Noms d'agent et noms d'action en indo-europeen


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Noms d'agent et noms d'action en indo-europeen

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NONIS D'AGENT ET NOMS D'ACTION EN INDO-EUROPÉEN

E. BENVENISTE

NOMS D'AGENrf ET NOMS D'ACrl ION 1

EN INDO-EUROPÉEN.

Ou vrage publié auec le concou rs

cla Cenlre 1Vational de la Recherche .Sci enl iflq1w .

PAHIS ADRIEN-MA'ISO NNEU VE 1,, HU.E SAI NT-SULPi cE, 6°

ERllATA P . g, n. :i, 1. :i. Lire: Notion . P. 80, 1. 18. Snpprimor lo poiut el virgule fin al. P. 135, 1. 17. Lire: ohjot.

AVANT-PROPOS

Cet ouvrage forme la suite de nos Origines de la formation des noms en indo-européen et en constitue le deuxième volume, bien tardivement publié 1 • Le titre a été modifié pour répondre mieux au contenu : il ne s'agit plus cette fois de restituer des formes, mais d'interpréte1· des fonctions. Dans le nste domaine de la suffixation des noms, nous avons étudié quelqu es formations bien représentées et déjà plusieurs fois d écrites: uoms d'agent (-ter, -tor), noms d'action (-ti, -tu), et - au rtsqn e d e déborder le titre - formes de cc gradation », comparatif et superlatif. En outre , de chacune de ces formations dépendent diverses classes de dérivés que nous avons considérés :1 leur tolir. Au total l'examen graduellement élargi embrasse nn c portion notable de la suŒxation nominale . Examinant successivement ces grandes catégories dans leur fonction, nous essay ons de déceler le système d'oppositions par lequel elles valent. Chacune d es parties du livre consiste donc en une confrontation : pour les noms d'agent , entre -ter et -tor; pour les noms d 'action, entre -ti- et -tu-; pour le s comparatifs, entre les deux t_vp es et les deux constructions connus. Nous aboutissons , par un e analyse S?nchronique dont le détail remplit la suite des chapitres, :1 dégager pour chaque catégorie, un jeu de valeurs contrastées oô ressortent deux notions distinctes de l'agent et d e l'action. Et i, son tour ce dédoublement révèl e une symétrie profond e entre les deux catégories. Daris la dernière partie, on 1 . Da11 s l'intervall e il y a e n, pour l'auteur, d'autres pnblications, l'inlerruption de la guerre, la perle de Ions ses travaux manuscrits, et l'obligation de reconstitner la docnme11tat.io11 entière dn présent ouvrage .

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NOMS

n' AGENT

ET NOMS

o' ACTION

EN INDO-EUROPÉEN

tente d' expliquer, par une coordination systématique qui les unifie , d es form es réparties historiquement dans des classes très diverses: comparatifs , superlatifs , ordinaux, adj ectifs verbaux , à partir du suffixe -to-. Au delà d es conclusions particulières où nous amèn e chacun de ces problèmes, notre démonstration vérifiera un princi pe simple : quand deux formations-vivantes fpn ctionnent en con currence , elles ne sauraient avoir la mêm e valeur ; et , corrélativement : des fon ction,s différentes dévolues à une mêm e form e doivent avoir une base commune. Il incombe aux linguistes de retrouver ces valeurs, généralement peu apparentes et souvent t r ès c:-1-chées. Si l'_ess~i te.nté ici trouve approbation , un comm encement d 'organisation sera introduit dans qu elque s parties d e ce vaste_ ensemble de la morphologie suffixal e . On verra pa r ·suite l'ét endu e d e la tâche qui demeure , peu.t -êt.re aussi comm.e nt ]'abord er .

PREMIÈRE PARTIE

NOMS

D'AGENT

Une des catégories les plus sûrement établies de la morpholog ie nominale indo-européenne est celle des noms d 'ag·ent en *-t'/ r. Définie pal' un suffixe de forme claire et par un sens constant , -attestée -dans le s phis anciennes langues , largement productive au cours de l'histoire, elle a été plusieurs fois décrite et si exactement qu'il n e semble pas qu'on trouve motif à en r eprendre l'étude . Un fait cependant dem eure étrange : cette catégorie est r e présentée en grec par deux suffixes distincts , -n\p et -i:p . L' histoire d es formes en -rqp et -,c,ip cn grec a été retracée avec une conscience exe mplaire par Ernst Fraenkel I et plusieurs fois i·ésumé e depuis. Mais jamais aucun auteu1· n 'a seulement r echer ché la raison d e cette doubl e forme. Quand on la mentio nn e, c'est pour dire qu 'il n'y a aucune différence d e l' une à l'autre 2 • Par ailleurs, on signale bien en védique deux types, datar et data,·, différen ciés par le. ton et par la rection, mais la distin ction est attribu ée à une innovation indienne . Les comparatistes sc ju gent toujours fond és it traiter d ' un suffixe uniq ue *-t'/ 0 r et d ' un e notion simpl e d e l' « agent ». La pr ésente étude tend il établir qu'il y a une différence entre *-tor et *-te,· .. De cc fait, - l' histoire.-et la valeur des form es, la conception de l' cc agent » , la fon ction d es suffixes doivent être soumis ii un e r eY Îsion complète, qui fait l'objet des chapitres suivants . Cet examen porte successivement sur les langues - le véd ique, l'avestiq ne et le g rec - où le ty pe ancien est conservé , et se fond e d'a bord sur les particularités morphologiques propres a car actéris er les deux_ formations. On les distingue : par la 0

Ernst Fraenkel , Gesch. der yriech. Nomina ayenlis auf -,fip, --cwp , --c'fj; (-~-) . II 191l. Cet ouvrage contient l 'essentiel des faits grecs utilisés ici . 1. cc Ein Un terschied in der Bedeutung ist nich t erk.ennbar » (Risch, ll'ortbilcl. der homer. Spr ., p. l5, § 13 b). Moti on impli cite aussi dans nos Origines, p . IOfl. I

I.

I !)IO,

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~OM S

n ' A GENT

nature, pl e ine on r éduite, du vocalism e radical ; p ar la pla ce du to11 ; par la r ection , nominal e ou verbale. Or , e n védique , les d e ux formations sont distingu ées par l' opposition d e t on e t pat· la r ection , mais non par le vocalism e radical ; en ave stiqu e, e ll es son t dist inguées dans une larg e mesure par le vocalism e radical et par la re ction , mais non par le ton ; en grec, elles sont distingué es par le vocalisme et par le ton , mais non par la rection. Le sort fait donc que , des t rois t raits par où *-ter et *-tor s' opposent, chacune des langues ne conserve que deux à la foi s, et jamais les m êm es. Il faudra grouper . tous ces caractères pour définir , dans leur opposition formelle , les ·d eux class es indoe urop éennes. Mais cette définition ne donn e que la moitié d e la r éalité morphologiqu e. Dès lors qu e nous d énommons cette catégori e, nous lui impliquons un sens et une fonction, qui n e pe uvent ê tre séparés d e la fo1,me . Le problème r·ommence alors . Nous avons à chercher si à ces deux t_vpes contrastés répond r éell e me nt une se ul e signification.

CHA.PITRE l

NOMS D'AGENT EN INDO-IRA:NlEN

I FAITS I NDIENS.

Les deux catégories védiques e n :_ tr et en -tf" s' oppos ent pa1· la place du ton et par la rection syntaxique. L'opposition s'établit entre le type data Pasüni et le type data l'flSÏlna,n, le premier fonctionnant comm e un participe, le second comm e un nom. Il s' agit de retrouver dans le se;1 s de ces deux formations la raison de leur différence . Celle-ci est illustrée par un grand nombre d ' cxempks I que nous ne pourrons tous citer, mais qu 'il nous faut réinterpréte r. Les faits que nous r etiendrnns mette n1 e n lumi èr e et suffisent à établir ce principe : ~tr est un adjectif verbal désigmmt l'anteur d'un acte; -tj- est une forme nominal e d ésignant l'agent POIié à une fonc' tion. La d éfinition n 'impliqu e ui différence d e temps , ni diffé rence d ' « aspect>>. Le temps ni l ' aspect n 'intéresse nt la fonction propre d e ces catégories. Par la formation souligne une qualité permane nte : 'tvâi/t hi füsvatlnam indra dartâ purâ.m dsi ltanta dasy-0~1 H car c'est toi, Indra, qui es le briseur de toutes les villes, le tueur des méchants» (VIII 98, 6; cf. I 130, ro). ydnt~· est 1, celui qui assure n : sâ ydnta sâsYaür i[!a~1 11 que celui-là obtienne de constantes libations •> (I 27, 7) ; a,_yantâram mtilti stltirâm u (louez Indra) qui assure des biens grands ( et) constants » (V IH 32, 14); ûdy-anta gira~t H il hausse les chants >l

(I 178, 3); mais yantj" désigne H le fournisseur » ou H le stabilisateur, le conducteur n : y-d:ror devo nâ marty-o r antâ 1, (les chevaux) desquels (seul) un dieu, non un homme, peut être conducteur» (X 22,

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NOMS D'AGENT

5); asyâ sÏl.ktdsJa yantû « (sois) le conducteul' de cette prière 1i (Il ?.3, 19); sâ yantâ vipra el!a,!z sâ yajnanam u lui, Agni , est le conducteur inspiré d e vos offrandes 1> (III 13 , 3); ékas tvd!!tur r1svasya visasta dva _rantâra bhavatas tûtha tl1Î~ « un doit être le partageur du cheval de Tva~tr; deux doivent être les olfrenrs; tel est le rite 1> (1 162, 19). yiltr « eel ui qui va 1), est le H voyageur )) : J'Ô raj a car.~a1_1ïn fi111 yâta rtithebldr adlzrig11~i « celui qui , mi des hommes, H>,vage sa11s , ou dst1· u archer ". Par contre, les noms d 'officiants tels que vanditj'; )'ll!!{i', pavïtf', relèvent de la fonction proprement dite . La même opposition se

1

NOillS D AGENT EN IND0-11\ANIEN

présente en grec dans des noms de prêtres qui sont les uns en -'t'hJp, les autres en -'t'·i;p (p . 67). Dans l' ordre des noms divins, il n 'est pas sans intérêt de relever que tvâfff!' ( comme ûÎ ff(t) est

dénommé comme auteur d'un procès cosmogonique, en tant qu'il a fabriqué le monde, alors que savitj" est désigné comme chargé d'inciter, de mettre en mouvement, et a ainsi une mission p ermanente . La variation du ton permettait d e soulign er -- et nous donne maintenant le moyen d e retrouver - des conceptions différentes du rôl e de certains pe'rsonuages, humains ou divins . J.,e rapport entre l'être et l'activité était posé d e deux manières distinctes.

* * * Dans la définition que nous donnons aux noms d' agents en se trouve préfigurée la solution d 'un nouveau problème : le futur périphrastique . A vrai dire le problèm e se résout dès qu 'on en a formulé ex actement les termes. Au point de vue formel, on n e saurait douter que le futur datiJsmi procède de la forme d 'agent en -tJet d e celle-là seulement 1 ; l'hypothèse contraire n 'aurait même pas dù être envisagée. Sous le rapport du sens aussi , seul le nom d'agent en -tj' fournissait l'amorce de développement d'où est résulté le futur périphrastique. Ce futur n'équivaut pas à la forme normale en -sya.-. Il marque moins l'avenir qu e la nécessité de ce qui doit se produire. C' est un futur de certitude que les grammairiens de l'Inde appellent svastanl > (Yt XIII ?.4); asi daere volwm xVorano Yt XVII 6 (imitation du passa-ge précédent) ; namas të ... daero haxtam asaone (( hommage à toi qui donnes son lot à l' artavan n (V d. XXI 1 ). Les autres exemples relèvent de da- « créer n. vïtar- « qui poursuit >> et Jantar « qui frappe n employés ensemble Yt XVII, 12 xsviwi. ifom vïtaram paskâf hamara6am Jantaram paro dusmainyüm « l'archer qui chasse par derrière l'ad ,·ersaire, qui frappe par devant l'ennemi n. La forme vïtarest probablem ent 11 rectifier en paëtar-, cf. Wackernagel , Ehrengahe W. Geifer, p. 23 2. hamaëstar- « qui abat n : ·, iiryanam xvarano ... iizim ltamaëstaram dusmainyiïm hamaëstiiram « le xv. aryen qui abat Azï, qui abat l'ennemi n (Yt XVIII 1). Le nom d' agent est tra ité comme un adjectif' avec une finale de pseudo-neutre pour être coordonné i, :cvarano . Mais la formul e est ancienne, ell e a dû être.empruntée à l'éloge d' un dieu ou d'un héros et adaptée ici. manaof)rl- f. (cf. véd. manotar-) (( qui rappelle )) ; usd aram. pi6wâ xsapaca ya manaof)rïs éazdonghPantam ara6ahya « l'aube, l'heure d e midi et la nuit, qui rappellent au sage son devoir >> (Y. XLIV 5) . 1 . 11 va de soi que uous ne mentionnons pas les noms de parenté en -ta r qui, historiquemcnL e u tout cas, n'appartiennent pas à cette classe. Seront écartés aussi les pseudo-noms ,l'a gent av. raOaéslar-, adaptation de •ra6aëstii- (véd . rathe~!ha), et aiwistar- ( daiiahus. aiwistar) qui ·est en réalit.é aiwi-stii (W ackernagel, KZ.. LXI, p. :w4 sq); cf. en ,lernier lieu Christensen, Le premier cltap . du Vtmdidad, 1943 . p. 34 et 52 . ,vackernagel remarque avec raison qu'il n'y a pas de nom d'agent skr. ,le is-. En outre, nipiitiiram voh11 baire « je porte sur moi un bon(?) protecteur », Yt XIV 57 est au moins incertain quant à la fonction de vo/111 et ne permet pas ,l'attribuer s1'rement une rection verbale à nipiitar.

