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French Pages 180
Saint E p h r e m le Syrien
Syriac Studies Library
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Series Editors
The Syriac Studies Library brings back to active circulation major reference works in the field of Syriac studies, including dictionaries, grammars, text editions, manuscript catalogues, and monographs. The books were reproduced from originals at The Catholic University of America, one of the largest collections of Eastern Christianity in North America. The project is a collaboration between CUA, Beth Mardutho: The Syriac Institute, and Brigham Young University.
Saint Ephrem le Syrien
Son Oeuvre Littéraire Grecque
Casimir Emereau
2011
gorgias press
Gorgias Press LLC, 954 River Road, Piscataway, NJ, 08854, USA www.gorgiaspress.com Copyright© 2011 by Gorgias Press LLC Originally published in 1918 All rights reserved under International and Pan-American Copyright Conventions. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, scanning or otherwise without the prior written permission of Gorgias Press LLC. 2011
1 ISBN 978-1-61719-309-5
Digitized by Brigham Young University. Printed in the United States of America.
Series Foreword
This series provides reference works in Syriac studies from original books digitized at the ICOR library of The Catholic University of America under the supervision of Monica Blanchard, ICOR's librarian. The project was carried out by Beth Mardutho: The Syriac Institute and Brigham Young University. About 675 books were digitized, most of which will appear in this series. Our aim is to present the volumes as they have been digitized, preserving images of the covers, front matter, and back matter (if any). Marks by patrons, which may shed some light on the history of the library and its users, have been retained. In some cases, even inserts have been digitized and appear here in the location where they were found. The books digitized by Brigham Young University are in color, even when the original text is not. These have been produced here in grayscale for economic reasons. The grayscale images retain original colors in the form of gray shades. The books digitized by Beth Mardutho and black on white. We are grateful to the head librarian at CUA, Adele R. Chwalek, who was kind enough to permit this project. "We are custodians, not owners of this collection," she generously said at a small gathering that celebrated the completion of the project. We are also grateful to Sidney Griffith who supported the project.
AVANT-PROPOS P a r i s , j u i n IQI8.
J ' e x p r i m e ici ma très v i v e reconnaissance à M.
Sylvius-Joseph
Mercati, professeur à l'Université royale de R o m e , pour toutes les précieuses c o m m u n i c a t i o n s q u ' i l a daigné m e faire de v i v e v o i x ou par correspondance. On verra combien son d é v o u e m e n t et sa bienveillance m ' o n t obligé. A M. A i m é Puech, professeur à la S o r b o n n e , l'écrivain qui a si bien mérité de saint J e a n C h r y s o s t o m e et de Prudence, je dis aussi un a f f e c t u e u x merci pour la bonté et le zèle avec lesquels il a dirigé m e s recherches, dans ce nouveau domaine de la littérature chrétienne. J e dois enfin de profonds remerciements à M. J e a n Psichari, directeur d'études à l'école pratique
des Hautes É t u d e s ; grâce
à lui, j'ai pu trouver dans la Bibliothèque hellénique du Sénat tous les instruments de travail q u e je pouvais désirer.
C. E.
INTRODUCTION
Le but de ce travail est de rendre à la littérature grecque un auteur qui lui appartient de plein droit. Saint Ephrem le Syrien couvre de son nom un grand nombre d ' œ u v r e s grecques, lesquelles représentent surtout des traductions. Ces oeuvres sont peu connues. Migne ne leur a pas donné place dans sa Patrologie. C'est un oubli et une injustice. Les écrits d'Ephrem sont un miroir qui reflète sans cesse la figure d'un saint épris d'abnégation et d'humilité. J'ai souhaité que cet humble fût exalté et d é d o m m a g é des préjudices qu'il a subis, et j'ai désiré qu'un des Docteurs les plus populaires de l'Orient byzantin acquît enfin parmi nous quelque gloire et quelque sympathie. Mon regret, au début de ces pages, est sincère : l'austérité et la froideur de mes recherches contrastent trop violemment avec le culte ardent que j'ai pour le diacre d'Edesse. Ce ne sont ici, la plupart du temps, que pures questions philologiques. En réalité, les diverses solutions de ces questions sont destinées à devenir les fondements nouveaux de constructions nouvelles. De là leur importance et la nécessité de les tr' 'ter avant d'entreprendre quelque étude que ce soit sur le Docteur syrien. A u surplus, le premier travail qui s'impose, on le verra, c'est la reconstitution textuelle de l'Ephrem grec. Or, pour ce travail, ce n'est ni à l'historien, ni à l'exégète, ni au théologien qu'il faut faire appel. C'est au philologue. A plus tard seulement la joie de « tisser » en l'honneur d'Ephrem — j e me sers d'une i m a g e qui lui est chère — quelque thèse moins aride et moins indigne de ses grâces.
