Pour une politique de paix en Centrafrique 2343082952, 9782343082950

La Centrafrique, peu peuplée, est depuis toujours un noeud de cultures, de cultes, de trafics, un pont pour les conquête

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French Pages 54 [48] Year 2015

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Pour une politique de paix en Centrafrique
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Aristide Briand Reboas

Pour une politique de paix en Centrafrique

Préface d’Emmanuel Caulier

DIPLOMATIE ET STRATÉGIE

Pour une politique de paix en Centrafrique

« Diplomatie et stratégie » Collection dirigée par Emmanuel Caulier Dernières parutions Bruno MIGNOT, Mémento de stratégie d’influence à usage des dirigeants d’entreprise, 2015. Soula SAID-SOUFFOU, La départementalisation de Mayotte, La sécurité de tout un peuple, 2015. Sékou OUEDRAOGO, L’agence Spatiale Africaine, 2015. Olivier LAJOUS, L’Art du temps, 2015. Chantal-Nina KOUOH, Diplomates indépendants. Emergence d’un statut. La dynamique des diplomaties non gouvernementales à l’orée du XXIe siècle, 2015. Raymond H. A. CARTER, Comment se défendre verbalement au quotidien. La parole, arme ultime de la « communication psychotactique », 2014. Raymond H. A. CARTER, Guide pratique de survie en zone urbaine et en campagne, 2014. Alain OUDOT DE DAINVILLE, Faut-il avoir peur de 2030 ?, 2014. Lambert ISSAKA, La grande chute, 2014. Abdul Naim ASAS, Les enjeux stratégiques de l’Afghanistan, 2013. Guy SALLAT, Décider en stratège. La voie de la performance, 2013. Arnaud MAILHOS, Les travailleurs birmans dans le nord de la Thaïlande. Géopolitique d’un pays clandestin, 2013. Mehdi LAZAR, Espace et histoire de l’université américaine, De Bologne à Harvard, 2013. Nathalie BORDEAU (dir.), L’Intelligence Économique à l’épreuve de l’éthique, 2013. Stéphane Charles NATALE, Business à risque à Bagdad. Le retour des entreprises françaises en Irak, 2012. Arnaud MAILHOS, Nicolas MEUNIER, Juliette SIMONIN, La vague noire en Israël. L’ultra-religiosité menace-t-elle l’Etat hébreux ?, 2012. Naim Abdul ASAS, Analyse de la représentation afghane, 2012.

Aristide Briand REBOAS

Pour une politique de paix en Centrafrique

Préface d’Emmanuel Caulier

© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-08295-0 EAN : 9782343082950

PREFACE « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve » Hölderlin

Plantée au centre du continent et de l’Afrique centrale, des pays de la CEEAC et de la CEMAC, au contact avec le Tchad, le Cameroun et le Sud Soudan, la République démocratique du Congo, et la République du Congo Brazzaville, la Centrafrique, peu peuplée, est depuis toujours un nœud de cultures, de cultes, de trafics, un pont pour les conquêtes militaires. De tout temps les commandos en tous genres l’ont sillonnée, venant tantôt de l’est ou de l’ouest, tantôt des pays arabes ou du sud du Continent. Cette articulation a fait naître, il y a longtemps, une relation de haute complexité dialogique ou chaque profondeur géographique se renvoie l’une à l’autre. Dans ce contexte très ancien, le retour de la Centrafrique sur le devant de la scène est attendu avec les élections démocratiques de fin 2015, dans lesquelles Monsieur Aristide Briand Reboas joue un rôle de première importance. Longuement formé en relations internationales et diplomatie au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris et à l’Ecole des Hautes Etudes Internationales, mais aussi à l’ENA, l’auteur sait, par l’analyse qu’il propose ici, où il nous mène. Sans jamais perdre de vue le contexte historique de son pays dans sa profondeur politique, il cherche à saisir le mécanisme qui lie, sur cette terre, les

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variations des options géostratégiques d’un Etat, qu’il entend diriger, et la paix. Le livre, que vous allez parcourir, n’est pas écrit par un homme qui étudierait de loin des complexités savantes, mais par un homme qui a grandi sur cette terre, qui a arpenté cette terre, qui est enraciné sur cette terre, qui a participé, déjà, au gouvernement de ce pays qu’il aime plus que tout. « L’enracinement, disait Simone Weil, est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine ». L’analyse, qu’il nous livre, est importante pour les politiques, pour les militaires, pour la jeunesse, pour les hommes d’affaires, comme pour les religieux, parce qu’elle va jusqu’au cœur d’un problème important qui travaille l’Afrique : la recherche de la paix. Fortement marquée par la guerre, par sa vulnérabilité stratégique, la Centrafrique doit acquérir une capacité politique et militaire pour assurer son indépendance et sa sécurité, parce qu’elle est la pièce maîtresse d’un échiquier à taille continentale. Le livre de Monsieur Aristide Reboas, candidat déclaré pour le Parti Chrétien Démocrate, se positionne, qualitativement, au cœur de cette réflexion, parce qu’il prend le temps de re-situer son pays dans son environnement régional proche ou lointain. Prenant en compte l’influence récursive des puissances qui l’entourent, il n’oublie jamais le rôle joué en filigrane par les grandes puissances sur lesquelles il compte. Son travail solidement étayé par ses expériences à la tête du renseignement centrafricain ou au service des droits de l’homme, restitue alors, avec la richesse méritée par un tel sujet, une pensée complexe qui vise essentiellement à sécuriser son environnement. Il veut, dans le même temps, travailler à développer une unité nationale et une armée qui doit retrouver sa fierté, une 8

jeunesse et une économie qui se doivent d’être fortes. Monsieur Aristide REBOAS, Président du Parti Chrétien Démocrate de Centrafrique, est convaincu, et c’est là toute la force de son projet politique, que « la paix, comme le disait Marc Aurèle, est une création continue ».

Emmanuel CAULIER Avocat au barreau de Paris

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Introduction L’irrésistible montée, partout en Afrique, de l’empire social et politique des terroristes, est sans doute l’un des évènements de notre époque, les plus difficiles à comprendre et à intégrer par nos grands leaders politiques. Il ébranle nos institutions, nos cultures, nos systèmes de relations et, sans exagérer, nos mœurs mêmes. Nous sommes aux prises avec ce que Marcel Mauss aurait appelé un phénomène social total. L’aimable dialectique, qui permettait, naguère, à ceux qui ont une certaine expérience et à ceux qui ne comprennent rien à la vie, de résoudre leurs désaccords éventuels, s’est, en plus d’un lieu, transformée en dialogue de sourds. Pourtant, tous sont appelés à assumer, ensemble, un même et identique destin. L’Afrique, comme on le constate depuis des décennies, devient, de plus en plus, un terrain de prédilection pour la préparation et l’accomplissement d’actes terroristes visant le continent africain et l’Occident : Aqmi au Sahel, Boko haram au Nigeria, au Cameroun et au Tchad, les Shebab au Kenya et en Somalie, la LRA en Ouganda, au Congo Démocratique et en Centrafrique. La terreur traverse le continent noir. Faut-il rappeler ses multiples visages : les mouvements rebelles (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola [Unita] en Angola, la Résistance nationale mozambicaine [Renamo] au Mozambique, la Lord’s Resistance Army [LRA] en Ouganda, les Patriotes résistants Maï Maï [Parema] en République démocratique du Congo [RDC], 11

les Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie [LURD], le Mouvement pour la démocratie au Liberia [Model]… En Centrafrique, l’activisme des criminels et autres terroristes prospère sur le sous-emploi des jeunes, auxquels ces mouvances offrent, gratis pro deo ou même sine deo, un monde qui a du sens et un avenir social. C’est précisément la pauvreté, l’ignorance et le chômage qui sévissent en cette partie de l’Afrique, qui rendent facilement manipulables et très vulnérables les jeunes africains avides d’avenir, d’argent et de gain facile. Au centre du continent africain, l’exercice du pouvoir ne concerne pas, hélas, le seul et délicat dialogue avec la jeunesse, même si celle-ci est particulièrement concernée, mais, aussi, l’instauration d’une diplomatie et d’une stratégie visant à structurer une relation pacifique avec des populations dites rebelles ou hostiles à l’exercice du pouvoir central et menées par des moins jeunes. La Centrafrique, dont presque la moitié de la population est constituée par les moins de vingt ans, est située, spécifiquement, au point amphidromique d’une porosité de frontières, que lui a imposé une complexe contiguïté territoriale. La continuité socioculturelle des diverses régions limitrophes se fait, dans ce pays, le vecteur d’un enchevêtrement de trajectoires criminelles, transcendant les limites frontalières des structures étatiques. Il en résulte l’installation progressive d’une violence structurelle multi-céphale qui prolifère sur la disparition progressive de l’intégrité territoriale. L’instabilité politique, qui en est la source et la conséquence, devient, quasi instantanément, instabilité sociale locale et phénomène aux conséquences internationales.