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NOMS D'AGENT

varstar u qui produit, e ngendre n : puOram aëm naro varsta « cet homme-ci est le géniteur de l'enfant >> (Vd. XV 13). On peut s'étonner de cette construction archaïque employée dans le V d., it moins qu'il s'agiss e d 'une formule rituelle . Toutefois varsta pourrait être aussi une forme verbale moyenne ( cf. Oraosta, g. é011ista). Oriitar- (< qui protège >> représenté par 6riitotama- r1ui lui ser t de superlatif: sraoso asy o dri-rüm Orato .tamo « Sraosa qui protè ge le mieux le pauvre >> (Yt XI 3). aiwyastar- (< qui lien : Vyt. 23 upa tu no aiwyasta bar0sma « tu est celui qui pour nous lie le barsman >>. V. p. daustar (( qui aime >> (cf. véd. jd[!far-) B IV 55 a(lz)uramazda euvam dausta biJ·ii (( qu' Ahuramazda t 'aime >1 (litt. > à z- initial apparaît dans le nom propre 'Apîo:,wvîp'I) *rta-zaustrï, qni lrahit, par l'emploi de -tar en composition, une fabrication plus l'écente on en tout cas une dérogation peut-être licite dans les noms propres . Une form e importante serait fournie par l'élamite te-ni-um-ta-ut-ti-ra (NR a 6) qui répond à v. p. framataru législateur )) , s'il permet de r estituer directe.ment vp . *dainam datar (1 qui établit la loi >> avec rection verbal e , et non un composé comme le pense Herzfeld , Altpers . lnsclzr., p. 125. En fait -ira est un suffixe nominal élamite, et la transcription utilisable est él. tenim-tat-, de sorte que la forme diitar- ou le nomin. data, tout en restant probabl e, ne peut_ passer encore pour assuré dans cette désignation .

=

Avec r ection nominale les exemples sont bien plus nombreux et se dénoncent par leur syntaxe comme par leur sens . jantar (( qui tue n Vd I 17 6raëtaono jan ta azois dahakai G.lr . qui a tué le dragon Dahaka ,1 . Le prédicat mythologique met hors d e doute l'interprétation du nom d 'agent. Ici doit se ranger aussi Y. p. Jantar-, malgré sa const ruction , dans a(h)uramazdataiy(
; - V-d II 5 azam të vtsrine gaë()anQ:m fJrataéa ltarataéa aiwxaxstaca (( je me mets à ta disposition comme protecteur, gardeur et surveilleur des créatures n ( cf. p. 20); cf. aussi Yt I 12 et ci-dessous; Jantar- > ; - Y. LI 3 ... yaës«: m tïi paouruxo mazdâ fradaxstâ alû l ; fravaratar- « qui fait profession de foi >> : Yt I 3o (texte mal assuré) adâ{ anyaësf_!:m asaomJm ((fravasïs) .. .xazai fi·avarta (( j e veux faire offrande aux Fr . des autres fidèl es, en tant que professant la foi(?) ii. Également incertaine est l'attestation d e paù:raëtar- (< Taglohner, Handarbeiter n (Bthl. 870) dont le sens ne s'accorde pas à celui de v. pary etdr- « Überwinder >> ; autrement les formes se recouvrent ; hamaëstar u soumetteur, chargé d e soumettre 11 : Y. XL VIII 12 toi ZÏ datâ hamaëstaro aèsamahya « Car ceux-là sont créés comme

=

NOMS D'AGENT EN INDO·IRANrnN

sou metteurs d' Aisma n ; - Yt Xl 15 sraosam .r im daOa~ ahuro .. .aësmalte hamaëstaram « Sl·ausa que Ahura a cré é comme soumetteur d'Aisma 11; Vd. X ime aëte vaéa foi hanti avaiia/1,â drujo .. .liamaëstaram cc voici les paroles qui doivent soumettre la Druj n (emploi incorrect de l' ace. hamaëstaram); cf. encore Yt X 26 et Y. XVI 8, et ci-dessus p. rg; basar (( porteur )) et .xvasar (( mangeur )) sont l'un et l'autre noms de fonction cori1me y astar- qu'ils suivent (Yt XI 2-3). Andreas et Wack ernagel (Gott. Naclir. 1931 , p. 308 sq.) prennent avec raison la graphie pour -rt- et restaurent les formes en baratar et .xvaratar ( cf. phi. burtar, np. burdar). Il est intéressant de voir ain si le vocalisme zéro postulé justement dans les conditions où l' emploi le ferait attendre; mais on ne peut encore compter sûrement ces formes dans le groupe de ba,-atar-. Indécise est égalem ent l'appartenance de vastar- c< bête de trait n ; le védique a les deux formes vo?luir- et 1il!{ar- où le ton contredit le vocalism e radical ; et aussi spastar « -spector 11 dans l'unique exemple Yt I 13 spa.§tar nqma ahmi « je me dénomme voyeur n, bien que la valeur d 'agent soit vraisemblabl e au moins. Il est don c établi que l'état iranien concorde exactement avec l'état indien. De part et d 'autre nous avons la même distinction entre deux t _ypes de noms d 'agent , employés dans les mêmes. conditions et opposés par les mêmes particularités sémantiques. La simple confrontation des faits autoris e déjà à reporter cette double catégorie à l'indo-iranien. En fait c'est bien plus haut qu'il faut la faire remonter si elle se retrouve semblable dans d'autres langu es encore .

1,

-s-

CHAPITRE II

LES NOMS D'AGENT EN GREC

Noos procédons maintenant à l'étude des formations grecques ~n -'twp et -·dip sur la base d'un dépouillement assez large, mais {JUi, au moins pour -,·~p ne saurait être exhaustif 1 • Tous les faits homériques seront énumérés et un bon nombre d'exempl es pris aux Tragiqu es et il la poésie et à la prose ancienne s' y ajouteront. ~ous avons voulu non décrire l'histoire des suffixes, mais en -éclairer le sens et les fonctions. Tout est subordonné à cette : S:. 449 -;ëï> ô' e,,:\ 110),u,ap.o:ç è.-y)'.Éo'7tO:l,OÇ -~)_(fa,, &1-1,~nwp 1 0cz'l6oŒ·r,ç. 326 /~ 'tt'/(Z~ h. Tiu),ou 611;,;t >. L e mot indiqu e un état d e fait. È;.:Ô~îwp H qui monte n dans deux acceptions : c; 263 t'ltmù" î' wxu1t6ow·1 È1n6f,îopccç > ; indication g énérique d 'àge 1, non d e d estination. ~Wîwp est certes le « b erger >> . Mais pour distinguer ~WîWp de ~oî·/ip, il faut observer qu e ~îwp s 'emploie comme adj ectif avec à•rfip et désign e celui qui, en fait , se trouve gard er le b étail , non celui qui fait métier d e le garder . M 302 Et1tEp yap ï.' dp·r,at 1txp' 7.'Jîé~t awîopx: J.'r.,i.x H (c omm e un lion t,J • :z•1~;x: 1 • . . ::;!J),:xc;cr;•1, :z:: ;:;o\ 1 qui attaque une b ergerie,) mêm e s'il y t rouve de s homm e s veillant sur les mou t ons >> ; de même p 200 ~wîopz; &•1opzç et~ 1 0 2 ~60"Y.O'J c;t ~EÎ'/0: 't"E l'.7.t (XJ't"OÜ ~r:mps; &•1op;ç. Pareillement e mployé est lmôw-iwp ,, 222 &vopl oe1J.7.; z\,.u1'a ,,il)>, È'i:!ÔWî opt :J:t\),w1 (< un j eun e homm e qui g ar d e l es moutons n . 0Wîwp ., dan s la f[Lia lification d ' Herm es inrnfJUé comm e c> . L'influ ence d e 0O't"'IJP, don t la vale ur précise sera indiquée (p. 35, 46) a t ransform é 01:>,wp en un h ybride ow,~p que son Yoealis m e radical dénonce comm e sec ondaire, dans 6EC! ~Wî'i)ps; ta,,>'/ (0 325). Si le sens exact de ·fd,., ; mais Hymnes, XXXII 2 : foTopëc; o'i)c;. Le composé È:1ttlO'twp est à traduire « auteur >> d'après cp 26 qiw0' 'Hpaû,'i)a µsyœi,w•1 bn(o-Topa lp 1 wv, la liaison avec 'io-Twp s'établissant par . Tandis que les hymnes offrent, au singulier, ow-.op èrx(J)'I (XVII, 12 ; XXVII, 8),

LES NOMS D'AGENT EN GREC

3(

Hésiode préfère dire, au pluriel , ow't"'l)peç ki:iw-, (TA. 46, 111, 633, 664). - De formation plus récente est 1tô),ua1w.inwp «. maître d e beaucoup d'êtres>> (H. Demet. 3t , 84,377). En revanche, la formation en -twp - comme du reste celle en -,·ljp - est largement représentée chez les Tragiques, où l'emploi de ces noms d'agent devient caractéristique de la langue des chœurs. Voici, quitte à reprendre quelqu es mots déji1 homériques , l'énumération des principaux termes en -:wp : ~:y-f,,wp H qui conduit» : Eur. Med. 426 tJ:10!60; &-y·ljtwp (J.iMw·1 « Ph. conducteur des chants ». ééY.'t"Wp «chef» Esch. Pers. 557, Eum. 399. Cf. p. 3o. o:)..:1;~mp, ; P!til. 1293 wç 6Eot ~;•110-topeç (< les dieux m'en sont té moins ». 1..pcxnwp litt. : Esch. Clioeph. 944 ôuoî•, p.tcxa,6pct'1 . fl,EÀÉtJp « qui prend soin n ( spécial ement pour venger ) : Soph. El. 846 ½9i·r1J ... 1,1.û,i-rwp !< tlll vengeur est apparu 1>. Le contexte montre qu e 1,1.Eibwp signifie (( celui qui a pengé )) . fl,'1°,ja,wp (( qui SC SOUYÎent )) : Esch. S ept. '80 op,tW'/ fl,'l'~O"îC?ô; fotE ( « mcmores cstote ») « gardez la mémoir e des mystères ,1 . Cf. 7toÀ:>;;.·r,j•n wp s. v . S ; ~u·iot'l.·~,WF (< compag non d e dem eure n Esch. Eum. 833. r.:op6·r,îwp « qui ·ruin e 1> : Esch . Ag. 907 tèv cr?:•1 -;;6 0' ... 'D,i; ·> 1tcp6·~-çcpa « t on pied qui a r enversé Troie 1>. ;,;p:zi: Esch. E wn . 31 9 7tp:z-,.,::paç s(?;,.o:,:;ç « q ui r éclam ent le san g n ; Suppl. 646 ./l"t:;v 1tp2;,.:op ' È1tfo·,.~;::;·1 . Le sens d evient conform e à l'acception usu ell e d e 1tp:zaniv dans 1tpi;,:rwp « qui a fait , auteur •• chez Soph. Trac/1. 25 1 Zeù; ÔîO\J 1tp1h,wp q, cx•r?j « (il ne fau t pas le blâmer d' un e infortune) dont visibl ement Zeus a ét é l'auteur ,i ; 8 61 K{ntpt; . .. qi zn pz "CW'/ ô ' È>. cru),t\twp « qui pille n : Esch. Suppl. 927 c~ y~p /;s•1;ù;1.at te~; 8i:i:>·1 crui,t\tcpx; « je n'accueille pas ceux qui ont pillé les dieux n. cruÀÀ·r,-r;:wp (< qui aide, auxiliaire n : Esch. Ag. 1507 7tatp68e·1 ê~ cruÀÀ·t\r.twp ·rs•1ctt' &·1 ii).&nwp >. cru·1~!lttwp : Simon. frg. 86 B cf.-10·1 ix:1.uncpz êuüq;po1:J•1ix-1; - t'1twp « peritus n : Bacchyl. VIII 4/i ~-rzÉùJ'I fcr,:p;:; :1.0:îp:n « les Amazones expertes au javelot >>; -- 1d:m,,p (< qui fonde n: Pind. frg. 105, ·3 ,-;:hep Y.-:(ncp Aï:·1.x (< père qui as fondé Aetna >> ; - &-y·f;wp (< qui commande n: Terpandre fr. I, 1 Z;:li ... 7tz·11w·1 &y·f,tcp; - [.:i:wp (( qui guérit n : Alcm. XXIII 89 ·d·1w-1 /xp :{1.t·1 \i1wp Ë-y;:·m «elle · nous a guéris de nos maux >>. Parmi les prosateurs, Hérodote emprunte à la langue épiqu e certains d es mots en -,wp - très peu nombreux au total - dont il fait usage. D'autres mots ont trouvé accès dans la langue technique et se sont maintenus. Tous ont la signification que nous avons reconnue i1 cette classe de noms d 'agent: c\1:t\-:1,>p « habitant n fréquent ch ez Hérodote, Thucydide, etc. ; - yë•1itwp « ancêtre >> (Ë~~o:1.c; y;:-1€:wp 1-Idt. VIII 137); - 7tpo~b.--:wp (< qui fait connaître l'avenir » (1-Idt. VII 37 : ).{1 cn2ç ~).tc·1 ëÎnt 'Ei.i-·fi·1w·1 7tpc~b.,cpx, ,;;û,1-i·rri'I ~s '"'?iw·1 « ils disaient que pour les Grecs, 1. Sur à.).frtwp et à.'l.cia~o>p qui n'appartiennent plus aux noms d'agent cl deviennent des noms indépendants, cf. Fraenkel, I, pp, 155, 216 sq. '- ?r,-rwp sera considéré à part, p. 52.

