilité marginale majeure ou mineure (pour l'un ou l'autre des deux groupes) celle qui permettra de comprendre véritablement la signification profonde des chiffres de salaires. La même courbe, d'ailleurs, ne permet pas de juger quel est le degré de liberté — même relative — du travailleur par rapport au donneur de travail et, d'un autre côté, elle n'indique pas si est réalisée celle qui constitue peut-être la condition essentielle pour la formation d'un système d'économie fondé sur le salaire : la prolétarisation de masses importantes d'hommes. Masses d'hommes : cette expression doit nous rappeler qu'une étude de salaires ne peut pas se passer de l'histoire démographique. Mais l'histoire démographique, par rapport à l'étude des salaires, ne peut pas se limiter à des recherches sur la natalité, la mortalité, la nuptialité, croissance ou décroissance numérique de la population d'une ville. Ces aspects sont assurément très importants, mais plus importante encore sera l'étude des vagabonds, des « errants. » Phénomène marginal ? Beaucoup moins qu'on ne peut le croire et Jean Meuvret a justement indiqué « qu'on serait presque tenté de dire qu'il y avait deux peuples : celui des sédentaires et celui des nomades. » Ce sont les nomades, beaucoup plus que les sédentaires, qui agissent sur la formation du marché moderne de façon double : a) tout d'abord, comme il s'agit d'anciens paysans, dès le début de leur déracinement, ils se transforment en consommateurs de biens qu'ils ne produisent plus; b) en outre, par leur présence sur le marché du travail, ils exercent une action (de freinage) extrêmement puissante sur les salaires. Ainsi, les aspects sociaux de la démographie peuvent et doivent être pris en considération pour une histoire plus exhaustive des salaires. Mais les salaires ne couvrent pas seulement le monde du travail manuel : les « offices » emploient — même aux époques d'avant la révolution industrielle — un bon nombre de personnes qui per-
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çoivent des salaires. Dans ce cas aussi bon nombre des problèmes que nous avons vu se présenter jusqu'ici subsistent. Mais des distorsions apparaissent : les « bureaucrates » — à tous les niveaux, même si c'est avec une efficacité différente — arrivent à faire réévaluer plus tôt leurs salaires en fonction non seulement d'une simple subsistance mais aussi pour s'assurer une vie plus large et — phénomène très important — pour épargner pour eux-mêmes et pour leurs héritiers. Ainsi, tandis qu'en 1594 les travailleurs des environs de Pavie insistent sur l'absurdité du principe des salaires tellement bas qu'avec eux on peut « a pena vivere quasi che i poveri siano schiavi o bestie obligate lavorare per il solo vivere, et quasi che ci sia legge che prohibisca a gì' operarii il poter avanzare, oltre il vivere, alcuna cosa » (à peine vivre comme si les pauvres étaient des esclaves ou des bêtes obligées de travailler seulement pour vivre, et comme s'il y avait une loi interdisant aux ouvriers de pouvoir épargner quelque chose au-delà du simple vivre), d'un autre côté Giacomo Menochio, Président du Magistrato Straordinario de Milan entre 1594 et 1603, insistait sur le fait qu'il ne suffit pas de tenir compte du coût de la vie pour fixer les gains des fonctionnaires : le prince doit aussi considérer que : « iudices et Magistratus... quotannis summam aliquam in arca reponant, qua vel suae senectuti, vel posteritati consulant. Nullus enim est tam vilis mercenarius, dietim opéras suas locans, qui praeter id, quod in se alendo impendit, nolit etiam mercedis partem superesse » (juges et fonctionnaires... puissent mettre de côté une certaine somme tant pour leur vieillesse que pour leurs héritiers. En effet, personne n'est de si basse condition, louant journellement ses services, qui en plus de ce qu'il consacre pour se maintenir, ne veuille pas aussi qu'il ui reste ime partie de ce qu'il gagne). Ces deux textes me paraissent importants non seulement en euxmêmes mais surtout en fonction du fait que le même Menochio, partisan du principe que les fonctionnaires ont le droit de mettre « quotannis summam aliquam in arca », avait presque certainement pu connaître — et ne pas accepter — la requête des ouvriers agricoles du terroir de Pavie. Une distorsion de ce genre — vieille distorsion d'ailleurs, qui nous est déjà révélée par saint Thomas, — au-delà de son importance économique, en recèle une autre de nature politicopsychologique, qui introduit dans le jeu des salaires tout le vaste problème de l'action — et de l'efficacité — de certains groupes proches du pouvoir. Cette pression, qui se fait presque automatiquement de la part des employés (même si au fur et à mesure de leur éloignement progressif du centre du pouvoir leur action perd en efficacité), était en général presque nulle pour les salariés. Ainsi se manifeste nettement la nécessité, pour une analyse exhaustive des rétributions de travail, d'étudier attentivement le pouvoir 32
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politique, la force de pression des différents groupes qui jouissent de ces salaires : c'est là que — conjointement avec d'autres facteurs — on peut trouver une indication suffisamment valable sur les causes et les formes des conflits de travail —jusqu'à la grève et outre la grève — qui apparaissent parfois. * * *
Je ne crois pas beaucoup à la méthodologie. Et ces quelques remarques que j'ai eu l'honneur de présenter n'ont absolument pas la prétention de constituer une introduction méthodologique à l'histoire des salaires. Tout simplement, je crois qu'il est nécessaire de temps à autre de verser à un dossier la somme de connaissances qui nous est apportée par d'autres recherches. C'est ce que j'ai voulu faire ici : rîiistoire économique, dans son ensemble, a fait en ces deux dernières décennies des pas de géant. Il me parait donc nécessaire que l'histoire des salaires — restée peut-être sur des positions arriérées — bénéficie des progrès réalisés en d'autres secteurs. J'espère que la discussion montrera jusqu'à quel point ce réajustement est nécessaire et jusqu'où il est possible.
LES SALAIRES D A N S LE AU MOYEN
PROCHE-ORIENT AGE
par E. ASHTOR
( Université de Jérusalem)
L'historien de l'économie qui aborde l'étude des salaires dans le Proche-Orient médiéval depuis la conquête arabe jusqu'à la conquête ottomane tâchera d'établir quel était le rapport entre les revenus des diverses classes de la population. Car ce qui nous intrigue en première ligne c'est d'élucider la stratification économique des diverses civilisations. On essaiera donc de répondre à deux questions : a) L'inégalité entre les salaires et les revenus des diverses classes était-elle plus grande ou plus petite dans l'Orient médiéval qu'en Occident à la même époque ou dans d'autres civilisations, par exemple dans le monde gréco-romain? b) Quelle a été l'influence de la domination musulmane sur la stratification économique dans les pays orientaux? Mais avant de se livrer à cette tentative il est nécessaire d'établir le fait que la stratification économique était alors plus ou moins égale dans les divers pays du Proche-Orient et il faut aussi examiner s'il n'y a pas eu des développements qui ont changé leur structure sociale pendant ces longs siècles. Cette recherche est rendue délicate par le petit nombre des rensei-
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gnements fournis par les sources arabes sur les salaires et les revenus de certaines classes, comme les artisans et les marchands. Toutefois on peut suppléer à ce défaut par des matériaux de la gueniza du Caire. C'est ce que nous avons déjà fait dans quelques études antérieures qu'on nous permettra de citer plusieurs fois, tout en y apportant des corrections. Les matériaux de la gueniza datent pour la plupart, il est vrai, des XIe et xn e siècles, mais l'étude des salaires dans l'Orient médiéval portera surtout sur cette période et sur la basse-époque, où se marquent tous les traits du régime social qui peut être caractérisé comme un « féodalisme oriental ».
I La première tâche d'une étude des salaires dans l'Orient médiéval sera d'établir ce que gagnaient les simples manœuvres et les autres classes ouvrières. Pour arriver à ce but on se heurte à deux obstacles. Le premier est la répartition chronologique des renseignements à ce sujet. En effet, les indications sur cette question qu'on trouve dans les sources orientales ne couvrent pas également les diverses époques du Moyen Age. D'autre part, pour autant qu'il s'agisse de dates de l'époque califienne, on ne peut pas être sûr de les interpréter correctement. Car quand on recueille ces matériaux, on ne peut généralement pas en déduire si les salariés recevaient ou non de la nourriture. Cette lacune, bien connue des savants qui se sont occupés de l'histoire économique de l'Europe médiévale, nous fait tomber peut-être dans plusieurs erreurs. Néanmoins, il semble que les sources nous permettent de nous faire une idée assez claire sur le développement de la paye de cette couche de la population. Les indications sur les salaires des ouvriers en Irak à l'époque des califes omeyyades étant peu nombreuses, on préférera n'en pas tirer de conclusions. Relevons toutefois que d'après une notice contenue dans le recueil biographique d'Ibn Khallikàn, le maître-pêcheur d'al-Barràdja, près de Basra, recevait en l'an 694 un salaire de 2 dâniks en cuivre par jour Cela correspond probablement à un salaire mensuel de 10 dirhams ou 5/6® de dinar. Plusieurs historiens arabes nous apprennent ce qu'on payait aux ouvriers employés à la construction de la capitale abbasside, Bagdad, au cours des années 762-766. Ils relatent qu'un simple manœuvre recevait de 2 à 3 habbas et un maître maçon de 1 kîrât à 5 habbas d'argent par jour 2. Ces données indiquent vraisemblablement des 1. S a u v a i r e , Complément, J A 1887, 2, p. 218. 2. Tabari, III, p. 326; Ibn al-Athïr, V , p. 440; A l - K h a t ï b al-Baghdâdi, I, p. 70; Yàfcùt, M u ' d j a m al-buldàn, I, p. 683.
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salaires mensuels respectifs de 1 à 1 1/2 dirham e t d e i 1/2 à 2 1/2 dirhams. Pourtant on se demandera si l'on peut considérer cette paye infime comme un salaire digne de ce nom. Quelques passages dans des biographies du IXe siècle nous engagent à donner à cette question une réponse affirmative. On y apprend qu'une femme pouvait se nourrir, dans la première moitié de ce siècle, avec un dânik par semaine 1 , soit 0,7 dirham par mois, ou qu'un homme dépensait pour ses aliments pendant le mois de ramadan 1 dirham et 2 1/2 dâniks, soit 1,41 dirham*. Ce furent de tels salaires que paya le calife al-Mançur qui fonda Bagdad. Pourtant on se tromperait en déduisant de ces indications qu'il n'y a pas eu de changements dans la paye des ouvriers en Irak à ladite époque. Quoique les dirhams mentionnés dans ces textes soient de valeur inférieure à ceux qui circulaient à l'époque de la construction de Bagdad, il y a lieu de supposer que le minimum vital — et le salaire minimal — d'un ouvrier étaient alors plus élevés que celui des ouvriers qui travaillaient à la construction de la nouvelle capitale. Même la paye de ceux-ci était probablement si modique parce qu'on pourvoyait à leur alimentation ou qu'on leur vendait les aliments à des prix très réduits. Divers renseignements du IXe siècle portent témoignage de ce que la paye des ouvriers était alors de beaucoup plus élevée. Un vizir du calife al-M'amûn était autrefois chef de cuisine chez un homme riche et recevait alors un salaire mensuel de 15 dirhams ainsi que des rations de pain. Puis le patron éleva son salaire à 20 dirhams et ensuite à 24, et il insistait pour que son employé mangeât des mets qu'on préparait à la cuisine s . Son salaire était donc d'abord de 3/4 de dinar, puis d'un dinar, en dehors des rations de pain, qui valaient peut-être un demi-dinar. Qu'on nous permette de citer dans ce contexte, un passage de la biographie de Ya 'kûb b. Laith, qui devint roi de sa patrie, le Sidjistin. D'après ce texte il gagnait dans sa jeunesse quand il exerçait le métier de chaudronnier, 15 dirhams par mois 4, ce qui équivalait probablement à 3/4 de dinar. Il semble que cette somme dépassait alors la paye minimale qui devait suffire à la subsistance d'un ouvrier (avec sa famille) mais pas de beaucoup. Un ouvrier spécialisé gagnait beaucoup plus. C'est ce qu'on déduit d'une historiette sur le marchandage entre le calife al-Mansûr et un maçon qui avait travaillé un jour et une partie d'un autre jour dans son palais. Il lui paya à la fin 4 dirhams 5 ce qui reviendrait à 80 dirhams ou 6 1/2 dinars par mois. 1. 2. 3. 4. 5.
Ibn Abï Ya'là al-farrà, Tabakât al-hanâbila (Damas 1340), p. 288. Op. cit., p. 51. Ibn Abî Ya'là AI-Farrâ, op. cit. At-Tanukhï, VIII« Partie, trad. Margoliouth, Isl. Cuit., III, p. 506 f. Gardezï, K. Zain al-akhbâr (Berlin 1928), p. 10. Tabarï, loc. cit.
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Les salaires des ouvriers et des artisans en Egypte étaient alors peu différents, si l'on compare les sommes en espèces. Cela appert des indications y relatives que comprennent les papyrus grecs du début du vm® siècle. O n y trouve maints renseignements sur la paye d'ouvriers qui recevaient 2/3 et 3/4 de dinar. Mais encore une fois, il faut se rappeler que ces ouvriers recevaient probablement aussi des mets. Les tisserands établis dans les villes de la Basse-Égypte qui gagnaient, au début du ix e siècle, un demi-dirham par jour étaient fort aigris et expliquèrent à un haut dignitaire ecclésiastique qu'ils ne pouvaient pas vivre. Or, cette somme correspondait à un revenu mensuel de 3/4 de dinar. A la même époque, un bon artisan gagnait de 1 1/4 à 2 dinars par mois. Cela ressort de divers papyrus où il est question de menuisiers, de calfats, de forgerons et d'autres artisans 1 . En recueillant ces renseignements on fera deux observations : on constatera d'abord que le revenu réel des ouvriers était de beaucoup plus élevé en Égypte qu'en Irak, puisque les denrées principales se vendaient plus cher dans ce dernier pays. Nous ne risquons pas de nous tromper en présumant que cette disparité des revenus explique la forte émigration d'Irak en Égypte et en Syrie. Ensuite, on s'aperçoit que la paye des ouvriers en Égypte n'a pas changé considérablement au cours du règne des califes omeyyades. Car la comparaison des salaires payés aux ouvriers à l'époque califienne avec les données du VIe siècle démontre qu'ils étaient à peu près égaux. Cette stabilité des salaires était probablement la conséquence de la stabilité monétaire, fondée sur le dinar contenant près de 100 % d'or. L'ébranlement de la stabilité monétaire et les crises économiques qui se produisirent lors de la décomposition de l'Empire califien dans la deuxième moitié du ix e siècle et au cours du Xe siècle eurent naturellement des répercussions sur la paye des ouvriers. Dans tous les pays d'Orient, les ouvriers pouvaient élever leurs salaires. U n écrivain arabe raconte qu'un tailleur de verre gagnait en Irak, dans la deuxième moitié du ix e siècle, de 1 1 /3 à 1 1/2 dirhams par j o u r 2 , soit à peu près 2 dinars par mois. En Égypte aussi la paye des ouvriers augmentait. U n papyrus contient l'ordre de payer à un ouvrier 1 dinar pour le mois de Safar 303 (août-septembre 915) 3 . C'était alors vraisemblablement le salaire minimal à cet endroit. D'autre part, on lit dans un passage du recueil biographique d'Ibn Khallikàn qu'on payait à Fostât, au milieu du Xe siècle, à un ouvrier qui faisait un travail très simple 2 dinars par mois 4 . Ce salaire dépassait certaine1. V. les citations dans notre < Essai sur les prix et les salaires dans l'empire califien », RSO, 36, p. 48/9. 1. At-Tanùkhî, I»» Partie, p. 134. 3. GROHMANN, APEL, V, n° 353. 4. Wafayât aJ-a 'yàn (Le Caire 1299), I, p. 236.
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ment la paye des manœuvres qui ne se montait probablement pas à plus de 1 dinar. Toutefois, ce renseignement démontre la hausse des salaires, car la paye de cet ouvrier était égale à ce que gagnait autrefois un ouvrier spécialisé. Pourtant le coût de la vie en Égypte avait subi de grands changements au cours du ix® et dans la première moitié du X e siècle. Le prix du pain à la fin du X e siècle était le quadruple de son prix au début du VIIIe siècle, de sorte que le revenu réel des ouvriers qui recevaient alors le salaire minimal de 0,6 dinar équivalait à 1 142 ratls de pain et celui d'un dinar qu'on payait à son égal au X e siècle — à 476 ratls. Cette comparaison donnerait l'impression qu'il y eut alors une diminution formidable de la paye des ouvriers en Égypte, mais l'on ne doit pas oublier qu'il s'agit d'une hausse des prix des céréales qui s'est poursuivie pendant plusieurs générations. Quoi qu'il en soit, l'historien de l'économie orientale qui constate la hausse énorme du prix du blé (et du pain) au x e siècle et d'autre part, l'amoindrissement aussi considérable du revenu réel des ouvriers n'alléguera pas que cette évolution inverse s'explique par le fait bien connu que l'augmentation des salaires retarde la plupart du temps nettement sur la hausse des prix. L a disparité étant trop grande, on sera tenté de supposer que c'était la surabondance des bras qui l'a produite. D'autre part, il n'y a pas de doute que les salaires des ouvriers en Irak et en Égypte se sont rapprochés à cette époque, bien qu'ils aient été encore assez différents. L'ouvrier irakien, qui gagnait 1 y 2 dinar, ne pouvait se payer avec cette somme que 227 ratls de pain. Ce rapprochement des revenus des classes ouvrières dans les pays du Proche-Orient était certainement un résultat de l'unification monétaire de ces pays qui s'était achevée à la fin du ix e siècle et aussi de l'établissement de relations commerciales entre des régions qui appartenaient jadis à des sphères économiques différentes. Cette unité économique des pays orientaux s'est conservée longtemps après le délabrement de l'Empire califien. L'analogie de la stratification économique en était un indice, bien qu'il n'y ait pas lieu de supposer que les salaires des diverses couches de la société aient été tout à fait égaux dans tous les pays d'Orient. Il semble que le salaire des ouvriers en Irak, pour autant qu'on envisage leur montant en espèces, n'ait guère changé au cours des xi« et XIIe siècles et jusqu'à la conquête mongole, a u milieu du x n i 8 siècle. Dans des manuels de mathématique pour les fonctionnaires du fisc, qui ont été rédigés dans la première moitié du XI e siècle, mention est faite de salaires se montant à 23 3/4-54 dirhams x. Ces sommes en dirhams correspondent probablement à la somme de 2-3 dinars 1. al-Karadji II, 17 III, 15; C A H E N , 1 Quelques problèmes économiques et fiscaux de l'Iraq buyide », AIEO, X, p. 332, 344.
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pour le salaire moyen d'un ouvrier en Irak à la fin de l'époque buyide. i y 2 dinar était certainement considéré comme le minimum vital, tandis que 3 dinars étaient ce qu'on payait à un bon artisan. Si nos suppositions sont correctes le salaire minimal d'un manœuvre n'avait pas changé depuis le Xe siècle. Mais le revenu réel avait augmenté, car pour 1 ]/2 dinar on pouvait acheter dans la première moitié du XIe siècle 300 ratls de pain. Puisque le prix des céréales a baissé encore une fois au xn® siècle, il y a heu de supposer que le revenu réel d'un ouvrier irakien qui recevait le même salaire dans la première moitié du XIII e siècle était encore plus élevé, car il pouvait se payer 405 ratls de pain 1 . La rétribution des ouvriers en Égypte a sans doute augmenté au début du règne des Fatimides. Quand le calife al-Hâkim fonda son académie (dâr al-'ilm) il fixa le salaire d'un domestique à 1,25 d i n a r par mois et celui d'un autre à 1 dinar Dans l'acte de wakf pour la mosquée d'al-Azhar, daté de 1 010, on trouve les salaires suivants : chargé de pâture — 1,29 dinar; ouvrierfontenier— 1,2 dinar; chargé du bassin pour les ablutions — 1 dinar; domestique — 1 din Puisque les fondateurs de tels établissements voulaient assurer la subsistance de l'ouvrier fontenier, qui devait leur consacrer tout son temps, on inférera de ce document que la somme de 1,2 dinar était considérée alors comme le salaire minimal pour un manœuvre. Or, cette somme équivalant au prix de 324 ratls de pain 4 , on constate que la situation économique des ouvriers en Égypte s'était détériorée au XIe siècle. O n pourrait aussi en conclure que leur économie était à cette époque à peu près au même niveau en Égypte et en Irak. Mais ce serait une conclusion erronée, étant donné que plusieurs denrées très importantes, comme la viande et le sucre, étaient meilleur marché en Égypte. Depuis le XIe siècle, les revenus réels des ouvriers en Égypte et en Syrie ont augmenté lentement, mais d'une manière continue. Les documents trouvés dans la gueniza du Caire nous fournissent quelques détails à ce sujet. Ce sont pour la plupart des feuillets provenant de la comptabilité de la communauté juive de Fostât et conservés dans la gueniza qui comprennent de telles indications, puisque la communauté possédait plusieurs maisons et en payait les réparations. D'après un document datant de l'an 1057, on payait à un ouvrier 5 dirhams par jour, soit 4 dinars par mois 5 . A u début du xn e siècle, un compagnon 1. A ce sujet nous devons renvoyer à notre livre sur Les prix et les salaires dans l'Orient médiéval où nous traitons des prix en Irak (à paraître). 2. MEZ, Die Renaissance des Islams, p. 16g. 3. Khitat II, p. 275-5. Cf. notre article, « Quelques indications sur les revenus dans l'Orient musulman au haut Moyen Age », JESHO, II, p. 263. 4. Cf. notre article « La recherche des prix dans l'Orient médiéval », Studia islamica, 21 (1965), p. 162. 5. T.S. 13 J 113.
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maçon touchait 3 dirhams par jour, un maître maçon 6 dirhams 1 . Ces payements représenteraient respectivement des salaires mensuels de 2 y 2 et de 5 dinars. Mais dans ces documents on mentionne aussi des payements plus modiques, par exemple de 2 dirhams par jour à un compagnon. Selon un document semblable, qui date de l'an 1216, la paye des compagnons maçons se montait à 4 dirhams par jour, soit presque 4 y2 dinars par mois, et celle du maître maçon à 6 dirhams, soit presque 6 l/2 dinars a . Mais on trouve aussi dans des documents de l'époque ayyoubide des journées payées 2 Yz et d'autres 5 dirhams s . Le salaire de ces ouvriers était donc respectivement de 3 et de 5 Yz dinars. Pourtant, on a raison de supposer que tous ces paiements dépassaient le minimum vital, qui n'était au xn* siècle que de 1,5 dinar et au XIII e siècle de 2 dinars. Citons à ce propos un contrat de société 4 , trouvé dans la gueniza. C'est un accord entre Efraim b. Jacob de Mossoul et Ibrâhïm b. Hiba de Damas touchant l'établissement d'une teinturerie. Efraim, propriétaire de la boutique, contribue pour 19 dinars; Ibrahim, le teinturier, pour 7 dinars et 5 klrâts. Ils convinrent qu'Ibrahim aurait droit à 2 dirhams par jour. Si nous avons bien restitué le texte endommagé on en déduira que ce teinturier gagnait 1 1/2 dinar par mois. On tirera des matériaux relatifs aux salaires payés dans certains établissements de wakf en Syrie des conclusions analogues en ce qui concerne les salaires minimaux. Car l'Égypte et la Syrie constituaient à l'époque des Croisades, puis jusqu'à la fin du Moyen Age, une région économique à l'intérieur de laquelle les prix et les salaires étaient la plupart du temps à peu près égaux. Ce n'est que sous le règne des Mamlouks circassiens que la différence entre le coût de la vie et les salaires dépasse la disparité qui, sous ce rapport, existait partout entre les capitales et les villes de province. Donc, en rapportant des données sur les salaires dans la Syrie à l'époque des Ayyoubides, pour laquelle les sources arabes nous fournissent quelques renseignements, nous en tirerons aussi du profit pour l'étude des conditions qui régnaient en Égypte. Renvoyons d'abord à la relation de l'historien Ibn Shaddâd sur la construction de deux mosquées à Damas par le sultan ayyoubide alMalik al-Ashraf Mûsâ, qui régna de 1229 à 1327 5 . Il y est fait mention des salaires alloués par lui à plusieurs fonctionnaires et domestiques. Converti en dinars le salaire du servant d'une mosquée se montait à i,66 dinar et dans l'autre à 3,33 dinars. L'acte de wakf de l'hôpital 1. Cambridge U L Miscellanea 876. 2. British Muséum Or. 5566 B 33. S. T . S . K 15100. 4- T . S . N S J 74. S. SAUVAIRE, « Description de Damas », JA, indications, p. 268-9.
1896, 1, p. 232-3; cf. quelques
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al-Kaimarî à Damas que fonda l'émir Saif ad-dïn Yusuf al-Kaimarî en l'an 1254 comprenait les salaires suivants 1 : vendeur à la pharmacie magasinier infirmier infirmière portier et maçon
1 /6 de ghirara de froment et 13 dirhams 8
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— — —
Si l'on calcule sur la base d'un prix de 3/4 dinar pour l'ardabb de froment, on trouvera que les salaires du vendeur et des infirmiers se montaient à 1,81 dinar et celui du magasinier à 1,26. Ces textes syriens indiquent donc la somme de 1,8 dinar comme salaire moyen d'un domestique ou d'un employé de même rang, ou évalué en quantités de p a i n 40g ratls é g y p t i e n s , contre les 4 5 4 que pouvaient acheter leurs égaux en Egypte avec leur salaire de 2 dinars. Voilà la différence entre les salaires payés dans la capitale du royaume ayyoubide et dans les villes syriennes. En ce qui concerne l'évolution des salaires à la basse époque, les actes de fondation des établissements de wakf nous fournissent une ample information. Ce sont des indications précieuses, parce que nous connaissons parfaitement la valeur des monnaies en lesquelles les allocations y sont indiquées. Pour calculer le salaire minimal, c'est-à-dire la somme qu'on considérait probablement comme absolument nécessaire pour garantir la subsistance d'un ouvrier et de sa famille, on recueillera les allocations des employés qui faisaient un travail pénible ou qui devaient consacrer tout leur temps à l'établissement. Voici le tableau des salaires d'un ouvrier qui faisait un tel travail. C'est le fontenier, qui devait fournir l'établissement en eau apportée du Nil ou tirée du puits 2. madrasa de Muhammad b. Kalâ'un, an 1303 mosquée d'al-Mu'ayyad, an 1420 monastère de Siryâkûs, an 1429 mosquée de Kaitbay, an 1474 mosquée de Kirkmâs, an 1510 mosquée de Kânsuh al-Ghùrï, an 1515
1,5 dinar 2. — 1,6 ashrafì 2,45 — 3,33 — 3,33 —
Comme on le voit, à l'époque des Mamlouks bahrites, le fondateur d'un établissement religieux qui voulait assurer la subsistance d'un tel domestique (et de sa famille) lui allouait un salaire mensuel de 1,5 dinar. La somme qu'on considérait comme nécessaire à cet effet 1. M . Kurd 'Ali, Khitat ash-Shàm, V I , p. 163-4. 2. Pour les sources et la conversion des allocations en dinars ou en ashrafis, cf. notre étude « Prix et salaires à l'époque mamlouke », REI, 1949, p. 76 ss.
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à l'époque des Mamlouks circassiens était probablement de 3,33 ashrafîs. Il est vrai que les allocations pour les portiers 1 dans les actes de fondation du xv« et du début du XVIe siècle n'indiquent pas d'augmentation de ce genre, mais il semble qu'à cette époque, caractérisée par l'appauvrissement progressif de l'État mamlouk, on n'avait pas les ressources nécessaires pour payer des portiers tenus de rester à leur place toute la journée. Citons encore deux documents judéo-arabes qui ont été conservés dans la gueniza du Caire. Ce sont des lettres datant du XVe siècle, qui ont été probablement écrites par des artisans du Caire ayant tenté fortune ailleurs. L'un d'eux relate qu'il a travaillé à Khânkah 4 jours pour 5 mu'ayyadis, à Kalyûb 5 jours pour 1 ashraf, à Gaza 15 jours pour 1 ashraï et à K a f r Kana 5 jours pour 4 mu'ayyadis a . A juger d'après ces notices, le revenu d'un jeune artisan était peut-être de 2 ashrafîs par mois. Dans une autre lettre d'un jeune homme qui était parti du Caire pour Samanûd, on lit qu'il gagnait 3-4 mu'ayyadis par jour. D'après le style c'est aussi la lettre d'un artisan 8. Cet homme qui était probablement plus expérimenté dans son métier gagnait donc 4 ashrafîs par mois. Ces indications sur la paye des artisans, qui étaient sans doute des compagnons salariés, correspondent parfaitement à nos déductions des actes de wakf. Si l'on convertissait la paye en espèces en quantités de pain 4 , on trouverait que la paye minimale d'un ouvrier ou domestique dans l'Égypte de l'époque mamlouke-bahrite était de 500 ratls et, à l'époque des Mamlouks circassiens, de 666 ratls. Les actes de fondation syriens qui datent de l'époque mamlouke indiquent des salaires plus modiques. Citons quelques renseignements sur la paye des servants 5 : serviteur dans la mosquée as-Sakrâkiya à Tripoli, an 1356 1,5 dinar serviteur, muezzin et portier à la Dâr al-kur'ân adDullâmîya, à Damas, an 1443 1,4 ashrafî balayeur et serviteur dans la mosquée al-Karimïya à Alep, an 1454 2,16 — La modicité des salaires dans ces établissements s'explique par deux raisons : la première est la disparité entre la richesse des fonda1. Ibid., p. 88. 2. GOTTHEIL-WORRELL, Fragments from the Cairo Genizah m the Freer Collection,
n X X X . 3. T.S. 13 J 267.
4- Sur le prix du pain en Égypte à l'époque mamlouke, cf. notre étude, in REI, 1949, p. 68 ss. 5. Cf. ibid., p p . 84-5.
5O8
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teurs des établissements en Egypte et en Syrie, et la deuxième, la différence entre le niveau des salaires dans les deux pays. Pourtant ce fait se fonde aussi sur le coût de la vie en Syrie qui était à la basseépoque beaucoup plus bas qu'en Égypte. Le petit volume du commerce des épices, la destruction de plusieurs villes marchandes du littoral méditerranéen, la disparition des principautés ayyoubides avaient probablement produit ce phénomène x . Quoi qu'il en soit les données touchant la paye des ouvriers en Irak, en Égypte et en Syrie éclairent le processus de son évolution. Résumons nos conclusions au sujet du salaire minimal :
paye en espèces
VIII» siècle 0,3 dinar IX» » 0,5 » X» , 1.5 » XI« . '.5 » XII« » XIII« » ï.5 » XIV« » XV« »
ÉGYPTE
SYRIE
IRAK ÉPOQUE
paye en espèces
paye en espèces
réel
0,6 dinar 227 ratls 300
»
405
.
1,8 d i n a r 1.4
»
409 ratls
466 2.5 ashrafïs 500
» »
°»75 1 1,2
» > »
i>5 2
réel 600 ratls
»
463 324 405
» » .
>
454
» » >
500 '»5 » 3,33 ashrafïs 666
Bien que plusieurs des données d'après lesquelles nous avons calculé le développement du revenu réel soient présumées, n'étant pas puisées aux sources (et pour cela mises entre parenthèses), les chiffres ne laissent aucune doute sur leur diminution ou leur augmentation pendant des longues périodes. Les renseignements sur la paye des ouvriers en Irak et en Égypte, qui dépassait le salaire minimal, indiquent eux aussi cette évolution. Voici le tableau de ces salaires avec leurs équivalents en ratls de pain :
i . Cf. ibid., p p . 92-3, et dans notre étude « Le coût de la vie en Palestine au Moyen Age », L.A. Mayer Memorial Volume, pp. 163-4.
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IRAK ÉPOQUE
VIII» siècle IX* » X« » XI» » XII» > XIII» > XV» »
paye en espèces
1,25 dinar
2
»
a
»
>5
ÉGYPTE
réel
304 ratls 400 »
paye en espèces
réel
1,5 dinar
1500 ratls
2
1
4 4 5
» » »
926 > 1045 >
7
ashrafîs
987 »
1169 1400
* «
En dehors du renseignement isolé de l'Égypte du xi® siècle qui se réfère probablement à la paye d'un artisan bien supérieure aux salaires des autres ouvriers, ces données concordent tout à fait avec les indications touchant la paye minimale. Comme on s'en aperçoit, le salaire réel des ouvriers augmentait continuellement : en Irak depuis le VIIIe siècle, et en Égypte depuis le xi® siècle. L'évolution de la paye des ouvriers en Syrie, pour laquelle nous ne connaissons des renseignements que pour la basse-époque, était vraisemblablement pareille. On ne peut expliquer ce développement dans les trois pays, qui étaient les centres économiques du Proche-Orient au Moyen Age, par les changements du coût de la vie. Car les denrées principales étaient meilleur marché en Irak aux Xe et xi® siècles qu'autrefois, et le salaire en espèces était plus élevé. On constate la même chose en comparant les prix des denrées et les salaires dans l'Égypte de l'époque fatimide et ayyoubide d'une part et à l'époque des Mamlouks bahrites d'autre part. La vie était moins chère en Égypte à cette époque que sous le règne des Fatimides et des Ayyoubides et, par contre, la paye des ouvriers avait augmenté. L'augmentation du salaire moyen des ouvriers en Égypte à l'époque des Mamlouks circassiens dépassait tellement le renchérissement des denrées que leur paye réelle augmenta considérablement. Ce sont des indices très clairs du manque de bras ou en d'autres termes de la diminution de la population. Plusieurs passages dans les œuvres des géographes arabes et dans des écrits sur les problèmes de l'administration en portent aussi témoignage. L'étude du développement du salaire des ouvriers aboutit donc à l'observation que la dépopulation progressive était un phénomène essentiel de l'histoire sociale du Proche-Orient au Moyen Age.
5X0
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II Les renseignements sur les salaires des employés et surtout des fonctionnaires du gouvernement qu'on trouve dans les sources littéraires et dans divers documents de l'Orient médiéval nous donnent la possibilité d'en faire une description assez exacte. Plusieurs auteurs arabes relatent ce que touchaient les chefs des services publics aux temps des premiers califes. O n nous apprend que ceux-ci avaient un traitement en espèces de 100 ou 150 dirhams, soit de 10 ou 15 dinars, et recevaient en outre des rations de viande et de blé. Tel était aussi le traitement des juges 1 . Puisque ces fonctionnaires recevaient aussi la pension militaire ('atà) qu'on allouait à chaque m u s u l m a n , on peut supposer que leur revenu se montait à 30 dinars environ. Les califes omeyyades et les premiers Abbassides payaient aux kàtibs, c'est-à-dire aux préfets des départements, 300 dirhams par mois, soit 25 dinars. Puis le calife al-Ma'mun (813-833) les augmenta 2. Ces renseignements fournis par les auteurs arabes se réfèrent probablement aux salaires des fonctionnaires au siège du gouvernement central. Mais que gagnaient les fonctionnaires en province? Dans l'œuvre d'un historien égyptien, on lit qu'un juge de Fostât touchait à l'époque des Omeyyades de 16 à 20 dinars par mois ». Le juge de Fostât, qui occupait la plus haute fonction judiciaire de l'Égypte, est mentionné une fois comme recevant un traitement mensuel de 83 dinars 4, non seulement parce qu'il cumulait plusieurs postes, mais aussi parce qu'il bénéficiait d'une situation privilégiée en raison de ses mérites personnels. En effet, d'après l'auteur qui parle de ses revenus, son salaire en tant que juge se montait à 16 dinars par mois et il relate aussi que sous le règne du calife al-Mansur le juge de Fostat avait un salaire de 30 dinars seulement 5 . Les Abbassides, qui mirent en relief les attributions religieuses du califat et rehaussèrent la position des dignitaires religieux, augmentèrent le traitement des juges au cours de la première moitié du ix e siècle. Selon ce qu'on lit dans diverses sources, les juges suprêmes de l'Irak et de l'Égypte jouissaient dès lors de traitements de 160, de 200 ou même de 500 dinars, encore qu'ils dussent reverser une partie de cette 1. A t - T u r t ù s h i , S i r à d j a l - m u l u k (Le C a i r e 1319), p. 1 1 6 ; A b u Y ù s u f , K i t â b a l - k h a r à d j ( L e C a i r e 1352), p. 36. 2. T a b a r ï , I I I , p p . 434-9; A t h - T h a "alibi, L a t â 'if a l - m a 'ârif, p. 17. 3. a l - K i n d î . K . a l - w u l à t w a - k i t â b al-qudât, éd. R h . Guest, pp. 3 1 7 , 354. C f . M E Z , p. 2 1 1 . 4. A I - K i n d ï . op. cit., p. 3 1 7 , à préférer à As-Suyûtï, H u s n a l - m u h â d a r a ( L e C a i r e 1299), I I , p. 1 1 5 . 5. As-Suyûtï, op. cit., p. 1 1 7 .
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5"
somme à leurs substituts 1 . A la fin du siècle quand Ibn Tùlùn devint le premier souverain musulman indépendant de l'Égypte, le juge de la capitale égyptienne touchait 83 dinars*. Un secrétaire chargé de rédiger des lettres recevait, dans la deuxième moitié du ix® siècle, en Egypte, 40 dinars par mois, puis 400 et à la fin 1 000, à en croire une relation de Yäküt s . Jusqu'ici nous n'avons traité que des salaires des hauts fonctionnaires. Pour le Xe siècle, les écrivains arabes d'Irak nous fournissent des indications plus détaillées touchant les salaires des diverses classes de fonctionnaires dans ce pays. De ces indications, on déduit qu'un employé d'une firme privée ou un fonctionnaire subalterne d'un service gouvernemental touchait de 5 à 6 dinars, cependant qu'un employé ayant de plus grandes responsabilités ou un fonctionnaire de rang moyen en recevaient de 8 à 20. Les traitements des hauts fonctionnaires se montaient à 30 dinars et davantage *. Ceux des chefs des services importants et des ministres étaient alors très élevés, atteignant des centaines ou même des milliers de dinars par mois 6. Dans les anciennes provinces de l'Empire califien, qui devinrent à cette époque des royaumes indépendants, les salaires des hauts fonctionnaires étaient parfois très différents, mais augmentaient pour la plupart eux aussi. Un juge de la capitale de l'Égypte touchait dans la première moitié du Xe siècle 120 dinars par mois 6 . Quand on recueille des données sur le traitement des fonctionnaires, il ne faut pas oublier, on nous excusera d'avancer ce truisme, que ceux-ci avaient toujours des émoluments qui constituaient une partie très importante de leur revenu total. Mais autant qu'on peut en juger d'après les renseignements tirés des sources arabes, il y a lieu de conclure que, lors des crises économiques qui accompagnèrent la dislocation de l'Empire califien, les revenus des fonctionnaires subalternes et moyens n'ont pas augmenté, comme la paye des ouvriers. On s'aperçoit du même phénomène en étudiant les données de l'époque des Croisades. Les salaires que les souverains orientaux payaient à cette époque à leurs fonctionnaires n'étaient pas plus élevés. Dans la première moitié du xi® siècle, un théologien qui cumulait les fonctions de juge dans plusieurs circonscriptions et était chef de la Monnaie de Bagdad et remplissait d'autres fonctions ne tou1. K R E M E R , Eirmahme-budget p . 1 1 8 ; M E Z op. cit., p p . 2 1 1 - 2 .
des Abbasidewreiches vom Jährt 306 h, p.
70;
As-Suyûtï,
2. As-Suyûtï, p. 119. 3. Yäküt, Al-Irshäd II, pp. 2 3 7 - 8 . 4- Cf. les sources citées dans notre essai, in RSO 36, pp. 52-3; H i l i l as-Sâbï, K i t â b al-wuzaxä (éd. Amedroz), p. 119. 5. M E Z , p. 7 4 . 6. As-Subki, T a b a k ât ash-shâfi 'îya, II. p. 302.
512
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chait que 60 dinars par mois 1 . La liste des allocations à la madrasa al-Mustansirïya, école des hautes études fondée en l'an 1234 à Baghdad est très édifiante sous ce rapport. Car c'était un établissement fondé par un calife et pourvu de riches dotations. Or un employé subalterne y touchait environ 5 dinars (en espèces et en nature), un secrétaire ou bibliothécaire en chef de 10 à 15, et le directeur, 20 2 . A combien se montaient les salaires qu'on payait aux fonctionnaires dans l'Égypte fatimide? Quelques passages des œuvres d'al-Kalkashandï et d'alMakrïzï nous l'apprennent. Un petit fonctionnaire, comme le « surveillant « dans la mosquée al-Azhar, ne gagnait que 2 dinars s . Le bibliothécaire à l'académie d'al-Hâkim en touchait 4 *. Les employés subalternes de la cour fatimide avaient des salaires oscillant entre 5 et 10 dinars par mois. Le chef de la Chancellerie royale touchait 120 dinars, un secrétaire 30. Le trésorier en chef avait un traitement de 100 dinars, le préfet des marchés (muhtasib) de la capitale touchait 30 dinars. Le salaire de l'intendant des manufactures royales (ttrâz) se montait à 70, celui de son substitut à 20 dinars 5 . Le traitement du juge suprême de l'Égypte fatimide était, d'après ces auteurs, de 100 dinars par mois 6 , mais le voyageur persan Nâsirî Khosrau raconte qu'il touchait 2 000 dinars par mois 7 . Toutefois, le témoignage de cet écrivain chiite est un peu douteux. Car ce qui découle des indications très exactes que nous avons citées, c'est que les salaires en espèces, et encore plus les revenus réels des fonctionnaires dans l'Égypte fatimide, étaient certainement plus modiques que les salaires que recevaient leurs égaux aux temps des califes abbassides et en Irak à l'époque des Croisades. C'est une constatation qui sera un peu étrange pour les lecteurs des histoires du Proche-Orient qui revèlent la richesse énorme des califes fatimides et le grand essor économique de l'Égypte sous leur règne. Mais elle concorde avec nos déductions touchant l'évolution de la paye des ouvriers dans l'Égypte fatimide. Les rares indications que nous possédons sur le traitement des fonctionnaires, sous le règne des Ayyoubides, démontrent elles aussi que leurs revenus étaient assez modiques et qu'ils n'ont pas augmenté pendant une longue période. A l'hôpital al-Kaimarï de Damas, par
1. Yàkût, Irshàd, V, p. 302. Scion al-Kutubî Fawàt al-wafayât (Bùlàk 1299), II, p. 68, il touchait 200 dinars par mois. 2. Cf. quelques indications in JESHO, II, pp. 267-9. 3. Khitat II, p. 274-5. 4. M E Z , p. 169. 5. Subh al-a 'shâ, III, pp. 525-6; Khitat, I, pp. 401-2, 464, 470; MEZ, op. cit., p. 74. 6. Subh al-a 'shi, III, p. 525; Khitat, I, p. 401. 7. Irad. Schéfer, p. 161.
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exemple, le chef du personnel gagnait environ g dinars par mois, le magasinier en chef 2 et le pharmacien 1,81 x . Al-Makrïzf nous donne quelques renseignements sur les salaires des hauts fonctionnaires en Égypte à l'époque mamlouke. Le vizir, qui tenait le poste le plus élevé parmi les fonctionnaires civils, touchait, en espèces et en nature, 500 dinars djaishi, ce qui équivalait probablement à 250 dinars. U n juge suprême avait un traitement de 50 dinars Les actes de fondation des établissements de wakf égyptiens qui datent de l'époque mamlouke contiennent bon nombre de données sur les salaires du personnel administratif. Qu'on nous permette d'en citer les plus représentatifs 8 : — Subalternes : bibliothécaire à la fondation de Kalâ'ûn, an 1284 bibliothécaire à la madrasa de Muhammad b. Kalâ'un, an 1303 encaisseur à la mosquée d'al-Mu'ayyad, an 1420 inspecteur des sûfts dans cet établissement secrétaire à la Khânkah al-Kharrûbïya, an 1420 encaisseur à la mosquée de K l i t b i y , an 1474 inspecteur du monastère de Kânsûh al-Ghûrî, an 1515.
2
dinars
1,5 — 3,33 — 2,6 — 3 — 1,96 ashrafl 2 —
— Responsables, surtout financiers : directeur à la mosquée d'al-Mu'ayyad intendant dans cet établissement caissier dans cet établissement intendant au monastère à Siryikûs, an 1429 autre employé dans cet établissement directeur de la mosquée de Kâitbây intendant dans cet établissement comptable dans cet établissement
20 dinars 6,66 — 3 — 2 ashrafïs 2 — 7 — 6,66 — 5,6 —
Ce sont pour la plupart des indications sur le traitement d'employés de rang inférieur. O n en inférera qu'un tel employé touchait de 2 à 3 dinars, et le titulaire de postes un peu plus élevés — de 6 à 7. Seul le directeur d'un grand établissement, celui du Dj ami al-Mu'ayyad, avait un salaire de 20 dinars. On s'aperçoit aussi que les salaires ne s'inscrivaient pas sur une courbe ascendante et avaient même tendance à bais1. Cf. dans notre étude, in REI, 1949, p. 84. 2. Khitat, II, p. 224. (Nous avons appuyé notre interprétation d u texte sur la supposition qu'un dinar « djaishi » valait 10 dirhams, soit 1/2 de dinar, cf. POLIAK, in JRAS, 1937, pp. 99-100.) 3. En écartant les allocations pour les employés qui ne consacraient probablement pas tout leur temps à l'établissement. 33
5'4
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ser. Les salaires de plusieurs employés des établissements fondés à la basse-époque sont plus restreints que les sommes payées à des ouvriers et des domestiques. Puisque nous ne connaissons pas de documents analogues, d'époques plus reculées, comprenant des données nombreuses sur les salaires des employés subalternes et de rang moyen, on ne tirera des conclusions des chartes citées qu'en soulignant leur caractère hypothétique. Mais autant qu'on en puisse juger d'après les dates dont nous disposons, on doit conclure que le traitement des employés égyptiens à la basse-époque n'a pas augmenté. En faisant cette observation, on retiendra toutefois que la différence entre les traitements des employés supérieurs et moyens et les salaires des petites gens était encore si grande que la diminution de leurs revenus réels n'a pas modifié la stratification sociale.
III Passons maintenant aux salaires des fonctionnaires religieux de rang subalterne et moyen, sujet sur lequel les actes de wakf et d'autres sources d'Egypte et de Syrie nous fournissent aussi de nombreux renseignements. Dans la charte de fondation de la mosquée al-Azhar la rétribution mensuelle de l'imâm se monte à 2,785 dinars. C'était plus que le double de la somme qui, d'après le même document, était probablement le minimum vital. Le muezzin recevait dans cet établissement un traitement de 2 dinars, de même que le gardien. Seul le prédicateur en touchait 7 Les documents de la gueniza contiennent beaucoup de données sur les salaires que les communautés juives d'Égypte payaient à leurs fonctionnaires religieux, et il vaut la peine d'en citer quelques-unes dans ce contexte, surtout alors qu'il s'agit de petits fonctionnaires qui touchaient un salaire minimal. D'après un document qui provient probablement du XIe siècle, un tel fonctionnaire gagnait 2 1 ¡2 dinars par mois 2 . La même somme était, à juger selon un passage des fameux mémoires d'Usâma b. Munkidh, le salaire d'un gardien (kaiyim) d'une mosquée dans une ville irakienne dans la première moitié du xn* siècle 3 . Ce qu'on déduira de toutes ces indications, c'est le fait que la somme de 2 à 2 y 2 dinars était à cette époque considérée dans tous les pays d'Orient comme le salaire convenable à un petit fonctionnaire religieux. C'est là une autre preuve du fait que les pays du Proche-Orient constituaient à l'époque des Croisades, comme autrefois, une unité économique. 1. Khitat, II, p. 274-5. a. Cf. quelques indications,
3. Ibid., p. 269.
ibid.,
p. 264.
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Les salaires du clergé musulman, si l'on peut employer cette expression en Égypte et en Syrie, sous le règne des Ayyoubides, se montaient à peu près aux mêmes sommes. L'Andalou Ibn Djubair, qui parcourut les pays d'Orient, dans la neuvième décennie du xn« siècle, relate que les imams des mosquées d'Alexandrie touchaient en moyenne 5 dinars par mois 1 . Dans les mosquées que construisit le roi ayyoubide al-Malik al-Ashraf Musâ à Damas le traitement du prédicateur et de l'imlm se montait à 5,55 dinars 2. Mais c'étaient des salaires payés par un sultan au personnel de grands établissements. Dans des mosquées plus modestes, on payait des salaires plus modiques. Abu Shâma relate, par exemple, que l'imlm d'une mosquée à Damas touchait, au milieu du XIII e siècle, 60 dirhams 3. Il s'agit probablement dans ce texte de dirhams « noirs », dont 40 valaient alors un dinar. Cet imâm avait donc un salaire de 1 1/2 dinar. Les documents de la gueniza démontrent que les salaires des fonctionnaires religieux dans les communautés juives étaient à l'époque ayyoubide aussi très modiques. Un chantre touchait 7 dirhams par semaine, et, si l'on ajoute la valeur des rations de pain qu'on distribuait au personnel des communautés, les sommes qu'on dépensait pour le paiement de leur capitation et la rétribution scolaire de leurs enfants, on conclura que le revenu réel d'un tel fonctionnaire (ayant deux enfants) se montait à 1,6 dinar par mois 4. Le salaire moyen d'un juge dans une communauté juive était probablement d'un peu plus de 2 dinars, si l'on y inclut les payements mentionnés ci-dessus s . Toutefois il ne fait pas de doute que ces fonctionnaires avaient aussi leur casuel qui formait une partie considérable de leur revenu total. Les traitements des petits fonctionnaires religieux à la basseépoque étaient sans doute plus modiques. Les sommes allouées aux imâms dans les actes de fondation des établissements de wakj\ que nous avons relevées dans une étude antérieure, indiquent que, sous le règne des Bahrites, un imâm attaché à un grand établissement royal recevait 4 dinars et, sous le règne des Circassiens, 2,66 ashrafïs en moyenne Si l'on calcule le revenu des imâms dans l'Égypte de la basse-époque en quantités de pain, d'après les sources que nous avons citées, on obtiendra les chiffres suivants :
1. Éd. Wright de Goeje, p. 43. 2. Quelques indications, pp. 268-9. 3. Dhail ar raudatain, p . 128.
4. T.S. K 1590, T.S. NS J 105, 221, 267; Cambridge U L Miscellanea 2884; British Museum Or. 5566 C 2. 5. T.S. K 1590, 25240, n o s 15, 21; T.S. Box J 263; Cambridge U L Miscellanea 2584, Arabic Box 47; British Museum Or. 5566 C 2. 6. REI, 1949, p. 89.
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5
dinars
4 2,66 ashrafïs
i 136 ratls 1 300 533
Ce sont là des données qui ne laissent aucun doute en ce qui concerne l'évolution du traitement de ces fonctionnaires. Elles montrent clairement qu'il avait considérablement décrû à la fin du Moyen Age. Gela s'explique probablement par les ressources plus limitées dont disposaient les sultans et les autres fondateurs des établissements de wakf et aussi par le plus grand nombre de candidats à ces postes. Il semble que la fondation de nombreuses madrasas ait eu pour conséquence l'existence, dans l'Égypte et dans la Syrie de la basse-époque, d'un grand nombre d'intellectuels pour lesquels les postes créés dans les services du gouvernement et dans les établissements de wakf ne suffisaient pas. En lisant l'histoire de Jérusalem et d'Hébron composée par Mudjlr ad-dïn al-'Ulaimï à la fin de cette époque, on se rend compte en effet que dans les villes de province, comme l'était Jérusalem, les théologiens se partageaient les postes, en obtenant chacun le quart, ou les deux cinquièmes d'une fonction déterminée et en cumulant les traitements partiels de divers établissements Le traitement des imâms dans les villes de Syrie était en général moins élevé qu'en Egypte. U n imam attaché à un établissement royal de Damas, dans la deuxième moitié du XIII® siècle, touchait 3 dinars 8 et ceux des établissements de wakf disposant de moins de ressources avaient, aux X I V E et xv* siècles, des salaires de 1 , 5 à 2 dinars en moyenne 3 . En étudiant ces données on comprend qu'une si grande disparité entre le nombre des candidats et celui des postes en Egypte et en Syrie ait provoqué des campagnes acharnées des théologiens musulmans contre les Coptes et les autres Chrétiens qui tenaient beaucoup de postes lucratifs dans les différents services d u gouvernement. Les renseignements que nous avons sur les traitements des fonctionnaires religieux, en dehors des imams, à la basse-époque, nous amènent à la même conclusion. Selon le texte indiquant les traitements payés à la mosquée al-Azhar, le prédicateur (khatïb) y touchait 7 dinars, tandis que ce fonctionnaire en recevait 5,55 dans une mosquée fondée par al Malik al-Ashraf M û s l à Damas. Voici quelques données sur le traitement de ce fonctionnaire à l'époque mamlouke :
1. Al-Uns al-djalil, pp. 579, 658. 2. M.A. D U H M A N , « La madrasa al-Zâhirïya » (en arabe), RAAD, 23, p. 578. 3. REI, 1949, p. 89.
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monastère à Siryâkûs, an 1429. . . . mosquée de l'émir Kânim, an 1466 . . mosquée de Kâitbâx, an 1474 . . . . mosquée de l'émir Kirkmàs, an 1510 . mosquée de Kànsuh al-Ghuri, an 1515
517 2,8 ashrafis 1.25 — 2,11 — 2 2
Le revenu réel d'un prédicateur à l'époque des Mamlouks circassiens était donc le tiers de ce que gagnait le prédicateur de la mosquée al-Azhar au X I e siècle (400 ratls de pain contre 1261 ). Résumons enfin les données disponibles sur le salaire des muezzins dans l'Égypte mamlouke : mausolée de Kalâ' un, an 1284 muezzin en chef à la madrasa de Kalâ'ùn autre muezzin dans cet établissement muezzin en chef au mausolée de Muhammad b. Kalâ' iïn, an 1303 autre muezzin dans cet établissement mosquée d'al-Mu'ayyad, an 1420 Khânkah al-Kharrûbïya, an 1420 monastère à Siryâkûs, an 1429 mosquée de l'émir Kânim, an 1466 muezzin en chef à la mosquée de Kiitbây autre muezzin dans cet établissement mosquée de Kirkmâs, an 1510 mosquée de Kânsûh al-Ghuri, an 1515
1,5 dinar 2 — . 1,5 — 2 1,5 1,1 1 1,25 0,5 1,1 0,96 0,5 1,1
— — — — ashrafi — — — — —
Les traitements de cette catégorie de fonctionnaires religieux s'inscrivent eux aussi sur une courbe descendante. Cette tendance se dégage surtout de la comparaison des données que nous avons résumées dans ce tableau avec les renseignements que nous possédons sur les traitements de la même catégorie aux époques fatimide et ayyoubide, où ils jouissaient d'un revenu double en espèces et encore supérieur calculé en quantités de pain. En effet, le muezzin de la mosquée al-Azhar avait un traitement de 2 dinars et les muezzins des mosquées de l'ayyoubide al-Malik al-Ashraf Mûsâ touchaient respectivement 3,33 et 2,22 dinars. IV Après le tableau que nous avons essayé de tracer des salaires des ouvriers et des traitements des employés, des fonctionnaires et du clergé, jetons enfin un coup d'œil sur les revenus des intellectuels.
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C o m m e il est normal de le supposer, leur éventail était très large, étant donné la variété des fonctions qu'ils remplissaient. Cette observation s'impose en première ligne quand on recueille les données sur les traitements au temps des califes, alors que l'enseignement supérieur était moins réglé et moins encadré dans des établissements uniformes. C h a q u e savant semble avoir été rétribué à cette époque selon la renommée dont il jouissait. Toutefois, on peut inférer des indications trouvées dans diverses sources q u ' u n précepteur recevait en Irak, au i x e siècle, un salaire mensuel de 2-3 dinars p a r mois. C'était apparemment ce que gagnaient les instituteurs de rang moyen, tandis qu'un professeur estimé pouvait en gagner 50 Le revenu d'un humble instituteur était donc le double de ce que gagnait alors un ouvrier. U n grand philologue qui exerçait l'enseignement libre contre argent comptant, dans la première moitié du ix e siècle, gagnait lui aussi 50 dinars 8 . Pourtant ces données auxquelles on pourrait en ajouter d'autres ne montrent pas clairement quelle était la place des professeurs dans la stratification économique de l a société orientale à l'époque des califes. Mais à partir du moment où les souverains turcs et leurs vizirs à l'époque des Croisades fondèrent leurs nombreuses madrasas, ces écoles supérieures de théologie orthodoxe qui jouèrent un rôle si important dans la formation culturelle et sociale des Orientaux à la basse-époque, le rang des professeurs se dégage avec netteté. Les fondateurs de ces écoles considéraient comme leur devoir d'allouer aux professeurs des traitements leur donnant la possibilité de se consacrer à leurs études et à l'enseignement à loisir et leur garantissant une position sociale convenable. Quand le calife al-Mustansir fixa, en l'an 1234, les traitements alloués au personnel de la grande madrasa qu'il avait construite à Baghdad, il attribua aux professeurs de jurisprudence 12 dinars par mois plus 600 ratls de pain, 150 ratls de viande et une quantité de légumes qui n'est pas précisée Cela revenait probablement à une somme de 20 dinars environ. Pourtant ce traitement ne peut être considéré comme typique, parce que la madrasa al-Mustansirïya était un établissement très riche. L e traitement habituel d'un professeur de madrasa était alors probablement moins élevé. Q u o i qu'il en soit, le revenu d'un professeur était semblable à celui des fonctionnaires de rang moyen ou plus exactement des fonctionnaires de rang moyen au début de leur carrière. Les professeurs des madrasas d'Egypte et de Syrie étaient mieux lotis à cette époque. U n professeur occupant une position très élevée 1. AL-Khatïb a l - B a g j d â d ï . 13, p. 332; MEZ, op. cit., p. 178. 2. I r s h â d , V I I , p . 6. 3. Cf. « Q u e l q u e s indications », p. 26g.
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touchait 40 dinars, le traitement d'un autre n'était que de 10 dinars 1 . Comme les traitements des fonctionnaires et du clergé, ceux des professeurs ont décrû à l'époque des Mamlouks, et ce certainement pour les causes que nous avons mentionnées ci-dessus. Les établissements d'enseignement fondés par les sultans dans les capitales ne payaient plus aux professeurs que 10 dinars, et l'on n'enregistre pas d'augmentation au xv« siècle, alors que le coût de la vie et le salaire des ouvriers avaient considérablement augmenté. Les rétributions prévues dans les grands établissements de wakf pour les supérieurs des sûfîs, qui étaient des ecclésiastiques de rang élevé, se montaient à la même somme. Telle était la norme, mais il va sans dire qu'il y avait des exceptions. Les traitements des professeurs attachés aux établissements fondés par les émirs et d'autres personnalités dans les villes de Syrie étaient nettement inférieurs. Même dans un établissement royal à Damas un professeur, dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, ne touchait que 3 ou 8 dinars 2 et, au xv® siècle aussi, les salaires étaient toujours moins élevés qu'en Égypte 8. Comme les grands établissements de wakf comprenaient aussi des écoles pour orphelins, on trouve dans leurs chartes de fondation des données détaillées sur le traitement des instituteurs, qui se composaient de payements en espèces, de rations de pain et de vêtements. Il découle de ces indications que leur revenu réel, à l'époque des Mamlouks circassiens, n'atteignait pas le montant des salaires ouvriers *. Mais la raison en était probablement leur situation personnelle : les salaires payés par les établissements de wakf aux fonteniers étaient vraisemblablement destinés à pourvoir à la subsistance d'une famille, ceux qu'on payait aux instituteurs — à de jeunes théologiens encore célibataires. Les traitements des médecins étaient plus élevés que ceux des professeurs. Les chiffres prodigieux que mentionnent les écrivains arabes en parlant des sommes que versaient les califes abbassides à leurs médecins n'ont pas grande valeur pour notre étude 6 . Par contre, les renseignements dont nous disposons sur le traitement des médecins dans les hôpitaux et dans les cours des souverains du Proche-Orient à l'époque qui suivit le délabrement de l'empire califien sont si précis que nous pouvons nous en faire une idée tissez claire. La somme de 10 à 15 dinars était considérée alors, semble-t-il, 1. Khitat, II, pp. 365, 400.
•1. Cf. chez
DUHMAN, op. cit., pp. 5 7 8 , 5 7 9 , 580. Sur la valeur des rations de pain que nous avons ajoutées aux payements en espèces, cf. notre étude « L'évolution (les prix dans le Proche-Orient à la basse-époque », JESHO, IV, p. 26. 3. Cf. REI 1949, p. 90.
4. Cf. ibid., p. 89.
'). Cf. Essai R S O 36, pp. 54-5.
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comme un traitement convenable pour un médecin. C'était ce que payait un roi bouyide à un médecin de Baghdad dans la deuxième moitié du Xe siècle, ce qu'un médecin recevait à la cour fabmide pour soigner la famille royale et les fonctionnaires et le traitement d'un médecin fameux à Damas dans la première moitié du XIII e siècle. Si un tel médecin, cumulant deux postes, travaillait à l'hôpital et à la cour, il recevait deux traitements. Mais il va de soi que des médecins renommés obtenaient des traitements plus élevés. O n doit tenir compte aussi du fait que ces salaires n'étaient qu'une partie des revenus de ces médecins, qui touchaient des honoraires considérables et avaient une clientèle privée
V Afin de parvenir à une juste évaluation des données que nous avons recueillies il convient bien entendu de se faire une idée de la stratification économique, au Moyen Age, de la société orientale tout entière. En effet, nous n'avons tracé jusqu'ici que le tableau de quelques couches de la population, en laissant de côté les autres qui en constituaient la grande majorité. Mais nous ne disposons malheureusement pas des données nécessaires pour calculer même approximativement les revenus des paysans ou des bédouins. Qu'on nous permette toutefois quelques réflexions sur les revenus des marchands et des autres classes aisées. Soulignons qu'il ne s'agit que de quelques données isolées et de suppositions assez fragiles. Pour cette tentative nous recourons à divers documents conservés dans la gueniza du Caire. Citons d'abord le document T . S . i o J 74. C'est un contrat entre deux frères, A b u '1-Faradj et Mufaddal, au sujet d'une société commerciale a . Les associés viennent de loger et de manger ensemble et de recevoir chacun un dirham par jour pour leurs dépenses personnelles. Mais, au cas où ils préféreraient manger à part, l'un recevrait 4 dirhams par jour et l'autre deux. Le document est un fragment sans date, mais on a de bonnes raisons pour supposer qu'il provient de l'époque fatimide quand 36-40 dirhams valaient un dinar. U n montant de 60 à 120 dirhams (1 1/2-3 dinars) était donc alors considéré comme la somme nécessaire pour l'alimentation d'un marchand (seul!). Si l'on y ajoute un demi-dirham par mois que payait probablement un marchand pour son appartement et en outre les frais 1. C f . « Quelques indications », p. 271 ff. a. Shirka. A vrai dire ce texte ne nous indique pas de quoi les deux frères s'occupaient. Pourtant on a tout lieu de supposer que s'ils étaient artisans leur métier serait mentionné.
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d'habillement, et si l'on présume qu'un tel commerçant mettait de côté le tiers de ses revenus, on inférera qu'il prenait pour base de ses calculs un revenu de 5 dinars par mois. Mais comme c'étaient apparemment de jeunes commerçants sans famille, on présumera qu'un marchand plus âgé, marié et père de famille, gagnait — et dépensai — le double. Le feuillet T.S. 28.17 contient un témoignage concernant la société commerciale de Jacob b. Joseph et des deux frères Dâ'ûd et Sadaka, fils de Semah b. Dâ'ûd ar-Rakkî. Il nous apprend que pendant 15 mois les associés avaient reçu 1/2 dinar par semaine plus un versement de 10 dinars, soit en tout 2,8 dinars par mois. Selon la déposition de Jacob, le capital investi dans la maison se montait à 4 000 dinars, une somme considérable. C'est pourquoi il porta plainte devant un tribunal, alléguant que la somme qu'il avait reçue n'était pas en proportion avec le capital. Ce document indique aussi que le revenu d'un marchand qui s'adonnait au commerce intérieur dépassait la somme de 10 dinars par mois. Passons aux revenus des propriétaires d'immeubles. Dans un contrat de mariage conclu à Damas, en l'an 933, on lit que la nouvelle épousée apportait à son mari deux maisons, dont le loyer annuel s'élevait à 262 dinars Le loyer mensuel d'une grande maison dans la capitale syrienne, car il n'est pas douteux qu'il s'agissait d'immeubles de ce genre, était donc alors de plus de 10 dinars. Une indication sur le loyer d'une maison analogue dans l'Égypte au XIe siècle est contenue dans la relation de voyage de l'écrivain persan Nâsir! Khosrau. Il dit que dans la capitale égyptienne une maison de quatre étages construite sur un terrain de 20 ghëz sur 12, était louée pour 11 dinars 2. Le médecin baghdadien 'Abdallatïf mentionne dans sa « relation de l'Égypte » s que le loyer d'un hôtel dans un des quartiers les plus fréquentés du Caire, à l'époque ayyoubide, n'était pas inférieur à 150 dinars, soit 12 1/2 dinars par mois. Une maison de grandeur moyenne se louait à la même époque pour 42 dinars Ces renseignements concordent avec ce qui découle des documents de la guemza que nous avons cités auparavant. Ils démontrent qu'un homme qui possédait une grande maison vivait à l'aise et dans une position économique comparable à celle des marchands, des professeurs des madrasas et des fonctionnaires de rang moyen. Les marchands qui se livraient au commerce international étaient 1. Cf. Assaf, BJPES, 11, flasc. 3-4, p. 4344. Cf. notre article, in Arabica, V I I I , p. 69. 2. Trad. Schéfer, pp. 132-3. î. Trad. de Sacy, p. 4 1 1 . 4. Resp. Maïmonide (éd. Blauì, I, n. 6.
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en meilleure posture. Il va de soi que les sources ne nous fournissent des données que sur quelques transactions, si l'on néglige les relations des historiens médiévaux qui exagéraient beaucoup. A ce sujet nous sommes donc réduits à des hypothèses. Les profits réalisés par les marchands qui s'occupaient de l'exportation du sucre égyptien en serviront d'exemple. C'était un secteur florissant de l'industrie et du commerce d'exportation de l'Égypte. l'historien al-MakrîzI raconte que les Tatars firent main basse, en l'an 1252, sur une caravane qui faisait route entre Harrân et Baghdad et s'emparèrent de 600 000 charges de sucre égyptien, autrement dit de 150 000 kg 1 . Or le prix d'un kintâr de sucre blanc était en Égypte alors d'environ 10 dinars tandis que la même quantité coûtait en Irak 50 dinars 2. La différence entre le prix de 100 kg de sucre blanc en Égypte et en Irak étant donc de 40 dinars environ, un marchand égyptien qui exportait 10 000 kg en Irak et dépensait 1 500 dinars pour les frais de transport et les impôts, aurait donc gagné 2 500 dinars, ce qui reviendrait à un revenu mensuel de 208 dinars. Les profits des marchands d'épices étaient encore plus considérables. Aux XIe et XIIe siècles, on payait en Égypte pour un kintâr (de 45 kg) de poivre noir de 25 à 30 dinars et pour un kintâr de poivre blanc au moins 50 3. Plusieurs documents touchant le commerce du poivre indiquent son prix en bahâr. Or, cette quantité coûtait alors en Égypte de 25 à 40 dinars *. Selon une lettre datant de la première moitié du XIIe siècle, un marchand acheta aux Indes 30 bahârs de poivre au prix de 14 dinars chacun et les vendit en Égypte pour 37 dinars 6. Même si l'on prend en considération que les impôts et les frais dont il devait s'acquitter étaient très élevés, on ne se trompera pas de beaucoup en supposant que cette transaction lui a rapporté un profit de 400 à 500 dinars. C'était ce que gagnait un marchand d'épices en trafiquant d'une seule denrée, mais en général un envoi en comprenait plusieurs. Une grande partie des épices indiennes était vendue par les marchands égyptiens en Tunisie. Or d'après divers documents datant du XIe siècle, qui ont été trouvés dans la gueniza, un kïntâr de poivre y coûtait de 35 à 40 dinars, au moins 1. Sulûk, I, p p . 383-4. 2. Sur le prix d u gucre en Égypte, cf. nos articles, in JESHO, I I I , pp. 59-60; IV, p. 32. Et sur son prix en Irak, cf. I b n al-Athir, 12, p. 292. Le kintSr avec lequel on pesait le sucre en Égypte était de 96,7 kg. 3. Cf. notre article c Matériaux pour l'histoire des prix dans l'Égypte médiévale », JESHO, VI, p p . 162-3 et aussi T.S. K 15s . 4. T.S. 8 J T.S. NS 94 J 5, T.S. 13 J 7», T.S. Box J 1« K 251". 5. T.S. 20 130. 0. T.S. 12 366, T.S. 16.7, T.S. 20.76; Bodl. 287313.
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Les différences entre les prix des autres marchandises indiennes en Égypte et en Tunisie n'étaient pas moindres. Un kintlr de laque vidait en Égypte de 40 à 50 dinars La même quantité coûtait en Tunisie 70 dinars et davantage 2 . Le prix d'un kïntlr de boisbrésil était en Égypte de 30 à 35 dinars 8 et dans le Maghrib le double *. En présence de ces données, tirées des documents, on ne s'étonnera pas en lisant les récits des historiens arabes sur les transactions des Kârimïs, ce groupe de grands marchands d'épices de la basse-époque. Ainsi l'on nous apprend qu'un Kirimï prêta 20 000 dinars à un marchand européen * et qu'en 1352 les Kârimïs donnèrent au roi du Yémen qui était détenu au Caire, 100 000 dinars et même, d'après une autre source, faisaient un prêt de 400 000 6. En l'an 1394, les Kârimïs prêtèrent au sultan Barkûk 200 000 dinars 7 . Nous nous abstenons de citer ici les passages des œuvres des historiens arabes où ils parlent des richesses immenses de ces marchands pour ne pas dévier de notre sujet, qui est le problème des salaires et des revenus 8. Les données connues sur la solde des militaires dans le ProcheOrient médiéval sont plus précises et l'on peut en tirer des conclusions intéressantes concernant la structure économique de ces pays. La pension militaire Çatà) que recevaient les Arabes qui avaient quitté leur patrie pour participer aux guerres de conquête était servie à différents taux. L'allocation minimale était, selon les écrivains arabes, de 1 2/3, 2 1/12 ou 2 1/2 dinars, mais la plupart des gens recevaient des pensions de 4 à 8 dinars par mois. Les vétérans de la conquête de la Syrie et de l'Irak touchaient le double Plus tard, sous le règne des Omeyyades, la solde de la plupart des soldats était de 8 dinars (1 000 dirhams par an10), ceux qui se recrutaient parmi certaines tribus syriennes recevant le double 11 . Quand Ziyâd b. Abïhi, gouverneur de l'Irak, enrôla en l'an 665, 500 Arabes de Basra, 1. T . S . 8.18; Bodl. 2806"; Tarbiz, 20, p. 188. 2. T . S . 12.308, T . S . 13 J 19". 3. « Matériaux », pp. 162-4; T . S . K 15 103 . 4. T . S . 20.76, T . S . 13 J 2 1 " , T . S . N S J 291. 5. Suluk, II, p.p 103-4. 6. Ad-Durar al-k&mina, III, pp. 49-50; An-Nudjûm az-zShira (éd. Popper), V , P- 89. 7. Ibn U y â s (éd. Bùlâk), I, p. 302. 8. Sur les fortunes des Kârimïs, cf. G . YViet, « Les marchands d'épices sous les sultans mamlouks >, Cahiers d'histoire égyptienne, V I I , 2, pp. 107-8, m , 112-3. '). Cf. dans notre essai, in RSO, 36, p. 56 et l'article 'atâ, El' (éd. anglaise), I, pp. 729-730 (par Cl. Cahen). 10. A l - M a s "ûdl, Les prairies d'or, V , p. 195; cf. A . V . K r e m e r , Culturgesehichte des Orients (Wien 1875-77), I, p. 213. 11. Al-Mas 'ûdï, V , pp. 200-1; K . al-Aghàni, 18, p. 69; cf. H. LAMMENS, Études sur le règne du calife omaiyade Mo 'âwiya Ier (Beyrouth 1908), p. 270.
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il leur donna une solde de 2 1/2 à 4 dinars par mois 1 . A en juger d'après ces renseignements, que nous fournissent les auteurs arabes, la solde des militaire arabes était plus élevée à l'époque des califes omeyyades qu'elle n'avait été auparavant, sous les quatre premiers califes a . Les premiers Abbassides diminuèrent la solde de leurs troupes. A b u Muslim, le grand champion de leur cause, qui organisa leurs premières armées, payait une solde de 3, puis de 4 dirhams par jour 3 , c'est-à-dire de 10 dinars par mois. La solde payée dans les années du premier calife abbasside as-Saffâh était d'à peu près 62/3 dinars (80 dirhams) 4 . Puis, sous le règne du calife al-Ma' mün, un fantassin de l'armée irakienne touchait moins d'un dinar par mois (20 dirhams), un cavalier le double 8 . Dans l'armée syrienne, la solde était alors plus élevée : un fantassin recevait presque 2 dinars, un cavalier 4 1/2 (40 et 100 dirhams respectivement) 6 . Une telle solde n'était payée qu'exceptionnellement 7 . Lors de la décomposition de l'Empire califien, quand les généraux qui se trouvaient à la tête d'armées bien payées et disciplinées, pouvaient s'emparer de riches pays, la solde des militaires commença à augmenter considérablement. Selon un passage de la grande histoire de Miskawaihi la solde payée en Irak central, en l'an 936, à une armée de 5 000 hommes sous le commandement du général Badjkam se montait à 800 000 dinars 8. La solde moyenne qui en découle était donc de 13 1/2 dinars par mois. Les Bouyides, qui se heurtaient toujours à des grandes difficultés financières, ne pouvaient augmenter la solde de leurs troupes. L'historien Abû Shudjâ ar-Rudhrawârï raconte qu'on donna, en l'an 997, à 500 Dailamites de rang inférieur et à 300 Kurdes des fiefs rapportant 100 000 dinars Le revenu moyen d'un troupier de rang inférieur était donc dans les pays où régnaient les Bouyides de 10 dinars par mois. Les militaires de rang plus élevé jouissaient de revenus dix fois supérieurs, et par abus même davantage 10. Toutes ces données démontrent que les militaires de rang inférieur occupaient, sous le règne des califes et à l'époque du délabrement 1. Tabarî, I I , p. 78. 2. A ce sujet on peut aussi citer l'historien byzantin Théophane, éd. de Boor, I, p p . 3 4 7 - 8 qui dit que M u 'âwiya avait élevé la solde dans son armée, p a y a n t aux Syriens jusqu'à 200 dinars, tandis que les Irakiens n'en recevaient qu-e 30. 3. T a b a r i , I I , p. 1968. 4. I b n al-Athïr, V, p. 322. 5. Op. cit., V I , p. 2 2 8 . 6. MISKAWAIHI APUD DE GOEJE, Fragmenta historicorum Arabicorum, p . 424-
Cf. op. cit., p p . 4 2 3 , 4 3 3 . 8. T a d j à r i b al-umam (éd. Amedroz), I, p. 352. 7.
9. Op. 1 0 . Op.
cit., cit.,
III, pp. III, pp.
294-5. 165-6.
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de leur empire, une position économique supérieure à celle des ouvriers et des artisans. Cette supériorité économique des militaires s'accentua considérablement dans la deuxième moitié du XIe siècle, quand les Seldjoukides conquirent tous les pays de l'Asie occidentale et y établirent un régime nettement féodal, bien que différent du féodalisme européen. Les revenus des militaires se mirent alors à augmenter, de telle sorte que la différence entre leur position économique et celles des autres couches de la population devint énorme. Un historien arabe parle de cas où le sultan seldjoukide attribue à un soldat un fief apportant 1 000 dinars par an, soit 83 dinars par mois La solde dans les armées ayyoubides était aussi très élevée. Selon une relation du vizir al-Kldî al-Fâdil, citée par al-Makrîzî, les cavaliers lourds (tawâshï) dans l'armée de Saladin avaient une solde (provenant de fiefs) de 120 à 1 000 dinars. Les troupes de rang inférieur touchaient donc 10 dinars par mois. Mais le revenu que rapportaient les fiefs à la plupart des militaires étaient beaucoup plus élevés. En effet al-Makrîzî cite aussi un passage des mémoires du vizir mentionné ci-dessus où il relate que l'armée de Saladin comptait, en l'an 1181, 11 émirs, 6 976 tawashis et 1 553 cavaliers légers (karâghulâmîya) dont le revenu total se montait à 3 670 500 dinars Le revenu moyen d'un militaire était donc de 429 dinars par an. Ibn al-Manâtï, auteur d'un livre sur l'administration de l'État ayyoubide, parle de fiels rapportant 600 ou 1 000 dinars 3. Un renseignement contenu dans un ouvrage de géographie datant du XIIIe siècle indique un revenu plus modique pour des militaires dans les provinces de HauteMésopotamie où régnaient alors des princes ayyoubides. Il s'agit de la relation d"Izz ad-dîn Ibn Shaddld, qui fut envoyé en l'an 1241 par al-Malik an-Nisir Yusuf pour en faire l'inspection. Il rapporte que les revenus des dépendances rurales de la ville de Sarùdj, qui se montaient à un peu plus de 400 000 dirhams, servaient à l'entretien de 300 cavaliers 4. En s'appuyant sur le taux de 1 dinar pour 10 dirhams, cela reviendrait à un revenu moyen de 113 dinars par an. A la fin du règne des Ayyoubides la solde des militaires fut diminuée aussi en Égypte. Un historien égyptien du XVe siècle exprime l'opinion que la solde des militaires n'était pas suffisante à cette époque 5 . 11 fait cette observation en comparant l'état de l'armée égyptienne sous les derniers Ayyoubides et au début de l'époque mamlouke. Les revenus des militaires dans l'Orient médiéval étaient à leur sommet à la basse-époque quand les Mamlouks avaient établi leur 1. 2. 3. 4. 5.
Al-Bundàrï (éd. Houtsma), p . 58. Khitat, I, p. 86; cf. éd. Wiet, I I , p. 16. Kawànïn ad-dawâwin, p. 354 f. CL. CAHEN, « La Djazira au milieu du xin e siècle ». REI, 1934, p. 112. An-Nudjum az-zihira (éd. d u Caire), VIT, p. 197.