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La LRA, puis, plus loin, Boko Haram, qui, dans cette région du monde s’imposent comme leaders de la violence antiétatique ne seront, pourtant, pas éternels, si de la Centrafrique, leur sont imposées des difficultés tactiques et opérationnelles, par récupération de la maîtrise d’un territoire et par multiplication des menaces qui les visent. Ce petit opuscule tend à démontrer que le terrorisme africain peut trouver son achoppement en Centrafrique, par l’émergence imprévue d’un Etat fort, en position centrale du continent. Il s’agit de prouver que la restauration d’un pivot géostratégique, de première catégorie, au milieu de l’Afrique centrale, constitue une base certaine pour une politique de paix pour le continent tout entier et par là, pour le monde. Ceci passera d’abord par un appel lancé aux jeunes Centrafricains. Lorsque, dans la Grèce antique, le Général Tyrtée, parle à ses élèves, il les appelle « jeunesse citoyenne ! », « enfants de Sparte ! », car il ne s’adresse pas à eux comme à une bande à part de la société lacédémonienne. C’est à la vitalité qu’il parle. Il sait que la vie est une succession de passages, de gués à franchir, où se mêlent, confusément, bonheur ou nostalgie de l’avoir-été, souffrance ou nostalgie de l’être-là, désir ou angoisse de l’à-venir. Il les comprend et s’efforce de ne pas les juger. Il espère en eux. Il reçoit, donc, comme un cadeau, la rencontre avec les générations qui le précèdent comme avec celles qui le suivent. Cela suppose, bien sûr, une humilité réciproque et une vue à long terme. C’est aux jeunes Centrafricains que je souhaite dédier ce livre.

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CHAPITRE 1 Le conflit centrafricain est continental et régional Les conflits sont, en Centrafrique, la manifestation d’inégalités traditionnelles Les critères, permettant de mesurer les inégalités traditionnelles, relèvent d’une approche de géographie humaine (répartition et mouvement des populations), qui fait largement appel à une observation démographique (mortalité, espérance de vie, mortalité infantile, fécondité, accès à la santé), à une analyse économique (PIB par tête, revenu national par habitant, accès aux richesses), à une étude sanitaire (santé, accès aux soins, accès à l’eau) et à un examen historique. C’est cette mesure des inégalités de mon pays qui laisse apparaître les fondements de la conflictualité centrafricaine. De façon générale, observons que l’hémisphère nord rassemble 90 % de la population mondiale. L’Eurasie concentre 75 % des êtres humains sur seulement 1/7 des terres. Avec presque un milliard d’habitants, l’Afrique regroupe plus de 10 % de l’Humanité. En 2025, l’Afrique aura une population supérieure à celle de la Chine et continuera de croître dans des proportions qui seront les plus élevées au monde. Les démographes des Nations Unies affirment qu’en 2050, l’Afrique comptera un milliard huit cents millions d’habitants, soit un cinquième de la population mondiale. De 1970 à 1975, le taux d’accroissement de la population mondiale a atteint 1,96 %, ce qui a constitué un 15

record. Les prévisions laissent voir un léger ralentissement, avec une croissance moyenne de 1,3 % par an. Cependant, la répartition de cette croissance par continent donnerait 0,1 % pour l’Europe (sans la Russie), 0,5 % pour l’Amérique anglo-saxonne, 1,5 % pour l’Amérique latine, 1,2 % pour l’Asie et 2,7 % pour l’Afrique. Ainsi, parce qu’elle a le taux d’accroissement annuel le plus élevé de la planète, l’Afrique est un ensemble géographique, qui voit son importance augmenter dans le monde. Dans le même temps, à l’intérieur des Etats africains, les zones côtières sont généralement très densément peuplées par rapport aux zones plus continentales, aux reliefs plus hostiles. Ainsi des fourmilières humaines s’opposent aux faibles densités des hautes montagnes et à des vides désertiques et l’urbanisation devient de plus en plus difficile à gérer. En 2025, les villes africaines devront abriter environ 600 millions de personnes, contre 209 millions, en 2000, et 19 millions, en 1950, ce qui multiplie les causes de pauvreté et de conflictualités. Contrôler la ville et particulièrement les capitales c’est dominer le champ politique, ce qui fait que les conflits se déplacent bien souvent vers les agglomérations. En Centrafrique, le mouvement marqué du développement de Bangui traduit ce phénomène : 279 792 habitants en 1975, 622 780 en 2003 ; à Bimbo la population est passée de 3 900 à 143 690 habitants, selon le recensement de 2003, et il en est ainsi de toutes les grandes villes du pays. L’urbanisation et l’inégalité dans la répartition de la population est crisogène. Passage d’un régime démographique ancien (forte natalité, forte mortalité, faible accroissement naturel), à un régime démographique moderne (faible natalité, faible mortalité, faible accroissement naturel), une transition démographique commence lorsque la mortalité diminue de 16

manière durable et significative, sous l’effet d’un changement des genres de vie. La Centrafrique se situe dans la première phase de la transition : la mortalité n’y diminue que très partiellement et la natalité continue de rester élevée. Un accroissement naturel considérable se conjugue à un retard économique important. Il conduit à ce que la population y soit globalement jeune. Cette réalité économique, ajoutée à l’impact des guerres, provoque des flux migratoires légaux et illégaux, aux conséquences économiques, politiques et sociales importantes.

Trafics, armement, mercenariat La drogue est devenue, en Afrique, un enjeu économique et une source de financement de la conflictualité. Au Liberia, elle s’est vite avérée, avec le trafic des pierres précieuses, la première source de financement du conflit. En Casamance, les productions illicites de cannabis constituent la base des ressources de la guérilla. En Sierra Leone, la drogue a été à la fois le moteur financier du conflit, mais aussi le moyen de générer une « adolescisation » de la guerre et une technique d’embrigadement de ses acteurs. L’affaiblissement de l’autorité de l’Etat au centre de l’Afrique y a, pour conséquence quasi mécanique, la déliquescence des armées nationales et leur remplacement par des prestataires privés, comme on l’a vu au Congo, dans l’ex-Zaïre, au Liberia et en Sierra Leone. Ainsi, on peut identifier des entreprises de guerre qui se payent en concessions diamantifères ou en dollars, qu'elles soient sud-africaines (Executive Outcomes), britanniques (Defense System Limited), ou américaines (Military Professional Ressources Incorporated). Mis à disposition d’une capacité militaire (humaine, technique et logistique), le mercenariat est, en 17

Afrique, désormais utilisé à la lutte contre un ennemi intérieur ou extérieur et à la protection, voire à la captation des ressources stratégiques. Ses deux finalités sont donc respectivement politiques et économiques. A contrario, le continent africain connaît une impressionnante montée en puissance des Sociétés Privées de Sécurité (SSP). Les principaux clients de ces SMP reconverties, essentiellement, « North Bridge » et « Sand Line International » sont les compagnies minières d’Angola et de la République Démocratique du Congo. Ces Sociétés de Sécurité Privées recrutent massivement d’anciens militaires et sont capables de conduire des évacuations terrestres, maritimes et aériennes très proches, dans la pratique, d’opérations spéciales. Ainsi, la richesse des uns se conjugue à la dérive des autres. Du fait de cette juxtaposition, la pauvreté semble globalement s’aggraver et générer de nouvelles conflictualités. Les frontières poreuses des Etats africains, la faiblesse des moyens de travail des différentes forces de sécurité en Afrique constituent de sérieuses menaces terroristes, autant pour la Centrafrique, que pour l’Occident. Le terrorisme mondialisé, comme tout recours illégitime à la violence en Afrique, contre des individus ou des biens, afin de contraindre et intimider des Etats pour des revendications politiques, constitue une préoccupation internationale, depuis 2001. En Centrafrique, les diverses formes de cette violence se rassemblent et traversent, de part en part, le pays, créant ici ou là, des zones de turbulence extrêmement dangereuses. Les populations s’y trouvent prises en otage et le nombre des victimes innocentes devient, tous les jours, plus important.