3

34

NOMS

n' AGENT

le soleil fournissait les présages, mais pour eux, la lune n ); - crup.7tpiY-,wp « associé, compagnon » : Hdt. VI 125 'A),Y.p.Éw•1 ... ,ofot • ,, )'>' A UOOtC"t .. .. •.. !:'. .'ltt. 'tO' î(pr,n1Jptcv ' . . A - • .. ' êl'. ;;.,CXpACù'/ 'tC E'I u;:Acpotcrt aup.1tp·1p•.-;wp 'tE È1 (nt::i ir.xl cr;i·1û,i1-1.6:xve -;;pcO·.l1J.wç. L'expression cr:i;J.1tp·,j1.,wp È1 (nw : p 220 7t,wxov iwl)pè·1, ê:xt:ï:iv o:'lto),uµ.an'i;p:x (plur. 377) l< un mendiant, fléau des festins n. ,œpnu,·r,p . o:p'lt:XY.'t'f,p (( ravissem- )) employé comme injure Q 262 ap'lùl'/ ~a· ½p(9w·1 imê·lw,toi àp ..:x1:.7,p::; c, ravisseurs d'agneaux et de chevreaux dans votre propre pays ! n. O·rir,'t·r,p (?var. O·r,p·ri-:·f,p) « spectate ur(?) l>, mal assuré par l'unique exemple CF 397 ,i; O·r,'lj'tf,p y.:xt k.:\û,c.::; lû::,~ ,b;w•1 l< voil~ un connaisseur qui sait jouer de l'arc n (Bérard). 6·,wri,·l;p >:

5spv·l)rljp::; Ë:x:;'. (( 1es n avires Phéaciens n'ont pas de pilotes n. ;,.u6tcr't·r,-:·i\p « plongeur ( de métier, acrobate) >l : Il 750 pa Y.> ; cf. A 385 et Q 239. !J.'l'l)a,·/jp >, très fréquent, a une val eur > (J 105). On n'insistera pas en détail sur les féminins en -·mpcr., -îpiv:, -,pi;, dont E. Fraenkel (IF. XXXII, 1913, p. 3g5-,i13) a soigneusement colligé les exemples et décrit l'histoire externe. Ils n 'apportent il une étude sémantique rien que les masculins en -t·f,p n 'indiquent déji1. La formation en -r:·f,p est largement développée après Homère, dans les Hymnes, chez Hésiode et chez les Tragiques . Nous ne

c~

LES NOl\JS

n' AGENT

EN GREC

39

reprendrons pas les mots qui, d'Homère aux autres poètes , deviennent le bien commun de la langue poétique (=l. ,.o;J,t,;.·f.p >, 1.:xnt\? « brùl eur n, oi,E:·t\p « d estructeur n . Mais plusieurs ont un emploi qui illustre la signification du suffixe et qu'il faut signaler : • à:ÀY.'t·f;p « chargé d e r epousser >J : Pind. P. III 7 'Acr:1.i.:1."1nbv, ~po>°' ,c:Pl'too°'r.&·1 àlY:t'ijp:x ,,o0:;w1 « (il instruisit) Askl epios, héros guérisseur de toutes les maladies n. [.l.vcccr-c·t\p « chargé d e rappeler >> : Pind. P. XII , 24 vS[.1.0·1 .... p.v1.crt'r,p' o:1 w·1w•1 c< le nom e qui doit évoquer les luttes >> ; Ist/1. II 5 'Aq, poott:t.Ç ... !J.'l:XO"të.lp:X'I 0:~'.0-U'/ o;i;wp:t.·1 (( la j eunesse charmante qui fait p ens er à Aphrodite >> ; sens r éfl échi N . I I 6 ï.oÎ.:i[.1.0:.i w11. cn-l,p1. •.• ),cc~·1 cc un p eupl e qui p ense toujours 11 la guerre >J. t:t.,·t\p H chargé de guérir n : Pind. P. III 65 tx7'r,p (Pu ech), c'est-itdire, comme la suite du passage le montr e, cc tu es qualifié pour guérir n. Y.u6.. p•1a't·f,p « chargé d e gouvern er >> : Pind. P. IV 71 Et 11:r, fJôèç &1 ôp.6·1Ecrcrt Y.u 6Epn-;·i;p 1 :!•rr,,°'t « si le di eu n e vient pas pour gouvern er les rois n ; lstlt-. IV 7 I x:h ,p-1:.t"t'/j po; .. . 1 v ;J.?- ï.Eï.t0t.'i,, « obéissan! aux avis du pilote n. opOw,·f,p c< chargé d e tenir droit >> : Pind. P. I 56 o0-;c,) o' 'Iitpw1: Osoç èpfibi't't,? ï.Ü,ot « ainsi puisse la divinité ma intenir droit IIiéron n (Puech). ol'l.tcT,jp « chargé d e coloniser ; fondateur de ville n : Pind . P . IV 6 [Ép;a 'l.P"/jcrsv o'tY.tcrt'r,p:x B:x:'to'I Y.:t.pï.O Çi~P~'J At60Œ:; . •. Y.~€v!rôtô'I . . • ,c6),1•1... « la prêtresse prédit que Battos, char gé d e coloniser la fécond e Libye, ( d evait quitter so n îl e) pour fonde r une ville n . La même form e avec la même fon ction et concernant le mêm e personnage reparaît dans un oracl e ch ez Hérodo te IV 155 &n; ôi cr~ :t5o; 'A ïe!;iJ~wv 1 €ç A~ô1·ri'' ~ É:1.'itH p:r,ï.~:p67c'1 cti'.L~-:·r,p2 > . Dans la prose ionienn e, les mots en -,·1ip qui s'offrent ch ez Hérodote proviennent, comm e l'a montré F ra enkel (I p . 2 12 •

,..

1

44

NOl\IS D'AGENT

sq .), d e la tradition épique, notamment IJ,'IT,O''tf,p dans le récit d e ton hom érique VI 126 sqq. Il est d'autant plus utile d e soulig ner que ces nom s sont pris dans leur exact e valeur et désign ent d es titulaires d e fon ctions : àp;:·f,p « laboureur J> ; Àôur f,p (( lapid eur n, ,i[J.>. êb.-:cùp est (< celui qui accueille n ; ~i.xëb.:o>_; par cnallage t( (l'héritage) qu ' un autre reçoit par transmission direct e >> ; mais h:ioEz.,·f,p (Xén. cf. p. 49) désign e le fonctionnaire « chargé de percevoir n les revenus. èt~m;, qualifi e (c celui qui donn e n, p . ex. Herm es ; mais les cri-:c:c êc,7,pô; (Hom .) sont les intendants !c chargés de donner n le parn. s;;,.6:fi-:w;, (( qui monte n se dit d'un cavalier, et aussi d'un mâl e e n état de saillir ; mais ~n·f,p est le !( seuil n, nom d'instrument mettant en relief la fonction ; È;;.xp.~a·d,p, épithète po étique des maladies p a deux sens distincts, mais qui r elèrnnt l' un et l' autr e de la notion d' « acte l> ; ou >. 1. Le problème prend à peu près la mê me forme, fon te de d onnées explicites, pour dor . ).,,-:wp et A111:i,p «prêtre" , connus par quelques témoignages épigrnphiques et par ,les gloses (cf. E . Kretsc hmer, Glotta, XVUI, p. 83 ~q .). Nons ne co nnaisso11s ces noms que dans 11110 signification co nsacrée qui ne laisse plus r econnaître les raisons de la préféren ce cl onnée, selon l es parlers, /t l'une ou à l'autre forme. Il est normal, dans la mesure où le « prêtre » assume nne foncti on, qu'il snil désigné par un mot en -,:f.p . Mais on peut aussi le dénommer , en vert" de .l 'acte qu 'il acco mplit habituellement, pa r un mot en -:o,p . Ain si, dans le même vocabulaire reli gieux, b:y~i:wp, qu'Hésychius d éfinit justemen t par un participe : (0 ,WY 'Ar;,2 00€-t-11; 0U't]ÀWY fn ouiw1oç 1.peùç ÈY K u1tp~â,;w·1 « ... pour lui indiquer la route et les points d 'eau» ; VIII 1, g ·f,0-Y.·1 aÙî> ; dans le mêm e tra~té r evient plusieurs fois &pyan/jp i (Humbert). Tel est bien le sens de crwtqp: : got. weit wops « témoin » est un participe parfait, et l'on en rapprochera cet exemple de Démosthène : ..:o:p:ç~p.o:i 1ûp1:up:xç u:û-1 i:oùç ëi36,.2; (Schulze, KZ. LIV, p. 290). - - Néanmoins si cette raison expliqu e la formation de fo,wp, elle n'exclut pas encore la pos-

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w

=

1

NO~IS D AGENT

sibilité d'un *:o-:·ii? qui signifierait « chargé de voir ou de savoir ,1. Mais ici intervient le sens prnpre de *J11•eid- qui désigne Ja vision ( ou la co~maissance) comme passive et subie, en quelqu ~ sorte 1 • Pour la vision intentionnelle du regard qui se porte sur l'objet et le saisit, on se sert de *okw-. Or cette racine a justement un nom d'agent en -·,f,p, qui est è1t,·f,p ( avec plusieurs composés), qui signifie en effet « chargé d'observer ; guetteur ; espion 1,, et qui, en revanche, n'a pas de doublet en -nùp: nn *01t,wp serait aussi peu concevable qu'un *[n1\p. On pouvait prévoir l'apparente dissymétrie de è1tî·f,p et de t':iîcùp, puisqu'on comprend qu'une seule. des deux formations était possible - et non la même - pour chacun des deux verbes. Nous avons laissé en dernier le mot /:rf,:wp parce que , à la différence des autres, il est accompagné de pr,:·f,p, mais avec un emploi qui, pour fYri:-f,p, aussi bien que pour p·f,-wp semble contredire le principe même de la répartition que tant d'autres exemples ont illustrée. En quoi consiste la différence puisque /:rlj,11ip passe pour désigner spécifiquement l' (( orateur n de métier, et assum e donc le sens qui devrait revenir à pr,1·f,p ·? 1l faut considérer plus attentivement qu 'on ne l'a fait les emplois respectifs. De p·ri;;·i)p un seul exemple, mais clair souhait , est attesté chez Homère, I 442-3. Phoenix rappelle à Achille , pour l'attendrir, qu 'il a été son premier précepteur: ;;~v·1~Y.:x p.o:

a

7tp0$'1]Y,E 3tQ7.G:.d{J,E'/7.\ î:x3E ,.;in,:, 1 {J,u/}w·1

E

fYr,î'/;p'

Z!),t'l:V.

,-p·r,;,.;;r,pi:f

:i

itnw1 2 cc ton père m'a chargé de te former i1 la parole et it l' action». Il est clair que p·rit·i;p qualifie celui qui est apte i1 la

parole, 'itP'IJY.,·iip celui qui est apte à l'ac tion. Les deux noms ont la fonction grammaticale des autres noms en -;; f,p et sont construits comme « prédicats d'aptitude ii et régimes de verbes factifs. Tout cela est dans l'ordre. Qu'en est-il alors de p·l;;;cùr '? Il faut ici rectifier une erreul' invétérée. En donnant à ce mot le sens d' 1c orateur de métier ,, . on s'est laissé abuser par la signification que l'usage attiqu e a consacrée . Mais les premiers exemples, qui ne sont pas encore spécialisés, prouvent qu e p·~îuip a d ésign é seul e ment , en fonction de participe, . Euripide dit encore (fr. 598) : Tp6itc1. Ici aussi p~,wp ne désigne que le fait d 'énoncer publiquement un avis. C'est ce que confirme le premier exemple épigraphique du mot en attique , dans le texte d'une résolution qui date du milieu du v• s. (Athènes, IG. 12, 45, 1. 21): t]~-1 ci nç b.:t

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>

NOMS D'AGENT EN D'AUTRES LA~GUES

usage. Il faut et il suffit qu 'on soit destiné à une fonction, modelé en vue d'une fonction, pour que le nom d'agent se justifie. La différence entre ces deux classes reprodnit en somme celle qui a été ci-dessus établie pour l'indo-européen. Elle s' accentue même à _mesure que les besoins renouvelés de la technique créent des désignations toujours plus spécialisées. Il importe peu que ces mots en -(t)eur désignent des hommes ou des instruments, c'est là affaire de >. Il reste à voir comm ent, de son côté, est conçue et exprimée l' « action >>.

DEUXIÈME PARTIE

NOMS D'ACTION

Les classes· de noms dits . Ils ont concouru à' créer une grande partie du vocabulaire abstrait et permis l'élaboration de concepts essenti els aussi bien que d e nouvelles espèces grammaticales . Comme « noms verbaux », ils ont constitué uu e large portion d es infinitifs et des supins . Cette position central e leur confère une signification en quelque sorte exemplaire . :\'ous tentons ici de les définir, c'est-à-dire d'abord de les di{:. fércncier. Comme pour les noms d 'agent, nous procédons à un e confrontation des deux types et à une analyse des valeurs respect~ves dans les principales langues. Des raisons de commodité nous font commencer par le grec; les faits hom ériqu es se prêtent :1 un examen synchronique et exhaustif d'où se dégagent les grands traits d 'une opposition constante, précise, et que les autres langu.cs confirmeront.

