Les Premieres Annees Du Roi Zimri-lim De Mari: Premiere Partie 9789042939653, 9042939656

Le tome XXXIII des Archives royales de Mari avait pour but de reunir les textes qui ont trait aux premieres annees du re

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French Pages 602 [609] Year 2019

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Les premieres annees du roi Zimri-Lim de Mari: Premiere partie
1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
INDEX
TABLE DES MATIÈRES
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Les Premieres Annees Du Roi Zimri-lim De Mari: Premiere Partie
 9789042939653, 9042939656

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ARCHIVES ROYALES DE MARI XXXIII

LES PREMIÈRES ANNÉES DU ROI ZIMRÎ-LÎM DE MARI Première partie

Jean-Marie DURAND

PEETERS

LES PREMIÈRES ANNÉES DU ROI ZIMRÎ-LÎM DE MARI PREMIÈRE PARTIE

ARCHIVES ROYALES DE MARI ___________ Collection fondée par André PARROT † et Georges DOSSIN † Direction Jean-Marie DURAND et Dominique CHARPIN &RPLWpVFLHQWLÀTXH Dominique CHARPIN, Jean-Marie DURAND, Michaël GUICHARD, Jean-Robert KUPPER †, Nele ZIEGLER

ARCHIVES ROYALES DE MARI XXXIII

LES PREMIÈRES ANNÉES DU ROI ZIMRÎ-LÎM DE MARI PREMIÈRE PARTIE

Jean-Marie Durand

PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2019

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. ISBN 978-90-429-3965-3 eISBN 978-90-429-3966-0 D/2019/0602/53 © 2019, Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgium No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval divices or systems, without the prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.

       

À la mémoire de Georges DOSSIN et de Maurice BIROT lecteurs infatigables des tablettes de Mari sans les travaux de qui les nôtres n’auraient pas existé                          

1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE

Si l’on veut écrire aujourd'hui (2018) « La prise du pouvoir par Zimrî-Lîm », la situation se présente de façon beaucoup plus complexe qu’en 19831 car, dans un laps de temps qui représente désormais plus de 35 ans, non seulement la documentation s’est considérablement augmentée, ce qui était prévisible, mais l'approche des problèmes s'est complexifiée, au point que l'on peut se demander si nos prédécesseurs, ceux qui ont lu les premiers documents retrouvés par A. Parrot dans les archives du Tell Hariri s'y reconnaîtraient dans la problématique actuelle des textes dont ils ont initié la publication. La grande question qui avait sous-tendu les efforts des déchiffreurs, celle de savoir si Mari représentait le dernier avant-poste sumérien face à l'Ouest ou l'ultime avancée occidentale face au monde mésopotamien, n'a pas reçu sa réponse, car il se trouve que « les textes de Mari » parlent en fait du « monde de Mari » et c'est cette « civilisation du milieu » qui réapparaît aujourd'hui. Il y a eu un moment au XVIIIe siècle av. n. è. qui a, somme toute, peu duré, où Mari a été étroitement rattachée à un monde politique et culturel mésopotamien, mal connu, celui de l'Akkad oriental. La Syrie du Nord dont nous parlent surtout ses textes fait référence à de grandes villes du IIIe millénaire ruinées, peuplées en ce début du IIe millénaire par des Bédouins qui s'y étaient installés et y avaient aménagé leur propre civilisation. Le problème pour connaître cette dernière vient de ce que, dans un univers où l'oral devait être omniprésent, les divers centres avaient tous adopté comme mode d'expression écrite — notre seul moyen d’avoir aujourd’hui accès à eux — le système cunéiforme dit paléo-babylonien qui véhiculait une expression sémitique souvent proche des dialectes régionaux. L'uniformité de cette expression a dès lors masqué dans l’écrit les particularismes locaux. Ainsi croit-on aujourd’hui à l’unité d’une vaste réalité moyen-orientale, depuis le pays des deux fleuves jusqu'aux rives de la Méditerranée, alors qu’il ne s’agit que de l'uniformisation de son expression écrite. Cela est fort gênant car, bien souvent, ce n’est que par le biais du lexique que l'on a accès aux réalités socio-économiques et à l’exercice du pouvoir politique, alors que la plupart du temps ce sont des termes orientaux qui sont utilisés pour des structures occidentales et lorsque les termes locaux surgissent dans un texte, ce n'est le plus souvent que par le contexte, toujours réducteur, ou l'étymologie, toujours trop imprécise, qu'on peut les comprendre. C'est ce mélange culturel qui est appelé aujourd’hui « le monde amorrite ». 1.1. Nomades et sédentaires Dans la Syrie des XIXe & XVIIIe siècles av. n. è., qui a connu une assez grande instabilité politique, il est vain d'opposer le monde des nomades et celui des sédentaires. Il vaudrait mieux considérer leurs modes d'existence comme des moments successifs dans la vie des individus plutôt que comme de simples réalités complémentaires, économiquement parlant, ainsi que le veut la théorie dite du « dimorphisme ». Les sédentaires ne sont souvent alors que des nomades qui se sont arrêtés pour un temps2. Mais

1

C’est le titre que nous avions choisi D. Charpin et moi-même pour notre article conjoint de MARI 4 [1985], titre qui s’inspirait de « La prise de pouvoir par Louis XIV », production cinématographique (1966) alors fameuse de R. Rossellini. Si ce film tournait autour de la façon dont le roi de France s’était libéré de son ministre Fouquet, l’apparition en pleine lumière désormais de la figure omniprésente du ministre Bannum dont s’est finalement affranchi Zimrî-Lîm donne une actualité nouvelle à ce titre déjà ancien. 2 Cf. p. 67, ce qui est dit des Ékallatéens qui évacuent Mari, du groupe d'I me-Dagan qui part d’Ékallatum (cf. p. 95), ou encore de la fuite des Mâr sim'al devant l'établissement des gens d'Ékallatum (passim).

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tels que l'on prendrait pour de purs sédentaires pouvaient également à un moment donné se « mettre en route ». De fait, des parties importantes de la société pouvaient être incitées à « partir » : pour des raisons politiques, ce sont les hapirum ; pour louer leurs services à l’occasion d’entreprises militaires, ce sont les lú-me didli ([w]edûm, ou baddum) ou les habbâtum, ancêtres des sa-gaz de l'époque moyenne ; pour se procurer de la nourriture ailleurs (sagûm). Les sociétés que nous illustrent les textes de Mari sont très différentes de celles des grandes villes de l'Irak ancien qui donnent l’impression d’être beaucoup plus stables et qui ont, de surcroît, de fortes traditions nationales. On ne peut imaginer un monde qui soit plus indifférent au temps historique que ces sociétés syriennes du début du IIe millénaire av. n. è. À considérer ce que nous connaissons de familles privilégiées pour l'étude comme celles que nous appelons « royales », l'horizon historique de EGO ne remonte pas au delà du grand-père. Les souvenirs dont il est fait état s'inscrivent en effet dans le temps d'une vie individuelle, alors que nous savons par ailleurs l'importance de la commémoration à cette époque. À la différence de ce qui se passe pour les sociétés de l'Irak ancien, l'horizon historique pour la famille royale de Mari se borne pour nous à Yagîd-Lîm et pour celle d’Alep à Sumu-êpuh. Au delà de ces deux « grands ancêtres »3, il est — pour l'heure — impossible d'avoir une information quelconque : le père et l'origine géographique d'un Sumu-êpuh ou d'un Yagîd-Lîm nous restent inconnus et si les liens du second avec les Mâr sim'al sont notoires, il reste à prouver qu'il était lui-même d'extraction mâr sim'al, de même que, s'il est à peu près assuré aujourd'hui que l’habitat qu’il a dû quitter se trouvait dans la partie ouest de la Haute-Djéziré, nous ignorons depuis quand il s'y était établi. Cela tient certainement au fait que la documentation écrite n'avait qu'une faible part dans les traditions de ceux qui pratiquaient alors une vie de nomades. La notion essentielle à l'époque semble avoir été celle des nig‘um, les chemins parcourus lors de l'errance saisonnière, objets d'accords entre communautés, qui permettaient d'individualiser les différentes ethnies. Il y a sans doute à méditer sur le fait que les grandes nomenclatures tribales reposent sur des termes d'orientation géographique : Nordistes (Mâr sim'al) ou Sudistes (Mâr yamîna), Occidentaux (Amurrûm) ou gens du sud (Sutûm). Si les deux premiers peuvent se définir par rapport au lever du soleil et semblent avoir eu —malgré de durs affrontements — une assez grande complémentarité, il n'en était sans doute pas de même des deux autres dont on ne sait pas, en outre, quels liens, culturels, religieux ou linguistiques, ils avaient avec les premiers. Les luttes des Sutûm avec les Mâr sim'al et les Mâr yamîna ont été fréquentes et violentes. Plus d'un exemple en est fourni par les documents édités dans cet ouvrage. Ces « Soutéens » semblent en tout cas n'avoir eu aucun lien communautaire avec ceux auxquels ils disputaient l'usage de l'eau du Moyen-Euphrate. Cette réalité nomadique oppose fortement, en ce début du deuxième millénaire avant notre ère, la civilisation des grandes villes d'Irak du Sud à celles de la Syrie euphratique ou des grandes zones steppiques du désert de Palmyre et de la Haute-Djéziré. Si la première se présente, au moins à un examen superficiel, comme l'héritière du millénaire précédent, nous ne connaissons pour ainsi dire pas les liens que les deux premiers siècles de la Syrie du deuxième millénaire entretenaient avec l'époque qui les avait précédés ou les souvenirs qu'ils en avaient. C'est dans cette nouvelle façon de voir les gens de Syrie et la société de Mari que l'histoire de celle que l'on appelle pompeusement « la métropole du Moyen-Euphrate » doit être reconsidérée pour l’époque amorrite. En ce début du deuxième millénaire avant notre ère, les grandes villes du nord du Proche-Orient, désertées depuis la fin du IIIe millénaire, ont été occupées par des Bédouins dont les traditions ne sont pas connues mais qui n'avaient pas de liens forts avec leurs lieux comme cela se passait dans les métropoles de l'Irak ancien. Des tells imposants du IIIe millénaire (et avant), comme Urki ou Nagar, n'ont qu'une importance secondaire (ou celle d’un centre religieux) à l'époque des archives de Mari. La région montre à la fois une très grande dispersion culturelle et politique et une forte tendance à regrouper les différentes unités au sein de communautés dont les leaders ne durent qu'un temps bref, en fonction de leur aura personnelle, ce qui est d'ailleurs la marque de conceptions bédouines.

3 Il est remarquable que le terme de ‘ammum qui désigne de façon très nette, à l'époque amorrite, le « grandpère », a le sens de « peuple » ou de « clan » en hébreu, ou désigne « l'oncle paternel » en arabe.

Présentation générale

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La période est marquée par des tentatives hégémoniques de mettre la main sur cette multitude d'activités troublées. Cela a été le fait de chefs qui s'appuyaient sur des centres politiques forts et qui ont eu les moyens économiques et militaires de leurs ambitions. Nous en connaissons deux assez bien, celle de Samsî-Addu, roi d'Ékallatum, et celle de Zimrî-Lîm, roi de Mari. Il est évident qu'Ibâlpêl (« Ibâl-pî-El ») II d'E nunna aurait voulu faire de même, mais il y a échoué. Nous connaissons encore mal les systèmes antérieurs ou postérieurs à notre documentation, celui d'un Yahdun-Lîm de Mari ou celui d'un Hammurabi d'Alep après le retrait du Nord syrien des forces babyloniennes et l'évacuation, toujours non expliquée, des ruines de Mari par les troupes de Hammu-rabi de Babylone. 1.2. Sens du « retour » de Zimrî-Lîm L'arrivée au pouvoir de Zimrî-Lîm se présentait, en 1983, comme une sorte de « revanche » du successeur de Yahdun-Lîm, roi de Mari vaincu par Samsî-Addu et mort dans des conditions mal élucidées. La dynastie mariote reprenait ainsi ses droits sur les Bords-de-l'Euphrate, une fois l'envahisseur chassé. Cependant, déjà apparaissait l'ombre d'un dénommé Bannum dont le sceau portait un libellé atypique ; des suspicions pesaient également sur la « race » de Zimrî-Lîm puisqu'il apparaissait qu'il n'était pas le « fils de son père ». Nous avons appris depuis que Yagîd-Lîm a été un chef dans l'ouest de la Haute-Djéziré (sans doute à Dêr du côté du Balih) d'où il était venu s'établir sur les bords de l'Euphrate, vraisemblablement après avoir perdu sa ville, sans avoir jamais été roi de Mari, alors que sur le trône de cette dernière terminait la dynastie des akkanakku du IIIe millénaire. C'est sans doute son fils Yahdun-Lîm qui s'est emparé de la grande ville, laquelle devait être néanmoins passablement déchue puisque E nunna possédait le cours de l'Euphrate jusqu'à Puzzurân et que plusieurs principautés mâr yamîna étaient déjà installées à son amont4 ; il s'agissait en particulier de Samânum, mais nous connaissons encore Tuttul et Abattum comme des centres politiques autonomes forts à l'époque de Yahdun-Lîm. Rien ne nous renseigne en revanche sur le statut de Terqa. Yahdun-Lîm (ou peut-être Yagîd-Lîm avant lui) avait dû se constituer une place forte et un palais à uprum (Tell Abu Hassan). Maître de Mari, il a su vaincre les chefs mâr yamîna d'amont, édifier la Forteresse qui porte son nom et organiser à partir de sa capitale un royaume qui rayonnait jusque dans la Haute-Djéziré de l'Ouest. Sans doute, depuis ses nouvelles possessions essayait-il de récupérer l'héritage paternel perdu. Son affrontement avec Samsî-Addu qui poussait vers l'Ouest depuis Ékallatum représentait donc le choc de deux impérialismes. Lorsque, après sa victoire, Samsî-Addu descendit jusqu'à Mari, il ne mettait pas un terme à un royaume centenaire mais stoppait une puissance en cours de constitution. Aucun des deux pouvoirs n'était plus légitime — ni ancien — que l'autre, du moins à en juger par la documentation à notre disposition. Il ne faut voir là que le résultat de la réussite ou de la faillite dans la conduite de la guerre. Pendant deux décennies à peu près la région de Mari a été englobée, suite à la victoire de SamsîAddu, à un vaste ensemble territorial dont elle représentait une marche, face aux routes qui traversaient le désert jusqu'à Palmyre et, au-delà, jusqu'à Qa na et Ha or. La riche documentation afférente à cette époque est en cours d'études. Cette conquête de Mari par Ékallatum semble s'être accompagnée d'une dispersion des ethnies mâr yamîna et mâr sim'al, sans doute majoritairement en direction de l'Ouest du nord et du sud. Ce royaume de Samsî-Addu (dénommé ici RHM = Royaume de Haute-Mésopotamie) tirait en fait sa force de son monarque que l'on estime brillant à voir les résultats obtenus, mais le détail événementiel de ses faits et gestes est aujourd'hui pour une part enseveli dans les ruines d'Ékallatum, sa capitale, ou de ubat-Enlil, son séjour propre. La désagrégation du RHM semble en tout cas avoir été rapide et le royaume n'a que peu survécu à son créateur, puisqu'immédiatement après lui un nouvel État se forme autour de Mari, qui de simple marche redevient un centre international, et puisque les unités de sa région centrale, soit la Haute Djéziré, retrouvent leur autonomie. À l'Est la montée belliqueuse d'E nunna ne laisse plus

4

Cf. la présentation historique de FM XIII.

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subsister qu'un État croupion autour d'Ékallatum où un fils de Samsî-Addu, I me-Dagan, arrive à se maintenir avec heurs et malheurs. En fait le lien qui unissait toutes ces régions était le charisme de Samsî-Addu qu’il faut supposer renforcé par les serments de fidélité prêtés à sa personne. La mort du grand roi a dû donner libre cours à des convoitises jusque là contenues. En un sens, il serait plus juste de parler de curée que de restaurations5. Nous disposons aujourd'hui de textes qui parlent de la période d'avant la reconquête, lorsque Zimrî-Lîm (peut-être alors sous un autre nom) et des compagnons d'infortune rêvaient d'un retour sur « les trônes ancestraux », en fait désiraient prendre le pouvoir dans des villes où ceux dont ils se disaient les héritiers l'avaient exercé. Une lettre circulaire de Zimrî-Lîm6 programmant le retour des héritiers dynastiques montre que la conquête de Samsî-Addu s'était accompagnée d'une sorte de colonisation, des gens d'Ékallatum s'installant dans les lieux conquis. Il est loisible, cependant, de constater que, selon le principe que la Nature a horreur du vide, les premiers arrivés furent les premiers servis, au détriment d'autres qui se jugeaient plus légitimes à tenir le pouvoir. Ainsi trouve-t-on après la période du RHM un adum-adal sur le trône d'A lakkâ et un Yumra -El à Qâ-Isqâ, alors qu'Ibâl-Addu7 ou Sumu-la-nasi8 qui se jugeaient dépossédés auraient bien voulu que Zimrî-Lîm intervînt en leur faveur. Ce furent l'occasion pour eux de rappeler au nouveau roi de Mari le souvenir de périodes moins fastes. Le retour de Zimrî-Lîm à Mari s'est, en fait, opéré à une époque de grande instabilité internationale. L'abondante progéniture des princes multipliait les prétendants après leur disparition, vu l'absence d'un principe net d'accession au trône. Cette dernière reposait sur le choix de notables locaux9, approuvé (ou inspiré) par le suzerain, quand il y en avait un. Le système créait ainsi des qeltum (kal um), soit des prétendants, au sein des mâdarum, les gens de la famille royale. Le trône de Mari, lui-même, n'en était pas à l'abri10. Il existait encore à l'époque de Zimrî-Lîm des descendants de Yahdun-Lîm ou de Sumu-Yamam, son successeur épisodique, et tant à Kurdâ qu'à Babylone on n’a pas répugné à accueillir des gens qui disaient appartenir à la famille royale de Mari. Le fait que Zimrî-Lîm ait jugé bon, à un moment, de changer de père, passant de Hadnî-Addu à Yahdun-Lîm, n'a apparemment pas fait l'objet d'une explication officielle, comme cela est naturel, mais a certainement dû avoir sa raison d’être au moment où cette modification de paternité a eu lieu. 1.3. Le « retour » de Zimrî-Lîm Nous ne savons pas le détail de la fin du règne de Yasmah-Addu, que nous reconstruisons surtout grâce aux dates des documents administratifs et aux événements qu’ils permettent de reconstituer. Quelques lettres permettent aujourd'hui d'avoir plus de précisions mais lutter contre un roi auquel on avait prêté serment d'allégeance a certainement dû poser des problèmes éthiques à plus d'un. Il apparaît néanmoins que le régime s'est effondré sous les coups de Mâr sim'al que devait conduire Bannum et ceux des tribus mâr yamîna qui revenaient à des régions où elles s'étaient installées avant leur conquête par le roi d'Ékallatum. I me-Dagan, l’héritier de Samsî-Addu, n'avait pu éviter la chute de Mari car il avait lui-même forte partie avec l'attaque d'E nunna contre la région sud de ses possessions et c’est le bédouin Zakurabum,

5

Cf. en ce sens FM V, p. 138.

6

Cf. dans la section Bannum, p. 66 et 67, les textes TH.72 15 et ARM XXVIII 148.

7

Cf. p. 30-33, la reprise de ARM XXVIII 77-78.

8

Cf. p. 24-27, la reprise de A.4182.

9

On voit souvent mentionné à ces occasions le « peuple » (les mu kênum). Ce n’était cependant pas de vraies démocraties populaires. Sans doute faut-il comprendre que seuls s’exprimaient parmi les mu kênum les chefs de famille des clans autres que celui où le roi était choisi. 10

Voir ainsi dans Bannum, p. 69, sq. le § : Des kal um de Zimrî-Lîm?

Présentation générale

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un proche de Bannum, qui s'entremit pour faire évacuer Mari par les Ekallatéens qui s'y trouvaient11. La mesure n'a pas touché uniquement la capitale mais également un centre comme Terqa12. Cette politique de repli devait être dans les vues de Zimrî-Lîm lui-même qui proclama, depuis Tuttul qu'il avait conquise, le retour sur les trônes du Nord des héritiers légitimes ainsi que le départ de ceux qui devaient être des fonctionnaires ékallatéens13. Il reste à établir d'après la documentation à notre disposition quand et comment Zimrî-Lîm, après avoir conquis Tuttul, a trouvé la possibilité d'aller jusqu'à Mari, quels ont été ses aides, à l'extérieur et à l'intérieur de ce qui devait être son royaume, qui s'est opposé à son accession au pouvoir. Ce dernier aspect nous restera sans doute inconnu car ces adversaires ont dû avoir une triste fin, de sa part, ou de celle de ses amis. Il y eut certainement plusieurs candidats au trône de Mari pour remplacer Yasmah-Addu qui était un étranger, mais c'est sur Zimrî-Lîm, petit fils (ou neveu ?) de Yahdun-Lîm (nous ne savons pas quel lien avait Hadnî-Addu avec Yahdun-Lîm), que se porta le choix de Bannum et le prince vint se faire couronner à Terqa. Des tractations qui se passèrent alors, nulle trace n'a encore été découverte et, peut-être, n'en saurons-nous jamais le détail. Lorsque Zimrî-Lîm arrive à Terqa, l'accord avec Bannum avait été fait puisque Asqûdum affirme sur son sceau que Zimrî-Lîm est celui que « Dagan a installé ». Il m'apparaît aujourd’hui qu'une bonne partie des lettres d'Addu-dûrî14, mère de Zimrî-Lîm, ont été adressées à son fils alors qu'il n'était pas encore arrivé à Mari. On en verra l'argumentation ici-même. Nul doute qu'Addu-dûrî, veuve de Hadnî-Addu, elle-même princesse d'origine rabbéenne, a été d'une importance décisive pour le choix de Zimrî-Lîm. Elle n'avait apparemment pas quitté la région de Mari après la catastrophe (le ullumum, comme elle dit15) et il est possible qu'elle y ait été affectée au culte de Dêrîtum/Annunîtum à Dêr ou ehrum. De cette région proche de Mari et qui était sans doute la première où se soient installés Yagîd-Lîm et ses gens, elle a dû intervenir auprès de Bannum. Elle représentait, à en juger par la correspondance d'une « sœur » de Zimrî-Lîm, Atrakatum16 — sans doute une fille de YahdunLîm — une grande autorité morale dans le royaume. Elle transmit dans ses lettres à son fils des prophéties encourageantes concernant sa royauté et des informations sur l’esprit défaitiste des occupants. Après la victoire, et sans doute alors que son fils n’était pas encore arrivé dans son royaume, on la voit intervenir sur instructions du nouveau roi dans les affaires à régler au Palais. Ce rôle important prend fin avec l’arrivée de îbtu. Addu-dûrî est très peu attestée par les textes du Harem, car elle a vite quitté le palais de Mari, peut-être pour Dêr, ou pour une grande maison de Mari17. La première génération des administrateurs mariotes qui a suivi celle mise en place par le RHM est constituée par des gens nouveaux, comme Samu-ila à Terqa ou Sumu-hadû qui semble avoir été sous le RHM un bourgeois fortuné de la région de Saggâratum mais sans responsabilités administratives importantes, autre qu’une charge de cheikh (sugâgum). Il faut certainement voir dans ces nominations l'œuvre de Bannum qui exprime lui-même des sentiments hostiles à l'Ancien Régime (cf. p. 154-161). Sans doute rechercha-t-il chez ses collaborateurs, en arrivant au pouvoir, plus la pureté bédouine ou la solidarité tribale, que la compétence avérée. Les premiers commandants de Qa

unân, Akîn-Urubam et Idin-Annu, antérieurs

11

Cf. p. 90 sq.

12

Cf. dans ARMT XXXIV [A.2212], lettre du roi mâr yamîna, Samsî-Addu.

13

Cf. p. 63 ad [A.2742].

14

Pour cette figure majeure des débuts du règne, cf. ici-même la reprise d'une partie de sa correspondance avec le roi, p. 79, sq. 15 Le texte de ARM X, 50 :3 : i tu u-lu-um bît abi.ka a fait l’objet de plusieurs compréhensions (cf. LAPO 18, p. 279 a et ici-même, p. 158). Dans ARMT X, p. 87, G. Dossin et A. Finet ont traduit = « Depuis le (r)établissement de la maison de ton père », mais cf. MARI 4, p. 327, n. 51, où un parallèle est fait avec le u-lu-um d’Agadé, qui signifie vraisemblablement « la fin d’Agadé ». 16

ARM X 91+ ; cf. ARMT XXXIV.

17

Cf. N. Ziegler, Le Harem de Zimrî-Lîm, 1999, FM IV, p. 50-51.

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à Il- u-nâ ir ou ses contemporains18, n'ont pas fait forte impression sur leurs contemporains19. Habdû.maDagan, qui avait plu aux dirigeants du RHM, a reçu le gouvernorat de Saggâratum, alors qu'il n'était sans doute qu'un mer‘ûm du côté de Tuttul, non le super-gouverneur que l'on se représente généralement, suite à une lecture trop hâtive du texte qui le concerne (cf. [A.1240] p. 368). Rip'î-Lîm, un autre cheikh, s'était impatronisé dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Quand Bannum disparaît, une nouvelle génération d'administrateurs s'installe. Il est difficile de savoir le détail de la disparition de la première génération : mort naturelle (nous ne savons rien sur l'âge de ces gens), ce qui a pu être le cas de Samu-ila, ou disgrâce ? On ne peut néanmoins exclure qu'il y ait eu une purge anti-Bannum. Habdû.ma-Dagan semble ainsi avoir été mis un temps en difficulté à Saggâratum avant de retrouver son poste (cf. p. 193), mais il a été de toute façon vite remplacé par Sumhu-rabi, un homme de l'Ancien Régime, lui même vite disparu, de mort naturelle semble-t-il20. Certains administrateurs n'ont pas eu le temps de laisser une trace. C'est sans doute le cas de Huzzû (cf. p. 485). Asqûdum avait d'abord été cantonné dans un rôle de devin et faisait l'objet de la défiance de Bannum qui ne le voyait pas avec plaisir progresser dans l'amitié du roi. Il finit par devenir le premier après le souverain (cf. p. 191). La disparition de Bannum a dû profiter également à un autre devin, Itûr-Asdû. Sumu-hadû eut désormais une place de premier plan dans l'administration économique, tout en poursuivant l'œuvre commencée par Bannum, auquel il semble cependant s'être finalement fortement opposé (cf. p. 189). Sammêtar prit la place de Samu-ila, avant de remplacer Asqûdum et Sumu-hadû à la direction des affaires du royaume. Dans son entreprise d'assumer pleinement la fonction royale, malgré Bannum, Zimrî-Lîm a pu compter sur ceux qui avaient eu le bon goût d'épouser des filles de Yahdun-Lîm, soit Asqûdum, un devin intriguant, mari de la princesse Yamama, et Itûr-Asdû, devin lui-aussi, mari de la princesse Partum. ItûrAsdû, après avoir été en service au Palais de la capitale, reçut des affectations à des postes-clefs, à Saggâratum pour un temps sans doute bref, puis à Nahur surtout. Ce sont sans doute ses qualités de diplomate qui ont dû être appréciées par le roi (cf. p. 500 sq.). C'est d'accueillir dans la capitale les étrangers, puis d'aller en ambassadeur à Babylone, enfin de surveiller les turbulents vassaux du Nord qu'il a été chargé au service du roi. Asqûdum, un précieux auxiliaire politique, n'a perdu son audience auprès du roi que parce qu'il avait montré trop d'ardeur à faire sa propre fortune, mais il succomba certainement aussi sous les coups d'un puissant clan de Terqa (cf. la reprise de ses archives dans ARMT XXXIV). Cette nouvelle génération d'administrateurs a certainement été le résultat d'un choix, mais aussi le contrecoup d'une opposition décidée à Bannum. Il est de fait qu'une fois Bannum éliminé, l'administration des centres urbains, tant à Mari qu'à Terqa ou Saggâratum a été sous le signe d'une grande stabilité : des « gouverneurs » comme Bahdî-Lîm, Kibrî-Dagan ou Yaqqim-Addu ont effectivement occupé leur poste pendant tout le règne jusqu'à la catastrophe finale. La nouveauté des informations de cet ouvrage vient de ce que la plupart des protagonistes ne font pas, ou que peu, l'objet d'une notice dans ARMT XVI/1, ce qui montre à quel point les événements du début du règne étaient ignorés par les anciennes publications. De fait, outre les textes qui avaient trait au RHM, on possédait surtout les lettres des administrateurs tardifs, comme ceux de Mari avec Bahdî-Lîm (ARM III), de Terqa (ARM VI) avec Kibrî-Dagan ou de Saggâratum (ARM XIV) avec Yaqqim-Addu. Ce n'est qu'avec les ARMT XXVII (qui traite de tous les gouverneurs de Qa

unân) ou de ARM XXVIII (qui collecte une bonne partie des lettres des rois contemporains de Zimrî-Lîm) que l'on voit apparaître des textes qui documentent les débuts Zimrî-Lîm. Les tablettes de ARMT XXVI qui se trouvent parler des premières années du règne sont reprises dans cet ouvrage dans les dossiers afférents.

18 Pour la chronologie compliquée d’Il- u-na ir par rapport à ces personnages, cf. commentaire à [A.2692+], lettre d’A ma , dans ARMT XXXIV. 19

Cf. la citation de la lettre de Yassi-Dagan à Il- u-nâ ir, A.2671+, citée FM II, p. 91.

20

Cf. ARMT XXVI 275 qui raconte sa mort.

Présentation générale

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1.4. L'âge de Zimrî-Lîm L’homme Zimrî-Lîm, lui-même, est mal connu. Nous n’avons pas de portrait de lui, ni même de description. Tout particulièrement, aucun document écrit ne nous dit explicitement qu'il fût un jeune homme ou quelqu'un d'âge mûr, quand il a pris le pouvoir. On le considère d’ordinaire comme un homme fait car on lui prête, outre plusieurs épouses, des filles en âge d'être mariées. Plusieurs femmes de rois contemporains sont considérées comme ses « sœurs »21. On lui donne donc, au moment de son accession au trône, au moins une trentaine d'années, sinon plus. Mais rien de tout cela n'est en fait sûr. Il est possible que, de même qu'il a fait son épouse de la reine (bêltum) de Yasmah-Addu, il a considéré les autres épouses ou filles du monarque disparu comme les siennes propres. Ce que l’on considère comme le harem de Yasmah-Addu a une structure très différente de celui de Zimrî-Lîm et il n’est pas sûr que toutes les femmes royales y soient énumérées. On ne peut donc utiliser le nombre de celles qui étaient « filles de roi » plutôt que « filles du roi » dans son harem comme un argument pour établir l'âge de Zimrî-Lîm. En fait, beaucoup d'indices vont dans le sens d'un homme assez jeune. On n'imagine pas en effet le héros de L'Épopée de Zimrî-Lîm comme un homme âgé, et même pas comme un homme fait. Il a l'ardeur et l'allant d'un jeune combattant qui s'adresse à ses guerriers en se considérant comme l'un d'entre eux. Zimr -Lîm, léopard des combats, Puissant qui capture les méchants, qui réduit à néant les ennemis, Prit la parole, il fit une déclaration. Il s'adressa à ses jeunes (guerriers) : « (Si) une matrice vous a créés, Tout comme vous, une mère m’a enfanté22…»

Qu'il doive laisser les autres combattre et ne pas se trouver au premier rang des attaquants23, ni monter à « la tour de siège »24, voilà le leitmotiv de sa mère et d’une de ses « sœurs » lorsqu'elles lui écrivent. Cette folie de tête-brûlée convient beaucoup plus à un jeune homme, sportif et plein de fougue, qu'à un individu rassis et madré. On lui voit d'ailleurs en outre dans son règne des impatiences, voire des pensées futiles, qui relèvent plus de la jeunesse que de la prudence d'un homme d'âge. Il est ainsi très soucieux de la montre : s'assurer les beaux chevaux blancs de son prédécesseur25, ou avoir des animaux blancs pour son couronnement26. Il fait une crise à propos des perles de son chapeau27 ; à la fin de son règne, il s’occupe du lapis lazuli qu'on pourrait trouver à Larsa28. Surtout, on n'attendrait pas d'un homme d'expérience ni d'une réputation établie qu'un vieux mer‘ûm lui en impose si fort et lui donne tant de conseils prudents pour son entreprise guerrière (cf. [A.1098], p. 164 sq.), ni — en revanche — que le roi emploie un ton si espiègle pour lui répondre, avec l'apologue de la chienne29. Il faut voir là plutôt un choc de générations.

21 M. Guichard a cependant fait un exposé dans un des colloques de Damas, resté malheureusement inédit, d'où il ressortait qu'à partir du moment où un roi se disait « frère » du roi de Mari, son épouse pouvait s'en dire « sœur », ce qui limiterait d’autant le nombre des vraies sœurs du roi de Mari mariées à des rois du Nord. 22

M. Guichard, L’Épopée de Zimrî-Lîm, 2014, FM XIV, p. 16-17, mais le ton est identique dans beaucoup d’autres passages. 23

Comme le dit sa « sœur » Atrakatum, ARM X 91+, cf. ARMT XXXIV.

24

Selon la prophétie transmise par sa mère dans ARM X 51, cf. p. 83-84.

25

Cf. ARM X 147, repris ici, p. 85-86.

26

Cf. [M.8242].

27

Cf. ARM XVIII 8.

28

Cf. ARMT XXVII 161.

29

Cf. ARMT XXVI 6, repris ici, p. 166 sq.

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On l'imagine aujourd’hui, lui l'un des principaux rois de l'époque, doté de la sagesse et de la majesté inhérentes à la fonction, parce que l'on est sensible au discours courtisan de l’époque qui nous le montre comme un surhomme et en fait presque en divinité. S'il est parti, après la mort de son père, tout bébé dans les terres de l'Ouest (les dieux d'Alep ou de Kallassu dans la région de l'Oronte parlent bien d'un jeune enfant qu'ils ont pris dans leur sein pour l'éduquer, rubbûm30), il ne devait avoir qu'une vingtaine d'années à son retour sur les Bords-de-l’Euphrate. 1.5. Période et événements de cet ouvrage L'amplitude événementielle du travail présenté ici correspond aux premières années de règne de Zimrî-Lîm, jusqu'au moment où son pouvoir fut solidement établi et reconnu, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du royaume. Elle suppose donc l'édition des lettres qui traitent de son arrivée au royaume, de la difficile remise en état des provinces31, de la recréation d'une zone de pouvoir mariote sur les ruines du RHM occidental avec la prise de Qirdahat et surtout celle de Kahat, bien moins la question de mettre la main sur le cours de l'Euphrate à l'aval de Mari alors que les troupes d'E nunna venaient à bout de la partie orientale du RHM. Le grand événement autour duquel tout s’ordonne en ce début de règne est en fait la prise de Kahat qui a été vécue comme ce qui affirmait de façon éclatante le renouveau de la puissance mariote32 en montrant la faiblesse militaire de ce qui restait du RHM. C’est lui qui a sans doute fait se décider Yarîm-Lîm d’Alep à accorder sa fille à Zimrî-Lîm et qui a consolidé le leadership de Mari sur la Haute-Djéziré de l’Ouest. Il a été, en outre, concomitant de deux grands épisodes politiques : l’aide donnée à E nunna en ce qui concerne la ville de Rapiqum et celle fournie au nouveau roi de Qa na au moment où il succédait au roi I hî-Addu dont il devait être le fils. Tout n’est cependant pas allé de soi avec ces succès militaires. Plusieurs documents semblent montrer les Mâr yamîna à l’affut pour profiter de l’éloignement de Zimrî-Lîm ou de son armée : s’emparer de la Forteresse de Yahdun-Lîm pendant que l’armée partait vers Rapiqum, mais surtout, auparavant, discuter pour fournir un secours à la ville (Kahat ou Qirdahat ?) attaquée par le roi de Mari, car il devenait évident que serait vaine toute résistance aux volontés d’un roi victorieux. Il y a donc eu la rébellion des Bédouins mâr yamîna à l’intérieur d’un royaume où ils se sentaient menacés à plus ou moins brève échéance. Cette dernière n'aurait cependant été qu'un rapide épisode au centre du royaume, doublé éventuellement d'un conflit avec les États du Zalmaqum, aides naturels des Mâr yamîna, si les rebelles n'avaient pas eu l'espoir (vite déçu) de trouver l'aide militaire nécessaire pour venir à bout de Zimrî-Lîm — et des Bédouins dont le roi de Mari avait su se faire des alliés — dans E nunna ainsi que chez le roi d’Andarig, Qarnî-Lîm. Conquérir Mari, c'est-à-dire reconstituer à son profit la totalité du RHM, ne devait pas faire partie des plans du roi Ibâlpêl II qui manifestement — par delà l’annihilation d’un État qui lui avait toujours causé problème — cherchait à mettre la main sur la grande route commerciale vers la Cappadoce, ce qui devait lui permettre de contrôler jusqu’à son terme la distribution du précieux étain qui passait par chez elle33. Les machinations de Qarnî-Lîm ne sont pas toujours explicables, car elles devaient être surtout d’ordre personnel. La montée des troupes d'E nunna, les troubles que cela produisit alors en Haute-Djéziré, l'expédition avortée du mystérieux allurum dans la vallée de l'Euphrate où il cherchait à s’emparer de territoires

30

Cf. J.-M. Durand, Le Culte d’Alep et l’affaire d’Alahtum, 2002, FM VII 39 : 13 sq. & 49 sq.

31

Cf. pour ce qui concerne Saggâratum, [A.1177], lettre de Habdû.ma-Dagan.

32

Nous croirions volontiers que la campagne de Zimrî-Lîm n’a été qu’un demi succès parce que c’est Kahat qui a été prise alors que la résidence du grand roi Samsî-Addu se trouvait à ubat-Enlil et que c’est en ce lieu que plusieurs textes ultérieurs affirment que se trouvait le butin amassé par le RHM. Le fait cependant que le harem du roi défunt résidait à Kahat montre bien que telle était la place militaire la plus importante à l’ouest du RHM. 33 Cet approvisionnement en étain est mal documenté par les archives palatiales, car il résultait surtout d’activités de marchands. Le palais du roi de Mari était cependant empli d’objets en étain et l’embargo mis par le roi d’Alep à Imâr à l‘égard de celui qui gardait pour lui l’étain qu’il s’était procuré (cf. [A.1153], p. 52-55) prouve l’importance de ce métal à l’époque.

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du RHM plus qu’attaquer Mari (qui désirait elle-même se les approprier), représentent néanmoins des épisodes extrêmement complexes auxquels s’ajoutent les intrigues de Qarnî-Lîm. Tout cela n'entre que très partiellement dans le projet de décrire comment s'affirma à Mari la puissance de Zimrî-Lîm. On n'en trouvera l'écho ici que dans la mesure où les principaux acteurs de la grandeur de Zimrî-Lîm en ont parlé dans leurs correspondances, et cela pour garder l’unité des dossiers. Ces affaires de l'Est représentent un tout complexe qui demande un traitement particulier avec une vision globale de l’effondrement du RHM après la disparition de Samsî-Addu. La politique impérialiste d'E nunna, les affaires du Sûhum avec l'activité de Meptûm et la campagne de allurum, la montée en puissance de Babylone et l'arrivée finale de l'Élam dans le concert des princes amorrites de la plaine intéressent bien au plus haut chef la politique de Mari mais non l’affirmation de sa puissance par Zimrî-Lîm. Cette dernière est consacrée avec l'avènement d'une seconde génération de rois mâr yamîna et la redistribution des Mâr sim’al. 1.6. La datation Pour la chronologie des textes qui jalonnent la perte du pouvoir par Yasmah-Addu, puis l'arrivée d'un nouveau régime, on peut désormais consulter avec profit les p. 154-155 de F(lorilegium) M(arianum) V, qui exposent en particulier les données des derniers moments du royaume de Haute-Mésopotamie sur les Bords-de-l’Euphrate. Deux publications ultérieures à FM V montrent désormais quels étaient les acteurs principaux au moment où le pouvoir a changé de mains à Mari et, surtout, ce que devinrent les anciens maîtres, même s’ils sont traités anonymement et « en bloc » : – Michaël Guichard, « Le ubartum occidental à l’avènement de Zimrî-Lîm », FM VI, 2000, p. 119-168, – Michaël Guichard & Nele Ziegler, «Yanûh-Samar et les Ékallatéens en détresse », Mélanges Larsen, 2004, p. 229 sq.

ainsi que d’autres publications qui ont fait connaître l’état de la Haute-Djéziré à ce moment crucial et qui sont en bonne partie également des publications de M. Guichard. Elles seront citées ou reprises dans les pages qui suivent. La difficulté pour comprendre les débuts du règne vient de ce que les datations sont confuses. Au début de la période de Zimrî-Lîm, la plupart des documents sont sans noms d’années. Il apparaît que pour les contemporains il n'est pas allé de soi qu'il faille renoncer à l'ancien comput pour en prendre un nouveau. Ces gens étaient habitués à compter le temps à la façon de ce que l’on faisait à l’époque des éponymes et, manifestement, ils ont continué de le faire. On en a la preuve par le fait que Bannum lui même date d'un mois de nikmum son action à la Forteresse de Yahdun-Lîm, alors que, vraisemblablement, il s’agit de l'année qui a suivi le couronnement de Zimrî-Lîm34. En l'absence d'un éponyme ou d'un « nom d'année » on ne dispose que de la ménologie. Cependant Mari a connu un double comput, un calendrier international ou « d'Ékallatum » (Samsî-Addu) et un autre local, propre aux Bords-de-l'Euphrate (Yahdun-Lîm) qui se correspondaient35. Le début de l'année par éponymes ne coïncidait manifestement pas avec celui de l'année de Yahdun-Lîm. Le changement de régime politique a dû entraîner l'occultation (au moins progressive) de la ménologie éponymale, et la décision d’un nouveau début de l'année, ce qui n’était pas gênant puisque cela se limitait au choix d’un des 2 équinoxes. Aucun texte officiel ne nous en informe cependant. Il faut ajouter à cette concurrence entre deux ménologies le fait que Zimrî-Lîm, venant de l'Ouest, ne devait certainement pas avoir le même comput que le système des éponymes ni même que celui du temps de son « père ». Il est vraisemblable qu'il a décidé en définitive de se conformer au système mariote de Bannum, après la célébration de la première fête d'E tar36.

34

Cf. p. 114 sq.

35

Voir les équivalences données dans FM V, p. 156.

36

Cf. p. 112.

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1.7. Les événements Zimrî-Lîm a mis du temps à rejoindre son royaume, même s'il ne s'agit pas d'un moment très long. Se situent alors plusieurs lettres, notamment celles à sa mère ou envoyées par cette dernière, dont les sujets conviennent à l'incertitude de ce début du règne. Une fois sacré roi à Terqa, le nouveau roi à Mari était officiellement le premier personnage du royaume37. C'est à lui que l'on adressait (au moins nominalement) le courrier, du moins celui qui nous est resté, car il n'y a pas dans les archives de lettres reçues par Bannum ou les principaux administrateurs de l'époque, lesquelles ont certainement existé38. Il semble néanmoins n'avoir eu de vraie importance qu’au point de vue du culte39. Il avait, en outre, un rôle de représentation, qui consistait à recevoir les ambassadeurs40. Le début de la première année de règne coïncidait avec la seconde partie d’un éponyme. On avait choisi une formulation de dévotion et le pouvoir du nouveau roi semble d’ailleurs avoir été alors compris comme surtout religieux, jusqu’au moment où il a décidé de s’affirmer en s’en prenant à la ville de Kahat et en célébrant sa victoire militaire sur la ville. Cet exploit en a entraîné la mention dans le nom d’une année, mais cela a été plus qu’un complément de formulation, surtout qu’à ce moment la grande figure politique de ce début de règne, à savoir Bannum, disparaît. La promulgation de la rémission des dettes (mî arum), typique de l’avènement d’un roi proche-oriental, a dû être accomplie dès le sacre, mais ne donne son nom qu’à ZL 1’ = ZL 2. La mention de « Kahat » un mois vi coïncidait en fait avec la nouvelle définition du début de l’année et la constatation assurée que des « mois i » ou « ii » du calendrier de Mari appartiennent en réalité à l’année subséquente non marquée par une formulation en anîtum (= ús-sa), comme s’ils étaient des mois xiii ou xiv, doit s’expliquer par le fait que tout le monde n’avait pas enregistré ce changement du début de l’année41. Cette pluralité de libellés de la première année de règne a pu être décidée motu proprio par les différents services. Ce n’est que lorsque il a été décidé d’utiliser des noms d’années officiels, qu’ont commencé les récapitulatifs des comptes annuels avec ZL 1’42. 37

On fera néanmoins attention à la différence qu’il y a entre une prééminence reconnue jusqu’à l’adulation et l’exercice effectif du pouvoir, celui qui exerce ce dernier pouvant prendre toutes décisions au nom du premier. L’exemple de Zimrî-Lîm amène à s’interroger sur les règnes qui ont duré longtemps. Plus que le grand âge du souverain à sa mort, cela pose la question du moment où l’on devenait roi. Il est ainsi possible qu’un jeune roi tenu en tutelle par l’administration établie par son père n’ait eu, dans un premier temps, à assumer que des actes de dévotion. Un exemple net est ainsi donné par FM VII 45 où l’ambassadeur de Mari se voit interdire l’accès au nouveau roi d’Alep par le premier ministre qui avait été installé par son père. Il a pu y avoir dans ce système « monarchique absolutiste » une période où le roi n’avait pas tout le pouvoir qu’on lui prête aujourd’hui. Bannum n’a donc sans doute pas été une exception dans l’histoire mésopotamienne. 38 Ces documents, s'ils n'ont pas été détruits lors de la prise de pouvoir effective par Zimrî-Lîm, peuvent s'être trouvés dans les résidences privées des administrateurs. 39 Dans l'important [A.271], si Bannum se retranche derrière l'autorité du roi pour donner une réponse définitive à celui qui sollicite une charge de cheikh, c'est bien le mer‘ûm qui touche l'argent. On ne demanderait, en fait, au roi que sa bénédiction. De même dans [A.4617] c'est le caractère sacré du roi qui fait accepter une décision prise par le mer‘ûm. 40 Cf. A.1225 : le roi, bien à l'abri dans sa capitale, est chargé de recevoir les ambassadeurs de Qirdahat. C'est lui aussi qui était concerné, dès son arrivée à Mari, par les ambassadeurs d'E nunna (ARMT XXIII 270) et les envoyés de Tilmun (ARMT XXIII 333). A.1225 montre néanmoins que les gens qui venaient de Qirdahat étaient passés par chez Bannum qui avait dû leur demander leurs informations. Le rôle de Bannum dans l'information diplomatique était certainement tout à fait actif puisqu'on le voit recevoir des ambassadeurs d'A nakkum (A.4617) et arrêter des étrangers jusqu'à plus ample informé ([A.4241]). 41 Il y a une différence nette entre « l’année politique » qui recourt à la célébration d’événements marquants dans l’action royale et « l’année cultuelle » qui observe la succession des divers sacrifices et qui, en fait, peut se contenter de la mention du nom du mois, sans référence aucune au libellé de l’année. Les ex-voto royaux qui donnent leur nom à une année doivent donc être considérés comme des événements politiques. 42 Le problème de la datation du début du règne comporte des aspects confus et demande encore des recherches de détail. Je m’en suis tenu à la reconstitution de FM V qui me semble raisonnable, même si nous différons pour la datation de certains documents. Par prudence, j’ai néanmoins gardé les mentions ZL 1’, ZL 2’, initiées par M. Birot, lorsque les événements sont datés en fonction d’un libellé d’année. Dans ce travail, j’ai plus cherché, d’ailleurs, à

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Pour la reconstitution des événements, le grand principe qui m'a guidé a été que la période de temps entre l'arrivée de Zimrî-Lîm à Mari et son départ pour Kahat a été assez courte, de simplement quelques mois. L'ampleur temporelle entre le couronnement du roi et son départ pour Kahat est d’ailleurs sans doute donnée par les « cinq mois » dont parle Bannum au début de [A.163+] (= ARMT XXVI 6). Ce court moment est celui où Bannum exerce de facto le pouvoir, même si le premier dans la hiérarchie est celui qui est revêtu de l'autorité royale. Le mer‘ûm avait commencé le recensement du royaume43 et s'était chargé de conclure les pactes avec les princes mâr yamîna44. Ces deux opérations sont concomitantes à la remise en état du terroir de la Forteresse de Yahdun-Lîm, dont l’exploitation économique était d'ailleurs le grand projet de Yahdun-Lîm, un roi pour lequel Bannum semble avoir eu une grande vénération. Cette politique devait être ultérieurement poursuivie par Aham-nûta puis Sumu-hadû. Le roi de Mari semble alors confiné dans la capitale. À l’arrivée de Zimrî-Lîm à Mari — antérieurement à la remise en marche de l'économie avec les travaux sur le système de l'irrigation45 (surtout le canal I îm-Yahdun-Lîm) et l'exploitation de la région de la Forteresse de Dûr-Yahdun-Lîm — a été célébrée la grande fête d'E tar, puis commencés des travaux sur le palais46 de Mari qui avait sans doute été mis à mal, ou non entretenu, dans les derniers moments du régime du RHM. De la même façon, on s'est occupé des défenses de la capitale et de la région de Dêr et de ehrum (cf. p. 494). Dêr avait été le théâtre d'événements guerriers décisifs à la fin du RHM et la région avait dû également souffrir de ces affrontements qui ne nous sont qu'indirectement documentés. Ces travaux sont connus par des lettres envoyées par Asqûdum qui commençait à prendre de l'importance dans la gestion du Palais du fait de sa charge de devin et par Abimekim, vraisemblablement le prédécesseur de Yasîm-sumu, qui avait dû être installé dans ses fonctions par Bannum lui-même. Ces documents publiés dans ARMT XXVI/2, sont repris dans cet ouvrage. Abimekim peut être tenu pour celui qui s'est alors occupé du district de la capitale avant qu'il ne soit confié à Itûr-Asdû et qu'il ne soit (peut-être) chargé d'une mission diplomatique pour Kurdâ. Nous ne savons pas quel titre l’individu avait reçu. Peut-être aucun, ou n'était-il qu'un abu bîtim. 1.8. L’omniprésence de Bannum La nouvelle documentation montre l'omniprésence de Bannum dans la vie politique de Mari. Son importance au début du règne47 était visible dès la publication de ARMT XXVI 5 & 6, mais il s'agissait en fait de la fin de ses activités. Bannum avait gardé le simple titre de mer‘ûm. Il a été question de faire nommer par les Bédouins un nouveau mer‘ûm, voire même deux titulaires de la fonction48. Rien ne dit quel titre lui aurait été alors dévolu à Mari, une fois celui de mer‘ûm transmis. Il aurait vraisemblablement reçu celui de ukallum qui semble — si la reconstitution que j'ai proposée s'avère exacte — avoir été conféré à Asqûdum, au moment où l'on a appris la mort de Bannum, pendant la campagne contre Kahat. On peut considérer Bannum comme une sorte de régent de Mari49, en ce qu'il a tenu en tutelle le nouveau roi. S’il n'a pas assumé directement la dignité royale, c’est peut-être par respect pour son ancien

établir une chronologie relative au sein des documents qu’à résoudre les problèmes de chronologie générale, laquelle ne peut pas être résolue par la simple considération des dossiers particuliers. 43

Pour la têbibtum de Bannum, dont il ne reste que peu de textes, cf. [M.6231] et suivants, p. 114.

44

Cf. p. 71.

45

Cf. l'important [A.1177] dû à Habdû.ma-Dagan sur la situation économique de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm et de Saggâratum. La situation catastrophique des réserves est soulignée par l'acéphale [A.4347] (cf. p. 218), auquel fait écho à une date indécise la lettre d'Asqûdum, ARMT XXVI 61. 46

[A.613] indique qu’ils se poursuivent au milieu d'un mois xii-bis, donc l’année de Kahat.

47

Pour l'histoire de Bannum antérieure à ses fonctions à Mari, cf. FM V, p. 144, n. 560 et [M.13746].

48

Cf. [A.2444], p. 179 sq.

49

J'ai évité de poser la question de savoir si dans certaines lettres bêlî pouvait renvoyer non pas au roi mais à Bannum, tout particulièrement dans les missives au nom d'Addu-dûrî.

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maître Yahdun-Lîm, en fait surtout parce qu'il ne devait pas être lui-même de sang royal, ce qui l’aurait légitimé par rapport à d’autres, issus de la famille princière mâr sim'al. Plusieurs lettres le montrent cependant agissant en roi. Même si, ponctuellement, on peut trouver dans les lettres de l'époque des parallèles à telle ou telle façon de dire de Bannum, comme le fait de tutoyer le roi, que penser de son expression dans [A.4508] « je vais bien ; que mon seigneur se réjouisse ! » ( almâku bêlî lihdu, l. 25) qui reste inédite dans tous les échanges de correspondance du roi et de ses sujets ? Dans [A.4617] Bannum dicte manifestement à Zimrî-Lîm les termes d'un édit qu'il doit rendre50 et dont [M.7978] doit être l'écho. Mais le texte le plus étonnant reste [A.4105] où il est question, au moment où apparemment l'armée part pour attaquer Kahat, d'offrir à la divinité une statue du roi et une de Bannum, au point qu’on peut se demander si la soi-disant stèle de victoire de Zimrî-Lîm ne doit pas lui être attribuée51. 1.9. La remise en état du royaume Les deux années qui ont vu, la première la fin du pouvoir du RHM sur la région euphratique, la seconde l'arrivée du nouveau roi, ont certainement été un temps où l'insécurité généralisée a fait se désintéresser de l’entretien de l'infrastructure agricole. Cela explique pour une bonne part la disette que G. Dossin avait déjà repérée52. Il faut y ajouter désormais, sans doute, une infestation de sauterelles53. Les problèmes économiques semblent avoir néanmoins plutôt concerné le domaine royal que le privé car, si les Palais se trouvaient démunis (ils avaient pu en outre être pillés), des particuliers continuaient manifestement à être dans l'abondance. Par ailleurs, les relations commerciales avec Imâr et l'approvisionnement qu'elles permettaient semblent avoir été constants. C'est à la remise en route de l'économie que s'était attelé Bannum. Son œuvre a été continuée par Aham-nûta et Sumu-hadû. Il semble néanmoins que la réorganisation des infrastructures agricoles ait été l'occasion des premiers conflits avec les Mâr yamîna qui s'étaient installés dans des parties étendues du royaume54. 1.10. Bannum et les autres administrateurs Bannum avait ce qu'il est convenu d'appeler « un fort caractère ». Ses correspondants en ont pâti et s'en sont plaints à l'occasion. Le roi lui-même devait subir ses avis, la lettre la plus explicite étant celle qui concernait l'expédition en Haute-Syrie55. Bannum ne semble pas avoir immédiatement compris que le roi partait à la tête de ses troupes acquérir une gloire militaire qui montrerait qu'il avait la faveur des dieux et l'affirmerait comme roi, même si le mer‘ûm se rendait bien compte avec amertume que le roi prenait de plus en plus d'initiatives, à l’instigation de ses conseillers. De ces derniers, le plus entreprenant a certainement été le devin Asqûdum déjà à la tête d'un groupe agissant et qui manifestait pour sa part de gros appétits, lesquels semblent cependant avoir plus visé des territoires de plein rapport que des charges honorifiques et la puissance politique. C'est lui qu'attaque nommément Bannum auprès du roi et dont il blâme les mauvais conseils. Asqûdum devait être d'ailleurs son successeur, comme ministre de Zimrî-Lîm pour les affaires extérieures aux côtés de Sumu-hadû. Ce

50

De la même façon, dans [A.1098], le mer‘ûm dicte au roi ce qu'il faudra dire aux Bédouins pour expliquer son action politique. 51

Cf. p. 97.

52

Il s’agit de [A.1153].

53

Le fléau est bien connu en ce qui concerne Qa

unân, mais il était bien plus généralisé qu'on ne le croit. Pour ce qui concerne les territoires qui dépendaient de Habdû.ma-Dagan, cf. [A.1177], alors que Qa

unân ne dépendait pas du gouverneur de Saggâratum. 54

Cela est particulièrement visible par la correspondance de Hardûm (ARMT XXXIV).

55

Cf. [A.1098], p. 173 sq.

Présentation générale

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dernier avait pris le parti du roi, et donc d'Asqûdum, car il était manifestement en mauvais rapports avec Bannum qui l'associait aux griefs qu'il avait envers Asqûdum. De la même façon Bannum ne débordait pas d'amabilités envers un Hâlî-hadun, dont il a essayé de contrarier le début de carrière56. Des aides, sans doute chers à son cœur, comme Samu-ila et Habdû.maDagan ne devaient plus être de prime jeunesse et le fait que Sammêtar à Terqa ou Sumhu-rabi à Saggâratum leur aient succédé font soupçonner que ces grands personnages avaient su s'entendre avec Asqûdum. Bannum était avant tout un chef bédouin qui n'avait pas oublié l'allégeance prêtée dans le temps à son maître Yahdun-Lîm et cela lui a fait sacraliser la dignité royale au point d'y renoncer pour lui-même. Son grand échec a surtout été de n'avoir pas réussi à installer comme mer‘ûm le candidat de son choix. Celui qui avait sa préférence était sans doute Zakurabum qui avait avec lui un rapport assez étroit, pour être soupçonné d'avoir été son fils ou son frère57. C'est vraisemblablement A ma 58, un des mer‘ûm mâr sim'al a arugâyu, quelqu'un que Bannum n'aimait pas, qui a réussi à s'impatroniser comme chef des Bédouins après Bannum. A ma fut une grande aide pour Zimrî-Lîm dans ses entreprises de Haute-Djéziré contre ce qui restait du RHM selon plusieurs documents59. Ses liens étroits avec Asqûdum sont en outre bien connus, comme le montrent ARMT XXVI/1 24 & 38 entre autres. Bannum apparaît néanmoins désormais comme une très grande figure de l'histoire de Mari. Il est sûr que si Dagan lui avait prêté vie, il aurait été — quoiqu'avec sans doute moins de panache — le chef énergique qu'il fallait aux Bord-de-l'Euphrate et aurait peut-être sauvé Mari de la destruction finale. 1.11. Le retour de Zimrî-Lîm depuis la Haute-Djéziré Les dieux ont néanmoins été du côté du nouveau roi. Non seulement ils lui ont accordé la victoire sur Kahat, mais ils ont mis fin à l'existence de Bannum60. Ce dernier événement, malgré sa grande importance, n'a pas laissé de trace directe dans les archives à notre disposition et il ne nous est connu pour l'instant que par des billets administratifs, tel celui qui parle de l'inventaire de ses biens, indice qu'un fonctionnaire est mort et que le roi prend sa part de sa fortune. En outre, une pièce complètement atypique, dite L'Épopée de Zimrî-Lîm61, illustre la chance au combat du guerrier royal. Si nous connaissons désormais par les documents ici publiés les événements qui ont précédé ou accompagné la campagne contre Kahat, les péripéties guerrières elles-mêmes ne nous sont pas documentées, pour la raison que le roi y participant, il n'avait pas à en être informé. Les lettres qu'il a pu envoyer alors à Mari peuvent se trouver dans les maisons des destinataires, à moins que le souverain n'ait eu recours à des messages oraux. L'Épopée de Zimrî-Lîm, manifestement composée post eventum, est d'un lyrisme non descriptif. Le poème manque ainsi totalement de références concrètes. On y remarque néanmoins, outre l’absence de Bannum, la place majeure que semble y tenir A ma , chef des nomades ralliés à la cause du roi, tandis que le ministre ( ukkallum) ne s'y voit pas nommer62, alors qu'il ne peut s'agir que d'Asqûdum. Sans doute faut-il en déduire que le roi, apprenant la mort de Bannum au cours de la campagne, avait immédiatement

56

Cf. ARMT XXXIV.

57

Cf. p. 60, n. 16 où l'on voit l'inventaire des biens de Zakurabum être fait en même temps que ceux de Bannum et de son épouse. 58

Pour l’hostilité de Bannum envers A ma , cf. p. 173.

59

Outre ce que l’on dit de lui dans l’Épopée, cf. la lettre qui programme la razzia contre les troupeaux d’I meDagan, p. 76 sq. 60

À moins que ce dernier n'ait fini sa vie en disgrâce. Cf. p. 188 [M.6250], lettre de Sumu-hadû.

61

Cf. désormais sa publication par M. Guichard, FM XIV, L'épopée de Zimr -Lîm, SEPOA, Paris, 2014.

62

Cf. FM XIV, p. 17, ii 30-31: « Zimrî-Lîm, le juste, parce qu'il [voulait atteindre son but], passa alors un ordre à son ministre, (et) commanda aux cheikhs… », trad. M. Guichard.

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pourvu le poste ou que le poème commémoratif a donné rétrospectivement ce titre à celui qui devait remplacer le mer‘ûm au retour de la campagne63. L'Épopée de Zimrî-Lîm chante la valeur guerrière du jeune héros. Elle culmine avec l'entrée du vainqueur dans le temple de Terqa (ville où il avait reçu son sacre) et sonne comme la proclamation solennelle de celui qui n'est désormais plus à l'ombre de celui qui lui a ménagé l'accès au trône. D'autres documents postérieurs font allusion à des événements importants de la campagne, comme la prise de Qirdahat et la déportation de sa population pour repeupler (sans grand succès !) la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm ou le fait que le « pillage de Kahat » a été en fait limité64. Zimrî-Lîm a fait néanmoins entrer dans son harem celui de Samsî-Addu qu'il y trouve réfugié65, cette ville étant alors sans doute tenue pour plus sûre que ubat-Enlil. Lorsque Zimrî-Lîm eut assuré sa royauté en montrant qu'il avait la faveur des dieux, il eut, à son retour, fort à faire en allant au mois vii dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm dont la prise de possession avait été sérieusement envisagée par les Mâr yamîna. Sumu-hadû qui avait contribué à faire disparaître Bannum du champ politique y avait pris sa suite pour les différents travaux qui concernaient cette région et il appelait Zimrî-Lîm à venir constater de visu les aménagements réalisés. La victoire sur Kahat a certes eu comme effet positif que Zimrî-Lîm put prendre sa place dans le concert international. Le roi d’Alep a accepté son alliance, de lui donner sa fille îbtu. et sans doute aussi de lever le blocus sur les grains en provenance d’Imâr, pour une bonne part grâce à l’habileté manœuvrière d’Asqûdum, mais il lui fallait faire désormais un choix entre Alep et E nunna et se posaient la question des nouveaux rois au Sindjar et à Qa na. 1.12. La nouvelle administration La réorganisation de l'administration après la disparition de Bannum semble avoir été importante mais ne peut être appréciée que par conjectures. Il y a certainement eu alors une purge et on peut supposer que l'ordre nouveau représentait la façon qu'Asqûdum avait de voir désormais le cours des opérations. Certaines figures disparaissent de la documentation ; comme l'onomastique de l'époque est plutôt banale, il est difficile de savoir si certains n'ont pas reçu en fait une nouvelle affectation. Un cas pourrait en être celui d'Abimekim que l'on retrouverait employé comme diplomate. Quelqu'un comme Habdû.ma-Dagan semble cependant avoir eu des malheurs pour être remplacé en définitive par Sumhu-rabi. En fait, nous constatons l'arrivée aux affaires les plus importantes de gens nouveaux, comme Asqûdum, Sammêtar, Hâlîhadun, Itûr-Asdu, Sumhu-rabi pour nous en tenir aux principaux. Une fois Bannum disparu, l'ordre qu'il avait établi en s'assurant le concours surtout d'une hiérarchie bédouine qui avait toute sa faveur, a été partiellement complété par des survivants de l'administration du RHM, ceux dont justement le mer‘ûm se défiait : c'est le cas d'Asqûdum, d'Itûr-Asdu et de Sumhu-rabi, mais on peut considérer que Sammêtar n'a pu devenir gouverneur de Terqa, dans un premier temps, avant d'accéder aux plus hautes charges de l'État, que parce que l'hostilité envers son père Lâ'ûm, ancien ministre de Yasmah-Addu, avait été oubliée. Mais il semble y avoir eu de l'animosité entre Lâ'ûm et son fils, sous le RHM. Les grands serments des fonctionnaires datent de vi ZL 1’. Ils sont donc postérieurs au retour de Kahat et à la seconde fête d’E tar. Il est possible que ceux qui n’y sont pas mentionnés soient ceux qui ont été éliminés par la nouvelle administration ou soient décédés à ce moment. La personne qui mérite le plus d'attention reste Sumu-hadû. Bannum a été assisté par lui. C'était certainement un bédouin d'origine, venant de la région de Saggâratum, où il exerçait la charge de cheikh, mais néanmoins un homo novus. Il avait été chargé par Bannum d'affaires intérieures et de gestions d'ordre économique. Il a gardé ces fonctions une fois le mer‘ûm disparu et même a dû les voir amplifiées. Longtemps tenu par les chercheurs pour un gouverneur de Saggâratum, Sumu-hadû était en fait le chef de

63

Nous savons, par ailleurs, qu'Asqûdum avait accompagné le roi ; cf. p. 182 sq.

64

Cf. ARM II 60 = LAPO 17 632.

65

Cf. désormais, N. Ziegler, Le Harem de Zimrî-Lîm, 1999, FM IV, p. 119-120.

Présentation générale

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l'administration de Zimrî-Lîm, s'occupant de continuer la politique de Bannum de remettre en état la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm d'où l'on attendait beaucoup économiquement. La plupart des lettres de Sumu-hadû publiées ici-même ont trait à cette mission qu’il a accomplie dans la région de la Forteresse et on y voit apparaître beaucoup d'administrateurs peu (ou pas) connus de ARMT XVI/1. 1.13. La politique internationale Est ou Ouest ? Tout ce début du règne où se reconstitue la puissance de Mari se passe sur fond d'hésitation entre l'alliance avec Alep ou avec E nunna66. Yahdun-Lîm semble avoir été vassal d'E nunna et Alep avait été alors un soutien énergique à la cause des Mâr yamîna hostiles au roi de Mari. Cependant Zimrî-Lîm est venu aux Bords-de-l'Euphrate depuis l'Ouest où sa famille avait trouvé refuge et il n'avait certainement pas accédé au trône contre le gré du roi d'Alep. Par ailleurs, si les rapports entre les Mâr yamîna contemporains de Zimrî-Lîm et l'Ouest étaient étroits, des liens tribaux forts existaient entre eux et E nunna. Nous n'avons que peu d'informations sur la position de Bannum67 sur ces sujets mais, de la même façon que l'on ne voit pas, le temps qu'il a été aux affaires, d'affrontement net de Mari avec les Mâr yamîna qui avaient été ses alliés (au moins objectifs) contre Yasmah-Addu, on peut penser que l'ancien serviteur de Yahdun-Lîm devait considérer comme normal d'être du côté d'E nunna. Nous ne savons pas quelle était son implication dans un projet matrimonial avec une malheureuse princesse e nunéenne, lequel devait challenger celui de îbtu68. En revanche, Zimrî-Lîm venait de l'Ouest où une partie de sa famille avait dû se réfugier et l'alliance avec Alep devait lui paraître aller de soi. En tout cas, c'est la princesse alépine, îbtu, qu'il épousa. Asqûdum, devenu un des ministres après Bannum, conclut l'affaire, sans que nous puissions dire si ZimrîLîm y était incité par un parti ou s'il envoya motu proprio ses serviteurs l'arranger. L'alliance avec Alep devait être désormais en tout cas un des principes fondamentaux de sa politique extérieure. À la même époque, il y eut changement de roi à Qa na. Le dossier des relations de Mari avec Qa na est mal conservé de façon générale, mais il existe plusieurs indices du changement de roi dans cet important centre politique. — D'abord, le fait que Zimrî-Lîm trouve au palais de Mari les chevaux blancs envoyés par I hî-Addu à I meDagan montre que Samsî-Addu était mort alors qu'I hî-Addu était toujours sur son trône. Zimrî-Lîm avait gardé comme épouse Dam-hurâ i, la princesse de Qa na, fille d'I hî-Addu, qui représentait un parti considérable. Sans doute considérait-il que l'alliance avec Qa na n'était pas à négliger. — La fuite à Qa na de Sumu-dabî, le roi de Mi lân, puis sa réapparition à Carkémish69, s'explique bien par le fait que les Mâr yamîna qui avaient des liens avec le Liban considéraient Qa na comme une terre d'accueil. Le nouveau roi de Qa na a dû penser autrement, d'où la fuite/expulsion du roi mâr yamîna. Cela indique donc que l’avènement d’Amûdpîla à Qa na s'est passé après la prise de Mi lân d'où s'enfuit Sumu-dâbî.

Au moment où Zimrî-Lîm est revenu victorieux de Haute-Djéziré, on voit à Mari la préparation d'une expédition pour Qa na qui devait être confiée à Asqûdum, sans que sa motivation en soit précisée70. On n'a pas identifié dans les archives palatiales de lettres d'Asqûdum qui puissent être tenues pour venir 66

Cf. D. Charpin, « Un traité entre Zimrî-Lîm de Mari et Ibâl-pî-El II d’E nunna » dans Marchands, Diplomates et Empereurs, Mélanges P. Garelli, D. Charpin & Fr. Joannès éd., 1991, p. 158. 67

On verra néanmoins dans le commentaire de [A.4241] et de [A.2285] qu'il y a des raisons d'estimer que Bannum n'était pas hostile à E nunna. Il relativise l'importance de l'arrivée d'une troupe de 700 E nunnéens (= Akkadiens) à Sapiratum, d'après [A.2285]. En revanche les relations avec Alep font l'objet d'une surveillance sans concession, comme le montrent [A.4241] et [A.3840], à propos d'un homme qui vient d'Imâr, mais qui avait des accointances avec Samânum et dans [A.3873] Bannum est de connivence avec la politique d'E nunna d'installer un nouveau roi à Allahad. 68

Pour cette affaire, cf. ARMT XXXIV.

69

Cf. ARMT XXXIV.

70

Pour ces questions, cf. p. 309 sq.

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du sud-ouest du Proche-Orient. On peut dès lors penser que seule la reine Dam-hurâ i a fait en définitive le voyage, ce qui lui permettait d'assister au sacre de son frère. Des documents sont interprétés ici comme ayant trait à son déplacement et à son retour. Asqûdum, peut-être malade au moment où devait partir l’expédition, était absent de Mari lorsque le futur roi de Kurdâ y fit son entrée. Il pouvait aussi s’agir de la préparation de l’union dynastique avec Alep et de ses divers aspects. Ce soutien de Mari à la royauté de Qa na explique toutefois que, lors de la « seconde rébellion » des Mâr yamîna, moment où Mari a fait appel à des troupes extérieures, un contingent qa néen se soit trouvé sur l’Euphrate aux côtés des forces de Babylone et d'Alep. Les rapports entre E nunna et les deux royaumes de Qa na et de Mari semblent avoir été alors 71 mauvais alors qu’au début de leurs règnes les rois de Mari et de Qa na partageaient une grande amitié réciproque, Zimrî-Lîm invitant même Amûdpîla de Qatna à venir assister à la (seconde) fête d'E tar, ce qui risquait de montrer le roi de Mari comme suzerain des rois de Qa na et de Kurdâ. La réorganisation du Nord-Ouest et du Sindjar face aux restes du RHM d'abord, à la montée d'E nunna ensuite, représente un dossier fort complexe, qui s'étend sur plus d'une année, alors que beaucoup de rois locaux n'ont exercé le pouvoir que pour des périodes limitées et que la région était sous le signe de la dispersion politique et des changements. Bannum qui avait une connaissance précise de la Haute-Djéziré occidentale était sûrement d'accord avec la politique de retour des anciennes dynasties sur leurs lieux de pouvoir, puisqu'il l'avait pratiquée en ce qui concernait Mari. Il n'est pas sûr néanmoins qu'il eût approuvé toutes les mesures prises par Zimrî-Lîm dont certaines n'ont pu qu’être inspirées par Asqûdum, sans qu'il soit possible d'y prouver son implication. Les mesures les plus importantes concernent le Sindjar et sont, en tout cas, postérieures à Bannum. Deux faits majeurs apparaissent assez nettement pour l'instant dans cet imbroglio. —D'abord, Zimrî-Lîm a essayé de s'assurer la suzeraineté sur Kurdâ. Avec l'accord de Hammurabi de Babylone, Simah-ilânê, un membre en exil de la famille royale de Kurdâ, a été expédié dans sa ville. Les tractations concernant son intronisation, entraînant des ambassades de Babylone et d'E nunna multiples, puis l'arrivée du prince lui-même et son accueil à Mari, représentent un dossier nourri qui constitue une part importante du courrier d'Itûr-Asdû. La montée de Simah-ilânê, son accueil chaleureux et les réjouissances qui s'ensuivirent étaient déjà connues par une importante publication de M. Birot. Le roi n'était pas dans sa capitale à ce moment-là, mais en tournée d'inspection dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm d’où il n'est revenu que pour la (deuxième) fête d'E tar (cf. p. 553). Il est vraisemblable qu'en échange de la royauté de Kurdâ, Sapiratum une position importante sur le Moyen-Euphrate inférieur fut alors concédée à la zone de pouvoir de Mari (cf. p. 546). L'installation de Simah-ilânê à Kurdâ peut avoir été une mesure qui voulait consolider les avantages de la victoire de Kahat en affirmant encore plus le repli de l'influence du RHM, puisqu'elle se produisit après la prise de cette ville. Elle pouvait être également la réponse de Mari et de Babylone à l’installation par E nunna d’Atamrum sur le trône d'Allahad, qu’une lettre de Bannum [A.3873] montre être antérieure à leur entreprise. Cela pourrait révéler enfin le tour que prenait la politique de Mari, sous l'influence d'Asqûdum, en opposition à celle de Bannum. La mise sous tutelle de Kurdâ entrait sans doute dans un vaste plan de réaménagement des équilibres politiques dans le Sindjar. Cela ne pouvait qu’indisposer les rois d’E nunna et d’Andarig. Cette entreprise n'eut cependant qu'un temps car une réaction nationaliste affirma l'indépendance du royaume du Sindjar, marquant par là-même la fin des bons rapports entre Simah-ilânê et Zimrî-Lîm. C'est la montée d'E nunna et son occupation d’Ékallatum et d’A ur qui furent en fait décisives pour le réaménagement politique de la région. —En revanche, les grandes villes du Taurus constituèrent assez vite les vassaux réguliers de Mari. Elles virent le retour progressif des héritiers sur leurs trônes, souvent contre le gré des quatre royaumes du Zalmaqum qui se partageaient la région de Harrân et le Taurus jusqu'à Ras al-Aïn. Le fait essentiel de la 71

Cf. p. 312.

Présentation générale

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documentation ici publiée représente les tentatives infructueuses d'Ibâl-Addu de s'installer roi d'A lakkâ72. Manifestement, Zimrî-Lîm n'a pas été pressé de l'y aider car le potentat local (au nom hourrite de adumadal) avait dû contracter une alliance avec Zimrî-Lîm, qui servait apparemment les intérêts de ce dernier. La date des tentatives d'Ibâl-Addu est sans doute antérieure aux affaires de Kurdâ. Les services rendus au moment de la prise de Tuttul73 avait fait espérer au prétendant au trône d'A lakkâ qu'il recevrait de l'aide de celui qui avait retrouvé son propre héritage à Mari. Peut-être pour des raisons de haute politique, Zimrî-Lîm a longtemps usé de faux fuyants. IbâlAddu devait accompagner dans une première mission YaBhur-Lîm et un certain Êsim-hammu74 pour voir ensuite ce que décideraient les Bédouins de l'escorte, puis dans une seconde expédition amener Narhî dans sa capitale, A nakkum, et rechercher alors des appuis locaux75. Tant Narhî que (sans doute) Êsim-hammu ont été des rois au règne très momentané. Cela ne montre donc pas l'installation dans ces régions de vassaux mariotes très solides. Les atermoiements de Zimrî-Lîm pouvaient venir en fait du sentiment que ses moyens étaient limités. C’étaient les affaires du Sindjar qui captaient toute son attention. Tout a dû dépendre de l’attitude à adopter envers E nunna. Une fois cette dernière maîtresse d'Ékallatum et d'A ur, les contemporains ont eu le sentiment très vif que son prochain objectif serait Mari, ce qui n'était vraisemblablement pas le but d'E nunna qui cherchait, en fait, à s'assurer le contrôle de la route vers la Cappadoce76. Zimrî-Lîm a pu ne pas être insensible à de telles mises en garde répétées. Il faudrait chercher là la motivation d'une campagne militaire qui lui a assuré la possession d'A lakkâ, laquelle pouvait contrecarrer toute manœuvre d'E nunna vers le Taurus (cf. p. 34 sq.). Toutefois, nombreuses ont été aussi les mises en garde qu'il fallait préserver de bons rapports avec E nunna dont le roi était « père » de Zimrî-Lîm. De fait, nul nom d'année n'a préservé le souvenir d'un affrontement direct entre Mari et E nunna, même si sur les Bords-de-l'Euphrate, on savait à quoi s'en tenir sur les gens de l'Akkad oriental. [A.193] montre qu'Ibâl-Addu n'a plus en fait trouvé à A lakkâ qu'une ruine dont le territoire avait été amputé par des voisins dont l'aide avait dû être décisive pour venir à bout de adum-adal, le roi en place d'A lakkâ. Nul doute que le manque d'enthousiasme du roi de Mari à entrer dans les vues d'IbâlAddu a hypothéqué les rapports ultérieurs entre les deux hommes. La prise d'A lakkâ a donné son nom à l'année ZL 3', ce qui devrait en faire un événement de l’an 2’ de Zimrî-Lîm. 1.14. La première révolte des mâr yamîna En contre-point de ces événements dramatiques à l’Est, on avait constaté assez vite dans le royaume lui-même les prodromes de la révolte des Mâr yamîna. Les signes avant-coureurs s’étaient multipliés dans les rapports faits à la capitale et sont tout particulièrement visibles dans la correspondance de la première génération de leurs rois. Déjà à l'époque de Bannum, plusieurs textes montrent que la politique hydraulique des autorités de Mari était mal perçue par les Bédouins77 et que les chefs mâr yamîna étaient sous étroite surveillance78.

72

Reprise des lettres ARM XXVIII, 48-49, 59, 77-78, ici-même, p. 31 sq.

73

Cf. p. 27 sq.

74

Cf. [M.6776].

75

Cf. [A.842].

76

Cf. l'indication qu'E nunna visait en fait Nahur (ARMT XXXIV).

77

Cf. [M.14694] contre les Uprapéens de Samsî-Addu.

78 Ainsi pour Samsî-Addu, [M.7396+]. Dans [A.56], les signaux de feu commencent à Samânum. Dans [A.999] il est fait mention de lettres de/à lui qui sont saisies.

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On voit ainsi la tentation des Mâr yamîna de s'emparer de la Forteresse de Yahdun-Lîm en profitant de l'absence de l'armée mariote partie vers Rapiqum79, ou de secourir une ville attaquée par Mari (Kahat ou Qirdahat ?)80. Cette révolte a éclaté après le retour du roi de la Forteresse de Yahdun-Lîm où il était allé examiner l’avancement des travaux menés par Sumu-hadû et son équipe, car la prise de Kahat était comprise comme l’affirmation de la puissance de Mari. Ce n'est qu'une fois réduites (assez vite) ces oppositions et installée une seconde génération de rois mâr yamîna, après surtout la tentative avortée de Yaggih-Addu à Manûhatân, que l'on peut considérer comme définitivement en place la royauté de Zimrî-Lîm à Mari. Toutes ces affaires compliquées qui ont vu peser de lourdes menaces sur Tuttul (dossier de Lanasûm), la mobilisation des forces Bédouines (dossier de Hâlî-hadun) et leur réorganisation (dossier d'A mat, d'Ibâlel et d'Ibâlpêl, les mer‘ûm) sur fond de la montée d’E nunna contre la partie orientale du RHM, la tentative d’un Yaggih-Addu appuyée par les rois du Zalmaqum de couper les relations entre Tuttul et la vallée du Balih d’une part et le royaume de Mari, d’autre part, l'administration d'Asqûdum, l'installation d'une nouvelle génération de rois mâr yamîna, doivent être examinées dans une autre livraison (ARMT XXXIV). 1.15. Les textes publiés dans ARMT XXXIII On trouvera donc dans cette première livraison l'ensemble des textes sur lesquels se fonde cette présentation générale, la rébellion des Mâr yamîna exclue. Vu le temps relativement court imparti à Bannum et la place centrale de l'individu dans le cours des événements, j'ai présenté dans le chapitre qui traite de ses activités les documents considérés comme contemporains du mer‘ûm. Je n'ai pas, ce faisant, hésité à republier des documents déjà connus, même lorsque je n'y avais à proposer que peu de changements éditoriaux, pour que le film des événements puisse être suivi dans son intégralité. Les textes n'ayant pas de mention de date d'année, il est souvent difficile de les ranger dans un ordre chronologique strict. Exception faite du chapitre sur Bannum, j'ai donc privilégié dans cet ouvrage une publication par expéditeurs, même lorsque l'activité de ces derniers se trouvait excéder stricto sensu la limite chronologique de cette première partie, pour garder l'unité documentaire sur les protagonistes de l'époque. Beaucoup de textes déjà connus ont été publiés il y a longtemps et sont aujourd’hui difficiles à trouver, les éditions (comme celles de ARMT XXVI/1 et /2) n’étant pas toujours accessibles, même si grâce à la base ARCHIBAB il est désormais loisible de contrôler ou d’améliorer les éditions. Ces textes gagnent à être présentés à nouveau dans ce que je propose désormais comme leur contexte historique. Souvent, ce dernier n'avait pas été vu, au moment de l’édition, même lorsque l'élaboration philologique peut en paraître aujourd'hui encore acceptable. On trouvera, ainsi, une nouvelle traduction de plusieurs textes de ARMT XXVI/1 et /2. Ces textes ont été publiés en 1988 et réclament souvent une nouvelle approche, d'autant plus que c'était là une de nos premières publications et que nous pensons comprendre mieux aujourd'hui la philologie et l'épigraphie mariotes. Dies diem docet. Pour ces textes, nous disposons aujourd’hui d’une couverture photographique qui permet plusieurs fois de reprendre des points qui nous avaient fait difficulté au moment de l’édition. Le mode de publication de ces photographies sur microfiches en accompagnement de l’exemplaire papier n’en permettait d'ailleurs pas une approche facile. Les lettres de Mari ne représentent pas, malgré ce que certains semblent penser, des documents aisés. Aussi ne suffit-il plus de connaître la morphologie akkadienne et d’avoir lu le Codex de Hammu-rabi ou des bilingues paléo-babyloniennes pour se croire en mesure de les traduire avec consultation des dictionnaires actuels.

79

Cf. [M.5421], p. 222 et son écho dans [A.951], p. 419.

80

Cf. [M.4239], p. 226.

Présentation générale

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Plusieurs termes sont nouveaux, mais ce n'est là que la pointe de l'iceberg. Des mots identiques peuvent avoir un usage différent de celui de l'akkadien « classique », ou paraître du « pur akkadien », parce qu'on les retrouve dans les textes « classiques » de cette civilisation, alors qu’ils sont allogènes, non reconnus comme tels par les dictionnaires. Il y a en outre une grande différence philologique (articulatoire et morphologique) et linguistique (construction de la phrase) entre le corps de la lettre en akkadien standard et les propos qui s’y trouvent cités et qui relatent souvent fidèlement ce qui a été entendu. Au moins au niveau de l’expression il faut tenir compte de fortes divergences. Le niveau de langue d'une lettre de Mari n'est pas celui d'un texte littéraire recopié ou édité dans les scriptorium mésopotamiens, ce qui représente de loin l'essentiel du corpus de nos dictionnaires. Dans nos usages modernes il existe le principe selon lequel « cela se dit, est connu mais ne s'écrit pas » ; c'est ce qu'il est convenu d'appeler « niveau de langage », réalité qui va de l'expression archaïsante ou du style soutenu jusqu'à l'argot et à l'emploi familier, toutes choses déconcertantes pour qui n'a pas une maîtrise complète de la langue. Or, il se trouve que beaucoup d'expéditeurs de lettres de l'époque amorrite « écrivaient comme ils parlaient » alors que les échanges oraux ne devaient pas se faire dans l'akkadien le plus châtié, mais souvent dans un métalangage analogue au globish actuel. On hésite plus d'une fois entre postuler un mot nouveau ou une forme particulière et reconnaître l'usage divergent d'un mot connu. Manifestement, il existait à l'époque un corps de scribes éduqués qui recouraient à des standards de rédaction et d'expression. Certains étaient moins bien entraînés et leurs tablettes présentent des ratures, voire des lacunes qui sont la marque des manuscrits, à la différence des textes standardisés des bibliothèques. Plus d'une fois, le fonctionnaire qui avait à transmettre une information au roi l’a fait en secret, prenant lui-même le calame. On s'en rend vite compte en constatant l'absence d'économie du récit et ses reprises, mais surtout ses défaillances orthographiques par rapport à la notation traditionnelle. Malheureusement pour l'éditeur, les textes du début du règne présentent beaucoup d'exemples de ces particularismes. Une grande attention a naturellement été consacrée à la compréhension des textes ou du lexique par les dictionnaires, tout particulièrement celle de l’irremplaçable CAD, The Assyrian Dictionary, malgré une approche trop souvent non contextuelle. Le CDA (A Concise Dictionary of Akkadian, 1999), la version anglaise du grand dictionnaire Assyrisches Handwörterbuch de W. von Soden, lequel reste souvent le meilleur interprète des difficultés que présentent les anciennes éditions, a permis plusieurs fois de corriger l’approche du CAD. On trouvera aussi pour certains parallèles mentions du DBP (Dictionnaire de Babylonien de Paris), toujours inédit.

La comparaison étymologique est assurément utile mais le recours aux langues sémitiques le plus apparentées a ses limites. Le corpus biblique représente la production de citadins, au mieux un millénaire après l'époque amorrite, et le vocabulaire arabe a avec le corpus paléo-babylonien une différence encore plus grande, de deux millénaires et demi. La morphologie sémitique est assurément très conservatrice pour sa forme. Il n'en est pas de même pour son utilisation ni surtout pour les usages lexicaux. Surtout, on ne peut plus ignorer pour l'exploitation d'un texte la dimension prosopographique. À l'époque amorrite l'onomastique est assez banale et les documents inédits multiplient les attestations d’un nom propre que l’on jugerait exceptionnel à consulter ARMT XVI/1. Le temps historique relativement bref que représente la documentation mariote permet certes de restaurer des carrières mais en revanche il est désormais possible de distinguer plusieurs personnes derrière un même nom propre. Pour ce qui est des commentaires, je n’ai pas visé à faire le point bibliographique sur chaque document. Pour la compréhension du corpus de Mari ancien, renvoi a été fait à la traduction proposée dans les Documents épistolaires du Palais de Mari, éditée aux éditions du Cerf, Littératures Anciennes du Proche-Orient, 16, 17, 18 (1997-1998-2000). Pour les plus récents des ARM(T), absents des LAPO, on dispose des élaborations de W. Heimpel, Letters to the King of Mari…, 2003, plutôt régressives mais avec d’intéressantes remarques, et surtout de J. Sasson, From the Mari Archives, 2015, qui a privilégié l’aspect « anecdotes » des lettres de Mari, mais en y ajoutant toute l’attention qu’il n’a cessé de leur consacrer. En ce qui concerne les noms propres cités par les textes, une interprétation en a souvent été proposée, mais beaucoup des personnages ont en fait une double dénomination, « akkadienne » ou « autre », comme Sumhu-rabi qui est aussi « Simhu-rabi », ou Itûr-asdu qui est aussi « Yatar-asdu ». Le phénomène est mal explicable. « Sumu-hadû » qui se présente aussi comme « Sumam-hadêm » ou les multiples variantes de « Abumekim » montrent que certains NP ont été en fait raccourcis.

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Il est vraisemblable qu’en plusieurs cas le NP a été pris avec la fonction et n’était pas de naissance. Le parti pris ici a été souvent de citer le NP comme il devait se présenter phonétiquement, à en juger par les sandhis d’écriture (pris pour des réalités philologiques, type Atamri-El pour *Atamar-El, noté dans ARMT XXXIV Atamrel). Mais comment unifier des notations Amûd-pî-ila et Amûd-pâ-El ? Une présentation selon l’analyse philologique traditionnelle a été adoptée dans les autres cas, et des noms comme « Zimrî-Lîm » ont été gardés tels quels parce qu’ils sont devenus des « habitudes », alors que Lîm était certainement prononcé /li’im/ puisque la séquence -li-im n’est jamais notée par le signe LIM. Pour les noms propres et les toponymes dont l’étymologie est indécise aucune longue n’a été marquée.

1.16. Les traductions et les restaurations textuelles La traduction suit le plus près possible la philologie du texte akkadien, même au détriment de l'élégance. Les n° des lignes sont indiqués pour que le lecteur puisse se rendre compte du mot à mot proposé par le traducteur et les notes visent surtout à commenter les sens proposés, les introductions aux textes étant réservées aux situations historiques. Toutefois, le principe adopté dans cet ouvrage a été de présenter des textes qui aient un sens et non de fournir une translation qui ne serait qu'un pur décalque en langue moderne des transcriptions cunéiformes. Si l'on doit chaque fois qu'un mot est nouveau mettre (…) ou sauter dans la traduction les passages mal conservés, autant se limiter à présenter des photographies des tablettes ou à ne traduire que des passages choisis. Dans un travail d'édition, c'est la traduction qui représente le véritable apport scientifique dans la mesure où elle montre la compréhension du document à laquelle pense être arrivé l'éditeur. Il ne fallait donc pas hésiter à reconstituer les passages brisés en fonction d'une certaine idée de la langue et du film des événements, même faute d'enregistrement dans un ouvrage de référence. C'est, à n'en pas douter, mettre souvent l'imagination au pouvoir quoique cette dernière ait souvent été considérée comme « la folle du logis ». Mais une certaine accoutumance à la documentation et l’effort de ne pas trouver du sensationnel dans les passages mal conservés sont deux béquilles qui l’empêchent de boiter trop fort. L’appréhension du sens global, c’est-à-dire le plus souvent la motivation de la rédaction d’un texte, doit permettre à des lecteurs ultérieurs l’élucidation des détails et l’établissement du mot à mot. L'expérience montre en effet qu'il est plus facile à un lecteur de proposer une interprétation nouvelle à partir d'un ensemble cohérent offert à sa critique que s’il se trouve devant une translation en mot à mot totalement dénuée de signification. 1.17 L'exploitation des archives de Mari en 2018 Une grande différence d'avec 1987 tient, naturellement, à l'accès actuel aux textes. Lorsqu'à partir de 1994 il s’est agi de rendre en urgence à la Syrie toutes les tablettes de Mari, sans attendre leur publication, l'effort de notre équipe — réduite en l’occurrence à Dominique Charpin, Michaël Guichard et moimême avec l’assistance de Nele Ziegler, après le départ à Nanterre du gros des troupes — s'est focalisé sur un programme intensif et accéléré de photographies des documents. Avec l’achèvement de la mission de M. Esline, de nombreu(se)s photographes subventionné(e)s par le CNRS ou le ministère des Affaires Étrangères français se sont succédé(e)s dans le local de la rue de la Perle où étaient alors conservées les tablettes, et je tiens tout particulièrement à reconnaître le travail alors fourni par Michaël Guichard pour la préparation des documents. Ce programme a préservé la possibilité de continuer aujourd’hui la lecture des documents. Il a été doublé par le travail de photographies opéré au musée de Dêr ez-Zor par notre photographe syrien, Dibbo el-Dibbo, qui a assisté plusieurs de nos missions d’études. On ne pouvait néanmoins prévoir à l'époque les troubles dans lesquels devait être malheureusement plongée la Syrie ni, surtout, que l'intégrité des tablettes cunéiformes pût être menacée au sein même du musée de Dêr ez-Zor. Dans l'incertitude qui pèse actuellement sur le sort des archives de Mari, cette photothèque, toute incomplète qu’elle soit, représente une précieuse assurance pour leur mémoire ou leur contrôle. Cette entreprise de photographies s'est néanmoins faite au détriment de la recherche systématique des joints. Or la redécouverte des archives cunéiformes lors des fouilles de A. Parrot avait été effectuée à

Présentation générale

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grande hâte, avec bris de beaucoup de documents, compte tenu de la vigueur des ouvriers. On note l'absence de toute couverture photographique —sauf quelques objets archéologiques portant inscription qui ont été cotés en M. —, ainsi que le manque d'inventaire du « butin ». Les documents n'ont reçu nulle numérotation ni du fouilleur ni des épigraphistes, sauf indication (assez souvent fantaisiste) de Salle, sans mention d'emplacement des trouvailles sur le plan du bâtiment pour beaucoup, compte non tenu d’une redésignation ultérieure des salles du Palais. Rejoindre les morceaux épars (souvent avec indication de Salles distinctes pour les divers fragments) pour restaurer l'intégrité des documents n'avait certes pas été dans les urgences de l'équipe des épigraphistes qui nous a précédés. Cela étant, la couverture photographique des documents de Mari dont nous disposons aujourd'hui est plutôt satisfaisante, due à la numérisation des photos prises rue de la Perle ou en Syrie, à l’initiative de D. Charpin, même si elle ne s'étend pas aux petits fragments dont le texte paraissait, de prime abord et hors joints, d'un intérêt moins immédiat que les documents conséquents. L'urgence d'établir la couverture photographique des principaux documents a naturellement fait passer « à plus tard » ce qui était petit fragment ou, surtout, tablettes dont l'incipit était conservé mais dont le texte subsistant paraissait peu signifiant. L'intérêt de tels morceaux ne pourrait venir que de la réalisation d'un joint. Cependant, lorsqu'il a établi — pour la première fois — l'inventaire général des tablettes de Mari, M. Birot a fait réaliser de petites photos (au format de documents d'identité) de la totalité des tablettes permettant de les individualiser. Elles permettraient éventuellement d'identifier une tablette, voire de vérifier un joint, mais ne donnent pas la possibilité de lire le document, vu leur forte pixellisation, d'autant plus que le cliché ne porte que sur les Faces, non sur les Revers ni sur les Tranches ou Côtés. C'est sur cet ensemble photographique dont nous disposons qu'ont été en majeure partie vérifiées transcriptions de nos dossiers et éditions. Les transcriptions qui ont été utilisées pour la présente édition consistent en ce que j'avais personnellement déchiffré, mais aussi — et je leur en ai grande reconnaissance — en celles qui m’ont été laissées par mes prédécesseurs. En me repassant la gestion de l'épigraphie de Mari, G. Dossin m'avait en effet confié un lot considérable de transcriptions, représentant son travail pendant de longues décennies de lecture des inédits et qu’il ne voulait pas voir disparaître. Les tablettes de Mari avaient été initialement divisées en lots A (F. Thureau-Dangin, puis G. Dossin) et B (Ch.-F. Jean), constituées des tablettes et fragments de la meilleure qualité, mais à la mort de Ch.-F. Jean le lot B a été fondu dans le lot A. Il ne reste rien des transcriptions établies par Ch.-F. Jean, à part ce qu'il en a publié. Le total des tablettes des lots A & B ayant été fixé arbitrairement à 4999 par M. Birot, les tablettes en M. commencent donc à 5000. Elles représentent celles qui, en théorie, n'ont été vues ni par G. Dossin ni Ch.F. Jean. Il manque toutefois à cet ensemble beaucoup de choses comme certaines transcriptions, ou ce que G. Dossin avait regroupé dans ses « fardes81 », à l’exception du dossier d’Itûr-asdu qui a été transmis via J.-R. Kupper à M. Guichard qui doit en éditer les lettres depuis Nahur. Plusieurs de ses cahiers, en outre, ne m'ont pas été transmis, non plus. Cela a été gardé, sans doute en Belgique où quelqu’un doit en disposer. Ni J.-R. Kupper, à Liège, ni M. Birot, à Paris, à leurs dires, n'en avaient en tout cas connaissance. Les transcriptions de G. Dossin font référence, en outre, à une masse — qui semble avoir été considérable — de copies que je n’ai pas consultées. Il n'y avait nulle traduction, même ponctuelle, jointe à ces transcriptions. Vu l'habitude qu'avait G. Dossin des textes de Mari et du fait qu'il a lu des documents souvent en bien meilleur état qu'ils ne l'ont été par la suite, la consultation de ces transcriptions est aujourd’hui précieuse et j’y ai fait référence, le cas échéant. Elles ont, néanmoins, été faites très — quelquefois même trop — rapidement, sans regroupement d'archives ni surtout aucune recherche de joints, sans révisions ultérieures (beaucoup de corrections y semblent faites a priori) et sont impubliables telles quelles, sans interventions lourdes qui demanderaient de retravailler le document et reviendraient en fait à une élaboration nouvelle. Les publications des textes de Mari par les membres de mon équipe se sont donc généralement faites dans l’ignorance de ces papiers.

81 C'est un (belgicisme ou) belgianisme pour désigner un « dossier ». Le mot n'est pas de l'usage français, où il désignait — dans un emploi aujourd'hui désuet — un « paquet ».

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La famille de M. Birot, de son côté, a eu la générosité de nous communiquer après son décès des cahiers où ce savant avait procédé à des transcriptions préalables de textes à partir de M.5000, en se limitant néanmoins aux lettres dites « acéphales ». Ces transcriptions vont jusqu'aux n°7000 et quelques-unes sont assez difficiles à lire, à la différence de l'écriture très régulière de G. Dossin qui recopiait, ou a fait recopier, des brouillons préalables. Le plus souvent, elles se bornent à des transcriptions rapides avec copies des endroits où le sens ne lui apparaissait pas à la lecture immédiate. Il ne semble pas que ces transcriptions aient jamais été revues par lui. Les cahiers indiquent les publications de certains textes dans les ARM XXVI/1 et XXVI/2, mais ignorent les publications des FM. Il y a quelques traductions de passages en marge. Deux de ces cahiers concernent la S.115 et représentent le résultat des trouvailles épigraphiques lors de la campagne de 1972 (TH.72), lorsque A. Parrot avait chargé M. Birot de terminer le déblaiement de cette salle. Ces tablettes n'ont jamais été à Paris, n'y ont donc pas été photographiées et n'ont été vues qu'épisodiquement à Dêr ez-Zôr, car elles représentaient un lot réservé pour M. Birot qui comptait en présenter l’édition dans une publication particulière. Ses transcriptions constituent aujourd'hui (2018) souvent la seule connaissance que nous en ayons. La pratique des tablettes de Mari par M. Birot était grande et l'application et l'acribie de ce savant sont bien connues. Il faut donc en tenir soigneusement compte, quoique malheureusement de façon critique. J'ai signalé dans cette édition l'usage que j'avais pu en faire pour les documents du début du règne. En ce qui concerne les citations de textes inédits que j’ai travaillés ou dont j’ai connaissance, elles ont été réduites le plus possible. Outre les renvois aux commentaires philologiques de la nouvelle traduction du corpus de Mari que j’ai proposée dans les trois volumes de LAPO 16,17,18, aux éditions du Cerf, on ne trouvera çà et là que quelques citations du DBP (Dictionnaire du Babylonien de Paris) avec référence à un inédit qui peut expliquer un choix éditorial. Cela étant, il est certain que plusieurs des documents ici publiés devront être ultérieurement vérifiés sur les originaux, s'ils existent encore, une fois la tourmente syrienne passée. Mon souhait est naturellement que cet examen critique tienne compte des conditions dans lesquelles le présent ouvrage a été fait. De façon naturelle j’ai dédié cet ouvrage aux mânes de mes prédécesseurs à l’abnégation scientifique desquels le travail actuel ne saurait trop rendre hommage82. ANTONY, le 20 octobre 2018

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Des chapitres de cet ouvrage ont été relus par de jeunes collègues, Michaël Guichard, Grégory Chambon et Rients de Boer que je tiens tout particulièrement à remercier. Merci aussi aux savants étrangers que j’ai consultés à l’occasion de difficultés ponctuelles. D. Charpin a relu le dernier état du manuscrit et m’a fait part de ses multiples et précieuses observations, dont je lui suis très reconnaissant. Je les ai signalées comme telles quand elles avaient une incidence directe sur l’édition. Nos divergences dans le commentaire historique seront traitées ailleurs. Selon la formule consacrée, les fautes qui restent ne doivent être imputées qu’à moi seul.

2. DOCUMENTS PARLANT DES DÉBUTS DE ZIMRÎ-LÎM

Beaucoup de documents qui concernent le début du règne ne sont pas repris ici parce que leurs éditions sont récentes ou qu'il n'y a rien, ou peu, à y ajouter et que ces documents sont difficiles en outre à placer dans la période de l'administration de Bannum. C'est le cas notamment de la grande lettre d'Ibâlpêl II à Zimrî-Lîm dont l'édition a été assurée par D. Charpin1 , ou de celles qui ont été publiées par M. Guichard, dans RA 96, 2002, documents fondamentaux pour la politique de Mari sur sa frontière sud-est et ses rapports avec E nunna mais qui ne doivent être repris dans des dossiers plus vastes. Ceux qui concernent les marches occidentales comme les lettres de Yatar-Kabkab, importantes pour la politique économique doivent être traités avec les affaires d'Imâr, en supplément au dossier de La-nasûm (ARMT XXXIV). Ne sont pas repris ici non plus les protocoles jurés au début du règne, sans doute au mois vi de l'année ZL 1’, le « serment des devins » (= ARMT XXVI 1) ou le « serment des intendants » (Marchands, Diplomates et Empereurs…, p. 16-20) qui auront un traitement particulier dans ARMT XXIV. Les textes dont il est question dans ce chapitre ne sont donc que ceux où l'on peut trouver des renseignements sur la geste royale elle-même, lorsque Zimrî-Lîm était encore un exilé (2.1) ou lorsqu'il venait de conquérir Tuttul (2.2), ainsi que diverses anecdotes (2.3, 2.4). Le dossier sur la famine (2.5) en revanche est fondamental pour comprendre dans quel état se trouvait le royaume, lorsque Zimrî-Lîm en est devenu roi. 2.1 Souvenirs d'avant la guerre contre le RHM Une lettre de Sumu-la-nasi [A.4182] a été publiée par J.-R. Kupper dans FM VI 18. Elle est d'une extrême importance pour la préhistoire de la royauté de Zimrî-Lîm, c'est-à-dire la période d'avant son franchissement de l'Euphrate pour attaquer les forces du RHM. L'affaire mentionnée dans la lettre est bien postérieure à l'arrivée sur le trône du nouveau roi de Mari2, car, tout comme Ibâl-Addu, Sumu-la-nasi a mis longtemps à faire prévaloir ses droits, mais son début fait allusion à un Zimrî-Lîm encore dans le royaume d'Alep et envisageant son retour avec un autre prince exilé. Le texte est mutilé et a fait l'objet de plusieurs essais de lecture. Il se trouve à l'origine de l’idée que la reconquête des Bords-de-l'Euphrate se serait opérée à partir de Carkémish, ce qui était effectivement une possibilité, puisqu'il ne semble pas que les troupes du RHM aient réussi leur percée dans le nord-ouest, au-delà du Zalmaqum. Dans la nouvelle compréhension offerte ici, où je tiens compte des efforts conjugués de J.-R. Kupper, revenant sur son édition (NABU 2004/99), et de D. Charpin & N. Ziegler (FM V, p. 144 et n. 559), rien ne se passe, en fait, dans les jardins (kirûm) de Carkémish. Il serait plutôt fait allusion à un banquet (qerûm) offert à Muzullum, alias Muzunnum, à l'occasion d'un déplacement du roi de Carkémish. Les deux prétendants en exil se seraient rencontrés pour l'occasion et auraient discuté ensemble. Nul souvenir n'est resté de leurs propos mais il est évident d'après le sujet de la lettre qu'ils ont dû anticiper la restauration de leurs royaumes respectifs et se jurer aide mutuelle. Il ne semble pas pourtant que le roi de Mari ait considéré

1 Cf. à propos de A.1247+, l'article de D. Charpin, « Un traité entre Zimri-Lim de Mari et Ibâl-pî-El d'E nunna », dans Marchands, Diplomates et Empereurs, Mélanges P. Garelli, D. Charpin & F. Joannès éd., p. 147159. On en trouvera une nouvelle traduction dans LAPO 16 281 et plusieurs considérations dans l'article de M. Guichard, RA 96, 2002. 2 Pour la date, cf. dans ARMT XXXIV, les lettres d'A ma. Il s'agit de l'installation du nouveau roi après la fuite de Yumra-El, au moment de la montée d'E nunna.

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comme une urgence, après la (re)conquête de sa capitale, de venir en aide à son ancien compagnon d'infortune. Ce dernier a donc dû régler ses affaires par lui-même et il demande à celui qu'il reconnaît désormais comme son suzerain d'entériner simplement le nouveau statu quo qu'il a établi dans la région du coude du Habur. Si l'histoire est bien reconstituée, J.-R. Kupper avait raison de considérer que Zimrî-Lîm se trouvait au royaume d'Alep avant la reconquête et, même, du côté des territoires où, vers la fin de son règne, il entreprit d'acquérir des terres importantes (cf. FM VII). Il faut pour cela que mu-zu-li fût une notation pour Muzunnum, alias Muunnum dans les textes d'Alalah. Une visite du prince de Carkémish à Muzunnum/Muzullum ne serait pas étonnante, puisque le prince de Muzunnum, Sumu-Barah (cf. FM VII, p. 104), est mentionné lui-même à Carkémish selon ARM VIII 80, un acte d'achat de vin, aux côtés de idqum-la-nasi et de Dâriya. J.-R. Kupper n'a pas tort de postuler en l’occurrence une alternance l/n, laquelle est bien attestée, mais dans le cas présent, vu la géminée, il faut poser une forme primitive *Muz/ ulni, dont la finale serait susceptible d'évoluer en -nn- (akkadien) ou -ll- (hourrite), sur le modèle d'Ikkalnum/Ikkallum repéré par J.-R. Kupper lui-même (NABU 1992/105).

La lettre [A.4182] a été envoyée par Sumu-la-nasi après un coup d'État contre le roi Yumra-El avec lequel Zimrî-Lîm avait sans doute passé un accord mais qui avait fondé beaucoup trop d'espoirs sur la montée d'E nunna. Les succès de Sumu-la-nasi avaient fait s'étendre le royaume de Qâ et Isqâ dont il s'était emparé, loin au sud, jusqu'à Tehrân sur le Bas-Habur, à l'amont de Qaunân. La non-mention de Qirdahat, qui est à chercher désormais dans la région de la moderne Hasséké3, peut s'interpréter comme le fait que la ville, prise par les forces de Mari au début du règne de Zimrî-Lîm, était désormais en ruines et que sa population avait été déportée (du côté de la Forteresse de Yahdun-Lîm), sans que la région après le coup de main mariote fût tenue par Zimrî-Lîm. Sumu-la-nasi se présente lui-même comme un propagandiste de paix, mais l'affirmation que son royaume retrouve son apparence du temps de Yahdun-Lîm cache mal le fait qu'il empiète de façon spectaculaire sur ce qui devait être désormais le territoire de parcours des nomades mâr sim'al, d'où son affirmation que ses terres sont un nig‘um pour Zimrî-Lîm. Il faut comprendre que les grands parcours de transhumance du Nord n'avaient pas encore reçu leur tracé définitif et que les Mâr sim'al étaient alors des bandes désunies, lors de la montée d'E nunna. En outre, si l'on savait déjà par les lettres de Huziri qu'il y avait des Mâr yamîna à Nagar4 tout comme d'autres textes nous en montrent dans la région de Qaunân, on voit ici, de plus, que le royaume de Qâ et d'Isqâ était une zone mâr yarîh5. 1 [A.4182] Sumu-la-nasi au roi. Rappel de la fête en l'honneur du roi de Carkémish où les deux princes, alors en exil, se sont trouvés et concertés. Or, tandis que le roi de Mari a reconquis son trône ancestral, Sumula-nasi l'a trouvé occupé par Yumra-El. Maintenant, grâce au dieu du roi, il est rentré dans ses droits et s'est occupé d'instaurer une paix générale. L'agrandissement du royaume de Qâ et Isqâ ne fait que retrouver les frontières installées par Yahdun-Lîm, lui-même. Protestations de fidélité en tous domaines et considérations sur le piteux état où il trouve son royaume.

3

D. Charpin dans BBVO 20, 2009, p. 67-68, la situerait sur le cours moyen du Habur, proche de la moderne Hassaké, à l'embouchure du Djaghdjagh. 4 5

Cf. M. Guichard, « Au pays de la Dame de Nagar », FM II, p. 245.

Saggâratum a été — selon une lettre de Sammêtar (cf. réédition de ARMT XXVI 199: 32-35, dans J.-M. Durand « La guerre ou la paix », Leggo, Mélanges en l'honneur de M. Falès) — refusée aux Mâr yamîna et remplacée par Mi lân. Or cette dernière était un centre de gens du Yahruru dont les liens avec le Yarîh étaient très forts. Il est vraisemblable que ceux qui arrivaient sur les bords de l'Euphrate étaient tentés de s’établir dans la vallée du Bas-Habur, ce qui leur permettait de se relier à leurs contribules de la région de Hassaké. L'entreprise était analogue à celle qui a fait s'installer d'autres Mâr yamîna dans la vallée du Balih pour se relier aux gens du Zalmaqum.

Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

2 4 6 8 10 12 14 16 18 Tr.20 22 Rev. 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 Tr. 44 46 C. 48 50

[a-n]a be-l[í]-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-la-na-si ìr-ka-a-ma lu-ú i-tu-um i-nu-ma i-na qé-ri-im a-na-ku ù a-ta be-lí i-na lú ka-ar-ka-mi-siki i-na mu-zu-li [wa-a-bi-i]m ni-ba-a[r-ru-/né-ti-ma] ù ni-id-bu-bu i-[na-an-n]a i-lu-um a a-bi-ka a-na gi -gu-za a a-bi-ka ú-e-ri-ib-ka a-na-ku a-na bi-it a-bi-[ia] ak-u-da-am-ma i-[na a-l]i-ia I yu-um-ra-a-[AN] wa-i-[ib] ka-ta ap-la-ah-[ma] i-na gi -gu-za-ia ú-[ul ú-e-]í-u i-na-an-na i-lu-um [a be-lí-ia] I zi-im-[ri-li-im] [d]a-an-m[a] [a]-na gi -gu-za bi-it a-bi-i[a] ú-e-ri-ba-an-ni [ki-m]a pa-na-nu-um-ma a-bi [wa]-ar-ki a-bi-k[a] ia-ah-du-li-[im] il-li-ku a-na-ku wa-ar-ki-ka a-la-ak a-ni-tam a-nu-um-ma I ta-ak-ka a til-la-iaki i-na up-pa-t[i]-/ia ka-ia-ni-i ki-ti be-lí-ia I zi-im-ri-li-im ú-sa-l[i-im-ma] a-na e-er {x} bu-nu-e-tár a-à-ra-d[a-am] a-na I hu-zi-ri a-pu-ur-ma le-mu sa-la-ma-am(AN) ma-as-sú a-na e-ri-ia it-ta-ba-al-ka-[at] be-lí lu ha-d[i] pa-á-ia I ia-ah-d[u-li-im-ma] a a-na a-bi-ia up-t[a-li-ku] i-na te-eh-ra-ni-imki a[-ku-un] ki-ma a-bi-ia-ma a-na-ku bi-it a-bi-ia ú-ul wa-ta-ar ha-al-í a-na ha-al-í-ka ni-ig-hu-um lú ìs-qa-iuki [l]ú qa-a-iuki lú i-li-siki [ù] ma-ar ia-ri-haki [wa]-ar-du-ka sipa-me-e ki-ti lú-sipa-me-e [i]m-ra-ú [a]t-ta ti-de ki-ma a-na bi-ti-im ri-qí-im e15(I)-ru-bu

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Jean-Marie DURAND ki-ti lú a-ra-ni a ma-ah-ri-k[a] wa-a-bu la ta-ma-an-na-[ni] ìr-ka a-na-ku 1

Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-la-nasi, ton serviteur. C'est un fait bien connu (de toi) quea), 6 lors de l'invitationb), moi et toi, 7 mon seigneur, alors que l'homme de Carkémish 8 se trouvait à Muzullumc), nous nous sommes vusd) et 9 que nous avons discuté. Maintenant, 10 le dieu de ton père 11 t’a fait (r)entrer 10 sur le trône 11 ancestral. 12 Moi, 13 je suis 12 arrivé cheze) mon père, 13 mais 14 Yumra-El 15 se trouvait installé 13 dans ma ville. 16 Par respect pour toi, 17 je ne lui ai pas fait quitter un trône qui était mien. 18 À présent le dieu de mon seigneur 19 Zimrî-Lîm 20 est fort et 22 m'a fait (r)entrer 21 sur le trône ancestral : 23 de même que, précédemment, mon père 25 était 24le lieutenant de ton père Yahdun-Lîm, 25 moi 26 je serai 25 tonf) lieutenant. 27 Autre chose. Voilà que 28 grâce à mes tablettes, 30 j’ai établi 29 de façon durable 30 un pacte de non-agression 27 entre Takka 28 de Tillâ 29 et mon seigneur 30 Zimrî-Lîm, et 31 je vais (en) expédier chez Bunu-E tar (de Kurdâ). J’ai envoyé un message à Huziri (de Hazzikkanum). 33 Il ne voulait pas d'un pacte de non-agressiong). (Cependant) son pays 34 n'a pas été de son avis mais du mienh). 35 Que mon seigneur soit content ! 36 Mes deux frontièresi) c'est Yahdun-Lim 37 qui (les) avait délimitéesj) pour mon père. 38 Je l’ai installée à Tehrânumk). 39 Moi, je suis exactement comme mon père ; 40 l'État de mon père n'a pas fait d'annexionl). 41 Ma région (est) 42 un nig‘umm) 41 pour ta région : 42 les gens d’Isqâ, les gens de Qâ, d’Ilisu 44 et les gens du Yarihn), 45 sont à ton service ; 46 ce (ne) sont (que) des pasteurs (qui) 47 ont eu maille à partir avec 46 des pasteurs. 48 Toi, tu sais 49 que 51 je suis entré 49 dans une maison 50 vide. 55 Ne me compte pas 52 parmi 53 ceux 53-54 de tes serviteurs 52 qui sont riches. 56 Je suis ton serviteur. 5

Bibliographie : ce texte a été édité par J.-R. Kupper comme FM 6 18. Des passages en avaient été cités par D. Charpin CRRAI 43, p. n. 16 ; J.-M. Durand CRRAI 46, p. 118-119 et n. 34-36 ; M. Guichard « Au pays de la Dame de Nagar », FM II, p. 252 ; cf. N. Ziegler TUAT NF 3, p. 56-57 qui en a donné une traduction en allemand. De grandes améliorations à la compréhension de ce texte ont été proposées par D. Charpin & N. Ziegler, FM 5, p. 144 et n. 559, ainsi que par J.R. Kupper, lui-même, exploitant leurs suggestions, dans sa NOTE de NABU 2004/99. Note: J.-R. Kupper a relevé dans son édition de FM VI les nombreuses particularités formelles de ce document qui ne se conforme pas toujours aux pratiques de la chancellerie de Mari. a) Pour cette construction de lû ittum inûma cf. ARM VI 76 : 5. Pour le sens de lû ittum qui fait appel à un savoir en commun entre l'expéditeur et le destinataire, cf. J.-M. Durand, LAPO 17, p. 486, n. a). b) Des fêtes étaient données à l'occasion de la venue d'un roi ; pour des invitations à dîner au palais royal le terme utilisé était qerûm (cf. FM VII 45 : 29), même si kirûm « jardin » (sans doute une structure palatiale ; cf. J.-M. Durand « Organisation de l'espace…, », dans Le Système palatial en Orient, en Grèce et à Rome, Strasbourg, 1987, spéc. p. 57) n'est pas à exclure totalement. c) Pour une identification de Muzullum à Muz/ un(n)um, cf. les arguments de J.-R. Kupper, NABU 2004/99 et le texte introductif ci-dessus. d) Les jours de fête ont permis manifestement aux deux princes en exil de se reconnaître, mais ils semblent n'avoir eu qu'une seule discussion décisive (exprimée à l'inaccompli). e) « Chez » correspond exactement à ana bît. Bîtum néanmoins a ici — comme couramment — le sens d'État politique, à la différence de mâtum qui signifie « peuple ». f) Le texte hésite, comme beaucoup d'autres (du début du règne surtout), entre le tutoiement (qui devait être la façon normale de s'adresser à quelqu'un) et une adresse à la 3e personne, qui était imposée par l'étiquette. g) Le texte donne sa-la-ma-AN, qui comporte une nunnation analogue à celle du dialecte akkanakku de Mari. J'ai cependant supposé qu'il y avait ici l'emploi d'un AN avec valeur AM comme on peut trouver à l'occasion ÀM pour AM à cette époque. Cf. dans [A.891]: 26 (lettre de Hardûm, ARMT XXXIV) ki-am pour l'usuel ki-a-am. h) En mot à mot : « Son pays a fait défection vers moi ». Il n'est pas sûr néanmoins qu'il faille voir ici une révolte de Hazzikkanum contre son roi, mais un simple avis contraire de la population qui a accepté de faire un accord de bon voisinage, apparemment pour conclure une convention.

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Sumu-la-nasi dans cette lettre se montre comme un agent de paix générale, ce qui doit faire oublier qu'il vient de faire un coup d'État. i) Pa-á-ia est inattendu pour pâtî. Il peut y avoir ici un duel indiquant la frontière du nord et celle du sud. j) Pour cette compréhension, cf. J.-M. Durand, CRRAI 46, p. 118-119, n. 34 où est proposé le recours à palâkum « planter des piquets pour délimiter un espace » sur le modèle de [A.1177] : 39-41(cf. p. 216) où, à propos d’un don royal de terre à des serviteurs, on trouve : ana pî uppi bêlí-ia, [ta-mi]-ir-tam ú-pa-al-li-ik, [iâri] âpulunûti = « selon les termes de la missive de mon Seigneur, j’ai délimité la prairie. Je leur ai donné satisfaction. » k) Le passage est important pour la géopolitique de l'époque : Tehrân (forme usuelle pour Tehrânum utilisé ici) est en amont de Qaunân mais devrait faire partie du royaume de Mari, dès la constitution du gouvernorat de Qaunân. Manifestement, on est à une époque où Zimrî-Lîm, pris par les affaires du royaume, ne s'occupe pas trop de ce qui se passe à l'amont de Qaunân, ville qui est considérée comme en dehors du royaume proprement dit, même si elle lui était, du point de vue administratif, directement rattachée. l) En mot à mot : « n'est pas augmenté ». Il n'a fait que retrouver ses frontières du temps de Yahdun-Lîm. m) Le nig'um est un des termes les plus importants de la vie bédouine de l'époque ; cf. J.-M. Durand, « Peuplement et sociétés à l'époque amorrite », Amurru III, p.118 sq. Il désignait la zone que parcouraient les troupeaux d'une tribu selon des accords présentés comme immémoriaux (comprendre, datant d'au moins 3 générations). Sumula-nasi dit par là que les troupeaux (bédouins sous protection mariote) ne risquaient pas d'être arrêtés dans leur parcours par une frontière mais qu'ils pourraient avoir accès à toutes les pâtures de son royaume et, surtout, libre passage. n) L'énumération est importante car, outre les villes principales du royaume de Sumu-la-nasi, on voit apparaître parmi les habitants de son royaume une tribu mâr yamîna, celle des Mâr yarîh(u) ; cf. texte introductif au document. Ilisu(m) peut désigner la région de Tehrân (cf. CRRAI 46, 2004, p. 119, n. 41) ou être le nom d’un clan.

2.2 Les lettres d'Ibâl-Addu à Zimrî-Lîm avant de devenir roi d'Alakkâ Il reste plusieurs lettres6 adressées par Ibâl-Addu à Zimrî-Lîm avant qu'il ne réussisse à entrer dans sa capitale A lakkâ. Ses efforts se sont étendus sur une durée assez longue et n'ont abouti qu'en l'an 3 de Zimrî-Lîm. Néanmoins, on trouvera ici l'ensemble de ces textes qui sont les seuls à faire allusion à la conquête de Tuttul et forment un ensemble cohérent. 2.2.1 Au moment de la prise de Tuttul Au moins deux lettres d'Ibâl-Addu racontaient ce qui s'est passé au moment de la prise de Tuttul par Zimrî-Lîm. Ce sont [M.6776] et [A. 3211] édités comme ARMT XXVIII 77 et 78. Ces 2 documents montrent qu'Ibâl-Addu, prétendant au trône d'A lakkâ (alors occupé par adumadal, un prince au nom hourrite qui avait dû s'y installer au moment où le RHM s'écroulait ou qui en était l'ancien administrateur pour Samsî-Addu), faisait partie des compagnons d’armes qui avaient accompagné Zimrî-Lîm au début de sa conquête ; en ce sens il est tout à fait comparable à Sumu-la-nasi, prince de Qâ et d’Isqâ. Il est remarquable que dans ces lettres d'époque ancienne Ibâl-Addu tutoie le roi, ce qui peut refléter un ancien compagnonnage d'armes, mais surtout (et plutôt) la pratique courante de l'époque de s'adresser à quelqu'un avant que ne s'instaure le protocole de cour. Il rappelle qu'il avait envoyé ses compagnons7 au futur roi alors que ce dernier se trouvait encore à Tuttul. Ils ont assisté Zimrî-Lîm dans sa lutte contre I me-Dagan (prise de Tuttul), puis dans sa descente sur Mari. Ce renseignement, non exploité par l'éditeur du texte, est néanmoins important. L'affrontement avec I me-Dagan ne peut concerner la prise de Mari ou une attaque du centre du royaume, car cela semble avoir été l'œuvre de Bannum et de son clan mâr sim'al aidés par des Mâr yamîna. En revanche, des forces armées importantes du RHM se trouvaient dans la partie ouest du royaume de Haute-Mésopotamie. Il est

6 Les textes d'Ibâl-Addu ont fait l'objet d'une publication par J.-R. Kupper dans ARMT XXVIII et cet auteur a repris le dosssier dans un article de la RA 93, 2001, « Les débuts du règne d'Ibâl-Addu », p. 1-33. Les deux travaux avaient fait l'objet de discussions approfondies entre J.-R. Kupper et moi-même. 7

Le terme tappum est restauré dans ce texte mais assez vraisemblable, car ces gens y sont définis (ARMT XXVIII 77 : 17) comme des kîma pagrim, donc « (de rang) égaux », ce que la traduction française rend par « d’autres moi-même », une équivalence de tappum « compagnon ».

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trop tôt dans le règne de Zimrî-Lîm pour envisager que l'opération à laquelle fait allusion Ibâl-Addu, concerne l'attaque de Kahat dans les fortifications de laquelle les autorités du RHM devaient avoir plus confiance que dans celles de ubat-Enlil puisque le harem de Samsî-Addu s'y était réfugié. On peut ainsi penser à une contre-offensive des forces d'I me-Dagan pour reconquérir une place forte majeure de la frontière ouest, d'où il pouvait engager une attaque contre la zone de Mari où s'étaient installés Bannum et les Mâr yamîna. Cette manœuvre militaire serait une des façons d’expliquer la destruction du palais de Tuttul, épisode antérieur à l'installation du haannum La-nasûm en un lieu qui semble alors en mauvais état. La correspondance de ce notable mariote est d'ailleurs concomitante d'une phase de reconstruction du palais et du temple de Dagan. L'incendie du palais ne peut pas avoir été causé par l’attaque elle-même de Zimrî-Lîm, puisqu'il a pu pendant au moins deux mois y produire des textes à son nom. Les portes de la ville peuvent même lui avoir été ouvertes. L'embrasement du palais où ces documents ont été retrouvés doit donc être un événement postérieur au départ de Zimrî-Lîm vers Mari. De façon générale, Ibâl-Addu est silencieux sur plusieurs personnes : il ne parle pas de YasmahAddu, ce qui s'explique si la disparition de ce roi ne concerne ni Zimrî-Lîm ni ceux qui l'aidaient à Tuttul, mais il évite aussi de parler de Bannum ; ce qui doit indiquer que l’on se trouve après la mort du mer‘ûm et que le silence est désormais de mise à son égard. Seul est mentionné I me-Dagan et, de fait, la lutte en Haute-Djéziré, la grande affaire militaire du début du règne, s'est faite contre les forces d’Ékallatum, car c’est au nom d’I me-Dagan que résistaient alors Kahat ainsi que la citadelle de ubat-Enlil. Pour apprécier l'importance de la lettre d’Ibâl-Addu il faut tenir compte du moment de son envoi ; si elle ne date pas de la restauration de Zimrî-Lîm sur le trône de Mari, le temps qui s'est écoulé depuis la prise de Tuttul ne doit cependant pas avoir été considérable. Zimrî-Lîm redevenu roi a encore à ses côtés les gens qui l'ont aidé à Tuttul. Il est donc vraisemblable que la missive d'Ibâl-Addu date du retour du roi depuis Kahat, soit de la moitié de sa première année. Ibâl-Addu demande au roi de lui renvoyer ses gens car il compte sur eux pour son propre compte. Il oublie les morts pour lesquels nulle compensation n’est demandée, à condition que les survivants reçoivent permission de s’en aller le rejoindre. En revanche, si Zimrî-Lîm lui en réclame un parce qu'il en aurait besoin (cf. l. 18, hikît abi-ia), il lui sera donné. C'était effectivement une période où le roi de Mari cherchait à s'assurer les services de gens de qualité. Ses compagnons représentaient, de fait, pour Ibâl-El son seul espoir d'aide. La suite des événements montre les faux-fuyants du roi de Mari : Zimrî-Lîm lui a confié la mission d’accompagner « des rois » dans les villes où ils devaient prendre le pouvoir ; il s’agissait pour Ibâl-Addu de diriger l'expédition qui devait assurer la restauration de prétendants sur des trônes du Nord et si l’on considère ARMT XXVIII 78, ce projet de ramener « des rois » n'est qu'une généralisation de la lettre [A.2742] adressée à Abî-Samar et Ik ud-la- êmê- u et de son parallèle à Ti -Ulme8. L’idée du roi était que, cela fait, ce serait à Ibâl-Addu de voir si l’escorte accepterait une seconde mission, celle qui devait lui permettre de s’emparer pour son propre compte du pouvoir à A lakkâ. Cette ville n'était, visiblement, pour le roi de Mari qu'un objectif secondaire : si Ibâl-Addu remontait lui-aussi sur son trône ancestral, c'était certes la prise en main de toute la Haute-Djéziré de l’ouest, mais cela ne semble pas avoir été dans les urgences du moment. Le roi de Mari utilise, en effet, une façon particulièrement hypocrite de s’exprimer : « Si les Bédouins vont avec toi, tu iras là où ils t’accompagneront ; [sinon], si les Bédouins ne vont pas avec toi, ne va nulle part ! » Il ne veut donc pas savoir ce que la force d’accompagnement fera une fois sa mission officielle accomplie. A lakkâ peut avoir été considérée un trop gros morceau pour le roi de Mari qui ne se sentait pas encore capable de l’affronter, quoiqu’A nakkum ne semble pas avoir été d'une importance moindre. Mais on peut penser aussi qu'A lakkâ était une ville avec laquelle Zimrî-Lîm avait un accord juré, ce qui l’empêchait d’y envoyer officiellement une force armée. En revanche, si d’aventure il s'y passait un coup de main « heureux » qui se trouvât servir les intérêts d’Ibâl-Addu, le roi de Mari pourrait toujours plaider que l'opération s'était faite « sans son aveu » et éviter ainsi l’odieux d’avoir rompu un 8

Il s'agit de la tablette TH 72-15 reprise ici, p. 65.

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pacte. Ce sont effectivement des Bédouins, donc des gens moins tenus que le roi de Mari à des obligations d’État, qui sont envoyés pour ce genre de mission ; une fois leur but atteint, nul ne peut prévoir ce qu’ils étaient susceptibles de faire. Comme les rapports diplomatiques semblent avoir été bons entre Mari et A lakkâ avant les demandes d'Ibâl-Addu, on doit privilégier la seconde hypothèse. On voit en effet par la lettre A.758 éditée par Michaël Guichard9 que adum-adal s’adressait à Zimrî-Lîm comme à son « père ». Il faut donc supposer entre eux un traité d’alliance en bonne et due forme. D’après M. Guichard, d'ailleurs, adum-adal, roi d’A lakkâ, est resté en place jusqu’à la prise d’A lakkâ ; comme il est vraisemblable que la prise d’A nakkum a précédé celle d’A lakkâ, Ibâl-Addu a donc dû attendre quelque temps avant de pouvoir s’installer sur le trône convoité. Par « des rois » Zimrî-Lîm entendait les dirigeants de villes à la proximité d’A lakkâ. Même si au nombre de ces dernières il y avait A nakkum (= Chagar Bazar) où Narhî essayait de s’impatroniser, les rois à installer étaient en l'occurrence ceux que nomme [M.6676]: 28-29, soit YaBhur-Lîm10 et Yasîm-hammu. YaBhur-Lîm doit être le même qu’IBhur-Lîm, cheikh d'Izallû, à proximité de Nahur et d'A lakkâ (cf. LAPO 16, p. 152), celui dont J.-R. Kupper a édité les lettres dans ARMT XXVIII 114-120, et qui a donc été installé dans sa ville au tout début du règne de Zimrî-Lîm. Yasîm-hammu, en revanche, est autrement inconnu et a pu n'être que fugitivement en place dans une ville proche d'A lakkâ11. Mais à la différence des événements racontés dans [A.842] (= ARMT XXVIII 48) qui illustrent le succès final des tentatives d'Ibâl-Addu et voient la fuite de adum-adal (cf. ibid. l. 49), on a affaire dans [M.6776] à une entreprise qui a tourné court car Ibâl-Addu a été abandonné par ceux qu'il avait aidés. Dans [A.3211]: 31-32, Ibâl-Addu affirme qu’il y a dans son pays (A lakkâ) beaucoup de « serviteurs de son père ». Le terme est ambigu : il peut désigner les partisans du nouveau roi de Mari (abî désignerait ainsi Zimrî-Lîm ; c'est ce que semble d'ailleurs avoir compris J.-R. Kupper) mais cela peut aussi signifier que plusieurs habitants étaient restés fidèles à la lignée d’Ibâl-Addu et que ce dernier comptait sur leur loyauté à l'ancienne dynastie à anthroponymie sémitique, à laquelle un adum-adal, porteur d'un nom hourrite, ne devait pas appartenir12. Cependant les Bédouins ont considéré que leur affaire était finie avec le succès de l'opération commanditée par Zimrî-Lîm ; ils n'étaient pas des mercenaires à qui l'on donne une solde (le qirum), soit une paie en argent pour leurs services, mais des gens qui n'en faisaient qu'à leur tête. Cet échange de lettres pourrait expliquer l'ambiguïté des rapports constatée par la suite entre le roi de Mari et son vassal d'A lakkâ. Ibâl-Addu n'était manifestement pas le « premier choix » du roi de Mari pour sa politique en Haute-Djéziré. Il se dit « fils » de Zimrî-Lîm tout le temps qu’il n’est pas roi d’A lakkâ, mais par la suite n'en est plus que le « serviteur », quoiqu'il ait reçu comme épouse une princesse royale de Mari. Cela peut tenir aux accords diplomatiques passés au moment de l'installation d'Ibâl-Addu sur le trône d'A lakkâ. Dans ARMT XXVIII 48, texte qui est

9

M. Guichard, « Le ubartum occidental à l’avènement de Zimrî-Lîm », FM. VI, p. 146-147. De la même façon, [M.9300] (ARMT XXVI 78) semble montrer de bons rapports entre adum-adal et Asqûdum ; cf. p. 190-19 1. 10

L'écriture cunéiforme ne permet pas de savoir si le verbe de ce nom propre provient de la racine PR (« La tribu s'est réunie », akk. paârum) ou de B‘R (« la tribu a choisi », akk. bêrum). Dans les 2 cas, il s'agit d'un anthroponyme commémoratif. 11 Êsîm-hammu n'est qu'une variante d’un NP Yasîm-hammu. Il existe dans ARMT XVI/1 un Yasîm-hammu habitant de Sarrum des Rabbéens (Sarrum rabbiyûm) ainsi qu'un souhéen ; aucun des deux n'est un bon candidat pour l'individu dont parle Ibâl-Addu. Celui qui est énuméré par ARM VII 220 : 13, est en fait, à lire Yarîm-hammu, d'après MARI 2, p. 92. Il s'agit d'un fonctionnaire connu de l'administration de Qaunân, selon A.381. Le Yasîm-hammu que devait escorter Ibâl-Addu pourrait, en revanche, être le militaire que l'on voit, bien plus tard, envoyer depuis Babylone la lettre ARM XXVI 383 où il est question du siège de Larsâ. Tout comme IBhur-Lîm, il s’agirait d'un individu inféodé aux Mâr sim’al, originaire de l’ouest de la Haute-Mésopotamie. 12

« Mon serviteur » dit Ibâl-Addu ([A.3211] 33). Il pouvait donc s'agir d'un membre d'une famille, certainement importante, de la composante non-sémitique d'A lakkâ, qui aurait profité des troubles pour s'imposer face à la population sémitique à laquelle Ibâl-Addu, vu son nom, devait appartenir. Il y a beaucoup de noms propres hourrites parmi les gens d'A lakkâ ; cf. (pour la seconde prise d'A lakkâ, il est vrai) les considérations de P. Marello, FM 2, 1994, p. 124-125.

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pourtant certainement du début du règne, Ibâl-Addu ne se dit déjà plus « fils » de Zimrî-Lîm, mais pas encore « serviteur ». Or les rapports entre Mari et adum-adal semblent alors dégradés. Cela précède l'attaque en règle du roi de Mari contre A lakkâ qui a dû résister et ne pas accepter facilement Ibâl-Addu pour son chef.

2 [A.3211] Ibâl-Addu à son « père » Zimrî-Lîm. Rappel de l'aide militaire fournie dès la prise de Tuttul. IbâlAddu voudrait récupérer ceux de ses compagnons qui sont encore vivants, pour, comme Zimrî-Lîm, retrouver son trône ancestral. Il pourrait ainsi compter sur ceux qui restent fidèles à sa dynastie. (…) [a-na a-bi-ia] z[i-i]m-[r]i-li-im [qí-bí]-ma [um-ma i-ba-a]l-dIM [dumu-ka-a]-ma [i-nu-ma a-bi i-na] t[u]-t[u]-ul ú-bu [tap-pé-ia a-ru-sú]-ma [ki-ma a-n]a i-me-[d]da-gan gi -tukul-há [ú-a-u-]u-nu-ti-ma [a-na] ma-riki [u]-te-ri-du-u-nu-t[i i]-na-an-na qa-at a-bi-ia a-l[am] ma-riki ik-[u-ud] um-ma li-ib-[b]i a-[bi-i]a lú-me[ u-nu-ti] a-bi li-w[a-a]-[e-ra-a-u]-nu-[ti] a im-tu-t[u p]a-ga-[ar-u-nu] li-[qé-bi-ru] ba-al-ú-t[im] a-b[i] a-na qa-at [NP] ù a-bi-e-sa-ar gal ku a-bi l[i-ip-qí-id] lú-me-e a a-n[a e-er] a-bi-ia a-[ru-du] ki-ma pa-ag-[ri-i]a ù [l]ú a ni-[i-ia] hi-ki-it a-bi-ia a i-na q[a-ti-ia] i-ba-a-u-ú a-bi [l]i-i-pu-r[a-am-ma] a-na-ku lu-wa-a-e-[er-u] lú-me-e u-nu ú-ul [a]-um u-mi-[ka] ù a-um ma-a-tì(TIM)-ka a i-mu-[du-u-nu-ti]13 a-bi i-na an-né-tim gi-mi-lam e-[li-ia] li-i-ku-un li-wa-e-er-u-nu-[t]i l[a] i-ka-la-u-nu-tì (TIM) [ù ]a-ni-tam a-bi a-ia-ab-u ik-[]u-ud-ma a-[n]a gi -gu-za é a-bi-u i-ru-ub ù a-na-ku a-di-ni a-na gi -gu-za é a-bi-ia ú-u[l] e-ru-ub mu-ú[]-ke-né-ku a-bi a i-[p]a-qí-da-an-ni li-ip-q[í]-da-an-ni ù i-na ma-ti-ia ìr-du a-[bi]-i[a] [m]a-du-tum-ma i-b[a]-a-u-ú [ù gi -gu-za] i-na a-ba-tim ìr-di [a it-ti-ia i-b]a-a-u-ú [ú-u]l a-ka-al-[la-u-nu-ti] [i-na-an-na wa-ar-d]u-tam° a-[na lú an]-ni-[im-ma] [o o o o o o ]-x [……] [tap-pé-ia be-lí li-]a-bi-[l]a-n[i] [li-ib-bi li-ih-du]-ú

2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 38

(Reste de la tablette anépigraphe.)

13

D'après la mise en page, il y a encore plusieurs signes après MU.

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Bibliographie : publié par J.-R. Kupper comme ARMT XXVIII 77. Les l. 10 et 26-29 avaient été citées par G. Dossin dans « Archives épistolaires », Syria 19, 1938, . p. 113 ; cf. M. Guichard, FM II, p. 236. 1

Dis à mon père a) Zimrî-Lîm, ainsi parle Ibâl-Addu, ton fils. Lorsque mon père se trouvait à Tuttul, 6 je lui avais envoyé mes compagnons et 7 comme 8 il leur a fait lever 7 les armes contre I me-Dagan 8 et 9 les a fait aller en aval 8 jusqu’à Mari, aujourd’hui, 10 mon père s’est emparé de la ville de Mari. 11 S’il plaît à mon père, 12 qu'il laisse aller 11 ces gens. 13 Qui sont morts, qu’on les enterreb) ; 14 les (sur)vivants 15 que mon père lesc) confie à (NP) 15 et à Abêsar, les chefs de section. 16 Les gens que j’ai expédiés chez mon père 17 (sont) d’autres moi-même, mais, quelqu’un de mes d) 18 gens , sur lequel mon père aurait des vuese), qui 18 sera(it) 18 entre mes mains, 19 sur message de mon père, 20 je le laisserai(s) aller. 21 Ces hommes, n’est-ce point pour ta gloire 22 et pour ton pays à toie) ce qu'on leur a imposéf) ? 23 Mon père doit me 24 témoigner 23 pour cela de la reconnaissance ! 24 Qu’ils les laisse aller ! 25 Qu’il ne les garde pas ! 26 En outre, autre chose : mon père a eu raison de son ennemi et 27 il est entré sur le trône ancestral ! 28 Or, moi, jusqu’à présent, 29 je ne suis pas entré 28 sur le trône ancestral. 29 Je ne suis qu’un simple particulier ! Mon père 30 doit me pourvoir de ce dont il peut me pourvoirg) ! 31 En outre, dans mon pays, 32 il y a beaucoup 31 d'(anciens) serviteurs de mon père (biologique) 33 mais, du fait que c'est un serviteur à moi qui a pris le trônef), 34 je ne gardeg) plus ceux qui sont pour moi. 35 À l'heure actuelle (c'est) à cet homme (qu')ils ont prêté serment d'allégeance. 36 … 37 Que mon père me fasse parvenir mes compagnons 38 en sorte que mon cœur se réjouisse. 5

(Reste de la tablette anépigraphe.) a) Pour cette restauration, cf. l. 10. b) Cette nécessité de pourvoir d'une sépulture ceux du clan qui sont tombés au combat faisait partie des exigences envisagées par le rite du kispum. c) Le suffixe personnel -unûtim doit s'interpréter en fait comme comportant une lecture tì pour TIM (cf. l. 22, ma-a-tì-ka). Pour cette valeur en OB, cf. le NP be-lí-ú-sa-tì de YOS 13 171: 2 = « Mon seigneur est ma force ». d) J.-R. Kupper a lu anûm, en mot à mot « autre », au sens de « qui n'est pas de ceux qui sont avec le roi ». e) hi-ki-it : l'exposé fait par J.-R. Kupper mélange en fait plusieurs données. Le substantif hikîtum vient manifestement d'un verbe hakûm ; à la forme G (I) ce verbe hakûm signifie « attendre » (cf. LAPO 17, p. 94), mais à la forme D (II) il a le sens contextuel de « chercher à tromper », exactement « attendre de voir ce que va faire quelqu'un en réaction à ce qu'on lui propose ». Le substantif hikîtum qui est construit sur la forme G devrait donc signifier ici « attente ; espoir ». Le hikît bêlim serait donc quelqu'un sur qui le roi a des vues. f) J.-R. Kupper (ARMT XXVIII, p. 107) a restauré ici ka-

  • -a i-mu-[tu] et a compris « ils sont morts pour ta gloire et le pays tout entier », traduction trop moderniste mais, surtout, résultat d'une forte correction. Le mâtum de Zimrî-Lîm et celui d'Ibâl-Addu ne sont pas les mêmes. Pour la valeur tì de TIM (ma-a-tì-ka), cf. l. 25. En fait il ne s'agit plus ici des morts (cf. leur mention l. 13 !), mais des survivants qu'Ibâl-Addu veut récupérer. Ces gens ont été à la peine pour la gloire du roi de Mari qui, désormais, n'a plus de raison de les garder. Le verbe emêdum est employé pour indiquer qu'on impose une charge ou une corvée à quelqu'un. Il devrait avoir une vocalisation en (i) mais l'usage du Nord (cf. la lettre d'Ibâl-Addu, A.842 : l. 38 qui dit al-qú-ú pour el-qú-ú) est de le vocaliser en (u) et se trouve épisodiquement aussi en paléo-babylonien. g) La piqittum est ce qui est attribué par l'autorité comme ration alimentaire surtout, mais aussi comme biens d'équipement, à celui qui travaille pour elle. L'expression veut dire que, dans son dénuement, Ibâl-Addu attend du roi de Mari qu'il pourvoie aussi à son équipement. C'est une allusion directe à une aide militaire. h) adum-adal était un hourritophone (à en juger par son anthroponyme), mais il était déjà domicilié à A lakkâ, dont la population semble avoir été mélangée, à en juger par son onomastique. Il ne devait donc pas être un prince étranger qui aurait conquis la ville, lors de la chute du RHM. i) Le verbe kalûm « garder » peut se comprendre ici comme « garder dans l'obéissance » qu'ils doivent autant au roi de Mari qu'à l'héritier légitime au trône.

    3 [M.6776] Ibâl-Addu au roi. Il devait avec une troupe bédouine servir d'escorte à des « rois » : après, si les Bédouins le suivaient, il pouvait se faire « accompagner » par eux. Maintenant, la mission est accomplie,

    32

    Jean-Marie DURAND

    mais les Bédouins se démobilisent car ce ne sont pas des mercenaires. (Les deux rois escortés) considèrent, eux aussi, que l'affaire est finie. Une réponse du roi de Mari est souhaitée. a-[n]a a-[bi-ia zi-im-ri-li-im] qí-bí-[ma] um-ma i-ba-a[l-dIM] dumu-ka-a-[ma] i-na u-mi-[i]m a ú-[ú-ú] ki-a-[a]m [t]u-wa-e-ra-an-[ni] um-ma at-[t]a-a-ma it-t[i lugal-me-e ] ta-al-la-ak 3 me a-bu-u[m] it-ti-ka i-il-la-ak ù lugal-me-e a-na ma-ti-u-nu t[u-a-la-am]14 i-tu lugal-me-e a-na ma-ti-u-nu u-ta-al-la-mu um-ma lú ha-name-e it-ti-ka i-i[l]-la-ak a-ar i-re-du-né-ek°-[ka] [t]a-al-la-a[k ú-la-u-ma] lú ha-name-e [it-ti-ka] ú-ul i-il-la-[ak-ma] a-i-i-ma la ta-al-l[a-ak] an-ni-tam tu-wa-e-ra-an-ni i-na-an-na lugal-me-e u-nu-ti a-na [m]a-ti-u-nu u-ta-al-la-am i-na-an-na at-ta ti-de ki-ma a-bu-u[m] ka-lu-u wu-ud-da-ar [u-ú] ù qí-ir-a-am ú-[ul i-u] i-na-an-na a-bu-um i-d[a-ab-bu-ub] u[m-m]a u-nu-ma i-[tu lugal-me-e ] [nu-u-ta-a]l°-li-mu wa-[í-a-nu]

    2 4 6 8 10 12 Tr.14 16 Rev. 18 20 22 24 26

    (Rev. = 2 l.) (Tr. = 4 l. )

    a-ni-tam ia-aB-hu-úr-li-im [ù] e-si-im-ha-mu-ú [iq-bu-ni]m15 um-ma u-nu-ma [wu-ud-d]a-ar16 [ú]-ul {Ú }17 ú-a-ab i-na-a[n]-na ar-hi-i me-hi-ir up-pí-i[a] a-bi ar-hi-i li-a-/bi-lam

    C. i 2’ 4’ ii 6’ 8’

    Bibliographie: publié par J.-R. Kupper comme ARMT XXVIII 78. 1

    Dis à mon père Zimrî-Lîm, ainsi parle Ibâl-Addu, ton fils. Le jour où j’ai quitté Mari, 6 tu m’as donné les instructions suivantes : « 8 Tu iras 7 avec les rois. 8 (Un corps de) 300 hommes 9 ira avec toi. 10 Alors, tu escorteras les rois vers leur pays. 11 Une fois que les 5

    14

    Restauré d'après les l. 12 & 21.

    15

    Le dernier signe n'est pas un RU, mais un NIM.

    16

    Il y a place pour plusieurs signes au début de cette l. devant le DA. Peut-être faut-il restaurer [i-na-an-na

    wu-d]a-ar. 17

    Le signe n'est pas NU (cf. simplement le NU de la l. précédente) mais un Ú dupliqué.

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

    33

    rois 12 auront été escortés 11 vers leur pays, 12 si les Bédouins 13 vont avec toi, 15 tu iras 14 là où ils t’accompagneront ; 15 sinon, si 16 les Bédouins 17 ne vont pas 16 avec toi, 18 ne va nulle part ! » 19 Voilà les instructions que tu m’avais données. 20 Maintenant, 21 je viens d'escorter 20 ces rois 21 vers leur pays ; 22en fait, tu sais que 23 toute 22 l’armée 23 est démobiliséea). 24 En outre, ce ne sont pas des mercenairesb). 25 Maintenant, les gens protestent, 26 disant : 26 « Maintenant que 27 nous avons escorté 26 les rois, 27 nous partons ! » (Lacune de 6 l.) 1’

    Autre chose : YaBhur-Lîm 2’ et Êsîm-hammu 3’ m'ont dit : « 4’ C’est la démobilisation ! 5’ (Aussi) ne resteront- ils pasc) ! » 6’ Maintenant, 8’ mon père doit me faire porter rapidement 7’ une réponse à ma tablette. a) J.-R. Kupper traduit « le Wuddar » et pense à un « désert ». Ce n'était pas (malgré sa note) ma proposition. Ce terme énigmatique de wuddar représente à la fois l'excuse et le refus des gens d'aller plus loin, une fois leur mission accomplie. Il peut s'agir d'une forme locale puisqu'elle fait partie d'un discours rapporté et cette expression être rattachée à PR. On attend de fait puurum au sens de « libérer quelqu'un du service », une fois ce dernier accompli. Dans cette façon de s'exprimer, la labiale serait représentée au moyen d'un signe en W (comme à Larsa, où WA/E/I = /pi/) et l'emphatique  au moyen de la sonore D18, ce qui est une notation courante. La traduction « C’est la démobilisation » ne préjuge pas du statut morphologique de wuddar (substantif ou forme verbale ?). b) En mot à mot : « ils n'ont pas de solde militaire » ; pour ce terme de qirum, jugé de façon très défavorable dans un monde où l'action militaire était sentie comme une obligation de groupe, ce que nous appellerions « un devoir national », et l'activité virile par excellence, cf. D. Charpin, MARI 7, p. 373-374. c) En mot à mot « il(s) ne reste(ront) pas » avec un verbe au singulier, ce qui est normal en relation à un collectif. Il est possible que le ûl uab glose le [wud]dar précédent.

    2.2.2 Devenir roi d'Alakkâ19 Lorsqu'il envoie la lettre [A.842], Ibâl-Addu n'est toujours pas roi d'A lakkâ. Il est manifestement conscient que la restauration de sa royauté n'est pas dans les urgences du roi de Mari, malgré son extrême fidélité (l. 8-9) dans la continuité de celle de ses ancêtres (l. 5-7). Le monarque préférerait plutôt lui assigner une place honorifique à sa cour (l. 14)20 . Néanmoins il lui confie la mission d'accompagner Narhi à A nakkum où il doit devenir roi (l. 15-16). Il n'accorde toujours pas à son serviteur les 1 000 à 2 000 soldats (l. 18-19) nécessaires pour venir à bout de son challenger, adum-adal (l. 21). L'idée du roi de Mari est toujours de recourir à un arrangement local. Une fois Narhi revenu à A nakkum (l. 24-25), un conseil formé du nouveau roi de cette ville importante, de Hâlî-hadnû (qui manifestement représente ici le roi de Mari) et des « Pères » de l'Ida-Mara se chargera de déposer adum-adal (l. 25-28). Il semble qu'en envoyant Hâlî-hadnû, le roi considère qu'il en fait suffisamment. Comme pour les Mâr yamîna, la désignation d'un roi local dépendait donc en Haute-Djéziré à la fois du consensus populaire (cf. l. 29-30) et de l'aveu des autres rois frères (ce que doit désigner ici le terme « abbû », Narhi n'étant sans doute que le président de leur assemblée). En l'occurrence, se joint à eux un représentant du roi de Mari, lequel est mentionné en premier lieu (l. 25). Tous ces chefs locaux ont en effet désormais un suzerain. De la même façon, le choix fait par Zimrî-Lîm fut décisif pour la désignation des nouveaux rois mâr yamîna.

    La lettre [A.842] a donc été rédigée entre la réduction de la rébellion mâr yamîna et la campagne contre A lakkâ à laquelle devait finir par se résoudre le roi de Mari et qu'il n'indique qu'en termes allusifs, l. 33-34. Il est possible qu'il ait envisagé un moment une opération militaire préalable (l. 31-32) à sa venue.

    18 Dans ARM X 130 (= LAPO 18 1165), lettre d'Ibâl-Addu, le signe DU note une emphatique ; cf. LAPO 18, p. 416, n. 254. 19 Sont étudiées à partir de maintenant les lettres d’Ibâl-Addu antérieures à la restauration de sa royauté, pour en compléter le dossier, quoiqu’elles ne soient manifestement pas du début du règne. 20 Une telle vie a dû être le lot d'Ibâl-Addu à Mari avant l'octroi d'une force militaire suffisante pour l'emporter sur celui qu'il jugeait un imposteur. La famille royale d'A lakkâ s'était réfugiée à Mari ; cf. LAPO 18, p. 416 à propos de ARM X 170 (= LAPO 18 1213), lettre d'Ibâl-Addu à sa sœur Paratum qui habitait avec leur mère « la maison d'IbâlAddu » (cf. LAPO 18, p. 352).

    34

    Jean-Marie DURAND

    Cette dernière a été l'œuvre, en réalité, des voisins d'A lakkâ qui ont ainsi mis la main sur une partie du royaume (cf. [A.193] l. 10-12). En fait, le passage l. 33-34 indique que dans l'esprit du roi de Mari, la conquête d'A lakkâ ne devait être qu'un épisode secondaire d'une opération de plus grande envergure. On songe pour cette dernière, soit à l’attaque décisive contre ubat-Enlil, soit plutôt à la réaction à l’installation d’E nunna à Ékallatum et A ur. Le danger que représentaient les plans d’E nunna21 a dû en définitive inciter Zimrî-Lîm à monter l’opération d’A lakkâ. Malgré son sentiment de la non-urgence à installer Ibâl-Addu à A lakkâ, Zimrî-Lîm n'était pas contre le fait que ce dernier retrouvât le trône de ses pères puisqu'il ne le laisse pas accompagner Narhi sans lui faire prêter serment. Ce serment ne peut concerner le seul Ibâl-Addu mais les deux postulants à la royauté (cf. d'ailleurs l. 43). On n'a qu'une expression générale de l'accord, ce qui est montré par le fait que les dieux garants des traités ne sont pas énumérés. D'après ce serment Narhi et Ibâl-Addu devaient confirmer, chacun, qu'appartiendrait au roi de Mari la ville qui pour l'heure leur était hostile. Il faut comprendre par là que c'est Zimrî-Lîm qui serait le véritable maître d'A nakkum et d'A lakkâ et que les nouveaux rois devraient s'y considérer comme installés par lui. Il leur faudrait en outre lui transmettre les noms de ceux qui étaient pour ou contre lui (l. 39-42). Sans doute était-il question ici des notables d'A nakkum et d'A lakkâ, hostiles à la cause mariote. Cette clause prévenait en tout cas les nouveaux rois d'épouser les vues des locaux et de revenir sur leurs engagements, comme cela avait été le cas pour Simah-ilânê, roi de Kurdâ. La restauration de Narhi ne semble pas avoir posé grand problème. La population n'y a pas été rétive (l. 45-46), même si chacun s'attendait à des représailles et s'apprêtait à défendre ses propres intérêts (l. 52-53). On notera néanmoins que des troupes d'A lakkâ participaient à la garnison d'A nakkum (l. 5051) tout en se retirant d'elles-mêmes sans résister (l. 51). Le texte, à l'interpréter simplement, indique donc qu'A nakkum et A lakkâ, sans être très éloignées l'une de l'autre, n'étaient pas particulièrement proches (l. 49). La garnison d'A lakkâ devait se sentir loin de chez elle à A nakkum. Il est regrettable que la tablette soit brisée au passage qui indiquait la position politique des principaux rois de la région. Seul est encore préservé le nom de Tarmazi roi de Tarmani (l. 57), mais on ne sait à quel propos. D'après la restauration proposée, Ibâl-Addu attirerait l'attention du roi sur le fait que la nonsoumission d'A lakkâ pourrait inciter les autres rois à retrouver leur indépendance, ce qui mettrait un terme à la domination mariote dans la région. La fin du texte montre en tout cas clairement que, si Hurrâ était pour Zimrî-Lîm, ce n'était certes pas le cas du groupe formé par Urki et sa fidèle inah avec A lakkâ ; il faut donc supposer que ces trois villes formaient une unité régionale cohérente, peut-être grâce à leur forte composante hourritophone. Dès l'arrivée du roi sur les lieux (l. 61: elûm indique normalement la venue du roi de Mari en Haute-Djéziré), tout rentrera dans l'ordre et le palais (d'A lakkâ) retrouvera l'abondance. Dans cette fin de document le terme mâtum signifie, selon toute apparence, la région qui entourait A lakkâ. 4 [A.842] Ibâl-Addu au roi. Rappel de la fidélité de sa famille et de sa soumission aux décisions du roi. Mission d'aller avec Narhi (qui doit devenir roi) d'A nakkum. Faute de soldats, le roi lui assure que « Hâlîhadnû » (= Hâlî-hadun) avec Narhi et les « Pères » de l'Ida-Mara auront raison de son adversaire. S'il y a des problèmes, Zimrî-Lîm enverra de la troupe ou montera lui-même. Serments de vassalité jurés par Narhi et Ibâl-Addu. A nakkum ne fait pas de résistance. Situation politique de l'Ida-Mara. [a-na] be-lí-ia [qí]-bí-ma [um-ma] i-ba-al-dIM [ki-a-am] ma-ha-ar be-lí-ia a-ku-um°-ma [um-ma a-na]-ku-ma i-tu pa-na-ma a-bi

    2 4

    21

    Cf. ci-dessus, p. 17.

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm 6

    [ù a-bi a-bi]-ia wa-ar-ki [Iia-ah-d]u-li-im il-li-ku 8 ù i-n[a]-a[n-na a]-na-ku qa-qa-di a-na i-mi-tim ú-lu-ma a-na u-mé-lim ú-ul ú-a-ás-hi-ir 10 ìr be-lí-ia-ma a-na-ku um-ma be-lí ap-pí {A WA TIM} e-li be-el a-wa-ti-ia 12 ú-a-ak-a-ad li-a-ak-i-id ú-la-u-ma be-lí a e-li-u à-bu li-pu-ú 14 ù um-ma be-lí i-qa-ab-bi ma-ah-ri-ia-ma {MA} i-ib lu-i-ib wa-ar-ka-nu-um-ma be-lí it-ti na-ar-hi 16 ú-ta-e-ra-an- a-na a-la-ki-im ù be-lí a-pu-ul i-na u-mi-u -ma- a-na-ku-ma 18 pa-an a-la-ki-ia ki-i ú-ul a-bu 1 li-im ú-ul 2 li-im a it-ti-ni i-la-ak 20 ù ki-ma ka-a-di-ia be-el a-wa-ti-ia ú-ul a-a-a[l] ù be-lí an-ni-tam iq-bé-e-em Tr.22 [um]-ma-a be-lí-ma a-nu-um-ma ha-[li-ha-ad]-nu [i]t-ti-ku-nu i-la-ak 24 [i]-tu na-ar-hi a-na a-na-ak-kiki i-ru-bu ha-li-ha-ad-nu Rev.26 [I]na-ar-[h]i ù a-ab-bi [ma-at] i-da-ma-ra-a[] i-pa-hu-ru-[m]a 28 be-el a-wa-ti-ka i-a-al-lu um-ma m[i]-im-ma ip-ri-ku um-ma-a-mi 30 ú-ul ni-l[a]-qé-ka u-up-ra-am-ma a-ba-am 1 l[i]-im ú-lu-ma 2 li-im 32 lu-ud-di-na-{Ú LA}-kum ú-la-u-ma i-ia-ti-mi° ta-ra-ad-di-ni 34 re-de-ni(NIM)-mi an-ni-tam be-lí iq-bé-em i-tu wu-ú-ur-ti al°-qú-ú 36 be-lí ni-i dingir-me-e ú-a-áz-ki-ra-an-ni i-na ni-i dingir-me-e ha-sí-is 38 um-ma a-lam(LUM)ki a it-ti-ka na-ak-ru la ta-na-ad-di-nu ù a-wa-tam 40 da-mi-iq-tam ú° le-mu-ut-ta-am a te-e-em-mu-ú a-na zi-im-ri-li-im be-lí-ka 42 l[a] -a-pa-ru i-ba-al-dIM dingir-me-e u-nu [li-i]k-u-du-u ni-i dingir-me-e ni-i!22-ku-ra-am-ma 44 [at-t]a-al-kam ú ki-ma a-la-ki-im-ma [mu-u-k]e-nu ki-23 pa-né-ni-ma a-na a-na-ak-ki-im° 46 [i-mu-ru] pa-al-hu-ma ka-lu-u sa-li-ma-am na-i [i-na-an-na] a-nu-um-ma i-mu-ma um-ma-a-mi 48 [a-bu ]a it-ti-u°-nu i-la-ku ú-ul i-ba-a-i [Ia-d]u-um-a-dal ’a(HA)-aD-li ru-uq Tr.50 [i-na-an-na ]a-bu []a it-ti-[]u-nu a-na-ak-ka-amki [ka-lu i-na ]ú-bi-[u]-nu ud-da-pí-ir {DA BI IR} 52 [ma-a-tum da]-al-ha-at a-hu a-ha-[a]m [iz-zi-ib]-ma e-em-u-nu i-a-ba-t[u] 22

    Le scribe a écrit U (1 perpendiculaire) au lieu de I (2 perpendiculaires).

    23

    J.-R. Kupper a lu [a-l]a-nuki, ce qui est inattendu ici ; on note la même écriture ki pour ki-ma, l. 61.

    35

    36

    C. i54 56 58 ii 60 62

    Jean-Marie DURAND [ o o o o a a-na-ak-ki-i]m*ki [ o o o o o u]m-ma ma-a-tum [a-na qa-at be-lí-ia ú]-ul im-qú-ut [I u-ub-ra-am ù t]a-mar-zi [a-na qa-at be-lí-ia ú-ul it]-tu-ru ù hu-ur-ra-aki a b[e]-lí-ia ur-gi-iki i-na-ahki á-la-ak-ka-aki it-ti be-lí-ia {IT-T[I]} na-ak-ru be-lí ki- e-le-u-ma ma-a-tam a-na qa-ti-u ú-ta-ar ù é-kál-lum i-[]a-ab-b[i]

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVIII 48 ; Heimpel Or 69, 2000, p. 97-98. Note : il y a beaucoup de repentirs dans cette lettre, outre un graphisme très particulier. Il n'est pas impossible que la lettre ait été écrite par Ibâl-Addu lui-même. 1

    Dis à mon seigneur ; ainsi parle Ibâl-Addu. J'avais exposé ainsi par devant mon seigneur, disant : « 5 Depuis toujours, mon père et le père de mon père ont été les lieutenants de Yahdun-Lîm. 8 Aussi, aujourd'hui, je n'ai pas tourné ma tête à droite ni à gauche. 10 Je ne suis le serviteur que de mon seigneur. Si mon seigneur 12 doit me faire l'emportera) 11sur mon adversaire, 12 qu'il le fasse ! 13 Sinon, que mon seigneur fasse ce qu'il jugera bon ! 14 En outre, si mon seigneur dit : “ C'est devant moi que tu auras ton siège !”, j’en suis d'accordb) ! » 15 Par la suite, mon seigneur 16 m'a donné comme mission d'aller 15 aux côtés de Narhi. 17 Alors, j'ai réponduc) à mon seigneur, ce jour-là : 18 « À quoi reviendra un déplacement de ma partd) ? Ce n'est pas une armée d'un millier, 19 ni de deux milliers qui viendra avec nous ; 20 donc, à mon arrivéee), je ne réglerai pas son compte à mon adversaire. » 21 Alors mon seigneur m'a dit celaf) : « 22 Voilà que Hâlî-hadnû 23 ira avec vous. 24 Une fois que Narhi sera entré à A nakkum, Hâlî-hadnû, Narhi et les “Pères” de l'Ida-Mara feront une réunion et 28 ils règleront son compte à ton adversaire. 29 Si on te fait quelque problème (à A lakkâ), disant : 30 “Nous ne te voulons pas comme roig) ”, fais-(le) moi savoir 32 que je te donne les mille ou deux mille hommes (que tu réclames). 33 Sinon, ce sera moi-même », que tu as dit, « que tu suivras. Suis-moi ! » que tu as dith) . 34 Voilà ce que mon seigneur m'a dit. 35 Lorsque je reçusi) mes instructions de départ, 36 mon seigneur m'a fait jurer par les dieux. 37 Dans le serment par les dieux, se trouvait explicitement mentionnéj) : « 39 Tu jures quel) tu don38 neras la ville qui t'est (aujourd'hui) hostilek) et 42 que tu indiqueras à Zimrî-Lîm, ton seigneur, 39 propos amicaux ou malveillants 41 dont tu auras connaissance ! » 42 « Que ces Dieux s'emparent d'Ibâl-Addu ! » 43 Nousm) avons prêté serment et 44 je suis parti. Or, une fois en route, 45 les locaux ont vu que nous nous dirigions vers A nakkum. 46 Ils ont été pris de peur et, chacun, de faire des offresn) de non-belligérance. 47 En effet, voilà qu'ils avaient entendu dire : 48 « Il n'y a pas de troupe qui ira avec euxo). » 49 adum-adal, mon rivalp), se trouvait loinq). 50 Pour l'heure, la troupe (de adum-adal) qui tenait A nakkum avec euxr) 51 venait de déguerpir d'elle-même. 52 Le pays était dans l'inquiétude. Chacun 53 se désintéressait de l'autre : ils (ne) pensaient (qu')à leurs affairess). 54 (…) d'Anakkum… 55 Si le pays 56 ne tombe pas au pouvoir de mon seigneurt), 57 ni ûb-râm ni Tamarzi ne reviendront au pouvoir de mon seigneur. 59 Mais Hurrâ est à mon seigneur, si Urki , 60 inah et A lakkâ sont hostiles à mon seigneur. 61 Mon seigneur, dès qu'il « montera », 62 fera retourner à son autorité 61le pays. 62 Lors le Palais aura son contentu). 4

    a) L'expression appam kaâdum est connue pour signifier « l'emporter sur quelqu'un », selon CAD A/2, p. 187a, dans une apodose qui dit awîlum eli bêl awâti-u appa-u ikaad = « l'homme l'emportera sur son adversaire ». L'expression (inédite) à la forme III de notre texte lui est très étroitement parallèle. Le texte de YOS X 11 iii 22 était ambigu dans la mesure où le -u pouvait renvoyer à celui qui avait l'avantage ou à celui qui avait le dessous ; l'expression actuelle par appî montre qu'il s'agit bien en l'occurrence du vainqueur. Appam kaâdum eli- doit-être une expression imaginée populaire signifiant « regarder de haut ». Cela étant, ce terme appum alterne dans cette façon de dire avec hadânum, « but que l'on se fixe ». Il est possible que hadânam

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    kaâdum soit d'un niveau de langue plus relevé. On notera qu'une érasure de awâtim suit cet appî, quoiqu'on puisse y voir aussi une anticipation de l'a-wa-ti-ia de la fin de la l. b) En mot à mot : « si mon seigneur dit : “Tu siègeras devant moi!” je siègerai ». À la cour de Mari, on distinguait par leurs postures trois niveaux de dignité : les wâibum, les mupalsihum et les muzzizum. Les premiers avaient droit à un siège. Il faut donc comprendre que le roi traiterait en prince-mâdarum, voire en prétendant-kelum, Ibâl-Addu en lui confiant une position honorifique de « noble assis », mais sans lui donner les moyens de réaliser ses exigences sur le terrain. J.-R. Kupper a compris : « … si mon seigneur dit : “reste auprès de moi”, je resterai. » c) J.-R. Kupper a accepté qu'il s'agisse ici d'un discours direct. Il est vraisemblable que le terme introducteur a fait l'objet d'une écriture par sandhi, d'où ma restauration ina ûmi-u -ma- (cf. l. 22) anâku-ma. d) J.-R. Kupper a traduit, largement : « Le but de ma course, comment (l'atteindrai-je) ?». e) Ibâl-Addu désigne nettement ici sa mission d'accompagnateur comme le moyen d'aller ensuite jusqu'à A lakkâ réclamer ses droits. f) On attendrait ici ki'âm, repris l. 34 par annîtam. Cette façon d'écrire n'est pas mariote. g) Leqûm est employé pour signifier « prendre quelqu'un comme chef » ; cf. LAPO 16, p. 176. h) Pour une autre compréhension, cf. ARMT XXVIII, p. 73. Ibâl-Addu emploie des signes en -M avec valeur simple (TIM = tì, donc ici NIM = ni). Le -mi indique les propos du roi de Mari. i) al-qú-ú pour el-qú-ú n'est pas de la langue de Mari ; cf. de même l. 15 : ni-la-qé-ka ; ces formes sont du dialecte du Nord (soi-disant « assyrianismes »). j) Hasâsum est couramment employé à Mari à la forme D pour indiquer « faire ressouvenir à quelqu'un les termes (précis) d'un traité ». Le verbe à la forme G (I) doit donc signifier « préciser, être explicite ». k) L'édition de J.-R. Kupper suppose une correction itti -ka qui n'est sans doute pas nécessaire car il s'agit en fait d'A lakkâ, laquelle est hostile à Ibâl-Addu, mais non à Zimrî-Lîm. Le terme clef est bien sûr nadânum, l. 39. Le nouveau roi doit en fait considérer « sa » ville comme propriété de Zimrî-Lîm. Le mot à mot est « tu donneras » avec le sens de « tu ne garderas pas pour toi » ; il s'agit donc d'un serment d'inféodation. Il est possible que le tribut versé au roi de Mari fût senti comme une espèce de loyer versé par le vassal au suzerain, véritable propriétaire du territoire. Ce serait une rencontre entre le tribut de vassalité des régions soumises à Mari et les « taxes » sugâgûtum et âpiûtum. l) Le serment qui est ici énoncé devrait être une citation textuelle de ce qu'a fait jurer Zimrî-Lîm à Ibâl-Addu et à Narhi. C'est ce qu'il faut supposer au moins à partir de l'expression dingir-me-e unu (l. 42) qui devait renvoyer à l'énumération des dieux garants des serments qui ouvraient sans doute le protocole juré. Il comporte néanmoins quelques traits remarquables : la négation (lâ) (l. 39 & 42) devant le verbe est explétive et correspond à la traduction traditionnelle « (Que je meure) si je ne… pas = je jure que je … », et le verbe est au subjonctif de l'inaccompli. D'autre part on note a-lum, l. 38, où l'on attendrait a-lam, ce qui est une écriture courante de ces régions à l’époque (a-lam) ; l. 42, la (le signe est sûr comme le A qui suit) a-pa-ru doit être une faute pour la taapparu attendu ; on devrait donc suppléer . Surtout, la malédiction se poursuit à la 3e personne, l. 42-43, et décroche par rapport à l'emploi précédent à la 2e personne. Le texte a donc dû être manipulé, soit qu'il soit cité de tête – et fautivement –, soit qu'il ait été rédigé en une autre langue/dialecte que l'akkadien standard dont usait l'administration de Zimrî-Lîm. [Pour un mélange analogue 1e/3e pers. dans une automalédiction, cf. FM IX 10 : 12-17, D Ch.] m) Ce « nous » doit se comprendre comme désignant les futurs vassaux (Ibâl-Addu et Narhi). Narhi a certainement dû jurer lui aussi un serment particulier mais Ibâl-Addu ne rappelle que ce qui le concerne. On peut donc restaurer l. 44, attalkam à la 1re personne, ou nittalkam comme J.-R. Kupper. n) Salîmam naûm (cf. ARM II 42 : 8 et MARI 7, p. 176/7) fait penser à une gestuelle précise (non décrite) analogue au fait d’agiter un drapeau blanc à des époques plus récentes. CAD S, p. 101b traduit « to offer peace ». o) Le ummâ-mi doit introduire un discours direct. La restauration de lugal en début de ligne par J.-R. Kupper est peu probable car dans un discours direct on attendrait l'usage de -kunu, non de -unu pour renvoyer aux habitants inquiets du fait que leur principal allié est loin (rûq) et que ses troupes viennent de retourner, apparemment, chez elles. Le -unu doit donc renvoyer aux habitants d'A lakkâ par rapport auxquels les habitants du pays (mukênum) prennent leurs distances. p) [a-d]u-um-a-dal ha-aD-li ru-uq. Il y a un espace assez grand entre RI et HA pour qu’on ne lise pas dalha-at en parallèle au da]-al-ha-at de la l. 52 : le signe A est net et UM paraît bon, ce qui permet la lecture du nom du roi d'A lakkâ adum-adal proposée dans ARMT XXVIII. La formation 'a-at-li (qui viendrait de elûm) proposée par J.-R. Kupper n’est cependant pas morphologiquement satisfaisante (on attendrait *‘itlu, ou *hitluq si l’on suppose ici une suite /HL-R Q/). Ha-aD-li doit donc signifier « mon HaDlum » et désigner un rapport entre adum-adal et Ibâl-Addu (peut-être de façon ironique, s'il faut y voir une graphie pour elî ?). Or, Ibâl-Addu dit de lui bêl awâti-ia (l. 20) ce qui les situe l'un par rapport à l'autre. « Rival » n'est ici qu'une traduction contextuelle. q) Ce « est loin » indique qu’il y avait une certaine distance entre A lakkâ et A nakkum, même si les deux royaumes avaient au moins une frontière commune. adum-adal aurait décampé selon J.-R. Kupper qui explique haaT-li par une forme de elûm. Il faut sans doute comprendre que si adum-adal veut intervenir militairement, cela lui

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    prendra d'autant plus de temps que les troupes qu'il avait mises en garnison à A nakkum viennent de partir et que cela laissait toute latitude d'occuper A nakkum avant l'arrivée de ses soldats. r) « Eux » doit désigner ici les habitants d'A lakkâ. s) Le ton de ces lignes est celui des apodoses de textes divinatoires. t) Pour l'expression ina/ana qt … maqâtum, cf. CAD M/1, p. 247a avec des exemples plus récents. u) La traduction de J.-R. Kupper suppose une forme libi, non l'inaccompli iabbi = iebbi : la phraséologie serait inédite.

    Le texte [A.445] appartient au même moment que le précédent [A.842] et doit être immédiatement postérieur à l'intronisation de Narhi. Il a donc été rédigé à A nakkum. C'est l'annonce de la tenue du Conseil auquel faisait allusion le roi dans [A.842] : 25-27. La nouveauté de ce texte consiste dans le fait que, contrairement à [A.842], Ibâl-Addu fait désormais partie du Conseil (cf. l. 15, où la lecture de J.-R. Kupper semble bonne). Sans doute a-t-il appris le refus des gens d'A lakkâ de le prendre comme roi. 5 [A.445] Ibâl-Addu au roi. Suite de la lettre précédente. Annonce de la réunion à A nakkum des autorités de l'Ida-Mara. Ibâl-Addu en enverra un rapport détaillé au roi.

    2 4 6 8 Tr. 10 Rev. 12 14 16

    [a-na b]e-lí-ia qí-bí-[ma] [um]-ma i-ba-al-dIM ìr-ka-a-ma a-um a-bi-im à-ra-di-im be-lí i-pu-ra-am u-um up-pa-am an-né-em a-na be-lí-ia ú-a-bi-lam a-né-em u-um-u ìr-me-e be-lí-ia ù [lú]-me-e u-gi° [a i-d]a-ma-ra-a [i-n]a a-na-ak-ki-imki [n]i-pa-hu-ur-ma e-em pu-uh-ri-u-nu ga-am-ra-am e-l[e-q]é-em-ma a-na e-er be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVIII 59. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Ibâl-Addu, ton serviteur. Mon seigneur m'a écrit 4 qu'il enverrait de la troupea). 8 Le lendemain du 6 jour où 7 je fais porter 6 cette tablette 7 à mon seigneur, 9 serviteurs de mon seigneur 10 et Anciens 11 de l'Ida-Marab), 13nous nous réunirons 12 à A nakkum. 15 Je prendrai alors 14 note 15 complètement 14 de leur conseil 15 et en informerai 16 mon seigneur. 5

    a) C'est une allusion directe à [A.842]: 31-32. b) On note la variante u-gi pour abbû de [A.842].

    2.2.3 Enfin roi C'est ici le lieu de mentionner la lettre ARM X 170 (= LAPO 18 1213). Manifestement Ibâl-Addu a enfin obtenu le soutien du roi de Mari qui lui a alors promis en mariage une de ses « filles », Inib- arri.

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    Cette dernière, déjà veuve de Zakurabum24, semble être revenue à Mari et n’est pas encore à A lakkâ. IbâlAddu, manifestement, est surtout préoccupé par l'accoutrement royal avec lequel il se présentera dans les villes du royaume qui est désormais le sien. Selon le texte [A.193], Ibâl-Addu, enfin devenu roi d'A lakkâ à la suite de l'attaque des troupes de Mari, se retrouve en situation pitoyable : sa ville a été complètement ruinée dans l'affaire (l. 9) et une partie de son territoire est de facto sous administration d'A nakkum (l. 10-12). Les deux villes d'A lakkâ et d'A nakkum n'étaient pas voisines (cf. [A.842] : 49) mais leurs territoires devaient être mitoyens. Il faut comprendre l'expression ina qât NP alâkum comme « accomplir le service sous l'autorité de NP ». Ce service doit d'ailleurs être aussi bien militaire que civil. Du fait que la corvée est accomplie pour la puissance dominante, A nakkum avait dû mettre la main sur une partie du territoire d'A lakkâ, en prélude à la prise de la ville par Zimrî-Lîm. Il faut reconnaître aux l. 3-4 les alliés de Mari dans la conquête d'A lakkâ : A nakkum (Sammêtar a succédé à Narhi), usâ ( ûb-râm) et Tarmanni (Tamarzi). Ibâl-Addu voudrait retrouver le territoire originel de son royaume car les vainqueurs ont dû s'approprier une partie des villes. Le pillage d'A lakkâ avait dû être sévère car Ibâl-Addu n'a plus de ressources (l. 14-15). Il est significatif que le terme employé pour désigner sa demeure ne soit plus ekallum comme dans [A.842]: 62, mais bîtum. Cela indique non seulement un toit, mais surtout des réserves et une domesticité. Aussi faut-il comprendre l. 17-18 qu'il ne s'agit pas de vrais travaux, mais d'une façon imagée de parler ; la traduction française « colmater » ou « boucher les trous » peut rendre compte à la fois de l'image et de son emploi figuré. Le addaqdem de la l. 17 renvoie à la même réalité qu'à la l. 10, c'est-à-dire au moment de la conquête d'A lakkâ. Il ne s'agit donc pas de voir dans cette cette façon de dire l'indication qu'A lakkâ se trouvait sur une rivière, d'autant plus que [n]a-rum ne s'impose nullement pour les traces25. La présente lettre daterait de l'année qui a suivi la prise d'A lakkâ par les troupes mariotes. Les conséquences financières de ce dénuement sont fortement soulignées : pour pouvoir gratifier « royalement » les envoyés du suzerain, Ibâl-Addu a dû emprunter une somme si ridicule qu'elle lui a été refusée par des gens accoutumés à de plus grandes largesses. Ibâl-Addu prévient donc qu'il ne pourra apporter au roi de Mari de l'argent. Sans doute faut-il voir là une allusion au tribut versé par le vassal au suzerain26. Une telle mention est analogue à ce que disait Sumu-la-nasi (cf. n. 26). Par ailleurs, Samsî-Addu rappelait énergiquement à Yasmah-Addu la nécessité d'avoir des villes ou des pays qui assurent des ressources avant de faire des dépenses27. Pour faire des économies, le vassal propose que le roi s'abstienne de munificence envers les messagers qu'il lui enverra : si le roi de Mari ne donne plus rien (qîtum [l. 25] est bien le terme employé pour la rétribution d'un messager), son vassal d'A lakkâ ne se sentira plus tenu à des largesses dont il se prétend incapable. La notation finale (l. 31-32) est qu'Ibâl-Addu ne voudrait néanmoins pas que cessent les rapports diplomatiques entre les deux États. L'échange de nouvelles sur la santé était, effectivement, un indicateur de bonnes relations sociales. 6 [A.193] Ibâl-Addu au roi. La situation du roi d'A lakkâ n'est pas aussi brillante que celle des autres rois. Sa ville est en ruines, une partie de son territoire est administrée de facto par le roi d'A nakkum. C'est le dénuement. L'an passé, il avait pu s'en sortir mais, cette année, il ne pourra acquitter le tribut. Affront que

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    Cf. M. Guichard, « Le remariage d'une princesse et la politique de Zimrî-Lîm dans la région du HautHabur », RA 103, 2009, p. 19-30. 25

    Il pourrait tout aussi bien s'agir de []a-rum.

    26

    Même notation, semble-t-il, dans la lettre de Sumu-la-nasi [A.4182]: 49-55.

    27

    Cf. A.3609 = FM VIII 1 : 13-15.

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    lui ont fait les envoyés de Zimrî-Lîm. Ce dernier ne doit plus faire de présents aux envoyés d'A lakkâ. Il faut néanmoins que le roi continue à envoyer de ses nouvelles. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-ba-al-dIM ìr-ka-a-ma ki-ma-a° sa-am-mé-e-tar 4 ú-lu u-ub-ra-am ú-lu-ma ta-mar-zi be-lí i-ku-na-an-ni 6 mi-nu-um a-la-nu a a-a-ap-pa-ru-ma a-nu-um-ma á-la-ka-aki 8 a be-lí ú-e-i-ba-an-ni ú-ha-ri-ip 10 ú a-[l]a-nu-ia i-tu a-da-aq-de-em i-na qa-at sa-am-mé-e-tar Tr.12 i-la-ku ú° be-lí i-d[e] 14 u-ma-[am an]-né-em bi-it-[ra-ku] é-tam Rev.16 ú-ul w[a-a-b]a-ku a-da-aq-de-em ú-ka-sí-ir-ma 18 la li-ib-bi-la-ma ma-li ú-ka-sí-ru [n]a? -rum it-ba-al 20 [ur-r]a-[a]m e-ra-am i-nu-ma [it-t]i [b]e-lí-ia an-na-ma-ru 22 [ù kù]-babar a a-na be-lí-ia ú-à-ah-ha [ú-u]l i-ba-a-i 24 [um-m]a li-ib-bi be-lí-ia a-na lú-tur-ia be-lí qí-i-tam la i-na-ad-di-in 26 a-nu-um-ma 5/6 su kù-babar ah-bu-ul-ma a-na dumu-me-e i-ip-ri []a be-lí-ia 28 ad-di-in-ma ú-ul im-hu-ru Tr. um-ma-mi i-i 30 1 lú-tur be-lí [l]i-[wa-e]r-ma28 ú° u-lum be-lí-ia 32 li-ib-lam 2

    Bibliographie : publié par J.-R. Kupper comme ARMT XXVIII 49. Par suite d'une mésaventure de saisie « A.193 », le véritable numéro de la tablette, est devenu « A.93 » (« A.93 » est en fait FM 9 10). 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Ibâl-Addu, ton serviteur. Est-ce bien au même titrea) que Sammêtar, 4 ou ûb-râm ou encore Tamarzi 5 que mon seigneur a fait de moi son préposéb) ? 6 Que sont les villes dont je suis le chef ? 7 Voilà qu'A lakkâ où m'a installéc) mon seigneur, 9 « il » en a fait une ruine. 10 En outre, des villes à moi, depuis l'an dernier, 12 font leur service 11 sous la directiond) de Sammêtar. 13 Or, mon seigneur le saite) : 14 en ce jour, 15 je n'ai rien à manger. 16 Ce n'est pas 15 une maison 16 ce que j'habite. 17 L'an dernier j'avais réussi à colmaterf), mais, 18 par malchance, 19 le flot/le vent a emporté 18 tout ce que j'avais réussi à colmater. 20 Lors de ma prochaine 21 entrevue avec mon seigneurg), 23 il n'y aura pas 22 d'argenth) à apporter à mon seigneur. 3

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    Il n'y a pas la place sur la tablette pour le texte proposé par J.-R. Kupper.

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    S'il plaît à mon seigneur, 25 qu'il ne fasse plus de présent 24 à un serviteur à moi. 26 Voilà qu'alors que je m'étais endetté de 5/6i) de sicle d'argent, 28 j'(en) avais fait présent 27 aux messagers de mon seigneur, mais 28 ils ne l'ont pas accepté, 29 disant : « C'est (trop) peu ! » 30 Mon seigneur doit mandater un serviteur 32 pour qu'il m'apporte 31 de ses nouvelles. a) Le texte comporte une réduplication de voyelle : ki-ma-a, ce qui indique une interrogation. La l. 3 a été réécrite sur une ligne effacée. b) Un roi installé comme vassal porte effectivement le titre de aknum ; cf. LAPO 18, p. 590. c) Le verbe waâbum « habiter de façon permanente, sièger » marque la fin de l'errance d'Ibâl-Addu mais aussi le fait qu'il possède désormais un trône. d) Cf. commentaire introductif au document. e) L'expression ú be-lí i-de qui en appelle au fait que le roi est au courant d'une situation n'est pas équivalente à la formule ù be-lí lu-ú i-de qui clôt ce que l'on a porté à la connaissance du roi, d'une situation ou d'un fait. f) Le texte a été compris comme comportant la forme emphatique (D) de kesêrum, non de kaârum. Pour le sens figuré de l'expression, cf. commentaire introductif au document. g) Sans doute pour la fête d'E tar, où les vassaux se retrouvaient autour du suzerain. h) La lecture de J.-R. Kupper [qí-i-ta]m (reprise par CAD , p. 79a) n'est pas bonne dans la mesure où l'on attendrait ici le nominatif qîtum. La forme D de êhum, uhhum, « amener à proximité » indique le paiement d'une redevance, non d'un présent, noté par qiâum. i) “2” sicles (lecture de J.-R. Kupper) sont la rétribution normale d'un messager. En fait on voit trois têtes de clou. Il faut donc supposer qu'il y avait ici une fraction. En empruntant, Ibâl-Addu n'était donc même pas arrivé à 1 sicle.

    2.3 Ralliements Le cas de Yanib-Addu peut servir d'exemple aux ralliements de serviteurs du RHM au nouveau régime, qui ont dû être bien plus nombreux que les hauts dignitaires qui ont fait carrière dans l'administration centrale et sur lesquels nous sommes renseignés. L'unité des lettres de Yanib-Addu qui nous sont restées de lui n'a pas été vue par l'éditrice de ARMT XXVI et, dans Letters to the King of Mari, p. 564, W. Heimpel a distingué plusieurs personnages différents. 2.3.1 Le cas de Yanib-Addu, serviteur du RHM Yanib-Addu est d'abord un fonctionnaire du RHM, attesté sûrement par deux lettres de l'époque de Yasmah-Addu, ARMT XXVI 443 et 444, qui nomment le roi par son nom. Manifestement, ce YanibAddu n'était pas un mariote puisqu'il s'adressait à « Yasmah-Addu, mon seigneur», ce qui le marque comme étranger. ARMT XXVI 445 montre qu'il venait effectivement de l'extérieur du royaume, sans doute de la région autour de Qâ-Isqâ, voire de Kurdâ, si Habbusum dont il cite le nom comme celui dont il devrait être le serviteur, y avait bien son royaume. [M.7643] qui date de l'époque du RHM montre qu'on faisait appel à lui pour assurer un rôle de juge. S. Lackenbacher a bien vu que la lettre traitait du même sujet que ARM V 39 (= LAPO 18 1072), lettre de Hasidanum, gouverneur de la région de Karanâ, sur un verdict infligé à Atamrum, un kisalluhhum29, et dont ce dernier n'avait manifestement pas grand souci. L'affaire était apparemment parvenue jusqu'au roi de Mari qui avait dépêché Yanib-Addu pour faire prêter serment aux parties. L'affaire est difficile à comprendre car Hasidanum, en tant que gouverneur de Karanâ, se trouvait dans une région qui ne dépendait pas de Mari. Yasmah-Addu a dû recourir aux bons offices de YanibAddu parce qu'Atamrum était en fait affecté au Palais de Mari. ARM V 79 qui expose les problèmes entre Hasidanum et Atamrum recourt à l'expression zittam wabâlum que j'ai proposé d'expliquer dans un sens dérivé où « apporter sa part à quelqu'un » signifierait en fait « se comporter correctement avec lui ». Fort

    29 Le terme est expliqué généralement comme un emprunt au sumérien kisal + luh (« cour » + « balayer »), mais il est hautement improbable que cet Atamrum ait balayé les cours du palais de Mari. Il devait plutôt s'agir d'un courtisan (kisallum désigne une unité d'habitation dans le palais de Mari) de rang assez élevé pour que le roi s'intéresse à lui. Sa fonction pourrait être de l'ordre du chambellan. Le terme peut s’expliquer par kisallu + h-.

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    de la faveur de son maîretre Atamrum se serait montré irrespectueux (ou pas assez respectueux) envers Hasidanum. L'expression zittam wabâlum peut néanmoins être prise au pied de la lettre30. Quoi qu'il en soit, l'intervention de Yanib-Addu visait donc à mettre un terme final au conflit. En se suppléant à Hasidanum, si ce dernier le permet (l. 16), il rendrait un verdict qui serait accepté par les deux parties. 7 [M.7643] Yanib-Addu à Yasmah-Addu. Question du procès du (courtisan) Atamrum et de Hasidanum. a-na be-lí-ia ia-ás-ma-ah-dIM qí-bí-ma um-ma ia-an-í-ib- dIM ìr-ka-a-ma up-pí be-lí-ia a a-um di-in I a-tam-ri-im be-lí [ú-]a-bi-lam e-me-ma [ki-ma up-pí a be-lí] ú-a-[bi-lam] [um-ma be-lí-ma a-um di-in] [a-tam-ri-im] [………a-na e-er] [I ha-sí-da-nim] [al-kam-ma u-t]a-á-ki-ir-u-nu-ti31 [i-na-a]n-na a-na e-er [ I ]ha-sí-da-nim a-la-ak-ma di-nam ú-a-ha-za-an-ni-ma ni-i dingir-me-e i-na ma-ar-hi di°-nim ú-a-á-ka-ar-u-nu-ti

    2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 Tr.

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 444 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 371. 1

    Dis à mon seigneur Yasmah-Addu : ainsi parle Yanib-Addu, ton serviteur. J'ai pris connaissance de 5 la tablette de mon seigneur que mon seigneur 7 m'a fait porter 5 au sujet du procès (à l'encontre) 6 d'Atamrum 7 et, 8 selon la tablette que mon seigneur m'a fait porter, disant : « Au sujet du procès (à l'encontre) d'Atamrum,… va chez Hasidanum et fais leura) prêter serment », 14 maintenant 15 je vais aller 14 chez Hasidanum 15 et, 16 s'il me fait prendre en main 15 le procèsb), 18 je leur ferai prêter serment par les dieux dans le(s) marhumc) du procès. 7

    a) Apparemment Atamrum et Hasidanum. b) S.L. a compris : « il mettra en train un procès pour moi », ce qui m'est opaque (-anni est un suffixe d'accusatif, non de datif) alors que W.H. a traduit: « he will give me direction on the court case », ce qui convient bien à ûhuzum « faire prendre ». Il s'agit en fait d'une sorte de jugement en appel. Yanib-Addu devait reprendre l'affaire sur laquelle il y avait suspicion. c) L'éditrice a lu ma-ar-hi-na-nim sans traduire. Même attitude chez W.H. op. cit., p. 371, n. 298. En fait la lecture n'est pas bonne. On isolera di*-nim qui est de lecture sûre, puisque la lettre parle justement d'un dînum. Maar-hi est en revanche un hapax. Comme dans les expressions qui expriment le serment, ina introduit un lieu, le terme marhum/marhûm/mar'um etc. pourrait désigner le lieu de Karanâ où l'on rendait la justice. On ne peut exclure néanmoins une mégraphie pour mahri- et un sens comme « au début du procès ».

    30 Cf. LAPO 18, p. 248, note b). On ne peut exclure qu'il s'agisse du butin fait sur les gens d'Admum et que A.3315 (= ARMT XXVI 443) parle de la même histoire. Le zittum serait la part du butin de Hasidanum sur le pillage de la ville d'Admum, pillage à quoi ferait allusion la mention des nihlâtum. Comprendre le Rev. : « 1’qu'il me fasse porter ma part 0’[zi-it-ti] pour que je ne touche pas aux possessions des gens d'Admum : [a-na e-er], 2’ ni-ih-la-at adma-a-yi[ki], 3’ qa-ti la ub-ba-a[l]. » Hasidanum est mentionné à la l. 7 de la Face. 31

    Les restaurations des l. 8-13 s’appuient sur leur répétition dans les lignes suivantes.

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    2.3.1.1 Yanib-Addu à l'époque de Zimrî-Lîm La mission dont était chargé Yanib-Addu montre son importance car Hasidanum n'était pas un mince personnage. Il devait donc s'agir d'un notable important de la région où Habbusum devait, après la chute du RHM, accéder à la royauté. Il s'agit vraisemblablement du même Yanib-Addu que celui qui avait reçu une superficie agricole à exploiter dans la région de Qaunân et qu'il avait mise en valeur en tant qu'ikkarum. Peut-être avait-il reçu cet établissement en récompense de ses services pour la cause d'Atamrum. Un ikkarum n'était pas pauvre à l'époque, et la traduction par « cultivator » (W.H., op. cit., p. 564) prête à confusion. Il s'agissait en fait de gens qui avaient suffisamment de fortune pour prendre en charge une exploitation agricole et y entretenir un personnel de travailleurs qui, eux, étaient de rang secondaire. Appartiennent donc sans doute également à cet homme [A.426] (ARMT XXVI 446) et [A.2029] (ARMT XXVI 448) qui traitent des activités agricoles d’un Yanib-Addu. Dans le premier document, il s'agit d'envoyer à Mari de l'ail récolté32. Dans le second cas, il ne s'agit pas de faire exempter quelqu'un du service militaire, selon la compréhension de S.L. et de W.H. On lira effectivement la l. 7 a-na ma-a-ar [ ]e*-im. Il s'agissait en fait de ne pas envoyer en expédition quelqu'un qui avait la charge de surveiller33 le grain pour éviter qu'il n’y ait des pertes dues aux animaux, voire des vols avant la moisson. Son rôle de notable est encore indiqué par [M.9070] où il énumère l'arrivée des Anciens du district d'aval (?) de Qaunân. Les NP sont largement sans parallèle, même si Pî-ka-ma-El (cf. l. 9) est connu pour une notabilité de la région : cet individu est à cheval sur deux époques puisqu'il y a un jugement le concernant à l'époque de Samsî-Addu (A.2636) affaire qui semble se poursuivre sous Zimrî-Lîm selon ARM XIV 111. La personnalité de ûb-râm, néanmoins (l. 7') devrait faire attribuer le texte [M.9070] à l'époque de Zimrî-Lîm. La très grande lacune entre la Face et le Revers empêche de savoir quel lien existait entre ces Anciens de la région d'aval de Qaunân et les enfants du revers qu'il faut supposer à partir de la mention de leurs nourrices (l. 6'). 8 [M.9070] Yanib-Addu au roi. Arrivée (?) des Anciens de la région à l'aval de Qaunân. (Lacune) Envoi au roi d'un individu et de 2 femmes yabasa, nourrices. Il a écouté avec ûb-râm le rapport des nourrices et du serviteur du roi. [a-n]a be-lí-ia [q]í-bí-ma um-ma ia-an-í-ib-dIM ìr-ka-a-ma a-um e-em ha-la-a qa-a-ú-na-anki a be-lí ú-wa-e-ra-an-{X}-[n]i [l]ú-me-e u-gi-a ha-al-í-im [a-ap-l]i-im34 I qú-ru-ba-an ì-lí-ri-m[a-an-ni] [ I] i [] u-ki-i(AB)-ni I pí-ka-ma-[AN] I me]-pí-um ha-ab-du-m[a-…] [I I !35 Id [ o o o]-ga-mil utu-ra-[bi ] I I o o o o]-x sa?-mu?-[…] [

    2 4 6 8 10 12

    (Il manque la moitié de la Face, soit 12 l.) (Perdue.)

    Tr.

    32

    On comprendra napâlum l. 10 par « arracher ». C'est le moment de la récolte de l'ail. La lacune de cette tablette n'est pas très importante. Il manque une l. sur la Face et une sur le Rev. Il n'est pas sûr que la tranche ait été inscrite. l. 1' du Rev. on lira […a-a]k-na-ma. 33 Pour cette expression, cf. le maar eqlim de ARM X 88: 18 ainsi que les maar kirîm, ou maar buqli cités par CAD M/1, p. 343a. 34

    Le [e-l]i-im qu'a supposé S.L. ne remplit pas la lacune.

    35

    Le texte comporte un U plutôt qu’un I (mil).

    44 Rev.

    2' 4' 6' Tr. 8'

    Jean-Marie DURAND (Il manque la moitié du Rev. plus 2 à 3 l.)

    [mu-e-ni-qa-t]i-u-nu? x-[…] [i-na-an-na a-n]u-um-ma I ki-x-[-…] wa-ar-ka-am ù 2 ia-a-ba-[se-tim] [a-n]a e-er be-lí-ia a-ar-da-am [be-lí a] e-pé-i-u li-pu-ú [a mu-]e-ni-qa-ti-u-nu [ù a ì]r be-lí-ia it-ti u-ub-ra-am [a-w]a-ti-u-nu e(I )-me (Reste anépigraphe.)

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 447 ; non repris par W. Heimpel, op. cit. 1 Dis à mon seigneur : ainsi parle Yanib-Addu, ton serviteur. Au sujet du district de Qaunân pour lequel mon seigneur m'a transmis ses instructions, les Anciens du district d'aval, Qurubân, Ilî-rimamni, U ki ni, Pî-ka-ma-El, Mepî um, Habdû.ma-…, …-gamil

    ama -rabi, … Samu-…

    (Grande lacune.)

    … leurs nourrices… Maintenant, voilà que KI-…, le lieutenant, et les deux femmes du Yâbasa, je viens d'expédier chez mon seigneur et mon seigneur doit faire ce qu'il décidera. De leurs nourrices et du serviteur de mon seigneur, j'ai écouté les propos avec ûb-râm. 2.3.1.3 Devenir mariote En définitive, Yanib-Addu n'a pas participé à la mise en culture de la région de Qaunân et le roi de Mari a décidé d'en faire un de ses envoyés-kallûm, ce que montre bien le reste de sa correspondance éditée dans ARMT XXVI/2. La lettre [A.142] date du début du règne. Les l. 7-9 doivent en effet se comprendre comme célébrant la restauration de la monarchie mâr sim'alite, comme déjà indiqué à l'éditrice (cf. ARMT XXVI/2, p. 362, n. a). La formulation rappelle en effet celle de la circulaire envoyée par Zimrî-Lîm depuis Tuttul. W.H penserait, en revanche, à un oracle divin. Une référence à la mîarum indiquerait cependant que le champ doit revenir à son ancien propriétaire lequel serait difficilement, en ce cas, Yanib-Addu (cf. l. 23). Manifestement, il s'agit dans ce texte de garder les terrains dont il avait notoirement la jouissance (cf. l. 6, kullum), non d'en obtenir un. Mais, surtout, la séquence l. 19 sq. itti ka-li-ma bêlî lâ imannanni ne me paraît pas signifier « que mon seigneur ne me compte pas avec tout (le monde?) (S.L) ou « my lord must not count me with everybody (else from Qaunân) » (W.H.), mais plutôt « que mon seigneur ne me compte pas parmi les kallûm ». Il y a un adverbe de de temps kallâm qui signifie « rapidement » (cf. D. Charpin NABU 94/62), mais le messager kallûm existe aussi. On remarque que dans ARMT XXVI 449, Yanib-Addu, tout comme dans ARMT XXVI 450 n'est pas le premier nommé. Dans le second document, I hî-Dagan a le pas sur lui. Ce que cherche Yan ib-Addu c'est d'être naturalisé mariote (cf. l. 13-15), ne pas être un étranger domicilié à Qaunân comme il y en avait tant, arrivés de Haute-Djéziré (l. 16-17), et être au service du roi. Il voudrait ce faisant garder son statut d'exploitant-ikkarum, non se voir attribuer une fonction nouvelle. 9 [A.142] Yanib-Addu au roi. Plaidoyer pour garder son statut d'ikkarum et ne pas être pris au service du roi comme messager-kallûm.

    2

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma

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    um-ma ia-an-í-ib-dIM 4 ìr-ka-a-ma a- à i-na qa-a-ú-na-anki ú-ki-il 6 ù ìr-me-e a be-lí-ia ka-lu-u-nu i-du-ú i-na-an-na AN iq-bi-ma 8 be-el ki-it-tim a-na ki-it-ti-u it-tu-ur 10 i-na-an-na um-ma e-li be-lí-ia à-a-ab a- à i-na qa-a-ú-na-anki Tr.12 be-lí {x} li-id-di-nam-ma it-ti ìr-me-e Rev.14 [a b]e-lí-ia a a-ah na-ri-im [lu]-ma-ni 16 ú-ul ìr ha-ab-bu-si-im a-na-ku ìr-ka a ki-na-tim 18 ù lú-engar-ka a-na-ku it-ti ka-li-ma 20 be-lí la i-ma-an-na-an-ni lu-ú sí-ki-il-ti 22 be-lí-ia a-na-ku be-lí a- à la i-ka-al-la-am (Reste anépigraphe.) Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 445; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 372. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Yanib-Addu, ton serviteur. J'avais la jouissance d’un champ à Qaunân. 6 Les serviteurs de mon seigneur, sans exception, sont au courant. 7 À l'heure actuelle, la divinité s'est prononcée et 8 le propriétaire légitime 9 est revenu 8 à son (lot) légitimea). 10 À l'heure actuelle, s'il plaît à mon seigneur, 12 mon seigneur doit me donner 11 un champ à Qaunân. 15 Je veux être compté 13 parmi les serviteurs 14 de mon seigneur, du royaume de Mari. 16 (Je ne suis pas) un serviteur de Habbusumb) 17 moi ; (je suis) pour de vrai ton serviteur 18 et ton ikkarum, moi. 19 Ce n’est pas au nombre des messagers-kallûm 20 que mon seigneur doit me compter. 21 Je (ne) suis (que) la chosec) 22 de mon seigneur, moi. 23 Que mon seigneur ne me refuse pas le champ. 5

    a) Il s’agit du retour de Zimrî-Lîm sur le trône de Mari. b) Pour cette compréhension, cf. J.-M. Durand, « Le Pirée pour un homme », NABU 2018/09. c) Cette compréhension de sikiltum n’est signalée dans la langue occidentale que pour Alalakh par CAD S, p. 245a.

    Donc les lettres de ce Yanib-Addu forment bien une unité. D'abord impliqué dans la gestion de Qaunân à l'époque du RHM, il a essayé de maintenir son exploitation agricole lorsque Zimrî-Lîm accède au pouvoir mais a reçu une mission diplomatique. Au moment où le RHM s'écroule et où Zimrî-Lîm monte sur le trône mâr sim'al, il est prévu qu'il reçoive comme affectation d'être un messager (l. 19), ce dont il ne veut pas, mais qui sera pourtant son lot puisque ARMT XXVI 449-450 le montrent à Sippar aux côtés d'I hî-Dagan. Au même dossier doit appartenir le fragment mal conservé M.5178. Le nom du souverain semble apparaître sous la forme Habbusam et non Habbusum, ce qui pourrait révéler un aspect non sémitique, à ne pas rapprocher du Hubbuum enregistré par CAD H, p. 214b. Les accusations à l’égard de Yanib-Dagan viseraient sa connivence avec l’énigmatique Habbusum, si l’expression qaduu-ma doit être comprise « il est de son côté ». La lettre, telle qu’elle a été comprise, montrerait en outre plusieurs aspects divergents de l’akkadien standard. Mais l’expression ina ijâti iddû = « On a jeté ces propos contre moi » pourrait être parallèle à attadî-u ina apli-ki, « Je l’ai jeté à tes pieds », cité par CAD N/1, p. 72b.

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    Jean-Marie DURAND 10 [M.5178]

    Yanib-Addu au roi. Il est au courant qu’on le dénigre auprès du roi en le disant du parti de Habbusam. a-n[a be-lí- ia] qí[bíma] um-ma i[a-an-í-ib-dIM] ìrka-a -[ma] a-um e-em et-te-en-[ne-ú] i-na a-[hi]-ti-ia è-te-ne-e[m-me] pí-qa-at la da-am--ti-i[a] [m]a-ha-ar be-lí-ia i-da-ab-bu-b[u] [um-m]a-mi ha-ab-bu-sa-am [be-el i]a-an-í-ib-dIM ù qa-d[u-]u-ma [a-wa-tam an]-ni-tam i-na i-ia-ti i-d[u]-ú [di-túr-me-er] ù dda-gan li-t[a-ru]-ra mu-u

    2 4 6 8 10 12

    (Lacune : 1 l. face, Tr. = 2 l. ?, rev. 3 l.)

    [ o o o o o]-x-ma i-[d]u?-ú-ma [a-wa-a]t ma-du-tim [be-l]í la i-e-e[m]-me-ma i-na li-ib-bi be-lí-ia la-a u- ú-u[l ìr-sú a-na-ku] ú-ul qa-d[u-u-ma] [a] é-er [be-lí-ia-ma lu-li-ik]

    Rev. 2’ 4’ 6’

    (…) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Yanib-Addu, ton serviteur. Je ne cesse d’entendre parler autour de moi 5 de mon remplacement 6et, 7 sans doute, 8 ne tient-on 7 pas de propos sympathiques sur mon compte 8 en présence de mon seigneur, 8 disant : « Habbusam (est) 10 le seigneur de Yanib-Addu et il est avec lui. » 11 Ces propos-là on les a lancés contre moi. 12 Puissent Itûr-Mêr et Dagan maudirea) sa race! 6

    (…) 3’

    Mon seigneur ne doit pas écouter 2’ les propos de la foule 3’ et 5’ je ne dois pas sortir 4’ du cœur de mon seigneur. 5‘ Ni 6’je ne suis 5’son serviteur, 6’ ni avec lui. 7’ C’est chez mon seigneur que je veux aller… a) Le NP Habbusum semble se présenter ici comme Habbusam. b) La forme verbale lîtarrurâ (G/tn) suppose le recours à un duel.

    2.3.2 Repentir d'un fugitif La lettre [A.995] est certainement du tout début du règne puisqu'il y est nettement dit que ZimrîLîm vient de monter sur le trône, ce dont l’expéditeur se réjouit. Il est possible que ce Milkêddu36 soit le messager, attesté à l'époque du RHM (cf. ARM V 26 = LAPO 16 257, retour de Qana, mais non ARM XIV 370 = LAPO 16 370) qui, une fois Qarnî-Lîm monté sur le trône, aurait bien voulu reprendre du service auprès de Zimrî-Lîm mais en aurait été dissuadé du fait qu'il avait servi le RHM. Tel est sans doute le sens des propos que des messagers du roi de Mari auprès de

    36

    Les particularités de la lettre (au graphisme plutôt archaïsant) expliquent sans doute l'orthographe mi-il-kee- IM pour le plus courant mi-il/mil-ki-dIM. Il s'agit d'une écriture par sandhi pour /Milkeddu/ avec contraction de la séquence /-î-a-/. « Addu est mon roi (?) » est un nom bien attesté chez les Mâr sim'al. d

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

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    Qarnî-Lîm lui ont tenus. En revanche, le messager Yahmu-El lui a donné des apaisements. On a l'impression, à la lecture du document, que les messagers formaient un corps dont les membres se connaissaient bien et entretenaient entre eux une information continue. Que comprendre du fait que Qarnî-Lîm ne le laisserait pas partir ? On peut penser que le roi d'Andarig voulait simplement s'assurer les services de Milkêddu, mais, par ailleurs, on peut soupçonner que ce ne soit là en fait que prétexte pour Milkêddu : une lettre de Zimrî-Lîm à Qarnî-Lîm pouvait en effet lui servir en montrant au roi d'Andarig que celui de Mari avait bien à son égard les sentiments que lui prêtait Yahmu-El. 11 [A.995] Milkêddu au roi. Il se réjouit de la montée sur le trône de Zimrî-Lîm. Il a été dissuadé par ses messagers d'aller le trouver mais un autre lui en a donné le courage. Il faut que le roi de Mari écrive au roi d'Andarig de le laisser aller s'expliquer avec lui.

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 20 22 24 26 28 30

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma mi-il-ke-e-dIM ìr-ka-a-ma ki-ma be-lí a-na -gu-za é a-bi-u i-ru-bu e-me-e-ma ma-di-i ah-du i-na-ia a-na e-er be-lí-ia-a-ma i-tu ma-ti-ma-an a-na e-er be-lí-ia at-ta-al-kam dumu-me°- i-ip-ri a be-lí-ia i-li-ku-nim-ma a-né-tim-ma i-da-ab-bu-b[u] ù li-ba-am ú-[pa-li-h]u I ia-mu-us-A[N] i-li-kam-[ma] u--ma li-ib-[bi ú-ni-ih] i-na-an-na a-di k[i ma-í u-mi] an-ni-ki-a-am ka-le-[ku] be-lí a-na e-er a-hi-u ú°-pa-am li-da-an-ni-in-ma lu-li-kam-ma e-ep be-lí-ia lu-i-iq I qá-ar-nu°-li-im a-hu-ka ù a-na-ku ú-ul ìr-ka lu-li-kam-ma e-mi ga-am-ra-am a li--bi be-lí-ia i-ha-du-ú ma-ha-ar be-lí-ia lu-u-ku-un

    Bibliographie : ce texte est mentionné dans FM V, p. 189, n. 146. 1

    Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Milkêddu, ton serviteur. J’ai entendu dire que mon Seigneur était rentré sur son trône ancestrala) et 7 je m’en suis vivement réjoui. 8 Mes yeux sont tournés vers mon Seigneur et 9 depuis le temps je serais parti 10 pour chez mon 6

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    Jean-Marie DURAND

    seigneur. 12 Des messagers de mon seigneur 13 sont venus 14 me tenir des propos 13 dissuasifs. 15 Alors, ils m’ont effrayé. 16 Ya(h)mus-Elb) 17 est arrivé et 18 c'est lui qui m'a donné confiance. 19 Maintenant, combien de temps encorec) 20 serai-je retenu ici ? 21 Mon seigneur doit envoyer une tablette explicite 21 chez son frère 23 pour que je vienne 24 embrasser le pied de mon seigneurd). 25 Qarnî-Lîme) est ton frèref), 26 mais ne suis-je pas ton serviteur ? 27 Je veux venir 31 donner 30 devant mon seigneur 28 tous détails 29 dont il sera satisfaitg). a) L'absence du déterminatif gi , comme l'écriture -me au lieu de –me-e , l. 12, ainsi que la graphie ú-paam, l. 22 font partie des bizarreries de notations de cette tablette. J'ai rétabli la notation normale à la mariote dans ce document. Il faudrait penser que, sans être illettrés (Milkêddu a dû écrire ce texte lui-même), les messagers s'écartaient des standards scribaux. b) Le même signe possède à Mari les valeurs UK et AZ, sans les discriminants UD et ZA de la notation akkadienne qui les distinguent. Mais AZ a également couramment, dans certains textes, la valeur /UZ/US/U/. Je l'ai choisie car elle montrerait ici le messager bien connu de Mari Yahmus-El (éventuellement ia-ah-mu-sí-AN par sandhi = /Yahmusel/) ; cette écriture sans H qui indique donc la présence d'un /‘/ conforte la proposition de H. B. Huffmon, APN, p. 198 de dériver le nom de ‘MS par comparaison avec les langues occidentales (Héb., phén. et ougar.). La région d'Andarig avait fait évoluer le ‘ à 0, comme l'akkadien de Babylone. c) Pour cette expression, cf. DBP s.v. û atta adi kî mai ûmi(m) kaspam âtu tukâl (A.818) : « Mais, toi, combien de temps comptes-tu garder cet argent ? » et sa variante ina kî mai ûmim… ana êr bêli-ia lillik (ARM XXVIII 40 : 11-12) : « Combien de jours lui faudrait-il pour aller chez mon seigneur ? » d) « Baiser le pied » est effectivement l'acte d'allégeance. e) Cette forme Qarnu-Lîm, un hapax dans la documentation mariote, fait partie des « bizarreries » de rédaction du document, mais il est connu que les noms des rois du Sindjar (ou d'ailleurs) sont susceptibles de plusieurs orthographes (cf. « Bunu-E tar » et « Bina-E tar » [= Bina tar], pour le roi de Kurdâ) ce qui devrait représenter non des fautes mais des façons locales (dialectalismes ou étymologismes) de s'exprimer, par rapport à la norme de Mari. f) Ce qui reste de la correspondance de Qarnî-Lîm (cf. ARMT XXVIII, p. 243 sq.) montre que ce dernier donne du « mon frère » au roi de Mari, ce qui s'explique par une égalité de rang, puisque Qarnî-Lîm n'était pas le frère biologique de Zimrî-Lîm, (cf. PIHANS 117 LT 1 : i 19 et D. Charpin RA 110, p. 164 et n. 73) ; il était d'ascendance mâr sim'al, mais non d’Andarig. Le fait, assez étonnant en soi, que Zimrî-Lîm l'a toujours soutenu malgré ses manigances, pourrait néanmoins trouver son explication dans une proche parenté. Son installation à Andarig comme roi avant même que Zimrî-Lîm ne le devienne pourrait avoir été voulue par Bannum pour laisser libre le trône de Mari. g) Le mot à mot est « que je vienne exposer par devant mon seigneur un rapport complet qui réjouisse le cœur de mon seigneur », traduction ambiguë qui pourrait faire croire que Milkêddu serait porteur d'informations sur le royaume d'Andarig. Le êmum gamrum n'est que l'explication complète (la justification) de l'attitude de Milkêddu sous le RHM, non un rapport sur le royaume du Sindjar. Toute la lettre n'est en fait qu'un plaidoyer pro domo.

    2.4 Le « retour de Haqûdum » à Imâr [A.579] fait allusion au cours de l'Euphrate où Addu-nâir et YaBhur-Lîm ont servi d'escorteurs à un « Ha qûdum ». Addu-nâir est connu comme habitant (ou soldat en garnison) de la Forteresse de Yahdun-Lîm par ARM II 32, lettre d'Ibâlpêl. Cette dernière est du moment où Zimrî-Lîm est de retour d'Andarig. Comme Addu-nâir est ici mentionné en premier, on doit le considérer comme le plus important et susceptible d'écrire directement au roi. On pourrait donc le tenir pour le chef de la garnison de la Forteresse de Yahdun-Lîm. YaBbur-Lîm peut être celui qui devait devenir, par la suite, un des cheikhs de l'Ida-Mara. Le texte [A.579] est une des premières attestations de ces « serviteurs » de Zimrî-Lîm puisque Hardûm ne semble pas encore entré en rébellion (l. 9'-10'). La date des événements de cette lettre est indiquée par un document de FM III 60, qui indique pour le mois x (Bêlet bîrî ) de l'année de Kahat (= ZL 1) une livraison de 5 litres d'huile pour réparer les bateaux usagés qui sont allés à Yabliya et Imâr avec Ha qûdum : 16

    5 qa ì-gi a-na ku-ú-u-ur gi -má-há sumun a a-na ia-ab-li-iaki ù i-ma-arki

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

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    it-ti ha-às-qú-di-im il-li-ka …37

    Dans ce texte, comme dans [M.9398], « Ha qûdum » et « Asqûdum » ne seraient pas un seul et même personnage car l'écriture de leurs noms les oppose. Il faudrait donc distinguer les deux individus, alors qu’ils ont dû remonter au même moment cette partie de l’Euphrate. De fait le texte n'indique pas à propos de « Ha qûdum » qu'il s'agit d'un serviteur du roi de Mari. Il pouvait donc n’être en fait qu’un marchand (d'Imâr ?) quasi-homonyme de l'homme politique de Mari, quoiqu’on ne puisse exclure que le récapitulatif ait enregistré des billets comme ils se présentaient avec une orthographe divergente pour le même individu. On notera cependant que le même FM III 60 l. 27, parlant certainement cette fois d'Asqûdum, l’homme d'État, dit : 2 qa 15 su ì-gi a-na ú-ul-lu-mi-im ù a-ta-am gi ma-ga-ri a gi -gigir-há a a-na ia-am-ha-adki I às-qú-du-um ub-lu

    Il n'est plus là question de bateaux mais de chariots et de chars. Le terme n'est d'ailleurs pas Imâr mais bien le Yamhad. Il s'agit dès lors sûrement d’une rétrospective d’une mission à Alep. Le texte [A.579] fait allusion à un lieu-dit « ûlût », lequel était l'endroit où s'étaient arrêtés les chargés de mission mariotes. Cela devait donc désigner la garnison38 ou le poste frontière au delà duquel on sortait de la zone qui relevait du roi de Mari. Les accompagnateurs ne laissent Ha qûdum qu'à une heure de marche d'Imâr. Rien n'indique la distance entre le ûlût (où s'étaient arrêtés [l. 13-14] les deux Mariotes) et la ville d'Imâr. Il est néanmoins vraisemblable que ce ûlût était en amont de Tuttul puisque les deux Mariotes, dans la suite de la lettre, sur leur retour à Mari, sont en discussion d'affaires avec les gens de Tuttul pour des questions de découpe de bois. La cassure importante (11 l.) nous prive de savoir si les villes d'Abattum ou de Hakkulân étaient mentionnées entre le ûlût et Tuttul par où les Mariotes repassaient. Il n'y a nulle mention de La-nasûm à Tuttul, peut-être parce qu’il n'était alors pas encore en fonction. La suite de la lettre est importante pour l'exploitation des bois qui entouraient Tuttul et qui étaient déjà renommés apparemment, dès l'époque du RHM. Les arbres y étaient débités en poutres (gi -ùr) et l'on venait depuis Ahhunâ et Imâr en prendre. Hardûm envoyait le bois à l'aval par le fleuve39 et les gens d’Imâr s’en procuraient ; cela peut signifier qu'il était de meilleure qualité que ceux de Carkémish ou de Halabît. Le « palais neuf » de Zimrî-Lîm devait être celui de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 12 [A.579] Addu-nâir et YaBhur-Lîm au roi. Escorte de Ha qûdum jusqu'au ûlût où s'arrêtent les Mariotes. Deux hommes conduisent Ha qûdum tout près d'Imâr. (…) Les gens de Tuttul coupent des poutres dont ils sont dépossédés par divers personnages. Ils vont procéder à une nouvelle coupe que devra gérer Ili-elî. a-na be-lí- [ni5] [qí]bí[ma] [um]-ma dIM- n[a-ir] ù ia-aB-hu-ur-li-[im] ìr-me-e -ka-a ma

    2 4

    37

    Le texte peut se traduire : « …huile pour réparations sur des bateaux usagés qui sont allés à Yabliya et avec Ha qûdum à Imâr. » M.13254 (merci à G. Chambon) donne às-qú-di-im comme variante. Cf. ARMT XXXIV. 38

    Le terme ûlûtu est compris comme « garnison » dans un texte d'époque néo-assyrienne. Ainsi dans Wiseman, Chron. 66: 18 … lûtu a ar Akkad iddûku = « … killed the garrison of the king of Akkad », CAD D, p. 37b. 39 L'opposition neqelpûm (vers l'aval) et tabâlum (vers l'amont) pourrait indiquer la pratique du transport par flottation (aval) par rapport à l'emploi de chariots (amont).

    50

    6 8 10 12 14

    Jean-Marie DURAND ki-ma a be-el-ni5 ú-wa-e-ra-an-né-ti a-di u-lu- ut I ha-a-qú-dam nu-a-al-lim wa-ar-ki-u 2 lú-me-e a-na i-ma-arki zu-za-am la ka-a-dam i-zi-bu-ni-i-u-ma a-wa-tam a u-ul-mi-u ú-te-ru-né-i-im-ma [i]-tu u-lu-ut ni-it-bé-em-ma [ni-i]t-ta-al-kam (Rev. = 74 l. disparues.)

    Tr.

    (Disparue = 4 l.)

    Rev.

    (3 l.)

    [a-um gi -ùr-h]á a [ik-ki-sú-nim] [ke-em ni-i]q-bi-u-nu-i-im um-ma-mi é-gal gibil [be-el-n]i ú-e-ep-pé-e 4' [gi -ùr-h]á a ta-ak-ki-sa-nim id-na-nim-ma [a-b]u-um re-qú-sú-nu la i-tu-ur-ru 6' [i-na]40 a-ma-tim i-na pa-ni-u-nu [l]i-ir-ka-bu dumu-me-e tu-ut-tu-ulki [k]i-a-am i-pu-lu um-ma-mi gi -ùr-há 8' [n]i-ki-ìs-ma ha-ar-du-um 10' [ú]-qí-il-pí-u-nu-ti a-ni-i gi -ùr-há [ni]-ki-ìs-ma a-na a-hu-na-aki 12' [it-b]a-lu-u-nu-ti a-al-i-i [ni-k]i-ìs-ma lú i-ma-ru-ma Tr. 14' [a-n]a gi pa-az-ri sa-ha-ri [a]-na i-ma-arki it-ba-lu-u-[nu-ti] 16' i-na-an-na a-lam i ni-ú-ur gi -ùr-há ni-na-ki-ìs C. i 18' [ì-lí]-i-li-i -ha-an-ma gi -ùr-há [li]-ir?-[ka?-a]b?-ma 20 lú a-ba-am 20' [………………] x [………] ii ú ? a-ma-ti[m……]/ [……] 22' li-[…… (…?…) 2'

    1

    Dis à notre seigneur : ainsi parlent Addu-nâir et YaBhur-Lîm, tes serviteurs. Selon les instructions de notre seigneur, 8 nous avons escorté Ha qûdum 7 jusqu'au ûlût. 9 Après son départ, 2 hommes, 11 l'ayant quitté 10 à une heure de marche 9 d'Imâra), 12 nous ont rapporté qu'il allait bien. 13 Depuis le ûlût, nous étant levés, 14 nous sommes partis. 6

    (Lacune de 11 l.)

    … 1' Au sujet des poutres qu'ils avaient coupées 2' nous leur avons dit ceci : « 3' Notre seigneur va faire construire 2' un palais neuf. 4' Donnez-nous les poutres que vous avez coupées 5' pour que les gens ne reviennent pas à vide et 7' qu'ils embarquent 6' sur des radeaux à leur dispositionb). »

    40 Il y a place sur la ligne pour 2 signes (équivalent du LI de la l. du dessous) mais non pour 3. il n'y avait donc sans doute pas le signe GI devant le nom du radeau.

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

    51

    7'

    Les citoyens de Tuttul 8' nous ont fait la réponse suivante : « 9' Nous avions coupé 8' des poutres 9' mais Hardûm 10' les a envoyées à l'aval. 11' Nous avions fait 10' une nouvelle 11' coupe 12' mais on l'a emportée 11' à Ahhunâ. 13‘ Nous avions fait 12' une troisième 13' coupe mais 13' ce sont des gens d'Imâr qui 15 l'ont emportée à Imâr 14' pour en faire des traverses de panneauxc). 16' Maintenant, il nous faut nous occuper de la ville. 17' Nous allons procéder à une coupe de poutres. 18' Ili-eli d) est un ahânue) 19'et il faut qu’il em18' barque les poutres et 19‘qu’une troupe de 20 personnes 20' il … 21” afin qu’elle… les radeaux. Bibliographie : MARI 6, p. 83. a) Le syntagme lâ kaâdam à l'accusatif a le sens de « sans atteindre »; cf. les tournures lâ naparkâ, sans interruption, ou lâ patân = sans manger. Zûzam dont Nabnitu J. 237 donne l'équivalent « 1/2 danna » n'était connu de CAD Z, p. 170 que comme une donnée de lexique. Pour ce terme, cf. LAPO 17, p. 160 ad ARM XIV 104+, et ibid. p. 657, ad ARM II 52. Pour ces expressions, cf. K. Veenhof, JEOL 27, 1981/82, p. 65-75. b) D'après ce que je comprends du texte, la troupe se servirait des poutres pour faire des radeaux vers l'aval. c) Ce texte a été cité erronément LAPO 16, p. 266 comme sa-pa-ri-[u-nu] et dans ARM XXXII, p. 161, le texte est devenu A.659. Pour pazrum, j'ai proposé dans LAPO 16, p. 266 qu'il s'agisse des poutres de traverses, qui pouvaient à l'occasion servir à des moyens de transport. On peut aussi le débiter, comme le montre ARMT XXVI 280, pour en faire des moyeux. Le présent exemple est à mettre en parallèle avec ARM III 24 où pazrum est documenté avec des « poutres ». On devrait donc en déduire que le pazrum était plus petit que la « poutre ». Comme on est dans un contexte de constructions, sa-ha-ri doit être en rapport avec le terme s iru B du CAD S, p. 61a qui, d'après son expression idéogrammatique, est une partie de la porte, apparemment dérivée de SHR, « tourner ». CAD traduit par « virole » (ferule). Les pazrû sahhârî doivent désigner les traverses (en l'occurrence, les chambranles) où s'adaptent les panneaux de la porte. d) Il doit y avoir ici mention de celui que ARMT XVI/1, p. 118, a enregistré sous le nom de Il li . On le trouve sous la grahie i-li-e-li-i dans ARM X 161, mais comme ì-lí-e-li-i dans M.15215 = FM XI 114. e) La séquence ha-an (qui m’est incompréhensible) pourrait être une graphie incomplète (au cas absolu) de ahânum qui désigne un spécialiste de la construction (?) selon ARM V 28 (cf. LAPO 16 151). Les ahânum y sont justement chargés de fabriquer des briques pour la ville qui, à l’époque éponymale, s’appelait « Forteresse de YasmahAddu ». Il peut s’agir d’un terme local.

    La lettre [M.9398] peut être attribuée à ce même Ha qûdum et dater, elle aussi, du début du règne. Elle détonnait d'ailleurs dans la correspondance d'Asqûdum éditée dans ARMT XXVI/1 par l'orthographe du nom de l'expéditeur et par son ton. L'insolence (bien réelle !) envers le roi de Mari n'était cependant pas le fait de l'expéditeur mais de celui dont sont cités les propos. Le roi de Mari avait pu se plaindre directement à Ha qûdum de la teneur de la missive. Cet Ikûn-pî-El (ou Ikûppêl comme on devait prononcer son nom) doit être cherché dans la région de l'Euphrate, du côté d'Imâr, à son aval ou à son amont ; sans doute était-ce un de ces chef locaux qui apparaissent fugitivement au début du règne. Il avait dû demander des troupes à Zimrî-Lîm, lequel avait à l'époque suffisamment à faire pour lui-même, et sa réaction était apparemment dictée par le dépit de n'en avoir reçu aucune. La très longue lacune empêche de relier Face et Revers. Apparemment, Ikûppêl avait dû vouloir récidiver et Ha qûdum lui donnait comme conseil d'éviter qu'un tel courrier ne tombe entre les mains d'un lecteur éventuel. Il pouvait y avoir eu un contact direct entre Ha qûdum et Ikûppêl41. Si cet Ha qûdum a eu des activités à Yabliya, Mari et Imâr, reçu une escorte jusqu'à la frontière de Mari et a été tenu au courant du sujet qu'expose ARMT XXVI 34, cela pourrait donner à penser qu'il s'agissait d'un personnage important d'Imâr, ou bien du ministre Asqûdum, sous une autre orthographe. 13 [M.9398] Ha qûdum au roi. Lettre insolente d'Ikûppêl. (Suite lacunaire.) Il ne faudrait pas qu'une lettre de ce genre tombe en d'autres mains. (Lacune). a-na be-lí-[ia] [q]í-bí-[ma]

    2 41

    W. Heimpel, op. cit., p. 194, le considère comme « an otherwise unknown vassal of Zimri-Lim ».

    52

    4 6 8 10 12

    Jean-Marie DURAND um-ma ha-a-qú-du-um ìr-ka-a-ma a-um up-pí-im a i-na pa-ni-tim I* i*-kum*-pí-el a-na e-er be-lí-ia ke-em ú-a-bi-lam um-ma-a-mi [i]-tu-ma a-na a-bi-im a-p[u-ra-kum-ma] [a-ba-a]m la ta-d[i-na-am] [a-nu-u]m-ma a-ba-am la t[a-ha-a-ah] [a-na ha]-da-ni-ka a-b[u*-um] [ú-ul i-]à*-ar*-[ra-ad] (Face = 5/6 l. détruites.)

    Tr.

    (Détruite = 3 l.)

    Rev.

    (8 l. détruites.)

    2' 4' 6'

    it*-ta*-[al-ku] [i-nu-m]a e(DI)-ma-am an-né-em e*-[m]u*-ú* ke-em aq-bi-um a-s[ú-ri] up-pa-am a-a-ti a a-na e-er be-[lí-ia°] tu-a-bi-lu ° i-le-qú-n[im?] u-p[u-ur-ma ha-name-e (?)] li-l[i]-ku-nim (Rev. = 3 l. détruites.)

    Tr.

    (2 l. détruites.)

    C. 2”

    be-lí li-li*-[ik] [a-]um e-mu-um u-ú up-pí ? […] [l]i?-da-ni-[in-ma …………]

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 34 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 194 qui ne traduit qu'une partie de la Face. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Ha qûdum, ton serviteur. Au sujet de la tablette que naguère Ikûppêla) 7 a envoyée 6 chez mon seigneur, 7 disant ceci : « 8 Vu que je t'ai écrit pour (avoir) des gens mais 9 que tu ne me les as pas donnés, 10 présentement n'en réclame pas ; 12 il ne t'en sera pas envoyé 11 pour la date que tu as fixée… » 4

    (Longue lacune d'au moins 16 l.)

    … sont partis. » 2' Lorsque 3' j'ai appris 2' cette nouvelle, 3' je lui ai dit ceci : « Il ne faudrait pas 5' qu'ils s'emparent 4' de cette tablette que 5' tu as fait porter 4' à mon seigneur ; 6' envoie un message pour que les Bédouins aillent … (Lacune de 5 l.) 1”

    Il faut que mon seigneur aille 0”… 2” afin que cette nouvelle … (Texte indécis).

    Note : cette lettre a des particularismes. Outre le recours à DI (l. 2') ou à TE (l. 11') pour /e/ et l'écriture Ha qûdum, on note l'absence de la formule par umma pour introduire un discours (Rev. l. 3'). En revanche, le tutoiement envers le roi (sic, ARMT XXVI/1, p. 167) est désormais à mettre au compte de Ikûppêl. a) Il s'agit d'une graphie pour le plus courant « Ikûn-pî-El ». Pour l’assimilation du N devant une labiale subséquente, cf. [A.842] : 4. On a également la graphie i-kum-pí-ia dans M.5794 pour noter un éponyme. Il n’est pas nécessaire de recourir à une transcription KÙN. Le scribe ne s'est pas trompé (mea culpa !) en répétant uâbilam. S’il s'agit bien d'un chef bédouin du Nord-Ouest ou du Moyen-Euphrate, il pouvait, ignorant les usages de la cour, recourir à un tutoiement qui était d'ailleurs la façon normale de s'adresser à quelqu'un.

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

    53

    2.5 La Famine La date du document [A.1153] est le problème majeur que pose ce texte très discuté et souvent commenté. Il faut dire tout de suite que voir Hammu-rabi de Kurdâ derrière le généreux monarque mentionné l. 23 n'est pas crédible historiquement. Assurément cette proposition s'appuie sur la traduction « ânée » (un sens plus satisfaisant) et non « âne » pour l’idéogramme an e dans ce texte. Cette mesure conviendrait au pays de Kurdâ, mais un Hammu-rabi n’y devient roi qu’après Simah-ilânê et Bunû-E tar, à une période où la « route de l'étain » passe certes par Mari (cf. l. 38-40) mais au moment où le royaume de Mari est le plus fort, ce qui ne ressort pas des propos de Zimrî-Lîm. Ce qui est dit dans cette lettre ne correspondant nullement à la situation de Mari à l'époque de Hammu-rabi de Kurdâ, il s'agit donc plutôt de Hammu-rabi de Babylone. C'est donc lui qui propose dans ce document d'envoyer 50 000 ânées de grain42. Comme 50 000 ânes constitueraient un troupeau inimaginable, il faut effectivement considérer qu'il s'agit ici de la mesure dite homer. Ce terme de « ânée » n'est assurément pas babylonien mais, toutefois, dans le système des poids et mesures de l'époque amorrite, il devait tout à fait parler à un roi d'Alep destinataire de la lettre, plus que des « gur », surtout si ces derniers étaient à 300 qa, comme à Babylone et non à 120 qa comme on les calculait sur les Bords-de-l'Euphrate. Ces homer représentaient ainsi une quantité beaucoup plus « visualisable » pour un Occidental. On note d'ailleurs l'emploi d'autres occidentalismes dans cette lettre, comme rabbatum (l. 16) pour signifier 10 000 ou makkrum (l. 18) qui a étonné les akkadisants (mais qui correspond exactement à l'hébreu makkôr ou à l'ougaritique mkr) et qui pouvait être l'équivalent à Alep, voire en Occident, du tamkârum akkadien. Manifestement le scribe qui a rédigé cette lettre a fait un effort pour utiliser des termes qui « parlaient » directement au roi d'Alep. L. 8 qabêm qui est une tournure peu akkadienne au lieu de aumi-ia iqbêm peut représenter également une façon de dire alépinne.

    Selon [A.313], une lettre de Sumu-hadû, à la tête alors de l'administration, il fallait — au moment où se terminait la première rébellion des Mâr yamîna — entre 10 000 et 20 000 kor de grain pour que l'abondance (hegallum) revienne dans le palais de Mari, ce qui représentait entre 1 200 000 et 2 400 000 qa de grains, soit — puisqu'une ânée représentait 100 qa — de 12 000 à 24 000 ânées. L’offre de Hammurabi représenterait ainsi un peu plus que le double des besoins minimum des autorités mariotes. [A.1153] est, d’après sa teneur, un texte du début du règne et les « nombreux jours » (l. 27) dont parle le roi de Mari ne représentent en fait que le temps depuis son accession au trône jusqu’à après la campagne de Kahat, ce à quoi il faudrait sans doute ajouter la dernière année de Yasmah-Addu qui, vu les troubles, n'avait pas dû être excellente d'un point de vue économique. Une date tôt dans le règne (mais postérieure à la disparition de Bannum) explique le ton de ZimrîLîm qui espérait beaucoup de l'appui du roi d'Alep qui l'avait aidé à retrouver le trône ancestral. C'est un moment de mauvais rapports avec Imâr — peut-être même le prélude à l’affrontement avec les Mâr yamîna — qui étaient en fait dus à Alep dont l'influence sur l'emporium euphratique était majeure. Cette lettre peut être rapprochée de A.1101 (= LAPO 16 230), envoyée par Sammêtar, sans doute alors gouverneur de Terqa43, où il expose les difficultés (morales) à expliquer la pénurie par les guerres et non par le fait de catastrophes naturelles. La fin de la lettre donne en fait la clef pour interpréter le document. Yarîm-Lîm avait mis l'embargo à Imâr sur les livraisons de grain vers Mari parce que Zimrî-Lîm avait gardé pour lui l'étain en provenance d'E nunna ; plusieurs marchands de l'Akkad oriental se trouvaient à Mari bien avant que la « route de l'étain » ne fût effective dans les années ZL 7'-ZL 10'. Sans doute l’étain reçu à Mari était-il le résultat des efforts d’E nunna pour attirer Mari dans son camp et Zimrî-Lîm espérait-il, en ne choisissant pas entre les deux superpuissances, obtenir à la fois étain et grain. Alep avait du grain en abondance et du bois mais E nunna n’était pas satisfaite de leurs échanges (cf. A.4531-bis : 29-30). Alep devait donc aller acheter plus cher du fait du transport ce métal essentiel pour l'époque à Carkémish ou encore plus au Nord, 42 Cela représente 4.000 000 litres de grain, soit 4 000 m3, si l’ânée vaut 80 litres, soit 100 qa (G. Chambon, Normes et pratiques: l'Homme, la Mesure et l'Écriture en Mésopotamie, BBVO 21, p. 71), donc 12 500 kor de Babylone, ou 33 334 kor de Mari. Ces chiffres correspondent aux besoins exprimés par Sumu-hadû, selon [A.313]. 43

    On changera de fait l'interprétation historique de LAPO 16, p. 363, bibliographie, où il était proposé que la lettre date de l'époque où, malade, Sammêtar n'entretenait plus que des échanges épistolaires avec son roi depuis Zurubbân.

    54

    Jean-Marie DURAND

    sur la route qui reliait A ur à la Cappadoce. Il faut ainsi retrouver dans ce document l'opposition Alep/E nunna qui a été une des données majeures des débuts du règne. C'est sans doute parce que l'étain a fini par être livré que la route commerciale euphratique a été rouverte et que Yasîm-Sumû a pu effectuer son expédition commerciale à Imâr44. Une question continue à se poser : pourquoi cette lettre a-t-elle été retrouvée au palais de Mari ? Si elle avait été tenue pour indigne du roi, elle aurait dû être détruite. Elle pourrait n'être qu'un simple duplicata, mais la chancellerie de Mari ne gardait pas le double de sa correspondance, chacune de ses lettres répondant à un précédent courrier qui, lui, était archivé. Elle a dû, en fait, être jugée inutile si l'état d'esprit du roi d'Alep s'est trouvé changé après l'annonce de la prise de Kahat et surtout la promesse d'un grand ex-voto à Addu d'Alep (ce qui mettait le terme au projet d'alliance avec E nunna), ce qui a permis la conclusion du mariage de Zimrî-Lîm et de îbtu. L'affaire de l’approvisionnement aurait été réglée au moment de l’accord dynastique conclu par Asqûdum à Alep. Il a dû convenir en échange l'expédition de quantités importantes d'étain depuis Mari, selon le désir de Yarîm-Lîm. Cela a dû entraîner du coup la possibilité d'un accord d’achat entre Yasîm-sumû et les marchands, selon ARMT XIII 35. Le texte n'en reste pas moins un aperçu significatif sur les problèmes d'approvisionnement de son Palais qu'a pu avoir Zimrî-Lîm au début de son règne. 14 [A.1153] Zimrî-Lîm à Yarîm-Lîm. Le roi se plaint de ce que le roi d'Alep, oublieux de ses propres dires, s’oppose à l'apport de grain depuis Imâr jusqu'à Mari. Hammu-rabi (de Babylone) propose de grosses quantités de grain que Zimrî-Lîm a refusées car il n'attend de secours que de celui qui l'a réinstallé à Mari. Depuis son retour, il n'y a eu que combats et batailles, sans pouvoir faire tranquillement la moisson. Il fera porter de l'étain à Alep. [a-na] ia-ri-im-li-im qí-bí-ma um-ma zi-im-ri-li-im dumu-ka-a-ma a-wa-tam ki-a-am e-me um-ma e-um ma-du-[u]m []a lú-da[m-gàr]-me-e i-na i-ma-arki i-ba-a-i ù ia-ri-im-li-im a-um e-im a-na ma-riki u-ru-di-im ú-pa-ar-[r]a-ak an-ni-tam e-me ma-a am-mi-[n]im a-bi a-[n]a l[a] da-[n]a-ni-ia ha-[k]i ak-ki-ma-a ki-a-am qa-bé-e-em um-m[a]-a-m[i] zi-im-ri-l[i-im] a-na gi -gu-za-u a-na-ku ú-e-ri-i[b-]u a da-na-ni-u ù i-di gi -gu-za-[u du-u]n-nu-nim lu-pu-ú ù i-na-an-na e-em a-na ma-riki [wa-r]a-[di-im] tu-pa-ar-ra-ak [ul-l]i--m[e]-tam ha-am-mu-[r]a-bi a-na e-ri-ia [ki]-a-am i-pu-ra-am um-ma-a-mi um-ma e-um i-na qa-ti-ka u-ta-am-ú-ú a-[n]a e-ri-ia u-up-ra-am 5 ra-ab-ba-tim an e-há° e-em lu-ma-al-le-e-em-ma ma-ka-ra-am-ma a-na m[a]-riki [lu-a-r]i-[kum] ù a-na-ku a-na ka-u-um-ma [a]t-ka-al-ma ki-a-am a-pu-ul-u um-ma a-na-k[u-m]a mi-im-ma e-em la tu-a-ab-ba-lam e-u[m] i-na qa-ti-ia i-ba-a-i i-na ak-ka-u-um re-e-qú a-pa-lam an-né-e-em

    2 4 6 8 10 12 Tr.14 16 Rev. 18 20 22

    44

    Cf. ARMT XIII 35 = LAPO 18 858, selon les calculs de MARI 2, p. 160-163. Cela date l’entreprise.

    Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm

    55

    I

    24 26 28 30 Tr. 32 34 C. i 36 38 40

    ha-am-mu-ra-bi a-pu-ul ù i-na li-ib-bi-ia ki-a-am ú-i-i-im um-ma a-na-ku-ma a-bi-ma a a-na gi -gu-za-[i]a ú-e-ri-ba-an-ni u-ú-ma ú-dan-na-na-an-ni ù i-di gi -gu-za-ia i-ra-ak-ka-ás i-na-an-na i-tu u-mi ma-du-tim a a-na gi -gu-za-ia e-ru-bu gi -tukul-me-e ù ta-ha-za-am-ma e-ep-pé-e ù ma-ti-ma e-bu-ra-am a-al-ma-am ma-a-ti ú-ul ú-e-ri-ib um-ma i-na ki-na-tim [a]-bi a du-un-nu-ni-ia ù i-di gi -gu-za-ia ra-ka-si-im i-na qa-ti-ka a-ba-at a-na e-em up-pí-ia an-ni-i-im a-bi li-qú-u[l] gi -má-há lú-dam-gàr-me-e a e-im a i-na i-m[a]-arki [i-ba]-a-u-ú li-ìs-ki-pu-nim-ma ma-a-tam li-né-eh-hu a-ni-tam a-nu-um-ma an-na a i-[n]a q[a-t]i-[i]a i-ba-a-u-ú ú-a-bi-lam ù i-nu-[ma an-na] i-ka-a-a-dam-ma an-n[a] ú-a-ab-ba-la-ak-kum up-pa-at u-lum a-bi-ia a-na e-ri-[i]a lu-ú sa-[a]d-[ra]

    Bibliographie : publié par G. Dossin, avec copie cunéiforme, dans La Voix de l'opposition en Mésopotamie…, 1975, p. 180-184. Après collation, une traduction en a paru dans LAPO 18 857 [2000], ce qui en avait permis une nouvelle approche par J.-R. Kupper comme ARMT XXVIII 16 [1998]. La présente édition propose deux nouvelles corrections, l. 7 et l. 13. Pour ce texte, voir en outre M. Guichard, RA 96, 2002, p. 117-118, en particulier n. 12, pour la question de son non-envoi à Alep et de sa « réécriture » par Sammêtar. Le texte parallèle retraduit comme LAPO 16 230 n'est pas repris ici, quoique la date de rédaction doive en être changée (cf. ci-dessus, n. 44). 1

    Dis à Yarîm-Lîm : ainsi parle Zimrî-Lîm, ton fils. J’ai appris ceci : « 5 Il y a beaucoup de grain à Imâr, 4 appartenant à des marchands ; 5 mais Yarîm6 Lîm fait des problèmes pour le laisser descendre à Mari. » 7 Voilà ce que j’ai appris. Pourquoi donc mon père désire-t-ila) que je sois en état de faiblesse ? 8 Est-ce dans cet esprit qu’il s’est trouvé dire pour moi : « Zimrî-Lîm, 9 c’est moi qui l'ai fait entrer sur son trône ! 11 Je veux faire 10 ce qu’il faudra pour qu’il soit fort et renforcer les assises de son trône ! » ? 11 Or, en fait, 12 tu fais des problèmes 11 pour que le grain aille en aval 11 à Mari ! 13 Voilà peub), Hammu-rabi m’a 14 écrit ceci, disant : « 15 S'il n'y a pas assez de grain à ta disposi16 tion, fais-le moi savoir, 17 que je te donne pleine mesure de 16 50 000 17 ânées de grain et 18 que je te les fasse conduire à Mari par un conducteur de caravane ! » 19 Mais, moi, n’ayant confiance qu’en toi seul, 20 je lui ai répondu ceci : « 21Ne me fais porter 20 nul 21 22 grain ! Il y a 21 du grain à ma disposition. 22 C’est chez toi que c’est vide ! » Voilà la réponse que 23 j’ai faite à Hammu-rabi. En effet, voici ce que 24 j'avais décidé 23 en moi-même : « 24 C’est mon père qui 25 m’a fait entrer 24 sur mon trône ; 25 c’est lui qui est ma force ! 26 Donc, il affermira les assises de mon trône. » 27 En fait, cela fait de nombreux jours que 28 je suis entré 27 sur mon trône et que 28 je livre combats et même bataille ! 29 Or, mon pays n’a nullement 30 engrangé 29 la moisson tranquillement ! 30 Si tu es véritablement 31 mon père, 32 entreprends 31 ce qui me rendra fort et 32 affermira 31 les assises de mon trône ! 33 Que mon père prête attention à cette tablette de moi ! 34 Que les marchands de grainc) qui 35 sont 34 à Imâr 35 expédient vers l’aval 34 des bateaux et 36 qu’ils rendent confiance au pays ! Autre chose : 37 voilà que 38 je fais porter l’étain qui est en ma possession. En outre, lorsque de 39 l’étain m’arrivera (encore), 40 je t’en ferai porter. 41 Il faut que 40 des tablettes 41 me donnant des nouvelles de mon père soient continues chez moi ! 4

    a) Pour hakûm, cf. LAPO 17 p. 94 et ici-même ARM XXVIII 77 ( = n°2) , n. e). Le texte est assurément endommagé mais KI est tout à fait possible et hakûm donne un bien meilleur sens que hadûm qui ferait du roi d'Alep une sorte de protecteur sadique du roi de Mari. D’autre part, pour le permansif hadu est une forme plus attendue.

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    Jean-Marie DURAND

    b) ullîmetam est certainement une bonne lecture mais ullimettam, lecture du AHw, ne repose que sur cet exemple (corrigé !). En fait entre le LI et le M[E] il y a une érasure, non … ]-li-it-tam. Pour ulli mattam, qui n’est pas une variante de ullimetam, cf. [A.163+] : 21 = « Il n’y a pas beaucoup ». c) Le texte ne désigne pas des marchands spécialisés en grain, mais des transporteurs. Sans doute les ordres du roi d'Alep étaient-ils de ne pas envoyer en aval les produits de première nécessité comme le grain et il avait, de ce fait, opéré une sorte de blocus économique à l'encontre de Mari.

    3. BANNUM ET LES DÉBUTS DE ZIMRÎ-LÎM

    3.1 La personnalité de Bannum Aborder la question de Bannum revient à s'interroger sur la période qui vit la chute de YasmahAddu, le retour de Zimrî-Lîm d’exil et les difficultés que le nouveau roi eut à affirmer son pouvoir dans son royaume. L’importance de Bannum comme un des tout premiers personnages de l’État au début du règne était nettement apparue dès la publication (1988) de ARMT XXVI 5 et 6, à l’occasion de son conflit avec Asqûdum1. Les textes publiés antérieurement à ARMT XXVI ne permettaient nullement de reconnaître la place qu’avait tenue Bannum sur les Bords-de-l’Euphrate : ils ne parlaient pas de lui et il n'était jusqu’en 1988 que l’expéditeur d’une lettre sur les signaux de feu des Mâr yamîna2, ce qui pouvait faire de lui un officiel en déplacement, voire un simple informateur comme les archives de Mari en documentent à l’occasion ; une figure d’autant plus fugitive que l’individu ne réapparaissait plus dans le restant de la documentation, les autres occurrences de son nom enregistrées dans ARM XVI/1 étant en réalité à corriger en l’interrogatif mannum ou à considérer comme le NP Manûm3. 3.1.1 Le sceau de Baninum Ce « Bannum » était réapparu, en fait, sous la forme non attendue Baninum4, dont le sceau a été publié dans MARI 4 (1985), p. 324. L’importance de l'homme qui se prétendait restaurateur de la lignée de Yahdun-Lîm d’après le libellé de son sceau nous avait amenés, D. Charpin et moi-même, à identifier ce Baninum avec celui dont le rang dans l’État apparaissait désormais en pleine lumière grâce aux lettres qui allaient être publiées en 1988 comme ARMT XXVI 5 et 6. Le sceau de Baninum a fait l’objet d’un réexamen lors de la RAI qui s’est tenue à St Petersbourg5, mais cette approche nouvelle peut être améliorée aujourd’hui de façon décisive puisqu’il doit être désormais lu et compris de la sorte : [b]a-ni-nu-um, [dumu] mu-ul-ha-[an], ìr ia-ah-du-un-li-i[m], mu-ti-ir pí-ri-ih, [i]a-ah-du-un-li-im, [a]-na iri-ti-[u] « Baninum, fils de Mulhân, serviteur de Yahdun-Lîm, celui qui a ramené le rejeton de Yahdun-Lîm à son domaine naturel. »

    1

    La personnalité et les documents qui ont rapport à Asqûdum font l'objet d'un réexamen dans ARMT XXXIV.

    2

    Cf. G. Dossin, « Signaux lumineux au pays de Mari », RA 35, 1938, p. 178-179, où il a publié A.56. On notera la façon dont G. Dossin, ibid. p. 180, présente Bannum : « un serviteur nommé Bannum, dont les archives ont conservé d’autres lettres. » 3

    Le nom du wedûm de ARM VII 139 : 6 ma-nu-um a été enregistré comme Mannum dans ARMT XVI, p. 149 ; MARI 2, p. 81 confirme qu’il faut bien lire MA et non BA, mais le nom de ce wedûm apparaît comme ma-ni-i-im au génitif dans M.5088 et ma-nu-ú-um dans M.5513 v. Le NP doit donc être posé comme Manûm et signifie « Aîmé ». En fait, un NP *Mannum ne semble pas exister à Mari. 4

    Le NP est attesté également par A.3513 (= ARMT XXIII 505 : 11 : gìr ba-ni-nim) ainsi que par la lettre [M.13746], publiée p. 61. 5

    53e CRRAI, p. 53-54.

    58

    Jean-Marie DURAND

    Ce texte nous avait causé, à D. Charpin et moi-même, beaucoup de difficultés, lors de sa première publication, même s’il était évident à première lecture qu’à un libellé traditionnel s’étaient ajoutées trois lignes commémoratives. a) Le premier problème était évidemment l’équivalence des deux NP, Baninum et Bannum ; c’est le plus facile à résoudre : Bannum ne doit être que la prononciation courte (akkadisée) par rapport à la forme locale Baninum (prononcée sans syncope de la brève médiane comme de nombreux exemples existent désormais pour la phonétique du sémitique non akkadien que parlaient les Bédouins de la région de Mari, ou — au contraire — avec une voyelle épenthétique qui dissociait le groupe consonantique -nn-) ; les deux formes attestent une racine BNN pour laquelle des correspondants pourraient être trouvés dans d’autres langues sémitiques6, mais dont le sémantisme pour l’époque amorrite n’est assuré par aucun exemple net. Baninum qui doit avoir été la véritable prononciation du NP se retrouve, désormais, attesté dans au moins un document datant de l’époque du royaume de Haute-Mésopotamie, [M.13746], où un « Baninum » donne la même information que celui qui est dénommé « Bannum » dans des documents identiques contemporains. L’affaire est compliquée par [A.271], un texte édité par P. Villard7, qui fait apparaître pour le même personnage une variante totalement inattendue ba-AH-nu-um, qui n'est sans doute pas une faute car elle est également connue de la correspondance d'Itûr-Asdû à Mari, pour désigner apparemment les fils de Bannum [A.714]. Le texte édité par P. Villard comporte d’ailleurs également la forme attendue ba-an-nu-um, l. 4 et 22 ; il faut donc penser que cette écriture ba-AH-nu-num (dont la lecture matérielle est sûre) représente une autre façon d'écrire le NP qui, plutôt qu'un changement de nom8, pourrait refléter la prononciation des Mâr sim'al qui habitaient au sud du Sindjar. On ne peut que constater ces différences de notation qui sont en accord avec le fait que plusieurs variantes des listes nominatives sont inattendues, et pour l’heure inexpliquées. b) À la ligne 2 du sceau, nous avions beaucoup hésité au sujet d’une restauration par lú ou lugal, car le toponyme Mulhân est bien connu. Nous étions cependant gênés par cette référence à un toponyme du Sûhum, concernant une personnalité dont les attaches étaient tout autres. Des solutions pouvaient être envisagées et l’ont donc été9. En fait, on attend à cet emplacement sur un sceau-cylindre, d’après les parallèles, une filiation. Or, sur le registre M.13556, au sein d’une liste de Bédouins mâr sim’al mobilisés par Mari l’année où il lui a fallu aller à l’alliance de Babylone, « Mulhân » est le nom d'un des responsables de la troupe10. Un tel anthroponyme était jusqu’alors inconnu. Il n’y a donc plus de difficulté à le supposer (« L'homme-du-Lieu-au-sel ») au lieu d’un toponyme à la l. 2. Elle est ainsi à lire : [dumu] mu-ul-ha-[an]. c) L’adjonction de la nomenclature à valeur historique attribuant à Bannum la restauration de la lignée de Yahdun-Lîm recourt à un vocabulaire particulier. Ce dernier peut être poétique ou, plus simplement, représenter la langue archaïsante (ou le dialecte) dont usait normalement le bédouin Ban(i)num. — Le terme de pirhum « signifie au propre “rejeton” au sens botanique du terme, puis “descendance” dans le dialecte akkadien ». J’avais ainsi reconsidéré dans ma contribution à la RAI de St-Petersburg le sens de « petit-fils » proposé dans LAPO 18 n°1021, faisant surtout attention au fait que pirhum = mârum dans la série Malku et aplum dans une autre liste lexicale. C’est bien, d’ailleurs, selon ARM I 3 (= LAPO 18 931), ce que le roi Yasmah-Addu demandait à la divinité : napitum u pirhum, la « vie » et « une descendance directe ». Comme il y a entre les termes mariote et babylonien une alternance H/0, il faut reconnaître dans pirhum un ‘ain primitif, ce qui permet de faire un rapprochement entre le terme mésopotamien et l’arabe fara‘ lequel signifie « premier petit d’une femelle » ou encore l’arabe far‘ qui signifie « chef de famille » ; les deux sémantismes ont en commun que le « chef de famille » est compris comme celui qui est considéré comme l’aîné, une fois mort l’ancêtre ; d’ailleurs Zimrî-Lîm sur son sceau se dit dumu (« fils ») de Yahdun-Lîm, occultant désormais sa filiation avec Hadnî-Addu. Une traduction par « rejeton » en français (offspring et offshoot) permet de rendre compte des différents emplois de pir‘um. — Le terme i-ri-tum (= irîtum) avait été considéré dans MARI 4 comme un équivalent poétique de l’akkadien arum. En fait le mot irum (erum) est utilisé à Mari pour désigner le domaine réservé de la reine d’Alakkâ11 ; il ne peut que rappeler l’irum qui désigne dans des textes de Mésopotamie orientale le « domaine de

    6

    Arabe et ougaritique ; cf. G. del Olmo Lete & J. Sanmartín, HdO 67, I, p. 229.

    7

    FM II, Recueil à la mémoire de M. Birot, 1999, p. 291 sq., spéc. p. 292, n. d) ; cf. ci-dessous, ad [A.271].

    8

    Il n'existe nulle autre attestation d'une racine BHN (ou PHN) à Mari. Le NP [b]a-hu-un-AN enregistré (avec doute) par ARMT XVI/1, p. 74 est bien à corriger en [l]a-hu-un-AN (cf. MARI 8, p. 665). 9

    Cf. MARI 4, p. 324 et cf. FM V, p. 182, n. 87.

    10

    Sur la face de ce texte, qui se présente comme un registre à 2 colonnes, sont énumérés les responsables tribaux qui fournissent des soldats comptés sous la forme de simples chiffres. Sur le revers, en revanche, sur quatre colonnes les individus fournis sont énumérés nominativement, rangés par pirsum (ku$) avec le nom de leur chef militaire. « Mulhân » arrive après l’énumération des [ha-n]a ya-ba-sa ; il y a donc de bonnes chances qu’il s’agisse d’un nom aarugâyu, ce qui conviendrait bien à l’ethnie dont faisait partie Ban(i)num (cf. ci-dessous). 11

    Cf. LAPO 18, p. 470, s. v. erum.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    59

    compétence », ce qui se dit halum (district) ou bîtum (domaine) dans l'akkadien de Mari12. Ce terme d’irum dans [M.6250] : 8 désigne d’ailleurs le domaine propre de Bannum et en était peut-être la dénomination.

    Il s’agit donc, en fait, d’un sceau traditionnel (nom personnel, patronyme, de qui on est le serviteur/servant) augmenté de trois lignes à caractère historique en profitant de l’espace anépigraphe. Le sceau lui-même, en tant qu'objet, sans l’addition historique, pouvait donc remonter à l’époque de Yahdun-Lîm. De fait Bannum a proclamé ouvertement son allégeance à l’ancien roi dont il n'a pu être qu'un serviteur, sinon un parent. Il est caractéristique du personnage également qu’il fasse mention de l’ancien temps et non du nouveau, en recourant à l’anonymat du « piri‘ Ya‘dun-Li’im ». Ce fait de ne pas nommer par son nom le nouveau roi est remarquable, mais pourrait aussi s'expliquer par le respect dû au suzerain. 3.1.2 Bannum comme critère pour la chronologie Les textes réunis dans ce chapitre font apparaître Bannum comme le « grand homme » du début du règne, celui qui a même dû, un temps, occulter la puissance royale, sans l’assumer pour lui-même. Il n’est documenté que pendant un laps de temps assez bref. Cela s'explique par le fait qu'il a dû très vite mourir13 — voire tomber auparavant en disgrâce14. Son absence ou sa présence dans un dossier doivent donc être considérées comme des marqueurs historiques importants. Zakurabum — alors que les liens entre les deux hommes indiquent une grande proximité — qui a eu une mission importante à Mari antérieurement à l’intronisation de Zimrî-Lîm, ne le nomme pas, quoique tout de suite après cette opération, Bannum soit amplement attesté. Ce n’est qu’à partir de la fin du mois ix de ce que l’on peut considérer comme l’année 0 de Zimrî-Lîm, soit la seconde moitié de l’éponymie warki âb-illi-Aur qu’est documentée l’action de Bannum pour la période post-RHM. Par ailleurs, quand Asqûdum, accompagné du Chef de musique Rîiya, négocie à Alep l’alliance matrimoniale entre la maison royale du Yamhad et celle mâr sim'alite de Mari, ces deux anciens serviteurs de Yasmah-Addu ne mentionnent pas Bannum. Il ne participait donc plus aux affaires, car on ne conçoit pas qu'il ne soit pas intervenu dans un tel enjeu politique, alors que l'on voit clairement à Alep, à cette occasion, l'activité de ses homologues, imrum, puis âb-balâî. La documentation post-RHM qui concerne Bannum s’insère donc entre ces deux repères chronologiques, le choix de Zimrî-Lîm comme roi à Mari (seconde moitié de l'éponymie qui a suivi celle de âb-illi-Aur) et le retour du roi de Kahat, avant le mois vi de ZL 1). Le moment de l’expédition contre Kahat est, effectivement, une période décisive, car il n’y a plus d’attestation de son action politique dans les textes postérieurs au retour du roi de Haute-Djéziré. L’accession au tout premier plan des affaires d’un Asqûdum, une personnalité qui avait des liens directs avec le royaume de Haute-Mésopotamie, n’était d’ailleurs pas envisageable tant que Bannum dirigeait la politique du royaume, vu sa véhémente défiance envers l'ordre politique antérieur au sien et l’individu en particulier. La question doit donc être posée de l’arrivée éventuelle aux affaires d’un groupe différent de celui que Bannum avait constitué autour de lui, donc de la possibilité d’une « purge » administrative qui a fait remplacer les collaborateurs de Bannum (dont nous avons d’ailleurs peu d’attestations) par une autre équipe, conduite en particulier par Sumu-hadû. Bannum est de la sorte un absent dans ce qui nous a été conservé de la correspondance administrative des grands serviteurs du nouveau roi. Ainsi Sumhu-rabi ou Itûr-Asdû ne le mentionnent-ils pas. Bannum parle une fois du premier dans [A.1098], mais jamais du second. Cela doit indiquer que les nominations d'Itûr-Asdû à Mari ou de Sumhu-rabi à Saggâratum ont été postérieures à la disparition du mer‘ûm. De façon générale, Bannum semble d’ailleurs avoir eu des rapports conflictuels avec ses contemporains. Cela est évident en ce qui concerne Asqûdum, dont l'influence grandissante auprès du nouveau roi fait l'objet de sa fureur, mais [M.6250], l’unique lettre de Sumu-hadû qui parle de lui, est sans ambiguïté à

    12 Le terme est catalogué comme iru B par CAD I, p. 261b. Dans tous les exemples proposés pour ce terme, la langue de Mari utiliserait halum. 13

    Cf. les considérations de D. Charpin, FM V, p. 188, n. 140.

    14

    Cf. le commentaire à [M.6250], p. 188.

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    Jean-Marie DURAND

    son égard. La bonne entente ne devait certainement pas exister entre les deux hommes, au moins à la fin des activités de Bannum. Quant à Hâlî-hadun, [A.630] (cf. ARMT XXXIV) montre qu'il considérait que Bannum avait essayé de l'empêcher d'accéder à la promotion que lui réservait le roi. Il faut ainsi considérer que plusieurs de ceux qui ont constitué la haute administration du début du règne de Zimrî-Lîm ont eu de mauvais rapports avec Bannum et, dans le cas où ils continuent à être attestés après lui, ont dû aider à sa disparition, à moins d’avoir été nommés postérieurement à l'exercice de ses fonctions, ce qui n’est pas contradictoire. Sa mort, dont il est fait explicitement mention dans [A.271] 15 , peut être considérée, grâce à M.12109, comme antérieure au 25-ix-Annunîtum16. N’est donc assurée qu'une assez brève présence aux côtés de Zimrî-Lîm. La documentation administrative n’est pas très abondante à son sujet. Ainsi n’est-il pas mentionné dans les grands corpus que nous possédons : ni dans ARMT XXX (étoffes) ni dans ARMT XXXII (métal). En revanche les petits billets de dépenses d’animaux du début du règne (ARM XXI et ARMT XXIII) le mentionnent bien, ainsi que son épouse (ARMT XXIII 302 : 4), ce qui est d’ailleurs exceptionnel. L’occurrence de son nom permet de regrouper autour de lui un dossier limité qui ne s’étend que sur peu de mois et ne concerne qu’une population restreinte. Son absence de ces corpus administratifs est un signe qu’il a peu duré et, vu sa place prédominante dans l’État, qu’il a dû la plupart du temps être loin du Palais. L’absence dans notre documentation de lettres à lui adressées s’explique sans doute par le fait que que ces dernières se trouvaient en réalité chez lui, non dans le Palais. Il devait d’ailleurs avoir une demeure personnelle autre que la bâtisse royale. Il nous est, par là-même, difficile de savoir qui faisait partie de son administration. Bannum arrive à Mari grâce à des Bédouins mâr sim’al, met son ordre dans le royaume pour disparaître assez vite, dans des conditions qui ne nous sont pas documentées explicitement et qui semblent avoir été complexes, comme on peut le déduire des documents publiés ci-après. Ça a d’ailleurs été un sujet de réflexion aux premiers moments de l’étude sur les débuts du pouvoir de Zimrî-Lîm que Bannum n'apparaisse ni nominalement ni sous une forme allusive dans l'Épopée de Zimrî-Lîm. Comme il semble avoir conservé son titre de mer‘ûm jusqu'à la fin, il y a peu de chances qu'il faille deviner son nom derrière l'unique mention (au reste, anonyme) que fait le poème d'un ukkallum (FM XIV, p. 17 ad ii 31 sq.). « Zimrî-Lîm… passa …un ordre à son ministre : il commanda aux cheikhs : “Qu'on fasse s'approcher mes guerriers, les Bédouins ! Que les pâtres se présentent devant ma personne ! Avec la troupe des conscrits, les habitants des Bords-de-l'Euphrate, moi, j'agirai assurément selon vos conseils” »17. Asqûdum est en l’occurrence un bien meilleur candidat, d'autant plus que Bannum n'a pas accompagné le roi dans son expédition militaire. Celui qui prend la parole, après ces propos du roi, est Ama, qualifié explicitement de mer‘ûm (ii 37-38), un tout autre titre que ukkallum. Ama ne peut donc pas

    15

    Cf. P. Villard, « Nomination d'un Scheich », FM II, p. 292, l. 22. Il s'agit de la lettre de Yakurân [A.271].

    16

    Cf. XXVI/1, p. 74 et n. 27, où est cité le texte qui parle de l'inventaire de sa maison. Le fait a été mis en doute par M. Anbar, MARI 7, p. 386, car il y a dans le même texte l'inventaire des biens de Zakurabum. Mais cela atteste en réalité la grande proximité entre les deux hommes. En fait, Bannum était mort au mois ix d'Annunîtum et il n'était certainement déjà plus en fonctions lorsque Zimrî-Lîm est revenu de Haute-Djéziré, vainqueur de Kahat, ce qui ne peut qu'être antérieur au mois vi, date où commence l'année dite de Kahat (cf. FM V, p. 174). Il a donc dû disparaître pendant la campagne. Il faut ainsi considérer que la période mariote de Bannum s'étend au maximum entre le mois ix de l'éponyme subséquent à âb-illi-Aur (= ZL 0) et (au plus tard) le mois v de l’année suivante (= ZL 1). Le temps où les deux hommes ont été côte à côte n'a donc été en fait que de quelques mois. Cf. d'ailleurs p. 169, l. 6, où un espace de cinq mois est mentionné pour la nomination du majordome de uprum, ce qui indiquerait pour ARMT XXVI 6 la date du mois iii de ZL 1 (ce qui daterait d’ailleurs le départ de l’armée contre Kahat), à supposer que la nomination ait été bien faite de l'aveu du nouveau roi. Ce dernier n’a pu y procéder que pendant la première fête d'Etar, donc au mois xi de ce qui correspondait à l'éponymat warki âb-illi-Aur. Bannum a ainsi dû mourir dans la seconde moitié du mois iv de cette année. 17

    Traduction Michaël Guichard.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

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    convenir non plus. Asqûdum aurait reçu ce titre prestigieux après qu'on ait appris en Haute-Djéziré la disparition de Bannum, à moins que le poème ne le lui donne de façon rétrospective. Asqûdum et Ama devaient être encore associés dans l’histoire de Mari (cf. ARMT XXXIV). 3.1.3 Bannum pendant le RHM D. Charpin et N. Ziegler ont regroupé les attestations de Bannum à l'époque du royaume de HauteMésopotamie. Ainsi lit-on dans FM V (2.9.5), p. 144, n. 560 : « … deux lettres de Yarim-Addu mentionnent Bannum. La première … consiste en une convocation de Bannum lú ha-na par Yasmah-Addu. Le texte est antérieur à la révolte, puisqu’il se termine par la mention “la steppe (nawûm) de mon seigneur va bien”. Dans la seconde…, Samsi-Addu a donné à Yarim-Addu l’ordre d’envoyer 1000 soldats et les chefs de village (sugâgum) avec Bannum à leur tête ; on trouve dans cette lettre mention de l’ennemi yamhadéen. »

    À ce dossier « pré-Zimrî-Lîm » pourrait donc appartenir la lettre [M.13746] d'assez piètre conservation. La mention des Bédouins et de leurs troupeaux18 convient bien à un chef de pâture (mer‘ûm), d’autant plus que l’expression du revers, l. 6’-7’, est une formulation de mer‘ûm bédouin, telle qu’on la connaît par les lettres de ceux qui ont assumé cette charge. Celui qui s’y appelle lui-même « Baninum » — comme sur le sceau — peut donc être le « Bannum » connu ultérieurement. La mention de Hiddar (l. 5) qui ne se comprend que dans le contexte géographique de la région de ubat-Enlil ne s'explique pas dans une lettre du début de l’époque de Zimrî-Lîm. Il est donc vraisemblable que le bêlum dont il y est question fait référence à Yasmah-Addu puisque la lettre a été retrouvée dans le palais de Mari. La convocation à laquelle Baninum ne compte pas se rendre serait celle à laquelle fait allusion le document inédit de l’époque de Yasmah-Addu que cite D. Charpin dans FM V. 15 [M.13746] Baninum à son seigneur [= Yasmah-Addu]. On a renseigné depuis l'Ida-Mara sur les Bédouins de Hiddar ; … dans l'attente de confirmation concernant les Bédouins, Baninum n’a pas écrit chez le roi. Tout se passe bien pour les Bédouins et leurs troupeaux. Dans l'immédiat les Bédouins ont été rassemblés. 2 4 6 8

    [a-na be]-lí-i[a qí-bí-ma] [um]-ma ba-ni-nu-[um] [ìr]-ka-a[ma] [a-]um e#-em lú-me-e ha-[na] [h]i-id-da-ar [ki] i-tu ma-a-at i-[da-ma-ra-a] e#-em ma-a-tim i[t-tu-ra-am] )ù* e#-em lú-m[e-e ha-na] [a-di-ni] )a*-na [be-lí-ia] (…)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’

    a?-[n]a? hi-[id-da-ar at-la-ak] [ù] ki-a-)am* a-p[u?-ul] um-ma-mi a-na zi-[im lú-me-e ha-na] a-di e#-em-u-nu ú-[ki-nu-ni-im] a-na be-lí-ia ú-ul a[-pu-ur] [i]-na-an-na a-na lú-m[e-e ha-na] )ù* na-we-e-im u-u[l-mu-um] [u-um u]p-pí an-ni-a-e[m]

    18 Dans le présent travail nawûm est toujours traduit par « troupeau(x) », soit les animaux qui sont emmenés à des pâtures de transhumance, et non par « steppe », équivalence qui est réservée au terme qâum.

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    Jean-Marie DURAND

    Tr. C.

    [a-na be-lí-ia ú-a]-bi-la[m] [lú-me-e ha-n]a ú-pa-ah-h[i-ir] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Baninum, ton serviteur. En ce qui concerne les Bédouins de 5 Hiddara), 6depuis le pays de l’Ida-Mara, 7 des nouvelles sur le pays viennent de m'être rapportées ; 8 mais des nouvelles sur les Bédouins 9 jusqu'à présent à mon seigneur … 4

    (…)

    Rev.

    … Va à Hiddar. » Alors, voici ce que j’ai répondu : « 4'Jusqu'à ce que l'on me confirme 3' ce qu’il en était des Bédouins, 5'je n’ai pas écrit chez mon seigneur. » 6' À l’heure actuelle, pour les Bédouins et le troupeau, cela va bien. 8' Le jour où cette tablette de moi 9' je fais porter à mon seigneur, 10'j'ai mobilisé les Bédouins. 2'

    a) La ville de Hiddar a fait l’objet d’une notice dans ARMT XXVI/1, p. 307, à propos de ARMT XXVI 142, où elle est considérée comme une des balises du pays de ubat-Enlil, ou du moins du cours d’eau qui y passe.

    D'autres attestations existent relativement à des activités de Bannum antérieures à son arrivée à Mari. Elles font cependant partie de rappels historiques dans des lettres relativement postérieures à l'événement et sont donc mal datables. On trouve ainsi dans [A.651], lettre de Zakurabum, le souvenir que Bannum aurait fait « sortir de Tillâ » un certain individu, lequel se trouve mentionné dans ARM V 55. Il s'agirait là encore d'une action de l'époque du RHM. 3.2 Zimrî-Lîm à Tuttul et la réorganisation de l'Ouest de la Djéziré 3.2.1 La date de la prise de la ville Des textes de Tuttul (Tal Bi‘a) mentionnent une « entrée de Zimrî-Lîm », ce qui s’interprète par le fait qu’il s'est emparé de la ville, peut-être avec le concours militaire de Bannum, ainsi que celui d’auxiliaires comme devait le lui rappeler Ibâl-Addu. Peut-être la victoire a-t-elle été due à la décision de Sumhu-rabi (= Simhu-rabi), alors gouverneur de la place pour le RHM, de ne pas opposer de résistance, puisqu’on retrouve l’individu ultérieurement au service de Zimrî-Lîm. Cela se comprend aisément s'il avait alors appris la mort du grand roi19. Sumhu-rabi n’avait pas dû — ou pu — prêter serment dans les règles à aucun des deux rois qui lui succédaient, à Mari et à Ékallatum, et, sans doute, se sentait-il de ce fait délié désormais de toute obéissance envers le RHM. En outre, il semble que Tuttul était considérée comme faisant partie de la zone de Mari. Peut-être Sumhu-rabi se considérait-il, ainsi, libre d'obligations envers un Ime-Dagan, roi d'Ékallatum. Trois textes de Tell Bi’a attestent cette entrée de Zimrî-Lîm, dont seuls deux avaient été vus par l'éditeur : – KTT 179: 21-abum (appelé « Zikri-Lîm ») – KTT 181: 27-hipirtum (appelé « Zimrî-Lîm ») – KTT 330, dont le mois n’en est plus contrôlable20 (« Zimrî-Lîm »).

    Le système de datation du RHM utilisait des éponymes pour indiquer les années et, en ce qui concerne les mois, deux calendriers, l’un (A) celui des vainqueurs, originaire d’Ékallatum, et l’autre (B), local, qui représentait celui qui était hérité de l’époque de Yahdun-Lîm. Les deux calendriers avaient pour différence, outre les dénominations de leurs mois, le fait surtout que l’année ne commençait pas pour eux 19 20

    Pour cet événement majeur, mais toujours mal daté, cf. FM V, p. 136 sq.

    Pour cette collation, cf. J.-M. Durand & L. Marti, « Chroniques du Moyen-Euphrate 3. Les documents du Tell Bi‘a », RA 98, 2004, p. 121-150.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    63

    au même moment. Cela faisait que le premier mois du calendrier (A), nikmum, coïncidait avec le mois hubur (« IGI.KUR ») de (B) qui devrait être le vie. Les deux ménologies ne commençaient en effet pas l’année au même moment, mais (B) était réinterprété en fonction de (A). Dans les manipulations de documents du RHM, la numérotation correspondant aux divers mois est donc pourvue d’un * pour indiquer qu’ils appartiennent à (A) ou en ont la valeur, même si la nomenclature est celle de (B). En fait, ces mois d’abum et de hipirtum qui parlent d’une entrée à Tuttul des adversaires du RHM n’ont pas le même statut : abum fait partie de (A) et de (B) alors que hipirtum n’est qu’un mois de (B). Il est donc vraisemblable que les scribes de Tuttul n’ont pas changé l’ordre de leurs mois, même s’ils les ont appelés de noms actualisés, selon le calendrier (B). Or, pour les vainqueurs qui devaient recourir désormais uniquement à (B) le mois d’abum n’était pas un mois xi*, mais un mois iv. C’est au moment de la prise de Tuttul qu’a dû s’opérer un changement de comput, car, alors que la ville comme le reste du royaume se conformait au calendrier (A), le mois d’abum (xi* et iv) y est suivi de hipirtum (v), non de tîrum (xii*). Nous ne savons pas qui était présent à Tuttul, mais il est peu vraisemblable que Zimrî-Lîm y ait été seul. Il devait être aux côtés de Bannum21. C’est ainsi ce dernier qui a dû prendre cette décision importante qui ne nous est pas signalée par un texte explicite : le changement de datation par l’abandon des normes du RHM. Ce fait entraînait donc qu’à Mari qui suivait toujours le calendrier (A) le mois v* (mammîtum) qui atteste encore à son début le culte funéraire de Samsî-Addu22 correspondait désormais à un mois x de (B). C’est ce mois v* qui voit à sa fin (le 26 x) entrer dans Mari les forces de Bannum. Il faut donc considérer deux documentations pour le même laps de temps qui ne recouraient pas à la même ménologie. Il n’existe pas à Tuttul de textes datés d’un éponyme subséquent à âb-illi-Aur, cela montre bien que la ville est tombée sous cette éponymie. Le mois d’abum qui y est attesté a été compté iv par les vainqueurs mais représentait un mois xi* pour les gens du RHM. La ville a donc dû être attaquée entre les mois viii* (niggallum23) et x* (dumu-zi) de l’éponyme. Or c’est justement les mois ix* et x* que YasmahAddu organise la défense du royaume à Terqa24. Comme la chute de Tuttul et la mise en défense de Terqa ne peuvent qu’être intimement liées, il faut considérer qu’abum représentait bien le mois xi* de (A), même s’il a été tenu pour un mois iv par les vainqueurs. La ville est ainsi tombée à la fin de l’éponymie. Dès lors, les cinq premiers mois (i* à v*) de l’éponyme subséquent à âb-illi-Aur, notés en fonction de (A) par les scribes administratifs mariotes, représentent en fait pour ceux qui attaquaient les forces du RHM des mois (vi-x), selon le calendrier (B). Si, au début de v* les gens du RHM ont encore pu célébrer à Mari les rites en l’honneur de Samsî-Addu, c’est à la fin de ce même mois v* — donc à ce qui représentait pour elles un mois x — que les forces mâr sim’al sont entrées à Mari25. Si Tuttul a été attaquée puis prise par les ennemis du RHM à la fin de l’éponymat de âb-illiAur, on comprend l’arrivée d’Etar-utlallî le 20 xii* de la même éponymie avec des troupes d’appui envoyées par Ime-Dagan et que, tout le début de l’éponyme subséquent, soit organisée la défense de Mari

    21 Même position apparemment dans FM V, p. 138, dont je ne partage cependant pas l’idée que l’incendie du palais aurait été la conséquence de l’entrée des Mâr sim’al dans la ville. Le palais a été normalement occupé par les vainqueurs puisqu’on y a retrouvé des textes d’eux. En revanche, c’est l’incendie et le sac ultérieurs du palais qui en ont fait disparaître les documents établis après la conquête de Tuttul par les Mâr sim’al. 22 Pour le sens donné à qa-ad, cf. D. Charpin-N. Ziegler, FM V, p. 138 & n. 512, ainsi que ibid. p. 154. Qâdum étant employé pour indiquer « faire brûler », éventuellement des offrandes, cela donnerait une indication sur le genre de culte rendu aux Ancêtres à Ékallatum, le verbe arâpum n’étant pas alors utilisé. 23

    KTT 177 est le dernier texte de Tuttul daté selon le comput du RHM, soit du 15 ayârum (vii*).

    24

    Cf. FM V, p. 138, n. 517.

    25

    Cette façon de voir les choses empêche qu’il y ait une interruption de trois mois (vii-viii et quasiment tout ix) dans la documentation palatiale. La mention par FM V, p. 155, de l’entrée de Zimrî-Lîm, selon ARMT XXIII 247, n’explique pas l’identification d’un mois vi* (A) et d’un mois ix (B). De toute façon, le 26 ix, Zimrî-Lîm est (selon ma reconstruction) toujours à Tuttul. Dans son historique, FM V p. 155 tient compte du document T. 310 qui est explicitement daté d’un « 13 mana de l’éponyme warki âb-illi-Aur ». Dans la logique de ce qui est proposé ici, vi* (mana) équivaudrait à un mois xi, mais je doute fort que le texte T.310, quoique retrouvé dans le palais de Mari, soit originaire de la capitale. Quoique mal conservé, il mentionne en effet la « maison d’Awitulla », lequel était gouverneur de Qatunân pour le RHM. Le document devrait simplement indiquer que Qaunân a été occupée par les forces mâr sim’al dans la seconde moitié du mois de mana (vi*), donc de xi (B).

    64

    Jean-Marie DURAND

    jusqu’aux batailles sans doute décisives de Dêr et de Tizrah dans la seconde partie du mois iv* = ix, car il est peu vraisemblable qu'il faille supposer un an complet entre une prise de Tuttul (aux mois xi* et xii*) et le sacre du nouveau roi au mois x de l’année suivante, à moins de supposer un très long silence des sources ou de bouleverser toutes les évidences et de comprendre que la prise de Tuttul a été postérieure au sacre. On comprend dès lors la question du angû ([A.373] : 5) : « En quel mois sommes-nous… ? » Elle consistait à faire avaliser par le roi après la grande fête d’Etar le changement décidé à Tuttul. Il est normal que la question soit posée par le responsable du culte qui exerçait ses fonctions déjà sous le RHM, mais dont le calendrier était désormais désuet. Le roi décrétant que l’on était bien en ebûrum (xii), cela entraînait normalement que le mois suivant fût le premier d’une nouvelle année. Cette identification de mois a dû être génératrice de problèmes. On avait effectivement à l’époque la pratique d’ajouter des jours, non d’en retrancher, cela sans doute pour des raisons de fêtes religieuses à observer. On a donc cru nécessaire de compenser une manœuvre de pure politique identifiant le mois abum de (A), = xi* avec celui de (B), = iv, par l’adjonction d’un mois supplémentaire, car — de façon non expliquée jusqu’ici — l’an ZL 1 comporte un xii-bis, ce qui a dû désorganiser le système et entraîner une série de mois supplémentaires qui peuvent s’exliquer par l’incertitude des bureaux sur le début de l’année. 3.2.2 Une contre-attaque du RHM ou une révolte locale? Les archéologues du Tell Bia ont constaté que le palais de Tuttul a subi un grand incendie. Aucun document ne fait allusion à cet événement, sauf le fait que La-nasûm26, représentant du roi de Mari à Tuttul, ne semble pas avoir trouvé le palais ni le temple de Dagan, en bon état. Il faut voir dans cet incendie la conséquence soit d’un sursaut local, soit d’une attaque. Ce dernier scénario est tout à fait envisageable car d'importantes forces armées du RHM se sont alors dirigées vers l'Ouest, comme on le voit à propos de Mari elle-même. À ce moment là, d’ailleurs, les grandes places fortes du centre de la Haute-Djéziré, Kahat, Qirdahat et, plus à l'est, ubat-Enlil, n’étaient pas près de tomber. Des renforts ont pu en venir pour essayer de reprendre Tuttul qui représentait un élément majeur du système militaire du RHM. Aussi est-il envisageable que, lors de sa campagne contre la Haute-Djéziré, Zimrî-Lîm ait entrepris de se venger de ceux qui avaient attaqué Tuttul : Qirdahat et Kahat devaient effectivement être prises alors de vive force27. Dans [A.3211] (ARM XXVIII 77) Ibâl-Addu rappelle à Zimrî-Lîm une aide efficace contre ImeDagan, et la lettre mentionne Tuttul explicitement. Il faut néanmoins supposer que l’attaque sur Tuttul s’est produite après le départ de Zimrî-Lîm et de ses forces vers Terqa (cf. p. 28), pour s’y faire couronner. 3.2.3 La restauration de l'ordre politique ancien Apparemment Zimrî-Lîm a été laissé à Tuttul par Bannum qui a continué sa route sur Mari ou a attendu dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm (cf. 3.3.1) que les affaires soient réglées dans la région de la capitale. Peut-être le mer‘ûm n’avait-il pas alors encore fait son choix définitif du nouveau roi de Mari, ou mettait-il le jeune prince à l’abri dans la ville de Tuttul, loin en tout cas des opérations guerrières qui devaient rester l’œuvre des Bédouins. Une réponse à de telles questions dépasse notre information actuelle. Il est sûr que les Bédouins de Bannum étaient des mâr sim’al originaires du Sindjar, puisqu’ils étaient dits du Numhâ et du Yamûtbâl. On verra ci-dessous28, à propos de Zakurabum, qu’ils ont pu être amenés à Mari par ce dernier et mis ultérieurement à la disposition de Bannum. Quoi qu’il en soit, Zimrî-Lîm a profité de son séjour à Tuttul pour méditer une réorganisation politique de la Haute-Djéziré qui devait remplacer l'ordre établi par le RHM. Dans cette intention, il avait préparé une circulaire dont il nous reste deux exemplaires et dont nous constatons ici et là les effets. Ces

    26

    Les textes de La-nasûm font l’objet d’une étude dans ARMT XXXIV.

    27

    La prise de Kahat a donné lieu à la datation d'une année de Zimrî-Lîm, qui manifestement double (ou complète) le nom de sa première année. On n'a le souvenir du sac de Qirdahat que par les textes qui parlent de la déportation de sa population à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 28

    Cf. p. 113.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    65

    deux lettres n'ont pas été envoyées pour des raisons qui restent encore à découvrir. Le fait que le prince envisage une restauration des vieilles familles régnantes montre que, quoique se disant encore fils de HadnîAddu, il se posait déjà en successeur légitime d'un Yahdun-Lîm, suzerain de la Djéziré du nord-ouest. Il appliquait manifestement à son propre cas le principe de la restauration des anciennes familles royales et ne reconnaissait pas d'autre prétendant que lui au trône de Mari. Cette prétention est illustrée (bien après coup il est vrai29) par son vassal Sumû-la-nasî qui dans [A.4182] rappelle la période de l'exil où les deux princes faisaient des plans de retour. 16 [TH 72-15] Zimrî-Lîm à Ti-Ulme. Annonce de la restauration des dynasties locales. Il se propose de servir d'intermédiaire dans le processus. a-na ti-i-ul-me qí-bí- ma um-ma zi-im-ri-li-im-ma ma-a-tu[m k]a-lu-a a-na is-qí-a i-tu-ur ù ka-lu-u a-na gi-gu-za é a-bi-u i-ru-ub ù ki-a-am e-me um-ma-mi ma-a-at i-da-ma-ra-a ka-lu-a a dan-na-tim ú-ka-al-lu a-na zi-im-r[i-l]i-im-ma i-qa-al i-na-an-na u-up-ra-nim lu-ul-li-kam-ma ni-i dingir-me-e dan-na-am lu-u-ku-ra-ku-nu-i-im-ma a-lamki id-na-nim-ma a-na be-li-u lu-ud-di-in-u ù ku-nu-ti qa-du-um ba-i-ti-ku-nu e-em ta-qa-ab-bé-nim lu-e-i-ib-ku-nu-ti ar-hi-i me-he-er up-pí-ia u-bi-la-nim

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22

    1

    Dis à Ti-Ulme : ainsi parle Zimrî-Lîm. Le pays tout entier 5 est retourné à ses divisions patrimoniales. 6 Donc chacun 7 va s'installera) 6 sur le trône ancestral. 7 Or voici ce que j’ai appris : « 8 Le pays de l’Ida-Mara tout entier, 9 celui qui occupe les villes 11 fortes, attend 10 (ce que va faire) Zimrî-Lîm lui-même. » 12 À présent, envoyez-moi un message(r), 13 que je vienne 15 vous jurer 14 le fort serment par les dieux 15 et 16 remettez-moi la ville, 17 que je la donne à qui elle appartient. 18 Lors, vous avec vos biens, 20 je ne manquerai pas de vous installer 19 là où vous me le direz. 22 Faites-moi porter 21 rapidement réponse à ma tablette. 4

    Bibliographie : Syria 50, 1973, p. 8 sq. ; MARI 4, 1985, p. 295, 329 et 337 ; texte édité par M. Birot, Mélanges A. Finet, p. 21-25 = LAPO 16 247. a) Le texte a été compris comme irrub, à l’inaccompli ; cf. ci-dessous.

    29

    Pour la date de ce document, écrit au moment où Enunna occupait les villes principales du royaume d'Ékallatum, cf. p. 24 sq. À cette époque-là il n'était plus question, de toute façon, de douter de la légitimité de ZimrîLîm.

    66

    Jean-Marie DURAND 17 [A.2742]

    Zimrî-Lîm à Abî-Samar et Ikud-lâ-êmê-u. Restauration des anciennes dynasties. Il se propose d'être intermédiaire dans ce processus. [a-na] a-[b]i-sa-mar )ù* [i]k-[u-u]d-la-e-me-u [qí-b]í-ma 4 [um]-ma zi-im-ri-li-im-ma ma-a-tum ka-lu-a a-na ìs-qí-a 6 i-tu-ur ù ka-lu-u a-na gi-gu-za é a-bi-u i-ru-ub 8 ù ki-a-am e-me um-ma-a-mi m[a]-)a*-at i-da-ma-ra-a Tr. 10 []a e-em [d]a-an-na-tim [ú-k]a-al-lu 12 [a-na z]i-[im]-ri-li-im-ma [i-qú-ul]-lu Rev. 14 [i-na-an-na u-up-r]a-nim l[u-u]l-l[i-ka]m-ma [ni-i dingir-me-e d]an-[na]m lu-u-k[u-r]a-ku-nu-i/-im 16 a-[la]m [i]d-[na-nim-m]a a-na be-l[í]-u lu-di-in-u ù at-tu-nu 18 qa-du )ba-i*-ti-ku-nu a-[]a-ar / li-ib-bi-im [a t]a-[q]a-)ab*-bé-e-)nim* 20 lu-)ka*-al-lim-)ku*-nu-ti up-pí an-né-em i-[n]a [e]-me-im 22 a[r]-hi-i[] me-he-er up-pí-i[a] C. u-bi-[l]a !(LAM) 2

    1

    Dis à Abî-Samar et Ikud-lâ-êmê-u. Ainsi parle Zimrî-Lîm. Le pays tout entier 6 est retourné 5 à ses divisions patrimoniales. 6 Donc, chacun 7 va s'installer 7 sur le trône ancestral. 8 Or, voici ce que j’ai appris : « 9 Le pays de l’Ida-Mara, 10 ceux qui 11 occupent 10 là où il y a des villes fortes 13 attendent 12 (ce que va faire) Zimrî-Lîm lui-même. » 14 À présent, envoyez-moi un message(r) que je vienne 15 vous jurer le fort serment par les dieux. 16 Remettez-moi la ville 17 que je la donne 16 à qui elle appartient. 17 Lors, vousa), 18 avec vos biens20 je ne manquerai pas de vous faire obtenir 18 le lieu de (votre) 19 choix, (celui) que vous me direz. 21 En prenant connaissance de cette tablette de moi, 23 faites-moi porter 22 rapidement réponse à ma tablette. 5

    Bibliographie : édité par J.R. Kupper comme ARM XXVIII 148. a) Attûnu dans ce texte correspond à kunûti du parallèle. Il y a rupture de construction.

    Ces deux textes peuvent être considérés comme des exemplaires d'une « circulaire », car ils ne se différencient quasiment que par leur adresse. Non seulement leur sens est identique, mais ils ont de très fortes ressemblances dans leur rédaction. De telles « circulaires » ne sont naturellement repérables que si tous les exemplaires n'ont pas été envoyés. Dans le cas présent, il serait fort utile de savoir quels étaient les autres destinataires (et s’il y en a eu). Ce genre épistolaire peut n'avoir pas été aussi rare qu'on pourrait l'imaginer au vu du petit nombre de documents à notre disposition : on a encore ainsi une lettre du Sukkal-

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    67

    mah « aux rois du ubartu », quoique cette tablette semble avoir été destinée à aller de ville en ville, plutôt qu’elle ne se présente comme un exemplaire d’une série30. Les deux tablettes republiées ici ont en commun de n’être pas parties. On pourrait considérer que celle pour Ti-Ulme a été retenue parce qu’elle comportait une empreinte de sceau désormais désuète, mais rien ne prouve qu’il n'en était pas de même pour la lettre publiée comme ARM XXVIII 148 dont l'enveloppe n'a pas été préservée. Ce deuxième exemplaire n'était peut-être plus, en outre, d'actualité, car il est possible que, localement, les choses soient allées plus vite que ne le supposait Zimrî-Lîm.

    Zimrî-Lîm en s'adressant à « l'Ida-Mara des villes » parle d’occupations territoriales indues : il demande d’évacuer un endroit qu’il veut rendre à son légitime propriétaire. Dans le cas de Ti-Ulme, il ne devait certainement pas s’agir de Mardaman dont ce dernier était roi, puisque, à la fin de la première année de Zimrî-Lîm (xii-Kahat), Ti-Ulme fait en tant que tel un envoi au roi de Mari ; il s'agissait donc d’une ville qu'il occupait indûment31. Les deux destinataires de [A.2742] (ARM XXVIII 148) devaient certainement se partager la même ville : Ikud-lâ-êmê-u était un administrateur du RHM ; il a pu considérer, comme l’ont fait des confrères à lui, que la ville où l’avait installé Samsî-Addu était désormais sienne, ou qu’il la tenait pour son successeur. En revanche, Abî-Samar peut être le même que celui de l’époque de Yahdun-Lîm qui redoutait tant les conquêtes de Samsî-Addu32. Ils seraient dès lors tous deux dans la même ville, celle qu’on appelait ubat-ama à l’époque du RHM et qui devait redevenir Hanzat. On remarque, en outre, dans ces deux lettres, un usage inattendu du pluriel : quoiqu'écrite à une personnalité unique comme Ti-Ulme, [TH 72-15] semble s’adresser en fait à une collectivité ; il faut sans doute y voir le même usage dans celle qui est adressée à deux autorités, Abî-Samar et Ikud-lâ-êmî.u. Il peut ne s'agir que d’une maladresse de rédaction due à la forme de « circulaire » de ces documents mais aussi du fait que Zimrî-Lîm s’adresse, par de là l’autorité installée par le RHM, à un groupe local. Un des termes clefs de cette circulaire est, en effet, isqum. Le mot est normalement employé dans les textes d’héritage pour indiquer la part tirée au sort par les héritiers. Les nomades désignaient par le terme de nig‘um leurs territoires traditionnels de parcours33 ; en Haute-Djéziré, les « nations » auraient reçu, en part, des isqum ou des zittum (cf. ARMT XXVII 95 : 25), termes qui s'opposent lexicalement, mais non notionnellement. Des individus, en l'occurrence les chefs locaux, pouvaient ainsi se présenter comme des héritiers et c’est à eux que fait référence dans ce texte la notion de bêlum, car les autorités municipales constituées par les Anciens seraient sans doute expressément désignées. L'explication de cette façon de dire se dégage de la promesse faite par Zimrî-Lîm : « Rendez-moi la ville et je ne manquerai pas de vous installer34 où vous le voudrez. » Désormais, il est possible de faire un parallèle avec la lettre de Zakurabum à Yanûh-Samar, [A.3356]. Zimrî-Lîm cherche en fait à provoquer le départ des Ékallatéens qui s’étaient installés dans ces villes. Le « vous » concerne donc ceux qui se sont installés dans des lieux suite à la victoire de Samsî-Addu, entraînant leur colonisation. Le départ des Ékallatéens de Mari n’aurait sinon aucun sens, d’autant plus que l’on voit plusieurs fonctionnaires du RHM rester au service de Zimrî-Lîm. Cette façon de faire n’était d’ailleurs pas limitée au seul RHM. Bannum demande au roi ([A.1098]) d’expliquer aux Bédouins qu’il a accompli ses conquêtes sur le Moyen-Euphrate pour organiser leur expansion : il n’envisage nullement comme motivation le retour du successeur légitime de Yahdun-Lîm35. 30

    Cf. D. Charpin, « Ainsi parle l'empereur”… dans K. De Graef & J. Tavernier (éd.), Susa and Elam.

    31

    Mardamân a été identifiée à Bassetki au Kurdistan (2018), qui était alors hors de portée de Zimrî-Lîm.

    32

    Cf. ARM I 1 & 2 (= LAPO 16 305, 306).

    33

    Cf. J.-M. Durand, « Peuplement et sociétés à l'époque amorrite », Amurru 3, p. 118 sqq.

    34

    On remarque néanmoins que, si le roi dit au groupe qui est représenté par Ti-Ulme « Je vous installerai… » (ueeb-kunûti), il promet au groupe qui est représenté par Abî-Samar et Ikud-la-emî-u « Je vous ferai obtenir » (lûkallim-kunûti ). Dans le second cas, il s'agit d'un aar libbim. Cet emploi de libbum correspond aux exemples de CAD L, p. 171a-b et aar libbim signifie au sens propre « lieu d'élection, choisi … ». 35

    Cela est en accord avec la vision nouvelle de la sugâgûtum donnée par L. Marti dans FM X, selon laquelle il s’agissait, en fait, pour Zimrî-Lîm, outre le profit que représentait la taxe financière, du moyen d’attirer à lui des populations mâr sim’al, ce qui accroîtrait son emprise sur les territoires récemment acquis. C’est ce qui lui fit vendre

    68

    Jean-Marie DURAND

    En revanche, Asqûdum réagit mal devant l'afflux de gens originaires du Numhâ et du Yamutbal, sans doute des Mâr sim'al, qui s'installent au royaume de Mari ([A.4874] = ARMT XXVI 62). Ce gain de territoires entraînant un afflux de population colonisatrice avait d’ailleurs sa théorie dans la lettre de l’Abî-Samar contemporain du roi Yahdun-Lîm (ARM I 2 = LAPO 16 306), une affirmation que l’on peut tenir à l’époque amorrite pour une anticipation de la théorie expansionniste ultérieure des Assyriens. Abî-Samar parle en effet à Yahdun-Lîm de « sa royauté et (de) sa politique de suprématie36 ». Les rois assyriens, à une époque ultérieure, avec la mission qu’ils disent leur être donnée par Aur d'agrandir le pays, n’auraient rien fait d’autre que de généraliser, avec le succès que l’on sait, une telle appropriation de territoires. Il faut donc penser que les personnalités à qui sont adressées les lettres représentent des autorités patentées du RHM, non des nouveaux venus. Abî-Samar peut n'être qu'un roi local, mais même dans le cas où il serait identique à celui qui envoyait à Yahdun-Lîm des lettres angoissées devant les conquêtes de Samsî-Addu, il serait entretemps devenu un féal du roi d’Ékallatum. Il est évident toutefois que Zimrî-Lîm n’était pas alors en mesure d’assurer à tous ces gens un retour paisible à Ékallatum. Il peut toujours promettre en revanche qu’il n’y aura pas de voies de fait à l’encontre des anciens dirigeants. On remarque que, de la même façon que des Ékallatéens ont quitté Mari avec leurs unûtum, il y a ici promesse que les gens pourront partir avec leur baîtum, ce qui revient au même, la différence n'étant que lexicale. Deux passages de cette « circulaire » méritent une attention particulière : — « Le pays tout entier est revenu à ses parts d’héritage » ne peut être qu'une condamnation du système politique installé par le RHM et l'annonce du remplacement des gouverneurs ou des fonctionnaires par les rois légitimes37, au moment d’ailleurs où la plupart de ces dignitaires essayaient de s’impatroniser dans leurs commandements et d’en devenir les rois indépendants. Cependant comment comprendre dès lors i-ru-ub ? Jusqu’à présent toutes les traductions ont adopté l’interprétation par un passé (« est entré »). Dans un tel système d’écriture, toutefois, on peut aussi bien interpréter la graphie comme notant l’inaccompli (/irrub/) et y voir un prospectif. Le ù en début de phrase ne se traduit pas par « et » dans cet état de langue, mais marque plutôt une opposition ou un enchérissement.

    L’envoi de ces lettres qui fait de Zimrî-Lîm l'arbitre de l'Ida-Mara représente une partie de son programme après son entrée à Tuttul : une fois disparu le pouvoir de Samsî-Addu dans le Nord-Ouest, tout en pensant à la royauté de Mari, à en juger d’après son sceau, Zimrî-Lîm envisageait sans aucun doute de reconstituer la zone d'influence de Yahdun-Lîm dans la partie occidentale de la Haute-Djéziré. Si c’est lui qui rendait la ville (non nommée) au propriétaire légitime (non nommé), il agirait en suzerain. Le grand serment par les dieux rappelle ainsi ce que réclamait le roi de Talhâyum au roi de Mari38 : c’était bien le suzerain qui s’engageait de la sorte. — Le second thème est aussi important : il semble que tous en Ida-Mara s’attendaient à un retour de la lignée de Yahdun-Lîm après la mort de Samsî-Addu et à ce que Zimrî-Lîm agisse dans le sens d'une restauration de l’ordre politique antérieur aux conquêtes du RHM. Le thème selon lequel « tout le pays a les yeux fixés sur le roi de Mari » est assurément promis à un bel avenir dans la correspondance ultérieure en provenance du Haut-Pays. Pourtant, Zimrî-Lîm a l’air de faire une distinction dans sa circulaire entre

    à prix fixe des parties de son royaume. Le fait que l’instauration de la sugâgûtum se présente comme une entreprise dirigiste de (re)population du royaume amène à se demander comment avait procédé le RHM pour installer les gens grâce auxquels il avait consolidé son pouvoir. 36

    Cf. commentaire LAPO 16, p. 483-484.

    37

    Plusieurs de ces « gouverneurs » ou « vice-rois », comme on voudra les appeler, pouvaient être sans doute eux-mêmes d'extraction royale et membres des familles dépossédées, car il faut tenir compte de la pluralité des unions et du système complexe des hiérarchies familiales. Ces gens nommés par Samsî-Addu n’étaient certainement pas ceux qui avaient normalement le plus de chances d'accéder au pouvoir royal. On voit d’ailleurs Samsî-Addu pourchasser des individus, comme Bunû-Etar qui devait devenir plus tard roi de Kurdâ, et on soupçonne plusieurs grandes familles de s’être divisées entre exilés et collaborateurs. 38

    Cf. ARM XIII 147 (= LAPO 16 294).

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    69

    les gens qui régissent les villes fortes (dannâtim kullum) et les autres qui, quoiqu’ils ne soient pas nommés, ne pouvaient être que ceux que l’on appelle hanûm, les « nomades » ; de fait, c’est avec eux qu’il va y avoir des problèmes mais ce sont deux des chefs nomades, Bannum et surtout Ama, qui feront ce qu’il faut pour que Zimrî-Lîm retrouve son propre isqum. Dans ce moment de sa vie, Zimrî-Lîm comptait donc plutôt s’appuyer sur les villes qui allaient se choisir une nouvelle famille régnante que sur les Bédouins ; ce n’est que dans un second temps apparemment qu’il a dû comprendre l'intérêt qu’il y avait à s’assurer les services de la seconde composante humaine de son royaume. 3.2.4 Des kalum de Zimrî-Lîm ? Même si nous ne saurons sans doute jamais le détail de ce qui a pu se passer, ou se dire, lorsque Zimrî-Lîm a « changé de père », il est loisible de l’imaginer en partie. Le système politique de l'époque amorrite connaissait la notion de kalum39 (ou qa/eltum). Il s'agissait de quelqu'un qui avait des droits à réclamer le pouvoir dans un lieu et qui était susceptible d'y challenger celui qui y détenait la royauté. Nous connaissons les kalum surtout par le fait qu'ils ont reçu un bon accueil dans d'autres cours où ils ont dû être considérés comme des alliés potentiels s'ils accédaient jamais au trône. Nous ne savons pas exactement comment on devenait à l'époque « roi légitime », si ce n'est qu'il apparaît que le souverain dût appartenir à une famille particulière et faire partie des mâdarum, « ceux à qui on montre du respect », par opposition aux mukênum « ceux qui montrent du respect ». La seule autre condition que nous connaissions est la reconnaissance de l'individu par la décision populaire. Un tel système entraînait ipso facto la constitution de « partisans ». L'existence des hapirum, gens obligés de s'expatrier pour des raisons politiques, une des grandes réalités de l'époque, montre clairement que ces choix étaient loin de faire l'unanimité. Un monarque avait plusieurs épouses et au moins deux du premier rang, donc plusieurs enfants de tous ces lits40. Il devait ainsi y avoir, après sa mort, plusieurs candidats au trône possibles. Il n'est pas sûr que le véritable aîné biologique dût succéder au roi défunt, au moins chez les Bédouins. En fait, plusieurs systèmes ont dû coexister. Au Zalmaqum, on voit que le titre de général en chef est assez souvent (quand nous en sommes informés) porté par un frère du roi. C'était donc à ce dernier qu'appartenait la force militaire. Il n'est pas sûr que le généralissime se soit toujours effacé devant un héritier, voire n'ait pas normalement succédé à son frère. Par ailleurs, dans certains textes de l'Euphrate (à l'époque d'Émar, donc médio-babylonienne, il est vrai) on constate que le père de famille, après avoir réuni son groupe clanique, y procédait à des déclarations explicites désignant celle qui était son « épouse » (alors que la polygamie était de règle) et celui qui était son « aîné ». Si les choses allaient d'elles-mêmes, on peut à la rigueur comprendre une reconnaissance explicite post mortem du clan, non une déclaration solennelle du vivant du testateur. Manifestement, au moins en ce qui concerne le fait d'être « l'aîné », on en avait la qualité suite à une décision paternelle, même si cette dernière devait le plus souvent entériner la réalité des situations familiales.

    Il ne devait pas en être très différemment en ce qui concernait l'aîné de la famille royale en Syrie amorrite. On voit bien, en ce qui concerne les chefs mâr yamîna contemporains de Zimrî-Lîm qu'il était d'ailleurs loisible d'acheter la dignité royale et que le choix populaire pouvait être influencé 41 . Cela n'indique pas un système de primogéniture réelle, ce qui était peut-être le cas en revanche dans l'Irak ancien. En l'occurrence, la décision du roi de Mari, le suzerain, donc le « Père » des tribus, a prévalu. On peut penser qu’après les décès qui ont dû se produire dans la famille royale mâr sim'al suite à la défaite de Yahdun-Lîm — et surtout après l'éparpillement des survivants — il y a eu plusieurs 39 En ce qui concerne les dictionnaires, le terme n'est connu que par le CDA, p. 143, s. v. kaltum, keltum, mais avec le sens de “vassal(-ruler)”, ce qui est totalement hors contexte. 40 Ainsi en a-t-il été pour Yahdun-Lîm dont nous connaissons surtout les filles ; mais un Yantin-Dagan, fils de Lana-Addu et petit-fils de Yahdun-Lîm, d'après ARMT XIII 109 (= LAPO 18 1021), semble être réduit à la misère sous le règne de Zimrî-Lîm qui devait être au moins son cousin. Pour ce personnage, cf. le commentaire de LAPO 18, p. 193 et 195. 41 Voir provisoirement, dans mon article d'Amurru III, p. 158, sub 3.1.2 « Les rois benjaminites ». La question est reprise dans ARMT XXXIV.

    70

    Jean-Marie DURAND

    prétendants au trône de Mari au moment de la restauration, comme on le constate pour d'autres monarchies importantes telles Kurdâ ou Alakkâ, et un peu partout en Haute-Djéziré. Il n’est pas étonnant que la documentation palatiale mariote soit muette sur ce point précis. Le fait que Zimrî-Lîm, prétendant — selon son sceau — au trône de Mari, a « ajusté » ultérieurement sa filiation, montre néanmoins qu'il lui a fallu se faire reconnaître comme le vrai successeur du précédent roi mâr sim'al de Mari et s'imposer parmi d'autres. Or c’est un sujet d’étonnement que de voir arriver parmi les activités cultuelles de Mari, une cérémonie apparemment très importante qui concerne une personne inattestée par ailleurs. Il s’agit, évidemment, du pûdum d’Iarbahlî. Le mot pûdum ne signifie qu’« expiation »42 et pûdum correspond à pîdum qui est une autre sorte d'expiation. Il se pourrait que cet Iar-bahlî soit celui qui aurait réellement dû succéder à Yahdun-Lîm et qui aurait (peutêtre) eu plus de « légitimité » que Zimrî-Lîm. Son élimination aurait ouvert la route du pouvoir à Zimrî-Lîm et aurait entraîné ensuite une sorte d'« expiation d’État », à laquelle différentes personnalités des Bords-de-l’Euphrate se seraient senti l'obligation de participer.

    D'autres attestations existent en tout cas qu'à Kurdâ 43 , voire à Babylone 44 , des individus qui appartenaient à la famille royale de Mari (ou s'en réclamaient à plus ou moins bon droit), ont été accueillis avec honneurs et, au moins dans le premier cas, semblent avoir pu challenger la légitimité de Zimrî-Lîm. 3.3 La conquête de Mari sur le RHM 3.3.1 Bannum dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm : les accords avec les Mâr yamîna et la quête des bétyles Bannum n’a pas dû marcher sur la capitale tout de suite mais attendre dans la région de la Forteresse dite désormais de Yahdun-Lîm. Les combats dans le royaume ont été menés par des ennemis non identifiés — ceux dont traitent au moins deux lettres de Yasmah-Addu à son frère45 — , dont faisaient certainement partie des Mâr yamîna (cf. 3.3.4.2). Bannum est alors attesté par 3 lettres dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm — plus précisément à Ya'il où il avait manifestement élu domicile. Il ne peut s'agir du moment où il accomplit la têbibtum (cf. 3.5.1) qui a eu lieu l’année qui a suivi le sacre de ZimrîLîm car appartient au dossier la lettre [A.652], réponse à Zimrî-Lîm qui en réclamant les bétyles signalait que la (première) fête pour Etar était proche. Le (futur) roi de Mari s'apprêtait à aller la célébrer ce qui lui permettrait d'avoir des vassaux autour de lui (cf. [A.652] : 18-21). Dans cette période qui précède le sacre, Zimrî-Lîm était sans doute encore à Tuttul, mais Mari était déjà tombée ou sur le point d’être prise, ce qui devrait dater ces documents d’avant le mois vi de l’éponymie warki âb-illi-Aur. Depuis la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Bannum renseigne son seigneur sur ses contacts avec divers chefs mâr yamîna. Il conclut alors plusieurs accords diplomatiques avec certains d’entre eux (c’est le sens de « leur faire boire la coupe ») mais il signale, en même temps que le mâr yamîna SamsîAddu s'installe à Samânum (cf. [A.652] : 22'-23'). Le fait que le chef bédouin opère son déplacement de nuit (muîtam) peut signifier qu'il se cache des autorités mariotes, ou du moins qu'il les met devant le fait accompli.

    42 Le fait a pu exister ailleurs qu'à Mari et les successions royales qui nous sont toujours montrées (par les textes officiels) comme « allant de soi » cacher en fait des réalités plus mouvementées. Pour une interprétation différente de la mienne, cf. l’article de Sh. Yamada, RA 105, 2011, p. 137-156. 43

    Cf. D. Charpin-J.-M. Durand, « Prétendants au trône dans le Proche-Orient amorrite », dans J. G. Dercksen éd., Assyria and Beyond. Studies Presented to Mogens Trolle Larsen, PIHANS 100, Leyde, 2004, p. 99-115. 44

    Le dossier est encore inédit mais en font partie des textes comme ARM XXVI 257 et ARM XXVII 162. De la même façon trouve-t-on dans ARM XXVII 163, l'histoire d'un prétendant au trône d'Uruk, hébergé par Zimrî-Lîm. 45

    Cf. J.-M. Durand, « Villes fantômes de Syrie et autres lieux », MARI 5, spéc. p. 210-215, à propos de ARM II 44 et V 2. Dans ces lettres envoyées par Yasmah-Addu à son frère, Samsî-Addu n’est pas mentionné. Il faut donc penser que lugal dans ARM II 44: 42 désigne Ime-Dagan, non le grand roi, sans doute déjà mort à l’époque. Il est question d’attaques contre Mari repoussées ; c’est uprum qui fait alors l’objet des assauts et ce sont les campagnes qui ont été pillées. Ces textes représentent le début de l’attaque du royaume, où Yasmah-Addu devait trouver la mort.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    71

    Dans le texte [A.2613] des précisions géographiques sont données à propos de ces Mâr yamîna. Elles sont importantes car antérieures à la rébellion et indiquent quels territoires étaient alors leurs. Le premier, Hardûm, le chef amnanéen46, arrive à « l’embouchure », Pi’ûm, Pûm. Ce terme indique l’endroit où le canal Iîm-Yahdun-Lîm s’alimentait à l’Euphrate, puisque la rencontre a eu lieu en définitive dans ce qui était alors le centre administratif, à la Forteresse de Yahdun-Lîm, à l’intérieur des terres47. Pûm devait donc être proche de Ganibatum qui servait de port à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Hardûm ne doit pas arriver de l’amont, même s'il est bien attesté (ultérieurement à la révolte) dans la vallée du Balih, car il aurait dû passer par Tuttul, or la restauration de la fin de [A.3257], si elle est fondée, ne va pas dans ce sens. [A.3257] montre que Sarrum — un terme toponymique qui pouvait désigner une sorte de vallée48 — où habitaient différentes communautés mâr yamîna49, était un lieu qu'il partageait avec Dâdî-hadun. Ce Dâdî-hadun, le chef rabbéen qui avait son territoire propre à Abattum, que l'on place à un gué sur l'Euphrate à l'amont de Tuttul (soit au tell Thadayain, selon l’opinio communis), était déjà arrivé à Sarrum. Le revers (qui doit parler de la même affaire) indique que Bannum à ce moment-là se trouvait à Ya’il, un lieu-dit proche de la Forteresse de Yahdun-Lîm, qu'il appelle « la résidence » (bîtum, l. 6'). C’est à Ya’il que les deux princes mâr yamîna avaient été convoqués officiellement (cf. l’emploi, l. 7’, de asûm) pour venir « boire la coupe ». Il s’agit là d’un rite d’alliance connu dès le début du règne50 ; il devait s’accompagner de serments et prendre son efficacité dans la pratique de « manger l’asakkum », qu’a mise en évidence D. Charpin51, mais aussi dans le fait, moins connu, de « boire le irâhum52 ». Plus qu'une alliance contre Yasmah-Addu ou le RHM, dont les jours étaient comptés, le fait devait concerner l'établissement d'accords entre futures autorités mariotes et chefs mâr yamîna pour établir le cadre juridique ou politique à la présence de ces derniers sur les bords de l'Euphrate et jeter les bases d’une future coexistence. On voit là en tout cas, à l’initiative de Bannum, non de Zimrî-Lîm, un rite de dévotion à la personne royale. D’autant plus que le fait semble se passer « chez Bannum ». Ce texte n’a de sens que si les deux chefs mâr yamîna n’avaient pas encore prêté serment. On verra Hardûm s'engager plus tard53 nettement par le rite du lipit napitim attesté par ARM XXI 17 (dénommé alors par économie liptum). Mais là encore, ce devait être à l'initiative de Bannum. L’expression e#-ma-am ú-ta-ru-ni de la l. 9' doit indiquer que Bannum attendait des deux princes des renseignements sur leurs intentions, ou sur les plans des autres chefs mâr yamîna. Ils pouvaient ainsi être les porte-paroles de leurs contribules pour dire à Bannum si les arrangements qu'on leur proposait leur convenaient ou pas. Les affaires ne devaient effectivement pas aller sans soupçons puisque [A.652], comme dit ci-dessus, annonce que Samsî-Addu fait la traversée de nuit pour Samânum, ville fortifiée où il avait établi sa capitale. [A.3257] semble indiquer que Hardûm ira voir Zimrî-Lîm (à Tuttul ?) sans doute une fois les serments de fidélité prêtés. Dâdî-hadun a déjà dû rendre visite au futur roi de Mari car, venant d'Abattum, il n'a pu que passer par Tuttul. Un lien entre les trois textes est en outre constitué par la mention d’un corps de 100 hommes avec

    leur chef, nécessaires apparemment pour prélever les quatre bétyles réclamés par le rite. Ces gens constituaient la force de travail et s’y ajoutait un technicien (A.652) appelé aussi guide (A.2613). Selon les mentions de ce groupe de 100 hommes, le texte le plus ancien serait (A.2613) où Bannum (l. 3’ et l. 10’-11’) les réclamait au roi, puis A.652 qui parle de leur expédition au Lasqum (l. 11-14) ; mais selon (A.3257) l. 8-11 ils sont renvoyés, Bannum jugeant qu’ils ne convenaient pas (l. 7) à la tâche impartie.

    46

    Cf. J.-M. Durand, op. cit., Amurru 3, p. 168.

    47

    La Forteresse de Yahdun-Lîm se trouvait en rive droite de l'Euphrate. Cette localisation a été inutilement remise en cause par des archéologues (cf. dernièrement P. Butterlin, « L'Hinterland mariote en question, quelques réflexions », dans Parcours d'Orient = Mélanges Képinski, Oxford, 2016, p. 35 sq). 48

    Cf. MARI 5, p. 217 et K. Deller, NABU 90/66 ; 90/84. Le toponyme avait une signification pour les locuteurs puisqu’il entre dans la toponymie « en miroir ». Pour sa proximité immédiate du fleuve, cf. LAPO 17, p. 188 (note a). Des termes arabes comme sarr ou surrat (« fond d’une vallée ») doivent indiquer le sens du toponyme. Sarrum pouvait donc être au débouché d’un wadi ou sur un méandre, un endroit où installer des troupeaux. 49

    Cf. J.-M. Durand, op. cit., Amurru 3, p. 168.

    50

    Cf. FM 2 122 : 40.

    51

    Cf. son article dans Jurer et maudire…, Méditerranées n°10-11, 1997, p. 85-96.

    52

    Pour l'absorption de ce liquide, cf. J.-M. Durand, « L'élixir de fidélité », Semitica 57, 2015, p. 7-12.

    53

    Cf. p. 103, n. 132.

    72

    Jean-Marie DURAND 18 [A.2613]

    Bannum au roi [Zimrî-Lîm]. Arrivée du chef mâr yamîna Hardûm à « l’embouchure », alors qu’un autre (Dâdî-hadun) se trouve déjà à Sarrum. Ils sont convoqués à Ya’il pour prêter serment. Affaire de la centaine d’hommes que doit envoyer Zimrî-Lîm. a-na be-lí-ia qí-bí- ma um-ma ba-an-nu-um ìrka-a- ma I ha-ar-du-um a-na pí-i-im ik-u-dam ù da-di-ha-du-[un] i-na sà-ar-riki wa-i-[ib] a-na ki-la-al-li-u-nu a-[pu-ur-ma] um-m[a a-na-ku-ma …]

    2 4 6 8

    (3+3?+3 l.)

    ù na-x- […………] up-pí an-[ni-e-e]m? be-lí [i-na e-me-im] 1 me a-ba-am ù 1 lú a-lik [pa-ni li-i-ru-ud]54 a[r-hi-i] a-na e-ri -i[a] [li]-ik-u-dun[im] [ù k]i-ma a-na é-tim i-na ia-a-[ilki] [ki-la]-la-u-{X}-nu a-ta°-ás-su°-ma [k]a-sà-am a-a-qé-u-nu-t[i] )ù* e-ma-am ú-ta-ru-ni [a]r-hi-i a-bu-um a a-pu-ra-k[um] li-ik-u-dam

    2’ 4’ 6’ 8’ 10’

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Hardûm 6 est arrivé 5 à Pûma). 6 Dâdî-hadun 7 se trouve à Sarrum. 8 J’ai écrit aux deux, 9 disantb) :

    5'

    (9 l. environ manquent.) 1’

    En outre, … Mon seigneur en prenant connaissance de cette tablette de moi 3’doit m'expédier une centaine d'hommes et un guide. 5' Ils doivent arriver rapidement chez moi. 6' En outre, comme 7' je les convoque tous deuxc) 6' à la maison, à Ya’il, 8' je leur ferai boire la coupe. 9' Alors, ils me rapporteront les nouvelles. 10' La troupe que je t'ai demandée 11' doit m’arriver 10' rapidement. 2'

    a) Cf. J.-M. Durand, Amurru 3, p. 168, n. 314. Le toponyme est attesté sous les formes pí-ú-umki, M.5399, pí-i-imki, M.10424 et pí-im, M.11988 i. Il faisait partie du district de Saggâratum, mais se trouvait à proximité de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il devait s’agir d’un bourg à l’entrée du canal Iîm-Yahdun-Lîm sur l’Euphrate (le toponyme signifie « Bouche, embouchure »), à proximité de Ganibatum, le port de la Forteresse de Yahdun-Lîm. b) La teneur du message (aujourd’hui perdu) peut facilement se reconstituer à partir du revers du document : « Venez tous deux me rejoindre à Ya’il pour que je vous fasse boire la coupe. » Il devait tenir sur 2 lignes (p. ex., kilallû-kunu alkânim-ma, kâsam luqêkkunûti). Il y avait donc place pour une information supplémentaire qui devait concerner une demande d'informations, à chercher vraisemblablement dans la fin de la lettre (l. 9'). Ya'il (cf. les graphies du nizbé ia-a-i-li-yuki de M.6481 et ia-ha-elki de M.12108) rappelle les NP ia-a-hi-AN et ia-ah-hi-AN de A.4671 : 2. Le toponyme peut avoir même étymologie que Ya'ilânum, une tribu des bords du Tigre. Ya’il est mentionné avec Sanipatum ( « Zanipatum » ) comme appartenant au district de Saggâratum. De rive droite, à en juger par A.3774, il était donc du côté de Pûm/Pi'ûm et de la Forteresse de Yahdun-Lîm. c) Pour la forme verbale, cf. ARM XIV 48: 9 : i-ta-ás-si. Kilallâ-unu est au duel.

    54

    Le verbe doit être sur une l. indentée, car il y a peu de place l. 3’ dans la cassure pour lirud.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    73

    [A.652] est du moment où la fête d'Etar s'approche. On est donc avant le mois x (= iv*) du comput mariote traditionnel. Au revers, l. 8' sq, Bannum indique que les travaux d'irrigation qu'il projette devront être finis « avant le froid (de l'hiver) ». Il est mentionné également dans cette lettre que le rendezvous de Ya'il n'a pas eu lieu. Cette lettre est donc postérieure à [A.2613] et la rencontre devait avoir lieu, de fait, selon [A.3257], à la Forteresse de Yahdun-Lîm. A.652 a été envoyée au roi depuis Dumtum. Ce lieu entre naturellement dans la « toponymie en miroir » car dumtum n’est qu’une forme dialectale pour dimtum qui, signifiant au propre « Tour », désignait aussi un établissement campagnard sans doute fortifié, analogue au latin villa. Dumtum pourrait être le nom du bîtum dont Bannum parle dans [A.2613] : 6'. 19 [A.652] Bannum au roi. Le roi a demandé des bétyles pour la célébration de la fête d’Etar ; travaux d’irrigation ; rencontre ajournée avec les chefs mâr yamîna.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ba-an-nu-um ìr-ka-[a]-m[a] a-um siskur!-re e#-tár be-lí ki-a-am i-pu-ra-am um-ma-a-mi siskur!-re u-ú iq-te-er-b[a]-a[m] ù sí-ik-ka-nu-um ú-ul i-ba-a-i 1 me a-ba-am ù lú ták-lam a u-uk-ku-ús (IZ) sí-ik-ka-nim i-[l]e-ú ar-hi-i ú-ru-ud-ma 4 [sí]-ik-ka-na-tim a 12 àm am-ma-a [i-na la-a]s-qí-im li-ik-ki-sú-nim [an-ni-tam be]-lí i-pu-ra-am [i-na-an-na] ak-ki-ma na-a-pa-ar-ti be-lí-ia [1 me a-ba-a]m ù 1 lú ták-lam a u-uk-ku-us (IZ) [sí-ik-ka]-nim i-le-ú a-na la-as-qí-im [a-ru-u]d-ma 4 sí-ik-ka-na-tim a be-lí [i-pu-r]a-am i-na-ak-ki-sú-nim-ma a-na ma-riki [ú-a-a]k-a-du-ni&(NIM)-i-na-ti a-um be-lí [ki-a-am] i-pu-ra-am [1 túg ku-ub-]um i-na qa-ti-ia ú-ul [i]-ba-a-i [a-na ma-riki lu]gal-me-e a ma-a-at nu-um-h[a]-a ma-[a-at] [ia-mu-ut]-ba-lim ù ma-[a-a]t u-bar-[tim pa-ni-u-nu] [i-ta-a]k-nu um-ma a-na-ku-ma i-si-i[n e#-tár] [lu-ú ep]-pé-e al-k[a-n]im ù […] [ o i ni-i]n? -[na-me-er] [ o o o]-ia [… [ o o o ] ù […… (G.D. : « 8 l. perdues, Tr. comprise. »)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’

    [an-ni-tam be-lí i-pu-ra-a]m um-ma a-[na-ku-ma] [a-à a-na o o o] AN i-na t[er-q]aki [o o o o o o o] a-à a-na ia-x-x-[xl-l]i?-i[m] [i-na bàdki ia-ah-du]-ul-li-im [o o o o o o o]-me-e u-nu [………] [ o o o o o li-in]-na-di-in-[u-nu-i-im] [e#-em-u-nu be-lí li-a-a]l-u-nu-[ti] [a-um me-e íd h]a-bu-ur a b[e-l]í i-pu-r[a-am]

    74

    Jean-Marie DURAND [lú-egir-me-e lú-didli]-me-e55 a ha-al-[a-ni a sa-ga-r]a-timki [ù a ter-qaki] a-na i-pí-ir er-re-t[im] [a-na pa-ni-ia56] a-na sa-ga-ra-tim i-[tu]-ru-nim [i-ip-ra-am] a-a-ti la-ma ku-u-í-[im] [lu-ú e-pé-e] ù mu-ú a-na ha-la-a [sa-ga-ra]-ti[mki] i-mi-id-du [ar-hi]-i l[ú-e]gir-me-e lú-didli-me-e a ha-la-[a] [ma-r]iki )a*-na sa-ga-ra-timki [li-i]k-u-d[am] a-ni-tam a-um lugal-me-e a dumu-me-e ia-mi-na [an-n]é-tim a-na be-lí-ia ki-a-am a-pu-ur [um-ma a]-na-ku-[ma] lugal-me-e u-nu ki-a-am i-pu-ru-/nim [um-ma]-mi i-na ia-ha-ilki it-[ti]-ka [i ni-in]-na-a[m]-me-er mi-im-ma it-ti-ia [ú-ul] in-na-am-ru mu-i-tam-ma [sa-a]m-si-dIM a-na sa-ma-nimki i-te-eq [i-na-an-na] a-na du-um-timki [ak-u-ud-ma] up-pí a[n-n]é-[e]m [i-tu du-um-timki a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-am] [……………………………] [………] x ia [……………] [a-di] a-na-ku ù [lugal-me-e a dumu-me-e ia-mi-na] ni-in-na-me-[ru a-na-ku an-na-nu-um a-di a-b[a-am ak-u-dam wa-a-ba-ku]

    10’ 12’ 14’ 16’ 18’ 20’ 22’ 24’ 26’ Tr. 28’ 30’ C.

    Bibliographie : la majeure partie de la Face a été publiée par J.-M. Durand « Le Culte des bétyles », Miscellanea Babylonica, p. 81 ; le texte a été ensuite édité dans son ensemble comme FM VIII 12. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Au sujet du sacrifice pour Etar, mon seigneur m'avait envoyé le message suivant : « 4 Ce sacrifice s'approche. 5 Or, il n'y a pas de bétyle. 7 Expédie rapidement 6 une centaine d'hommes et un individu de confiance qui 7 s'y entende à faire découper 7 un bétyle.9 Il faut qu'ils découpent 8 quatre bétyles de 12 coudées chaquea) 9 au Lasqum. » 10 Voilà le message que m'avait envoyé mon seigneur. 11 Maintenant, conformément au message de mon seigneur, 14 j'ai expédié 13 au Lasqum 12 la centaine d'hommes et l’individu de confiance qui s'y entend à faire découper 13 un bétyle 14 et les quatre bétyles, objet 15 du message 14 de mon seigneur, 15 ils les découperont et 16 les feront parvenir 15 à Mari. En ce qui concerne 17 ce message-ci de mon seigneur : « 18 Il n'y a pas de couvre-chefb) à ma disposition. 19 Des rois du pays de Numhâ, du pays du 20 Yamutbal et du pays du ubartum se disposent à aller 18 à Mari. 21 Moi, j'ai dit : “22 Venez ! Je veux faire la fête d'Etar. Donc, il faut que nous nous voyions…”…», 3

    (…) 1'

    Voilà le message que mon seigneur m'a envoyé. Voici ce que j'ai pensé : « 2' un champ à … El, à Terqa 4' … un champ à Ya…-Lîm, à la Forteresse de Yahdun-Lîm, … ces … 6' il faut qu'il leur soit donné. 7' Mon seigneur doit leur demander ce qu'ils savent. 8' Au sujet des eaux du Habur, objet du message de mon seigneur, 9' réservistes (et) isolés des districts de Saggâratum 10' et de Terqa 11' reviendront avant moi / rapidement à Saggâratum 10' pour le travail sur les barrages-errêtum. 13' J'accomplirai certainement 12' ce travail avant les froids (de l'hiver). 13' Alors il y aura beaucoup d'eau pour le district 14' de Saggâratum. 15' Rapidement, réservistes (et) isolés du district de 16' Mari 17' devront arriver 16' à Saggâratum. 55

    Pour cette restauration, cf. l. 15'.

    56

    Ou: ar-hi-i (?) ; cf. l. 15'.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    75

    17'

    Autre chose : au sujet des rois des Mâr yamîna 18' que tu saisc), j'avais envoyé ce message-ci à mon seigneur : « 19' Ces rois m'ont envoyé ce message ci : “21' Rencontrons-nous 20' à Ya'il avec toi.” » 22' Ils ne se sont rencontrés 21' nullement avec moi. 22' C'est nuitamment que 23' Samsî-Addu est passé pour aller à Samânum. 24' Maintenant, 25' je suis arrivé 24' à Dumtum 25' et cette tablette de moi 26' je l'envoie à mon seigneur depuis Dumtum. (…) 29'

    En attendant que moi-même et les rois des Mâr yamîna 30' nous nous rencontrions, 31' moi-même ici je résiderai, jusqu'à ce que je reçoive la troupe. a) Comme une coudée-ammatum vaut 50 cm à Babylone, selon l'opinion commune, le bétyle ferait 6 mètres de haut, ce qui paraît considérable, surtout dans une perspective de transport, alors que le temps est compté (l. 5-6). Avec une coudée cinq fois moindre, donc à 10 cm, le bétyle ne ferait plus que 1 m 20, ce qui lui donnerait une taille plus « normale », tout en restant respectable. G. Chambon (Ebla and Beyond, 2018, p. 379 sq.) en proposant une coudée à 32 cm, obtient 3, 84 m, ce qui est toujours considérable. b) Cette demande qui concerne le couvre-chef royal a un écho précis dans la correspondance du roi avec Mukannium où un kubum enfilé de pierreries est exigé pour une rencontre à Terqa avec d’autres rois. Il est donc envisageable que la lettre à Mukannium, ARM XVIII 8 = LAPO 16 111, date du tout début du règne. Ce n'est toutefois qu'une possibilité. Dans LAPO 16, p. 249, j'avais proposé que le texte ARM XVIII 8 date de ZL 10' « lorsque ZimrîLîm s'est réuni à Terqa avec le roi de Kurda et d'autres rois. » Il faut en tout cas déduire des demandes faites à Bannum et à Mukannium qu’un (couvre-chef) kubum orné était un des ornements royaux normaux. L'exemplaire réclamé à Mukannium, avec son luxe tapageur, conviendrait plus à la fin du règne qu'au début. c) Pour ce sens d'annûm « celui que tu sais…», cf. l'index, LAPO 18, p. 543.

    [A.3257] est, de façon évidente, la suite de [A.2613] et de [A.652] puisque les mêmes thèmes y sont évoqués : « rencontre (l. 13) », « boire la coupe (l.16) » et « passage vers Sarrum (l. 17) ». Il faut néanmoins supposer un certain temps entre les deux documents : Hardûm qui aurait dû rencontrer Bannum à Ya’il, selon [A.2613], le fait en réalité à la Forteresse de Yahdun-Lîm qui en est tout près, il est vrai. Il a ensuite continué sa route vers Sarrum ; il doit y retrouver Dâdî-hadun. Les textes administratifs distinguent effectivement une « Sarrum rabbéenne » et une « Sarrum amnanéenne » (cf. ARMT XVI/1, bien attestées par des textes encore inédits), ce qui témoigne d'un partage du terroir remontant donc au moment même de l'établissement des Bédouins. L’accueil fait à Hardûm est chaleureux : Bannum lui donne 2 coupons d’étoffe pour se vêtir, ce qui est un acte royal. 20 [A.3257] Bannum au roi. Après réflexion sur les instructions du roi et les Bédouins qu’il avait envoyés, il a renvoyé ces derniers, car ils ne convenaient pas. Hardûm a bu la coupe et a reçu des présents à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il va faire un sacrifice à Sarrum et ira voir (Zimrî-Lîm). Il faut le renvoyer … [a-n]a be-lí-ia [qí]-bí-ma [um]-ma ba-an-num° ìr-ka-a-ma [a-]um a-wa-tim a be-lí )ú*-wa-i-ra-an-ni ù l[ú ha]-name-e i-ru-dam a-ta-al-{A}57-ma a-wa-tum ú-ul na-à-at a-nu-um-ma lú ha-name-e ú-te-ra-am a-wa-[t]im a-ta-al-ma [lú ha-n]ame-e ú-te-ra- a[m]

    2 4 6 8 10 Tr.

    (Ligne blanche.)

    57

    Le A n'est pas érasé.

    76

    Jean-Marie DURAND

    Rev. 12 I ha-ar-du-um il-li-[kam-ma] i-na bàd° ia-ah-du-li-im 14 it-ti-ia in-na-mi-ir )2* )túg*-há ú-la-bi-i°-u° 16 [ù k]a-sà-am a-qí-u-ma [a-na] sà-ar-riki i-ti-)iq* 18 [i-na sà]-ar-riki siskur°-re [i-na-qí]-ma a-na e-er 20 [be-lí-i]a i-la-kam [i-na o-o]-ti be-lí 22 [li-te]-er-u 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Au sujet de l’affaire pour laquelle mon seigneur 5 m’avait donné mission et 6 m’avait envoyé 5 des Bédouins, 6 après réflexion de ma part, 7 ça ne convient pas : 8 voilà que 9 j’ai renvoyé 8 les Bédouins. 10 C’est après réflexion 9 sur l’affaire que 11 j'ai renvoyé 10 les Bédouins. 12 Hardûm m’est arrivé et 14 s’est rencontré avec moi 13 à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 15 Je lui ai donné deux coupons d’étoffe pour se vêtir ; 16 en outre, je lui ai fait boire la coupe. 18 Il a continué sa route pour Sarrum. 18 À Sarrum, 19 il offrira 18 le/un sacrifice 19 et 20 ira 19 chez 20 mon seigneur. 21 Mon seigneur 22 doit le renvoyer 19 … 4

    3.3.2 Proposition d'Ama de razzier les troupeaux d'Ime-Dagan Pendant que Zimrî-Lîm pensait à l'ordre nouveau consécutif à l'écroulement du RHM, les Bédouins songeaient à tirer profit des changements politiques. Il est resté à propos de ce qu'ils méditaient une lettre remarquable d'Ama, un mer‘ûm mâr sim'al (aarugâyu) de la Haute-Djéziré de l'ouest. La date du document est très haute, puisque Ime-Dagan avait encore à ce moment-là des troupeaux à Rapiqum et Yabliya, donc occupait alors deux centres importants qu'il devait perdre par la suite. Il est remarquable que dans cette lettre d’Ama il n'y ait pas une seule allusion à Bannum. Dans [A.1098] il faut donc retrouver Ama derrière les Bédouins dont Bannum conseillait à Zimrî-Lîm de se méfier et qui étaient soupçonnés d'entretenir de bons rapports avec Yarîm-Addu, celui qui gardait Kahat pour Ime-Dagan. Les deux hommes ne devaient pas s'apprécier beaucoup pour ne pas mélanger leurs Bédouins. Par ailleurs, Ama est mentionné dans L'Épopée de Zimrî-Lîm où seul le roi est également nommé. Cela montre son importance locale : le poème ne mentionne ainsi que le roi et le chef des nomades qui le soutenaient58. Le moment du document est indiqué par la mention de la proximité de la fête d'Etar qui était de la fin de l’année : manifestement les Bédouins, ou au moins Ama, devaient y participer et il(s) devai(en)t donc faire partie de ceux que le roi de Mari voulait réunir autour de lui. Ama a besoin de connaître la décision du roi à propos d’une éventuelle razzia contre les troupeaux d'Ime-Dagan pour s'en emparer avant ce moment cultuel très important où il doit être présent à Mari. On savait donc alors chez les Bédouins du Nord que Mari avait été prise, voire que Yasmah-Addu était mort. On était en tout cas au courant que la fête d'Etar allait avoir lieu. Sans doute Ama avait-il reçu en même temps qu'une invitation à s'y rendre la demande d'un certain nombre d'ovins nécessaires pour les sacrifices. La razzia contre les troupeaux d'Ime-Dagan est présentée comme une bonne affaire. Une moitié serait remise au roi (vraisemblablement à titre de contribution des Bédouins aux dépenses du sacrifice, cf. l. 13-14), mais les « serviteurs du roi » (l. 32) peuvent être simplement les Bédouins qui garderaient la moitié du butin. Le texte mentionne également la fête-râmûm59, dont la date n'est pas connue de façon sûre mais qui se trouvait, apparemment, au début de la fête d'Etar : l'aval du roi devait être obtenu avant elle, pour 58

    Ama devait être celui qui, après la rébellion, emmènerait avec Asqûdum les Mâr sim'al aarugâyu vers le

    Sûhum. 59 Pour la fête râmûm, qui ne fait l'entrée d'aucun dictionnaire, cf. J.-M. Durand, Le Culte des pierres et es monuments…, FM VIII, p. 143-153. Voir, ici-même, p. 301, n. 172.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    77

    que le raid puisse être fait— avec, au retour, des animaux, ce qui ralentirait certainement l'allure — avant la fête d'Etar. Il faut donc compter que la fête-râmûm se produisait une quinzaine de jours au moins avant la fête elle-même d'Etar, ou qu’elle en était le début. La rédaction de cette lettre doit être concomitante à la demande du roi que soient fabriqués les bétyles nécessaires pour le culte. Le roi devait donc être encore à Tuttul. Qaunân (l. 39) pouvait n’être déjà plus sous le contrôle d'Ime-Dagan, à moins de ne servir ici que de repère géographique. Cette région était déjà sous le RHM rattachée au royaume de Mari, mais était en cette période sous le contrôle de gens comme Ayi-tullâ auquel a dû succéder le peu recommandable Zikrî-Addu dont se plaignit si véhémentement le devin Nûr-Addu (cf. ARMT XXVI 139-140). Les régions du Habur et d'Ékallatum étaient reliées par une route à travers la région désertique au sud du Sindjar, jalonnée par des puits que Bannum devait d’ailleurs faire occuper sur une certaine distance (cf. p. 155-156) lorsque Zimrî-Lîm conduirait son attaque sur le front ouest du RHM. Ime-Dagan avait déjà dû retirer ses forces vers l'Est et abandonner une partie de ces puits, ce qui est d'ailleurs compréhensible s'il mobilisait surtout contre l'attaque d'Enunna. 21 [A.2470+M.6664] Ama au roi. Demande de l'autorisation d'aller piller les troupeaux d'Ime-Dagan au sud de ses possessions. Date où l'on espère la réponse du roi. Intronisation d'Asqur-Addu à Nahur.

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr.18 20 Rev. 22 24 26 28 30

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma a-ma-a ìr-ka-a-ma ha-na k[a]-lu**-u** [i]p-hu!-ra-am-ma ki-a-a[m] iq-bu-ú u[m-m]a-a-mi a-na e-er be**-lí**-ni** u-pu-úr-ma be-el-ni li-ia°-a-e**-[r]a-né-ti udu-há a i-me-dda-gan a ra-pí-qí-imki ù a ia-ab-li-ia° )i* ni-ìs-du-ud-ma a-na a-ah-pu-ra-at-tim i nu-te-er-ra-am ù [ud]u-há ma-da-a-tim-ma a-na be-l[í]-ni i ni-id-di-in-)um*-ma ka-a-i[a]-ma-an-tam [° be-e]l-ni udu-HI-[A-ni] la i-[te]-ne°-re-e $-ni$°-e-ti an-ni-tam ha-name-e ka-lu-ú-u i-na pí-[u-nu] i-te-e-en [iq]-bu-)ú*-nim [i]-na-an-na um-ma li-[ib-bi] be-lí-ia a-na an-ni-i-[tim-ma] ha-na ìr-me-e-)u* l[a i-p]a-ar-ri-[ik] up-)pí* an-né-e-em be-lí [l]i-i-me-ma qa-t[am a-na] qa-tim i-na u#-[mi-]u-ma mé-he-e[r u]p-pí-ia a-na qa-a[t l]ú wa-bi-il [u]p-pí-i[a an-n]i-i-im li-id-di-na-am-ma la-ma ra-me-e-im a-na e-ri-ia li-ik-u-dam ak-ki-ma wa-ar-ki ra-me-e-im kaskal a-a-ti u-ú-ma udu-há i-na-ti ni-le-eq-qé-em-)ma?* )la*-ma n[i]-q[í-i]m a e#-tár a-na [a-ba-i]m [n]u-ra-ad a-[um i-si-nim] )nu*-ta-ar-i?-na?-ti? i-na udu-H[I.A i-na-a-ti] [m]u-u[t]-ta-a-tam a-na be-lí-ni$ a-na-a[d-di-in-ma]

    78

    32 34 36 38 40 Tr. 44 C. 46 48

    Jean-Marie DURAND ù mu-ut-ta-a-tam a-na ìr-me-e [b]e-l[í-ni$] i-zu-ú-zu pí-i be-lí-ia [lu-u-me-e] lu-ul-li-ik udu-há )ma*-d[a-a]-)tim* be-lí lu-a-ar-i i-nu-ma a-la-k[u kaskal] )in*-na-í-[ir] ki-ma a-na ma-ha-nim-ma a-la-ku )a*?-[na ku]r mu-úr-di pa-ni-ia a-a-ak-ka-[a]n ù a-pí-il-tum a-né-)e*-et [a-n]a qú-u-ú-na-anki a-pá-zi-ir-ma [a-um udu-HI].A i-na-ti a-ka-a-a-du [i-na le-e]t? qa-í-im-ma a-al-l[a-a]k [a]-)na* )na*-)ap*-sú-uh-)ti*-ia an-ni-i-tim be-lí a-ah-u la i-na-ad-di ar-hi-i la-ma )ra*-me-e-im )mé*-he-er [up]-pí-ia be-lí li-a-bi-lam a-ni**-tam** [lugal?]-me-e i-da-ma-ra-a I sa-am**-s[i!]**-dIM lugal a na-hu-urki Iàs-qúr-d**IM i-ku-ú-nu

    Bibliographie : publié comme FM VIII 43. Cf. la traduction de J. Sasson, From the Mari Archives, p. 49. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Ama, ton serviteur. Tous les Bédouins sont venus à moi en groupe 6 dire 5 ceci : « 7 Envoie un message 6 chez notre 7 seigneur pour qu’il nous laisse aller 9 razzier 8 les moutons d’Ime-Dagan, (ceux) de Rapiqum 9 et de Yabliya, 10 et les ramener au royaume de Mari. 11 Alors ce sont beaucoup de moutons 12 que nous pourrons donner à notre seigneur et 13 notre seigneur 14 ne pourra pas nous demander 13 sans cessea) les nôtres. » 15 Voilà ce que tous les Bédouins 16 m’ont dit d’une seule 15 voix. 17 Maintenant, si c’est le désir 18 de mon seigneur, 19 qu’il ne s’oppose pas aux Bédouins, ses serviteurs, 18 pour ce (projet) ! 20 Que mon seigneur prenne connaissance de cette tablette de moi et 21 aussitôt, le jour même, 23 qu’il remette 22 au porteur de 23 cette tablette de moi 22 réponse à ma tablette 25 pour qu’elle m'arrive 24 chez moi avant (la fête du) râmûm, 26 en sorte qu’après (la fête du) râmûm 27 ils fassent cette expédition, 28 que nous prenions 27 ces moutons 28 et 29 que nous descendions (ainsi) guerroyer 28 avant le sacrifice 29 d’Etar. 30Nous les ramènerons 29 en vue de la cérémonie. 30 Sur ces moutons, 31 je donnerai la moitié à notre seigneur et, 32 en outre, l’(autre) moitié, 33 on (en) fera le partage 32 pour les serviteurs de notre seigneur. 33 Je désire entendre les propos de mon seigneur. 34 Dois-je aller 35 procurer à mon seigneur 34 beaucoup de moutons ? 35 Lorsque j'irai, ma route ne sera pas évidente. 36 Comme si j'allais au Campement, (c’est) vers le mont Murdu, 37 (que) je me dirigerai. 38 Cependant, la suite sera différente : 39 je prendrai un chemin détourné pour Qaunân et, 40 pour m’emparer de ces moutons, 41 c’est par la limite de la steppe que j’irai. 43 Mon seigneur ne doit pas traiter avec indifférence 42cette expédition de moib). 46 Il doit me faire 45 porter réponse à ma tablette 44 rapidement, avant (la fête du) râmûm ! 47 Autre chose : les rois de l’Ida-Mara 49 ont installé 48 Samsî-Addu, roi de Nahur, 49 Asqur-Adduc). 5

    a) Kâyamântam se présente comme l’accusatif féminin de kâyamânum, terme utilisé pour indiquer que quelque chose est normal, voire récurrent et non pas occasionnel. Il peut s'agir d'un accusatif adverbial, signifiant « normalement » ou du mot qui désigne la quote-part demandée pour un rituel récurrent. Le terme fait allusion à la contribution normale qui doit être versée par les Bédouins à leur suzerain. b) Le terme napsuhtum qui manque dans les dictionnaires est construit sur PSH « aller ». c) Cf. dans FM VIII, p. 153, l'information de M. Guichard comme quoi il y a eu à Nahur une royauté éphémère d'un individu qui s'appelait Samsî-Addu. Le texte est ici manifestement fautif. J'ai suppléé mais d'autres restaurations sont envisageables.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    79

    3.3.3 Le rôle d’Addu-dûrî, mère du futur roi Parmi les gens qui ont été actifs à mettre Zimrî-Lîm sur le trône de Mari, il faut certainement compter sa mère Addu-dûrî. Il importe de savoir qui elle était ainsi que d’établir la date des lettres qui lui sont adressées (ou qu'elle a envoyées) et qui ont été retrouvées dans le palais de Mari. Pour la première question, on ne doit plus douter désormais qu'elle fût la mère biologique de Zimrî-Lîm60. Son sceau la dit en effet « servante » (épouse) d'un Hadnî-Addu que Zimrî-Lîm dit être son père sur son sceau le plus ancien et dont il a donné le nom à l’un de ses fils61. Par ailleurs, le chef rabbéen, Dâdî-hadun se dit le hâlum de Zimrî-Lîm, soit son oncle62, ce qui ferait de lui le frère d'Addu-dûrî et, donc, de cette dernière une mâr yamîna. C'est cette qualité de princesse rabbéenne qui explique qu'elle serve à Atrakatum, reine de Milân — sa fille ou sa nièce — d’intermédiaire pour faire parvenir du courrier à son « frère » Zimrî-Lîm63. Le fait illustre par ailleurs l'ambiguïté des rapports à une époque où différentes logiques familiales s'opposent : Atrakatum était l'épouse de Sumu-dâbî, roi mâr yamîna, mais elle était aussi la « sœur » de Zimrî-Lîm, roi de Mari ; Addu-dûrî était sœur de Dâdîhadun, l'allié que les Mâr yamîna appelaient à l'aide, mais elle était aussi mère du roi de Mari désormais leur ennemi.

    De ces deux faits qui sont patents, on peut extrapoler que le père d'Addu-dûrî pouvait être le roi mâr yamîna d'Abattum, Ayyalum. Après sa victoire sur les Mâr yamîna, Yahdun-Lîm avait sans doute dû vouloir cimenter l'unité des deux principales branches bédouines du Moyen-Euphrate64 par une union matrimoniale. La question non résolue pour l'heure reste de savoir si Hadnî-Addu était un fils ou un plus jeune frère de Yahdun-Lîm. Le fait que Hadnî-Addu ait été le prince héritier de Yahdun-Lîm ferait plus de sens pour la politique de Bannum et conforterait l'idée que Zimrî-Lîm était relativement jeune lorsqu'il accéda au trône. Il n'y a pas de documents qui nous permettent de savoir sûrement ce qu'il advint de la famille royale de Mari après la victoire de Samsî-Addu sur les Bords-de-l'Euphrate. Le prince Hadnî-Addu eut vraisemblablement, comme Yahdun-Lîm, un sort tragique puisque que le nouveau roi s'appela SumuYamam qui ne dura qu’un peu plus d’un an. On peut penser que Zimrî-Lîm fit partie de ceux qui trouvèrent refuge à l'Ouest puisque tant la divinité de Kallassu que celle d'Alep lui rappelèrent65 les soins attentifs 60 On verra encore dans J. Sasson, From the Archives of Mari, p. 9 l : « Addu-duri … aunt or mother of ZimriLim…». Qu’elle se dise « servante » de son royal fils s’explique par le changement de paternité de ce dernier. 61

    Pour les fils de Zimrî-Lîm, cf. N. Ziegler, Le Harem de Zimrî-Lîm, FM IV, 1999, p. 68-69.

    62

    Il y a en fait deux termes pour désigner l'oncle dans les textes de Mari : hâlum et dâdum (cf. J.-M. Durand, « À propos des noms de parenté à Mari », MARI 2, 1983, p. 215-217). La différence entre les deux doit être naturellement celle d'oncle paternel et d'oncle maternel. En l'occurrence, hâlum ne peut désigner que le « frère de la mère », ce qui n'est pas l'usage arabe. Mais hammum (‘ammum) dans l'akkadien de l'époque désignait de façon très nette le « grand-père », ce qui n’est également pas l’usage arabe, ni celui de l’hébreu. Il faut donc supposer que la famille d'époque amorrite distribuait ses termes de parenté de façon différente des langues ultérieures. 63

    Cf. dans ARMT XXXIV, ad ARM X 91+.

    64 Plusieurs faits montrent que la mère du roi Addu-dûrî n'avait pas la même pratique de l'akkadien que l'administration royale de Mari. ARM X 55 révèle son statut d'étrangère à la cour par l'utilisation de formulations autres que celles de la chancellerie. Ainsi dame Addu-dûrî tutoie-t-elle le roi (geme!-ka, ekalla-ka) alors qu'elle s’adresse à lui en même temps à la 3e personne. C'est une caractéristique qu'elle partage avec les « filles » de Zimrî-Lîm d'ailleurs, ainsi qu'avec Bannum. Elle utilise surtout des formes non akkadiennes dont la plus évidente est aum iâti abiattim (ARM X 55 = LAPO 18 1093) : G.D voulait corriger en a-bi-ia--tim, mais on peut poser un *abiyanum avec un féminin abian(a)tum, correspondant à l'hébreu ebin (cf. HALOT I, p. 5a ’ebyn sur une racine ’bh « refuser de faire qqch, dédaigner, avoir de la répugnance » ; *abiyanum signifierait donc à Mari plutôt « méprisé » que « malheureux »). On remarque aussi que l’usage d’aum dans un serment est sans doute bien connue en akkadien, mais que l'on attendrait plutôt aumiya qu’aum iyati. Cf. ici-même, p. 454, b). Enfin, Addu-dûrî recourt pour le précatif à un inaccompli I/3, forme utilisée par le scribe occidental d’Idrimi, ce qui n'appartient pas à l’akkadien standard. Addu-dûrî se présente ainsi comme une personne qui n’est pas de Mari proprement dit, même si elle habite, comme c’est vraisemblable, dans les environs de cette ville. Plutôt que le dialecte de la campagne, il doit s’agir de façons bédouines (mâr yamîna ?) de s’exprimer. On remarque, en outre, le caractère également occidental de sa religiosité : elle parle du « trône » d’Annunîtum, non de la statue de la déesse, alors que c’est bien une statue d’Annunîtum qui devait être vouée. 65

    Cf. FM VII 39.

    80

    Jean-Marie DURAND

    dont il bénéficia de leur part au moment de son éducation. Addu-dûrî, en revanche, ne dut — ou ne put — sans doute pas quitter la région de Mari pendant l'intermède du RHM. Si aucun texte ne l'y mentionne, c'est qu'elle ne devait pas se trouver dans la capitale même. Or, à côté de Mari se trouvaient les bourgs de Dêr et de ehrum qui étaient les lieux mêmes où s'étaient installés à leur arrivée du nord de la Haute-Djéziré les Mâr sim’al66. La divinité de cette région était Annunîtum, alias Dêrîtum, celle-là même qui reçut le premier hommage de Zimrî-Lîm et pour laquelle Addu-dûrî manifestait une grande dévotion67. La statue de culte vouée à Annunîtum par Zimrî-Lîm, soit l’un de ses premiers actes de roi, pouvait être, en fait, un ex-voto de Yasmah-Addu68, car une telle statue relève plus de l'idéologie du RHM que de celle du monarque bédouin69. Zimrî-Lîm n'aurait pas eu, en outre, le temps matériel de la faire confectionner. Yasmah-Addu avait pu, tout à la fin de son règne, voyant s'amonceler les menaces, essayer de se concilier les faveurs de la divinité mâr sim'al (et par delà sans doute, celles de la population qui la vénérait).

    Addu-dûrî pouvait donc y avoir sa maison et s’être occupée des cultes de la région de ehrum et/ou de Dêr, en y assumant une charge de prêtresse, après la mort de son époux Hadnî-Addu. Faire d'une princesse « inutile » une religieuse était d’ailleurs tout à fait dans la logique de l'époque. En ce qui concerne l’accession de son fils au trône de Mari alors qu'il devait sûrement y avoir d'autres candidats, survivants de l'ancienne maison royale de Yahdun-Lîm, on soulignera l'importance de A.122 (= ARM X 51, LAPO 18 1095, cf. p. 84), un texte tout à fait remarquable pour la théorie royale. Addu-dûrî y présente la confirmation divine de la légitimité de Zimrî-Lîm : lors d'un rêve à valeur monitoire (l. 6 : iul), l'administrateur du culte d'Itûr-Mêr, la divinité poliade de Mari mais aussi l’une des divinités de la dynastie mâr sim'al, transmet une prophétie de la « Dame des Puits » (Bêlet bîrî) selon laquelle la dynastie est assimilée à un mur construit brique à brique, lesquelles représentent les différents rois. Cette affirmation doit faire allusion à la lignée royale dont Yahdun-Lîm était un maillon et où ZimrîLîm devait prendre sa place, même au détriment d’autres candidats. L'assurance de son triomphe fait que le (futur) roi doit veiller à sa propre protection et ne pas trop s'exposer, thème récurrent de l’époque, en écho aux textes qui montrent le roi guerrier parmi ses guerriers, payant de sa personne. Addu-dûrî n’apparaît dans les textes du harem qu’au tout début du règne de Zimrî-Lîm70, dans FM IV 1. N'a le pas sur elle qu'Inib-ina, prêtresse d'Addu, la divinité principale des Bédouins mâr sim'al, alors qu'elle précède elle-même la reine Dâm-hurâi, veuve de Yasmah-Addu, sans doute déjà remariée à Zimrî-Lîm. Le groupe que forment ces trois dames est, par ailleurs, nettement détaché par rapport aux « filles » et aux « femmes » que l’on a attribuées à Zimrî-Lîm et qui forment d'autres groupes. Elle n’apparaît plus au palais dès le deuxième texte du harem, FM IV 2. Cette absence de mention doit indiquer qu’elle est allée habiter ailleurs, puisque sa mort est un événement tout à fait ultérieur : plutôt qu’une résidence parmi les hôtels de Mari laissés libres par les ci-devant Ékallatéens, on peut penser qu'elle était retournée dans la région qui a été la sienne lors de l’intermède du RHM, à ehrum ou à Dêr71. C’est donc dans la période antérieure à l'arrivée de Zimrî-Lîm qu’elle a dû recevoir plusieurs des lettres de ce dernier retrouvées au palais. Des missives envoyées par elle n’ont d'ailleurs de motivation que

    66

    Cf. introduction de FM XIII. Le rejeton d’un autre fils de Yahdun-Lîm, Lana-Addu, était à résidence dans la région de Terqa, selon ARMT XIII 109 (= LAPO 18 1021) qui est cependant de l’époque de Zimrî-Lîm. 67

    Cf. ARM X 55, où il est question de sacrifices dans le temple d’Annunîtum, ou ARM X 52 ( = LAPO 18 1106) où il s'agit de réattribuer des offrandes à la déesse. Addu-dûrî était ainsi directement intéressée au culte de la grande déesse. 68

    Par la suite, effectivement, le roi bédouin devait vouer des trônes à ses divinités ou des statues de lui-même

    en orant. 69

    Cf. FM VIII, p. 17 sq.

    70

    Pour tous ces textes, cf. l'étude de N. Ziegler, dans FM IV, p. 50-51.

    71

    G. Chambon me signale que sa maison ne devait pas être très loin de la capitale, car Ilu-kân y récupère du grain (ARM XI 68, ARM XII 141, 146 (ZL 4’) et FM 4 49 (ZL 5’).

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    81

    si elle n’est pas avec le roi. Ses lettres ont pu être ramenées dans la capitale par le roi, comme on le constate pour d’autres documents qui lui ont été envoyés en son absence. Tout particulièrement, la lettre A.4248 fait allusion aux derniers moments du pouvoir d'Ékallatum (RHM) à Mari. Addu-dûrî a envoyé cette missive à son « seigneur » avant qu’il n’y ait attaque d'une ville tenue par un général ékallatéen. Elle pronostique l’état d’esprit défaitiste des défenseurs dans une lettre d'une tonalité tout à fait prophétique. La mention du roi de Babylone paraît un élément décisif pour dater le document et déterminer le lieu concerné, car des troupes babyloniennes se trouvaient à Mari pour prêter main forte au RHM moribond. La fin du « Projet de Stèle de victoire » (cf. p. 96) parle justement de l’évacuation de ces troupes en relation au départ des messagers de Dilmun, ambassade qui eut lieu au moment où Samsî-Addu finissait son existence. Il faut donc comprendre qu'Addu-dûrî prédit que les forces ékallatéennes ne résisteront pas à une attaque. Le général ennemi dont il est question ici doit être le fils d’Ime-Dagan, Etar-utlallî72. 22 [A.4248] Addu-dûrî à « son seigneur ». Annonce que les forces loyalistes viendront à bout des occupants lesquels sont défaitistes et peu enclins à une lutte jusqu'au bout. [a-na] be-lí-ia [qí]-bí-ma [um-m]a fd IM-du-ri 4 [geme!]-ka-a-ma [an-n]a-[n]u-um dumu-me-e na-qí-di-im 6 [ù lú]-me-e sá-sag i-na re-i-ka [ra-a]k-sú 8 [i-na-a]n-na a-ah-ka [la-a i]t-ta-di 10 a pa-n[a-nu]-um dumu-me-e é-kál-[la-/t]a-/[y]uki Rev. 12 i-na pa-ni-ka-m[a] in-né-ru-b[u ù i-na a-li]-imki 14 i-te-lu-[ú] ù l[ú]-gal mar-tu 16 ki-a-am i-da-ab-bu-ub a-na a-bi-im um-ma u-ma 18 [a]m-mi-nim a-na a-hi-u [l]u-mu-ur Ii-me-dda-gan 20 [ú]-ul i-pu-ur-ma [ù] a-ba-am 22 [ú]-ul id-di-in-[um] [ù] lugal ba-bi-la-iu [a-ab-u] C. 24 [ú-e-e]-í-ma [i-na-an]-na be-[lí] p[a]-ga-ar-[u li-ú]-ur

    2

    Bibliographie : texte édité comme ARM X 60 = LAPO 18 1091. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Addu-dûrî, ta servante.

    72 Pour ce NP, cf. CAD U, p. 335a. Il s'agit sans doute de la divinité Etar Iradan(a), divinité tutélaire d'Ékallatum, ou d'Etar de Ninive.

    82

    Jean-Marie DURAND 5

    Ici, les bergers 6 et les bénéficiaires de rations 7 sont équipés, 6 à ta disposition. 8-9 Maintenant de l’audace ! 10 Ce sera comme précédemmenta) : 11 les gens d’Ékallatum, 12 avant même ton arrivée, 13 se sauveront. Alors, 14 ils évacueront 13 la ville. 15 Alors, le général 16 dira ceci à l’armée : « 18 Pourquoi 19 me préoccuperais-je 18 pour son frèreb)? 19 Ime-Dagan 20 n’a (même) pas envoyé de message(r) et 22 en outre, ne lui a pas fourni 21 de troupes! » 23 En outre, le roi de Babylone 24 fait évacuer 23 sa troupe et, 25 maintenant, que mon seigneur prenne garde à luic)! a) La l. 10 indique qu’il y a déjà eu un affrontement où les troupes du RHM ont été vaincues. Il doit s’agir de la bataille de Dêr (17-iv*) antérieure à celle de Tizrah (21-iv*) 4 jours après. Tout cela s'est passé aux portes de Mari car Tizrah se trouvait assez proche de la ville, comme l’indique A.3203 (ARM X 108 = LAPO 18 1090). b) Ce texte ne prouve pas que Yasmah-Addu fût encore en vie car il peut s’agir des honneurs à rendre à sa dépouille funéraire, vu qu'on ne l’appelle pas de son nom. Yasmah-Addu a donc pu mourir dès la bataille de Dêr. En revanche Etar-utlâllî est toujours vivant, or c’est lui qui accomplit le sacrifice pour les mânes de Samsî-Addu selon ARM VII 31 & 71. c) La phrase « que mon seigneur fasse attention à sa personne » se retrouve dans d'autres lettres adressées à Zimrî-Lîm et c'est un leitmotiv des missives d'Addu-dûrî à cette époque (ce qui indique une unité d’écriture). À ce moment, Zimrî-Lîm donne effectivement beaucoup de sa personne. Même exhortation dans la lettre d'Atrakatum, ARM X 91+, où le roi est dit se mettre en première ligne face à l'ennemi, lors de manœuvres d’intimidation contre Milân. C'est un thème obligé des lettres adressées au roi puisque, dans A.994 (= ARM X 50 = LAPO 18 1094), le texte dit encore : « Mon seigneur ne doit pas montrer de négligence pour sa protection personnelle », alors que le roi doit être à Mari.

    Dans A.3179 les présages qu’Addu-dûrî a pris sont mauvais. Cela pourrait paraître contradictoire avec le fait que la lettre commence par dire que le « Palais va bien ». En fait, l. 24, une personne voit son nom taboué et Addu-dûrî n'en parle l. 11 qu'à la troisième personne, en disant û, « lui ». Le verbe qui lui fait référence est une forme I/2 (G/2). Or ittalak signifiant « il s’en va », il faut comprendre non pas « qu’il vienne73 ! » mais « qu’il s’en aille ! » Il y a donc changement de sujet. Aux l. 11 et 12, il s’agit du chef ékallatéen ; c'est lui qui est, en fait, concerné par le mauvais présage obtenu par Addu-dûrî. 23 [A.3179] Addu-dûrî à « son seigneur ». Il faut se ménager. Les présages lors des sacrifices pour Annunîtum ont été mauvais. « Il » devra donc fuir ! a-na be-lí-ia qíbí-ma fd um-ma IM-du-ri 4 geme!-k[a]-a-ma é-kál-la-ka a-lim 6 i-na-an-na be-lí pa-ga-ar-[u] 8 li-ú-ra-am-ma Tr. [a]-um i-ia-ti 10 )a*-bi-a-tim [u]-ú li-ta-al-kam Rev. 12 a-ni-tam i-nu-ma siskur!-re gi-gu-za 14 a é an-nu-ni-tim siskur!-re aq-qí-ma 16 t[e-re]-tum ma-di-i n[a-ak-r]a i-na 1 te(-er-tim 2

    73

    Comme le fait la traduction de ARMT X, p. 93 qui comprend « que mon seigneur arrive (ici) ! ».

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 18 20 Tr. 22 24

    83

    4 [ta]-al-lu i-[na] a-ni-tim 2 ta-al-lu [a-a]k-nu i-na-an-na be-lí pa-ga-ar-u li-ú-[r]a-am-ma [l]i-ta-al-kam

    Bibliographie : texte édité comme ARM X 55 = LAPO 18 1093. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Addu-dûrî, ta servante. Ton palais ça vaa). 6 En fait, mon seigneur doit se protéger 11 et, « lui », doit s’en aller d’ici, 9 pour l’amour de moi, qui suis méprisée! 12 Autre chose : au moment 13 des sacrifices au trône 14 du temple d’Annunîtum, 15 j’ai fait les b) sacrifices et 16 les présages 17 se sont trouvés 16tout à fait 17 contraires : dans la première prise, 20 il se trouvait 18 4 tallu, 19 dans la seconde 20 2c). 21 Présentement, 22 mon seigneur 23 doit protéger 22 sa personne et 24 que « lui » s’en aille ! 5

    a) L. 5, l'expression « ton palais » signifie « le palais qui doit devenir tien », scil. une fois que tu seras devenu roi. Le fait que « le Palais aille bien » est une expression ambiguë car elle peut désigner les gens ou les biens qui s'y trouvent. b) Le culte d’Annunîtum tient un rôle important dans la correspondance d’Addu-dûrî. Le présent texte montre que la reine fait le sacrifice mais c'est sans doute un devin qui examine les entrailles des animaux sacrifiés. c) Il s’agit de la prise de l’oracle (l. 17) et de sa piqittum (l. 20). Pour ce passage, cf. MARI 3, p. 156-157 : « L’omen “2 tallum” n’est pas bon ; il semble d’ailleurs que des tallum en nombre pair soient de mauvais augure, à moins que leur base ne soient “une”. Les autres présages donnés par les textes hépatoscopiques sont “ tes troupes de secours et tes alliés se débanderont74 ”. » Le tallum a dans la rhétorique divinatoire l’image de l’« aide », le rêum. Or cette dernière est le plus souvent comprise comme faisant référence à un traître dont on n’obtient pas l’aide escomptée. Il s’agit de la même affabulation dans ARM X 4 (= LAPO 18 1144) où ses propres tillâtum sont censées trahir Ime-Dagan. Le présage que donne Addudûrî est ainsi de mauvais augure. Rien n’indique pour qui Addu-dûrî prend les présages, mais comme les sorts concernent celui qui est au pouvoir, en l’occurrence un résultat négatif avantage a contrario son fils.

    Dans les deux lettres suivantes l’angoisse très perceptible d’Addu-dûr s’explique si Zimrî-Lîm n’est toujours pas arrivé et si son accession au pouvoir pourrait encore être remise en question. Dans [A.122] l’administrateur du temple d’Itûr-Mêr, donc du dieu poliade de Mari, rapporte les propos de la déesse Bêlet-bîrî au sujet de Zimrî-Lîm, comme quelqu’un qui s’insère dans une lignée dynastique telle une brique dans un mur. La prophétie s’explique si l’on admet que dans la première partie (l. 1213) « son » renvoie à la ville, alors que « il » dans les l. 14-16 renvoie au roi. 24 [A.122] Addu-dûrî au roi. Rêve auspicieux de l’administrateur d’Itûr-Mêr qui proclame la légitimité de Zimrî-Lîm au sein de la dynastie. 2 4 6

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma fdIM-du-ri I i-din-ì-lí lú-sanga a di-túr-me-er u-ut-ta-am i-ú-ul um-ma u-ú-m[a]

    74 Mauvaise compréhension dans U. Jeyes, Old Babylonian Extispicy, 1989, p. 31 où ipaarû-ka est compris “will liberate you”».

    84

    8

    Jean-Marie DURAND i-na u-ut-ti-ia nin-bi-ri iz-zi-za-am-ma ki-a-am iq-bé-em um-ma i-i-ma ar-ru-tum na-al-ba-[n]a-as-s[ú] ù pa-lu-um du-ur-u a-na gidi-im-tim a-na mi-nim i-te(-né-él-le pa-ga-ar-u li-i-ú-ur i-na-an-na be-lí a-na na-a-ar pa-ag-ri-u la i-ig-ge

    d

    Tr. 10 12 14 16 18

    Bibliographie : publié comme ARM X 51 = ARMT XXVI 238 = LAPO 18 1095. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Addu-dûrî, ta servante. Idin-ili, l’administrateur 5 du dieu Itûr-Mêr, 6 a eu un rêve auspicieux ; 7 il a dit : « 8 Dans un rêve de moi, 9 la déesse Bêlet-bîrî était debout et 10 tenait ce discours, 11 disant : “ 12 La royauté est son moule à briques 13 mais la dynastie sa muraille. 15 Pourquoi monte-t-il sans cesse 14 à la tour d’assaut ? 16 Qu’il veille à sa propre sauvegarde ! ”» 17 De fait, mon seigneur 19 ne doit pas négliger 17 de veiller 18 à lui-même. 4

    Cette lettre est, en fait, de pure propagande ; la forte image de la lignée dynastique comprise comme un mur, donc comme ce qui défend la ville contre l'ennemi, où une royauté particulière n’est qu'une des briques qui la compose, prend tout son sens si l’on en est encore aux tractations pour savoir qui sera le meilleur héritier pour Yahdun-Lîm, bien moins s’il s’agit de l’expédition contre Kahat. Le texte peut jouer sur le terme palûm qui signifie la « dynastie », alors que le manteau royal est dit túg-bala, le palûm. La suite du raisonnement est que la légitimité naturelle de Zimrî-Lîm le dispense de travaux guerriers, lesquels seraient au contraire attendus de la part de quelqu’un qui doit faire la preuve qu’il est protégé par les dieux. La présente lettre l'exhorte à se garder, alors que le roi devait répondre à sa mère que la protection des dieux est ce qui lui permet toutes les audaces (cf. ci-dessous). Ce texte doit donc dater du moment où ZimrîLîm est encore dans le Nord alors que Mari est déjà aux mains de ses partisans. L'administrateur d'ItûrMêr ne peut, lui, que se trouver dans la capitale. Il est mal aisé de comprendre pourquoi cet homme a un rêve où s'exprime la « Dame des Puits », la Bêlet bîrî. Une telle divinité est cependant certainement importante pour des Bédouins qui vivent de leurs troupeaux transhumants comme on en a plusieurs échos dans la geste des Patriarches hébraïques qui sont de grands créateurs de puits. La réponse aux soucis religieux de dame Addu-dûrî peut se trouver dans A.3421 ainsi que dans A.3750 qui émanent du roi. Ce dernier texte, qui traite des chevaux blancs de Qana, montre le prince anticipant le plaisir de posséder de telles bêtes rarissimes à l’époque et – à en croire le roi de Qana – fort dispendieuses75. Ils ne doivent pas être pillés, ou emmenés par ceux qui quittent la ville. 25 [A.3421] Zimrî-Lîm à Addu-dûrî. Il l'exhorte à persévérer dans l'offrande de sacrifices.

    2

    fd IM-du-ri a-na qíbíma um-ma be-el-ki-[i]-ma

    75 Si Zimrî-Lîm avait trouvé ces chevaux en arrivant à Mari, il aurait vraisemblablement donné lui-même des ordres pour la confection immédiate de l'écurie, sans en laisser le soin à sa mère.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    85

    up-pa-ki a tu-[a-bi-l]im [e]-me ki-a-am ta-a-pu-ri-im um-ma-mi a-na siskur!-re-há é dingir-me-e a-hi ú-u[l a-na]-di [i-n]a-an-na a-na siskur[!] [é dingir]-me-e a-ah-ki la n[a-de-ka] [ù a-um siskur!-r]e-h[á…]

    4 6 8 10

    (Lacune de 10 l.76) Rev. 2’

    [a-al-ma-ku (?)] [u-lum-ki a]-na e-r[i-ia] [lu-ú] sa-di-i[r] 1

    Dis à Addu-dûrî : ainsi parle ton seigneur : J'ai pris connaissance de la tablette de toi que tu m'as fait porter. 5 Tu m'écris ceci : « 7 Je ne montre nul relâchement 6 en ce qui concerne les sacrifices 7 aux temples. » 8 Maintenant, en ce qui concerne 9 le fait de ne pas montrer de ta part de relâchement 8 pour les 9 sacrifices aux temples, 10 ni aux sacrifices … 4

    (Lacune de 10 l.) 1'

    Je vais bien. 2' Que des nouvelles de toi 3' arrivent régulièrement 2' chez moi.

    Bibliographie : publié comme ARM X 144 = LAPO 18 1100.

    26 [A.3750] Le roi à Addu-dûrî. Il a appris l’existence dans le palais de Mari des chevaux blancs originaires de Qana et demande qu’on les installe dans la « cour aux peintures » du palais, face aux appartements royaux. Il demande des nouvelles constantes. [a-n]a dIM-du-ri 2 [qí]bíma [um-ma] be-el-ki-i-ma 4 [a-um ane]-kur-ra-há pé-ú-tim a i-[t]u qa-[á-n]imki [a e-te-n]e-em-me-ma 6 [ane]-kur-ra-há u-nu sig$-há [i-n]a-an-na u#-um up-[p]í an-né-e-e[m] 8 [te]-e-em-me-e i-na ki-sa-al [é bi-i]r-mi i-na ba-ab lú-me[ ni-du'] Rev. 10 [a-a-ar a-na] u#-mi-im í-[il-lu-um] [i-ba]-a-u-ú ú-ra-a-am li-p[u-u] 12 [gi-há] li-im-ha-ú-ma ane-kur-ra-há [u-nu] [li-ir-bi]-ú e-em l[i]-i[b-lu-ni-u-nu-i] 14 [ù a-na wu-ur-ti]-ia an-ni-ti[m] [a-ah-ki la ta-na-di]-ma 16 [ú-ru-um a-na a]ne-kur-ra-há u-nu-ti [… i-na pa]-an é-ti-ia 18 [li-ib-ba-ni] [a-ni-tam a-na pa-ni-ia] Tr. 20 [u-lum-ki u-lum ma-r]iki

    76

    Face = 3 l. + Tr. = 2? + Rev. 3 l. et 2 l. illisibles.

    86

    Jean-Marie DURAND [ù u-lum é-me-e] dingir-me-e [lu-ú sa-d]i-[ir]

    22

    Bibliographie : publié comme ARM X 147 = LAPO 18 n°1110 ; cf. ici-même, p. 96, n. 114. 1

    Dis à Addu-dûrî : ainsi parle ton seigneur. En ce qui concerne les chevaux blancs qui viennent de Qana, 5 dont je ne cesse d’entendre parler, 6 ils sont magnifiques. 7 Maintenant, le jour où 8 tu prendras connaissance 7 de cette tablette de moi, 11 il faut que l’on fasse une écurie 8 dans la cour du 9 bâtiment aux peintures, à la porte des portiersa), 10 là où 11 il y a 10 de l’ombre pour (se protéger du) jour ; 12 que l’on brise des roseaux et 13 qu’on en fasse une litière 12 pour les chevaux ; 13 qu’on leur apporte du grain. 14 Donc, 15 ne sois pas négligente concernant 14 ces directives de moi. 16 L’écurie pour ces chevaux 18 doit être faite 17 face à (ce qui sera) ma demeure. 19 Autre chose : 20 des nouvelles de toi, de Mari 21 et des temples 22 doivent m'arriver continuellement. 4

    a) La « cour du bâtiment aux peintures », kisal bît birmî, est la cour 131, celle où donne la porte principale du palais. La porte conduisant à la cour 106, dite « du Palmier », est celle où se tenaient les portiers du harem, que je restitue sous le nom de bâb lú-me-[e ni-du'] ; les textes ultérieurs la connaissent comme « porte d'Uur-pî-arrim », du nom du portier-chef. Les appartements du roi, au moins ceux de Yasmah-Addu, devaient donc être, à l’époque, à l'étage de ce qui est connu comme le bît îrim ; ils faisaient ainsi face à l’entrée majeure. Il faut donc supposer qu’une écurie a été (au moins programmée) du côté nord-ouest de la grand cour, là où se trouvait la S.189, avec des peintures qui montrent le statut privilégié du local. Ce devait être l’endroit où avaient leur installation les gardes du harem. Pour cette raison je restaure aujourd’hui plutôt lú-me-e ni-du' que lú-me-e sag, comme je l’avais fait lors de la traduction de LAPO 18. Le futur roi de Mari semble avoir une connaissance précise de son palais, avant même d'y être entré.

    3.3.4 Les derniers instants du règne de Yasmah-Addu à Mari D. Charpin et N. Ziegler énumèrent dans FM V, p. 152-153, les textes datés de l’éponyme postérieur à l’éponyme âb-illi-Etar (soit warki âb-illi-Aur) et aboutissent à la constatation que le règne de Yasmah-Addu s’est prolongé non pas pendant cinq ans77, mais pendant seulement plusieurs mois au cours de cette éponymie, quoique ce roi ne soit pas désigné nominalement dans les textes et que son existence ne soit inférée que de la mention de son titre (lugal), lequel cesse d’être attesté après le 5/iv (ARM VII 27). Dans la « Stèle de Victoire » il est toutefois dit que la victoire à Tizrah a été remportée aussi sur Yasmah-Addu, ce qui pourrait signifier que le roi a dû vivre au moins jusqu'à ce moment-là. En revanche, depuis la fin de l’éponymie de âb-illi-Aur, une troupe est arrivée d’Ékallatum conduite par Etar-utlallî, fils d’Ime-Dagan. C’est lui le râb amurrim dont Addu-dûrî (ARM X 60 = LAPO 18 1091 ; cf. p. 81-82) prédit le défaitisme et peut-être a-t-il assumé alors la réalité du pouvoir. 3.3.4.1 Les événements autour de Mari Ces documents administratifs datés donnent de précieuses indications historiques mais restent ambigus dans la mesure où ils ne sont pas aussi explicites que les lettres et peuvent être sollicités de diverses façons. Ainsi la véritable dernière attestation de la présence politique du RHM à Mari est-elle du 11 iv*, avec la mention de Etar-utlallî qui reçoit (selon ARM VII 31) de l’huile, alors que l’accouchement d’Etarbatî en 17-iv* (ARM VII 32) ne prouve rien, la parturiente pouvant avoir été dans l’incapacité de bouger. En revanche la « sortie » de Yasmah-Addu78 s’est produite postérieurement au 5-iv* selon ARM VII 27, dernière attestation du « roi ». À cette date, le fils de Samsî-Addu était certainement encore en vie.

    77 78

    Cf. FM V, p. 161.

    C’est la seule information qui ait jamais été donnée sur la fin du roi de Mari. Le verbe waûm peut être considéré comme un euphémisme pour « mourir », mais son sens courant est « sortir de la ville de Mari », ou de façon générale « sortir de l’endroit où l’on devrait se trouver » (ainsi pour les travailleurs/ses du Palais).

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    87

    Des batailles ont manifestement eu lieu à Dêr et Tizrah, respectivement avant les 17-iv* et 21-iv*. Rien ne dit cependant qui était le maître de Mari à ce moment là : il pourrait en effet s’agir de contreattaques du RHM, Mari évacuée par les forces du RHM et peut-être aux mains des rebelles. Il peut être fait allusion à la bataille de Tizrah (qui a dû être décisive) dans l'Épopée de Zimrî-Lîm lorsque le texte parle d'un affrontement militaire « entre l'Euphrate et le Habur », en comprenant ce dernier comme le « canal du Habur », soit le wadi de Milân, autrement dit le « Hubur », car le fleuve Habur se jetant dans l'Euphrate, on ne comprend pas cette notation « entre Habur et Euphrate » s'il s'agit des deux grands fleuves. « Entre Habur et Euphrate, Là où Addu rendit son verdict (à l'ennemi), Il (= Addu) poussa son cri (et) anéantit son79 clan (qinnum) (Et) éparpilla sa volonté aux quatre coins du monde80. »

    Addu est le grand dieu des nomades Mâr sim’al ; Tizrah81 est une bourgade de l'alvéole de Mari. Ces batailles font supposer que Terqa était déjà tombée aux mains des envahisseurs82. Les textes au sceau d’Asqûdum attestant la royauté de Zimrî-Lîm n’existent cependant qu’à partir du 24-ix (ARM XXI 17) et du 26-ix (ARMT XXIII 246) (mois de (B) correspondant à un mois v* de (A)). Les vainqueurs étaient donc en fait à ehrum, une localité proche de Mari et n’ont fait leur entrée dans la capitale que le 26-ix. Donc pendant le mois v* (= ix) Mari était soit assiégée, soit une « ville ouverte ». En ce qui concerne le mois v*, on notera néanmoins que, si un culte est rendu au lugal gal et à Itar de Ninêt (= Itar de Ninive83, une grande divinité pour la royauté d’Ékallatum) le v*, selon ARM VII 79, il existe le même jour une purification-têliltum (ARM VII 80). On constate ensuite un culte rendu aux déesses locales, Annunîtum et Dêrîtum, qui vont être désormais parmi les divinités principales, le 7/v* (ARM VII 83) et qui sont honorées dans les environs immédiats de la capitale. Comme ces événements religieux suivent les mentions de Dêr et de Tizrah, il pourrait s’agir en fait du moment où, après les deux défaites, un accord est passé entre autorités du RHM et vainqueurs. La lettre [A.4248] (ARM X 60) reprise ici-même, p. 81, indique clairement que « le général » était prêt à un compromis, sans doute parce qu’il avait compris qu’avec les problèmes militaires qu’Ime-Dagan rencontrait sur le front oriental face aux forces d’Enunna il ne recevrait pas de renforts de lui (cf. ibid. l. 18-22)84. Sans doute y a-t-il eu alors des négociations pour obtenir une retraite honorable et a-t-il été obtenu que le corps expéditionnaire partirait avec les Ékallatéens de Mari, pour ne pas les abandonner à la vindicte populaire, tandis que les Babyloniens évacuaient eux-mêmes la ville. C’est donc en ce mois-là, v*, qu’il conviendrait de placer l’intervention de Zakurabum qui a fait sortir les gens de Mari pour réexpédier chez eux ceux d’Ékallatum. Zakurabum était quelqu’un de très proche de Bannum et, en même temps, en relations étroites avec le RHM. C’est à ce double titre qu’on a dû avoir recours à son entremise. Une telle opération n’était certes pas envisageable tant que l’on n’était pas sûr de la défaite du RHM, et surtout, tant que Yasmah-Addu était vivant. Le « tri » dans la population n’a donc pu s’opérer qu’après la bataille de Tizrah, mais certainement après accord général. De ce qui a été décidé alors, nous n’avons nulle trace parce que cela a dû faire l’objet de tractations orales. Peut-être avait-on a cherché alors à ne pas rompre tous liens avec Ékallatum, ce qui expliquerait le fait — étonnant en lui-même — qu’il y ait toujours des contacts entre Ime-Dagan et Mari, ce dont se

    79

    Comme cela est habituel, l'ennemi n'est pas exprimé nominalement mais uniquement de façon allusive.

    80

    Trad. de M. Guichard, L'Épopée de Zimr-Lîm, FM XIV, 2014, p. 13.

    81

    Cf. LAPO 18, p. 272 n. a) à n° 1090.

    82

    Pour cet événement, cf. dans ARMT XXXIV, la lettre de Yanibum, [A.2212].

    83

    Lire ainsi au lieu de *Ne-ni-li (à ne pas lire Nin-ili !), cf. MARI 5, p. 614. Ce culte signifie que la déesse Etar de Ninêt, alias auga des Hittites, était — au moins pour la fin de son règne — une divinité majeure du roi Samsî-Addu. La grande divinité de la dynastie de Samsî-Addu a de toute façon dû être une déesse, non un dieu mâle. C’est sans doute en référence à cette Etar (cf. n. 72) qu’avait reçu son nom le fils d’Ime-Dagan, Etar-utlallî. 84 De la même façon voit-on ci-dessous dans [A.2444]: 20 sq. Ime-Dagan ne pas assurer la vengeance d’un de ses serviteurs au moment de l’attaque de Mari, sans doute faute de moyens.

    88

    Jean-Marie DURAND

    plaignait d’ailleurs le roi d’Enunna85 ou peut-être avait-on jugé préférable pour tous d’organiser la reddition de Mari sans avoir à lutter plus avant. La retraite ne s’est peut-être pas calmement passée. Ainsi Bisan86, lieu-dit peu attesté, a dû voir un épisode assez important pour être un des rares toponymes nommément cités dans l'Épopée. « Le pays pilla les biens qu'il (l'ennemi) possédait, dans la ville de Bisan, (tout) l'or rutilant87. »

    M. Guichard a fait l'hypothèse que tel était l'endroit où la caravane de Yasmah-Addu qui évacuait les trésors du palais s'était fait attaquer. Bisan est un lieu-dit de la région de Saggâratum et ce pillage (très vraisemblable) peut effectivement représenter une péripétie de l’évacuation. Il est à présumer en effet que les troupes d’Ékallatum ont dû partir de Mari avec les trésors du palais royal. Rien ne prouve cependant que Yasmah-Addu ait fait partie du convoi et que ce soit le lieu où il ait trouvé la mort88. Zimrî-Lîm a dû quitter Tuttul au début du mois vii* éponymal qui correspondait à un mois x du comput (B), ce qui lui laissait une dizaine de jours pour arriver de Tuttul à Terqa. Il n’aurait donc quitté Tuttul qu’une fois les Ékallatéens partis et Mari reconsacrée par le rite de la sihirtum. L’installation sur son trône de Zimrî-Lîm doit avoir été le résultat de tractations dont nous ne sommes plus informés du détail. Une entente générale entre Zimrî-Lîm et Bannum avait dû être conclue dès avant la prise de Tuttul, même si les termes de l’accord entre les deux hommes a sans doute évolué au gré des événements. Les textes qui nous éclaireraient à ce sujet peuvent avoir été ultérieurement détruits ou les décisions n'avoir fait l'objet que de messages oraux. Le sceau de Zimrî-Lîm sur la circulaire qu’il comptait envoyer à des personnalités de Haute-Mésopotamie porte déjà sa prétention à être roi de Mari, tout en spécifiant encore qu’il était fils de Hadnî-Addu ; son « changement de père » a donc dû se produire entre ces lettres, vraisemblablement rédigées à Tuttul, et son arrivée à Mari au mois xi (= vi* de l'éponymat warki âb-illi-Aur). Bannum qui attachait apparemment beaucoup de prix au souvenir de l’ancien roi n’aurait jamais laissé Zimrî-Lîm arriver au royaume s’il n’y avait pas eu entente préalable avec lui sur un fait aussi important que sa filiation. Les textes de Tuttul semblent hésiter, par ailleurs, entre « Zikrî-Lîm » (collationné) et « Zimrî-Lîm » pour désigner celui qui s'est emparé de la ville. Il est vraisemblable que ces deux noms ne désignent qu’une seule et même personne ; l’on pourrait même envisager, puisque le mois d'abum est antérieur à celui de hipirtum, que, dans un premier temps, ce fût « Zikrî-Lîm89 » qui était le vrai nom (de règne ?) du nouveau roi, mais KTT 330 qui permettrait d’éprouver cette possibilité n’a pas gardé mention du mois. Le changement (s’il faut en postuler un) ne serait d'ailleurs vraiment intéressant que si l’on savait la différence qu’il y avait dans la mentalité de l’époque entre les deux NP.

    Cependant, même si Bannum a voulu — ou accepté — que fût restaurée la lignée de Yahdun-Lîm à Mari, on verra que, même s’il reconnaissait une dignité royale supérieure à sa fonction, il s'est pratiquement réservé le domaine de la politique avec un pouvoir sans partage. Le rôle du roi semble en effet avoir été, au début, limité au domaine du religieux et à la « représentation ». Une fois les activités cultuelles assumées, à partir du 7-x, les gens de Mari se mettent en route vers Terqa où devait être sacré le 13-x le nouveau roi, venant du Nord.

    85 Cf. A.1289+ édité par D. Charpin, Mélanges P. Garelli, p. 147-159 = LAPO 16 281, iii, p. 437 « En ce qui concerne les messagers qu’Ime-Dagan t’a envoyés…». 86

    Pour Bisan, cf. commentaire p. 446, ad [M.5414] où l’on voit que l’endroit était réputé dangereux.

    87

    Cf. M. Guichard, op. cit., p. 13 & p. 109. Bisan n’est pas mentionnée dans ce qui reste du « Projet de stèle de victoire », mais pouvait l’être à la fin du texte aujourd’hui brisé. 88

    La « sortie » de Yasmah-Addu s’est passée en l'absence de Zimrî-Lîm et ce dernier n'avait nullement à en assumer la responsabilité. Il est étonnant d’ailleurs que nul n’ait jamais été crédité de la mort du roi de Mari, ni ne s’en soit vanté, alors qu’il s’agissait d’un fait de grande importance. Ime-Dagan ne semble pas avoir jamais fait allusion non plus à la mort de son frère et le silence le plus total a été fait par tout le monde sur l’événement. 89 La formation est bien connue comme un nom mâr sim'al dans les archives de Mari (cf. ARMT XVI/1, s. n.) et cf. le NP paléo-babylonien, Zikir-ili-u. Dans l'Épopée de Zimrî-Lîm, le terme de zikrum a le sens de « ordre, commande » ; cf. ibid., p. 32.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    89

    3.3.4.2 La place des Mâr yamîna dans la conquête Un fait essentiel est qu’apparaissent dans le royaume à l’époque du sacre de Zimrî-Lîm des entités mâr yamîna et qu’elles y sont même attestées dès avant la chute du RHM90. Les documents nous parlent de divers « rois », Hardûm et Yaggih-Addu, ainsi que Dâdî-hadun ou Samsî-Addu. Il est difficile de ne pas établir de lien entre leur apparition et la reconquête. On connaissait, en effet, déjà à l’époque de Yahdun-Lîm, l’existence de territoires mâr yamîna sur l’Euphrate : au moins le royaume de Samânum, ainsi que ceux de Tuttul et d’Abattum, ces derniers étant, en fait, hors la limite naturelle que représentait la région de Halabît-Lasqum, en gros là où se trouve la passe actuelle de Hanuqah. La réapparition de ces royaumes mâr yamîna — leurs chefs se donnent (et on leur donne) le titre de « rois » — est la meilleure preuve que les Mâr sim’al n’ont pas récupéré leur « héritage » par leurs seules forces. Des Mâr sim’al sont pour partie sous le commandement de Bannum, alors qu’une autre réalité mâr sim’al suivait Ama. Les Mâr yamîna ont constitué une force militaire, complémentaire peut-être mais sans doute décisive, contre le royaume de Haute-Mésopotamie. Zimrî-Lîm n’avait donc gardé avec lui à Tuttul qu’un corps réduit, même s’il est impossible pour l’heure de savoir ce qu’il représentait. L’installation des Mâr yamîna sur les bords de l'Euphrate ne peut être que la conséquence du partage des possessions moyen-euphratiques du RHM, lors de la reconquête. Elle s’est faite apparemment dans le respect de la suprématie — au moins nominale — de Mari. Si, lors de la première révolte, les Mâr yamîna désignent Zimrî-Lîm comme leur tappum, ce qui exprime une indéniable prétention à la parité91, on les voit néanmoins « boire la coupe » par les soins de Bannum et il est vraisemblable qu'ils passent ensuite par la procédure du lipit napitim et des serments par les dieux92. Après la conquête des Bords-de-l'Euphrate au nom de Zimrî-Lîm, il y a dans cette région plus de royaumes mâr yamîna que sous le règne de Yahdun-Lîm : en outre on voit apparaître des toponymes inédits, comme Ilum-Muluk ; de tels établissements peuvent avoir été d'anciennes localités renommées ou portant désormais le nom des clans qui s’y étaient installés, mais ils peuvent aussi être nouveaux. Milân, au Tell Ramadi, siège d’une royauté mâr yamîna, est attestée par l’archéologie depuis le IIIe millénaire, et son attribution aux Mâr yamîna semble avoir été faite lors du partage du royaume. Cette période ne nous est pas documentée car elle a dû être sous le signe de l'oralité, à moins que les textes qui la concernent ne se trouvent ailleurs qu'à Mari (ou aient été détruits) ; beaucoup a dû être décidé sur les lieux conquis avec des accords dont nous ne connaissons l’existence que par des allusions postérieures. Ainsi est-ce une lettre de Sammêtar, à la toute fin de la rébellion mâr yamîna, qui nous informe que les Mâr yamîna auraient voulu s'installer à Saggâratum mais que cela leur a été refusé. C'est que rappelle à Zimrî-Lîm la divinité de Dêr selon [A.925+] 30-37 : « Il ne faut pas que le roi fasse un traité avec l’homme d’Enunna sans demander l’autorisation divine. (La situation est) comme auparavant, lorsque les Mâr yamîna étaient venus d’amont s’installer à Saggâratum et que j’ai dit au roi93 : “Ne fais pas d’alliance avec les Mâr yamîna ! Je les expédierai au Hubur faire paître leurs “nids” et je te donnerai (alors) la totalité du fleuve !94”. »

    90

    Pour ces problèmes, cf. ARMT XXXIV, lettres des rois mâr yamîna de la première génération.

    91

    Cf. ARM XXVI 168 : 6. Cette expression est le fait, il est vrai, non d'un roi mais de devins, mais ces derniers devaient se faire l'écho de l'opinion générale. Il est significatif qu'ils n'utilisent pas le terme de bêlî pour désigner le roi de Mari et l'on voit même (cf. ARMT XXXIV [A.891]) Hardûm s'adresser à Sammêtar en s'en disant le « seigneur », alors que les vassaux de Zimrî-Lîm s'adressent aux hauts fonctionnaires mariotes sur un pied d'égalité (râ'im-ka). 92

    Cf. p. 110, n. 163.

    93

    Cette mention de « roi » est ici étonnante, puisque l'accord a dû être fait avec Bannum et non avec ZimrîLîm, mais sans doute est-ce une facilité d'expression pour « autorité du royaume ». Un texte administratif mentionne la capture de leurs rois lors de la victoire sur les Mâr yamîna, alors qu'on les voit à plusieurs endroits ensuite. 94 [A.925+] = ARMT XXVI 199 ; cf. ARMT XXXIV. Pour cette interprétation, cf. J.-M. Durand, « La guerre ou la paix ? Réflexions sur les implications politiques d’une prophétie », dans Leggo = Mélanges Falès en lisant les l. 36-37 i-na {B[U]} hu-bu-ur re-e qí-na-ti-u-nu, a-à-ra-as-sú-nu-ti ù íd-da ú-ga-am-ma-ra-kum. Le terme de qinnatum (« nids ») est effectivement utilisé pour désigner les unités familiales bédouines. Bannum (ou l'administration mariote)

    90

    Jean-Marie DURAND

    Il y avait donc eu alors une prise oraculaire (où l'on avait peut-être joué sur deux toponymes homonymes : « fleuve Habur » et « canal Hubur/Habur »). Par l'octroi du Hubur on doit comprendre en effet la dévolution aux Mâr yamîna de la place forte de Milân afin de préserver les contacts de la région centrale du royaume avec Qaunân et, par delà, avec la Haute-Djéziré. Pour ce qui est des unions entre chefs mâr yamîna et princesses mariotes (les « sœurs » de ZimrîLîm), nous ne connaissons sûrement que celle d’Atrakatum avec Sumu-dâbî qui est datée de ZL 1. Il est possible que ce mariage ait été arrangé par Addu-dûrî (et/ou ? Bannum), indépendamment du roi, voire antérieurement à son arrivée. Il est également vraisemblable que d'importants accords diplomatiques permettant la confraternité de Mari et de territoires précédemment parties intégrantes du RHM ont été conclus sous l'autorité de Bannum sans qu'aucune trace écrite n’en soit parvenue. 3.3.4.3 L’intervention de Zakurabum à Mari Dans la lettre [A.3356] dont le texte suit, qui est importante pour comprendre ce qui s’est passé à Mari entre la chute de Yasmah-Addu et l’intronisation de Zimrî-Lîm, Zakurabum parle surtout des affaires de son correspondant Yanûh-Samar plutôt que de ce qu’il a fait sur les Bords-de-l’Euphrate. L'action de ce Yanûh-Samar était connue pour l’époque éponymale, puis sous le règne de Zimrî-Lîm95, comme ministre du roi Hâyu-abum (« Haya-abum ») à ehnâ (= ubat-Enlil). Ici, on le voit entre le moment où le RHM s’est écroulé et celui où s’instaure l’ordre nouveau ; manifestement, d’après ce qu’on lui raconte du sort de ceux qui se trouvaient à Mari et à l'évacuation desquels il a été procédé, Yanûh-Samar appartenait à la catégorie des Ékallatéens. Selon cette lettre Yanûh-Samar était passé par Zakurabum pour s'assurer les bonnes grâces de Qarnî-Lîm devenu roi d'Andarig ; l'affaire a certainement dû aboutir car sous Zimrî-Lîm les liens entre Yanûh-Samar et Qarnî-Lîm ont effectivement été assez étroits pour que le premier devienne ministre du protégé du second. Zakurabum était apparemment en bons termes avec les deux camps, ce qui n'est pas pour étonner car le roi d'Andarig et le chef bédouin appartenaient tous deux à l'ethnie mâr sim'al : ayant bénéficié des faveurs du « père » de Yanûh-Samar, Zakurabum a fait en sorte que les Ékallatéens de Mari puissent rentrer chez eux avec leurs biens, donc sans être pillés. À l’époque éponymale, Yanûh-Samar s’occupait d’une région (halum) autour de Sanduwatum96, sous l’autorité générale de Hasidanum, gouverneur de Karanâ ou prince dans le Sindjar. On peut donc penser que Yanûh-Samar était lui-même de haute naissance. Son « père » qui avait fait la fortune de Zakurabum devait être capable de l’installer dans sa fonction, donc être lui-même d’un rang plus élevé que celui d'un simple chef bédouin. Yanûh-Samar en tout cas, au moment où [A.3356] est écrit, est toujours à Sanduwatum, puisque A.3885, une lettre qui émane d'une reine d'Andarig (laquelle doit être cette jeune sœur que Qarnî-Lîm avait décidé d'épouser) et qui est manifestement postérieure à [A.3356], parle toujours de cette localité. Le conseil qui lui est donné de « ne pas sortir » (l. 32) doit être compris comme une invite à ne pas se dépêcher d'aller rejoindre tel ou tel camp97 et d'attendre qu’on lui ramène ses animaux. 27 [A.3356] Zakurabum à Yanûh-Samar. Yanûh-Samar lui ayant rappelé les bienfaits de son père, Zakurabum a plaidé sa cause auprès de Qarnî-Lîm. Il a ensuite fait sortir de Mari les Ékallatéens. Qarnî-Lîm a épousé la sœur de Yanûh-Samar. Conseil de se tenir tranquille. Ses ovins vont lui arriver.

    avait ainsi pris soin de garder le contrôle des villes principales : Mari et Terqa, ainsi que des grandes citadelles : Saggâratum, uprum et la Forteresse de Yahdun-Lîm. 95

    On se reportera à la brève mais substantielle présentation de D. Charpin dans ARM XXVI/2, p. 130 sq.

    96

    La ville devait être dans la région est-sud-est du Sindjar ; cf. LAPO 17, p. 120, n. f).

    97

    Voir ci-dessous le sens de qâtam tarâum (l. 33-34) pour lequel je diffère des éditeurs.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    2 4 6 8 10 12 14 16 Rev. 18 20 22 24 26 28 30 Tr. 32 34 C. I 36 ii 38

    91

    a-na ia-nu-uh-sa-[mar] qí)bí*[ma] [um]-ma za-ku-ra-[a-bu-um-ma] [i-n]a p[a-n]i-tim [up]-pa-ka []a t[u]-)a-bi*-la-[am] e-)me* um-ma at-ta-a-[ma] ha-ak-ma-[ta] ù a-bi {X} ha-ak-mu-t[am e-l]i ha-ak-)mu-ti-im* ú-ra-de-kum ù ki-ma a-bi gi-mi-il-la-am e-li-ka i-ku-nu at-ta e-li-ia u-ku-un a-na [qa]r-ni-li-im lugal an-da-ri-igki du-ub-ba-an-ni ù i-na u#-mi-u-[ma] I hi-is-ni-ia a-na )e*-[ri]-k[a] ú-te-er i-na-an-na ak-u-ud-ma da-am-qa-ti-ka a-na qar-ni-li-i[m] ad-bu-ub ù a-na ma-riki al-li-ik-ma ma-riki ù ka-la-ma ú-e-í dumu-me-e é-kál-la-timki a a-ra-nu ú-bu ka-lu-u-nu a-al-mu it-ta-al-ku a-hu-ka qa-du ú-nu-ti-u a-lim it-ta-la-ak I ha-li-ga*-[mil] a-lim it-ta-la-ak a-ni-tam mí[a]-ha-at-ka {GEME!} a a-na [o-o-r]a-bi na-ad-na-a[t] lugal qar-ni-li-im i-h[u-us-sí] ù lugal ú-a-qa-a[r-ka] [i]-na-an-na la tu-u-[í] )qa*-at-ka )a*-na ma-a[m-ma-an] la [ta-ta]-ar-[ra-a] [a]-n[a o-o]-)li**-[i]m á*-pu-ra-ma li-li-kam-ma )a-na e-ri-ka* I )qar*-ni-)li-im* qa-du [k]a-lu-mì-ka li-/a-al-li-)im*-[u?]

    Bibliographie : édition, avec commentaire historique, de M. Guichard & N. Ziegler dans « Yanûh-Samar et les Ékallatéens en détresse », Mélanges Larsen, 2004, p. 229 sq. Collationné sur photo. 1

    Dis à Yanûh-Samar : ainsi parle Zakurabum. Naguère, 5 j’ai pris connaissance de 4 la tablette de toi 5 que tu m’as fait porter. 6Tu disais : « Tu es un homme honoré ; 7-or, c’est mon père qui 8 a ajouté 7 honneur sur honneura) 8 pour toi! 9 Donc, de même que mon père 10 a fait preuve envers toi 9 de bienveillance, 10 toi, 11fais (pareil) pour moi ! 13Parle de moi 12 à Qarnî-Lîm, le roi d’Andarig. » 14 Alors, le jour même, 16 j’ai renvoyé 15 Hisniyab) chez toi. 17 Maintenant, je suis arrivé et 19 j’ai tenu 18 des propos amicaux sur toi à Qarnî-Lîm. 20 En outre, je suis allé au (royaume de) Mari et 21j’ai fait sortir Mari et tout (le monde)c). 22 Les citoyens d’Ékallatum 23 qui s’y trouvaient, eux tous, 24 sont partis sains et saufs. 25 Ton frère 26 est parti 25 sain et sauf avec ses affaires : 27 Hâlî-gâmild) est parti sain et sauf. 4

    92

    Jean-Marie DURAND 28

    Autre chose : ta sœur qui avait été donnée (en mariage) à …-rabi, 30 le roi Qarnî-Lîm l’a épouséee). 31 Donc, le roi te fait grand honneur. 32 Maintenant ne quitte pas là où tu es ! 3 4Ne va solliciterf) 34 personne ! 35 J’ai écritg) à …-Lîm 36 de venir me retrouver et que 37 Qarnî-Lîm 38 lui donne une escorte 36 pour (aller) chez toi 38 avec tes ovinsh). Note : comment cette lettre se retrouve-t-elle à Mari ? Elle peut n’avoir pas été envoyée parce que les rapports entre Mari et Sanduwatum étaient devenus aléatoires. Un document actualisé aurait été expédié par la suite. Cette lettre n’est pas dissociable de A.3885 — éditée ibid. par Guichard-Ziegler — vraisemblablement envoyée par une reine d'Andarig à son frère Yanûh-Samar. Une interception par les soldats de Zimrî-Lîm est possible pour A.3885, mais peu crédible pour [A.3356]. La présence de ces documents à Mari montre en fait qu'à un moment des archives de Yanûh-Samar y ont été transportées. Yanûh-Samar était sans doute le représentant des intérêts du roi d'Andarig à ehna/ubat-Enlil (Il y avait à cet endroit une « demeure de Qarnî-Lîm » ; cf. Or NS 63, 1994, p. 343). Yanûh-Samar envoya de cette ville des missives « à son seigneur Zimrî-Lîm », ce qui montre bien (cf. ARM XXVI/2, p. 130) qu'il n'en était pas le sujet. Quand il parle des « serviteurs de mon seigneur » (cf. ARM XXVI 357 : 25'), il peut donc s'agir en fait de soldats d'Andarig. a) La KM est bien connue à Mari par son dérivé hakammum ; elle a pour sens général « être expert, habile », en particulier pour qualifier un médecin ; les références à hakammum ont été regroupées dans LAPO 16, p. 307 & 497. Selon DBP s.v. s'y rattache l'abstrait hakammûtum « sagesse », terme attesté dans le fragment M.14588 qui comporte (hors contexte) ha-ka-mu-sú-nu. Ce sémantisme ne convient que peu ici, car la notion d’habileté est une qualité innée, non un présent fait par autrui. En fait, le premier sens que donne Kazimirsky (DFA I, p. 470b) pour le verbe arabe akama est « exercer comme gouvernant le pouvoir contre quelqu’un » et akam désigne « le juge, l’arbitre », comme kim a le sens de gouverneur, voire de prince (ibid., p. 471b). On retrouve dans cette racine l’ambivalence de MLK, « gouverner » qui donne le titre de « roi » [malikum, malkum] mais aussi celui de « conseiller [mâlikum] ». Il faut donc penser que KM signifiait « exercer un pouvoir, dans la mesure où l’autorité (ou le prestige) que l’on possède est fondée sur une connaissance pratique et réelle », alors que MLK faisait plus appel à la justesse innée du raisonnement. Le titre malikum/malkum désignerait mutatis mutandis le prince « qui a un bon jugement » (peut-être inspiré par les dieux), analogue de ce fait aux trois premiers califes « bien guidés ». Ici l’abstrait hakmûtum peut donc désigner, comme l’arabe ukm, la « juridiction », l'endroit où l'on peut exercer son expérience, la « dignité ». Dans le royaume de Mari, le langage administratif a préféré utiliser P « exercer l’autorité » pour désigner le pouvoir d'émettre (ou de transmettre) un édit, même si à l'occasion P a permis de construire le nom du « juge ». b) Sans doute Hisniya était-il celui qui apportait la lettre de Yanûh-Samar. Même hypothèse chez GuichardZiegler, op. cit. p. 231. Pour ce NP cf. la variante hi-ìs-ni-ia, M.7007 ; AB n’a pas à l’époque de lecture en //. L’anthroponyme appartient donc à la même racine que des NP comme ha-sa-nu (ARMT XVI/1). c) L’opération de Zakurabum n’a de sens que si elle concerne l’ensemble du royaume des Bords-del’Euphrate. L. 20, Mari désigne le royaume, mais l. 21, Mari et ka-la-ma renvoient aux différentes agglomérations. d) Ha-li-ga-[mil] (inconnu) sur la photo, non ha-le-ta-[ar] (interprété Halî-êtar, Guichard-Ziegler, op. cit.). Cette phrase semble reprendre celle qui précède : Hâlî-gâmil serait donc le « frère » de Yanûh-Samar, résidant à Mari. e) Je préfère nettement la restitution i-h[u-uz], proposée pour être abandonnée par Guichard-Ziegler, à celle de i-r[i-i-i] = « l'a réclamée », apparemment de erêum, qu'ils ont choisie en définitive. La sœur de Yanûh-Samar est donc devenue reine à Andarig98 ; c’est d'ailleurs sans doute grâce à cette alliance que Yanûh-Samar a obtenu ultérieurement sa place dans l’administration qui relevait d’Andarig. Qarnî-Lîm aurait donc, comme Zimrî-Lîm, trouvé des collaborateurs parmi sa famille d'alliance. La langue de Mari oppose, en l'occurrence, ahâzum « prendre en mariage » et nadânum « accorder en mariage », ce qui revenait à dire « promettre », avec l'usage propre à l’époque (pour la Diyala, cf. NABU 2004/78) de nidittum pour désigner la dot apportée par l'épousée de la part de son père. M. Guichard & N. Ziegler ont compris très différemment ce passage en supposant en outre que NDN désigne ici une répartition du butin, mais op. cit., p. 236, n. 7, on a l'impression d'une autre compréhension : le « roi » semble y être Zimrî-Lîm : « Le roi l'a réclamée à QarnîLîm. Le roi la tient en grande estime… » Il s'agit là, sans doute, d'une interprétation abandonnée par la suite. Qui pouvait bien être le promis de la sœur de Yanûh-Samar ? Le texte est trop mutilé pour permettre la lecture de son nom. Il ne serait pas étonnant, néanmoins, qu'il s'agisse du Hammu-rabi qui devait devenir plus tard roi de Kurdâ et compter au nombre des grands adversaires de la monarchie mâr sim'alite. Hasidanum avait pu envisager 98 Sans doute « une des reines » d'Andarig, puisque rien ne renseigne sur le fait qu’elle fût épouse principale ou secondaire. Qarnî-Lîm pouvait avoir déjà des épouses, avant d'accéder à un pouvoir plus important, sanctionné par de nouvelles alliances. Comme le nouveau roi de Mari a jugé bon de nouer des alliances matrimoniales avec Qana et Alep, Qarnî-Lîm a pu être sensible à l'intérêt de prendre épouse dans une bonne famille d'Andarig. Si Yanûh-Samar était bien apparenté à Hasidânum, sa sœur appartenait dès lors à la haute société du Sindjar et une alliance avec elle ne pouvait qu’affermir la légitimité de Qarnî-Lîm.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    93

    d'établir un lien familial avec un prince issu des maisons royales du Sud-Sindjar, ce qu'était certainement Hammurabi, futur roi de Kurdâ. f) Dans ces moments de dissensions à l'intérieur du RHM les administrateurs devaient se regrouper autour de chefs. Le conseil donné ici est d'accomplir sa tâche administrative sans quitter son poste, tous abandons qui ont dû entraîner plusieurs trublions à s'installer là où il y avait vacance du pouvoir. Cependant, l'expression bien connue de qâtam leqûm « aider quelqu'un, le guider » est ici remplacée par qâtam tarâum, qui est l'équivalent du français « mendier », avec l'image toujours parlante aujourd'hui de « tendre la main » pour obtenir quelque chose. g) Il me semble peu vraisemblable que « …-Lîm » (il n’y a place que pour deux signes brefs) escorte QarnîLîm jusque chez Yanûh-Samar, d’où mes lectures et ma traduction. h) M. Guichard & N. Ziegler ont compris « tout ce qui est à toi », en le considérant comme l'équivalent de kalumnû « toute chose », qui n'est qu'un dialectalisme de Nuzi. Je préfère y voir le terme kalûmum = « agneau », même si le terme akkadien est puhâdum dans nos lectures de l'idéogramme sila#.

    D’autres informations importantes sont fournies par la lecture de cette lettre : il n’y est fait mention ni de Bannum ou de Zimrî-Lîm, ni de Yasmah-Addu ou d'Etar-utlallî, fils d’Ime-Dagan. Il est surtout question ici de Qarnî-Lîm, devenu un homme important et manifestement déjà installé à Andarig. QarnîLîm a ainsi dû en devenir roi avant que Zimrî-Lîm n’entrât à Mari (cf. FM V, p. 189). Cela ne peut s'expliquer que si le Sud-Sindjar a échappé assez tôt au RHM, ce qui convient au fait que les Mâr sim'al du Numhâ et du Yamûtbâl étaient sous l’autorité de Bannum, comme cela est dit par plusieurs documents. Zakurabum est connu aujourd'hui, grâce aux travaux de M. Guichard99, surtout pour son action sous le règne de Zimrî-Lîm. D'abord chef de nomades en étroit rapport avec Bannum, il réussit à se tailler un royaume autour de alluhân (« Zalluhân ») et reçut en mariage une fille royale de Mari, Inib-arri, selon la reconstruction historique de M. Guichard. L'individu a été l'un des meilleurs soutiens de Zimrî-Lîm arrivé au trône de Mari100. À l'époque où la présente lettre a été écrite, il était manifestement encore du parti d'Ékallatum tout en étant à la tête d'un groupe de Bédouins mâr sim'alites. Dans [A.1348+] son adresse à Zimrî-Lîm le marque nettement comme non mariote. La mission dont on le voit investi dans [A.3356] montre son importance. On ne pouvait la prévoir à la lecture des textes de Mari d'époque éponymale ; sans doute agissait-il dans l’intérêt des deux partis.

    L'auteur de la fortune de Zakurabum est appelé « mon père » par Yanûh-Samar. Ce « père » non nommé semble avoir bénéficié lui-même de l'aide préalable de Zakurabum, puisqu'en multipliant la hakmûtum pour lui, il montrait en fait sa propre reconnaissance (gimillum). Il peut s'agir d'un vrai père ou simplement d'un supérieur. Nous ne savons pas en effet qui était le père biologique de Yanûh-Samar quoiqu'il dût certainement avoir un poste non négligeable. Yanûh-Samar, lui-même, commandait à la région autour de Sanduwatum101, entre Andarig et Karanâ102. Il est donc possible que ce « père » n'ait été autre que Hasidanum qui a joué un très grand rôle dans le Sud-Sindjar103. Le chef bédouin Zakurabum aurait, dès lors, pu lui apporter son soutien lorsqu'il avait à exécuter les ordres de Samsî-Addu. Il est moins vraisemblable que ce « père » ait désigné Samsî-Addu lui-même ou Ime-Dagan. Cela voudrait dire que Yanûh-Samar faisait partie de la famille royale du RHM, ce qui expliquerait mal son rôle par la suite : il aurait dû, après la catastrophe, se réfugier à Ékallatum ou être éliminé. D'ailleurs, Yanûh-Samar aurait désigné une personne de rang royal par le titre de bêlî, non par celui d'abî.

    Fils de Hasidanum (gouverneur, roi — ou vice-roi — au Sud-Sindjar), il pouvait demander la réciprocité à quelqu'un qui avait bénéficié de l'appui de son père. Cela montrerait l'importance de la composante bédouine dans l'équilibre des forces au Sud-Sindjar dès l'époque du RHM. Nous ne savons pas quels rapports familiaux ou d'autorité pouvaient entretenir entre eux des personnalités mâr sim'alites comme Bannum, Zakurabum104 et Qarnî-Lîm, ni (surtout !) quelle réalité clanique représentait chacun

    99 Cf. FM VI, p. 154-155. On se reportera par comparaison à ARM XXVII, p.109, où J.-R. Kupper avait regroupé ce que l'on savait alors du personnage. 100

    Cf. ici-même, [A.4508]: 17-19, [A.1348+], etc.

    101

    Cf. ARM V 43 = LAPO 17 522.

    102

    Cf. LAPO 17, p. 120.

    103

    L'hypothèse est envisagée par Guichard-Ziegler, op. cit., p. 237, en ne le considérant cependant que comme le « supérieur » de Yanûh-Samar. 104

    Voir p. 144, n. 245, la possibilité d'un lien de parenté étroit (fils ou frère) entre Zakurabum et Bannum.

    94

    Jean-Marie DURAND

    d'eux. L'unité de cette composante bédouine n'était pas réalisée sous le RHM — comme elle devait l’être plus tard — sous la direction d'un mer‘ûm dévoué aux ordres du roi de Mari. Les différents chefs avaient apparemment choisi des voies différentes vers le pouvoir après la mort — ou dès la vieillesse — de SamsîAddu, Qarnî-Lîm s'installant sur le trône d'une grande ville, Bannum visant la région du Moyen-Euphrate elle-même, Zakurabum s’occupant des Ékallatéens en déroute, du fait de son ascendance bédouine qui lui permettait d'établir un contact avec les vainqueurs (à Mari et à Andarig) et de ses liens avec Ékallatum. Zakurabum est donc arrivé au royaume de Mari, selon [A.3356], pour séparer, au sein de sa population, (véritables) Mariotes et (occupants) Ékallatéens afin d’assurer le retour de ces derniers chez eux avec leurs biens (l. 25). Ce faisant, son action prépare celle de Bannum. L'effondrement du RHM a dû susciter une multitude de remue-ménages dans un royaume qui se désagrégeait. Une telle mission n'a de sens, en tout cas, que si Yasmah-Addu n’était plus le roi à Mari et que l'on avait compris que la ville ne pourrait plus être tenue. On a vu plus haut la suggestion que Zakurabum ait effectué cette mission suite à des accords postérieurs aux batailles de Dêr (17-iv*) et de Tizrah (21-iv*)105, avant que Bannum n’y entre le 26 vi*. Ime-Dagan savait que Yasmah-Addu avait perdu, voire même qu’il était mort dans l’affaire. L’enjeu majeur pour lui était désormais de résister à l'attaque d'Enunna. On ne saura sans doute jamais, à moins de retrouver les archives d'Ékallatum, si dans son esprit le repli de ses contribules était momentané et de pure tactique ou s'il avait pris la décision de se replier définitivement sur une réalité territoriale plus homogène et moins étendue que ne l’était l'ancien RHM. Dans le présent texte, Zakurabum dit être arrivé à Andarig (l. 17, akud) et avoir continué sa route sur Mari pour accomplir sa tâche (l. 20) ; on ne sait d’où il venait, mais il était apparemment à la tête de suffisamment de Bédouins pour réaliser une mesure qui pouvait paraître excessive à certains habitants. Il est possible que ce fût lui qui ait réglé les affaires du Sindjar et qu’il amenait à Mari les Bédouins pour les y laisser ultérieurement à la disposition de Bannum. Ceux des habitants de Mari qui furent renvoyés à Ékallatum ont dû passer par le piémont sud du Sindjar, la route la plus directe pour aller de Mari à chez eux, plus sûre en tout cas que la région du Nord où les villes fortes s’étaient fermées et où l'on peut supposer dans la campagne des bandes non contrôlées106. Cela expliquerait comment Qarnî-Lîm a pu garder au passage la sœur de Yanûh-Samar107. Une explication par la nécessité pour Qarnî-Lîm d'assurer son pouvoir local est sans doute moins romanesque que celle qui recourrait à l’émotion du roi à la vue d'une belle étrangère éplorée, mais plus dans les mœurs du temps. C'est peut-être pour la même raison que Zimrî-Lîm a gardé à Mari la reine Dâmhurâi, épouse de Yasmah-Addu, au lieu de la renvoyer dans sa famille paternelle à Qana. Ce fait de « renvoyer chez eux » les gens d’Ékallatum est intéressant parce qu’il révèle que la création du RHM n’avait pas été une simple affaire de conquêtes militaires étendant progressivement le pouvoir territorial de Samsî-Addu, mais qu’elle s’était accompagnée d'un processus de « colonisation » sur lequel nous ne sommes pas 105

    Cf. MARI 4, p. 320-321, l. 20’ et FM V, p. 155.

    106

    Les villes du piémont du ûr-‘Abdîn passaient alors aux mains de chefs qui s'en proclamaient rois, ce qui donne une singulière image de la décomposition du royaume, tout à fait illustrée par la « circulaire de Zimrî-Lîm » envoyée depuis Tuttul. 107

    Le nom de cette femme de Qarnî-Lîm n'est pas connu ; si l’hypothèse que Yanûh-Samar a représenté les intérêts du roi d'Andarig à ubat-Enlil est bonne, il est possible que l'épouse de Qarnî-Lîm qui gérait son domaine dans la même ville ait été précisément cette sœur de Yanûh-Samar. Que faisait la sœur de Yanûh-Samar à Mari ? Elle devait participer à la gestion des biens attribués à sa famille par l'administration du RHM dans la région du Moyen-Euphrate où Samsî-Addu avait sans aucun doute pourvu divers serviteurs. Elle s'y trouvait avec un autre frère (Hâlî-gâmil) et les trois (frères et sœur) devaient jouir de terres où l'on pratiquait l'élève des troupeaux puisqu'il est question de rapatrier (à Ékallatum ou à Sadduwatum ?) le croît des troupeaux de Yanûh-Samar, représenté par les kalûmum (l. 38). Cela étant, rien ne permet d'envisager que l'Akiyânum dont il est question à deux reprises dans A.3885 fût l'époux de celle que Qarnî-Lîm avait épousée, comme le proposent M. Guichard & N. Ziegler, op. cit., p. 240-241. Il devait plutôt s'agir d'un serviteur de leur père, voire d'un parent à eux, qui avait choisi de se réfugier à Ékallatum, au lieu de chercher à s'accommoder du nouveau pouvoir, comme on voit Yanûh-Samar le tenter par l'entremise de Zakurabum. La fonction de cet Akiyânum à Ékallatum a dû certainement être importante. L'éventualité — même si elle s'y refuse— que celle qui était devenue l'épouse du roi d'Andarig lui transmette un message (peut-être de simple salutation) pourrait indiquer que cet Akiyânum était en poste à Andarig avant que Qarnî-Lîm ne s'y installât.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    95

    renseignés jusqu'au moment où il se défait, lors de l’effondrement du système108. On voit également, lorsque se dénoue, sous le règne de Zimrî-Lîm, l’organisation d’Ékallatum elle-même, qu’Ime-Dagan n'est pas parti seul de sa capitale, mais a été accompagné par son groupe, lequel n’avait donc pas réussi à se fondre en une seule communauté avec la population urbaine après un laps de temps pourtant non négligeable109. De la même façon, à Mari aussi, la communauté des colons ékallatéens a déguerpi au moment du retour du pouvoir mâr sim'al110.

    Lorsque les Ékallatéens sont partis, place a été donc été faite pour un nouveau pouvoir. C’est le moment sans doute où le palais royal a été « pillé111 », comme le dit Zimrî-Lîm dans une lettre à sa « sœur », Liqtum112. S’y sont alors installés de nouveaux occupants au nombre desquels il devait y avoir la mère du futur roi, Addu-dûrî, ainsi qu’une de ses « sœurs », Inib-ina, prêtresse et donc non mariée ; en outre, plusieurs personnes du harem de Yasmah-Addu y ont trouvé refuge, dont la reine Dam-hurâi (sans doute alors veuve de Yasmah-Addu), la favorite de Yasmah-Addu Izamu, et certainement d'autres concubines ou filles du roi défunt. Ces femmes qui tenaient de très près à Yasmah-Addu ne sont donc pas parties avec les Ékallatéens et sont restées à attendre le nouveau maître. Nous ne saurons sans doute jamais si l’accord passé avec les autorités du RHM les excluait ou si elles n’ont pas voulu, d’elles-mêmes, partir en exil. Les princesses du harem désignées comme « filles de roi », ce que l’on comprend généralement « filles du roi », peuvent ainsi avoir eu pour père Yasmah-Addu, non — comme on le croit d’habitude— Zimrî-Lîm113. Elles auraient été exclues des accords tout comme Dam-hurai et Izamu. La première liste des femmes du palais (FM IV p. 126 sq.) est néanmoins postérieure à l’arrivée du nouveau roi. C'est d'ailleurs sans doute pour prévenir le pillage systématique de tous les biens de l'ancien roi que ZimrîLîm écrivit à sa mère, Addu-dûrî, de veiller à ce que l'on prenne soin des chevaux blancs de Yasmah-Addu et qu'on les mette à l'abri des convoitises114.

    108

    Pour ce qui est des mouvements de population, nous ne sommes renseignés directement que par les déplacements forcés des habitants de Rapiqum opérés par le RHM pour repeupler la Haute-Djéziré ou de Qirdahat par ZimrîLîm vers la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Sinon, notre information ne porte que sur des cadres administratifs dont nous ne connaissons en fait que les plus importants. Ainsi Hâlî-gâmil, frère de Yanûh-Samar, est-il pour nous un complet inconnu alors qu'il devait être une notabilité venue d'Ékallatum jusqu'à Mari. 109 Pour ce phénomène, cf. les commentaires de L. Marti, FM VI, « Notes sur l'histoire d'Ime-Dagan », p. 541-544 sq. où il est dit (p. 542) qu'après la mention du refus de la population de la capitale de participer à l'effort de guerre « Ime-Dagan a fait embarquer 400 domestiques (lú-lú = awîlûtum) sur des bateaux six jours après le départ de Mut-Asqur et les a envoyés à Mankisum » et son commentaire, op. cit., p. 543. À Aur également, une partie au moins de la population avait gardé le souvenir que Samsî-Addu était un étranger (cf. l'inscription de Puzur-Aur III). 110

    Hâlî-gâmil qui rentre chez lui avec ses affaires (unûtum) est un exemple de cette population allogène qui s’en va. On doit noter que plusieurs administratifs sont en revanche restés et ont reçu (parfois avec le temps) des affectations importantes de la part du nouveau pouvoir. Ils ne devaient pas être considérés comme des ékallatéens de la même sorte que ceux qui étaient venus s’établir pour motifs personnels sur les Bords-de-l’Euphrate. Au service du roi avant tout, les fonctionnaires ont simplement changé de maître et ont continué leur tâche administrative. Il est vrai que certains d'entre eux, comme Asqûdum ou Itûr-Asdû, avaient épousé des princesses mariotes et ainsi dû gagner droit de cité sur les Bords-de-l'Euphrate. Asqûdum, cependant, avait été (au moins un temps) fait prisonnier par Bannum lui-même ; cf. ARMT XXVI/1 6. 111

    Ce « pillage » a peut-être consisté, en partie au moins, dans le déménagement du trésor royal et l’exode d’une partie du personnel, du fait des Ékallatéens qui évacuaient. 112

    ARM X 140 = LAPO 18 1184. À la différence de ce qui s’est passé lors de l’entrée de Samsî-Addu à Mari (cf. D. Charpin, MARI 2, p. 211-214), nul inventaire n’a été opéré des biens du palais (cf. FM V, p. 176), peut-être parce qu’il n’y restait plus rien ; mais cf. dans ARMT XXXI, p. 357, l'édition de M.5756 ; M. Guichard y postule que la longue liste que constitue ce texte représente un « présent collectif de “joyeux événement” ». On peut aussi penser que ces dons visaient à compenser les pertes que le palais royal avait subies. 113 Dans la correspondance de Dâm-hurâi qui pourrait être attribuée à l’époque de Zimrî-Lîm (cf. p. 170), le thème récurrent « les jeunes/petites filles vont bien » pourrait faire allusion à ces princesses, filles de Yasmah-Addu. La veuve de Yasmah-Addu aurait ainsi eu la charge des filles de l’ancien roi. Dans FM V, p. 154-155, pas moins de quatre accouchements sont comptabilisés, à la cour de Yasmah-Addu, alors que Mari est près de tomber aux mains des ennemis. Selon N. Ziegler, elles seraient filles de Yasmah-Addu. 114

    ARM X 147 (= LAPO 18 1110) ; cf. ci-dessus p. 85.

    96

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    3.3.4.4 Une stèle de Bannum (?) On a retrouvé dans les archives de Mari un récit sur tablette analogue à celui d'une stèle commémorant une victoire115. Le texte en est mal conservé (le début, décisif pour son attribution, manque totalement116) et aucun passage n'indique de façon sûre à qui est imputé ce qui est raconté. L'attribution à ZimrîLîm remonte au premier lecteur, G. Dossin117. Dans MARI 4, j'avais proposé118 d'y voir au contraire un projet de stèle de victoire d'Ime-Dagan et de Yasmah-Addu, ce qui me semble désormais une mauvaise idée au vu des rappels historiques qu’on y trouve. Il n'y a pas de doute qu'il s'agit d'un document qui parle de la fin du RHM, ne serait-ce que parce qu'il ne mentionne que Yasmah-Addu et Ime-Dagan et doit donc être postérieur à la disparition de Samsî-Addu. Les événements doivent ainsi appartenir à l’éponymie qui a suivi celle de âb-illi-Aur. – La mention de Dilmun convient bien à la fin du RHM. Cela fait allusion à l'ambassade dont l'arrivée a été concomitante aux derniers moments du roi Samsî-Addu119. – Le retour des forces babyloniennes à Babylone, par lequel se termine le document, est un événement du moment où Mari est perdue par le RHM et la mère de Zimrî-Lîm, Addu-dûrî, y fait allusion dans une de ses lettres120.

    Pourtant, l'attribution à Zimrî-Lîm semble peu probable car il apparaît clairement aujourd'hui que ce n'est pas lui qui a affronté le RHM dans le Sindjar, ni vaincu les deux fils de Samsî-Addu. Il n'est arrivé dans ce qui devait être sa capitale qu'une fois que d'autres lui eurent ménagé l'accès au trône : Zimrî-Lîm ne semble pas avoir encore été à Mari lorsque fut remportée la victoire de Tizrah. Si la lecture « Hasidanum » est bonne sur la Tr. (l. 5'), le texte fait allusion à celui qui commandait au Sindjar à l'époque du RHM. Le pillage de ses troupeaux a été concomitant à un raid des Souhéens sur ceux du RHM qui paissaient « aux portes d'Ékallatum », donc sans doute avant que les gens d'Enunna n'envisagent d'attaquer itullum. 28 [« Salle 108, n°485 »] Inscription commémorative de la défaite d’Ime-Dagan et de Yasmah-Addu. (…)

    2' 4' Tr. 6'

    [ìr (?) ] i-me-[dda-gan] [luga]l )é*-[kál-la-timki] [i-na an]-d[a-ri-igki] [ú-e]-i-[ib-u-ma] [ugu h]a-)si*-da-[nim] [i na-ba-a]l-ka-ti kur-i dsagar

    115 Le document n'a jamais reçu de numéro d'inventaire (et a été coté « Salle 108, n°485 »). On en trouvera une copie dans Syria 48/2, une bonne reproduction photographique dans L'Épopée de Zimrî-Lîm, p. 132 (cf. aussi MARI 4, p. 321) et une mauvaise édition dans RIME I, p. 623-624 dont les « lectures » sont dites acquises par « collat[ion] from the published photo », laquelle collation aurait pourtant dû montrer clairement que des restaurations comme celles qui sont proposées pour les l. 9' et 10' ne sont pas possibles pour des raisons de place sur la tablette. De la même façon, la « correction » (traditionnelle chez les éditeurs depuis G. Dossin) … a]l-ka--ti supposée dans un passage lacuneux et maintenue dans RIME I est peu probable ; cf. J.-M. Durand, NABU 2017/71. On ajoutera que la lecture kur-daki ne s'appuie sur aucun passage clairement conservé. 116 La liste des divinités dont G. Dossin avait fait la face du document est en réalité un texte scolaire qui présente sur deux colonnes un panthéon sumérien qui n'a aucun rapport avec le texte de l'inscription ; cf. MARI 4, p. 320. Au mieux, la « Stèle de Victoire » pourrait s’être trouvée sur une tablette scolaire comportant deux textes indépendants : une liste divine, puis le texte de l'inscription historique. L'examen des fragments actuels n’impose cependant pas une telle hypothèse (qui serait en soi possible). S’il s’agit d’un texte scolaire, un duplicata pourrait en être trouvé qui donnera le texte complet, ou au moins son début. 117

    « Un Projet de stèle de victoire de Zimrî-Lîm », dans « Documents de Mari », Syria 48/2, 1971, p. 1-6.

    118

    Dans l'article de MARI 4, ce point était plus précisément de ma responsabilité.

    119

    Cf. FM V, p. 140-144.

    120

    Cf. [A.4248], p. 81.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm Rev. 8' 10' 12' 14' 16' 18' 20' 22' 24' 26’

    97

    [um]-ma-a-at aga-ús ra-ma-ni-[ia?] [x] me-tim° ha-na il-li-i-[ik-ma] [da-a]m&-da-a-am i-du-u[k-ma] [ù b]u-ul-u ú-te-ra-am [x me]-tim da-am&-da-a[m i-du-ku-ma] [x l]i-mi áb-há 30 li-[mi udu-há] [i-na k]á é-kál-la-timki-[ma] [lú-m]e su-hu-úki ú-te-[ru] [x l]i-im 2 me-tim° 1 u-[i ha-na] [da]-am&-da-am [a] ia-ás-ma-ah-dIM [i-na] ti-iz-ra-ahki i-du-[uk] [x m]e-tim° na-ak-rum a gi-[tukul-há] [a l]ú ká-dingir-ra[ki] [a-n]a ká-dingir-raki )i*-[tú]r-[ma] [i-na] ta-ia-ar-ti-[u-nu] [i-na k]á )na*!121-ah-lim [ki] [am?-hu-u]r-u-nu-ti-[ma] [um-ma-a-n]i a-ba-am i-d[u-uk] [lú-me-e] ti-il-mu-u[nki] (…)

    …0’ Qarnî-Lîm (?) à la place de NP le serviteur d’1’ Ime-Dagan, 2’ roi d'Ékallatum, 4’ j'ai installé à Andariga) et 5’ à l'encontre de Hasidânum, 6’ par les passes du mont Sindjarb) 7’ la horde de mes propres soldats, 8’ x centaines de Bédouins, est allée et 9’ l'a vaincu. 10’ Alors, elle a/j'ai ramené son bétail. 11’ Ayant vaincu x centaines (de soldats), 14’ les gens du Sûhum ont ramené 12’ x milliers de vaches et 30 000 ovins, 13’ à la proximité même d'Ékallatum. 15’ x milliers 260 Bédouins 18’ ont 16’ triomphé 17’ de Yasmah-Addu 18’ à Tizrah. 19’ x centaines d'ennemis, guerriersc) 20’ de l’homme de Babylone, 21’ sont retournés à Babylone et 22’ lors de leur retraite, 23’ à Bâb nahlim 24’ je les ai affrontés et 25’ mon armée a vaincu la troupe. 26’ Les gens de Dilmun… 3’

    a) Le texte devait préciser que Qarnî-Lîm (que l'on sait être devenu roi d'Andarig avant que Zimrî-Lîm ne le fût à Mari) avait été installé à la place de celui qui gouvernait Andarig pour le compte d'Ime-Dagan. b) Cf. NABU 2017/71. Cette expression na-ba-al-ka-at-ti adîm ittalkû se trouvait déjà dans un texte cité par J. Bottéro, Habiru…, p. 22 ; cf. CAD N/1, p. 9b. Le texte est devenu ARM XXVIII 51. c) Pour cette expression, a kakkî = « soldat », en paléobabylonien, cf. CAD K, p. 55 b.

    Ce texte (à la 1e personne122 ?) est un catalogue au style monotone de victoires qui se soldent par des razzias ; il convient assez bien à un chef bédouin et n’a pas la qualité d’un texte littéraire. D'après la séquence événementielle, l'installation de Qarnî-Lîm à Andarig qui s'accompagne du pillage des troupeaux de Hasidanum (dans le Sindjar) et de ceux d'Ime-Dagan (aux portes mêmes d'Ékallatum) est suivie par un raid dans la région de Mari, l'évacuation par le corps expéditionnaire de Babylone, une attaque à Bâb nahlim (?), donc aux portes de Mari, des forces babyloniennes en retraite et enfin une mention des ambassadeurs de Dilmun que Zimrî-Lîm devait trouver à Mari à son arrivée. Le texte de l'inscription décrit donc un mouvement militaire de Bédouins qui passent de l'Est à l'Ouest, puisque Mari n'est attaquée qu'après des coups de main sur le Sindjar et Ékallatum.

    121 122

    Le texte comporte ici un net KI, mais NA et KI sont très proches l’un de l’autre dans ce texte.

    Les formes verbales conservées ne permettent pas de décider entre une 1re et une 3e personne pour la plupart des verbes. Ainsi l. 4' uêib peut signifier « j'ai/il a installé », comme l. 7', il pourrait y avoir ra-ma-ni-[u-(nu)].

    98

    Jean-Marie DURAND

    L'Épopée de Zimrî-Lîm peut avoir été la réponse à ce projet de stèle de victoire qui n'a pas dû aboutir . 123

    3.4 L'arrivée de Zimrî-Lîm 3.4.1 Les hésitations de Zimrî-Lîm (?) [M.5379], à l'incipit fâcheusement brisé, est un curieux document qui pourrait présenter de grandes analogies avec la lettre ARM X 60, envoyée par Addu-dûrî à son fils. Elle est manifestement adressée à un roi et, si elle concerne bien Zimrî-Lîm — ce qui n’est qu'une hypothèse —, elle a pu être envoyée par Addu-dûrî à son fils. Assurément cette lettre où quelqu'un est exhorté à se montrer, pourrait convenir à beaucoup d’autres moments. La mention de Zalpah124 indique cependant la région du NordOuest et la personnalité de ama-tillassu (ARMT XVI/, p. 191 « ama-ellasu ») l'époque du RHM125 mais aussi le début du règne de Zimrî-Lîm, car cette personnalité y est encore documentée comme active. L'aspect grossier et négligé de la tablette n'incite pas à l'attribuer à un scribe d'une administration soignée. En revanche, elle ressemble tout à fait aux documents du temps de Bannum. Elle pourrait donc avoir été une lettre qui incitait le futur roi à descendre jusqu'à sa capitale. 29 [M.5379] [Acéphale à Zimrî-Lîm (?)] hésitant à venir prendre le pouvoir. [a-na be-lí- ia] [qíbíma] [um-ma NP ] 4 [ìr/geme!- ka-a -ma]126 [i-na-an-na dumu-me-e] (= 6 ?) [é-kál-la-tim] )i*-na ma-[riki ú-ú-ú (?)] 2' wu-di [gal mar-tu i]-na wu-ri-[u-nu] ú-ul i-re-ed-d[u-ú] 4' ma-a-tum ka-lu-a ka-ta-{ TA A }a-ma 6' i-na-a-à-al i-tu a-di [u]# 9-kam i-na e-pí-ri-[i]m a-)na* ma?-ti-ka Tr. 8' ta-ap-pa-al-sí-i[h?] te-bi-ma me-e ru-mu-uk 10' lu-bu-u-ta-ka Rev. [l]i-it-ba-a 12' ù )hu-pu*-ur-ta-ka te-er ma-)a*-[t]um li-i-ú-ul-ka-ma 14' [li-i]b-bi ma-a-tim li-nu-uh [a lú]-me-e su-ga-gi 16' [a-na] na-sà-hi-im il-li-ku-nim [gú] é-há-u-nu wa-a-e-er 18' [ù] u-ut dutu-tillat-sú ì-[lí-…] [i-na z]a-al-pa-ahki ta-[…]

    2

    123 Cf. p. 126 sq., ad [A.4105], la possibilité que la stèle de victoire ait été rédigée pour être placée à Saggâratum avec les statues d’orants du roi et de Bannum. 124

    Il m’a paru difficile de relier ce texte aux affaires de ARM I 91 (cf. MARI 5, p. 177 sq.).

    125

    Cf. P. Villard, Amurru 2, p. 88-89.

    126

    D'après la courbure du document il ne doit manquer que 5 à 6 lignes de la tablette, soit 1 ou 2 l. de texte, compte tenu des 4 lignes nécessaires pour l'adresse.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 20'

    99

    [a]-na ha-na it-t[a-… [……] )ha-na* [………] (3 +? 3 l.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Addu-dûrî (?), ta servante (?). À l'heure actuelle, les gens d'5Ékallatum ont quitté Maria). 2' Assurément le général 3' n'arrive(ra) pas 2' à les dirigerb). 5' C'est (désormais) sur toi que 4' le Pays tout entier 6' a les yeux fixés. 6' Depuis jusqu'àc) 9 jours, 8' tu es resté prostré 6' dans la poussière vers ton pays. 9' Lève-toi ! fais ta toilette ! 10'-11' habille-toi ! 12' Alors, (re)mets ta perruque ! 13' Il faut que le Pays te voie et 14' que son cœur s'apaise. 15' Ceux qui 16' sont venus pour destituer les cheikhs, 17' fais-leur remise du tribut qui pèse sur leurs maisons. 18' Or Ilî- … les envoyés de ama-tillassuc). 19' À Zalpah … 20' pour les Bédouins… 5=0

    (…) a) On pourrait aussi comprendre i-na ma-[a-tim = « ils ont quitté le Pays. » b) Ces lignes sont parallèles à celles de la lettre d'Addu-dûrî, ARM X 60, où elle prophétise l'évacuation de la capitale par les forces du RHM, d’où les restaurations. c) Pour cette façon de dire, cf. itu ina ûmi-u de ARMT XXVI 298. d) ût + NP signifie couramment envoyés/ambassadeurs de ….

    3.4.2 Bannum avant l'arrivée du roi [A.4617] est une lettre de Bannum au roi qui est attendu mais pas encore là. Le mer‘ûm a reçu deux ambassadeurs d'Anakkum, lesquels doivent être arrivés sans accompagnateurs ni guide. Les cassures du texte empêchent d'en savoir plus. Il pouvait s'agir de la réponse du roi d'Anakkum d'alors, à savoir Yaqbi-Addu, le prédécesseur de Narhi, à une invitation du roi de Mari de participer à la (première) grande fête d'Etar. La seconde partie est plus étonnante. Bannum apparemment dicte au roi ce qu'il souhaite recevoir de lui : un bref message par écrit interdisant l'accès de la ville et, oralement, des instructions plus complètes par le porteur de l'écrit, selon lesquelles il faut faire sortir « les gens du Numhâ et du Yamutbâl », mais laisser entrer les Bédouins mâr sim'al. Par les premiers, il faut comprendre les gens originaires de ces contrées, alors que les seconds désigneraient ceux (également de ces endroits, sans doute des Bédouins) qui avaient accompagné Bannum. Une telle lettre de Zimrî-Lîm, si elle a jamais existé, n'a pas été retrouvée dans les archives palatiales. L'affaire semble en tout cas différente de celle exposée dans [M.7978]. Zimrî-Lîm est ici réellement mis en tutelle. Bannum se servait en l'occurrence de l'autorité royale pour arriver à des fins qui ne nous sont pas précisées. Il s'agissait d'écarter des gens du Sindjar tout en permettant aux Bédouins de Bannum originaires de ces mêmes régions de s'impatroniser dans la capitale. 30 [A.4617] Bannum au roi. Arrivée d'ambassadeurs d'Anakkum sans les garants habituels (…). Message dicté au roi pour empêcher qu'on entre dans la ville et en faire sortir les éléments étrangers, du Numhâ et du Yamutbal, à l'exception des Mâr sim'al originaires de ces régions.

    2 4 6 8

    a-na be-líi[a] qíbí[ma] um-ma ba-an-nu-um [ì]rka-a- ma [a-nu-u]m-ma 2 lú dumu-me-e i-i[p-ri] [a i]-tu a-na-ak-ki)ki* [il-li-k]u-nim [……] [o-o]-x x-[……]

    100

    10 12

    Jean-Marie DURAND [it-t]i?-u-nu [……] [ o o o] a-lik [pa-ni-u-nu] [ú-ul i-u-ú………………] [………………………]

    Tr. Rev. 2' 4' 6' 8' 10' 12' Tr. 14'

    (Place pour 3 l.)

    [a-ni]-tam i-na up-pí-k[a] [a t]u-a-ab-ba- [lam] ki-a-am u-ú-ur um-ma-[a-mi] an-na ka-á-da-ak-ku[m] a-na a-limki ma-am-ma-an e-r[e-bi-im] la ta-na-ad-di-[na-nim] ù i-na pí-im { X X X } dumu [i-ip-ri-ka] ki-a-am wu-e-er um-ma-[a-mi] dumu-me-e nu-um-ha-aki ù i[a-mu-ut-ba-alki] [i-n]a a-lim u-í-)e*-m[a] [ù] )a*-na lú ha-[n]a du[mu si-im-al] [u]-up-[r]a-ma a-[na a-lim li-ru-bu] )a*-[d]i a-na-ku a-k[a-a-du o-o-o] [an]-ni-tam i-na pí-[i-im127] wu-e-er-u-nu-t[i] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Bannum, ton serviteur. Voilà que 2 messagers 7 qui me sont arrivés 6 depuis Anakkum,… ; 9 avec eux, 11 ils n'avaient pas d'accompagnateurs, 10 ni de guide(s). 5

    (…)a) 1'

    Autre chose. Sur une tablette de toi 2' que tu me feras porter, 3' écris ceci : « 4' Oui ! je te rejoinsb). Ne permettez 6' à personne d’entrer dans la ville. » 7' Mais, oralement par ton messager, 8' donne cette directive : « 10' Faites sortir de la ville 9' les gens du Numhâ et du Yamutbal 10' mais 12’ envoyez un message 11' aux Bédouins mâr sim'al 12' pour qu'ils entrent dans la ville. 13' En attendant que j'arrive moi-même, …-ez. » 15’ Donne-leur cette directive 14’ par oral. 6'

    a) Dans la cassure, Bannum devait décrire l'attitude qu'il avait eue envers les messagers. b) Pour cette expression (kadâk(u)-kum, cf. [A.1348+] : 13.

    Le texte [A.271] est explicitement (cf. l. 22) postérieur à la mort de Bannum et il s'agit du souvenir d'une de ses actions avant l'arrivée du roi (l. 10-11). Quelqu’un avait demandé au mer‘ûm Bannum une charge de cheikh-sugâgum, sans que cette dernière fût cependant spécifiée sur la tablette par un toponyme. Il faut dans cette lettre distinguer deux époques. Le document, lui-même, est postérieur à la prise de Kahat et, sans doute, du moment où le roi est de retour à Mari et règle les affaires laissées pendantes par la disparition de Bannum. Il en est tout autrement pour l'événement qui est au fondement de la plainte de Yakurân : le roi n'était pas encore arrivé (l. 10-11) lorsque Yami-Hadnû avait demandé à Bannum une charge que son titulaire venait de laisser vacante, pour cause de décès ou comme avatar de la fuite des autorités du royaume de Haute-Mésopotamie. La demande avait donc été faite une fois Bannum entré à Mari. La charge de cheikh devait concerner un bourg du royaume. La question est de savoir si le poste avait été demandé à Bannum parce que cela relevait des attributions du mer‘ûm ou si c'était parce que l'on

    127 Une restauration pí-[i i-ip-ri-ka] serait sans doute trop longue, quoique l. 13' on attende un impératif après akaadu, soit deux ou trois signes, ce qui pourrait indiquer l’ampleur de la lacune.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    101

    considérait Bannum comme le successeur de Yasmah-Addu. La seconde hypothèse peut être envisagée car Yami-Hadnû ne semble pas avoir été au courant qu'il devait y avoir un (autre?) roi. Le mer‘ûm demande au postulant d’attendre l'arrivée du roi. C’est ce dernier qui devrait percevoir la somme de 8 mines 1/3, en argent ou en animaux, qualifiée de ûrubtum (l. 11, terme repris l. 15 par mutù)128, et qui se chargerait de concilier les habitants de la ville au candidat à la fonction. À l'époque de la demande, l'administration était donc bien aux mains de Bannum mais ce dernier subordonnait désormais les décisions à l'aval du roi. Ce n'était sans doute pas une façon de non-recevoir puisque le mer‘ûm avait accepté la ûrubtum. Il se présente désormais, selon [A.271], comme un intercesseur entre le postulant et le roi, ce dernier étant « celui qui souhaite la prospérité de l'entreprise » (l. 18). On en est donc au tout début de la royauté : la décision dépend bien de l'acquiescement royal, mais on ne demande cependant au monarque que d'« invoquer la bénédiction des dieux » (karâbum + dat)129. L’opération devait se faire en deux temps : l'apport par un serviteur de la somme et l'arrivée ensuite de l’impétrant avec ses « frères ». Le terme ahhû signifie ici les « partisans », en fait les « contribules ». De l’argent contre la charge de cheikh-sugâgum apparaît ici pour la première fois sous Zimrî-Lîm : il ne s’agit toutefois là que d’un bakchich, non de la « taxe-sugâgûtum » telle qu'on la voit être organisée par la suite. Bannum avait néanmoins reçu l'argent et, apparemment, l'avait gardé. L’emploi de ubbum (l. 13) avec son sens bien connu dans le vocabulaire politique de « faire accepter quelque chose (ou quelqu'un) par quelqu’un » devrait indiquer que la nomination de Yami-Hadnû ne se faisait pas d’elle-même et qu’il avait un rival, voire rencontrait de la résistance. L'autorité royale devait donc être nécessaire pour le faire accepter par ses futurs administrés. De la même façon, on voit dans [A.4617], Bannum demander au roi de prendre officiellement la décision que le mer‘ûm souhaite. Cela montre que, quelle que soit la puissance effective de Bannum, s'impose désormais le caractère sacré du roi, non sujet à contestation. Cela étant, la plupart des protagonistes, vu leur onomastique très banale, sont mal situables dans la documentation. Yami-hadnû est-il le père de Kirip-eri, attesté à époque éponymale par ARM VIII 52?130 ? Inni-hân131 est-il le chef de troupes bédouines appelé Inna-hân dans ARM VI 67 : 12 (chef de Bédouins avec Yantin-Êrah) et ARM VII 215 : 3 (sugâgum) ? Ici, il sert de témoin, qu’il soit l’un des lieutenants militaires de Bannum, ou l’une des autorités de l’endroit où Yami-Hadnû devait devenir cheikh.

    Vraisemblablement, entre temps, la situation s’était compliquée : non seulement Bannum était mort (l. 22), mais peut-être était-ce aussi le cas de Yami-hadnû. Yakurân qui agit à sa place est vraisemblablement un de ses héritiers qui se présente au roi pour récupérer la charge (qui a peut-être été pourvue, ou qui va l’être) ou au moins la somme qui a été remise au mer‘ûm disparu. Yakurân pourrait donc être le fils, mais aussi bien un des « frères » de Yami-Hadnû. 31 [A.271] Yakurân au roi. Il lui rappelle que Yami-Hadnû avait fourni 8 mines 1/3, en ovins et argent, à Bannum pour obtenir une charge de cheikh, par devant plusieurs témoins. Conseil avait alors été donné à l’impétrant d’attendre l’arrivée du roi qui lui donnerait sa légitimité. Bannum est désormais mort mais l’argent est toujours chez lui.

    128

    Ce terme rappelle celui qu'utilise Hâlî-hadun à propos de sa charge militaire (A.630: 28) ; cf. ARMT

    XXXIV. 129 Dans l’histoire biblique de Jacob (Gn. 27: 27) la bénédiction est le moyen de transmettre la propriété. Mais dans Gn. 28: 3 la bénédiction est explicitement demandée à El Shaddaï. Karâbum a ici, comme souvent, le sens d'« invoquer la bénédiction divine pour une entreprise », ce qui reviendrait à « donner son aval ». Ce serait dès lors une « façon de dire ». Pour un autre usage de karâbum dans le sens de « saluer », sans doute en fait « appeler la bénédiction divine sur quelqu'un », cf. ARM XXVI/1, p. 286, n. b). 130 131

    Il n'y a pas de cheikh de ce nom, parmi ceux que documente FM X.

    Pour ce NP, cf. ARM VII 215: 3 (!). Ces NP en inni- peuvent comporter le terme innu- « grâce ». cf. hiin-na-dnu-nu (plusieurs attestations), versus in-ni-an-nu (M.12032).

    102

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24

    Jean-Marie DURAND a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ia-ak-ú-ra-an ìrka-a- ma i-nu-ma ba-)an*-nu-um me-er-hu-tam i-pu-u 3 1/3 ma-na kù-babar ù 3 me udu-há I ia-am-í-ha-ad-nu-ú [ú]-[]à-[a]h-hi-um-ma um-ma-a-mi [a-na s]u-ga-gu-tim []u-uk-na-an-ni [Iba-ah-nu-um132 k]i-a-am [i-p]u-ul-u [a-na a-l]a-ak be-lí-ia [qú-ú-i ]u-ru-ub-ta-ka-/ma [li-il-q]í ù lú-me-e [a-lim li-ì]-ib-kum [1 lú-tur-ka li]-li-kam-ma mu-t[ù-ka] li-di-im-ma ù lú-me-e ah-hi-ka ta-ra-am-ma a-na be-lí-ia lu-à-ah-hi-ka-ma be-lí li-ik-ru-ba-kum an-ni-tam ba-ah°-nu-um iq-bi-um igi in-ni-ha-an ù 10 lú-me-e wa-ar-ka-nu-um I ba-an-nu-um i-mu-ut-ma kù-babar-u ù udu-há mu-tù-u i-na a-ri-u-/ma ik-la

    Bibliographie : édité par P. Villard, FM II, 1994, n° 131, p. 291-292. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Yakurâna), ton serviteur. 4 À l'époque où Bannum exerçait la charge de mer‘ûm, 6 Yami-Hadnû 7 lui avait apporté 5 3 mines 1/3 (= 200 sicles) d’argent et 300 ovinsb) 7 et avait dit : « 8 Fais de moi le cheikh ! ». 9 Bannum lui avait répondu ceci : « 11 Attends 10 que mon seigneur arrive 12 pour qu’il reçoive 11 ton apport même ; 12 lors, 13 il te conciliera 12 les gens de 13 la ville. 14 Il faut que vienne un serviteur à toi 15 pour déposer(NDî)/donner(NDN) ton apport ; 16 lors, 17 amène 16 tes “frères” 18 en sorte que je te donne accès 17 à mon seigneur et 18 que mon seigneur appelle sur toi la bénédiction (des dieux) ! » 19 Voilà ce que Bannum lui avait dit, 20 par devant Inni-hân 21 et 10 individus. Par la suite, 22 Bannum est mort mais 25 il a gardé 23 son argent et les ovins 24 de son apport dans sa c) famille . a) Yakurân est un NP banal (élargissement en -ân sur Yakur+NDiv.) bien attesté. b) La taxe-sugâgûtum ultérieure est, elle aussi, acquittée en argent et en animaux. Un mouton valant 1 sicle selon les termes de la sugâgûtum, 300 animaux représenteraient une somme de 5 mines. C'était donc en fait 8 mines 1/3, soit 500 sicles, que Yami-hadnû offrait à Bannum. c) On attend ici ina bîti-u. Ce i-na a-ri-u rappelle le i-ri-ti-[u] du sceau de Ban(i)num ou l’irum de [M.6250] : 8. Plutôt que arum « lieu », le terme devrait signifier simplement « famille ». Ce sens est d’ailleurs attesté dans des noms propres.

    3.4.3 Activités avant l’arrivée du roi de Mari Pendant le mois de lilliyatum — où rien ne prouve que Zimrî-Lîm soit dans sa capitale — il se passe néanmoins beaucoup d'événements religieux à Mari et dans la région de Dêr.

    132

    Cf. l. 19.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    103

    - Le 24 ix = iv* (ARM XXI 17) les tenants du nouveau pouvoir sont à ehrum, dans les environs de Mari133 - (le 25 il y a eu un déplacement à Mari, non documenté) - le 26 ix = iv* (ARMT XXIII 247) on est à Mari (devins = texte du matin) - le 26 ix = iv* (ARMT XXIII 246) on est de nouveau à ehrum (divinité honorée : Annunîtum) - le 27 ix = iv* (« Panthéon de Mari »134) on est à Mari : on fait le tour (sihirtum) des temples - le 28 ix = iv* (ARM XXI 18) on est à Mari (+ présence de dame Addu-dûrî) - le 30 ix = iv* (ARMT XXIII 248) on est à Mari (+ présence de dame Addu-dûrî) - le 1 x = v* (ARMT XXIII 249) on est à Mari (sacrifices pour le Ba(l)ih, l'oued de Dêr) - le 2 x = v* (ARMT XXIII 250) on est à Mari.

    Ces dépenses sacrées sont en fait le prologue de la célébration de la grande fête dite d'Etar et pourraient coïncider avec la fête-râmûm. Ces opérations cultuelles sont en fait à l'initiative de Bannum, éventuellement assisté par dame Addu-dûrî. Tout particulièrement la sihirtum de Mari qui a consisté à faire le tour des temples (SHR) pour en honorer les divinités135, sans doute une opération royale, a été en fait accomplie par Bannum. Le sens du « Panthéon de Mari » devait être d'affirmer l'ordre politique nouveau, en réactivant les cultes de la capitale. Le rite de la sihirtum des temples de Mari, qui a un caractère de cérémonie exceptionnelle, n'a pu donc être le fait que de Bannum, même si le texte ne le mentionne pas, non de Zimrî-Lîm, comme tous l'ont cru jusqu'ici, moi-même compris. Ce texte, une fois replacé dans son contexte historique, mentionne de façon naturelle des divinités du RHM comme Bêlet Akkadim (l. 19) et Kiîtum (l. 21). Ces deux divinités, la Dame d'Agadé et la Déesse de Kî, manifestement originaires des régions orientales136— dont l'on comprend la présence dans la pratique religieuse de gens dont Agadé devait être le lieu d’origine —, n'ont que faire dans un culte mariote et, d'ailleurs, ne sont plus attestées par la suite137. 3.4.4 La route de Bannum depuis Mari vers Terqa Cette partie de l'exposé examine des textes qui ont jusqu'ici été utilisés surtout pour reconstituer des activités cultuelles, mais qui ont en réalité une grande portée pour la compréhension des événements politiques. Ils représentent d'ailleurs notre seul moyen de reconstituer le film des premiers événements qui concernent l’arrivée de Zimrî-Lîm. Il s'agit d'un ensemble de dépenses cultuelles sur lesquelles se trouve l'empreinte du sceau d'Asqûdum. Pratiquement le courrier échangé entre Bannum et Zimrî-Lîm depuis Dumtum, comme on l'a vu ci-dessous, montre que sa reconnaissance comme roi de Mari s'est passée bien avant la fin de ce mois. Cela signifie que Zimrî-Lîm a accepté entre temps de changer sa filiation. Aucun de ces textes au seing d'Asqûdum ne donne la preuve que le roi se trouve lui-même à Mari138. En revanche nous savons que Bannum, lui, y exerçait le pouvoir. Plusieurs de ces documents sont datés du même jour. En cela ils scandent l'activité religieuse au fil de la journée. La documentation mariote montre que la journée commençait par une prise de présages. Cette dernière était le résultat de l’examen des entrailles du sacrifice qui ouvrait la journée et elle était concomitante à la lustration qui prenait alors place, mais sur les modalités de laquelle nous n’avons pas plus amples renseignements. Le texte qui parle

    133

    La divinité honorée est Addu, le grand dieu des Mâr sim'al. L'alliance liptum (l. 11) contractée à ce moment là doit être celle qui est conclue avec Hardûm (cf. l. 10) et, comme c'est de coutume avec un Mâr yamîna, c'est un capridé qui est offert en sacrifice. Hardûm est un allié régulier des Mâr sim'al, puisqu'il a déjà bu la coupe d'alliance (cf. [A.2613] : 7'-8', p. 72). 134

    Le texte est édité par G. Dossin dans Studia Mariana, 1950, p. 43 avec photo, pl. 3.

    135

    Cf. OLA 162/1, p. 741, index.

    136

    De ce point de vue, on pourrait se demander si la divinité « Nanni » qui n'est attestée qu'à l'époque des éponymes (cf. M.11905, FM 3, p. 87, n°24 et ARM VII 43) ne représente pas uniquement une divinité du RHM. J'aurais ainsi eu tort (OLA 162/1, p. 249) de la rapprocher de dNa-na-a. Faut-il, plutôt, y retrouver la déesse Etar de Ninêt, dont l'absence étonne dans le Panthéon, alors qu'un culte lui est rendu selon ARM VII 79 ? 137

    Elles sont encore attestées dans les petits billets au seing d'Asqûdum pour le mois xii, donc n'ont pas dû être renvoyées tout de suite dans leurs lieux d'origine : Kiîtum : ARMT XXIII 323 (7-xii) & ARMT XXIII 325 (8-xii) ; Bêlet Agade : ARMT XXIII 325. Nous ne connaissons pas la date exacte de leur départ, mais cela montre que du point de vue religieux, la rupture avec le RHM n'a été ni brutale ni soudaine ; cf. les réflexions de FM V, p. 178, n. 57. 138

    C'est une différence essentielle de vue entre cet exposé et les considérations de FM V.

    104

    Jean-Marie DURAND

    des têrêtum (ou du culte à ama, dieu qui présidait aux oracles avec Addu) a donc été considéré comme le premier de la journée. Cette remarque prend tout son sens quand plusieurs localités sont attestées pour le même jour, car des itinéraires peuvent ainsi être reconstitués139.

    Ce dossier des ARM XXI et ARMT XXIII140 qui documente des activités religieuses de Bannum au tout début du règne n'a pour datation que des mois et des jours. L'absence de mention d'une année peut assurément signifier que la dénomination n'a pas encore été choisie, ou n’est pas encore appliquée puisque Zimrî-Lîm n’a pas été couronné, mais prouve surtout que l’on a abandonné désormais (et définitivement) le recours à des éponymes. La seule personne nominalement désignée dans ces textes est Bannum, lequel peut être en premier rang (avec mention anonyme — et totalement atypique — de son épouse dans ARMT XXIII 302), tandis que le roi n’est mentionné que par le biais des « servantes du roi » (geme!-me-e lugal) ou éventuellement de la « table royale » ainsi que des dépenses pour certains de ses serviteurs, les a nubalim, ceux qui doivent être chargés du nubalum sur lequel il devrait se présenter à ses sujets au moment du couronnement. À l'occasion, une « sœur du roi » peut offrir un sacrifice (ARMT XXIII 252). Le nom de cette dernière n'est toutefois pas précisé et l'on peut penser à plusieurs femmes (sans doute filles de YahdunLîm) : soit la prêtresse Inib-ina, ou encore Yamâma, l’épouse d’Asqûdum qui, lui, est certainement là puisqu’il scelle les documents en question, surtout Atrakatum qui devait être donnée en mariage à Sumudâbî. Aucune de ces femmes ne peut être a priori exclue. Parler de la « présence du roi » dans ce dossier est cependant une pétition de principe, car rien ne l'assure explicitement. On a en fait identifié la notion de « table du roi » à celle de « repas du roi » ; par la première expression, il faut comprendre simplement les « commensaux141 », ceux qui y auraient droit ; ceux qui accompagnaient le roi et prenaient leur repas avec lui étaient ailleurs qualifiés de âbum. Aucune personnalité de l’entourage du roi n’est mentionnée par ces borderaux. On n'attend d’autre part nullement dans un tel contexte la mention des « servantes du roi ». Ces dernières devaient inclure les femmes du harem de l’ancien roi Yasmah-Addu, voire peut-être aussi ses filles142. Toutes ces personnes allaient en fait au devant de leur nouveau maître, qu'elles ne connaissaient pas encore. On note dans ces documents « en route vers Terqa » l'absence d'Addu-dûrî143. Or, il est de règle que le roi s'absentant, la reine reste au palais comme cela est dit explicitement par ARM X 34+ (= LAPO 18 1224) et comme on voit d’ailleurs îbtu rester à Mari quand son époux part pour Alep, dont le roi est pourtant son père, puis pour Ugarit. La non-mention d'Addu-dûrî dans ce dossier peut donc s'expliquer par le fait qu'elle est restée garder le palais. Plutôt qu'une disgrâce, son absence du dossier montrerait au contraire son importance politique. 139

    Dans ARMT XXIII 263 et 265 les sacrifices commencent par ama : il s’agit de prises oraculaires. De la même façon, « ama des cieux » est immédiatement mentionné après la Dame du Palais à qui le premier sacrifice est voué dans le Panthéon de Mari. 140 L’édition de ARMT XXIII doit être revue à partir des copies et remarques publiées dans diverses contributions de MARI 5 et 6. C’est à ces réexamens qu’il est systématiquement fait allusion ci-dessous quand est cité un texte de ARMT XXIII. 141

    C’est une lourde erreur d’avoir identifié (ARMT XXIII, p. 234) « table du roi » et « repas du roi », disant : «…il faut remarquer d’emblée que, sur un plan formel, nos textes semblent aller de pair avec les innombrables tablettes de “repas du roi”, l’expression gi-banur lugal … étant à mettre en parallèle avec le nì-gub lugal… . » Bannum consomme en fait autant que le gi-banur lugal et devait être accompagné de serviteurs aussi nombreux que ceux qui devraient former la suite du roi. 142 Cf. ci-dessus, p. 7. Un des arguments pour dire que Zimrî-Lîm était un « homme d’un certain âge » tient au nombre de ses filles, quoique rien ne dise avec laquelle de ses « épouses » il les aurait eues. Il est possible que, selon une coutume proche-orientale dont on a ailleurs des exemples, comme lors de la révolte d’Absalon, Zimrî-Lîm ait pris pour lui la population féminine du harem de son prédécesseur, épouse, concubines et filles. 143 Il peut être tentant (mais cela m'a paru trop aventureux dans l'état de notre documentation) de retrouver Addu-dûrî derrière la mention anonyme « épouse de Bannum ». Dans A.997 (FM II 49): 22, le texte est cassé juste à l'endroit qui aurait pu mentionner le nom de l'épouse de Bannum. Si Addu-dûrî était devenue une épouse de Bannum, cela pourrait néanmoins expliquer bien des choses : qu'elle s'adresse à son fils en se disant sa « servante » puisqu'elle était l'épouse d'un serviteur (mais cf. ci-dessus, p. 79, n. 60, pour une autre explication), que Zimrî-Lîm ait été choisi roi, que Bannum minore celui qui était, somme toute, son beau-fils. Un indice en ce sens serait néanmoins nécessaire.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    105

    D’après ces textes, les relations de Bannum doivent alors avoir été normales avec Asqûdum qu’il avait pourtant fait prisonnier à son entrée à Mari144. Asqûdum est limité toutefois à de simples entreprises divinatoires ; il n’apparaît dans ces textes que par son sceau qui proclame déjà que « Zimrî-Lîm est celui qui a été installé (akin) par Dagan ». Si Asqûdum scelle toutes les dépenses de moutons, c’est sans doute parce qu’il a vérifié, en tant que devin, les entrailles de tout animal sacrifié, ou consommé. La succession de ces petits textes ne montre donc en fait que le déplacement de Bannum depuis Mari jusqu'à Terqa où le nouveau roi doit être accueilli et où l’on doit procéder à son sacre. La suite des textes du même dossier documente en revanche son retour depuis Terqa jusqu’à Mari. – Au matin du 8-x, Bannum (et Asqûdum) sont à Mari (ARMT XXIII 259 : extispicine) ; on arrive à Zurmahhum au milieu de la journée (ARMT XXIII 258) où il y a une dépense pour la « table du roi ». Zurmahhum appartient effectivement au district de Mari et se trouve donc à son amont. – Au soir, le cortège arrive à Hiamta, selon ARMT XXIII 257 ; Hiamta se trouve effectivement attestée comme partie du district de Terqa145. Cette ville est donc la porte sud de la province de Terqa. C’est l'endroit où le cortège de Bannum est rejoint par les mâr yamîna, Hardûm et Yaggih-Addu. La date de ARMT XXIII 260 pose problème : il s'agirait le 9-x d'une distribution pour le gi-banur lugal à Mari qui a été quittée le 8. Il est ainsi vraisemblable qu’il faille plutôt lire iti [e-bu]-ri que [dnin-bi]-ri.

    – Entre le 9 et le 11-x, Bannum arrive avec la cohorte royale à Terqa. C’est là qu’il faut sans doute placer ARMT XXIII 332, dont le jour n'est pas conservé. On doit compter avec une arrivée à Terqa au soir du 11-x, au plus tard. – Le 12-x, dépenses sacrées pour ama et Dagan ; Bannum est mentionné à égalité avec les notables-wâibum (ARMT XXIII 263) ; dépenses pour d(’autr)es dieux et la troupe royale (ARMT XXIII 262) ; dépense pour des messagers du Yamhad (ARMT XXIII 261). Ce sont peut-être ceux qui avaient amené les « armes d'Addu » pour le couronnement, ce dont Samu-ila avait prévenu le roi. 3.4.5 La descente de Zimrî-Lîm depuis Tuttul vers le royaume de Mari Zimrî-Lîm ne considérait pas la conquête de Tuttul, quoiqu'il s'agît là d'un fait d’arme majeur, comme se suffisant en soi et n'envisageait pas d'en devenir simplement le chef — alors que Yahdun-Lîm qui avait conquis la ville s’en était proclamé roi — puisque sur le premier sceau de lui qui nous soit parvenu, il se disait déjà roi de Mari, tout en ne s'affirmant pas encore « fils de Yahdun-Lîm ». On l'a vu, en outre, adresser des message(r)s aux régions du Nord (3.2.3) où il se comportait en suzerain. Il devait être resté à Tuttul pendant que Bannum et les Mâr yamîna organisaient la conquête du centre du royaume et de la capitale et que le mer‘ûm faisait jurer les premières alliances aux Mâr yamîna. Ce n'est qu'au milieu du mois xi (B) = vii* (A), en effet, qu'il entra à Terqa. On a vu ci-dessus la possibilité que Tuttul ait été attaquée et brûlée pendant que Zimrî-Lîm se dirigeait vers le sud146. Par la suite, Zimrî-Lîm n'a plus considéré Tuttul, sa première conquête, comme une partie de son royaume et n'y a pas installé de gouverneur, même s'il est évident que la ville faisait toujours partie de la zone d'influence de Mari. Dans cet endroit il n’y a eu qu’un représentant-hazzannum. L'installation de ce personnage est d'ailleurs peut-être concomitante de la réaffirmation du pouvoir mariote sur la région de Tuttul147, qui a pu être un temps perdue pour Mari148.

    144

    À en juger par l'expression kiid qâti-ia de [A.999] = ARMT XXVI 5 : 28. C’est sans doute sa qualité d’époux de Yamâma qui a dû lui valoir son retour en faveur. 145

    Les mentions de Hiamta indiquent toutes le district de Terqa.

    146

    Cf. p. 28.

    147

    Cf. ARMT XXXIV, textes de La-nasûm.

    148

    Cf. p. 124, la possibilité que la mission de recensement (têbibtum) de Bannum à la Forteresse de YahdunLîm ait consisté, entre autres, à réaffirmer le pouvoir de Mari dans ce qui devenait une frontière avec la perte de Tuttul.

    106

    Jean-Marie DURAND

    3.4.6 L'arrivée de Zimrî-Lîm à Terqa Ce n’est que le 13-x que le roi est dit « entrer à Terqa » (ARMT XXIII 264 : 20, où il faut lire en effet i-nu-ma lugal a-na ter-qaki i-ru-bu). On peut être sûr dès lors que par « roi » on entend une personne précise et non plus celui en fonction de qui quelqu'un est mentionné. On ne comprendrait pas d'ailleurs, si le roi arrivait depuis Mari, pourquoi il aurait été précédé par tout ce cortège où l'on trouve ses servantes, les gens de sa table et surtout ses a nubalim, ceux qui étaient chargés de porter son nubalum. Une lettre de Sumu-hadû, [M.8242], montre que le nouveau roi attachait du prix à avoir des équidés blancs à son char. Ce texte est néanmoins postérieur d'un an au couronnement et concerne en particulier les Nomades mâr yamîna qui arrivent dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Le roi tenait alors à se présenter à eux autrement qu'en nubalum. 3.4.7 Le sacre de Zimrî-Lîm Rien ne nous renseigne sur la cérémonie elle-même du sacre de Zimrî-Lîm puisque le roi y était présent et que, donc, nulle lettre n'avait à lui décrire l'événement. Cela avait dû donner lieu à un protocoleisiktum qui, s'il a été conservé, devrait se trouver dans les archives du palais de Terqa ou du temple du dieu Dagan de cette ville. La façon dont s’est présenté le roi à la population peut se deviner du fait de l'usage d'un nubalum (cf. ci-dessus). Nous savons aussi que le roi possédait un couvre-chef particulier149, quoique nous ignorions s'il lui était conféré le jour du couronnement ou s'il faisait partie de la parure normale du souverain. Nous avons des indications sur le rituel du sacre dans une lettre envoyée vers la fin du règne par l'âpilum d'Addu qui fait état de l'onction royale et des armes du dieu qui lui furent alors transmises, celleslà mêmes avec lesquelles la divinité avait triomphé de la Mer150, ce qui montre que le récit faisait déjà partie du folklore amorrite depuis le IIIe millénaire151 et était utilisé en rapport à la personne royale. Il est difficile néanmoins de comprendre ce que signifiait cette onction, s'il y avait identification du roi avec le dieu cosmique et dans quelle mesure, surtout, le roi mariote n'était pas en fait couronné comme on le faisait pour les souverains alépins. Le fait trouve un écho direct dans une lettre de Sâmu-ila, en place à Terqa, qui annonce au roi l'arrivée de ces armes et leur remise dans le temple du dieu Dagan. La prise en main par le nouveau roi des armes divines (vraisemblablement sans doute une copie de ces dernières) devait être un moment clef dans le rituel, à l'image peut-être de ce qui se passait dans l'Ouest. Elles n'ont pas pu en tout cas arriver sur les Bords-de-l'Euphrate sans l'aveu du roi d'Alep. Ce faisant, il montrait qu'il était le suzerain du roi de Mari, ou au moins qu'il lui apportait sa protection. On ne sait si elles sont retournées à Alep ou si l’on doit les retrouver parmi les armes que portait sur lui le roi de Mari. C'est de l'époque du couronnement, ou de peu après, que date selon la grande lettre d'Ibâlpêl II d’Enunna à Zimrî-Lîm (A.1289+ = LAPO 16 281) l'envoi d'un grand trône (col. iii). Selon ce document la guerre fait alors rage entre Enunna et le RHM dans la région de itullum, défendue par un fils d’ImeDagan et qui n'est toujours pas prise. Zimrî-Lîm semble alors engagé dans des opérations militaires qui ne peuvent concerner que la Haute-Djéziré. Il est donc possible que l'envoi du grand trône ait été différé jusqu’à ce que Zimrî-Lîm fasse ses preuves en prenant Kahat mais, dès l'affaire de Simah-ilânê, des espions avaient fait savoir152 que Zimrî-Lîm ne serait pas le vassal soumis qu'Enunna escomptait.

    149

    Cf. p. 75, note b) ad [A.652].

    150

    Cf. J.-M. Durand, MARI 7, p. 38. Ce texte est naturellement remarquable en ce qu'il annonce le poème ougaritique où le mythe est raconté. Le mythe lui-même semble avoir été connu à Enunna au IIIe millénaire (cf. n. suivante) et il pourrait y avoir eu à Terqa récitation d'un texte mythologique, voire mime du drame cosmique. 151 Cf. en parallèle le texte attribué à Tipak, cité dans MARI 7, p. 43 où à la place de « Tipak, intendant (abarrakku) de Ti'amat », ce qui est la compréhension reçue du texte, je préfère lire Tipak a pá-ra-ak ti-àm-tim = « Tipak, pour s'opposer à (= apparâk) Ti'amtum…» 152

    Cf. dans le dossier d'Itûr-Asdû, l'affaire de Yanibum, p. 514.

    107

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    Pourquoi le roi de Mari se faisait-il couronner à Terqa et non dans sa capitale où les armes d'Addu d'Alep pouvaient être hébergées dans un des grands temples de la ville153 ? La réponse faite selon [A.2552]154 par YaggihAddu à Sammêtar qui invitait le chef bédouin à venir sacrifier devant Dagan en donne sans doute au moins une des raisons. Yaggih-Addu fit alors allusion à une époque qui n'est pas attestée par notre documentation, celle de la chute du RHM lorsque les vainqueurs s’en partagèrent les dépouilles. Les Mâr yamîna occupaient alors Terqa qu'ils avaient conquise. Terqa était une ville sainte pour le culte de Dagan et d'accès libre (ibid. l. 19-20 : Terqa ana Dagan waur), nous dirions aujourd'hui « une ville sainte de droit international », où la protection militaire du temple était dévolue à des troupes du Subartu et de Hahhûm (l. 21), alors que par la suite ce furent des troupes de Larsa qui en eurent la garde militaire. Zimrî-Lîm en se faisant couronner à Terqa devait ainsi choisir un lieu acceptable tant par les Mâr yamîna que par les Mâr sim'al et, sans doute, moins politisé que la ville destinée à héberger son pouvoir, ce qui avait été le cas sous les règnes de Yahdun-Lîm, puis de Yasmah-Addu, occultant dès lors les autres métropoles régionales.

    32

    [A.1858]

    Samu-ila au roi. Les armes d'Addu d'Alep sont arrivées et sont dans le temple de Dagan. Il agira selon ce que dira le roi. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-i-la 4 ìr-ka-a-ma gi-tukul-há a dIM 6 a ha-la-abki Tr. ik-u-du-nim-m[a] 8 i-na é dda-gan i-na ter-qaki Rev. 10 ka-le-ek-u-nu-ti a-na ki-ma be-lí i-qa-ab-bu-ú 12 a ki-ma be-lí i-a-pa-ra-am lu-pu-ú 2

    (Reste anépigraphe.) Bibliographie : cf. ARMT XXVI/1, p. 414 et MARI 7, p. 53 ; publié comme FM VII 5. 1 5

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Samu-ila, ton serviteur. Les armes d'Addu 6 d'Alep 7 me sont arrivées et 10 je les garde 8 dans le temple de Dagan, 9 à

    Terqa. 11

    (Ce sera) selon ce que dira mon seigneur. demandera mon seigneur.

    13

    Je ne manquerai pas de faire

    12

    tout ce que me

    3.4.8 Le retour sur Mari à partir du 14-x Le couronnement a dû se passer très vite, car Zimrî-Lîm arrivé le 13 à Terqa en repartit le 14 au soir. Le 14-x (ARMT XXIII 265), on est encore à Terqa où sont célébrés les cultes de la ville, mais ARMT XXIII 266 montre qu’on est arrivé (donc au soir) à Hiamtâ, bourg de Terqa à la frontière de la province de Mari, où sont encore célébrés les cultes de Terqa et où les rations sont distribuées. La non-conservation des dates ne permet pas de suivre le retour avec une très grande précision ; on voit cependant que, trois jours après, le 17-x (ARMT XXIII 269), la caravane royale est à uprum, sur

    153 154

    On lira avec intérêt l'exposé de telles motivations dans FM V, p. 179.

    Cf. ARMT XXXIV. Un tel succès pouvait légitimer la demande des Mâr yamîna de recevoir Saggâratum (cf. p. 89, n. 94) en échange de Terqa qu'ils ne pouvaient garder, tractations au terme desquelles ils ont reçu Milân. Tout cela a dû être l'œuvre de la diplomatie (ou des menaces?) de Bannum, avant que le nouveau roi n'arrive de Tuttul.

    108

    Jean-Marie DURAND

    la rive gauche, manifestement un soir, puisqu’il n’y a mention ni du dieu ama, ni de nêpetum ; il faut donc restituer la route vers uprum ainsi : – le 15-x (ARMT XXIII 267 où le lieu n'est plus mentionné), on est parti au matin d’un endroit où l’on a fait étape sur le retour, puisqu’il y a une nêpetum ; il devrait donc s’agir de Hiamtâ ; – le 16-x marque l’étape après Hiamtâ (ARMT XXIII 268) ; il s’agit d’un soir puisqu’il n’y a ni nêpetum ni offrande à ama et il y a accueil des notables (wâibum) et de messagers d’Imâr ; le lieu de ce texte n’a pas été conservé : or selon ARMT XXIII 334, le [x]-x, toujours un soir, puisqu’il n’y a ni nêpetum ni offrande à ama, on est au « é dda-gan » , ce qui est une façon de désigner ubatum155, un centre religieux effectivement très important voué à Dagan ; il faut donc penser que 16-x on se trouve entre Hiamta et ubatum ; il s’agit vraisemblablement de Zurmahhum et le [17]-x on arrive à ubatum. Ces deux restitutions permettent de reconstituer le chemin de retour. Le roi s'arrête donc dans les sanctuaires principaux entre Terqa et Mari, vraisemblablement pour en célébrer les cultes et s’y montrer. La supposition que l’on se trouve à Zurmahhum, donc que l’on est entré au district de Mari, permet de comprendre l’énumération des bénéficiaires de ARMT XXIII 268. Faire prêter un « serment » au moyen d’une chèvre n’est pas dans les habitudes mariotes, mais représente un usage allogène qu’atteste la correspondance du mâr sim’al Ibâl-El156. Cela convient bien au fait que soient présents des gens d’Imâr (l. 3) ; ces derniers sont en sympathie étroite, voire peut-être en contribalité, avec la population mâr yamîna157. On peut ainsi supposer qu’à Zurmahhum Yaggih-Addu a quitté la caravane royale pour poursuivre sur Milân, ville avec laquelle il devait montrer des liens très forts au moment de la révolte. Avant qu'il ne parte, des serments d’alliance ont été alors contractés, auxquels ont assisté des hôtes de Milân et des notabilités locales : ces derniers (wâibum, l. 2) pouvaient être les notables de Milân. Zurmahhum était effectivement sur la rive droite de l’Euphrate et manifestement l’endroit d’où une route partait pour Milân158, sinon celui où commençait le terroir mâr yamîna. La route par [Zurmahhum] (le 16-x) et [ubatum] (le 17-x) vers Mari suppose ainsi une arrivée à la capitale le 18-x au soir (texte non conservé), puisqu’on s’y trouve le 19-x au matin selon ARMT XXIII 271 qui parle d’extispicine ; il y a dès lors eu visite à uprum, où le roi ne pouvait pas ne pas passer ; le 19-x, pour qu’il y ait réception des ambassadeurs d’Enunna, il faut que le roi soit à Mari ; de ce fait, on devrait restaurer en ARMT XXIII 270 l. 8 i-na [ma-riki] ; dans la suite, le même [19]-x, voire le lendemain, le [20]-x, il faut placer l’affaire des messagers de Tilmun (ARMT XXIII 333) ; le roi a ainsi dû s’occuper tout de suite de deux problèmes internationaux majeurs laissés en suspens. On supposera donc comme itinéraire de retour : Terqa, Hiamtâ, Zurmahhum, ubatum, uprum, Mari159 avec franchissement de l’Euphrate à uprum (= Tell Abu Hassan) qui était sur la rive gauche. La route du roi évite donc Milân, dont les notables seraient au contraire venus à lui. Zurmahhum pourrait donc être à l’amont de cette ville et avoir fonctionné comme le port de Hiamta160.

