Lettres aux amis des frères et des soeurs de Saint Jean, n° 62, Sept. 2001 Avec saint Jean, contempler le mystère de Jésus


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Lettres aux amis des frères et des soeurs de Saint Jean, n° 62, Sept. 2001 
Avec saint Jean, contempler le mystère de Jésus

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LETTRE AUX AMIS DES FRÈRES ET DES SŒURS DE SAINT-JEAN

N° 62

TRIMESTRIEL

Septembre 2001

20 F le numéro

Sommaire Septembre 2001 Nouvelles de la Communauté -Editorial (p.JEAN-PIERRE-MARIE).................................................................................................................... p. 1 - Lettres et chroniques Le message du père Marie-Dominique PHILIPPE........................................................................................ p. 3 Chronique des sœurs apostoliques................................................................................................................. p, 4 - La naissance au ciel de sœurFaustine...................................................................................................................... p. 6 - Ordinations à Vézelay (23 juin 2001) Mot d'accueil de Mgr GeorgesGILSON, Archevêque de Sens-Auxerre....................................................... p. 10 Mot de Mgr Louis-Marie BILLÉ, Archevêque de Lyon, Primat des Gaules................................................. p. 10 - Maisons et prieurés Rimont : Homélie du p. JEAN-EMMANUEL lorsde la Messe d'enterrement de sr. Faustine........................... p.11 Pellevoisin........................................................................................................................................................... p.13 Troussures........................................................................................................................................................... p.14 Bucarest (Roumanie).......................................................................................................................................... p.16 -Engagements............................................................................................................................................................... p.20 - Foru?n de la famille Saint-Jean (Souvigny , 2-4 juin 2001) Conférence du p. M-D PHILIPPE, o.p. :"Le mystère de la Famille"...........................................................p.23 Témoignages - sr MARIE-ODILE, pèresJEAN-PIERRE-MARIE, PHILIPPE-MARIE, MARIE-ALAIN: " Celui dont nous témoignons, c'est le Christ "..................................................................................... p. 32 - Les 'Enfants de la rue", Saint-Jean Education, un jeune couple, une oblate : "Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures" ........................................................ p. 39

Vie de l’Association Le mot du trésorier (André DAVID)................................................................................................................. encart

Enseignement - Homélie de S.E. le Cardinal Louis-Marie BILLÉ (Ordinations, Vézelay, 23 juin 2001)................................... p. 56 - Homélie du p. M-D PHILIPPE (Professions perpétuelles, Souvigny, 3 juin 2001).......................................... p. 59 - Homélie du p. M-D PHILIPPE (Professions simples, Souvigny, 4 juin 2001)..................................................p. 61 -Vivre du mystère du Cœur blessé de Jésus (p. JEAN-PIERRE-MARIE)............................................................. p. 65 -Avec saint Jean, contempler le visage de Jésus (p. M-D PHILIPPE, o.p.)......................................................... p. 70 - Pour nous, la sainteté c'est le Christ (p. M-D PHILIPPE, o.p.)......................................................................... p. 77

"Rencontres” - Ecole Saint-Jean Prieurés - Troussures........................................................................................................................................................... p. 86 - Orléans : Sessions............................................................................................................................................... p. 89 Cours d'iconographie.......................................................................................................................... p. 92 - Libramont (Belgique)........................................................................................................................................ p. 91 Associations amies - C.E.PHI.................................................................................................................................................................... p.93 -JeunesseJohannique............................................................................................................................................... p.94 - CJ3A- .Alliance Saint-Jean.........................................................................................................................................p.97 Pèlerinages - Irlande......................................................................................................................................................................p.98 - Ile-Bouchard, Notre-Dame de la prière.................................................................................................................. p.99 - Sinaï.................................................................................................................................................................. p. 101

- Publications -Je suis venu jeter un feu sur la terre (p. M-D PHILIPPE , o.p.) .......................................................................p. 22 - De Vilnius à Pondichéry (J-F. VIVIER) , Éd. du Triomphe.............................................................................. p. 54 -A l'écoute de la Sagesse (Cassettes / conférences du p. M-D PHILIPPE)........................................................ p. 75 - L'écho d'Abel (fr. FRANçOIS-NOEL Deman), Éditions Grégoriennes............................................................ p. 75 -Aletheia (École Saint-Jean).............................................................................................................................. p. 103 «Lettre aux Amis des frères et des sœurs de Saint-Jean» ISSN 1266-5452