CHAPITRE V

LES NOMS GRECS EN Nous avons eu l' occasion dans une autre étude (Origines, p. 71) d 'insister sur le caractère fortement verbal des noms gre cs en -tu-. Cette définition a été reprise et développée par d ' autres aute urs 1 • Tout en la maintenant, il nous paraît maintenant possible et nécessaire de la précis er , car il y a d'autres formations, celle en -crtç particulièrement, auxqu ell es un sens verbal pourrait aussi être reconnu. De mêm e que la langue dispose d e plusieurs manières d' exprimer la notion verbale, d e même se différencient les noms qui y portent référence . Pour accéd er à une définition, nous procéderons à un examen de tous les mots en --ru;, sans souci du t ype de formation dont ils r elèvent, qu'ils soient tirés de verbes primaires ou d e dénominatifs, en vue d ' en éclaircir la signification 2 • L'analyse peut procéder par deux voies, que nous suivrons concurremm ent. L'une consiste à confronter --ru; avec d'autres suffixes, notamm ent -,tç, dans les mots dont le radical a fourni plusieurs dérivés. On établit ainsi des oppositions d ' où ressort la valeur respective des suffixes . L'autre est d e rechercher la nature du rapport qui associe -de; au nom en -1:·r;p. On remarque en effet que très souvent les abstraits en -,uç font couple avec des agents en -:·r;p ou en -î·f;ç: pour ne citer que quelqu es exemples : ~pwi:uç: ~pc,,,·fip !J.'!'IJ:1d ; ),ricr,;a(:x est se ulement l'action de fait , hors de celui qui l'exerce . L e parallélisme des significations se vérifie ici aussi. Tout aussi nette est celle de xtO:xptc-,;:iç qui désigne la (( capacité , l'art de jouer de la cithare n: B 600 :x1 ôs. xo),b)O"X[J.E'1:;a ••. h.Hi, :x60•1 'l.tO:xpt;,;uv H les Muses courroucées firent oublier à Tha- . myris l'art de la cithare n ( où il excellait). Par contre xiO:xp (cr:ç (Plat. Protag. 325 e) est le fait de jouer de la cithare, l'accom plissement du x,,.f):xp(Çm ; et :1.:0:xpl7IJ.6; indique le déroul ement mê me du jeu: Callim. Dél. 312 0-0·1 1tap\ ~C.>[J.o·, t 1 atpo;J.évou 'l.:8:xpt:rfl,CU 'l.~·ù:cv wpx·f,;av,·J H ils dansaient en cercle autour de ton autel au son d e la cithare n (Cahen). èpz·r,c:uç est clairement l'art de la danse : N 7 3 1 ( cf. (J 253) i)J, ê' i~ est spécifié par le contexte: . 'If' 622 c~at -; , ;_'l.O'l"ttvt·f.·1 iaa:J:r::o:t « tu n 'entreras pas dans le tQlll'llOi d es javelots ». Nous avons ici un e épreuve, où s'affirm e la capacité d e lancer; ècz.o·mo-,uç fait groupe avec : cx ,u:mlç (p. 68) et d ' autres noms d'exercices corporels. Mais la technique du lancer, l'acte m ême, s'exprime pal' h:·,'ttatç : Xen . Anab . I 9, 5 .. . -:w'I S!Ç -;ç•1 dÎ,SiJ.C'I fnw·1, , :;;1.'l.'7,Ç -;.; 'l.xl iz;-.cv:[n1,); , 9ti,of1.xrJforx,c•1 « très d ésir eux d'apprendre les métiers de guerre, le tir à l'arc et le lan cement du javelot » ; zzbr:'.v'.; est en quelque sorte un e réalisation objective, une chose, qu 'on peut s'approprier; mais z'l.cnta,1;, un e aptitude, qu 'on démon tr e par la pratique . Enfin .zY.ontap.6ç ( Xen . Mag. Equit. III 6) est la « iaculatio n comme procès visible, un d es H morceaux 11 du (l l'Og ramm e d ' un carrous el, décrit au cours d e son exécution. ~0·1j,1>; l en tant que disposition intérieure, avec gén. subjectif: T 23,i-5 !J.'/jaÉ t ti; f;.1:A'lj'I I ÀW7l'I ot pu'ltÙ'I 7-~ttci-y1 fE 'IOÇ kxav:.àcr6w 1 :tja~ ·p.p 6tpu•1,u;· xxxèv foa1:.,:xt "/.·,;),. ll que p ersonne ne reste I dans l es pl eurs à attendre une incitation (spontanée) des guerrie rs ,1. Bien que le sens soit discut é, la valeur de è,rpo•1.~.; n ' est pas douteuse : l< exhortation n comme disposition propre aux 1.ad. l (pour la pâte). Mais x.ad1t),acriç chez Hippocrate est le fait d'enduire; cf. &·1ix1t),acrtç l. Le troisième exemple de mot en -,uç chez Hérodote est x.,tcr,uç « fondation ,, : l.tl Mt);fi,ou Y.,t1mlv ! ; la rection « objective » du génitif est-anomale, mais il n'est pas fortuit qu e le mot, dans son unique exemple, vise une action projetée, un accomplissement futur : Il est intéressant d'opposer le !.t\ im1ml'1 d'Hérodote au 11-e,œ ,.;;,, Y.,(o-t'I de Thue. I 18, 1; p.e,IX ~upaY.ouo-w'1 Y.,foiv VI, 5, 4 qui se rapporte à la fondation accomplie, et de confronter ainsi le « devoir-fonder » (Y.n:;:u;) à l' c< avoir-fondé » (Y.,1crtç). Que x.,(o-tç est le concept d e la réalisation, Pindare aussi le montre (01. XIII, 80) : 'tÛ,er •.. 6ei;°l'I o1'1X!),tÇ Y.:x\ ,.,,,, ')'.,(cri'/ ... u la puissance des dieux réalise même l'accomplissement (de l'inespéré) ». Incertaine, mais possible, est la forme qi),qp.:x'ld; u inflammation » chez Hippocrate dans un passage où Littré préfère la leçon qit,é1 11-:xvo-t:; (Maladies des femmes, 1, 4o; VIII, p. g6 L.): •. . i9),ÉytJ."fl'II. dp,ix x:x\ 'tlX xeO,ez u1tb 't7tÇ q;Ï,qiJ,IXVO"tOÇ (var. q;t,qp.:xv7\):; FGHI O., Ald.) ;uvi1teo-s .tpoç &.,J,fî),:x x.:xt zi,&ôe,~ &H·fi).w-1 p:.cnu;· ad•-!nc;, {v•1:not, ~:;)\)/,fi ( cf. àqip:xa,uç,) ; za),Er:,u;· zoc),â7t0H Ç; OU des dispositions matérielles: dor. 8:x,~; employé avec valeur « finale » dans i; 8ottu·,· Et; 8ewp!:x·1, cf. O:x,7-p:x;· 8;;:x,i; Hes. - ~ltlp;tjd;' Y.:x,:xaY.au·~; - *in~c;

c.

1

NOMS

o' ACTION

attesté par inu(,1)w (( équiper )) (cf.

cxr,:iç:

ixpt0·1w); -

11-ocza·po11.ax(:x, 11-:xz'l h zztpw•1 Hes. (cf. ho·mo-:uç, p. 70).

;trto-:u;

Tous les dérivés énumérés jusqu'ici sont de formation postverbale. Nous avons rés ervé un groupe de mots- en -tuç ~onstitu és sur la base des numéraux que, faute de pouvoir l'expliquer , ou laisse à part. Si l'interprétation proposée est valable, elle doit r endre compte aussi de cette catégorie. Ce sont: ,ptY:tu; en attique ("ptY.,:.>ç à Délos, :rt:-:,0ç i1 Geos, cf. Fraenkel, 1, p . 205); ,pt,:ua, ,p(1"1"c1a, groupe de trois animaux du sacrifice , cf. 'tpt,u.;· ,puxç Hes. - ,e:p:xY.:u.;, NOlllbre pythagoricien; - T.ê'l:·r,Y..OO'tuç, groupe de 50 hommes, quart d'un Mxoç spartiate, terme corrélatif à 'itë'l't"ljY.co-,·f,p (( chef de 5o hommes » ( normalisé d 'apl'ès le numéral en 7i:ë'1,1jY..O'l't'~P) ; b.:xtoa:0c;, zti,toadç (ion. z1i.1:x:r:u;, éol. xû),'ljattl;, cf. xt),10:r,~p ), lJ,:Jpto:-:u.; Thue. , Xén . Il s'agit toujours de groupements fixes , qui ont une fonction précise, et c'est par là qu e .leurs dénominations se rattachent aux noms en -,uç en vertu d' une extension du sumxe que sa val e ur rendait possible. Un mot tel qu e ,pt;,.t0.; est proprem ent la « disposition à être trois», d 'où u l' ensemble de trois», le groupem ent défini à partir de ceux qui le composent, tout de m ême que aY. znntu- désigne le « clan » à partir de ceux qui ont même origin e, con11n e l'ensemble d e ceux qui sont « nés >> . Ici la >. L'ensemble est caractérisé comme de l'intérieur et au point de vue du participant, devenant ainsi le nom d ' un e fraction sociale . Et le membre de ce groupement se dénomme en grec par un nom en -,·fip ; et. -zti,1:1.o-t0; : zti,1:xa,·f,p, par quoi se vérifie encore la liaison organique entre -,0; et -::f1p. Ainsi ~st assignée à tous les mots en -,~; la signification qui as sure l'unité de la formation . Ils marquent la disposition et l' aptitude, l'exercice de la notion comme vocation et capacité d e celui qui l'accomplit, en un mot la « destination >> subjectiYe et en général la c, fonction » au sens propre, l' exercice de la notion étant considéré comm e la c< fon ctio11 » de celui qui la pratique . Ces traits qui caractérisent la valeur de --d; l' opposent, sm· le plan du sens et de l'emploi , i1 - 7:ç dont il y a lieu . d 'étudi er parallèlement le s formes hom ériques .

CHAPITRE VI

LES NOMS HOMÉRIQUES EN -a:;

Nous avons, à l'occasion des mots qui ont la double formation en -·di; et en -ni;, marqué brièvement dans le chapitre précédent la différence de valeur entre les deux suffixes. On trouvera ici l'examen parallèle de l 'ensemble des mots homériques en -a:;. Le seul procédé est ici encore de les énumérer tous en illustrant d ' exemples leur emploi. La liste qui suit est complète, 11 l' exception d'un petit nombre de mots de formation peu claire ou dont le sens a dévié : 'rr,a--:\;; adj., p.:znti; masc. , Y.th:t;; « vessie >> (cf. skr. svas-? Wackernagel , Sprachl. Unters. , p. 227), etc. !h,a:;; « action de faire aboutir, achèvement >> : B 34 7 &'yu:;:;; ~~Y. ~:;ae·w.t a~--;'I (( ces projets n e .seront pas réalisés» ; - o 544 o~z. &-1uat'I -w1a: o·/;op.a-i > ; Y.'tf,o-tç cc acquisition (effective) » abstraite ou concrète : E 158 ode x.'t'ijatv O:x'téono « ils se partagent le bien >> ; 3: 4g 1 'l.ri;ût'I c'ltao-ai cc il avait octroyé des biens >> ; 0 663 x.rliûtoç (J,'t(iû:X0"6E « rappelezvo us votre domaine » ; etc. h),'l)o-tç cc action d'oublier » : w 485 cp6•1oto h),'l)crtv fléw(J,EV, litt. cc nous réaliserions l'oubli du meurtre >> ; i,ucrt; «- action de délivrer >> déjà cité sous zv&ô),tjûtç a encore m1 exemple: ~ouÀw:v ... d 'tL'/C( ... 6ŒVa'tOU /,UûtV ... e0poiwr,•1 litt. (( je délibérais si je trouyerais la délivrance (hors) de la mort ». Le fait que Àuût> : 9 402 ciî: 1 xp o~ 'tOO"O'O:Î'tC'I br/i:no; .z·rrnbw;v « qu'il puisse obtenir auta~t de réussite » ;. -;tŒ),[w;t,; cc fait de contre-attaquer » : 0 601 g(J,Ù),E ;;ûJw!;tv 1tŒpo: 'l'ljWV 6·1JO"S[J.,nt Tpw1,iv et D,e·ri,~; « cap acité de pitié », cf. p. 66 ; 01t6irxaotç (( action de prom ettre )) : B 286 c~aé ·='- h,EÀÉCUO'('I {.,-;;6cr:zac-t·1 (< ils n ' accompliront pas le ur promesse » ; B 349 '('IC;lfl.E'la'. a'( -:.g ~a:Joc; :Î'lt6;:z.1t; d-:E 'l.a\ :rix( cc savoir si I a prom esse es t mensonge ou non » ; -:lc-tç (< action de tirer vengeance i> : X 1 9 ir.a:. cü , t ,lcrt'I y' E3ai;a; or.(crirw l, et pacage), ou par l'autorité(> province), etc . », et leurs dérivés rcs pcctifs. Dès lors v€p.so-i; se définira comme• le u *fait d' attribu er par autorité légal e », sens non tittcsté , mais qui doit être présum é . A partir d 'ici , l'évolution du sens p eut s'éclairer par cell e d' un t erm e qui lui est associé dans l' usag e homérique, zl~c~; (cf. N 122 Y.~~w; Y.oc: 'lsp.s:nç); l'un et l'autre désignent d es représe ntations collectives. Atô; énonce le sentiment coll ectif d e !"honneur et les obligations qui en résultent pour le groupe. Mais ce sentim ent prend sa vigu eur et ces obligations sont le plus vive ment r essenties quand l'honneur collectif est lésé. Alors l' « honneur 1) d e tous, bafou é, d cYient la « honte 1> d e chacun. 1 . En 1ler11ier lieu, un e él11tl e tr/·s .J ocumeul ée , encore 111anuscrite, de M. E. Laroche sur l'hist.oire des ,lérivés 11omi11aux et rn rhnux de •nem- en grec, mais > (cf. sa-, s,.rati). jantû- u créature 1> et aussi, _semble-t-il, « membre d' un clan » (cf. ci-dessous av. zantu-) est bien, dans sa première et plus ·générale acception, 11 ce qui est à naître, ce qui est soumis à la nau;sance ii , non cette 11 naissance » même. De cette formation relève aussi lat. creatftra au sens de (< créature» (Itala, Tert.). Pour jantu, av. ;::,antu- comme nom d'une fraction sociale, cf. ci-dessous p. go et le type lat. senat11s. nuintu- « consei l, pensée », ce qui est signe ou produit de l'agitation mentale, d' où plus tardivement « colère n. Jâtu adv. (( en général, éventuellement ii s'explique bien aussi comme formation en -tu-, par un *jatu- qui signifierait . Deux noms en -tu-, par le sens fortement verbal qu'ils manifestent, illustrent la valeur d'aptitude que nous définissons. L'un est datu- qui fonctionne déjtl presque comme infinitif: RV. , V, 36, I sâ â gamad indro ]"d vdsïinëi1?1, ciketad dâtum u que vienne Indra, lui qui s'entend à donner des biens ». L"autre jiv&tu-, dont nous citons tous les exemples, est non la «vie>> réalisée mais u le vivre » comme possibilité ou aptitude. Dans l'hymne X, 60,