Les traductions grecques des œ u v r e s de saintEphrem sont du domaine de la littérature byzantine. 11 est facile de s'en convaincre. Si l'on se représente un auteur faisant les délices des couvents orientaux de tous pays, grecs, syriens, arabes, arméniens, coptes, et, depuis l'Euphrate j u s q u ' a u Bosphore, depuis le Pont j u s q u ' a u x rochers de Patmos, aimé, chanté, étudié; si l'on observe la ferveur avec laquelle les copistes relèvent et transcrivent ses poèmes, ses homélies, ses instructions; si
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l'on suit du regard, à travers les champs fleuris de l'hagiographie, le gracieux essaim de légendes qui yoltige autour de son nom ; si l'on calcule l'importance qu'il a dans la vie intellectuelle de l'Eglise orientale, le degré de popularité qu'il atteint dans la littérature apocryphe, le rôle qu'il joue dans l'histoire du monachisme byzantin; si l'on tient compte de son influence magistrale sur l'homélistique chrétienne et sur l'hymnographie des Mélodes, de la haute valeur philologique de son vocabulaire et de sa grammaire, des procédés originaux de sa rhétorique, des richesses inépuisables de son style, des mystères et des promesses sans nombre que son œuvre contient encore, des découvertes radieuses que ses écrits révéleront aux chercheurs de demain; si l'on songe à tout cela, on ne peut manquer de reconnaître que cet auteur mérite toute l'attention et tout l'amour du byzantiniste, qu'il est le plus digne objet de ses études, et qu'il n'y a rien qui lui soit comparable en intérêt, en fécondité, qu'en un mot il n'y eut jamais figure plus orientale et plus byzantine que saint Ephrem le Syrien.
C'est dans le rayonnement de cette figure que j'ai compris, approuvé et, par mes humbles essais, confirmé peut-être la thèse de l'Introduction à la Geschichte der By^antinischen Literatur. Krumbacher établissait que le ive siècle, révolutionnaire à tous égards, coupe vraiment la trame de l'histoire, voit mourir l'antiquité et inaugure déjà les temps byzantins. Au cours des années qui vont de Constantin à la mort de Théodose, la lutte est sévère entre l'ordre ancien des choses se prolongeant dans une verte vieillesse et l'ordre nouveau débordant de vie, assis sur les fondements de la nouvelle Rome. Constantinople surgit, maîtresse et capitale de l'empire. Une nouvelle civilisation s'annonce. Rome déchue, son sceptre transmis à Byzance, l'empire de gréco-romain devient byzantin, c'est-à-dire tout à la fois romain, hellénique, chrétien et oriental. Et la révolution s'accomplit sur tous les plans : sur celui de la politique, sur celui de la religion. J'ajoute : sur celui des lettres. Le Janus qui préside à la paix constantinienne prête à la littérature grecque d'alors un double visage. Tandis que de nombreux auteurs, tels que Libanios, Himérios, Thémistios, Jamblique, Hypatie, Eunape, Nonnos, Quintos de Smyrne, Héliodore et autres, font encore honneur aux belles-lettres antiques, que Julien l'Apostat, dévoué corps et âme à la défense de l'hellénisme, bannit les chrétiens de l'enseignement officiel de l'Etat, sous le prétexte fallacieux qu'ils
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n'ont que faire avec une tradition littéraire, objet de leurs anathèmes quotidiens, une autre pléiade d'écrivains s'est déjà formée, animée d'un esprit nouveau : celle des docteurs, orateurs, poètes et philosophes chrétiens. Et les lettres grecques, illustrées par les beaux génies de cette pléiade, attestent avec éclat que, dans la vie intellectuelle du monde hellénique, c'est bien le Galiléen qui règne en vainqueur. Ainsi ce monde déchiré dans toutes les parties qui le composent ne forme plus un seul tout, et comme l'esprit nouveau dont j'ai parlé envahit et pénètre toutes choses, que l'empire n'a plus la même politique, la même capitale, les mêmes dieux, les mêmes temples, il est évident que l'histoire du nom romain n'offre pas non plus la même trame et que l'antiquité a pris fin. Sur les ruines de la civilisation antique, une aube nouvelle s'est levée. C'est celle de l'ère byzantine. Pour la saluer, pas n'est besoin d'attendre le règne de Justinien, dont l'histoire, toute mouvementée qu'elle soit, est