    155

    Cf. les activités du 5-xii qui mentionnent le é dda-gan et ubatum (cf. ARMT XXIII, p. 238 n°114-115), alors que les autres jours on est à Mari. L'identification du tell de ubatum est indécise : la ville antique pourrait avoir été Tell Jubb el Bahra ou Tell Khaumat Hajn ou encore Hajn-2 (cf. Geyer, La Basse vallée de l’Euphrate syrien, BAH 116, p. 78, n°10 et 11, p. 98, n°142). Il s’agit manifestement d’un lieu de culte important, quoique ce fût certainement un petit site. 156

    Ce particularisme cultuel a été relevé par D. Charpin, MARI 7, p. 186 et NABU 2003/48.

    157

    Cf. dans FM VII 7, l’hospitalité donnée par les Imariotes à des rois mâr yamîna, en l’occurrence YaggihAddu et Samsî-Addu. 158

    Il est difficile de proposer une identification de Zurmahhum qui devait être une petite bourgade (elle tire son nom d'un arbre [cf. LAPO 17, p. 454], ce qui peut indiquer une proximité du fleuve). Elle a pu être emportée par une crue de l’Euphrate. 159 L'absence d'Appân et de son temple à Addu étonne. La dévotion devait être mentionnée dans un texte non conservé. Cf. ARMT XXIII 273. 160 Pour ce qui est de Zurmahhum, on y connaît de fait l’existence d’un canal. La lettre ARM II 55 (= LAPO 17 705), qui date d’après la rébellion, montre que le bourg de Zurmahhum jouxtait des terres de Mâr yamîna yarihéens, donc de relevant de Yasmah-Addu, le prince mâr yamîna. Mais Zurmahhum, elle-même, n’était sans doute pas une terre yarihéenne.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    109

    Une fois le roi arrivé à Mari, c’est le retour de Bannum : le 21-x (ARMT XXIII 273) il est à ubatum (au matin, nêpetum) puis à Appân (ARMT XXIII 272) ; pour ce retour, Bannum s'est assuré les services d’un autre devin qu’Asqûdum, lequel avait accompagné le roi. Les deux convois ont ainsi été distincts pour le retour. Sans doute Bannum avait-il des affaires à expédier à Terqa. Il existe effectivement dans le dossier un autre sceau que celui d'Asqûdum, celui de « Binî-mara, fils de Puggulum, serviteur de Zimrî-Lîm161 ». On le trouve sur ARMT XXIII 334 ([17]-x), à ubatum, sur XXIII 272 (21-x), à Appân, sur XXIII 273 (21-x), à ubatum, sur XXIII 290 (12-xi), à Mari. Il semble s’agir de quelqu’un d’actif entre Mari et Terqa et qui, selon le sceau dont il use à Mari qu’il n’a pas (eu le temps de) changer, appartenait à l’Ancien Régime. Il devait s'agir également d’un devin.

    À l’aval de la capitale, le nouveau roi visite les sites qui avaient dû être, dans la région, le berceau des Mâr sim'al : le 22-x, le roi se trouve à ehrum ; il a donc attendu l’arrivée à Mari de Bannum le 21 au soir pour accomplir cette visite. Asqûdum est de nouveau celui qui scelle les documents. Les 23-24 et 26 du mois x le roi est de retour à Mari, au matin, où l’on accomplit la nêpetum. On voit que dans cette période la mère du roi Addu-dûrî a un rôle religieux important (sacrifices de Addu-dûrî ; à Mari : ARMT XXIII 277 ; à Mari : ARMT XXIII 279 ; à Dêr : ARMT XXIII 282). Peut-être est-ce le 22-x, lorsque Zimrî-Lîm est à ehrum, qu’a été prise la décision de proclamer l’année d’Annunîtum de ehrum. La dévotion faite à ehrum le mois précédent, les 24-26 ix, avait été le fait de Bannum (non de Zimrî-Lîm), peut-être associé à Addu-dûrî. Cependant, comme le couronnement de Zimrî-Lîm a eu lieu à Terqa, on pourrait penser que « l'année où Zimrî-Lîm est entré au trône ancestral » débute aux alentours du 13-x (ARMT XXIII 264). En fait les deux « événements » doivent être deux formulations pour la même année.

    3.4.9 La (première) fête d'Etar Dans ses lettres, Zimrî-Lîm, qui avait prévu par ailleurs un bétyle pour la fête d’Etar selon [A.652], avait pressé sa mère de prendre toutes dispositions pour que « la fête de Dêrîtum » fût célébrée. Dêrîtum signifie « la déesse de Dêr », mais son nom propre était Annunîtum. « Etar » a le sens de « déesse » et ne représente pas un théonyme particulier. Un cycle liturgique complexe, sous l'appellation générique de « Fête de la Déesse », se déroulait ainsi, les derniers mois de l'année162. Nous n’en connaissons que des bribes. Sous le règne de Zimrî-Lîm, on voit la venue à Mari de la déesse de Dêr, son accueil au palais, puis son retour chez elle. Cette fête avait alors des implications politiques considérables. L'obligation de présence des vassaux aux célébrations de Dêr a dû être instituée dès le retour de Zimrî-Lîm sur son trône. Pour cette première fête de Dêr, [A.652] montre en effet que Zimrî-Lîm avait invité plusieurs rois originaires du Numhâ, du Yamutbâl et du ubartum. Pour le Yamutbâl, il devait s’agir de Qarnî-Lîm avec lequel les rapports étaient encore amicaux, mais était aussi invité un personnage comme Ama, le mer‘ûm d'une partie des Mâr sim'al. Le roi n'entrant à Terqa qu'au milieu du mois x, il n'a pu assister à l'intégralité de la fête d'Etar. Les activités sacrées avaient commencé au mois ix sous l'autorité de Bannum et Zimrî-Lîm n'a assisté qu'à la seconde partie, lorsque la déesse était retournée à Dêr. C'est effectivement surtout pour le mois xi que nous avons des billets au seing d'Asqûdum concernant les activités cultuelles à Dêr. Cela permet d'interpréter les actes marqués liptum sur les tablettes au sceau d’Asqûdum. Sur les textes à son seing reviennent des notions comme liptum ou nî ilâni. La première n'est à mon sens qu'une abréviation pour le lipit napitim qui scellait une union avec une puissance étrangère ; la seconde, les serments qui les accompagnent. Il ne s'agit nullement là d'activités rituelles récurrentes mais de dépenses 161

    D’après la collation de MARI 5, p. 381, ad n°290, il se dit (à Mari) serviteur de Yasmah-Addu. Il est évident pourtant qu’il s’agit du même personnage. A-t-il utilisé dans la capitale l’ancien sceau, alors qu’il s’en serait fait faire un autre plus actualisé pour les opérations ultérieures? Le patronyme semble être en définitive d'après les photographies de ARMT XXIII 273 pu-gu-l[u-um]. Le NP ne semble pas attesté en OB même (cf. CAD) et représenterait un unicum à Mari, mais le terme puggulum (sur PGL) pourrait être un sobriquet (« costaud »). 162 Ces activités qui prenaient place sur un assez long laps de temps sont en accord avec ce que l'on voit dans la religiosité arabe primitive où il existait trois mois sacrés pendant lesquels pèlerinages et actes rituels se succédaient. Cf. l'étude de N. Ziegler Les Musiciens et la musique d'après les archives de Mari, FM 9, p. 56. Le Rituel d'Etar représente un texte sans doute de l'époque du RHM et n’était peut-être plus d'actualité sous Zimrî-Lîm.

    110

    Jean-Marie DURAND

    momentanées. Les petits bordereaux n'entrent pas dans le détail historique des événements qu'on reconstitue à l'occasion163 car ils ne mentionnent que le montant des dépenses. C’est vers ce moment là (ou l’année suivante ?) qu’a pu être accomplie la grande cérémonie avec Razamâ « dans le sang », pour laquelle nous n’avons par ailleurs aucune trace dans la documentation palatiale164. Les 400 Mariotes qui étaient nécessaires n’auraient ainsi pas eu à faire le déplacement et ont dû profiter du passage éventuel par Mari de 400 hommes de Razama. Ces gens (comme d’autres) ont dû partir avec le désir de reconquérir leur ville perdue et l’assurance qu’ils avaient désormais obtenu la reconnaissance du nouveau roi de Mari. Vers le même moment a dû avoir lieu le mariage (décidé par Bannum ?) de la princesse Atrakatum avec Sumu-dâbî, le chef mâr yamîna établi à Milân. Sa dot est en effet mentionnée à des mois xi (ARMT XXIII 335) et xii (ARMT XXIII 336). P. Villard a attribué ces textes à l'année dite d'Annunîtum165, ce qui n’est cependant pas explicitement porté sur les documents. Le texte [A.2926] peut mentionner une anecdote de cette fête. Il s'agit d'une malversation à propos de laquelle Sumu-hadû aurait été reconnu, sinon coupable, au moins recéleur. Cet épisode pourrait également être attribué à la deuxième occurrence de la fête (fin de ZL 1), l'année qui vit le passage par Mari de Simah-ilânê, mais le fait que la lettre soit envoyée par Abimekim la fait plutôt considérer de la fin de l’année ZL 0. On peut y voir une action télécommandée par Bannum qui ne considérait pas Sumu-hadû comme un de ses amis. Dans ce texte, on voit la divinité Itûr-Mêr dans son rôle de dieu-Juge, lequel est présent dans les procès du fait que l'on prête serment par devant lui. Il faut donc supposer que le tour (suhhurum) qu'on lui a fait faire dans la ville servit à faire jurer ceux que l'on soupçonnait. Cinq bœufs avaient disparu du temple d'Etar. Il faut comprendre qu’ils avaient été volés, non pas qu'il s’étaient enfuis (halâqum pourrait avoir ce sens). Deux peaux avaient pu être identifiées, sans doute grâce aux marques de propriété166. Ilu(m)-gâmil et Sîn-nâir sont deux fonctionnaires que l'on connaît pour l'époque du RHM : pour Ilu(m)gâmil, ARMT XVI/1 (s. n. Ilî-gamil) cite ARM IV 79 où il s'agit du chef des charpentiers d'Ékallatum ; selon ARM IV 12, l'individu est parti de Mari avec Ime-Dagan, mais il a pu y revenir ; pour Sîn-nâir, op. cit. s. n., il s'agirait du préposé à la réception des onguents. Ils feraient donc partie, l'un et l'autre, des fonctionnaires du RHM passés au service du nouveau roi. Ces bœufs pouvaient représenter des igissûm, un présent donné au roi par les fonctionnaires à l'occasion de la grande fête d'Etar. Sumu-hadû qui était à l'administration pouvait être soupçonné d'avoir subtilisé leurs bœufs.

    33 [A.2926] Abimekim au roi. Tout va bien. Sur les sacrifices offerts dans le temple d'Etar en l'honneur de Dêrîtum, 5 bœufs ont disparu. On a promené dans la ville l'emblème d'Itûr-Mêr, ce qui a permis d'identifier deux des bœufs dans la demeure de Sumu-hadû.

    2

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im 163

    Ainsi en est-il pour ARM XXI 17 qui devait sceller l'alliance avec Hardûm (cf. p. 71 et p. 110 n. 163). Néanmoins, il est le plus souvent impossible d'apprécier le détail des opérations : ainsi, dans ARMT XXIII 285, trouvet-on à la fois un liptum et un nî ilâni. Le fait que pour la seconde occurrence on trouve une chèvre devrait indiquer que les jureurs étaient des Mâr yamîna et la mention du dieu dHubur indiquerait la région du canal de Mari où se trouve effectivement Milân. Mais les serments semblent accompagner le liptum. Cependant, les textes en enregistrant 1 (ovin) liptum ana NDiv. indiquent la divinité sous les auspices de laquelle l'acte était passé, non le lieu de l'acte ni les gens concernés, comme le montre ARMT XXIII 326 (offrande à l’Etar de ehrum, à Mari). Ces activités religieuses concernant des accords politiques n'ont pas dû laisser chaque fois, voire même jamais, de traces écrites car l'acte sacré suffisait pour engager les participants et seule a été enregistrée sur la tablette la réalité économique de la dépense. 164 Cf. FM V, p. 180, et n. 75. Le fait ne nous est mentionné que par un rappel d'Ibâl-El, [A.2730], au moment de l'invasion élamite et du siège subi par arraya dans Razamâ. 165

    Cf. MARI 7, p. 325, n. 76.

    166

    Pour ces marques de propriété, dites simtum, cf. J.-M. Durand, MARI 3, p. 267-268, cf. CAD /3, p. 10b.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 20 22

    111

    ìrka-a- ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma a-ni-tam i-tu siskur!-re [a] dde-ri-tim 5 gu#-há i-na )é* [e#-t]ár167 ha-al-qú i-na li-[ib-bi] a-limki d i-túr-me-er ú-sa-ah-hi-ru-ú-ma i-na ri-bi-i-im u#-mi-)im* a AN-lam$(LIM) ú-sa-ah-hi-ru 1 gu# a dsu'en-na-[]ir dumu ia-at-ra-)tim* ù 1 gu# a AN-)ga*-mil dumu zi-ik-ri-dIM ku& i-na é su°-mu-ha-di-i-im a 2 gu#-há an-nu-tim i-ra-am ù ma-a-ki-u-nu a-ba-at (1 l. blanche.)

    Bibliographie : édité par S. Lackenbacher comme ARMT XXVI 458 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 376-377. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules 7 vont bien. Autre sujet : 8 depuis les sacrifices offerts à Dêrîtum, 9 5 bœufs 10 se trouvent avoir disparu 9 du temple d'Etar. 10 À l'intérieur de la ville, 12 on a promené partout 11 Itûr-Mêr 12 et, 13 au 4e jour qu'on a eu promené partout le dieu, 17 (il y avait) le bœuf de Sîn-nâir, 16 fils de Yatratuma), 17 et le bœuf d’Ilum-gâmil, 18 fils de Zikrî-Addu le kîzum, 19 dans la maison de Sumu-hadûb). 20 De ces 2 bœufs, 22 j'ai saisi 21 la viande et leurs peaux. 5

    a) Le NP (la lecture ne semble pas à corriger) est inconnu mais peut être rapproché de NP comme Watrum ou Watartum. Il pourrait désigner un enfant en « excédent ». Watrâtum n’est documenté à Mari que dans le sens de « propos exagérés». Le NP signifierait donc « Exagération » (de la part des dieux ?) b) Il s’agit du NP Sumu-hadû au génitif (S.L.). Le « Sumu-hadim » de W.H., op. cit., p. 377 n'existe pas.

    3.4.10 Le nouveau comput royal Ce n'est qu'au mois xi des textes au seing d’Asqûdum qu'a commencé pour Zimrî-Lîm la célébration des premières fêtes de Dêr. Les secondes verront, l’année suivante (ZL 1), l’accueil de Simah-ilânê, le nouveau roi de Kurdâ, à un moment où manifestement Bannum n'était plus au pouvoir. Le comput officiel de Mari était lié au culte et les nouveaux venus ont sans doute évité que des occurrences sacrées ne soient pas observées. Ainsi des divinités étrangères telles Bêlet Agade, Kîîtum (et peut-être Nanni) ont-elles continué à recevoir un culte de la part de ceux qui avaient mis fin à Mari à l'ordre politique du RHM. Il reste à savoir quelles ont été les réactions du nouveau roi. C'est dans ce contexte qu'il faut examiner [A.373], une lettre singulière envoyée par le chef des administrateurs de temple, Iddin-Sîn, où le personnage demande au roi « en quel mois on se trouve ».

    167

    La comparaison avec la l. 5 montre qu'une lecture ma-riki est ici exclue.

    112

    Jean-Marie DURAND 34 [A.373]

    Iddin-Sîn au roi : le roi doit préciser le mois où l'on se trouve. Le roi ayant parlé du mois xii, détermination du calendrier cultuel pour le mois i (de l’année suivante). Il faut que le roi donne son avis. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-din-dsu’en 4 ìrka-a- ma i-nu-[m]a be-lí a-na kaskal-a ú-ú-ú 6 ke-e-em a-na be-lí-ia aq-bi um-ma a-na-ku-ma [it]i an-nu-um 8 mi-nu-um be-lí ke-e-em i-pu-la- an-ni 10 iti an-nu-um iti e-bu-ri-im )ù* iti ú-ra-hi-im 12 [an-n]u-um u# 18-kam Tr. [m]a-a-tum él(IL)-le-et168 14 [i]-na u# 22-kam [o o o] )ir*-ru-ub Rev. 16 [u# x-kam i-na] ki-i-í [o o o o o u-]ú-ú 18 a[n?-na-nu-um (?) i-na u# 2])6*?-kam d e#-tár )a*-)na* [ma]-hi-ri-im ú--í 20 i-na u# 28-kam gi-mar-gíd-da a dda-gan a-na ha-da-tim 22 i-laak be-lí an-ni-tam 24 la an-nitam li-ipu-ra-am

    2

    Bibliographie : cité de façon erronée comme A.3735 dans FM V, p. 174, n. 32. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Iddin-Sîn, ton serviteur. Lorsque mon seigneur s'est mis en route, 6 voici ce que j’ai dit à mon seigneur : « 8 Quel est 7 ce mois-ci ? » 8 Mon seigneur 9 m’a répondu 8 ceci : « 10 Ce mois-ci est ebûrum (xii) ». 11 Donc 12 celui-ci 11 est le mois d'urahhum (i). 12 Ce 18, 13 le pays se trouve(ra) purifié. 14 Le 22, 15 … entrera. 16 Le (date), au petit matin, 18 les… sortiront. 18 Le 26 ? à cet endroit, 19 la déesse sortira vers le 21 marché. Le 28, le chariot 22 de Dagan 23 ira 22 au haddatuma). 24 Mon seigneur 26doit me faire savoir 24-25ce qu'il en est. 5

    Note : ce même administrateur sacré est mentionné, tout au début du règne, par une lettre d’Atrakatum ; pour son remplacement par Puzur-Mamma, cf. [A.12], p. 504. En revanche l’expéditeur des autres lettres à ce nom est à distinguer de lui, à moins qu’elles n’illustrent d’autres activités de lui : A.3590 traite d'une affaire de construction de bateaux et de chars (cf. ARM V 47: 5) ; M.10051, mal conservé, parle de transport de vin et de marchands de Carkémish. M.9149 est une toute petite tablette dont il ne reste que les salutations sur la face, seule conservée. a) Ha-(ad)-da-tum, considéré comme un lieu par P. Villard, (s.v. Hadatum) MARI 7, 1993, p. 316, est toujours sans le post-déterminatif ki. Quoique ce dernier ne soit pas nécessaire dans l'orthographe de Mari, il ne semble cependant y avoir eu aucun toponyme de ce nom. Fr. Joannès a fait remarquer dans Amurru 1, 1996, p. 349, qu'au Ier millénaire, Hadatu représentait le nom d'Arslan Ta. Une identification immédiate ne serait certes pas possible avec le toponyme mariote, car Arslan Ta est beaucoup trop loin ; il se pourrait cependant que se cache derrière les toponymes 168

    Il faut sans doute comprendre qu'il y a eu une têliltum.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    113

    une réalité identique (toponymie « en miroir »). Y incite un passage d'une lettre de Hammân, (DBP s.v. [A.77]), où il est dit, à propos d'un individu : « À son passage, le troupeau des Mâr yamîna était là ; à son retour, le troupeau des Mâr yamîna avait piétiné la totalité du haddum169. » Cela doit indiquer que haddatum (avec le suffixe singulatif -atum ; il n'est pas besoin de supposer un pluriel *haddâtum) peut signifier « la place où se trouve le haddum ». La réalité géographique haddum peut signifier « sillon » ou « fossé », si l’on rapproche le terme de l'arabe add qui signifie « sillon, creux long dans le sol ; rigole, ruisseau » (cf. Kazimirski, DAF I, p. 543b), rattaché au verbe adda qui signifie « fendre le sol, y faire des sillons ». L'image qui s'attachait à Arslan Ta était peut-être celle des « Fossés », notion qui était employée en toponymie, comme le montre le terme hirîtum. Le sens propre du vocable mariote doit être trouvé à partir de l'exemple donné par la lettre de Hammân. Dans sa région, le haddum pouvait être un fossé particulier qui amenait de l'eau et que les troupeaux auraient piétiné en y allant boire. Rien ne renseigne sur les motivations d'envoyer dans la région de Mari le chariot de Dagan au haddatum. Il pouvait s'agir de la région où avait été creusée cette réalité. À partir de ce terme une festivité dite du haddatum pouvait exister.

    Le simple fait que l'administrateur sacré-angûm demande quel est le nom du mois montre bien que tout dépendrait de ce que dirait le roi, car il est peu vraisemblable qu'il fût lui-même dans l'ignorance du moment où l'on était. La compréhension de la l. 5 de cette lettre est en fait cruciale. J'avais d'abord compris « lorsqu'il est parti en expédition170 », mais il faut sans doute traduire simplement « lorsqu'il s'est mis en route » comprenant donc qu'il s'agissait du moment où le roi a quitté Dêr pour Mari. De fait, en ebûrum (xii) ZimrîLîm se trouvait à la fin du sacrifice d'Etar, comme le montre la table éditée par B. Lafont, dans ARMT XXIII, p. 239, sacrifice qu'il avait assumé dans la suite de son arrivée à Mari et de sa continuation vers ehrum et Dêr. Comprendre « lorsqu'il est parti en expédition », ce qui serait naturellement possible philologiquement, reviendrait à placer cette indication après le départ de l'expédition pour Kahat, donc beaucoup plus tard. Le reste de la lettre [A.313] est, en fait, la conséquence de la décision royale. L'administrateur sacré donne dès lors le calendrier liturgique pour le mois i de Dêr (d'une année non spécifiée, mais qui doit être ZL 1) et pour lequel, comme de règle, l'aval du roi est sollicité171. Si le roi se trouvait au loin, en campagne en Haute-Djéziré, une telle demande serait oiseuse. Par ces mots « mois xii », Zimrî-Lîm confirmant le calendrier utilisé désormais à Mari validait les activités cultuelles, mais tous les bureaux palatiaux ont pu ne pas l’adopter, surtout pour le début de l’année. Pour ce mois d'urâhum nul nom d'année n'est précisé dans [A.313]. Une telle mention n'était peut-être pas dans la coutume de Mari (il n'y a pas de noms d'années avant la « réforme de l'écriture » due à Yahdun-Lîm) et, en tout cas, inutile pour un calendrier cultuel qui n'envisageait que des activités mensuelles. Il faut attendre la période qui a suivi l'existence de Bannum, soit celle qui proclame la victoire du roi sur Kahat, pour avoir une claire succession de noms d'années. L'année 1’ de Zimrî-Lîm (âh Purattim) a la phraséologie d'une année de mîarum, qui suit l'accession au trône, mais nous ne savons pas la date précise de la mesure royale qui a pu être prise en fait au moment du sacre, donc en ZL 0. 3.5 Le pouvoir de Bannum Ban(i)num, à l’époque du RHM, était un des chefs bédouins. Ces derniers semblent avoir été multiples, en fonction des clans qu'ils dirigeaient. Leurs engagements ont été divers après la disparition du grand Samsî-Addu : un Yarîm-Addu était resté dans le Haut-Pays et tenait Kahat pour son maître, ImeDagan. Zakurabum passa de la fidélité envers ses anciens maîtres à l'appui au nouveau régime, préparant ainsi l'arrivée à Mari de Bannum, auquel il pouvait d'ailleurs être apparenté. Ce même Bannum ainsi qu'Ama avaient nettement pris parti contre le RHM, tout en étant à la tête de Bédouis différents. À lire les conseils donnés par Bannum au nouveau roi ([A.1098] & [A.2444]), la situation en Haute-Djéziré n'était pas simple. Or, tous ces chefs de Bédouins semblent appartenir à l'ethnie mâr sim'al. Cette dernière devait donc être alors fort divisée.

    169

    l. 7-12 = ina etêqí-u n[awû]m, a dumu-me-e iamîna, saknat ina târi-u, nawûm dumu-me-e, iamîna ka[al], ha-ad-di-im ikb[u]s. Cf. ARMT XXXIV. 170 171

    C'est l'interprétation à laquelle se sont arrêtés également D. Charpin et N. Ziegler dans FM V, p. 174.

    Les verbes sont à comprendre comme des inaccomplis, en fonction du i-la-ak de la l. 23 qui est sans ambiguïté (illak).

    114

    Jean-Marie DURAND

    Quand Bannum apparaît-il dans la documentation d'époque de Zimrî-Lîm ? À partir d'un document exceptionnel, [M.6231], D. Charpin & N. Ziegler ont dit dans FM V, p. 139 que : « Dûr-Yasmah-Addu fut attaquée. La ville fut prise par Bannum vers le milieu du mois i* (/warki ab-illiAur) comme le montre un recensement du personnel du palais de cette ville [M.6231] qui s’achève en ces termes : “Total : 173 personnes, piqittum à Dur-Yahdun-Lim, par devant Bannum. Le 1?5/i*” » On remarquera que la ville est alors renommée en Dur-Yahdun-Lim, même si le comput des mois, en revanche, resta provisoirement fidèle au “calendrier de Samsi-Addu”. »

    Un fait majeur du début du règne est effectivement cette réapparition de la « Forteresse (Dûrum) de Yahdun-Lîm », un toponyme que l’on n’utilisait plus depuis la victoire du RHM. Par ce retour à la dénomination traditionnelle, il est clair que l'on oblitérait la domination d'Ékallatum sur les Bords-del'Euphrate. Cette désignation toponymique est donc un marqueur du nouvel état de choses. L’hypothèse de Charpin-Ziegler est recevable. Ce texte attesterait la descente de Bannum depuis Tuttul vers Mari et le mer‘ûm arriverait à la Forteresse dans la seconde moitié d’un mois i*, ce qui concorderait avec les textes de Tuttul qui sont à dater des mois xi* et xii*. On peut se demander cependant s'il était urgent pour quelqu'un qui vient de prendre la forteresse majeure du nord du royaume de procéder à un recensement de ce qui apparaît comme la population (civile et non militaire) du palais. Bannum peut avoir eu l’intention de s’arrêter à la Forteresse. Ce recensement complèterait le programme d’irrigation dont il fait par ailleurs état. Ce ne serait que lorsque la situation à Mari tourna mal pour Yasmah-Addu, puis que Zakurabum eut fait partir les gens d’Ékallatum, que Bannum serait descendu sur la capitale. Tout cela n’est cependant que de simples hypothèses. Le libellé du sceau de Zimrî-Lîm et son programme de restauration des familles royales seraient difficiles à expliquer si le plan primitif était de s’arrêter à la Forteresse. Le texte ne mentionne nul éponyme. Mais surtout, que ferait ce texte dans les archives de Mari ? On comprendrait mieux son archivage dans la Forteresse de Yahdun-Lîm qu'à la capitale, où était enregistré ce qui concernait directement l’exercice du pouvoir. En outre, une têbibtum est le fait de quelqu'un qui a désormais le temps de penser à autre chose qu'à la guerre ou qui commence à réorganiser le royaume. La mesure se produit après une guerre, pas avant. Pour ces raisons, ce texte a été considéré comme appartenant à ZL 1 et faisant partie de la têbibtum du début du règne qu’a réalisée Bannum. Le fait que ce texte soit marqué d’un mois i*172 peut n’être qu’une pratique locale, l’administration du lieu continuant ses habitudes ménologiques. 3.5.1 Bannum à la Forteresse de Yahdun-Lîm : la première têbibtum La lecture du texte [M.6231] montre qu'il s'agit d'une têbibtum qui recense dans une circonscription les moyens humains sur lesquels l'administration royale peut compter, non les moyens militaires à partir desquels on pourrait prévoir une conscription. La population semble très mêlée : elle se compose de gens qui portent une onomastique sémitique (la majorité), mais d'autres qui recourent à des hourritismes (cf. i 10, etc.) ou à une philologie malaisée à définir. On note la présence de divinités étrangères (cf. i 6), ce qui pourrait indiquer la présence de prisonniers ou déportés, qui ne sont pas venus de leur plein gré sur cette partie du Moyen-Euphrate. Beaucoup de NP sont sans parallèles dans ARMT XVI/1. Je me suis limité à ne signaler que ceux qui étaient attestés dans des inédits ou qui pouvaient être commentés.

    35 [M.6231] Inventaire du personnel (du palais) de la Forteresse de Yahdun-Lîm, pour un total général de 173 personnes qui reçoivent des rations (si-lá) à la Forteresse de Yahdun-Lîm (C. 5'), en présence de Bannum (C. 6') : 15 spécialistes du tissu (i 16), 6 menuisiers (? i 23), 3 potiers (i 27), 2 corroyeurs (i 30), 3 vanniers (i 30), 4 engraisseurs (i 39), (…), soit 63 ouvriers à spécialités (ii 35) ; 7 domestiques (iii 1), 2 musiciens (iii 5), 1 naute (iii 6), 9 arroseurs (iii 15) ; 4 bouviers (ii 20), 2 bergers (ii 23), (…), 30 tisseuses (iv 14), 10 meunières (iv 25), 1 femme-scribe (iv 26), 2 musiciennes (iv 29), 1 spécialiste en légumineuses (iv 30), soit un total de 100 hommes, 6 femmes et 6 fillettes dans la Forteresse de Yahdun-Lîm (iv 31) ; (…). 172

    Si le mois appartient toujours au calendrier (A), l’éponyme, en revanche, n’est plus indiqué.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    115

    Col. i (4 l.)

    6 8 10 12 14

    1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

    a-lim-[…] a-na-dtipak-ták-la-ku ha-na-zu° dumu°-nita!173 zu-zu U174 ku-ul-lum-za-ar d utu-tu-kúl-ti a-hu-um-lu-mu be-lí-qar-ra-ad i-din-ma-am-ma-an°175 be-lí-qar-ra-ad° (Blanc.)

    16 18 20 22

    1 1 1 1 1 U 1

    15 lú-me-e túg at-ta-zi a-bi-id-ra-bi176 pa-ah-ri-zi177 a-ar-na-gàr?178 te-er-e#-tár a-har-ka-la-)x*179 (Blanc.)

    24 26

    1 1 1

    6 lú-me-e n[agar ?] ’à(É)-a-íl-lí ú-um-)ru*180 u-pá-a-ra181 (Blanc.)

    28

    1 1

    3 lú bahar!(DUG.GA.BUR)-ra ì-lí-ma-lik ia-ri-ip-AN (Blanc.)

    30 1

    2 lú-asgab ’à-a-tu-kúl-ti

    173 Sans parallèle et écrit sur érasure. DUMU.NITA! serait une variante de DUMU.U = aplum. L’équivalence est documentée par Nabnitu IV 79 sq. (CAD). L’onomastique mariote connaît bien a-pil + N. Div., mais pas le NP Aplum. Pour ce genre d’écriture, non orthographique, cf. col. iv l. 8, ou encore UR = ÚR bien connu des textes sur la viande. Les idéogrammes sumériens pouvaient être notés selon leur prononciation, non leur valeur sémantique. 174

    La marque U indique « 10 ». Le scribe ne l’a notée que sur la col. i.

    175

    Pour la structure, cf. i-din-ma-AN in ARMT XVI/1 (lecture sûre) et son parallèle id-di-(im)-ma-AN (plus. réf.). Pour la divinité Amman, cf. OLA 162/1, p. 636. La structure de ce NP ne conforte pas une interprétation hourrite d’Amman, cf. Richter, Vorarbeiten…, p. 373. Il s’agit, sans doute, d’une vieille divinité syrienne. 176

    RA et BI sur érasures ; cf. a-bi-id-ra-ab, A.3562 (MARI 8) iii 67 & v 2.

    177

    Cf. Richter, Vorarbeiten…, p. 220b. Le ZI final semble sur érasure d’un autre ZI.

    178

    Variante pour le plus courant ar-na-wa-ar. Cf. Richter, Vorarbeiten…, p. 71b.

    179

    Le dernier signe pourrait avoir été érasé. Peut-être MA ? J’ai évité une lecture MUR (attestée par ARM IV 76 : 35, mais un NP Âmur-kalama peut-il exister ?) au vu des NP hourrites en a-ha-ar-. Pas de parallèle à Mari. 180

    Peut-être une abréviation d’un NP en umur- (« désir », où umrum est // à imrum [zimrum]) + N. Div. (cf. ú-um-re-e-ra-ah, M. 6202 = umur-Yarah, « désir de Lune ».) 181

    NP indécis. Faut-il supposer ici un toponyme Bara en rapport avec le Biri k Pour cet oronyme on connaît pa-u-ri-im (ARM II 107, 24) mis en rapport avec le Biri (cf. LAPO 16, p. 552), mais il existe aussi la notation pa-au-ur de A. 688 : 4.

    116 32

    Jean-Marie DURAND gu182-mu-ul-dsu’en ’à(É)-a-an-dulx(SAG)-lí {NI}

    1 1

    (Blanc.)

    34 36 Tr. 38

    1 U 1 1 1

    3 lú ad-kub# {A } lugal-{X}183-dIM a-na-dutu-ták-la-ku ia-wi-AN e-la-a?-ha-ar {X} (Blanc.)

    4 lú ma-ru-ú ii

    8

    (5 l. brisées.)

    1 1 1

    )ta*-[…… ì-lí-ma-[…] sa-mu-[…] (Blanc.)

    10 12

    1 1 1

    8 lú […] i-na-mu-[…] a-hi-a-ki-[im] ma-an- [o-o ?]184 (Blanc.)

    14 16 18

    1 1 1 1 1 1

    3 lú […] ka-a-li-[…] ha-ab-du-)d*[…] d utu-til-la-t[i] e-l[i-… [……] [……] (Blanc.)

    20 22

    1 1 1

    ? )6* l[ú …] [……] [……] [……] (Blanc)

    24

    [3 lú …] (4 l. brisées.)

    30 32 34

    1 1 1 1 1 1

    [……] [……] [……] [……] z[a?-…] u[r?-…] (Blanc.)

    36

    unigin 1 u-i 3 lú-me-e um-me-ni 1 e-we-en-ar-ri 182

    Sur GU érasé.

    183

    Le signe effacé semble être un A. Peut-être le scribe avait-il voulu, dans un premier temps, mettre a-du au lieu de dIM. 184 Il n’y a place que pour 1 ou 2 signes à la rigueur. D’après l’onomastique de Mari conviendrait ici ma-anna-u, M.5304+.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    38 Tr. 40 42 iii 2

    6 8 10 12 14

    1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

    117

    sa-am-ma-al185 ha-ah-hu-um186 pa-i-d[a?-e] ú-tap-ar187-r[i] su-mi-ia-x188-[o-o] a-da -an 7 lú-me-e ki-na-tu-ú )AN*-ma-[…] a-hu-)um* 2 dumu-me-e nar ar-i-a-hu lú-má-D[U-D]U ku-uzx(IZ)-zi d utu-na-ir bu-úr-qa-nu )ha*-am-mi-ia ka-nu-un189 ka-wi-lum na-ar-rum190 pu-ru-ma-zi191 (Blanc.)

    16 18

    1 1 1 1

    )9* lú-me-e sa-li-hu bi-)in*-ni-ma-tar )bi*-ni-dutu )a*-bi-ma-lik zi-gi (Blanc.)

    20 22

    1 1

    4 lú-me-e sipa gu#-h[á] )dutu*-tab-ba-e na?-ha-an? (Blanc.)

    24 26 28

    1 1 1 1 1

    2 lú-me-e sipa udu-h[á] )ha*-zi-ip-na-wa-ar )ba-ah-li*-e-sa-ar )ab*-du-)a*-mi-im d da-gan-)tu-kúl-ti* a-zu-)e* (Blanc.)

    30

    1 1

    5 l[ú …] [……] [……] (Blanc.)

    32 34

    1 1

    [2 lú …] [……] [……]

    185 Cf. sa-am-ma-[…], M.6209, nâqidum. Peut-être une graphie abrégée de sà-ma-al-du-uk, NP d’Eluhhut, M.11405, si la forme pleine en était Sammalduk. 186

    Sans doute Hahhûm, « l'homme de H. » ; cf. ha-hu-i-lu-ma, dans M.5257: 11 = Hahhu-ilum-ma.

    187

    Le AR est mal venu et se présente plutôt comme un LI.

    188

    X = Z[A- ou H[A-. Sans doute un NP en Sumi-+ Ya… Ce n’était pas Yamam.

    189

    Cf. ka-an-nu-un-ni, M.6195 iii

    190

    Cf. na-ar-ru°, M.7166, M.13286.

    191

    Cf. pu-ra-me-zi, à Nuzi et pu-ra-am-ze A.3562 (cf. MARI 8) x 50.

    118

    36

    Jean-Marie DURAND 1 1

    [……] [……] (5 l. brisées sur la col. + 5 sur Tr.)

    iv 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24

    1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

    ku-ri-tum ki-im-ru-um-ma192 sa-am-sa-tum193 at-ti e-la-al-li ki-li-ni-ia 1 munus-tur ka-ak-me kúl-li-la-a munus-LÚ.KÁS(KASKAL).TIN.)NA*194 me-en-nu-la sú-ku-uk-tum e-le-en-na uz-zi-ia a-ha-ta-ni 1 tur gaba zu-zu-we 30 munus-me-e ús-bar195 a-am-ra-a-ku196 1 tur ta-aq-ri-ba-at197 1 munus-tur li-bur-ba-á-ti al-li-ka-an-za a-ba-ku-ri me-né-en-na ku-nu-ú-na a-am-ra-a-ku i-né-en-ta-ri 1 munus-tur ha-na-at-um-mi (Blanc omis.)

    26 28

    1 1 1

    10 munus-me-e e#-i-na-tum a-bi-la-ma-sí munus-dub-sar i-mi-et-nu-ni198 u-ku-ba-tum199 (Blanc.)

    30

    1

    2 munus-me-e nar d utu-til-la-ti a úr-qí a-gàr200 (Blanc.)

    192

    Cf. ki-im-ra-nu, habitant de la Forteresse de Yahdun-Lîm, ARM IX 253 i 26.

    193

    M.7435 iv, M.7451. Cf. sa-am-sa-ta-an, M.5666.

    194

    lú-ká-tin est l'équivalent de lú-kas-tin.na. Cf. l'écriture munus-lú.tin.na et munus-kas.tin.na dans CAD S, p. 8a-b. La femme serait une sâbîtum (cabaretière) reconvertie en tisseuse. 195

    Il semble que la rubrique, oubliée par le scribe, a été secondairement ajoutée sur la l. iv 14. On obtient le chiffre de 30 en ajoutant les 2 fillettes. 196

    Inédit à Mari, mais cf. l. 22. Forme dialectale pour umruâku = « Je suis très malheureuse », NP féminin.

    197

    Sans doute état absolu d’un takribatum, «bénédiction», inconnu, ou une forme verbale dialectale avec préformante ta-, plutôt que taqribatum « escorte qui sert à protéger ». Cf. des prénoms comme Bénédicte ou Benoîte. 198 Sans parallèle. Sans doute imî (impératif fém. de M‘) + etnu(n)nî (infinitif D/3 correspondant à akkadien utnennum) « Écoute le fait que je te prie », ce qui correspondrait à l’akkadien emî-utnennî. Cf. n. 197. 199 Cette forme de NP u-ku-ba-tum se retrouve dans ARM XII 613, rev. 4, mais dans un passage mal conservé, où elle est expliquée comme le pluriel d’un récipient (?) ukubu, lequel n’existe en fait pas. Le NP est sans doute à rattacher à *ekêbum. 200

    « (Le jardinier) préposé aux légumes de l'ugârum » ; cf. CAD A/2, p. 302a où est cité le lú nu-kiri% a waar-qí de Nuzi. L'expression mariote pourrait être l’équivalent d’urqanuhlu en contexte hourrite à Nuzi. On aurait ici urqum au lieu de warqum, ce qui n'est attesté par les dictionnaires que pour une période récente.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    32

    119

    u-nigin 1 me lú-me-e 41 munus-me-e 6 munus-tur-me-e a i-na bàd ia-ah-du-li-im (Blanc.)

    34 36 38 40

    1 1 1 1 1 1 1 [1

    ab201-di-e-ra-{X}-ah ap-pa-AN a-hi-ma-ra-a {X} e-na-am ha-a°-mu-um-ma-lik202 a-wa-ti-AN )d*utu-ha-[í-ir] o]-e-[……] (3 l. manquante au Revers)

    C. i

    ii

    iii (?) iv

    […] lú-me-e [… munus]-me-e [… tur-munus-tur-me]-e u-niginnigin 1 me 73 lú-lú-me-e si-lá i-na bàd ia-ah-du-li-im igi ba-an-nim { )u#* 20203} iti ni-ik-mi-im u# 2?5-kam

    On devrait donc considérer que le texte [M.6231] est sans doute un témoin de l'activité de Bannum procédant à la têbibtum du royaume, une fois ce dernier débarrassé de la tutelle du RHM. Il existe encore, en outre, deux lettres qui montrent Bannum opérant le recensement des régions d’amont, soit Terqa et Saggâratum. En publiant [A.56] en 1938, G. Dossin pensait que le document montrait de la part des Mâr yamîna (ses « Benjaminites ») des intentions hostiles envers le roi de Mari204. Cela n’est pas sûr, car la révolte ne semble pas avoir commencé avant la mort de Bannum, comme le montre de façon évidente [A.82], une lettre d’Itûr-Asdû, lequel a pris ses fonctions à Mari après Bannum, où un habitant de Milân promet la révolte pour le « retour du roi »205. De fait, des Mâr yamîna avaient accompagné le roi dans son expédition en Haute-Djéziré. Au moment de [A.56] le roi est à Mari puisqu’on lui demande de ne pas quitter la ville et d’en renforcer les gardes alors que Bannum en est sorti et se trouve à Zurubbân. Par ces signaux de feu les Mâr yamîna ne faisaient donc que se transmettre une nouvelle qu’ils jugeaient importante. Malgré l’ignorance que (feint de) professe(r) Bannum, il semble bien que ce soient sa sortie de Mari et son arrivée à Zurubbân qui aient été signalées de la sorte. Ce déplacement de Bannum jusqu’à Zurubbân (en soi une nouvelle importante) avait en fait pour but le recensement de ses Bédouins mâr sim’al et, par là-même, le texte doit être contemporain de [A.1225] publié ci-dessous. Le manque d'empressement (l. 17-20) de Bannum à se renseigner sur ces levers de torches montre qu'il était sans grande inquiétude sur leur signification. En jouant celui qui va en pays dangereux il se donnait en revanche le beau rôle par rapport à un roi, à l'abri dans sa capitale dont les gardes étaient à renforcer. 201

    Sans doute sur un signe érasé (AB anticipé trop à gauche ?)

    202

    Cf. da-mu-um-ma-lik (XVI) ? Le dieu Amum n'est cependant pas écrit avec un H initial ; cf, par ailleurs les graphies de habdum de ce texte, sans H initial. Une graphie /ha-a/ exclut un terme /hammum/ lequel n’est pas précédé par le déterminatif divin. 203

    Sans doute anticipation de la date, non un compte en rapport avec le personnel.

    204

    Même opinion chez D. Charpin et N. Ziegler dans FM V. Ils considèrent cette lettre comme un indice que les problèmes avec les Mâr yamîna avaient commencé dès l'époque de Bannum. Même s'il y avait déjà de la défiance envers les Mâr yamîna comme le montre [A.412], Bannum voyait dans ces signaux de feu une occasion de faire rester Zimrî-Lîm à Mari pour arranger comme il l'entendait la têbibtum. 205

    Cf. ici-même, p. 563, l'édition de [A.82] ; FM V, p. 190, n. 153.

    120

    Jean-Marie DURAND

    Une telle opération avait pour but, non de compter simplement les forces militaires, mais aussi celles de travail disponibles, celles qui dépendaient des différents palais, donc du domaine royal. Les Mâr yamîna pouvaient s’en émouvoir, dans l'idée que le recensement pouvait tôt ou tard leur être étendu. Ils devaient d'ailleurs être sollicités de participer à l’expédition contre l’Ida-Mara puisque l’on voit Bannum se plaindre de ce qu’ils n’aient pas envoyé les troupes réclamées. On ne peut cependant aujourd'hui savoir s'il y eut un recensement de ces Bédouins mâr yamîna pour leur fixer les effectifs à envoyer ou s’ils ont fait l'objet de demandes a priori. Dans ce document, le roi semble en tout cas minoré : Bannum lui conseille de ne pas quitter la ville, ce qui ne correspond nullement à l'image du jeune guerrier que devait donner L'Épopée ni à ce que nous lisons dans les lettres où on lui conseille de ne pas monter le premier à l'assaut. 36 [A.56] Bannum au roi. Il a quitté Mari pour Zurubbân. Torches mâr yamîna depuis Samânum jusqu'à Milân, par toute la province de Terqa. On ne sait qu'en penser, mais il faut prendre des précautions pour le roi et la capitale. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ì[r-k]a-a-ma 4 am-a-li i-tu ma-riki ú-e-em-ma 6 nu-ba-at-ti a-na zu-ru-ba-anki ú-biilma 8 di-pa-ra-tim dumu ia-mi-na-a° ka-lu-u i-i Tr. 10 i-tu sa-ma-nimki a-na° AN-mu-lu-ukki Rev. 12 i-tu AN-mu-lu-ukki a-di° mi-i-la-anki 14 a-la-nu ka-lu-u-nu a dumu ia-mi-na-a° a ha-la-a ter-qaki 16 mi-hi-ir di-pa-ri-im i-u-ú ù a-di-ni wa-ar-ka-at 18 di-pa-ra-tim i-na-ti ú-ul ap-ru-ús i-na-an-na wa-ar-ka-tam 20 a-pa-ra-ásma an-ni-tam la an-ni-tam a-na e-er 22 be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am Tr. ma-a-ra-at a-lim ma-riki 24 lu-ú du-un-nu-na ù be-lí ba-ba-am / la u-í 2

    Bibliographie : édité par G. Dossin, « Signaux lumineux…», RA 35, 1938, p. 178 = LAPO 17 683. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Hier, 5 je suis sorti 4 de Mari et 7 j’ai porté 6 mon étape à Zurubbân. 9 Tous 8 les Mâr yamîna 8 ont 8 levé des torches : 10 depuis Samânum 11 pour Ilum-muluk, 12 depuis Ilum-muluk 13 jusqu'à Milâna) ; 14 tous les bourgsa) mâr yamîna 15 du district de Terqa 16 ont levé réponse à la torche. 4

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    121

    17

    Or, jusqu’à présent, 18 je ne me suis pas 17 renseigné sur 18 ces torches. 19 Maintenant, 20 je vais 19 le faire et 22 j’enverrai un message 21 chez 22 mon seigneur 21 sur ce qu’il en est. 23 Les gardes de la ville de Mari 24 doivent être renforcées. 25 En outre mon seigneur ne doit pas franchir la porte. a) Il ne s’agit pas à proprement parler d’un itinéraire mais, vu que Samânum (sans doute Meyyadîn) se trouvait en amont de Terqa et Milân à Tell Ramadî, il est évident qu’Ilum-muluk206 formait un moyen terme sur la distance qui les séparait et que c’est de là qu’étaient retransmis jusqu’à Milân les signaux émis depuis Samânum ; cela donne donc un échelonnement géographique le long de l’Euphrate. J’avais cherché à mettre Ilum-muluk à DouraEuropos (cf. BAH 136, 1990, B. Geyer éd., p. 114-115 n. 46) mais c'était une fort mauvaise idée puisque la tablette d’époque ancienne retrouvée à Doura-Europos y a en fait été apportée. Il est plus vraisemblable de situer cette ville sur la rive gauche de l’Euphrate, entre Saggâratum et uprum. ARMT XVI/1 propose une situation « entre Terqa et Mari, mais dans le district de Terqa », certainement au vu des références à cet endroit que l’on trouve dans ARM III ; son appartenance à Terqa est prouvée explicitement par M.12819. Il faut donc admettre que le district de Terqa était à la fois de rive gauche et de rive droite.

    Le texte [A.1225] montre une fois encore la fonction royale minorée. Bannum accomplit en effet motu proprio le recensement de Hiamta, Himmarân et Zurubbân, donc des centres principaux de la province dont Terqa, par où il doit terminer son périple, est le chef-lieu. Il compte ensuite passer au recensement de la province de Saggâratum dont la Forteresse de Yahdun-Lîm (cf. la têbibtum dont [M.6231] fait partie) ; le roi a une copie (?) de la tablette de compte (les totaux?) mais [M.6231], sans comporter la nomenclature bien connue de « lú ù um-u », montre qu'on avait aussi transmis la réalité du recensement (énumération nominative) au moins pour la Forteresse de Yahdun-Lîm. On note le ton protecteur que Bannum prend envers le roi, lui disant, l. 21-22 : « Je vais bien207. » Il en fait autant dans [A.4508]: 25. Il réclame en outre que le roi le tienne perpétuellement au courant, ce que demande le roi lui-même lorsqu'il s'adresse à ses subalternes. Ce ministre, qui n’a pas osé s’asseoir lui-même sur le trône de Mari, avait en fait choisi quelqu’un au nom duquel il exercerait le pouvoir. Dans ce texte, le roi qui reste à Mari n’a, en fait, outre le caractère sacré de sa fonction, qu’un rôle de représentation diplomatique en recevant les ambassadeurs. Ceux qui arrivent de Qirdahat — à situer désormais dans la région de Hassaké208 — et qui, de toute façon, ont déjà dû faire leur rapport à Bannum, doivent apporter des nouvelles de la Haute-Djéziré. ll est possible qu’ils soient porteurs de renseignements sur les grandes forteresses du RHM, toujours capables de résister, mais vers lesquelles se tournait de plus en plus l'esprit de Zimrî-Lîm. La mention de Qirdahat dans ce document indique que la ville n'a pas encore été attaquée ni sa population déportée. 37 [A.1225] Bannum au roi. Envoi de la présente tablette depuis Hiamtâ. Il doit faire le recensement des places majeures de la région de Terqa, puis de Saggâratum. Demande d’informations constantes. Deux hommes arrivent de Qirdahat.

    2 4

    a-na [be-lí-ia] qíbí[ma] um-ma ba-an-nu-[um] ìrka-a- [ma] 206

    Le toponyme a des chances d’être mâr yamîna et d'en représenter le dialecte ; on le trouve « akkadisé » sous la forme Ilum-malik, ce qui n’encourage pas à voir dans muluk une forme de pluriel. Il est possible que l’endroit ait commémoré un nom d’ancêtre ou que ce dernier ait servi à appeler un clan des Uprapéens, car on trouve des NP comme AN(= Ilum)-ma-Malik, ce qui est un NP soutéen (cf. ARMT XVI/1) ; Ilî-malik est le NP d’un habitant de Saggâratum (cf. ARMT XVI/1). 207 Le roi l'utilise dans sa correspondance avec sa mère ; l'expression almâku est aussi employée par Yamûm (ARMT XXVI/2 339), quoique nécessitée par les l. 5-7 et tend à montrer que « tout va vraiment bien » (D. Charpin). 208 Cf. D. Charpin, « Un itinéraire paléo-babylonien le long du Habur », dans Entre les fleuves-I, E. CancikKirschbaum & N. Ziegler éd., BBVO 20, p. 59-71, spéc. p. 67.

    122

    6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26

    Jean-Marie DURAND up-pí an-né-em i-n[a hi-a-am-taki] a-na e-er be-[lí-ia] ú-a-bi- [lam] hi-a-am-taki hi-m[a-ra-anki] ù zu-ru-ba-a[nki] ú-ba-ab-ma nu-ba-tam a-na ter-q[aki] ub-ba- al-m[a] a-né-em u#-um-u )a*-[na h]a-la-a sa-ga-ra/tim° )at*-[t]a-laak-ma a-na ub-bu-bi-im qa-tam a-[]a-)ka*-a[n] ha-al-a-am a-a-tu i-na ub-bu-bi-im ú-a-lam-ma up-pí na-ap-ha-ra-tim a-na e-er be-lí-ia [ú-a-a-à-ar] a-al-ma-)ku* up-pa-at be-lí-[ia] a-na e-ri-ia lu-ú ka-[ia-na] a-ni-tam a-nu-um-ma I [i]m-g[ur-…] ù ri-ip-i-dIM i-tu qar°-da-ha-atki it-t[a-a]l-ku-nim [e]#-[e]m-u-nu be-lí [li]-i&-ta-al

    Bibliographie : cf. Mélanges J.-R. Kupper, p. 151-152. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Cette tablette de moi, (étant) à Hiamta, 7 je l’ai fait porter 6 chez mon seigneur. 10 Je vais recenser 8 Hiamta, Himmarân 9 et Zurubbân et 12 porterai 11 l'étape du soir à Terqa. 13 Le lendemain, 15 je partirai 14 pour la région de Saggâratum et 16 j’entreprendrai de (la) recenser. 18 Je mènerai à bien le recensement 17 de cette région et 20 je ferai rédigera) 19 la tablette des totaux 20 pour chez mon seigneur. 21 Je vais bien. 21 Le courrier de mon seigneur 22 à mon adresse doit être constant. 23 Autre chose : voilà que Imgur-… 24 et Rip’î-Addub) 26 sont partis de Qardahat : 27 mon seigneur doit leur demander leurs informations. 5

    a) Il peut y avoir aussi simplement ú-a-ba-lam, mais cf. [A.2148+] : 20. b) Il peut s'agir de messagers mariotes dépêchés dans cette ville ou (plutôt) de Bédouins mâr sim'al qui en proviennent.

    Selon [A.2148+M.14907] Bannum effectue le périple annoncé, de Hiamtâ à Terqa puis à Saggâratum, à des fins de recensement. Dans ce document, Bannum agit encore en monarque : non seulement, c'est lui qui procède au recensement, mais il faut l'attendre pour celui de la région de Mari. De même, il parle de transmettre au roi la copie du rôle des Larséens de Hiamta, pour que le roi lui dise qui parmi ces gens-là il voudrait avec lui à Mari. C'est cependant Bannum lui-même qui procèdera aux affectations et sans doute à l'attribution des rations. Assurément le roi est associé aux décisions de Bannum. On lui permet même de faire son choix parmi ceux qui seront affectés au halum de Mari et de dire qui il voudrait avoir avec lui. Mari représente la garde du roi mais à uprum se trouvent ceux qui relèveront de Bannum. C'est plus une marque de déférence à l’égard du roi que la possibilité d'exercer sa décision, laquelle relève en fait du ministre. Ce document qui recense les Larséens pose un problème sociologique important. On ne s'attend pas à trouver mention de Larsa à Mari avant la fin du règne, lorsque ses armées sous commandement babylonien devaient mettre le siège devant la métropole du sud mésopotamien. Il existait donc des gens originaires de Larsa à Hiamta et à

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    123

    Saggâratum. Sans doute étaient-ils là à l’origine pour garder les lieux sacrés en tant que force internationale, comme à Terqa, d'après Yaggih-Addu, selon [A.2552] (ARMT XXXIV). Hiamta et Saggâratum étaient effectivement connues pour l'importance de leurs temples. Cependant, on remarque que ces « gens de Larsa » devaient être désormais répartis dans divers lieux selon une réaffectation qui dépasse le strict cadre de la garde de lieux sacrés.

    38 [A.2148+M.14907] Bannum au roi. Étapes dans les régions de Hiamta, Terqa et Saggâratum. Il faut attendre son retour pour faire le recensement de Mari. Perspectives de redistribution des gens de Larsa.

    16

    [a]-na be-l[í- ia] [q]íbí[ma] [u]m-ma ba-an-[nu-um ìr-ka-a-ma] [h]a-la-a ter-qa[ki a-lim] i-na hi-a-am-taki u-b[a-ku] u#-um up-pí an-ni-[e-em] a-na e-er be-lí-ia u[-ta-bi-lam] nu-ba-at-ti a-na ter-qa[ki ub-lam] a-né-em u#-um-u a-na s[a-ga-ra-t]imki at-ta-al-la-ak ha-al-a-am a-a-ti i-na u# 3-kam ú-a-al- lam-ma ar-hi-i a-na e-er be-lí-ia at-ta-la- ak a-di a-la-ki-ia be-lí mi-im-ma ma-riki la ú-ba-ab

    Tr.

    (Anépigraphe.)

    Rev. 18

    a-ni-tam a-nu-um-ma up-pí lú ù um-u a la-ar-si-i a i-na ha-la-a hi-a-am-ta wa-a-bu ú-a-à-ra-am-ma a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi°-lam be-lí li-i-me-u-ma ak-ki-ma m[u-u]t-ta-sú-nu i-na ma-riki mu-ut-ta-sú-nu i-na ú-up-ri-im ú-a-bu ar-hi-i be-lí up-pa-am [li-]a-bi-lam-ma lú° u-nu-ti [a-na be]-lí-ia lu-{X}-sú-ha-am [ù] la-ar-si-i a ha-la-a s[a-ga]/-r[a-tim] [mu]-ta-sú-nu i-na sa-ga-ra-[tim] [ù mu-t]a-sú-nu i-na bàd ia-ah-du-[li-im] [lu]-sí-ikma [e]-ba-u-nu i-na-di-n[u] ù la-ar-si-i a i-na [ma-riki] mu-ta-sú-nu a-na ú-u[p-ri-imki] mu-ta-sú-nu a-na [ter-qaki] [lu-sí-ik e-ba-u-nu i-na-d]i-nu […………………]-sú-nu […………lu-ú k]u-un-na-at

    2 4 6 8 10 12 14

    20 22 24 26 28 30 32 Tr. 34 36 C. i 38 ii

    (Anépigraphe.)

    124

    Jean-Marie DURAND 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Bannum, ton serviteur. Le district de Terqa va bien. 5 Je me trouve à Hiamta. 6 Le jour où 7 j'envoie chez mon seigneur 6 cette tablette de moi, 8 j'aurai porté mon étape du soir à Terqa. 9 Demain 10 je partirai 9 pour Saggâratum. 12 Je viendrai à bout de 11 ce district en 3 jours. 14 Je partirai 13 vite chez mon seigneur. 15 En attendant ma venue, mon seigneur 16 ne doit nullement faire le recensement de Mari. 17 Autre chose : voilà que la tablette 18 nominale des gens de Larsa qui 20 se trouvent 19 dans la région de Hiamta 20 je vais la faire rédiger et 21 l'envoyer chez mon seigneur. 22 Mon seigneur doit en prendre connaissance : 23 vu qu'une moitié d’eux doit résider 24 à Mari et l'autre moitié 25 à uprum, 26 mon seigneur 27 doit me faire porter 26 vite une tablette 28 afin que je mette de côté pour mon seigneur 27 ces gens. 29 En outre, les gens de Larsa du district de Saggâratum, 32 je dois en affecter 30 la moitié à Saggâratum 31 et l'autre moitié à la Forteresse de Yahdun-Lîm et 33 on donnera leurs rations. 34 En outre, les gens de Larsa qui sont à Mari, 37 je dois en affecter la moitié à uprum, 36 l'autre moitié à Terqa. 37 On donnera leurs rations. 38 Leur … 39 doit être assurée. 4

    C'est à cet ensemble de documents qu'a donc été rattaché le texte de la têbibtum de la Forteresse de Yahdun-Lîm, [M.6231]. Cette tablette est cependant datée du mois nikmum, qui est le mois i* éponymal, quoique la dénomination du toponyme indique clairement que l’on n’est plus à l’époque du RHM. Il faut sans doute mettre cette date aberrante au compte de la routine de l'administration provinciale locale. Le moment où Bannum se trouve dans la région de la Forteresse à faire la têbibtum est bien un mois i, mais celui de l'année qui a suivi le retour de Zimrî-Lîm et son sacre. Cette opération, nécessaire une fois terminée la reconquête, a dû être dans les urgences de Bannum et suivre immédiatement la (première) fête d'Etar. Tuttul a dû être attaquée et brûlée après le départ de Zimrî-Lîm209 pour Terqa. Il est possible que l'activité de Bannum dans les territoires à l'amont de Terqa, immédiatement après le sacre du nouveau roi, ait été motivée par de tels événements et que le mer‘ûm ait alors senti la nécessité d'organiser la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, laquelle devenait la véritable frontière du royaume. Il reste un problème qui tient à la restauration locale du souvenir de Yahdun-Lîm, roi dont Bannum devait être un fidèle, à en juger par son sceau. On peut se demander pourquoi la ville qui avait reçu pendant le règne précédent la dénomination de « Forteresse de Yasmah-Addu », et non celle de « Forteresse de Samsî-Addu210 », n’a pas été alors appelée « *Forteresse de Zimrî-Lîm ». Cela est en accord avec le libellé du sceau de Ban(i)num : chaque fois qu'on peut le constater, Bannum met en valeur l'ancien roi dont il a dû être un serviteur, non celui qui a été couronné.

    3.5.2 La halte à Saggâratum Il semble qu'une fois arrivé à Saggâratum, lors de son déplacement pour accomplir la têbibtum, plusieurs mesures ont été prises par Bannum, lesquelles, d’après ce que nous constatons des documents ultérieurs du règne, paraissent inédites de la part d'un serviteur. Le simple fait d’ailleurs d'assumer la charge de la têbibtum était déjà en soi l'indice d'une très haute responsabilité car on ne voit que les membres de la plus haute administration en être chargés. Le faire, en outre en son nom propre, en en prenant semble-t-il l’initiative, et en réservant celle de la capitale pour son retour, allait au delà de la fonction d'un simple ministre. Ce n’est peut-être pas un hasard qu’il ne reste dans les archives que si peu de documents à attribuer à cette entreprise de Bannum, comme si on avait voulu ultérieurement l’annuler. Aussi faut-il attribuer à ce moment plusieurs textes envoyés par Bannum et qui ont ce « ton royal » qui ont dû décider le roi, ou ses conseillers, à lui ôter la direction des affaires. 209 210

    Cf. p. 28 et p. 64.

    La dénomination toponymique existe bien mais « La Forteresse de Samsî-Addu » semble avoir été face au Yamhad, remplaçant peut-être momentanément « La Forteresse de Sûmu-êpuh ». La dénomination « Forteresse de Yasmah-Addu » a pu être décidée parce que Yasmah-Addu en a été roi à un moment donné (cf. MARI 3, p. 58, n°8 et le commentaire de D. Charpin, ibid., p. 59) mais, par ailleurs, une ville située à la frontière est souvent appelée du nom d’un prince, non de celui du roi. Cette dénomination montre bien que dans l'esprit des contemporains, le royaume des « Bords-de-l'Euphrate » s'arrêtait au début du règne de Zimrî-Lîm à la Forteresse qui gardait la frontière nord.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    125

    3.5.3 La surveillance de la capitale Dans [M.7978] Bannum écrit à propos de la garnison de Mari que, selon les directives du roi, elle ne doit pas quitter son poste et que 300 de ses Bédouins doivent la renforcer (l. 10) en attendant son retour. L'affaire est un écho direct de [A.4617] édité plus haut, où Bannum demandait au roi une lettre qui interdise l'accès de la ville aux gens du Sindjar, à moins qu'il ne s'agisse de Bédouins. Il n'est pas précisé dans ce document vers quel endroit Bannum comptait se diriger (l. 12, il est question d'attendre son retour). Sans doute s’agissait-il de la Forteresse de Yahdun-Lîm. La ville où il se trouve devrait donc être Saggâratum, chef-lieu d'un district (cf. l. 9). Il pouvait être en route pour la têbibtum des provinces d'amont. Le conseil donné alors au roi est de ne pas quitter la ville et de renforcer les gardes. Ces Bédouins de Bannum devaient autant surveiller le roi que garantir la sûreté de la capitale. On remarque ici l’envoi au roi des présages obtenus lors d’un sacrifice vraisemblablement pour que les devins qui sont auprès de lui puissent en prendre connaissance211. Rien n’est dit à leur sujet, peutêtre parce qu’ils n'étaient pas bons. Ils devraient néanmoins indiquer que l’on se trouve au début d’un mois. 39 [M.7978] Bannum au roi. Selon ses directives (fixées par le roi), il ne faut pas que la troupe franchisse la porte. 300 hommes de ses Bédouins ont été installés pour s’occuper du roi. Pendant l’absence de Bannum, la garnison n'ira nulle part. Envoi au roi des présages obtenus lors du sacrifice royal.

    2 4 6 Tr. 8

    a-na be-lí-ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a- ma ak-ki-ma wu-ur-ti-ia []a be-lí ú-wa-e-r[a-am] [erin! b]a-ba-am la u-[í] 3 m[e-at] )i*-na a-ha-[at be-l]í-ia (1 l. blanche.)

    Rev. 10 )i*-[na uru]ki lu-ú i[]/-ak-[nu] [bi-ir] -tum 12 [a-di] ta-ia-ar-ti-ia [a-na] a-i-a-am-ma 14 [ú-ul/la] u-í [a]-ni-tam a-nu-um-ma te-re-tim 16 [a] ni-qí-im a be-lí-ia [ú-a]-bi-lam C.

    (Anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. En fonction de mes directives, 6 (celles) que mon seigneur m’a fixées, 7 la troupe ne doit pas franchir la porte. 8 300 hommes parmi 9 ceux qui ont la charge de mon seigneur 10 ont été installés dans la ville ; 11 la garnison, 12 jusqu’à mon retour, 14 ne sortira 13 vers nulle part. 15 Autre chose : voilà que 17 je fais porter 15 les présages 16 (observés au moment) du sacrifice de mon seigneur. 5

    a) Le texte de la Tr. a été écrit en retrait. Il n’y a pas de signe devant le “3”, l. 8, ni le A, l. 9.

    211

    Cf. ARMT XXVI/1, p. 51-52.

    126

    Jean-Marie DURAND

    3.5.4 L'affaire de la « double dévotion » à Dagan Le texte [A.4105] a été envoyée par Bannum au roi depuis Saggâratum. La missive traite du métal qui se trouve dans le temple de Dagan (l. 5). Il s'agit de prendre dans l'asakkum (les biens du dieu ) de quoi fabriquer des statues, l'une pour le roi et l'autre pour Bannum. Il ne doit pas s'agir de statues du dieu Dagan dont chacun des deux hommes ferait l’offrande, car une représentation de la divinité dans le temple de Dagan de cette ville préexistait certainement au roi et à Bannum. De toute façon, il n'y en aurait pas besoin de deux. Il faut donc comprendre que la lettre parle d’orants. Une lettre de Bannum (que nous n’avons plus) devait énumérer les objets conservés dans le trésor du temple, qui devaient être employés à la réalisation des ex-voto, et demandait l'aval du roi. Le sens de la réponse de ce dernier à laquelle Bannum fait allusion était que le bronze en réserve dans le temple ne suffirait pas, car la freinte (miîtum) n'était apparemment pas mentionnée sur la liste imuguppum qui ne devait comporter que le poids des objets et celui des deux représentations. Bannum argumente qu'il avait prévu plusieurs objets en bronze à Mari, lesquels sont emballés à son sceau, ce qui permettrait de pallier ce manque en bronze. Il s'agissait donc de réemploi d'objets déjà manufacturés, à en croire le pluriel qui renvoie au terme « bronze »212. Du métal manquera sûrement, une fois constatée l'importance de la freinte. C'est une réalité inévitable des travaux de métallurgie de Mari. Prévoir un manque (l. 9) au moment de la réalisation des objets revient à fournir plus de métal que le poids envisagé pour les objets à fabriquer. Bannum avait d'ailleurs procédé à un empaquetage d'objets divers en bronze sous scellés (l. 11-12) à envoyer à Saggâratum en cas de besoin (l. 16). Les artisans de Mari étaient sans doute à même en lisant la liste des objets fournis de préciser le taux du métal employé dans leur fabrication. Peut-être même disposaient-ils dans leurs archives à Mari de l'inventaire de l'asakkum de Saggâratum ou avaient-ils gardé le souvenir de sa composition. Cette façon de procéder est typique d'une époque où le métal était rare et sa manipulation mal maîtrisée. Le sens de la réponse de Bannum est d'ailleurs dans la droite ligne de ce que devait faire le roi lui-même plus tard vis-à-vis de ses techniciens. Mais c'est du point de vue idéologique que le document a le plus d'intérêt. Même si Bannum, dans l'incipit de sa lettre, se dit « serviteur » du roi, il se présente en fait comme une personnalité royale : le bronze à envoyer depuis la capitale est scellé à son sceau, alors qu'il devrait l'être plutôt au sceau du roi dont un exemplaire au moins devait être à disposition dans le palais. Un autre fait, inouï celui-là, est qu’il s’agit de faire une statue du roi et une de Bannum ; ils doivent par là-même tous les deux rendre grâces au dieu de Saggâratum, sans doute en remerciement pour une faveur déjà obtenue. Le texte ne précise pas la motivation de l'offrande mais elle est comprise comme celle des deux hommes et non pas du roi seul, ainsi que le voudrait l'idéologie contemporaine. La stèle de victoire (cf. p. 96-97) a pu être écrite pour l’occasion. Cette lettre a le même ton dominateur que [A.4617] où le ministre dictait au roi (qui semble alors arriver dans son royaume) ce qu'il avait à lui écrire. Les conseillers du roi ont dû, devant de tels manquements à la servilité courtisane, recommander au monarque de réagir. 40 [A.4105] Bannum à Zimrî-Lîm. Le roi a dit n'avoir pas connaissance du taux de freinte du bronze pour (les orants de) lui et (de) Bannum ; Bannum avait collecté divers objets en bronze et les a mis sous scellés pour les expédier ; …

    2

    a-na be-lí-i[a] qí-bí-ma um-ma [b]a-an-nu-um ìr-ka-a-m[a] 212

    L’usage du pluriel de zabar (cf. 11 et 16, l’apposition de unûti), inédit à Mari, correspond à l’emploi de urudu-há à époque plus récente pour désigner « des objets en cuivre ». Il s’agissait donc de récupération de divers items (éventuellement de la vaisselle) entreposés dans le palais.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    127

    a-um zabar a a-sa-ki-im a i-na é dda-gan a sa-ga-ra-tim)ki* 6 be-lí ke-em i-pu-ra-am um-ma-mi im-u-gu-up-pu-ú a a-al-mi-ia 8 ù a-al-mi-ka a-di-ni ú-ul ga-am!213-ru-ma mi-ì-it zabar ú-ul a-mu-ur 10 an-ni-tam be-lí i-pu-ra-am zabar u-nu-ti ú214-pa-hi-[i]r-ma 12 i-na ku-nu-ki-ia ak-[nu-u]k um-ma mi-ì-tum a z[abar] 14 mi-im-ma it-ta-a[b-i] be-lí li-i-pu-[ra-am-ma] 16 [z]abar u-nu-ti li-)e-bi*-[lu-nim]215 Tr. [up-p]í an-né-[em i-na e-mé-im] 18 [be-lí ………………………] [……………………………] Rev. 20 [……………………………] [……………………………] 22 [……………………………]-x [……………………………] 24 [a-na o o o o o qa-ti] a-ku-un [a-um zabar]-há a be-lí i[-p]u-ra-am 26 [ú-a-ba-lu]-nim 4

    (Reste du Rev. anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé un message 4au sujet du bronze, propriété sacrée, 5qui (se trouve) dans le temple de Dagan de Saggâratum, 6en disant : « 7Les devisa) pour la statue (vouée par) moi 8et celle (vouée) par toi, ne sont pas complets 8 car je n'(y) ai pas vu la freinte (que subira) le bronze. » 10 Voilà le message de mon seigneur. 11 J’ai rassemblé les objets que tu saisb) en bronze et 12je les ai mis sous scellés à mon seing. 13Si 14 il y a une quelconque 13 freinte pour le bronze, 15mon seigneur doit me le faire savoir 16afin que l'on fasse porter ces objets en bronze. 17 Cette tablette de moi, en en prenant connaissance, mon seigneur... 6

    (Lacune de 6 l.) 24 25

    J’ai entrepris les... En ce qui concerne les objets en bronze, sujet de la lettre de mon seigneur, 24on les fera porter.

    Bibliographie : L. 7-9 citées dans AfO 36/37, 1989/90, p. 102b. a) Ce terme imuguppûm, apparemment dérivé du sumérien (« tablette-en-argile où se trouve une liste », avec u = qâtum = liste), désigne en fait l'énumération de ce qui est nécessaire pour la réalisation d'un travail. Le vocable, assez bien attesté à Mari, n'était encore connu que comme une entrée de listes lexicales par le CAD I, p. 138b. Il semble que chaque statue envisagée par ce document ait eu son propre imuguppûm (le verbe l. 8 est manifestement un pluriel), ce qui indique qu'elles avaient chacune leurs particularités et qu'il ne s'agissait pas de copies standard. L'imuguppûm devait concerner le poids nécessaire de métal, mais surtout les objets adventices de la statue qui devaient permettre de l'individualiser. b) Pour ce sens de annûm, cf. l'index, LAPO 18, p. 543.

    213

    Le AM ne semble pas avoir été complètement gravé et avoir été fondu dans le RU.

    214

    Sur érasure de HI.

    215

    Restauration d'après la l. 25.

    128

    Jean-Marie DURAND

    3.5.5 Des efforts pour rétablir la prospérité agricole Plusieurs textes doivent être considérés comme de la période où Bannum réside à la Forteresse de Yahdun-Lîm, et où, plus particulièrement, il en fait la têbibtum. De façon générale, il semble avoir mis en ordre les affaires et plusieurs de ses lettres concernent de tels efforts. L'intérêt de [A.412] est de montrer le lien entre la réalisation de la têbibtum et la remise en ordre de l'exploitation du royaume. Alors que les l. 35-36 parlent explicitement de la têbibtum de la province de Saggâratum, Bannum renseigne le roi sur la mauvaise discipline des Mâr yamîna216. Les problèmes qui se sont posés entre l'État mariote et les Mâr yamîna ont été d’emblée d’ordre agricole car c'est l’autorité mariote qui avait la haute-main sur l’irrigation. Dans le texte [A.492] on voit bien l’autorité toute puissante de l’État mariote (incarnée par la sévérité de Bannum). « Voilà ce que je leur ai dit et, eux, sont tombés à mes pieds. Je leur ai alors dit : “Venez à Saggâratum que je vous donne des instructions.” »

    Il apparaît donc que le royaume était pensé, par-delà les découpages politiques, comme une grande unité au point de vue hydraulique : chaque terroir ne devait pas avoir son unité d’irrigation et chacun était compris comme une partie d’un ensemble plus vaste. Ce devait être d’ailleurs la politique constante sous le règne de Zimrî-Lîm : chaque division régionale (halum) devait prêter main forte à sa voisine. Que penser de ce refus des Mâr yamîna de collaborer ? Dans [A.412], les Amnanéens, Yahappiléens et Yarihéens se contentent d’irriguer leurs terroirs (ugârî makârum) sans participer au « travail du canal zannatum », le ipir narim. Il y a plusieurs allusions à un « canal zannatum » à cette époque, dans la région de la Forteresse de YahdunLîm. Il est possible que l’expression soit à considérer simplement comme nârum zannatum et signifie « l’oued (nârum est du féminin) mis en eau par la pluie » ; zannum serait donc dérivé de la racine ZNN qui a donné le nom de la pluie (zunnum) ; zannum pourrait cependant être également tenu pour une forme de participe amorrite et équivaloir à l’akkadien zâninum « qui pourvoit »217. Dans le premier cas, il s’agirait d’aménager un oued intermittent ; dans le second cas, on ne ferait que réparer une portion du grand canal Iîm-Yadun.Lîm, celle du branchement sur l'Euphrate. Il semble que ce soit des travaux nouvellement planifiés et auxquels les locaux ne souhaitaient pas contribuer.

    41 [A.412] Bannum au roi. Les Mâr yamîna ne participent pas aux travaux d’irrigation. Sanctions envisagées.

    2 4 6 8 10 12

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a-ma a-na pí-i na-ri-im za-an-na-tim al-li-ik-ma i-ip-ra-am a-mu-ur-ma a-ba-am a-na i-ip-ri-im a-a-ti e-pé-i-im e-si-ik ù lú-me-e am&-na-na-nu-úki lú ia-ha-pí-lu-úki ù ia-ri-hu-úki a-na pa-ni-ia iz-zi-zu-nim-ma i-na a-wa-tim ke-em a-ba-sú-nu-ti um-ma a-na-ku-ma mi-nu-um i-du-um-ma a-na i-pí-ir na-ri-im

    216

    Du fait qu’à ce moment-là les rapports commencent à ne plus être confiants entre les deux communautés je n'ai pas rattaché à ce dossier des textes comme [A.2613] et [A.3257] où des accords sont en train d'être conclus, et par là-même la demande de [A.652] dont il est peu vraisemblable qu’elle fasse allusion à la deuxième fête d'Etar. 217 ZNN (a/u) « pleuvoir » et ZNN (a/u) « pourvoir » ne doivent être que deux aspects de la même racine, la pluie étant comprise comme la prospérité pourvue par la nature.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    129

    Tr. 14

    ú-ul ta-an-ha-ri-ra ù ú-ga-ri!218-ku-nu 16 ta-am-ku-ra i-na uz-zi-)ia* a-[w]a-tam Rev. 18 ke-em a[q-bi-]u-nu-[i-i]m [um-ma] a-na-ku-ma ak-ki-[m]a a-na i-p[í-ir] n[a-r]i-im 20 la ta-an-ha-ri-[r]a ù ú-ga-ri°-ku-nu ta-[am-ku-ra] 22 um-ma a-à-há-ku-nu i-na ú-mi-im la ú-mé-et ù ku-nu-ti la ú-bé-er-ri 24 an-ni-tam aq-bi-u-nu-i-im-ma lú-me-e u-nu a-na e-pí-ia im-ta-QA°-tu-ma 26 um-ma a-na-ku-ma a-na sa-ga-ra-timki° al-ka-nim-ma e#-ma-am 28 lu-di-na-ku-nu-i-im [a-w]a-tam [m]a-[l]a a-qa-bu-ú-u-nu-i-im 30 )ù* e#-ma-am ma-la i-qa-a[b-bu-ú-n]i-ni Tr. []e#-ma-am a-na e-er be-lí-[ia] 32 [u]b-ba-la[am] [u#]-um up-pí an-né-em a-na e-er 34 [b]e-lí-ia ú-a-bi-la[m] C. [a-t]a-[l]a-a[k]-ma a-la-ni a ha-la-a sa-[ga-r]a-tim 36 [a l]a ub-bu-bu ú-ba-ba-am-ma a-na e-er be-lí-ia [a]-ka-a-dam a-di a-la-ki-ia be-lí 38 [b]a-ba-am a-i-a-am-ma la u-í 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. J’étais allé 4 à l’embouchure du zannatuma) ; 5 j’avais constaté le travail (à faire) et 7 j’avais affecté 6 des gens 6 pour le 7 faire. 8 Donc, les Amnanéens, 9 les Yahappiléensb) et les Yarihéens 10 étant devant moi, 11 je les ai apostrophés, 12 leur disant : « Pour quelle raison 14 n’êtes-vous pas venus en aide 13 pour le travail sur le fleuve, 15 alors que 16 vous avez irrigué 15 vos campagnes ? » 18 Voici ce que je leur ai dit 17 dans ma colère : « 19 Puisque 20 vous n’avez pas aidé 19 au travail du 21 canal alors que vous avez irrigué vos campagnes, 22 je jure de 23 faire mourir 22 de soif vos champs 23 et de vous affamerc) ! » 24 Voilà ce que je leur ai dit et, 25 eux, de tomber à mes piedsd). 26 Je leur ai alors dit : 27 « Venez à moi à Saggâratum que 28 je vous donne 27 le verdict ! » 29 Tous 28 les propos 29 que je leur tiendrai 30 ainsi que toute la teneur de ce qu’ils me diront, 32 j’en 31 ferai rapport chez mon seigneur. 33 Le jour où 34 je fais porter 33 cette tablette de moi chez 34 mon seigneur, 35 je vais me mettre en e) 36 route et recenser 35 toutesf) les villes du district de Saggâratum 36 qui ne le sont pas encore, puis 37 j’irai rejoindre 36 mon seigneur. 37 Jusqu’à ma venue, mon seigneur 38 ne doit sortir vers nulle part. 4

    a) Pour ce nom d’oued/canal, cf. commentaire introductif, ci-dessus. b) Les Yahappiléens sont ceux qui habitent à Ziniyân puisque l’on trouve zi-ni-ya-anki ia-ha-ap-pí-li-i-im, A.1419 et zi-ni-ia-an ia-ha-pa-lu-umki M.6481 ; c’est une ville du district de Saggâratum selon M.4434, et M.6363 iii ; en revanche les Amnanéens peuvent venir de Sarrum (« Zarri ») puisque « Za-ar-ri am&-na-an » de la province de Saggâratum est très bien documentée, à côté de celle des Rabbéens. On trouve l’orthographe ia-ha-ap-pí-il dans ARMT XXIII 241 (où il s’agit du même endroit vu qu’il est mentionné avec des Amnanéens et des Rabbéens219) et dans M.6637. Il rappelle évidemment le « toponyme » ia-ah218 219

    Le signe est lu en fonction de sa reprise l. 21, mais il se présente plutôt comme «A-RI». Le texte doit dater de « l'an 0 » de Zimrî-Lîm, au mois xi, donc de peu après son accession à la royauté.

    130

    Jean-Marie DURAND

    pí-la (I 35) des bords du Tigre où le toponyme devrait être corrigé en Yah(ha)pila, selon d’ailleurs ce que propose l’itinéraire « La route vers Emar » (JCS XVIII, 1964, p. 70) où il est attesté sous la forme ia-ha-ap-pi-i-AN ou ia-haap-p[í-. On considèrera donc que le terme est un ethnique (mâr yamîna) qui a donné son nom à un lieu-dit du Tigre. Il s’agissait peut-être d’un simple campement de nomades. c) Ce sont deux images complémentaires : « faire avoir soif » pour le champ et « faire avoir faim » pour les individus, la cessation de l’irrigation entraînant celle de la production. La récolte est considérée comme la seule ressource pour des gens qui ont dû abandonner l’élève des troupeaux que l’on tiendrait pourtant pour leur principale richesse. De fait, l’occupation des terres mariotes par les Bédouins nouveaux venus est sentie comme le moyen de quitter la vie nomade et de s’installer (se sédentariser). Les Bédouins de Mari sous Zimrî-Lîm pratiquent la sédentarisation, l’abondance (ne pas mourir de faim) consistant désormais à acquérir des provisions en grain. La sugâgûtum était payée en moutons parce qu’au moment de leur installation les Bédouins n’avaient que cela à leur disposition (cf. FM X) et chaque homme devait acquitter un mouton pour sa redevance personnelle. Pendant tout le début du règne, le roi de Mari va, de son côté, multiplier les efforts pour acquérir du grain devenu nécessaire à des gens qui ne comptent plus sur des ressources surtout animales : d’où le thème récurrent de la « famine », d’autant plus que les conditions climatiques ne semblent pas avoir été excellentes. L’irrigation est comprise ici comme une entreprise collective qui suppose que les gens renoncent à ce qui ne serait qu’un projet individuel : il est ainsi reproché aux Mâr yamîna d’avoir mis en eau leurs campagnes sans participer à l’effort collectif. La distribution de l’eau est une affaire d’État : Bannum a les moyens d’en refuser l’accès. La collectivité se crée par des travaux en commun et acquiert ainsi le droit à l’eau. Elle n’est pas définie a priori par une unité territoriale. Cette dernière est, en fait, à créer. On voit que la création de la communauté territoriale repose sur l’exploitation d’une structure d’irrigation, ici l’oued/canal zannatum. Bannum propose ici une logique que l’on pourrait appeler « d’État » : toutes origines confondues, les locaux doivent contribuer à constituer une structure définie par l’effort collectif. C’est sur cette unité géographique que doit ensuite s’exercer le recensement-têbibtum qui compte les individus et officialise la conscription. Ugârum est la désignation du terroir brut avant que l’irrigation ne le transforme en eqlêtum. Les champs non irrigués meurent. La notion de a.à ú (« champ mort ») est effectivement connue des textes dès la IIIe dynastie d'Ur. d) Le texte dirait imtaqqatû-ma (G/3 ?) au lieu du imtaqqutû-ma attendu, car à Mari le verbe de la MQT est en (u). DBP s.v. donne cependant : NP, ana êpî-unu, im-ta-qú-ut-ma, ummâ-mi… (ARMT XXXIV) = « NP les supplia en ces termes…». Aussi peut-on se demander si QA n'est pas mis pour AQ (graphie intervertie). Auquel cas, on trouverait ici le parfait (imtaqtû-ma) attendu. La formule « tomber aux pieds de …» est enregistrée par CAD M/1, p. 242b. Elle est bien connue par les salutations d'El Amarna. Le CAD y voit « a gesture of greeting and homage ». Mais le sens ici est plutôt celui d'une soumission craintive et à Mari ana awât bêli-ia maqtû signifie couramment « ils sont aux ordres de mon seigneur », comme ana îr bêli-ia maqtâku a le sens de « je suis tout dévoué à mon seigneur » (réf. DBP). Ces expressions sont parallèles aux emplois de PL. e) Attallak est l’inacc. I/2 (G/2), au sens de « partir ». « Je multiplierai les déplacements » serait attanallak. f) «Toutes » rend ici le pluriel déterminé.

    Dans le texte [M.14694] l'état très fragmentaire du document ne permet pas de tout comprendre. Samsî-Addu, le chef uprapéen de Samânum, malgré plusieurs appels du roi de convoquer les Uprapéens en échange d'un terroir à Bît Lalâ'im irrigué par Bannum, a préféré le mettre en valeur sans contribuer à l'effort militaire : il n'a pas mis à la disposition de Bannum d'Uprapéens pour servir de police sagbum (l. 16) et a préféré installer sur le terroir ses gens grâce aux 10 « charrues » qui lui avaient été fournies. La fin du texte — après une longue lacune — est peu compréhensible mais semble constituer un discours tenu par Bannum (à Samsî-Addu ?). Ce texte montre une dégradation certaine des relations entre Mâr yamîna et pouvoir royal. L'information de la l. 12 indique que Zimrî-Lîm est en campagne. Cela daterait donc le document du cours de la campagne contre Kahat. Il serait ainsi une des dernières lettres envoyées par Bannum. 42 [M.14694] Bannum au roi. Le chef mâr yamîna Samsî-Addu convoite des terres de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm dont Bannum avait assuré l'irrigation, sans convoquer ses contribules malgré l'insistance du roi. Il ne contribue pas à l’effort militaire de Mari pour s'occuper de la mise en valeur de ses terres. (longue lacune). Texte indécis.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    131

    a-na b[e-lí-ia] qíbí[ma] um-ma ba-an-nu-um ìr-[ka-a-ma] 4 a-um a-à a la-la-i-)im* []a a-na-ku am-ku-ru-u-ma 1 é ? [u-ú] 6 [1-u] 2-u 10-u a-na sa-am-si-[dIM] [be-lí ki-a-a]m i-pu-ur [um-ma-a-mi] 8 [a-na lú-me-e up-r]a-pí i-a-[ta-tim] [i-i-ma] um-ma [la i-la-ku] 10 [mi-im]-)ma*-ma [a-à ú-u]l i-l[e-qú-ú] [be-l]í an-ni-tam )i*-[pu-ur] 12 i-na-an-na ki-ma be-lí kaskal )ú*-[ú-ú] lú u-ú i-pu-ur-ma 14 10 gi-apin-há it-ru-ni-i-[um] ù lú-me-e up-ra-pí-)u* )ú*-[pa-hi-ir-ma] 16 it-[r]a-am-ma a-na ap-pa-[ni-ia] Tr. sa-ag-ba-am )ú*-[ul i-ru-ud-ma] I sa-am-s[i-dIM lú-me-e-u] 18 ú-e-i-i[b-ma lú-me-e-u] Rev. 20 a-à a-)a*-[tu i-na 10 gi-apin-há] i-ri-[u-nim-ma ………] 22 i-na-[an-na (?) ………] x-[……………………] 24 a-[ ……………………] 2

    (Reste du revers perdu sur 12 l.)

    Tr. 2' 4' C. 6' 8' ii 10'

    [………] x [………] um-[ma a-na-ku-ma] la t[a?-…………] qí-a-at lú ha-[na] x x [ o o ] x [lú] ha-na a [it-ti]-u-nu i-l[i-k]u220 [……] x x [……-i]k-u- dam [… it-ta]-a-kan-m[a] i[t]-)ti*-[]u-nu la i-p[u-u] e-[pu]-ú 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Au sujet du terroir de Lalâ’um 5 que moi-même j'avais irrigué et qui forme un domainea), 6 1 fois, 2 fois, 10 fois, 7 mon seigneur avait envoyé un message(r) 6 à Samsî-Addu, 8 disant ceci : « 9 Lève 8 un (signal de) feu pour les Uprapéens. 9 S'ils ne viennent pas, ils ne prendront absolument pas le champ ! » 11 Voilà le message que seigneur avait envoyé. 12 En fait, comme mon seigneur était parti en expéditionb), 13 sur une lettre de cet homme 14 on lui a amené 10 charrues ; 15 alors, il a réuni et 16 amené 15 ses Uprapéens, mais 17 il n’a pas envoyé de forces de police-sagbum 16 à ma disposition. 18 Samsî-Addu 19 a installé 18 ses hommes et ces derniers 21 ont mis en culture 20 au moyen des dix charrues ce terroir. 22 Maintenant/Dans… 4

    (Texte du Rev. perdu, puis très fragmentaire.)

    220

    Sur le côté de la tablette un fragment a été recollé une ligne trop haut.

    132

    Jean-Marie DURAND

    … 2' J'ai dit : « 4' Ne… ; 5' les présents aux/des Bédouins… 6' Les Bédouins qui sont venus avec eux, 7' …(n')est (pas) arrivé ; 8' … a été institué et 9' qu'il n'a pas fait avec eux, 10' fais-(le). a) Sans doute Bît Lalâ’imki qui se trouve effectivement dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Fautil lire la fin de la l. 5 : 1 gán [a-à u-ú] où “1” = 60 ? b) Le premier signe peut être un Ú, difficilement un IL. Pour cette construction directe, cf. ARM II 138 : 7 (= LAPO 18 1050).

    Le texte [M.7337] concerne la Forteresse de Yahdun-Lîm. Bannum y a pris une décision de justice concernant deux personnes qu’il a fait entrer en prison. Aucun détail n’est donné sur la malversation (à moins que ce n’ait été le cas dans la lacune des 5? l.). Le roi est simplement mis au courant d'un fait divers. 43 [M.7337] Bannum au roi. Machinations à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Bannum a fait entrer les deux coupables à l’ergastule. (Lacune). Désormais il fera preuve de vigilance et tiendra le roi au courant.

    2 4 6 8 10

    [a]-na be-lí- ia [q]íbíma [um]-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a-ma a-pí-il-ì-lí-u é-eh-rum [I] [ù] 1 ìr é-gal it-ti-u [a-wa-t]im mi-im-ma ú-ka-í-)ru-ma* [a-wa]-tu-u-nu ú-é-nim-ma [lú-m]e u-nu-{ X X X }-ti [a-na] né-pa-ri-im ú-e-)ri*-ib-u-nu-ti [a-na] )é*-há-ti-u-)nu* ú-)ul* [al]-pu-ut [……-]u-nu a-x-[ (Face = 1 + Tr. = 3? l. + Rev. = 1 l.)

    2’ 4’ 6’ 8’ 10’

    [o o o o ] x-rum ú-a-x-[ [i-na pa-ni-ti]m lú-me-e u-nu-ti [ú-ul] ú-sa-ni-iq [i-na-an]-na lú-me-e u-nu-ti [ú-s]a-an-na-aq-ma [e#-m]a-am ga-am-ra-am [a-na ]e-er be-lí-ia ub-ba-lam [an-ni]-tam be-lí lu i-di ki-ma [l]ú-me-e u-nu la i-na-ti i-[na b]àd ia-ah-[du-l]i-im ú-ka-a-i-[ru] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Apil-ili-u, le jeunea), 5 et un serviteur du Palaisb) avec lui 6 avaient manigancé quelque chose 7 mais leur affaire ayant éclaté au grand jour, 9 j’ai fait entrer ces gens à l’ergastule. 10 Je n’ai pas touché à leurs maisons. 11 J’ai… leur(s)… 4

    (Lacune de 5 l. ?) 1'

    … 2' Précédemment, 3' je n’avais pas contrôléc) 2' ces gens ; 4' maintenant, 5' je vais le faire et j’apporterai 6' tous détails 7' chez mon seigneur. 8' Mon seigneur est au courant 9' du fait que ces gens 11' ont fait des manigances 10' scandaleuses, 10' à la Forteresse de Yahdun-Lîm, 7'

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    133

    a) Pour cet emploi à Mari de ehrum pour signifier minor (« puîné »), en opposition à un senior, cf. p. 537, n. 64. Il s'agissait, sans doute, de le distinguer du devin homnyme plus âgé Apil-ili-u, pour lequel cf. ARMT XXVI/1, p. 232-233. Il peut s’agir de l’Apil-ili-u qui est mentionné au tout début du règne par ARMT XXII 313 qui a été repris comme ARMT XXXI 25. Cf. ARMT XXX, p. 220. b) Il est peu vraisemblable qu’il y ait ici un NP Warad-Ekallim (cf. dans ARMT XXVI/1 249: 34, le NP Amat-sakkanim susceptible de signifier « servante du palais » ; cf. ibid., p. 529) ; le « clou de NP » se produit surtout en début de ligne, à Mari. Les « serviteurs du Palais » pouvaient ne pas habiter au Palais et avoir des biens propres. c) Sanâqum D signifie souvent « s’approcher de quelqu’un pour le morigéner », mais un sens de « contrôler » est aussi possible. Bannum doit signifier ici que jusqu’à présent il avait fermé les yeux sur les agissements de ces individus, mais que ce ne serait plus le cas désormais.

    Le texte [M.8341] qui est de la Forteresse de Yahdun-Lîm (l. 6) est un exemple clair de l'attribution d'une terre de fonction (ibtum) en échange d'un service militaire. Sâbimum doit être mort ou défaillant. Le nom, bien attesté à Mari, désigne plusieurs individus. Pour cette affaire, cf. [M.5183]. 44 [M.8341] Bannum au roi. La tenure de Sâbimum est à attribuer à Gimil-… contre un service de réserviste.

    2 4 6 Tr. Rev. 10

    a-na be-lí-ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a- ma a-à í-ib-ta-at sa-bi-mi-i[m] a i-na [b]àd ia-ah-du-li-[im] a-na gi-mi-il-[NDiv.] li-i[l-li-ik] lú-egir-r[a-me-e] it-ta-[na]-la-a[k] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Le champ (qui était la) tenure de Sâbimum 6 (et) qui est dans (le territoire de) la Forteresse de Yahdun-Lîm, 8 doit aller 7 à Gimil-…a) ; 10 il accomplira un service complet 9 de réservisteb). 5

    a) On connaît Gimil-Dagan (local) et Gimil-amas (étrangers). Mais d'autres divinités sont envisageables. b) Comme on a besoin ici d'un abstrait, on peut supposer un me-e valant -ûtum dans la cassure.

    Le texte [M.5554], très fragmentaire, qui traite d'un terroir bédouin (toponyme en Bît-[NP]) pourrait être également attribué à l'action de Bannum dans le terroir de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 45 [M.5554] Bannum au roi. Fragment. Affaire d’un champ du terroir de Bît-….

    2 4 6

    [a]-na [be-lí-ia] [qí]b[í-ma] [um-m]a ba-an-nu-)um* [ìr]ka-a- [ma] [a-um] a-à a i-na )é* […] [a] be-lí )iq*-bé-em u[#-um … [lú] w[a]-bi-il u[p-pí-ia an-ni-im] (…) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Bannum, ton serviteur.

    134

    Jean-Marie DURAND 5

    Au sujet du champ qui (se trouve) dans Bît- …, 6 dont mon seigneur m'a parlé, le jour où… le porteur de cette tablette de moi… Lors de [M.9281], le roi attend le retour de Bannum (l. 6), sans doute de sa têbibtum, pour aller à Terqa faire les sacrifices221. Bannum lui avait donné l'ordre (ou le conseil pressant ?) de ne pas s'absenter de Mari. Asqûdum prévient le souverain de l'état de dénuement en grain du Palais pour les repas du roi et l'engrais des animaux. Le grain a été consommé par les ouvriers agricoles. 46 [M.9281] Asqûdum au roi. Le roi ayant annoncé son voyage en amont, il est prévenu qu'il n'y a plus de réserves à Terqa. (…) ni en grain ni en bestiaux.

    2 4 6 8 10 12

    [a-na b]elí-ia [qíb]íma [um-ma] às-qú-du-um [ìr]ka-a- ma [be-lí ki]-a-am i-pu-ra-am [um-ma-a-mi] i-nu-ma ba-an-nu-um [a-na ma-r]iki ik-ta-á-dam [a-na ha-al]-í-im e-li-im e-le-em-ma [ù i]-na ter-qaki ú-a-ab [sisku]r!-re-há a-na-aq-qí [an-ni]-tam be-lí i-pu-ra-am [ù ] à* é-gal° ter-qaki [e-um mi-im-ma ú-u]l i-ib-ba-i

    Tr.

    (Sans doute anépigraphe.)

    Rev. [……………………] 2' = 14? [……………………]-x x-[…………………]-x222-un?-ma ? 4' = 16 [e-um a-na na-ap-ta-n]a*-ti4 er-su°-ú )i**-[na gu#]-há be*-lí*-[ia] [1 gu# it]-ta-ak-ba-ar ? 6' = 18 )ù* [x] lú-me-e é-gal° )a* a-na e-é-di-im ú-[ú]-ma níg-gub-há be-lí-ia 8' = 20? ma-l[a]* i-ti-ru a-na kur% lú-me-e e-é-di ig-da-am-ru (Reste anépigraphe.) Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 61 ; cf. W. Heimpel, op. cit. p. 204. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Asqûdum, ton serviteur. Mon seigneur m'a envoyé ce message-ci, 6 disant : « Une fois que Bannum 6 sera arrivé à Mari, 8 j'irai à la région d'amont et 9 alors je serai à Terqa. 10 Je ferai les sacrifices. » 11 Voilà le message de mon seigneur. 12 Or, 13 il n'y a plus de grain 12 dans le Palais de Terqa. 5

    (Lacune de 4 l.)

    221

    D'autres dates pourraient être envisagées, comme l'arrivée du roi à Saggâratum pour l'expédition contre Kahat, mais Bannum semble alors avoir été à Mari. 222

    D'après les traces de la finale, le signe pourrait être BU.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    135

    4'

    Du grain était prêt pour les repas. 5' Sur les bœufs de mon seigneur, un avait été engraissé. 6' Cependant, il y a x gens du palais qui 7' sont « sortis » 6' pour moissonner 7' et (ce qui devait servir aux) repas de mon seigneur, 8' tout ce qui devait être en excédent, 9' on l'a consommé 8' pour les rations des moissonneurs. 3.5.6 Surveillance à l'amont La lettre [A.4241] qui a été envoyée depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm est un document qui pourrait donner un aperçu des idées internationales de Bannum. De façon patente, le mer‘ûm n’était pas favorable au royaume de Haute-Mésopotamie, ou au moins à son nouveau maître Ime-Dagan. Plusieurs indices vont en ce sens dans les lettres de lui et, clairement, il avait organisé un front contre Ékallatum. Or, à l’époque, Enunna luttait à l’Est contre les troupes d’Ékallatum. Il serait ainsi dans la logique (au moins géopolitique) de l’époque que Bannum fût favorable à Enunna. Par là-même, il devait soutenir ses efforts pour attirer Zimrî-Lîm dans son camp et le détourner d’Alep. On le voit d’ailleurs s’accommodant tout à fait d’une montée d’Enunna à Sapiratum ([A.2285]) pour installer Atamrum à Allahad. Dans le même temps, Zimrî-Lîm écoutait les propositions d’Alep : Sumhu-rabi était alors à Alep, sans doute en mission. Bannum ne devait pas voir d’un bon œil ce qui se préparait, surtout l’union dynastique qui unirait Mari et Alep. Ces manœuvres qui contrariaient les plans de Bannum peuvent avoir leur écho dans la lettre [A.4241] éditée ci-dessous. À la Forteresse de Yahdun-Lîm, Bannum fait arrêter des Aleppins sur leur chemin de retour et les réexpédie à Saggâratum, demandant des informations à ZimrîLîm. Peut-être les tractations se passaient-elles à l’insu de Bannum et ce dernier voulait-il en obtenir confirmation explicite de la part de son désobéissant roi. 47 [A.4241] Bannum au roi. Des Yamhadéens retour chez eux sont arrêtés à la Forteresse de Yahdun-Lîm et ramenés à Saggâratum, jusqu’à plus ample informé. a-[na] be-lí-ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a-ma 4 lú-me-e ia-am-ha-du-ú a i-tu ma-riki 6 it-ta-al-ku-n[im] i-na bàd ia-ah-du-li-imki 8 a-ba-as-sú-nu-ti-m[a] a-na sa-ga-ra-timki Tr. 10 ú-e-ri-ib-u-nu-ti […………]-x Rev. 12 […………] […………] 14 [………] ki-[a-am i-pu-lu-ni-ni]223 16 um-[ma u-nu-ma] i-na m[a-riki lugal ú-wa-e-r]a-an-né-ti 18 um-ma [u-ú-ma a-n]a ma-ti-ku-nu at-la-)ka* lú-me-e u-nu an-ni-tam

    2

    223

    Pour cette restauration, cf. l. 20.

    136

    20 22 Tr. 24

    Jean-Marie DURAND i-pu-lu-ni-in-ni i-na-an-na um-ma lú-me-e u-nu i-na qa-b[é]-e be-lí-ia it-ta-al-ku-nim an-ni-tam la an-ni-tam be-lí )li*-i-pu-ra-/am 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Les gens du Yamhad 5 qui étaient partis de Mari, 8 je m’en suis saisi 7 à la Forteresse de YahdunLîm et les ai fait entrer à Saggâratum. 4

    (Lacune de 5 l.a)) 15

    Et voici ce qu’ils m’ont répondu : « 17 À Mari, le roi nous a laissé allerb), 18 disant : “19 Partez pour votre pays”. 19 Voilà ce que ces gens 20 m’ont répondu. 21 Maintenant 25 mon seigneur doit m'indiquer 24 ce qu'il en est, 21 si ces gens 23 sont partis 23 de l’aveu de mon seigneur. 18

    a) La lacune ne peut pas être restaurée dans son mot à mot mais le sens est évident : Bannum avait dû leur demander s’ils étaient partis avec l’accord du roi ou non. b) J'ai restauré wuurum mais wu''urum serait également possible. F. Thureau-Dangin avait déjà remarqué (« Textes de Mari », RA 33, 1936) que wu''urtum signifiait aussi « permission de quitter le royaume ». De fait la wu''urtum pouvait représenter aussi bien les lettres de créance de l'ambassadeur (les instructions [sur ce qu’il devait dire]) que la permission de quitter le royaume (les instructions [sur ce qu’il devait rapporter]).

    [A.3673], lettre de Sumu-hadû, est parallèle à [A.4241], quoique d’une date bien postérieure, du moment où Sumu-hadû travaille à la Forteresse ; cf. [M.11065], dans les lettres de Sumu-hadû. Des gens d’Alep avaient fait miroiter des jours meilleurs (cf. suppûm, l. 8) à des serviteurs (hommes et femmes) et les avaient emmenés avec eux. La police a dû inspecter en route la caravane car l'on a ramené à la Forteresse de Yahdun-Lîm ceux qui voulaient en partir. Ils avaient donc dû être arrêtés avant de franchir la limite du contrôle policier mariote, c’est-à-dire sans doute avant Halabît, ou au plus tard, avant le poste frontière sur la route d'Imâr224, puis ramenés à la Forteresse de Yahdun-Lîm. L’épisode se passe lors de contacts avec Alep. Ces « gens d’Alep » ne devaient pas être des ambassadeurs, mais de simples transporteurs, car ils ne semblent pas avoir été ménagés (l. 19). L’affaire est analogue à celle pour laquelle le dieu Itûr-Mêr dut se coucher à propos de marchands babyloniens accusés d’avoir emmené un esclave qui ne leur appartenait pas225, mais s'est, semble-t-il, plus mal terminée. 48 [A.3673] Sumu-hadû au roi. Des gens d'Alep ont tenté d'emmener des serviteurs avec eux, mais ils ont été ramenés par la police. Le roi en a prévenu Sumu-hadû qui doit aller jusqu'à la Forteresse s'occuper personnellement d'eux.

    2 4 6 8

    a-na be-lí-ia bíma qíum-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a-ma be-lí ki-a-am i-pu-ra-am um-ma-mi sag-ìr ù °geme! lú-m ia-am-ha-d[u-ú] ú-sà-ap-[pu-ma] 224

    Cf. le commentaire au lieu-dit ûlût, dans [A.579] : 7.

    225

    Cf. OLA 162, p. 456, ad A.747.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm Tr. 10 Rev. 12 14 16 18 Tr. 20 22 C.

    137

    it-ru- [nim] i-na-an- lú-me-e k[u-ur-i] u-ku-un-ma [sag]-ìr ù °geme! [a k]i-ma ú-sà-pu-ú [ki-la]226 b[e-l]í an-ni-tam i-p[u-ra-am] a-na na-a-pa-ar-ti be-lí-[ia] ma-di-i a-qú-ul a-di bàd° ia-ah-du-li-im a-la-ak a-na-ku pa-ag-ri a-ha-az-m[a] sag-ìr ù °geme! a ki-ma it-ru-nim a-ka-al-la a-na an-né-tim a-hi ú-ul na-de-e-ku 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé ce message-ci : 6 « Un esclave et une servante, 7 des individus du Yamhad (les) ont subornésa) et emmenés. 10 Présentement, 11 mets 10 les individus aux fersb) et 12 l’esclave et la servante, 13 tous ceux qu’ils ont subornés, garde-(les). » 14 Voilà ce que mon seigneur m’a envoyé comme message. 16 J’ai prêté toute attention 15 à la missive de mon seigneur. 18 J’irai 17 jusqu'à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 19 Moi-même, je me saisirai des cadavresc) et 20 l’esclave et la servante, 21 tous ceux qu’ils ont emmenés, 22 je (les) garderai. 24 Nulle négligence de ma part 23 pour cela. 7

    a) Pour le sens de suppûm, « débaucher un travailleur », cf. les références dans LAPO 18, p. 586b. b) akânum « mettre les fers à quelqu'un » s'utilise avec un double accusatif, comme le montre CAD /1, p. 120a. Après lú-me-e le signe a clairement un début de KU, non de U ou de GI. c) Pagrî fonctionne dans la reprise de l'ordre royal comme « lú-me-e » de la l. 10. Le terme signifiant entre autres « cadavre », il avait pu y avoir une arrestation musclée des contrevenants. Sumu-hadû assurerait ainsi au roi qu'il s'occupera personnellement des morts. Pagrum pourrait cependant aussi exprimer le réfléchi et anâku pagrî signifier « personnellement ».

    Le texte [A.3840] est difficile à décrypter. L’homme non nommé qui arrive depuis Imâr pourrait être porteur de nouvelles de l’Ouest que le roi attendait avec impatience, d’où la proposition de le lui envoyer sans attendre, mais aucun détail n’est donné si ce n’est qu’il semble important que le roi voie cet homme. L’homme était de Samânum, alors centre majeur des Mâr yamîna et qui, ayant été un foyer de résistance à Yahdun-Lîm, devait être sous surveillance. C’était la ville du prince uprapéen Samsî-Addu dont les déplacements étaient signalés à Mari. Lors du déplacement de Bannum vers Terqa pour y accueillir le nouveau roi de Mari, il y avait déjà des émissaires d’Imâr à Milân227. Imâr était la porte pour le Yamhad, pays d’où plusieurs Mâr yamîna étaient originaires, un lieu où les rebelles mâr yamîna devaient d’ailleurs se réfugier et y trouver, semblet-il, un assez bon accueil jusqu’à ce que Mari et Alep envoient un ultimatum aux Anciens de la ville à leur sujet228. Il n’est donc pas, en soi, étonnant de trouver un homme en provenance d’Imâr à Samânum. Bahlu-gâyim était le nom de quelqu’un d’important, puisqu’il signifie « chef du clan », quoiqu’il soit difficile de savoir de qui il s’agissait.

    226

    Pour ces restaurations, cf. l. 21-22.

    227

    Cf. ARM XXI 49.

    228

    Cf. FM VII 6.

    138

    Jean-Marie DURAND

    — Un Bahlu-gâyim était assez important pour servir de messager afin d’établir la paix entre Ti-ulme de Mardamân et Nanip-awri de Haburatum, selon [A.434], lettre de Sammêtar229. On ne sait d’où était originaire cet individu mais il pourrait s’agir d’un mâr yamîna de Samânum, à une époque où il n'était nullement question de rébellion. Bahlu-gâyim est le nom d'un des cheikhs du district relevant de Saggâratum au moment de la fin du RHM. — Un Bahlu-gâyim semble avoir été l'un des plus importants personnages de Samânum et avoir appartenu à la famille royale locale, d’origine mâr yamîna, celle de Lâ’ûm de Samânum contre qui lutta Yahdun-Lîm. Ce Bahlugâyim est mort pendant le règne de Yasmah-Addu : on le connaît en effet par ARM V 87 (= LAPO 18 1017), où Lâ’ûm (de Terqa) réclame à [Yasmah-Addu dont il est le ministre] que (son propre fils) Sammêtar remplace un Bahlu-gâyim décédé intestat. Un des serviteurs de l’individu se trouvait en fait à Imâr. La compréhension de lú-tur est ambiguë : le terme peut désigner un serviteur, ou un jeune homme. Ce second sens montrerait l’arrivée depuis Imâr de quelqu'un dont le dessein pouvait être de réclamer l’héritage de son père, Bahlu-gâyim. Le fait de l’envoyer à Mari permettait à Zimrî-Lîm d’héberger un prétendant (kelum) au trône de Samânum. La fin de la lettre [M.7396+], qui semble traiter du même personnage, fait comprendre que Samsî-Addu n’avait pas que des partisans dans la ville dont il était roi. Ce « fils de Bahlu-gâyim » peut avoir été celui qui est connu sous le nom de Hammî-itamar, roi des Uprapéens après la révolte230.

    Même si tout n’est pas clair dans les deux récits qui nous ont été conservés au sujet du « jeune homme de Bahlu-gâyim » et si l’on ne peut exclure totalement que [A.3840] et [M.7396+] parlent de deux affaires différentes, le second document montre que, dès l’époque de Bannum, une suspicion pesait sur Samânum et le chef des Uprapéens. Toutes choses que le partage de l’eau dont parlent d’autres documents ne devait pas contribuer à calmer. 49 [A.3840] Bannum au roi. Arrivée depuis Imâr d’un jeune homme, fils d’un notable de Samânum. Modalités de son envoi chez le roi.

    2 4 6 8 Rev. 10 12 14

    a-na be-lí- ia [q]íbíma [um]-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a-ma ba-ah-lu-ga-yi-im [lú-tur]231 [l]ú? sa-ma-nimki [i-t]u i-ma-arki it-ta-al-kam/-ma [a-na] e-ri-ia [ik-u]- dam [a-um l]ú-tur a-a-tu [ki-ma a] ta-qa-ab-bi )a-na* e-ri-ka lu-u-ru-da-a-u ú-la-u-ma it-ti-ia- ma lu-ut-ra-au

    Bibliographie : les l. 4-8 sont citées dans MARI 6, p. 53, n. 71. 1

    Dis à mon seigneur : ains parle Bannum, ton serviteur. Le jeune homme noble/Le serviteur de Bahlu-gâyim 5 de Samânum 6 est parti d’Imâr et 8 est arrivé 7 chez moi. 9 À propos de ce jeune homme, 10 c'est comme tu le diras : 11 dois-je l’envoyer chez toi 12 ou sinon, 14 te l’amener 13 avec moi ?

    229

    Cf. le résumé dans Amurru 3, p. 168, n. 322 et ici-même, p. 437.

    230

    ARMT XVI distingue deux personnes de ce nom : un fonctionnaire et un roi. En fait le premier (ARM II 94) est identique au second ; cf. LAPO 18 1023. 231

    Pour cette restauration, cf. l. 9.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    139

    3.6 La coexistence de Bannum et du roi Bannum a exercé — comme le montrent plusieurs exemples —une véritable tutelle sur un roi que l'on imagine de ce fait assez jeune. Cela n'a cependant pas été sans une certaine sollicitude. Lorsque s'est précisé le désir du roi d'aller attaquer la frontière occidentale du RHM, on voit Bannum lui donner des conseils pour des régions qu'il connaissait bien mieux que quelqu'un qui venait de l'Ouest. Les relations entre les deux hommes se sont dégradées assez vite. Lorsque l'on voit Zimrî-Lîm passer par Saggâratum pour monter au ubartum, donc quelques mois après son sacre, sa brouille avec Bannum semble très avancée. Elle est certainement dûe à l'action de conseillers qui, sous couleur d'affirmer la puissance royale, travaillaient en fait à prendre la place du mer‘ûm. Bannum avait aussi une façon très personnelle de gérer la politique et il en avait gêné plus d’un. Il a cependant mis un certain temps à comprendre que ses ennemis avaient entrepris le roi. Les « conseillers » avaient dû mettre à profit les absences du mer‘ûm occupé à réorganiser la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 3.6.1 Une déprime de Zimrî-Lîm ? La lettre [A.4508] doit être un des documents les plus anciens. Bannum n’est pas à Mari et peutêtre en train de procéder à la têbibtum. La lettre est adressée au roi, comme le montre clairement la partie narrative, mais l’adresse est à la seconde personne et il manque le warad-kâ.ma obligé dans les rapports avec le roi232. Le ton de la l. 25, almâku bêlî lihdu est, par ailleurs, incongru et place Bannum au même rang que son « maître ». À considérer le contenu de cette missive, Zimrî-Lîm a manifestement eu, au tout début de son règne, des problèmes de reconnaissance : à l’insolence (non spécifiée) d’un bédouin (non nommé), qui apparemment l'a beaucoup affecté, succèdent les propos amicaux des représentants de Zakurabum, qui lui ont fait très plaisir. Un tel exposé naïf de ses réactions émotives233 par un individu ne consonne pas avec l'image que l'on se fait aujourd'hui d'un roi mésopotamien que l'on se représente volontiers comme un dieu sur terre. Les textes de Mari font certes une place importante à l'émotivité234, mais cette anecdote pourrait être un indice de plus que Zimrî-Lîm n'était encore qu'un assez jeune homme, non l'homme fait que l'on s’imagine. La rudesse de parole, voire l'insolence, des Bédouins est d'autre part une réalité dont on a plusieurs exemples et qui outrepassaient souvent la simple franchise. Le texte ne précise pas de qui, ni de quoi il s'agit, car Bannum devait savoir parfaitement à quoi s'en tenir. Ce bédouin était quelqu'un qui manquait de manières. Hanûm peut cependant signifier aussi bien « mâr sim'al » que « mâr yamîna ». Dans ce dernier cas, ce ne serait qu'un des prodromes de la grande rébellion. Les chefs mâr yamîna semblent n'avoir eu en effet que peu de considération pour le roi de Mari, ce que ce dernier leur a bien rendu le moment venu. Mais il peut s'agir tout aussi bien d'un mâr sim'al car l'ensemble de ces derniers était loin de se ranger au début derrière le roi de Mari, tout particulièrement les Yabasa, très divisés sur la question de reconnaître ou non Zimrî-Lîm comme leur roi. Leur opposition ne devait se dénouer qu'au moment du rihum des Bédouins, tel qu'on peut en avoir une idée par ARMT XXVI/1, p. 181-185, à l'initiative d’Asqûdum et avec le soutien énergique d'Ibâlpêl, celui-là même qui devait prendre la tête des Mâr sim’al du Nord, de l’ethnie des Yabasa, pour les mener à l’alliance de Babylone. Le rihum ne s'est cependant

    232

    L. 3, le dernier signe de la ligne n'est pas l'amorce d'un ÌR mais l'anticipation du ki-a-am de la l. 4.

    233

    C'était peut-être un trait de caractère de Zimrî-Lîm. C'est ainsi qu'on le prévient de la mort d'une de ses filles pour éviter qu'il ne pleure en public, selon ARMT XXVI 222, lettre d'Uare-hetil. 234 La société bédouine que nous documente Mari fait une part bien plus importante qu'on ne le penserait a priori à la sentimentalité. Il n'est pas rare de voir l'expression du deuil et de la tristesse (cf. par exemple les références à hadârum, LAPO 16, p. 346-347, 17, p. 74, 282). Des larmes accompagnent l'arrivée de la pluie (cf. A.1191, cité XXVI/1, p. 492) et de telles manifestations doloristes semblent avoir fait partie du comportement humain courant de l'époque. Cf. DBP s.v. (A.1861, lettre de Samidahum, l. 15-16): [i]mê-ma iru[b], [b]itakkâ « En apprenant cela, il s'est répandu en larmes », etc.

    140

    Jean-Marie DURAND

    passé qu'une fois acquis les succès militaires en Haute-Djéziré et surtout après le retour des troupes d'Enunna dans leur pays. Le ton protecteur de Bannum (l. 21-23) signifie qu’il ne faut pas attacher d’importance à un avis isolé mais tenir compte de celui d’un chef de groupe comme Zakurabum — ce dernier a été de ceux qui ont très vite soutenu Zimrî-Lîm. À son retour à Mari, Bannum examinera la situation avec le roi. 50 [A.4508] Bannum au roi. Plaintes du roi concernant les rudes propos d'un « bédouin », alors que les représentants de Zakurabum lui remontent le moral. C’est ce dernier qu’il faut écouter. À l’arrivée de Bannum chez le roi, on fera le point sur le « bédouin ».

    16

    [a-na be-líia]235 [qíbí]ma um-ma [ba-a]n-nu-um-ma {KI} ki-a-)am* [t]a-a-pu-)ra-am* um-ma )at*-ta-am[a] 1 lú ha-nu-[u]m a-na hi-i-[ra-tim] i[t-ta-a]l-kam-ma a-wa-)tim* la i-[n]a-tim id-[b]u-ba-am-ma li-ib-bi ma-)di*-i )ma*-)ri*-[i] [wa]-ar-ka-nu u-ut I za-[ku-r]a-)bu* )il-li*-ku-nim-ma a-wa-tim da-am-qa-tim id-bu-bunim li-ib-bi ma-di-i-mi ih-du i-na-an-na a-wa-tam ma- la

    Tr.

    (Non inscrite.)

    Rev. 18

    )lú* za-ku-ra-a-bu-um a-na be-lí-ia i-da-bu-bu be-lí a-wa-ti-u ma-di-i li-qú-ul ù a-na-ku a-la-kam-ma a-wa-tim ka-la-i-na a-na ma-ha-ar be-lí-ia a-a-ka-an a-al-ma-ku be-lí li-ih-du a-na-ku mu-u-te-er-tam a-na e-er be-lí-ia a-ka-a-adám ù a-wa-tim ma-la lú ha-na [i-t]e-né-ep-pé-u [la te-qé-e] -ep

    2 4 6 8 10 12 14

    20 22 24 26 28 30

    Bibliographie : les l. 15-20 sont citées par M. Guichard dans FM VI, p. 155, n. 154. 1

    235

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum.

    Pour la restauration, cf. l. 18, 23 & 25.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    141

    4

    Tu m’as envoyé ce message-ci, 5 disant : « 6 Le bédouina) 7 est parti 6 pour les enclosb) ; 8 il m’a tenu 7 des propos 8 incivils et 9 j’en suis fort fâché ; 10 ensuite des gens de Zakurabuc) 11 sont venus à moi et 13 m’ont tenu 12 des propos amicaux. 15 J’en suis 14 fort 15 réjoui, 14 as-tu ditd). » 15 En fait, 16 tout propos que 17 Mr. Zakurabum 18 tient à mon seigneur, 19 mon seigneur 20 doit y faire très attentione). 21 Par ailleurs, moi-même, je vais venir et 24 j’examinerai 22 tous ces sujetsf) 23 par devant mon seigneur. 25 Je vais bien, que mon seigneur soit content. 26 Moi-même, demain matin, 28 j’arriverai 27 chez mon seigneur. 29 Alors, à tout ce que le bédouin 30 peut faire, ne prête pas attention. a) Comme toujours, celui que l'on considère comme un méchant n'est pas nommé. b) hi-iZ-[ est net et ce n'est pas AR-[ ; il doit donc s’agir d’un terme apparenté à hiârum qui désigne l’enclos des Bédouins, terme utilisé dans le théonyme Bêlet hiâri. Peut-être hirum, variante de ir(at)u ? c) ût + NP signifie « les représentants de…», soit des ambassadeurs, soit des dignitaires. d) Cette expression rend le -mi du discours rapporté. e) On attend à Mari normalement la construction de qiâlum « prêter attention » avec ana ; une correction ne s’impose cependant pas car le terme est clairement à l’accusatif, l. 16. Il faut donc supposer une construction directe du verbe, peut-être par croisement avec emûm. f) L’expression awatam akânum est sans doute ici colloquiale pour « faire le point sur une affaire ». On trouve de telles expressions en paléo-assyrien : inûmi awâti-kunu taakkanâni = « Quand tu voudras faire le point sur tes affaires… (apporte ton dossier et expose les pièces devant les juges) » (cf. CAD  s.v.).

    3.6.2 Correspondance d’Addu-dûrî avec le roi, de date incertaine, mais ancienne De façon générale, les documents de Mari se recoupent et forment des groupes assez bien délimités dans le temps (« dossiers »). Les lettres envoyées par, ou adressées à, Addu-dûrî ne devraient pas faire exception à ce principe. À partir du moment où certaines appartiennent, de façon très vraisemblable, à la période antérieure à l’arrivée du roi à Mari, il s'ensuit que les autres n’en sont pas très éloignées et doivent appartenir également à la première année du règne. Dans LAPO 18, p. 275, j’avais posé comme principe que la mère de Zimrî-Lîm, Addu-dûrî, avait été active jusqu’à sa mort où elle avait été suppléée par la reine de premier rang îbtu, ce qui montrait l’importance de la mère du roi en Syrie. La place d’Addu-dûrî a dû surtout tenir au fait que îbtu n’était pas encore arrivée d’Alep prendre sa place aux côtés de son époux. Pour plusieurs lettres il est difficile de déterminer leur date tant leur contenu est allusif. Ainsi, dans un document comme ARM X 143, envoyée par le roi, est-il question d’une femme demandée par Dagan : le roi dit « Je ferai route vers Ziniyân, puis j’arriverai à ubatum ». Il est possible que cette lettre parle d’une affaire à régler sur la route de l’arrivée. Le 17-x (de ZL 0), le roi est effectivement à uprum, après être passé par ubatum 236 ; sur sa route depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm vers Terqa, il est certainement passé par Ziniyân. Mais l’affaire peut aussi se passer postérieurement au 12-xi où il quitte par bateau la Forteresse l’an ZL 1. D’autres font allusion à des événements postérieurs à l’arrivée du roi, comme : ARM X 150 (= LAPO 18 1112) : le roi y parle encore de uprum , mais il évoque des décisions de lui antérieures concernant les mêmes faits. ARM X 146 (= LAPO 18 1108) : les faits décrits par le roi correspondent à M.8578, un document du 12-vi de l’année d’Addu d’Alep, donc sans doute de ZL 2.

    3.6.3 Correspondance d’Addu-dûrî avec d’autres que le roi : débuts du règne ? ARM X 117 (= LAPO 18 1101) est d’une certaine Timlû, originaire de Kasapâ, donc du royaume du Numhâ, qui rapportait une prophétie que la Dame du Palais (Bêlet ekallim) lui avait envoyée en rêve et qui devait annoncer une victoire de Zimrî-Lîm. Yar’ip-Abba que mentionne le texte possède un NP banal et plusieurs personnes sont envisageables. Mais Timlû peut être une de ces femmes emmenées de Mari au Sud-Sindjar et dont faisait partie la sœur de Yanûh-Samar que Qarnî-Lîm garda pour lui. L’événement appartiendrait ainsi au tout début du règne. Addu-dûrî serait intervenue pour faire revenir Timlû. Cette 236

    Cf. p. 109, à propos de la date de ARM XXIII 334.

    142

    Jean-Marie DURAND

    dernière était apparemment de Dûrum labîrum qui est assez proche de Mari237 pour qu’Addu-dûrî l'ait, effectivement, connue. Addu-dûrî mentionne en outre des gens qui apparaissent dans les lettres de Bannum, ce qui revient à situer de telles missives au début du règne. Ainsi en est-il d’Iêpuk238 (ARM II 114 = LAPO 18 1114), un individu qui, aux côtés de Hâlîhadun, suscitait la colère de Bannum pour avoir retourné les Bédouins contre lui (A.2444) ; il n’y a pas de renseignement sur la date de ARM II 114, lettre envoyée par Addu-dûrî, qui parle d'un champ alloué à Iêpuk lequel vient apparemment de mourir. Son « successeur » n’est cependant autre que Bâlêrah, sans doute celui qui, depuis uprum, devait rejoindre le roi à la tête d’une centaine de Bédouins, lors de l’expédition de Kahat. La succession entre les deux hommes est exposée par le fragment [M.5183], une lettre sans doute de Sumu-yasîm qui rapporte les propos de Mehrîmum, un chargé du cadastre : Iêpuk est mort dans des combats (l. 5’) alors que Balêrah leur a survécu et, semble-t-il, s’est couvert de gloire à l’occasion (l. 15’). Iêpuk prête serment au mois vi de ZL 1’ et est toujours vivant selon [A.556], une lettre de Sumu-hadû. Sa mort est donc un événement qui n’est pas antérieur à ZL 2. 51 [M.5183] [Acéphale au roi]. Il transmet les propos de Mehrîmum comme quoi un fonctionnaire qui en remplace un autre dans sa fonction, n’a pas automatiquement droit aux terrains qui avaient été alloués à son prédécesseur. Balêrah n’a donc eu que le 1/3 des terres d’Iêpuk alors que les 2/3 ont été laissés aux enfants du défunt. (La 1/2 manque.)

    2’ 4’ 6’ 8’ Tr. 12’ Rev. 14’ 16’ 18’ 20’

    [a-wa-ta]m [me]-e[h-ri-mu-um] [ki-a]-am i-pur[a-am] um-ma-a-mi a-à a-at[u] ma-am-ma-an la i-la-pa-at um-ma lú i-na ka-ak-ki im-qú-ut ù a-nu-{ X X }-um i-na ma-za-zi-u iz-zi-izx (AZ) a-à-u ú-ul i-a-ba-at i-na-an-na 1 u-i gán a-à I i-í-e-pu-uk úkaal i-na 1 u-i gán a-à 20 gán a-à ah-ru-u#(AZ) a-na ba-li-e-ra-[ah] a-na zi-im du-mu-qa-t[i-u] ad-dii[n] )ù* 40 gán a-à a-na dumu-me-[e] [a i-]í-e-pu-uk ad-di-in [an-ni-tam me-e]h-ri-mu-um [i-pu-ra-am …] (…)

    237 238

    Cf. LAPO 18, p. 283.

    = Ii-Yapuh avec un K au lieu du . Cette orthographe est constante (nombreux inédits). Le NP i-é-pu-uk (ARMT XVI/1, p. 128 comprend Ii-pûk) est un unicum. Ce texte de ARM II 114 doit peut-être être corrigé en i-í-pu-uk ou note une prononciation par sandhi.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    143

    (…) 1’ Mehrimum 2’ m’a envoyé ce message-ci, 3’ disant : « Ce champ, 4’ personne ne doit y toucher. 5’ Si quelqu’un 6’ est tombé 5’ au combat 6’ et qu’un autre 7’ prenne sa charge, 8’ il ne prendra pas son champ. 9’ Aujourd’hui, 10’ Iêpuk 11’ détenait 9’ 60 arpents de champs. 12’ Sur les 60 arpents de champ, 13’ j’ai soustrait 20 arpents de champs. 16’ J’en ai fait don 14’ à Balêrah, 15’en fonction de ses hauts faits. 17’ Alors, 40 arpents de champs 18’ j’ai donné 17’ aux fils18’ d’Iêpuk. » 19’ Voilà le message que Mehrîmum 20’ m’a envoyé (…) Néanmoins, tout ne peut pas être attribué au commencement du règne. Ainsi, dans [A.2102] (ARM X 157 = LAPO 18 1092), Hâlî-hadun239 parle-t-il à Addu-dûrî d’une mission dans le Sindjar que le roi lui a confiée depuis Alakkâ ; la restauration [bi-na-e#-tár] à la l. 14, comme le propose LAPO 18 1092, daterait ce document d'après la prise d'Alakkâ, ou au moment de la montée d'Enunna, lorsque Simahilânê a perdu sa royauté sur Kurdâ. L’épisode traiterait de problèmes survenus bien après la disparition de Bannum. Mais, Zimrî-Lîm s'est trouvé aussi dans le Nord au moment de la campagne de Kahat240. La mission a donc pu être donnée à Hâlî-hadun à ce moment là et la restauration de LAPO 18 être fausse. 3.7 Les préparatifs de l'expédition contre Kahat L'expédition contre Kahat a dû avoir surtout pour but d'affirmer la royauté de Zimrî-Lîm face à l’omniprésence de Bannum, pour mettre fin à la place secondaire où le nouveau roi avait été relégué. Bannum agissait en roi-bis et devait d’ailleurs paraître plus crédible aux yeux de beaucoup. La flamboyante Épopée de Zimrî-Lîm s'explique facilement dans un tel contexte. Attaquer Kahat portait naturellement un coup au prestige du RHM en s’affrontant à ce qui paraît avoir été la place majeure de la Haute-Djéziré : les trésors de Samsî-Addu étaient peut-être toujours à ubat-Enlil, mais son harem s'était réfugié à Kahat. Un succès militaire affirmerait en outre avec éclat que les Dieux étaient avec le roi. Ce dernier semble avoir, de plus, beaucoup aimé l'action militaire, puisque ceux qui le connaissaient lui ont multiplié les conseils de prudence. La gloire d'un jeune héros le rendrait populaire auprès de gens pour qui l'action héroïque avait un grand prestige241. Le texte de L'Épopée va d'ailleurs dans ce sens. Il faut aussi, peut-être, tenir compte du fait qu'au même moment les armées d'Enunna montaient à l'assaut de la partie orientale du RHM, ou du moins de ce qu'il en restait. C'est une période où l'espérance du roi d'Enunna de compter Zimrî-Lîm parmi ses vassaux a été forte. Le roi de Mari avait donc peut-être été incité à occuper sur le front occidental des troupes qui manqueraient dès lors au front oriental. De toutes ces préoccupations de « haute politique », nulle preuve directe n'a cependant subsisté et ce n'est que par hypothèse que l'on peut supposer une telle alliance objective entre Mari et Enunna. Cette expédition ne s'est pas faite sur un coup de tête mais a dû être minutieusement préparée, comme plusieurs documents l'indiquent, entre autres, une longue lettre de Bannum soulignant les difficultés inhérentes à l'opération et donnant des conseils à propos d'une région qu'il devait bien connaître. Il faut aussi tenir compte d’une redistribution préalable des données géopolitiques locales. 3.7.1 L'affrontement dans le Nord entre Alep et le Zalmaqum À côté des grandes villes, il y avait les Bédouins regroupés sous plusieurs chefs aux motivations différentes. Cela est bien montré par [A.1348+]242 que son premier éditeur, M. Guichard, a situé au tout

    239

    Cf. ARMT XXXIV, Lettres de Hâlî-hadun.

    240

    Cf. pour ces faits, FM V, p. 188.

    241

    L'idéal sportif de la vie bédouine est affirmé nettement dans un texte comme« Vie nomade », A.1146, édité par P. Marello, dans FM [1], p. 115 sq. = LAPO 16 38. La racine DMQ « montrer de l’amitié » est utilisée pour noter les notions d’exploit ou de héros. 242 D'une façon générale, on se reportera au commentaire socio-économique proposé par M. Guichard dans son important article « Le ubartum occidental à l'avènement de Zimrî-Lîm » dans FM VI, p. 119-165.

    144

    Jean-Marie DURAND

    début du règne243. La lettre de Zakurabum montre son activité alors qu'il s’installe dans le Nord-Ouest de la Djéziré comme Bannum l'avait fait dans le royaume de Yasmah-Addu. Même si la façon dont Zakurabum s’adresse à Zimrî-Lîm montre qu’il n'est pas encore un de ses vassaux directs et qu'il ne le considère que comme un personnage respecté (ana bêli-ia Zimrî-Lîm), le chef bédouin et le roi de Mari sont déjà des alliés objectifs en ce qui concerne les troupeaux entre le Taurus et le Djebel ‘Abd-el-Azîz. Ainsi Zakurabum ne laisse deux prétendants aller aider des puissances occidentales — pourtant amies du roi de Mari — qu'avec l'aveu de ce dernier (l. 42-43). Il apporte à Zimrî-Lîm l’appui de ses Bédouins alors que le roi dans sa « circulaire » ne parlait que des « villes avec des murailles » (dannâtum) et des « autres ». Il a été, de ce point de vue, un complément décisif. En effet, Bannum, s'appuyant sur ses propres Bédouins, a procuré la possession de Mari et la succession de Yahdun-Lîm à Zimrî-Lîm, mais Zakurabum a assuré au roi le soutien d’une partie des Bédouins du Nord qui étaient mâr sim'al yabasa244 , ce qui a été un complément essentiel aux forces bédouines d'Ama qui étaient aarugâyu. Nous ne savons pas quels étaient les rapports entre Zakurabum et Ama, mais comme Bannum avait confiance dans le premier245 et qu'il devait prendre ses distances avec le second, on peut supposer qu'ils étaient au moins sous le signe de la prudence. Zakurabum avait à régler en Haute-Djéziré la co-existence de ses Bédouins avec les rois des sédentaires et le point essentiel des accords touchait à la epatum246. M. Guichard a bien expliqué cette institution comme un apport en grain aux Bédouins de la part des habitants des villes. Adal-enni l'avait promise alors que Nusugganum, roi du inamum, s'y était refusé. Le discours de ce dernier montre que c’est parce que le « seigneur » de Zakurabum n’avait pas instauré de relations diplomatiques avec lui que la epatum était refusée. On voit là le lien senti comme essentiel entre « Bédouins mâr sim'al » et « roi de Mari ». Manifestement ces rois du Nord avaient besoin de traités en règle avec Zimrî-Lîm, ce qui devait valoir pour eux une reconnaissance officielle. Par la même occasion on constate que, si Zakurabum n'est pas encore un serviteur de Zimrî-Lîm, il est néanmoins entré dans son système politique puisque l'on parle du roi de Mari comme de son « seigneur » (l. 26-28). La préoccupation essentielle de Zimrî-Lîm, selon cette lettre, est que les Bédouins se mobilisent. Le roi envisageait donc une expédition militaire. Son « arrivée » doit dès lors s'entendre comme celle qui devait le conduire en Haute-Djéziré. Les Bédouins de Zakurabum allaient lui servir de force d'appoint dans son attaque des grandes forteresses occidentales du RHM et se joindre éventuellement aux forces conduites par Ama. L'arrivée du roi ne se produit qu'après des retards répétés, indice qu'il y a eu des problèmes pour la constitution de l'armée à Saggâratum. La situation internationale donnée in fine par cette lettre s'éclaire par la comparaison avec la lettre de Yarîm-Lîm, [TH 72-8+] publiée par M. Birot dans les Mélanges J.-R. Kupper (= LAPO 16 249 ; cf. p.

    243 FM VI, 2002, p. 120 : « sûrement écrit dans les premières semaines qui suivirent l’avènement de ZimrîLîm car il décrit le ralliement des “forteresses et des Bédouins du Nord” à la cause du nouveau roi de Mari ». On verra en fait qu'il s'agit de la préparation de l'attaque de Kahat. La lettre est donc bien du début du règne, mais plus tardive que les « premières semaines ». 244

    Cf. M. Guichard, « Le ubartum occidental…», dans FM VI, p. 119 sq.

    245

    Cf. ici-même [A.4508] 15-20. La lettre d'Akak-mâgir éditée dans FM II 49 parle de l'inventaire des biens de Bannum et de son épouse ainsi que de ceux de Zakurabum. Les biens de l’épouse sont, dans ce genre d’opération, distingués de ceux de son mari, mais il est légitime de se demander s'il n'y avait pas un lien familial étroit entre Bannum et Zakurabum. Ce dernier pourrait être le frère, éventuellement même le fils, du grand mer‘ûm. 246

    Le terme est difficile à expliquer. M. Guichard (op. cit. p. 162) l'a rapproché du ipa'u de la langue de Nuzi et en fait un dérivé de apû « empaqueter », donc du « grain en sac ». Néanmoins un apûm « emballer » n'est pas de la langue de Mari, ni même de l'usage paléobabylonien. Il peut s'agir d'un terme local (avec une sourde assurée) qui désignait le grain et on le retrouverait dans le hittite epit-, « grain », terme sans étymologie indo-européenne, peutêtre un emprunt aux langues du Nord de la Syrie. epatum (quantités vocaliques inconnues) serait bien du sémitique, mais dialectal — sans doute apparenté à l'akkadien ebûm « rassasier », le terme signifiant « aliment ». Or, dans les textes de Mari, il existe plusieurs mentions de « Bédouins ab'ium » (cf. CAD /1, p. 11b). Ils sont considérés comme « ceux qui ont leur saoûl » (B‘) de nourriture, sens néanmoins oiseux. Il s'agirait plutôt de Bédouins ap'ium, « ceux qui ont bénéficié de la epatum ». Pour ARM XXVIII 79: 38, M. Guichard, op. cit., p. 162, a donné la bonne compréhension du texte mais le plus simple serait néanmoins de lire a-na e!-pa--im = « (ils doivent partir avec les Bédouins de mon district) pour (faire) la epatum ».

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    145

    146). Zakurabum informe le roi de Mari qu'il y a eu affrontement entre le Zalmaqum et les puissances occidentales, Alep et Carkémish247, et que ces dernières avaient perdu la partie. L'origine du conflit venait d'une initiative de uprêrah et Yâpah-Addu, prétendants aux trônes d'Aihum et de Zallul248. Adûna-Addu est nommé par Zakurabum à égalité avec l'ensemble « Zalmaqum » car il doit être alors le principal roi de la région. C'est pour cela que Bannum devait recommander à Zimrî-Lîm montant en Haute-Djéziré d'avoir de bons rapports avec lui. Le Zalmaqum, lors de l'attaque de Samsî-Addu, avait perdu des villes importantes comme Nihriya ou Hanzat, renommée ubat-ama, mais les avait récupérées. En résistant en outre à une coalition Alep-Carkémish, le Zalmaqum s'était montré la principale puissance régionale. En soutenant uprêrah et Yâpah-Addu, Alep et Carkémish comptaient s'assurer des alliances locales contre lui, de même qu'elles avaient cherché des alliances à la limite orientale du Zalmaqum pour le prendre à revers, avec Adal-eni, roi du Burundum, et iptilu, roi de l'Isqâ supérieur249. On en est, toutefois, à un moment où il existait déjà des accords entre ces rois et Mari puisqu'ils devaient avoir la permission de leur suzerain avant d'intervenir. Cela indique que l'on n'est plus tout à fait au début du règne. Dans [TH 72-8+] d'ailleurs, le roi d'Alep considère qu'un affrontement armé avec le Zalmaqum n'est pas souhaitable. Le choc qui avait eu lieu entre ses troupes et celles du Zalmaqum avait été le fait du zèle intempestif d'un général à lui qui avait outrepassé ses ordres (l. 9 sq.) et en avait été puni (l. 19). Il faut donc considérer rétrospectivement que les familles royales de Nihriya et de Hanzat avaient elles aussi trouvé refuge au Yamhad au moment de l'attaque du Zalmaqum par Samsî-Addu et avaient été prises en charge par Sumu-êpuh puis par Yarîm-Lîm lui-même, ce qui devrait permettre de dater approximativement la percée de Samsî-Addu dans le Nord-Ouest de la Haute-Djéziré. Comme Sumu-êpuh s'était occupé de l'éducation de ces princes (cf. l'emploi de rubbûm, ibid. l. 13-14), il faut comprendre que leur départ en exil remonte au coup de main de Samsî-Addu contre la région, c'est à dire au moment où YahdunLîm recevait les doléances d'Abî-Samar (ARM I 1 & 2). Ce sont eux les rois voisins « des frontières de Zimrî-Lîm » qui devaient être pourvus par lui de présents pour s'attacher leur alliance. Par là-même, YarîmLîm entend que toute la plaine entre le Taurus et le Djbel ‘Abd-el-Azîz est une zone de pouvoir de Mari. En ce sens Zimrî-Lîm méritait bien le titre de grand roi. Son seul véritable ennemi était Ime-Dagan qui, lui, au contraire de ce que lui disait le roi de Qana, n’est plus comptabilisable parmi les « rois de premier rang », comme l’avait été son père. Si les extrapolations à partir de ce document sont exactes, on comprend pourquoi les rois du Zalmaqum se considéraient comme de rang égal (tappum) à Zimrî-Lîm. Ils s'étaient en fait tous retrouvés fugitifs au Yamhad et avaient dû y contracter des habitudes égalitaires, ceux du Zalmaqum étant peut-être plus âgés que le prince mariote. Yarîm-Lîm qui se dit « père » de Zimrî-Lîm (l. 1-4) appelle « frères » du roi de Mari ces rois à la frontière (l. 26). De la même façon râmum (cf. l. 32) indique une égalité de rang entre deux personnes, comme entre fonctionnaires, Cela devait d’ailleurs faire l'affaire du roi d'Alep de considérer que tous les rois du Moyen-Euphrate étaient frères, parce que ses « fils » (cf. l. 48-50). Le seul danger serait qu'Ime-Dagan ne profite de ses immenses richesses pour pervertir ces gens et se les attacher (l. 29-31). Ce thème de la fortune d'Ime-Dagan doit s'interpréter comme l’idée qu'en contrôlant ubat-Enlil et Ékallatum Ime-Dagan avait à sa disposition tout le butin et les richesses de Samsî-Addu, ce qui a fait, à l'époque, fantasmer plus d'un pillard. Yarîm-Lîm devait intervenir de même pour mettre fin au conflit entre Zimrî-Lîm et les rois du Zalmaqum qui soutenaient les Mâr yamîna250. Pour l'heure, il demande à Zimrî-Lîm de bien prêter attention à ce que lui rapporteront d'Alep son propre ambassadeur Izbila et Sumhu-rabi qui revient du Yamhad où il 247

    J'ai maintenu la compréhension de J.-R. Kupper « Carkémish » quoiqu'il reste à expliquer pourquoi l'orthographe traditionnelle kar-ka-mi-is/mis n'est pas utilisée. Même en lisant kar-ki--sa-yu, comme l'éditeur, on ne retrouve pas facilement le nom de la grande ville euphratique. B.590 où l'on trouverait également kar-ki-mi-yi selon ARMT XVI/1, p. 19 n'est en réalité qu'un fragment du présent texte où il faut lire sûrement SA au lieu de MI. Il est possible que Karkis soit la dénomination du terroir et que le soi-disant Kar-Kamis « Port de Kamis »—par quoi on explique le toponyme — ne soit qu'une remotivation à partir de « Karkamis », dont le rapport à Karkis est obscur. 248

    Cf. pour ces événements le résumé de FM V, p. 188.

    249

    Selon des inédits d'Itûr-Asdû, connus grâce à M. Guichard.

    250

    Cf. ARMT XXXIV.

    146

    Jean-Marie DURAND

    avait été envoyé par le roi de Mari. On peut en déduire une indication chronologique importante : le retour de Sumhu-rabi d’Alep s'est produit avant le départ de l'armée pour Kahat. Les deux hommes devaient exposer à Zimrî-Lîm des détails sur ce qui s'était réellement passé dans l'affrontement entre les forces occidentales et le Zalmaqum. La victoire du Zalmaqum semble avoir en tout cas causé localement une grande panique car les Bédouins qui avaient soutenu la coalition Alep-Carkémish devenaient désormais une proie facile pour le vainqueur. On les voit donc se replier sur le Djebel ‘Abd-el-Azîz (Yamîs), donc tout à l'opposé du Taurus où ils avaient amené leurs troupeaux. Sans doute la partie aujourd'hui mutilée de [A.1348] devait-elle énumérer les lieux de refuge des troupeaux. Tant Zimrî-Lîm que Zakurabum devaient donc négocier un nouvel accord avec le Zalmaqum pour permettre que les Bédouins puissent ramener leurs troupeaux sur des pâtures qui dépendaient désormais totalement de lui. Dans ce contexte, l'expression milkam malâkum doit signifier « discuter » plutôt que « donner un avis, conseiller » comme le propose CAD M/1, p. 154b. 52 [A.1348+A.3598+M.6991] Zakurabum à Zimrî-Lîm. Les Bédouins attendent la venue du roi. Les villes fortes sont déjà de son parti. Le roi a demandé le rassemblement des Bédouins mais il est lui-même en retard. Positions opposées d'Adal-eni et de Nusugganu concernant le grain à donner aux Bédouins. Coup de main manqué des forces d'Alep et de Carkémish contre le Zalmaqum. Les rois du Burundum et de l'Isqâ supérieur sont empêchés de se joindre à la coalition mais les Bédouins sont en fuite. Il faut renégocier leur statut au Zalmaqum.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 Tr.26

    a-na be-lí-ia zi-im-ri-li-im qíbí ma um-ma za-ku-ra-a-bu-um-ma° ìr-ka-a-ma e-mu-ka ka-lu-u lú ha-na-ma ù lú-me-e )ha-na* ka-lu-u° a-na e-le-ka [i]-na-)u* ga-am-)ra* ù da-na-tum ka-lu-i-na [i]-ta-na-pa-ra-nim-ma um-ma-mi be-el-ni [lu]gal zi-im-ri-li-im li-il-li-kam-ma i ni-ip-te e-ma-am ga-am-ra-am lú ha-ad-na-an a-pu-ra-kum ki-a-am ta-a-pu-ra-am um-ma at-ta-ma a-na pa-ni-)ia* lú ha-na li-ip-hu-úr° an-na ka-a-da-ku be-lí ú-hi-ra-am-ma a-na a-dal-e-ni up-pa-am ú-a-bi-il a-um e-pa-a-tim a lú ha-na ú° ri-tim I a-dal-e-ni i-a-ri-i i-pu-la-an-ni um-ma u-ma a-na ane-dusu! wa-ka-pí-im ù a-pí-im a lú ha-na[me]-e hi-e#-tam a-ta-n[a-pa]-)al* I a-dal-e-ni ke-em i-pu-la-an-[ni] i-na-an-na nu-sú-ug-ga-nu lugal [i-na-miki]251 a-na ha-)al*-í-u i-ip-à-a[m i-ku-un] um-ma u-ma ma-am-ma-an e-em e!-pa-a-tam a-na lú ha-name-e la i-na-ad-di-in 3 li-mi ane-há a lú ha-na ri-qú-sú-nu i-tu-ru-nim um-ma nu-sú-ug-ga-nu lugal i-na-miki- a-na mi-nim be-el-ka a-na a-dal-e-ni

    251

    Pour cette restauration, cf. l. 25.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    147

    [i]-ta-na-pa-ar ù a-ia-i-im 28 [l]a i-pu-ra-am a-um an-né-tim e!-pa-a-tam a-na lú ha-name-e Rev. 30 ú-ul i-na-di-in a-ni-tam I ia-a-pa-ah-dIM ù u-up-re-e-ra-ah 32 a-na e-er ia-ri-im-li-im lú ia-am-ha-/ad° ù ap-la-ha-an-)da* kar-ki°-sa-yi 34 i-li-ku-ma )ù* ia-ri-im-li-im ù ap-la-[ha-an-d]a {x} 36 qa-du a-[bi-u]-nu gi-tukul° a-na a-ka-{AL}-al [za-al-ma-q]í-[imki] 38 ù a-du-na-dIM i-p[u-u] I ia-ri-im-li-im ù ap-[la-ha-an-da] )I* )a*-[da]l-e-ni ù i-ip-t[i-lu] 40 ka-[l]a-)ma* a-na ra-ma-ni-u-n[u i-sú-ú] 42 um-ma a-na-ku-ma ba-lu-um be-lí-ia [a-la-kam] ú-ul a-na-di-in i-na-an-na 44 [Ia-du-n]a-dIM ù za-al-ma-qú-um [da-am&-d]a-am a ia-[ri]-)im*-[li]-im 46 [ù ap-l]a-)ha*-an-d[a i-du-ku] [ki-ma bu]-e-e ub-ba-k[u-nim] 48 [e#-ma-am (?)] an-né-em i-m[u-ú] lú ha-na [a an-ni-i s]a-ak-nu a-na kur ia-mi-si-im 50 [na-bu-ti-im up-t]a-hi-ir [e#-mu-u-n]u a a-na pa-ni be-lí-ia 52 [a-pu-ra-am] ku-un-nu i-252[… n]i-im ù? )a-ba-a-at* (?) 54 i-[…] x x )ù* […]-e-em a-na lú ha-na 56 x-[……sis]kur!-re x [ o o o o o l]ú ha-na T.58 is-qa-yuk[i i-na na-ba-al-ka-at] kur a-di-im na-d[u?-ú u-nu] 60 a-ni-tam a-um da-am&-da-am a ia-ri-im-li-im ù ap-la-ha-an-d[a] C. i 62 Ia-du-na-dIM ú° [za-al-ma-qí-im] i-du-uk° li-ib-b[a-ka la i-na-'i-id] 64 be-lí ar-hi-i l[i-il-li-ik-ma] ii [mi-l]i-ik253 lú ha-name-e 66 [ù n]a?-wi-u li-im-li-ik [um-ma be-lí] lu-pu-ut 68 [ù a-na-ku]-ma iii a-na e-er lugal-me-e 70 a za-al-ma-qí° lu-ul-li-ik mi-li-ik lú ha-na lu-um-li-ik

    252

    La transcription de M.G. doit être réajustée. Le i- de la l. 54 est en fait le premier signe de la l. 53. Tout rentre dans l'ordre à partir de la l. 56. 253

    Pour cette restauration, cf. l. 71-72.

    148

    Jean-Marie DURAND

    Bibliographie : édité par M. Guichard, FM 6, 2002, p. 121-125 (n°5) avec copie cunéiforme (p. 123). Le fragment A.3598 a été en fait publié sous le sigle B.590, par Ch. F. Jean et A. Finet. Les différences de lecture d'avant l'édition de M.G. ne sont pas indiquées. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Zakurabum, ton serviteur. Toute ta forcea) ce sont les Bédouins. 6 D'une part, tous les Bédouins 7 sont tout yeux 6 à ta venue dans le Haut-Pays, 7 d'autre part, toutes les villes avec des murailles (dannâtum) 8 ne cessent de m’envoyer des messages, disant : « Notre seigneur, 9 le roi Zimrî-Lîm, doit venir, que nous (lui) ouvrions (nos portes)b) ! » 10 Je t’avais envoyé un rapport complet par le noble ‘Adnân. 11 Voici ce que tu m’avais envoyé comme message : « 12 Les Bédouins doivent se réunir avant mon arrivée. 13 Oui, me voicic). » Mon seigneur s’est mis en retard et 14 j'ai fait porter une tablette à Adal-eni. 15 Au sujet de la epatum des Bédouins et de la pâture, 16 Adal-enni m’a donné satisfaction, 17 en disant : « Je me porte totalement garant d'un manquement 17 pour ce qui est de chargerd) les ânes de bât 14 et de donner la epatum aux Bédouinse). » 15 Voicih) la réponse que m’a faite Adal-enni. 20 Maintenant, Nusugganug), roi de inamum, 21 a promulgué un édit pour sa zone, 22 disant : « Qui23 conque ne doit donner aux Bédouins 22 de grain epatum ! » 24 Les 3 000 ânes des Bédouins me sont revenus à vide. 25 Nusugganu, roi de inamum, a dit : « 26 Pourquoi ton seigneur 27 a-t-il des échanges réguliers avec 26 Adal-enni, 27 alors qu’à moi 28 il n’a pas envoyé de message(r) ? » Voilà la raison pour laquelle 30 il ne donne(ra) pas 29 la epatum aux Bédouins. 30 Autre chose : 31 Yâpah-Addu et uprêrah 34 étaient allés 32 chez Yarîm-Lîm du Yamhad 33 et Aplahanda du Karkis. 34 Alors, Yarîm-Lîm 35 et Aplahanda 36 avec leurs troupes 38 ont livré 36 combat 37 pour « avaler » le Zalmaqum 38 et Adûna-Adduh). 39 Yarîm-Lîm et Aplahanda 41 avaient fait appel généralh) à Adal-eni et iptilu. 42 Je me suis dit : « Sans l'aveu de mon seigneur 43 je ne (leur) permettrai pas d’aller. » En fait, 44 Adûna-Addu et le Zalmaqum 46 ont infligé 45 une défaite à Yarîm-Lîm 46 et Aplahanda. On a entendu la nouvelle 47 qu'ils avaient emporté des biens ; les Bédouins 49 qui s'étaient installés là 50 se sont dès lors regroupés 49 pour 50 fuir 49 au mont Yamîs. 51 Ces nouvelles qui les concernent, que par devant mon seigneur 52 j'envoie, sont confirmées. 5

    ( 4 l. très endommagéesj).)

    … 57 Les Bédouins 58 d’Isqâ 59 se trouvent installés 58 sur les pentes 59 de la montagne. 60 Autre chose : à propos du fait qu'62Adûna-Addu avec le Zalmaqum 63a triomphé 61 de YarîmLîm et d’Aplanhanda, 63 ne t’inquiète pask). 64 Mon seigneur doit venir vite et 66 discuter 65 des Bédouins 66 et de leur troupeau. 67 Si mon seigneur se trouve trop en retard, 70 alors il me faudra aller moi-même 69 chez les rois 70 du Zalmaqum 71 pour discuter des Bédouins. Note: pour le commentaire de ce texte, on se reportera aux annotations de M. Guichard qui ne sont pas reprises ici. a) Je comprends e-mu-ka comme emûq-ka, soit qu'un signe manque, soit par non-notation de la géminée. b) Il ne manque pas de texte et il n'est pas besoin de suppléer ká-gal-ni car le même usage absolu de petûm pour « ouvrir la porte », « accueillir son suzerain », se retrouve dans [A.1098] : 12'. c) M. Guichard a compris : « “ Que les Bédouins se rassemblent pour mon arrivée ! ” Me voilà donc là, mais mon seigneur était en retard. » Cela est naturellement possible. Mais j’interprèterais plutôt la réponse du roi comme allant jusqu’au milieu de la l. 12 et représentant deux moments différents, en fonction du parallèle de [A.4617] : 4'. Zimrî-Lîm a demandé d’abord une réunion antérieure à son arrivée (ana pâni-ia) puis annonce son arrivée (anna kadâku), mais tarde toujours à venir. Pour anna kadâku dit par le roi cf. A.4617 : 4'. d) CAD U/W, p. 400b, tient compte s.v. wakpu de l'ingénieux commentaire de M. Guichard, mais nulle amélioration n'est donnée CAD T, s.v. tiriu qui est toujours traduit par « saddle » (selle) alors qu'il apparaît désormais que c'est le nom du sac que portait l'âne. Tous ces mots devaient appartenir aux langues utilisées dans les régions du nord du Proche-Orient et ukâpu(m) être un terme d'usage chez les Bédouins. e) Ces deux expressions forment un tout : les ânes sont chargés du grain qui doit servir à l'alimentation des Bédouins. C'est la définition même de la epatum. Cf. ci-dessus, commentaire à epatum. J'ai donc posé un verbe apûm qui signifie « donner la epatum », non une variante de ebûm « rassasier », ce que fait CAD W, p. 400b. f) On attend plutôt annîtam/annêtim selon l'usage de Mari.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    149

    g) Ce NP était enregistré fautivement comme Nusugga dans ARMT XVI/1, p. 166. Cf. Th. Richter, Vorarbeiten zu einem hurritischen Namenbuch I, p. 218a-b. h) Ce passage montre clairement qu'Adûna-Addu, roi de Hanzat, était la puissance principale du Zalmaqum. Cela explique que les gens du RHM aient installé leur garnison et leur gouverneur dans cette ville, en la rebaptisant ubat-ama. Mais, l. 69, il est question des « rois » (lugal-me-e) de la région, ce qui exclut qu'Adûna-Addu ait unifié le pays. i) Il n'y a pas la place sur la tablette à la fin de la l. 40 pour ajouter [i-pu-ru-nim-ma lú ha-name-e ]. J'ai donc proposé là le verbe asûm de la fin de l. 41 : kalâ.ma ana ramâni-u asûm signifierait en mot à mot : « faire un appel total à soi-même ». Dans les traités de l'époque les secours sont gradués en fonction de l'importance de l'affrontement. Ici, les rois occidentaux feraient donc jouer la clause de l'aide maximale. j) Le texte est trop mutilé pour qu'une restitution puisse être proposée. Néanmoins la fuite des Bédouins a dû se passer à un moment de religiosité importante comme le montre la mention de sacrifices l. 56. Il est donc possible que l. 53 il faille comprendre i-[nu-ma i-si-in-n]i-im ù )a-ba*-a-at… Au moment de la fête et de la prise de… L. 56, le premier signe est clairement I. k) La place ne permet pas de lire libbi bêli-ia à cet endroit et le signe à la cassure est BA, non BI. Il faut donc supposer que Zakurabum tutoie le roi à cet endroit.

    [TH 72-8] est un des rares documents conservés des échanges entre Alep et Mari. On a vu plus haut son importance pour l’établissement de la chronologie des conquêtes de Samsî-Addu, puisque c’est du vivant de Sumû-epuh que ses armées avaient attaqué la région du Zalmaqum et que les rois de ces régions, ou au moins leurs successeurs actuels, avaient fui devant les forces d’Ékallatum (cf. p. 145). Ce document reconnaît d’autre part clairement à Zimrî-Lîm le statut de « grand roi » (l. 36). Dès lors, le roi d’Alep est prêt à conclure un accord paritaire avec le roi de Mari et, de ce fait, à ne plus le traiter uniquement comme son fils, ce que devaient rester néanmoins les rois du Zalmaqum (cf. l. 48-51). Cette position du grand roi d’Alep n’est envisageable que s’il sait que Kahat a été prise, événement qui a dû changer radicalement la donne politique au Proche-Orient. La fin de la lettre ne parle pas néanmoins de l’union matrimoniale mais uniquement de l'alliance offensive-défensive à établir entre Mari et Alep. Il faut donc penser que dans [TH 72-8] Yarîm-Lîm allait directement à l’essentiel, l’alliance militaire, sans envisager ses à-côtés. On ne sait pas la motivation du déplacement à Alep de Sumhu-rabi qui, quand il était gouverneur de Tuttul, devait être au contact direct avec le Yamhad. Sa mission faisait sans doute partie de la préparation de l’alliance que Rîiya et Asqûdum devaient concrétiser. L'accord entre Alep et Mari devait néanmoins surtout se manifester au moment de la réduction de la révolte des Mâr yamîna. De même, à la fin de son règne — avant son voyage à Ugarit et son « achat » d'Alahtum — Zimrî-Lîm devait venir avec ses troupes aider à la reddition d'Azarâ, rebellée contre Yarîm-Lîm. 53 [TH 72-8+TH 72-39] Yarîm-Lîm à Zimrî-Lîm. Ce qui s'est passé dans la région du Zalmaqum est dû à une initiative malencontreuse dont le coupable a été puni. Des ambassadeurs, venus d'Alep, expliqueront tout. Conseils d'avoir de bons rapports avec les rois de l'ouest de la Haute-Djéziré. Le seul ennemi est Ime-Dagan. Traité d'alliance entre Alep et Mari.

    2 4 6 8 10

    a-na zi-im-ri-li-im qí-b[í-ma] um-ma ia-ri-im-li-im a-[bu-ka-ma] a-um e#-em )da*-am&-di-i[m] a i-na ma-a-at za-al-[ma-qí-imki] im-qú-tu ta-a-[pu-ra-am] da-)am&*-du-um [u]-ú mi-im-ma ú-ul im-qú-[ut-ma-an] i-na pí-{X}-i lú-tim-ma i[m-qú-ut] a-na ìr-ia a-ta-na-ap-[pa-ar] um-ma a-na-ku-ma it-ti lú-[me-e u-nu-ti] gi-tukul-me-e l[a te-ep-pé-e]

    150

    Jean-Marie DURAND

    lú-me-e u-nu-ti ìr-du[me-e] )a*-bi-[ia-ma] a-bi ú-ra-ab-bi-u-nu-ti 14 ù a-na-ku ap-pu-na-ma ú-ra-[a]b-bi-u-nu-ti um-ma a-na-ku-ma gi-tukul-me-e it-ti [lú-me-e] u-nu-[t]i 16 la te-ep-pé-e u-ú il$-qé-ma gi-tukul-me-e i[t-ti-u-nu] 18 i-te-pé-e él-qí-ma a-na- sag-)sú* at-ta-ki-is 20 a-ni-tam a-um e#-em lugal-me-e a )i-ta*-ti-ka Tr. a ta-a-pu-ra-am 22 a-nu-um-ma e#-ma-am ga-am-ra-am I iz-bi-la ìr-di ù su-um-hu-r[a-b]i ìr-ka Rev.24 li-te-er-ra-kum a-na e#-mi-u-nu ma-di-i qú-ul 26 ah-hi-ka a-nu-um-mu-tim la tu-sà-ka-ap a-ia-ba-am a-né-em ú-ul ti-u 28 a-ia-ab-ka ú-ul I i-me-dda-gan-ma i-n[a]-a[n]-n[a lú u-ú] kù-babar kù-gi ma-dam-ma 30 i-u as-s[ú-ur-re ah-hi]-ka a-nu-mu-ut-tim ú-sà-ap-pa-ma i-na z[u-u]m-ri-ka ú-a-)as*-sa-[ah-u-nu-ti] 32 ah-hi-ka a-nu-um-mu-tim ra-am i-nu-ma i-la-ku-ni-kum túg-há ù 1 gal kù-babar 34 []u-ud-di-u-nu-i-im i-na túg-há ù g[al-há] ú-ul ta-la-pí-in 36 ú-ul ti-de-e ki-ma ku-ut-tum ra-bé-[et] -ni-tam [m]a-[l]a i-ma-a-ú-ú 38 i-ti-in-ma ah-hi-ka ra-am a-ni-tam a-um ni-i dingir-me-e a ta-a-pu-[ra-am] 40 ni-i dingir-me-e i n[u-ha-si]-ís a-na-ku lu-ú til-la-at-[ka-ma] 42 at-ta lu-ú til-la-ti ú-l[u-ma] i-nu-ma i-a-tum i-na ia-am-h[a-adki] 44 in-na-ap-pa-hu al-[k]am-ma b[u-ul-li] ù i-nu-ma i-a-tum i-na ma-riki Tr.46 [i]n-na-ap-pa-hu lu-ul-li-k[am-ma] lu-ba-al-li 48 []a-ni-tam a-)du*-[n]a-a-du e-né-e a-wa-ti-ia ú-ul i-le- TL.50 [a-n]a na-a-pa-ar-[t]i-i[a] [l]u-ú er-su 12

    Bibliographie : édité par M. Birot dans De la Babylonie à la Syrie, en passant par Mari, Mélanges J.-R. Kupper, p. 128-135. Les points de désaccord sont en souligné. 1

    Dis à Zimrî-Lîm : ainsi parle Yarîm-Lîm, ton père. Tu m’as envoyé un message 3 au sujet de la défaite 4 qui 5 s'est produite 5 dans le Zalmaqum. 7 Il n'y auraita) 6 absolument pas 6 dû y avoir de défaite. 8 Il n'y en a eu que par ordre d'un individu ! 9 J’avais envoyéb) message sur message à mon serviteur 10 en (lui) disant : « 11 Ne combats pas contre eux ! 12 Ces gens — ils étaient serviteurs de mon pèrec) — 13 mon père en a assuré l’éducation ; 14 or, moi-même, également, j'ai assuré leur éducation. 15 (C’est pourquoi) je dis : 16 “Ne 15 les combats pas !” » 17 Lui, il a entrepris de leur 18 livrer 17 combat 18 en règle et j’ai entrepris, moid), de lui 19 couper en conséquence 18 la tête ! 5

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    151

    20

    Autre chose : au sujet des rois qui sont à tes frontières, 21 objet de ta lettre, 22 voilà qu’23 Izbila, mon serviteur, et Sumhu-rabi, ton serviteur, 24 doivent te faire 22 rapport détaillé. 25 Prête grande attention 24 à leur rapport. 26 Ne repoussee) pas ces gens-là (qui sont) tes frères. 27 Tu n’as qu'un seul ennemi : 28 ton ennemi n’est-il pas Ime-Dagan ? 29 Maintenant, cet individu 30 ayant 29 de l’argent et de l’or en quantité, 30 il ne faudrait pas 31 qu’il détourne du droit chemin 30 ces gens qui sont tes frères 31 et te les rende hostiles. 32 Sois l'ami de ces gens qui sont tes frères. 33 Lorsqu’ils viendrontf) à toi, 34 fais-leur donner des étoffes et un vase précieux en argent. 35 Tu n’es pas démuni en étoffes et vases précieux. 36 Ne sais-tu pas que ta position est celle d’un grand roi ? 37 Autre chose : 38 donne 37 autant qu’il faudra 38 et sois l'ami de tes frères. 39 Autre chose : au sujet du serment par les dieux, objet de ta lettre, 40 établissons ses modalités ! 41 Je veux bien être ton allié et 42 que tu sois, toi, le mien ! Ou encore, 45 lorsqu’il y aura le feug) au Yamhad, 44 viens l'éteindre ! 45 De même, lorsqu’il y aura le feu dans (le royaume de) Mari, 46 je veux bien venir 47 l'éteindre. 48 Autre chose : Adû.na-Addu 49 n’est pas à même de changer mes propos : 51 c’est plutôt lui qui est à la disposition 50 d'un message de moi ! a) Il est peu vraisemblable que le roi d'Alep nie un événement qui avait une telle notoriété. J'ai donc suppléé l'irréel -man à la fin de la ligne. En l'occurrence, il s'agit d'un irréel du passé. b) La forme G/tn (I/3) inaccomplie est comprise comme un duratif dans le passé. c) La forme unûti doit indiquer que wardû abi-ia est une incise. d) La correction de ana en anâku répond au û de la l. précédente, mais le dialecte d'Alep pouvait connaître une forme courte anâ pour anâku ; cf. l. 38, l'occidentalisme i-ti-in pour i-di-in. e) CAD S, p. 73b-74a, montre des hésitations pour le sens de la forme lI (D) de sakâpum. De fait plutôt que « repousser », le sens contextuel incite à une traduction « causer des ennuis ». f) Il est peu vraisemblable que les rois du Zalmaqum viennent en personne à Mari (on ne les voit aller qu'à des territoires relevant de Mari, comme Tuttul), mais ils peuvent envoyer à leur place des ambassadeurs plénipotentiaires qui les représentent, gens auxquels la forme III () de NDN convient particulièrement. g) L'expression est ambiguë : le « feu » peut désigner une catastrophe (cf. J.-R. Kupper, ARM XXVIII, p. 17, n. a) ad ARMT XXVI/1 25), ou un « signal de feu ». Dans la pratique, cela reviendrait au même, même si l’on ne connait pas ailleurs l'expression « venir éteindre un signal de feu ».

    3.7.2 Problèmes avec les troupes demandées aux Mâr yamîna Selon [A.2793] Bannum avait quitté Mari (sans doute lors de la têbibtum) avec comme instruction du roi de demander des troupes aux princes (mâr yamîna) qui, malgré plusieurs rappels (l. 13), ne se dépêchaient pas d’obtempérer. L'équipement devait être fourni lorsqu'elles arriveraient. Il s’agissait vraisemblablement de la préparation de l’expédition de Zimrî-Lîm dans le Nord contre Kahat, laquelle avait été précédée par les activités de recensement de Bannum. Les lettres d'Itûr-Asdû ultérieures montrent qu’à Milân l’enthousiasme n'avait pas été de mise concernant cette entreprise. Il devait en être de même alors qu'elle n'était qu'en projet. Les Mâr yamîna, en train de s’installer, devaient avoir des préoccupations personnelles plus importantes que la gloire du roi de Mari. 54 [A.2793] Bannum au roi. Selon les instructions du roi, il a réclamé des troupes aux princes (mâr yamîna). Ils ne les ont pas encore fournies, malgré plusieurs demandes. Le roi sera tenu au courant de ce qu'il en est.

    2 4 6 Tr. 8

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma ba-an-num ìr-ka-a-ma i-na pa-ni wa-í-ia i-tu ma-riki be-lí ki-a-am ú-wa-e-ra-an-ni um-ma-mi a-na lugal-me-e ka-li-u-nu

    152

    10 Rev. 12 14 16 18 Tr. 20

    Jean-Marie DURAND u-pu-ur-ma lú a-ba-am li-di-nu-ni-kum i-na-an-na a-na lú a-bi-im a-ta-na-pa-ar-u-nu-i/-im ù lú a-bu-u-nu a-di-ni ú-ul ik-u-du-nim lú a-bu-u-nu i-na ka-a-di-im a-pa-qí-idma an-ni-tam la an-ni-tam a-na be-lí-ia a-wa-tam ú-ta-ar 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Avant mon départ 5 de Mari, 6 mon seigneur m’avait donné les instructions suivantes : « 9 Envoie un message 8 à tous 7 les rois (mâr yamîna) 11 pour qu’ils te donnent 10 de la troupe. » 12 En fait, 13 j'ai multiplié les messages 12 pour (avoir) de la troupe 14 mais, 15 jusqu’à présent, 14 leurs troupes 15 ne sont pas arrivées. 16 À leur arrivéea), 17 je (les) pourvoirai/inspecteraib) et 20 j’informerai 19 mon seigneur 18 de ce qu’il en sera. 4

    a) a-bu-u-nu est le sujet de l'infinitif kaâdim. b) Paqâdum signifie le recensement des bénéficiaires et l’octroi d’une ration (piqittum) aux ayants droit.

    3.7.3 La politique d'Enunna : un nouveau roi à Allahad Le texte [A.2285] ne documente pas Saggâratum où l’arrivée de 700 « Akkadiens » paraîtrait inexplicable, mais, en fait, Sapiratum, ville longtemps confondue par les éditeurs avec Saggâratum, et qui n’est désormais plus une inconnue grâce à D. Charpin254. Cette ville255, toujours assez importante à l'époque des Assyriens pour être mentionnée sur le parcours de leurs rois, se trouvait au début du règne de Zimrî-Lîm à un endroit stratégique entre le royaume de Mari et les intérêts d’Enunna, car c'était par la basse vallée du Moyen-Euphrate que circulaient les moutons et là que se trouvaient leurs lieux de pâtures256. Plusieurs centres urbains de la région étaient, en outre, des têtes de pont sur le fleuve pour des routes qui le reliaient directement au Piémont-Sud du Sindjar, principalement aux deux grandes métropoles d'alors qu'étaient Kurdâ et Andarig, comme le montre clairement, entre autres, bien plus tard, l’itinéraire de retour d’Atamrum à Andarig257. Peut-être est-ce ainsi qu’il faut comprendre la mention de l’Itânum, le « Nord » (l. 17), qui devait être fortifié par un des habitants de cette région. « Nord » désignerait ici « la région au nord », c'est-à-dire en l'occurrence, le Piémont-Sud du Sindjar. Le fait que cette autorité locale soit alors auprès du nouveau roi fait supposer des tractations avec des régions rattachées à Mari sous le RHM. À ce moment-là, Enunna envisageait l'allégeance des Bords-del'Euphrate et, apparemment, de remettre la main sur la partie basse du Moyen-Euphrate. Zimrî-Lîm, en revanche, devait déjà élaborer de nouveaux aménagements régionaux et cela avec le soutien d’au moins une partie de la population.

    Ces 700 « Akkadiens » (à Mari, il faut comprendre « Enunnéens ») étaient en fait ceux qui convoyaient Atamrum à Allahad, selon la lettre [A.3873]. Cette installation était certainement importante pour la politique internationale d'Esnunna258. La lettre [A.2285] montre le roi à Saggâratum alors que Bannum 254

    D. Charpin, « Sapiratum, ville du Suhûm », MARI 8, p. 341-366.

    255

    Cf. également, p. 16, pour sa dévolution à Mari.

    256

    La région elle-même semble avoir été partagée entre plusieurs réalités tribales importantes, quoique les variantes graphiques des appellatifs soient souvent déconcertantes. On remarque d'ailleurs que c’est d’un Bar-halânu qu’il s’agit dans le texte [A.2285] ; la population locale semble avoir été partagée entre pro-mariotes et pro-enunnéens avant que Babylone n’annexe toute la région lors de la disparition quasi simultanée de ses deux principaux challengers. 257

    Cf. D. Charpin, op. cit., p. 352 sq.

    258

    Cf. p. 16.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    153

    est à Mari. Il s'agit du moment où est réunie l'armée que le roi va emmener contre Kahat. La ibûtum du roi (l. 11) représente ainsi l'expédition contre cette ville. On devine l'anxiété de Zimrî-Lîm en apprenant qu'une troupe importante d'Enunna (un groupe de « 700 soldats » représentait alors un contingent non négligeable) se trouvait à Sapiratum, donc à l'extrémité d'une route menant au Piémont-Sud du Sindjar. Le roi pouvait craindre une offensive au secours de la zone qu'il comptait attaquer. Mais Bannum est là pour le rassurer (l. 9-10). La suite de la lettre reste mystérieuse, faute de contexte. Un individu a eu un rêve selon lequel il faut que chacune des 3 régions du royaume donne une somme (relativement faible) à Dagan. Ces pratiquants des bétyles font donc également attention aux rêves, deux conduites religieuses qui n'étaient officiellement pas de mise sous le RHM. Il ne semble pas y avoir encore, cependant, la casuistique amârum/naâlum qui sera de mise plus tard sous ZimrîLîm259. Le roi de Mari doit faire verser la somme par Terqa et Saggâratum, Bannum se chargeant d'en faire de même dans la capitale. Le présent devait être symbolique et pouvait représenter la réalisation d'un vœu.

    55 [A.2285] Bannum au roi. 700 hommes d’Enunna viennent d’arriver à Sapiratum. Il ne faut pas avoir de crainte, mais laisser un homme des Bâr-Halânu organiser « le Nord » pour lui. Rêve de Yasaddêl selon lequel chacune des trois provinces doit donner à Dagan les 15 grains d’argent promis.

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 16 Rev. 18 20 22 24 26 28

    a-na be-lí-ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ìr-ka-a-ma 7 me lú-me-e ak-ka-du-um° a-na sa-pí-ra-timki i-le-em ù a-na pa-ra-as wa-ar-ka-at lú a-bi-im a-a-tu a-pu-ur as-sú-ur-ri be-lí i-e-em-)me*-ma li-ib-ba-u i-pa-ar-ru-ud be-lí í-bu-sú-ma li-pu-ú mi-im-[ma li]-ib-bi be-lí-i[a la i-pa]-ar-r[u-ud] )lu*-[lu-ú lú bar-h]a-la-nu-u[m] l[i?-o-o-o]-ma a-na i-ta-ni-imki li-il-li-)ik*-ma i-ta-n[a]-)am*/ki a-na be-lí-ia li-ik-ú-ur be-lí lú a-a-tu la i-[k]a-al-la-am a-ni-tam ia-sa-ad-de-AN u-ut-[t]a-am i-mu-ur um-ma-a-mi 15 e àm kù-UD a iq-qa-bu-ú? )a-na* d)da-gan* l[i]-in-na-di-in at-ta ha-la-a sa-ga-ra-tim ù ter-qaki u-ud-di-in a-na-ku ha-la-a )ma-riki* ú-a-ad-da-an 1

    259

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur.

    Cf. ARMT XXVI/1, p. 475 h) avec le renvoi aux passages qui examinent le sens propre de NL.

    154

    Jean-Marie DURAND 5

    700 « Akkadiens » 6 ont remonté (l’Euphrate) pour (aller à) Sapiratum. 7 Or, 8 j’ai envoyé (quelqu'un) 7 pour prendre des renseignements sur 8 cette troupe. 9 Il ne faudrait pas qu’à cette nouvelle, mon seigneur 10 s’effraye ; 11 c’est ce dont il se soucie que mon seigneur 12 doit faire. 14 Qu'il n'ait 13 nulle 14 crainte ! 15 Lullu, de la tribu bar-halanum, doit …a), 18 aller 17 au Nordb) 19 et organiser 18 le Nord 19 pour mon seigneur. 20 Mon seigneur ne doit pas empêcher cet individu d’aller. 21 Autre chose : Yasaddêlc) 22 a eu un rêve. 23 Il a dit : « 23 Les 15 grainsd) d'argent qui ont été proe) 24 mis , doivent être donnés à Dagan. » 27 Toi, 26 fais donner 25 par le district de Saggâratum 26 et de Terqa ; 27 moi, 28 je ferai donner 27 par le district de Mari. a) La cassure doit être mise en parallèle avec la l. 20. Donc : « qu'il revienne (li-tu-ra-am-ma), qu'il parte (li-é-em-ma), etc. » b) Itânumki ne se retrouve que dans les textes paléo-babyloniens de Shemshara et à Nuzi. Dans l’ouvrage de J. Eidem & J. Læssoe, The Shemshara Archives I, p. 98 (note 4), il est dit : « Such a GN is not attested elsewhere, and the term is perhaps generic “north country”, i.e. presumably areas to the north of Shemshra…, but this interpretation is not certain…». De fait son occurrence ici semble indiquer qu'il s'agissait d'une contrée précise, certainement au nord, mais est-ce comme l'Amurrum était l'Est et le utûm le Sud, ou la notion n'est-elle que par rapport à Sapiratum ? Le sens de kaârum devrait être décisif. Il peut assurément signifier « constituer une troupe », mais on voit dans LAPO 17, p. 151 (n. i & n. p) qu'il a aussi le sens de « manigancer », tout particulièrement au cours d'une mission secrète. C'est sans doute ce dernier sens qui est à envisager ici. c) Yasaddêl a un statut ambigu, de nom personnel (nom bédouin bien attesté) et de toponyme (ARM XIV 27) ; cf. LAPO 17, p. 146 où l'on lira désormais A.652 au lieu de A.2285 (numéro G.D. changé). Le post-déterminatif KI n'existe pas ici. Yasaddêl qui est une dénomination commémorative (« El a fait faire la razzia ») pourrait être le nom d’un bétyle ou un « dieu naturel » comme en ont connu les Arabes de l’époque préislamique et le rêve pourrait relever ici d'une pratique oniromantique. d) C’est une somme très faible. Si l'on comprend àm, l. 23, comme un distributif, il faut compter 15 grains x 3 = 45, soit 1/4 de sicle. Sinon, chaque région ne doit verser que 5 grains chacune, une quantité vraiment symbolique et pour laquelle aucun poids n'existait alors, alors que « 7 grains 1/2 » représentait le plus petit poids disponible. e) Pour ce sens de qabûm, cf. CAD Q, p. 38-39a. Il s'agirait d'un vœu, à moins qu'il ne faille voir là une prophétie et garder à qabûm son sens propre de « dire ».

    [A.3873] qui complète le document précédent concerne le domaine de la diplomatie internationale et l’éclaire d’un jour nouveau. Le roi n'est pas dans sa capitale au moment de cette lettre, puisque venant de Sapiratum des gens doivent passer par Mari pour le rejoindre dans la région de Terqa-Saggâratum. Bannum lui demande son avis sur leur venue jusqu'à lui. Ils amènent d'Enunna le nouveau roi d'Allahad. Cette ville était un centre important du Sud-Sindjar, qui, sous Zimrî-Lîm, devait finir par appartenir au royaume d'Andarig. QarnîLîm y a en définitive exercé le pouvoir mais l'endroit a eu ses périodes d'autonomie. Pour s'y rendre, au moment de [A.3873], il n'était pas question de remonter par la vallée de la Diyala ni celle du Tigre puisqu'Enunna et ce qui survivait du RHM étaient en guerre ; il n'était pas possible, non plus, de prendre un chemin direct depuis le Moyen-Euphrate inférieur vers le Piémont-Sud du Sindjar. Sapiratum était la ville où Simah-ilânê était censé devenir roi, avant d’accéder en fait au trône de Kurda, mais le front de Mari avec le royaume d’Ékallatum passait alors par les grandes pistes qui reliaient les Bords-de-l’Euphrate aux Bords-du-Tigre, tout particulièrement celles qui partaient de la zone Saggâratum /Qaunân. Bannum en avait fait occuper les puits (bûrâtum) sur deux doubles lieues260 et il devait être difficile de franchir cette zone de front très surveillée, où l'on pouvait se faire attaquer. La seule route vers le Nord disponible était alors de passer par le royaume de Mari et de remonter le Habur. Cela suppose qu'à l'époque de [A.3873] il n'y avait pas encore de problèmes de relations entre Mari et Qarnî-Lîm. On connaît bien le voyage qui ramena plus tard de Babylone jusqu’à Andarig le roi Atamrum, ce dernier se gardant bien, malgré ses promesses, de passer par Mari. Il ne peut aucunement s’agir ici du même événement car cette arrivée d'Atamrum à Andarig a été postérieure à la mort de Qarnî-Lîm et se situe à la fin du règne de Zimrî-Lîm. En outre, Atamrum est appelé ici non pas « roi d’Andarig » mais explicitement 260

    Cf. [A.1098]: 20'.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    155

    « roi d’Allahad ». On le savait tel déjà par des mentions isolées que F. Joannès a citées dans sa notice sur ce prince, dans ARMT XXVI/2, p. 242-243261, mais elles n'étaient pas explicables. C’est quand il perdit ce trône d’Allahad qu’il dut se replier à Enunna, selon FM V, p. 216, n. 425, à un moment et pour des raisons qui sont inconnues. En fait, on ne savait pas quand ce fils de Warad-Sîn262 — ce dernier, un des grands serviteurs ou vassaux du RHM — était monté sur le trône d’Allahad. On voit, par cette lettre de Bannum, que l’événement s’est en fait passé au début du règne de Zimrî-Lîm, du fait d’Enunna. Atamrum s’était donc déjà réfugié une première fois, sous le RHM, au pays de l’Akkad oriental. On ne connaît pas les raisons de ce premier exil ; sans doute nous seraient-elles compréhensibles si l’on savait les rapports du RHM avec le Sud-Sindjar ou ceux qu’Atamrum entretenait avec l’héritier présumé (ou effectif) de Warad-Sîn. Lorsqu’on le voit aller à Enunna en ZL 3’, il s’agissait donc en fait d’un nouvel exil. On peut dès lors proposer des perspectives historiques nouvelles : – Atamrum, roi d’Allahad, était pro-enunnéen, puisqu'il a été accompagné chez lui par une escorte d'Ibâlpêl II. Il n’a donc pu que voir favorablement l’arrivée dans le ubartu des forces enunéennes et aurait dû suivre, de façon naturelle, le retrait de ces troupes. Pour D. Charpin, cependant, sa présence à Enunna serait attestée à partir de ZL 3’263. Dans ce cas, il faut supposer une situation plus complexe : des partisants pro-mariotes ont dû le chasser de son trône au moment de l’arrivée des forces d’Enunna. Son royaume d'Allahad a d’ailleurs été annexé par Qarnî-Lîm, roi d’Andarig, lors de la redistribution du pouvoir en Syrie du Nord, une fois apaisée la tourmente enunnéenne ; l’installation d’Atamrum à Andarig, plus tard, suite à la déposition de Qarnî-Lîm lui-même, est de façon évidente, comme l’a bien vu D. Charpin, la réponse logique à ce qui lui était arrivé auparavant. – l’installation par Enunna sur le trône d’Allahad au Sud-Sindjar d’un roi à sa dévotion, lors de l’effondrement progressif du RHM, a peut-être été déterminante dans la décision ultérieure de Babylone et de Mari d’installer un contre-pouvoir à leur dévotion à Kurdâ en la personne de Simah-ilânê. Ce dernier, dont la famille avait des liens forts avec la dynastie de Mari, dès le temps de Yahdun-Lîm, s’était réfugié dans l'Akkad occidental, à Babylone, où il avait reçu la royauté (sans doute purement nominale) de Sapiratum264.

    Le fait que le roi d’Allahad passe avec son escorte enunéenne par des territoires mariotes signifie qu'au même moment, Enunna était persuadée que Mari allait (re)devenir un de ses principaux vassaux. 56 [A.3873] Bannum au roi : des messagers d’Enunna, dont… est le guide, (…) ainsi que plusieurs dignitaires, accompagnent Atamrum, roi d’Allahad. Doit-on ou non les laisser passer jusqu'au roi ?

    2 4 6

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um [ì]rka-a- [ma] [x] dumu-me-e i-ip-ri i[-nu-ku]-ú […] [I o ]-x [a-li-ik pa]-ni-u-[nu] (3 l. face + 2 l. tr. + 2 l. rev.)

    Rev. 2’ 4’

    ?

    [o-o-d]u )ra-ki*-ib ane [dutu?]-mu-a-lim [ra-a]k-bu-um a-lik i-di-u a-tam-ra-am lugal al-la-ha-da[ki] [I ]

    261

    Le fait est encore ignoré par ARMT XVI/1. Dans l'ouvrage de W. Heimpel, op. cit., p. 530, on a le résumé lapidaire : « King of Allahad and later of Andarig. » 262 263 264

    Cf. LAPO 16 291. Il est alors roi d'Andarig. Cf. FM V, p. 216, n. 425. Cf. le dossier de l’arrivée de Simah-ilânê dans l’édition des lettres du gouverneur de Mari, Itûr-Asdû.

    156

    6’ 8’ Tr. 10’

    Jean-Marie DURAND [i]-re-duú um-ma be-lí a-a-ri-i ku-up-pu-ud an-ni-tam la an-ni-tam a a-la-ki-u-nu a-na e-er be-lí-ia ú la a-la-ki-u-nu be-lí li-i-pu-ra/-am 1 5

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. x messagers d’Enunna, NP, leur guide, …

    (Lacune de 7 lignes.) 1'

    NP, cavalier, 2' ama-muallim, 3' qui a une monture, son accompagnateur, 5' accompagnent Atamrum, le roi d’Allahad. 6' Mon seigneur a-t-ilb) un plana) pour là-basc) ? 10' Qu’il me fasse savoir 7' ce qu’il en est 8' de leur venue chez lui 9' ou non.

    4'

    a) Il n’est pas facile de comprendre ce que veut dire Bannum et KPD est peu attesté en paléo-babylonien265. Kapâdum (G & D) a surtout, à Mari, le sens de « composer un libellé oraculaire » à propos d’un devin. Le verbe akkadien signifie exactement « mûrir en soi une idée », ce qui convient au sens de « penser sans cesse à quelque chose » comme le montrent ses emplois dans les textes akkadiens. Ici le permansif kuppud pourrait désigner le plan d’action ou de réorganisation auquel le roi pense pour la région du Sindjar. b) Pour umma interrogatif, cf. LAPO 16, p. 622 et 18, p. 418. c) Aari (forme longue de ari) fonctionne à Mari avec des verbes de mouvement. Le plus simple est de considérer qu'aari désigne la zone géographique où se trouve le royaume d'Allahad.

    3.7.4 Les angoisses de la mère de Zimrî-Lîm, Addu-dûrî Parmi les avis que le roi de Mari a dû recevoir à propos de la guerre qu’il comptait mener dans le Nord, il faut sans doute compter la lettre envoyée par Addu-dûrî où elle raconte qu'en rêve Bêlet bîrî déconseillait formellement à Zimrî-Lîm de quitter sa capitale. La lettre [A.994] qui dit que Zimrî-Lîm doit rester à Mari et ne pas partir en guerre n’est pas en effet une légitimation de la royauté du roi ; elle s'insère bien en revanche parmi les documents du moment où le roi partait à la tête de son armée contre le Nord. Comment expliquer une lettre d’Addu-dûrî au roi s’il est à Mari ? Comme la déesse qui s’exprime par la bouche de la « folle » est Annunîtum (l. 23-26), on peut penser qu’Addu-dûrî se trouvait alors à ehrum ou à Dêr et écrivait à son fils depuis la ville où elle était retournée au service de la déesse. 57 [A.994] Addu-dûrî au roi. Deux rêves prémonitoires l'inquiètent : l'un du début de la nuit montre l'absence de la Dame-du-Palais, l'autre représente un (ancien) administrateur de la déesse du Biri debout à la porte de la déesse, pendant qu'une voix à l’accent étranger réclame à Dagan son soutien. Par ailleurs, une extatique d'Annunîtum adjure Zimrî-Lîm de ne pas partir en expédition et promet la faveur de la déesse. Pour permettre de juger de son rêve, Addu-dûrî envoie envoie des symboles de sa personne.

    2 4 6

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma f dIM-du-ri geme!-ka-a-ma i-tu u-lu-um é a-bi-ka ma-ti-ma u-tam an-ni-tam ú-ul a-mu-ur it-ta-tu-{tu}-ia a pa-na-nu-um [an]-ni-it-ta-an

    265 Dans CAD K, p. 553b les exemples de kupputu B de Mari sont traduits à contre-sens. Il s’agit du verbe kubbutum qui signifie « /procéder à l’alourdissement d’une structure ».

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    157

    i-na u-ut-ti-ia a-na é dnin-é-kál-lim e-ru-ub-ma d nin-é-kál-lim 10 ú-ul wa-a-ba-at ù alam-há a ma-ah-ri-a ú-ul i-ba-u-ú 12 ù a-mu-ur-ma ar-ú-ub ba-ka-a-am u-ut-ti an-ni-tum a ba-ra-ar-tim 14 a-tu-ur-ma da-da lú-sanga Tr. []a e#-tár bi-i&-ra 16 [i]-na ká dnin-é-kál-lim iz-za-az-ma pí-ú na-ak-rum Rev.18 [ki]-a-am i-ta-na-ás-si um-ma-mi t[u-r]a dd[a-g]an 20 tu-ra dd[a-g]an ki-a-am i-ta-na-ás-si a-ni-tam mí mu-uh-hu-tum i-na é an-nu-ni-tim 22 [i]t-bé-e-ma um-ma-mi zi-im-ri-li-im 24 a-na kaskal-a la ta-al-la-ak i-na ma-riki i-ib-ma 26 ù a-na-ku-ma a-ta-na-ap-pa-al a-na pa-ag-ri-u na-a-ri-im 28 be-lí a-ah-u la i-na-ad-di a-nu-um-m[a] a-ar-ti 30 ù sí-[s]í-ik-ti a-[na-ku] ak-nu-ka-am-ma 32 a-na e-er be-lí-ia Tr. ú-a-bi-lam 8

    Bibliographie : ARM X 50 = ARMT XXVI 237 = LAPO 18 1094 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 267 et Nissinen, WAW 12, p. 67-69, n°42. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Addu-dûrî, ta servante. Depuis la ruine de ta famille, 4 jamais 5 je n’avais vu 4 un tel rêve. 5 Les signes (oraculaires) que j’avais eus 6 avant (elle) 7 étaient de même tonalité. 8 Dans mon rêve, 9 j’étais entrée 8 au temple de la Dame-du-Palais. 9 La Dame-du-Palais 10 n'était plus sur son trône et les représentations 11 qui étaient devant elle n’(y) étaient plus. 12 Alors, voyant (ça), je me mis à pleurer. 13 Ce rêve-là de moi était de la première veille. 14 J'ai eu un second rêve : Dadâ, l'administrateur du temple 15 de la déesse du Biri, 17était debout 16 à la porte de la Dame-du-Palais et une voix (à l’accent) étranger 18 criait à plusieurs reprises ainsi : 19 « Reviens-moi, Dagan ! 20 Reviens-moi, Dagan ! ». Voilà 21 ce que (la voix) a crié à plusieurs reprises . Autre chose : 22 une « folle » 23 s’est dressée 22 dans le temple d’Annunîtum, 23 disant : 23 « Zimrî-Lîm ! 24 Ne pars pas en campagne ! 25 Reste à Mari ! 26 Alors, moi, je ne cesserai de te satisfaire. » 28 Mon seigneur ne doit pas négliger 27 sa protection personnelle. 29 Présentement, ma mèche de cheveux 30 et ma cordelette, 31 je les ai, personnellement, mises sous 33 scellés et je (les) ai fait porter 32 chez mon seigneur. 3

    Ce document se présente comme une tentative de sa mère pour détourner le roi de partir en expédition (dans le Nord). L’entreprise était, selon les termes de Bannum, dirigée contre Ime-Dagan, même si la prise de Kahat en a été le résultat obtenu par Zimrî-Lîm, lequel devait primitivement espérer

    158

    Jean-Marie DURAND

    aller plus loin. Comme le premier rêve était du début de la nuit, ce n'était pas un présage important266. L’inquiétude de sa mère venait néanmoins de ce que les dieux semblaient être passés du côté ennemi, comme apparemment lors de la défaite de Yahdun-Lîm. Samsî-Addu a de fait présenté sa victoire sur Mari comme une décision des dieux locaux. Comment comprendre les « représentations qui étaient devant elle » (l. 11) ? Il pouvait s'agir des divinités mineures qui servaient la déesse mais il est plus vraisemblable qu’il s’agissait des orants placés devant l’effigie divine. Dans le rêve (primitif ou actuel) elles devaient donc être en majorité celles des gens de l'entourage ou de la famille du roi. Addu-dûrî avait donc le pressentiment que l’expédition projetée vers le Nord allait échouer et qu’Ime-Dagan serait vainqueur. Cela était d’ailleurs en accord avec de mauvais présages hépatoscopiques (l. 5-7). En revanche, le second rêve plus avant dans la nuit faisait sûrement craindre un malheur. Le temple de la Dame-du-Palais était sous l’autorité de Dadâ, l’administrateur de la déesse du Birî (l. 14-17), alors qu’une voix à l’accent étranger (l. 17) — sans doute faut-il comprendre celle d'Ime-Dagan, l'ékallatéen — demandait avec insistance (l. 21) à Dagan, dieu principal du Moyen-Euphrate, de lui rendre sa faveur, donc de lui restituer le royaume des Bords-de-l'Euphrate. Comme toujours, à l'époque, le nom propre de l'ennemi est taboué. Le détail de cette seconde anecdote est difficile à comprendre. Dadâ était sans doute une autorité religieuse de l'époque du RHM. Même si, selon ARMT XVI/1, p. 83, le porteur de ce nom est attesté surtout sous le règne de Zimrî-Lîm comme prêteur du temple de ama, on doit néanmoins supposer que celui qu’a vu en rêve Addu-dûrî ne représentait pas quelqu'un de favorable au parti des Mâr sim'al ni à son roi. Le fait qu'il se tienne à la porte de la Dame du Palais représente la posture de celui qui surveille entrées et sorties267. Peut-être faut-il comprendre que sa présence signifiait que le culte palatial était désormais contrôlé par quelqu'un qui n'était pas favorable à la dynastie mâr sim'al.

    De la même façon, une lettre comme [A.173] forme le souhait que Zimrî-Lîm ne se fie pas trop exclusivement à sa chance augurale, mais prenne aussi ses précautions. De tels propos qui frisent l’incrédulité religieuse sont le fait d'une personne qui sait d'expérience que de « bons présages » peuvent ne pas suffire268. La lettre plutôt qu'à l'arrivée du roi— elle serait non seulement totalement isolée, mais démentie par les faits — appartiendrait ainsi au moment où sa mère voit le roi partir pour une expédition. 58 [A.173] Addu-dûrî à Zimrî-Lîm. Tout va bien. Que le roi ne s'inquiète pas. Le roi dit ne se déplacer qu'avec l'assentiment des dieux. Il faut néanmoins qu'il fasse attention à lui-même.

    2 4 6 8

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma fdIM-du-ri-ma a-l[um m]a-riki é-há dingir-me-e-há [ù é]-kál-lum a-lim [li-i]b-bi be-lí-i[a] mi-im-ma la i-na-ah-hi-id ù i-na pa-ni-tim be-l[í] ki-a-am iq-bé-e-em 266

    C'est du moins ce que l'on doit déduire de la science des rêves mariote, telle qu'on peut la reconstituer. Il n'en reste pas moins qu’Addu-dûrî prend la peine de décrire son premier rêve malgré son « inutilité ». On sait d'autre part, que l'oniromancie babylonienne classique mettait en opposition rêve et réalité. Ainsi des « pleurs » en rêve signifiaient-ils « rire » dans la vie (cf. Dream-book, p. 332). Il est vraisemblable que telle n'était pas l'opinion à Mari et le récit d’Addu-dûrî souligne plutôt son angoisse et sa préoccupation (« mauvais pressentiments »). 267 268

    Cf. par exemple, dans FM VII 45: 15, la position du ministre alépin à la porte du Palais.

    De la même façon, le mer‘ûm Ibâlpêl selon [A.48] (cf. ARMT XXXIV), dit-il « avoir tremblé comme un peuplier », jusqu’à ce que les troupeaux aient traversé, malgré les bons présages obtenus. Le roi, en revanche, accordait beaucoup de crédit à ces derniers.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18

    159

    um-ma-a-mi a-na zi-im te-re-ti-ia []a-al-ma-a-ti at-ta-na-al-la-ak i-na-an-na be-lí a-na zi-[i]m te-re-ti-u a-al-ma-a-ti li-ta-na-al-la-a-ak ù be-lí a-na na-a-ar pa-ag-ri-i-u la i-ig-ge

    Bibliographie : publié comme ARM X 54 = LAPO 18 1097. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Addu-dûrî. La ville de Mari, les temples 5 et le Palais, ça va. 6 Que l'esprit de mon seigneur en rien 7 ne s’inquiète ! 8 Naguère, mon seigneur 9 m’a dit 8 ceci : « 12 Je ferai tous déplacements 10 en fonction des présages 11 favorables 10 que j’obtiendrai. » 13 En fait, mon seigneur 15 doit faire tous déplacements 14 en fonction 14 des présages favorables qu’il obtiendra, 16 mais mon seigneur 18 ne doit pas négliger 16 de protéger 17 sa personne. 2

    À cette époque appartient sans doute aussi la lettre [A.3420]. Il s’agit en apparence de la prophétie d’un extatique qui s’est « levé dans le temple de Hiamîtum ». Hiamta était, à la limite des provinces de Mari et de Terqa, un centre religieux important qui concernait les femmes de la famille royale. Il était donc normal qu’Addu-dûrî fût au courant de ce qui s‘y disait, d'autant plus que l’armée royale devait passer par, ou près de, Hiamta. Cette prophétie, insituable dans la première partie du règne, prend tout son relief si elle montre, derrière les entreprises d'un roi qui espérait s'assurer par des exploits guerriers l’assise qui lui faisait défaut, le bon sens qui illustre le dicton « Quand le chat n'est pas là, les souris dansent…». La « prophétie de Hiamîtum », à propos de ceux qui voyaient dans le départ du roi l’occasion de dilapider les ressources royales, représente plutôt qu'une parole sacrée la simple sagesse populaire. 59 [A.3420] Addu-dûrî au roi. Présage d'un extatique du temple de Hiamîtum. Gaspillages dès le départ du roi. Soutien de la déesse. (Lacune.)

    2 4 6 Tr. 10 Rev. 12 14 16

    [a-na] be-lí- ia [qí]bíma fd [um]-ma IM-du-ri-ma [gem]e!-ka-a- ma [a-p]í-lum i-na é d[h]i-a-mì-tim [I]i-í-a-hu u-um-u [i]t-bi-[m]a um-ma-mi [i-n]a wa-ar-ki-ka-ma [a-ka-a]l-ka i-ka-lu [ù k]a-as-ka [i-]a-tu-ú [a-wa-t]i-ka la dam-qa-a-tim [ù le]m-né-e-tim [lú-me-e b]e-el a-wa-ti-ka [u-te-n]é-ú-ú [a]-na-ku-ma ka-ab-sà-ak-u-nu-ti (…)

    160

    Jean-Marie DURAND

    Bibliographie : publié comme ARM X 53 = XXVI 195 = LAPO 18 1096; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 250 et M. Nissinen, WAW 12, p. 26, n° 5. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Addu-dûrî, ta servante. Un âpilum dans le temple de Hiamîtum 6 — du nom d'Ii-ahum — 7 s'est levé, disant : « 8 Dès que tu seras parti, 9 on mangera ton pain. 10 En outre 11 on boira 10 ta coupe. 14 Tes adversaires 15 exprimeront sans cesse 12 des propos inamicaux 13 et méchants 12 à ton égard. 16 Moi, je me trouve les fouler du pied. » 5

    (…)

    3.7.5 L'affrontement de Bannum avec le roi avant la campagne contre Kahat Le moment de [A.2419] est d'autant plus indécis que le nom de l'expéditeur est difficile à déterminer. Il est conseillé au roi de ne pas se mettre en retard. La lettre est en tout cas un encouragement au roi de venir à Saggâratum accomplir une entreprise glorieuse. Elle est d'inspiration différente de celle d'Addudûrî. Le texte pourrait également dater de l'affrontement avec les Mâr yamîna. 60 [A.2419] Ittiya au roi. Il doit se dépêcher (d'arriver) pour que s'instaure sa gloire à Saggâratum ainsi que le dépit d'adversaires (non nommés). a-na be-l[í-ia] qí[bí-m]a um-ma )it*?-t[i?-ia]269 4 ìr-k[a-a-ma] be-lí a-l[a-ka-am] Tr. 6 li-pu-a-[am-ma] i-na sa-ga-ra-t[im]° Rev. 8 u-um be-lí-ia li-in-na-di-ma 10 ha-um e-li-u-nu li-in-na-di 12 be-lí la ú-la-ap-p[a-at]

    2

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Ittiya, ton serviteur. Mon seigneur 6 doit faire 5 route 9 afin que soit instauréea) 7 à Saggarâtum 8 la gloire de mon seigneur et que 10 le soucib) 11soit instauré sur eux ! 12 Mon seigneur ne doit pas être en retard ! 5

    a) li-in-na-di-ma, on attendrait plutôt une forme de nâdum que de nadûm. b) Pour hâum cf. LAPO 17, p. 253. Dans LAPO 18, p. 116, 118, hâum est considéré comme signifiant « avoir des vomissements ». Il pourrait s'agir du même verbe, le trouble mental étant manifesté par un trouble physique ; cf. l'emploi de gâ'u à l'époque néo-assyrienne.

    L’événement qui a suscité la lettre [A.999] a peut-être été un conflit de Bannum avec Sumu-hadû (l. 59 sq.) à propos de lettres du/au prince mâr yamîna Samsî-Addu, événement qui a été occulté par ce que Bannum a appris en arrivant à Saggâratum. Les deux hommes s'affrontaient certainement depuis quelque temps même si l'explicite lettre de Sumu-hadû [M.6250] est certainement postérieure à [A.999].

    269 Il y a place au maximum pour 2 signes après le ti?. Il pourrait s'agir du NP Itti-ya (plusieurs attestations, mais dans ARM X 111 = LAPO 18 1255 i-ti-ia [ARMT XVI/1, p. 133] signifie « chez moi »).

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    161

    [A.999] documente de façon générale les rapports entre Bannum et les grands serviteurs du roi, montrant qu'ils devenaient de plus en plus mauvais. Dans la mesure d'ailleurs où le roi se laissait de moins en moins persuader par son ministre alors que ce dernier semble avoir voulu le tenir étroitement en tutelle, un conflit entre eux semblait inévitable. Dans sa lettre [M.6250], Sumû-hadû devait l’accuser ouvertement de crime de lèse-majesté. La date précise du document est difficile à établir, car l. 17, Bannum parle de son arrivée à Saggâratum depuis Mari. Il avait dû arriver depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm dans la capitale où on ne l'avait manifestement pas mis au courant de ce qui se tramait. Ce n'est que lorsque toute l'armée royale a été réunie à Saggâratum que le mer‘ûm apprit, en venant saluer le roi qui partait, les manœuvres de ses adversaires et demanda des explications au souverain. Le premier attaqué —et qui semble l'adversaire par excellence de Bannum — est Asqûdum. Le présent document le montre s'être fait nommer cheikh, donc chef local, à Hiamta au nord de l’alvéole de Mari, et avoir installé auprès de lui un fidèle comme Enlil-îpu, qui peut avoir été son fils. Le fond de l'affaire est que les manœuvres d'Asqûdum court-circuitaient les projets de Bannum. Vraisemblablement Asqûdum poussait Zimrî-Lîm à s'affirmer le roi à l'encontre du ministre qui, sans en avoir la couronne, dirigeait en pratique le pays. Les initiatives royales ont été cependant d'abord prises en cachette et Bannum mis devant le fait accompli. Il avait été laissé dans la capitale, sous le prétexte des sept jours (d'isolement ?) à observer à Terqa, ce dont le roi et Asqûdum avaient profité pour opérer des nominations dans le district sans prendre l'avis du ministre. Ces nominations à Hiamtâ, centre important quoique provincial, étaient peut-être le moyen pour Asqûdum d'acquérir un poste où être indépendant. Il ne s'agissait donc pas tant d'« avancer ses affaires » que de « faire tranquillement ses affaires ». Avec la nomination d'Enlil-îpu, son fils (?), au poste de majordome, Asqûdum pouvait considérer qu'il verrouillait la situation et que Hiamta devenait sa possession. À lire les l. 20 sq., on a l'impression que Bannum n'a rien pu faire contre la nomination d'Asqûdum. En revanche, il avait annulé celle d'Enlil-îpu en le remplaçant par Bêl-unu. Ce dernier, selon l'image triviale du mer‘ûm, « faisait paisiblement du lard » en étant inactif, ce qui ne signifie pas qu'il devenait gras, comme l'a compris W. Heimpel, mais qu’il était sous-employé. On devait retrouver, plus tard, ce Bêl-unu très actif au service du Palais et causant des ennuis à La-nasûm à Tuttul. L'accusation portée contre Asqûdum est d'être potentiellement un traître, vu son passé. Il aurait ainsi préparé en cachette le retour de l'Ancien Régime (l. 37-41). Bannum rappelle qu'Asqûdum a été fait prisonnier (l. 28) lorsque Mari a été prise, façon de rappeler au roi qu'il était un membre de l'administration du RHM. C’est une attaque en règle contre les « ennemis de l'intérieur », « le parti de l'étranger », et une exhortation à ne recourir aux services que de devins nationaux (l. 46-48). On trouve là les accusations que devait porter Bannum à l'encontre de Hâlî-hadun et Iêpuk, selon [A.2444]. L. 49-50, la paranoia de Bannum semble complète : il demande qu'Asqûdum lui soit livré, indice qu'en se réfugiant auprès du roi, Asqûdum avait quitté un séjour qui devenait dangereux pour lui. À Mari, Bannum imagine avoir tout pouvoir : il menace de confisquer la « maison » d'Asqûdum, donc les biens qu'il avait reçus en échange de son service au Palais. Hâlî-hadun est englobé dans la menace et l'on sait par une lettre de ce dernier au général Yassi-Dagan, peut-être son frère, que Bannum avait fait ce qu'il pouvait pour le discréditer auprès du roi270. L. 59 sq., c'est le tour de Sumu-hadû, quoique l'anecdote de ce courrier de Samsî-Addu, le chef mâr yamîna, reste peu claire telle que la raconte Bannum. Il s'agirait de messagers non rétribués que Sumuhadû aurait stipendiés, alors que Bannum aurait dû le faire. L. 71, c'est au tour de Zû-Hadnim qui aurait dissimulé des ovins pour les « étapes », c'est-à-dire pour les repas du roi au cours de ces dernières. À lire ce long catalogue de griefs, qui mêle l'admonition (l. 20-27) aux récriminations (53-65) puis aux accusations (l. 71-76), on comprend que Bannum, malgré son aveuglement, sentait le pouvoir lui échapper. À Mari, à la tête de l'administration et avec sa garde personnelle de Bédouins originaires du SudSindjar, dont le quartier général était à uprum, Bannum pouvait faire l'important, mais à Saggâratum, le 270

    Cf. ARMT XXXIV.

    162

    Jean-Marie DURAND

    roi était au milieu de son armée, en marche vers la gloire militaire, laquelle devait bientôt montrer quel était l'élu des Dieux. Cette lettre a néanmoins été envoyée au roi déjà en route. Il faut penser que le ministre qui avait dû protester en présence du maître, est revenu à la charge par écrit, une fois le roi parti. 61 [A.999] Bannum au roi. Asqûdum a profité de l’absence de Bannum pour se faire nommer cheikh de Hiamta avec Enlil-îpu (son fils ?) comme majordome. La seconde mesure a pu être annulée par la nomination de Bêl-unu. Mise en garde contre Asqûdum qui fait le jeu d’Ime-Dagan et va lui restituer le royaume de Mari. Il ne faut prendre de devins que mâr sim’al. Vantardise de Sumu-hadû concernant du courrier d’un prince mâr yamîna. Des moutons pour les étapes du roi qui avaient été dissimulés par Zûhadnim ont été confisqués. a-na be-lí-ia qí-bí-m[a] um-ma ba-an-nu-um ìr-ka- [a-ma] an-né-ta-an da-am-qa-a a às-qú-du-um la [i-na-ti] 4 a-na qa-ti-ka i-ta-na-ka-nu-ma a-wa-ti-u te-e-te-né-mu-ú 6 i-nu-ma a-na ha-ar-ra-nim pa-né-ka ta-a-ku-nu ù u# 7-kam un-qa-tim i-na é dda-gan tu-ú-bu 8 i-ia-t[i] i-na ma-riki te-zi-ba-an-ni-ma ki-a-)em* tu-wa-e-ra-an-ni um-ma at-ta-ma 10 u#-um a-na-ku i-na un-qa-tim e-t[e]-eb-b[u]-)ú* at-ta a-na ter-qaki ku-u-da-an-ni 12 an-ni-tam ta-aq-bé-e-em-ma i-na ma-riki at-ta-ak-la-ma I às-qú-du-um a-wa-ti[m] la i-na-ti id-bu-ba-ku-um-ma 14 a-na su-ga-gu-ut hi-a-am-taki )ta*-[a]-ku-un-u []a-ni-i i-na a-wa-tim i-da-a-ka-ma I d en-líl-i-pu-ú a-na a-bu-ut é a hi-a-am-ta )ta-a*-ku-un 16 a-[n]a-ku a-na sa-ga-ra-timki ak-u-dam-ma 18 a-wa-tim i-na-ti e-[t]e-em-me-ma ha-ab-ta-ku ás-si-ma a-w[a-ta]m ke-em a-ba-ta-ku-um um-ma a-na-ku-ma ki 20 ki-i dumu é-kál-la-tim a-na su-ga-gu-ut hi-a-am-taki ta-a-ka-an 22 ù den-líl-i-pu-ú a-na a-bu-ut é ta-a-ku-un an-ni-tam aq-bi-ku-um-ma lú a-a-ti ú-da-pí-ir-m[a] I be-el-u-nu ìr-ka a ki-ma a-hi-im 24 i-ka-bi-ru-ma ta-à-ab-ba-hu-u 26 ma-am-ma-an qa-at-ka la i-a-ab-ba-tu-[u-um] a-na a-bu-ut é ú-wa-e-eru I às-qú-du-um ki-i-id qa-ti-ia 28 la i-na-ti i-na l[i]-ib-bi-u a-bi-it-ma 30 ìr-me-e a a-na i-ir be-lí-ia ù dumu si-im-a-al Tr. la ta-mar-ra-ú a-na te-re-tim t[a-]a-ka-an 32 a-mu-ur ki-ma lú u-ú a-na le-mu-un-tim ú-zu-un-u a-ak-na-at-ma Rev. 34 la i-na-ti i-na i-da-at le-mu-un- ti[m] it-ti be-lí-ia i-da-bu-ub-ma 36 ìr-me-e pa-nu-ut-tim-ma a i-me-d[d]a-gan a-na te-re-tim i-ta-k[a-an-]u-nu-ti

    2

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    163

    e#-ma-am an-né-em i-me-dda-gan i-[e-me-m]a ma-di-i i-ha-ad-du um-ma [u-ú-ma] 40 ìr-me-e-ia pa-nu-ut-tum te-re-tim [i-ip-pé-u-ma] sú-uh-h[u]-ur ma-tim an-ni-tim i-i[p-pé-u] 42 1 ninda ú-ul ub-b[a-lam] a-wa-a-at lú a-a-ti be-lí-ma )ú*-[ba]-ah-[hi] 44 ki-ma lú u-ú a-na é-kál-lim pa-ra-ki-im la-i-[ú] lú a-a-ti be-lí la i-ha-a-i-ih-u lú u-ú u-uh-hu 46 lú-me-e má-u-su "-su " ta-ak-lu-tum i-na re-e be-lí-ia iz-za-az-zu 48 lú-me-e u-nu dumu si-im-a-al a-na i-ir be-lí-ia ma-aq-t[u] lú a-a-ti be-lí a-na e-ri-ia li-a-re-e-u 50 ù-la-u-ma é-sú ù é ha-li-ha-du-un a-na é-kál-lim ú-e-er-re-eb 52 lú u-ú ar-hi-i li-ik-u-daam ap-pu-na-ma i-nu-ma be-lí i-[n]a sa-ga-r[a]-tim ú-ú-ú 54 ke-em id-bu-ba-ku-um um-ma u-ma a-na-[k]u mar-a-ku-ma ba-lum lú ta-ak-lim bi-la-at be-lí- ia it-te-en-zi-ib 56 i-na sa-ga-ra-timki mi-nu-um bi-il-tum a i-na u#-mi-u im-ma-ak 58 a-bi-im na-i-i in-né-ez- bu a-ni-tam dam-qa-a a su-mu-ha-di-i-im 60 []a a-na é-er be-lí-ia i-pu-ra-am um-ma-mi u[p]-pa-at sa-am-si-dIM a-n[a-ku] a-ba-at 62 ma-[a]n-nu-um l[ú-tu]r-u an-nu-um a [up]-pa-t[im i-na-t]i i-ba-tam-ma [a a-n]a e-[ri]-ia ir-de-em-ma a-na-k[u qí-i-tam] la a-qí-u-um 64 [up-pa-t]im i-na-ti lú-tur-me-e a s[a-am-si-dI]M? [lu-ú ub-l]u-nim-ma qí-a-tim [a-qí-sú-nu-i-i]m 66 []um-ma da-am&-da-am-m[a ………..] um-ma an-nam ú-ul [……………………….] Tr. 68 a-mu-ur ki-ma lú u-ú le-mu-[un ù a-wa-tim] la i-na-ti a-na e-er be-lí-ia [i-ri-im] 70 an-ni-tam be-lí l[u-ú i-de] a-ni-tam 2 me- udu-há a zu-ha-ad-n[im] 72 []a nu-bat-tim a ak-ka-i-im i-re-d[u-ma] lu-ú ú-sà-mi-u-i-na-t[i] C. i 74 udu-há i-na- a-ba-at a-di a-la-ki-ka a-na-a-a-ar-i-na-ti ta-la-ka-a[m-ma] 76 e#-em udu-há i-na-ti te-e-em-me 38

    ii

    (anépigraphe.)

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI/1 5; cf. W. Heimpel, op. cit., 177-178. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Voilà qui est du joli, qu’Asqûdum 4 te fasse sans cesse des suggestions 3inconvenantes 5et que tu écoutes tous ses propos ! 6 Lorsque tu as envisagé l’expédition 7et qu’alors sept jours tu as habité les Anneauxa) dans le temple de Dagan, 8 moi, tu m’avais laissé à Mari 9 avec les instructions suivantes, disant : « 10 Le jour où, moi, je quitterai les Anneaux, 11 toi, rejoins-moi à Terqa. » 12 Voilà ce que tu m’avais dit. J'étais donc resté à Mari. 13Asqûdum t’a tenu des propos inconvenants et 14 tu l’as nommé cheikh de Hiamta. 15 Derechef, il t’a pressé de paroles et 16 tu as nommé Enlil-îpu majordome de Hiamta. 3

    164

    Jean-Marie DURAND 17

    Moi, à mon arrivée à Saggâratumb), 18 j’ai appris toute cette affaire et de crier au scandale ! 19 Je t’ai entrepris en ces termes : « 20 Comment 21nommes-tu cheikh de Hiamta 20 un type d’Ékallatum ? 22 En outre, tu as nommé Enlil-îpu majordome (de Hiamta) ! » 23 Voilà ce que je t’ai dit et j’ai chassé cet individu 24 et Bêl-unu, un serviteur à toi, qui 25 faisait du lard 24 tel un porc 25 pour ta boucheriec), 26 sans que quiconque ne t’aide à son égardd), 27 je l’ai chargé d’être majordome. 28 Asqûdum, un prisonnier à moi, 29 a des idées scandaleuses. 31 Tu dois nommere) aux (diverses) 30 fonctions des serviteurs avec lesquels tu ne chagrineras pas mon seigneur ni les Mâr sim’al. 32 Vois comme cet individu 33 est au service du malf), 35 qu’il tient à l’égard de mon seigneur des discours inconvenants en connaissance de causeg), 37 et qu’une fois qu’il aura placé aux fonctions administratives 36 les anciens serviteurs d’Ime-Daganh), 38 ce dernier, apprenant la nouvelle, 39 sera tout joyeux, se disant : 40 « Ce sont d’anciens serviteurs à moi qui accomplissent les fonctions administratives et 41 ils vont faire revenir ce pays (en mon pouvoir), 42 sans que j’aie à fournir un paini) ! » 43 Les propos de cet individu, mon seigneur, lui-même, les a éprouvés, 44 comme quoi il est capable de causer un grand blocage pour le Palais. 45 Mon seigneur ne doit pas avoir besoin de cet homme : c’est un enc…j). 46 Il y a des devins de confiance 47 à la disposition de mon seigneur. 48 Ces hommes sont des mâr sim’alites, dévoués à mon seigneur. 49 Il faut que mon seigneur m'envoie cet homme, 50 sinon, 51 je confisquerai 50 sa maisonnée avec (celle de) Hâlî-Hadûn. 52 Cet homme doit m’arriver vite. 53 Il y a plus : lorsque mon seigneur a quitté Saggâratum, 54 voici ce qu’il271 t’a dit : « 54 Moi, j’en suis maladek) mais, 55 faute d’homme de confiance, le bagage de mon seigneur 56 a été en totalité laissél) à Saggâratum. » 57 Quelle est donc (cette histoire de) bagage qui le jour-même 58 est laissé, 57 faute 58 de transporteurs ? 59 Autre chose : c’est du joli que Sumu-hadû 60 ait envoyé un message à mon seigneur disant : 61 « C'est moi qui ai pris les tablettes de Samsî-Addu. » 62 Quelle est donc cette histoire de serviteur à lui qui a pris ces tablettes, 63 qu’il a apportées chez moi et à qui je n’ai pas, moi-même, donné un présent ? 64 Ces tablettes, des serviteurs à Samsî-Addu 65 les avaient apportées et je leur ai fait des présents. 66Soit … une défaite, 67soit il ne … pas oui. 68 Vois comme cet individu est immoral. 69 En outre, 68 il s’efforce 69 de faire des choses scandaleuses envers mon seigneur ! 70 Mon seigneur est (maintenant) informé! 71 Autre chose : les 200 moutons de Zû-hadnim 72 pour les étapes, qu’il devait t’amener et 73 qu’il a véritablement dissimulés, 74 j’ai saisi ces! moutons. Jusqu’à ton arrivée, 75 je les mets sous bonne garde. Tu viendrasm) et 76 tu apprendras l’affaire de ces moutons. a) Pour les « Anneaux du Temple », cf. OLA 162, p. 320. Le terme manque dans le CAD U qui ne connaît que le (récent) bt unqi/unqti qui signifierait « sealed building », ce qui ne convient pas ici. Assimilation (rapide) par W. H., op. cit. p. 178, n. 1 au texte du bît rimki. Une fréquentation des « Anneaux » semble préparatoire à un voyage. b) Dans la lettre ARMT XXVI 6, Bannum dit qu’il a suffi pour cela d’une journée complète (ûma-kal) d’absence de sa part, ce qui ne concorde pas avec les sept jours du roi dans les Anneaux, période où Bannum devait rester à Mari. Il faut donc supposer que la résidence dans les Anneaux était un isolement total pour celui qui les pratiquait et qu’Asqûdum a su profiter d’un retard d’un jour de la part de Bannum à venir rejoindre le roi. De fait, c’est à Saggâratum que Bannum découvre ce qui se tramait. c) En m. à m. « qui devenait gras comme un porc et tu l’égorges » ; structure particulière de la phrase relative, comme on peut en trouver en arabe avec, en outre une expression en hysteron proteron = « qui devait devenir assez gras pour que tu l’égorges », relié par un –ma qui marque l’unité du syntagme mais la suite du texte toujours au relatif n’est pas reliée par –ma à ce qui précède. Le passage est d’autant plus curieux que la viande de porc n’est pas attestée dans les textes de boucherie de Mari. d) En m. à m. « pour lequel personne ne prenait ta main ». L’expression désigne ici le fait de venir en aide au roi pour trouver une occupation à l’individu. e) Il y a ici le recours à l’inaccompli pour donner un ordre : taakkan au lieu de ukun (ou, mieux, de bêlî likun), ce qui est un trait d’occidentalisme, au lieu de l’impératif ou du précatif à la 3e personne du sg. — En outre, tamarra (l. 31) est ici nettement pour tumarra, ce qui est un autre trait d'occidentalisme. Il s’agit (en termes akkadiens) de l’emploi de G inaccompli pour D inaccompli. Cette « confusion » bien connue des textes d’Émar récent repose sur le fait que les formes D et  n’avaient pas dans ce dialecte de préfixe vocalique en /u/ mais en /a, i/, ce que 271

    = Asqûdum.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    165

    montre nettement la vocalisation des préfixes verbaux de l’époque shakkanakku. — Enfin on notera l'emploi d'un substantif au lieu du pronom personnel (l. 30, bêlî au lieu de atta), à moins que bêlî ne désigne ici la divinité (cf. p. 339 h). Cf. de façon générale MARI 3, p. 177-178. Tout cela indique que Bannum ne devait pas employer l'akkadien standard pour s'exprimer. f) Il y a ici une rupture de construction awîlum û uzun-u… ; l’oreille est le symbole du savoir transmis ; l’expression vise Asqûdum comme étant à l’écoute de l’ennemi. g) ina idat lemuttim = « en connaissance du mal », c’est-à-dire « en sachant que c’est mal ». Il y a ici l’attestation du terme ittum ( ACC/) déjà mise en évidence par K. Veenhof (cf. MARI 3, p. 174) ; par ailleurs, Mari documente au duel la forme qâtâ même à l’oblique : il faudrait ainsi supposer qu’existait dès l’époque amorrite, le shift /  accentué —> /, attesté par /r/ (ouest-sémitique) versus /r/ (étymologique). Il est difficile de savoir pourquoi le roi a envoyé à son ministre un apologue en partie dialectal, mais ces particularismes étaient certainement voulus et malicieux ; ils pouvaient pasticher la langue qu’utilisait le vieux mer‘ûm laquelle a, de fait, ses particularités (cf. ci-dessus, n. e) ad A.999). Cet apologue est comme l'écho de plaisanteries au sein du groupe royal sur Bannum, transmises

    à ce dernier, mais une fois qu'on est loin de lui. Le roi passe du rôle de conseillé à celui de conseilleur, mais c’est de loin qu’il s’affirme. La plaisanterie passée, le ton final est plutôt sec : pas de changement dans l'administration avant le retour du roi. Bannum ne s'y trompe pas : la lettre est le fait d’un des conseillers (l. 41-45). Manifestement le mer‘ûm ne tenait pas le caractère du roi en très haute estime et pensait que, une fois de nouveau face à face, il saurait imposer sa volonté au monarque. Il est toutefois important pour l'image qu'on avait alors de la royauté qu'il ne soit pas question de refuser un ordre royal, quoique l'exécution pût en être retardée (l. 45-52), malgré une sorte de grève de l'administration (l. 58-60). La décision a été prise « en route », en tout cas avant que la caravane royale n’arrive à Qaunân, selon les termes mêmes de Bannum. Ce dernier a compris que son grand adversaire tirait parti du fait qu'il était seul avec le roi pour l'influencer. Tout courrier de lui ne servirait plus à rien tant qu’il serait lu en présence d’Asqûdum. Aussi, à la fin de sa lettre, Bannum n’entretient-il plus le roi que d'affaires courantes (l. 66-81) et clôt sa lettre par l'habituel « Tout va bien » (l. 80-81), tout en rappelant le roi à la prudence (l. 83). 62 [A.163+A.4240] Bannum au roi. Il est choqué par la lettre du roi, inspirée par Asqûdum, qui lui reproche d’être intervenu dans l’administration de uprum. Il maintiendra le statu quo pour Hiamta et la Forteresse de Yahdun-Lim. Affaire de la dispute entre illi-Itarân d'Enunna et Yanib-Addu de Kurdâ. Tout va bien. Que le roi se garde!

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24

    [a-na] be-lí-i[a] qí-bí-m[a] [um-ma] ba-an-nu-[um] ìr-ka-a-m[a] [dam]-qa-a an-ni-ta-an a a-um a-bu é a ú-up-ri-imki [be-lí] ú-a-am-ri-a-am-ma i[]-pu-ra-am [um]-ma-mi a-bu é pa-nu-ú-um a ú-up-ri-imki [i]-tu iti 5-kam-ma a-ki-in [mi]-nu-um ni-ka-su-u a in-né-ep-u-ma ù mi-nu-um ri-ba-tum a ir-u-ma i-na te-er-ti-u ta-na-sà-ah-u-ma Ima-ap-ra-kam [t]a-a-ka-an mi-nu-um an-ni-ta-an a a-na 1 su kù-babar i-né-ka ta-na-u-ma be-el te-er-tim ta-na-sà-ah-ma i-na te-er-ti-u a-né-em-ma ta-a-ka-nu i-ia-ti ke-em tu-sà-n)a-qa-a*n-ni um-ma-mi a-na pí-i a-ki-il kar-í la ta-la-a[k] ù kar-í la te-e-em-me ka-al-ba-tum ma-re-a ú-sà-an-na-aq um-ma-mi a-na mi-im-ma qa-at-tu-ku-nu la tu-ub-ba-la ù i-i i-bu-ma ma-a-kam i-na ku-ur-ri-im ú-e-li-ma ir-ú-ub a-ka-la-am i-na-an-na at-ta ke-em te-te-né-ep-pé-e ú ul-li ma-at-tam a-na-ku den-líl-i-puki a-na a-bu-ut é a hi-a-am-ta a-ku-un-ma ù ta-ta-sú-uh-u-ma be-el-u-nu pu-ha-ti-u ta-a-ku-un i-na-an-na a-di a-tu-ur-ra-am be-el te-er-tim

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm mi-im-ma la ta-na-sà-ah ù la ta-a-ka-an 26 a-na-ku-ma be-el te-er-tim a-na hi-ì-u a-a-al an-ni-tam be-lí ú-a-am-ri-a-a-[m]a [i-p]u-ra-am 28 i-na-an-na a-na mi-nim [a a-ia-i-i]m be-lí i-pu-ra-am ki-ma la ha-ka-[mu-um] )ù* lú a a-na a-wa-tim 30 la a-ak-nu )i*-[na é-kál-l]im ù da-tim i-ir-ba i-na m[a-ti-ma-a i]-na la i-di-im 32 b[e]-el te-er-tim i-na te-er-ti-u i-na-sà-hu Tr. [ù a-n]a-a-ku it-ti ma-an-nim kù-babar am-hu-ur-[m]a 34 [a i-na la] i-di-im be-el te-er-tim as-sú-uh-ma [a-né-e]m-ma a-ku-nu 36 )ù* an-né-tim la i-na-ti ta-a-pu-ra-am lú ma-ap-ra-ku-um a a-pu-ra-ku-um Rev. 38 i-tu pa-na te-er-tam a-a-ti ú-ki-il lú u-ú ha-ka-am e-pé-e é-kál-lim i-le-i 40 a-ga-na lú a-a-ti a-a[l]-m[a] kù-babar a it-ti-u am-hu-ru li-iq-bi-kum na-a[-pa-a]r-tum an-nitum 42 a ta-a-pu-ra-am [ú]-ul ka-at-tum a a-wa-tim la i-na-ti a-na qa-ti-ka i-ta-na-ka-nu 44 a-na-ku-ma i-di-u ù up-pa-am a na-a-pa-ar-tim an-nitim 46 a-di ta-ia-ar-ti be-lí-ia a-na-a-ar- u i-na-an-na den-líl-i-pu-ú a a-na a-bu-ut é a bàd-ia-ah-du-li-im 48 a-ka-nam ta-aq-bu-ú mi-im-ma a-di ta-ia-ar-ti-ka ú-ul a-a-ka-an-u a-bu é-tim-ma pa-nu-um iz-za-az ù be-el-u-nu a a-na a-bu-ut é a hi-a-am-taki a-ku-nu 50 ma ú-da-pa-ar-[u-m]a ia-qí-im-dIM52 a-na te-er-ti-u i-taar i-na pa-ni-tim ú-ma ka-al ma-ah-ri-ka ap-pa-ar-ki-ma I às-qú-da-am a-na su-ga-gu-ut h[i-]a-am-taki 54 a-ka-nam ta-ar-[ú]-ubma 56 i-na-an-na a-di-ni qa-ú-na-anki ú-ul ta-ak-u-ud )ù* la i-na-ti t[a]-a-pu-raam 58 [i-t]u-ma la i-na-ti a-na qa-ti-ka i-ta-na-ka-nu-ma te-e-te-né-mu/-i-na-ti [ù ki-m]a qa-bi-ka a-na 1 su kù-babar i-[n]é-ia na-e-ku 60 [i-tu i-na-an]-na-ma a-na pa-ha-at é-[kál-lim ú]-ul e-e#-eh-he [ o o o o o o o o o o o o o o o o]-am 62 [ o o o o o o o o o o o o o o o o o lú mu-ú]-ke-nu […………………………………………………] 64 […………………………………………………] [ o o o o o o o o ]-ma l[i-t]a-ap-pa-al 66 [a]-ni-tam íl-lí-dKA.DI lú-è-nunnaki d [re-di] ia-an-[í-i]b-[ ]IM lú nu-um-ha-yi-im 68 [ki-ma s]a-ab-la-at [ia-an]-í-ib-dIM a-na è-nun-na i-za-bi-lu [a-di] ma-riki iz-[bi-i]l um-ma-mi 70 [a-na è]-nun-)na*ki [al-k]am-ma ta-da-a um-ma at-ta-ma [i-na kur-da ki kù-UD] a-na-ku a-na nu-um-ha-a al-li-kam-ma 72 [a-na kur-daki e-ru-ba-a]m-ma da-’a#-ti ma-am-ma-an ú-ul i-a-al [a-na è-nun-naki ú-ul] e-re-di-ka 74 [ o o o o o o o ]-x-si-ma ak-ta-l[a?-u-nu-ti] Tr. [ o o o o o o o i]-me-dIM

    167

    168

    76 78 80 C. 82

    Jean-Marie DURAND [ o o o o o o o o ia-an-]í-ib-dIM [ o o o o o o o o ] x-u-nu [……] [……………… ?………………] [………………………………………-i]t [a]-lum ma-riki é-kál-lum ù a-ah pu-ra-tim [lu-ú] a-almu [ o o o o o o o o o ] da-ZA/H[A] [ù be-lí pa-ga-ar-u l]i-i-ú-ur272

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI/1 6 ; W. Heimpel, op cit., p. 178-179. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. Voilà bien du joli, 4 ces choses désagréables que mon seigneur m’a écrites 3 à propos du majordome de uprum, disant : « 6 Cela faisait cinq moisa) que 5 l’ex-majordome de uprum 6 se trouvait nommé ; 7qu’est-ce que cette histoire de compte à son propos qui a été fait et 8 que signifient les arriérés qu’il avait 9 pour que tu le démettes 8de son service 9 et (y) nommes Maprakum? 10 Qu’est-ce que cette histoire que tu y regardes à un sicle 11 et que tu démettes un fonctionnaire de l’administration 12pour en nommer un autre 11à son poste ? 13 Moi tu me sermones en disant : 14 “Ne te conduis pas en fonction des calomniateurs ! 15n’écoute donc pas les calomnies ! ” 16La chienne gronde ses chiots en leur disant :17 “Ne mettez pas la patte à n’importe quoi ! ”, 18mais, elle, elle est allée sortir d’un kurrumb) une peau 19et s’est mise à la manger ! 20 En fait, toi, tu agis en tout point de la sorte ! 21 Il n’y a pas beaucoup, motu proprio, 22j’avais nommé, 21Enlil-îpu 22 à la charge de majordome de Hiamta. 23Or voilà que tu l’as démis et as nommé à sa place Bêl-unu ! 24 En fait, jusqu’à mon retour, 25 défense de démettre ou de nommer 24 un membre de l’administra26 tion ! C'est moi qui punirai un membre de l’administration pour une faute qu’il ferait ! » 27 Voilà les choses désagréables que mon seigneur m’a signifiées. 28 En fait, pourquoi mon seigneur m’a-t-il signifié 29 que c’est un incapable et quelqu’un 30 d’impropre 29 aux affaires qui 31était entré 30 au palais et aux taxesc) ? 31 Est-ce que jamais, sans motif, 32 on a démis de son service un membre de l’administration ? 33 En outre, moi-même, de qui donc ai-je reçu de l’argent, 34 pour démettre un membre de l’administration, sans motif, 35 et (en) nommer un autre ? 36 Or, tu m’as envoyé des propos insultants ! 37 Le sieur Maprakum que je t’avais commis, 38 cela fait longtemps qu’il tenait ce service ! Cet homme est compétent ; 39 il est capable d’administrer un palaisd). 40Allons ! Interroge cet homme ! 41 Qu’il te dise 40 l’argent que j’ai reçu de lui. 41 Ce message 42 que tu m’as envoyé, n’est pas de toi ! 43 Celui qui t’inspire ces propos insultants, 44 moi je le connais ! 45 Aussi, la tablette de ce message, 46 je la mets en réserve pour le retour de mon seigneur. 47 Pour l’heure, Enlil-îpu que 48 tu as dit de nommer 47majordome de la Forteresse de YahdunLim, 49 je ne le nommerai pas 48 jusqu’à ton retour. 49 C’est l’ancien majordome qui sera en fonction. 50 En revanche, Bêl-unu que j’avais nommé majordome de Hiamta, 51je le chasserai et c’est Yaqqim-Addu 52 qui retournera à son service. 53 Naguère, j’ai été absent toute une journée de devant toi 55et tu as entrepris de nommer 54 Asqûdum cheikh de Hiamta. 56Maintenant, tu n’étais pas encore arrivé à Qaunân 57que tu m’as écrit des propos insultants ! 58 Puisqu’il ne cesse de t’inspirer des propos insultants et que tu ne cesses de les écouter, 59 et que, selon tes dires, j’y regarde à un sicle, 60désormais, je ne m’occuperai plus de l’administration palatiale... 3

    (Lacune) 66

    Autre chosee) : illi-Itarân, l’enunnéen, 67 (était) l’escorteur de Yanib-Addu, le numhéen. Comme il faisait du transport pour Yanib-Addu à Enunna, 69 il n’a transporté que jusqu’à Mari, disant : « 70 Va à Enunna ! Tu m'as raconté des mensonges en disant : 71 “Mon argent se trouve à Kurdâ ! ” Moi,

    68

    272

    Pour cette fin de lettre, cf. [A.1098] : 34’-35’ dont la formulation est mieux conservée.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    169

    je suis allé au Numhâ 72 et suis entré à Kurdâ, mais nul ne s'est soucié de moi. 73 Je ne serai pas ton escorteur jusqu’à Enunna. » 74 Je.... et je les ai retenus. (Suite très lacunaire.) 80

    La ville de Mari, le Palais et le royaume 81vont bien. ....... 83En outre, que mon seigneur prenne bien soin de lui !

    82

    a) Ces « 5 mois » sont une indication temporelle importante. L’« ancien majordome », dont le nom n’est pas nommé, ne peut être que celui que Bannum a chassé pour installer Maprakum. Or ce dernier était certainement en place à uprum, où il a acquis l’expérience que vante Bannum, puisque nous avons encore [A.803], une lettre de lui envoyée avec Yadîhum à Yasmah-Addu. Il porte un nom manifestement ouest-sémique273. Sans doute son remplacement à uprum avait-il été décidé lors de la chute de Yasmah-Addu, d’autant plus que la ville était un important centre militaire pour les Bédouins de Bannum. L’anonyme était un incompétent ou du moins son éviction est-elle expliquée de la sorte. Le rappel en fonction de Maprakum avait dû être favorisé par le fait que (comme le montre son onomastique) c’était un bédouin et non un ékallatéen. Ces « 5 mois » datent en fait la présente lettre par rapport aux premières mesures qui avaient « nettoyé » le royaume de ses autorités ékallatéennes, sans doute au mois vi* de l’éponymie warki âb-illiAur. Le moment où Zimrî-Lîm emmène son armée de Saggâratum vers la Haute-Djéziré devrait donc être le mois iii de sa première année. Maprakum n'est attesté dans les textes administratifs que pour l’an ZL 1’ (dans une liste de détenteurs de champs, M.7333+ iii), puis disparaît de notre documentation. Le fait qu’il soit un des interlocuteurs de Mukannium montre que ARM XVIII 30 et 31 proviennent peut-être de uprum et sont du début du règne. b) Le terme kurrum désigne selon le DCA un liquide (ou un contenant à liquide) qui servait au tannage274; cf. B. Groneberg, NABU 1993/44 ainsi que W. Heimpel, NABU 1996/45, et J.-A. Scurlock, NABU 1997/91 dont les propositions sont peu convaincantes. Si qa-at-tu-ku-nu est bien pour qâtâ-kunu, kurrum pourrait d’ailleurs être kûrum. c) Le terme dâtum, relativement bien attesté à Mari pour désigner des objets, est de compréhension difficile ; il peut s’agir d’une forme locale pour ce qui est lu âtum par les spécialistes de la Cappadoce paléo-assyrienne, car DA ne note pas /a/ dans l’akkadien de Mari. Dans ce passage ekallum peut représenter « les revenus du roi » et dâtum ce qui s’y ajoute, comme taxes ou présents diverses. d) L’expression bîtam epêum est documentée à Mari surtout pour une femme ; cf. MARI 3, p. 263. Elle convoie le sens de gérer au mieux une maisonnée, pour ce qui est de ses stocks à constituer, mais surtout pour éviter tout gaspillage. C’est ce à quoi s’attelle une princesse de Mari dès qu’elle arrive dans un domaine nouveau pour elle, comme celui de son époux. e) Cette anecdote finale, peut-être pour amuser le roi, reste opaque, surtout du fait de la mauvaise conservation du document. Pour saBlât de la l. 68, j’avais supposé lors de l’édition qu’il s’agissait du terme saplum qui désigne un bol, ce qui n’est excellent ni pour le sens ni pour la grammaire car le pluriel de saplum semble avoir été saplû. Il est possible que sabiltum, sablâtum désigne en fait les biens transportés et que le terme soit formé sur une forme locale de la racine de zabâlum, pour lequel AHw indique des formes occasionnelles en s ou 275.