*-tll

ET

*-ti

EN DDO-IRANIEN

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les str . 7 et suiv. sont adressées à un malade: (( (je te donne mes soins, j e tiens ferme ton esprit) jï11âtaPe, pour que tu vives ( et échappes à la mort) » ; X, 176, 4 dePd jïPâtape krtdf.t « le dieu fait pour vivre ». ; X, 182, 2 sa no jtPatave k;·dhi (( fais-nous vivre, dispos e-nous pour une (longue) vie 1> ; ( cf. I, 94 , 4) ; X, 59, 5 jïpatape Sll pra tira na GJ,tf.1 (( prolonge notre âge pour vivre(= pour que nous vivions) n; X, 27, 24 sâ te jlPatuf.i H telle d oit être ta vie » ; I, 9 I, 6 tPril?Z ca soma no Pâso jïpatu1?Z nâ marfi,nzahe « veux-tu, Soma, que nous vivions : nous ne mourrons pas 1>; VI, 47, 10 mâhya,?Z jïPatwn icha (< assure-moi (la possibilité) de vivre )) ; Vlll, 47, 4 yâsmëi ârasata h1riya1?Z jtl'atumca de quelqu'un. La forme avcstique Jyatu-, qui répond à skr. jïPa tu- ( conformé secondairement tl jlPa-), a la même valeur de « capacité, moyen d e vie n, non de > ; prâ dasÛ!ie dâ tave cc pour que je (le) donne au sacrifiant » ; - ablii vdstrii suvasanany arfia ... bhdrtave na~t cc fais sur nous ruisseler des

NOMS

n' ACTION

vêtements bien vêtissants, pour que nous (les) portions » ; tvdm indra srd.çita.vil a.pd.~i ka.~i « tu as fait, 6 Indra, les eaux couler (= tu as fait en sorte qu'elles coulent) » ; - cakara. sÛrJaya pd.ntham dnçeta.vâ u >, comme traduit bien Whitney; nai 'ta,?z te deçâ adad1tr dttaçe « les dieux ne te l'ont pas donnée pour manger(= pour q_ue tu la manges) ». Avec l'accusatif en -t1tm, qui apparaît faiblement dans le RY. pour ne prendre une grande extension qu'ensuite, il est significatif que les verbes régissants soient toujours de se.ns « subjectif >> : verbes de capacité, de volonté, de valeur, de désir, de mouvement: indro yd vdsü.nii1?Z ciketad dâtum « Indra qui s'entend à donner des biens 1> (V, 36, 1) ; â, )'ilta no g;lzan /iaçir d.tt,uil « revenez dans nos maisons pour manger l'oblation » (AV., XVIII, 4, 63); nd. trii nikartum arliati l ; mati-, av. -maiti- u pensée n ; k;-ti- av. -karatiH action » ; hati-, av. Jaiti- ll fait de frapper n ; blzrti-, av. barati« fait de porter ( ou d'entretenir) >l ; di!}fi-, av. -disti : salsura c< saumure, préparation salée »; text1Lra cc manière d'être tissé », positura « manière d 'être placé >> (Lucr. II , 101g) ; iunctura « manière d 'être joint >> : quorum ita te:1:turae ita ceciderunt .. . , ùmctura

LES l'OlnIATIONS LATINES EN

-tus

iT

-tio

I03

ltaec optima constat (Lucr., VI, rn84 s.); formatura labrorum H conformation des lèvres » (id., IV, 550) avec gén. subjectif; latuscula speculorwn .. . fl,exurâ praedita (id., IV, 312) ; de1Jeniunt in tales disposituras (id., I 1026, V, 192; dispositura « manière d'être disposé i,); agri culturas dncuit 11sus > ; propter posituram orbis (id., V, 691); propter dissimilem naturam dissimilisque I texturas inter sese prùnasque figuras (id., VI, 775) où les trois mots natura, textura, figura (ce dernier refait sur effigies) indiquent également une modalité propre aux objets; temperatura caeli litt. « état de mélange du ciel, temps atmosphérique» (Varr., 11/en., fr. 23); c1tm de confectura mellis praecipiemus (Col., IX , 14 , 5) avec un gén. subjectif, confectura mellis « manière dont le miel est constitué >> ; animad11erti licet prius lanae 11ulsuram quam tonsuram in11enüim (V arr . , RR., Il , I 1, g). On voit partout que l'action est définie comme une activité ou une situation propre au sujet, activité ou situation q ni représentent une manière d'être: natura « mode de naissance >> (Pl., Poen., 302); statura cc manière de se tenir>> (Pl., As., 401); compositurae oculorum « manière dont l'œil est agencé, organes de l'œil >1 (Lucr., IV, 3o3); incisurae raporum « fentes pratiquées dans les raves »(Col., XII, 56 , 1 ). On s'acheminait par là 11 faire de -tura la marque d'un e activité professionnelle, type praetura ( cf. praeturnm agere comme 11ersuram, venaturam facere) et à rattacher partiellement -tura au nom d 'agent en -tor. Cette jonction répondait au sentiment des écrivains: mulla illi opera opust ficturae , qui se fictorcm probwn . ... esse e..cpetit (Pl., Trin., 365); cf. Probus, IV , 172, 2,i: « nomen raptor, appellatio raptura; nomen scriptor, appellatio scriptura ». Inexacte historiquement, elle montre que la valeur « subjectiYe i> d ' une partie au moins des noms d'agent, ceux qui répondaient /1 l'ancienne catégorie en *-ter, les associait aux abstraits en -tus et en -tura et qu ' ainsi réapparaissait leur liaison fonctionnelle. Quant à la genèse historique de la formation , qui est de créa-

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NOMS D'ACTION

tion latine, on la cherchera vraisemblablement dans un élargissement de -tïi par -ra qui serait à -ro- adj. ce que -ta est à -toadj. C'est dire que nous admettons une connexion morphologique entre cette formation et celle du participe futur en -turus. Il semble que la création de -türus ait été d'abord parallèle à -tïira, d'aprèsmatü-rus ( de *matu- « disposition à mùrir)) ), futu-rus (( vou é à être », procédant aussi de -tus et impliquant prédestination ou capacité. Puis une relation se serait établie avec des thèmes verbaux de sens « neutre », d'où iturus; cf. cum examen e:âturum est« quand l'essaim se dispose à sortir» (Varr. , RR., Ill, 16), si venturus es « si- tu dois venir >> (Pl., Capt., 183); et progressivement, avec d 'autres verbes, en sorte que la liaison avec -tura d'une part, l'opposition à -endus de l'autre, l'auraient restreint à la voix active pour énoncer, sous forme d'adjectif, l'obligation ou la destination. Comparer par exemple versura foliorum « manière dont les feuilles sont tournées» (Varr., RR., I, &6) et versurum quidquid erat cc ce qui devait tourner, l'avenir » (Ov. Fast., I, 636). Entre versura et versurus le rapport est apparent: versura « prédestination à tourner » : versurus c< ce qui est prédestiné à tourner ». La signification fondamental e d e la catégorie en *-tu- a produit ici, par des voies différentes, la création d 'un adjectif verbal, pour la même raison qui a déterminé la création des adjectifs d' «obligation» sanskrits en -tavya , grecs en -Tfoç.

CHAPITRE IX.

NOMS D'ACTION SIMPLES ET COMPOSÉS

Les deux types de dérivés, en -ti- et en -tu-, sont représentés en gotique comme dans l'ensemble du germanique , où ils co nservent leurs caractères formels . Il y a entre les deux, en particulier, cette différence que d' autres langues indo-européennes confirment, que le pre mier suffixe s' attach e de préférence à des composés, le second à des noms simpl es. Déjà K. von Bahder (Verbalabstrakta, 1880, p. 77 , n. 1) a remarqué l'emploi d e -tien composition, en face de -tu- pour les simples: d' une part go t. anda-hafts, ga-skafts , ga-baurfas, fra-gifts, etc. ; de l'autre liliftus, li/ms, dau[ms, faulttus, flodus, etc. Mais là s'arrête la différence qu'on leur reconnaît. Hormis cette particularité toute formell e, rien, sous le rapport du sens et de l'e mploi, ne sembl e les distinguer et ils sont enregistrés partout comme assuman t pareillement la fonction d ' « abstraits verbaux i i. A vrai dire cette identité fonctionnelle ayant été admis e sans contestation pou r l'indo-européen , il n'y avait pas de raison qu 'elle prêtât il discussion en germanique. On s'est d'autant moins avisé de la vérifier que souvent les mêmes mots grecs sont rendus en gotique par des mots de l'une ou de l' autre formation , indifféremm ent en apparence . Et cependant -ti- et -tu- ne s'équivalent pas plus en germ anique qu e · dans les autres langues. Leurs dérivés respectifs assument des fonctions différentes, qui s'opposent de la mê me manière qu 'en indo-iranien, en grec et en latin. Pour vérifier ce principe il faut pouvoir confronter dans leur emploi propre des dérivés de la même racine, que seule la suffixation distinguerait. La chance nous offre cette possibilité en gotique . Nous

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1

NOMS D ACTION

pouvons opposer l'un i1 l'autre, et par deux fois, des abgtraits gotiqu es en -ti- et en -tu- tirés du même verbe. De « goûter, éprouver n, on a un abstrait en -ti-, got. gakusts (skr. ju~ri-, cf. gr. 1 eîicn;) et un autre en -tu-, got. kustus (lat. gustus). L' un et l'autre traduisent gr. èioxiµ.-f,. Mais comment le traduisent-ils et pourquoi le traducteur a-t-il fait choix d e l' un ou de l' autre pour rendre le même mot? galwsts est employé dans l'expression pairh galwst /1is andbahtjis (II Cor ., IX, 13) pour r e ndre otè.t 'tf,c; 001.ifJ.f, pour différe ncier. selon d es valeurs encore vivantes en gotique et dont le sentiment guide la traduction, les emplois d ' un m (\ me m ot grec. Le second exemple est donn é par les deux dérivés de cc croitre >l :

NOMS D'ACTION SIMPLES ET COlIPOSÉS

d ' une part us-wahts « °'",;·qcrt; », de l'autre wahstus « IX~t;·r,cr:ç, ·IJÎ,tx(°' », On trouve un seul exemple de uswal1ts Eph., IV, 16, uswaht leikis taujip « -r·ri·1 °'t;·flvt'I -ro'î 7Wf1-Gt-rC; 7tCtEÎ'r1Xt, il réalise l'accroissement du corps» . C'est l' «accroissement>> comme fait accompli et constaté, le produit d'un « acte » . Mais wahstus dénote l' (( accroissement » éprou11é, la croissance comme phénomène subjectif, la dimension naturelle du corps, c' est-à-dire la (( taille », la (( stature » (cf. lat. stat11ra pour la même notion) : wahseip du wahstau gudis (( °'1.lçit -r·ri·1 z1;·r,aw -ro'î 0Eo'î, (le corps) s'accroît de l' accroissement que Dieu donne » (Col., II, rg); /z1,as ... mag anaaukan ana wahstu seinana aleina aina P (( -.(ç .•. ôu•1a-.xt 1tpocr8Eî·1(Xt btl -:·riv ·q),:;,.[x'I x~-ro'î 1t'i)zu·1 [·1ix ; qui peut ajouter à sa taille une coudée? » CVIt, VI, 27); in mitap wahstaus fullons Xristaus (Eph., IV, I 3) ; les us paih frodein jah wahstau jah anstai « lqcro'îç 1tpoéY..C1tw1 crcq;\0 Y.ex\ -~),tY.t0 ;,.al zapm, Jésus croissait en sagesse, en stat ure et en grâce >> (Le, II, 52) ; unte wahstan leitils was (< on -rr, ·qi,t1.(0 iJ,t;,.poç ·fiv, car il était de petite taille » (Le, XIX, 3). On voit donc confirmé par le gotique le principe de l'opposition indo-européenne entre les fonctions de -ti- et de -tu-, celle de la notion actualisée et objective pour -ti-; éventuelle et subjective pour -li~- . Le traducteur gotique joue avec fin esse de ces oppositions, dont on trouve d ' ailleurs d ' autres preuves. Un examen des principaux mots de chaque catégorie vérifie le principe de la répartition. Aux abstraits en -tu- est dévolue l' expression de toutes les notions subjectives: sentiments , manifestations internes: puhtns (( cr~·1,Œ·r,tn:;, conscience » ; dau[ms (< Oin,cç » ; wulpus > ; parfois aboutissant à des mots concrets: li[ms « iJ,D,c;, membre », proprement (< capacité de mouvement >> ( cf. afleifaan « faire m ouYement ») ; mailzstus l, proprement « urination » *meiglz-s-tu ). AYec *-otu- on a gabaû,jofms « joie », aulzjodns « 06puSoç, tapage, sédition ll, wratodus « è8otr.:ipi~, voyage >J ( au point de YUe du yoyageur, con1111e activité pratiquée, II Cor. , XI, 26), flodus « 1:ow:.,.6; », en fait c< mouYement des eaux , flot montant )> (L . , VI, fig). Avec *-astu- (type gr. Ô:a1t°'cr-dç), got. -assu-, formant sur base nominale d es noms qui sont, significativement, des noms de qualité : got. ibnassus c, égalité », ufarassus « excès >J, kalkinassus « état de

I08

NOMS

o ' ACTION

prostituée». Avec -tüt- (type lat. servi-tüs, irl. oentu « unité » < *oinoW.t-), ·également des noms de qualité: got. mikildups « (J.iy.:60; », gamaindups « x.o:vw,1!0: », managdups cc ;,;iptne:!:x », etc. A travers l'ensemble des types de dérivations' affirme la signification essentielle du type en *-tu-. A l'opposé, les noms en -ti- marquent, qu'ils soient simples ou composés , l'effectivité objective : gabaurfas « naissance ».(skr. blirti-); ga-munds « mémoire » (skr. mati-, et secondairement lat. mens, mentio) ; slaulzts « égorgement », cf. lamba slaulitaiS « ;,;poô.1.:.x c.90:1 ~;, brebis de boucherie » (Rom. VIII 36); lists c< (J..:6:;a.:!o:, ruse » ; malzts « forc e n ( cf. ". sl. mosû); us-drusteis pl. « a! -.:p.1.xe:i:xt ( scil. &8d) •> ; proprement « les précipices » (Le III g); ga-dëps \( (,1[c )0ëcr:o: » ( cf. v. sl. blago-déti) ; anda-!tafts « réponse •> ; gaskafts « création », etc. Les mêmes formations se partagent parfois entre -tu- et -ti- it l'intérieur du germanique: v. isl. mattr « force 1> de *mahtuz, mais got. mahts de *mahtiz; - Y. isl. gr> doit être reconnue, c'est -tu- qu' ell e atteint, non -ti-. Car cc n'est pas *-ti- qui est limité aux ·c ompo-