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Il convient de rappeler que, depuis plus de dix ans, la RCA subit les effets négatifs des guerres qui se déroulent sur tout le continent et bien sûr dans la sousrégion. Celles qui sévissent dans la région des Grands Lacs, et sont dues aux milliers de réfugiés de la RDC, du Burundi et du Rwanda, mais, également, aux conflits armés des pays voisins, comme le Tchad et le Soudan (le conflit du Darfour), puis, en tir indirect, celles qui sont dues aux conséquences des déstabilisations maliennes ou libyennes et à l’activisme conquérant de Boko Haram. Il importe, donc, de ne pas laisser penser que la situation actuelle serait simplement nationale. Elle ne l’est pas géographiquement, elle ne l’est pas historiquement, elle ne l’est pas socialement, elle ne l’est pas militairement, elle ne l’est pas religieusement, elle ne l’est pas politiquement. Il importe de développer ce constat. Car, les facteurs du contexte global qui contribuent, en Centrafrique, au développement des mouvements terroristes, constituent les clés de compréhension de la violence dans le pays. Ils constituent aussi des pistes de réponse aux problèmes que pose le terrorisme.

L’influence négative de l’instabilité de la bande sahélo-saharienne La disparition de Kadhafi, laissant place à un état central désagrégé, permettant la circulation anarchique des armes pillées sur les stocks de l’ancien régime, a inévitablement favorisé le développement des groupes terroristes sur toute la bande sahélo-saharienne, par agrégation de banditisme militaire transfrontalier, de trafic d’armes légères et de produits de contrebande. Tant que la situation libyenne ne sera pas réglée, il sera impossible de stabiliser ce terrorisme sahélo-saharien. Les efforts de Bernardino Leon, puis de son successeur, 19

épaulés par une pression cohérente de la communauté formée par les Etats les plus puissants de la planète, doivent conduire à un accord sur la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Cet accord doit être suivi, au plus vite, d’un gouvernement dont la liste des membres, doit être approuvée par toutes les parties. La Centrafrique doit participer, bien évidemment en demeurant à sa place, mais participer en faisant entendre une voix concordante, pour aller dans ce sens. Le temps perdu depuis plus d’une année dans cette lutte pour atteindre un tel résultat, doit être dénoncé par la diplomatie centrafricaine. Les efforts onusiens doivent être soutenus par la Centrafrique. La progression de Daesh sur le territoire libyien accentue encore le risque d’une aggravation, vers le sud, de la situation sécuritaire. De cette stabilisation dépend aussi celle de la Centrafrique. De même que la paix en Centrafrique contribuera à la stabilisation de la bande sahélo-saharienne. Le banditisme nourri par la faillite de l’Etat, au sud de la Lybie, descend trop facilement sur la Centrafrique. Et la Centrafrique, qui ne contrôle que difficilement son nord, subit l’arrivée des malfrats « de tous poils », descendant de cette région, tout en leur offrant, hélas, un terrain de repli, une base arrière, puis un terrain de jeu.

L’influence négative de l’instabilité de la frontière soudano-soudanaise Depuis des décennies, en Ouganda, RDC et Centrafrique, la LRA de Joseph Kony massacre, tue, enlève, torture, vole, viole, en toute impunité, malgré la présence de troupes américaines. La séparation du Sud Soudan et la guerre larvée qui en résulte, autour des poches pétrolifères, est une autre source de fabrication de « mécontents déplacés », de 20

vagabondage de groupes armés, de trafic de bétail, d’insécurité foncière transfrontalière. Là encore, la Centrafrique en hérite. Mon pays n’a pas à prendre parti pour le nord ou le sud Soudan, mais doit s’attacher à développer des relations qualitatives avec les deux gouvernements. Les solutions juridiques qu’offre la communauté internationale par la Cour Internationale de Justice doivent être systématiquement promues à Bangui. La recherche d’une paix efficace, parce que durable, et de la sécurité en Centrafrique doit inévitablement passer par le renforcement de l’arsenal législatif en matière de lutte contre les criminalités organisées, telles que le terrorisme, les trafics d’armes, le trafic de stupéfiants ainsi que le blanchiment d’argent sale. En effet, la faiblesse actuelle de l’Etat centrafricain se manifeste par l’absence de l’état de droit et par l’impunité totale des délinquants. Il n’y a pas ou presque pas de prisons en RCA. Les quelques rares maisons d’arrêt, qui existent, ne fonctionnent pas bien et sont souvent détruites ou saccagées, lors des manifestations, des coups d’Etat ou des soulèvements. La reconstruction des maisons d’arrêt est une nécessité pour empêcher les prisonniers de nuire. Ces prisons doivent permettre une réinsertion sociale, grâce à une bonne prise en charge des détenus, d’où la nécessité de la formation des agents pénitentiaires. Enfin, les détenus doivent pouvoir retrouver du travail à leur sortie de prison, afin de retrouver non seulement leur liberté, mais aussi leur dignité. Ce n’est que de cette manière que la récidive peut être évitée. L’ampleur de la crise centrafricaine nécessite une réforme en profondeur du cadre institutionnel, afin de l’adapter à la nature transfrontalière des criminalités organisées. La réforme de la constitution, des codes

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pénaux et de la procédure pénale, doit permettre de prendre en compte les nouvelles menaces terroristes. Il est urgent de durcir le dispositif législatif centrafricain en matière de prévention, d’investigations et de répressions, afin de dissuader les délinquants. Les fonctionnaires de la police, de la douane et les magistrats doivent disposer de moyens adéquats pour pouvoir travailler. Il convient de signaler que ces agents de l’Etat, auxiliaires de justice, rencontrent beaucoup de difficultés dans l’accomplissement de leur mission régalienne face à l’organisation des délinquants opérant, pour la plupart, dans la clandestinité. Ils sont également confrontés à la loi du silence et à la mobilité des criminels. La crainte des représailles rend, aussi, difficile la participation des citoyens aux investigations. Les nouveaux moyens technologiques tels que l’interception des communications, la surveillance des suspects, sont nécessaires afin de prévenir le passage à l’acte. Une coopération entre les Etats de la sous-région permettra d’échanger des informations, des données, des fichiers afin de gagner en efficacité dans cette lutte. La recherche de la paix passe donc par un bon fonctionnement de l’institution judiciaire qui garantira une justice équitable et protectrice des libertés et des droits humains.