    On peut comprendre les deux logiques du pouvoir qui s’affrontent, celle qui prône le respect de la tradition et de la compétence éprouvée, celle de l'innovation et de l'aventure avec l'aide des Dieux, ou simplement de la chance : le responsable de troupeaux qui prend ses précautions et évite le plus de pertes et le jeune héros qui part du principe que « qui ne tente rien n'a rien ». Bannum n’est au fond pas si ridicule. Il fait ce qu’il pense être bon pour le roi et de façon désintéressée (l. 32-34), tout en le mettant néanmoins (de façon plus ou moins consciente) sous tutelle. Il s'agit ici, comme déjà dit, d'un conflit de générations. En l’occurrence, l’odieux retombe surtout sur Asqûdum qui ne devait pas être poussé par le seul amour du monarque mais par l’espérance qu’un roi plus fort ferait mieux les affaires de ses dévoués partisans qui lui auraient donné « les bons conseils » ; devait bientôt venir d'ailleurs le moment de sa disgrâce, où il lui faudrait rendre les biens usurpés.

    273

    Maprakum est une formation qui correspond à naprakum « verrou » de l’akkadien.

    274

    CDA, p. 169, traduit « tanning fluid », mais l’addenda sur la toile au CDA parle d’un kurru IV qui suivrait l’idée de K. Deller, NABU 1991/75, qui pense à « gruau ». 275

    Cf. commentaire dans ARMT XXXIV à [A.2422], lettre d’Atamrel.

    170

    Jean-Marie DURAND

    3.7.6 Des lettres de Dâm-hurâi au roi pendant la campagne de Kahat ? Lors de la campagne de Kahat, îbtu n’était pas encore arrivée à Mari et Dâm-hurâi se trouvait donc être seule reine de premier rang dans le palais. Il ne serait dès lors pas étonnant qu’elle ait écrit à son époux qui menait au loin une expédition militaire pleine de risques. La correspondance qu’elle échange avec Sîn-muballi est, en revanche, de l’époque des éponymes et il est normal qu’elle ait été retrouvée au palais, mais des lettres comme ARM X 63 (= LAPO 18 1117), X 66 (= LAPO 18 1118) ou X 62 (= LAPO 1119) qui mentionnent chaque fois les deux divinités Dagan (de Terqa) et Itûr-Mêr (de Mari) pourraient dater de l’expédition et avoir fait partie des documents ramenés par le roi. Le thème récurrent de cette correspondance est effectivement la demande de nouvelles (cf. en outre ARM X 65, 68, 64, 67) et le messager La-rîm-bêlî (X 69) semble bien appartenir au règne de Zimrî-Lîm. Dès lors, il faudrait prendre au pied de la lettre la notion de « ville hostile » de ARM X 66 où se trouve le roi, que dans LAPO 18, p. 301 je considérais simplement comme une « ville étrangère ». Les réponses du roi à la reine (dont il est fait expressément question dans ARM X 67, 69) devaient être conservées dans la demeure particulière de la reine, différente du palais royal. 3.7.7 Des lettres de Bannum au roi pendant la campagne de Kahat Au contraire de [A.163+], [A.13] qui est de trois jours postérieur au départ du roi ne montre nulle allusion à la brouille que l'on connaît désormais entre le roi et son serviteur. Peut-être par réalisme, ou suite à des conseils, une fois sa rancœur exprimée, Bannum a fait comme si rien ne s'était passé. Il pouvait penser que tout s'arrangerait au retour, en échange de la peine qu'il se serait donnée pour garder le royaume. Le texte [A.13] indique le moment où Ibâlpêl (« Ibâl-pî-El »), sans doute celui qui devait devenir le mer‘ûm mâr sim’al yabasa bien connu sous le règne de Zimrî-Lîm, vient se mettre au service de ce dernier, alors que le roi lance l’expédition militaire, qui devait le mener jusqu’à Kahat. Les qualités de commandant de troupes de l’individu ne sont pas ignorées du roi ; c’est, en fonction de ces dernières d’ailleurs, qu’il devait le soutenir pour devenir le mer‘ûm des Nomades yabasa du Nord (cf. ARMT XXVI 45) et qu'il lui donnerait bien plus tard le commandement général des forces mariotes pour l’alliance de Babylone. On voit son activité guerrière au service du roi de Mari lors de la rébellion des Mâr yamîna, selon ARMT XXVI 172: 9. Son retard à Saggâratum, base d’où devait partir l'expédition, signalé dans [A.13], peut d'ailleurs s'expliquer par les difficultés qu'il a rencontrées auprès de ses contribules. Les Bédouins yabasa n’ont en effet montré nul enthousiasme à soutenir le nouveau roi de Mari. Ce sont sans doute ceux-là mêmes qui ne voulaient pas d'Ibâlpêl comme leur chef. L’absence des Yabasa lors de cette expédition a en fait laissé le champ libre à Ama, le seul à être mentionné dans l’Épopée de Zimrî-Lîm. Ama avait d'ailleurs très vite proposé ses services à Zimrî-Lîm, dès avant la première fête d’Etar276, pour lancer un rezzou contre les troupeaux d’Ime-Dagan dans la basse vallée du Moyen-Euphrate. En revanche, Ibâlpêl arrive en retard. Le fait que l’on prévoie de recourir aux services d’Ibâlpêl (et donc des Yabasa) « pour une autre/une seconde (?) expédition » (ana gerrim anîtim) peut prendre acte du manque d'enthousiasme des Mâr sim'al yabasa à se ranger dans le parti des « royalistes », mais pourrait également révéler les ambitions du nouveau pouvoir à Mari qui projetait plusieurs coups de main ponctuels contre les grandes forteresses du royaume de Haute-Mésopotamie, non une expédition de grande envergure. 63 [A.13] Bannum au roi. Arrivée en retard d’Ibâlpêl ; il rejoindra l'armée avec la seconde expédition militaire. 2

    a-na qí-

    276

    be-[lí)bí*-

    ia] ma

    Cf. FM 3, p. 33 et ici-même p. 76-77.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    4 6 8 Tr. 10 Rev. 12 14 16 18

    171

    um-[m]a ba-[a]n-nu-um ìr-ka-a-ma a-sum i-ba-al-pé-A[N] a be-lí i-pu-ra-am um-ma-a-mi lú u-ú ta-ki-il pa-an a-bi-im li-i-ba-at i-na ri-bi-im )u#*-mi-im a a-bu-um it-ta-al-ku I i-ba-al-p[í-AN] a-na sa-ga-ra-tim [ik-]u-dam i-na-an-na i-tu-[ma a-na kaskal] be-lí lú a-a-t[u ú-wa-ir-ma] kaskal a a-la-[ki]-u ú-ul )i*-[ba-a]-i i-na kaskal a-ni-)tim* )a* [ú-w]a-)[a]-ru lú u-ú li-il-li-ik 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Bannum, ton serviteur. À propos d’Ibâlpêl, 5 sujet d’un message de mon seigneur, 6 disant : « Cet homme est de confiance : 8 qu’il prenne 7 la tête d’une troupe ! », 12 Ibâlpêl 13 est arrivé à Saggâratum 9 3 jours 11 après le départ de 10 l’arméea). 14 Maintenant, puisque 15 mon seigneur avait donné comme instructions à cet homme 14 d'aller à l'expédition, 16 et que l'expédition où il devait aller 17 n'est (plus) là, 19 cet homme devra donc aller 18 au moment d'une autre (/de la deuxième ?) expédition que j'enverrai. 4

    a) En mot à mot : le 4e jour que l'armée était partie.

    Au moment où est envoyé [A.1098], le roi n’est plus à Mari à en juger par la fin de la lettre (l. 35’-36’) ; il est déjà en route pour la Haute-Djéziré tandis que Bannum dit « qu’il fait pour sa part la navette entre Saggâratum et Mari » (rev. l. 25’), sans doute pour mieux assurer la défense du royaume à un moment où l’on craint une contre-offensive d’Ime-Dagan. Manifestement Bannum essaie d'adopter un ton plus calme que dans les grandes lettres où il s'opposait à Asqûdum. La mention de Sumhu-rabi (l. 7) attire l'attention. Non seulement Sumhu-rabi est alors rentré d'Alep, comme l'indiquait la lettre de Yarîm-Lîm ([TH 72-8]) mais il était employé par l'administration de l'époque de Bannum. Ce dernier lui avait en effet confié (l. 7 apqidam) cinq jours avant cette lettre (apparemment à Mari, l. 6-7) ce qui devait constituer le train des équipages pour l'expédition qui allait partir vers la Haute-Djéziré. Or, Habdû.ma-Dagan était toujours gouverneur de Saggâratum, d'après ARMT XXVII 14, une lettre d’Il-u-nâir de Qaunân, datée d'un 3-i, ce qui ne peut faire référence qu'à l'an ZL 2. La participation de Sumhu-rabi à l'organisation de l'expédition qui doit partir de Saggâratum indique donc que dès ZL 1 il se trouvait associé à l'administration de Habdû.ma-Dagan, puisqu'il a été chargé du ravitaillement de l'armée qui est partie dans la première partie de ZL 1. Il aurait ainsi eu à l’époque une fonction équivalente à celle d'un abu bîtim. La lettre de Bannum ne fait référence à aucun gouverneur de Saggâratum. Cette remarquable lettre est non seulement programmatique mais également une intéressante rétrospective de Bannum sur l'œuvre qu’il pensait avoir accomplie. Il y donne des conseils d'expérience à son jeune roi qui doit être très prudent : ils vont du simple avis paternaliste (l. 12-14 ; on note que Bannum souligne la non-connaissance de la région par le roi de Mari [l. 11: ûl ilmad]) à des sujets politiques277 : 277 Bannum devait avoir des connaissances directes de la région, de par ses activités de mer‘ûm à l’époque du RHM. Un texte acéphale et plutôt fragmentaire, M.5076, ce qui en rend la compréhension et la datation précise malaisées quoiqu’il reste beaucoup de texte, est manifestement de l’époque éponymale et documente Bannum dans la région de Qirdahat.

    172

    Jean-Marie DURAND

    avant tout éviter les belligérances locales qui visent surtout la partie est de la Djéziré (l. 14-19) laquelle semble avoir déjà résisté à des attaques (l. 18-19). Le conseil de s'installer à Musilân278 (l. 20) montre la prudence politique de Bannum : il faut affirmer sa présence là où c'est utile, auprès des « Pères » de l'Idamara et d'Adû.na-Addu, c'est-à-dire de ceux dont dépendent les pâtures occidentales, ce qui doit assurer la sauvegarde du troupeau mariote (l. 29). L'esprit bédouin se plaît à évoquer les riches présents par lesquels le « père » (l. 30) de ZimrîLîm, Yahdun-Lîm, s'assurait l'aide des « Pères » de l'Ida-Mara (l. 27-28). Bannum n'a pas l'air de savoir que le but de Zimrî-Lîm était déjà de s'en faire d'obéissants vassaux, non de simples alliés (l. 23-24). Le grand homme de la région était alors pour Bannum Adû.na-Addu, le roi de Hanzat. Le mer‘ûm réalisait la puissance du Zalmaqum qu'il mettait au même niveau que l'Ida-Mara (l. 21), sans doute suite à sa résistance victorieuse aux forces d’Alep et de Carkémish. C'était sans doute là néanmoins une vision politique dépassée pour Zimrî-Lîm et le roi devait avoir d'autres vues car, lors de la rébellion des Mâr yamîna, il devait s'affronter avec le Zalmaqum pour assumer lui-même le leadership de la région. On apprend par la même lettre que Yarîm-Addu était celui qui commandait à Kahat279 et qu'il pouvait compter sur l'aide de Bédouins (l. 34), parmi lesquesl devaient se trouvaient ceux qui suivaient Ama. C'était sans doute là de la pure désinformation car Amat selon l'Épopée de Zimrî-Lîm, devait aider le roi de Mari dans ses entreprises et lui amener ses propres Bédouins. Il y a donc dans ces lignes (l. 3539) l'animosité personnelle de Bannum envers Ama, alors qu'il met, au contraire, toute sa confiance dans Zakurabum (l. 16'). La disparition de Bannum pendant la campagne de Kahat et l'accession au pouvoir d'Asqûdum (le ukkallum de l’Épopée ?) ont dû faire beaucoup pour conforter Ama dans sa décision de continuer son soutien décisif à Zimrî-Lîm. Il y a dans la lettre de Bannum l'ignorance manifeste que Kahat était le but de l'entreprise (l. 31 sq.) puisqu'il recommande de ne pas s'en approcher sans l'armée lourde (âbum kibittum) ou sans avoir pris la précaution de faire prêter serment (l. 32). Le Revers de la lettre traite d'un tout autre sujet : il s’agit du remplacement de Bannum à la fonction de mer‘ûm. Il est patent que Bannum cherchait à avoir Zakurabum comme successeur, quoique ce dernier eût des opposants parmi les Bédouins, ceux que le mer‘ûm appelle des « calomniateurs » (l. 16'). On a l'impression que Bannum n'a tiré nulle leçon de son conflit avec le roi tel qu'il était montré par [A.999] et [A.163+]. Il lui dicte en fait ce qu'il a à dire (l. 9'-15'). De cette façon, on comprend le dérapage, lapsus calami, de la l. 26' (et peut-être aussi de la l 32'280), où Bannum confond personne du roi et sa personne propre. Il est intéressant de voir comment Bannum présente sa politique : sa place n'est plus au sein du troupeau (l. 9') mais au royaume de Mari. Dans un premier temps, il a « affermi l'assise » des Bédouins des régions du Numhâ et du Yamutbal, soit du Sindjar-Sud (Kurdâ et Andarig), en allant assurer leur emprise sur le royaume de Mari et en faisant ouvrir leurs portes aux villes fortes (dannâtum l. 12' & 14'). Sans doute le roi et ses conseillers considéraient-ils au contraire que la garnison bédouine de uprum créait un État dans l'État et sentaient-ils plus le danger d'une telle situation qu'ils n'éprouvaient de méfiance envers les établissements mâr yamîna. Désormais, Bannum compte s'occuper de ces villes majeures — donc de Mari, de Terqa, de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Bannum a déjà pris toutes les dispositions possibles contre Ime-Dagan. C'est, d'ailleurs, à Bannum qu'un rapport sur le roi d'Ékallatum a été fait (emê-ma, l. 17'). Les l. 18'-19' soulignent à l'envi que ce sont ses forces militaires à lui qui occupent les puits sur les routes entre Ékallatum et le royaume de Mari et assurent la protection de ce dernier. La fin de la lettre (l. 24'-25') montre qu'en l'absence du roi, il compte assumer la défense de la région entre Saggâratum et Mari. Pour ce faire, il compte utiliser ses 278 Cf. M. Guichard, NABU 2006/35. Sa collation montre qu'il faut lire Musalanum à la place de Kulzalanum des itinéraires paléo-babyloniens et que cette ville se trouve donc dans le Yapurum, c'est-à-dire la partie ouest de la Haute-Djéziré. 279

    L'information n'apparaît pas encore dans ARMT XVI/1 où Yarîm-Addu n'est considéré que comme un « général » de l'époque de Samsî-Addu, mais cf. FM V, p. 186. 280

    Mais cf. p. 303, ad [A.324]: 7.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    173

    Bédouins mâr sim'al, ceux qu'il a installés à uprum (l. 27'-28'). Bannum disposait ainsi d'une sorte de garde personnelle, distincte des forces royales. Ces gens représentaient ceux qu'il avait amenés avec lui au royaume de Mari mais n'étaient qu'une partie de ses Bédouins, les autres étant restés au Sindjar et continuaient ainsi une existence nomadique, ce qui nécessitait l'existence d'un mer‘ûm. Le roi va donc rencontrer d’autres Bédouins de la tribu de Bannum puisque ce dernier lui indique quoi leur dire. Ce programme ne laisse, en fait, aucune place à l'initiative du roi, contrairement à ce qui sera de règle dans toute correspondance administrative ultérieure281, même si la garde de ces villes doit être présentée aux Nomades comme une décision royale (l. 14'). 500 Bédouins conduits par Bâlêrah doivent venir rejoindre Bannum (l. 31'). Ils devaient sans doute servir à épauler les Bédouins de uprum et préserver le royaume d'une attaque pendant que le roi se trouvait dans le Nord avec l'essentiel des forces régulières. Ils pouvaient être fournis par les rois du Nord en échange de l'alliance contractée avec eux, mais ils pourraient être aussi des contribules de Bannum, donc des Mâr sim'al du Numhâ ou du Yamutbâl que devait rencontrer le roi, ce qui renforcerait considérablement la force militaire à la dévotion de Bannum dans le royaume de Mari. 64 [A.1098] Bannum au roi. a) Livraisons à l’armée effectuées et remises à Sumhu-rabi ; le roi doit faire attention à lui surtout aux moments de grandes chaleurs ou d’obscurité ; il ne connaît pas le pays où il va et doit s'abstenir d'être impliqué dans les conflits locaux qui ont échoué ; quelques cadeaux renforceraient les alliances, car c'est l'endroit où paît le troupeau royal. Il faut imiter en cela Yahdun-Lîm. Il ne faut aller vers Kahat qu'avec des moyens militaires importants et après obtention de serments et se méfier des Bédouins qui sont un soutien de Yarîm-Addu et qui pourraient le renseigner. (…) b) Question de la succession de Bannum au poste de mer‘ûm ; langage à tenir aux Bédouins qui s’impatientent ; défense de Zakurabum. c) Précautions prises à Mari contre Ime-Dagan, replié à Ékallatum ; surveillance des frontières ; mise à l'abri du grain et des gens ; concentration à uprum des forces bédouines ; un (renfort) de 500 Bédouins conduits par Bâlêrah est souhaité. d) Tout va bien ; demande de correspondance suivie.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18

    a-na [b]e-lí-ia qí-bí-ma um-ma [b]a-an-nu-um ìr-ka-a-ma a-sum a-bi-im [a b]i-la-tim gi-mar-gíd-da-há ù ane-há bi-)il*-tim a be-lí i-pu-ra-am la-ma up-pí an-né-em ú-a-ba-la-am u# 5-kam a-ba-am gi-mar-gíd-da-há ù ane-há í-di-tam e-mi-dam-ma a-na qa-[a]t )su*-um-hu-ra-bi ap-qí-da-am-ma a-na e-er be-lí-ia a[-]à-ar-da-am i-na ha-ar-ra-nim a be-lí il-li-ku be-lí pa-ga-ar-u li-i-ú-ur ma-tum a be-lí )il*-li-ku-i-im a-di-ni be-lí e-em ma-tim a-a-ti ú-ul il-ma-ad mu-u-la-la-[am e-re]-eb [dut]u ka-al mu-i-im pa-ga-a[r-u be-lí l]i-)ú*-u[r] ù a-[na ka-ak-ki la ta-la]-)as*-sú-)um* i-ip-[ka? o o o o k]i-[m]a a-)la*-ki-k[a-ma] )i*-n[a ka-ra-i-ka lu] wa-a-ba-[at] )ù* l[ú-tur-me-e qar-ni-l]i-im ha-ab-bu-si-im )ù* [e-ep-ra-ru] i-e-ú-ka-ma a-n[a k]a-ha-atki ú-lu-ma a-na u-ba-a[t-den-lílki] la-mi°-ka-ma is-sà-an-qú at-t[a l]a te-e#-eh-hi-u-nu-[i-i]m

    281 C'est le sens de la formule qui termine toute lettre : « Mon seigneur est (désormais) informé, qu'il fasse ce qu'il a à faire / qu'il agisse selon sa royauté…, etc. ».

    174

    20 22 24 26 28 30 32 34 36 38

    Jean-Marie DURAND i-na ma-at mu-sí-la-anki qa-du-um ki-[bi-i]t-ti-ka lu wa-a-b[a-a]t ù a-na ab-bé-e i-da-ma-ra-aki ù [a-du-n]a-dIM u-pu-ur-[ma] a-na e-ri-ka li-il-li-ku-nim-ma )ha*-a-ra-am )a* sa-li-mi-im qú-tu-ul-ma it-ti-u-nu i-a-ri-i du-b[u-ub] lú-me-e u-nu-ti i-na qa-ti-ka a-ba-at na-wu-ú-ka i-na ha-al-í-u-nu sa-ak-na-at dumu-me-e i-ip-ri-ka a-na e-er a-du-na-dIM lu ka-ia-nu pa-na-nu-um ia-ah-du-li-im i-nu-ma a-na ma-tim a-a-ti i-la-ku a-na ab-bé-e i-da-ma-ra-a qí-a-tim i-qé-e-ma na-wu-u a-al-ma-at mi-im-ma sà-ar-tum ù gu-lu-ul-tum ú-ul ib-ba-i i-na-an-na at-ta qa-tam a° a-bi-ka-ma e-pu-ú ù um-ma a-na da-an-na-tim a i-ta-na-pa-ru-ni-ku-um ta-la-)ak*-[ma] ba-lu-um a-bi-im [k]i-bi-it-tim ù ni-i AN-me-e da-an-nim )la* ta-l[a-ka]m be-lí a-na ka-ha-atki iq-ta-ru-ub ù ah-hu ia-ri-im-dIM ma-du-tum-ma a i-ri-u i-ra-am-mu i-na ha-na )i-ba*-a-u-ú as-sú-re pí-ri-i-ti be-lí-ia a-na ia-ri-im-dIM ú-e-ú-ma mi-im-ma i-na li-bi a-limki e-em gu-ul-lu-ul-tim lú u-ú i-ip-pé-e [pi-ri-i-ti] be-lí-ia lu na-a-ra-at [as-su-ur-re a-na a-rim pí-ri]-)i*-ti-u i-na-di-nu (F. 2 à 3 l. manquent ; Tr. sans doute non inscrite ; Rev. 2 à 3 l. manquent.)

    Rev.

    2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ 14’ 16’ 18’ 20’ 22’ 24’ 26’

    x [……………………………………] gi-gu-[za-ka……………] i-na-an-na [an-nu-um] -)ma* [i-da gi-gu-za-ka i-i]t-ka-na a-wa-tum [an-ni-ta]-an a )a*-ba-ta-[ku-um] i-na z[i-im at]-we-im-ma )a* [d]a-ab-bu-ma ù lú [i-na] ir-tim i-)ta*-na-ka-nu a-na-ku-ma i-de ù um-[ma h]a-na a-na me-er-[hi-i]m a-ni-im-ma a-ka-nim ik-ta-ab-ta-ku-um um-ma-m[i i-t]u-ma ba-an-nu-um me-er-hu-ni i-na a-[a]h pu-ra-at-tim wa-i-ib [me-er]-he-em a-né-em-ma ni-a-ka-an at-t[a k]e-em a-pu-ul-u-nu-ti um-ma at-ta-ma pa-na-nu-um i-na na-we-im ú-i-ib-ma i-di )dumu* si-im-a-al nu-um-ha-a ia-mu-ut-ba-alki ú-ki-in-ma a-na a-ah pu-ra-at-tim it-ta-al-kam-ma da-[an]-na-timki ú-e-ep-ti-ma i-di-ku-nu i-na a-ah pu-ra-tim ú-ki-in i-na-an-na a-um a-na-ku an-ni-)i* al-li-ka-am lú a-a-ti i-na a-ah pu-ra-at-tim a-na da-an-na-tim ku-ul-li-im ú?-zi-ba-a-u i-na-an-na ki-ma ka-a-di-ia me-er-hi-ku-nu a-à-ra-da-ku-nu-i-im an-ni-tam a-pu-ul-u-nu-/ti ù um-ma kar-ú za-ku-ra-a-bi-im it-ta-ab-u a-ki-il kar-í-u ù a-a-ti i-na pa-ni-ka ta-ra-am a-ni-tam e#-em i-me-dda-gan e-me-ma um-ma-mi i-na é-kál-la-tim° pa-hi-ir ba-a-'a4-tim i-tu ha-la-a sa-ga-ra-tim a-di ha-la-a su-hi-im ú-da-ni-[i]n a-na 4-àm bé-ri ba-a-'a4-tu-ia bu-ra-tim° a-ab-ta ù a-pu-ur-ma bu-ra-tim ka-la-i-na a-di ba-ab é-kál-la-tim° et-ku-mu e-em ka-la-u {X} a a-la-ni a-na da-an-na-tim a[k-m]i-ìs mi-im- e-um ú-lu-ul i-na a-la-ni i-ba-a-i ù a-um e-[e]h-ri-im ù )e*-hi-ir-tim ka-ma-si-im da-na-tum a-ak-na° a-na-ku a-al° i-te-en )ú*-ul ú-)a-ab* bi-ri-it )sa*-ga-ra-timki ù ma-riki at-ta-)na*-la-ak u#-um up-pí an-né-em a-na e-ri-ia (sic) ú-a-bi-la-am ha-na nu-um-ha-a ia-mu-ut-ba-al a i-na a-ah pu-ra-tim i-ba-a-[u-ú]

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 28’ 30’ 32’ 34’ 36’

    175

    i-na ú-up-ri-im)ki* pa-hi-ir i-[n]a pa-ni-tim a-[um] qí-a-tim a-na ha-na na-da-[ni]m a-na e-er be-lí-ia [a-p]u-ra-am be-lí q[í]-a-tim li-di-in--nu-i-im-ma 5 me ha-na ba-)le*-e-ra-)ah* pa-ni-u-nu li-i-ba-tam-ma [a]r-hi-i )a*-na e-ri-ia li-ih-mu-ú- nim [be]-lí a-ar i-la-ku )í*-bu-us-)sú* )li*-ik-u-ud )ù* pa-ga-ar-[u l]i-i-ú-ur [a]-lum° ma-riki )ù* [a-ah] pu-ra-at-tim a-al-mu [m]i-im-ma li-ib-bi b[e-lí-i]a la i-na-hi-id [up]-pa-at be-lí-ia a-na e-ri-ia lu ka-ia-na

    Bibliographie : Dossin Syria 19, 1938, p. 109 ; J.-M. Durand CRRAI 46, 2004, p. 134 & 141, n. 177 ; texte cité par D. Charpin, FM II, 1994, p. 188. Merci à D. Charpin pour les idées de lecture, l. 10, 32 et 35. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Au sujet de la troupe de portagea), des chariots 4 et des ânes de bât, objet du message de mon seigneur, 5 4 jours avant que je n’envoie cette tablette de moi, 6 troupe, chariots et ânes j’avais pourvu de provisions, 7 confié aux soins de Sumhu-rabi et 8 expédié en conséquence chez mon seigneur. 9 Il faut que mon seigneur fasse attention à lui dans l’expédition qu’il a entreprise. 10 Le pays auquel s'apprête à allerb) mon seigneur, jusqu’à présent il n’en a pas appris la réalitéc). 12 L'après-midi, le soir et toute la nuitd), 13 il doit faire attention à lui. 14 En outre, tu ne dois pas courir au combat! 15 Tu limiteras tes déplacementse). Dès ton arrivée, 16 tu dois t'installer dans ton camp. 17 Alors, les serviteurs de Qarnî-Lîm, Habbusumf) et epraru 18 te rechercheront mais 19 ils ne t'ont pas attendug) pour menacerh) 18 Kahat ou même ubat-Enlil. 19 Toi, ne t’approche pas d'euxi) ! 20 Il te faut installer ton camp avec ton équipement dans le pays de Musilânj). 21 En outre, envoie un message(r) aux Pères de l’Ida-Mara et à Adû.na-Addu 22 pour qu’ils viennent chez toi. 23 Tue l’ânon de non-agression et discute sans faux-fuyants avec eux. 24 Mets ces gens de ton côték). 25 (C’est) dans leurs régions (que) trouve placel) ton troupeau. 26 Il faut établir des relations diplomatiques régulières avec Adû.na-Addu. 27 Naguère, Yahdun-Lîm, lorsqu’il allaitm) vers ce pays, 28 faisaitn) des présents aux « Pères » de l’Ida-Mara et 29 son troupeau ne subissait pas de pertes : il ne s’y produisait nul vol, nul dol. 30 Maintenant, agis comme ton père. 31 Mais, si tu vas aux villes à murailles qui multiplieront à ton égard les messages (pour que tu viennes), 32 n’y va pas sans troupe avec équipement et sans qu’il n’y ait de serment fort par les dieuxo). 33 Mon seigneur sera proche de Kahat, 34 mais Yarîm-Addu a de nombreux frères qui lui sont tout dévoués 35 parmi les Bédouinsp) ; il ne faudrait pas qu’36 ils révèlent (ueû) à Yarîm-Addu 35 la décision du conseilq) de mon seigneur et 36 qu'à l’intérieur de la ville 37 cet homme (Yarîm-Addu) ne manigance 36 quelque 37 coup fourré. 38 La décision du conseil de mon seigneur doit être tenue secrète ; 39 il ne faudrait pas qu'on évente la décision de son conseil… 3

    (Manquent environ 6 l.)

    … 1' ton trône ………, 2' maintenant, voilà que les assises de ton trône sont durablement installées. » 3'

    Telles sont les paroles dont je t’avais entrepris. Je sais bien, moi-même, 4' en ce qui concerne une discussion, ce qui se trouve dit 5' et (ce que) l'on garde dans le cœurr). 6' Donc, si les Bédouins 7' font pression sur tois) 6' pour qu'un autre mer‘ûm soit nommé, 7' disant : « Puisque Bannum, notre mer‘ûm, 8' est installé au royaume de Mari, nous allons nommer un autre mer‘ûm », 9' toi, fais leur cette réponse, disant : « Naguère, le troupeau était sa résidence, mais 10' après avoir affermi l'assise des Mâr sim’al du Numhâ et du Yamutbal et 11' être parti pour le royaume de Mari, 12' il a fait s'ouvrirt) les villes à murailles et vous a donné une situation ferme dans le royaume de Mari. 13' Maintenant, vu que je suis venu ici moi-même, 14' j’ai laissé cet homme au royaume de Mari à s’occuper des villes à murailles. 15'En fait, à mon arrivée (à Mari ?), je vous expédierai vos mer‘ûmu). » 5'

    176

    Jean-Marie DURAND

    Réponds-leur cela. En outre, s’il y a des calomnies à l’égard de Zakurabum, fais venir le calomniateur et cet homme par devant toi. 17' Autre chose : j’ai eu des informations au sujet d’Ime-Dagan, disant : « Il a mobilisé à Ékallatum. » 18' J’ai renforcé les commandos d’intervention, depuis la région de Saggâratum jusqu’à celle du Sûhum : 19' mes commandos se trouvent occuper les puitsv) sur 4 doubles heures de marche. 20' En outre, j’ai envoyé (des observateurs) : « Ils » se trouvent occuper tous les puits jusqu’à la proximitéw) d’Ékallatum. 22' J’ai rassemblé 21' tout le grain des bourgs pour les villes à murailles. 22' Il n’y a même plus dans les bourgs le grain qui est sous les toitsx). 23' En outre des ordres stricts ont été établis de rassembler les petites gens des deux sexes. 24' Moi-même, je ne m’installe pas dans une seule ville. 25' Je fais la navette entre Saggâratum et 26' Mari. Le jour où je te!y) fais porter cette tablette, 27' les Bédouins du Numhâ et du Yamutbal qui se trouvent dans le royaume de Mari 28' sont mobilisés à uprum. 29' Naguèrez), 30' j’ai indiqué 29' à mon seigneur de faire des présents aux Bédouins. 30' Il faut que mon seigneur leur! fasse des présents et 31'que Bâlêrah prenne la tête de 500 Bédouins pour qu’ils m’arrivent rapidement. 33' Puisse mon seigneur obtenir ce qu’il veut là où il ira ! 34‘ Mais, qu’il prenne soin de lui ! 35' La ville de Mari et le royaume de Mari vont bien. 36' Que mon seigneur ne s’inquiète en rien ! 37' Il faut que des tablettes de mon seigneur m’arrivent régulièrement. 16'

    a) âbum a bilâtim est une expression nouvelle qui devait désigner « le train des équipages », en l’occurrence les soldats chargés du transport. En ce sens elle est parallèle aux lú-me-e a bi-la-tim (ARM I 21 = « hommes de peine », LAPO 16, p. 612) ou à son équivalent idéogrammatique lú a gú (ARM V 80 = « porteurs », LAPO 16, p. 614). b) Le verbe employé couramment pour « aller en Haute-Djéziré » est elûm alors qu’ici est utilisé le simple alâkum. Je dois la lecture il-li-ku-i-im de ce texte à D. Charpin. c) Le êmum d’un lieu désigne sa nature ou sa façon d’être. Ce sens correspond à l'entrée n°7 du CAD , p. 96b et à un passage du Gilgame-e, V 175 = « Tu sais à quoi t'en tenir concernant ma forêt » (amrâta-ma êm qiti-ia). Il est vraisemblable que êmum au sens d'intelligence (humaine ou divine) n'est qu'un aspect de ce sens, c'est ce qui fait l'homme ou le dieu. Les autres exemples du CAD doivent être expliqués autrement : ainsi, dans ARM XXVIII 153, ana êm doit-il être compris comme un alourdissement de ana, analogue à aum êm = aum, etc. Il s'agit d'une simple façon de dire. d) Ce sont les moments de repos où la garde peut se relâcher et une attaque surprise se produire. Alors, les portes du palais ou de la ville sont fermées. Les attaques l'après-midi sont bien connues ; aux moments d'obscurité ou de plus grande chaleur, les textes de tamîtu montrent que la communauté se repliait sur elle-même et abandonnait l’espace extérieur aux forces hostiles. e) i-IB est ambigu. On peut comprendre qu'il s'agit de l'impératif de WB et ib signifierait « Ne bouge pas ! », ou le début de iprum. Il est également possible de voir ici l'expression êpam nakâsum, « empêcher un mouvement », déjà attestée par ARM XIV 86: 27, voire êpam NP. Cf. DBP s.v. (A.430) êpam ip-pu-ú-ma … utîrû-nêti = « On a fait des empêchements et on nous a fait revenir». Quelle que soit l’expression philologique, le sens général paraît néanmoins clair. f) On trouve la même séquence ha-ab-bu-si-im dans ARM XXVI 445: 16 où ìr ha-ab-bu-si-im signifie en fait « serviteur de H. ». Pour cette nouvelle façon de voir, cf. J.-M. Durand, « Le Pirée pour un homme », NABU 2018/09. Ce Habbusum est manifestement le même que celui dont une lettre, TH 72-5, a été publiée par D. Charpin, dans « Une Lettre d'un roi inconnu : Nouvelles données sur le début du règne de Zimri-Lim » dans The Ancient Near East, A Life! (= Mélanges Van Lerberghe), 2012, p. 91 sq. Comme epraru — sans doute à restaurer à la fin de la l. 17 — était roi de Qirdahat (cf. la lettre de Hâlî-hadun, A.2954 (ARMT XXXIV), citée p. 410, n. 47) et Qarnî-Lîm roi d'Andarig, cela indique en gros la région où chercher Habbusum. Il pouvait ainsi être un roi de Qâ-Isqâ antérieur à Yumra-Ila, mais il est moins vraisemblable qu’il ait exercé le pouvoir à Kurdâ avant Simah-ilânê. Ces princes sont ceux que devaient rencontrer Zimrî-Lîm en débouchant en Haute-Djéziré. Le nom de celui à qui est adressé TH 72-5 n'est aujourd'hui plus lisible. Il s'agit vraisemblablement de ZimrîLîm, comme l'ont pensé M. Birot et D. Charpin, car au début des opérations tout semble s'être bien passé entre Mari et ces rois de Haute-Djéziré. Ce n'est que par la suite que la région devait se tourner du côté de Zâziya, roi du Zagros, voire du côté d'Enunna. Qarnî-Lîm en est à un moment où il revendique un accroissement de territoire que le roi de Mari ne pouvait que lui refuser.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    177

    Les l. 22-29 de TH 72-5 peuvent en effet se lire : ù ki-ma {HAR} qar-ni-li-im282, a-u[m] [a-ba-a]t )sa*pí-ra-tim [....-ma ], [ù a-lam a-a-ti ], )a*-n[a ia-mu-ut-ba-lim]ki, ú-a-)lu*-ú-ma, ù i-na la b[u]-ul-tim283, i-pu-[ra]a[k-kum] = « Étant donné que Qarnî-Lîm a émis des prétentions à prendre Sapiratum (et non pas Saggâratum !) et veut annexer cette ville au Yamutbâl, et t'a écrit sans vergogne…». Il faudrait en déduire que la dévolution de Sapiratum au royaume de Mari s'est effectuée (comme on pouvait d'ailleurs le présumer) à l’époque de la montée de Simah-ilânê à Kurdâ. De fait Sapiratum devait être rattachée à Kurdâ avant les conquêtes du RHM, mais nullement à Andarig. Sa possession aurait assuré cependant à Andarig un débouché sur le Moyen-Euphrate inférieur. M.5047 montre Atamrum, lorsque les Babyloniens lui donnent Andarig, y aller directement depuis Sapiratum. Cela a dû produire un grave contentieux entre les rois d'Andarig et de Mari. g) En mot à mot « avant même toi ». h) Sanâqum signifie souvent « s’approcher de façon négative », d'où ses sens d'« inspecter», ou de « morigéner, gronder ». Ici, le terme signifie « s'approcher de façon hostile », donc correspond à notre « menacer ». i) Le verbe ehûm « s'approcher » a ici le sens contextuel de « d'entretenir des relations avec… ». j) Pour Musilân, cf. en dernier lieu M. Guichard, NABU 2006/35. Il s'agit d'une ville située dans le Yapurum. Cette lecture corrige ce qui est lu par RGTC 3 comme *Kulzalanu, en fait Musalanum ; une autre Muzilân serait attestée par la campagne de Yahdun-Lîm dans le triangle du Habur. Faut-il vraiment distinguer les 2 villes ? k) En mot à mot « Prends ces gens dans ta main ». L'expression est figurée et ne peut signifier ici « assure ton pouvoir sur eux ». Le français « avoir la situation bien en main » rend l'image. l) Sakânum indique le fait de « se trouver transitoirement quelque part », à la différence de waâbum qui est « avoir sa résidence normale », « ne pas bouger d'un lieu » (cf. l. 8'). Il est donc normalement utilisé pour l'installation temporaire des troupeaux. m) & n) Illaku et iqês (= iqi'â) sont des inaccomplis au sens d'un duratif dans le passé. o) Bannum prévient le roi contre des traquenards éventuels. Les grandes villes ennemies pourraient lui envoyer des messages pour l'attirer dans un piège. Il faut comprendre : « Ne va pas vers de telles villes sans avoir de moyens militaires lourds (âbum kibittum) ni sans t'avoir assuré une garantie sacrée (les serments sanctionnés par les dieux)…» p) Je dois la lecture du texte i-ba-a-u-ú l. 35 à D. Charpin. q) Le piritum est le « (conseil) secret » du roi. Cf. LAPO 18, index, p. 578b. Ce passage montre sans doute que les chefs nomades en faisaient partie. r) En mot à mot « dans sa poitrine ». Ce terme de irtum remplace ici le libbum attendu. L'image est la même que le latin in pectore dont le français a fait (par l'italien) in petto. s) La racine KBT convoie le sens de « peser lourdement ». CAD K, p. 15a traduit par « to become bothersome » et cite )i-ka*-ab-bi-ta-ak-ku-nu-i (OB) = « il vous devient désagréable ». t) Pour l'emploi de petûm au sens d'ouvrir ses portes », « reconnaître pour son suzerain », cf. [A.1348+] : 9. u) L’expression est nettement au pluriel. Le texte [A.2444] montre que Bannum envisageait deux personnes pour assurer ses fonctions. Sans doute par là-même Bannum préservait-il la candidature de Zakurabum en laissant au roi le choix du second mer‘ûm. v) Je suis une bonne idée de Boris Alexandrov. Le front des opérations dans le désert consistait du côté mariote à tenir les points d’eau sur 4 doubles lieues, alors que tout le reste jusqu’à Ékallatum était tenu par les troupes de ce qui restait du RHM. Le texte oppose abâtum pour les Mariotes et ekêmum pour le RHM (l. 20'). Peut-être fautil en conclure que ekmum était le verbe normal signifiant « tenir militairement » alors que abâtum notait le fait que les sources avaient été prises à l’ennemi par les baa'âtum. Ces 4 doubles-lieux, 8 heures de marche, soit environ 30 à 40 kilomètres dans le désert, indiquent une distance qui permettrait à la résistance des sédentaires de s’organiser. w) L’expression adi bâb revient à signifier « jusqu’à proximité » car il devait certainement y avoir à Ékallatum une grand porte dénommée abullum. On connaît la même façon de dire par la lettre du roi d'Alep au roi de Dêr A.1314 = LAPO 16 251 (ana pâni dîim allakam-ma ina ká abulli-ka appasah = « J'irai avant le printemps m'installer à proximité de ta grand porte ») ; CAD B documente l'expression bb dnim u altim la takaad « N’approchez pas du jugement ni de la querelle ( = d’une querelle qui entraîne un jugement) » x) e-um ullul(um) ne désigne pas une espèce particulière de grain, mais celui dont on se servait comme réserve dans le toit. Le verbe ullulum signifie en effet « to put on top, to place as a top » ; cf. CAD , p. 239b. Cette structure de réserve de grain sous un toit en chaume se voit encore de nos jours. y) On a l'impression « d'un acte manqué », au sens freudien du terme, car on trouve ici ana ri-ia au lieu de ana ri-ka. Il pourrait en être de même à la l. 32', z) S’il s’agit de ce dont il a parlé au début de sa lettre, il faudrait traduire « ci-dessus ». ki

    282 283

    On ne peut néanmoins exclure une lecture ki-ma -har vu l'incertitude des cassures des l. suivantes.

    Il n'y a pas place sur la copie pour le i-na la [i-tu]-ul-tim que propose l’éditeur. L'expression ina lâ bultim rappelle en outre le ina lâ butim de ARM IV 26 (= LAPO 17 534): 27, « sans vergogne ». Le passage de  à l devant dentale existe sporadiquement dès cette époque ; cf. LAPO 16, p. 551 à baltum/batum «gloire », et le terme gibaltum pour gibatu, ARMT XXI, p. 371 n.**.

    178

    Jean-Marie DURAND

    Dans [A.2444], il n'y a pas que des conseils pour bien gérer la campagne, mais aussi des doléances envers Hâlî-hadun et Iêpuk qui ont fait se rebeller des Bédouins. À la fin de la lettre [A.2444], Bannum parle des précautions militaires à l'encontre d'Ime-Dagan, ce qui montre que le document est proche dans le temps de [A.1098] et appartient au moment de l'expédition contre Kahat. Il aborde la question de (deux) nouveaux mer‘ûm à nommer ; sujet développé également dans [A.1098].

    Le début de ce [A.2444] a beaucoup d'aspects énigmatiques, à cause de sa mauvaise conservation mais surtout du fait qu'il parle d'événements anciens, sans doute péripéties mineures dont nous ne sommes, de ce fait, pas informés. L’anecdote tendrait à montrer qu'au moment de la reconquête on a eu tort d'épargner des suppôts du RHM. L'histoire doit être lue avec en arrière-plan les tribulations d'Asqûdum que Bannum appelait « mon prisonnier ». La conduite de Hâlî-hadun à ce moment-là aurait donc dû le faire considérer comme non-fiable. Lors du siège (l. 14) par les Mâr sim'al d'une personne au nom incomplet284 à Garbân285 — lieu qui n'est pas autrement connu —, Hâlî-hadun a apparemment résisté à coups de flèches aux Bédouins mâr sim’al, dont l'un, Lala'ûm, toujours vivant, est encore au service du roi de Mari (l. 1819). Les raisons du pardon accordé à Hâlî-hadun seraient qu'il avait su par la suite se désolidariser du RHM (l. 20-24). Les liens de Hâlî-hadun avec les Bédouins sont évidents ; il est clair cependant, d'après sa correspondance avec Yassi-Dagan, que Bannum ne l'aimait pas et avait essayé de lui faire perdre la faveur royale. Iêpuk lui est associé dans les récriminations de Bannum. Mentionné par ARM II 114 (= LAPO 18 1114), un document du début du règne, envoyé par Addu-dûrî, Iêpuk était encore vivant au moment où débuta la campagne contre Kahat et c'était encore le cas au retour du roi puisqu'il lui a alors prêté serment le 5 vi de ZL 1’286. Cet Iêpuk a dû néanmoins mourir assez vite car il disparaît de la documentation et l'on voit son épouse protester à propos de son « champ » qui devait être donné à Bâlêrah, lequel est sans doute celui qui devait amener 500 Bédouins à Bannum dont il devait être un fidèle et qui est mentionné par [A.1098]: 31'. Il devait reprendre la tâche d'Iêpuk, et cela à l’initiative peut-être du mer‘ûm. Bannum reproche à Hâlî-hadun et Iêpuk dans la lettre [A.2444] d'avoir entrepris de le rendre impopulaire auprès des Bédouins, en l'accusant (apparemment) de grivèlerie. L'accusation a dû porter également sur Zakurabum, qui se trouvait en butte à des critiques malveillantes (l. 7'), mais dont Bannum prend énergiquement la défense (l. 8'-9'). Cela est une rencontre de plus avec [A.1098] (cf. l. 16'). L'affaire n'est pas claire car le début des lignes manque et les restaurations ne sont pas totalement assurées. On comprend néanmoins qu'Iêpuk et Hâlî-hadun avaient entrepris de faire avorter le plan de Bannum d'avoir Zakurabum comme successeur. Des Bédouins dépendaient d’ailleurs de ce dernier. Sa fortune semble en outre avoir été liée à celle de Bannum, au point qu’il a été proposé ci-dessus287 qu'il en fut un proche parent, plus jeune frère ou (peut-être même) fils. Personne dans cette affaire n'était vraisemblablement sans reproches. Dans la suite de la lettre, il s'agit désormais de prendre deux mer‘ûm, ce qui est en harmonie avec [A.1098]: 15' où il était question d'annoncer aux Bédouins qu'on allait leur envoyer des mer‘ûm en échange de Bannum qui devait rester à Mari. C'était sans doute la conséquence logique de l'échec du plan de Bannum de prendre le seul Zakurabum comme successeur. Il ne s’agissait pas de diviser la fonction pour tenir compte de la diversité bédouine, maisbien plutôt de maintenir la candidature de Zakurabum en acceptant quelqu'un d'autre.

    284 Il n'y a pas la place pour restaurer dans la cassure Yasmah-Addu qui demanderait 5 signes. On peut penser à une restauration comme [I la-e]-em, auquel cas Lâ'ûm, le ministre de Yasmah-Addu, pourrait avoir été le père de Hâlî-hadun et Garbân l'endroit où il s'était réfugié au moment de la chute du RHM. Cela expliquerait l'expression « cette maison » (l. 12) qui désignerait celle de Lâ'ûm et à laquelle appartiendraient également Hâlî-hadun et Iêpuk. Ime-Dagan aurait donc dû venger le père de Hâlî-hadun, qui avait été le principal serviteur de Yasmah-Addu. Nous ne possédons, cependant, pas le sceau de Hâlî-hadun qui donnerait le nom de son père. 285 La toponymie israélite offre un parallèle étymologique avec la mention de « la colline de Gareb », dans Jér. 31 : 39. Plusieurs substantifs arabes (cf. Kazimirski, DAF I, p. 273-274) ou autres (cf. Hoftijzer & Jongeling, Dictionary of the North-west Semitic Inscriptions, HdO I, p. 233) conviendraient. Il pourrait s’agir du nom de la propriété. 286

    Cf. J.-M. Durand, « Précurseurs syriens aux Protocoles néo-assyriens, dans Marchands, Diplomates et Empereurs, p. 37. » Cf. ARMT XXIII 238 qui est du 4-v. 287

    Cf. p. 144, n. 245 et M. Guichard, FM VI, p. 154-155.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    179

    La situation politique des Bédouins mâr sim'al n'est pas expliquée dans nos documents mais on doit l'imaginer complexe. De fait, l'existence de plusieurs responsables de Bédouins déjà à la fin du RHM doit s'interpréter comme l'existence de profondes différences au sein de la population nomadique avec la volonté de certains ne pas perdre leur identité en se confondant avec d'autres composantes de leur ethnie. Le départ d'un grand nombre de Bédouins vers le Sûhum, conduits par Asqûdum et Ama, a eu sans doute pour but de séparer des clans qui se sentaient à l'étroit dans la région de la Haute-Djéziré où les pâtures ne devaient plus suffire aux différents troupeaux. De façon concomitante se produisit le rihum des Bédouins avec la nomination d'Ibâlpêl comme mer‘ûm pour un Nord bédouin unifié.

    Quoi qu'il en soit, la décision d'instaurer deux mer‘ûm devait être prise après discussion entre le roi et Bannum. On remarque en particulier l'expression (l. 17') « lorsque … nous installerons (niakkanu) le mer‘ûm qu'il faudra ». Le mer‘ûm est compris comme le guide (a pâna Hana) des Bédouins, mais il faut que le roi voie qui il prend, sans doute après ample réflexion, ce qui limitera à coup sûr l'influence des coteries autour de lui tout en faisant le jeu de Bannum. De la même façon que dans le document précédent, Bannum se donne beaucoup d'importance : ce sont ses commandos qui sont en place, non ceux du roi. Les Bédouins qui occupent le centre du royaume sont ceux du Numhâ et du Yamutbâl, donc ceux de Bannum. Ils tiennent uprum, une des forteresses majeures du royaume et Bannum circule entre Saggâratum et Mari. Là encore, on voit Bannum s'assurer le contrôle militaire, grâce à ses propres forces, de tout le royaume, depuis Mari jusqu'à Qaunân. 65 [A.2444] Bannum à Zimrî-Lîm. Hâlî-hadun et Iêpuk ont inspiré aux Bédouins des idées de rébellion contre lui, comme Bannum en avait averti plusieurs fois le roi. Cela n'est pas étonnant, vu les antécédents de cette maison au moment de la chute du RHM. Bannum en lui laissant la vie sauve, l'avait pris… (…) Affaire de calomnies envers lui-même et Zakurabum. Il faut nommer deux mer‘ûm à la place de Bannum. Tout va bien dans le royaume. Bannum contrôle la région de Saggâratum à Qaunân ; il est actif entre Mari et Saggâratum.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

    )a*-na be-lí-ia qí-b[í-ma] [um-m]a ba-an-nu-um ìr-ka-a-[m]a [i-n]a [p]a-)ni*-tim ki-ma 1-u 10-u a-um a-wa-tim la i-na-ti [I ha-l]i-ha-du-un ù i-í-e-pu-uk [ú-a-ab]-bi-tu-ma pí-i ha-name-e ka-li-u° [e-li-ia] ú-ba-al-ki-tu [a-na e-e]r be-lí-ia á-ta-na-pa-ra-am-ma [be-lí °288a-w]a-ti-ia ú-ul i-qí-e-ep [ù i-n]a-an-na a-wa-tim ka-la-i-na [a p]í-i ha-name-e ú-ba-al-ki-tu [ki-ma wa-t]ar-tum be-lí i-ta-mar-i-na-ti [ù e#-e]m bi-tim a-a-ti be-lí-ma° i-de [ù i-n]u-)ma* ha-name-e i-na ga-ar-ba-anki [o-o-o]-IM il-wu-{Ú}-ú [lú u-ú i-n]a i-il-ta-hi a-na pa-an dumu si-im-a-al [iz-zi-iz-ma] la-la-a-'a4-am ù a289-sa-am [ki-la-li-u-n]u im-ha-a [an-ni-i la-l]a-a-'a4-am be-lí li-a-al [a-um ki-m]a i-na i-il-ta-hi-im im-ha-ú-u [ù ki-ma i]t-ti i-me-dda-gan a-na ni-iq-mi a a-bi°-u 288

    Il n’y a pas de place pour a-na.

    289

    Sans doute sur une érasure du SA anticipé.

    180

    22 24

    Jean-Marie DURAND [na-qa-mi la i]l-tu-ka-am-ma [sa-li-mam a-n]a dumu si-im-a-al i-i-ma [ù a-na-ku] na-pí-i-tam ad-di-in-um […………] él-qé-)u* (F. = 1 l. ; Tr?. = 2 l. ; Rev. = 1 l.)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ 14’ 16’ 18’ 20’ 22’ 24’ Tr. 26'

    [a-na lú-me-e ha-na an-né-tim id-bu]-ub ù i-é-p[u-uk] [pí-i ha-na e-li-ia] ú-ba-al-ki-it [um-ma u-ú-ma kù-babar] i-ki-im pí-i ha-na e-li-ia ú-ba-al-ki-it [ù a i-é-pu-uk] it-ti ha-na i $(E)-pu-u be-lí i-ta-mar [ú-ul 1-ma túgma]-ar-da-tum° a it-ti ha-na il$-qú-ma [a-na di-in na-p]í-i-tim be-lí i-ki-im-u [a-ki-il kar-i e]-li za-ku-ra-a-bi-im i-ba-a-i [ù ú-ul] ú-ha-a-ì igi290 ha-na sú-ni-iq-u-)ma*291 a-al-u [i-na p]a-)ni*-)u*-)nu* {X X } [i-na u#]-)mi* ha-na ta-ta-ap!-la-sú-ma li-ba-u-nu tu-né-eh-hu [lú a] u-ta-a-bi-tu-ma na-pí-i-ti is-hu-ru [i-na pí]-im a ha-name-e li-du-ku-u [ù-l]u li-ik-su-ni-u-ma i-na pa-ni-ka li-it-ru-ni-i-/u [ù] a-na me-er-hu-tim ma-am-ma-an la ta-a-ka-an { X X X } 2 lú a-na wa-ar-ku-ti-ia u-ku-un a-na ma-riki ta-ka-a-dam-ma ak-ki-ma ni-i-ta-lu-ma [l]ú me-er-he-em a )a*-ka-nim ni-a-ka-nu [be]-lí a p[a]-an ha-na i-)ta*-ap-lu-si°-im i-na qa-ti-u li-i-ba-at mi-im-ma li-bi be-lí-ia an-ni-i la i-na-hi-id a-lum4(LAM) ma-riki é-há dingir-me-e ù a-ah pu-ra-at-tim a-al-mu ba-a-'a4-tu-ia i-tu sa-ga-ra-tim° a-di qa-ú-na-a°ki a-ak-na 4-àm bé-ri bu-ra-tim ú-ka-al-lu ha-name-e nu-um-ha-a ù e-mu-ut-ba-al a i-na a-ah pu-ra-tim [i-na] ú-up-ri-im° p[a-h]i-ir )ù* a-na-ku a-)lam* i-te-en [ú]-ul ú-a-ab [bi]-ri-it ma-riki ù sa-ga-[r]a-tim at-ta-na-/la-ak 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Précédemment, dix fois comme une seule, 7 j’ai envoyé des message(r)s à mon seigneur 3 au sujet du fait que 4 Hâlî-hadun et Iêpuk 5 avaient tenu 3' des propos scandaleux et 6 qu’ils avaient fait changer d'avis 5 à tous les Bédouins 6 à mon égard, mais 8 mon seigneur ne croyaita) pas mes propos. 9 Or maintenant tous ces propos 10 qui sont cause du changement d'avis des Bédouins, 11 mon seigneur vient de constater b) que ce n'est que mensongesc). 12 En outre, mon seigneur lui-même sait ce qu'il en est de (cette) Maison. 13En effet, alors que les 14 Bédouins avaient encerclé …-Addu/Lâ'ûm 13 à Garbân, cet individu 16 s’est tenu face aux Mâr sim’al avec des flèches et Lalâ’ûm et Asûmd), il les a frappés tous les deux. 18 Là où il est, mon seigneur peut demander à Lalâ’um 19 comme quoi il l’a frappé avec une flèche. 20 Or, comme 21 il n'a pas essayé dee) venger 20 son père avec l’aide d’Ime-Dagan, 22 qu'ilf) a « levé la non-agressiong) » avec les Bédouins Mâr sim’al 23, alors, je lui ai accordé la vie sauveh), 24 je l’ai pris … 3

    (Lacune de 4/5 lignes.)

    290

    I sur érasure de HA.

    291

    Ces deux derniers signes sur érasure.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    181

    0

    « … .» 1' Voilà ce qu'il a dit aux Bédouins. Ainsi Iêpuk 2' a fait changer d'avis aux Bédouins en ce qui me concerne. 3' Il a dit : « Il a pris l'argent. » Il a fait changer d'avis aux Bédouins en ce qui me concerne. 4' Or mon seigneur vient de constater ce qu'Iêpuk a fait avec les Bédouins. 5' Ce n'est pas qu'une seule mardatum qu'il a reçue des Bédouins et 6' mon seigneur s’est saisi de lui pour une faute capitale. 7' Il y a un calomniateur à l’encontre de Zakurabum. 8' mais, il n'a pas commis de faute : mets-le à l’épreuve par devant les Bédouins ; 9' interroge-le devant eux. 10' Le jour où tu verras les Bédouins et que tu apaiseras leurs cœurs, 11' celui qui a entrepris de menacer ma viei), 12' qu'on le tue si le disent les Bédouins, 13' ou alors qu'on le ligote et qu'on l'amène par devers toi. 14' En outre, à la charge de mer‘ûm n'installe personne : 15' installe 2 hommes pour me succéder. 16' (Lorsque) tu arriveras à Mari, et que, en accord avec notre réflexion, 17' nous installerons le mer‘ûm qui conviendra, 18' mon seigneur devra s'assurer de l'opinion des Bédouinsj). 19' Il ne faut pas que là où il est mon seigneur s'inquiète : — 20' La ville de Mari, les temples et le royaume ça va. — 21' Mes commandos sont installés depuis Saggâratum jusqu’à Qaunâ(n). 22' Ils tiennent les puits sur chaque fois deux doubles lieues. 23' Les Bédouins du Numhâ et du Yamutbâl qui (se trouvent) dans le royaume 24' sont mobilisés à uprum. — 25' Moi-même je ne réside pas dans une seule ville : 26 je fais la navette entre Mari et Saggâratum. Note: plusieurs expressions de ce texte sont peu usitées ou inédites dans la langue courante de Mari. a) Inaccompli pour noter le duratif dans le passé. b) Le verbe amârum a ici le sens « de connaître de visu, constater ». c) Le singulier (wa-ta-ar-tam-ma qabûm « exagérer ») se trouve aussi dans ARM IV 58 (= LAPO 18 1052): 19. Cela correspond à Mari à wutturum ; d'habitude c'est le pluriel watrâtum qui est employé. Cf. DBP, s.v. « Ce que j'ai écrit, ce n'est pas exagéré (= ûl wa-at-ra-tum) ; « c'est exagéré ! » = wa-at-ra-tu-um-ma ; « prêter foi à des mensonges et des exagérations » ana sarrâtim u wa-at-ra-tim qâlum. d) Le NP la-la-a-'a#-am est sans doute l’accusatif de la-la-ú-um (nom.) de ARMT XXII 71 : 7 (collation ; un serviteur de la maison d'Apil-kîn) et de la-la-i-im (gén.), ARMT XIII 85 : 5 (batelier d'Alep) ; le lieu-dit é la-la-i-im (é la-la-i-imki) dans la région de Dûr Yahdun-Lîm est peut-être la région où un Lalâ'um s'était installé. Un NP Asûm est connu par ARM VIII 13 : 6’. e) La construction de latâkum + ana = « essayer de… », se retrouve dans ARM II 30+ (= LAPO 17 581) : 7. Pour l’expression niqmam naqâmum, cf. dans ARMT XXXIV [A.4338] niqim-ni i nittaqqam = « vengeons-nous ». f) Ces « il, lui » (l. 22, 23) renvoient sans doute à Hâlî-hadun, non nommé selon les habitudes de l'époque. g) Pour cette expression salîmam naûm, cf. ici-même, [A.842] : 46. h) Napitam nadânum n'est pas une expression courante à Mari (cf. CAD N/1, p. 298a) qui utilise plutôt bulluum ; pour « épargner » on attendrait napitam gamâlum. J'ai donc eu recours à une traduction qui garde son aspect inusité à l'expression. i) Un lú a est restauré dans la cassure car dans u-ta-a-bi-tu-ma na-pí-i-ti is-hu-ru je vois des subjonctifs coordonnés par -ma. La forme III au parfait de BT est connue en endiadyn pour signifier « se mettre à, entreprendre » (cf. simplement CAD , p. 39a quoique à une époque plus récente que celle des textes de Mari). Sahârum « faire le tour de…» (de façon menaçante) est bien connue dans la tournure itât- sahârum. Pour l’expression itât napitim sahârum « menacer la vie de quelqu'un », cf. la citation de A.4533-bis (ARMT XXXIV), p. 214. j) pânam itaplusum signifie ici « sonder les intentions de quelqu'un », sans doute exactement « regarder dans les yeux, chercher à connaître l'expression de ». L'expression est néanmoins d'un usage plus large. Cf. ARM I 100 = LAPO 17 744, où elle signifie « donner audience » ou, encore, AbB 6 93 où elle a un sens proche d'« inspecter ».

    Dans [A.2072], il n'y a pas mention explicite d'un déplacement du roi vers la Haute-Djéziré, mais le texte doit être lu en relation à [A.3314] qui lui est étroitement apparenté, tout en lui étant sans doute postérieur. Le roi y réclame des renforts. L'affaire du « coffre portable » peut faire dater le texte du moment où Asqûdum était chargé des bagages du roi (cf. ARMT XXVI 5: 55-56), donc de l'expédition qui devait voir la prise de Kahat.

    182

    Jean-Marie DURAND

    Il y a eu des difficultés à réunir la troupe qui devait faire réaliser son entreprise au roi. Sumu-hadû se présente nettement dans ce document (cf. l. 3'-6') comme un civil alors que les affaires militaires relevaient de Yasîm-Dagan (l. 7'-8') que l'on sait effectivement avoir été un général292. Le fait que Sumuhadû propose d'envoyer le reliquat de la troupe de Saggâratum est en accord avec le fait que c'est de cette ville que sont parties les expéditions pour le Nord. Quelle que fût l'importance de s'assurer la maîtrise du Nord, les administrateurs du royaume ont pris grand soin de ne pas dégarnir la forteresse de Saggâratum où l'on attend une centaine de Bédouins conduits par Ibâlpêl pour compenser l'envoi de troupes fraîches vers le Nord. Cela montre que les Bédouins représentaient un appui non négligeable mais qu’ils valaient plus par leur force physique que par leur technique militaire, ce qui, en revanche, pouvait être le fait de ceux qui constituaient le pihrum. Il faut peutêtre aussi comprendre que l'on commençait à réaliser à Mari que le mécontentement des Mâr yamîna, dont plusieurs signes avant coureurs étaient signalés par, ou à, des responsables mariotes, allait déboucher à plus ou moins brève échéance sur une rébellion généralisée, et cela au sein même du royaume. 66 [A.2072] Sumu-hadû au roi. Le roi (s'est plaint de ce que), à part Asqûdum… (Lacune). Les autres notables ne se trouvent pas devant lui. Constitution de la troupe : rôle militaire dévolu à Yasîm-Dagan. Possibilité d'envoyer de la troupe sur la garnison de Saggâratum si 100 Bédouins sous la conduite d'Ibâlpêl viennent en renfort.

    2 4 6 8 10

    [a-n]a be-lí-ia qí-[bí-ma] [um]-ma su-mu-ha-d[u-ú] [ì]r-ka-a-[ma] up-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-me a-um lú-me-e we-du-tim a igi be-lí-ia la [w]a-a-bu be-lí ki-a-am i-pu-ra-am um-ma-a-mi ul-la-nu-um às-qú-di-im [a a-n]a pí gi-pisan u a ma-ah-ri-u […………]-it i-ip-ri-im [……………………]-uZ (Lacune non précisable.)

    Rev. 2' 4' 6' Tr. 8' 10' C. 12'

    [ma-am-ma]-an i-na lú we-du-tim [ma-ah]-ri-ia ú-ul wa-i-ib a-ni-tam a-um a-bi-im pí-ih-ri-im a be-lí i-ta-na-pa-rù° (A) mì°-na-am a pí-ih-ri-im a-na-ku i-de ia-si-im-dda-gan li-il-li-kam-ma a-ba-am li-il-pu-ut ú-la-[u-ma] um-ma be-lí i-qa-ab-bi a-[ba-am] a ha-AL°-a sa-ga-r[a-timki] lu-ú-pu-ur 1 me a-b[a-am] [i]t-ti i-ba-al-pí-AN [a-na ma-a-ar-tim] a ha-al-í-im a-a-tu [be-lí li-i-ru-ud] 1

    292

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur.

    Pour le rôle de Yasîm-Dagan, cf. [A.3314] et la correspondance de Hâlî-hadun dans ARMT XXXIV.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    183

    4

    J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 6 Mon seigneur m'apprenait ceci, 5 au sujet des chefs de servicea) qui 6 ne se trouvaient pas 5 devant lui : « 7 Mis à part Asqûdum 8 qui 10 … 8 pour le coffre portableb) qui est devant lui, 9 le … du travail … (Lacune non précisable.) 1'

    Il n’y a personne parmi les chefs de service 2' qui se trouve devant moic). » Autre chose : au sujet des gens 4‘ mobilisés 4' qui font l’objet constant des messages de mon seigneur, 5' que 6' sais-je, moi, 5' des mobilisés ? 6' Yasîm-Dagand) 7' doit venir et 8' enrôler la troupe. Ou bien, 9' si mon seigneur le dite), 11' il faut que j'envoie 9' des gens 10' de la province de Saggâratum. 13' Mon seigneur doit expédier 11' une centaine de gens 12' avec Ibâlpêl pour la garde 13' de cette région. 3'

    Note : ce texte ne m'est connu que par une transcription de G. Dossin. Les différences d'avec son manuscrit sont en texte souligné. a) Le terme de wêdûtum représente les « notabilités », le plus souvent les « chefs de service » à la tête de l'administration palatiale, ce qui est en accord avec ce que l'on sait des activités d'Asqûdum au début du règne. Il est possible que le roi constate que, seul des dignitaires du royaume, Asqûdum lui assure son soutien. C'est peut-être aussi l’indice que plusieurs grands personnages du royaume sont, encore à ce moment-là, attentifs à Bannum. b) Pour le coffre portable du roi, cf. ARMT XXVI/1 5 l. 55-57. L'expression gi-pisan u désigne « le coffre avec des poignée(s) ». c) L’état de la tablette rend difficile la détermination de la fin des propos du roi. Elle se trouve peut-être dans la cassure et on a en fait ici (l. 1') des paroles à attribuer à Sumu-hadû qui assurerait au roi que ceux qui ne sont pas « devant le roi » ne sont pas chez lui. d) Yasîm-Dagan fait l'objet dans ARM XVI/1, p. 229 de plusieurs entrées parmi lesquelles, à part le messager de Qana (ARM IV 27 & ARM V 26), les n°2 & 3 peuvent désigner le même homme. [A.345] le montre actif à la Forteresse de Yahdun-Lîm et [A.332] parle de la mort de quelqu’un de son nom. ARM X 173 (= LAPO 1210) montre bien son statut d'époux de Bahlatum et de commandant militaire, puisqu'il fait partie des cadres du contingent mariote envoyé à Babylone. Plusieurs documents illustrent clairement son activité de militaire comme ARM II 100 = LAPO 633. (lettre conjointe avec Asqûdum) ou ARM II 140 (= LAPO 854), lettre d'Aqba-hammu.

    [A.3314] doit être du moment de l’expédition de Kahat. Il s'agit d'envoyer en renfort de la troupe du district de Saggâratum, où il y a encore 200 mobilisés disponibles, gens dont les bons sentiments sont assurés (dameq, l. 16). Ibâlpêl, le chef mâr sim’al arrivé trop tard pour partir avec l'armée royale (cf. [A.13]), doit prendre la tête de ces renforts. Il pourra choisir la meilleure moitié (l. 14-15) des effectifs. La troupe doit partir avec un devin, mais la mention que ce dernier ne doit pas être étranger est en accord avec ce qui est dit dans ARMT XXVI 5. Par « devin étranger » il faut sans doute comprendre ceux qui ont été en fonctions sous le RHM, ce qui est d'ailleurs compréhensible si les renforts vont s'affronter en Haute-Djéziré aux restes de la puissance militaire du RHM. Le devin semble avoir été Yassi-Ilum, déjà connu par son intervention sur des présages arrivés de Tuttul (cf. ARMT XXVI 153 repris dans XXXIV). 67 [A.3314] Sumu-hadû au roi. Il y a 200 soldats à Saggâratum. Sur autorisation du roi, il enverra un message(r) pour qu'Ibâlpêl en choisisse la moitié. Un devin étranger ne doit pas être affecté à cette troupe.

    2 4 6 8 Tr. 10

    a-na be-lí-)ia* )qí*-bí-ma [u]m-ma su-mu-ha-du-ú [ì]r-ka-a-)ma* )a?-na?* a-bi-im a )it*-ti I )i*-[ba-a]l-pí-el? i-la-ku a be-lí i-pu-ra-am 2 me pí-ih-[rum] a ha-la-a[ sa-ga-ra-t]imki um-ma be-lí [i-qa-ab-bi]

    184

    Jean-Marie DURAND

    lu-ú-pu-u[r-ma] Rev. 12 )ù*? i-na 2 me a-bi-i[m] pí-ih-[ri-im] 1 me a-ba-am i-ba-al-pí-)el?* 14 i-ti-na-a i-na ú-ba-nim li-is-sú-uk-ma 16 )li*-it-ru a-bu-um u-ú ma-di-i da-me-eq [i-na-an-n]a as-sú-ur-re 18 [it-ti l]ú-má-u-gíd-gíd a-hi-i[m] [a-na a-i]a-bi-im i-à-ar-r[a-du] 20 [I ia-as-s]i-AN lú-má-u-gíd-[gíd] Tr. [lú tù]-)tù*?-ul ki 22 )li*-)il*?)qú?*-)ma* it-ti a-bi-im 24 li-il-li-ik C. [lú a-nu-u]m la i-la-ak 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Pour les gens qui 6 doivent aller 5 avec 6 Ibâlpêl, 7 objet du message de mon seigneur, 8 (il y a) 200 mobilisés 9 du district de Saggâratum. 10 Si mon seigneur le dit, 11 je peux envoyer un message 13 pour qu'Ibâlpêl 15 choisisse 14 un par un « sur le doigta) » 13 une troupe de 100 12 sur celle des 200 mobilisés 15 et 16 (l’)emmène : ces gens ont d'excellentes dispositionsb). 17 En fait, il ne faudrait pas 19 qu’ils soient expédiés à l’ennemi 18 avec un devin étranger. 20 (C'est) Yassi-Ilumc), le devin 21 de Tuttul 22 (qu')on doit prendre 24 pour aller 23 avec la troupe. 25 Un autre individu ne doit pas aller (avec eux). 5

    a) Ina ubânim : il s'agit de choisir les meilleurs soldats ; le contexte invite à deux sens possibles : « sur l’instant » ou « minutieusement ». Comme le doigt en Babylonie désigne quelqu’un en bien ou en mal (tiri ubânim), l'expression peut signifier « avec soin ». Cet emploi n’est pas mentionné dans CAD U, s.v. b) DMQ note plus la qualité humaine que la technicité ; il doit s'agir de gens dont le dévouement à la cause royale est assuré. c) Pour ce devin, cf. ARMT XXVI/1, p. 254. D'après ARMT XXVI 153, l'individu était employé à Tuttul, écrite ici Du(d)dul (cf. FM 2 107 : 9).

    3.8 La fin de Bannum La mésentente entre le roi et Bannum était aiguë au moment de lettres comme ARM XXVI 5 et 6 ; pleines d'aigreur, elles montrent que le mer‘ûm sentait alors le pouvoir lui échapper au profit d'autres conseillers du roi, ce qui a été pour une bonne part l’œuvre d’Asqûdum. 3.8.1 La montée en puissance d'Asqûdum Asqûdum était, lui-même, une personnalité du RHM, sans doute de second rang, puisqu'il n'avait épousé qu'une princesse mariote, fille de Yahdun-Lîm293. Il avait déjà néanmoins une indéniable puissance de nuisance puisqu’il avait su s'attirer les faveurs du grand roi294. Le fait que Bannum en parle comme de son prisonnier, montre bien cependant qu'il n'avait pas fui la capitale avec les Ékallatéens. Sa capture par Bannum reste un épisode non documenté de la fin du règne de Yasmah-Addu. 293

    Pour les « filles de Yahdun-Lîm » sous le RHM, cf. N. Ziegler, « A questionnable daughter-in-law », JCS 51, 1999, p. 55 sq. Ces mariages de hauts fonctionnaires du RHM (en particulier Asqûdum ou Itûr-Asdû) avec des filles de Yahdun-Lîm ne sont pas directement documentés. Ils doivent avoir précédé la chute de Yasmah-Addu car il est difficile d'imaginer que Zimrî-Lîm ait pu donner ses « sœurs » à des fonctionnaires d'un ordre révolu. 294

    Cf. ARMT XXVI 4, lettre de Lâ'ûm montrant Asqûdum allant faire son rapport à Samsî-Addu. Il avait donc un accès direct au grand roi et pouvait inquiéter ceux qui étaient en poste à Mari. Peut-être avait-il été chargé d'une mission de surveillance à Mari par Samsî-Addu lui-même.

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    185

    L'accession au trône de celui qui se trouvait être désormais son beau-frère a changé complètement sa carrière. Tout comme Hâlî-hadun (cf. [A.2444]), il a dû se rallier au vainqueur, en bonne partie en voyant le défaitisme des forces du RHM, mais aussi en faisant le pari du nouveau régime. C'est lui qui marque les premiers documents que l'on ait pour le nouveau règne, avec ses petits billets où son sceau le proclame « serviteur de Zimrî-Lîm ». Il était alors encore cantonné dans un rôle de devin. Les rapports entre Asqûdum et Bannum avaient apparemment commencé à être bons, comme le montre la fin de [A.416] (l. 26-30). Asqûdum, en tant que devin chargé du centre du royaume, avait pris les oracles pour la capitale, mais il devait porter jugement sur ceux de la région de Bannum, lequel paraît avoir alors été à Terqa, Saggâratum et la Forteresse de Yahdun-Lîm, ce qui correspond à la zone d’activité où il accomplissait la têbibtum, au début de l’an 1 de Zimrî-Lîm ; qu’Asqûdum fasse acte de divination montre en tout cas qu’il n’était pas encore en charge des affaires de l’État. Les « agneaux », c’est-à-dire les parties ominales, doivent, selon Bannum, arriver à la capitale dans les 3 jours : il faut comprendre, par-là, que les techniciens de la capitale regarderaient la valeur de ces présages « pris de près ». La mention de ces « 3 jours » montre que Bannum n’est pas à l’immédiate proximité de Mari et qu'il est même peut-être à la Forteresse de Yahdun-Lîm. L’ennemi (l. 9) dont on craint une attaque pouvait être Ime-Dagan dont on redoutait encore une intervention et contre lequel on voit plusieurs mesures être prises par Bannum au moment de l'expédition contre Kahat, ou ceux qui avaient brûlé le palais de Tuttul et que Bannum surveillait tout en faisant la têbibtum. Dans le texte [A.416] on remarque également l’absence de mention du roi, alors que c’est lui qui devrait être renseigné sur des résultats hépatoscopiques et donner l’autorisation d’occuper ou non une maison. Bannum agit ici en chef de l'État et considère Asqûdum comme son devin. Si le texte date réellement de la têbibtum, le roi est bien à Mari mais ne participe à aucune décision politique. Le fait que le devin ait pris deux maisons montre ce que devait être la situation dans la ville après sa conquête et son évacuation par les Ékallatéens. Les anciens dirigeants avaient perdu leurs hôtels et les tenants du nouveau régime s’y étaient installés. De la même façon, îbtum à son arrivée à Mari depuis Alep était censée recevoir pour sa « demeure » l'hôtel (bîtum) de Mut-Bisir295, une des principales figures militaires du royaume de Yasmah-Addu. Asqûdum avait apparemment choisi pour lui d’abord le « petit palais oriental » (en fait la vieille résidence shakkanakku), ce qui révèle, sinon son appétit de pouvoir, au moins son rang : il s’y était installé avec deux princesses royales, son épouse (Yamâma) et une belle-sœur (la prêtresse Inib-ina). C’est là qu’on a en effet retrouvé ses papiers du début du règne296. Sans doute Asqûdum a-t-il jugé qu’il y avait à Mari une maison plus confortable (damqum, l. 23) où il est allé élire domicile. 68 [A.416] Bannum à Asqûdum. Asqûdum avait pris les oracles pour la région de la capitale et comme ils étaient défavorables, il avait conseillé de les faire prendre pour les deux provinces d’amont. C'est fait et les pièces oraculaires arriveront bientôt chez Asqûdum. Asqûdum a dit avoir deux « maisons » ; il doit en choisir une qui ne lui sera pas contestée.

    2 4

    a-na às-qú-du°um° qíbíma um-ma ba-nu- um-ma up-pa-ti-ka a tu-a-bi-la[m] e $-mé ki-a-am ta-a-pu-ra-[am]

    295

    Cf. J.-M. Durand, « Une maison pour iptu à Mari », NABU 2004/52. G. Chambon me signale que le « domaine de Mut-Bisir » est attesté jusqu’en ZL 5’. 296

    Cf. D. Charpin, « Patron and Client…», The Oxford Handbook of Cuneiform Culture, 2011, p. 248-269.

    186

    6 8 10 12 Tr. 14 16 Rev. 18 20 22 24 26 28 30

    Jean-Marie DURAND um-ma at-ta-a- [ma] te-ER°-tim a-na u-lum h[a-la-a ma-ri]ki e-pu-ú-ma te-re-t[u-ia la-ap-ta] gìr na-ak-ri-im i[t-ta-a-ki-in] ù te-re-tim a-na te[r-qaki] sa-ga-ra-tim ù bàd)ki*[ia-ah-du-l]i-im a u#-mu°-kam ú-lu it[i° u# 30-ka]m u-pí-i ak-ki-ma na-a-pa-ar-ti-ka te-re-tim ú-e-pé-e $(I) sila#-há a ta-a-pu-ra-am wa-ar-ki up-pí-ia an-ni-im a-na u# 3-kam i-ka-a-d[u-n]i-kum a-ni-tam a-um é-ka a ta-a-pu-ra-am i-n[a p]a-ni-tim- ma ki-a-am ta-aq-bé-em um-ma at-ta-a-ma 2 é-tim a-ba-at 1 é da-am-qa-a[m] a-a-ba-at-ma 1 é ú-wa-a-a-a[r] an-ni-tam ta-aq-béem i-na-an-na é-tam a i-in-k[a] ma-ahru tu-ú-aab ma-am-ma-an a-na é-ka ú-ul i-e#-eh-he

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 7 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 179. 1

    Dis à Asqûdum : ainsi (parle) Bannum. J’ai pris connaissance des tablettes de toi que tu m’as fait porter. 5Tu m’apprenais ceci : 8 « J'ai 7 pris les présagesa) pour savoir comment allait la région de Mari. 8 Les présages étaient mauvais : 9 il y avait la (marque) « pied de l’ennemib) ». 10Donc, 13 fais prendre 10 les présages pour Terqa, 11 Saggâratum et la Forteresse de Yahdun-Lim, 12 pour des joursc) ou pour le mois complet. » 13 Selon 14 ton message, 15 je ferai prendre (ueppe, D. Ch.) les présages. 16 Les « agneauxd) », objet de ta lettre, 18 te parviendront deux jours révolus 17 après cette tablette de moi. 19 Autre chose : 19 au sujet de ta maison, objet de ta lettre, 21 voici ce que tu m’as dit 20 naguère : 23 « J’ai pris 22 deux maisons. 24 Je prendrai 23 la maison agréable 24 et j'en laisserai une ». 25 Voilà ce que tu m'as dit. 26Maintenant, la maison qui te 27 plaît, 28 tu (l’)habiteras ; 29 nul 30 ne s’approchera 29 de ta maison. 4

    a) Il y a sans doute une faute dans le texte où le signe ER est mis pour RE ; il faut lire : te-re!-tim, car la vérification-piqittum nécessaire pour que les présages soient valides entraîne le pluriel. b) Correction également vue par W. Heimpel, op. cit., p. 179, n. 20. Il s'agit d'une marque ominale. c) L'expression u#-mu-kam n’est pas documentée ailleurs. Dans ARMT XXVI/1, p. 93, n. b), j'ai proposé que ce fût une façon de dire « selon le procédé u# x-kam », soit « en fonction d’un certain nombre de jours », ce qui a été repris par le CAD U, p. 155a. À cette pratique s’oppose la prise oraculaire normale, par mois entier (iti u# 30-kam). La compréhension de W. Heimpel, ibid., suppose un texte qui serait *u#-(há) mu-1-kam. Aucun présage, en outre, n'était pris pour telle durée. Une prise oraculaire pour iti 6-kam reste exceptionnelle : dans ARMT XXVI 88, elle se produit dans une période de grand calme. d) Ces « agneaux » représentent les parties ominales examinées au cours du sacrifice, envoyées à la capitale à l’attention des techniciens. Ces « pièces à conviction » étaient traitées (arâpum, cf. XXVI/1, p. 52) pour pouvoir être examinées après envoi.

    Dans les oppositions qu'a rencontrées Bannum, il faut certainement voir la convergence de plusieurs intérêts : d’abord, celui du roi qui était pratiquement mis en tutelle et devait être impatient de se débarrasser d’un ministre compétent, mais despotique. Il faut tenir compte ensuite de ses mauvais rapports

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    187

    avec plusieurs serviteurs du roi qui seront après lui du premier rang. Les textes édités ci-dessus montrent Bannum en mauvais termes avec des gens comme Sumu-hadû, Zû-hadnim et Iêpuk. Hâlî-hadun était également sévèrement pris à partie (cf. ARMT XXXIV). Mais, il faut tenir compte certainement du désir d'Asqûdum, lui-même, d'accéder aux affaires. Sa fonction de devin, plus que sa qualité de beau-frère du roi, devait lui permettre de voir régulièrement le souverain et de lui donner son avis sur la conduite des affaires. Les textes publiés ci-dessus incitent à supposer qu'il a su profiter des absences du ministre pour se rendre indispensable. Les griefs de Bannum à l'égard d'Asqûdum sont abondamment développés dans ARMT XXVI 5 & 6. Il y avait, en premier lieu, suspicion que le devin, une créature du régime ékallatéen, donne « quitus ominal » à des fonctionnaires de l’Ancien Régime en les déclarant aptes au service du nouveau roi alors qu’ils étaient toujours suspects de fidélité envers Ime-Dagan. Bannum dénonce le fait avec vigueur, alors que rien n'apparaît encore à ce propos dans [A.416]. En fait, ce mauvais procès venait, sans qu’il en soit fait état de façon explicite297, de l'appétit de puissance d'Asqûdum que l'on voit jeter son dévolu sur la partie la plus riche de l'alvéole de Mari, celle du nord-ouest, où il convoite Hiamta d'abord, puis Milân au moment du règlement de la rébellion298. 3.8.2 Sumu-hadû contre Bannum [M.6250] est un document très important pour la fin de Bannum et il faut regretter que son état de conservation n'en rende pas la lecture complètement certaine. Sumû-hadû semble, selon cette lettre, avoir agressé Bannum en l'assurant de son impopularité générale (l. 13-14). De fait, le roi ne devait pas apprécier ce que répétait haut et fort Bannum, comme quoi il avait restauré la dynastie, si — comme cela est très vraisemblable — les l. 21-25 doivent lui être attribuées. Bannum le proclamait déjà sur son sceau personnel et l'avait d'ailleurs écrit lui-même au roi, lequel devait, pour sa part, considérer que reconnaître l'aide divine suffisait. Sumu-hadû n'a pu tenir un tel discours au mer‘ûm qu'avec l'aveu du roi. Il faut donc voir en lui celui qui a été chargé de porter le coup de grâce à Bannum, Asqûdum restant alors dans l'ombre. Cette lettre fait assister à la fin de la toute-puissance de Bannum. Ce n’est plus le moment où le roi prenait les initiatives qui déplaisaient tant au mer‘ûm, mais celui où était assurée la victoire sur Kahat (réalisée ou sur le point de l’être). À la date de [M.6250] le roi devait se trouver encore en Haute-Djéziré. Le thème essentiel de ce document est que le pouvoir du roi est sans limite (l. 17-20). La charge de Bannum dépend désormais de la décision royale, d’autant plus que le mer‘ûm s'est rendu impopulaire. Bannum doit venir s'expliquer devant le souverain. À l'époque de [M.6250] il est toujours en poste. Il n'est cependant pas à Mari et sans doute en quasi-disgrâce. Il ne suffisait pas en tout cas de communiquer avec lui par courrier : Sumû-hadû s'était donc personnellement déplacé pour avoir une entrevue avec lui, ce qui montre l'importance que le mer‘ûm avait gardée dans le système étatique. Bannum, en fait, ne s’était nullement laissé impressionner. Sans doute pensait-il en imposer au jeune roi à son retour, sans deviner à quel point Zimrî-Lîm serait déterminé à lui faire perdre la partie. On remarque dans ce document des expressions étonnantes : comment Sumu-hadû peut-il dire qu'il va faire entrer Bannum au palais, à moins que le lieu du mer‘ûm ne fût ailleurs ou que sa disgrâce n’ait commencé par une relégation chez lui ? Pour l'entrevue avec le roi, Bannum dit en tout cas à Sumûhadû (l. 35) « Allons ensemble à Mari ! » Bannum pouvait donc être chez ses Bédouins sous la tente, ou à uprum. Le lieu où il se trouve, l. 8, est dénommé irum, mais on n’en précise pas la situation. [M.6250] donne l'impression qu'en l'absence du roi, Sumu-hadû a déjà pris le pas sur Bannum. La fin de la lettre concernant Dâdî-hadun est trop allusive. Vu la date (première partie de ZL 1), il est possible qu’il s’agisse d’une intervention du Rabbéen à Alep en vue de l'alliance dynastique. 297

    Asqûdum n'est accusé par Bannum que de préparer la voie vers des postes administratifs aux anciens fonctionnaires du RHM alors qu'en fait c'est surtout pour lui-même qu'il a dû utiliser sa technique divinatoire. Sumhu-rabi qui est clairement un notable du RHM ne revient au pouvoir qu'après Bannum. De même pour Itûr-Asdu qui n'est appointé à Mari qu'après la disparition du mer‘ûm. 298

    Cf. ici-même, p. 368 et ARMT XXXIV.

    188

    Jean-Marie DURAND 69 [M.6250]

    Sumû-hadû au roi. Il a fait la leçon à Bannum en termes rudes en l'assurant de son impopularité et lui annonce la fin de son pouvoir. Le roi est seul juge de sa durée et, par ailleurs, Bannum se vante trop. Le mer‘ûm, sans se laisser impressionner, envisage une confrontation avec Sumu-hadû devant le roi. Bonnes nouvelles, en revanche, concernant le roi des Rabbéens.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 Tr. 24

    a-na be-lí-)ia* [qí-bí-ma] um-ma su-mu-ha-d[u-ú ìr-ka-a-ma] )i*-na pa-ni-ti+im a-na b[e-lí-ia] ki-a-am a-pu-ra-am u[m-ma a-na-ku-ma] a-na e-er I° ba-an-[ni-im a-pu-ra-am-ma] ù it-ti-u ú-ul a[n-na-mi-ir] i-na-an-na-ma a-al-[u e-le-i-ma] a-na ì-ri-u al-l[i-ik-ma] a-na-ku ù u-ú ni-[id-bu-ub-ma] ù ki-a-am i-na a-wa-tim a[-ba-sú] um-ma a-na-ku-ma da-bi°-bi°-k[a?] ú-{)TA*}ul {AR} ú-{RA}299-ta-ra-ku-[um] ú-ul pí-i ka-)li* ma-[tim e-li-ka] na-ba-al-ku-ut um-ma )a*-[na-ku-ma] a300-di [ki] ma-)í* u#-mi [a-pa-ar-u] )I* b[a]-an-num°-ma i-)a*-pa-)ar* [i]-ti-ir?-)ma* []é?-[h]i?-)ir?*-)ma* [a]-di° i-na-[an-na] at-[ta o o o -am ] ù u-ma-am dam-q[a-am] [ti-i-i a-d]i ki ma-í u#-m[i] a-ak-[na-ta at-t]a be-lí ú-ul i-qa-a[b-bi] )at*-ta-a-[ma a-wa]-)tim* ki-a-am [ta-]a-ba-at [um-ma at-t]a-a-)ma* [i&]-di* gi-gu-za be-lí-i[a] ú-[ra-ki-ìs-ma]301 )ù* i&-da° dumu si-im-)a*-[al] []a-ak-ni-ia a-ku-u[n … ?…] (1 l. blanche.)

    Rev. 26 )i*-na-an-na be-lí [a-pa-ar-ka] 1 u#-u e-li-[ka ú-ul… …] 28 [an]-ni-a-an x x [ … -ma] [u#]-ma-am ap-pa-an lugal [i ni-li-kam] 30 be-lí a e-pé-i-u li-pu-[ú] ú-a-am-ri-i-ma an-né-tim ù m[a-da-tim] 32 ad-bu-ub-um-ma ù ki-a-am i-[pu-ul / um-ma-mi] [i]-tu an-né-tim ta-ad-bu-ba-[am] 34 i-na ta-ri-ia a-na-ku ù at-[ta] a-na ma-riki i-te(-ni-i i ni-l[i-ik] 36 i-na-an-na i-na ta-ri-u a-na é-)kál*-[lim] ú-e-re-eb-u-ma ù it-ti-u 299

    Ú-ta-ra-ku-um a d’abord été écrit, en oubliant la négation, sans doute suite à l’usage du Ú initial qui avait entraîné la notation de la forme verbale, puis a été érasé et réécrit de façon à prendre toute la ligne. Ce genre de faute, cependant, suppose qu’on se conforme à un usage écrit. Sumu-hadû avait-il fait un brouillon avant de rédiger sa lettre? 300

    Sur érasure de DI.

    301

    Ou ú-[ki-in-ma].

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 38 40 42

    189

    a-na e-er be-lí-ia at-ta-la-kam a-na an-ni-a-tim a ad-bu-bu ma°-la-u be-lí li-)qú*-[ul] ù a-um e-em da-di-h[a-du-un] []a be-lí i-pu-ra-am up-pa-am a-)a*-[ti e-me-ma] )ma*-la-u ah-du[ú] (Reste anépigraphe.)

    Note : la facture de la tablette n’est pas celle du restant du corpus, avec une marge à gauche et un espace vide à la fin du revers ; quelques graphies sont bizarres (l. 3 et 31 : TIM écrit MÁ+NI (cf. TIM, l. 10) ; l. 8 : Ì = NIGIN!). 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Naguère, 4 j’ai envoyé ce message-ci 3 à mon seigneur, disant : « 5 J’ai envoyé un message(r) chez Bannum, 6 mais je ne me suis pas rencontré avec lui. » 7 Mais maintenant, j'ai pu l'interroger car 8 suis allé à son fiefa) ; 9 lui et moi, nous avons parlé/avons eu une entrevue et 10 alors, je l’ai entrepris, 11 disant : « Je ne t'amène pas ceux qui se plaignentb) de toi. 13 N'est-ce pas le propos de tout le pays qui 14a changé à ton égard ? Et moi de me dire : “15 Pour combien de jours, 16 Bannum 15 exercera-t-il 15 son pouvoir ? 17 Il a été démesuré, il est minuscule. Jusqu'à aujourd'hui, toi, tu as eu puissance et bonne renommée. Pour combien de jours es-tu en poste, mon seigneur ne (le) dit pas.” 21 En outre, toi, 22 tu t'exprimes 21 ainsi : ‘23 J'ai consolidé/affermis les assises du trône de mon seigneur et 24-25 j'ai instauré une double assise (idâ) pour les Mâr sim'al, 25 que j’ai installés.’ 26 En fait, mon seigneur 27 ne te laissera pas ton pouvoir 1 seul jour. 28 Ici, …29 aujourd’hui allons devant le roi. 30 Que mon seigneur fasse ce qu'il veut ! ” » 31 En termes très vifs, 32 je lui ai tenu 31 ces propos et bien d’autres encore et 32 alors il m’a répondu 33 ceci : « Puisque tu m’as tenu ces propos, 34 à mon retour, toi et moi, 35 allons ensemble à Mari ! » 36 Maintenant, lorsqu’il sera revenu, 37 je le ferai entrer 36 au Palais et, 37 alors, avec lui 38 j'irai chez mon seigneur. 40 Mon seigneur doit être attentif autant que faire se peut 39 à ce que j'ai dit. 41 En outre, au sujet de Dâdî-hadun, 42 sujet de la lettre de mon seigneur, j’ai pris connaissance de cette tablette et 43 je m’en suis réjoui autant que faire se peut. 3

    a) Pour le terme irum, cf. p. 59, et n. 12. CAD I, p. 261b donne le sens de « (rural district) », ce qui devient « enclosed village » pour CDA, p. 134b. Il désigne l’endroit où s’était installé (réfugié ?) Bannum. Il peut s’agir du village, Dumtum, dont il est question dans [A.652] et où il invitait les chefs mâr yamîna, ou uprum où se trouvaient les Bédouins à sa dévotion. b) Dâbibum était déjà connu par [A.4509] : 18, cité par Ch.-F. Jean dans RÉS 1937, p. 110 où pé-e-em dabi-ba-am qualifiait le a liânim en désignant une « bouche loquace », celle qui est à même de développer un discours à la volonté de l'interrogateur. Ici, dâbibum a plutôt le sens de « bavard » dans une acception péjorative qui est bien montrée par des équivalents des lexiques comme âkil kari (calomniateur) ou parriu (menteur).

    3.8.3 Asqûdum à la place de Bannum L'opposition d'Asqûdum et de Bannum illustre en fait deux façons d'exercer le pouvoir. Asqûdum a accompagné le roi en guerre vers les horizons neufs de la Haute-Djéziré où devait se bâtir la future puissance mariote, alors que Bannum ne voyait que le royaume comme lieu du pouvoir et semble en avoir eu une vision obsidionale. Asqûdum a dû soutenir fortement l'alliance avec Alep, alors que Bannum paraît ne pas avoir été hostile à reprendre la collaboration avec Enunna qui avait marqué le règne d'un YahdunLîm. Le rôle d'Asqûdum a été certainement décisif dans la contraction de l'union dynastique et la venue de îbtu à Mari, de même qu'on le voit concerné pat les affaires de Qana. Comme doit le montrer ARMT XXXIV, le rôle d'Asqûdum fut en outre décisif dans la réduction du sursaut des Mâr yamîna après leur première rébellion, alors que Bannum n'a jamais dû chercher l'affrontement avec eux et devait avoir un idéal de vie foncièrement bédouin. Cependant si Bannum semble avoir eu la passion du pouvoir, c'est assurément vers l'argent et le profit que se tournait l'intelligence — ou la ruse — d'un Asqûdum. Son caractère intéressé devait s'affirmer

    190

    Jean-Marie DURAND

    au mieux — mais Bannum n’était plus là pour le voir — lors de son accaparement des terres mâr yamîna, tout particulièrement celles autour de Milân, ce qui devait entraîner son opposition à la cessation des hostilités et fut, à n'en pas douter, une des causes de son éviction de l’administration royale par le clan des gens de Terqa. Sa carrière de marchand, ensuite, sur la grande route qui menait de Mari à Imâr et Carkémish, ainsi que ses accointances avec les milieux d’affaires de Babylone montrent où était son cœur. Pourtant, alors que l’interventionisme de Bannum ne pouvait que minorer le jeune roi et qu’un Sumu-hadû avait beaucoup en commun avec celui qu’il avait contribué à évincer, Asqûdum a dû être le conseiller qui a fait s'affirmer Zimrî-Lîm. Outre qu’il a su conclure l'alliance matrimoniale avec Alep et installer les Aarugâyu dans le sud du Sûhum de conserve avec Ama, vraisemblablement contre Enunna, sa grande œuvre a été d'organiser le rihum des Yabasa dans le Nord, moment où Ibâlpêl a été installé à leur tête. Par de telles initiatives Asqûdum a réellement fait de la royauté de Zimrî-Lîm une des premières au Proche-Orient. Bannum au contraire se limitait aux Mâr sim’al de son entourage. L'origine de sa fortune vient, sans aucun doute, d'un indéniable talent pour l'intrigue, mais aussi, en bonne partie, de ses capacités intellectuelles : c'était un clerc. Sa formation de devin lui donnait accès à un niveau de culture qui le mettait au dessus des ses collègues. C'est une autre grande différence d'avec Bannum dont l’intellect se limitait à l’expérience vécue et à la sagesse des proverbes ou des contes. Pour le temps où il fut aux affaires après Bannum, Asqûdum œuvra avec Sumu-hadû, tous deux concernés par la politique extérieure du royaume et sa gestion interne. Bannum gérait seul les deux secteurs. L'accès au pouvoir d'Asqûdum supposait l'élimination de Bannum, lequel avait vainement essayé de le séparer du roi. Même si aucun texte ne lui en donne le titre explicitement, c'est Asqûdum qu'il faut reconnaître derrière le ukkallum anonyme de l'Épopée de Zimrî-Lîm, alors que Bannnum est absent de l’œuvre. Ce titre prestigieux devait consacrer sa place aux côtés du roi. Il succédait ainsi à Bannum qui n’a toutefois jamais porté que le titre de mer‘ûm, mais qui serait sans doute devenu ukkallum lui-même si l'intrigue d'abord, la mort ensuite, n'avaient pas mis un frein, puis un terme à ses activités. Dans M.9300 quelqu'un s'adresse à Asqûdum sur un pied d'égalité. Comme plusieurs documents analogues y invitent, il faut y chercher un potentat étranger. Dès lors, il est très vraisemblable que cette lettre doive être attribuée à adum-adal, le roi d'Alakkâ avant Ibâl-Addu. Ce petit billet répond aux normes des échanges courtois entre personnes de rang égal. Si l'on en reconstitue l'histoire, Aqûdum a envoyé à la cour d'Alakkâ un de ses serviteurs, âb-waâb-u, se plaignant de l'absence de rapports avec le roi, rapports qui se manifestaient par des échanges de présents. Désormais, Asqûdum n'a qu'à interroger son serviteur pour savoir ce dont a besoin adum-adal. Rien ne précise assurément le moment où la tablette a été envoyée à Asqûdum : il est certes antérieur à la prise du pouvoir à Alakkâ par Ibâl-Addu. Il ne peut cependant dater que d'après Bannum, sans doute même est-il de l’époque où Asqûdum vient d’accéder aux affaires. Il montre qu'on savait à l'étranger de qui il fallait désormais rechercher l'amitié à Mari. Le temps de Bannum était bien passé. 70 [A.9300] adum-adal (roi d'Alakkâ) à Asqûdum, son « ami ». Lettre d'amitié. âb-waab-u, serviteur de ce dernier, lui dira quoi lui envoyer.

    2 4 6 8

    a-na às-qú-di-[im] qí-bí-[ma] um-ma a-du-[um-a-dal] ra-i-im-ka-a-[ma] i-na pa-ni-tim a-i[a'(W[A])-i-im] ki-a-am ta-aq-b[é-em um-ma-mi] am-mi-nim [r]a-i-mi [at-ta-ma] a-na e-[r]i-ia la t[a-a-pa-ra-am] mi-na-am l[u]-ú-pu-r[a-ak-kum]

    Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm

    191

    10 Tr. 12

    at-ta ma-ti-ma lú-tur-[ka] ú-ul ta-a-pu-[ra-am] pí-qa-at hi-i-ih-ta-am ú-ul ti-u Rev.14 i-na-an-na a[]-um hi-i-ih-ti-[ka] I à-ab-wa-a-ab-u [lú-tur-ka] 16 te-me!302-et é-ti an-n[i]-i-im 18 la-mi-id a-i[a]-i-im u-ul-mu a-na [r]a-i-mi-ia 20 lu-ú [u]-ul-m[u]

    Bibliographie: édité comme ARMT XXVI/1 78 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 208. 1

    Dis à Asqûdum : ainsi parle adum-adal, ton ami. Naguère, 6 tu as envoyé ce message 5 chez moi : « 7 Pourquoi, toi, mon ami, 8 n'envoies-tu pas de message chez moi ? » 9 Qu'aurais-je pu t'envoyer comme message? 10 Toi jamais 11 tu ne m'as envoyé 10 de serviteur à 12 toi. Sans doute 13 n'avais-tu nul 12 besoin. 14 À l'heure actuelle, 16 âb-waâb.u, ton serviteur, 18 se trouve au courant 17 de la situationa) de cette maison-ci. 19 Ça va 18 pour moi. 20 Que cela aille bien 19 pour mon ami ! 5

    a) te-me-et doit être êmêt pluriel de êmum. Pour le sens de êmum ici, cf. p. 176.

    3.9 Textes de Bannum non datables303 71 [M.15002] Bannum au roi. À propos d’une servante de Bannum… a-na be-lí- ia qíbíma um-ma ba-an-nu-um ìrka-a- ma a-um geme!-ia )f*kab-ka-ba wa-[í-tim ( ?)] []a i-na é-kál-lim w[a-í-at/a-ba-at ( ?)] [ o o ] x x x [……]

    2 4 6

    (Reste brisé sauf la dernière l.)

    )ú*?-[u]l )i*-ba-[a-… 1 5

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bannum, ton serviteur. Au sujet de ma servante Kabkaba qui a fini son service (?), 6 qui est sortie du (? qui se trouve au)

    palais… (…)

    … 1' n’existe(nt) pas.

    302

    Sur la photo le TE est suivi d'un clair WI, mais sans doute s'agit-il d'un ME sur érasures d'un TE.

    303

    Il n’y a pas été tenu compte du fragment M.8188.

    4. LES LETTRES DE SAMU-ILA DE TERQA

    Samu-ila1 n'est connu que par un assez mince dossier, car il n'a pas dû être longtemps en fonction. Par là-même, il est comme Bannum ou Habdû.ma-Dagan un marqueur temporel important dans la documentation mariote. Il est présent lors du couronnement du roi auquel il annonce l'arrivée des armes du dieu d'Alep. C'est lui également qui parle de la mesure de libération-andurârum, laquelle n'a pu être prise que dans les premiers jours du règne. Il n'est, en revanche, déjà plus là lorsque Zimrî-Lîm part à l'attaque de Kahat, puisque Sammêtar est désormais en charge de Terqa alors que Habdû.ma-Dagan est toujours en poste à Saggâratum. Ses activités et son domaine de compétence paraissent avoir été importants. Nous ne connaissons pas son titre effectif, mais ses fonctions le situent à Terqa, car telle est la ville qui revient de façon constante ([A.593], [A.880], [A.1880], [A.4410]) dans sa correspondance. On peut donc le considérer comme celui qui était alors en charge de la ville, avant Sammêtar et Kibrî-Dagan, son fils. Puisqu'il est en fonction dès le début du règne, sans doute faut-il considérer qu'il a été nommé à son poste par Bannum, même si la correspondance de ce dernier ne le mentionne pas et si Samu-ila ne parle pas du mer‘ûm. Pour qu'il ait eu une telle place avec l'aveu de Bannum, il doit être considéré comme un mâr sim'al, plutôt qu'un membre de la noblesse locale, tels Sammêtar, fils de Lâ'ûm, ou son fils Kibrî-Dagan, quoique les deux faits ne soient pas incompatibles. Samu-ila est contemporain, d'autre part, de Sumu-dabî de Milân ([A.880]) et de Samsî-Addu de Samânum (M.5499), deux princes de la première génération des chefs mâr yamîna. Son inspection méticuleuse de la cargaison d'un bateau de Sumu-dâbî vers l'amont est d'ailleurs un indice que l'administration royale a commencé très tôt à avoir des soupçons à l'encontre du personnage. Il a été en outre le contemporain de Rip'î-Lîm, qui s’est occupé des affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm et dont il cosigne une lettre au roi (A.605) à propos d'affaires agricoles. Or, d'après (M.5421), Rip'î-Lîm a été proposé pour gérer la Forteresse de Yahdun-Lîm par Habdû.ma-Dagan gouverneur de Saggâratum. Même s'il n'a peut-être pas eu de façon précise le titre de « gouverneur de la ville de Terqa », son activité correspond à une telle fonction. On le voit s'occuper de la gestion des terres ([A.593], [A.4410]) et de la douane de Terqa ([A.880]). L'annonce de l'arrivée des armes du dieu de l'Orage ([A.1858])2 et leur installation dans le temple de Dagan n'était donc pas une affaire qui relevait du religieux, mais du politique, dans la mesure où il s'agissait de l'intronisation du nouveau roi. Cela explique pourquoi il a affaire avec l'andurârum proclamée par le nouveau roi. On ne se le représentera donc pas comme l'administrateur du temple de Dagan de Terqa, encore moins comme un grand prêtre. Sa disparition (ou son éviction des affaires ?) est à une date non déterminable par rapport au départ de Zimrî-Lîm pour Kahat, mais de toute façon antérieure à l'événement, puisque Sammêtar est en poste à Terqa lorsque l’armée quitte Saggâratum sans doute au mois iii de ZL 1. Le texte [A.4345] qui 1 Ou Sumu-ila, selon une variante bien connue en onomastique. Le NP devrait signifier « Gloire de Dieu », avec un génitif en -a. Il n'existe, en revanche pas de *Samu-el (ARMT XVI/1, p. 179), qui doit être lu Samuh-El (variante sa-mu-hi-AN, écriture par sandhi). 2

    Ce texte avait déjà été édité comme FM VIII 5 (= LAPO18 982) ; cf. ici-même p. 107.

    194

    Jean-Marie DURAND

    détermine la zone de commandement de Sammêtar et ce qu'il a à verser comme redevance a perdu son incipit qui aurait permis de connaître son expéditeur et, surtout, de le dater. Dans les grandes lettres d'invectives de Bannum, il n'est parlé ni de Sammêtar ni de Samu-ila. Nous ne savons donc pas dans quelles conditions ni surtout à quel moment précis il a pu être remplacé — ou évincé — dans les fonctions de représentant du roi à Terqa. De toute façon, on voit Sammêtar qui appartient à l'illustre famille de Lâ'ûm à Terqa prêter serment un « 14 vi » (de ZL 1’), d'après M.67803, alors que nulle mention n'est plus jamais faite de Samu-ila dans les listes des fonctionnaires4. Comme la plupart des gens uniquement mentionnés dans les débuts du règne, il est d’ailleurs ignoré par ARMT XVI/1, p. 179, qui ne connaît sous ce nom qu'un chef berger ou un scribe, à l'époque du RHM. Il n'y a pas moyen de relier au moins le second à celui qui a eu la charge de Terqa. Il ne semble pas y avoir non plus d'inventaire de son patrimoine (bîtum) dans les archives administratives. Un mâr sim'al du nom de Sumu-ila est cependant attesté par ARM IX 291 iv 39'5 comme habitant à Nihadum, bourg qui fait partie du district de Terqa ; cela pourrait indiquer le lieu d'origine de celui qui a été à Terqa après la chute du RHM, s’il a survécu à sa fonction. Les documents les plus anciens de Samu-ila font écho à la réception des armes d'Addu à Terqa (A.1858) — donc au moment du couronnement du nouveau roi — ou aux effets de l'édit de libération, ce qui est contemporain de [A.4216], lettre de Habdû.ma-Dagan. Ces textes ont été publiés dans MARI 66. 72 [M.5499] Samu-ila au roi. (Le roi mâr yamîna uprapéen) Samsî-Addu demande à connaître le décret d'application de l'édit de libération pris par Zimrî-Lîm pour le faire connaître à l'ensemble des Uprapéens… (Lacune). [a]-na be-lí- ia qíbíma um-ma sa-mu-i-la ìr-ka-a- ma i-tu u 3-kam sa-am-si-dIM [i]-na ra-aq-qí-imki wa-i-ib

    ù ki-a-am i-pu-ra-am um-ma [u-ma] [up]-pí i-si-ik-ti ú-du-ra-[ri-im] [a be-lí] i-si-ku lu-ú-m[é-ma] [ù a-na u]p-ra-pí ka-li-[u-nu

    2 4 6 8 10

    (…)

    Rev.

    (Détruit.)

    Tr. 2'

    […]-ni i ni-[…] […]-BI ni-mu-ur

    Bibliographie : publié par D. Charpin, MARI 6, p. 267, avec copie cunéiforme par J.-M. Durand ; cf. LAPO 18 1083.

    3

    Cf. Marchands, Diplomates et Empereurs,… Mélanges P. Garelli, D. Charpin & F. Joannès éd., p. 41.

    4

    Habdû.ma-Dagan, non plus, n'est pas mentionné lors de ces serments, mais il est attesté pour le début de l’an ZL 2 et peut être mort au mois vi de ZL 1’. 5

    Le texte parle d'une certaine ri-ba-tum « servante » d'un su-mu-i-la. Le texte est sans date, mais fait partie du lot des serments de femmes, textes très postérieurs au début du règne. Il pourrait donc ne s’agir que d’un homonyme. Il en est de même pour l’homme de amdadum (ville du Sûhum), (cf. ARM XXIV 200: 5 et ARMT XXX, p. 405). 6

    D. Charpin, « L'andurârum à Mari », MARI 6, 1990, p. 253-270, spéc., p. 269.

    Les Lettres de Samu-ila de Terqa

    195

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) ton serviteur Samu-ila. Depuis trois jours, Samsî-Addu 6 se trouvait à Raqqum. 7 Alors, il m’avait envoyé ce message : 8 « Je dois prendre connaissance de la tablette de protocole concernant la libération que mon seigneur a établie 11pour la … 10) à tous les Uprapéens … (Lacune) 1' afin que nous …notre… 2' Nous avons vu … 5

    La seconde lettre sur l'uddurarum est très parallèle à celle qui nous est restée de Samu-ila et, de ce fait, lui a été attribuée par D. Charpin. Il pourrait néanmoins s'agir d'un document analogue, mais en provenance de Saggâratum, car rien ne permet de rattacher ce document à un terroir si ce n’est le NP « …-magir » de lecture indécise. D. Charpin, lui-même, avait supposé que chaque centre provincial avait reçu un exemplaire de l'isiktum. Le revers ne se laisse pas complètement comprendre. L’autorité administrative semble avoir été déconcertée devant une mesure à laquelle on n'était apparemment plus habitué. Cela aurait entraîné un non-enregistrement des arriérés (ribbâtum, l. 22=2'). 73 [M.14033] [Acéphale] au roi. Mention de l'édit de libération (uddurârum) et de son texte d'application (uppi isiktim). Raisons pour la non-tenue d'écritures comptables.

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr.18 Rev. 20 22 = 2' 24 = 4' 26 = 6' 28 = 8'

    [a-na be-lí -ia] [qíbíma] [um-ma sa-mu-i-la/ha-ab-du-ma-dda-gan] ìrka-a- ma a-um e -mi-im a ú-du-ra-[ri-im] a be-lí i-ip-à-am i-pí-ù-ma ù up-pí i-si-i[k]-[t]i[m] a ú-du-ra-ri-im i-a-á-ru wa-ar-ki i-ip-ì-im a-wa-tim m[a-da-tim-m]a? te- er-di-ta[m o o o o]-x [u]p-p[a-at ri-ba-tim ú-ul] a-a-ra7 [a-]u[m mi-ì-it] kù-UD [a dNDiv-ma-g]i-ir8 [u-gi-me-e a-ta-al] [ki-a-am iq-bu-ú-nim] [um-ma u-nu]-ma [dNDiv-ma-gi-i]r [o o o o a-n]a-sú-um- ma [up-pa-am] im-ta-na-ha- ar [mu-tù-há ù ri]-ba-tim [i-ta-na-à ]ar [i-na-an-na i-nu]-ma ú-du-ra-ri-im up-pa-k[a ú-ul ik-]u-da-am-ma i-ta-[hu-ut] ù i-ip-re-tim sag-ú[s-me-e ú-ul i]-ta-à-ar e -[mu-um an-nu]-um i-n[a ki-na]-tim

    7

    Restauration en fonction de la l. 27= 7'

    8

    Ou … ú-ul m]a-hi-ir. Même restauration, l. 19 ?

    196

    Jean-Marie DURAND

    C. i 30 [an-né-tim i-pu-lu]-nim9 [o-o-o] ú-ul ad-di-in 32 [an-ni-tam l]a an-ni-tam ii be-lí li-i[-pu-ra-am] 34 a-nu-um-ma x-[……] a-x-[…………………] Bibliographie : publié par D. Charpin, MARI 6, p. 267 ; copie cunéiforme de D. Charpin. La présente édition n’est qu’une tentative de donner une lecture suivie du document. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) (Acéphale), ton serviteur. Vu la nouvelle de la « libération » 6 que mon seigneur 7 a 6 décrétée 7et vu qu’une tablette d'ap8 plication de la « libération » a été rédigée, 10 après le décret, des clauses nombreuses 12 (représentant) un ajouta) on a… Les tablettes des arriérés n'ont pas été rédigées. 14 Au sujet du déficit en argent de … -magir, j’ai interrogé les Anciens. 17-18 Ils m’ont dit : « 19 …-magir, 20 chaque année… 21 recevait une tablette. 23 Il rédigeait chaque 22 fois entrées et arriérés. 24 =4' Maintenant, au moment de la « libération », une tablette de toi n'est pas arrivée et 26 = 6'il a eu peur. Alors, 27 = 7'il n'a du coup (-ta) pas rédigé 26 = 6'les écritures 27=7'ordinairesb). 28 = 8' Cette nouvelle est véridique. » 30 = 10' Voilà ce qu'ils m'ont dit. 31 = 11' Je n'ai pas donné … 34 = 14' Mon seigneur doit m’écrire 32 = 12' ce qu'il en est. 35 = 15' Voilà que 35 je … 5

    a) La terdîtum est connue comme un « ajout au stock » du Palais, mais aussi comme un surplus de travailleurs ; ici terdîtum pourrait signifier « codicille ». Des dispositions supplémentaires auraient été ajoutées à l'édit royal. Cf. ruddûm = « ajouter une clause » dans le contexte d’une alliance, Mélanges Vargyas, p. 47 (D. Charpin). b) Dans la cassure, l'expéditeur devait donner les raisons de la non-écriture des documents d'entrées et d'impayés. c) D. Charpin a traduit par le simple « travaux », mais à Mari le pluriel de iprum est iprânu (plur. déterminé) ou iprû (plur. indéterminé). On pourrait considérer ici iprêtum comme l'équivalent de iprâtum ou de ipirêtum « travaux qui concernent l'agriculture », mais il doit s'agir en fait d'une forme correspondant à iprâtum. Comme le pluriel de ipirtum est ipirêtum, iprêtum peut correspondre au ipirtu B du CAD, équivalent (à l'époque moyenne) de apartum.

    Le document [A.593] est important par ce qu'il révèle de la situation interne de Mari. Les ût rêî, donc les gardes personnels du roi, à qui était confiée la protection de la porte du palais de Mari et que l'on peut considérer comme l'équivalent d'une garde prétorienne, étaient pour certains d’entre eux des gens du district de Terqa — ou du moins y avaient-ils leurs champs alimentaires. Le fonctionnaire en charge de Terqa demande que l’on procède à la garde de leurs maisons (l. 19-20). Il ne peut s’agir d’établissements à Terqa, car Samu-ila avait tous moyens d’y pourvoir sans recourir à la garde mariote. Leurs maisons étaient donc dans la capitale, vu que leur service s'y trouvait. S’ils ne viennent pas faire la moisson sur les terres qui leur étaient allouées dans la région de Terqa c’est apparemment de peur d'être pillés à Mari en leur absence. La proposition de Samu-ila est donc que la garde urbaine (maarâtum) protège leurs biens (dans la capitale) pendant les 10 jours (l. 18) où la moisson devait être faite à Terqa. Cela ne se comprend que si la situation était alors troublée. Les gardes royaux craignaient apparemment de laisser sans protection leurs demeures, ce qui incidemment montre que les ût rêî n’étaient pas logés au palais mais venaient y prendre leur service. Manifestement, la population risquait d’attenter à leurs biens, non pas tant parce qu'ils étaient impopulaires, mais du fait qu'ils devaient être considérés comme des nantis par des gens démunis de tout. La famine qui semble avoir alors régné à Mari pouvait inciter à aller se servir chez ceux qui, chargés de la garde militaire du palais, devaient recevoir en priorité (ou au moins étaient considérés comme tels) leurs rations alimentaires.

    9

    Restauration en fonction de la l. 15, mais on pourrait avoir chaque fois iq-bu-nim.

    Les Lettres de Samu-ila de Terqa

    197

    74 [A.593] Samu-ila au roi. Les gardes personnels du roi originaires de Terqa avaient reçu la permission de partir faire leur récolte, mais nul n'est en fait venu. Samu-ila propose que le roi envoie des gardes pendant les 10 jours jusqu'à la moisson garder leurs maisons (à Mari) pour qu'ils puissent faire engranger leur grain (de Terqa).

    10

    a-na be-l[í]-ia qíbíma um-ma sa-mu-i-la ìr-ka-a-ma i-na m[a-r]iki be-lí ki-a-[a]m iq-bé-em um-ma-a-mi lú u-ut sag lú ter-qaki

    a-à-ar-dam

    um-ma-a-mi at-la-ka-ma [e]-bu-ur-ku-nu ep-a

    Tr.

    (Anépigraphe.)

    Rev. 12

    i-na-a[n-na] wa-ar-ka-tam [a]p-ru-ús-ma [ma-a]m-ma-an ú-ul i-li- kam [um-ma] li-ib-bi be-lí- ia [ma-a]- a- ra-tim li-i[]-r[u]- dam a-di e-bu-ri-im u 10- kam é-[H]I-A-u-nu li-ú-ra-[nim-ma] e-[u]-nu li-e-r[i-bu-nim]

    2 4 6 8

    14 16 18 20

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Samu-ila, ton serviteur. À Mari, mon seigneur 6 m'avait dit 5 ceci : « 8 J'expédie 7 les gardes personnels, (originaires) de 9 Terqa, en leur disant : “ Partez 10 faire votre moisson.” » 11 En fait, 12 j'ai fait 11 une enquête 12 et 13 personne n'est venu. 14 Si cela convient à mon seigneur, 16 qu'il expédie la garde urbaine 19 afin qu'elle protège 18 leurs maisons (à Mari) les 10 jours 17 jusqu'à (la fin de) la moisson 20 en sorte que (les gardes personnels) fassent entrer 19 leur grain. 5

    Sumu-dabî était le roi yahruréen de Milân et Ziniyân se trouvait dans le district de Saggâratum10. Pour aller d'un lieu à un autre, un bateau devait donc passer par Terqa. L'autorité de cette ville inspecte dès lors le contenu du navire, lequel n'était donc nullement protégé par une quelconque extraterritorialité, et interroge sur sa destination. Samu-ila attache une grande attention au fait que le bateau regorge de nourriture pour des soldats. Sans que cela soit dit expressément, du ravitaillement militaire était donc envoyé de Milân en amont11. Nulle entrave n'est appliquée aux mouvements du navire mais rapport est fait au roi de Mari.

    10 Cf. ARMT XXIII 69 ; cf. J.-M. Durand, Miscellanea Babylonica, Mélanges en l’honneur de M. Birot, 1985, p. 85, n. 17. Faut-il déduire de ce texte que Ziniyân faisait partie du domaine des Yahruru ou que le bateau allait vers une ville relevant du roi de Samanum ou de Hardûm ? 11

    Cf. J.-M. Durand, « Peuplement et sociétés à l'époque amorrite», dans Amurru 3, p.167-168.

    198

    Jean-Marie DURAND 75 [A.880]

    Samu-ila au roi. Inventaire du contenu d'un bateau de Sumu-dabî. L'équipage disant qu'il opère un transfert de biens vers Ziniyân, le bateau n'a pas été retenu. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma sa-mu-i-la 4 ìr-ka-a-ma gi-má a su-mu-da-bi-i 6 a-na ter-qaki ik-u-dam-ma 8 wa-ar-ka-at gi-má a-a-ti ap-ru-ús-ma 10 i-na li-ib-bi 10 dug 0,0.3 àm a zíd-da 3 giha-al-lu Tr. 12 a pa-ap-pí-ri 10 dug 0,0.2 àm ri-qa-tum Rev. 14 10 dug ma-ka-la-at níg-gub 50 dug° pa-ti-ha-tum 16 a ninda í-di-it lú-aga-ús-me-e 18 i-na l[i-i]b-bi-a ù ki-a-[am a-t]a-al-u-nu-ti 20 um-ma a-na-ku-[ma] gi-má-ku-nu a-yi-i tu-ma-ah-ha-ra 22 [an]-ni-tam i-pu-lu-ni-in-ni12 [um-m]a u-n[u]-ma a-na zi-ni-ia-anki 24 [nu-a-ba]al [ù gi-m]á a-a-ti ú-ul ak-la Tr. 26 [ù up]-pí an-né-[em] [a-na] be-lí-ia a-pu-ra-[am] 2

    1

    À mon seigneur, dis: ainsi parle Samu-ila, ton serviteur. Un bateau de Sumu-dabî 7 est arrivé 6 à Terqa. 9 J'ai mené 8une enquête à propos de ce bateau. 10 Dedans il y avait : — 10 jarres de 30 litres chaque 11contenant de la farine, — 3 couffins-hallua) 12contenant du pappirub), — 13 10 jarres de 20 litres chaque, vides, — 14 10 jarres à provisionsc) pour les repas, —15 50 jarres-pâtihumd) 16avec du pain (genre) provisions 17 pour soldats de métier. 18 C'était ce qu'il y avait dedans. 19 Alors je leur ai demandé : « 20 Votre bateau, 21 vers quel endroit d'amont le dirigez-vous? » 22 Voilà < ce que je leur ai demandé et voici > ce qu'ils m'ont répondu : « 24 Nous faisons un transport 23 à Ziniyân. » 25 Alors, je n'ai pas retenu ce bateau, 26 mais 27 j'ai envoyé à mon seigneur 26 cette tablette de moi 5

    a) Le hallum (le mot était tenu pour uniquement attesté par des lexiques dans CAD H, p. 45b [allu B], ein Tongefäss [AHw], a clay vessel [CDA]) était un contenant pour des produits alimentaires, les sortes en étant énumérées dans MSL 7, 88, 224/38 (eau, bière, huile, graisse, vin).

    12

    Il y a manifestement ici du texte qui manque, selon les normes de Mari, ou annîtam = ki’am (D. Charpin).

    Les Lettres de Samu-ila de Terqa

    199

    b) Cf. CAD B, p. 95 sq. bappiru. La matière pappiru est écrite généralement par l'idéogramme IM (ou bappir = IMxNINDA). Elle servait à faire de la bière. On trouve dans les textes de Nuzi BA-pí-ri- et en paléoassyrien BA-pí-ra-am. L'orthographe de Mari fait penser que, dans les deux cas, le signe BA a en fait la valeur phonétique /pá/. On trouve d'ailleurs dans Sumer 13, 115, 9 (texte paléobabylonien) pa-pí-ri. Le terme devrait donc être désormais enregistré sous la forme pappiru, non bappiru. c) Le mâkaltum, dérivé de la racine 'KL « manger », CAD M/1, p. 122 (a bowl or shallow saucer, mainly made from wood) est souvent considéré comme une assiette mais il s'agit ici d'un contenant à nourriture. d) Le classificateur DUG indique une sorte de jarre, mais à Mari, le pâtihum/*pâtihtum était d'ordinaire en cuir et désignait une sorte de sac (ARMT XXX, p. 179).

    La lettre [A.4410] peut illustrer une des raisons de la révolte des Mâr yamîna. Elle lui est, en tout cas, antérieure puisque Samu-ila n'est plus attesté quand la révolte a éclaté. Au moment de la grande pénurie du royaume, pour des raisons non précisées (manque de moyens ?), les terres qu'avaient reçues ceux qui jusque-là avaient des pratiques nomades ne semblent pas avoir été toutes mises en culture. Le conflit dont il est question porte sur des terrains de la province de Terqa que des Amnanéens étaient censés exploiter. Il devait s'agir de bonnes terres dont l'irrigation était assurée par le canal de gravitation dit râkibum. La mesure prise par l'agent royal de Terqa était donc à l'encontre de gens qui relevaient de Hardûm, le roi mâr yamîna des Amnanéens. Sans doute le manque à gagner pour le Palais était-il de la moitié du croît en grain et en sésame (huile) puisque c'est la moitié de la surface du terroir qui devait être reprise. On peut en inférer ce que l’administration royale escomptait des champs. Les Bédouins devaient cependant considérer qu'ils étaient seuls juges des modalités d’exploitation de terres désormais leurs. 76 [A.4410] Samu-ila au roi. Les Amnanéens ne mettent pas en valeur le champ qu'ils ont reçu, dans la région aval de Terqa, sur le canal en surplomb. Samu-ila leur demande d'en rendre la moitié pour que le Palais la mette en valeur (…) Les Amnanéens vont venir trouver le roi. Ce dernier doit leur faire la réponse qu'il faudra et leur reprendre la moitié des terres. Samu-ila espère une réponse à sa tablette. [a-na] be-lí-ia

    qíbíma um-ma sa-mu-i-la ì[r]-ka-a-ma a-um a-à ra-ki-bi-im a a-ap-la-nu-um ter-qaki []a lú am -na-nu-ú a-ab-tu [e ]-[em] a-à a-a-tu á[-ta-a]l-u-nu-ti um-ma a-na-ku-m[a mu-ta-at a-à]13 []a a-na a-[ka-li-ku-nu] ù pí-[qí]-it-ti-k[u-nu] [i-n]a ter-qaki ú-[ul te-ri-a] [ x ] gán a-à a-na é-ká[l-lim te-ra-nim] [ù] e-em ù e-gi-[ì] […] be-el-ku-nu [i-n]a a-à a-a-tu li-[ri-i] [……………………] [……………………] [i-na-an-na lú am -n]a-nu-ú [a-na e-e]r be-l[í-i]a i-la-ku-nim a-à a- a-tu i-na qa-at be-lí-ia

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr 18 Rev. 20

    13

    Pour cette restauration, cf. l. 24.

    200

    Jean-Marie DURAND

    22

    ú-e-ú-ú be-lí pa-ni-u li-da-an-[ni-in-ma] []a mu-ta- at a-à a-a-[tu é-kál-lum°] a-ba-tim be-lí [l]i-w[a-e-ir-ma] ù na-pa-al-tam a a-pa-[li-im li-pu-ul] an-ni-tam la an-ni-tam be-lí [me-h]i-ir up-pí-ia li-a-bi-lam

    24 26 28

    (Reste de la tablette anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur ; ainsi parle Samu-ila, ton serviteur. Au sujet du terroir (alimenté en eau par) le canal en surplomb 6 qui se trouve à l'aval de Terqa, 7 que les gens de l'Amnânum se trouvent avoir reçu, 8 je leur ai demandé des comptes sur ce terroir, 9 en ces termes : «12 Vous n'avez pas mis en culture à Terqa 9 la moitié du champ 10 qui (sert) à votre alimentation 11 et à vos rations. 13 Rendez au Palais xa) arpents de champ 15 pour qu'14alors 15 votre seigneur … 16 cultive 14 grain et sésame 16 dans ce champ. » 17-18 (Ils ont refusé et ont dit en appeler au roi.) 19 Présentement les Amnanéens 20 vont venir 21 chez mon seigneur. 22 Ils ont 21 ruinéb) ce terroir. 23 Mon seigneur doit se montrer sévère et 25 donner des instructions 24 pour que le Palais 25 prenne 24 la moitié de ce terroir 26 et qu'il leur fasse la réponsec) qu'il faut. 27 Mon seigneur 28 doit me faire porter 27 une réponsed) 28 à ma tablette 27 (pour me dire) ce qu'il en est. 5

    a) La mesure de la surface n'est pas conservée mais d'après la place il ne devait pas y avoir plus que 3 gán ; ce serait la moitié de la surface cultivée. b) En mot à mot « ils ont fait sortir de la main de mon seigneur ». Il s'agit d'une figure de style courante. c) Nâpaltam apâlum « répondre » est bien connu ; cf. ARMT XXVI 267 : 30-32 et inédits. d) Le présent texte montre la différence qu’il y a entre nâpaltum « réponse à une demande » et mehrum « réponse à une lettre » qui, en l’occurrence représente une information sur la décision royale. Le terme de mehrum signifie aussi « copie » ; la réponse à une lettre comporte de façon générale la reprise verbatim des propos auxquels on répond. Le français « réplique » pourrait rendre compte des deux sens principaux de mehrum.

    77 [M.12869] Sumu-ila au roi. Il faut détruire une pierre (qui obstrue un canal). Il a besoin qu'on lui envoie d'urgence tous les marteaux disponibles ainsi que 100 hommes depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm (Rip'î-Lîm). [a-na] be-lí[ia] qíb[í]ma um-ma su°-mu-i-la [ì]r-ka-ama [ha-a]l-[ú-um a-li]m!14 a-l[um] [a-lim] [a]-ni-tam a-[nu-um-ma A].ENGUR

    i!-na!15 i-ip-ri-im i-le-em

    ù níg-gul zabar-há ma-li i-ba-a!-e !-e16 [l]i-a-ah-mi-ú-nim 1 na - am i-na qa-ti-im a re- ú-ti-im lu-he-pí-i ù i-ip-ra-am

    2 4 6 8 10 12 14

    La copie n'indique qu'un Ú.

    15

    M.B. avait manifestement compris ici dumu-me-e i-ip-ri-im.

    16

    D'après une note marginale M.B. avait compris ici -ma li-it {x} me?-e?

    Les Lettres de Samu-ila de Terqa

    201

    a-tu lu-uk-ú-u[r] ù be-lí a-na ta-r[i-im a níg-gul-há] an- né-tim li-i-pu-[u]r-ma i-na a-wa-tim li-i[d-ni-in] [ù a-u]m a-bi-im a la ir-du-nim [a-na ]é-er ri-ip-i-li-im be-lí li-i-pu-ur-ma 1 me-at a-ba-am li-i-ru-dam ù i-ip-ru-um an-nu-um li-ka-í-ir17 um-ma [a-b]u-um la ur-ta!-de-e[m]

    i-ip-ru-um u-ú ú-ul i-ka-í-i[r]18

    14 Rev. 16 18 20 22 24

    Note : ce texte porte la côte [S.72 35]. Il ne m'est connu que par une copie de travail établie par M. Birot. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-iIa, ton serviteur. Le district ça va ; la ville ça va. 6 Autre chose : 6 voilà que le canal 7 est monté de niveaua) à l'endroit du travail. 8 Donc, 9 il faut que l'on me fasse parvenir d'urgence 8 tous les marteauxb) de bronze qui existent 12 afin que je brise la pierre, 10 avec 11 de l'aidec). 12 Alors, 13 je pourrai agencer cet 12 ouvrage. 14 Mon seigneur 15 doit donc envoyer un message(r)d) 14 pour l'envoi de 15 ces 14 marteaux et 16 user de termes énergiques. 19 Mon seigneur doit (également) envoyer un message 18 chez Rip'î-Lîm 17 à propos des gens qui ne me sont pas arrivés 20 pour qu'il m'expédie une centaine de personnes. 21 Alors ce travail 22 pourra être agencé. 23 Si les gens ne me sont pas envoyés, 24 ce travail ne sera pas agencé. 5

    a) Ilêm est mis ici pour ili'am. « Monter » est utilisé pour « être en crue » (cf. CAD E, p. 120b). b) níg-gul « ce qui brise » vaut akkullum, attesté par ARM XXI 258: 36. Ce terme est traduit traditionnellement par « marteau », mais il devait plutôt s'agir d'une masse pour briser le gros rocher qui obstruait le canal. c) Pour l'anecdote on se reportera à ARM VI 5 qui concerne le district de Mari ; cf. LAPO 17 794 et le commentaire ibid., p. 597 qui trouve son justificatif dans le présent parallèle. Le canal dont il est question était un râkibum qui, côtoyant la falaise de Mari, devait être exposé à voir rouler jusqu'à lui les rochers des éboulis. Cela indique en outre que le râkibum était un ouvrage de peu de largeur. Le mot à mot est : « Il faut que je brise la pierre par le moyen (ina qât) de l'aide. » La rêûtum consistait à faire venir des districts voisins des gens prêter main forte pour les travaux d'intérêt général. d) Le texte ne précise pas où se trouvaient les « marteaux » mais, apparemment, ils ne se trouvaient pas dans les ateliers d’un palais, ni celui de Terqa, ni celui de Mari. Ils ont donc été réquisitionnés chez des particuliers, tout comme Asqûdum fait réquisitionner des barques pour transporter du blé, selon ARMT XXVI 58.

    17

    = likkair, IV optatif.

    18

    = ikkair, IV inaccompli.

    5. LES LETTRES DE HABDÛ.MA-DAGAN

    Habdû.ma-Dagan1, fils d'Aya-la-sumû2, fut administrateur au palais de Mari sous le RHM avant d’occuper des postes provinciaux3. Sa carrière est évoquée dans ARM I 18 (LAPO 16 43), texte rédigé au plus tard sous l’éponyme Addu-bani (cf. ARMT XXVI/1 p. 235-236) : il a commencé sa carrière par des occupations dans le Bît îrim, soit la zone du palais de Mari où l'on procédait au stockage des biens et, sans doute, en partie au moins, à leur transformation4 ; il résida ensuite au centre provincial de Zibnatum, dans le district de Saggâratum, où il a dû assumer des responsabilités administratives5 avant que YasmahAddu et Samsî-Addu n'envisagent de lui confier le commandement de Tuttul6 suite à la mort de YaûbEl. Rien ne prouve cependant qu'il en ait été le gouverneur, alors qu'il est sûr qu'il a été désormais actif dans la région7. En fait, plutôt que le poste de âpium, Habdû.ma-Dagan a reçu selon ARM I 62 (LAPO 17 639) la charge de mer‘ûm au début des grands recensements (milieu de l'éponymat d'Addu-bani) et le commandement ( PR) des forces locales8. Ainsi pour Samsî-Addu la charge de mer‘ûm comportait la 1

    Le NP, de structure et de lexique occidentaux, signifie « C'est un/le serviteur de Dagan », avec ‘abdum au lieu de wardum et -ma entre le régi et le régent, au lieu d'un état construit à l'akkadienne (Warad-Dagan). Habdû.maDagan était sans doute un bédouin pour qu'on lui confie la charge des troupeaux dans la région du Balih (Tuttul) et même un mâr sim'al, s'il a été mis ultérieurement à un poste de confiance, comme le gouvernement de la grande place militaire de Saggâratum. Cela a dû être le fait de Bannum, un autre bédouin mâr sim'al, dès sa prise du pouvoir. 2 Cf. ARM I 62 (= LAPO 17 639). Il apparaît également comme prêteur dans quelques textes juridiques qui doivent être de l'époque où il appartenait à l’administration palatiale : par exemple ARM VIII 40 et 54. 3 Cf. P. Villard, « Les Administrateurs de l'époque de Yasmah-Addu », dans Amurru 2, 2001, p. 89-90. P. Villard a exclu que ARMT XVI/1 ait raison de comprendre que âpiûtum dans ARM I 62 fasse référence à Zibnatum (cf. Amurru 2, p. 88, n. 529) parce que le lieu serait « trop petit pour être le siège d'un gouvernement provincial », mais ce n'est pas le sens que pouvait avoir alors le terme de âpium. 4 Cf. J-M Durand « L'Organisation de l'espace dans le palais de Mari », dans Ed. Lévy éd., Le Système palatial en Orient, en Grèce et à Rome, Strasbourg, 1985, p. 39-110. 5 Le fait est sûr puisque dans ARM I 18 (= LAPO 16 43) Samsî-Addu prévoit qu'il faudra le remplacer (« D'autre part à Zibnatum, à la place de Habdû.ma-Dagan, installe quelqu'un (pris) parmi les gens de cet endroit même, ou bien (pris) parmi les fonctionnaires du palais qui sont à ton service direct, ou bien encore quelqu'un qui y convienne (usmum) de confiance (= de bon niveau social) ». On peut en déduire que Habdû.ma-Dagan était alors le cheikh-sugâgum de Zibnatum. S'il n'est pas mentionné dans [A.1240] parmi les cheikhs du district de Saggâratum par Kunaniya, c'est qu'il est sans doute déjà à Tuttul et remplacé localement. C'est à cette fonction que devait faire allusion l'expression âpiûssu de Samsî-Addu. 6

    P. Villard, op. cit., considère qu'il a été promu de âpium à mer‘ûm. Ce sont en fait deux charges différentes qui, de plus, sont exclusives. Cf. l. 5-14 du Rev. de ARM V 62 (= LAPO 17 513), dont la traduction doit être améliorée : « Qu'est-ce que sa juridiction ? Il pourrait commander à une vaste région. Qu'il soit commandant à Tuttul et qu'il exerce la mer‘ûtum ! Comme ses collègues sont commandants dans une vaste région, qu'il soit commandant, lui, à Tuttul. Cela (sera) comme la région où ses collègues sont commandants. » L'expression de la l. 9' mînum âpiûssu ne signifie pas qu'il ait été un gouverneur-âpium au sens qu'a pris le terme sous le règne de Zimrî-Lîm. Samsî-Addu observe simplement que Habdû.ma-Dagan méritait mieux que la région de Zibnatum. 7 P. Villard le considère comme présent à Tuttul lors du raid de La-rîm-Num(a)hâ sur la ville de Zihlalum (éponymie d'Aur-Malik) et suppose qu'il a participé aux opérations à l’occasion d’une mission temporaire. Dans M.8823: 10-12 qu'il cite, ce n'est qu’un serviteur de Sumhu-rabi qui lui apporte confirmation des nouvelles de la prise de Zihlalum (sur le Balih) par La-rîm-Num(a)hâ. 8 En revanche Sumhu-rabi, déjà aux côtés de Yaûb-El (cf. P. Villard, op. cit., p. 90), est resté aux côtés de Habdû.ma-Dagan à Tuttul et a dû normalement accompagner ce dernier à Saggâratum où il prit sa succession. Il faut le considérer comme « l'intendant de confiance » ou le « responsable du cadastre » que Samsî-Addu conseillait à son fils d'installer à Tuttul aux côtés de Habdû.ma-Dagan (ARM I 18).

    204

    Jean-Marie DURAND

    direction des forces militaires. Dans ARM I 18, Samsî-Addu envisage une installation définitive de Habdû.ma-Dagan et de sa famille à Tuttul9. Il lui propose ainsi une « fin de carrière », plutôt qu'une promotion. Habdû.ma-Dagan devait donc être avec son clan et ses moutons dans la région de Saggâratum10 et il lui était proposé une transplantation à Tuttul où il superviserait les troupeaux. Plus qu'une promotion il s'agissait en fait de l'installation d'un bédouin sur une frontière avec pour mission de la défendre. Cela explique le ton « idyllique » utilisé pour décrire la région de Tuttul : « Le terrain labourable y est abondant : ce pays est comme le ubartum. Le terrain labourable est abondant11. Vas-y résider. Installes-y une maison d'hommes et fais-y souche. Garde prospère pour son seigneur ville et pays. »

    On a tenu Habdû.ma-Dagan comme un des cadres du RHM qui ont accepté de participer au nouvel ordre politique. Il a été en effet le premier gouverneur de Saggâratum après la chute du RHM. En fait, il est surtout revenu aux lieux d'où on l'avait fait partir car Zibnatum se trouvait dans le district de Saggâratum et c'était la région où étaient ses racines. Cela n'a pu cependant se produire qu'avec l'aveu de Bannum qui ne pouvait que trouver selon son cœur un confrère mer‘ûm, sans doute d'ailleurs mâr sim'al. Habdû.ma-Dagan disparaît assez tôt, puisque M.12374 (et M.12375) donne en ZL 1’ l'inventaire de ses biens, comme l'a déjà indiqué M. Birot12. Lui a alors succédé Sumhu-rabi. La fin de Habdû.ma-Dagan a dû sans doute être mouvementée. Il est possible qu'il ait un temps subi (sur les accusations de Sumhu-rabi) la purge anti-Bannum qui a suivi le retour de Zimrî-Lîm de Kahat, mais il est sûr qu'il a retrouvé son poste. Ce n'est qu'après sa mort que Sumhu-rabi qui, après avoir été son collaborateur tant à Tuttul qu'à Saggâratum, ne devait rêver que de le remplacer, a été pleinement et durablement, pour un court temps cependant, gouverneur de Saggâratum. 5.1 Lettres de l'époque du RHM Pour ses lettres de l'époque du RHM, on se reportera à ARMT XVI/1, p. 95 ainsi qu’aux traductions de ces textes dans les différents LAPO. À la période où Habdû.ma-Dagan s'est trouvé à Ziniyân appartient manifestement [A.3272], lettre de Kunaniya, apparemment un homme en poste dans le district de Saggâratum, sans doute à la citadelle, ce que semble indiquer la l. 23 où « la ville de mon seigneur » (âlum a bêli-ia) doit désigner la ville appelée du nom du roi. Le texte est clairement de l'époque du RHM puisqu'il mentionne la « Forteresse de Yasmah-Addu ». Ce texte a surtout l'intérêt de montrer que Habdû.ma-Dagan était manifestement originaire de la région de la Forteresse. 78 [A.3272] Kunaniya au roi (Yasmah-Addu). Maintenant que le rassemblement est fini à Ziniyân, (H)abdû.ma-Dagan veut rejoindre sa famille à la Forteresse de Yasmah-Addu. Le roi doit interroger le porteur de sa tablette.

    9

    « Réside à Tuttul même, là où tu pourras faire souche et créer une maison… »

    10

    Cf. commentaire à [A.3272], où il est suggéré que Habdû.ma-Dagan fût de la région de la Forteresse dite de Yasmah-Addu. 11

    Le texte répète, l. 25-27 : a-à me-re-è-tum ma-a-ad, ma-tum i-i ki-ma ma-a-at u-ba-a[r-ti]m, i-ba-a-i a-à me-re-è-tum ma-ad. Le fait que le pays soit un eqlum mêretum, un « champ labourable » peut intéresser au plus haut point quelqu'un qui veut s'établir et la référence au ubartum — par où passe la zone de dry-farming — prend tout son sens. C'est en quelque sorte la promesse d'une terre d'abondance analogue à ce que l'on peut trouver dans la Bible concernant Cana'an. En même temps, la fonction de chef des troupeaux (mer‘ûtum) permet d'y installer les animaux que l'on possède. C'est donc une double tentation pour un nomade en voie de sédentarisation. 12 Cf. M. Birot, « La lettre de Yarîm-Lîm n°72-39+72-8 » dans De la Babylonie à la Syrie, Mélanges en l’honneur de J.-R. Kupper, Ö. Tunca éd., 1990, p. 134, n. 11. Habdû.ma-Dagan est absent des serments de ZL 1’.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    205

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma ku-na-ni-ia ìr-ka-{KA}-a-ma I ab-du-ma-dda-gan up-pa-am ú-[a]-bi-lam a-bu-um i-na zi-ni-ia-anki pa-hi- ir [um-m]a-mi é ù ni-i-ia [a-d]a-bu-ba-am-[m]a [a-na bà]dki ia-as-ma-a[h-dIM] [lu-ta-a]l-kam [o o o ] x x [o o]13 ig-ga-ma[ar] ù a-pa-ra-am an-né-em i-pu-raa[m] [a]-nu-um-ma wa-bi-il [up]-pí-u a a-na e-ri-ia [it]-ta-alkam [a-na] e-er be-l[í]-ia [a]-à-ar-da-a[m] [be-l]í li-i-ta-al-u [a-l]um a be-lí-ia [ù] ha-al-ú-um al[i]im

    2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24

    Note : cette tablette porte également le n° M.109 ; elle a donc dû être une des premières tablettes trouvées. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Kunaniya, ton serviteur. (H)abdû.ma-Dagan 6 m'a fait porter une tablette. 7 Les gens 8 sont réunis 7 à Ziniyân. 9 Il m'a dit : « 10 Mon projeta) 9 c'est ma maison et ma famille 12 et je veux partir 11 à la Forteresse de Yasmah-Addu. 13 Ma tâche icib) 14 se finit. » 15 Donc, 16 il m'a envoyé 15 ce message. 17 Voilà que le porteur de 18 sa tablette qui 19 est arrivé 18 chez moi, 21 je l'envoie 20 chez mon seigneur. 22 Mon seigneur doit l'interroger. 23 La ville de mon seigneur 24 et le district, 25 ça va. 5

    a) Pour ce sens de dabâbum « exprimer dans ses propos », cf. CAD D, p. 11a. CAD traduit ARM II 118 epê kakkî … libbi … idabbub : « thinks only of fighting » et LAPO 17, p. 201: « est l'unique objet de désir ». b) Restauration ad sensum.

    C'est dans la région de Tuttul que (H)abdû.ma-Dagan devait être nommé et exercer son activité. Le texte [A.4872] (= ARM II 9714) est également un document de l'époque du RHM puisqu'il cite les noms des chefs de districts, Ikud-appa-u qui était à Saggâratum15 et Habdû.ma-Dagan qui était à Tuttul. Il s'agit de deux zones rattachées au royaume des Bords de l'Euphrate et de façon naturelle Asqûdum exerçait alors sa fonction de devin. [A.2811], extrêmement concise, est de ce fait difficile à comprendre. Les l. 7-16 doivent citer une missive d'Ime-Dagan où ce dernier tutoyait son frère. Ce tutoiement marquerait son discours (l. 713 14 15

    Aucun signe n'est identifiable dans cette ligne. Repris comme ARMT XXVI 87 = LAPO 18 945.

    Cf. [A.2328], dans le dossier de Sumu-hadû. Dans la notice de ARMT XXVI/1, Ikud-appa-u était rattaché à ubat-Enlil, ce qui était une erreur de rédaction pour ubat-ama (ARMT XVI/1). Ikud-appa-u a donc été à Saggâratum au moment où Habdû.ma-Dagan était installé à Tuttul. Pour la chronologie des gouverneurs de Saggâratum, on devrait donc avoir la séquence Ikud-appa-u / Habdû.ma-Dagan.

    206

    Jean-Marie DURAND

    13). La lettre est postérieure à la mort de Samsî-Addu, leur père, puisqu’Ime-Dagan s'adresse à son frère en se disant son seigneur (l. 7). Elle serait ainsi de l'extrême fin du RHM. Ime-Dagan (cf. l. 7 be-el-ka), alors à Kahat, assurait avoir fait entrer à Tuttul 500 hommes de troupes, tout en expédiant (à Mari) tous les supplétifs et les « isolés » qui se trouvaient dans la région où il se trouvait. Yasmah-Addu devait être à la recherche de renforts militaires car c'était le moment où il avait à lutter contre l'invasion bédouine dans le cœur même de son royaume. Il avait donc dû réclamer à Habdû.ma-Dagan des troupes sur les 500 hommes que son frère lui disait avoir fait entrer à Tuttul. La réponse du mer‘ûm doit commencer l. 17. La tablette de Habdû.ma-Dagan visait à détromper le roi de Mari. En fait, il n'y avait que 130 hommes à Tuttul, dont 110 de la compagnie de Menîhum. Ces derniers représenteraient la réalité des forces militaires envoyées dans la forteresse par Ime-Dagan. Les tablettes de recensement des militaires sont transmises à Mari (l. 23-26) ; point n'est donc besoin qu'un ebbum en vienne faire un contrôle (l. 2829). Vu que les effectifs à Tuttul sont faibles, des directives pour la garde de la ville16 sont nécessaires. Le mer‘ûm, à l'époque, a bien la charge de défendre la ville et Sumhu-rabi, qui ne devait être alors qu’un collaborateur, n'est pas mentionné. Menîhum (l. 17-18), en revanche, est manifestement un chef de troupes et un soldat17. 79 [A.2811] (H)abdû.ma-Dagan au roi (Yasmah-Addu). (Ime-Dagan) a écrit à son frère avoir mis à Tuttul 500 hommes. En fait, il n'y a que 130 hommes pour défendre la ville, comme le prouvent les rôles. Il faut des instructions pour défendre la ville. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ab-du-ma-dda-gan ìr-ka-a-ma up-pa-am be-lí i-tu ka-ha-atki ù°-a-bi-lam um-ma be-el-ka-a-ma i-na < pa-ni-tim > 5 me-tim a-bi-im it-ti ab-du-ma-dda-gan a-na tu-ut-tu-ulki ú°-e-ri-ib i-na-an-na up-pa-ka ik-u-dam-ma [lú]-egir ù lú-me-e didli ma-[la] i-ba-a-u-ú i-na ha-al-í-ia a-à-ar-dam 1 me-at 10 lú-me-e pí-ih-rum a mé-ni-hu°-um° ù 20 lú-me-e pí-ih-rum a ha-al-í-ia 1 me-at 30 lú-me-e pí-ih-rum a it-ti-ia i-na tu-ut-tu-ulki wa-a-bu-ú ú° a-nu-um-ma up-pí lú ù um-u-ú a LA:MA ik-u-du-ni(NIM)

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 16 Rev. 18 20 22 24

    16 17

    130 hommes pour défendre la Forteresse (l. 32-33) ne représentaient pas une très forte garnison.

    Sous Zimrî-Lîm, ARMT XVI/1, p. 153 (où il est enregistré avec la mé-lecture Merhûm) fait de Menîhum un « fils de Bahdi-Lîm » (selon ARM VI 57 = LAPO 17 746 et ARM VI 58 = LAPO 17 747) ; il serait « gouverneur d'un district voisin de Mari ». Tout cela est à revoir. Il s'agir en fait d'un commandant militaire dans la région de Mari, sans doute d'un poste de rive droite, dépendant de Bahdî-Lîm.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan 26 28 Tr. 30 32

    207

    a-na be-lí-ia ú-a-bi-lam be-lí li-isx(AZ)-ni-qa-u-nu-ti-ma li-i-ru-dam as-sú-ur-ri-ma be-lí e-eb-ba-u i-a-pa-ra-am-ma wa-ar-ka-at a-bi-im i-pa-ra-a ù a-na ma-a-ar-ti a-limki [be-lí] da-an-na-tim
  • -i-pu-ra-am 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) (H)abdû.ma-Dagan, ton serviteur. Mon seigneur 5 m’a fait porter 5 une tablette (qui lui était arrivée) depuis Kahat (où il était dit) : 7 « Ainsi parle ton seigneur (= Ime-Dagan ?) : “8 Naguèrea) 500 hommes 9 avec (H)abdû.ma-Dagan 11 j’ai fait entrer 10 à Tuttul. 12 Maintenant, une tablette de toi m'est arrivée et 16 je viens d’expédier 14 tout ce qu'il y avait 15 dans ma région 13 de supplétifs et d'isolés. » 17 (En fait) 110 conscrits 18relevant de Menîhum 19 et 20 conscrits 20 (issus) de ma région, 21 (soit au total) 130 conscrits, 22 (c'est ce) qui 23 est 22 avec moi dans Tuttul. 23 Or, voilà que 26 je fais porter à mon seigneur 24 la liste nominative 25 de tous ceuxb) qui me sont arrivés. 27 Mon seigneur doit les vérifier et 28 (ensuite) expédierc). Ce n'est donc pas la peine que 29 mon seigneur m’envoie un prud'homme à lui 31 et fasse 30 enquête 30 sur le(nombre de)s gens. 32 En outre, 33 mon seigneur d) m'envoyer des directives précises 32 pour la garde de la ville. 5

    Note : la tablette semble comporter plusieurs fautes : l. 33, omission de li ; l. 25 LA :MA = ma-la, l. 8 : i-na- ? L'expression est embarrassée. Pour le syllabaire, l. 6 ù- est préfixe de conjugaison à l'opposé de l. 11 qui recourt à ú-, mais on a ú = ù l. 23 ; on remarque l. 24-25, l'emploi de NIM pour /ni/ dans uppî a …ikudûniM, et l. 27 AZ = /is/). a) Ina signifie-t-il ici « environ »? L'expression française « dans les …» le rendrait bien, mais ce serait une traduction purement contextuelle pour laquelle il manque d'autres exemples. On peut donc supposer que ina est une erreur pour i-na-, ou i-na . b) Une phrase temporelle lama ikudûnim dépendant de uppi awîlim u um-u grâce à a, semble une construction non akkadienne mais, surtout, de peu de sens. la-ma peut donc être une mé-graphie pour ma-la. c) Le sens m'est opaque. Sans doute arâdum « expédier » vise-t-il l'envoi d'un ebbum (cf. la suite). Le sens serait que le roi doit prendre connaissance des rôles militaires plutôt que d'expédier un ebbum. d) Le texte est sans doute fautif. On attend ici une forme en l-. Sinon, la phrase serait une critique de la conduite royale.

    5.2 Lettres d'époque incertaine Le texte [A.1086], déjà cité par G. Dossin et moi-même à propos des mœurs des Bédouins, est de date incertaine : du tout début du règne de Zimrî-Lîm18, quand Habdû.ma-Dagan était gouverneur de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm, ou du moment où il était en poste du côté de Tuttul, sous Yasmah-Addu ? Cette lettre illustrerait dès lors ses activités de chef de pâture. 80 [A.1086] Habdû.ma-Dagan au roi. Chargé d'une mission concernant les ovins des Bédouins mâr yamîna, Habdû.ma-Dagan a dû affronter les oueds en eau, suite à la pluie. Une autre cause de retard a été d'avoir à ramener avec lui les bergers (mer‘ûm) mâr yamîna. Il attend leur retour à Ahhunâ.

    18 En ce qui concerne l'orthographe de l'anthroponyme, /‘abdum/ semble avoir son initiale notée 0 à l'époque éponymale (Samsî-Addu et Yasmah-Addu), mais par HA à l'époque de Zimrî-Lîm. Le cas de [A.4872] (ARMT XXVI 87) fait exception mais le document a été écrit par Asqûdum. Dans les textes de Tell Bi‘a on trouve les deux orthographes.

    208

    Jean-Marie DURAND

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma 2 um-ma ha-ab-du-ma-dda-gan ìr-ka-a-ma 4 a-um ha-í-ra-tim ù udu-há a ha-na-a dumu-me-e ia-mi-im° 6 ma-ha-í-im ù ba-li-ih u-bu-ri-im be-lí ú-wa-ir-an-ni 8 hi-da-na-am i-ku-na-am ak-u-ud-ma a-na pa-ni-ia 10 na-ha-lu-ú i-na zi-nim [me]-e ma-lu-ú-ma ù a-di-ma 12 [ti]-tu-ra-tim a-ta-ka-an-ma!(ZU) Tr. [ú-e]-bi-ra-u-nu-ti 14 [a-na] hi-da-ni-ia ú-[la-pi-it] [i-na]-an-na ha-na-a Rev.16 [ka-lu-]u ba-li-ih i-ti-iq [a]-ni-tam e-a-am ha-na-a 18 be-lí i-di-ma ki-ma i-na wa-í-u-nu u 10-kam i-la-ku-ú ù a-um lú-me-e me-er-hi-i 20 a be-lí a-na ta-ri-u-nu-ú ú-wa-ir°-an-ni a-um ta-ri-u-nu 22 ú-la-pí-{X}-tam i-na-an-na ka-la-u-nu i-na pa-ni-ia a-ta-ra-am 24 a-na hi-da-ni-u-nu i-na a-hu-na-aki ú-qa-a-u-nu-tim° Bibliographie : cf. G. Dossin, « Benjaminites dans les textes de Mari », Mélanges syriens offerts à M. R. Dussaud, 1939, p. 989 ; ARMT XXVI/1, p. 178 ; les l. 17-25 sont citées dans Amurru 3, p. 162, n. 278. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Mon seigneur m’avait donné comme instructions 6 de rabattre les 4 Enclos et les ovins 5 des Bédouins mâr yamîna et 7 de (leur) faire traverser 6 le Balih. 8 Il m’avait fixé une échéance. 9 Je suis arrivé (aux Enclos) mais, avant moi, 10 les oueds 11 s’étaient remplis d’eau 10 à cause de la pluie. Alors, le temps que 12 j'aie installé des pontsa) et 13 les fasse traverser, 14 j’ai été en retard pour l’échéance qui m’avait été fixée. 15 À présent, les Bédouins 16 ont dans leur totalité passé le Balih. 17 Autre chose : 18 mon seigneur connaît bien 17 les mœurs des Bédouins, 18 comme quoi lorsqu’ils partent, 19 (c’est pour) une dizaine de jours qu’ils vont. En outre, en ce qui concerne les bergers 20 que mon seigneur 21 m’a donné comme directive 20 de ramener, 22 j’ai été retardé 21 de ce fait. 22 À présent, 23 je les ramènerai 22 tous 23 avant de partirb). 24 Au terme fixé à eux, 25 je les attendrai 24 à Ahhunâ. 7

    a) Il s’agit manifestement d’installations précaires et non pérennes. b) Il faut comprendre : « j’attendrai leur retour pour partir ». Cf. l. 25.

    [A.1112] est également mal aisé à placer dans le temps. Habdû.ma-Dagan y parle, sans détails, d'une affaire préoccupante (ni''ittum), ce qui peut renvoyer à n'importe quoi. Il dit habiter une « ville frontière » (âl pâim). Au temps où il était en poste dans la région de Tuttul, la situation du RHM était forte, mais Tuttul pouvait alors être considérée comme telle ; sous Zimrî-Lîm, Habdû.ma-Dagan s'occupe de Saggâratum, qui était effectivement une forteresse qui défendait le royaume. Le ton utilisé envers le souverain, toutefois, convient plus à l'adresse d'un jeune roi qui vient d'entrer en fonction qu'à Yasmah-Addu, un roi en place depuis longtemps. Il ne semble pas d'ailleurs que l'on ait jamais parlé sur ce ton au fils de Samsî-Addu, excepté son père : le fonctionnaire déplore en effet que le souverain ne trouve pas bon de donner ses directives (« répondre ») quand on lui transmet un rap-

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    209

    port inquiétant. Le sujet de cette lettre est ainsi étroitement parallèle à [M.9689], document où Sumuhadû a les mêmes reproches à l’adresse de Zimrî-Lîm. Si ce texte (dont la datation est du 4 ou 5 d'un mois i) doit bien être attribué à l’époque où Habdû.ma-Dagan est gouverneur de Saggâratum, il faudrait le considérer comme de l'an ZL 1, immédiatement après la première fête d'Etar, Bannum étant parti pour la Forteresse de Yahdun-Lîm. Le mettre en l’an ZL 2 le rendrait postérieur à l’époque de Bannum et à un moment où le pouvoir de ZimrîLîm devient trop fort pour qu’on lui parle sur ce ton. 81 [A.1112] Habdû.ma-Dagan au roi. Il lui a exposé une situation préoccupante sans avoir de réponse. Son envoyé va revenir le voir et il faut que le roi réponde. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ha-ab-du-ma-dda-gan ìr-ka-a-ma 4 a-na mi-nim i-nu-ma up-pí ni-hi-it-tim 6 a-na []e-[e-e]r be-lí-ia [ú-ta-bi-lam]-ma 8 [wa-bi-il up-pa]-ti-ia e-[re]-ba-am19 ù n]a-[an]-mu-ra-a20 Tr.10 it-ti be-lí-ia ú-ul i-na-ad-di-nu/-u 21 Rev.12 i-na-an-na be-lí li-a°-hi-iz i-na a-ni-im 14 wa-bi-il up-pa-ti-ia {[L]I22} li-ru-ub-ma 16 it-ti be-lí-ia li-in-na-mì-ir ù me-he-er up-pí-ia be-lí li-id-di-na-a-um 18 a-lum a wa-a-ba-ku 20 ú-ul a-al pa-ì-im 2

    Tr.

    (anépigraphe.)

    C. 22

    iti ú-ra-hi-im u 523?-kam ba-zal-ma up-pa-am an-né-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam

    Note : ce texte doit faire l’objet d’une étude dans un prochain ouvrage de D. Charpin. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Pourquoi, lorsque 7 je fais porter 6 chez mon seigneur 5 une tablette sur une affaire préoccua) 11 pante , ne permet-on pas 8 au(x) porteur(s) de mes tablettes 9 d'entrer et d’avoir une entrevue 10 avec mon seigneur ? 4

    19 Il y avait 4 signes dans la première partie de cette ligne, aujourd'hui illisible. D. Charpin a lu ici e-[re]ba-am ù na-an-mu-ra-am. Cf. effectivement l. 15. 20

    Le signe (incomplet de sa fin) a l'air d'être sur une érasure.

    21

    Lecture également due à D. Charpin.

    22

    Il reste encore la fin du LI érasé qui correspond à l'initiale de la l. 15.

    23

    Peut-être simplement 4 ?

    210

    Jean-Marie DURAND 12

    À présent, mon seigneur doit prendre une décisionc) et 13 une autre(/la prochaine ?) foisd), un porteur de tablettes de moi 15 doit entrer (au palais) et 16 avoir une entrevue avec mon seigneur. 17 Alors, 18 mon seigneur doit lui donner pour moi 17 réponse à ma tablette. 19 La ville où je me trouve, 20 n'est-elle pas une ville frontière ? 21 Dans le courant du 5? du mois i, 23 je fais porter 22 la présente tablette 23 chez mon seigneur. a) Pour le terme de ni''ittum, « événement inquiétant », cf. LAPO 17, p. 98 (ad ARM V 68) ; il a été commenté ARMT XXVI/1 181 b) ; dans [A.3027], le terme signifie également « danger ». Au sens étymologique, c'est « quelque chose à quoi il faut faire attention » (na'âdum). b) Il est impossible de savoir aujourd'hui, vu l'état de la tablette, quels étaient les gens (l. 11 indique un pluriel) qui faisaient barrière aux messagers qui apportaient des renseignements au roi. D'autres affaires montrent qu'il pouvait s'agir du ministre, mais cela ne rendrait pas compte du pluriel. c) Le sens global est « que mon seigneur fasse que cela ne se reproduise pas ». Dans le corpus de Mari, c’est warkatam parâsum qui convoie la notion de « faire une enquête ». Sans doute faut-il donc chercher pour  ’Z le sens qui convient parmi les exemples de CAD A/1, p. 181a-b « to incite a person to do something », ou estce le même emploi que dans A.1314 (LAPO 16 251): 6 où ûhuzum signifie : « juger, décider ». d) Pour cette expression, cf. CAD /1, p. 391a.

    5.3 Lettres de l'époque de Zimrî-Lîm 5.3.1 La nomination de Habdû.ma-Dagan à Saggâratum Le document M.7924 a été cité par P Villard24 comme un jugement sur l’incapacité de Habdû.ma-Dagan à l’époque du RHM à diriger Tuttul. Rien n'est moins sûr. Il semble que le halum important qui doit lui être confié soit, en fait, celui de Saggâratum puisque c'est avec ceux que forment Mari et Terqa qu'il est mis en parallèle et s'il faut comparer des districts entre eux, l'absence de Saggâratum aussi importante que les deux autres serait étonnante. Enfin le RHM n'est pas une période où Sumu-hadû (écrit alors Sumam-hadêm) est impliqué dans l'administration et les mentions d'Amnân yahappilûm n'appartiennent pas à l'époque du RHM, mais plutôt au règne de Zimrî-Lîm. Cela dit, la nomination de Habdû.ma-Dagan au poste de gouverneur de Saggâratum n’a pu être qu’une décision du début de l’administration de Bannum, antérieurement à l'arrivée du nouveau roi. Mais dans ce texte, bêlum ne peut désigner qu’un roi, d’autant plus qu’il ne semble pas y avoir dans les archives de lettres adressées à Bannum et qu’on ne peut donc envisager que la tablette ait été adressée au mer‘ûm considéré alors comme le chef du royaume. Le document pourrait ainsi être contemporain de la seconde nomination de Habdû.ma-Dagan, postérieurement au retour de Kahat, lorsque a été redéfinie l’administration du royaume. L'expéditeur serait un fonctionnaire établi dans la Forteresse de Yahdun-Lîm. Lorsqu'il parle de sa région (cf. l. 13'), c'est après la mention d'Amnân yahappilum qui se trouvait entre Terqa et la Forteresse de Yahdun-Lîm et qui semble avoir été affectée au district par Sumu-hadû. Il s’adresserait ainsi au roi pour empêcher la nomination de Habdû.ma-Dagan. Cela voudrait dire, d’ailleurs, que dans la première partie de son gouvernorat, Habdû.ma-Dagan n’avait la charge que de Saggâratum. La lettre pourrait être dès lors à attribuer à Aham-nûta (qui, lui aussi, serait confirmé dans son poste ?). On remarque dans [A.3585+] 11' l'expression eli-u marâku qui lui serait propre. Le document M.5421 (adressé de façon sûre à Zimrî-Lîm) publié ci-dessous montre en effet que les rapports entre Aham-nûta et Habdû.ma-Dagan n'étaient pas bons, ce dernier transmettant alors au roi un avis défavorable sur l'administration d'Aham-nûta sans doute de la part de ses administrés (l. 1'-9'). Le Rev. de la tablette parle d'un tout autre sujet. Manifestement l'expéditeur a eu des problèmes relationnels avec ses administrés dans l'administration qui lui a été confiée. Cela serait une rencontre de plus avec ce que nous savons d'Aham-nûta.

    24

    Cf. P. Villard, op. cit., Amurru 2, p. 89, n. 538 : « une missive envoyée par un collègue aigri ». Comme le texte est programmatique (cf. l. 8’), on ne peut penser à Sumhu-rabi à qui l'on doit un texte très net de dénigrement de la conduite de Habdû.ma-Dagan.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    211

    82 [M.7924] (Acéphale au roi [Zimrî-Lîm (?)]). Habdû.ma-Dagan ne pourra pas administrer un aussi vaste territoire que celui qu'on lui destine. Inconvénients de cette décision. (Lacune.) L'expéditeur a des ennuis et est impopulaire depuis qu'il a reçu mission là où il se trouve. Il est prêt à assumer ses responsabilités. (Lacune). Il exprime son chagrin. (Il manque le tiers de la tablette.) [o o o ]-um li-e-bi-ir [………] I d [ ha-ab-d]u-ma- da-gan ha-al-a-am [r]a-a[p-a-am] i-a-ap-paar [ki-m]a ha-la-a ma-ri!ki ù ter-qaki ha-[l]a-as-sú ra-pa-{PA25}-a ha-la-as-sú ra-ap-a-am u-ta-as-sú-ka°-am ú-ul i-le-i ù a-na ka-a-ia-an i-ir be-lí-ia ú-ta-na-az-za-aq {X} it-ti ha-la-as-sú u-t[a]-as-sú-ka°-am la i-le-ú {Ú} ù ha-[la]-as-sú ra-ap-u a-na e-er ha-al-í-u s[ú-m]u-h[a-d]u-ú am(WA)-na-anki ia-ha-ap-pí-il [i-pu-ur] [i]t-ta-at ha-al-í-ia I [NP ] [o o o]-da […] [……………] pu-u [……]

    2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ 14'

    (Il manque le tiers de la tablette.)

    [ o o o o o o o] x-m[a… a[r- o o o o u]-nu-ti-ma [… [i]-tu [u]-m[i ma-du-t]im a-na [NG ] be-lí ú-wa-[a]-ra-ni26 a-na a-[wa-tim mar-a-tim (?)] ù sà-ar-ra?-ti-im ba-re-ku m[i-nu-um é-tum] da-an-nu-um a er-du-u?-[nu-i-ma] e-li-u-nu ma-ar-a-[ku] mi-im-ma e-li-u-nu ú-ul ma-a[r-a-ku] lú-me-e u-gi ha-al-í-ia be-lí li-a-al um-ma e-li-u-nu ma-ar--ku a-wa-tam27 hi-ì-tam ù pa-ha-ta-am be-lí a-ta-na-ap-pa-[a]l ri-ki-ís-ma ki-ma la l[i-ib-b]i-u [lú?] mu-ha-du-ú pa-na-[num [o o]-x x x […

    2” 4” 6” 8” 10” 12” 14”

    (Il manque le tiers de la tablette.)

    C. i 2”'

    [an-ni-i ú]-wa-a°-ra-an-ni [i-na-tum e]-li-ia a-ak-na [an-né-tim] a-mu-ur a a-na be-lí-u it-ta-ak-lu-ma […

    ii 4'”

    25 26 27

    Le signe est érasé. Cf. l. 1”'.

    Cette séquence a-wa-tam a l'air d'être sur des signes érasés, mais il est possible qu'il faille lire a-wa-te (plur.) au lieu de a-wa-tam (sing.).

    212

    6'”

    Jean-Marie DURAND mu-ru-u li-ib-bi-[u ga-am-ra-am] a-na e-er be-lí- [u i-pu-ur]

    Note : le choix entre Face et Revers a été fait en fonction de l'écriture du Côté.

    …1' que … brise/fasse traverser…a) Habdû.ma-Dagan 3' va commander 2' une vaste région. 5' Sa région sera vaste 4' comme celles de Mari et de Terqâ. 7' Il ne pourra pas 6' administrerb) le vaste district (qui serait le) sien. 7' Donc, constammentc), 8' il va causer du 7' désagrément 8' à mon seigneur. 9' En plus du fait qud)'10’il va être incapable 9’ d'administrer son district — 10’ car son district sera vaste —, 11’ Sumu-hadû 12’ a envoyé Amnân yahappila 11’ à son district. 13’ Aux marches de ma région, (NP) … 2'

    (Face : il manque le tiers de la tablette.) (Tr. disparue.) (Revers : il manque le tiers de la tablette.)

    … 3” Depuis de nombreux jours 4” mon seigneur m'a donné mission 3” à NG. Je fais l'objet d'examene) pour paroles désagréables et mensongères. 5” Quelle est la maison 6” importante que je leur aie confisquéef) 7” pour leur être (devenu) odieux ? 8” Je ne leur suis en rien odieux! 9” Que mon seigneur interroge les Anciens de mon district. 10' Si je leur suis odieux, 11” j'assume la pleine responsabilité pour mon seigneur 10” de parolesg), 11” de manques et de scandalesh). Par la suite des chosesi), de même que, malgré lui, le noble Muhaddûmj) auparavant, … (Lacune.)

    Depuis que mon seigneur 1”'m'a donné mission ici, les yeux sont posés sur moi. Je l'ai constaté. Celui qui a mis sa confiance en son seigneur, lui a envoyé tout le chagrin de son cœur. a) Cette expression rappelle le « Dieu brise ( BR [D]) ses armes ! » qui accompagne à Mari la mention d'un ennemi, mais l'état du texte ne permet pas d'en dire plus, car il peut s'agir du verbe ebêrum à la forme . b) La graphie u-ta-as-su-ka-am répond à la remarque de CAD N/2, p. 23 : « There is no conclusive evidence to decide whether utassuq/ku is derived from nasku or from nasqu. » Manifestement la préférence devrait être donnée à NSK. c) Cette forme absolue kâyan (notée kayân, CAD K, p. 38 et considérée comme récente) se retrouve dans ARM V 79: 16 et à Shemshara. d) Itti a ici une fonction de subordonnant — et non de préposition — déjà connue pour Mari ; cf. LAPO 17, p. 373 n. d), confortant la remarque de von Soden, Or 21, p. 79. Cet emploi manque dans CAD I. e) Barêku est compris comme bari’âku permansif de barûm « voir ». La tournure n'est pas usuelle, cf. cependant l. 1”'. « Je suis sans ressources, affamé » se dit à Mari berêku. f) Restauration conjecturale. L'expression bîtam redûm, « mettre la main un patrimoine » est connue à Mari, cf. ARM IV 5 (LAPO 18 1027) : 9. g) Il est-possible que ces trois termes juxtaposés soient en fait à comprendre comme « affaires ayant entraîné un manque ou une situation dangereuse ». h) Pour un sens négatif de pa-ha-tum signifiant « chose à craindre, scandale », cf. DBP s.v. awîlû unu itât napiti-ia isahharû u pûhat anniki'am amuttû.ma u pa-ha-tum iakkan° ana êr bêli-ia lullikam (A.4533-bis) = « Ces gens menacent ma vie. Alors, plutôt que je ne trouve la mort ici et qu'ainsi se produise une situation regrettable, je voudrais aller chez mon seigneur ! » Le terme provient du verbe pahâdum « craindre », qu'on trouverait dans un texte cunéiforme (difficile à comprendre) d'Ugarit et qui serait l’équivalent de l'hébreu pd « craindre ». L’écriture pa-ha-tam suppose un pahattum désignant un événement dont on redoute la venue, sans aucun rapport avec pâhâtum = pîhâtum. Le terme se retrouve dans ARM V 68 (LAPO 17 504 et ibid. p. 98 n. e). Cf. FM II, p. 27 d) et p. 114, n. j). L’entrée pa-ha-tum « responsibility » de CAD P, p. 362a mélange plusieurs mots. i) Pour cette expression, cf. rikissuma dans ARMT XXVI 170 c) = « successivement (?) ». j) Muhaddûm est sans doute ici un nom propre (banal à l'époque paléo-babylonienne). On en connaît une mention isolée dans ARM V 28: 26 dont il est difficile de tirer des informations.

    5.3.2 Les affaires de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm [A.4216] est mal conservé, mais la mention de Saggâratum comme district de Habdû.ma-Dagan fait attribuer le document à l'époque de Zimrî-Lîm. Une compréhension par « édit » de ipum (l. 4)

    213

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    mettrait le texte en rapport avec la miârum proclamée par le roi. Le texte serait dès lors contemporain de [M.5499] et de [M.14033]. 83 [A.4216] Habdû.ma-Dagan au roi. Édit du roi à publier à Saggâratum. Lacune. Texte indécis. a-na be-lí-ia qí-bí28-ma um-ma ha-ab-du-ma-dda-gan ìr-ka-a-ma a-um i-ip-ì-im a be-lí° i-na sa-ga-ra-ti-im ki a-na ha-al-í-ia na-da-nim i-p[u]-[á]-an-ni h[a-al-i ú-pa-hi-ir-ma] [um]-m[a a-na-ku-ma] [o]-x-[……………] [o]-x-x […………] [……………]

    2 4 6 8 10 Tr.

    (Sans doute anépigraphe.)

    Rev. 2’

    [………] wa?-a-u-[ri-im (?) ……] [l]ú à-ba-t[imki i-na qa-ab?-l[i?-a-at] ma-ta-tim i-ta-a-ka?-[nu/an] a-na be-lí-ia an-né-tim iq-b[i]

    4’ 6’

    (Reste de la tablette anépigraphe.) Note : le texte est cassé de telle façon qu'un joint est peu probable. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Au sujet de l'édit que mon seigneur m'a enjointa) 7 de promulguerb) Saggâratum, 7 j'ai réuni mon district et j'ai dit : … 4

    5

    dans la ville de

    ( Texte lacunaire.) 1’

    6'

    …2' libérer … 3’ homme de âbatum… 5' il(s) a/ont été placé(s) 4' au milieu 5' des pays. » Voilà ce qu'il a dit à mon seigneur.

    a) Le verbe apâ u B « to inform » (CAD /, p. 451a) signifie en fait « dire d'un ton sans réplique, enjoindre ». b) Pour l'expression ipam nadânum, cf. les exemples réunis dans CAD N/1, p. 54b.

    [A.1075] est un des (très rares) textes qui renseignent sur la fonction de juge dans le royaume de Mari. Les l. 17-18 qui concernent quelqu'un du district de Saggâratum le font dater de l'époque de ZimrîLîm, mais Sitru-Ba'al (l. 27) est également attesté par ARM VIII à l'époque des éponymes. Comme les NP sont largement inconnus ainsi que les toponymes, il pourrait s'agir d'un texte datant du moment où Habdû.ma-Dagan était à Zibnatum, endroit dont nous ne connaissons pas l'arrière-pays. Les juges (dayyânum) étaient réunis en un corps (ici mazzaztum) sous la direction d'un waklum. C'est l'organisation normale de fonctionnaires, comme on le constate par exemple pour les administrateurs de temple, les angûm. On sait peu de choses sur cette institution judiciaire. Le dirigeant-waklum semble (selon ce document) en poste jusqu'à son décès, même si la disparition d'Asqur-El peut être due aux troubles qui 28

    Sans doute sur érasure d'un autre NE, mais cf. la même forme de BÍ au n°90 (D. Charpin).

    214

    Jean-Marie DURAND

    ont suivi la chute du RHM. Si a ni-bu-ú signifie bien a nibbû, « que nous avons nommé29 », on en déduira que le waklum était élu par ses pairs, alors que le collège devait être présidé par le gouverneur, en tant que représentant royal. Les cheikhs-sugâgum convoqués sur ordre du roi (cf. l. 29-31) peuvent avoir constitué le corps électoral des juges (chacun s'occupant de ce qui concerne ses contribules ? ) parmi lesquels le waklum devait être choisi. Ces « juges » sont en fait compris comme des pourvoyeurs du trésor public. Ils devaient donc plus infliger des amendes qu'avoir à résoudre des cas juridiques. De fait, dans les textes administratifs ou épistolaires de Mari (DBP s.v. et ARM VII 21730 : 9 & 11 où [malgré MARI 2, p. 91] M. Birot avait sans doute raison de lire kù-ud au lieu de SIG), on constate qu'il existait une entrée de fonds spécifiée « argent des juges, du jugement » (kasap dayyânî/dînim). Ils ont donc dans ce texte, un rôle d’agents du fisc plus que de juristes, praticiens du droit ; ils devaient appliquer dès lors une estimation en fonction des coutumes tribales, complétée par les décisions du roi. Leur « code de lois » pouvait ainsi avoir principalement consisté dans un tarif des fautes, sur lequel ils avaient à se prononcer. Les gens énumérés sont des cheikhs, comme le montre ARM III 68 (LAPO 18 1068) : 10, 17 qui donne expressément ce titre à Yâpah-Lîm de Sahrûm (à l’époque de Zimrî-Lîm). Ils étaient des notables du district de (H)abdû.ma-Dagan, donc de la région de Saggâratum, comme le prouve le nom de leurs localités (l. 18, 20, 26), même si plusieurs d'entre elles ne sont pas autrement connues (l. 16, 22, 24, 28). 84 [A.1075] (H)abdû.ma-Dagan au roi. Les deux responsables successifs du corps des juges étant décédés, on envoie au roi la liste des (cheikhs) qu’il doit faire venir pour que le paiement des (amendes) soit effectué. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ab-du-ma-dda-gan ìr-ka-a-ma I às-qú-ur-AN wa-ki-il ma-za-az-tim a da-i-ni a-da-aq-d[e-e]m im-tu-ut ù ia-an-í-ib-dda-gan wa-ki-il ma-za-az-tim a ni-bu-ú u-ú im-tu-ut-ma i-na-an-na um-ma li-ib-bi be-lí-ia kù-babbar da-ia-ni la i-ma-ì I ha-mu-ra-pí lú i-wa-ta-anki I ia-a-pa-ah-li-im lú sa-ah-ri-iki I ia-su!-um lú mu-ul-heki I ia-ás-ma-ah-dda-gan lú é ma-li-ki-im I sà-ap-sà-lum

    2 4 6 8 10 12 Tr.14 16 Rev. 18 20 22

    29

    Nabûm est bien attesté au sens de « nommer à une fonction », mais les exemples donnés par le CAD N/1 concernent tous la nomination d'un roi par une divinité. Il est donc possible que nabûm n'ait ici que le sens de « mentionner (pour la succession au poste) » ; il s’agirait plutôt de nominer quelqu’un que de le nommer. 30 Malgré CAD B, p. 236b, qui suit J. Bottéro, ARMT VII, p. 237 & 338, on comprendra bêl biltim non pas comme « official in charge of taxes », mais « contribuable ».

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    215

    lú IA-ha-ma a-ni-iki I sa-[a]m-si-ia lú b[i-sa]-anki31 I sí-it-ru-a-ba-al lú mu-ru-i-{RU I}ki [be-lí] li-i-pu-ur-ma li-it-ru-ni-u-nu-ti-ma be-lí li-wa-e-er-ma ù kù-UD lú-me-e da-ia-[ni] la i-ma-a-ì

    24 26 28 30 Tr. 32

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Asqur-Ela), le responsable du 6 corpsb) des juges 7 est mort, l'an dernier. 8 Or, Yan ib-Dagan, 9 le responsable du corps 10 que nous avions mentionné/nommé, celui-là 11 vient de mourir et, 12à présent, s’il plaît 13 à mon seigneur, l’argent 14 (que procurent) les juges ne doit pas faire défaut. — 15 Hammu-rabi, 16 le (cheikh) de Iwatânc) — 17 Yâpah-Lîm, 18le (cheikh) de Sahrûm — 19 Yâsûmd), 20 le (cheikh) de Mulhûm — 21 Yasmah-Dagan, 22 le (cheikh) de Bît malikim — 23 Sapsalum, 24 le (cheikh) des Ya/uhamma anûe) — 25 Samsiya, 26 le (cheikh) de Bisan — 27 Sitru'abalf), 28 le (cheikh) de Murûm : 29 mon seigneur doit envoyer un message 30 afin qu’on me les amène et 31 mon seigneur doit donner des directives 32 afin qu'ainsi l’argent (que procurent) les juges 33 ne fasse pas défaut. 5

    a) Les textes de Mari connaissaient seulement Asqur-Addu (« Akur-Addu ») ou Asqurân (« Akurân » de ARMT XVI/1, p. 68). b) Manzatum32 est bien attesté à Mari au sens de « fonction, service administratif ». c) Iwatân est inconnu mais WA peut être lu ici YA. Il rappellerait le toponyme Iyatum qui représente une étape sur la route de ubat-Enlil à Saggâratum selon ARM I 26. d) Lecture et interprétation difficiles. Le texte semble bien attester un U non un ZU/SU dans ce NP. On note cependant un ia-sú-(ú)-um, NP très courant, dont le génitif est ia-a-sú-im (M.6519 iv) ; la forme ia-sú-NDiv. est bien attestée et à distinguer des NP en ia-í-NDiv. qui représentent une autre réalité. Le toponyme de Mulhûm (« l’endroit salé ») est construit sur le nom du sel, lequel a produit plusieurs lieux-dits, dans la vallée de l'Euphrate. e) Cf. le toponyme Yumhammû et « Yamahammû » du district de Saggâratum (cf. ARMT XVI/1, p. 38). Le sens de anûm (« second » ?) demanderait à être précisé. f) Pour ce NP, cf. sí-it-ru-ba-al dans ARM VIII 39: 13, texte d'emprunt contracté d'auprès de Habdû.maDagan. Dans ARM VIII 40, également un emprunt d'auprès de Habdû.ma-Dagan, le NP est attesté sous la forme sí-itre-e-ba-al, attestant une forme primitive Sitru-Yabal. Ces textes sont de l'époque du RHM.

    Le texte [A.1177] parle de la Forteresse de Yahdun-Lîm. On y voit ensemble Habdû.ma-Dagan et Sumu-hadû. Ce dernier fait alors partie de l'administration centrale puisqu'il transmet des ordres (l. 5). En revanche, Habdû.ma-Dagan pourrait être chargé de l'organisation agricole des deux centres, la Forteresse de Yahdun-Lîm et Saggâratum (l. 6) ainsi que de Ziniyân (l. 38). Il est difficile de savoir, cependant, de quelle basse vallée (l. 9-10) parle ce texte : celle du Habur (auquel cas le texte serait à relier à ce dont se plaint le gouverneur de Qa

    unân) ou, moins vraisemblablement, celle de l'Euphrate.

    31 32

    Selon une suggestion de M. Guichard ; Bisan est effectivement un bourg du district de Saggâratum.

    Dans CAD M/1 p. 230, s. v. manzaltu 4b, le terme est compris comme « paiement en argent » (M/1, p. 229 s. b) : referring to the pertinent payment or delivery. On voit néanmoins que dans AJSL 33 236, n°26, il ne s'agit pas de « sicles d'argent » mais de moutons et la l. 20 devrait se lire 1 udu dza-ba-ba-qar-ra-ad, a gìr-nita ih-bu-tu-ma il-qú-[ú], ma-an-za-al-ti dza-ba-ba-na-ir ; cf. d'ailleurs la transcription du texte sur ARCHIBAB avec les collations de D. Charpin.

    216

    Jean-Marie DURAND

    Le document traite de la remise en marche d'un système agricole à l'abandon. Le sagûm (l. 15) est explicable par la famine de la dernière année du règne de Yasmah-Addu, laquelle s'est poursuivie pendant la première année de Zimrî-Lîm. 85 [A.1177] (H)abdû.ma-Dagan au roi. La situation économique du district de Saggâratum-Forteresse de Yahdun-Lîm ne lui permet pas d'envoyer les forces humaines qui lui sont demandées par Sumu-hadû. Il y a 2 000 arpents de terre à mettre en culture et qui sont sans irrigation. Il y a une invasion de sauterelles et le canal de la Forteresse de Yahdun-Lîm souffre d'un déficit de main d'œuvre. De plus, des dérivations y ont été opérées. 100 travailleurs doivent venir de Terqa. La moitié du district est occupée à réparer le canal et l'autre moitié à irriguer. La moisson de la basse vallée a pu être faite avant l'arrivée des sauterelles. Les champs de Ziniyân promis par le roi ont pu être donnés. La lettre est datée d’un 14.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Tr. 22 Rev. 24 26 28 30 32 34

    [a-na be-lí -ia] [um-ma ha-ab-du]-ma-dda-gan [ìrka-a- ma] [a-um lú pí-ih-ri-im] ù lú-didli-me-e a ha-al-í-ia [pu-hu-ri-i]m ù wu-ri-im su-mu-ha-du-ú i-pu-ra-am [ù i]-na sa-ga-ra-timki ù bàd ia-ah-du-li-im 2 li-im 33 a-à é-kál-lim a-na pa-ni-ia na-di a a-di-ni la u-ta-as-sú-ku ù za-ru-u la u-lu-ú i-na ha-am-qí-[im] ir-bu-ú ú-ta-ab-bi-ka-an-né-[i-im] [ù] a-ba-am ma-li i-na ha-al-í-i[a i-ba-a-]u-ú be-lí-ma i-di e-li e-er-'a-[ni-im] [i]-ip-rum ma-a-ad ù e-li ma-n[a-ha-tim] a-na mi-ik-ri-im na-a'-du-ma íd-da a bàdki ia-ah-du-li-im i-na sa-gi-im ha-a-ri ù za-an-na-tim bu-ut-t[u]-qa-at ù e-re-e-et um-ma ar-hi-i a-à a-gàr-há la ú-e-li ù bi-it-qí [la ú-se-ek]-ki-ir-ma mi-ik-ra-am [ú-ul e-le-i] as-sú-ur-re i-te-et in-né-ep-pé-e-ma wa-ar-ka-nu-um be-lí a-pa-lam ú-ul e-le-i um-ma li-ib-bi be-lí-ia 1 me a-bu-um i-na ter-qaki a-na e-er a-bi-im a ha-al-i-ia li-in-’a-ri-ru-nim-ma [i]-ip-ra-ni an-nu-ut-tim lu-uk-u-ud [a-nu]-um-ma i-na-an-na mu-ut-ta-at ha-al-í-ia [a-na bi]-it-qí ku-u-ú-ri-im it-te-bi ù mu-ut-ta-[tum a-]à a-gàr-há ú-e-li [ù] a-à ha-am-qí-im i-na pa-an er-bi-i-/im [e]-í-id e-em i-ip-ra-ni-ia [a-na] be-lí-ia á-tap-ra-am li-ib-bi be-lí-ia

    33 Le GÁN doit manquer parce que dans cette écriture il ressemble beaucoup au É qui suit. C'est un cas de haplographie.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    36 38 40 Tr. 42 44

    217

    [lu]-ú i-dix) a-ni-tam a-um a-à-há a a-na ìr-me-e-u i-na zi-ni-ia-anki be-lí id-di-nu [k]i-ma a be-lí i-pu-ra-am a-na zi-ni-ia-anki [al-li]-ik-ma a-na pí-i up-pí be-lí-ia [ta-mi]-ir-tam ú-pa-al-li-ik [i-a-ri-i] a-pu-ul-u-nu-ti [iti o-o-o ?-i]m? u 14-[kam] [up-pa-am] a-na e-er b[e-lí-ia] [ú-a-bi]lam

    Bibliographie : cf. J.-M. Durand, Amurru 3, p. 119, n. 34. La date est nettement séparée du texte. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Sumu-hadû m’a demandé de mobiliser et d’envoyer 4 les conscrits et les « isolés » de mon 6 district. Or, dans (les secteurs de) Saggâratum et de la Forteresse de Yahdûn-Lîm, 7 les 2 000 de champs (appartenant) au Palais étaient à l'abandon avant mon arrivéea), 8 lesquels jusqu’à présent n’avaient pas été administrés et dont l'ensemencement n’avait pas été irriguéb). 9 Dans la basse vallée 10 nous avons eu à subir une « inondation » de sauterellesc). 11 Or, 12 mon seigneur lui-même sait 11 (ce que représente) toute la population de ceux qui sont dans mon district. 12 Outre les terres sillonnées, 13 il y a beaucoup de travail : 13 outre les travaux d’aménagement agricole, 14 elle se préoccupe de l’irrigation et 14 le canal de 15 la Forteresse de YahdunLîm 16 est plein de brèches 15 du fait des départs pour raison économiqued), 16 des dérivations illicitese) et de l'oued mis en eau par les pluiesf). 17 En outre, il est alluvionnég). Si rapidement 19 je ne fais pas monter le niveau d'eau 18 des champs des campagnes et 19 ne ferme pas 18 les brèches, 20 je n’assurerai pas 19 l’irrigation. 20 Il ne faudrait pas 21 qu’il se produise 20 un événement (fâcheux) et 22 qu’ensuite 24 je ne puisse répondre à (l'attente de) mon seigneur. 24 S’il plaît à mon seigneur, 25 (un groupe de) cent hommes sur Terqa 27 doit venir prêter main 26 forte aux gens de mon district 28 pour que j'arrive à bout de tous ces travaux. 29 Voilà qu’à présent la moitié de mon district 30 vient de se lever pour agencer les brèches, 31 alors que, l’(autre) moitié fait monter l'eau des champs des campagnes. 32 En outre, 33 j’avais fait la moisson 32 des champs de la basse vallée avant (l'arrivée) des sauterelles. 33 Le détail de tous mes travaux 34 je l’envoie à mon seigneur. 34 Le cœur de mon seigneur 35 est au couranth). 36 Autre sujet. À propos des champs que 37 mon seigneur a attribués 36 à des serviteurs à lui 37 à 38 Ziniyân, selon le message de mon seigneur, 39 je suis allé 38 à Ziniyân 39 et selon la tablette de mon seigneur, 40 j’ai délimité la zone de prairiei). 41 Je leur ai donné leur content. 5

    a) Plutôt que « relèvent de moi » ; l'abandon des terres convient mieux au contexte historique. b) ûlûm « faire monter » dans ces textes signifie « mettre en eau » ; cf. l. 18, l. 31. Le CAD E ne semble connaître cet emploi que pour le vocabulaire ordalique où « faire monter l'eau » signifierait « s'immerger ». c) Plutôt que 'BK D/t avec valeur de passif, TBK D/t. d) Pour le terme sagûm, non pas « faire une razzia » (D. Charpin, AfO 40/41, 1993/94, p. 3) mais « chercher de la nourriture », à partir de ARM XXVIII 79 : 11-13 : âbu-ni ana libbi NG, u ana mât NG, ana sa-gi-im ittallakû : « Nos gens partent sans cesse à l’intérieur du Yap ur et au pays du Zalmaqum pour y chercher de la nourriture », cf. J.-M. Durand, « Sagûm = “émigrer pour des motifs économiques" », NABU 2003/30. e) Pour le terme de harrum, une sorte de fossé, cf. ARMT XXXIV commentaire à [A.396]: 9”: Atamrel ana ha-ar-ri-u-nu ûl ihi, ù itti-unu ûl innawer. Les dictionnaires connaissent harrum au sens de « water-channel ». f) Pour la réalité du zannatum, canal/oued mis en eau par la pluie, cf. p. 128. g) Le verbe êrum n'est attesté qu'au permansif, ce que CAD , p. 105a enregistre sous la rubrique rû « silted up», réservant le verbe pour la forme D (II) urrû 167a « to smear », considérant ces termes comme dérivés de ru « mud » (cf. LAPO 17, p. 594 sq.). h) On attendrait plutôt ici libbi bêli-ia lû hadu (hadi). Le cœur (libbum) est le siège de l'intellect à l'époque, mais le texte peut être fautif. i) Pullukum « délimiter une zone », apparemment avec des piquets (pilkum compris à tort comme « frontière »), n'était attesté pour le CAD qu'au Ier millénaire, à l'époque SB. D. Ch. préfèrerait [i-mi]-ir-tam en référence à YOS XV 34 : 7-9.

    218

    Jean-Marie DURAND

    Le texte A.4347 est acéphale et, donc, son attribution n’est pas assurée. Lors de sa publication dans les Mélanges P. Garelli, j'avais supposé qu'il pût s'agir d'une lettre de Bannum, car ses mesures administratives ont leur écho dans ARMT XXVI 5 et 6. Il s'agit certainement d'une lettre contemporaine du début du règne et, dans FM V, D. Charpin et N. Ziegler34 l'ont avec raison mise en rapport avec le « serment des intendants » (A.3696 = LAPO 16 50), quoiqu'il puisse n'y avoir qu'une coïncidence thématique entre les deux documents. Le texte parle en effet explicitement de « la fin des difficultés » (l. 3') et de l'instauration des intendants (l. 5'). On est donc à un moment où l'administration est remise en route, ce qui a pu être le fait de Bannum. Il semble cependant que le serment des intendants soit postérieur à son époque. Un point crucial est cependant de savoir de quel lieu parle le texte : il y a mention de deux palais (l. 9'). Si, comme le propose l’editio princeps, ce sont ceux de Mari, il s’agirait du grand palais (ekallum) et du « petit palais oriental » (sakannum), ce qui paraît désormais peu vraisemblable, d'autant plus que le « petit palais oriental » était le lieu de résidence d'Asqûdum au début du règne. Il vaudrait donc mieux considérer qu'il s'agît ici de la région du royaume où se trouvaient deux centres administratifs de stockage (« Palais »), soit ceux de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm. La lettre devrait donc appartenir plutôt aux archives de Habdû.ma-Dagan, voire de Sumu-hadû. Le document consonnerait avec la lettre d'Asqûdum ARMT XXVI 6135. 86 [A.4347] (Acéphale au roi). X expose au roi les graves problèmes économiques des « deux palais » qui sont sans réserves et le fait que les paysans sont au chômage technique. (1/2 manque.)

    iz-ba-l[u……………………] ù ú-da-an-ni-in-u-nu-[i] wa-ar-ka-nu-um i-tu da-an-na-tum ib-i(TE)-lu-ma ù be-lí a-na é-gal-u i-ru-bu ab-bu-ú é-tim i-a-ak-nu [ba]-i-it é-kál-lim ù gi-apin-há [a] ki-ma i-ba-a-e-e ip-qí-du-u-nu-i-im [i]-na-an-[n]a wa-ar-ka-at é-kál-li ki-la-al-li-[in] ap-ru-ús-ma 1 qa e ú-ul i-ba-a-[i] bé-ru-ú gu-há-u-nu en-u i-na ma-ak e-im ma-ia-ru-u-nu na-duú gi-apin-há-u-nu i-na si-ik-ka-tim ha-alla ur-ra-am be-lí li-ik-u-dam-ma níg-gub u 2-kam u 3-kam {A} re-e be-lí-ia ú-ul ú-ka-al x x ke-em Iú-ri-la-ri-im [o o o o o] ù ? be-el te-re-ti

    2' 4' 6' 8' Tr. 10' Rev. 12' 14' 16' 18' 20'

    (1/2 manque.)

    34 35

    Cf. FM V, p. 182, n. 117. Cf. ici-même, n°46, p. 134.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan Tr.

    219

    (Perdue.)

    C.

    [………um-ma wa-ar]-ka-tam la ta-ap-ru-ús-ma [……………]-x a-na be-lí-ia a-ta-la-kam?

    Bibliographie : J.-M. Durand, « Précurseurs syriens aux protocoles néo-assyriens », dans Marchands, Diplomates et Empereurs, D. Charpin & F. Joannès éd., 1991, p. 22. Repris comme LAPO 16 79. Cf. FM V, p. 182, n. 117. 1'

    Ils ont transporté… 2' Alors, j'ai été très strict avec eux. Par la suite, une fois que les difficultés eurent cessé et 4'qu'alors mon seigneur fut (r)entré dans son palais, 5' des intendants (nouveaux) ont été installés. 7'On leur a confié 6' le stock du palais et les charrues 7' autant qu’il y en avait. 8' À l’heure actuelle, 10' j’ai fait 8' enquête sur 9' les deux palais. 11' Il n’y a pas un seul litre de 12' grain. Ils sont affamés. Leurs bœufs sont faibles. 13' Suite au manque de grain, leurs araires 14' sont au chômage technique. 15' Leurs charrues 16' sont suspenduesa) 15' aux chevilles. 17' Si mon seigneur vient aujourd’hui, 19'il n’y aura pas à sa disposition 18' de quoi manger 2 ou 3 jours. 20' … ûrî-la-rîm 21' … et les chefs de service, … 3'

    (Manquent la fin du rev. et la tranche.)

    … 1” Si tu ne fais pas enquête et 2” …, je partirai chez mon seigneur. a) Pour ce verbe halâlum ('alâlum), cf. ARMT XXI, p. 288.

    Le texte A.2929 est aujourd'hui opaque car il est difficile de comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire de vache. Il y a contestation à son propos. La lettre que Sumhu-rabi (cf. la variante Simhu-rabi, l. 20, dans un discours rapporté) a communiquée à Habdû.ma-Dagan avait dû lui être envoyée par le roi. Sumhu-rabi mettait ainsi au courant le gouverneur et ce dernier témoigne par sa présente lettre au roi qu'il s'agit en fait d'une non-affaire. À quel règne apartient A.2929 ? Il ne semble pas qu’il s’agisse du Lâ'ûm ministre de Yasmah-Addu. On ne voit pas d'ailleurs ce qu'il ferait, seul avec le gouverneur, devant la grand porte de Tuttul, si l’on se trouvait sous le règne de Yasmah-Addu. Ce Lâ'ûm doit plutôt être un des fonctionnaires de Habdû.ma-Dagan, peut-être celui que l'on retrouve ensuite dans l'administration de Qa

    unân. Au point de vue de la chronologie, pour que Sumhu-rabi apporte au gouverneur de Saggâratum une lettre du roi, il faut que l'affaire date d’après son retour d'Alep, qui est d’avant l’expédition de Kahat (première moitié de ZL 1) ; or Habdû.ma-Dagan a cessé ses activités dans la première moitié de ZL 2. 87 [A.2929] Habdû.ma-Dagan au roi. Question d'une vache promise et donnée par Lâ'ûm à Sumhu-rabi, dans un contexte de procès. a-na be-lí- i[a] qíbí -ma um-ma ha-ab-du-ma-dda-gan ìrka-a- ma I su-um-hu-ra-{BI}36-bi up-pí be-lí-ia ublam um-ma u-ma a-um di-in gu-há dumu/tur-me-e ia-aq-bi-im na-pí-i-ta-u-nu {X} a-na e-rika id-du-ú

    2 4 6 8 10 Tr. 36

    Signe érasé pour des questions de « mise en page ».

    220

    Jean-Marie DURAND

    12

    mi-im-ma-ma na-da-an 1 áb [a]-na su-um-hu-ra-bi Rev.14 ú-ul a-mu-ur ù ma-ti-ma I la-ú-um ma-ah-ri-ia 16 a-um 1 áb su-um-hu-ra-bi ú-ul i-ba-at i-na pa-an a-bu-lim we-de-nu-ú 18 ù ki-a-am iq-bi-a-am um-ma u-ma a-mu-ur 1 áb 20 a a-na si-im-hu-ra-bi ad-di-nu-ú ù ki-a-am 22 aq-bi-um um-ma a-na-ku-ma e-ki-im-u ù ki-a-am 24 i-pu-la-an-ni um-ma-[mi] Tr. ki-i lu-ú-ki-[im-u] 26 ù qa-bi e-li-[ia] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Sumhu-rabi 6 m’a apporté une tablette de mon seigneur, 7 disant : « 8 Les fils/serviteurs de a) 7 Yaqbûm , en ce qui concerne le procès relatif aux bœufs, 11 ont prêté 9 sermentb) 10 à ton encontre. » 12 En aucune façon 14 je n’ai constaté 12 le don 13 d'une vache à Sumhu-rabi. 14 En outre, à aucun moment 16 Lâ’ûm n’a entrepris 15 devant moi 16 Sumhu-rabi au sujet d'une vachec). 17 Nous nous trouvions seuls devant la grand ported). 18 Alors, il m’a dit ceci : « Bone) ! Il y a une vache que j'ai donnée à Simhu-rabi ! » 21 Alors 22 je lui ai dit 23 ceci : « 23 (Re)prends-(la)-lui ! » Alors, 24 il m'a répondu 23 ceci : « 25 Comment pourrais-je (la) lui (re)prendre? 26 Alors, ma promesse est sur moif) ! » 5

    a) Il existe un Yaqbûm, habitant de Narâ (cf. LAPO 17, p. 665 ; FM 10, p. 104), dans le district de Saggâratum, b) Traduction contextuelle. D. Charpin comprend « Ils ont remis leur vie entre tes mains = ils s’en tiendront à ton jugement ». L'expression napitam nadûm est connue à Mari, mais avec un autre sens : cf. FM [1], p. 138-143 : 23-25 : Alik ! âbum ana libbi alim lîrub ! Napita-û.ma ina bît naparim li-id-di-ma urram mahri-ya liptun = « Allons ! Il faut que les gens entrent dans la ville ! Qu'ils déposent leurs vivres dans l'auberge ! Demain, ils devront prendre leur repas devant moi. » Cf. CAD N/1, p. 302b. c) Le choix de Lâ'ûm comme complément d'objet, non sujet, du verbe malgré sa forme en -um, est contextuel et vient de la supposition que « il », l. 18, représente Lâ'ûm. d) La notation n'est peut-être pas anodine si les verdicts des dieux se produisaient à la grand porte. Cf. l'anecdote rapportée par Itûr-Asdû, dans [A.1890]. e) Pour amur, interjection, cf. CAD A/2, p. 19. Elle ne serait attestée qu'à époque plus récente que celle de Mari, mais elle le serait au milieu du IIe millénaire, dans l'Ouest, Ugarit, El Amarna (et les textes hittites). On peut donc considérer que son emploi ici dans un discours rapporté montre son usage chez des « Occidentaux » dès le début du IIe millénaire. f) Le texte n'est pas bien conservé (l. 25-26) mais le sens semble être que « bien donné ne se reprend pas » et ses diverses variantes. À cette histoire de vache pourrait être ajoutée l'information sur des veaux de un an donnée par un petit fragment acéphale, [A.1538]. Le Habdû.ma-Dagan ici mentionné pourrait cependant ne pas être le gouverneur. Cf. ci-dessous, n. 38.

    88 [A.1538] Fragment acéphale parlant de veaux de un an, de (l’engraisseur ?) Habdû.ma-Dagan, non rassemblés (?). Déclaration de Sumu-hadû (…). (…)

    2'

    ìr-me-e b[e-l]í-ia [a … ] ik-u-du-nim-ma

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    221

    um-ma-mi amar mu-1 h[á]37 a ha-ab-du-ma-dda-gan [ú-ul pa-ah-ru] ù ki-ma amar mu-1 h[á ] la pa-ah-ru a-na su-mu-ha-di-im aq-bi-ma ki-a-am i-pu-la-an-ni

    4' 6' 8'

    (…) Note : ce texte m'est connu par une transcription de G. Dossin. Les différences de transcription sont soulignées.

    (…) … 1’ Les serviteurs de mon seigneur de … 2’ me sont arrivés et 3’ (m’)ont dit : « Les veaux de 1 an qui relèvent de Habdû.ma-Dagan ne sont pas rassemblés. » 5 Donc, que les veaux de 1 an de Habdû.ma-Dagan38 6’ne sont pas rassemblés, 8’ je l’ai dit 7’ à Sumu-hadû. 8’ Il m’a répondu ceci : … 4’

    5.3.3 Problèmes avec les Mâr yamîna [M.5421] (comme le dossier subséquent du devin Yal'a-Addu) montre à l'évidence que des problèmes relationnels avec les Mâr yamîna ont commencé très tôt, dès le gouvernorat de Habdû.maDagan, et qu'ils songeaient déjà à en découdre avec Mari, sans toutefois passer à l’acte. C'était sans doute une conséquence de la politique de remise en route de l'économie qui se faisait à l'échelle du royaume, en contrariant parfois les habitudes locales. Le texte dit explicitement que les Mâr yamîna comptaient profiter du départ de l'armée mariote en vue de l'alliance (tillatum) avec Enunna. Ils tenteraient alors un coup de main sur la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il s'agit d'une période antérieure à celle où les Bédouins mâr yamîna ont mis leurs espoirs dans le roi d'Enunna. La situation historique de [M.5421] ne peut être envisagée qu'au début du règne, lorsque l'accord de Mari et d'Enunna paraissait établi, moment où Ibâlpêl II envoyait un trône au nouveau roi de Mari pour que tous puissent voir qu'il y avait entre eux la même alliance qu'à l'époque de Yahdun-Lîm. Ce document devrait donc être contemporain de [A.951] dont l'incipit malheureusement manque, lettre de Sumu-hadû ou d'Aham-nûta. Les informations de [A.951] sont identiques : les Mâr yamîna comptaient faire un coup contre la Forteresse de Yahdun-Lîm à l'occasion du départ des forces militaires mariotes, mais la situation historique se laisse ici mieux comprendre : il s'agit du moment où Enunna attaquait Rapiqum, laquelle devait toujours être aux mains du RHM. Cette information se recoupe avec ce que dit Ama dans [A.2470], texte selon lequel des troupeaux d'Ime-Dagan se trouvaient encore au tout début du règne de Zimrî-Lîm dans la région de Rapiqum et de Yabliya39. Rapiqum est considérée à plusieurs reprises dans les textes publiée ici-même comme devant appartenir à Enunna, comme le montre le Revers de [M.8176], lettre de Sumu-hadû. Le texte reprend après une longue cassure qui empêche de comprendre le rapport entre la Face et le Revers. La fin du Revers parle de problèmes dans l'administration de la Forteresse de Yahdun-Lîm. La cause en est manifestement Aham-nûta. Quelqu'un — dont le nom est aujourd'hui perdu — (ou plusieurs personnes ?) exprime(nt) la crainte que les locaux ne se rangent du côté des rebelles, par réaction antiAham-nûta. 37

    Lu ici et l. 5 par G. D. amar mu-rum hi-[a]. Mûrum désigne bien le veau, mais ne semble pas attesté en OB à part dans ARMT XXIV 51 (cf. ibid., p. 33) dans la séquence udu mu-ruhá. Le texte n’a pu être collationné, mais semble plutôt être ZU-mu-ru. 38 Ce Habdû.ma-Dagan peut-être celui qui est mentionné ARM XXIV iii 24’ où on lira son titre ma*-ru = « engraisseur ». Il peut donc ne pas s’agir du gouverneur de Saggâratum. 39 Pour la situation à Rapiqum à ce moment là, cf. FM V, p. 182 et ibid. n. 89. Cf. en outre, les importantes considérations de M. Guichard, RA 96, p. 122 avec les notes, ibid., 23 et 24.

    222

    Jean-Marie DURAND

    Il y a un lien évident entre ce rejet d'Aham-nûta et le souhait des locaux que Rip'î-Lîm et/ou Yan ibum prennent en main l’administration de la Forteresse. Dans la partie manquante du document pouvait donc être exprimée l'idée que la menace des Mâr yamîna était d'autant plus à prendre au sérieux qu'ils pouvaient espérer avoir l'appui des mécontentements locaux. C'est sans doute à partir de ce moment-là qu'Aham-nûta a été menacé dans son poste40. La prise de fonctions de Rip'î-Lîm, ou plutôt son intervention dans l’administration locale, s’est produite à un moment non précisable et la lettre que Rip’î-Lîm envoie au roi conjointement à Samu-ila peut avoir été produite par lui, alors qu’il n’était toujours qu’un simple scheikh. Rip'î-Lîm est bien identifiable mais Yan ibum qui lui est associé porte un nom très banal. Il est difficile de retrouver sûrement le personnage, même parmi tous les porteurs de cet anthroponyme attestés par les documents publiés ici ; on ne peut exclure l'existence de plusieurs individus homonymes. Des documents montrent effectivement qu'un homme de ce nom a participé à l'administration de la Forteresse, mais il est difficile de le situer par rapport aux autres attestations de l’anthroponyme. Il pourrait s'agir de celui qui est attesté par la lettre de Hardûm [A.891] (cf. ARMT XXXIV) et dont se plaint le roi bédouin. Dans [A.4239], un homme de ce nom est un spéculateur en opérations agricoles. Mais, par ailleurs, plusieurs textes parlent d'un Yan ibum, « serviteur » du roi de Mari, impliqué dans le transport d'informations et intermédiaire avec les Mâr yamîna, comme [A.385], lettre de Hammî-itamar. Selon [A.672] (ARMT XXXIV), lettre de Hâlî-hadun, un Yan ibum apporte une tablette de Zimrî-Lîm, mais il faut sans doute le distinguer du Yan ibum attesté par les lettres d'Itûr-Asdû de Mari, employé dans les rapports diplomatiques avec Enunna et qui semble avoir été un redoutable bavard (cf. p. 525). Dans [A.1878], lettre d'Itûr-Asdû depuis Nahur, on trouve encore un Yan ibum messager, sans compter, bien sûr, le Yan ibum grand serviteur d'Asqur-Addu bien attesté dans ARMT XXVI/2.

    89 [M.5421] Habdû.ma-Dagan au roi. Projet des rois mâr yamîna d'attaquer la Forteresse de Yahdun-Lîm pendant que Zimrî-Lîm aiderait Enunna. (Lacune). Transmission d'un message comme quoi Aham-nûta n'est pas fiable. La Forteresse doit-elle être confiée à Rip'î-Lîm et Yan ibum ? Saggâratum est mise en état de résister. a-na be-lí-ia [qí-bí-ma] um-ma ha-ab-du-ma-dd[a-gan ìr-ka-a-ma] i-na pa-ni-tim i-nu-ma be-lí [a-ba-u] a-na à-ra-di-im ú-i-im […] lugal-me-e-nu a dumu-me-e ia-mi-na bi-r[i-u-nu] ì-ta-lu-ma um-ma-mi um-ma I z[i-im-ri-li-im] a-ba-u a-na til-la-at lú è-nun-na[ki] i-à-ar-ra-du° ù ni-nu an-na-nu-[um] a-lam bàdki ia-ah-du-li-im i n[i-i-ba-a]t e-ma-am an-né-em e-mé-em-ma igi ì[r?-me-e be-lí-ia … ]

    2 4 6 8 10

    (Lacune de la 1/2 de la tablette.)

    Rev.

    [… -ma ù i-na qa-at be-lí-ia] a-lum [bàdki ia-ah-du-li-im] ú-u-í-ma be-lí [t]i-bu-t[am] i-ra-a-i i-[na]-an-na I a-ha-am-nu-[ta] a-a-ri-i wa-a-ab-u ú-ul na-ú a-di be-lí í-bu-ussú i-ka-a-du ù a-bu-um a [b]e-lí-i[a]

    2’ 4’ 6’ 40

    Cf. ci-dessus, à propos du document [M.7924], qui pourrait être une lettre d'Aham-nûta.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    223

    i-na ge-er-ri-im [i-tu-ru-ni-im] ri-ip-ip°-li-im lú-x41-[…] ù Iia-an-í-ba-am ni-qé-ep lú-me-e u-nu ta-ak-[lu-ma] ma42-a-at a-lim bàdki [ia]-ah-du-li-[im] lu-up-qí-is-sú-nu-i-im a-nu-um-ma m[a]-la e-mu-ú a-n[a be-lí-i]a [a-pu-ur] be-lí a lugal-u li-pu-[ú] u-um up-pí an-né-em a-na be-[lí-ia] ú-a-bi-la-am ma-a-a-ra-[at] sa-ga-ra-timki ú-da-an-[ni-in] [……? ………] I

    8’ 10’ Tr. 12’ 14’ C. i 16' 18' ii

    Note : la tablette s’est dégradée entre la transcription et la photographie (l. 10-11 & 2’-3’) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Naguère, au moment où mon seigneur 4 décidait d'expédier 3 ses gensa), 4 … b) 5 les rois des Mâr 6 yamîna ont délibéré 5 entre eux, 6 disant : « Nous jurons que si Zimrî-Lîm 8 expédiec) 7 ses gens à l'alliance d'Enunna, 8 alors, nous, ici, 9 il nous faut prendre la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm ! » 10 Voilà la nouvelle que j'ai apprise et 10 par devant les serviteurs de mon seigneur … 2

    (Lacune de la 1/2 de la tablette)

    …et 1' la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 2' va sortir 0' du pouvoir de mon seigneur et mon seigneur aura à subir 2' un soulèvementd). 3' En fait, Aham-nûta, 4' il ne convient pas qu'il soit en poste ici. 5' En attendant que mon seigneur 6' ait atteint 5' son but 9' et que les gens de mon seigneur 7' reviennent de l'expédition, 8' Rip'î-Lîm, le…e), 9' et Yan ibum ont notref) confiance. » 10' Ces gensg) sont « fiables ». 12' Je voudrais leur confier 11' le pays de la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm. 13' Voilà que, tout ce que j'ai appris, 14' je l'ai fait savoir à mon seigneur. 15' Mon seigneur doit agir selon sa royauté. 16' Le jour où 17' je fais porter ma présente tablette à mon seigneur, 17' j'ai renforcé les gardes de 18' Saggâratum. 3'

    (…?…)43 a) Restauré d'après les l. 7'-8'. b) Sans doute manque-t-il ici un complément circonstanciel, un toponyme ou un adverbe de temps. c) Ce « subjonctif » après umma (un pluriel semble exclu) n'est explicable qu’en considérant que la phrase exprime un serment. d) L'expression tibûtam raûm « subir un soulèvement » semble nouvelle, mais tibûtum au sens de « révolte » est bien documenté dans la langue des présages de l'époque paléo-babylonienne. e) Peut-être simplement sugâgum ? f) Cette première personne du pluriel, inattendue dans une lettre envoyée par Habdû.ma-Addu, montre qu'il y a en fait à la l. 9' la fin d'un discours rapporté. Sans doute s'agit-il là de paroles prononcées par des gens de la Forteresse de Yahdun-Lîm, ou par quelqu'un au nom de la population. g) Rip'î-Lîm et Yan ibum plutôt que ceux qui conseillent de faire partir Aham-nûta ( l. 12').

    41 Le signe est très incertain à cause d'une fracture de la tablette et de la non-conservation du côté droit. Après un NP, il peut s'agir d'un titre ou d'un toponyme. 42

    Peut-être sur érasure du A anticipé.

    43

    Le second registre du Côté était sans doute anépigraphe.

    224

    Jean-Marie DURAND

    5.4 Le dossier de Yal'a-Addu Des bruits alarmants ont été également transmis par le biais de Yal'a-Addu (A.4239), un devin, qui avait dû assister aux interrogations oraculaires des rois mâr yamîna qui s'enquerraient de la possibilité de se révolter, voire même poser pour eux ces interrogations. Le dossier qui le concerne illustre surtout les efforts du roi au début de son règne pour s’assurer un ensemble de serviteurs compétents. L'individu était sûrement renommé comme un grand spécialiste en hépatoscopie, mais d'autres considérations plus politiques peuvent aussi être envisagées. [A.2411] envoyée depuis Saggâratum porte la date d’un 14/xi. Elle appartiendrait donc à ZL 1 et daterait ainsi du moment où Zimrî-Lîm, arrivé à Mari, était occupé à célébrer la première fête d'Etar. Sumu-hadû est alors déjà en fonction dans l'administration centrale. Yal'a-Addu qui est d'origine alépine et exerçait son art dans la région d'amont a été sollicité par le gouverneur de Saggâratum d’aller trouver le roi. Le prétexte serait de l'envoyer chercher un habit d'honneur, à l'occasion apparemment de la fête d'Etar. Manifestement, on essaie de l’envoyer répéter au roi les informations qu’il a déjà transmises à de hauts fonctionnaires du royaume. 90 [A.2411] Habdû.ma-Dagan au roi. Sur demande de Sumu-hadû, il envoie le devin Yal'a-Addu à Mari, sous prétexte d'obtenir un ensemble vestimentaire. Date : 14/xi.

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 Rev. 16 18 20 22 24 26

    [a]-na be-lí-ia qí-bí-ma [um]-ma ha-ab-du-ma-dda-gan [ìr]ka-a- ma [Isú-m]u-ha-du-ú [a-um] ia-al-a-dIM lú-má-u-gíd-gíd [ki-a-a]m i-pu-ra-am [um-m]a-mi sú-ur-ri-ra-a-u-ma li-[i]l-li-ka-am-[m]a i[t]-ti be-lí-ia l[i-in-n]a-me-er a[n-n]i-tam I sú-mu-h[a-du]-ú [i-p]u-ra-am è[-e-a-am] I ia-al-a-[dIM] lú-má-u-gíd-gíd a-na sa-ga-ra-timki il-li-ka-am-ma ma-ah-ri-ia ú-i-ib ù ki-a-am aq-bé-um um-ma a-na-ku-ma a-li-ik it-ti be-lí° I zi-im-ri-li-im na-an-me-er-ma ù túg-ba li-la-ab-bi-i-[ka] an-ni-tam aq-bi-um i-na-an-na a-nu-um-ma lú a-tu a-na e-er be-lí-ia ú-a-re-e-u iti ki-i ki-i-í-im u 14-kam ba-zal-ma up-pa-am an-né-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-la-am

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 151 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 233.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    225

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Habdû.ma-Dagan, ton serviteur. Sumu-hadû 6 m’avait communiqué ceci 5au sujet du devin Yal’a-Addu : « 7 Trouve un prétexte 8 pour qu’il aille 9 rendre visite à mon seigneur. » 10 Voilà ce que Sumu-hadû 11 m’avait communiqué. À la fête du moisa), 12 Yal’a-Addu 13 le devin 15 est venu à moi 14 à Saggâratum. 16 Il a eu un siège par devant moib). 17 Alors, voici ce que je lui ai dit : « 18 Va 20 rendre visite 19 à mon seigneur Zimrî-Lîm 20 afin qu’il te donne alors l’ensemble vestimentaire. » 23 Voilà ce que je lui ai dit. 22 En fait, voilà que 23 je fais aller 22 cet homme 23 chez mon seigneur. 24 Le mois xi, 25 le 14 courant, 27 je fais porter 26 cette tablette chez mon seigneur. 4

    a) Dans l'édition de ARMT XXVI, j'avais proposé ì[-me-ma, ce qui ne convient pas à la logique de l'histoire, d'autant plus que AB n'est pas un bon début pour /ime-ma/. L'arrivée du devin pour les sacrifices de la fête du mois (apparemment celle de la pleine lune) est, en revanche, l'occasion toute trouvée pour l'expédier à Mari. b) La place d'honneur (un siège devant le gouverneur) devrait être complétée par un don vestimentaire, ce que le dénuement du gouverneur de Saggâratum ne permet pas, d'où l'envoi chez le roi.

    Les informations dont il était porteur nous sont connues en fait par les lettres de hauts fonctionnaires qui ont transmis au roi ce qu’ils avaient appris de lui. Mais il semble que Zimrî-Lîm ait profité de l’occasion pour essayer de s’attacher ses services. Les deux faits : informations transmises sur l’état d’esprit des Mâr yamîna et offres de service à Mari s’entrecroisent. Les documents qui concernent Yal'a-Addu ont été édités comme ARMT XXVI 148-151. Il semble possible aujourd'hui de les présenter dans un meilleur ordre chronologique. ARMT XXVI 151 date du début du règne puisqu’elle mentionne Habdû.ma-Dagan, mais l'un des protagonistes du dossier est Sammêtar, dont l’activité est postérieure à la disparition de Samu-ila et au plus tôt du moment où l’expédition contre Kahat se met en route. Selon [A.4239], le devin Yal'a-Addu avait déjà averti par courrier (l. 9'-15') Sammêtar que l'état d'esprit des Mâr yamîna n'était pas amical. Cette information se recoupe donc avec celle de [M.5421]. Sammêtar a ainsi servi d'intermédiaire entre le roi qui était à Mari et quelqu'un qui se déplaçait en amont, en l’occurrence Yal'a-Addu. Yan ibum qui a transmis l'information à Sammêtar peut être celui que mentionne [M.5421] comme l'un de ceux à qui il faudrait confier la Forteresse de Yahdun-Lîm. Son contact avec Yal'a-Addu avait dû se produire dans la région d'amont, à la Forteresse. Il est qualifié de lú-engar, ce qui en fait quelqu’un qui avait une certaine fortune, un capitaliste qui investissait dans le domaine agricole. D'après le début du Rev. de [A.4239], les Mâr yamîna exprimaient, lors d'une de leurs réunions dans le temple d'Annunîtum, le désir de soutenir une ville attaquée par Zimrî-Lîm qui en faisait le siège (l. 2'-3'). Le culte de la déesse Annunîtum était d'une grande importance sur les Bords-de-l'Euphrate, mais il est peu probable que le temple dont il s'agissait fût celui de ehrum ou de Dêr, repaires mâr sim'al, ou encore celui des environs de Mari, connu comme le temple d'« Annunîtum hors-les-murs », car ce dernier était trop proche de la capitale. On connaît bien un temple d'Annunîtum à Terqa44 mais il fait peu l'affaire, cette ville ayant toujours été du côté des loyalistes. Il peut donc s’agir du temple d’Annunîtum de Samânum attesté par ARMT XXVI 224, comme il est aussi possible, vu les liens d’Annunîtum45 avec Dumu.zi46, que le lieu de culte de la déesse auquel fait référence [A.4239] soit à chercher sur le Balih, peut-être même à Ahhunâ. Cette ville était loin (et hors) du royaume de Zimrî-Lîm, un lieu où les Mâr yamîna pouvaient se réunir pour comploter. Commme dit ci-dessus, la fonction de devin de Yal'a-Addu a pu lui permettre d'être informé des secrets des Mâr yamîna : il aurait été sollicité pour prendre les sorts ou porter jugement sur eux, car on n'imagine pas les

    44

    Cf. OLA 162/1, p. 265.

    45

    Cf. OLA 162/1, p. 244.

    46

    Pour les liens de Dumu-zi avec les Mâr yamîna (dans la région du Balih), cf. le proverbe cité par Hammîitamar, dans A.1146, OLA 162/1, p. 244.

    226

    Jean-Marie DURAND

    Mâr yamîna se lançant dans une entreprise comme une rébellion envers le roi de Mari, sans précautions oraculaires. Mais il est aussi possible que ce Yal'a-Addu soit le même que le frère de l'uprapéen La-hun-Dagan47. Il aurait ainsi été informé en tant que mâr yamîna. Pour nous en tenir à celui que l'on connaît comme devin, en faisant prévenir le roi de Mari, le devin trahissait sans doute le « secret » (piritum) de sa fonction, mais restait fidèle à une autre loyauté, celle qu'il avait jurée au roi d'Alep dont Zimrî-Lîm se reconnaissait le vassal.

    Il avait promis à Sammêtar une information — sans doute détaillée — sur une tablette secrète (l. 12') mais, entretemps, Yan ibum avait eu droit à ses confidences et avait fait rapport au fonctionnaire de Terqa lequel transmit l'information au roi, en urgence mais sans précisions. Quelle était la ville attaquée par Zimrî-Lîm ? Il s'agit manifestement d'une ville forte contre laquelle on usait des ressources de la poliorcétique de l'époque (cf. l. 2'). S'il s'agissait d'une ville mâr yamîna proprement dite, elle ne pourrait donc être que Samânum ou Milân, éventualité difficilement envisageable, puisque la révolte n’avait pas encore commencé dans le royaume. La ville au secours de laquelle il s'agirait d'aller ne peut ainsi être que Kahat— voire Qirdahat. Elle était sans doute nommément mentionnée l. 1'. Les Mâr yamîna devaient craindre en effet, une fois la ville prise, le renforcement du pouvoir d'un jeune prince belliqueux au détriment du mer‘ûm avec lequel des accords avaient été passés. La région entre Kahat et Qirdahat comportait à l'époque une forte composante mâr yamîna. Il pouvait en être de même pour les villes elles-mêmes et la solidarité tribale jouer en l'occurrence. Mais c’est également un moment où l’alliance semble forte entre Enunna et Mari. La date du rapport de Yal’a-Addu serait donc de toute façon de ZL 1, quand part l’expédition contre Kahat (1re moitié de ZL 1) ou qu’on envisage à Mari d’aller aider Enunna (2e moitié). 91 [A.4239] Sammêtar au roi. Yan ibum transmet une information venant du devin Yal'a-Addu sur l'état d'esprit belliqueux des Mâr yamîna, réunis dans le temple d'Annunîtum. Le roi de Mari a mis le siège devant une ville qu'ils ont l'intention de soutenir. Yal'a-Addu avait déjà prévenu Sammêtar qu'il enverrait par message secret des informations à ce sujet. Sammêtar se dépêche de mettre le roi au courant. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma sa-am-me-e-t[ar] [ìr]ka-° ma [wa]-ar-ki up-pí-ia a a-[na be-lí-i]a [u-t]a-bi-lam ia-an-í-bu-um lú-engar [ik-]u-dam-ma ki-a-am iq-bé-em [um-ma] u-ma ia-al-a-dIM [e-em48-]u-nu ú-a-an-né-em [lugal-u]-nu lú we-du-tu-u-nu {ù} [ù l]ú su-ga-gu-u-nu [i-na] é an-nu-ni-tim ip-hu-r[u] [a-na] ab-bi-i dum[u ia-mi-na] [1 lú mu-ú-ke-num it-bi-ma] [iq-bi um-ma-mi ……]49 [………………] [I zi-i]m-ri-[li-im a-um…]

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 = 16 Rev. 47

    Yal’a-Addu, frère de La-hun-Dagan est connu pour ses accointances avec le Yamhad, comme le montre [A.349] dans ARMT XXXIV. 48 49

    Pour cette restauration, cf. l. 8' et analogues.

    Les l. 14-15 sont librement restaurées, à partir de ce qui est connu par le rium des Bédouins (cf. ARMT XXVI 44 ), car, quoique le terme ne soit point employé, on a affaire ici à un rium mâr yamîna.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    227

    2' = 18 [i-na ]a-pa-ak e(I)-p[í-ri-im] [uruki] il-wi-ma ki-ma 1 lú-[lim] 4' = 20 [lu] ni-in-ha-ra-ar ka-ak-ki [i]t-ti-u lu ni-pé-e 6' = 22 [i]-te-ni-i lu ni-ma-at ù- i-te-ni-i lu ni-ba-lu-u 8' = 24 an-nu-um e-em-u-nu ù ia-al-a-dIM k[e]-em 10' = 26 i-pu-ra-am um-ma u-m[a] e-mu-um na-ak-ru-u[m] 12' = 28 i-ba-a-i i-na up-pí-im n[a-a-ri-im] ú-a-ba-la-ak-k[um] Tr.14' an-ni-tam ia-al-a-d[IM] [i]-pu-ra-am i-na-[an-na] 16' = 32 e-ma-am a-tu a[r-hi-i] a-na é-er be-lí-[ia] 18' = 34 a-a-ap-[pa-ar] Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 150 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 233. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sammêtar, ton serviteur. Postérieurement à la tablette de moi que 6 je venais d’envoyer 5 à mon seigneur, 6 Yan ibum, l'ikkarum, 7 m’est arrivé et m’a dit ceci : « 8 Yal’a-Addu 9 m’a répété leura plan. 10 Leurs rois, leurs notables 11 et leurs cheikhs 12 se sont réunis dans le temple d’Annunîtum. 13 Aux Autoritésb) des Mâr yamîna 14 un particulier, s'étant levé, (15)a dit: “… 1' Zimrî-Lîm relativement à … 3' a mis le siège contre la ville 2' en entassant de la terrec). 3' Comme un seul homme, 4'accourrons au secours ! 5' Livrons-lui 4' bataille 6' afin de mourir ensemble 7' ou de vivre ensemble ! » 8' Voilà leur état d'esprit. 9' D'ailleurs, Yal’a-Addu 10' m’avait écrit 9' ceci : 11' « L’état d’esprit 12'est 11'hostile. 13' Je te (le) ferai tenir 12' par message secretd)». 14' Voilà 15' ce qu’avait fait savoir 14' Yal’a-Addu. Maintenant, 18' je signale 17' chez mon seigneur 16' cette nouvelle sans tarder. 5

    a) Comme toujours (cf. l. 10-11), les méchants ne sont pas nommés, mais désignés de façon anonyme. b) Le terme de abbû semble ici équivalent à la somme des rois, des notables et des (simples) cheikhs. c) C'était une manœuvre courante de la poliorcétique d'alors, qui consistait à entasser de la terre pour construire une rampe permettant de franchir l'obstacle d'une muraille. Il s'agit donc de l'attaque d'une ville fortifiée. d) Le rapport de Yan ibum remplace le message secret auquel la l. 12' fait allusion.

    Suite à cette mise en garde, Zimrî-Lîm ne pouvait que tenir Yal'a-Addu pour un de ses partisans. Ce dernier devait, en fait, agir plus par fidélité à son maître d'Alep que par amour du roi de Mari. En témoigne la lettre [M.5653+M.11012] de Yal'a-Addu qui doit faire suite à des propositions en bonne et due forme. L'incipit (l. 1) montre clairement que Yal'a-Addu n'appartenait pas au royaume de Mari. Le devin ne saurait venir chez Zimrî-Lîm sans l'autorisation exprès de Yarîm-Lîm (l. 13-14). Le roi de Mari était encouragé à présenter sa demande comme une preuve de bonne amitié entre les deux cours. La seconde partie du document intervient après une cassure assez longue d'une dizaine de lignes et traite de toute autre chose, ce qui ne permet plus aujourd'hui de savoir s'il y avait un lien entre la fin de la lettre et les l. 2'-5' du début du revers, le anîtam de la l. 5’ ne permettant pas d'assurer qu'on passe à un sujet différent. Quelqu'un est manifestement intervenu dans une brouille entre un individu et une autre personne qui pouvait être un vassal, ou fils, voire un disciple (l. 4', mârum est de sens ambigu). La fin de la lettre doit consister en un message d'un certain Yarma-Dagan transmis au roi de Mari par Yal'a-Addu. Les textes de Mari montrent que les gens de l'Ouest avaient l'habitude de parler d'eux à la 3e personne. Donc, à la l. 16' du Rev., il faut sans doute comprendre « Réexpédie- Yarma-Dagan ». Cet

    228

    Jean-Marie DURAND

    individu, originaire de Mardamân, devait être un de ces fameux « médecins de Mardamân50 » qui pratiquaient une médecine jugée supérieure à celle que l'on connaissait dans la plaine proche-orientale. Il aurait demandé comme honoraires des bœufs de labour à Zimrî-Lîm pour venir51 et il imagine les craintes du roi d'avoir à faire donner un don (donc un bœuf) supplémentaire une fois service fait, lorsque le praticien serait renvoyé chez lui. Yarma-Dagan se contentera en fait de la gloire (l. 15') d'avoir réussi sa tâche car, comme il le dit avec assurance, il est plus fort que les autres (l. 19'-20'). La venue de ce Yarma-Dagan pourrait donc avoir été souhaitée par Zimrî-Lîm suite à une maladie qui s'était déclarée au Palais de Mari.

    92 [M.5653+M.11012] Yal'a-Addu à Zimrî-Lîm. Le devin lui demande d'obtenir le consentement du roi d'Alep à ce qu'il se mette à son service. (Lacune). Fin de la brouille entre un “père” et son “fils”. (Message de Yarma-Dagan) : il ne faut pas que le roi ait peur, s'il donne (en honoraires) des bœufs de labour, d'une nouvelle demande et que le renvoi de Yarma-Dagan à Mardamân n'entraîne de nouveaux frais. [Yarma-Dagan] viendra sûrement et montrera de quoi il est capable. [a-na] be-lí-ia zi-im-ri-li-im [qí]-bí-ma [um-m]a ia-al-a-dIM [ì]r-ka-a-ma up-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-m[e]52 i-tu-ma a-na a-la-ki-ia a-na e-ri-ka ta-ah-ta-na-mu-ú up-pí [a]n-ni-a-am be-lí li-i-me-ma a-[n]a e-er a-bi-u ia-ri-[im]-li-im ki-a-am li-i-pu-[u]r° um-ma-mi a-na e-er ìr-ka ia-al-a-dIM [a-u]m wa-ra-di-u a-na e-ri-ia [a-ta]-na-ap-pa-ar-ma um-ma-mi [ba-lum] be-lí-ia ú-ul úr°-ra-ad [u-pu]-ur°-um-ma a-na e-ri-ia [li-il-li-ka]m an-né-tim a-na a-bi-ka u-pu-ur°-ma [a-di be-lí la-a i]-pu-ra-am-ma [… …………………a]n-n[a]

    2 4 6 8 10 12 14 16

    ( Face = 2+ l., Tr. = 3+ l., Rev. = 2 l. )

    Rev 2'

    [o o ] x [o o ]-x-ma qa-bi-[…] a-wa-tim pa-né-tim i nu-di-i[l-ma] i-tu u-mi-im an-ni-im dam-q[a-tim] bi-ri-ka ù bi-ri-it ma-ri-k[a] lu-ú-ku-un a-ni-tam mi-na-am a-na gu-há i-na-ka id-da-na pí-qa-at be-lí ki-a-am i-na li-ib-bi-u i-pu-ú um-ma-mi i-na-an-na gu-há a gi-apin a-na-ad-di-in-ma i-nu-ma i-la-kam ki-a-am-ma-a a-à-ra-as-sú a-ni-a-am ú-a-ad-da-na-an-ni pí-qa-at an-né-tim be-lí i-na li-ib-bi-u a-bi-it

    4' 6' 8' 10' 12'

    50

    Cf. ARMT XXVI/1, p. 557.

    51

    Pour l'insolence des praticiens de l'époque et les difficultés qu'ils mettent à venir chez un roi qui n'est pas le leur, cf. ARMT XXVI/1, p. 555-556. 52

    Il n'y a sans doute pas de MA à la fin de la l.

    Lettres de Habdû.ma-Dagan

    14' 16' Tr.18' 20'

    229

    mi-im-ma i-nu-ma a-na e-er be-lí-ia a-la-kam [l]a i-na-di-nam ia-ar-ma°-dda-gan [i-n]a° qa-qa-di-im kab-tim a-na m[ar-d]a-ma-nimki []ú-ur-dam ù ki-ma a-na e-er be-lí-ia [al-la-k]u a-pu-ra-am ki-ma wa-ar-ki pi-ia [is-sa-a]n-ni-qú be-lí i-ma-ar [ú-ul i-ba-a-]i-i ìr-du-um a e-li [ra-ma-ni-ia] i-da-an-ni-nu

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 148 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 232. 1

    Dis à mon seigneur Zimrî-Lîm : ainsi (parle) Yal’a-Addu, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 7 Puisque 8 tu es très pres7 sé que j’aille chez toi, 9 mon seigneur doit prendre connaissance de 8 cette tablette de moi et 9 écrire ainsi 8 chez son père Yarîm-Lîm : « 12 Je multiplie les lettres 10 chez ton serviteur Yal’a-Addu, 11 afin qu’il vienne à mon service mais 12 il me dit : 13 “Je ne viendrai pas à (ton) service sans l’aveu de mon seigneur”. 14 Écris-lui 15 de venir 14 chez moi ». 15 Envoie ce message à ton père. 16 Tant que mon seigneur (= le roi d’Alep) ne m’aura pas écrit … . 5

    (Lacune de 9 l.)

    «1' … 2' pour que nous mettions fin à cette affaire d’antan et 3' qu'à partir d’aujourd’hui j'instaure (à nouveau) 3' l'amitié 4' entre toi et ton filsa) ». 5' Autre chose : pourquoib) 6' à propos des bœufs fais-tu des difficultésc) ? 7'Sans doute mon seigneur 8' s’est dit-il 7' en lui-même : « 8' Maintenant 9'je donne 8' des bœufs de charrue mais, 9' lorsqu'il me sera venu, 10' vais-je lec) renvoyer chez lui ainsi ? 11'Il m’en fera donner 10”encore un ! » 11' Sans doute 12' est-ce là ce que mon seigneur s’imagine. 13' Rien, lorsque 14' je serai venu 13' chez mon seigneur, 14' il n'aura à donner ! 16' Expédie-(moi, moi) 14' Yarma-Dagand) 15' avec honneure) à Mardamân ! 16' Or, que chez mon seigneur 17' j’irai, je (l’)ai annoncé. 18' Mon seigneur verra à l'épreuve 17 l'effet de mes promesses. 19' Il n’existe pas de serviteur qui 20' soit « forte ) » 19 plus que 20' moi-même. 5'

    Note : on remarque (cf. l. 8-9, 15-16) dans ce texte un mélange de formes entre 2e (usage normal) et 3e personnes (style de cour), typique de ceux qui ne passent pas par les scribes de l'administration. De plus, l'histoire de YarmaDagan donne lieu à un exposé embrouillé, à la fin de la tablette. Il semble y avoir en outre des problèmes de notation (l. 6'). C'est sans doute Yal'a-Addu qui a rédigé la tablette. a) Il s'agit à l’évidence de la fin d'un propos. Si par « père » et « fils » il faut entendre le roi d'Alep et celui de Mari, il pourrait s’agir de l’exhortation à l’adresse de Yarîm-Lîm à lever l’embargo sur le grain d’Imâr. b) Mînam a (dialectalement) à Mari couramment la valeur de ana mînim. c) Cette ligne a fait l'objet d'un réexamen attentif. M. Guichard pencherait pour le signe final de la ligne (endommagé) à lire AN et non A. Mais, comme ce A est très long et en oblique, il pourrait s’agir en fait de la partie inférieure d’un NA. Dès lors il apparaît un parallèle avec MARI 8, p. 355-356 : 11-13 înâ-u eli baîtim da-anna-ma apâlum.ma ûl ippal = « Il est intraitable concernant les biens ; il ne veut absolument pas donner satisfaction. » La forme dannâ montre qu’il s’agit de inâ au duel. Dans ARMT XXVI 148 id-da-na doit donc être lu iddannâ, parfait G 3e pluriel féminin de DNN. c) Comme souvent le texte ne précise pas de qui il s'agit. arâdum est bien documenté à Mari pour signifier « réexpédier quelqu'un chez lui » . Il ne peut s'agir de Yal'a-Addu que le roi veut, au contraire, faire venir à son service. En revanche, les l. 14'-16' montrent clairement qu'il s'agit de Yarma-Dagan. Pour ce dernier une simple marque honorifique (sans doute un anneau d'argent ou une pièce de tissu) suffira. d) Un NP Yarma-Dagan est attesté par M.7331 & M.12435. Dans les NP /yarma/ utilise le plus souvent le signe MA. e) ina qaqqadim kabtim signifie ici « avec honneur», mais sans présent supplémentaire. W. H., op. cit. p. 232 (cf. n. 164), n’a pas traduit ; qaqqadam kubbutum est bien connu à Mari : cf. ARMT XXVI 449 : 28 et 34. f) Danânum sert de verbe au hakammum (« compétent ») des autres textes (cf. le français « être fort en…»

    C'est sans doute parce qu'il exerçait son art divinatoire à l'amont de Mari que Yal'a-Addu a pu envoyer [M.14087]. Il n'a eu en fait qu’un savoir indirect, par des rapports, à propos d’une affaire de cadavre vu du côté du Halabît, sans y aller lui-même. S'il était bien concerné par la région de l'actuelle

    230

    Jean-Marie DURAND

    passe de Hanuqa, il devait néanmoins s'en trouver déjà à l'aval. Le texte mentionne dans sa première partie (l. 5) le même Yarma-Dagan que le texte précédent, sans que le contexte puisse en être précisé ni permettre de décider si [M.14087] est ou non antérieur à [M.5653+]. Ce texte ne peut donc faire référence à la noyade d'Asqûdum attestée par une lettre de YaqqimAddu (ARM XIV 4), car l’événement dont parle le gouverneur de Saggâratum s'est passé à la fin du règne. En fait, Asqûdum n'a fait que voir (l. 6') le cadavre et Yal'a-Addu n'a eu, lui-même, que des échos du fait. L'affaire date donc d'un passage dans la région d'Asqûdum, ce qui peut indiquer le moment où il se rend à Alep pour arranger l'union matrimoniale (cf. l’allusion possible l. 2’-3’ à la demande d’étain par Yarîm-Lîm). Il ne devait pas s'agir d'un cadavre quelconque, car le roi n'aurait que faire de l'anecdote. Pour que cela fût signalé au monarque, il devait s'agir de quelqu'un d’important. Dans ce texte le nom du noyé a été taboué, mais peut avoir été mentionné dans une autre lettre. On peut supposer qu’il s’agissait d’une notabilité mâr yamîna. 93 [M.14087] Yal'a-Addu au roi Zimrî-Lîm. Texte indécis. Lacune. Protestations. Affaire d'un cadavre connue par ouï-dire.