NOMS D'ACTION SIMPLES ET COll1POSÉS

Il (

s és , mais, bien au contraire , c' est *-tu- qui est limité aux simples. Alors que *-ti- garde la capacité de formel' des simples et acquiert celle de form er des composés , -tu- est exclu de la composition et demeure confiné aux simples. En d ' autres termes, l'état initial présente une opposition dissy métrique : *-tu- pour le s s imples seulement , *-ti- pour les simples et pour les composés. Y succède une opposition symétrique: *-tu- pour les simples , *-ti- pour le s composés. D' où vient alors la différence d e capacité entre les deux types ? La réponse est donnée par la définition de leur fonction respective . Avec *-tu- s' exprimait la notion «. subjective » seule. Mais *- ti- marquait la réalisation objective , donc réalisation de quelqu e chose et susceptible de toutes les déterminations possibl es. Aussi, en fa ce de kustus, wa!tstus, le gotiqu e crée f{a-kusts , 11s-wahts, 011 le préfixe précise la notion d'achèvement , de réalisation. Les n oms en -ti- pouvaient régir d ' autres noms et comportaient un e p l us grande mobilité . L' aptitude à former des composés résulte d e cette diversité d ' emploi qui les assimile à des formes verbales . Du fait qu ' on avait en védique un syntagme de détermination sdnzasra pïtâye, vâjasfa sataJ"e, avec rection objective , on a p u former som apïtar e, 11âjasatay e, et plus générale ment doter le nom en -ti- d es mêmes préverbes que le thème verbal correspondant. Il y avait en grec outre ~alvw, quantité d e modalités du Yerbe : à·1a-: xa-c:x- TCpo- iJ,E'tY.- cr0[J,-~al-iw. Parallèleme nt, outre ~zç:ç, on a formé àvâ- xa,:x- [J,Erâ- itp6- cruµ6acriç. Lit est l e princip e d e l'extension considérable qu e -ti- a reçue du côté de la composition , tandis que -tu- ne pou vait rendre que la notion verbal e si mple , sans détermination ni variation. Le jeu des relations fo 1rntionuelles d ' un e part, la chronologie des formes , de l'aut r e, d onnent une raison suffisante à cette différence de condition , d ont nous trouvons d ' ailleurs l' équivalent dans les noms d ' agent , où *-tor form e des simples, tandis que *-ter peut form er d es co mpos és.

CONCLUSION Tout au long de cette étude, d 'une langu e à l ' autre, nous avon s ni se répéter en traits pareils cette opposition entre *-ti- et *-tuqui r essort de notre analyse. A la définition sommaire qui les-

II 2

NOMS D'ACTION

englobe sous le terme de « noms d'action » est substituée une distinction de leur valeur et de le ur emploi en deux catégories distinctes : *-tu- dén ote l' action comme subjective, émanant du sujet et l' accomplissant, en tant que prédestination ou disposition intern e, déploi ement d' une virtualité ou pra:tique d'une aptitude personnelle , dirigée toujours dans le même sens; *-ti- indique l' action objective, réalisée hors du sujet pa_r un accomplissement fini en soi-même et sans continuité; apte à caractériser toute notion « effective ii. sur le plan noétique ou dans une acception concrète. Or cette double stmcture de l' « action n se révèle symétrique à la doubl e structure de l' « agent », de sorte que de l' « agent » à l' « action » se dessinent deux grandés homologies : Le « nom d 'activité >> en *-tu- est corrélatif au nom d'agent en *-ter. C'est la même fonction sous deux aspects: *-ter- désigne l' agent comm e voué à son activité , et *-tu- l'activité connue manifestation de l'agent ; Le et d' (( action Il se scinde en deux concepts opposés qui à leur tour s'organisent en un système. A travers la diversité des emplois de « parole », on discerne la cohérence d 'une structure fondée dans la langue . Et à partir de cette définition synchronique, on pourra mesurer les variations que l' histoire de chaque langue a instaurées, et aussi mieux discerner, dans d ' autres types de formations , la nécessité qui les agence.

TROISIEME PARTIE

COMPARATIFS

ET

S UPERLATIFS

8

C'est l'enchaînement des formes qui a commandé l'ordonnance de cette troisième partie. L'objet en était de définir le sens et la fonction du suffixe *-to-. Or ce suffixe apparaît le plus nettement spécialisé dans la catégorie du « superlatif». Mais il y a deux formes de superlatif, qu'il fallait étudier conjointement . E n outre, le superlatif est, au point de vue form el , connexe à une catégorie toute différente, l'ordinal, qui demandait un examen distinct. Par ailleurs , le problème du superlatif ne se sépare pas de celui du comparatif qui s'offre en un e double formation et devait lui aussi être considéré à part. Ainsi se dessine , à rebours, la progression de ce chapitre. On part du comparatif, pour en spécifier le fonctionnement et le _sens. De là on pass e au superlatif, mais à travers l'ordinal , ce qui entraîne la discussion successive d e problèmes différents. Ou accède ainsi à une définition du suffixe -to- dans tous ses emplois, d éfinition obtenue par la convergence d e traits communs i1 des formations devenues hist oriquem ent indépendantes.

CHAPITRE X

LE COMPARATIF

Le comparatif indo-européen est caractérisé par deux foi·mes : l' un e , primaire, en *-xes- (élargie en *-is-en-), l'auti~e, secondaire, en *-tero-. On les range communément sous la mêm e dénomination, en admettant que leur fonction est identique , quoique certaines classes de mots adoptent de préférence l'une de ces deux formations. Par exe mple , les pronoms personnels , les adjectifs sur bas e adverbial e, les mots pour cc droit, gauche » sont généralement en *-tero-. Les comparatistes s'accordent aussi a Juger qu e ni l' une ni l'autre n 'était proprement comparative à l'orig in e : *-yes- serait un intensif; *-tero- indiquerait des oppositions. Sans r eprendre ici une description détaillée qui se trouve dans tous les manuels, on examinera successivement chacun des deux suffixes, pour r essaisir dans les formes qu 'ils constituent leur sens et leur fonction respectifs. Cette démarche inductive expliquera qu e nous ne commencions pas , à l'exe mple de tant d' auteurs réc ents, l' étude du co mparatif par un e définition de ce qu'est en soi la comparaison 1 • On a l'habitude de caractériser *-tero- comme marquant d 'abord des cc Kontrastbegriffe » dans des couples de mots opposés: ·iJ11.€'tepoç/ :iµ€-tepoç; - ït'pbîepc;/ûa'tap:::ç; dexter/ sinister, etc. Mais déjà la notion d ' cc opposition » prêt e à équivoque dans cette 1 . C'est ainsi que procède nt en dernier lieu H. J ensen, Der steigemde Vergleich und ·sein sprachlicher Ausdruck (IF. LII, 1934, p. rn8-13o) et A. Gallis, Etudes sur la comparaison slave (No rsk Vidcnskaps Akad., 1946, n• 3), Oslo, 1966. Ce dernier

ouvrage s'ouvre par un chapitre docum enté qui résume bien l'état du prohlème .

Il6

COMPARATIFS ET SUPERLATIFS

formulation. On peut s'étonner qu' une opposition se marque également dans les deux termes du couple. Où est alors le signe de cette opposition? De plus pourquoi ce suffixe s'attache-t-il aux pronoms personnels, que leur sens différencie assez, et pourquoi spécialement au pluriel? Tous ces points demandent à être éclaircis , et puisque la définition de *-tero- dérive principalement des emplois non comparatifs du suffixe en grec, c'est en grec que nous étudierons le comportement des adj ectifs en -tzpoç dans ce tte fonction de contraste. Or l'exam en des faits homériques enseigne que, lorsque la fo rme en - tepoç sert à opposer un adjectif à un autre, seul l'u n d es deux est signalé par le suffixe . En voici une liste d'exemples : 7tOÎ,tÇ :i fl, 'i; zzpo-\v ùç,' -1J {J.Et Ép?J O't '/ (N 815) O''~ 6' [ëp-lj Y.ëÇ)aÎ,q Y.X\ 'IW[HpO'I ),€zoç (Ü 39) È·rw ... ècq;;' U[J,rnfpwv ;.o)Jw,, (P 222)

,, E'I u. fi·~''t ê p 0'1 OE .. • en~ : . 6) EU't ~' 11· -ô'. ••• ·rtray -r si,.r È'I r.6),Et U[l,E'tÉp?J ... oh.0·1 q;O,·r,·1 ac; 7tatp(ôcx ,et.rQ('/ (E 686) 'fjiJ,2'. !Ç · .. EtÀO!J.ê'I' Y.Û'/Ot 0~ O'(fê'.Sp·na-1 ~t.:i'.J6:.tÀ!·n'.Jt'/ ë),0'!.0 (Ll 406-9) ;.1,1\6et ... o-giedptp ... , -~tJ.tV (P 330) p.. t·y' e~zcc; ... ur.iptepo" e0zo; (A 288-290) h\ fax !J,:Îz·IJ titet.tO . .. l'.Üoo; :rnf.pHpcv (\1 436-7) 1.l o-te p 0·1 ... ·1i:î•1 (6 202) ),:xÔE ·rc~'IW'I '.JXQ(t'?), OêÇttepn ôi ... (A 500)

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117

LE COI\IPARATlli'

Y.pcct1tv6Hpoç fl,h ·r:xF ,s vbc;, ),sn·ij ès ,e fl,'i)nç (r 590) !J.Î,'(OÇ ip,0 6up.c;> ... hoîl (avec régim e à l' accusatif). Tout ce que l' adjectif gagne en relief sémantique , il le perd en rigueur classificatoire. C'est aussi un trait marquant de la formation en -ior du latin: dans senior(es), prior(es) on ne trouve rien qui caractérise positivement un certain état de la notion de cc vieux >l ou d' cc ancien ii ; seule est circonscrite fortement une région sémantique (sen-, pri-) par rapport à celle de signe opposé. Même dans une forme secondaire comme certior, cette valeur demeure. Comparons certum facere et certiorem (certius) fncere dans deux passages de Plaute entre bien d'autres: nimis velim certum qui id mihi facial, Ballio Zeno ubi hic habitat cc je voudrais qu'on m'indiquât exactement où il habite .» (Pseud., 598); mais ecczun qui ex incerto faciet mihi quod quaero certius

c~

COMPARATIFS ET SUPERLATIFS

(ibid., 965) cc voici quelqu' un qui va me tirer d 'embarras et me renseigner » (Ernout): certiim facere a quelque chose d'absolu et de défini; certius facere, parce qu 'il fait d'abord ressortir qu e l'incertitude a pris fin (ex incerto), inclut tous les degrés possibles de certitude . Cette particularité sémantique doit avoir son principe dans la valeur du suffixe . Il s'agit maintenant de définir cette vale.u r, que reflètent des emplois dont nous n' avons eucore souligné que l'aspect négatif. Du fait que l'adjectif en *-y es- n' est pas cc positif», il ne comporte pas la notion précise et catégorisée qui est celle d' un adjectif normal. Il transpose directement la signification en une forme nominale qui prédique la qualité sous l'aspect du « plus ou moins ». Alors que p.tycxç, magnus affirm ent l'idée de « grand >> comme une qualité définie , qui sc spécifie à l'intérieur d'un e cl asse morphologique ( dérivés gr. en -aÀc-, lat. en -no-), on voit que µ.d~wv, maior signifi ent cc plus ou moins grand ». La qualité est affectée d ' un indice de variabilité sous le rapport' de la dimension. Telle nous paraît être la valeur du suffixe: il forme des adjectifs de sens dimensionnel. La qualité *meg-J·es- est définie selon l'axe d e la dimension, par rapport à *meg-alo (*ma{{-no-) qui la pose dans l'absolu. On a donc deux formes parallèles, en latin par exemple: *mag-no- cc positivement grand » et *mag-yes- « mesuraLlePlent grand >> , cette dernière forme n'impliquant proprement ni le cc plus >> ni le cc moins » , mais seulement une appréhension de la qualité sous l'aspect de la mesure. C'est ce qu e nous appelons un adjectif cc dimensionnel>>. De fa vient que, dans les conditions d e cc parole », cet adjectif porte une appréciation qnantitative , dont l'expression lexicale peut varier. En grec ressort surtout l'idée de cc assez .. . , plutôt . .. n qui laisse indécise l'estimation et marque d 'abord ce que la qualité n'est pas. Mais on peut avoir aussi , à l'inverse, des formes d ' >. Ce n'est pas nn hasard si , dans l'ensembl e des langues , ce suffixe s'attache aux racines dont le sens appelait déjà un e évaluation dimensionnelle, et s'exclut au contraire des mots qm y échappent, tels les pronoms personnels.

LE COMPARATIF

125

Ces analyses ont montré combien sont profondes les différences entre des formations que l' histoire de la plupart des langues indo-européennes devait associer toujours plus étroitement dans des fonctions devenues voisines jusqu'à se confondre. f;,i les emplois ont fini par se superposer, les significations étaient distinctes. Soulignons ces différences de nature pour mieux apprécier les convergences finales. 1° Le suffixe *-)'es- (*-is-en-), primaire, indique une modalité interne .; tandis que *-ter-, secondaire, ajoute à une qualification donnée une caractéristique externe ; 2° *-y-es- a une valeur « dimensionnelle »; *-ter, une valeur « positionnelle n ; 3° *-.res- définit quantitativement; *-ter- localise spatialement; 4° *-)'es- est « évalutif » ; *-ter- est cc séparatif 1i .