Avec saint Jean, contempler le mystère de Jésus1 Le Saint-Père, au début de ce troisième millénaire, a voulu donner une exhortation, une lettre apostolique, à l'Eglise qui vient de vivre les grâces du Jubilé. Il nous l'a donnée pour que nous repartions tous, au début de ce troisième millénaire de l'Eglise, avec un nouvel élan, une grâce de renouveau qui nous donnera un nouveau courage, une nouvelle lumière. Et le Saint-Père nous a tout de suite invités à contempler le visage de Jésus, à retrouver un nouvel élan de prière, de sainteté, d'amour pour lui d'abord, et ensuite pour tous nos frères. Je dis "ensuite" et le Saint-Père montre que c'est en même temps ; c'est le grand mystère de l'Eglise, cela : si on aime plus le Christ, on aime plus ses frères, on les aime toujours plus. On ne peut pas se sanctifier uniquement pour soi-même. On se sanctifie pour soi-même en regardant Jésus, en le contemplant, et en le contemplant et l'aimant davantage on aime davantage ses frères. Et c'est pour cela qu'il est si bon de se retrouver ensemble. Nous avons toujours eu le grand désir, dans la famille Saint-Jean, de ne pas être seulement frères et sœurs réunis, mais d'être réunis avec nos frères et sieurs oblats, avec nos familles de la terre et du Ciel, et réunis avec nos amis qui cheminent avec nous dans le monde. C'est pour cela que nous sommes ici pendant ces jours de Pentecôte ; c'est une petite tradition ; elle prend cette année un caractère de renouveau, et nous voudrions beaucoup que ce soit véritablement un renouveau du point de vue de la sainteté, de la contemplation, un renouveau du point de vue apostolique, du point de vue familial et aussi, pour tous ceux qui, autour de nous, ne pensent pas comme nous, c'est-à-dire n'ont pas découvert le visage du Christ. Nous devrions, nous qui avons eu la grâce de découvrir Jésus, être pour eux de vrais témoins du Christ, être proches d'eux et les amener à Jésus. La grâce chrétienne implique cela. "Voici l'Agneau de Dieu " On voit, dans l'Evangile de saint Jean, comment Jean-Baptiste découvre Jésus au désert et comment il l'indique à ceux qui sont avec lui, ses disciples : "Voici l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde". C'est la première vision que saint Jean a eue du Christ, par Jean-Baptiste ; on voit là que la grâce johannique s'accompagne tout de suite d'un témoignage. Jean-Baptiste le solitaire emmène derrière lui ses amis, ses disciples, et il leur fait comprendre que celui qui doit venir pour sauver son peuple, le libérer de l'esclavage du péché, est là, et qu’il est l'Agneau de Dieu. En voyant en Jésus l'Agneau de Dieu, Jean-Baptiste montre celui qui vient pour s'offrir, pour se donner. Jean l'Apôtre a gardé dans son Evangile ce passage si émouvant : la première rencontre avec Jésus. Un époux aime toujours se rappeler le premier moment où il a rencontré son épouse : "Tu sais bien, tu étais là et en te regardantj'ai tout de suite compris que je pouvais venir vers toi : je t'aime". Jean l'Evangéliste, après cette première rencontre avec Jésus, quitte Jean-Baptiste ; et 1. Conférence du Père Marie-Dominique Philippe à Souvigny, le 2 juin 2001. 70

pourtant il l'aimait, il avait trouvé auprès de lui un protecteur, un frère aîné qu'il estimait. Jean-Baptiste, qui annonçait le Christ, avait six mois de plus que lui et Jean avait sans doute 20 ans ou 18 ans. A Jean qui le suit, Jean-Baptiste indique celui qu’il attend... etjean le suit, il met ses pas derrière ceux de Jésus (il est peut-être le premier) : il découvre Jésus avec André, au désert, dans la solitude.