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étrange régime d'esclaves affranchis en Égypte, en Syrie, et dans quelques pays avoisinants. Citons encore une fois l'historien alMakrïzl. Cet auteur nous indique les revenus des adjnâd al-halka, un corps de troupes non-mamloukes 1 . D'après lui, les cavaliers appartenant à ce corps tenaient au début du règne des Mamlouks des fiefs rapportant de 10 ooo à 30 000 dirhams par an, soit de 500 à 1 500 dinars. A en juger d'après le passage cité, la plupart de ces militaires touchaient même de 1 000 à 1 500 dinars par an (ou 83 à 125 dinars par mois), et il constate qu'ils avaient aussi des émoluments 2 . Les revenus des adjnàd al-halka étaient alors à peu près les mêmes que ceux des Mamlouks royaux. Car d'autre part on apprend que les Mamlouks liés d'amitié avec les émirs Baibars alDjashnagïr et Salllr, qui étaient dans la première décennie du X I V e siècle les véritables seigneurs d'Égypte, t o u c h a i e n t de 800 à 1 000 dinars par an, ce qui irritait le sultan al-Malik an-Nâsir Muhammad 8 . Quand, à la fin du XIII e siècle, le sultan al-Malik alMansur Làdjïn réduit la solde des cavaliers de la halka en leur donnant des fiefs rapportant de 5 000 à 20 000 dirhams, soit de 250 à 1 000 dinars par an, sa réforme, les mit en grand émoi 4. Mais, après une nouvelle répartition des fiefs effectuée par al-Malik an-Nâsir Muhammad en l'an 1315, une différence apparaît entre la paye des Mamlouks royaux et celle des adjnàd al-halka, différence qui s'accentua de plus en plus. Quand al-Makrîzï parle d'impôts attribués à des militaires, qui rapportaient à chacun de 150 à 500 dinars (par an), il se réfère probablement aux cavaliers de la halka 5 . Les armées des sultans mamlouks recevaient, en dehors des fiefs, aussi divers payements en espèces et en nature Les renseignements à ce sujet qu'on trouve dans les écrits des historiens égyptiens de la basse-époque ne laissent aucun doute sur le fait que ces payements n'ont cessé d'augmenter, surtout sous le règne des Circassiens au XVe siècle 7 . Le payement le plus important, parce que le plus régulier, était la djâmikïya, la solde mensuelle en espèces. Au XVe siècle, cette solde des Mamlouks royaux atteignait 5 % à 7 dinars, celle des cavaliers de la halka 3 à 6 dinars 8. (Mais on doit relever qu'à la fin de l'époque mamlouke, 1. V . D. AYALOM, « Studies on the structure of the Mamluk army », BSOAS, 15, pp. 448 ss. 2. Khitat I, p. 87. 3. Op. cit., I, p. 88; Sulûk, II, p. 146. 4. An-Nudjum az-z&hira (éd. du Caire), V I I I , pp. 94-5. 5. Khitat, I, p. 88. 6. Il semble toutefois qu'il y avait des Mamlouks qui ne recevaient pas de solde en espèces; cf. les textes cités par AYALOM, T T h e system of payment in Mamluk military society », JESHO, I, pp. 274-5. 7. Op. cit., pp. 50, 278. 8. Op. cit., pp. 54, 55.
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quand la halka avait perdu presque toute valeur militaire, cette solde était le seul revenu dont ils jouissaient.) En outre, les Mamlouks royaux recevaient, au XVE siècle, pour leur habillement des allocations annuelles, qui étaient fixées en l'an 1457 à 9 et en l'an 1470 à 10 dinars 1 et aussi des rations de viande, en échange desquelles la plupart recevaient 250 dirhams fulûs, soit presque un dinar (dans la deuxième moitié du xv« siècle) 2 . Ces payements additionnels constituaient donc une somme de 8 dinars par mois *.
VI Après avoir présenté de nombreuses données sur les salaires des diverses classes de la société orientale au M o y e n Age et avoir aussi essayé de calculer les revenus d'autres couches de la population, il nous incombe de résumer nos résultats et surtout de les évaluer en les comparant avec les données se rapportant à d'autres civilisations. Notre étude des données touchant le salaire des ouvriers a abouti ù la conclusion que leur revenu réel a augmenté progressivement depuis le XJ? siècle, et en Irak même sous le règne des Abbassides, alors que la plupart du temps les prix des denrées principales restaient stables ou baissaient. C'est un indice de la dépopulation des pays du Proche-Orient à ces époques. Les revenus des artisans et des ouvriers spécialisés étaient probablement le double de ce que gagnaient les simples manœuvres. Les traitements des fonctionnaires de rang inférieur étaient depuis le x® siècle à peu près égaux aux salaires des ouvriers, sans qu'on puisse constater une augmentation à l'époque des Croisades, et sous le règne des Mamlouks. T o u t au contraire, on s'aperçoit d'une baisse continue. Les traitements du bas clergé étaient plus ou moins les mêmes que ceux des fonctionnaires subalternes et ont eux aussi diminué à la basse-époque. Le traitement moyen d'un professeur était à l'époque des Croisades et après, aux xiv« et XVe siècles, de 10 dinars. Le phénomène le plus remarquable que nous ayons constaté est certainement l'augmentation du salaire des ouvriers qui se poursuit d'une façon continue pendant plusieurs siècles. Son explication par le manque de bras peut s'appuyer sur les résultats auxquels sont arrivés les historiens de l'économie européenne au Moyen Age. T h . Rogers a conclu de l'exploitation de ses sources que le prix du travail dans l'agriculture a augmenté en Angleterre après la Peste Noire de I. Op. cit., 1. Op. cit.,
pp. 257 ss. p. 258. 3. Les Mamlouks recevaient aussi des chevaux, des chameaux, du fourrage et des payements spéciaux avant les campagnes.
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50 % en moyenne, le salaire de certains groupes d'artisans enregistrant une hausse encore plus marquée, par exemple les charpentiers qui pouvaient gagner 60 % de plus 1 . Des recherches plus récentes, fondées sur d'autres matériaux, ont indiqué une hausse de 33 % pour les spécialistes et de 60 % pour les simples manœuvres 2. Ce qui est plus frappant, c'est que le salaire des ouvriers en Angleterre a encore augmenté au xv* siècle, alors que le blé, la denrée la plus importante dans ce pays, était meilleur marché qu'au siècle précédent 3 . Le même phénomène s'est alors produit en France 4. Comme on ne peut alléguer aucune autre raison pour expliquer cette courbe du prix du travail, il faut conclure qu'elle résultait de la raréfaction de la maind'œuvre. L'évolution du salaire des ouvriers en Orient à l'époque que nous avons passée en revue, était donc pareille aux développements constatés dans la sphère d'une autre civilisation médiévale. Mais les traits particuliers de la structure économique de la société musulmane au Moyen Age ressortent mieux si on la compare avec la stratification sociale caractérisant les civilisations antique et byzantine. Qu'on nous permette de citer à cet effet des données qui éclairent les salaires des diverses classes de la population dans le monde byzantin, dont l'Empire des califes était l'héritier direct. Selon le statut de Justinien pour la nouvelle préfecture d'Afrique, créée en l'an 534, la grande majorité des fonctionnaires y recevait un traitement de 9 solidi par an, d'autres qui occupaient des postes plus élevés en touchaient de 14 à ¡23, les professeurs et les médecins de rang inférieur 35, et le médecin en chef, 99 5. D'autre part, diverses sources nous signalent que le revenu d'un ouvrier spécialisé se montait, dans la plupart des provinces de l'Empire byzantin, à 1-2 nomismas (solidi) par mois, soit 18 en moyenne par an 6. Le traitement de la plupart des fonctionnaires était donc à peu près égal ou même inférieur au salaire des ouvriers spécialisés. Sous le règne des musulmans, les traitements des fonctionnaires de rang inférieur, au Xe siècle et à la basse-époque, étaient eux aussi égaux au salaire des artisans. Les professeurs et les médecins de rang inférieur recevaient dans l'Empire byzantin des traitements qui étaient à peu près le double de ce que gagnaient les 1. A kistory of agriculture and prias in England, I, pp. 269-278; Six centuries of work and wages (i6th éd., London 1949), pp. 233-7. 2. W. BEVERXDGE, < Wages in the Winchester manors », The Economie History Reoiew, V I I (1936-7), pp. 31-2. 3. R O O E R S , History of agriculture, I V , p. 524; B E V E R I D G E , op. cit., p. 40, et cf. sur le prix d u blé, R O O E R S , I, p. 245; I V , p. 292. 4. D ' A V E N E L , Histoire économique de la propriété, des salaires, etc., I I I , pp. 115, 117 et cf. p. 194. 5. Cod. Iust. I, 27, 1, 21 ss. 6. G. OSTROGORSKY, « Lohne, Preise in Byzanz », 32, p. 301; cf. p. 297.
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ouvriers spécialisés. Les revenus de ces classes de salariés dans le monde musulman demeurèrent donc longtemps plus élevés, puisqu'ils touchaient au moins le triple de ce qu'on payait à un artisan. Mais par la suite, à la basse-époque, leur traitement diminua et revint à la proportion d'autrefois. Les traitements des hauts fonctionnaires dans l'Empire byzantin sont représentés dans le statut de Justinien par le traitement du médecin en chef, qui gagnait 5 1 / 2 fois autant que le revenu moyen d'un ouvrier spécialisé. Telle était en effet dans l'Orient musulman, à l'époque des califes, puis à la basse-époque, l'ordre de grandeur des revenus touchés par certains groupes d'intellectuels, qui gagnaient de 20 à 30 dinars et davantage. Comme on le voit, l'échelle des revenus de la plupart des catégories de salariés dans la société musulmane était plus ou moins la même que dans le monde byzantin. C'est une nouvelle preuve d'une loi bien connue, celle de la stabilité des proportions entre les revenus des diverses classes pendant de longues périodes. Pourtant les sources arabes démontrent aussi qu'il y avait une différence considérable entre la stratification économique du monde byzantin et celle du monde musulman au Moyen Age. Elle se rapporte à la solde des militaires. Selon ce que relate le géographe arabe Ibn Khordâdbih, qui écrivit au rx® siècle, les soldats byzantins recevaient une solde de 12 à 18 solidis par an, soit de 1 à 1 1/2 solidis par mois. Dans un autre passage, il relate que la solde des militaires byzantins était dans la première année de leur service d'un nomisma, dans la deuxième de 2 et ainsi de suite jusqu'à 12 La solde la plus élevée des soldats byzantins était donc égale à la paye moyenne d'un ouvrier spécialisé. Or nous avons constaté que la solde moyenne dans les armées arabes, au VIIe et au vm® siècle et aussi au x® siècle, représentait 9 à 10 fois le salaire minimal d'un ouvrier et probablement 4 à 5 fois celui d'un ouvrier spécialisé. Ensuite, à l'époque des Croisades et dans les derniers siècles du Moyen Age, après l'établissement du régime féodal, les revenus des militaires ont tellement augmenté qu'il n'y eut plus aucune proportion entre eux et ceux des ouvriers. L'accroissement énorme de la part du revenu national qui échoit aux militaires est le trait saillant de la stratification sociale du monde musulman dès ses débuts, longtemps avant le régime féodal. La prépondérance d'une caste militaire relativement restreinte et la concentration de la plupart des richesses entre leurs mains étaient donc des faits essentiels dans la vie économique du Proche-Orient au Moyen Age. On s'en aperçoit en comparant la structure de la société musulmane avec celle du monde byzantin, de la Grèce antique ou bien encore de l'Europe médiévale. Le nombre de ceux qui apparte1. K. al-maa ilik wa 'I-mamilik, pp. 84, 85. 34
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naient aux classes déshéritées était sans doute dans l'Orient médiéval plus grand que dans le monde antique. En supposant que la population de l'Égypte s'élevait dans la première moitié du xrv 6 siècle à 3 millions d'habitants 1 , on conclura que plus de 2 millions d'entre eux étaient des serfs. En effet la population urbaine ne dépassait probablement pas 800 000 âmes 2. Qu'on nous permette de renvoyer pour la comparaison avec le monde antique aux recherches de l'helléniste E. Cavaignac. Ce savant historien a évalué à 10 000 l'effectif des classes à Athènes qui avaient un revenu dépassant 200 drachmes à l'époque des Guerres médiques, tandis que le nombre des pauvres (thètes) se montait alors, à son avis, à 15-20 000. Au iv® siècle avant Jésus-Christ, les classes détentrices de propriété comptaient, d'après lui, environ 16 000 hommes, le total de la population étant de 30 000. En l'an 322 les nombres respectifs étaient de 9 000 et 12 000 s . Relevons à la fin quelques données sur la stratification économique de l'Europe médiévale, en choisissant les exemples dans les pays riverains de la Méditerranée. La structure économique de ces pays était alors sous plusieurs rapports semblable à celle du Proche-Orient. Ici et là le régime féodal était fermement établi et il en résulte une certaine analogie de la stratification sociale ; même le coût de la vie, chose intéressante, était comparable. Citons par exemple le contrat d'un étudiant en grammaire de Bologne datant de 1268. Celui-ci s'engage à payer 15,3 florins par an, soit presque 1,3 florin par mois, pour le logement, la nourriture et l'écolage *. D'après un acte notarié de Pavie la somme de 1,6 florin y suffisait, dans la deuxième moitié du xrv® siècle, pour la subsistance d'un citoyen; vêtement inclus, pendant un mois. Un autre acte qui provient de la même ville et date du XVe siècle nous montre qu'un jeune homme avilit besoin de 14 florins par an pour toutes ses dépenses (logement, nourriture, vêtements et écolage) 6 . Puisqu'il s'agissait dans ces documents d'individus et non de familles, on en conclura que la différence entre le coût de la vie en Italie et en Egypte, à la même époque, n'était pas considérable. L'échelle des salaires et des revenus des différentes classes de la société était semblable, sans être égale. Le revenu d'un ouvrier travaillant pour son compte était en Andalousie, dans la deuxième moitié du xm® siècle, le triple de celui d'un domestique 6. Les traitements des 1 . A . N . P O L J A X , The démographie évolution of the Middle East, Palestine and Middle East, X (1938), p. 201. 2. V . M . C L E R G E T , Le Caire (Le Caire 1934), I, p. 240. 3. «Les classes soloniennes et la répartition de la richesse à Athènes», Vierteljahrsschrifi f . Sozial- u. Wirtschaftsgeschichte, I X (1911), pp. 16, 22 ff., 27. 4. F . C . V . S A V I O N Y , Geschichte des römischen Rechts im Mittelalter, 2t éd., I I I , p. 256. 5. G . M. C I P O I X A , Mtmey, prices and civilisation in the Mediterranean world (Princeton University Press 1956), pp. 60-1. 6 . Maria DEL C A R M E N C A L É , « El precio de la vida en Castilla del Rey Sabio
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intellectuels en Italie et en Espagne étaient plus élevés qu'en pays d'Islam. Ceux des professeurs qui enseignaient le droit à Bologne, au xin« siècle, ne dépassaient pas la somme de 100 à 120 florins par an. Au xiv« siècle, plusieurs d'entre eux en touchaient 200 Les professeurs de l'université de Padoue avaient, aux xm® et xrv® siècles, des traitements de 250 à 300 ducats, mais dans cette ville universitaire les traitements du corps enseignant n'ont pas cessé d'augmenter jusqu'à ce que des professeurs touchassent, au xv* siècle, 800 et même 1 000 ducats K De même, à Pavie, on payait des traitements très élevés aux professeurs renommés 8 . Pourtant ce n'était pas seulement aux professeurs fameux qu'on payait alors en Italie des traitements plus élevés qu'en Orient. La moyenne des salaires des professeurs était supérieure. Ainsi les 101 professeurs qui enseignaient au Studium Generale de Rome en 1514 touchaient au total 14 000 florins. Le traitement moyen était donc de 14 florins par an (à peu près) 4. Les traitements attribués aux professeurs de droit dans les universités d'Espagne aux xrv« et XVe siècles, étaient encore plus élevés. Nous en avons la preuve en étudiant les données touchant les traitements des professeurs de droit à Salamanque et à Valladollid 5 . De même les médecins avaient en Espagne des traitements très élevés 8. Pourtant la différence la plus importante entre la situation des divers États dans l'Orient musulman et dans l'Europe chrétienne réside dans le rôle joué par la bourgeoisie. Ici et là il y avait des marchands qui tiraient des profits énormes de leurs transactions, mais si l'on parle de la classe marchande tout entière, on constate qu'en pays d'Orient sa situation était moins favorable. Car il n'y avait pas de familles de riches marchands qui se maintenaient plus longtemps que 3 ou 4 générations. Dans ces pays, où les villes ne jouissaient d'aucune autonomie, les marchands étaient entre les mains des souverains qui les laissaient s'enrichir pour s'approprier ensuite leurs richesses au moyen de lourdes contributions 7 . Mais ce qui était encore plus important, c'étaient les empiétements des gouvernements sur le libre jeu des facteurs économiques, qui aboutirent à la ruine des marchands. La baisse al Emplazado », Cuademos de historia de Esparia, 14, p p . 146-7. Notre calcul s'appuie sur la supposition q u e le c mancebo > recevait en dehors d u p a y e m e n t en espèces des mets qui valaient autant. 1. S a v i g n y , op. cit., p p . 243, 249. 2. Op. cit., p. 296 ss. 3. Op. cit., p. 335. 4. Op. cit., p p . 319-320. 5. H . R a s h d a l l , The Universities of Europe in the Middle Ages (Oxford 1936),
I I , p p . 71» 81. 6. C f . D e l C a r m e n C a l é , loc. cit.
7. Cf. Wiet, T Les marchands d'épices », p. 114 ss. Et dans notre article » T h e Karimï merchants », JRAS, 1956, p . 50.
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constante des traitements des intellectuels et le manque de sécurité des marchands étaient, semblc-t-il, en dehors de l'augmentation progressive du salaire des ouvriers, des traits caractéristiques de la structure économique des pays orientaux au Moyen Age. Pourtant nous devons constater encore une fois que la stratification économique de la société orientale se caractérise au Moyen Age en première ligne par la solde très élevée des militaires, changement intervenu après la conquête de ces pays par les Musulmans.
SALAIRES ET DANS
L E S [FINANCES
AU XV
E
SERVICES
CITADINES
DE L A
SIÈCLE E T DANS LA PREMIÈRE DU X V I ®
PRUSSE MOITIÉ
SIÈCLE
par Henryk
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Les rapports économiques entre les pays du nord-est et du nordouest de l'Europe s'approfondirent au cours du xv® siècle grâce au caractère spécifique de l'économie des pays de l'Est qui se spécialisaient de plus en plus dans la production de matières premières pour les pays industrialisés de l ' O u e s t L e territoire situé à l'embouchure de la Vistule — la Poméranie de GdaAsk, appelée Prusse royale depuis la paix de Tonili signée en 1466 — a pris une part active à l'exportation de matières premières, contribuant de ce fait à la formation d'un marché européen et à la spécialisation économique de ces deux grandes régions de l'Europe. L a Prusse royale était alors l'un des principaux exportateurs de céréales et de bois vers l'Occident et — à partir du xv® siècle — elle représentait aussi dans le com1. Cf. à ce sujet : M . MALOWŒT, Studia z dòejiw rtpntasla te okresie kryzysu feudoli&nu w ZeuJuxbtiej Europit, Varsovie, 1954 (bibliographie). Récemment : A . M A C Z A K , H. SAMSONOWICZ, < La genèse du marché européen : la zone baltique », Ada Poi. Hist., XI, et P . JEANNIN, < Les comptes du Sund comme source pour la construction d'indices généraux de l'activité économique en Europe (xvi'-xvm* t.) », Ram Historique, t. C C X X X I , 1964.
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merce les produits de son arrière-pays, c'est-à-dire du grand État p o l o n o - l i t u a n i e n A quel point cette activité économique a-t-ellc exercé son influence sur le niveau de vie de la population, quels étaient les changements que le marché du travail a subis, et ce marché, était-il conditionné par la situation économique en Occident? Voilà des questions qui exigent encore d'être éclaircies. Nos recherches dans ce domaine ne seront cependant efficaces que si nous parvenons à déterminer pour une période d'environ 150 ans les changements survenus dans les salaires réels. Cette tâche n'est pas facile. De nombreux facteurs étrangers à l'économie, mais liés au régime féodal et découlant de la structure politique du pays à cette époque, changeaient parfois très sensiblement la situation économique en très peu de temps. Le développement dynamique de l'économie rurale basée sur le travail des corvéables, et le système des corporations dans les villes limitaient
le travail de la main-d'œuvre salariée qui devenait ainsi une forme secondaire de l'emploi 2 . Les données portant sur cette forme de salaires sont malheureusement les seules que les historiens peuvent comparer aujourd'hui, mais ils doivent aussi tenir compte de pourboires, de prestations en nature et de services rendus dans les maisons privées, services qui n'étaient évidemment pas rémunérés d'après les tarifs officiels. Les revenus des propriétaires fonciers, des marchands et des maîtres de corporations artisanales ne pouvant être déterminés d'une façon précise 3, nous nous efforcerons uniquement d'analyser les salaires des travailleurs dans les villes. Une difficulté supplémentaire se présente ici : le nombre restreint de sources, dont ne subsistent, par exemple, que quelques fragments antérieurs au XVe siècle. Les livres de comptes de ToruA et quelques documents qui sont conservés dans les archives de Gdansk 4 servent de base à nos recherches. Nous mettrons aussi à profit certaines publications consacrées au mouve-
1. M. M a l o w i s t , i Podstawy gospodareze zjednoczenia Pomorza GdaAskiego z Polska w X V w. », Przeglad Historyc&iy, n°" 2-3, 1954. M. Biskup, Zjednoezmie Pomorza Wschodniego z Polska w pol. XV w., Varsovie, 1959. 2. Cf. à ce sujet l'ouvrage de M. K u l a paru récemment : Problemy i metody historii gospodarezej, Varsovie, 1963, pp. 252, 293, 533 et la bibliographie. 3. H. Samsonowicz s'efforce de présenter les revenus des bourgeois riches de Gdansk au XV e siècle dans son ouvrage : Badania nad kapitalem mùszczaiiskim w Gdansku w IIpol. XV w., Varsovie, i960. 4. Archives nationale de voïvodie, section de Toruri /WAP Tor./ X V I , 4, 6, g, 11, 19, 20, 26, 29 : comptes des offices des auberges, du bâtiment, des ponts et des briqueteries; X V I I , 1 : comptes de la construction de l'église Saint-Jean Archives nationales de voïvodie à Gdansk /WAP Gd./ 300, 19, 2, 2a, 9a, 60 : comptes du poste de douane; 300.2 179 : comptes des propriétés de Gdarisk : Mierzeja et Szkarpawa.
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ment des prix et des salaires en Pologne et dans d'autres pays, dont l'économie était liée à celle de la Pologne 1 . La littérature consacrée aux phénomènes analogues dans d'autres pays, en tire les conclusions suivantes 1 : sur le territoire compris entre la Péninsule ibérique et la Baltique, la hausse des salaires réels aux xm® et XIV« siècles correspond à la hausse des prix. Au XVe siècle, la baisse des prix est générale, mais certains écarts se manifestent déjà à Valence et, vers la fin du siècle, aussi en Angleterre. En Allemagne, les salaires réels baissent, mais ils continuent à s'accroître dans les autres pays espagnols, en Hollande. Au début du XVIe siècle, la hausse des prix va de pair avec la baisse des salaires réels, et cette baisse se prolonge jusqu'à la seconde moitié de ce siècle. Selon la littérature spécialisée les salaires réels connaissent une nouvelle hausse au début du xvn® siècle. Il va de soi que ce schéma comporte de nombreuses exceptions. Outre l'écart croissant entre prix et salaires qui se manifestait fréquemment dans les conditions instables de l'économie médiévale, surtout dans les périodes de famine, de guerre et d'épidémies 8 — par exemple les périodes où sévissait la peste 4 —, l'on peut i. J . ' P E L C , Ceny w GdaAsku w XVI i XVII w., Lwów, 1 9 3 7 ; S. Hoszowsn, Ceny we Lwourie w XVI i XVII w., Lwów, 1928, du même auteur : « Ceny jako wyznacznik powiazari rynkowych >, Kwartalnik Historii Kultury Materialnej, n° 1, 1964. Cf. la critique dans l'ouvrage de W. K U L A , Problemy..., op. cit., p. 5 5 2 sq. Cf. aussi : Dokumenten voor Geschiedems van prijzen en lonen in VUmderen en Brabant ¡XV'-XVIII* eeuw/, éd. C. Verlinden, réd. J . Craeybeckx et collaborateurs, Bruges, 1 9 5 9 . W . A B E L , • Bevölkerungsgang und Landwirtschaft im ausgehenden Mittelalter im Lichte der Preis-und Lohnbewegung, Schmollen Jahrbuch für Gesetzgebung, 58,1. Halbband, 1934. a. Dokumenten..., surtout les graphiques 4 , 5 , 1 3 . E.G. HAMILTON, Money, Prices and Wages in Valencia, Aragon and Navarro, 1351-1500, Cambridge, Mass., 1936; du même auteur : American treasure and the price revolution in Spain 1501-1550, Cambridge Mass., 1 9 3 4 . M . BAULANT, J . M E U V R E T , Prix des céréales, extraits de la Mercuriale de Paris 1530-1698, Paris, 1 9 6 2 , t. I : 1530-1631. W. A B E L , « Bevölkerungsgang... > art. cit., p. 3 5 . E . H . PHELPS BROWN, Sheila V. H O P K I N S , < Seven Centuries of Building Wages », Economica, vol. XXI, n° 87, 1955; des mêmes auteurs : «Seven Centuries of the Prices of Consumables compared with Builders Wage-rates », Economica, vol. X X I I I , n° 92, 1956; des mêmes auteurs : 1 Wage-rates and Prices: Evidence for Population Pressure in the Sixteenth Century», Economica, vol. XXIV, n° 9 6 , 1 9 5 7 . L . K E L L E R , «Zur Geschichte der Preisbewegung in Deutschland während der Jahre 1 4 6 6 - 1 5 2 5 » , Jahrb. f . Nationaloekonorme und Statistik, Bd. 3 4 , 1 8 7 9 , p. 181. Cf. J.G. DA SILVA, « Richesse et enrichissement dans une économie précapitaliste », Annales E.S.C., 5, 1962. 3 . W . S . U N G E R , De Levensmiddelenvoorziening der Hollandsehe Steden in de middeleuwen, A m s t e r d a m , 1916, p . 64 sq.C.VERLINDEN,J.CRAAEYBECKX,E. SCHOLLIERS,iMouve-
ments des prix et des salaires en Belgique au xvi* siècle, Annales E.S.C., n° 2, 1955, pp. 1 7 8 , 1 8 4 . E. SCHOLLIERS, «De levensstandaard der arbeiders op het e inde 16 eeuw te Antwerpen», Tydschrift voor Geschiedenis, n° 1, 1955, pp. 81, 90 sq; du même auteur : De levensstandaard in de XVe en XVI* eeuw. te Antwerpen, Anvers, I 9 6 0 . M. F O L T Z , Geschichte des Danziger Stadthamhalts, Danzig, 1 9 1 2 , p. 19. 4- Cf. à ce sujet : B. GEREMEK, Najcmna sila robocza w rzemioile Paryza XIIIXV te., Varaovie, 1963, pp. 159, 162.
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aussi observer des écarts régionaux assez importants. Les chercheurs belges constatent par exemple que de 1543 à 1583, les salaires s'accroissaient en Belgique 1 . Les auteurs anciens et récents ont considéré en général que la baisse des salaires était due à l'écart entre les prix industriels et agricoles. Les prix des matières premières étaient en effet emportés vers la hausse par le développement général de l'économie, et cette hausse, qui était plus ou moins forte dans les différents pays, entraînait évidemment un affaissement de la valeur des salaires 2 . Certes, il faudrait établir l'indice des salaires réels 3. Mais le choix des méthodes — dont aucune n'est parfaite — et, avant tout, le manque de sources suscitent de nombreuses difficultés et nous obligent à être particulièrement prudents 4 . Certains chercheurs croient nécessaire d'avoir recours à des corrélations intérieures et proposent d'analyser les salaires des travailleurs suivant les qualifications professionnelles de ces derniers B. Il serait peut-être aussi indiqué de tenir compte des fluctuations des salaires saisonniers et de comparer ces fluctuations avec le mouvement des prix au cours d'une année On admet en général que les salaires d'hiver représentaient 70 — 90 % de la valeur des salaires d'été. Les salaires des maîtres artisans les plus hautement qualifiés — salaires qui étaient deux fois plus élevés que ceux des compagnons — ne variaient ¡que faiblement et s'accroissaient en outre à un rythme plus accéléré que les salaires des ouvriers non qualifiés. Comparons ces données avec les tendances qui se manifestaient dans les villes de la Prusse. Nous croyons en outre que c'est en étudiant une période de longue durée que nous pourrons obtenir des résultats satisfaisants. Tout d'abord nous devons définir le rôle que la main-d'œuvre salariée a joué dans une ville des bords de la Baltique. Dans le budget ctela ville, les salaires représentaient des sommes importantes qui 1. C. VERLINDEN, etc., < Mouvements des prix... », art. cit., p. 195. E. SCHOLLŒRS, « De levensstandaard... », art. cit., pp. 81, 102. Dokumenten..., graphique 11. а. C. VERLINDEN, etc., « Mouvement des prix... », art. cit., p. 179. E.J. HAMILTON, Money...,
op. cit., p. 94. W . ABEL, « Bevôlkerungsgang... », art. cit., p. 63. L . KELLER,
c Zur Geschichte... », art. cit., p. 184 sq. W. KULA, Problemy i metody... op. cit., p. 533. 3. E .
PHELPS BROWN, S h e i l a V . HOPKINS,
« Wage-rates...
», art.
cit.,
p.
agi.
C. VERLINDEN, etc., « Mouvements des prix... », art. cit., p. 196. 4. Cf. F. SIMLAND, Le salaire, l'évolution sociale et la monnaie, Paris 1932, et critique de cet ouvrage chez M. BLOCH, « Le salaire et les fluctuations économiques à longue période », Revue historique, t. C L X X I I I , 1934, p. 1 sq. 5. B. GEREMEK, Najemna sila robocza..., op. cit., p. 115. Б. B. GEREMEK, Najemna sila robocza..., op. cit., p. 119. E.G. HAMILTON, Money..., op. cit., p. 45. E . H . PHELPS BROWN, Sheila V . HOPKINS, «Seven Centuries...», art. cit., p. 1. C . VERLINDEN, etc., « Mouvements des prix... » art. cit. p. 195. E . SCHOL-
LIERS, « De levensstandaard... », art. cit., p. 88. Cf. au sujet de la fluctuation des prix saisonniers les remarques de E. LABROTJSSE, Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle, Paris, 1933.
HENRYK ÏAM80N0WICZ
537
s'accrurent au cours des xv® et xvr® siècles. Ce dernier phénomène est évident et n'exige aucun commentaire. D'après les données très fragmentaires dont nous disposons, les budgets des villes s'accroissaient à un rythme accéléré et, d'après nos calculs approximatifs, ceux des villes hanséatiques ont augmenté, en moyenne de plus de 50 % au cours du XVe siècle et d'environ 130 % dans les soixante premières années du XVIe siècle Au cours des années de guerre, plus de 50 % des dépenses des villes étaient destinés à l'entretien de leur garnison et, du xrv« au xvi® siècle, surtout à l'enrôlement de mercenaires *. La littérature spécialisée cite aussi l'embauchage d'artisans hautement qualifiés, d'ouvriers, d'artistes, de commissionnaires, etc. *. Les communes urbaines dépensaient en effet des sommes importantes pour les salaires des travailleurs employés dans leurs offices 4 , dont celui du bâtiment était le plus important car il fonctionnait toute l'année même dans les petites villes. C'est avant tout sur les matériaux de cet office que nous baserons nos conclusions. La situation des villes de la Prusse — tout au moins jusqu'au xv® siècle — était analogue à celle des autres villes hanséatiques. A Greifswald, les salaires des travailleurs employés dans les offices municipaux constituaient — de 1375 à 1409 — 30 % des dépenses de la ville, c'est-àdire, les salaires des ouvriers : 22 % ; les salaires des travailleurs de chancellerie : 7 % ; et les services des artisans des corporations, environ 1 % . Le coût des matériaux de construction et des matières premières ne représentait que 17 % des dépenses de l'office du bâtiment. Au cours du xiv* siècle, nous pouvons trouver des proportions semblables à Reval où les salaires des travailleurs se montaient à environ 74 % des dépensesjde l'office du bâtiment, et les matériaux de cons1. W. Stteda, « Städtische Finanzen im Mittelalter », Jahrb. f. Nationaloekonomie, 72 (17), 1899, p. 11 sq. Kämmereirtchnwigen der Stadt Hamburg, éd. K . Koppmann, Hambourg, 1867, t. II, p. 7. H. REINCKE, « Die alte Hamburger Stadtschuld der Hansezeit», Gedächtnisschrift ßtr Fritz Rärig, Lübeck, 1953, tabl. 4, 5. 2. G. FRITZE, Die Finanzpolitik Lübeck im Krieg gegen Dänemark 1436-1433, Hansische Studien, Berlin, 1961, p. 84 — où l'auteur constate que le coût de la guerre se montait à 5 0 - 6 0 % de toutes les dépenses; cf. aussi, Ksiega dlugâw Miasta Tonana z okresu wqjity Trzynastoletniej, éd. K . Ciesielska et I. Janosz-Biskupowa, Toniâ, 1964. 3. G. ESPINAS, Lesfinancesde la commune de Douai des origines au XV• siècle, Paris, 1902. H. VAN Werweke, « De Gentsche Stadtsfmancien in de Middekeuwen », Man. Acad. t. X X X I V , Bruxelles, 1 9 3 4 . G. D E S MAREZ, E . DE S a o h e k , Comptes de la ville d'Ypres de 1267 à 132g, Bruxelles, 1909-1913, 2 vol. C . BERNARD, « Le compte mensuel de la ville de Bruxelles d'octobre 1405 et la construction de l'aile orientale de l'Hôtel de Ville », Cahiers Bruxellois, IV ( 3 - 4 ) , 1 9 5 0 . Registre de Theudenkus,éd. L. Kocza, Toruri, 1937. 4- H . Pieskorska énumire les offices qui embauchaient des travailleurs pour les besoins de la ville : Orgamzoçja tcladz i kancelarii miasta Tormia do 1793, ToruJi, ¡9561 p. 13. Parmi ces offices, l'auteur énumère ceux de la chaux, des briqueteries, du bâtiment, du débit des vins, des palefreniers, des moulins, des auberges, des forêts, des malteries, des ponts, de l'Hôtel des Monnaies, des domaines de la ville.
HENRYK
538
SAMSONOWICZ
traction seulement à 25 % 1 . A Gdaàsk, les salaires représentaient au XVe siècle 29,2 % de toutes les dépenses de la ville, sans compter les frais de voyages Une analyse détaillée des dépenses, faite lors de la construction de l'église Saint-Jean à Toruii, prouve que la maind'œuvre représentait 58 % , et les matériaux de construction 42 % du total 8 . Au cours du xv« et du xvi® siècle, ces proportions variaient parfois. A Poznaà, les dépenses de la ville se présentaient de la façon suivante 4 : POURCENTAGE DE L'ENSEMBLE DES DÉPENSES
Répartition Administration urbaine
1501-1502
3»a 18,9 26,9
1541-1547
8,5 19,4 24,«
En nous basant sur ces données, nous pouvons constater ce qui suit : aux X V e et XVI e siècles, les dépenses pour la'main-d'œuvre salariée, qui représentaient environ 30 % des dépenses de la ville, avaient tendance à s'accroître, surtout en ce qui concerne les salaires des travailleurs de l'administration urbaine 5. Les salaires de ces travailleurs exigeaient des sommes plus grandes que les produits achetés par la ville. Nous pouvons donc en conclure que, dans le bâtiment, la maind'œuvre était coûteuse par rapport aux prix des matériaux de construction. La façon dont les salaires étaient payés mérite également d'être 1. En se basant sur G. FENGLER, Untersuchungen in den Einnahmen und Ausgaben der Stadt Greifswald, Greifewald, 1939, pp. 83, 93, 99, 115; et sur : Die ältesten Kämmereibücher der Stadt Reval, 1363-74, éd. O. Greiffenhagen, Reval, 1927, pp. 64
et 65. Il faut attirer l'attention sur le fait qu'à Bruges, au xrv6 siècle, la situation était presque analogue, les matériaux de construction y constituaient plus de 3 % des dépenses urbaines, alors que les salaires des artisans se montaient à 5-8 %. R . DE ROOVER, « Les comptes communaux de la ville de Bruges », rapport présenté à la conférence des Finances urbaines au Moyen Age, Blankenberge, 1962, tableaux I et II. 2. M . FOLTZ, Geschichte des Dançiger Stadthaushalts, p . 30. 3. WAP, Tor. XVI. 41. 4. J. KADZIOLKA, Finanse miastaPo&ania 1501-1648, Poznan, i960,p. 144, 47 et 50a.
tableaux
5. Cette remarque est confirmée par le nombre tout au moins triple des travailleurs et des fonctionnaires du poste de douane dans le port de Gdansk. En outre, en 1467, les salaires se montaient à 48 % des dépenses du poste de douane et, en 1580, ils atteignaient déjà 59 %. WAP. Gd. 300,1195a et 60.
539
HENRYK SAMSONOWICZ
prise en considération. Les livres de comptes de la ville de ToruA semblent indiquer que nous avons affaire à un triple système de salaires : les maîtres hautement qualifiés, les surveillants des voies de communication, des ponts et des entrepôts et les contrôleurs de la douane étaient payés pour une période déterminée. Dans toute la seconde moitié du XVe siècle, un maître du bâtiment qui surveillait et dirigeait les ouvriers, recevait 7,5 schillings par semaine et, vers les années trente du xvi*5 siècle, 15 schillings. Au xv« siècle, le surveillant d'un pont gagnait 1,7 schilling et, à partir de 1500, 3,3 schillings par semaine, et ce salaire n'a pas varié au cours de quelques dizaines d'années. Ce n'est que vers les années quatre-vingts du xv* siècle que le taux de ces salaires augmenta d'environ 100 % . Un maître artisan — au moment où son salaire à la semaine avait été établi au début du xv« siècle — devait gagner le double de ce que gagnait un compagnon Mais, vers la fin du xvi® siècle, les salaires des compagnons atteignaient déjà à Gdarisk 72-91 % des salaires des maîtres et, au début du xvn 6 siècle, à Lubeck, 72-85 % 2 . Les salaires à la tâche représentaient le deuxième système de salaires en usage dans les villes de la Prusse. La ville signait un contrat avec un entrepreneur qui s'engageait à fournir de la chaux, des briques ou des moyens de transport. Les charretiers qui disposaient de leurs propres attelages étaient rémunérés suivant la quantité de briques (comptées par mille) ou d'autres marchandises qu'ils livraient. De 1413 et jusqu'aux années trente du xv« siècle, leurs salaires (au début, de 3 scots par 1000 briques) s'accrurent de 116 % et, dans les premières années du xvi® siècle, de 825 % par rapport aux salaires des années trente du siècle précédent. Les possibilités de gains incommensurablement plus élevés que ceux des autres travailleurs, contribuèrent probablement au xvn® siècle à faire interdire le travail à la tâche 8 à Toruii, où il avait été appliqué au xv® et XVIe siècle. Les marins qui signaient des contrats pour un seul voyage et recevaient leurs salaires en trois versements, faisaient également partie des travailleurs à la tâche 4. Et, enfin, le salaire à la journée — le troisième système — était payé en principe aux ouvriers et aux compagnons embauchés pour une période de courte durée. Les remarques de Geremek 6, selon 1. De même qu'à Paris au xrv* siècle, cf. B.
GEREMEK,
Nqjemna sila robocza...,
op. cit., p. 1 1 7 . 2. 1962,
M. BOOUCKA, Gdatisk jako oirodek produkcyjny w XIV-XVII wieku, Varsovie, pp. 1 2 5 , 128, données pour l'année 1 5 8 4 . K . F . OLECHNOWITZ, Der Schiffbau
der Hansischen Spâtzeit, Weimar, ig6o, p. 124, données pour l'année 1621. 3. K . F . OLECHNOWITZ, Der Schiffbau..., op. cit., p . 120.
4. E. CffiâLAK, < Polozenie prawne marynarzy w wieku XTV i XV w swietle uchwal zwiazku hanzeatyckiego », £apiski Tow. Naukowego w Toruniu, t. X V I , 1959» P- 1345. B. GEREMEK, Najemna sila robocza..., op. cit., p . 123.
540
HENRYK SAMSONOWICZ Tableau MARS
ANNÉE
montant
AVRIL
0/ /o
1414 1432 >445 I460
24,6
1495 15OO
19
",9 3,i 5.6
1533
215
»,9
7 74 18
6,6 6,6
montant
0/ /o
7,5 140 20 28
10,0 7,2 21,5 3,4 8,4
365
11,8
40,0
JUIN
MAI montant 13,0 6 80 58 50 250 400
I. Dépenses par mois par rapport aux
0/ /o
3,2 5,7 12,1 9,8 14,5 10,8 13,0
montant 6,8 6,5 117 90 42 320 360
JUILLET 0/ /o
1,6 6,2 17,5 15,2 12,1 14,1 n,7
AOÛT
montant
/o
montant
116,2
29,0
110,2
5 121 69 22
4,9 IB,5 11,6
4 124
375 300
6,5 16,6
85 24 380
9,7
37o
/o
25,0 3,9 19,0 14,3 6,9 16,8 12,0
lesquelles près de 60 % des ouvriers avaient des contrats à court terme, peuvent s'appliquer aux conditions prévalant à Toruô au XVe siècle. Seuls les compagnons — d'ailleurs peu nombreux — qui collaboraient régulièrement avec des maîtres payés à temps, étaient engagés pour un an, et même pour une période plus longue. La majorité des ouvriers et des compagnons — plus de 66 % des travailleurs — étaient embauchés pour exécuter un travail donné, ou pour une saison, c'est-à-dire pour l'hiver ou pour l'été. Le taux des salaires variait parfois pendant la saison, mais trop rarement pour qu'il soit possible d'en tirer des conclusions quelconques. Ce sont les charretiers qui étaient engagés pour les périodes les plus courtes et, à Gdaàsk, ils étaient parfois rétribués pour un travail qu'ils devaient effectuer en un ou deux jours avec leur propre attelage 1 . Tous les travailleurs, ceux qui étaient embauchés au temps, à la tâche et à la journée, étaient payés par semaine, le plus souvent le samedi, bien que d'autres jours aient été parfois fixés pour le paiement 2. Le salaire journalier, dont il est fait mention le plus souvent dans les documents, permet le mieux d'étudier la situation de la main-d'œuvre salariée. En outre, les sommes que la ville dépensait par semaine pour les besoins de l'office des auberges, des brasseries et des débits de vin et pour ceux de l'office du bâtiment illustrent en quelque sorte le rythme annuel de la vie urbaine aux XV e et XVI e siècles. En parlant des sommes que les travailleurs à la journée gagnaient par semaine, nous devons tenir compte des remarques de M m e Bogucka qui indique que l'office du bâtiment à Gdaàsk payait les salaires à la journée « par bâtiment » et que chaque travailleur pouvait être 1. WAP, Gr. 300. 2. 17g, 1468. Salaire pour 24 heures de travail avec deux chevaux : 0,5 Marks. 2. En 1500, le lundi, WAP, Tor. X V I 20.
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541
dépenses par an (montant nominal en Marks) SEPTEMBRE montant
%
OCTOBRE montant
33 19
8,2 18,0
33 •9
80 3« 410 300
»3.4 9.0 18,2 9.7
73 48 150 280
% 8.2 18,1
12,6 12,1
6.3 9,o
NOVEMBRE montant
12,8 20 60 29 160 160
% 3»3 '9,o 10,0
DÉCEMBRE montant
20,6 8
36 8,5 22 6,8 240 5,o I I O
% 5,0 7,5 6,0 6,5 10,4 3,3
JANVIER montant
%
3
2,9
6,0 28
1,0 8,4
180
5,9
FÉVRIER montant
5
%
i,5
AU TOTAL montant
%
402 105 656 595 348 2285 3040
100 100 100 100 100 100 100
embauché simultanément par trois chantiers de construction 1 . Ce système contribuait en pratique à prolonger le processus de la construction. A Toruri, comme dans d'autres villes de la Prusse et de la Hanse, le salaire journalier, payé en argent comptant, était complété par un pourboire, plus d'une fois sous forme de < repas », dont la valeur se montait à environ 10-20 % du salaire journalier a . Dans nos réflexions suivantes, nous tiendrons compte de ces pourboires et nous ferons nos calculs en ne prenant pour point de départ que le salaire net. Les fluctuations saisonnières de salaires, différents en hiver (octobremars) et en été (mars-octobre, c'est-à dire depuis Pâques, et le plus souvent jusqu'à la Saint-Michel 8) ont aussi une importance essentielle. L'écart entre les salaires d'été et les salaires d'hiver qui atteignait 70-80 % de leur valeur et dépendait de la longueur de la journée de travail, a été étudié plus d'une fois par les spécialistes. Dans les villes des bords de la Baltique, les artisans du bâtiment travaillaient 1314 heures par jour en été, et 9-11 heures en hiver. Deux heures de ce temps étaient prévues pour les trois repas. Dans les villes de la Prusse, ce problème avait encore un autre aspect. En hiver, l'ouvrier pouvait — en travaillant moins longtemps — acheter à peu près autant de denrées alimentaires qu'en été. En février et mars, survenait généralement une hausse des prix, et même les taxes officielles 4 s'accrois1. M. B O O U C K A , GdaAsk jako oSrodek produhyjny..., op. cit., p. 243. 2. K.F. O L E C H M O W I T Z , Der Sckiffbau..., op. cit., p. 123. 3. K . F . O L E C H N O W X T Z , Der Schiffbau..., op. cit., pp. 123-125. L'auteur distingue à Lubeck trois périodes, la troisième entre le mercredi des Cendres et Pâques. M. B O G U C K A , Gdansk jako oirodek produkcyjny..., op. cit., pp. 243, 347. B. GEREMEK Najemna sila robocza..., op. cit., p. 119. G . DES M A R E Z , L'organisation du travail à Bruxelles au XVe siècle, Bruxelles, 1904, p. 242. 4. Cf. à ce sujet : M . B O O U C K A , « Z zagadnieà spekulacji i nadu±y6 w handlu iywnoécia w Gdansku w X V - X V I I w. », Zapùki Histotyczne, n° 1, 1962, p. 12.
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HENRYK
SAMSONOWICZ
saient d'environ 120 % en comparaison de la période précédant la moisson. Cet état de choses — dans la période où la journée de travail du salarié était la plus longue — durait jusqu'en août et septembre et correspondait plus ou moins à la période de la hausse des salaires. Les dépenses pour le chauffage, les vêtements d'hiver et une nourriture plus riche en calories compliquent quelque peu nos calculs, mais il ne nous semble pas que le niveau de vie en hiver ait différé sensiblement du niveau de vie en été. Mais citons encore un fait fort curieux. Si, dans la première moitié du XVe siècle, nous définissons l'écart entre les prix saisonniers à Toru6 par 100 : 160, cet écart diminue dans la première moitié du XVI e siècle et se présente en moyenne comme 100 : 126. Cela pourrait signifier qu'à mesure de l'accroissement des réserves de denrées alimentaires en cas de mauvaises récoltes, de famine, etc., il n'était plus aussi nécessaire d'adapter les salaires aux saisons. Il se peut aussi que ce phénomène soit dû à l'élargissement du marché du travail. Essayons de vérifier cette supposition. Les dépenses de l'office du bâtiment 1 donnent un aperçu non seulement des travaux effectués au cours des différentes saisons, mais aussi de l'animation du marché du travail. Si nous étudions les changements survenant dans le rythme de la vie économique, nous pouvons faire certaines observations intéressantes sur les directions que suivait le développement des villes aux XVe et XVI e siècles. Comme il résulte de ces données, le rythme de la vie économique s'est stabilisé quelque peu au cours d'un siècle et demi. La courbe qui illustre les investissements dans le bâtiment dans la première moitié du xvi e siècle est plus régulière que la courbe analogue dans la première moitié du XVe siècle. Il est probable qu'au seuil des temps modernes, la situation s'était stabilisée, qu'elle s'était adaptée aux changements climatiques, que l'approvisionnement en denrées alimentaires était plus facile et — ce qui est le plus important — , qu'un marché du travail plus stable contribuait au fonctionnement normal de la vie urbaine. Si, dans la première moitié du xv® siècle, nous prenons pour base des dépenses d'hiver et des dépenses d'été les indices 100 : 276, dans la première moitié du xvi® siècle, ces indices se présentent comme 100 : 227. Aux xv® et XVI e siècles, les dépenses des villes dépendent étroitement des cycles économiques du commerce de céréales et cette dépendance est plus évidente dans les dépenses et les revenus des auberges de Toruà au XVe siècle 2 .
1. W A P Tor. X V I 6, 9, 19, 20. a. H. SAMSONOWICZ, Zagadmenxa hdtwy miast nadbaltyckich w XIV-XV Olsztynski, 1964.
w., Rocznik
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Les livres de comptes de l'administration urbaine de Toruà permettent de dresser un tableau des salaires journaliers de la maind'œuvre. Nous croyons cependant plus utile d'analyser les tendances générales en prenant pour base les salaires moyens de chaque décennie. Un plus grand nombre de données puisées dans les sources nous évitera en effet de commettre de trop grosses erreurs dans nos calculs ultérieurs. En hiver, les salaires des compagnons (menuisiers et maçons) à Toruù se présentaient comme suit : TABLEAU
II
Salaires journaliers
ANNÉES I4OI-I4IO
MONTANT DES SALAIRES EN DENARB 23
141 I-I420 I42I-I43O 1431-144° 144I-I45O
23 > en moyenne 24,5 36
I45I-I460
21
I461-I47O I47I-I480 I481-I49O I49I-I5OO I5OI-I5IO
1511-1520 0 I52I-I53 1 1-I 53 54°
21
?
23
40
24 ' en moyenne 46 70 51 120 132 en moyenne 131 I42
INDICE 1401-1410 =
100
100
9« 100 156
9«
100
173
104
3°4
221
526
573 617
Ce tableau nous permet de distinguer trois périodes : celle d'ime stabilisation relative des salaires jusque vers 1470, celle de leur accroissement d'environ 187 % jusqu'à 1510, et la période comprise entre 1510 et 1540 dans laquelle les salaires s'accrurent de 284 % par rapport à la période précédente, et de 534 % par rapport au début du XVe siècle. Les salaires des ouvriers du bâtiment et des ouvriers non qualifiés (Bauknechte et Tagelöner) se formaient d'une façon analogue. Il serait superflu d'évaluer les salaires journaliers suivant ieur équivalent en argent. Nous n'aurions qu'un tableau des dévaluadons successives de la monnaie 1 qui reflétaient les événements I. E. WASCHINSKY, Die Münz- und Währungspolitik des Deutschen Ordens in Preussen, Göttingen, 1952, p. 236. M. GUMOWSKI, < Moneta u Krzyzakow, > ZaPùki T.N., :95t, p. 5 3 . M. F O L Z , Geschichte des Dan&gcr Stadthaushalts, p. 1 1 9 . Pendant la période qui nous intéresse, nous acceptons le rapport suivant des monnaies : : Mark = 4 Vierdung = 20 Groschen — 60 Schillings = 360 Denan. Cf. W. JESSE,
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HENRYK SAIOONOWICZ
survenant sur le territoire de la Prusse : la délai te de l'ordre des Chevaliers teutoniques à Grunwald en 1410, la fin de la puissance politique de cet ordre et l'équilibre instable de la structure sociale de la Prusse au cours des années vingt et trente du XVe siècle 1 . Vers les années quarante, les intérêts de l'ordre des Chevaliers teutoniques et ceux des villes et de l a noblesse de la Prusse ne sont plus aussi contradictoires pendant un certain temps, c'est-à-dire dans la période où l'ordre est dirigé par le grand maître K o n r a d von Erlichshausen, et ce fait ne manque pas d'influer sur la valeur de la monnaie. E n 1453, éclate le soulèvement contre les Chevaliers teutoniques et commence la guerre de Treize Ans qui se termine par la réunion de la Poméranie de Gdaàsk (Prusse Royale) à la Pologne. En même temps, la valeur de la monnaie diminue et les couches pauvres de la population souffrent du coût de la vie qui est de plus en plus élevé. Il est cependant tout aussi difficile de suivre ce processus et de dresser un tableau des salaires réels que de définir quels produits doivent être considérés comme étant de première nécessité. Si la définition des denrées alimentaires de première nécessité est encore relativement facile, nous nous heurtons à de grandes difficultés lorsqu'il s'agit de nommer les produits industriels, quoique la plupart de ces derniers figurent dans les sources avec l'indication de leurs prix. Nous y trouvons par exemple quatre qualités de bière, mais des dizaines de qualités de drap et nous ne disposons pas de données précises sur les différentes mesurés employées dans les villes de la Prusse. Il est par contre peu probable qu'une miche de pain « ordinaire », achetée pour un nombre défini d'artisans, ait changé de poids même si sa qualité était différente. A u x v i e siècle, elle pouvait en effet contenir une plus grande quantité de farine de froment. Mais prenons en considération ces données modestes et — sachant d'avance que les erreurs sont possibles — ne traitons les résultats obtenus que comme prémices pouvant faciliter d'autres recherches plus approfondies. Il va de soi que nous nous baserons avant tout sur les livres de comptes de T o r u n a . Mais dans les années où les sources sont très peu nombreuses, nous prendrons aussi en considération les prix notés dans les registres des postes de douane qui contrôlaient la navigation fluviale à Gdaûsk 8 . Plus le nombre des données puisées dans les sources sera grand, et plus le résultat final de nos calculs reflétera les véritables tendances d u mouve« Der Wendische M u n z v c r e m •, Quellen u. DarsUlhmgtn air Gtschichte Westpremsens, N.F. 6, 1928, p p . 6, 124, 83, 124, 344. 1. M. Malowist, « Podstawy gospodarcze..., 1, art. cit., passim. M. Bjskup, Zjahoczeme Pomorza..., op. cit., p. 15 sq. 2. C f . supra, p. 534, n.4 3. W A P G d . 300. 19. 2. C f . aussi Caspar Wevareich Chronik, ¿d. T h . Hirsch. Scriptons Renan Prcssicartan, t. I V , Leipzig, 1872.
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545
ment des prix, car il s'agit avant tout de distinguer les tendances qui se manifestent au cours de plusieurs années des données, même précises, qui ne se rapportent qu'à une seule année. Avant de présenter les résultats de nos recherches sur les prix, nous voudrions signaler les produits qui nous paraissent avoir le plus d'importance. La définition de ces produits s'est heurtée plus d'une fois à de grandes difficultés 1 . La littérature propose en effet des données très différentes sur le budget des travailleurs salariés aux xv 4 et XVIe siècles. Les chercheurs belges considèrent que les ouvriers dépensaient 25 à 50 % de leurs salaires pour la nourriture 1 et les savants anglais sont d'avis que les dépenses pour les articles alimentaires se montaient à 80 % des salaires *. Les dépenses pour les boissons sont évaluées à un niveau très bas (en France : 12,5 % pour le vin 4 ). Au début du xvi® siècle, à Gdaùsk, l'on déduisait des salaires journaliers 3 schillings pour la nourriture, c'est-à-dire environ 15 à 34 % et, vers la moitié du siècle, 5 groschen, c'est-à-dire environ 77 % Ces données diffèrent trop pour ne pas être accidentelles et comme elles présentent en outre de nombreuses lacunes (elles ne tiennent pas compte, par exemple, du nombre des membres d'une famille qui ne travaillent pas), elles ne peuvent éclairer le problème qui nous intéresse. Si nous ne pouvons pas le résoudre à l'aide de chiffres, essayons de le faire en décrivant les conditions de vie des ouvriers. Certaines sources nous donnent en effet des informations sur les biens mobiliers des artisans et des ouvriers salariés. A Gdaàsk, l'ameublement de la demeure d'un artisan se composait en général d'un lit, de bahuts et de bancs et — pour ses besoins intellectuels et ses distractions — d'un pupitre servant à écrire et d'un jeu d'échecs 6 . Ces deux derniers objets indiquent que cet ameublement était probablement celui d'un ouvrier qualifié. Cette supposition 1. Cf. essais relatifs aux temps contemporains : M.K.Benbtt, « International Disparities in Consumption Levels >, American Econ. Review, p. 632, et remarques à ce sujet chez W. Kula, Problemy..., op. cit., p. 300. M . Halbwachs, La classe ouvrière et le niveau de aie, p. 10. 2. Ch. Verijndbn, etc., c Mouvements des prix... », art. cit., p. 195.
3. E.H. Phelps Brown, Sheila V. Hopkins, c Wage-rates and Prices... », art.
cit., p. 293. 4. D'après les constatations de H. Touchakd, « La consommation et l'approvisionnement en vin de la Bretagne médiévale », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 40, i960, p. 29, la consommation annuelle moyenne par tête d'habitant était de 100 à 120 litres. En décomptant les enfants, les femmes et les personnes qui ne buvaient pas autant, il faut probablement compter 1 litre par homme adulte et par jour. 5. M . Bogucka, GdaAskjako oirodek produkcyjny..., op. cit., p. 259; G . Pelc, Ceny w GdaAsku..., op. cit., p. 130. 6. M . Booucka, Gdatisk jako osrodek produkcyjny.., op. cit., p. 242. M
HENRYK SAMSONOWICZ
546
est d'ailleurs confirmée par la description — citée par Geremek 1 — du logis, ou plutôt du taudis d'un travailleur salarié à Paris au xvi* siècle. Sachant que le niveau social de la main-d'œuvre salariée était très bas, il faudrait plutôt admettre que les ouvriers dépensaient la plus grande partie de leurs salaires pour les denrées alimentaires. Mais quelles étaient ces denrées? Ici, nous devons tenir compte du caractère spécifique des différentes régions. Les produits alimentaires (énumérés avec leurs prix) que les travailleurs salariés recevaient vers la moitié du xv« siècle lorsqu'ils quittaient Toruñ pour livrer des marchandises à Gdaúsk, étaient évidemment ceux que les travailleurs consommaient le plus fréquemmenta. Comparons-les avec ceux qui sont indiqués par les chercheurs anglais *. TABLEAU
III
Dépenses pour les produits alimentaires TORUN
I.
2. 3456.
Pain Œufs Beurre Fromage Viande Bière Au total
FRANCE ET ALSACE
25.0 5.3 °»5 8,5 ',7 59,o 100,0
36,8
Produits farineux
31.8
Beurre, fromage
'5.7 15.7
Viande, poissons Boissons (vin)
100,0
Ces différences peuvent évidemment découler des conditions particulières en 1457, lorsque les Chevaliers teutoniques établirent le blocus de Gdatisk et empêchèrent les livraisons de poissons qui étaient, à n'en pas douter, l'un des principaux produits alimentaires de cette région. Il n'est pas possible d'évaluer les quantités différentes de produits alimentaires qui étaient consommés dans les diverses parties de l'Europe. Parmi les travailleurs salariés dont le niveau 1. B. GEREMEK, Najemna sila robocza—, op. cit., p. 12G. C'est probablement par inattention que E. SCHOIAIERS a omis de parler, dans son intéressant article, « De levensstandard... », du coût des logements, du chauffage, etc., ce que M. BOOUCKA lui reproche d'ailleurs à juste titre, in : « Z problematyki gospodarczo spolecznej
Niderlandow w XV i XVI w. », Kwartalnik Historyc&çf, n° 1, 1964, p. 155. E.H.
PHELPS BROWN et S . V . HOPKINS ne tiennent compte que des dépenses pour l'éclairage qui se montaient à 7,5 % du budget du travailleur salarié, in « Seven Centuries of the Prices... », p. 237, «Wage-rates and Prices...», p. 293. 2. WAP Tor. XVI, 11, p. 2 7 9 , 1 4 5 7 . 3. E . H . PHELPS BROWN, S.V. HOPKINS, 1 Wage-rates... », art. cit., p. 2 9 3 .
547
H E N R Y K SAMBONOWICZ
de vie était très bas, la loi d'Engel n'était probablement pas encore en vigueur et leur consommation dépendait de leurs salaires 1 . En nous appuyant sur ces réflexions et en tenant compte des réserves que nous venons de formuler, nous nous efforcerons maintenant de définir certaines tendances des prix. Parmi les produits qui nous intéressent, nous ne pouvons le faire dans la période en question que pour le pain (présumant, probablement à tort, que le poids de la miche de pain ne variait guère), le seigle et la bière. Essayons aussi de comparer les prix des matériaux de construction, tels que le bois, le fer et la chaux. Des mesures très différentes ayant été employées à l'époque, il ne nous est pas possible de trouver un dénominateur commun pour calculer les prix du drap. TABLEAU
IV
Prix des produits alimentaires BIÈRE
ANNÉES
I4OI-I41O I4II-I42O I42I-I430 I431-I44O I44I-I45O I45I-I460 1461-1470 1471-1480 1481-1490 I49I-I5OO I5OI-151O I5II-I52O I52I-I530 I53I-I54O
SEIOLE
prix d'un tonneau en Denars
indice
400
100
420
375 540
310 560
550
270 200
450 420
,0
5 93
«35 77 140
»37 67 50 112 105
prix d'un last en Marks 4 5
10 12
5 3 19 '5 15 '4 12 16
24
indice
PAIN
prix en Denars
indice
100
140
«5
154
100 IIO
75 475
120
85
250 300 125
375 375 350
300 400 600
540
357
649
463
indice général des prix des produits alimentaires 100 117 250 202 109 80
305 77(?) 257 273
211 170 256
389
1. H. SAMSONOWICZ présente différents points de vue sur la consommation dans la région de la Hanse : « Zagadnienia demografii historycznej regionu Hanzy », Zapiski Historyc&u, XXVIII, 1963, p. 534. Cf. aussi G. MIRA, « Il Falbisogno do cereali in Perugia e nel suo contado nei secoli XIII-XIV », Studi in onore di A. Sapori, I, Milan, 1957, p. 507.
548
HENRYK
8AMSONOWICZ
Tableau
V
Prix des matériaux de construction CHAUX
BOIS ANNÉES
"schock"
en Denars
indice
I4II-I420 I42I-I43O
>5
144I-I45O
30
200
1471-1480 I481-149O I49I-1500
378
2 520
585
3 900
152I-I53O I53I-I54O
630
4 200
100
lasts en Denars 16
FER indice
24
100 150
12
75
livres en Schilling» '5
100
150
1 000 2 100
315 810
792
indice
5 062
4950
La dévaluation de la monnaie pouvait entraîner une hausse des prix, mais si nous tenions compte de cette dévaluation en nous basant sur les recherches citées, nous n'ajouterions aucun élément nouveau aux tendances qui se dessinent ici nettement. Les prix des matériaux de construction s'accroîtraient d'environ quinze fois jusqu'aux années soixante-dix du XVe siècle, et de plus de vingt fois jusqu'aux années trente du X V I e siècle. Si nous pouvons nous appuyer sur ces données fragmentaires et peut-être accidentelles pour en tirer des conclusions, celles-ci peuvent être intéressantes. La hausse des prix nominaux ne se poursuit pas d'une manière analogue en ce qui concerne les produits dont il est tenu compte dans les tableaux IV et V . Les prix des produits alimentaires sont sujets à des oscillations très marquées. Ils sont en hausse jusqu'aux années cinquante du XVe siècle, puis ils se mettent à descendre pour remonter de nouveau jusqu'aux années quatre-vingt-dix et reprendre leur marche descendante jusqu'à la deuxième décennie du X V I e siècle avant de s'engager dans une nouvelle montée. Il semble d'ailleurs que le niveau des prix n'ait subi un changement décisif que vers le déclin du XVe siècle. Au début du XVI e siècle, la baisse est moins accentuée que la baisse précédente, et la hausse qui survient vers les années quatre-vingt-dix du XVe siècle est plus prononcée que celle qui l'a précédée. L'accroissement des prix, très net vers les années vingt et trente du X V I e siècle, précède ce que l'on appelle « la révolution des prix ». Une hausse beaucoup plus rapide des prix des matériaux de construction entraîne des changements essentiels dès les années quatre-vingts du XVe siècle. Cette hausse semble être liée à la conjoncture favorable à l'économie
HENRYK SAMSONOWICZ
de la Prusse après la paix de 1466. Le déboisement des forêts va de pair avec la demande de bois de construction — très recherché aussi bien par les chantiers navals de la Hollande et de l'Angleterre que par les villes situées sur la Vistule — , et il n'est pas exclu que les bourgeois investissent dans les biens immobiliers les capitaux qu'ils retirent du commerce actif, ce qui d'ailleurs est déjà évident dans la seconde moitié du xvi® siècle 1 . Nous pouvons aussi constater qu'en Prusse et dans les autres régions de la Pologne, la conjoncture économique était favorable aux grands domaines qui fournissaient — surtout grâce au travail des corvéables — des céréales et du bois. Nous pourrions aussi expliquer les fluctuations des prix — outre celles qui relevaient de l'histoire politique — par les rapports commerciaux de plus en plus étroits avec l'arrière-pays polonais et l'exportation accrue des céréales polonaises. Un autre problème mérite tout particulièrement d'être étudié, c'est celui du développement démographique de la Prusse qui pouvait exercer son influence sur la fluctuation des prix au tournant du xv® et du xvi® siècle. Nous devons nous contenter de ces données fragmentaires pour esquisser les tendances générales des salaires réels. Le nombre trop restreint de matériaux dont nous disposons, ne nous permet cependant pas d'estimer le pouvoir d'achat des travailleurs salariés. Nous ne pouvons qu'évaluer les salaires journaliers selon leur équivalent en seigle. TABLEAU
VI
Salaires journaliers moyens en mesures de seigle (par décennies) ANNÉES
MESURES
14OI-I4IO
0,96 0,66
IOO
0,30 1,20
31 124 118
1411-I42O 142I-I43O
1
143I-I44O I44I-I450 1451-1460
1,14 0,18
1461-1470 1471-1480 1481-1490 I4gi-I500 I5OI-1510 1511-1520 i5a»-«53o 1531-1540
1. M . M a l o w i s t ,
F
INDICE
68
7
»9
0,24
25
0,72 0,60
75 62
i,68 1,42 0,96
'75 147 100
L'approvisionnement des ports de la Baltique en produits
55®
HENRYK SAJISONOWICZ
Ce tableau nous démontre que, dans les quatre premières décennies du XVe siècle, les salaires réels sont en baisse. Une nouvelle hausse s'amorce vers les années quarante du XVe siècle, mais elle est suivie d'une baisse qui dure jusqu'aux années quatre-vingts, lorsque les salaires s'engagent dans une nouvelle montée qui se poursuit en principe jusqu'à la fin de la deuxième décennie du XVI e siècle. A partir des années vingt du xvi* siècle, la courbe des salaires est descendante. La participation des rives méridionales de la Baltique au grand commerce du bois et, ensuite, au commerce des céréales de l'Europe du Nord 1 entraîne — avec un certain retard par rapport à l'Europe occidentale — des processus analogues dans le mouvement des prix et dans celui des salaires. Ce retard était d'ailleurs relativement peu important, car il n'était que d'une quarantaine d'années au XVe siècle. Le développement de la vie économique en Prusse — lorsque cette région fut réunie à la Pologne —, permit de rattraper la hausse des prix en augmentant les salaires. La révolution des prix et le nouvel accroissement de l'exportation de céréales contribuèrent —• comme dans d'autres régions de l'Europe — à la contraction du pouvoir d'achat de la monnaie et, ce qui en découle, à l'abaissement du niveau de vie des travailleurs salariés. Les liens économiques qui, depuis la moitié du XVe siècle, unissaient l'Europe occidentale à l'Europe orientale — malgré les directions diamétralement opposées de leur développement social et économique — créaient une situation analogue aux producteurs de biens matériels. Les systèmes de salaires différents découlaient du fait qu'en Occident les prix des céréales eurent tendance à baisser pendant tout le cours du XVe siècle, alors que les salaires ne commencèrent à diminuer qu'à partir de la moitié de ce siècle a. Dès la première moitié du XVI e siècle, les tendances des salaires et celles des prix se rapprochent de plus en plus sur tous les marchés de céréales en Europe 8. La comparaison du tableau VI forestiers pour les constructions navales au xv* et xvf siècle », Le navire et l'économù maritime du Nord de l'Europe du Moyen Age au XVIIe siècle, éd. M. M o l l a t , Paris, 1960, p. 25. Cf. aussi les remarques de G.U. Nef, Prices and Industriai Capitalism in France and England 1540-1640, Essays in Economie History, rééd. E. Carus-Wilson, Londres, 1953, surtout p. 130, où l'auteur constate que depuis les temps de Henri VIII jusqu'à ceux de Charles I e r , le prix des mâts de navires a augmenté de quinze fois. 1. H. Samsonowicz, < Struktura handlu zagranicznego Gdaóska w I poi. XV w. », Prztglad Historyczny, n° a, 196a. a. W. Abbl, « Bevôlkerungsgang », p. 6a, graphiques. 3. Cf. ce que M. Booucka écrit au sujet des prix et des salaires : Gdaiiskù rzemiosle tekstylne od XVI do poi. XVII w., Wroclaw 1956, p. a 16, tableaux 5 et 6. S. Geerszbwski, Elblaski prztmysl okretowy w latach 1570-1815, GdaAsk, 1961, p. 175 sq. Z. Binerowsxi, GdaAskifir&myslokretowy od XVII do pocz. XIX w., Gdaósk, 1963, p. aio sq.
HENRYK SAMSONOWICZ
551
avec le graphique relatif aux matériaux néerlandais est très instructif à ce sujet. Les salaires journaliers des ouvriers du bâtiment, évalués d'après lem* équivalent en seigle jusqu'à la moitié du XVe siècle, témoignent d'une tendance inverse de celle observée en Prusse Dans la seconde moitié du siècle la situation change et, jusqu'à la fin du xvi 6 siècle, le développement des salaires réels se poursuit d'une façon analogue, malgré les directions différentes que suit le développement de l'économie européenne.
1. Dokumenten*p.
545, graphique 13.
LES SALARIÉS E T
LE
SALARIAT
DANS LES VILLES A U C O U R S D U BAS M O Y E N
AGE
par Bronislaw GEREMEK (Varsovie)
En essayant de saisir les multiples et complexes rapports entre les prix et les salaires, ces deux composantes de toute histoire conjoncturelle, l'historien cherche accès à cette voie royale menant vers l'approche totale de l'évolution des conditions de vie. Il est inutile de démontrer combien est justifiée cette tentative de retrouver et suivre la trame profonde de l'histoire, en appliquant un ensemble rigoureux de méthodes de recherche et de présentation et de saisir dans ces pulsations le mouvement continu du progrès historique. O n arrive à dessiner une évolution à l'intérieur de laquelle tout semble parfaitement comparable et mesurable. Sans doute les données pour l'Antiquité et le Moyen Age sont bien éparses et l'effort des historiens pour combler les lacunes dans le temps et dans l'espace se heurte à la carence de documents 1 . i. Cf. pour un exposé exemplaire de l'état de la question et d'un plan de recherches pour la France médiévale : E. PBRROY, "Wage Labour in France in the later Middle Ages", The Economie History Review, sec. ser., vol. VIII, n° 2, 1955, pp. 832 239-
554
BRONISLAW GEREMEK
Mais le problème majeur ne nous semble pas être d'ordre heuristique. Le témoignage des prix et salaires a ses limites historiques : ne sont-ils pas un phénomène circonscrit dans les cadres d'une économie — l'économie marchande? Ils peuvent donc témoigner pour cette économie seulement et ce n'est qu'au fur et à mesure que celle-ci se généralise que le mouvement des prix et salaires peut enregistrer et refléter les processus profonds de la vie économique Si nous admettons que le salaire est aussi un prix — celui de la main-d'œuvre 3 , et que le prix ne se définit que par rapport à une marchandise, il semble nécessaire de voir si la main-d'œuvre apparaît effectivement dans la circulation marchande. Il est bien évident que la liberté d'échange est une condition sine qua non pour que les données sur les prix puissent être valables : en appliquant ce principe aux prix de la main-d'œuvre nous dirons qu'il n'y a de salaires que lorsque le salarié dispose d'une liberté personnelle. Ces quelques remarques préliminaires expliquent pourquoi j e parlerai moins de salaires que du salariat, moins de l'évolution des salaires que de la place que le salarié et le salaire occupent dans l'économie et la société médiévales. Je voudrais traiter successivement du statut social et économique des « gens qui se louent », du marché de la main-d'œuvre et de la nature des conflits sociaux.
I « Mercenarii qui locant operas suas, pauperes sunt, de laboribus suis victum quaerentes quotidianum. » (Saint Thomas, I, II, 105, a.2).
Dans la production urbaine au Moyen Age on peut discerner grosso modo deux types d'organisation du travail : l'atelier artisanal indépendant organisé sur une base familiale — au sens restreint ou large de ce terme — et l'organisation à plus grande échelle où la division plus poussée du travail s'accompagne de l'interdépendance entre différents ateliers. Il est évident qu'à ces deux types d'organisation de production correspondent aussi deux types de rapports de travail s . Alfred Doren étudiant, il y a un demi-siècle, l'histoire économique de Florence, fut frappé par la différence entre l'artisanat italien, où les rapports de travail se font sous forme d'un contrat 1. M. DOBB, Wages, Cambridge, 1959; R. ROMANO, I prezzi in Europa dal XIII suolo a oggi, Torino, 1967, p. X I sqq. 2. Aperçu critique de cette thèse : R. MossÉ, Les Salaires, Paris, 1952, pp. 97 sq. 3. M. DOBB, Studies in the development of capitalism, New York, 1947.
BKONISLAW OKBF.MT.K
555
libre d'embauché et l'artisanat dans les pays germaniques, où l'embauche est doublée par des liens de dépendance personnelle Mais cette différence est loin d'être d'ordre géographique : ces deux types peuvent se « côtoyer » dans le temps et dans l'espace. Nous sommes peu disposés à croire, avec Dören, qu'elle puisse s'expliquer par l'influence du droit romain en Italie. Essayons d'abord d'analyser cette dichotomie et de présenter le fonctionnement de ces deux types socio-économiques. Dans la formation de l'organisation, qu'à défaut de meilleur terme, on appelle industrielle interviennent deux ordres de facteurs *. Premièrement ime exigence technique de production, quand la fabrication d'un produit dépasse les possibilités d'un homme ou d'un atelier et requiert l'intervention de plusieurs spécialistes différents. Deuxièmement, une production plus large, employant des quantités considérables de matières premières, demandant beaucoup de temps pour la confection du produit exigeant des moyens de financement qui dépassent les ressources d'un artisan ». Ces facteurs introduisent à un système de rapports sociaux particuliers et se retrouvent dans toute une série de métiers faisant figure au Moyen Age de ce qu'on pourrait appeler le « grand artisanat ». Les historiens de la draperie médiévale insistent sur le caractère précurseur de l'évolution des rapports sociaux et économiques dans ce secteur Les raisons techniques y apparaissent clairement : un entrepreneur, originaire de la classe marchande ou artisanale, s'impose pour fournir les matières premières et l'argent, pour veiller à la confection du produit. L'artisan dans le Verlagssystem, se voit accorder peu de liberté d'action économique, mais il aspire à y accéder *, bien que ses chances soient fort limitées. Il dispose tout 1. A. Dören, Studien aus der Florentiner Wirtschaftsgeschichte, t. II : Das florentiner Zunftwesen vom 14. bis zum 16. Jahrhundert, Stuttgart, 1908, pp. 643, 665 sq. 2. K. Bucher, Die Entstehung der Volkswirtschaft, Leipzig, 1906 et traduction française : Études d'économie politique, Paris, chap. vu; G. Unvin, Industriai organisation in the sixteenth and seoenieenth centuries, Oxford, 1963, p. 2 sq. 3. Cf. aussi V. V. Stokijckaja-Tereskovic, Ocerki po socialnoj istorii nenuckogo goroda o XIV-XV or., Moscou-Leningrad, 1936, p. 84 sq. 4. F. Fürger, £um Verlagssystem als Organisationsform des Frühkapitalismus im Textilgewerbe, Beiheft zur Vierteljahrschrift f. Sozial-und Wirtschaftsgeschichte, t. XI, 1927 H. Van Werve ke, < De koopman-ondernemer en de ondememer in de Vlaamsche lakennijverheid van de middeleeuven », Med. van de VL Acad. voor Wetensch., Letteren en Sch. Künste, Kl. d. Letteren, t. VIII, 1946, fesc. 4; M. Malowbt, Studia z d&ejow r&miosla w okresie byzysu feudalismi w %achodniej Emropie w XIV i XV ui., Varsovie, 1964. 5. F. C. Lane a récemment attiré l'attention sur le fait que dans l'industrie drapière la dépendance de l'artisan à l'égard de l'organisateur de la production est le stade primitif du développement de cette industrie — in The Journal of Economic History, vol. XXIII, June 1963, p. 223.
556
BR.ONISLAW OKRKMBK
de même, dans la plupart des cas, d'un atelier et d'un outillage propres; parfois il emploie aussi des auxiliaires. Ne serait-il donc pas abusif de le confondre avec un salarié? Mais dans l'œuvre d'organisation menée par le capital commercial à l'égard de la production urbaine, dès le xiv® siècle apparaît un cadre industriel autrement structuré — la manufacture centralisée. Les villes italiennes en donnent les premiers exemples. En matière d'industrie textile, ce furent les grands ateliers drapiers des Umiliates du XIII« siècle, rassemblant un nombre important de travailleurs salariés, qui inaugurèrent cette voie de développement1. A Florence, au xrv4 siècle, certaines compagnies centralisent la production et conduisent à la création de véritables manufactures *. Les travailleurs employés ainsi dans ces grands ateliers se trouvent dans les conditions du salariat moderne : libres de tout lien de dépendance personnelle, leur dépendance économique est déjà tout entière à l'égard du détenteur du capital s . Les métiers du bâtiment 4 présentent une situation analogue à celle des métiers textiles, bien que plus complexe. Le chantier est un cadre rendant nécessaire la collaboration de différentes professions et d'un nombre important de travailleurs : maçons, tailleurs de pierre, charpentiers... Rémunérés à la journée ou à la pièce, exécutant un plan précis, ils nous semblent être des salariés types 6. Mais il ne faut pas oublier que ce maçon ou charpentier est muni d'outils de travail — rudimentaires et peu coûteux, il est vrai — et aussi de connaissances professionnelles approfondies et de qualifications artisanales. Il amène au travail ses aides, ses propres employés, dépourvus, eux, de ces deux attributs. Et puis, à côté des grands chantiers de cathédrales et de châteaux, il y avait aussi des constructions de moins grande envergure, mal éclairées par nos sources et dans les-
1. L. ZANONI, Gli Umiliati nei loro rapporti con l'eresia, l'industria della lana ed i communi net secoli XII e XIII, Milano 1911, passim; V. I. RUTENBURG, Narodnjg* doizenija o gorodach Itaiii, XIV-bac. XV t., Moscou-Léningrad, 1958, p. 25. 2. V. I. RUTENBURG, Ocerk it istorii ramego kapitalizma 0 Italii, Moscou-Léningrad, '95'» P- >38 et passim; ce travail a provoqué une large discussion dans les colonnes de la revue des médiévistes soviétiques Srednie Veka. 3. Les thèses de Doren à cet égard trouvèrent aussi des critiques — cf. G. HERMES, «Der Kapitalismus der florentiner Wolltuchindustrie», &itschr. ftir die gesamt* Statuswissenschaft, 72, 1916, p. 367 sq. 4. CF. en premier lieu L. F. SALZMAN, Building in England down to 1540, Oxford, 1952; D. KNOOP and G. JONES, The medioeval Masón, Manchester, 1949; J . GIMPEL, Les bâtisseurs des cathédrales, Paris, 1959; A. WYROBISZ, Budoumictwo murowane w Malopolsce w XIV i XV w., Wroclaw, 1963. 5. Cf. M. BLOCH, « Le maçon médiéval : problèmes de salariat », Annales d'Histoire économique et sociale, VII, 1935, p. 216.