III Comment l'une et l'autre formation en sont-elles venues à exprimer le « comparatif 1> ? Nous avons ici moins it retracer une histoire qu'à retrouver les voies d'une création. Le problème est tout autre que celui de savoir, par exemple, comment, dans la phase récente du grec, le génitif a supplanté le datif. Avec le comparatif, c'est une catégorie noU\·elle qui s'est instaurée, en utilisant les ressources combinées des deux procédés de formation. II s'agit donc de rechercher à quoi répond cette nouvelle fonction et pourquoi elle emprunte deux expressions différentes, qui sont justement ces d eux expressions-ci. Pour élucider complètement ces questions, il faudrait étudier de près tout le développement des constructions comparatives dans chacune des langues. Ce travail descriptif est à p eine amorcé, et là même où nous disposons d e données groupées et classifiées, l'interprétation, comme on le verra, doit être reprise_. Nous nous bornerons donc à l'essentiel, l' analyse de la signification du comparatif, vérifiée notamment en grec homériqu e, par les emplois principaux. Ce sujet est un de ceux où l'apriorisme logique a fait le plus de tort à l'interprétation linguistiqu e . Il faut d'abord écarter l'idée qu'une forme de co mparatif doive nécessairement apparaître en toute langue ou à un certain point

CO;\IPARATIFS ET SUPERLATIFS

du développement de toute langue. L'expression de la comparaison n'a nul besoin d 'une forme spécifique d e « comparatif». Comparer deux objets est une opération mentale dont se montrent capables tous les hommes, si rudimentaire que soit leur culture , et cette opération ne requiert pas de forme linguistique spéciale. Il suffit d 'énoncer successivement deux objets en leur donnant des prédicats de sens contraire pour que la comparaison soit effectuée. Tel est le procédé analytique dont se sert, entre autres, un parler mélanésien (Sa 'a, îles Salomon) 1 : ile ni/1011 e diena, ile niweu e 'aela, litt. « un (ile) celui-ci (nilwu) lui (e) bon (diena), un (ile) celui-là (niweu) lui (e) mauvais ('aela) )), c' est-à-dire « celui-ci est meilleur que celui-là ». La comparaison est implicite dans l'énoncé antithétique. Toutes les langues peuvent recourir à ce moyen, mêm e quand ell es disposent d'une expression morphologique. Un autre type, probablement le plus général, consiste à dire : « il est grand à partir de moi ( ou : à moi; que moi) ,i et apparaît dans les langues les plus diverses. En indo-europé en, c'est l'expression constante du hittite: ANA ERINl\IES_KA ERINMES_[A meklâ cc à tes fantassins mes fantassins sont nombreux » ( les miens sont plus nombreux que les tiens); et de l'arménien : es em hzawr (ou hzawragoyn) k'an zna « je suis fort qu e lui »; ou en indo-aryen, par exemple en dameli, parler darde du Chitral 2 : ai ta ta halo tlwm « je suis plus grand que toi », litt. j e (ai-) toi-de (to-ta) grand (halo) suis (thum) ,i; en persan populaire , surtout dans le persan kabulï, on dit normalement az ma kalân ast cc de moi il est grand ,,. En sémitique, ar. huwa af{falr.t minni > ; turc ben-den büyük « (il est) de-moi (ben-den) grand »; géorg. éem-ze didia « sur moi ( éem-ze) il est grand»; oh-ougrien (zyriène) meis Pllln c< d e moi (meis) il est haut )) ; eskimo nanu tuytumit a,ai~uq « l'ours est plus grand que le renne, litt. l'ours (nanu) du renne (tll'yt11mit) (est) grand (aléJiBuq) » 3 ; kalispel éin-k"tunt t0?anzâ ior pluma est gratia; liane canem faciam oleo tran qu illiorem (Poen. 1236) 2 ; - l1 ex e mpl es d 'empl ois formulair es: opinione melius; plus iusto, etc. et trois exemples d 'expressions num ér iq ues: plus triginta annis natus sum. Cette r épartition prête i1 mainte remarque . On voit d 'abol'd que l'ablatif ne s' emploie · ja mais pour la comparaison de type banal : c< celui-ci est plus grand qu e celui-fa n, e l c'est déji1 un fait in stru ctif. Plus intéressante encore est la nàture des comparaisons exprimées p ar l'ablatif. Connue l'a juste ment obse n é Lüfstedt, ce sont moins d es comparaisons au sens ordinaire qu e d es expr essions de r esse mblan ce : nemo m e miserior est éq uivaut i1 « personn e n'est aussi malh eureux que moi )) , co mm e luce clarior à I go); .:a,pè; èc11,âhw·1 (Z 4 79), etc. Entre cette catégorie et les précédentes, le rapport est celui qui a été indiqué pour le latin. Ici aussi on Yoit coùunent par extension continue le type p.D.t,:i; '{Î,u,.(w·, se prolonge dans ,.:;,p~ç ~pâlw·1 et dans cre"io èc11û1c,r1 et que, s'il y a affaiblissement sémantique dans le passage de l'un à l'autre, la fonction relationnelle subsiste pareille. Tout ce qu'on vient d'observer se répète encore en germanique. La construction avec cas est la même en germanique que dans les autres langues, sauf qu e le cas de comparaison est le datif. La substitution cl 'un cas « sociatif' » 11 un cas 'I 'Iw:x·r,o:.i ::;ü ~J.'lt:io-:cü » (Mt XI 11); swinfaoza mis « 6 hï.u?btep:i; tJ.C:.> » (Le Ill 16). On peut voir la preuve d'un usage Lien vivant dans le choix que le traducteur fait du datif pour r endre même gr. ~;dp en fonction d e comparatif: pai sunjos pis aiwis frodo::. ans sunwn lùdiadis .. . sind cc ci ut:;~. 't:~ ~!&°>·,:;~ -r:~1'=~ 9p~vtp.W:spci Û-;r~p -r~:J.; ~!c~; -;:1 cpto":è; e\n·1, plus prud ents que les fils de lumière >J (Le XVI 8) . L es exemples originaux apparaiss ent dans les autres dialectes et vérifient en grnnd nombre cc qui nous parait ê tre le principe de leur emploi. En vieil-islandais , où malh e ure usement d es dépouille ments complets manqu ent encore , on citera quelques exemples typiqu es : sal sék standa sdlu fegra, eulli bettm « j e mis le hall se dress er, plus clail' qu e le sol eil, meill e ur que 1'01· » ( Y11l. 66) ; at oepa lwera zi.lfi « hurler plus fort qu' un loup n (Harbarbslj ob /17); düklcd.lfar ent svarlari hiki « les elfes so mbres so nt plus noirs que la poix n (Gylfa ginning 2/4, 17); Iton 11ar hPerri lwn u fribari « ell e était plus bell e qu e toute autl' e fe mm e >J (Heimskringla 608 , 1); néma /ni. sér /1.Perium manni /i·emri > : H'unclorlicre eallum o'Srwn wunclrum « plus 111.crvcillcux que tous les autres miracles >> ; Sancte Johannes, se waes mara on selra eallum ofirum mannum « saint J ean, qui était plus grand et meill eur que tous les autres hommes >> (Blickling Homil. 163, .20); betran o'brum godum monnum « mcilleinque les au tr es hommes bons n (Greg. 1 d, .23) etc. Enfin, le datif est aussi celui d'un pronom personnel ou d'un obj et occasionnel. On p e ut borner ici ces indications descriptives 1 et formuler i1 prés ent dans sa généralité indo-européenne le principe qu e les faits latins per mettaient déjà d ' induire: la construction qvec cas est essentiellement pré1ica tipe; elle sert à. évaluer la qualité variable d'un oblet par référence à un autre objet pris comme norm e i11wwable, d 'abord nonn e naturelle, puis noi·me par position. Celte définition délimite le domaine propre au comparatif casuel: celui-ci est particulièrement adéquat à des comparaisons d e caractère proYerbial où l'érnluation est rapportée i1 un term e d e signification absolue: m elle dulcior, luce clarior, etc. Dans sa pleine acr. eptio n, cc comparatif est, au vrni, un « adéquatif >> . C'est pourquoi il se limite à des énoncés prédicatifs:« sa parol e est plus douce que le miel ; ton cœtrr est plus dur que la pierre ; il n'y a rien de plus misérable qu e l'homme ... n. Les objets pl'is pour « normes >> sont les exemplaires accomplis de la qualité, et la comparaison consiste dans l'évaluation d'une grandeur quelconque par rapport i1 un e grandeur connue. Ceci, pour le dire en passant, dénonce l'erreur du schème (pseudo-) logique auqu el on ramèn e si souYent ces corn paraisons : H plus doux que le miel >> signifierait « plus doux qu e le miel (est doux)>>. Tout an contraire, nous avons affaire à une én1luation « synthétique» an moyen d'une norme qui s'id entifie avec la qualité qu'elle symbolise. Cette qualité, rnriablc dans l'objet comparé, es_t absohw dans la norme de comparaison. Nous voyons alors comment se r. Les c·xcmpl es ~Jams, dout nons ne teurrns p~s comp te ici parce rp.1'ils soa t calq11és snr des modèl es grecs, 0 11L él6 l,iou décrits ,!ans l'ouvrage précité do A. Gallis. Le hillile (cf. p. 1 iû) a une forme isol6e kat!era- «inférieur».

136

COMPARATIFS ET SUPERLATIFS

réalise l'extension de ce comparatif au defa d es limites de la comparaison qu e nous avons appel ée (0 18û Sfj .) , cpO·~:;=-i:œ ,=1::i,t ;.6~ë; 'l.7..\. 1 :hx :1.c.cp.6•1u ·î; ~p.:·1 « leurs pieds et le urs genoux se fatigueront plus tôt que les n\tres >> (l1!' /4ft5). Ou un e cp1antité supérieure d'un côté qu e d e l' aull' : ·rnyis-pa (( deuxième » ; - ysnm, sum (( trois )) : swn-pa (( troisième )) ; - bzi (( cruatre )} : bii-pa (( quatrième » . Or -pa a d'autres fonctions , importantes et caractéristiques ·2. Celle , entre aulrcs, de nominaliser l es formes verbales e n constituant des infinitifs ou des participes, e t celle d'indiqu er celui qui pratique un métier: rtâ -pa cc homm e de cheval, cavalier"; c'11-p a cc porlcu r d' eau"· La concordance formell e e ntre c ·11-pa (pratiquant un métier) et swn-pa ( ordinal) mène it conclure que scwz--pa (< troisième » est bien « celui qui fait trois », et qu'en tibétain aussi l'ordinal a une fonction d'abord complé.:. live . En cu k.ci (chukchce), principale langu e d 'un groupe qui comprend aussi le koryak et le kamè'·adal (N. -E. d e la Sibérie), (ps numéraux sé fléchiss e nt comme des Yerbcs; en d'autres t ermes on a des conjugaisons numéral es, où le nombre est soumis , comme toute autre qualité, it des express ions vci'bales variables . Par suite, suivant la nature de la conjugaison, il y a plus ie urs formes d ' ordinaux , pat· exemple une ordinalité prédicative 3 : nzi'Li11éii cc cinq » : milinkaukin « tu es le cinquième», avec -eu- suflixe verbalisant, et -rlân indiquant présent duratif des form es verbales déri,·ées "· Mais la formation spécifique des ordinaux parait être cell e en -lin: miinLka'ulm cc cinquième» •. Cette formation en -lm, par ailleurs participe des verbes intransitifs, dénote l'agent d'un e action intransitive on celtii qui possède la notion d e base: iîpâul111 « celui qui boit » (de ûpau « boire >)); éce-lm « celui qui est g ras >', gai'm,éI-lm « celui qui es t rich e ». Il fout clone considérer l' 01:dinal comme une des modalités d'un emploi spécifique; mnm/wulm cc cinq uièm e " est I. Marr-Brière, L a la11glle géorgienne, p 80-90, explic['telll bizarrement le me ... e de l'ordinal par d onx m ols qni signifiera icnl: égal ement cc un >l . lis n'ont pas cli scoru é le rapport, a,·ec los nnms d o méti: wlial.atelwu « dixi ème » , et faha en m algach e : roa > : falz a-roa « d euxième >J 2 • Codrin gton qualifie ce préfix e de « causatif 11 3. Ici encor e l'o rdinal est cc celui qui faii ... » . Consid ér ons plus part iculièr e me nt la formation d es ordinaux en ta galog~ langu e ind onésieun e des Philippin es . L es ordinau x y servent aussi d e fra ctionn aires : (t a )tlà « ll'ois » : ilra-t l() « trois ième, tiers >> ; - dpat H qu atre 1> : ilw -rîpal , ikrîpal c< c1 uatrièm c, quart >> ; - limà cc cinq » : il.:a-lùnà cc cillfJuièmc » •. P ar aill eurs ce préfix e il.a- ser t i1 constit uer un passif cr instrum ental » qu e L . Bloomfie ld définit avec précision comm e ; l : par exc m ple, en copte, wan-n- kerad!t ou wa-s1.-eracl!t « le troisième», litt . cc celui (w a-) de (-n-) ou.\ ( -s-) trois (lceradh) » ou en aymara (Ki . Il y a cliscussion sur le sens et sur l' anal yse de cet affi xe , mais en tout état d e cause la r elation de l'ordinal avec le nombre cl e bas e se définit de la même manière e n sumél'ien que dans les autres lan g ue s citées ici. Si l'on pal't de -!.·am comme produit p ar -k génitif+ am particul e emphatique ou forme de « être » ', le « troi sièm e » sera à définir comme cc celui qui est de trois , qui y appartient l> . Plus précisé ment même , le signe graphique de -kam s'expliquerait, selon Deim el , par cc cercle >l +til cc ii ccompli ll ", donc comme une express10n typique du nombre cc complétif». D'autres 1.

Par ex e mple S11pir t!il n'en avoll" pas constaté e n la kelma (lldb. If, p. 267 .

111) .

2 . Ch ez L. ll omhnrgor , L es la11y11e.~ néyro-af,·icaines, 1941 , p. '.157 cl 279. 3. Scthc, op. cil., p. 125 , 129.

4,

P oobcl, Grull(/züge der sumer. Gramm., p. 116 sq.

5. Dcimol, Sumer. Gramm., p.

220.