Les noces de Cana Ensuite Jean nous montre le visage de Jésus qui, à Cana, à la prière de sa Mère, devance son heure et réalise son premier miracle : la transformation de l'eau en vin. Dans un pays où on cultive la vigne, manquer de vin dans un repas de noces serait désastreux ! Comme le dit l'Ecriture, "le vin réjouit le cœur de l'homme"2, et le premier geste de l'Agneau est un geste de miséricorde, et une miséricorde de surabondance. Si Marie avait réagi au niveau d'une simple prudence humaine, elle aurait dit : "Il n'y a plus de vin ? c'est très bien, les Apôtres seront plus calmes, et tout sera beaucoup plus calme 1". Mais Marie n'a pas fait ce raisonnement-là, et cela ne m'étonne pas, parce qu'on ne voit pas Marie réagissant de manière stricte et faisant la leçon à tout moment : "Il faut être calme, paisible, etc.". Non, Marie aime voir autour d'elle des personnes joyeuses d'être près du Christ. Elle lui dit donc : "Ils n'ont plus de vin", et Jésus donne un vin qui est meilleur que le premier. Il aurait pu dire : "Ils ont eu du très bon vin, donnons-leur maintenant de la piquette !". Mais non, il n'a pas fait cela ; il a donné un vin meilleur que le premier3. Si Jésus fait cela pour des choses matérielles, que ne fera-t-il pas pour les choses spirituelles ! La Croix Jésus veut vous donner un nouvel amour, plus grand que celui que vous avez déjà dans votre cœur ; à Cana il ne se contente pas de donner quelques bouteilles de vin, il donne - les exégètes ont bien calculé - 600 litres de vin, et si bon que celui qui est chargé d'organiser le repas, en goûtant ce vin, s'exclame : "D'habitude, on sert le bon vin tout de suite, et on sert le moins bon quand les gens sont déjà un peu gais, de sorte qu’ils ne s'aperçoivent plus qu'il est moins bon ! et toi tu fais l'inverse". Jésus veut qu'on monte toujours, qu'on avance toujours, qu'on aille toujours plus loin. Il ne dit pas : "Maintenant, c'est assez ; vous êtes assez saints, alors n'exagérez pas, continuez de vivre sur ce hautplateau, c'est bien". Non. Après le noviciat Jésus demande les vœux simples et après les vœux simples il demande les vœux perpétuels, et les vœux perpétuels, c'est avancer tous les jours : Duc in altum ! C'est étonnant de voir que dès Cana Jésus montre qu'il faut aller toujours plus loin ; et la miséricorde de Jésus ira jusqu'à faire que Jésus s'offre lui-même. Il ne suffit pas de donner des choses extérieures ; la miséricorde du Christ ira jusqu'au bout : elle fera de lui l'Agneau. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis"4, et le geste de miséricorde du Christ à Cana nous fait comprendre que le vin est le symbole 2. Ps 103,15 ; Cf. Sir 31, 27-31 et 40, 20. 3. Cf.Jn 2, 10. 4.Jn 15, 13.

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du sang versé, de la surabondance d'amour de Jésus s'offrant lui-même sur la Croix. Le visage de Jésus âgé de 30 ans, dans le désert, devait être beau - il est "le plus beau des enfants des hommes"5. Il y a un regard de Jésus sur Jean au désert6, et il y aura le regard du Crucifié sur Jean7, le regard de l'Agneau qui s'offre luimême. Ce visage plein de douceur, d'amour, de tendresse, saisit le cœur de Jean au désert, il l'attire pour que Jean l'aime de tout son cœur. Et à la Croix où il suit Jésus, Jean est attiré vers lui, et Jésus lui montre une tendresse d'amour qu'il ne lui avait pas encore montrée... Le don de Marie àJean Voyantjean à ses pieds, le voyant assister à la mort douloureuse de Celui qu'il aime et à qui il a donné toute sa vie, Jésus, devant cette tristesse de Jean, regarde Marie. Elle aussi souffre, elle aussi est douloureuse, et Jésus veut que Jean reçoive celle qu'il aime si tendrement, sa Mère ; il la donne à Jean. L’Agneau n'est pas seulement celui qui fait de grands gestes de miséricorde, et il n’est pas seulement celui qui s'offre, qui offre sa vie en holocauste d'amour : l'Agneau est celui qui donne sa Mère à son ami, à son disciple bien-aimé. Donner sa mère à quelqu'un qui est un ami, c'est, je crois, le plus grand cadeau qu'on puisse faire. Le plus beau don que Jésus puisse faire àjean est de lui donner Marie ; non pas seulement de la lui confier et que Jean soit là pour la garder, mais de la lui donner pour qu'il reçoive de Marie tout ce que Jésus a reçu d'elle, et qu'elle puisse donner àjean tout ce qu'elle a reçu de Jésus. Marie s'est donnée totalement àjésus ; aucune mère n'a aimé son petit enfant comme Marie a aimé l'Enfant Jésus à Bethléem. Puis Marie a aimé Jésus grandissant, comme aucune autre mère n'a aimé son fils. Et si Jésus, à l'âge de douze ans, a enseigné les docteurs de la Loi à Jérusalem", c'est bien pour nous indiquer qu'à partir de douze ans, Jésus s'est tourné vers Marie pour l'enseigner et l'élever toujours plus. La petite Thérèse a écrit VHistoire d'une âme, et c'est grand ; ne peuton pas dire que Jésus a écrit dans le cœur de Marie l'histoire d'une âme, son histoire, pour faire comprendre à Marie ce que c'était que l'amour du Père pour elle en lui donnant son Fils ? A partir de ce moment Marie recevait de Jésus la lumière ; il est "la lumière du monde"9, et il a été pour Marie la lumière de son cœur. Et toute la tendresse d'amour que Jésus pouvait avoir pour Marie, c'était toujours pour la conduire vers le Père, vers son Dieu. A la Croix, celle qui a reçu de Jésus cet enseignement, cet amour, cette tendresse, est donnée àjean. Par làJésus lui montrait combien il l'aimait, combien il avait confiance en lui, puisqu'il pouvait lui donner ce qui lui était le plus cher. Et par là il révélait à Marie combien le Père l'aimait, elle, et combien il aimait Jean. Marie, qui est immaculée, était la joie du Père et la joie du cœur du Christ, et elle a été la joie du cœur de Jean. (...) A la Croix Jésus a donné sa Mère àjean, mais en la donnant àjean, il l'a donnée aussi à Pierre, à Jacques, à André, à Thomas, à tous. C'est comme cela que Jésus se donne. Dans l'Eucharistie il se donne à tous, mais à chacun d'une manière unique, et c'est pourquoi il attend de chacun un amour particulier. Il a un cœur 5. Ps 45, 3. - 6. Voir Jn 1, 38. 7. VoirJn 19, 26-8.’Voir Le 2, 46-47.-9. Jn 8, 12et 9,5.