L’influence de l’instabilité de la frontière tchado-camerounaise La prolifération de groupes armés est importante à la frontière tchado-camerounaise. Elle se traduit par des attaques de postes de gendarmerie ou de police, ou des postes frontaliers. Les groupes y redessinent, à leur convenance, au gré de leur transhumance, les frontières administratives et le cadastre administratif. 22

Boko Haram constitue une évidente préoccupation pour la gouvernance centrafricaine. Il y a des risques latents de contagion. Cette mouvance terroriste a, certes, trouvé son berceau historique au Nigéria, dans les états du nord de ce pays. Il s’agit, avant tout, d’un phénomène endogène au Nigéria. L’approvisionnement en armement se fait, essentiellement, sur les propres stocks de l’armée nigériane, au fil des victoires remportées sur celle-ci. Ces états du nord, étant géographiquement frontaliers avec le Cameroun, le Tchad et le Niger, ont été le théâtre d’un développement, au-delà de leurs frontières, vers le sud. Dans cette configuration crisogène, la Centrafrique se retrouve à jouer le rôle de trait d’union naturel entre l’Est et l’Ouest du continent, au centre d’une complexité humaine, où les langues, les coutumes, les pratiques culturelles, l’approche de la pratique religieuse sont, naturellement, les vecteurs d’une capillarité qui se joue des frontières politiques. C’est ce trait d’union qui recèle des velléités de paix, à condition que toute la communauté internationale veuille bien en convenir. Investir dans la paix en Centrafrique, c’est toujours investir dans la propagation, à tout le continent, des ferments de cette même paix. La lucidité de tous les dirigeants du monde doit systématiquement être accrue par l’influence de la diplomatie centrafricaine. Cette continuité socioculturelle, en effet, au-delà de la délimitation administrative sanctuarisée par les Etats, est une logique souterraine qui facilite la dissémination d’idéologies et d’ambition criminelles. La notion de frontière est identifiée, par Boko Haram, dans toute la sous-région, comme un mirage politico-juridique, qui n’arrête pas sa logique d’expansion régionale.

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Ainsi, l’absence de contrôle par les Etats centraux de ces zones contiguës, Nigéria /Cameroun/Tchad/ Centrafrique, laisse prospérer d’incessants mouvements transfrontaliers de véhicules, d’armes, d’hommes. Il importe d’investir dans les moyens nécessaires pour les stopper. Il s’agit d’entraver le développement d’une économie parallèle où s’échangent illégalement des biens licites et illégaux. Le commerce du diamant, du bois, de l’or, des stupéfiants, des armes, participe de cette économie criminelle, noire, souterraine, trop souvent grâce à la corruption des élites politiques. Le nouveau pouvoir politique, à Bangui, qui sortira des élections de fin décembre prochain, doit briller par sa capacité de résistance à la corruption. Mercenaires et terroristes se fournissent auprès des mêmes réseaux clandestins, associés aux trafics de drogue, et blanchissent leurs règlements en recourant massivement à des documents d’identité falsifiés. Les efforts qui ont été faits au sein de la CEMAC, à laquelle j’ai pu participer au temps du pouvoir de Bozize, sont allés dans la bonne direction. Le principe d’une plus grande sécurisation des documents d’identité, le passeport CEMAC, la modernisation des visas pour circuler en Afrique centrale sont une réponse indispensable à cette lutte contre la circulation du crime organisé. La banque centrale de la CEMAC doit s’appuyer davantage sur la France pour contrôler le financement du crime. Il n’est plus concevable, alors même que nous avons la chance de jouir d’une garantie monétaire donnée par la banque de France et d’une parité fixe avec l’euro, de laisser prospérer des flux illicites d’argent, enrichissant les trafiquants. In fine, ils contribuent toujours à l’affaiblissement du pouvoir politique. Les zones de non-droit qui prolifèrent ici ou là, sont une cause indirecte de la baisse du pouvoir d’achat 24

dans le monde développé. Les Européens, les Américains, les Chinois, même éloignés géographiquement de l’économie de l’Afrique centrale, s’appauvrissent systématiquement, chaque fois que l’anarchie progresse dans notre pays. La banque mondiale analyse et dénonce, depuis des décennies, ces logiques d’interconnexion de l’économie mondialisée. Ce genre de contamination globale pose un problème de sécurité mondiale. La réponse qui doit y être apportée mondialement peut apporter un surcroît de sécurité globale. La nouvelle gouvernance centrafricaine doit y mettre un terme, appuyée par la CEMAC, au risque, si elle ne le faisait pas, d’être perpétuellement contestable par n’importe quel groupe de rebelles, nourris hélas, par les Etats eux-mêmes. En Ouganda, ni l’Allied Democratic Forces (ADF) dans l’ouest, ni la LRA au nord n’auraient été capables de mener une rébellion sans appuis gouvernementaux extérieurs et fourniture d’armes et de soutiens divers. Sans connivences avec le pouvoir politique des six pays de la CEEAC, aucun produit alimentaire, carburant, armes, munitions, moyens d’encadrement et d’approvisionnement, pneumatiques, vêtements, matériel médical n’auraient franchi clandestinement les frontières. Les groupes profitent de rapports de forces entre pays riverains qui aspirent au rang de puissance dominante, et rêvent de modeler, sur fond de nationalisme exacerbé, l’ordre régional à la mesure de leurs intérêts stratégiques. Les actions violentes des membres de Boko Haram qui enlèvent, violent et tuent, perturbent l’organisation agricole, piscicole, et sociale de ces zones frontalières. L’économie y est tout simplement ralentie, la stabilité politique extérieure et intérieure y est 25

immédiatement réduite à cause des actions de ces acteurs sociopolitiques qui cherchent à s’affirmer. Les mouvements de rébellion contre le pouvoir central, qui n’ont parfois rien à voir avec ce groupe, en profitent pour proliférer dans les zones excentrées et en déshérence. Des groupes itinérants se segmentent puis se reconstituent des centaines de kilomètres plus loin, hors de leur pays d’origine, sur la base de solidarités intraethniques-transfrontalières, n’ayant d’autre choix pour survivre que le cycle : embuscades, braquages, enlèvements, pillages, contrebande, braconnage, fraude douanière. Ce banditisme de survie se termine inévitablement par le meurtre de douaniers, de policiers, de soldats, d’autorités administratives. Il y a une corrélation entre réfugiés et banditisme, une corrélation entre banditisme de survie et criminalité organisée, une corrélation entre criminalité organisée et rébellions armées, reposant sur des solidarités logistiques de pauvres gens, qui n’ont aucune conscience de l’ensemble de la logique qu’ils servent. Des partenariats entre acteurs du crime se font, avec l’intégration d’acteurs, qui n’ont pas d’intention criminelle et qui permettent la constitution de bandes redoutables. Il faut réinventer des solutions puissantes et efficaces.

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CHAPITRE 2 Vers des solutions multilatérales Pour bâtir une politique de paix au centre de l’Afrique, il est, donc, évident, comme l’a parfaitement expliqué le Président Déby à Dakar, qu’une coopération internationale doit voir le jour. La présidence de la Centrafrique doit travailler à inventer une réponse multilatérale concertée. Le gouvernement centrafricain doit encourager les initiatives interafricaines, en matière politique, encourager les politiques de bonne gouvernance et de lutte pour la démocratie, encourager les initiatives interafricaines, en matière de dialogue interculturel, encourager les initiatives interafricaines en matière de politique environnementale et de développement durable. En matière sociale, elle doit encourager les progrès humains et les efforts de santé, elle doit surtout encourager les politiques centrées sur l’éducation, le partage des valeurs, des connaissances et des ressources humaines, elle doit encourager les investissements étrangers, encourager les politiques de pluralisme, d’indépendance des médias, et le développement des technologies de l’information.