COMPA1\A'l'1FS "ET SUPERLATIFS

(T hureau-Dangin, Jestin) préfèrent voir dans - kam(ma) un e fo rme unitaire, avec valeur d'un verbe d'existence, ud-2-kam-ma signifiant à peu près « jour ( étant) dans ( a-) (le fait d e) représenter 2 » 1 • Ainsi encore apparait dans l'ordinal une forme qui est comm e un prédicat d 'existence du nombre cardinal. C'est Lo ut ce qui importe ici . En caucasien du Nord-Ouest 2, les langues emploient des procédés différents, mais dont la signification est pareille . L'abxaz nse d'une périphrase et tourne « onzième » en « l'homme après dix >>. C'est de la même manière qu'on s'~xprimc en gnlla 3 (couchitique) où lama-ti-ana > (kùnsa); d ans les îles du Duc d ' York (près de la Xouvcl le-Guinée): tuldi i patap « quatrièm e >> « celui qui suit trnis >> (tuldi) . L'oppos ition reste la mêm e entre la série des nombres cardinaux et le t erme nouveau, unique, qui s'y ajoute. - Tout autre, et plus vo isin des expressions où nous l'insérons est le procédé usité en ubyx : yatqwax ou yatqwnlax «second>>. Ces formes s'analysent r espectivement en : ya- préf. possess. 3• pers. + tqwa >, et ya + tqwa + -l« avec» +-a.x, donc cc qui est avec son deux». C'est bien par la jonction d'appartenance à un cardina l (ici «deux))) que l'ordinal se définit . Les ordinaux finno-ougriens 4 se caractérisent par un morphème qui est -nte- en finnois et -d en hongrois : finn. kolme « trois » : kolmante- « troisième >l ; - neljii « quatre n : neljânte« quatrième » ; - l'Üte- u cinq » : Yiidente- > un adjectif i1 entendre con1111e cc celui >, litt. tay ( classificateur des humains)+ tolu « tro is >> + la pro11 . poss ess. + tau cc homme » 4 • Le parl er d e Kwara 'ac (lies Salomon) emploie le même procéd é avec -na: lima-na cc cinquième»; cc -na est le suffixe poss èssif de 3• sg . qui s'ajoute aussi bi en aux ordinaux c1u'aux noms verbaux ou aux 11oms dénotant coll ection de personn es ou d e choses 5 • Mais ailletu·s ou peut préfix e 1· ce pronom possessif, comme 11 Santa-Cruz 6, etc . En draYidicn , le suffixe -a11a *aga des ordinaux est, selo11 Caldwell, i1 intcl'préter comme une form e dn Ycr hc cc être » ; on aurait dans l'ordinal une sorte de participe « f[UÎ est ou qui a ... » 7 • Sur le domain e africain, le nama cons.titu c l'ordinal i1 l'aide dn pronom de 3• sg. //èi cc lui n suffixé au cardinal : /gàm cc deux » /gàm-//èi cc d euxième » 8 •

*

* * Il fallait prendre une idée d'e ns emble , sur d es exemples choisis dans les familles linguistiques les p lus variées, d es voies qui 1. Thalbilzer , lldb . of Amer. In d. Langu., 1, p. ro48 ; SwaJ de l 'ordinal. Déj i1 PiïJ.1-ini arnit m on tré un e compréhension remarquablement exacte du s,•us des ordinaux et anticipé les conclusions de l'étude moderne e n les d é nommant püra'!a cc complétifs». Nous proc éd n ons i1 un examen particuli er des formes du Rig Veda. Comm e on peut le prévoir, clviüya est peu carac •ristiqu e : pii/ti no agna ékaxa pült.r ùtâ clvit{raya (< ù Agni, protège-nous avec une (citadelle), protège-nous avec la seconde >J (VIII, 60, 9). C'est ~l partir d e cc troisième >J qu e la val e ur « complémentaire >J d e l' ordinal peut clairem e nt r essortir an t e rme d'un e énumération dont les d eux premiers éléments n 'o nt pas ·de qualification numéral e , on sont e nsemble nombrés par « d eu x » : d11é icl asy a krdma~ze ... t1·tt.Jmn ... « deux de ses pas, ... le troisième ... » (I, 155, 5); priita~tsavé ... mâcl!t.ra11uli11asya sd.vanas)"a ... trtt.J e savane J (III, 52, 6; cf. I, dh, 8; IV, 33, II ; 3!t , !t ; 35, 9); après les domaines de l'eau et du ciel, on nomme trt{l'e râjasi « dans le troisième espace » (X, !t5, 3; r 23 , 8); ùlrh!l ta élwm para ü ta éka,1z trtiyena ;j dti[!ri sd.1!l visasva « voici un e splendeur; eu voilà une autre; avec la troisième unis-toi i> (X , 56, 1); dvicllu1 0

0

1.

Altincl. Gram ii1., Ilf, p. /ioo sq (Yt V, 62), où l' ordinal suit un nombre cardinal et le r eprend. C' est le seul emploi qu'on puisse mettre auprès d es exemples védiqu es et perse. Autrement on peut citer des cas où l'ordinal enveloppe un compte i11Jplicite, comme dans la t. (jllinto die, g l'. ,·fi ;:{11.;::,. (r,tJ.ip~)- Ainsi lmm,â haptaiOë cc clans le septième (e t d ernier) karsvar de la terre » (Y., XXXII , 3), cette septième portion de l'univer s qni form e le monde habité (x"anira'la); kaltrlâî.::;o . .. yo naomyiiéit haé:a daùa ftaot musti.masa,a/wnz Xl"Ïllll a iwi.JJftënaiti « le coq qui distingu e d epuis le neuYièm e pays ( c.-à-d. par delà huit pays) un mot·ecau de Yiand e de la g l'o sseut· du poing » (Yt, XIV , 33); paséa panéa.dasïm saPa3am c< après la quinzième ann ée », c.-i1-d. quand il a atteint l'â ge (parfait) de quinze an s (Yd. , XIV, 15). Tou s les autres ordinaux sont d e type énum ératif et pt·ennent place dans les successions marquant le rang. Sauf exceptions rares , l'usa ge homéricru e est qu e le nombre ordinal n e figure pas clans plusieurs termes su ccessifs , mais un e seule fois et après un nombre cardinal, pour achever une totalité. Il faut passer en r evue les faits homériques pour établit· ce principe, qu e les grammaires ne signalent pas, et pour cn

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CO\IPA I\ATIFS ET SUPEI\LATIFS

montrer l'appli cation, qui couvl'e la majorité des exemples. La notion est toujou1·~ celle d ' un ensemble auquel l 'ordinal ajoute l'élément final , rru c cet ensemble soit un e ntier par nature et, en cc cas, l'ordinal éq uivaut it un nombre· fractionnaire, ou qu'il soit nn tout occasionnel, qui trouve sa complétude par l'addition > ou > sans modifier la construction ni le rapport des éléments comparés. Ou encore 18A ;-:6)J.' fl.·;;_,x Ô:.ia;i.s·1isn:·1, zapfJ,:X"t" z ~· SÙfJ.ê'l tî"(lvl" 11.ai, tn;x ôi ,' b.Nn·1 a~:oi: le superlatif 11,:x1,tcrrn s'ajoute i1 l 'énumération &i,1 sz -- zap:1,a,z à ·1a manière d'un ordinal tel que t;'.r.x:.x. Qu'on lise), 353 ~~p.~·lj è' .i·J:pe~:;t ;1.~ï~·f,7::t Ti:êi.~t, p.ll.t~t"a 3' sfid, ou p Agg sz0,:d 11,b ;-::b,e.; ... , ',\·1:!·1cc:; èè. 11.J,.'i. a,a 11,,.)drr, ;,.·ié ifo:Y.s et l'on verra i1 quel point la fonc_tion du superlatif équivaut à celle de l'ordinal: la séquence d·1:~; fJ,{·1 ... 11,ii,ian Qi reproduit exactement le type ,êcr:rz2~:; 11.b ... , ;-:211.7-:::; ôi ... S'il faut donc attribuer à l'une des deux formations la priorité sut· l'autre, tout porte i1 croire que c'est :1 _l'ordinal qu'elle doit revenir. Loin que l'ordinal soit une espèce de superlatif, c'est le superlatif qui se modèle sur l'ordinal. Et la double similitude de la forme et de l'emploi syntaxiqu e fait apparaître la n;ture de leur relation. L'ordinal indique le terme dernier qui complète _un ensemble, en s'ajoutant soit i1 un nombre soit i1 une énumération. De même le superlatif dénote le terme ultime qui porte à son point final une qualité que d'autres t ermes manifestent. Quantité et qualité s'ordonnent dans la même structure: > en *-yes, -isen-. Ce superlatif indique · le degré absolu de la q1111lité au milieu d ' une totalité fermée. C'est le type v. p. maQistrt bagëinëim « le plus grand des dieux », hom. ipi~ro; 'Azit(,)·1 . On crualific d e *megist(lt)o- celui qui est « le grand parmi les hommes », f(Ui incarne :t lui seul la qualité entre tous ceux qui en sont dotés i1 un degré nriable. C' est ce que le russe rend bieil en identifiant la qualité avec l'objet: samyi éestny i « l'honn ête lui-même, le plus honnêt(· » . Mais, comme pour les comparatifs, il s'est produit maintes confusions entre les superlatifs au cours de l'histoire d e chaque lan g ue, et la distinction ancienn e s'en trouve souvent brouillée. Pour notre ohj c t , il suffit d'avoir marqué les différences entre les deux typ es de sup erlat if et co1i1111ent ces différences prolongent, avec les m6mes carnctèrcs essentiels, celles qui séparent les deux formations de co111paratifs. Le fait qui ressort de cette confrontation est la liaison ét roite du superlatif avec l'ordinal, surtout du superlatif en *-is-t(h)o-, r.t que la marque de la formation résid e dans IP suffixe *-t(h)o- qui s''cs t en grec propagé jusque dans l' autre superlatif (*--;cq.o; r emplacé par --=~n:;;). C' est la fonction de ce suffixe qu'il faut maintenant considérer. 0

Ill

LE su1,r,·1xE *-to-. On aboutit, :1 trav,'rs l'examen tfos eomparatifs , d es ordinaux r.t d es superlatifs , à eonstater lf' rùl e, dans ces deux d ernières

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catégories, du suffixe *-t(li)o-. Ici se pose i1 nouveau la question qui a motivé cette longue discu ssion : quellf' est la valeur de cc suffixe? Les données du problème se trouvent un peu compliquées par la coexistence de d eux formations parallèl es: *-to et *-tlw- (c'cstà-dirc *-tao-) 1 en indo-europé en. Mais il ne semhlc pas, quellP que soit la natur,• exacte de *-tlw-, qu'il rempliss e un e autrn fonction que *-to-, :1vec lequel il alterne dans la série des ordinaux: *-tho- apparaît dans les nombres de !, à 6, en indo-iranicn notamment, mais *-to- dans les autres nombres. De même , l'adjectif verbal dn type skr . ulctlui- ne dilfèrc pas du type !.-rtd-. Nous traitons des deux suffixes considérés ensemble comme une unité suffixale. De plus, nous ne distingue1·ons pas entre *-to(*-tlw-) des ordinaux et superlatifs d'une part, et d es adjectifs verbaux de l'autre. Il s'agit d'un seul et même suffixe en divers emplois, auquel doit s'appl iquer une srnle et même définition. Mais il faut d 'aliord considérer une question de morphologie. Ici se présente, e t dan_s les mêmes termes, le problème qu e nous avons discuté à propos des dérivés en *-ti-. Une tendance assez marquée, crue Meillet a mise en lumière, porte à employer l'adjectif en *-to- sous forme de composé. Un exemple frappant est donné en grec par une expression telle qu e ëa;c xx[·1'fl'ta x;c\ ,.~;,.i·rl)p.tn (Pl. Sopli. 249 cl). On en pourrait citer d'autres tout pareils : 'it:0~·11:i,ep:;i cl cx'it;c(èe:.i.ct ,,~·,,, 'ite7'C~tÔëu1J.t·1w·1 l·1 -:~ïç ëz),ct; (Aristote, Rl1et. 1395 b 27). « Le principe est celui-ci: pour le simple, le g1·cc recourt aux participes proprement clits , de l'aoriste ou dn parfait; pour les comp°osés, i1 l'adjectif en -,~; 2 • » Pleinement valable pour le grec classique, cette doctrin e ne saurait cependant être transposé e directement en indo-européen. Nous devons d 'abord cherclwr s'il y a liaison constante et nécess aire entre la formation en *-toe t l'état de composé. Or on constate que les adjectifs simples en *-to- existent et que nombre d'entre eux remontent indubitahlemcnt à la période commune. Par exemple : skr. mrtd-, av. marala-, nwrata-, arm. 1. Cf. Kmylowi cz, Iktudes i11do-europée11nes, p . 49, qui examine, on fouclion ile ce suffixe, le rapport ,h1 superlatif et . L'adjectif Ycrbal du typ e datus qualifie « celui en qui s'accomplit J,. donn er », l'objet dans lequel est réalisée cette notion . Seule rhange la diath èse, non la valeur, I.

Brngmann , Gruncl,·. 2, II, r , p. 3g't, §

29 1.

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CO~IPARATIFS ET SUPERLATIFS

dans les formes tirées de verbes intransitifs , telle_s que lat. cenatus, potus, profectus. En tant que dérÎYé secondaire, ius-tus signifie aussi u en qui se réalise le ius », concrètement « conforme au ius », cf. iustae nuptiae; skr. sïi.r-ta- . « lumineux » a le mêm e rapport avec sur « _éclat » . Par là s'ouvre la possibilité de bâtir le d é rivé sur un uom de sens concret, comme cornu-tus. Enfin Je superlatif en *-ta- tel que gr. Y.pch-ic-- :;; s' assimile dans une certaine mesure à l'ordinal , et caractérise celui qui porte la qualité à son point d 'achèvem ent, celui en qui se réalise le Y.p:x,o; absolu. Dans toutes ces utilisations particulières, la notion est présentée comme subie, non active, et cela différencie profon dément *-ta- d'autres suffixes impliquant activité on production d'un ré sultat. En outre, si l'on compare les formation s en *-t- l1 celles en *-ta-, on remarque que le type gr. ~"t''~