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d'homme et un cœur divin, universel, et en même temps si singulier, si unique pour chacun d'entre nous ! Il est l'unique pour chacun d'entre nous, comme il était l’unique pour Jean ; et quand le Saint-Père, dans sa lettre apostolique, nous demande de regarderJésus, il nous demande de le regarder comme Celui qui nous aime en particulier, d'une façon unique, comme il a aimé Jean d'une façon unique.

Découvrir le visage deJésus pour nous L'Evangile de Jean nous est donné pour que nous le vivions. La Révélation n'est pas une vitrine ! La Révélation est pour moi, entièrement pour moi, et elle est entièrement pour mon frère, et entièrement pour l'autre, et entièrement pour tous. C'est pour tous, et c'est unique pour moi. Parfois nous faisons ce raisonnement : "C'est pour tout le monde, ce n'est pas pour moi". Oui, c'est universel, c'est pour tous les hommes mais c'est pour moi en particulier. Jean a tellement bien compris cela ! Quand on lit son Evangile, on découvre ce visage deJésus pour nous, pour chacun en particulier : c'est monjésus et c'est le Jésus de tous. Et plus il est wonJésus, plus il est à tous. Jean a connu cette intimité avecJésus, l'Evangile nous le montre, (cf. Jn 27, 25) Jésus nous apprend l'adoration et la miséricorde Jean nous fait comprendre aussi que Jésus veut qu'on adore le Père ; il a compris que Jésus, dans son cœur humain, adorait le Père et il a vu que Jésus, Agneau si doux, était farouche quand son Père n'était pas respecté comme il aurait dû l'être. A Jérusalem Jésus, l'Agneau, a renversé avec un fouet les tables des changeurs d'argent et il les a renvoyés10. Dans le Temple, il faut des adorateurs du Père. Et à la Samaritaine qui ne savait plus très bien où elle en était (elle avait eu cinq maris - il y a de quoi perdre la tête !) Jésus recommande tout de suite l'adoration. Nous, nous aurions dit à cette femme : "Ne pèche plus, sois sage, envoie promener tous ces hommes qui ne sont pas tes maris et reprends ton vrai mari !". On l'aurait mise en pénitence un certain temps pour voir si vraiment elle était convertie, si elle était capable de tenir parole. Jésus ne fait pas cela. Lui qui scrute le cœur de l'homme, il sait ce qu'il y a dans cette pauvre femme, et tout de suite il lui dit : "Adore en esprit et en vérité"11. Cela a beaucoup frappé Jean, de voir qu'à cette pauvre femme perdue, qui ne sait plus ce qu'il faut faire, Jésus dit d'adorer. C'est l'adoration qui nous remet dans la vérité. Adorer remet tout en place, parce que dans l'adoration on est vrai : on est face à Dieu. Jean nous montre encore Jésus comme celui qui a une miséricorde infinie pour la femme adultère. Les Pharisiens veulent que Jésus opte entre la miséricorde et la Loi, qui demande qu’une femme prise en flagrant délit d'adultère soit lapidée. S'il opte pour la Loi il ne fera plus miséricorde, et sera donc obligé de se contredire. Devant ce dilemme, Jésus garde le silence, ce qui nous révèle l'abîme de miséricorde de son cœur. Et comme on attend qu'il parle, il dit : "Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre". (Cf. Jn 8, 7) Cela nous fait comprendre que la Loi n'est pas une finalité mais un moyen. Il faut la respecter quand on peut la respecter, c'est sûr, mais Jésus nous montre qu'il y a des cas où on doit se taire pour ne pas briser une créature pauvre... 10. Voirjn 2, 15. -11. Cf.Jn 4, 23-24. 73