loin d'atteindre la plénitude des temps du iv e siècle. Les chroniqueurs de Byzance disaient en annonçant le règne de Constantin : « Voici, avec l'aide de Dieu, le commencement de l'empire des chrétiens ! » Ils traduisaient par cette naïve déclaration l'idée qu'ils se faisaient, eux et leurs contemporains, de l'avènement du premier basileus chrétien. Tel serait le vrai caractère du siècle où paraît saint Ephrem. Aux pays de Nisibe et d'Edesse, dans ces contrées de la Mésopotamie sans cesse troublées par les guerres avec les Perses ou par les émeutes des factions ariennes, terrorisées parfois par des persécutions sanglantes, l'âme mystique du diacre d'Edesse pouvait se prendre à songer qu'un Esprit divin renouvelait la face du vieux monde usé. J'ai insinué que les écrits d'Ephrem, à les bien étudier, attestent eux aussi l'existence d'un nouvel ordre de choses, je veux dire d'une ère littéraire nouvelle, puisque le point de vue de la littérature est le seul qui importe ici. Chez lui, en effet, tout est jeune, tout est pur, tout est nouveau : le cœur, la voix et les œuvres. Entre les nombreux témoignages qui le prouvent, je ne veux que celui de la rythmique étrange, sans exemple dans l'histoire de la poésie hellénique, que d'heureuses recherches ont découverte récemment dans l'Ephrem grec. C'était jusqu'ici une constatation pénible de voir l'hymnographie des Mélodes en retard, non de quelques années, mais d'un siècle au moins, sur celle des Syriens et des Occidentaux, et l'on pouvait regretter sincèrement que les tropaires, premier embryon du cantique
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liturgique byzantin, n'apparussent qu'au v e siècle, cependant que les hymnes ambrosiennes faisaient depuis longtemps les délices des chrétientés d'Italie et des Gaules. Il était dans les vœux de tous qu'une poésie liturgique grecque, si humble fût-elle, se révélât antérieurement à celle de Romanos, et égalât en ancienneté, sinon en beauté, l'hymnographie milanaise. Ces vœux sont aujourd'hui comblés. Un Ephrem grec, non pas en prose, mais en vers, formé d'une rythmique originale et simple, a été découvert et identifié en plein ive siècle. Un Ephrem grec, auteur de longues homélies métriques, a parlé par la bouche même de saint Grégoire de Nysse. A le bien entendre, c'est un nouveau lustre qui vient s'ajouter ici, par le ministère d'Ephrem, à la patrie des « choses byzantines », la Syrie. Terre des études ecclésiastiques, terre de la science juridique, terre des controverses christologiques, terre de l'ascétisme, la Syrie est aussi la terre de tous les arts chrétiens. L'idée féconde deStrzygowski, cristallisée dans la formule : l'Orient ou Rome, a sans doute plus de portée qu'on ne l'a cru. Pendant que les moines des régions mésopotamiennes enluminaient et chargeaient de miniatures les pages de leurs évangiles, de leurs psautiers, de leurs livres d'heures ; que les tailleurs de pierre attachés aux monastères couvraient chapiteaux, corniches, linteaux, arcades, parapets, de mille nouveaux motifs de décoration : entrelacs, tresses, rinceaux de pampre, méandres, grenades, rosettes, d'autres artistes, poètes et musiciens à la fois, composaient des cantiques et des rythmes nouveaux, créaient la citharédie chrétienne. Byzance doit à la Syrie plus d'un art : s'il est douteux qu'elle lui ait emprunté ses formes architecturales, il est certain qu'elle lui est redevable des principes de son iconographie, de sa décoration sculptée et de sa poésie liturgique, en un mot de son âme artistique. £
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Saint Ephrem appartient, avant tout, à la littérature syriaque. Sa figure byzantine, pour être mise en pleine lumière, doit être reportée dans l'ambiance sémitique à laquelle elle est redevable de ses traits. Cette observation est d'une importance capitale. J'ai voulu qu'elle servît de base à cette étude. Telle thèse de doctorat sur saint Ephrem poète, présentée jadis dans une de nos Facultés de province, s'est attiré de justes critiques pour avoir limité ses sources aux seuls textes grecs de l'édition romaine et à la seule traduction latine des Carmina Nisibena de Bickell. Le recours au syriaque est indispensable.