Une approche globale est indispensable Le phénomène terroriste en Afrique se développe à cause d’une mauvaise politique de coordination, menée à l’échelle de l’Union africaine, et à celle des différentes sous-régions. On note trop de déclarations d’intention, sans actes concrets et sans déploiement des moyens adéquats. Ce travail doit, par exemple, se faire par un soutien centrafricain inconditionnel à la création du quartier 27

général d’une force sous-régionale, pour la lutte contre Boko Haram, décidée lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la commission du Bassin du lac Tchad (CBLT), le 7 octobre 2014, à Niamey. La Centrafrique doit s’impliquer dans le travail fait dans le cadre des accords de Cotonou de juin 2000 et soutenir, ainsi, la stratégie de l’Union Européenne, ses cinq missions civiles, ses quatre opérations militaires dont Eufor. La Centrafrique doit appuyer la politique de la France qui intervient militairement sous mandat international, et qui permet, toujours, au moins en cas de crise, la fixation des rapports de force. Les formations données à l’Ecole de guerre, au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS), à l’IHEDN (session Afrique), au GIGN, etc. doivent recevoir systématiquement des ressortissants centrafricains, capables, ensuite, d’établir des liens opérationnels sur le terrain et d’optimiser les capacités de projections étrangères. Il est urgent de trouver une adaptation au développement transfrontalier des activités illicites, par le renouvellement des doctrines militaires, par la réorganisation des forces armées centrafricaines et par la recréation des dynamiques institutionnelles continentales auxquelles la Centrafrique doit contribuer. La coopération internationale doit se faire au sein de l’ONU par l’élaboration de sanctions claires par le conseil de sécurité, appliquées ensuite dans le cadre CEMAC grâce à une collaboration internationale des instances judiciaires et répressives. La Centrafrique doit s’inscrire pleinement dans la stratégie antiterroriste mondiale adoptée, le 8 septembre 2006, par 192 Etats, suite aux recommandations de Kofi 28

Annan, alors Secrétaire Général, consistant en l’adoption d’une approche commune à l’égard du phénomène terroriste. A la porosité des frontières, il faut opposer une surveillance mutualisée des frontières, et le contrôle des marchés proches des frontières. Dans les pays, où il est facile d’échapper à des contraintes comme un plan de vol et des formalités douanières et de police, il est parallèlement difficile de combattre efficacement la criminalité et de détecter les activités subversives. Comment les terroristes, qui ont failli abattre un avion de ligne avec un missile SAM-7 à Mombasa, avaient-ils pu introduire cette arme en fraude au Kenya ? A l’isolement des forces de l’ordre, il faut opposer la coopération, avec des moyens satellitaires, entre les forces de l’ordre au-delà des frontières ; à la prolifération des armes légères, il faut opposer le désarmement systématique, le combat du marché noir, la destruction des arsenaux privés et des caches d’armes. Ceci suppose le déploiement du renseignement d’Etat, à des fins intérieures. Les militaires démobilisés doivent avoir un rôle officiel dans l’armée ou la police nationale, les excombattants doivent pouvoir mettre leur force au service de l’Etat officiel, les bandits de grand chemin doivent être jugés et condamnés. L’usage de la terreur, qui accompagne un viol ou un enlèvement, même non revendiqué, constitue toujours un acte qu’il faut considérer comme terroriste. La réponse à la dégradation sécuritaire n’est pas, cependant, seulement sécuritaire, elle doit intégrer une prise en compte de la fracture socio-économique.

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Lutter contre la pénétration de l’islamisme radical dans la région La disparition de la présence de l’Etat dans une partie non négligeable du territoire est le fait d’une agitation des islamistes. Elle conduit, toujours, une proportion plus importante de la population à souffrir de la faim, les enfants sont plus nombreux à mourir jeunes, les inscriptions dans l’enseignement primaire reculent, l’espérance de vie décline. La Centrafrique doit dénoncer cette dérive islamiste et la combattre. Elle ne peut le faire seule. Le constat doit être partagé sans ambiguïté. D’autres régions africaines connaissent un développement majeur de ce phénomène, dénoncé par Obama, lors de sa visite en Somalie pendant l’été 2015. Les islamistes Shebab, qui sont bien installés en Somalie et qui y sèment la terreur, opèrent, désormais, hors des frontières de ce pays, notamment, au Kenya, où l’attaque contemporaine, du 2 avril 2015 par exemple, a fait au moins 147 victimes, sur le campus de l'University College de Garissa, ville située à l’est, à environ 150 kilomètres de la frontière somalienne. Ces islamistes menacent très clairement de représailles tous les gouvernements ayant envoyé des troupes en Somalie pour lutter contre cette nébuleuse islamiste. Le terrorisme est présent en Centrafique depuis l’arrivée de la Séléka au pouvoir le 24 mars 2013. La lutte contre le terrorisme dans le monde doit prendre en compte ce nouveau terrain du terrorisme. Les Etats-Unis, la France et l’Occident doivent intégrer la Centrafrique dans leurs plans d’action préventive et répressive. La formation des Imams modérés, selon l’exemple marocain, est un impératif urgent autant qu’une solution fondamentale. La fermeture et l’interdiction de tout lieu de culte extrémiste sont une urgence. 30

CHAPITRE 3 Vers des solutions nationales Il faut refonder la base de la démocratie centrafricaine Dans un troisième temps, chacun admet que l’enjeu de la démocratie est central dans l’établissement des conditions préalables au développement de la paix dans le pays. Il est alors nécessaire de replacer cette problématique dans une juste perspective. Pour éviter les retours en arrière, il est fondamental que la viabilité du système politique repose sur la protection du mandat présidentiel et de la personne qui exerce la magistrature suprême. La mise en cause de la responsabilité du chef de l’Etat doit se faire selon les exigences constitutionnelles ordinaires. Un pouvoir fort ne tient pas sa légitimité que des urnes, mais aussi de l’établissement solide de mécanismes de contre-pouvoirs légitimes et juridiquement solides. Le chef de l’Etat doit asseoir un pouvoir fort, mais ce pouvoir doit pouvoir voir sa responsabilité engagée. L'alternance est une exigence de la démocratie que l'on peut faire remonter à la Grèce antique. Aristote disait : « il est évident que tous, pour bien des raisons, doivent jouer pareillement tour à tour les rôles de gouvernant et de gouverné » (Politique, VII, 13-14). Il n'est ni juste, ni sain que ce soit toujours les mêmes qui gouvernent ; les Grecs voyaient d'ailleurs dans le pouvoir perpétuel l'une des marques de la tyrannie. La vie politique centrafricaine doit permettre l'alternance. L’enracinement dans le pouvoir étant 31

contraire à l'exigence d'alternance, qu'il soit pratiqué dans la branche exécutive comme dans la branche législative, il n'est pas idiot que la limitation du nombre des mandats soit étendue à toutes les fonctions électives. L'alternance authentiquement démocratique exige non seulement que tous les courants, toutes les sensibilités politiques puissent se faire entendre dans la compétition pour le pouvoir ; elle exige aussi de donner aux électeurs eux-mêmes la possibilité de choisir celui d'entre eux qui, seul ou allié à d'autres, dirigera le pays pour la durée d'une législature. Dans notre région frappée par le terrorisme à multiples causes et multiples visages, il n’y aura pas de démocratie, tant qu’il n’y aura pas de libre circulation des personnes et des biens, tant que le développement sera arrêté. L’insécurité née des activités terroristes engendre la peur chez les populations, qui ne disposent plus de la quiétude nécessaire à leurs différentes activités. La peur atteint aussi les investisseurs économiques, promoteurs de projets et autres bailleurs de fonds. Quant au secteur du tourisme, il est atteint plus que les autres secteurs. Les touristes fuient les zones où les terroristes sont réputés actifs. Ainsi, dans de trop nombreux endroits du territoire centrafricain, les groupes ou mouvements terroristes se font passer pour les autorités souveraines, dans les zones qu’ils contrôlent. Ils légifèrent, agissent et régulent les activités : commerce, tourisme, agriculture, élevage, école, religion, justice. Disposant de suffisamment d’armes et agissant par la terreur, ils ont les moyens de se faire obéir. Les terroristes qui s’adonnent au commerce de drogues, de trafics d’armes et même de blanchiment d’argent, renforcent leur puissance.