BRONISLAW OEREMEK
557
quelles l'organisation du travail prenait un caractère tout à fait artisanal 1 . Il en est de même dans les métiers de la construction navale s . D'un côté les grands chantiers navals, tel l'Arsenal de Venise, rassemblent un nombre élevé de travailleurs (dans le cas de Venise dépassant un millier à la fin du xv* siècle) * et exigent un effort important d'organisation et d'investissements — une entreprise industrielle en somme, dans laquelle l'artisan, l'employé devient un salarié pur et simple; même la différence économique entre les maîtres et les apprentis disparaît. Mais d'un autre côté, des œuvres de petite envergure, gardant l'organisation artisanale et le cadre corporatif traditionnel, occupent une place importante dans la vie économique des cités côtières 4 . A côté de ce « grand artisanat », l'artisanat simple est prépondérant. Dans un atelier indépendant travaillent à côté de l'artisan sa femme, ses enfants, ses parents. Ce caractère familial de l'atelier artisanal a une importance capitale pour l'ensemble de rapports de production dans l'artisanat médiéval. Les rapports de famille se superposent aux rapports de production et donnent au patron, chef d'atelier, les prérogatives particulières du chef de famille. Cela est valable aussi dans le cas où les employés n'ont avec le patron aucun lien de parenté : ils élargissent les cadres familiaux de l'atelier, mais ne les affaiblissent pas. Ils sont jeunes, peu nombreux dans chaque atelier, l'autorité du patron s'impose facilement. Auprès des apprentis, l'autorité paternelle du patron trouve même une confirmation juridique. Le contrat d'apprentissage est, d'une certaine façon, une cession de droits paternels au maître L'apprenti de son côté doit au maître une obédience filiale. L'étendue des droits du patron est manifeste dans une sentence du Châtelet de Paris rappelant que le maître doit bien
I . D. K N O O P and G. J O N E S , op. cil, p. 95, soulignent à cet égard la différence entre les maçons et les autres métiers du bâtiment : tandis que la plupart des maisons étaient des constructions en bois, il n'y eut pas beaucoup de petites constructions de pierre. a. Cf. F . C . L A N E , Venetian Ships and Shtpbmlders 0/the Renaissance, Baltimore, 1934; K . H. O L E C H N O W I T Z , Der Schiffbau des hansischen Spätzeit, Weimar, i960 (ainsi que le travail plus ancien de W . V O O E L , Geschichte der deutschen Seeschiffahrt, Berlin, 1915); S . GIERSZEWSKI, Elblaski przemysl okretowy w latach 1570-1815, Gdaósk, 1961. 3 . R . R O M A N O , Aspetti economici degli armamenti nasali veneziani nel sec. X V I , Rivista Storica Italiana, 1954, p. 59. 4 . F . C . L A N E , op. cit.,
p . 1 8 0 ; S . GIERZSEWSKI, op. cit., p . 5 8 ; K . H .
OLECHNO-
"Die hansische Schiflszimmerleute", Wiss. Zeitsckr, d. Universität Rostock, Jg 7, 1957/8. p- 383 «15. G . DES M A R E Z , C Apprentissage à Ypres à la fin du xin® siècle », Revue du Nord, 1911 ; B . G E R E M E K , Najemna sila roboeza w rvnàasle Paryzß, Varsovie, 1962, pp. 35, sq.
WITZ,
558
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traiter son apprenti < senz le faire battre par sa femme, mais le bate lui mesmes s'il mesprent » 1 . Cette organisation familiale (< paternaliste ») de l'atelier artisanal n'est possible que du fait que les conditions de travail sont sensiblement les mêmes pour le patron et pour ses employés. Le maître travaille de ses propres mains, l'équipement technique de l'atelier est assez rudimentaire et, de ce fait, la profonde coupure entre les détenteurs des moyens de production et les travailleurs qui caractérise l'industrie moderne n'existe pas. Un autre facteur, important lui aussi, qui conditionne ce type de l'artisanat, c'est le caractère du marché où les produits s'écoulent. Le petit atelier artisanal est naturellement lié au marché local. L'atelier est en même temps une boutique; les descriptions littéraires et l'iconographie nous livrent en détail cette fonction commerciale de la fenêtre, par laquelle les passants peuvent surveiller le travail de l'artisan et acheter ses produits. Sinon, à l'atelier lui-même (dans certains métiers c'est expressément défendu par les statuts), l'artisan vend ses produits à l'étal, au marché urbain Il en est de même quand l'artisan fabrique le produit sur la commande de l'acquéreur direct; si ce dernier lui fournit la matière première, il ne demande à la fin que le prix de son service, de son travail. La vente du produit, quand elle peut être faite au marché local, ne dépasse donc pas les possibilités de chaque artisan, qui peut garder son indépendance. Dans cet artisanat indépendant, les valets (compagnons) employés par l'artisan sont plutôt ses domestiques que ses ouvriers. Leur statut social est celui de serviteurs, non de salariés. L'embauche prend la forme de la location : les maîtres louent * les valets et ces derniers s'engagent à les servir 4. La location signifie aussi l'entrée en dépendance personnelle 6 . On serait tenté d'y voir un témoignage de la présence des structures féodales dans les villes médiévales : n'est-ce pas la dépendance personnelle qui fait 1'« ambiance sociale » du monde féodal? La location est un rapport de travail caractéristique pour l'économie 1. G . FAGNIEZ, Études sur l'industrie et la classe industrielle à Paris aux XIII* et XIV• siècles, Paris, 1877, p. 69. 2. Cf. sur les artisans au marché du Lendit : G. FAONŒZ, Documents relatifs à l'histoire de l'industrie et du ccttvfitfcê en France, t. II, Paris, 1900, n® 79, p. 173. 3. Le Livre des métiers, pub. Par R. Lespinasse et F. Bonnaidot, Paris, 1879, L X X X V I I , 35 : loe vaUet; LXVIII, 8 : alouer vallet. 4. B. GEREMEK, op. cit., p. 75 : « varlet servant natif du pais de Bouigangne... a confessé soy estre aloué aud. Chariot puis deux mois en ça pour le servir ou fait de son dit mestier et en tous autres services licites... »1 5. G . ESPINAS, La draperie dans la Flandre française au Moyen Age, Paria, 1923, t. II, p. 624 : à titre juridique t la location doit indiquer une sorte de prise en domesticité ou en dépendance de l'inférieur par le supérieur >.
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urbaine au Moyen Age (et aussi une forme complémentaire pour l'économie agraire) 1 . Or, si elle impose des liens de dépendance, ce n'est que pour une durée de temps limitée. Le contrat — verbal pour le court terme, écrit pour le long terme — lie les deux parties par un accord libre; les statuts des métiers prévoient des cas où il peut être résilié pour des raisons valables. Un accord libre, en somme. Il semble certain que la liberté réelle de celui < qui se loue » est inversement proportionnelle à la durée de son embauche, de son contrat. Les valets, les serviteurs qui se louent à la semaine ou à la journée disposent réellement et pleinement de leurs personnes. Le rapport qui les lie au maître est élastique, leur soumission au maître limitée du fait même de sa courte durée. Gela ne les avantage, d'ailleurs, que lorsque l'offre de main-d'œuvre qualifiée est rigide et la demande suffisante : dans le cas contraire, il est évident que ce sont les maîtres qui tirent avantage de la courte durée de l'embauche pour renforcer leurs exigences. Il reste que l'embauche à court terme n'implique pas la dépendance personnelle. Celle-ci est le prix du sentiment de sécurité que donne le contrat à long terme : sécurité d'avoir où dormir et de quoi manger pendant toute l'année, sans se soucier de la morte saison ou du manque d'emploi. Dans les conditions de rareté de main-d'œuvre, le patron devait s'assurer l'attachement de ses employés par des moyens économiques : l'endettement en fut un des plus sûrs. Le dossier publié et étudié par Georges Espinas sur l'entrepreneur douaisien, Jehan Boinebroke », fournit l'exemple le plus éclatant de ces procédés. Dans les statuts des métiers, une des precriptions les plus fréquentes est l'obligation de vérifier si l'employé a exécuté son contrat précédent et s'il ne doit pas de l'argent à son ancien patron 8 ; la dette est un moyen de prolonger la durée de contrat et d'empêcher l'ouvrier de disposer librement de sa personne. La législation florentine va le plus loin : l'ordonnance de 1371 prévoit que la dette doit être rendue non pas en argent mais en travail. V. I. Rutenburg note des cas où cet endettement exige une prestanza de plusieurs mois de travail 4. Les avances 1. Cf. A . ZYCHA, « Vom Durchgang dcr Arbeitsfreiheit durch die Grundherrichaft », in Wirtsehaft und Kultur. Festsckrift &tm 70. Geburtstag von Alfons Dopseh, Leipzig, 1938, p. 483. a. G . ESPINAS, Sire Jehan Boinebroke, patricien et drapier douaisien, Lille, 1933. 3. R. de LESPINASSE, Les métiers et corporations de la ville de Paris, Paris, 1 8 8 6 - 1 8 9 7 , t. II, p. 361 : "Item se varlet vient en la ville de Paris... que il ne soit mis en œuvre, le l'en set qu'il dois servise ne deniers a aucun entour qu'il ait ouvré ». H. T. RILEY, Memorials of London and London Life, Londres, 1868, p. 238, statut des heaumien : le valet doit travailler jusqu'au payement de la dette contractée chez son patron . M. STEFANI, "Il contratto di lavoro negli statuti medievali", Rioista Intema&onaU di Seienze Sociali, 1932. 4. V. I. RUTENBURG, • Najemnyje rabocije v Italii XIV-XV W . », in : ZJ istorii rabocego klassa i revoluçjonnogo doizcnija, Moscou, (958.
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sur le salaire, bien que souvent proscrites et défendues 1 , sont une pratique courante et, en s'ajoutant à d'autres liens, diminuent la liberté d'embauche à l'avantage des employeurs. Nous avons remarqué que le caractère de la rémunération a une grande importance pour la bonne compréhension des rapports de travail et de l'emploi. Considérons ce problème. Dans les doctrines économiques et sociales du Moyen Age, le problème du salaire, bien que considéré — et pour cause — comme secondaire, trouve sa place. Thomas d'Aquin est proche de la conception moderne du salaire, quand il le considère comme un quasiprix 2 , et constate qu'il doit être proportionnel au « mérite » *. L a rémunération du travail est un acte de justice (actus iustitiae) comme le prix dans la vente de marchandises : le juste salaire est un cas spécifique du juste prix 4 . Raymond de Roover et John Baldwin ont bien démontré que la théorie médiévale du iustum pretium laissait au marché en dernière instance le soin de définir le prix 5 . Le rattachement du prix au statut social n'apparaît que dans un courant marginal de la pensée médiévale. Si cela reste valable aussi pour le iustum solarium, il convient de noter néanmoins cette phrase du docteur Angélique, où il constate que les mercenaires qui louent leurs bras ne cherchent qu'à s'assurer la subsistance, leur oictus quotidiams Nous retrouverons un raisonnement du même ordre dans le conflit qui, à la fin du xrv® siècle, divise les vignerons d'Auxerrois et leurs employeurs : chacun doit se contenter du salaire qui convient à son métier 7 . 1. A Douai jusquà la seconde moitié du xm® siècle, on défend de prêter de l'argent aux valets « sor lor mains », mais en 1261 on annule cette prescription et on permet de donner désormais des avances aux valets. — G. ESPINAS. La Vie urbaine de Douai au Mayen Age, t. II, Paris, 1913, p. 982. 2. < Id enim merces dicitur, quod alicui recompensatur pro retributione operis vel la bons, quasi quoddam pretium ipsius >, S . T H O M A S , Summa theologiae,\-ïl, 114, 1. 3. 1 Merces proportionatur merito », S. T H O M A S , Summa contra gentiles, III, 1, 14g. 4. L. P O L I E R , L'idée du juste salaire. Essai d'histoire dogmatique et critique, Paris, 1903. E . S C H R E I B E R , Die volkswirtschaftliehe Anschauungen der Scholastik seit Thomas von Aqum, Jena, 1913, p. 83. A. FA N F A N I , Le origini dello spirito capitalistico in Italia, Milan, 1933, p. 14. A. S A P O R I , < Il giusto prezzo nella dottrina di S . Tomasso e nella pratica del suo tempo», Studi di storia economica medievale, Florence, 1940, p. 198. 5. R . DE R O O V E R , "The concept of the just price, Theory and economic policy", Journal of Economie History, X V I I I , 1958, p.418 sqq. J . B A L D W I N , "The mediaeval théories of the just price", Transactions of the American Phüosophical Society, vol. 4g, part 4, Philadelphie, 1959, p. 66. 6. S . T H O M A S , Summa theologiae, I - I I , 105, 2. 7. M. D E L A F O S S E , < Les vignerons de l'Auxerrois, xrv'-xvi« siècles », Annales dt Bourgogne, X X , 1948, p. 31 : « Doit es tre chascun content d'avoir sallaire competent iclon la nature de son mestier... car il n'est point de doubte que soyer les blefi ou les foings est trop plus grant paine que n'est de fere changeur sur le pont ou de
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Loin de moi la pensée que les préceptes de la doctrine canonique puissent avoir une réelle importance dans la pratique économique. Mjiis il est bon de voir comment les gens de l'époque prenaient conscience des réalités économiques. Il est à retenir en particulier le peu d'importance qu'on attachait aux questions de salaire dans la pensée médiévale. Au XIIIe siècle, on trouve utile de justifier le fait même qu'il faut payer les salaires 1 . Aux XIVe et xv® siècles, dans ce milieu en expansion économique que fut la Toscane, on pose la question des abus de part et d'autre. Giovanni Villani parlera de la hausse des salaires en liaison avec la diminution de l'offre de maind'œuvre après la Peste Noire Bernardin de Sienne et Antonin de Florence condamneront les retards du paiement de salaires, toutes les pratiques injustes des employeurs ainsi que les exigences excessives des travailleurs s . La doctrine médiévale introduit parmi les différentes sortes de rémunération de travail une distinction extrêmement significative entre stipulatiti operis faciendi qui s'applique à des travaux exigeant une habileté artisanale et locatio operarum, limitée aux travaux plus rudes et plus grossiers En fait, ces deux sortes de contrats de travail correspondent assez exactement à l'alternative : travail à la pièce et travail à l'heure. Dans la plupart des comptes médiévaux, ces deux modes de rémunérations se côtoient, se mêlent, se substituent 5 . On hésite donc à les lier à des situations économiques et sociales différentes. Pourtant cette distinction est importante. La rémunération à la pièce complique fort l'étude des salaires médiévaux du fait que l'unité de base est souvent floue, valable seulement dans le cas précis et que toute comparaison devient douteuse. Mais en dehors des difficultés heuristiques, nous trouvons fort souvent derrière ce mode de paiement un rapport réel différent. Bien que parfois on loue même des manœuvres à la tâche, il est de règle que le travail à la tâche s'applique à la besogne demandant vendre mercerie et si ne gaignc tant point communément un faucheur ou un soyeur de biefs tant comme fait un changeur ou un mercier... » I . E . S C H R E I B E R , op. cit.,
p. 87.
1. Cf. J . BURCKHARDT, Die Kultur der Renaissance in Italien, Leipzig, 1919, t. I, p. 65. 3. M . VIGNES, « Les doctrines économiques et morales de S. Bernard sur la richesse et le travail », Revue d'Histoire Économique et Sociale, t. X V I , 1928, p. 547 sq. F. J . HÜNERMAN, Die wirtschaftlichen Predigten des hl. Bernardin von Siena, Kempen, 1939, p. 80. G. BARBIERI, « Le forze del lavoro e della produzione nella "Summa" di San Antonio da Firenze », Economia e Storia, i960, 1. 4. Dictionnaire de théologie catholique, t. X I V , col. 988. 5. Parfois, il y a un rapport fixe entre les deux types de rémunération : cf. G. ESPINAS, La draperie..., t. II, pp. 634 sq. et eiusdem, La vie urbaine de Douai..., t. II, p . 9 8 4 ; D . K N O O P a n d G . J O N E S , op. cit.,
p.
113. 36
562
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des qualifications plus importantes et aux gens donnant des assurances professionnelles. Parfois les statuts des métiers déconseillent ou défendent de louer des valets (compagnons) à la tâche de crainte qu'ils n'abîment les outils du patron et ne fassent du mauvais travail La question des moyens de travail semble avoir, en effet, une importance capitale pour notre problème. Quand les moyens de travail appartenaient aux travailleurs eux-mêmes, rémunérés à la pièce — n'avions-nous pas affaire plutôt à un artisan qu'à un salarié? Le tisserand payé à la pièce et dépendant d'un entrepreneur n'est pas nécessairement un salarié. Pourquoi en serait-il autrement pour un maçon ou un charpentier? La rémunération à la tâche correspond à peu près à ce que Bûcher appelait le « salaire de métier » que l'on achète à l'artisan, son produit ou son service. La main-d'œuvre salariée dans l'artisanat médiéval t y p e j o u e un rôle secondaire sinon marginal. C'est ainsi que les sources ne nous renseignent qu'exceptionnellement sur le montant des salaires réellement payés. Les artisans ne tenaient pas de livres de comptes particuliers et les contrats de travail de courte durée n'étaient que rarement enregistrés devant des instances officielles 8. Ce sont donc les comptes des travaux de construction et des entreprises d'une certaine envergure qui nous fournissent des séries de salaires suffisamment étoffées et homogènes. Mais ne leur demandons pas plus que ce qu'ils peuvent nous dire : il serait dangereux de généraliser leur portée.
II « E n une place sont venus L a ou sont tous ouvriers tenus L o u sont tous ouvriers atirés. » Le Roman de Renart le Contrefait.
Le problème de la liberté et de la dépendance personnelle des travailleurs nous conduit à considérer le problème du marché de la main-d'œuvre. Comment se fait le jeu des mécanismes économiques et extra-économiques qui s'imposent dans les rapports entre employeurs et employés et qui règlent la circulation de la maind'œuvre ?
p.
1. E. MARTIN DE SAINT-LÉON, Histoire des corporations 87. 2. K. BÛCHER, op. cit., trad. française, p. 96. 3. M . STEFANI, « Il contratto... », passim.
de métiers,
Paris, 1897.
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5%
Le marché au Moyen Age n'est pas seulement un concept économique : c'est tout d'abord une réalité tangible. Les échanges, l'achat et la vente de marchandises se font dans un lieu défini. Les rapports entre les producteurs et les consommateurs ne perdent que peu à peu leur caractère direct, où l'un connaît l'autre. L'anonymat y prévaut au fur et à mesure du développement de la circulation marchande. Il en est de même en ce qui concerne cette marchandise particulière, la main-d'œuvre. Dans les villes médiévales il y a des « marchés aux bras » comme il y a des marchés aux draps où des marchés aux grains. C'est à la « place » — au XVII e siècle on l'appellera la « louée » 1 — que doit aller l'ouvrier désireux de s'embaucher et le patron en quête de travailleurs. Le Roman de Renart le Contrefaita, ce curieux produit des loisirs d'un petit bourgeois de Troyes, nous donne une image vivante de cette place « ou tous les ouvriers se loyent » (v. 40475). La tigresse affamée, puisqu'elle ne veut manger que des gens honnêtes, en quête de nourriture et après avoir vainement cherché des femmes fidèles et vertueuses, décide de chercher des « ouvriers de bras qui deuement fissent journées loialment ». Son guide l'amène alors dans une place où se tiennent tous les ouvriers et là, un recouvreur De Par De De
tous ses compagnons doubté procuración fondé leur œuvre et leur ordonnance leur fait, de leur contenance
au nom des couvreurs, et ensuite un charpentier, au nom de ses confrères, lui expliquent, devant tous les ouvriers rassemblés, pourquoi elle n'y trouvera point de gibier à sa convenance. Les ouvriers, en fait, ne pensent qu'à gagner davantage au prix du moindre effort. Le matin ils viennent à la place pour chercher du travail mais, une fois embauchés, ils s'attardent sur la place à flâner, bavarder avec les compagnons pour savoir O u chascun œuvre et ce qu'il gaigne A f f i n que plus de m o y ne prengne S'aucun maistre son ouvrier songne J'enquier de toute la bezongne Se je me v o y point deceiis Q u e j e ne prengne autant ou plus.
Ainsi passe une partie de journée avant qu'ils aillent au travail et 1. Cf. une géographie des louées parisiennes dans Le livre commode pour 169a. H. CREPIN, La liberté de travail dans l' ancienne France, Vézelay, 1937, p. 102. 1. Le Roman de Renart le Contrefait, pub. par G. Reynaud et H. Lemaître, Paris, 1914, t. II, pp. 187-9.
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là encore ils savent employer pas mal d'astuce pour tromper leurs employeurs : ils se font remplacer par d'autres, obtiennent du patron qu'ils paient leurs aides comme des ouvriers qualifiés, ne travaillent que quand ils sont surveillés. En vérité, ils sont plus fatigués le matin quand ils arrivent au travail que le soir, quand ils le quittent Tout cela concerne d'ailleurs non seulement les couvreurs et les charpentiers mais « trestoute gent qui prendent loyer et argent ». Voilà donc une image satirique de la morale ouvrière, un de ces topai de la littérature bourgeoise jusqu'aux temps modernes : les ouvriers sont malhonnêtes 1 . Mais à travers cette représentation, nous apercevons le fonctionnement du « marché aux bras ». Revenons un instant, aux théories économiques médiévales. O n a constaté que le juste prix n'est autre que celui qui est payé habituellement au marché selon une « estimation commune » — « secundum aestimationem fori occurentis », dit Bernardin de Sienne 2. Un siècle et demi plus tard, Louis Molina dira, en ce qui concerne le juste salaire, que la coutume, dans un lieu et à un moment donnés, est le critère de sa « justice » 3. Nous avons vu, en effet, comment le salaire est débattu sur la place. On se renseigne, les uns informent les autres; chaque ouvrier se garde bien de prendre moins que les autres ; les patrons certainement cherchent à ne pas payer plus les uns que les autres. Ainsi donc se forme un salaire unitaire pour une catégorie donnée de travailleurs. La législation tend à garantir que l'embauche sur la place se passe régulièrement. Les statuts des communes italiennes défendant toutes les « coalitions » ouvrières formulent aussi une défense expresse aux ouvriers de rester sur la place après avoir été embauchés, pour empêcher qu'ils puissent informer ou exciter leurs compagnons Dans les villes drapières flamandes, les statuts des métiers règlent en détail la location sur la place 5 . Les maîtres doivent se mettre d'un côté de la place et les ouvriers en quête de travail, de l'autre. Les 1. Cf. aussi Le Ménagier de Paris. Traité de morale et d'économie domestique, Paris, t. I. 1. Cité par R . DE R00VER, "The concep of the just price...," p. 423. 3. W. WEBER, Wirtschaftsethik aus Vorabend des Liberalismus, Munster, 1959, pp. 136 sq. Dans la pensée scolastique du xvi* siècle, les problèmes du salaire prennent une certaine importance. Ainsi débat-on la question de savoir si le prix habituel reste juste même s'il n'assure pas la subsistance de l'ouvrier, et on n'hésite pas à donner une réponse affirmative. 4. Statuti di Trento : défense de rester sur place « ad maie informandum ed impediendum alios laboratores ». Statuti di Lodi : que les ouvriers « nonvadantin plantea postquam locaverint opéras suae ». M. STEFANI, 1 II contratto... », p. 43. 5. G. ESPINAS, La draperie dans la Flandre française au Moyen-Age, Paris, 1 9 2 3 . t. II, pp. 6 1 6 sqq. 1846,
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565
ouvriers de la ville (« li noury de la cité ») ont la priorité sur les étrangers cherchant de l'embauche. Ceux qui attendent depuis plus longtemps doivent passer avant ceux qui ont travaillé récemment. Ces règles donnent lieu à des conflits entre les maîtres et les compagnons; ces derniers réclament que la place soit le lieu unique de l'embauche et qu'on respecte la priorité établie par eux 1 . Sans nous attarder davantage sur les détails du fonctionnement de la place aux bras nous pouvons affirmer qu'elle formait, pour l'embauche de la main-d'œuvre, un cadre fort rigide. Des deux côtés, on tâche d'éviter toute possibilité de concurrence. L'embauche est soumise à un contrôle strict des organismes corporatifs, et les ouvriers eux-mêmes choisissent un des leurs pour qu'il veille à l'observation des règles. Dans Le Roman de Renart le Contrefait, cité plus haut, les compagnons, qui parlent au nom des autres, illustrent cette constatation. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que les théologiens et les juristes médiévaux se soient fiés à l'estimation locale : ce genre du marché assurait une estimation continue, régulière, qui laissait peu de marge à des arrangements individuels s . Parmi les facteurs majeurs de cette stabilité, il faut noter aussi la réglementation d'office des salaires. Ce sont d'habitude les autorités municipales qui procèdent à la taxation des services et des salaires comme à celle des denrées s . La politique des pouvoirs urbains vise à défendre les intérêts des consommateurs; les tarifs fixent donc les prix maxima et, seulement dans des cas rares, les prix minima. En ce qui concerne les salaires, toutes les taxations tâchent d'imposer à ceux qui cherchent du travail les conditions les plus favorables pour ceux qui le donnent *. A Cologne, la taxation des salaires touche, aux x r v 6 et XV e siècles, quatorze professions ; dans deux cas seulement, 1. Cf. Recueil de documents relatifs à l'histoire de l'industrie drapiire en Flandre, pub. par G. Espinas et H. Pirenne, 1906, t. I, n. 82, p. 204. 2. W . WEBER und T . MAYER-MAI.Y, « Studien zur spätmittelalterlichen Arbeitsmarkt- und Wirtschaftsordnung », Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, 8. 166, 1954, pp. 359 sq. Pour la stabilité des salaires, les données du C d t R . Q U E NEDEY sont fort instructives : « Les prix des matériaux et de la main-d'œuvre à Rouen du xrv® au xvin« siècle », Bull, de la Soc. d'Emul. du Commerce et de l'Industrie de la Seine-Inférieure, 1927, tirage à part, pp. 18, 23 sq., 28. Cf. aussi E. H. PHELPS BROWN and S. V . HOPKINS, « Seven centuries of building wages, » Economica, n. s. XXII, 1955, p. 202. 3. L'historique de ces interventions, pour la France, est donnée par P. BoisSONNADE, Le Socialisme d'État. L'industrie et les classes industrielles en France pendant les deux premiers siècles de l'Ère moderne, Paris, 1927, pp. 138 sq. 4. F . LÜTGE, Das 1 4 / 1 5 . Jahrhundert in der Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, B. 162, 1950, p. 197 : « Diese Lohnregulierungspolitik versuchte ganz allgemein die Löhne auf einem niedrigsten Niveau zu stabilisieren, als der Marktlage entsprach ».
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on fixe pour des raisons particulières le salaire minimum 1 . O n peut affirmer que les taxations médiévales ne fixent que les salaires maxima. Les tarifs des salaires sont de toute évidence un instrument de classe par excellence. Mais d'autre part, il faut les placer dans le contexte de rapports effectifs entre l'offre et la demande sur le marché urbain de la main-d'œuvre au Moyen Age : c'est l'offre qui, la plupart du temps — et sans parler des crises démographiques — , reste peu abondante sinon déficitaire. Le danger que les « salaires deviennent excessifs », comme disent nos documents, est donc réel 2. Cette ingérence extraéconomique, institutionnelle, dans le jeu du marché, fut-elle efficace? Les taxations ne réussissaient certainement pas à arrêter la montée des salaires dans les périodes de crises. Mais dans la situation normale, les taxations étaient en réalité superflues — les normes non-écrites, les coutumes et les habitudes, la solidarité des maîtres furent assez efficaces pour que le salaire reste rigide. Le caractère domestique des rapports entre l'employeur et l'employé, la faible marge d'action pour le libre jeu de l'offre et de la demande sur le marché de la main-d'œuvre pèsent lourd sur les salaires. Leurs fluctuations, dans la plupart des cas, n'expriment qu'un rajustement aux mutations monétaires. Il a fallu un bouleversement important, comme celui du milieu du XIV E siècle, pour rompre les barrages institutionnels et la prodigieuse stabilité des salaires médiévaux. Prenons un petit compte fragmentaire contenant des données sur les travaux de réparations dans les années 1404-1409 à Paris * : TABLEAU
Table
I
de fréquence des salaires journaliers 3» maçon charpentier couvreur huchier
des maîtres
4 s
35 2
1
18
77
1. E. KELTER, Geschichte der obrigkeitlichen Preisregehmg, t. I, Jena 1935, p. 123. 2. A la fin du XV« siècle, on ajoute dans les statuts communaux italiens que les ouvriers doivent obtenir des salaires correspondant à leur travail (« ne opcarii digna mercede fraudentur ») M. STEFANI, « Il contratto... », p. 4.7. Voir aussi sur une démarche pour la fixation légale des salaires minima à Venise, G. LUZZATTO, Studi di storia economica veneziana, Padova 1954, p. 43. 3. Archives de l'Assistance Publique à Paris, Liasse 354.
BRONISLAW
GEREMEK
TABLEAU
567
II
Table de fréquence des salaires journaliers des valets 2
valet maçon valet charpentier valet couvreur hotteur
s
11 1 52
2
s
4
d
18
2
On constate que tous les artisans qualifiés — maçons, couvreurs ou charpentiers — obtiennent le même salaire journalier; leurs valets et aides sans distinction d'appartenance professionnelle obtiennent moitié moins que leurs maîtres 1 . Le caractère fixe des rapports entre les salaires, leur faible degré de dispersion, n'est certainement pas un phénomène structurel. Il s'agit ici de petites réparations urbaines où le maçon et le couvreur s'approchent le plus de la situation de l'artisan, bien qu'ils soient employés à la journée. Les données concernant les travaux du pont sur la Seine 1 à Rouen, que je voudrais citer comme un second exemple, présentent une diversité des salaires plus grande • : TABLEAU
III
Table de fréquence des salaires journaliers 1380-1385* SALAIRES DES MAÇONS
SALAIRES DES OUVRIERS D E
BRAS
ANNÉE 4» 1380 1381
66(3)
•383
4 4 (2) 1 3 5 (3) 1 8 6 (6)
1384 1385
5 »
6s
3»
2 4 ( 0 22 (1)
24(1) 22 (1)
' 5 4 (7)
22
(1)
45 48
(') (i)
22 (1) 45 (1) 48 (1)
" O (5) 2 2 5 (5) 2 6 1 (8)
9 6 (5)
* Entre parenthèses : le nombre d'ouvriers auxquels ces journées sont comptées. 1. Il est à noter que les 18 journées payées en 1408 à 2s 4d semblent être liées à une situation particulière : dans le manuscrit, le chiffre de 4d parait ajouté ex post (compte III, f° 30 v°). 3 . Sur ce pont, voir M. M O L L A T , Le Commerce maritime normand â la fin du Moyen Age, Paris 1952, p. 193, 365 et illustration après la p. 360, et Inventaire sommam des archives communales de Rouen, Rouen 1887, pp. 25, 35 sq. 3. D'après les comptes et les quittances dispersés dans la collection des pièces
568
BRONISLAW GEREMEK TABLEAU
IV
Table de fréquence de salaires journaliers 1408-1410 ANNÉE 3» 1408 '4»9 I4IO
OUVRIER» DE BRAS
MAÇONS 3» gd
4s
4s 6 d
4 s 7d
4»gd
5»
2S6d
45/»/ 159/2/ 23 /«/
6/1/
23/1/
30/1/ 40/1/ 46/2/
68/ai 23 /»/ 12h l
252/7/ '69/4/ 200/l l/
148/6/ 58/1/ 23/'/
.2/1/
Il ne faut pas chercher derrière cette diversité des fluctuations conjoncturelles ou temporaires. Le salaire de chaque maçon employé aux travaux ne change pas. Chaque maçon, réapparaît-il après plusieurs mois d'absence, est rémunéré d'une manière fixe. C'est donc dans les qualités professionnelles individuelles qu'il faut voir la raison des différences entre les salaires Et cela suppose inévitablement des rapports de connaissance personnelle entre les employeurs et les employés. Dans le cas des « ouvriers de bras », la situation est tout à fait différente, leur salaire est rigoureusement le même pour tous. Les rapports entre l'employeur et l'employé sont dans ce cas moins directs, les aides étant souvent amenés par les maîtres, et il n'y a pas de différences entre leurs salaires puisque les qualifications qui ont été, comme nous l'avons vu, à la base de différences entre les salaires des maçons, sont dans le cas des « ouvriers de bras » de peu d'importance. En descendant l'échelle sociale du monde du travail médiéval, dès que nous touchons au milieu assez vaste des gens sans qualifications nous avons affaire à des conditions radicalement différentes. On ne saurait trop insister sur l'étendue de ces différences. Cette masse de gens peu — ou point — qualifiés, sans aucun stage professionnel, venait de la campagne 2. Rejetés de la campagne, ils originales de la Bibliothèque Nationale, ms fr 26016-26020, 26035-26037, 26651, 28719. Un guide utile : L . M I R O T dans La Bibliothèque de l'École des Chartes, 1920. Dans les tableaux, je note le nombre de journées, entre guillemets je note le nombre d'ouvriers. 1. Ce qui confirme parfaitement le postulat de H. VAN DER WEE, d'employer la méthode prosopographique dans l'étude des salaires (Prix et salaires. Introduction méthodologique, Louvain, 1956), cf. aussi, du même auteur, The Growth of the Aniverpen Market and the European Economy, La Haye 1963, t. I. pp. 333-475 (une remarquable présentation d'un important dossier sur les salaires). 2. A Göttingen, dans les années 1330-1630, on compte parmi les nouveaux venus dans la ville 74 % de gens sans métier, le Landvolk (W. A B E L , « Wüstungen und Preisfall im spätmittelalterlichen Europa », Jb.fiir Nationalökonomie und Statistik, B. 165, H. 5/6» 1953» P- 42«)-
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trouvaient la ville peu hospitalière s'ils n'avaient que leurs bras pour gagner la vie. Entre la campagne et la ville, au cours de tout le Moyen Age, il y a un flux régulier, qui devait passer par des canaux établis : un apprentissage long et payant assurait l'admission « goutte à goutte », des nouveaux venus. Mais ceux qui cherchaient le travail du jour au lendemain trouvaient devant eux des cadres corporatifs fermés et hostiles. Les associations de compagnonnage se forment non seulement pour se défendre contre les maîtres, mais aussi pour sauvegarder les privilèges des compagnons contre l'affluence de ces éléments étrangers au monde corporatif. Et pourtant, on avait besoin de ces bras. Entre le village natal et la ville, détachés des liens traditionnels et éprouvant peur ou impossibilité de s'intégrer au monde urbain, ils < s'égaraient » souvent : la population de la route, la marge sociale, le « milieu » s'en nourrissaient fréquemment. Les mesures de répression contre le vagabondage trouvaient leur origine non seulement dans le souci de bonne police, mais aussi dans le soin de bonne santé économique1. Les jardins et les vignobles dans les villes, les propriétés des bourgeois et des établissements ecclésiastiques dans les environs des villes avaient besoin de main-d'œuvre, à certaines saisons en particulier. Les travaux de construction dans lesquels 30-50 % des employés sont des travailleurs peu qualifiés éprouvent un besoin constant, bien qu'irrégulier, de main-d'œuvre. Les activités multiples dont les villes sont les centres — le commerce, le transport, la vie nobiliaire — ont besoin elles aussi de recourir à des bras disponibles. Cette main-d'œuvre joue aussi un rôle d'« armée de réserve ». La rigidité des cadres corporatifs limite bien la force de pression de cette réserve, qui garde, néanmoins, une importance. C'est un moyen de persuasion dans les mains des employeurs en face des exigences accrues des compagnons. Et les nouvelles industries du xvi® siècle, l'imprimerie en tête, vont en user sans retenue s . L'offre de main-d'œuvre non-qualifiée est bien plus élastique que celle de main-d'œuvre qualifiée. Le mouvement des salaires de ces catégories est donc plus souple et exprime d'une façon plus adéquate ics périodes de pénurie, absolue ou relative, de la main-d'œuvre 4. A.
J- J-
English Wayfaring Life in the Middle Ages, Londres, 1897. Introduction à la sociologie du vagabondage, Paris, 1956. a. L. F. S A L Z M A N N , op. cit., p. 35. H . V A N D E R W E E , The Growth..., p. 136. JUSSERAND,
VEXLIARD,
B . G E R E M E K , op.
3.
cit.,
p.
94.
Ouvriers du temps passi, Paris, 1927, pp. 177 sq. 4 . W . A B E L , op. cit., p. 398 : « Der Lohn der ungelemten Arbeiter ist das empfindlichste Barometer der Arbeitsmarktslage ». Mais les salaires de cette catégorie ne peuvent pas s'élever longtemps au-dessus du niveau de subsistance. L'immigration de la campagne joue le rôle de soupape de sûreté qui ne laisse pas cette montée H . HAUSER,
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Plus adéquate — mais aussi beaucoup moins dramatique du fait même de l'élasticité de l'offre. Le jeu de l'offre et de la demande sur le marché de la main-d'œuvre au Moyen Age est donc fort complexe. En ce qui concerne la maind'œuvre qualifiée, l'offre et la demande sont très peu élastiques. Bien souvent aussi, l'apprentissage produit plus d'ouvriers qualifiés que l'artisanat local ne peut en absorber; et ce surplus de main-d'œuvre qualifiée est aussi, entre autres, à l'origine des migrations des compagnons — façon de le mettre en circulation 1 . En ce qui concerne la main-d'œuvre non qualifiée, la demande n'est pas plus élastique, mais plutôt plus capricieuse, plus irrégulière, tandis que l'offre, elle, acquiert une certaine élasticité au fur et à mesure de la désintégration des structures féodales à la campagne. Les brusques crises de la main-d'œuvre à la fin du Moyen Age et au début des temps modernes ne sont pas dues seulement aux déficiences démographiques : elles se rattachent aussi aux traits spécifiques de l'accumulation du capital à cette époque, quand le capital mobile (élément travail) l'emportait de loin sur le capital fixe. La demande de main-d'œuvre, comme le constatait Marx, augmentait rapidement à chaque accumulation du capital, tandis que l'offre n'augmentait que très lentement 2. Aux déficiences démographiques correspondaient des montées générales de salaires; à l'accumulation du capital, les hausses de certains salaires, dont, inévitablement, les salaires des non qualifiés. Il est d'ailleurs à retenir que dans l'évolution des salaires la distance entre le salaire de l'ouvrier qualifié et celui du non-qualifié diminue sensiblement : William Beveridge l'a bien montré 8 . Il semble que cette tendance correspond à la lente formation du prolétariat moderne, à la disparition de qualifications artisanales et à l'augmentation de la demande massive de main-d'œuvre. Une longue évolution se dessine ainsi. Le caractère « familial » des rapports entre employé et employeur disparaît lentement, en fonction de l'accroissement de l'offre et de la demande de maind'œuvre et de l'affaiblissement des rapports directs entre le patron et l'ouvrier 4 . Dans les petites villes, ce caractère « familial » subsiste se poursuivre très longtemps. Cf. B. Pullan, T Wage-earners and the Venetiam Economy •, The Economie Histoty Review, XVI, 1964, p. 417. 1. J e dois à M. E. Hobsbawm d'avoir attiré mon attention sur cet aspect des migrations de compagnons. a. K. Marx, Le Capital, t. I (édition polonaise, 1951, p. 796). 3. W. Beveridge, < Wages in the Winchester Manors », The Economie Histoty Review, VII, surtout table; H. Van Der Wee, op. cit., pp. 196, 279. 4. P. S. Leicht, Opérai, artigimi, agricoltoriinltalia del secolo vi al xvi, Milan., 1946, p. 1 1 6 .
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jusqu'au xrx siècle; dans l'imprimerie, dès le XVI siècle, il ne trouve pas de place. L a main-d'œuvre et le marché de la main-d'œuvre accèdent à la liberté. III « ...toz jorz dras de soie tistrons ne ja n'en serons mialz vestues; toz jorz serons povres et nues, et toz jorz fain et soif avrons; ...Et nos somes ci en poverte s'est riches de notre desserte cil por cui nos nos traveillons. » (Chrétien de Troyes, Tv/iin, v. 5292-5, 5312-41) Le salariat, peu homogène, ne se libérant que lentement des liens féodaux, le marché de la main-d'œuvre demeurant restreint — le milieu social des salariés pouvait-il être autre chose qu'un ramassis fluide de gens de conditions de vie différentes, de revendications et d'intérêts différents ? « La richesse — disait il y a plus d'un demi-siècle Guillaume Des Marez —, ... par un jeu naturel des forces économiques a créé dans les villes médiévales deux grandes classes distinctes : d'un côté celle des riches, des patriciens; de l'autre celle des travailleurs, des pauvres, des plébéiens » Cette vision dichotomique de la structure de classe des sociétés urbaines médiévales est une vue de l'esprit. Elle pêche par anachronisme en transposant, dans le Moyen Age, les divisions sociales modernes. Les réalités sociales des villes médiévales sont plus complexes : nous n'y trouvons pas de classe des salariés. Dans les cadres du « grand artisanat » — c'est-à-dire des métiers du bâtiment, du textile, des métaux — nous trouvons un nombre considérable de catégories de travailleurs qui assurent leur existence en louant leurs bras. Aux stades préparatoires de la production drapière, nous voyons des ouvriers — et des femmes en particulier —• qui, avec un outillage rudimentaire, dans l'espoir d'une promotion, mènent une vie « au bord de l'existence » 2 . Ils se trouvent tout près de la couche épaisse des manœuvres sans qualification dans laquelle 1. G. DES MAREZ, « Les luttes sociales en Flandre au Moyen Age », Revue de /' Université de Bruxelles, V, 1899-1900, p. 658. 2. A. DOREN, Italienische Wirtschaftsgeschichte, t. I, Iéna, 1934, p. 5 1 1 .
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puisent, à diverses occasions, les métiers urbains. Ont-ils une conscience d'intérêts communs 1 ? V. I. Rutenburg a bien montré le rôle capital que joua ce pré-prolétariat dans les mouvements urbains italiens a u XIV e siècle, le soulèvement des Ciompi en premier lieu Mais c ' e s t que précisément les villes italiennes — ou plutôt quelques villes d'Italie du Nord — fournissent l'exemple précoce de l'organisation industrielle, qu'il s'agisse de manufactures de laine à Florence ou de l'Arsenal de Venise s . Les problèmes sociaux qui y naissent sont donc déjà ceux de la société industrielle. Dans la plupart des mouvements sociaux qui secouent les sociétés urbaines médiévales, les salariés ne trouvent que rarement la défense de leur propre cause. Ils y sont souvent mêlés, mais c'est pour soutenir la cause commune de l'artisanat tout entier ou de leur propre métier 4 , ou bien simplement, pour se mêler aux désordres. Leurs propres revendications ne dépassent pas les réalités quotidiennes du travail. Parmi ces dernières, c'est le temps du travail qui semble être l'enjeu principal des conflits entre les employeurs et les employés 6. Il est bien plus rare que le salaire apparaisse directement comme le motif des conflits. Nous avons déjà vu combien forte fut la pression de la coutume et des institutions sur le salaire. La durée du travail, relevant du domaine des rapports humains, y est soumise aussi, certes, mais semble être plus élastique. Les conflits autour de la durée du travail sont, bien entendu, une forme indirecte de la lutte pour les salaires. La diminution du temps de travail permet des travaux complémentaires et, de toute façon, signifie l'augmentation du salaire par rapport à la dépense de la force de travail. Mais on aurait tort d'ignorer les réalités psychologiques : l'esprit de gain peut être celui de l'entrepreneur médiéval, nullement celui de son ouvrier. Le conflit qui, 1. Voir à ce sujet : E. WERNER, « Probleme der städtischer Volksbewegungen im 14. Jahrhundert », in : Städtische Volksbewegungen im 14. Jahrhundert, Berlin I960, pp. 11 sqq. 2. V. I. RUTENBURG, Narodnyje divizenija v gorodach Itaiii, Moscou-Lé ningrad, 19581 et du même : c La vie et la mort des Ciompi à Sienne », Annales, 20E année, 1965, I, pp. 95 sqq. 3. L. F. MARKS, « Fourteenth-Gentury Democracy in Florence », Past and Présent, 25, 1963, p. 83, souligne que même à l'intérieur de ces villes, le prolétariat ne représente qu'une minorité de l'ensemble de la force de travail et c'est seulement dans le cas d'une désintégration sociale aiguë que le monde du travail peut agir comme une force unie. 4. Gustav SCHMOLLER va jusqu'à dire :" Die soziale Gegensatz lautete nicht Webermeister und Weberknechte, sondern grosse Tuchmacher und Wollhändler einerseits, Webermeister und Knechte anderseits „(Die Strassburger Tucher und Weberzmfiurhmden und Darstellungen, Strasbourg, 1878, p. 452). 5. B. GEREMEK, op. cit., p. 134. Cf. l'article suggestif de J. LE GOFF, « Le tempsde travail dans la « crise » du xiv« siècle : du temps médiéval au temps moderne », Le Moyen Age, Livre jubilaire, 1953, pp. 597 sq.
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à la fin du siècle, oppose les vignerons d'Auxerrois aux bourgeois donneurs d'ouvrages, donne lieu à un échange d'arguments extrêmement révélateur du caractère des rapports entre employé et employeur. Quand les vignerons revendiquent qu'ils sont « franches personnes et que de raison on ne peust contraindre une franche personne a ouvrer contre sa volonté car ce seroit contre nature de liberté », les bourgeois répliquent qu'en se louant, l'ouvrier prend implicitement l'engagement de travailler toute la journée 1 . En réclamant la réduction de la journée de travail, en luttant pour le temps du loisir ou du travail complémentaire, les salariés refusent les exigences extrêmes de la dépendance personnelle. Ce refus fait partie du grand changement qui s'opère au bas Moyen Age dans les attitudes mentales à l'égard du travail et du temps, récemment tracé par Jacques Le Goff*. Les conditions de vie et de travail, la façon dont les maîtres traitent leurs employés, les conflits personnels donnent lieu à des heurts fréquents entre employeurs et employés. Quand ce sont des cas isolés il ne s'agit, en fait, que de querelles de famille. Mais quand ces revendications prennent une forme collective, des solidarités importantes se nouent au cours des conflits. En face des corporations qui deviennent « la chose des maîtres » apparaissent, sous forme d'organisations religieuses, les premières associations professionnelles des employés, les confréries. Les compagnonnages, dès le xiv« siècle, en prendront la relève. Les compagnons trouveront dans leurs associations le soutien de leur cause, le défenseur de leurs droits et aussi l'organisation de leurs revendications collectives 4. Ils auront recours à une forme de lutte que les métiers et les corporations employaient dès le xm® siècle : c'est l'abandon du travail — 1'« alliance », le « monopole », le « taquehan », la « grève » Ce moyen de pression n'est valable que quand il s'appuie sur une large solidarité. Ainsi, chez les tondeurs de Londres, quand éclate un conflit entre un maître et son « vadlett », tous les compagnons tondeurs quittent leur travail jusqu'au moment où un accord est conclu e . L'abandon du travail est aussi un moyen de lutte spontané, non institutionnel. Les ouvriers d'un chantier bordelais, au début du 1. M . DELAFOSSE, op. cit.,
p . 30.
2. J. LE GOFF, op. cit., et d u même : « A u Moyen Age : temps de l'Église et temps d u marchand », Annales E.S.C., I960, 3. 3. H. HAUSER, Les débuts du capitalisme, Paris, 1927, p. 179. 4. B . GEREMEK, op. cit.,
pp.
144 sq.
5. Une définition intéressante : BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, éd. Beugnot, pp. 4 2 9 sq. 6. H. T . RILEY, Memorials of London..., pp. 247 sq. Cf. J. R . GREEN, Toum Lift in the Fifteenth Century, t. II, Londres, 1894, pp. 123 sq.
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xvi e siècle, vont plus loin, en protestant contre les mauvaises conditions du travail — ils détruisent la machine à pomper l'eau 1 . Les organisations professionnelles des compagnons se forment dans un esprit de solidarité de groupe qui doit défendre leurs droits non seulement en face des maîtres, mais aussi, comme nous l'avons vu, devant les concurrents à l'emploi qui restent en dehors de tout cadre corporatif. La réserve du travail non-qualifié (ne faudrait-il pas dire plutôt non-corporatif?) pèse lourd sur les clivages sociaux. Une solidarité de toute la couche des salariés, de tous des gens qui louent leurs bras semble sans objet.
Au terme de ces considérations je serai tenté de conclure : le salariat au Moyen Age était un phénomène marginal, ou sans importance. Et je sais bien que ce sont les thèses extrêmes, exagérées qui sont les plus stimulantes et fructueuses. Penchons tout de même vers la prudence. En fait, la différence du contexte général fait que l'historien se sent souvent gêné par l'inadéquation de la terminologie dont il dispose et dont bon gré mal gré, il se sert. Mais, bien souvent quand nous puisons dans la terminologie se rapportant à la société moderne, nous voulons y trouver aussi un point de repère, une référence, à laquelle nous tendons à juxtaposer ou comparer les réalités in statu nascendi. Et dans ce sens je pense pouvoir affirmer que le salariat au Moyen Age n'a qu'une importance limitée et que les salaires, loin de refléter la conjoncture générale, ne se rapportent qu'au mouvement d'un secteur économique montant mais encore secondaire et à un milieu social peu nombreux et peu compact.
i. J. A. Brutails, < Deux chantiers bordelais (1486-1521) », Le Moyen Age, 1900,
p. 188.
VERS UNE CONCEPTION e
D E S SALAIRES A U XVI SUGGESTIONS DU
POUR UNE
NOUVELLE
SIÈCLE? APPROCHE
PROBLÈME
par Jean-François BERGIER ( Umoerstté de Genève)
La révolution des prix au XVIE siècle est aujourd'hui un fait acquis, quelles que soient les réserves que l'on puisse formuler sur l'expression même de « révolution » et quelles que soient les disparités observées d'un espace économique à l'autre, d'un secteur d'activité à l'autre. Nul ne contestera davantage l'existence parallèle, ou plus ou moins décalée, d'un mouvement des revenus et des salaires, bien que nous ne soyons encore que très imparfaitement informés à ce sujet; et là encore, les chances sont bien inégales d'un pays à l'autre, d'un métier à l'autre. La question que cette communication voudrait soulever, soumettre à l'attention des historiens, n'est cependant pas celle de l'évolution économique, quantitative, conjoncturelle en somme, des salaires. Nous nous demandons si dans les grandes transformations qui, au xvi e siècle (dans son sens large, qui englobe aussi bien une large fraction du xvn 6 siècle), affectent l'ensemble des structures économiques de l'Europe, les salaires n'ont pas aussi leur place. C'est-à-dire si les sociétés de la Renaissance (certaines d'entre elles, au moins) n'ont pas accordé peu à peu, et sans doute sans en prendre vraiment
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conscience, une signification nouvelle au salaire, par rapport à la conception traditionnelle, scolastique, des siècles antérieurs. S'agirait-il, en d'autres termes de formuler, s'il y avait lieu, une nouvelle éthique des salaires née à la fois de ces mutations structurelles que nous venons de rappeler et de la révolution mentale et spirituelle qui les accompagne? On sait mieux aujourd'hui qu'hier quelle place occupent les questions d'éthique économique et sociale dans les préoccupations des gens du X V I e siècle : la Réforme tout entière en est imprégnée, le monde catholique n'y reste pas indifférent. Certes, il s'agit souvent d'une pensée diffuse, qui ne trouve à s'exprimer clairement que devant des situations concrètes précises. Calvin, dans son ministère, s'est vu confronté à de telles situations, et c'est pourquoi son œuvre (notamment les sermons qu'il prêchait à la population genevoise) fait une large place aux problèmes de cet ordre. Mais on trouverait chez maints autres théologiens de l'époque, à quelque confession qu'ils appartiennent, des reflets, significatifs d'une nouvelle conscience, au xvi e siècle, des problèmes économiques et sociaux. Toutefois, la valeur morale, la signification humaine des salaires, comme leur justification sociale, ne sont pas séparables d'une conception plus générale du travail. C'est là un premier point qu'il faut avoir présent à l'esprit : toute conception du salaire n'est jamais que la représentation de l'idée qu'une société se fait du travail qu'elle accomplit. C'est donc à travers une éthique du travail, dont la réalité apparaîtra peut-être mieux à l'historien, que nous rejoindrons cette éthique du salaire. Mais d'autre part, la question que nous avons soulevée se pose-t-elle sur le seul plan de l'éthique? Personne ne saurait nier qu'au X V I e siècle le travail, dans ses formes concrètes, dans sa fonction économique et sociale, ait lui-même subi de sensibles transformations. Les développements de l'industrie (en Angleterre, en France, en Suisse par exemple) et le mode capitaliste qui s'y introduit, les nouvelles formes de propriété et d'exploitation du sol rural dont profite de plus en plus la bourgeoisie urbaine et qui fonde de nouveaux rapports entre propriétaires et travailleurs effectifs, le travail aux colonies enfin, qui se crée de toutes pièces ses catégories et ses modes — et qu'on ne peut sous-estimer — tout cela agit sur la réalité du travail autant que sur la conscience qu'en ont pu avoir les contemporains. De sorte que l'hypothèse que nous proposons d'une conception nouvelle des salaires est à vérifier sur les deux plans convergents de la pratique salariale et de la pensée économique et sociale. Ainsi posée, notre question n'est pas encore résolue. Pour vérifier l'existence, au moins en germe, d'une rénovation de la conception des salaires et pour formuler celle-ci, il faudra n'en doutons pas, une approche longue et délicate. Nous aimerions poser ici les
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premiers jalons de la problématique d'une telle approche. Il s'agira donc : 1. De préciser l'hypothèse d'une nouvelle conception des salaires. 2. De suggérer les types d'information auxquels il conviendra de recourir pour une telle recherche. 3. De proposer l'exemple d'une analyse limitée : celle de la pensée de Calvin, la plus explicite sans doute en cette matière, mais en prenant garde de la replacer dans le contexte précis et concret de la société genevoise où cette pensée s'est développée, exprimée et où elle a directement influencé les structures morales, sociales et économiques. L'hypothèse de départ pourrait être celle-ci : dans la conception traditionnelle, guère mise en cause jusqu'au XVIe siècle, les salaires ne sont rien autre que le moyen accordé à ceux qui les reçoivent de subsister, c'est-à-dire d'entretenir et de reproduire la force de travail qu'ils représentent. Une telle conception tire ses origines d'une économie naturelle, où les salaires sont moins une rémunération qu'une part naturellement concédée sur le produit du travail afin d'assurer la continuité de celui-ci. Le passage d'une économie naturelle à une économie monétaire s'est opéré insensiblement sur un temps long, qui n'a pas connu une adaptation parallèle de la réalité salariale. La société en est donc restée à une conception statique, en ce sens qu'elle n'établissait pas de relation entre la nature du travail et sa rémunération. Le changement intervenu au xvi® siècle — sans d'ailleurs qu'il se soit universellement imposé, il s'en faut — serait précisément l'apparition d'une telle relation. Le salaire serait devenu peu à peu fonction de la nature et de la qualité du travail, de la valeur sociale qu'il pouvait contenir, de la responsabilité qu'il impliquait. Calvin, par exemple, insiste sur cette notion de responsabilité : responsabilité du travailleur, à quelque niveau qu'il se situe, vis-à-vis de la société; responsabilité de celle-ci vis-à-vis du travailleur, dont le salaire n'est plus un moyen de subsister, mais sa part des richesses que Dieu a créées, part qu'il mérite par son travail. C'est une conception dynamique du salaire, puisqu'elle fait dépendre celui-ci de la création de richesses. Or, le xvi e siècle n'est-il pas une époque privilégiée à cet égard, un siècle de création de richesses ? N'était-il pas dès lors naturel que les esprits les mieux avertis, les plus conscients de la révolution économique qui s'accomplissait, se préoccupassent d'une juste répartition du produit social? C'est un premier élément de l'hypothèse qu'il conviendrait de vérifier. Un deuxième élément apparaît dans la formation d'un stock de réserves monétaires et d'une circulation de l'argent (quelle qu'en soit la forme) accrues dans des proportions considérables. N'y a-t-il pas un lien entre cette mutation de l'économie dynamisée par l'afflux 4
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tributo que debía ser pagado al encomendero y el margen de productividad individual, en caso de ser pagado o devuelto por el encomendero al tributario, podría acusar en tal caso algo que se pareciese a un salario. Sin embargo, el mecanismo aplicado no fué tan sencillo. Las peculiares condiciones de la época determinaron una reglamentación específica para el territorio chileno y crearon un orden que le fué propio, al que le hemos dedicado un estudio 1 , que es la base del resumen siguiente. La minería del oro, o más propiamente la extracción de este metal de las arenas auríferas de los ríos, fué una de las actividades económicas más importantes en el período inicial de la colonización en Chile. Los primeros años se caracterizaron por una recolección bastante abundante de metal, circunstancia que hizo la fortuna de muchos de los conquistadores. Naturalmente, estas labores fueron posibles, gracias a la mano de obra que proporcionaba la encomienda. Al mismo tiempo, ello significó que las faenas de los lavaderos de oro estuvieron prácticamente monopolizadas por el sector de los encomenderos, el único que usufructuaba de trabajadores numerosos, utilizando el mecanismo de transformar en prestación directa de servicios la obligación del pago del tributo impuesta por el nuevo orden de la conquista. La falta de fuentes adecuadas, en su mayor parte perdidas, torna imposible la restauración de una curva precisa de la producción de oro en Chile en el siglo X V I . No obstante, es muy claro —si nos apoyamos en el resto de la documentación que ha llegado hasta nosotros 2 — que esta curva tuvo en su comienzo una tendencia ascendente y de prosperidad, para tomar después el mismo sentido descendente que el ciclo del oro en el resto de la América hispana. Pero, con respecto a Perú o a México, en Chile se produjo una diferencia bien neta. El ciclo del oro no fué reemplazado por una producción de plata en ascenso continuo, sino, por el contrario, la disminución de la producción de oro —que a fines del siglo X V I devino insignificante— se tradujo en una inversión de la economía, 1. A . JARA, El salario de los indios y los sesmos del oro en la Tasa de Santilldn. — Estudios de Historia Económica Americana. Traiajo y Salario en el Periodo Colonial, N o . 3, Centro de Investigaciones de Historia Americana, Universidad de Chile, Santiago, 1961. U n panorama general de la investigación en nuestros artículos « U n a investigación sobre los problemas del trabajo en Chile durante el período colonial », The Hispanic American Historical Review, vol x x x i x , NO. 2, pp. 239-244, m a y o de 1959, y « L a estructura económica de Chile durante el siglo X V I », América Indígena, vol. X X , No. 1, pp. 53-62, México, enero de i960. 2. Remitimos a nuestro libro Guerre et Société au Chili. La transformation de la guerre iPAraucanie et l'esclavage des indiens... etc., Travaux et Mémoires de l'Institut des Huatee Études de l'Amérique Latine, I X , Université de Paris, Paris, 1961.
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q u e tendió cada vez más y ya muy notoriamente en el período señalado, a dar mayor relieve a la agricultura y a la ganadería. Con ello, e l país adquirió el carácter de comenzar a ser paulatinamente un abastecedor de alimentos y también de ganado y productos derivados d e la ganadería, tanto para el Virreinato del Perú en general, como algunos rubros en manera particular para los centros mineros del Altiplano, haciendo mención de las exportaciones de ganado mular, requerido para el transporte de la plata y del mercurio, que circulaban en el tramo terrestre a lomo de recuas mixtas de mulares y de llamas. Por otra parte, estas servidumbres o complementaciones económicas, se produjeron también al interior de las grandes agrupaciones administrativas, y en muchas zonas, o sub-zonas, se desarrollaron tipos de producción requeridos por las otras dominantes. U n ejemplo podría ser el del cultivo de la coca y su expansión regional después de la implantación española en el Perú, que si fuera posible expresar en un gráfico, seguramente demostraría un paralelismo muy acusado con la curva de la plata y del mercurio. Aclarado de esta manera el curso de la economía minera en Chile en el siglo X V I , se hace posible ingresar en la materia atingente a la remuneración del trabajo. En nuestra investigación ya citada, hemos demostrado que la legislación española —salvo breves interrupciones— determinó que los indios chilenos dedicados a la extracción del oro fueran competidos obligatoriamente a ello, en forma de mita, o participación proporcional rotativa de los hombres en edad de trabajo de cada pueblo de indios. Esta mita estaba destinada, como es obvio, al propio encomendero. Desde luego, este sistema compulsivo es sólo concebible en una sociedad en que las relaciones de dependencia personal son extremadamente fuertes. La legislación determinó también que los indígenas, si bien obligatoriamente debían prestar sus servicios, también obligatoriamente recibirían una remuneración. Esta consistió, desde 1559 en adelante, aunque con variaciones temporales, en la sexta parte del producto extraído, una vez pagadas las gabelas a la Corona. En el lenguaje de la época se lo llamó sesmo. El creador de estas disposiciones, el Licenciado Hernando de Santillán, pensó que los indígenas chilenos, dada su ninguna comprensión del orden económico introducido por los españoles, no sabrían aprovechar esta participación en las utilidades mineras, y combinó el concepto colectivo de la mita con la otra expresión colectiva que era la comunidad indígena. Se entendía que la mita de un momento determinado estaba trabajando en los lavaderos en representación de todo el grupo. El salario, o como se llame a esta retribución, no
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podía ser individual, ni tampoco aprovecharía al indio el recibir dinero en la mano. Por el contrario, si se hacía un fondo comunitario con estos ingresos, el sexto del oro, se lo podría utilizar como palanca generadora del progreso y de la transformación social y económica de las comunidades, produciendo un acercamiento efectivo a las modalidades conceptuales europeas de la época. Siguiendo el criterio, se ordenó que este fondo se invirtiera bajo vigilancia y tutela en elementos útiles —ganado y herramientas de trabajo— a los indios, que les permitieran adquirir gradualmente conceptos tales como el de ahorro, capitalización, hábitos de trabajo y productividad, y sentido del derecho de propiedad, expresándolo todo con nuestros usos lingüísticos actuales. De esta manera, la mita que había trabajado en la extracción del oro durante un año, había obtenido una remuneración colectiva para todos los habitantes del pueblo o comunidad de indios, hombres, mujeres y niños. Esta remuneración se consagraba legalmente como futura propiedad de los indios del pueblo tal o cual. Aparte de este salario colectivo, cuyo destino veremos en seguida, las ordenanzas fijaban también límites mínimos de subsistencia, salario individual, para los que estaban sometidos en forma inmediata a la prestación de servicios. Esta disposición representaba el tener que dar para su manutención a los indios que andaban en las minas, cada día una pequeña medida de maíz o trigo, sal y ají. Por consiguiente, sólo un poco de comida. Aparte de la sexta parte del oro de las minas o de los lavaderos, no aparece pues, un salario personal en metálico. Si en la práctica este tipo de economía no proporcionó un salario individual, es obligatorio que veamos las características que adquirió el salario colectivo, el sexto del oro, también en la práctica, mucho más importante como hecho histórico y como hecho económico que la inicial disposición legislativa. La documentación que hemos utilizado demuestra que las ordenanzas empezaron a cumplirse y que los indios se transformaron —mediante este mecanismo de los sesmos (la sexta parte del oro)— en propietarios de importantes rebaños de ganados, entregados siempre en custodia a guardadores españoles. Este es el aspecto positivo, el cumplimiento de las leyes protectoras. Nuestras fuentes, muy fehacientes, permiten constatar que la participación de las comunidades indígenas en la producción de oro, era realmente proporcional, y que, por lo tanto, la percepción de este salario colectivo estaba en relación directa con el producto obtenido por los encomenderos. Hasta aquí, todo aparece muy bien, o casi bien. Pero no se puede olvidar que en una sociedad creada y estratificada por conquista, las relaciones de dependencia personal impuestas a la población
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aborigen por el grupo conquistador resultan decisivas en su funcionamiento. En la práctica, este estilo de la sociedad conduce a la adaptación de la legislación protectora de los indios a las necesidades y ambiciones del sector dominante. Semejante adaptación se hace con finalidades utilitarias y en directo desmedro de la masa sujeta al grupo de los encomenderos. La correcta inversión en ganado de crianza para las comunidades indígenas fué transformada gradualmente en una forma de inversión de sus capitales en préstamos hipotecarios a largo plazo, a interés, y favoreciendo de manera principal a los encomenderos con la otorgación de estos créditos, y en general, naturalmente a los españoles o a sus descendientes. En nuestro libro mencionado hemos abundado en cifras al respecto, tomadas todas de objectivas fuentes notariales. Estas inversiones crediticias, administradas por el grupo dominante, desviaron la primitiva intención legislativa de promover el progreso y desarrollo de los aborígenes, con la nota agravante de que sus intereses no fueron cautelados en forma suficiente. Los préstamos hipotecarios, censos al quitar, en el lenguaje español de la época, con frecuencia eran mal servidos en el pago de los intereses, y en muchas ocasiones, el capital impuesto era mayor que el valor del bien raíz que gravaba. En conclusión, sin verdadera garantía, y dentro del marco de una economía estagnante (minería en franco descenso, agricultura limitada a una exportación muy modesta en el siglo XVI), la función crediticia en favor del goupo europeo era un negocio no sólo poco brillante, sino, por el contrario, franca pérdida para las comunidades indígenas. En suma, los capitales de los indios provenientes de su salario colectivo, se vieron dispersados, atomizados, reducidos a papel sin garantía y sin utilidad práctica. Es por esta razón que hemos aludido a la dificultad de la existencia de salario en una economía caracterizada por las relaciones de dependencia personal. En la agricultura, los salarios debían ser pagados en alimentación y ropa de vestir, a un nivel extremadamente bajo, salvo la excepción de la siembra y beneficio del lino, que estipulaba la mitad del producto para el encomendero y la otra mitad para los indios, siempre que éstos ayudaran hasta el final de la elaboración, es decir, hasta hilarlo y tejerlo. Testimonios de tales cuentas no conocemos, aunque sí del cultivo y elaboración del lino para fabricar jarcia, con la mención conjunta de que a los indios se les burlaba su salario. En los obrajes, talleres de fabricación de telas de lana de oveja, documentos de fines de la centuria, no muchos, mencionan salario o jornal diario, pero sin indicar si se pagaba en dinero o en especies.
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£l contexto general de la economía hace suponer que la moneda, casi invisible aún en las transacciones comerciales de esta época, tampoco aparecería para remunerar el modesto trabajo de los tejedores rurales. Estos debían acumular jornales suficientes para pagar el tributo a su encomendero, y de lo que quedase de remanente podían pretender la cobranza. En cuentas más tardías, no de obrajes, pero también de trabajos rurales, se constata corrientemente el endeudamiento de los indígenas con el amo por recepción de especies (alimentos, vestidos, bebidas alcohólicas) en abono del ajuste final de los salarios y deudas acumuladas, siempre en períodos largos de tiempo. Los precios de estas especies, como es natural, eran muy altos. Con poco esfuerzo se puede suponer que tal costumbre no había brotado de manera repentina. La encomienda, pariente cercano del señorío, creó un verdadero dominio del usufructuario sobre sus indios, y aseguró relaciones de dependencia fuertes y estrechas, mantenidas estructuralmente durante generaciones y proporcionó una tónica de perdurable rigidez a la sociedad colonial chilena. Un reflejo de este dominio y de esta dependencia fué el nivel de vida mínimo de los indios, indispensable a su vez para asegurar la existencia del señor al nivel de sus concepciones. Difícil resulta usar el concepto de salario dentro de la encomienda, en cualquier tipo de actividad económica, salvo en el sentido negativo. Probablemente, la expresión más adecuada sería la que hemos insinuado : condiciones de vida en un nivel mínimo, entendiéndolo en el sentido más estricto de la conceptualización. Su resultado, desde el punto de vista de la economía, fué el de marginar del consumo a un gran porcentaje de la población. Bajo ese ángulo, el indio no tiene nada que ver con la economía europea. Es la expresión histórica del subconsumo, explicado a través de una estructura social. Salario indígena fuera de la encomienda.
Tanto en el Archivo de Santiago, como en los archivos argentinos de las ciudades de Córdoba y Buenos Aires, hemos percibido, a través de su documentación de fines del siglo XVI y comienzos del siglo XVII, la presencia de un cierto número de indígenas —no muchos en el sentido proporcional— viviendo al margen de la encomienda y prestando sus servicios a españoles por lo general fuera de la categoría de los encomenderos. Los mecanismos y requerimientos de la incipiente vida urbana son, con mucha probabilidad, los que provocan y explican la formación de esta masa flotante, desarraigada de sus lugares de origen y que comienza a vivir de la contratación de sus servicios en los diferentes estratos de la sociedad europea. En este aspecto, la documentación conservada de Santiago nos
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permitió abarcar sólo un corto período del siglo XVI®, circunstancia que no disminuye el interés de las conclusiones que obtuvimos en cuanto a los salarios de este sector social, pues la investigación constituye de todas maneras una muestra bien fidedigna de todo un sistema. El tratamiento masivo de estos asientos o contratos de trabajo en materia de forma de pago, muestra que sobre 498 individuos contratados para prestar servicios, en sólo 3 casos, el 0,6%, se obtuvo la remuneración en dinero. En forma mixta, pago de salario en dinero y especies, se presentaron 35 casos, el 7 %. Del resto estudiado, más del 92 % obtuvo un salario pagado integramente en especies, alimentación y vestuario. Es esta última cifra, pues, la que da la pauta general. Hay que añadir que entre estos 498 individuos que constituyen el grupo, la procedencia étnica se presenta en los porcentajes siguientes : indios, 76,5 % ; mestizos, 4 % ; mulatos, 10,6 % ; negros, 0,8 % y presuntivamente españoles, 8,1 %. De una manera general, los más altos salarios eran pagados a los componentes de las categorías étnicas que más se aproximaban al europeo y que, conjuntamente, dan la impresión de que poseían una mayor calificación técnica. Con los asientos de trabajo se repite el hecho estructural de la marginación del indio con respecto a una forma de verdadero salario. Su condición inferior de dominado lo mantiene, también en este caso, ajeno a las posibilidades de consumo, aunque la contratación extra-encomienda podría haber hecho pensar que las relaciones de dependencia no iban más allá de la tutela directa de la encomendación. No cabe duda que la base de la pirámide social comprendía al indígena en su totalidad étnica, aunque ello no estuviese manifestado en formas jurídicas expresas y directas. Calidad étnica y calidad social y económica se asimilan mutuamente. Son los hechos sociales, la escala creada por la conquista, los que dan un predominio neto a todo el sector europeo, aunque parte de éste no se podría pretender incluir —como definición— en la capa más alta, debido a su situación económica por lo general inferior en categoría y de menor brillo y prestancia. No tiene nada arbitrario afirmar que estos estratos más bajos de la sociedad española en Chile disfrutaron también, por extensión, de una posición privilegiada frente a los indios, tanto para contratar servicios en su favor como al ser ellos mismos, a veces, objetos de la contratación. Más adelante volveremos a insistir sobre esta circunstancia. 3. Id., Los asientos de trabajo y la provisión de mano de obra para los noencomenderos en .a ciudad de Santiago, 1586-1600. — Estudios de Historia Económica Americana, Trabajo Salario en el Período Colonial, No. i,_v Universidad de Chile, Santiago, 1959. 3'J
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Otro tipo de salario muy característico de la zona central de Chile en los siglos X V I y X V I I era el que se debía pagar a los indios huarpes de la región transandina de Cuyo, zona que cubría la jurisdicción de las ciudades de Mendoza, San Juan y San Luis. Estos indios estaban entregados en encomienda, pero la costumbre adquirida por sus encomenderos consistía en no aprovechar su trabajo directamente para empresas propias, sino alquilarlos para que sirvieran a otras personas por períodos de un año o más al otro lado de la cordillera, especialmente en Santiago y sus inmediaciones, mediante acuerdos que se expresaban en contratos ante escribano El cruce de la cordillera se hacía normalmente en verano, alineados los indios en colleras mediante cadenas de hierro, para evitar que resistiesen el traslado forzoso o que se huyeran durante el camino. Al año siguiente, sus encomenderos
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regresar y
los c a m b i a b a n
por otros,
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una verdadera mita anual. Los documentos de la época, por otra parte, la llamaban con este nombre : la mita que viene de Cuyo. Las utilidades que obtenían los encomenderos por este procedimiento eran considerablemente mayores al monto del tributo que debían pagarles estos indios. El alquiler diario, multiplicado por el número de días trabajados, alcanzaba cuando menos a una suma líquida superior al doble del tributo, aún tomando en cuenta que debía deducirse del total la cuarta parte de los jornales devengados, proporción en que se había reglamentado de hecho la participación de los indios en su propio trabajo, cuarta parte a la que habría que agregar la alimentación, que corría a cargo del que los tomaba en alquiler. En esta forma, de cada cuatro días trabajados, los jornales de tres pertenecían al encomendero y el de uno solamente al indio. Esto en el supuesto de que el cuarto perteneciente a los aborígenes —que debía ser recaudado por un protector de indios huarpes creado para el efecto en la ciudad de Santiago— Ies fuera entregado en su totalidad y puntualmente. Desde luego, el salario de este protector debía ser financiado por los propios indios, lo que provocaba una disminución del monto acumulado colectivamente. Hemos encontrado ejemplos en documentación del siglo X V I de la permuta del dinero de esta cuarta parte de sus salarios en ropa de vestir. Aún lo mismo en algunos casos en que por la mayor calificación técnica de los indios, el alquiler se tornaba considerablemente mayor. Así, se especifica que se les daría su parte en ropa de México o en otras cosas para que se vistiesen. Incluso, no estará demás mencionar, a propósito de los rasgos de la dependencia personal en Chile, que se llegaba al arrendamiento i. Id., « Importación de trabajadores indígenas en Chile en el siglo X V I I ». — Miscellanea Paul Rivet, t. II, pp. 733-765, México, 1958.
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de predios rurales con un cierto número de indios huarpes, que valorizaban la finca con su presencia de verdaderos siervos de la gleba, haciendo que el canon percibido por el propietario fuera así más alto. Si el arrendamiento era a varios años plazo, los indios se iban cambiando anualmente, según los ires y venires de la mita, pues lo que interesaba no era al identidad de los servidores, sino su número. De tal manera, su característica de siervos americanos consistía en serlo temporalmente o en forma rotativa. Estas modalidades de la dependencia personal merecerían, en el futuro, sin duda, una mayor atención; pero, lo que nos interesa de momento, es el indéntico y ya conocido retorno a formas de economía natural, a base de la primacía de estas relaciones de dependencia personal. Si los alquileres de indios huarpes encomendados los hemos tratado como salario fuera de la encomienda, es nada más que por la razón de que estos ingresos provenían del arrendamiento de su fuerza de trabajo (aunque al margen de su voluntad) a españoles no-encomenderos. La tendencia esclavista: dependencia personal o propiedad plena.
Si los indios sometidos al régimen de encomienda no disfrutaban en absoluto de un verdadero salario como retribución de su trabajo, es preciso hacer notar que su situación debía tornarse cada vez más precaria por la tendencia esclavista de la sociedad española establecida en Chile, que veía una solución fácil y muy grata al problema de la aguda y progresiva escasez de mano de obra, en el esclavizamiento en gran escala de los indios de guerra capturados y traídos desde el sur del país. Estos indios esclavos eran libremente vendidos en la zona central, a pesar de las prohibiciones establecidas antes de 1608 (fecha en que se decretó la legalidad de la esclavitud de los indios) 1 , y se destinaban en fuerte proporción a las labores agrícolas *. Puesto que los indios esclavos trabajaban y vivían junto a los indios de encomienda, sin que existiera entre ellos nada más que una diferencia jurídica, pero no étnica, es más o menos natural que los españoles tendiesen a olvidar en forma inconsciente lo que no era notorio a simple vista, esto es, que trataran de asimilar la condición jurídica de los esclavos al resto de los indios. La paulatina conversión de la economía señorial por los caminos de una economía esclavista, aunque no llegase a ser absoluta o pura en este sentido de la definición, tenía que propender a dañar o deteriorar el 1. Id., « Fuentes para la Historia del Trabajo en el Reino de Chile, III, Alquileres y ventas de indios, 1599-1620 » Boletín de la Academia Chilena de la Historia. No. 58, pp. 102-135, Santiago de Chile, 1958. •>. Véase Guerrc et Société..., especialmente pp. 163-169.
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estatuto social de los indios que nos pertenecían al amplio grupo de los esclavos. Casi no es necesario decir que estos últimos quedaban descartados en definitiva de cualquier concepto de salario. La esclavitud de hecho de los indios chilenos de guerra tuvo una duración cercana a un siglo, desde las últimas décadas del quinientos hasta fines del siguiente, tiempo bien largo y prolongado para crear a través de varias generaciones una mentalidad esclavista, especialmente para miembros de una sociedad en que la esclavitud negra era una institución paralela, si bien muchísimo más cara por razones de lejanía en la procedencia geográfica y por las características del aprovisionamiento y del mercado. Creemos que el proceso social, dentro de estas condiciones de desarrollo, debía tender a un estrechamiento y a une agudización de las relaciones de dependencia personal en desmedro de los indígenas, con una evidente repercusión en su ya altamente precario sistema de remuneración. El sello profundo impreso por estas estructuras a la sociedad chilena adquirió una tónica más que secular, y se proyectó en un estatismo social y económico muy marcado, cuya fuerza no se puede escapar al historiador de la economía. Mas todavía con la orientación de la producción colonial chilena hacia un marco agrario predominante pues en el ámbito sujeto a la tierra las estructuras propenden a un anquilosamiento estacionario y a una permanencia mayor que en otros sectores de la economía, con lo cual el estatismo era reforzado, consecuencialmente, por la especializad ón monocultora de las actividades. La lucha entre los dos conceptos, las relaciones de dependencia personal — representadas por la encomienda — y la propiedad plena del indio — representada idealmente por la esclavitud —, no alcanzó una definición absoluta, pero la diferencia entre ambas no residía más que en un matiz. La base de comparación : los salarios del sector europeo.