    2 4 6

    [a-na] be-lí-ia zi-im-ri-li-im [qí]-bí-ma [um-ma] ia-al-a-dIM [ìr-k]a-a-ma [a-um … ia-a]r-[ma]-dda-gan [o o o o o o o o]-ni/ir ri-[…] (Lacune des 2/3)

    Rev 2' 4' 6' Tr. 8' 10'

    [i-d]a-ab-bu-b[u an-né-tim] [be-lí i]-pu-ra-am [ù 1 ]u-[i] 20 […(?)] […-m]a a-na 1 sú zabar []a a-n[a]-ki-ru-ka 10 su kù-babar a-a-qa-al ù a-um a-la-am-tim a às-qú-du-um [ú]-ta a-pu-ra-am a-na-ku [a]l-li-ik-ma-a ù a-la-am-tam a-mu-ú-ur i-na a-hi-tim-ma e-m[e u]m-ma-mi a-la-am-tum e-l[e-n]u-um [ha-l]a-bi-itki [na]-de-et

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 149 ; cf. W. Heimel, op. cit., p. 232. 1 5

    Dis à mon seigneur Zimrî-Lîm : ainsi (parle) Yal’a-Addu, ton serviteur. Au sujet de … de Yarma-Dagan …

    (Lacune.)

    ... 1' ils disent 0'… . » 2' Voilà ce que mon seigneur a écrit. Or 3'… 2' 80… mais pour 1 sicle de bronze 4'que je te refuserais, je payerai 10 sicles d’argenta). 5' En outre, au sujet du cadavre qu'Asqûdum a vub) 6' j'ai envoyé un message(r). Suis-je allé moimême 7' et ai-je vu le cadavre ? 8' C’est autour de moi que j’ai entendu dire : 9' « Le cadavre 10' gît 9' en amont 10' du Halabit ». a) Cette affaire de bronze peut renvoyer au contentieux entre Yarîm-Lîm et Zimrî-Lîm qui a résulté en un embargo sur le grain d’Imâr qu’aurait voulu acheter Mari au moment de la disette. b) Le signe TA n'est pas aligné sur le Ù de la l. 5' et il y a encore place pour un signe, ce qui permet de comprendre pourquoi il n'y a pas le génitif Asqûdim mais le nominatif Asqûdum, l. 5'.

    6. LES TEXTES DE SUMU-HADÛ*

    M. Birot, dans sa présentation1 de celui qui a dû être, au moins à la fin de sa vie, un personnage considérable du royaume de Mari, date les quelques occurrences connues de lui de l'époque de ZimrîLîm2 et le qualifie de « gouverneur d'un district non identifié3 ». De fait, selon ARM VIII 16 + VIII 844, Sumu-hadû fait jurer, en tant que âpium, par l'asakku de Yahdun-Lîm et de Zimrî-Lîm. Le même titre lui est donné par [A.2766]5. 6.1 Un inconnu L'individu était, jusqu'à présent, quelqu'un d'assez peu documenté : il était ainsi quasiment inexistant dans les textes administratifs publiés jusqu'ici, à l'exception de ARMT XXIII 467 (sans date) qui parlait de terres qu'il possédait dans le district de Terqa, avec des gens aussi considérables que la mère du roi, Addu-dûrî, Sammêtar, Asqûdum, Yassi-Dagan, etc.6. Les références à sa personne, selon les dernières publications de textes administratifs de Mari, ARMT XXX (étoffes) et XXXII (métal), qui comportent un grand nombre de documents avec mention de beaucoup de fonctionnaires, ne sont pas plus nombreuses7. Cela doit être désormais compris comme le fait que le personnage a disparu assez vite, la documentation administrative étant relativement pauvre avant l'an Zimrî-Lîm 3’. La documentation épistolaire, non plus, n'était pas très bavarde à son propos et concernait surtout ses biens. D'après [A.4026]8, texte du tout début du règne, il devait recevoir un serviteur du Palais en * Le NP Sumu-hadû doit être expliqué en fonction de la mimation dans le génitif su-mu-ha-di-(i)-im (su-muha-te°-im dans M.7721 : 14', mais TE a souvent à Mari la valeur de) ou de la forme qu'il prend à la période préZimrî-Lîm su-ma-am-ha-de-(e)-em. Il doit représenter un composé copulatif ou par juxtaposition (ce que la grammaire sanscrite appelle des dvandva), comme le français « secrétaire-rédacteur » ou « cardinal-archevêque », et signifier « Gloire-Joie ». Sa forme à l'accusatif sous-entend que le NP complet devait être « (Dieu nous a donné [avec cet enfant]) Gloire (et) Joie ». Pour respecter la majorité des occurrences, je me suis abstenu de présenter le NP sous la forme *Sumu-hadûm. 1

    ARM XVI/1, p. 185.

    2

    Le texte éponymal cité par B. Lafont, FM [1], p. 96-97, est devenu FM XII 3.

    3

    Cela n'empêche pas W. Heimpel, MC 12, p. 556 d'en faire le « premier gouverneur de Mari » sous ZimrîLîm. Le même auteur semble distinguer deux Sumu-hadû, ce qui est trop. La carrière de Sumu-hadû a été esquissée par B. Lafont op. cit,, mais à partir de documents peu nombreux et peu explicites. C'est à cause de cet exposé, d'ailleurs, que W. Heimpel a fait de Sumu-hadû le premier gouverneur de Mari. Cf. en outre B. Lion, Amurru 2, p. 176177. 4 Pour ce joint, cf. D. Charpin & J.-M. Durand, « Relectures d'ARM VIII », MARI 1, 1982, p. 102 . Dans ce texte, effectivement, il est dit I su-mu-ha-du-ú a-pí-um, di-na-am ú-a-hi-is-sú-nu-ti-ma, mais âpium peut y avoir le sens technique (et étymologique) de « juge ». 5

    Il faut également tenir compte du fait que âpiûtum peut signifier à Mari « poste d'autorité », analogue au terme akkadien âpirûtum ; toutefois, le texte pourrait également illustrer une décision judiciaire. 6

    Cf. commentaire, ibid., p. 412.

    7

    Il y a plusieurs attestations de lui dans les textes d'habits, mais ARMT XXX, p. 240 et p. 257 (Mâr yamîna), représentent certainement la même occurrence ; ARMT XXII 184 = ibid. p. 559, n’est qu'un fragment. Ces attestations devraient néanmoins prouver son existence jusqu'au mois xi de ZL 2’. 8

    = ARM X 57. Cf. ci-dessous.

    232

    Jean-Marie DURAND

    présent, selon une lettre de la mère du roi9, lorsque les vainqueurs se sont partagé les dépouilles des vaincus. Nous savons, en effet, que la population servile du Palais a fait alors l'objet de redistributions, voire de pillages. Le vieux serviteur était sans doute destiné à la maison que Sumu-hadû avait à Mari, celle dont doit également parler ARMT XIII 13, une lettre de Mukanni um qui représente un texte postérieur à sa mort (la maison est « sous scellés »), au moment où ses biens, comme c'en était la coutume alors pour un serviteur du roi, étaient revenus à la couronne. Il est question d'y prendre diverses plantes10. Il faut donc supposer que cette demeure possédait un jardin, et se trouvait ainsi dans la zone d'hortillonnage (salhum), non sur le tell. 94 [A.4026] Dame Addu-dûrî au roi. Le roi s'apprête à faire don à Sumu-hadû d'un vieux serviteur du Palais. [a-n]a be-lí-a [q]í-bí-ma um-ma dIM-du-ri-ma Id da-gan-tillat-sú i-tu é-eh-ru i-na é-kál-lim an-ni-im ir-bi

    2 4 6

    ( l. blanche.)

    i-na qa-ra-an i-ba-ti-u a-na su-mu-ha-di-im a-na níg-ba ta-na-ad-di-i-[u] lú-gìr-sig-ga a-ah-hu-[u] ip-hu-ru-ni-im-ma a-pa-al-u-nu ú-ul e-[l]i

    Rev. 8 10 12

    Bibliographie : édité comme ARM X 57 = LAPO 18 1102. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Addu-dûrî. Dagan-tillassu, 5 depuis qu'il est bébéa), 6 a grandi dans ce palais. 7 Dans sa pleine vieillesseb), 9 tu le donnes en présent 8 à Sumu-hadû ? 10 Les domestiques, ses frères, 11 sont venus me trouver 11 en groupe et 13 je n'ai pu 12 leur répondre. 4

    a) Cela devrait indiquer qu'il a été un serviteur de l'époque de Yahdun-Lîm. b) Addu-dûrî utilise ici une tournure non akkadienne (qarnum = sommet, qui a été judicieusement expliquée par A. Finet, comme « extrémité ») et qui pourrait être un occidentalisme (cf. Isaïe v 1). CAD Q, p. 140a ne traduit pas qarnum qu'il range sous le sens (peu acceptable) de « power ».

    Outre Mari et Terqa, Sumu-hadû avait également des biens dans le district de Saggâratum, plus précisément à « Manhamâ11 », dans la région du bourg appelé « Sarru des Amnanéens », à en juger par ARM XIV 7 qui y situe une maison à lui. Cette lettre pourrait dater du début du gouvernorat de YaqqimAddu, mais Sumu-hadû ne devait plus être encore vivant. Le seul texte qui pouvait jeter un peu de lumière sur ses activités était en fait le seul ARM XVIII 17 où le roi disait à Mukanni um avoir écrit à Sumu-hadû pour qu'il libère des travailleurs : Sumu-hadû avait donc des fonctions autres que celles d'un simple fonctionnaire, et il appartenait à l'administration 9 10 11

    Dans le texte ARMT XXIII 467, Sumu-hadû est également mentionné conjointement à Addu-dûrî. Cf. LAPO 18 1281.

    Cf. LAPO 17, p. 630. Ce toponyme est un hapax et doit être un nom de domaine plus que celui d'un bourg. Il est naturellement possible que le -ma ne fasse pas partie du nom (LAPO), mais une dérivation sur N‘M (Man‘amâ = « l'endroit paradisiaque ») reste possible, puisque na‘amh existe comme toponyme, d'après Josué 15: 41. Le nom de la propriété que possédait Sumu-hadû dans la région de Saggâratum pourrait donc être ”Sanssouci”.

    Les textes de Sumu-hadû

    233

    centrale. Le moment de ce texte paraît indiqué par le fait que le roi y parle d'une machine de guerre contre des murailles. Or, comme il se trouvait alors à Terqa et s'apprêtait à monter contre Raqqum, il est vraisemblable que l'expédition qu'il projetait concernait l'attaque des murailles de Samânum. On était donc alors en pleine (première) révolte des Mâr yamîna. Cette tablette atteste ainsi l'activité de Mukanni um dès le début du règne, mais la période est postérieure à celle où Bannum était actif. 6.2 Un des principaux responsables administratifs Les textes épistolaires ici publiés apportent donc beaucoup à la connaissance de l'individu. À l'époque qu'ils illustrent, il ne semble pas que sa place ait été plus à Mari, à Terqa ou à Saggâratum, car il est mentionné un peu partout, avec cependant une activité importante circonscrite à la Forteresse de Yahdun-Lîm12, à en juger par la teneur de ses lettres. Chacun des lieux où son activité est attestée a, cependant, son ou ses responsables attitrés. On ne peut donc pas mettre Sumu-hadû en rapport avec un lieu précis, alors qu'un gouverneur devrait s'occuper d'un territoire plus restreint et mieux défini. Surtout, on ne constate dans aucun incipit ou fin de ses lettres la mention « le district va bien » (halum alim), affirmation qui montre le lien d'une personnalité avec un lieu et qui était le fait d'une autorité locale. Tout cela renforce le sentiment que Sumu-hadû appartenait au gouvernement central plutôt qu'il n'avait reçu de responsabilités provinciales précises. On pourrait donc répondre à la question ouverte par ARMT XVI/1 qu'il n'était, en fait, gouverneur nulle part mais qu'il était plutôt celui qui donnait des directives aux gouverneurs du royaume et aux administrateurs en général. [A.2979+]13 le montre comme une des très rares personnalités mariotes à être mentionnées, avec Ibâlpêl, forte figure bédouine mâr sim'al, dans la correspondance mâr yamîna saisie par les forces de police de Mari. Une autre tablette du même dossier [A.1219]14 : 15'-18' signale qu'à la tête d'une centaine de soldats il est passé « par-dessus » (c'est-à-dire qu'il a gagné une position en amont) les gens qui se trouvaient à Mi lân, et cela à partir de Gûru-Addu, un lieu-dit à la limite entre le domaine de Mari et celui de Mi lân. Cette attestation n'est certes pas suffisante pour faire de lui un général, mais elle montre son importance au moment de la rébellion mâr yamîna contre Mari, après l’époque de Bannum. En fait, Sumu-hadû est attesté sur un temps bien plus long que ne l'avait pensé B. Lafont15, même si son activité le plus documentée est du début du règne de Zimrî-Lîm. Les textes publiés ci-après s'interprètent bien si, plutôt qu'avoir reçu une charge de gouverneur, il a été à l'époque de Bannum, chargé de la gestion de l'économie du royaume. Il paraît cependant avoir été un de ceux qui ont contribué de façon décisive au déclin de l'autorité de Bannum16. Zimrî-Lîm l'a gardé en fonction après la disparition du mer‘ûm, comme secrétaire-ministre ou comme associé d'Asqûdum dont l'importance est devenue majeure dans l'État au début du règne quand il s'est occupé des affaires internationales. Il devait, de toute façon, s'agir d'un personnage âgé qui a vite disparu, laissant la place au plus jeune Sammêtar. 6.3 Sumu-hadû sous le RHM Sumu-hadû vivait-il déjà au royaume de Mari à l'époque du RHM ou fait-il partie des nouveaux venus, arrivés sur les Bords-de-l'Euphrate à la suite de Bannum, voire postérieurement encore, avec Zimrî-Lîm ? On peut penser désormais que c'est avec Bannum qu'a commencé sa carrière, même s'il

    12

    Cela peut être le résultat d'une mission particulière, laquelle a donné lieu en son temps à un dossier particulièrement fourni. 13

    = ARMT XXVI 170, cf. ARMT XXXIV.

    14

    = ARMT XXVI 169, cf. ARMT XXXIV.

    15

    Cf. son article « Nuit dramatique à Mari » FM [I], p. 96-97 ; cf. en outre, les réflexions de B. Lion, « Les gouverneurs provinciaux du royaume de Mari à l'époque de Zimrî-Lîm », Amurru 2, p. 176-177. 16

    Cf. dans le dossier de Bannum, ici-même, p. 188, à [M.6250].

    234

    Jean-Marie DURAND

    était déjà présent dans le royaume à l'époque éponymale. Il n'est, alors, de toute façon que fort peu mentionné17, tout en étant signalé comme actif dans la région de Terqa et Saggâratum. La tablette administrative M.11828 enregistre un apport de vin de la part de Sumu-hadû (l. 3: sumu-ha-di-i-im), sous l’éponymat d’Asqûdum. D’après ce texte cité dans Florilegium marianum [1], p. 96, n. 2, et devenu désormais FM XI 318, l’homme livre du vin à Terqa, ce qui l’atteste dans une région qui convient bien au texte [A.2328] ; la région de Terqa-Hi amta était connue pour ses productions de vin. Il est alors dénommé le plus souvent Sumam-hadêm, Sumu-hadû n'étant que la forme que prend son nom à l'époque de Zimrî-Lîm, sans que nous soyons au fait de la signification ni de la motivation de ce changement. Il était sous le RHM une notabilité de la région de Saggâratum : [A.2328] donne l'impression qu’il possédait une belle maison à Saggâratum, qu’il était concerné par les problèmes locaux et ménagé par le roi de Mari d'alors, Yasmah-Addu. L’arrivée d'un nouveau pouvoir lui a fourni l'occasion de donner sa pleine mesure, car il ne semble pas avoir été aux affaires sous le RHM, même s'il était déjà quelqu’un d'aisé19 et dont l’avis comptait. Sumu-hadû devait être un mâr sim’al20, resté au royaume de Mari sous le RHM, sans prendre plus part aux affaires que son prestige, voire sa fortune personnelle, ne l'y obligeaient. Avec le retour au pouvoir de l'ethnie mâr sim’al, il a assumé plus de responsabilités, jusqu’à devenir un des principaux personnages de l’État. Dans le serment qu’il fit prêter selon ARM VIII 16+VIII 8421, on jure par l’asakkum de Yahdun-Lîm et de Zimrî-Lîm. Cette dévotion à Yahdun-Lîm serait donc quelque chose qu’il avait en partage avec Bannum, dont il pouvait être le contemporain. Le texte [A.2328] est écrit par un roi, or le texte mentionne également un lugal. C’est la caractéristique de l'époque du RHM, où à côté du roi de Mari (bêl-ka) on mentionne également Samsî-Addu, le « grand roi », qualifié simplement de « roi » à l’occasion. Ce serait donc un texte de l’époque des éponymes. L’histoire concerne Saggâratum et apparemment les avatars (cf. l. 12) d’Ik ud-appa- u qui devait en être le gouverneur22. Ce dernier est à Saggâratum où il a beaucoup de problèmes (cf. l. 12 pullus) lesquels concernent manifestement son lieu de résidence. Si Ik ud-appa- u a été en fonction à l’époque du RHM à Saggâratum, il devait l’être aussi à la Forteresse de Yasmah-Addu23. Même s'il y a peu d’attestations en ce sens à l’époque des éponymes, la Forteresse de Yasmah-Addu et Saggâratum devaient former alors une unité territoriale, comme à l’époque de Zimrî-Lîm. Cette histoire de maison s’explique par la difficulté des administratifs mariotes envoyés en province à se trouver localement une résidence, ainsi qu'on le voit nettement sous le règne de Zimrî-Lîm

    17

    Cf. p. 67 et p. 130 de la synthèse de P. Villard, « Les Administrateurs de l'époque de Yasmah-Addu », Amurru 2, p. 9-140. 18

    La citation de B. Lafont doit être corrigée en su-mu-ha-di-i-im.

    19

    Pour la richesse de Sumu-hadû, les textes avancés par B. Lafont, FM [1], p. 96, VII 217 et XXIII 467 n’ont pas de dates conservées. Ils pourraient néanmoins être tous deux (c’est sûr pour XXIII 467) de l'époque de Zimrî-Lîm : Habdû.ma-Dagan a exercé sous le nouveau règne son office à Saggâratum et Akatiya a pu se voir garder des possessions originaires du règne antérieur ; la reine est d’ailleurs ramenée à Mari après la prise de Kahat. Les textes qui attestent des propriétés de Sumu-hadû sont tous du nouveau règne : ARMT XXIII 467 énumère en fait des propriétés à Terqa ; ARM XIV 7 parle explicitement d’une propriété à lui dans les environs de Saggâratum ; ARMT XXVII 9 fait allusion à du grain à lui dans la région de Qaunân, provenant sans doute d’une terre qu’il y avait ; ARMT XIII 13 atteste l’existence d’une maison à lui à Mari. 20 Cf. [M.9397] où Sumu-hadû dit au roi de Mari que « les Mâr sim’al vont bien », ce qui ne se comprend que s’il en faisait partie. 21

    Voir MARI I, p. 102 (date non conservée).

    22

    Cette dignité ne lui est pas reconnue dans l'article de P. Villard, « Les Administrateurs de l'époque de Yasmah-Addu », Amurru 2, 2001, p. 129-131. 23

    Il était considéré comme ayant eu une mission à la Forteresse de Yasmah-Adddu, d'après l'inédit A.2352, mentionné dans Amurru 2, p. 67. Il a eu, semble-t-il, en fait un poste à demeure dans la région. Pour la carrière et les attestations de l'individu, cf. l'index de l'article de P. Villard, Amurru 2, p. 134.

    Les textes de Sumu-hadû

    235

    pour un gouverneur de Qaunân24, qui a dû « faire sortir » des gens de chez eux afin de prendre leurs demeures comme bît naparim. C'est ce à quoi ferait allusion le terme de hiblâtum, « dommages subis par quelqu’un » : les particuliers (mukênum) auraient eu à subir des expulsions. La lettre s'adresse, en théorie, au seul Sumam-hadêm, mais à travers lui on comprend qu'il y a une pluralité de gens concernés puisque les verbes sont au pluriel (l. 26, 27, 33) et le suffixe -kunu n'est pas ambigu (l. 18, 20, 26, 31). Sans doute, Sumam-hadêm avait-il pris la tête des mécontents et la lettre lui est-elle adressée au nom du groupe. Sumam-hadêm, par solidarité avec les particuliers, pourrait proposer des maisons à lui (l. 20), ce dont manifestement le gouverneur ne veut pas, car les gens seraient chassés de force (l. 22). Il semble en tout cas qu'il faudrait éviter qu’Ik ud-appa- u ne fasse appel à Samsî-Addu (l. 30). Pour ce qui est de la motivation de la lettre, il y avait nécessité pour le gouverneur de Saggâratum d’avoir un logement. Il devait certainement ses fonctions à la décision de Samsî-Addu luimême et, en procédant à des expulsions pour se loger, semble s’être conformé à l’usage. Le parallèle que l’on constate sous Zimrî-Lîm avec les difficultés analogues d’un gouverneur de Qaunân montre toutefois que la population locale pouvait résister à de telles entreprises et cela, avec succès. Yasmah-Addu semble donc envisager deux cas : soit un accord général local (l. 26: kalu-kunu kurâ), soit un arbitrage devant le roi (l. 27-28). La fin de la lettre en appelle à la fidélité de Sumam-hadêm qui a prêté serment d'obéissance (cf. l. 22-25). Le roi jouerait de deux arguments : l’intérêt bien compris de son destinataire et sa fidélité. Ce texte serait donc à verser au dossier de l’installation d’une autorité venue d’ailleurs : les gouverneurs ne sont pas souvent des locaux promus administrateurs, donc n'ont pas déjà un chez eux là où ils sont nommés. Ils ne semblent pas non plus trouver dans ce qui est appelé « palais » autre chose qu’un lieu de stockage ainsi que de résidence plus ou moins forcée (nêpârâtum) pour des équipes de travailleurs. Même si les « palais » locaux peuvent être considérés comme des lieux de stockage et peut-être d'archivage — en supposant que les « papiers » de la région n'étaient pas simplement là où résidaient les administratifs —, ils n'étaient pas une résidence pour les hauts administrateurs. On peut donc se demander dans quelle mesure ils l’étaient pour le roi lui-même en déplacement et – à plus forte raison – pour les « harems provinciaux » que le monarque est censé y avoir installés.

    Il est possible que cette affaire ait trouvé son dénouement à l'époque de Zimrî-Lîm dans [M.14785] édité ci-dessous. 95 [A.2328] (Yasmah-Addu) à Sumam-hadêm. Question de savoir comment installer (le gouverneur) Ik udappa. u à Saggâratum. a-na su-ma-ha-de-em qí[bí]-ma um-ma b[e-el-k]a-a-ma i-na up-pí-im a ha-da-t[a-a]m ú-a-bi-la-kum a-wa-[tum] im-ma-a!-an-ni-ma ú-ul a-[pu-ra-k]um um-ma a-na sa-ga-ra-t[imki] ta-ak-u-da-ma ik-[u-ud-ap-pa-u] wa-i-ib "ti-ir#-dma-[ma hi-ib-la-ti-ku-nu]25 ù hi-ib-la-a[t mu-u-ke-nim] u-u-e-ra lú ik-u-ud-[ap-pa-u] pu-ul-lu-sa-am-ma [a]s-sú-ur-re ki-a-am [i-q]a-ab-bé-"ek#-ku-nu-i-im

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14

    24

    ARM XXVII 25 ; cf. J.-M. Durand, « La Vallée du Habur à l'époque amorrite », dans BBVO 20, p. 52.

    25

    Pour cette restauration, cf. l. 31-32.

    236

    Jean-Marie DURAND u[m-ma-a-mi] [a-di it-ti lugal] la "an#26-na-am-m[a-ru] hi-ib-la-ti-ku-nu ú-ul le**27-[e-ku a-pa-lam] ù as-su-ur-re lú su-m[a-am-ha-de-em] a-na re-em é-há-ku-nu i-te-ep-[pé-i-im] 1-àm a-na é-há-[u] ú28-[te-re-eb-ma] is-sà-ap-pa-hu a-sa-"ak# "d#[da-ga]n a-sa-ak di-túr-me-[er ] a-sa-ak lugal ù a-s[a-ak-ki (?)] ta-ku-ul a m lú ik-[u-ud-ap-pa-]u ka-lu-ku-nu ku-u-ra [ù-la-u-ma] ti-bé-e it-ti-[u a-n]a e-[er luga]l at-la-ka um-m[a …]29 i-na sa-ga-ra-timki li-i-ib a-na e-er lugal ú-ul i-il-la-[ak] [t]i-ir-ma-ma hi-ib-la-ti-ku-nu ù hi-ib-la-at lú mu-u-ke-nim u-u-e-ra pa-ni-u la tu-ub-ba-l[a] i-na an-né-tim ìr-me-e -ku-nu a-am-ma-ar

    16 Rev. 18 20 22 24 26 28 Tr. 30 32 C. 34

    Note : cette édition repose sur une transcription que j’ai pu faire ainsi que sur une première élaboration par G. Dossin. Elle a été vérifiée grâce à une photo numérique. 1

    Dis à Suma(m)-hadêm : ainsi parle ton seigneur. Dans la tablette que 5 je t’ai faire porter 4 au moment du haddatuma), 6 une affaire m'avait échappéb) et je ne te l'ai pas signifiée. 7 Si 8 vous avez atteint 7 Saggâratum et qu’Ik ud-appa- u 9 (y) ait sa résidence, 11 faites mettre par écrit 9 par Tîr-Mammab) vosc) dommages 10 et les dommages des particuliers. 11 Mr. Ik ud-appa- u 12 a beaucoup de problèmes et 13 il ne faudrait pas qu’14il vous dise 13ceci : 16 « Tant que 17je ne me serai pas rencontré 16 avec le roi, 18 je ne peux pas prendre en compte vos dommages. 19 Cependant, il ne faudrait pas que, Mr. Sumam-hadêm 20 pour bien montrer sa commisérationd) pour vos maisonnées 20 fasse entrer chacune dans des maisons à lui 22 et que (les gens) soient chassés de chez euxe). » 25 Tu as « mangé » 22 l’asakku de Dagan,23 celui d’Itûr-Mêr, 24 celui du roi et le mien 30 . 26 Agencez à vous-tous 25 l'(affaire) de Mr. Ik ud-appa. u. 26 Sinon, 27 levez-vous ; 28 partez avec lui pour chez le roi. 28 (Mais) si vous vous entendez, 29 qu’il ait une habitation à Saggâratum ! 30 Il n’ira (ainsi) pas trouver le roi. 33 Faites mettre par écrit 31 par Tîr-Mamma vos dommages 32 et ceux des particuliers, 33 sans complaisance pour lui. 34 Qu’en cette occasion je constate votre qualité de serviteursf). 4

    a) Ha-da-ta-am pourrait être le nom féminin Hadatum bien attesté comme tel par plusieurs inédits, mais qui convient peu ici : on ne peut en effet pas traduire « que j'ai fait porter par H. », car ce serait le seul exemple d'un courrier transmis par une femme. Le NP masculin serait ha-da-ta-an, mais le signe AM [lu également par G.D.] est net à la finale. Il doit donc s'agir de haddatam, accusatif de temps, qui signifie « au moment de l'événement haddatum ».

    26

    Le signe n’est plus net aujourd'hui, mais c’est ainsi qu’avait lu sans hésitation G. Dossin.

    27

    On ne voit plus rien aujourd’hui, mais d’après ses notes G. Dossin avait lu le passage ú-ul-[l]i […].

    28

    Le signe est très nettement TIL, pas le NU qui pourrait compléter -ku-nu. La lecture Ú dans un tel contexte indique une forme verbale. 29 30

    Peut-être simplement um-ma [li-ib-ba-ku-nu].

    Pour cette formulation, cf. D. Charpin, « Manger un serment », dans Jurer et maudire…, Méditerranées…, 1997, n°10-11. Asakkî remplace ici le asak Yasmah-Addu que l’on pourrait trouver dans d’autres textes.

    Les textes de Sumu-hadû

    237

    b) Tîr-Mamma doit être le nom d'un scribe de Saggâratum. Le NP est bien attesté (ARMT XVI/1, p. 204 pour l’époque du RHM et inédits). L’écriture ti-ir-dma-(am)-ma se trouve par au moins deux fois (M.5048 et M.5925, où il s’agit d’un lú-àg [ ID]). c) Ce « vous » doit renvoyer à Ik ud-appa- u et Sumam-hadêm. d) Rêmum doit désigner les sentiments de Sumam-hadêm envers les gens de Saggâratum obligés de quitter leurs demeures. Pour rêmam epêum, « montrer de la compassion », cf. CAD R, p. 262b. e) Une dérivation à partir de sapâhum « disperser » donnant peu de sens ici, je rattache le verbe à CAD S, p. 395 suppû/subbû « forcer à partir » et considère la forme IV comme équivalent au D/2 attesté à Suse. Les formes à coloration en /e/ de ce verbe indiqueraient que le H a valeur de ‘ain. Il faudrait donc comprendre is-sà-aP-Pa-‘u, HU étant déjà attesté à Mari pour noter /‘u/. La forme sà-ba-HU-um de OBGT XI citée dans CAD S, p. 2b sous sab’u « to toss » était enregistrée par CAD  s.v. ab’u. f) Comme souvent à Mari, l’idéogramme de pluriel me-e note l’abstrait en –ûtum; il faut comprendre ici wardût-kunu.

    6.4 Sumu-hadû = Sumam-hadêm Le fait que l'on trouve encore à l'époque de Zimrî-Lîm des formes en -ha-de-em ou -ha-di-i-im montre qu'on ne peut se fonder sur les graphies pour distinguer deux individus, qui seraient un Sumuhadû de Zimrî-Lîm et un Sumam-hadêm d'époque éponymale. M.11061, lettre de Sumhu-rabi, mentionne su-ma-ha-du-um, comme me le signale R. de Boer. Plus important encore, ceux qui portent ces noms hantent les mêmes lieux. [A.2328] atteste « Sumam-hadêm » dans la région de Saggâratum. [M.10768], lettre de su-ma-am-ha-d[e-em] et de « cheikhs » à « mon seigneur », qui parle de la venue d'Anciens à un rihum (cf. l. 6'=17), montre un Sumam-hadêm aux affaires. Si ce texte n’est pas de l'époque éponymale, il permet d'identifier « Sumam-hadêm » (RHM) et « Sumu-hadû » (Zimrî-Lîm). L'affaire semble concerner un rendez-vous manqué proposé à des Anciens d'un lieu non nommé. La lettre ne vient pas de Saggâratum même, pour laquelle on ne connaît pas de cheikh, mais d'un bourg non nommé de la province. Le Habdû.ma-Dagan de la l. 5 pourrait-il être celui que l'on connaît comme gouverneur de Saggâratum sous Zimrî-Lîm et que [A.3272], sûrement de l’époque des éponymes, atteste à Ziniyân ? Il faudrait dès lors supposer que [M.10768] est antérieur à [A.3272]. Mais, selon ce [A.3272], Sumam-hadêm a le pas sur des autorités locales, ce qui indique plutôt le haut fonctionnaire du début du règne de Zimrî-Lîm. Habdû.ma-Dagan, en outre, n’est qu’un nom banal. 96 [M.10768] Lettre au roi de Sumam-hadêm et de cheikhs. 6 Anciens sont allés à Ziniyân, suite à la promesse de venir d'un individu, mais pour ne l'y pas trouver. [a-n]a be-lí-ia qíbíma um-ma su-ma-am-ha-de-"e#-[em] ù lú su-ga-gu ìr-du-ka-"a#-[ma] I ha-ab-du-ma-dda-gan I ia-ri-im-ha-lu-"ú# I ba-nu-um ga-ma-ah-la-lu [I] ia-í-e-ra-ah [I] in-ni-bu lú- u-gi° [6 ?] [il-l]i-ku-nim [ki-a-am iq-bu-nim]31 [um-ma u-nu-ma]

    2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev.

    31

    Il n'y avait manifestement qu'une ligne sur la Tr. qui pouvait être suivie d'une ligne blanche.

    238

    14 3' 16 5' 18 7' 20 9' 22 11' Tr. 24 13' C. 26 15' 28

    Jean-Marie DURAND [ ………]-"x-x#-[m]u-ú [dumu? ki-la]-ma-ra-a [u-ma-am] pa-né-e-em [a] ni-ir-ha-ú a-na a-la-ki° [i-p]u-"la#-né-ti°-ma nu-ba-ta-ni a-na zi-ni-ia-anki [n]u-ub-lam [i-na] ka-a-ti-u° [a-na ]e-ri-ni ú-ul i[l-li-ik] [1? d]umu i-ip-ri-im [ni-i]-pu-ur-um [a-na a]-la-ki-u ù "ma#-h[a-ri-u] [it-ti]-ni a-wa-tam [ta-ki-tam] [ú-ul ú-t]e-ru-nim "ù# [a-di-ni] [lú u-ú dumu] i-ip-ri-"ni# a-na e-ri-ni] [ú-ul ú-t]e-"er#- [né]-i-i[m] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumam-hadêm et les cheikhs tes serviteurs. Habdû.ma-Dagan, 6 Yarîm-halû, 7 Banûm/Bannum (et?) Gamahlalua), 8 Yaêrah, 9 (H)innibumb), 10 (soit) 6 Anciens 11 me sont arrivés, 12 et m'ont dit 13« ……2'=14…… 3'=15 fils de Kila-marac), 4'=16 le jour antérieur 6'=17 à celui où nous devions discuterd) 7'=18 nous avait répondu positivement 5'=17 pour ce qui est de venir. 7'=19 Nous avons porté 6'=18 notre étape 7'=19 à Ziniyân. 8'=20 Le soir même, 9'=21 il n’est pas venu nous retrouver. 11'=23 Nous lui avons envoyé 10'=22 un? messager. 12'=24 Concernant sa venue et sa rencontre 13'=25 avec nous, une confirmatione) 14'=26 on n’a pas rapportée). 14'=26 En outre, jusqu’à présent, 15'=27 notre messager 16'=28 cet individu ne l’a pas renvoyé 15'=27 chez nous. 5

    a) Le NP Gamahlalu(m) est attesté par beaucoup d'inédits. Il arrive que deux personnes très proches soient énumérées côte à côte sans ù et il y a des lieux où deux cheikhs coexistent. On ne peut néanmoins exclure l'oubli d'un dumu (fils de), auquel cas, il faudrait lire [5] l. 10. b) Pour ce NP, cf. ARMT XVI/1, p. 126 ; M.12629 Rev. cite un in-ni-bu. Si ce NP est à rattacher à hi-ni-baan, M.6096, le NP pourrait avoir eu une initiale en ‘ain, laquelle est rarement notée comme telle. c) Il pourrait y avoir un NP en -hammû, l. 14, mais Kil'a-mara (qui est un mâr yamîna à Ahhunâ) n'est qu'une conjecture. d) Le texte comporte le verbe rahâum « tenir un palabre », bien connu à Mari. e) On trouve à Mari généralement takitti awâtim « confirmation de l'affaire », mais awâtum takittum signifierait « parole (de) confirmation ».

    Il n'est pas possible, au moins pour l'heure, de publier dans leur ordre chronologique, même relatif, les différents documents qui émanent de Sumu-hadû32. On a donc choisi ici une présentation typologique ou régionale. Plusieurs documents peuvent interférer l'un sur l'autre. 6.5 Les activités judiciaires Plusieurs lettres de Sumu-hadû traitent de sujets juridiques dont l'importance semble souvent tenir plus au statut des protagonistes qu'à la matière judiciaire. Dans l'ignorance où je suis de leur situation chronologique dans l'activité de Sumû-hadû, elles ont été regroupées dans cette section. Le texte [M.14785] fait allusion à une situation conflictuelle qui a entraîné un procès à l'époque du RHM, puisque le jugement a eu lieu à ubat-Enlil. Une décision conciliante rendue par Yasmah-Addu semble avoir été mise en question. Le texte rappelle en effet une décision royale et un serment déjà prêté. Manifestement Yasmah-Addu avait demandé deux choses : l'établissement d'un document écrit qui énu-

    32 Ceux dont la situation chronologique n'est pas problématique sont édités dans le chapitre concernant Bannum et Zimrî-Lîm.

    Les textes de Sumu-hadû

    239

    mérait les sujets de plaintes (l. 16, 27, uurum) et une déclaration orale ( ?, l. 21, 23) qui, elle, a fait l'objet d'un refus. La raison de cette distinction entre les deux conduites, par écrit et par déclaration orale ( ?), ainsi que la motivation du refus ne sont plus apparentes aujourd'hui. La mention des hiblâtum rappelle la lettre [A.2328] où un groupe de gens de Saggâratum étaient menacés d’expulsion de leurs maisons pour y loger (le gouverneur) Ik ud-appa- u. De ce fait, j'ai restauré [é-ku-nu] à la l. 28. Cependant la mention de Yasmah-Addu comme une tierce personne (l. 10, 12) rend difficile de considérer le bêlum de l'adresse comme désignant quelqu'un d'autre que Zimrî-Lîm. Sans doute le nouveau gouverneur de Saggâratum comptait-il s'installer là où Ik ud-appa- u avait établi sa résidence. Magrisâ33 (l. 30) est un lieu où plusieurs Bédouins mâr sim'al avaient des intérêts agricoles, comme Ibâlpêl, et plusieurs contestations eurent lieu à son propos. Le lien entre les deux affaires dans [M.14785] n'apparaît plus, mais il est sûr qu'il n'a pas de place pour un a-ni-tam à la l. 28. 97 [M.14785] Sumu-hadû au roi [Zimrî-Lîm]. Des gens et lui étaient allés se plaindre par devant YasmahAddu d’un verdict de Nunu-ilî rendu à ubat-Enlil. Le roi de Mari les avait renvoyés devant les dieux Ik udum et La-gamal et Itûr-Mêr. Il leur avait demandé de plus une déclaration, ce qu’ils avaient refusé. Alors Yasmah-Addu avait joué l’apaisement et dit qu’ils reprennent leur ancienne habitation. (Suite indécise.) [a-na be-lí-ia] [qí]b[íma] [um-ma] su-mu-ha-d[u-ú] 4 [ìr]-ka-a- [ma] [i-na u-b]a-at-den-lí[lki di-in-ni] 6 [dnu-nu]-ì-lí id-[di-in-ma] [ù a]-na be-lí-ni [ma-ha-ri-im] 8 [ni-ta-l]a-ak ki-ma [di-in] [ì-lí] [Id]nu-nu10 [igi?] ia-ás-ma-ah-d[IM ni-i-k]u-nu-"ma# [um-ma ni]-nu-ma ha-[a]b-la-nu 12 [Iia-ás-ma]-ah-dIM ki-"a#-am [i]q-bé-né-i [um-ma u]-ma al-ka ma-ha-ar 14 [dik-u]-di-im dnin la-ga-ma-al [ù d]i-túr-me-er hi-ib-la34-ti-ku-nu 16 [u-e]-ra hi-ib-la-ti!-ni [nu-]a-e-er-ma ]ia-ás-ma-ah-dIM 18 [I Tr. [ki-a-a]m i-pu-ul-né-t[i] 20 [um-ma u-ú]-ma [qí-bé um-ma ni-nu-ma]35 Rev. 22 [mi-nam n]i-nu [ni-qa-a]b-bi-i 24 [ù pa-]a-ha-am it-ti-ni [ir-i u]m-ma u-ma 2

    33 Ce lieu-dit a fait l'objet d'une étude par D. Charpin, BBVO 20, 2009, p. 65, 66 : p. 65 qui le situe le long du Habur sur l'itinéraire entre Qaunan et alluhân (« Zalluhân »), étape entre Latihum et Zahatum. 34

    Écrit en fait AT. Faut-il lire hi-ib--at -ti-ku-nu en comparant avec les l. 16 et 27 ?

    35

    Restauré d'après les l. 22-23.

    240

    Jean-Marie DURAND [al-ka ma]-ha-ar dingir-me-e u-nu-ti [hi-ib-la-ti-ku]-nu u-e-ra-ma [é-ku-nu la]-bi-ra-am le-qé-nim [a-na pa-a]-hi-im iq-bé-né-i-im [ù] a-um ma-ag-ri-saki [……] ú-wa-e-ra u-ú [o-o q]a-ra-an "túg#-ba-ti-u [o o o] x-a[m]? a-na [……] (…)36

    26 28 30 32

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sumu-hadû, ton serviteur. Nunu-ilî nous avait rendu un jugement 5 à ubat-Enlil ; 7 alors, 8 nous sommes partis 7 rencontrer notre seigneura). 8 Lorsque 10 nous avons exposé par devant Yasmah-Addu 8 le jugement 9 de Nunu-ilî, 11 nous avons dit : « Nous sommes lésés ! » 12 Yasmah-Addu nous a dit ceci : « 13 Bon ! Par devant 14 Ik udum, la reine La-gamalb) 15 et Itûr-Mêr, 16 faites mettre par écrit 15 vos dommagesc). » 17 Nous avons fait mettre par écrit 16 nos dommages, 18 Yasmah-Addu 19 nous a fait cette réponse : « 21Faites (maintenant) une déclaration. » 21 Nous avons dit : « 22 Que 23 déclarerons-nous ? » 24 Et lui, 25 il a usé 24 d’apaisement envers d) 25 nous . Il a dit : « 26 Bon ! 27 Faites mettre par écrit vos dommages 26 par devant ces dieux et 28 (re)prenez votre ancienne habitation. » 29 Il nous a parlé pour (nous) apaiser. 30 En outre, en ce qui concerne Magrisâ, 31 que … avait libéré, lui, 32 … le pan de son habit … 6

    (Lacune). a) Le fait que Yasmah-Addu a été roi lui assure le titre de bêlî même après sa disparition. Cf. dans ARMT XXXIV [M.5362+] où Ilum.ma-ahum parle de Sumu-dâbî, ex-roi de Mi lân, en disant bêl-ni. b) Cette notation (inattendue) NIN devant le NDiv. La-gamal indiquant qu'il s'agit d'une déesse renvoie à un usage d’écriture utilisé par le « Panthéon d'Ur III » édité par G. Dossin37. La divinité fait ici, tout comme dans ARMT XIII 111 et analogues, couple avec Ik udum dont elle pouvait donc être la parèdre. On notera cependant que ce théonyme est attesté dans des NP masculins aussi explicites que La-gamal-abum (nombreuses références à ajouter à celle de ARMT XVI/1, p. 142), ou La-gamal-abî (ARM XXI, etc.). Cette divinité était donc sans doute de sexe mâle ou/et féminin. Le caractère féminin peut avoir été typique de l’époque du RHM. c) Le terme de hiblâti-kunu reprend explicitement l’exclamation hablânu (1re personne plurielle, pour le plus courant sg. hablâku). d) En m. à m. « Il eut l’apaisement par rapport à nous ». L’expression est proposée, hors parallèle.

    Les autres affaires sont sûrement toutes entières de l’époque de Zimrî-Lîm. Le texte [A.2615+] concerne les affaires familiales de Rip'î-Lîm qui a été en fonction à la Forteresse de Yahdun-Lîm, de la même façon que [A.2074] concerne un procès considérable à propos des biens d'Ahî-Lîm et d'Iltani. On comprend qu'une haute autorité mariote se soit préoccupée de leurs cas. Mais [A.718] traite d'une affaire de grivèlerie et [A.582] d'un fait divers sanglant sur le Habur qui n'ont certainement pas concerné des gens très importants. Les dates de ces affaires ne sont pas évidentes et à dissocier de cas comme celui de Rip’î-Lîm. Sumu-hadû a donc pu être au commencement de sa carrière un « juge » et le titre de âpium que lui donne ARM VIII 16+8438, texte explicitement du règne de Zimrî-Lîm, puisqu’il fait jurer par l’asakkum de Yahdun-Lîm et de Zimrî-Lîm, pourrait indiquer la fonction qui était alors la sienne39.

    36

    4 lignes manquent sur le Rev. La Tr. pouvait comporter 3 l. Le C. est totalement détruit.

    37

    G. Dossin, « Un ‘Panthéon' d'Ur III à Mari », RA 61, 1967, p. 97-104.

    38

    Voir MARI I, p. 102.

    39

    Pour le titre de âpium il existe une abondante littérature dont on trouvera la bibliographie dans l'étude de B. Lion, Amurru 2, p. 142. Il importe néanmoins de remarquer que le terme ne semble exister qu'à l'époque amorrite et n'être d'usage que pour le Moyen-Euphrate (époque de Mari et royaume de Hana qui lui a succédé) ou à Qaarâ, à une époque post-Mari, ainsi que dans la Diyala d'où il a dû venir à Mari. Ce n’est pas un terme de l'administration de Babylone ni des royaumes du Sud-Iraq qui recourent à âpirum. Il est donc important de voir l'usage qui est fait de la racine P dans les parlers occidentaux et les textes bibliques. J. Hoftijzer & K. Jongeling, Dictionary of the North-

    Les textes de Sumu-hadû

    241

    Le texte [A.2615+] est d'une grande importance juridique, malgré une intrigue compliquée et une narration plutôt embrouillée, avec une histoire racontée de façon très allusive. L'affaire concerne la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm où l'on voit actif Rip'î-Lîm, le même que celui dont les archives sont publiées ici-même. Que l'on fasse venir de Samânum pour le serment le dieu Itûr-Mêr doit être naturellement compris comme le fait qu'il en était la divinité spécialiste, non qu’il était le dieu de cette ville. Il s'agit, au final, d'un arrangement de succession suite aux dispositions du testateur Rip'î-Lîm, l'homme influent de la région de la Forteresse de YahdunLîm, dont le cas est transmis au Palais par l'un des principaux personnages politiques de l'époque. Il est vraisemblable que Rip’î-Lîm était alors décédé. Si l’on fait venir Itûr-Mêr de Samânum, en outre, cela indique vraisemblablement que la rédaction de cette tablette a été réalisée après la rébellion. Ce pourrait donc être une des dernières lettres de Sumu-hadû.

    Ce Rip'î-Lîm avait quitté son chez lui pour Qana, laissant au royaume de Mari son épouse dont il avait eu un fils, Abêrah (l. 13). Quoique cela ne soit pas dit, Abêrah avait dû partir à Qana avec son père. Leur départ peut avoir été un exil volontaire, mais en tout cas un fait postérieur à la conquête du royaume de Mari par le RHM. Rip'î-Lîm avait dû en effet, dans un premier temps, accepter Sumu-Yamam comme roi de Mari — au témoignage de ARM VIII 63 : 28, daté de ce monarque — et ne partir qu'après la conquête des Bords-de-l'Euphrate par Samsî-Addu. Son séjour à Qana a duré 10 ans (l. 18). Pendant ce temps non négligeable, Rip'î-Lîm s'est tenu loin du royaume de Mari mais y est revenu alors que Yasmah-Addu en était toujours roi40. Qana où il avait pu trouver refuge était entretemps devenue un des principaux alliés de Samsî-Addu. Sans doute, ce « retour » sur les bords de l'Euphrate avait-il été préparé par un accord entre les deux rois d'Ékallatum et de Qana, car il coïncide avec l'union matrimoniale entre Mari et Qana. Il faut supposer que Rip’î-Lîm ne représentait qu’un cas particulier, les exilés et les gens revenus constituant une population que nous ne pouvons plus estimer aujourd’hui. On a, de toute façon, gardé la marque de ce retour, à moins de supposer une singulière rencontre onomastique. Comme dit ci-dessous, l'un des deux enfants que sa femme avait eu en son absence s'appelait U ta nêl. Or, dans ARM VIII 50, l'on trouve un Abêrah garant d'un U ta nêl pour un prêt d'argent consenti par un Asqûdum. Le document est daté d'un éponyme de lecture aujourd'hui indécise, soit A

    ur-malik, soit Awîliya, selon MARI 1, 112 et [p. 132], ce qui indique cinq ou quatre ans avant la chute du RHM. Ce texte attesterait donc bien la présence de la famille de Rip'î-Lîm dans le royaume de Mari pendant le RHM.

    Rip'î-Lîm en s'exilant/se réfugiant à Qana, avait laissé sur place son épouse. Une habitante du nom de Dagan-teri41, homonyme de son épouse, est effectivement mentionnée à Nihad (un clan mâr sim'al sis dans le district de Saggâratum, mais du côté de la Forteresse), selon ARM IX 291 tr. lat. ii 1. Cela pourrait indiquer où se trouvait la demeure de sa famille.

    Cette femme a eu, pendant les dix ans de séparation d'avec son époux, une vie sexuelle hors union légitime et a alors enfanté deux fils. On peut voir là une marque du discrédit où était tombée l'ancienne aristocratie mâr sim'al, car il est possible que Dagan-teri n'ait plus alors été qu'une servante, suite au départ de son époux, et qu'elle ait été engrossée par celui qui était devenu son maître. Rien n’est dit de

    West Semitic Inscriptions, II, p. 1181-1182 distinguent cependant une P-1 qui signifie « juger » et une P-2 qui désigne le magistrat suprême, notant que le titre peut se combiner avec d'autres fonctions du même personnage. Ce titre de âpium est en fait très différent de l'usage qui en est fait dans le reste des textes de l'époque de Zimrî-Lîm où il s'élargit à la désignation d'un gouverneur, à la différence de dayyânum qui ne désigne que le « juge d'une affaire ». Il peut s'agir là d'un usage dialectal — ou archaïque puisque âpium est attesté à l'époque de Yahdun-Lîm pour désigner le « juge », dans la mesure où une inscription de ce roi qualifie « le dieu-Soleil » de âpi ilî u awîlûtim. amas est bien le juge, mais non le gouverneur, des Dieux. Le titre que nous rendons traditionnellement par « gouverneur » signifie en fait « celui qui promulgue un édit » (au nom du roi). Dans un texte comme ARM I 62, rev. 9 de l'époque du RHM, l'expression « mînum âpiûssu » (« qu'est ce que sa juridiction? » ; cf. p. 203 n.5) est tout à fait parallèle au ina annîtim-ma âpiûtî bêlî lîmur de Sumu-hadû dans [A.2766] : 20-22 qui signifie « que mon seigneur voit là (les limites de) ma puissance administrative », sans attester que Sumu-hadû ait été un « gouverneur », ce qu’il n’a d’ailleurs pas été. 40 Antérieurement, Yasmah-Addu n'a été roi que de la Forteresse désormais nommée par lui-même. Voir pour cette question FM V, p. 80, commentaire à l'inscription votive M.8455, 41 Bien documenté comme NP féminin. Cf. ARMT XVI/1, p. 6 (et inédits). M. Birot a lu Dagan-tri, mais le sens de ce NP est incertain.

    242

    Jean-Marie DURAND

    ce dernier42. À son retour, Rip'î-Lîm reprit sa femme avec les enfants qu'elle avait eus hors mariage, et lui en fit même deux autres, les dénommés Samsêrah et Ummî-Nikkal43 (l. 24-25), sans doute des jumeaux. Malgré l'état du document, il est facile de voir que Dagan-teri a dû avoir peur, après la naissance de deux autres enfants « légitimes » que les deux qu'elle avait eus « hors du lit conjugal » ne soient vendus comme l'avait été un certain Yâi-Addu44. La mention de ce dernier, si elle n'est pas fortuite, incite à penser qu'il avait participé de près au drame familial. Les enfants illégitimes (dont l'aîné devait avoir au moins 9 ans lors du retour de Rip'î-Lîm) avaient effectivement un statut ambigu : Rip'î-Lîm les avait certes reconnus de facto au moment où il avait repris son épouse, mais l'arrivée de nouveaux enfants dans le lit conjugal compliquait les choses, surtout au point de vue de l'héritage. Abêrah, l'aîné légitime, semble absent au moment où Sumu-hadû écrit son texte, peut-être même était-il retourné à Qana45. Qui faut-il retrouver derrière la personne anonyme des l. 6 et 11 ? Ce ne peut être Rip'î-Lîm car, en cas de conflit, il pourrait établir à nouveau ses volontés et le texte serait de toute façon à la 1re personne. Il est naturel de penser à Abêrah car c'est celui qui pouvait avoir le plus intérêt à ce que soit confirmée la décision finale de Rip'î-Lîm et c'est à son encontre qu'il pourrait y avoir contestation. Comme c'est cependant l'aîné, les « frères » mentionnés à la l. 10, comprenant « frères aînés et cadets » ne sauraient être les enfants de Rip'î-Lîm et de Dagan-teri, mais représentent le groupe tribal apparenté. Le fait essentiel de ce texte est l'affirmation par Rip'î-Lîm qu’Abêrah est bien son aîné, donc celui qui avait droit à l'héritage, ou au moins à sa plus grande part46. Le discours rapporté du père doit s'arrêter après mârû'ia (l. 40) et se poursuit alors le récit de Sumu-hadû. La reconnaissance générale par le chef de famille (kalû-unu mârû'ia) de tous les enfants de Dagan-teri suffisait à les mettre à l'abri car les deux enfants d'âge intermédiaire étaient dès lors reconnus comme puinés. Un autre aspect important du texte [A.2615+] est l'aperçu qu'il nous donne sur le contexte humain de l'opération, lequel doit représenter une réalité mâr sim'al. L'expression « les frères » (l. 6) ne peut concerner uniquement les frères de Rip'î-Lîm, mais doit désigner, de façon plus générale, le groupe tribal auquel il appartenait, peut-être celui de Nihad où son épouse peut avoir eu sa maison. C’était un clan des Yabasa. Ces « frères » sont analogues à ceux qui ont composé ultérieurement les groupes civiques d'Émar à l’époque médio-babylonienne. Ils comportent également (l. 10) des « grands » et des « petits » selon la nomenclature47 que l'on trouve à Émar et à Ékalte à époque moyenne. C'est au sein de leur réunion que le père de famille désignait son « aîné » et, par là-même, ses « juniors ». Les termes « grands » et « petits » devraient donc désigner (au moins ici) les chefs de famille qui étaient des fils aînés et ceux qui étaient des fils puînés. Peut-être en était-il de même pour les groupes familiaux d'Émar et d'Ékalte.

    42

    Il pourrait néanmoins s'agir du Yâi-Addu mentionné par la suite du texte (l. 31).

    43

    Il est toujours difficile de comprendre pourquoi un nom était donné à un individu dans l'antiquité, mais on remarquera que les deux fils de Rip'î-Lîm, Abêrah et Samsêrah, portent des noms qui renvoient au dieu-Lune (Yarah) : “Lune est mon père”, “Lune est mon soleil (= roi)”, et que sa fille, Ummî-Nikkal (“Nikkal est ma mère”), célèbre la déesse dNin.gal = Nikkal, épouse du dieu-Lune. Rip'î-Lîm devait donc avoir une indéniable dévotion envers le dieu-Lune, appelé Yarah (et non Sîn), sous sa forme occidentale. Or le culte de Lune est pratiqué dans la région du Nord-Ouest de la Djéziré, loin des régions où vit apparemment Rip'î-Lîm qui porte, lui-même, un nom à prestige (Lîm) mâr sim'al. Il n'en est pas de même pour les enfants nés « hors mariage ». 44

    Pour ce NP, cf. l'écriture ia-a-[í]-dIM, dans M.6209.

    45

    Rien ne renseigne sur l'âge de cet Abêrah car Rip'î-Lîm peut l'avoir eu tôt (sous Yahdun-Lîm) et n'avoir plus eu d'enfants ensuite — ou avoir perdu ces derniers. Un Abêrah pouvant appartenir à une grande famille n'existe dans les archives mariotes que dans ARM VIII 50, mais c’est aussi celui dont Yasîm-sumû (le andabakkum de Zimrî-Lîm) se dit être fils d’après son sceau. Il est ainsi possible qu'il faille rattacher Yasîm-sumû à Rip'î-Lîm et à son fils Abêrah. 46 Cette affirmation concernant Abêrah qui avait au moins onze ans de plus que le plus âgé des enfants des « retrouvailles » — mais bien plus s'il était bien le père de Yasîm-sumû — peut avoir été nécessaire du fait de son éloignement. Elle marque, en tout cas, l'importance du choix paternel. 47

    Cf. « La fondation d'une lignée royale syrienne. La geste d'Idrimi d'Alalah », dans J.-M. Durand, Th. Römer & M. Langlois éd., Le Jeune héros. Recherches sur la formation et la diffusion d'un thème littéraire au Proche-Orient ancien, OBO 250, Fribourg/Göttingen, 2011, p. 94-150, spéc. p. 112.

    Les textes de Sumu-hadû

    243

    L'affaire dont traite Sumu-hadû doit néanmoins être postérieure à la mort de Rip'î-Lîm. Il semble en effet y avoir eu contestation (l. 41), suite à la disparition des dannâtum. La forme baqram ne peut être que le permansif au ventif de baqârum « contester », car un accusatif baqram de baqrum « contestation » ne peut que difficilement être le sujet du verbe ib-ba-i de la l. suivante. Cette contestation doit avoir entraîné une demande de renseignements du roi (l. 4). Sans doute y a-t-il eu besoin d'entendre les témoins, lesquels sont d'ailleurs susceptibles d'être envoyés à la capitale pour y répéter leur témoignage. Même si le texte parle d'événements arrivés sous le règne de Yasmah-Addu, il doit être attribué à l’époque de Zimrî-Lîm puisque Rip'î-Lîm est clairement toujours vivant au début de son règne. Cela est important pour la délimitation de la période d'activité de Rip'î-Lîm qui a dû ainsi disparaître avant Sumuhadû, lequel ne survit pas lui-même beaucoup à la révolte des Mâr yamîna. Cette contestation (l. 41) s'appuyait sans doute sur le fait que les tablettes décisives (dannâtum) avaient disparu (l. 42 ?). Telle serait la raison du long exposé historique fait par Sumu-hadû et de la proposition finale d'envoyer les témoins jusqu'à Mari, si le roi le juge bon. Ce dernier fait supposerait un déplacement de deux fois 3 jours, depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm jusqu'à la capitale (cf. l. 7') et retour, ce qui représenterait effectivement une lourde obligation pour les témoins ( = Côté). 98 [A.2615+M.11069] Sumu-hadû au roi. Récit de la désignation de son fils aîné et de ses puînés par Rip'î-Lîm, retour de Qana après 10 ans, où il reprend chez lui Dagan-teri son épouse et les 2 enfants qu'elle a eus hors mariage. Choix définitif d'Abêrah et reconnaissance des autres. Il y a eu contestation. (Texte mutilé). Ces gens sont prêts à venir témoigner devant le roi s'il le désire, quoique la route soit longue. a-na be-lí-ia qí-bí-[ma] um-ma su-mu- ha-du-"ú# ìrka-a- [ma] up-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-[me] a-pu-ur-ma di-túr-me-er a sa-ma-ni-[im]"ki# it-ru-nim-ma ah-hu-u "ka#-lu-u-nu iz-zi-"zu#-ma um-ma a-na-ku-ma ma-ha-ar AN qí-be (NE)-ma ta-ki-it-ti a-wa-tim a-na be-lí-ia lu-ú-pu-u[r] ah-hu ka-lu-u-nu e-eh-rum ù [ra-bu-u]m48 "ú#-ki-nu-u-ma ki-ma "ni#-"i# AN? [zak-r]u? ù dan-na-tum a-ak-na munusum-ma-u-nu i-te!(TI)-et-ma Ia-bé-e-ra-ah a-na mu-ti-a pa-né-em ú-li-id mu-"us-sà# i-zi-ib-[i]-m[a] a-na qa-à-nimki it-ta-la-ak-ma I u[-ta]-ni-AN ù d da-gan-pí-làh a-na sú-qí-im-ma ú-
  • -id49 i-na mu 10-kam mu-us°-sà i-tu-ra-am-ma ù a-a-sú qa-du-um Iu-ta-ni-AN ù d da-gan-pí-làh ma-ri-a a a-na sú-qí-im ul-du a-na é-"u#° ú-te-er [i]-tu a-na é-a° i-tu-ru [I] sa-am-se-e-ra-ah

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Tr. 22 24

    48

    C'est ici que se termine le joint avec M.11069 et que commence le texte connu par G. Dossin.

    49

    Pour cette restauration, cf. l. 21 et l. 31.

    244

    Jean-Marie DURAND "ù# fum-mi-ni-kál (GAL) 2-"u# ú-[li]-id um-mi "ka-li-u#-nu dda-gan-te!-ri-ma mu-us-sà i-da-ab-ba-ab um-ma i-ma as-s[ú-ur-re] ur°-ra-am e-ra-am ah-hu°-[u-nu a-nu-t]u a a-na sú-qí-im ul-d[u a-na kù-UD ki]-"ma# ia-í-dIM ìr-ka ta-d[i-nu in-na-ad-di-nu] ka-la-u-nu [a-na ma-ru-ti-ka le-qé (?)] "ù#? [a-bi-e-ra-ah lu-ú ra-bu-u]m50 51 ù ri-ip-i-li-im [a] sú-[pé-a] ah-zu it-bi-ma a-bu-u-nu ta-a-[l]i-ma-am ta-ap-sú-la-am ù dan-na-tim i-ku-u[n] um-ma u-ma I a-bi-e-ra-ah ra-bu-[u]m a-[hu-um] ul-lu-tum []é-"eh#-ru-tum ka-lu-u-nu° ma-ru-"ia#-m[a i]t?-tum "a# "si#-im-a-lim?-m[a?] a#-ak-na-/at i-t[u a e]-mi-u ba-aq-ra°-am° "ù# [da-an-na-tum ú]-ul ib-ba-e [o o o o da-an]-nu-um-ta-h[a-az] [………………] "a#-na x-[……] […………………] lú? d[i-ku……]

    Rev. 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44

    ( 3 l. = Tr.)

    um-ma be-lí i-qa-ab-bi [u]-um be-lí i-qa-ab-bu-ú [lú-me-e ] u-nu li-li-ku-ma li-ki-nu-[u]-nu-{X}-ti a-bu-u[m i-b]u-"tum#-ma a a-la-[kam l]a i-le-"ú?# as-su-re-ma a-na [ma-riki] kaskal-a ru-qa-a[t-ma] i-bu-tum-ma "i#-[la-ku]

    C. i 2' ii 4' iii 6' 8'

    Note : M.11069 est la tablette S.115 79, pour laquelle on dispose d'une transcription préparatoire de M.Birot. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 5 J'ai envoyé un message 6 et on m'a conduit 5 Itûr-Mêr de Samânum. 6 Tous ses (= Rip’î-Lîm) frères 7 ont été présents et j'ai dit : « 8 Parlez devant le Dieu 9 que je puisse envoyer à mon seigneur 8 une certitude 9 sur l'affaire. 10 Les frères, eux tous, junior et aîné, 11 ont confirmé ses dires comme quoi un serment par le dieu avait été juré 12 et un acte en bonne forme (dannâtum) établi. Leur mère est 13 identique. 14 Elle avait enfanté 13 Abêrah en premiera) 14 pour son mari. 15 Son mari l'avait abandonnéeb) et 16 était parti 15 pour Qana. 17 Elle a (alors) enfanté 16 U ta nêl 17 et Daganpilah « pour la rue »c). 18 La 10e année, son mari est revenu et 19 alors 22 il a ramené à sa maison (à lui) 19 son épouse avec U ta ni-El 20 et Dagan-pilah ses enfants (à elle), 21 qu'elle avait enfantés « pour la rue ». 23 Depuis qu'elle est revenue à la maison qui était sienned), elle a enfanté 24 Samsêrah et UmmîNikkale) une seconde foisf). 27 La mèreg) d'eux tous – je veux dire Dagan-teri – 28 a insisté auprès de son mari, disant : « 29 Il ne faudrait pas que tôt ou tard, 30 leurs autres frères que 31 j'ai enfantés 30 « pour la 4

    50

    Cf. l. 38.

    51

    C'est ici que se termine le texte connu par G. Dossin et que recommence le joint avec M.11069.

    Les textes de Sumu-hadû

    245

    rue », 32 ne soient vendus 31comme 32 tu as vendu 31 Yâi-Addu, 32 ton serviteur. 33 prends-les donc tous pour tes enfants, 34 et qu'Abêrah soit ton aîné! » 35 Alors, Rip'i-Lîm qui avait pris en compte sa prièreh), 36 s'est levé et (en tant que) leur père 37 a 36 établi ce qui était acte de malveillance, 37 acte contraire au bon droit et tablette définitivei), 38 disant : « Abêrah est le frère aîné, 39 les autres, les cadets. Eux tous 40 sont mes fils et la marque distinctive du Sim'alj) se trouve placée. » 41 Puisqu'il y a contestation envers sa décision 42 et qu'il n'y a pas la tablette définitive, 43 Dannum-tahazk) … 44… pour … 45 … le juge … (Texte lacunaire, puis disparu sur 7 l.)

    Côté. 1' Si mon seigneur le dit, 2' le jour (même) où mon seigneur le dira, 2' ces gens devront venir et 3' témoigner de ce qu’il sont. 4' (Mais) il y a des témoins 5' qui ne pourront pas venir. 6‘ Il ne faudrait pas 7' — la route est longue 6' pour Mari — 8' que les témoins aient à venir. Note : l'affaire concernant une personnalité de premier plan de la région, il est vraisemblable que Sumu-hadû a luimême pris le calame pour noter cette histoire compliquée, sans passer par les services d'un scribe de l'administration ; cela peut expliquer les nombreuses maladresses d'expression qui ne facilitent la compréhension de l'histoire, tel le fait que les noms du père et de la mère, certainement connus de tous, même du roi, n'arrivent qu'en bout de course, que l'anecdote de l'histoire du serviteur vendu n'est pas expliquée alors qu'elle ne devait certainement pas être une notation gratuite, que les motivations du départ à Qana du père, ou le statut ultérieur de l'épouse délaissée ne sont pas précisés, que celui dont les allégations ont entraîné la convocation des témoins ne soit pas nommé (l. 11, à moins qu’il ne le soit l. 43 ?), ainsi que d'autres encore, au nombre desquels les hapax lexicaux de ce texte ne sont pas les moindres. a) Plutôt qu'une expression mutum pânûm (« époux d'avant ») difficile à comprendre puisqu'il n'y a eu qu'un seul époux de légitime, j’ai compris que panûm faisait référence au premier fils ; un mutum warkûm (« époux d'après ») désigne en théorie le second mari quand le premier est défunt, ce qui n'est manifestement pas le cas ici. Il n'est pas dit à propos du père des deux enfants nés « dans la rue » s'il s'agissait d'un serviteur, YaiDagan, celui que Rip'î-Lîm a vendu, ou si le géniteur a été attribué comme esclave au mariote à son retour de Qana. Sur cette question si importante pour comprendre l'anecdote, seules des suppositions peuvent être faites. b) Le verbe ezêbum est généralement traduit par « divorcer », mais l'occurrence ici signifie simplement « abandonner, ne pas emmener avec soi ». De fait, dès son retour, Rip'î-Lîm reprend sa femme et les enfants qu'elle a eus en son absence. Le cas n'était peut-être pas extraordinaire : cf. la situation sans doute analogue décrite par TCL 18 153 (= AbB XIV 207) : 3-8 itu umma-u ezbet anûm îuzu-i-ma ina bît âizi-a warkîm ulissu « vu que sa mère a été abandonnée et que c'est un autre qui l'a (re)prise, elle l'a enfanté dans la demeure de celui qui l'avait (re)prise, celui d'après. » Dans ce texte (malgré mutum) ahâzum signifie « recueillir » plutôt que « épouser » et ezêbum signifie « abandonner » plutôt que « divorcer ». c) CAD S., p. 402, a enregistré un sens de sûqum — surtout connu jusqu'ici par les formules juridiques de Ana itti-u et les textes littéraires — comme « a place where people not belonging to organised households congregate ». Un texte parallèle à [A.2615+] se trouve dans JTVI 26 153 i 7: elu a ina su-qí biktu umma-u uldu-u = « the man whom his mother bore in the street with weeping » (CAD). Bikîtu (« qui pleure ») dans ce contexte doit être compris comme « sans joie (= loin du mari), sans assistance (de la famille) ». La présente occurrence montre que cet usage relevait en fait du langage courant et signifiait « hors mariage ». Il est, certain, en effet, qu'une femme d'un rang social comme celui de Dagan-teri avait un domicile fixe et n'était pas « à la rue ». d) La maison qui était celle de l'homme (l. 22) devient celle de la femme (l. 23). Peut-être le texte signifiet-il simplement par là qu'elle retrouve son statut de femme mariée et faut-il comprendre que la femme avait une maison à elle, outre celle qu'elle partageait avec son époux, comme la reine de Mari ( îbtu) avait une maison à elle (celle de Mut-Bisir) outre le palais royal. e) Pour ce NP, cf. ni-ka-al-um-mi, NP féminin attesté par M.6730. Dans ces NP /ni-ka-al/ ou /ni-GAL/ (GAL = kál) est la lecture phonétique (« Nikkal ») de dnin-gal, épouse de Sîn. f) Il faut comprendre que c'est son second accouchement du fait de son époux légitime. Sans doute Samsêrah et Ummî-nikkal étaient-ils jumeaux. g) Pour ummi comme état construit de ummum, cf. ARMT XXVI 298: 29. h) En supposant ici le terme supûm « prière » qui ne serait attesté cependant qu'à partir de l'époque moyenne. i) Le texte n'est pas bien conservé et plusieurs des termes utilisés semblent nouveaux. Pour talîmum sur LL, cf la proposition de A-I. Langlois, Les Archives de la princesse Iltani… , FM 18/2, p. 44, de le retrouver dans OBTR 20. Le mot tapsulum est de lecture sûre ; quoiqu'il soit un hapax, il doit être rattaché au verbe pasâlum

    246

    Jean-Marie DURAND

    employé dans les textes médio-assyriens d'héritage : a ina beri-unu ipassilu-ni = « any among them who distorts (the terms of the agreement pays a fine) », d'après CAD P s.v. ; Le système D (II) pussulum (nécessaire pour une forme en ta-) n'est attesté selon les dictionnaires qu'au permansif. Il devait avoir, en fait, le même sens (à l'emphatique ?) que la forme G (I). Pour un emploi autre qu'avec une partie du corps, cf. ARM XXVI 413: 5 êm-unu pu[s]ú-lu. Le verbe pasâlum D est surtout employé à Mari pour noter une démarche qui ne va pas droit, tout particulièrement en hépatoscopie, en opposition à eêrum. Tapsulum doit signifier « contestation (indue), contraire au bon droit ». j) Le texte semble bien comporter si-im-a-lim (pour cette graphie cf. ARM 27 151 : 97). Le passage reste cependant incertain et la lecture i]t-tum "a# "si#-im-a-lim-m[a?] a#-ak-na-/at n'est qu'une proposition. Ittum (*id-atum) est bien connu pour signifier « signe d'identification ». On peut supposer que les différents Bédouins portaient sur eux de tels « signes » qui permettaient de les identifier, analogues aux tatouages modernes. L'adoption en Mésopotamie, comme souvent, n’est pas simplement un acte familial, mais confère aussi la citoyenneté. On comparera avec A.981 où des allogènes deviennent mâr sim'al52. Pour ce sens de ittum, « moyen de reconnaître », cf. le passage néo-babylonien ABL 793 rev. 10 cité par CAD I, p. 305a: « Puisse le roi mon seigneur, me compter parmi ses serviteurs de sorte que la marque (montrant) que je suis un serviteur du roi soit sur moi » (i-da-ti a ardûti arri ina muhhi-ia tabbaî-ma). La « marque » d'une divinité se trouve souvent mentionnée. À époque récente, on connaît ainsi la marque de l'étoile sur les serviteurs de la déesse. À époque amorrite, selon ARM VI 76 (cf. p. 372) c'est plutôt l'habillement qui semble distinguer entre akkadiens et Bédouins. k) Texte obscur. Après TA et HA qui semblent assez nets, il n'y a place que pour un seul signe. Ce Dannum-tahaz — dont le nom arriverait ainsi dans le texte de façon inattendue — pourrait être celui qui a provoqué la contestation, l'un des juges ou l'un des témoins. Non liquet.

    Dans [A.2074], l'affaire judiciaire met en scène des gens certainement très importants. Ceux qui sont aux côtés de Sumu-hadû font en effet partie des tout premiers personnages de l’État, rien qu'à compter Sammêtar, Hâlî-hadun, (H)aqbahum. La mention d’Atamrel indique plus précisément qu'il s'agit d'une affaire du début du règne. La présence de Sammêtar montre, en outre, que la période est postérieure à celle où Samu-ila était à Terqa, donc après iii ZL 1, mais Habdû.ma-Dagan est toujours là, ce qui indique que l'on est au plus tard en ZL 2. Cela fait donc envisager la seconde partie de ZL 1. Les autres personnes sont plus difficiles à situer : ainsi pour Yasûrah (analysé Yasu-Rah, in ARMT XVI/1, p. 232, mais = Yasu-Êrah), deux personnes de ce nom — dont un forgeron — sont mentionnées par ARM VIII 38+81, créancier et témoin (le texte est de la région de Saggâratum à l'époque de Zimrî-Lîm, vu la mention de Habdû.maDagan) ; d'Iskatân et de Yawî-El on peut simplement présumer qu'ils étaient des chefs de service.

    Des protagonistes de l'histoire, Ahî-Lîm et Iltani, le texte ne dit pas quels étaient leurs liens : époux plutôt qu’adversaires ? Ils semblent être l'un et l'autre défunts à l'époque du texte. Peut-être est-ce à eux que fait allusion le document lorsqu'il parle de « l'argent de l'époux de la femme et de l'argent de la femme » (l. 22-23). Il s’agirait donc d’une histoire d'argent. Des « frères », sans doute des contribules, soutiennent les enfants (l. 11) car l'argent a disparu et ceux qui font partie de la famille proche doivent se disculper devant les dieux techniciens du serment, Itûr-Mêr ou Ik udum et La-gamal53. Ceux qui soutiennent les enfants ont déjà juré (l. 13) et on demande au restant de la famille de faire un contre-serment (l. 19, 21). Tout cela indique une querelle familiale à propos d'un héritage. Iltani pourrait dès lors avoir été l'épouse d’Ahî-Lîm. La l. 19 mentionne bien une Lalatum comme épouse de ce dernier, mais un même homme pouvait avoir plusieurs femmes. Lalatum et des « frères» auraient donc mis indûment la main sur la fortune d'un couple qui vient de décéder. En revanche, il est impossible de situer la personnalité de Rip’î-Addu qui n’apparaît qu’au terme de l’histoire (l. 27). Il pourrait s’agir de celui de BiMes 29, p. 8-5, qui apparaît dans un procès de Terqa, selon une indication de D. Charpin. Le verdict pris par les grands serviteurs est expédié chez le roi. Pour l’expression, on comparera avec [A.2241] : 38 et analogues. 52 Cf. La Circulation des biens, des personnes et des idées dans le Proche-Orient ancien, CRRAI XXXVIIIe, p. 117-118. 53 Les affaires où apparaissent les deux divinités Ik udum et (au moins ici, la déesse) La-gamal sont du terroir de Terqa et Itûr-Mêr n’y participe que de façon adventice, en tant que divinité des serments. Les gens ne semblent pas jurer tous devant la même divinité. Le texte oppose ainsi Itûr-Mêr et le couple Ik udum et La-gamal, divinités propres à Terqa.

    Les textes de Sumu-hadû

    247

    La formule finale (l. 36-37) montrerait l’importance du serment en matière judiciaire, au moins quand il s’agit d’intérêts économiques. Le texte qui cite un axiome royal dans ce sens est cependant de rédaction difficile et sa signification ne semble pas assurée. 99 [A.2074] Sumu-hadû au roi. Récit d'un procès à propos des biens d’Ahî-Lîm et d’Iltani. Sur injonction des grands dignitaires, la famille présente doit jurer comme les témoins des fils. Rip’î-Addu qui — suite à une déclaration des fonctionnaires — a été arrêté, est envoyé chez le roi. Protestations de fidélité de Sumu-hadû. [a]-na be-lí-ia q[í-bí-ma] um-ma [s]u-mu-ha-du-[ú] ìrka-a- ma 4 di-in a-hi-li-im il-ta-ni ùf 6 "a#-na-ku sa-am-me-tar ha-li-"ha#-du-54 I "aq#-[b]a-a-hu° a-tam-ri-AN ìs-ka-ta-an I ia-wi-"AN# ù ia-"su#-e-ra-ah 8 ìr-55 be-lí-ia ták-lu-tum di-in-u-nu 10 nu-di-id-ma ki-a-am ú°-a-hi-is-sú-nu-56 "ki#-ma e -me-e i-bi° dumu-me-e -u Tr. 12 [ù] at-ti-ni° 57 AN-lim "ù#-lu ma-ha58-ar d i-túr-me-er 14 ù-lu ma-ha-ar Rev. 16 [di]k-u-di-im ù dla-ga-ma-al [zu-u]k-ra-m[a] 18 "ka-ak#-ki le-qé-"e# "f#la-"la#-tú(DU) dam a-[hi]-li-im 20 2 lú ah-hu-u ù fra-mi-ia [n]i-i AN-lim li-iz-ku-ru 22 um-ma-mi um-ma i-na kù-babar mu-ut munus ù-lu "i#-na kù-babar munus 24 mi-[im-ma a-wa-t]um e-ma-at [kù-babar a] ra-ma-ni-ia 26 [e-mu-um] an-nu-um a pí-i ìr-me-e be-lí°59 [ù ri]-ip-i-dIM ni-i-ba-tú(DU)-[u] Tr. 28 [i-na-an]-na lú re-du-um "a-na# [be-lí°60 i]t-ra-a-u 30 bé°-lí wa-ar-ka-at di-ni-im an-ni-im li-ip-ru-ú[s] 32 [u]m-ma di-in sà-"ar#-r[u-tim] 2

    54

    Ce signe UN manque sur la tablette.

    55

    Les signes ME-E manquent sur la tablette.

    56

    Le signe TI manque sur la tablette et n'est pas en indenté.

    57

    Les deux signes manquent sur la tablette. Pour cette restauration, cf. l. 21.

    58

    HA est sur érasure.

    59

    Il n'y a pas de signe après le NI, mais il est courant chez Sumu-hadû d'écrire bêlî pour bêli-ia (lire bêlê ?)

    60

    Il n'y a pas place pour be-lí-ia ; cf. l. 26.

    248

    Jean-Marie DURAND [ni]-di-in i-na an-né-tim be-lí wa-ar-ka-at a-wa-ti-ia li-ip-[ru-ús] ú-la-u-ma mi-nu-um ik-ta-bi-it []a be-lí-ia um-ma-mi ta-mì zi-im-ri- [a-]um mi-im-ma i-de-en i-tu 61-eh- ri?#-ia [ìr ]a re-e be-lí-ia-"ma# [a-na-k]u

    C. 34 36 38

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sumu-Hadû, ton serviteur. Le jugement concernant Ahî-Lîm 5 et Iltani, 6 moi-même, Sammêtar, Halî-hadun, 7 Aqbahum, Atamrel, Iskatân, 8 Yawêl et Yasûrah, 9 principauxa) serviteurs de mon seigneur, 10 nous nous sommes empressés et je leurb) ai fait prendre la sentence 9 qui les concerne 10 ainsi : 11 « Comme les “frères” témoins de ses (= Ahî-Lîm) enfants, 12 alors, vousc), 17 prêtez 12 < un serment > par le dieu, 13 soit devant 14 Itûr-Mêr 15 soit devant 16 Ik udum et La-gamal 17 et 18 prenez (en main)d) les symboles. 19 Dame Lalatue), épouse d’Ahî-Lîm, 20 les deux messieurs, ses frères à lui, et dame Ramiaf) 21 doivent prêter serment par la divinité, 22 en disant : “Je jureg) qu’24au sujet de l’argent de l’époux de la femme 23 ou de celui de la femme 24 rien n'est su (de moi). 25 Mon argenth) est à moi ! ” » 26 Voilà l’initiative (êmum) que nous avons prise, à l’avisi) des serviteurs de mon seigneur 27 et de Rip’i-Addu. 28 À l’heure actuelle, un soldat 29 l’a emportéej) chez mon seigneur. Mon seigneur 30 doit se renseigner sur 31 cette 30 procédure. 32 Je jure que nous n'avons pas adopté une procédure iniquek) 33 à cette occasion ! 34 Mon seigneur doit se renseigner sur mes dires ! 35 Ou sinon, quel poids peut avoir 36 (le propos) de mon seigneur, disant : « 36 Qui a prêté serment par Zimrî-(Lîm), 37 commence la procédure sur tout sujetl) ? » 37 Depuis ma jeunesse, 38 je suis un serviteur au service de mon seigneur ! 2

    Note : ce texte est de lecture et de compréhension fort difficiles et l'histoire extrêmement allusive. Le format de la tablette, d’abord, est inusité : il s’agit d’un assez petit calibre, mal conservé, très épais et plutôt mal fait, dont la face est usée. Des signes sont mal venus et plusieurs ont été oubliés de façon plus ou moins nette (l. 6, 9, 12, 26, 37) ; on constate des maladresses d’expression (l. 10) ; le verbe n'est pas conclusif de phrase, l. 25, 32. Il y a des formes dialectales comme attîni (l. 12), sans compter les contractions de /ia/ en /ê/ propres à l'usage mariote, mais on trouve aussi e-ma-at pour e-me-et (l. 24) et it-ra-a-u (l. 29). Des constructions n'ont pas de parallèle (l. 22-23). On trouve en outre des emplois de signes non usités à Mari (DU = /tú/, l. 19, 27). Beaucoup de ces particularités pourraient passer pour des dialectalismes (l. 10 -u-nu au lieu de u-nu-ti ?), quoique des maladresses ne soient pas à exclure. Peut-être Sumu-hadû l'a-t-il écrite lui-même. Il est possible que, primitivement, cette tablette n’ait été qu’un brouillon, mais le fait qu’elle ait été retrouvée dans le palais indique qu’elle y a réellement été envoyée. Elle ne peut pas avoir été rédigée par un scribe professionnel. a) Taklum « digne de confiance » désigne le plus souvent une personne « d’importance », en qui, grâce à son rang social, on peut justement avoir confiance. b) Le texte ne semble pas avoir été soigneusement rédigé : on attendrait nu-di-id-ma *nu-a-hi-iz, selon l’usage de Mari qui emploie edêdum II en hendiadys ; cf. CAD E, p. 24a-b. Ici, il est suivi par un verbum dicendi et ki'am où le texte continue à la première personne parce que Sumu-hadû expose la décision juridique qui est de sa propre responsabilité. Ce faisant, il s’affirme comme le leader de tous ces hauts personnages (cf. anâku, l. 6). c) Pour une forme at-ti-ni, variante de attîna 2e pers. plur. féminine, cf. [A.582+] 6. La forme attîni tient lieu ici de attûnu. d) L’expression kakkam leqûm signifie d’habitude « prendre son arme pour combattre ». Ici manifestement kakkum désigne le symbole divin. Ce geste de prendre l’objet par lequel on jure pourrait être documenté dans ARM X 9 = LAPO 18, p. 320, où pour jurer les dieux se saisissent (leqûm) « de l’argile (de décomposition) et (de l’argile) du seuil de la porte de Mari ». e) Le NP est écrit « La-la-DU », ce qui doit être interprété comme Lalâtum (cf. ARMT XVI/1, p. 143 et inédits) ; cf. l. 27 l’emploi du signe DU pour tú. f) Ramia est un NP de femme désormais bien attesté à Mari (inédits, ainsi que ra-mì-ia et ra-mi-ia-tum). Il peut s’agir d’une fille ou d'une sœur d’Ahî-Lîm. Comme le texte parle de plusieurs enfants (l. 11) Ramiya pouvait être l'aînée et seule en âge de jurer. g) Le serment négatif est introduit par umma +verbe positif, ici et l. 32 (sans subjonctif). h) Le recourt à un idéogramme fait que le possessif 1re pers. n’est marqué qu’au cas oblique. 61

    Ce signe E manque sur la tablette, mais le RI a l’air d’avoir été écrit sur érasure d’un AH.

    Les textes de Sumu-hadû

    249

    i) On attend, l. 26, ina pî. Une compréhension a pî laisserait inexpliqué le subjonctif de la l. 27. j) L’emploi de tarûm indique que le êmum était sous la forme d’une tablette. k) Pour sarrûtum, cf. ARM X 49 : 9’ : awât sarrûtim, où sarrûtim peut représenter le pluriel de sarrum. l) Le texte des l. 35-38 m’est opaque. On pourrait tenir i-di-in pour l’impératif de NDN et comparer avec Ana itti-u VI i 40 : ana ta-me-e iddin-u = « Il l’a fait jurer », ce qui correspond d’ailleurs à la situation décrite ici. On attendrait, cependant, plutôt ta-me-e que ta-me et ana manque. La séquence Zi-im-ri (l. 36) est, en outre, problématique car ni zimrum « chant » ni imrum ne font sens. Faute de supposer une variante zimrum pour zumrum, on peut envisager une restauration zi-im-ri- (la photo montre qu’il n’y avait rien après RI) ou que « Zimrî » valait le nom royal dans le langage courant (il s’agit d’un discours rapporté). Les serments sont ici par les divinités (avec recours à ZKR), non par le roi (pour lequel serait utilisé TMâ). J’ai donc pensé à tâmi’um = « celui qui s’engage par serment (envers) ». L’idée est qu’un serviteur royal assermenté serait apte à faire prêter serment. L. 37, idên serait la forme mariote contracte correspondant à idian. Diânum a souvent le sens de « commencer une procédure », non de « rendre un jugement ». C’est le cas ici. m) Le texte ne semble pas être complet au vu d’autres passages analogues. Cf. ARMT XXVI 298 : 31 : i-tu f be-el-tum é-eh-re-et = « Depuis que la reine est toute petite …», ou l’expression connue d’Esarhaddon 12 : 14 ultu m i-ih-ri-u … = depuis les jours de sa jeunesse ; cf. CAD , p. 122a-b pour l’emploi de l’infinitif ehêrum.

    [A.718] représente certainement un avatar de la prise du pouvoir par Zimrî-Lîm et un dénommé Yasîm-Dagan (homonyme du haut personnage déjà connu) avait dû enterrer des fonds publics qui lui avaient été commis. Les « serviteurs » massacrés (l. 6) pouvaient être des gens tentés par la cause du nouveau pouvoir. Un grand nombre de passages sont effacés sur cette tablette, sans doute un indice que le texte a été écrit par l’expéditeur lui-même, non par son service. Où se trouvait le humûsum dont parle le texte ? Dans FM VIII, p. 110, ont été envisagés comme possibilités l’aval de Hi amta ou la région de uprum. Ces deux lieux étaient proches toutefois de la capitale Mari et, vu les activités de Sumu-hadû, il n’est pas impossible qu’il s’agisse en fait d’un humûsum d’amont, dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Un texte de Munbaqa reconstitué par Lionel Marti62 montre que les humûsum pouvaient encore, à l’époque récente, se trouver dans la campagne et y servir sans doute de points de repère. Le fait qu’il ne soit pas appelé d'un nom particulier peut s'expliquer par le fait que l’on avait perdu le souvenir de son origine. L’histoire rocambolesque que raconte [A.718] a surtout pour intérêt de montrer que Sumu-hadû, une fois à la tête des affaires, s’occupait d’une pluralité de sujets. Pour ce qui est de l’évolution du droit mariote, on remarque que Yasîm-Dagan devait être mis à mort dans une affaire de vengeance personnelle (niqmum), ce qui marque le texte comme de la première partie du règne de Zimrî-Lîm, car cela ne semble plus possible dans la seconde partie63. Il est sauvé sur intervention d’un fonctionnaire local. L’évolution des conceptions juridiques à Mari a visé à l’affirmation de plus en plus grande de la puissance royale. La présente situation s’explique au mieux au tout début du règne, mais elle est le fait du nouveau pouvoir bédouin, car l’état de choses semble avoir été différent sous la dynastie de Haute-Mésopotamie. Si l’on reconstitue l’histoire, Yasîm-Dagan avait caché une bourse (apparemment scellée, l. 27) contenant de l’argent dans la campagne. D’après ses dires, ce serait à l’endroit où se trouvait un monument commémoratif-humûsum. Il prétend ensuite que cela se trouvait dans un lieu appelé sûrîtum. Enfin qu’il s’en serait servi pour une dette contractée par sa fille auprès de quelqu’un de Terqa. Le résultat final est que, malgré les efforts de Sumu-hadû, l’argent n’a pas été retrouvé. Le roi doit questionner (ou « soumettre à question » ?) Yasîm-Dagan pour lui faire avouer où se trouve la bourse. 100 [A.718] Sumu-hadû au roi. Affaire de Yasîm-Dagan à qui l’on fait miroiter sa grâce contre des révélations concernant de l’argent qu’il a fait enterrer. Il emmène ses gardes à une cachette près d’un humûsum, soit disant éventée. Histoire d’une qâditum, sa fille, dont il aurait remboursé une dette. L’individu est envoyé chez le roi à des fins d’enquête. 62 63

    L. Marti, « La notion de humûsum au bronze récent », NABU 2006/91.

    Cf. J.-M. Durand, « la Vengeance à l'époque amorrite », dans D. Charpin & J.-M. Durand éd., FM VI. Recueil d'études à la mémoire d'André Parrot, Mémoires de NABU 7, Paris, 2002, p. 39-50.

    250

    Jean-Marie DURAND

    [a-n]a be-lí-ia [q]íbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma i-na pa-ni-tim Iia-si-im-dda-gan lú-"gìr-sig-ga# a-na ni-iq-mi-im a lú-tur-me-e ìr-me-e -"ka#° a-na da-ki-im ú-e-ú-u-ma wa-ar-ka-nu-um-ma á-ta-al-ma um-ma a-na-ku-ma um64 kù-babar {X} "ú-ul# qa-bi ú-te-ru-ni-i-u wa-ar-ka-nu-um ma-la u-uq-bu-ru ú-a-al-u i-na ú-bi-ma a-ap-ti-u a-i-[i]q-ma um-ma a-na-ku-ma kù-babar a i-ba-a-e°-kum i-di-in-ma be-lí i-a-ri-i li-pu-"ú# i-na a-wa-ti° à-ba-tim ú-a-aq-bi-u-ma ki-a-am iq-bi-a-em um-ma-a-mi 5 ma-na kù-babar 1/3 3°-na65 kù-g[i] i-na hu-mu-sí-im-m[a] lu-ul-li-ik lu-ul-qí-a-[em] mi-im-ma ú-ul ú-wa-te-e[r] ú-ul aq-bé-kum-[ma?] "lu-ul#-li-ik kù-babar an-ni-[a-am ma-ma-an] [ú]-ul i-qa-bi-u dda-gan-[…] [ù x lú]-me-e lú ták-lu-tim ìr-me[ be-lí-ia] [it]-ti-u a-ru-ud-ma ir-du-ú-[u-ma] ki-a-am ú-wa-e-er-u-nu-ti um-ma a-[n]a-ku-[ma] [um-m]a kù-babar ú-ka-al-la-am°-ku-nu-ti [ku-nu]-uk-ki kù-babar la te-pé-ti-e [ir]-du-ú-{X X X }-u [a-n]a hu-mu-sí-im ú-ul il-li-ik a-na li-ib-bi su°-ri-timki ir-di-u-nu-ti um-ma-mi { "LI# "KI# } kù-babar e-me-er ù le-qí a-na e-ri-ia ú-te-ru-ni-u-ma ki-a-em iq-bé-e°-em um-ma u-ma

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28 30 32 34

    (1 l. érasée.) 1 lú ter-qaki iq-bé-e°-[em um-ma-mi] dumu-munus-ka qa-di-i(AB)-tum kù-[babar it-ti-ia] il-qé ap-la-a[n-ni] [m]i-im-ma kù-babar "ú-ul# ú-[te-er] i-na-an-na a-nu-um-ma lú a-a-t[u] [a-n]a e-er be-lí-ia a-à-ar-d[am] [a-u]m kù-babar li-sa-an-ni-i[q-u] [ku] na-du-um la i-ha-li-iq

    36 Tr. 38 40 C. 42

    Bibliographie : ce texte a été publié comme FM VIII 32 (avec la cote A.748) ; repris ici avec des repentirs d’édition. 1

    64 65

    Dis à mon seigneur : 3ainsi (parle) Sûmû-hadû, 4ton serviteur. Peut-être à corriger en -um.

    Sic. Cf. photo, FM VIII, p. 111. La séquence ma-na a été raccourcie en na et les chiffres qui précèdent sont incohérents. G.D. avait lu pour ce passage : 5 manê kaspam 5/6 (?) a-na kurummatim z[i-ga].

    Les textes de Sumu-hadû

    251

    5

    Naguère, 7 on avait fait sortir (de sa prison) 5 Yasîm-Dagan, le domestique, 7 pour le mettre à mort, 6 afin de venger les jeunes gens, tes serviteurs, 8 mais ensuite j’ai réfléchi, me disant : « Il n’a pas été parlé de l’argent ! » On l’a ramené. 10 Ensuite, je l’ai pressé de questionsa) sur tout ce qui avait été enterré. 11Avec gentillesse, je lui ai baisé les lèvresb), 12lui disant : « 13 Donne 12 l’argent qui est en ta possession 13 que mon seigneur te fasse grâcec). » 14 C’est par des paroles gentillesd), que je l’ai amené à parler 15et voici ce qu’il m’a dit : « 165 mines d’argent (et?) 1/3 de mine ! d’or 17sont dans le humûsum. 18Je veux bien aller les prendre. 20Je te le dis 19sans exagérer : 21il faut que j’y aille, cet argent un autre (que moi) 22ne dira pas (où) il (est)e). » 24 J’ai expédié avec lui 22Dagan-… 23et x hommes de confiance serviteurs de mon seigneur 24et ils l’ont accompagné. 25Je leur avais donné les instructions suivantes : « 26S’il vous montre l’argent, 27 n’ouvrez pas les scellés de l’argent. » 28Ils l’ont accompagné. 29 Il n’est pas allé au humûsum. 30Il les a menés à l’intérieur des terrains basf). 31 Il a dit : « L’argent 32se trouvait caché dans le sol, mais il se trouve avoir été pris ! » 31 On me l’a ramené et 34voici ce qu’il m’a dit : « 35Un homme de Terqa m’avait dit : “Ta fille, la 36 qaditum, m’a pris 35 de l’argent. 36Paye-moi ”! » 38 Il n’a nullement rendu l’argente). 39Actuellement, voilà que 40 j’expédie 39cet individu 40chez mon seigneur 41pour qu’il le presse de questions sur l’argent et que la bourseg) ne soit pas perdue. a) La forme D de âlum est exceptionnelle à Mari, mais doit marquer un intensif. b) Cf. LAPO 18, p. 183. c) « Faire grâce » est une traduction contextuelle pour « répondre ce que l’autre veut entendre ». d) Cf. FM VIII, p. 112 : les « bonnes paroles » (le inim du-ga des textes de divination) sont les propos qui amènent quelqu’un à agir comme on veut qu’il le fasse, d’où les sens contextuels de « propos qui font passer de son côté » et, dans les textes de divination, « incitation à la révolte ». e) Cela signifie : « Il n’y a que moi qui puisse dire où cela se trouve. » f) Cf. FM VIII, p. 112 : le terme semble nouveau. Le signe SU avec ses deux clous horizontaux est sûr ; on ne peut corriger en uprum (ú--ri-im!ki) car SU n’a pas une valeur /U/, ni lire ma!-ri-timki dont ce n’est pas le lieu. Le terme su-ri-tim pourrait être une forme du sûru de CAD S, p. 415a-b qui est bien attesté dans les descriptions de terroirs, où il désigne une sorte de dépression. On trouve de même en parallèle à ká su-ú-ru, l’expression ba-ab su-ra-ti ; cf. CAD S. ibid. f) Le *liddum que j’avais cru lire ici (cf. FM VIII, p. 112 ad e) n’existe en fait pas. La fin du «LI» peut n’être que la fin d’un KU , comme «ID» n’est qu’un NA sur érasure. Le ku nâdum était effectivement non pas une outre, mais une sacoche qui contenait des objets et, tout particulièrement, de l’argent.

    Au moment de [A.582+], Sumu-hadû devait se trouver dans le district de Saggâratum puisque le fait divers sanglant dont il est question se déroule sur le Habur et que le coupable est, ensuite, arrêté à Samânum, en route vers Terqa, ou la région de Mari. Le fait que les coupables soient mâr sim’al de Hi amta et Himmarân, localités de la région centrale du royaume, celle de Terqa, n’est pas sans parallèles et l'on peut considérer que les habitants des bourgs du royaume considéraient tout étranger de passage comme un gibier potentiel. Le peuplement numhéen était une réalité de la région du Habur moyen, surtout semble-t-il de la région de Qaunân. Plusieurs textes montrent que leur caractère d'allogènes était mal perçu par la population du royaume. Les victimes sont dites « descendues au fleuve » ; elles allaient donc vers l’Euphrate66. Ces gens venaient des Dumâtum, région dont la mention est rare à l’époque de Zimrî-Lîm (la présence de Sammêtar l’indique, l. 37) mais qui devait être le cœur du royaume de Haute-Mésopotamie. La région des Dumâtum (« les Fermes ») semble en effet avoir été à l’époque du RHM un endroit de colonisation où Samsî-Addu avait installé des gens pris un peu partout dans son royaume67. Ici il s'agit de deux

    66 67

    Pour cette expression, cf. [A.2200]: 13.

    Cf. J.-M. Durand, NABU 1990/82 et LAPO 16, p. 122. Nele Ziegler, Les Toponymes paléo-babyloniens de la Haute-Mésopotamie, MTT 1/1, p. 79-80.

    252

    Jean-Marie DURAND

    Numhéens et d'un Nurruguéen68. Au moment où le RHM se défaisait, ceux qui avaient été installés dans la région en partaient. C'étaient des gens de l'Est qui tentaient leur chance à l'Ouest. Le produit du vol (les montures et les femmes) a été saisi à Samânum, territoire mâr yamîna auquel la police royale a accès direct, ce qui indique un moment autre que la rébellion. Le fonctionnaire mariote donne d'autre part des ordres à Sammêtar. Ce dernier devait être alors gouverneur de Terqa puisqu’il lui faut intervenir à Himmarân, un bourg du district de Terqa où vivaient les familles des agresseurs. Le document précise, cependant, que roi doit arriver bientôt là où se trouve Sumu-hadû, ce qui fait envisager de ne pas lui envoyer les coupables. La lettre [A.582+] ferait donc référence au moment où le roi comptait aller visiter (fin ZL 1) la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 101 [A.582+A.3757] Sumu-hadû au roi. Fait divers sanglant sur le Habur : deux Numhéens et un Nurruguéen se sont fait assassiner et dépouiller par des Mâr sim’al. Suite à la découverte de leurs cadavres, les poursuites font arrêter un des coupables à Samânum ; les autres sont à Himmarân. Procédure à suivre pour les transmettre à la justice royale. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma sú-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma 2 lú nu-um-ha-yu 1 lú nu-ru-ga-yu i-tu du-ma-tim 2 munus ú-sé-pu-nim um-ma u-nu-ma al-ka-nim lu-ú a-a-tu-ni at-ti-ni° 2 eme-há69 it-ti-u-nu it-ru-nim-ma a-na na-ri-im i-la-ku-nim 3 lú dumu si70-im-a-lu-ú 1 lú hi-a-ma-i 2 lú hi-im-ma-ra-"na#-yu i-na ki-a-ad ha-bu-ur i-mu-ru-u-nu-ti ir-ú-bu i[t-t]i-[u-n]u re-"e#-em71 "i-na # [ta-ar-b]a-i-{"IM#}?-im i-bi-tu-ma [i-na mu-i]-ti-u ha-ra-ap dingir-ma a-ap-la-nu-um é-tim lú-me-e u-nu-ti i-du-ku-ma 2 munus 2 eme-há it-ba-lu-ma a-na kù-babar na-da-nim it-ta-alku a-né-em u-um-u lú-sipa gu-há° ìr be-lí-ia a-ap-la-nu-um é-tim pa-ag-ri [i-m]u-ur-ma qa-tam a-na qa-tim-ma a-ia-i iq-bé-em um-ma-mi "3# lú-[me-e ] i-[t]u du-ma-tim i-la-ku 2 munus 2 eme it-ti-u-nu [i]-re-[du]-nim i-na mu-i-im i-na é-tim "i#-bi-tu i-na-an-na pa-ga-ar l[ú-me-e ]u-nu-ti a-ap-la-num é-tim a-mu-ur an-ni-tam iq-bé-em-ma a-na-ku ha-ab-ta-ku ás-si-ma

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Tr. 22 24 Rev. 26 28 68

    Pour le Nurrugum, région dont faisait partie la ville de Ninive, voir N. Ziegler, CRRAI 49/1, 2004, p. 21.

    69

    Sur érasures.

    70

    Sur érasure.

    71

    Ici se termine A.582.

    Les textes de Sumu-hadû

    253

    qa-tam a-na qa-tim-ma dan-na-tim a-ku-un-ma a-na [h]a!-al-a-{X}-ni á-tap°-pa-ar 1 lú hi-a-ma-ia-am 2 munus ù 2 eme i-na sa-ma-nimki i-ba-tu-nim gi -kak72-"há# kal-la-am ad-di-u° i-na "é#-tim73 a-na-a-ar-u ù a-na a-ba-at lú-me-e hi-im-ma-ra-na- ù é-"há#-u-nu a-na é-kál-lim u-ru-bi-im a-na sa-am-me°-tar dan-na-tim a-pu-ur i-na-an-na um-ma a-la-ak be-lí-ia lu-pu-ut lú a-tu a-na e-74 be-lí-ia lu-a-re-u ú-la-u-ma a-di a-la-ak be-lí-ia a-na-nu-um-ma li-ú-ru-u-ma i-na a-la-ak be-lí-ia [i]t-ti-u-nu ma-ha-ar be-lí-ia li-a-[ru]-nim [a-n]a []e- á-tap°-ra-am [ù a]n-ni-tam la be-lí li-i-pu-ra-am75

    30 32 34 36 38 40 42 44

    (Reste anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sumu-hadû, ton serviteur. Deux hommes du Numhâ (et) un homme du Nurrugum, (venus) des Dumâtum, 5 avaient « séa) duit » deux femmes en leur disant : « 6 Venez ; soyezb) nos épouses ! » 7 Ils amenaient avec eux deux ânesses et 8 ils devaient aller au Fleuve. 9 Trois Mâr sim’al, 10 un de Hi amtac), deux de Himmarân, 11 les virent sur la berge du Habur. 12 Ils entreprirent de paître avec eux. 13 Ils passèrent la nuit dans l’enclosd) et, 14 la même nuit, abomination divinee) !, 15 ils tuèrent ces hommes en contrebas de la maison, 16 enlevèrent les deux femmes (et) les deux ânesses et 17 partirent 16 les vendre. 18 Le lendemain, un bouvierf), serviteur de mon seigneur, 19 en contre-bas de la maison, 20 vit 19 les cadavres 20 et, aussitôt, à moi, 21 me dit : « 22 3 individus venant des Dumâtum, 24 amenaient 23 avec eux deux femmes et deux ânesses. 24 À la nuit, 25 ils ont couché dans une maison. Maintenant, 27 j’ai vu 26 le cadavre de ces gens 27 en contre-bas de la maison. » 28 Voilà ce qu’il m’a dit et, moi, criant au scandale, 29 ayant aussitôt donné des ordres impératifs, 30 j’envoyai des message(r)s aux différents districtsg). 32 On s’est saisi 31 de l’homme de Hi amta, des deux femmes et des deux ânesses 32 à Samânum. 33 Je lui ai mis rapidementh) les étrivières. 34 Je vais le garder dans la maisoni). 35 En outre, 38 j’ai envoyé des ordres impératifs 37 à Sammêtar 35 pour arrêter les gens de Himmarân 36 et 37 faire entrer 36 leurs familles au Palaisj). 39 Maintenant, si la venue de mon seigneur (doit) tarde(r), 40 faut-il que je fasse conduire cet individu chez mon seigneur 41 ou, sinon, 42 doit-on le mettre ici sous garde 41 jusqu'à la venue de mon seigneur, 42 et, à la venue de mon seigneur, 43 l’amener par devant mon seigneur avec les (autres) ? 44 Voilà ce dont j'informe mon seigneur. 45 Alors, mon seigneur doit me dire ce qu’il en est. 2

    Bibliographie : deux passages de ce texte ont été cités dans ARMT XXVI/1, p. 86 et p. 522, n. 82. a) Pour suppûm, cf. LAPO 18, index, p. 586b et ici-même (cf. index). b) On a ici la forme attini au lieu de attîna ; ce n'est pas une faute entraînée par le -ni de aâtû-ni qui précède mais un réel dialectalisme. On retrouve la forme dans [A. 2074]: 12 où elle fonctionne comme attûnu. La formule du mariage est ici attestée par le simple consentement des époux, sans autorités parentales, ce qui devait être la réalité la plus courante dans les basses classes de la société. c) L’ethnique hiamâyu de Hi amta était déjà attesté par le nom de la déesse « Hi amîtum ».

    72

    Ici recommence A.582.

    73

    La première lecture de G. D. était également i-na ma-tim […], corrigée postérieurement (et a priori ?) en i-na é-kál-[lim, ce que le joint ne confirme pas du tout. 74

    Le IR a été écrit après I, puis érasé et be-lí écrit par dessus.

    75

    Les deux dernières lignes semblent avoir été écrites à l'économie.

    254

    Jean-Marie DURAND

    d) Le passage est très mal conservé, car c’est l’endroit où les deux fragments se rejoignent ; il doit s’agir de l’enclos (tarbaum) auquel étaient rattachés les pâtres mâr sim’al. Il comportait outre l’espace extérieur dévolu aux animaux la demeure (é = bîtum) ou dormaient les gens. Le meurtre aurait donc été perpétré à l’extérieur. Pour ce qui est de la lecture, le i-na initial de la l. 13 est aligné sur le i-na de la l. 11, ce qui laisse place pour 2 ou 3 signes (AR est un long signe) devant le BA. Après le I, il semble y avoir eu un HI anticipé érasé. e) Le terme harpum (qui est ici certainement péjoratif) m’est inconnu, mais une injure analogue à celle du récent sikipti Marduk est envisageable pour désigner des assassins. Dès lors, harpum pourrait correspondre à l'hébreu erph, « reproche », « abomination ». On trouve ainsi couramment l’expression erpat ‘dm « objet de réprobation, opprobre des hommes » pour désigner un coquin : Ps xxii 7 (« opprobre des hommes et méprisé du peuple », trad. de Dhorme, Pléiade). f) La présence de l’idéogramme há n’incite pas à lire ici sipa-gu = kullizum mais plutôt rê’i alpî. g) Cette transcription représente une bonne idée de lecture de D. Charpin quoiqu’à la fin de la séquence il y ait écrit nettement un signe UM — mais ce dernier peut être décomposé en une érasure suivie du signe NI — et que le signe « HA » du début ait plutôt l’apparence d’un signe KUR. h) S'agit-il de ták-la-am sur taklum « en quoi on peut se fier » ou de l'adverbe kallâm = « rapidement », pour lequel cf. D. Charpin, NABU 94/62 ? Le pluralisant ajouté à gi -kak fait préférer la seconde possibilité. i) Il s’agit là encore d’une idée de D. Charpin. L’homme est mis aux arrêts. Pour un lieu après i-na, on attend bît ibittim « prison », ou (bît) nêpârâtim. Le passage est mal conservé et une lecture ma-tim ou é-tim est également possible. Le texte « dans la maison » pourrait signifier « là où j’habite », c’est-à-dire que Sumu-hadû garderait le prévenu avec lui. j) Cette façon de prendre en otage la famille de coupables en fuite est courante. Sans doute le coupable arrêté à Samânum avait-il donné le nom de ses complices.

    [M.7721] concerne une affaire juridique à fortes connotations politiques, concernant des gens de Rapiqum76 (l. 6 & 10’). Son Revers parle d'un « fils d'Enlil-magir77 », lequel n'apparaît pas encore dans le restant de la documentation. L'importante lacune qui nous prive de la moitié du document n'aide pas à comprendre ce qui mettait tant le roi de Mari en fureur (l. 4). Apparemment, l'affaire concernait des événements du Sûhum puisque par « ton père » (l. 10') Sumu-hadû ne peut que faire allusion au roi d'E nunna, lequel considérait sienne Rapiqum. Le texte devrait donc dater du moment où Zimrî-Lîm était sollicité d’aller à l’alliance d’E nunna, soit la fin de ZL 1. Le bref passage du Revers où l'histoire peut être relativement suivie, expose des plaintes de Sumu-hadû qui proteste de ses bons sentiments envers le roi de Mari. Il semble être occupé à une mise en culture (sans doute de terres de la Forteresse de Yahdun-Lîm) et assure qu’en cas d’échec il se suiciderait (l. 5'), quoique la mort qu'il envisage (l. 7'-9') semble avoir été un topos à l'époque (cf. com. à la l. 7'-9'). Ce qui semble redonner courage (?, l. 12') à Sumu-hadû est lié au sort du « fils d'Enlil-mâgir », prétendument emmené à Rapiqum par devant les autorités e nunéennes (l. 10'), mais en fait relâché (?, cf. l. 11'). Apparemment il y avait un lien entre ce qui reste de la Face et la fin du Revers puisqu’il s’agit toujours du fils d’Enlil-mâgir. Néanmoins, la fin du document qui mentionne un propos de lui — ce qui semble entraîner un proverbe cité par le roi — me reste opaque dans l'état de la tablette. 102 [M.7721] Sumu-hadû au roi. Lettre très sévère du roi au sujet (du fils [?]) d'un certain Enlil-mâgir de Rapiqum. (Lacune.) Fuite d'individus, ce qui occasionne les prières de Sumu-hadû. Si le roi (?) reste hostile, Sumu-hadû envisage de se suicider. Le fils d'Enlil-mâgir a été envoyé devant le roi d'E nunna, puis libéré. Question d'un sacrifice retardé. (Texte lacunaire, puis lacune.)

    2

    a-na be-lí-ia qí-b[í-ma] um-ma su-mu- h[a-du-ú]

    76 La graphie /ra-a/ l. 6, pourrait indiquer que le toponyme comportait une longue initiale. Comme l’étymologie du toponyme est indécise, une transcription Rapiqum est maintenue ici. 77 Un NP en Enlil indique la région de l'Akkad à laquelle appartenait Rapiqum. Mari ne connaît apparemment qu'un NP Sîn-magir (cf. ARMT XVI/1, p. 182).

    Les textes de Sumu-hadû

    4 6 8

    255

    [ì]rka-a- [ma] up-pa-am be-lí ú-a-am-r[i-i-ma] i-pu-ra-"am# [u]m-ma "be-lí#-[ma a-um dumu (?)] d en-líl-ma-gir(HA) ra-a-pí-qí-yi-[imki] um-ma [i]-na "igi# ni-pí-ih-m[a° dutu] a-w[a-a]s-s[ú] ú-ul e-[me (La 1/2 de la tablette manque.)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ Tr. 12’ 14’ 16’ C. i 18’ ii

    "i#-"a#-am-mu-ú "i#?-[na …] "ha#-la-qú-ma i-na e15(I)-ta-"tu#-q[í-im ih-li-qú] "ù# mu-a-am ù ur-ra-am AN-lam a-na [be-lí-ia] "i-na# ki-ta-ru-bi-im ú-a-na-ah a-na-"ku#-[ma] ú-a-ni-ih um-ma a-na-ku-ma ma-ti a-ma-at "i#-[na-an-na] e15-te-né-ri-i wu-di um- la da-mì-iq mu-u[t] be-lí° a-a-ka-an ú-lu ki-ma ú-ha-ri-im-m[a] uh-ta-na-aq ù-lu gír zabar a-na li-ib-[bi-ia] a-ma-"ha#-a a-um dumu den-líl°78-ma-gir° a ma-h[a-ar] [pa-n]i a-bi-ka a-na ra-pí-qí-im ú-a-"ak#-i-du-[u] [a-p]u-ra-am ú-ul "20# gán a- à i-u-ú-"u# [l]i-ib-bi ú-ra-"ab-bi!-ma as-sa-li-[im] a-na be-lí-ia id-bu-bu um-ma dumu de[n-líl-ma-gir-ma] a-na su-mu-ha-di°(TE)-im ni-qé-em ú-ul a-x-[…] ù um-ma-mi be-lí-ma ù na4 a-na d[a-ak] né-i-im a-ka-nuu[m-ma] d "ù# a-um dumu en-líl-ma-gi-ir [……] [ù] na a-na pí-i-ia […………] [ù] i-na-an-na e-zu-ub la aD-[………] (Brisé.) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur 5 m'a envoyé 4 une tablette très sévère , 5 disant : « Au sujet (du fils) d'Enlil-magir de Rapiqum, 7 si, avant mêmea) le lever du soleil, 9 je n'ai pas eu connaissance de son affaire, … 4

    (…) 1’

    ils désirent 0’…. 2' Ils ont profité de leurs va-et-vientb pour s’enfuir 1’…. 3' Nuit et jour, 4' je cherche à apaiserc) la divinité 4' en multipliant les prières 3' pour mon seigneur. Personnellement, je suis épuiséc) et je me dis : « Je vais y laisser tantôt la vied) ! Pour l’heure 6' C’est là tout mon désir. 6' Pour sûr, si ça ne réussit pase), je subiraif) la mort (qu’imposera) mon seigneurg) : ou bien je serai pendu en (simple) serviteur 8' ou bien 9' je me frapperai 8' au cœur avec un poignard en bronzeh). » 9' Relativement au fils d'Enlil-magir que10' l'on a fait parvenir à Rapiqum par devant ton père, 11' j’ai envoyé un message. Ils l’avaient emmené à moins de 20 lieuesi). 12' J'avais repris courage et je m’étais calméj). 13' On avait dit à mon seigneur : « Le fils d'Enlil-magir a dit : 16’ “ Je ne…pas le sacrifice pour Sumu-hadû.” » 15’ Alors mon seigneur avait dit : « C’est mettre en place la pierre pour tuer le lionk). » 17' Relativement au fils d'Enlil-mâgir, … 18' une pierre à ma bouche… 19' Maintenant, sans compter que je ne … (…)

    78 Le signe est bien semblable à É. Ce n'est pas Sîn-magir, comme toutes les occurrences de ARMT XVI/1 l'indiqueraient.

    256

    Jean-Marie DURAND

    a) Pour l'utilisation de -ma dans une expression où le premier terme devrait être un état construit, cf. ARMT XXVI/2 468 : 23' où l'on trouve a-na zi-im-ma esir ku-up-ri-im = « c'est à cause du bitume et du naphte…». b) En supposant îtattuqim (infinitif I/3) pour îtettuqim de etêqum. c) ú-a-na-ah peut venir d’anâhum ou de nâhum, qui ont des sens opposés. Dans le présent contexte, nâhum est cependant plus approprié qu’anâhum. La forme III de nâhum n’existe pas dans ARM IV 26: 40, malgré CAD N/1, p. 150a. Il faut lire i-ta-di*-hu ; cf. LAPO 17, p. 133, n. 290. Mais il est possible que s’il faut lire uanâh, l. 4, il faille lire en revanche uânih, l. 5’, car CAD A/2, p. 104a donne pour ûnuhum « épuiser de travail » ou « être sans forces » (surtout à la forme /2, ûtanuhum). d) Pour cette expression amât = « j’y perdrai la vie », cf. ARM X (= LAPO 18 1228) 32: 30’. e) La forme damiq (plutôt que idmiq) semble exprimer un impersonnel. f) Je lis ici une forme IV aakkan ; pour cet emploi, cf. la lettre de Mukanni um (Iraq 39 [cf. ARMT XXXI, p. 93) 150 : 43 ) : ubâtum û sûnî… i-a-ak-ka-an = « cet habit sera pour vu de galons.» g) La « mort du seigneur » est une expression nouvelle, mais parallèle à mut ilim qui est comprise comme « la mort infligée/décidée par le dieu ». Pour mut bêlî sans doute ne faut-il pas tenir compte ici d'un sandhi de phrase /mut bêliyaakkan/, car Sumu-hadû emploie souvent bêlî pour bêli-ia. h) Le texte rappelle tout à fait [A.577] rev. 4'-6' qui ne lui est cependant pas exactement parallèle, ni ne semble traiter de la même affaire. Ce devait donc être une façon proverbiale de dire. On la retrouve d'ailleurs dans TCL XVIII 95 (= AbB 14 149.) : 32: uh-ta-an-na-aq ú-lu e-el-li-i-ma i-tu ú-ri-im a-ma-aq-qú-ut = « Je me pendrai ou bien je monterai me jeter du haut du toit », ce à quoi on comparera naturellement ce que dit Kirû, selon ARM X 33 (= LAPO 18 1230) : « Je courrai à l'instant me jeter du toit », en parallèle avec ce qu'écrit Yamûm, ARM XXVI 304: 44-45, utilisant dâkum N (IV) et le fait de se précipiter depuis le toit. Un texte lyrique comme celui des Love lyrics 118 : 28 unifie naturellement les deux genres de suicide en souhaitant que la mort soit le fait de se précipiter du toit sur une épée. Hanâqum D/2, en mot à mot « être étranglé », semble avoir été une mort moins glorieuse, en tout cas plus lente, que celle immédiate donnée par un coup en plein cœur. En ce sens, la mort par strangulation (dite par kanâqum = hanâqum, cf. NABU 1993/112) infligée par le lion votif de Samsî-Addu (cf. D. Charpin, MARI 3 “n°3”, p. 46, l. 3) aux ennemis serait bien une mort dégradante et humiliante. Ici serait attesté HNQ II/2. La pendaison a d'ailleurs souvent été comprise comme plus ignominieuse que celle donnée par le fer et l’auto-pendaison était tenue pour un acte de renoncement où l’on reconnaissait sa défaite. Sous l'Ancien Régime français, en opposition à la décapitation (à la hache ou à l'épée) réservée aux nobles, la pendaison était pratiquée à l'encontre des « vilains ». i) Le passage est incertain ; gán-a- à est connu comme mesure de longueur, mais pas à l'époque OB. j) L’expression libbam rubbûm qui signifie apparemment ici « reprendre courage » n'est pas attesté par les dictionnaires. k) À partir de la l. 13’ le texte m’est totalement opaque. L. 15’-16’, il doit s’agit d’un proverbe signifiant « faire une chose inopérante ».

    L'affaire juridique exposée par [M.8619] se laisse mal restituer à cause des dommages subis par le document. Elle mettait aux prises un marchand, Sîn-a arêd, et une femme au nom perdu. 103 [M.8619] Sumu-hadû au roi. Procès rendu par ses (con)frères à propos du marchand Sîn-a arêd (et?) d'une femme expédiée chez le roi.

    2 4

    a-na be-lí-ia qíbíma [u]m-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a -ma a-um a-wa-at su'en-a-a-re-ed dam-gàr (F. + Tr. = Il manque plus de la moitié.)

    Rev. 2' 4' 6'

    igi AN-lim [ra-bi-im] di-nam an-né-e-em dumu-me-e kar-ta ah-hu-u i-di-nu-u "i#-na-an-na a-nu-um-ma munus a-a-tu ki-ma na-a-pa-ar-ti be-lí-ia

    Les textes de Sumu-hadû Tr. 8'

    257

    a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-i be-lí di-nam li-a-hi-is-sí 1 5

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet de l'affaire de Sîn-a arêd, le marchand,…

    (Lacune de la moitié.) 1'

    Par devant le grand dieu, 2' les gens du port marchanda), ses frères, 4' lui ont jugé 2' ce procès. 5' Maintenant, voilà que cette femme, 6' en accord avec la missive de mon seigneur, 8' je l'envoie 7' chez lui 9' pour que mon seigneur lui fasse avoir son procès. a) Pour cette expression dumu-me-e kar-ta = « les marchands », cf. LAPO 16 , p. 222.

    Bien des activités normales d'administrateur de Sumu-hadû pourraient être rangées parmi ses occupations judiciaires. C'est d'ailleurs dans [A.2766] que se trouve l'exemple où Sumu-hadû se désignerait comme un âpium, puisqu'il y parle de sa âpitûtum. 6.6 Les activités administratives dans le district de Mari Il apparaît très vite, à la lecture des lettres de Sumu-hadû, que si l'homme était un membre de l'administration centrale comme cela a été dit ci-dessus, secondant apparemment Bannum pour les affaires internes du royaume, il a eu deux sortes d’activités dans sa vie, celle qui le fait agir près de la capitale et celle où il se trouve dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, même si elles ne se distinguent pas nettement pour la chronologie et se sont sans aucun doute entremêlées. Dans aucune des deux, un titre ne lui est explicitement donné. Sans doute a-t-il reçu des missions sans que cela dût entraîner une différence de positionnement au sein d'une hiérarchie qui ne devait pas encore exister formellement. Il jouissait de la confiance de Bannum, celui qui de facto décidait de tout. 6.6.1 Du temps de Bannum La lettre [A.2987] est une illustration de mesures administratives prises à l'occasion de la disette qui a sévi au royaume de Mari. Ce document doit donc représenter une pièce ancienne du dossier. Il s’agit de mettre sous scellés des provisions de grain de particuliers, manifestement pour assurer l’approvisionnement de la capitale. La fin de la lettre (l. 30-31) montre qu'il s'agissait là d'une mesure populaire, ou au moins attendue par le peuple (mukênum). Les deux propriétaires mentionnés, Apil-kîn et Yantin-[Dagan (?)] étaient vraisemblablement considérés comme des accapareurs. Un Apil-kîn, fils d'Ilî-matar, est souvent mentionné comme témoin dans les actes juridiques de ARM VIII pour l'époque du RHM. Il pourrait donc s'agir d'un notable de ce régime dont l'impopularité auprès des Mâr sim'al d'Appân ne serait, dès lors, pas étonnante. Son comparse (l. 16) peut avoir été le Yan[tin-Dagan] également mentionné parmi les notables de l'époque du RHM par ARM VIII ou Yan[ib-Addu] comme le suggère D. Charpin à partir de ARM VIII 12+19 : 15 où la comparaison de la tablette et de l’enveloppe montre que 9 noms de témoins sont ceux d’habitants d’Appân. Les textes où cet individu est mentionné sont certainement de la région de Mari, mais sans doute plus spécifiquement d'Appân. La lettre vise effectivement cette ville située sur la rive droite de l’Euphrate, à l’amont de Mari, dans une région irriguée par le canal de Mari et qui devait être particulièrement fertile, à en juger par ce que l’on sait des moissons de sa voisine Mi lân qui se trouvait à l’endroit où le wadi es-Souab rejoignait l’Euphrate.

    Ces deux hommes, particulièrement pourvus en grain, devaient être les deux principaux propriétaires locaux. On semble avoir particulièrement craint qu'Apil-kîn ne se fasse exempter par le roi. C'était, en tout cas, aux cheikhs à assurer ce genre de séquestre. Sugâgum devait donc être le titre de Zû-Hadnim, lequel est effectivement cité en tant que tel dans FM X 85 : 60, parmi une série de notables des clans mâr sim'al mais sans indication de lieu. Appân étant un lieu mâr sim'al, Zû-Hadnim a pu être le cheikh de cette ville importante.

    258

    Jean-Marie DURAND

    Le Hâlî-hadun qui œuvre avec Sumu-hadû se voit explicitement (l. 22) attribuer le titre de devin. Un tel spécialiste est déjà comptabilisé dans ARMT XXVI/1. Selon FM X, p. 191, il existait en outre plusieurs cheikhs de ce nom. Même si l'on distingue deux Hâlî-hadun dans ce texte, l'un étant un second cheikh d'Appân, la présence d'un devin dans la mise sous scellés des réserves de grain suppose que l'autorité administrative du cheikh avait besoin d’une telle garantie : son rôle a pu être celui d'un scribe, mais, plus vraisemblablement, il devait porter jugement ominal sur la pose des scellés. Il semble, en tout cas, que son témoignage oral devant le roi (cf. l. 24-25) ait été un préalable nécessaire avant la décision administrative de la pose des scellés sur des réserves. 104 [A.2987] Sumu-hadû au roi. En accord avec le message du roi aux cheikhs du district de Mari, on a mis les scellés sur les maisons de deux hommes d'Appân où se trouvait du grain. Sumu-hadû prévient le roi de ne pas se laisser influencer par les dires d'une des deux victimes des réquisitions. a-na be-lí- i[a] qíbíma [um-m]a su-mu-ha-du-ú [ìr]ka-a- ma a-um é-há a a-ar e-um i-ba-a-u-ú a i-na ha-la-a ma-riki ku-un-nu-ka am-a-li a-na lú su-ga-gi be-lí i-ip-à-am ki-a-am id-d[i-in] um-ma-mi a-nu-um-ma a-[ar e-um]79 [na]-du-[ú] [n]i-a-al-u k[u]-u[n-ka] a-ar e-um [la na-du-ú] ah-hi-ku-nu [wa-e-ra]80 [i-n]a-an-na é [a-pil-ki-in]81 ù é ia-an-t[i-in-dda-gan] (?) i-na ap-pa-an[ki] zu-ha-ad-nim ù ha-[li-ha-du-un] ik-nu-ku ù as-sú-r[e] a-pil-ki-in i-na a-wa-ti[m] be-lí i-da-a-ma i-na la wa-a-bu-ut ha-li-ha-du-un má - u-gíd-gíd be-lí e-u ú-wa-a-a-ar a-di ha-li-ha-du-un a-na e-er be-lí-ia i-ka-a-a-dam e-em a [l]ú a-a-tu be-lí la ú-wa-a-a-ar i-na ap-pa-anki 2 lú u-nu a e-em i-u-ú

    e-u-n[u be]-lí ú-wa-a-a-ar-ma wa-ar-ka-nu lú mu-u-ke-nu ap-pa-anki be-lí ú-da-ab-ba-ab

    2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 Tr. 26 28 C. 30

    79

    Cf. l. 13.

    80

    Pour cette restauration, cf. l. 23 et 26.

    81

    Restauré d'après la l. 20. L. 16, il est possible de lire ia-an-[í-ib-dIM, d’ap. ARM VIII 12+19: 15.

    Les textes de Sumu-hadû

    259

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet des « maisons » oùa) il y a du grain, 6 celles qui (sont) dans le district de Mari 7 se trouvent sous scellés. 8 Hier, 9 mon seigneur a promulgué 8 aux cheikhs 9 un édit en ces termes : 10 « Voilà que, là où du grain 11 se trouve entreposé, 12 vous devrez mettre les scellés à ce qui en est stocké (de façon improductiveb) ) ; 13 là où il n’y a pas de grain entreposé, 14 laissez libres vos frères. » 15 Présentement, la maison d’Apil-kîn 16 et celle de Yantin-[Dagan] 17 à Appân, 18 Zû-Hadnim et Hâlî-hadun (les) 19 ont scellées. Or, il ne faudrait pas qu'20Apil-kîn 21 fasse pression sur mon seigneur 20 par (ses) propos et qu’22 en l’absence du devin Hâlî-hadun, 23 mon seigneur laisse libre son grain. 24 Tant que Hâlî-hadun 25 ne sera pas arrivé 24 chez mon seigneur, 26 mon seigneur ne doit pas laisser libre 25 le grain de cet individu. 27 Dans Appân, (ce sont) les deux hommes 28 (qui) ont du grain. 29 Si mon seigneur laisse libre 30 leur grain, par la suite la population d’Appân 31 se plaindra à mon seigneur. 5

    a) Pour « maisons où il y a du grain », on attendrait a ina libbi-ina au lieu de aar. La même formulation se retrouve néanmoins dans ARM III 42 (LAPO 18 958) : 9 et ARM III 84 (LAPO 18 959), qui sont deux lettres venant de Terqa. Plutôt qu’un « occidentalisme », cette façon de dire devait appartenir à la langue mariote proprement dite, puisqu’elle est utilisée par Sumu-hadû et Kibrî-Dagan. b) Sans doute l’infinitif niâlum « dormir », avec le sens d’« être stocké (de façon improductive) ». Pour cet emploi cf. le passage de Suse au causatif cité par CAD N/1, p. 206 awâtam tibnim-ma upram-ma lunîl-u = « écrivez-moi ce qu’il en est de la paille, que je la stocke », avec renvoi à Hh XXIV e-em a … u-nu-lu = le grain que l’on a stocké. Cf. cependant L’Almanach du Fermier, cité CAD N/1, p. 204b, zakût-ka ina haim u-ni-il. La traduction de M. Civil, The Farmer’s Instructions: A Sumerian Agricultural Manual, p. 33, en est « When the grain is clean, lay it down ‘under the stick’ (to mesure it) ».

    [M.8160] peut être immédiatement postérieur à la chute du RHM. Apparemment Mut-Bisir avait reçu dans le royaume de Mari des terres où il faisait travailler ses serviteurs. On a fait partir ces derniers. Le reste de la tablette n'a pas été conservé. Mut-Bisir, un général du RHM semble avoir été bien pourvu d’un point de vue financier dans la région de Mari. C'est dans sa demeure que devait s'installer la princesse d'Alep, à son arrivée à Mari82. On peut en inférer qu'il jouissait d'une grosse fortune et que l'hôtel particulier qu'il possédait à Mari était des plus luxueux ou des plus confortables. 105 [M.8160] Sumu-hadû au roi. Les serviteurs de Mut-Bîsir que l'on a fait « sortir »…. a-na be-lí -ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a-ma [l]ú-me-e tur mu-ut-bi-si-ir [a i-n]a é-há- u-ú-ú [i-na-a]n-na a-nu-um-ma […………] x [……]

    2 4 6 8

    (…) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur.

    5

    Les serviteurs de Mut-Bîsir que l'on a fait sortir de « maisons », voilà que maintenant, …

    [A.3300] qui date de l'accession au trône du nouveau roi fait allusion à un événement du règne précédent, lorsque Yasmah-Addu s'était trouvé de passage à A

    ur. Un fonctionnaire (lú ou lú-tur, l. 3) s’était alors enfui à Alep avec un ami et un serviteur. Ce qui était de la désertion à l’époque du RHM ne

    82

    Cf. la relecture de ARMT XXVI 13 : 21 dans NABU 2004/52.

    260

    Jean-Marie DURAND

    l’était certainement plus au moment où Mari était passée dans l’alliance d’Alep et se trouvait en revanche en état d’hostilité avec I me-Dagan, survivant au RHM. Ce document montre cependant que les choses n'allaient pas d'elles-mêmes ; tous les opposants à l'Ancien Régime n'ont donc pas dû être accueillis automatiquement par le nouvel ordre politique. On ne sait de qui il s’agit (sans doute son anonymat est-il involontaire de la part de Sumu-hadû, Zimrî-Lîm étant au courant de son identité) ; on peut deviner l’importance de son rang par celui de son compagnon de fuite, Sîn-mûdûm, qui n’était pas n’importe qui puisqu'un sceau de lui a été retrouvé à Mari (cf. n. 86), et qu’il possédait un serviteur alépin. Ces fuites de notabilités hors du RHM étaient déjà connues83, mais c’est le premier exemple où l'on voit un fonctionnaire profiter de l’absence du roi pour quitter Mari. Aussi la notation ihliq doit-elle se comprendre comme stigmatisant l'individu en tant que « fugitif de Mari84 ». D'après la lettre de Sumu-hadû, l’homme essaie de retrouver son pays, au début du règne de Zimrî-Lîm. Les fugitifs s'étaient réfugiés chez un certain Simtêrah et avaient reçu une terre dans le terroir (a-gàr = qaqqaru ou ugâru?) du/de W/Yamtahi. Ce toponyme (ou ce nom propre ?) peut être de morphologie non-sémitique et illustrer la pénétration des Hourrites au royaume d’Alep, laquelle est effective, d'après les documents d'Alalah ou d'Ébla postérieurs à l'époque de Mari. L'octroi de terres et, à plus forte raison, la fuite de serviteurs mariotes devraient être des événements antérieurs à la captivité de ce Simtêrah, donc à ARM I 57 (= LAPO 18 1076), s'il s'agit du prisonnier de marque du RHM dont parle ce texte et non d’un cas d’homonymie. Manifestement Sumu-hadû plaide la cause du demandeur. En opposition à la puissance du roi, il montre le dénuement du fugitif. La compréhension « il est seul » (l. 25) repose sur le sens désormais reconnu de baddum = « isolé » à Mari85. Son utilisation ici, faute de contexte, est cependant difficile à exploiter : elle pourrait signifier que l’inconnu n’a pas réussi à faire souche au Yamhad et demande à revenir chez lui, ou simplement opposer la puissance de l'homme d'État à l'isolement du sujet. 106 [A.3300] Sumu-hadû au roi. Un homme avait profité d'un séjour de Yasmah-Addu à A

    ur pour s'enfuir avec un ami et un serviteur chez Simtêrah. (…) Depuis le W/Yamtahu, le fugitif voudrait revenir à Mari avec eux. Le roi devrait les accueillir. [a-n]a be-lí-[ia qí-bí-ma] um-ma su-mu-ha-du ì[r-ka-a-ma] 1 "lú# "i#-ih-li-iq iq-[b]é-em [um-m]a u-[ma] "i#-nu-ma be-li° I°ia-ás-ma-"ah#-dIM i-na a-u-urki a-na-"ku# [l]ú dsu’en-mu-[d]u86 "ù# lú-tur-ia ia-am"ha-du#-"ú#ki m [a-n]a é°-er s[í-i]m-ti-[e-r]a-ah [ni-it-t]a-laa[k] [i-n]a "a#-gàr "wa#-am-t[a?-hi]87 […]-x [?] [………]

    2 4 6 8 10 12

    83

    Cf. MARI 5, p. 218, relecture de ARM V 41.

    84

    L’inconnu appelle Yasmah-Addu bêlî.

    85

    Cf. LAPO 17, p. 210 & 306 : cf. l'hébreu BDD, HALOT I, p. 109b.

    86

    Vu la fin de la l. 23 du Rev., il n'y a place que pour 2 signes après dsu'en. On ne peut lire cependant su'en-mu-du « Sîn- uma-ukîn », notation d'époque récente ; c’est donc l’équivalent du NP écrit dsu’en-gal-zu (cf. ARMT XVI/1, p. 183) ; un tel NP est effectivement connu comme serviteur de Yasmah-Addu, fils de Lamassiya, d’après l’empreinte du palais de Mari, (ME 218 & 231 [cf. pl. XLVII]), publiée par M.-Th. Barrelet et A. Parrot, MAM II/3 = BAH 70, p. 252.

    d

    87

    La restauration se fonde sur la l. 22.

    Les textes de Sumu-hadû Tr. 14 Rev. 16

    261

    a-i-i-im-[ma] 2 [lú-me-e ] [i]t-"ti#-ia a[t?-ru88] a-[um a lú u-ú] 2 lú-t[ur] ia-"am#-[ha-di]-"i# it-ru-ma x-[…]-x a-na ia-am-ha-adki it-[t]a-la-ak [i-n]a-an-na i-tu {X} ia-am-ha-di-im a-"na# a-gàr ma-r[iki] i-tu-ra-"am# it-ti-{X}-u wa-[a]m-ta-hi i-zaa[z]89 90 i-na-an-na qa -at be-lí-ia a°-ar-ka-at 1 ba-du-um be-li° li-ha-sí-is-ma? lú a-tu b[e]-l[í li-im-h]u-r[a-u]

    18 20 22 24 26

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Un individu s’était enfuia). Il m’a dit : « 5 Lorsque mon seigneur Yasmah-Addu 6 (était) à A

    ur, moi, Mr. Sîn-mûdûm et un serviteur à moi yamhadéen, 9 nous sommes partis chez Simtêrahb). 11 … 10 dans la régionc) (ugâru) de/du W/Yamtahi. 13 J’ai décidé 12 … 13 et deux hommes 14 avec moi, j’ai amenés. » 15 Vu que cet individu 17 a amené 16 2 serviteurs yamhadéens et que … 18 il était parti 18 au Yam20 had, maintenant, 21 il est revenu du Yamhad 21 à la plaine de Mari. 22 (Le) W/Yamtahi 23se tient 22 avec luid). 24 Maintenant, la main de mon seigneur 25 est « longuee) » (alors que lui) il (est) tout seul ; 26 qu'en y réfléchissantf) 27 mon seigneur accueille cet individu. 3

    Note : cette tablette est assez grossièrement faite (plus large en bas qu’en haut) avec de gros signes mal incisés. Elle comporte en outre plusieurs ratures et ne donne pas l’impression d’avoir été faite, ni rédigée par un scribe très expert. On note l'usage de LI pour lí (cf. l. 5, 26). a) Le texte n'est pas bien conservé mais une lecture lú-tur l. 3 paraît peu compatible avec l’indication que l'individu a lui même un serviteur (l. 7). La graphie i-ih- se légitime par le fait que le signe AH étant de lecture ambiguë (AH, IH, UH), la voyelle préposée pouvait servir d'indicateur phonétique (cf. l. 24). L’expression se réfère à l’ancien temps, lorsque l’individu était au service de Yasmah-Addu. Le fait est isolé et n'est donc pas relié par -ma aux propos tenus à Sumu-hadû. On note que Yasmah-Addu reçoit toujours le titre royal (l. 5, bêlî) après sa défaite. b) Il n’est pas possible de lire ici ha-la-abki, comme on s’y attendrait. Ce Simtêrah pourrait être le mystérieux personnage mis en prison (quoiqu'avec beaucoup d'égards) selon ARM I 57 (= LAPO 18 1076) et à propos duquel le roi Samsî-Addu précise « Qu'il soit logé dans l'ergastule ! Qu'on n'en laisse sortir nulle information le concernant, comme quoi il serait mort ou vivant ! » La lecture du toponyme (ou du NP) Wamtahi (à comprendre Yamtahu ?), obtenue par la combinaison des l. 10 et 22, semble (relativement) sûre et était celle de G. Dossin pour la l. 22. Pour qu'il y ait eu discours (donc contact direct) entre le fugitif et Sumu-hadû, il ne faut pas que (le) Wamtahi/Yamtahu fût loin de la zone que fréquentait l’ex-fonctionnaire mariote. Il devrait donc s'agir d'une région de rive droite de l'Euphrate, au nord d'Abattum. Rien ne prouve cependant que le Wamtahi/Yamtahu ait été la région où se trouvait Simtêrah. c) Le texte cite des propos. Un tel procédé est verbatim dans les documents de Mari et respecte les particularités de celui qui parle. Cela doit être le cas ici car ugârum a le sens de « pays » plutôt que celui de « prairie ». Le royaume d’Alep était appelé à époque amorrite91 dadmum, terme occidental qui ne fonctionne plus que comme un

    88

    La restauration se fonde sur la l. 17.

    89

    L’arrivée d’une ligne de la face à cet endroit du revers ne laisse pas la possibilité pour un signe supplémentaire après AZ. 90 91

    QA est sur érasure de BE LÍ.

    Cf. FM VII 6 : 9 & 7 : 21-27, ainsi que le commentaire dans MARI 6, p. 64-65. M. Bonechi, NABU 1998/80, propose également que le ddm attesté dans les textes ougaritiques désigne en fait le royaume d'Alep. Merci à M. Bonechi de me signaler également N. Wyatt, Religious Texts from Ugarit. 2nd Edition, Sheffield, 2002, p. 344.

    262

    Jean-Marie DURAND

    mot poétique en akkadien littéraire ultérieur pour « pays ». Si ugârum est un mot qui signifiait « contrée » dans l'Ouest, cela pourrait donner le sens du terme Ugarît qui désignait à la fois un pays et une ville. d) Le sens de cette expression doit être : « (Le) Wamtahi/Yamtahu peut témoigner à son égard. » e) L'expression « la main est longue » a certainement ici un sens métaphorique, mais ce dernier est sujet à plusieurs interprétations : le roi est désormais tout puissant (cf. le français « avoir le bras long (= have influence) » car il est venu à bout de ses adversaires, mais en hébreu, l'expression 'erek 'appîm est comprise généralement comme « indulgent » (« lent à la colère »). Pour qâtam urrukum, cf. p. 509, commentaire à [A.2802], n. b. f) Pour ce sens particulier de hussusum en hendyadis, cf. LAPO 18, p. 294. La fin de la l. 26 est de sens clair mais le mot à mot akkadien pourrait être différent.

    Dans [A.2766] Sumu-hadû attribue à un individu une certaine quantité de terres, ces dernières se trouvant aussi bien à Mari que dans le terroir de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Un même personnage ne peut cependant pas exercer le gouvernorat (âpiûtum) de lieux aussi éloignés l’un de l’autre. Le document pose un autre problème : le assukkum dont il question dans ce texte, est-il le technicien du district de la Forteresse de Yahdun-Lîm ou un membre de l'administration centrale dont l'action s'étendrait à tout le royaume ? Le plus simple est de considérer qu'il s'agit du même titre, mais de deux individus différents92. Sumu-hadû ne peut rien faire sans l’intervention de ce assukkum qui manifeste une grande mauvaise volonté. Apparemment, tant que l’acte technique de « mesurer » le champ n’aura pas été assuré, Sumu-hadû n’a guère d’autre ressource que de crier au scandale (l. 15-16). On a l’impression d’un affrontement direct entre autorités, politique et technique, et que les récriminations ne se font pas par tablette (l. 14, aqbî-ma). Yarîm-Addu devait être un des premiers citoyens d’Appân, lequel est d'ailleurs plusieurs fois mentionné par les textes du début du règne, homonyme du chef militaire de Kahat pour le RHM. Sans doute le assukkum considérait-il que les terres de l’alvéole de Mari suffisaient à Yarîm-Addu. La remise en état de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm a suscité apparemment beaucoup de convoitises au début du règne et le roi de Mari y avait concédé beaucoup plus que le terroir n'était susceptible de fournir. Sans doute les autorités de Mari considéraient-elles la remise en service de ce district comme essentielle pour la vie économique du pays. Cela expliquerait la présence sur place de Sumu-hadû, chef de l'administration, pour coordonner ou contrôler les agissements des autorités locales. 107 [A.2766] Sumu-hadû au roi. Le roi a accordé des terres à un certain Yarîm-Addu, tant à Mari qu'à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Suite à la mauvaise volonté de l'arpenteur, malgré toutes les remontrances de Sumu-hadû, les terres n'ont pas été données et les bœufs de Yarîm-Addu n'ont pu faire leur travail (de labour). a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú 4 ìr-ka-a-ma a-um 60+20 gán-a- à i-na ma-riki 6 ù 1 me gán-a- à i-na bàd ia-ah-du-l[i-im] Tr. 8 a-na ia-ri-im-dI[M] na-da-[nim] Rev. 10 be-lí [i-pu-ra-am] i-tu a [up-pí be-lí-ia] 12 ik-u-dam ki-m[a 1-u] 10-u a-na lú a-sú-ki-im 14 aq-bi-ma 2

    92

    Pour le titre de assukkum, cf. B. Lion, Amurru 2, p. 150.

    Les textes de Sumu-hadû

    16 18 20 C. 22

    263

    ù ha-ab-ta-ku ma-ha-ar ìr-me-e be-lí-/ia ás-si-ma a-[n]a lú a- à ú-ul id-di-in ù ba-lum a- à gu-há a lú re-qú [a]n-nu-um-ma i-[n]a an-ni-tim-ma a-pí-ú-ti be-lí li-mu-ur 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé un message 5 au sujet de 80 arpents de champs à Mari 6 et 100 7 à la Forteresse de Yahdun-Lîm 8 à donner à Yarîm-Addu. 11 Depuis que la tablette de mon seigneur m'est arrivée, 13 dix fois comme une seule, 14 j’ai parlé à l’arpenteur 15 et 16 j’ai crié 15 au scandale en présence de serviteurs de mon seigneur 16 mais 17 il n’a pas donné le champ 16 à l’individu. 18 Or, sans champ, les bœufs 19 de l’individu sont au chômage technique. 20 Voilà, par ce fait même, que 22 mon seigneur peut voir 21 (ce qu’il en est de) ma puissance administrative. 10

    [M.9689] fait allusion à une mise à l'écart de messagers de Sumu-hadû qui ne peuvent avoir accès au roi, à la différence des autres. Peut-être, d'après le Rev., s'il s'agit toujours de la même affaire — cf. l. 8'-9': « Quelle est cette faute que l'homme a faite, qu'on lui a fait perdre l'estime de mon seigneur…? » et, sans doute, également l. 10' —, Sumu-hadû tenait-il à disculper son messager. Dans son état actuel, le contexte de la lettre ne peut plus être précisé, mais elle pourrait porter la marque de l'animosité de Bannum à l'égard de Sumu-hadû, quoique les fragments conservés ne comportent pas le nom du mer‘ûm. On trouve le même sujet de plainte dans une lettre de Habdû.ma-Dagan, [A.1112]. 108 [M.9689] Sumu-hadû au roi. Lettre de récrimination. Mauvais accueil réservé à son/ses messager(s). Lacune. (Texte indécis.)

    2 4 6 8 10

    [a-n]a be-lí-ia q[í-bí-ma] [um]-ma su-mu-ha-du-ú ìr-[ka-a-ma] [dam-q]a an-né-{NI}-tum {NI X} a mi-nu-ut dumu [i-i]p-ri-ia [a a-n]a ma-ha-ar be-lí-ia i-ka-a-a-[du] [mu-r]u-u li-ib-bi-im ub-ba[lu-nim] [dumu i]-ip-ri-ia a-na e-er be-lí-ia i-k[a-lu] [a] i-ka-a-a-du it-ti be-lí-ia in-na-am-[ma-ar] [e]-li [a] u 5-kam ù-lu-ma u 10-kam li-i-ib "ù# "dumu# i-ip-ri-ia ú-ul i-ru-ub-m[a [………………………] x x x [… (Grande lacune.)

    Tr.

    (Disparue.)

    Rev.

    (Grande lacune.)

    2' 4' 6'

    […………………] li-i-[………] […………………-b]i-bu […… [ [……………………] x x x [ [……………………] x x x [ [……………] x x […………… [………………] be-lí-ia la-[……]

    264

    Jean-Marie DURAND [………………] be-lí a-na a-bi-i[m [………] mi-nu-"um# "ar#-nu-um a lú i-[pu-u-ma] [i-tu li]-ib-bi be-lí-ia ú-e-ú-"ú#-[u [……]-x a-na ar-ni-u lú? x x [ […i]t?-ti-ia-ma [… [o]-x-nu-um i-nu-ma a-[…

    Tr. 8' 10' 12' C.

    (Détruit.) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Est ce amical ce fait que plus d’una) messager de moi qui arrive par devant mon seigneur, me b) rapporte qu’il a été déçu ? 6 Mes messagers, on les empêche (d’aller)c) chez mon seigneur ! 7 Qui arrive a une entrevue avec mon seigneur, 8 même s'il lui faut demeurer plus ded) 5, voire 10 jours. 9 Or, mon messager n'est pas entré… 3

    (…) 1’-7’

    (Texte indécis.)

    … 8' Quelle est donc la faute que l'homme a (pu) fai(re) qu'on l'ait fait sortir du cœur de mon seigneur ? 10'… pour sa faute … 11’-12’

    (Texte indécis.)

    a) Le terme minûtum est compris dans CAD M/2, p. 98b comme « amount, number (of persons, etc.) » et peut même (ibid., p. 99a) être un synonyme de pirru, « contingent ». On retrouve minût mâr iprim dans ARM XXVII 85 : 22 où l’on comprendra les l. 22-25 : um-ma mi-nu-ut, dumu i-ip-ri-im a NG, geme na-wi-ir-tam a ina é-ti-ia!, i-ma-ru i-ta-ar-ru : « Par ma foi ! plus d’un messager de l’Ida-mara emmènera (dans ces conditions) avec lui une belle esclave qu’il aura vue chez moi ! », où umma + subjonctif indique l’expression d’un serment. Ce mi-nu-ut « nombre de …» représente en fait l’équivalent d’un indéfini et a le sens de « plus d’un ». b) Wabâlum « apporter » se dit couramment d’apporter une information, ou une parole. c) Une restauration i-k[a-a-ad] me paraît ici difficile à relier au reste du texte, en ce qu’elle ferait doublon avec la l. 4 ; on attendrait ana êr bêli-ia ikaad-ma ikkalla/ikallu, ce pourquoi il ne semble pas y avoir suffisamment de place. Sans doute faut-il comprendre ana êr … kalûm « empêcher d’aller chez…». Cf. l. 9 qui dit clairement qu’on n’a pas laissé entrer le messager. d) Pour cette expression eli a « plus que », cf. ARMT XXVI 298 : 10-11 = 51-52 mu-ru-sà e-[(li )]a pana-num iq-[(ta-li-il-i)] = « sa maladie est moindre qu’avant. »

    6.6.2 Époque d’après Bannum (?) M.8504 est brisé de telle façon qu'il n'est plus possible de reconstituer un lien entre Face (?) et Revers (?). La Face (?) parle de plusieurs messagers qui arrivent, mais aussi de deux lieux du district de Saggâratum, Zibnatum et amdanîtum, ainsi que de la tribu mâr yamîna d'Amnân. On pourrait trouver dans ce texte la première attestation93 de Hâyu-Sûm(u)94 (XVI/1 « Hâya-Sûmû ») et sa venue pourrait être le moment où il a épousé la princesse îmatum95. Ce mariage qui est antérieur au milieu de l'année ZL 2, serait donc en fait lui aussi un écho de la prise de Kahat, illustrant à la fois le prestige retrouvé du roi de Mari et l'effondrement de la puissance du RHM dans la région centrale de la Haute-Mésopotamie avec la recréation d'une zone autonome autour d'Ilân-ûrâ. C'est un moment où Habdû.ma-Dagan a retrouvé un poste qu'il semble avoir un temps perdu.

    93 Dans ARMT XXVIII, p. 113 sq., où J.-R. Kupper a édité sa correspondance avec le roi de Mari, la lettre la plus ancienne, soit ARMT XXVIII 80, mentionne déjà Bunu-E tar à Kurda et le document est mis en relation par J.R. Kuper avec la montée d'E nunna. Elle ne date donc certainement pas du tout début du règne. 94

    « Le pays de S. est (de nouveau) vivant (redivivus) ». Le NP ne contient pas le terme de sumum « race, descendant », mais Sûmum qui est le nom d’un pays. 95

    Pour cet événement, cf. J.-M. Durand, MARI 3, p. 162 et D. Charpin, ARMT XXVI/2, p. 43-46. Le plus ancien texte du harem, du 2-vi ZL 1' ne la mentionne pas. Les textes de la dot sont du 23-ix, (sans doute de l'an 2), mais l'inventaire dotal peut être postérieur au mariage.

    Les textes de Sumu-hadû

    265

    Pour ce qui concerne les messagers qui sont mentionnés après lui, la mention de ceux des (Mâr yamîna) d'Amnân n'a rien d'étonnant, mais il n'en est pas de même de celui qui arriverait d'Arrapha, selon une correction qui pourrait sembler s'imposer. Arrapha se situe en effet bien au-delà d’Ékallatum. Il est possible qu'il s'agisse en fait de (Mâr yamîna) rabbéens et que l'on doive « expliquer » de la même façon ra-ab-hi-im pour ra-ab-bi-im et ba-ah-ni-im pour ba-an-ni-im96. Il s'agirait de notations de géminées qui, pour l'heure, ne peuvent faire l'objet que de pures constatations. Le fait qu’il s’agisse de messagers des Mâr yamîna explique également la mention de YasîmMahar (l. 6') que d'autres documents montrent impliqué dans les affaires de ces tribus. Ce dernier a pu être un représentant plénipotentiaire du roi de Mari (hazzannum) auprès d'un ou de plusieurs princes mâr yamîna, comme cela est proposé dans LAPO 17, p. 448 à propos de ARM III 50. Ce dernier texte est une lettre de Kibrî-Dagan, gouverneur de Terqa. Kibrî-Dagan n'est cependant pas envisageable comme expéditeur de [M.8504] dont le Revers (?) montre (H)abdû.ma-Dagan retrouvant son poste, ce qui ne peut être qu'une péripétie du début du règne, donc trop tôt pour KibrîDagan. On pourrait penser à Sammêtar, successeur de Samu-ila à Terqa, plutôt qu'à Sumhu-rabi qui semble avoir été hostile à Habdû.ma-Dagan, ce qui n'apparaît pas dans ce document. Zibnatum faisant partie du district de Saggâratum indique grosso modo la localisation de amdanîtum. Ce « retour » (cf. tûr, l. 5”, 10”) de Habdû.ma-Dagan peut illustrer une péripétie de la « purge » qui a dû se produire dans l'administration de Mari suite à la disparition de Bannum. Habdû.ma-Dagan pourrait ainsi avoir perdu un temps son poste pour le retrouver par la suite97. 109 [M.8504] [Acéphale] au roi. Annonce de messagers divers. (Lacune). Annonce du retour à son poste de (H)abdû.ma-Dagan. [a-na be-lí- ia] [qíbíma] [um-ma …………] 4 [ìrka-a- ma] […………………] 6 [……………………]-x [o o o o ] x a-di zi-ib-na-timki 2' = 8 ù [a-am]-da-ni-timki ha-a-iù(NI)-su-mu dumu-u "a# a-"na# mi-im-ma ú-ul u-hu-"za#-ku 4' = 10 [x dumu i-i]p-ri am-na-{NA}an {"KI# TIM}ki [1 dumu i]-ip-ri-im °ra-aB-hi-imki 6' = 12 [ù i]t-"ti#-u ia-si-im-ma-ha-ar [a be-lí (?) a-n]a98 ha-a-an-nu-tim 2

    (Face = 2 l.) (= 2 l.) (= 2 l. )

    Tr. Rev.

    [……………………]-ib? 96

    Cf. ici-même, p. 58.

    97

    Habdû.ma-Dagan n'est pas mentionné parmi les fonctionnaires qui prêtent serment au roi, en ZL 1’ ; or (cf. Mél. P. Garelli , p. 65), il a fait l'objet d'une délation par Sumhu-rabi qui devait lui succéder. On pourrait toutefois supposer que ce « retour » de Habdû.ma-Dagan soit celui où, quittant Tuttul après la chute du RHM, l'individu reviendrait à la région de Saggâratum qui était son lieu d'origine ; mais on ne dirait pas dans ce cas qu’il est « retourné à son district » (l. 10”). Si tel était le cas, néanmoins, le texte appartiendrait dès lors au tout début de Bannum et Sammêtar n'en serait pas l'auteur, mais plutôt Samu-ila. Il faudrait considérer d'autre part que l'on assiste à l'arrivée des premiers Mâr yamîna au royaume. Il faudrait expliquer en outre la mention de Hâyu-Sûmu. 98

    On pourrait tout aussi bien lire …]a hazzannûtim.

    266

    Jean-Marie DURAND lú-tur-me-"e # a ab-du-ma-dda-gan a-ak-nu-ma li-ib-bi ha-al-í-im it-ta-na-la-ku ù i-da-ba-bu um-ma-mi I ab-du-ma-dda-gan a-na ha-al-í-u tu-ur ù ba-li-e-ra-ah lú-ugula I ab-du-ma-dda-gan a-na e-er° I su-mu-ha-de-im il-li-kam um-ma-mi a-da-an li-ih-du I ab-du-ma-dda-gan a-na ha--í-u99 [t]u-ur lú mu-ú-ke-na-[am] ú?-pa-hi-ir ]xx[

    2” 4” 6” 8” 10”

    (…) Bibliographie : cf. LAPO 17, p. 448. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle …, ton serviteur. … 1’ jusqu'à Zibnatum 2’ et amdanîtum, son fils Hâyu-Sûmu 3’ pour lequel je n'avais reçu nulle informationa), 4’ x messagers de l’Amnân, 5’ un messager du Rabbûm, 6’ et avec lui Yasîm-Mahar, 7’que mon seigneur 8’a nommé 7’au poste de représentant plénipotentiaire… (Lacune de 6 l.)

    … 2” les serviteurs de (H)abdû.ma-Dagan 3” sont en poste et 4” vont et viennent 3” dans le district. Alors, ils affirment : « 5” (H)abdû.ma-Dagan 6” est de retour 5” à son district. » 6” Alors Bâlêrahb), le contremaître de 7” (H)abdû.ma-Dagan 8” est allé 7” chez 7' Sumu-hadû, 9” disant : « Que Chefc) se réjouisse ! 10” (H)abdû.ma-Dagan 11”est de retour 10” à son district. » 11” Il a réuni la population… 4”

    a) Pour l'expression ana mimma, cf. AbB 14 181 : 4. Adi mimma serait possible graphiquement, mais ne m'est pas connu. b) Pour Bâlêrah, cf. p. 174, où un individu de ce nom doit amener 500 Bédouins à Bannum ; cf. également les indications de LAPO 18, p. 294. Un Bâlêrah (NP très courant) est déjà mentionné à Tuttul en rapport avec Habdû.ma-Dagan ; cf. Tall Bi‘a n°306: 8 où un individu de ce nom est qualifié de lú-tur Habdû.ma-Dagan. Il peut s’agir du même. c) Passage difficile. A-da-an est assurément connu comme un NP par FM 6 48 = M.5754 : 9 & M.8328 ii, de même que a-da-num/nu-um l'est par M.8992, ou ad-da-nu par M.5577 r. iii, mais il n’y aurait pas d’autre référence à l’individu. Il pourrait donc être une façon de désigner Sumu-hadû. Il serait ainsi à rapprocher de la dénomination ad-da ou a-da-a donnée à Samsî-Addu, laquelle signifierait simplement « chef » (cf. l'équivalence adu-ú = alik mahri dans 5R 16 iii 29, cité CAD a/1, p. 136a), car l'explication traditionnelle que « Addâ » serait un hypocoristique de Samsî-Addu paraît hâtive, puisque l’on attendrait plutôt *Samsaya.

    La mention de Habdû.ma-Dagan (l. 14) dans [A.141] indique Saggâratum pour le lieu et le début du règne de Zimrî-Lîm pour le moment. La tonte qu'illustre ce texte était une entreprise majeure pour le Palais, propriétaire de grands troupeaux ; elle semble être postérieure à la mise-bas des agneaux et devait donner lieu à la tenue des comptes en bestiaux. Le fait que Sumu-hadû s'en occupe n'est pas plus significatif d'une charge de gouverneur que ce ne l'est pour Asqûdum qui, dans une lettre ([A.2717] ARMT XXVI 55), parle des problèmes posés par le parcage des ovins à uprum. L'affaire relevait en fait de l'administration centrale. Dans [A.141] il est peu vraisemblable qu'il s'agisse d'une opération à uprum puisque cette place militaire importante ne dépendait pas de Saggâratum mais de Mari. C'était donc un centre agricole de la province de Saggâratum qui était concerné. Les 100 agneaux dont il est question dans ce texte représentaient manifestement pour les particuliers une taxation supplémentaire et non l’impôt sur le croît (ibum) normal ; ils devaient être destinés aux opérations oraculaires et le peuple (mukênum) estimait qu'il fallait les prendre sur les troupeaux du Palais, proposition qui indiquerait dès lors que, sous le règne de Yasmah-Addu, c'était aux contribuables de les fournir.

    99

    Pour cette restauration, cf. l. 5”-6”.

    Les textes de Sumu-hadû

    267

    110 [A.141] Sumu-hadû au roi. Les moutons transhumants du Palais sont arrivés pour la tonte. Il faut y prélever une centaine d'agneaux, selon Habdû.ma-Dagan, en accord avec les doléances des particuliers.

    2 4 6 8 Tr.

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma a-nu-um-ma udu-há ha-la-tum a lú-me-e na-gad a é-kál-lim a-na# bu-qú-mi-im il-li-ka-nim (Espace blanc.)

    Rev. 10 be-lí li-wa-e-er-ma i-na li-bi-i-na 12 1 me-at sila-há li-ik-lu-ú 14 a-um sila-há ha-ab-du-ma-dda-gan []e-ma-am ma-ah-ri-ia 16 [i]-ku-un-m[a] [ki-ma ta-z]i-im-ti lú mu-ú-ke-nim°(NUM) 18 [1? m]e-at Tr. "i-na# "udu-há#-ma a é-kál-lim-ma 20 li-ik-"lu#-ú100 "a#-na-ku a ìr-ti-ia C. 22 [a]-na be-lí-ia a-pu-ra-am be-lí a e(I)-pé-i-u 24 [l]i-pu-ú 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Voilà que les moutons, troupeaux transhumantsa) des bergers 7 du Palais, me sont arrivés 8 pour 10 la tonte. Mon seigneur doit donner des instructions 13 pour que l'on retienne 11 parmi eux 12 cent agneaux. 14 Au sujet des agneaux, Habdû.ma-Dagan 16 a (en effet) exposé 15 l'avis par devant moi, 17 en accord avec les plaintesb) des particuliers, 19 que ce soit sur les ovins du Palais, 20 que l'on garde 18 une centaine (d’agneaux). 21 Pour ma part, 22 j’ai fait savoir à mon seigneur 21 ce qui incombait à mon rôle de serviteur ; 23 que mon seigneur 24 fasse 23 ce qu’il a à faire. 5

    a) Pour le sens de hallatum, cf. LAPO 18, p. 553a. Le terme, dérivé de HLL, verbe de mouvement, n'est pas dans les dictionnaires. b) Le terme tazzimtum correspond à nemettum de ARMT XXVI 55, quoique les contextes soient différents. Dans le cas actuel, il s'agit de doléances envers un état de fait, dans le second, de l'éventualité de plaintes qui tiennent du prétexte (têqîtum).

    En parallèle avec le document précédent, il faut donc relire [A.2717], lettre d'Asqûdum, qui traite du même sujet, mais à un moment postérieur. Manifestement, la croyance chez les bergers de l'époque est qu'avoir enfermé au parc les femelles les a rendues stériles, ou au moins a diminué sensiblement le croît du troupeau. Asqûdum doit désigner par annanum (l. 14) l'endroit où se trouvent alors

    100

    Ú comme à l’époque de Yahdun-Lîm.

    268

    Jean-Marie DURAND

    les animaux. Les moutons sont considérés comme des animaux de pâture (l. 15) et non de stabulation. Ils devaient effectivement constituer le futur nawûm. 111 [A.2717] Asqûdum au roi. Les bergers ont peur que ne se répète la mésaventure de l'an passé où les reproductrices n'ont pas mis bas du fait qu'on les avait mises à l'enclos à uprum. [a]-na be-lí-ia qí-bí-ma 2 [u]m-ma às-qú-du ìr-ka-a-ma [l]ú-me-e na-gad i-na a-wa-tím (TUM)101 i-ba-tu-ni-in-ni 4 [u]m-ma-a-mi a-da-aq-de-em udu-há a-na ú-up-ri-im i-si-ru-i-na-ti-ma sila-gub-há 6 [h]a-ri-pí ú-ul ul-da i-na-an-na ap-pu-na-ma udu-há 8 a-na ú-up-ri-imki a-na pa-qa-di Tr. i-ta-ru-i-na-ti-ma 10 sila-gub- ha-ri-píhá ú-ul ul-la-da Rev.12 [b]e-lí up-pa-tim ù dumu-me-e gá-tup-pí [li]-i-ru-[d]am-ma 14 [an]-na-nu-[u]m li-ip-qí-du-i-na-ti ù i-na ri-tim 16 [udu]-há-u-nu l[a] i-a-ah-hi-ra [ù] [l]ú- na-gad né-mé-ta-am 18 [l]a [i]-r[a]-a-u-ú [sila-gub-há mu]-ú-ke-nim 20 [ha-ri-píhá] "ú#-ul ú-wa-li-/da Tr.

    [Sans doute anépigraphe102.]

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 55 ; traduction (partielle) du texte dans W. Heimpel, op. cit., p. 202. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Asqûdum, ton serviteur. Des pâtres m'ont apostrophé, 4 disant : « L'an dernier, les ovins, 5 on les a envoyés au parca) 4 de uprum 5 et les femelles gravidesb) n'ont pas mis bas 6 d'agneaux d'automne. 7 Maintenant, voilà que 9 l'on ramène 7 les ovins 8 à uprum 8 pour constitution des troupeauxc). 10 Les femelles gravides 11 ne mettront (donc) bas nul 10 agneau d'automne. » 12 Mon seigneur 13 doit m'expédier 12 les tablettes (de répartition) et les scribes administratifs 14 pour que l'on constitue les troupeaux ici 15 mais que, (restant) à la pâture, 16 leurs ovins aient le croît (normal)d). 17 Les pâtres 18 ne doivent pas avoir 17 de sujet de plainte. 19 Les femelles gravides des gens du peuple 30 n'ont pas mis bas d'agneaux d'automne. 3

    a) Malgré W. Heimpel, op. cit., p. 202, n. 82 — dont l'argumentation me reste obscure —, il s'agit de esêrum « enfermer ». L'emploi de ana indique le mouvement et, par-là, le fait d'envoyer les animaux au parc. b) L'idéogramme SILA-GUB signifie au propre « contenant un agneau, gravide ». Il doit s'agir des brebis qui ont été couvertes et dont on espère qu'elles mettront bas. c) Paqâdum dans ce contexte renvoie à la piqittum des bergers et aux rations des animaux, ce qui résulte de la constitution des troupeaux. Tout cela doit se conformer aux décisions administratives (sous forme sans doute d'inventaires nominaux) qu'Asqûdum demande qu'on lui envoie. d) En mot à mot : « …ne diminuent pas. » J'ai traduit par une expression positive les deux négations. En n'envoyant pas les troupeaux aux parcs de uprum, on prive les bergers d'une excuse facile prétendant que ce n'est 101

    Cette valeur TÍM pour TUM est aussi postulée dans M.11068: 6.

    102

    À moins qu'il n'y ait eu ici la formule [be-lí lu i-di] = « Mon seigneur est (maintenant) au courant. »

    Les textes de Sumu-hadû

    269

    pas de leur faute si les troupeaux n'ont pas eu l'accroissement prévu — ce qui devait naturellement avoir une incidence sur les taxes à prélever —, mais de l'enfermement dans le parc de uprum.

    [A.250] est le récit dramatique d’une inondation en pleine nuit dans la campagne aux alentours de Mari, suite à une rupture de digue. L’affaire concerne la région de Dêr, bourg au sud de la capitale, auprès duquel se trouvait ehrum. Appân est à l'amont de Mari, une place contre Mi lân, un des centres mâr yamîna : il s’agit donc dans ce texte de mesures prises tout le long d’un canal, qui ne peut être que la partie sud de celui que l'on nomme justement le « canal de Mari ». Pour ce qui est de la date de l'événement, c'est le moment de la récolte puisqu’il s’agit de transporter par eau le grain ; c’est en même temps la crue puisque les rigoles d’irrigation (atappum) peuvent être mis en eau : la région de Mari connaît d'ailleurs cette concomitance de la récolte et de la crue du fleuve. Sumu-hadû est alors à Mari dont le roi est absent puisqu'il est prévenu de l'incident par lettre. Cette dernière, selon la procédure normale, a donc été ramenée par le roi et archivée, à son retour au palais, avec la correspondance qu'il avait reçue lors de son déplacement. Le moment de l’événement est donc la première moitié de ZL 1, lorsque le roi entreprenait son expédition dans le Nord, dont la fin correspond d’ailleurs au moment de la moisson. Le document est ainsi antérieur à [M.6242], envoyé par Zimrî-Lîm au roi d’E nunna, où est mentionnée la prise de Kahat et où l'on constate que le roi de Mari était informé par Sumu-hadû qu’il a laissé à Mari103. On remarque l’absence de mention d’Itûr-asdû. 112 [A.250] Sumu-hadû au roi. Rupture de digue au moment de la mise en eau des canaux, due à une alimentation soudaine du wadi Balih suite à une pluie à son amont. Sumu-hadû entreprend de lutter contre l’inondation pendant toute une nuit et décrit ses efforts. Ça a été très pénible.

    2 4 6 8 10 12 14 Tr. 16 18 Rev. 20 22 24

    a-na be-lí -ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma me-e a-na de-erki i-ba#-tu-ma a-um gi -má-há a e i-za-bi-la a-ta-ap-pa-tim i-tu e-le-nu-um ú-a-ab-bi-tu-ma mu-ú i-bi-ú-ma am-a-li i-na pa-an mu-"i#-im e-le-nu-um ti-tu-ri-"im# a ba-ab dba-li-hi-"im# a-ar ma-a-al-"lim# mu-ú "ib#-ba-at-qú qa-tam a-"na qa#-tim-m[a] "i*-na*# mu-ur-í-ia et-bi-ma an e-la-g[u-H]I-A-ia ar-ka-ab-{MA} al-li-ik-ma i-na a a-la-li me-e ab-tu-uq ù a-tu-ra-am-ma i-na ba-li-hi-im me-e as-ki-ir i-na mu-u-te-er-tim a-na i-ip-ri-im e-pé-i-im qa-ti á-ta-ka-an ma-a-al-lam e-pí-i-ma wa-ar-ka-nu a-na e-pé-ri

    103 Voir pour ce texte, l’édition donnée par M. Guichard, « Les Relations diplomatiques entre Ibâl-pî-El II et Zimrî-Lîm », RA 96, 2002, p. 109-142.

    270

    26 28 30 32 34 36 38

    Jean-Marie DURAND a-pa-ki-im qa-ti a-a-ka-an bi-it-qum u-ú 2 gi a-ap-li-i im-ha-a ù 4 gi ru-up-a-am ba-ra-ri bi-it-qa-am a-a-tu e-sé-ke-{ER}-er ù me-e ú-e-e-er mi-im-ma i-ir be-lí-ia la i-na-az-zi-ku ù a i-na mu-i-im me-e ab-tu-qú a-na a-la-nihá a-pu-ur-ma i-na ap-pa-an hu-um-sà-anki ù e-eh-rum°ki i-ba-tu-u-nu-ti mi-im-ma mu-ú ú-ul ih*-li-"qú#* ù a-na-ku mu-ru-u a-at-ti-ia él-qí

    Bibliographie : édité par B. Lafont dans FM [1], p. 93, avec copie cunéiforme ; repris pour la traduction dans LAPO 17 813 & N. Ziegler TUAT NF 3, p. 51-52 [trad.]. 1

    Dis à mon seigneur, ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. On avait fermé (les dérivations de) l'eaua) pour (la faire aller à) Dêr ; 6 à cause des embarcab) tions qui devaient transporter le grain, 8 on avait complètement fermé 7 les rigoles (d'irrigation) depuis la région d'amont ; 8 le niveau de l'eau avait gonflé et, 9 hier au soir, 10 en amont du pont 11 qui est à la prise du Ba(l)ihc), 12 là où il y a la dérivation, 13 les eaux ont subi une une brèche. 14 Immédiatement, avec soucid), 15 je me suis levé, 16 j'ai attelé 15 mes mûles et suis allé 18 interrompre le flot 17 grâce à un système de dérivatione). 19 Alors, 20 (c'est en la faisant passer) dans le Ba(l)ih (que) 19 j'ai referméf) l'eau. 21 Au petit matin 22 je me suis mis à faire 21 l'ouvrage. 23 Je (re)fais la dérivation et 24 ensuite 25 j'entreprendrai d'entasser 24 de la terre meuble. 26 Cette brèche a frappég) sur 2 cannes par le bas, 27 et sur 4 cannes de large (en haut). 28 À la première veille, 29 j'aurai fermé 28 cette brèche. 30 Alors je laisserai passer l'eau. 32 Puisse-t-elle ne plus causer de souci 31 à mon seigneur ! 33 Par ailleurs, en ce qui concerne ma coupure nocturne de l'eau, 34 j'avais envoyé un message(r) aux différentes villes et 35 à Appân, Humsân 36 et ehrum on avait fermé l'(alimentation) en eau (du canal). 37 L'eau ne s'est absolument pas échappéeh). 38 Mais, en ce qui me concerne, j'ai eu le souci de mon annéei). 5

    a) Pour l'étude du vocabulaire technique de ce texte, on se reportera au commentaire de LAPO 17 813. Les notes de la présente édition sont complémentaires ou portent sur les changements de compréhension. b) Le texte comporte gi -má qui signifie généralement « barques » ou bateaux, mais ce dont il est question ici ne devait être que le moyen de transporter par eau des charges pondérales. On songe plus à un système de radeaux qu'à de véritables navires. c) Le terme bâbum sur le Moyen-Euphrate ne signifie pas uniquement « porte » (le terme local est sans doute représenté par ehrum, qui correspond au sémitique ‘r) mais surtout, en relation au fleuve, quelque chose comme « aiguade », l'endroit où l'on a un accès à l'eau du fleuve. Cela veut dire, en outre, que la route ne longeait pas l'Euphrate à cet endroit-là. d) L’expression ina muri-ia est difficile. S’agit-il vraiment de murum « maladie » (ainsi B.L. et LAPO « malgré ma maladie ») ou d’un équivalent de muru libbim (« avec souci de ma part ») ? La reprise de murum, l. 38, me fait préférer la seconde possibilité. Pour la lecture "i-na#, cf. la copie de B.L. Je ne connais pas d’emploi de qadum avec le sens de « malgré ». e) Le a alâlim est ainsi marqué comme un système de fortune, à la différence du maallum qui devait être un système pérenne. Le terme maallum désigne un objet (ma- sur la racine sourde LL). C'était le point faible du réseau, sans doute là où le canal rencontrait le lit du wadi. f) Dans LAPO j'avais compris atûram par « je suis revenu » mais il faut mieux interpréter « à nouveau ». g) mê mahâum est le terme pour dire « faire une brèche » (volontairement pour irriguer un champ). Le fait que la brèche soit plus large en haut qu'en bas se comprend par le fait que ce canal était un râkibum, donc par gravité, dont la partie supérieure a cédé au moment de la montée des eaux.

    Les textes de Sumu-hadû

    271

    h) Il y a ici un problème non vu par les précédentes éditions. On dit de façon générale en akkadien (et à Mari également) imlâ, non imli (mis à part une variante isolée d'un manuscrit de l'Enuma eli et ce passage-ci) ; cf. d'ailleurs ARMT XXVI 14 : 27: [m]e-u i-ma-al-la = « L'Euphrate commencera sa crue ». Par ailleurs, mû est traité généralement dans ce texte comme un plurale tantum masculin. D'où ma proposition de lire ici non pas une forme de malûm mais de halâqum avec un AH/IH au lieu de IM et un KU au lieu du MA endommagé, que l'on n'attend d'ailleurs pas dans cette position finale. i) La traduction de B.L. « Je suis malade pour un an » ne correspond pas à l’expression du texte. Le sens est sans doute : « j'ai eu le souci/la maladie (?) (le/la plus grave) de cette année-ci ».

    Le document [A.326] présente des problèmes multiples. Il est acéphale ; on ne sait donc pas avec certitude à qui l'attribuer. L'individu dont il y est question est en outre anonyme, à moins que son nom n'ait disparu dans une cassure. Enfin, l'expression de la l. 14', fondamentale pour comprendre le document, est difficile à comprendre. De ces diverses causes d'obscurité la première pourrait être résolue par le fait que l'expéditeur était manifestement quelqu'un d'un rang important et de loyal envers la couronne, disposant d'un accès aisé à l'Euphrate et à sa batellerie. Il pourrait s'agir, dès lors, de quelqu'un comme La-nasûm qui écrivait depuis Tuttul. À titre de supposition, c'est à lui que le document peut être attribué. Le personnage dont il est question dans le document semble être quelqu'un dont les autorités de Mari cherchent à s'assurer et qu'il faut escorter jusqu'à la capitale. Les escorteurs muallimum (l. 10') ne sont pas l'équivalent des gardes nâirum mais l'individu en question pourrait profiter de son passage par la forteresse (l. 13', dannatum) mâr yamîna (= Samânum?) pour solliciter et obtenir de l'aide (l. 17'). L'emploi de asûm (l. 15') indique qu'il attirerait de lui-même l'attention, mais qu'il ne saurait être question de le traiter comme un prisonnier à qui un simple bâillon104 pourrait ôter toute éventualité d'en appeler à l'aide. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'un mâr yamîna lui-même, mais de quelqu'un qui viendrait de l'amont du royaume et qui serait lui-même pro-yaminite. On pense ainsi à quelqu'un comme un imariote, ou un mâdarum qui pourrait faire appel à l'aide mâr yamînite. À la l. 14' se trouve ku-uk-ka-na-am, iassî.ma, très nettement écrit. Je ne connais que ku-ukkà/ka-an/nu qui est le nom d'un messager yamhadéen105 ; pour Kukkan cf. ARMT XXV 597 (cf. Mélanges Stève, 1986, p. 122-126 & FM V, p. 215). Kukkanam asûm devrait signifier « appeler K. ». La situation historique est obscure, si ce n’est que, contextuellement, dans ce texte l'expression signifie « appeler au secours » ; à ce cri, en effet, des barques accourraient en renfort (l. 17') et on se saisirait de celui qui a crié, empêchant ainsi qu'on ne l'emmène jusqu'à Mari. 113 [A.326] [Acéphale au roi]. Sumu-hadû a demandé qu'un individu soit envoyé par barque et sous escorte à Mari ; danger de cette solution. (Lacune). Attente d'une réponse. [a-na be-lí- ia] 2 [qíbíma] [um-ma ………] 4 [ìrka-a- ma] [a-um NP ] 6 = 1' I su-m[u]-h[a-d]u-ú [ki-a-am] i-pu-ra-am um-ma-mi 8 = 3' lú a-tu i-na 1 gi -má-tur u-ur-ki-ba-a-u-ma 10 = 5' ù lú-me-e mu-a-li-mu a-di ma-riki li-a-li-mu-ni-u 104

    Lorsque la Face se brise, il semble être fait allusion à la tête de l'individu (l. 19') qui pourrait être recouverte pour l'empêcher de voir où il est, mais les cassures empêchent de comprendre de quoi il s'agit. 105

    Le NP, lui-même, pourrait cependant entrer dans une série onomastique élamite.

    272

    Jean-Marie DURAND

    12 = 7' an-ni-tam I su-mu-ha-du-ú i-pu-ra-am i-na-an-na Tr. 9' [l]ú u-ú ma-ah-ri-ia wa-i-ib as-sú-ur-re 14 = 11' i-na gi -má-tur Rev. ú-a-ar-ka-ba-a-u-ma 16 = 13' lú u-ú i-na a-al da-na-atki dumu ia-mi-na ku-uk-ka-na-am 18 = 15' i-a-ás-si-ma gi -má-turhá 20 = 17' in-ha-ri-ra-nim-ma lú a-tu i-a-ab-ba-tu 22 = 19' i-na-an-"na# [a]-na "sag#-u […………………]-x-x [ 3 l. manquent.]

    Tr.

    [2 ? l. manquent.]

    C. 2”

    […… an-ni-tam] [la an-ni-tam m]e-hi-ir up-pí-ia [be-lí li-]a-bi-la-am 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle …, ton serviteur. À propos de NP, 1'Sumu-hadû 2'm'a envoyé ce message-1'ci : « Cet homme, 4' fais-le monter 3' dans une barque et 5' qu'une escorte alors 6' l'escorte jusqu'à Mari. » 7' Voilà 8' le message que m'a envoyé 7' Sumu-hadû. 8' En ce moment, 9’ cet homme 10' a un siège 9' chez moi. 10' Il ne faudrait pas que 12' je le fasse monter 11' dans une barque 12' et que 13' cet individu dans la ville forte des 14' Mâr yamîna 15’ n’appelle 14’ Kukkanum/à la rescousse (?) et que, une fois 16” les barques 17” arrivées à la rescoussea), 18” ils ne s'emparent de l'individu. 19” Maintenant, à sa tête … Maintenant … (…)

    …1’ pour ce qu'il doit en être, 3” mon seigneur doit m'envoyer 2” réponse à ma tablette. a) in-ha-ri-ir-ma est une forme accomplie et ne saurait donc dépendre de l'assurre de la l. 17. Il faut dès lors penser à l'expression de l'antériorité dans un discours à l'inaccompli.

    Le petit fragment [A.4155] pourrait traiter de la même affaire. Il s'agit de quelqu'un — ou d'un groupe de personnes (?) — à renvoyer au Yamhad en recourant aux services de la batellerie imariote, après transmission d'un rapport détaillé. Mais ce n'est qu'une supposition. 114 [A.4155] (Acéphale). Faire envoyer au Yamhad un rapport détaillé par Sumu-hadû. Gens à renvoyer en amont, grâce à un bateau d'Imâr.

    2'

    (…) a-na x106-[ a-nu-um-ma e-ma-a[m] g[a]-a[m-ra-am] a-um a-na ia-am-ha-adki u-ú-[ú-ri-im]

    106

    G.D. avait transcrit ici « BA (?) ».

    Les textes de Sumu-hadû 4' 6'

    Rev. 10 12

    273

    a-na e-er su-mu-ha-du-ú á-tap-r[a-am] um-ma gi -má a lú-me-e i-[m]a-ri-i[ki-ma] [m]a?-hi-ir-tum i-ba-a-i [-ma] [i-na] gi -má ú-a-ar-ka107-bu-[u-(nu-ti)] [……………] [……………] [……………] [……………] [………] ki ma [……] [………] ku na-da-[

    Note : G. Dossin a laissé une transcription de ce texte que j'avais pu collationner. Son manuscrit comporte la note : S.1352-15. Indiquant comme mensurations, 2,3x4x1,4. (…) …1' à … 2' Voilà que 4' j'ai envoyé un message(r) chez Sumu-hadû 3’ pour faire écrire au Yamhad 2'

    des nouvelles détaillées. 5’ S'il y a des bateaux d'Imariotes, et 6’ qu'il y en ait un qui aille en amont, 7’ on le(s) fera embarquer sur le bateau, … 6.7 La mission de Sumu-hadû à la Forteresse de Yahdun-Lîm Les textes concernant la Forteresse de Yahdun-Lîm forment un ensemble non négligeable dans les lettres envoyées par Sumu-hadû ; il ne semble pas, néanmoins, en avoir été gouverneur. Il s'agit de la réorganisation de la cité, lieu stratégique pour la défense du nord du royaume. Elle a consisté surtout dans la restauration du palais et des murailles, avec des actions annexes. La remise en fonction de cette partie du territoire semble avoir été le grand dessein économique de la nouvelle administration. L'ensemble du dossier est donc contemporain du début du règne de Zimrî-Lîm mais plusieurs des documents relatifs à la Forteresse et sa construction peuvent être concomitants ou postérieurs à la rébellion. La première action dans la région avait été celle de Bannum. Le mer‘ûm y avait procédé à un recensement (têbibtum) des populations (palatiales) de la région, après Saggâratum et Terqa, même si tous les documents afférents à cette activité n'ont pas encore été identifiés108. L'opération de Bannum succédant au couronnement du roi et à la première fête d'E tar a précédé l'expédition militaire en HauteDjéziré qui a vu la prise de Kahat. C'est le moment où Bannum disparaît de la documentation mariote. On peut donc estimer que les activités de Sumu-hadû dans la région de la Forteresse sont postérieures à celles de Bannum mais — pour beaucoup d’entre elles — également antérieures à la grande rébellion puisqu'on y voit des rapports non belliqueux entre Bédouins et autorités mariotes. Plus précisément, si les lettres de Sumu-hadû qui l'attestent dans la région de la Forteresse sont à placer sans doute en partie la seconde année de Zimrî-Lîm, il faut que ce soit avant que le roi n'aille dans la région d'amont de Terqa, alors que plusieurs signes montraient que la rébellion couvait. 6.7.1 L'arrivée de Mâr yamîna dans la région de la Forteresse [A.840] est un document qui ouvre la série des lettres de Sumu-hadû en tant qu'envoyé à la Forteresse de Yahdun-Lîm pour la restaurer. On y voit un dénommé Ilî-Lîm être son aide, mais d'autres apparaissent dans le dossier à l'occasion d'une de ses absences. Ilî-Lîm est une personnalité mal situable dans les Archives. Contrairement à ce que pense ARM XVI/1, il n’est pas mentionné dans ARM XIV 125 (= LAPO 16 369) : 15 (où on lira en fait "qar#-ni-li-im) ; dans ARM X 175 (= LAPO 18 1264) ce n’est qu'un particulier, époux d'une dame Yataraya, manifestement au service du devin Inib ama ; dans ARM IX 298, un homme de ce nom appartient à l’Ida-Mara.

    107

    G.D. a lu ici ki, non ka.

    108

    Cf. ici-même, p. 114 sq.

    274

    Jean-Marie DURAND

    L'individu peut avoir faire partie de l’entourage de Sumu-hadû (cf. p. 289, n. 140), plutôt que le représentant personnel de Yarîm-Lîm ; cf. ARMT XVI 21: 16’ où il est demandé qu’il soit exempté de la proscynèse.

    Ilî-Lîm rejoint Sumu-hadû à Zibnatum, entre Samânum et la Forteresse de Yahdun-Lîm. Cette lettre date du moment où des Mâr yamîna arrivent. Atamrel coordonne l'arrivée des Bédouins, sans doute parce qu'il devait se porter garant de l'authenticité de l'appartenance clanique des nouveaux venus. Sumu-hadû demande au roi de venir se faire reconnaître par les Bédouins. Ces derniers sont de ceux qui arrivent au royaume pour repartir avec leurs troupeaux dans la steppe et auxquels fait allusion le texte [M.8242+]. Dans [A.840], Sumu-hadû conseille de faire une enquête préalable sur les Mâr yamîna qui arrivent, avant de procéder à une distribution de présents. Il faut éviter des cadeaux hâtifs, malgré le désir apparent de Zimrî-Lîm de s'assurer des forces armées. Le fait que ces gens doivent défiler (etêqum) devant le roi est un procédé qui permettait de les enregistrer. L. 25-26, il s'agit du recensement authentifié par le responsable mariote car de tels textes sont explicitement attribués à de hautes personnalités. Cela devait permettre d'éliminer les intrus qui se faufileraient parmi ceux dont le roi voulait s'attacher les services. Cette reconnaissance individuelle devait permettre de ranger les Bédouins par clans (l. 28), et ce n'est qu'à ce moment-là que le roi devait leur faire des présents. Rien n'est dit sur ces derniers. Il devait s'agir de métal précieux, selon l'usage constant de qîtum dans les textes administratifs : on voit par les dons de Hammu-rabi aux troupes bédouines mariotes qui lui arrivent en renfort109 que tous les soldats y avaient droit, mais selon leur grade. On peut donc avoir ici la constitution des contingents bédouins de l'armée de Mari. Halatân, frère d'Atamrel, et Ibâlpêl sont deux chefs tribaux, sans doute un mâr yamîna et un mâr sim'al à la tête des deux sortes de Bédouins (l. 31, ha-na signifie aussi bien Mâr yamîna que Mâr sim’al), qui n'ont pas à faire la preuve de qui ils sont et qui reçoivent, sans examen préalable, leur présent.

    115 [A.840] Sumu-hadû au roi. Départ pour la forteresse de Yahdun-Lîm avec Ilî-Lîm, depuis Zibnatum. Les Mâr yamîna vont arriver dans 3 jours. Le roi devra venir pour que les Bédouins lui fassent allégeance. Un examen des individus est un préalable avant que le roi ne leur fasse de présents.

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 16 Rev. 18

    a-na be-líia qíbíma u[m-ma] su-mu-ha-du-ú [ìr]ka-a- ma [u]-um up-pí an-né-e-em a-na [e-e]r be-lí-ia ú-a-bi-lam níg-gub ì-lí-li-im i-na zi-ib-na-tim° ù a-[]a-ri-i-ma nu-ba-ta-u a-n[é-e]m u-um-u a-na bàdki ia-ah-du-li-im ni-ta-al-laak [a-ni-t]am ha-name-e [wa-ar-ki] up-pí° an-ni-im [u] "4#-kam a-na bàdki -li-im [i-k]a-a-adam [a-na-k]u ù a-tam-re-AN110 [i-na bàd]ki ia-ah-du-li-im [ha-n]ame-e nu-qa-a u-um ha-name-e i-ka-a-a-[du-nim] [a-na]-ku ù a-tam-re-{ X}-AN [e]-ma-am ga-am-ra-am a-na be-lí-ia 109

    Cf. P. Villard, « Parade militaire dans les jardins de Babylone », FM [I], p. 137 sq., en part. p. 149.

    110

    Pour cette restauration, cf. l. 18.

    Les textes de Sumu-hadû 20 22 24 26 28 30 Tr. 32 34

    275

    a-a-pa-ra-am a-na na-a-pa-ar-ti-ia be-lí li-qú-ul ak-ki-ma na-a-pa-ar-ti-ia be-lí li-li-kam-ma ha-name-e e-ep be-lí° li-i-i-iq ù a-um qí-a-tim ha-na ka-lu-u a-na e-er be-lí-ia i-te-eq a-di a-[w]i-lam ták-lam we-de-em a-ma-ru-ma hi-is ku-nu-ki° a-na be-lí-ia la ú-a-bi-lam qí-i-tam a-na ma-am-ma-an la i-na-di-in an-na-nu-um i-na pu-hu-ur ha-name-e be-lí qí-a-tim i-na-di-in-u-nu-i-im a-nu-um- ha-la-ta-an e a-tam-ri-AN "ù# i-ba-al-pí-AN i-tu ha-name-e ik-u-du-nim a-na e-er be-lí-ia [a]-à-ar-da-a-u-nu-i°-im° be-lí qí-i-tam li-di-in-u-nu-[i-im] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sûmû-hadû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter chez mon seigneur 5 cette tablette de moi, 7 (il y a eu) repas d’Ilî-Lîm à Zibnatum 8 et, au même endroit, son étape. 9 Demain, 11 nous partirons 9 pour la Forteresse de YahdunLîm. 11 Autre chose : les Bédouins 14 m'arriveront 13 à la Forteresse -Lîm 13 trois jours 12 après cette lettre de moi. 15 Moi-même et Atamrel, 17 nous attendrons les Bédouins 16 à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 17 Le jour où les Bédouins m'arriveront, 18 moi-même avec Atamrel, 20 j’enverraia) 19 tous détails à mon seigneur. 20 Mon seigneur doit prêter attention à mon message. 21 Selon mon message, mon seigneur doit venir pour que les Bédouins 22 lui baisent le piedb). Alors, 22 pour (recevoir leur) cadeau, tous les Bédouins 23 défileront vers chez mon seigneur. 24 En attendant que 25 je voiec) noble, homme de confiance et isoléd) et tant que 26 je n'ai pas fait 25 porter à mon seigneur un texte scellé à mon sceau, 27 il ne doit donner de présent à personne. 28 Ici, lors du rassemblement des Bédouins, mon seigneur leur donnera les présents. 30 Voilà que Halatâne), frère d’Atamrel, 31 et Ibâlpêl me sont arrivés de chez les Bédouins. 33 J’envoie (quelqu’un) pour eux 32 chez mon seigneur.34 Mon seigneur doit leur donner un présent. 5

    Note : les documents de Sumu-hadû ne font souvent pas de différence entre les suffixes 1re personne -î et -ia. a) On remarque la forme aapparam alors qu'il y a deux sujets. Il arrive souvent que l'expéditeur le plus important s'exprime au singulier, mais ù peut avoir la valeur « avec » et être suivi du cas oblique (anâku u kâti). b) La formule « baiser le pied » est courante à Mari et signifie « faire acte d’allégeance ». Dans les nombreux exemples de l’expression êpam naâqum que donne le CAD, il s’agit néanmoins surtout d’un acte de soumission à la divinité. Les emplois « laïcs » ont nettement le sens de « se soumettre » à un pouvoir qu’on sent supérieur : on remarque ainsi qu'un texte hépatoscopique (RA 67, p. 44 : 59) exprime la soumission de gens hostiles par un baisement de pieds : « La population de la ville (assiégée) sortira pour t’embrasser les pieds » ( = a libbi âlim uiam êpê-ka inaiq). c) Le verbe amârum signifie ici l'examen de chaque individu et de la preuve de son enregistrement. Le résultat était porté sur une tablette nominative scellée (l. 25). d) La triple formulation awîlum, taklum, wedûm exprime en fait les divisions sociales des Mâr yamîna. Le sens de « noble » pour awîlum est bien connu. Beaucoup d'exemples montrent, en outre, que si l'on peut faire confiance à quelqu'un (taklum) c'est qu'il a un certain rang (fortune) et qu'il est reconnu comme tel. Par wedûm « isolé », il ne faut certainement pas entendre ici le notable ou le chef de service, mais celui que les textes de conscription ou de recensement, en général, notent lú-didli (lu aussi baddum ?). C'était quelqu'un qui se présentait isolément et non dans un groupe tribal déterminé. Ils n'apportaient donc pas la garantie de ce qu’ils étaient et pouvaient être de toute origine. e) Ce Halatân est un NP fort commun (inédits). Cependant le père de Tarîm- akim, une notabilité du RHM, portait ce nom (ARM VIII 5, 8 & 49). Il pourrait donc s'agir ici d'un fils de Tarîm- akim (paponymie). Ce n'est toutefois qu'une hypothèse.

    276

    Jean-Marie DURAND

    Deux personnages bien connus sont mentionnés par [M.11066] : le prince mâr yamîna YaggihAddu et Yatar-Kabkab, un agent mariote que l'on connaît pour s'être déplacé entre Mari et Alep, via Imâr111. La correspondance qui a trait à ces deux individus est d’ailleurs du début du règne (cf. ARMT XXXIV). Yaggih-Addu, chef du Yarih, a été dans le royaume avant même l'arrivée de Zimrî-Lîm et, dans le présent texte, il n'est pas encore un ennemi. Il devrait venir d'amont, sans doute du Balih (cf. [M.8242]). Il arriverait conjointement avec Yatar-Kakbab. Sans doute s'étaient-ils rencontrés en route, peut-être même à Tuttul. 116 [M.11066] Sumu-hadû au roi. Yaggih-Addu et Yatar-Kabkab… (Lacune.) Question de faire conduire Yatar-Kabkab et ses serviteurs chez le roi, si ce dernier le désire.

    2 4

    a-na be-lí-ia qí-bi-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma I ia-gi-ih-dI[M] 112"ia-ri-ih#ki ù ia-tar-ka-[ab-ka-ab] (…)113

    Rev. 2' 4' 6' Tr. 8' 10' C.

    x-[ a-x114-[ ìr [ u 20-kam-ma i[k-u-d…] i-na-an-na um-ma be-lí i-qa-bi [a-um] ia-tar-ka-ab-ka-ab ù tur-me-e -u []a be-lí i-qa-ab-bi° up-pí be-lí° li-li-kam lu!-a-at-ri!-u-nu-ti115 a wa-ar-du-ti-ia a-na be-lí-ia [a-pu-ur] be-lí a e-pé-i-u li-pu-[u]

    Note : ce texte de la « S.115 76 », trouvé en 1972, ne m'est connu que par une transcription de travail de M. Birot, comportant copie de certains passages ; mes divergences par rapport à son manuscrit sont en texte souligné. 1 4

    Dis à mon seigneur. Ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Yaggih-Addu, le yarihéen, et Yatar-Kabkab…

    (Lacune indéterminée.)

    … 4' le 20 il(s) est/sont arrivé(s). 5' Maintenant, si mon seigneur le dit, 6' envers Yatar-Kabkab et ses serviteurs, 7' c’est ce que dira mon seigneur. Une tablette de mon seigneur 8' doit m'arriver pour que je les fasse emmener. 10' J'ai envoyé un message à mon seigneur, 9' en fonction de mon état de serviteur ; 11' mon seigneur doit faire ce qu'il a à faire ! 111

    Cf. ARMT XXXIV.

    112

    D'après la copie de MB. il n'y a pas là place pour un lú ou un lugal qu’il faut, sans doute, suppléer.

    113

    L'importance de la lacune n'est pas indiquée par M.B.

    114

    M.B. a dessiné ici un début de Winckelhacken. Comprendre a-m[i-ia-anki ?

    115 M.B. a transcrit li li kam ma a at-hu-u-nu-ti, ce qui m'est opaque. Mes corrections sont minimales car un signe LU usé peut être facilement confondu avec MA et RI et HU sont très proches l’un de l’autre. Le verbe tarûm « emmener » n’a cependant pas de forme causative enregistrée par les dictionnaires. Le verbe ehûm n’est pas attesté à la forme III puisque c’est la forme II (D) qui en fait office et l’on attendrait une forme en HI pas en HU.

    Les textes de Sumu-hadû

    277

    Yaggih-Addu arrivait avec l'ensemble de sa tribu, ainsi qu'avec les Amnanéens. Ces derniers relevaient d'un roi mâr yamîna particulier, Hardûm, mais les deux groupes tribaux étaient en fait très proches. La chronologie des lettres envoyées à ce moment-là est difficile. Manifestement [M.8242+], [A.2924] et [A.3689] sont proches dans le temps et parlent du même sujet. Dans [M.8242+], Sumu-hadû est toujours à la Forteresse et parle de Samânum comme du but des Bédouins ; dans [A.2924], il est question d'une étape des Bédouins (Uprapéens, Yarihéens, Yahurréens et Amnanéens) à Zibna (= Zibnatum ?). Sumu-hadû qui se trouve toujours dans la Forteresse parle de partir pour Samânum. Dans [A.3689], Uprapéens et Yarihéens sont arrivés à la Forteresse où il est question de les faire manger. Sumu-hadû comptait aller lui-même à Terqa ([M.8242]: 24) d'où il rejoindrait (à moins qu'il ne l'y attende) le roi. Les Bédouins qui constituaient le hiprum comptaient bien emmener leurs animaux à la steppe (qâum) avant la venue du roi, d'où l'injonction que leur fait le fonctionnaire mariote de ne pas bouger (l. 17) et d'attendre la torche qui annoncera la venue du roi (l. 18), à moins de solliciter l'envoi d'un messager royal (l. 19-21). Le roi voulait sans doute procéder à l'enrôlement des Bédouins pour une future expédition. La hâte des Bédouins à partir au qâum peut révéler en revanche leur manque d'enthousiasme à participer à ces entreprises militaires. Le souci du roi dans la seconde partie de [M.8242] d'avoir des équidés de luxe pour son char, s'explique par le souci de faire impression sur les Bédouins, le nubalum étant réservé aux sédentaires. Déjà dans une lettre envoyée à Addu-dûrî116 le roi parlait des chevaux blancs en provenance de Qana et demandait de les mettre en sécurité au palais royal. Avoir des équidés blancs revenait à affirmer son rang de « grand roi » devant des gens qui semblent avoir attaché beaucoup d'importance aux questions de face. Sumu-hadû devait lui en procurer pour l'occasion, ce qui ne semble pas avoir été facile. À défaut, on emploierait des ânes puârum, terme hapax à Mari. Ils étaient destinés à être attelés à un char. On imagine pour ce faire des équidés placides. Ainsi des hongres ne feraient-ils courir aucun risque au char royal. Il devait s'agir d'animaux que l'on pouvait se procurer également chez les responsables administratifs (âpium). Ils étaient toutefois manifestement des animaux d'un certain prix et ceux qui étaient dans les écuries royales avaient dû faire l'objet de pillages puisque Sumu-hadû en avait vu (l. 31-32) chez un simple soldat117.

    117 [M.8242 + M.14182] Sumu-hadû au roi. Deux tribus mâr yamîna arrivent d'Ahhunâ et ont dîné par devant lui qui leur a oint la tête d'huile. Les Mâr yamîna doivent arriver au soir à Samânum où il leur est demandé de ne pas gagner la steppe, dans l’attente d’un signal de feu ou d’un message explicite du roi. Sumu-hadû compte partir pour Terqa. Question des équidés demandés par le roi.

    2 4 6 8 10

    [a-na] be-lí-ia qíbíma um-ma [su]-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma ki-ma up-pí an-né-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam lú-me-e ia-ar-hu-ú ù lú-me-e am°-na-nu-ú [i-t]u a-hu-na"ki# il-li-ku-nim a-na ma-ah-[ri-ia] níg-gub ú-a-ap-ti°-u-nu-ti118 qa-qa-da-ti-u-nu ì-gi ap-"u#-ú!119 "ù# nu-ba-ta-u-[n]u 116

    Cf. ici même p. 85-86, la reprise de ARM X 147 = LAPO 1110.

    117

    Cela pourrait être un indice que la prise de Mari a été effectuée en partie par des forces mâr yamîna, ou au moins qu'elles ont participé au pillage du palais royal. 118

    À comprendre comme uaptin-unûti avec assimilation.

    119

    Écrit NU.

    278

    Jean-Marie DURAND

    [a-n]a sa-ma-nimki [ub]-"lu# Tr. 12 "i#-[na]-an-na i-na {AN NA} sa-m[a-nimki] "lú#-me-e we-du-ti-u-[nu a-a-al] Rev. 14 a-na ka-í-im [pa-nu-u-nu-ma] ka-a-am a-l[a-kam iq-bu-nim] 16 ù ki-a-am a[r-gu-um-u-nu-i] um-ma a-na-ku-ma [i-ba-nim-ma] 18 a-di di-pa-ra-am [ta-ma-ra-nim] ù-lu-ma a-na dumu°-ri i-ip-ri-"im# a be-lí-ia 20 a-na ter-qaki a-na e-er [be-l]í-ia TA°-[u]r-[d]a-nim 22 ù a-"na#-[k]u a-n[é-e-em u]-ma-am i-tu sa-ma-nim"ki#[e-t]e-bé-ma 24 la-ma i-hi-i dutu-i a-na ter-qaki ù a-um an e--há pé-ú-tim Tr. 26 ù an e-há pu-à-ri a gi -gigir a be-lí-ia i-pu-ra-am 28 qa-tam a-na qa-tim-ma a-na lú-me-e a-pí-ú-ut [ma-tim] 30 [lu]-ú-ta-pa-a[r] C. ù 2 an e-há pu-à-ar gi -gigir it-ti 32 lú re-di-im ú-ta i-na pa-ni-ia a-na ter-qaki a-ta-ar-ra-u-nu-"ti# 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au moment où 5 je fais porter 3 cette tablette de moi chez mon seigneur, 5 les Yarihûa) 6 et les 7 Amnanû me sont arrivés 6 d'Ahhunâ. 8 Je leur ai fait manger un repas 7 devant moi. 9 J'ai oint leur tête d'huileb). 10 Alors, 11ils ont porté 10 leur étape 11 à Samânum. 12 Maintenant, à Samânum, j'ai interrogé leurs autorités. 14 Ils envisagent (de gagner) la steppe et 15 m'ont parlé de traverserc) la steppe. 16 Alors, voici ce que je leur ai proclamé, 17 disant : « Ne bougez pas, 18 jusqu'à ce que vous voyiez la torche, 19 ou bien 21 expédieze) 20 à Terqa chez mon seigneur 19 pour (avoir) un messager de lui. 22 Pour ce qui est de moi, 23 je quitterai Samânum 22 demain, 24 avant le lever du soleil, pour Terqad). » 25 En outre, au sujet des équidés blancs 26 et des ânes hongrese) du char 27 de mon seigneur, < qui > ont fait l'objet d'une lettre < de mon seigneur >, 30 il me faut envoyer plusieurs message(r)s 28 immédiatement 29 aux autorités (âpium) du pays. 31 Par ailleurs, 32 j'ai vu 31 deux ânes hongres pour char chez 32 un soldatg). Avant mon départ, 33 je les enverrai à Terqa. 3

    Note : cette lettre a sans doute été écrite par Sumu-hadû lui-même. Elle n'a pas la facture des tablettes normales de Mari et comporte plusieurs particularités dans l'utilisation des signes ou l'expression syntaxique. a) Yarhû est sans doute une variante pour Yarihû, ce qui indiquerait que le i de Yarih était bref. b) Cette onction de la tête de visiteurs est sans parallèle dans les textes, à moins qu'il ne s'agisse d'un rituel d'accueil des nouveaux venus. L'onction de la tête est utilisée dans les rituels de mariage, depuis les textes d'Ébla. c) La construction d’alâkum « aller » est normalement avec ana ou ana mahar/muhhi pour indiquer le but du déplacement. Pour l’emploi de l’accusatif, cf. CAD A/1, p. 305a qui traduit « traverser ». Il s'agirait donc ici de mâr yamîna bédouins, pressés de franchir le désert pour partir vers le Liban et l'Anti-Liban. d) L'écriture TA-ur-da-nim est pour urdânim mais l'emploi de TA pour TU (= /ú/) est sans doute une faute d'orthographe. e) L. 23, les circonstanciels sont postposés au verbe avec -ma. Cette phrase est sans doute la fin du discours aux Mâr yamîna. f) L'idéogramme an e désigne l'âne, alors que « cheval » se dit an e-kur-ra. Cependant la notion d'âne blanc n'existe surtout que dans des textes ominaux où, de fait, « voir un âne blanc » était assez rare pour servir d'omen : cf. R. Labat TDP 4 : 25, suivi par la notion d'un âne d'une « couleur non homogène » (barmu), op. cit. 26. La réalité est cependant attestée à Mari comme le montrent ARM XXI 4 :1 et ARMT XXIII 55 : 7. Sinon, on connaît

    Les textes de Sumu-hadû

    279

    une ânesse blanche à l'époque néo-babylonienne (BM 81-4-28, 89 : 1, cité dans CAD P, p. 331 b). Il n'est donc pas invraisemblable que dans ce texte (et dans les ARM XXI) an e soit en fait à comprendre comme an e-, car les ânes sont dit « noirs » et ce sont des chevaux qui reçoivent couramment l'épithète de « blanc ». Il existe dans les textes de Mari la possibilité de reprendre an e-kur-ra par le simple an e (cf. ici-même l’édition de [M.5016] : 14 où an e reprend an e-kur-ra de l. 6), ce qui montre que l'idéogramme ÂNE pouvait servir à noter le CHEVAL par économie de signes. L'épithète puârum n'était jusqu'à présent connue que pour des bœufs et le CAD donne pour l’emploi de paârum avec des animaux le sens de « to unyoke » (CAD P, p. 288b s. c), ce qui fait assez peu de sens ici pour puârum, d'autant plus qu'il est question de leur faire tirer un char. Il est donc possible que puârum signifie en fait « castré » et qu'il faille prendre PR au sens de « fendre, interrompre ». Si le verbe paârum signifie aussi « castrer », l'âne puârum pourrait donc être l'équivalent d'un « hongre120 ». g) Manifestement, il s'agit d'un rêdûm de Samânum. L'envoi de ces équidés à Terqa signifie que le char royal devait être constitué à Terqa et que le souverain le trouverait dans cette ville.

    [A.2924]121 parle de l'arrivée en corps de Mâr yamîna, toutes tribus unies. J’avais considéré dans le temps122 ce texte comme décrivant l’arrivée en masse des Mâr yamîna au moment de la reconquête, avant qu’ils ne reçoivent les territoires précis vers lesquels ils étaient dirigés. Cette façon de voir n’est plus possible maintenant qu’on voit les principaux chefs mâr yamîna, entre autres Samsî-Addu, Hardûm et Yaggih-Addu, dans le royaume avant même que Zimrî-Lîm n’y arrivât. Leur installation avait donc fait l'objet d'accords antérieurs à notre documentation ou non conservés par elle. En outre, la présence de Sumu-hadû dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm apparaît désormais comme un événement qui n'est pas du tout début du règne, puisque Bannum y était avant lui. Les « Bédouins » mâr yamîna de [A.2924] ne sont donc sans doute que des transhumants qui reviennent chez eux et dont on invite chacun à regagner le clan auquel il appartient. Il est effectivement question ici de gâyum, non de li’mum. Ces gens sont d'ailleurs conduits par des mer‘ûm et des scheichs-sugâgum, non par des rois. Seules quatre des tribus mâr yamîna sont concernées. Il n’est nullement fait mention des Rabbéens, lesquels avaient dû prendre la direction d'Abattum, bien en amont. Il s’agit donc d’un retour du hiprum (les clans transhumants) vers les Bords-de-l'Euphrate. Il est même vraisemblable qu'il s'agisse de leur premier retour. On serait donc dans la seconde moitié de ZL 1. Les Bédouins comptaient faire étape pour le repas à un lieu appelé Zibna (= Zibnatum ?) et arriver au soir à Samânum. C’est là qu’était donc fixé le grand rassemblement des Mâr yamîna, laquelle ville, pourvue de murailles, a effectivement été un de leurs établissements majeurs. Le roi est incité à leur rendre visite à un moment (l. 24 hidânum = l. 22 hadânum) de son choix, mais de ne pas les laisser aller jusqu'à Mari. Lors de la lettre, le roi était déjà vainqueur de Kahat et Bannum avait disparu. Sans doute ZimrîLîm méditait-il alors une nouvelle expédition, cette fois peut-être contre ubat-Enlil. L'administration mariote était alors persuadée que les Mâr yamîna participeraient à l’entreprise. Tel doit être le sens de hidanum, terme utilisé pour une échéance à laquelle était convoquée l'armée. Le conseil donné au roi est de faire route au plus vite, sans doute pour rencontrer les Bédouins avant qu'ils ne se dispersent, afin de pouvoir leur parler. Sumu-hadû insiste sur l'entrevue (l. 32). Le fait que le roi vienne les trouver était une façon de leur marquer de la considération. Sumu-hadû déconseille en tout cas de laisser les Mâr yamîna s’avancer jusqu’à Mari et d'y écouter leurs récriminations. Dubbubum dénote effectivement un discours plutôt véhément, non celui qui 120

    Cet emploi cependant ne trouve pas de parallèle dans les langues sémitiques proches : cf. HALOT, p. 925 où pèèr est compris en fait comme « celui qui ouvre la matrice » donc « le premier né » des animaux. Le même terme est employé également à propos des premiers nés des chevaux et des chameaux (cf. M. Jastrow A Dictionary ot the Targumim…, II, p. 1158a) et la loi mosaïque interdisait la castration. Selon M. Stol, BSA 8 174; 179, l'animal (veau de lait) castré se disait (amar-ga) ku, en recourant à ku « couper ». KUD, avec la valeur phonétique /tar/, a de fait comme équivalent paârum ; mais paârum a aussi l'équivalent LÁ « lier » qui pourrait renvoyer à une autre technique de castration, celle par nécrose des testicules. Il n'est donc pas impossible de trouver dans les lexiques des valeurs de paârum qui signifieraient « castrer ». L'animal puârum serait celui qui a été « libéré de son agressivité ». 121

    Merci à Michaël Guichard avec qui j’ai discuté de ce texte, ce qui m’a permis d’aller plus loin dans mes lectures et la compréhension de ce difficile document. 122

    Amurru 3, n. 272.

    280

    Jean-Marie DURAND

    exprime un accord. Retour de transhumance, les Bédouins préféraient sans doute vaquer à leurs affaires que repartir en expédition. 118 [A.2924] Sumu-hadû au roi. Arrivée des Mâr yamîna à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Les messagers des cheikhs envisagent comme étape ultérieure de dîner à Zibna(tum). Sumu-hadû compte aller à Samânum dire à chacun de rejoindre son clan. En revanche au signal de la torche, ils devront tous se réunir. Le roi doit vite venir leur parler pour qu'ils n'exposent pas leurs doléances à Mari ; il doit venir sans faute. [a-na be]-l[í- ia] [qíb]íma um-ma su-mu-ú-ha-du-ú 4 ìrka-a- ma u-um up-pí an-né-e-em a-na be-lí-ia 6 ú-a-bi-lam dumu-me-e i-ip-ri a su-ga-gime-e 8 a dumu-me-es ia-mi-in° ik-u-du-nim 10 [u]m-ma-mi ur-ra-am e-ra-am Tr. ha-name-e dumu ia-mi-in° ka-lu-u-[nu] 12 mé-er-hu ù su-ga-gu Rev. a-na bàdki ia-ah-du-[li]-"im# i-ka-a-du-nim 14 a-né-em u-um-u níg-gub i-na zi-ib-na°ki nu-ba-ti a-na sa-ma-nimki 16 i-na sa-ma-nim° ki-a-am a-a-pí-i um-ma-mi a up-ra-pí-ih a-na up-ra-pí-[hi-im] 18 ia-ri-hu-um a-na ia-ri-hi-im ia-hu-ri°-um a-na ia-hu-ri-im 20 [a]m-na-nu-um a-na am-na-ni-im ka-lu-[u] a-na ga-i-u a-di a-na be-lí-ia a-"a#-pa-ar-ma 22 a-na ha°-da-ni-im a be-lí i-a-pa-ra-am di-pa-ra-am a-na-a-e-ku-nu-i-im 24 [k]i-ma i-te-en lú a-na hi°-da-an be-lí° "pu-uh#-[ra] Tr. an-né-tim a-a-pí-i 26 i-na-an-na up-pí [an-né-e-em] be-lí li-i-me-ma a-la-[kam] 28 [li-ih-mu]-"à#-am-ma "li-pu#-[ú] [ù a-u]m be-lí a-na p[a-ni-u-nu]123 124 C 30 "i-ka#-a-a-du-ma be-lí i°-na ma-riki [la] "ú#-da!-ab-ba-bu be-lí a-la-kam li-"pu-a#-[am-ma?] 32 [l]a ú-ma-qa-{"AM#}-"am# 2

    Bibliographie : Amurru 3, p. 161-162 et n. 275-276. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Le jour où 6 j’envoie cette tablette de moi à mon seigneur, 7 les messagers des cheikhs 8 des Mâr 9 yamîna me sont arrivés, 10 disant : « D'un moment à l'autre, 11 les Bédouins mâr yamîna, eux tous, 5

    123

    Cette ligne a été écrite tout en haut de la face au-dessus de la l. 1.

    124

    Sur le côté i et ii ne sont pas bien distingués.

    Les textes de Sumu-hadû

    281

    12

    responsables des troupeaux (mer‘ûm) et cheikhs, 13 vont arriver à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 14 Le lendemain, (il y aura) un repasa) à Zibna(tum)b). » 15 Au soir je ferai étape à Samânum ; 16 à Samânum, je rendrai l’édit suivant, disant : 17 « L’Uprapi'um à Uprapi'um ! 18 Le Yarihum, à Yarihum ! 19 Le Yahurrûm, à Yahurrûm ! 20 L’Amnânum à Amnânum ! Chacun à son clan, 21 jusqu’à ce que, ayant envoyé un message(r) à mon seigneur, 22 à la date que mon seigneur me signifiera, 23 je lève la torche pour vous ! 24 Comme un seul homme, à la date de mon seigneur, soyez réunis ! » 25 Voilà l'édit que je rendrai. 26 Maintenant, 27 mon seigneur, doit prendre connaissance de 26 cette tablette de moi et 28 se dépê27 cher de venir. 29 Donc, afin que mon seigneur 30 arrive 29 à leur rencontre et 30que (ce) ne (soit) pas à Mari 31 (qu')ils fassent leurs récriminations à mon seigneur, 31 mon seigneur doit faire route, 32 sans délai. a) Ce « repas » (naptanum) peut être compris comme une grande syssitie des Bédouins transhumants avec leurs frères sédentaires retrouvés mais aussi comme un événement cultuel important, l’un d’ailleurs n’empêchant pas l’autre. On voit (M.8242+) Sumu-hadû offrir à dîner aux tribus Yarih et Amnân au moment où elles descendent d'Ahhunâ, avant de leur oindre la tête, peut-être un rituel d'accueil dans le royaume, ou simplement chez soi. b) Est-ce une faute pour Zibnatum ou une variante de cette dernière avec un -a de féminin ? c) Cette ligne conclut les conseils donnés au roi. Il y a ici documenté, comme me l'indique M. Guichard, muqqûm « tarder », « montrer de l'hésitation », pour quoi cf. ARMT XXVI 38 : 9 et le commentaire ibid. p. 174.

    [A.3689] est parallèle à [A.2924] où l’on voit arriver le hiprum des Mâr yamîna. Les Uprapéens et les Yarihéens sont là. Sumu-hadû expose au roi la pauvreté de la Forteresse de Yahdun-Lîm où l'on ne peut fournir le pain ni la bière pour les repas (l. 7 sq.). En ce qui concerne la viande, les cassures du texte empêchent de comprendre l'ampleur du manque, mais il apparaît que 4 agneaux de lait ont été achetés à la Forteresse, ce qui semble indiquer l'inexistence de troupeaux palatiaux. Lorsque la lettre reprend, il y a eu un différend entre quelqu'un et Enlil-îpu . Sumu-hadû fait la leçon au contrevenant : on ne touchera pas au champ d'Enlil-îpu car ce serait s'opposer à une ferme intention royale (l. 2', 3'?, kapâdum). Le contrevenant semble avoir demandé qu'au moins une partie du terrain lui soit concédée, sans doute à cause de ses travaux de mise en culture, ce qui correspondrait à la mânahtum babylonienne. Mais si l'on revenait (l. 4') sur ce qui a été fait, dit le responsable mariote, cela amènerait d'infinies réclamations (l. 6'). Pour éviter que de tels conflits ne se produisent à Zibnatum, Sumu-hadû réclame la venue de Yasîm-sumû —qui est un technicien de l'administration centrale — afin de procéder à l'attribution officielle des lots de terre, sans contestation possible. Le texte parle en outre de mesures analogues à prendre à Terqa et à Mari même, pour assurer la prospérité du Palais (l. 14'). D'après ce texte, Sumu-hadû était donc celui qui à la Forteresse de Yahdun-Lîm organisait les exploitations agricoles et répartissait les lots (l. 6'), mais il le faisait certainement plus du fait de l'autorité dont il était investi que parce que telles étaient ses fonctions. Le souci d’organiser (l. 8' utabutum) les « charrues » incombait à Sumu-hadû. Cela montre que sa place dans les activités administratives était centrale (les territoires concernés étaient Zibnatum, Terqa et Mari). L’attribution (l. 9' esêkum) des charrues incombait cependant à une autre autorité palatiale, en l’occurrence le andabakkum Yasîm-sumû, expédié en mission (RD, l. 7') depuis la capitale. Il devait avoir en sa possession les « documents à jour ». Au moment de cette lettre Sumu-hadû demande au roi de venir lui-même. C'est l'époque de la tonte des ovins. Il ne faut pas de gêne pour l'opération. 119 [A.3689] Sumu-hadû au roi. Arrivée des Mâr yamîna mais il n’y avait rien pour leurs repas. On s'est procuré des agneaux là où il y en avait. (Lacune). Problèmes agricoles divers : quelqu'un a réclamé un champ qui avait été promis à Enlil-îpu . Il ne le fera plus. Pour l'affectation des équipes agricoles préparées à Zibnatum, Yasîm-sumû doit venir. Il y a encore des tâches analogues à Terqa et au district de Mari. Le roi doit venir car les Bédouins désirent nul retard pour la tonte.

    282

    2 4 6 8 10 12

    Jean-Marie DURAND a-na be-lí-ia qí-bí[ma] um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-m[a] lú-me-e mé-er-hu-um° up-ra-pí-i-yu ia-ri-hu-ú su-ga-gu-"u-nu ù# dumu-me-e ia-mi-in° ka-lu-[u-nu] a-na bàdki ia-ah-du-li-im ik-u-du-nim be-lí li-ih- { X X X X }125-du ninda "ù# ka a-na na-ap-ta-ni-u e15(I)-ri-i-ma ú-ul i-di-nu-nim i-na AN-lim a be-lí-ia udu-há a a-na níg-gub-u 2-"kam#-ma i[b]-ba-a-e-e 4 "sila# ga i-na bàdki ia-ah-du-li-[im a126 a-a]b-tu "a#-"a#-am [ù]127 "4#128 "sila# ga []a "a-na# [níg-gub] [o-o-o-o] a[?]-ba-tu-ma a-[…] [………………………………] (Lacune de la moitié de la tablette.)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ Tr. 14’ 16’ C. i 18’ ii131

    [am]-mi-nim a- à a-ti te-[ri-i] "a#-na é-[ti-ka] "ú#-ul ka-pí-id um-ma a-[ à a-ti] be-lí a-na [de]n-líl-i-pu-ú [ik-pu-ud] ma-ti-ma ú-ul a-ta-ar-ma "e#-ri-i-[tam] ú-ul a°-za-az ki-ma a-na-ku ú°-za-az-zu a-nu-tum is-qé-ti-ia ú-pa-sà-sú i-na-an-na be-lí ia-si-im-su-mu-ú li-i-ru-dam-ma 4 gi -apin-há a u-ta-a-bi-tu i-na zi-ib-na-tim a-ar e-é-di°(ki!?)-im li-sí-ik ù i-na ha--a te[r]-q[a]ki 2 gi[ -apin-há-ma] [i]-na a- à pí-i-im a mi-tim [a e-sé-ki-im] ù a-na ha-la-a ma-riki [x gi -apin-há] qa-tam-ma u-ta-a-b[a-at] a ku-i-ir é-kál-[lim-ma] be-lí a-la-kam li-pu-a-am la "i#-[gi] a-um be-lí ar-hi-i [e]-l[e-im] um-ma u-nu-ma be-lí°129 [a]r-hi-i li-pu-la-né-"ti# bu-qú-um udu-há-m[a] la ni-kala-"a#?130 [……… [……… 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Les chefs de pâture uprapéens et yarihéens, 4 leurs cheikhs et les Mâr yamîna, eux tous, 5 me sont arrivés à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 6 Que mon seigneur se réjouisse. 7 a) J ’ai demandé du pain et de la bière pour leur repas, mais 8 on ne m'(en) a pas donné. Parb) le dieu de mon seigneur, 9 les moutons qui (étaient) pour leurs repas il n’y en avait que deux. 10 Les 4 2

    125

    Plusieurs signes ont été érasés dans cette ligne sans qu'on puisse les identifier.

    126

    Il y a place pour deux signes entre le IM et le AB.

    127

    L'adjonction d'un ù est nécessaire pour des raisons de place sur la tablette car le GA de la l. 11 se trouve sous le BÀD de la l. 10. 128

    On voit encore les trois têtes du chiffre, lequel pouvait être 4.

    129

    Peut-être faut-il lire be--ni ?

    130

    À lire sans nikkalâ, forme N.

    131

    Il est possible qu'il y ait eu deux, voire trois registres sur le côté.

    Les textes de Sumu-hadû

    283

    agneaux de lait dans la Forteresse de Yahdun-Lîm qui ont été pris, je (les) ai achetés. 12 Or, les 4 agneaux de lait que pour le repas 12 de… j'ai pris et achetésc) .… (Lacune de la moitié du document.)

    «… 1' Pourquoi as-tu mis en culture ce champ ? 2' Il ne se trouvait pas programmé 1' pour ta maison. Si 3' mon seigneur a programmé 2' ce champ 3' pour Enlil-îpu , 4' jamais 5' je ne ferai 4' à nouveau 5' une division 4' dans un champ à cultiverd). 5' Lorsque je ferai une répartitione), 6' d'autres annuleront mes lots. » 7' Maintenant, mon seigneur doit expédier Yasîm-sumû 9' pour qu’il assigne 8' à Zibnatum 9' là où il y a à moissonner/assigner 8' les 4 « charrues » que j'ai équipées. 10' En outre, dans le district de Terqa, il y a 2 « charrues », 11' à assigner dans le champ à l’embouchure du (canal) mortf). 12' En outre, 13' je ferai équiper de la sorte 12' x « charrues » pour le district de Mari. 14' Il en va de la prospérité du Palais. 15' Mon seigneur doit venir, en urgenceg). 16' Au sujet d’une montée rapide de mon seigneur, 17' ils disent : « Mon (sic) seigneur 18' doit nous répondre 17' vite. 18' C'est la tonte des moutons. 19' Nous ne devons pas être retenus. » 2'

    (…) a) Le signe I est bien attesté dans ce corpus avec la lecture e15. Les singuliers renvoyant à la notion de repas (l. 7 et 9) sont à comprendre comme des collectifs. b) Pour ce sens de ina = « par » dans les serments, au lieu de aum cf. ARMT XXVI 503 : 11. c) Sans doute le texte continuait-il en disant que ces 4 agneaux de lait n'avaient pas suffi. d) Pour eritum « plantation », cf. CAD E, p. 300b. e) La traduction distingue entre zâzum G (l. 5') = « diviser un lot (constitué) » et D (l. 5') = « faire une répartition de lots ». f) mi-tim est de lecture sûre. CAD M/2 ne donne pas d'exemple de mîtum en référence à un canal, quoique ú soit bien connu dans les désignations topographiques. On note néanmoins dans le lexique Malku (IV 80) que saam-ku (bouché) est mis en équivalence avec mi-i-tum « mort ». g) Cf. dans le lexique Malku II 274 ap-pu-ut-tum = la te-gi.

    6.7.2 La remise en route de l'économie locale Dans [A.454] ce sont des Mariotes qui prennent des décisions concernant Samânum, alors que Sammêtar est à Terqa (l. 31). Le document est donc postérieur à Samu-ila, mais manifestement la rébellion n’a pas encore commencé. Les « charrues » sont au chômage technique. L’organisation de l’irrigation est différente de celle, ultérieure, du royaume. On prend des hommes là où il y en a (l. 18-22). Sumu-hadû souligne l'incohérence des mesures envisagées : alors que le travail dans la région de la Forteresse est considérable (l. 16-17), les gens de Saggâratum n'ont pas à abandonner le canal I îm-Yahdun-Lîm pour aller au canal de Mari (l. 10), tandis que les gens de la région de Terqa doivent se sentir concernés par ce qui se passe à leur amont. La situation s'explique si les mesures envisagées prennent en considération un découpage territorial où la région de la Forteresse ne fait pas (encore, ou plus ?) partie du district de Saggâratum et ne comprend que la zone SaggâratumZanipatum. Dès lors ce sont les gens de Terqa qui sont concernés par l’entretien d’un canal qui, apparemment, se terminait chez eux. À partir du moment où la Forteresse de Yahdun-Lîm devait se trouver rattachée au district de Saggâratum, la logique n’était plus la même. La proposition de Sumu-hadû — certainement pour obéir aux ordres royaux — est que pendant le temps que va mettre le gouverneur de Terqa (Sammêtar, l. 31) à terminer son travail propre132, soit 3 jours, 200 à 300 travailleurs partent pour 3 à 4 jours mener à bien les travaux du canal de Mari, mais qu’après ce laps de temps, les gens de la partie d’aval du canal I îm-Yahdun-Lîm (re)viennent travailler sur leur canal.

    132 On peut imaginer qu'il s'agit ici du travail à l'embouchure du canal (de Mari?) imposé par Sumu-hadû aux gouverneurs de Terqa et de Saggâratum. Ce document serait contemporain du précédent.

    284

    Jean-Marie DURAND 120 [A.454]

    Sumu-hadû au roi. Questions de travaux d'irrigation sur les canaux des provinces de Saggâratum-Terqa et de Mari mal programmés et solutions proposées ; les unités agricoles sont au chômage technique. a-na be-lí-ia qí-[bí-ma] um-[m]a su-mu-ha-[du-ú] ìrka-a- a 4 ha-la-a sa-ga-ra-tim[ki] íd i-i-im-ia-ah-d[u-li-im] 6 a-pé-em "ù# ha-la-a [ma-ri]ki íd a ma-riki a-p[é-em] 8 na-ú-ma-a ha-la-a sa-ga-ra-timki i-pí-ir-u i-zi-ba-am-ma 10 a-na íd an!-ni-it-tim it-ta-la-kam Tr. ù ha-la-a ter-qaki 12 a-na íd e-li-tim it-ta-al-la-ak Rev. 14 ù a-naku a-na íd i-i-im-ia-ah-du-li-im 16 ak-u-ud-ma 1 u-"i# a-li nu-banda íd a-a-ti e-pé-ri na-si-ik 18 i-na-an-na 2 me ú-lu 3 me-tim a-bu-um! í-di-it u 3-kam 20 ù- u 4-kam li-il(EL)-qé-em-ma be-lí a-na íd a ma-riki 22 li-i-ru-dam ak-ki-ma hu-mu-ut°-ta-am i-ip-ram an-né-[em] 24 ú-a-al-la-am-ma ù a-la-ni a i-na li-ib-bi íd i-[i-i]m-ia-ah-[du]-/li-[im] 26 i-a-at-tu sa-ma-na-amki Tr. ter-qaki ra-sa-ia-amki 28 ki-ri-tamki ù kúl-hi-tamki a-ta-ar-ru-ma a-na í[d] 30 e-li-tim at-ta-la-[ku] C. i-pí-ir sa-am-mé-e-tar 32 a-di133 u 3-kam ik-ka-a-ar-ma a-na íd e-li-tim at-ta-la-ak 34 gi -apin-há é-kál-lim ù mu-"ú-ke#-nim re-qa a-"um# u 6-kam 2

    Bibliographie : J.-M. Durand, « ARM III, ARM VI, ARMT XIII et ARMT XXII », dans De la Babylonie à la Syrie, en passant par Mari. Mélanges offerts à Monsieur J.-R. Kupper à l'occasion de son 70e anniversaire, Ö. Tunca éd., Liège, 1990, p. 51, n. 4 et p. 158 ; J-M. Durand, « Problèmes d’eau…», dans Techniques et pratiques hydroagricoles traditionnelles en domaine irrigué. Approche pluridisciplinaire des modes de culture avant la motorisation en Syrie. Actes du Colloque de Damas 27 juin-1er juillet 1987, BAH 136, B. Geyer éd., Paris, 1990, p. 124, n. 85. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Sumu-hadû, ton serviteur. Le canal I îm-Yahdun-Lîm 6 est ce qui irrigue 4 le district de Saggâratum, 6 et le district de 7 Mari, c'est le canal de Mari qui l'irrigue. 8 Est-il convenable que le district de Saggâratum 9 abandonnant 5

    133

    Sans doute sur érasure de NA.

    Les textes de Sumu-hadû

    285

    son travail, 10 s'en aille à ce canal-là 11 et que le district de Terqa 13 aille12 au canal d'amonta) ? 14 Moi, 16 je suis arrivé 15 au canal I îm-Yahdun-Lîm et 17 le contremaître de ce canalb) était en train d'en enlever la terre meublec) 16 sur une soixantaine d'« alumd) ». 18 Maintenant, 200 à 300 19 hommes 20 doivent prendre 19 des provisions de 3 20 à 4 jours et 21 mon seigneur 22 doit (l’)expédier 21 au canal de Mari 22 afin qu’24 il mène à son terme 23 ce travail rapidemente), 24 qu'alors 29 je puisse emmener avec moi 24 toutes les villes 25 qui 26 s’alimententf) 25 au canal I îmYahdun-Lîm, 26 (soit) Samânum, 29 Terqa, Rasayum, 28 Kirîtum et Kulhîtum et 30 que je parte 29 au canal 30 d'amont. 31 Le travail (qui incombe) à Sammêtar 32 demande 3 jours pour être agencé et 33je partirai pour le canal d'amont. 34 Les charrues du Palais et des gens du peuple sont au chômage technique. 35 Affaire du 6. a) Comme le même canal se poursuit dans la zone de Terqa, venant de la Forteresse de Yahdun-Lîm, on peut comprendre chaque fois « l'amont du canal ». b) Le laputtûm est celui qui était chargé de superviser les travailleurs. Ordinairement il s'agissait du subordonné du cheikh ; il est possible que le bras droit du cheikh de la Forteresse ait reçu cette mission précise sur le canal, mais on ne peut exclure qu'il y ait eu un laputtûm pour chaque gros travail. c) En mot à mot « les terres meubles», soit l'alluvionnement du canal qu'il faut recreuser (haâum). d) L'alum (« corde ») était une mesure de longueur d’environ 60 mètres en Babylonie, mais peut-être moins dans la région de Mari. e) La forme serait une variante du hamutta(m) posé par AHw, p. 319b (cf. à Ugarit, Ugar. V, p. 73 hamuam) et vaudrait hummui « rapidement ». Hamuttum « vitesse » pourrait être attesté par ARM VII 161: 16. Hummuum « rapide, hâtif » appartient néanmoins à la langue récente. Il faut peut-être lire ici hu-mu-tamta-am, les deux derniers signes /ta-am/ étant une glose de lecture du UD précédent (cf. ici-même, p. 361 a) et p. 527). On note dans DBP (A.286 : 10) lú-tur-ri hu-mu-TA-tam, ana êri-ia ilsumam-ma iqbêm = « Mon serviteur est accouru à toute vitesse chez moi me dire…». Il faudrait, dès lors, lire ici hu-mu-ta5-ta-am et, dans A.286 hu-mu-ta-tam, compte tenu du fait que le dialecte propre de Mari semble n'avoir plus distingué les emphatiques des sourdes. f) En mot à mot, « boivent ».

    [A.2933] est en écho du texte précédent : il concerne une ample région : Sumu-hadû s'occupe de travaux sur le canal I îm-Yahdun-Lîm et sur celui de Mari qui le prolongeait. Y sont mentionnées les provinces de Saggâratum et de Terqa sur lesquelles Sumu-hadû exerce autorité au nom du roi. C’est ce que fait, plus tard, l’autorité qui écrit depuis la capitale au nom (ou sous le nom) du roi. Lorsqu'est arrivé l'ordre royal de veiller à une bonne alimentation en eau du canal de Mari, Sumu-hadû devait être déjà occupé à des travaux sur le canal I îm-Yahdun-Lîm et tenait à les terminer (cf. l. 26-27), ce qui ne lui faisait toutefois pas négliger le canal de Mari. Ce retard à exécuter les ordres royaux devait être expliqué dans la cassure du texte (l. 12-15) car lorsque le texte reprend, il montre clairement à quel point Sumuhadû engage sa responsabilité personnelle dans l'affaire (l. 21-22). Le délai qu'il va mettre à exécuter l'ordre du roi est donc occasionné par la conception qu'il a de l'ensemble du réseau d'irrigation. Il pouvait s'agir de respecter un échéancier des travaux : d'abord le canal I îm-Yahdun-Lîm, puis faire sauter le bouchon argileux qui empêchait une alimentation normale du canal de Mari. Sumu-hadû assume la totale responsabilité des travaux d’irrigation (l. 21-22) et s’engage à ce que les eaux arrivent jusqu’à Mari (l. 25). Cette remise en service était nécessaire car les troubles qui avaient précédé la chute de Yasmah-Addu ainsi que les problèmes liés au retour de la dynastie mâr sim’al avaient fait négliger des travaux essentiels comme l’entretien des canaux. Cela peut expliquer pour une bonne part la disette qui a pesé sur les débuts du règne de Zimrî-Lîm. En ce qui concerne le canal de Mari, s'il apportait bien de l'eau jusqu'à la capitale, son embouchure (pûm), par où entrait l'eau de l'Euphrate, se trouvait assurément bien plus en amont puisqu'elle dépendait au premier chef du travail des gens de Terqa et de Saggâratum. Elle ne se trouvait donc pas dans le district de la capitale. Cette lettre est sans doute antérieure à la description de la nuit de folie ([A.250]) où s'est rompue une digue au sud de Mari. [A.250] est en effet du moment où on envisage le transport des grains, donc d’après la moisson, alors qu’on est ici, manifestement, avant l’arrivée de la crue, quoiqu’il faille se pres-

    286

    Jean-Marie DURAND

    ser (l. 7). En outre, d’après [A.250], Sumu-hadû est à Mari alors que, selon le récit de [A.2933], il se trouve certainement en amont de Terqa. Un laps de temps assez long doit séparer les deux tablettes. On note, d’autre part, la notion d'un « départ du roi » de sa capitale (l. 23). Le moment serait donc antérieur à la campagne de Kahat, alors que [A.250] se passe pendant la campagne, comme cela a été proposé plus haut. 121 [A.2933] Sumu-hadû au roi. Ordre du roi de faire recreuser l'embouchure du canal de Mari par les gens des régions de Terqa et de Saggâratum. Sumu-hadû occupé pour l'heure par des travaux sur le canal I îm-Yahdun-Lîm s'engage personnellement à ce que les eaux arrivent jusqu'à Mari.

    2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26 Tr. 28

    a-na be-l[í-i]a qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma up-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-me a-um ha-la-a sa-ga-ra-timki ù ha-la-a ter-qaki a!134-na pí-i íd a ma-riki u-ut-bi-ma pí-i íd a ma-riki ar-hi-i li-ih-ú-ù!135 ù mu-ú la na-ak-lu-im be-lí {X X X } i-pu-ra-am u-um up-pí be-lí-ia ik-u-dam íd i-[i-im-ia-ah-du-li-im] ù [ …………] UD [ ………] [……………] [a-n]a i-pí-ir […………] a-ka-a-a[dam] um-ma a-na u 5-kam "ù#-[lu u 6-kam] la ag-mu-ra[am-ma] ù me-e ma-du[tim] la al-qé-em136 ar-nam a-tu a-na- at-ta-"na#-"a-i# ar-nam a-tu be-lí li-me-da-an-ni la-ma be-lí-ma i-na ma-riki-ma ú-é-em mu-ú a-na ma-riki i-ka-a-a-du-nim ù i-pí-ir ídi-i-im-ia-ah-du-li-im ik-ka-a-ar-ma be-lí ma-la-u i-ha-ad-du 1

    Dis à mon seigneur : voici ce que dit Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 9 Mon seigneur m’a envoyé un message(r) 5 au sujet de 7 la mobilisationa) 5 des districts de Saggâratum 6 et de Terqa pour l'embouchure du canal de Mari 7 afin qu'8 ils recreusent 7 vite l’embouchure du canal de Mari 8 et que les eaux 4

    134

    La tablette ne porte que DI -na.

    135

    Le signe ressemble à un DU mal fait.

    136

    Il y a beaucoup de place après IM, serré contre le KI, sans qu’il apparaisse qu’il y ait encore un signe à la fin de la ligne.

    Les textes de Sumu-hadû

    287

    ne soient pas empêchées d'allerb). 10 Le jour où m’est arrivée la tablette de mon seigneur, 11 le canal I îmYahdun-Lîm 12 et … (3 l. indécises.)