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IX
C'est dire quelle ampleur le but d'un travail utile et complet sutsaint Ephrem est susceptible de recevoir. Il faut aborder des problèmes absolument nouveaux. 11 faut chercher à pénétrer les mystères encore inconnus de la fusion dans une même vie politique, sociale, religieuse et littéraire, des deux grandes civilisations sémitique et hellénique. En résolvant, par exemple, la question des origines de la poésie religieuse byzantine par un recours historiquement fondé à la littérature syriaque, à quoi aboutit-on, sinon à la définition, sous un angle très restreint, sans doute, mais cependant très lumineux, des rapports qui unissent le sémitisme chrétien au byzantinisme naissant? C'est là, dis-je, un champ d'études encore en friche. Un pionnier laborieux et sûr vient cependant de paraître, qui a déjà fait une bonne besogne. Les Etudes Syriennes de M. Franz Cumont, par leurs monographies aussi neuves qu'érudites, me semblent être, dans cet ordre d'idées, une oeuvre d'initiation et de création. Je veux exprimer ici, de cette communauté de vie, qui mêle l'une à l'autre la civilisation hellénique et la civilisation sémitique, un gracieux symbole, très propre à stimuler les recherches. Il s'agit de la visite de saint Ephrem à saint Basile. En relisant les récits naïfs qui rapportent cette visite, on a bien le sentiment que I'Osrhoène et la Cappadoce, Edesse et Césarée, centres limitrophes de cultures anciennes très différentes, rayonnant l'un par-dessus la chaîne du Taurus, l'autre par delà les vallées de l'Euphrate, pouvaient ainsi, par la fusion de leurs influences, créer comme une atmosphère intellectuelle unique On admire surtout, dans cette fin du ive siècle, le spectacle de ces deux hiérarques antiques, orgueil de l'Eglise oecuménique, fondant en un même culte pour le Christ, sans plus de distinction, sans plus de respect humain, sans plus de préjugé national, des traditions et des races si opposées de mœurs, de caractère et d'ambitions. D'une part la Grèce, l'hellénisme, le génie attique se survivant dans Basile. De l'autre, l'Asie, le sémitisme et tout le mystère de l'âme orientale s'incarnant dans Ephrem. Peut-être ce spectacle mérite-t-il un tableau. Nul doute qu'il ait assez de force et de bonheur pour éveiller les curiosités de l'historien et faire naître une étoile dans le ciel de quelque prédestiné. Un brillant avenir attend le savant, à la fois helléniste et syrologue, qui révélera tout ce que la littérature byzantine doit à la littérature syriaque. La patrie d'Ephrem et celle de Basile, souriant aujourd'hui à notre victoire, veulent nous livrer jusqu'à leur âme.
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Saint Ephrem le Syrien est un de ces génies de l'antiquité chrétienne sur lesquels il faudrait jeter à pleines mains les lis virgiliens. Mais le plus bel éloge qu'on puisse faire de son œuvre, c'est encore de mettre en lumière le trait essentiel qui la caractérise. Afrem, comme son nom l'indique, est la fécondité même. Afrem, disait déjà saint Grégoire de Nysse, est un « Euphrate spirituel ». Image puissante et fidèle. Afrem, avec ses myriades de mimrê et de madrashêpossède la vertu et l'abondance d'un fleuve. D'un grand et beau fleuve dont les flots chargés de salut, de vie, de poésie, de toutes les féeries orientales, se sont répandus à travers ie moyen âge byzantin. Ainsi pensait un copiste zélé, ie vieux moine Jonas, lorsque, pour se reposer de son travail, il composait ces jolis vers : lIvEujAaTLxoí; AÓ--01; üopeuüe TOV < ;O./.-,',v.y.Y, ».
(5) Les Acta paris, et le Testament p e u d i f f é r e n t s (LAMY, p. ?os. (6) LAMY, p . 42 s .
p a r l e n t d e la m ê m j vision en t e r m e s q u e l q u e
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à la barbe abondante, vêtu de la robe et du manteau des moines qui, dès la première page de l'édition romaine, accueille avec un air si doux le lecteur de ses œuvres. Du distique placé sous son image, si le premier vers n'est pas véridique, le second du moins l'est pleinement : Hœc veneranda Syri faciès mirabilis Ephrœm, Ast animi effigiem scripta diserta docent. B. —
Biographies grecques (1).
I° S. GREGORII NYSSENI, Vit a atque Encomium S. P. N. Epbrœm Syri (2). Document très précieux. L'auteur fait dans les débuts cette belle décla; ation : ( Ivjpalu) h Tzivr, i>ç àyocôôç AecntÔTijç
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