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Dans cette entreprise, les groupes sont interconnectés et font preuve de solidarité sans faille. Le narco-terrorisme, activité essentiellement transfrontalière, touche différents pays africains et s’étend aussi aux pays européens, asiatiques et d’Amérique du Sud. On peut parler de coopération narcoterroriste. La cocaïne transite par l’Afrique de l’Ouest, mais aussi par l’Afrique centrale avant d’atterrir dans les pays européens. Ces situations sont facilitées par l’absence de contrôle des ventes et de la circulation des marchandises. La drogue circule et finance les armes qui servent les besoins du terrorisme. Les armes, qui ont servi aux groupes de rebelles, sont susceptibles de se retrouver entre les mains des terroristes. On doit aussi ajouter que les anciens combattants des groupes rebelles africains qui ne luttaient que pour la prise du pouvoir, peuvent aussi devenir des terroristes. Confronté à la prolifération des armes légères, le territoire centrafricain court le grand risque d’alimenter l’approvisionnement des terroristes ou de potentiels terroristes. La démocratie suppose des institutions qui permettent la mise en place de politiques de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants, ce qui conduit à la maîtrise ou au contrôle des armes et des munitions. Cet objectif ne sera atteint qu’avec des instruments juridiques nouveaux. C’est un défi de la future gouvernance centrafricaine. Cette bonne gouvernance suppose encore des hommes assez forts pour faire face à la tentation perverse de l’alimentation des crises par le pouvoir, parce qu’elles permettraient, paradoxalement, aux hommes de rester au pouvoir.

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Les acteurs étatiques et sous-étatiques ont, en effet, parfois intérêt à favoriser la guerre et le désordre, puisque ceux-ci peuvent leur fournir des occasions supplémentaires d’accumuler des ressources. Ils créent, en fait, des contre-pouvoirs, qui n’existent pas en droit, et une opposition qui ne peut émerger de façon institutionnelle. En l’absence d’autres possibilités et dans des conditions de raréfaction des ressources, associer la vie politique au règne du désordre devient une tentation irrésistible. La violence apparaît nécessaire pour acquérir ou conserver sa part du gâteau. Le désordre devient lui aussi un impératif et une chance en termes de gains prévisionnels, alors que les incitations à organiser la société d’une manière plus formelle se raréfient. L’instauration de contre-pouvoirs, qui aident l’exécutif, en avançant avec lui de concert, et qui, dans le même temps, le contrôlent, devient un impératif pour le prochain mandat.

Pour encourager le développement, il faut protéger la stabilité politique Protéger les conditions d’une stabilité politique, c’est permettre le développement. Ce défi ne peut être relevé que par la condamnation ferme de toute forme de conflictualité. Ainsi des cas où l’État ne représente plus que le pouvoir d’un dirigeant, sur un territoire réduit, le reste du pays échappant à toute autorité légitime et devenant ainsi zone de non droit. Le terrorisme est par nature organisé, même si un enchaînement d’événements, qui ne serait dû qu’au hasard, parvenait lui aussi à semer la terreur. Ses constantes, le dénominateur commun de ses différentes attaques, demeurent l’intimidation d’une cible particulière, la destruction, au moins partielle, d’un système politico34

économique spécifique. Il faut préserver la stabilité politique en Centrafrique en protégeant la continuité de l’Etat sur tout le territoire. La RCA fait partie des pays du tiers monde. Hélas, ce pays se caractérise par des carences en matériels et en personnels qualifiés. A cette situation, il faut ajouter une pathologie de la démocratie et une absence de probité qui paralysent les institutions nécessaires au bon fonctionnement de l’Etat. La corruption est l’une des causes fondamentales de la faillite de l’Etat centrafricain, avec pour corollaires, l’insécurité et la paupérisation de la population. La corruption se manifeste en Centrafrique par la désignation des cadres et agents de l’Etat : loin de nous l’idée de jeter l’opprobre sur tous les fonctionnaires et agents de l’Etat, mais force est de constater que les recrutements de ces derniers se font, d’une part sur des critères ethniques, tribalistes et confessionnels. On ne privilège que les proches, amis des adeptes de sa région ou de sa religion. D’autre part, les candidats qui n’ont pas d’attaches avec les représentants de l’Etat, chargés du recrutement, sont obligés de payer ou tout simplement d’acheter leur poste. Le savoir, le savoir-faire et le respect de la déontologie des métiers ne sont hélas pas pris en compte dans la désignation des fonctionnaires centrafricains. Cette situation prévaut, particulièrement, dans l’administration régalienne comme l’armée nationale, la police, la douane, les services des impôts. Les conditions dans lesquelles les cadres de l’Etat sont désignés, ne garantissent pas le respect des règles du métier. Ainsi, il n’y a pas de contrôle, ni de sanction des agents indélicats. La corruption entraîne l’impunité à tous les niveaux et dans presque toutes les institutions nécessaires au fonctionnement normal de l’Etat, qui, du 35

coup, est affaibli et privé de moyens pour honorer ses charges. La corruption n’a épargné aucune catégorie, aucune couche sociale en Centrafrique. Parmi les dirigeants, on trouve des chefs d’entreprises, alors que leur statut ne devrait par leur permettre d’exercer des activités commerciales. Ces dirigeants, qui sont en faits des commerçants, utilisent leur statut pour contourner le fisc. Ce faisant, ils se livrent en toute impunité à plusieurs infractions, telles que les fraudes à la douane et la concurrence déloyale. Les vrais commerçants sont astreints à diverses redevances, les autres bénéficient, grâce à la corruption, de diverses exonérations. Pour la plupart, les chefs d’entreprises préfèrent corrompre les inspecteurs des impôts, ou de la douane, plutôt que de payer leur redevance, conformément à la situation de leur entreprise ou à leur assiette fiscale. Dans la corruption, il y a toujours un corrupteur et un ou plusieurs corrompus. La corruption a affaibli et appauvri l’Etat centrafricain. Elle a également changé la mentalité des agents de l’Etat qui ont perdu le sens du civisme et du patriotisme. Il est très urgent de réformer le code des impôts et de la douane, de rétablir les centres de formation de tous les cadres de l’Etat, afin de leur inculquer les valeurs républicaines, le sens de la probité ainsi que le respect de la déontologie de leurs métiers respectifs. Il faut également rétablir et renforcer les outils de contrôle des agents de l’Etat. Les agents incompétents, ou mal formés nécessitent une prise en charge spécifique, en terme de stages de perfectionnement ou de recyclage, afin d’améliorer leurs performances au service de l’Etat. Les agents incompétents et corrompus doivent être sortis de la haute fonction publique. Il faut mettre un terme aux

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nominations, au recrutement des fonctionnaires et agents de l’Etat sur des critères subjectifs et ethniques. La lutte contre la corruption nécessite donc du courage et, surtout, de la volonté politique. Il faut également mettre fin aux cumuls des activités des dirigeants véreux. Il faut mettre un terme aux manœuvres frauduleuses des entreprises qui ne veulent pas prendre leurs responsabilités dans l’œuvre de reconstruction nationale à laquelle nous sommes tous appelés. C’est comme cela que nous vaincrons la corruption.