    … 16 J’arriverai 15 pour le travail sur l’embouchure du canal. 17 Si pour le 5 ou le 6 18 je n’ai pas terminé et 20 n’ai pas obtenu 19 de l’eau en abondance, 21 j’en supporterai personnellement toute la fautec) ; 22 cette faute que mon seigneur me l’impute ! 23 Avant même qued) mon seigneur 24 ne quitte 23 Mari, 24 les eaux 25 arriveront 24 à Mari. 26 En outre, le travail sur le canal I îm-Yahdun-Lîm 27 sera agencé et 28 ce ne sera que du bonheure) pour mon seigneur. Note: il y a plusieurs signes mal venus sur cette tablette, des maladresses et des érasures, ce qui peut indiquer que Sumu-hadû n’est pas passé par un des scribes de l’administration centrale. a) Pour utbûm « mobiliser les forces de travail » (pour des travaux d'irrigation), cf. ARM II 101 (= LAPO 17 818) ; u-ut-bi-ma représente la forme contracte du génitif de l'infinitif III devant -ma, *utbu'im-ma. On opposera cette forme au naklu'im de la l. 8, sans -ma. b) Mû au nominatif car c’est le sujet de l'infinitif naklu'im. c) C'est l'expression même du Codex de Hammu-rabi §13: 23 et passim. d) Le texte utilise lama…ma…ma pour lama-ma. e) Mala-u signifiant « grandement » est une expression qui revient plusieurs fois chez Sumu-hadû.

    [M.7191], document mal conservé et de compréhension indécise, parle d'Itûr-Asdû et de Sammêtar. On y voit Sumu-hadû aux affaires économiques et, si Sammêtar est le gouverneur à Terqa, Itûr-Asdû peut être, lui-même, déjà au gouvernorat de Saggâratum. Le texte serait donc postérieur à la mort de Sumhu-rabi. Il pourrait s'agir de grain à recevoir (l. 6 ; l. 8) ; le texte ferait ainsi partie des documents qui traitent des problèmes d'approvisionnement. Il est possible que la région de Saggâratum ait été moins zélée (ou ait eu moins de moyens) que celle de Terqa. 122 [M.7191] Sumu-hadû au roi. Édit du roi sur les cultivateurs qui ont reçu du grain à uprum ; les gens de Terqa ont apporté le grain, mais le gouverneur de Saggâratum, comme celui de Terqa ont exempté les champs de Dagan. (Lacune). Texte indécis.

    2 4 6 8 10 12

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma up-pa-am a be-lí ú-"a-bi-lam# e-me a-um 1 [me]137 "er-re#-i [a e i-n]a umbinki° "il#-qú-nim be-lí [i]-[i]p-[tam] "i#-pí-i ha-la-a ter-q[a]"ki# " e#-em-ma iz-bi-[l]u-"ma# ma-ah-ri be-lí-"ia# a-na-ku i-"di# i-túr- ás-du [ù] sa-am-me-tar [a-na a- à a] "d#da-gan u-u-u[r-tam] (Il manque sans doute 4 l. sur la F. et le Rev., plus, éventuellement, la Tr., de 3 l., soit une dizaine de l.).

    Rev. 2’

    [ o o o o o ma-a-ra-a]t? h[a]?-[l]a?-a[]? "sa#-ga-ra-"tim#-maki da-an-na ni?-[i]138 a-[na-k]u?-ma "u?-te?#-ri?-ba-am-ma 137

    Il ne semble pas y avoir la place pour u-i = 60 entre “1” et “ER”.

    288

    4’ 6’

    Jean-Marie DURAND "a#-[nu-u]m-ma ha-la-a sa-ga-ra-timki [lu-ú] ku -un [be-l]í "a#-na an-né-tim li-i[-t]a-al (Reste anépigraphe.)

    Note : tablette de facture grossière et en très mauvais état, surtout sur son revers qui est rapé. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 6 Au sujet des 100 cultivateurs qui à upruma) 7 ont pris 6 du grain, mon seigneur 8 avait promulgué 7 un édit. 8 L(es gens de l)a région de Terqa 9 ont fait le portage 8 du grain et, en présence de mon seigneur, 10 moi-même, à côtéb) d'Itûr-Asdû 11 et de Sammêtar, [j'ai accordé au champ de] Daganc) une exemptiond)… 5

    (…) 1’

    … 2’Les gardes du district de Saggâratum même sont renforcées. 3’ Je viens personnellement de faire entrer la population. 4' Voilà que le district de Saggâratum 5'est véritablement sûr. 6' Mon seigneur 7' doit réfléchir 6' à cela. a) Le toponyme uprum est écrit ici (comme souvent) par son idéogramme umbinki. b) Pour idi « à côté » = ina idi, cf. CAD I, p. 13a-b. c) Ou restaurer ici un nom propre comportant le nom du dieu : … -Dagan. d) uurtum est un terme rare à Mari, attesté uniquement par ARM 2 119 7 où il s'agit pour des ambassadeurs de partir139. Mais le sémantisme multiple de WR permet d'envisager des sens autres. Ainsi le lexique SAG A ii 22 en donnant re-e wu-u-ur-ti comme équivalent de sag u-bar.ra documente-t-il un wuurtum « libération, franchise ». Ce dernier sens est envisagé ici à titre d’hypothèse.

    6.7.3 Les travaux à la Forteresse de Yahdun-Lîm Les travaux à la Forteresse de Yahdun-Lîm forment un dossier cohérent mais dont l'ampleur temporelle ne peut pas être évaluée exactement pour l'instant, surtout du fait de la mauvaise conservation de certains documents et des incertitudes qu'elle entraîne. Il est possible que la mission ait commencé alors que Bannum était encore en fonction, mais les travaux qui concernent la restauration des fortifications et des installations palatiales peuvent comprendre également la réparation des dommages apportés à la période de la rébellion. Tous les textes ont donc été réunis en un seul ensemble. Dans [A.847], Sumu-hadû signale qu'il s'absente (l. 20) et demande au roi de prendre des mesures pour que le travail continue. Le roi doit donner des instructions précises aux chefs naturels des travailleurs (réquisitionnés), cheikhs et lieutenants (laputtûm), ces derniers étant plus spécialement chargés de diriger les ouvriers. Ce texte concerne la région de Mari (cf. l. 7) mais le nom de celui à qui le travail doit être confié n’est plus lisible. Le document peut être considéré comme celui qui ouvre le dossier de la mission de Sumu-hadû à la Forteresse de Yahdun-Lîm, lorsque le fonctionnaire doit s'absenter de la capitale. 123 [A.847] Sumu-hadû au roi. Le roi doit ordonner à … de réunir des travailleurs de Mari pour continuer des travaux en l'absence de Sumu-hadû et lui donner des ordres exprès pour les chefs des corvéables.

    2

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma 138 139

    Il faut peut-être lire "lú#-[me-e ].

    La traduction « abandonment » (fr. « abandon ») de CAD U, p. 309b ne convient pas à Mari. Dans DA 45: 15 mâr bâri uurtu iakkan peut d’ailleurs signifier simplement, « le devin donnera l'autorisation de partir ».

    Les textes de Sumu-hadû 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18 Tr. 20

    289

    be-lí a-na I x-[o-o-o-i]m dan-na-tim [li-i-ku-u]n-ma e-pí-i-t[i lú a-bi-im] a "ma#-ri[ki] li-ik-mi-ì[s] pa-ha-at [i]-ip-ri-im a-di a-tu-ra-am e-li-u be-lí li-id-di-ma ù i-ip-rum u-ú li-ka-í-ir-ma u-"mu# i-ip-ri-im [la-a] i-re-qú [a-na] su-ga-gi ù nu-bàn-da [be-l]í li-da-an-ni-in-um-ma [mu-ú-ke]-"num# a i-ip-ri-im [a-d]i a-tu-ra-am [l]a i-pa-ra-ku-ú 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur doit donner des ordres exprès à …a) 8 pour qu'il réunisseb) 6 l'équipe des gens 7 de 13 Mari. Mon seigneur doit lui imposer 9 la responsabilité du 10 travail 11 jusqu’à ce que je revienne, 14 afin qu’alors ce travail soit terminé et 15 que les jours de travail 16 ne soient pas (jours) d’oisiveté. 15 Aux cheikh et lieutenant 18 mon seigneur doit donner des ordres stricts 21 afin que ne cessent pas leur tâchec) 19les paysans au travail 20 jusqu’à mon retour. 4

    a) Ce n’est pas ì-lí-li-im, qui ferait attribuer le texte à la région de la Forteresse. Le dernier signe semble bien un IM mais une lecture du nom d’Itûr-asdû n’est pas possible. « Bahdi-Lîm » serait en revanche à un moment de sa carrière antérieur à sa nomination comme gouverneur de Mari, à moins de changer la date du texte. b) Pour êpitum + kamâsum, cf. ARM 3 14: 16. ARM 3 6: 7 documente âbam êpitam … kummusum. c) Il faut lire ici ipparakkû de naparkûm. La formation verbale est attestée dans ARM X 138 (= LAPO 18 1168, avec une mauvaise compréhension « pour qu’il n’y ait pas d’ennuis » [PRK] au lieu de « pour qu’elles ne cessent pas le travail », cf. CAD N/1, p. 280a).

    La lettre [A.827] a la même facture et le même ductus que [A.840], ce qui devrait indiquer une proximité dans le temps des deux documents. Ce n'est pas une lettre de Sumu-hadû, car en ce qui concerne l'expéditeur une séquence ì-lí-l[i-…] est possible d’après une transcription de G. Dossin140. Il s'agirait donc du collaborateur à qui Sumu-hadû aurait confié les travaux de la Forteresse pendant une absence. D'après ce qui est dit, les travaux ne font que démarrer et c'est le gros œuvre qui lui a été confié. Un problème particulier de ce texte vient de l'emploi de « bêlî » (l. [1], l. 7). Ce terme désigne, dans la très grande majorité des cas, le roi de Mari ou un autre roi, mais, en l'occurrence, il peut s'agir de Sumu-hadû. Une personne de rang inférieur était d’ailleurs peu susceptible d'écrire directement au roi. Il est difficile, en outre, de penser que l'on pût envoyer un message au roi depuis la Forteresse de YahdunLîm sans passer par Sumu-hadû. La tablette a été retrouvée au palais de Mari. Sans doute est-ce Sumuhadû lui-même qui l'a fait suivre au roi pour le tenir au courant des informations transmises par le responsable des travaux. La présence de Babyloniens (l. 8) ferait plutôt penser à un texte postérieur à la rébellion, lorsque le roi de Mari a obtenu d'Alep, de Qana et de Babylone des renforts. Il s'agirait alors de travaux de réparations de dégâts faits lors de la rébellion.

    140 G. Dossin avait lu dans ses notes de déchiffrement « ì-lí- [E- » ce qui renvoie effectivement à Ilî-Lîm, collaborateur de Sumu-hadû. À l'heure actuelle on ne voit plus rien.

    290

    Jean-Marie DURAND 124 [A.827]

    Ilî-Lîm à son maître. Compte rendu des activités de déblaiement et de reconstruction des murailles de [la Forteresse de Yahdun-Lîm]. "a#-[na be-lí-ia q]í-bí-ma um-ma ì**-lí**-l[i**-i]m ìr-ka-a-ma 4 ki-ma a be-lí ú-wa-e-ra-an-ni 7 me 5 ìr- a-na ka-ma-ri-im 6 ag-mu-ur "ù# a-na a-pa-ak e-pí-ri qa-ti a-ku-un ù wa-ar-ki be-lí-ia 8 lú-agà-ús-me-e ka-lu-u a-di lú-ká-dingir-ra a-na l[i-i]b-bi a-limki i-ru-ub-ma 10 í-d[i-i]t "iti# 2-kam el-qí-i-um i-na-an-na u [x-kam] an-na-nu-um-ma 12 bi-ta-[ku] ma-ti bàdki lu-uq-qú-ur ma-ti ka-ma-ra-am 14 lu-ú-pu-uk i-na da-an-na ka-al u-mi-im Rev. 16 an-ni-i-em ka-á-da-ku ù lú-agà-ús í-di-is-sú 18 i-e-e-en ur-ra-am mu-u-te-er-tam 20 e-te-eb-bi-ma bà[d] a-na-aq-qa-ar ù gi -ùr-há 22 e-bé-e-er i-nu-ma bà[d] i-na na-qa-ri-im 24 u-ta-al-li-mu a-na be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am 26 a-[ar] a-na e-er be-lí-ia la a-pu-ra-am Tr. 28 "níg#-gub "agà#-me-e -u #141 la u-ta-re-è-"u#-ni […………………]-x142 2

    1

    Dis à mon maître: ainsi parle Ilî-Lîm, ton serviteur. Selon les instructions de mon maître, 6 j’ai utilisé la totalitéa) 5 des 705 esclaves pour le remblaib). 6 Alors, 7 j’ai entrepris 6 d’entasser la terre. 7 En outre, après (le départ de) mon maître, 8 tous les soldats (rêdû), Babylonien(s) compris, 9 sont entrés à l’intérieur de la ville. 10 J’ai pris pour eux 2 mois de provision. 11 Maintenant, cela fait 12 x jours que je couche 11 ici : 12 tantôtc) il me faut détruire le mur, 13 tantôt 14 il me faut entasser 13 le remblai. 15 (C’est) avec difficulté 16 (que) je me trouve yd) arriver 15 en y passant toute la journée : 17 en outre, les soldats (rêdû) 18 ont moulu 17 leur nourrituree) ! 19 Demain, au petit matin, 20 je me lèverai et 21 je (continuerai à) détruiref) le mur ; en outre 22 je sélectionneraig) 21 les poutres. 23 Lorsque 24 j’aurai fini 23 de détruire le mur, 25 j’enverrai un message(r) à mon maître. 26 Sih) 27 je ne le fais pas 26 chez mon maître, 28 qu’on ne me fasse plus profiter des repas des soldats. (…) 4

    a) L. 6, j'ai lu agmur plutôt que akmur, une figure étymologique qui ne donnerait pas de sens ici (l. 14, c’est PK qui est utilisé avec kamarum).

    141

    Sic, au lieu de agà-ús-me-e .

    142

    Ce dernier signe n'en est peut-être pas un et l'existence d'une dernière l. n'est donc pas sûre.

    Les textes de Sumu-hadû

    291

    b) Quelle signification donner dans ce texte à kamarum ? La l. 13 montre qu'il s'agit d'un substantif, non du verbe kamârum. Le kamarum s’obtient en entassant de la terre (eperî apâkum, l. 6 & 23), pour pouvoir détruire le mur (l. 12). Il s’agit en outre d’une structure défensive. Le plus simple est donc de voir dans kamarum un terme *kamarum, forme à épenthèse de kamrum, sur kamârum « entasser », analogue pour la phonétique au couple mahanum / mahnum ; c’est « ce qui est entassé », donc le « remblai ». Le mur doit être refait au moyen de « poutres » (guurum), en fait de solides troncs qui servaient à son armature ; cf. le parallèle néo-babylonien de YOS 6 236 : 7, cité par CAD K, p. 111a où le terme kám-ru semble désigner (une partie du) mur de la ville. Le kamarum est fait de terre, non de briques cuites. Kawarum est un autre terme, sur une racine KWR, désignant au contraire une « douve », d’où l’emploi de briques cuites. c) CAD M/1 s.v. propose pour Mari un mati « as soon as, whenever » mais LAPO 18, p. 398 est d’un avis contraire. De la même façon mati-ma + subjonctif est douteux en ARM V 35: 20 (LAPO 17 629) où l’on comprendra mati-mâ itên awîl° … mahri-ya wabu-ma (subjonctif de relative) anâku akalla, phrase à l’interrogative. Pour mati u mati « à un moment quelconque », cf. ARM XXVIII 98 : 33 et NABU 88-17. En revanche, mati… mati… signifiant « tantôt … tantôt » semble nouveau. d) an-ni-i-em à l’accusatif suppose ipram sous-entendu ; kal ûmim annîm ne serait pas en accord avec le fait que la tâche se poursuit sur plusieurs jours. e) Le travail suppose trois équipes : l’une pour détruire, la deuxième pour entasser, la troisième pour accomplir la mouture. Les soldats n’étaient donc pas, comme cela se faisait souvent, accompagnés de leurs « meunières ». Cette division en 3 explique la lenteur de la réalisation. f) On ne peut comprendre le simple « et je détruirai » puisque l’action a déjà commencé la veille. L’inaccompli a donc ici son sens de duratif. g) Comme toujours à Mari, bêrum « choisir » (pour lequel l’on pose un BR, en fonction de l'étymologie d’après l’hébreu) ne marque pas le // par un signe en I. h) Pour aar = umma, cf. LAPO 17, p. 26 & 308. De la même façon, la conjonction de supposition gouverne l’accompli, non le duratif.

    La lettre [A.4433] pose les mêmes problèmes que [A.827]. Elle est adressée par un certain zi-imri-e-[…] à « son seigneur ». D'après les textes de Mari, peuvent être restaurés ici des NP comme Zimrêrah ou Zimrêpuh. Or, d'après ARM XIV 47, lettre du gouverneur de Saggâratum Yaqqim-Addu, il existait à la Forteresse de Yahdun-Lîm un charpentier du nom de Zimrêrah dont le travail pourrait correspondre à celui que fournit l'auteur de ce document. [A.2903], une lettre envoyée conjointement par Rip'îLîm, Zimrêrah et Lâ'ûm atteste d’ailleurs un Zimrêrah à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Néanmoins, un menuisier semble un trop mince personnage pour écrire directement au roi. Dans [A.2903] la lettre est envoyée en fait par Rip'î-Lîm qui est le personnage important. Aussi dans [A.4433], comme cela a été supposé pour [A.827], bêlî ne doit pas désigner le souverain lui-même mais plutôt Sumu-hadû qui l'aurait reçue (et laissée) à Mari ou transmise au roi pour information. Attribuer la lettre aux affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm explique, en outre, que les lieux palatiaux mentionnés par l'expéditeur ne se retrouvent pas à Mari. 125 [A.4433] Zimrêrah à son « maître ». Ordre a été reçu de condamner une des deux portes du palais (de la Forteresse de Yahdun-Lîm). Il faut (auparavant) accomplir le travail de briquetage, ce qui sera fait pour le retour du maître. [a-na] be-lí[ia] [qí]bí[ma] [u]m-ma zi-im-ri-e-[ra-ah] 4 ìrka-a -ma a-um ba-ab ur-mah 6 ù ba-ab é-kál-lim a-ni-i[m] ba-ab ur-mah ka-na-"ki#-im 8 be-lí iq-bé-em i-na-an-na []i-pí-ir sig i-na é-kál-lim Rev. 10 [ú-ul] g[a-me-e]r

    2

    292

    12 14

    Jean-Marie DURAND [i-nu-ma be-lí i]-tu-r[u] [ki-ma i-pí-i]r s[ig] [ig-ga]-ma-ru l[u-ú] i-[ma-ar] (Reste anépigraphe.) 1

    Dis à mon maître : ainsi parle Zimrêrah, ton serviteur. Mon maître m'a parlé 5 au sujet de la porte au Liona) 6 et de la seconde porte du palais, 7 de b) sceller la porte au Lion. 8 Pour l'heure, 9 le travail en briques 10 n'est pas achevé 9 dans le palais. 11 Lorsque mon maître sera de retour, 14 il verra assurément 12 que le travail de brique 13 sera achevé. 8

    a) À Mari, la seule « porte aux lions » que l'on connaisse est celle du temple de Dagan, sinon il s'agit de « l'aiguade du lion » (bâb lab'im), sans doute un lieu naturel qu'il aurait été difficile de sceller ; la seconde porte (l. 6, on peut comprendre aussi « la porte du second palais ») du palais de Mari recevait, de plus, l'appellation de « porte de Nergal ». b) Sans doute faut-il comprendre qu'elle devait être condamnée (cf. l. 9, où il est question du « travail en brique »). Une autre sorte de scellement de la porte est attestée par ARMT XXVII 99 : 19, pour les moments où il faut empêcher les gens d'entrer ou de sortir. Il s’agit alors d’une simple pose de scellés.

    [A.4192+M.11477] décrit en détails les travaux de construction de remparts d'une ville, sans toutefois que le toponyme ne soit précisé. On en est donc réduit à des conjectures. Le texte avait ainsi été considéré dans FM [I], p. 102 comme parlant des murailles de Saggâratum. Il s'agit, en fait, d'une tout autre cité. Le document montre que Sumu-hadû comptait sur l'aide (ineffective, l. 42-50) d'autres forces humaines. La détermination du toponyme dépend, donc, des gens de l'inertie desquels il se plaint, soit Itûr-Asdû (l. 45) et Iddin-Numu da (l. 46). Ce dernier, dont les activités de chef des marchands sont bien connues, doit renvoyer au port marchand (kârum) mentionné l. 44 ; il est identique à celui que les archives mariotes connaissent ultérieurement sous le nom d'Iddiyatum, nom qui est une variante d'Iddin-Numu da. En revanche, il semble possible à la l. 43 de lire Saggâratum, ce qui convient à Itûr-Asdû (l. 45) qui en a été un des gouverneurs. Les villes principales du royaume, Mari, Terqa et Saggâratum, étaient solidaires pour ce qui était du labeur humain ; s'il s'agissait d'une de ces trois villes, on devrait trouver mention explicite des deux autres. Il faut donc pour [A.4192+] penser à un lieu d'une des provinces. Le travail dont parle Sumu-hadû peut ainsi concerner la Forteresse de Yahdun-Lîm, le document appartenant dès lors au dossier de [A.3278] qui décrit le travail fait sur le palais de cette Forteresse, ou d'autres qui parlent de (re)constructions. La Forteresse de Yahdun-Lîm était rattachée à Saggâratum, surtout après la démission d'Ahamnûta, cheikh de la localité. Par ailleurs, Iddiyatum, « chef des marchands », devait disposer de travailleurs tout comme le gouverneur de Saggâratum. Au moment de [A.4192+] Itûr-Asdû avait succédé à Sumhurabi, mais on travaillait toujours à la Forteresse alors que Yaqqîm-Addu avait succédé à Itûr-Asdû. 126 [A.4192+M.11477] Sumu-hadû au roi. Travaux de déblaiement de la vieille muraille [de la Forteresse de YahdunLîm] pour en construire une nouvelle ; calcul de sa hauteur ; fortifications d’attente ; lourdeur extrême du travail ; demande d’aide ; besoin de l’intervention du roi.

    2 4 6

    a-na be-li-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma a-um i-ip-ri-im a a-ab-ta-ku ka-ia-an-tam be-lí ki-a-em° i-t[a-na]-pa-ra-am um-ma-a-mi ú-qú-ur pu-’u°-[u] ú-i a bàdki ku-u-[ud] an-ni-tam be-lí i-ta-na-ap-[pa-ra-am]

    Les textes de Sumu-hadû

    293

    8

    i-na-an-na u-ma-am ma-ah-r[u°-um-ma] i-pí-ir u-ú° a bàdk[i u]-hu-uz-ma 10 bàdki a-nu-um i-[t]e-[l]e-e-em li-ib-ba-nu-"um# a-limki ti-lum a a-lim e-li 12 ù a-di e-pé-ri a bàdki ik-u-du ú-a-ap-’ì-i-ma bàdki a-nu-um i-le-e-em 14 1 gi an-na e-él-tum a ti-lim ù 2 gi e-le-nu mu-le-e é-há 16 3 gi i-te-le ap-pa-li-is-ma ki-ma a bàdki ma-la na-aq-ru 18 a-na ur-ra-am e-ra-am AN-lum a i-di-in Tr. bi-ri-it é-há ú-ka-a-ar-ma 20 bàdki a ki-na-tim i-na-an-na um-ma i-in be-lí-ia ma-[h]i-ir Rev. 22 lu-ú-ku-un qa-ti-ma [ù] e-pé-ri l[u-]a-[á]-pí-ik-ma i-ip-ra-am la-a ú-HA :AH-ar 24 pu-ul-lu-lum-ma lu-pa-al-li-il a-um i-na na-ap-lu-si-im e-él-tum 26 a ti-lim la i-we-ed-du-ú ú-la-u-ma an-ni-tam la a[n-ni-tam] 28 be-lí li-i-pu-ra-a[m-m]a ma-la [a] be-lí i-[a-ap-pa-ra-a]m lu-pu-ú 30 a-ni-tam i-ip-ru-um a b[àdki m]a-di-i ka-bi-it i-pí-ir a-bi-im 32 a u 10-kam ù as-s[ú-ri be]-lí ki-a-am i-qa-ab-bi um-ma-a-mi [sú-mu-h]a-du-ú 34 ninda i-ka-lu ú-lu ka-as i-a-[at-t]u-ú e-li-u i-il-li be-lí li-a-[al] 36 mu-u-um ú-ul mu-u-um ù mu-u-la-lum ú-ul mu-u-la- lum 38 i-tu [i-i]p-ra-am [a]n-né-e-em ú-e-pí-u w[a-a]-ba-am "ù# na-ha-am ú-ul i-di 40 [at-ta-a]k-[l]a "ù# [i-i]p-ra-am "a# bàd[ki ú-ul ú-ga-ma-ar] 42 [a?-y]u?-ú na-a […] Tr. a i-la-ku i-pí-ir lú "sa#-g[a-ra-timki] 44 ù ka-ri-im uh-hu-ur ù a-na i-túr-ás-du 46 ù i-din-dnu-mu -da C. i á-ta-na-ap-pa-ra-am-ma 48 "ù# da-’a-tam-ma ú-ul i-a-al-lu i-na-an-na be-lí li-is-ni-iq-u-nu-ti-ma 50 []a-ba-am li-re-du-nim-ma i-pí-ir-[]u-nu li-is-sú-hu ii143 1

    Dis à mon seigneur : 2 ainsi (parle) Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet du travail que je me trouve avoir entrepris, 4 régulièrement mon seigneur ne cesse de m’envoyer ce message : « 5 Déblaie ! Creusea) ! 6Atteins les fondations de la muraille ! » 7 Voilà ce que mon seigneur ne cesse de m’écrire ! 3

    143

    Deux traits séparent la fin de la première ligne de C i du début de celle de C ii.

    294

    Jean-Marie DURAND 8

    Maintenant, aujourd’hui, pour commencerb), 9voici ce (en quoi consiste) le travailc) : ce qui (doit) constitue(r) le murd) a été entreprise) et 10 un second mur s’élèvera donc. 11 À l’intérieurf) de la ville (il y a) le tell urbain (qui) est en hauteur. 13 J’ai fait briser (la construction) 12 jusqu’à ce que l’on atteigne à la terre de fondation de l’(ancienne) murailleg). 13 Le second mur sera élevé : 14 une canneh) de hauti) (représente) le point culminantj) du tell 15 et deux cannes de haut la hauteur des maisons. 16 Cela s'élève donc sur trois cannes. Ayant vu 17 que tout ce qui (constituait) le mur (ancien) était déblayék), 18 pour l'immédiatl) — ce qu’à Dieu ne plaise ! — 19 je vais boucher (l'espace) entrem) les maisons et 20 (cela fera) un mur fiablen). 21 Maintenant, si cela agrée à mon seigneur, 22 il me faut entreprendreo) 23 de faire entasser 22 la terre meuble 23 pour ne pas avoir de retard dans le travail. 24 Il me faut y consacrer mes veillesp). 25 En ce qui concerne le fait que le point culminant 26 du tell soit caché 25 aux regardsq) 27 ou sinon ce qu’il doit en être, 28 mon seigneur doit me le faire savoir, 29 afin que je fasse tout ce que mon seigneur me fera savoir. 30 Autre chose : le travail que représente le mur 31 est d’une lourdeur 30 considérable. 31 Cela représente un travail humainr) 32 de dix jours. Donc, il ne faudrait pas que mon seigneur 33 tienne ce discours 32 ci : « 33 Sumu-hadû ! 35 ce qui compte plus (que le murs)) 34 c’est le pain qu’il mange et la coupe où il boitt). » 35 Que mon seigneur interroge : 36 plus de nuit, 37 plus de 36 siesteu) ! 38 Depuis que je fais faire ce travail, 39 je ne sais plus ce que c’est que de s’asseoir ni de se reposerv). 40 J'ai sans cesse des empêchements, aussi le travail 41 du mur je n'en viens pas à bout. 42 Quels sont ces porteurs de…w) 43 qui doivent venir ? 43 Le travail des gens de Saggâratum 44 et du port marchand est en retard. 47 Or, je multiplie les lettres 45 tant à Itûr-Asdû 46 qu'à Iddin-Numu da, 48 mais ils s’en moquentx) ! 49 Maintenant, mon seigneur doit leur (en) faire reproche 50 en sorte qu’ils m'amènent des gens et 51 qu’ils se débarrassenty) du travail qui leur incombe. Bibliographie : cf. FM [I], p. 102. a) Il n’a pas semblé possible de lire pu-ri!-[ir] (HU est net), la forme II de PRR pouvant être attestée dans des récits de destructions d’édifices. On attend ici un verbe signifiant « déblayer (les vieilles structures) », c’est-àdire nukkurum, ussukum, puurum, hasâpum ou mussûm selon S. Lackenbacher, Le Roi bâtisseur, p. 99, ou un verbe signifiant « creuser (pour établir les fondations) ». Or l’opération de la l. 5 semble attestée à nouveau par la forme ú-a-aB-hi-IZ de la l. 13. Un rattachement à pa’âum dont le sens courant est « briser » (P‘) paraît donc le plus simple. Ce verbe se trouve déjà dans ARMT XXVI 468: 18' awâtum ana pa-'[a]-[í-im] lâ isahhar, mais avec un sens dérivé : « Que l'affaire ne tourne pas à l'affrontement ! ». Pa’âum a le sens de « to split the ground » (CAD P, p. 1a, ad JRAS Cent. Sup. pl. 8 v 24) et a comme équivalents idéogrammatiques gaz (« briser ») et dar ( « fendre »). Il s'agit ici de briser les vieilles structures branlantes jusqu'à leurs fondations pour les remplacer par de nouvelles plus solides. Ce verbe est attesté avec la vocalisation en (a) sous sa forme forte (pa’âum) ou en (i) sous sa forme faible (pêum), alors qu’il serait ici en (u) comme le montre l'impératif l. 5 ; la forme pu-'-u de 4R 26 n°7 : 44 correspond à la vocalisation du texte de Mari. On peut ainsi envisager que Mari attestait une conjugaison de pa‘âum en (a/u) selon le modèle des verbes d'action, non en (a/i)144. L’étymologie, selon le rapprochement que fait AHw avec l’arabe faaa « casser » (se dit principalement des choses humides, Kazimirsky DAF II, p. 548b, mais cf. faaa [ibid., p. 548a] « creuser le sol »), indiquerait que le HU du cunéiforme correspond à un . Une forme (III) de pa'âum n’est pas enregistrée dans les dictionnaires. Pour cette façon de s’exprimer en asyndète, cf. dans le même contexte ARM I 39 la séquence ú-qú-ur qú-lu « détruis par le feu » et le commentaire de LAPO 17, p. 49, n. g). b) CAD s. v. mahrû, M/1, p. 113a cite mahrûm-ma avec les sens de « 1. earlier, before ; 2. promptly »; c’est mahrêm-ma qui signifie « en urgence » à Mari ; mahrûm-ma (sans doute un locatif) signifierait donc ici « pour commencer ». Pour le simple mahrûm, cf. ici-même, [M.11065] : 11'. c) De tels emplois de la forme absolue (ici ipir û = « c’est cela qui représente le travail »), sont nombreux à Mari et reflètent sans doute la langue parlée. d) a bàd = a dûrim « ce que représente le mur » se retrouve l. 17. e) [u]-hu-uz ou, moins vraisemblablement [a]-hu-uz. L’expression ipram abâtum « commencer un travail » étant bien documentée à Mari, ahâzum serait ici employé pour abâtum. Cf. cependant AHw p. 1246a où a ina arrâni … mamma ipru u’âtu la ihuzzu est rangé sous le sémantisme de « lernte ». f) L'adverbe libbânum — ici suivi d’un génitif — est déjà attesté dans ARM X 109 (= LAPO 1209) : 18.

    144 Mari documente également un verbe peûm (P') « être brisé, avoir une voie d'eau » selon LAPO 16, p. 374 en parlant d'un bateau avarié. Il est possible qu'il faille distinguer, en fait, pêum et pa'âum.

    Les textes de Sumu-hadû

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    g) eperum (« la terre meuble ») indique que l’on a creusé jusqu’à atteindre le sol vierge sous les lits de briques des précédentes fondations. h) Le texte, encore inédit, avait été communiqué à B. Lafont, FM [I], p. 102, pour une évaluation à Mari de la « canne », laquelle vaudrait 3 mètres selon les critères mésopotamiens. Le plus important semble être ici la hauteur des maisons, pour laquelle une hauteur de « deux cannes = 3 mètres » devrait néanmoins suffire, la présence d’un étage dans les maisons particulières ordinaires pouvant n’être qu’une exception. La canne devait donc avoir à Mari une valeur moindre qu'à Babylone, le mur ne représentant qu’une réalité de 4m, 50. À l’époque amorrite, un tell de ville était certainement moins élevé que les tells actuels, car ces derniers intègrent d'importantes occupations ultérieures. Le tell de la Forteresse de Yahdun-Lîm n'avait d’autre part pas dû connaître beaucoup d'occupations avant les travaux de Yahdun-Lîm et de Yasmah-Addu. Cf. désormais G. Chambon, Ebla and Beyond, p. 388 sq. i) En interprétant an-na (sumérien) comme l’équivalent d’elênu de la l. suivante. Un autre passage de Mari (ARM I 39 = LAPO 17 471) :11) parle d’un tell sur lequel se trouvait une ville : ti-lu-u -sú-ur-re e-li bàd-u mi-ne-tum-ma = « son tell, il ne faudrait pas croire qu’il est élevé ; sa muraille n’est que de taille moyenne. ». j) CAD /II, p. 273b interprète le terme de êltum dans les Annales néo-assyriennes —en référence à une montagne ou à une arme — comme signifiant « cutting edge » et dérive le terme de êlu A qui signifierait « aiguiser », ce qui ne convient pas du tout ici. En fait, le tillum (« tell ») OB, réalité en hauteur, permute avec les termes adû (« pic ») ou ukurru (« lance ») de la documentation d'époque néo-assyrienne. Le sens de « sommet pointu, pointe » convient d'ailleurs bien à ces contextes ; une « lance » est pointue, non « tranchante ». L'expression ziqip patri signifie « pointe d'un poignard », non « blade of a dagger ». Le verbe êlum dont êltum est dérivé doit donc signifier « rendre pointu » ou « pointer une arme » plutôt que « rendre tranchant » ou « aiguiser ». k) Après appalis-ma on attend le simple kîma, plutôt que kîma a ; il faut donc lire kîma a dûrim-ma lâ naqru. Pour le a dûrim, cf. n. d). Naqârum (ici au permansif) a le sens de « détruire les vieilles structures ». Pour cet emploi de naqârum, cf. l'intitulé de la série iqqur îpu où il s'agit de détruire pour reconstruire. Cf. [M.11065] : 1'. Mala « complètement » est dit mala-u dans d'autres documents. l) En mot à mot « pour un moment ou un autre ». Pour l’expression ana urram, où l’accusatif adverbial est introduit par ana, cf. TIM 2 (= AbB 8) 28 :16-17 : ku-nu-ki an-n[i]-[am], a-na ur-ra-am a-a-[ap-pa-ra-am] traduit ibid. par « Spätestens morgen werde ich dir diese gesiegelte Tafel abschicken ». La destruction et la reconstruction de la muraille de Terqa avaient posé un problème analogue, selon ARMT XXVI/1, p. 53 (lettre de Samsî-Addu, dont on lira la référence comme A.3940), en mettant la ville à la merci d’un agresseur éventuel. m) Le terme kirum représente dans le langage de l’irrigation, l’obstruction causée par la végétation ou la terre dans un canal et kaârum a ici le sens d’« obstruer ». Kuurum est à la forme absolue, à moins que bi-RI-IT ne représente l’équivalent de bi-ri-a-tum du paléo-babylonien, sous sa forme contracte birêtum. Birîtum avec le sens d’« entre-deux » (CAD B, p. 252b « in-between terrain ») n’est cependant documenté que pour le Ier millénaire. n) En m. à m. « un mur de normalité », phrase nominale. Le sens est « l’équivalent d’un vrai mur ». Ce passage montre comment on pouvait mettre rapidement en état de défense des bourgades sans fortifications, en périodes troublées, comme ce fut le cas lors de la rébellion mâr yamîna. Cela est exprimé par âlam epêum « donner le statut de ville », une « ville » se définissant alors plus par ses murailles que par son importance humaine145. Les maisons à la limite extérieure des bourgades devaient être plus ou moins jointives ou suffisamment rapprochées pour que l’on puisse boucher leurs intervalles (birît) et ne laisser ainsi qu'un accès contrôlé à la localité. On peut supposer en outre l'existence d'un remplissage de terre des pièces dont les murs donnaient sur l’extérieur, selon la technique constatée dans le système défensif de Doura-Europos, pour renforcer le mur d’enceinte. Cela devait constituer une muraille massive et relativement sûre. o) Mot à mot : « il me faut poser la main à … ». On note ici l’ordre syntaxique lukun qâtî-ma avec un –ma conclusif de phrase alors qu'ailleurs l’antéposition du verbe aux compléments entraîne également sa juxtaposition par l’enclitique –ma qui n’arrive donc plus en fin de phrase. p) Il s’agit ici de la première attestation de la forme II de palâlum « sauter la nuit », au sens de « ne pas dormir pour terminer un travail ». Cela est repris aux l. 36-37 par l’expression sans doute adverbiale mûum ul mûum u mulâlum ûl mulâlum qui revient à dire que les deux moments privilégiés du repos n’existaient plus ; cf. ci-dessous, n. u). Maintenant que cette occurrence est claire, j’ai peut-être eu tort de ne pas accepter la correction pa!li-il de W. von Soden pour ARM I 18 : 14 (cf. ARMT XXVI/1, p. 235, n. 22). q) i-we-ed-du-ú = iwweddû peut attester la forme N (IV) de wadûm, non enregistrée par les dictionnaires.

    145 Il est possible que cette absence de muraille ait eu son fondement dans l’idéologie bédouine. On sait que dans Lev. 25 : 29-31 il y a une opposition entre les maisons de villes qui ont un mur et les autres : « Mais les maisons des villages qui n’ont pas de mur autour, on les compte pour un champ de terre : il y a droit de rachat pour lui et au jubilé il sort [des mains] », Lév 25 : 31, trad. E. Dhorme, La Bible, Pléiade, I, p. 372. En revanche, pour les maisons d’une ville enclose, passé un certain délai, elles devenaient propriété définitive de l’acheteur (Lév. 25 : 30). Malheureusement cet aspect de la question est totalement hors de notre appréhension pour l’époque amorrite.

    296

    Jean-Marie DURAND

    r) En m. à m. « le travail des gens ». s) « eli-u illi » signifie « a plus de valeur (elûm = “ être haut ”) que lui » (à savoir le travail à faire, ou le mur à construire). Cf. le NP d'un portier du harem Eli-ilî-bil-inâti et N. Ziegler, FM IV, p. 114. t) Pour cette expression, cf. MARI I, p. 86 : ninda ti-ku-lu, ka ti-i-tá-ú où KA de la période antérieure à la babylonisation = ka-sa-am. Cf. D. Charpin, HEO 48, p. 34-35, n. 61. u) En mot à mot : « La nuit n’est pas la nuit, l’après-midi n’est pas l’après-midi ». Ces deux moments représentent par excellence ceux de la cessation des activités humaines ; cf. pour mulâlum, ARMT XXVI 298 : 4243. On trouve dans la correspondance de Mukanni um, ARM XVIII 23 : 9-10 et 32 : 10-11, la même affirmation qu’on travaillera matin et soir à un travail. Une autre expression existe (ARM III 1 et ARM XIII 124) avec er’ânum « résistance nerveuse » ; cf. LAPO 17 p. 600 et 617. v) Mêmes plaintes, à la fin de la lettre de Sumu-hadû [A.250], sur la fatigue qu'il a assumée lors de l'orage catastrophique qui a fait monter le niveau du wadi Ba(l)ih. w) Il est possible qu’il y ait simplement ici na-a [bi-il-ti], qui aurait le sens de « corvéable », mais Sumuhadû pouvait avoir besoin de porteurs pour son déblaiement et l’on peut penser à na-a [sig-há] ou analogues. x) D’autres contextes montrent que l’expression da’atam âlum relevait en fait du langage familier (ou énergique), l’équivalent de notre « se f… de…», « s’en ficher de…». y) L’expression ipram nasâhum se retrouve en ARM III 3 (= LAPO 17 798) : 24-26 ([â]bam…lukammisma ina u 5-kam ipram âtu lussuh = « Je dois réunir les gens… pour me débarrasser en 5 jours de ce travail ») où elle fait allusion à l’acteur du travail lui-même, non à l’aide qu’il apporterait à d’autres. La traduction « se débarrasser de…» rend l’image inhérente à nasâhum « arracher ». Ce ne devait pas être du langage châtié.

    [A.3278] est daté d'un 21-xii bis, ce qui indique l'année de Kahat, soit la fin de ZL 1, donc immédiatement après la période de Bannum. Sumu-hadû s'occupe de la remise en état de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce texte serait contemporain du gouvernorat de Habdû.ma-Dagan à Saggâratum, mais antérieur à [A.4192+] où est finalisée l'entreprise, sous le gouvernorat d'Itûr-Asdû. [A.3278] qui parle du jardin planté en pins doit également être antérieur à l’annonce au roi par Sumu-hadû qu’il vient de lui terminer une « belle citadelle ». Ces travaux ont donc duré longtemps et au moins tout le gouvernorat de Sumhu-rabi. Les aûhum, s’ils signifient réellement « pins », ne devraient pas se trouver auprès de l’eau mais sur un territoire montagneux, ce qui est conforme à l’emplacement présumé de la Forteresse de Yahdun-Lîm, du côté de la falaise146. On note néanmoins l’existence d’un jardin avec des aûhum à Tell Sifr, à l’époque paléo-babylonienne147.

    127 [A.3278] Sumu-hadû au roi. Il a pris avec leurs racines des « pins » pour le jardin du palais de la Forteresse de Yahdun-Lim de sa propre initiative. (Texte lacunaire). Les arbres ne sont pas encore là, alors que lui, si. 21 xii-bis (= année de Kahat).

    2 4 6 8 Tr. 10 Rev.

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-[ú] ìrka-a- ma a-na gi -kiri é-kál-lim a bàdki ia-ah-du-l[i-im] gi a-u-hi a-mu-ur-m[a] "i#-na "qa#-at ra-ma-ni-[ia] [gi -há a-hu-u]148-ma "i#-[na-an-na] [um-ma li-ib-bi be-lí-ia] [gi -há u-nu i-na gi -kiri] []a bàdki be-lí-ia "iz#-[za-qa-pu149] 146

    J.-M. Durand, BBVO 20, 2009, p. 43, 44-45, 48 : p. 43.

    147

    Cf. Tell Sifr 71 = D. Charpin, HEO 12, p. 254.

    148

    Le signe se termine nettement par un DI , mais d'autres racines verbales sont envisageables.

    149

    ou : iz-[za-zu] ?

    Les textes de Sumu-hadû 12 14 16 18 20 Tr. 22 C. 24

    297

    "ù#-la-u-ma i-na a-a[r a-ni-im-ma] a-na m[u-a-a-q]í-[i] a gi -[há] "ú#-a-á[-qú]-"ú#-"ni-im# "ù# [a-na lú-nu-kiri(GI .SAR)-me-e ] ìr-[me-e be-lí-ia a-pa-qí-sú-nu-ti] ù u-ma-am a-[tu gi a-u-hu] a-na bàdki ia-a[h-du-li-im] ú-ul ik-u-d[u-nim] ù a-na-ku i-na bàdki ia-ah-"du#-li-im wa-a-ba-ku150 iti e-bu-ri-im ta[-ni-tim] u 21-[kam]

    Bibliographie : publié comme FM VIII 5. 1

    Dis à mon seigneur : 2 ainsi (parle) Sûmû-hadû, ton serviteur. 6 J’ai vu des « pins » 4 pour le jardin du palaisa) de la Forteresse de Yahdun-Lim et 7 de ma propre initiative 8 j’ai pris avec leurs racinesb) les arbres. Maintenant, 9 s’il plaît à mon seigneur, 10 ces arbres seront (plantés) dans le jardin de la Forteresse de mon seigneur. 12 Sinon, ils (le seront) ailleurs. 16 Je les remettrai 13aux irrigateurs 14 par lesquels on fait irriguer les arbres 15 et aux jardiniers, 16 serviteurs de mon seigneur. 17 Mais, aujourd’hui, les « pins » 18 ne sont pas arrivés 17 à la Forteresse de Yahdun-Lim ; 18 moi, (en revanche), 20 j’y suis (déjà). 22 Mois xii bis, 23 le 21. a) Pour cette réalité de « jardin palatial », cf. J.-M. Durand, « L'organisation de l'espace dans le palais de Mari », dans Ed. Lévy (éd.), Le Système palatial en Orient, en Grèce et à Rome, Strasbourg, 1985, p. 39-110. b) ahâum signifie au propre « arracher » ; le sens serait que les arbres ont été déracinés pour une transplantation. D’autres restaurations sont néanmoins possibles.

    [M. 11065] fait partie du même dossier que [A.3314] puisqu'il s'agit des 100 soldats qui doivent être expédiés avec Ibâlpêl. Mais en même temps, le revers demande des instructions sur les travaux à faire à une muraille. Le(s) marchand(s) dont parle la fin du texte rappellent ceux qui avaient essayé de soudoyer des esclaves selon [A.3673] édité à la suite de [A.4241], lettre de Bannum. 128 [M.11065] Sumu-hadû au roi. Le roi a demandé qu'on lui expédie une centaine de gens qui s'y entendent à combattre. (Lacune.) Travaux sur les parois de la muraille (de la Forteresse de Yahdun-Lîm). Les marchands sont partis. Les Mâr sim'al vont bien.

    2 4 6 8

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma151 a-um 1 me a-bi-im it-ti i-ba-al-pí-AN à-ra-di-im be-lí ki-a-am i-pu-ra-am [u]m-ma-a-mi 1 me a-ba-am dam-qa-am [a ]e-em gi -tukul-há152 ù ta-ha-zi-im am-ru

    150

    Les 2 l. de la Tr. inférieure sont écrites très en retrait à droite.

    151

    Les l. 2-3-4 sont sur une seule ligne sur le manuscrit de M.B. et le um-ma manque.

    298

    10

    Jean-Marie DURAND [ar-hi-i] ú-ur-{DAM}-dam [an-ni-ta]m be-lí i-pu-ra-[a]m (Lacune non déterminable.)

    Rev. 2' 4' 6' 8' 10' Tr. 12' 14' C. 16'

    (Lacune non déterminable.)

    [………………………]-u-nu [k]i-[m]a a bàdki153-u la na-aq-r[u]154 ù a-um°155 be-lí i-pu-ra-am um-ma-[mi] "sig#156-há la ta-la-ap-pa-at a-um ki-a-[am] e-zi-ib i-na-an-na um-ma bàdki u-ú [i]n-na-qa-ar157 an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-am [a]-um i-ga-rum a-na li-ib-bi a-limki [la n]a-"aq-ru# i-ga-rum u-nu-[u]h [u]m-ma i-na-qa-ar be-lí li-[i-pu-ra-am] "ki-ma# ma-ah-ru-um ur-ra-am ú-a-al-la-am° wa-ar-ku-um a-na u 4-kam ú-e-pé-e lú-dam-gàr [i-z]i-ba-am-ma it-ta-[la-ak] [dumu si]-im-al a-[lim]

    Note : ce texte ne m'est connu que par une transcription de M. Birot sous la rubrique « S.115 75 », trouvé donc en 1972. La tablette à partir de la l. 8' du Rev. entremêle copie du cunéiforme et transcription. M.B. avait manifestement compris que le revers (l. 3') parlait d'ânes. Mes différences de lecture d'avec lui sont en souligné. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet 6 d'expédier 5 une centaine de gens avec Ibâlpêl, 6 mon seigneur m'a envoyé le message suivant, 7 disant : « 9 Expédie-moi rapidement 7 une centaine de gens bien 8 qui s'y connaissenta) en armes et bataille. » 10 Voilà le message de mon seigneur. 5

    (Lacune non déterminable.) 1'

    … 2’ comme quoi ce qui constitue le murb) n'avait pas été déblayéc). 3' En outre, vu le message de mon seigneur, disant : « 4' Ne touche pas aux briques ! », 5' de ce fait, j'(y) ai renoncé. 6'Maintenant, ce mur 7' doit-il être déblayé ? 8' Mon seigneur doit m'informer de ce qu'il en est. 9' Vu que la paroid) vers l'intérieur de la ville 10' ne se trouve pas déblayée, la paroi a été laissée 11' intacte. Doit-elle être déblayée? Mon seigneur doit me le faire savoir, 12' afin que, en premier lieue), demain, 13' je (la) terminef) ; ensuite, 15' je ferai procéder aux travaux 14' en 3 jours/pour le 4. 15' Le(s) marchand(s) 16' ont quitté et sont partis. 17' Les Mâr sim'al vont bien. a) Le verbe amârum a ici le sens d'« être expert, s'y entendre à…». b) Pour cette expression a dûrim, cf. A.4192+ : 9.

    152

    D'après le dessin fait par M.B. de cette ligne.

    153

    M.B. a lu sans cesse sur le Rev. ne-qí au lieu de bàdki.

    154

    D'après le dessin fait par M.B. de cette ligne.

    155

    M.B. a transcrit ù a-um be-lí … etc.

    156

    D'après le dessin du signe. M.B. a lu ici an e.

    157

    Les l. 5'-6' sont lues par M.B. …ne-qí( )u-ú , in-na-qa-nim? et il a dessiné NIM comme dernier signe.

    Les textes de Sumu-hadû

    299

    c) Cf. [A.4192] : 17. NQR indique la destruction d'une vieille structure pour la remplacer. d) Cette notion de « paroi (igârum) vers la ville » peut indiquer que la muraille était en fait confectionnée par des murs de briques à l'intérieur et à l'extérieur, remplis de terre entre eux. e) Pour cette expression cf. [A.4192] : 8. f) ullumum a ici le sens de « terminer un travail »

    Il n'a pas été possible non plus de contrôler sur l'original de [M.11068] les propositions de restitutions ou de lectures faites ici. Le document traite cependant certainement de travaux sur la Forteresse de Yahdun-Lîm que l'on sait, par ailleurs, être l'œuvre de Sumu-hadû. Ce dernier réclame l'envoi de militaires (l. 6'-7') pour mener à bien sa tâche. La demande semble arriver à un moment de menace contre le royaume. Il est conseillé en effet au roi de s'enfermer dans son palais de Mari (l. 4'-5') et d'en faire garder les portes par la garde prétorienne (l. 5'). Lorsque les travaux seront finis, il lui faudra néanmoins venir (l. 12' sq.) voir le résultat des travaux. Un tel déplacement du roi est d'ailleurs documenté par [M.13037]. Des coups de main semblent possibles mais un déplacement du roi, via Saggâratum, donc par la rive gauche (alors que Mi lân est sur la rive droite), est envisageable. Sumu-hadû le rejoindrait à Zibnâtum pour l'escorter (l. 15'-19', mal conservées). La vue des travaux entrepris à la Forteresse de Yahdun-Lîm devrait le satisfaire (l. 20'-22'). Ce document appartient à la période où le roi est venu dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm voir le résultat des travaux de Sumu-hadû. 129 [M.11068] Sumu-hadû au roi. Suite au courrier du roi, les gardes vont être redoublées. Travaux sur le mur (de la Forteresse de Yahdun-Lîm). (…) Le roi doit rester à Mari. Avec des renforts militaires, les travaux peuvent être terminés en 16 jours. Le roi doit ensuite venir voir le résultat et en constater la qualité.

    2 4 6 8 10

    [a-na be-l]í-ia qí-bí-[ma] [um-m]a su-mu-ha-du-ú ìrka-a -ma a-na up-pí a be-lí ú-a-bi-lam n[a158-a'4-da-a-ku] a-di 2-u? ma-a-ra-tu?-ia159 "du#-u[n-n]u?-"na-ma#160 gi er-ri-bu-tím (TUM) ù a b[àd161 a-l]i-im ú-a-al-laam a-na na-a-pa-ru-ti-ia ka-l[u-u]162 na-ah-da-a[a]m163 164 ! ! a-na an -né -tim li-ib-bi be-lí° m[i-i]m-ma la i-qa-ab-"bi#!165 a-n[i-tam a]-um e-pé-e "bàdki# be-lí i-pu-ra-am (Lacune indéterminable.) (détruite.)

    Tr.

    158

    M.B. a lu « x-[ ». Ma restauration s'appuie sur la l. 9.

    159

    M.B. a transcrit ba?-za-ra-bi,?-ia.

    160

    La restauration s'appuie sur l'expression courante maarâtim dunnunum. La copie de M.B. offre plutôt un U (facile à corriger en DU!) à l'initiale de la forme verbale + un dessin indistinct. 161

    Après le A, M.B. a indiqué un AN. Pour l'expression a dûrim, cf. p. 294, n. d).

    162

    Pour la fin de la l. M.B. a proposé ma?-di?-[i?] au lieu de ka-l[u-u].

    163

    L. 9, les traces de la fin de la l. font exclure le signe KU et la formulation ana naparti bêli-ia nahdâku attendue, expression qui ferait d'ailleurs double emploi avec la l. 4. 164 165

    Les signes devaient être sur des érasures (sans doute un HA), d'après le dessin de M.B.

    M.B. proposait e-e]m ma-la i-qa-al/ab-lu/bi, ce qui ne fait pas de sens ici Pour l'expression cf. ARMT XXVI 291: 13 [mi-im-ma l]i-ib-bi be-lí-ia [la i-qa-a]b-bi, « Que mon seigneur n'y trouve pas à redire ! ».

    300

    Rev.

    Jean-Marie DURAND (Lacune indéterminable.)

    i-[n]a-an-[na …………] i-nu-ma 80 lú-me-[e ] ha-n[a wa-a-bu] a-na níg-gub-há be-lí-ia ú-ma-aq 4' be-lí i-na ma-riki-ma li-i-ib u-ut sag-me-e ká é-kál-lim li-i°-ru 6' pí-ih-rum° lú ni-e166 ù-lu A -x?167 be-lí li-i-ru-dam-ma168 i-na "ki#?-"i?-ri?#-[im/ia] 8' lu-uk-ur!169-ma i-nu-ma pí-ih-rum a-na "bàd#[ki]170 i-te-er-bu a-na i-ip-ri-im e-"pé-i-im# lú-tur-me-[e ] 10' i-ha-"a-u# i-[na u] 16-kam []i-ip-r[a-a]m a-[ti] lu- "a#-l[i]-"im# 12' [ù be-lí li-l]i-kam-ma a-na zi-i[b-n]a-timki [li-ik-u-u]d u 2?-kam a-na sa-ga-[ra]-tim[ki] 14' [i-ka-a-ad] ù a-na zi-i[b-na-timki] [i-na a-ni-im u]-mi-im ak-[ta-a-ad-ma] Tr. 16' [………] x x [……] [be-lí a-na bàd]ki i-la-ak 18' [………]-am a-na x-[ [……] bàd? [ C. 20' [k]i-ma be-lí wa-a-bu [a-um] e-pé-e i-ip-ri° 22' [ú-ul ú-pa]-la-sà-an-ni171 2'

    Note: cette tablette ne m'est connue que par une transcription provisoire de M.B. sous la désignation « S.115 78 ». Il en a dessiné certains passages sans en offrir de transcription. Les différences de lecture (changements de transcription et restitutions dans les cassures) d'avec son manuscrit sont en souligné. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'attache toute attention a) à la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 5 Mes gardes sont doublement renforcéesb) et je vais achever les palissadesc) ainsi que ce qui constitue le mur de la ville. 9 Chacun montre 9 de l'attention 8 à mes messagesd). 10 Que mon seigneur n'y trouve pas à redire. 11 Autre chose : mon seigneur m'a envoyé un message pour la construction de la Forteresse. … 4

    (Lacune non déterminable.) 1'

    Maintenant…2 ' Lorsque les 80 Bédouins seront là, je vais avoir du retarde) pour les repas de mon seigneur. 4' Mon seigneur doit rester à Mari-même. 5’ La garde personnelle doit verrouillerf) la porte du palais. 7’ Mon seigneur doit m'envoyer 6’ des conscrits, hommes de familles ou individuelsg), 8’ pour que j'en agence 7’ une troupe 8’ et, lorsque les mobilisés seront entrés dans la Forteresse, 9’ mes serviteursh 10’ se dépêcheront 9’ de faire le travail 11’ de telle sorte que je terminerai ce travail 10’ en 16 jours.

    166

    M.B. a dessiné ici 2 signes qu'il interprète comme NI?-GAB? — mais des portiers sont mal venus ici — ou comme SAL?-ME-E ? — même commentaire. 167

    M.B. a lu « ù LU » (sic) et dessiné ensuite un A -x? en indiquant en note à propos de A “ce signe m'avait paru ki avant le grattage”. Il pourrait s'agir ici des lú-didli = « soldats enrôlés individuellement ». 168

    D'après la copie cunéiforme. M.B. avait lu li-i-ru!?-us!?-sú?.

    169 M.B. a indiqué pour le 3e signe DAH ou GAB, qui ne sont cependant pas utilisés phonétiquement à Mari. Cependant ZUR (BIx E = AMAR) qui est proche de GAB a valeur phonétique à Mari. 170

    M.B. a lu ici a-na ma-ri!, mais l'affaire se passe certainement ailleurs qu'à Mari.

    171

    M.B. pensait à une forme de napalsum, mais la construction des l. 21'-22' serait difficile.

    Les textes de Sumu-hadû

    301

    12'

    Mon seigneur devra venir et 13' atteindre 12' Zibnatum. 13' (En) 2 jours, 14' il atteindra 13' Saggâratum. 14' Alors, 15' le lendemain, ayant (moi-même) atteint 14' Zibnatum, 16'je me rencontrerai avec mon seigneur. 17'Mon seigneur ira à la Forteresse 18'… 19' … 20' Lorsque mon seigneur sera là, 22' il ne me cherchera pas querellei) 21' à propos de la réalisation de mon travail. a) L'emploi de ana à la l. 4, empêche de retrouver ici la formulation usuelle par emûm. b) Avec maarâtum on attend une forme de dunnunum, quoique M.B. ait dessiné plutôt un U comme initiale de la forme verbale. c) M.B. a lu gierribûtum terme qui m'est inconnu. Il pourrait s'agir d'une structure en roseau qui défendait l'entrée (‘RB). « Palissade » est une pure conjecture. La finale est en TUM alors que l'on attend un accusatif, mais pour une valeur TÍM, cf. [A.2717]: 3 ; cf. en outre pihrum l. 6' qui tient lieu manifestement d'un accusatif. d) naparûtum (abstrait en -ûtum) n’est pas enregistré dans les dictionnaires, mais suit la copie de M.B. On attendrait naparti-ia ou naparâti-ia. e) La forme ú-ma-aq ne peut venir que de muqqum qui a un sens négatif (« montrer de l'hésitation »), ce qui entraîne généralement le recours à une négation. Il peut s'agir d'une interrogation. f) On attend ici le verbe naârum, mais il n'existe pas à Mari de variante *iirû pour iurû. Il faut donc supposer l'emploi de eêrum pour esêrum (i), attesté par des lexiques (cf. CAD E, p. 334a) ; cf. ici-même ad ARMT XXVI 55 p. 269, n. b). g) Le passage doit être collationné. Ma lecture tient compte de la copie du passage par M.B. Les soldats mobilisés (pihrum) sont effectivement composés de gens qui appartiennent à des clans ou qui sont des isolés. Cette dernière catégorie se disant didli (A .A ), il faut la supposer pour la fin de la ligne. La première catégorie pourrait être exprimée par le syntagme lú ni-e, qui en mot à mot signifie « homme de famille », quoique cette expression me soit inconnue. h) Pour ces ouvriers de Sumu-hadû, cf. [M. 13037]: 10'. Dans [A.827]: 5, il y a 705 esclaves. i) Il s'agit du verbe pullusum (qui doit être séparé de naplusum « voir »). Cf. FM VII, p. 113.

    Le texte [M.13037] n'est conservé que pour sa moitié. Son début concerne la mise en exploitation agricole de la région, mais il se rattache aussi aux affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm. La Face traite exclusivement des taux du ibum, une taxe portant sur les bénéfices. À ce sujet, la gestion d'Asqûdum est mise en cause. Le Revers, en revanche, ne parle que de travaux de fortification, vraisemblablement celles de Zibnatum, du district de Saggâratum, entre la Forteresse et Samânum. Pour la situation historique de la lettre, la mention du wa-ar-ki ra-mì-im est importante, car elle doit indiquer la fin de l'année172. Cela devrait faire allusion à la troisième fête d'E tar de Zimrî-Lîm. 130 [M.13037] Sumu-hadû au roi. Le taux de la taxe sur les bénéfices (ibum) fixé par Asqûdum est trop élevé et elle ne pourra pas être acquittée. (Lacune.) Sumu-hadû a pris l'initiative d'en prévenir le roi. Construction d'une muraille. Si le roi ne peut venir qu'après la cérémonie râmûm et la construction de la muraille de Zibnatum, il doit envoyer du vin pour l'organisation de la fête. La cérémonie râmûm est proche…

    2 4 6 8

    [a-na] be-lí-ia qí-bí-ma [um-ma] su-mu-ha-du-ú [ìr]-ka-a-ma [a-ta]-al-ma a-na be-lí-ia á-tap-ra-am [i-bi-i] "10# [gá]n a- à 2 su kù-UD it-ti mu-ú-ke-nim [I às-qú]-du i-sí-ik i-nu-ma i-na-an-na [a-ab-u] x su kù-UD i-na-di-in [i-na e-bu-r]i-im a-ba-á i-ib-i-im

    172 Pour le terme qui désigne cette occasion festive, j'avais hésité dans FM VIII entre ramûm et râmum. L’écriture indique l'une et l'autre forme. Il faut en fait distinguer le monument râmum et la cérémonie râmûm (marquée comme un terme dérivé) qui s'y rapporte. La cérémonie qui se rattache au râmum était un moment très important de la vie religieuse mariote, au commencement des grandes activités rituelles que constituait la complexe « fête d'E tar ». Il est possible que le râmûm ait consisté dans l'installation du bétyle consacré à la déesse ainsi que de ceux pour les autres dieux. Cf. ici-même, p. 77, n. 59.

    302

    10

    Jean-Marie DURAND [a-a-tu] ú-ul i-le-i [mu-ú-ke-nu-u]m be-lí i-na a-wa-tim i-a-ba-at-ma [ki-ma i-ib-i-im x s]u kù-UD i-na-di-in (Face = 6 l.)

    Tr.

    (Disparue = 6 l.)

    Rev.

    (Revers = 6 l.)

    a i-na? a-a[h? o o] "íd#?-da na? x x x di 2' x x [ o o] it-"ta#?[i-na e-mi]-"im#? []a ra-ma-ni-ia-ma 4' [a wa-a]r-du-ti-ia a-na be-lí-ia a-tap-ra-am [be-lí a lugal]-ru-"ti#-u li-pu-ú 6' [ù] a-[n]é-em u-ma-am a up-pí an-né-em [a-na] "be#-lí-ia "ú#-a-bi-lam 2 a-a-al "sig# 8' [a]-ba-ni bàdki a a-ba-tu [a-k]a?-a-ar ù sí-tam a-sé-er 10' [ù] a u 5°- "a-di# a "i#-na lú-tur-me-e -ia e-pu-u [i-ip-ru]m ù sí-tam a-sé-er Tr. 12' [a-ni-tam] um-ma be-lí a-"na# wa-ar-ki ra-mì-im [la-a? u-]í a-"na# e-pé-e bàdki zi-ib-[n]a-timki 14' [la-a? ir-ru]-ba-am dug-ì li-i-pu-ra-am [wa-ar-k]i ra-mì-im ezen (bàd!?) lu-u-te-e-er 16' [……]-ma be-lí i-pu-ra-am [ … ra]-mu-um i-sà-ni-i[q-] C.

    (Détruit.) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Après avoir réfléchi, j'envoie un message à mon seigneur. 6 Asqûdum a fixé 5 sur les particuliers une redevance-ibum de 2 sicles d'argent pour 10 arpents de champs. 6 Lorsque maintenant 7 ils se trouvent imposés, ils (ne) donnent (que) x sicles. 8 À la moisson, 9 il ne pourra pas 8 percevoir 9 cette 8 taxe. 10 Les gens vont s’en prendre à mon seigneur et 11 (ne) donner (que) x sicles d'argent comme taxe. 2

    (Grande lacune de 18 l.) 1'-2'

    … 3'C'est de ma propre initiative 4' que j'ai informé mon seigneur de ce (que me dicte) mon devoir de serviteur. 5' Que mon seigneur fasse ce qui incombe à sa qualité de roi. 6' En outre, le lendemain du jour où 7' j'envoie 6' cette tablette de moi 7' à mon seigneur, je vais fabriquer 2 cordesa) de briques. 9’ J'agencerai 8’ le mur que j'ai entrepris ; 9' alors j'enduirai de plâtre le parapetb). 10' En effet, 10 (il y a encore un travail) de 5 jours 10' jusqu'à ce que j'ai fait c) grâce à mes serviteurs. 11' Alors j'enduirai de plâtre le parapet. 12' Autre chose : si mon seigneur 12' après la fête-râmûmd) 13' ne doit pas quitter Mari 14’ et entrer pour la confection du mur de Zibnatum 14' il doit m'envoyere) une cruche d’huilef) 15' pour que je puisse organiser la fête d’après le râmûm. 16' … mon seigneur m'a envoyé, 17' … la cérémonie râmûm s'approche… (…) a) L'alum est d'ordinaire une mesure de longueur, équivalant (à Babylone) à une soixantaine de mètres (cf. p. 287, n. d). D'habitude les briques nouvellement faites sont comptabilisées par superficie (de séchage) or le CAD A/2, p. 449a note l'emploi de l'alum comme une unité de superficie, dès l'époque OB puisque il se réfère à TCL 7, 21. La masse des briques était assez considérable pour occuper des ouvriers (dont le nombre est cependant inconnu) pendant 5 jours. b) Pour cette réalité îtum ou sîtum, qui désigne une partie de la muraille, cf. D. Charpin, MARI 7, p. 199200, avec la note de W. Heimpel, NABU 1996/102. Cf. LAPO 17, p. 161, n. h, îtum = « là où le mur émerge audessus du glacis ».

    Les textes de Sumu-hadû

    303

    c) Il s'agit de rejoindre ce qui a déjà été fait par Sumu-hadû et les ouvriers qu'il a à sa disposition. d) Pour cette expression warki râmîm, cf. la-am ra-me-e-im dans la lettre d'A ma citée dans FM III, p. 33 et éditée dans J.-M. Durand, Le Culte des pierres et les monuments commémoratifs …, FM VIII, 2005, n°43 : 24. Pour la réalité du râmum, cf. FM VIII, p. 143 sqq. e) Le texte emploie apârum au sens de -WBL, ce qui est possible mais rare. f) Le terme kukkubum qui est très utilisé comme nom de contenant à partir de l'époque moyenne était inconnu à Mari. g) Le terme GE TIN pour « vin » est matériellement écrit ici GA.NI. L’emploi de kukkubum empêche une lecture dug ì.

    L’intérêt du petit billet [A.324] est surtout d'illustrer l'esprit courtisan : Sumu-hadû a fait (re)construire la citadelle et compte la montrer au roi. L'expression du document, peu naturelle, montre à quel point l'image du souverain s'imposait aux serviteurs. Ce document doit conclure la série des travaux de reconstruction de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 131 [A.324] Sumu-hadû au roi. Le roi a annoncé son arrivée. Il verra la forteresse qu’a fait (re)construire Sumu-hadû et sera content.

    2 4 6 Tr. 8 Rev. 10 12

    [a]-na be-lí-ia qíb[í]ma um-ma su-m[u]-ha-du-ú ìr-k[a]-a-ma a-um AN be-"lí# qí-i-ti ú-a-ba-lam [um]-ma-mi al--kam be-lí i-pu-ra-am i-na a-la-ki-u bàdki a a-na be-lí-ia ú-e-pí-[]u be-lí i-mar-ma i-ha-du 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Par dieua), mon seigneur 6 me fait porter 5 ma récompenseb), 8 me disant 7 « Je viensc) ». 9 À sa venue, 12 mon seigneur verra 10 la citadelle que je lui 11 ai fait faire 12 et sera content. 8

    a) Pour l'expression du serment par aum, cf. LAPO 18, index, p. 544b. b) Qîtî et non qîtam. Le qîtum est ce qui est donné à quelqu'un comme rétribution d'un service, non comme un présent gracieux. Le sens est que la simple annonce de la venue du roi le dédommage pour sa peine. c) Le texte de la tablette porte exactement « Viens à moi ! » avec l'impératif (alkam), ce qui signifierait que le roi rappelle à lui son serviteur, ce qui est contradictoire avec la l. 9 (lapsus calami analogue à celui de [A.1098]: 26' ?) ; le texte est donc corrigé en fonction de la venue du roi, sujet de jubilation pour le serviteur qui pourra lui montrer comme il a bien travaillé. De telles flagorneries ne sont pas rares à Mari.

    Le début de [M.7664] (l. 4') parle d'un rêve au petit matin qui devait annoncer la venue du roi, laquelle est confirmée au réveil par l'annonce officielle de l'événement, lequel ne devait pas être immédiat puisque l'on a encore le temps d'envoyer des gens chez le roi. Le fait rappelle le discours ampoulé de [A.324] où le fonctionnaire considère comme un présent l'annonce de l'arrivée du souverain. Le voyage du roi vers l'amont fait halte à Mi lân, puis il est prévu un sacrifice à Dagan à Terqa. Il semble être question encore du Zalmaqum. Sur le revers, l'annonce de la convocation de 3 personnes, selon les désirs du roi, est également hors contexte. Il peut s'agir de la montée du roi vers la Forteresse avant la révolte.

    304

    Jean-Marie DURAND 132 [M.7664]

    Sumu-hadû au roi. Postérieurement à un rêve… annonce de l'arrivée du roi. (Lacune). Texte indécis. Annonce de l'arrivée de 3 personnes, selon le désir du roi.

    2 4 6 8 10

    a-na be-lí-ia [qí-bí-ma] um-ma su-mu-h[a-du-ú ìr-ka-a-ma] up-pa-am a be-lí [ú-a-bi-lam e-me] am-a-li-tam u-tam a-[m]u?-u[r-ma ……] ù a-la-ak be-lí-[i]a [e]-m[é um-ma-mi] nu-ba-tum i-na mi-i-la-anki u 2+[-kam i-na ter-qaki] i-na é dda-gan i-na-aq-qí um-ma a-n[a-ku-ma] i-nu-ma a-na-ku a-na pa-an be-lí-[ia a-ka-a-d]u? a-la-"ka-am# [o o] "x-ma# x-x-x i-na-an-na [……………………] x AN-lum i-a-ka-an-u [ o o o o o o o o o] x []a e?-li u-li-u (Lacune de 4 l.) (Perdue.) (lacune de 10 l.)

    Tr. Rev.

    2' 4' 6'

    [o o o o o ] a? [………] [a-lumki u-ú ]a za-al-ma-"qí#-im[ki-ma ù um-ma] [a-la-am] a-na be-lí-ia la él-qé-em nu-kúr°. a-di la "x-x#-[…] "a#-[n]a ia-ri-"ha?#-a-bi ia-an-í-bi-im d? ù ia-an-í-ib- "IM#? a a-um a-la-ki-u-nu be-lí i-"pu#-ra-am 1 lú àm de-ki-i a-ku-un-u-nu-i ur-ra-am m[u-i]-tam {X} a-na e-er be-lí-ia i-ka-a-a-du-nim (Reste anépigraphe mais 3 l. érasées encore visibles.) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 4 Hier matina), j'avais eu un rêve… 5 Alors, j'ai appris la venue de mon seigneur, en ces termes : 6 « (Il y aura) une étape à Mi lân ; le 2e jour, à Terqa, 7 il sacrifiera dans le temple de Dagan. » Je me suis (alors) dit : « 8 Lorsque j'arriverai devant mon seigneur, 9 … En fait, 10 … le dieu le placera 11 … ce qui pour sa montée… 3

    (Grande lacune de plus de 14 lignes.)

    … 2'cette ville appartient au Zalmaqum. Or, si 3' je ne prends pas la ville pour mon seigneur, elle sera ennemie. Tant qu’il/elle(s) ne… pas, 4’ à Yarihabum, Yanibum 4’ et Yanib-Addu, (gens) dont la venue 5' a fait l'objet d'un message de mon seigneur, 6’ je leur ai assigné des gens qui (les) incitent à partirb), 1 pour chacun. 7' Demain, à la nuit, ils arriveront chez mon seigneur. a) L'adverbe de temps amalîtam se trouve répertorié comme un hapax dans CAD A/2, p. 79, et sous l'entrée amalû par CDA. cf. LAPO 16, p. 376. b) Le manque de contexte ne permet pas d'en savoir plus sur ces 3 personnages.

    Ce rêve de Sumu-hadû a sans doute un écho dans [A.2559] où c’est le roi qui a eu un rêve demandant apparemment un sacrifice pour Annunîtum de Samânum. Le fonctionnaire en indiquant un moyen d’accomplir le sacrifice sans entrer dans Samânum indique sans doute que la place n’est désormais plus sûre. Cela indique l’importance du temple d’Annunîtum de Samânum qui a pu servir de lieu de réunion pour les chefs mâr yamîna173. 173

    Cf. p. 225.

    Les textes de Sumu-hadû

    305

    133 [A.2559] Sumu-hadû au roi. Un rêve demande un sacrifice pour Annunîtum de Samânum. Moyen d’accomplir le sacrifice sans aller à Samânum. Le roi doit prévenir de son arrivée pour qu’on prépare boisson et viande pour son repas. (lacune). [a-na be-lí-ia] qíb[í-ma] um-ma su-m[u-ha-du-ú]174 4 ìrka-a-[ma] u-ut-tum a-na be-l[í-ia … da]m-qa-at 6 be-lí i-na e-t[e-qí-u] i-na sa-ma-nimki a-na an-nu-ni-tim 8 li-iq-qí ù-lu-ma 1 udu-nita be-lí li-il-pu-ut-ma 10 li-ib-lu-ma li-iq-qú-ú ki-ma ta-i-im-ti-u be-lí li-pu-ú Rev.12 [ù a-]um a-la-ak b[e-lí-i]a u-ma-am a be-lí i-ka-a-a-dam 14 {X} u 1-kam up-pí be-lí-ia li-bu-a-{X}-am-ma 16 a-um ka 175-zalag-ga ra-sa-nim [ù-lu-m]a gu-niga a a-na níg-gub be-lí-ia 18 [à-ba-hi-im176 az]-za-az [o o o o o ]-x-"mi#-im-ma 20 [o o o o o o -ti]m ? […………………] 2

    Tr.

    (anépigraphe ?)

    TL. 2'

    [a-na ní]g-gub gu u-ú [li-i-]a-bi-it

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 224 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 263. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Le rêve est …a) bon pour mon seigneur. 6 À son passage, mon seigneur 8 doit faire un sacrifice 7 à Samânum à Annunîtum 8 ou bien 9 il lui faut toucher un mouton mâleb), 10 qu’on (l’)apporte et qu’on (le) sacrifie. 11 Mon seigneur doit agir comme il le décidera. 12 En outre, au sujet de la venue de mon seigneur, 13 le jour où mon seigneur m’arrivera — 15 il faut que me vienne 14 une tablette de mon seigneur un jour c) — 18 je m’occuperai de la préparation de la 16 bière claired) et 18 d’égorger 17 le bœuf gras qui est pour le repas de mon seigneur. 5

    (Texte indécis.)

    …2’ pour que ce bœuf soit pris

    1’

    pour le repas.

    a) Dans ARMT XXVI, j’avais restauré ma-di-i ; il est néanmoins possible que ce soit une négation qu’il faille suppléer ici. b) Le « toucher » de l’animal par le roi le dispense d’être personnellement présent au sacrifice. Cette indication permet au roi d’éviter la ville mâr yamîna, tout en acccomplissant son devoir religieux envers Annunîtum.

    174

    Pour cette restauration, cf. également J. Sasson, From the Mari Archives, p. 287, n. 147.

    175

    Le signe est sur un autre signe érasé.

    176

    Par parallélisme avec ra-sa-nim, l. 6, on attend ici un infinitif mais il pourrait y avoir na-ú-ú « qui convienne (à la table de mon seigneur)».

    306

    Jean-Marie DURAND

    c) L’expression n’est pas claire, mais Sumu-hadû veut être prévenu. Peut-être du texte manque-t-il. d) Dans ARMT XXVI le signe qui suit KA a été corrigé en sig!, mais il est possible que zalag (assez nettement écrit) soit ce qu’il faut lire, même si aucun exemple de ikarum nawrum n’est donné par les lexiques. Cette bière « claire » peut être de la bière nouvelle préparée à la hâte.

    M.9477 n’était qu’un très bref message enregistrant un message sans complaisance du roi à propos de ceux qui étaient alors à la tête de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, mais plus rien ne peut en être dit. Il est possible que le billet royal ait mis fin à leur mission administrative ou ait commenté brièvement leur désaccord. Le moment même du document ne peut pas être précisé. 134 [M.9477] Sumu-hadû au roi. Le roi a envoyé une lettre sévère concernant Rip’î-Lîm et Aham-nûta…

    2 4 6 8 Tr.

    a-na be-lí -ia qíbíma [u]m-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a- ma a-um ri-ip-i-li-im [ù a-h]a-am-nu-ta a be-lí [ú-a-am]-ri-a-am-ma [i-pu-ra-am] [um-ma be-lí-ma] (Reste détruit.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet de Rip’î-Lîm 6 et d’Aham-nûta, dont mon seigneur 8 dans un message 7 en termes sévères, a dit : … 5

    6.8 L'expédition pour Qa na Au moment où Asqûdum revenait de Haute-Djéziré et envisageait la négociation du mariage dynastique, une expédition était programmée. C'est à ce moment-la, en effet, qu'il faut placer un événement qui a dû avoir une grande importance à l'époque mais dont il est difficile de reconstituer les détails tant il a, en fait, laissé peu de traces dans les Archives. Il s'agit de la succession royale à Qana177. Les textes qui renseignent abondamment sur les rapports diplomatiques de Mari avec Alep sont avares de détails en ce qui concerne Qana, pourtant alors la métropole de Syrie du Sud. À l'époque du RHM, en revanche, les rapports étaient conflictuels avec Alep mais assez proches en ce qui concerne Qana pour que, dans des conditions mal élucidées, un corps expéditionnaire mariote prête main forte à son roi dans la région de Damas et de ce qui portait alors le nom de « Kinahnu » (Cana'an). Cette alliance fut cause qu'une princesse de Qana épousa Yasmah-Addu. Il s'agissait de Damhurâi, uniformément appelée alors par son titre « reine » (bêltum). Zimrî-Lîm la trouva au palais de Mari et se garda de la renvoyer chez son père178.

    177 Dans cet ouvrage ont été réunis en un seul dossier tous les textes qui parlent de l'expédition pour Qana car ils semblent très proches dans le temps et concerner la même affaire au début du règne. L'emploi répété de abâ'um « faire la guerre » m'a fait exclure qu'il s'agisse de caravanes commerciales que l'on fait garder militairement contre des coups de main soutéens. Dans le restant du règne, la documentation mariote concernant Qana est pauvre, l’essentiel se passant avec Alep. Le roi de Mari n’a pas eu avec Qana des rapports aussi suivis qu'avec Alep. Pour ce qui est des relations commerciales, elles n'étaient pas le fait du Palais et les marchands devaient avoir leurs propres accords avec les Soutéens ou passer par le royaume du Yamhad. 178

    Cf. pour cette reine, N. Ziegler, FM IV, 1999, p. 52-54 et LAPO 18, p. 295-299, spéc. p. 297.

    Les textes de Sumu-hadû

    307

    Deux faits majeurs restaient néanmoins sans explication dans la documentation mariote : — une lettre de Zimrî-Lîm à Asqûdum, A.4531-bis (= ARMT XXVI 25) où, à un mois vii, il est question d'une lettre à Amûdpîla qu'Asqûdum doit lire avant d'attirer dessus l'attention du roi de Qana, ce qu'il ne pourrait faire qu'une fois dans la grande ville occidentale ; — des troupes de Qana sont venues aider Zimrî-Lîm contre la rébellion mâr yamîna. Désormais, A.4531-bis a un répondant dans A.2114179, une lettre d'Amûdpîla à Zimrî-Lîm éditée par J.-R. Kupper (ARM XXVIII 14). Elle ne peut être dissociée de A.3039 (ARM XXVIII 15)180, une autre lettre de Zimrî-Lîm à Amûdpîla, du début du règne. Ces faits doivent être reconsidérés dans le contexte de la succession d'I hî-Addu à Qana. Nul texte ne donne une date précise pour cet événement important. Dans son édition de ARM XXVIII J.-R. Kupper remarque que c'est au cours de l'année ZL 2' que « le nom d'Amût-pî-El apparaît dans les archives de Mari ». On a vu plus haut que l'envoi des beaux chevaux blancs à I me-Dagan était un événement postérieur à la mort de Samsî-Addu et qu'ils avaient été gardés à Mari tout comme la lettre furibarde du roi de Qana, parce que les rapports entre Mari et Ékallatum devaient déjà être coupés à l'époque181. La mort d'I hî-Addu a donc été postérieure à celle de Samsî-Addu et représente a priori un événement de l’extrême fin du règne de Yasmah-Addu ou du tout début de celui de Zimrî-Lîm. Or le départ d'Asqûdum pour Qana est programmé pour un mois vii. Il s’agit vraisemblablement de ZL 1. Au mois vi de cette même année, on avait célébré à Mari la prise de Kahat. La lettre M.6242 éditée par M. Guichard et dont un écho se trouve dans ARM XXVIII 15 annonce justement au roi d'E nunna la prise de Kahat, ce qui montre la concomitance des événements. [A.1223] qui parle explicitement de l'expédition de Qana, mentionne en outre de grosses chaleurs (l. 39) où il ne saurait être question de déplacements pendant l’après-midi, ce qui concorde avec les indications de Sammêtar182, selon lesquelles la région de la vallée de l'Euphrate était à de tels moments un lieu déserté par l'activité humaine (madbarum). Traverser le grand désert de Palmyre devait être encore plus difficile qu'emprunter la route du Moyen-Euphrate. 6.8.1 L'ambassade de Qana à Enunna et la demande d'aide du roi de Qana En fait, la succession royale a dû mal se passer à Qana. Il n’y a pas de remarque de J.-R. Kupper sur le fait que ARM XXVIII 15 faisait écho directement à la préparation de l'envoi d'un corps expéditionnaire mariote, lequel est clairement exprimé par le début de ARMT XXVI 25. Le nouveau roi de Qana a dû demander l'aide de son frère de Mari, et c'est sans doute en contrepartie de cette dernière qu'il lui a envoyé lui-même des troupes pour l'aider contre la rébellion mâr yamîna. Seules les archives d’Alep permettraient d’y voir plus clair dans des textes qui nous restent très allusifs. Il semble que la succession à Qana se soit accompagnée d’une guerre entre Alep et Qana où cette première non seulement a eu le dessus, mais aurait pu détruire sa rivale183. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait eu alors une alliance entre le nouveau roi de Qana et celui d’Alep, aux termes de laquelle Sumu-dabî réfugié à Qana a dû poursuivre ailleurs son exil184. Cette demande d'aide militaire se complique cependant de l’histoire très allusive d'une ambassade de Qana à E nunna qui s’est mal passée. On voit que toutes ces affaires se produisent au moment où Alep vient de conclure la paix avec les royaumes du Zalmaqum (cf. ARM XXVIII 15 & [TH 72-8] qui

    179

    Cf. ci-dessous, p. 312.

    180

    Cf. ci-dessous, p. 308.

    181

    Cf. p. 15.

    182

    Cf. p. 322 à [A.547].

    183

    Cf. dans ARMT XXXIV les documents de Dâdî-hadun.

    184

    Voir pour tout cela ARMT XXXIV.

    308

    Jean-Marie DURAND

    fait allusion à leur affrontement185) et où se règle la succession d'A nakkum ([A.2114]). Dans l'absence de datation ponctuelle des lettres — dont il ne nous reste de plus qu'une partie — il est difficile d'être sûr de l'ordre précis des lettres, surtout que certaines ont pu se croiser. On peut néanmoins proposer la séquence suivante pour trois des plus importantes : — ARM XXVIII 15 montre que le chef de l'expédition pour Qana (qui n'est que programmée, cf. l. 13'15') n'est pas encore choisi. Cette lettre est concomitante de la paix avec le Zalmaqum (l. 9-10) et d'une affaire en cours avec E nunna sur laquelle Zimrî-Lîm attend des nouvelles (êmum, l. 3', 10'). — ARMT XXVI 25 : Asqûdum, choisi comme chef du corps mariote (l. 4-7), reçoit le double d'une lettre de Zimrî-Lîm à Amûdpîla (l. 12-40). — ARM XXVIII 14 est la réponse d'Amûdpîla au document ARMT XXVI 25.

    Ce qui est dit d'E nunna dans A.3039 (ARM XXVIII 15) reste imprécis, vu l'état du document. Ce dernier pose d'ailleurs un problème : que fait dans les archives de Mari une lettre adressée au roi de Qana ? Il peut s'agir d'un double établi à l'intention du futur chef de l'expédition, comme ARMT XXVI 25, mais aussi d'une ébauche à partir de laquelle a été rédigée la lettre envoyée à Qana et qui n'aurait pas été détruite186. L'histoire est tronquée par une interruption de plusieurs lignes (au moins 6) mais la demande d'une assistance militaire de la part du roi de Qana qui est mentionnée au tout début du document, se retrouve à sa fin (l. 11'-15'). La lettre parle donc du même sujet sur Face et Revers. La paix au Zalmaqum peut avoir libéré Zimrî-Lîm de ses obligations militaires envers le roi d'Alep et le rendre libre d'intervenir dans l'Ouest (l. 7-10), les trois villes qui restent ennemies du Zalmaqum représentant un résidu de la guerre et concernant des opérations autour d'Irrid, une ville du nord-ouest de la Mésopotamie supérieure, du côté de Carkémish, laquelle se chargeait peut-être de l'affaire. Les nouvelles attendues d'E nunna représentent un sujet plus obscur. Zimrî-Lîm voudrait des informations sur un plan (êmum) qu'il a envoyé à E nunna, sans doute dans le contexte de l'affrontement de cette dernière avec les restes du RHM187 et qui devait concerner la ville de Rapiqum. Ce plan devait traiter des troupes à envoyer à l'alliance d'E nunna188. Si le roi de Mari n'a plus à le faire ou à proportion moindre (cf. l. 8', la possibilité d'avoir NR « diminuer »), il pourrait dès lors envoyer un secours militaire à Qana, plus important même que celui qui lui est réclamé (l. 11'-12'). En tout cas, dès qu'il saura à quoi s'en tenir, Zimrî-Lîm promet de confier les troupes réclamées à un serviteur de confiance et de les envoyer à Qana. Ce document est donc antérieur à la désignation d'Asqûdum comme chef des troupes et à l'échange d'informations sur les ambassadeurs. 135 [A.3039] Zimrî-Lîm à Amûdpîla (de Qana). Yarîm-Lîm (d'Alep) vient de faire la paix avec le Zalmaqum. (Lacune). Attente d'informations en provenance d'E nunna pour un accord à propos du plan envoyé par le roi de Mari. Promesse d'envoi, alors, de troupes à Qana.

    2 4

    a-na a-mu-ud-pí-AN qíbíma um-ma zi-im-ri-li-im a-hu-ka-a-ma a-um a-bi-im a-na e-ri-ka

    185

    Cf. ici-même, p. 149.

    186

    C'est sans doute de la même façon qu'il faut expliquer la conservation des mémorandums retrouvés dans les archives de Mari et édités par F. Joannès (ARMT XXIII & Miscellanea Babylonica). 187

    On pense ainsi aux forces promises à E nunna contre Babylone, comme le texte M.6242 publié par M. Guichard, RA 96, 2002, p. 109-142. Le texte est concomitant à la prise de Kahat, donc proche des textes ARMT XXVI 25 et ARM XXVIII 14, 15. 188 La fin de ce plan pourrait se trouver au début du Revers l. 2', s'il faut y lire ûbir, impératif de ebêrum. Zimrî-Lîm conseillerait au roi d'E nunna de faire traverser un fleuve pour prendre position sur l'autre rive.

    Les textes de Sumu-hadû 6 8 10

    à-ra-di-im a ta-a-pu-ra-am i-na pa-ni-tim-ma ia-ri-im-li-im a-na e-ri-ia ki-a-am i-pu-ra-am um-ma-a-mi it-ti "lugal#-me-e a za-al-ma-q[í-imki] ás-sa°-li-im ù 3 a-la-nu-ú it-ti-"u-nu# n[a-a]k-ru a-na ir-ri-[idki]

    F.

    (1 l. perdue.)

    Tr.

    (1 l. perdue ?)

    Rev.

    (1 l. perdue)

    2' 4' 6' 8' 10' 12' 14' Tr.

    309

    "a#-[ u-bi-i[r? a-di i-na-an-na pu-ru-us] e-mi-im [a-ti ú-ul am-hu-ur] a-um pu-ru-[sí-u a-di e-mu-um u-ú] la i-tu-ra-[am a-ba-am ú-ul a-à-ra-dam] um-[ma] a-na-ku-ma [pu-ru-ús] lú è -nun-na[ki lu-qí-i ………] i-na-X189-i-ru [ i-te-et i-na ma-"tim#? [ e-mu-um a a-na è -nun-[naki a-pu-r]u li-tu-ra-am-ma a-ba-[am an-n]i*-[a]m [ù m]a*-dam ma-li ta-a-a[p-p]a-ra-[a]m [i-t]e-en i-na ìr-me-e -ia ták-lum [pa-ni]-u-nu li-i-ba-tam-ma [a]-na e-ri-ka lu-u-ru-dam

    Bibliographie : édité par J.-R. Kupper, ARM XXVIII 15. 1

    Dis à Amûdpîla, ainsi parle Zimrî-Lîm, ton frère. Au sujet de gens 6 à envoyer 5 chez toi, 6 objet de ton message, 7naguère, Yarîm-Lîm 8avait envoyé ce message chez moi : 9 disant : « 10 Je viens de conclure un accord de non-belligérance 9 avec les rois du Zalmaqum. Or 3 villes 11 sont (encore) en guerre 11 avec eux. À Irrid … » 5

    (lacune d'au moins 3 l.) 1'-2'

    (Texte indécis.)

    2'

    … Jusqu'à présent 3’je n'ai pas reçu 2' la décision concernant 3' ce plan. 4' Au sujet de sa (= Ibâlpêl II d'E nunna) décision, tant que ce plan 5' ne me sera pas revenu, je n'enverrai pas de troupe. 6' Je me suis dit : « Je dois attendre la décision de 7' l'homme d'E nunna …8' diminueront … 8'-9'Une … parmi … 11' Il faut que me revienne 10' le plan que j'ai envoyé à E nunna 11' et cette troupe, 12' et même plus, tout ce que tu me signifieras, 13' quelqu’un de confiance parmi mes serviteurs 14' devra en prendre la tête 15' pour que je l'envoie chez toi. Le serviteur de confiance choisi fut Asqûdum, selon [A.4531-bis]. Zimrî-Lîm lui envoya, dès lors, des instructions militaires (l. 5-8) et copie de la lettre à Amûdpîla concernant son ambassadeur pour E nunna qu'il avait retenu à Mari. Asqûdum, au moment où cette lettre lui est expédiée n'était pas à Mari mais en amont (cf. l. 6). Il devait attendre l'armée à l'un des débouchés des trois routes qui reliaient le royaume de Mari à celui de Qana, tels qu'ils sont définis dans ARM I 85+190. Comme il est peu vraisem-

    189 Cf. la copie de J.-R. Kupper (ARM XXVIII, p. 273) ; le signe peut être Á mais, plus vraisemblablement, représente un RU érasé. Le signe RU est suivi sur la tablette d'un grand espace blanc et on ne peut pas supposer un ina + génitif. 190

    Cf. la carte de MARI 5, p. 162.

    310

    Jean-Marie DURAND

    blable que la route parte d'Abattum ou de la zone du Halabît, régions très en amont, Asqûdum devait se trouver à la Forteresse de Yahdun-Lîm pour rassembler les provisions pour l'expédition qui va franchir le désert. C'est par rapport à cette tâche que le roi signifierait qu'il ne doit pas se mettre en retard (l. 7). Dans sa lettre, le grand Samsî-Addu considérait les Uprapéens comme particulièrement au courant des points d'eau. Or, à l'époque de l'expédition projetée, les Uprapéens sous la direction de Samsî-Addu étaient à Samânum, ville proche de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Peut-être Asqûdum a-t-il demandé à cette tribu des avis sur le parcours pour faire la traversée jusqu'à Qana dans les meilleures conditions. 136 [A.4531-bis] Zimrî-Lîm à Asqûdum. Fin du mois vii, début du mois viii ; l'armée est prête. Asqûdum ne doit pas se mettre en retard. Communication du double d'une lettre au roi de Qana disant que son ambassadeur pour E nunna a été retenu. Le roi de Qana est invité pour les pagrâ’û (mois x-xi). a-na às-qú-di-im qí-bí-[ma] um-ma be-el-ka-a-[ma] ki-ma na-a-pa-ar-ti-ka a t[a-a]-[p]u-[r]a-am 4 iti ki-nu-nim ig-ga-am-mar-ma i-na r[e-e it]i dda-ga[n] a-bu-um u-e-e-em-ma a-n[a] pa-n[i-k]a 6 um-ta-ah-ha-[r]a-am at-ta a-n[a] ha-[d]a-ni-[i]m a ta-a-pu-ra-am mi-im-ma [l]a tu-uh-h[a-r]a-am 8 ù a-nu-um-ma me-he-er up-pí-ia a a-na e-[er a-m]u-ud-pí-AN ú-a-bi-lu i-na up-pí-im ú-a-a*-e-"ra#-am-ma u-ta-b[i]-la-ak-kum e-me-"e#-u 10 e-ma-am a-a-tu a-mu-u[t-p]í-AN u-qí-[i]l ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 12 a-na a-mu-[ud-pí]-AN qí-b[í-m]a um-ma z[i-i]m-ri-li-im a-hu-ka-a-ma 14 dumu i-[ip]-ri-k[a ]a a-na [è ]-nun-naki ta-[a]-ru-du "ù# [a-na e]-ri-ia ki-a-am ta-a-pu-ra-am 16 [um-ma at-t]a-a-[ma] lú-me-e mu-a-al-li-mi-u [u-ku-un-m]a a-na [è] -nun-naki li-a-al-li-mu-u 18 [an-ni-tam t]a-a-pu-ra-am dumu i-ip-r[i-k]a a-a-tu [ma-ah-ri-i]a ak-la-u k[i]-ma a te-[e]l-tim 20 [a o o o i-da]-bu-b[u-nim] um-ma-mi Tr. [………………………] x Rev. 22 [………………………]-na-i-x [………………………] x 24 [ki-ma dumu i-ip-ri-ka ma-ah-ri]-im [lú u-a]-"tu# "qa#-t[am -m]a 26 [a-na] i-a-tim t[a]-[á] -ra-ad ù dumu-me-[e i]-ip-ri a ia-ri-im-li-im 28 a il-li-k[u-ni]m uh-ta-ad-di-ir-u-nu-ti um-ma-a-mi gi [ú]r-né a e-ri-u-u 30 am-mi-nim la i[d-d]i-nam "ù a# la e-pé-i-im i-pu-ús-su-nu-[t]i a-um ki-a-am 32 dumu i-ip-ri-k[a ma-a]h-ri-ia ak-ta-la ù ar-hi-i [e-ma-a]m ga-am-r[a]-am a-pu-ra-kum 34 i-na-an-na an-ni-tam la an-ni-tam a-na z[i]-im mu-u-ta-lu-ti-k[a] e-ma-am ga-am-r[a-a]m u-up-ra-[am] 36 a-di me-he-er u[p-pí]-ia i-i-í-p[a-a]m 2

    Les textes de Sumu-hadû

    38 40

    311

    ìr-ka ma-ah-ri-ia-ma ka-l[e-e]k-u a-ni-tam a-na siskur-re pa-ag-ra-i a d da-gan ù siskur-re a e-tár qé-re-e-ta alkam

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 25 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 190 ; J. Sasson, Mari Archives, p. 171. 1

    Dis à Asqûdum : ainsi (parle) ton seigneur. Au moment de la missive que tu m’envoies, 4 le mois (vii) se termine. Au débuta) du mois 5 (viii), l’armée quittera (Mari) et 6 ira en amont 5' à ta rencontre. 7 Ne sois pas en retard 6 pour la date 7 que tu m’as écrite. 8En outre, voilà que 9' je fais écrire sur la tablette 8 copie d'une tablette de moi qu'à Amûdpîla 9 je fais porter et 10 te la fais porter. Prends-en connaissance. 11Attire l’attention d’Amûdpîla sur ce sujet. –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 12 Dis à Amûdpîla : ainsi (parle) Zimrî-Lîm, ton frère. 14 Le messager à toi que tu as envoyé à E nunna, 15 tu m’as écris en ces termes (à son sujet) : 17 « Procure-lui 16 des gardes du corps 17afin qu’ils l’escortent à E nunna ». 18 Voilà ce que tu m’as écrit. Ce messager à toi, 19 je l’ai (en fait) retenu par devers moi. C’est comme le proverbe 20 que racontent les ... 3'

    (Lacune de 3 l.) 24

    Comme ton messager précédent, 26 tu envoies 26 au feu 25 cet homme de la même façonb).. En outre, les messagers de Yarîm-Lîm 28qui étaient venus (chez lui), il (Ibâlpêl II) les a déconcertés 29en leur disant : « 30Pourquoi ne m’a-t-il pas donné 29 les troncs d’urnû que je lui avais réclamés ? » 31 Alors, il les a traités 30 d’une façon à ne pas faire. 31Voilà pourquoi 32 j’ai en conséquence gardé par devers moi ton messager. 33 Je t’ai envoyé en hâte des informations détaillées. 34 Maintenant, ce qu’il doit en être, en fonction de ta réflexion, 35signifie-le moi explicitement. 36 Jusqu’à ce qu’une réponse (de toi) à ma tablette me soit envoyée, 37je garde ton serviteur chez moi. 38 Autre chose : 39 tu es invité 38 pour les sacrifices des pagrâ’u de Dagan 39 et le sacrifice 40 d’E tar. Viens ! 27

    a) Le rê warhim représente une période de temps qui comprend à la fois la fin d’un mois et le début du suivant. L’expression désigne pratiquement souvent la fin d’un mois, comme l’a montré A. Finet. Ici, cependant, il faudrait supposer que l’armée parte un mois après la présente lettre, d’où le choix de traduire rêum par « début ». b) Le texte est restauré en fonction de celui de ARM XXVIII 14.

    À la copie du message envoyé à Amûdpîla de Qana, inclus dans cette lettre, répond manifestement la lettre [A.2114] adressée à Zimrî-Lîm. La compréhension de J.-R. Kupper fait cependant problème. Le roi d'E nunna aurait déjà mis à mort un ambassadeur191 et néanmoins le roi de Qana lui en renverrait un. Cela ne paraît pas de bonne logique et totalement inédit dans les annales diplomatiques. En fait, cette lettre oppose un pluriel indéterminé192 (l. 10, 22-23, 24-25) au singulier représenté par « l'homme d'E nunna ». Ce pluriel indéterminé ne peut désigner le peuple d'E nunna car son roi serait de toute façon comptable de l'odieux de l'attentat. S'il s'agissait de brigands de grands chemins comme les Soutéens, le texte le dirait explicitement et le roi d'E nunna ne pourrait en être tenu pour coupable. Ce pluriel doit être en fait compris comme l'opposition des Dieux à ce que des liens diplomatiques existent entre Qana et E nunna. Manifestement ZimrîLîm a compris (ou feint d'avoir interprété) comme un mauvais présage la mort (accidentelle ?) de l'ambassadeur précédent. C'était sans doute le sens des l. 21'-23' non conservées sur la tablette ARMT XXVI 25 qui citaient un apologue et ce à quoi doit faire allusion l'énigmatique l. 17 du présent docu-

    191

    Cf. ARM XXVIII, p. 15: « le roi d'E nunna avait fait périr l'envoyé précédent. » D'après lui, le roi de Qana ne ferait que s'étonner de l'attitude hostile d'E nunna. 192

    J.-R. K. a traduit par un pluriel ou un « on » indéterminé.

    312

    Jean-Marie DURAND

    ment. Le roi de Qana, après discussion avec son éventuel ambassadeur pour E nunna (l. 18), tente sa chance parce qu’il a bonne conscience de ne pas avoir lésé E nunna. Tout dépend en fait de la volonté divine (l. 22-26) et pourra être interprété comme un signe envers Qana et sa population (l. 26-27). Un ambassadeur était envoyé comme un plénipotentiaire (kîma pagrim) de son maître, selon les dires explicites du roi d'Alep, ce que prouve le fait que les rois du Sindjar devaient se prosterner devant le représentant de l'empereur d'Élam. La notion que l'ambassadeur serve de substitut (l. 26 dinânum) pour son pays et son peuple (l. 26-27), donc que l'on saura par son sort ce que les dieux réservent à Qana, semble en revanche nouvelle. Il est possible qu'il faille voir là un écho des difficultés qu'a pu avoir à devenir roi Amûdpîla et le sentiment que les dieux n'acceptaient pas simplement sa royauté. Par prudence envers tout danger venant d'un mauvais accueil à E nunna, ou sur la route vers E nunna, un mariote allait accompagner l'ambassadeur de Qana. La lettre de ARMT XXVI faisait en fait allusion à une véritable escorte (l. 16-17). Un nouveau roi se devait d'envoyer des ambassadeurs aux cours étrangères pour nouer de nouvelles relations diplomatiques, voire revivifier les serments d'alliance. Cela d'autant plus que le monarque d'E nunna paraissait encore un des plus importants de l'époque. C'est nettement le sens de [A.2414] : 20-21. Le roi de Qana ne voulait pas d'interruption des relations diplomatiques avec E nunna. Aussi, malgré la mise en garde du roi de Mari, une nouvelle ambassade y fut-elle envoyée. Il reste néanmoins possible que toute cette affaire ait été montée à l’instigation d'Alep qui avait intérêt à ce que son voisin du Sud n'ait pas d'appui du côté de l'Est, car derrière E nunna se profilait l'Élam dont Qana devait être un des partisants lors de l'affrontement entre la puissance iranienne et les rois mésopotamiens. On voit d'ailleurs que, selon ARMT XXVI 25: 27-31, les relations n'étaient pas bonnes entre E nunna et Alep. E nunna ne devait pas manquer de bois et l'affaire des arbres-urnû non livrés que met en avant Ibalpêl II relève plutôt du prétexte. Ces mauvaises relations peuvent expliquer qu'Alep manque d'étain à cette époque et que Zimrî-Lîm ait été obligé de lui livrer ce qu'il possédait en échange de la levée du blocus sur le grain d'Imâr opéré sur l'ordre de Yarîm-Lîm193. Asqûdum était chargé de faire comprendre au roi de Qana quels étaient les enjeux (ARMT XXVI 25: 11). Or Asqûdum est de façon notoire un pro-alépin. Le verbe uqûlum a le sens propre de « faire se taire », en l'occurrence faire comprendre l'intérêt d'un sujet à quelqu'un en le faisant renoncer à toutes objections. On remarque qu'Amûdpîla ne répond pas dans sa lettre à l'invitation de Zimrî-Lîm. 137 [A.2114] Amûdpîla à Zimrî-Lîm. Réponse à la lettre de Zimrî-Lîm disant qu'il a bloqué l'envoyé de Qana sur sa route vers E nunna. Sa conscience étant tranquille, le roi de Qana s'en remêt au sort. Il est nécessaire d'avoir des relations avec E nunna. Demande qu'on escorte à E nunna son envoyé.

    2 4 6 8 10

    a-na zi-im-ri-li-im [qíbí]ma [u]m-m[a a-mu-ud]-pa-AN [a-hu- ka-a]- ma [a-um dumu i-ip-r]i-ia [a a-na lú è -nu]n-naki a-pu-ru [ta-a-pu-ra-am] um-ma at-ta-a-ma ma-a[h-ri-ia] ak-la-u dumu [i-ip-ri-k]a ma-ah-re-em u-t[a-mi]-tu ù i-na-an-na an-né-em

    193

    Cf. p. 53 sq.

    Les textes de Sumu-hadû 12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 C. 38 40

    313

    qa-tam-ma a-na i-a-tim i ni-id-di an-ni-tam ta-a-pu-ra-am a-na lú* è -nun-naki mi-nam e-pu-u ù mi-nam ú-ga°-al-li-il mi-in-u el-qé ki-ma qa-bi-ka-ma it-ti ìr-di-ia á-ta-al-ma ù a-la-ak-u-ma da-mi-iq um-ma ub-ta-"al-li#-ú-u li-ba-al-li-ú-u ù um-ma u-ta-mi-tu-u li-i-mi-tu-u-ma a-di-na-an ma-ti-u ù ah-hi-u it-ta-la-ak ù lugal a-nu-um i-na qa-ti-ia li-mu-ur a dumu i-ip-ri-{ X X }-u a-na è -nun-naki i-a-ap-pa-ru ù at-ta dumu i-ip-ri-ka it-ti dumu i-ip-ri-ia ú-ru-ud-ma dumu i-ip-ri-ia a-na è -nun-naki li-a-al-li-im i-na an-né-tim a-ga-na at-hu-ut-ka ù ra-i-mu-ut-ka lu-mu-ur

    Bibliographie : publié par J.-R Kupper comme ARM XXVIII 14 ; cf. J. Sasson, Mari Archives, p. 171. 1

    Dis à Zimrî-Lîm : ainsi parle Amûdpîla, ton frère. En ce qui concerne mon ambassadeur 6 que j'ai dépéché à l’homme d’E nunna, 7 tu m'as envoyé un message(r), disant : « 8 Je l'ai gardé par-devers moi. 10 (Les dieux) ont déjà fait mourir 9 ton ambassadeur antérieur. 11 Hé bien, maintenant, 12 envoyons au feu 11 cet homme 12 de la même façon ! » 13 Voilà le message que tu m'as envoyé. 14 À l'homme d'E nunna qu'ai-je fait 15 et en quoi ai-je manqué ? 16 Que lui ai-je pris ? 17 En fonction de ton direa), 19 j'avais discuté 18 avec mon serviteur et 20 alors 21 il n'avait pas paru mauvais 20 qu'il aille. 22 Si (les dieux) le laissent vivre, 23 qu'ils le laissent vivre ! 24 Mais si ils le font mourir, 25 qu'ils le fassent mourir ! 27 Il part 26 en substitut de son pays 27 et de ses frères. 28 Dès lors, qu'un autre roi 30 qui 31 enverra 30 son envoyé 31 à E nunna 29 constate ce qui me sera arrivéb). 32 Cependant, toi, 34 expédie 32 ton envoyé 33 avec le mien 36 pour qu'il l’escorte 35 à E nunna. 40 Que je voie 38 certes 37 là 38 ta confraternité 39 et ton amitié. 5

    a) Sans doute cette expression renvoie-t-elle à la fable (têltum) de Zimrî-Lîm (ARMT XXVI 25: 19) qui devait dire qu'il ne faut pas négliger les avertissements des dieux. b) Le texte signifie « les autres rois constateront par mon exemple si les Dieux veulent ou non que l'on ait des rapports diplomatiques avec E nunna ».

    Au moins dans un premier temps, la politique étrangère de Qana a changé. Le roi d’Alep avait su aider à l’accession au trône d’Amûdpîla. Une curieuse lettre acéphale, citée dans le temps par G. Dossin, est restée inédite. On y voit un messager mariote expliquer qu’il est retenu par Yarîm-Lîm parce qu’il lui faut assister à une entrevenue amicale du roi d’Alep avec Amûdpîla de Qana et faire rapport

    314

    Jean-Marie DURAND

    dessus au roi de Mari. La mention de bijoux, boucles d’oreilles, suggère que l’ambassade mariote était du moment où se poursuivaient les tractations pour la conclusion de l’union dynastique entre Alep et Mari. L’auteur de la lettre pourrait être Sumhu-rabi ou Rî iya, voire Asqûdum. 138 [A.164] [Acéphale, au roi]. Il a été retenu à Alep pour assister à une entrevue entre les rois d’Alep et de Qana où ils doivent conclure une alliance. Affaire de boucles d’oreilles. [a-na be-lí-ia qí-bí-ma] [um-ma … ìr-ka-a-ma]194 a-um at-l[u-ki-ia] 2’ = 4 a-na ia-ri-im-li-im aq-"bi# ki-a-am i-pu-la-an-ni 4’= 6 a-mu-ud-pí-i-i°-la lugal qa-á-nimki 6’= 8 a-na ha-la-abki "i#-la-kam a-wa-tim da-am-qa-tim 8’= 10 bi-ri-ti-ia ù bi-ri-ti-u ni-i AN ù ri-ik-sa-tim 10’= 12 da-an-na-tim ni-a-ak-ka-an ù i-na a-wa-tim 12’=14 [a ni-]a-ak-ka-nu [at-ta-ma i-zi-i]z =2

    (F. = 1 l. ?) (Tr. Non inscrite?) (Rev. = 2 l?)

    =19 a-na zi-im-ri-li-im te-er a-um ke-em ak-la-ka =20 a-ni-tam a-um in-a-ba-tim 4” a be-lí a-ak-nu =22 ì-lí-li-im 6” id-"bu#-ub-u-um-ma =24 x-[o]-ma i-na in-a-ba-tim 8” [ù na? p]í-e-ra-tim =26 [ o o o ] x a-na uz-ni-u 10’ [ù a-na] ap-pé-e =28 [……………]-x-ma (Rev. 1 manque.) 2’’

    Tr.

    (1 l. éventuellement?)

    C.

    [………]-ni-u [………]-x-um

    Bibliographie : cité par G. Dossin, RA 36, p. 51. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle …, ton serviteur. J’ai parlé à Yarîm-Lîm 5 au sujet de mon départ. 3’ Voici ce qu’il m’a répondu : 4’ Amûdpîla, 5’ le roi de Qana, 6’ va venir à Alep. 10’ Nous allons instaurer 7’ l’amitié 8’ entre moi et lui, 9’ un serment par la divinité et des liens 9’ forts. 11’ Donc, 13’ sois présent 11’ aux propos 12’que nous allons tenir… 2’

    194

    L’adresse était sur deux lignes, vu la courbure de la tablette.

    315

    Les textes de Sumu-hadû 1”

    Rapporte-les à Zimrî-Lîm. 2” Voilà pourquoi, je t’ai retenu. » 3” Autre chose : au sujet des agrafes 4” que met mon seigneur, 5” Ilî-Lîmb) parmi les agrafes 9” et les … 25…a) 9” pour ses oreilles 10”et pour le nez, …

    6”

    lui a parlé et

    7”



    a) Ce terme rappelle ARM XXI 223 et 247 où des pierres sont dites a pa-e-er-tim, ce que j’avais compris comme des pierres à utilité magique. D. Charpin lirait « Ga eratum » pour « Ga era » (« Sur les i. de NP, prends-en pour ses oreilles à lui et le nez de …»). Non liquet. b) Cet Ilî-Lîm est le même que l’envoyé de ARMT XXVI 21: 20’. Cf. ARMT XXXIV.

    6.8.2 Un retour momentané de Dam-hurâi vers Qana Dans [A.1223], Sumu-hadû fait allusion directement à l'impossibilité d'envoyer à Qana les 1 000 hommes programmés. Cette lettre doit être du même moment que ARM XXVIII 15, lorsque ZimrîLîm ne savait pas encore si les plans d'E nunna lui permettraient d'intervenir sur le front de Qana. Dans ARMT XXVI 25, on en est à un stade ultérieur où manifestement la troupe est constituée et doit rejoindre Asqûdum qui devait en prendre la tête. Il faut sans doute en outre placer à ce moment là un retour momentané de Dâm-hurâi à Qana. Son père I hî-Addu avait déjà envoyé à Mari une lettre qui montrait à quel point celle qui était devenue la reine de Mari avait gardé des attaches fortes avec sa patrie d'origine : il y était question de son retour momentané à Qana pour honorer ses dieux, selon ARM II 51 (= LAPO 17 453) : « Maintenant, si tu montes avec de la troupe, fais monter avec toi ma fille, qu'elle se propitie les dieux de sa ville et que je lui donne aussi de nombreux présents. Qu'elle se rencontre avec moi et que j'honore sa personne. »

    La date de ce texte n'est pas assurée, mais la demande semble contemporaine des préparatifs de la venue de Yasmah-Addu à Qana, donc d'un événement de l'éponymie d'A

    ur-malik195. Il ne semble cependant pas que Yasmah-Addu se soit rendu à Qana, donc que Dam-hurâi l'y ait accompagné. Or, il existe un texte, [M.5704] (= ARMT XXVI 225), à l'incipit mutilé, où un roi de Mari cauchemarde que les Soutéens ne fassent prisonnière Dam-hurâi. Comme il apparaît désormais qu'elle a été l'épouse de deux rois mariotes, l'hésitation est permise sur l'identité du rêveur. Il ne peut cependant pas être question du voyage dont parlait I hî-Addu car elle aurait été aux côtés du roi Yasmah-Addu. On imagine mal l'armée de Mari battue par les Soutéens et la reine faite prisonnière, alors que le roi conduirait lui-même la troupe. Pour que cette appréhension onirique ait un sens, le royal rêveur devait rester à Mari. Ce cauchemar doit donc, en fait, être attribué à Zimrî-Lîm196, le second époux de Dam-hurâi, ce à quoi incite d'ailleurs la facture de la tablette. Le rêve indique clairement (l. 8) qu'outre la reine, serait fait prisonnier celui à qui était adressée la lettre racontant le rêve197. Or, c'est justement Asqûdum qui devait prendre la tête de l'expédition de Qana. On supposera donc que la lettre doit lui être attribuée. Asqûdum, vu sa spécialité de devin, était tout indiqué pour recevoir une telle information. Le roi de Mari envisageait ainsi à l'occasion d'une attaque par les Soutéens du corps expéditionnaire mariote la capture de son épouse ainsi que de celui qui était devenu son ministre. On connaît par ARM V 23 (LAPO 17 745) les raids des Soutéens contre les possessions de Qana, au moins à l'époque du RHM. Lorsque cette lettre est écrite, leurs conflits avec les Mâr sim'al et les Mâr yamîna n'étaient pas rares. Le roi pouvait donc légitimement penser qu'il y avait danger d'une attaque contre l'expédition mariote car les Soutéens contrôlaient alors le désert. Malheureusement, rien ne reste de la réponse des devins, si ce n'est qu'ils parlaient de l'épouse du roi (C. 1') et sans doute de son escorte (C. 2').

    195

    Cf. Charpin-Ziegler, FM V, p. 103.

    196

    Même position chez J. Sasson, From the Mari Archive…, p. 287.

    197

    J. Sasson, ibid., remarque « The sender is someone close to the queen ».

    316

    Jean-Marie DURAND

    139 [M.5704] [Acéphale] au roi. Cauchemar du roi où il voit les Soutéens s'emparer de Dâm-hurâim et du destinataire de la lettre. On interroge les devins. (Texte indécis).

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 16 18 20 22

    [a-na be-lí -ia] [qíbíma] [um-ma ……] [ìrka-a- ma] [up-pa-am a be-l]í ú-[a-bi-lam e-me] [be-lí ki-a-a]m i-pu-ra-am um-m[a-a-mi] u-ut-tum a a-mu-ru pa-ar-da-at as-sú-ur-re fdam-kù-gi ù ka-a-ta lú-me-e su-tu-ú i-a-ab-ba-tu-ma um-ma-a-mi a-di ta-u-ba-at-ni la tu-ta-ar-ru ú-ul nu-wa-a-a-ar-u-nu-ti [an]-ni-tam be-lí i-pu-ra-am [k]i-ma up-pí be-lí-ia e-me°-mu°-ú dumu-me-e má - u-gíd-gíd ás-si-ma a-wa-tam ki-a-am a-a-al-u-nu-ti um-ma a-na-ku-ma [be-l]í ú-da-an-ni-na-am-ma [i-pu]-ra-am ki-i ta-am-li-ka [an-ni-tam a-t]a-al-u-nu-ti-ma [ki-a-am i]d-di-nu-nim um-ma-mi [um-ma be-el-tum il-l]i ma-am-ma-an (Rev. = 2 l.) (Tr. = 2 l.)

    C. 2' 4'

    [ o o o o o ge]me be-lí-ia [ o o o o o li-a]-al-li-mu [ o o o o o o o] ka-lu-a [ o o o o o o o o] x x

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 225 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 264 ; J. Sasson Mari Archives, p. 287 ; cf. FM IX, p. 150, n. 124, où il est proposé que l'auteur de la lettre fût Ibbi-Ilabrat et la lettre adressée à YasmahAddu. De même, N. Ziegler, Amurru 3, p. 102, n. 23, voit-elle toujours Yasmah-Addu dans ce texte. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle …, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 6 Mon seigneur m'envoyait ce message-ci, disant : « 7 Le rêve que j'ai vua) est inquiétant. 8 Il ne faudrait pas que 9 les Soutéens s'emparent de 8 Dam-hurâi et de toi-même, 10 disant : “tant que 11 tu n'auras pas rendu 10 nos troupeaux transhumantsb), 12 nous ne les relâcherons pas.” » 13 Voilà le message que mon seigneur m'a envoyé. 14 Sitôt que 15 j'eus pris connaissance de 14 la tablette de mon seigneur, 16 j'ai convoqué 15 les devins, 17 leur posant la question 16 suivante : « 18 Mon seigneur a insisté 19 dans son message. Qu’(en) avez-vous pensé ? » 20 Voilà la question que je leur ai posée et 21 voici le verdict qu'ils ont renduc) : « 22 Si la reine monte, quelqu’un … 5

    (Lacune de 4 l.). 1'

    Les … 2' … doivent escorter à … 1' la servante de mon seigneur…, 3’ Tous ses …

    Les textes de Sumu-hadû

    317

    a) Dans sa lettre le roi utilise pour « voir », amârum, non naâlum. Il avait peut-être déjà interrogé Asqûdum et le devin avait dû considérer le rêve comme sans importance, peut-être parce qu'il était survenu à un moment indifférent (par exemple, au début de la nuit). Le roi insiste ( l. 18-19), sans doute impressionné par le vécu de son rêve. On demande aux devins l’avis qu’ils ont déjà eu (kî tamlikâ ?), ce qui n'est pas ordinaire. Il est possible qu’il faille lire ki-i ta-ma!-li-ka avec AM pour MA (graphie inversée). Au quel cas, il faudrait comprendre : « Quel est votre avis ? » Le début de cette lettre est étroitement parallèle à celui de ARMT XXVI 68 (avec lequel il ne fait cependant notoirement pas joint), soit une petite tablette de contenu incertain. b) Le texte porte ta-u-ba-at-ni, à ne pas corriger en a-di a u-ba-at-ni, comme W. Heimpel qui déclare, op. cit. p. 264 : « I emend …». C'est une versio facilior. Il faut dès lors poser un terme taûbatum. J. Sasson pensait à « female residents » ; dans From the Mari Archives, p. 287, il comprend « residents » et compare avec l’hébreu tôb. Dans ARMT XXVI, p. 466, j'avais proposé que ce fût une variante de ubtum. Mais dans mon commentaire, mea culpa !, j'avais confondu Sûhum (Suhéens expulsés de chez eux par l'arrivée des Bédouins) et Sûtum. Cette méprise supprimée, il n'y a plus de raison de voir là un substantif sur WB. Le grief des Soutéens concernait en fait leurs troupeaux qui avaient été pillés, comme le montre [A.366], lettre de Sumu-hadû. Les circonstances du rezzou ne sont pas indiquées, mais il est possible que l'attaque ait été menée alors que le troupeau était ailleurs que dans ses parcs. On peut donc envisager la ûB (« revenir ») et non la WB. Un *taûb-at-um signifiant « le troupeau de retour » (de la transhumance) peut être proposé. c) Dans ARMT XXVI, p; 466, j'avais compris id-di-nu comme venant de NDN, d'où ma restauration napaltam nadânum. En fait, il n'y a pas la place sur la tablette pour une telle lecture. J'envisage donc, désormais, l'emploi de di'ânum au G parfait, au sens de « rendre un verdict ».

    Si ARMT XXVI 225 parle bien d’un rêve du roi Zimrî-Lîm, dès lors le difficile texte [A.2796] doit être repris. Il a été attribué par P. Villard à l'époque des éponymes198 et était considéré par lui comme une preuve que Sumu-hadû faisait partie de l'administration du RHM. Il s'agit, en fait, non pas de l'arrivée de Dâm-hurâi, désignée ici comme de coutume par son titre de bêltum mais du fait qu'elle profite de l'envoi d'un corps expéditionnaire vers Qana pour traverser avec lui le désert. Le sens de cette lettre (écrite dans une syntaxe qui semble plus occidentale qu'akkadienne) est en fait que sur la troupe qui doit aller combattre à Qana, 400 personnes originaires des daluwâtum, donc de la région de Mi lân, qui devaient escorter la reine, ont rebroussé chemin à la vue de l'importance du corps expéditionnaire. Les citadins sont retournés chez eux, mais concernant les nomadisants199, certains se rendront à la convocation (l. 18), d'autres non. Ces gens n'avaient sans doute pas envie d'aller de l'autre côté du grand désert. Dans ce texte, on retrouve la dichotomie connue ailleurs des gens des villes (a alâni) et des transhumants (hiprum). 140 [A.2796] Sumu-hadû au roi. Départ de la reine, protégée par la troupe qui va à Qana. Des citadins qui en faisaient partie sont retournés chez eux ; on ne sait ce que feront ceux qui font transhumer les troupeaux.

    2 4 6

    a-na be-lí-ia qíbíma um-ma su-"mu#-ha-du-ú ìrka-a-ma a-bu-um a a-na a-ba-"i# il-li-ku i-mu-ru-ma

    198

    Son erreur vient de mauvaises suppositions de ma part. J'avais proposé que Sumu-hadû y annonçât l’envoi de troupes au-devant de la princesse de Qana qui arrivait alors à Mari. Ce texte était une des deux attestations nettes d’une activité de Sumu-hadû avant l’arrivée au pouvoir de Zimrî-Lîm. Il daterait ainsi de l’éponymie d’Awîliya, indiquant que Sumu-hadû avait une affectation à Terqa, selon les déductions de P. Villard. 199

    Ils représentaient la double population des terres daluwâtum, donc des gens de Mi lân, les citadins partisans du roi (ceux qui rentrent chez eux) et le hiprum formé par les Bédouins qui s'occupaient des troupeaux (susceptibles de faire le voyage).

    318

    Jean-Marie DURAND

    a-ba-am a-na pa-an kaskal-a 8 qa-á-nimki a-na pa-an be-el-ti-ia il-li-ku Tr. 10 i-na li-ib-bi a-bi-im a-a-tu Rev. 12 4 me a-bu-um [d]a-al-la-yu 14 a a-la-ni a-na a-la-ni-u-nu it-tu-ru-nim 16 ù lú-me-e hi-ip-rum a na-we-im 18 ha-da-na-am-ma it-ta-la-ak 20 ú-ul it-ta-la-ak Bibliographie : publié dans MARI 6, p. 288 ; cf. P. Villard, Amurru 2, p. 67. Note : la difficulté de ce texte tient avant tout au fait qu’il note du « langage parlé », sans que son style se conforme aux standards de la rédaction. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Des gens qui 6 étaient allés 5 pour servir de soldats, 6 ont vua) 7 la troupe à disposition du corps expéditionnaire 8 pour Qana. 9 Ils étaient allés 8 (se mettre) à la disposition de ma reine. 10 Parmi 11 ces gens, 12 (il y avait) une troupe de 400 personnes 13des terres irriguées par puits ; 14 les citadins 15 viennent de retourner 14 à leurs villes, 16 mais, les transhumants 17 qui s'occupent du troupeau, 18 pour la dateb), 19 partiront, 20 partiront pas ? 5

    a) Le -ma est attendu après illikû. D'autre part l'accusatif âbam et le complément circonstanciel ana pân Qaanim semblent postposés. Une phrase où le verbe précède les compléments n'est pas usuelle en akkadien. b) hadânam-ma est ici un accusatif de temps. Hadânum désigne une date fixée par le roi pour une expédition ou, par extension, le but qu'il s'est fixé.

    L'expédition a escorté la reine de Mari jusqu'à Qana, malgré la menace soutéenne, ce qui a dû lui permettre d'assister au couronnement de son frère. Cela étant, nulle trace de cette expédition dirigée par Asqûdum n'existe dans la documentation palatiale sous forme de lettres envoyées depuis Qana. Il est donc possible qu'il n'y soit en fait jamais allé. Plusieurs explications sont envisageables. Les délais mis par les secours de Mari à arriver ont fait que la succession royale avait tourné au profit d'Amûdpîla selon des modalités que nous ignorons, au nombre desquelles a dû compter une aide d’Alep, au vu de la tablette [A.164]200. Cette « amitié » conclue entre Alep et le roi de Qana qui ne consonne pas avec ce que l’on imagine d’ordinaire des relations entre les deux royaumes est un indice que Yarîm-Lîm n’est pas resté neutre dans l’affaire. À cela doit s’ajouter le rappel par Dâdî-hadun du triomphe militaire d’Alep sur Qana201 à la même époque. Cependant, lorsque Simah-ilânê arrive à Mari à la fin de ZL 1, Asqûdum n'est pas de ceux qui viennent l'accueillir à la porte de la ville (Abullat) et on ne voit alors présents que Yasîm-sumu qui est chargé des soucis d’intendance et Itûr-Asdu qui s'occupe surtout d'affaires internationales. Si l’on peut expliquer l'absence de Sumu-hadû par le fait qu'il était avec le roi dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, celle d'Asqûdum étonne. Le fait qu'il soit alors en mission et manque ainsi la célébration de la fête, comme le roi, pourrait être une explication. Toutefois, ARMT XXVI/1, [A.4035] où l’on voit Asqûdum sérieusement malade, peut expliquer qu’il ne soit en fait pas parti pour l’expédition de Qana et soit absent de la capitale. Sa maladie aurait entraîné l’avis formel de rester tranquille. À sa guérison, il aurait examiné un signe ominal 200

    Les hypothèses faites, dans ARMT XXVI/1 (1988), p. 156, sont dépassées par la nouvelle documentation.

    201

    Cf. p. 307, n. 183.

    Les textes de Sumu-hadû

    319

    rencontré lors du sacrifice d’un particulier, signe à propos duquel les devins auraient déconseillé l’envoi de l’expédition. Les troupes ont dû faire l’expédition sous la direction d’Idin-Annu ([A.1223] : 35 ?). La mission à Qana a pu donc prendre place pendant les mois vii à xi de ZL 1202. 141 [A.4035] Asqûdum au roi. Il est guéri d’une grave maladie. Présage sur un foie lors d’un sacrifice d’un particulier. Les devins consultés se prononcent contre l’envoi de l’expédition. Elle a été désarmée. Faut-il la faire entrer à Saggâratum ou l’envoyer, avant que le roi ne parte ? a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma às-qú-du-um ìr-ka-a-ma 4 i-na mu-ur-í-im a ma-ar-a-a-k[u] ma-ar-ta-am at-ta-ad-di-m[a] 6 [a]t-tuuh ú° be-l[í a]-um la a-la-ki-[ia] 8 da-an-na-tim i-ku-[un] i-na ni-qí-im a mu-ú-k[e-nim] 10 [a]-mu-tu-um i-a-k[i-in]203 [a-mu-ta]-am a-a-ti Tr. 12 [a-mu-ur]-ma [……………]-x 14 [……………] [o-o-o]-x-[i]n-"ma# Rev. 16 [ú] ha-ra-nu-um [u-ú] [ri-i]q a-na ma-a[t qa-a-naki] 18 a-[l]a-"ki#-[i]m i-ták-[nam] ka-ak-ki-u-nu am-[hu-ur] 20 ú° dumu-me-e ° [má] - u-gíd-gí[d [te-re-t]i-im ú-[e?-pí-i] 22 [dumu-me-e má] - u-gíd-gíd [a-um] a la á-r[a-di-ia iq-bu-ú] 24 [a-nu-u]m-ma ha-ra-na-am [a-na sa-g]a°-ra-timki li-i-t[e-ri-b]u 26 [lu-u-r]u-da-am la-ma-a-ma be-lí i-re-qú-{KA}-ú {AM}

    2

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 85 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 210 (le début). 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Asqûdum, ton serviteur. Lors de la maladie que j’ai eue, 5 j’ai vomi plusieurs fois de la bile, 6 mais je suis maintenant 7 guéri, cependant mon seigneur a donné des ordres stricts 7 comme quoi je ne devais pas bouger. 9 Dans un sacrifice fait par un homme du peuple, 10 il se trouvait un présage. 12 Je l’ai vu… 4

    (Lacune de 3 l.a)) 16

    …… et 16donc cette expédition 17 se trouvait oisive. 18 Ils se proposaient d’aller 17 au pays de Qana. 19 J’ai pris en main leurs symboles. 20 Alors, 21 j’ai fait prendre les présages 20 par les devins.

    202

    Cf. N. Ziegler, FM IV, p. 52. Dam-hurâi est mentionnée par le texte du harem n°4 (ibid., p. 140) qui date de la fin de ZL 1 (1-xi-Kahat). L’absence aura donc été de brève durée, entre les mois viii et xi. 203

    = iakin.

    320

    Jean-Marie DURAND

    22

    Les devins 23 se sont prononcés pour mon non-envoi. 24 Voilà que l’expédition, 25 faut-il la faire entrer à Saggâratum ? 26 Dois-je l’envoyer, avant que 27 mon seigneur ne s’éloignec) ?

    a) Il devait y avoir dans la cassure la description de l’amûtum. b) CAD L, p. 52b ne cite qu’un exemple paléo-assyrien de lâmâ.ma = « avant que ». c) Faute de mieux, car l’emploi du signe RI avec la valeur TAL (cf. ARMT XXVI 85) n’est pas très usité à Mari, le passage a été lu i-re-qú-ú avec une finale longue qui doit marquer l’interrogation, puisque le verbe serait rêqum. La forme verbale pourrait être i-re-ka-ku-ú avec redoublement de la seconde syllabe.

    Nous avons sans doute encore le texte qui marquait le retour à Mari de Dam-hurâi. Il se trouve dans une lettre du roi à un de ses intendants, où il est question du nubalum dans lequel la reine avait fait le voyage. La reine avait dû se plaindre auprès du roi de malfaçons de l’objet. Pour lui faire honneur, on lui en avait effectivement donné un, ce qui convenait à un personnage du premier rang, mais l'objet était neuf et devait être amélioré (l. 8)204. Au retour de Qana, il avait été remisé chez Mukanni um à qui demande était faite de le livrer (l. 8) car plusieurs améliorations devaient lui être apportées. Il avait des vices de fabrication : les parties n'en étaient pas solidement agencées (l. 8-10) ; en outre, il fallait le nettoyer. Le passage par la route du désert avait dû faire perdre leur lustre aux parties en lin (sans doute le toit et les parois de l'objet) ou en bois (les brancards qui le soulevaient et auxquels pouvaient être adjointes des bêtes de somme). Le travail n'est pas fait par Mukanni um qui s'était borné à réceptionner l'objet et à qui on demandait simplement de bien l'emballer. Le nahbatum est en effet un étui, ou une housse, pour des objets précieux205. Le travail de Mukanni um semble donc, en ce début du règne, se limiter à fabriquer la housse en cuir de l'objet et à veiller à son empaquetage. Le roi décrit néanmoins quels travaux sont envisagés : consolidation et nettoyage. Si manquent les précisions qu'un tel programme devait entraîner, à la différence des lettres techniques envoyées ultérieurement à Mukanni um, le fait que la tablette ait été retrouvée au Palais montre que les consignes générales du roi ont été communiquées aux techniciens. 142 [A.1292] Le roi (Zimrî-Lîm) à Mukanni um. Il faut consolider et nettoyer le nubâlum de Dam-hurâim venu de Qana.

    2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16

    a-na mu-ka-an-ni-[i-i]m qíbíma um-ma be-el-ka-a-ma up-pí an-né-e-em i-na e-mé-e-im {X} gi nu-ba-lam gibil a fdam-hu-ra-í-im a i-tu qa-á-nimki ub-lu-nim l[i-ik-ú]-ru te-ra-u dam-qí-i li-ir-ku-su° mar-ki-sí-u li-da-an-ninu ù gad*-u dam-qí-i li-na-wi-ru qa-du-um gi -há ta-al-li-u {X X} ù na-ah-ba-tam {X} a "ku # a a-di ta-al-li- u ù a-ap-li-i u-pí-i-/ma i-na li-ib-bi ku na-ah-ba-tim 204

    La lecture proposée par l'éditrice, ibid., li-[na-wi]-ru n'est pas heureuse. On attend là la malfaçon qui nécessite des interventions sur le nubalum. 205

    Cf. ARMT XXX, p. 178, s.n.

    Les textes de Sumu-hadû

    18

    321

    a-a-ti li-ik-ka-ni-ik-ma ar-hi-i a-na e-ri-ia u-bi-lam ( l. blanche.)

    Bibliographie : publié par B. Groneberg dans FM II 74, copié par S. Maul, ibid. ; cf. ARMT XXXII, p. 148, n. 494. 1

    Dis à Mukanni um: ainsi parle ton seigneur. En prenant connaissance de cette tablette de moi, la chaise à porteurs neuvea) 6 de Damhurâim, —7 (celle) que l'on a apportée depuis Qana —, 8 rends-la moib) pour qu’on (la) consolide. 9 On doit 8 bien 9 (l’)attacher : 10 on doit renforcer 9 ses attaches. 11 En outre, 12 on doit donner du lustre, 11 pour que cela fasse bien, 11 à sa partie en lin, 12 avec 13 les parties en bois de ses brancards. 15 Donc, fais faire 13 une houssec) en cuir 14 qui (aille) jusqu'à ses brancards 15 et en bas. 16 À l'intérieur de 15 cette 16 housse, 17 (la chaise à porteurs) doit être enfermée hermétiquement. 19 Fais-la 18 moi vite 19 porter. 5

    a) L'expression doit être rattachée au verbe de la l. 8. b) Impératif D de târum, non une partie du nubalum. c) Pour être mis sous étui, tallum compris, le nubalum ne devait pas être un objet très vaste.

    6.8.3 L'arrivée de la princesse d'Alep La contraction de l'union matrimoniale entre Alep et Mari est connue grâce au dossier réuni il y a maintenant trente ans (1988) dans ARMT XXVI/1, consistant surtout de lettres de Rî iya et d’Asqûdum. Il apparaît maintenant que d’autres envoyés les avaient précédés206, comme sans doute Sumhu-rabi, et surtout que le mariage qui a été décidé n’était qu’un des aspects d’une union beaucoup plus large. Après tractations entre autorités alépinnes et mariotes, le dossier de l'arrivée s'ouvrait par [M.5418+M.9051], lettre envoyée depuis Imâr207. C'est le moment où les deux Mariotes s'apprêtaient à quitter le Yamhad, pour s'engager dans un parcours périlleux. Ils indiquaient, dès lors, les étapes qu'ils songeaient parcourir et calculaient une dizaine (ou une vingtaine) de jours entre la porte du Yamhad que constituait le port euphratique d'Imâr et le royaume de Mari. Il semble grâce à une nouvelle lecture du document qu'une visite (familiale?) à Abattum ait alors été prévue, mais que rien n'ait été envisagé en ce qui concerne Tuttul, ni les établissements de la passe de Hanuqah où la jeune princesse n'avait d'ailleurs que faire. Tous ces endroits étaient hors du royaume et sans doute les responsables du convoi avaient-ils hâte de gagner la sécurité des Bords-de-l'Euphrate. La date de l’événement a fait l’objet de discussions. Dans ARMT XXVI/1, p. 101, on trouvera la republication de la tirhatum de îbtu au mois x de l’année de Kahat. Or, le Codex de Hammu-rabi montre clairement que la tirhatum précédait le mariage puisqu’il y est dit (cf. Codex § 161 : 63 : « Si un homme a fait porter un présent (biblum) à la maison de son (futur) beau-père, si après qu’il a donné la terhatum, ce dernier refuse de lui donner sa fille…»). La tirhatum208 est donc le prix des accordailles, dans le sens où ce terme (aujourd’hui désuet) équivaut à « fiançailles ». L’année de Kahat étant désormais identifiée à ZL 1, le mariage lui-même a donc eu lieu en ZL 2. Sans doute la première partie de ZL 2 a-t-elle dû voir les préparatifs de l’arrivée de îbtu à Mari. Cette arrivée aurait dû se passer à l’un des moments les plus chauds de l'année ZL 2 et cela posait des problèmes pour un convoi qui comprenait beaucoup de servantes accoutumées à la température bien plus tempérée d'Alep ([A.547] : 9). Lorsque a été connue dans le royaume des Bords-de-l'Euphrate la nouvelle que la future reine arriverait par bateau, le gouverneur de Terqâ, Sammêtar, recommanda —

    206

    Voir la reprise des lettres d’Asqûdum dans ARMT XXXIV.

    207

    = ARMT XXVI 15 et ci-dessous.

    208

    L’ougaritique indique trtt pour la pratique (= terhatûtu ?) et tr pour le fiancé (cf. Del Olmo Lete & J. Sanmartín, HdO 67, p. 878). La racine TR devait avoir un sens approximatif d’« acheter, proposer un prix ».

    322

    Jean-Marie DURAND

    avec une énergie qui n'a certainement pas été sans effet — de surseoir au voyage, car le moment n'était pas bien choisi. Sa lettre est donc antérieure à [M.5418+M.9051] car, si elle avait été envoyée après le départ de la caravane d'Imâr, cela aurait été trop tard. Sammêtar conseillait d'attendre deux semaines — donc, sans doute à Imâr — que l'Euphrate fût de nouveau en eau. Il faut ainsi penser que les l. 31-35 au moins de [A.547] parlent d'une attente dans cette ville avant d'entreprendre le voyage et doivent faire allusion à la situation de la princesse dans ce lieu. L'époque du voyage est indiquée par la mention des très grosses chaleurs qui rendent impraticable la route de l'Euphrate antérieurement au premier tiers de ce que l'on tient pour un mois vi. Or les grosses chaleurs dans cette région de la Syrie sont aux mois de juillet-août. Il faut donc penser que cette période du « 5 au 10 vi » se trouve dans un mois de septembre où, effectivement, la chaleur diminue. Pour ne pas avoir un décalage mensuel par rapport à la réalité climatique, il faut donc admettre que ce « mois vi » se situe dans une année où le début du mois i correspondait à notre 15 avril209. 143 [A.547] Sammêtar au roi. L’époque des grosses chaleurs sur le cours du Moyen-Euphrate est mal choisie pour l'arrivée de la princesse d'Alep. Il faudrait attendre le moment où l'eau remonte dans le fleuve et où les jours fraichissent. [a-na] be-lí-ia [q]í-bí-ma [um]-ma sa-am-me-e-tar 4 [ì]r-ka-a-ma a-um kaskal-a a às-qú-du-um i-il-la-ku 6 ù be-el-ti ú-a-al-la-mu e-me-e-ku-ma munus-me-e ma-da-tum-ma 8 it-ti be-el-ti-ia i-la-ka ù munus-me-e a i-il-la-ka na-ar-ba 10 ù ge-er-rum u-ú ma-ad-ba-rum da-an ú-ul a a-la-ak u-mi an-nu-tim 12 u-mu an-nu-tum da-an-nu Tr. as-sú-ur-ri i-na ú-ú-mi-i[m] 14 [n]a-pí-i-tum ú-lu mi-im-ma i-ga°-al-li-il-ma Rev.16 wa-ar-ka-nu-um i-ir be-lí-ia i-na-az-zi-iq a-li-ik ge-er-ri 18 a-a-tu iti an-né-e-em ú-ul i-la-ak i-na d[i-]i-im ú-lu ha-ra-ap-tim 20 ge-er-ra-am a-a-tu i-la-ku ge-er-rum° [i-na] iti an-né-e-em 22 la-a il-[la-ak it]i an-nu-um a-di u 5-kam i-ga-am-ma-ar 24 iti e-ri-ba-am iti dhilib u 10-kam ú-lu 5-kam-ma u-mu 26 i-ka-a-ú-ú pu-ra-tum 2

    209 Dans l'édition de ARM XXVI j'avais postulé un décalage entre le calendrier officiel et la réalité de l'année. Le refus de W. Heimpel de prendre cela en considération (« Sammetar's statement could have been more expectation than conviction [l'italique est mien], so I would not judge this passage to be sufficient evidence for a stark discrepancy between calendar and season ») est admirable d'assurance, au sens étymologique du terme. Ce « décalage » qui est — malgré l’affirmation de Heimpel — indubitable, tient à la situation du début de l'année qui n'était pas la même dans l'année éponymale et dans l'année bédouine qui se conformait aux pratiques de Yahdun-Lîm.

    Les textes de Sumu-hadû

    28 T.30 32 C. i. 34 36 ii 38 40

    323

    [m]e-u i-ma-al-la-a ù a-na a-la-kim [i-à-ab]-"ma# i-na u-m[i-]u [o o o o] x x x [o] [o o o o o o] x [o] [be-el-ti li-i]-te-ri-ib [la-a u]-"te#-e-í-ma [geme-me-e -a ù] ìr-me-e [a be-lí-ia ka-lu]-u-? i-na hu-ru-pa/-tim [lu-ú ma-du] -tum210 [à-bi-i ú]-a-bu a wa-ar-du-ti-ia a-na be-lí-ia a-pu-ra-um be-lí li-i-ta-al a lugal-u li-pu-ú

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 14 au commentaire duquel on se reportera ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 183 : cf. J. Sasson, Mari Archives, p. 109-110. Collationné sur photo. Note : les passages soulignés indiquent les différences de restitution. 1

    Dis à mon seigneur, ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Je suis au courant 5 de la route que doit prendre Asqûdum 6 et où il doit escorter ma reine 7 mais (il y a) beaucoup de femmes 8 (qui) iront avec ma reine. 9 Or les femmes qui feront le voyage sont de complexion délicate 10 alors que cette route est un endroit déserté, à évitera). 11 Elle n'est pas à pratiquer à ce moment ; 12 ces jours sont à éviter. 13 Il ne faudrait pas que, du fait de la soif, 15 il n'y ait perte 14 humaine ou autre 15 et 16 qu'ensuite 17 cela ne soit un sujet de 16 mécontentement pour mon seigneur. 17 Celui qui pratique 18 cette 17 route 18 ne le fait pas ce mois-là. 20 On la pratique 19 au printemps ou en automne. 21 La caravane 22 ne doit pas aller 21 ce mois-ci. 22 Ce mois-ci [= le v] 23 sera terminé d'ici 5 jours. Le mois prochain — soit le vi — 25 le 10 ou le 5, les jours 26 fraîchiront, l'Euphrate 27 sera en crue. 27 Alors, 28 ce sera bon 27 pour aller 28 et à ce moment-là, 29 la caravane pourra faire le voyage. 30 Pendant les chaleurs, 31 il faut donc faire entrer ma reine dans une maison de réquisitionb). Elle ne devra pas en sortir et 33 ses servantes et les serviteurs de mon seigneur, tous, 36 résideront à leur aise 34 dans des tentes 35 quelque nombreux qu’ils soientb). 39 J'ai écrit 38 à mon seigneur 37 en fonction de mon devoir de serviteurc). 40 Mon seigneur doit 41 réfléchir. Il doit agir en fonction de sa qualité de roi. 7

    a) Madbarum, apparenté au terme qui signifie « désert » en hébreu (midbar), désigne ici un territoire dont on se détourne parce qu'il est impraticable (cf. l'akkadien dubburum, CAD D, p. 186a et l'arabe dabara, « tourner le dos, s'enfuir »), non une « réalité désertique en elle-même », comme le signifie le terme moderne. D'autre part la racine DNN, traduite couramment par « être puissant », désigne aussi dans la langue de Mari ce qui est dangereux et qu'il vaut mieux éviter. Dan signifie en effet « c'est tabou, défendu ». b) Sammêtar devait conseiller que le convoi attende à Imâr. Quelle autre ville sur l'Euphrate aurait pu accueillir la jeune princesse? La faire s'arrêter à Tuttul, aux portes du royaume, tout en étant envisageable, paraît peu réaliste car la majorité du déplacement aurait dès lors été accomplie et le trajet entre Tuttul et Mari n’aurait plus représenté que peu de chose. Il faut donc supposer que la princesse d’Alep devait être hébergée dans un lieu aujourd’hui non précisable de la ville, mais qu’on peut imaginer comme un bît naparim à l’exemple de ce que l’on voit à l’occasion de la venue à Mari de Simah-ilânê. En revanche la caravane qui se composait de ses servantes et des serviteurs du roi de Mari devait être installée dans des « tentes ». L’emplacement de ces dernières n’est pas spécifié mais on peut imaginer que le grand emporium du Moyen-Euphrate était entouré par des réalités de la sorte. La mention de « tentes » (l. 34 huruppâtum) exclut que la lettre de Sammêtar ait conseillé de retarder le départ d’Alep de la princesse qui se devait de rejoindre son époux le plus vite possible. c) Il est certain que l'on attend a wardûti-ya en C. ii (l. 37) car c'est une expression toute faite. Cependant le A est aligné sur le PA de hu-ru-pa-/tim et l'indentation du TIM montre mal où se termine le premier registre sur

    210

    Pour cette expression, cf. CAD L p. 225b : lu-ú ma’dû arnûa = « même si mes péchés sont nombreux ».

    324

    Jean-Marie DURAND

    le côté. Au registre ii le a-na de la l. 38 est sous le WA de la l. 37, alors que le début des l. 41 et 42 est aligné sur le A. Le scribe n’a en tout cas pas délimité par un trait les deux registres.

    Ce conseil de Sammêtar montre que l'interruption des communications sur le Moyen-Euphrate au moment des grosses chaleurs (ou des grands froids de l'hiver, cf. l. 19-20) valait la frontière la plus sûre pour séparer les royaumes d'Alep et de Mari. Il a certainement été écouté puisque c'est un 10, selon [M.5418+M.9051], qu'Asqûdum et Rî iya comptent quitter Imâr. Ils calculent que le 19 ou le 29 il auront gagné Mari, mais en faisant une halte à Abattum (l. 9), où ils ne peuvent que rendre visite à Dâdîhadun. Le statut du chef rabbéen, même s'il devait par la suite se rebeller aux côtés de ses frères contre le roi de Mari, était particulier. Il se disait le hâlum (oncle) de Zimrî-Lîm, ce qui en faisait le frère d'Addûdûrî. C'est d'autre part lui qui servit d'intermédiaire entre Alep et Mari, tant pour l'achat d'Alahtum (FM VII) qu'à l'occasion de brouilles familiales (ARM X 156 = LAPO 18 1134). C'est peut-être chez lui, enfin, que îbtu a cherché refuge après la mort de son époux (cf. NABU 2006/51, « La fin de Mari et le sort de îbtu »). Il n'est pas impossible enfin que Dâdî-hadun ait été, d'une façon ou d'une autre, apparenté à la famille royale d'Alep211. Une halte à Abattum n'est donc pas en soi étonnante. On remarque d'ailleurs que, ni dans la lettre de Sammêtar ni dans celle d'Asqûdum, il n'y a encore d'inquiétude au sujet d'un coup de main des Mâr yamîna sur la caravane royale. Sans doute le redoutait-on plus de la part des Soutéens du désert que de Bédouins qui, jusqu'alors, étaient considérés comme des frères domiciliés dans le même royaume. Or les Soutéens hantaient le Bishrî et la rive droite de l'Euphrate. Ils pouvaient frapper n'importe où entre la passe de Hanuqah et Terqa, dans des régions dont Sumu-hadû se trouvait avoir alors la charge. Les questions sur les visites aux différents palais (l. 5'-8') rappellent ce qu'écrivit à son père la princesse imatum (ARM X 94 = LAPO 1221) qui visita les villes principales de son nouveau royaume avant de rejoindre son époux. Il s'agissait pour elle non seulement de voir les lieux, mais aussi de s'y faire reconnaître reine. À l'époque amorrite existait déjà la dignité de reine (arratûtum212). Il faut comprendre par là que la princesse d'Alep arrivait pour être une épouse de premier rang de Zimrî-Lîm. 144 [M.5418+M.9051] Asqûdum et Rî iya au roi. Ils comptent quitter Imâr le 10 et arriver à Mari le 19 (29?), après une halte à Abattum. Demande d'un programme d'itinéraire « en route ».

    10

    a-na be-lí- ni qíbíma um-ma às-qú-du-um ù ri-i-ia ìr°--ka-a-ma up-pa-ni an-né-em i-na i-ma-arki u 10-kam a-na e-er be-lí-ni nu-a-bi-lam "u* 10/20?*# + "9#*-kam a-na ma-riki ni-ka-a-a-ad [u x-kam i-na a]-ba-tim [nu-ú-]a[a]b

    Tr.

    [Lacune de 2/3 l. ]

    R. 2'

    [li-i-t]a -da?-a[d?] ak-ki-ma i-ma-ru-ma ù a-he-u ú-ta° a-ni-tam be-el-ni i-si-ik-tam

    2 4 6 8

    211 212

    Pour tout cela, voir ARMT XXXIV.

    Pour ce terme qui ne semblait pas attesté avant les textes d'Ugarit, cf. MARI 6, p. 277. Ce titre qui montre que le statut particulier de la reine selon les conceptions occidentales (Ugarit et les Hittites) date, en fait, de l'époque paléo-babylonienne, est cependant toujours considéré comme une innovation récente par CAD /2, p. 75a.

    Les textes de Sumu-hadû 4' 6' 8' Tr.10' 12'

    325

    li-si-ka-an-né-i-im-ma um-ma munus-tur a-na é-kál bàd ia/-ah-du-li-im ù-lu-ma a-na sa-ga-ra-timki "ù#-"lu# a-na é-kál ter-qaki a-na é-kál-la-né-e i[t-t]e-li 1 lú qa-al-lum ù-lu-ma [a* s]é*-er-re-/mì a-na pa-ni-{NE}-ni li-ih-mu-ú-nim ak-ki-ma e-em-ni ni-a-ba/-tu

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 15 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 184 . Collationné sur photos. 1

    Dis à notre seigneur : ainsi parlent Asqûdum et Rî iya, tes serviteurs. Cette tablette de nous, (c'est) à Imâr, 7 le 10, (que) nous l'envoyons chez notre seigneur. 8 Le ?a) 19 , nous arriverons à Mari. 10 Nous résiderons x jour(s) à Abattum 11 pour que ma reine 1' prenne le tempsb) 2' de voir 11 Dâdî-hadun … et de faire la connaissance de ses frères. 3' Autre chose : notre seigneur 4' doit nous fixer 3' le programmec) : 5' la jeune fille doit-elle 8' monter 5' au palais de la Forteresse de Yahdun-Lîm, 6' ou bien à Saggâratum, 7' ou bien au palais de Terqa, 8' (bref) aux différents palais? 9'Un messager rapide ou bien des gens (montés sur) des onagresd) 11' doivent se hâter 10' à notre devant 12' afin que nous prenions nos dispositions. 6

    a) L'édition de ARMT XXVI/1 avait opté pour "u# 3+-kam. On voit effectivement encore le début du U et trois clous en haut qui doivent être ce qui reste d'un 9, car « 6 jours » serait un chiffre trop faible. Entre le U et ce 9? il y a cependant la place pour 10 — soit même pour 20. En supposant, d'après la lettre de Sammêtar que l'on se trouve au mois vi, la lettre a donc été envoyée d'Imâr le 10 vi et l'on supposait 9 (ou 19/29?) jours pour atteindre Mari. La durée de la halte à Abattum (à mi-chemin ?) ne peut plus être estimée, mais elle n'a pas dû être très longue. b) La restauration suppose le recours à adâdum G/t qui signifie « surseoir à une action ». Cf. DBP s.v. : NP-man a-na nî dingir-me-e , i-ta-ad-da-ad (A.415) = « NP aurait rechigné au serment par les dieux ». c) L'isiktum est au propre le protocole mis au point par le Palais pour le déroulement d'une action. d) Le serremum était un animal nuisible. Le terme se trouve dans ARMT XXVII 6 (l. 8-11 : a- à-a-gàr ékál-lim, a-um an e-edin-há ù*-lu* ar-we-e°, i-na-a-ru) et 44 : 7-8. C’est « l’onagre » (an e + edin = « âne + steppe »). L'animal était renommé pour sa rapidité ; cf. CT 4 3, rev. 24) an e edin.na-gin há im. i.bad.[du] = « il ira au galop contre lui comme un serremum. » Le présent texte le montre en revanche comme un animal domestiqué.

    L'arrivée de la future reine est décrite dans [A.973] ; cela a dû représenter un grand sujet de préoccupation pour Sumu-hadû au moment où il s'occupait des travaux à la citadelle de Yahdun-Lîm. Le chef de l'Administration extérieure, Asqûdum, qui était allé chercher la future reine chez son père et y avait accompli les rites du mariage par procuration, s'était chargé d'organiser le convoi royal et en faisait partie, mais les mesures de sécurité locales ont été le fait de Sumu-hadû, dès lors que le convoi arrivait dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm et se trouvait sous la responsabilité directe du fonctionnaire mariote. Ces mesures ont été de pure police et ont assuré le passage de la princesse par des lieux à l'abri d'un coup de main. Sur sa route vers Mari, îbtu devait certes passer par des zones dangereuses, dont les moindres n’étaient pas celles tenues par des Soutéens. Les mesures prises par Sumu-hadû montrent assurément que la région n’était plus sous total contrôle. La princesse va d’ailleurs de forteresse en forteresse : celle de Yahdun-Lim, puis Zibnatum, puis Terqa, puis uprum pour arriver finalement à la capitale. Sumu-hadû tenait manifestement à lui faire courir le moindre risque. Il évoque bien le problème des Mâr yamîna, l. 21, mais il ne semble pas que la rébellion ait vraiment commencé. Les populations locales sont encore installées chez elles et non repliées dans la Forteresse. Tillâ-zîbim n’était cependant déjà plus à ses yeux un endroit sûr. Asqûdum aurait-il cependant demandé qu’on y fît halte si la région était en rébellion et Yarîm-Lîm aurait-il laissé sa fille aller vers une région en révolte ouverte ? Ganibatum était le port de la Forteresse et l'entrée des bateaux au royaume. Sa population devait donc être mêlée et cosmopolite et pleine de ces Mâr yamîna qui inspiraient de moins en moins confiance. Le danger était en fait surtout pour les domestiques qui, alépins loin de chez eux, pouvaient être considérés comme des proies faciles. Certains Bédouins mâr sim’alites se firent même une spécialité dans la vente à l’étranger d'individus.

    326

    Jean-Marie DURAND

    À plus forte raison pouvait-on se méfier de Mâr yamîna dont l’hostilité était de plus en plus perceptible. Le fait que les domestiques de îbtu soient expédiés à Hurrân qu'ils ne quitteraient que par bateau (l. 24) indique que cette ville avait une population plus sûre et qu'ils y couraient moins de risques. 145 [A.973] Sumu-hadû au roi. Il écrit depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm. La (future) reine doit y faire étape, malgré les instructions d'Asqûdum de faire porter le repas pour la reine à Tillâ-zîbim. Les bâteaux attendront à Ganibatum et les serviteurs à Hurrân. Description des étapes. Entrée à Mari avant le cinquième jour, encore de nuit.

    2 4 6 8 10 12 14 Tr. 16 18 Rev. 20 22 24 26 28 30 32

    [a-n]a be-lí-ia qí-[bí-ma] um-ma su-mu-ha-d[u-ú] ìr-ka-a-ma up-pí an-né- i-na bàdki [ia-ah-du-li-im] a-na be-lí-ia ú-[a-bi-lam] u-ma-am a-a-tu be-el-tum nu-ba-ta-a a-na ia-ah-du-li-im i-ka-a-a-dam ù às-qú-du-um ke-em i-pu-ra-am um-ma-mi níg-gub a-na be-el-tim ù lú-me-e ha-da-i i-tu b[à]d° ia-ah-du-[li-im] a-na ti-il-le° zi-bi i-e-nim-mi a-na-ku ú-ul a-ma-ga-ar be-el-tam a-na bàdki ia-ah-[du-li-im] ú-e-"re#-[eb] gi -má ru-ku-ba-[tum] i-na ga-ni-ba-[timki] re-a-am ú-ki-la-[nim] a e-me-ni i-na hu-ra-a[nki-ma] a-um dumu-me-e ia-mi-na ap-la-ah-ma a-na ga-ni-ba-ti[mki] ú-ul a-ru-da-am i-tu hu-ra-an°-ma i-na gi -má ru--ba-tim i-ra-ka-bu u 1-kam i-na bàdki ia-ah-du-li-im ú°-a-ab a-né-em u-um-u [a-na] zi-ib-na-tim° i-na "a#-al-i-im u-mi-im a-na ter-qaki i-na ri-bi-im [u-mi]-im a-na ú-up-ri-im° i-k[a-a-a]-dam i-na ú-up-ri-im° i-bi-[a]t-ma i-te-eb-bi-ma la-ma u[-mi-im ha-a]m-i-im a-na ma-riki li-r[u]-ub mu-i-tam-ma* i-ru*-[u]b*

    Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 16 ; cf. W. Heimpel, op. cit. p. 184. Collations sur photographie. Note : on constate plusieurs fautes de rédaction dans ce texte. Sumu-hadû a dû, en rédigeant lui-même la tablette, vouloir tenir confidentiel l'itinéraire de la reine qui pouvait faire l'objet de menaces. 1 5

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'envoie à mon seigneur 4cette tablette de moi, 4 étant à la Forteresse de Yahdun-Lîm.

    Les textes de Sumu-hadû

    327

    6

    Aujourd'hui la reine 8 atteindra 7 à son étape du soir la Forteresse de Yahdun-Lîm. 9 Or Asqûdum a envoyé ce message-ci : « 12 Portez le repas 10 à la reine 11 et aux gens du cortège depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm 12 à Tillâ-zîbim. » 13 Moi, je ne suis pas d'accord. 15 Je vais faire entrer 14 la reine à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 16 Les barques de transport 18 attendront 17 à Ganibatum. 19 Les domestiques seront à Hurrân. 21 (C'est) par peur des Mâr yamîna 22 (que) je ne (les) ai pas expédié(s) 21 à Ganibatum. 23 C'est depuis Hurrân, 24 (qu')ils embarqueront 23 sur les barques de transport. 24 Un jour, 25 elle résidera 24 dans la Forteresse de Yahdun-Lîm. 25 Le lendemain, 29 elle atteindra 26 Zibnatum, le troisième 27 jour, Terqa, 28 le 4e jour, 29 uprum. 30 À uprum, elle passera la nuit, puis 31 elle se lèvera 32 en sorte d'entrer à Mari 31 avanta) le 5e jour. 33 Elle entrera alors qu'il fera (encore) nuit. a) À considérer ce texte, la journée amorrite à Mari commençait au lever du soleil, non à son coucher.

    6.9 La question soutéenne Pour les Mariotes, les Soutéens formaient la majorité de la population du mont Bishrî, région en dehors du royaume. Ils représentait une population sémitique qui venait apparemment du Sud d'après leur appellation. Il n'y a aucune raison de les considérer comme des Amorrites qui, eux, étaient censés venir de l'Ouest. Les femmes qu'on comptait y capturer selon [A.2241] sont bien dites « occidentales », mais il n'est cependant pas précisé s'il s'agissait là de femmes soutéennes proprement dites ou de captives des Soutéens. Ces gens sont attestés dans le plein désert occidental à la différence des tribus mâr yamîna qui ne faisaient que le traverser d’Ouest en Est. Ils devaient, à en juger par leur dénomination de « Sudistes », être originaires des grandes oasis de l'actuelle Arabie du Nord, comme e'ima. Ceux qui étaient proches du royaume de Mari poursuivaient des routes parallèles à l’Euphrate, en partie en fonction des oueds à sec de la région, et semblent n’avoir eu d’accès au grand fleuve qu’aux endroits où il n'y avait pas de contrôle strict et pérenne de ses rives par des sédentaires, ainsi qu'on le constate à l’amont de la Forteresse de Yahdun-Lîm ou à l’aval de Mari. La lettre de Samsî-Addu éditée par N. Ziegler213 montre que leurs routes qui allaient d'est en ouest évitaient les villes des rives de l'Euphrate alors qu'ils poussaient leurs troupeaux depuis la Babylonie jusqu'au Yamhad ou à Qana : l’Euphrate représentait sur une partie importante du parcours un ravitaillement en eau toujours possible, mais leur route décalée évitait les taxes des sédentaires214. Leurs relations avec ceux qui étaient implantés sur les berges de l'Euphrate étaient la plupart du temps conflictuelles. Propriétaires de gros troupeaux, ils représentaient une proie permanente pour les razzias des Mâr yamîna ou pour les opérations militaires conduites depuis le royaume de Mari. 6.9.1 Les Mâr yamîna razzient les Soutéens Lors de l'organisation de l'expédition vers Qana, au mois vii de l'an 1 de Zimrî-Lîm, la grande rébellion mâr yamîna, malgré des rumeurs inquiétantes, n'avait pas encore commencé. Les gens des daluwâtum qui viennent prêter main forte pour la protection de la reine de Mari étaient d’ailleurs des gens de Mi lân. On ne comprendrait pas qu’avec des menaces sérieuses à l'intérieur du royaume, le roi de Mari, si insoucieux de nature fût-il ou glorieux de son triomphe sur Kahat, ait envoyé ses troupes de l'autre côté du désert. En fait si les Mariotes sont inquiets à l'idée d'un coup de main des Soutéens, c'est parce que ces nomades ont été victimes des Mâr yamîna qui devaient alors être considérés comme faisant partie de la zone politique de Mari. C'est ce que montre [A.306] où Sumu-hadû demande au roi d'envoyer 300 hommes de renfort à l'expédition pour Qana, ce qui ressemble fort (comme ordre de grandeur) aux 400 de [A.2796]. Il est donc possible que A.306 soit, en fait, antérieure à A.2796, si l'affaire est la même. 213 214

    Nele Ziegler, Amurru 3, 2004, p. 95-109.

    Cf. la citation de C. P. Grant, The Syrian Desert, dans N. Ziegler, « Samsî-Addu et la combine Soutéenne », Nomades et sédentaires en Mésopotamie, Amurru 3, p. 102, n. 21 et sa carte, ibid., p. 103.

    328

    Jean-Marie DURAND 146 [A.306]

    Sumu-hadû au roi. Les Soutéens, victimes d'un rezzou mâr yamîna pourraient piller l'expédition pour Qana. Il faut envoyer 300 hommes de renfort.

    2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 Tr. 18 20 C.22

    a-na be-lí- [ia] qíbí ma [u]m-ma su-mu-ha-d[u-ú] [ì]rka-a- ma [dumu-me-e] ia-mi-na a-na "gu-há# a [l]ú-me-e su-ti-[i] i-baa ù as-sú-urre lú-me-e su-tu-ú né-eh-[r]a-ra-a[m] [wa]-ar-ki-u-nu la i-à-a[r-ra-du-ma] a-na kaskal-a a be-lí-ia a qa-á-nimki la ih-ha-ab-ba-at°-/ma kaskal-a a be-lí-ia la -ma-a-a-hu i-na-an-na be-lí 3° me a-ba-am te-er-di-tam a-na pa-an kaskal-a a qa-á-nimki li-i-ru- ud []a i-na li-ib-[bi-]u-nu ig-ga-al-la-[lu] a-na be-lí-[a] a-p[u-r]a-a[m be-lí a lugal-u] lipu[ú] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sumû-hadû, ton serviteur. Les Mâr yamîna 7 ont fait une expédition 5 contre les bœufsa) 6 des Soutéens. 8 Or, il est à craindre que 9 les Soutéens 10-11 en leur courant aprèsb), 13 ne marchent 12 contre l'expédition de mon seigneur pour Qana et 14 ne la pillent. 15 Maintenant, mon seigneur 18 doit expédier 16 un renfort 15 de troupe de 300 personnes 16 à la disposition de l’expédition 17 pour Qana. 20 Le mal 19 qu’ils complotent, 22 je l’apprends 21 à mon seigneur ; 23 qu’il agisse 22 en accord avec sa royauté. 5

    a) Ce seraient ces bœufs qui représenteraient les taûbatum de [M.5704]: 10. b) En mot à mot « après eux (= ce qu’ils ont fait) ». Nehrârum (= CAD nârâru) est compris généralement comme une « troupe d’aide », ce qui ne peut convenir ici, puisque l’événement est passé et qu’il s’agit d’une expédition de représailles. « Troupe auxiliaire » ne convient pas non plus parce que cela introduirait au sein de ces Bédouins une division militaire qui ne rendrait pas compte de la masse certainement indifférenciée qu’ils constituaient. Na’arrurum a le sens de « (ré)agir vite à une attaque », « poursuivre », plutôt que « secourir ».

    Le texte [A.2200], lettre d'Idin-Annu215, illustre un raid opéré par des Mâr yamîna à l'encontre des Soutéens du Bishrî. Il doit s'agir du rezzou raconté par Sumu-hadû dans le document précédent, qui risquait de les entraîner à piller l'expédition pour Qana montée par Zimrî-Lîm. Cette dernière devait compter, outre les soldats et leur armement, un important approvisionnement (orge) ainsi que des animaux en grand nombre tant pour les présages ou la nourriture de la troupe (moutons) que pour le 215 Les textes d'Idin-Annu qui ont trait à la Forteresse de Yahdun-Lîm forment un chapitre de ARMT XXXIV. Ce texte est publié ici car il appartient au dossier des pillages des Mâr yamîna à l'encontre des Soutéens.

    Les textes de Sumu-hadû

    329

    transport (bœufs et ânes). [A.2200] n'est pas seul de son genre216 et montre les rapports conflictuels qu’entretenaient les gens des franges du grand désert et ceux de la vallée de l'Euphrate. 147 [A.2200] Idin-Annu au roi. Récit d'un coup de main d'une tribu mâr yamîna contre les troupeaux soutéens du Bishrî et du pillage alors opéré. a-na be-lí-ia 2 qíbíma um-ma i-din-an-nu 4 [ì]r-"ka#-"a#ma l[ú ha]-na a a-na udu-há lú su-ti-i 6 a-ha-ì-im il-li-ku a a-na e-er be-lí-ia a-pu-ru 8 udu-há a lú su-ti-i i-na bu-ur-tim ba-ar-da-at ù qa-ba-qa-ab i-hi-ú 10 ú-e-ú-ni-im-ma a-ap-la-nu-um kur ba-ha-al-ta qù-ra-dim 12 [a-n]a na-ri-im ur-du-nim Tr. [ki-m]a a-na na-ri-im ur-du-nim 14 [udu-h]á i-na-ti ú-ul za-zu-ú [i]-zu-zu ta!-a-ta-am Rev. 16 [i-n]a bi-ri-u-nu i-ku-nu [udu-h]á i-na-a-ti im-u-hu-m[a] 18 [ki-m]a ur-bar-ra ka-lu-u [k]i-ma pa-ni-u-ma it-ba-al-ma 20 it-ta-la-ak I ia-hi-il(EL)-pí-el dumu qì(GI)-in-ni-im lú up-ra-pí-a-yiki 22 gal ge(KI)-er-ri-im na-pí-ih i-a-tim 10 li-im udu-há ma-é-e-et 24 a il-qú-nim wa-ar-ki-ti-u-nu [l]ú su-tu-ú ih-ha-ri-ru-ni-im-ma 26 [ù] lú-me-e lú up-ra-pí-a-yuki [ù lú-m]e mé-er-hu-u-nu 28 [it-ti ia]-hi-il--AN Tr. [uh-ta-li-qú-ni]m 30 [ki-ma e-mu-um i]k-u-dam [a-na e-er] be-lí- ia C. 32 á-ta-ap-ra-am be-lí lu i-de Bibliographie : ce texte est cité dans ma contribution au colloque de Tokyo sur le Bishrî. Nele Ziegler en a repris certains aspects dans son article « The Sutean Nomads in the Mari period », dans Studia Chaburensia 4, Settlement Dynamics and Human-Landscape Interaction in the Dry Steppes of Syria, D. Morandi Bonacossi, éd. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Idin-Annu, ton serviteur. Les Bédouinsa) qui 6 sont allés pour piller 5 les moutons des Soutéens, 6 ce qui a fait l’objet 7 d’un message(r) de moi 6 chez 7 mon seigneur, 9 ont pillé 8 les moutons des Soutéens au Puits 9 Froid ( ?) et à Qabaqabb). 10 Ils (les) ont fait sortir (des enclos) et, en aval 11 du mont Ba‘alta-Qurâdimc), 12 ils sont 5

    216 Nele Ziegler a regroupé plusieurs textes analogues dans son article de Studia Chaburensia 4, dont certains remontent à l'époque du roi Samsî-Addu.

    330

    Jean-Marie DURAND

    descendus au fleuve (= l’Euphrate). 13 En descendant au fleuve, 14 ils se trouvaient n'avoir pas (encore) partagé ces moutons. 15 Ils ont fait le partage. Ils se sont disputé entre euxe). 17 Ils ont réalisé le pillage de ces ovins et, 18 comme un loup, chacun 19 eut tôt faite) d’emporter (son butin) et 20 de partir. Yahilpêlf), 21 d'une familleg) uprapéenne, 22 (était) le chef de l’expéditionh), celui qui a allumé le feui). 23 Cela fait approximativement 10 000 moutons qu’ils ont pris. 25 Les Soutéens leur ont courru 24 aprèsj), 27 mais les Uprapéens et leurs bergersk) 23 avec Yahîl

    êl 23 ont pu s'enfuir. 24 Dès que la nouvelle m’est arrivée, 26 j’ai écrit 25 chez mon seigneur. 27 Mon seigneur est informé. a) Le terme de Bédouins (hana) désigne ici clairement des gens de l'ethnie des Mâr yamîna, puisqu'ils appartiennent au clan des Uprapéens. b) Sans doute des lieux-dits du Djebel Bishrî, quoique Idin-Annu semble plutôt actif sur la rive gauche de l'Euphrate. Les traductions sont conjecturales, d'autant plus qu'on ne sait à quelle langue ces toponymes appartiennent. Bardat a été compris comme une forme absolue sur une racine BRD signifiant « être froid ». Une lecture sur PRD serait possible, car il pourrait s'agir de Pardat, la « Déesse Terrifiante ». Pour Qabaqab, dans son article de Studia Chaburensia 4, N. Ziegler l'identifie avec Qebaqeb, qui est au sud-est du Jebel Bishrî217. c) Bahalta- (à lire Ba‘alta) correspond sans doute, localement, à Ba‘alta- qui est connu pour équivaloir à Bêlet- de l'akkadien (cf. la divinité Bahalta-Mâtim d'Imâr). Cette montagne — dont le nom signifie « Dame du/des héro(s) » (si l'on postule un terme local gu-ra-tim = qù-ra-dim, mais il pourrait également s’agir du terme gurratu qui en médio-assyrien désignait la « brebis », cf. CAD A/1, p. 160, s.v. agurratu et AHw, p. 299) — était sans doute un éperon rocheux qui arrivait jusqu'à l'Euphrate. d) L'énigmatique ta-a-ta-am (lecture identique chez G. Dossin : ta-za-ta-am) pourrait être la forme locale du paléo-babylonien têîtum, « discorde », dont une forme est ta-i-a-tum. Il faut supposer un traitement /â/ pour /i-a/. e) kîma pâni-unu a un parallèle dans l'expression de Suse OB kîma pa-ni-u-ma littalka, cité CAD P, p. 92a. Kîma pâni-u signifie couramment à Mari, « aussitôt », cf. DBP s.v. (A.2552: 20). f) ia-hi-il-pí-AN (« Puissante est la Parole de El/Dieu ») est un nom qui n'est attesté que par M.12728, mais i-hi-il-pí-AN (avec une initiale en i-, non en ia-) est très bien connu ; cf. XVI/1, p. 117 et nombreux inédits. g) En mot à mot « fils d'un nid des Uprapéens ». De nombreux exemples montrent que qinnum signifie « famille » à l'époque OB, cf. L'Épopée de Zimrî-Lm, FM XIV, p. 35, et [A.925+], dans ARMT XXXIV. h) râb kerrim est un titre inédit. Kerrum est connu à l'époque paléo-babylonienne pour gerrum et n'en est sans doute qu'une notation dialectale. i) iâtam napâhum est connu à Mari comme « allumer des « signaux de feu » ; « allumeur du feu », apparemment « responsable de l’hostilité », désigne ici celui qui avait fait se réunir le commando des pillards ; pour iâtum dans l'Épopée de Zimrî-Lîm, cf. FM XIV, index, p. 162c. j) L'expression warkîti-unu « après eux » est un hapax, mais reprend le warki-unu de [A.306] : 11. k) L'akkadien dit exactement mer‘ûm, mais le terme doit avoir ici son sens étymologique de « berger », non le sens politique que le terme a acquis chez les Bédouins mâr sim'alites, où il peut d’ailleurs avoir été également à l’origine un dialectalisme pour rê'ûm, « berger ».

    6.9.2 Les Mariotes razzient les Soutéens C'est sans doute dans ce contexte d'hostilité entre Soutéens et gens des Bords-de-l'Euphrate qu'il faut placer au moins deux textes qui montrent les intentions belliqueuses du roi de Mari envers les Soutéens. Les menaces envers Dam-hurâim qu'imaginait en rêve Zimrî-Lîm vont de pair avec l’intention de monter des opérations contre ses turbulents voisins. [A.2241] est ainsi un projet de razzia du roi de Mari contre les Soutéens, auquel doivent être associés les Mâr sim’al chargés des troupeaux. Le prétexte de ce rezzou serait de se procurer les mou217

    Cf. op. cit., Studia Chaburensia 4, p. 209-225, spéc. p. 221 : « Qabaqab, one of the place-names mentioned in this letter, corresponds to modern Qebaqeb, southeast of the Jebel Bishrî. A Roman camp examined by a Finnish archaeological survey and also a deep rock-cut well dated by the Finnish archaeologists to the Roman period have been found there. Some 18 km from Qebaqeb other water distribution and storage installations (a channel and well) from Roman times were discovered by the same team. The region on the southeastern edge of the Bishrî was thus a place where waterholes, wells and channels were common from ancient times onwards. The placename Burtum-Bardat (litt. “Cold Well” …) shows that such water-collecting structures already existed in this region in the 18th century B.C. and were used by Sutean nomads. The long-lived toponym shows that the place was used without major interruption throughout the centuries. » Cette survivance est analogue à Halabît par rapport à Halébiyé.

    Les textes de Sumu-hadû

    331

    tons- ID qui manquaient au troupeau à l'engrais et de capturer des « servantes amurrîtum », ce dernier point pouvant s’interpréter comme la récupération d’une population amorrite razziée par les Soutéens. Les moutons- ID devaient constituer l’essentiel des troupeaux soutéens. Ces derniers se trouvaient aux « Puits » (lecture D. Charpin), apparemment à l'aval de Mari (l. 27). L'opération ne devait être qu'un coup de main limité. On comptait attendre que les Soutéens y fussent réunis (l. 26) sans doute pour que de nombreux troupeaux rentabilisent l'attaque. On s'attendait à ne retirer du rezzou que trois milliers de têtes, donc un nombre bien moindre que les 10 000 animaux que les Mâr yamîna avaient ramenés d'une opération analogue contre les troupeaux soutéens218. Il faut peut-être tenir compte de la part de butin à concéder aux Bédouins mâr sim'al, car les forces envisagées montaient à 6 ou 7 000 hommes, dont 2 000 Bédouins, ce qui revenait à 4 ou 5 000 Mariotes, soit une force considérable. Les Soutéens que l'on considèrerait volontiers comme des pillards, d'après les documents de l'époque amorrite, semblent avoir été en fait des pasteurs de troupeaux conséquents. Ils présentaient des structures économiques sûrement plus complexes que celles de rudes nomades. Vu le domaine qui était le leur, leurs animaux qualifiés de ID étaient avant tout des animaux de pâture, non de stabulation, comme il s’en trouvait à Mari. Ces animaux produisaient donc surtout de la laine (cf. ci-dessous à udu-àg) et des produits laitiers, une grande différence avec des gens qui connaissaient la stabulation. Ces « Puits » désignaient apparemment les endroits où les Soutéens réunissaient leurs troupeaux. Établissements extérieurs au royaume de Mari proprement dit, ils se trouvaient — au moins ceux que visait le rezzou royal —à l'aval de la capitale, sur la rive droite de l'Euphrate. L'anecdote qui concerne Hammî-tilâ, quelqu'un de bien attesté dans les archives de Mari, illustre la dangerosité de tels voisins : au moment même où le roi de Mari rencontrait le chef soutéen, ce dernier avait ordonné un rezzou contre quelqu'un qui semble avoir été un vassal, voire un fonctionnaire de Zimrî-Lîm (l. 36). Or au moment même où le roi de Mari rencontrait le chef nomade, il manigançait lui-même une attaque contre des contribules de son hôte, ou des installations de ce dernier. En ce qui concerne l'exercice du pouvoir on remarquera que le plan royal (l. 5 mutâlûtum) est transmis à Sumu-hadû, mais l'administrateur souligne l'aspect tout personnel de son approbation (l. 38). Il faut attendre l'arrivée de Hâlî-hadun et l'exposition du projet royal devant le conseil (l. 44, soit une nouvelle mutâlûtum) pour que la décision définitive soit prise. Sans doute cela était-il dû à l'importance des forces bédouines mises en jeu. Il n'y a pas en effet contradiction entre les deux moments du projet : la première mutâlûtum était une décision royale réfléchie ; elle n'est pas remise en cause par la seconde qui n'était que la mise au point technique de la première.

    148 [A.2241] Sumu-hadû au roi. Projet excellent du roi de lancer un rezzou contre les Soutéens à condition d’y associer les Bédouins mâr sim’al transhumants. A ma doit envoyer 2 000 Bédouins légèrement équipés et l’affaire être tenue secrète. On bivouaquera à un puits proche de Na er. Le butin sera en ovins et en servantes. Hammî-talû est un fourbe. L’avis de Sumu-hadû concernant le rezzou lui est personnel ; il faut encore discuter avec les grands serviteurs, après l'arrivée de Hâlî-hadun.

    2 4 6 8 10

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma up-pa-am [a] be-lí ú-[a-b]i-lam e-me mu-u-ta-lu-ut be-lí° ma-[l]a-u du-{MU}-um-mu-uq ù um-ma be-lí ba-lum ha-na "a# na-we-[im] dumu si-im-a-al su-ti-i be-lí i-a-h[i-i] ur-ra-am e-ra-am ha-name-e i-na a-wa-tim be-lí i-a-ab-ba-at um-ma-mi um-ma a-na kaskal-a ù-lu-ma a-na gi -tukul-me-e e(I)-pé-i-im

    218

    Cf. [A.2200] ci-dessus, p. 329.

    332

    12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 38 Tr. 40 42 44 C.

    Jean-Marie DURAND ba-lum ha-na mi-im-ma t[a-a-t]a-"hi#-"i# ù i-na-an-na du[mu] ia-mi-in° a-al-lam "lu#-a-ki-il be-lí a-pa-al-u-nu ú-ul i-le-i be-lí e-ma-am an-n[é-e]m ma-ha-ar a-ma-a ìr-u li-[i]-ku-un[m]a 2 li-i[m h]a-name-e [a-bu-um] qa-al-lum l[i-li-k]u-[ni]m a-di a-bu-um u-ú "la# ip-hu-ur° ù pa-ni-u a-na bu-ra-tim [la] i-ku-na-am e-mu-um an-nu-[um] a-na ma-am-ma-an la i-qa-ab-bi219 a-um na-í-rum la ú-ú-ú ù i-nu-ma a-bu-um u-ú it-ta-la-kam i-na bu-ur-tim til-la-a u 1-kam u 2-kam li-i-ib a-di an-na-nu-um a-bu-um a bu-ra-tim i-pa-ah-hu-{ X X X X }-ur° ù ha-name-e[ ] i-na a-la-ki-u° a-na na-e-erki-ma li-im-qú-ut-ma 6 li-me "7!# li-me a-bu-um li-ip-hu-ur-ma e-ma-am a-ti be-lí li!°(NE)-pu-ú220 e-em be-lí-ia an-nu-um ma-di-i du-um-mu-uq udu-àg ( ID) a-na ku-ru-u-ti-ka° ú-ul i-ba-a-e-ma um- 2 li-im 3 li-me udu-àg a-na ku-ru--ta-im a be-lí° i-ta-ru-nim ù 50 {X} 1 u-i geme-me-e a-mu-re-tim te-le-tim a-na é-kál-lim i-ta-ru-nim ú-ul d[a]-m[i?-i]q? ù i-nu-ma be-lí ha-mi-ta-lu-ú i-mu-ur°-ma I ia-ta-ra-am i-ta!( A)-hi-it an-nu-um a-na li-ib-bi be-lí-ia ma-di-i i-ma-qú-ut e-mu-um a a-na be-lí-ia a-pu-ra-am []e-em ra-ma-ni-ia-ma i-nu-ma up-pí an-né-em a-na be-lí-ia ú-a-bi-lam ha-li-ha-[d]u- ú-ul ik-u-dam ìr-me-e -ka° i-pa-hu-ru-nim e-ma-am a-tu ma-ah-ri-u-nu a-a-ka-an-ma [m]u-u-ta-lu-sú-nu e-ma-am ga-am-ra-am a-na be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 5 Le plana) de mon seigneur est en tout point fort sympathique ! 6 Mais, si mon seigneur 7 razzie les Soutéens 6 sans tenir compte221 des Bédouins du troupeau mâr sim’al, 8 tôt ou tard, les Bédouins 9 apostropheront mon seigneur en ces termes : « Si pour 10 faire 9 une expédition 10 ou bien un combat, 11 tub) fais un rezzou sans les Bédouins (mâr sim'al), 12 hé bien, maintenant, je laisserai le(s) Mâr yamîna faire du butin. » 14 Et mon seigneur ne pourra pas leur répondre. 15 Mon seigneur 16 doit exposer 15 ce projet par devant A ma, son serviteur, et 17 2 000 Bédouins (mâr sim'al) 18 doivent m'arriver 17 (en) troupe 18 légèrement équipée. 19 Tant que cette troupe ne se sera pas mobilisée 21 prenant 20 alors la direction des Puits, 21 ce projet 22 ne doit être dit 21 à quiconque 22 afin 4

    219

    = iqqabbi.

    220

    L'emploi du signe li! (NE) pour LI n'est enregistré par W. von Soden, AO 42, p. 22, que comme du paléo-babylonien “Osttigrisland”, mais repose sur l'indécision bien connue n/l. 221

    En mot à mot « sans ».

    Les textes de Sumu-hadû

    333

    qu’un espionc) ne quitte pas (Mari pour prévenir l'ennemi). 23 En outre, lorsque cette troupe partira, 24 elle doit demeurer 1 (à) 2 jours au puits aux deux Tellsd), 25 jusqu’à ce que làe) les gens des Puits 26 soient groupés. 27 Donc, les Bédouins, en se mettant en marche, 27 c’est à Na er 28 qu’ils doivent arriver soudain, et (c'est) une troupe de 6 à 7 000 (hommes) 29 (qui) doit se mobiliser pour que mon seigneur réalise ce projet. 30 Ce projet de mon seigneur est tout à fait sympathique : 31 il n’y a pas de moutons à toisonf) pour ton engraisseur et 33 s'ils (r)amènent 2 000 à 3 000 moutons à toison à l’engraisseur de mon seigneur 33 ainsi que 50 à 60 esclaves-femmes 34 amorrites qui savent y faireg) au palais, n'est-ce pas sympathiqueh) ? 35 Or, au moment même (-ma) où mon seigneur voyait Hammî-talûi), 36 il venait de mener un rezzou contre Yatarum. 37 Cette (nouvelle) est importantej) pour mon seigneur. 38 L’avis que j’envoie à mon seigneur, n’est que le mien personnel. Alors que 40 je fais porter 39 cette tablette de moi 40 à mon seigneur, Hâlî-hadu 41 n’est pas (encore) arrivé. 42 Tes serviteurs vont se réunir. 43 J’exposerai 42 ce projet 43 devant eux et 45 j’enverrai à mon seigneur 44 le résultat de leur délibération, sans omettre de détails. a) La mutâlûtum est le résultat de la délibération avec soi-même (« décision réfléchie ») ou l'avis des conseillers (cf. l. 44), terme que rend le français « plan, projet élaboré ». Les modalités proposées du projet (« avis ») portent le nom de êmum. b) Dans ce texte, le roi est tout à coup tutoyé par Sumu-hadû (cf. l. 31), mais, ici, il s'agit manifestement de la façon dont on lui parlait réellement ; la tournure par la 3e personne n'est que la façon courtisane de s'exprimer. c) Il faut distinguer à Mari entre le terme nâirum qui désigne le garde et un autre qui est un des mots qui désignent l'espion (cf. LAPO 17, p. 139 & p. 305) et qui ne doit pas être de morphologie akkadienne. Pour la forme du terme avec syncope (« narum »), on se reportera à ARM IV 81: 24 lú na-a-ru-um u-i = « un espion ira trouver l'ennemi » ; cf. LAPO 17, p. 138-139. Le CAD N/2, p. 51, comprend à tort : « the person under guard will get away», ce qui est tout à fait hors contexte. d) N. Ziegler, Les Toponymes paléo-babyloniens de la Haute-Mésopotamie (= MTT 1/1), p. 369, distingue deux toponymes Tillâ, l'un au sud de ubat-Enlil, l'autre dans le royaume de Larsa. Aucun des deux ne convient ici. Il doit s'agir ici d'un endroit (cf. la notion de « Puits + Tillâ »), sans doute au sud de Mari (l. 27), vraisemblablement sous contrôle mariote mais d'où il était possible de mener une attaque contre les Enclos où les Soutéens réunissaient leurs troupeaux. Cela indique que le terme tillâ entre en fait dans la série des termes géographiques descriptifs. Le sens était sans doute « le Puits aux deux Tell », ce qui devait indiquer une ancienne structure humaine abandonnée où subsistait un puits, un tell présentant deux sommets pouvant avoir l'apparence d’un tell double. e) Il faut comprendre qu’il s’agit ici des Enclos. f) Le passage indique que l'on trouvait dans les Enclos des Soutéens des moutons- ID. Cette race ovine était donc différente de l'udu-gukkal, le « mouton à grosse queue ». Puisque l'expression ID-si-ga a affaire avec la tonte (cf. CAD B buqûmu), il devait s'agir d'un mouton élevé pour sa laine plutôt que pour sa viande. ID dans cette expression devrait donc désigner la toison (àg = itqum). L'expression est de toute façon à rattacher à lú- ID qui ne désigne pas qu’un angûm à Mari mais aussi un ouvrier pour l'exploitation des moutons. La lecture à Mari de lúàg(a) pouvait être a itqim. g) te-le-tum est un terme de compréhension difficile. L'akkadien tele'û, relativement peu employé, est considéré comme une formation augmentative de le'ûm « capable », auquel on ramène l'épithète bien connue d'Etar telîtum, comprise traditionnellement comme « E tar l'experte ». Le terme peut qualifier également des prêtresses. Ce terme te-le-tum pouvait avoir en Occident un sens perdu en akkadien, comme il peut s’agir aussi d’une réalité lexicale différente. Ces femmes amorrites avaient-elles une spécificité de tissage ou d’entretien des animaux inconnue de la population de Mari ? Dans ce cas une traduction « qui savent y faire » est envisageable. Mais le contexte pourrait être simplement de « razziée » Le terme mariote viendrait donc non pas de le’ûm mais de elûm, ullûm ou ûlûm signifiant « enlever à un groupe » (cf. CAD E, p. 134). Il faudrait poser un terme têlîtum. h) À cet endroit, l'enveloppe a produit un effacement de la surface de la tablette qui rend aléatoire la transcription proposée. i) Hammî-talû (pour lequel plusieurs variantes d'écriture existent, cf. ARMT XVI/1, p. 99 et N. Ziegler, Amurru 3, 2004, p. 98 note à l. 20) était un chef de clan soutéen bien connu (depuis l'époque éponymale comme le montrent ARM I 17 et V 23). Il aurait appartenu au clan des Mehalisayûm (cf. Studia Chaburensia 4, p. 219) qui devait être au contact direct de l'alvéole de Mari. Yatarum est néanmoins un NP trop répandu pour que l'on sache sûrement de qui il s'agit. Il pouvait n'être qu'un cheikh relevant de Zimrî-Lîm et voisin des Enclos. j) Cette expression ana libbim maqâtum n'est pas usitée ailleurs à Mari et de façon générale peu documentée (cf. CAD M/1, p. 245a, « reach the heart », au sens de « toucher quelqu'un, se faire admettre par lui »). Ana NG maqâtum signifie à Mari couramment « arriver à un endroit », le plus souvent sans y être attendu.

    334

    Jean-Marie DURAND

    Même projet de rezzou contre les ovins des Soutéens (l. 16-19) dans [A.3943]. La position des troupeaux est donnée d’une façon qui devait être claire à l’époque mais ne l’est plus aujourd’hui que le cours de l’Euphrate a changé. Les Soutéens cherchaient à avoir accès au fleuve (l. 7) pour leurs troupeaux ; l'idéogramme sumérien kur = adûm est un terme propre à la nomenclature géographique de l’alvéole de Mari où il désigne la falaise qui borne la vallée fluviale. Le « front » (pûtum) de cette falaise était constitué par une pâture (rîtum), sans que soit utilisé ici le terme de qerbêtum qui désigne la prairie alluviale, hors d’atteinte de la crue. Il devait s’agir d’un endroit que les troupeaux mariotes ne fréquentaient pas, ou auquel ils n’avaient pas accès. Les Soutéens devaient donc s’y sentir en sécurité. 149 [A.3943] Sumu-hadû au roi. Les troupeaux des Soutéens se trouvent à l'endroit où le fleuve affouille la falaise. Si roi donne son aval, ces troupeaux seront rabattus.

    2 4 6 8 Rev. 12 14 16 Tr. 18

    a-na be-lí-ia [qí-bí]-ma [um-ma s]u-mu-ha-du-"ú# [ìr]-"ka#-a-ma [pa-na-n]u-ma a-um udu-há a su°-ti-i a ri-tam a pu-ut kur-i a ki-a-ad pu-ra-tim udu-há-u- i-ka-la a-na be-lí-ia a-p[u-ur] i-na-an-na be-lí up-pí an-né-em li-i-me-ma um-ma be-lí i-qa-bi me-hi-ir up-pí-ia be-lí li-a-bi-lam-ma lú-me-e a-ba-am lu-u-ru-ud-ma udu-há-u-nu° li-[i]m-ha-[ú] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Précédemment déjà, au sujet des ovins des Soutéens, 6 ceux 8 dont les ovins 9 paissent 6 l'herbe du front de la falaise 7 qui (forme) la berge de l’Euphratea), 10 j’avais envoyé un message(r) à mon seigneur. 11 Maintenant, mon seigneur 12 doit prendre connaissance de 11 cette tablette de moi 12 et, 13 si mon seigneur en est d'accord, 15 il doit me faire porter 14 réponse à ma tabletteb) 17 afin que j’expédie 17 des gens et 19 que l’on rabattec) 18 leurs ovins. 5

    a) a pu-tu kur GN est traduit par CAD P, p. 552a « that is alongside the Lebanon », pour Shalm. III, dans Iraq 24 94: 22. Cf. WO 1 470: 54 ana muhhi Puratti ina pu-ut KUR GN aqirib = « je m'approchai de l'Euphrate, en face du mont NG ». L'expression pût GN est aussi traduite par « opposite ». Le terme désigne donc ici l'endroit de l'Euphrate où le Bishrî s'avançait jusqu'à être affouillé par le courant du fleuve. Ce pourrait être le lieu dit Ba‘lat qurâdim/gurrâtim, mentionné par [A.2200] : 11. Le texte montre bien ici la différence entre les termes ahum « côté » (Ah Purattim = le royaume de Mari) et kiâdum « berge » du fleuve qui représente une réalité topographique. b) Le serviteur demande ici autorisation écrite de faire le coup de main. c) Le verbe mahâum (comme sìg en sumérien) ne signifie pas « abattre un troupeau » mais de façon usuelle « le rabattre ». Il est question ici de capturer les animaux au cours d'un rezzou.

    Les textes de Sumu-hadû

    335

    6.10 Expéditions vers le Nord Dans [A.1223] Sumu-hadû parlait de l'impossibilité d'envoyer à Qana les 1 000 hommes promis en même temps que des fortes chaleurs du moment de l'année ; l'événement était concomitant à la tentative de Narhi sur A nakkum, qui est donc de ce moment là. Cet homme est en effet mentionné dans plusieurs documents du début du règne de Zimrî-Lîm en rapport avec cette ville. Ce Narhi devait être de la famille royale d’A nakkum puisqu’il était le père d’Ilî-Sûmu, candidat ultérieurement à la royauté de la ville. M. Guichard le tient d'ailleurs pour un roi éphémère d’A nakkum, après Yaqbi-Addu, installé par les Mâr sim’al222.

    —Dans une lettre à Il- u-nâir (FM III 130: 4), le « premier gouverneur » de Qaunân, le roi parle de ce Narhi ; il arrive à Qaunân avec A ma et ce dernier doit se faire donner une escorte de 50 personnes pour aller à un endroit dont le nom n'est plus lisible (NI?-….). —Il est en étroite relation avec les tentatives d'Ibâl-Addu pour se réinstaller sur son trône, sujet qu'abordent [M.6776] et [A.3211]223. Comme ces textes sont en référence à la restauration de la famille de Yahdun-Lîm sur le trône de Mari, ils ne peuvent qu'être des débuts du règne. Le roi de Mari propose que Narhi puisse aider Ibâl-Addu à retrouver sa position sur le trône d'A lakkâ à la place de arrum-adal, selon les termes de [A.842]224 : 24-28 : « Après que Narhi sera entré à A nakkum, Hâlî-hadnû, Narhi et les cheikhs [du pays] d’IdaMara se réuniront et ils règleront son compte à ton adversaire. » Dans [A.1223], on voit que Narhi a poursuivi sa route depuis Qaunân jusqu'à Zibnatum qui, au district de Saggâratum, se trouve dans la zone d’activité de Sumu-hadû. Les 100 hommes qu'il vient chercher devaient lui servir pour son projet d'A nakkum. Le texte est vraisemblablement du moment des demandes d'Ibâl-Addu de [A.842] et de [A.3211] mais aussi de l'arrangement de [M.6776], imaginé par Zimrî-Lîm, selon lequel Ibâl-Addu n'avait qu'à persuader les Bédouins chargés de restaurer les prétendants sur leur trône de l'aider à régler ses affaires à A lakkâ. C'est en tant que fonctionnaire royal que Sumu-hadû les lui fournira, mais il faut que Narhi aille jusqu'à Zibnatum pour avoir ces troupes car il n'y en a pas en aval à lui livrer. De toute façon, les 100 hommes n'existaient que dans l'ordre royal et il fallait en demander 50 à Idin-Annu (l. 26), sans doute sur le contingent qui avait été prévu pour Qana. Cette lettre [A.1223] permet de relier entre eux plusieurs événements. Le moment où Narhi est programmé pour être roi d’A nakkum est en effet celui où est prête l’expédition pour Qana. Mais il semble que, sans doute suite à la maladie d’Asqûdum, ce soit Idin-Annu qui doive prendre la tête des soldats. À Saggâratum Sumhu-rabi semble tenir (au moins momentanément) la place de Habdû.maDagan, alors que Sammêtar est à Terqa (l. 9). Tous ces faits seraient donc du mois vii de ZL 1, après le retour triomphal de Kahat et la disparition de Bannum. 150 [A.1223] Sumu-hadû au roi. Il attend Narhi à Zibnatum et a envoyé Sammêtar (Terqa) et Sumhu-rabi (Saggâratum) à l'embouchure du canal. Un devin lui apprend que 1 000 hommes doivent aller à Qana, mais il n'y a pas cru, faute de tablette du roi. Il n'y a pas 100 hommes à Saggâratum pour escorter Narhi et Idin-Annu doit lui en procurer 50. Pour l'expédition de Qana, on ne peut envisager qu'une route de nuit car il fait trop chaud la journée. C'est là la cause du retard.

    2

    a-na be-lí-ia qíbí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú 222

    Cf. M. Guichard, FM VI, p. 140.

    223

    = ARM XXVIII 77 et 78, repris ici p. 30-31.

    224

    = ARM XXVIII 48, repris ici p. 34.

    336

    4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 Tr. 38 40 C.

    Jean-Marie DURAND ìr-ka-a-ma a-um e-em na-ar-hi "ù# a-bi-im a it-ti-u à-ra-di-im a be-lí i-pu-ra-am a-di lú u-ú i-ka-a-a-da-am i-na zi-ib-na-timki-ma ú-qa-a-u I sa-am-me-tar ù su-um-hu-ra-bi a-na i-ip-ri-im a-na pí-i íd-da a-à-raad []a-ni-tam be-lí a-pil-ì-lí [du]mu I mu-tu-ra-bi be-lí ki-[a-am i]-pu-ra-am [um]-ma-mi 1 li-im a-bu-um qa-du-um í-di-ti-u ù e-nu-ut gi -tukul-há [an-n]i-ki-a-am a i[t-t]i kaskal a a-na qa-á-nimki i-la-ku u-ta-a--tam-ma ú-ur- dam ù a-um up-pí be-lí-ia la na-u-ú a-wa-tam ú-ul a-qí-ip i-na-an-na a-yu-um 1 li-im a-bu-um dam []a a-à-raa-um 1 [m]e pí-ih-rum° a it-ti na-ar-hi à-ra-di-im a be-lí i-pu-ra-am wa-ar-k[a-at a-b]i-im a ha-la-a sa-ga-ra-timki ap-ru-ús-m[a] "50# a-bu-um a-pí-il-tum -ih-rum a i-ba-a-u ù a-na 50 a-bi-im a-na ha-al-í-im e-li-im a-na ru-di-im a-na i-din-an-nu / a-pu-ur i-na-an-na a-ba-am a i-la-ku ù an e-há225 gú ma-al a-la-pa-tu i-na up-pí-im be-lí li-a-a-e(TI)-ra-am ma-al a be-lí i-a-ap-pa-ra-am lu-pu-ú ù i-tu be-lí kaskal-a a-tu a a-na qa-á-nimki i-"à#226-ra-ad° am-mi-nim ú-"la#-p[a]-[at-ma i-na i]-di ri-qí-im i-z[a-a]z "i#-"na# qa-"ab#-li-[tim kaskal i-di]n-an-nu i-na e-"et# wa-ar-hi-[i]m [li-ta-la-ak] mu-u-la-lam a-la-k[am ú-ul i-le-i] ú-"la#-u-ú-"ma# a-na [a-at mu]-i-[im-ma] kaskal-a i-i u-é-ma "i#-[na ur-ri-im] [a]-la-"kam#? ú-ul i-le-{Ú}-"ú# u-mu da-an-nu mu-u-la-l[am] "a#-"la#-kam ú-ul i-le-ú (2 l. érasées)

    be-lí … (érasé) Note : pour les l. 23-24, cf. I. Guillot, FM III, p. 272. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet de Narhi et de la troupe à 6 expédier 5 avec lui, 6 sujet de la lettre de mon seigneur, 7 jusqu'à ce que cet homme m’arrive, 8 je vais l’attendre à Zibnatum même. 11 Je viens d’expédier 9 Sammêtar et Sumhu-rabi 10 au travail (qu'il y a à faire) à l’embouchure du canal. 5

    225 226

    La séquence idéogrammatique est écrite sur érasures.

    Le signe HI est écrit de façon archaïque, comme un losange, non par un signe analogue à “40”/HI. Comprendre iarad au parfait.

    Les textes de Sumu-hadû

    337

    12

    Autre chose : mon seigneur 13 m’a fait savoir ceci 12 par Apil-ili, le fils de Mutu-rabia), 13 disant : « 14 Une troupe de 1 000 hommes avec son approvisionnement et 15 armement 16 (est) là où tu es ; (c’est celle) qui 17 ira avec l’expédition qui est pour Qana ; 17 équipe(-la) et 18 expédie(-la). » 19 Mais, vu qu’il n’était pas porteur d’une tablette de mon seigneur,20 je n’ai pas prêté foi au propos. 21 En fait, quelle est cette troupe de 1 000 hommes 22 que je dois envoyer ? 23 Au sujet de la centaine de mobilisés à envoyer avec Narhi, 24 objet de la lettre de mon seigneur, 26 je me suis renseigné 25 sur la troupe du district de Saggâratum. 26 Une troupe de 50? hommes, reste des mobilisés, 27 (c'est ce) qui existe. 27 Alors, 28 j’ai envoyé un message(r) à Idin-Annu 27 pour (avoir) une troupe de 50 hommes 28 à conduire à la région d’amont. 29 Maintenant, 31 mon seigneur doit me faire mettre par écrit sur une tablette 29 les gens qui doivent faire le déplacement 30 et les ânes de bât, autant que je devrai en recruter. 32 Je ne manquerai pas de faire tout ce que mon seigneur m'indiquera. 33 D'autre part, puisque mon seigneur 34 doit envoyer 33 cette expédition qui (est) pour Qana, 34 pourquoi tarde-t-elle ? Elle est 35 inoccupéec). En pleine nuit, l’expédition d’Idin-Annu 36 doit partir au début du moisd). 37 Elle ne pourra faire route l’après-midi. 38 Ou sinon, c’est au début de la nuit que cette expédition se mettra en routee) mais 40 ils ne pourront faire route à la chaleur du jour : 41 les journées sont pénibles : l’après-midi, ils ne pourront pas faire route. (Plusieurs lignes érasées, qui devaient répéter ce thème de la chaleur qui empêche de bouger.)

    a) Un Apil-ili n'est connu de ARMT XVI/1, p. 64 que comme messager élamite. Pour le nom de son père, cf. ARM XXVIII 70: 20 et J.-M. Durand SEL 8, 1991, p. 97. b) Le texte de la l. 34 est de lecture problématique. L’idée est que la chaleur excessive empêchant l’armée de marcher de jour était cause du retard, alors que la fraîcheur de la nuit permettait de faire route à travers le désert. c) ri-qí-im (rîqum « inoccupé », plutôt que rêqum « lointain ») est une des possibilités de lecture avec laquelle D. Charpin serait d’accord, mais le RI ne ressemble absolument pas à celui de la l. 10. d) Warhum (« nouvelle lune») fait allusion au premier du mois. Pour cet usage, cf. LAPO 17, p. 509-510. e) En mot à mot : « elle sortira (de son campement). »

    La « montée » de Zimrî-Lîm est un thème récurrent des lettres de Sumu-hadû, dont les modalités sont difficiles à préciser car il peut s'agir d'un mouvement vers l'Ida-Mara ou vers la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il faut tenir compte, en outre, de ce que les tentatives mariotes contre le restant de la puissance du RHM ont dû occasionner (ou programmer) plus d'un projet militaire : un premier, du vivant de Bannum, s'est terminé par la prise de Kahat mais un second, en principe, devait menacer ubat-Enlil où une garnison loyaliste gardait toujours l'acropole. L'expédition contre Kahat est antérieure à la rébellion mâr yamîna, mais une seconde a dû, momentanément au moins, rester à l'état de projet parce que, lors de la révolte, les troupes royales ont dû être utilisées pour attaquer Mi lân et Samânum, qui se trouvaient dans le royaume. Il n'est ainsi pas facile de distinguer entre les deux « montées vers l'Ida-Mara » du roi de Mari, celle qui a eu lieu et celle qui n'a été que projetée. Pour la « montée » du roi vers Terqa et Saggâratum ou la Forteresse de Yahdun-Lîm qui était à leur amont, ce que l'on devine des relations avec les Bédouins peut servir de marqueur temporel. Elle s'est produite apparemment la première année de Zimrî-Lîm, après la disparition de Bannum. [A.795]227 fait allusion à une fête très populaire dont le nom n’est pas précisée mais qui pourrait être analogue à celle du char de Nergal (cf. LAPO 18, p. 134). La mauvaise conservation de la l. 9 prive d'un renseignement important sur le rite alors accompli. La célébration coïncidait avec un déplacement de la divinité hors de son temple, où elle revenait228 (l. 25-27). Le roi comptait partir avant la fin de la fête, voire même sans en tenir compte. C'était cependant une occurrence sacrée où, le second jour, l'on faisait des prières non seulement pour son propre compte, mais aussi pour le roi (cf. l. 10-12). Lors de cette célébration religieuse s'affirmait donc la loyauté populaire envers le souverain. 227

    La difficulté de compréhension de cette lettre tient à l'emploi de tournures grammaticales et lexicales inusitées dans le reste du corpus. 228

    De tels mouvements sont bien documentés dans la vie religieuse de l'époque.

    338

    Jean-Marie DURAND

    Zimrî-Lîm avait fixé une date (hidânam akânum, l. 14-15) qui devrait être repoussée d'autant (l. 23-24). La demande de Sumu-hadû visait à éviter le mécontentement des particuliers. Sa propre maison avait été envahie par la foule des mécontents (l. 18) et il ne faisait que transmettre au roi les desiderata populaires (l. 21-22). Sumu-hadû était bien alors à la tête de l'administration. Il parle, cependant, de sa demeure privée, nullement du palais royal où le roi était inaccessible. Comme dans la lettre [A.582+], on s’attend à ce que le roi parte de Mari, mais cette fois-ci le départ était imminent. [A.795] devrait donc être un document postérieur à [A.582+]. 151 [A.795] Sumu-hadû au roi. Il faut que le roi retarde son départ de deux jours pour laisser au peuple le temps de terminer une fête très populaire, cela sur la demande exprès des gens.

    2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 Tr. 26 28 C. 30 32

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma tu-a-a[m] ka-ia-an-tam-ma ma-[tum i-s]i-nam i(E)-pé-e ù "a#-[hu-um] a-ha-am i-ta°-ás-si-ma ka-a[l a-li-i]mki [lú-me-e ] ú-Za-"ar#-ru-ú [i-na u 2]-kam a "i-di#-u [a-lum]ki i-ka-ra-ab "ù# 2-u a-na be-lí-ia i-ka-ra-ab be-lí u 2-kam e-li hi-da-nim a be-lí i-ku-nam i-na ma-riki li-la-pí-tam ma-tum i-si°-nam li-pu-ú a-na-ku ú-ul mi-im-ma ad-na-an be-lí° a-na é-ti-ia i-ru-bu-/ma be-lí a-ma-ha-ar mi-im-ma ú-ul a-ú- ul a-um lú mu-ú-ke-nim a-pa-ra-am an-né-em a-na be-lí-ia a-pu-ra-am be-lí u 2kam i-na ma-riki li-la-pí-tam-ma ak-ki-ma i-si°-nu-um i-a-lam-ma be-lí a-na é-ti-u i-ru-ba-am as-sú-re be-lí ki-a-am i-q[a-ab]-b[i u]m-ma-mi I su-mu-ha-du-ú e-em-u ú-u[l i-i-ma] a-pa-ra-am an-né-em i(E )-pu-ra-a[m] i-na AN-lim a be-lí°mi-im-ma ú-ul ha-n[a-ku] pí-i mu-ú-ke-nim e-me-ma ut-ti-[ir] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. On dirait que 6 le pays est dans une fête 5 continue : 7 chacun s’invitea) et 8 (par) toute la cité les hommes célèbrent les zurrayâtumb). 10 Le second jour, 11 la villec) fait des prières pour son cas per5

    9

    Les textes de Sumu-hadû

    339

    sonnel, 12 mais, en second lieu, 13 elle prie 12 pour mon seigneur. 13 Mon seigneur 15 doit s’attarder à Mari 13 deux jours 14 au-delà du terme 15 qu’il a fixé. 16 Il faut que le pays célèbre la fête. 17 Moi, je n('y) suis (pour) riend). 18 Par mon seigneure), ils ont pénétré chez moi et j'en atteste mon seigneurf), je n’ai rien vu (de tel)g) ! 21 (C'est) du fait des particuliers, 22 (que) j’envoie ce 21 message 22 à mon seigneur. 23 Mon seigneur 24 doit s’attarder 23 deux jours 24 à Mari, 25 afin que la fête aille à son terme et 26 que mon seigneur 27 soit (r)entré 26 dans sa demeureh). 28 Il ne faudrait pas que mon seigneur 29 dise 28 ceci : « 30 Sûmû-hadû n'est pas senséi) 30 de m’avoir envoyé un tel message ! 32 Par le dieu de mon seigneurj), je ne revendiquek) rien. 33 J’ai entendu les propos des particuliers et en conséquence je les rapportel). a) L’usage d’un signe en I pour noter un signe en E est courant à Mari. Ici, pour le E = i (i-pé-e) au lieu du simple i-, cf. l. 31 i (E ) au lieu de I . Par ailleurs, la forme i-ta-ás-si était déjà connue par ARM XIV 48 : 9. Dans LAPO 17, p. 358, n. 46, le texte a donc été indûment corrigé en i-a!-as-si. Il s’agit manifestement d’une variante taûm pour asûm. asûm a ici le sens contextuel d'inviter. b) Ce verbe est pour l'heure un hapax. La forme i-Za-ar-ru-ú de ARM VI 13: 17 est en fait i-ha*-ar-ru-ú (cf. LAPO 17, p. 654, n. 122). Il s'agit apparemment dans le présent texte d'une activité festive. Le terme peut donc avoir un rapport avec l'activité rituelle dite inûma Zu-ra-ia-tim (cf. ARM VII 263 i et iii) ou inûma Zu-ra-i de ARM IX 214 vi 26 et ARMT XII 174, ce qui n'est cependant pas assuré. Le statut de la sifflante initiale (Z//S) n'est pas déterminable. Je ne sais quel rapport peut avoir existé entre cette activité cultuelle et les vases homonymes commentés par M. Guichard dans ARMT XXXI, p. 333, lesquels peuvent avoir servi à cette occasion. Il s'agirait alors soit d'une lustration, soit de rites orgiaques (la potatio latine). Non liquet. Dans le second cas, on ne comprend cependant pas qu'il n'y ait pas le recours à la racine « boire ». c) Ce singulier doit renvoyer au couple ahum… aham. d) La découpe des signes fait que la l. 17 doit se comprendre comme un tout unitaire. Le sens peut être « je n'y suis pour rien ». Pour cette expression ûl mimma comme une phrase nominale, cf. ARM X 27 = LAPO 18 1136. La traduction de J. Sasson, From the Mari Archives, p. 321 : « would anything (be like this?) » convient peu ici. e) L'expression ad-na-an be-lí est l'équivalent de ana dinân bêli-ia. Cf. dans [A.2114] = ARM XXVIII 14 26 (cf. p. 313) où on trouve l'écriture a-di-na-an. La syncope peut venir du style parlé. Pour bêlî au lieu de bêli-ia, cf. à la l. 32: ina ilim a be-lí. Il est courant chez Sumu-hadû de trouver une finale -î pour -ia. f) Là encore, il doit s'agir de style parlé. arram/bêl(î) mahârum est une expression courante pour dire qu'on se présente devant le roi et, éventuellement, qu'on s'en remet à lui (cf. TLB 4 19 rev. 7). Peut-être le sens est-il « J'en atteste mon seigneur » avec un emploi colloquial de l'inaccompli qui tient lieu de l'optatif, plus poli. g) Une signification « wait and see » est proposée par CAD N/2, p. 126a pour plusieurs exemples de naâlum en paléo-babylonien, ce qui doit provenir d’un contexte comme « prendre le temps de voir = être dans l’expectative », ou « regarder avec indifférence ». Elle ne convient pas ici puisque le verbe est nié. On pense donc plutôt à un sens comme « je n'ai pas vu (quoi faire) » ou bien « je n'ai jamais rien vu (de tel) ». h) La postposition d’akkîma à un verbe suivi de -ma pour indiquer une construction finale est désormais bien documentée à Mari par plusieurs exemples de ARMT XXVI ; cf. en outre dans DBP s.v. [A.410+] : an e hârî itti arrâni a mâtim annîtim, liqul-ma ak-ki-ma ana nehrârim, a bêlí-ia izzazû = « Il faut qu’il tue les ânons avec les rois de ce pays afin qu’ils se tiennent prêts à secourir mon seigneur ». Le détail en est cependant complexe et demanderait une étude minutieuse. Ainsi, dans FM 6 4 [A.402] : 28-30 awîlî unûti uhanniq-ma, a[k]-ki-ma urram erram warkum, lihu[t]-ma ana mi-im- qassu lâ ubbal = « J’ai fait étrangler ces gens afin qu’à l’avenir un autre après (eux) prenne peur et ne porte la main sur rien ! » montre bien la complexité des emplois modaux et le non-emploi éventuel du subjonctif dans de tels emplois. Akkîma peut ne signifier ici que « de cette façon ». La forme i-ru-ba-am peut donc être interprétée comme défective pour irrubam. Cela dit, les l. 26-27 bêlî ana bîti-u, irrubam peuvent difficilement concerner la personne royale. Le terme bêlî doit plutôt désigner la divinité et bîtum le bît ilim, soit le temple. Il s'agirait ainsi d'une cérémonie cultuelle où la statue de la divinité était promenée dans le pays/la ville pour retourner, à la fin du rite, dans son lieu de culte. i) On pourrait néanmoins penser à d'autres racines comme DMQ, damiq signifiant « amical », ou KûN, kûn signifiant « stable », etc. j) Ina est employé ici dans le serment au lieu du aum mieux attesté à Mari. k) La séquence ha-n[a semble bonne à la lecture. La forme verbale requise est d’ailleurs un permansif. La seule racine qui paraît possible est donc N' attestée à l'époque paléo-babylonienne dans YOS 2 [= ABb 9]: 52 où M. Stol traduit ah-ni par « I protested » ou à El Amarna. Dans CT 6 39b, YOS 2 52 ou à El Amarna le sens de hanûm est « demander haut et fort ». AHw, p. 321b (qui traduit hart zusetzen, « harceler, presser fortement ») rapproche l’arabe anä, « tenir des propos obscènes ». Le CDA propose « browbeat » (« intimider, brusquer »). l) Pûm avec emûm était déjà connu par RA 53, p. 58: 24.

    340

    Jean-Marie DURAND

    Le texte [M.12870 = TH 72-36] concerne les préparatifs d'une montée du roi vers le pays d'amont. Il ne peut toutefois pas s'agir de l'expédition de Kahat car les deux officiels nommés sont Sammêtar (Terqa) et Sumhu-rabi (Saggâratum). Or Habdû.ma-Dagan était encore en poste au début de ZL 2. Il s'agit donc d’une montée de Zimrî-Lîm vers l’Ida-Mara, sa deuxième année. Le gouverneur de Terqa inspecte les travaux sur le canal I îm-Yahdun-Lîm. Avec son collègue de Saggâratum il est chargé de pourvoir au ravitaillement des demeures des hors-clans et d'une autre catégorie de militaires mal définie. La fin de la lettre qui parlait de transport de ravitaillement est mal conservée. La lettre donne des indications sur l'armée dont disposait en l'occurrence le roi de Mari : les soldats font partie de bîtum, groupes familiaux élargis, base de la population sédentaire, ou sont des isolés (didli = « hors clans »), gens qui s'enrôlent personnellement sans être envoyés à l'armée par leur groupe, ou encore sont des gens « qui vont à pied ». Le terme âbum reprend ceux qui font partie des « familles » et ceux qui s'engagent personnellement.

    152 [M.12870] Sumu-hadû au roi. Transmission des ordres du roi qui prépare un déplacement vers le pays haut aux gouverneurs de Terqa (Sammêtar) et de Saggâratum (Sumhu-rabi). Des provisions ont été livrées à des auxiliaires. (Suite indécise).

    2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 22

    a-na be-l[í-ia qí-bí-ma] um-ma su-mu-[ha-du-ú] ìrka-a- [ma] up-pa-am a be-lí ú-"a#-bi-lam e[]-me a-um a-la-ki-u a-na ma-a-ti[m e-li-tim]229 be-lí i-pu-ra-am i-nu-ma up-pí be-lí-ia e-mu-ú a-bu-um a ha-la-a sa-am-me-e-tar er-ra°-tam mu-ba-li-tam i-na íd i-i-im-ia-ah-du-li-im i-pí-i-ma a-na he-e a-bi-u i-li-kam 230 ù su-um-hu-ra-bi ki-"la#-lu-u-nu ma-ah-ri-ia wa-a-[b]u ki-ma na-a-pa-ar-ti a!231 be-lí-ia dan-na-tim a-na lú-me-e a-pí-ì a-ku-un -um-ma a-na bi--tim a?232 lú-didli- a-bi-im ù a-wi-il ki-ib-sí -ri-im-ma í-di-t[um!233 na-ad-n]a-at a-na na-"á#-par!-ti234 be-lí-i[a a]-hi ú-ul ad-di iz-z[i-zu?-m]a? ù a-b[u-u]m a gú-há a wa-a[r-ki be-lí-i]a i-la-ku ni-i? s[a-am-me]-"e#?-t[ar…]

    229

    Sur la copie de M.B. il ne semble cependant rien y avoir après ma-a-ti[m].

    230

    Il manque ici du texte puisque ki-la-lu-u-nu et wa-a-bu sont des pluriels. On supposera donc soit qu'une ligne a disparu après la l. 11, soit qu'au début de la ligne 12 il faille suppléer un u-ú, voire un lú u-ú. 231

    La copie de M.B. comporte na-a-pa-ar-ti-ia ce qui ne qui ne convient nullement pour le sens, d'autant plus que la napartum est le fait du roi non du fonctionnaire. IA et A sont deux signes qui sont être très proches l'un de l'autre pour leur début. 232

    Le A semble écrit sur l'érasure d'un LÚ anticipé.

    233

    Le signe copié ressemble plutôt à IT. Cf. ci-dessous, n. d).

    234

    La copie de M.B. porte plutôt na-pa-"an#-ti. Naparti est néanmoins ce que l'on attend, d'après le mouvement du texte.

    Les textes de Sumu-hadû

    Tr. 24

    341

    [o] x x [………...] a? ì[r?-……………] a-x-[………]235

    Note : cette tablette (cf. Syria 50, 1973, p. 2 et n. 3) ne m'est connue que par une copie de travail au crayon de M. Birot qui lui donne le sigle TH 72-36. Le document devait présenter un texte relativement fautif où plusieurs parties du discours semblent avoir été omises. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 6 Mon seigneur m'écrivait 5 au sujet de son déplacement au pays d'amont. 7 Lorsque j'ai pris connaissance de la tablette de mon seigneur, les gens 8 du district de Sammêtar 10 faisaient a) le barrage qui doit alimenter (en eau)b) dans (la zone du) canal 10 I îm-Yahdun-Lîm et 11 (Sammêtar) était allé inspecterc) (le travail de) ses gens. 12 Lui et Sumhu-rabi, 13 tous deux, se trouvent (actuellement) devant moi. 14 Selon le message de mon seigneur, 15 j'ai donné des ordres exprès aux (deux) gouverneurs. 16 Voilà qued) 18 des provisionse) se trouvent données 16 aux demeures des gens de la troupe qui sont des hors clans 17 et aux hommes qui parcourent la steppef). 19 Je n'ai pas négligé 18 le message 19 de mon seigneur. 20 Ils sont présents et les gens pour le transport 21 qui vont suivre mon seigneur, gens de Sammêtar … 4

    (Texte indécis.) a) Le verbe epêum indique ici que les gens (âbum) étaient répartis en êpitum. b) Les lettres de Sumu-hadû peuvent juxtaposer des termes sans employer le ù. On peut cependant déduire de ce passage qu'il existe un rapport entre les errêtum et le muballi(t)tum. Pour ce dernier terme, cf. LAPO 17, p. 579, où il est proposé qu'il désigne le système permettant de faire arriver l'eau dans un canal. Ici la série des piquets permettant d'agencer la muballi(t)tum porte le nom de erratum, « barrière », variante de erretum. Le terme est une dérivation en -at-um sur errum qui est employé en topographie. Il vient apparemment d'une racine 'RR qui signifie « lier » et en toponymie « délimiter ». Il est possible qu'elle soit apparentée à la 'RR qui signifie en akkadien « maudire » et qui aurait à l'origine le sens de « lier magiquement ». c) he-e est la forme mariote attendue pour l'infinitif akkadien hi'âum (cf. LAPO 16, p. 551-552). Le sens de hiâum est ici d’« inspecter », « voir les résultats du travail ». d) D'ordinaire um-ma est suivi par l'indication de celui qui parle. On pourrait donc imaginer ici un texte um-ma a-na- bi-tim, genre de faute par surimposition bien attestée dans les textes de Mari mais il est difficile de faire un discours direct avec les l. 16-18. Comme de toute façon du texte manque, j'ai plutôt supposé ici une correction umma. e) Il n'y a pas place sur la copie de M.B. pour í-di-i[t-tum na-ad-n]a-at et il faut lire í-di-t[um. f) L'awîl kibsi pourrait correspondre au a kibsi (cf. CAD K, p. 339a) et avoir un parallèle dans ki-ib-sa-at lú ha-name-e de A.915: 28 (cf. Amurru 3, p. 143-144), selon D. Charpin. La présence de ce type de soldat à l'époque amorrite n'est pas plus surprenante que le terme de zukûm pour désigner une unité d'infanterie (cf. LAPO 18 index, p. 606a), alors que le terme est notoirement récent pour les dictionaires. Comme zukûm désigne une sorte de fantassin, l'awîl kibsim peut faire allusion à cette sorte de soldat, mais awîl kibsi êrim pourrait être une autre façon de désigner le sagbum.

    Dans le texte [A.2958] il est question explicitement de ubat-Enlil (l. 6). On devrait donc être au moment du départ de l'expédition royale vers la Haute-Djéziré. Il peut s'agir d’une seconde expédition qui a suivi la prise de Kahat, mais, à en croire les conseils de prudence que donnait Bannum au roi de Mari, la première aussi devait viser ubat-Enlil. La lettre pourrait donc faire allusion à la première expédition. On note cependant le problème des bagages royaux, sous la forme des piquets de tente ; manifestement les conditions ont changé puisque l’on prévoit le port de tentes par 60 hommes : ce n'est plus une guerre de Bédouins et le confort est supérieur. La convocation des Mâr yamîna (l. 21’-22’) indique que les hostilités avec eux n'ont pas encore commencé. Ce pourrait être une des causes qui ont entraîné la rébellion. La mention des mer‘ûm et des cheikhs font que cette lettre doit être assez proche dans le temps de l’arrivée du hiprum mâr yamîna au royaume de Mari (cf. [A.2924]). Les trois districts sont désormais

    235

    Peut-être faut-il lire l.24-25 la formule banale a ì[r-du-ti-a a-na be-lí-ia], a-p[a-rum-ma a-pu-ur].

    342

    Jean-Marie DURAND

    établis et Sumu-hadû entreprend une réforme du système de la corvée (au moins sous son aspect militaire) ; on peut supposer qu’il s’agissait de Mari, Terqa et Saggâratum. Les travaux très importants auxquels se consacre Sumu-hadû sont ceux qui concernent l’irrigation des terres du Palais et des Mâr sim’al (cf. [A.2933]). La moisson est mentionnée l. 1’. 153 [A.2958] Sumu-hadû au roi. Le roi a en tête ubat-Enlil mais il y avait un travail urgent à terminer. (Lacune.) Question de la moisson. Organisation de la corvée de portage des toiles de tentes nécessitant 60 personnes. Convocation des Mâr yamîna.

    2 4 6 8 10 12 14

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma up-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-[me] a-um e-em u-ba-at-den-lílki be-lí i-pu-ra-am u-um up-pí be-lí-ia ik-u-dam ta-aq-ti-it i-ip-ri-im ú-ul a e-ze-bi-im ù du-pu-ri-im i-ip-rum u-ú na-pí-i-ti é-kál-lim ù na-pí-i-ti dumu-"me-e # si-im-a-al "ib#-"ba#-"a#-u […………-i]a (Tr. = 4 l.)

    Rev. 2’

    e-bu-ru be-lí-[ia (?) …] be-lí ki- ar-ru-ti-u l[i]- pu?-u? a-ni-tam a-um 1 u-i lú-me-e a gú 4’ a-na a hu-ru-pa-tim a be-lí i(E )-pu-ra-am um-ma-"be#-[lí-m]a uruki a-na hu-ru-pa-tim 6’ na-[i-im] [i]-"na# [g]a-am-ri-im-ma e-zi-bu [e-sí-i]k-ma236 i-na uruki 8’ [lú-me-e a g]ú lugal ù ìr lú a i-la-ku [u-ú]i ki 10’ pu-ha-at uru e-sé-ki-im i-na 3 ha-al-í-i 12’ 20 àm lú-me-e a gú dumu-me-e lú ták-lu-tim 1 u-i lú-me-e e-sí-ik 14’ 1 lú gal-ku-u-nu "ták#-"lam# a-a-ka-an-ma a-na ka-ia-ma-an-tim-ma Tr. a-na hu-ru-"pa#-tim-ma "na-i-im# ú-na-as-sa-ah-u-"nu-ti# 18’ ù be-lí li-i-ta-[al-ma] a-na lú mé-er-hi-i ù lú su-ga-[gi] C. i 20' a dumu-me-e ia-mi-na be-lí li-i-pu-ur-ma a-na sa-ga-ra-timki ap-pa-an be-lí-ia 22’ li-ip-hu-ru-nim-{X X X X}-ma

    236

    Pour cette restauration, cf. l. 10’ et 13’.

    Les textes de Sumu-hadû

    ii 24' 26’

    343

    e-ma-am an-né-[e-em a-na e-r]i-u-nu be-lí li-[i-pu-ra-am] pí-qa-at [2? me? a-bu-um] ù-lu 1 me [a-bu-um] it-ti be-lí-[ia il-la-ak]

    Bibliographie : l. 18’-22’ citées dans Amurru 3, p. 162, n. 277. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 7 Mon seigneur m’informait 6 au sujet de ubat-Enlil. 8 Le jour où la tablette de mon seigneur m’est arrivée, 9 (c'était) l'achèvement du travail. 10 Pas question de (l’)abandonner et de partir. 11 Ce travail (représente) quelque chose de vitala) pour le Palais 12 et pour les Mâr sim’al. 13 Il y a b)… 5

    (Lacune de 5 lignes.) 1'

    les moissons de? mon seigneur … 2' Que mon seigneur agisse en fonction de sa royauté ! Autre chose: au sujet de la soixantaine de porteurs 4' pour servir de gens pour les tentesc), sujet du message mon seigneur, 5' disant : « 7' Assigne 6' une ville au portage 5' des voiles de tentes — 6' on (les) a laissé(s) complètement en pland) — 7' et dans la ville 9' fais faire le portage 8' par porteurs du roi et par esclave(s) de(s) homme(s) qui font l'expédition », 10' au lieu d’assigner une ville, 13' j’ai assigné 11' dans les trois districts 12' 20 porteurs chaque fois, appartenant à la catégorie “gens de confiance” — 13' (ce qui fera) 60 hommes. 14' J'instituerai un chef de section pour eux “de confiance” et 17' je leur ferai quitter leur tâchee) 16' pour porter 15' de façon régulière 16' les voiles de tentes. 18' En outre, mon seigneur, après réflexion, 19' doit envoyer un message(r) 19' aux bergers et aux cheikhs 20' des Mâr yamîna 22' pour qu’ils viennent se réunir 21' à Saggâratum à la disposition de mon seigneur 22' et 24' mon seigneur doit envoyer 23' cette information chez eux. 25' Nul doute qu’un groupe de 200 26' ou 100 hommes 27' ira avec mon seigneur. 3'

    a) Pour ce sens de napitum, cf. CAD N/1, p. 302b « sustenance ». b) Le pluriel ibbaû doit s'accorder avec ce qui suit. c) Les textes de Mari documentent désormais huruppatum pour désigner la toile de tente, une sorte de velum ; cf. ARMT XXX, p. 49 et 154, où les huruppatum concernent surtout, semble-t-il, l'an 6 de Zimrî-Lîm. Il semble, d’après ce passage, que certaines villes avaient des tâches bien précises et que leur corvée était spécifique ; on le savait déjà pour ce qui concerne le service postal à l'époque du RHM. Cela reflète peut-être une organisation planifiée de la corvée. Sumu-hadû semble avoir privilégié une répartition des tâches sur l’ensemble du royaume et créé un corps de spécialistes du transport des tentes (l. 13’-16’). d) La fin de la l. 6' constitue une parenthèse dans le discours. e) Exemple net de nussuhum au sens non pas de « déporter » mais de « faire quitter sa tâche (à un fonctionnaire) pour recevoir une nouvelle affectation ».

    Le texte [A.556] se situe quelque temps avant une grande expédition vers le Nord, qui est en préparation selon le document mais qui n’a pas dû en fait avoir lieu. Qarnî-Lîm est à Andarig et Simahilânê à Kurda. L’année où Itûr-Asdû est en poste à Mari, il annonce à la fin de l'an ZL 1 au roi l’arrivée de Simah-ilânê aux Bords-de-l'Euphrate. Dans le présent texte, les rapports avec Simah-ilânê existent encore mais, manifestement, ont déjà commencé à se gâter, le roi de Kurdâ entreprenant d'écrire à celui de Mari en l’appelant « mon frère », initiative qui mit fin à la « belle période » de leurs rapports. Ce document est ainsi postérieur à [A.3186], lettre de Zikrî-Addu, dite Admonition des Anciens de Kurdâ, éditée dans FM II, p. 118. Au moment de [A.556], les E nunnéens sont encore loin. On est également au moment où Zimrî-Lîm prépare un message à Nahimum pour attirer le Mutêbal dans son camp237. Ainsi l’année qui a suivi le triomphe sur Kahat, Zimrî-Lîm formait-il à nouveau le projet d’aller attaquer ubat-Enlil, ce qu’il n’avait pu faire lors de l’expédition précédente, certainement faute de moyens. L'entreprise n’a pas eu lieu, cependant, vraisemblablement du fait des Mâr yamîna.

    237

    Pour ce texte, cf. ARMT XXXIV.

    344

    Jean-Marie DURAND

    Les commissionnaires des Mariotes sont Iêpuk et Ya ûb-Dagan238. Ils sont chargés d'emmener les troupeaux de la plaine (a bamâtim) chez les Mâr yamîna, ce qui indique que les Mâr sim'al et les Mâr yamîna, au moins ceux du Mutêbal, faisaient encore pâtures communes et que c'est par les Mâr sim'al chargés de la transhumance que se faisait le contact entre le Palais et les autorités bédouines. Dans le présent document, les gens du Mutêbal sont sollicités de venir participer à la curée avec leurs « frères mâr sim’al » et sont appelés « Bédouins mâr yamîna », ce qui les différencie des Mâr yamîna installés dans le royaume de Mari, qui y disposent déjà de plusieurs lieux d’établissement. L’information apportée par la lettre de Sumu-hadû est que, à Mari, on s’attend alors à l’appui de l’ensemble des Mâr yamîna, puisque le texte précise : « Il y a encore l’armée mâr yamîna des Bords de l’Euphrate ; qu’elle se prépare pour le départ ! Mon seigneur peut la faire venir vers le Haut-Pays et moi-même je suis en train de me renseigner sur elle, en sorte que mon seigneur aille avec une armée gipêtum, afin que mon seigneur se couvre de gloire. »

    Il est peu vraisemblable que Sumu-hadû n'ait pas vu venir la révolte puisqu’il agissait dans des territoires où il y avait d’importants établissements mâr yamîna. S'il se renseigne sur cette armée, c'est qu'il peut avoir en fait des doutes sur son enthousiasme ; l’événement qui devait cristalliser le mécontentement des Mâr yamîna des Bords-de-l’Euphrate et le rendre manifeste n'avait pas dû s'être encore produit. Le roi se trouvait toujours à Mari lorsqu’il envoya une lettre à Sumu-hadû « en route », laquelle suscita la présente réponse. Pour ce qui est du Mutêbâl l'accent est mis sur le profit qu'ils pourraient retirer du pillage de ubat-Enlil en individus (des serviteurs éventuels), tout en assurant la gloire de leur seigneur. Il est évident que la population locale serait leur part. ubat-Enlil devait être une ville populeuse dont les habitants seraient réduits en esclavage, chose toujours possible à l’époque. Ces Bédouins avaient donc parmi eux des esclaves et représentaient une société inégalitaire. Plus étonnant est le souci que leurs canaux soient « curés » (l. 36, haâum). Un tel soin de recreusement de canaux engorgés par le limon — ce pourquoi est couramment utilisé à Mari le verbe haâum — semblerait la tâche de l’État sédentaire. Or il s’agit ici pourtant de Bédouins non, ou incomplètement, sédentarisés, comme les gens du Mutêbal. On pourrait ainsi avoir un aperçu sur l’économie des Nomades qui pratiquaient eux aussi la technique des canaux, tant pour avoir des récoltes épisodiques239 que pour l’alimentation en eau de leurs troupeaux240. C'était donc un souci majeur pour les Bédouins, plus important que de venir montrer leur attachement au roi (« baiser son pied ») ou répondre à sa convocation à l'armée. En leur faisant miroiter ce que leur apporterait le sac de l'ancienne résidence de Samsî-Addu, Zimrî-Lîm leur montre un gain supérieur aux travaux agricoles qu'ils voudraient assumer. Il leur vante les avantages du rezzou sur les profits de la sédentarisation. Un tel discours se conçoit de la part de quelqu'un qui était lui-même, peu auparavant, un Bédouin non encore sédentarisé, quoique ce discours puisse être en l'occurrence plus politique (« paroles du moment ») qu'idéologique. La lettre apporte comme autre renseignement historique que Tarum-natki (appelé ici Turumnakte) était alors celui qui prenait les décisions à ubat-Enlil. L'individu ne reçoit toutefois que le titre de

    238 Si Iêpuk peut être tenu pour celui dont parle Addu-dûrî et qui est mentionné dans les archives de Bannum (cf. p. 142), Ya ûb-Dagan est en revanche un nom d’une grande banalité : c’est le cheikh de Ziniyân selon A.4548 [= FM X 12], un homme de Hurrân selon A.3283, de Zurmahhum selon M.8671, mais aussi de Yâ’il ou de Nihâdûm, selon ARMT XVI/1 ; tous ces gens doivent être des Mâr sim’al ; celui qui est cité par M.7168 (G. Dossin, Benjaminites, p. 994) est en revanche un mâr yamîna de Rasûm (ra-sa-yu-umki). 239

    Des « cultures dérobées » (catch-crops). On considère généralement que les Bédouins profitent d'une mise en eau épisodique des wadis pour pratiquer des cultures rapides. Il faudrait, d'après ce texte, considérer qu'au début du règne les gens du Mutêbâl entreprenaient de remettre en eau des canaux abandonnés pour se procurer sur des terres fertiles, mais à l'abandon, le grain nécessaire à leurs troupeaux. 240

    Cf. p. 112 a), à propos de haddum.

    Les textes de Sumu-hadû

    345

    âpirum, non celui de « roi »241. Au début du règne de Zimrî-Lîm, l'ancienne capitale de Samsî-Addu avait encore tous les trésors et les différents butins faits par le roi de Haute-Mésopotamie au gré de ses multiples conquêtes. La citadelle, au moins, de ubat-Enlil était gardée par Sâmiya pour I me-Dagan. On peut donc envisager que Turum-natki et les habitants représentaient la ville basse (le palais de SamsîAddu y était d’ailleurs) et étaient prêts à considérer comme désuète la notion de royaume de HauteMésopotamie pour envisager d’autres alliances. Pourquoi se livrer à Zimrî-Lîm plutôt qu’à d'autres monarques plus proches ? Peut-être n'était-ce qu'un pis-aller, les locaux préférant le lointain roi de Mari à ceux de Kurdâ et d’Andarig qui auraient représenté une plus grande menace pour I me-Dagan, qui pouvait toujours être senti comme un chef légitime. Néanmoins, on peut s'interroger sur le fait que réapparaisse alors dans la toponymie « ehnâ », l’ancienne dénomination de « ubatEnlil » ; le nationalisme pouvait localement reprendre ses droits, à moins qu'il ne faille voir dans « ehnâ » la désignation de la ville basse et dans « ubat-Enlil » celle de l'acropole.

    Les rapports de Mari avec les deux royautés principales du Sindjar, Kurdâ et Andarig, n’étaient pas au beau fixe (cf. l. 47-49 : « même si Qarnî-Lîm et Simah-ilânê ne parlent pas d'une façon qui satisfasse mon seigneur »), mais leur information semble avoir été une nécessité. Sumu-hadû est d'avis que s’ils ne sont pas invités à participer à la curée, ils pourraient prendre les mouvements de l’armée mariote comme une manœuvre hostile. Soit ils pourraient harceler les forces royales (cf. l. 55 : « alors, ils créeront des ennuis à mon seigneur ») vraisemblablement en attaquant l’arrière garde ou les flancs, soit se retrancher chez eux et s’y fortifier. Le conseil était donc donné à Zimrî-Lîm de leur « envoyer une tablette » pour expliquer le but de Mari, voire réclamer leur appui. Le changement de compréhension des l. 55-56 repose sur un réexamen de la photo. J’avais eu une fort mauvaise idée avec la « collation » dont fait état J. Eidem (FM II p. 208 m). Sa copie est bonne, quoiqu’à la fin de la l. 55, il n’y ait pas de UD. 154 [A.556] Sumu-hadû au roi. Après connaissance de la tablette du roi et de la lettre reçue du responsable militaire de ubat-Enlil, il transmet le double de ce qu'il a écrit à Iêpuk et Ya ûb-Dagan et qu'ils doivent communiquer aux autorités du Mutêbâl : à ubat-Enlil, on est prêt à livrer les trésors de Samsî-Addu au roi de Mari. Le Mutêbâl ne devrait pas laisser passer l'occasion d'un fructueux butin. Pour des questions de réalisme économique, le roi de Mari doit cependant remettre jusqu'à la fin du mois une telle opération militaire. Considérations, en outre, sur les rapports à avoir avec Qarnî-Lîm et Simah-ilânê.