Los salarios que hemos mencionado hasta el momento, los del sector indígena, no eran los únicos que existían dentro del juego de la economía chilena del siglo XVI, para fortuna nuestra. En el caso negativo, no tendríamos ninguna fuente de comparación y deberíamos conformarnos con hacer sólo afirmaciones unilaterales. A base de la misma documentación que venimos usando, en lo fundamental la de los escribanos de la ciudad de Santiago, podemos citar numerosos ejemplos de contratación de españoles para servir a otros españoles. Es así como podemos hablar de las remuneraciones del sector europeo, para contraponerlas a las del sector indígena. Comparemos la simple mención a la alimentación en los contratos de los indios, con la que debía proporcionarse a un maestro de hacer
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azúcar, que debía dirigir un ingenio. Dos fanegas de harina y tres botijas de vino cada mes, un carnero cada semana, todos los viernes pescado, y dos puercos en el año. £1 salario en dinero, 400 pesos de oro en un año, pagados 25 anticipados en vino, y los 375 restantes en azúcar, puesta en Santiago, para que la pudiese vender, o en caso contrario, en oro. La alimentación del indio era bastante más modesta, un poco de maíz, ají y sal, pero si la dejamos de lado y comparamos sólo el salario en dinero, las dos piezas de ropa de lana —corrientes para los indios contratados— que valían en conjunto 4 pesos, el salario de este maestro valía por el de cien indios. Los dependientes de tiendas de mercaderías aparecen en los contratos con salarios corrientes de 150 a 200 pesos por cada año. En las administraciones de propiedades rurales, el porcentaje de los españoles contratados para este efecto, porcentaje fijado generalmente sobre el producto de las haciendas, oscilaba del cuarto al sexto, más alimentación abundante y suficiente. Frecuente también era el darles a estos administradores algunos indios e indias de servicio, para que les hiciesen las labores de la casa. Los salarios de marineros y pilotos de navios también eran altos, sobre 20 pesos de plata al mes, es decir más de 240 al año. El trabajo de los artesanos españoles, herreros, fundidores, carpinteros, canteros, etc., se pactaba por lo general por obras determinadas y no por tiempo, y las remuneraciones, bastante generosas, dejan ver que este tipo de trabajo especializado no era corriente, y que era preciso proceder con ellos con cierta liberalidad. Las remuneraciones artesanales especificaban por lo general una proporción importante del monto pactado en oro o en plata, con frecuencia agregaban indios de servicio para ser dirigidos en las faenas, comida y otras granjerias. Los maestros de obrajes de paños trabajaban también a proporción de la producción, como los administradores de estancias, o en otros casos, por un salario anual, que solía llegar hasta los 350 pesos de oro, pagaderos en oro y en ropa, más comida abundante y de buena calidad. Los encargados de cuadrillas de indios que sacaban oro, también percibían salarios importantes, que oscilaban de los 100 a los 300 y más pesos de oro, e incluían vino y otras regalías. Se hace necesario decir que todas estas labores eran de calificación técnica, o bien implicaban responsabilidad o dirección. Pero, sin embargo, cuando se encuentran artesanos indígenas que habían aprendido ciertos oficios, no aparecen ellos dirigiendo labores u obras, ni tampoco disfrutando plenamente de la especialización adquirida. Con frecuencia, por el contrario, eran alquilados para desempeñar sus oficios por quienes los controlaban a través de las relaciones de dependencia personal, y no disfrutaban, por lo tanto, de la remune-
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ración que les habría correspondido sino en una proporción muy mínima en relación con los conocimientos que habían asimilado. Igualmente, vale la pena consignar que los caciques indígenas, que controlaban la distribución y entrega de trabajadores de los pueblos de indios sometidos a su autoridad —que si bien es cierto que con respecto a los demás aborígenes disfrutaban de una posición privilegiada, puesto que estaban exentos de tributos y cargas de trabajo— sin embargo, y a pesar de ello, nunca podían llegar a disfrutar de una posición equivalente a la de estos españoles de oficios que vendían su fuerza de trabajo al poderoso grupo dirigente de los empresarios económicos y monopolizadores de los trabajadores autóctonos. Creemos que se puede ver en el mayor nivel de remuneraciones del sector europeo, aún teniendo en cuenta una más alta calificación técnica general, que la posibilidad de libre contratación, en una rela-
tiva inigualdad de conocimientos, redundaba en favor de un trato discriminatorio — en el sentido positivo para ellos— hacia estos contratados que escapaban a las duras leyes de las relaciones de dependencia personal, y que, por lo tanto, podían elegir con plena libertad las labores a realizar. Tampoco hay que olvidar que su colaboración con el sector dirigente con frecuencia significaba aumentar el nivel de productividad y rentabilidad de los indios —a través de su labor de dirección y control— lo cual debía redundar en un salario en cierto modo proporcional con las utilidades que ellos ayudaban a producir, cuando era éste el caso. En pocas palabras, lo que queda al margen de toda duda es que los trabajadores de origen europeo ocupaban una posición superior a la de los trabajadores indígenas, en un escalón que por lo general hacía más productivas las relaciones de dependencia personal —como verdaderos intermediarios— entre los encomenderos y sus subordinados indígenas. Conclusión : estructura social, premisa para una historia económica hispanoamericana.
Deliberadamente quisiéramos regresar a nuestro punto de partida inicial, al concepto del valor conformativo de las formas de la conquista, determinante de la creación de estructuras sociales propias de la América española. Esta estructura social, y al decir social estamos pensando simultáneamente en que es inseparable de una estructura económica de sustentación mutua (difícil sería concebir la una sin la otra), es una clave —a nuestro juicio— para la comprensión histórica americana. Primeramente, como problema propio nuestro, como problema de los que trabajamos en América, estamos interesados en una com-
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prensión hacia adentro, hacia el interior de nuestro panorama histórico. En una segunda etapa del conocimiento, tan urgente como la primera, buscamos la confluencia con los problemas generales de la economía de la época, con las relaciones en el marco mundial. Es para esa primera etapa que insistimos en la necesidad de tener presente la estructura social y económica de la América hispana, que en sus rasgos esenciales podría ser caracterizada así : 1. una sociedad señorial estratificada sólidamente por la conquista; 2. fuertes lazos de dependencia personal entre encomendados y encomenderos, asegurando una profunda desigualdad social; 3. polarización de las fuentes de riqueza en el sector español : tierras, minas ganados, transportes, fabricación de productos, comercio; 4. ingresos mínimos del sector indígena, con la consiguiente marginación del consumo de un 90 % o más de la población, que queda sin acceso al mercado; y, 5. tendencia a la economía natural, que permite «manejar» mejor el bajo nivel de los salarios, y pagando las remuneraciones —después de largos períodos de servicios— en especies, a precios las más de las veces arbitrarios. Para formular esta definición, o mejor todavía, estas precisiones, nos ha resultado de gran utilidad y ayuda un artículo muy reciente de Ruggiero Romano (múltiples deberes nos obligan gustosamente a hacerlo notar), sobre movimiento de precios y desarrollo económico en América del Sur en el siglo X V I I I que tiene validez cronológica y conceptual mucho mayor. Para nosotros, lo importante de los elementos de la definición reside en su valor estructural, lo cual no les resta nada de su valor de funcionamiento. Este valor estuctural garantiza una larga permanencia temporal en la arquitectura de la sociedad y los demás elementos en juego no consiguen escapar a esta línea organizativa primaria. Es el caso de los salarios, como hemos tratado de explicarlos. Es esto lo que da a los hechos económicos un tono americano. Y es esto mismo lo que pedimos no olvidar, como base inicial, cuando se trabaja con los problemas americanos.
R. R U G G I E R O R O M A N O , « Mouvement des prix et développement économique, L'Amérique du Sud au xvin* siècle », Annales (E.S.C.), No. 1, janvier-février 1963, pp. 63-74.
LE PROBLÈME D U
SALAIRE
V U PAR LES L I B É R A U X D U XIX*
SIÈCLE
par Guy PALMADE (Paris)
François Simiand, dans l'impitoyable « Postface » de son grand livre, balaye pêle-mêle les thèses émises sur la question du salaire par les libéraux et celles des divers systèmes d'économie conceptuelle ou idéologique. Il ne suffit pas, pour en appeler de son jugement, d'évoquer d'autres sévérités qui se sont abattues depuis lors sur son propre essai de « théorie expérimentale ». Plus instructives, plus fécondes, s'annoncent les secondes lectures, les éclairages neufs dont bénéficient aujourd'hui les vieux maîtres. On se persuade aisément déjà que le Tableau de Quesnay annonce à sa manière les méthodes modernes de comptabilité nationale et les matrices de Léontief. Simples épigones des grands Classiques, les économistes « vulgaires » de l'âge victorien ou du Second Empire ne sauraient prétendre à tant d'honneur. Mais le témoignage — certes déformant — qu'ils apportent sur le monde économique de leur temps n'a pas perdu pour autant tout intérêt. Le corpus d'idées faciles qu'ils aimaient un peu trop présenter comme les Tables de la Loi garde les vertus, justement affirmées par J . Marchai et J . Lecaillon, d ' « un modèle d'époque, même moins élaboré » qu'il n'eût été souhaitable, bien utile cependant pour « comprendre le fonctionnement d'une société ». Sans doute leur dogmatisme ingénu qualifiait-il assez mal les libéraux du xix e siècle pour le simple et pourtant évidemment nécessaire établissement des faits, dans un domaine qui, comme celui du salaire,
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est d'abord affaire de chiffres à relever et à élaborer. Leur refus obstiné des méthodes « empiriques », « historiques » ou « mathématiques » a certainement de quoi décevoir. Leurs enquêtes elles-mêmes, de Villermé à Reybaud, sont des « coupes », d'allure statique, des prises de vue; elles renseignent mal sur tout ce qui est évolution, « dynamique ». Il faut d'autant plus regretter cette relative « atonie statistique », dénoncée par A. Piatier, que nous en restons encore, pour connaître leur époque, les victimes et les prisonniers. D'où tant de zones d'ombre persistantes, ou à peine entamées. Le « cours nouveau » du salaire qu'E. Labrousse voit naître autour de 1860 ne s'accorde guère, par exemple, avec les conclusions pessimistes de G. Duveau. Les indices calculés par J. Kuczynski, admis par Ch. Bettelheim, contredisent ceux de J. Fourastié, eux-mêmes soumis à une sérieuse critique par A . Tiano. Une marge d'incertitude subsiste, sur la courbe du salaire réel, qui rend encore possibles les controverses sur la notion de paupérisation. Quant à la part de la masse salariale globale dans le revenu national — susceptible lui-même de diverses définitions, les évaluations avancées, non sans prudence d'ailleurs, par l'I.S.E.A. ne paraissent pas beaucoup plus assurées pour ces temps de statistiques lacunaires et flottantes. L'historien en est réduit à le constater, même s'il déplore de ne pouvoir raccorder aussi allègrement que l'y invite l'économiste les données éparses et fragiles dont il dispose avec les séries plus récentes plus solides et plus continues, rassemblées notamment par R. Tavitian. On ne saurait non plus s'attarder bien longtemps aux arguments trop faciles que nos économistes proposent pour fonder en raison le salariat en tant que tel : loin de représenter, selon une formule attribuée à Chateaubriand; « la dernière transformation de la servitude », il dépend, pour Molinari par exemple, de deux faits qui « tiennent à la nature des hommes et des choses », le temps qu'exige toute opération productive et les risques auxquels elle est exposée, temps et risques que le capital seul peut prendre à sa charge, légitimant du même coup sa part dans la distribution du produit et « la subordination du travail au capital dans le gouvernement des entreprises ». O n ne tiendra pas pour beaucoup plus sérieuses les « lois » d'évolution de la répartition des revenus qu'un Bastiat, entre autres, prétend opposer aux Rodbertus et aux Proudhon, en inférant, de la baisse du taux d'intérêt dans une économie progressive, la diminution de la part relative du capital et, par conséquent, la croissance, à la fois absolue et relative, de celle du travail. Toutes ces démonstrations optimistes relèvent d'un conformisme un peu trop tranquille, d'un souci trop clairement transparent d'auto-justification, et, pour tout dire, rappellent trop platement les postulats, indéfiniment ressassés, de l'harmonie pré-établie, grâce à la « main invisible », entre l'ordre du monde et chaque intérêt individuel.
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Il reste, dans tant de schémas souvent bien simplistes, des aperçus, des intuitions, des commencements d'analyse, dont on peut essayer aujourd'hui de tirer parti (non sans courir, convenons-en, le risque de solliciter ou d'extrapoler un peu trop librement peut-être). Nous retiendrons volontiers, à l'actif des économistes libéraux : — l'utilisation simultanée, plus ou moins adroite, de méthodes d'approche que nous dirions respectivement micro — et macro — économiques pour concilier l'événement singulier qu'est le contrat librement négocié entre l'individu-patron et l'individu-ouvrier, et le jeu global où se mesurent < fonds des salaires » et population active en quête d'emploi; — parallèlement, la définition, souvent assez nette, de deux modes de détermination du salaire, l'un qui, appliquant simplement au travail la loi de l'offre et de la demande, rend compte de son « prix courant », et l'autre qui, par le recours au prix des subsistances, explique son « prix naturel ». Mac Culloch et Léon Faucher ne sont pas si loin, à cet égard, de Marx et de sa distinction entre valeur et prix de marché; — la conception, relativement plus compréhensive et plus intelligente, du lien entre le bas prix des objets de première nécessité, le report de la demande sur les autres biens de consommation, donc la croissance générale de la consommation, de la production et de l'emploi, et par conséquent la hausse du salaire (du salaire réel), qu'un Bastiat lui-même, entraîné par sa passion libre-échangiste, oppose sur ce point aux paradoxes protectionnistes (et étroitement conservateurs) résumés par telle formule de Bugeaud : « que le pain et la viande soient chers, tout le monde sera heureux ». Encore peuton admettre que l'exclusion, ou le rejet au second plan, des problèmes d'emploi, démarche fréquente elle aussi chez les libéraux, il faut en convenir, est moins choquante qu'elle peut le paraître aujourd'hui, parce qu'assez conforme aux structures réelles d'un monde où l'inorganisation ouvrière ne permet pas encore au salaire de manifester la capacité de résistance dont Keynes fera, pour le xx e siècle, une de ses hypothèses de base : cent ans plus tôt, est-il si absurde de croire que la baisse du salaire peut corriger spontanément le sous-emploi, dans un univers économique beaucoup moins éloigné de la concurrence parfaite que celui auquel nous sommes habitués? Quand cette situation commence à changer — avant 1870 déjà — l'économie classique éprouve, bien sûr, un certain désarroi. L'association ouvrière, la coalition devenue légale : est-ce une atteinte aux dogmes libéraux, ou bien une de leurs applications inattendues ? Faut-il admettre que la liberté, à côté de ses vertus, a ses risques ou ses équivoques ? Finalement, à travers bien des hésitations (il faudrait étudier de près l'accueil fait à la « conversion » de Stuart Mill, quand
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il publie ses « scandaleux » articles de la Fortnightly Review, en mai-juin 1869), on se décide à tenir compte de cette irruption des groupes organisés sur le marché du travail. Il n'est pas interdit de chercher dans cette reconnaissance, plus ou moins résignée, d'une puissante vague de fond conduisant à « l'émancipation ouvrière » des éléments d'analyse plus satisfaisants que dans les rêveries de patronage aristocratique où se complut, à la même époque, un Le Play. Il n'est pas certain non plus que le repli opéré, toujours à la même date, par les Marginalistes, sur des constructions d'une logique apparemment plus rigoureuse, tendant à expliquer le salaire, comme les autres revenus, par le jeu des échelles individuelles de préférence, témoigne d'une compréhension plus profonde de l'évolution sociale. Peut-être même cette vieille conception du « fonds des salaires », héritée de Malthus et Ricardo, que Stuart Mill, naguère son champion, commence à nuancer sensiblement, conserve-t-elle en ellemême l'avantage de respecter la dualité du salaire — et de la part salariale dans le revenu national — , à la fois élément du coût de production et poste de la répartition, que sacrifient un peu vite Menger et les autres théoriciens de l'imputation, portés à n'envisager le salaire que comme rémunération de l'un des facteurs de la production. On n'en reconnaîtra pas moins, pour conclure, que l'intérêt porté par les maîtres et les vulgarisateurs de l'économie classique aux problèmes de la répartition demeure lui-même singulièrement limité (ils ont eu d'ailleurs, en cette matière, bien des disciples, aisément persuadés, aujourd'hui encore, que les dimensions du produit global comptent infiniment plus que les modalités et les proportions de son partage). Face à la critique de Cournot, déclarant impossible de démontrer quel est le meilleur, le plus « utile » système de répartition des revenus, on ne saurait tenir pour très convaincante la réponse habituelle : le système libéral — le plus simple, et rien de plus, selon Cournot — est, par essence, nécessaire, parfait, sacro-saint. Mais cette sereine assurance n'est pas elle-même sans signification, s'il est vrai qu'en un autre sens ce système libéral fut effectivement le plus « utile » en son temps : dans une économie qui cherchait à élargir le plus possible la part du produit consacrée à son auto-financement, donc à sa croissance, le salaire tendait inévitablement à devenir résiduel. L'économiste en conclut logiquement à l'impossibilité d'étudier valablement le salaire en tant qu'élément isolé, en dehors d'une théorie globale de la rémunération des facteurs de production. L'historien ne peut que se rallier à cette conclusion; il se demande au surplus si cette structure de la répartition, défavorable au salaire, est caractéristique seulement d'un âge du capitalisme ou, plus généralement de toute phase d'accumulation du capital, dans une économie jeune, ambitieuse, conquérante, peut-être fatalement inhumaine.
L A P A R T DES
SALAIRES
DANS LE R E V E N U COMME QUESTION
NATIONAL HISTORIQUE
par José Gentil da SILVA
(Paris)
"The new danger of the period is that we shall be so weighted down and made timid by unique facts and complexity that we fail to discern boldly the general relationships." John T . DUNLOP, The Theory of wage determination (Londres, 1 9 6 4 ) , p. 11.
Introduction La part dans le revenu national des salaires et des traitements « sert de norme dans les rapports économiques » et « tend à devenir une variable déterminante de l'action économique » 1 . Problème intéressant ou faux problème en économie 2, est-ce futile de vouloir l'étudier historiquement 3 ? Voici en réalité des faits économiques et 1. Roland TAVITIAN, La part des salaires dans le revenu national, Paris, 1959, p. 392. 2. Stanley LEBERQOTT, Manpower in economic growth, New York, 1964, p. 190 et s., p. 206, 208, etc. 3. W. S. WOYTINSKY, E. S. WOYTINSKY, World population and production, New York,
1953» P- 377-
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sociaux qu'il est particulièrement difficile d'interpréter avec exactitude dans les sociétés préstatistiques : salaires, traitements, revenu national. Il ne s'agit pas de simples difficultés de définition : aujourd'hui même, « on doit quelquefois imputer un groupe de revenus entre deux catégories desquelles il procède simultanément. Une telle nécessité ne résulte pas toujours de la faiblesse théorique des concepts définis mais souvent de l'insuffisance de la comptabilité ou de la statistique » On analyse les transactions qui additionnées dans le cadre de la Nation mesurent le revenu national, soit la totalité de biens, de produits et de services négociables; salaires et traitements représentent un aspect de la conduite ainsi définie : les « paiements en monnaie ou en nature effectués en contrepartie d'un travail loué » 2 . Les économistes ont beaucoup étudié la question et presque toujours mis en évidence la mauvaise qualité des statistiques à leur disposition, ou du moins leur insuffisance 3 . Les historiens n'ont rien à leur apprendre sur ce terrain, mais ils ont l'habitude de travailler sur les époques précédant la « révolution industrielle », et certains d'entre eux, sur les pays où prédomine l'économie de subsistance, sans statistiques. D'ailleurs les économistes eux-mêmes utilisent des unités, des indices divers, ainsi Colin Clark fait usage des U I pour les « pays riches » 4 , des U O pour « les pays à faible revenu », pour lesquels « nous manquons d'éléments d'information satisfaisants » s , de l'indice de M. K. Bennett que l'on calcule également pour des pays disposant de revenus importants pour « situer plus aisément les chiffres obtenus avec l'indice de Bennett par rapport aux U O par tête » 9 . Il est vrai qu'on trouve plus de sensibilité historique chez certains économistes : Simon Kuznets, Charles P. Kindleberger ou Ester Boserup, par exemple, que d'expérience économique chez la plupart des historiens. Quelle peut être la contribution des historiens à ces études à la fois très poussées et assez décevantes? Et, pour commencer, quelle est la signification des résultats atteints après le débat « remarquablement fécond au point de vue statistique » 7 qui eut lieu aux ÉtatsUnis, sur la constance de la part des salaires? 1. R . TAVITIAN, ibidem, p. 3 7 . 2 . Ceci est une définition courante,
cf. une longue discussion dans R . TAVITIAN, ibidem, p. 33 et s., 38 et s. 3. Cf. n o t a m m e n t S. LEBERGOTT, ibidem, p. i g i et s., et S. WEINTRAUB, Some aspects of wage theory and policy, p. ig. 4 . Colin CLARK, Les conditions du progrès économique, trad. fr., Paris, I 9 6 0 , p. 1 6 - 1 8 . 5 . Colin CLARK, ibidem, p. 1 8 - 3 0 . 6 . Colin CLARK, ibidem, p. 20-21 et 6 6 - 6 7 . 7 . R . TAVITIAN, p .
144-45.
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Pour une fois qu'on trouvait une constance économique, elle contredisait la théorie, mais pouvait-on faire confiance aux statistiques et aux évaluations? Un mystère pour Joan Robinson, « a bit of a miracle » pour J.M. Keynes, ne s'agissait-il pas plus simplement, d'un phénomène d'accommodation, typique de ce qu'on appelle parfois la « longue durée »? Disons pour reprendre l'expression sceptique de R.M. Solow, que « may be an optical illusion » A propos des statistiques nord-américaines, Stanley Lebergott a conclu que tant de constances ont été sous-entendues à l'origine des estimations, que les séries ne forment pas une base valable pour juger de la stabilité ou de l'instabilité de la part des salaires D'autre part, « certains auteurs admettent des variations séculaires attribuées à des causes structurelles, et se réfèrent à la constance dans la conjoncture » s . Comme écrit encore Roland Tavitian, « ...c'est dans l'interprétation des chiffres et dans la définition que l'on donnera de la « constance » que se situe la difficulté majeure ». En vérité l'intérêt du débat s'émousse considérablement 4. Examinons rapidement ces résultats et les critiques qu'on leur a adressées; ensuite nous résumerons certaines des limitations apportées par les économistes à ces études. Finalement, on passera en revue les problèmes historiques concernés par ces recherches et qui gagneront en clarté avec leur poursuite. Il nous semble qu'une bonne contribution pourra être apportée, et que l'économie profitera des perspectives historiques, ici comme dans d'autres cas où le traitement souvent tautologique des séries numériques demande le jugement expérimenté des historiens. Faux problème d'économie politique, la part des salaires dans le revenu national est une question historique, ce qui revient à affirmer son actualité. I Constance de la part des salaires, ou les désillusions statistiques
Les résultats sont importants surtout dans le cadre anglais et dans le cadre nord-américain. Colin Clark 5 (utilisant notamment les travaux de Corrado Gini) et Livio Livi 9 ont élaboré des calculs 1. а. 3. 4. 5. б.
S. S.
ibidem, p. 190. ibidem, p. 191. R . T A V I T I A N , ibidem, p. 146-47. S . L E B E R G O T T , ibidem, p. 304, p. 217-18, etc. Colin C L A R K , Les conditions du progrès économique, p. 348 et s. Livio L I V I , Primo computo del reddito distribuito ai fattori della produzione, 1958. LEBERGOTT,
LEBERGOTT,
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pour beaucoup d'autres pays, les chiffres vont en général de 1938 à 1954 ou sont très hétérogènes et ne permettent pas de tirer des arguments pour ou contre la constance, l'inertie, la signification de cet « indice synthétique » 1 . Restons ici, du moins pour le moment, aux études sur la période qui précède la seconde guerre mondiale. Pour le Royaume-Uni, l'étude de la part des salaires dispose de statistiques assez solides pour tout le xx e siècle, et d'estimations assez valables à partir de 1860 2 . Surtout H. Phelps Brown et P.E. Hart, d'une part, Phyllis Deane et W.A. Cole, d'autre part, ont travaillé sur les séries préparées par A.L. Chapman, R. Knight, A.L. Bowley, G.H. Wood, A.R. Prest, J.B. Jeffreys, D. Walters, et E.H.P. Brown et P.E. Hart eux-mêmes 3 . Pour la période précédant 1860, on a étudié ces estimations qui marquent la fondation de l'Arithmétique politique et que Phyllis Deane a critiquées pour la plupart : Gregory King (1688), James Massie (1760), Arthur Young (1774-79), Patrick Colquhoun (1806), et il n'est évidemment pas possible d'aligner des chiffres annuels avant 1801. Les recherches sur le Royaume-Uni trouvent des problèmes particuliers, notamment celui de l'Irlande 4 . Le travail que ces questions de détail demandent aux historiens est énorme. N'y touchons pas. Nous ne reprendrons pas ici les chiffres de H.P. Brown et P.H. Hart pour le Royaume-Uni (1870-1960), ni ceux de P. Deane et W.A. Cole (Royaume-Uni, 1860-1959) : moyennes décennales de la part des salaires; 1801-1911, salaires annuels de la première année de chaque décennie; 1801-1911, revenu national, etc. 5 . Nous nous bornerons à rappeler que la part des salaires se maintient stable (autour de 45 % et de 40 %) soit pour le Royaume-Uni, soit pour la GrandeBretagne, de 1801 à 1951; et que de 1871 à 1951, la part du salariat dans la population du Royaume-Uni passa de 84 % à 66 % environ. Pour les États-Unis, entre 1889-99 e t I947~54> P a r t oscille de 54 % à 52 % et finit encore à 54 % ; le volume du salariat représente de 56 % à 58 % de la population totale (jusqu'à 63 % pendant la seconde guerre mondiale ®). Il n'est pas loisible ni souhaitable de reprendre la critique que Stanley Lebergott fit de la base (very 1. R . TAVITIAN, ibidem, p. 3 9 2 .
2. P. DEANE, W. A . COLE, British economic growth, Cambridge, 1964, p. 243 et s. 3. E n particulier, cf. E . H . PHELPS BROWN, P . E . HART, « T h e share of wages in
national income », The economical journal, 1952, vol. L X I I , n° 246, p. 253-277, et Cambridge, 1964. P. DEANE, W. A. COLE, British économie growth i688-igsg, 4 . P . D E A N E , W . A . COLE, ibidem, p . 2 4 9 . 5 . E . H . P . BROWN, P . H . H A R T , ibidem,
p . 2 7 6 - 7 7 ; P . DEANE, W . A .
ibidem, p. 206 et p. 247. 6. Chiffres corrigés par S. LEBEROOTT, ibidem, p. 203 et 512.
COLE,
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little) « for asserting that the share of wages in United States national income up to 1919 was in fact stable » 1 . Son analyse, comme celle de Roland Tavitian * parvient à cette conclusion que la part des salaires n'est pas une simple variable, c'est-à-dire qu'elle n'est pas un élément utile pour la recherche. R . Tavitian y trouve « un indice synthétique des structures et des rapports de répartition » s . N'est-ce pas refuser toute signification à la comparaison des séries numériques? Et pourtant l'indice est important. Même la comparaison en question ouvre la voie à des vérifications partielles, empiriques, notamment sur le paradoxe de LeontieÇ à savoir que les États-Unis tendent à exporter les biens qui exigent un plus fort labor input et à importer ceux qui exigent un relativement plus fort capital input 4. N'est-ce pas redécouvrir « une constante » de toute croissance ? C'est à cela que nous reviendrons dans le dernier volet de cette communication. Il semble que, d'une part, ces résultats démontrent surtout la progressive précision des statistiques. D'autre part, ils ouvrent déjà des perspectives sur ce fait qu'il existe un seuil pour la labor force en période de croissance économique et démographique, quel que soit le système économique. Étant donné la constitution des séries comparées (revenu national et salaires plus traitements), il est vraisemblable qu'on trouve pour les États-Unis une augmentation de la part des salaires, puisque la part du salariat dans la population reste stable 6 . Enfin, avant l'époque statistique, la création même de l'Économie politique démontre la spécialisation que d'ailleurs on décrivait. De la comparaison des auteurs du xvm® et du xrx e siècle, P. Deane et W . A . Cole déduisent des changements James Massie (1760), David Hume (1766), A d a m Smith (1775), Colquhoun (1806) témoignent de ce que « an appreciable part of the shift toward specialisation of factor incomes had occured before the last quarter of the eighteenth century » 7 . L a recherche sur ces époques sans statistiques a pour but de comparer « les progrès économiques » d'agents particuliers, et le « progrès économique » 8. O n voit aujourd'hui qu'une « catégorie en expansion rapide bénéficie d'un renforcement de sa situation stratégique 1. S . LEBERGOTT, ibidem, p . 191 e t s.
2. R . TAVITIAN, ibidem, passim. 3. R . TAVITIAN, ibidem, p . 3 9 2 .
4. S. LEBEROOTT, ibidem, p. 218. — Cf. également M . BYÉ, Relations économiques internationales, Paris, 1959, p. 143 et s. 5. R . TAVITIAN, ibidem, p . 7 3 e t s. 6. P . D E A N E , W . A . C O L E , ibidem, p . 2 5 3 . 7.
P . D E A N E , W . A . C O L E , ibidem,
p.
253-54.
8. F. PERROUX, Théorie générale du progris économique. Cahiers de l'ISEA,
n° 47.
963. P- 58 et s.
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résultats tendant tous à affirmer que les changements de la part des salaires sont négligeables Ayant comparé avec la demande totale, des aspects de la répartition, il a vérifié qu'aux Etats-Unis, entre 1956 et i960, les dépenses déterminant la fonction de la demande provenaient en majeure partie (presque 90 % ) , des salaires et traitements 2 . D'autre part, S. Weintraub a fait remarquer l'importance cruciale de la consommation qui est étrangère au progrès marchand : emploi gouvernemental, transferts et « desépargne »; la consommation dépend fortement des dépenses gouvernementales en particulier 3 . Ces remarques ont une grande portée. A partir de ces relations toutes simples, on retrouve d'autres comparaisons auxquelles les historiens ne s'intéressent que trop rarement et seulement d'un point de vue micro-économique : notamment, le rapport entre capital et production, ou le capital par travailleur, etc. Il est clair qu'elles ont pu changer dans le temps et leur signification varie. N'empêche qu'en termes de revenu, dont l'expression est monétaire malgré les « déflatations » 4, la constance de la part des salaires s'explique, comme la sensible augmentation constatée dernièrement, par ce fait que la consommation atteint en gros, 64 % du produit final (GNP) ; cette concordance, de la production pour consommation, avec le revenu disponible salarié (ou provenant des traitements) domine les oscillations de la part des salaires. Or nous savons que jusqu'au milieu du xix e siècle, on a évalué la richesse plutôt que le revenu s , ceci entre autres, parce que le revenu disponible sous forme de salaires avait peu d'importance et ne participait que peu aux dépenses de la consommation. Celle-ci ne s'adressait que très partiellement au marché, dans la mesure où l'autoconsommation était importante. Finalement, les vérifications auxquelles ont procédé les économistes, celles de S. Weintraub en font la preuve, limitent la portée des évaluations de la part des salaires à cette constatation que le salariat se généralise (y compris toutes sortes de traitements) comme forme de demande de produits de consommation. Encore est-il vrai, qu'à l'augmentation des salaires réels s'oppose un effet contraire, l'élévation du capital relatif par travailleur (par employé) qui abaisse la part des salaires, attribuant au capital une majoration de sa participation
1. S. WEINTRAUB, ibidem, p . 1-2 et p . 26, 28, etc. 2. S. WEINTRAUB, ibidem, p . 8-9. 3. S. WEINTRAUB, ibidem, p . 88 et s.
4. Exprimés dans la monnaie d'une année donnée, les volumes produits sont toujours traduits en « pouvoir d'achat » qu'il reste à situer. 5. C . CLARK, Les conditions du progris économique, p . 386.
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sur chaque unité monétaire du produit des ventes 1 . O n parvient à des constantes semblables si, reprenant l'analyse ricardienne et marxiste de la valeur et du prix de production, on juge que la vitesse de rotation croissante du capital variable augmente la part globale des salaires, presque entièrement consommée, et du même coup élève le prix, ce qui majore la plus-value, dans une stabilité relative du capital constant et du capital variable 2 . Ceci dit, il ne nous semble pas nécessaire de résumer les analyses faites par exemple, par G. Kolko 3 , qui a discuté dans le détail les constatations et, plus encore, les prévisions de S. Kuznets sur la « redistribution » *. Ces recherches d'économie politique apportent aux historiens des connaissances qu'il leur faut dominer et, dans la mesure du possible, interpréter et même dépasser. Historiquement, la question de la part des salaires dans le revenu global (ou national) pose trop de problèmes, car s'attaquer à les résoudre tous, met les historiens en demeure de définir les relations entre le marché des biens et des services, le marché de l'argent et le marché de la force de travail. Cela ne peut être résumé qu'en discutant le sens de vieux concepts assez délaissés : celui de la valeur, celui des richesses. Tenus d'avoir en vue les implications très vastes de cette question, nous devons à la fois, lui trouver une réponse, et adopter un traitement qui puisse être utile aux recherches historiques, c'est-à-dire exactement en l'absence de statistiques. III Une exigeante analyse globale : le nouveau traitement historique
Au passage, une constatation s'impose : au seuil d'une rénovation totale de la recherche, requise par les conditions nouvelles, à la fois d'enquête, de communication et d'utilisation des informations, l'histoire est singulièrement démunie. Elle ne compte pas sur l'appui précieux de quelques vieux concepts, et doit le trouver en particulier, dans l'Économie politique et la Linguistique. Elle n'a pas eu la prudence d'amasser une réserve de matériaux, numériques ou pas s . Sans problèmes et sans matière, l'histoire ne s'est naturellement pas munie des techniques ni des méthodes appropriées. 1. S. W E I N T R A U B , ibidem, p. 76. 2. Cf. l'exposé élémentaire de H. DENIS, Valeur et capitalisme, Paris, 1957, en particulier, p. 52 et s. — Une fois pour toutes, relisons K . M A R X , en particulier Travail salarié et capital. Salaires, prix et profils, Paris, Éd. Soc., 196a, t. 1., p. 97. 3. Cf. ci-dessus, note 1, p. 627. 4. Sur le problème de « redistribution », cf. H. DENIS, ibidem, p. 98 et s. 5. Presque tous les travaux d'histoire des prix commencent par un rappel de l'ensemble des publications de prix et salaires; on a également imprimé des chiffres
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Dans le cas particulier de l'étude de la part des salaires dans le revenu national, le traitement traditionnel, imité surtout de l'Économie politique, laisse dans l'ombre soit les aspects de la question qui sont différents avant et après le début de l'ère statistique, soit les phénomènes permanents. Disons pour simplifier qu'avant l'ère statistique, la question de la part des salaires relève à la fois de problèmes monétaires et économiques, qu'après, elle a une importance monétaire en premier lieu. La naissance et la formation du salariat se produit dans des conditions de la production que nous n'analyserons pas ici. De toute évidence, à partir de zéro, la part des salaires atteint un niveau qui, toutes choses égales d'ailleurs, correspond à la situation technologique, économique et institutionnelle Ensuite, elle se maintient, en fonction de l'enrichissement du marché, à mesure que la « monnaie salariale » se dévalorise, s'use. La distinction introduite par l'expression « monnaie salariale », distinction faite notamment par Georges Michelet 2, traduit concrètement le fait, rarement mis en évidence, de la coexistence de différentes monnaies, même dans les économies les plus complexes, comme pendant ce que les historiens appellent encore le Moyen Age. Pour reprendre de vieilles formules toutes simples, le capital variable est exprimé dans une monnaie particulièrement fongible 8. « La stabilité de la monnaie salariale c'est-à-dire la constance de la valorité de l'unité monétaire, est une impossibilité scientifique. » C'est que, rogné de la plus-value, le capital variable a une vitesse de circulation supérieure à celle du capital fixe et se fractionne, au rythme des répétitions du processus productif, avec justification de successives plus-values, de profits successifs, et d'une permanente détérioration de la « monnaie salariale » confrontée avec « l'indice monétal », soit-il l'or ou un signe ayant un taux de remboursement fixe, relativement durable 4. Aussi dirons-nous que dès le début de l'ère statistique, la part des salaires est surtout une fonction monétaire. Un aspect accessoire contribue à maquiller le caractère simplement monétaire de la part sur le mouvement de quelques ports, les matériaux sur la production sont assez importants maintenant, mais encore difficilement comparables. 1. Cf. notamment le tableau statique mais très clair décrit par John Bâtes CLARK, Distribution of wealth (1899), et aussi, du même, « De l'influence de la terre sur le taux des salaires », Revue d'économie politique, mai-juin 1890, p. 252 et s. — Cf. aussi J . G . DA SILVA, En Espagne : développement économique, subsistance, déclin, et Thomas C . Surra, The agrarian origins of modem Japon, etc. A. Georges MICHELET, Nouvelles théories économiques. Principes de valoristie, Paris, 1936. 3. Ibidem, p. 530. 4. Ibidem, p. 529. — Revenons encore à K . MARX, Salaire, prix et profit, p. 75, p. 101 102, etc.
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des salaires : il s'agit de l'intromission du capital fixe dans le salariat. Les phénomènes repérés par les auteurs qui ont mené leur examen avec le plus de force 1 , tiennent à cette descente du capital jusqu'à la position dominée qui est celle de la « monnaie salariale ». En réalité, l'acquisition de « monnaie salariale » par les détenteurs de la monnaie métallique (ou indexée) peut augmenter considérablement et les quantités de la « monnaie salariale » et leur part dans le revenu national. Par contre, cela ne garantit même pas un engagement quelconque en défense de la stabilisation relative de cette monnaie. Forts de leurs possibilités de repli, chefs d'entreprise, financiers et banquiers n'interviennent dans les phases élémentaires du change local, vertical, que pour en accélérer les résultats. Au risque, accepté de bon gré, de décevoir, nous voulons donner ici un début de corroboration à ces appréciations très générales, plutôt que faire des exercices autour du calcul ou des modalités de calcul, soit du revenu national, soit de la part des salaires avant l'ère statistique. Il y a dans les recherches d'historiens sur la monnaie 2, des numismates 3 et dans celles de Georges Michelet et de ses suiveurs sur la « valoristie » *, un point important, revenant à ce que, dans le long terme, ce n'est pas la dépréciation monétaire qui justifie la hausse des salaires, mais plutôt la poussée salariale (et tout développement de la civilisation) qui explique comment « tout signe monétaire salarial... diminue de plus en plus au point de ne plus représenter qu'une fraction infime de travail humain » 6.
Pour avoir une idée assez claire de la relation entre la masse salariale et le revenu national, nous disposons ou pouvons considérer disposer en général, de trois variables : les salaires, les cotations des monnaies, et les prix, mais il nous manque presque toujours, entre autres, un indice de la production. Or un système macro-économique englobe bien plus de variables, huit dans le modèle construit par L.R. Klein et R.F. Kosobud * : le système se compose de cinq relations et deux égalités (définition de l'investissement et égalité épargne-investis1. Cf. ci-dessus, notes 1 et 2, p. 627. 2. Notamment de C. M. CIPOLLA, Mouvements monétaires dans l'État de Milan, Paris, 1952, et de J . G. DA SILVA, Les Foires des changes (à paraître). 3. Cf. Adolphe DIEUDONNÉ, Manuel de numismatique française, Paris, 1916. 4. Cit. note 2, p. 632. ainsi que Jean OTTENHEIMER, Comment meurent Us monnaies, Paris, s.d., par exemple. 5 . G . MICHELET, ibidem, p . 5 2 8 .
6. L. R. KLEIN, R. F. KOSOBUD, « Some econometrics of growth : great ratios of economics », Quarterly Journal of Economics, 1961, t. 75, n° 2, p. 173-198.
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sement). Pouvons-nous adopter sans autre forme de procès la relation wN/pY = y, et considérer ce coefficient comme une constante? Quels avantages en tirons-nous 1 ? Pour avoir les éléments d'une réponse, il nous faudrait considérer de très vastes matériaux historiques qui sont difficilement utilisables, en grande partie 2. Mais dans l'ensemble, ils recèlent d'importants enseignements. Notamment comme nous venons de dire, on observe que lorsque les salaires montent, la quantité de monnaie augmente et celle-ci se déprécie : point de départ solide, tout de même 3 . Quel qu'en soit l'impact d'autres éléments, par exemple des variations de la consommation, toujours cet important marché collectif, le marché du travail, commande les créations de monnaie courante et sa corrélative dépréciation. Les relations avec la production globale, avec le revenu social, et aussi avec l'épargne et le capital sont plus complexes, bien que tout aussi étroites 4. Avec ces points de départ, nous examinerons d'abord quelques grands traits des mouvements des salaires, ensuite les perturbations réelles ou monétaires liées à l'augmentation du revenu, finalement nous serons à même de juger la constance de la part des salaires, son interprétation, et l'intérêt de la poursuite de recherches qui ont un sens très général et font nécessairement appel à l'histoire. *
*
*
La variable sur laquelle nous sommes le mieux renseignés, le salaire, n'a été étudiée en histoire qu'accessoirement, comme un p r i x s . Il est entendu qu'il n'existe pas de théorie de l'offre et de la demande spéciale des salaires 6. Mais, nous le verrons, de cette simplification a résulté la pauvreté particulière des matériaux collectionnés, pau1. Considérant que cette relation est constante, nous aurons à expliquer les variations, soit dans le court terme, variations monétaires, soit dans le très long terme, variations conceptuelles, structurelles. 2. A part le travail de la Commission internationale d'histoire des prix, jamais on n'a cherché à unifier les éditions de matériaux. 3. Jean F o u r a s t i é , Prix de vente et prix de revient, 13e série, p. 7. 4- Ces questions exigent une documentation historique très riche qui nous manque encore. Pour l'époque actuelle, elle est trop riche, et « the new danger of the period is that we shall be so weighted down and made timid by unique facts and complexity that we fail to discern boldly the general relationships ». J. T. D u n l o p , The theory of wage, p. 11. — N'importe quelle hypothèse peut être utile pour ces développements : l'application de la Théorie générale, par exemple, serait un exercice fécond en histoire. 5. A part quelques exceptions : notamment celle de Stephen Bf.issel, Geldwert und Arbeitslohn im Mittelalter, Friburg-en-Brisgau, 1885, et de E. S c h o l l i e r s , De levens-standaard in de XVe en XVIIe eeuw te Antwerpen, Anvers, I 9 6 0 . 6. John T. D u n l o p , The theory of wage determination, Londres, 1964, p. 14.
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vreté quant à la quantité et quant à la qualité. Une autre raison contribue cependant à cette situation, en quelque sorte produit de la négligence. O n traite en général le salaire comme un seul taux : le prix payé à un quelconque travailleur non outillé, à un manœuvre, serait l'unité à laquelle on pourrait réduire tous les salaires 1 . O r les salaires n'évoluent pas tous ensemble, ni dans le court ni dans le long terme. Comme l'a remarqué John T . Dunlop, « la structure des salaires n'est pas entièrement rigide dans le temps. Q u i plus est, la détermination du niveau des salaires et la structure des salaires sont intimement liées » 2 . Les différences salariales décidées par une seule entité, à l'intérieur d'une firme, d'une usine d'un chantier, contrastent avec — s'opposent parfois à — celles que différentes sources de décision créent dans des firmes ou des groupes de firmes. L e problème fondamental de l'analyse des salaires étant « la corrélation entre leurs structures interne et externe », ainsi définies 3 , deux concepts sont essentiels : celui de « groupes de travail » (job clusters) et celui de « niveau de salaire » (wage contours) *. Le job cluster est un « groupe de travail » constitué pour des raisons technologiques, administratives (d'organisation de la production), ou de coutume. A l'intérieur de ces groupes, les mouvements des salaires manifestent une particulière cohérence. Ils s'élargissent, se réduisent ou se divisent, selon d'éventuels changements technologiques, d'organisation ou sociaux 8 . C'est sur cette même réalité que témoignent les documents existant sur les taux salariaux, documents qu'on a disposés généralement en séries chronologiques, les plus homogènes et les plus longues possible, à part quelques exceptions 6 . Ces séries ont été l'occasion de recherches innovatrices, notamment les études de la collection « Prix de vente et prix de revient », menées à bien par Jean Fourastié 7 , avec la collaboration entre autres, de René Grandamy et Georg Philippi. Nous n'en retiendrons ici que quelques constatations très importantes : 1. Idem, ibidem, p. 15. 2. Idem, ibidem, p. 15. 3. Idem, ibidem, p. 15. — En passant, cf. p.e. A . G R A M S C I , Note sul Machiavelli sulla politica e sullo stato moderno, Turin, 1955, p. 337 et s. 4. J. T . D U N L O P , ibidem, p. 16 et s. 5. Idem, ibidem, p. 16. 6. Nous pensons à des publications qui ont été peu utilisées exactement parce qu'elles ne fournissent pas de longues séries; en réalité elles sont précieuses, notamment l'étude de P. M A N T E L L I E R , « Mémoire sur la valeur des principales denrées et marchandises... en la ville d'Orléans », Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, 1862, t. V , p. 103-500, en particulier, p. 423 et s., ou celle d ' A . B O U C H A R D , Des changements subis depuis 1850 par le taux des salaires agricoles et industriels dans le département de Maine-et-Loire, Angers, 1883. Ce sont des exemples pris au hasard. 7. Recherches sur l'évolution des prix en période de progris technique, 14 séries.
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— le salaire du manœuvre a eu jusqu'au XVe ou au XVIe siècle, un pouvoir d'achat très important, comparé à celui de l'actualité; — selon les régions, il perdit de son pouvoir d'achat, soit dès le xvi e siècle (par exemple, Grenoble et Paris \ ensemble de séries allemandes soit vers le milieu du xvi e siècle (Strasbourg, Valence, Lwow) 3 . D'autre part, dans une grande métropole, port très actif : à Anvers, l'amplitude des mouvements à long terme est très faible (moins de 28 % de la valeur médiane) et la tendance à très long terme n'est pas discernable 4 . Mais l'amplitude des variations à court terme est « énorme » 6. L'intérêt de ces importantes recherches est double : elles rendent possibles les comparaisons interrégionales et souhaitables les études de détail qui viennent à clarifier tels mouvements d'ensemble qui sont contradictoires à première vue. Car voici d'une part qu'il semble être des zones où du XVE au xvi e siècle eut lieu un fort mouvement d'élargissement des cultures, de relance de l'économie, avec augmentation du revenu monétaire des paysans les plus pauvres, ceux-là même que l'insuffisance de leur production agricole poussait au salariat (travailleurs agricoles ou manœuvres), soit la Castille et certaines régions qu'elle dominait, la Pologne et quelques pays rhénans, contrairement à d'autres zones, où les lents processus installés dès le xm e siècle se poursuivaient, et favorisaient les travailleurs spécialisés, mais défavorisaient les plus humbles : par exemple, les hommes obligés de chercher le gagne-pain le plus modeste qu'offrait Anvers, ville riche. On sait comment se posait dans les Pays-Bas la question des salaires vers 1561 : les avantages consentis aux travailleurs 8 semblaient excessifs au Prince qui ignorait les particularismes pour une fois justifiés 7 et imposait (1588-89) des réductions tendant à neutraliser « l'excès des gaiges et sallaires » qui portait atteinte à la stabilité 8. Nous savons aussi comment se détériora le pouvoir d'achat des salaires payés aux maîtres et autres travailleurs employés dans les 1. Ibidem, série 12, p. 11. 2. Ibidem, série 12, p. 14 et p. 47. 3. Ibidem, série 13, p. 4-56. 4. Ibidem, série 11, p. 26. 5. Ibidem, série 11, p. 37. 6. Cf. C . VERIJHDEN, J. CRAEYBECKX, Prij&n-en Lonenpolitiek in de Nederlanden in 1561 en i§83-i58g. Bruxelles, 1962. 7. A u sujet des particularismes, cf. notamment G u y MALENORAU, L'esprit particulariste et la Révolution des Pays-Bas au XVI• siècle. Louvain, 1936, ainsi que J . G . DA SILVA, Les Foires des changes. 3 . C f . C . VERLINDEN, J . CRAEYBECKX, auv. cit., p . 1 6 2 , e t c o m p a r e z à R . G R A N -
DAMY, Recherches sur l'évolution des prix, sér. cit., 11, pp. 25 et s.
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chantiers de l'église Saint-Victor (Xanter) 1 , pas très éloignés d'Anvers : ils ont senti cette détérioration plus fortement et plus tôt que les ouvriers du textile d'un certain nombre de villes allemandes 2 . O r ces chantiers ont connu quatre grandes phases : 1175-1213, 1263-1437, 1483-1519/29, et 1519-1550, pendant lesquelles les salaires ne perdirent que peu de leur pouvoir d'achat sauf pendant la dernière ; les mouvements des salaires croisent ceux des dépenses de la Baukasse *: en particulier dans la décennie 1550-59. Les dépenses diminuent alors fortement et la détérioration de l'ensemble des salaires à SaintVictor est très violente 4 . Il serait évidemment vain de vouloir trouver des raisons pour une reprise importante du travail et des salaires à Saint-Victor, où l'église elle-même est terminée dès 1519 environ 5 . Les dépenses de la Bcaïkasse diminuaient et, deux décennies plus tard, les salaires perdirent énormément de leur pouvoir d'achat, sans connaître les compensations (le freinage) qui existèrent pour les travailleurs du textile. Pendant le xvn® siècle, le manœuvre travaillant à Saint-Victor ne vit pas le pouvoir d'achat de son salaire s'améliorer, au contraire des autres travailleurs spécialisés Les chantiers constituaient un véritable « job cluster » et le comportement des salaires y était nettement déterminé par les conditions locales, allant jusqu'à contredire les mouvements d'ensemble 7 . Ce qui nous importe ici est cependant d'avoir un début d'explication de ces mouvements. Avec le « développement économique », avec la création de structures nouvelles des salaires comme de l'ensemble de l'économie, le surplus de travail fait baisser le niveau général des salaires et de nouveaux problèmes surgissent : sur le niveau des salaires, sur la politique salariale, et les exigences d'ordre économique, sur le rôle des organisations ouvrières, etc. Auparavant, le départ, est donné par une phase de « payements selon les résultats » (payment by results) 8 qui permet des salaires élevés. La théorie est, à ce sujet, la rationalisation de l'expérience historique La situation actuelle des pays sous-développés est de ce type, et ce n'est que très compréhensible puisque, en général, on ne peut pas dire 1. Cf. Stephen BEISSEL, Geldwert und Arbeitslohn im Mittelalter. 2. Prix de vente et prix de revient, 10E série, p p . 188 et s. 3. Stephen BEISSEL, œuvr. cit., p. 1 8 9 - 1 9 0 , p. 2 - 5 , p. 7 et pp. 1 8 3 - 1 8 5 . 4. Idem, ibidem, pp. 1 8 3 - 1 8 5 . 5. Idem, ibidem, pp. 1 8 9 - 1 9 0 . 6 . Idem, ibidem, pp. 1 6 2 - 1 6 5 , pp. 1 7 2 et s., 182 et s., en particulier, p. 1 8 5 . e 7. Cf. Prix de vente et prix de revient, 10 série, p. 188 et s. Cf. aussi P . M A N T E L L I E R , atwr. cit. 8. Cf. H . A . TURNER, Wage trends, wage policies, and collective bargaining: the probUms for
underdeveloped countries, University of Cambridge, 1965, p. 11. 9. Idem, ibidem, p. n .
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qu'ils soient en développement l . Malgré tout, il ne semble donc pas surprenant que les salaires ne suivent pas les prix mais qu'ils les précèdent 2 . D'ailleurs, les salaires des pays « sous-développés » ont tendance à augmenter « comme ceux des pays industrialisés » — il en est de même de la consommation — et voici une conséquence des fortes structures externes du salaire, structures internationales et qui passent même des pays de système capitaliste aux pays de système socialiste ou aux pays du tiers monde 3 . Des influences de ce type ont joué historiquement et marqué les mouvements locaux et les structures internes des salaires. Ceci nous intéresse particulièrement, puisque l'un des résultats de ces transmissions de tendances est probablement l'oscillation de la part des salaires dans le revenu national — parfois une montée inattendue, malgré la stabilité relative du salariat, comme cela semble se passer pour quelques pays africains 4 . Mais ici, les « statistiques » autant que les sources d'avant l'ère statistique en histoire, ne sont comparables qu'après leur critique minutieuse. Également l'Amérique du Sud donnerait une preuve dans le même sens, puisque la part des salaires, traitements et « bénéfices voisins », se maintient constante, malgré la stabilité de la main-d'œuvre employée, pour une population qui monte, et malgré la chute du revenu ouvrier (notamment en Argentine) 5. Alors que les bénéfices devancent les salaires, en conséquence de l'inflation ou d'un autre fait, ils échappent proportionnellement aux catégories statistiques, et le calcul des revenus exprimés en monnaie courante, même en monnaie nationale, appauvrie, manifeste une part relativement stable du salaire. Les mouvements de « hot money » contribuent ainsi à la fois, à garder la constance de la part du salaire et à donner de la force à la transmission des structures externes des salaires. Revenant sur l'ensemble de ces considérations sur la dynamique des salaires, retenons qu'il est indispensable de distinguer des phases ou des situations de l'économie : 1. 2. 3. 4.
sous-développement (underdeveloped économies), non-développement (undeveloped économies), développement (developing countries), croissance (economic growth).
Dans le premier cas qui est celui de la stagnation, les mouvements 1. Idem, ibidem, p. 12. 2. I d e m , ibidem, p. 12. 3. Pays dominés, ou pays disponibles, en quelque sorte. 4 . H . A . T u r n e r , OUVT. cit., p. 14. 5. Idem, ibidem, p. 14.
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se compensent, les salaires sont inexistants ou sans projection réelle sur l'économie Dans le deuxième cas, il se fait sentir l'influence, tout au moins, des structures externes. Les salaires ont tendance à monter, c'est la situation médiévale, celle de la Castille au X V I siècle et des pays « non développés » mais qui vivent dans l'orbite du capitalisme : ici comme là, on fixe des salaires maxima 2 . La distribution topique est celle du Congo-Léopoldvilie (1959) ou de la R A U (1962) s , celle de certains pays de l'Amérique du Sud aussi, comme le Venezuela 4 . Aux économistes échappe, naturellement, l'explication de l'ouverture des fréquences, les salaires se distribuant sur un champ très vaste, dans des classes très différentes qui « ne se justifient pas » 5 . Dans le troisième cas, celui des pays en voie de développement (en existe-t-il actuellement ?) le problème de la variabilité des salaires est encore important, mais ce qui compte alors ce sont les transformations dans les « job clusters », transformations d'ordre à la fois technologique, administratif et social, comme nous l'avons dit. Ces transformations sont extrêmement complexes. L'histoire européenne, entre le xm e et le xix e siècle, pose des questions et apporte des matériaux qui permettent de leur répondre, aux prix d'une analyse critique rigoureuse et de très vastes et longues enquêtes. La dernière des quatre phases énoncées, est celle des tarifs minima, des relations entre chômage et politique des salaires, des « négociations collectives » 6 , et de l'action des organisations ouvrières La science historique est seule à même de procéder à l'étude de l'ensemble de ces questions : c'est surtout à l'historien de distinguer entre « developing countries » et économies en croissance, et de clarifier les problèmes particuliers, parfois identiques, coexistant, avons-nous dit, sur un fond contigu mais hétérogène 8. E
1. Cf. encore J . B. CLARK, « De l'influence de la terre sur le taux des salaires », P- 256-572. C f . H . A . TURNER, ibidem, p.
15.
3. Idem, ibidem, p. 15-16. 4. Idem, ibidem, p. 26, et par exemple, D . F. MAZA ZAVALLA, Problemas del Disamilo economico de Venezuela. 5. Idem, ibidem, p. 22. 6. H . A . TURNER, œuvre, cit., p. 3 4 .
7. Cf. par exemple, E. H. PHELPS BROWN, The growth of British industriai relations, Londres, 1960, et la bibliographie, cf. aussi A. TIANO, L'action syndicale ouvrière et la théorie économique du salaire, Paris, 1958, etc. 8. Cf. ci-dessus. — L'anachronisme, le danger de l'anachronisme prend des contours nouveaux et une importance qu'il faudra bien définir.
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Un début d'explication à la constance de la part des salaires, dans le cas d ' « undeveloped économies », réside dans le retrait d'une fraction du capital, car ses détenteurs n'acceptent de l'exprimer en monnaie courante, nationale, que pour augmenter leurs profits à travers ce que nous appelons le « change vertical » dans le but d'agrandir leurs avoirs en devises, c'est-à-dire d'acquérir les devises que peuvent valoir les revenus des salariés. Dans ce cas précis, l'expression « change vertical » traduit de certaine manière la demande de « liquidité », soit, la « conduite envers le risque » a . Voici donc une cause possible de changements dans le revenu national, à ajouter à celles auxquelles on pouvait songer au premier abord : augmentation ou diminution de la demande des biens et des services, ou de la quantité de monnaie en circulation. Différents genres de phénomènes peuvent donc faire augmenter ou diminuer le revenu national. On a même étudié avec précision le sens possible de leur influence. Jerome L. Stein 3 a défini trois séries de perturbations exogènes qui peuvent produire des changements : perturbations « réelles », « monétaires » et de « liquidité ». Les premières consistent dans des variations de la consommation, de l'investissement, de la politique fiscale ou des dépenses de l'Etat 4 . Les perturbations « monétaires » consistent en des changements de la quantité de monnaie (« monétaires » proprement dites), ou de la quantité de monnaie demandée pour des fins spéculatives (préférence pour la « liquidité »). Qu'il suffise de résumer les résultats présentés par Jerome L. Stein : CHANGEMENTS PERTURBATIONS
Réelles Monétaires Liquidité
Revenu
Intérêt
Vitesse
+ + +
+
+
—
—
—~
+
1. Qu'il nous soit permis de renvoyer à notre ouvrage Les Foires des changes (à paraître). 2. Cf. James Tobin, "Liquidity preference as behaviour toward risk", Review of economic studies, 1958, n° 67. 3. Jerome L. S t e i n , "A method of identifying disturbances which produce changes in money National income", Journal of Political Economy, i960, t. 68, p. 1-16. 4. Idem, ibidem, p. 1 et s. et Duncan M. M c D o u g a l l , Thomas E. D e r n b u r g , Macro-economics, 2 e éd., 1963, p. 128.
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O n voit quelle utilisation on peut faire de ce tableau et quelles vérifications, quels prolongements, l'histoire offre ainsi à la recherche économique. Si pour des périodes précédant le xix e siècle, nous mesurons la production par la consommation, celle-là sera fonction de la population : elle aura donc augmenté, en gros, jusqu'au milieu ou jusqu'au troisième quart du XVIe siècle, diminué ou piétiné pendant le X V I I e , pour reprendre son ascension au X V I I I e . En termes très généraux aussi, la vitesse de circulation de la monnaie aura augmenté jusqu'au début du X V I I e siècle; ensuite, la « préférence pour la liquidité » aura relayé ce mouvement. Déjà au X V I e siècle, pour certaines régions au début de ce siècle, dans d'autres à sa fin, comme au début du X V I I e siècle, la spéculation neutralisa de possibles augmentations de la vitesse de circulation, alors que le taux d'intérêt manifestait une tendance à baisser. Insérés dans ce cadre, les mouvements successifs, de relance marchande, de déflation, de spéculation, se comprennent mieux et s'expliquent entièrement et ensemble. Les recherches accomplies par les historiens n'offrent pas la démonstration, mais les bribes de démonstration ont déjà une importance indiscutable. Carlo M. Cipolla 1 a, par exemple, attiré l'attention des historiens sur la diminution du taux d'intérêt à Gênes à partir de 1570-85. Les époques de déflation ou de spéculation s'étendent entre les velléités de développement économique, brutales, anachroniques, trop fortement demandées par la poussée démographique, trop mollement consenties par des institutions toutes inefficaces à l'exception des cadres locaux, corporatifs, particularistes, entre le grand espoir que le XVIe siècle fit naître parmi les paysans invités à commercialiser leur production, à la spécialiser, condamnés à louer leurs bras et à être exigeants, conduits à se soulever ou à accepter la ruine, la protection seigneuriale, entre ce xvi e siècle contradictoire, moderne et sans avenir, et le X V I I I e , alors que sont finalement réunies les conditions pour l'élargissement de la production, dans certaines régions du moins 2. Les grandes phases de prospérité : de la fin du XIVe siècle au début du xvi e (ou à son milieu) et à partir du début du xix e , semblent bien comporter au contraire, de hauts taux d'intérêt, et avoir donc été précédées par leur montée (XIV e et xvni e siècles) 3 et par l'accélération 1. Carlo M. CIPOLLA, « Note sulla storia del saggio d'interesse », Economia Internazionale, 1952, vol. V , n° 2. 2. Cf. notamment, du point de vue bancaire, L. S. PRESSNELL, Country banking in the Industriai Revolution, Londres, 1956. 3. C f . n o t a m m e n t H .
PHELPS BROWN, S h e i l a V . HOPKINS, " S e v e n C e n t u r i e s
building wages", Essays in économie history, 1962, p. 186. Cf. L. R. G. HAWTREY, A p. 13 et s., 16 et s., 23 et s., 215-216, et rates. Rutgers Univ., 1963, p. 152 et s.,
of
vol. 2, éd. E. M. CAR us-WILSON, Ix>ndres, ceniury of Bank rate, 2 e éd., Londres, 1962, aussi Sidney HOMER, A history of interest 158, 193.
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de la vitesse de circulation de la monnaie. Qui plus est, les salaires augmentèrent également jusqu'au X V I e siècle (dans certaines régions, encore pendant la première moitié de ce siècle), et après le xvin®. Aussi sommes-nous amenés à admettre que le revenu a pu ne cesser d'augmenter, dans le long terme, que les ajustements successifs ont pu corriger l'accélération de la circulation de la monnaie 1 , soit par la spéculation (ainsi en Castille pendant la première moitié du X V I e siècle), soit par la déflation (Anvers, la France, par exemple, et l'Europe au XVIII e ) a . Au xix e siècle, le taux d'intérêt baissa et ce fut ou bien la vitesse de circulation qui diminua (certaines places devinrent de grands réservoirs d'argent qui dort), ou bien la spéculation qui se redécouvrit de nouvelles raisons de risquer 3 . Ces commentaires semblent ne pouvoir résister à des traits apparemment indiscutables : l'augmentation de la part des salaires peut-elle faire de doute? Très récemment un des plus illustres spécialistes de statistique historique et d'histoire économique, a indiqué * sommairement que dans une économie sous-développée et peu différenciée, la part des salaires peut ne pas dépasser aujourd'hui 10 % du revenu, qu'en Grande-Bretagne, au temps de Gregory King (début du XVIII e siècle), elle atteignait « déjà », environ 33 %, qu'après 1750, elle dépassait sûrement ce pourcentage, et se situe aujourd'hui autour de 66 % . Mais, des chiffres de ce genre sont-ils vraiment significatifs, et surtout sont-ils comparables? Que comparons-nous ainsi, chronologiquement? Les difficultés de ces évaluations résident en grande partie, dans la forme même du calcul du revenu 5 ou des salaires, et de leur définition 1. Ou que l'ensemble des variables considérées gardent les relations précédentes, comme si, als ob, il en était ainsi. 2. Cf. par exemple, F. C. SPOONER, Economie mondiale et frappes monétaires, p. 9192 et s., et J . G. DA SILVA, Les Foires des changes (à paraître). 3. Cf. Jean BOUVIER, Le Crédit Lyonnais de 1863 à 188s, Paris, 1961 ; cf. Léonidas J . LOUTCHITCH, Des variations du taux d'intérêt en France de 1800 à nos jours, Paris, 1930, p. 51 et s., 98 et s.; ainsi que R. G. HAWTREY, A century of Bank rate, 2 E éd., Londres, 1962, p. 225 (1825-1866) et p. 228-229 (1887-88), Sidney HOMER, auvr. cit., p. 182, 193, 207 et s. et 2 1 1 et s., et L. S. PRESSNELL, otuvr. cit., p. 4 1 4
et 557-
4. Phyllis DEANE, The first Industrial Révolution, Cambridge University Press, 1965, p. 16. 5. Sujet de recherches et de discussions qu'il ne peut être question de présenter ici. 6. En Castille, au xvi e siècle (vers 1570), le revenu annuel des salariés (surtout des paysans qui doivent chercher un complément de revenu par le salaire ou autrement) y compris les payements aux armées, dépasserait 25 % du revenu national estimé (y compris toutes les dépenses de l'État, et exclu, naturellement, la valeur de l'autoconsommation). Il s'agit de premiers tâtonnements et il faudra poursuivre
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En vérité, peut-être y aura-t-il intérêt à définir des formes diverses de calculer le revenu national et la part des salaires, avant de procéder à des comparaisons. Ces calculs devront tenir compte des civilisations, des technologies, des institutions, en un mot, de la structure de la force de travail, du marché du travail et du salaire. Gela demande la collaboration entre économistes, sociologues, anthropologues et historiens. Au demeurant, toute comparaison soi-disant historique, c'est-à-dire, dans le temps, est arbitraire, toute interprétation descriptive est sans portée. Sans l'appui total d'une histoire qui doit changer de peau et d'habitudes, la théorie et l'interprétation économiques suivent des indices peu valables. Par exemple, ne pense-t-on pas de l'économie américaine, que certaines de ses apparences sont peu concluantes, notamment, celle d'une « forte » dotation en capital 1 ? « Tout se passe comme s'il y avait, aux États-Unis, trois fois plus de travailleurs, donc « beaucoup », et non « peu », de main-d'œuvre par rapport au capital » 2 . Il est vrai qu'on a essayé d'expliquer autrement le « paradoxe de Leontief » 3, à savoir, « la rareté du capital s'accompagnera... d'investissements peu importants et de l'adoption de coefficients d'immobilisation faibles, corrélatifs d'un rapport capital/produit généralement élevé. L'abondance de capitaux, au contraire, permettra de recourir à des procédés exigeant un fort coefficient d'immobilisation, procédés à longs détours de production mais à productivité élevée, incorporant peu de capital dans chaque unité produite ». Constater que le « coefficient capital/main-d'œuvre (soit) plus faible » dans les économies sousdéveloppées » que dans les industrialisées, c'est admettre que par l'adoption de techniques moins « capitalistes », l'emploi compense l'investissement, comme « des expériences récentes, conduites en Chine notamment le montrent » 4. Loin de nous l'idée de développer ici les implications extraordinairement importantes de ces constatations 8. Elles gagnent à être comparées à des démonstrations anciennes : à savoir que « lorsqu'on augmentait le volume de l'emploi d'une certaine quantité (emploi
la discussion des concepts et reprendre l'ensemble des estimations sous des perspectives différentes. 1. Cf. J. MOULY, « Note sur les coefficients de capital et le sous-développement », Economie appliquée, 1963, t. X V I , n° 3, p. 46a. 2. Idem, ibidem, p. 462. 3. Cf. Stanley LEBERGOTT, Manpoiver M economic growth, cit., p. 218, et aussi J. MOULY, mtvr. cit., pp. 462 et s. 4. J. MOULY, eeuvr. cit., p. 466-67. 5. Nous le ferons dans un ouvrage en préparation.
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primaire) dans les industries de biens capitaux, l'emploi total se trouvait accru d'une quantité qui était plusieurs fois supérieure » 1. En réalité il semble que l'accroissement de l'emploi primaire puisse suppléer au défaut des biens capitaux 2, plutôt qu'augmenter le volume de l'emploi total. Il y a donc bien « consommation » de « l'emploi primaire », autrement dit, les biens capitaux se nourrissent du surcroît de revenu imparti aux salariés. Il est vrai que cette « consommation d'emploi » par le capital, peut faire augmenter l'épargne libre aussi bien que l'épargne investie, et c'est le cas aujourd'hui surtout dans le tiers-monde, et par le passé, pour la Castille notamment s . Toujours est-il que pendant les périodes de baisse du taux d'intérêt, la déflation ou la spéculation, tout en justifiant l'augmentation du revenu
national, l'ont conciliée
avec la
baisse des salaires
réels
Nous voici donc devant des situations dont l'étude contribuera à voir plus clairement des problèmes actuels : notamment l'état d'aussi vastes zones du monde que l'Amérique du Sud et l'Afrique s . *
*
*
Toutefois, il serait vain de vouloir comparer trop rapidement le comportement de ces différentes variables, des chiffres successifs. Au contraire, leur comparaison exige de longues recherches, pour la récolte des matériaux ainsi que pour leur critique et leur utilisation même. D'un point de vue, la récolte et la discussion des prix réels, ces recherches avancèrent beaucoup ces dernières années. Le problème se pose plus difficilement de procéder à l'évaluation de la production et des profits. La plus sûre garantie que peuvent connaître ces recherches vient de l'utilisation de différentes méthodes, dans la création, au gré des documentations, de successives formes d'approche, produisant des résultats qu'on comparera. Avant le xvm e siècle, la production agricole peut être évaluée, en général, en fonction de la consommation 8 . Cependant, il reste que si un niveau moyen de la 1. Cf. Alain B A R R È R E , « Théories keynésiennes », dans Dictionnaire des sciences économiques, Paris, 1958, II, p. 652 : ce sont les démonstrations de K a h n . 2. « Les instruments de production, dans lesquels le capital se trouve immobilisé », distingués « d u capital proprement dit, lequel se caractérise p a r sa mobilité et sa fluidité ». Cf. J . B. C L A R K , ceuvr. cit., et Dictionnaire cit., I, p. 1 5 4 . 3. Cf. ci-dessus note 1, p. 664 et note 6, p. 642. 4- Cf. H . A . T U R N E R , Wage ¡rends, wage policiis, cit., et ci-dessus. 5 . H . A . T U R N E R , ceuvr. cit., pp. 12 et s., pp. 1 7 et s., etc. 6. Cf. J . F O U R A S T I É , « Analyse critique du calcul de la production de céréales en France de 1700 à 1800 », dans Prix de vente et prix de revient, 12e série, en particulier, p. 3 5 - 3 6 . Cf. des essais de ce genre et les corrections de différents types opérés dans J . G. DA S ILVA, AU Portugal : structure démographique et développement économique, Milan, 1962, et En Espagne : développement économique, subsistance, déclin, Paris, 1966.
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c o n s o m m a t i o n arbitrée, évaluée p o u r une époque, peut être ainsi défini, nécessairement échappera à ces évaluations toute création d e richesses a u bénéfice des possédants, des privilégiés, des détenteurs d u pouvoir, de leurs serviteurs et de l a production non-agricole confondue avec celle-là. I l devient alors indispensable d'avoir recours à l'addition de parcelles m a l définies mais qui, de toute évidence, interviennent dans la formation d u revenu national, soit p a r la considération de relations topiques, soit p a r la pondération d'autres facteurs connus et q u ' o n p e u t insérer dans l'ensemble, sans bien parvenir à les préciser. D u chiffre calculé pour le revenu-consommation qui est l'addition des productions de l'ensemble des ménages, on passe ainsi au chiffre évalué pour le revenu national, qui est le produit global des activités des secteurs : u n pas aura été fait vers l'approximation de plus en plus satisfaisante, non tant des niveaux de vie q u e des conditions économiques en général. C o m m e la production, toute une série d'autres variables, ont à être travaillées. Et c'est par l à que j e voudrais terminer cet exposé trop sommaire et trop rapide, mais assez long. En conclusion de cette révision de la question historique de la part des salaires dans le revenu national, j e voudrais surtout marquer très fortement certaines lignes que nous n'avons pas dégagées sûrement avec toute l a force souhaitable, et qui sont essentielles. J'aurais voulu affirmer l'importance des conditions suivantes pour une recherche historique efficace, indispensable de nos j o u r s : a) une méthode q u i consiste à définir les variables de base avant de les a c c o m p a g n e r (les charger) de toutes les qualités accessoires, de toutes les distorsions possibles dans le temps, de toutes les particularités q u i maquillent leur physionomie, b) considérer les relations élémentaires entre ces variables, en utilisant autant q u e possible les techniques des sciences économiques et sociales, en courant les risques que justifie la recherche de résultats valables et utiles, c) concevoir, au départ, un système très simple, dans lequel on puisse observer les effets des éléments choisis, sur les variables ou les relations en cause, d) insérer dans ce système les matériaux historiques (ou les bribes de matériaux) (car ce n'est qu'après leur possible discussion sur la base d'un système cohérent que leur récolte elle-même devient efficace), e) mettre en expérience le fonctionnement du système, pour contribuer à comprendre les phénomènes sociaux, historiquement Nous ne prétendons pas être allés si loin dans l'exposé q u e nous 1. Cf. encore, C.P. Kindleberger, Economie growth in France and Britain, Harvard,
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JOSÉ GENTIL DA SILVA
avions à faire sur la part des salaires dans le revenu national. Cela aurait été impossible, faute d'avoir entièrement défini la méthode, de posséder les éléments indispensables et assez de temps pour les discuter. De telles précautions, de telles explications, auraient été nécessaires, que non seulement nos possibilités seraient dépassées, mais une grande partie de nos considérations et de nos constatations auraient été déplacées. Il nous importait simplement de montrer comment une question historique t r è s importante peut sembler, ou risquer d'être prise pour un faux problème, lorsqu'elle est envisagée exclusivement dans la perspective chronologique, selon l'alternance ou la continuité de situations s'enchaînant dans une chronique. La question historique de la part des salaires est très importante parce qu'elle est actuelle et j e v e u x dire e x a c t e m e n t
q u ' e l l e est a p p e l é e
à avoir une
profonde
répercussion dans l'avenir économique et social. L'étude de cette question importante n'aboutit et ne devient efficace qu'à condition d'être attentive aux structures : du salaire, des revenus, des prix, de la production, du capital, de la monnaie, etc. Dans ces termes, elle dépasse largement les moyens des chercheurs isolés : isoler les chercheurs est aujourd'hui un crime contre la science, et le devoir de chaque chercheur est précisément de le proclamer, et de le démontrer. Car non seulement les chercheurs doivent participer à des travaux d'ensemble, mais tous les travaux sont solidaires. Il n'est pas dans la recherche scientifique de chantier privilégié. L'histoire en donne la preuve, car l'expérience historique cimente toute activité humaine. Ce cas particulier, la part des salaires, est un vaste chantier.
1964, p. 325 : " A general theory of growth must be a theory of coefficients of substitution among ingredients in the growth process", et les pages qui suivent. 1. Traiter historiquement la question de la part des salaires c'est rien de moins qu'analyser, grâce à des méthodes nouvelles à créer, utilisant parfois des techniques des sciences apparentées à l'histoire, et sous une perspective à définir, l'ensemble des problèmes de la production et de la répartition d u revenu, exigeant une vision des phénomènes « réels » et des phénomènes « monétaires ». Plus qu'un sujet de recherche, il s'agit là de ce dont l'histoire manque le plus : à savoir, un chantier qu'il est indispensable d'organiser.
R E M A R Q U E S SUR LES PRIX DES CÉRÉALES E T LA
PRODUCTIVITÉ
DU TRAVAIL AGRICOLE EN DU XVE AU XXE
SALARIAUX EUROPE
SIECLE
par Jean FOURASTIÉ et René GRANDAMY (Paris)
Les prix réels, appelés aussi prix salariaux, c'est-à-dire le rapport des prix monétaires courants aux salaires monétaires courants sont, en longue période, des indicateurs de la productivité-limite du travail de production, c'est-à-dire de la productivité moyenne, également en longue période, obtenue sur les terres les plus ingrates et les moins efficacement cultivées dans le pays et à l'époque considérés. Le présent texte a pour objet de décrire les résultats de diverses investigations entreprises dans ce domaine. Ces résultats sont quelque peu surprenants en ce qu'ils font apparaître non pas, comme on pourrait s'y attendre, un accroissement lent ou au moins une stabilité de la productivité du travail au cours des XVE et XVIE siècles, mais une forte régression; ce n'est qu'ensuite, du XVIIE à la fin du XVIIIE, que l'on trouve la stabilité, à des niveaux voisins de ceux qui imposent la stagnation démographique. Le prix réel étant, en effet, inverse du pouvoir d'achat des salaires, il est clair que la forte augmentation des prix réels enregistrée aux XVE et XVIE siècles entraîne une forte diminution du niveau de vie de la masse du peuple; ce niveau de vie tombe au XVIIE et au début du xvm e à des taux voisins du minimum physiologique.
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JEAN FOURASTIÉ ET RENÉ GRANDAMY
Ces observations en viennent ainsi à mettre en cause toute l'histoire économique de ces quatre siècles en Europe ; par exemple, elles corroborent les hypothèses audacieuses et négligées de Gustav Schmoller et Wilhelm Abel; elles jettent également une lumière inattendue sur la hausse générale des prix consécutive à la découverte de l'Amérique et, par conséquent, sur ce que l'on désigne encore sous le titre de « théorie quantitative de la monnaie ». Rappelons en quelques mots que le prix réel du quintal de blé exprimé en travail de manœuvre est aujourd'hui en France de l'ordre de 17 salaires horaires; en Allemagne fédérale, de 25 s.h.; aux États-Unis, de 8. Ceci implique que le quintal de blé soit produit en France, sur les plus mauvaises terres en culture, avec environ 17 heures de travail d'équivalent manœuvre. Il s'agit là évidemment du travail total, direct et indirect, comprenant donc la culture proprement dite, y compris la fraction consommée des machines et des autres investissements, mais aussi celui qui est nécessaire à la production des matières consommées (semences, engrais, essence, etc.). Depuis longtemps, nous savons que cette productivité de 17 heures de travail pour un quintal de blé s'oppose à celle de 200 heures par quintal que donne le calcul pour les xvn e et xvm e siècles. Les moyennes de longue période, par exemple les moyennes mobiles de 25 ans, ne donnent pas de différences sensibles pendant tout le cours des deux cents ans qui vont des alentours de 1600 aux alentours de 1800. Il faut donc noter que la réduction progressive des famines après 1709 n'a pas amélioré les moyennes de longue durée ; à la fin du XVIIIe siècle, les écarts à la moyenne sont très inférieurs à ceux qui étaient observés au début du siècle, mais la moyenne même reste fixe. En termes de productivité, ces faits peuvent être exprimés comme suit : la productivité du travail marginal est restée la même des alentours de 1600, aux alentours de 1800, mais au début de la période et jusque vers 1720, les écarts annuels étaient nettement plus grands qu'à la fin de la période Ces résultats généraux se retrouvent en Allemagne, d'après les travaux de M. Georg Philippi, sur les prix du seigle 2. Les prix réels du seigle auraient été, d'après ces travaux, de 1600 à 1820, de l'ordre du décuple (moyenne de longue période) des prix des années 1950. Le parallélisme des prix courants du blé et du seigle étant à peu près parfait, ces résultats valent pour toutes les céréales usuelles en Allemagne (blé, seigle, orge, avoine) et avec une approximation plus grossière pour le sarrasin. En cette étape de nos investigations, l'on pouvait penser que les 1. C f . J . FOURASTIÉ, Prix de vente et prix de revient, 12 e série, p. 41 s. a. C f . J . FOURASTIÉ, op. cit., 12 e série, p. 41 s.
J E A N FOURASTIÉ E T R E N É
GRANDAMY
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siècles antérieurs au X V I I e fourniraient des chiffres analogues : les techniques de production n'évoluant qu'avec une extrême lenteur, l'on pouvait admettre que la productivité devait être, en moyenne de 25 à 30 années, à peu près fixe (25 ans étant une durée assez longue pour éliminer l'influence des variations climatiques et même les accidents tenant aux événements politiques militaires et sanitaires). Si la productivité était fixe, les prix réels devaient l'être également. Ces hypothèses furent confirmées par nos premières recherches sur les xv« et X V I e siècles. En effet, M. G. Philippi donnait aussi des indices des prix du seigle et des salaires pour l'Allemagne du X V I e siècle : l'indice séculaire 1500-1599 des prix réels s'établit à 1 1 5 9 pour 1950 = 100 1 . De même, en utilisant, avec un esprit critique aussi aiguisé que possible, les plus sûrs des chiffres fournis par d'Avenel et par Hauser, nous avions trouvé, à Grenoble et à Paris, pour la période 1501-1555, des prix réels de froment du même ordre de grandeur (200 s.h. le quintal) que ceux des X V I I e et XVIII e siècles 2 . Enfin, les données fournies par M. E. Scholliers dans sa thèse en langue flamande, conduisirent à des résultats analogues puisque, en admettant une densité du froment de 70 kilogrammes pour 100 litres (ce qui paraît honorable pour l'époque), les calculs donnaient pour la décennie 1431-1440 à Anvers le prix réel de 195 s.h. de manœuvre; pour l'ensemble des 4 décennies seules connues pour le XVe siècle : 178 s.h.; et pour les 50 premières années du X V I e siècle : 185 3 . Mais nos investigations ultérieures aboutirent à des chiffres d'un ordre de grandeur tout différent. En effet, les études et les calculs entrepris par M. René Grandamy à partir des prix et des salaires fournis par Hanauer pour l'Alsace, par Hamilton pour Valence et par Hoszowski pour Lwow, donnent des prix réels très faibles jusque vers 1560, et qui ne rejoignent l'ordre de grandeur de 200 qu'après 1580 4 . Le prix réel moyen décennal du froment double en effet de 1531-40 à 1561-70 à Strasbourg et s'accroît encore de 50 % de 1561-70 à 1581-90. Le prix réel séculaire moyen du XVe siècle est inférieur au tiers de la moyenne de 1600-1850! A Lwow, le mouvement est de même sens, plus ample encore, mais 1. Calculs de J . FOURASTIÉ à partir des données de G. Philippi, même référence que celle citée p. 648 L'année 1950 étant prise pour base 100, le calcul donne : 1500 — 1599 - 1 1 5 9 ; 1600 — 1699 = 9 1 1 ; 1 7 0 0 — 1 8 1 9 = = 4 9 0 ; 1900 — 1959 = 229.