Il faut reconstruire la fierté de l’armée centrafricaine Les quelque 8.000 militaires qui composent l’armée centrafricaine, FACA, se sont évaporés dans la nature. Deux nébuleux groupes armés que sont la Seleka et les Anti-balakas, ont le contrôle des territoires. Il faut faire rentrer les militaires dans les casernes, valoriser les compétences des officiers les mieux formés et leur rendre leur commandement. Les chefs des quartiers sont d’un apport non négligeable dans le désarmement des milices Antibalaka. Connaissant les profondeurs de leurs quartiers, connaissant leurs administrés, les chefs des quartiers peuvent travailler aux côtés des militaires pour leur indiquer les caches d’armes et les responsables des milices Antibalaka. Certains militaires ont choisi de rentrer dans les milices pour se protéger. D'autres ont simplement déserté. Du coup, résoudre la crise centrafricaine équivaut à réhabiliter l’armée nationale, ce qui faciliterait d'ailleurs le travail des missions de maintien de la paix sur le terrain. En plus de la réouverture de l’École militaire créée par Bokassa, il faudrait aussi mettre en place un HautCommissariat chargé des réformes du secteur de sécurité et du désarmement, de la démobilisation, et de la 37

réinsertion. Il importe également de créer, d’urgence, un état-major composé d’une équipe spécialisée dans les situations de crise. Elle serait attentive à la sous-région, observée de façon permanente, analyserait quotidiennement l’actualité relevant de la Sécurité et de la Défense. Il lui faudrait renforcer une surveillance des frontières nationales reliant la RCA au Tchad, au Soudan, au Cameroun et aux deux Congo. Il lui serait donné pour mission d’établir des bases militaires à ces frontières, pendant et après le désarmement en cours dans le pays. Ces bases, situées aux frontières, auraient pour mission d’éviter l’entrée et la circulation de nouvelles armes légères en RCA, sur tous les axes routiers reliant la RCA au Tchad, au Soudan et au Congo Démocratique. Il importe de ne pas intégrer les éléments Séléka dans l’armée nationale, mais plutôt de rétablir les FACA. Les Séléka, ayant brillé par des actes de violence aveugle, leur incorporation dans l’armée nationale (FACA) serait dangereuse pour le pays. Leur présence dans les FACA serait potentiellement source de nouveaux conflits militaro-politiques après les prochaines élections. Les éléments qui viendront à être réintégrés dans l’armée (anciens FACA devenus Séléka) doivent accepter d’abandonner leurs grades d’officiers acquis dans le maquis. De même, ils doivent suivre une formation militaire et souscrire aux règles d’organisation et de fonctionnement de l’armée (discipline et obéissance, etc). Il importe de mettre en place une Direction Générale des Renseignements, digne de ce nom. Ce service devrait être confié à des professionnels, formés et expérimentés. Pour que le désarmement soit efficace et durable, un service de renseignements efficace est nécessaire.

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Il faut organiser les Etats Généraux de la Défense et de la Sécurité. Ces assises nationales, ouvertes aux experts militaires étrangers (Union Africaine, Union Européenne et ONU), doivent analyser, dresser un état des lieux des forces centrafricaines de Défense et de Sécurité et proposer des solutions en vue de la refondation de l’armée nationale, de la gendarmerie et de la police. Un état-major des Forces régional, doté de réels moyens de travail, est important. Ce serait un organe commun autonome, durable et efficace, chargé de dissuader les éventuels fauteurs de troubles de tous ordres. On pourrait lui octroyer des missions de rétablissement de la paix, de sauvetage, des missions humanitaires, et renforcer la coopération bilatérale et multilatérale en matière de Renseignement et de Sécurité, par le partage des données, lutter contre les mouvements rebelles et autres bandits écumant les territoires des différents pays, former et recycler les agents des services de Renseignements et de Sécurité des pays membres.

Une politique de paix durable doit être fondée sur la justice régionale Agir contre les conflits suppose une vigilance globale permanente. Cette vigilance doit se prolonger par un encouragement de la communauté internationale et de la France aux diverses initiatives africaines tendant à la recherche d’une solution pacifique. En plus de s’appuyer sur l’Union africaine et la CEMAC, il faut s’appuyer juridiquement sur le Pacte Africain de non-agression initié par le Président Sassou Nguesso. Ce Pacte vise l’extinction des foyers de tensions sur le continent, en travaillant à la restauration de la sécurité des Etats, des personnes et des biens. 39

Il prend en compte les dimensions politiques, économiques, sociales, environnementales des questions de sécurité en Afrique. Il intègre une approche globalisante qui prend en compte, dans le champ politique, une vision complète des conflits dans leur contexte et non de façon isolée. Pour dénoncer des atteintes aux droits de l’homme, il faut s’appuyer sur la Cour africaine des droits de l'homme et non pas entamer des actions qui, elles-mêmes passent par la violation des droits de l’homme ou confondre opposition politique et instrumentalisation de la Cour Pénale Internationale. En Centrafrique, il importe d’œuvrer à changer les comportements, à forger des valeurs de tolérance, de dialogue, d’écoute mutuelle, d’acceptation de la différence, de paix et de susciter les transformations institutionnelles, pour éliminer les racines profondes de la violence, de l’exclusion, de la marginalisation, c’est-à-dire du conflit. Les autorités de transition coopèrent par ailleurs activement avec la Cour Pénale Internationale. Saisi par les autorités de transition, le bureau du procureur de la CPI a ouvert, en septembre 2014, une enquête préliminaire sur les crimes commis en RCA depuis août 2012. Cette coopération doit être renforcée. Il importe d’organiser dès que possible une grande Assemblée de Réconciliation Nationale. Le peuple centrafricain est tellement meurtri dans sa chair, qu’il faut rapidement convoquer une Conférence Nationale d’une semaine, pour permettre de tisser à nouveau l’unité nationale, aujourd’hui mise à mal. Il faut rapidement créer un Tribunal Pénal International pour la République centrafricaine. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Mme Samantha Power a déclaré lors de ses visites, en décembre 2013, à Bangui et Ndjamena, que les auteurs des crimes en Centrafrique ne doivent pas rester impunis. Cette prise de 40

position de l’Administration Obama, relayée par Mme Power, mérite d’être entendue et soutenue par la communauté internationale, les pays épris de justice et les organisations des droits de l’homme. L’impunité explique en partie les crimes à répétition, en Centrafrique, depuis 1996. Les militaires et les civils tuent, pillent, massacrent et ensuite, on leur accorde l’immunité. Et demain, ils recommencent. Il faut que la France, les Etats-Unis et l’Union Européenne œuvrent rapidement pour la naissance de ce Tribunal Pénal International pour la République centrafricaine dont le siège pourrait être fixé au Sénégal, en Guinée Conakry, au Cap Vert ou à Sao Tomé-et-Principe.

L’éducation comme arme contre la culture de la guerre Il s’agit de prendre un chemin culturel contribuant au rejet d’une culture de guerre. Ce chemin passe par l’éducation et non par le réflexe des armes. La Centrafrique doit, en cette matière, s’inspirer des réussites obtenues par le Président du Tchad, Idriss DEBY. Il est à noter que le Tchad a rejoint le Partenariat mondial pour l’éducation, en 2012. Lla Centrafrique doit rejoindre ce partenariat mondial et doit favoriser une coopération engagée avec l’Unesco. Le Tchad a également obtenu deux financements du GPE pour la période 2013 – 2016. La stratégie sectorielle est essentiellement axée sur le recrutement et la formation d’enseignants, l’augmentation du taux de scolarisation, par l’accélération du rythme de construction de salles de classe et la fourniture de repas dans les zones isolées, ainsi que l’allocation aux écoles de matériel pédagogique d'apprentissage et d'enseignement. La réussite tchadienne doit inspirer l’autorité centrafricaine. On note la construction de 221 salles de 41

classe et de 30 blocs de toilettes, un apport de repas scolaires à plus de deux cent mille élèves, la formation de plus de 500 formateurs d’enseignants, dans les communautés, la distribution de près de deux millions d’exemplaires du guide de l’enseignant et de manuels scolaires en 2014. (Source : Projet de revitalisation de l’éducation de base du Tchad – IIème Rapport Annuel Conjoint pour 2014). La stratégie intérimaire pour l’éducation et l’alphabétisation (SIPEA) présente neuf priorités clés du développement du secteur éducatif à court terme, qui doivent inspirer le futur gouvernement centrafricain : 1. Offrir la scolarisation primaire pour tous. 2. Réduire les disparités géographiques, socioéconomiques et entre les sexes afin de promouvoir l’accès aux services éducatifs pour les enfants les plus défavorisés et vulnérables. 3. Instaurer des mécanismes d’alerte pour la gestion des urgences, dans les délais, au sein des établissements scolaires. 4. Réduire les dépenses en matière d’éducation, supportées par la communauté, au niveau du Primaire. 5. Établir une stratégie d’alphabétisation fonctionnelle, impliquant tous les partenaires et parties prenantes. 6. Tester des services éducatifs de base non formels, pour les enfants en âge d’être scolarisés (9 à 14 ans), afin de les intégrer dans la société. 7. Améliorer la qualité de l’apprentissage.