    2 4 6 8 10 12 14

    a-na be-li-ia qí- [bí]-ma [um-ma] su-mu-ha-du-ú [ì]r-ka-a-ma [up-pí b]e-lí° ù up-pi tu-rum-na-ak-te [a be-lí] ú-a-bi-lam e-me [ki-ma up]-pa-tim i-na-ti e-mu-ú up-pa-am u-ta-wi-ma [a-na e-e]r i-í-e-pu-uk ù ia-u-ub-dda-gan a a-na ta-re-e udu-há a ba-ma-tim a be-lí ma-ha-ar ha-name-e dumu-me-e ia-mi-na "ú#-[w]e-[r]u-u-nu-ti u-ta-bi-il um-ma a-na-ku-ma up-pí be-lí-ia i-na kaskal-a im-hu-ra-an-[ni] me-hi-ir up-pí be-lí-ia e-mu-um an-nu-um su-ga-gume-e {"Ù#} ù u-gi-me-e mu-te!-ba-al li--mu242 I tu-rum-na-ak-"te# a-pir uru[ki] ù lú-me-e [w]a-a-bu-ut u-ba-at-den-lílki a-na be-lí-i[a ka-i]a -an-tam a-na pé-te!-"e# a-lìm u-ba-at-den-lílki i-ta-na-pa-[ru-n]im um-ma-a-mi al-kam-m[a] a-lam a-tu a-ba-at-ma kù-babar-u kù-gi-u ù a-al-la-sú le-qé i-na-an-na [k]i-ma

    241 Il devait en être de même pour les chefs de garnison du RHM une fois écroulé l'empire constitué par Samsî-Addu. Ils n'étaient, en fait, que des âpirum, même si certains ont dû avoir la tentation de se considérer désormais rois là où ils avaient été nommés commandants. [Pour D. Charpin la fin de la l. 11 est une érasure]. 242

    La correction de J.E. en li--mu repose sur le parallélisme avec la l. 23.

    346

    16 18 20 22 24 26 28 Tr. 30 32 Rev. 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52 54 56 58 60

    Jean-Marie DURAND na-ak--ma-at d I°-i-dIM i-na li-ib-bi a-lim a-"tu# i-ba-a-e-"e# at-tu-nu-ma ti-de-e it-ti ah-hi-ku-nu dumu si-im-a-al wa-"ar#-ki be-lí-ku-nu kaskal-a an-né-e-em al-ka (KAM)-ma a sag-ìr la i-u-ú sag-ìr li-it-ra-"um# []a geme la i-u-ú geme li-it-ra-um a an e a-ga-lam la i-u-ú an e li-it-ra-um [a]t-tu-nu a-al-la-tam a-ku°-l[a-ma] "a-na# be-lí-ku-nu um da-mì-iq-tim u-uk-na [e-ma-am an]-né-e-em li-i-mu-ú sú-ga-gi ù u-gi-me-e [a mu-te-b]a-li-im a-na pa-an be-lí-ia tu-ra-ni-i-u-nu-ti [be-lí li-ib-ba]-u-nu li-ni-ih ù e-em kaskal-a li-i-ba-at [an-né-tim ù m]a-da-tim243 up-pa-am u-ta-wi-ma a-na e-er° < lú-me-e u-nu-ti > [a-pu-ur] "i-na# pa-ni-tim-ma a-ia-i ki-a-am iq-bu-nim um-ma-m[i] [i-na ki-n]a-tim a be-lí-ni [wa-ar-du ni-n]u-"ma# a ra-ma-ni-ni [i ni-pu-u-m]a e-ep be-lí-"ni# [i ni-i-i-iq i]-na-an-na [a-di re-e] "iti# an-ni-{X X}-im [be-el-ni a-na ]u-ba-at-den-lílki a-la-ka-am "li-la-pí-it# [ù a-]um ki-e-em dumu-me-e ia-mi-na a-na e-er be-lí-ia [li-ip-hu-r]u-nim-ma e-ep be-lí-ia li-i-i-qú-ma "be-lí i#-na a-wa-tim li-ni-ih-u-nu-ti íd-da-há li-ih-ha-a-à ù a-um e-em ma-ti-im a-ha-í-im a be-l[í] a-na ha-name-e dumu-me-e si-im-a-al i-pu-ra-ru ha-name-e li-ik-u-dam-ma e-mu-um u-"ú li#-[i-a-ba-at] ul-la-nu-um-"ma# ha-na dumu- si-im-a-al a-na pa-an be-"lí-ia# lu-pa-hi-ir ù an--nu-um ha-name-e dumu-me-e ia-mi-na li-ip-h[u-ur] ù pí-ih-rum dumu- ia-mi-na a ki-a-ad pu-ra-tim-ma li-iz-za-ku be-lí ú-a-a°--ma wa-ar-ka-at a-bi-im a-na-ku pa-ar-sà-ku a i-na a-bi-im gi-"bé-tim# be-lí i-la-ak-ma be-lí um da-mì-iq-tim "i-ta#-ka-an ù ba-i-it a-lim a-a-ti na-ak-ka-ma-at dutu-i-dIM be-lí a-na qa-ti-u ú-te-er-ru iti an-né-e-em be-lí li-la-pí-it a-ni-tam ù um-ma qar-ni-li-im ù si-ma-ah-i-la-né-e-em "it#-ti be-lí° i--ri-i ú-ul i-da-ab-bu-bu a-di be-lí kaskal-a ú-a-am-ma-ru i-la-ak° ù "ba-i#-it a-lim a-na [qa-ti-u] ú-ta-ar-"ru# "ù be#-lí a-na ki-la-l[i-u-nu up-pa-am l]i-i-pu-ur "ù i-na a-wa#-t[im an-ni-tim it-ti be-l]í-ia i-te-eb-bu "ù#-la-u-ma wa-ar-k[a-nu-um i-e-em-mu]-ma° wa-ar-ki be-lí-ia qa-du-um a-b[i-u-nu ú-ul i-l]a-ku ù be-lí ú-pa-la-sú ù-lu-ma dan-[na-ti]-u-nu i-a-ab-ba-tu-nim-ma ú-da-n[a-ni-nu-ni]m ú-la-u-ma i-na-an-na-ma u-la-u-nu u-u[p-ra-am] wa--ka-nu-um qa-du-um a-bi-u-nu wa-ar-ki be-lí-"ia# i-la-ku "ù i#-na qa-qa-di-im ka-ab-ti-im "a-na u-ba-{BA}#-at-den-lílki be-lí i-e-eh-hi

    Bibliographie : édité par J. Eidem comme FM II n° 116, p. 204 ; cf. « Fils de Sim’al », p. 154, n. 65. Note : il y a dans ce texte de nombreuses fautes ou omissions de signes, ce qui semble indiquer que l'expéditeur n'est pas passé par un scribe professionnel.

    243 Il n'y a pas la place sur la tablette pour la restauration [ki-a-am a-na da-m]ì-iq-tim de J.E. Cf. l'écriture de da-mi-iq-tim, l. 22 qui montre un IG très différent.

    Les textes de Sumu-hadû

    347

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette de mon seigneur ainsi que de la tablette de Turum-nakte que mon seigneur m’a fait porter. 5 Lorsque j’ai eu pris connaissance des tablettes, j’ai dicté une tablette et 8 je viens de la faire porter 6 chez Iêpuk et Ya ûb-Dagan 7 qui ont la charge de mener les ovins des plainesa), (eux) que mon seigneur a envoyés en mission chez les 8 Bédouins mâr yamîna. 9 J’(y) dis : « Une tablette de mon seigneur m’est arrivée en route. Le présent avis en est la ré10 ponse. Que les cheikhs et les Anciens du Mutêbal en prennent connaissance ! 11 Turum-nakte (sic), le commandantb) de la ville, 12 ainsi que les habitants de ubat-Enlil écrivent lettre sur lettre à mon seigneur pour (lui) ouvrir la ville de ubat-Enlil, 14 disant : ‘Viens t'emparer de cette ville et 15 prends son or et son argent ainsi que son butin.' De fait, 17 vous-mêmes, vous savez que les entrepôtsc) de Samsî-Addu sont à l’intérieur de cette 18 ville. Venezd) à cette expédition avec vos frères mâr sim’al à la suite de votre seigneur. 19 Que celui qui n’a pas d’esclave, s'emmène un esclave ; 20 que celui qui n’a pas de servante, s'emmène une servante ; 20 que celui qui n’a pas d’âne-agâlume), s'emmène un âne : vous-mêmes, faitesf) du butin 22 en faisant réputation de générositég) à votre seigneur !” 23 Qu’ils apprennent cette nouvelle ! 24 Envoyez cheikhs et Anciens du Mutêbal par devant mon seigneur 25 pour que mon seigneur leur donne toutes assurances et mette au point l’expédition. » 26 J’ai dicté une tablette en fonction de ces propos et d'autres, pour chez ces gens làh) . 29 Précédemment, ils m’avaient personnellementi) dit ceci : « 28 Nous sommes de fidèles serviteurs de notre seigneur, mais 29 il nous faut faire nos tâches personnelles et 31 embrasser (ensuite) le pied de notre seigneur ! 31 Pour l’heure, mon seigneur doit différer d’aller à ubat-Enlil jusqu'à la fin de ce mois. » 34 C'est de cette façon-là que les Mâr yamîna 35 iront se réunir chez mon seigneur lui baiser le 36 pied et que mon seigneur pourra leur donner tous apaisements : il faut que leurs canaux soient curésj). 37 En outre, au sujet de razzier la contrée, 38 objet d’un courrier suivik) aux Bédouins mâr sim’al 37 de la part de mon seigneur, 39 les Bédouins doivent arriver pour que ce projet soit mis au point. 40 Par ailleurs aussi, 41 je dois mobiliser 40 les Bédouins mâr sim’al à la disposition de mon seigneur. 41 Il faut en outre qu'ici les Bédouins mâr yamîna se mobilisent ! 42 En outre, les mobilisés mâr yamîna des rivesl) mêmes de l’Euphrate, il faut qu’ils se préparent pour le départm) ! 43 Je tiendrai au courant mon seigneur et, de mon côté, j'ai mes renseignements sur les gens, 44ccomme quoin) si c'est avec l'armée nationalep) qu'arrive mon seigneur et qu'il ait un renom de générosité, 45 alors 46 mon seigneur s’emparerar) des biens de cette ville, les magasins de Samsî-Addu. 47 Mon seigneur doit différer 46 ce mois ci. 47 Autre sujet : même si Qarnî-Lîm 48 et Simah-ilânê 49 ne parlent pas 48 à mon seigneur d'une façon qui donne satisfaction, 49 jusqu’à ce que mon seigneur aille à l’expédition qu’il désire, 50 s’appropriant alors les biens de la Ville, 51 il doit cependant leur envoyer à tous les deux une tablette ; 52 ils se lèveront aux côtés de mon seigneur dans cette affaire. 53 Ou bien, il seront au courant a posteriori et, 54 ne se mettant pas en marche à la suite de mon seigneur avec leurs gens, 55 alors, ils créeront des problèmes à mon seigneur ou 56 entreprendront de fortifier leurs forteresses, 57 ou bien, c’est maintenant même qu’il tes) faut leur demander de monter. 58 Après (cela), 59 ils marcheront à la suite de mon seigneur, avec leurs gens. 59 Alors, mon seigneur s’approchera de ubat-Enlil avec grand honneurt). 4

    a) Pour bamâtum, cf. [M.9704] : 10'. b) J.E. n'a lu à la fin de la l. 11 que des signes sans signification. Pour ma lecture cf. sa copie qui incite à lire a-pir, car atammum serait écrit à-tam. Turum-natki ne serait donc qu'un âpirum, soit un commandant militaire. C'est ce Turum-natki qui devait prendre, par la suite, le titre de « roi ». Le titre de âpir âlim ou de âpir + un toponyme est bien attesté à l'époque paléo-babylonienne (cf. CAD /1, p. 456b-457a), généralement traduit par « gouverneur », alors que âpirum semble plutôt un titre militaire. Samiya, au contraire, commandait l'acropole. D. Charpin verrait plutôt des signes érasés à la fin de la l. 11, ce qui peut être dû en fait à un écrasement du côté causé par l’enveloppe de la tablette. c) L.16, le texte peut indiquer un nakmâtum, pluriel de *nakimtum, terme inconnu des dictionnaires et différent de nakkamtum, « trésors, magasins », mais cf. la graphie avec -kk- l. 45. Il doit donc s'agir d'une des nombreuses fautes de ce texte et le texte être à corriger d'après la l. 45.

    348

    Jean-Marie DURAND

    d) Le texte a al-KAM, singulier, au lieu de al-ka-nim (plur.) attendu. Cela suppose en fait une prononciation ka de KAM, comme NIM a une valeur ni, etc. Il y a une tendance dans ces textes à traiter les signes CVM comme s'ils étaient CV. Cela doit indiquer une valeur quiescente du -m (final) qui commence à être générale à l'époque. e) Ce terme agâlum est considéré comme une sorte d’âne, différent de l'imêrum. Cf. CAD A/1, p. 141b où l'on trouvera des considérations sur l'idéogramme AN E-Ù « âne vieux ». Ici, il s'agit en fait d'une sorte prisée d'équidé car tous ces Bédouins avaient sûrement déjà leur content d'ânes. L'agâlum représentait donc un plus par rapport à l'animal que tous devaient avoir. Contextuellement, il a ici le sens de « âne de luxe ». f) L. 21 : allam akâlum est de la langue courante, mais akulâ (akulâ?) au lieu de aklâ est une faute, ou un dialectalisme. g) Le texte recourt à l'expression um damiqtim que J.E. rend par « renown ». L'expression est nouvelle. Or, DMQ marque à Mari « le bien au point de vue social ». La damiqtum consiste ici à procurer un butin abondant aux Bédouins venus prêter main forte et le fait que le roi ne cherche pas à tout garder pour lui. La traduction « générosité » tend à rendre compte du fait. Les deux conditions, discipline militaire des soldats et magnificence du chef, devaient assurer le triomphe et la conquête des trésors de Samsî-Addu. h) Il y a ici postposition du complément au verbe, ce qui est bien connu dans les lettres de Sumu-hadû. i) La traduction rend l'expression emphatique ayâim. j) L. 36 : la mention ici de canaux a paru inexplicable à J.E. En fait c'est elle qui explique le retard. k) J.E. a dû comprendre qu'il y avait ici un i-pu-ra-am annulé pour i-pu-ru. En fait le RA n'est pas érasé et i-pu-ra-ru est dialectal. Cf. D. Charpin-J.-M. Durand, « Nouveaux exemples de “R Stem(s)" », NABU 1988/17 l) On remarque ici l'emploi de kiâd Purattim au lieu de âh Purattim ; âh-Purattim représentait une expression politique (nom du royaume de Mari) face à kiâd Purattim qui n'était qu'une notation géographique. On retrouve kiâdum dans l'expression rimmât kiâdim, cf. J.-M. Durand, « Fourmis blanches et fourmis noires », dans F. Vallat éd., Contribution à l'histoire de l'Iran. Mélanges offerts à Jean Perrot, Paris, 1990, p. 101-108. m) l. 42. J.E. a lu ma-li ú-za-ku et a traduit « as much as I make ready » en incise, mais le Ú est très douteux (cf. sa copie), quoique le sens de « rendre prêt » soit bien attesté pour la forme D (II) de zakûm, cf. CAD Z, p. 31 : zukkû = « to make ready for departure (said of merchandise, persons and soldiers). Une forme IV (N) n'est pas attestée qu'ici ; cf. ARMT XXVI/2 468 : 4': itu mu 4.kam awâtum annêtân birit Z[imrî-Lîm] u bîri-ia ûl iz-za-ka-a = « Depuis 4 ans, cette affaire n'est pas réglée entre Z. et moi », où une forme IV de zakûm est également attestée, avec contraction de izzakkû'â en izzakkâ. n) Le a, l. 44 développe l'idée de warkatam parâsum et nécessite le subjonctif de la l. 46. o) J.E. a lu be-lí-ú-a-á-ma et a traduit (sans note) « will obey my lord ». Même traduction dans J. Sasson, From the Mari Achives, p. 40. Mais umûm a le sens courant d'informer. Il est vraisemblable qu'un signe manque ici car on attend la forme uame, non uama. p) Pour l'armée gibêtum, désignant « l'armée nationale », cf. ARMT XXVI/1 p. 160. L'expression variante à la fin de la lettre est : « Mon seigneur s’approchera de ubat-Enlil avec grand honneur. » Pour gebûm « réunir », cf. A.915 : 12 (cf. ARMT XXVI/1, p. 160), publié dans Amurru 3, p. 143-144. r) En m. à m. « mon seigneur fera revenir en son pouvoir… ». Zimrî-Lîm doit arriver avec une armée qui n'est pas formée par des gens sans foi ni loi, comme le seraient des mercenaires, et avec une réputation de damiqtum. s) À la fin du texte, Sumu-hadû s'adresse au roi à la seconde personne. t) Pour l'expression, cf. ina qaqqadim kabtim cf. ARMT XXVI 148 : 15 ; cf. ici-même, chez Habdû.maDagan, p. 229 e). DI = ti.

    Les ovins en relation avec le terme bamâtum, « plaine », de [A.556] se retrouvent dans A.1411 (cf. ARMT XXX, p. 536) et [M.9704] cassé, où sont cités Sumu-hadû, puis Atamrel et Ya… (l. 13'). Vu l'état du texte, une compréhension suivie n'en est pas possible. Il peut néanmoins s'agir de moutons pour les besoins d'une expédition militaire (l. 11' & l. 3”). Le texte pourrait appartenir à Iêpuk. 155 [M.9704] [Acéphale] au roi (Zimrî-Lîm). Livraisons d'ovins par les Bédouins pour une campagne militaire.

    2 4

    [a-na be-lí -ia] [qíbíma] [um-ma ……………] [ìrka-a- ma] (Lacune de 2 ou 1 l. ?)

    Les textes de Sumu-hadû

    2’ 4' 6’ 8’ 10’ 12’ 14'

    349

    "i#-[na ma-at] "a#-ah p[u-ra-timki] ma-ha-ar b[e-l]í-ia h[a?- …] i-na-an-na be-lí ul-[……] i-nu-ma be-lí su-mu-ha-du-ú l[ú?-…] be-lí ú-wa-e-ru[u] it-ti su-mu-ha-du-ú a-na-ku [al-li-ik] ip-hu-ur-ma lú ha-na a n[a-ha-li] i-na bi-ri-u-nu i-ip-à -[am ki-a-em] i-pí-ú u[m-ma-mi] 6° me udu-há ba-ma-tum° a [be-lí-ni] [a-n]a a-bé-e-im-ma la […-ma] [ka-a]l? udu-nita- a-na lugal [i ni-id-di-in] [lú ha-n]a "i#-na [pu-uh-ri-u-nu] [an-ni-tam iq-bi…] (Manquent environ 2 l = Face + 3 l. = Tr. + 3 l. = Rev.)

    Rev. 2” 4” 6” 8” 10” 12” 14” 16'

    [ù ] "1# li-im "7# [me udu-há …] [ ù? ] a 3 li-mi 7 [me udu-há an-né-tim] [a-n]a {ZA} a-bé-e-im a a-n[a?…] 5° me udu-há ba-ma-tim° a be-[lí-ia] an-né-ti-in° udu-há a-na e-e[r be-lí-ia ma-nu-um] ub-la-am ú-ul ub-la-am an-n[i-tam be-lí] li-ìs-ni-iq ù a-um su-[mu-ha-du-ú] it-ti-u-nu la ú-wa-e-ra-an-[ni a-hu-u-ma it-ti-u-nu ú-ul [al-li-ik] ù u-nu ki-a-em ú-ul iq-bu-[ú um-ma-mi] []a be-lí-ni a i-na hal-í-im a[n-ni-im-ma] [ù b]e-lí li-iz-zi- [-iq-ma] [ki-ma ] a-ta-am-re-el ù ia-[… (?)] [a i]t?-ti-u-nu ú-te-m[i-du [a m]u-ú-ke-nim udu-há ma-[al [ o o o o o] x [o o] x x […] (Il manque 1/3 l. + la Tr. ) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle … , ton serviteur. (Manque(nt) 1 (à 2) l.)

    0'

    Auparavant, 1' dans le royaume de Mari 2' par devant mon seigneur, je … 3' Maintenant mon seigneur est …. 4' Lorsque mon seigneur 5'a envoyé en mission Sumu-hadû, le…, 6' je suis moi-même allé avec Sumû-hadû. 7' Se sont réunis les Bédouins des wadis 9' et ils ont pris 8' la décision suivante entre eux : « 10' 600 ovins de campagnea) appartiennent à notre seigneur ; 11' pour faire la guerre il ne faut pas qu’il les … pas, mais 12' la totalité des ovins mâles (nécessaires) donnons-les au roi. » Voilà ce que les Bédouins ont dit lors de leur réunion… (Manquent 6 l.)

    … 1'”et 1 700 ovins … 2” Or, de ces 3 700 ovins 3”pour faire la guerre que/i pour … 4” Les 500 ovins de campagne de mon seigneur, qui en a fait apport à mon seigneur et qui ne l’a pas fait, mon seigneur doit l'examiner. 7”Mais, vu que Sumu-hadû 8” ne m'a pas donné mission avec eux, 9” j'ai pris peur et, je ne suis pas allé avec eux. 10” Or, eux, ils n'ont pas dit : « 11” Est à notre seigneur, ce qui est dans ce district ! » 12” Donc, mon seigneur doit se fâcher ! Comme Atamrel et Ya… que je leur avais adjoints… des/aux particuliers… a) L'expression udu-há bamâtum doit être comprise comme une juxtaposition, analogue à âbum birtum.

    350

    Jean-Marie DURAND [M.8165] n'était qu'un petit billet où l'expéditeur se félicitait apparemment de la place qui lui a

    été faite lors de l'audience royale, alors que des personnalités, dont Sumu-hadû, étaient présentes. La date ne peut être précisée, Sumu-hadû ne parlant pas de cet épisode dans les lettres de lui conservées. Cf. peutêtre l’affaire traitée p. 238 sq, auquel cas le roi serait Samsî-Addu, mais Tarum-natki ne peut être exclu. 156 [M.8165] [Acéphale] au roi. Sumu-hadû et 40 cheikhs ainsi que les Anciens de la région l'avaient devancé à ubat-Enlil. Place d'honneur lors de l'audience donnée par le roi. (Lacune).

    10

    [a-na be-lí- ia] [qíbíma] um-ma [……………] [ì]rka-a- [ma] [l]a-ma a-na u-ba-a[t-den-lílki]244 a-ka-a-adu u-1-kam i-na pa-ni-ia-ma I su-mu-ha-du-ú ù 40 lú su-ga-gu "ù#° lú u-gi ha-al-[í-im]

    Tr.

    (Anépigraphe.)

    Rev. 12

    i-na u-ba-at-den-lí[lki ……] wa-a-bu ù u-ma-[am] a it-ti "lugal# an-na-[am-ru] [i-na we-d]u?-"tim# az-za-[az] [………………………]-ka-nim

    2 4 6 8

    14

    (Rev. = 4 l. manquent. Tr.? = 2 l. )

    C. 2'

    ]-ka a-ta-al ] "a#-wa-ti-ku-nu {x} 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle …, ton serviteur. Avant que 6 je n'atteigne 5 ubat-Enlil, 7 exactement un jour avant moi, 8 Sumu-hadû 9 et 40 9 cheikhs ainsi que les Anciens du district 12 se trouvaient 11 dans ubat-Enlil. 12 Or, le jour 13 où je me suis rencontré avec le roi, 14 je me tenais parmi les notabilités. … 5

    (Lacune.) 1'

    J'ai interrogé ton… 2' … vos paroles…

    Le texte [M.11067] montre le rôle de Sumu-hadû dans l'élaboration de la politique étrangère du roi de Mari. Il utilise dans un projet de lettre communiqué au roi de Mari le terme de « père » (abum) pour désigner le roi d'E nunna. Alors que, manifestement, se déroulaient des opérations militaires dans ce qui était auparavant le royaume du RHM, il ferait appeler par Zimrî-Lîm « pays d’E nunna » (cf. l. 20) les territoires conquis par elle et donc reconnaîtrait ainsi leur annexion. Le texte est mal conservé et la fin du projet de lettre lacuneux, mais elle daterait du moment où les forces d’E nunna feraient route vers Andarig (l. 29) et ses alentours. Il s’agirait ainsi de la seconde partie de la campagne, lorsqu’après la prise d’A

    ur et d’Ékallatum les forces d’E nunna se dirigèrent vers l’Ouest du Sindjar.

    244

    Pour cette restauration, cf. l. 11.

    Les textes de Sumu-hadû

    351

    Déjà dans [M.8176] (cf. Rev. 1'), Sumu-hadû avait rédigé un projet de lettre pour le roi d’E nunna. Il s'agit ici de le ménager et de s'attirer ses bonnes grâces, en l'occurrence, s'opposer aux agissements de Kurdâ sans que le roi d'E nunna croie que ces mouvements de troupes menacent ses intérêts. Il s’agissait de récupérer une ville qui dépendait du roi de Mari mais sur laquelle Kurdâ avait de façon indue mis la main (l. 23). L’événement qui concerne apparemment la ville de allahum ne fait pas partie de nos informations. La première partie de la lettre donne comme conseil de renvoyer sans discussion chez eux les ambassadeurs de Kurdâ. Le texte a l’intérêt de souligner la proximité bien connue des États de Mari et de Kurdâ (l. 22-23), mais il montre que les rapports sont désormais très dégradés. Le texte est surtout important parce que l'on y voit Sumu-hadû préparer pour son maître la rédaction d'une lettre destinée au roi d'E nunna (l. 19-30) afin de le tranquilliser sur les mouvements de troupes de Mari, ce qu'il ne va pas manquer de constater. En tant qu’inspirateur de la politique étrangère du roi, il a pris la succession auprès du monarque de Bannum et était sans doute devenu le personnage le plus important après le roi. 157 [M.11067] Sumu-hadû au roi. a) Il y a deux envoyés de Kurda. À leur arrivée le roi doit leur dire qu'il s'est résolu à prendre « la ville » et à aller contre eux, puis les renvoyer aussitôt ; b) En même tems, projet de lettre pour le roi d'E nunna pour le rassurer : il n'a jamais eu de visées territoriales indues, mais Kurda qui était comme une autre Mari lui a volé une ville. Zimrî-Lîm à la tête de ses troupes va donc la récupérer. c) Il faut (aussi) veiller sur les troupeaux qui sont dispersés à la limite de la steppe. [a-na be-lí-i]a qí-bí-ma [um-ma su-m]u-ha-du-ú [ìrka]-a- ma 4 [a-nu-um-ma] 2 "lú#?245 i-tu {X} kur-d[aki] a-"na# -e]r be-lí-ia a-ap-ru 6 ki-ma ka-[a-di-]u-nu-ma be-lí i-na a-wa-tim [l]i-i[]-[b]a!246-"sú#-nu-ti 8 um-ma-a-mi am-"ta-al-ka#-am a-lamki an-ne-e-em a-a-ab-[ba-at-ma] 10 ù a-na e-ri-ku-numa "lu#-ur-da-"a#-ku-[nu-i-ma] 12 [l]a? ú?-"na#-[……-ku-nu-i/ti] [an-ni]-ta- [an 2 lú-me-e kur-daki] Tr. 14 [be-l]í i-na a-wa-t[im li-i-ba-at] [wa-ar-ka]-nu-ma qa-tam a-n[a qa-tim] Rev. 16 [be]-lí li-i-ru-us-sú-nu-t[i] "ù# be-lí up-pa-am a-na lú ‘è -nun-[naki] 18 li-a-a-e-er-ma li-a-bi-[lam] um-ma-a-mi ma-ti-ma a-na "ma#-"a#-"tim# 20 "a# a-bi-ia ú-ul "ú#-[qé-r]e-[eb]247 i-na-an-na a-lumki kur-daki n[a-ak-ra-at] 22 i-tu pa-na ki-ma ma-ri[ki-ma] ku[r-d]aki a-"lam?# a-[l]a-"ha#-am[ki] 24 [a] a-"di#-[i]m? i-ri-qa i-[na-an-na] 2

    245

    Le signe est-il mal conservé ou érasé ?

    246

    Le signe BA est sans doute sur un signe érasé.

    247

    Sans doute à comprendre comme uqerreb inacompli.

    352

    26 28 Tr. 30 C. 32 ii 34

    Jean-Marie DURAND [ki-t]a?-u-"du#-um "a# da-[an-nu-ti-ia] "ù# til-la-tim m[a-a]h-ri-ia°-[ma] [a]-al-la-kam "i#-na p[a]-an a-a[b] [ma-t]i-ia a-[na an]-"da#-ri-ig[ki] [ù?] a a-"he#-et "uru#?248 [a-bi a-a]b-"u# li-e-eh-hi [a ìr-ti-ia a-n]a be-lí-ia [a-pu-ra]-am [a-na udu-há ra-a]p-a-tim a ka-í-im-ma? a-hu-um la in-[na-di]

    Note: il existe une transcription très rapide de ce texte par M. Birot sous le sigle S.115-77. La présente édition se fonde sur des photographies et ne marque pas les différences de transcriptions. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Voilà qu'il y a deux individus 5 envoyés chez mon seigneur 4 depuis Kurda. 6 Dès leur arrivée, 7 mon seigneur doit les apostropher 8 en disant : « 8 J'ai réfléchi ; 9 je vais prendre cette ville que vous saveza), puis 10 (c'est) contre vous 11 (qu)’il me faut me diriger 12 pour ne pas vous …» 14 Mon seigneur doit apostropher les 2 hommes de Kurdâ de la sorte et 15 aussitôt ensuite les renvoyer chez eux. 17 En outre, mon seigneur 18 doit faire rédiger 17 une tablette pour l'homme d'E nunna 18 et (la lui) faire porter 19 disant : « En aucun cas 20 je ne m’approche 19 du territoire 20 de mon père. 21 Maintenant, la ville de Kurdâ est ennemie. 22 Depuis toujours elle était comme Mari, mais 23 Kurda a volé 23 la ville de allahumb) 24 qui faisait l’objet d’un accord juréc). 24 Maintenant, 25 c'est l’arrivée généraled) de mes forces 26 et des troupes alliées. 27 Il me faut aller à la tête des gens de 28 mon pays. 30 Que mon père fasse approcher son armée 28 d’Andarig 29 et des alentours de la ville ! » 32 J'ai indiqué 31 à mon seigneur (ce que me dictait) mon devoir de serviteur. 35 Il ne faut pas (cependant) qu'il y ait négligence 33 envers les vastes (troupeaux d')ovins 34 à la bordure de la steppee). 4

    a) Annûm est un démonstratif qui renvoie à quelque chose ou quelqu'un de connu, mais de non nommé. Cf. LAPO 18, Index, p. 543. b) allahum doit représenter la ville de alluhum (la « Très-pierreuse » [pour l'usage de L‘ en toponymie, cf. J.-M. Durand, CRRAI 46, 2004, p. 146]). Elle était déjà connue par ARMT XXVI/1 33 : 8' (Za-lu-hi-im), où je l'avais (sans doute pour des questions d'alternance -ân-/-â/-um) identifiée avec alluhân (« Zalluhân ») qui se trouvait en fait bien plus à l'Ouest, dans la Haute-Djéziré (cf. M. Guichard, RA 103, 2009, p. 20, 21 n.13 : près du cours du Habur supérieur, au sud d'A lakka). Il doit s'agir, là encore, d'un cas de toponymie en miroir. Asqûdum avait envoyé depuis cette ville de alluhum une lettre à Zimrî-Lîm, concernant les libérables des troupes de YasîmDagan. Il doit s'agir d'un épisode qui concernait la fin de la rébellion des mâr yamîna, lorsque les E nunnéens opéraient leur percée dans le Nord249. Il est vraisemblable que cette ville se trouvait dans la région entre les territoires de Mari et de Kurdâ, du côté du Sindjar occidental. c) Pour l’attestation de adûm, « traité juré », à l’époque de Mari, cf. FM VIII, p. 118-119. Ce terme qui est documenté pour des époques récentes n’est pas reconnu pour l’époque paléobabylonienne par les dictionnaires. d) En lisant kitaudum, infinitif G/3 de KD, « arrivée généralisée ». e) Rapum, « vaste », indique ici que les ovins occupent un territoire étendu, donc qu'il étaient dispersés.

    248 249

    Le signe URU est lu surtout pour des raisons de contexte.

    En ce qui concerne ARMT XXVI 33, qui doit parler de l'aide que l'on peut espérer des troupes de YassiDagan, à la l. 10, il semble y avoir plutôt -m]a*-ga*-a[r*], vraisemblablement une forme de MGR « vouloir bien, accepter » et à la fin de la l. 10 le -[ú] final est rien que moins sûr. Au revers, on peut lire l. 3' sq. : [a-um lú-me]-e ha-[name-e ], [pa-e-r]i an-nu-tim, [a-na-ku a]-sà-ni-iq = « Pour ce qui est des Bédouins, je vérifierai personnellement ces démobilisés. »

    Les textes de Sumu-hadû

    353

    6.11 Problèmes avec les Mâr yamîna [A.535] date du moment où l’on anticipe sérieusement la rébellion ; manifestement, le prince mâr yamîna Hardûm était sous surveillance. Il était amnanéen et sa présence à Samânum, fief des Uprapéens, faisait se poser des questions aux autorités mariotes. L'explication qu'il fournit, selon laquelle il serait venu en renfort pour la moisson (l. 2'), ne trompe pas Sumu-hadû qui en déduit que les Mâr yamîna sont en fait en train de mobiliser (l. 3'). L'indication que les deux hommes pratiquaient le palabre à la porte de Samânum (l. 6-7) montre que Sumu-hadû surveillait la situation depuis l'amont de Terqa. D'après ce texte on commençait à fortifier les villes, aussi bien dans le camp loyaliste que dans celui des Mâr yamîna. Il est ainsi conseillé au roi de s'occuper d'Appân, proche de Mari. Sumu-hadû se chargeant, en revanche, des villes d'amont. La fortification de Hi amta, à la frontière entre la zone de Terqa et celle de Mari, ainsi que celle d’Appân, à l’amont de la capitale, représentaient la constitution d’un front contre Mi lân. Yâ’il, où Sumu-hadû arrive après que Zibnatum, à l’amont de Terqa, a été fortifiée, devait donc se situer également à son amont, mais relativement proche. Ces deux villes étaient sous la surveillance directe de Sumu-hadû. Sumu-hadû renseigne aussi le roi sur des messagers d’E nunna et sur un « serviteur ». Les contextes manquent cependant. 158 [A.535] Sumu-hadû au roi. Hardûm a franchi l'Euphrate pour entrer à Samânum ; fortification de Hi amta ; il faut fortifier également Appân. On va fortifier Zibnatum puis Ya’Il. Messagers d’E nunna ; Sumu-hadû se renseignera sur le « serviteur » dont lui a parlé le roi.

    2 4 6 8 10

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma am-a-li me-eh-re-et sa-ma-nimki [e-t]e-qa-am ha-ar-du-um [i-na sa]-ma-nim°-ma wa-i-ib [ú-u]m?-u a-na pa-ni-ia [ú]-é-em [ki-ma i-n]a ba-bi250 ka-sà-am n[i]-X-hu-zu-i {X} [o o o o-]u al-pu-ut-ma [ù ki-a-am aq-bi-u]m um-ma a-na-ku-ma (Rev. = 4+ Tr. = 4 + Rev. = 3 l.)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’

    [ke-em i-pu-l]am um-ma-mi a-n[a sa-ma-nimki] [ni-ik-]u-dam e-bu-ur-ni i ni-i[k-mi-is] [ù] a-na ha-name-e pa-ha-ri-im i-pu-ru [i]-na-an-na be-lí a-a[h-]u a-na e-pé-e ap-pa-an° [la] i-na-ad-di a-nu-um-ma qa251-tam a-na e-pé-e "hi#-a-am-taki á-ta-a[k]-nam nu-ba-ti a-na zi-ib-na-timki ak-u-dam u-um up-pí an-né-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam i-pí-ir bàd zi-ib-na-tim ú-a-a-ba-at-ma nu-ba-ti a-na ia-a-èlki a-la-ak-ma qa-tam a-na e-pé-e ia-a-èlki a-a-ka-an

    250

    BI et KI sur érasure d’un KI.

    251

    Sur érasure.

    354

    Jean-Marie DURAND

    Tr. 12’ ù a-um dumu-me-e i-ip-ri lú252 è -nun-naki []a a-na e-er be-lí-ia ik-u-du-nim-ma 14’ be-lí i(E )-pu-ra-am a-né-em u-um-u [a] up-pí an-né-em ia-ri-ha-a-ba-am 16' [a-na be-lí-ia ú-a-b]i-lam253 C. e-em ú-h[a-ri-im a be-lí i-pu-ra-am] 18' a ki-ma a-n[a-a-a-lu a-a-pa-ar] be-lí [lu i-di / la-a i-na-hi-id] Bibliographie : Pour les l. 6-7, cf. Amurru 3, p. 168, n. 314. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Hier, 6 je passais 5 devant Samânuma) : 7 Hardûm s'y trouvait précisément. 8 Le jour même, il est sorti à ma rencontre. 9 Comme à la porte nous avions pris la coupe, 10 je lui ai touché le/la… et 11 alors, je lui ai parlé de la sorte, disant : 12 « … » 5

    (10 l. environ manquent.) 1'

    Il m’a répondu ceci, disant : « 2' Nous sommes arrivés 1' à Samânum 2' pour rassembler notre moisson. » 3' En fait, ils ont envoyé des message(r)s pour que les Bédouins se mobilisent. 4' Maintenant, mon seigneur 5' ne doit pas 4' négliger de fortifier Appân. 5' Voilà que 6' j’avais entrepris 5' de fortifier 6' Hi amta. Mon étape du soir, 7' je l’ai atteinte à Zibnatum. 8' Le jour où je fais porter cette tablette de moi chez mon seigneur, 9' je vais faire entreprendre le travail du mur de Zibnatum et 10' pour mon étape du soir j’irai à Ya'ila) et 11' j’entreprendrai de la fortifier. 12' En outre, 14' mon seigneur m’a envoyé un message(r) 12'au sujet des ambassadeurs de l’homme d’E nunna 13' qui sont arrivés chez mon seigneur. 14’ Le lendemain du jour même 15' où 16' je fais porter à mon seigneur 15' cette tablette de moi 15' par Yarihabum, 18' j’enverrai 17' un rapport à propos du serviteur, sujet de la lettre de mon seigneur, 18' tout ce que j'aurai constaté. 19' Mon seigneur est informé/ne doit pas être inquiet. a) Ina mehret se trouve dans ARM II 24+ ( = LAPO 17, p. 225), la l. 24’ étant devenue 58 ; cf. le texte dans ARCHIBAB. LAPO 17 traduit « au droit de », ce qui correspond à l’« opposite » du CAD M/2, p. 53a. Même compréhension pour ARM III 79 (LAPO 17 793) : « en face de Sanipatum » et « au droit de Terqa ». Cette compréhension n’est pas possible ici, car cela signifierait que Sumu-hadû passe par la rive gauche de l’Euphrate. Ina mehret signifie donc (au moins ici) « par devant », ou « en vue de, à proximité de ». b) Ya'il était donc à une journée de marche maximum de Zibnatum. La lettre de Rip'î-Lîm, [A.3550], montre que l'on s'attendait à ce que la population de cette ville se réfugiât, en cas de danger, dans la Forteresse de Yahdun-Lîm.

    Dans [A.3100], il est difficile de comprendre les motivations des ordres contradictoires donnés par Sumu-hadû et par le roi à propos de la mise en défense de Hi amta. Sans doute le souverain pensait-il que la proximité de Mi lân254 rendait la position de cette ville intenable et était-il d'avis d'en replier la population sur Terqa. Mais à Hi amta se trouvait le temple important de la déesse Hi amîtum et Sumuhadû devait considérer qu'il fallait dans la mesure du possible en organiser la défense. La lettre montre, en tout cas, l’importance qu’a prise Sumu-hadû dans l’État puisque le roi a donné les ordres exprès de faire ce qu’il dirait (l. 26-30). 159 [A.3100] Sammêtar au roi. Ordres contradictoires du roi et de Sumu-hadû à propos de la défense de Hi amta. Le roi, après avoir dit qu’il fallait faire ce que Sumu-hadû dirait, doit lui écrire sa décision. 252

    Il y a une érasure entre LÚ et È , comme d'un NA.

    253

    Cette ligne paraît essentielle pour la compréhension, mais on la dirait érasée.

    254

    Cf. ici-même, p. 105.

    Les textes de Sumu-hadû

    355

    a-na be-lí-[ia] [q]íbím[a] [um]-ma sa-am-mé-e-tar 4 [ì]r-ka-ama a-um hi-a-am-taki 6 la e-pé-i-im be-lí i-pu-ra-am 8 ù up-pa-at su-mu-ha-du-ú ka-ia-an-tam i-la-ka-nim 10 um-ma-a-mi ar-hi-i Tr. a-lam°( LIM)ki a-a-tu 12 e-puú Rev. up-pí be-lí-ia e-me-ma 14 i-na [e-pé]-i-im ak-ta-la um-m[a a-na-k]u-ma 16 as-[sú-ur-r]i i-na pí-ri-tim g[i-li-it-ta]-am 18 i-[ra-a]-i be-[lí a-na la e]-pé-i-im i-pu-ra/-am 20 ù [su-mu-ha-du]-ú a-na [e-pé-i-im ka-ia-an]-tam 22 i-t[a-na-pa-ra-am] Tr. i-na-an-[na a-nu-um-ma] 24 [a] la e-pé-[i-im] [be]-lí li-i-pu-[ra-am] 26 ù i-na up-[pí] be-lí-[ia] ma-ah-[ri-im] C. 28 i ki-a-e-am a-ì-ir [u]m-ma-ami 30 []a su-mu-ha-du-ú i-qa-ab-bé-kum e-pu-/ú 2

    ii

    (anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Mon seigneur m’a écrit 5 de 6 ne pas fortifier 5 Hi amta 8 mais des tablettes de Sumu-hadû 9 m’arrivent continuellement 10 disant : « 12 Fortifie 10 vite 11 cette ville ! » 13 Prenant connaissance de la tablette de mon seigneur, 14 j’ai cessé de fortifier, 15 en me disant : 16 « Il ne faudrait pas que, du fait de la craintea) (des Mâr yamîna), 17-18 (la population) ne se paniqueb)! » 19 Mon seigneur m’a écrit de ne pas fortifier 20 mais Sumu-hadû 22 m’écrit 21 continuellement de 23 le faire. Maintenant, voilà que 25 mon seigneur doit m’envoyer l’ordre de 24 ne pas fortifier. 26 Or, dans une tablette 27 antérieure 26 de mon seigneur 28 il était écrit ceci : « 30 Fais ce que Sumu-hadû te dira ! » 7

    a) Pour pirittum, « crainte », cf. ARMT XXVIII 25: 25. Birîtum (qui pourrait être une lecture pour la l. 16) n'a qu'un sens de lieu. b) Pour cette expression, cf. gilittam raûm « to take fright », CAD R, p. 202a, à une époque plus récente.

    6.11.1 Les débuts de la révolte [M.8176] date des débuts de la rébellion mais doit parler également du roi d'E nunna (cf. l. 16), vu les références à abî « mon père» dans une lettre que Sumu-hadû indique a rédigée pour le roi de Mari. À ce moment là, il est question de Rapiqum que le roi d'E nunna voulait atttaquer, ce pourquoi le roi de

    356

    Jean-Marie DURAND

    Mari devait fournir de l'aide. Or, plusieurs lettres montrent les Mâr yamîna songeant à s'emparer à cette occasion de la Forteresse de Yahdun-Lîm, alors qu'E nunna n'était pas encore montée vers le Nord et comptait toujours sur l'alliance de Mari. Le document montre qu'il y a eu un début de réalisation du projet avec une attaque par une troupe de 6 000 Uprapéens —qui ont franchi le fleuve (ou la frontière), l. 6’ — contre une ville non précisée, mais qui devrait être la Forteresse de Yahdun-Lîm255. L'attaque a été conduite par un chef d'origine mutebaléenne. Plusieurs indices existent effectivement qu'il y a eu affrontement entre Sumuhadû et le Mutêbal, avant un accord de Mari avec cette tribu apparentée aux Mâr yamîna. Zimrî-Lîm semble avoir renoncé à aller jusqu'à la frontière sud à l'alliance d'E nunna pour remonter avec son armée jusqu'à la Forteresse qui était menacée et prêter main forte aux défenseurs. L'alerte aurait duré 3 jours. Il faut néanmoins expliquer les faits à Ibâlpêl II et cela immédiatemnt après l’événement (cf. amali, l. 5 et 5’). Sumu-hadû propose donc à Zimrî-Lîm un brouillon de lettre, à l’intention de son « père » qui pourrait se poser des questions devant l'absence des forces mariotes. Il semble, en effet, qu'Ibâlpêl II n'avait pas poussé son avantage à l'égard de Rapiqum, faute de l’appui de Mari (l. 2'-3'). Ce projet de rédaction trouve un écho dans [M.11067] proposé à Zimrî-Lîm pour ôter toute inquiétude chez le roi d'E nunna à propos de mouvements de troupes dans le Sindjar. Les deux documents montrent l’importance de Sumu-hadû dans la conduite de la politique mariote. 160 [M.8176] Sumu-hadû au roi. L'arrivée du roi avec toute son armée a prévenu le coup de main des Mâr Yamîna. (Suite indécise). (Lacune). Proposition d'une lettre à E nunna avec mention de l'attaque des Mâr yamîna sous la conduite d'un général du Mutêbal. (Suite indécise). Il faut sans tarder envoyer la lettre au roi d'E nunna.

    2 4 6 8 10

    [a-na be-lí-i]a qí-bí-ma [um-ma] su-mu-ha-du-ú [ìr]ka-a ma [up-p]a-am a be-lí ú-a-bi-lam eme am-a-li um-ma-ma-an be-lí la "il-le#-ma [i-na ga]-mi-ir-tim be-lí a-"na# "pa-ì#-im [ú-ú]r-ra-dam dumu-me-e ia-mi-na [i]-[te-e]t [i-p]u-ú [ku-up-pu]-ud dumu-me-e [i]a-mi-n[a] [o-o-o-o] um-ma ha-na[me]-e [a ……h]a-la-at à-ra-ad [ ………up-r]a-pí-i? [a-n]a?256 (Il manque la moitié de la tablette.)

    Rev. 2' 4' 6' 8' 10'

    um-ma zi-i[m-ri-li-im dumu-ka-a-ma] am-mi-nim a-bi a-ah ra-p[í-qí-im e-ti-iq-ma] a a-ba-at ra-pí-qí-im° 2-[u la i-pu-ú] i-nu-ma a-na-ku-ma a-ka-la-"am# a-na m[a-ti-i]a am-a-li dumu-me-e ia-mi-na i-na 6 li-me a-bi-im "i#-bi-ir°-ma um-ma-nu dumu mu-te!-ba-al ú-e-í-[m]a [a-na a-li-i]k pa-ni-u-nu° i-ku-un°-"u# [lú u-ú i-na] 3 u-u "up#-ra-pí-"i# [a-na mu-uh-hi] "i#-da- bàdki [……-m]a ìr-me-e a-bi-ia i-p[u]-u

    255

    Le signe « BÀD » (l. 9’) est, comme souvent, très distendu et il manquerait la précision « Yahdun-Lîm », car il n’y a plus d’écriture à la fin de la l. 9’ et il faut supposer un verbe au début de la l. 10’. 256

    Il semble y avoir un grand espace entre le N]A? et le À.

    Les textes de Sumu-hadû

    12' Tr. 16'

    357

    [an-né-tim a-na a-bi-k]a u-[p]u-ur [ù-lu a-né-tim-m]a u-pu-u[r-um] [ù up-pa-am u-bi]-lam? [a-nu-um]-"ma# ú-"ma#-"ka#-al [a-na e-er lú è] -nun-naki [be-lí la uh-hu] -ur (Ligne blanche.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 5 Hier, si mon seigneur ne venait pas dans la région d'amont et 7 si (au contraire) il allait en aval 6 avec l'armée entière à la frontièrea), 7 les Mâr yamîna faisaient un coup de main. 8 Le plan des Mâr yamîna 10 … Si les Bédouins … 10 … pour expédier … 4

    (Il manque la moitié de la tablette.)

    « 1' Ainsi parle Zimrî-Lîm, ton fils. « 2' Pourquoi, mon père est-il passé à côté de Rapiqum 3' sans s'en emparer de nouveau ? 4' Alors, moi-même, j’étais retenub) 5' Hier, les Mâr yamîna, au nombre de 6 000, 6' ont fait la traversée 5’ vers mon pays et Ummânuc) du Mutêbal a mené l’invasionds). 7' Ils l’avaient mis mis à leur tête. 8’ Cet individu pendant 3 jours 10’ a mené 8’ les Uprapéens 9’ contre la citadelle 10’ et effrayée) les serviteurs de mon père. » 11’ Envoie ce message-ci à ton père, 12’ ou bien envoie-lui d’autres termes mais 13 fais porter une 14’ tablette. Voilà que (même) pas un jour completf), 16’ mon seigneur ne doit être en retard 15’ envers l’homme d’E nunna. a) Par « frontière », il faut comprendre ici la position tenue par Rapiqum, au vu de l'emploi de WRD. b) Lisant akkallâm, forme IV. Inûma semble avoir ici la fonction de inûmi (OAkk.) « à ce moment-là ». c) Pour ce NP, cf. um-ma-an-ni, A.3151 (MARI 8) vi 19 et um-ma-an M.8325. d) Pour waûm « envahir », cf. LAPO 18, index, p. 603. e) Pour apaum (a/u), « effrayer », non « to inform » (CAD, /1, p. 451), cf. LAPO 18, index, p. 591. L’expression « serviteurs de mon père » désigne ici les Mariotes, sujet d’un roi vassal. f) Pour cette traduction de umakkal (« even for one day »), cf. CAD U, p. 94.

    Le début de [A.577] qui concerne les gens du Mutêbal montre qu'effectivement Sumu-hadû a engagé le combat contre les gens du Mutêbal avant que Zimrî-Lîm n’arrive les attaquer. La correspondance entre Zimrî-Lîm et Nahimum ainsi que le commandement de la tribu par ce dernier doivent donc être postérieurs à cet affrontement. La convocation à Qaunân de Nahimum257 faisait donc partie de la paix. [A.577] doit donc être contemporain de [M.8176]. Sur le Revers, cependant, après une assez longue cassure, le sujet est tout à fait différent. Le discours des l. 2’-6’ semble particulièrement passionné, reprenant une lettre du roi que nous n’avons plus. Le souverain y aurait rappelé (avec une ironie assez cruelle) des propos emphatiques antérieurs de Sumuhadû qui consonnent tout à fait avec ceux de [M.7721], où le ministre parlait déjà de se suicider. Il peut s'agir d'affaires agricoles (cf. l. 19') qui n'ont pas avancé aussi vite que l'aurait promis Sumu-hadû. L’expression i-ip-rum ka-lu-u ka-i-ir (Rev. 15') peut être comprise comme faisant référence à un travail d’irrigation (cf. M.7721 : 1’l). Il devrait donc s'agir de travaux d'irrigation dans les alentours de la Forteresse de Yahdun-Lîm qui n’étaient pas prêts pour l’arrivée du roi. La l. 8’ qui pourrait être prise pour un propos de courtisan souhaitant la réussite du monarque est en fait une excuse déguisée remarquant que bonne volonté et application au travail ne sont pas toujours couronnés de succès. Le ministre demande donc au roi de patienter jusqu'au lendemain (l. 11'), lui assurant qu'il trouvera tout prêt au matin (l. 16'-20'). Le retard sera donc rattrapé par un travail nocturne.

    257

    Cf. [A.2078+A.2169], dans ARMT XXXIV.

    358

    Jean-Marie DURAND 161 [A.577]

    Sumu-hadû au roi. Affaire des gens du Mutêbal. (Lacune). Le roi (?) cite une lettre antérieure du fonctionnaire qui parlait de se suicider. Sumu-hadû réclame un délai d'une nuit.

    2 4 6 8 10 12 14 16

    [a-na be]-lí-ia qí-bí-ma [um-ma sú]-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma [up-pa-am a] be-lí ú-a-bi-lam e-me [be-lí ke-em i]-pu-ra-am um-ma-a-mi [dam-qa-at-ma i]-nu-ma a-na gi -tukul-há e-pé-i-im pa-ni-ia a-ku-nu258 [tu-pa-si-la]-an-ni-ma259 gi -tukul-há e-pé-a-am ú-ul ta-"ad#-di-na-an-{NI}-ni a-pa-ra-am an-né-e-em be-lí i-pu-ra-am ki-ma i-na u-mi-u-ma be-l[í ú-p]a-a[s]-sí-lu ù i-na a-ni-im qa-[tam-ma be]-lí lu-pa-as-sí-il ú-ul da-mi-iq-[ma dumu-me-e ] mu-ti-a-"ba#-"al# [gì]r? i-pé-u-um-[ma ù? i]-na u-mi-u [a-na-ku] gi -tukul-há e-pé-a-am-ma da-am-da-u-nu "a#-du-ka-am [ki-ma] mí al-ma-na-tim-ma-an be-lí e-pé-e[-u-nu-ti] [ù i-n]a-an-na-ma° qa-ba-am an-né-e-em be-lí i[q-bé-em] [………………be]-lí x-[…] (Face = 10 l. Tr. = 3 l. Rev. = 10 l.)

    Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ 14’ 16’ Tr. 18’

    [………… ………ki-a-am be-lí] i[]-ta-n[a]-ap-pa-ra[am]260 wu-di 1-u i-na pa-ni an-ni-it[tim] e tu-ki-"in# eb-lam ù gi -kak ki-ma sag-ìr uh-ta-an-na-aq ú-lu-ma ki-ma lú a-qì(GI)-i-im pa-at-ra-am zabar a-na li-ib-bi-ia a-ma-ah-ha-a in°-na-nu-um an-né-et-tim be-lí i-ta-na-ap-pa-/ra-am i-na u 1-kam be-lí a e-pé-i-u li-pu-ú am-mi-nim ka-ia-an-tam hi-pí li-ib-bi-i[m] be-lí i-ta-na-ap-pa-ra-am i-na-an-na u-ma-am be-lí li-na-ki-ra-am-ma a-ar é-tim li-bi-it ki-ma mu-u-te-er-tam sí-ma-an siskur-re be-lí i-ka-a-a-dam i-ip-rum ka-lu-u ka-i-ir [m]u-u-te-er-tam-ma la-261 i-hi-i dutu-i-im [ki]-ma ka-a-ad be-lí-ia la-ma sí-li-ih-tim [m]u-ú i-a-ab-ba-tu

    258

    La ligne d’écriture va sur le côté et sur le revers de la tablette.

    259

    La restauration s'appuie sur les l. 9 & 10.

    260

    La restauration des l. 0’-1’ s’appuie sur les l. 7’-8’, or il n’y a pas de place, selon la « mise en page » de la l. 2’ pour autre chose qu’un seul signe à la fin de la l. 2’. 261

    Ou lire mu-u-te-er-tam LA :MA i-hi-i…. Voir commentaire i).

    Les textes de Sumu-hadû C. 20’

    359

    [an-na mu-u-te]-er-tam-ma [be-lí li-ik]-u-dam 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 4 Mon seigneur me 5 disait : « Voilà bien une preuve d’amitié : 5 alors que je me disposais à combattre, 6 tu m’as gênéa) en ne me permettant pas de combattre. » 8 Voilà le message que mon seigneur m’a envoyé. 9 De la même façon que ce jour-là j’ai gêné mon seigneur, 10 alors, une seconde (fois), de la même façon, il me faut le gêner. 11 N’est ce pas preuve d'amitié que les gens du Mutêbal fassent une attaque contre lui et que le jour même, 13 moi, j'engage le combat et les vainque262 ? 14 Mon seigneur les traite comme s’ils étaient des veuvesb). 15 Alors, voilà le propos maintenant que mon seigneur m’a tenu ! 2

    (Grande cassure de plus de 20 lignes.)

    … 0' Voici le message que mon seigneur 1' est toujours à m’envoyerc) : « Assurément une fois auparavant (tu as dit cela) ! N’installe pas corde ni cheville (disant) : 4' “Je me pendrai comme un esclave 5' ou, sinon, comme un noblee), 6' je me frapperai au cœur 5' avec un poignard en bronze !” » 7' Voilà maintenantf) le message que mon seigneur est toujours à m'envoyer ! 8' Puisse mon seigneur faire en un seul jour ce qu’il a à faire ! 9' Pourquoi sans cesse 10' mon seigneur m'envoie-t-il 9' un message à briser le cœurg) ? Maintenant, mon seigneur doit changer la dateh) ! 12' Qu’il passe la nuit dans la demeure. 13' Lorsqu’au petit matin, 14' au moment du sacrificei), mon seigneur arrivera, 15' ce travail se trouve(ra) tout entier agencé. 16' Au petit matin, avantj) le lever du soleil, 17' dès l’arrivée de mon seigneur, 18' avant la lustration (silihtum), 19' les eaux auront été prises. 20' Oui, que ce ne soit qu'au petit matin, que mon seigneur arrive ! 2'

    a) Les exemples mariotes de pussulum sont plus divers que ceux enregistrés par le CAD. Le sens de ce verbe à la forme G est « être désappointé » et à la forme D « tromper les espérances de quelqu'un». Cf. les exemples dans DBP s.v. : (A.444): itu, êm NP imû.ma, u NP ip-sí-il-ma ana êr NP ûl illik ummâ.mi ahî NP = « lorsqu'il eut appris l'affaire de NP alors, NP fut désappointé et il n'alla pas chez NP, disant « NP est mon frère » ; (A.422) NP u lugal-me-e , imû.ma ana alâkim up-ta-sí-lu = « NP et les rois, apprenant (cela), furent découragés de venir. » Dans ARMT XXXIV, [A.552], lettre de Hâlî-hadun, l. 18-19, on trouve kaskal-a an-ni-tum it-[ti-ia] pu-usx(IZ)-sú-laat, ce qui signifie « (Si mon seigneur ne désire pas cette expédition), j'y renonce ». Ce sens est transportable dans les dérivés. Lorsque pisiltum signifie « enveloppe de tablette », il est évident que l'objet est ainsi décrit parce qu'il déçoit la curiosité d'un éventuel lecteur. À époque ancienne, en effet, une tablette ne porte pas le double du texte qu'elle protège, mais uniquement le nom du destinataire et l’empreinte du sceau de l’expéditeur. Dans la lettre paléobabylonienne, AbB 11 185, comprendre pisilti kaspim-ma paslâku par « je suis déçu dans mes espoirs de fortune ». Ces sens de pasâlum, pussulum devraient dériver de l'emploi concret de PSL pour désigner des parties omineuses, pour lequel le CAD propose le sens de « to twist », « tordre ». Le terme pisiltum décrit d'ailleurs cette façon d'être des parties ominales. Peut-être faut-il rattacher ce pasâlum à l'arabe faala « séparer, disjoindre », des parties ominales détachées indiquant un mauvais présage. Pour « être désappointé », on a d’ailleurs l’équivalent « être scié » en français actuel. b) Sans doute une expression pour « traiter avec des égards », la veuve étant une femme seule à protéger. c) Selon l’écriture normale des textes de Mari le annêtim bêlî itanapparam de la l. 7’ doit entraîner un [ki’âm bêlî], itanapparam à la l. ‘-1’, mais il n’y a pas la place pour un introducteur de discours à la 1’, vu la disposition des signes. D’autre part les l. 4’-6’ ne peuvent être attribuées au roi, mais représentent une citation du discours de Sumu-hadû. Il faut donc supposer ici que du texte manque ou que la citation de la lettre royale est faite a minima. Le recours à une forme G/3 peut marquer ici la répétition, mais plutôt noter une emphase. d) Les deux accusatifs eblam et sikkatam (gi -kak) font bien référence à la pendaison dont il est question, l. 4’, et leur statut d’accusatif doit dépendre d’une forme verbale à chercher l. 3’. Le TU est un bon introducteur de 2° personne mais le E ne peut être que la forme du vétitif; lequel semble effectivement avoir appartenu au langage courant et être tout particulièrement utilisé par le roi. Tukîn serait donc une forme de kunnum (D de kânum) mais le sens attendu serait de « reparler, remettre en avant ».

    262

    = adukkam, inaccompli.

    360

    Jean-Marie DURAND

    e) On peut naturellement comprendre ici agûm, « enragé », puisqu'à Mari, au lieu de egûm, on connaît déjà cette forme sans Umlaut par ARMT III 18 (= LAPO 18 1060), l. 15 qui parle (au génitif) d’un « chien enragé », kalbim a-gi-"i-im#. Il pourrait, cependant, s'agir d'une graphie pour aqûm « de bon lignage, “de la haute” » (cf. l’énumération de 5 R 39 4, rev. 68, cité CAD /1, p. 17b), selon le principe qu'à Mari les emphatiques étaient devenues des sonores (comme GU censé valoir /qù/ dans des NP comme qù-ur-da-an [nombreux ex.] ou qù-ru-du [ARMT XVI/1]). L'opposition de sag-ìr et a-GI-i-im opposerait 2 sortes de morts, une non-honorable convenant à l'esclave, par strangulation, et une autre réservée à la noblesse ou qui désignerait un suicide d'honneur, par un coup de poignard en plein cœur. Le texte de [M.7721] ne qualifie pas le second mode de suicide. f) in-na-nu-um ; CAD ne connaît innanu (innana, innani) que comme une expression tardive (SB) avec le sens de « when, after » et c’est, en outre, une conjonction (cf. von Soden, ZA 41 148). Il est néanmoins possible qu'il s'agisse ici d'une écriture fautive pour an-na-nu-um ou d’un télescopage de i-na-an-na an-nu-um-ma. g) hîpî libbim (« désespérance ») doit être un pluriel. Le terme n'est connu des dictionnaires que dans ses emplois récents où il désigne une maladie (« colique »). h) L'expression ûmam nukkurum revient ici à « attendre demain », puisque après une nuit, le roi doit voir le travail fini. Le sens est donc sans doute « changer la date de l'échéance ». Les dictionnaires ne semblent pas connaître cet usage qui pourrait cependant être rangé à CAD N/1, p. 168b sub 10. i) Il s’agit du sacrifice du matin qui était offert chaque jour et à partir duquel les présages étaient pris pour la journée (cf. in textes de Bannum p. 103). Ce moment était donc aussi celui de la silihtum qui désigne ici la lustration matinale (rite sacré ou toilette du matin ?). Le terme manque dans les dictionnaires. La mention de la silihtum renverrait aux pratiques de lustration bien connues des textes, formulées au premier millénaire dans le rituel bît salâ’ mê, rites parallèles à ceux du bît rimki. D'ordinaire, c'est cependant zarâqum « asperger » qui est employé à Mari pour les rites de purification (toilette ?) alors que salâhum est utilisé pour « arroser », d'où est dérivé salahum/salhum, « zone d'hortillonnage » La notation « les eaux seront prises » est, en général, le résultat d’une action sur le sytème d’irrigation (cf. ici même, [A.250] : 5), et ne doit donc pas signifier le fait de réserver de l’eau de purification. Sans doute l'expression fait-elle allusion à ce qui est dit l. 15': « ce travail sera agencé ». j) Le sens est évident, mais le détail du texte fait problème. Faut-il comprendre mutertam-ma lâ ihi amim = « au petit matin, alors que le soleil n’est pas levé », car mutertam-ma est courant ? Mais le -ma qui souligne mutertam pourrait être rattaché au LA subséquent et MA:LA représenter une mé-graphie de la-ma. On peut aussi supposer une haplographie dans la séquence -ma la-. Non liquet.

    [A.3373] est difficile à situer chronologiquement. À titre d'hypothèse, j'ai considéré que la Face de la lettre blâmerait l’attitude de gens qui voudraient passer pour des « mâles ». Pour une telle société, ne pas infliger un (juste) châtiment, comme accorder le pardon à des rebelles, revenait à de la faiblesse. Ce dont parlait la Face pouvait donc concerner l'attaque de la Forteresse de Yahdun-Lîm par le Mutêbal avec lequel une alliance a néanmoins été, par la suite, conclue. De la même façon la clémence envers des rebelles revenait à les traiter en « veuves », selon l’expression de [A.577]: 14. L’autre information, sur le revers, après une lacune, parle de gens qui ont quitté leur patrie (l. 11'-12') et cherchaient à s'installer au royaume (l. 9'-10'). D’après leurs dires ils n'avaient aucune autre place pour s'exiler et ne comprendraient pas qu'on leur fît mauvais accueil. 162 [A.3373] Sumu-hadû au roi. Les messages du roi ont fini par le rejoindre. Sumu-hadû est choqué par une mesure concernant des étrangers. (Lacune.) Deux personnages amènent un groupe d'exilés politiques avec eux et réclament à s'installer dans le royaume.

    2 4 6 8 10

    a-na be-lí- [i]a qí -bíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma be-lí 1-u 2-"u# i-pu-ra-am-ma "a#-hi-tám(DAM)-ma at-ta-al-"kam# "ù# up-pa-at be-lí-ia ik-u-da-nim-ma e-me-ma up-pa-am an-né-em ú-a-bi-lam na-ú-ma- ki-ma zi-ka-re-e ni-li-kam ù munus sí-ni-a-tim

    Les textes de Sumu-hadû

    12

    ni-ta-ar a-na a-"wa#-a[t? be-lí-i]a? l[u-u]-qí-il ah-h[i-ia…]

    Tr. Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’

    361

    (Inscrite? = 2 l.)

    "la# x-[…………] a-pu-ur-m[a?…] ù I ta-ri-b[a-tum a pa-an …] a-ab-tu a-ba-am "ú#-[e-hi-ma iq-bé-em (?)] um-ma-a-mi di-túr-m[e]-er ì[z°(AB)-ku-ru] na-ú-"ma# up-pí sà-"ra#-tim a-na ma-har be-lí-ia° ú[]263-à-ha um-ma lugal ú°-ul° i-pu-ul-né-ti um-ma ni-nu-ma a-yu-um-ma a-lum4(LAM) a ni-it-ta-al-la-kam ni-nu-um° a-na e-ri-ka ni-ih°-pu-ra-am an-na-nu-um [mì-i]n-u-um ni-su°-ús (Tr. & C. anépigraphes.) 1

    Dis à mon seigneur. ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé un à deux message(r)s ; 6 j’étais parti dans les environsa), 7 mais les tablettes de mon seigneur m’ont rejoint et, 8 en ayant pris connaissance, je fais porter cette tablette. 9 Est-il convenableb) que 10 nous nous soyons comportésc) comme des mâles mais que nous revenions féminisésd) ? 12 il faut que j'attire l'attention de mes frères 11’sur les propos de mon seigneur… 5

    (3 l. sont brisées) 1'

    … 2' j’ai envoyé un message(r) et … . Alors, Taribatum ayant pris la tête des …, les a amenés et a dit : « 5'Ils ont juré par Itûr-Mêre) ! Conviendrait-il que j’apporte par devant mon seigneur une tablette de propos mensongersf)? 8' Si le roi ne nous donne pas satisfaction, 9' voici ce que nous (lui dirons) : “ Y a-t-il une ville où nous puissions partir ? 11' Nousg), 12' nous sommes venus ici en exilés 11' chez toi !” 13' Ici, quelle raison avions-nous de nous plaindre ? ”» 3'

    a) En supposant ici une valeur TÁM à DAM pour retrouver l’adverbe ahîtam-ma « dans les environs ». b) Naû.ma en tête de phrase peut être à l'interrogatif (cf. l. 6' ?), à la différence de naû (toujours au permansif) qui suit un sujet préposé (cf. ex. gr. ARMT XXVI 298: 23). Le sens serait donc « Est-il naturel que …? » ; pour cette façon de dire, cf. ici-même [A.454]: 7 : na-ú-ma-a hala NG, ipir-u izzibam = « Est-il convenable que le district de NG abandonne son travail…», avec une écriture explicite -ma-a. c) L. 9-10, ki-ma zi-ka-re-e, ni-li-kam fait allusion à la démarche qui révèle la façon d'être. Ce sens d'alâkum est enregistré, CAD A/1, p. 30ça-b, « to live, behave, act ». d) Le texte est difficile. a) Sinniâtim peut être la glose du munus précédent, ce qui peut se produire dans l'écriture mariote (cf. p. 513 c). b) La lectio facilior considèrerait que MÍ est une erreur au lieu du ana attendu. L'emploi de târum + ana pour signifier « devenir » est en effet bien attesté à Mari, quoique le CAD T, p. 259 n'en cite pas d'exemples venant de ce corpus ; cf. G. Dossin, Benjaminites, p. 991 (A.418) : umma ana Zimrî-Lîm … tugallal anâku ana bêl awâti-ka a-ta-ar = « Si tu commets une faute envers Z., moi je deviendrai ton adversaire. » c) On peut supposer aussi que munus sinniâtim soit à lire sinnia/ât sinniâtim « complètement femmes », avec un usage bien connu dans la langue de l’Ouest, analogue à des expressions comme « roi des rois » ou « cantique des cantiques », où le génitif est utilisé pour une expression augmentative. Il faudrait dès lors traduire « nous revenons complètement féminisés ». Cette possibilité a été adoptée ici. e) Itûr-Mêr était le dieu des serments. À la fin de la ligne, le signe AB dont la valeur ì /ìz est bien connue à Mari indiquerait le verbe zakârum « jurer », construit avec un accusatif direct.

    263

    G.D. a lu ici ú-à-ha, sans doute dans la foulée de be-lí-ia ; la lecture Ú ne fait pas problème.

    362

    Jean-Marie DURAND

    f) Pour l’écriture sà-ra-tim à Mari, cf. ARM II 124 (= LAPO 17 554): 23 et ARM XIV 66 (= LAPO 16 327): 37 et analogues. Le texte semble opposer la véracité d'un serment devant la divinité (oralité) à des propos fallacieux qui peuvent se trouver sur une tablette (texte écrit). g) Cette forme ni-nu-um se retrouve à l’époque d’El Amarna comme le montre EA 250: 19 nukurtu-ka ninu-um « we will be your ennemies » (CAD), signifiant en fait : « C'est nous qui serons votre opposition ». Plutôt que de formes dialectales, il s’agit d’une prononciation courte du nînu-ma attesté par STT 28 I 33 (Nergal et Ereskigal).

    Le texte [TH 72.67] qui traite de l'envoi des dieux du ubartum pour sanctionner des serments ne précise pas quels États étaient concernés par cette expédition. J'ai interprété l'événement comme un épisode des accords de cessation d'hostilité (salîmâtum) entre Mari et les gens du Mutêbal, après l'attaque de la Forteresse de Yahdun-Lîm. D’après le document, il y a eu un problème à propos des divinités, quoique le Rev. qui devait expliquer en quoi cela consistait ne soit plus compréhensible. Les l. 18-19 se laisseraient cependant bien restaurer comme a-na [ni-i dingir-lim], ú-ul na-[ú-ú] = « Ils ne conviennent pas à un serment ». Il serait donc possible que le présent texte ait rapporté une interrogation oraculaire à leur propos, et que l. 14, il faille comprendre i-na-[an-na ú-ul a]-al-ma = « Maintenant, (les présages) ne sont pas favorables. » Il serait normal, en pareil cas, que l'information fût transmise à Mari et que le fonctionnaire, sur place, attendît des instructions pour savoir comment agir.

    163 [TH 72.67] Sumu-hadû au roi. Arrivée des dieux du ubartum pour le serment. Suite à une interrogation oraculaire défavorable, Sumu-hadû demande des instructions au roi.

    2 4 6 8 Tr. Rev. 12 14 16 Tr. 20 C.

    a-na be-lí -ia qíbíma um-ma "su#-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma dingir-me-e a ma-at u-bar-tim a a-na ni-i dingir-lim a-na e-er be-lí-ia il-li-ku-nim u-um up-pí an-né-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam dingir-me-[e] u-nu a? x x -?m]a?-tim Bi-[……] i-na [ o o o o o ]-al-ma a[l-……] i-"na# [……] x-[……] a-na x-[……] ú-ul na-[……] be-lí an-ni-tam la an-ni-tam li-i-pu-ra-am

    Note : ce texte ne m'est connu que par une copie cunéiforme au crayon de M. Birot intitulée « 72-67 » ce que j'ai interprété comme la tablette 67, trouvée en 1972. Le revers semble avoir été très abîmé. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Les dieux du pays du Subartum 6 qui 8 me sont venus 6 pour le serment par le dieu, 7à l'adresse de mon seigneur, 9 le jour où 11 j'envoie 9 cette tablette de moi 10 chez mon seigneur, ces dieux… 5

    12-19

    (Texte non conservé, ou incertain.)

    Les textes de Sumu-hadû 20

    363

    Mon seigneur 22doit me faire savoir 20-21ce qu'il en est.

    Même si le nom de l'expéditeur de [A.2224] n'est pas bien conservé, outre le fait que la lettre appartient au début du règne puisque l’on y parle de Sumu-hadû (cf. l. 19), la mention de Qaunân (l. 5) permet de retrouver assez sûrement dans les traces de la l. 2 mention de Zakira-hammum, le second gouverneur de ce district à l'amont de Saggâratum. Une information sur le culte est donnée par le fait que le retour de tous les Nomades devait permettre au roi d'accomplir le rituel hiyârum (l. 5-6). En outre, les mer‘ûm mâr sim'al (A ma) et mâr yamîna (Nikrum) envisageaient d'accomplir ensemble une razzia contre la Kullatum, terme de sens incertain264 mais qui devait comprendre ce qui appartenait à Atamrel (cf. l. 14). Ce dernier, un mâr yamîna uprapéen265 pro-Mari, avait pu servir d’intermédiaire entre la monarchie mâr sim’al et le Mutêbal, une branche des mâr yamîna. Rien dans notre documentation cependant ne permet de savoir ce qui s'est réellement passé. On voit s'opposer deux logiques : celle des Bédouins qui visaient au profit immédiat et celle des responsables d'un ordre étatique pour qui le droit était une donnée impérative. L'argumentation du gouverneur reste au niveau de la morale, le seul que le sens de l'honneur peut faire comprendre aux Bédouins. La fin du document (l. 18-26) pourrait avoir affaire avec l’affermissement de l’autorité de Mari sur Qaunân. 164 [A.2224] Zakira-hammu au roi. Retour des Nomades à Qaunân. Projet de razzia contre des ovins interdit à cause d’Atamrel. Envoi au roi de quelqu'un à récompenser. a-na be-[lí-ia qí-bí-ma] um-ma "za#-"ki#-"ra#-h[a-mu ìr-ka-a-ma] be-lí li-ih-du ha-n[ame-e a na-we-i-i]m 4 ù a a-la-né-e a-na l[i-ib-bi qa]-ú-na-anki it-tu-[ru] be-lí ha-ya°(WA)-ra-am 6 li-pu- ú a-ni-tam ni-ik-ru-um 8 "ù# a-ma-a a-na ma-a-ah Tr. udu-"àg#266 Kúl-"la#267-ti° 10 iz-z[i-z]u-ma qa-ba a-na ma-a-hi-im Rev. 12 ú-ul a[d-d]i-in-u-nu-t[i] um-ma-mi [a]m-mi-nim 14 é-it a-t[am]-ri-[A]N a sa-li-ma-am(AN)268 bi-ri-it "mu#--ba-al i-ku-un° 16 na-pí-i-tam "ú#-ki-na-an-né-i 2

    264 Il est difficile de trouver ici un adjectif féminin qualifiant udu-àg, il s’agit donc d’un substantif en -at-um. Kullatum signifie « totalité » et pourrait en l’occurrence désigner les troupeaux non protégés par un accord. Mais un terme qullatum désignant le petit bétail (sur QLL) n’est pas à exclure. Une lecture ù "la#-ti (qui serait envisageable car la photographie n’est pas nette pour ce passage) m’a néanmoins paru exclue dans la mesure où on devrait avoir gu-há dans un texte de Mari. Les formes liâtum, lâtum pour le pluriel de littum « vache » ne sont pas encore documentées à Mari et, apparemment, rares à toutes époques. 265

    Cf. sa documentation dans ARMT XXXIV.

    266

    Le signe est bien ID, non HI.A, comme le montrent les trois perpendiculaires qui le terminent.

    267

    Le signe est bien "LA#, non MA comme le montre la comparaison avec les MA des l. 10 et 11.

    268

    Pour cette valeur am, cf. A.3585: 3.

    364

    18 20 Tr. 22 24 C. 26

    Jean-Marie DURAND ta-ma-a-ha ú-ul {X} ki-nu ù { I NA} be-lí i-na gu-ru-dIM igi su-mu-ha-du-ú ki-a-am iq-bé-em um-ma-mi ba-lu hi-is ku-nu-ki-ka ù up-[pí-ka] qí-i-tam! ú-ul [a-na-di-in] i-na- a-nu-um-[ma NP (?)269] "a-hi# a-na [e-er be-lí-ia] a[-]ar-da-am be-lí qí-i-[tam] a-um hi-sà-at u-mì li-di-in-um 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Zakira-hammu, ton serviteur. Que mon seigneur se réjouisse : les Bédouins du troupeau 4 et (ceux) des différentes villes 5 sont revenus 4 à l'intérieur de Qaunân 5 pour que mon seigneur 6 fasse 5 le hayyarum. 7 Autre chose : Nikrum 8 et A maa) 10 s'apprêtaient 8 à piller 9 les moutons à toison de la Kullatum, 10 mais je ne leur 11 en 12ai pas donné 11 permission, 13 disant : « 17 Pourquoi razzier 14 la propriété d’Atamrel qui 15 a instauré 14 le pacte de non-agression 15 (qui résulte d’un traité) avec le Mutêbal ? 16 Il nous a assuré l’existence. 17 Ce n’est pas correctb) ! » 18 Par ailleurs, mon seigneur, à Gûru-Addu, devant Sûmû-hadûc), m'avait dit ceci : « Sans libellé de ton sceau et d'une tablette de toi, je ne ferai pas de présentd). » Maintenant! voilà que j’expédie NP, mon frère, chez mon seigneur. 26 Que mon seigneur lui fasse 25un cadeau 26 en présent de reconnaissancee). 2

    a) Pour ces deux personnages, cf. ARMT XXXIV. Nikrum était un mer‘ûm mâr yamîna. b) Pour ce sens, cf. ARM X 156 (= LAPO 18 1134) : 25 : ki-na-at an-ni-tum = « voilà qui est juste ! » au sens de « c’est vrai ! /oui ! ». c) Sumu-hadû est bien mentionné à Guru-Addu dans ARMT XXVI 169: 16' (présages contre Zimrî-Lîm, cf. ARMT XXXIV) mais cela ne permet pas de dater le présent document. d) Même propos p. 275, ad [A.840]: 25. e) Voir en dernier lieu, A.-I. Langlois, Les Archives de la princesse Iltani, Archibab 2 = Mémoires de NABU 18, 2017, p. 116, ad 10).

    6.11.2 Après la victoire [A.2948] émane de Sammêtar, désormais à la direction des affaires : il a quitté Terqa puisque Kibrî-Dagan semble y être (l. 8) pour remplacer Asqûdum, mais Sumu-hadû (cf. l. 7) est toujours à un poste administratif important (l. 7 : il est informé, mais ne reçoit pas d’instructions précises). C’est néanmoins Sammêtar qui se charge d’aller inspecter l’état de Samânum. 165 [A.2978] Sammêtar au roi. Annonce qu'il va aller occuper Samânum et en constater l'état.

    2 4 6

    [a-na be]-lí-ia [qí]bíma [um-ma] sa-am-me-e-tar [ìr]ka-a- ma [a-u]m e-em sa-ma-nimki a be-lí i-pu-ra-am a-na e-er su-mu-ha-di-i-im 269

    Après le -um, il est nécessaire soit de supposer un vaste espace blanc et la position d'un -ma final en bout de ligne, soit un NP notant le bénéficiaire. Les signes a-hi au début de la l. 24 n'apparaissent que faiblement, mais ne suffisent pas pour faire un NP.

    Les textes de Sumu-hadû 8 10 Tr. 12

    365

    a-pu-ur ù a-na ki-ib-ri-dda-gan dan-na-tim a-ku-un "ù# a-na-ku it-ti a-bi-im e-li-i a-la-ak a-ba-am a-ra-am (Ligne blanche.)

    Rev. 14 16 18

    lu-ú-a-a-bi-tám(DAM)-ma ù a-na-ku a-na e-er be-lí-ia a-ka-a-[d]am-ma e-em sa-ma-nimki a-na be-lí-ia lu-ud-bu-IB270-ma e-mu-um u-ú li-ne-pí-i (Reste anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Au sujet de Samânum, 6 objet de la lettre de mon seigneur, 8 j’ai envoyé un message 7 chez Sumu-hadû. 8 En outre 9 j’ai donné des ordres explicites 8 à Kibrî-Dagan. 10 Quant à moi,11 je vais aller en amont 10 avec des gens 13 pour faire occuper 12 le lieu par eux et, 14 personnellement 15 j'arriverai 14 chez mon seigneur 17 pour lui dire 16 ce qu'il en est de Samânum et 18 que cela soit fait. 5

    D'après [A.313], Mi lân est sur le point de tomber comme les autres villes mâr yamîna271 et l'on s'attend à un gros butin. Dans sa lettre Sumu-hadû attire l'attention du roi sur le fait que des particuliers raflent le grain des Mâr yamîna, sans doute pour faire de la spéculation, alors que c'est la famine à Mari. Aucun nom de ces accapareurs n'est donné, mais le roi pouvait comprendre à mi-mot de qui il s'agissait (l. 23). Pour le pillage des ressources des Mâr yamîna, tout particulièrement de Mi lân, les dossiers d’Itûr-Asdu et d'Asqûdum nous édifient d'ailleurs tout à fait. Asqûdum était en train de mettre la main sur les richesses mâr yamîna et la paix ne devait se faire, d'ailleurs, qu'en lui faisant (au moins en partie) rendre gorge272. Pour Sumu-hadû, le grain qui se trouvait dans les silos mâr yamîna était plus précieux que l’or ou l’argent (l. 7). Cela est en accord avec ce que nous savons des problèmes d’approvisionnement au royaume de Mari du début du règne : non seulement la capitale mais les deux grandes villes d'amont, Saggâratum et la Forteresse de Yahdun-Lîm n'avaient plus de réserves. Samânum, une des principales villes mâr yamîna, est un exemple du pillage opéré par les vainqueurs : selon Sumu-hadû, il n'y restait plus (l. 18) que 200 kor de grain alors que le territoire comportait plusieurs unités de production (ikkarum). L'expression « on va faire sortir cette ville de la main du roi » signifie que le roi n'en aura pas la jouissance espérée. La situation est dans une telle urgence qu'il serait bon de nommer un responsable particulier pour savoir ce qu'il en est du butin (l. 19). Un contre-exemple est donné par ce qui se passait lorsque c’étaient des Babyloniens qui mesuraient l’approvisionnement. Ils étaient capables de se rassasier sans prendre 1 litre aux Mâr yamîna vaincus ((l. 27-28 ; cf. à l'opposé, la l. 8). Ces troupes disciplinées ne pratiquaient pas le pillage. La légitimation de la main mise mariote sur les réserves mâr yamîna était donc sans doute qu'il fallait nourrir les troupes royales. Pour que l'abondance revienne dans Mari il faudrait selon Sumu-hadû 10 000 à 20 000 kor de grain, alors que ce n’est qu'un cinquième, voire un dixième, de cette quantité qui a été pris en butin jusqu'ici. Pour déduire de cette indication l'importance de la population du Palais (l. 30) il faudrait cependant connaître au moins le temps pendant lequel cette quantité suffirait. 270 Sans doute une faute d'orthographe avec IB pour UB, plutôt qu'une valeur ubx. Néanmoins la notation entre dans un système où IZ etc. est couramment employé pour UZ etc. et où l’on trouve RU pour RI. 271 La prise de Mi lân et de Samânum a fait l'objet d'un libellé commun : anat Zimrî-Lîm dûr Milanki u Samânimki iqquru (5 attestations). La note de D. Charpin, NABU 2000/57 a proposé que le fait date du début de ZL 1' = ZL 2, ce qui est bien trop tôt. D'après ce texte, Samânum a été déjà prise. Il s'agit en fait ici de la seconde révolte. 272

    ARMT XXVI 74.

    366

    Jean-Marie DURAND

    Des troupes de Babylone sont là et Samânum est sous contrôle : il s'agit donc de la seconde capitulation de Mi lân, concomitante de la défaite de Yaggih-Addu à Manûhatân. 166 [A.313] Sumu-hadû au roi. Mi lân va bientôt tomber. Il faut y prendre le grain plutôt que l'or et l'argent car c'est la disette dans les provinces d'amont. Jusqu'à présent, on a fait surtout des prisonniers en hommes, plutôt qu'on n'a fait attention au grain. Il y a eu des malversations et le roi sait bien de qui c'est la faute. Il faut prendre des mesures. Exemple des Babyloniens. Samânum a déjà été pillée. Il faudrait de 10 000 à 20 000 kor pour que Mari retrouve sa prospérité.

    2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26 Tr. 28 30 C. 32

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma i-na pa-ni-tim-ma a-um e-im i-na mi-i-la-anki a-ba-"tim# a-na273 be-lí-ia a-pu-ra-am AN-lum tap-pu-"ut# be-lí-ia li-li-ik-ma mi-i-la-anki li-i-ba-at e-li kù-babar e-[l]i kù-gi be-lí a-na e-im dan-na-tim li-i-ku-un-ma 1 qa e-em ma-am-ma-an la i-le-qé ú-ul é-kál bàdki ia-ah-du-li-im ú-ul é-kál "sa-ga-ra#-timki

    e-em i-u ù i-na a-"la-ni# dumu-me-e ia-mi-na a be-l[í] i-ba-t[u] 2 me-[at a-gàr e-em] "ú-ul# "e#-[é]l-qí ù 1 li-im ìr-"munus-sag# il-qú-ú a[l-l]a-kam-ma le-qé-em ù um-u ma-ha-ar be-l[í-ia] [a-]a-ka-an i-na-an-na u-ma-am an-"né-em# 20 a-gàr e-em a-na gi -apin-há a-i-em-ma i-na sa-ma-nimki /ú-pa-"ha-ru#274 be-lí 1 lú a-he-em-ma li-i-ru-dam-ma

    e-em a-a-tu li-i-ba-tu ù be-lí wa-ar-ka-tam li-ip-ru-ús e-em a-a-tu a-na ma-an-nim ú-pa-ah-ha-ru be-lí lu i-di sa-ma-nàm (NUM) i-na qa-at be-lí-ia ú-e-ú-ú i-na-an-na la qa-[t]am-ma a pa-na-nu-um i-te-pé-u [ù an-na]-nu-um lú-ká-dingir-raki a í-di-tam i-ma-da-du ul-li-i 1 qa e-em i-na ìr-me-e -u la le-qé [i]-bu-ú a 1 li-im ù 2 li- a-gàr [a]-na "é#-kál-"lim a#-ba-tim be-lí li-pu-ú ù ma-ah-re-em-ma i-na gi -má-há a-na ma-riki "he-gál-lum# li-ru- [ub]

    Bibliographie : ARMT XXVI /1, p. 339, n. 21. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû.

    273

    Le trait de ligne semble repartir à nouveau après le A, donnant au NA une apparence de A.

    274

    Cette notation en indenté, le Ú commençant sous le SA de la l. 18.

    Les textes de Sumu-hadû

    367

    3

    Naguère, 4 j’ai envoyé un message(r) à mon seigneur 3 pour 4 prendre 3 le grain à Mi lân. 5 Puisse la divinité seconder mon seigneur et 6 puisse-t-il prendre Mi lân ! 7 Mon seigneur 8 doit donner des ordres impératifs 7 pour le grain, plus que (pour) l’argent et l’or, 9 afin que nul ne prenne 8 (fût-ce) 1 litre de grain ! 10 Ni le Palais de la Forteresse de Yahdun-Lîm, 11 ni celui de Saggâratum 12 n’ont de grain. Or, dans les villes 13 des Mâr yamîna que mon seigneur a prises, 14 je n’ai pu prendre 2 000 kor (= 240 000 litres) de grain 15 alors que l’on a pris 1 000 esclaves, mâles et femmesa). 16 Je ferai le déplacement et le nom de quiconque (en) prend(rait)b) 14 je l’exposerai 16 devant mon seigneur. 17 En fait, aujourd’hui, 18 on va réunir quelquec) 200 kor (= 24 000 litres) de grain pour les charrues de Samânum. 19Il faut que mon seigneur envoie quelqu'un d'étranger (à la situation)d) pour que l’on prenne ce grain. 20 En outre, mon seigneur 21 doit faire une enquête : pour qui réunit-on ce grain ? 23 Mon seigneur est informé. 24 On va faire perdree) 23 Samânum à mon seigneur. 25 En fait, on agit en tout point différemment d'avant. 26 Or, là-bas, le(s) Babylonien(s)f) qui mesure(nt) l’approvisionnement 28 sont rassasiés sans avoir à prendre 27 à cet endroit 1 litre de grain sur sesg) serviteurs. 31 Mon seigneur doit faire 29 en sorte de 30 prendre 29 10 000 (= 1.200.000 litres) à 20 000 (2 400 000 litres) kor (de grain) 30 pour le Palais 31 afin que, d’urgence, 32 avec les bateaux, l’abondanceh) 33 (r)entre rapidement 32 à Mari. a) Pour l'entrée du personnel captif à Mari, au début de ZL 2', cf. P. Villard, ARMT XXIII, p. 484. b) L'expression lêqûm u um-u remplace le courant awîlum u um-u pour désigner les listes nominales. Ici, il s'agit de dénonciation en règle des pillards. c) a-i-em-ma est manifestement un singulier qui porte donc sur e-em, non sur gi -apin-há. La traduction en français serait « c'est au maximum 200 kor de grain… ». d) Pour ce sens de ahûm, « outsider », cf. CAD A/1, p.210-211. Cet individu ne devrait être ni un Mâr yamîna, ni un Mariote intéressé dans le butin. e) En lisant ueû. L'expression « sortir de la main de » est courante pour indiquer qu'un territoire échappe au contrôle. f) Le pluriel du verbe ibû montre que lú-ká-dingir-raki est un collectif, non un individu (le général). g) Le -u doit renvoyer au roi de Mari. h) Hegallum est connu à Mari mais comme une désignation de vase. Ce terme littéraire, emprunté au sumérien, n'est pas courant. En outre, la valeur GÁL de IG en akkadien n'est enregistrée par W. von Soden dans AnOr 42 (p. 11) qu'à partir de l'époque moyenne. L'écriture devrait être hé-gál ; he-gál-lum est ,une écriture savante mixte.

    Le texte [M.9054] dont il reste fort peu devait relater la capitulation de clans mâr yamîna, sans doute dans la région de Na er, d'après la mention de l'eqel Atamrim, l. 1'. Il reste trop peu pour pouvoir reconstituer l'histoire mais les gens semblent avoir peur de devenir des errants. Le terme halâqum est susceptible d'avoir le sens d'être perdu ou d'être détruit. L'expression des inconnus est parallèle à DBP s.v. (A.2813: 20) ayî ana halâqim tallakâ = « Où irez-vous pour fuir …? » 167 [M.9054] Sumu-hadû au roi. Message du roi. Envoi d'un message(r) (?) (…) Capitulation de Mâr yamîna que l'on empêche de quitter leur ville.

    2 4

    a-na be-lí-ia qí- bí[ma] um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-[ma] [up-pa]-am "a# be-lí ú-a-bi-lam e-me [… ú-p]a-[h]i-ra-am-ma dumu x-[…] (Grande lacune.)

    Rev. 2'

    [i]-tu a- à a-"tam#-ri-i[mki ……] "ù# [k]a-lu-u-nu a-na sú-up-pí-im qa-tam "i#-"ta#-[ak-nu] [u]m-ma u-nu-ma a-i-i ni-it-ti-iq

    368

    Tr. 4' 6' C. 8' 10'

    Jean-Marie DURAND a-na ha-la-qí-i-im ni-il-la-ak mi-im-ma ap-pí 1 lú ú-ul i-ti-iq "ù# la-ma be-lí-ma i-a-ap-pa-ra-am [i]-tu e-em ni-ku-ur-tim e-mu-ú i-t[u?/-t[e? …………………] ma--r………………………] x x […………………………] 1' 3

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a envoyée. 4 J’ai réuni … et les…

    (Grande lacune.) 1'

    … depuis le terroir d'Atamruma). 2'Alors, les … et eux tous, en sont venus à supplier, 3' disant : « Où irons-nous ? 4' Allons-nous devenir des fugitifs ? » 5' Pas un homme n'est passé à mon nezb). 6' Car, avant même que mon seigneur ne m'envoie un message(r), 7' lorsque j'eus appris la nouvelle des hostilités, … a) Le terroir d'Atamrum se trouvait dans le district de Na er selon ARMT 23 591. b) Ce terme ab-bi/ap-pí m’est opaque. Le terme appum outre le sens courant de « nez » désigne en toponymie le cap (dans le « Cap de Dagan ») aux alentours de Tuttul (cf. J.-M. Durand, FM 8, 2005, p. 7, 69 : p. 7), et est sans doute à l'origine du toponyme Appân, proche de Mari. Ce sens est peu probable ici. Le mot pourrait-il être en rapport avec le abbu, enregistré par CAD A/1, p. 47b et traduit par « washout caused by a river » (et par « swamp (?) » dans CDA, p. 2a) ? Il n'est pas impossible cependant que appam etêqum (lire l. 5' appî « mon nez ») représente ici une façon de dire idiomatique. L'expression française complète serait « à mon nez et à ma barbe ». Il y a des idiotismes sur appum (quoique, sans doute, avec des sens différents) à époque néo-assyrienne, comme dans ana appi ûûm (cf. CAD A/2, p. 187a).

    La lettre [M.9245] date des derniers moments de la rébellion. Le texte n'est compréhensible qu'à son revers et aucun lien ne peut être établi entre Face et Revers. Par « ville forte » des Mâr yamîna (l. 4'), il doit s'agir de Mi lân convoitée par Asqûdum. Sumu-hadû voudrait en finir définitivement avec elle et la détruire totalement pour que les Mâr yamîna n'aient plus désormais de lieu où se rassembler (l. 10'). Le texte devrait être postérieur à la seconde révolte. 168 [M.9245] Sumu-hadû au roi. Message du roi concernant Ibâlpêl (…) Il faut détruire complètement la ville forte des Mâr yamîna pour leur ôter tout moyen de s'y réfugier. (…)

    2 4 6

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma [u]p-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-me [um-ma be-lí-ma o o o] i-ba-al-pí-el° [………ki-a-am i-p]u-ra-am [um-ma u-ma ………] (Grande lacune non appréciable.)

    Tr.

    (Disparue.)

    Rev.

    (Grande lacune.)

    2'

    [………………a-d]i i-di lu-qú-ur " à#?-bi é-[kál-li-u ìr]-sú be-lí la i-a-ka-an-u

    Les textes de Sumu-hadû

    4' Tr.6' 8' C. 10'

    369

    a-lumki u-ú [ka-li-i] in-na-qa-ar?275 i-tu dan-na-tu°-u-nu in-na-qa-ra-"am# ù a-"ar# u-te-mu-"di#-im la i-ba-a-i-u-nu-i-im mi-na-am i-ip-pé-u ma-ti-ma a-na a-wa-at dumu ia-mi-na a be-lí i-e-mu-ú i-ir be-lí-ia la i-na-zi-qú ù a-um x-[……………………] []um-ma u [……………………] I ta-r[i-im-………………] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter, 4 disant : «… Ibâlpêl 5 m'a fait savoir… 3

    (Grande lacune non appréciable.)

    … 1' afin que je détruise la cité jusqu'aux fondations. 2' Mon seigneur ne doit pas installer un serviteur à lui dans son palais. 3' Cette ville sera détruite complètement. 4' Lorsque leur forteresse sera détruite, 5' alors il n'y aura plus pour eux d'endroit où se rassembler. 6' Que pourront-ils faire ? 8' Il ne faut plus 7' jamais que 8' mon seigneur s'irrite 7' pour une affaire de Mâr yamîna 8' dont il aura connaissance ! 9' En outre, au sujet de…, 10' si …, Tarîm-… Le texte [M.7213] fixe un dispositif militaire concernant le roi de Mari et les Mâr yamîna, mais il semble plutôt parler d’un projet de parade que d'un combat276. Le roi se présente sur un nubalum, au milieu de son armée. Le conseil donné par ce document est à mettre en parallèle avec celui que donnait Bahdî-Lîm dans ARM VI 76 après la victoire sur Mi lân et Yaggih-Addu. Le texte traiterait ainsi des cérémonies au cours desquelles les Mâr yamîna se sont soumis. 169 [M.7213] Sumu-hadû au roi. Ordre de parade de l'armée et du roi face aux Mâr yamîna.

    2 4 6

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma sú-mu-ha-du-ú ìrka-a-ama be-lí mu-u-te-er-tam [a-n]a p[a-an] "dumu#-me-e ia-mi-na (3 l. +? 2 l. = 1 l.)

    2’ 4’ 6’

    i-na ma-ah-ra-tim ù wa-ar-k[a-tim] i-na i-mi-tim ù u-mé-lim ki-i-re-et a-bi-im lu ku-un-na-ma i-na qa-ab-li-it a-bi-im i-na gi nu-ba-lim à-bi-i be-lí li-il-li-ik

    275 276

    Le signe a l'air d'être sur une érasure.

    Il pourrait néanmoins s'agir d'un combat si le texte se trouve faire allusion à des événements comme ceux que rapporte la reine Atrakatum, dans ARM X 91+A.1975, l. 41 sqq. (cf. ARMT XXXIV) et non aux conseils donnés par Bahdî-Lîm.

    370

    Jean-Marie DURAND 1 5

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sumu-hadû, ton serviteur. Demain matin, mon seigneur 7 doit s’avancer 6 au devant des Mâr yamîna.

    (Lacune de 6 l.) 3'

    4'

    Les bataillons de l’armée 4' doivent être disposés 1' à l’avant et à l’arrière, 2' à droite et à gauche et, au milieu de l’armée, 7' mon seigneur doit aller, bellement, 6' sur un nubâlum. 5'

    Ce texte peut être rapproché de ARM VI 76 édité par J.-R. Kupper et qui a toujours présenté des difficultés d'interprétation suite à sa mauvaise conservation pour le passage le plus important, alors qu'il était sans doute le document majeur pour comprendre l'aspect double de la monarchie amorrite, à la fois sur des Bédouins et des citadins. Situer ARM VI 76 dans cette perspective permet d'y faire quelques progrès. Il illustre deux façons diverses de paraître en public, à cheval ou sur un nubalum. La notion de cheval fait référence aux chevaux blancs de Qana que Zimrî-Lîm avait trouvés au palais royal de Mari après la prise de la ville ou à ceux qu'on devait atteler à son char pour son couronnement277. Ils étaient l'apanage d'un monarque de premier rang, de la même façon qu'un nubalum était un honneur auquel tous les rois ne pouvaient prétendre, à la différence des représentants kîma pagrim des grands monarques, pour reprendre les termes du roi d'Alep278. Or, ces deux façons, « monter à cheval » (RKB) ou « se faire porter » (WBL), devaient renvoyer en fait à deux conceptions différentes de la primauté. L'intérêt de ARM VI 76 est d'en montrer la différentiation ethnique, car les l. 21-22 établissent clairement un lien entre la coutume d'Akkad et le nubalum. En revanche, suite à la nouvelle et excellente proposition de N. Ziegler concernant la l. 15 de ce texte, il apparaît désormais que le document fait référence à la victoire sur le dernier chef mâr yamîna rebelle, à savoir Yaggih-Addu, d'origine bédouine. Cela étant, à Mari, « akkadien » signifie « e nunnéen », et non « babylonien ». D'ailleurs, l'idéogramme sumérien URI qui désigne le pays d'Akkad correspond en sémitique à Werûm qui est le nom du pays d'E nunna. Il faut donc supposer que se faire véhiculer par des a emmêni sur une sorte de gestatoria sella279, était la conduite royale propre à E nunna alors que les chevaux représentaient une coutume occidentale, plus proche des habitudes des nomades. À l'époque amorrite que documente Mari, la position assise et l'octroi d'un siège étaient signes honorifiques. Se présenter en position assise devant un groupe humain revenait ainsi à affirmer sa puissance. Les conseils de Bahdî-Lîm dans ARM VI 76 doivent se terminer l. 27, ou à la rigueur, l. 29. Son discours reprend sur le thème que le roi doit venir à Mari, même si l'on s'attend à ce que l'armée aille ailleurs. Il était important pour Zimrî-Lîm de s'imposer aux nomades, ce qui lui permettait de se proclamer sur son sceau « roi des Bédouins », et non simplement des Mâr sim'al, comme son « père » YahdunLîm, mais le conseil que lui donne Bahdî-Lîm est de ne pas négliger pour cela Mari et sa population de citadins. ARM VI 76 peut faire allusion à un triomphe (non déterminé) où le roi ne devait pas se présenter à cheval, donc à l'occidentale, mais en nubalum, selon les traditions sédentaires. Que la population citadine des Bords-de-l'Euphrate ait de la défiance envers les bandes nomades n'est pas pour étonner : que sa tradition soit qualifiée d'e nunéenne est plus inattendu. On sait cependant qu'à l'époque de Yahdun-Lîm, les possessions d'E nunna allaient jusqu'à Buzurrân (FM [1], p. 29 sq.) ; le système d'écriture mariote adopté par Yahdun-Lîm était celui d'E nunna ; plusieurs indices existent que Yahdun-Lîm était politiquement inféodé à E nunna. L'influence de la grande ville de la Diyala sur Mari est donc un fait de constatation.

    ARM VI 76 n'est pas de la fin de la rébellion car Bahdî-Lîm rappelle des souvenirs, peut-être anciens, au roi, à un moment (indéterminé) où le monarque revenait à sa capitale après une victoire.

    277

    Cf. p. 277.

    278

    ARMT XXVI 21: 20'.

    279

    C'est l'appellation du trône portable du pape depuis le VIe siècle. Il s'agit là néanmoins d'un fait récent car il semble que le premier à en parler fut Enodius, un évêque de Pise au VIe siècle.

    Les textes de Sumu-hadû

    371

    170 [ARM VI 76] Bahdî-Lîm au roi. Rappel d’une conversation après la rébellion des Mâr yamîna sur la façon de se présenter à ses sujets.

    2 4 6 8 10 12 Tr.14 16 Rev. 18 20 22 24 26 28 Tr.30 32 C. 34 36

    a-n[a] [be]-lí- ia qíbíma um-ma ba-ah-di-li-im ì[r]ka-a- ma [lu-ú] it-tum-ma a i-nu-ma [i-na me-e]h-re-et ku-ul-hi-timki [la-ma i-h]i-i a-am-i-im [be-lí ú-r]i*-id-ma ìs-se-en--ma [ú-a-al]-li-im [a-um ia-g]i-ih-dIM be-lí iq-bé-em [lu-ú i]t-tum i-nu-ma [i-na me-eh-re-et ap]-pa-anki [a-na be-lí-ia k]i-a-am aq-[b]i [um-ma a-na-ku]-ma [u-ma-am ma]-a-at "ia-ri-ihki# [a-na qa-ti-k]a n[a-ad-na-at] [ù ma]-a-tum i-i [ú-ba-a]t [ak-k]a-di-im-ma hu-l[u-pa]-at [be-lí q]a-qa-ad ar-ru-ti-[u l]i-ka-bi-it [um-ma] lugal ha-name-e at-ta [ù ]a-ni-i lugal ak-ka-di-im at-ta [be-lí] i-na an e-kur-ra-há la i-ra-ka-ab [i-na] gi nu-ba-lim ù an e-há ku-da-ni-ma [b]e-[lí] li-ir-ka-am-ma qa-qa-ad ar-ru-ti-u li-ka-bi-it an-né-tim a-na be-lí-ia ad-bu-ub! (BU) a-lum ma-riki é-kál-lu[m] ù ha-al-um ka-l[u]-u a-[lim] a-na na-a-ar a-lim ma-[riki] a-hu-um [ú-ul na-di] be-lí a-la-kam [li-pu-u-ma] ar-hi-i be-lí li-ik-[u-dam-ma] li-ib-bi ma-ti-u li-[ni-ih] a-bu-um a-ar a-l[a-ki-im li-li-ik ù be-lí] a-na ma-riki li-li-k[am li-ib-bi ma-ti-u li-ni-ih] [it]i a-bi-im u 21-[kam up-pí an-né-e-em ] [a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam]

    Bibliographie : ARM VI 76 = LAPO 17, 1998, p. 484-488 (n°732) ; [trad.], N. Ziegler BBVO 24, 2014, p. 188 n. 63. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Bahdi-Lîm, ton serviteur. C'est un fait connu (de lui) que, lorsque 6 en atteignant Kulhîtum, 7 avant le lever du soleil, 8 mon seigneur allant vers l'aval et m'ayant appelé, 9 je (l)'escortais, 10 mon seigneur m'a parlé au sujet de Yaggih-Addua). 10 C'est (aussi) un fait connu (de lui), lorsque, 12 en atteignant Appân, 13 j'ai dit ceci à mon sei15 gneur : « Aujourd'hui, le pays de Yarih 16 est en ton pouvoir. 17 Or ce pays-ci 18 est revêtu de 17 l'habit « 18 akkadien ». 19 Mon seigneur doit honorer la capitale de sa royauté. 20 Si tu es le roi des Bédouins, 21 cependant, par ailleurs, tu es roi d'(un territoire) « akkadien ». 22 Mon seigneur ne doit pas chevaucher 5

    372

    Jean-Marie DURAND

    sur des chevaux, 22 il doit monter un nubalum avec des mules 25 afin d'honorer 24 la capitale de sa royauté. » 25 Voilà ce que j'ai dit nettement à mon seigneur. 26 La ville de Mari, le Palais 27 et le district, tout entier, ça va. 29 On ne montre pas de négligence 28 concernant la garde de Mari. 30 Mon seigneur doit faire route, 31 arriver rapidement, et 32 apaiser le pays. 33 L'armée doit aller où elle doit aller mais mon seigneur 34 doit venir à Mari apaiser son pays. 35 C'est le 21 du mois (iv) 36 que je fais porter 35 cette tablette de moi chez mon seigneur. a) Le roi avait dû faire alors connaître au gouverneur de Mari venu à sa rencontre la victoire définitive sur Yaggih-Addu à Manûhatân et la fuite de ce dernier vers E nunna. L'idée que j'avais proposée dans LAPO d'une conversation entre le roi et Yaggih-Addu est donc à compléter.

    Dans [M.6227] Sumu-hadû agit en supérieur du gouverneur de Saggarâtum. Comme le gouvernorat de Simhu-rabi (= Sumhu-rabi) est postérieur à celui de Habdû.ma-Dagan, ce texte peut dater d'après la (première) rébellion des Mâr yamîna. Le gouverneur de Saggâratum a reçu une mission (aujourd'hui indéterminée) concernant les terres des Mâr yamîna amnanéens et yahuréens qui se trouvaient à Sarrum (« Zarri ») yahurréenne. L’affaire pourrait dater du moment où les Mâr yamîna se sont vu fixer de nouvelles terres. Le texte est parallèle, comme me le signale, R. de Boer, à M.8174, lettre de Sumhu-rabi, où des terres sont données à Sarrum d’Amnân à des supplétifs. 171 [M.6227] Sumu-hadû au roi. Mission de « Simhu-rabi » concernant le terroir de Sarrum occupé par des Mâr yamîna (…). (Texte indécis).

    2 4 6

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma a-um a- à am°280-na-an ù a- à ia-[hu-ri] [a] i-na sà-ar-ri ia-hu°-"ri# [ib-ba-u-ú] be-lí si-im-hu-ra-[bi a-na …] [i]-ru-ud […… (Manquent 1 l. + la Tr. si elle était inscrite.)

    Rev.

    x-[ bi-x [………] li-i-ru-d[a-a-u-nu-ti] a-ar e-pí-u-nu [a-ak-nu] di-in-u-nu[i-im] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur 7 avait expédié 6 Simhu-rabi 4 au sujet du terrain des Amnanéens et des Yahurréens 5 qui se trouvent aux Meules des Yahurréensa) pour le … 6

    (…)

    «… qu’il les expédie… Décide pour eux l’endroit où ils poseront leurs piedsb) ». a) Les textes connaissaient une « Zarri » des Rabbéens et une « Zarri » des Amnanéens, dans le district de Saggâratum. C'était donc un endroit partagé entre plusieurs clans mâr yamîna.

    280

    D'ordinaire écrit par le signe WA = AM.

    Les textes de Sumu-hadû

    373

    Le nom de la ville lu traditionnellement « Zarri » devrait être plutôt « Zarrum ». Comme tout toponyme, il n'est en effet attesté qu'au génitif (pour cette lecture, cf. d'ailleurs LAPO 18, p. 98). Comme il entre dans la série des « lieux-dits en miroir », il devait avoir un sens. Or sarrum désigne une meule de blé (cf. CAD S, p. 184a, stack). Le terme ne serait attesté qu'à partir de l'époque moyenne pour les dictionnaires. Je note cependant dans DBP, s.v. [kî]ma ka-a-dì(TI)-i-na, aar mazzazi-ina, bêlî liwa”er-ma tarbaâti-ina, ù sa°-ra-i-na, liddinû-inâ[i] = « Lorsqu'elles (les vâches) arriveront, mon seigneur doit décider de l'endroit où on les mettra afin qu'on leur donne leur enclos et leur fourrage. » [A.4681] mentionne en outre le rapport en grain d’un terroir à Mi lân et à Sarrum ainsi qu'à a Iûrâtim, tous champs situés a a-ha-ra-tim, donc sur la rive droite de l’alvéole de Mari. b) Texte indécis : peut-être à lire i-bi = îbî, « leurs témoins » ou « leurs Anciens ».

    Dans [M.9397] Sumu-hadû est occupé à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il est chargé d'attribuer des terres importantes à des gens de Terqa qui mettaient en culture le « champ du Hubur ». Cela pourrait désigner un terroir de Mi lân, car son territoire était irrigué par le canal de Mari appelé aussi Hubur. Le texte pourrait dater du moment où leurs terres sont rendues aux Mâr yamîna. Ceux qui s'y étaient installés recevraient en dédommagement des exploitations dans la région d'amont du royaume, remise en culture. Ces habitants de Terqa recevraient ainsi des terres restées en friche quoiqu’elles aient été attribuées dès l’époque des premiers travaux d’irrigation car la date semble en remonter à YahdunLîm (l. 5). A.1289 iii 12 fait référence à eux (D. Charpin). La cassure de la tablette prive du suivi des opérations, mais le document est à ranger au nombre des efforts pour la remise en route de l’agriculture dans la région nord du royaume. Ensuite, il s'agit des festivités de Dêr pour lesquelles il faut envoyer des produits de la région de la Forteresse. Seul est attesté l'apport d'une cruche de vin, peut-être prise sur ce que l'on amenait depuis Imâr, car c'est au port de la Forteresse qu'arrivaient de tels produits. 172 [M.9397] Sumu-hadû au roi. (Ré)attribution de tenures de la Forteresse de Yahdun-Lîm à des gens de Terqa. (Lacune). Biens à faire porter pour le(s)… de Dêr ainsi qu'une cruche de vin pour le roi.

    2 4 6 8 10 12

    a-na be-lí-ia qí-bíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-ama a-um a- à° í-ib-"ta#-a[t é-ká]l-lim a be-lí i-pu-ra-a[m um-ma-mi a- à] "é#-kál-lim281 a i-tu ia-ah-du-[li-im na-du ]u-ri-a ù a- à ìr-dime-e la-b[i-ru-tim a a- à dda-ga]n? ù 1 li-im àm i-ri-[u le-qé-a ha-l]a-a ter-qaki a i-na a- à dhilib i-ri-u a-" à# "li#-[i-ba-at] a-pa-ra-am an-ni-a-am b[e-lí i-pu-ra-am] [i-na-an-na] ka-li-[u-nu ………… ]-lu-ni-ma x282 […………………………………]-ki?-sa [……………………………………]-x (F. = 7 l., Tr.? = l. 3)

    Rev.

    2' 4'

    (L. = 3 l. ? )

    [o o] "a?-na?# dIM i-na za-ba-l[im……………] [a-na dI]M a di-irki a-na za-ba-lim a-p[í-it [a-um] dug-ge tin-na a a-na e-er be-lí-ia u-[ú-i-im]283 [be-lí] i-pu-raam 281

    La dernière partie du I n’apparaît que faiblement.

    282

    Le signe pourrait être un U[M, ce qui ferait restaurer ki-a-am i-pu]-lu-ni = « ils m’ont répondu », à la l. précédente, s’il faut comprendre u[m-ma u-nu-ma … 283

    Pour cette restauration, cf. l. 6'.

    374

    6' 8'

    Jean-Marie DURAND [wa-ar-ki up]-pí-ia an-ni-im a-na u 3-kam [dug-ge tin-na] ú-a-a-aam [a-ni-ta]m égal [ù dumu si-im]-a-al a-lim (Reste anépigraphe.) 1'

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet du terrain, tenures du Palais, 4 objet du message de mon seigneur, disant : « 5 Faites mettre en culture 4 les champs du Palais 5 qui sont en jachère depuis Yahdun-Lîm. 6 Donc, 7prenez 6 le terrain des serviteurs qui étaient là jadis, qui 8 avaient mis en culture 8 le champ de Dagan 7 et 1 000 (arpents). Le district de Terqa 8 qui a fait des cultures dans le champ du Hubur doit les prendre. » 9 Voilà le message que mon seigneur m'avait envoyé. 10 Maintenant, ils m'ont répondu eux tous, « … 3'

    (13 l. à peu près manquent.) 1’

    … en apportant à Addu… 2' j'ai décrété d'apporter 1’ … 2’ à Addu de Dêr. Mon seigneur m'avait envoyé un message(r) 3' au sujet d’une jarre de vin à lui faire livrer. 5' 2 jours après cette tablette de moi, 6' je ferai livrer la jarre de vin. 7' Autre chose : le Palais 8' et les Mâr sim'al, ça va. 4'

    [A.4345] est une lettre qui a perdu son incipit mais, vu le niveau de décision dont elle fait état, elle devrait être attribuée à Sumu-hadû. Elle doit être également rapprochée de [A.2377], lettre d'ItûrAsdu qui expose une action de Sammêtar pour laquelle il est réclamé que Sammêtar acquitte les droits auxquels sont soumises certaines fonctions284. Elle fixe les redevances dues par les gouverneurs. en fonction des territoires qui leur étaient attribués. Comme le document concerne tout particulièrement Sammêtar, il ne peut émaner de lui, ni non plus d'Asqûdum puisque ce dernier fait l'objet des l. 21'-22'. Il y est apparemment question de la période post-rébellion puisque des fiefs mâr yamîna aussi importants que Samânum, l. 2' et Mi lân, l. 18' font l'objet d'attributions, la seule personne de l'administration centrale capable de donner de tels avis au roi ne peut être dès lors que Sumu-hadû (moins vraisemblablement Hâlî-hadun). Bannum disparaît avant la rébellion et ce remembrement des provinces administratives fait l'objet de décisions qui supposent un réaménagement du système politique mâr yamîna.

    Après la rébellion, le royaume a donc été réorganisé. Il s'agit apparemment dans ce texte — quoique le terme n'y soit pas employé285 — de fixer la redevance-âpiûtum du gouverneur de Terqa, à l'aune de celle de Saggâratum : la âpiûtum était une redevance qui était acquittée par celui qui était nommé gouverneur. Elle était apparemment fixée pour une circonscription à 1 mine d'argent, 1 bœuf ainsi qu'à (sans précision de quantités) des moutons et des étoffes (faites vraisemblablement à partir de leur laine). En cas de doublement de la province, ce qui était déjà effectif pour Saggâratum, et sur le point de se produire pour Terqa, la redevance du gouverneur devait — de façon logique — être doublée. Sammêtar n'a pas encore accédé aux affaires centrales. Ce qui deviendra son poste est alors tenu par Sumu-hadû, peut-être conjointement avec Asqûdum. On voit ce dernier mettre de plus en plus la main sur les richesses mâr yamîna, tout particulièrement sur Mi lân. Le texte est donc important pour la compréhension du découpage administratif du royaume après la rébellion. Tout dépend en fait de la façon dont on interprète adi dans adi Samânim (l. 2') et adi dûr Yahdun-Lîm (l. 9'). S'agissait-il d'une limitation du district (« jusqu'à non-inclusif ») ou d'une extension de ce dernier (« jusqu'à inclusif ») ? La seconde hypothèse m'a paru en l'occurrence la meilleure. Or, il est question d'un gouvernorat qui comprenait déjà Saggâratum et Zibnatum (l. 8'), auquel s'ajoutait la région de la Forteresse. Cette dernière représentait ainsi une extension en amont du territoire du royaume. Le territoire de Saggâratum proprement dit comprenait donc la région du confluent du Habur et de 284

    Cf. p. 558.

    285

    Il n'est encore question que d'un protocole-isiktum, cf. l. 23, mais aussi l. 7' et analogues.

    Les textes de Sumu-hadû

    375

    l'Euphrate et, sur la rive opposée, Tell Mohassân où se trouvait vraisemblablement Zibnatum, entre la Forteresse et Samânum286. Cette « province du Nord » représentait en fait une marche qui s'appuyait sur deux forteresses importantes (Saggâratum et Zibnatum) et devait s'étendre à la troisième place forte de la frontière Nord, soit la Forteresse de Yahdun-Lîm. La province de Terqa était, en revanche, limitée au Nord par la région mâr yamîna de Samânum qui, au début du règne, devait jouir d'une sorte d'autonomie. Le royaume de Mari proprement dit devait donc être considéré à l'origine comme constitué par les deux provinces de Mari et de Terqa et la place forte de Saggâratum avec les territoires qui lui étaient adjoints. Selon ce texte, il était question d'augmenter le territoire alloué à Sammêtar d'un autre qui le doublerait, puisque si « tout » lui était donné, il devrait payer une redevance double (l. 6'). Cet accroissement était donc constitué en fait par l'annexion de l'ancien « royaume de Samânum ». Le texte [M.9397] est ainsi du moment où l'on envisageait d'inclure dans les grandes divisions territoriales du royaume les anciennes principautés mâr yamîna, donc, en fait, de les annexer287. La âpiûtum devait être payée en argent, en animaux et en laine travaillée (túg = ubâtum, coupons d'étoffes). Pour une région, la somme en argent était fixée à une mine, tout comme pour les bovins à une unité, alors que le nombre des ovins et des étoffes n'était pas précisé. La mine d'argent et le bœuf représentaient ce qui était dû en propre par le gouverneur à en juger par le possessif singulier -u qui détermine le bœuf. Ce dernier était sans doute l'igissûm livré au roi annuellement. En revanche les moutons et le produit qui en est dérivé, soit les étoffes, devaient représenter la plus-value des troupeaux du Palais qui se trouvaient dans le district et dont on ne pouvait prévoir le rendement. Le suffixe pluriel -unu qui les détermine se rapporte au district avec son extension, la région de Samânum pour Terqa étant l’équivalent de celle de la Forteresse de Yahdun-Lîm pour Saggâratum. Ce système ressemble à une autre institution mise en place ultérieurement, celle de la redevance-sugâgûtum. Il n'y a pas de preuve que la mine due par le âpium valait déjà soixante ovins (à 1 sicle l'un) et qu'un bœuf valait 10 sicles, comme pour la sugâgûtum, soit 10 ovins, mais cela est probable. Dans ce cas, la somme fixe pour une région serait de 70 sicles compte non tenu des ovins et des étoffes, mais s’il s’agit d’un bœuf engraissé pour la taxe-igissûm, il pouvait valoir 20 sicles, donc 20 moutons.

    L'anecdote évoquée, l. 20', concernant Mi lân est étonnante : faut-il comprendre que le roi s'apprêtait à faire don de Mi lân à Asqûdum, et que ce dernier allait remplacer le roi mâr yamîna ? En tout cas, la redevance prévue pour Mi lân semble équivalente à celle d'un district du royaume et à ce qui était prévu pour Samânum, même s'il est difficile d'en déduire ce que le roi mâr yamîna versait au roi de Mari (dans le cas où il aurait versé un tribut). L'installation d'Asqûdum à Hi amta, que déplorait tant Bannum288, aurait ainsi reçu une extension considérable. L'ancien devin se serait créé un domaine à lui aux portes de la capitale. Le sens de BT est bien de « mettre la main sur » —à en juger par le contexte des l. 22'-23' où erêum est construit normalement avec un double accusatif— plutôt que « recevoir l'impôt ». La province donnée ainsi à Asqûdum serait un précurseur de celles qui ont été octroyées aux hauts fonctionnaires assyriens sur les conquêtes faites par leurs rois. Le moment de la lettre est indiqué par les l. 26' sq. Si les jours de la ûrubtum sont proches, c'est que l'on va célébrer la fête d'E tar. Il devrait donc s'agir de la troisième occurrence de la festivité. Le moment est sans doute, également, très proche de la mort de Sumu-hadû. 173 [A.4345] [Acéphale]. (…) Détermination de la zone d'administration et de la redevance de Sammêtar sur le modèle de celle de Saggâratum. Asqûdum à Mi lân. (…)

    286

    Pour une identification (assez probable) de Zibnatum avec Tell Mohasan, cf. en dernier lieu, J.-M. Durand, BBVO 20, 2009, p. 47-48. 287

    Telle a bien dû être la solution retenue, si l'on tient compte des propos des nouveaux rois mâr yamîna. Ainsi (ARM II 61 = LAPO 17 763) Dâdî-hadun dit-il : « Toutes les différentes villes appartiennent à mon père et, nous-mêmes, sommes tes fils » et, de même, le prince mâr yamîna Yasmah-Addu concède-t-il (ARM II 55 = LAPO 17 705) : « OK, les bourgades, Terre et Ciel, appartiennent à mon seigneur seul. » La paix tribale retrouvée a donc vu la fin de l'autonomie des principautés mâr yamîna, leurs chefs coutumiers n'ayant plus, malgré leur titre de « rois », la même puissance (militaire ou économique) que leurs prédécesseurs qui traitaient d'égal à égal avec le roi de Mari. 288

    Cf. [A.999]: 14, où Asqûdum est assisté par son « fils » Enlil-îpu qui y est nommé majordome.

    376

    Jean-Marie DURAND

    (La moitié de la Face a disparu.) I

    sa-am-me-tar i-t[u ter-qaki] 2' a-di sa-ma-nimki i-a-ap-pí-"i-ma# 1 ma-na kù-UD 1 gu udu-há-u ù túg-há-u 4' ú-e-ri-ib um-ma be-lí ha-al-a-am ka-la-[]u a-na sa-am-me-tar ú-ga-a[m-m]a-ar 6' 2 ma-na kù-UD 2 gu-u udu-há-u-nu ù túg-há-u-nu be-lí li-si-ik-um lú a-pí-ú 8' a ha-la-a sa-ga-r[a-timki ù zi-ib-n]a-timki a-di b[àd289 ia-ah-du-li-imki] 10' a-na "2# [ma-na kù-UD 2? gu udu-há-u-nu] "ù# [ túg-há-u-nu a-na e-si-ik-ti-u-nu] Tr. be-lí [i-si-ik-u-nu-i] i-na-[an-na qa-tam-ma be-lí] 14' li-sí-[ik-um ha-la-sú] Rev. 1 ma-na 1 gu udu-há-[u i-sí-ik-um] 16' ù qa-tam-ma ha-al-[a-am] e-le-em be-lí li-sí-i[k-um] 18' am-a-li a-um mi-i-la-anki 1 ma-na kù-UD 1 gu ù udu-há-u 20' a-na be-lí-ia aq-bi-ma be-lí u-ta-i um-ma-mi às-qú-du-um i-a-ab-ba-at 22' ú-ul às-qú-du-um [an]-nu-um-ma a-lam a-ti be-lí i-ri-[a-am] be-lí i(E)-si-ik-ta-u 24' 1 ma-na kù-UD 1 gu ù udu-há li-wa-di-u be-lí lú-me-e a-pí-ì li-sí-ik-[ma] 26' u-mu mu-túm iq-te-er-bu-ú ù […] (La moitié du Rev. a disparu.)

    (La moitié de la Face a disparu.) … 1' Sammêtar

    2'

    va être gouverneur depuis Terqa 2' jusqu’à Samânum (comprise), mais 4' il (n')a (que) 1 mine d'argent, 1 bœuf, les moutons pour (le district) et les étoffes pour apporté en redevance (le district). 4' Si mon seigneur 5' donne complètement à Sammêtar 4' la région toute entière, 7' il doit lui fixer 6' 2 mines d'argent, 2 bœufs pour lui, les moutons pour (les districts)7' et les étoffes pour (les districts). Les gouverneursb) 8' du district de Saggâratum-Zibnatum, 9'jusqu'à la Forteresse de Yahdun-Lîm (comprise), 13' mon seigneur les a imposés 10' pour 2 mines d'argent, 2 bœufs, les moutons pour (les districts) 11'et les étoffes pour (les districts) comme leur isiktum. 13' À l'heure actuelle, mon seigneur 14' doit (la) lui imposer 13' de la même façon. 14' Sa région, 15' il (la) lui a imposée à 1 mine, 1 bœuf et les moutons (du district). 16'Alors, de la même façon la région 17' d'amont mon seigneur doit (la) lui imposer pour lui. 18' Hier, au sujet de Mi lân, « 19' 1 mine d'argent, 1 bœuf et les moutons (du district) c) », 20' ai-je dit à mon seigneur et mon seigneur l'a pris à la légèred), 21' disant : « Asqûdum va prendre (Mi lân) ». 22' N'est-ce pas Asqûdum-même 23' qui a demandé 22' cette ville 23' à mon seigneur ? Mon seigneur 24' doit lui faire connaître 23' son isiktum, 24' (soit) 1 mine d'argent, 1 bœuf et les moutons. a) 3'

    289

    Il n'y aurait que le début de BÀD de conservé, mais cette lecture me paraît préférable à q[ú-u-ú-na-anki] = Qaunân, qui serait également possible, car Qaunân existe comme centre administratif autonome, dès le le gouvernorat de Habdû.ma-Dagan.

    Les textes de Sumu-hadû

    377

    25'

    Mon seigneur doit fixer les protocoles des gouverneurs. 26' Les jours de l'entrée (de la déesse)e) sont proches et… a) En mot à mot « il a fait entrer (au Palais) ». Il s'agit de la ûrubtum du gouverneur. b) La forme a-pí-ú sans mimation représente un pluriel, ce qui désignerait Habdû.ma-Dagan et sans doute Sumhu-rabi qui lui a succédé. c) Comme souvent qabûm est précédé par un discours direct, sans formule en umma… etc. d) Pour u-ta-i, cf. CAD /3, p. 399 s. v. uta'û, avec comme sens « to triffle, to treat something lightly ». L'emploi de ce verbe, courant dans les lettres paléobabyloniennes, n'était pas encore attesté dans les lettres de Mari. e) Pour ce sens de mu-túm = ûrubtum, cf. LAPO 16, p. 510 et 18, p. 127. Le terme désigne aussi bien la redevance qui est livrée que l'introduction de la déesse. En fait les deux événements devaient se passer au même moment, lors de la fête d'E tar.

    [A.870] confirme l’attribution de [A.4345] à Sumu-hadû. Le document traite d’exigences financières de l'administrateur envers Sammêtar et son district pour une contribution financière à la politique royale (ûzubtum, l. 7 & 25). Manifestement l’impôt normal est indiqué par l’emploi de mahârum (l. 15). On voit que, selon cette lettre, Sammêtar ne payait encore qu'une mine d'argent et qu'il lui fallait taxer les « riches » de son district. Il semble y avoir eu une première taxation extraordinaire (l. 5-7) qui a fait l’objet d’une première ûzubtum, à laquelle s’ajoute une seconde (l. 8) qui ne devra être versée que si le roi en donne expressément l’ordre (l. 17). Ces contributions supplémentaires sont exprimées au moyen de -NDN, ce que CAD N/1, p. 56b rend par « to collect », mais qui devrait indiquer le fait qu’on est obligé de faire un versement non prévu. Ces demandes exceptionnelles vont affaiblir l’économie du district, ce qui est rendu par enêum. Ce terme n’a qu’en OB, d’après le CAD E, p. 167a, le sens d’« être faible économiquement ». L’exemple de Mari s’ajoute à celui des lois d’E nunna qui prévoit le cas où un individu devient si pauvre (îni) qu’il est obligé de vendre sa maison. La première taxation vise les riches (l. 6), mais la seconde le district en général (l. 10, halum, mais l. 12, awîlû). Dans les deux cas, le gouverneur doit contribuer, sans doute parce qu’il a à sa disposition, les ressources du Palais local. Les l. 19-23 semblent indiquer que cette super-taxation ne permet plus aux gens de faire leurs affaires. Les ikkarum290, les gens qui investissent dans les terres agricoles, n’accepteront jamais de payer jusqu’à 20 sicles d’argent pour 100 arpents qui ne rapportent que 20 kor de grain (l. 21), soit 2400 litres. Il faut donc comprendre que certaines terres de Terqa avaient un rendement très bas. La fin du document traite d’un tout autre sujet. Le terme de pairum est de compréhension mal aisée. Je lui ai laissé ici le sens vague de « qui est hors service », puisqu’il peut désigner aussi bien le « démobilisé » que le « permissionnaire ». Ces gens sont toujours disponibles (l. 39). Il s’agit de s’assurer par le gage de leurs familles qu’ils ne s’enfuiront pas. Les leurs sont donc introduits à l’ergastule. La lettre doit faire allusion à un événement précis dont nous ne sommes plus informés. 174 [A.870] Sammêtar au roi. Sumu-hadû a taxé exceptionnellement le gouverneur et les riches du district de deux mines d'argent, ce qui double les charges et rend difficile la perception de l’impôt. Il faut une lettre explicite du roi. Difficultés pour l'exploitation agricole. Envoi sous scellés de l'argent. Le groupe familial des libérables est entré à l'ergastule mais peut être envoyé chez le roi. [a-n]a be-lí-ia qí-b[í-ma] [u]m-ma sa-am-me-e-tar ìrka-a- {X}- ma "i#-na pa-ni-tim ki-a-am su-mu-ha-du° i-pu-ra-am 1 ma-na kù-babar ra-ma-ni-"ka# ù 1 ma-na kù-babar a-ru-ut ha-al-í-k[a]

    2 4 6

    290

    parlé l. 4.

    Ces gens qui ont établi un contrat d’ikkarûtum (a gi -apin raksû) doivent être les « riches » dont il est

    378

    Jean-Marie DURAND

    u-zu-ub-ti be-lí-ka u-bi-lam 8 i-na-an-na a-ni-i i-pu-[ra]-am 1 ma-na kù-babar ra-"ma-ni#-k[a] 10 ù 2 ma-na kù-babar ha-al-í-"ka# u-bi-lam la-a-ma up-pa-u an-né-[em] ú-a-bi-lam 12 1 ma-na kù-babar lú-me-e ú-a-ad-di-in i-na-an-"na# as-sú-ur-re a-"ni#-[i] 14 1 ma-na kù-babar ú-a-ad-da-an-ma ù "i#-[nu-ma kù-bab]ar? be-lí i-ma-ha-ru ha-al-ú-um 16 an-nu-um ma-di-i e-ni-i {[M]A HA "AR#} um-ma be-lí i-a-pa-ra-am a-né-em Tr. 18 1 ma-na kù-babar lu-a-ad-di-in-u-n[u-ti] a-ni-tam ma-an-num° a i-na ha-al-[í-ia] 20 gi -apin ra-ak-sú-ma ù 1 me-at [gán] ù 2 a-gàr e-em i-le-qú-ú-ma Rev. 22 ù 1/3 ma-na kù-babar i-na-di-nam an-ni-{IM}-tam-ma a [k]i-ma 20 a-gàr ù 30 a-gàr e-em i-le-qú-ú 24 lu-"qú#-ut ù a-nu-um-ma 1 ma-na kù-babar -ma-ni-ia u-zu-ub-ti be-lí-ia ù 1 ma-na kù-babar 26 [h]a-al-í-im ak-nu-ka-am-ma ù a-na be-lí-ia ú-a-bi-lam 28 ù um-ma be-lí a-na a-ni-im-ma [i-]a-ap-pa-ra-am be-lí li-i-pu-ra-am 30 ù a-né-em 1 ma-na kù-babar lu-a-ad-di-in a-ni-tam a-um lú-me-e pa-e-ri be-lí 32 i-pu-ra-am a lú-me-e [u-n]u-ti pa-e-ri a-bu-u-nu dumu-me-e -u-nu ù dam-a-ni° 34 [a-na n]e-pa-ri-im ú-e-ri-ib° [an-n]a-num° 2 lú-me-e mar-ú-tim 36 [lú-me] hi-[i]m-ma-ra-anki a a-na n[e]-p[a]-ri [ú-u]l ú-e-ri-ib° ul-li-i Tr. 38 [k]a-lu-u-nu a-na [ne-pa-ri-im] [i-r]u-bu um-ma be-[lí i-qa-ab-bi] 40 [l]ú-me-e u-nu-ti qa-d[u a-bi-u-nu] C. [dumu-me] dam-a-ni a-ah-hi-u-nu a-na e-er be-lí-ia 42 [ú-a-re]-e-u-nu-ti 1

    Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Sammêtar, ton serviteur. Naguère, Sumu-hadû 5 m'avait écrit 4 ceci : «7 Fais-moi porter 5 la mine d'argent à toi 6 et une mine d'argent des gens riches de ton district, 7 (en) secours financiera) pour ton seigneur. » 8 Maintenant il m'a envoyé pour la seconde fois un message(r) : « 10 Fais-moi porter 9 la mine d'argent à toi 10 et deux mines de ton district. » 11 Avant qu'il ne me fasse porter cette lettre de lui, 12 j'avais fait contribuer pour une mine les gens. 13 Maintenant, il ne faudrait pas que je fasse contribuer pour 13 une seconde 14mine d'argent, car, lorsque mon 15 seigneur percevra 14 l'argent, 16 ce 15 district 16 se trouvera très appauvri. 17 Si (néanmoins) mon seigneur me le fait savoir, 18 je ne manquerai pas de les faire contribuer pour 17 une seconde 18 mine d'argent. 19 Autre chose, quel (est l’individu) qui, dans mon district, 20 ayant agencé une structure agricole, 21 20 prendra 100 arpents 21 et 20 kor de grain 22 et contribuera pour 20 sicles d'argent ? C’est ce que 24 se trouve réu nir 23 quiconque prend 200, voire 300 kor de grain ! 24 Voilà donc que 26 je mets sous scellés 24 la mine d'argent 25 à moi, en secours financier pour mon seigneur, et 1 mine d'argent 26 (sur les gens) du district et 27 que je (les) fais porter à mon seigneur. 4

    Les textes de Sumu-hadû

    379

    28

    Mais, si (mon seigneur) 29m’envoie un message(r) 28 pour une seconde (contribution), 29 que mon seigneur m’envoie un message(r), 30 alors je ferai contribuer une seconde mine d'argent. 31 Autre chose : mon seigneur 32 m'a envoyé un message(r) 31 au sujet de ceux qui sont hors 32 service. De ces individus hors service, 33 leurs gens, leurs fils, leurs épouses, 34 j’ai fait entrer à l'ergastule. 35 Voilà qu'il y a deux malades, 36 gens de Himmarân, que 37 je n'ai pas fait entrer 36 à l'ergastule. 37 Autrement, 38 tous 39 sont entrés 38 à l'ergastule. 39 Si mon seigneur le dit, ces individus, avec leurs gens, 41 leurs enfants, leurs épouses, leurs « frères », 42 je les ferai conduire 41 chez mon seigneur. a) Le terme ûzubtum est énuméré dans le lexique Erimhu II 150 (cf. CAD /3, p. 419b) avec les termes biblu et ûbultu. Dans AbB 1 12 : 2, le terme est traduit par F. Kraus comme Restzahlung = « paiement du solde » (avec doute). Dans CAD le mot est rendu par « (a gift) ». Un sens de ûzubum « faire laisser par quelqu’un » est naturellement possible, mais ûzubum a surtout le sens de « sauver, venir au secours de » ; pour ce sens à Mari, cf. ARM II 52 = LAPO 17 : 839 (trad. du CAD E, p. 423b à contre-sens) 1 sila àm e-e, lu-ud-di-in, um-ma li-ib-bi be-lí-ia, an-ni-tam be-lí li-e-zi-ba-an-ni = « Je veux bien donner 1 litre de grain par personne. S’il plaît à mon seigneur, qu’il vienne à mon secours en cette occasion ». Dans ce texte on a l’impression non pas d’une perception normale mais d’une taxe supplémentaire. D’ailleurs le terme de ûzubtum n’entre pas dans le système normal des entrées financières, à la différence de la ûbultum, et a tous les airs d’une « contribution exceptionnelle », d’où la traduction par « secours financier ». L’état construit dans l’expression ûzubti bêli-ka invite à voir dans le roi le bénéficiaire.

    6.12 Une épidémie à Mari Les l. 32-37 de [A.940+] montrent que se multiplient les maladies (épidémie ?) dans la région de Mari, où la disette menace ; ce dernier trait est bien connu pour le début du règne. L'épidémie dont parle [A.940+] ne saurait donc être celle qui a frappé le royaume à l'époque des éponymes et qui avait alors causé de grands ravages. Le roi ne se trouve pas à Mari puisqu'on lui donne des nouvelles sur l'épidémie et sur les désertions à la Porte du palais (l. 42-45). Il serait étonnant, en outre, qu’on lui envoie des troupes à la capitale. La mention finale (l. 46-47) « la ville de Mari et le Palais vont bien » est typique de nouvelles envoyées depuis la capitale lorsque le roi est absent. Sumu-hadû doit, en revanche, s'y trouver. Le texte [A.313] qui anticipe la chute de Mi lân montrait des troupes babyloniennes à l'œuvre au royaume de Mari. Les troupes royales qui ont lutté contre les Mâr yamîna ont eu effectivement un appui important de plusieurs États étrangers, comme Alep, Qana et, en l'occurrence, Babylone. C'est donc vers la fin de la seconde rébellion des Mâr yamîna qu'il faut placer ce dossier qui montre les déboires de santé qu'a eus à affronter le corps expéditionnaire de Babylone. Cette épidémie est concomitante au retour à Mari des soldats de la Haute-Djéziré, car [A.940+] compte des pairum291, donc des « démobilisés » qui rentraient chez eux après la campagne : on y trouve la mention de gens d’Appân. Ceux de Mari sont déjà rentrés. Les autres dont on attend la venue étaient originaires de Na er, Terqa et Saggâratum. Le terme des libérables, au moins ceux de Terqa et de Saggâratum, était donc la capitale où, de fait, devaient se trouver les rôles de la troupe. Un problème est posé par la façon dont ce texte utilise la notion de « pairum ». Elle est ambiguë en ce qu’elle désigne « celui dont cesse le service », éventuellement sans autorisation (« déserteur »). Dans le présent texte, les pairum sont ceux qui ont terminé leur temps au service du roi et reviennent au pays. On voit qu’il est fait mention (l. 9) de ceux qui ont été enrôlés (a talpîtim) et qui doivent représenter des gens envoyés à l’armée de façon plus ou moins forcée. Celui qui amène tous ces gens, un certain Yatarum, est cependant renvoyé auprès du roi (l. 13-14) immédiatement. Il pourrait s'agir du futur gouverneur de Qaunân mais c'est peut-être plutôt un gradé qui n’avait pas reçu quitus de son service militaire. Aux l. 23-26, cependant, il semble bien que des pairum soient destinés à être envoyés chez le roi. Qu’ils soient alors mobilisés est montré par le fait qu’auparavant Sumu-hadû aura procédé à un appel nominal et rédigé une tablette nominative (lú ù um-u, l. 15) des malades et des fugitifs ; cela suppose une tablette de rôle qui permette l’appel.

    291 CAD P, p. 304 lit p iru et traduit uniformément par « Off-duty soldier », ce qui ne convient pas à tous les exemples.

    380

    Jean-Marie DURAND

    Dans les 3 jours, les « libérés » du district de Terqa (halum elûm) et le reste (apiltum) du district de Mari doivent être envoyés au roi. Ce ne sont certainement pas les mêmes pairum que ceux de la première sorte, qui rentrent au pays. Il faut donc considérer qu’ayant terminé leur service local, ces gens de la seconde sorte ont reçu une nouvelle affectation. Le terme de « reste » (l. 24) est important dans la mesure où il semble indiquer qu’il y avait un contingent de pairum de réserve. Leur nombre ne semble pas suffire à combler le déficit causé par ceux qui rentrent au pays puisque le roi demande une terdîtum, c’est-à-dire un nouvel envoi, qui ne peut être qu’un accroissement des effectifs militaires. Sumu-hadû déclare que, malgré l’épidémie, 100 à 200 soldats pourront être envoyés (l. 40). Ces gens devaient donc être mobilisés en plus des effectifs normaux ; ce sont eux sans doute qui sont caractérisés de « a talpîtim ». Plus curieuse est la notation des l. 42-45, à propos des pairum qui constituaient la garde de la porte du palais. C’était un emploi privilégié comme on le voit par une anecdote de Yaqqim-Addu292. Pourtant ces gens ont préféré « partir pour le troupeau », donc se vouer aux tâches pastorales bédouines, redevenir des hanûm, des « non-sédentarisés ». L’attrait de la vie bédouine l’emportait donc sur la vie sédentaire et on était encore proche dans ces milieux de la mentalité de « Vie nomade »293. Les pairum peuvent avoir appartenu à l’armée de métier constituée par des gens susceptibles de recevoir un congé et dont, en temps d’activité, la moitié devait constituer l’enîtum, la réserve au repos, pendant que l’autre moitié assumait la réalité du travail. Sumu-hadû termine sa lettre par une phrase stock qui montre à la fois sa place dans la hiérarchie politique (« La ville de Mari et le Palais… vont bien ») et dans la population (« Les Mâr sim’al vont bien ») ; cette dernière expression se retrouvant, d'ailleurs, surtout chez les mer‘ûm. 175 [A.940+A.2077] Sumu-hadû au roi. Arrivée des libérables du district de Mari mais pas de ceux de Na er, Terqa ni Saggâratum. Promesse d'envoyer les libérables du district de Mari. C'est l'épidémie et la disette. Il sera donc difficile d'envoyer le supplément réclamé par le roi. Les libérables de la « Porte du palais » sont partis aux troupeaux.

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma "I#su-mu-ha-du-ú ìr[ka]-a- ma a-nu-um-ma 40 lú-me-e pa-e-ri a ha-la-a ma-riki 10 lú-me-e ap-pa-anki a ia-ri-im-dIM "ú#-a-al-li-mu-nim 13 dumu-me-e ta-al-pí-tim

    unigin 1 u-i 3 a-ba-am I ia-t[a-ra-am ]e a-hu-ni a-li-ik pa-ni-u-n[u] u-ta-a-bi-tam-ma a-na e-er [be]-lí-ia a-à-ar-da-am ù a-nu-um-ma up-pí lú ù um-u ú-a-í-ra-am-ma a294-na e-er be-lí-ia u-ta-bi-laam lú pa-e-ru a ha-la-a na-i-irki 292

    ARM XIV 66 = LAPO 16 327.

    293

    FM 1 p. 115-116 = LAPO 16 38.

    294

    Sur érasure d’un Ù.

    Les textes de Sumu-hadû

    Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 38 Tr. 40 42 C i 44 ii 46

    381

    ter-qaki ù sa-ga-ra-timki a-di-ni ú-ul ik-u-du-nim wa-ar-ki up-pí-ia an-né-im a-na u 3-{PA "E#}295-kam it-ti lú pa-e-ri a ha-al-í-im e-li-im a-pí-il-ti lú pa-e-rime-e a ha-la-a ma-riki a-à-ar-ra--kum ù lú mar-a-am ù ba-GIR296 i-na up-pí-im ú-a-a-à-ra°-ma a-na e-er be-lí-ia ú-a-ba-lam a-ni-tam a-um a-bi-im te-er-di-tim a be-lí i-pu-ra-am wu-di i-na pa-ni-tim-ma a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-am {I} i-na-an-na mu-ur-a-nu "i-na# a-ah "pu#-ra-tim im-ti-du a-bu-um ha-um ma-ad é a lú mar-um° i-na li-ib-bi-"u# la i-ba/-a-"u# ú-ul i-ba-a-i a e-um a é-gal ma-ak a-bi-im a-di i-na-an-na ú-ul u-ru-ub um-ma be-lí i-a-ap-pa-ra-am 1 me ù-lu 2 me a-ba-am lu-u-t[a]-a[]-/b[i-tam-ma] lu?-u?-ru-us°-[sú-um] a-ni-tam i-na 36 lú ha-ni-i pa-e-ri a ká é-gal a be-lí i-pu-ra-am 1 lú i-na ma-riki ú-ul in-na-me-er a-na na-we-im-ma it-ta-al-ku a-"lum# ma-riki é-gal ù dumu si-im-a-al a-lim

    Note : ce document est déconcertant par sa graphie. Son excellent état de conservation permet très exactement d’en observer les variantes : il n’est peu vraisemblable que le scribe ait changé au cours de la rédaction du document ; pourtant, le AN de la ligne 38 avec ses deux signes A séparés par un DI ne correspond nullement au AN (dans la même séquence) de la l. 32 qui présente la séquence attendue A -A xDI . Il en est de même pour les deux signes AL de la l. 45 (typique de Sumu-hadû) et de la l. 47 (normal à Mari). Ce mélange se retrouve dans d’autres documents de Sumu-hadû ; si l’on prend en considération les ratures et les omissions (cf. l. 25), on devrait considérer que cette tablette a été écrite non pas par un scribe professionnel mais par Sumu-hadû lui-même. On note, d’autre part, la grande différence entre les structures des signes KÁ et É qui sont à la suite l. 43. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Voilà que 7 10 hommes d’Appân de Yarîm-Addu, 8m’ont escorté 540 libérables du district de 9 Mari ; 13 (étaient) d’enrôlementa) ; 10 (soit) un total de 63 hommes ; 11 à Yatarum, frère d’Ahunib), 12 qui était à leur tête, 13 j'ai fait prendre la route(/je l’ai équipé) et 14 l’ai expédié 13 chez mon seigneur. 14 En outre, voilà que 15 j’ai rédigé une tablette nominale et 1 7la fais porter 16chez mon seigneur. 18 Les libérables des districts de Na er, 19 Terqa et Saggâratum 20 ne me sont pas arrivés jusqu’à maintenant. 22 Dans les 3 jours 21après cette tablette de moi, 23 avec les libérables du district d’amont, 25 je t’expédierai (sic) 24 le restant des libérables 25 du district de Mari. 26 En outre, 27 je ferai écrire sur une tablette 26 homme malade et fugitif 27 et 28 (la) ferai porter chez mon seigneur. 5

    295

    Anticipation de la l. 23.

    296

    Sur érasure.

    382

    Jean-Marie DURAND 29

    Autre chose : à propos d’un supplément de gens, 30 objet d’un message de mon seigneur, 31 assurément 32 j’ai envoyé un message(r) 31 naguère chez mon seigneur ; 32 maintenant, 33 les maladiesc) se multiplient désormais au royaume de Mari ; 34 il y a beaucoup de gens qui ont des vomissementsd). 36 Il n’y a pas de 35 maison où il n’y ait de malade. 37 Ce qui (constitue) le grain du Palais, par manque de gens 38 jusqu’à présent, n’a pas été engrangé. 39 Si mon seigneur me le fait savoir, 40 assurément je ferai prendre la route à (/je les équiperai) 100 ou 200 hommes et 41 les lui expédierai. 42 Autre chose : sur les 36 Bédouins libérables 43 affectés à la porte du palais, objet d'un message de mon seigneur, 44 pas un seul n’a été vu à Mari : 45 c’est au troupeau qu’ils sont partis. 46 La ville de Mari, le Palais 47 et les Mâr sim’al, ça va. a) talpîtum : ce mot n’est pas enregistré dans le CAD T qui ne connaît que talpittu (sinon, cf. ribîtu). Lapâtum a un sémantisme complexe ; vu le contexte militaire, il devrait s’agir du substantif ta-PRÎS- avec le sémantisme de lupputum « enrôler des gens ». La l. 9 représente une apposition : « 13 (appartiennent à) la catégorie (“ (sont) des fils” ) d’enrôlement ». Ce sens de lapâtum est enregistré dans l’article du CAD L, p. 87 sub k) « to give a work assignement ». Ce n'est en fait qu’un emploi de lapâtum « toucher (une tablette) » et la bonne traduction française serait : « enrôler », c’est-à-dire « écrire le nom d’un travailleur/soldat sur un rôle ». Talpîtum renvoie formellement de fait à un lupputum « écrire » qui ne serait attesté selon CAD qu’en assyrien. b) Un NP a-hu-ni est attesté à Mari par M.8321 ii. c) Le terme de murânu, en fait le « pluriel déterminé » de murum, désigne une épidémie. d) Pour le mal-hâum, cf. LAPO 18, p. 118.

    L'auteur de M.5062 a une grosse écriture que l'on retrouve dans la lettre [A.2085], tablette qui date du même moment et qui traite également de maladies. Son style n'est pas soigné (addin appul, l. 9 & l. 17-18 sans -ma). Le nom de l'expéditeur n’est plus lisible mais il s'agissait apparemment d'un personnage important de l'administration, capable de puiser dans les réserves palatiales et de fournir des bateaux de transport, pour lequel on peut envisager qu’il s’agisse de Sumu-hadû. Le document parle, en outre, d'un grand nombre de malades dans l'armée babylonienne. Il ne s'agit donc pas de l'épidémie de l'époque du RHM. L'information doit être en relation avec la fin de [A.940+], qui date du moment où se dénouait la rébellion des Mâr yamîna, lorsque des forces babyloniennes se trouvaient dans le royaume de Mari. 176 [M.5062] [Acéphale] au roi. Il a donné leurs présents et leurs rations aux Babyloniens, selon les instructions du roi, ainsi que des bateaux pour évacuer les malades. Il a fallu en rajouter deux, vu le nombre des malades.(…) X est mort. 2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16

    [a-na be-lí- ia] [qíbíma] [u]m-ma [……] ìrk[a-a- ma] a-lum ma-riki [a-lim] qí-a-at a-[b]i-im lú k[á-dingir-raki] ù pí-qí-ta-u-nu ma-l[i a b]e-lí ú-wa-e-ra-an-ni ad-di-in a-pu-ul-u-nu-ti 20 gi -má-tur-há a-na ra-ka-ab lú-me-e mar-ú-tim ad-di-in "ù# a-mu-ur [ki-ma] [lú]-me-e mar!-ú-tum i-na [li-ib-bi]-u-nu [m]a-du gi -má-tur-há [i-na] ú-ul ik-u-da-[ni-i-u-nu-]i-im ù 2 gi -má-gal-[há ma-al-le]-"e# hi-e-eh-ta-u-[nu ad-di-i]n

    Les textes de Sumu-hadû 18

    383

    a-pu-[ul-u-nu-ti …] (Lacune de 3+2 l.)

    C.

    [a be-lí i-p]u-ra° ba-ug

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 274 : cf. W. Heimpel, op. cit., p. 281. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle …, ton serviteur. La ville de Mari va bien. 9 J'ai donné à leur satisfaction 6 des présents aux gens de Babylone 7 ainsi que leurs rations, 8 tout ce sur quoi mon seigneur m'avait donné instructions. 11 J'avais donné 10 20 barques pour qu'embarquent 11 les malades. 12 Or, j'ai constaté que 13 parmi eux (les Babyloniens) les malades 14 étaient nombreux. Ces barques 15 ne leur ayant pas suffi, 16 donc, 17 j'ai donné 18 à leur satisfaction 16 les 2 cargos 17 qui leur faisaient besoin. 5

    (…)

    [NP, le…] 1' dont m'a parlé mon seigneur, est mort. Ces troupes babyloniennes sont celles dont parle [A.2085] où il est question d’améliorer les rations d’huile des Babyloniens, parce que l’on est confronté au froid de la fin de l’année, moment de la fête d’E tar. Cette présence babylonienne s’explique par l’alliance contre les Mâr yamîna, tout particulièrement à Saggâratum. Les généraux babyloniens ont d’ailleurs laissé un dossier important, publié par F. Joannès297, mais qui concerne surtout la fin de l’expédition lorsque les troupes babyloniennes sont envoyées piller dans le Sindjar. [A.2085] leur est donc manifestement antérieur. 177 [A.2085] Sumu-hadû au roi. L’huile d’olive qui avait été prévue pour des gens, en fait fugitifs et absents, doit être utilisée pour (un supplément?) des rations d’huile des Babyloniens, vu le moment de l’année ; il ne faut pas qu’ils trouvent le palais avare à leur égard.

    2 4 6

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma 20 30 dug [n]a-a-pa-ki a ì sé-er-di-[i]m? (l. blanche.)

    Rev. 8 10 12

    a ki-ma lú-me-e ba-"GIR# ù "la#-a-"u#-tim be-lí li-[]a-a-bi-"it#-ma a-[r]a-nu-um-ma li-i-a-ak-nu a-na ì-"ba# lú-me-e ká-dingir-raki ku-u-ú ù siskur-re e-tár é-kál-lam la ú-da-ba-bu

    Note : le texte est mal écrit : grosse écriture d'un scribe qui ne s’applique pas beaucoup à la graphie des signes. 1

    297

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur.

    F. Joannès, « Lettres de généraux babyloniens », FM VI, 2002, p. 169 sq.

    384

    Jean-Marie DURAND 9

    Mon seigneur doit faire prendre 5 les 20 (à) 30 jarres 6 d’huile d’olive 7 de ceux qui sont considérés comme fugitifs 8 et absents 9 et 10 elles doivent être entreposées ici, 11 pour les rations d’huile des Babyloniens. 12 (C’est) l’hiver (et) le sacrifice d’E tara). 12 Ils ne doivent pas se plaindre du Palais. a) L. 11-12, le texte recourt en fait à des phrases nominales.

    6.13 Problème concernant les ovins soutéens, après la rébellion [M.5362+M.6220] comporte deux affaires distinctes : la fin du texte (après le anîtam, l. 29) parle de pertes parmi les ovins soutéens. Il ne s'agit pas de dommages subis par les Soutéens mais de dégâts parmi des animaux ramenés de chez eux suite aux rezzous, ou achetés chez eux. La compensation pour ces animaux doit être cherchée du côté de Yabliya ou de la frontière avec l'Akkad occidental. Un individu qui en est originaire (l. 34 : bêl pâim), assisté de 10 hommes, doit procurer 300 à 200 animaux pour la table du roi. C'est l’affaire d’un groupe de 10 hommes conduits par un homme sûr (l. 32, membre de la garde de la porte du palais) qui connaît bien personnellement la région à l’aval de Mari, soit parce qu’il est de Yabliya, soit parce qu’il est un frontalier. Cela n'indique pas l'organisation d'un rezzou car une telle troupe ne serait pas assez nombreuse pour attaquer un campement soutéen et en ramener les animaux. En revanche, dix hommes constituent un bon encadrement pour un troupeau de 300 animaux. Ils devaient donc se pourvoir dans des enclos locaux, voire acheter les animaux. Les animaux du Sûhum étaient donc du même standard que ceux qui étaient razziés chez les Soutéens : c'étaient des bêtes de pâture. Comme ils allaient servir d'animaux de boucherie (l. 39 : pour les « repas »), il devait sans doute falloir les engraisser préalablement. L’alternance Yabliya/pâum indique en tout cas que le Sûhum du sud n’appartenait pas encore à Mari.

    La première partie du document montre que l'affaire est postérieure à la rébellion des Mâr yamîna et, sans doute, à l'occupation de Manûhatân par Yaggih-Addu. La nomination d’un laputtûm (nubàn-da) à Mi lân est une affaire qui dépasse désormais les compétences des Anciens de cette ville et c’est au roi de Mari d'en décider, Sumu-hadû n’étant en l’affaire que son substitut. À Mi lân, en l'absence du « roi » mâr yamîna, les autorités reconnues par les Mariotes étaient constituées par les Anciens et une personnalité dont le titre n'est pas indiqué. Par « notre seigneur » (l. 9'), il faut sans doute comprendre celui qui était roi à Mi lân avant la rébellion, soit Sumu-dâbî — voire Yaggih-Addu, celui qui lui a succédé à la tête de l'ethnie mâr yamîna, quoiqu'il n'ait pas dû avoir beaucoup de contacts avec Mi lân à nouveau révoltée et assiégée. On peut supposer en revanche que si l'affaire du laputtûm avait été réglée par Zimrî-Lîm lui-même, on ne reviendrait pas sur la question. Il est difficile de savoir quelle était à ce moment précis la hiérarchie administrative à Mi lân. Un laputtûm doublait normalement un sugâgum, mais le cheikh de Mi lân avait-il affaire à la population sédentaire pré-mâr yamîna, alors que les Bédouins relevaient du roi 298 ? L'intervention des Anciens auprès de Sumu-hadû ne lève pas l'ambiguïté car il peut s'agir d'autorités locales, comme de Mâr yamîna. Toujours est-il que le postulant, nommé par l'autorité mâr yamîna, s'était préalablement bien fait voir par des largesses, anneaux d'argents et pointes de flèches (?), mais valider sa nomination semble susciter des réserves de la part du fonctionnaire mariote.

    Ilî-ma-ahum (l. 6) qui s'adresse aux Mariotes aux côtés des Anciens de Mi lân n'est pas un inconnu puisqu'il est mentionné en premier dans le dossier des lettres envoyées depuis Mi lân à [Sumudabî]. On le trouve ainsi dans deux des documents des « Présages contre Zimrî-Lîm », édités comme ARMT XXVI/1 171 & 172299, et il a alors le pas sur les devins Yami-hadnû et Mâ um. Son autorité devait ainsi être supérieure à la leur. Dans ARMT XXVI, p. 336, il a été proposé qu'il fût un gal mar-tu. C'était une mauvaise idée car une telle fonction l'aurait fortement impliqué dans la rébellion et on ne le

    298 Pour ce double aspect de la population de Mi lân, cf. l'édition de M.12016, dans mon article « Un centre benjaminite aux portes de Mari : Réflexions sur le caractère mixte de la population du royaume de Mari » dans DUB.SAR É.DUB.BA.A (Mélanges Donbaz), p. 109 sq. 299

    Cf. la reprise de ces textes dans ARMT XXXIV.

    Les textes de Sumu-hadû

    385

    verrait pas intervenir avec les Anciens devant une autorité mariote, une fois le calme revenu. De même peut-on exclure tout lien trop personnel avec l'ancien roi, tenu désormais pour un rebelle. L'individu peut donc avoir été le cheikh-sugâgum des citadins de Mi lân, aux côtés des Nomades qui relevaient du roi mâr yamîna. Il n'est mentionné qu'après les Anciens. Les Anciens proposent d’accepter la somme proposée par le postulant (l. 20-21) qui a été nommé semble-t-il par l’ancien roi à qui il avait fait des présents (l. 10-12). Cette somme est désignée par le terme nêbehum (l. 20) qui note le backchich300. Sumu-hadû hésite à accepter l'offre et manifestement préfèrerait que le roi décide lui-même de celui qui doit être nommé plutôt qu’entériner simplement le choix des Anciens. L’homme jouit assurément de soutiens (l. 17, il a une illatum301) mais l’enquête a montré un aspect trouble, selon les l. 15-16 : Sumu-hadû ne lui fait pas confiance (l. 15) parce que l'individu est un âr. Ce serait ainsi l’état absolu de ârum « hostile, inamical302. Le terme peut aussi signifier « menteur » et indiquer qu’il a trempé dans la rébellion. Le fait qu’il soit très jeune (l. 9 : nahrum) n'est, en revanche, qu'une particularité. Manifestement Sumu-hadû est préoccupé de savoir si le roi n'a pas son propre candidat à qui confier la charge de laputtûm de Mi lân (l. 27). Le principe de la vénalité de la charge semble, en revanche, bien ancré dans la mentalité de l'époque. Il devait d'ailleurs être illustré lors de la brigue des prétendants, ceux qui devaient constituer la seconde génération des rois mâr yamîna. Les nominations de sugâgum que nous possédons n'en sont pas exemptes et, de façon générale, les divers cadeaux entretenaient amitié et alliances de royaume à royaume.

    Une question importante est de savoir qui est désigné, l. 25 et 28, par le terme de aknum. Il semble qu’il s’agisse du nouveau chef de Mi lân qui doit être nommé par Zimrî-Lîm car aknum peut désigner à Mari un roi vassal et pas uniquement un fonctionnaire. Il peut donc désigner le successeur de Sumu-dabî qui jusque là était roi à Mi lân. Sumu-hadû veut dire ainsi qu’on ne peut pas régler la nomination d’un subordonné tant qu’on ne sait pas qui sera le nouveau chef de la communauté. 178 [M.5362+M.6220] Sumu-hadû au roi. La nomination d'un chef des travaux (laputtûm) à Mi lân a l'approbation des Anciens. Réserves néanmoins de Sumu-hadû qui attend la décision royale. Autre sujet : pertes en « moutons soutéens », ce qui doit entraîner une opération dans le sud du Sûhum pour se procurer 100 à 200 bêtes, auprès desquelles les moutons de verger paraîtront des animaux grêles.

    2 4 6 8 10

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma lú-me-e u-gi mi-i-la-anki ù AN-ma-a-hu-um ip-hu-ru-ma ki-a-am iq-b[u-nim] 1 [ l]ú nu-bàn-da a a-k[a-nim-ma] na-ah-rum°-m[a be-el-ni] 2-ma ul-li kù-UD […]

    300 Pour cette signification de nêbehum (nêbahum), cf. N. Ziegler, « Deux esclaves en fuite…», FM 2, 1994, p. 15-16. Cf. LAPO 17, p. 645. 301 Le terme est traduit par « kingship group, clan » dans CAD I, p. 82a. Il désigne aussi les compagnons de lutte, comme les combattants qui entourent le roi, l'équipage d'un navire ou les gens d'une caravane. Le terme est donc plus vaste que celui de kimtum et devait désigner ceux qui soutenaient une entreprise. En ce sens le terme est apparenté à tillatum (dont il partage d'ailleurs l'expression idéogrammatique) qui désigne au propre les troupes alliées susceptibles de s'ajouter ('LL) aux troupes régulières du royaume (les « troupes d'alliance », cette dernière réalité étant exprimée par le terme tillûtum.) Le mot illatum ne caractérise donc pas l'individu comme un Bédouin. 302 Le terme est documenté surtout à El Amarna (CAD /1, p. 132b) mais son existence est désormais probable à Mari (cf. ARMT XXVI 199 : 47) où ârum signifie « traîtrise ».

    386

    Jean-Marie DURAND

    ù li-a-na-tim i[m? -hu-ur-u-ma] 12 lú a-tu i-ku-na-né-E!303 ù a-na-ku wa-ar-ka-{SÚ}-a[s-sú] 14 i-na i-ip-ri[u] Tr. ap-ru-ús-ma ú-ul a-q[é-ep] 16 la wa-ta-ar a-ar-m[a a-um] il°-li-ti-u ki 1 l[ú-ma] Rev. 18 ú-ka-al-lu-nim um-m[a-a-mi] an-[né-e]m a-na nu-bàn-d[a le-qé-ma] 20 1 ma-na kù-UD né-b[é°-eh-u] mu-hu-ur-u i-na-"an#-n[a be-lí] 22 li-i-pu-ra-am 1 ma-na kù-UD a-na é-kál-lim lu-um-hu-ur-u-ma 24 [l]ú [a-ti a]-[n]a [l]ú-n[u-bàn-da lu-u-ku-un] "ú-la#-u-ma a-ak-n[a]-am be-[lí i-a-ka-an]304 26 i-na zu-mu-ur kù-UD []a-ti i ni°-[il-qé] ú-a-lam°-ma a-na é-kál-lim ú-ul [ú-e-re-eb-u] 28 la-ma a-ak-n[a-a]m be-lí i-a-ka-[nu] nu-bàn-da li-[a-k]i-in -ma 1 sú kù-UD 30 li-ma-hi-ir a-ni-tam be-lí de-de-ga udu-há 32 [lú-m]e-e su- ti-i# be-lí i-pu-ra-am be-lí 1 lú ha-na "a ká# é-kál-lim 34 []a dumu ia-ab-li-[iaki] Tr. [ú]-"lu# i-te-en be-el pa-[ì]-im 36 [l]i-i-ru-dam-ma a-na-ku 10 lú-me-e lu-su-uk-um-ma C. 38 "1# me udu 2 me udu-há a-na níg-gub-há be-lí-[ia] li-it-ru-nim 40 "ù# udu-gi -kiri a-na qa-ta-ni-[im] be-lí° ú-tá(DA)-ar 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Les Anciens de Mi lân 6 et Ilî-ma-ahum 7 se sont réunis et m’ont dit ceci : « 8 Il y a un chef des travaux à installer ; 9 c'est un jeunota), mais « notre seigneur » 10 par deux fois 11 avait reçu de lui des anneaux d’argent … 11 et des pointes d'armesb) et 12 nous avait nommé cet homme. » 13 Or moi, 15 je me suis renseigné 14 sur son travail 15 et je ne lui fais pas confiance. 16 Sans exagérer, c’est un hâbleur. Pour ce qui est de 17 ses alliés, de façon unanime, 18 (les Anciens) m’(en) disent grand bien, disant : « 19 Prends 18 cet homme 19 pour chef des travaux et 20 1 mine d’argent (représentant) son bakchich, 21 accepte de lui ! » 21 Maintenant, mon seigneur 22 doit m’envoyer un message(r). 23 Dois-je accepter de lui 22 la mine 23 d’argent pour (une charge au) Palais et 24 installer cet homme à la fonction de chef des travaux, 25 ou, sinon, mon seigneur doit-il nommer un préposé ? 26 Devons-nous le prendre en considération de cet argent ? 27 En définitivec) je ne le ferai pas entrer au Palais. 28 Avant que mon seigneur ne nomme un 29 préposé, un chef des travaux doit-il être installé et un (seul) sicle d’argent être reçu ? 5

    303

    Le texte comporte un clair E . Il peut s'agir d'une mégraphie I  au lieu de I, ou de la prononciation locale -nê pour -nêi ( de Yahdun-Lîm 14 et 15 tu donneras, toi-même, 14 cet argent et le (bœuf) igissûm. » 16 J’avais alors répondu oui à mon seigneur. Une autre fois, 17 dans la cour du Palmierb), 18 j'ai dit ceci à mon seigneur : « 19 Aham-nûta 20 est 19 installé à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 21 Il donne(ra) 20 cet argent 21 et la (taxe) igissûm. » 22 Mon seigneur m'a répondu oui. 23 Tebi-geri- u 24 était (alors) au service de 23 mon seigneur. 24 Mon seigneur 25 l'a appelé et lui a donné pour instructions : « 26 Appellec) Aham-nûta et 27 donne(-lui) mission, (lui) disant : “28 Tu es nommé à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 30 Tu donne(ra)s 29 1 mine d'argent et la (taxe ) igissûm.” » 30 Selon les instructions de 31 mon seigneur, 32 je suis arrivé 31 à la Forteresse de Yahdun-Lîm, 32 j'ai convoqué les bourgeois et 33 j'ai donné mission à Aham-nûta. 34 Maintenant, Idin-Dagan 33 est arrivé à la Forteresse de Yahdun-Lîm et 36 il trouble la ville en disant : « 37 Ce n'est pas du tout Aham-nûta 38 qui est nommé, c'est moi ! 39 Sumhu-rabi 41 n'a plus autorité 40 sur la Forteresse de Yahdun-Lîm, 41 ni sur le jugement. » 42 Je suis en plein désarroi. Ainsi, 43 je ne peux établir 42 la redevance du Palais dont je m'occupe. 44 Aujourd'hui Sumu-hadû est arrivé et 45 a dit ceci: « 47 Je chasse 46 Aham-nûta du poste de cheikh. Alors 48 j'(y) place 47 Idin-Dagan.” 49 Cela fait 10 jours qu'Aham-nûta est nommé 50 et aujourd'hui on l'en chasse(rait)? 51 En fait, Idin-Dagan 52 n'est pas complètement à la hauteurd) 51 des affaires de 52 la ville. 53 … déjà auparavant … 5

    (…) 1'

    Il faut qu'Aham-nûta soit installé comme cheikh de la ville. Alors, 3' mon seigneur doit arbitrer 1' l'administration 2' du district de la Forteresse de Yahdun-Lîm. a) Le signe KUT au début de la ligne n'est qu'à moitié conservé. Kutlâtum (« Les Haies », traduction conforme à celle de M.B., ARMT 2759) est un lieu-dit qui se trouvait aux portes de Qaunân et devait indiquer la limite du territoire urbain. La conversation ferait donc allusion à un moment où l'expéditeur de cette lettre a ramené avec lui Idin-Dagan, qui était en poste à âbatum, comme l'indique sa correspondance éditée par N. Ziegler. b) La « cour du Palmier » est la cour 106 du palais de Mari. Elle était celle où donnait le harem et apparemment le cœur de l’habitation royale sous Zimrî-Lîm. c) ti-si est une forme courante de l'impératif de Sî, au lieu de isi. d) Pour apâlum ana = « affronter », cf. AbB XIV, p. 80-81 (ad TCL 17 34 ) : 16 ana awâtim a iparrikâni(m) anâku âtanappal « J’affronterai personnellement tous les obstacles » (K.Veenhof lit au singulier ana awatim a parrikanni et traduit : « I myself will take care of every obstacle that may hinder me »).

    7.2.2.4.2 Aham-nûta responsable du miksum ? Le texte [M.9431] est sans doute celui qui ferait le mieux le lien entre « le marchand Aha-nûta » et « l'administrateur » Aham-nûta. L’individu se propose pour une opération sur laquelle il ne s'appesantit pas (l. 12-13), mais dont il rappelle le témoin, ama -tillassu (l. 19), qui devait être en l'occurrence 59

    Cf. en dernier lieu, N. Ziegler, RA 105, 2011, p. 12.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    417

    l’un des secrétaires du roi60. L'opération revenait à assumer à la Forteresse de Yahdun-Lîm ce que l’on peut considérer comme la succession de celui qui avait été le principal administrateur de Yasmah-Addu, Lâ'ûm, dont est critiqué, au passage, le manque de professionnalisme. La direction (abbûtum, à déduire de a-bu-us-sú, l. 16) de l’entreprise était assurée précédemment par Lâ'ûm, lequel a fait défaut à sa tâche (l. 17-18). Le terme abbûtum n'étant en fait employé que par rapport à des personnes et l'expression, très bien connue, abbûtam abâtum n'étant enregistrée par CAD , p. 24a-b qu'avec le sens de « intercéder pour quelqu'un », le terme est dérivé ici d'un emploi d'abum analogue à celui que l'on trouve dans le titre abu bîtim « intendant », dont l'abstrait est abbût bîtim, « intendance ». Abum signifiant « responsable, chef » est bien connu d'ailleurs par le titre politique abbû pour désigner les principaux chefs d'une ethnie61. Celui qui avait la charge de la taxe commerciale pouvait donc porter le titre — non encore documenté — d'*abu miksim, dont l'abstrait devrait être *abbût miksim. Cette tâche est désignée par le terme akkadien têrtum, soit la « mission administrative » que donnait le roi à quelqu'un, ce qui est rendu ici par « office ».

    Les propos d'Aham-nûta indiqueraient donc qu'il se proposait pour la gestion de l'impôt-miksum, (l. 7-8). Il devait s’agir d’une ferme concédée à charge de faire l'avance des revenus escomptés. Lâ'ûm avait certainement une des plus grosses fortunes de Terqa, mais cela n'avait pas suffi à lui faire assumer ce service. Manifestement Aham-nûta s’en sentait capable. On ne connaît pas les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a dû éveiller beaucoup de convoitises et le terme « discussion » (l. 6) ne permet pas de savoir qui y participèrent. Ganibatum, port de la Forteresse de Yahdun-Lîm, voyait arriver les marchandises d'amont, ce qui ne devait pas laisser indifférents les locaux. Le commerce entre le royaume et l'amont a toujours été une affaire juteuse où la disparition d'Asqûdum a laissé pour les dernières années du règne les coudées franches aux entreprises du Palais62. Il était donc normal qu'Aham-nûta, habitant de la Forteresse, s'il était marchand lui-même, fût candidat à gérer le miksum, mais il a dû exagérer ses profits. Le fait qu'il soit remplacé par Idin-Dagan n'a dû être qu'une péripétie, car on voit le Palais dépêcher un percepteur des douanes-mâkisum à la Forteresse63. Plusieurs prud'hommes (ebbum), envoyés par le gouverneur de Saggâratum ou par l'administration centrale, surveillaient de près ce qui se passait là où arrivait le commerce du Nord. Il est certain que la perte des revenus de la ferme de l'impôt a dû être pour beaucoup dans le dédain qu'Aham-nûta a, par la suite, affiché pour des charges qui n'étaient plus que de la simple administration locale. L'affaire date sans doute du milieu de l'an 1 de Zimrî-Lîm, après son retour de Kahat, au moment où Aham-nûta débute ses fonctions officielles. 196 [M.9431] Aham-nûta au roi. Il rappelle que, lors d'une discussion, il s'était proposé pour la taxe-miksum et que le roi en avait été d'accord. La ferme de cet impôt relevait (sous le règne précédent) du ministre Lâ'ûm. (…) [a-na be-l]í -ia [qí -bí]ma [um-ma a-ha-am]-nu-ta-ma° [ìrk]a-a- ma [i-na p]a-ni-ti-im-ma i-nu-ma [a-na ]é-er be-lí-ia a-na i-tu-u[l-tim] [ak-u-d]a-am a-um mi-ik-si-im

    2 4 6

    60

    S'agit-il du même ama -tillassu que celui qui est abondamment cité parmi les dignitaires du RHM par P. Villard, Amurru 2, index, p. 134b ? Il aurait été maintenu en service, après la disparition de Bannum. Il a pu avoir connu Zimrî-Lîm à Tuttul. 61 Il ne s'agit nullement ici d'un pluriel « ouest-sémitique » de abu bti dans le sens de « chef de la famille » comme le pensait J. Bottéro, ARMT VII 233, suivi par CAD A/1, p. 76. 62

    Cf. G. Chambon, Les Archives du vin à Mari, FM XI, p. 18-19.

    63

    Cf. p. 461.

    418

    8 10 12 14 16 18 20 Tr. 22 24

    Jean-Marie DURAND [a-ba]-ti-i ma-ha-ar be-lí-ia [aq-bé]-e ù be-lí a-na-am [i-pu-l]a-an-ni um-ma a-na-ku-ma [hi-i]-ih-ti é-gal ma-la be-lí [i-qa]-bé-em a-na-ku-ma ú-ka-al a-na be-lí-ia ú-da-am-ma-aq ù ke-em a-na be-lí-ia aq-bi um-ma a-na-ku-ú-ma pa-na-nu-um I la-ú-um a-bu-us-sú a-bi-it-ma ù te-er-tam a-ti a-ba-tam ú-ul i15(E)-le- ma-ha-ar dutu-tillat-sú wa-ar-di-ka° an-ni-tam a-na be-lí-ia aq-[bi] um-ma a-na-ku-m[a] a-bi-it a-bu-ti[m] [a-ba-tam] i-la-i […………] x x x

    Revers (Détruit sauf extrêmes fins de lignes.)

    Tr.

    [……………]-x […………]-tum [……] ma-da-am-ma […] a-at-tim

    C.

    (Signes indistincts d'une fin de l.) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Précédemment, lorsque 6 j'étais arrivé chez mon seigneur pour une/la discussion, 7 au sujet 8 du fait d’assumer 7 la taxe commerciale-miksum 9 j'avais parlé 8 par devant mon seigneur. 9 Alors mon seigneur , 10 m'avait répondu oui. 11 J'avais dit : «11 Ce dont a(ura) besoin le Palais, tout ce que mon seigneur 12 me di(ra), c'est moi-même qui sous mon contrôle 13 (en) pourvoirai généreusement mon seigneur. » 14 En outre, j'avais dit ceci à mon seigneur: « 15 Précédemment, 16 (c'était) Lâ'ûm 17 (qui) en en 16 avait la charge, 17 mais 18 il n'a pas pu tenir 17 cet office. » 19 (C'est) par devant ama -tillassu, 20 ton° serviteur, 21 (que) j'avais dit 20 cela 21 à mon seigneur. 22 Voici ce que je dis : « 23 Celui qui a une charge, 24 est capable de l'assumer. … 5

    (Revers : restes de fins de lignes.)

    7.2.2.4.3 La gestion de la Forteresse de Yahdun-Lîm [A.951] est un fragment de lettre envoyé par un responsable de la Forteresse de Yahdun-Lîm qui pourrait être Aham-nûta (ou Sumu-hadû). Les rapports de Mari avec E nunna étaient bons au début du règne et la lettre doit être de la seconde moitié de ZL 1. La situation est identique à ce que décrit [M.5421], une lettre de Habdû.maDagan : un corps expéditionnaire mariote doit être envoyé à Rapiqum. Les Mâr yamîna se proposent d'en profiter pour prendre la Forteresse. La prise de Rapiqum a dû être l’événement qui a permis aux troupes d'E nunna d'arriver jusqu'à Ékallatum et A ur. Mari s'efforçait de son côté de mettre la main sur les territoires abandonnés par le RHM à la frontière avec le royaume de Babylone. L'affaire de Rapiqum n'est pas complètement élucidée mais les forces mariotes devaient aider le roi d'E nunna à s’en emparer. Il est difficile de savoir qui parle dans la première partie de la lettre, rapportant les plans belliqueux des Mâr yamîna (cf. l. 9'-12'). Il peut s'agir du devin Yal'a-Addu, mais aussi d’un rapport ano-

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    419

    nyme (cf. l. “5”). L’opinion des Mâr yamîna (l. 13’) est que, Rapiqum prise ou non, une fois terminées les opérations à la frontière de l’Akkad (l. 14’-17’), ils seront de toute façon attaqués par Zimrî-Lîm. Il leur fallait donc prendre les devants. Une partie de la population de Rapiqum avait déjà été déportée à la Forteresse. Le fait lui-même remontait aux activités militaires de Samsî-Addu à la frontière occidentale du pays d'Akkad64. Ces exRapiquéens avaient dû être sollicités d’entrer dans la conspiration mais ils n’avaient dû montrer qu'un amour modéré envers leur ancienne patrie (l. 20’ sq.). Après une assez longue cassure (8 l.) où devaient être exposées les motivations des Rapiquéens déportés de ne pas intervenir, l’auteur anonyme de la lettre termine en disant qu’il avait pris toutes mesures pour renforcer les défenses de la ville. D’après les propos des Mâr yamîna dans ce document, la Forteresse de Yahdun-Lîm pouvait accueillir une garnison de 1 000 hommes (l. 9') et tout le grain de la région (l. 6'-7') — ce qui a d’ailleurs été le fait des Mariotes lorsqu'ils organisèrent la résistance aux Mâr yamîna en y repliant la population avoisinante.

    197 [A.951] [Acéphale] au roi. Projets belliqueux des Mâr yamîna à l’égard de la Forteresse de Yahdun-Lîm, profitant du départ des troupes de Zimrî-Lîm vers Rapiqum. Un conflit semble inévitable. Les déportés de Rapiqum s'y refusent. (Lacune). Gardes renforcées à la Forteresse. [a-na be-lí- ia] [qíbí -ma ] [um-ma ……] [ìrka-a- ma] [i-na a-hi-ti-ia] [ki-a-am e-me] [um-ma-mi dumu-me-e ] ia-mi-[na ki-am i-da-bu-bu] um-ma-mi i-[nu]-m[a I zi-im-ri-li-im] a-ba-u a-na r[a-pí-qí-imki]65 i-à-ra-du ni-nu i [ni-ip-hu-ur-ma] a-lam bàdki ia-a[h]-d[u-li-im i ni-i-ba-at] e-em a ka-ap-ra-t[im a it-ta-ti-u] a-na li-ib-bi-u i nu-k[a-mi-ìs-ma] a-lam a-a-tu i nu-da-[n]i-in-[ma] 1 li-im a-ba-am bi-irtam a-a-ri-i i nu-[e]-i-ib ù ni-nu a-na ta-i-ma-ti-[ni] i ni-ta-al-la[ak] an-ni-a-tim id-bu-b[u-nim] ra-pí-qumki li-i-a-[ba-at] i-ta-ti-ni I zi-im-r[i-li-im] i-sa-ah-hu-ur ù a-yi-i-ba-at-ma i-[]e-h[i-né-i] lú ra-pí-qa-yuki a i-na bàdki66

    2 4 6 1’= 8 2' 4' 6' 8' 10' 12' Tr. 14' 16' Rev. 18' 64

    Pour ces événements, cf. D. Charpin-N. Ziegler, FM V, p. 85. La déportation se serait passée sous l'éponymie de Rigmânum, donc 9 ans avant le retour de la dynastie mâr sim'al. Des gens de Rapiqum étaient donc depuis une dizaine d’années dans la région de la Forteresse. 65

    Restauré d'après la l. 14'.

    66

    Il n’y a pas la place ici pour [ia-ah-du-li-im].

    420

    Jean-Marie DURAND wa-a-bu i-na du-ub-bi-u-nu um-ma u-nu-ma lú è -nun-naki ra-pí-qa-amki li-i-ba-at né-ti i-ka-as-sú-ú-né-t[i-ma] ú-ul i-iz67-zi-bu-[n]é-[ti] i-n[a ……………………] ú-[ul? ……………………………]

    20' 22' 24'

    (Rev. = 3 l. + Tr. = 3 l.)

    [du-ra-am (?) i]-na bàdki ia-ah-du-li-im [ú-ka-a-]í-ir a-na ma-a-ra-tim [ù ba-a-'a-tim i/u-ta]-a-bu-tim68 [a-hi ú-u]l na-de-ku69

    C. 2” 4”

    1

    [Dis à mon seigneur : ainsi parle …, ton serviteur. - J’ai entendu dire autour de moi : 7 « Les Mâr 1'yamîna [disent] : “ 2' Lorsque Zimrî-Lîm 4' expédiera 3' ses gens à Rapiqum, 4' nous, il nous faudra nous mobiliser et 5' prendre la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 7' y amasser le grain des villages de ses alentours, 8' fortifier cette ville et 10' y installer 9' un millier d'hommes en garnison. 11' Alors, 12' nous pourrons faire tous déplacements 11' à notre guisea). ” 13' Voilàb) ce qu'ils ont dit : « 14' Sic) Rapiqum est prise, 15' Zimrî-Lîm 16' nous menacera. 17' S’il ne la prend pasd), il nous attaquerae). ” » 18' Les Rapiquéens qui 19' sont 18' dans la Forteresse de Yahdun-Lîm, 19' à leurs proposf), 20' ont dit : « Si E nunna 21' prend Rapiqum, 22' est-ce nous qu’ils mettront aux fers ? Ne nous laisseront-ils pas tranquilles ? 24' Dans… ils ne… 5 6

    (…) 2”

    J'ai agencé 1” la muraille à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 4” Je ne montre pas de négligence 3” à constituer 2” les gardes 3” ni les commandos. a) Pour cette expression, cf. ARM I 43 (= LAPO 17 492): 13 où taimâtum (restauré, mais probable) désigne le moment choisi pour un mouvement militaire. Il s’agit sans doute ici d’assurer la possibilité de déplacement des troupeaux depuis les Bords-de-l’Euphrate jusqu’au Balih. b) L'expression est employée pour clore des propos, mais à l’occasion peut également les annoncer. c) L’optatif (ou le vétitif) servent à exprimer la possibilité (cf. l. 20’). d) La graphie a-WA pour a-ia, à lire ayi + sandhi, est typique de Mari. Cf. les exemples recueillis par CAD A/1, p. 218b. Il s’agit ici d’une citation de style direct. e) Restauration conjecturale, du fait de la mauvaise conservation du texte, mais ehûm (« s’approcher ») est souvent employé dans le sens d’agresser. f) Une graphie de ûbum « plein gré » n’est pas vraisemblable (DU ne note que très rarement /u/ à Mari et la gémination d’une consonne pour noter une longue est également exceptionnelle) et, en outre, fait peu de sens. Dubbum, un terme inconnu ailleurs, est manifestement ici pour dibbum, attesté à Mari, selon un dialectalisme qui utilise la forme PURS au lieu de la forme PIRS.

    Dans [M.6326] le souci d'Aham-nûta est d’obtenir un verdict oraculaire concernant la Forteresse —responsabilité qui incombait effectivement à un gouverneur. Manifestement, les présages étaient mauvais (l. 5) et s'accompagnaient même de prophéties sinistres70 (l. 15). Ils avaient donc été transmis 67

    IZ est sur l'érasure du ZI anticipé.

    68

    Pour cette forme verbale, cf. p. 451, n. a).

    69

    Cette dernière ligne, nécessaire car le texte ne peut se terminer à la l. 3” semble néanmoins quasiment érasée (ou avoir été effacée par l'adjonction de l'enveloppe). 70

    Ce Lâ'ûm ne peut être le haut fonctionnaire du RHM car la mention explicite de la « Forteresse de Yahdun-Lîm » (l. 4) fait attribuer le texte au règne de Zimrî-Lîm. Il s'agit donc d'une personnalité religieuse, peutêtre identique à l'expéditeur de ARMT XXVI 174 qui pourrait ne pas être de l'époque de Yasmah-Addu. Il semble

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    421

    aux autorités locales (l. 9) et du royaume (l. 7) sans réponses. Les présages sont dès lors transmis directement au roi pour qu'il prenne une décision. 198 [M.6326] Aham-nûta au roi. Les présages ne sont pas bons pour la Forteresse de Yahdun-Lîm. Sumu-hadû (l. 7, Suma-hadêm) n'en tient pas compte. Habdû.ma Dagan, malgré les témoins et ce que peuvent dire Lâ'um et les extatiques, n'en a cure ; il ne donne nul renseignement sur les présages obtenus par ses propres devins. Les présages (de la Forteresse) sont donc envoyés au roi qui agira comme bon lui semble. Par ailleurs, 15 gens de la Forteresse… (Texte indécis).

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14

    a-na be-lí- [ia qí-bí-ma] um-ma a-ha-[a]m-nu-t[a ìr-ka-a-ma] te-re-tum a a-na u-[lu-um] bàd ia-ah-du-l[i-imki] u-te-né-ep-pé-u l[u?-pu-ta] ki-ma 1-u 2-u a-na su°-ma-ha-de-i[m] [u]p-pa-tim ú-a-bi-il [ù] a-na ha-ab-du-ma-d[da-gan] [l]ú-me-e i-bu-tim ka-a-ia-an-[tam] [a]-ta-na-ak-ka-an [te-re-t]um i-na qa-tim [pa-á]s-la-a la-[ap-ta] qa-bé-e la-i-y[i-im ù ma-ah-h[e-e ]

    Rev.

    (4 l. disparues.)

    20

    28

    [te-re-tim ]a sila-h[á] [a] lú-me-e m[á ?- u-gíd-gíd-u] [a-i]a-i-im [ú-ul ú-a-bi-lam] a-nu-um-ma te-re-[ti-ia] a-na e-er be-lí-ia [ú]-a-[bi-il] be-lí a e-li-[u à-bu li-pu-ú] []a-[ni]-tam 15 lú-m[e-e bàdki] [ia-a]h-d[u-l]i-[im] []a la-a i-x-[…

    Tr.

    (signes indistincts.)

    22 24 26

    [……] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Tous les présages que 5 je fais prendre 3 pour (connaître) ?l'état de 4 la Forteresse de YahdunLîm 5 ont des marquesa) ; 6 à deux reprises j'ai fait porterb) 8des tablettes 7 à Sumu-hadû. 9 En outre à Habdû.ma-Dagan 11 je suscite 10 régulièrement des témoins/les Anciens. 12 Les présages, lors de la donne, ne vont pas droit ; ils ont des marques. 14 Des propos de Lâ'ûmc) 15 et des extatiques … 3

    (4 l. manquent.) 20

    Les présages des agneaux de ses devins 22 il ne m'a pas envoyé.

    qu'un Laiyûm/Lâ'ûm (le nom est banal) ait effectivement été une personnalité religieuse, à la fois du RHM et de l'époque de Zimrî-Lîm, qui a transmis des informations sur des prophéties.

    422

    Jean-Marie DURAND 23

    Voilà que 24 j'envoie chez mon seigneur 23 les présages que j'ai obtenus. 25 Mon seigneur doit faire ce qui lui paraît bon. 26 Autre chose: 15 personnes de la Forteresse 27 de Yahdun-Lîm 28 qui n'ont pas … (…) a) Le contexte invite à penser que les présages obtenus sont inquiétants. Le terme le plus courant à Mari pour cela est — outre paslâ (cf. l. 13) qui indique qu'ils sont « tordus », laptâ ou lupputâ (cf. ARMT XXVI/1 — p. 49), qui signifie qu'ils ont des meurtrissures (marques de coup), ce qui est considéré comme mauvais ; « mauvais, défavorable » est d'ailleurs la traduction contextuelle courante. Le début du signe s'accorde bien avec un LU. b) Pour ce procédé de transmettre à l'autorité administrative supérieure des présages pour avoir confirmation de leur signification, cf. ARMT XXVI/1, p. 51. c) Il s'agit d'une forme de Lâ'ûm. On ajoutera en effet aux formes de XVI/1, p. 144, la-i-yu-um, M.8493 ; un la-i-yu-um est l'expéditeur de A.879 ; on note encore é la-i-yi ú-tu-ul-lim dans M.12474.

    L'autre caractéristique du travail de gestion de la Forteresse était de superviser l'attribution des terres et le bon déroulement de la moisson. Le texte [A.3105] y fait allusion. Une des tâches essentielles était de prévoir l'instauration de stocks pour ravitailler le roi et ses serviteurs, ambassadeurs ou militaires, qui devaient passer par sa région. Le plus important dans cette lettre est la mention que la Forteresse de Yahdun-Lîm est une âl pâim, c'est-à-dire une « ville frontière ». Le royaume s'arrêtait donc bien alors à cette ville, ce qui marquait nettement Tuttul, tout comme les régions de Halabit et du Lazqum, comme des territoires « au-delà » du royaume. La tâche d'Aham-nûta était en l'occurrence de délimiter les lots de champs du Palais. Après la moisson, il semble en effet que l'on pouvait réattribuer les champs. 199 [A.3105] Aham-nûta au roi. Impossibilité de venir pour l'affaire d'Ahu- ina, car il a à procéder à l'attribution des terrains, alors que la moisson est là. Il faut aménager la date en fonction de cet impératif. L'argent ne sortira pas du royaume.

    2 4 6 8 Tr. 10

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-ha-am-nu-ta ìrka-a- ma a-um a-wa-at a-hu-i-na {I} be-lí a-na a-la-ki-im i-pu-ra-am a-al pa-ì-im wa-a-ba-a-ku e-[b]u-ru-um ù a- à i-ka-ar [é]-kál-lim a-na e-sé-[ki-im] [a-ap]-ra-ku as-sú-r[e] ( l. blanche.)

    Rev. 12 14 16 18 Tr. 20 22

    i-na i-ka-ar é-kál-lim hi-ì-tum ib-ba-a-i-ma wa-ar-ka-nu-um a-pa-al be-lí-ia ú-ul e-le-i i-na-an-na be-lí a-na be-el a-wa-ti-u a a-hu-i-na ha-da-nam li-i-ku-un-ma a- à i-ka-ar é-kál-li-ia lu-a-al-li-ma-am lu-ul-li-kam kù-babar an-nu-um ú-ul a /le-qé-u kù-babar an-nu-um i-na ma-a-at be-lí-ia a-na mi-nim

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm C. 24

    423

    ux(IZ)-í a- à i-[k]a-ar é-kál-lim lu-a-li-ma-am-ma lu-ul-li-kam a-na-ku ú° u- ma-ha-ar be-lí° i ni-it-[ma-a]m (ou : ni-id-[bu-u]b ( ?) ]D. Ch.]) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Aham-nûta, ton serviteur. Mon seigneur m'a indiqué de venir 5 à propos de l'affaire d'Ahu- ina. 7 J'habite une ville fron8 tière. C'est la moisson. Or, 10 je me trouve avoir été envoyé 9 pour attribuer le champ (dévolu au) travail régulier 9 du Palais. 10 Il ne faudrait pas qu'12il se produise un manque 11 dans le travail régulier du Palais 12 et que 14 je ne puisse 13 par la suite donner à mon seigneur ce qu'il (me) demande(ra). 15 En fait, mon seigneur doit fixer une date 15 à l'adversaire 16 d'Ahu- ina 19 (d'une façon) que je puisse terminer 18 le champ (dévolu au) travail régulier du Palais dont j'ai la chargea) 19 et venir. 20 Cet argent n'est pas chose qu'il puisse prendre ; 21 cet argent (est) dans le pays de 22 mon sei22 gneur. Pourquoi 23 (en) sortira(it)-il? 24 Il faut que je termine 23 le champ (dévolu au) travail régulier du Palais 25 pour que je puisse 25 venir afin que moi et lui par devant mon seigneur nous jurions. 6

    a) En m. à m. « de mon Palais » ; l'expression montre qu'Aham-nûta a la charge du Palais de la Forteresse. La formulation peut convenir à un administratif de rang inférieur à celui d’un gouverneur, comme Mukanni um.

    [A.781] est une pièce de l'administration de la Forteresse de Yahdun-Lîm, ville proche d'au moins deux cours d'eaux, l'Euphrate et le canal I îm-Yahdun-Lîm. Le roi demande qu'on lui envoie du poisson. Balum signifie au propre « vivant » ; il faut comprendre par là qu'il ne s'agit pas de salaison (cf. commentaire a) ci-dessous). Le poisson était en général péché dans les méandres morts, à savoir les balîtum (sur BLî) Or, lorsque l'eau est « haute » (le texte dit ici « abondante ») le courant vient approvisionner le méandre et les poissons prisonniers peuvent repasser dans le fleuve. Les bâtons (haum) qui sont agencés71, plutôt que des nasses posées au fond de l'eau, devaient former un système analogue à celui de nos « grillages » et servaient à empêcher les poissons de sortir du bras d'eau. 200 [A.781] Aham-nûta au roi. Malgré l'installation de « barrières », il n'y a plus de poissons (dans le balîtum) car c'est la crue. On a envoyé au roi ce qui a été pris.

    2 4 6 Rev. 8 10 12 14

    a-na be-líia qíbíma um-ma a-ha-am-nu-ta ìr-ka-ama a-um ku-há ba-al-ú-[ti]m be-lí i-pu-ra-am lú- u-ha-me-e gi ha-a-ì ir-[ku]-sú-ma mu-ú ma-du-ma ku-há ú-ul i-ba-[a]-u-ú a-nu-um-ma ku-há ma-la i-ba-ru a-na e-er be-lí-ia u-ta-bi-lam

    Bibliographie : publié comme FM II 85 (avec copie) par G. Ozan (1994) ; quelques divergences de traductions.

    71 Le verbe rakâsum (cf. l. 8) est utilisé généralement dans le sens de « attacher ensemble » ou pour indiquer une construction.

    424

    Jean-Marie DURAND 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Mon seigneur m'a envoyé un message 5 au sujet de poissons fraisa) ; 7 les pêcheurs 8 avaient fait une installation de bâtons mais 9 les eaux sont hautes et 10 il n'y a plus de poissons. 11 Voilà que 14 je fais porter 13 chez mon seigneur 11 les poissons,12 autant qu'ils en ont attrapé. 6

    a) Pour le sens de balum, surtout attesté jusqu'ici à époque récente, cf. CAD B, p. 69a ; opposé à « cuit » (qalûm, balum) pour les légumes ou la viande, balum a en fait le sens de « frais » ou de « cru », car la salaison est une sorte de cuisson. Pour les poissons, CAD, ibid., p. 67, traduit par « living », alors que cette signification est oiseuse : [n]na bala ina nri taabbat (cit. de CT 40 7: 62) signifie qu'on n'utilisera pas de conserve.

    201 [M.10994] Aham-nûta au roi. Moutons de Bît Zarhan… Une partie des moutons est morte. Il faut sauver ceux qui subsistent. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-ha-am-nu-ta-ma ìrka-a- ma i-nu-ú-ma a-na é°(ZI)-er be-lí-ia a-na tu-tu-ul[ki] ak-u-da[am] a-um i-mé-[re-et] é za-[ar-ha-anki] x-[

    2 4 6 8

    (Tr. = 2 + 2 l.)

    bu-ur-tam […] i-na-an-na […] im-x-ma?72 [ i-di?-x x [ ù ba-ma[at] i-mé-re-ti-[u] im-tu-ut um-m[a l]i-bi [be]-lí-ia up-pa-am li-a-bi-lam5(LIM)-ma a-pí-il5(EL)-ta-i-na la i-ha-li-iq

    2' 4' 6' Tr. 8' 10' C.

    Note : ce texte (fort mal conservé) de la S.115 (n° 4 selon la numérotation de M.B.) a fait l'objet d'une transcription de travail provisoire par M.B., que j'ai pu collationner. Mes divergences de lecture avec M.B. ne sont pas indiquées. 1 5

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Lorsque je suis arrivé à Tuttul, chez mon seigneur, au sujet du troupeau de Bît-Zarhâna)…

    (Lacune indéterminée.)

    …1' une génisse/une source ( ?) … 2' Présentement, 3’-4’ … 5' Or la moitié 6' de son troupeau venait de mourir. S'il plaît 8' à mon seigneur, 9' qu'il me fasse porter 8' une tablette 11' pour que 10' ce qui en reste 11' ne soit pas perdu. 7'

    a) Bît Zarhân est une localité du district de Saggâratum (cf. LAPO 18, p. 188-189). Le lien avec Tuttul ne peut s'expliquer que s’il s’agit d’un troupeau en transhumance.

    72

    M.B. lisait cette ligne : ru?/el?-uq?? x […]?

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    425

    7.2.4.4.4 Les ennuis de gestion d'Aham-nûta [A.3585+A.3810] est une lettre de doléances d'Aham-nûta comme quoi justice n'était pas rendue à son zèle administratif. La fin de [A.3362] lui fait étroitement écho et les deux documents doivent donc être proches dans le temps. Il y a un problème de dates avec ce texte, puisque l’on a l. 5, aluani inûma bêlî ikunanni mais l. 26, itu addaqdem ikunanni. Or, on ne peut identifier aluani et itu addaqdem vu que certains textes énumèrent successivement les deux termes73 qu’en considérant que la l. 5 est prospective. C’est donc un compte personnalisé dont on ne peut se servir pour établir mécaniquement la vraie chronologie. La l. 32 est une claire allusion à la campagne de Kahat, donc à la première moitié de ZL 1. Les l. 35-36 anticipent en revanche la venue de Zimrî-Lîm à la Forteresse qui est de la seconde moitié de ZL 1. La nomination d’Aham-nûta a été le fait de Bannum, vu la date à laquelle elle est supposée, mais a certainement été effectuée au nom du roi et confirmée, plus ou moins explicitement, par lui après son sacre. Le fonctionnaire peut donc considérer qu’il a été nommé à ses fonctions par le roi lui-même. Plusieurs événements sont à dater d’après les dires d’Aham-nûta : (a) l’entreprise de la reconstruction de la Forteresse est d’après la têbibtum de Bannum une fois le mer‘ûm revenu à Mari ; (b) l’affaire de la brèche (bitqum, l. 17 sq.) a dû se produire au moment de la crue et fait donc allusion à une péripétie de la seconde partie de ZL 1 ou de la première partie de ZL 2 ; (c) le contrôle d’Aham-nûta par Rip’î-Lîm, ce qui l’a tant vexé, peut être de la fin de ZL 1 ou de la première partie de ZL 2 ; (d) Sumhu-rabi est actif à Saggâratum mais rien n’indique qu’il ait désormais la place de Habdû.ma-Dagan, lequel est toujours gouverneur au début de ZL 2. Comment situer Idin-Dagan dans cette série d’événements ? On constate que l’arrivée d’IdinDagan n’a pas mis fin à l’activité d’Aham-nûta. De fait, la somme versée par Idin-Dagan n’est que de 1 mine d’argent, ce qui est inférieur d’un bœuf igissûm (20 sicles) à ce que devait donner Aham-nûta selon [A.1951: 14] — ce qu’aurait dû donner d’ailleurs Idin-Dagan lui-même pour être nommé à la Forteresse ([A.1951: 7]) — et ce qui représente la redevance de la région de la Forteresse jusqu’à Zibnatum, selon [A.4345]74. Aham-nûta parle toujours de la sauvegarde de la ville (l. 7: âlam dûr Yahdun-Lîm aur et l. 32: âlam âti aur uallim). Il semble donc que Idin-Dagan ne s’est vu confier qu’une partie seulement des attributions d’Aham-nûta et l’on pense à la charge du miksum qu’après son sacre, Zimrî-Lîm avait concédée à celui qui commandait à la Forteresse (M.9431), et qui ne devait être qu’une extension de ses responsabilités. De fait, on ne voit pas Idin-Dagan intervenir comme administrateur de la région et ses archives doivent se trouver soit à la Forteresse de Yahdun-Lîm soit à Ganibatum, si elles existent encore. Aham-nûta a sans doute été peu en faveur à la cour de Mari, ce qui peut venir autant d’une nomination qui remontait à Bannum, qu’à une excessive présence locale. Un processus pour l'évincer de sa charge à la Forteresse de Yahdun-Lîm où certains se plaignaient de lui avait été manifestement mis en place. [M.5421], lettre de Habdû.ma-Dagan, y fait d'ailleurs clairement écho, mais cela n'avait pas dû être suivi d'effet. Sumu-hadû, de son côté, avait été hostile à sa nomination ([A.1951]: 47-48). Le rapport entre son titre de cheikh (sugâgum) et une fonction d’administrateur n'est pas net. Il pouvait s'agir d'une tentative pour limiter les pouvoirs du gouverneur de Saggâratum en accordant une autonomie administrative à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Sa nomination était néanmoins le résultat d'une décision royale puisque les textes recourent aux termes de akânum (« installer », l. 6). Un premier moment dans

    73 74

    Cf. CAD, /1, p. 285b.

    Cette mention de [A.4345] empêche sans doute d’interpréter l’offre d’Aham-nûta comme comportant une surenchère d’un bœuf-igissûm par rapport à la mine d’argent offerte par Idin-Dagan, puisqu’il semble que les gouverneurs devaient de toute façon acquitter le don d’un bœuf gras.

    426

    Jean-Marie DURAND

    son éviction semble avoir été la nomination d’Idin-Dagan, fils de YantaKim75, (l.11). C'était d'ailleurs lui qui, après avoir fait ses preuves à âbatum, aurait dû avoir le poste, selon [A.1951]. Il n'est pas dit d'où venait la mine d'argent versée par Idin-Dagan, mais il est possible que quelqu'un de haut placé la lui ait fournie. Il y a eu, de plus, une affaire fâcheuse (l. 20-22) sur laquelle Aham-nûta n'est pas explicite et que l'on ne peut reconstituer qu'approximativement. Une brèche (bitqum, le terme n'a pas d'autre sens dans ces textes) avait été colmatée suite aux plaintes des (exploitants) mâr sim'al, sur injonction du roi, grâce à du travail forcé imposé à des prisonniers, ce qui avait entraîné des pertes humaines. La défense d'Aham-nûta semble être qu'ils auraient de toute façon trouvé la mort dans la prison royale76, mais qu'elle aurait été sans utilité. Ces prisonniers à qui l’on avait assigné un très lourd travail forcé ne devaient pas être n'importe qui et les familles avaient dû se plaindre.

    La seconde protestation d'Aham-nûta concerne la mission donnée à Rip'î-Lîm de contrôler ses opérations (l. 37-38). Dans [A.3362] il est question de malversations sur le commerce du grain et de l'huile, donc sur des opérations avec les centres commerciaux d'amont, soi-disant surveillées par les agents de Sumhu-rabi. Dans [A.3585+], il s'agit de la remise en état de la Forteresse de Yahdun-Lîm et de refaire une ville d'un lieu qui avait dû être totalement ruiné. Sans doute le travail portait-il avant tout sur la restauration des murailles, ce que devrait signifier l’expression âlam âti aur uallim de [A.3585+]: 33 qui reprend le plus général âlamki bàd Yahdullimki êpu udannin des l. 30-31. D'ailleurs, à son retour, dit Aham-nûta, le roi « verra la ville » (l. 36), c'est-à-dire qu'il constatera qu'il y a désormais un centre urbain là où il n'y avait plus rien. On trouve la même affirmation dans des documents envoyés par Sumuhadû. Il est possible qu'il s'agisse des mêmes travaux, repris par Sumu-hadû. En descendant de Tuttul pour gagner Terqa, le roi était passé par la Forteresse de Yahdun-Lîm et avait dû en constater le délabrement. C’était l’époque où ûrî-la-rîm était en fonctions. Peut-être Aham-nûta avait-il majoré le prix des travaux à son profit et la mission confiée à Rip'îLîm en tant de voisin des lieux visait-elle à aller voir ce qui se passait. Aham-nûta parle effectivement de la confiance (qêpûtum, l. 40) qui ne lui est plus accordée dans la « maison du roi », c'est-à-dire dans l'administration centrale. Le fait de confier l'administration du lieu à Rip'î-Lîm était une recommandation de Habdû.ma-Dagan, d'avant Sumhu-rabi, mais rien n'indique qu'elle ait été suivie d'effet. 202 [A.3585+A.3810] Aham-nûta au roi. Depuis 2 ans qu'il a été nommé à la Forteresse de Yahdun-Lîm, Aham-nûta en a refait un centre urbain. Pourtant, il a été évincé par Idin-Dagan qui a acheté son poste. Aham-nûta se défend (de façon allusive) contre des dénigrements. Zimrî-Lîm, victorieux, verra à son retour son travail. Pourquoi Rip'î-Lîm lui a-t-il été envoyé pour le contrôler? Aham-nûta demande à venir au service direct du roi car il ne peut supporter la tutelle d'un Rip'î-Lîm. [a-n]a be-lí- ia bíma qíum-ma a-ha-am(AN)-nu-ta ìr-k[a]-[a]ma a-lu-[ú]-a-ni i-nu-ma a-na bàd i[a-ah-du-li-imki] be-lí i-ku-na-an-ni a-lam° bàd ia-ah-du-li-imki a-ú-u[r-ma]

    2 4 6

    75

    Le nom n'a pas d'explication évidente. ARMT XVI/1 analyse le NP en Yan-Takim (de fait d’après ARCHIBAB Yantaqim est un nominatif, non le génitif de *Yantaqimum). TaKim entre effectivement dans une bonne série onomastique, mais que signifierait Yan-? Dans OLA 162/1, p. 679, il a été proposé de comprendre Ya'ilTaqim et de voir dans taKim un terme *taqîmum « belliqueux ». Peut-être cependant YantaKim est-il à séparer de cette série et doit-il être lu Yantaqim, « Il s'est vengé » ( NQM) ? Non liquet. Ce YantaKim était un « gouverneur de district » du RHM selon ARMT XVI/1, p. 22 citant ARM IV 22, 44 et ARM V 48, sous le règne de Yasmah-Addu ; cf. également, P. Villard, « Les Administrateurs de l'époque de Yasmah-Addu », Amurru 2, p. 92, 130. 76

    Le terme de nêpârum entraîne la glose (explicite) ibittum.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    427

    8

    ar-ni ù hi-ì-ti mi-im-ma ú-ul [i-ba-a]-i wa-ar-ka-nu-um i-din-dda-gan 10 dumu ia-an-ta-qí-im [i]l-li-kam-ma 1 ma-na kù-UD a-na be-lí-ia 12 [i]d-di-in-m[a i]-qú-ul-[u-um ù a-um] kù-babar a a-na be-[lí-i]a [id-di-nu-ma i-qú-lu] 14 i-na la ar-ni-ia ù l[a hi-ì-ti-ia] be-lí i-ia-ti ú-da-[ap-pí-ir-ma] I i-din-dda-gan i-[ku-un] 16 bi-it-qum a i-tu i-na u-m[i x-kam] 18 a-di u-mi-im an-ni-i-im be-lí [i-pu-ru-ma] ù dumu si-im-a-al ú-da-ab-b[i-b]u 20 []a-l[im] am-[m]i-nim i-na a a-hi-im na-d[i-i]m Tr. ù la na-a-ri-[i]m an-ni-tum 22 in-77-pí-i um-ma-an lú-me-e u-nu i-na ne-pa-ri-im i-na i-bi-i[t-ti] Rev. 24 be-lí-ia i-mu-tu mi-im-ma-ma-[an] be-lí ù ma-a-at be-lí-ia ú-da-ab-bi-[bu] 26 i-na-an-na i-tu a-ad-da-aq-de-em be-lí a-na bàd ia-ah-du-li-imki 28 i-ku-na-an-ni-ma a-na kaskal u-ul-mi-im be-lí lu- il-li-ik ù i-na u-ul-mi-im 30 lu-ú i-tu-ra-am a-lamki bàd ia-ah-du-li-imki e-pu-ú ú-da-an-ni-in 32 ù a-di be-lí i-tu-ra-am a-lam a-ti a-ú-ur {X} ú-a-al-lim 34 [1-u 2-]u 3-u be-lí du-um-mu-qa-t[i-ia i-mu-ur] [i-na-an-n]a i-nu-ma be-lí i-il-la-kam 36 [uruki ]a-a-ti be-lí i-im-ma-ar [mi-n]u-um i-du-um-ma I ri-ip-i-l 38 be-lí ú-wa-e-ra-a-u-ma i-ru-da-a-u ù a-na eb-bu-ti-ia be-lí i-ku-na-a-u 40 a-di ki ma-í u-mi qé-pu-ti i-na é be-lí-ia la il-le-eq-qí-ma be-lí eb-ba-am 42 a-ia-i-im i-ku-naam i-na-an-na um-ma li-ib-bi be-lí-ia 44 be-lí li-i-pu-ra-am-ma lu-ul-li-ik-ma it-ti be-lí-ia lu-un-na-me-er 46 ù e-ep {BE} be-lí-ia lu-ú-i-iq Tr. ma-ti-ma i-na qa-at ri-ip-i-li-i[m] 48 a-na-ku ú-ul a-al-la-ak 36 i-na é be-lí-ia a-na-ku ra-bu-um-[ma] [a-r]a-ab-bi ú-pa° e-he-ru-um a-a-ah-[ha-ar] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Aham-nûtaa), ton serviteur. Cela va faire la troisième annéeb) que 6 mon seigneur m'a installé 5 à la Forteresse de Yahdun7 Lîm. J'ai assuré la protection de la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 8 sans qu'il y ait de ma part faute ni manquement. 9 Ensuite, Idin-Dagan, 10 fils de Yantaqim, 11 est venu ici et 1 mine d'argent à mon seigneur 12 il a donné et payéc). Alors, à cause de l'argent 13 qu'il avait donné et payé à mon seigneur, 15 mon sei5

    77

    La fin du IN se présente comme un NI, ce qui explique l'omission du signe NI.

    428

    Jean-Marie DURAND

    gneur m'a fait déguerpir, moi, 14 sans que j'aie commis de faute ni de manquement, 15 et 16 il a installé Idin-Dagan. 17 La brèche qui depuis le xd) 18 jusqu'à aujourd'hui, a fait l'objet d'une lettre de mon seigneur et de plaintes des Mâr sim'alites, 20 ça vae). Pourquoi 21 celaf) 22 s'est-il produit 20à cause d'une négligence 21 et d’un manque de surveillance? 22 Si ces hommes 24 étaient morts 23 dans le nêpârum (ou) dans la prison de 24 mon seigneur, 25 mon seigneur et le pays de mon seigneur 24 auraient-ils eu sujet 25 de se plaindre ? 26 Maintenant, 27 mon seigneur 28 m'a nommé 27 à la Forteresse de Yahdun-Lim 26 depuis l'année dernière, et 29 étant certes allé 28 à une expédition sans problèmes, 30 il (en) est revenu 29 sans problèmes. 31 J'ai (re)construit et fortifié 30 la ville, Forteresse de Yahdun-Lim. 32 En outre, jusqu'au retour de mon seigneur, 33 j'ai assuré la garde et le salut 32 de cette ville. 34 À plusieurs reprises, mon seigneur a constaté mes bons servicesg). 35 Maintenant, lorsque mon seigneur viendra, 36 il verra cette ville.37 Que signifie donc que 38 mon seigneur a donné mission en ce qui me concerne et m'a dépêché 37 Rip'î-Lîm ? 39 En outre, il me l'a installé pour m'expertiserh) ! 40 Quand donc me 41 fera-t-on 40 confiance dans la maison de mon seigneuri) , que 41 mon seigneur 42 m'ait imposé, à moi, 41 un expert ! 43 En fait, plaise à mon seigneur 44 de me signifier de venir 45 me rencontrer avec lui, pour qu'alors je baise le pied de mon seigneur ! 47 Jamais 48 je ne saurais accomplir mon service 47 sous les ordresj) de Rip'î-Lîm : 46 (ce n'est que) chez mon seigneur que j'accepterai(s) d'être 47 une autorité ou au contrairek) d'être un subordonnél). a) La valeur AM pour AN est attestée dans A.2224 : 14. Mais cette forme Ahan- pourrait faire réapparaître une nunation qui était employée à l'époque dite des akkanakkum et qui devait représenter le véritable usage des Bords-de-l'Euphrate. De la même façon, on trouve occasionnellement une écriture Hâlun-rabi pour Hâlum-rabi ou Abimekin pour Abimekim (cf. p. 483, n. 1). Cf. ci-dessous note j) sur un éventuel usage de pa = fa de l'arabe. Le texte révèle ainsi plusieurs dialectalismes qui détonnent dans les habitudes des scribes de Mari. b) aluani (construit sur la L, « trois ») est traduit par CAD /1, p. 285b, « the year before last ». C'est un terme rare en paléo-babylonien (AbB 1 125: 10), connu surtout par Nuzi et les textes néo-assyriens. c) L'usage juxtaposé de NDN et de QL indique que le paiement a été réellement effectué ( QL) et n'a pas été qu'une promesse, ce qui donne une indication sur le sens réel de NDN qui peut n'indiquer qu'un paiement partiel, voire une simple promesse. d) Pour cette expression « itu ina…», sans doute « depuis le courant de…», cf. ARMT XXVI 298: 48 itu ina u-mi-u marat = « depuis le courant de ce jour-là, elle est malade ». e) Pour bitqum alim, cf. ARM VI 1 (= LAPO 17 820): 31 ; il n’y a pas ici une forme de sekêrum. f) annîtum = « Cette affaire que tu sais ». Pour ce sens de annûm, cf. LAPO 18, index, p. 543b. g) Dummuqâtum a le sens d'exploits, dans le sens de « bonnes actions pour quelqu’un ». Les lú-me-e mudammiqû peuvent ainsi désigner les « anciens combattants ». Cf. LAPO 16, p. 463 et 18, p. 347. h) Ces exemples de ebbûtum et ebbum sont importants pour la bonne compréhension du rôle décisif joué par l'ebbum dans l'appréciation d'un travail pour l'administration royale : ce technicien à qui l'on demande son avis sur un travail fourni par un administratif a la plupart du temps des aspects de ce que l'on appelle aujourd'hui un « prud'homme », soit quelqu'un dont on sollicite l’arbitrage autorisé sur une question technique. Ici, le contexte polémique suggèrerait même un sens de « contrôleur ». i) En mot à mot : « Jusqu'à combien de jours confiance en moi ne sera pas prise dans la demeure (= l’administration) de mon seigneur? » j) En mot à mot « aller dans la main de ». L'expression renvoie à ina qât NP qui désigne dans un texte administratif la responsabilité d'une autorité. Le verbe alâkum indique qu'Aham-nûta avait conscience d'accomplir ce que l'on appelle en Babylonie un ilkum. k) On note ici ú-pa au lieu de ulu attendu. Il peut s'agir d'une simple négligence scribale (cf. l. 24 ?) avec un LU non fini, mais aussi de ù + pa équivalent du ap documenté à Ébla (cf. Edzard, ARET II, p. 48) « che indica appunto conseguenza, contrapposizione oppure cambiamento di soggetto » (merci à J. Pasquali), soit le fa de l'arabe. La fin du texte est très emphatique avec ses expressions qui recourent à l'infinitif en -ma, mais on notera le curieux ehêrum-ma aah[har] avec son mélange dialectal de formes, avec et sans Umlaut. l) On note ici rabûm « être une autorité » et ehêrum « être minoré, être sous la tutelle de quelqu'un ».

    La lettre [A.3362], qui est de la même époque que [A.3585+], illustre le genre de problèmes qui pouvaient surgir dans les emporiums du royaume. La Forteresse de Yahdun-Lîm, avec ses villes satellitaires, était le point d'entrée des marchandises d'amont, tout particulièrement pour le vin et l'huile (d'olive) en provenance de Carkémish et d'Imâr, le royaume étant quasiment dépourvu de telles res-

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    429

    sources, malgré les efforts pour y acclimater la vigne et la pratique de la culture du sésame. On se doute qu'Aham-nûta y avait des intérêts commerciaux. En l'occurrence, il a dû être soupçonné par l'administration centrale d'avoir fait ses affaires lors des tractations commerciales concernant les jarres d'huile et de vin, intéressement exprimé par qâtum ba'îtum. L'accusateur a certainement été Sumhu-rabi, le gouverneur de Saggâratum qui, en tant qu'autorité locale, a envoyé des prud'hommes estimer la réalité des échanges. On voit par là qu'ils n'étaient que trois embarqués sur la flottille commerciale et sans doute accompagnaient-ils les marchands depuis Imâr où ils avaient pu contrôler l'embarquement. On avait dû accuser Aham-nûta de détourner les produits du commerce vers ses propres entrepôts pour les faire enchérir et les revendre à gros profit. Il lui faut en effet expliquer pourquoi les biens commercialisés se trouvaient à la Forteresse. Il en est réduit à arguer de la nécessité de les mettre à l'abri (l. 10, tukkul) et jure que toute activité commerciale est le fait uniquement des gens du port (l. 10, les lúme-e kar-ta), car ni lui ni les gens de la Forteresse (sans doute faut-il comprendre par là ses collègues) ne trempent dans le circuit commercial. Aham-nûta se jugeait l'autorité la plus haute dans le district de la citadelle et préférait une démission à une mise en tutelle. Ce n'est qu'au sein de la « maison du roi », (l. 36) qu'il accepterait d'être un dignitaire de premier rang ou un subordonné (cf. l. 36-37). 203 [A.3362] Aham-nûta au roi. Le roi lui a envoyé une lettre en termes désagréables au sujet de bateaux de vin et d'huile, l'accusant plus ou moins d'avoir fait ses affaires, ce dont se défend Aham-nûta qui voit là l'action malveillante de Sumhu-rabi. (…) Autre sujet : Aham-nûta ne peut plus supporter les empiètements d'un Rip'î-Lîm et préfère abandonner son poste pour se consacrer désormais au service du roi.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18

    [a-na be]-lí-ia qí-bí-ma um-ma a-ha-am-nu-ta ìr-ka-a-ma a-um gi -má-há a dug ge tin ù ì a i-tu i-ma-arki ur-da-nim be-lí ú-a-am-ri-a-am-ma i-pu-ra-am um-ma be-lí-ma qa-tam ba-i-tam ta-a-ku-un-ma dug ge tin ù ì ta-a-am mi-im-ma a-na-ku dug ge tin ù ì ú-ul a-a-am ù ma-am-ma-an i-na bàdki ia-ah-du-li-im dug ge tin ú-ul i-a-am ge tin i-na a-limki [t]u-uk-ku-ul-ma dumu-me-e kar-ta lu-ú i-a-mu ù i-n[a ge ]tin i-a-mu 3 lú eb-bu-tum a su-um-hu-ra-bi i-na gi -má-há ra-ak-bu i-na an-né-tim-ma wa-ar-ka-at a-wa-ti-ia ka-li-i-na be-lí i-[di] am-mi-nim su-um-hu-ra-bi wa-at-ra-tim ù kar-í-ia i-na la i-di a-na be-lí-ia i-pu-ur ki-ma gi e?-[…] [o o be-lí l]u-ú i-di i-n[a-an-na ……] (F. = 4+Tr. = 3?+ Rev. = 4)

    2' 4' 6'

    uz-ni la [i-pe-et-tu-ú ki-ma ……] be-lí i-di [………………………] i-du-ú […………………………] 3 dug ge tin n[i…………………..] a-ni-tam ke-em [ri-ip-i-li-im iq-bé-e-em] um-ma u-ma ki-[ma … a a-lim] ù ha-al-í-im [………]

    430

    Jean-Marie DURAND

    8'

    tu-a-ab-ba-al-[i-nu/na-ti lu-ú i-di] am-mi-nim tu-a-ab-[ba-al-i-nu/na-ti] mi-nu-um a-pí-ú-ti i-na [a]-l[im a-t]u-ma e-li-u mar-a-ku ù pa-ha-at ha-al-í-im tu-ur°-as-sú-um um-ma li-ib-bi be-lí-ia a-na e-er be-lí-ia lu-ut-ta-al-kam ù i-na re-e be-lí-ia-ma lu-uz-zi-iz ù u-ú a-ki-in-u li-i-ku-un

    10' 12' 14'

    (Reste anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Au sujet des bateaux (chargés) de jarres de vin et d'huile 4 qui sont venus en aval depuis Imâr, 5 mon seigneur m'a envoyé un message désagréable, 6 disant : « 7 Tu as eu ta part de marchéa) 6 dans les achats de jarres de vin et d'huile. » 7 Moi, 8 je n'ai acheté 7 nulle 8 jarre de vin ni d'huile. En outre, nul 9 à la Forteresse de YahdunLîm n'a acheté de jarres de vin. 10 Le vin est en sécurité dans la ville et (ce sont) les gens du port marchand 11 (qui) en ont acheté. Or, lorsque ils en ont acheté, 12 (il y avait) trois prud'hommes de Sumhu-rabi 13 embarqués dans les bateaux. C'est de cette façon que 14 mon seigneur est au fait de toutes mes affaires. 15 Pourquoi Sumhu-rabi, 16 sans s'être informé, 17 a-t-il fait tenir à mon seigneur 16 des propos outranciers et mensongers à mon égard ? 17 Que …18 … mon seigneur le sait bien. Maintenant, … 3

    (Lacune d'une douzaine de l.)

    …1' sans que l'on m'en informe.

    2'

    Mon seigneur sait

    1'

    que …

    3'

    On(?) sait …

    4'

    3 jarres de vin

    nous… 5'

    Autre chosea) : Rip'î-Lîm m'a tenu ces propos : « 6' Que les… de la ville 7' et du district 8' tu les fais transporter, 8' je suis tout à fait au courant. 9' Pourquoi les fais-tu transporter ? » 10' Quelle valeur a mon autorité dans cette ville ? 11' Je lui suis odieux. En outre, l’administration 12' du district est devenue sienneb). Si cela agrée à mon seigneur, 13' je veux partir pour chez lui. 14’Je veux me mettre à son service 15' même. Alors, lui, qu'il installe son préposé. Bibliographie : cf. MARI 6, p. 63 & p. 77-79. Note : le document illustre le vocabulaire politique du début du règne : si âpium signifie alors « celui qui exerce le pouvoir », la direction de l'administration se disait pâhâtum78 et celui qui représentait le roi, exerçant localement l'autorité en son nom n'était qu'un aknum, terme que l'on retrouve plus tard pour désigner le vassal installé par son suzerain, puis, ultérieurement, le « gouverneur », à l'époque assyrienne surtout, comme akin mâti. a) Avis contraire de N. Ziegler et N. Wasserman, NABU 1996/14, que je ne partage pas. b) Tout ce passage est étroitement parallèle aux doléances d'Aham-nûta auprès du roi dans [A.3585+A.3810] concernant un contrôle arbitral (ebbûtum) par Rip'î-Lîm de ses activités. Il est difficile, vu les cassures, de savoir à quoi ou à qui renvoie le pronom suffixe pluriel, inû/âti, l. 8' (et 9') Peut-être doit-on simplement suppléer awâtum, et tuabbal signifie-t-il « tu colportes ». c) tu-ur-as-sú-um doit être une mégraphie pour *tûrat+ um. Pour ce sens de târum « to become one’s posession», cf. CAD T, p. 259b.

    7.2.3.5 La fin d'Aham-nûta Dans sa lettre [A.3585+] Aham-nûta indiquait qu'il était en fonction depuis 2 ans où il lui a fallu compter avec Idin-Dagan et Rip'î-Lîm. Son éviction des affaires n'a pas dû se produire immédiatement puisqu'on a dans son courrier des allusions à la fin de la révolte.

    78

    À époque ultérieure le bêl pâhâti est la désignation du « gouverneur». Le terme est dérivé de la racine qui a donné pûhum « échange », mais à l'époque amorrite, c'est le plénipotentiaire qui est désigné par l'expression kîma pagrim.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    431

    7.2.3.5.1 Aham-nûta au temps de la seconde rébellion Son activité à la Forteresse de Yahdun-Lîm a en effet duré au moins jusqu’à la seconde rébellion des Mâr yamîna. [M.13036], envoyée depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm, est importante pour la chronologie, même si son contenu est pour une bonne part perdu. Elle donne en effet un synchronisme entre l'administrateur de la Forteresse de Yahdun-Lîm et « La-nasûm, hazzannum de Tuttul », à un moment où manifestement le corps expéditionnaire conduit par Yaggih-Addu occupait la ville de Manûhatân, dans la région du Halabît. Aham-nûta était donc toujours en poste pendant cette seconde révolte des Mâr yamîna. Le représentant mariote à Tuttul faisait rapport sur la situation locale : Yaggih-Addu s'était enfermé dans Manûhatân avec un corps expéditionnaire venu d'E nunna. De façon normale, celui qui hébergeait le messager de passage se faisait donner des nouvelles et prévenait de son côté le roi. Ahamnûta n'agit donc pas ici différemment d'un Yaqqim-Addu de Saggâratum ou de ses collègues de Qaunân. 204 [M.13036] Aham-nûta au roi. Nabi-ama , messager de La-nasûm est porteur de nouvelles sur les forces de Yaggih-Addu à Manûhatân. Il a continué sa route vers le roi qui pourra l'interroger.

    2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24 26 C. 28

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma [u]m-ma a-ha-am-nu-t[a] [ì]rka-a -ma [bàd]ki ia-ah-du-lim a-lim [ha]-al-ú-um a-lim I na-bi-dutu [du]mu i-ip-ri-im a la-na-su°-yi lú ha-í-ia-nim a tu-ut-tu-[u]lki []a 1-u 2-u a-na e-er [be-lí-ia] [i]l-li-k[u u[-ma-am] [a]-na bàdki i[a-ah-du-li-im] [ik]-u-[dam] [um-ma u-ú-ma] [I ia-g]i-ih-[dIM …] [o-o] x [……] [o o o] x x x [o o o] x x x [lú pí-ih-rum ka-l]u-u-nu [ù lú-diri]-ga-me-e [a a]-bi ma-a[t è] -n[un-n]aki [ú-ul] i-ba-a-i [ù ru]-ku-us-ma [qa-du]-um 20 a-bi-im [i-na ma-n]u-ha-ta-[a]nki wa-i-ib []e-[m]a-am an-né-em [i]d-bu-[ba]-am a-nu-um-ma a-na e-er be-li-ia [i]t-ta-al-kam [e-e]m-[u] be-lí [li-a-al] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur.

    432

    Jean-Marie DURAND 4

    La forteresse de Yahdun-Lîm va bien. Le district va bien. Nabi-ama , messager de La-nasûm 8 le représentant (hazzannum) à Tuttul, 9 qui par deux fois 10 est allé 9 chez mon seigneur, 11 est arrivé à la Forteresse de Yahdun-Lîm 10 aujourd'huia). 12 Il a dit : 13 « Yaggih-Addu, 14-16… 17 Les conscrits eux tous 18 et les isolés 19 des gens d'Enunna 20 ne sont plus là. 21 Mais, il est bien approvisionnéb) et 22 avec une troupe de vingt hommes 23 il se trouve à Manûhatân. » 24 Telles (sont) les nouvelles 25 (qu')il m'a dites. 26 Voilà qu'27 il est parti 26 chez mon seigneur. 29 Mon seigneur doit lui demander 28 les nouvelles qu'il a. 6

    a) Ou peut-être « le … » avec une date précise, à lire u[ x-kam]. b) Cf. DBP s.v. (A.4269: 52) sá-sag ru-ku-us-sú-um = « pourvoie-le de rations alimentaires ».

    7.2.3.5.2 Après la démission Les deux textes qui suivent, déjà publiés, sont importants pour connaître la situation d'Ahamnûta après sa démission. C’est une lettre envoyée à Zimrî-Lîm par Yaqqim-Addu, gouverneur de Saggâratum, avec sa version courte à l’intention du secrétaire royal (ministre), û-nuhra-hâlu. YaqqimAddu fait en réalité allusion à une vieille affaire (l. 5). Après avoir commencé sa carrière comme intendant (abu bîtim) à Hi amta, selon ARM XXVI 6 : 50-5279, Yaqqim-Addu a pu recevoir une affectation à la capitale à moins qu'il n’y fût que de passage au moment auquel il fait allusion. À cette époque-là — ou à cette occasion-là —, il avait assisté au refus d'Aham-nûta, qui avait été chassé de ses fonctions de cheikh de la Forteresse de Yahdun-Lîm, de les assumer désormais. Le souvenir historique du début de la lettre au roi manque totalement dans le résumé adressé au secrétaire royal. Yaqqim-Addu pouvait avoir en vue quelqu'un d'autre (l. 22-25) mais jugeait expédient de ne pas oublier celui qui désormais faisait partie de l’entourage royal. Nul nom n'est proposé et le gouverneur ne fait qu'envisager la possibilité qu'Aham-nûta persiste dans son refus de revenir, ce qui semble d'ailleurs avoir été le cas. Si Aham-nûta a connu l’honneur d'y être administrateur pour le roi, il ne saurait revenir à la Forteresse pour y jouer un rôle subalterne. Devenu gouverneur de Saggâratum, Yaqqim-Addu qui s'était vu attribuer aussi la zone de la Forteresse a donc envisagé — plus ou moins sincèrement — de s'assurer la collaboration d'Aham-nûta. Pour la date de cette proposition, il faut d’une part tenir compte qu'entre le gouvernorat de Sumhu-rabi et celui de Yaqqim-Addu, Itûr-Asdû était passé par Saggâratum ; c'était sans doute Sumhu-rabi qui avait fait quitter son poste à Aham-nûta en l'accusant de prévarications. Si l'affaire, d'autre part, est en copie à û-nuhra-hâlû, le document ARM XIV 46 devrait être d'après la mort de Sammêtar, événement de la fin de ZL 5'. Sans doute la position (ou le souvenir ?) d'Aham-nûta était-elle toujours forte à la Forteresse. Le laputtûm de la Forteresse, chargé des affaires civiles, tout particulièrement de l'organisation des équipes de travail80, était alors un certain Ma hum, « consigné » à Saggâratum, chef-lieu du gouvernorat. Il a fait l'objet d'un rapport particulier (cf. l. 14-15) qui devait être circonstancié puisqu'il a tenu sur « des tablettes » — donc faire l'objet de plusieurs lettres. Nous n'en sommes cependant pas plus renseignés. On voit incidemment que le laputtûm pouvait exercer ses fonctions sans la présence d'un sugâgum. L'absence des deux relais entre son autorité et les problèmes locaux était dommageable pour l’administration du gouverneur, car la Forteresse de Yahdun-Lîm était loin de Saggâratum. 205 [A.724] Yaqqim-Addu au roi. Rappel de la mauvaise humeur d'Aham-nûta, après la perte de sa fonction de cheikh de la Forteresse. À l'heure actuelle, le chef des travaux Ma hum est également absent de son

    79

    Il était question qu'il y fût remplacé par Bêl- unu. Il est cependant difficile de se retrouver dans ce dédale de nominations et de dé-nominations, conséquences de la mauvaise humeur de Bannum, dans ARM XXVI 6. Il est possible que Yaqqim-Addu n'ait pas retrouvé son poste de Hi amta mais ait été plutôt affecté au Palais de Mari, une fois le roi revenu victorieux du Nord. 80

    Cf. mes observations dans les Mélanges pour J.-R. Kupper, 1990, p. 151.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    433

    poste. Il faut que le roi incite Aham-nûta à aller reprendre ses fonctions, ou qu’il nomme un fonctionnaire de confiance.

    2 4 6 8 10 12 14 Rev 16 18 20 22 24

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ia-qí-im-dIM ìr-ka-a-ma i-nu-ma i-na ma-riki wa-a-ba-ku igi be-lí-ia a-ha-am-nu-t[a] ki-a-am {X} iq-bi um-ma-a-mi su-ga-gu-ut bàdki {X} ia-ah-du-li-im {X X} ú-ul e-ep-pé-{X}-e {X} du-pu-ra-ku a a-ka-nim li-[i]-ku-nu i-na-an-na a-um e-mi-i[m] a a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-a[m] I ma-a-hu-um lú-nu-banda a-bu-ul-la-tim ka-li ù a-ha-am-nu-ta i-na ma-riki-ma a-lum bàdki ia-ah-du-li-im [n]a-di i-na-an-na I {X} a-ha-am-nu-ta be-lí li-na-a'-'ì-id-ma a-na bàdki ia-ah-du-li-im li-it-ta-al-kam um-ma a-ha-am-nu-ta la i-ma-ga-ar 1 lú ták-lam a bàdki ia-ah-du-li-im ú-a-al-la-mu be-lí li-wa-e-ra-a-u-ma li-i-ru-da-a-u

    Bibliographie : publié comme ARM XIV 46 ; cf. LAPO 16 82. Beaucoup de signes marqués comme mal conservés par l'éditeur sont en fait intacts. La tablette comporte plusieurs repentirs. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton serviteur. Lorsque je me trouvais à Mari, 6 Aham-nûta 7 a dit 6 en présence de mon seigneur, ceci : « 9 Je n’exercerai plus 7 la charge de cheikh de 8 la Forteresse de Yahdun-Lim : 10 je m'en trouve démis. Qu’ilsa) nomment qui ils veulent ! » 11 À l’heure actuelle, pour la raison 12 dont 13 j’ai informé 12 mon seigneur, 14 Ma hum, le chef des travaux, est consigné. 16 Or, Aham-nûta (se trouve) à Mari. 17 La ville, Forteresse de Yahdun-Lim, est sans autoritésb). 18 Maintenant, 19 mon seigneur doit attirer l'attention 18 d’Aham-nûta 21 sur la nécessité de 21 (re)partir pour la Forteresse de Yahdun-Lim. 21 S’il 22 n’en est pas d’accord, 24 mon seigneur doit donner ses instructions 22 à un homme de confiance 23 qui gardera en bon état la Forteresse de Yahdun-Lim 24 et 25 me l’expédier. 5

    a) On attendrait ici « Que mon seigneur nomme qui il veut » (bêlî likun). Ce pluriel montre que la nomination n’est pas le seul fait du roi, mais aussi de la population locale qui a effectivement son mot à dire. Le passage pourrait indiquer que le cheikh a été démis à cause de son impopularité. b) Le fait que la ville soit sans autorités municipales la fait assimiler à un champ mis en jachère.

    Un texte parallèle à celui-ci, représente la version destinée au ministre û-nuhra-hâlu. 206 [A.3205] Yaqqim-Addu à û-nuhra-hâlu. Il faut attirer l'attention du roi sur les tablettes qui parlent de Ma hum. Le roi doit inciter Aham-nûta à reprendre ses fonctions.

    434

    Jean-Marie DURAND a-na u-nu-uh-ra-ha-lu qíbíma um-ma ia-qí-im-dIM ra-im-[k]a-a-ma e-em up-pa-tim a a-um I ma-a-hi-im a-na lugal ú-a-bi-lam lugal u-qí-i[l] me-he-er up-pa-ti-ia ar-hi-i u-bi-lam a-ni-tam a-um e-mi-i[m] []a a-na lugal a-pu-ra-am Ima-a-hu-um a-bu-ul sa-ga-ra-timki ka-li ù a-[ha-am-nu-ta] i-na ma-riki-ma wa-i-ib a-na lugal qí-bí-ma I a-ha-am-nu-ta lugal li-na-'ì-id-ma a-na bàdki ia-ah-du-li-im li-it-ta-al-kam a-lumki u-ú na-di

    2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18

    1

    Dis à û-nuhra-hâlû : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton ami. Attire l’attention du roi 4 sur les tablettes qu'au sujet 5 de Ma hum 6 je 5 lui 6 ai fait porter ; 8 envoie-moi rapidement7 réponse à mes tablettes. 9 Autre chose : pour la raison 10 que j’ai écrite au roi, 11 Ma hum 13 est consigné 12 à Saggâratum. 13 Or Aham-nûta 14 se trouve à Mari. 15 Parle au roi 16 pour qu’il exhorte Aham-nûta 18 à (re)partir 19 pour la Forteresse de Yahdun-Lim : 19 cette ville est sans autorités. 6

    Bibliographie : publié par M. Bonechi et A. Catagnoti, dans FM II 23, p. 55-56.

    7.2.3 Les textes de Rip'î-Lîm81 « Rip'î-Lîm » est un nom nettement occidental et le fait que cet anthroponyme comporte le terme lîmum (li'mum) peut indiquer que celui qui le portait appartenait à l'aristocratie mâr sim'al. Il se pourrait aussi, puisque son fils — mal attesté par les archives, peut-être parce que vivant ailleurs qu'à Mari — s'appelait Abêrah (cf. [A.2615+]), que Rip'î-Lîm ait été le grand-père de Yasîm-sumu, l'un des personnages-clefs de l'administration de Zimrî-Lîm82. C'est peut-être cet apparentement (que l'on ne peut que conjecturer) qui lui aurait donné sous la dynastie mâr sim'al son importance dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. ARM XVI/1, p. 175 se contentait de le caractériser comme un « haut fonctionnaire » à partir de sa lettre citée dans « Iasm. 138 » (= A.575), soit un bref extrait que F. Thureau-Dangin avait repéré dans les transcriptions de G. Dossin. L’importance de l’individu était confirmée par le document administratif A.3718 (= ARM XXIII 243: 25) où il était mentionné à l'occasion d'un banquet royal, parmi une longue série de messagers et quelques personnalités importantes de l'époque. Au nombre des rares personnes nommément désignées par ce texte il y avait, outre lui-même, le roi Hâyu-Sûmu (Hâya-sûmû, ARMT XVI/1) et la mère du roi Addu-dûrî. Si chacun avait droit à un malakum, lui, en revanche, n'avait reçu qu'une miertum, ce qui le montre d'un rang autre que les personnes royales. On ne voit pas dans ce texte être présents d'autres grands serviteurs, comme les gouverneurs ou les membres principaux de l'administration centrale. 81

    Ne sont pas publiés ici 5 textes (M.7466, M.9006, M.9273, M.13975, M.14657). Il s’agit de petits fragments dont il ne reste que l'incipit. 82

    Cf. ici-même, p. 242 et n. 45.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    435

    Il était encore mentionné dans le document administratif M.8547 (= ARM XXX, p. 524), avec des gens que l'on sait avoir été, à un moment ou un autre, parmi les plus hauts personnages du royaume : Kibrî-Dagan (qui devait devenir gouverneur de Terqa) ; Itûr-Asdû (à Mari, puis gouverneur de Saggâratum, et ensuite de Nahur) ; Zakirahammu (qui devait devenir gouverneur de Qaunân) ; ama -nâir affecté à Terqa (cf. ARMT XXVI 196 : 3) et qui a été— selon ARMT XXVI 179 : 9 — l'abu bîtim de Kibrî-Dagan ; Enlil-îpu et Yaqqim-Addu, des abu bîtim de Hi amta, selon ARMT XXVI 5, au moins à tour de rôle, au début du règne de Zimrî-Lîm — ou à la fin de celui de Yasmah-Addu — avant que le dernier ne devienne gouverneur de Saggâratum. Le texte administratif M.8547 doit donc être du début du règne de Zimrî-Lîm. Tous ces gens livraient des étoffes sur le district de Mari, et ne semblent pas encore dans les importantes fonctions qu'on leur connaît. Le texte date peut-être même de l'époque de Bannum.