1034; 1820 — 1899
2. Cf. J . FOURASTIÉ, Prix de vente et prix de revient, 12® série, p. 11. 3. Cf. J . FOURASTIÉ, Prix de vente et prix de revient, 1 i* série, p. 45 s. (calculs de René Grandamy). 4. Cf. J . FOURASTIÉ, op. cit., 13E série, Hypothèse sur l'évolution des prix réels de 7375 à 1875 p a r R e n é GRANDAMY (p. 4 à 56).
650
JEAN FOURASTIÉ ET RENÉ GRANDAMY
un peu moins brutal, en ce sens que la hausse s'étale sur 150 ans : de 1501-10 à 1651-60, les prix réels quadruplent! Enfin, à Valence, d'après les calculs qui ont été faits à l'aide des chiffres d'Hamilton, les mouvements sont moins amples, mais cependant atteignent l'ordre de grandeur du doublement en 130 ans, de 1501-20 à 1631-40. Ces chiffres rejoignent et confirment l'ordre de grandeur de 200 s.h. de manœuvre par quintal de froment aux XVII e et XVIII e siècles ; mais, ce qui est remarquable, c'est qu'ils présentent des ordres de grandeur très inférieurs pour le XVe (de la moitié au tiers). Par exemple, la moyenne résultant d'Hamilton pour le XVe siècle à Valence est de 68 à 82 s.h. pour un hectolitre de froment, ce qui donne un ordre de grandeur de 100 s.h. par quintal. A Strasbourg, d'après les chiffres de Hanauer, les prix sont plus faibles encore : de l'ordre de 75 s.h. le quintal de 1376 à 1400; 55 s.h. le quintal pour la moyenne du XVe siècle; 125 s.h. pour le xvi e . Les contrastes entre Anvers et Strasbourg sont mis en évidence par les rapprochements ci-dessous : Anvers Strasbourg Anvers Strasbourg
1431-50 1426-50 1481-1500 1476-1500
150 s.h. 70 s.h. 225 s.h. 58 s.h.
pour — — —
1 quintal 1 — 1 — 1 —
Ces fortes disparités s'expliquent mal entre deux villes point trop distantes et dans une région où les fleuves aident beaucoup aux transports. D'autres investigations nous ont révélé une longue période de prix réels très faibles à Orléans, en pleine guerre de Cent ans. Bien des problèmes sont posés par de tels calculs. Par exemple, les chiffres fournis par Hamilton, Hanauer et Hoszowski ne permettent pas de comprendre pourquoi la hausse des prix nominaux consécutive aux importations d'or et d'argent-métal ne s'est pas étendue aux salaires. En effet, le calcul des prix réels montre que le prix réel de l'argent exprimé en salaire horaire de journaliermanœuvre n'a nullement baissé du début du x v e à la fin du xvi e . Quant au prix réel du blé-froment et des autres céréales, il a été multiplié par 3 à Strasbourg, par 2 à Valence; quant à Lwow, la hausse se place entre 1550 et 1660, mais elle dépasse le décuplement. Ces chiffres impliquent un extraordinaire effondrement du niveau de vie des salariés. Euphorique (pour la millénaire humanité) avec des prix réels de l'ordre de 50 à 75 (c'est la situation de la France de 1924 à 1928), la situation devient dramatique avec des prix moyens de longue période de l'ordre de 200 (situation de la France de 1680
JEAN FOURASTTÉ ET RENÉ GRANDAMY
651
à 1725). Il est étrange de trouver pendant des dizaines d'années du XVe ou du xvi® siècle, à Strasbourg et à Valence des prix réels du froment inférieurs à 80, et souvent, pour Strasbourg, à 60, alors que pas une seule année de 1700 à 184g n'a donné, à Paris, moins de 106 1 . De tels résultats appellent des vérifications critiques et des réflexions générales. Les vérifications critiques doivent porter sur les relevés des mercuriales, sur les unités de mesure sur les calculs divers d'ajustement et de conversion. Notamment, les relevés de salaires appellent des soins particuliers; tous les historiens sont avertis des embûches qu'ils recèlent : qu'est-ce exactement qu'un salarié à ces époques; a-t-on pu correctement distinguer les salariés nourris des autres ? N'y a-t-il pas souvent des nourritures partielles, des avantages en nature de diverses sortes? Les salaires d'hiver, d'été, de grands travaux; la durée journalière du travail, les métiers et les qualifications; la situation sociale du travailleur, introduisent de grandes incertitudes. Nous ne cesserons pas de revoir nos chiffres à la lumière des critiques des historiens. Dans l'état actuel des choses, nous devons retenir que nous avons utilisé les travaux d'historiens reconnus comme valables par leurs pairs, et que nous avons choisi les chronologies les plus sûres et les plus homogènes sur longue période. Il serait donc étonnant que les erreurs puissent atteindre l'ordre de grandeur des mouvements de prix réels à expliquer, mouvements qui, on vient de le voir, sont de l'ordre de grandeur de 1 à 4 entre les moyennes de la période 1400-1450 et celles du X V I I e et du xvm e siècle. Ceci d'autant plus que c'est au cours de la période ancienne (14001450) que l'on aurait pu confondre le plus aisément les salaires d'ouvriers nourris (ou logés, ou protégés, etc.) avec des salaires d'ouvriers indépendants et non nourris. Or, si cette confusion a été faite, elle réduit le salaire monétaire : le prix réel s'en trouve augmenté. Or, c'est justement la faiblesse du prix réel qui est notre problème. Tout en poursuivant les vérifications statistiques, il est donc raisonnable que nous envisagions comme valables les ordres de grandeur de nos calculs de prix réel, et que, par suite, nous réfléchissions sur leur signification. Nos chiffres nous conduisent à penser que, dans plusieurs régions d'Europe, le prix réel du froment fut, au xv« siècle, quatre fois plus faible qu'il ne le devint dans toute l'Europe au xvn e et au xvin e siècle. Cette faiblesse du prix réel ne peut s'expliquer que par une haute 1. J.
F o u r a s t i é , op. cit.,
12• série, p.
53
s.
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productivité du travail marginal (car il est impossible que, durant de longues périodes, le salaire soit désolidarisé des prix de revient). Or, notre connaissance des techniques de production au cours de ces siècles est suffisante pour que nous soyons sûrs du fait que ce ne sont pas ces techniques qui peuvent rendre compte du phénomène. Sans doute, la productivité du travail a-t-elle pu régresser du xv* au XVIIIe siècle du fait de certains facteurs, tels que l'épuisement des terres, mais dans l'ensemble, c'est plutôt à un progrès que l'on peut penser. Une régression technique de quatre à un est exclue. Il ne reste donc que l'hypothèse de la régression du rendement des terres marginales, et plus généralement de la productivité du travail humain sur les terres marginales (c'est-à-dire, rappelons-le, sur les terres les moins aisées à exploiter et qui sont cependant exploitées). Mais cette hypothèse est fort vraisemblable : il suffit, pour qu'elle
soit une réalité, que les régions en question soient peu peuplées au xiv® siècle et le soient beaucoup au xvm e . Alors, les terres en culture ne sont au XIVe que de très bonnes terres, tandis qu'au XVIIIe, même de très mauvaises sont exploitées. C'est le schéma-type de la hausse des rentes et de la hausse des salaires réels en cas de croissance démographique l . Le phénomène serait donc lié à d'amples fluctuations démographiques. Productivité élevée entraîne prix réels bas et niveau de vie élevé, mais, à technique médiocre, exige densité de population faible. Au contraire, lorsque la population augmente, toujours à technique médiocre, l'étendue des cultures doit croître, la qualité des terres marginales baisse, la productivité marginale baisse, les rentes augmentent; le niveau de vie moyen baisse à mesure que monte le prix réel des aliments. C'est le processus que j'ai appelé « crises traditionnelles » 2. Nos calculs, s'ils ne sont pas erronés, et si les chiffres sur lesquels ils sont basés sont réellement significatifs, révéleraient donc, dans de larges régions d'Europe, une longue période de très faible densité démographique au XVe siècle, avec campagne peu cultivée, exploitations rares mais placées sur des terres faciles et fertiles, rentes faibles, niveau de vie moyen très élevé. Cette période d'euphorie se serait terminée vers la fin du XVIe siècle, par les crises de subsistance, conséquence d'une lente mais implacable croissance démographique. L'origine de cette faible densité démographique du XVe siècle pourrait être la peste noire, séquelle particulièrement dure de la précédente « crise traditionnelle ». M. René Grandamy qui travaille avec moi sur ce sujet depuis 1. Cf. J . F o u r a s t t é , Le Grand Espoir du XX• siècle, chapitre v. a. Ibidem, p. 221, et La civilisation de i f f j s , p. 71 sq.
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plusieurs années enrichit et précise ces hypothèses dans l'étude ciaprès. Il y développe une remarquable observation sur l'opposition des régimes d'abondance et des régimes de rareté.
Observation sur le caractère critique du prix de 100 salaires-horaires pour 1 quintal de blé L a première étude que nous avons faite sur les statistiques anciennes (Strasbourg, Valence et L w o w ) était entièrement fondée sur l'usage de moyennes, et nous n'avons pas caché notre préférence pour les moyennes de longue durée, englobant les résultats de 20, 25 ou même 30 années. Le gros avantage de ce procédé, c'est qu'il élimine les accidents fortuits et donne des courbes claires. Mais il peut prêter à la critique en ce sens qu'une moyenne, surtout si elle porte sur une période longue, synthétise des chiffres fort disparates : on connaît la terrible instabilité des cours anciens des céréales. O n pourrait craindre que les moyennes de longue durée ne reflètent finalement rien d'autre que la proportion des bonnes et des mauvaises récoltes; or, lorsque des chronologies sont incomplètes elles peuvent être, sans que nous le sachions, fortement gauchies par les unes ou par les autres. Il était donc utile de procéder, sur une période aussi longue que possible, à l'étude détaillée des prix réels annuels. Ce travail a fait apparaître une particularité économique tout à fait nette : — les oscillations du court terme se produisent dans deux zones parfaitement séparées, selon que Véconomie est, à long terme, dans une période de prix réels bas ou élevés. 1. L'observation a porté sur les cours annuels du froment (exprimés en prix réels), de 1400 à 1600, d'une part, de 1700 à 1950, d'autre part. Pour la première période, les chiffres ont été calculés à partir des données d'Hanauer et concernent la seule ville de Strasbourg. Pour la seconde période, nous avons simplement repris la série publiée dans une précédente brochure verte (12 e série, pp. 53 à 56). Les chiffres se rapportent à la France entière. Les deux courbes dressées à partir de ces chiffres sont présentées sur un seul graphique (logarithmique), qui comporte deux échelles de temps. Celles-ci sont disposées de manière à faire coïncider les deux années critiques, à savoir 1543 et 1883. Cette disposition a été adoptée en vue de rendre plus apparent le caractère à la fois anormal et symétrique des deux courbes. 2. Si l'on trace deux axes perpendiculaires situés l'un au niveau 100, l'autre au niveau des dates auxquelles ce niveau a été franchi
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JEAN FOURASTIÉ E T RENÉ GRANDAMY
(1543-1883), on remarque immédiatement que chacune des deux courbes occupe deux quadrants de la figure, opposés par le sommet. En dépit de la largeur sur laquelle les courbes s'étalent, les deux autres quadrants de la figure sont pratiquement vides. L a courbe la plus ancienne comporte de très rares exceptions, qui peuvent s'expliquer par la qualité médiocre des statistiques; mais la règle est tout à fait respectée par la courbe 1700-1950, qui est aussi la plus sûre. L'impression qui se dégage est que les cours ont une sorte de répugnance pour le niveau 100. Ils s'en approchent lentement, et le fuient dès qu'il a été dépassé. Il semble donc que, pour des raisons à déterminer, les prix ne puissent pas se fixer de manière stable au niveau correspondant à 100 salaires pour 1 quintal de blé : ils sont ou plus élevés, ou plus bas. 3. A v a n t d'envisager une explication, il paraît nécessaire d'énoncer
de manière précise les règles auxquelles, d'après les statistiques, les oscillations du prix réel du blé paraissent être soumises : a) Un niveau critique médian, qui n'est franchissable qu'à long terme, limite et sépare les deux zones de libre oscillation du court terme. b) Le niveau critique médian paraît fixé aux environs de 100 jfltór«-horaires pour 1 quintal de blé.
O n voit une explication possible à l'existence d'une zone médiane de prix impossibles : c'est que l'approche de ce niveau, dans un sens ou dans l'autre, déclenche un processus cumulatif qui entraîne le prix au-delà de l'obstacle. Il devrait s'agir d'un processus fonctionnant dans les deux sens, avec deux seuils qui pourraient être situés, par exemple, au niveau 80 et au niveau 120. O n pense à l'effet « de revenu » qu'ont observé plusieurs économistes, anglais notamment (Giffen, Hicks), effet que nous préférerions appeler « effet de rareté », ou de « rationnement ». Alors qu'en théorie classique, la hausse des prix réduit la demande, on observe que, dans certains cas, la hausse provoque un accroissement de la consommation. Lorsqu'un tel phénomène se produit, la théorie classique est en défaut, et le marché cesse de tendre à l'équilibre spontané. L a hausse s'entretient d'ellemême, ce qui est la caractéristique des processus cumulatifs : elle se poursuivra jusqu'au point où d'autres mécanismes régulateurs entreront en action. Si le phénomène est réversible, l'évolution en baisse présentera les mêmes caractères. Il est bien clair que les courbes de prix auront une silhouette analogue à celle que nous venons de rencontrer. L'intérêt de l'observation des économistes cités est qu'elle porte précisément sur les prix des denrées alimentaires de première néces-
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sité, telles que le blé ou les pommes de terre. L e phénomène résulte du fait que les hommes ont des besoins alimentaires de l'ordre de 2 5 0 0 à 3 000 calories par jour. S ' i l se produit une mauvaise récolte entraînant une hausse du prix de la nourriture de base, leur revenu habituel leur procurera une ration insuffisante. C e u x qui disposent d'une certaine aisance pourront rétablir l'équilibre en rognant sur leur dépense non-alimentaire. Les plus pauvres n'ont pas cette ressource : ils ne subsisteront q u ' à la condition de modifier leur régime alimentaire, en réduisant leurs achats d'aliments chers. L e minimum calorique sera rétabli par une consommation accrue d'aliments bon marché, c'est-à-dire, précisément, de blé ou de pommes de terre. Que le seuil critique se place aux alentours du prix de 100 salaireshoraires pour un quintal est fort vraisemblable, puisqu'à ce prix un journalier chef d'une famille de trois enfants ne peut, en travaillant 300 jours par an, et en affectant au pain toute la dépense alimentaire du ménage, obtenir que 1 , 1 kilogramme de pain par tête et par jour (2 600 calories) 1 . Il s'agit d'un phénomène extrêmement général : même actuellement, et dans les pays les plus riches, il doit exister des individus ou des familles pour lesquels il joue, mais il est devenu exceptionnel dans les pays développés et porte sur de faibles quantités, qu'une offre très élastique peut fournir aisément, sans retentissement sensible sur les cours. Dans les économies peu développées, disposant de stocks faibles, on conçoit que le phénomène pouvait, de proche en proche, s'étendre à une partie très importante de la population, et porter sur des quantités énormes, qu'une offre rigide était incapable de fournir. L e phénomène, d'autre part, est réversible. E n effet, tant par goût que par hygiène, les consommateurs n'attendent que la possibilité de substituer d'autres aliments aux céréales ou au pain. L a baisse du prix réel est cette possibilité et ainsi s'entretient d'elle-même à son tour. Pour expliquer l'anomalie de statistiques portant sur plusieurs siècles, nous avons besoin d'un phénomène très puissant. Il est manifeste que cette condition est remplie par l'effet de rareté : à la hausse des prix, il paraît devoir se poursuivre jusqu'au point où une partie imporlante de la population doit restreindre vraiment ses achats de nourriture de base, c'est-à-dire jusqu'à la famine, ouverte ou larvée; à la baisse des prix, il conduit à une large réduction des surfaces emblavées, c ' e s t - à - d i r e à la ruine d'un grand nombre de cultivateurs. Le verrouillage spéculatif, donc purement économique, pourrait 1. Cf. J .
FOURASTIÉ,
Machinisme et Bien-Être, éd. 1965, pp. 34 s.
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J E A N FOURASTIÉ E T RENÉ
GRANDAMY
bien être complété par un verrouillage technique, agissant sur l'offre. Le verrouillage technique résulte du fait que, dans une économie où le prix réel est bas, la loi des rendements décroissants ne s'applique pas de manière très rigoureuse, et une faible hausse de prix peut assurer une substantielle augmentation de la production. L'offre s'adapte facilement à la demande et le client est roi. Au contraire, si le prix réel est élevé, les exploitations marginales cultivent déjà des terres très pauvres. Il faut de difficiles défrichements pour augmenter encore la production totale. L'offre suit très difficilement la demande. * * *
Les conclusions de ces recherches ne peuvent être formulées qu'avec cet esprit q u e nous les avons présentées a u séminaire organisé par M . Fernand Braudel le 6 mai 1965. Mais, compte tenu des observations exprimées au cours de ce séminaire, il semble bien que l'on doive admettre que les salariés de nombreuses régions européennes ont bénéficié, pendant de longues périodes des XVe et xvi e siècles, de hauts niveaux de vie, contrastant fortement avec les famines et les épidémies d'autres siècles et d'autres régions, et contrastant notamment avec les bas niveaux de vie qui se sont généralisés à partir du début du X V I I e siècle et jusqu'au milieu du xix e . Des phénomènes démographiques de grande amplitude sont très probablement la cause de ces profonds contrastes et de ces profonds mouvements économiques. p r u d e n c e . C ' e s t dans
FISCALITÉ ET ÉCONOMIE : EXPÉRIENCES ET RAPPORTS DANS L'HISTOIRE par Aldo
DE M A D D A L E N A
(Université de Parme)
I Rapport général
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Permettez-moi, avant tout, d'exprimer mes remerciements les plus vifs à tous les collaborateurs de cette section, qui ont préparé, avec le plus grand soin, leurs communications (hélas si succinctes et sacrifiées, à cause des décisions prises par le Comité organisateur du Congrès pour des raisons exclusivement budgétaires) et qui m'ont facilité, en plusieurs occasions, avec leur amicale compréhension, la préparation de cette rencontre. Je m'excuse si parfois, sans le vouloir, je n'ai pas satisfait à l'attente de ceux qui ont collaboré avec moi. La joie de voir réunis ici beaucoup des amis, avec qui j'ai eu des rapports épistolaires pendant plusieurs mois, n'affaiblit pas, mais au contraire accentue, l'amertume causée par l'absence des représentants de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne. Je dois vraiment dire qu'un destin ennemi m'a poursuivi puisque, en dépit de mes efforts
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réitérés, je n'ai pas réussi à trouver d'historiens anglais et allemands, qui puissent présenter à ces « meetings » même une brève communication. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à MM. Koenigsberger, Barker, Supple, Liitge, Kellenbenz, Borchardt, Fischer et Hansmeyer, qui m'ont aidé pour que s'ouvre une des nombreuses portes auxquelles j'ai frappé. A cause de l'absence de rapporteurs anglais, nous n'avons pas malheureusement de contributions concernant des expériences financières et économiques de l'histoire britannique. Cependant je souhaite vivement que, parmi ceux qui m'écoutent, il se trouve un collègue qui veuille nous parler de quelques aspects de l'histoire économiquefinancière du Royaume-Uni. L'infructueuse recherche de rapporteurs allemands n'a pas imposé, au contraire, un silence absolu au sujet de l'histoire fiscale et économique de l'Allemagne, grâce à l'étude rédigée par M. Richard Tilly. Les nombreuses contributions et le peu de temps dont nous disposons m'obligent (comme d'ailleurs les responsables des autres sections du Congrès) à demander à tous les participants la plus grande concision dans leurs interventions. Puisque les résumés des communications ont été déjà distribués, je me permets de prier les rapporteurs de vouloir bien condenser les remarques, les explications qu'ils jugeront plus convenables pour rendre mieux compréhensibles les points essentiels et les plus significatifs de leurs essais. Il m'a paru convenable de répartir les communications dans les trois séances d'après un critère chronologique; tout au moins cela m'a paru le procédé le plus raisonnable, car je vise à un but bien précis : rendre profitable au maximum, dans les quelques heures qu'on nous à accordées, l'examen et le débat des problèmes mis sur le tapis. Des intégrations utiles au travail accompli pendant les trois réunions générales de section pourront être les « meetings » spéciaux, qui ont été déjà établis ou qui seront fixés par les participants intéressés à discuter des problèmes particuliers. Il ne me sera pas possible d'assister aux différentes séances particulières : je ne suis pas encore en odeur de sainteté, je n'ai pas le don d'ubiquité. Je saurai pourtant gré à tous ceux qui me transmettront les résultats de ces « meetings », afin que je puisse les mentionner dans les actes du Congrès. * * *
Mais venons finalement au sujet de nos travaux : Économie et Pas de doute qu'il s'agit d'un sujet très ample; il aurait été peut-être plus profitable, compte tenu des buts et de la durée d'un Congrès d'études, de délimiter chronologiquement, géographiquement ou systématiquement le sujet à approcher. Si l'on avait voulu
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décrire et commenter d'une façon complète, c'est-à-dire sans aucun hiatus, les rapports entre la phénoménologie économique et la phénoménologie financière dans l'évolution historique, la rédaction de « papers > aurait été extrêmement difficile, étant donné l'étendue de la période à examiner : quinze siècles environ, depuis le Haut Moyen Age. Seulement des équipes s'adonnant à des recherches sectorielles (au point de vue régional ou chronologique), après un travail intense de plusieurs années, auraient pu produire des résultats, qui répondraient aux propos contenus dans l'énonciation si abstraite et générale du thème proposé. Ayant donc écarté comme irréalisable, une solution pareille, il ne restait qu'à restreindre le domaine de nos enquêtes. Voilà pourquoi j'ai invité les collaborateurs de cette section à choisir librement des sujets qui permettent de faire ressortir des moments ou des aspects de l'histoire économique et de l'histoire financière des différents pays ayant un intérêt particulier. La liste des essais présentés ici témoigne de l'hétérogénéité £des problèmes traités. Ce qui ne manque pas d'avoir une importance considérable, car cette hétérogénéité représente, à côté du goût personnel des collaborateurs, une « échelle de valeurs » : je veux dire que nous y trouvons une documentation très significative sur des problèmes touchant à la phénoménologie économique et financière dans le cercle des différentes entités géo-politiques examinées. Et, même si cela n'est pas du tout facile, il est possible de retrouver un fil conducteur, qui unit et justifie en termes « généraux » les recherches individuelles sans doute fragmentaires. Je me hâte de faire une observation. Quelques-unes des contributions me semblent posées sur un piédestal assez monolithique : je veux dire qu'elles tendent à interpréter, avec subtilité, des expériences surtout financières, presque oubliant, ou seulement sous-entendant, la liaison entre les faits financiers et les faits économiques. Cette connexion par contre, eu égard au titre précis du sujet proposé, aurait dû représenter le clou, le pivot de l'enquête. Je suis sûr que les rapporteurs qui ont voulu traiter leur sujet d'une façon unilatérale sauront apporter des justifications valables et convaincantes du point de vue méthodologique et historique. Mais il est également certain que justement les difficultés pour parvenir à un traitement général du thème proposé et le caractère analytique, parfois monocorde, des communications sont une preuve irréfutable de la nécessité, sentie et signalée par le Comité promoteur de ce Congrès, de faire confluer finalement dans une voie unique les recherches d'histoire de l'économie et d'histoire des finances publiques, pour la plupart jusqu'ici décousues et indépendantes. Cette séparation trouve, à vrai dire, une probable et plausible explication, si l'on considère d'un côté l'intérêt que portent aux études d'histoire financière des
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savants sensibles, surtout, aux caractères institutionnels, juridiques, politiques et administratifs de l'activité fiscale et financière et de l'autre côté l'opiniâtre survivance d'une conception « neutraliste », au point de vue économique, de la politique fiscale et financière. Par contre, on a des preuves précieuses et suggestives que les conditions économiques et la politique financière s'influençaient réciproquement déjà dans les derniers siècles du Bas Moyen Age et au début de l'époque moderne et que ces rapports, présents à la conscience des hommes politiques, des administrateurs publics et des entrepreneurs en inspiraient l'action. C'est M. Pierluigi Spaggiari qui nous en parle, remontant à la longue période de la domination des Visconti et des Sforza sur la ville de Parme, du milieu du xrv« jusqu'à la fin du xv 6 siècle. M . Spaggiari, en soulignant le poids de la taxation directe et indirecte imposée aux citoyens de Parme, fait remarquer que l'activité des entrepreneurs locaux était délibérément freinée par les seigneurs de Milan, qui voulaient assurer un souffle plus profond aux industries lombardes et faciliter la conquête du marché émilien aux commerçants ambrosiens. D'autre part l'affectation d'une partie considérable des richesses localement prélevées à l'exécution d'importants travaux publics, notamment pour élargir et améliorer les réseaux routier et fluvial du territoire parmesan, se résolvait dans une efficace stimulation des activités économiques de la ville et maintenait très élevée la capacité contributive de la population. La politique fiscale des princes lombards était contradictoire : d'un côté elle révélait les soucis compréhensibles de ceux qui se promettaient une consolidation des structures de l'État et en même temps la réalisation d'une politique visant à agrandir méthodiquement le territoire et de l'autre côté elle reflète, même par des mesures fragmentaires et incohérentes, l'évaluation des liens existant entre le moment économique et le moment fiscal. Cette attitude, tout compte fait, répond à un principe qui, même en étant encore mal formulé, est déjà foncièrement mercantiliste. La formule mercantiliste, cela va sans dire, devient plus évidente dans la France de François I e r qui, dans le but de bâtir un grand État unitaire national, se sert surtout d'une réforme fiscale, qui puisse assurer au Trésor des recettes toujours plus considérables, pour être à même de supporter les croissantes dépenses militaires. D'après M. Martin Wolfe, les sévères changements apportés par le roi de France au système financier préexistant aboutissent, sans doute, à un grand succès politique qui, à son tour, se concrétise dans un agrandissement du territoire national et permet à la classe marchande de réaliser des profits considérables, grâce aux nouvelles possibilités opératives. Mais les mêmes marchands sont freinés dans leur activité par un véritable déluge de taxes, par un épais réseau de barrières
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douanières, par un système vexatoire de droits imposés sur les marchandises exportées. A u bout du compte, tout cela réduit les avantages issus de l'élargissement de l'aire commerciale. Il y a plus : la consolidation des privilèges accordés au clergé et à la noblesse, en rouvrant les portes aux instances féodales, accentue la mauvaise répartition de la richesse et aggrave les conditions du troisième état. Les prétentions qui se multiplient et la corruption des bureaux de l'administration financière (des phénomènes qui seront bien plus délétères dans d'autres pays à des époques successives) sont la cause, selon M . Wolfe, de l'augmentation du taux d'intérêt, d'une déviation de la richesse vers les secteurs improductifs, d'un assoupissement graduel de l'esprit d'entreprise. Le relatif rendement du système fiscal et le montant élevé des recettes poussent François I e r à éviter, délibérément, tout recours au financement des prêteurs privés. Ce qui d'un côté est adroit, mais de l'autre ne permet pas qu'en France se forme une classe de banquiers, qui puisse rivaliser avec les hommes d'affaires hollandais, allemands et italiens. Et, à une époque où le capitalisme commercial va se mettre définitivement en marche, va ouvrir une nouvelle phase de l'économie internationale, l'absence d'opérateurs français sur les marchés financiers représente, sans aucun doute, un élément négatif dans le développement de l'économie transalpine. M. Gian Luigi Basini a essayé de coordonner les différentes études italiennes concernant les finances des nombreux États de la Péninsule pendant les deux premiers siècles de l'époque moderne, dans le but d'apprécier les rapports entre la politique fiscale, la politique économique et la réalité socio-économique en évolution. La configuration géo-politique particulière de l'Italie donne lieu à une extrême variété de conditions économiques, sociales, culturelles, institutionnelles et administratives et, par conséquent, détermine une riche casuistique de conceptions et de solutions économiques et financières. En outre l'involution graduelle de l'économie et la restauration d'un climat féodal entre le XVI e et le XVIIe siècle se répercutent, naturellement, sur les décisions des autorités publiques et des opérateurs économiques pour ce qui concerne la mise en œuvre et la réalisation d'une politique économique générale (au sein de laquelle la politique financière joue un rôle très important) et d'une politique de marché qui semblent entre elles faiblement liées ou même, parfois, en conflit. O n est presque amené à reconnaître que, dans le duché de Mantoue, depuis le milieu du siècle jusqu'à 1587, Guillaume Gonzague essaie de greffer sur l'arbre mercantiliste quelque branche physiocratique, devançant de deux siècles les programmes de Quesnay. L'heureuse intuition qui guide Guillaume s'éteint malheureusement dans ses successeurs. Poussés par des ambitions sans frein et par un esprit insensé d'émulation ils perdent de vue l'équilibre qui, même dans un fumeux régime
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mercantiliste, doit toujours être garanti entre le flux des revenus et le flux des dépenses publiques, en d'autres termes entre la capacité contributive et la pression fiscale : de sorte que petit à petit ils amènent le pays au collapsus. C'est surtout au X V I I e siècle que le renversement des critères administratifs et des conditions économiques et sociales canalise l'expérience des Gonzague dans l'impasse qui tarit et engloutit les sources traditionnelles de la richesse italienne. Toute l'Italie, même — je le répète — dans la multiforme composition des données historiques, le long des deux premiers siècles de l'ère moderne glisse vers un engourdissement des structures économiques et sociales. Une grande partie du territoire de la Péninsule tombe sous la domination étrangère qui, à cause de la dispendieuse « politique de puissance » des grands souverains, se traduit en de lourdes charges fiscales pour les populations effrayées : et les peuples assujettis sont accablés aussi par les mesquines rivalités entre les classes sociales et entre les provinces, par la faiblesse et l'inconduite des administrateurs locaux, par l'injuste et parfois punitive distribution des charges. D'autres régions sont appauvries par une bureaucratie incapable et rapace, incontrôlée par la Summa Auctoritas, tout occupée à réaliser le dessein de redonner à la ville éternelle, dans l'éclat coûteux et improductif du baroque, la magnificence des Césars. D'autres contrées, mises à l'écart et somnolentes, se soucient seulement de survivre aux événements qui bouleversent l'Europe entière. Même la puissante Serenissima s'affaiblit peu à peu, car elle veut trop orgueilleusement rester ancrée à une politique et à des principes ébranlés par les profondes transformations de l'ordre politique et économique international. Dans la vague adhésion aux règles du mercantilisme, à côté du prélèvement toujours plus étendu et intense de la richesse au moyen des systèmes fiscaux ordinaires et extraordinaires, on remarque l'augmentation inéluctable de l'endettement public, qui au XVIII e siècle atteint des chiffres hyperboliques. Et encore, le sillon s'élargissant entre les différentes classes sociales, il se produit une progressive raréfaction des initiatives d'entreprise, une hausse continuelle des prix de revient, un déplacement de la richesse vers des secteurs moins productifs mais momentanément moins exposés au drainage du fisc. Même s'il arrive que dans quelques régions, comme en Lombardie, les projets de travaux publics délibérés et financés par les gouvernements et les commandes de guerre à des secteurs industriels particuliers (voir l'industrie du fer et des armes) donnent essor à l'activité économique ; même si la perspicacité de quelques entrepreneurs parvient à réduire ou à contenir la hausse des prix de revient grâce au déplacement des ateliers à la campagne où plus difficilement peut arriver le bras du fisc (c'est M . Domenico Sella, qui s'arrête sur ce sujet dans sa communication), il est incontestable que l'action fiscale ou
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plus précisément financière ne naît pas d'une compréhension sereine et juste de la réalité économique. M. Domenico Demarco, dans la première partie de sa communication, nous en offre un témoignage très significatif pour ce qui concerne le Midi de l'Italie. Il suffira que je cite une de ses observations : « Les revenus (de l'État) étaient dissipés au lieu d'être destinés à des oeuvres publiques. > Cette affirmation est encore plus nettement répétée par M. Nicola Ircas Jacopetti dans son essai concernant les effets de la vexatoire action fiscale sur l'économie de Crémone pendant la période de l'occupation espagnole. Dans cette enquête, il faut souligner l'intérêt que présentent les observations à l'égard de la différenciation des recettes publiques d'après les taxations opérées parles administrations centrales et municipales; la classification des revenus selon leur source et les catégories de la richesse payant un tribut; la tentative de calculer, pour quelques années, la pression fiscale, de délimiter les catégories des exempts et des privilégiés fiscaux, de signaler les inégalités dans la répartition des charges, d'évaluer les conséquences négatives de l'action implacable du fisc sur le marché monétaire et sur l'activité industrielle qui est contrainte d'émigrer vers des régions plus hospitalières. L'essai de M. Jacopetti mérite vraiment d'être signalé et médité, puisqu'il offre une riche documentation sur une typique situation financière et économique de l'Italie « espagnole » et puisqu'il contient des implications plus générales à l'égard du moment historique et, surtout, des particularités d'une politique mercantiliste sui generis. Notre attention est appelée aussi, toujours pour cette période et pour cette série de problèmes, par les deux travaux de M . Felipe Ruiz Martin et de M . Antonio Dominguez Ortiz. L'examen de la politique fiscale adoptée par les rois catholiques (depuis Charles V jusqu'à Philippe IV) dans la circonscription castillane, permet à M. Ruiz Martin de formuler des observations sur la graduelle aggravation de l'endettement public (sub specie des « asientos » et des « juros ») et sur le recours toujours plus oppressif à l'imposition fiscale, qui culminera dans la levée, après 1590, des « millones » pour un montant vraiment exceptionnel. L'économie castillane, qui aurait pu tirer des avantages durables des conjonctures favorables (comme celle qui se manifeste entre 1607 et 1620) est, au contraire, de plus en plus étouffée dans l'étau d'un cycle dépressif qui, après 1650, débouche dans la complète prostration des activités productives. Dans le secteur agraire la concentration du sol en vastes latifundia donne un coup décisif aux faibles espérances d'apporter des améliorations à une technique agronomique arriérée et à la mauvaise organisation des fermes; dans le secteur industriel l'activité des entrepreneurs textiles va s'ensablant progressivement, après la violente surcharge fiscale
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provoquée, entre 1590 et 1595, par l'imposition des « millones ». Tout cela, exprimé en termes sociaux, empêche, entre autres, la formation souhaitable d'une bourgeoisie. M . Ortiz montre également dans son essai que les conditions économiques et sociales de l'Espagne sont déprimées par les ventes de terres (les « baldíos ») et de charges publiques effectuées à partir de l'époque de Charles V (et les aliénations atteignent des chiffres hyperboliques sous Philippe I V ) dans le but, aussi, de combattre la forte opposition des Assemblées populaires (les « Cortes de Castilla ») contre l'aggravation des droits fiscaux, aggravation rendue nécessaire par l'augmentation continuelle des exigences financières de la couronne. Or, si la vente des terres communes constitue, à un certain égard, une mesure antisociale, elle détermine, tout compte fait, une certaine amélioration du rendement agricole. Le commerce des charges publiques, par contre, amène à exalter le délétère esprit spéculatif de ceux qui possèdent les plus grandes richesses, détourne les capitaux des placements plus rentables, favorise la multiplication pléthorique des organismes bureaucratiques, cause l'augmentation des dettes des communautés locales et, enfin, expose les catégories sociales et économiques plus faibles à un traitement fiscal toujours plus lourd et inégal. M M . Ruiz Martin et Ortiz, donc, ne font que confirmer les maux d'une politique fiscale qui, sollicitée par une politique de puissance aveugle et obstinée, laisse de côté l'évaluation de la réalité économique et sociale et des conséquences négatives qu'une pareille réalité devra endurer. Une fois de plus les règles mercantilistes paraissent, en Espagne, mal comprises et encore plus mal mises en pratique. Des aspects mercantilistes sont relevés dans les expériences économiques et financières du Brésil, surtout pendant la première des trois périodes considérées par M . Frédéric Mauro. Depuis 1500 jusqu'à 1570 (la « période du boisbrésil »), à côté d'un impôt sur la production, en réalité pas lourd, la maison royale du Portugal peut tirer des sommes fort considérables du permis d'exploitation des forêts, où pousse en grande quantité le bois de teinture, si recherché par les industries textiles. Successivement, pendant la « période du sucre », qui arrive jusqu'au début du xvra e siècle, on remarque une prépondérance de l'impôt de production et une répartition du revenu, en termes géographiques et sociaux, qui, peu sensible au cours de la domination portugaise, devient plus évidente sous la domination hollandaise. Ensuite, pendant le x v m e siècle (la « période de l'or »), se vérifie une application progressive de l'impôt de consommation, qui cause la montée des prix, mais qui provoque aussi une redistribution plus marquée des revenus. Dans l'ensemble, M . Mauro, qui voudra bien nous donner de plus complètes explications, croit pouvoir conclure que l'imposition, au Brésil, n'était pas inspirée par des
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principes de justice et que ceux qui purent tirer des avantages du développement économique de cette colonie réussirent, pour la plupart, à échapper aux mains du fisc. Dans l'évolution financière des Cantons suisses, tracée par M. Jean François Bergier, M U e Anne-Marie Piuz et M11® Béatrice Herren dans leur intéressante communication, on ne saurait cueillir, par contre, l'influence de conceptions mercantilistes sauf peut-être dans la politique économique bernoise. La structure fiscale suisse demeure fidèle, depuis le Moyen Age jusqu'à la fin du xvm« siècle, à un système de taxation indirecte, lié à un système de rentes seigneuriales. Les impôts directs sont appliqués exceptionnellement, sauf dans le Canton de Glaris et dans la Seigneurie de Genève, où au xvn® siècle ils sont levés régulièrement, quoique dans une mesure très modeste. Le recours à des prêts obligatoires est également exceptionnel : il s'agit, toujours, de faire front à des exigences financières extraordinaires; ce qui est pourtant un indice, qui ne doit pas être oublié, de la situation économique. En Hongrie, d'après ce que nous dit M m e Agnès Varkonyi dans sa belle contribution, il nous semble retrouver une fois de plus l'influence des idées et de la politique mercantilistes. En effet les Habsbourg exercent une lourde action fiscale sur les communautés magyares, en prépondérance rurales, pour faire face aux dépenses considérables des fréquentes opérations de guerre. De plus, on constate la présence de forces monopolistes, qui accaparent le commerce des denrées agricoles : vers la fin du XVIIe siècle ces forces se groupent autour de l'aristocratie qui, par ce moyen, arrive à faire retomber sur les paysans le tribut direct (1'« accisa »), imposé en 1670 aux seigneurs terriens. Les populations rurales, d'autant plus épuisées par la succession des guerres et par les pillages des armées, trouveront seulement dans la lutte pour l'indépendance prêchée et guidée par François II Rakoczi une issue pour se soustraire à une situation insoutenable. Encore plus à l'est, dans la Russie du XVIIe et du xvm® siècle, nous observons un lent mais radical bouleversement du système fiscal, comme nous l'enseigne M. S.M. Troïzkij dans son enquête. Pendant la période où l'économie monétaire et d'échange avance, où le régime absolutiste s'affirme, se renforce et centralise l'administration des finances publiques, le système fiscal primitif, fondé surtout sur l'impôt direct appliqué aux biens-fonds, doit être largement renouvelé. Cela arrive en 1679 et en 1724, sans toutefois que le caractère typiquement direct de cette taxation, soit modifié et que le poids fiscal sur les contributaires soit allégé. Mais, vers le milieu du xvm 0 siècle, l'expansion de l'économie de marché conseille au pouvoir de l'État l'abandon graduel des impôts directs et l'adoption toujours plus répandue des impôts indirects. Nous souhaitons que M. Troïzkij veuille bien nous
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renseigner sur les rapports entre l'évolution du système fiscal et les changements du statut économique : cela nous permettra d'apprécier encore mieux son travail. Si on laisse de côté la Suisse et, sous certains égards, la Russie, l'Angleterre et la Hollande (une fois encore, je regrette qu'il n'y ait pas de contributions concernant ces deux pays), d'après les communications des différents rapporteurs, on peut conclure que dans l'application, plus ou moins rigoureuse des principes mercantilistes, l'Europe du X V I e et du xvn e siècle se présente comme une pinacothèque qui rassemble des tableaux de même sujet, mais aux touches assez dissemblables. Partout on assiste au reflux des conceptions féodales. Un reflux massif dans les pays typiques de la Contre-Réforme ; considérable, mais plus caché, dans les pays de catholicisme royaliste ou de protestantisme conservateur; un reflux à peine perceptible là où s'érige la résistance du puritanisme et même inexistant là où règne victorieux le calvinisme. C'est une vague néo-féodale, qui enveloppe et qualifie même les rapports entre l'action du fisc et l'activité économique. La dilapidation insensée des richesses mobilières opérée par la noblesse, insoucieuse de gaspiller l'argent pour satisfaire les caprices improductifs d'une existence oisive et vicieuse, n'amène pas à une liquidation sensible des patrimoines fonciers. La psychologie féodale, au contraire, pousse à préserver et à garder les biens-fonds, symbole tangible de la prédominance de caste. Voilà pourquoi les propriétés immobilières sont enveloppées dans un réseau de droits de majorat, de clauses fidéicommissaires, dans le but formel de laisser entière à l'héritier aîné la fortune de la famille. Dans quelques cas, comme j'ai tâché de le montrer pour Milan « espagnole », au moins jusqu'aux premières décennies du Seicento, l'attitude d'hommes d'affaires adroits et entreprenants empêche ou affaiblit le raidissement de la structure foncière et, indirectement, du système économique. Mais on ne peut pas nier (surtout si l'on pense aux régions tombées sous la domination de l'Espagne ou sous son influence) que la terre, cette source première de la richesse dans les civilisations pré-industrielles, passe bien difficilement de mains moins capables à celles qui savent l'exploiter. Le monde de la charrue s'assoit sur des formules incapables de modifier les réalités économiques et sociales, des formules qui ne renferment pas l'élan de l'esprit capitaliste. La disponibilité très insuffisante et, d'autre part, l'inépuisable soif d'argent de la classe aristocratique provoque alors la course effrénée des néo-feudataires vers les postesclefs de l'administration publique, en premier lieu de l'administration financière, pour donner l'assaut au trésor de l'État. Brutalement, peut-être, mais sûrement sans déformer la perspective historique, on peut dire que, n'ayant plus d'argent à gaspiller, la noblesse cherche l'argent des autres, c'est-à-dire l'argent de tous ceux qui, travaillant
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dans des conditions de plus en plus pénibles, gagnent et payent les impôts. Protégée par ses privilèges d'immunité fiscale, l'aristocratie mange au râtelier de l'État, meurtrit par les impôts les autres classes sociales, commençant par les plus pauvres et sans défense, et remplit son sac impunément avec une voracité et une impudence qui changent la pacification réciproque entre les couronnes et les aristocraties en un gigantesque compromis pour dévorer, en plein accord, le fruit des sueurs du troisième état. Et lui, même s'il paye les frais de la comédie, ou pour dire mieux de la tragédie, ne demeure pas indifférent à l'exemple des classes dominantes. Aussi dans les rangs du troisième état ceux qui peuvent ferment leur atelier ou leur petite fabrique, achètent un titre de noblesse et s'attroupent ainsi parmi les chevaliers. Ceux qui connaissent un tantinet de droit ou savent quatre mots de latin vont épaissir la catégorie des hommes de loi — les « letrodos », les « gens de robe », la « nobiltà di cappa » — c'està-dire la catégorie des mille chicaniers de tribunal ou des fonctionnaires qui, par l'achat d'une charge publique, s'acquièrent le droit de s'enrichir aux dépens des malheureuses gens du peuple qui tombent entre les griffes de la justice ou du fisc. D'autres encore participent à l'universelle gabegie par la voie facile et malhonnête des fournitures militaires et des adjudications des impôts, se frayant le chemin par des pourboires et des coups de chapeau. Celui qui ne peut vraiment rien faire d'autre envoie au moins un fils au séminaire, pour qu'il devienne prêtre. Le poids le plus lourd finit par tomber tout entier sur les épaules les plus chétives, sur le bas peuple et sur cette véritable bête de somme qu'est le paysan. Et entre-temps, les classes et les activités économiques, déjà malmenées par l'orage de l'inflation, finissent par s'écrouler tout à fait; dans les champs la mainmorte ecclésiastique et les latifundia nobiliaires s'étendent, diminuant parallèlement la production; dans les villes grossit la légion déguenillée des affamés et des chômeurs, qui se pressent autour des palais et des couvents pour mendier l'aumône d'une jatte de soupe ou vivent d'escroqueries, de vagabondage, de prostitution et de criminalité1. Mais quittons les siècles du mercantilisme et entrons dans celui de la physiocratie, prélude au mouvement libéral. Dans un milieu désormais porté à une revalorisation de la liberté, vue sous tous ses différents aspects, et porté donc à désirer un rechange social que seule une réforme des organisations politiques et administratives aurait pu réaliser, l'action des princes illuminés paraît rénovatrice de la pensée et des mœurs, et surtout de la politique économique et financière. Prenons, comme exemple significatif de cette nouvelle tournure, la réorganisation du système des impôts et des administra1. Voir G. Spini, Storia dell'età modema, Torino, 1965.
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tions locales accomplie dans l'État de Milan après les recensements faits en 1718 et en 1760 : M . Sergio Zaninelli nous parle de tout cela. Dans une atmosphère imbue d'esprit physiocratique, le nouveau système fiscal ne peut que s'appuyer sur l'impôt foncier. Aux tributs sur les personnes et sur les activités mercantiles reste assignée une fonction marginale et complémentaire. Les innovations techniques, suggérées par une équipe de savants de sciences financières, une équipe qui peut être considérée à l'avant-garde, compte tenu de la subtilité et de l'audace des formulations (que l'on n'oublie pats que les quatre fameuses règles d'Adam Smith, sur lesquelles il aurait fallu bâtir un système de finances publiques sûr et efficient, se trouvent déjà exposées dans les pages de Pietro Verri), ces innovations techniques, disais-je, rendent possible la compilation d'un cadastre qui encore de nos jours suscite une grande admiration et qui est encore pris, au moins en partie, comme modèle. A l'acquisition d'une plus juste répartition des charges, au très grand encouragement donné à l'économie agraire, aux conséquences positives pour l'industrie du bâtiment, somme toute aux effets bienfaisants qui continueront et même s'intensifieront dans le siècle suivant, quand le développement économique prend définitivement bon train, à tous ces favorables résultats économiques, sociaux et éthiques, s'ajoute un autre résultat lui aussi avantageux : l'effondrement de l'autonomisme local, au moment même où l'on supprime aux administrations spéciales le droit de répartir les charges et d'en opérer la perception et la gestion. La résistance opposée par ces bureaux périphériques au « nuovo censo » prouve bien que justement sur l'organisation fiscale préexistante, c'est-à-dire sur les abus en matière d'exemptions, sur l'évaluation inexacte et dépassée des revenus, sur l'arbitraire dans l'attribution des cotes et des assiettes des impôts, sur toutes ces opérations si incontrôlables et compliquées s'étaient jusqu'alors fondés les mauvais pouvoirs d'institutions dont la survivance ne peut être plus longtemps supportée et tolérée. Ainsi l'État qui, à l'époque de l'absolutisme, avait abdiqué de ses prérogatives et de ses droits (bien qu'il s'en déclarât toujours le seul dépositaire), recouvre par l'ensemble des pouvoirs le prestige jadis perdu. D'ailleurs, de même dans les régions arriérées de l'Italie méridionale, où l'esprit féodal était plus répandu et enraciné, où les structures de l'État paraissaient plus gâtées, une brise, sinon un vent de réformes commence à souffler après la troisième décennie du XVIII e siècle. M . Demarco, dans la seconde partie de son étude, annote les innovations apportées au système fiscal napolitain parallèlement à la réorganisation de l'administration publique, c'est-à-dire quand le Midi redevient un royaume autonome. Le recensement des biens mobiliers et fonciers (le cadastre oncial), le recouvrement d'une partie du domaine public précédem-
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nient aliéné d'une façon inconsidérée, la révision des critères pour la formation des budgets municipaux posent les prémisses d'une meilleure efficience du système tributaire, qui va réduire la compression de la vie économique et des classes plus faibles. Pendant les quinze premières années du xrx e siècle, c'est-à-dire au cours de la domination napoléonienne, une série de mesures bien étudiées rend plus rapide et rentable le travail de l'administration financière. On prépare un nouveau cadastre de la propriété foncière qui sert à rectifier les injustices et les iniquités dans l'application de l'impôt prédial, impôt qui, aussi dans le Midi, représente le pivot du système tributaire. Ce fut justement grâce à l'attention croissante prêtée aux rapports entre l'action du fisc et l'activité économique, en vue de protéger et inciter surtout la production industrielle, qu'on supprime l'impôt sur les industries et sur la richesse mobilière, ab itdtio introduite à côté de l'impôt foncier. De même on supprime les impositions personnelles et les patentes. En substance, pendant que des ruines encore fumantes des institutions politiques, administratives, sociales, économiques et juridiques, renversées par le mouvement révolutionnaire qui, après ses premières expériences au-delà de l'Atlantique, se manifeste dans toute son irrésistible puissance en terre de France, pendant que de ces ruines surgit encore timide et chancelant l'État de droit, si instamment souhaité depuis de longues décennies, la problématique financière et économique va obtenir une considération toujours plus attentive : du point de vue doctrinal au moins. A vrai dire, le nouvel État « constitutionnel » menacé par les intempérances napoléoniennes et qu'une myope Restauration n'aide sûrement pas à se fortifier, selon la conception qui, jaillie de la pensée des physiocrates et filtrée par le syllogisme smithien, aurait été mise au point par Ricardo et confiée pour des élaborations ultérieures à ses disciples plus ou moins fidèles, ce nouvel État aurait dû tirer du prestige et en même temps de la force, s'il n'avait pas joué le rôle de protagoniste sur la scène économique, mais s'il s'était seulement borné à garantir le développement régulier et ordonné de la vie sociale. Sans doute, par une compréhensible réaction aux principes informateurs de l'État absolu, et quoique rectifiés, des régimes illuminés, au moment où la démocratisation de la vie publique et politique impose une distinction toujours plus nette entre les finances publiques et les finances privées, à ce moment là l'idée qui va prendre racine dans la doctrine socio-économique est clairement anti-interventionniste. Plus précisément dans la première phase de l'évolution démocratique, lorsque l'activité économique des administrations publiques est encore faible, même marginale, le problème fondamental de la politique fiscale est celui d'atteindre la couverture des dépenses publiques, grâce au prélèvement de
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richesse sur l'économie privée, que l'on suppose en condition de plein emploi. Le revenu national est donc considéré une c donnée », sur laquelle on va calculer soit le volume des recettes fiscales, soit la répartition des charges fixées pour chaque contribuant. L a pression fiscale représente, pour cela, le sujet le plus important et suggère, in primis, les débats et les solutions. Pour toute la période que l'on peut appeler la période de l'économie et des finances libérales le nœud de l'affaire réside dans la conviction que la vie économique, dominée et nourrie par l'initiative privée, ne doit pas être troublée par la politique financière. O n tolère seulement les inévitables, mais encore modestes réactions provoquées par les dépenses reconnues nécessaires pour satisfaire les besoins publics. Dans un milieu qui n'accepte pas le principe de l'intervention de l'État dans le domaine économique, la « neutralité » des finances publiques est un postulat qui, en fait, — comme du reste la « neutralité » de la monnaie — n'est pas mis en discussion. Il s'ensuit que, pour qu'il n'y ait pas d'altérations dans les respectives positions des différents sujets économiques, la progressivité de l'impôt est en général condamnée, c'est-à-dire on reconnaît valide seulement la rigoureuse proportionnalité entre le montant du revenu individuel et le montant de la contribution fiscale. Mais ces principes, qui semblent si rigoureux, sont-ils toujours suivis en pratique? Quelques-unes des communications présentées ici nous donnent le motif d'en douter. La plus déconcertante déviation du modèle prêché semble celle signalée par M . Jerzy Jedlicki. M. Jedlicki, après avoir souligné le charme exercé sur l'élite intellectuelle polonaise par rilluminisme, les conditions encore féodales de la propriété foncière, le manque d'esprit d'entreprise dans la classe aristocratique, et, enfin, la faiblesse des classes moyennes polonaises pendant les premières décennies du siècle dernier, rappelle comment une intervention du gouvernement aurait pu dérouter le capital disponible, assez considérable, vers le secteur industriel, dont le renforcement était indispensable pour effectuer une politique de développement de toute l'économie du pays. L'action énergique entreprise par le ministre du Trésor Drucki-Lubecki, continuée après 1830 par la Banque d'État de Pologne, afin de réaliser le programme d'industrialisation, peut être positivement jugée au point de vue de l'accumulation du « budget surplus », accumulation obtenue grâce à une intelligente politique fiscale, à l'émission de bons du trésor et de billets de banque, et au prudent recours aux prêteurs étrangers. Mais cette même action doit être négativement jugée en tant qu'instrument propulseur de l'économie nationale. Tandis que la petite industrie, par exemple les ateliers textiles de la région de Lodz, peut tirer de grands avantages des crédits octroyés et de la protection douanière,
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l'industrie sidérurgique et métallurgique, financée et gérée en général par le gouvernement et par la Banque d'État, se révèle en grande partie insuffisamment rentable et dénonce peu à peu une augmentation considérable des prix de revient : on doit compenser les pertes toujours plus graves par des subventions de l'État. Le marché intérieur très limité et incapable de soutenir la concurrence étrangère rend encore plus difficile la réalisation du plan de développement industriel et économique. Voilà pourquoi on ne peut pas éviter la grave crise qui, entre 1840 et 1850, consacre la faillite de la politique de développement et produit la destruction douloureuse d'un montant remarquable de biens capitaux. En tout cas l'expérimentation tentée par l'État polonais (une expérimentation, il faut le répéter, tout à fait anachronique), en favorisant une meilleure répartition du revenu et de la richesse, servit à solliciter la formation et l'action d'une nouvelle classe d'entrepreneurs. Si M. Jedlicki avait été présent, il aurait pu exposer son propos de comparer l'expérience polonaise avec les schémas typologiques proposés par M M . Gerschenkron et Kula. Aux États-Unis, même si se vérifient des déséquilibres et des effets négatifs à cause du caractère régional de l'économie du pays, la politique fiscale fédérale favorise, dans quelques régions de la Confédération, un essor, pas du tout méprisable, de l'activité économique, même dans la première moitié du siècle dernier. M. Lance E. Davis nous en donne une probante démonstration. M. Davis, en se servant d'un rigide modèle keynesien comme instrument de travail, a examiné attentivement les analyses effectuées jusqu'à présent, d'après une évaluation globale des relations entre la politique nationale du gouvernement et l'économie nationale et, par conséquent, des analyses incapables de faire ressortir les influences particulières et différentes exercées par le budget fédéral sur chaque économie régionale. Une fois déterminés et évalués les effets de la politique tributaire et de la politique des investissements fédéraux sur les économies particulières, M. Davis tente d'établir jusqu'à quel point les différences des revenus entre les diverses régions reflètent la conduite fiscale du gouvernement et si une pareille politique du fisc a pu, au cours du xix e siècle, s'opposer et s'adapter avec efficacité aux phases alternées d'un développement économique rapide et équilibré. Sur les caractères du développement économique des États-Unis d'Amérique, évalués par rapport à la politique financière et aux interventions dans le domaine économique du gouvernement fédéral et des États particuliers pendant le xix e siècle, M. N. Rosenberg a formulé des observations fort intéressantes. M. Rosenberg semble surtout préoccupé de souligner la nécessité d'opérer une révision des critères interprétatifs suivis jusqu'ici par les historiens et les économiste^ et des conclusions qu'on a posées sur le tapis. A son avis il 43
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serait indispensable de parvenir à des jugements objectifs, c'est-à-dire pas unilatéraux, sur ce que les administrations publiques ont fait pour aider la formation et le renforcement des structures économiques du pays; et il serait très utile aussi d'établir les effets réciproques entre l'initiative publique et l'initiative privée. Tout en bornant son analyse à un secteur particulier, celui de l'éducation aux États-Unis, M. Albert Fishlow souligne dans sa communication la portée et l'étendue, même du point de vue fiscal, des interventions opérées par les différents États de la Confédération. Étant donné que le problème de l'éducation fut toujours résolu localement, M. Fishlow s'est proposé de prouver comment, au niveau régional, il y a eu un rapport très étroit entre le système fiscal et le développement de l'instruction publique. Dans l'ensemble, les États du Sud représentent encore l'arrière-garde. Quoique l'on ait toujours répété que, par rapport aux expériences de notre siècle, les revenus constituent les vrais facteurs des différents degrés de développement régional des programmes éducatifs, au siècle dernier et depuis les premiers temps, au contraire, ce développement relève essentiellement de la politique de financements réalisée par les États. Voilà, donc, pourquoi il est convenable de considérer le problème sous cet angle pour déterminer surtout l'efficacité des différents systèmes administratifs et la typologie de l'imposition fiscale plus fructueuse. La politique monétaire et fiscale, de nature évidemment assez extraordinaire, adoptée pendant les années de la guerre civile aux États-Unis, jusqu'à quel point peut-elle justifier la hausse des prix? A cette question M. Paul B. Trescott fournit une réponse : en exploitant de riches séries de données statistiques récemment publiées, il se soucie de mettre en lumière l'influence puissante exercée par l'action financière, considérée surtout sous trois angles différents : c'est-à-dire dans les effets causés par la taxation et par les dépenses fédérales sur le flux général des dépenses dans le pays; dans l'influence directe de l'activité financière du gouvernement sur la circulation monétaire ; dans l'incidence indirecte, à travers le système bancaire, des émissions de « high-powered money » sur le montant global d'argent à la disposition du marché. Les diverses phases de la courbe des prix, indice naturellement du statut économique général, sont étroitement en rapport, tout compte fait, avec les différents moments et les divers aspects de la politique fiscale et monétaire du gouvernement. Les expériences sus-mentionnées, contrevenant d'une certaine façon aux principes en vogue, révèlent donc des interventions plus ou moins mordantes dans le domaine de l'activité économique de la part des autorités gouvernementales, qui se servent de l'instrument fiscal et monétaire. Comme M. Demarco le souligne, dans le royaume de Naples, après la restauration bourbonienne, on sent — quoique timide
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— la préoccupation de rendre à l'économie du pays, sous forme de dépenses publiques productives, une petite fraction des sommes prélevées par des charges fiscales, à vrai dire pas trop lourdes, mais pour la plupart tombant sur les classes les moins aisées. Malheureusement, l'Unité italienne n'apporte pas une amélioration. La « question méridionale » se présente dans toute sa gravité : inégalité (pour ce qui concerne le Midi par rapport aux autres régions italiennes) des contributions dans le système fiscal et, en particulier, dans le régime douanier; déséquilibre entre population et richesse; déséquilibre entre richesse et impôts. Après les lois de 1906 en obtient des résultats positifs. Mais il faut constater que, même pendant les décennies suivantes, les avantages tirés par l'État dans le Midi dépassent les bienfaits de l'action de l'État dans ces régions. Les autorités publiques des nombreux États allemands semblent, après la Restauration, demeurer indifférentes vis-à-vis de l'activité économique. M. Richard Tilly, en effet, se référant aux liens entre la politique fiscale et le développement économique en Allemagne dans les premiers soixante-dix ans du siècle dernier, et utilisant un riche recueil de données statistiques concernant diverses régions et différents secteurs économiques, met en relief l'incidence négligeable, parfois même négative, de la politique tributaire de la répartition et des dépenses publiques sur le trend de l'économie allemande. Mais si les pouvoirs publics ne font pas, de la politique financière et fiscale, un instrument pour opérer sur les tendances économiques de longue durée et sur la conjoncture, quelques groupes socio-économiques se servent de cette politique, quoique avec des résultats bien différents, pour modifier les mouvements économiques à leur propre avantage. Pour atteindre leur but ces groupes, qui ne sont pas toujours les mêmes dans les différents États, s'appuient évidemment sur des structures politiques et administratives du pays. Quant à la Suisse, comme nous le montrent M. Bergier, M U e s Piuz et Herren, dans une situation fiscale singulière déterminée par la spéciale configuration politique du pays, la connexion entre le moment fiscal et le moment économique va de plus en plus se délinéant. Mais, au bout du compte, ce sont la politique financière et le système fiscal articulé (au niveau fédéral et cantonal) qui semblent s'adapter aux conditions économiques en train de se transformer sous la poussée de l'industrialisation. Après les révolutions de 1798 et la brève et incolore République suisse, pendant que les liens fédéraux se renforcent de plus en plus et que les droits seigneuriaux sont définitivement supprimés, une nouvelle fiscalité, constitutionnelle et législative, va s'imposer, quoique jusqu'à 1848 les systèmes fiscaux des Cantons restent simples, ancrés surtout aux droits de douane et d'accise. Mais par la Constitution de 1848 les droits de douane sont transférés au budget fédéral, qui
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s'empare aussi des droits de consommation. V o i l à alors les Cantons obligés de recourir à l'impôt direct, dont l'assiette est représentée principalement par la fortune, car la fortune continue à être considérée comme le principal indice de la capacité contributive. Toutefois, à cause de l'accroissement des prestations sociales de la part des administrations publiques, la fortune, c o m m e assiette des charges fiscales qui s'élèvent toujours plus, devient insuffisante. C'est pour cela que les Cantons finissent par intégrer le revenu (qui sous formes différentes devient une autre expression importante des facultés contributives) dans le corps de l'impôt sur la fortune à laquelle le pays est resté fidèle.
Quoique anxieux de favoriser le développement économique du pays parallèlement à l'organisation du nouvel État, le gouvernement italien, dans la première décennie du Royaume (1861-70), ne parvient à réaliser qu'en partie son projet, d'après ce que nous communique
M. Luigi Izzo. La tragique situation financière de l'État, le contraint à dépendre des capitalistes étrangers et à aliéner des biens domaniaux en plus du patrimoine ecclésiastique, ce qui rend très difficile la création des infrastructures indispensables. De sorte qu'il faut reconnaître qu'à la fin des dix premières années de l'unité italienne, l'harmonie entre les finances publiques et l'économie du pays paraît bien loin d'être atteinte : on a obtenu le renforcement du budget aux dépens du monde économique, au lieu de se servir de l'instrument financier et fiscal pour améliorer la situation économique et sociale. Mais désormais, c'est-à-dire pendant la seconde moitié du xix e siècle, les conceptions doctrinales et l'attitude des classes politiques vont se modifiant, quoique lentement. Peu à peu l'idée libérale du jeu économique perd de son importance. Sous la pression des requêtes socialistes s'affirme de plus en plus le principe, la conviction que, par raison d'équité et de justice sociale, les finances publiques doivent être utilisées pour atteindre une distribution plus avisée des revenus et des richesses. Il faut ajouter aussi qu'une politique financière énergique redevient, en présence d'un certain reflux d'idées mercantilistes, un instrument fondamental de l'impérialisme économique, qui n'influence pas seulement les grandes Puissances. Veut-on un exemple de cela? Le voici dans les expériences japonaises. C'est M. Shigeto Tsuru qui en parle, traçant avec perspicacité l'évolution de la fiscalité et de la vie économique du Japon pendant les trente dernières années du siècle dernier. Une première phase qui suit la restauration des Meiji est caractérisée par une transformation révolutionnaire de l'impôt prédial, baise du système fiscal, qui provoque une expansion de l'économie monétaire dans tout le pays et stimule l'industrialisation, favorisée aussi par la pression fiscale négligeable et par l'abondance de la main-d'œuvre à très bon marché qui laisse les campagnes appauvries. Dans une seconde période, au
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cours de la dernière décennie du xix® siècle, l'accroissement de la fiscalité doit être mis en rapport direct avec les nécessités militaire du Japon. L'institution de l'impôt sur le revenu en 1888, de l'impôt sur les entreprises en i8g7, du monopole sur les tabacs en i8gg et d'autres réformes fiscales ne doivent pas être considérées seulement comme une tentative de la part de l'État de se procurer des moyens pour réaliser un plan de développement économique du pays (la conception d'un « gouvernement bon marché » ne tombe jamais), mais comme la voie la plus simple et sûre pour trouver les fonds indispensables pour lutter contre la Chine, qui sera ensuite obligée de payer une indemnité destinée à couvrir le déficit du budget entretemps de plus en plus gonflé. Mais au fur et à mesure que l'on avance dans notre siècle, l'action fiscale et financière des États s'efforce clairement d'influencer toujours plus profondément l'activité économique nationale. Naturellement on le remarque d'autant plus là où se vérifient des transformations imposantes et révolutionnaires des structures politiques et sociales et où va s'affirmer le collectivisme économique. A ce propos fort intéressante est la communication présentée par M . W . P. Danilov qui nous montre une expérience russe particulière et temporellement délimitée : l'influence exercée par la nouvelle politique fiscale introduite dans le domaine foncier entre 1 9 1 7 et 192g, c'est-à-dire avant que l'on parvienne à la collectivisation de l'économie agraire. Dans une période où l'application des principes collectivistes est encore hésitante (il faut rappeler que pendant ces années-là on instaure dans l'Union soviétique un système économique de transition qu'on appellera N.E.P.), l'adoption de mesures fiscales, qui bouleversent le système foncier précédent a de profondes répercussions sur l'économie agraire du pays et sur les conditions de la population rurale. Le bienfait le plus manifeste semble avoir été le reflux d'une grande partie des fonds prélevés par le fisc dans le même secteur rural pour y stimuler le développement économique, technologique, culturel, politique, administratif et social. M . Danilov aura sûrement l'amabilité de nous faire connaître plus en détail les prémisses, les tendances et les conséquences de ces intéressantes expériences. Dans le seul secteur industriel un exemple très probant de l'impulsion qu'un opportun régime des droits douaniers (un chapitre de la politique fiscale) peut exercer, est offert par l'Union Sud-Africaine, fondée comme on sait en 1910. C'est le thème de la communication présentée par M m e Marcelle Kooy et par M . Hector M . Robertson. Le « Board of Trade and Industries », créé en 1921 et réorganisé en 1924, tout en changeant les critères opératifs, s'est toujours préoccupé avec scrupule d'encourager le développement industriel du pays. L a clef de voûte de tout le système propulsif de l'activité manufacturière
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(système fondé sur un juste principe de stimulation sélective)
est
représentée par le tarif des douanes établi en 1925. L a politique protectionniste du gouvernement, suggérée même par des motifs politiques, électoraux et idéologiques, est devenue, depuis
1925, toujours plus
efficace. C e qui est prouvé par les très bons résultats obtenus : en 1962-63 un
quart
du
revenu
national
sud-africain
était
produit
par le secteur industriel.
A certains égards l'essai de M . Seymour Sacks se relie aux communications de ses collègues américains. Partant d'une hypothèse de M. Adolf Wagner (hypothèse qui, ensuite, sera analysée avec celles de Peacock, de Wiseman, etc.), M. Sacks, avec une sensibilité surtout économique, se propose de donner une réponse à cette intéressante question : c'est-à-dire si les différents développements économiques des États nord-américains, pendant les six premières décennies de notre siècle, doivent être considérés comme l'effet ou la cause des diverses et divergentes expérimentations dans le domaine des finances publiques sub-nationales. Sans doute les expériences américaines à ce propos peuvent donner, dans leur succession historique, un point de repère très important pour poser, même du point de vue théorique, des bases de discussions et pour parvenir à des conclusions d'un certain relief à l'égard des processus de développement économique engendrés par l'action de l'administration publique. Le stimulant « papier » de M . Robert Villers déplace notre attention et la concentre essentiellement sur les vicissitudes financières et économiques de la France durant les trois derniers lustres. M. Villers, après avoir passé en revue les éléments les plus récents du système des contributions et de la politique fiscale en France, souligne qu'après 1950 la pression fiscale et parafiscale sur les ménages français a augmenté continuellement. Quoique les achats de biens d'équipement, en suivant de près l'évolution des revenus, ne semblent pas avoir beaucoup ressenti l'accroissement de la fiscalité, l'activité des entreprises, surtout au point de vue de l'organisation, a souffert à la suite de la pression fiscale croissante. O n peut donc comprendre les mesures qui ont été prises pour obtenir, au moyen de la concentration, une dimension des entreprises aptes à élever le paramètre de la productivité. L'abandon de l'impôt « neutre » a coïncidé substantiellement avec la déclaration des contradictions existant entre les principes de justice et ceux de productivité. D'autre part, et paradoxalement, de continuelles critiques sont soulevées contre l'impôt direct qui, du reste, a peu d'importance dans l'ensemble des recettes publiques françaises. On soutient que la progressivité de l'impôt amène à multiplier les fraudes et on observe que de toute façon la progressivité devrait être allégée, car les tranches de l'impôt ne s'adaptent plus à la hausse des prix. Tout compte fait, M . Villers croit que 0 les efforts de redistribuer les revenus
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par les finances publiques n'ont pas atteint le but visé : car en France, à côté d'une faible quantité de hauts revenus, il y a une grande masse de revenus moyens, qu'il est imprudent de menacer ». Ces préoccupations, d'ailleurs, percent dans l'étude de longue haleine, accomplie, avec un enthousiasme particulier par M . Shepard B. Clough. Dans son analyse comparative de l'évolution des systèmes fiscaux en France, en Italie et aux États-Unis à partir de 1870 par rapport à la formation du capital à la disposition de la collectivité économique, M . Clough décrit et commente avec l'appui d'un riche et suggestif appareil statistique l'élaboration pénible et inachevée d'une « économie du bien-être ». Pour atteindre ce but l'action interventionniste de l'État ne parait pas toujours opportune, cohérente et avantageuse ; elle ne paraît pas, en somme, toujours propre à créer les conditions d'un modus vivendi et operandi meilleur. L'essai de M . Clough révèle une richesse d'observations et de suggestions que devraient réussir à mettre au point les débats qui sous peu commenceront. A cette mise au point contribueront aussi les questions intelligentes posées par M. Bergier, M U e 8 Piuz et Herren à la fin de leur contribution concernant les expériences financières de la Suisse : une nation qui, je le répète, à cause de sa spéciale organisation administrative, législative, économique et sociale, va utilisant avec beaucoup de circonspection la politique fiscale et l'intervention de l'État comme moyens pour régler le cycle économique. Également stimulantes pour les prochains débats pourront être les observations méditées, même dans le domaine strictement théorique, que M . Lazarous Th. Choumanidis a répandues à pleines mains dans son ample étude concernant les plus récents aspects de la politique fiscale de la Grèce et, plus particulièrement, en se référant à l'impôt sur les revenus et aux tendances fondamentales de l'économie du pays. La Grèce, sortie des limbes des régions sous-développées, doit être désormais tenue pour un pays en voie de développement, où les investissements publics, dès 1955, dépassent même les investissements privés. Selon les dernières communications que je viens de mentionner, on arrive à la conclusion que, déjà avant la première guerre mondiale et a fortiori pendant qu'elle se déroule (l'intervention de l'État, son contrôle, sa discipline du monde économique de plus en plus s'imposant), les mesures fiscales et financières prennent une fonction manifestement instrumentale, en vue d'une action spécifique voulue par l'État dans le domaine économique. Et, quand les dures expériences des années de l'après-guerre débouchent sur la terrible crise économique mondiale de 1929-35, il est désormais évident que les systèmes économiques ne sont pas à même d'atteindre d'une façon spontanée le plein emploi et les finances publiques vont exercer une fonction décidément « conjoncturale ». C'est-à-dire que la politique fiscale
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et financière va jouer un rôle très important à l'intérieur du cycle économique même, dans le but de balancer les phases opposées d'expansion et de récession et de rendre stable le montant de la demande totale et du revenu national. Les variations dans les dépenses publiques (c'est-à-dire la substance même de la politique financière, considérée sous ses deux aspects ; politique des dépenses et politique des recettes) deviennent donc un moyen extrêmement efficace pour provoquer des variations du revenu disponible. Par les « finances de la conjoncture », somme tout, on arrive non seulement à déterminer la répartition de la richesse, mais aussi à susciter des expansions ou des contractions du revenu national. En conclusion, dans les dernières décennies nous avons enregistré une modification radicale des tâches et de la nature même des finances publiques. L'activité financière, qui se bornait à répartir le revenu national entre les investissements publics et les placements privés, est devenue un élément essentiel du dynamisme du revenu national et de sa redistribution entre les différentes classes sociales. De sorte que si dans les pays où les principes de l'économie socialiste sont strictement observés, la symbiose entre les structures financières et économiques s'est complètement réalisée, comme prévu par la planification globale, même dans les pays capitalistes les rapports entre la politique financière et la politique économique sont devenus toujours plus intimes et coordonnés : en d'autres termes, une connexion s'est opérée, toujours plus rapprochée, entre le budget de l'État et le budget économique de la Nation 1 . II Compte rendu des travaux de la 14' section du Congrès de
Munich
Les travaux de la 14e section du Congrès se sont déroulés pendant trois séances dédiées à la présentation de la Relation générale et des communications et, encore, pendant trois « meetings » consacrés à la discussion des sujets traités. Les historiens américains collaborant à cette section ont aussi organisé un « meeting » spécial pour débattre des problèmes concernant surtout les expériences de leur pays. Les séances dédiées à la lecture des communications ont été organisées de façon à permettre, dans le peu d'heures assignées, l'exposé succinct des enquêtes relatives à une période historique bien délimitée. Au cours de la première réunion ont pris la parole les auteurs des essais touchant des sujets se rapportant au Moyen Age, aux xvi e et xvn e siècles et grosso modo à la première moitié du x v m e siècle. Pendant la deuxième séance ont été présentées les communications concernant la 1. Voir S . STEVE, Lezioni di scienza delle finanze, Padova, 1965.
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seconde moitié du XVIII E siècle et une grande partie du XDC®. Enfin la troisième séance a été occupée par les contributions dédiées à la période comprise entre la fin du siècle dernier et nos jours. Comme le responsable de la section l'avait annoncé au commencement des travaux, les interventions sur chaque communication ont été renvoyées exprès aux rencontres successives, afin d'éviter un gaspillage du temps très limité à disposition, compte tenu aussi du grand nombre des contributions présentées. On doit ajouter que quelques rapporteurs, pour différentes raisons, n'ont pas pu aller à Munich et, par conséquent, quelques communications ont été présentées par d'aimables collègues des auteurs absents. Ce fut là le cas des relations de M. Dominguez Ortiz, M. Ruiz Martin et de M m e Varkonij respectivement exposées par M. Vasco de Prada et M m e Zimanyi. En tout cas tous les résumés des communications ont été distribués par les soins du Comité Promoteur du Congrès avant chaque séance. On a pu constater, avec une vive satisfaction, que toutes les séances ont été suivies par une assistance nombreuse et très intéressée. Toutefois les participants aux travaux auraient pu être plus nombreux, si le programme surchargé du Congrès n'avait pas imposé à beaucoup de personnes un choix entre les différentes sections ouvertes en même temps. Le nombre excessif des sujets choisis pour les travaux du Congrès (on souhaite qu'on tende à éviter cette erreur lors de la progratnmation des prochains Congrès) a représenté en outre un obstacle à la participation aux trois « meetings » dédiés aux débats : ces réunions, ainsi que les séances, avaient été organisées suivant le même critère chronologique. Il n'est pas possible de rappeler et de commenter les débats fort intéressants qui ont caractérisé ces trois « meetings », étant donné l'impossibilité pour le responsable de la section d'être toujours présent aux discussions. De plus ces discussions n'ont été ni enregistrées ni résumées par ceux-là mêmes qui les ont alimentées. Cela est d'autant plus regrettable, qu'à ces rencontres ont participé aussi des Congressistes, qui n'avaient pas collaboré, directement ou indirectement, à la préparation des essais. On rappelle volontiers ici M. Lapeyre M. Berengo, M. Braudel, M. Spooner, M. Glazier, M. Mandrou, etc. Au responsable de la section ont paru d'un intérêt particulier : a) les débats à propos des caractères et des rapports concernant les expériences économiques et financières pendant les phases successives de la colonisation et du développement économique du Brésil (M. Mauro et M. Mandrou) ; b) les interventions et les précisions à l'égard des rapports entre les finances publiques et les finances privées à l'époque de la prédominance de l'Espagne (M. Lapeyre, M. Braudel, M. Demarco et d'autres collègues) ; c) les observations suggérées par un profond examen de l'étude de M. Wolfe sur les finances et l'écono-
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mie à l'époque de la Renaissance ( M . Choumanidis, M . D e M a d d a lena, M . L a p e y r e et d'autres collègues); d) quelques remarques, même de nature méthodologique, inspirées par la communication de M . T i l l y ( M . M a u r o , M . Spooner, M . Bergier, M . Berengo, M . D e M a d d a l e n a ) ; e) les passionnants débats autour des rapports entre les finances publiques et le développement économique provoqué p a r les communications de M . C l o u g h , M . Robertson et M . Davis (intervenus dans la discussion avec M . Choumanidis, M . Trescott et d'autres participants). Les débats ont été un peu hâtifs, et parfois superficiels, à cause d u temps très limité et du nombre des arguments avancés. Mais le responsable de la section a remarqué qu'ils ont donné q u a n d m ê m e de bons résultats, quoique l'on doive encore souhaiter une coordination des recherches d'histoire financière et d'histoire de l'économie. Pour le m o m e n t le discours des historiens des finances publiques se fonde sur des critères tout à fait particuliers; ce qui l'emporte c'est le souci de décrire, commenter et interpréter l'évolution des institutions et des structures financières en adhérant, surtout, à des instances de nature juridique ou v a g u e m e n t sociologique. Il faudrait, cependant, retrouver les motifs de la formation et de la transformation des systèmes financiers dans les conditions économiques des différents pays et des différentes époques. De même on sent bien l'exigence d'établir et de recomposer dans un tableau historique les effets de la politique financière sur le motus des réalités économiques. C'est justement pour préparer les assises d'un travail plus profitable entre les historiens des finances publiques et les historiens de l'économie que M . Demarco, recevant l'adhésion de nombreux participants aux travaux de la 14 e section du Congrès de M u n i c h , a formulé une motion qui, tout en se rapportant aux expériences de l'histoire financière italienne, pourrait être adoptée aussi par d'autres nations et pour d'autres périodes historiques, après quelques amendements. V o i c i la motion de M . D e m a r c o , signée aussi par M . C l o u g h et M . De M a d d a l e n a : « Les participants au troisième Congrès International d'Histoire Économique, dans la section dédiée à l'histoire des finances, vu l'importance des recherches en histoire financière et dans le but d'en favoriser le développement ultérieur grâce à un échange d'informations plus étroit et à une collaboration entre les savants de l'Italie, formulent à l'unanimité les v œ u x : 1. q u e dans les p r o c h a i n e s années u n e étude c o m p a r a t i v e sur les finances
des É t a t s italiens, depuis le x v i e j u s q u ' a u XVIIIe siècle, soit faite ;
2. que les promoteurs de cette excellente initiative effectuent les démarches nécessaires à sa réalisation. 3. que le Bureau de l'Association Internationale d'Histoire Économique patronne cette initiative et les initiatives similaires qui pourraient être organisées par d'autres pays. »
POLITICA FISCALE ED ECONOMIA D U R A N T E LE SIGNORIE E SFORZESCA
A
PARMA
VISCONTEA
(1346-1500)
par Pier Luigi SPAGGIARI (Università di Parma)
La dominazione milanese a Parma, destinata a durare sino allo spirare del X V I secolo, ebbe inizio il 22 settembre 1346. Per Luchino Visconti, impegnato ad ampliare il raggio del dominio familiare, e lanciato verso l'impresa che avrebbe dovuto assicurargli l'immortalità, la conquista di Genova, la città emiliana costituì una non difficile preda. Dopo settant'anni di travagliata autonomia, insanguinata dalle lotte delle fazioni, il Comune aveva conosciuto l'amaro sapore del tramonto. Le famiglie maggiori, infiacchite dalla quotidiana tensione, avevano rinunciato alla fiera insofferenza per ogni altrui preminenza ed avevano finito col far ricorso all'aiuto esterno di parenti e amici potenti. In quel frammento di storia che corre dal 1254 al 1346 emersero via via i nomi di Gilberto da Correggio, di Rolando Rossi, di Azzo da Correggio. E fu proprio quest'ultimo — incalzato dappresso dagli Scaligeri — a vendere Parma a Obizzo d'Este, il 3 novembre 1344, per 60 mila fiorini d'oro. Poco più di due anni dopo Obizzo, intimidito dalle armi più che dalle lusinghe, la rivendette, per lo stesso prezzo, a Luchino Visconti.