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8. Instaurer des normes, des outils techniques et des mécanismes institutionnels, afin de simplifier la gestion et de transformer les ressources allouées aux élèves en apprentissage. 9. Améliorer la mobilisation des publiques, pour le secteur éducatif.

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ressources

En conclusion Le Parti Chrétien Démocrate (PCD) de Centrafrique milite pour un mieux-être en Centrafrique. Le combat pour l'amélioration du sort des Centrafricains, que mène le PCD, repose principalement sur une conciliation des valeurs de la démocratie et des valeurs chrétiennes. L'idéologie du PCD est une idéologie sociale et chrétienne, parce que ce parti place les Centrafricaines et les Centrafricains au coeur de son projet de société et de son programme, sans distinction aucune. Pour mon parti, la République centrafricaine est un Etat qu'il faut, aujourd'hui, entièrement reconstruire. Cette œuvre nécessite la mise en place de nouvelles institutions démocratiques, puisque le peuple centrafricain n'a de cesse d'exprimer son aspiration à la démocratie et à la paix.

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Table des matières PREFACE ......................................................................... 7 Introduction .................................................................... 11 CHAPITRE 1 Le conflit centrafricain est continental et régional .... 15 Les conflits sont, en Centrafrique, la manifestation d’inégalités traditionnelles ........................................................................... 15 Trafics, armement, mercenariat ............................................... 17 L’influence négative de l’instabilité de la bande sahélosaharienne ................................................................................ 19 L’influence négative de l’instabilité de la frontière soudanosoudanaise ................................................................................ 20 L’influence de l’instabilité de la frontière tchado-camerounaise ............................................................... 22

CHAPITRE 2 Vers des solutions multilatérales .................................. 27 Une approche globale est indispensable .................................. 27 Lutter contre la pénétration de l’islamisme radical dans la région........................................................................................ 30

CHAPITRE 3 Vers des solutions nationales......................................... 31 Il faut refonder la base de la démocratie centrafricaine .......... 31 Pour encourager le développement, il faut protéger la stabilité politique .................................................................................... 34 Il faut reconstruire la fierté de l’armée centrafricaine ............ 37 Une politique de paix durable doit être fondée sur la justice régionale ................................................................................... 39 L’éducation comme arme contre la culture de la guerre ......... 41

En conclusion .................................................................. 45

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La Centrafrique aux éditions L’Harmattan

Dernières parutions dialogue (Le) islamo-chrétien en Centrafrique

Ndéma Justin

Pour éviter toutes sortes de manipulations du religieux par le politique, et surtout pour prévenir les risques d’un conflit interreligieux en République centrafricaine, cet ouvrage propose une médiation de l’humanité du Christ comme chemin du dialogue islamo-chrétien. Qu’est-ce que nous disons du Christ qui nous permette d’entrer en dialogue avec les autres croyants ? (Coll. Croire et savoir en Afrique, 17.00 euros, 166 p.) ISBN : 978-2-343-04304-3, ISBN EBOOK : 978-2-336-36095-9 Église (L’) et la démocratie en Centrafrique

Appora-Ngalanibé Richard

Cet ouvrage se propose d’étudier les Lettres pastorales publiées lors de la Conférence Épiscopale Centrafricaine pour dire la position de l’Église et accompagner le processus démocratique en Centrafrique, régulièrement mis à mal par d’interminables rebellions et coups d’État ces dernières décennies. Ces lettres constituent un témoignage éloquent de la participation de l’Église centrafricaine à l’éveil d’une conscience lucide et responsable de la population. (Coll. Croire et savoir en Afrique, 12.00 euros, 104 p.) ISBN : 978-2-343-04305-0, ISBN EBOOK : 978-2-336-36104-8 Où en est l’urbanisation en Centrafrique ?

Mossoa Lambert

C’est ce phénomène prodigieux d’un monde nouveau en gestation dans les villes centrafricaines que l’auteur a essayé d’observer et de comprendre, et c’est dans une perspective géographique qu’il a tenté d’en aborder l’étude. L’objectif est de fournir une première réponse toute provisoire et imparfaite qu’elle soit, à cette seule question : où en est l’urbanisation en Centrafrique ? (12.50 euros, 118 p.) ISBN : 978-2-343-03864-3, ISBN EBOOK : 978-2-336-35737-9 Centrafrique La dérive singulière

De Sassara Honki

L’histoire de la Centrafrique est une suite de drames humains qui se déroulent loin des regards et dont on parle à peine. En 1905, le pays est intégré à l’AEF

comme colonie française et va connaître le système colonial le plus féroce. En 1959, à la veille de l’Indépendance, l’équipe politique est décimée par un attentat et les médiocres ne cesseront ensuite de se coopter entre eux à la tête du pays, jusqu’à aujourd’hui. (18.50 euros, 190 p.) ISBN : 978-2-343-03193-4, ISBN EBOOK : 978-2-336-35381-4 Repenser la sécurité en République centrafricaine

Doui-Wawaye Augustin Jérémie

En République centrafricaine, la lutte obsessionnelle pour le pouvoir et la guerre civile ont provoqué massacres, tensions intercommunautaires et haines viscérales. Mais comment sortir de cette fatalité ? Le défi à relever serait d’amorcer une réconciliation entre les couches sociales fracturées, rétablir la confiance entre les Centrafricains et leurs leaders et restaurer l’autorité des institutions étatiques. Il faudrait aussi redéfinir le mot : sécurité. (Coll. Études africaines, 12.00 euros, 104 p.) ISBN : 978-2-343-04140-7, ISBN EBOOK : 978-2-336-35696-9 Répertoire de l’administration territoriale de la République centrafricaine

Serre Jacques, Fandos-Rius Juan

Le présent travail trace l’évolution du commandement des différentes unités administratives, aujourd’hui préfectures et sous-préfectures, de la République Centrafricaine depuis leur création jusqu’à nos jours. Le répertoire est accompagné des notes historiques dans l’optique des découpages des unités administratives. Au présent la République Centrafricaine veut s’engager dans une politique de la décentralisation et de la régionalisation en faveur de la démocratie locale et d’une administration plus proche des administrés. (19.50 euros, 294 p.) ISBN : 978-2-343-01298-8, ISBN EBOOK : 978-2-336-35580-1 De l’Oubangui-Chari à la République centrafricaine indépendante

Simiti Bernard

La République centrafricaine, ex Oubangui-Chari, a célébré le 13 août 2010 le cinquantenaire de son accession à la souveraineté internationale. Cette marche vers l’indépendance s’inscrit dans le contexte global de revendications de l’autonomie politique par les anciennes colonies françaises d’Afrique. Cet ouvrage est une justice faite à Barthélemy Boganda, leader de la lutte pour l’indépendance et fondateur de la République centrafricaine. (Coll. Études africaines, 10.50 euros, 66 p.) ISBN : 978-2-336-29347-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-53187-1 troupe (La) de Bemba était tombée sur nos têtes

Bepou-Bangue Johanes Arnaud

Pays peu peuplé, la République de Centrafrique a été secouée par une énième tentative de putsch en octobre 2002. Pour renforcer l’armée loyaliste affaiblie, les autorités en place ont fait appel à une rébellion étrangère en renfort : Le

Mouvement de la Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo. Les hommes de la troupe ont commis viols, pillages et autres exactions. L’auteur se remémore des souvenirs pénibles et révèle sa version des faits. (10.00 euros, 68 p.) ISBN : 978-2-296-99552-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51702-8

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