Il faut que nous rencontrions Jésus dans notre vie, que nous le rencontrions tous les jours. Prier, c'est rencontrer Jésus ; on ne peut pas vraiment prier sans rencontrer Jésus, car c'est lui qui nous apprend à prier. Il nous faut rencontrer l'Agneau, rencontrer la Lumière du monde, rencontrer celui qui nous apprend à être miséricordieux, celui qui nous apprend à être généreux. Rencontrer Jésus, être familier de Jésus, d'une familiarité divine qui implique un très grand respect parce qu'il est Dieu. Je l'adore, mais il est mon ami ; et parce qu'il est mon ami, je désire devenir progressivement (même si c'est lentement) comme lui. C'est cela que le Saint-Père nous rappelle : devenir comme Jésus, être bon comme le Père céleste est bon, lui qui fait luire le soleil sur les justes et sur les injustes, sur les bons et les méchants12, lui qui regarde le cœur de l'homme et veut l'attirer à lui pour qu'il l'aime.

La grâce du troisième millénaire Il y a dans ce début du troisième millénaire une grâce particulière : redécouvrir Jésus. Si nous sommes encore très jeunes, ayons le désir de le découvrir et qu'il se découvre à nous comme un ami très cher, très aimant ; si nous sommes en pleine force de l’âge, demandons àjésus de nous apprendre à aimer d'une façon vraie avec une fidélité absolue, à aimer ce qui peut nous agrandir, nous éclairer, à aimer celui ou celle que Jésus met sur notre route. Demandons àjésus de nous apprendre à nous pencher sur le prochain s'il est faible, à découvrir sa faiblesse. Aimons Jésus dans le pauvre, aimons Jésus dans le prochain que nous rencontrons sur notre route. Et si nous sommes âgés, au déclin de notre vie, supplions Jésus de nous donner un nouvel amour pour lui, de découvrir ce qu'il y a de plus caché en lui, de plus mystérieux et de plus humain, parce que le mystérieux et l'humain ne se confondent pas mais s'unissent dans le cœur de Jésus. Il n'y a jamais eu un homme aussi humain que Jésus, il n'y a jamais eu un homme aussi grand, aussi aimant que lui, il n’y a jamais eu un homme aussi miséricordieux, aussi juste. Il aimait la justice et la Loi, et il est venu pour l'accomplir et la dépasser. Dans sa Lettre apostolique, en nous demandant de regarder Jésus avec un regard nouveau, le Saint-Père nous demande aussi de recevoir Marie13 ; de la recevoir comme Jean à la Croix, et d'être enseignés par elle, puisque elle-même a été enseignée directement par Jésus. Que Marie nous apprenne à recevoir le Saint-Esprit, le Paraclet, pour que la parole de Dieu soit vécue du dedans et non pas seulement écoutée d'une manière extérieure. (...) fr. Marie-Dominique Philippe, o.p. 12. Cf. Mt 5, 45. 13. Voir Nmo miltenio ineunte, 58 : “La Vierge très sainte nous accompagne sur ce chemin. C’est à elle qu’il y a quelques mois, à Rome, avec de nombreux Evêques venus du monde entier, j’ai confié le troisième millénaire. Bien des fois, au cours des années passées, je l’ai présentée etje l’ai invoquée comme l’”Etoile de la nouvelle évangélisation”. Je la présente encore comme aurore lumineuse et guise sûre pour notre chemin. Me faisant l’écho de la voix même de Jésus (cf. Jn 19, 26), je lui redis : “Femme, voici tes enfants”, etje lui présente l’affection filiale de toute l’Eglise”. 74