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L'inclusione di Parma in una organizzazione statale che, pur composta di previlegi e di autonomie inquadrate a fatica in un organismo unitario, tendeva sempre più a trasformarsi nello Stato assoluto vagheggiato dai Visconti come meta finale della loro politica, segnò il definitivo declassamento della Comunità. Quasi sopravvissuto a sé stesso, da decenni strumento della famiglia o del potente che era riuscito provvisoriamente ad emergere dalla mischia, il Comune venne definitivamente ridotto all'ufficio di mediatore tra la volontà del Principe e la rassegnata acquiescenza del popolo. Una dura e inflessibile burocrazia, rappresentata da esecutori fedeli della politica milanese, dirigeva ogni settore della vita publica. In quel lungo periodo di dominazione viscontea prima e sforzesca poi, che senza ironia e con senso di sollievo vennero chiamati gli « anni della pace », i temi della politica finanziaria ed economica del comune assunsero nuove e più vaste dimensioni. Avocato dal potere centrale, il sistema finanziario rappresentò innanzitutto il mezzo per assicurare al Signore il denaro necessario al proseguimento della politica di espansione. Un rigoroso controllo amministrativo — esercitato mensilmente dai magistri intratarum — stroncò la corruzione e limitò le evasioni. Anche Parma — soprattutto Parma, si può dire, che non conosceva le fortune economiche di altre città dello « Stato eli Milano » — attraversò anni estremamente difficili. Per quanto si tentasse di propozionare l'imposizione alla capacità contributiva dei singoli e quindi della collettività; per quanto le frequenti lagnanze dei cittadini riuscissero spesso a convincere i Signori della opportunità di ridurre i carichi o quanto meno di dilazionare i pagamenti, il massiccio prelievo di ricchezza assottigliò le disponibilità di numerario da parte delle classi imprenditoriali, costrette sovente a ricorrere (finché non sopravvenne il provvidenziale aiuto del Monte di Pietà) all'oneroso prestito usurario. Una ancor più gravosa disciplina venne adottata nel settore dell'imposizione « ordinaria », cioè a dire i dazi che — se si esclude la tassa sul sale (che per il carattere presto assunto dal tributo merita piuttosto di essere inclusa fra le imposte dirette) — comprendevano imposte sui consumi e sugli affari. Ma si trattava pur sempre di una disciplina che, allo scopo di assicurare al fisco milanese una più redditizia base imponibile, mirava da un lato a ridurre il più possibile le immunità e, dall'altro, a facilitare la produzione e lo scambio. E tutto senza dimenticare, si badi, l'opportunità (che sgorgava pur sempre da motivi fiscali) di assicurare la maggiore possibile diffusione dei prodotti milanesi. La valutazione degli effetti delle pesanti imposizioni a carattere straordinario; della politica adottata nei confronti delle attività produt-
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tive e di scambio esercitate nel comune di Parma ; delle contradditorie esigenze di sostenere l'economia parmigiana assicurando contemporaneamente maggior respiro alle manifatture milanesi, tutto ciò costituisce il tema della mia comunicazione. Nella quale mi propongo di esaminare il peso della pressione fiscale, valutando contemporaneamente in qual misura l'impiego di denaro, raccolto attraverso taglie o dazi, in una serie di importanti opere pubbliche (la ripulitura della città e il rifacimento delle strade principali; l'erezione di strutture difensive; l'apertura di due vie d'acqua che allacciarono finalmente Parma al Po) abbia contribuito a rendere più accogliente, a quindi più efficiente il mercato cittadino; ad assicurare lavoro a mano d'opera non qualificata ; a favorire le esportazioni verso Venezia di una considerevole quantità di manufatti di lana. Mi riprometto, insomma, di prendere in esame la stretta correlazione intercorrente fra politica fiscale e condizioni economiche in un territorio che, liberato dagli angusti confini assegnatigli da una effimera autonomia, entrò a far parte, per oltre un secolo e mezzo, di una comunità e quindi in un mercato più vasto. Al termine delle mie ricerche, tutt'ora in corso, forse potrò rispondere al quesito di fondo : se l'economia ancora « cittadina » di Parma resse o meno, o in qual misura, alla pressione fiscale ed alla dura competizione con economie più vigorose e più collaudate.
FISCAL AND ECONOMIC IN R E N A I S S A N C E
POLICY
FRANCE*
by Martin WOLFE (University of Pennsylvania)
This paper attempts to make two points : that the government's economic policy in Renaissance France is better described as iiscalist than as mercantilist; and that Renaissance fiscalism can be explained partly by the relatively successful exploitation by the crown of France's marvelously complex and compliant fiscal system. The main object of this paper is to challenge the belief, held by virtually everyone except those who reject the whole notion of mercantilism in the first place, that mercantilist theory and policy, such as we find them in the seventeenth and early eighteenth centuries, can be found in the fifteenth and sixteenth centuries. The notion that improving trade and industry is the best way of raising the level of royal revenues is essential to seventeenth-century mercantilism. But until the very end of the Renaissance writers such as Jean Bodin held firmly to the idea that the prince's gain had to be the people's loss. The Renaissance prince exerted himself to improve * I should emphasize that this paper is limited to a consideration of national policy and has little to say concerning the "real" effects of fiscal policy on the French economy.
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his revenues directly, that is, by broadening the tax base, eliminating constitutional obstacles to his taxing power, and improving the efficiency of the fiscal administration—rather than indirectly, by increasing the wealth and income of his subjects. T h a t is w h y the famous drive of mercantilism for economic unity has no parallel in the Renaissance; in fact, the crown in this period actually increased internal tariffs. Renaissance fiscalism also explains why the crown emphasized export tariffs and not—until the end of the e r a — i m p o r t tariffs; it also helps to explain the huge growth of guilds in this era. Obviously the most important reason for French fiscalism is that neither commercial capitalism nor the nation's awareness of it had yet reached the point where a mercantilist set of tax policies was possible. But it is also true that the Renaissance tax system in France was so successful in providing large revenues that there w a s relatively]
less incentive for the crown to explore ways of improving fiscality through improving the economy. A t its most flourishing, that is, in the reign of Francis I, the fiscal system provided the government with almost all the funds it required almost every year. Until around 1574 the tax machine with its « inside » credit—that is, credit not primarily drawn from professional lenders, French or foreign—allowed the crown to operate with relatively few appeals to bankers. We must remember that the Renaissance tax machine in France was an "absolutist" system in that the crown did not consult popular representatives when tax rates were raised; it was an extraordinarily variegated system, with many types of direct and indirect taxes; and it was operated by an enormous group of officials. T h e French fiscal machine was undoubtedly the largest and most highly articulated governmenta body in the Western world. We all know something of the "absolutist" expedients the French king could use to raise revenues during emergencies. W h a t is less well known is that as a group the tax officials served as an enormous fiscal sponge, soaking up cash that could be squeezed out when the crown needed short-term loans. Francis I was so impressed by the revenueproducing ability of his fiscal system that much of the attention he lavished on it was aimed at reducing his need to borrow from "outside" creditors, that is, professional lenders. He actually used his famous innovation, the rentes on the Hotel de Ville of Paris, very little. He reorganized royal tax collection so that the bulk of the revenues came through Paris where they could be tapped for his beloved war chests, reserves that he hoped would be enough to cope with most emergencies so as to obviate the need to borrow. In the second half of the sixteenth century royal borrowing became more important; but the fiscalist outlook of the crown and its trust in "France's Peru" remained unchanged. This attitude was reinforced
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by the fearful collapse of the "Grand Parti" of Lyon in 1555-1557TTie Estates-General of Orléans and Pontoise-Poissy in 1560-1561 forced the clergy to accept a drastic increase in its tax load, an increase specifically intended to reduce the interest burden of the royal debt to the point where "normal" tax revenues could once again become adequate for at least most of crown's needs. Even the huge rise in the royal debt during the Wars of Religion came not mainly from professional lenders but from "inside" credit and especially from forced loans imposed on the major towns. Until well into the reign of Henry III there is little evidence the crown understood that by promoting commerce and industry it could promote an improvement in its revenues. It seems probable that it was royal fiscality rather than the actual destructiveness of the wars that ended Lyon's position as a prime commercial and manufacturing center. Later in the Renaissance bands of French and Italian bankers, known as traitants, pooled their wealth and loaned it to the crown in return for control over specified revenues. This device was soon to be broadened into large-scale credit operations by associations of tax farmers, the mainstay of royal finance in the era of the Old Régime. With the reforms of Sully and the appearance of the "cinq grosses fermes" and the fermiers généraux we are in a different stage of French public finance. This study suggests that the mercantilist theory of Laifemas and the mercantilist policies of Henry IV and Sully were not extensions of medieval and Renaissance developments, as Heckscher states ; rather, seventeenth-century mercantilism represents a new departure, a real break with the past. Of course such theories and policies were not "original" in the sense that they were unprecedented. Obviously Laifemas obtained some of his ideas from Bodin and other French writers and from the English and Dutch governments' successful promotion of trade and industry. Unfortunately for France, while mercantilist theory triomphed completely, mercantilist tax policies only partially displaced fiscalist tax policies. The fiscalist tradition was too strong; it had become ingrained in too many social and economic institutions such as inheritable venal office and local tax privileges and exemptions. And the fiscal machine was still too marvelously compliant and productive for the crown to risk drastic alterations. Renaissance fiscalism remained a serious hindrance all through the era of the Old Régime to those statesmen who worked to improve French economic policy.
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FINANZA ED ECONOMIA
DEGLI
NEL CINQUE E NEL
STATI
ITALIANI
SEICENTO
di Gian Luigi BASINI (Università di Parma)
Lo studio delle determinanti complessive dei fatti finanziari degli Stati italiani durante i primi due secoli dell'età moderna dà orìgine a problemi di tale complessità anche sul piano teorico dell'economia finanziaria da non poter certamente trovare in questa sede compiuta soluzione. L'esame della pubblica finanza in collettività numerose, e per di più appoggiate a sistemi di varia e complessa struttura, si presenta certamente non facile : tanto più se costretto, come nel caso presente, nei limiti di una panoramica generale. Ed è perciò che ci si può solo limitare a rilevare l'esistenza di taluni quesiti e a suggerirne l'approfondimento. Negli Stati italiani, fin dall'inizio dell'età moderna, cominciò a manifestarsi un processo di trasformazione, anche nel campo fiscale. Non si trattava semplicemente di un ampliamento, importante finché si vuole, di teorie e di prassi, già in atto a partire dalla fine del feudalesimo, ma piuttosto di una nuova consapevolezza, da parte dei pubblici amministratori, dell'importanza della variabile fiscale nel quadro di una rinnovata politica statale.
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Tutto ciò rientrava nella concezione dello Stato volutamente e astutamente creato dal Principe per trasformare, come ebbe a rilevare il Burckhardt, il popolo in una "moltitudine di sudditi... inerme e in estremo grado tassabile 1 ". Il frazionamento politico dell'Italia, il particolarismo economico imperante nei vari Stati, l'esasperato regionalismo nella politica estera, furono all'origine dell'enorme sperpero di ricchezza che caratterizzò la finanza pubblica italiana del Cinque e del Seicento. Se si considera poi che gran parte della penisola era soggetta alla Spagna, e che alla sua politica imperiale restò legata per oltre un secolo e mezzo, si può ben comprendere il logorio finanziario degli Stati Italiani, chiamati a sostenere con bilanci troppo ristretti, una politica di troppo vasta portata. Il mercantilismo portò ad inserire, in prima linea fra le funzioni pubbliche primarie, un nuovo fondamentale compito che si inquadrava, alla luce dell'assolutismo accentratore, nell'affermazione della grandezza dello Stato e si traduceva in un enorme ampliamento delle funzioni della pubblica amministrazione in termini bellici. Per far fronte alle spese militari, in via di continua dilatazione, gli Stati europei impiegarono enormi mezzi, acquisiti sia attraverso le imposte e gli altri contributi obbligatori, sia mediante il ricorso a forme di vero e proprio indebitamento. Col sistema mercantilistico, anche se in vista del rafforzamento dell'entità statuale, i governi di alcuni paesi d'Europa riuscirono a indirizzare lo sviluppo economico della nazione verso determinati traguardi, fossero essi quelli della creazione di una industria nazionale, come ad esempio nella Francia di Luigi XIV, oppure quelli della conquista di terre e di traffici, come nell'Inghilterra di Elisabetta e di Cromwell. In alcune fra le grandi monarchie europee la « potenza » da esse acquisita contribuì a favorire, sia pure indirettamente, la collettività nel suo insieme : l'aumento della produzione determinò incrementi di reddito che, alla lunga, si tradussero in un certo miglioramento del tenore di vita delle masse. La politica mercantilistica non poteva produrre in Italia i risultati che in altre nazioni derivarono dall'applicazione di tutti quei mezzi che costituirono, come sottolineò Gino Luzzatto, « l'aspetto più caratteristico e più importante della politica economica della grandi monarchie dell'Europa Occidentale 9 ». Negli Stati italiani l'attività finanziaria pubblica, e in particolare lo strumento fiscale, denunciarono gravi squilibri. Non era possibile, 1 . J . B U R C K H A R D T , La Cimiti del Rinascimento in Italia, Traduzione dal tedesco, Firenze, 1962, p. 6. a. G. L U Z Z A T T O , Storia Economica deU'età moderna e contemporanea. Parte prima. L'età moderna, Padova, 1958, p. 297.
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infatti, affidare speranze di sviluppo economico, per mezzo del sistema finanziario, al « tempo lungo », e perciò ogni governo tentò, mediante una politica, propria, o dettata più spesso dalle urgenze belliche delle potenze dominanti, la risoluzione dei problemi economici attraverso espedienti e tramite disposizioni di carattere straordinario. Raramente tale politica ottenne successo. Quasi sempre contribuì a creare nuovi squilibri e a ritardare quindi il progresso moderno dell'Italia. In generale furono i riflessi negativi della pubblica finanza che vennero avvertiti dalla popolazione italiana. Solo in pochi momenti e in rari casi, e cioè ove più illuminata fu la signoria, la pubblica finanza riusci a non essere troppo vessatoria per la collettività. E' il caso del Ducato di Mantova nella seconda metà del Cinquecento. Una recente opera del De Maddalena ha infatti posto in luce il divenire economico-finanziario della città all'epoca di Guglielmo Gonzaga, dimostrando la correlazione tra andamento delle pubbliche entrate e prosperità economica del paese 1 . Pur essendo il sistema fiscale mantovano quasi esclusivamente basato sulla tassazione indiretta (i più rilevanti redditi provenivano all'erario dall'imposizione su due generi di prima necessità : il sale e la farina), la prosperità delle sue finanze non richiese un eccessivo sforzo economico ai contribuenti. La saggia politica delle spese pubbliche produsse i positivi risultati della gestione finanziaria mantovana : positivi risultati che non portarono ricchezza esclusivamente alla casa gonzaghesca, ma concreta prosperità alla popolazione del Ducato. Mantova godette di uno stato di pace — fermamente voluto da Guglielmo Gonzaga — che durò fino alla fine del secolo. Le spese militari gravarono minimamente sui bilanci pubblici : in media rappresentarono il 10 per cento circa delle uscite complessive. Anche le spese di corte furono contenute e, se si considera che nel bilancio dello Stato assoluto le spese pubbliche si confondevano con quelle private del Principe, appare ancor più logico supporre un beneficio, derivato alla finanza e all' economia del paese dalla riduzione di tale tipo di uscite. L'esperienza economico-fiscale delia Mantova ancora « rinascimentale » mi induce a insistere su una considerazione : sul fatto, cioè, che il problema dell'incidenza della « fiscalità » sull'economia sia problema anche e soprattutto sociale. Infatti, benché molti Stati italiani dell'epoca fondassero le loro finanze sull'imposizione indiretta, ben pochi arrivarono ad erigere un sistema tributario che, come quello mantovano della seconda metà del Cinquecento, tendesse a 1. A . DE MADDALENA, Le Finanze del Ducato di Mantova all'epoca di Guglielmo Gonzaga, M i l a n o - V a r e s e , i960, passim.
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tassare, quasi esclusivamente, la ricchezza all'atto del consumo. Tuttavia, proprio un sistema teoricamente tanto ingiusto riusci, in pratica, inserito in ima particolare esperienza politica e sociale, a non essere troppo duro per la collettività. Meno duro, certamente, di tanti sistemi che fondarono le loro basi anche sulla tassazione diretta : basti ricordare il caso del regno di Napoli, ove tale tipo di tassazione, che ebbe un ruolo importante nella struttura tributaria del paese, alimentò in notevole grado le più gravi forme di corruzione. M a il discorso sulla tassazione diretta o indiretta, sulle distorsioni economiche create dai due tipi di imposizione, sui fenomeni di traslazione, di evasione, di elusione fiscale, è troppo importante per essere affrontato così succintamente. Ci basta concludere, riportando il discorso su Mantova, che fu proprio il regime politico instaurato nel Ducato che permise, essendo fondato su « sane e pacifiche convinzioni 1 » la prosperità economica del paese in un'epoca in cui, anche ai confini della stessa città gonzaghesca, le spese militari costringevano i governanti a forti inasprimenti fiscali. Ricordo, ad esempio l'esperienza di Cremona, che rappresenta forse il caso limite della vicenda economico-fìscale dell'Italia durante la prima età moderna. Già nel 1565 le spese militari assorbivano 1*87,77% di tutte le uscite della città lombarda : nel 1636 esse saranno 92 volte maggiori rispetto a quelle del 1565 Poiché il risparmio coattivo imposto dallo Stato ai sudditi veniva in minima parte destinato a creare « infrastrutture » (ricordo che lavori pubblici, spese di giustizia, sanità ecc. non rappresentavano, sempre nel 1565, che il 5,80 delle uscite), ma assorbito quasi esclusivamente da spese militari, è chiaro che, alla lunga, aumentando a dismisura il prelievo fiscale coattivo, veniva imposta alla popolazione cremonese una sensibile riduzione dei consumi. La situazione di Cremona si aggravò ulteriormente nei primi anni del Seicento, provocando, a partire dal 1620, il dissesto finanziario della città. Con l'inizio del quarto decennio del secolo, si erano ormai esaurite tutte le risorse economiche e finanziarie della provincia. Anche le imposte sui terreni incisero in modo tale da contribuire alla svalutazione del valore dei fondi nel territorio cremonese, rendendo impossibile ai proprietari qualsiasi opera di miglioria. Le vicende economico-finanziarie dell'Italia nel Cinque e nel Seicento, se presentano aspetti comuni ai vari Stati, rivelano assai spesso tratti peculiari a ciascuna regione e additittura a ciascun luogo della stessa regione. 1. Ibid., p. 15. a. I. I a c o p e t t i , t Le finanze del Comune di Cremona durante la dominazione spagnola », in Amali della biblioteca governativa e libreria civica di Cremona, voi. XIV, Cremona, 1961, p. 13.
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£ non sono solo le differenti realtà che caratterizzano, sotto il profilo economico e sociale, le diverse zone della penisola che rendono difficile la sintesi : occorre anche considerare l'evoluzione nel tempo di quell'articolata configurazione che l'Italia presenta nei primi due secoli dell'evo moderno. I « dati » della situazione cambiano continuamente. Su di un mondo in evoluzione la variabile fiscale incide in termini di estrema mutevolezza. £ ' possibile trovare punti di contatto, in relazione a tale variabile, nel pluralismo delle situazioni spaziali e temporali? La scarsità di elementi quantitativi su cui fondare un sicuro giudizio non consente un decisivo passo in avanti sulla strada dell'interpretazione della realtà economico-fiscale del Cinque e del Seicento. E' soprattutto la carenza sul piano della ricerca di microeconomia che impedisce una corretta valutazione dei molteplici nessi fra economia e fiscalità. Fanno difetto studi particolari sulle private economie, necessari per dare un significato ai c bilanci pubblici ». Infatti, occorre molta attenzione nel giudicare un'economia in base ai dati della finanza pubblica : se é vero che il bilancio pubblico dà un'idea dell'andamento delle risorse della collettività e di come queste vengano prelevate ai privati; se é vero che contribuisce alla spiegazione di una certa politica — tout-court — dello Stato, é anche vero che molto spesso la finanza pubblica non riflette esattamente la reale situazione economica del paese. Troppe volte la finanza, specie nel Seicento, diviene contingente. E poi, come giudicare la pressione tributaria di un dato paese, se non si conoscono i dati relativi al reddito della popolazione ? Per comprendere pienamente molte delle interrelazioni fra il momento economico e quello fiscale, occorrerebbe innanzitutto possedere una misura dell'incidenza tributaria (nei vari periodi nei vari Stati) sulla popolazione. Occorrerebbe, in un certo senso, confrontare il « benessere economico »in tempi differenti e in luoghi differenti (dopo l'intervento dell'azione fiscale). Ma per dare una risposta a tali interessanti quesiti, oltre a conoscere il gettito complessivo delle imposte e la loro distribuzione fra le varie categorie economico-sociali, è necessario conoscere il reddito reale totale del paese o meglio, se possibile, il reddito reale medio prò capite. Inutile dire che siffatti dati sono pressocché irreperìbili, con riferimento alla bibliografia esistente per il Sedicesimo e diciassettesimo secolo. Il Cinquecento rappresenta per l'Italia il secolo in cui si andò estinguendo una situazione di particolare vantaggio economico e in cui la dilagante fiscalità cominciò a provocare distorsioni nel « sistema », concorrendo alla determinazione di alti costi di produzione, contenendo lo sviluppo di alcuni settori essenziali (come quello tessile),
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contribuendo a portare, come risultato finale, un rallentamento generale dell'espansione produttiva. La politica fiscale difettosa, insieme all'uso poco produttivo che del risparmio fece lo Stato, nei suoi impieghi, furono importanti elementi che, già nel X V I secolo, consigliarono molta prudenza negli investimenti produttivi. Il mutato assetto finanziario pubblico suggerì piuttosto la tendenza ad investire capitali più che nel commercio e nell' industria, nelle « rendite » di vario genere e nell'acquisto di poteri giurisdizionali, con annessi proventi. Come osserva lo Chabod, tale « deleterio, se pur necessario espediente » contribuiva ad « inaridire le fonti vive del Bilancio statale » 1 . Rallentamento, quindi, del risparmio netto sociale, già in atto nel X V I secolo. Nel X V I I la pressione tributaria sarà veramente eccessiva per la popolazione italiana : la società sarà costretta a intaccare il suo « capitale », preparando il lungo periodo di stagnazione della nostra economia. Lo strumento fiscale, nell'Italia della prima età moderna, divenne sempre più elemento di perturbazione delle diverse situazioni strutturali ed anche di quelle congiunturali. La constatazione, di carattere generale, mi pare rivesta una particolare validità nel settore agrìcolo, dato il rapporto reddito-popolazione molto più basso che in tutti gli altri settori della vita economica italiana, e per l'imprevedibile sorgere di circostanze avverse che possono modificare, da un anno all'altro, l'entità dei redditi in vaste zone. Perciò acquista importanza determinante, nella comprensione delle reali consequenze della « fiscalità » sull'economia italiana del periodo, il fatto che il trattamento fiscale riservato alla campagna abbia subito quasi dovunque un forte inasprimento a partire dai primi decenni del Seicento. Nel Comasco, ad esempio, dopo aver colpito duramente commerci e manifatture, il fisco si rivolse alla terra : nel 1626 i tributi sottrassero il 23 % del reddito padronale e, fra il 1650 e il 1660, arrivarono ad assorbire addirittura i 3/4 del fitto 2. Anche il De Maddalena, riferendosi ad una azienda agraria lombarda della prima metà del Seicento, nel sottolineare la diminuzione degli utili d'esercizio, « netta dopo il 1624, addirittura drastica dopo il 1632 », pone in rilievo la prevalenza nettissima, fra le spese, dei carichi fiscali 8. Di estremo interesse risulta, nel periodo considerato, il confronto fra l'andamento delle spese per carichi fiscali e delle spese per opere agrarie. Si rileva che, ad un progressivo aumento delle prime 1. F. CHABOD, LO Stato di Milano nell'impero di Carlo V, Roma, 1934, p. 100. A. B. CAIZZI, Il Comasco sotto il dominio spagnolo, Como, 1955, p. 65. 3. A. DE MADDALENA, « I bilanci dal 1600 al 1647 di una azienda fondiaria lombarda. Testimonianza di una crisi economica », in Storia dell'ecotomia italiana, a cura di Carlo M. Cipolla, voi. I, Milano, 1959, p. 557.
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(terreni che prima del 1617 erano stati tassati in ragione di soldi tre e mezzo la pertica, quanto a dire meno del 10 % del canone di affitto, vennero tassati, dal 1617 in poi, in ragione di 5 soldi e mezzo la pertica e cioè il 14,76 % del fitto, E, a partire dal 1633 dovettero assolvere un carico fiscale pari al 21,85 % del canone d'affitto.) fa riscontro una progressiva riduzione delle spese per opere agrarie, le quali, nel corso di tutta la prima metà del Seicento furono, nell'azienda oggetto dello studio, meno della metà di quanto venne sborsato a titolo di imposte 1 . Dovunque vanno rarefacendosi i capitali da investire nelle attrezzature fondiarie, indispensabili per ritrarre dalla terra un reddito adeguato, nonché per dotare i fondi di scorte animali ed anticipare il necessario capitale di esercizio. Molti altri quesiti sorgono dalla meditazione del tema oggetto del presente lavoro. Le distorsioni provocate nell'economia dai regimi di discriminazione, implicita o esplicita creati dalla legislazione e dalla prassi fiscale, offrirebbero, ad esempio, la possibilità di effettuare interessanti considerazioni non solo economiche, ma anche politiche, sociali,morali ecc. Che cosa c'era all'origine dei debiti pubblici dei vari Stati? E i progressivi indebitamenti pubblici che conseguenze esercitarono sulla popolazione ? Anche il problema degli spostamenti di reddito a vantaggio di nuove categorie è di estremo interesse. Come si presenta tale problema, in relazione alla variabile fiscale? I trasferimenti di ricchezza da un settore all'altro avvennero a vantaggio di categorie che erano ormai poco propense a investimenti produttivi, ma inclini piuttosto alle speculazioni finanziarie, complice la carenza dello Stato, anche sul piano amministrativo. I ceti meno abbienti ebbero soprattutto a sopportare i riflessi negativi di tali spostamenti : riflessi negativi che tesero a peggiorare ulteriormente il loro tenore di vita, particolarmente nel X V I I secolo. Fra gli effetti economici delle imposte vi è anche la creazione di posizioni monopolistiche, od oligopolistiche, per esempio a favore di arrendatori e di speculatori nel settore finanziario. I profitti essai elevati di cui godevano i capitalisti testé menzionati, non venivano, infatti, compressi attraverso lo strumento fiscale, che seguitava a colpire principalmente i consumi popolari, anche per l'assoluta inadeguatezza dei mezzi di accertamento preposti dallo Stato. Fra gli altri effetti negativi la malsana finanza portò—all'aumento dei consumi più appariscenti, contribuendo a ritardare l'evoluzione sociale del paese. In alcuni Stati—tipico è l'esempio di quello Pontificio—già nel Cinquecento l'attrattiva per il lusso, priva di ogni base economica, era decisamente favorita dalla prassi fiscale in uso. Nel :. Ibid., p. 589 c segg.
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diffondersi del gusto barocco, gli investimenti si fecero sempre più esigui : i cittadini privilegiati vennero spinti allo spreco e, ad imitazione dei più ricchi, all'ostentazione delle loro fortune. Anche se quello fiscale non fu il principale motivo della decadenza economica dell'Italia nel Seicento, esso ebbe tuttavia una notevole responsabilità nell'aggravamento di una situazione, divenuta critica a causa di una serie di circostanze interne ed esterne al nostro « sistema » economico x. La ricchezza dei contribuenti italiani fu generalmente colpita in condizioni particolari. La sua erogazione raramente fu vantaggiosa ai fini delle pubbliche spese e, pertanto, si può concludere che, nella scelta dei servizi pubblici da produrre, la determinazione delle loro rispettive quantità e la distribuzione del loro costo fra i contribuenti avvennero, al limite, col massimo sperpero di ricchezza privata e con la minima soddisfazione dei bisogni collettivi.
1. Carlo M . CIPOLLA, « II declino economico dell' Italia », in Storia dell' economia italiana, ecc., cit., p. 605 e segg.
WAR
FINANCE
IN S E V E N T E E N T H
AND
INDUSTRY
CENTURY
LOMBARDY
by D o m e n i c o SELLA
( University of Wisconsin)
i. In the literature devoted to the economic vicissitudes of the Spanish portion of Lombardy during the seventeenth century the subject of public finance holds a conspicuous place, and rightly so. For in the age of the Thirty Years War and down to the Treaty of the Pyrenees of 1659 the State of Milan was called upon to play a key role in Hapsburg strategy, was repeatedly involved in actual warfare, and was made to bear a large share of the physical and financial cost of the prolonged war effort staged by the Spanish crown on its soil. Public finance has been primarily discussed in terms of fiscal policies and revenue; and much of the historians' attention has been devoted to the effects of a long series of increasingly stringent fiscal measures on the economy. Those effects are well known: although a number of other factors were undoubtedly at play, there is little doubt that the growing and insatiable demands of a hard-pressed treasury bear a major responsibility for the dramatic dislocation of Lombardy's traditional economic structure in the second quarter of the century. High quality textile manufactures, a variety of luxury
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industries, the making of finely chiseled and highly ornamented armor, widely ranging commercial activities, the construction o f palaces, mansions and churches—all the things that had traditionally supported the prosperity of Lombardy suffered severe and sometimes irreparable damages under the implacable pressure of taxation. 2. While the rising tide of taxation and its adverse effects on important sectors of the economy are clearly discernible, the expenditure side of the budget and the impact of government spending are not and have so far been largely neglected. The neglect is a serious one, for we know that much of the money raised in Lombardy was spent there and, accordingly, we are entitled to expect the high level of government spending to have had effects no less noticeable than (although sharply different from) those wrought on the economy by its counterpart, namely government revenue. Source material for a study of war expenditures is certainly not lacking and, while it may not enable us to draw a complete picture of military appropriations, it is nonetheless very instructive and deserves to be rescued from the oblivion in which it has been allowed to rest for so long. Even a preliminary reconnaissance of the treasury registers of the State of Milan makes it possible to single out some of the most conspicuous and frequently recurring items of expenditure. Besides the vast sums appropriated to pay native soldiers and foreign mercenaries, to hire horse and carriage, and to secure food and fodder for the army, we find heavy outlays for bulk purchases of weapons, ammunitions, and equipment: individual consignments of several thousands muskets, helmets, uniforms, boots, picks, shovels, and barrels of gunpowder are routine matter in the treasury registers. But possibly no entries are so conspicuous and so frequently recurring as those relating to construction works and to the acquisition of building materials, a fact which needs little comment, for we know that in those troubled decades the State of Milan was turned into a formidable stronghold with the newly expanded Castle of Milan at its center and an impressive ring of fortresses and bulwarks along its borders. 3. What were the actual sources of government purchased supplies ? In the case of fortifications the answer is obvious enough: building materials had to be mainly secured from local quarries and brick furnaces. Arms, ammunition, and equipment, on the other hand, could be imported and occasionally were. We read of cannon and cannon balls imported from Holland, of portable firearms imported from Brescia, Lucca, and even from enemy France, of cheap cloth shipped from Bergamo. While foreign suppliers of military hardware and textiles must have found a good market in war-ridden Lombardy, local entre-
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preneurs were not idle and a good many certainly prospered. This was true not only of the building contractors and the purveyors of victuals, but also of the mine owners and iron masters in the Valsassina, a district traditionally geared to mining and metallurgy and one that was reported as being very active in the 1630's and 40's mainly as a result of government demand for arms, ammunitions, and hardware. Business was good for the armorers and gunmakers of Milan too: at a time when the making of expensive, custom-made armor was dying out, a number of arms manufacturers could secure handsome contracts for common service arms, helmets, and breastplates. In Milan itself as well as in a number of villages in the Lake Como area the leather industry received a fillip from the war, as it was called upon to fill large orders for footwear, bandoleers, holsters, and harness. 4. The evidence of the kind just presented is very fragmentary and it would be rash to draw from it precise conclusions as to the impact of government spending on the economy. One thing, however, is tolerably clear, namely, the sharp contrast between industries geared to the war effort and those catering to civilian needs: in the war decades the industrial pattern of Lombardy was deeply altered, and behind the change one must see both the pressure of taxation and the stimulus of massive government spending. We have, of course, no direct way of estimating, let alone measuring, the extent to which the expansion of war output compensated for the dramatic contraction of civilian output. And yet it is remarkable that in the period under discussion widespread unemployment was not among the many and not unwarranted grievances voiced by the Lombard subjects against their rulers. As far as government policy was concerned, scarcity rather than redundancy of labor was the keynote, and efforts were made over and over again to attract workers from abroad. We also know that those efforts were not lost, for the immigration of bricklayers, carpenters, miners, ironsmiths, and gunmakers from neighboring countries into the State of Milan is a well established fact, and one obviously connected with an expanding war output. 5. The conclusion of this brief inquiry, then, is that government spending for defence and war purposes played a major role in the course of Lombardy's industrial history; without it, the whole picture of the economy must be seriously incomplete and lopsided. O f course, even though war output may have been a powerful stimulant of economic activity, the price Lombardy had to pay for it should not be lost sight of. It is clear, on the one hand, that to the extent that the war effort absorbed factors of production normally allocated to civilian needs rather than factors which would otherwise have been idle, its cost had to be matched in full by sacrifices in private
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DOMENICO SELLA
consumption and well being. There are reasons for believing, on the other, that Lombardy emerged from the long ordeal in 1659 with an economy seriously distorted in terms of skills and productive capacity and, as such, ill prepared for a quick return to normal peacetme conditions.
LE DÉVELOPPEMENT DES FINANCES DANS LE MIDI
HISTORIQUE
PUBLIQUES
DE L'ITALIE
: 1503-1922
1
par D o m e n i c o DEMARCO
(Université de Naples)
On peut subdiviser en quatre périodes l'histoire financière du Midi de l'Italie pour l'époque moderne et la première partie de l'époque contemporaine. La première, celle du vice-royaume, va de Ferdinand le Catholique (1503) à Charles III (1734); la seconde de Charles III à l'arrivée des troupes de Napoléon (1806); la troisième de 1806 à l'Unité italienne; et la quatrième de 1860 jusqu'au fascisme (1922). I Pour la longue période pendant laquelle le pays vécut sous la domination espagnole, c'est-à-dire jusqu'en 1707, suivie par l'occupation autrichienne, de 1707 à 1734, il est difficile de décrire l'état des finances. La Camera della Sommaria synthétisa l'activité financière et économique de l'État. Si l'on veut se borner à examiner brièvement 1. Ce résumé n'est qu'une petite partie d'une étude plus approfondie qui sera publiée ailleurs et qui comprendra la bibliographie adéquate.
DOMENICO DEMARCO
les revenus, on doit faire une différence entre impôts directs et indirects; ordinaires et extraordinaires. L'impôt direct ordinaire fondamental était le fouage, ou impôt fiscal (Jiscali). Il consistait en un montant proportionné aux biens que l'on possédait, que chaque famille ou groupe familial payait et pour lequel on recevait du sel en raison d'un « tomolo » par foyer ( fuoco) Le montant du fouage était à l'origine de 15 « carlini » et deux « grana » par famille et était perçu directement par les communes, responsables du paiement. A part l'impôt ordinaire, il y avait des impôts extraordinaires sur les familles, que le gouvernement introduisait de temps en temps d'après les dépenses de la Cour espagnole. De 1508 à 1555, on compta sept impôts extraordinaires. A u début, 1'« adoa » représentait un impôt direct extraordinaire; il consistait en une période de service militaire que le feudataire devait accomplir pour son seigneur en cas de guerre. Sous Ferdinand le Catholique (1503-1516), l'adoa se transforma en un impôt ordinaire et la moitié de son poids fut supporté par les vassaux. Les dons, appelés « donativi », représentèrent tout d'abord un impôt direct qui, avec le temps, se transforma en un impôt ordinaire. Cet impôt prenait le nom de « donativo » du Parlamento qui établissait le contingent et effectuait la répartition du tribut. De volontaire, toutefois, il n'y avait que le nom. De 1507 à 1555, il y eut 21 dons, et de 1556 à 1564 on en compta 10. Les motifs qui poussaient les parlements à voter de si lourds impôts étaient nombreux : il s'agissait de personnes fidèles au gouvernement, ou qui espéraient s'en attirer les bonnes grâces et privilèges, ou encore qui voulaient gagner de l'argent en prêtant au gouvernement les montants des dons. Le gain du souverain était maigre, surtout s'il ne percevait pas directement le don, mais s'il se le faisait avancer, car dans ce cas les intérêts grevaient sensiblement cet encaissement. Les impôts indirects étaient nombreux et les moyens de contrôle et l'encaissement chaotiques. O n pouvait les partager en deux catégories : ceux qui étaient perçus par des fonctionnaires spéciaux, responsables envers le fisc, et ceux qui étaient encaissés directement par le fisc. L a première catégorie comprenait les droits de douane et ceux-ci étaient touchés par le percepteur qui était le concessionnaire de ces droits, dont il avançait le montant au fisc. La seconde catégorie comprenait les impôts indirects, perçus par le maître portolano, qui était lui aussi le concessionnaire de ces droits. La « portolania » concernait les droits sur les poids, les permis d'exportation, le savon, le chanvre, le soufre, le salpêtre et le vin. Les autres revenus de l'État étaient constitués par des monopoles 1. La monnaie du Royaume de Naples était le ducat, divisé en dix carlini et un carlino en dix grana.
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dans le commerce, ou sur la fabrication de certains pro-
duits et, enfin, par les sommes perçues pour les droits sur les actes du souverain, de l'administration, des amendes, des délits rachetés par u n versement et autres. L a soie, le safran, l'huile, le sel, le fer et l'acier, le tabac, la manne, l'eau-de-vie, les cartes à jouer, les poids, les mesures, l'or et l'argent constituaient des monopoles pour l'État. Souvent le gouvernement du vice-royaume loua la perception de ces droits, ou bien, c o m m e pour le fer et le sel, il en accorda la vente exclusive à certains commerçants ou sociétés. Cette opération s'appelait « arrendare » et « l'arrendamento » était le loyer que l'on percevait. U n e autre source de revenus était constituée par la douane sur les moutons. L ' h a b i t u d e de faire hiverner les moutons dans la plaine était très ancienne, mais sous Alphonse I e r seulement on institua dans le royaume de Naples la « douane des moutons », c'est-à-dire que l'on choisit un endroit clôturé où les bêtes passaient l'hiver.
Ces
territoires faisaient partie du vaste domaine du « Tavoliere » des Pouilles, et les bergers qui payaient le tribut acquéraient le droit de faire paître leurs troupeaux, d'avoir une certaine quantité de sel à un prix inférieur et ils ne payaient aucun droit de péage. Il existait en outre des taxes sur les actes officiels, les taxes judiciaires et d'autres droits de moindre importance.
Il est cependant difficile d'établir
le montant exact des impôts à cause des exemptions, des privilèges, des « arrendamenti », des ventes de bénéfices, et ainsi de suite, q u e le gouvernement
du
vice-royaume devait accorder à des fins politi-
ques. L e bilan pour les années 1507-1508 prévoyait des impôts directs pour 483 845 ducats et des impôts indirects pour 158 855 ducats, en tout, 642 700 ducats. Mais cela ne signifie rien, car il manque les données des impôts cédés. E n effet, il y avait des revenus et une partie d'autres entrées qui ne parvenaient pas à la trésorerie à cause des charges qui les grevaient. Ils étaient nombreux et d'un
montant
élevé. E n général, il s'agissait d'« arrendamenti » d'impôts indirects. Le budget poi
""
e les revenus qui parvenaient
effectivement ducats, tandis que 1 280 000 ducats environ payés par les contribuables n'arrivaient jamais dans les caisses. Je n'insiste pas sur les dépenses, mais j e vous laisse imaginer le poids des frais militaires. La
réorganisation
de
l'administration
communale
remonte
au
duc d ' A l b e (1628), alors que l'on établit un bilan, « stato discusso », des revenus et des frais pour les universités. Mais les communes vivaient dans le désordre et établissaient de nouveaux impôts, ou encaissaient ceux qui étaient dus à l'État. Les sommes encaissées étaient gaspillées sans en faire bénéficier des œuvres publiques. O n dit que les ministres de la « C a m é r a délia Sommaria » dévorent le patrimoine de l'État, et les revenus royaux, après avoir passé dans plusieurs mains, se réduisent 45
7O6
DOMENICO DEMARCO
au cinquième de ce qu'ils devraient être. La « Caméra della Sommaria » fut dépouillée de la plus grande partie de ses rétributions lorsqu'en 1648 les douanes, les « arrendamenti » et les gabelles servirent à payer les créanciers de l'État qui les administraient comme ils voulaient.
II Lorsque le Midi redevint un royaume autonome, une réforme générale s'imposa dans l'administration publique. A la tête on proposa d ' y mettre des secrétaires d'État. O n confia les finances au Secrétaire di Azienda. Sous Charles III les revenus publics étaient en moyenne de 3 700 000 ducats, tandis que les montants effectivement perçus s'élevaient de neuf à onze millions, qui comprenaient ce qui était p a y é aux
feudataires, aux communes et aux créanciers de l'État, auxquels avaient été cédés 56 droits en pleine propriété ; de leur revenu, 300 000 ducats seulement entraient dans les caisses de l'État. Charles III passa tout de suite aux réformes. En 1741, on signa un concordat avec Rome par lequel les biens que l'Église possédait déjà furent soumis au paiement de la moitié des impôts publics et les nouveaux achats à l'entier, tandis que jusque-là ils avaient été exempts de tout impôt. Le cadastre devint obligatoire; on créa une commission, Giunta delle ricompre, pour encaisser les droits dus par les créanciers de l'État, à qui l'on accorda de reprendre leurs capitaux ou de se contenter d'un intérêt de 4 % . Les « arrendamenti » du tabac, de la manne et de l'eau-de-vie furent abolis et d'autres passèrent petit à petit dans les mains du gouvernement. Mais il fallut un demi-siècle pour cicatriser les plaies que cette maladie avait causées dans la partie plus vive du corps de l'État dès les premières années du XVIe siècle. Q u a n t aux finances communales, en 1741, on mit à jour les bilans « stati discussi »; une deuxième réforme, commencée en 1783, ne fut pas terminée.
III Pendant la période française (1806-1815), la « Camera della Sommaria » fut abolie et on créa la Cour des comptes (Corte dei conti) ; on instaura une comptabilité centrale tenue par un Contrôleur qui examinait préalablementles dépenses. Le service de la Trésorerie passa au Banco delle Due Sicilie. Chaque ministère où l'administration publique fut répartie eut son propre bilan. Les 23 impôts directs furent remplacés par un seul impôt foncier, correspondant à un cinquième du revenu, qui était établi par le cadastre, commencé en 1806 et terminé en 1818.
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Cet impôt frappa tous les biens immobiliers, qu'ils appartiennent à l'Église, aux barons ou au roi. L'heure de l'égalité devant la loi semblait avoir sonné! La richesse mobilière fut, pour la première fois, frappée d'un impôt, « diritto di patente ». Les • arrendamenti » furent rachetés. L'impôt foncier, faute de cadastres, fut mal appliqué car certains réussissaient à y échapper tandis que d'autres en étaient frappés. Rapidement le principe que la richesse mobilière et les industries en formation avaient besoin de protection s'imposa et l'impôt sur l'industrie fut aboli. Il en fut de même pour la contribution personnelle. On donna un titre d'État aux créanciers qui rapportait un intérêt de 5 % , réduit ensuite à 3 % , titres qui furent inscrits dans le Grand Livre de la dette publique, Gran libro del debito pubblico, qui eut en hypothèques dix millions de biens saisis aux couvents. Les autres biens soustraits aux mainmortes furent englobés dans l'administration du domaine public de l'État et ensuite vendus. IV Les Bourbons, rétablis sur le trône (1815-1860), conservèrent la structure financière française. Sur le continent, l'impôt de base resta le foncier, suivi par les taxes douanières, les impôts sur certains aliments, les monopoles, le jeu. En Sicile, le plus fort revenu était celui sur les céréales, suivi par l'impôt foncier, les taxes douanières, les droits de navigation, les impôts sur certains produits, les droits de registre, les hypothèques. La richesse mobilière était presque complètement exonérée de toute charge. Les impôts sur le chiffre d'affaires et sur les transferts de propriétés étaient très faibles. Les finances napolitaines n'étaient pas particulièrement grevées d'impôts mais elles se distinguaient par de petites sommes rendues à l'économie du pays sous forme de dépenses publiques productives et par la façon spéciale de concevoir les impôts, pour la plupart indirects, qui pesaient sur les classes les moins aisées. En parcourant la longue série de bilans de la deuxième époque bourbonnienne, soit de la Restauration à 1860, on apprend que les impôts directs ne sont pas trop lourds et la dette publique pas très importante. Mais le montant des droits intérieurs et de douane, qui pesaient sur le menu peuple, frappait des salaires très bas, et il était énorme. Dans la répartition des dépenses, la somme destinée aux améliorations sociales était parmi les moindres. Plus des deux tiers des revenus étaient dus aux impôts indirects sur la consommation et aux monopoles et, dans tout le royaume, il s'y ajoutait encore les droits communaux de consommation ; la Sicile offrait la particularité d'avoir un droit sur la mouture des céréales. Si bien que les finances
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napolitaines, pendant la période des Bourbons, si elles n'étaient pas caractérisées par des impôts excessifs, l'étaient par la petitesse des sommes attribuées à l'économie du pays sous forme de dépenses pour le bien public. Elles l'étaient aussi pour la façon particulière dont étaient conçus les impôts, pour la plupart indirects mais, justement pour cette raison, ils frappaient démesurément les classes les plus pauvres.
V Après l'Unité (1861-1922), le Midi fut victime d'inégalités fiscales régionales. Ce fut une mauvaise politique d'appliquer au Midi le régime de l'État sarde, en oubliant qu'il s'agissait d'un pays pauvre ayant des impôts modestes. On constate alors un déséquilibre entre la population et la richesse, entre la richesse et les taxes, et des inégalités dans le système tributaire et le régime douanier qui constituèrent d'importants points préjudiciels à la « question méridionale ». Le Midi de l'Italie supporta des impôts plus lourds que ceux qui, en général, pesèrent sur l'Italie du Nord et du Centre. Proportions faites, le Midi donna à l'État des revenus non adéquats aux richesses qu'il possédait ; au contraire, le Nord ne contribua pas dans la même mesure. En 1891, l'économiste Pantaleoni s'étonnait en constatant que l'Italie centrale, et plus encore la Méridionale, ne se plaignaient pas de leur pauvreté et ne se rebellaient pas contre les lourdes et injustes charges fiscales qui pesaient sur la population. Il disait que le butdefaire partie de l'union, même avec des désavantages, était justifié par le patriotisme, ou la contrainte, ou l'ignorance de sa propre condition et de celle des autres. En 1900 d'abord, puis en 1905, Nitti terminait son étude sur le rapport entre richesse privée et impôts dans les différentes régions de l'Italie. Et bien, l'Italie septentrionale avec 36,41 % de la population et 46,71 % de la richesse privée, payait 41,24 % des impôts directs et indirects; l'Italie méridionale, exception faite pour la Sicile, avec 25,89 % de la population et 20,61 % de la richesse privée, payait 22,42 % des impôts précités. Quelques années plus tard, Fortunato écrivait que le Midi, avec une superficie d'un cinquième en moins que le reste de l'Italie, 127 000 kilomètres carrés sur 287 000, et avec une population d'un peu plus des deux cinquièmes de la population totale, payait plus d'un tiers des charges fiscales. Si l'on est d'accord avec l'évaluation de la richesse faite par Nitti, soit 65 milliards, et la répartition entre le Midi, 30 % , et le reste de l'Italie, 70 % , il concluait que les charges fiscales étaient du 34 % au Sud et du 66 % au Nord et au Centre, tandis qu'elles auraient dû être calculées d'après la richesse. Cette criante injustice sociale aux dépens du Sud fut réprimée par
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les lois de 1906 en faveur des provinces méridionales. Mais le Midi ne bénéficia des dépenses publiques que dans une très petite mesure, de sorte qu'il est juste de penser que, de l'unité à l'avènement du fascisme, l'Italie méridionale absorba à peine 30 % des dépenses totales, supportées par l'État, pour les œuvres et les services publics. D'après ces faits, on arrive à la conclusion que l'État italien ne témoigna aucune bienveillance au Midi jusqu'en 1922, et ne remplit pas ses devoirs politiques qui auraient dû le pousser à dépenser pour lui, comme le disait Franchetti, l'argent des autres régions. Au contraire, l'État dépensa pour le Nord et le Centre l'argent destiné au Midi. Le 27 juillet 1921, le député Gronchi faisait remarquer que de toutes les routes provinciales prévues pour le Midi, les cinq huitièmes étaient encore à faire, et le 30 juillet 1920 le député Falbo précisait que plusieurs villages de la côte calabraise sur la mer Ionienne, après 60 ans de vie nationale, n'étaient pas encore reliés par une voie de communication routière, parce que les routes calabraises qui auraient dû être construites selon la loi spéciale de 1906, pour la plupart, n'avaient pas été faites. Après cet exposé, vous pouvez mieux imaginer les origines lointaines et proches de ce qui est connu aujourd'hui sous le nom de « Question méridionale », problème épineux qui ne peut être ignoré dans la politique économique de l'Italie, même au sein de la Communauté Économique européenne. Et vous pouvez juger, alors, combien l'historien des finances publiques peut être utile à l'économiste et à l'homme politique d'aujourd'hui.
INDAGINI SUL PRELIEVO DELLA RICCHEZZA PRIVATA, IN CREMONA, DURANTE LA DOMINAZIONE SPAGNOLA dì Nicola Ircas J A C O P E T T I ( Cremona)
Le difficoltà, circa una reale valutazione di tutto il prelievo che, annualmente, si faceva della ricchezza privata, da parte degli organi fiscali, centrali e locali, durante la dominazione spagnola, per la mancanza di documentazione, sono note. Lo stesso apparato fiscale, di imposizione e di esazione, a causa della differenziazione dei tributi, in camerali e comunali, esatti rispettivamente dalla R. Camera e dalle Comunità o direttamente dai sottoscrittori del debito pubblico, associati, alcune volte, nella gestione di un dato tributo, il cui gettito era destinato al soddisfacimento del pagamento degli interessi e ammortamento del prestito fatto o la vendita del gettito di altri ad un unico prestatore, il quale fungeva spesso da esattore, escludendoli, perciò, dalle voci di entrata dei bilanci comunali o statali, rendono più difficile la conoscenza del quantitativo della ricchezza prelevata. Per tutti i motivi sopraddetti si è limitata la ricerca alla città di Cremona e ai suoi borghi, con esclusione delle Terre Separate di Casalmaggiore, Soncino, Castelleone, Pizzighettone e Fontanella e del Contado, tentando di sintetizzarne, per alcuni anni, gli aspetti più
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NICOLA I R C A S
JACOPETTI
evidenti, in conformità alle voci di entrata e uscita dei bilanci che si sono reperiti. Nell'impossibilità di conoscere l'impiego dei tributi esatti direttamente dalla R . Camera, si sono classificate le uscite dei bilanci comunali, secondo la loro destinazione, in spese militari, civili e oneri derivanti dal pagamento degli interessi ed ammortamento del debito pubblico, mettendo in evidenza la loro incidenza rispetto al volume delle entrate. Ne risulta chiaramente, come la maggior parte della ricchezza privata cremonese fosse impiegata nel pagamento degli oneri militari 0 venisse esatta direttamente dalla R. Camera, senza alcun beneficio per i cittadini cremonesi. L'aumento della spesa pubblica, a vantaggio degli oneri militari, fu incessante, anche, quando le condizioni contributive dei cittadini, particolarmente dopo il 1630, erano peggiorate. Il debito pubblico cittadino, dal 1565 al 1630, sottoscritto normalmente dai nobili, dagli ecclesiastici o dagli enti assistenziali laici, ad un tasso di interesse sempre più elevato, per la impossibilità di trovare sottoscrittori, raggiunse, come si rileva in alcuni documenti, il valore del reddito di tutto il capitale mobiliare e immobiliare cremonese. La crisi delle finanze locali si fece ancor più acuta, quando non si riuscirono a pagare regolarmente gli interessi del debito pubblico e le entrate si ridussero fortemente, per le continue alienazioni del gettito dei tributi, del patrimonio urbano, la diminuzione dei contribuenti e della loro capacità contributiva. Passando ad esaminare le entrate dei bilanci comunali ed i tributi pagati direttamente alla R . Camera, si sono rilevati ed analizzati 1 vari tipi di imposta, se ne è studiata la loro origine e natura, classificandoli in relazione al modo in cui veniva prelevata la ricchezza privata : tasse, imposte dirette ed indirette, tributi reali e personali. Si è rilevato l'incidenza di queste sul gettito globale, per meglio fare apparire il momento e il tipo di ricchezza prelevata. Il problema che interessava maggiormente era quello di conoscere la pressione tributaria; ma, presupponendo la sua soluzione una conoscenza di dati, che difficilmente possono dare i documenti storici di questo periodo, si è cercato di rilevare il prelievo « prò capite » della ricchezza individuale, relativo ad alcuni anni, confrontandolo con la media salariale dei dipendenti comunali. L'indagine non poteva arrestarsi a questi risultati, perchè, sebbene essi indicassero già, approssimativamente, il peso della contribuzione individuale, occorreva indagare sulla ricchezza posseduta dai singoli contribuenti e rilevarne le eventuali sperequazioni. E' risaputo, infatti, che la maggior parte della ricchezza era concentrata nelle mani dei nobili e degli ecclesiastici, i quali, oltre tutto, godevano di
NICOLA IRCAS JACOPETTI
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ampi privilegi ed esenzioni; pertanto la maggior parte degli oneri gravavano sul Terzo Stato, costituito dagli artigiani, dagli operai e dai piccoli coltivatori diretti. Le continue evasioni, legali o no, la sperequazione tributaria contribuirono ad aumentare il peso della pressione fiscale « prò capite », provocando un accentramento della ricchezza nelle mani delle classi privilegiate, aumentando i loro già elevati capitali immobiliari. Infatti, buona parte del perticato rurale, più oberato di tributi, passò a quello civile ed ecclesiastico, posseduto, per lo più, dai nobili e dagli ecclesiastici. L'emorragia continua di buone monete, dal mercato cremonese verso Milano, sotto forma di imposte camerali o di oneri militari, provocò, a più riprese, il vuoto di circolante di buone monete grosse e, spesso, di monete « basse » nostrane, riempito dalle « cattive » monete dei paesi circonvicini, con quali i mercanti e gli artigiani cremonesi avevano i loro rapporti d'affari, provocando un aumento del corso libero dei cambi delle monete pregiate e « basse » nostrane. L'artigianato tessile, oberato dall'aumento continuo dei tributi c dalle mutate condizioni dei mercati di sbocco, andò estinguendosi, per l'emigrazione delle aziende migliori in altri Stati, dove venivano concesse esenzioni e privilegi. La manodopera specializzata emigrò al seguito delle aziende, sfidando il rigore delle gride, emesse contro gli emigranti. La Spagna, che con la riforma dell'estimo immobiliare e mercantile, iniziato da Carlo V, avrebbe potuto migliorare, rispetto al periodo precedente, tutto il sistema fiscale in Lombardia, allargando la base dell'imponibile, per giungere ad una più equa distribuzione dei carichi fiscali, in rapporto alla ricchezza posseduta, non riuscì a vincere le opposizioni dei privilegiati e degli esenti dal pagamento delle imposte. L'immobilismo, poi, delle strutture fiscali, rispetto alla perequazione tributaria, accentuarono i difetti del sistema, per cui gli Austriaci, per poter vincere tutte le opposizioni delle classi privilegiate, solamente dopo circa 50 anni dal suo inizio, nel 1757, riuscirono a varare il nuovo censimento catastale. Del tutto negativa, pertanto, sembrerebbe essere stata la politica fiscale spagnola nei confronti dell'artigianato tessile cremonese, il quale avrebbe potuto sopravvivere, unicamente, adottando una politica di sgravio nel mercato interno e di dazi difensivi nel mercato esterno; nei confronti della agricoltura, che visse lunghi periodi di crisi e di decadenza, dopo il 1630, adottando una politica di sostenimento dei prezzi; nei confronti della manodopera artigianale e agricola, adottando provvedimenti idonei a sostenere i salari e a contenere la pressione fiscale, per evitare le continue e massicce emigrazioni.
EL FÍSCO Y LA E C O N O M Í A
DE
EN LOS SIGLOS X V I Y
CASTILLA XVII
por Felipe Ruiz MARTIN (Universidad de Bilbao)
La administración pública castellana desde muy temparano fue concebida y practicada estadísticamente. Para los siglos X V I y X V I I resulta factible establecer casi con exactitud los ingresos ñscales, por conceptos separados además. A los totales deducidos para cada ejercicio ha de añadirse una partida singular, lo procedenete de las Indias Occidentales, que si cuantitativamente no sobresale — e n los períodos de máximos arribos osciló entre el 23,37 P o r 100 en 1560 y el 22,40 por 100 en 1598,— cualitativamente su importancia será decisiva por la atracción que ejerce sobre el capitalismo internacional. Los gastos estatales e imperiales asimismo son reconstruidos, aunque con menor precisión de detalle. Pero en todo caso cabe fijar la participación creciente de Castilla en el coste fabuloso de la política de Carlos V y de la rama mayor de los Habsburgo. Como consecuencia de semejante carga su déficit presupuestario se hizo crónico. Y de necesidad hubo de recurrir al crédito. A l efecto los « asientos » fueron el contrato típico, en virtud del cual un mercader o más corrientemente un consorcio de hombres de negocios hacía un anticipo, que se había de pagar de ordinario
7i6
F E L I P E RUIZ
MARTIN
fuera de España y en la moneda convenida —preferentemente, si no con exclusividad, oro hasta 1596, y desde 1607 imprescindiblemente plata— se había de cobrar por lo común en Castilla y habitualmente en plata hasta fines del X V I , y desde principios del X V I I con frecuencia en vellón. De ahí la importancia del oro en la edad de la plata— cuando, en Castilla, los súbditos tributaban preceptivamente en monedas blancas— y ulteriormente, en la edad del cobre, la preeminencia de la plata— cuando en Castilla se solían solventar los impuestos en monedas negras, aunque ciertas entradas, como las procedentes de la Cruzada y la mitad del Subsidio del clero, junto con ciertos anticipos y donativos, sólo se admitían, significativamente, en piezas argénteas. Esos « asientos » — crédito a corto plazo y alto interés— hasta 1557 descansaron directamente en las llamadas rentas de Castilla. Después de la primera bancarrota de Felipe II — q u e en rigor consistió en la caducidad de un sistema crediticio caro para inaugurar otro sistema crediticio barato— se inserta entre los « asientos » y las rentas de Castilla un elemento intermedio, los « juros » —crédito a largo plazo y bajo interés— que en lo sucesivo será la clave de la tesorería. Para mantener el edificio de los « juros » se ampliaran e intensificaran en momentos críticos, 1566-1567, 1575, 1589-1590, los ingresos fiscales de Castilla, así los metropolitanos que los coloniales, si se nos permite la distinción. Y con idéntico propósito, en el segundo cuarto del seiscientos, se recurrirá a donativos y a anticipos no presisamente voluntarios, a incautaciones de las remesas americanas de particulares, y cuando esto no fue aún suficiente a dos « arbitrios » tan reveladores como revolucionarios : alteraciones monetarias y retención de los réditos de los propios « juros ». Se acercaba sin duda el desenlace, el abstimiento final de Castilla, pues las provincias, Cataluña, Portugal, Nápoles y Sicilia, reaccionaron subversivamente cuando se reclamaba su cooperación. ¿Hasta cuando — y c ó m o — la economía de Castilla pudo resistir normalmente las progresivas exacciones? Sin duda, en su conjunto, hasta 1586 —se desprende singularmente a través del capítulo de las « alcabalas », teóricamente el 10 por ciento de cuanto se compraba y vendía. Mas entonces justamente, cuando empezaba una contracción, se agravó la carga con el peso de los « millones », 8 000 000 de ducados a entregar entre 1590 y 1595. En la etapa siguiente, pacifista a ultranza, no se recuperará, Castilla, a pesar de la relativa prosperidad que conociera desde 1607 a 1620; los abusivos dispendios cortesanos de entonces no permitián precisamente un alivio, por lo que si el « encabezamiento » de las alcabalas junto con las tercias no fue acrecentado, los « millones » casi se multiplicaron por dos. Y en seguida vinieron las violencias para nutrir el erario, que culminan en 1650-
FELIPE RUIZ MARTIN
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1660, con lo cual se precipita la caída de lo que se conservaba en pie, en el campo y en las ciudades, aunque revelara una capacidad de resistencia sorprendente. Las conclusiones son obvias. Castilla que se beneñcia de la mesura incuestionable con que en tiempo de Carlos V se trató a sus contribuyentes, conoce un relativo esplendor entre 1560 y 1580, disfrutado por Felipe II : ello le permitió modificar, como dicho queda, el procedimiento de los « asientos »; pero al abusar del bienestar se aceleró la deteriorización. El sector agrícola fué la víctima inicial : su declinar data, netamente, de 1582. La presión fiscal que se inaugurará en 1566-67 y se redoblará en 1575, apuntando hacia la distribución ¿ en qué medida fue la causa de aquel estrago ? Otros extremos al hacer de los « juros » centro de gravedad del régimen hacendístico, primero se favoreció, creando un dinero ágil, al « empresario », que en la industria textil y en el comercio al menos intervino con éxito; después, al observar dichos títulos fuertes disponibilidades del ahorro, se frenó la expansión, al impedirse las reinversiones y las ampliaciones. Coincidiendo con los « millones » de 1590-1595 la fábrica de paños experimentó una brutal disminución : ¿cómo se derivó semejante adversidad? Durante el siglo X V I I , al no añojar la tensión fiscal entre 1600 y 1620, no fue posible aprovechar la coyuntura favorable, y desde 1621 las anomalías y los excesos fiscales precipitan a Castilla en una progresiva postración. Se configurarán entonces dos realidades estructurales que arraigaron profundamente, impidiendo en el porvenir sucesivos intentos de mejora : carencia de una burguesía acandalada, y concentración de la tierra en latifundios, bajo la modalidad de los señoríos. Sobre esas bases se asienta la diferenciacón regional española, problema latente, que es otro legado negativo del siglo X V I I .
VENTAS DE TIERRAS Y OFICIOS EN LA ESPAÑA DE LOS
PÚBLICOS
AUSTRIAS
por D. Antonio DOMÍNGUEZ ORTIZ ( Granada)
La España de los Austrias (1516-1700) es quizás el Estado en que mejor pueden estudiarse las repercusiones de la Política sobre la Economía a través de la Fiscalidad estatal. Las enormes exigencias financieras de su política exterior planteó a los monarcas españoles un problema jurídico; como la imposición de nuevos tributos requería el consentimiento de las Asambleas populares (Cortes de Castilla) que los resistían cuanto les era posible, hacen uso de sus regalías, o arbitrios que podían ejercitar directamente, por ejemplo, las ventas de cargos, títulos y mercedes de toda clase. En esta comunicación sólo tratamos de las ventas de tierras y oficios públicos. Comienzan las ventas en el reinado de Carlos V y se acentúan en el de Felipe II, en el que, a pesar de las protestas de los pueblos, se convierten en un capítulo regular de ingresos. El pacifismo de Felipe III permite reducir las ventas, pero las complicaciones bélicas obligaron a Felipe I V a incrementarlas hasta un grado antes desconocido. La situación se prolongó sin grandes cambios en el reinado de Carlos II e incluso bajo el primer Borbón. Los que compraban cargos lo hacían para procurarse un ascenso
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O. ANTONIO DOMINGUEZ
ORTIZ
social o como inversión. En 1600 el valor de los cargos municipales era de unos 12 millones de ducados (40 millones de dólares), cifra que aumentó mucho después. Hubo una cierta especulación, con reventa de cargos. Los efectos económicos deprimentes de estas inversiones improductivas se reforzaron con la creación de una burocracia inútil, el aumento de las deudas municipales y el aumento de la desigualdad contributiva en perjuicio de los más débiles. Las tierras vendidas pertenecían a la categoría de pasto común (baldíos). Su venta a particulares fué una medida antisocial pero aumentó el rendimiento.
LE RÔLE ÉCONOMIQUE DE LA FISCALITÉ DANS LE BRÉSIL COLONIAL (1500-1800) par Frédéric
MAURO
(Université de Toulouse)
Le rôle économique de la fiscalité, important dans l'interventionnisme du xx e siècle, insignifiant dans le libéralisme du xrx® siècle, n'a pas été négligeable à l'époque mercantiliste. Fiscalité redistributive du revenu ? fiscalité protectrice de la production, la stimulant au besoin? ou au contraire fiscalité négative freinant la consommation, gênant les échanges ? Et dans quelle mesure ? Telles sont les questions que nous pouvons nous poser, par exemple pour le Brésil. Celui-ci est traversé entre 1500 et 1800 par trois grands souffles, trois grands « cycles » économiques : celui du bois brésil — celui du sucre — celui de l'or. Donc trois types de problèmes pour l'économie fiscale. Le cycle du bois brésil
L'Administration royale distingue la coupe et le transport du bois. L'un et l'autre passent par des régimes divers : licences, régie, ferme. Par eux le roi retrouve sa fonction traditionnelle de roimarchand, tantôt directement, tantôt par l'intermédiaire de concessa
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FRÉDÉRIC MAURO
sionnaires. Le prix du bois ou du contrat, étant fixé par lui, fait de cette fonction une fonction fiscale. Et celle-ci à son tour, permet de stimuler ou de freiner l'activité d'un secteur de l'économie. De plus, dès 1534-35 P a Y s a ¿té partagé entre des capitanes donataires qui concèdent aux colons de grands domaines fonciers, les sesmarias. Le forai accordé par le roi à chaque capitaine précise les redevances des colons envers l'un et l'autre. O n discute pour savoir si les capitaines donataires étaient des féodaux ou de grands concessionnaires capitalistes. Quoi qu'il en soit, ils recevaient un pays à mettre en valeur en échange d'un prélèvement fiscal. Le donataire devait créer des villes, une administration, une justice. L e colon devait produire. L a fiscalité avait donc là un rôle de stimulant économique. Le cycle du sucre I. Brésil portugais. Les comptes des impôts perçus dans chaque capitainerie devaient donner au roi une idée de l'importance économique respective de chaque capitainerie. Dans ces impôts les droits sur le sucre ont une part écrasante. Déjà le trafic des Noirs, qui fournit en partie la maind'œuvre des engenhos, repose sur un vaste système fiscal, celui de la ferme des contratadores et des licences des avençadores. Mais les dizimos, dont on dispense parfois les maîtres de moulins, pour stimuler la production, la vintena et les autres impôts, bien que portant généralement sur tous les produits de la terre, ne forment des sommes considérables que grâce au sucre. D'autant qu'ils représentent 30 % du prix du sucre rendu à Lisbonne, du moins selon un témoignage hollandais de 1624. Ici la fiscalité pèse donc lourdement sur le prix. Et elle parvient, grâce aux dispenses, à s'adapter aux nécessités de la production, à encourager celle-ci, s'il le faut. II. Brésil Hollandais. Les Hollandais ont repris à peu près le système fiscal portugais. Jean Maurice de Nassau a essayé de l'améliorer. Les maîtres de moulins se trouvant dans l'incapacité de payer, ce sont surtout les commerçants qui ont financé les dépenses de la nouvelle colonie. Ils ont ainsi fait vivre la population de Recife et de Mauricia. Il y a donc eu là, dans une certaine mesure, une redistribution du revenu par l'impôt.
FRÉDÉRIC MAURO
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Le cycle de Vor L a production de l'or dans le Minas commence vers 1700, celle de diamant en 1729. L'impôt du quinto, impôt du cinquième à la production, a été remplacé en 1735 par une capitation qui frappait injustement la prospection. Pombal l'a bien compris, qui, en 1750, est revenu au système du quinto, pratiquant ainsi une politique fiscale efficace du point de vue économique. Ce système fonctionna bien jusqu'en 1760. Mais avec la baisse de la production aurifère il s'enraya, provoquant même un complot, « l'Inconfidence Minière ». C'est que le quinto s'ajoutait à d'autres impôts très lourds, en particulier les donativos exceptionnels réclamés par la couronne pour des dépenses extraordinaires, comme la reconstruction de Lisbonne après le tremblement de terre de 1755, ou à des taxes indirectes, les entradas, octrois qu'une organisation défectueuse, favorisant les importations les moins utiles au détriment des plus utiles, rendait économiquement néfastes. Le poids fiscal total représentait, dans le Minas, le quart du produit « national ». Conclusion Impôts à la production ou impôts à la consommation, les impôts brésiliens, finalement très lourds, ont beaucoup pesé sur les prix. Leur utilisation comme instrument de la politique économique n'a été qu'amorçée dans certains cas bien précis et souvent sans doute de façon involontaire, sous la pression des circonstances. Dans ces siècles mercantilistes d'économie de guerre, l'impôt a surtout servi à la guerre. Avec la paix du XVIII e et l'or du Minas, l'impôt a financé soit les dépenses de luxe de la Cour, soit une politique de constructions au Brésil ou dans la Métropole, accentuant une redistribution du revenu au détriment du Brésil. Dans l'ensemble il a pesé d'un poids lourd sur les producteurs et les consommateurs, donc sur l'économie.
É C O N O M I E LE
C A S
E T
DE
LA
FISCALITÉ SUISSE
par Jean-François
BERGIER,
Anne-Marie Piuz et Béatrice
HERREN
( Université de Genive)
I L A PLURALITÉ DES EXEMPLES SUISSES
Introduction L'originalité historique de la fiscalité en Suisse tient moins à la structure des finances publiques dans ce pays qu'à la pluralité de systèmes superposés ou parallèles. Il n'y a pas une fiscalité en Suisse, il y en a une multitude, et le problème abordé ici de leur rapport avec le développement économique ne s'en trouve pas simplifié. Cette pluralité tient au régime constitutionnel fédératif de la Suisse, qui laisse à chacun des vingt-cinq États ou Cantons leur souveraineté en matière financière et fiscale, et aux communes une large autonomie budgétaire. Ainsi, l'ensemble de ces systèmes fiscaux se répartissent sur trois plans superposés : celui de la Confédération, celui des Cantons et celui des Communes. Le fait que cette structure ait été quelquei'ois, au cours des dernières décennies, mise en cause par une fraction de l'opinion nationale indique assez qu'une évolution se produit
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au sein de ce système, c'est-à-dire que l'équilibre de la répartition des recettes entre les différents types de communautés et la disparité des régimes se trouvent sans cesse remis en question. La plupart des travaux consacrés à l'histoire de la fiscalité en Suisse se contentent de décrire les systèmes d'imposition et il est rare de trouver des indications sur la politique fiscale dans ses rapports avec les structures de l'économie et l'orientation de la conjoncture. Peut-être la politique économique traditionnellement libérale de la Suisse peut-elle expliquer cette apparente absence de relations : «d'après la conception libérale, la neutralité consiste dans la vocation financière de l'impôt : répartir les charges publiques entre les membres de la communauté selon la capacité. Dans les régimes interventionnistes et dirigistes, au contraire, la vocation politique de l'impôt ne fait p l u s d e d o u t e : il est m i s l a r g e m e n t a u s e r v i c e d e s c h a n g e m e n t s
de
structure et de l'orientation de la conjoncture » 1 . Il n'existe qu'une mince littérature sur les rapports entre la fiscalité et l'économie en Suisse. Pour l'histoire des contributions, on se réfère généralement à G. von Schanz 2 , et, en ce qui concerne le xx e siècle, à H. Laufenburger s , ainsi qu'à E. Grossmann 4. L'intention de ce bref rapport n'est pas de suivre le développement de la fonction économique des diverses fiscalités suisses, car une telle analyse devrait pouvoir s'appuyer sur un ensemble de recherches qui restent à faire pour la plupart. Sans perdre de vue le fait fondamental de cette diversité, nous voudrions mettre en lumière quelques étapes d'une évolution globale de leurs rapports, et, sur la base d'une observation des exemples suisses, proposer quelques hypothèses de travail et de discussion. En Suisse, l'évolution de la fiscalité a connu deux périodes fondamentales. Dans la première, la fiscalité s'identifie à l'exercice des droits seigneuriaux; dans la seconde, elle est fondée sur des dispositions constitutionnelles et législatives.
1 . Henry L A U F E N B U R G E R , « Quelques aspects de l'impôt suisse sur la fortune », in Mélanges d'histoire économique et sociale en hommage au professeur Anlony Babel, t. II, Genève, 1963, p. 471. 2. Georg V O N S C H A N Z , Die Steuern der Schweiz in ihrer Entwicklung seit Beginn des ig. Jahrhunderts, 5 vol., Stuttgart, 1890. 3. Henry L A U F E N B U R G E R , Économie desfinancessuisses, Genève, 1 9 6 1 , — « Quelques aspects de l'impôt suisse sur la fortune », in Mélanges d'histoire économique et sociale..., t. II, Genève, 1963. 4. Eugen GROSSMANN, Die Vermögensteuer, Handbuch der Finanzwissenschaft, a e éd., Tübingen, 1956.
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1. Du Moyen Age à la fin du XVIIIe siicle Pendant toute cette période, en effet, les revenus des collectivités — qui font ou seront appelées à faire partie de la Confédération — sont des rentes seigneuriales, parmi lesquelles il convient de distinguer, comme ailleurs, l'ensemble des revenus domaniaux d'une part, et de l'autre, l'extrême variété des droits fiscaux. Tôt ou tard, ces collectivités, tant montagnardes qu'urbaines, tendent à se substituer aux seigneurs ou au prince et perçoivent à leur profit l'ensemble des droits seigneuriaux. Ces collectivités, lorsqu'elles ont acquis leur indépendance, se constituent en États souverains. C'est l'origine de la plupart des Cantons — qui se sont agrégés peu à peu à la Confédération depuis sa fondation en 1291 jusqu'au début du xix e siècle. Le revenu des domaines, auquel s'ajoutait le produit des droits fiscaux, qui sont autant d'impôts indirects (droits de péage, de douane, de halle, droits perçus sur la vente des marchandises, droits de consommation, droits sur la frappe des monnaies, etc.), suffisait en général à couvrir les besoins des collectivités suisses (cantons, villes, etc.). Dans la mesure où les documents fiscaux ont été conservés en quantité suffisante pour permettre l'établissement de séries, nous pouvons en induire le mouvement de la conjoncture, tout au moins dans certains secteurs déterminés de l'activité économique (mouvement du trafic à travers les comptes de péages, du commerce d'une place à travers les comptes de ses halles). La plupart de ces impôts indirects constituent pour les collectivités qui les perçoivent une ressource fiscale permanente sinon régulière; quelques-uns restent occasionnels mais, renouvelés fréquemment, ils finissent presque toujours par se perpétuer. Pendant toute cette période, les communautés ne recourent à l'impôt direct 1 qu'à titre exceptionnel : pour faire face à un danger de guerre, payer une composition, rembourser un emprunt important, financer une ambassade extraordinaire ou couvrir quelque autre dépense excédant largement les moyens ordinaires (acquisition de la ville de Nidau par Fribourg en 1379, démarches de Genève en faveur de ses foires en 1464, composition versée aux Suisses par Genève à la suite des guerres de Bourgogne en 1476, etc.). A Bâle, entre 1361 et 1500, on relève la perception d'une vingtaine d'impôts directs extraordinaires; à Genève, nous connaissons au moins neuf levées extraordinaires entre 1356 et 1476. L'État ne recourt à cette forme de fiscalité qu'en cas d'urgence et y renonce dès que possible. 1. Toujours perçu sur la fortune.
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Durant tout l'ancien régime, l'impôt direct conserve ce caractère de subside exceptionnel; il est d'ailleurs très impopulaire et les gouvernements des grands Cantons aristocratiques préfèrent y renoncer pour éviter des troubles. Dans cet ordre d'idée, les emprunts forcés lancés parfois par les gouvernements sont à la limite de la fiscalité; leur résultat est un indice de la situation économique. Il faut relever cependant deux cas particuliers ; le canton de Glaris et la seigneurie de Genève ont pratiqué, dès le XVIIe siècle, l'impôt direct régulier. Glaris lève un impôt direct sur la fortune et un impôt de capitation réguliers Genève perçoit la taxe dite des gardes (exemption du service militaire) pendant tout le xvn« siècle et le XVIII e s i è c l e .
Ailleurs, l'impôt direct à titre extraordinaire a tendance à disparaître depuis le milieu du xvin® siècle.
2. La fiscalité des XIXe et XXe siècles Les révolutions de 1798 en Suisse, la suppression des droits seigneuriaux et le resserrement progressif des liens fédéraux ont obligé à fonder la fiscalité sur de nouvelles bases, constitutionnelles et législatives. Tout au long de la période, il a été constamment nécessaire d'adapter ces bases aux conditions économiques et politiques du pays, conditions dont l'évolution a été rapide. Ceci cependant sans jamais altérer la souveraineté des Cantons en matière fiscale. a)
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: la République helvétique.
La Constitution de 1798, imposée par la France, créait un État arbitrairement centralisé dont les besoins devaient être couverts par un système fiscal fabriqué de toutes pièces. L a Constitution ellemême, et les lois de juillet 1798 et de décembre 1800 instituèrent principalement un impôt direct sur les biens fonciers et le capital mobilier. Mais ce système s'avéra fort difficile à appliquer; en 1799, sur 13,8 millions de francs escomptés, les impôts n'en rapportèrent que 3,8. b) 1803-1848 : Acte de Médiation et Pacte fédéral. En 1803, les anciens cantons, rendus à leur souveraineté, abandonnèrent les impôts directs ou n'en conservèrent qu'une partie. Mais les nouveaux Cantons pratiquent l'impôt direct : Argovie, Thurgovie, Saint-Gall et V a u d , ainsi que Glaris et Appenzell. Genève, dès son 1. M a x DE CÉRENVILLE, Les impôts en Suisse..., étude de droit public comparé et d'économie nationale, Lausanne et Paris, 1898, pp. 47-52.
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entrée dans la Confédération en 1815, perçoit l'impôt foncier et l'impôt immobilier. Partout ailleurs, l'ancienne hostilité à l'égard de l'impôt direct renaît; en 1818, un projet d'impôt direct provoque une émeute à Schaffhouse. Sous l'influence de l'industrialisation et du développement économique cependant, l'impôt direct s'introduit dans les Cantons. Mais alors que, sous l'ancien régime, il ne signifiait que contribution sur la fortune, il sera, dès le xix® siècle, prélevé aussi sur le revenu 1 . Ainsi Bâle-Ville est le premier Canton qui sut tirer le bénéfice de l'évolution économique. En 1840, un impôt progressif sur le revenu est introduit à Bâle (il a duré jusqu'en 1866) ; d'autres Cantons tentent de l'imiter mais échouent a ; signalons la tentative — qui avorta — du canton de V a u d en 1841 3 . Jusqu'en 1848, le système financier des Cantons reste simple. Les droits de douane et d'accise forment la principale ressource des budgets cantonaux. L'impôt direct, existant alors dans douze Cantons, demeure bas ; il est prélevé sur la fortune (à part l'exception bâloise) et reste au second plan. D'ailleurs les dépenses des États sont encore modestes : le Canton, certes, a la charge des routes, des cultes et de l'instruction publique, de l'armée, mais n'a pas encore de charges sociales (sauf à Berne, à Genève et dans le canton de Vaud). Il n'existe pas d'impôts fédéraux, et les besoins de la Diète, très restreints d'ailleurs, sont couverts par les Cantons. c) Après 1848. La Constitution de 1848 transfère les droits de douane au budget fédéral qui s'est emparé aussi des droits de consommation (influençant ainsi sensiblement les prix). Pour couvrir leurs dépenses, les Cantons sont alors contraints de recourir à l'impôt direct, ayant la fortune pour assise. La fortune continue à être considérée comme principal indice de la capacité contributive, et son assiette est retenue — pendant la plus grande partie du xix e siècle — comme fondement prépondérant de l'impôt direct. Cependant, en raison de l'intervention toujours accrue de l'État dans la vie sociale et de ses charges toujours plus nombreuses, l'assiette de la fortune est devenue insuffisante à couvrir les dépenses du pouvoir cantonal. D'autre part, le revenu — sous forme de salaires, traitements 1. Édouard Huguenin, L'Étatffdératif suisse et les bases de son systèmefiscal,Lausanne, 943> P- 79a. Henry Laupenburoer, « Quelques aspects de l'impAt suisse sur la fortune », :n Mélanges Babel, t. II, Genève, 1963, p. 476. 3. Pétition présentée au Grand Conseil du Canton de Vaud poux (remplacer) tous les mpôts. ..par un impôt progressif et unique basé sur le revenu de chaque citoyen, Lausanne, 1841. !
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(revenu non fondé) ; les dividendes (revenu fondé) ; bénéfices d'entreprises (revenu mixte) — devient une autre expression, importante, des facultés contributives. Les Cantons finissent par intégrer le revenu dans le corps de l'impôt sur la fortune auquel le pays est resté attaché. Le cas extrême est celui du canton du Valais qui maintient, depuis 1848, l'impôt sur la fortune comme impôt direct exclusif 1 . « L'histoire nous apprend que l'impôt cantonal suisse sur la fortune est complémentaire de l'impôt personnel sur le revenu qui, petit à petit, avance à la première place dans le régime fiscal dit direct » d) XX* siècle. Nous avons relevé déjà la singulière complexité du système fiscal suisse : « à côté de la souveraineté fiscale de la Confédération, il subsiste en Suisse celle de vingt-cinq cantons et demi-cantons, ainsi que l'autonomie financière de plus de trois mille communes. Une autre caractéristique de la politique financière helvétique réside dans le fait que le peuple a, dans une large mesure, voix au chapitre [...], les arrêtés fiscaux de toute nature doivent être adoptés par le peuple » Avant 1914, la Confédération, selon une règle coutumière (non constitutionnelle) incontestée, n'avait recours qu'à des impôts indirects et laissait aux Cantons la taxation directe. Avec la première Guerre mondiale, les Cantons modernisent leurs systèmes d'imposition directe : face à l'impôt sur la fortune, la taxation du revenu prend de plus en plus d'importance et l'impôt sur la fortune est réduit à une charge complémentaire. D'autre part la délimitation traditionnelle : impôts directs aux Cantons, impôts indirects à la Confédération, n'a pas pu être maintenue. Durant la guerre, le produit des péages fédéraux perçus à la frontière s'était amenuisé, tandis que les charges ne cessaient d'augmenter. Berne fut obligé de « mordre » sur les contributions directes, traditionnellement réservées aux Cantons (droits de timbres, impôt sur les coupons, impôts de guerre). Entre les deux guerres, « on était revenu rapidement à la situation normale, les droits de douane reprenant leur importance grâce au rétablissement d'une liberté presque complète des échanges internationaux » 4 [...] « Les recettes douanières ont copié très exactement l'animation du commerce d'importation de la Suisse jusqu'à la crise 1. Henry Laufenburoer, « Quelques paradoxes de la fiscalité comparée», in Revue de sciencefinancière,t. 55 (1963), p. 168. 2. Henry Laufenburger, < Quelques aspects de l'impôt suisse sur la fortune», in Mélanges Babel, Genève, 1963, p. 475. 3. £. Ackermann, > Finances et monnaies de la Suisse », in Revue de Science et de législation financières, t. 44 (195a), p. 299. 4. Jacques L'Huillier, < Les finances fédérales et l'économie nationale en Suisse », in Revue économique franco-suisse, t. 23 (1943), p. 67.
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de 1930 [...] A partir de 1930, le produit des douanes reste stable, le relèvement des droits a compensé la stagnation du commerce international. La raison profonde de ce relèvement des droits de douane, dès 1930, n'est pas la nécessité de se procurer des fonds mais le protectionnisme » 1 . Pendant la seconde guerre mondiale, la Confédération impose, à titre extraordinaire, la fortune et les bénéfices dépassant une certaine limite. En 1940, la contribution fédérale de crise, instituée temporairement à l'occasion de la dépression des années trente, a été transformée en un impôt permanent sur le revenu, dit de défense nationale. Depuis les années de guerre, la Confédération vit avec un régime financier — et par conséquent fiscal — provisoire que le Parlement et le peuple prorogent régulièrement. Aucune solution définitive attribuant à la Confédération la souveraineté en matière fiscale n'a pu être encore adoptée. Ceci s'explique en partie par l'expansion continue de l'économie suisse depuis la fin de la guerre, l'accroissement régulier du produit des impôts indirects et le rendement de l'impôt original sur le chiffre d'affaires prélevé à la vente au détail des biens de consommation. Suivant l'exemple d'autres États, les Cantons suisses se sont tous engagés, dès 1917, dans la voie de l'imposition particulière des sociétés, distincte de la taxation des personnes physiques du secteur industriel et commercial. Dans tous les Cantons, c'est l'intensité de rendement des sociétés qui constitue l'assiette de l'impôt sur les bénéfices 2 . *% En comptant tous les impôts, y compris les droits de douane, qui grèvent le revenu national, on constate que la part prélevée par la Confédération est passée de 10 % en 1928 à plus de 16 % actuellement. A côté des craintes exprimées par les tenants de l'économie libérale, il faut envisager les aspirations légitimes des contribuables à un allégement fiscal dans une période de prospérité. Or « le problème ne peut pas être jugé du point de vue fiscal, financier o u social seulement : il faut également tenir compte des nécessités d'une politique qui tend à prévenir ou à atténuer les fluctuations économiques » 8.
Ce point de vue implique une conception cyclique de la politique budgétaire : il faut que l'État restreigne ses dépenses lorsque les 1. Ibid. a. Henry Laufenburcer, « Impôt sur la fortune et sur le capital en Suisse », in Revue de sciencefinancière,t. 54 (1962), pp. 5-23. 3. Bulletin d'information du ¿¿ligué aux possibilités de traitait et à la défense nationale économique, t. n (1955), p. 30.
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affaires marchent bien, afin d'accroître le volume de ses travaux et commandes lorsque l'activité fléchit. En matière fiscale, la politique budgétaire cyclique commande le maintien des charges fiscales en temps de prospérité et, « au contraire, une réduction des taux d'imposition pour améliorer d'autant le pouvoir d'achat des consommateurs et des entreprises privées et, par voie de conséquence, pour stimuler la demande et les investissements » 1 en temps de récession. II POLITIQUE FISCALE ET CONJONCTURE EN SUISSE
La fiscalité a pu être mise au service de la politique conjoncturelle d'un État, politique visant à sauvegarder l'équilibre économique et à développer l'économie nationale selon un processus aussi régulier que possible. Qu'en est-il de l'équilibre économique et de l'équilibre financier en Suisse? Comme on le sait, la mise en œuvre d'une politique budgétaire cyclique implique une manipulation systématique de la fiscalité. Or en Suisse, les récessions conjoncturelles n'ont pas donné lieu à un dirigisme budgétaire, parce que la « Suisse n'a jamais sacrifié ses principes orthodoxes d'équilibre budgétaire aux illusions et déceptions du budget cyclique, elle n'a jamais érigé en dogme l'idéologie du déficit budgétaire ou financier systématique » 2. Il est évident que lorsque la Suisse connaît un déficit financier ou économique, accidentel, inévitable parfois (en cas de guerre ou de repli conjoncturel), elle ne reculera pas devant un recours à l'emprunt pour accroître à la charge du budget, l'activité dans le secteur public (en période de crise, organisation de travaux publics, augmentation de la masse salariée, augmentation du pouvoir d'achat, reprise de la production, reprise économique enfin, et augmentation des ressources fiscales, en garantie des emprunts émis dans le but de couvrir le déficit budgétaire initial). Ainsi, si l'emprunt, officiellement, n'est considéré que comme une ressource financière en marge du budget classique (les dépenses budgétaires de l'État étant couvertes avant tout, mais non pas exclusivement, par l'impôt, les taxes, les contributions — sur les plus-values d'immeubles ou les gains de fortune), le pouvoir législatif a la possibilité néanmoins de recourir au crédit public en cas de crise économique sérieuse ou de conflits internationaux, lorsque des dépenses exceptionnelles affectent la défense nationale. 1. Ibid., p. 3 1 . 2. Henry LAUFENBURGER, Économie des finances suisses, Genève, 1961, p. 956.
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Malgré la tendance a recourir toujours plus fréquemment à des emprunts (et cela en période de paix ou de plein emploi) en raison des responsabilités toujours plus lourdes de l'État (équipement du pays), « le déficit budgétaire systématique manque dans son vocabulaire politique et économique » 1 . « Ne préjugeons pas l'avenir », dit encore H. Laufenburger, « la question du déficit organisé manque d'actualité puisque, à quelques exceptions près, la conjoncture économique suisse est marquée par une ascension soutenue de l'activité, par le plein emploi, à tel point qu'on peut se demander si ce n'est pas plutôt le freinage de l'expansion qui s'impose, notamment pour éviter ou limiter la hausse des prix, la dépréciation si faible fût-elle de la devise helvétique, au besoin par une superfiscalité appliquée notamment aux spéculations sur les immeubles bâtis ou non, aux achats étrangers se traduisant par une aliénation du sol suisse » a . Une politique conjoncturelle faisant jouer la fiscalité de manière systématique ne serait d'ailleurs pas aisément réalisable en Suisse, une telle politique supposant l'existence d'un certain nombre de conditions qui sont loin d'être remplies dans notre pays 8. Au point de vue structurel notamment, il y a par exemple le fait de la dépendance de l'économie suisse à l'égard de l'étranger, qui impose certaines limites à une politique conjoncturelle autonome. De même la structure politique de la Confédération représente un sérieux obstacle à l'application d'une telle politique (défaut d'unité et d'une certaine souplesse dans l'administration et la législation fiscales; système parlementaire empêchant des prises de décision rapides). D'autres conditions, absentes en Suisse, que l'on pourrait cependant chercher à créer, sont encore nécessaires à l'exercice d'une politique conjoncturelle bien comprise : il faudrait envisager, entre autres, une observation et une étude minutieuses de la conjoncture économique du pays; le moyen de remédier au manque d'éducation économique de la population, afin d'éviter l'impopularité d'un accroissement des charges fiscales en phase de haute conjoncture par exemple.
1. Ibid. 2. Ibid., pp. 256 et 257. Écrit en ig6i. 3. Cf. Alain Jean C A T A L A N , Konjunkturelle Steuerpolitik im Urteil schweizerischer Wirtschaftsgruppen, 1930-1958, Zurich, 1961.
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J . - F . BERG1ER, A . - M . PIUZ ET B . HERREN
III HYPOTHÈSES DE T R A V A I L
Nous posons ici quelques questions d'ordre général que l'analyse de la fiscalité en Suisse nous a suggérées : a) Une étude de l'évolution des sources d'impôts pourrait fournir d'utiles indications d'ordre conjoncturel. A u début du xix e siècle, la fortune semble encore seule capable de fournir des ressources à l'État, Aujourd'hui, les salaires, les traitements, les bénéfices, etc., ont passé au premier plan du revenu national. Estimer l'époque du renversement de la tendance, c'est marquer un moment de la croissance. b) Sachant que le moteur principal de toute politique fiscale est le rendement de l'impôt, les modifications apportées à l'assiette doivent être le signe d'une évolution économique. Par exemple : de la fortune au revenu; si l'Etat s'intéresse davantage aux revenus qu'à la fortune, c'est un indice d'expansion (plus de salaires, plus de bénéfices d'entreprises, plus grande mobilité du capital). c) En période de croissance, les délais de mutation des biens immobiliers ou des fonds de commerce diminuent (période qui sépare la vente de l'achat). En période de surexpansion, ils sont encore réduits. Une imposition différentielle — qui tiendrait compte du délai de mutation; une imposition progressive — doit être considérée comme un profit que l'État prélève sur la spéculation. Historiquement, donc, un impôt accru sur les mutations pourrait signifier croissance économique. d) Le recul de l'impôt répondant au concept de l'équité et de la justice (revenu et fortune) au profit de l'impôt recherchant d'abord le rendement (dépense) doit être significatif d'une période de surexpansion (moindre épargne, consommation accrue, inflation, etc.). e) Dans un système d'économie libérale où les droits de douane sont fiscaux et non protecteurs, l'augmentation de leur produit (sans modification profonde des tarifs) doit signifier prospérité, du fait que l'imposition frappe surtout les produits de luxe et d'utilité secondaire à leur entrée. Exemple : la Suisse, de 1850 à 1896 1 . f ) Le relèvement des droits de douane peut être motivé par la nécessité de procurer des fonds à l'État, mais surtout par le protectionnisme. U n protectionnisme accru est souvent un indice de récession (xvn e siècle; années 1930 et ss.). g) Peut-on observer, dans le cas de la Suisse, une évolution de la politique budgétaire annuelle (recettes et dépenses équilibrées chaque 1. Max de Cérenville, Les impôts en Suisse..., étude de droit publie comparé et d'économie nationale, Lausanne et Paris, 1898, p. 20.
J.-F. BERGIER, A . - M . PIUZ ET B. HERREN
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année) vers une politique budgétaire cyclique (bonis en temps de prospérité et déficits en temps de régression) ? h) Un dégrèvement fiscal peut avoir été proposé contre la récession et le chômage, en vue de stimuler la production. Au cours des crises économiques de l'histoire, l'État augmente-t-il ou relâche-t-il ses exigences fiscales? t) Jusqu'où va la crainte de l'endettement public ? La science économique admet aujourd'hui que l'endettement de la collectivité peut être porté sans danger à un niveau plus élevé que celui que l'on tenait pour licite autrefois.
FISCALITÉ ET SOCIÉTÉ EN HONGRIE A LA FIN DU XVII e SIÈCLE par Agnès VARKONYI (Budapest)
Les deux principales ressources des revenus que le pouvoir d'État des Habsbourg s'assura en Hongrie au cours du X V I e et du xvii 6 siècle se révélaient être les impôts et les affermages des droits régaliens. Pour 1 a plupart des cas ces derniers, tels les droits de douane, les trentièmes, les mines, en premier lieu celles de sel, garantirent des revenus au fisc non pas par voie directe, mais par des affermages et des engagements. A partir du début du XVII e siècle, à tout cela vint s'ajouter, dans une mesure plus ou moins considérable et non sans interruptions, le monopole de la vente et du commerce des différentes marchandises, au premier chef de celles de caractère agricole, telles les bêtes à cornes et le blé. Cependant, à la rencontre du xvn e et du xvm e siècle, ce système de revenus d'État qui avait été en vigueur en Hongrie, finit par s'effondrer et l'État se vit réduit à recourir à l'aide des créanciers étrangers, situation qui, conjuguée avec la faillite économique, menaçait de conduire à l'anéantissement complet du pouvoir des Habsbourg en Hongrie. C'est à ces conditions économiques d'aspect catastrophique que doit remonter une des raisons majeures de ce soulèvement 47
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AGNÈS
VARKONYI
qui dans l'histoire est connu sous le nom de Guerre d'Indépendance de François I I Rakoczi. Une des causes fondamentales se trouvant à l'origine de la faillite du fisc s'explique par les antagonismes internes de la politique économique : les conceptions professées en connexion avec la politique de fiscalité et les revenus d'État, au premier chef avec les monopoles, se contrecarrèrent, les premières paralysant et vouant à un échec total les dernières. A u cours du x v n e siècle l'État visait conséquemment à l'introduction de l'impôt permanent à acquitter en argent. A en croire les différents décrets, écrits et recensements, la base de cet impôt aurait dû être constituée par les revenus des exploitations paysannes, impôt chargeant par conséquent l'activité marchande et de vente déployée par la paysannerie. I m p o r t a n t c h a n g e m e n t
q u i v i e n t de s ' a c c o m p l i r face à l a
pratique en vigueur jusqu'à la fin du x v i e siècle, lorsque l'impôt fut voté cas pour cas par les Ordres et à acquitter en produits alimentaires nécessités par l'armée; la perception se faisait en nature, la tenure servile, elle, constituant la base de l'assiette. Le processus de transformation accusé par la notion de l'unité d'imposition : « la porta » (réunissant plusieurs ménages) se déroula en différentes phases, à commencer par la tenure servile pour arriver jusqu'aux revenus effectifs de l'exploitation paysanne, et toucha à son terme vers la fin du X V I e siècle. L'imposition de la noblesse sollicitée par le pouvoir d'État dès la fin du même siècle visait également à désigner comme base d'impôt les revenus de l'exploitation, à savoir le bénéfice qu'elle tirait de la production et de la vente de ses marchandises. L a nouvelle espèce d'impôt, dite accisa, introduite au début des années 1670 devait, elle aussi, être à la charge de la vente des marchandises, de celles du vin, du blé et des céréales. Cependant ce système d'imposition ne s'affirme efficace qu'au cas où l'État se trouve dans la possibilité d'assurer les conditions qui permettent aux contribuables de se procurer régulièrement de l'argent, conditions encourageant le libre développement et l'efficacité de l'activité déployée par les producteurs de marchandises, et facilitent l'accès aux marchés stables, garants de la liberté d'achat. Cependant, tout le long du xvn® siècle on assiste dans la plus grande partie du pays aux sévices des guerres ; les envahisseurs turcs, les guerres alors livrées, les soldats hivernant dans les villages paralysent tour à tour le travail des producteurs. A cela vint s'ajouter que dans la lutte déclenchée entre exploitations seigneuriale et paysanne sur le plan de la vente et de la production des marchandises le pouvoir d'État ne tarda pas à favoriser tout le temps et sous tous les rapports les seigneurs terriens, ces derniers prenant d'ailleurs le dessus sur les paysans. Par l'introduction du monopole du commerce des céréales, du sel et celui des bêtes
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à cornes, par des privilèges accordés dans les villes plus notables et dans les places fortes à l'armée impériale lui permettant la vente du vin et de la viande, le pouvoir d'État en vint à paralyser le commerce extérieur et à écarter des débouchés les couches paysannes. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ces monopoles tombèrent entre les mains des aristocrates de la cour, puis entre celles des créanciers de l'État, parmi lesquels se distingua Samuel Oppenheimer. Selon le témoignage des adresses, des requêtes et des enquêtes, le pays se trouva dans l'impossibilité de s'acquitter de l'impôt montant à une somme assez considérable (en 1694, 4 millions de florins par an), les moyens de l'acquisition de fonds étant totalement absents. Pour remédier à cette carence générale en argent l'État avait recours à l'émission des monnaies obsidionales — billons sans couverture — et à des emprunts à contracter en Angleterre et en Hollande, leur offrant les mines de cuivre, de vifargent, de sel et tous les revenus provenant des droits de douane. A la suite de la mort imprévue du Kayserlicher Oberfactor, Oppenheimer, il se voit contraint de satisfaire ses créanciers par les impôts prélevés pour la même année — pratiquement irrécouvrables — et par ceux à acquitter l'année suivante en Hongrie. C'est également dans le but d'éviter la faillite économique que l'on venait de fonder la première banque à Vienne — Banco del Giro — institution qui à défaut de couverture effective aurait dû se contenter de la parole 5è l'empereur, garantie des crédits à liquider par elle. En Hongrie, les chansons de soldats et de paysans ne cessent de protester contre la politique de fiscalité et la politique économique monopoliste pratiquée par la maison des Habsbourg, chansons qui ne sont pas sans témoigner que c'est dans cette même politique que doit être cherchée une des raisons fondamentales du déclenchement de la guerre d'Indépendance de François II Rakoczi.
DIE EVOLUTION DER DIREKTEN STEUERN IN RUßLAND IM XVII.-XVIII. JAHRHUNDERT von S. M . TROIZKIJ
(Moskow)
1. Bei der unentwickelter Geld - und Warenbeziehungen in der Wirtschaft Rußlands im X V I I . Jahrhundert waren die direkten Steuern von der hörigen Bevölkerung — den Bauern und Possadleuten — die Hauptquelle der Staatseinkünfte. Die direkten Steuern zahlten an den Fiskus lediglich die Bauern und Possadleute; privilegierte Stände (weltliche und geistliche Feudalherren und andere) zahlten keine Staatssteuern. 2. Die Ausbildung des allrussischen Marktes im X V I I . - X V I I I . Jahrhundert, die von dem Heranreifen bürgerlichen Beziehungen in der Wirtschaft des Landes und der Liquidierung des Überbleibsels der feudalen Zerstückelung im ökonomischen und politischen Leben begleitet wurde, die Veränderung der sozialen Struktur der Bevölkerung unter dem Einfluß des bürgerlichen Umbaus dessen Wirtschaft sowie die Ausbildung und Festigung des Absolutismus übten einen großen Einfluß auf das Steuersystem Rußlands aus. 3. Die Zentralisierung der ganzen staatlichen Verwaltung berührte auch die Finanzen. Im X V I I . und X V I I I . Jahrhundert vollzog sich die Unifizierung des Steuersystems. Nach der Maßgabe der Festigung
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S. M. TROlZKIJ
der Staatsfinanzen vereinigte allmählich die Regierung zahlreiche kleinere direkte Steuern, von der Fronbevölkerung, indem sie die Unterschiede in deren direkten Besteuerung liquidierte, die in den einzelnen Gebieten des Landes existierten. 4. Zur Erhöhung ihrer Einkünfte und der Zentralisierung von Finanzen führte die absolute Monarchie solche Systeme der direkten Besteuerung der Bevölkerung ein, wodurch den Bauern und Possadleuten die Möglichkeit genommen werden sollte, sich dem staatlichen Frondienst zu entziehen. Zu diesem Ziel ersetzte die Regierung 167g das Hakenpflugsystem durch H o f — und 1724 durch Kopisteuer. 5. Bei dem H o f — und besonders Kopfsteuersystem trug der Staat den wirtschaftlichen Ressourcen der Steuerzahler fast gar nicht Rechnung. Der willkürliche grobe Charakter der bestehenden Systeme der direkten Besteuerung der Bevölkerung crschwcrtc für die Bauern deren Last. 6. Die Entwicklung der Waren — und Geldbeziehungen in der Wirtschaft des Landes und die Herausbildung eines einheitlichen nationalen Marktes führte dazu, daß sich von der Mitte des X V I I . Jahrhunderts der Prozeß des Ersatzes von Naturalsteuern an den Staat durch Geldabgaben verstärkt. Mit dem Übergang zur Kopfsteuer im Jahre 1724 begann die Bevölkerung des europäischen Rußland die direkte Steuer in Geld zu zahlen. In Sibirien wurden einige Naturalabgaben erst 1783 abgeschafft. 7. Die Entwicklung der Waren - und Geldbeziehungen in Rußland, das Wachstum der Klein - und Großindustrie und des Handels führten zum Wachstum der Einkünfte des absolutistischen Staates infolge indirekter Steuern. Deshalb beginnt in dem Staatshaushalt Rußlands, im XVIII. Jahrhundert eine allmähliche Verringerung des Anteils von direkten Steuern von der Bevölkerung auf Kosten der wachsenden indirekten Steuern.
II "NUOVO CENSO" E LO SVILUPPO DELL'ECONOMIA MILANESE NEL SECOLO XVIII di Sergio
ZANINELLI
(Università Cattolica di Milano)
I Il riordino del sistema di tributi diretti nello Stato di Milano rappresenta una delle manifestazioni più note e più significative del riformismo illuminato nel Settecento italiano ed europeo. Il « nuovo censo » venne impostato e realizzato con criteri innovativi : per il catasto dei beni immobili si procedette infatti al rilevamento geografico particellare dei terreni, alla formazione di mappe, alla stima dei fondi e dei beni immobili valutando una pluralità di elementi (spese, perdite, rendimento medio), alla capitalizzazione della rendita netta espressa con lo « scutato ». Inoltre si fece il censimento della popolazione e delle attività economiche non agricole. Come strumento di misura dei terreni si adottò la « tavoletta pretoriana », quasi sconosciuta agli agrimensori lombardi, ma che consenti la formazione delle mappe. In conseguenza di questa impostazione data al catasto dei beni, l'imposta prediale, posta a base del nuovo sistema, assunse i caratteri dell'universalità, della realità, della territorialità. Inoltre il censimento
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SERGIO ZANINELLI
delle persone e delle altre attività economiche consenti di costruire un sistema di imposte che si distribuiva anche sul a personale », oltre che sul « mercimonio ». L a potenziale capacità razionalizzatile del catasto ebbe possibilità di manifestarsi anche sul piano dell'organizzazione amministrativa locale, mettendo fine agli esasperati particolarismi ed ai disordini aventi ovvi riflessi sul piano della gestione degli affari pubblici. Il comune, stabilito nella sua consistenza territoriale (come non ultima conseguenza della misura di tutta la superfìcie dello Stato) veniva ad essere costituito da tutti i domiciliati e dai possessori iscritti nelle tavole censuarie e, come tali, in grado di deliberare (attraverso il « Convocato generale ») sulle materie amministrative locali. Alla realizzazione del riordino di tutto il sistema fu designata una Giunta, dotata di ampi poteri, che dovette superare una lunga battaglia con gli interessi locali. II Ricostruendo storicamente il processo di risistemazione se ne può scorgere il notevole significato economico. Voluto da Vienna, il « nuovo censo » era anche obiettivamente richiesto per mettere fine alla gravissima situazione di disordine formatasi durante la dominazione spagnola e accentuatasi poi con le contribuzioni militari. Di fronte a tale situazione, la Giunta si propose un fine di razionalizzazione che si andò delineando man mano che essa procedeva al censimento delle persone, alla misura e stima dei terreni, all'analisi del sistema vigente e delle sue contraddizioni e ingiustizie. Il nuovo ordinamento, già definito nel 1733, ebbe una impostazione eminentemente tecnica e pratica, e non teorica. I suoi realizzatori non erano ancora i riformisti illuminati dell'epoca teresiana, ma tecnici e amministratori poco conosciuti. Come tale esso si ricollega al piano più ampio di riforma di tutto il quadro tributario realizzato nella prima metà del Settecento nello Stato di Milano ed impostato anch'esso secondo criteri pratici.
III Gli innegabili progressi compiuti dall'agricoltura milanese nella seconda metà del Settecento apparvero a Cesare Beccaria, a Gian Rinaldo Carli ed a Pietro Verri strettamente legati al « nuovo censo ». Essi giudicarono come molto fecondo il principio adottato di sottoporre a misura tutta la superficie dello Stato e di lottare a fondo contro
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le esenzioni laiche ed ecclesiastiche, necessaria premessa al contenimento del feudo, alla maggior commercializzazione dei fondi, al superamento dei residui di collettivismo agrario. Era stato questo il concorso del « nuovo censo » nel sollecitare il senso della proprietà e dell'individualismo economico, molla non indifferente del rinnovato interessamento per la terra. Ma soprattutto era il criterio della « perpetuità » nella stima dei terreni ad avere l'incondizionata approvazione del Beccaria, del Verri e del Carli, in quanto il nuovo ordinamento della prediale incoraggiava l'agricoltura esentando i miglioramenti fondiari e culturali da aumenti di censo; alla rovescia, l'incuria era punita. Il meccanismo fissato in ima prospettiva tutta pratica di giustizia nei tributi e in un momento di depressione della attività agricola, si rivelava carico di efficacia al di là di ogni previsione. Il « nuovo censo » ebbe riflessi positivi sull'andamento demografico e degli scambi, se non altro in conseguenza del generale miglioramento economico. Pure rilevante fu il peso sociale della riforma censuaría e della sua appendice amministrativa che, con la chiamata a contribuire ai pubblici pesi in misura proporzionata, e con la fiducia nel sistema tributario, concorsero a risvegliare quella nozione individualistica della proprietà che concomitanti e sostanziosi movimenti economici esaltavano con una particolare efficacia. Contemporaneamente il riordino agi anche nel senso — ma questo è tutto un tema da approfondire — di mettere in risalto i contrasti tra gruppi di possidenti fondiari maggiori e minori, o tra possidenti e non, sul punto specifico della alienazione dei fondi in uso collettivo, o ancora tra ceto proprietario e ceto mercantile, sull'altro punto del concorso del « mercimonio » ai carichi generali dello Stato.
IV Il reale progresso economico compiuto dall'ambiente (nei circa quarantanni della prima dominazione austriaca) ed il suo collegamento al riordino tributario, trovarono infine una occasione per un tentativo sintetico di valutazione con il breve, ma intenso periodo di influenza francese. Nel clima turbolento della Cisalpina, in una prospettiva di revisione dell'imposta prediale condizionata dalle imperiose necessità della guerra e del nuovo « padrone » (e quindi, per i responsabili politici locali, dalla esigenza di una equa ripartizione del tributo tra Provincie in cui vigevano sistemi di valutazione diversi della base imponibile), i meriti del « nuovo censo » milanese ebbero un loro periodo di esaltazione non privo di qualche attendibilità.
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In conseguenza venne a maturazione il problema della sua revisione, essendo apparso indiscusso che la rendita dominicale si era notevolmente accresciuta nel perìodo. Con la prima metà dell'Ottocento si entra infine in una fase in cui, accanto alla ripetizione di prammatica dei pregi del sistema dei tributi, si accentua sempre più la giustificazione del criterio di « perpetuità » delle stime, per gli effetti che esso aveva avuto e continuava ad avere sull'agricoltura. Era questa una linea molto importante nella difesa degli interessi agricoli che veniva ormai scopertamente perseguita di fronte alla prospettiva della estensione del sistema milanese (detto ormai di « vecchio censo ») alle altre provincie italiane dell'Impero, decretata nel 1817, prospettiva che non poteva non portare, come in effetti portò, alla revisione anche delle stime del censo originario milanese. Al culmine di questa fase, tutta dominata dagli interessi pratici dei vari ambienti agricoli lombardi, sta la sistemazione, fatta in forma culturalmente pregnante dal Cattaneo, di tutti gli aspetti positivi che il censo settecentesco portava con sè e di tutte le conseguenze di cui era stato prodigo per il progresso del sistema. Nello sforzo da lui compiuto di individuare tutte le componenti del processo di « edificazione della terra coltivata », in cui si sostanziava il secolare progresso agricolo lombardo, proprio il « censo immutabile dei fondi » assumeva il ruolo di stimolo e di compenso, nello stesso tempo, alla intensificazione degli investimenti, che una imposta proporzionale agli incrementi di reddito avrebbe invece scoraggiato. Ma, per concludere, la grande operazione settecentesca di riforma dei tributi diretti nello Stato di Milano promulgò nel tempo, se cosi si può dire, la sua validità a più di un secolo di distanza in quanto, conosciuta in molti Paesi, venne utilizzata come modello per consimili operazioni. Affermazione questa che vale, senza ombra di dubbio, per la formazione ancora nel Settecento del catasto del Mantovano c, successivamente, per quello delle provincie italiane di Casa d'Austria e per quello del regno d'Italia, stabilito con legge 1 marzo 1886. « Legge, regolamento ed istruzioni » che furono, come scrisse l'Einaudi, « frutto di una lunga elaborazione dottrinale, di vive discussioni parlamentari e, forse più che tutto, di una pratica secolare, di cui si potrebbero studiare le origini assai addietro nel tempo. »
FISCAL
POLICY
AND
IN C A P I T A L POLISH
BUDGET
AS A
FORMATION
19th C E N T U R Y
FACTOR :
EXPERIENCE
by Jerzy JEDLICKI (Varsavie)
As result of traditional cultural and trade relations with the West, the Polish intellectual elite became aware of this country's relative backwardness as early as the Enlightenment. Several decades later it became a national issue. However, the preservation of feudal landed property together with corvée, the very weak position of the middle class and the nobleman's disdain for entrepreneurial activities presented enormous obstacles to industrialization. It was not so much the scarcity of accessible capital as its avoidance of industrial investment which blocked progress. Action had to come from the top. Only governmental intervention could trigger the industrial spurt; yet it had to be done under unfavourable conditions of suppressed Polish sovereignty, dismembered national territory and without introducing revolutionary changes in the existing social structure. Such were the prerequisites of the industrialization programme of 1825, set out by the energetic Minister of Treasury of the Kingdom of Poland, F. K . DruckiLubecki, and continued in the 1830's by the State Bank of Poland. In attempting to assess the effectiveness of this policy, it is necessary to distinguish its two aspects :
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JERZY JEDUCKI
1. the accumulation of a sufficient budget surplus, and 2. the way the government — or the Bank — administered it in order to propel economic progress. The first task was accomplished in a remarkably efficient manner. Within the space of a few years Drucki-Lubecki managed not only to liquidate the considerable budgetary deficit but to show a significant surplus. It was achieved by means of imposing severe taxation, esp. by raising excise on some consumers'goods — salt, tobacco etc. — The issuance of treasury and bank notes against nationally owned property as well as foreign loans supplied additional resources. However, the efficacy of the second part of the programme turned out to be rather doubtfiil. Accumulated national capital was handled in two ways. In the field of light industry private entrepreneurs received generous fiscal credits. In heavy industry, esp. in mining and metallurgy, the government and the State Bank resolved to finance their own entreprises. The protection granted to private entreprises brought real results : e. g. the textile industry of the Lodz region owes its start to this policy. A t the same time the direct industrial action by the State resulted in overinvestments in industries producing raw materials and capital goods. Their increased output found no equivalent outlet on the Kingdom of Poland's limited market and could not compete on the foreign markets. Bureaucratic industrial management was the main cause for the very high costs of production. The state-owned mills and mines produced at a loss and had to be continuously subsidized from the budget. The great « spurt » ended in a deep crisis of 1840's and 1850's during which a large percentage of invested capital was wasted and dissipated. But even so, the strong intervention of the fisc in the country's economy contributed to the redistribution of national income and wealth. The compulsory accumulation of industrial capital at the expense of the taxpayers provided the new entrepreneurial class with considerable funds and profits, and eventually enabled its members to try to act on their own. In conclusion the author attempts to place the Polish experience of « initiated industrialization » within the framework of broader comparative pattern of state—sponsored economic growth. Alexander Gerschenkron's and Witold Kula's typological propositions are discussed from that point of view.
GOVERNMENT AND ECONOMIC GROWTH : THE UNITED STATES IN THE NINETEENTH CENTURY by Nathan
ROSENBERG
(Purdue University)
It is, by now, common knowledge that the expenditures of the federal government in the nineteenth century which were specifically earmarked for development purposes were dwarfed by expenditures of state and local governments for similar purposes. Indeed, one of the most interesting areas of research in American history in the past twenty years has been the role of state and local governments in financing internal improvements. The seminal work of Carter Goodrich and his associates on canals and railroads, the work of Milton Heath on southern railroads, studies on individual states such as Hartz on Pennsylvania, Pierce on New York, and Primm on Missouri, among others, have all contributed to the discovery of a new reality underlying the thin veneer of the old laissez-faire mythology. The methods employed by state and local governments in attempting to accelerate their economic development, frequently in a very selfconscious competition with their neighbors, defy simple summary or generalization. Indeed this is itself one of the most interesting aspects of the entire experience. State and local governments demonstrated a readiness to experiment with institutional arrangements which showed
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NATHAN ROSENBERG
a striking freedom from ideological preconceptions over the « proper » role of government in economic affairs. These arrangements ran the gamut from outright public enterprise as in the case of New York's Erie Canal through the vast "mixed" corporations of Pennsylvania (which included almost i ,000 miles of canals built in that state in the 1830's alone) to innumerable schemes for public assistance and subsidy to private enterprise. While much historical research has been devoted to documenting the history of particular states and local governments, and while much more such research remains to be done, it is difficult to repress a certain feeling of disquiet and unease. What does it all add up to? It is abundantly clear, certainly, that public institutions in America accepted a direct responsibility for accelerating whenever possible, the pace of economic development. It is equally clear that the aggregate volume of state and local government expenditures for such purposes was massive. But from this it has frequently been concluded as obvious that governmental agencies played a major — perhaps decisive — jrole in the economic growth of the country. This is surely a non-sequitur. The proposition may well be true, but its truth has not yet been demonstrated. For the contribution to economic development can be assessed only when we have devised some acceptable way of measuring the social productivity of the investments for which the public sector was, in one form or another, responsible. Many of the investments sponsored by state and local governments were ill-conceived attempts to secure some advantage or to overcome some competitive disadvantage vis-à-vis a neighboring state, or to attempt to alter from established channels the flow of trade between hinterland and metropolis. O n an ordinary accounting basis, as private investors eventually learned to their dismay (including numerous foreigners who failed to distinguish between the liabilities of the federal and state governments) many of these projects were entirely unsuccessful — failures were in fact so common that it would be invidious to cite individual cases. Now, to be sure, there must often have been a considerable discrepancy between private and social benefits — indeed, were this not so there would scarcely have been an economic case for public support in the first place. But the point is that we do not yet have any satisfactory measures of the size of this discrepancy. Only when such measures have been provided and some reasonable conjectures established about the probable path and pace of development in the absence of the activities of the public sector, will it be possible to speak with some conviction about the size of the government's contribution to economic growth. Needless to say, the difficulties involved in making such estimates are truly formidable. One point should be made, however, which is of
NATHAN
ROSENBERG
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intrinsic importance and is also directly relevant to the problems involved in these estimates. That is, there was a direct interdépendance between government spending and private investment decisions. Much government investment activity was of the « social overhead capital" sort, and between this form of capital formation and the more conventional capital formation of the private sector, there were strong complementarity relationships. The investment activities of the public sector, then, had the effect of generating upward shifts in the marginal efficiency of capital schedule of the private capitalist. Indeed, as many of the state and local government studies have made abundantly clear, it would have been regarded as highly artificial, in the last century, to think of the resources of the two sectors, entrepreneurial as well as financial, in sharply disjunctive terms. It was much more common to think of the two sectors as lying along a smooth continuum. As a matter of fact, the alacrity with which entrepreneurs availed themselves of the resources of the public sector, and the impact which this must have had in favorably conditioning entrepreneurial expectations, is one of the strangely neglected themes of nineteenth century business history. The picture which emerges from recent studies is not that of a remote, impersonal government which provided the appropriate environmental framework and then withdrew from the fray, but, on the state and local levels, of an active agent deeply involved in almost all economic decisions which were of great collective significance. All of this was, of course, strongly conditioned by the general scarcity of capital and by the uniquely favorable terms upon which governments could borrow both in domestic and foreign credit markets. But studies of entrepreneurial behaviour in the nineteenth century are still remarkably free of any serious treatment of the interdependence between the public and private sectors. Expenditures on the part of the federal government for purposes which could be regarded as developmental were small by comparison with those of state and local governments. Although the recent resurgence of interest in internal improvements has done much to enlarge our understanding of the role of state governments, it has done comparatively little on the level of municipal government. Indeed, the economic activities of municipal governments remain one of the persistent dark spots of American history. The area has been a favorite hunting ground of muckrakers and political historians who have dwelt at great and lurid length upon episodes of venality and speculation but who have had little appreciation for the vast responsibilities which population growth and urbanization thrust upon our (quite unprepared) municipal governments. Municipal governments were, in fact, the agents which became directly responsible for provid-
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ing many of thej facilities and services without which an industrializing society simply cannot function—streets, water works, sewage and refuse disposal, schools, fire and police protection, assorted public facilities, etc. We have, it seems to me, been much too preoccupied with some of the more sordid political aspects of this process of urbanization, particularly in the last half of the nineteenth century — when the supply of "muck" for "raking" became particularly profuse. It is time that we learn much more than we now know about the more directly economic aspects of the operation of municipal governments in responding to the urgent and compelling needs of a rapidly urbanizing society. A final point brings us back again to the role of the federal government. In considering the direct impact of government upon resource use in the course of the nineteenth century, it is natural to think in terms of revenue and expenditure flows. And yet the federal government possessed a more direct and much more powerful lever over resource use by its policies for the alienation of the public lands. The government's policies in disposing of the public domain have been painted with the same lurid brush as was used to treat the activities of municipal governments. There is here the same rather selfrighteous criticism of corrupt practices and the same gross insensitivity to the much more important processes of which the corruption and venality was merely a surface phenomenon. It is true that the public lands were the main course in what Vernon Parrington has called "The Great Barbecue". Certainly there was much to criticize, both in intent and administration. But aside from this, and more important, how does one appraise the broad contours of government policy ? In view of the country's unique factor proportions it is not all obvious that a policy which encouraged the development of the country via resourceintensive methods was ill-advised, more especially, one might add, where such policies succeeded in bringing to the United States foreign capital which might otherwise not have ventured a trans-Atlantic crossing. Clearly it is possible for natural resources to be exploited at a rate implying too high a discount of the needs of subsequent generations. But much of the conservationist position which dominates the writing of American history seems almost to imply that any positive discounting of the future was both immoral and antisocial — "selling posterity down the river", so to speak. I venture to suggest that optimal resource utilization in nineteenth century America involved a very high rate of discount of the resources needs of future generations.
THE REGIONAL IMPACT OF FEDERAL BUDGET 1815-1900 A PRELIMINARY SURVEY by Lance E. D A V I S (Purdue University, Lafayette)
Economic historians have in general a r g u e d that, in aggregate, all levels of government played a relatively small role in the economy a n d that the federal government's contribution was even less than of the individual states l . A s a result, they have tended to discount the i m p a c t o f the federal b u d g e t ; a procedure that makes sense if the effects of federal taxes and spending were felt equally throughout the e c o n o m y . H o w e v e r , the national e c o n o m y only gradually developed over the 19th century, and, in the earlier years, the political unit was made u p of a n u m b e r o f loosely linked local economies. T h u s , instead of a single market, there were multiple markets only tenuously connected b y transport a n d institutional networks. A t the same time, while the aggregate budget was small, this aggregate was the sum of a number of regional budgets that were frequently quite large. In 1870, for example, the government cash deficit was a b o u t twenty-five cents per person; however, this budget implied deficits o f over $65 per 1. See, for example, P. STUDENSKI and H. KROOS, Financial History of the United States (New York), 1952. 48
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capita in the Mountain States and surpluses of almost $20 per capita in the Middle Atlantic States. 1 If the economy had been a truly national one, these differentials would have been relatively unimportant, but, insofar as the ties between regions were imperfect, they tended to increase incomes in deficit areas and to reduce incomes in surplus areas. 2 This paper represents only a first progress report on a much larger study, and its conclusions, while suggestive, are certainly not final. 8 However, what further work has been done suggests that refinements will not substantially alter the conclusions. The term budget used in this paper is ours (the government did not itself have a "budget" until 1921) and the data were pieced together from a series of miscellaneous sources. It is misleading to talk about "budgetary policy" because such a term implies a unity that obviously did not exist in the nineteenth century. Revenues were raised by taxing or selling what could most easily be reached, and the only economic policy (if you could call it that) was one aimed at preventing tariff reductions. Military considerations dictated a large proportion of total expenditure, and administrative expenses accounted for most of the rest. Similarly, transfers that bulk so large in the budget after the Civil War, were the product of political pressure rather than economic planning. Tariffs were the most important source of government income over the entire nineteenth century. They produced at least half of total government revenues in every year except 1900 and even that year they accounted for 45 per cent. During the first half of the century they were even more important and accounted for almost four dollars in every five of total federal receipts. Domestic excise taxes (originallv levied to help finance the Civil War) were a second major source of revenu in the post-bellum years. In 1870 they accounted 1. These and all subsequent figures are in constant dollars. 2. The reader should bear in mind that interregional ties were improving throughout the period under discussion, and as a result the differential impact of regional budgets was declining. Thus the differences were certainly more important in the early stages of development for any region than they were in the later, and more important in the eaily years than the later ones. 3. The present work is based only on years zero and five for the period 18151900. and therefore implicity assumes that in some sense these years are typical. In addition the year 1865 was omitted because of the war. i-'inally, the allocations themselves may be subject to some errors. Allocations of debt charges after 1865 were made on the basis of national bank capital, public works expenditures were assigned to the region in which the work was done, and military expenditures were divided into salary items (assigned to the region in wliich the soldier was stationed), food items (assigned to that region in the early years and later divided between that region and others) and equipement items (assigned as far as possible to the region of origin).
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for almost one half the total, and although declining to 35 per cent in the 1880's, they again reached the 1870 level in igoo. Finally, land sales accounted for about 12 per cent of the total during the first half of the century, and in 1830's they yielded almost 40 per cent of the total. Among expenditures, if 1815 is excluded, military spending accounted for between 40 and 50 per cent of the total in the years before the Civil War, and still accounted for over 25 per cent in 1895. Administrative expenses absorbed about one half the total in every year, and public works, although reaching almost 15 per cent at the end of the century, typically fluctuated around a level about two-thirds that figure. Finally in the post-bellum decades transfers began to bulk large in the total budget. Debt charges were important before 1825, but declined as the government debt was gradually paid off. Government borrowing during the Civil War, however, produced huge charges in the post-bellum decades. In 1870, for example, debt charges and repayments accounted for over 55 per cent of all federal disbursements, and even at the end of the century the ratio was still about one in ten. Pensions which were a small but steady charge on the budget before the war, also rose dramatically with the growth of an effective veteran's lobby and the commitment of the G O P to "bloodyshirt" politics. Over the last third of the century, pensions averaged well over one fifth of total disbursements, and by 1895 ^ Y accounted for two in every five dollars spent. Because of the particular tax, expenditure, and transfer policies chosen, there were wide interregional differences in the impact of the budget. Tariffs placed the greatest portion of the burden (initially at least) on the coastal regions most land sales were in the west, the bulk of the defense expenditures were also in the west, administrative expenditures tended to concentrate in the south, while most transfer payments were made in the north. Let us then compare the results of this hodge podge with what might be considered a "rational" budgetary policy (i.e. one designed to draw on the resources of the settled regions to support development in the newer areas). Of all the regions, none better conformed to the theoretical ideal than the Middle Atlantic States. Given two major ports, few Indians, and a fairly rapidly increasing population, the area began to generate surpluses very early (they reached $2.15 per capita by 1820) and these surpluses rose fairly continuously over the first two thirds of the century (they reached $19.00 in 1870) and although falling thereafter still amounted over $6.00 in 1900. The budgetary history of the New England states parallels that of the Middle Atlantic region in the early years although the size of the sur-
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LANCE E. DAVIS
plus was smaller. After the Civil War, however, the pattern changes. Because of the concentration of financial institutions and the relatively slow population growth, transfers, based on service lent (e.g. money and men) during the war, converted the expected surpluses into deficits that in the 1880's reached about $13.50 per person. 1 By 1895 pensions alone brought about $3.00 per capita into the area, and since the South received practically none of these payments, the result was a continual redistribution of income from the Confederacy to New England long after Sherman, Appommatox, reconstruction, and the other obvious manifestations of the war. 8 The Old South (i.e. the Atlantic States) contrasts markedly with both the other first settled regions. The location of the federal capitol in that region (the result of the famous bargain between Hamilton and Jefferson) meant steady deficits, and that region never produced a surplus. While surpluses were fairly small at the beginning of the period, the secular increase in government activity underwrote steadily increasing deficits. Thus by 1900 they had reached $ 12.00 per capita (the highest in the nation) and accounted for one dollar in every six of the region's income. Moving farther west, the three regions of the middle period (the East North Central, West North Central, and East South Central) conform to the ideal no better than their eastern counterparts. If one examines the history of the East North Central region for the period after the Civil War, one finds a surplus; exactly what one might expect from a region that was reaching maturity and capable of financing development elsewhere. In the earlier period, however, the model provides no explanation for the budgetary trends. In the first half of the century deficits were rare, and the surpluses generated during the periods of most rapid growth were almost equal to those produced at the end of the century (and were, of course, a much greater proportion of income). The explanation of this perverseness lies in the nature of federal land policy. From 1820 to 1863 most federal lands were sold for cash—cash payable before settlement. 3 1. In the two decades after 1855 the New England States grew by only 27 per cent while the nation as a whole was growing by 67 per cent and the Middle Atlantic States by 44 per cent. While population did not increase rapidly financial resources did. In 1870 over a quarter of all national bank assets were located in the region and they amounted to $116 per head (as compared with a national average of $37 and 1 Middle Atlantic average of $84). a. The three states of Maine, Vermont, and New Hampshire, for example, with a population about equal to that of South Carolina were receiving almost twenty times as much in (tension payments. 3. After the graduation act in the 1850*3 some unsettled lands were sold for less than $ 1.35, and the preemption acts eased the need for immediate cash payment slightly, but most lands were taken up under the terms stated.
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757
Thus, during the years of most rapid growth, the regions subject to such land policy far from being subsidized by the older areas were in fact supporting the rest of the economy. T h e history of the East South Central region is like that o f the northern counterpart except the early surpluses were even more marked. Land sales were a major source of federal revenues and in addition, the gulf ports yielded sizable tariffs, and military expenditures were almost nil. (Expenditures in the East North Central area reached almost $ i.oo per capita in 1820, but in the East South Central region they rarely exceeded one half that amount.) The third of the middle aged regions (the West North Central) appears to have conformed more closely to the ideal than any of the others, although this result was certainly more accidental than deliberate. Although the region ran regular deficits throughout the first half of the century, these were not the product of a low revenue policy. In fact, despite the low yields of tariffs in the region, revenues ran about thirty per cent above the national average. These revenues, almost entirely from land sales, averaged about $ 2 00 per capita per year. The deficits then were produced by the high level of government spending in the a r e a — a level that reflected a concern with the hostile Indians rather than economic growth. The three western regions do conform fairly closely to the ideal but this conformity appears to result only from the coincidence of military expenditures aimed at Indian pacification with the passage of the Homestead Act. In the West South Central region, the early years saw high expenditures for the military coupled with large tariff revenues from New Orleans. These deficits were maintained throughout most of the remainder of the century as the reductions in military expenditures tended to be offset by the fall in customs receipts as New Orleans was displaced as an international port. The remaining two regions, however, were subsidized throughout their early development at a rate unprecedented in American history. The Mountain states saw very high military expenditures long after the Indians had been pacified (in 1890 with two per cent of the nation's population the region received forty per cent of the military budget). As a result, the federal deficit in the area reached $ 65 per capita in 1870 and averaged almost $ 20 per capita over the entire last half of the century. T h e $ 65 figure constituted about one dollar in three of total income and the $ 20 figure about one in eight. T h e Pacific states received smaller benefits but they were still large. By 1855 the per capita deficit had reached $ 12. Thereafter the deficits fell and in 1875 become surpluses as military spending declined, but toward the end of the century declines in tariffs reversed the trend, and by 1900 the area was once again a deficit region.
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LANCE E. DAVIS
While rational economic planning was notably absent from the determinants of the federal budget in the igth century, some features of those budgets do stand out. First, while the Homestead Act has been much maligned by American historians, from a budgetary viewpoint it represented a distinct improvement over previous legislation. The Pacific and Mountain states were not forced to subsidize the rest of the country during their periods of most rapid settlement and in fact secured substantial subsidization themselves. Second, insofar as the Indians forced a reluctant government to commit resources to the developing regions, they played an important and largely unheralded role in American growth. Third, the legacy of the Civil War was still with us at the turn of the century as south to north transfers continued long after the last Civil War cannon had been mounted on a courthouse lawn. Finally, although Hamilton had long been considered the victor in the battle over assumption, the continual injections of federal deficits into the south make it appear that, in the long run, Jefferson did better for his region. Rational economic policy, however, was never a characteristic of American budgetary policy in the 19th century.
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ÜS V
THE GROWTH O F AMERICAIN EDUCATIONAL
INVESTMENT
IN T H E N I N E T E E N T H C E N T U R Y by A . FISHLOW
( University of California, Berkeley)
One of the most usual, but also significant, areas of governmental intervention in the nineteenth century was that of education. On the one hand, taxation and outlays for this function represented a considerable proportion of the resources mobilized by government, on the other, it constituted a large part of the investment in human capitaJ that increasingly has come to be recognized as an essential part of the infra-structure called upon in the process of development. This paper examines investment in education in the United States utilizing both points of view. It sets out for the first time estimates of the capital formation formed through the educational process, as well as the fiscal burdens these represented. As far as possible, these data are developed on the regional level. American education always has been a local affair, and so there results a substantial variation in the magnitude and manner of the commitment to education. In particular, the southern states lagged behind the rest of the country. This variety, in conjunction with these new data, sets the stage for further analysis. In particular, we seek to examine the relationship
762
A. FISHLOW
between administrative mechanisms and types of taxes adopted and the level of educational advance. While almost all studies have disclosed that income plays the most important role in explaining the differences among states observed in the twentieth century, for the early period of educational development it seems to serve less well. At the very beginnings of state systems, in particular, the innovative role of state financing and state regulation is of some matter, which suggests the rationale for the focus adopted here.
CIVIL
WAR
FINANCE
IN
THE
UNITED
A N APPRAISAL OF THE ECONOMIC OF THE M O N E T A R Y A N D FISCAL OF THE FEDERAL GOVERNMENT,
STATES
:
IMPACT POLICIES 1861-1867
by Paul B. TRESCOTT (Gambier, Ohio)
This paper analyses the degree to which price fluctuations in the North during the Civil War period can be explained by the monetary and fiscal policies of the Federal Government. It is based on new statistical series presenting quarterly data on U.S. Treasury receipts, expenditures, currency issue, and securities transactions. In addition, several sensitive indicators of commercial-bank monetary liabilities are used, including a monthly "all-bank proxy". According to the wholesale-price index of Warren and Pearson, the price movement of 1861-1867 was not a monotonic sweep of inflation followed by a similar deflation. Instead, the inflationary sequence of 1861-1864 was interrupted by two distinct interludes of price decrease. The peak itself was a double one, with a sharp price decrease and recovery intervening. And the deflationary process in 1865-1867 was interrupted by two distinct episodes of price increase. The validity of these short-run fluctuations was confirmed by comparison with a sample drawn from the individual price relatives published by Bezanson. In the attached diagram are shown the wholesale price index,
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PAUL
B.
TRESCOTT
the quarterly level of Treasury expenditures, and the volume of Treasury currency outstanding at the end of each quarter. WHOLESALE PRICE INDEX
J F M A J J A
90 90
99 98 98 95
85
94 98 105 107 IN 120
89 9» 94
D
I 2
1863
98
83 85 86
S O N
1862
1862
9A
89 88
M
1861
1861
123
1 1 7 , 5 "»IL20,7 —
3 4 1 2
69,6 108,4
—
105.0 185,6
— —
3
118,5
—
4 1 2
157.2 223,5 227,7 177,6
— — — —
217,8
—
3 4
1863 126
1864
1865
1866
1867
153 156
223 217
181 126
168 167
'37 141
161
206
173
166
168
179
166
174
169
171
167 168
«89 219 225 225 207
159 161 168 129 190
«72 174 175 174 179
216 222
189 184
175 169
«37 130 126 127 127 123 >34 142 148
( W A R R E N - PEARSON,
Prices,
FEDERAL TREASURY
EXPENDITURES
1864
I
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2
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— — —
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— —
243.6
—
«27.7 18,5 95.8 88,8
— — —
85,0
—
3 1865
1866
4 I 2 3 4 I 2 3 4
P.
»59 158 168 158 '59 '56 '55
12.)
1867
I 2
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3
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—
4
97.9
—
T R E A S U R Y C U R R E N C Y OUTSTANDING END OF QUARTER 1861
I 2 3
1862
1863
1864 1 , 2 MIL.
2
3',6 89,2 142,6
— — —
3
201,4
—
4 I
249.3 364.8
— —
2
390, « 431.6 518,2
— — -
4 I
3 4
I
5 9 1 , 6 MIL.
2
550.4 118,2
— —
646,7 600,2 611,1
— — —
3 4 I 2
613,8
—
55',6
—
471,3 450,8
— —
3 4
445.3 4'6,3
— —
3 1865
4 I 2
1866
1867
I
3 8 6 , 6 MIL.
2
349.0
—
3 4
336,4 324.9
— —
PAUL. B. TRESCOTT
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Civil War finance led the Federal Government into large scale deficit spending. A variety of financial instruments were employed for financing the deficits. Most significant was reliance on legaltender currency, beginning with the greenbacks in February, 1862, and subsequently extending to several interestbearing legal-tender issues. Legal-tender currency was used by the commercial banks as the chief form of cash reserves for their note and deposit liabilities. The total impact of federal finance may be visualized to involve three levels of influence: the direct impact of deficits on the flow of national income and expenditures, the impact of Treasury currency issues on the money supply, and the influence of Treasury currency on the reserve positions and monetary liabilities of the banks. Only a cursory examination of the diagram is necessary to show that a naive quantity theory of money, using Treasury currency alone, provides a remarkably good approximation to price-level behavior over the major cycle of the war period, as well as the minor cycles of 1864-1866. In the following sections we examine each of the major subperiods of price behavior, and see to what extent federal financial policies provide an explanation. I First inflation: July, 1861, to February, 1862.
Warren-Pearson index rose from 83 to 99. This seems a clear response to the first large rise in Treasury spending, which rose from $ 21 million in the second quarter of 1861 (hereafter styled 1861-II) to $ 70 million in 1861-III and $ 108 million in 1861-IV. The deficits were financed largely by borrowing from the banks, which were in a slack reserve position as a result of the recession and commercial crisis earlier in 1861. The "allbank proxy" indicates a rise in bank monetary liabilities from $ 412 million in June, 1861, to a peak of $ 486 million in December, 1861. The government issued a total of $ 32 million of currency, most in the fourth quarter. This was in the form of demand notes, not yet legal tender.
766
PAUL B . TRESCOTT
II First deflationary interruption: February, 1861, to June, 1862.
Warren-Pearson index declined from 99 to 94. Treasury expenditures dipped from the peak of $ 108 million in 1861-IV to $ 105 million in 1862-I. The all-bank proxy indicates that bank monetary liabilities remained stable around $ 480 million in the first four months of 1862, down $ 6 million from December, 1861. However, one cannot attribute this to federal policies. For the Treasury issued $ 58 million of legal-tender currency in 1862-I. One has to assume a lag in the response to this stimulus if the behavior of bank money and Treasury spending are to be given credit for the price decline. On the whole, one would like additional explanation as to why prices declined, and for so long, in this phase. III Second inflation: June, 1862, to March, 1863.
Warren-Pearson index rose from 94 to 141. This is the greenback inflation in its purest form. Treasury expenditures rose from $ 105 million in 1862-I to an average of $ 226 million in 1863-I and -II. (The zig-zag pattern traced in 1862-II and III may not be economically significant; it is likely that much of the funds paid out of the Treasury in the second quarter went to increase the cash balances of disbursing officers rather than being paid to the public.) As a result of greenback finance, the supply of Treasury currency outstanding increased from $ 32 million at the end of 1861 to $ 249 million at the end of 1862. The banking system responded to this stimulus after May, 1862; the all-bank proxy indicates a rise in monetary liabilities from $ 479 million in April, 1862, to a peak of $ 787 million in February, 1863.
PAUL B.
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TRESCOTT
IV Second deflationary interruption: March, 1863, to September, 1863. Warren-Pearson index declined from 141 to 123. Treasiury expenditures levelled off and were approximately the same i n 1863-II as 1863-I; in 1863-III spending dropped from $ 228 million to $ 178 million (though decrease in disbursing officers' balances may have cushioned this decrease). T h e most significant contribution to the price drop seems to have coane from the banks. T h e all-bank proxy indicates a decline in bank monetary liabilities from $ 787 million in February, 1863, to $ 743 million in August. This cannot be attributed directly to federal policy; however, the creation of Treasury currency did slow down i n 1862-IV and may have fallen below the rate of growth in the public's demand for currency. V Third inflation: September, 1863, to August-September,
1864.
Warren-Pearson index rose from 123 to 225. This phase, the longest and steepest inflationary period, can be subdivided by noting that the rate of price increase slackened off appreciably in the middle, from November, 1863, to February, 1864, tlhen speeded up again. Treasury expenditures were on the rise during this period, from $ 178 million in 1863-III and $ 218 million in 1863-IV to a virtual levelling around $ 244 million in 1864-I and-II. But it is currency issue which offers the most plausible explanation. T h e diagram shows that currency issue passed through the same sequence of speed-up, slow-down, and speed-up. In 1863-I, $ 116 million of currency was issued; but in the next two quarters, only $ 25 million and $ 42 million respectively. Then acceleration renewed, with $ 87 million and $ 79 million coming in 1863-IV and 1864-I. The all-bank proxy indicates that bank money responded to this stimulus, but with a lag. Bank money rose in September-October, 1863, then declined in November and held at a lower level until January, 1864, the dip coinciding with the dip in prices. Again, one miight attribute the bank decline to the fact that the rate of growth of Treasury currency fell below the rate at which the public's demancd for currency was rising.
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PAUL B. TRESCOTT
Our bank-money indicator rose from $ 774 million in January, 1864, to $ 918 million in May, levelling off in June, and falling to $ 825 million in July. This movement provides considerable explanation for the price speed-up in the spring of 1864, as well as for its eventual termination. It appears that the high rate of Treasury currency issue in 1863-IV and 1864-I led to bank expansion from January to May, 1864, which in turn contributed to the price acceleration from February to August.
VI First deflation: August-September, 1864, to October, 1864.
Warren-Pearson index fell from 225 to 207. If our previous analysis is correct, it follows that this price decline was the delayed response to deflationary pressure from all of our demand variables. In particular, the Treasury currency decrease of $ 47 million in 1864-II seems reflected in the decline in the allbank proxy of some $ 80 million from June to July. The series declined further and was by October about $ 100 million below June. VII Last inflation: October, 1864, to January, 1865.
Warren-Pearson index rose from 207 to 223. This seems a clear response to the huge run-up of Treasury expenditures from $ 258 million in 1864-II to $ 378 million in 1864-III. With this came a deluge of Treasury currency: $ 168 million was issued in 1864-III. Bank money also rose after September, although we lack a quantitative measure.
VIII Second deflation: January, 1865, to June, 1865.
Warren-Pearson index declined from 223 to 15g. This can be attributed to the reversal of the expansionary stimuli noted for phase 7. Treasury expenditures fell from $ 378 million in 1864-III to $ 206 million and $ 256 million in the two subsequent
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quarters. Treasury currency was contracted violently: by $ 72 million in 1864-IV and $ 47 million in 1865-I. However, bank money moved counter to this trend, as banks used up a large cushion of excess reserves previously accumulated. Considering the bank offset, the deflationary influence of federal finance may not be sufficient to account for the degree of price decline. IX First inflationary interruption: July, 1865, to October, 1865. Warren-Pearson index rose from 159 to 190. This is a clear response to the massive rise in Treasury expenditures in 1865-II attending mustering out. Spending doubled, from $ 256 million to $ 506 million. With this came the emission of $ 71 million in Treasury currency; in addition, bank money increased in the first half of 1865. X Third deflation: October, 1865, to April, 1866. Warren-Pearson index declined from 190 to 166. Again, this seems a clear response to reversal in monetary-fiscal policy after a one-shot injection. Treasury spending fell from $ 506 million in 1865-II to $ 244 million, $ 128 million, and $ 79 million in the subsequent three quarters. Treasury currency was drastically deflated, falling by $ 57 million, $ 62 million, and $ 80 million in the three quarters ending in 1866-1. Bank money again acted as a buffer by expanding. XI Second inflationary interruption: April, 1866, to October, 1866. Warren-Pearson index rose from 166 to 179. The deflationary influence of federal finance abated. Treasury expenditures levelled after 1866-1 and even rose slightly. The contraction of Treasury currency continued, but at a slower rate. Most important, however, was the expansion of bank money in the first three quarters of 1866: national-bank monetary liabilities rose $ 39 million, $ 4 million, and $ 32 million in those quarters. This increase cannot be attributed to federal financial policies. 49
77°
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XII Third deflation: October, i966, to December, 1867. Warren-Pearson index fell from 179 to 155. We consider this period as one phase, despite the fact that prices rose in a few individual months; in particular, we ignore the sharp up-and-down movement in August, 1867. The decline in prices was heavily concentrated from May to June, 1867. Treasury spending rose slightly and the surplus decreased, so fiscal policy was not a deflationary force. Contraction of Treasury currency speeded up in the first half of 1867, then slowed down (as did the rate of price decline). Probably the most important influence was contraction of bank money. National-bank monetary liabilities were
unchanged in 1866-1V, then fell $ 45 million in 1867-I, though they rose somewhat in the next two quarters. Contraction was certainly imposed on the banks by the continued decline in the stock of Treasury currency, once the stock of excess reserves was used up. Considering all phases, we find that federal financial policies provide us with a fairly satisfactory explanation for price movements. Clear-cut reversals of monetary-fiscal policies were always reflected in price-level movements. However, bank behavior not clearly attributable to government actions seems responsible for the price declines in phases 2 and 4, and for the price increase in phase 11. And government policies do not seem sufficient to account for the magnitude of price change in phases 5 and 8.
FISCAL POLICY AND PRUSSIAN DEVELOPMENT,
ECONOMIC
1815-1866
by Richard TILLY ( University of Michigan)
A preliminary investigation of the evidence suggests that fiscal policy began to contribute substantially to Prussian economic development around 1840, when central government policy became responsive to the interests of the commercial and industrial bourgeoisie and no longer the exclusive instrument of the landed aristocracy and the civil and military bureaucracy. However, this is no more than an impression. The attempt to relate fiscal policies to Prussian economic development faces a number of problems which have not yet been satisfactorily solved. We need to know the approximate size of the government's budget (in absolute terms and relative to, say, the national income) and we should also know how the budget was composed. Then there is the problem of developing standards or criteria: for distinguishing between productive and non-productive expenditures, or between efficient and inefficient sources of revenue. The data problems alone are formidable. T o begin with, continuous annual figures for actual government expenditures and revenues are not available. The available figures are mostly budgetary estimates published by the government, and they are incomplete: they appeared
772
RICHARD T I L L Y
only five times between 1 8 1 5 and 1847, though annually thereafter. This means that the correct figures for individual years can be approximated only through interpolation. Although some data are available for this purpose, e.g., official reports on the annual yield of certain individual taxes, they do not promise very reliable results. Moreover, it is clear that the published figures—quite apart from the gaps and faulty arithmetic—conceal much essential information. Before the second half of the century many government departments (for example the post office) reported only their net revenues, thus excluding all expenditures incurred in the revenue-earning process, and to that amount understating the true amount of government outlays. Then, too, until the Revolution of 1848, Prussia's official estimates of net revenues tended to err on the conservative side, thus permitting the government to accumulate additional balances which were not reported and which flowed in part into the "war chest". In 1856 Freiherr Friedrich von Reden, a careful and generally pro-Prussian statistician, reported that the published figures for the years up to 1840 underestimated annual government revenues by at least 60 per cent. 1 Such data problems are worth mentioning not only because they qualify the use of available statistics but also because they reflect socio-political conditions in Prussia, above all, the relative weakness of the bourgeoisie. On the one hand, the opacity of the government accounts tended to understate the scope of the state's activities and was apparently designed to weaken the bourgeoisie's interest in controlling the public finances. On the other hand, the absence of effective constitutional controls freed the state from the legal necessity of supplying the public with detailed financial reports. In the 1840's this picture began to change. The government accounts improved in clarity and the disparity between published figures and actual conditions diminished. Indeed, it was precisely the political and associated financial pressures felt by the old bureaucratic-monarchical Ständestaat in the 1840's (culminating in the Revolution of 1848 and the establishment of constitutional controls in 1850) which coaxed out the truth about the earlier years. But hardly the whole truth. Were that the case, these remarks would be quite beside the point. In fact, much remains unclear about the earlier and the post-1850 period, particularly concerning the military budget and the size of the state's contingency f u n d ("Staatsschatz"). Von Reden pointed out (in 1856) that, constitution 1. That is, actual revenues were larger than reported revenues by more thin 60 per cent of the latter. Friedrich von R E D E N , Allgemeine vergleichende Fuianz-Stmtistik, 3 vols. (Darmstadt, 1852-56), I, Book 3, 96-99.
RICHARD TILLY
773
or no constitution, the very nature of government in Prussia made it impossible for the legislature to get a complete picture of the state's finances or to effect more than marginal changes in them. 1 The remarks of subsequent investigators, for example, Carl Bergius in 1865 and Eugen Richter in 1869, suggest that progress along these lines was very slow in Prussia before 1866 2 . For the entire period, therefore, estimates of the Prussian government sector and its components are necessarily rough ones. Table 1 of this paper suggests that the government budget grew but slightly in the 1820's and 1830's, noticeably more in the 1840's, very substantially, though with some deceleration, in the 1860's. Until the 1840's the government consistently ran surplus budgets, retiring debt and accumulating assets. Deficits began to appear in the 1840's and still more pronouncedly in the 1850's and 1860's. 8 Briefly, this pattern reflected the political and financial conservatism of the ruling aristocracy and bureaucracy before 1840, its growing recognition of the advantages of industrialization in the 1840's, and cooperation between bourgeoisie and ruling aristocracy thereafter, marred only by the political-constitutional struggle over the military budget between 1862 and 1866. 4 The military budget was by far the largest single expenditure category during the period, absorbing between 25 and 35 per cent of the total outlays and between 40 and 45 per cent of the government's net income. Only a fraction of these outlays could be regarded as productive. Few anticipated or followed Adolph Wagner in his defense of military expenditures as an important form of productive investment. En 1856, however, von Reden suggested an interesting variant of that thesis: the expensive military machine was indispensable and indirectly productive, not as a defense against "external threats," but as an instrument for the maintenance of security and stability at home. 5 There was truth in this argument, but the implied 1. Ibid., 118-119. 2. Carl B E R G I U S , Grundsatze der Finanzwissenschaft (Berlin, 1865), 58; Eugen R I C H TER, Das Preussische Staatsschuldenwesen und die Preussische Staatspapiere (Breslau, 1869), iii-vi, 92-99. 3. These trends are not apparent from Table 1 but they follow from the decline in debt servicing charges until the 1840*8, from the data in Table 2, and from the discussion by B E R G I U S , Preussische Zustande (Munster, 1844), 40-41, by David H A N SEMANN, Preussen und Frankrekh (Leipzig, 1833), 239-241, and by von R E D E N , FinanzStatistik, 99-100, 332-333. 4. For general perspectives on these changes see Theodore H A M E R O W , Restoration, Revolution, Reaction: Economics and Politics in Germany, 1815-1871 (Princeton, 1958); Georg F. W. H A L L G A R T E N , Imperialisms vor 1914, 2 vols. (Munich, 1931), Chapter I V , esp. 121-29. 5. Von R E D E N , Finanz-Statistik, 5 1 0 - 5 1 1 . For Wagner's views see Adolph W A G N E R , Finanzwissenschaft, I (3d Ed. : Berlin, 1883), 416-452.
774
RICHARD TILLY
link to economic efficiency and development
remains
nevertheless
dubious. T h e "commercial" or productive expenditures of the government followed and in part explain the aggregate budgetary patterns m e n tioned above. R o u g h l y constant before 1840, these allocations rose b y more than 50 per cent in the 1840'$, b y more than 50 per cent again in the 1850*5, and continued to grow substantially in the i86o's. T h e y were directed into government-owned mines, forests, agricultural
lands, into
road
and
railroad
construction
and
operation,
and into the operation of the postal and communications authority. The
pattern o f expansion, however, was
dominated
by
spending
on the railroads. Railroad construction and operating outlays accounted for about
half of the increase in "commercial"
expenditures
in the i84o's, more than two thirds of the increase in the somewhat less than two thirds in the 1860's. This expansion
of government
1850*5,
1
spending coincides quite
closely
with the observed acceleration in the growth of the Prussian e c o n o m y after around 1840.
2
T h u s there m a y be grounds for assigning
an
important positive role to Prussian fiscal policy in the period. However, it is still important not to forget about the years before 1840, nor to lose sight of the fact that the government's entrepreneurial activities bridged in part a g a p which government themselves created.
restrictive policies
had
3
T h e remainder of the spending budget included: 1. the costs of debt servicing (which rose sharply after 1848); 2. the direct costs o f revenue collection; and 3. the general costs of administration. These categories contain
many
interesting
and significant issues
which,
unfortunately, can be scarcely mentioned here. There is, for e x a m p l e , the general question of economy in government and
bureaucratic
efficiency. Traditional views notwithstanding, this is b y n o means a settled matter. T h e n there are the debt accounts: how was the debt managed
and
how
its management
related
to
Prussian
politics?
I might mention in passing that most liberal critics felt that the debt
1. Official budget figures understate the importance of railroads since they exclude expenditures of borrowed funds — which were very important for government railroad spending. 2. Walter HOFFMANN, "The Take-Off in Germany", in W . W . Rostow (Ed.), The Eamonics of Take-Off into Sustained Growth (New York, 1 9 6 3 ) , 95-118; also the indications in Richard T I L L Y , Financial Institutions and Industrialization in the Rhintland, ¡815-1870 (Madison, Wisconsin, 1 9 6 6 ) , Chapter 1. 3. Thus the Prussian Railroad Law of 3 November 1838 imposed incorporation restrictions and profits taxes which convinced many entrepreneurs that government construction and operation was the only feasible solution for Prussian railroading needs. See Dietrich EICHHOLTZ, Junker md Bourgeoisie ¡01 1848 in der Preussischen Eisenbahngfschichte (Berlin. 1 9 6 2 ) , esp. 9 7 - 9 8 .
RICHARD TILLY
775
was poorly managed, that manipulation of the debt accounts was one of the chief means whereby the Junker bureaucracy circumvented constitutional-legislative control over the state finances, and that resources where seriously misallocated as a result. 1 The Prussian state financed its growing budget through borrowing, taxes, and the sale of goods and services. Space limitations preclude an adequate discussion of these revenues, but the following general developments may be noted. As suggested above, borrowing first became noticeable in the 184.0's, initially taking the form of unfunded, "floating" debt. It then became extremely significant in the 1850's, after the legal and political ambiguities surrounding government borrowing had been clarified. The Prussian tax system underwent sweeping reforms between 1816 and 1822. One of the positive aspects of reform was the great gain in efficiency (defined as the ratio of net to gross tax revenues) which resulted, particularly, from the elimination of internal customs barriers implemented by the tariff of 1818—a measure which also had beneficial effects on internal trade. The feudal character of both the Class Tax and its implied division between town and country, the regressive nature of the consumption taxes, and the unequal social and regional distribution of the land tax—aristocratic exemption from, and uneven assessments of, the land tax penalized the most progressive Prussian provinces of Saxony, Rhineland and Westphalia— were among the negative features of the "reformed" system. In the absence of more knowledge about consumption patterns and demandsupply conditions it is not possible to be very precise about the economic contributions of the Prussian tax arrangements. However, it is apparent that those arrangements failed one of the tests of a good fiscal policy: to raise revenues without generating political tensions. For example, the demand for a modern income tax (partly achieved in 1851) and for redistribution of the land tax burden (achieved in 1861) were two of a number of foci which polarized middle-class opposition to the Prussian government and which led to the Revolution of 1848. Tax criticism was perhaps more symptomatic of dissatisfaction than a cause of it, but it was a contributing factor nevertheless. These remarks apply also to the third source of government revenue—the sale of goods and services—because a part of such revenues represented hidden taxes. The government felt higher taxes imposed in the form of price increases for public services was less likely to 1. These arguments can be found in the works of Bergius and Richter cited above, in the reported and in part reprinted proceedings of the provincial and national Diets and (after 1850) of the Prussian legislative bodies, and in the voluminous contemporary literature. See also W A G N E R , Finanzwissenschaft, I V , 4-6, 16, 49.
776
RICHARD TILLY
arouse political hostility. Part of the revenues earned by the postal, mining and railroad authority, and also a good share of those collected by the justice administration, should be interpreted as hidden taxes. In view of this fact, it is rather surprising that these revenues did not decline relative to tax revenues after 1848, when middle-class controls over the state finances became a significant factor. In fact, non-tax revenues became relatively more significant in the 1850's and 1860's. This reflects in part the fruits of earlier government investments, but it also suggests that the government's leaders continued to regard outright taxes as a politically dangerous course to be followed as little as possible—even during the period of "JunkerBourgeois" co-operation. TABLE I Estimated Prussian Government Accounts, 1821-1866*
(millions of thalers) 1821
1829
1838
1847
1849
1856
1866
Expenditures: MILITARY DEBT COMMERCIAL » ADMINISTRATION
22.5 11.0 12.5 36.0
22.0 11.5 13.0 36.5
26.5 11.0 14.0 34.5
26.0 7.5 18.5 41.0
27.3 7.6 25.6 33.7
34.6 13.9 38.2 40.2
45.9 16.6 49.7 45.3
TOTAL
82.0
83.0
86.0
93.0
94.2
126.9
!57-5
REVENUES : NON-TAX TAX
28.0 54.0
29.0 54.0
29.5 56.5
30.0 58.0
31.0 56.5
56.8 70.5
79.5 78.3
TOTAL
82.0
83.0
86.0
88.0
87.5
127.3
157.8
* The revenue figures are gross figures and the totals, 1821-1847, represent an adjustment of officialfiguresalong the lines suggested by von REDEN, Finanz-Statistik, 96-99, and other sources listed below. The figures given here do not cover all spending or identify the true amount of deficit—even in an ex ante sense—because borrowed funds were not allocated through regular budget accounts. b Includes mines, forests, crown lands, commerce and industry ministry spending, railroads, and the postal authority. Sources : Carl BERGIUS, Preussische Zustände (Münster, 1844), 20-41; von REDEN, Finanz-Statistik, 80, 96-99, 334-43; Adolph WAGNER, Finanzwissenschaft, IV, 49-54; David HANSEMANN, Preussen und Frankreich, n i - 1 9 9 , 212249; O. SCHWARZ und G. STRUTZ, Der Staatshaushalt und die Finanzen Preussens, 3 vol. (Berlin, 1901-1904), I, Book I, Appendix X X V I ; Bk. 2, Appendix X X X V I ; Bk. 3, App. X I I I ; Bk. 4, App. L X X I ; III, Appendix X I I I . Johann G. HOFFMANN, Die Lehre von den Steuern (Berlin, 1840), 123 ff.
RICHARD TABLE
777
TILLY 2
Prussian Government Debt, 1820-1865
a
(millions of thalers) YEAR
1820 1833 .... 1848 .... .... 1855 1865..-.
FUNDED
PAPER MONEY
163.8 I38.I 227.7 268.7
»7-7 30.8 20.8 15.8
NOTE ISSUE
11.2
B
TOTAL
217.8 •7 10.5
181.5 169.6 259.O
634
347-9
* Does not include all government debt since the liabilities of several government institutions represented a part of that debt for which no data were published. b Net of Prussian Bank's specie holdings. Sources: Eugen RICHTER, Das Preussisthe Staatsschuldenwesen und die Preussisehe Staatspapiere (Breslau 1869), 30-63; Curt SCHAUER, Die Preussisehe Bank (Halle, 191a), 41.
FINANCES
PUBLIQUES
PENDANT DE
LES
L'UNITÉ
ET
DIX
ÉCONOMIE
PREMIÈRES
NATIONALE
ITALIENNE ANNÉES
(1861-1870) 1
par Luigi I z z o ( Université de
Naples)
Pendant les dix premières années de l'unité, l'État italien fut obligé de faire face à de très graves problèmes, certains hérités des anciennes administrations, d'autres liés à l'organisation et au dévelop1. Parmi les études consacrées aux finances publiques et au développement de l'économie italienne depuis l'unité nationale, il faut signaler : C . A R E N A , La finanza pubblica dall'unità ad oggi, in « L'economia italiana dal 1861 al 1961 », Milano, 1961 ; A . B R A N C A , Le finanzi italiane, Napoli, 1866; G. C A R A B E L L I , Quistioni di finanza, Na]x>li, 1867; P . C A RC A N O , Finanzi e tesoro, in • Cinquant' anni di storia italiana », Milano, 1911 ; F. C O P P O L A D ' A N N A , Popolazione, reddito e finanzf pubbliche dell'Italia dal ¡860 ad oggi, Roma, 1946; E. C O R B I N O , Annali dell'economia italiana, I, Città di Castello, 1931 ; I. C O R S O , La verità sullefinanzeitaliane, mali e rimedi, Firenze, 1867; A . C R I S C U O L O , Lefinanzedel regno d'Italia considerate dal punto di vista storico ed amministrativo, Napoli, 1873; M . C U C H E V A L C L A R I O N Y , Lesfinancesde l'Italie, 1866-1885, Paris, 1885; C . D E C E S A R E , La finanza italiana nel 1867, Firenze, 1867; A . J . D E (OHANNIS, Lafinanza,in « Mezzo secolo di vita italiana, 1861-1911 », Milano, 1911 ; V . D E M O N T E , Sulle finanze italiane, Pensieri e voti, Napoli, 1869; C. D E N E C H A U D , L'Italie, sesfinances,sa rente, ses chemins de fer, son industrie et son commerce, Paris, 1866; P . F A R I N A , Considerazioni e proposte relative allefinanzedel regno d'Italia, Torino, 1867; G . F I N A L I , La finanza italiana, sua storia e suoi problemi, in 1 Nuova Antologia », 1885; A. FOSSATI, Problemi economici e finanziari del Risorgimento, e dell' unità d'Italia, in « Questioni di storia del Risorgimento », Milano, 1951 ; A. G E N T I L E , Brevi corni-
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LUIGI IZZO
pement économique du nouvel É t a t . Parmi les problèmes hérités, celui de la dette publique représenta un lourd engagement financier pour l a nouvelle administration; avec le temps, cet engagement au lieu de diminuer a u g m e n t a progressivement j u s q u ' à atteindre un montant très élevé et qui eut une grande importance sur la politique économique nationale 1 ™ ' les nouveaux n'étaient était obligé de consolider sa position liée à u n équilibre international difficile, qui menaçait de crouler d ' u n moment à l'autre; et de satisfaire les fortes aspirations nationales de comprendre dans les frontières du pays les provinces romaine et vénitienne. Pour atteindre ces buts, le jeune É t a t dut avoir recours à des forces humaines et financières pour fortifier l'armée et la marine. E n même temps, d'autres moyens financiers furent destinés à l'organisation d'une structure adminisderazioni sulle condizioni finanziarie del regno d'Italia, Livorno, 1871; A . G E N T I L E , Idee pratiche per servire alla organizzazione economica e finanziaria in Italia, Milano, 1866; L . I z z o , La finanza pubblica nel primo decennio dell'unità italiana, Milano, 1962; E . L É M O N O N , L'Italie économique et sociale ( 1861-1912), Paris, 1913; G . L U Z Z A T T O , L'economia italiana nel primo decennio dell'unità, in « Atti del X X X I V Congresso di storia del Risorgimento italiano », Roma, 1958; P. M A E S T R I , L'Italie économique en 1867, Firenze, 1867; P. M A E S T R I , L'Italia economica nel 1868, Firenze, 1868; P. M A E S T R I , L'Italia economica nel 1868-69-70, Firenze, 1868-70; E . M E S S E R I , Cinquant'anni di vita economica e finanziaria italiana, Roma, 1912; F. S. N r r n , Scritti sulla questione meridionale, vol. I I : Il bilancio dello stato dal 186s al 1896-97 ; Nord e Sud; a cura di A . S A I T T A , Bari, 1958; A . Nussi, Osservazioni economiche sulle finanze d'Italia, Milano, 1863; G . P A G N I , Sull'amministrazione economica del regno d'Italia, Firenze, 1863; G . P A R R A V I C I N I , La politicafiscalee le entrate effettive del regno d'Italia, 1860-1890, Torino, 1958; V . PASINI, Finanze italiane, in « Archivio statistico italiano », Torino, 1864; A . P L E B A N O , Storia della finanza italiana nei primi quarant'anni dell'unificazione, Padova, i960; A . P L E B A N O , G . A . Musso, Lesfinancesdu royaume d'Italie, Paris, 1863; M . R i z Z A R I , Delle presenti condizioni della finanza italiana e del suo ordinamento, Pisa, 1865; M . R I Z Z A R I , La situazione finanziaria del regno d'Italia, Pisa, 1872; G . S A C E R D O T I , La finanza del regno d'Italia, Firenze, 1865; I . S A C H S , L'Italie, sesfinanceset son développement économique depuis l'unification du royaume, 1859-1884, d'après des documents officiels, Paris, 1885; P. S A G L I O , Rapido sguardo alle finanze italiane dal 1862 al 1888 e miglior modo di riordinarle, Broni, 1889; G . S A V A R E S E , Lettere di un contribuente ad un uomo di stato sull'abolizione del corso forzoso, il pareggio del bilancio e la riforma delle tasse, Napoli, 1868; E . S C A L F A R I , Lapolitica finanziaria della destra nel periodo delle origini ( 1860-1864), in « Nuova Antologia », 1947; G . S E M E N Z A , L'abolizione delle dogane e le riforme finanziarie, Torino, 1862; G . B. SINISCALCHI, Per la unificazione delle imposte nella situazione attuale d'Italia, Napoli, 1863; B. S P A M P A N A T O , La politica finanziaria della destra storica, Napoli, 1932; V . T A N G O R R A , La finanza italiana dal 1862 al 1900, in « Giornale degli economisti », 1 9 0 1 ; A . T O L L I N , Lesfinancesitaliennes sous le ministère de M. Cambray-Digny, Paris, 1869. 1. I . S A C H S , L'Italie, sesfinances,op. cit., p. 486 et suiv.; voir aussi V . F E R R A R I S , Le leggi del debito pubblico italiano, Torino, 1886; F . G I O R D A N O , Storia del debito pubblico del regno d'Italia, Torino, 1875; F . M A N C A R D I , Cenni storici sull'amministrazione del debito pubblico del regno a'Italia e sulle amministrazioni annesse, R o m a , 1874; J . T I V A R O N I , Storia del debito pubblico nel regno d'Italia, Pavia, 1908-09.
LUIGI IZZO
7
8I
trative et économique plus conforme aux exigences d'un État moderne; il fallut entre autre créer un réseau de voies de communications routières et ferroviaires; pourvoir aux besoins de l'instruction publique, qui se trouvait à l'un des plus bas niveaux européens; pourvoir à l'administration de la justice, trop souvent ignorée dans certaines régions. Il ne fut pas facile de trouver ces importants capitaux. Les recettes fiscales, en effet, avaient peu de possibilités d'augmenter car elles étaient en rapport avec le revenu national; la restauration des anciens impôts, qui avaient été supprimés durant les gouvernements provisoires des États entre 1859 et 1860, était considérée comme une mesure qui aurait causé des réactions psychologiques négatives envers la nouvelle administration nationale ; d'autre part, la politique commerciale du gouvernement, orientée vers le libéralisme économique, avait provoqué une crise dans des régions entières, surtout dans le Midi de l'Italie, et asséché en grande partie les anciennes sources de richesse. Pour ces raisons, durant les premières années de vie du nouvel État on continua à avoir recours à l'expédient des prêts publics vers lequels, pour les avantages qu'ils offraient, l'épargne étrangère était particulièrement portée. Cependant, ce moyen, bien qu'il offrît une amélioration passagère des finances, avait l'inconvénient de charger le bilan de l'État de la forte somme des intérêts à payer. Ensuite, pour cette raison, on chercha à limiter, dans la mesure du possible, le prêt public et on tâcha de compter sur d'autres ressources. On proposa de céder à des particuliers certains biens de l'État et, surtout, des voies ferrées, des canaux du domaine et certaines propriétés qui n'étaient pas destinées au bien public. Les propositions cependant ne réussirent pas à soulager la situation financière difficile de l'État tandis qu'elles constituèrent le point de départ de l'aliénation du patrimoine de l'État en faveur de particuliers, non seulement nationaux mais étrangers. La guerre avec l'Autriche en 1866, à cause des capitaux exceptionnels qu'elle demanda, aggrava encore la situation et le Parlement autorisa le gouvernement à trouver des moyens pour faire face aux frais nécessaires à la défense du pays. De nombreuses mesures fiscales furent prises : on proclama le cours forcé des billets de banque on approuva la loi sur la liquidation 1 . Voir C . S U P I N O , Storia della circolazione cartacea in Italia dal 1860 al igs8, Milano, 1929, p. 26 et suiv. ; et M . A V I T A B I L E , Il pareggio dei bilanci e il corso forzoso, Napoli, 1868; G. C E N N I , Pensieri sulla soppressione del corso forzoso delle carte di banca, Napoli, 1868; R . D E M A T T I A , Le origini della circolazione cartacea italiana (1861-1874), 'n « Rivista di politica economica », 1958; D . M . D E M E I S , Il corso forzoso e la politica finanziaria di Quintino Sella, in « Rassegna monetaria », 1936; F . F E R R A R A , Il corso forzato dei biglietti di banca in Italia, in « Nuova Antologia », 1866; F . F E R R A R A , Del
782
LUIGI IZZO
du patrimoine ecclésiastique 1 . Entre 1868 et 1869 on adopta une politique plus sévère et austère sur les recettes et sur les dépenses publiques. Entre autre, on créa un nouvel impôt sur les céréales qui, bien que très discuté, fut enfin approuvé malgré une vive opposition parlementaire et son impopularité a . La politique précitée fut appliquée plus sévèrement en 1870 et de nouvelles propositions furent présentées pour l'équilibre du bilan dont la réalisation fut déclarée une question de vie ou de mort pour le nouvel État. En même temps, pendant les dix années 1861-1870, la politique financière italienne fût conduite par des hommes d'une compétence indiscutable qui affrontèrent avec décision les nombreux et graves problèmes des finances publiques; cependant on ne réussit pas à atteindre le but tant désiré : l'équilibre de la balance de l'État, soit parce qu'on ne trouva pas la collaboration nécessaire au Parlement, plus occupé des problèmes politiques que financiers, soit parce qu'on vécut une période de maigre expansion de l'économie nationale. Cela suffit pour qu'en face des grandes nécessités du pays la finance ne réussît pas à trouver les moyens suffisants 8. Les charges fiscales toujours croissantes et désordonnées, l'effritement chaotique du patrimoine domanial et ecclésiastique, le transfert d'activités de l'État à des particuliers, constituèrent de sérieux obstacles au développement économique du pays. Les pressants besoins financiers, en particulier, avaient obligé l'État à accepter des conditions très élevées pour le placement sur le marché des titres de la dette publique : l'émission avait dû se faire à des prix qui variaient autour du 70 % de la valeur nominale, et les intérêts, nominalement de 5 % , dépassaient en réalité 7 % . Il est évident qu'un taux d'intérêt si élevé sur les titres de la dette publique représentait une sérieuse concurrence aux dépens des activités productives du pays qui ne trouvaient pas de capitaux suffisants pour leur développement sur
corsoforzatoe della maniera di abolirlo, in « Nuova Antologia », 1868; O . M O R E L L I , Il corso forzato in Italia qualefattore di protezione industriale, Torino, 1918; C. PANATTONI, La circolazione cartacea in Italia, Firenze, 1874. 1. Voir G. C. B E R T O Z Z I , Notizie storiche e statistiche sul riordinamento dell'Asse ecclesiastico del regno d'Italia, in « Annali di statistica », 2 sèrie, voi. I V (1879), R o m a , 1879, p. 58 et suiv. ; F. F E R R A R A , La legge sull'asse ecclesiastico, in « Nuova Antologia », 1867; A. S C I A L O J A , La Chiesa, lo Stato e la liquidazione dell'asse ecclesiastico, in « Nuova Antologia », 1867. 2. A. P L E B A N O , Storia dellafinanzaitaliana, op. cit., p. 245 et suiv.; Voir aussi L. G. C A M B R A Y - D I G N Y , L'imposta sulla macinazione dei cereali, in « Nuova Antologia », 1871. 3. F. A. R E P A C I , Lafinanzapubblica italiana nel secolo i86i-ig6o, Bologna, 1962, pp. XLI-502 ; voir aussi P. B E R N A R D I , Il bilancio italiano nel primo cinquantennio dall'unificazione ad oggi, in « Rivista di storia economica », 1937.
LUIGI IZZO
783
le marché financier italien, déjà si peu pourvu l . D'autre part, une affluence considérable de capitaux en Italie eut des répercussions avantageuses sur la vie économique du pays, même si une forte participation étrangère à l'achat des titres de l'emprunt public italien subordonna la finance italienne au contrôle de l'étranger. En 1866 l'introduction du cours forcé provoqua la méfiance du monde financier international envers l'Italie, ce qui obligea l'État à chercher sur le marché national les moyens financiers dont il avait besoin; d'où l'augmentation vertigineuse des impôts indirects, ceux sur les consommations particulièrement, et le grave sacrifice supporté par les milieux les plus pauvres. A la fin des dix premières années de l'Unité nationale, la bonne entente entre la finance et l'économie nationale semblait troublée car la première s'était consolidée aux dépens de la seconde au lieu de se développer en suivant les améliorations et les progrès. La vie économique nationale, avant même d'avoir pu se développer en harmonie avec le nouvel ordre politique, avait été submergée par le dur travail de la restauration financière.
1. Sur le développement économique italien, voir, en particulier, les études de L'economia italiana, op. cit., p. 73 et suiv., et R . M O R A N D I , Storia della grande industria in Italia, Torino, 1959; G . V A L E N T I , L'Italia agricola dal 1861 al ign, Roma, 1911. G . LUZZATTO,
THE ROLE OF TAXATION IN THE ECONOMIC DEVELOPMENT OF JAPAN, 1868-1900 by S . TSURU
(Hitotsubashi University, Kumitachi- Tokyo)
I Introduction
Japan set out on its path for modern economic development in 1860's after a number of ports were opened for external commerce, thus terminating the period of autarkic isolation of two centuries and a half. Politically, the Meiji Restoration of 1868 constituted the major turning point. A minor civil strife occurred in 1877 followed by inflation; and the period from 1881 to 1885 witnessed the successful carrying out of deliberate deflation and is often likened to the English Restriction Period of 1815 to 1821. A period of sustained economic growth was ushered in from about 1866; and by the time it commenced a war against China in 1894 Japanese industrial capitalism had been established as a viable one. Thus the crucial periods for our consideration would be: 1. from the beginning of the Meiji Restoration to the latter part of 1880's during which the ground was prepared for modern capitalistic development, and 2. from the late so
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S. TSURU
i88o's to the end of the nineteenth century by which time Japan completed its "take-off" and joined a group of powers, though as an upstart, in pursuing imperialist policies characteristic of the time. T h e discussion of this paper is to be divided into two parts, each dealing with these two periods separately.
II The First Period, 1868-1886 1. Statistical Summary: T i m e series of national income and tax revenues, the latter with appropriate breakdown. It will be seen that during this period the land tax constituted a major portion of tax revenues and that the ideal of "cheap government" was generally held. There is a remarkable stability in absolute per capita tax burden throughout this period in spite of a rising trend in per capita income. 2. T h e Land T a x Reform of 1873: T h e reform was a major step in the sense that it transformed the feudal form of exaction in kind by local clans into a modern centralized tax system in money. Significantly enough, quantitative distribution of gross revenue of agriculture was not altered initially, the new government taking roughly one-third as the feudal ruling class did. Such heavy exaction enabled the government to make both ends meet during the initial period of development when the tariff autonomy was disallowed and modern system of taxation was taking time to develop. 3. Indirect consequences of the land tax reform upon the economic development of Japan: A. Extreme poverty of the agricultural class and the consequent cheap supply price of labor industries. B. Rapid spreading of money economy throughout the country. C. Development of modern industries with favorable circumstance of negligible tax burden.
III The Second Period, 1887-igoo 1. Statistical Summary: Time series of national income a n d tax revenues, the latter with appropriate breakdown. It will be seen that during this period the relative weight of land tax declined sharply and that instead indirect taxes of all kinds gained importance and income tax, though still extremely light, was introduced for the
S. TSURU
787
first time. The philosophy of "cheap government" still remained and the absolute per capita tax burden did not begin to rise until towards the end of this period. Naturally, the deficit accumulated as Japan prepared for, and conducted, a major war against China in 189495. The deficit was cleared by the receipt of a sizable indemnity from China. 2. Tax Reforms: A. The institution of income Tax, 1888. B. The institution of enterprise Tax, 1897. C. The establishment of tabacco monopoly system, 1899. D. Various other reforms. 3. The Significance of Taxation for Economic Development during this Period. It was quite characteristic that taxes were regarded more as a negative item for economic development and not as an instrument of state-guided development of the economy. New taxes and I or the increase in levy were tolerated as the necessary evil for meeting overriding expenditures connected with armament expansion and wars. It is noteworthy that the rising bourgeoisie class got away with extremely light tax burden even as the extraordinary expenditures on armament expanded. 4. Conclusion: (with added remarks on subsequent development of the taxation in Japan).
SOWJETISCHE VOR
STEUERPOLITIK AUF DER
DEM
LANDE
KOLLEKTIVIERUNG
DER L A N D W I R T S C H A F T
(1917-1929)
von W . P. DANILOW (Moskau))
I Die erstrangige Bedeutung in der Entwicklung der sowjetischen Gesellschaft haben die Beziehungen zwischen der Arbeiterklasse und der Bauernschaft, deren ökonomische und politische Zusammenarbeit beim sozialistischen A u f b a u . Den Zielen der Festigung dieser Zusammenarbeit diente seit den ersten Jahren der russischen proletarischen Revolution die Steuerpolitik auf dem Lande. Bereits im Gefolge der Revolution wurde mit einer grundlegenden Umstellung des Steuersystems begonnen. Aus dem Werkzeug der Aufrechterhaltung der Herrschaft der Bourgeoisie und der Grundbesitzer wurden die Steuern zu einem Werkzeug für deren Enteignung, ökonomische Einschränkung und Unterdrückung. Für die Bauern war von erstrangiger Bedeutung die mit der Nationalisierung des Grundes und Bodens zusammenhängende Abschaffung verschiedenartiger Bodenabgaben, die eine starke Verringerung der Steuerlast der Bauernschaft mit sich brachte.
79°
W . P. DANTLOW
II In der Entwicklung der Besteuerung der Bauernschaft von der Oktoberrevolution bis zum Übergang zur durchgehenden Kollektivierung wirkten sich spührbar drei wichtige Stadien in den politischen und wirtschaftlichen Beziehungen zwischen Stadt und Land aus : i. die Ablieferungspflicht für Produkte (1919-1921), welche faktisch das Steuer- und Erfassungs-system ersetzte, war der Ausdruck des militärisch-politischen Bündnisses der Arbeiterklasie mit der Bauernschaft in dem bewaffneten Kampf gegen die Konterrevolution, ein Zeugnis der maximalen Anstrengung der Kräfte des sich verteidigenden Volkes; 2. die Naturalsteuer (1921-1924), welche schrittweise zu einer Geldsteuer reformiert wurde, stellte ein wirksames Mittel zur Herstellung von Waren- und Geldbeziehungen zwischen der staatlichen Industrie und der kleinen bäuerlichen Wirtschaft, zur Wiederherstellung und Denaturalisation der Ökonomik dar; 3. die einheitliche Steuer für landwirtschaftliche Produktion (1925-1929) mit ausgeprägter progressiver Abhängigkeit vom Einkommen diente als Werkzeug zur Umgestaltung der Ökonomik und der sozialen Struktur der Bauernschaft (Regelung der Reproduktion und Akkumulation in der Bauernwirtschaft, Stimulierung zum Übergang der Bauernschaft zu den kollektiven Formen der Wirtschaft, Offensive gegen die ökonomischen Positionen der Bourgeoisie auf dem Lande, deren Verdrängen). III Die summarische Last der Besteuerung der Bauernschaft in der Mitte der 20er Jahre betrug nur die Hälfte von der im vorrevolutionären Rußland. Im Jahre 1913 wurden von dem bäuerlichen Einkommen (pro Kopf) 19 % und 1926/27 9,6 % abgezogen. Infolge der vom Einkommen progressiv abhängigen Besteuerung verloren unvermögende Wirtschaften 5,6 % , mittlere 9,3 % und Privatunternehmen 16,3 % ihres Einkommens. Deshalb diente die Steuerpolitik als einer der Faktoren des Ausgleichs der sozialen Struktur der Bauernschaft — des wichtigsten sozialen Prozesses in der sowjetischen Bauernschaft der 20er Jahre. IV Mit Hilfe von Steuern erfolgt die Mobilisierung von Mitteln, die fiir die ökonomische, kulturelle und politische Entwicklung des Landes notwendig waren, insbesondere die Umverteilung der Akkumula-
W . P . DANILOW
791
tionen unter den Volkswirtschaftszweigen. Die Hauptmasse der Steuereinkünfte des Staatshaushaltes von der Landwirtschaft wurde in die landwirtschaftlichen Produktion in Form von Bereitsteilungcp für den sozialen und kulturellen Aufbau, für landwirtschaftlich Maßnahmen, den Unterhalt des Staatapparates in den Dorfgemeinde^ und Amtsbezirken usw. zurückgeleitet (1925/26-1927/28 von 70 bis 80 % ) . In den anderen Volkswirtschaftszweigen wurde ein relativ geringer Teil der Steuereinkünfte aus der Landwirtschaft verausgabt.
T H E SOUTH A F R I C A N BOARD OF T R A D E AND INDUSTRIES, THE SOUTH AFRICAN TARIFF AND THE
CUSTOMS
DEVELOPMENT
OF SOUTH AFRICAN
INDUSTRIES
by Marcelle KOOY and Hector M. ROBERTSON (University of Cape Town)
The development of the South African tariff, under the special attention of the Board of Trade and Industries, provides interesting illustrations, on the one hand, of the capacity of fiscal policy to affect the rate and direction of growth of a country's economy and, on the other hand, of the insufficiency of fiscal policy in itself to mould the economy to a desired pattern. It also illustrates the way in which quite unintended results of fiscal measures may emerge, which at a later date may be adopted as explicit objectives of such policies. The Union of South Africa, formed in May 1910, was a comparatively undeveloped country with an unusual series of characteristics. The largest element in its population (67 per cent) consisted of 4 million indigenous Africans of whom less than 13 per cent were urbanized. A large proportion, indeed, practised a subsistance agriculture under a traditional tribal system. Yet, both politically and economically, the dominant element comprised about 1 1 ¡4. million people of European descent, some long settled in South Africa, and others brought by a more recent immigration, following the discovery of diamonds and of gold in the 1870's and 1880's.
794
MARCELLE KOOY AND HECTOR M. ROBERTSON
The milling of precious and other minerals created a modern sector in a backward economy. It brought into being a railway network connecting four South African ports and Louren^o Marques (in Mozambique) with the interior. It not only introduced, as a spearhead of change, a considerable immigration of white settlers, of different background from the main group of the existing white population, but it had noticeable effects in transforming the subsistence economy of the Africans. In 191 o, on an average, more than a quarter of a million were working on mines. In order to obtain so large a number, a widespread organization for « recruiting » African labour had been created. Not only the Africans of tribal background had difficulty in adjusting themselves to the requirements of a more rapidly-developing economy. The transition was also difficult for large numbers of the non immigrant white population, who lacked industrial and commercial skills, and for them it was made more difficult by the competition of Africans lor the less-skilled jobs, creating a so-called "Poor White" problem, which has had a pervasive influence on all South African economic policies in this century. A salient feature of South African society has been the long-standing desire of the politically-dominant whites to make use of black labour and yet to reserve the best jobs always for whites. This has had a profound effect on the history of the South African tariff. In 1912, private manufacturing industry's share of the national income of South Africa was only 6.7 per cent'yet it was already being stressed that mining (which provided 27.1 per cent, of the net national product) and agriculture (which provided 17.4 per cent) employed predominantly black labour, and that an encouragement of manufacturing industry was essential to provide jobs for all the whites coming into the labour market. As a result of the war of 1914-18 import-replacement industries made considerable progress. Between the industrial censuses of 1915-16 and 1919-20 the number of factories increased from 3,998 to 6,890; total factory employment rose by more than 73 per cent; total wage payments increased by 130 per cent; and the value added in manufacture rose from £ 1 8 . 1 million to £ 39 million compared with a 58 per cent increase in the wholesale price index of South African goods. Wartime experiments in guiding and assisting such industrial developments, and immediate post-war experiments with advisory bodies to assist in safeguarding recently-established industries against renewed external competition took a significant new turn in 1924 when a new government came into power, the result, of a "Pact" between a "National" party of conservative and largely rural Afrikaner-Dutch, and a "Labour" party, mainly of English-speaking
MARCELLE KOOY AND HECTOR M. ROBERTSON
795
trade unionists of a radical or socialist persuasion. But the Nationalists held rather rigid views on the social and economic segregation of the blacks and they wished to gain voting strength also in the cities, whilst the Labour party wished to keep all skilled jobs (and indeed all industrial jobs) out of the hands of non-unionized and potentially numerous black competitors. Both parties were agreed on the stimulation ofindustries to provide employment for whites. A major instrument in carrying this out was a new "Board of Trade and Industries" which replaced a rather inhibited part-time body that had functioned under the previous government. The re-constituted Board of Trade and Industries revised the South African customs tariff in order to make it a purposeful instrument for encouraging manufacturing industry. In revising the tariff, the Board endeavoured not to disturb the total revenue yielded by customs duties. Hence the Board recommended a reduction of duties on various articles of common use, not yet likely to be produced in South Africa, to offset increased duties imposed to foster new industries or the expansion of existing ones, and to reduce the effect of these upon the "cost-of-living". It also recommended free entry of industrial machinery and industrial raw materials, to be compensated by steep increases in duty on a number of "luxury" imports, and the abolition of most preferential rates in favour of British imports, save on a quid pro quo bargaining basis. It also recommended conditional protection for potential industries, in the form of " suspended" duties which could be brought into effect quickly merely by proclamation. In making its recommendations, it laid great stress on the need to "maintain satisfactory labour conditions" as a condition of the grant of tariff protection to an industry. And the phrase " satisfactory labour conditions" was interpreted as meaning the provision of employment to a large proportion of White (or, as it was termed, "civilized") labour and a small proportion of black labour. Protection was invoked principally for its employment-creating possibilities, and not for its employment-creation in general, but for its employment-potential in respect of white labour. Not only were mining and agriculture regarded as less susceptible of further general expansion, but they relied to a large extent upon the employment of coloured labourers. By stimulating manufacture through the tariff, the Board foresaw "the creation of a wider field of employment for civilised labour, tariff assistance to industries being partly conditional on good labour conditions, and on the understanding that, wherever possible, a larger proportion of civilised labour will be employed." From 1924/25 there has been a phenomenal increase in the size and importance of South African manufacturing industry. This growth has, indeed, been so rapid that the tariff adjustments which
796
M A R C E L L E K O O Y A N D H E C T O R M.
ROBERTSON
have taken place could hardly have been a sufficient cause of development. It is clear, in fact, that the fillip given to the gold-mining industry by the devaluation of the world's currencies (including South Africa's), in 1931 to 1934, and the need to replace imports with home products during the war of 1939-45, were much more important. During the war, extensive additions were made to South Africa's steel capacity; the engineering industry was rapidly redeveloped to produce armaments in considerable volume, to precise specifications; a Directorate-General of War Supplies assisted in organizing and in providing a market for a great expansion of manufacturing production not only in munitions of war but in such items as boots and shoes, clothing, blankets, canned foodstuffs and similar consumer goods. The Eastern Group Supply Council expanded this market to meet the needs of other Commonwealth countries of the Indian and Pacific oceans and found great reserves of productive capacity available for development in South Africa. An indication of the industrial progress of the war years is given by comparing the last pre-war and the first post-war industrial censuses : PRIVATE MANUFACTURING INDUSTRY WHITE EMPLOYEES
Number Salaries & Wages (£ million) 1938-39 1946-47
117,097 157,016
27.1 63.7
NON-WHITE
Number
189,972
33I.967
EMPLOYEES
Wages (£ million) 10.5
34-8
Net Output (£ million)
79-9
201.0
Indices of Prices in 1946 (1938 = 100) : Wholesale (S. African Goods) 150.7 Retail (Cost-of-living) 134.1
Since the war, however, a rapid rate of progress in manufacture has been maintained. In 1962, the proportion of the gross national product originating in the manufacturing sector was over 25 per cent, and was valued at R 1,400 million as compared with R 18 million in 1912. (The new South African currency, the Rand, was introduced in 1961, at the rate R2 = £1.) Yet South African experience suggests that, over the years, the real dynamic of industrial growth has been not tariff management, but an alternation of war and peace. War, more effectively than tariffs, gives an assured market, with enhanced demands both military and civil, and a patriotic as well as an economic incentive towards increasing industrial output and capacity. Yet wars—unlike infant-industry tariffs—have the characteristic of coming to an end, and the ensuing
MARCELLE KOOY AND HECTOR M. ROBERTSON
797
years of peace enforce efficiency on the industries fostered in the hothouse of wartime shortages, if they are to survive the rigours of postwar competition. Some of the profound insights of Friedriech List are relevant here, and perhaps even François Simiand's in the monetary sphere, that an alternation of periods of inflationary stimulation and deflationary consolidation may have a certain dynamic growthquality. However a particularly interesting feature is that, in spite of the i ntention to promote the development of manufacturing in order to create industries employing "civilized", that is to say, White labour, the growth of South Africa into a great manufacturing country has meant, in effect, that still more new jobs have been created for Blacks than for Whites in the course of this industrial advance. For the trained economist this may not be surprising. It is what anyone would expect who realizes that an economy is formed out of the co-operation of many people and that the better they are integrated with one another, the more effectively will the economy develop. Y e t this is a difficult thing to realize, where sectional interests and deep-rooted prejudices impede rational thought. However a commission appointed in 1957 to examine South Africa's protective policies concluded, inter alia, that one reason why the cost of industrial development through such means had not been high, was that they had stimulated investment into channels which made more productive use of under-employed resources, including, in particular, the diversion of African labour from mere subsistence agriculture into factories. Part of the urge towards apartheid, — i . e . segregation of blacks and whites—which has been developing since 1948 is probably a reaction against this feature of South African economic development; a reaction largely emotional ; partly the result of genuine thought on ways of alleviating the undoubted social strains of rapid urbanization and industrialization; and for some a paying party-political manœuvre. But within the framework of a policy of apartheid, a more interesting feature has been the realization by some, at least, of its proponents that, if there is any moral justification for apartheid at all, there can certainly be none if it is not accompanied by strenuous assistance for regional development of the areas set aside for the blacks under such a system. A policy has been adopted for encouraging decentralization of industry towards the "Bantu Homelands", as the African tribal reserves are now called; or towards so-called "border areas", close to the "Homelands" in which opportunities for employment can be opened up, without inducing a migration of African workers to settle in "White" industrial centres. By a variety of means, including tariff privileges, firms are being induced to set up factories in "border areas". A n d already the concept of "border areas" has been applied to deve-
7g8
MARCELLE KOOY AND HECTOR M. ROBERTSON
lopments close to existing major industrial districts, of which the "border areas" might appear to be logical extensions. While it would be misleading to suggest that the wheel has turned full circle, it does seem true, as so often happens in a country of such sharp social polarizations as South Africa, that a rapprochement of opposites is taking place, unforeseen and unintended by the shapers of policy and moulders of thought.
STATE AND LOCAL
FINANCE
IN T H E U N I T E D S T A T E S : A RESPONSE T O ECONOMIC
GROWTH
by Seymour SACKS (Syracuse University)
In spite of a number of valiant attempts, systematic fiscal history remains relatively neglected both by economic historians and fiscal theorists in the United States as well as in other countries. Little effort has been made to incorporate systematically the public sector into economic history. In the United States this has been especially true of the state and local sectors which have almost continuously provided the bulk of civilian expenditures, but it has been true until recently of Federal fiscal activity as well. The major exceptions are contained in the work originated and carried out under the aegis of the National Bureau of Economic Research, including the work by Peacock and Wiseman. The purpose of this paper is to fill some small part of the gap in our understanding of government finance in an economic historical framework by analyzing, in a specific context, the state and local finances of the U. S. from 1902 to 1962. Per capital Gross National Product in 1902 was equal to $ 272: in 1962 it was $ 2,974. The period was one of enormous secular change and comparably large cyclical movements.
8oo
SEYMOUR SACKS
While not necessarily generalizable to other countries or to the U.S. at other periods, the concentration on a given statistical universe permits the testing of some of the more important hypotheses concerning the evolution of the public sector. The findings may also form the basis for more refined hypotheses concerning the evolution of the public sector elsewhere. Specifically, attention is paid to the extent to which Adolph Wagner's "historical" law of increasing state activity and the Peacock and Wiseman variants of this law may be said to explain the observed fiscal behavior of state and local fiscal activity in the United States. The restriction of the analysis to the state and local portion of the public sector is justified because it abstracts from the problems raised when national security expenditures are included. On the other hand it also reflects the extent to which public assistance programs were maintained after the introduction of the social security programs during the mid-1930's. The Wagner hypothesis implies a continuous response to economic growth except when "financial stringency" may hamper the expansion of state activities, causing their "extent to be conditioned by revenue rather than the other way round, as is more usual. But in the long run the desire for development of a progressive people will always overcome these financial difficulties." While this statement by Wagner may be a basis for the Peacock and Wiseman assumption that the growth has not shown an even trend but has taken place step-wise, the basic assumption of this paper is that the underlying measure of growth against which the time pattern of fiscal activity has been compared is basically inappropriate. The Wagner hypothesis further implies that the pressure for social progress will result in changing "the relative spheres of private and public economy, especially compulsory economy." Turning to state and local fiscal activity, there is an evident growth in the state and local proportion relative to overall economic activity between the initial and terminal years. State and local expenditures grew from 4.7 to 10.8 per cent of their respective Gross National Products, even though Federal expenditures grew from 2.6 to 16.0 per cent of GNP during that same period. The finding that state and local fiscal activity may be viewed in a step-wise fashion, and at that rather unevenly, is indicated by the growth of state and local expenditures relative to GNP between 1927 and 1932. After falling as a proportion of GNP until 1936, state and local expenditures continued at approximately the same proportion of GNP until they fell again during the World War II period. By the year 1962 state and local expenditures were about the same proportion as in the mid-1930's.
SEYMOUR SACKS
801
Applying correlation and regression analysis to the data, there is a very high observed association between state and local expenditures and the level of GNP for the period 1902-62, for which detailed data are available. The coefficient of correlation is + .973. However, the correlation between state and local expenditures as a proportion of GNP and the level of GNP is not significant, r = .323. In fact, the comparable relationship between state and local taxes as a per cent of GNP and the level of GNP is virtually nil, r = .018. The immediate question is whether this rules out the Wagner hypothesis as being invalid or whether this hypothesis has been incorrectly tested. It is deemed fundamental to the present analysis that the decisionmaking process takes account of the resources considered available, with the resource base serving in a dual capacity: as a measure of the fiscal requirements and as a limiting factor on incremental changes. In the United States the resource base against which to measure state and local fiscal activity in terms of the political-economic process is the property tax base, a result ordinarily of past levels of Gross National Product rather than the current GNP. This is particularly the case for the state and local governments in the U.S. During the entire period under consideration, 1902-62, the single most important revenue source from which state and local fiscal activity has been financed in the United States has been the real property base subject to tax, i.e., private structures and land. It is the hypothesis of this paper that the decision-making process of state and local governments took this fact into account explicitly in the case of the property tax, and implicitly in the case of nonproperty taxes. The immediate implication of this hypothesis is that there would be no large relative changes year to year in the proportion of resources, measured in property tax base terms, devoted to the state and local portion of the public sector, although their fiscal consequences may be considerable and not entirely unfavorable from a counter-cyclical point of view. The tax base used in levying taxes in any given year is not that which exists during the year in which the taxes are collected, but generally the taxable base existing two years prior when the financing decisions are made. Viewed in this context state and local expenditures during the period 1902-62 have a distinct and continuous upward drift as a proportion of the tax base, with the exception of the World War II years. During the War period it was a conscious set of political decisions, plus very favorable economic conditions, which led to a short-run decline in the relative importance of state and local expenditures. In terms of the tax base equivalents, short-term changes were 51
802
SEYMOUR SACKS
limited. At the same time the overall results are much more in line with the relative growth in governmental activities as hypothesized by Wagner. The upward drift of expenditures as a proportion of the tax base was continuous with the above-mentioned exception of the World War II years. If we correlate state and local expenditures as a proportion of the tax base to the tax base, as was done earlier in the case of the GNP, the results are strikingly different. Correlating state and local expenditures as a proportion of GNP with GNP gaves us a coefficient of + .323 which was not significant. In this case, however, state and local expenditures as a proportion of the tax base and the tax base equivalent were significantly correlated at r = .887. The proportion of the tax base devoted to state and local expenditures clearly increased during the twentieth century, although the same could not be said of state and local expenditures as a proportion of the Gross National Product unless a considerable period from 1927 to 1948 was removed. In this tax base context it appears that the Wagner hypothesis, as applied to state and local fiscal activity, was clearly correct even in the absence of the development of state entreprises or activities. The fundamental growth factors appear to have been associated with the provision of social overhead in the form of a publicly financed highway network as well as the expansion of public expenditures on education. The fundamental conclusion must be that the underlying growth in the economy of the United States has been associated with and responsible for an increased proportion of community output being used by state and local government.
L'INCIDENCE DE LA FISCALITÉ SUR L'ÉCONOMIE FRANÇAISE AU XX e SIÈCLE par Robert
VILLE RS
(Université de Paris)
L a France est longtemps restée fidèle à un système fiscal ancien issu de la Révolution (prédominance des impôts indirects, quatre vieilles contributions directes réelles). Cette armature fiscale, assez neutre au point de vue de la redistribution des revenus, avait l'inconvénient majeur d'être inadaptée à un gros effort fiscal, tel que celui qui fut demandé en 1914-18. Même le mouvement d'expansion qui s'est déroulé depuis la seconde guerre a été sans influence décisive sur les grandes lignes de la fiscalité française. Celle-ci continue à donner la préférence aux impôts de consommation (60 % des ressources fiscales) alors que dans les autres grands pays industrialisés cette proportion est au contraire celle des impôts directs. Néanmoins les impôts ne peuvent être psychologiquement isolés les uns des autres. Il est bien connu par exemple que la concentration des entreprises peut être accélérée par des combinaisons de mesures fiscales. Le contribuable est donc plus sensible à l'ensemble de la fiscalité qu'à tel ou tel impôt. Aujourd'hui, les résultats essentiels apparaissent les suivants : I. En ce qui concerne le comportement des ménages français
8O4
ROBERT VILLERS
devant l'impôt, les études récentes montrent que la pression fiscale ou para-fiscale s'est nettement accrue après 1950. Or, les achats de biens d'équipement ont suivi de près l'évolution des revenus sans être affectés par la fiscalité. Seuls les encaisses liquides et les placements nets ont diminué fortement pendant les phases d'accroissement relatives de la fiscalité. II. Quant aux entreprises, il faut évidemment tenir compte de la fraude très importante en France, et spécialement développée dans les petites et les moyennes. Il convient également d'envisager le problème de l'incidence. L'impôt affecte la trésorerie et les ressources d'auto-financement des entrepreneurs. III. L'influence de la fiscalité est néfaste sur l'organisation de la production : les enquêtes laissent pressentir que l'impôt décourage les cadres d'accroître leur activité lorsque la fiscalité est trop forte. D'où certaines mesures prises pour pousser les entreprises à rechercher par concentration une dimension conforme aux exigences de la productivité. En définitive, la mission de l'impôt neutre est abandonnée, des contradictions existant entre les principes de justice et ceux de productivité. Et paradoxalement, l'impôt direct est très contesté en France bien que sa part dans les recettes publiques soit assez faible. On reproche à la progressivité de provoquer le développement de la fraude, et ce reproche n'est pas vain puisque l'administration admet une certaine présomption de fraude. Par ailleurs, l'allégement de la progressivité est réclamé, les tranches d'impôt n'étant plus adaptées à la hausse des prix. Il semble que les efforts de redistribution des revenus par les finances publiques n'aient pas atteint le but visé : car en France, à côté d'une faible quantité de hauts revenus, il y a une grande masse de revenus moyens qu'il est imprudent de menacer.
TAXATION AND CAPITAL
FORMATION
S I N G E 1870 IN F R A N C E , I T A L Y A N D T H E U N I T E D S T A T E S by
Shepard B. CLOUGH (Columbia University)
This investigation of taxation and capital formation in France, Italy, and the United States in the last one hundred years is at once a study in comparative history, a history of taxation, and an analysis of the effects of taxation upon capital formation. The paper begins by presenting some general trends in the development of taxation. First, Table I shows the marked increases in taxation TABLE I Tax Receipts, including Social Security Contributions, of the Central State, and Local Governments as a percentage of National Income COUNTRY
YEAR1
PERCENTAGES
France
I9OO
«959
17-5 33-4
1899 1959
»8.5
1902 i960
30.2
Italy U.S.A.
18.0
7.0
1. The data for the earlier years are derived from the statistical yearbooks for the respective countries, as are also those of the United States for i960. T h e estimates for 1959 in the case of France and Italy are from Tax Harmonization in the Common Market (New York: Commerce Clearing House, 1963), p. 23. T h e figures are not strictly comparable because of differences in calculating national income and the differences in social security systems, for some of the "wage bill" is absorbed by social security. 51*
8o6
SHEPARD B. CLOUOH TABLE I I
Growing Centralization of Public Finance (receipts in percentages) France Central government Departments Communes
1869 73-0 7-5 >9-5 100.0
Italy
'899 Central government Regions Provinces Communes
5-0
190 100.0
United States Federal government States Local governments
1902 36.0 14.0 60.0 100.0
Source: Statistical Annuals. TABLE I I I Central Government Expenditures, (in percentages)
44—
26. 2.
I960 80.4 2-4 3-5 13-7 100.0 1961 57-5 19.6 22.9 100.0
France
AVERAGE 1876-1880
Interest on public debt Expenditures on goods and services National Defense Education Public Works Subsidies Current Transfers to Other public authorities Households Capital Transfers to Other public authorities Other domestic sectors Other
«959 93-a 0.07 7.8 100.0
1962 4-5
24.2 22.2 — —
8.6 — —
— —
21.
100.0
6-9 7.8 2.2 6.1
'7-5 100.0
Sources: Statistical Yearbook, 1963, United Nations (New York : United Nations, 1964) p. 608, and Annuaire Statistique Rétrospectif (Paris : Presses Universitaires 1961).
SHEPARD B. CLOUOH
807
TABLE I V Central Government Expenditures and Governmental Enterprises with Autonomous Budgets, Italy (in percentages) 1862-1912/13
1959/60
32.6 24.2 25.6
7.6 '7-3
Interest on public debt National Defense and War Public Services, including education Education Public Works Economic Services Subventions to autonomous corporations Price Supports Local Finance War Pensions
15-0 26.0 9-3 3-6 8.2 6-9 6.1
—
17.6 — — — — —
100.0
100.0
Sources: Statistical Yearbook, 1963, United Nations (New York: United Nations, 1964) p. 6 1 3 , and Francesco A . R E P A C I , La Finanza Pubblica Italiana nel Secolo, i86i-ig6o (Bologna: Zanichelli, 1962) pp. xxxrv and 499.
TABLE V Central Government Expenditures, (in
percentages) 1902
Interest on public debt National Defense Veterans Benefits and Services Health, Labor and Welfare Education Other
U.S.A.
1963
28.5
6.4 45-7 5-5 22.1 1.1 19.2
100.0
100.0
5-9 37-1 28.5
Sources: Statistical Yearbook, 1963, United Nations (New York: United Nations, 1964), p. 579, and Historical Statistics of the United States (Washington: U . S. Printing Office, i960), p. 720.
8o8
SHEPARD B. CLOUGH TABLE V I Share of Public Sector in Gross Domestic Fixed Investment (in percentages) «938
1954
1955
1956
1957
1958
France Public Sector, Total General Government Public Enterprises
16.0 10.0 6.0
36.4 11.7 24.7
350 11.8 23-3
36.9 11-9 25-1
36.1 11.2 24-9
34-3 9-6 24.7
Italy Public Sector, Total General Government Public Enterprises
7.8
35-4 14.2 21.2
31-8 13- « 18.7
29.6 10.9 18.7
29.2 10.8 18.4
12.7
'5-9 14.0 '•9
14.7 12.8 «•9
15.0 12.7 2.2
16.1 13.8 2-3
18.7 16.2 2-5
U.S.A. Public Sector, Total General Government Public Enterprises
—
30.6 26.1 4-5
—
—
Source: World Economic Survey, igjg (New York: United Nations, 1960), p. 42.
TABLE V I I Tax Receipts of Central Governments by Type of Tax at Selected Dates (in percentages) PRANCE,
1913
Direct taxes
Indirect taxes Monopolies Other
18.3
ITALY,
1882-1886/7
67.5 12.0 2.2
Direct taxes of which taxes on real estate were 4 8 % movable property 5 2 % 33.45 Transfer of wealth (Scambio della ricchezza) 16.66 Consumer's goods 26.94 Monopolies 22.95
100.00
100.00
U.S.A.,
1880
Customs duties
60.0
Excise taxes
40.0
100.00
SHEPARD B. GLOUGH TABLE United States Tax
Villa
Receipts by Mature of Taxes, (in
809
1964
percentages)
Federal Individual income tax Corporation income tax Excise taxes Other
1964 53.0 27.0 12.0 8.0 100.0
State and Local Property tax Other taxes Utility and liquor stores Income Changes and miscellaneous From Federal Government
1961 27.7 32.2 7.7 9.3 12.3 10.8 100.0
Source: Statistical Yearbook of the United States.
TABLE Tax
Receipts of Central (in
Villi Government, Italy,
ig6o
percentages)
Direct Taxes Property Individual income Corporate income Other Inheritance and gift
0.6 14.4 3.3 1.4 1.0
Indirect Taxes Registration and stamp Turnover tax (I.G.E.) Revenue from fiscal monopolies Customs and excise Other Other current receipts
5.9 20.5 11.7 23.2 13.0 5.0
Source: Anmario Statistico, 1961.
100.0
8io
SHEPAKD B. CLOUOH TABLE V I I I c Tax Receipts of Central Government, France, i960 (in percentages) Dirtct taxes Individual income Corporate income Indirect taxes Turnover (value added) Customs duties Gasoline duty Other Income from property and nationalized industries
Source: Antmaire Statistique de France, ig6i.
17.0 «2-5 34-° a-9 10.7 20.6 100.0
as a percentage of national income. Table II indicates the growing concentration of taxation in the hands of central governments at the expense of local and provincial governments. Tables III, I V and V suggest the broadening nature of governmental expenditures ai the role of the state in public life has grown larger. And Table V I gives some evidence of the share of central governments' contributions to fixed domestic investments. The general trends are followed by a description of tax structures of the three states under consideration for the period before World War I. In Table V I I , an attempt is made to show the heavy reliance which France placed upon indirect taxes from Napoleonic times to 1914, the more even division of taxes in Italy between direct and indirect taxes, and the very simple tax systems of the Federal government of the United States with its tax revenues coming excluavely from customs duties and excises. The history of taxation is continued by stressing the importance of the World War I period as a major turning point both in taxation practice and taxation theory. In the first place, the income tax was introduced in all three countries. In the second place, the French adopted their famous chijjrc d'affaires or turnover tax, which was so remunerative that it gave a fillip to the concept of sales taxes in American states and cities and was an inspiration for the introduction in Italy in 1940 of the famous Imposta Generate sull'Entrata (the I.G.E.). Thirdly, the First World War period was important because it set off a wave of currency inflation—and currency inflation is in lome sense a tax. In fact, with wholesale prices going from an index of 100 in 1914 to 300 in i960 in the United States and to 24,000 in France and Italy, governments were able to cope with their public
8ll
SHEPARD B. CLOUOH TABLE
IX
Public Debt Qmnby
Tear
Debts in currencies
(current value) U.S.A. (Federal)
1870
1914
millions of dollars 8,050.
97°-
«933 >939 1960
21,370. 45.890. 286,408.
1871 1914 1932 1938 i960
billions of francs 12.7 26.8 287.5 420.6 84,790.0
1872 1914
billions of lire 8.8 14.8
i960
5,731.6
France
Italy
«933 «939
98 ' '45-8
debts at the expense of those who were hit by this rise (Table IX). Furthermore, the whole philosophy behind taxation was changed in this period. No longer did the idea that taxes should be neutral predominate, that is, that taxes should not change the existing pattern of wealth distribution or the free operation of market forces. Nor did the principle apply any longer that the best taxes are those which produce the most feathers with the least squawking. On the contrary, taxes came to be regarded as tools to be used to effect social, political, and economic reforms and to provide some control of market forces. Indeed, neutrality of taxation gave way to a concept of functional taxation. The new taxes and the new tax philosophy provided a warm invitation to those in authority to reform the taxes—to what may be called "tinkering with the taxes." With ever changing social and economic conditions, adjustments of taxes had to be made frequently to meet the exigencies of the times. And the need for rapid action increased the desire for change by administrative decree instead of by the slower law-making process—to the creation of a pushbutton control of taxation. Furthermore, tax changes were encouraged by the fact that tax experts found it impossible to measure the economic effects of taxation—to isolate taxes as a factor in economic life from all other
8l2
SHEPARD B. CLOUGH
factors, most of which had a greater impact upon economic development than did taxes. Hence, tax authorities had to proceed by a "trial and error method" and this method implied continual change. The next step is to show how taxes have been altered to encourage savings and investments. Here a major change has had to do with a reduction of rates in the very high brackets of income taxes on the ground, first, that the very wealthy do most of the saving and, secondly, that high rates encourage tax evasion. Another change has been the allowance of high depreciation rates. And still another has been to permit the carrying over of losses for five years, that is, losses in one year may be deducted from annual earnings over a period of five years. So far as the turnover tax is concerned, the main reform has been to prevent its cumulative or cascade effect in the case of products that change ownership frequently in the course of production. Accordingly, single stage sales taxes or value added taxes have replaced it or in the case of Italy are being planned as substitutes for it. So far as inflation is concerned, the creeping inflation of the last fifteen years seems to be becoming an integral part of our economic system and consequently a part of our tax structures. Finally, consideration is given to the effect of taxes upon capital formation. Before 1914 taxes were, in general, regressive, that is, did not fall on the rich in proportion to their wealth. Hence, they should have encouraged savings. Maybe they did, but the rate of capital formation as a percentage of gross national product was apparently no greater then than later when taxes were more progressive (Tables X , X I , X I I , and X I I I ) . Yet to conclude that taxes have no effect on economic activity or upon savings would not be justified by the evidence which exists. In the early stages of economic development, economic growth has been furthered by the amassing of capital through the collection of taxes and the subsequent use of this capital for public works, like railways or other means of transportation, for training technicians and workers, and for launching industrial enterprise. This was clearly the case in Italy after unification and in the United States with westward expansion. At more advanced stages of economic development, types of taxes, tax rates, and collection methods do have an effect on capital formation; even though these effects may not appear in national time series. In the large, they aid in making possible the allocation of national resources according to politically and socially determined ends. And inasmuch as one of these ends is the maintenance of a high level of economic activity, tax revenues are employed directly in the formation of a state's capital equipment. Moreover, incentives to invest
SHEPARD B . TABLE
CLOUGH
813
X
Rate of Investment as a percentage of Gross National Product (France) or National Income (Italy and U.S.A.) YEAR
FRANCE
ITALY
U.S.A.
19OO I9IO
9 IO
l8
I925 >929 1938
'3 16
IO l6 20 19 l8 l8
14 17 21
1950 i960
23
n
18 16 13 18 17
Source: U n p u b l i s h e d M e m o r a n d u m prepared b y E . M a l d j v a u d , « La Formation de C a p i t a l Fixe de 1896 à 1938 » (Paris : I N S E E , 1965), p. 4.
TABLE
XI
U.S. Private and Public Capital Formation in ig2g Prices (in billions of $ annual averages for j year periods)
1869-1873 1872-1876 1877-1881 1882-1886 1887-1891 1892-1896 1897-1901 1902-1906 1907-1911 1912-1916 •917-1921 1922-1926 1927-1931
GROSS
NET
2.1 2.6
I.3O I.62 2.23 2.52
3-7 4-5 5-9 7-4 8.7 10.8 11.7 131 152 18.0 17.4
3-24 3-98 4-73 5-94 5-7> 6.05 6.58 8.19 6.58
Source: Historical Statistics of the United States (Washington, D. C . : U . S. G o v e r n m e n t Printing Office, i960), p. 144. 52
8I4
SHEPARD
B.
TABLE
CLOUGH XII
Frmch Gross Capital Formation (in billions of francs) Prices of 1956 1938 >949 «955 «956 1957 195 8 «959
I5-40 27-74 32-67 37-5' 40-92 43-18 41-31
Prices of 1959 195 9 1960 196 1 1962 1963
52.643 61.261 62.679 70.088 72-33«
Source: Annuaire Statistique, 1963 (Paris : Imprimerie Nationale 1964), p. 478.
TABLE
XIII
Gross Investments, Italy. Annual Averages. — Prices of 1938. (in billions of lire) 1861-70 1871-80 1881-90 1891-1900 1901-10 1911-20 1921-30 193 «-4° 1946-50 1951-60 «95i-6o 1961-63
Prices of 1954 (billions of lire)
4,457 4.726 6,649 5,930 12,294 9,426 19,650 24,870 29,559 49.004 40.332 49.253
Source: Cento Armi di sviluppo economico e sociale dell'Italia (Rome : Istat, 1961), pp. 6869 and Giuseppe DE MEO, « Produttività e distribuzione del reddito in Italia nel periodo, 1951-1963 », Annali di statistica (Rome : Istat, 1965), p- 285.
SHEPARD B. CLOUGH
815
which have been introduced into tax laws certainly have some effect, because most people are only too anxious to take advantage of any legal device to reduce their tax load. When they have a choice of paying higher taxes or investing, the decision is in most cases clear. Furthermore, tax deductions for loss carry-overs have led profitable enterprises to acquire less successful companies and in many cases to salvage invested capital. Also, rules permitting rapid depreciation have definitely contributed toward an increase in autofinancing, that is, of individual concerns doing their own financing from profits earned. At least, enough evidence exists regarding the view that taxes may be used to encourage investment to warrant a prophecy—a prophecy that tax tinkering will be continued as in the recent past to attain desired social and economic goals. The perpetual changing of taxes which has characterized fiscal policy in the last fifty years is almost certainly to be with us for a long time to come.
L'IMPÔT SUR LE REVENU EN GRÈGE DEPUIS LA DERNIÈRE GUERRE par Lazaros Th.
CHOUMANIDIS
(Athènes)
La Grèce est un pays européen, appartenant à la péninsule Balkanique et au bassin sud-ouest de la Méditerranée. Cette situation géographique explique la coexistence des traits d'un marché occidental et oriental. Par suite du milieu, de ses conditions, de ses agents économiques, la Grèce est restée un pays sous-développé, se trouvant actuellement en voie de développement. Par conséquent, la politique financière de la Grèce présente une importance toute particulière, du point de vue de l'impôt sur le revenu, étant donné que celui-ci a une influence majeure pour le développement économique d'un pays en voie de développement. Les limites qui permettent de distinguer un pays sous-développé d'un pays en voie de développement sont déterminées par les tendances évolutives ainsi que par la planification qui dirige les forces économiques et sociales respectives. Pays en voie de développement signifie : la progression dynamique de l'économie du pays en question, de sorte que celui-ci puisse en un espace de temps convenable devenir un pays développé; contrairement
8i8
LAZAROS T H . CHOUMANIDIS
au pays sous-développé qui, bien que présentant la même structure économique et sociale, demeure cependant dans un état presque stationnaire de non-évolution, ne progressant qu'à un rythme rétrograde et désordonné. La Grèce, nous l'avons signalé plus haut, est un pays en voie de développement. Le pays sous-développé se définit d'après : 1. Les ressources de son sol et celles de son sous-sol et le mode d'exploitation de celles-ci. 2. Son milieu intellectuel, social et politique. 3. Le maigre revenu par habitant. 4. Le caractère agricole de son économie et le sous-emploi. 5. Son manque de capacité d'exploiter les capitaux qui ne sont pas investis, ainsi que les ressources naturelles. 6. Sa faible concentration industrielle, ses méthodes imparfaites de travail, sa structure technologique insuffisante, ainsi que son énergie électrique, ses routes, ses moyens de transport et ses moyens de communications. 7. Le manque de mobiles incitant à l'investissement. 8. L'ensemble économique et les autres facteurs qui retardent et ralentissent le développement. 9. Un trait caractéristique aussi essentiel du pays sous-développé est le phénomène des goulots d'étranglement du circuit économique, qui empêchent l'activité positive du multiplicateur. Par conséquent, la politique fiscale présente un intérêt particulier concernant le développement économique des pays sous-développés, puisqu'elle touche à l'épargne, l'investissement et la consommation, d'un effet décisif sur le présent et l'avenir du pays. Cette politique fiscale est reliée aussi aux mesures de déflation, étant donné qu'un pays sous-développé ou en voie de développement, en cas d'inflation, est incapable d'accéder à une stabilité monétaire, faute de capitaux, par la nécessité d'importer des biens de l'étranger, par le déficit du budget et, plus généralement, par l'incapacité d'adopter des mesures de déflation. Dans un pays sous-développé ou en voie de développement, nous avons, à cause de l'inflation, au lieu d'une épargne active, une thésaurisation passive et, par conséquent, un déclin de l'efficacité marginale du capital, avec des répercussions sur l'investissement et sur l'emploi, et, plus généralement, sur le développement économique. De même, la politique fiscale est liée au mode de découverte de capitaux destinés à être investis par l'État. Toutefois, en ce qui concerne le développement économique, cette politique n'est pas constructive mais renforçante, étant donné que la politique indiquée serait l'exception de l'autofinancement des unités économiques —
LAZAROS TH. CHOUMANIDIS
819
celle de l'emprunt, soit interne, soit externe, ou même des deux, selon les circonstances. Ce fut le premier problème qui dut être envisagé par la politique financière en Grèce. Un autre problème associé se pose ainsi : faudrait-il augmenter ou bien faudrait-il diminuer les impôts indirects? Étant donné que l'impôt direct et en particulier l'impôt sur le revenu diminue, par rapport aux affaires, l'offre des capitaux, car l'expectation d'une augmentation des bénéfices stimule les investissements de capital, interne ou externe, tandis que l'imposition élevée de cet impôt s'exerçant négativement sur les bénéfices, les décourage. A cela, c'est-à-dire à la diminution de l'offre des capitaux, contribuent aussi, dans un pays sous-développé, la mentalité et l'attitude psychologique du peuple vis-à-vis du fisc. Ce second problème a été envisagé en Grèce sans discussion théorique, mais il a été, par contre, examiné pratiquement, afin de couvrir les besoins de l'État et de renforcer le développement économique et l'investissement. Depuis 1945, la Grèce entreprend de se relever au lendemain de la guerre. L'État déploie tous ses efforts, afin de remédier à la destruction des voies et des moyens de production, à l'abandon de la terre, des victimes de guerre, à l'inflation et à la dépression morale. De plus, le plan Marshall contribue à la réorganisation et à la restabilisation de son économie. La période 1948-1949 présente un déclin économique par suite de la rébellion, de sorte que ce n'est qu'en 1950 que commence véritablement l'évolution économique normale du pays, qui se réalise à partir de 1956 et continue depuis lors. Toutefois, dès la Libération et depuis ces premiers efforts de relèvement économique, le revenu de la Grèce augmente sans cesse et, depuis 1953, présente un progrès remarquable. Entre 1945 et i960, le revenu de la Grèce, évalué en drachmes stables, s'éleva à 66,9 %, c'est-à-dire, au rythme d'environ 6 % annuellement. Dans l'intervalle 1953-1958, l'on remarque une hausse du revenu, au rythme d'environ 7,5 % à 8 % annuellement. Depuis 1960 et dans les années qui suivent, le rythme ascendant du revenu marque une baisse, due à la diminution constante de l'aide accordée, à la baisse des investissements productifs, ainsi qu'au retard du rendement des travaux en cours. Aussi la part du revenu national investi en capital technique ne s'éleva qu'à 12 %, tandis que la part investie en constructions s'éleva à 4 %. Toutefois, malgré la hausse insuffisante de l'investissement, l'augmentation du revenu, ainsi que les pourcentages l'indiquent, est considérable. Cette augmentation est due, d'une part, à la règle commune aux pays sous-développés qui consiste en ceci : au cours de la première étape de l'effort pour le développement, le rendement
820
LAZAROS TH. CHOUMANIDIS
du capital est élevé. D'autre part, l'augmentation du revenu est due à l'augmentation générale de la production agricole, ainsi que des autres ressources. Dès 1955, le but principal fut d'augmenter le revenu national réel, afin d'élargir les limites du fisc, pour pouvoir, au moyen de celui-ci, couvrir les besoins publics et surtout les investissements. Gomme le prouvent les statistiques de ces dernières années, les investissements nationaux dépassent parfois les investissements privés et cela influe indirectement sur toute la politique financière de l'État et, en particulier, sur la stabilité monétaire de celle-ci. L'augmentation du revenu s'accompagne de l'augmentation des impôts directs et indirects, et surtout de ces derniers, qui tendent sans cesse à dépasser en pourcentage les impôts directs. Depuis 1961, la contribution directe présente une faible augmentation, due à l'imposition d'un impôt sur le revenu des personnes juridiques au profit de l'organisme des assurances agricoles (O.G.A.) qui a comme but la répartition du revenu aux agriculteurs. De même, les impôts indirects augmentèrent à cause de l'extension de l'activité économique due au rendement de l'impôt sur le chiffre d'affaires, aux recettes perçues au profit de l'organisme des assurances des agriculteurs (O.G.A.) et à l'augmentation des recettes provenant des droits de douane. Pendant l'année 1962, les mesures fiscales visèrent trois objectifs principaux : Primo : au renforcement des investissements. Secundo : à la stimulation des exportations et, Tertio : à l'augmentation des recettes fiscales par la répression de la fraude fiscale. Or, en ce qui concerne les premiers objectifs, divers décrets et lois furent la conséquence de la politique financière de l'Etat. Les recettes provenant de l'impôt sur le revenu, en Grèce, représentent actuellement 13 % des recettes fiscales générales et ne représentent que 2 % du revenu global. L'impôt sur les personnes physiques s'élève progressivement à 60 % , en ce qui concerne l'échelle supérieure du revenu, étant plus faible que l'impôt correspondant qui existe dans d'autres pays développés. Ceci est dû à la nécessité d'accumulation des capitaux en Grèce bien qu'il y ait aussi la fraude des profits par comptabilité ou aux recettes dissimulées ou même aux pertes camouflées. En particulier, la fraude des impôts concerne des actes spéculatifs sur des titres mobiles et, surtout, lorsqu'il s'agit de différentes professions libérales dont la rémunération des services s'élève à des niveaux extrêmement élevés. Ainsi, selon les statistiques et les divers calculs,
LAZAROS TH.
821
CHOUMANIDIS
environ 16 milliards de drachmes fuirent des recettes publiques provenant des impôts sur le revenu, par la fraude. Le caractère principal de l'imposition est, en premier lieu, la détention d'un impôt sur les profits répartis et, en second lieu, la charge de la société sur les profits non répartis. Le coefficient fiscal sur les profits non répartis est de 35 % , compte tenu de la charge de 15 % au profit de l'organisme des assurances des agricultures (OGA). L'impôt sur le revenu des personnes juridiques en Grèce s'élève à 40,23 % , c'est-à-dire qu'il est inférieur à celui qui surcharge les sociétés anonymes des autres pays de l'Europe. O n remarque particulièrement ce phénomène, étant donné que les sociétés anonymes en Grèce sont d'un caractère familial, permettant l'agglomération des bénéfices dans la valeur de l'action, évitant ainsi l'acquittement de l'impôt à base d'un coefficient élevé. Malgré la politique de l'État visant à la diminution de l'impôt sur le revenu et des impôts directs en général, afin de rendre les investissements et le développement économique efficaces on n'avait pas obtenu les résultats favorables attendus et cela à cause de la structure de l'économie grecque et du manque d'un programme rationnel. Pourtant, les impôts indirects ont rapporté des sommes importantes présentant des taxes et des droits de douane et cela grâce à une augmentation de 13,4 % comparativement aux recettes provenant des impôts directs de l'année 1962. Ainsi, la contribution des impôts indirects durant les dernières années s'éleva environ à 80 % . D'après les indices analytiques récents du Service de Statistique National, l'ensemble des impôts directs et indirects, en millions de drachmes, se présentent comme suit : 1962 Impôts directs Impôts indirects
3 591 000 13 177 000
1963
1964
1965
3 606 000 14943000
4 175 000 16612000
4 983 000 19854000
En tout cas, la politique de l'État s'est dirigée vers les impôts indirects, c'est-à-dire impôts sur la production et la consommation de tabac, de sucre, de carburants, impôts sur le chiffre d'affaires des entreprises industrielles, impôts sur les articles importés avec plusieurs franchises particulières, impôts sur le chiffre d'affaires des sociétés d'assurances, impôt sur des objets de luxe, impôt sur les transactions et taxes d'imposition. Trente-cinq à quarante pour cent de l'ensemble des impôts indirects concernent les articles importés, ce qui laisse prévoir un déséquilibre du budget dans l'avenir, puisque la Grèce se trouve obligée,
822
LAZAROS TH.
CHOUMANIDIS
dans un délai de 12 à 22 ans, d'ajuster son tarif douanier à celui des pays de la Communauté Économique Européenne. En outre, il est très difficile que ces impôts qui furent appliqués pour la protection de l'industrie grecque, soient abolis, alors que l'impôt sur le chiffre d'affaires provoque la décentralisation des unités industrielles. Malgré l'effort fourni jusqu'à présent pour un développement économique de la Grèce, vu les facteurs généraux au-delà de la politique fiscale, la politique plus générale et la situation économique du pays, le progrès attendu n'a pas été réalisé et cela est dû essentiellement au manque d'un programme rationnel de développement. Mais en ce qui concerne la politique fiscale, j'ai à souligner aussi, entre autres, la fraude de la part d'un grand nombre de professions libérales jouissant d'un revenu élevé, comprises dans la loi de l'imposition sur le revenu (par exemple : médecins, avocats, conseillers, architectes, ingénieurs civils, topographes, chimistes, centres d'Études, experts comptables, artistes, agriculteurs, auteurs, etc.) Tout de même, il existe un fait très particulier dans la politique fiscale de l'État, le fait qu'il y a des impôts envers les tiers s'élevant au nombre de plus de 1800 dont la charge empêche le développement de la production nationale, renforce les facteurs physiologiques de la fraude fiscale et fait augmenter le coût de la production, alors qu'en définitive l'impôt frappe le consommateur grec jouissant d'un petit revenu. Ainsi, en 1958, les impôts à l'égard des tiers s'élevèrent à 9 600 millions de drachmes sur des recettes régulières s'élevant à 12 900 millions de drachmes. A cette infortune s'ajoute la rapacité de l'administration des trésors ainsi que le nombre des employés occupés par celle-ci qui, comme cela se passe en général en Grèce avec le système fiscal, absorbent une grande partie des recettes. Ainsi donc il faudrait que cette politique fiscale erronée cesse et que soit examinée l'éventualité que l'État assume la perception des impôts à l'égard des tiers. En outre l'afflux des capitaux provenant de l'étranger n'a pas été couronné de succès, alors que l'emprunt interne présente une baisse en ce qui concerne le taux d'achat des obligations. C'est à cause de cela que la politique fiscale des impôts indirects se présente comme étant la seule voie positive qui puisse compléter les lacunes, afin de couvrir les besoins de l'État grec et que puisse être favorisé le programme de développement du pays. Ainsi, comme cela a été déjà dit, cette politique est la seule et efficace pour le développement économique du pays et tout particulièrement lorsque le progrès rapide du pays devient nécessaire.
C O N T E N T S T A B L E
Préface de Fernand
D E S
M A T I È R E S
BRAUDEL
9
Avertissement de Jean-François
BERGIER
11
Séance pUnière C A P I T A L FORMATION IN MODERN ECONOMIC G R O W T H
(and some implications for the past) Simon
KUZNETS,
Capital formation in modern Economic G r o w t h . . . .
15
L E RAVITAILLEMENT DES GRANDES VILLES DE L A FIN DU MOYEN A G E A L'ÉPOQUE MODERNE
Alan E V E R I T T , The Food Market of the English Town, 1660-1760.... A. H O U T T E et A. V E R H U L S T , L'approvisionnement des villes dans les Pays-Bas (Moyen Age et temps modernes) Robert M A N D R O U , Le ravitaillement d'une ville dans la ville : la ration alimentaire de restauration à l'Assistance publique de Paris (1820-1870) Sam Bass W A R N E R , Jr,. The feeding of large cities in the United States, 1860-1960 S. P. P A C H , Die Getreideversorgung der ungarischen Städte vom X V . bis X V I I . Jahrhundert Ingomar BOG, Das Konsumzentrum London und seine Versorgung 1500-1640 Dr. H . M A U E R S B E R G , Die Versorgung der oberdeutschen Städte im späten Mittelalter und in der Neuzeit Dr. H . W I E S E , Die Fleischversorgung der nordwesteuropäischen Grossstädte unter besonderer Berücksichtigung des interterritorialen Rinderhandels Helmuth C R O O N , Die Versorgung der Grossstädte des Ruhrgebietes im 19. und 20. Jahrhundert
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J.
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79 83 97 109 119
125 131
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CONTENTS -
TABLE
LA FORMATION DES CLASSES OUVRIÈRES INDUSTRIELLES
Werner C O N Z E , Die Bildung der Klassen der industriellen Arbeiterschaft in Deutschland Jaroslav P U R J , De Arbeitskräfte in der böhmischen Industrie am Vorabend der industriellen Revolution R. P. D A D Y K I N , Die Formierung und Evolution der Arbeiterklasse in der UdSSR (1917-1964) E. J . HOBSBAWM, The formation of the industrial working Classes: some Problems P. L É O N , Points de vue sur le monde ouvrier dans la France du xviii e siècle A. SOBOUL, Aux origines de la classe ouvrière industrielle parisienne (fin xvui e -début xix e siècle) Ivan T. BEREND-György
RANKI,
Pcculaiitics of industrial progress
in Eastern Europe and the development of the working C l a s s . . . . Quelques remarques sur la formation des classes ouvrières industrielles au Japon Y . K . YATSOUNSKI, La formation des cadres ouvriers dans l'industrie en Russie avant 1917 Gert SINZHEIMER, Comment on the paper "La formation des cadres ouvriers dans l'industrie en Russie avant 1917" by professor V. K. Yatsounski H.
KOHACHIRO T A K A H A S H I ,
14g 157 165 175 181 187 193 215 227 231
LA DISTRIBUTION SOCIALE DE LA PROPRIÉTÉ ( P R O P R I É T É FONCIÈRE ET P R O P R I É T É
MOBILIÈRE)
Introduction by H . J . H A B A K K U K Wolfram F I S C H E R und Peter C Z A D A , Die soziale Verteilung von mobilem Vermögen in Deutschland seit dem Spätmittelalter. . . . Adeline D A U M A R D , Répartition de la fortune mobilière en France selon les classes sociales (xix e -xx e siècles) Robert E. G A L L M A N , The social distribution of wealth in the United States of America Sidney P O L L A R D , The growth and distribution of Capital in Great Britain, C. 1 7 7 0 - 1 8 7 0 .••.••. Jack R E V E L L , Changes in the social distribution of property in Britain during the twentieth century Jacques D U P Â Q U I E R , État présent des recherches sur la répartition de la propriété foncière à la fin de l'Ancien Régime R. D I E T R I C H , Die Entwicklung des ländlichen Grundeigentums in Deutschland im 18. und 19. Jahrhundert H. K O H A C H I R O T A K A H A S H I , Quelques remarques historiques sur la répartition sociale de la propriété foncière au Japon depuis le xvi e siècle
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253 305 313 335 367 385 391 42 1
CONTENTS - T A B L E
Paul G A T E S , History of land ownership in the United States Antoni M A Ç Z A K , The social distribution of landed property in Poland from the 16th to the 18 th century F. M. L. T H O M P S O N , The social distribution of landed property in England since the sixteenth century
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455 471
S A L A I R E S E T ÉCONOMIE
Ruggiero R O M A N O , Salaires et histoire économique 489 E. A S H T O R , Les salaires dans le Proche-Orient au Moyen Age 499 Henryk SAMSONOWICZ, Salaires et services dans les finances citadines de la Prusse au xv e siècle et dans la première moitié du xvi e siècle 533 Bronislaw G E R E M E K , Les salariés et le salariat dans les villes au cours du bas Moyen Age 553 Jean-François B E R G I E R , Vers une conception nouvelle des salaires au xvi e siècle ? Suggestions pour une approche du problème 575 Rolando M E L L A F E , Evolución del salario en el virreinato Peruano. Esquema y sugerencias 585 Alvaro J A R A , Salario en una economia caracterizada por las relaciones de dependencia personal 601 Guy P A L M A D E , Le problème du salaire vu par les libéraux du xix e siècle 617 José Gentil da S I L V A , La part des salaires dans le revenu national comme question historique 621 Jean F O U R A S T I É et René G R A N D A M Y , Remarques sur les prix salariaux des céréales et la productivité du travail agricole en Europe du x v e au xx e siècle 647 F I S C A L I T É E T ÉCONOMIE
Aldo de M A D D A L E N A , Fiscalité et économie : expériences et rapports dans l'histoire 659 Pier Luigi S P A G G I A R I , Politica fiscale ed economia a Parma durante le signorie Viscontea e Sforzesca (1346-1500) 683 Martin W O L F E , Fiscal and economic policy in Renaissance France... 687 Gian Luigi B A S I N I , Finanza ed economia degli Stati italiani nel cinque e nel seicento 691 Domenico S E L L A , War Finance and Industry in seventeenth century Lombardy 699 Domenico D E M A R C O , Le développement historique des Finances publiques dans le Midi de l'Italie : 1503-1922 703 Nicola Ircas J A C O P E T T I , Indagini sul prelievo della ricchezza privata in Cremona durante la dominazione spagnola 711 Felipe Ruiz M A R T Í N , El fisco y la economía de la Castilla en los siglos xvi y xvii 715 D . Antonio D O M Í N G U E Z O R T I Z , Ventas de Tierras y Officios públicos en la España de los Austrias 719
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CONTENTS -
TABLE
Frédéric MAURO, Le rôle économique de la fiscalité dans le Brésil colonial (1500-1800) Jean-François BEROIER, Anne-Marie Piuz et Béatrice H E R R E N , Économie et fiscalité. Le cas de la Suisse Agnès V A R K O N Y I , Fiscalité et société en Hongrie à la fin du xvn e siècle S. M. T R O Ï Z K I J , Die Evolution der direkten Steuern in Russland im X V I I . - X V I I I . Jahrhundert Sergio ZANINELLI, I I "nuovo censo" et lo sviluppo dell'economia milanese nel secolo X V I I I Jerzy J E D L I C K I , Fiscal Policy and Budget as a factor in capital formation : Polish 19th century experience Nathan ROSENBERG, Government and economic growth: the United States in the nineteenth century Lance £ . D A V I S , The regional impact of federal Budget 1815-1900. A preliminary survey A. FISHLOW, The Growth of American educational Investment in the nineteenth century Paul B. TRESCOTT, Civil war Finance in the United States: an appraisal of the economic impact of the monetary and fiscal Policies of the Federal Government, 1861-1867 Richard T I L L Y , Fiscal Policy and Prussian economic Development. 1815-1866 Luigi Izzo, Finances publiques et économie italienne pendant les dix premières années de l'unité nationale (1861-1870) S . T Z U R U , The role of taxation in the economic development of Japan (1868-1900) W. P. D A N I L O W , Sowietische Steuerpolitik auf dem Lande for der Kollektivierung der Landwirtschaft (1917-1929) Marcelle K O O Y and Hector M . ROBERTSON, The South African Board of Trade and Industries, the South African Customs Tariff and the development of South African Industries Seymour SACKS, State and local Finance in the United States: a response to economic growth Robert V I L L E R S , L'incidence de la fiscalité sur l'économie française au x x e siècle Shepard S . C L O U C H , Taxation and capital formation since 1870 in France, Italy and the United States Th. CHOUMANIDIS, L'impôt sur le revenu en Grèce depuis la dernière guerre
7ai 725 737 741 743 747 749 753 761 763 771 779 785 789 793 799 303 305 317
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