    Rip'î-Lîm est encore mentionné par ARM XXIV 6 dans une tablette de récupération de terrains83 avec plusieurs personnages repris sous le générique lú su-ga-gume-e a ha-na[me-e …84]. Ce texte doit dater du début du règne de Zimrî-Lîm, d'après les gens mentionnés. Cela concorde avec [A.1240] où Kunaniya, vers la fin du RHM, compte Rip'î-Lîm parmi les cheikhs du district de Saggâratum. 7.2.3.1 Avant Zimrî-Lîm Les informations sur Rip'î-Lîm remontent en fait assez haut dans notre documentation. Le texte juridique ARM VIII 63 qui date de Sumu-Yamam (intronisation + fortifications à Halabît) est sa plus ancienne mention (l. 28). Les témoins des actes juridiques appartiennent souvent à la haute société et constituent un petit monde d'aristocrates ou d’administratifs. Quand Rip'î-Lîm réapparaît sous le règne de Zimrî-Lîm, après son séjour à Qana, il s'agit donc d'un homme assez âgé dont nous n'avons plus d'attestations dans le cours du règne de Zimrî-Lîm, malgré son importance. La lettre [A.2615+M.11069] de Sumu-hadû permet une rétrospective de la vie de Rip’î-Lîm. Ce texte qui semble avoir été rédigé après la mort du notable, à l'occasion d'une contestation de son héritage, donne des renseignements sur lui85. Il s'était exilé à Qana pendant dix ans, soit la première partie du règne de Yasmah-Addu, puisqu’il était encore à Mari sous le très bref règne de Sumu-Yamam. Rip'î-Lîm devait être du nombre des opposants à Samsî-Addu. La lettre de Kunaniya le montre en revanche de nouveau au royaume de Mari et faisant partie des cheikhs de la province de Saggâratum. Son retour a pu avoir lieu dans l'éponymat d'Ikûn-pîya, soit une dizaine d'années après la prise de Mari. On voit également dans [A.2615+M.11069] que Rip'î-Lîm a reconnu comme siens, outre son aîné Abêrah, les deux bâtards de son épouse, U ta nêl et Dagan-pilah, alors qu'il a engendré à son retour, deux nouveaux enfants (jumeaux ?), Samsêrah et Ummî-Nikkal. Dans ARM VIII 50, on trouve un Abêrah garant d'un U ta nêl pour un prêt d'argent consenti par un Asqûdum. Ce texte est daté d'un éponyme, qui, selon MARI 1, 112 et [p. 132], peut être lu A ur-malik ou Awîliya, donc de 5 ou 4 ans antérieur à la chute du RHM. S'il ne s'agit pas là d'une rencontre onomastique singulière, on peut retrouver dans ce texte l'U ta nêl, adopté par Ri'pî-Lîm, qui aurait bénéficié de la garantie de son demi-frère aîné. En admettant que cet U ta nêl soit né immédiatement après le départ de Rip'î-Lîm, soit en Hâyu-Malik, il aurait eu 13 ans en A ur-malik, mais 14 ans en Awîliya86. Le jeune âge de l'emprunteur pourrait expliquer que son frère aîné se porte garant, même si l'on comprendrait mieux une intervention du père. Nous ne savons pas, néanmoins, dans quelles conditions ce prêt a été contracté auprès d'Asqûdum (ce dernier pouvant être le devin que l'on connaît par ailleurs).

    Il existe une référence à un « Rip'î-Lîm de Hurrân » dans ARM XXII 22287 (texte de l'éponymat [qui a suivi celui (?)] de âb-illi-A ur88, donc de la [toute] fin du règne de Yasmah-Addu) à l'occasion

    83

    Lire vii 3, [ih]-ha-ar-[ú]; il ne s'agissait pas, comme le croyait l'éditeur, d'un simple « relevé cadastral ».

    84

    Sans doute à distinguer de ceux qui occupent les l. 21'-24', également des cheikhs de Bédouins, mais d'un autre clan. Il pourrait s'agir d'une opposition yabasa/aarugâyu. 85

    Cf. p. 240 sq, où sont exposés les faits résumés ici.

    86

    En lisant l'éponyme de ARM VIII 50 a-du-ba-ni — ce qui suppose que « Addu » fût écrit phonétiquement et non pas dIM — l'emprunteur aurait eu 16 ans. 87

    Texte repris dans ARMT XXXII, p. 201-202.

    436

    Jean-Marie DURAND

    de distributions d'armes. Hurrân est une ville du secteur où Rip’î-Lîm est actif sous Zimrî-Lîm et les toponymes qui y sont mentionnés font référence à la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce texte ne date certes pas le retour de l'exilé volontaire depuis Qana, mais l'atteste sous le RHM. 7.2.3.2 Au service de Zimrî-Lîm Le lieu d'activité de Rip'î-Lîm — et la zone géographique à laquelle il appartiendrait89 — indique la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il n’est pas sûr néanmoins que toutes les lettres que nous avons de lui l’attestent comme fonctionnaire royal. Il a pu envoyer des missives suite à sa position de cheikh ou à ses rapports personnels avec le roi. Il semble avoir été assez tôt, puisque cela remonterait à Bannum lui-même, chargé d’une mission militaire à la Forteresse, donc du commandement des forces armées, alors que le pouvoir administratif et/ou économique était confié à Aham-nûta. [M.9706] mentionne Bannum et [A.575] spécifie que Zimrî-Lîm vient de monter sur son trône. [A.605] est un texte contemporain de Samu-ila alors que ce dernier était à Terqa, au moment du couronnement, et [A.2201] est une lettre conjointe avec lui. Tous ces documents sont donc d’avant la mi-ZL 1. Dans [M.14551] il est explicitement dit que le roi l'a envoyé à la Forteresse de Yahdun-Lîm avec comme mission d’organiser « la garde du district et des commandos » (l. 5-8). [M.11301] qui arrête pour des raisons de travaux agricoles une cinquantaine d’hommes amenés par ûrî-la-rîm appartient au moment où Zimrî-Lîm prépare sa grande expédition en Haute-Djéziré, donc date de la première partie de ZL 1 et devrait être assez proche de [M.9706]. Le document est en accord avec les directives de Bannum de ne pas bouger et de rester assurer la sécurité et la mise en valeur de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il montre l’importance du commandant des forces militaires dans la réalisation des travaux agricoles, dans la mesure où c’est lui qui a le contrôle de la force de travail humain. Il n'est pas impossible, en revanche, que [M.14551] montre que Zimrî-Lîm lui en a voulu de ne pas avoir participé à l’expédition militaire. Cela expliquerait que Rip'î-Lîm n'ait pas été convoqué à la (seconde) Fête d'E tar qui a suivi le retour victorieux et a été, de ce fait, tenu en quarantaine alors que tous les grands serviteurs étaient présents aux festivités. Bannum, il est vrai, avait entre temps disparu. [A.4269] traite de tribulations de déportés de Qirdahat. Le document est difficile à situer de façon précise, mais la prise de l’important centre de Haute-Djéziré date de la campagne du roi de Mari dont parlent les documents [M.11301] et [M.14551. Le texte est donc postérieur à la mi-ZL 1. Selon [A.3550] la population devait se replier dans la Forteresse, mesure qui relève du commandant et Rip’î-lîm collaborait avec Aham-nûta. Il s’agissait sans doute de prévenir la tentative des Mâr yamîna de s’emparer de la Forteresse alors que l’armée de Mari devait aller à l’alliance d’E nunna contre Rapiqum. Habdû.ma-Dagan (cf. [M.5421]) a parlé de l'installer à la place d'Aham-nûta. Cela accroissait les responsabilités du commandant militaire mais, comme Yanibum était également évoqué, peut-être ce dernier devait-il faire perdurer la distinction entre administration et commandement militaire. Des lettres datent certainement d'après la révolte des Mâr yamîna, comme [A.7534] qui parle des rois de la première génération en fuite. [A.144] qui mentionne des offres de reddition des « ennemis90 » et [A.3452] qui annonce la fin de la rébellion montrent que Rip'î-Lîm est alors l'autorité qui permet le contact avec le roi (cf. [A.144]: 9-13). Rip'î-Lîm a alors manifestement le pas sur Aham-nûta. Des lettres (mal situables) comme A.2903 et M.7657 sont d’une nette tonalité administrative. Une charge de gouverneur peut expliquer qu'il soit accusé dans [A.3878] d'avoir chassé un percepteur

    88 Vu l'étendue de la cassure du début de la l. de l'éponymie, il n'est pas exclu en effet qu'il faille plutôt lire [li-mu a egir à-ab-íl]-lí-e-tár. 89 90

    Pour le lieu, également de ce district, Nihad, dont pourrait être originaire son épouse, cf. p. 241.

    Ce terme d'« ennemis » doit désigner des Mâr yamîna plutôt que des restes de troupes du RHM, car « l’hostilité » (nukurtum) désigne aussi les troubles de la rébellion. Vu la date très haute de cette correspondance, les deux interprétations restent également possibles.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    437

    des douanes-mâkisum, ce qui peut être également un indice qu'il avait remplacé Idin-Dagan qui avait été nommé à la Forteresse aux côtés d'Aham-nûta. Enfin, on le voit chargé d'une mission diplomatique par Zimrî-Lîm. Un Rip'î-Lîm est en effet mentionné par [A.434], lettre de Sammêtar91 qui parle de paix à instaurer entre Ti -ulme, roi de Mardamân, et Nanip- awri, roi de Haburatum, à qui Bahlu-gâyim avait d'abord été envoyé en ambassadeur. Les deux hommes sont mentionnés dans la liste des cheikhs établie par Kunaniya. Deux dignitaires de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm se sont donc vu confier une mission extraordinaire dans la partie nord-est de la Haute-Djéziré. Pour que le roi de Mari intervienne si loin à l’Est, il faut supposer que l’événement se passe après l’affrontement d’E nunna et d’Ékallatum et le déclin définitif de cette dernière. Ce texte serait ainsi un des derniers à mentionner Rip’î-Lîm. Cette mission a dû avoir lieu à la fin du gouvernorat de Sumhu-rabi à Saggâratum, comme le montre [A.434], la lettre de Sammêtar, qui mentionne Sumhu-rabi. C’est l’époque où Sammêtar est aux affaires à Mari et où son fils Kibrî-Dagan lui a succédé à Terqa. Il n’est pas impossible que, confiée à un homme certainement vieillissant, cette ambassade ait permis de rattacher administrativement la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm au territoire de Saggâratum. Elle marque en tout cas la fin des attestations de Rip'î-Lîm. Sans doute Aham-nûta était-il resté en fonction à la Forteresse. Un départ vers la région du Nord-Est de Rip'î-Lîm expliquerait qu'il n'y ait pas chez lui de mention de Tuttul, ni d'allusions à Lanasûm, alors qu’Aham-nûta mentionne le hazzannum de Tuttul. Il est impossible dans l’état de la documentation de décider si les adversaires ont été séparés et si l’Administration centrale a mis fin aux fonctions des deux en appelant Aham-nûta aux services de la capitale et en chargeant Rip’î-Lîm d’une mission honorifique. Le notable a pu mourir lors de cette ambassade ou dès son retour92. Sumu-hadû, en tout cas, doit lui avoir survécu puisque sa lettre [A.2615+] n’a de sens que si elle traite d’une contestation portant sur l’héritage que laissait le notable. La mort de Sumhu-rabi qui devait suivre de peu devait amener au gouvernorat de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm Itûr-Asdu, puis Yaqqim-Addu qui aurait bien voulu faire revenir à la Forteresse de Yahdun-Lîm Aham-nûta, désormais à Mari et, manifestement, aigri par son expérience. 7.2.3.2.1 Le début du règne Rip'î-Lîm était un personnage important qui n'avait pas besoin d'une charge officielle pour exister et qui, avec le simple rang de cheikh, devait avoir une grande aura personnelle. Il n’est donc pas étonnant que des solliciteurs soient passés par lui pour avoir accès au roi. Tel est le cas vraisemblablement de [A.575] où un fugitif essaie de revenir à Mari. L'affaire est typique du début du règne. C'est sans doute aussi au titre de chef d'une communauté bédouine de la région de Terqa qu'il s'occupait avec Samu-ila d'affaires d'irrigation. [M.11301] date non seulement d'avant la nomination à Terqa de Sammêtar, mais aussi de la période où l'on préparait l'expédition contre Kahat (l. 9). 207 [A.575] Rip'î-Lîm au roi. Histoire du soldat Nûr-ili- u, ancien serviteur de la maison de Yahdun-Lîm, qui s'était enfui auprès de Samsî-Addu. À l'annonce de l'accession au trône de Zimrî-Lîm, il s'est sauvé d'Ékallatum où on ne faisait pas attention à lui pour reprendre du service à Mari. Il s'en remet totalement à Rip'î-Lîm. Depuis, sur les conseils de ce dernier, il attend la décision du roi. L'homme manque de tout. a-na qí-

    2

    be-líbí-

    ia ma

    91

    Il s'agirait d'une des premières lettres de Sammêtar arrivé aux affaires centrales à Mari.

    92

    Il ne semble pas y avoir dans les archives palatiales de lettre de Rip’î-Lîm concernant cette ambassade.

    438

    Jean-Marie DURAND

    u[m-m]a ri-ip-i-li-im 4 ìrka-a- ma I nu-úr-ì-lí-u lú-aga-ús 6 a i-tu é-kál-la-timki in-na-bi-tam i-na a-wa-tim ki-a-am i-ba-ta-an-ni 8 um-[m]a-mi at-ta ti-di [i-t]u pa-na wa-ar-du-um a é ia-ah-du-li-im 10 [a-na-k]u ù a-na é dutu-i-dIM [na-a-b]u-tum- an-na-bi-it 12 [ù i-na ma-t]im-ma ka-li-a [ul ip-qí-du]-ni-ni 14 [ù a-]um zi-im-ri-li-im Tr. [a-na gi -g]u-za é a-bi-u 16 [e-re-eb-u] e-me-[ma] [ù ki-a-am aq-b]i-[ma] Rev. 18 [um-ma a-na-ku]-ma [i-tu é-kál-la-timk]i an-na-bi-tam 20 ul-[la-nu-um] é be-lí-ia ú-u[l p]a-aq-da-ku 22 ú-lu wa-a-i-ra-an-ni-ma lu-ut-ta-la-ak ú-la-u-ma a e-li-ka à-bu93 24 an-ni-tam mu-ru-u li-ib-bi-u ma-ah-ri-ia i-ku-un 26 a-na-ku ke-em a-pu-ul um-ma a-na-ku-ma na-ak-li a-yi-a-a-ma la ta-la-ak 28 a-di e-em-ka a-na e-er [be-lí-i]a a-a-ap-pa-r[u] 30 [i-na]-an-na lú u-ú m[i-i]m-ma [ú-ul p]a-qí-id be-ri Tr. 32 [ú-ul i]t-ta-[al-kam] ù a-na-ku-ma ka-le-[ek-u] 34 an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-[am] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Nûr-ili- u, un soldat, 6 qui s'est enfui d'Ékallatum, 8 m'a entrepris en ces termes : « Tu le sais ; 9 précédemment, 10 j'(étais) 9 au service dea) Yahdun-Lîm. 10 Or, 11 je m'étais enfui 10 chez Samsî-Addu. 12 Or nulle part dans le pays 13 on ne m'a donné d’affectation. 14 Alors, au sujet de Zimrî-Lîm, 16 j'ai appris qu'il était entré 13 sur le trône ancestral. 17 Alors je (me suis) dit ceci : 19 “Je vais m'enfuir d’Ékallatumb).20 À part chez mon seigneur, 21 je n'ai (pas) de ressourcec).” 22 Ou bien laisse-moi libre de partir (pour chez mon seigneur), 23 ou sinon (fais-moi) ce qu'il te plaira ! » 24 Voilà les doléances 25 qu'il a exposées par devers moi. 26 Moi, j’ai fait cette réponse : « 27 Reste ! Ne va nulle part, 28 en attendant que 29 j'écrive 28 à ton sujet chez 29 mon seigneur ! » 30 Maintenant, cet homme 31 n'a pas de ressources ; il meurt de faim. 32 Il n'est pas parti. 33 Donc, moi, je le garde. 35 Mon seigneur doit me faire savoir 34 ce qu'il en est. 5

    93

    Peut-être manque-t-il ici du texte, , mais le côté est conservé sans cassure.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    439

    Bibliographie : cette tablette a été citée pour ses l. 8 à 11, d'après une transcription de G. Dossin, par F. ThureauDangin, dans RA 34, 1937, p. 138, ainsi que par D. Charpin, CRRAI 43, 1998, p. 98, n. 26. a) é = bîtum a ici le sens d’« État », ou est une notation pour ekallum. Cf. l'expression é dti pak ou la désignation par é des États de Mari et de Qana par Samsî-Addu (cf. ARM I 77 = LAPO 18, 1005). b) Lire sans doute annabbit. Je dois la lecture du début de la ligne à D. Charpin. c) En tant que soldat, il devait recevoir une piqittum. C'est sans doute ce qu'il faut comprendre derrière l'expression ûl paqdâku. Cf. l. 13 et 21.

    Le texte [M.9706], l’un des plus anciens du dossier puisqu'il mentionne Bannum, est sans doute du moment de l'expédition de Kahat (l. 13) à laquelle Rip’î-Lîm était convié (l. 5-6) sans y participer néanmoins. On connaît les plaintes du roi de Mari de n'avoir été alors suivi que par Asqûdum. Bannum a dû vouloir que les responsables restent à leurs tâches. Rip'î-Lîm était déjà chargé de responsabilités militaires dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Les arguments utilisés par Bannum semblent avoir été, d’abord, que l’armée avait déjà une grosse avance (l. 12-13) ; ensuite, qu’il fallait s’occuper de l'irrigation. Rip’î-Lîm était chargé des ressources humaines de la région mais la mise en valeur des terres pouvait ne concerner que le lieu dont Rip'î-Lîm était cheikh. 208 [M.9706] Rip'î-Lîm au roi. C’est Bannum qui lui avait demandé de ne pas bouger et de ne pas aller à l'expédition royale pour rester accomplir les travaux nécessaires sur place. Il y a des terrains à inonder. [a-na] be-lí-ia [qí-bí]- ma [um-ma r]i-ip-i-li-im [ìr-ka-a]ma [be-lí a-]um a-la-ki-ia [a-na m]a-riki [i-p]u-raam I [ ] ba-an-nu-um [ik-l]a-an-ni [um-ma-m]i an-na-n[u-u]m [i-ib-ma i-na-an-na] [be-el-ni ma-la-ak] [x b]é-er dha-bu-ur a-bi-it [a]t-ta ta-at-ta-la-ak-ma [ma]-an-nu-um []i-ip-ra-am ú-e-pé-e mi-im-ma la ta-la-ak an-na-nu-um-ma i-ip-ra-am [up]íi [a-u]m gán:- à94 a a-bi-[i]m [mé-e ]a-ba-{MI95}-sú-[um]

    2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18 Tr 20 C

    (anépigraphe.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Mon seigneur 7 m'avait demandé 5 de venir 6 à Mari. 8 Bannum 9 m'(en) avait retenu, 10 disant: « 11 Reste 10 où tu es. 11 En ce moment, 12 notre seigneur 13 se trouve avoir parcouru sur le Habura) x doubles lieues. 5

    94

    GÁN:À serait une mégraphie pour a- à-gán (interversion de signes).

    95

    Le signe est érasé. Ce « MI » peut être une indication d’un écriture mé-e, non me-e au début de la ligne.

    440

    Jean-Marie DURAND 14

    Toi, si tu t'en vas, 15 qui 16 va faire accomplir le travail ? 17 Ne bouge pas. 19 Fais accomplir 18 là où tu es le travail. 20 Au sujet du terroir à inonderb), 21 prends l’eau pour lui. » a) L’utilisation du déterminatif divin devant le nom du fleuve Habur est un unicum. BT est couramment employé avec harrânum, ûdum ou urhum pour signifier « prendre la route », mais avec bêrum « double lieue », l’usage mariote serait de recourir à mâlakum, « distance ». b) Le verbe abûm qui signifie « recouvrir d'eau un champ » (cf. ARM 6 2 et 3 = LAPO 17 814 et 815) se présente ici comme abâ'um.

    Le moment de [M.11301] est déterminé par l'annonce de la mobilisation pour l'expédition royale, ce qui devrait indiquer la première partie de ZL 1. Rip'î-Lîm a le pouvoir de retenir à des fins d'irrigation des serviteurs du Palais. Cette lettre est de même tonalité que [M.9706]. 209 [M.11301] Rip'î-Lîm au roi. Du fait des travaux d'irrigation à effectuer, Rip'î-Lîm a arrêté les 50 serviteurs du Palais que ûrî-la-rîm devait amener à l'expédition royale.

    2 4 6 8 10

    a-na be-lí-i[a] qí-bí- m[a] um-ma ri-ip-i-li-im ìrka-a- ma I ú-ri-la-ri-im 50 lú-lú é-kál-lim i-re-ed-di um-ma a-na-ku-ma a-yi-i an-nu-ut-tim um-ma u-ma a-[n]a ka[skal be-lí]-ia [e-re-ed]-di [um-ma la e-re-e]d-di (F. = 4 l. ; Tr. = 2 ? l. ; Rev. = 4 l.)

    2’ 4’ 6’ 8’ 10’

    ù um-ma a-bu-um an-[nu-ú-um] la ik-ka-la-ma tap-pu-tam la i-l[a-ak-ma] ù bi-it-qum u-ú la-ma e-bu-[ri-im] la ik-ka-{Z[I]}-í-ir wa-ar-ka-nu-um mi-im-ma e-pé-a-am ú-ul ni-le-i 4 me-at -a- à u-ú mi-ik-ra-am i-be-er-ri a-um ki-a-am á-ta-al-ma a-ba-am u-nu-ti ak-la an-ni-tam be-lí lu-ú i-di 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur.

    ûrî-la-rîm 7 conduisait 6 50 serviteurs du Palais. 7 Je (lui) ai dit: « 8 Où (conduis-tu) ces gens ? » 9 Il a dit : Je (les) conduis à l'expédition de mon seigneur. Si je ne les conduis pas… » 5

    (Lacune de 3 l.) 1'

    Or, si cette troupe 2' n'est pas retenue et ne vient pas en renfort et 3' qu'alors cette brèche avant la moisson 4' n'est pas colmatée, 5' après, 6' nous ne pourrons (plus) 5' rien 6' faire. 7'(il y a) 400 arpents de terrain 8' (qui) sont en manque 7' d'irrigation. Y 9' ayant réfléchi, 10' j'ai empêché de partir 9' cette troupe. 10' Mon seigneur est maintenant informé de cela.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    441

    Les anecdotes de [A.4269] concernent des événements de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce document appartient au début du règne puisque ûrî-la-rîm y est mentionné, mais le roi a déjà pris Qirdahat, un épisode de la campagne contre Kahat. Le texte doit donc être du milieu de ZL 1. La première histoire rapporte la mésaventure de 4 déportés de Qirdahat qui voulaient rentrer chez eux, ce qui montre la fragilité du système de déportations. La prise de Qirdahat étant du début du règne de Zimrî-Lîm96, la mention de ses déportés situe en gros la lettre de Rip'î-Lîm. Après avoir chargé des ânes de grain, les fugitifs avaient entrepris de remonter le cours de l'Euphrate, jusqu'à un gué pour traverser le fleuve. La navigation fluviale étant bien attestée entre Imâr et Ganibatum, on était sans doute à un moment d’étiage. La lettre montre l'insécurité de la région, à l'amont de la Forteresse de YahdunLîm, surtout sur la rive gauche, car les fugitifs se sont fait attaquer près de la forteresse, du fait qu'ils avaient dû quitter la grand route (gerrum), afin d'éviter les baa‘âtum qui interceptaient les suspects dont les déplacements n'avaient pas été autorisés par l'autorité. Ces gens semblent d’ailleurs avoir été lancés à leur poursuite (l. 15-16). Il est difficile aujourd'hui de savoir qui avait agressé les fugitifs, mais que le nom des agresseurs ne soit pas mentionné donne à penser que c’était le fait de locaux. Les autres sujets de la lettre relèvent de la gestion courante d'un fonctionnaire royal. Il fallait, d'abord, pourvoir la capitale en productions locales, en l'occurrence (sans doute à des fins de constructions) en bois et roseaux secs, sujet récurrent dans cette correspondance (cf. [A.605]). Le fait que ces derniers soient encore « verts » (rabum) pourrait être une indication sur le moment de l'année. L'envoi à la capitale est exprimé au moyen de sakâpum, ce qui, à Mari, désigne une expédition par bateau, plus que par flottation. Il est ensuite question de l'approvisionnement de gens d'un ambassadeur babylonien, retour d'amont, sans doute un envoyé vers Alep ou Carkémish, dont Mari assurait l'entretien en route. On voit là le souci de se montrer gracieux envers la puissance du sud du royaume. C'est sans doute parce qu'ils ne sont que de passage (êtiqtum) que ûrî-la-rîm fait des difficultés (l. 56-59) et demande à recevoir un message explicite du roi sur ce que devaient recevoir les étrangers (l. 59). ûrî-la-rîm était apparemment à la tête des réserves du palais et considérait qu'il n'avait pas d'ordre à recevoir d'un Rip'î-Lîm pour des réserves dont il était tenu comptable, ce qui est le propre d'un intendant (abu bîtim). Rip'î-Lîm envisageait dès lors de défrayer les ambassadeurs sur ses biens propres, ce qui pourrait expliquer l'expression des l. 47-48. Il fallait que le roi fût informé que le défraiement des ambassadeurs avait incombé à un particulier, non au Palais local. 210 [A.4269] Rip'î-Lîm au roi. Récit de l'attaque de quatre déportés de Qirdahat qui s'étaient enfuis de la Forteresse et ont été ramenés par les baa‘âtum. Rip'î-Lîm rappelle à l'ordre les déportés. Affaires locales : approvisionnement de la capitale en bois et roseaux secs ; entretien des messagers d'amont : obstruction faite par ûrî-la-rîm.

    2 4 6 8

    a-na be-lí-ia qí-[bí-ma] um-ma ri-ip-i-li-i[m] ìrka-a- m[a] i-na lú-me-e na-si-hi a i-[tu] qa°-ar°-da-ha-at i il-le-qú-n[im] ù be-lí i-na bàd ia-ah-du-l[i-im] ú-e-i-ib°-u-nu-ti i-na li-ib-bi-u-[nu] 4 lú-me-e an e-há e-em ú-ma-al-lu-ma it-ta-al-ku i-na ku-ta-ri-im

    96 Pour cet événement, cf. D. Charpin-N. Ziegler, FM V, p. 188 et notes afférentes ; la lettre A.3558 est citée par M. Guichard dans FM VI, p. 152, n. 132. Pour la déportation d'habitants de Qirdahat, cf. ARM XXVIII 150.

    442

    Jean-Marie DURAND

    10

    i-bi-ru ge-er-ra-am i-zi-bu-ma ar-ri ih-mi-ru-ma it-[ta-al-k]u 12 i-nu-ma a- à 2 bé-er il-l[i-ku] i-hi-ú-u-nu-ti-ma a-di [na-pí-i-ti-im] 14 i-du-ku-u-nu-ti i-na na-pí-[i-tim] l[ú-m]e-e []u-nu ú-ú-ú à ma-a-[a-ra-tim] 16 [o o o o]-mi97-ma wa-ar-ki-u-nu ú-[wa-ir-ma] [lú-me-e na-si-hi] ú-ka-a-i-du-[ma] 18 [………]98 lú° né-eh-ra-rum [it-ti-u-nu (?)] 20 i-tu-ra-am e-nu-us-sú-[nu] ma-li il-qú-nim ú-te-er-[ru-nim] Tr. 22 lú-ZI°na-si-hi99 ka-lu°100-u-[nu] ú-pa-hi-ir ki-a-am 24 ad-bu-ub-u-nu-i-[im] Rev. um-ma a-na-ku-[ma] 26 be-lí zi-im-[ri-li-im ………] [be]-lí zi-im-[ri-li-im …] 28 [……………] [……………] 30 an-n[i-tam ad-bu-ub-u-nu-i-im] i-na-an-n[a a-na e-er be-lí-ia] 32 a-ta-ap-ra-a[m-ma ù be-lí] lu-ú i-di a-n[i-tam be-lí] 34 a-um gi-há gi -há [ab-lu-tim]101 [i]-pu-ra-am um-ma-[a-mi] 36 la-ma siskur-re [e-tár] ar-hi-i a-na ma-[riki li-ik-u-du-niml 38 [a]n-ni-tam be-lí i-pu-ra-{AM}-a[m] i-na-an-na gi-há ab-lu-tum ú-ul i-[ba-a-i] 40 gi-há ra-a-bu-tim-ma e-pu-ú ù a-sà-ka-pa-am 42 u-nu- {X X } -[t]i- {AM} (sic!) a-ni-tam dumu-me-e i-[ip-ri a i]-tu 44 e-le-nu-um i-la-[ku-nim] sá-sag°-u-nu ú-[ul ma-ah-ru-ma] 46 [u]t-ta-az-z[a-mu sá-sag-há-u-nu] ú-a-ab-[ba-al-u-nu-i] Tr. 48 a-na ur-[ra-am e-ra-am] be-lí lu-ú [i-di a-um dumu i-ip-ri] I ha-am-mu-ra-b[i be-lí i-pu-ra-am] 50 um-ma-mi az-z[i-im dumu-me-e i-ip-ri-u] C. i 52 ù az-zi-im ni-i-u-nu sá-sag ru-ku-us-sú-um-ma° 54 lu-ú ka-a-ia-na-an!102 97

    Lire [mu-a-al-li]-mi ? Toute la ligne semble sur érasures.

    98

    À l'endroit du joint, la ligne a complètement disparu.

    99

    Il s'agit d'une bévue pour lú-me-e , ou de l'emploi de ZI = nasâhum, glosé par le na-sí-hi qui suit.

    100

    On attendrait plutôt ka-la-u-nu.

    101

    Restauré d'après la l. 38.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    56 ii 58 60

    443

    an-ni-tam be-lí i[-p]u-[r]a-am i-na-an-na ú-ri-[la-r]i-im ik-u-dam um-ma u-[ma a-di lu]gal i-a-pa-[r]a-am sá-sa[g i-na]-tu ú-ul a-na-di-in a-[na e-er b]e-lí-i[a] a-ta-ap-ra-am be-lí [ o o o i]-u-ú i-na-an-na be-lí l[u-ú i]-di 1

    Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Rip'î-Lîm, ton serviteur. Parmi les déportés qui 5 ont été pris 5 sur Qirdahat 6 et que mon seigneur 7 a mis à résidence 6 à la Forteresse de Yahdun-Lîm, 7 parmi eux, 8 4 individus, ayant chargéa) de grain des ânes, 9 s'en sont allés. 10 Ils ont traversé 9 au kutarumb). 10 Ils avaient quitté la (grand) routec) et, 11rapidement/par les flachesd), ils sont partis en se cachante). 12 Alors qu'ils avaient cheminé deux doubles lieues, on les a agressés et on a failli 14 les tuerf). 15 Ces individus ont sauvé 14 leur vieg). Parmi les gardes, 16 j’avais envoyé à leur poursuite des escorteurs. 17 Ils avaient poursuivi les déportés et 18…h) 19 La troupe de secours 20 m'est revenue 19 avec eux. 21 Ils m'ont ramené 20 leurs affaires, 21 tout ce qu'ils avaient pris. 23 J'ai rassemblé 22 tous les déportés. 23 Voici ce que 24 je leur ai dit : « 26 Mon seigneur Zimrî-Lîm… ; 27 mon seigneur Zimrî-Lîm…i) 28-29… » 30 Voilà ce que je leur ai dit. 31 Maintenant, 32 j'envoie un message 31 chez mon seigneur. 32 Mon seigneur est donc informé. Autre chose : mon seigneur 35 m'a envoyé un message(r) 34 au sujet de roseaux et de bois secs, 34 me disant : « 37 Ils doivent m'arriver vite à Mari, 36 avant le sacrifice d'Etar! » 38 Voilà ce que mon seigneur m’a écrit. 39 Maintenant, il n'y a pas de roseaux secs ; 40 ce sont donc des roseaux encore verts 41 dont j'ai fait des bottesj). Alors, j'ai envoyé par bateau 42 ceux-làk). 43 Autre chose : « Les messagers qui 44 arrivent 43de (la région) 44 d'amont, 45 se trouvent ne pas recevoir leurs rations alimentaires et 46 s'en plaignent. 47 Je vais leur faire porter 46 leurs rations 48 tôt ou tardl). 49 Mon seigneur est informé. Au sujet de l'envoyé de 50 Hammu-rabim), mon seigneur m'avait envoyé un message(r) 51 disant : 51 « En fonction de (ce qui est fait pour) les messagers 52 et en fonction de leurs gensn) 53 pourvoie-leo) de rations alimentaires et 54cela, régulièrement ! » 55 Voilà le message que mon seigneur m'avait envoyé. 56 Maintenant, ûrî-la-rîm 57 m'est arrivé et il a dit : « Tant que le roi 58 ne m'envoie pas un message(r), 59 je ne donnerai pas 58 ces rations. 60 J'envoie donc un message(r) 59 chez mon seigneur. Mon seigneur a …p). » 60 Maintenant, mon seigneur est informé. 4

    a) Mullûm se dit de « charger un animal » ; cf. CAD M/1,p. 185a (f). Les exemples appartiennent surtout au corpus paléoassyrien. b) ku-ta-ri-im (la lecture est sûre) désigne sans doute le moyen de passer au plus vite pour sur l'autre rive. Cela étant, faute de parallèle, la forme en est obscure. — S'il s'agit d'un substantif, il peut désigner un « raccourci » comme un gué. — Mais on peut aussi considérer ce mot comme un infinitif de karûm, la forme D ayant le sens de « to make shorter », CAD K, p. 230a, en parlant du temps. Dans le cas d'une forme verbale, on aurait cependant ana, sans doute, non ina. — Il peut s'agir enfin d'un lieu-dit ou d'une expression géographique, à lire éventuellement qú-ta-ru ( QR), etc. Il existe, par ailleurs, dans les textes néo-assyriens un terme rare, ku-da-ru (CAD K, p. 492 s.v. kudru) qui désignerait « a topographical feature ». Si les deux termes ku-TA-ru et ku-DA-ru sont apparentés, il faudrait les considérer comme notant kuarum. Non liquet. c) Dans ce contexte gerrum signifie « la grand route», soit l'axe de circulation emprunté par ceux qui se déplaçaient et qui ne pouvait que faire l'objet d'une surveillance policière. d) Pour le sens de arri, cf. LAPO 17, p. 226 où j'avais renoncé à un adverbe arri « rapidement », (avec référence à ARM XXVI/1 169, p. 345h), pour « en passant par les flaches » (arrî), c'est-à-dire par le lit même du fleuve, les « flaches » (ou « flaques ») désignant des creux à eaux stagnantes, un endroit moins fréquenté, mais où l'on s'expose à de mauvaises rencontres. Le terme arrum serait ainsi une variante dialectale de yarrum, le ya- initial pouvant effectivement être réduit à a-. même dans les formes verbales comme le montrent certains noms propres. Le 102

    Le signe AN est réduit à un simple A.

    444

    Jean-Marie DURAND

    présent exemple était d'ailleurs cité, ibid., p. 226. Mais, l'arabe 'RR (arra) à la forme VIII signifie « se dépêcher » ou « faire aller vite son animal ». Dans son édition, Letters to the King of Mari, W. Heimpel, p. 240, ne traduit pas le terme. J. Sasson dans son From the Archives of Mar et di, ne reprend pas le texte. Le drame a dû se produire sur la rive gauche de l'Euphrate (cf. l. 10, où il est dit « ils ont traversé », ‘BR) après seulement deux doubles heures de marche. Les gens de Qirdahat, tentant sûrement de rejoindre leur ville, devaient se proposer de passer au plus tôt en rive gauche. e) Pour MR les dictionnaires ne connaissent que hamârum = « être sec » ou hemêrum = « briser », verbes plutôt employés au permansif et de sens peu exploitables ici. Le sens de « se cacher », que recommande le contexte, peut s'appuyer sur l'arabe amira « se cacher devant quelqu'un » …, l'expression ‘alä imrat signifiant d'ailleurs en arabe « en cachette ». f) Le verbe dâkum, traduit toujours par « tuer » en akkadien, signifie étymologiquement (et souvent en fait) « battre », ainsi que « triompher de », sens courant à Mari et analogue au français « battre militairement ». Pour le sens de l'expression adi napitim … dâkum, en mot à mot « rouer de coups jusqu'à tuer », donc pratiquement « manquer de tuer », cf. DBP s.v. inanna awîlum û uhârî-ia a ina atappi ramâni-ia eqlî iaqqû a-di na-pí-i-tim idûk û atappî iskir = « En fait, cet individu a roué de coups (frappé à les tuer) mes serviteurs qui irrigu(ai)ent mon champ avec la rigole qui était à moi ; alors, il a fermé ma rigole. » g) Pour l'expression cf. ARM III 71 : ina napitim uêm : LAPO 18 , p. 236 : « J'ai fui pour sauver ma vie » ; CAD N/1, p. 297b: « and escaped with my life ». h) Le texte disparu devait dire que l'arrivée des soldats les avait sauvés d'une mort certaine. i) Le discours aux déportés a entièrement disparu mais on peut supposer que le gouverneur leur a exposé les dangers qu'il y avait à quitter la sûreté de la citadelle. j) Il s'agit ici du verbe epêum = arabe afaa « rassembler », pour lequel voir B. Landsberger, Date Palm, p. 25, avec le sens de « tresser », renvoyant à l'hébreu b et à l'akkadien ebiu ([epi u]) k) Postposition de la forme tonique, après un verbe au ventif. l) Cf. pour cette expression, ARMT XXXIV ad [A.3878] 24-26 a-na ur-ra-a[m e-ra-am], a-na a-wa-tim [i-na-ti], [b]e-[l]í ú-zu-u[n-u li-i-ku-un], mais la place manque pour restaurer un strict parallèle. L'expression ana urram êram se retrouve dans ARM XXVIII 60: 37. Cette formulation avec ana et l'emploi de l'accusatif, n'était sans doute pas akkadienne. m) Il ne peut s'agir que de Hammu-rabi de Babylone car, à l'époque, le roi d'Alep est toujours Yarîm-Lîm et celui de Kurda toujours Simah-ilânê. n) Le terme de nîû, généralement utilisé pour désigner la « famille » d'un individu, signifie ici les gens qui accompagnent l'ambassadeur. o) Pour rakâsum à Mari concernant des rations, cf. A.4471, édité dans MARI 6, p. 291. Le sens « assigner un bien à quelqu'un » est connu à l'époque, au moins dans les domaines périphériques. p) Le texte pouvait faire référence à un document fixant le taux d’attribution.

    Le texte [M.5414] est de portée plus générale que le précédent et parle d'autres faits divers : la fuite de 20 soldats qui ont échappé aux recherches (l. 5-8) et le pillage de déportés, qui essayaient de rentrer chez eux, à l'amont de Bisan. Ces fuyards repartaient chez eux par des moyens de fortune, en se fabriquant des radeaux (l. 15, les mallû ? ) qui leur permettaient de passer par le fleuve, donc d'échapper à la route soumise à la surveillance des forces de police royales. L'anecdote montre le pillage de leurs biens (l. 20)—et même le massacre de l'un d'entre eux (l. 21-23) — sans doute par les locaux. C'est également à Bisan qu’a pu être attaquée la caravane de Yasmah-Addu, selon l'Épopée de Zimrî-Lîm103. Le bourg devait se trouver à un endroit du fleuve où les embarcations pouvaient être attaquées. Qui est appelé bêlî, l. 1 ? Plutôt que le roi (dont il est explicitement question dans [M.5414]), on pense à celui qui commandait alors la citadelle et, de ce fait, dirigeait les travaux, soit Sumu-hadû ou Aham-nûta. Yasaddel, laissé pour assurer le suivi des opérations, informerait son supérieur. La lettre, retrouvée dans les archives du Palais, y aurait été transmise pour information.

    211 [M.5414] Yasaddel à son « maître ». 10 soldats hors clans se sont enfuis. On les a poursuivis sans résultat. Tous les déportés de Qirdahat qui s'étaient sauvés par bateaux ont été repris. Razzia opérée sur eux en amont de Bisan. Il y a eu un mort. Le mur (de la Forteresse de Yahdun-Lîm) a été déblayé. 103

    Cf. M. Guichard, FM XIV, p. 36, ad i 23.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    445

    [a-n]a [be]-lí- [ia] [qí]bím[a] [um-m]a i-sà-a[d]-[d]i- [AN] 4 [ìr-k]a-ama [i-n]a pa-ni-tim 10 lú-diri-ga-me-e -ma 6 [i]n-na-b[i]-t[u] [a-na be-lí-i]a a-pu-ur-ma 8 [a-di ni-ha-d]i-iki ú-ka-a-i-du-u-[nu]-/ti [ú-ul i]n-na-am-ru 10 [i-na-an]-na i-na lú-me-e na-si-hi [a i]-tu qí-ir-da-ha-atki 12 [na-ás]-hunim [ka-lu]-ú i-a-ab-tu-ma Tr. 14 [gi -má-h]á-unu [ma]-a-ku ma-al-lu-ma Rev. 16 [i-na mu-uh-hi]-unu [e-nu-t]i-u-nu i-ku-nu-m[a] 18 [e-le]-nu-um bi-sa-an[ki] ma [i-hi]-tu-u-nu-ti20 [e-nu]-ti-u-nu [ú]-a-ad-d[u]-u-nu-t[i] [1 mi-tum i]-na li-ib-bi-u-nu 22 [a-ar l]ú-me-e a-hi-ti-u-nu [lu-ú t]u-muur 24 [an-né-tim (?)] be-lí lu-ú i-[di] [a-ni-ta]m a-lum bàd ia-ah-d[u]-/un-li-i[m] a-[lim] 26 é-kál-lum a-lim [bà]d na-si-ih 28 [an-ni-ta]m la an-ni-tam [me-hi-ir up]-pí-ia Tr. [be-lí li-i-p]u-ra-am-ma 30 [a …… lu-pu-ú] 2

    C.

    (sans doute anépigraphe)

    Dis à mon « maître » : ainsi parle Yasaddela), ton serviteur. 5 Naguère, 10 soldats supplétifs 6 s'étaient enfuis. 7 Je l'avais écrit à mon « maître » et 8 on les a poursuivis jusqu'à Nihadûb). 9 On ne les a pas aperçus. 10 Maintenant, parmi les déportés 11 qui 12 l’ont été 11 depuis Qirdahat, 13 tous ont été pris car 14 leurs bateaux 15 (c'étaient) des chartoures en peauxc) et 17 ils 17' avaient mis leurs affaires 16 dessus, mais, 18 à l’amont de Bisan 19 ils ont été razziés. 20 On leur a fait abandonner leurs affaires. 21 Il y a eu un mort parmi eux. 23 Il se trouve soigneusement dissimuléd) 22 chez ceux qui les ont razziés. 24 Mon « maître » est informé de cela. 25 Autre chose : la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, ça va ; 26 le palais, ça va. 27 Le mur a été enlevé ; 28 ce qu'il doit en être, mon « maître » doit me l'indiquer 29 en réponse à ma tablette 30 que je fasse ce qu'il me dira. 1

    a) Le NP i-sà-ad-di-AN est l'équivalent de celui qui est noté comme «Yasaddi-El » ailleurs à Mari. Le même homme104 est mentionné par Yaqqim-Addu dans ARM XIV 27 (= LAPO 18 996): 7. Il s'agit d'un individu affecté au district de Saggâratum, mais non à Saggâratum même, comme le supposait ARMT XVI/1, p. 228 (n°3). Son nom est un anthroponyme bédouin. Il est possible que ce soit le même que celui qui est attesté à Ya'il (op. cit., 104 Certainement à considérer désormais comme un NP, non un toponyme, malgré la présence d'un KI (peu sûr) sur la tablette de ARM XIV 27.

    446

    Jean-Marie DURAND

    n°5), mais manifestement il y a eu plusieurs porteurs de ce nom. D'après la teneur de sa lettre, on doit le considérer comme en charge de personnel dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il pouvait être un laputtûm. b) Le bourg de Na/ihad, à chercher à la limite entre la région de la Forteresse et le district de Terqa, convient pour le nombre de signes et leurs traces, mais n’est qu’une conjecture. c) « Chartoure » est une sorte de radeau qui servait aux transports de toutes sortes sur l’Euphrate. Pour mallûm = « chartoure », cf. Le Culte des pierres… = FM VIII, 2005, p. 14-15. Les spécimens sont décrits comme faits avec des bottes de paille (cf. RA XXXII, 1935, p. 10). J’ai supposé que makum + mallûm représentait une expression par juxtaposition signifiant « des peaux utilisées comme radeau ». Les fugitifs auraient donc essayé de confectionner des sortes de kéleks. Le texte est cependant mal conservé. d) Le verbe temêrum (l’arabe y répond par amara « enfouir, cacher sous la terre », ce qui devrait entraîner d’ailleurs une forme emêrum en akkadien) a dans les textes de Mari le sens de « cacher, dissimuler » — non d’« enterrer selon les rites », ce qui se dirait qebêrum —, comme le montre FM I, p. 82, l. 33 : 1 munus a-a-ti i-na in-nu-da at/-mì-ir-i où il est question de cacher une femme sous de la paille pour la dérober à des enquêteurs. De façon normale, t/imirtum désigne donc le trésor que l’on a caché dans le sol (cf. ARM VI 44 = LAPO 18 1047) et ARM X 58 ( = LAPO 18 1103 ). Le terme timrum (imrum ?) désigne la cachette de Dumu-zi, dans RA 69, p. 27, n° : 4, ou un procédé de cuisson du poisson ( izi-ta-ná.aku), « poisson qui a été cuit à l’étouffée », c’est-à-dire à l’abri de l’air. La forme D (t/ummurum) était attestée au sens figuré à Mari par ARMT XXVI 373 : 3 ( « dissimuler »).

    Un sujet identique à celui de [A.605] est traité dans [A.919] et [A.4269]. La région de Rip’î-Lîm était apparemment pourvoyeuse de menus bois et de joncs. Par ailleurs, la mention de Samu-ila marque la lettre comme antérieure à l'expédition de Kahat. Il n’est pas sûr que Rip’î-Lîm soit alors à la Forteresse. Il peut écrire de la ville dont il est cheikh et dont il doit protéger la moisson contre la crue. Il dépendrait alors de son gouverneur (Samu-ila) et aurait fait appel à la capitale devant l’immobilisme de ce dernier. Il n’y a nulle mention de Saggâratum. Le iprum dont il est question ici (l. 16, 19, 24) représente, selon [A.2201) celui qui était fait pour alimenter le canal-takkîrum suite à la baisse de niveau de la crue. Le nârum dont parle la l. 24, doit donc être non point l’Euphrate, mais le canal majeur d’alimentation en eau. 212 [A.605] Rip'î-Lîm au roi. Le roi avait demandé des roseaux et du bois à brûler. Il avait donc quitté le fleuve, mais c’était le moment de la moisson et le responsable de l’irrigation était inquiet. Samu-ila n'a envoyé personne en renfort au contraire d'Asqûdum. Tout le monde va faire la moisson et le canal est en bon état. On va s’occuper de ce que demande le roi. Le roi doit rappeler à l'ordre Samu-ila.

    2 4 6 8 10 12 Tr.14

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ri-ip-i-li-im ìr-ka-a-ma be-lí a-na gi-há ù gi u-ur-pí-im i-pu-ra-am i-tu na-ri-im ap-ú-ra-am-ma a-na e-bu-ri-im na-ru-um mi-lum ù sé-ke-ru-um i-hi-i a-n[a s]a-mu-i-la a-na lú-me-e [na-ah]-ra-ri-im a-pu-ur-ma [mi-i]m-ma lú a-ba-am ú-ul {ID}105 [i-ru-d]a-am [a-na às-qú-di-i]m106 [a-pu-ra-am-ma] [a-ba-am li-i-ru]-dam 105

    Apparemment, anticipation du 1er signe de la l. suivante. Le ID ne serait pas complet. Il y a ici rencontre avec les signes d'écriture du Rev. 106

    Pour cette restauration, cf. l. 18.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

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    [ù i-ip-r]a-am [lu-uk-]ú-ur Rev. 18 [i-na-an-na] às-qú-du-um [a-ba-am i-ru]-dam-ma i-ip-rum 20 u-ú [k]a-í-ir ú° a-lim107 ta-ni-ih-ti li-ib-bi ma-tim e-pu-ú be-lí 22 li-ih-du i-na-an-na e-bu-ram ú-ni-ih 24 ù i-pí-ir na-ri-im ak-ú-ur ù ak-ki-ma 26 na-a-pa-ar-ti be-lí-ia a i-pu-ra-am a-na gi-há 28 ù u-ur-pí-im qa-ti a-a-ka-an a-ni-tam be-lí a°-na° Tr. 30 I sa-mu-i-la dan-na-tim li-i-pu-ur-ma 32 1 me-at lú-me-e a-ba-am li-ik-ú-ra-am-ma C. 34 li-i-ru-dam

    16

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Mon seigneur 5 m'avait envoyé un message 4 pour (avoir) des roseaux et du bois à brûler. 6 J'avais quitté 5 le fleuve mais 7 au moment de (ana) la moisson le fleuve 8 (a eu sa) crue. 8 Alors, le sêkirum était inquieta). 10 J'avais envoyé un message(r) 9 à Samu-ila pour 10 (avoir) du renfort 9 en hommes. 12 Il ne m'a rien expédié 11 du tout comme gens. 15 J'ai envoyé un message 13 à Asqûdum 14 pour qu'il m'envoie des gens 17 pour que j'agence 16 le 18 travail. Maintenant Asqûdum 19 m'a envoyé des gens. Donc 20 ce 18 travail 19 est agencé et ça va. 21 J'ai 20 tranquillisé 21 le pays. Mon seigneur 22 peut être content. Maintenant, 23 j'ai donné congé pour accomplir la moissonb), 24 car 25 j'avais agencé le travail sur le fleuve. 25 Donc, selon 26 le message de mon seigneur 27 qu'il m'a envoyé, 29 je me mets 27 aux joncs 28 et au bois à brûler. 29 Autre chose : mon seigneur 31 doit envoyer 30 des ordres impératifs 29 à 30 Samu-ila 33 pour qu'il 32 forme une troupe de 100 hommes 33 et 34 qu'il me l'expédie. 4

    a) Pour hâum « être inquiet », cf. LAPO 17, p. 253. b) Pour ebûram nuhhum, « libérer les gens pour qu’ils fassent la moisson », cf. LAPO 17, p. 442-443.

    Dans le texte [A.2201], Yasaddêl est chargé de rapporter au roi ce qu’il a vu dans la région à l'amont de Terqa. Le travail, commun à Rip'î-Lîm et Samu-ila, doit donc concerner la section du canal I îm-Yahdun-Lîm à la limite de leurs domaines. La crue survient au moment de la moisson (cf. [A.605]). Il est à nouveau question de joncs et de bois secs. Ensuite on procèdera à la préparation des cultures qui succèdent à la moisson. 213 [A.2201] Rip'î-Lîm et Samu-ila au roi. Le roi doit interroger Yasaddêl sur le travail qu'il a vu. Ils ont travaillé deux jours encore après son départ, mais la crue est survenue. La baisse du niveau d’eau, que le roi a pu constater lui-même, nuit à l'irrigation d'aval à partir de la dérivation. La mise en eau de cette dernière, à l'amont et à l'aval, se trouve retardée. Après réflexion, puisque le travail ne pouvait être fini et 107

    Il y a ici rencontre de la l. de la Face et de celle du Rev. mais le signe I est encore visible.

    448

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    que le grain n'était qu'à moitié récolté, ils ont lié les joncs. Ils ont doublé le grain des hommes : demain ils feront la taptîtum, ensuite, renforçant les rations en grain et en bière, ils termineront leur travail. a-na be-lí- [ni] qíbí[ma] um-ma ri-ip-i-li-[im] 4 ù sa-mu-i-la-m[a] ìr-du-ka-ama I ia-sa-ad-diel° 6 il-li-ka-am°ma 8 i-ip-ra-am i-mu-ur ma-li i-mu-ru 10 be-el-ni li-i-ta-al-u wa-ar-ki ia-sa-ad-di-el 12 u 3-kam i-ip-ra-am ni-pu- ú Tr. 14 [íd]-da mi-lum-ma er-um u-up-lam-[ma] {X X X X} Rev. 16 ú108-ul i-ma-kà-r[a-am-ma] ki-ma a be-el-ni-ma 18 i-mu-ru 2 gi 1 kù ° ú-a°-pí-il ù pi ta-ki-ri-{X}109-im 20 e-lu-um ù a-ap-lu-um {MA} a-na ba-ta-qí-im-ma uh-hu-ur 22 ni-i-ta-al-ma a-um íd-da mi-lum-ma 24 i-pí-ir-ni qú-ut-ta-am la ni-le-ú ù e-um ba-i-il (EL) gi u-ra-am nu-ka-sí° 26 ù  e lú-me-e ni-í-ip-m[a] 28 [i-na ]a-ni-im u-[mi-im] Tr. [t]a-ap-ti-[ta-am] 30 ni-ip-[pé-e] wa-a[r-ka-nu-um] C. 32 í-di-tam ù si-ka-tam nu-da-n[a-an-ma] ni-te-bi-ma i-pí-ir-ni ni-k[a]-/a-ar 2

    1

    Dis à notre seigneur : ainsi (parlent) Rip’î-Lîm et Samu-ila, tes serviteurs. Yasaddêl est venu et 8 il a constaté le travail. 9 Tout ce qu’il a constaté 10 que mon seigneur le lui demande. 12 Deux jours après (le départ de) Yasaddêl, 13 nous avons (encore pu) 12 travailler. 14 (Puis ce fut) la crue du fleuvea) mais 15 la terre sillonnée 16 ne sera pas irriguée 15 pour sa partie d'aval car, 17 comme notre seigneur lui-même 18 l’a constatéb), il y a eu (cette année) une baisse (de la crue) de 2 cannes 1 coudée : 19 donc, aux embouchures du canal de dérivationc), 20 en amont et en aval, 21 il y a du retard pour divertir le cours de l'eaud). 22 Nous avons discuté et, 23 étant donné que le fleuve (était en) crue et que 25 nous ne pouvions 24 pas terminer notre travail (sur le canal), 25 le grain étant mûr, 26 nous avons lié les ajoncs. 27 Alors, nous avons doublé le(s rations de) grain des hommes. 6

    108

    Ú archaïque, comme aux l. 18 & 25.

    109

    Signe érasé comme à la l. 20.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

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    28

    Demain, 30 nous entreprendrons 29 la mise en eau des champse). 31 Ensuite, nous renforcerons l’approvisionnement (en grain) et la levure (pour faire de la bière)f), 33 et nous agencerons notre travail. Note : ce texte est écrit de façon atypique: les Ú ont la graphie archaïque propre à l'époque de Yahdun-Lim avec uniquement 4 horizontaux ; le signe GI est écrit « ME+HI » ; l. 16 le signe GA aurait la valeur kà, mais la racine peut comporter dialectalement une sonorisation de la C2 (on trouve megêrum au lieu de makârum). L. 18, ú-a-pí-il est à la place de utappil, ce qui peut représenter une erreur scribale de A pour TA, plutôt qu'un dialectalisme. a) En m. à m. « c'est le fleuve-crue », cf. [A.605] : 7-8. Cette construction par juxtaposition (en dvandva) en rappelle d'autres comme âbum birtum, « troupe-garnison » pour « garnison de la citadelle ». b) Le roi – qui est en aval à Mari – a pu constater lui-même la baisse du niveau de la crue de l'Euphrate. 2 cannes et 1 coudée, ce qui n'est pas peu, puisqu’en termes babyloniens cela ferait 6 m 1/2, mais cf. G. Chambon, « La mesure de longueur “coudée” à Mari » dans Ebla and Beyond, p. 388, où est examiné le fait que les mesures des Bords-de-l'Euphrate étaient moindres que celles du pays d'Akkad, au moins pour ce qui est de leurs multiples. c) Il y a une embouchure (pûm) à l’endroit où l’eau est prise et une autre là où l’eau est amenée par la dérivation. Un canal takkîrum est celui qui fait passer l’eau à un autre canal ( NKR-II). d) Dans ce contexte batâqum (« interrompre ») signifie : « divertir l'eau du canal d’alimentation vers un autre lieu », ce qui revient effectivement à interrompre le flux naturel. Cf. CAD B, p. 163a. e) En mot à mot, « l'ouverture ». Le terme taptîtum correspond au babylonien teptîtum (pour le CAD T, p. 346 c’est le « first tilling, clearing of land for cultivation »). Plutôt cependant que de la mise en culture des jachères, il s’agit ici de la préparation des cultures postérieures à celle du grain. Les textes mentionnent souvent la séquence ana errêûtim u teptîtim. Un substantif en ta- se construisant sur la forme D du verbe, teptîtum renvoie à puttûm qui signifie « irriguer un champ ». La préparation du champ pouvait donc consister surtout dans sa mise en eau. f) Les rations alimentaires des travailleurs comprennent normalement du grain et de la bière, aussi est-il vraisemblable qu’il y a là le terme sikkatum enregistré par CAD S p. 254b comme un ingrédient pour la bière (Cf. M. Stol, BiOr 28, 168). Le mot n'est cependant connu que pour l'époque SB et « levure » n'est jamais qu'une conjecture. Le terme pourrait être rapproché de l'a-kal si-ka-a-ti qui semble avoir été fait avec du sésame. Non liquet.

    7.2.3.2.2 Après la victoire sur Kahat [M.14551] indique clairement (l. 5-7) la Forteresse de Yahdun-Lîm comme lieu d’activité de Rip’î-Lîm, laquelle semble plus d’organisation militaire que d’administration civile. Sa date peut être déduite de l'indication aux l. 11'-14' de la victoire reconnue de Zimrî-Lîm sur ses ennemis. L'expression doit concerner Kahat. Les dieux qui interviennent sont Dagan, père et roi des dieux, ainsi que le dieu personnel du monarque. Le premier règle les conflits entre les nations110, le second préside à la victoire militaire, laquelle lui est plusieurs fois attribuée par les généraux du roi de Mari. 214 [M.14551] Rip'î-Lîm au roi. Le roi l'avait envoyé à la Forteresse pour en assurer la garde, jusqu'à la fête d'E tar. Le temps passe et Rip'î-Lîm ne voit rien venir de chez le roi alors que tous les serviteurs sont réunis pour le sacrifice et l'édit du roi et rendent hommage à ce dernier. (Lacune.) Les lettres que Rip'îLîm envoie sur l'état du district et des endroits cultivés restent sans réponse. Le roi est victorieux grâce aux dieux. Il sait que Rip'î-Lîm s’est épuisé à son service. Cependant Rip'î-Lîm est dans le dénuement alors que ceux qui sont proches du roi sont pourvus. (…)

    2 4

    [a-na b]e-lí-a qí-[bí-ma] [um-ma r]i-ip-i-li-i[m] [ìr]ka-a- ma [h]a-al-ú-um a-lim ba-a-'a-tum i°-[ta-a-bu-ta]111 i-na pa-ni-tim a-na ha-la-a bàd i[a-ah-du-li-im] 110

    Cf. l’explicite ARMT XXVI 196 où Dagan convoque Ti pak d’E nunna.

    111

    Pour cette forme verbale, cf. [A.3550] l. 8.

    450

    6 8 10 12 14 16 18 20

    Jean-Marie DURAND a-na ma-a-a-ar-ti ha-al-[í-im] ù ba-a-'a-tim i°-ta-a-bu-{TIM112}-t[im] be-lí ú-wa-e-ra-ann[i] ù be-lí ki-a-am iq-bé-em um-ma-a-m[i] a-di ni-qí-im a e-tár u-ul-lim-ma wa-ar-ka-[num] ú-wa-a-ar-ka an-ni-tam be-lí iq-bé-em- ma uzx(IZ)-na-a-ia ib-ba-e {Ù KI113 }-e ù ki-ma it-ti be-lí-ia u-ma-tim ma-da-tim-ma e-te-et-ti-qú ù a-na-hu be-lí lu i-di i-na-an-na ìr-dume-e a be-lí-ia ka-lu-u-nu a-na ni-qí-im a e-tár ù i-ip-ì-im pa-ah-ru-ma [pa]-ni? be-lí-ia i-na-a-à-lu ù e-pí be-lí-i[a] [i-n]a-a-i-qú ù u-ma-a[m] [… [i-na i-i]p-im be-lí [o o o o o ] x x […]

    F.

    (6 l. manquent.)

    Tr.

    (Non conservée = 2 à 3 l. ?)

    Rev.

    (5 l. manquent.)

    2' 4' 6' 8' 10' 12' 14' 16' 18' 20' Tr. 22'

    [……a-um u]p-pa-t[im] [a u-lu-um] ha-al-í-im [ù u-lum pí-im114] a-na e-er be-lí-ia [u-ta-bu-lim u]p-pa-tim ka-a-ia-ni-i []a [u]-lu-um ha-al-í-im ù u-lum pí-im a-na e-er be-lí-ia u-ta-na-ba-la-am-ma ma-ti-ma be-lí me-hi-ir up-pí-ia ú-ul ú-a-[a]b-b[a]-l[a-a]m? me-hi-ir up-pí-ia an-ni-im be-lí li-i-pu-ra-/am gan a-ni-tam ddaù la-ma-as-[s]ú-um a be-lí-ia di-in be-lí-ia ú-ki-nu-ma be-lí a-ia-bi-u ik-u-dam ù ki-ma it-ti be-lí-ia a-na-[hu]115 be-lí lu i-di wa-ar-di-u k[a-la-u-nu] [be-lí] ip-qí-id ù qé-er-bu-[tum] [a] be-lí-i[a ] [pa-aq-d]u ú pí-qí-it-[ti] [mi-im-ma it]-ti be-lí-ia [ul i-ba-a]i [o-o-o-a]m ú-ul dumu116-m[e-e -ia] [………] […] 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur.

    112

    Sans doute anticipation du signe final.

    113

    Sans doute anticipation de deux signes de la l. 13.

    114

    Le texte est restauré par comparaison avec la l. 6'.

    115

    J'ai restauré ici une forme de 'N, « être épuisé », à cause du parallélisme avec la l. 14, mais il pourrait s'agir simplement d'anâku « moi ». 116

    Le signe ne semble pas être un I (éventuellement lu e).

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    451

    4

    Le district va bien. Les commandos d'intervention se trouvent organisésa). 5 Naguère, 8 mon seigneur m'avait envoyé 5 au district de la Forteresse de Yahdun-Lîm 6 pour 7 organisera) 6 la garde du district 7 et les commandos. 9 Alors, mon seigneur m'avait dit ceci : « 10 Maintiens la sécuritéb) jusqu'au sacrifice d'I tar, après 11 je te donnerai les instructions ! » Voilà ce que mon seigneur m'avait dit et 12 j'y ai fait attentionc). 13 Or, 14 mon seigneur sait bien 14 que cela fait de nombreux jours que j’ai passés 13 au serviced) de mon seigneur et 14 que je suis épuisé. 15 Maintenant, les serviteurs de mon seigneur, 16 eux tous, pour le sacrifice d'E tar 17 et l'édit sont rassemblés. 18 Ils contemplent 17 la face de mon seigneur. D'une part, 19 ils lui baisent 18 les pieds. 19 D'autre part, aujourd'hui, 20 lors de l'édit, mon seigneur… (14 ou 15? l. manquent.)

    …3' pour ce qui est 5' d'envoyer continuellement 2' des tablettes 3' au sujet de l'état du district 4' et celui de la prise sur le fleuvee), sans cesse j'en envoie concernant l'état du district et la prise sur le fleuve chez mon seigneur, 8 mais jamais mon seigneur 9' ne me fait porter 8' une réponse à ma tablette. 10' Mon seigneur doit répondre à la présente tablette de moi. 11' Autre chose : Dagan 12' et l'Ange gardien de mon seigneur 13' ont assuré la cause de mon sei14' gneur et mon seigneur s'est emparé de ses ennemis. 15' Or, que je m'épuise au service de mon seigneur, 16' mon seigneur (le) sait. 17'Mon seigneur a pourvu de rations 16' tous ses serviteurs. 17' Donc, ceux qui sont proches 18' de mon seigneur 18' sont pourvus. 21' Mais, il n'y a pas d'19'entretien pour moi de la part de mon seigneur. 22' Aujourd'hui n'est-ce pas mes enfants qui surviennent à mes besoins ? a) Pour cette expression, cf. [A.3550] l. 7-8: ma-a-a-a[r]-tum ù ba-a-‘a4-tum, i°-ta-a-bu-ta. Il s'agit d’une forme qui correspond à l’akkadien utabutum sur abâtum, « mettre au travail en groupe » ; cf. CAD , p. 39a-b. On attendrait une forme à initiale en u- non en i. Pour cette vocalisation en i au lieu de u, aux formes II et III, cf. J.-M. Durand, « Réflexions sur un fantôme linguistique », dans Altorientalische Studien zu Ehren von Pascal Attinger, OBO 256, p. 165 sq. b) Le texte dit ullumum sans préciser, mais cf. CAD /1, p. 221a, s. 8, « to safeguard ». c) Pour uznum + pron. personnel + baûm, cf. CAD U, p. 368b. d) Pour un sens de itti = « en référence à », cf. LAPO 16, p. 530. e) Le terme qui fait couple avec halum renvoie à l’embouchure (pûm) du canal d’irrigation sur l’Euphrate.

    Le texte [M.7657] parle de bitume. Il peut s’agir de celui qui provient du Bi ri. Si la restauration de la l. 17 est avérée, d’autre part, cette livraison doit être opérée pour les mêmes besoins que ceux qui concernent les bois secs et les ajoncs, documentés par d’autres lettres de Rip’î-Lîm. 215 [M.7657] Rip'î-Lîm au roi. Affaire de bitume pour les palais de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm. (Texte indécis.)

    2 4 6 8 Tr. 10 Rev. 12

    a-na be-lí-ia qíbíma um-ma ri-ip-i-li-im ìrka-a- ma ki-ma esir i-ú-um i-na é-gal sa-ga-ra-[tim] ù bàdki i[a-ah-du-li-im [l]a i-ba-[a-u-ú] […………] […………] x x x x […esir] i-ú-um [ o o o o]

    452

    Jean-Marie DURAND i-na gi -[má] a wa-[ar-ki] [b]e-lí-ia ir-ka-ba-a[m] 1 a-gàr esir i-e-e-em []a hi-i-ih-ti é-kál-lim [la-m]a ni-qé-em li-u-nim [o o o o o ] x x [……………] [o o o é]-kál-lim [o o ir?]-di-a-am-m[a] [o o o ]-il-la

    14 16 18 Tr. 20 22

    1 5

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'i-Lîm, ton serviteur. Vu que du bitume, dans le(s) palais de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm il n'y en

    a plus… (Lacune de 3 l.)

    …11-12 le bitume… 13 Sur le bateau qui suit 14 mon seigneur, il a embarqué. bitume, représentant les besoins du palais, 17 ils doivent apporter avant le sacrifice.

    15

    Les 10 kor de

    16

    (Lacune ; texte indécis.)

    216 [A.2903] Rip'î-Lîm, Zimrêrah et Lâ'ûm au roi. Le roi leur avait demandé d'envoyer, dès leur arrivée, 2 … (en bois). C'est fait. Que le roi soit satisfait. Le lendemain, ils partiront et enverront un rapport à leur seigneur.

    2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 20

    a-na be-lí-ni qí-bí-ma um-117 ri-ip--li-[im] I zi-im-re-e-r[a-ah] ù la-úum ìrka-a- ma i-na pa-an wa-í-ni be-el-ni ki-a-a[m] ú-wa-e-ra-an-né-ti um--a-mi 2 g[i ?-…] ki-ma [ki-a-di-ku-nu] [u-bi-la-nim] [2 gi …… a-na be-lí-ni] [nu-a-bi-lam be-el-ni] lu ha-[di] i-na a-ni-im u-mi-im a up-pa-ni an-né-em a-na e-er be-lí-ni5 nu-a-bi-laam ni-nu ni-it-ta-al-la-ka-am ù e-ma- ga-am-ra-am a-na be-lí-ni ni-da-ab-bu-ub 1

    Dis à notre seigneur : ainsi parle(nt) Rip'î-Lîm, Zimrêrah et Lâ'ûm, tes serviteurs. Avant notre départ (de Mari), 7 notre seigneur nous avait donné les instructions suivantes : « 8 2 …, 9 dès votre arrivée, 10 envoyez-moi.»

    6

    117

    Même écriture à la l. 8.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    453

    12

    Nous avons envoyé 11 les 2 … à notre seigneur. 12 Notre seigneur 13 soit satisfait ! 14 Le lendemain du jour 15 où 17 nous envoyons 15 cette tablette de nous 16 chez notre seigneur, 18 nous-mêmes nous partirons. 19 Alors, 20 nous ferons 19 un rapport détaillé 20 à notre seigneur. Bibliographie : cf. FM II, p. 96. La tablette est en fait complète. Il manque surtout la Tranche.

    7.2.3.2.3 Au moment de la révolte Dans [A.3550], on voit le tandem Rip'î-Lîm et Aham-nûta en rapport à la Forteresse de YahdunLîm. La population des villes qui entouraient la Forteresse de Yahdun-Lîm avait été fortement incitée à venir s'y réfugier. Si Hurrân, Nahad, Yûm-hammû, Narâ avaient obtempéré, la communauté de Ya'il par la voix de son cheikh Batahrum et de ses Anciens avait en revanche refusé de le faire. Les « villes » qui s’étaient réfugiées dans la citadelle étaient surtout mâr sim'al (l. 12 & 13, Nahad et Yûm-hammû). Les gens de Ya'il, tout comme ceux de Ziniyân, étant plutôt du parti des rebelles, ne tenaient pas à aller faire cause commune avec ceux qui s’opposaient à leurs contribules. L'anecdote illustre le commencement de la première rébellion des Mâr yamîna. Manifestement, tous les bourgs ne sentaient pas la même urgence à se réfugier dans la citadelle. Le texte serait contemporain de l'expédition contre Kahat, car l'expression « Puisse mon seigneur atteindre son but ! » (l. 10) est le leitmotiv du moment où le roi de Mari a entrepris son expédition en Haute-Djéziré et s'y est imposé comme chef de guerre. Or, c’est le moment où les Mâr yamîna complotaient d’aller au secours d’une ville attaquée par Zimrî-Lîm ainsi que de s’emparer de la Forteresse de Yahdun-Lîm pendant que les armées mariotes seraient loin à aider les forces d’E nunna à Rapiqum (fin de ZL 1). Batahrum est un des cheikhs de la région énumérés par la lettre de Kunaniya [A.1240]. Il peut s’agir de celui dont les trois fils périrent en même temps, selon la lettre acéphale ARMT XXVI/1 280. On apprend, à cette occasion, que pesaient sur lui les soupçons de s'être approprié indûment des biens sacrés118. Cet événement serait donc postérieur aux sommations de rejoindre la Forteresse. Il est possible que sa maison ait accueilli des biens que les Mâr yamîna voulaient soustraire à l'avidité des vainqueurs. Il ne devait pas être, de toute façon, quelqu'un qui inspirait de la bienveillance aux Mariotes. 217 [A.3550] Rip'î-Lîm et Aham-nûta au roi. Tout va bien dans le district de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Les forces de garde et de police sont opérationnelles. Les habitants des villes des alentours sont rassemblés dans la citadelle. Les gens de Ya'il ont fait la sourde oreille mais, à la troisième sommation, ils sont venus dire qu'ils se réfugieraient bien dans la Forteresse.

    2 4 6 8 10 12

    [a-na be-lí-i]a [qí-bí]- ma [um-ma r]i-ip-i-li-im [ù] a-ha-am-nu-ta ìr-du- ka-a- ma ha-al-ú-um a-lim a-lu-um bàd ia-ah-du-li-imki a-lim ma-a-a-a[r]-tum ù ba-a-‘a4-tum i°-ta-a-bu-ta be-el-ni la up-ta-al-la-ás ha-da-an-u li-ik-u-ud a-la-nuki-me-e a i-ta-at bàd ia-ah-du-li/-imki hu-ur-ra-anki na°-ha-duki yu-um-ha-muki na-ra-aki

    118 Cf. ibid. l. 16 : […] kaspum as[ak ilim] itti-u ibai. Cf. le commentaire de J. Sasson, « Mari and the Bible », RA 92, 1998, p. 112, n. 52.

    454

    Jean-Marie DURAND

    a-na li-ib-bi bàd ia-ah-du-li-imki ka-am- sú a-na ia-a-i-ilki a-na ba-ta-ah-ri-im Rev. 18 ù lú- u-gi-me-e 1-u 2-u a-na ka-ma-si-im 20 ni-i-pu-urma ú-ul il-li-ku-nim 22 i-na a-al-i-im 10 lú-me-e nu-da-an-ni-in ni-i-pu-ur-u-nu-i I ba-ta-ah-ru-um ù lú- u-gi-me-e 24 il-li-ku-nim- { NI X} -ma 26 [ki-a-a]m i-pu-lu-né-ti [um-ma-m]i a-na dan-na-ti-im-ma 28 [ù t]e-ni-i[-tu]m-ma [it-ti] né-i-im ni-ir-ru-ub 30 [a-na bàd ia-a]h-du-li-imki [lu-ú ni-i]r-ru-ub

    14 Tr. 16

    (3? lignes non conservéesd).)

    Tr.

    Bibliographie : cité dans J.-M. Durand, BBVO 20, 2009 & J.-M. Durand, « The Banks of the Euphrates along the Bishri », dans Formation of Tribal Communities, Al-Rafidan , Tokyo, 2010, p. 255. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parlent Rip'î-Lîm et Aham-nûta, tes serviteurs. Le district va bien : la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 7 va bien. La garde et les commandos d'intervention ont été constituésa). 9 Que mon seigneur ne se fasse pas d'inquiétude ! 10 Puisse-t-il atteindre son but ! 11 Les différents bourgs qui sont aux alentours de la Forteresse de Yahdun-Lîm, 12 Hurrân, les gens de Nihad, 13 les Yûm-hammû, Narâ, 15 se trouvent rassemblés 14 à l'intérieur de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 20 Nous avons envoyé un message 19 à deux reprises 16 à Ya'il, 17 à (l'adresse de) Batahrum 18 et des Anciens 19 pour s'(y) rassembler, 20 mais 21 ils ne sont pas venus. 22 La 3e (fois), 23 d'autorité, nous leur avons envoyé 22 10 hommes. 24 Batahrum et les Anciens 25 sont venus ici et 26 voici la réponse qu'ils nous ont faite : « 27 C’est à la Forteresse — et ce sera la population 29 avec nousb) — que nous entrerons. 31 Nous entrerons certainement 30à la Forteresse de Yahdun-Lîm. » 6

    (…)119 a) Pour cette forme, cf. p. 451, n. a). b) Le terme comporte la mimation, or nîû (« les gens ») est un plurale tantum, même si le singulier ni-iim est (rarement) attesté (cf. CAD N/2, p. 286b). La forme a donc été considérée comme contracte pour -niâim. Il y a peu la place sur la tablette pour un verbe régissant un pronom personnel suffixe, mais CAD N/2, p. 65a-b connaît l’emploi de niâim avec ana et kî. Pour l’usage (dialectal) de la forme tonique du pronom après préposition, cf. icimême p. 79, n. 64 à aum iyâti.

    [A.4509] concerne des gens avec lesquels on pouvait constituer des baa'âtum. Ces derniers étaient sans responsable (l. 9-11) et semblent avoir été constitués surtout de francs-tireurs qui pouvaient se mettre au service d'une puissance politique. Le vocabulaire utilisé par Rip'î-Lîm donne aux termes une acception nouvelle. Le a liânim est bien connu pour être un local dont la capture assurait des renseignements de première main sur l'ennemi qu'il côtoyait. Ici, le a liânim doit être renvoyé à son groupe, avec des marques d'honneur (l. 29) ainsi que ce qui semble devoir être une lettre où le roi de Mari s’engage personnellement (l. 30). Le conseil de Rip'î-Lîm est de ne pas garder ce a liânim

    119 Il peut ne rien manquer, mais il peut aussi y avoir une formule conclusive du genre : « Notre seigneur est informé » ou « Que mon seigneur se réjouisse ! »

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    455

    au service du roi pour se concilier le groupe120. Il faut, en outre, assurer à ce dernier une place où s'établir (sukkunum, l. 33), ce qui peut signifier autant lui donner un statut de soldats réguliers que des terres où devenir colons-soldats.

    Ces baa'âtum se voient envoyer dans un premier temps des makûm. Ce terme qui signifie « espion » dans certains contextes (cf. LAPO 17, p. 445), a aussi le sens « d'éclaireur » (cf. LAPO 17, p. 305). Ici, il désigne un « messager non officiel » qui est aussi un observateur. Rip'î-Lîm a dû avoir en fait recours aux bons offices de vagabonds pour transmettre les informations mais ces gens avec qui on pouvait constituer des baa'âtum semblent avoir été particulièrement méfiants (cf. l. 32) et ne pas avoir permis à ces vagabonds d'avoir accès à eux (l. 13-14). Makûm signifie en fait « pauvre ». On devait se servir à l’occasion de cette population de mendiants (éventuellement, des soldats déguisés) pour obtenir des renseignements de tous ordres. Ce texte donne à penser que les baa'âtum pouvaient être constitués de bandes indépendantes au service d'un ordre politique à la différence des sagbum qui représentaient des forces mobiles régulières121. Le pouvoir politique devait avoir la tentation de stabiliser (l. 33) ces bandes pour s'assurer en permanence leur appui.

    218 [A.4509] Rip'î-Lîm au roi. Difficultés pour avoir des rapports avec les commandos contre les ennemis. Un porte-parole est envoyé au roi qui doit l'interroger. Conseils pour se ménager les commandos.

    2 4 6 8 10 12 14 16 18 Tr. 20 Rev. 22 24

    [a-na be-lí-ia] [qí-bí-ma] [um-ma ri-ip-i-l]i-[im] [ìr-ka-a][ma] [ha-al-ú]-um a-lim [a-um ]a be-lí i-pu-ra-am a-na ba-a-'a-at lú-kúr-me-e a-na sú-hu-mi-im a-pu-ur-ma ba-a-'a-at lú-kúr-me-e a-li-ik pa-na ú-ul i-u-ma ma-am-ma-an lú-me-e a a-pu-ru ú-ul i-ip-pa-al ù 1-u 2-u lú-me-e ma-ki-i a-pu-ur-ma a-na bi-ri-ti-u-nu e-re-ba-am ú-ul i-le-ú-ma it-tu-ru-nim a-ta-al-ma um-ma a-na-ku-ma 1 lú a li-a-nim li-il-qú-nim-ma pé-e-em da-bi-ba-am be-lí li-i-ta-a-al i-na-an-na a-nu-um-ma 1 lú a li-a-nim a it-ru-nim a-na e-er be-lí-[ia] u-ta-re-em e-ma-am ga-am-ra-am be-lí li-i-t[a]-alu ° ù um-ma su -ul-lu-um-[]u-nu 120

    Le terme haih (l. 26) est important car haâhum note avant tout le désir né d'une pénurie, donc un besoin. Le mot hiihtum désigne ainsi une rupture de stock dans le Palais. Le document illustre le manque en moyens militaires du royaume au début du règne de Zimrî-Lîm. 121 Les citations de CAD S, p. 23a montrent nul rapport entre les exemples de Mari et ceux des Annales néoassyriennes. Dans ces dernières (qu'il s'agisse d'un autre terme, ou d’une re-motivation à partir de SAG qui signifie « tête » en sumérien) sagbû désigne l'avant-garde de l'armée, ce qui n'est jamais le cas à Mari. Sagbum représente une formation participiale occidentale sur la racine SGB « contrôler militairement ». Cf. LAPO 17, p. 380-381.

    456

    26 28 30 32

    Jean-Marie DURAND be-lí ha-i-ih be-lí li-i-ta-al-ma lú a li-a-nim a a-na e-er be-lí-ia ú-a-re-em be-lí la i-ha-a-i-ih-u 1 túg li-la-bi-ìs-súma ù up-pí be-lí-i[a] li-il-qí-ma a-na e-er ah-hi-[u be]-lí li-wa-e-er-ma ù la i-ga-al-l[i-t]u li-sa-ak-ki-i[n-u-nu-ti]

    Bibliographie : texte cité par Ch.-F. Jean dans RÉS 1937, p. 110 = CAD D, p. 116a, par J.-M. Durand, LAPO 17 pour les l. 7 sq. MARI 7, p. 199-201 et par D. Charpin, AfO 40-41, 1993-1994, p. 3a pour le verbe suhhumum. Note : il y a deux A.4509 dans l'inventaire des tablettes de Mari, celui-ci et un numéro donné par A. Parrot à la copie sur tablette (ou au projet) d'une inscription à I tar, éditée par D. Charpin dans MARI 3, p. 44, sous le n° 2. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'i-Lîm, ton serviteur. Le district va bien. 6 Au sujet de ce que m'a signifié mon seigneur, 8 j'ai envoyé message 7 aux commandos (contre) les ennemis pour qu'ils (les) harcèlent, 8 mais les commandos (contre) les ennemis 9 n'ont pas de chef et 10 nul 11 n'a (qualité pour) répondrea) 10 aux gens que j'ai envoyés. 12 En effet, à deux reprises, 13 j'ai envoyé 12 des vagabonds mais 15 ils viennent de me revenir, 14 sans avoir pu avoir accès 13 parmi eux. 16 Après réflexion, je me suis dit : « 17 On doit prendre un informateurb) et 19 mon seigneur doit l'interroger 18 de vive voix. » 20 Maintenant, voilà que 22 je fais conduire chez mon seigneur 21 l'informateur que l'on m'a amené. 23 Mon seigneur 24 doit lui demander 23 une information complète. 25 En outre, si 26 mon seigneur a besoin 25 de leur appuic), 26 mon seigneur, après réflexion, 28 ne doit pas désirer (garder) 27 l'informateur que 28 je 27 lui 28 fais conduire. 29 Il doit lui donner une étoffe pour se vêtir d), 30 en outre, il doit recevoir une tablette de mon seigneur et 31 mon seigneur doit lui donner instructions pour chez ses frères 32 afin qu'ainsi ils soient sans inquiétude et 33 que (mon seigneur) puisse leur donner une affectatione). 5

    a) Le verbe apâlum signifie ici « être en mesure de garantir que les ordres données seront exécutés ». Le sens contextuel est donc « être le responsable ». b) « Informateur » ici a le sens de « porte-parole du groupe ». c) CAD S, p. 92 comprend sullumum comme « to bring about reconciliation », ce qui ne convient pas au contexte. Ici, le sens est nettement « s'assurer l'amitié de » et il est identique à celui de ilâni … sullumum dans ARM 2 51 (= LAPO 17 453) 20 qui signifie « s'attirer les bonnes grâces des dieux », vraisemblablement en accomplissant à leur égard son devoir cultuel. Les autres exemples (irakiens !) de CAD S, p. 93b concernent en revanche le fait de réconcilier un croyant avec un dieu irrité. L'usage de Mari est donc divergent et représente un emploi non-akkadien. d) Pour ce passage, cf. ARM I 10 (= LAPO 17 475) : 17 sq. Le don de cette étoffe sert à son récipiendaire à se faire un habit neuf. e) En mot à mot « les installer temporairement ».

    7.2.3.2.4 Après la révolte La lettre [M.7534] montre les rois mâr yamîna de la première génération, Hardûm et SamsîAddu, dans leur période d'errance. Ils ont été obligés de quitter leurs villes et sont l'un « dans les campagnes » et l'autre « dans les champs ». Une indication toponymique eq-le-e-[timki] se retrouve dans ARMT XXIII 595. Il s'agit d'une liste de gens du royaume de Mari déplacés jusqu'à ubat-ama , toponyme qui correspond à la période des éponymes comme l’indique le texte lui-même122 ; on y voit qu'Eqlêtum faisait partie du district de Ziniya(n), auquel appartiennent Narâ

    122

    Le commentaire géographique de ce texte (ibid., p. 562) est à rectifier aujourd’hui. Le document montre de grandes différences d’avec l’époque de Zimrî-Lîm. La mention d’un « district de Ziniyân » indique que la province de Saggâratum, si elle existait, ne devait pas alors inclure Dûr Yasmah-Addu. On remarque en outre l’absence de mentions de Terqa, de Saggâratum et surtout de Dûr Yasmah-Addu. Sans doute les garnisons de ces villes ne devaient-elles pas être diminuées.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    457

    et Manûhatân (l. 6' !). Ce district comprenait donc alors une partie des lieux attribués sous Zimrî-Lîm à la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm) et allait de plus jusqu’à la passe de Hanuqah. Mais ina ú-ga-riki du présent texte est un hapax. Il peut s'agir d'un toponyme ou d'un simple mot désignant un lieu (« campagne ») et pourvu du postdéterminatif ki.

    Une enquête menée par un local — si la restauration l. 12 du toponyme Hurrân est bonne — ne porte que sur le prince mâr yamîna Samsî-Addu qui n'avait avec lui que peu de monde : une trentaine de soldats et cinq cheikhs (identifiables par leur accoutrement ?), mais son épouse n'était pas avec lui. La lettre est sans doute envoyée depuis la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm lorsque les fugitifs essayaient de s’enfuir ; ce n'est cependant peut-être pas vers Imâr qu'ils se dirigeaient. Les textes de FM VII indiquent la présence de Yaggih-Addu et de Samsî-Addu à Carkémish (n°7) et celles de Sumu-Dabî, Hardûm et Samsî-Addu à Serdâ (n°6), sur la rive gauche de l'Euphrate, en direction donc d'Ahhunâ123, mais tous ces textes peuvent être postérieurs à la mention de Samsî-Addu à Qana. On sait qu’il existait des routes vers Qana à travers le désert à partir de la région de Dêr ez-Zor ou d’Abattum. L'affirmation de Rip'î-Lîm qu'il n'a jamais dit de mensonges au roi doit vraisemblablement signifier que l'annonce arrive après plusieurs faux espoirs d'identifier les lieux où se trouvaient les chefs, une fois conquis leurs établissements. 219 [M.7534] Rip'î-Lîm au roi. Renseignements sur les lieux où se trouvent deux princes mâr yamîna, Hardûm et Samsî-Addu. Ce dernier n'a que peu de gens avec lui.

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14 16 Rev. 18 20 22

    a-na be-lí-ia q[í-bí-ma] um-ma ri-ip-i-li-[im] ìr-ka-a ma ma-ti-ma-124 a-wa-tim s[à°-ar-ra-tim] a-na be-l[í]-i[a a-pu-ur] a-[wa]-tim ki-n[a-tim-ma] a-na be-lí-i[a a-pu-ra-am] i-na-an-na I[h]a-a[r-du-um] i-na ú-ga-r[i]?ki125 w[a-i-ib] ù Isa-am-s[i]-dIM [i-n]a eq-le-t[im]ki wa-i-ib [1] lú a hu-[ur]-ra-[anki] [a-na wa-ar-ka-sú] [pa-ra-si-im a-pu-ur]126 ù ki-[a-am aq-bi-um] um-ma a-[na-ku-ma] a-lik° wa-[ar-ka-sú] pu-ur-s[a-am] an-ni-tam a-pu-[ra-am] il-li-ik-ma lú [u-ú] wa-ar-ka-at Isa-[am-si-dIM] ip-ru-sa-am-ma um-ma-m[i]

    123 Les errances des chefs mâr yamîna, bien documentées par les documents de Sumhu-rabi, font l'objet d'une étude ultérieure. 124 L'antéposition de ma-ti-ma peut indique un tour interrogatif et l'écriture de la séquence *ma-ti-ma-a awa-tim a dû être simplifiée. Sinon, on restaurera [ú-ul a-pu-ur], l. 7, quoique la place semble manquer. 125 Le dernier signe du toponyme est brisé en deux parties et il faut tenir compte que sur la photo le fragment jointif à la tablette doit être remonté. Le signe pourrait donc être un RI, mais non un AR, ni un AT. Le toponyme ne peut certainement pas être Sakalân. 126

    Restauration d'après les l. 17-18 et 21-22.

    458

    24 26 28

    Jean-Marie DURAND 30 lú aga-ús ù 5 lú su-[ga-gu] it-ti-u ù á-[a-sú] it-ti-u ú-ul [i-ba-a-i] an-né-tim lú u-ú i[d-bu-ba-am] a-wa-tim ki-na-tim-[ma] a-na be-lí-ia a-pu-ra-[am] (Reste anépigraphe.)

    Note : cette tablette est formée de plusieurs fragments indépendants qui ont été (mal) rejoints. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Ai-je 4 jamais envoyé des rapports trompeurs 5 à mon seigneur ? 6 Ce ne sont que des nouvelles confirmées 7 (que) je lui ai envoyées. 8 Aujourd'hui, Hardûm 9 se trouve à Ugâru. 10 En outre Samsî-Addu 9 se trouve à Eqlêtum. 14 J'ai envoyé un homme de Hurrân aux renseignements, 16 disant : « 17-18 Va te renseigner sur 19 lui ! » Voilà le message que je (lui) ai donné. Cet homme 20 est allé et 22 s'est renseigné 21 sur Samsî-Addu, 22 disant : « 23 Une trentaine de soldats ainsi que cinq cheikhs 24 (sont) avec lui ; mais son épouse 25 n'est pas avec lui. » 26 Voilà ce que cet homme m'a dit. 27 Ce sont des nouvelles confirmées que 28 j'envoie à mon seigneur. 5

    Rien ne spécifie dans [A.144] qui sont les « ennemis » (l. 6'), mais il faut sans doute y voir des Mâr yamîna, sans doute des clans dont les Anciens se proposaient d'aller faire allégeance au roi de Mari. La demande d'obtenir une garantie sous serment (l. 10-11) avant d’aller rencontrer quelqu’un est bien attestée ailleurs. C’est ce que réclame Yawi-Ila, pourtant un fidèle du roi de Mari et son contribule. Le caractère sacrosaint du partenaire diplomatique n'était en effet pas reconnu, lorsque les démarches n'entraient pas dans un cadre institutionnalisé, déjà sanctionné par des serments réciproques. Les baa‘âtum (l. 6'), la structure armée prête à s'opposer à toute incursion ennemie, doit désigner comme dans [A.4508] « des b. contre l'ennemi ». Il s'agissait de Bédouins mobiles qui s'en prenaient aux gens des barques (lú-me-e a gi -má-tur-há). Ces commandos patrouillaient donc le long des rives et surveillaient les points d'accès à l'eau depuis les territoires arides. Ici, on les voit s'en prendre à une flottille qui amenait au roi de Mari des Anciens (l. 12) pour discuter vraisemblablement d'un arrêt des hostilités.

    Ahum qui transmet la demande (l. 15) peut être le même que le batelier homonyme bien connu127. Auquel cas, il s'agirait de quelqu'un d’Imar qui jouait les intermédiaires en tant que personnalité neutre. Les Mâr yamîna auraient eu recours à une flottille imariote pour avoir accès au roi de Mari. 220 [A.144] Rip'î-Lîm au roi. Les « ennemis » font la proposition que (leurs?) 5 Anciens aillent voir le roi après que Rip'î-Lîm (leur) ait prêté serment. Il expédie donc chez le roi Ahum qui lui transmet cette demande. Il souhaite être informé de la décision royale de le recevoir ou non.

    2 4 6 8

    a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ri-ip-i-li-im ìr-ka-a-ma a-na lú-me-e a gi -má-tur-há ba-a-'a-at lú-kúr-me-e ú-sà-hi-ma-am um-ma-a-{ MI RI }-mi 127

    Cf. ARMT XIII 71 & 75.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm Tr. 10 Rev. 12 14 16 Tr. 18 20 C. 22

    459

    I

    ri-ip-i-li-im-ma {U} li-iz-zi-za-an-né-i-im-ma ni-i AN li-iz-ku-ur-ma 5 lú-me-e u-gi a-na e-er lugal li-il-li-ku ù lú a e-ma-am an-né-/em ub-la-am I a-ha-am a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u it-ti be-lí-ia in-na-me-er {X} ú-ul in-na-me-er be-lí li-i-ta-al-[m]a an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-am

    1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Les commandos (contre) les ennemis 7 ont harceléa) 5 les gens qui sont sur des barques. (Ces derniers) ont dit : « 9 Rip'î-Lîm 10 doit en personneb) nous 11 prêter le serment par les dieux 12 afin que (les) cinq Anciens 13 puissent aller chez le roi. » 14 Alors, l'homme qui 15 m'a apporté 14 ce propos, 15 Ahum, 17 je l'expédie 16 chez mon seigneur. 19 Se rencontrera-t-il 18 avec lui 19 ou non, 20 que mon seigneur (y) réfléchisse et 22 que mon seigneur m'informe 21 de ce qu'il en sera. 6

    a) Suhhumum : cf. pour sahâmum, p. 474, à [A.824], lettre d'Enlil-îpu , avec le sens concret de « recouvrir de terre ». CAD S, p. 30 propose le sens dérivé de « to be under pressure, miserable (?) » pour la forme I (G) qui ne semble attestée que lexicalement et dans ARM VI 37. C'est surtout la forme II (D) qui est documentée, avec la signification de « harceler », « provoquer ». Dans le Codex de Hammu-rabi § 172, suhhumum note explicitement la malveillance envers une veuve de la part de ses « fils » pour lui faire quitter sa demeure. Le texte signifie contextuellement « Si ses fils la harcèlent en vue de lui faire quitter la maison…». Le verbe a été étudié par D. Charpin, AfO 4041, p. 3, dans son compte-rendu de CAD S et il en a proposé le sens de « narguer, provoquer ». Cela s'appuie sur des exemples nets dont certains sont d'ailleurs publiés ici-même. Ainsi trouve-t-on dans DBP s.v. (A.362128: 44) « Lorsqu'ils vinrent près de NG, ils ont fait approcher les Souhéens pour provoquer la ville (ana âlim ana sú-hu-mi-im) en disant : “Contemplez les Bédouins : (ce sont) les porte-lances. Il sont avec nous”. » Dans ARM XIV 104+: 38 (cf. MARI 7, p. 199) on trouve de même : ana âlim ú-sàah-hi-mu ummâmi mînam NP tahtanassasâ = « ils ont harcelé la ville en ces termes: “Pourquoi ne cessez-vous de penser à (Zimrî-Lîm)”? ». Le verbe est à Mari chaque fois nettement construit avec ana. Il faut donc supposer dans le Codex que le suffixe -i est mis pour -im. Le verbe doit être apparenté à l'arabe saama = « noircir », un verbe très négatif, employé pour indiquer que Dieu met le signe de l'opprobre sur les réprouvés (à la différence des Croyants qu'il aime) et le participe II (D) musaim a le sens de « haineux »129 ; à la forme V, le verbe signifie d'ailleurs « haïr » comme le terme samat désigne « la haine, le mauvais vouloir » (Kazimirski, DAF I, p. 1067a). b) En mot à mot « il doit se tenir debout pour nous ». Le verbe izzuzum indique la position du jureur.

    La lettre [A.3452] annonce l'arrivée de trois serviteurs de Zimrî-Lîm et de trois cheikhs mâr yamîna, uprapéen, yahruréen (yahurrû) et amnanéen, qui venaient faire leur soumission. Ils devaient passer par Terqa où le gouverneur qui est déjà Kibrî-Dagan, donc successeur de Sammêtar, signala leur arrivée. Il faut considérer la lettre comme postérieure à la seconde rébellion et à la mort de Sumu-hadû : Sammêtar est arrivé aux affaires dans la capitale si son « fils » Kibrî-Dagan a pris sa succession.

    128

    C'est l'exemple cité dans MARI 7, p. 201.

    129

    Il est possible que le NP Suhhumum (cf. CAD S p. 347) signifie « teigneux, qui a un caractère pénible ».

    460

    Jean-Marie DURAND

    L’arrivée de ces gens devait être jugé un événement d’importance au moment de la soumission des rebelles. Ils avaient avec eux des gens en provenance de Qaunân. La communauté mâr yamîna de cette région du Habur est antérieure à la première révolte et la victoire royale semble les en avoir chassés. 221 [A.3452] Rip'î-Lîm au roi. 3 individus sont arrivés et avec eux 3 cheikhs mâr yamîna, amenant 40 bœufs et bouviers depuis Qaunân. Que le roi soit content !

    2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18 Tr. 20 C. 22

    a-na be-lí- ia qíbíma um-m[a r]i-ip-i-li-im ìrka-a- ma I ha-i[ux](NI)-ma-AN I i[a-si-im]-ma-ha-ar ù [o-o-dI]M? [i]k-[u-d]u-nim I i-hi-e-ba-al su°-ga-gu lú up-ra-pu-úki I ha-am-ba-ri-ru su°-ga-gu lú ia-hu-ur-ru-úki I ab°-du-e-tár lú° su°-ga-gu lú am°-na-nu-úki 3 lú-me-e  su°-g[a-g]u an-nu-ut-tum a-di gu ù [à ?-gu130-m]e-e[ ] it-ti-u-nu il-l[i-ku]-nim ù 40 gu ù [x à-gu]-me-e []a i-na qa-ú-n[a-anki] ta-ab-lu ir-du-nim be-lí li-ih-du-ú

    Note : il n’y a pas de transcription de G.D. pour ce texte. 1

    Dis à mon seigneur. ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Hâyum.ma-El, 6 Yasîm-Mahara) 7 et …Addu 8 me sont arrivés. 9 I hêbal, le cheikh, 10 un uprapéen, 11 Hambarirub), le cheikh, 12 un yahurréen, 13 (H)abdu-E tar, le cheikh, 14 un amnanéen, 15 ces 3 cheikhs, 16 avec des bœufs et des bouviers 17sont venus avec eux. 18 Ainsi, 21 ils amènent 18 40 bœufs et bouviers 19 qui 20 ont été emportés 19 de Qaunân. 22 Que mon seigneur se réjouisse. 5

    a) Yasîm-Mahar est catalogué par ARM XVI/1, p. 230 comme « chargé de mission auprès des Yaminites », d’après ARM III 50: 16. C’est une lettre de Kibrî-Dagan (= LAPO 17 701) qui fait sans doute allusion au même événement que [A.3452] : « Un Uprapéen, un Yahurréen et un Amnanéen, ces trois gens faisant partie des Mâr yamîna, me sont arrivés depuis l'amont avec Yasîm-mahar pour faire la paix. » Yasîm-Mahar est encore mentionné par M.8504, en même temps que des messagers dont un Amnanéen, texte qui est publié ici-même comme le n° 109. Hâyum.ma-El est mentionné par ARM XIV 93 (= LAPO 17 714), comme quelqu'un qui annonce l'arrivée de deux chefs mâr yamîna, Yasmah-Addu et Yarîm-Lîm, tout comme Yasîm-Mahar. C'était un serviteur de ZimrîLîm qui avait à voir avec les Mâr yamîna. Il est vraisemblable que le toponyme de ARM XIV 93 : 12 -(…nân) doit être compris comme Qaunân.

    130 Les signes ne sont pas bien lisibles (on pourrait lire á[b … au lieu de [à…) mais la présence du pluralisant -me-e (cf. l. 18) incite à trouver ici des personnes, non des animaux.

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    461

    b) Ce NP est pour l'heure un hapax et il devrait désigner un mâr yamîna. Plusieurs NP montrant une initiale en /hamba/ existent comme ha-am-ba-nu-um (M.5463), ha-am-ba-ak-ki-in (M.6440), ha-am-ba-te (M.7781). Chaque fois le signe semble bien BA, non MA. Le premier NP ne devrait donc pas être corrigé en Hammânum qui est une formation en -ânum sur hammum (‘ammum).

    7.2.3.2.5 Une gestion contestée [A.3878] se présente de prime abord comme un avatar de la gestion du district de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Le fait qu'un percepteur des douanes (mâkisum) fût dépêché par le roi de Mari était une opération de contrôle des échanges commerciaux avec l'amont qui ont marqué les débuts du règne. On doit supposer en fait un différent entre ce fonctionnaire et l'autorité locale car il a été remercié et démis de ses fonctions (duppurum). Le mâkisum est allé se plaindre à Mari, ce qui a suscité une lettre du roi. Ce dernier a néanmoins ménagé Rip'î-Lîm. Il n'y a pas de détails sur l'affaire, mais le fait que le cheikh de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Aham-nûta, ait eu des problèmes avec ses autorités de tutelle, justement pour des questions de commerce international, ou le fait que Ma hum, chargé de l'administration civile des mêmes lieux, ait été ultérieurement « mis en examen » à Saggâratum, tout cela montre que dans la capitale l'on soupçonnait les autorités locales de trafiquer. Rip'î-Lîm devait être sûr d’une omerta de la part de ses fonctionnaires et que nul n'irait soutenir par son témoignage les dires du (trop scrupuleux ?) mâkisum. Sans doute l'affaire doit elle être mise au compte des tendances autonomistes des centres provinciaux et illustrer la puissance en ce début de règne des grands personnages, mais elle pourrait aussi expliquer pourquoi la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm n'a pas gardé son autonomie et a été rattachée au centre de Saggâratum pour être contrôlée, même si c'était de loin. 222 [A.3878] Rip'î-Lîm au roi. Reproche fait par le roi d’avoir chassé le percepteur des douanes qui avait été envoyé. (…) Rip'î-Lîm demande que quelqu'un vienne corroborer par son témoignage ses plaintes. a-na be-lí-ia qí-bí-ma 2 um- ri-ip-i-li-im ìr-ka-a-ma be-lí a-na mi-nim 4 a-pa-ra-am an-né-em i-pu-ra-am [u]m-ma-m[i] a-na-ku lú ma-ki-sa-am 6 [a-pu-u]r ú° at-ta [lú a-tu t]u-da-pí-ir-u 8 [an-ni-tam la ta-h]a-[a]-ì [……] 10 [……] [……]-x Rev. 12 [……]-nim [o-o-o i]-a-ka-an 14 [ o o o o]-ar-/u [ki]-[m]a q[a-a]t lú a-a-tu 16 am-ha-a° lú i-te-en lu°-uk°-ti-na-ni-ma 18 um-ma qa-at lú a-tu [am]-ha-a é-ti 20 [li-i]-[b]a-ta-am li-ik-la Tr. ú-la-u-ma 22 na-a-ú ra°-ma-na-am [l]ú u-ú li-ik-t[a-in] C. 24 a-na ur-ra-a[m e-ra-am]

    462

    26

    Jean-Marie DURAND a-na a-wa-tim [i-na-ti] [b]e-[l]í ú-zu-u[n-u li-i-ku-un] 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Rip'î-Lîm, ton serviteur. Pourquoi mon seigneur 4 m'a-t-il envoyé ce message, 5 disant : « Moi, 6 j'avais envoyé 5 un percepteur des douanesa), 6 mais, toi, 7 tu as fait déguerpir cet individu ! 8 Ne fais pas cette fauteb) ! 3

    (Lacune de 4 l.)

    … 13 il place(ra) 14 …» Qu'un seul homme me convainquec) 15 d'avoir repousséd) cet homme ! 18 Si 19je 17 l'ai 19 repoussé, 20 qu'il prenne 19 ma maison (et) la garde. 21 Sinon, 22 est-il convenable que 23 cet individu puisse témoigner 22 pour lui-même ? 24 À un moment ou un autre, 26 mon seigneur doit envisager 25 cela. 16

    a) Ce percepteur des douanes-mâkisum était sans doute chargé de contrôler la taxe douanière miksum dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm où arrivaient les produits d’amont grâce aux bateaux d’Imâr. b) Haûm dans la langue de Mari revient à « ne pas accomplir son devoir de fonctionnaire », dans la mesure où une faute administrative entraîne un hiîtum. Où se terminait le discours royal cité par Rip'î-Lîm ? Si ma compréhension de la l. 15 est bonne, c'est à la l. 14. On pourrait donc y restaurer [la tu-da-pa]-ar-u = « Ne l'éconduis pas ! » On peut ainsi envisager que dans les lignes brisées, le roi expliquait le rôle que devait jouer localement le percepteur des douanes-mâkisum. Les l. 12-13 pouvaient ainsi comporter un texte du genre de : [a/i-na ha-ar-ra]-nim (ou [… a/i-na ka-ra]-nim (comme dans ARM IX 13), [mi-ik-sa-am i]-a-ka-an = « il imposera une taxe sur les caravanes/sur le vin ». L'expression à Mari est surtout miksam nasâhum ou miksam makâsum, mais pour miksam akânum à Mari, cf. ARM IV 11 (= LAPO 16 30) : 16' et J.-M. Durand, RA 105. c) Cette forme luktînanni est singulière en ce qu'elle montre une contraction lû pour une 3e personne (cf. complément -ni de 1re personne) de la forme D . Cet usage reflète en fait un dialectalisme du Nord, la langue que devait utiliser Rip'i-Lîm. À l'opposé, on aurait la forme D likta''in, l. 23, mais avec ukta''in pour uktîn. d) L'expression qâtam mahâum n'était connue du CAD (M/1, p. 81a-b) que pour l'époque du vieil assyrien et apparaît ici dans une lettre en vieux babylonien avec le sens de « to refuse a deal » ; les différentes traductions fournies par ce dictionnaire montrent que le sens fondamental est en fait « ne pas s'entendre avec quelqu'un ». L'usage est à verser aux particularismes de langage de Rip'î-Lîm.

    7.2.3.2.6 Une ambassade dans le Nord-Est ? Ti -ulme a été un des premiers souverains à qui Zimrî-Lîm ait envoyé un message puisque l'enveloppe conservée de ce document porte un sceau antérieur à celui qui servira à sceller les actes royaux de Mari. En revanche, les dates de Nanip- awri ne sont pas connues avec certitude. Au moment où ZimrîLîm lui écrivait, Ti -ulme ne devait pas être encore roi de Mardamân et n’a dû le devenir qu’avec la disparition du pouvoir du RHM sur la rive gauche du Tigre. Peut-être l’intervention de Zimrî-Lîm étaitelle dans la logique des promesses qu’il avait faites à Ti -ulme de le réinstaller. L’ambassade dont parle [A.434] mentionne Sumhu-rabi (l. 4'), datant ainsi d'après le gouvernorat de Habdû.ma-Dagan. Cette mission diplomatique a dû être postérieure aux événements de la Forteresse où Rip'î-Lîm a été impliqué. Il est difficile, vu la lacune importante (une douzaine de lignes) d’établir un lien entre Face et Revers. Or, le Revers parle d’une affaire d’argent. Il semblerait que Zimrî-Lîm a essayé d’obtenir 1 talent (60 mines) d’argent, une somme considérable (l. 10’) de Nanib- awri, mais qu’il s’en défende (l. 4’-6’) en accusant Sumhu-rabi d’en être l’inspirateur (l. 4’, 11’). On pourrait comprendre que le talent d’argent est demandé au roi de Huburatum en contrepartie du fait qu’il reste chez lui. Ce serait comme une caution qu’il tiendrait ses engagements et le -u de la l. 5’ dans aum alâki-u renverrait à lui. Peut-être ZimrîLîm voulait-il voir venir à Mari les deux rivaux pour régler leur différents et s’affirmer leur suzerain. En fait, ce serait Sumhu-rabi qui aurait suggéré cette clause, ce contre quoi celui qui parle au Revers rappelle au souverain ses propres directives. L’expression « je suis sur place » (l. 12’) ne peut en effet être le fait que de l’ambassadeur, non de Sammêtar qui est à Mari, à l’administration centrale. Les propos rapportés par Sammêtar doivent donc être ceux de Rip’î-Lîm. Dès lors, le roi suppose qu’à son départ du royaume, Rip’î-Lîm a eu une entrevue

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    463

    avec son supérieur direct, le gouverneur de Saggâratum, qui lui aurait suggéré d’obtenir cette somme considérable du roi de Haburatum. Rip’î-Lîm s’élèverait avec force contre cette éventualité. Non seulement ce sont bien les directives royales qu’il suit, mais tous ses rapports ont pour origine ce dont il a été personnellement témoin (l. 13’-14’), non des on-dit. 223 [A.434] Sammêtar au roi. Deux ambassades (Bahlu-gâyûm, puis Rip'î-Lîm) pour un armistice entre les rois de Mardaman et de Haburatum. (Lacune). Question d’un talent d’argent à faire verser par le roi de Haburatum.

    2 4 6 8 10 12

    a-na be-lí- [ia] qíb[í][ma] um-ma sa-am-mee-[tar] ìrka-a- [m]a a-um sa-li-mi-im bi-ri-it ti-i-ul-me lugal mar-da-ma-anki ù na-ni-ib-a-aw-ri lugal ha-bu-ra-timki a-ka-nim a be-lí i-ta-na-ap-pa-ra-am ki-ma na-a-pa-ar-ti be-lí-ia i-na pa-ni-tim I ba-ah-lu-ga-i-em a-pu-ur i-na a-ni-i-im I ri-ip-i-li-im [ìr be-lí-ia a-n]a [m]ar-da-ma-anki a-na e-er [I ti-i-ul-m]e-ma […………………n]im (Face: 5 l. manquent.) (Tr. : 2 ou 3 l. manquent.) (Rev. 5 l. manquent.)

    Rev. 2’ 4' 6' 8' 10' 12’ Tr. 14'

    [o o o o o o-I]M-ma [i]t-t[i] na-ni-ib-a-am-ri sa-la-mi-im i-na qa-ti-u ú-[ka-al] ù a-um kù-UD a be-lí i-pu-ra-am um-ma-a-mi mi-im-ma-a a-na-ku kù-UD ha-a-ha-ku su-um-hu-ra-bi-ma a-um la a-la-ki-u a-wa-tam a-a-ti a-na pí-i-ka id-di a-na-ku ba-l[u] be-lí-ia-a i-na e-e-em ra-ma-ni-ia a-um kù-UD a-na be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am an-na up-pa-am a be-lí-ia a a-um kù-UD il-li-kam a-na-a-a-ar a um-ma-a-mi 1 gú kù-UD ha-bu-ra-ta-ia-am u-ud-di-in [mi-im]-ma a-wa-tam a-a-ti su-um-hu-ra-bi [i-na] pí-i-ia ú-ul i[d-d]i a-na-ku qé-er-bé-ku-ma a-na zi-im e-mi-im a a-[n]a-[a]-à-lu a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-am (1 l. blanche. Le Côté n’est pas inscrit.) 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Au sujet de l'accord de non-agression 7 à instaurer 5 entre Ti -ulme, 6 roi de Mardamân, et Nanib- awri, 6 roi de Haburatum, objet de multiples messages de mon seigneur, 8 selon la missive de mon seigneur, dans un premier temps 9 j'avais envoyé Bahlu-gâyûm. 10 Dans un second, Rip'î-Lîm, 11 serviteur de mon seigneur à Mardamân, chez 12 Ti -ulme, j’ai envoyé. 5

    (Lacune d'une douzaine de l.)

    …2’a en son pouvoir (le moyen) 2’ de faire un accord de non-agression 1’ avec 2’ Nanib- awri.

    464

    Jean-Marie DURAND 3’

    En outre, au sujet de l'argent, objet d'un message de mon seigneur, disant : « 4’ Ai-je besoin d'argent ? C'est Sumhu-rabi 6‘ qui a mis 5’ cette affaire dans ta bouchea) au sujet du fait qu'il ne vien(drai)t pas ! » 6’ Est-ce que, moi, sans l'aveu de mon seigneur, et de ma simple intiativeb), 7’ j'écri(rai)s à mon seigneur au sujet de l'argent ? 8’ Oui, 9’ j’observe les instructions de 8’ la tablette de mon seigneur qui 9’ m'est arrivée 8’ au sujet de l'argent, 9’ celle qui disait : « 10’ Fais donner 1 talent d'argent par (le roi) de Haburatum. » 11’ En rien, Sumhu-rabi 12’ n'a mis 11’ cette parole 12’ dans ma bouche. Moi, je suis sur place et 13’ c'est en fonction de ce que je constateb) 14’ que sont mes messages à mon seigneur. a) L’expression doit signifier « suggérer, inspirer un propos ». b) Le fait de suivre des directives autres que celles du roi reviendrait donc à prendre une initiative. c) Le verbe est naâlum, non amârum. Cela doit signifier plus que voir, le fait d’être témoin oculaire.

    7. 2.4 ANNEXE Ici sont édités deux textes acéphales importants pour la compréhension de ce que représentait la Forteresse de Yahdun-Lîm. La lettre [M.5066] qui émane d'un responsable de la Forteresse aujourd'hui indéterminé appartient à la période antérieure à la première révolte des Mâr yamîna : l. 7 des gens de Mi lân composent en effet cette caravane et les rapports avec Mari semblent bons. On peut envisager que le document soit à attribuer à ûrî-la-rîm ou à Aham-nûta. Ces gens en transhumance dans la basse vallée (hamqum) de l'Euphrate ont été attaqués par des Soutéens en bande de 100 à 200 personnes (l. 14). Ils se sont réfugiés (l. 18) dans la Forteresse de Yahdun-Lîm. Leurs troupeaux qui ont été pillés (l. 21) comportaient ovins et bovins, mais aussi des serviteurs (l. 20). Il s'agissait bien d'un déplacement régulier comme le montre l'usage de la forme III/3 du verbe etêqum inaccompli (l. 11). La caravane était pourvue d'une force armée (l. 18) qui s'occupait de la protection des gens et des bêtes. Une fois en sécurité, cette force armée (pihrum) semble devoir rester inactive (l. 19). D'après les l. 22-25, de toute façon, puisque l'expéditeur est chargé de la surveillance du territoire, il assumera celle des gens qui sont réfugiés dans sa ville. Il ne voudrait pas cependant que ces habitants occasionnels participent à la défense de la ville. Ils sont donc considérés comme des civils auxquels on ne fournira pas d'armes. La fin de la lettre, perdue, devait préciser ce qui était proposé de faire de ces Bédouins privés de leurs troupeaux. 224 [M.5066] (Acéphale au roi). Les « citadins » des Mâr yamîna qui depuis Mi lân assurent la transhumance des bovins, ovins et ânes viennent de se faire attaquer dans la vallée par les Soutéens. Ces « citadins » sont entrés à la Forteresse : leur force armée a abandonné le soin des troupeaux et des gens. Avec la permission du roi, la troupe de garde de la région et du gouverneur laissera aux commandos et aux …. le soin de tenir la ville. Date (courant du 9) ; on s'en remet à la décision du roi.

    2 4 6 8 10

    [a-na be-lí- ia] [qí -bí -ma] [um-ma ……] [ìrka-a- ma] [a-lumki bà]d ia-ah-[du-li-im] ù ha-al-ú-um [a-lim] a-la-nu a dumu-me-e [ia-mi-na] a i-tu mi-i-[la-anki] gu-há udu-há ù dumu-m[e-e sipa] pa-na-num a-na mi°-[ik-ri]

    Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm

    12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28 30

    465

    u-te-né-te-qú-m[a ir-te-né-re-ú] u-um up-pí an-ni-[e-em a-na e-er] be-lí-ia ú-[a-bi-lam] i-na 1 me 2 me lú-[me-e ] gu-há ù udu-há su-[tu-ú] [i-n]a ha-am-qí-im i[-hi-tu] [ù a]-la-nu a a-na bàd [ia-a]h-du-li-im[ki] [i-te-e]r-bu lú pí-hi-ir-[u-nu] [wa]-i-ib gu-há-u-nu [udu-h]á-u-nu ù ni-i-u-nu [im-t]a-á-'u [a-na-k]u a-ba-am a i-na a-lim [i-ba-á]-u-ú i-na mu-uh-hi e-pí-ri ma-a-ar-tam a-na-[a-ar-ma] [a-n]a ma-a-ar-ti-ia na-a'-d[a-ku] [u]m-ma li-ib-bi be-lí-[ia] [a-na a]-lim la i-na-'ì[du-ma] [ù] 70 lú-me-e a ba-[a-'a-ti-ia] ú-ka-al-[l]u- [u-(nu-ti)] ù lú-me-e […] []u-ut sa[g …] (Rev. 4 l. + Tr. 3 l.) atamrakkum (ou *atamram-kum) et d'y voir un permansif Gt (ou Gtn par correction). Kânisân est effectivement un (haut) fonctionnaire mariote. Yassi-Dagan a perdu du temps en passant par un intermédiaire alors que Huzzû s'est précipité pour obtenir le char et ses roues. b) Manifestement les lettres se soient croisées ; Yassi-Dagan était à Zurubbân alors que Huzzû devait être sur place à Mari. Cela explique que Yassi-Dagan parle de l'intermédiaire de Kânisân alors que l'affaire était déjà conclue avec Huzzû. c) D'après ce texte, un an e lagu compense un char avec ses roues. Plus qu'un animal à monter, il devait servir à tirer un char ; l’usage de RKB avec an e-há la-gu dans [A.250] : 15 ne permet pas de choisir entre les deux possibilités. d) Bahdî-Lîm (l. 33) est au début de sa carrière et certainement pas encore le « préfet du Palais » dont les lettres sont publiées dans ARM VI. Il devait être alors sous les ordres d’Abimekim.

    10.3 Les activités administratives d’Abimekim à Mari sous Bannum La mention de Bannum dans [A.919], lettre d’Asqûdum, indique une date antérieure à la disgrâce du mer‘ûm qui est survenue dans la première partie de ZL 1. Le moment de ce document devait être celui où le mer‘ûm était occupé à la têbibtum. Cela montrerait que les travaux dans le palais (de Mari ou plus simplement de Dêr ?) ont été dans les urgences du nouveau pouvoir. La lettre traite de ce qui devait être la remise en état d’une bâtisse royale au commencement du règne de Zimrî-Lîm. Les bâtiments au Proche-Orient, malgré leur aspect massif, étaient des réalités qui demandaient des soins constants. Il n'est donc pas étonnant que les troubles de la dernière année de Yasmah-Addu (dont on voit les aspects négatifs en ce qui concerne les cultures) aient entraîné du relâchement dans l'entretien des demeures royales. Il peut ne s’agir cependant que de la bâtisse de Dêr, non du grand palais de Mari. Vu que ne sont prévus que des roseaux (gi-há), du bois sec ( urpum) et du plâtre (sîrum), il s'agissait de travaux qui concernaient la toiture ou des revêtements de mur. La mauvaise volonté des responsables locaux ( âpium) à y contribuer pouvait tenir au fait qu'ils devaient chacun veiller à la remise en route des bâtiments de leurs propres circonscriptions. Le document a pu être envoyé à Mari depuis l'amont, après que Asqûdum se fût heurté aux refus de Samu-ila et de Habdû.ma-Dagan. Ce document, malgré sa mauvaise conservation qui en rend plusieurs passages mal assurés, montre Asqûdum faire plus que les opérations d'hépatoscopie concomitantes à l'arrivée du roi. Est-ce le contact avec le roi — dont il se trouve désormais être parent par alliance comme beau-frère — qui commençait à porter ses fruits, ou faut-il plutôt penser que ce qui apparaît comme des responsabilités administratives n’était que l’épiphénomène de son activité normale de devin ? Il fallait en effet avoir l’aval divin pour toute entreprise humaine. Il ne se fait en tout cas pas obéir par les responsables locaux et doit faire appuyer ses demandes par Bannum et le roi lui-même.

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim

    487

    Asqûdum semble avoir à sa disposition un certain personnel (l. 28 sq.). C'est, d'ailleurs, dans l'administration civile qu'on le voit avancer ses pions sous Bannum, avec la nomination de son « fils » ou de lui-même à Hi amta (ARMT XXVI 5, cf. ici-même p. 162 sq.). La lettre a sans doute été envoyée de la région d’amont à Mari où se trouvait le roi, alors qu’Asqûdum s’était déplacé jusque chez les « responsables administratifs » pour y essuyer leurs refus. 233 [A.919] Asqûdum au roi. Les responsables locaux ne fournissent pas tous les matériaux nécessaires à la réfection du palais (de Dêr ?). Le roi doit intervenir comme l'a déjà fait Bannum, sinon Asqûdum mettra au travail ses propres serviteurs. [a-na] be-lí- [ia] 2 [qí]bí[ma]’ [um-m]a às-qú-du-[um] 4 [ìr]ka-a- [ma] [a - u]m gi-[HI].A [ù u-ur-pí-im]13 6 [a-n]a i-p[í-ir dum]u-me-e  um-[me-ni] [up-pa]-am be-[l]í ú- a-bi-[ lam] 8 [um-ma-a-mi] lú-me-e a-p[í-ú li-ib-lu-nim] [ú-ul i]m-gu-ru-ma gi-há [ù u-ur-pa-am] 10 [a-na ]i-pí-ir dumu-me-e um-me-[ni ú-ul ub-lu-n]im [ki-ma i-n]a-[a]n-na-ma i-na a pí-i be-lí-[ia] 12 [l]a-a ip-pé u-[ma] [be-lí u] -t[a-a]m-ri-ú-ma 14 [a - u]m? a [i-ga]-ri-im-ma14 Tr. [ke-em i]q-[bu]-ú 16 [um-ma-m]i s[í-r]a-am [ a i]-ga-ri a é-kál-[lim] Rev. 18 [ni-na-ad-di-na-kum] [ù ba-an-nu-um15 a] - um [gi-há] 20 [ù ]u-ur-pí[im] [i -pu-ur]- u-nu- i[im] 22 [ù ki-ma] ba-an-nu-um an-ni-[tam i -pu-ru] [up-pa]-am be-lí li- a-bi-la-[am-ma] 24 [ù° a-n]a lú-me-e a-pí-í [li-i -ú-u]r-ma gi-há 26 [ùs° u]-ur-pa-am a-na i-pí-[ir dumu-me-e ] [um-me]-ni li-i -qé-el-pu-[nim] 28 [ a]-ni-[tam] um-ma a-na-ku an-ni-ki-a-[am] [u]l-ta-ap-pítam 30 [a ]- um dumu-me-e um-me-ni la i-ri-[qú] [i-n]a lú-tur-me-e a ra-ma-ni-ia-[ma] 32 [gi ]-má g[i]-há ú-ma-al-[la-ma] [u] -qé-le-ep-pu-nim (C. détruit, mais vraisemblablement anépigraphe.)

    13

    Cette restauration (cf. l. 9), d'après les l. 19 et 20.

    14

    Pour cette restauration, cf. l. 16 et 17.

    15

    Pour cette restauration, cf. l. 22.

    488

    Jean-Marie DURAND

    Bibliographie : tablette numérotée par G. Dossin [A.919] ainsi que [A.3642] ; publiée comme ARMT XXVI 51 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 201. Réexamen d’après photographie. En souligné les nouvelles restaurations. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Asqûdum, ton serviteur. Au sujet des roseaux et du bois seca) 6 pour le travail des artisans, 7 mon seigneur m'avait envoyé une tablette, 8 me disant ceci : « Les autorités locales ( âpiûtum) doivent (l')apporter. » 9 Ils n'ont pas été d'accord et 10 n'ont apporté ni roseaux ni bois sec 10 pour le travail des artisans. 11 Alors même que maintenant 12 ils n’agissent pas 11 selon ce que dit mon seigneur et 13 qu'ils lui causent du déplaisir, 14 au sujet de la paroi elle-même, 15 ils ont dit ceci : « 16 Le plâtre 17 de la paroi du palais, 18 nous te le fournirons » ; 19 alors Bannum 21 leur a envoyé un message 19 concernant les roseaux 20 et le bois sec. 22 Donc, de même que Bannum a envoyé ce message-là, 23 mon seigneur doit faire porter une tablette et 25 écrire 24 aux responsables locaux 27 pour qu'ils envoient par le fleuvec) 25 roseaux 26 et bois sec pour le travail des 27 artisans. 28 Autre chose : si, moi-même, ici, 29 j'ai du retard, 30 pour éviter que les artisans ne soient au chômage technique, 33 je ferai remplir 31 par mes propres serviteurs 32 un bateau de roseaux et 33 ils feront le transport par le fleuve. 5

    a) Cf. LAPO 16, p. 298 où urpum est traduit « bois à brûler ». Le terme a donné son nom à l'un des principaux rituels mésopotamiens. Cependant l'association du urpum avec des roseaux n'incite pas à y voir ici une matière utilisée pour des rituels. Le bois à brûler étant surtout du bois sec, il faut considérer qu'il s'agit là de brindilles ou de branches utilisées avec les roseaux dans la réfection du toit du bâtiment. b) Pour ina subordonnant, cf. ARMT XXVI 493: 18. c) Cela indique que les demandes ont été adressées au moins à Terqa et Saggâratum.

    Ces travaux sont mentionnés sous la responsabilité directe d’Abimekim qui dit dans [A.613] s’occuper à la fois d’un temple et du palais de Dêr. C’est ce qu’il faut déduire de ce texte qui parle de ces travaux à Dêr (cf. l. 1'). Il s'agit en fait de l’utilisation pour le palais, sur injonction du (devin) Asqûdum, de briques destinées à un bâtiment annexe du temple de Dêrîtum. Il conviendrait désormais de les attribuer à des travaux sur le palais local (l. 14'), suite à la constatation que les parois du bâtiment sacré sont « solides » (l. 11'). L'avis donné à Abumekim par Asqûdum montre que ce dernier donne des directives sans rendre pour cela un verdict oraculaire. Il est donc devenu une autorité qui prend des décisions, quoique ces dernières n’aient pas de poids par elles-mêmes. Pour se couvrir en ce qui concerne l'interruption de travaux sur des bâtiments religieux, le fonctionnaire mariote a besoin de l'aval du roi qui devra interroger16 Asqûdum pour savoir ce qu'il en est. Il faut supposer dans la cassure, après la description des parties omineuses du foie, un anîtam qui introduisait aux travaux entrepris à Dêr. Les abondantes pluies nocturnes décrites l. 4'-6' doivent avoir nécessité un renforcement d'urgence de la kâriktum du palais. La face d’une autre lettre d’Abimekim, A.248917, fait sans doute allusion aux mêmes intempéries. Il s'agit de coups de tonnerre violents (l. 9). Le texte mentionne à ce propos l'intervention de la mère du roi Addu-dûrî qui devait avoir sa résidence personnelle à Dêr. Les présages-têrêtum du Revers (l. 2’3’) de cette tablette peuvent faire allusion à ceux qui sont décrits dans [A.613]. Ils devaient comporter un signe assez remarquable pour être transmis au roi18. Le texte [A.2489] devrait donc appartenir à ZL 1. Un texte comme [A.207] se présente hors chronologie car ne sont mentionnés ni année ni mois précis. Le fait qu’Abimekim écrive au roi à propos de présages concernant la capitale indique néanmoins l’absence du monarque. Ce texte pourrait donc appartenir au moment de l’expédition contre Kahat.

    16

    Restaurant donc li 'al, non li tâl qui entraînerait sans doute un itti Asqûdim.

    17

    = ARMT XXVI 454.

    18

    L. 8', on lira : [a-na] e-er { lugal*} be-lí-ka, mais le lugal est vraisemblablement érasé. Ce n'est, en tout cas, pas le signe ÌR.

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim

    489

    234 [A.207] Abimekim au roi. Les présages ont été pris pour Mari, le Palais, les Temples et les Ergastules. Tout va bien pour un mois.

    8

    a-na b[e-lí-ia] qí-bí-ma um-ma a-bi-me-ki-im ìr-ka-a-ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum

    a-al-ma

    Tr.

    (Anépigraphe.)

    Rev. 10

    a-na [u-lum n]e-pa-ra-tim dumu-me-e [má - u gí]d-gíd te-re-t[im i]-pu- u-ma te-re-tu- u-nu a-di re-e iti an-ni-im [ ]a-al-ma

    2 4 6

    12 14

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 452 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 375. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien, 6 le Palais va bien, 7 les Temples et les Ergastules, 8 vont bien. 10 Les devins 11 ont pris les sorts 9 pour ce qui concerne les Ergastules. 12 Les sorts qu'ils ont obtenus, 13 jusqu'à la fin de ce mois-ci, 14 vont bien. 5

    235 [A.613] Abimekim au roi. Tout va bien. Sacrifice de 2 agneaux pour savoir ce qu'il en est de … Les présages sont bons pour un mois : description des entrailles. (Lacune). Travaux entrepris pour le palais de Dêr. Pluie nocturne le 10 xii (de ZL 1). Asqûdum a demandé que les briques de l'entrepôt de Dêrîtum soient apportées pour renforcer la défense contre les inondations au palais. Que faire ? 2 4 6 8 10 12

    a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im ìrka-a- ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-[ra-t]um

    a-al-ma a-na u-lum x-[o-o-i]mki 2 sila-há dumu-me-e má - u-[gíd-gíd a-na te-r]e-tim i-pu- u-ma te-re-[tu- u-nu] [a]-di re-e iti an-ni-i[m a-al-ma] [ù] i-na te-re-ti- u-[ nu°] [da-an-n]a-[nu]m na-a-[ra-ap-tum] (Fin de la Face : 2 l. manquent.)

    Tr. Rev.

    (4 l. manquent.) (début du Rev. : 2 l. manquent.)

    2'

    [lu-p]u-ú -ma a-na i-pí-[ir] [é-ká]l-lim a de-erki

    490

    4' 6' 8' 10' 12' Tr. 14' 16' C. 18'

    Jean-Marie DURAND [e]-pé- i-im qa-tum a-ak-na-[at] iti e-bu-ri-im ta -ni-tim u 10-kam a-mu-ú-{UM}-um ka-al mu- i-im iz-nu-un a - um a-bu-sí-im

    a é dnin-hur-sag-gá I às-qú-du-um i-mu-ur-ma ú- a-ad-de-en-ni um-ma u-ma i-ga-ra-at a-bu-sí-im dan-na [s]ig-há  a [an-n]i-i

    in-ne-e[p- ]a a-na é-kál-lim zi-bi-il ka-ar-ka-at é-kál-lim hu-bu-ur be-lí às-qú-da-am l[i-i -al]

    um-ma a e-pé- i-i[m be-lí i- i-im] a-bu-sà-am a-a-ti lu-[ e-pí-i ]

    Bibliographie: édité comme ARM XXVI 455 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 376. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules vont bien. 8 Les devins 9 ont traité 8 2a) agneaux pour les présagesa) 7 sur l'état de la zone d'hortillonnageb) 9 et les présages qu'ils ont obtenus, 10 sont sains jusqu'à la fin de ce mois. 11 En effet, dans les présages qu'ils ont obtenus, 12 (se trouvent) le Renforcement, le Creuset… 5

    (8 l. manquent.) … 1' pour que je fasse 0' des travaux sur le palais de Dêr et 3' l’on avait (donc) commencé à travailler au palais de Dêr. 4' Le mois xii-bise), 5' le 10, 6' il y a eu 5' de la pluie 6' toute la nuit. 7' Au sujet de l'entrepôt 8' du temple de ala d), 9' Asqûdum après examen, 10' m'a arrêtée), disant : 11' « Les cloisons de l'entrepôt sont (assez) fortes. 14' Transporte au palais 12' les briques qui 13' ont été faites 12' ici. 16' Renforcef) 15' la protection contre les eauxg) du palais. » 17 Mon seigneur doit interroger Asqûdum. 18' Si mon seigneur se décide (néanmoins) pour la construction, 19' je ferai construire cet entrepôt. a) Cela indique qu'il y a eu une piqittum, « vérification ». S.L. lit puhâdî… têrêtim … epê um avec un double accusatif qui n'est pas documenté, d'où la restauration de ana l. 8.. Apparemment W.H. fait de même (op. cit., p. 376 « …made extispicies with two lambs » ). b) L'éditrice a lu ici uprum, ce qui n'est certes pas impossible matériellement vu les cassures, mais on peut envisager aussi salhum avec le post-déterminatif de lieu KI, ou un autre lieu de l’alvéole. c) S.L. fait justement remarquer que l'année dite de Kahat possède un mois xii bis. d) Le texte comporte Nin-hur-sag-gá, expression sumérienne (« la Dame de la Montagne») qui équivaut à la déesse ala , parèdre de Dagan. e) La traduction de S.L. « Il m'a fait savoir» a été reprise par W.H. « He let me know ». Le verbe me paraît cependant à dériver de ND' qui à la forme- signifie « arrêter une entreprise ». Cf. ARMT XXVI 285: 8 ma tûtam

    âti u -ta-ad-di = « j'ai interrompu le tissage ». f) D'après le parallèle de la l. 14', il s'agit d'un impératif et le sens doit être actif. C'est une mauvaise idée de penser que ce  BR est une variante de KBR (W.H, op. cit. p. 376, n. 312), car c'est — de façon inverse — à un  akkadien que correspond un K amorrite, comme le montrent plusieurs exemples (esêkum = esê um, kanâqum = anâqum, etc.). En outre, KBR produit un verbe en (i) alors qu'il s'agit ici d'un verbe en (a/u) et « reinforce » serait kubbir, et dès lors * ubbir. Le verbe habârum est enregistré avec le sens « être solide » (verbe d'état) par les dictionnaires, mais il n'est attesté jusqu'ici en akkadien qu’au permansif. Rien n’empêche donc qu’il s’agisse en fait d'un verbe actif « renforcer », auquel l’emploi au permansif donne normalement un sens d’état. Ce verbe habârum est également attesté par une incantation publiée dans RA 36, p. 10 : kêm qibîtî el qîbîti-ka lu ha-ab-ra-at, « qu’ainsi ma parole soit plus solide que la tienne », enregistré par CAD A/2 p. 167b, s.v. apru.

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim

    491

    g) Plutôt que d'introduire un mot nouveau signifiant « enceinte » à partir d'exemples araméens (S.L. ; suivie par W.H. qui traduit « perimeter »), on peut considérer « ka-ar-ka-at » comme l'état construit de *kâriktum, correspondant à l'akkadien kiriktum. Le verbe karâkum est utilisé pour signifier « bloquer un écoulement d'eau » et « obstruer un canal ». Il est donc vraisemblable que la *kâriktum désignait non pas l'enceinte du palais mais sa protection contre des eaux (de ruissellement ou autres). Kiriktu est traduit par CAD K, p. 405 « blocking of the water supply in a canal ». Il est vraisemblable que cela avait à voir avec les pluies torrentielles — dont il est parlé juste auparavant — qui avaient pu faire monter le niveau dans le système d'alimentation en eau du palais.

    10.4 Après Bannum [A.613], s’il est bien de la fin de ZL 1, se situe après la période de pouvoir de Bannum. C’est le cas de plusieurs autres textes, qui dateraient au mieux du moment de sa disgrâce. On y attendrait en effet la présence du mer‘ûm, vu l’importance des informations, alors qu’il n’est pas mentionné. Ainsi en est-il du texte [A.272] qui parle de l'arrivée dans la capitale (l. 5-10) de notables de Ziniyân, une région en partie mâr yamîna du district de Saggâratum, sur la rive droite de l’Euphrate, à l’amont de Terqa. « Ha qûdum » transmettrait (par leur intermédiaire ?) des informations sur la moisson de Ziniyân et l’installation des Uprapéens dans la région (l. 11-20). Ce Ha qûdum, malgré l'orthographe de son nom (cf. p. 49), pourrait être l’Asqûdum que l’on connaît par ailleurs comme le devin mariote, comme éventuellement on voit apparaître Simhu-rabi au lieu de Sumhu-rabi. En ce qui concerne l’affaire, la mention de la moisson (l. 12) daterait le document d’un mois iii ou iv, ce qui pourrait le placer juste avant le départ de l’armée pour la Haute-Djéziré. 236 [A.272] Abimekim au roi. Arrivée (à Mari) des notables de Ziniyân. Ha qûdum a demandé à procéder à la moisson de Ziniyân, car 20 individus de Ganibatum étaient venus d'amont avec lui pour procéder à la moisson à Samânum. Part réservée des Uprapéens. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im ì[r]ka-a- ma I [i]a-ta-rum su-ga-gu

    a zi-ni-ia-anki I mu-tu-ra-ma I[ia-á]s-ma-ah-ba-al I ba-sa°-[r…] ù dumu-me-e zi-n[i-ia-anki] ka-lu- u-nu i[k-ta-a -du-nim] a - um e-em a [o-o-o-ni]mki19 e-é-di-im ha-a -qú-du-um i -pu-ra-am 20 dumu-me-e r[u-u]g-ba-tim

    2 4 6 8 10 12 Tr. 14

    (Blanc.)

    [it-t]i20-ia a-na [ma-riki] za-{RU}-ru-{RU} ú? 30 gán a- à bi-ir-tam dumu-me-e up-ra-pí im- u-hu

    a-pí-il-ti a- à-lim

    Rev. 16 18

    19

    Il pourrait y avoir ici une forme [zi-ni-ya-n]imki (inattestée cependant) pour Ziniyân.

    20

    Le signe est clairement TI, non E .

    492

    20 22

    Jean-Marie DURAND ú- e-í-id-ma ù a-na kislah a-ad-di ha-al-ú-um a-li-im

    Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 462 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 378 ; cf. L. Marti, NABU 2001/81. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. Yatarum, le cheikh 6 de Ziniyâna) — 7 Mutu-Rama, Yasmah-Ba'al, 8 Basa…b) 9 et des gens de Ziniyân, 10 eux tous, me sont arrivés. 12 Ha qûdum 13 m'a envoyé (par eux) des informations 12au sujet de la moisson 11 du grain de Ziniyân : 14 « 20 serviteurs attachés aux greniersc) 16 sont occupés à vannerd) 15 avec moie) à Ziniyân. 18 Les gens de l'Uprapum ont mesuré (pour eux)f) 17 30 arpents entourés par le méandre. 19 Le reste du terroir, 20 je l'ai fait moissonner et 21 j'(en) ai déposé (le produit) sur l'aire. » 22 Le district (de Mari) va bien. 5

    a) Ziniyân est un lieu où sont attestés des Mâr yamîna. b) La restauration est indécise : dans l'onomastique de Mari on connaît ba-sa-ra-an, nom d'un esclave rural, dans A.3562 (variante ba-as-ra-an, selon M.8879) et ba-sa-num, M.5624. Les trois personnages des l. 7-8 doivent représenter des Anciens de Ziniyân. Le restant mentionné en bloc ne représente que de simples bourgeois. c) Ces gens attachés aux greniers devaient être des habitants de Ziniyân convoqués pour accomplir la corvée du vannage. On ne comprendrait pas ici la mention de Ganibatum (S.L et W.H) d) Il n'y a pas de signe AT dans cette ligne, en comparaison avec a-ad-di de la l. 21, et une séquence a-an’est pas attendue. Le passage a été corrigé par L. Marti, NABU 2001-81, suivi par W.H. En fait il y a plusieurs érasures sur cette ligne et le A de S.L. n’est que le bas d’un ZA. e) Du texte doit manquer ici selon les normes d’un texte mariote et les l. 14 à 21 peuvent représenter le message de Ha qûdum. On lira donc une l. 13-bis , développant i puram. Noter l’emploi de la première personne dans ces l., ce qui ne fait que difficilement référence à Abimekim. f) S.L. a lu ici im- u-'u faisant venir le verbe de ma â'um « piller », ce qui est effectivement un usage courant dans l'écriture de Mari. Elle a été suivie par W.H. mais le texte ne se comprend plus, car il est trop tôt dans le règne pour que soit indiqué ici un pillage fait par les Uprapéens. En fait, c'est un moment de leur installation. Ma âhum (cf. CAD M/1, p. 352b (pour l'époque moyenne21) se dit couramment d'une superficie délimitée avant attribution.

    [A.1232] parle d'un ambassadeur de Kurdâ et doit témoigner des premiers contacts diplomatiques entre Kurdâ et Mari pour l'intronisation de Simah-ilânê. L'ambassadeur de Kurdâ se fait tancer par Abimekim mais manifestement la consigne a été donnée à l'administrateur de ne pas chercher un affrontement. On note l’absence de Bannum. 237 [A.1232] Abimekim au roi. Les présages ont été pris pour Mari, le Palais, les Temples et les Ergastules. Tout allait bien pour un mois, quoiqu'il y eût quelque chose de pas normal (l. 15). De fait, Zikriya, ambassadeur de Kurdâ, a essayé de « débaucher » Ik ud-ayyabî- u, l'apprenti-barbier. Prévenu, Abimekim s'est saisi du serviteur et a tancé publiquement l'ambassadeur.

    2 4 6 8

    [a-na be-lí]- i[a] [qíbí]ma [um-ma a]-bi-me-ki-im [ì]rka-a- ma [a-lu]m4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim [é]-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma a-na u-lum a-limki ma-riki ù  u-lum ha-al-í-im

    21 Cf. cependant ARMT XXVI 500: 29 où ma âhum signifie « prendre la mesure » : âbam a itti- u illa[ku], a[m]- u-uh 6 lîmî mai = « J'ai évalué la troupe qui allait avec lui à environ 6 000 (hommes). »

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim

    493

    dumu-me-e má - u-gíd-gíd te-re-tim i-pu- u-ma te-re-tu22- u-nu a-di re-e iti an-ni-/im

    a-al-ma ù dumu-me-e má - u-gíd-gíd ki-a-am iq-bu-nim um-ma  u-nu-ma te-re-t[u]-ni a-hi-tam i- a-a

    10 12 14 Tr.°

    (2 l. blanches.)

    Rev. 16 [ù a ]- um° ik- u-ud-a-ia-bi- u gìr-sig [ a] be-lí a-na a-bi-e-qar u-i 18 a-na u-i-tim u-hu-zi-im ip-qí-du u I zi-ik-ri-ia dumu i-ip-ri 20 lú kur-da-yu-umki 22

    a a-na ká-dingir-raki i-ti-qú ú-se-ep-pí-{ U} u 24 [ ]e-pí ik-bu-su-ma lú-tur a-a-tu [a]-ba-at a-na zi-ik-ri-ia {X} 26 [ma-h]a-ar {ÌR}° ìr-me-e  a be-lí-ia [ki-a]-am aq-bi um-ma a-na-ku-ma 28 [am-m]i-nim ìr be-lí-ia tu-se-pí [kaskal-k]a ú-ul a-ka-al-la 30 [tu-ta]-ar-ra-am-ma [ta-a]t-ta-na-ap-pa-al Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 453 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 375. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules vont bien. 9 Les devins 10 avaient pris les sorts 7 pour ce qui concerne la ville de Mari 8 et le district. 11 Les sorts qu'ils avaient obtenus jusqu'à la fin de ce mois-ci 12 allaient bien. Cependant les devins 13 ont dit ceci : « 14 Les présages que nous avons obtenus 15 ont une bizarrerie. » 16 Or, concernant Ik ud-ayyabî- u, le domestique, 17 que mon seigneur 19 avait confié 17 à Abêqar 18 le barbier pour lui faire apprendre l'art du barbier, 20 Zikriya, le messager 21 kurdéen, 22 qui était de passage pour Babylone, l’avait « débauchéa) ». 24 On m'a prévenu. 25 Je me suis saisi 24 de ce serviteur. 27 J'ai dit ceci 25 à Zikriya 26 par devant des serviteursb) de mon seigneur : « 28 Pourquoi as-tu “débauché” un serviteur de mon seigneur ? 29 Je n'arrêterai pas ta caravanec). 30 (Mais) si tu recommencesd), 31 tu seras mis à l'amendee). » 5

    a) Pour le sens de suppûm, « faire miroiter un avenir meilleur à un travailleur pour lui faire quitter son poste », donc « débaucher d'un travail », cf. index, LAPO 18, p. 586b. b) Il n'y a pas ici «10 serviteurs » car le «10 » n'est qu'une partie du ÌR dupliqué. Il faut simplement comprendre que la réprimande a été faite publiquement. c) Tant S.L. que W.H. restaurent ici, sans explications, un ìr dans la cassure. Ce serait une mesure de « talion ». En fait, Abimekin ne veut pas créer un incident avec un diplomate qui n'est que de passage (etiqtum). d) Pour ce sens elliptique de turrum, cf. CAD T, p. 278a-b. S.L. traduit « … si tu me le rends, tu seras quitte », suivie par W.H. op. cit. p. 375, « [Once you] return (him) to me, [you] need not give answers. » Mais, outre que le texte devrait comporter un - u qui n'existe pas, les l. 24-25 montrent que le serviteur a été arrêté par le fonctionnaire mariote, donc qu'il n'y a pas à le lui rendre. e) Il s'agit ici de NPL, pas de 'PL (S.L.).

    22

    Le E initial du TU n'est qu'à moitié fait.

    494

    Jean-Marie DURAND

    10.5 Événements à la frontière orientale À l’époque du discrédit de Bannum, ou à celle d’après sa disparition, appartient vraisemblablement [A.2167]. Ce texte qui ne le mentionne pas apporte en effet des renseignements de première importance sur les régions au sud du royaume. C'est une époque où ses serviteurs conseillaient au roi de Mari d’avoir de bons rapports avec (« son père ») le roi d'E nunna. On comprend cependant à lire le texte que celui qui est un chef dans la région, Meptûm, n’appréciait pas que l’on fît à E nunna des rapports le concernant (l. 13-22) ; si les relations sont encore paisibles entre Mari et la capitale de l’Akkad oriental, la méfiance était déjà de mise dans le Sûhum. De fait, E nunna s'occupait de la royauté d'Allahad et intervenait, d'après ce que disait Bannum23, jusqu’à Sapiratum. Toute cette partie du cours de l’Euphrate avait en effet appartenu à E nunna mais était passée dans des conditions mal connues encore sous domination du RHM. En un sens, plusieurs États y avaient des droits. Mari se sentait l’héritière du RHM et devait considérer la vallée jusqu’à l’Akkad occidental comme le prolongement normal du royaume des « Bords-de-l’Euphrate », E nunna comptait de son côté récupérer des territoires perdus. Sans doute, le corps expéditionnaire conduit ultérieurement par allurum avait-il reçu cette mission. Babylone s’y jugeait chez elle. Mari avait cependant ses partisans, au nombre desquels on pouvait compter Meptûm qui cherchait à se débarrasser de ses opposants. De fait, les deux trublions qu’il expédie dans la capitale sont un local, ainsi qu’un individu d'origine mâr yamîna (Amnanéen). L'envoi des a baa'âtim (l. 8-12) est déjà clairement une mesure préventive, ce corps de militaires étant chargé de s’opposer à tout ennemi potentiel et de monter la garde aux frontières. Meptûm attendait leur rapport pour savoir ce qui se passait du côté e nunnéen. Un conflit était donc senti comme possible à propos de ces contrées en « déshérence ». Cela peut expliquer l'attention donnée à l'état des murailles de Mari. On consolidait les défenses de la ville, du fait d’une évidente vétusté. Leur mauvais état était connu par un texte édité par N. Ziegler24, qui laisse à penser que c’était toujours un sujet de préoccupation au cours du règne de Zimrî-Lîm. 238 [A.2167] Abimekim au roi. Tout va bien. Message de Meptûm disant que tout va bien pour les commandos qui ont atteint leur destination. Travaux sur la muraille. [a-na be-lí]- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im ìrka-a- ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma I me-ep-tu-ú-um ke-em i -pu-ra-am um-ma u-ma lú-me-e a a-na ba-a--'a4-tim a-ru-du a-al-mu a- à ú-wa-e-ru- u-nu-ti ik-ta-á -du a-di u 5-kam i-tu-ru-nim-ma e-em- u-nu a-na e-er be-lí-ia a- a-pa-ar 1 lú hur-ba-na-ia-amki ù 1 lú am-na-na-ia-amki I me-ep-tu-ú-um ú- a-re-e-em [u]m-ma u-ma a-wa-ti-ia

    2 4 6 8 10 12 14 16

    23 24

    Cf. p. 152.

    Cf. N. Ziegler, « Deux esclaves en fuite à Mari », dans Recueil d'études à la mémoire de M. Birot, = FM II, 1994, p. 11-21, spéc. p. 19-21. Les deux documents publiés dans cet article sont sans doute de la fin du règne.

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim

    495

    a-na è -nun-naki u -te-né-ru-ú [a-na e-er be-lí]-ia Rev.20 [ú-ur-da- u]-nu-ti [be-lí a e-pé- i-im]25 22 l[i-pu-ú - u-nu-ti]

    [a-ni-tam] 24 [a-nu-um-ma di-im-tum]26 i -tu pa-an [du-ri-im l]a-bi-ri-im 26 im-ta-qú-ut-[ma du-ur] pí-a-tim e-le-[tim] a-ka-a-ar-ma 28 a-na di-im-tim a-a-ti qa-ti a- a-ak-ka-an Tr. 18

    Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 456 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 376. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien. Le Palais va bien. 6 Les Temples et les Ergastules vont bien. 7 Meptûm m'a envoyé ce message-ci, 8 disant : « Les gens que 9 j'avais expédiés 8 en commandos 9 vont bien. 10 Ils viennent d'atteindre 9 l'endroita) où je les avais envoyés. 10 D'ici 5 jours, 11 il reviendront et 12 je renseignerai mon seigneur 11 sur les nouvelles qu'ils rapporteront. » 15 Meptûm m'a fait conduire 13 1 homme de Hurbân 14 et un Amnanéen, 16 disant : 18 « Ils ont l'habitude de colporterb) 16 des propos sur moic) 17 à E nunna. 20 Expédie-les 19 chez mon seigneur. 21 Mon seigneur 22 doit leur faire 21 ce qu'il voudra. » 23 Autre chose : 24 voilà qu'une tour 26 vient de s'écrouler 25 du devant de la vieille muraille. 27 Je vais consolider 26 le mur de 27 l'acropoled) et 29 je me mettrai 28 à cette tour. 2

    a) Eqlum signifiant « région » est déjà attesté à Mari par ARM IV 88 (= LAPO 17 540) : 21 & V 67 (= LAPO 17 852) : 26. Ce terme après Mari semble n’être plus employé avec ce sens que dans des textes littéraires. b) Il s'agit d'une forme /3 de warûm. Le timbre en /e/ indique une forme du Nord plutôt qu'akkadienne. c) « Mes propos » peut naturellement signifier « mes projets » (mais comment ces gens y auraient-ils accès ?) ou « des propos sur moi ». Ils devaient faire des rapports à E nunna sur la réaction aux mesures prises par Meptûm. Hurbân est un lieu bien connu d'opposition à Mari au Sûhum. d) Le terme pi'atum qui signifie approximativement « région » sert à désigner l'acropole dans l’expression pî'atum elîtum. Cf. MARI 5, p. 214, n. 38.

    Très proche de cette lettre doit être [A.3013] que je comprendrais ainsi : 239 [A.3013] Abimekin° au roi. Tout va bien. Le roi a réclamé qu'on lui envoie sans délais les gens qui viennent de chez Meptûm. Ils partent avec la tablette que [Meptûm] a envoyée à leur sujet. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma a-bi-me-ki-in° ìr-ka-a-[ma] a-lum4(LAM)ki ma-riki [ a-lim] é-kál-lum a-l[im] é-há [dingir-me-e ] ù ne-pa-[ra-tum a-al-ma] a - um [e-em 2 lú-me-e ]

    2 4 6 8

    25

    Dans le compte des lignes, il y a deux l. sur le revers, là où l'éditrice n'en a 13ompté qu'une.

    26

    Restauré d'après la l. 28.

    496

    10 Tr.

    Jean-Marie DURAND

    a i -tu [pa-ni-ia / ma-riki] i-à-r[a-du] (2/3 l. blanches.)

    Rev.12 be-lí i -pu-r[a-am] um-ma-a-mi ar-[hi-i ] 14 ú-ur-da-a - u-n[u-ti] lu-wa-e-er- u-nu-[ i-im] 16 it-ti up-pí-im-ma

    a a - u-mi- u-nu 18 a-na e-er be-lí-ia ú- a-bi-lam 20 a-à-ar-da-a - u-nu-ti (1 l. blanche.) Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 457 ; non repris par W. Heimpel, op. cit. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekin, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; 6 le Palais va bien ; 7 les Temples 8 et les Ergastules vont bien. 9 Au sujet des deux hommes 11 qui doivent être expédiésa) de chez moi/de Mari, 12 mon seigneur m'a envoyé un message(r), 13 disant : « 14 Expédie-les moi 13 vite 15 que je donne des instructions en ce qui les concerne ! » 16 C'est avec la tablette 17 qu'à leur sujet 19 il (= Meptûm) m’a fait porter 18 pour chez mon seigneur 20 que je les expédieb). 5

    a) La forme i-a-r[a- ne peut être que le début d'un inaccompli. La traduction « que l'on vient de m'en[voyer] » (S.L.) ne convient donc pas. b) Dans sa lettre Meptûm devait donner suffisamment de détails pour informer le roi. Il est normal qu'un fonctionnaire comme Abimekim envoie un tel document sans le garder par devers lui. Une autre possibilité morphologique est de considérer u âbilam comme une première personne renvoyant à Abimekim (S.L.) mais il faudrait traduire « je les envoie chez mon seigneur avec la lettre même que je fais porter/que j'ai fait porter chez mon seigneur les concernant », alors que la présente lettre ne dit rien d'eux.

    [A.509] est un des rares documents à décrire la situation militaire à l'est du royaume au début du règne. Les Turukkéens sont à l'époque les alliés d'I me-Dagan contre E nunna. Ils ont dû accomplir une razzia sur le pays d'Akkad, tout particulièrement E nunna, mais en remontant vers le Nord ils ont apparemment aussi causé des dégâts dans l'Akkad occidental, le royaume de Babylone. Ces derniers semblent néanmoins n'avoir été que très limités. Les messagers (babyloniens) qui vont chez les rois du Nord (des Mariotes n'iraient qu'à Mari) passent par Yabliya où se trouvait le militaire mariote Menîhum et, poursuivant leur chemin par Mari, y rencontrent Abimekim. Les relations sont donc bonnes entre Babylone et Mari à une époque où devait d’ailleurs se tramer l’installation de Simah-ilânê à Kurdâ. 240 [A.509] Abimekim au roi. Tout va bien. Des messagers (babyloniens) en direction des rois du Subartu apportent depuis Yabliya des nouvelles de Menîhum. Des Turukkéens, montés sur des ânes, n'ont fait que passer en direction du Nord. Peu de dégâts en Babylonie.

    2 4 6

    a-na be-lí- ia [q]íbíma [um]-ma a-bi-me-ki-im [ì]rka-a- ma [a]-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim

    497

    [dumu]-me-e i-ip-ri mu-ba-ri-tum 8 [ a m]e-ni-hi-im ik- u-du-nim [um]-ma u-nu-ma me-ni-ha-am 10 [qa-d]u-um lú a-bi- u [ni]-ib-re-em lú tu-ru-ku-ú a an-na-/nu / i-ti-qú 12 [ir-ta]-ak-bu-ú Tr. [a-na e]-er lugal-me-e 14 [ti27-l]a-at be-lí-ia i-ti-qú [ù a-na i]a-ab-li-iaki Rev. 16 [i-ru]-bu-nim [ù a - ]um a-al-la-tim 18 [ a i]-na ká-dingir-raki [i - a-al-l]u {X} á -ta-al- u-nu-ti-ma 20 [um-ma] u-nu-ma [x sag]-ìr-me-e ba-ug 22 [ù m]a*-tum ka-lu- a [ a-al]-ma-at Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 460 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 377. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules vont bien. 7 Des messagers (babyloniens), un groupe qui apportait des nouvellesa) 8 sur Menîhum, me sont 9 arrivés, disant : « 11 Nous avons vu 9 Menîhum 10 avec ses gens. 11 Les Turukkéens qui sont passés là-bas 12 étaient sur des monturesb). » 14 Ilsc) étaient de passage 13 pour chez les rois 14 alliés de mon seigneurc). 16 Ainsi étaient-ils entrés d) 17 à Yabliya . Alors, 19 je les ai questionnés 17 au sujet du butin 18 qui 19 a été fait 18 en Babyloniee) 19 et 20 ils ont dit : « 21 Il y a x esclaves qui sont morts, 22 mais le pays dans son ensemble 23 va bien. » 5

    a) Mubarrîtum est un terme hapax. S.L. le rend par « éclaireurs » ; W.H. ne traduit pas mais pense qu'il s'agissait d'un groupe chargé d'informer au sujet des mouvements de Menîhum ; CDA, p. 214a, comprend observation corps. Aucune de ces compréhensions ne convient. Burrûm signifie couramment à Mari annoncer qu'on a aperçu quelqu'un (cf. l. 11). Le verbe ne devrait pas être séparé de barûm « voir ». Ici les messagers de passage n'annoncent pas la venue de Menîhum, un militaire mariote qui est affecté à Yabliya, mais donnent des nouvelles sur ce qu'ils ont vu de lui. b) S.L. a lu [it-ta]-aq-bu-ú et compris : « [On a par]lé plusieurs fois…» mais cet usage de la forme IV paraît peu probable. W.H. ne traduit pas. Pour un rezzou des Turukkéens au pays d'Akkad, les pillards devaient être montés sur des équidés pour s'assurer une mobilité plus grande. c) Il s'agit évidemment ici non pas « des gens [anonymes] qui étaient entrés à Yabliya » (S.L.) mais des messagers babyloniens de passage, les mêmes que ceux de ARMT XXVI 461, qui passaient par le territoire plus sûr de Mari, parce que l'on se battait du côté de l'Est. Cela explique (comme l'avait d'ailleurs remarqué S.L.) que l'expression se retrouve dans ARMT XXVI 461. Ces tillâtum désignent des rois du ubartum ou du Sindjar alliés de Mari. Les Turukkéens, eux, sont remontés vers le Nord avec un butin sans conséquence fait en Babylonie. On s'attendrait à ce que les messagers disent « notre seigneur » en parlant de Zimrî-Lîm ou du roi qui les envoie. La l. 14 est donc à attribuer à Abimekim. Le fait que ces messagers soient eux-mêmes babyloniens explique pourquoi ils sont à même de donner des renseignements sur les exactions des Turukkéens en Babylonie. d) Ce passage par Yabliya leur permet de donner des nouvelles de Menîhum et de son équipe (l. 10'). e) La ville est sans doute employée ici pour désigner le royaume. Il est peu vraisemblable qu'il y ait eu une attaque contre Babylone elle-même.

    [M.8178], suite de la lettre précédente, concerne les mêmes gens. Les messagers babyloniens ont dépassé la ville de Mari et se sont arrêtés à amdadum, sans atteindre donc Terqa pour y faire étape.

    27

    Il y a ici place pour un signe plus ample qu'un TIL, d'où la restauration ti, voire même ti-il-.

    498

    Jean-Marie DURAND 241 [M.8178]

    Abimekim au roi. Tout va bien. (Lacune.) Les 5 messagers de Babylone pour les rois du Nord passent la nuit à amdadûm.

    2 4 6

    a-na be-lí-ia [qí]-bí-ma [um-m]a a-bi-me-ki-in° [ìr]-ka-a-ma [a-lum4(LAM)ki] ma-riki é-há dingir-me-e [ù ne-pa-r]a-tum [ a]-al-ma [5 dumu-me-e lú ká-dingir]-raki (1/2 manque.)

    Rev. 2' 4' 6' Tr.

    5 lú-me-[e ] dumu [i-ip-r]i lú ká-dingir-ra[ki]

    a a-na e-er lugal-me-e til-la-at be-lí-/ia i-tiqú u-um [up]-pí [an-né]-e-em a-na [e]-er be-lí-ia ú- a-b[i-lam] i-na [ ]a-am-da-di-iki bi-tu (anépigraphe.)

    Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 461; W. Heimpel, op. cit., p. 377. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari, les Temples et les Ergastules vont bien. Les 5 messagers de Babylone… 5

    (1/2 manquea)). 1'

    Les 5 messagersb) 2' babyloniens 3' qui (sont) pour les rois alliés de mon seigneur, 4' ont continué leur route. 5' Le jour où 6' je fais porter 5' cette tablette de moi 6' chez mon seigneur, 7' ils sont au bivouac 7' à amdadumc). a) Dans l'importante partie de la tablette qui manque devaient être racontées au roi des informations sur Babylone qu'Abimekim avait obtenues à Mari des messagers. b) S.L. lit lú-me-e Hammu-rabi à la l. 1' du Rev. et comprend « Cinq hommes de Hammurabi », mais cela ne convient pas aux traces et n’est pas dans l’usage de Mari ; même observation pour W.H. Il s'agit des individus de [A.509] (ARMT XXVI 460). c) Il s'agit ici de la amdadum qui se trouvait au nord d'Appân, dans le district de Mari.

    10.6 Une mission à Kurda ? L’Abimekim chargé d’une ambassade à Kurdâ (cf. n°243) peut être le fonctionnaire de Mari28, après que le roi ait mis en place Yasîm-sumû, ou le messager entre Mari et Babylone. On retrouve dans sa lettre depuis Babylone (ARMT XXVI 470 : 12-13) l’expression u -ta-ki-i de [M.9265] : 10 (cf. p. 499 b). Or la lecture ku!-ú[r!-daki], l. 6 de [M.9265] peut être mise en doute. Je suis sensible à la remarque de D. Charpin que le premier signe pourrait aussi bien être un BA et que l’écriture de Kurdâ ne comporte pas le signe ÚR. Dès lors, on lirait sans problème ba-b[i-liki] et le document serait à rattacher aux tractations antérieures à l’arrivée de Simah-ilânê. La destruction du revers qui parlait de Simah-ilânê empêche de savoir quel était alors son statut : roi ou réfugié à Babylone.

    28 Rien n’indique cependant qu’il s’agisse du même Abimekim que celui qui avait des fonctions dans le district de la capitale.

    499

    L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim 242 [M.9265]

    Abimekim au roi. Dès son arrivée à Kurda, il a eu une entrevue dure. Simah-ilânê… (Lacune)

    2 4 6 Tr. 8 Rev. 10 12

    [a-na be-lí- ia] [qí]bí[ma] um-ma a-bi-mé-ki-[im] [ì]rka-a- ma [kask]al b[e-l]í-ia a-al-ma-at [u-um a-na] ku?-ú[r?-da]ki [ak- u]-d[am-ma] [k]i-[m]a wu-úr-tim

    a be-lí ú-wa-e-ra-an-n[i] u -ta-ki-i wu-úr-ti ad-di-in [I s]i-ma-ah-i-la-a-né-e (Rev. = 2 l.)

    Tr. C.

    (Détruite = 2 l. ?)

    [b]e-lí l[u i-di]

    Bibliographie : édité par S.L, comme ARMT XXVI 465 ; non repris par W. Heimpel, op. cit. Cf. p. 499. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. L'expédition de mon seigneur va bien. 6 Le jour 7 même oùa) 7 je suis arrivé 6 à Kurda/Babylone, 10 selon les instructions seigneur m'avait données, 11 j'ai présenté 10 mes directives (d'un ton) sans complaisancéb). 12 Simah-ilânê … 2

    9

    que mon

    (Reste détruit.)

    Mon seigneur est au courant. a) Au début de la l. 6, il y a place pour deux signes avant le a-na nécessité par la construction verbale. b) L'expression u -ta-ki-i wu-úr-ti ad-di-in, qui n'a pas été traduite par S.L. (ni par W.H. dans ARMT XXVI 470) a un écho dans ARMT XXVI 470: 12-13 [a-ba-a]m ka-la- u a ha-am-mu-ra-bi, [ a it-ti- u n]u-u -ta-kiú-ma ni-id-bu-bu = « Toute l'armée d'Hammu-rabi dont nous avons parlé avec lui sans complaisance…» Ce verbe est apparenté à l'hébreu  Q (HALOT, p. 1646b) employé au pi'el. Le verbe se retrouve dans A.337+ ; cf. Mélanges Groneberg, 2010, p. 63-72, l. 40: li puram-ma li-i -ki-ú = « qu'il (les) envoie et qu'ils ne montrent nul égard (à mon endroit) ». Cf. [A.4130+].

    Le texte [M.10992] parle clairement de Kurdâ et met le roi de Mari au courant de ce qui s’y passe. Le texte est malencontreusement cassé pour sa première anecdote et allusif pour sa seconde. On avait instauré une siniqtum au pays de Kurdâ. Le terme est rare, mais ne peut que renvoyer à SNQ qui est très bien connu pour signifier que l'on vérifie l'action de quelqu'un ou les rations qu'il reçoit. Le texte poursuivant apparemment par la mention de fugitifs (l. 11), il devait s'agir d'un apurement des effectifs. La seconde anecdote concerne la disparition d'objets précieux. L'accusé atteste par deux fois qu'ils se trouvaient chez Zimrî-Lîm qui en aurait convenu, au moins pour le sac (l. 15'). Rien n'est dit des autres objets (qui pouvaient également se trouver dans le sac). Il devait s'agir de trésors royaux. L'affaire est rendue obscure par le fait que bêlî, « mon seigneur », désigne tantôt Simah-ilânê, tantôt Zimrî-Lîm. La traduction précise donc entre parenthèse qui est qui. 243 [M.10992] Abimekim au roi. Instauration d'un contrôle des effectifs au Numhâ. (Lacune). Yarîm-dâdum dit que l'un des objets précieux manquants se trouverait chez Zimrî-Lîm de l'aveu même de ce dernier.

    500

    2 4 6 8 10

    Jean-Marie DURAND

    a-na be-líia [qí]bíma [u]m-ma a-bi-mé-ki-in° [ì]r-ka-ama [lú]-me-e qa-qa-da-at nu-ma--ma [ù] lú-me-e u-gi ma-tim ìr-du [ a s]i-ma-ah-i-la-a-né-e [i]p-hu-ruma sí-ni-iq-tum i-na ma-[tim] [i] - a-ki-inm[a] [x l]ú hal-[qú-tum…]

    Tr. Rev. 2' 4' 6' 8' 10' Tr.12' 14' C. 16'

    (3 l. non conservées.)

    ù i[t-ti lú-me-e u-nu-ti] a-na é n[e-pa-ri-im] u -te-ri-[bu- u-(nu-ti)] be-lí an-ni-tam lu i-de [ ]a-ni-tam ia-ri-im-da-du dumu ia-an-í-ib-dIM a-na be-lí- u ke-em iq-bi [u]m-ma-mi ki-sú-um qa-du-um ku-nu-ki-/ a [1] qú-ul-mu-um a kù-UD [1] a-am- u-um a KÙ.GI [i-n]a qa-at zi-im-ri-li-/im [i]-ba-[ u-ú] ù be-lí a- a-al-/ma [um]-ma-mi an-na ki-sú-um qa-du-um ku-nu-ki- a [i-na qa-ti-ia i-ba- i-i an-n]i-tam igi be-l[í- u] [ki-a-am ú- a-an]-ni-ma an-ni-tam [iq-bi be-lí lu-ú] i-de

    Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 463 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 378. 1

    Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. Ce sont les notables du Numhâ et les Anciens du pays, serviteurs 7 de Simah-ilânê, qui se sont 9 réunis et un contrôle des effectifs 10 a été entrepris 9 dans le pays. 11 x fugitifs… 5

    (Lacune de 3 l.)

    … 1’ alors, avec ces gens, 3’ on l'a/les fait entrer dans la prison. Mon seigneur est au courant de cela. 5' Autre chose : Yarîm-dâdum, 6' fils de Yanib-Addu, 7' a dit ceci à son seigneur (Simah-ilânê) : « 8' La bourse avec son sceau, 9' la hache d'argent, 10' le soleil d'or, 12'se trouvent 11' dans les mains de Zimrî-Lîm. 12’ En outre, j'ai interrogé mon seigneur (Zimrî-Lîm) et 13' il m'a dit : “Oui, la bourse 14' avec son sceau 15' se trouve en ma possession”. » Voilà ce 16' qu'il a maintenu 15' par devant son seigneur (Simah-ilânê) et ce qu'17'il a dit. Mon seigneur est au courant de cela. 4’

    11. LA CORRESPONDANCE D’ITÛR-ASDU AVANT NAHUR

    L’ensemble des lettres d’Itûr-asdû1 en poste à Mari révèle l'absence de Zimrî-Lîm. C’est d’ailleurs la règle pour la correspondance des officiels de la capitale puisque, lorsque le souverain y était présent, il n’y avait pas de raison de lui écrire. Un fonctionnaire devait se déplacer pour aller rencontrer le roi dans son palais ou, de façon générale, dans sa capitale, si jamais les administrateurs du district avaient leur résidence ailleurs qu’à Mari. Le palais royal semble n'avoir hébergé que le roi, ses serviteurs personnels et, surtout, l’ensemble des femmes du palais, non les « ministres » ou les « grands fonctionnaires » qui avaient leurs « maisons » propres. Rien ne prouve que l’on communiquait de façon privilégiée avec le roi par lettre, depuis la ville, ou surtout, depuis une partie du palais2. En revanche, selon une coutume bien connue maintenant, lorsque le roi revenait dans sa capitale il rapportait les tablettes reçues au cours de son déplacement et que l’on archivait alors3. Du courrier envoyé au roi pouvait cependant ne pas arriver à destination. On a pu aussi ne rapporter qu'une partie des tablettes, l'autre étant endommagée au cours du transport, voire perdue.

    On constate qu’en ce début de règne le roi a été absent de sa capitale à des moments politiquement très importants, comme l’arrivée de messagers d’E nunna, ou de Babylone et de Kurdâ, préludes à la venue de Simah(i)lâne4, prétendant au trône d’une royauté majeure, celle de Kurdâ. S’il était loin de sa capitale, c’est qu’il lui fallait affirmer l’autorité de Mari et assurer la sécurité du royaume. Une grande partie des lettres d’Itûr-asdû doivent être de ce moment là, soit la seconde partie de ZL 1. Si elles sont disponibles, 1

    « Le/un guerrier est revenu ». Le terme asdum signifie « guerrier » à l'époque amorrite à la place du qurâdum récent et devait être d’un usage courant. Le sens de « lion » est, en fait, un arabisme, l'animal se disant lab'um dans le vernaculaire de Mari et nêum en akkadien. Ce nom Itûr-asdû ne peut être en référence à Zimrî-Lîm puisqu'il préexiste à son règne. Il est possible qu'il faille comprendre « C'est le guerrier qui est revenu », faisant allusion à un ancêtre renommé pour ses faits d'armes. La forme verbale itûr (très majoritaire dans les attestations) indique un NP akkadien. Le fait qu’Itûr-asdû ait été à l’origine un devin peut l’expliquer, car l’individu pourrait être d’origine étrangère, venu depuis l’Akkad sur les Bords-de-l’Euphrate, peut-être suite aux conquêtes de Samsî-Addu. Il existe pour le même personnage des formes « occidentalisées » de son anthroponyme, comme Yatâr-asdû, etc. 2

    C’est un fait dont il faut tenir compte pour l’exploitation du corpus épistolaire de Mari. S’il a été repéré depuis longtemps que les silences des « repas du roi » sont à interpréter comme des marqueurs de l’absence royale, toute lettre envoyée au roi depuis Mari par quelqu’un censé y résider l’indique également. Le fait que la lettre ait été retrouvée dans le palais n’est qu’un archivage secondaire de documents rapportés, à moins qu’on ne considère de tels documents comme des doubles établis par les administrateurs lorsqu’ils communiquaient leurs informations au roi. On ne comprendrait pas cependant pourquoi on ne gardait pas de double de ce que le roi envoyait depuis sa capitale à ses administrateurs provinciaux ou à ses vassaux. Les synthèses historiques doivent donc tenir compte que les informations transmises par les administrateurs de Mari traitent d’événements advenus in absentia regis, c’est-à-dire que beaucoup d’informations nous échappent, celles dont le roi est informé parce qu’il y assiste. En revanche, on trouve aussi dans le palais des lettres envoyées par le roi. Cela permettrait d’établir que certains recevaient leur courrier au Palais (cf. Mukanni um ? Mais il peut s’agir de directives royales transmises aux services techniques) à moins que l’administration n’ait fait saisir certaines archives, après la mort du fonctionnaire qui les avait reçues. 3

    Si l'enregistrement de certaines lettres au roi à son retour est un fait de constatation, on ne trouve pas parmi les tablettes palatiales les réponses que le roi n'a pas dû manquer d'envoyer en retour avec ses directives. Il faut donc supposer que ce que nous considèrerions comme des papiers d'État pouvaient être gardés dans les demeures des fonctionnaires. Ces derniers pouvaient d'ailleurs les tenir pour des documents d'ordre privé. On ne sait s'ils étaient transmis au successeur, ni s'il y avait localement une demeure propre au gouverneur du district (« siège du gouvernorat ») avec ses archives propres. 4

    G. Dossin a traité de l’anthroponyme, ibid., p. 112. Simah-ilânê est, en fait, une notation par sandhi de *Simah-ilâni-ia « Joie (venant) de mes dieux », où est utilisé normalement le pluriel déterminé en –ânu. Il est normal dans de telles notations que le aleph initial ne fasse pas position, ce qui est un indice qu’il n’était plus prononcé. On trouvera une autre explication dans une note par M.P. Streck, de Bibel und Bibel 7, d’après laquelle il faudrait comprendre Sima'-'ila-'anê(m) : « Listen, O god, to the humble ! » (sic).

    502

    Jean-Marie DURAND

    d’autre part, c'est qu'elles étaient parvenues à bon port. Il faut en déduire que les communications entre le roi en amont et sa capitale étaient alors sans problème. L’absence du roi de la capitale peut expliquer, en outre, que les Mâr yamîna se soient montrés si arrogants à ce moment là et qu’ils aient cru pouvoir profiter de l’occasion pour mieux affirmer leur présence sur les Bords de l’Euphrate. 11.1 Itûr-asdû sous le RHM Il y a assez peu de documents qui concernent Itûr-asdû sous le RHM. Dans ARMT XVI/1, p. 133, une seule occurrence en est donnée, soit le petit billet ARM I 59 (= LAPO 18 943) qui a cependant son importance dans la mesure où il indique qu’Itûr-asdû était alors un devin. On ne peut guère y ajouter que [M.5078], une courte lettre d’Il- u-ibbi- u, fonctionnaire attesté à l'époque du RHM, qui peut concerner ce même devin Itûr-asdû. Dans le cas où il ne s’agirait pas d’une homonymie, le devin avait pu trouver une difficulté augurale à distribuer leurs rations à des soldats (erin). 244 [M.5078] Il- u-ibbi- u au roi. Itûr-asdû n’a pas donné de rations aux soldats. Le roi doit intervenir. [a-na be-lí-ia] [qí-bí]- [ma] [um-m]a AN-u-i-bi-[u ìr-ka-a-ma] [a-n]a uku erin na-da-nim a-na i-[tùr-às-du-um5] [a]q-bi-ma ú-ul i-di-in [b]e-lí a-na i-túr-às-du-um li-i-pu-ra-am-ma uku li-id-di-in erin be-ri

    2 4 6 8

    (Reste anépigraphe). Note : la tablette n'est inscrite que d'un côté. Cf. N. Ziegler, FM IX, p. 209. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Il- u-ibbi- u, ton serviteur. J’ai dit 4 à Itûr-asdû de donner les rations des soldats 5 et il ne l’a pas fait. 6 Mon seigneur 7 doit envoyer un message 6 à Itûr-asdû 7 pour qu’il donne les rations. 8 Les soldats sont affamés. 5

    11.2 Au commencement du règne : un rôle religieux Il a dû en être d’Itûr-asdû comme d’Asqûdum. Le devin de l'époque du RHM, d’un rang sans doute secondaire dans la hiérarchie impériale, documenté fort occasionnellement, est devenu un des grands administrateurs de Zimrî-Lîm. Cela signifie qu’il n’est ni un tout jeune homme, ni un homo novus. Lui aussi avait épousé une princesse mariote, en l’occurrence, Partum6, une amie de Dâm-hurâi7 ; cette dernière ne pouvait que montrer de l’amitié pour un ancien serviteur du RHM et les liens qui l’unissaient à 5

    Cf. l. 6.

    6

    Cf. LAPO 17, p. 529 ; dame Partum, liée à la reine Dam-hurai (LAPO 17, p. 541, n. l), est l’épouse d’Itûrasdû (MARI 4, p. 419). Partum est expressément dite princesse d’origine royale, selon A.4043, ARM X 153, ARM VII 91 : 5. Selon ARM X 153 = LAPO 18 1178, Partum avait personnellement des terres dans le district de Terqa ; cette lettre adressée par Kibrî-Dagan à la « reine » doit donc concerner Dâm-hurâi plutôt que îbtum. Dans ARM XIV 81 qui parle également de Partum, Dâm-hurâi est elle-même qualifiée de « reine » (bêltum). 7 On sait, grâce à la publication de M.5389 par Nele Ziegler, « A Questionable Daughter-in-law », JCS 51, 1999, p. 55-58, que les filles de Yahdun-Lîm étaient aussi nombreuses que peu prisées ; si les familles régnantes, auxquelles appartenaient Warad-Sîn et son fils Addu-muballi, pouvaient rechigner à ce qui était considéré comme une alliance sans prestige (ibid., p. 58 : « The Sindjar region had never submitted to Yahdun-Lîm, and the prestige of his

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    503

    dame Partum pouvaient refléter des relations datant de l’époque antérieure, pour lesquelles nous n’avons pas de renseignements. Tout comme pour son glorieux collègue Asqûdum, l’arrivée au pouvoir d’un roi dont il était, au moins officiellement, le beau-frère a dû grandement faciliter sa carrière. Comme pour Asqûdum, son service sous Bannum a dû être surtout celui d’un technicien. Il ne faisait cependant, pas plus qu’Asqûdum, partie des « grands devins », ceux que l’on voit mentionnés à la fin de ARM I 81+, lors du départ des troupes pour Qana, à moins que ce ne soit qu’ultérieurement à cet événement qu’ils soient arrivés tous les deux à Mari. L’homme était certainement assez cultivé pour lire et surtout écrire. C'est à son propre calame qu'il faut attribuer, sinon toute sa correspondance mariote, au moins certaines de ses missives où l'on constate des particularismes nets comme un Ù qui tient éventuellement la place du Ú attendu, comme l’usage de « signes lourds » tels LAM (lum) ou LIM (lúm) qui alternent avec le signe LUM, mais surtout le recours à des emplois non-orthographiques (LÍ = LI dans l'écriture d'un optatif), toutes choses qu’il faut tenir pour des déviances orthographiques. Il est peu vraisemblable qu'un scribe de l'administration royale, rompu aux façons de la rédaction et de la notation, ait écrit ses lettres en recourant à de telles pratiques. Il existe, d'autre part, une différence nette de graphie et de facture entre les lettres de l'Itûr-asdû mariote et celles de celui qui gouverna Nahur8. Il faut penser que, devenu le grand administrateur du Nord, il a eu désormais recours aux services d'un scribe. Le fait qu’il ne semble pas avoir eu une grosse fortune personnelle mais surtout des terres qui lui avaient été allouées dans les provinces où il avait exercé son autorité — les districts de Mari et de Saggâratum — renforce l’idée qu’il était nouveau venu sur les bords de l’Euphrate. C'étaient là des terres de fonction, non un patrimoine. Dans ARM XIV 81 = LAPO 17 752, on trouve l’histoire des possessions des gouverneurs de Saggâratum, antérieurs à Yaqqim-Addu, et sont alors décrites celles de Sumhu-rabi et d’Itûr-asdû : « Autre chose : Sumhu-rabi, en exerçant le gouvernement dans le district de Saggâratum, se trouvait détenir une soixantaine d’arpents à Bît-Akkakka. Puis Itûr-asdû (y) fut appointé et c’est à Zibnatum qu’il se trouvait détenir 60 (?) arpents, comme (= la même quantité que) son prédécesseur…»

    Zibnatum se trouvait sur la rive droite de l’Euphrate, du côté opposé à Saggâratum9, et les deux villles formaient les deux défenses principales d’amont10, alors que Bît-Akkakka11 était sur le cours du Habur, à la frontière entre les provinces de Saggâratum et de Qaunân. Elles appartenaient toutes deux de façon sûre à la province de Saggâratum. Chaque fois les terres allouées aux gouverneurs semblent donc s’être trouvées à la limite de la province. 11.2.1 Des mesures dans le domaine du culte Même si la date de [A.12] n’est pas sûre au mois près, il ne peut s’agir que d’un document ancien puisqu’il y est traité du renoncement à sa charge par Iddin-Sîn12. Le texte doit être de toute façon de la

    name was perhaps less important there than in Mari itself or in the Habur triangle »), il ne devait pas en être de même pour de hauts personnages certes, mais roturiers, comme Asqûdum et Itûr-asdû qui, en tant que devins, avaient rang de généraux, et à qui une alliance avec une famille royale, même déchue, pouvait paraître un avantage. 8

    La remarque avait déjà été faite par J. Eidem lorsqu'il étudiait les documents du gouverneur de la capitale.

    9

    Pour la situation de cette importante ville, cf. J.-M. Durand, « La Vallée du Habur à l’époque amorrite », BBVO 20, E. Cancik-Kirschbaum et N. Ziegler, Hrsg, spéc., p. 47 et n. 23. 10

    Cf. p. 375 sur le rôle militaire de Saggâratum et de Zibnatum.

    11

    Pour cette ville, cf. LAPO 18, p. 65 ; son terroir semble avoir été assez riche. Les lions qui la hantent peuvent avoir été attirés par les troupeaux qui s’y trouvaient. 12

    Pour ce NP, cf. p. 481, n. 1, à propos du nom d’Idin-Dagan. « Iddin-Sîn » porterait donc un nom akkadien.

    504

    Jean-Marie DURAND

    période mariote d'Itûr-asdû. Cet homme était déjà en poste sous le royaume de Haute-Mésopotamie13 et il subsiste de lui une lettre au nouveau roi au moment où il vient de célébrer la (première) fête d’E tar14. Ce document indique clairement qu’Iddin-Sîn était encore en poste pour cet important événement sacré, avant d’être ultérieurement remplacé par Puzur-Mamma. L. 34-35, il est question d'un départ d'Iddin-Sîn pour chez le roi, lequel n'était donc pas alors à Mari. L'événement pourrait ainsi s’être produit dans la première moitié de l'an ZL 1, quand le roi a fait son expédition contre Kahat, mais plus vraisemblablement dans la seconde partie de ZL 1, alors que le roi inspecte les travaux de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce document pourrait être mis au crédit d’une fonction de devin assumée par Itûr-asdû, car des prises oraculaires étaient nécessaires pour toute nomination. Itûr-asdû a pu assumer cette fonction de devin et s’être occupé des affaires religieuses pendant qu’Asqûdum se tournait vers la politique et les affaires.

    245 [A.12] Récit de la mise aux enchères de la charge d’administrateur général du culte, à laquelle accède Puzur-Mamma, à la place d'Iddin-Sîn. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìrka-a- ma a-um puzur-dma-ma ù i-din-dsu’en lú-sanga 6 be-lí ki-a-am ú-wa-e-ra-an-ni um-ma-a-mi puzur-dma-ma a-na ugula-me-e lú-sanga-me-e 8 a é dingir-me-e -ni u-ku-un-u um-ma la ki-a-am i-din-dsu’en kù-babar ma-li I puzur-dma-ma ú-ki-il-lu 10 lú u-ú ì-lá-e a-na te-er-ti-u li-tu-ur 12 an-ni-tam be-lí ú-wa-e-ra-an-ni Tr. lú-sanga-me-e ka-lu-u-nu 14 ip-hu-ru-ma I puzur-dma-ma Rev. 16 ki-a-[a]m iq-bi um-ma-a-mi 1/2 ma-na kù-babar lu-ú-qú-ul-ma 18 a-na ugula-me-e lú-sanga-me-e lu-ú-a-ki-in an-ni-tam puzur-dma-ma iq-bi d su’en 20 ù i-dinki-a-am i-pu-ul um-ma-a-mi 1/3 ma-na kù-babar 22 lu-ú-qú-ul-ma a-na te-er-ti-ia lu-tu-ur ù lú-sanga-me-e ki-a-am iq-bu-ú um-ma-mi 24 um-ma kù-babar ta-a-na-am i-din-dsu’en ì-lá-e ù kù-babar é d[i]l-tim 26 a ih-li-qú ú-ma-al-la a-na te-er-ti-u li-t[u]-ur um-ma la ki-a-am-ma a-na ma-a-ra-ti-ni 2

    13

    Pour l’administrateur sacré, cf. LAPO 18, p. 373. Le texte LAPO 18 1185 est sûrement un texte de l’époque de Zimrî-Lîm et de son tout début puisqu’il parle de Sumu-dâbî, un chef mâr yamîna arrivé avant même la perte de Mari par le RHM et la venue de Zimrî-Lîm. La princesse Atrakatum ne doit pas lui être encore mariée et semble alors dans la gêne ; elle demande donc à son « frère » devenu roi de la doter. Le « père » non nommé qui ne lui a rien laissé ne peut être que Yahdun-Lîm. La référence que la princesse fait à une décision judiciaire antérieure prise par Id(d)inSîn montre que ce dernier était déjà en place sous le RHM, ce que l’on doit également supposer du fait qu’il demande au roi nouvellement couronné en quel mois on se trouve désormais afin d'organiser le culte en conséquence. Il était donc un des dignitaires mariotes du RHM qui s’étaient « ralliés ». 14

    Pour ce texte cf. ici-même, p. 112, à [A.373].

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    505

    a é dingir-me-e -ni a-ah-ni ni-na-ad-di-ma kù-babar i-ha-al-li-iq an-ni-tam i-pu-lu-ni-in-ni-ma ù puzur-dma-ma 32 a-ku-un i-na-an-na a-nu-um-ma i-din-dsu’en C. i 34 a-na []e-er be-lí-ia it-ta-al-kam 36 be-lí wa-ar-ka-at [a]-wa-ti-u li-ip-ru-ús ii 38 a-lum ma-riki ù é-kál-lum alim 28 Tr. 30

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur m’a donné les instructions suivantes 5 en ce qui concerne Puzur-Mamma et IddinSîn, le(s) intendant(s) sacré(s) : « 8 Place 7 Puzur-Mamma à la charge de chefa) des intendants sacrés 8 des temples. 9 Sinon, Iddin-Sîn 11 n’a qu’à verser 9 tout l’argent 10 qu’a offertb) Puzur-Mamma 11 et retourner à son office. » 12 Voilà les instructions que mon seigneur m’avait données. 13 Tous les intendants sacrés 14 se sont rassemblés et 15 Puzur-Mamma 16 a dit ceci : « 17 Je veux bien peser une demi-mine d’argent 18 pour être placé au poste de chef des intendants sacrés. » 19 Voilà ce qu’a dit Puzur-Mamma. 20 Alors, Iddin-Sîn 21a répondu ceci : « 22 Je veux bien peser 21un tiers de mine d’argent 22 pour revenir à mon office. » 23Alors les intendants sacrés ont dit : « 24 Si Iddin-Sîn paye le double d’argent et 26 qu’il donne ainsi la totalité de 25 l’argent du temple de la déesse 26 qui a été perdu, il peut revenir à son office. 27Sinon, 28 nous ferons la grève 27 de nos chargesc) 28 dans les temples des dieux et 29 l’argent sera perdu. » 30 Voilà ce qu’ils m’ont répondu. 32 J’ai 31donc 32 installé 31 Puzur-Mamma. 33 Présentement, voilà qu'Iddin-Sîn 35 est parti 34 chez mon seigneur. 36 Mon seigneur 37 doit enquêter sur son affaire. 38 La ville de Mari et le Palais 39 ça va bien. 6

    Note : ce texte fondamental pour l’organisation du culte à Mari a fait l’objet d’une communication à la Société asiatique en février 2010, « L’Organisation du culte en Syrie ». Cf. OLA 162/1, p. 382-383. a) Le pluralisant -me-e , comme souvent à Mari, exprime l'abstrait en -ûtum ; ugula-me-e vaut ici waklûtum. b) Kullum = « to present an offering to a deity », CAD K, p. 515a. Ici le verbe exprime la proposition de versement faite par le prétendant au poste. c) Le terme employé est celui de maartum, alors que les dictionnaires ne connaissent cet usage que pour l'époque récente (cf. CAD M/1, p. 339b). À Mari le terme a surtout des connotations militaires. L’intérêt du document est de montrer comment s’organisait le culte à Mari. Il n’y avait pas de « prêtre » masculin au sens propre du terme — comme c’est un fait général en Mésopotamie d’ailleurs — mais uniquement des « liturges », c’est-à-dire des techniciens qui se chargeaient des aspects matériels du culte. Il existait en outre des gestionnaires financiers, les angûm, rattachés au temple d'une divinité. Ceux-ci à Mari étaient donc supervisés par un surveillant-waklum. Le culte de Mari n’était donc pas constitué par des temples indépendants les uns des autres. On pourrait penser toutefois qu'il s’agit ici de l’organisation d’un temple particulier, celui par exemple de la Dame du Palais (Bêlet ekallim) qui pouvait comporter plusieurs chapelles dont chacune aurait été pourvue d’un angûm ; cependant, lorsque Iddin-Sîn qui, d'après ce texte, a manifestement exercé la angûtum, s’adresse à ZimrîLîm dans [A.373], il est question, non seulement de la déesse, mais aussi du chariot de Dagan qui doit aller au haddatum. Dans ARM XXI 134 : 6’ il perçoit de l’huile pour un banquet offert aux dieux (ûkultum)15 ; or, dans le même ARM XXI 134 la perception de l’huile se fait i-na ha-ad-da-tim16, « au (cours du)/dans le h. ». Dans le texte A.4759, selon ama -nâir, le même Iddin-Sîn renseigne sur le lit, le siège à dossier neuf qui doit être déposé pour la

    15

    « Un demi qa d'huile pour le banquet (divin), reçu par NP » = 1/2 qa ì-gi a-na u!-ku-ul-t[im], u-ti-ia idin- su’en. d

    16

    Pour ce terme, cf. p. 112, n. a) à [A.373].

    506

    Jean-Marie DURAND

    « divinité » (AN-lim) et sur le plateau (pa-í-ri-im) du matakum, terme qui désigne les appartements 17 de dame Kun îm-Mâtum, prêtresse de Dagan à Terqa, laquelle est qualifiée d’ugbabtum. On a donc bien l’impression que les activités de cet Iddin-Sîn dépassaient le cadre d’un seul temple, voire d’une seule divinité. La perception d’huile par Iddin-Sîn selon ARM XXI 134, à une date malheureusement non spécifiée, ne doit pas étonner ; celui qui devait prendre sa place, selon la lettre d’Itûr-asdû, Puzur-Mamma, reçoit, lui, d'après ARM XXIII 190 du imum pour un escabeau : cela devait faire partie de dépenses pour du mobilier sacré et il est normal que le angûm ait eu à en connaître, mais les angûm pouvaient tirer des ressources d’un artisanat particulier. Les angûm avaient une puissance économique indéniable en Babylonie qui provenait de la commercialisation des sous-produits du sacrifice18. Il pouvait, mutatis mutandis, en être de même en Syrie, comme on peut l’inférer à partir des exemples d’Émar19. Ils devaient néanmoins avoir des ressources propres qui leur permettaient d’accéder à ces postes prestigieux, et lucratifs au moins quand tout allait bien. Le rôle économique de ces administrateurs de temple est évident : ils assuraient chacun une maartum et le fait qu’ils la négligent éventuellement risquait de « faire perdre l’argent ». Il est question dans ce texte de la waklûtum des angû. Ce titre pris à l’administration palatiale20 assimilait les administrateur-angûm à des chefs de service, ces derniers étant regroupés sous un responsable général. Cette autorité devait répondre de sa gestion devant le roi puisque, même si le collège des angûm choisissait apparemment son président, c’était le roi en définitive qui le nommait. Le souverain avait en outre la haute-main sur les biens des temples puisque ces derniers, même s’ils sont appelés « tabous » (asakkum), pouvaient faire l’objet de ses décisions ; le monarque pouvait donc en disposer. La charge elle-même de waklum supposait l’acquittement d’une somme pas très importante puisqu’elle n’est en l’occurrence que de 1/3 de mine d’argent, soit 20 sicles, ce qui représentait 20 moutons ou 2 bœufs21. On demandait à celui qui était en charge de la doubler, afin que soit rattrapé « ce qu’avait perdu la déesse ». Il fallait ainsi payer 40 sicles. La perte avait donc été de 1/3 de mine. L’offre faite par Puzur-Mamma n'était que de 1/2 mine, soit 30 sicles ; c’est bien 10 sicles de mieux, mais la déesse perdait 10 sicles. Sa proposition revenait à réduire de 50% le déficit mais n’en assumait que la moitié. À quelles circonstances était dû ce déficit ? Le texte ne le dit pas car ce devait être de notoriété publique. Sans doute ce manque à gagner (l’équivalent de 2 bœufs22 ou de 20 moutons) indique-t-il que des sacrifices prévus n’avaient pas été effectués. Il peut s'agir aussi d'un pillage du trésor de la déesse. Dans les deux cas, cela pouvait tenir aux troubles concomitants à l’arrivée au pouvoir de Zimrî-Lîm.

    Le texte [A.512] pourrait être mis, lui aussi, au crédit des activités religieuses d’Itûr-asdû, avant qu’il ne devienne une personnalité administrative de la capitale, mais la formulation des l. 18-20 (et surtout celle de la l. 17) semble montrer qu’il a désormais une charge importante dans le district. D’autre part, le nom de la « reine » (l. 14-16) n’est pas précisé. Il pourrait s’agir aussi bien de îbtu que de Dâm-hurâi. Cette dernière a dû cependant faire le voyage de Qana dans la seconde moitié de ZL 1. [A.512] devrait donc appartenir à ZL 2. Aussi, rien n’empêche qu’il documente un acte religieux de îbtu venue d’Alep en vi-ZL 1’, marquant sa dévotion envers la grande déesse dès son arrivée à Mari, de la même façon que le roi Zimrî-Lîm, sitôt entré dans sa capitale, avait poussé jusqu’à Dêr et ehrum. 246 [A.512] Le jour même, le pûdum du roi a été offert à Annunîtum de ehrum et Dumuzi est entré chez Annunîtum de Mari. La reine ( îbtu ?) a sacrifié à Annunîtum de ehrum. Tout va bien.

    17

    Matakum (lire sans doute mastakkum, sur SKK) est un terme qui désigne des appartements réservés.

    18

    Voir l’article de D. Charpin, « Marchands du palais et marchands du temple », JA 270, 1982, p. 25 sq.

    19

    Cf. J-M. Durand, OLA 162/1, p. 382 en parallèle à des textes d’Emar. Ces exemples montrent que des laïcs étaient chargés de ces offices et en tiraient de substantiels bénéfices. 20

    Dans un texte du tout début du règne, A.2052+ (cf. J.-M. Durand, « Le commerce entre Imar et Mari sur l'Euphrate, un nouvel exemple du début du règne de Zimrî-Lîm », RA 105, 2011, p. 181-192), qui parle de l’instauration par Zimrî-Lîm du miksum sur l’Euphrate, c’est ugula (= waklum) que sont appelés les chefs de service royaux ; cf. l. 24-25 : ù um-ma ugula be-lí-ia hi-ib-[l]a-ti-ku-nu, [l]a wu-u-ra-am = « En outre, je jure que ce n’est pas un fonctionnaire de mon seigneur qui permet les torts qui vous sont faits ». Sont cités ensuite Sammêtar et Aqbahum, alors au début de leur carrière. Il semble que ce vocabulaire change par la suite en recourant au terme de wêdum. 21 22

    Pour ce genre de calcul, on se reportera aux équivalences établies par L. Marti dans FM X.

    Je ne sais quel rapport pourrait exister avec les bœufs volés, lors d’une fête d'E tar, et retrouvés dans la maison de Sumu-hadû. Cf. p. 110-111, à [2926].

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    507

    a-na b[e-l]í-ia 2 qíbíma um-ma i-tu-ur-ás-du 4 ìrka-a- ma u-um up-pa-am an-ni-tam 6 a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam pu-du-[u]m a be-lí-ia 8 i-na é [an]-nu-ni-tim a e-eh-ri-imki na-d[i]- in d dumu-zi 10 Tr. a-na é an-nu-ni-tim 12 a ma-ri[ki] ú-e-ri- [i]b f Rev. 14 be-el-tum i-na é [an]-nu-[ni-tim] a e-eh-ri-imki 16 siskur-re [i]q-qí ma-a-[a-r]a-tu-ia [d]a-an-na 18 a-lum(LAM) ma-riki é dingir-me-e -ni é-kál-lum ù ne-pa-ra-tum 20 alim Bibliographie : les l. 5-15 ont été citées dans OLA 162/1, p. 244 et Sh. Yamada, RA 105, 2011, p. 148. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette 6 chez mon seigneur, 7 l’expiationa) de mon seigneur 9 se trouve être donnée 8 dans le temple d’Annunîtum de ehrum. 13 J’ai fait entrer 10 Dumu.zib) 11 dans le temple d’Annunîtum 12 de Mari. 14 La reine 16 a offert le sacrifice 14 dans le temple d’Annunîtum 15 de ehrum. 17 Mes gardes sont fortes. 18 La ville de Mari, les Temples des Dieux, 19 le Palais et les Ergastules 20 vont bien. 5

    a) Pour le terme pûdum cf. p. 70. Il a fait l’objet au colloque de Tsukuba (oct. 2010) d’un exposé par Shigeo Yamada, à propos d’un nouveau texte de Tell Taban qui montre qu’il s’agissait (à époque post-Mari) d’un sacrifice mensuel dont la charge incombait à une série de dignitaires. La lecture pûdum (et non bûdu B comme l'enregistre CAD B, p. 305a-b) que j’ai proposée (cf. OLA 162/1, p. 193) repose sur le rattachement du terme à pîdum (et pâdum) qui représente une taxe acquittée (à des occasions non spécifiées) par les Bédouins, mais on sait que ces derniers avaient beaucoup à se faire pardonner (cf. le dossier du rihum des Bédouins dans ARMT XXVI/1, repris dans ARMT XXXIV). Le fait que l’on trouve l’entrée lexicale UDU ZAGBu-duHA = im-mer Bu-du Hh. XIII 163a (cf. MSL VIII/1, p. 22) semble mettre l’accent sur l’aspect « taxe » car zà-pe  (HA) a comme équivalent mâkisu « percepteur » et c’est l’expression zag-udu qui signifie « épaule du mouton » (bûdu). D’autre part, ARM VII 263 montre que le pluriel en est pu-da-at, alors que bûdum, partie du corps, se met au duel bûdâ ou à la forme plurielle bûdû. Il est vraisemblable que l’expiation portait sur une collectivité, non sur une seule personne et se rattachait ainsi à ce qui est bien connu dans l’histoire des religions comme des rituels de pénitence publique ; les listes des bêl pûdim, « celui qui est concerné par le pûdum », devaient donc énumérer ceux qui devaient assister le roi dans ce qu’il acquittait pour que le dieu soit calme. S’il s’agit de la reconnaissance d’une faute collective, il a dû y avoir diverses cérémonies pûdum dont les causes devaient être multiples. Pour ce qui est de Mari, on doit prendre en considération qu’il n’y a pas de pûdum avant Zimrî-Lîm, ni à l'époque dite akkanakku ni à celle de Yahdun-Lîm, ni à l’époque du RHM. Or plusieurs occurrences existent à partir de Zimrî-Lîm de ce qui est appelé « pûdum d’I ar-bahlî ». I ar-bahlî désigne manifestement le nom d’un homme, non l'appellation d’un dieu23. Telle était peut-être la figure centrale et la cause d’une activité cultuelle mariote sous Zimrî-Lîm. À titre de supposition, je proposerais qu’il s’agisse de celui qui, au lieu et place de ZimrîLîm, aurait dû monter sur le trône de Mari et en avait été évincé par Zimrî-Lîm lorsque ce dernier a assumé le rôle de 23 Le NP est attesté (entre autres) par la liste M.7451 vii, où il s’agit de quelqu’un qui fait partie d’une unité agricole (gi -apin), comme sa variante « akkadisée », i-ar-be-lí, est connue par ailleurs. Le dieu I ar peut être précédé naturellement par l’idéogramme divin AN. I ar-bahlî n’est en tout cas pas un dieu comme cela est enregistré dans FM XII, p. 239.

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    « fils de Yahdun-Lîm ». Le défunt roi devait certainement avoir d’autres héritiers présomptifs qu’un simple neveu/petit-fils puisque nous connaissons des personnes, au moins deux, qui ont été soutenues, la première par la cour de Kurdâ, la seconde par celle de Babylone, contre la légitimité de Zimrî-Lîm. Le fait qu’il y ait un pûdum ailleurs qu’à Mari peut avoir eu plusieurs motivations, jamais explicitées. En ce qui concerne la région syrienne après le règne de Zimrî-Lîm, le rite peut se référer à un événement inconnu comme indiquer que les « rois du Hana », se considérant héritiers des rois mâr sim'al de Mari, perpétuaient un rite d'expiation qu’avait institutionnalisé leur maison, arrivée au pouvoir au détriment d'un autre. b) Pour le dieu Dumu.zi, cf. OLA 162/1, p. 244-245 ; cf. les textes publiés par D. Charpin dans son édition des documents de l’huile (RHM) dans MARI 3, n° 5, 6 & 7. Dans A.1146 (FM I, p. 115 = LAPO 16 38), la référence à la divinité dans ce qui semble être une expression proverbiale montre que le dieu était compris en Syrie comme échappant à la mort ; cela concorde avec l’image du Dumu.zi sumérien ou du Tammouz de l’époque récente.

    11.3 Une prise de fonction à Mari après la disgrâce de Bannum Nous ne savons pas d’où l’homme lui-même était originaire : son nom, comme dit ci-dessus, le marque comme non-occidental sur les Bords-de-l'Euphrate, malgré une variante occasionnelle « occidentalisée24 ». Quoique Itûr-asdû ait reçu ses fonctions à l’époque du RHM, rien ne dit effectivement qu’il fût originaire d’Ékallatum. Il pouvait venir de Mésopotamie centrale, ce qui l’aurait incité à ne pas quitter Mari avec les autres Ékallatéens, pour continuer sa fonction de devin au service du roi. Sa fortune peut s’expliquer en revanche du fait que son épouse Partum s’est retrouvée « sœur » du monarque mariote et lui-même son beau-frère. Les documents envoyés par Itûr-asdû en poste à Mari sous Zimrî-Lîm semblent en tout cas postérieurs à Bannum, lequel ne parle pas de lui. Le mer‘ûm n'avait d’ailleurs pas plus de raison de lui faire confiance qu'à Asqûdum, autre devin de l'époque du RHM. Nous connaissons encore la date du serment qu’Itûr-asdû prêta au nouveau roi le 8-vi de ZL 1’25, car les sorts lui avaient été favorables le 5 vi26. Il fait donc partie du système administratif mis en place après l’ère de Bannum. Nous ignorons, cependant, quel titre a pu être le sien, car il n’est jamais qualifié de âpium avant sa nomination à Saggâratum. Il ne semble pas, en outre, qu’il y ait eu un gouverneur de Mari, sous le règne de Yasmah-Addu. Le texte [A.714] appartient à la période mariote d’Itûr-asdû, au vu de sa finale, même si l’affaire est obscure faute de contexte. Les « enfants de Bahnum » peuvent désigner ceux de l’ancien ministre « Bannum », dont le nom se présente éventuellement sous cette forme, Bahnum27. S'il s'agit bien de ses fils qui sont internés à la Forteresse de Yahdun-Lîm, cela pourrait indiquer que le mer‘ûm avait des possessions dans cette région. Il semble, en tout cas, qu'Itûr-asdû ne veuille pas de ces gens à Mari. Le texte daterait d’après la disparition de Bannum, donc au plus tôt du milieu de ZL 1. 247 [A.714] Itûr-asdû au roi. Il faut consigner à la Forteresse de Yahdun-Lîm Hagalum et les fils de Bahnum. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-t[u]-ur-ás-d[u] ìr-ka-a-ma a-um a-wa-at {X} ha-ga°-lim ù dumu-me-e ba-ah-ni-im i-na pa-ni-tim [t]up-pa-am a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam

    2 4 6

    24

    Cf. ici-même, p. 501, n. 1.

    25

    Cf. M.8874 : 3, Marchands, Diplomates et Empereurs, Mélanges P. Garelli, p. 38.

    26

    Cf. M.5225 : 5, Ibid., p. 37.

    27

    Cf. p. 58, à [A.271]: 19.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    509

    ù up-pí be-lí-[ia] ú-ul ik-u-dam i-na-an-na um-ma li-ib-bi be-lí-ia Rev. 12 a-di a-wa-tam a-a-ti be-lí i-sà-an-ni-qú 14 lú-me-e u-nu-ti a-bu-ul-l[a-at] bàd ia-ah-du-un-li-imki 16 li-e-du-ú ù a-um lú-me-e u-nu-ti 18 up-pí be-lí-ia li-ik-u-dam Tr. ma-a-a-ra-tu-ia da-[an-na] 20 a-lum4(LAM) ma-riki é dingir-me-e -ni é-kál-lum ù ne-pa-ra-tum 22 []alim 8 Tr. 10

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Naguère, 7 j’ai envoyé 6 une tablette chez 7 mon seigneur 5 au sujet de l’affaire de Hagaluma) et des fils de Bahnum. 8 Or, une tablette de mon seigneur 9 ne m’est pas arrivée. 10 Maintenant, s’il plaît à 11 mon seigneur, 12 tant que mon seigneur 13 n’aura pas examiné 12 cette affaire, ces gens 16 doivent être 14 consignés à 15 la Forteresse de Yahdun-Lîm. 17 Donc, 18 une tablette de mon seigneur doit m’arriver 17 concernant ces gens. 19 Mes gardes sont fortes. 20 La ville de Mari, les Temples, 21 le Palais et les Ergastules, 22 ça va. 6

    a) Terme difficile à apprécier : s’agit-il d’un NP ou d’autre chose ? Agâlum « âne » n’atteste pas une initiale en H- ( ou ‘). Hagalum est bien connu à Mari et en OB comme un nom propre. Il est surtout celui du gouverneur e nunnéen de Rapiqum (cf. D. Charpin, « Un traité entre Zimrî-Lîm … et Ibâl-pî-El…», dans Marchands, Diplomates et Empereurs, p. 151 iii 11 & 14) quoiqu’il puisse difficilement s’agir ici du même homme. En ce qui concerne un éventuel nom propre, on a aussi ha-ga-I qui est féminin comme le montre °ha-ga-I geme dsu’en-mu-a-lim, de la liste M.9915 i, où il serait néanmoins difficile de normaliser la notation en ha-ga-lúm (LIM). Dans [A.3067] devant le HA un signe semble avoir été érasé. Il est donc possible que la séquence ha-ga- note le motif pour lequel ces gens sont mis aux arrêts. La lectio facilior ha-ga-lim a été préférée.

    11.3.1 La montée de Zimrî-Lîm vers la Forteresse de Yahdun-Lîm Itûr-asdû nommé à ce qui pourrait paraître le poste de gouverneur de Mari après la disparition de Bannum, celles de ses lettres qui font allusion à une montée de Zimrî-Lîm vers l’amont, parlent donc d’une opération militaire différente de celle de Kahat. Zimrî-Lîm a certainement fait plusieurs déplacements après son retour de Kahat mais le dernier devait avoir des motivations assez importantes pour qu'il ne fût pas présent dans sa capitale au moment où le futur roi de Kurdâ y arrivait et où auraient pu s’y passer d’importantes cérémonies d’alliance avec Razamâ et Qaarâ. On voit en effet le roi partir un 27-x pour le halum elûm, le « district d’amont », au propre la région de Terqa mais, semble-il au delà, puisqu’il quitte le 12 xi la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il est donc resté deux semaines dans cette région d’amont et ne l’a sans doute quittée que poussé par la nécessité d’assister à la fin de la (seconde) Fête d’E tar. Sans doute n’était-ce pas uniquement le besoin d’inspecter le résultat des travaux de remise en état de la province et de reconstruction de la Citadelle28.

    28

    B. Lion, « Les Gouverneurs provinciaux du royaume de Mari à l’époque de Zimrî-Lîm », Amurru 2, p. 155, place vers ce moment la lettre d’Asqûdum ARMT XXVI 17 où le ministre, signale au roi une sévère épidémie à Tillazibim, dans le district de Saggâratum et lui conseille de s'arrêter à Terqa (l. 28 : ina Terqa likkali) sans poursuivre jusqu’à Saggâratum (l. 29 : ana Saggâratim la ittiqam). Asqûdum serait alors en route pour Alep. Le séjour du roi dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm est connu de B. Lion, op. cit, ainsi que des auteurs de FM V, p. 189, mais nul n’aborde la question de la motivation d’un tel déplacement, au moment où des événements importants qui réclamaient impérativement la présence du roi étaient prévus dans la capitale.

    510

    Jean-Marie DURAND

    Bannum, lui-même, avait commencé à remettre en ordre cet endroit29 et Zimrî-Lîm avait dû écouter le mer‘ûm lui exposer ses raisons. Il s’agissait certainement là de ce que l’administration de Mari considérait comme le grenier du royaume. D'autre part la citadelle défendait la frontière nord du royaume et était l’aboutissement d’une grande route commerciale, car le port de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Ganibatum, accueillait les convois en provenance de l’amont en général et en particulier d’Imâr, un emporium où affluaient les productions de l'Ouest et du Nord. En Haute-Djéziré, Zimrî-Lîm avait dû se rendre compte à la fois de la puissance des royaumes du Zalmaqum et qu’une attaque directe de ubat-Enlil était peu réaliste. C’était donc dans la région de l’Euphrate et du Balih que Mari devait d’abord s’affirmer. Par ailleurs, les signes de rébellion des Mâr yamîna commençaient à se multiplier. Il y avait eu de leur part, outre la tentation de prêter secours à une ville qu’attaquait Zimrî-Lîm30, la volonté de s'emparer de la Forteresse en profitant de l'absence des troupes royales envoyées à Rapiqum31. Le contrôle de la grande place forte devait leur laisser la liberté de circulation pour leurs troupeaux vers les zones d’agriculture sèche du piémont du Taurus, et sans doute la région du Balih et la place d’Ahhunâ étaient-elles déjà envisagées par eux comme un lieu de repli, même s’ils étaient déjà bien infiltrés en Haute-Djéziré et dans le Sûhum. Il était donc important pour le roi d’affirmer sa présence dans cette région névralgique, menacée au nord et au sud par les forces mâr yamîna. Il ne semble pas, en tout cas, que son expédition ait été directement occasionnée par la rébellion générale des Mâr yamîna qui ne devait commencer qu’au retour du roi, comme l’indique [A.82] : 26 : « au retour de votre maître… » (ina tâyarti bêli-kunu). Les textes sur le manque de grain (cf. la lettre de Zimrî-Lîm non envoyée à Yarîm-Lîm32) sont à attribuer à l’époque de pénurie que clôt l’expédition de Yasim-Sumû à Imâr33. Il faut sans doute voir là l’effet de la diplomatie d’Asqûdum qui, lors d’une mission à Alep après la victoire sur Kahat, avait su mettre fin à l’embargo sur le grain contre l’arrivée au Yamhad de l’étain provenant d’E nunna. On voit en effet d’après [A.2802] Itûr-asdû s’occuper du ravitaillement de la capitale alors que le roi n’a pas encore quitté Saggâratum avec tout son arroi. Cela était dû manifestement à des problèmes d’organisation des ressources et de transport. Le présent texte montre que du grain existait bien dans le royaume mais ne circulait que difficilement. Itûr-asdû a dû faire en sorte que les bateaux réquisitionnés pour les troupes puissent effectuer un chargement de grain depuis la région de Terqa (l. 13-14). Il n’est pas impossible que la lettre d’Asqûdum [A.269] (= ARMT XXVI 58) soit à dater de ces moments. 248 [A.2802] Les problèmes de ravitaillement du Palais de Mari pourraient être réglés en prenant du grain dans la région de Terqa, grâce à 2 bateaux, ce qui pourrait être vite fait, sans gêner l’expédition royale. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-às(A )-du ìr-ka-a-ma e-mi-ma um-ma-mi  e-um i-na ha-al-í-im e-li-im i-ba-a-i 2 -má lu-u-ta-a-bi-it-ma

    2 4 6 8 29

    Cf. p. 114 sq.

    30

    Pour cette éventualité, cf. p. 225.

    31

    Cf. p. 357.

    32

    Cf. ici-même, p. 54 sq.

    33

    Cf. ARMT XIII 35 = LAPO 18 858 et le commentaire de MARI 2, p. 160-161.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    Tr. Rev. 12 14 16 18

    511

    [ e-e]m a-na é-kál-lim [lu]-ul-qé-e-em

    e-um i-na é-kál-lim ú-ul i-ba-a-i a-um e-le be-lí-ia a-la-ak-i-na hi-ìs an-ni-tam la an-ni-tam mé-hi-ir up-pí-ia be-l[í l]i-a-bi-lam(LIM)-ma ù e-em a-na é-kál-lim lu-ul-qé-em ù qa-{X}-at é-kál-lim lu-ur-ri-[i]k (Blanc.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. J’ai appris 7 qu’il y avait 6 du grain dans le district 7 d’amont. 8 Je voudrais équiper deux bateaux 9 pour prendre le grain pour le Palais. 12 Il n’y en a plus dans le Palais. 14 Leur déplacement ne demande que peu de tempsa) 13 pour ce qui est de l’aller en amont de mon seigneur. 15 Pour ce qu’il doit en être, 16 mon seigneur doit me faire parvenir 15 une réponse 16 à ma tablette 18 17 afin qu’ alors 18 je prenne le grain pour le Palais et augmente les moyens du Palaisb). 5

    a) Faut-il lire à-ab ou hi-ì ? Le premier signifie « le fait d’aller de ces (bateaux) n’est pas mauvais pour la montée de mon seigneur », mais hiâum a le sens de « se dépêcher » (CAD H, p. 146a « to move quickly »). Il y a un manque évident de moyens de transport par l’Euphrate à plusieurs moments du règne de Zimrî-Lîm. Asqûdum réquisitionne des bateaux en cas de besoin (cf. ARMT XXVI 58, cité. Une lettre de Saggâratum [ARM XIV 27 = FM VIII 19] révèle que le seul bateau susceptible de rapporter un bétyle a été en fait utilisé pour de l’asphalte). Ici, il faut combiner approvisionnement du Palais et convoiement de Zimrî-Lîm ainsi que de sa suite vers l’amont. b) qâtam urrukum, en mot à mot : « rendre longue la main ». L’expression ne m’est pas connue telle quelle et la traduction est contextuelle. Pour qâtum + 'RK « être puissant », cf. p. 262, n. e) ad [A.3300].

    [A.3088] concerne l’approvisionnement de la capitale. Quatre cargos viennent d’arriver à Mari. Deux sont de Tuttul, mais les autres appartiennent à des marchands qui devaient apparemment venir d’Imâr. Cette dernière mention aurait son importance car elle signifierait que le blocus instauré par Imâr sur l’ordre d’Alep commence à être levé. Cela pourrait être un des premiers effets de la mission d’Asqûdum auprès de Yarîm-Lîm. 249 [A.3088] Arrivée de bateaux de grain : deux de Tuttul et deux de marchands d’Imâr. Tout va bien.

    2 4 6 8 Tr . Rev. 2’

    [a-na b]e-lí-ia [qí]-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma 4 gi -má-há a e-im ik-u-da-nim

    à-ba 2 gi -má a lú-me-e tu-u[t-tu-ulki] [2 gi -má] a dam-gàr- a i-[ma-arki] [………………] (Sans doute anépigraphe.)

    [a-lum ma-riki ] [ù é-kál-lum] [a]lim

    512

    Jean-Marie DURAND 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Quatre bateaux de grain me sont arrivés. 6 Dedans, (il y avait) deux bateaux des gens de Tuttul 7 (et) deux de marchand d’Imâr. (…) 1’ La ville de Mari et le Palais, 2’ ça va. 5

    11.3.2 Compléter les effectifs de l’expédition royale D'après ses formules finales, [M.9135] est bien de l’époque où Itûr-asdû est à Mari. Il s’agit d’envoyer des Bédouins au roi, mais les cheikhs et Iddin-ma-ilum, apparemment un commandant militaire (inconnu par ailleurs), sont déjà partis (l. 10-11). Il est question de les rejoindre à Terqa et le gouverneur de Saggâratum pourra les confier au général Yasîm-Dagan pour qu’il en complète sa troupe. L’événement doit se situer lors de la constitution d’une expédition militaire. 250 [M.9135] Itûr-asdû au roi. Le roi a demandé qu'on lui envoie les Bédouins après leur avoir donné leurs rations mais leurs cheikhs et Iddin-ma-ilum sont déjà partis. Il observe l'ordre du roi. Si son envoyé les rejoint à Terqa, il les conduira au roi pour que le gouverneur de Saggâratum les donne à Yasîm-Dagan qui en complètera sa troupe. Protestations de fidélité. Texte indécis. a-na be-lí- i[a] qíbí!ma um-ma i-túr-á[s-du] ìr[k]a-a- ma a-[um ha-name-e k]i-a-am be-[lí i-p]u-[ra-am] um-ma [be-lí-m]a pí-[i]q-da-a-u-nu-[ti-ma] ar-hi-[i] [ú]-ur-da-a-u-[nu-ti] an-ni-tam be-lí i-pu-ra-am [l]ú-me-e su-ga-gu ka-lu-u-nu ù i-din-ma-AN [l]a-ma up-pí be-lí-ia-ma i-ka-a-a-dam it-ta-al-ku-nim [an]-n[u-um]-ma a-[hi a-na na-a-pa]-ar-ti be-lí-ia [ú-u]l [i]n-na-[d]i [um-ma l]ú wa-bi-il up-pí-ia an-ni-i-im [ha-name-e ] i-na ter-qaki [i-ka]-a-as-sú-nu-ti a-na be-lí-ia [i-re-du-u]-nu-ti [a-pí-i] sa-ga°-°-timki i-n[a sa]-ga°-ra-timki [li-im-hu-ur]-u-nu-ti-[ma] a-na ia-si-i[m-dda-gan (?)]34 li-à-ah-hi-u-[n]u-ti-[ma li-sa-al]-li-it a a-ba-u-ma [it-ti-u-nu ú-ma-lu] u-ú qa-qa-as-sú-n[u li-il-pu-ut-ma] a-na kaskal li-illi-ku ù as-sú-ur-re be-lí ki-a-am i-qa-ab-bi um-[m]a-a-mi ìr-di a-na na-a-pa-ar-ti-ia [ú-u]l ih-hi-id a-sà-ak be-lí-ia a-ku-ul [um]-ma pa-an ma-nim-ma ub-lu

    2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28

    34

    Cf. [A.4357].

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 30 32

    513

    a-ni-tam a-um [lú]-me-e ha-[name-e ] be-lí i-pu-ra/-am a-nu-um-ma 12? gur [x l]ú-me-e ha-n[ame-e ……] a a-na [ma-h]a-ar dutu-[ ………] (4 l. manquent.)

    Tr. 2’ 4’ C.

    [………] x x x [ o o in-n]a-am-ru ru-tam-m[a [be-lí li]-im-mi-id a-lum ma-ri[ki] [ù é]-kál-lum [a-lim] [a-lum] ma-riki ù é-kál-lum [a-lim]

    Note : la tablette qui avait explosé en plusieurs fragments a été assez mal remontée par une personne inconnue, d'où des problèmes à la consultation de la photographie. Il y a ainsi, l. 5-6, au milieu de la tablette un fragment intrusif. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur m'a envoyé un message au sujet des Bédouins : « 6 Donne-leur leurs rations et 7 expédie-les moi vite ! » 8 Voilà le message de mon seigneur. 9 Tous les cheikhs et Iddin-ma-iluma), avant même que la tablette de mon seigneur 11 ne m'arrive, étaient partis. 13 Ici je ne montre pas de négligence envers le message de mon seigneur. 14 Si le porteur de cette tablette de moi, 16rejoint 15 les Bédouins à Terqa, 17 il les amènera 16 à mon seigneur. 18 Le gouverneur de Saggâratum! 20devra les recevoir 19 à Saggâratum, 22 les fournir 21 à Yasîm22 Dagan pour qu'il y fasse son choixb). 23 Ceux avec qui il veut compléter sa troupe, 24 que lui-même leur touche la têtec) 25 et qu'ils aillent en expédition. 26 Donc, il ne faudrait pas que mon seigneur dise : « 27 Mon serviteur 28 n'a pas attaché d'impor27 tance à mon message ! » J'ai avalé l'asakku de mon seigneur. 29 Je jure que je n'ai eu de complaisance pour personne d). 30 Autre chose : au sujet des Bédouins, mon seigneur m'a envoyé un message(r) ; 31 voilà que 12 kor de … les Bédouins… 32 qui sont par devant ama … 5

    (4 l. manquent.)

    …2’… ont été vus. Par ruse 3’ mon seigneur doit imposer 2’ …. La ville de Mari 4’ et le Palais, ça va. 5’ La ville de Mari et le Palais, ça va.

    3’

    a) Pour le NP, cf. MARI 2, p. 85, ad ARM VII 189 qu'il ne faut pas corriger en i-din-pi!-AN, comme le fait ARMT XVI/1, p. 116. Le NP est attesté en outre par M.7450 vii et sous la forme id-di-im-ma-AN, homme d'Urbat (aux environs de Mari), selon A.1396, et id-di-ma-AN, M.12579. b) Il peut y avoir ici une forme de SLT, sans doute à la forme D, quoique le signe précédent le LI ait une forme indécise. Le verbe salâtum signifiant « séparer », la forme D peut avoir ici le sens d’« introduire des distinctions dans un ensemble », d’où contextuellement « opérer un choix ». c) Cf. le geste de « toucher le menton » (suqtam lapâtum ARMT XXVI/1, p 378) pour indiquer que l'on confie une mission à quelqu'un. d) Cf. D. Charpin, Tu es de mon sang, Les Belles Lettres, chap. V, p. 169 sq.

    11.3.3 Le déplacement du roi de Mari vers la Forteresse de Yahdun-Lîm Selon [A.681], Itûr-asdû devait envoyer de la troupe au roi après son départ (l. 8 a warki-ia). Zimrî-Lîm était donc parti (sans doute pour la Forteresse de Yahdun-Lîm) avec l’armée régulière, dont l’organisation ne dépendait pas d’Itûr-asdû, et les 300 hommes dont il est question ([A.563] : l. 14) n’étaient qu’un renfort ; il s’agissait de « Bédouins » (Hana) dont le chef était Ka’alâlum, celui qui devait être (ultérieurement ?) un des commandants de la garde bédouine du palais de Mari (cf. ARMT XXVI 105 & 106). La troupe d’appoint était effectivement formée non pas de conscrits (pihrum), mais de soldats enrôlés. Le texte [A.681] montre de quoi se composait la troupe de ces 300 Bédouins : il y avait ceux qui avaient été convoqués par crieur public (l. 18 : nâgirum) : des « soldats » qui avaient été embauchés à leurs frais par des commerçants (l. 13 : âbû tamkârî) et qui devaient constituer des milices privées, ainsi que des « ouvriers » (l. 14 : mârû ummênî). Cette dernière catégorie n’était pas constituée par les « ouvriers spécialisés du Palais », mais sans doute

    514

    Jean-Marie DURAND

    par des gens libres aux services de qui le roi recourait. Ce ne devait plus être le cas dans ARMT XIII 40 (LAPO 17 845) qui est de la fin du règne, mais on n’en était plus au niveau de ARM X 60 (LAPO 18 1091) où étaient embrigadés des « bergers et des bénéficiaires de rations », des gens donc du domaine royal. Il faut comprendre par « ouvriers » des habitants libres de Mari susceptibles d’avoir des contacts avec le Palais, comme le documentent ARM X 110 (LAPO 18 1254) et 111 (LAPO 18 1255). Ils constituaient des corps francs d’habitants des villes à la différence des mukênum, paysans sis sur des terres privées et non-palatiales, qui formaient la masse de la population et n’étaient enrôlés que sous la forme de pihrum. Les mârû ummênî représentaient donc dans la société syrienne des gens libres qui gagnaient leur vie sans dépendre au premier chef de l’exploitation de la terre, cette dernière n’intervenant plus sans doute que comme un appoint : la traduction « ouvrier spécialisé » est juste si ces gens entraient en apprentissage pour acquérir une formation, mais un équivalent comme « gens de métier » que me suggère D. Charpin est meilleure. L’appellation « ouvrier spécialisé » doit être gardée pour désigner les chefs d’entreprise ; nous voyons d’ailleurs à Mari que « forgeron » est une appellation relativement courante, mais que seuls certains d'entre eux35 possédaient une forge (kikattum). Ces derniers mériteraient d’être dénommés « entrepreneurs », et il est normal que le terme qui les désigne puisse signifier également « industriels, voire « banquiers ». Les rêdûm — en mot à mot « ceux qui suivent » — font figure de « secondes classes ». C’est au sein de ce que l’on peut considérer comme une « armée de métier » que se trouvaient les gardes du corps des officiels, comme ceux des juges, ou ceux que pouvaient embaucher des marchands. Il y avait donc dans cette société des individus libres qui gagnaient leur vie à la force de leur bras. Devaient appartenir à cette catégorie ceux qui sont mentionnés dans les rôles de l’armée comme lú-didli ou qui recevaient, antérieurement à la babylonisation, la qualification de rêdû qâtim « escorteurs à disposition »36.

    ` 251 [A.681] Itûr-asdû au roi. Il se défend de négligence dans l’envoi de la troupe qui devait rejoindre le roi. a-na be-lí-[ia] qíbíma um-ma i-túr-[á]s-du 4 ìr-ka-a-ma as-sú-re i-na ta-i-im-[ti l]i-ib-bi-u 6 be-lí ki-a-am i-qa-ab-bi um-ma-a-mi i-túr-ás-du a-ah-u i-di-ma 8 lú-aga-ús-me-e a wa-ar-ki-ia ú-ul i-ru-dam 10 an-ni-tam be-lí la i-qa-ab-bi w[a]-a[r]-ki be-lí-ia-ma a-né-e-em Tr. u-[um-u] lú-aga-ús-me-e lú a-bi lú-dam-gàr 14 ù dumu-me-e um-me-ni a wa-a[r-k]i be-lí-ia Rev. 16 ha-a[r-ra-nam] i-laku 18 lú na-gi-ru-[u]m i-ìs-si ù a-na-ku wa-ar-ka-ta-am ap-ru-ús-ma 20 mi-im-ma lú-aga-ús-me-e a wa-ar-ki be-lí-ia ù°-hi-ru ú-ul i-ba-a-i 22 mi-im-ma li-ib-bi be-lí-ia la i-qa-ab-bi a-ni-tam a-lum ma-riki 24 a-lim mi-im-ma li-ib-bi be-lí-ia la i-na-ah-hi-id 2

    35

    Cf. ex. gr. ARM XXI 274: 10 et analogues.

    36

    ARM XIX 356 et 382 parlent des aga-ús u, jugés de sens inconnu par CAD R, p. 251b ; cf. FM XIII.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    515

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Il ne faudrait pas que, pour l’avoir crua), 6 mon seigneur se dise : « 7 Itûr-asdû, par négligence, 9 ne m’a pas expédié 8 les soldats qui devaient prendre la route après mon départ. » 10 Mon seigneur ne doit pas dire cela ! 11 Le lendemain du départ de mon seigneur, 12 les soldats, 13 ceux qui appartenaient à la troupe des b) 14 ainsi que des gens de métier, 15 ceux qui après le départ de mon seigneur 17 devaient aller en marchands 18 expédition, le crieur (les) a convoqués. 19 Par ailleurs, je me suis renseigné : 20 il n’y a nul 21 retard des soldats qui doivent suivre mon seigneur. 22 Mon seigneur ne doit rien s’imaginerc) ! 23 Autre chose : la ville de Mari 24 va bien ! 25 Que mon seigneur n’24 aitc) 25 nul sujet de crainte ! 5

    a) Le terme taîmtum (en babylonien souvent au pluriel taîmâtum) désigne une décision réfléchie, le plan que l’on médite, ce qui revient le plus souvent à signifier « des intentions soigneusement mûries » ; c’est ce que montrent des expressions comme akkîma taîmâti-u bêlî lîpu (ARM II 44 : 36 = LAPO 17 532) = « Mon seigneur doit agir en fonction de ce qu’il a comme plans ». Aussi le lexique Malkum identifie-t-il taîmtum et itultum (réflexion) à milkum (la décision conseillée). L’expression qui unit taîmtum et libbum est ici nouvelle et taîmti libbim représente une idée non fondée en raison, car le libbum était le siège de « l’imagination », non de la réflexion. Un passage comme DBP s.v. (A.349 : 4’, acéphale) le montre, en parlant des craintes jugées infondées du prince mâr yamîna : ina ta-ima-at li-ib-bi-u, kiâm úîm = « il est allé s’imaginer ceci… » (suit la description de sa paranoïa : « Il ne faudrait pas que j’aille, moi, chez Zimrî-Lîm, et que sur un message verbal (ina pî) de Yarîm-Lîm, Zimrî-Lîm ne s’oppose à mon retour (iyâti ikallanni). » b) Il est vraisemblable qu’il faut lire ici a âbî tamkârî, avec l’équivalence lú = a. c) « Que le cœur de mon seigneur ne dise rien ! », « Que le cœur de mon seigneur ne craigne rien ! »

    Apparemment les choses se sont passées différemment de ce qu’avait prévu Itûr-asdû. Les 300 hommes étaient bien en théorie tous « partis » ([A.563] : 6) mais les gradés qui devaient les encadrer semblent n’avoir trouvé en fait que le 1/6 de cet effectif ([A.563] : 15). Malgré les assurances que pouvait avoir Itûr-asdû, il y avait donc eu une fuite de la majorité des effectifs, des 5/6. La constatation faite par les gradés n’a pu que se passer à Mari, sinon, Itûr-asdû aurait eu à répondre à une lettre de récrimination du roi à qui est simplement transmise (avec embarras) l’information qu’il ne recevra qu’un sixième de la force à laquelle il s’attendait. Il faut dès lors comprendre que la mobilisation se faisait en deux temps : les gens convoqués par le héraut se réunissaient chez Ka’alâlum, l’autorité militaire, et étaient ensuite, dans un second temps, confiés aux cadres militaires. Chez Ka’alâlum les gens recrutés comme renforts devaient recevoir leur armement mais surtout leur approvisionnement et rentraient chez eux pour se présenter le lendemain au départ. C’est cela que décriraient les l. 4-5. Au moment de se mettre en route, il n’y en avait plus que 50 (l. 15) à se présenter. En ce sens, la traduction française contextuelle de ittalkû, l. 6, serait « ils étaient partants ».

    252 [A.563] Itûr-asdû au roi. Après enquête, il se rend compte que seul un sixième des Bédouins est effectivement parti et que les officiers n'ont pu accomplir leur travail d'encadrement.

    2 4 6 8 10 Tr.

    a-na be-lí -ia qíbíma um-ma i-túrás-du -ma ìrka-a ha-[n]u-ú a it-ti ka-a-la-AN k[a-l]u-u-nu it-ta-al-ku ù gal ku-me°-e ° ù nu-banda-me-e -u-nu a a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-dam um-ma a-na-ku-ma gal-ku ù nu-banda-u-nu u-[t]a-ar-ru-ni-i-u-nu-ti [i-n]a-an-na ma-am-ma-[an] (1 l. blanche.)

    516

    Jean-Marie DURAND ú-ul u-[ta-ru] i-na 3 me a-b[i-im] 50-ma a-bu-um [i-ba-a-]u-ú as-sú-ur-re be-l[í k]i-a-am la i-qa-ab-bi um-ma-a-mi wa-ar-ka-at ha-ni-i u-nu-ti am-mi-nim la t[a-ap-ru-ú]s a-nu-um-ma a-na b[e-lí-ia a-pu-ur] be-lí an-ni-tam lu-[ú i-di] a-lum m[a-r]iki ù é-kál-lum [a-lim]

    Rev. 14 16 18 20

    Tr.

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Les Bédouins qui étaient chez Ka’alâlum, 6 sont tous « partis ». 7 Mais, les capitaines et leurs lieutenants 8 que j’expédiais chez mon seigneur, 9 en me disant : « Les capitaines et leurs lieutenants 10 les encadreronta) », 11 en fait, 12 n’ont eu 11 personne 12 à encadrer ; 14 sur les 300 hommes de troupes, 15 il (n’)y a eu (que) 50 hommes. 16 Il ne faudrait pas que mon seigneur 17 dise : « 19 Pourquoi ne t’étais-tu pas 18 renseigné sur ces Bédouins ? » 20 Voilà que j’ai envoyé un message à mon seigneur et 21 qu’il est au courant. 22 La ville de Mari et 23 le Palais, ça va. 5

    a) Cf. ARM II 102 : 6. Cette forme D est traduite par « faire aller ». Le texte n’étant pas très bien conservé l. 10 ou l. 12, il pourrait s’agir de utâru que CAD A/2, p. 316a ne documente cependant qu’en vieil assyrien.

    11.4 Préparation de l’accession de Simah-ilânê au trône de Kurdâ Les textes qui traitent de la préparation de l’accession au trône de Kurdâ concernent aussi bien les envoyés de Babylone que ceux d’E nunna. L’opération a été la grande affaire pour Itûr-asdû, en l’absence du roi de sa capitale, et a généré un lot important de documents dont la date est grosso modo évidente (l’an ZL 1, entre le départ du roi pour la Forteresse de Yahdun-Lîm et son retour), même si le détail des faits en reste difficile. Il est impossible, faute de datations certaines, de mettre les éléments des deux dossiers en rapport les uns avec les autres. Ils font donc ici l’objet de regroupements distincts. Les deux dossiers qui suivent montrent, l’un les ambassades de Babylone, puis l'arrivée de Simah-ilânê en direction de Kurdâ, l’autre ce qui doit représenter les efforts d’E nunna pour attirer Zimrî-Lîm dans son camp. Leurs textes sont certainement contemporains, doivent même interférer, mais il est plus prudent de les présenter séparés sans les compléter l’un par l’autre, vu l'incertitude chronologique qui pèse sur plusieurs d’entre eux. 11.4.1 Le sens de la nomination de Simah-ilânê comme roi de Kurdâ L’installation de Simah-ilânê comme roi de Kurdâ est un fait de constatation mais demande à être expliqué. Pourquoi Mari et Babylone ont-elles eu à cœur son intronisation ? Le programme exposé par Zimrî-Lîm dans sa « circulaire » peut expliquer son intervention — quoique Simah-ilânê ne semble pas avoir été celui qui avait le plus de légitimité à devenir roi de Kurdâ — mais non celle de Babylone. Le fait doit donc être replacé dans la vision géopolitique qu’avaient désormais ces deux États des équilibres régionaux. C’était en effet le moment où E nunna — peut-être dans l’ignorance des véritables intentions de Mari et sans prévoir sa politique — avait installé Asqur-Addu sur le trône d’Allahad37, une ville assez proche d’Andarig pour que Qarnî-Lîm en fît ultérieurement la seconde métropole de son royaume. Au même moment, elle avait entrepris de mettre définitivement fin à la puissance militaire du RHM en soumettant le royaume des Bords-du-Tigre dont elle devait occuper deux places majeures, Ékallatum, la 37

    Cf. [A.2295].

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    517

    capitale, et A

    ur, alors un important centre commercial. En ce sens, l’installation de Simah-ilânê à Kurdâ peut avoir été la réponse de Mari et de Babylone à cette volonté d’hégémonie d’E nunna dans le Nord38, qui devenait de plus en plus apparente. On constate au même moment la présence à Mari de messagers de Qaarâ (Tell Rimah) aux côtés de ceux du Numhâ (Kurdâ), selon [A.62]. Tous ces royaumes, à l’ouest du Tigre, Kurdâ, Quaarâ (et sans doute aussi Razamâ) devaient donc essayer de retrouver une existence autonome qui avait été abolie par les conquêtes de Samsî-Addu. — Le pays d’Akkad dans ses deux grandes divisions, occidentale (Babylone) et orientale (E nunna), montrait l’exemple même de frères ennemis aux traditions communes, mais qui ne s’en opposaient pas moins fortement pour leur politique ; dans la seconde partie du règne de Zimrî-Lîm, Babylone et E nunna devaient même s’affronter jusqu’à la lutte armée, au moins à deux reprises et pour des motivations chaque fois différentes. On peut donc penser qu’en ce qui concerne le Sindjar, ces deux États étaient en complète divergence de vues. Faute d’avoir les archives d’Ékallatum, de Babylone et d’E nunna, beaucoup d’informations manquent cependant. Babylone dont les rois comptaient des Numhéens parmi leurs ancêtres39, a installé ultérieurement Hulâlum au Sindjar40. Il y a donc là une constante de sa politique extérieure. — Les familles royales de Kurdâ et de Mari étaient assez proches pour que, lorsque le Numhâ tomba au pouvoir de Samsî-Addu, sa famille royale se réfugiât d'abord à Mari ; lors de la chute de Sumu-Yamam, des princesses de Kurdâ se trouvaient en effet dans son palais, comme le montre A.463441, selon lequel deux filles de Sumu-Tamaru et une de Sumu-Numhâ y furent recensées. Que Simah-ilânê ait été hébergé à Babylone n’est pas quelque chose d’inouï, puisqu'assez souvent étaient accueillis dans les capitales étrangères des membres de familles royales en exil. Éventuellement ces nobles étrangers — des mâdarum pour utiliser le terme qui désignait les gens de sang royal — étaient entretenus comme kaltum (qelum), c'est-à-dire comme prétendants à une couronne dont on n’appréciait pas celui qui la détenait42.

    Nous possédons une rétrospective de l'installation de Simah-ilânê comme roi de Kurdâ, grâce à la missive d'un dénommé I hî-mâdar. Elle est certes postérieure au couronnement de Simah-ilânê, mais son récit historique est d’un grand intérêt. Elle parle même des débuts du nouveau règne mariote, puisqu’I hîmâdar y rappelle à Zimrî-Lîm leur première entrevue. Même si la seconde partie du texte doit être traitée dans un travail ultérieur43, sa première partie montre bien comment avait été prise la décision d’instaurer un nouveau roi à Kurdâ. Quand Zimrî-Lîm était arrivé sur le trône de Mari, Simah-ilânê était sous surveillance de Hammurabi, à Babylone d’où il fallait le faire sortir. Si la date de la première rencontre entre I hî-mâdar et ZimrîLîm est bien comprise (l. 5), on en est au moment où les troupes de Babylone venaient d’évacuer Mari où elles soutenaient le pouvoir du RHM. Babylone n’était sans doute pas alors l’amie de Mari. Il fallait donc user d’une grande habileté diplomatique pour que Hammu-rabi acceptât de laisser aller Simah-ilânê. La motivation initiale d’I hî-mâdar était en effet avant tout de restaurer l’unité entre Mâr sim’al et gens du Numhâ (l. 12-15). Il est possible que Hammu-rabi de Babylone ait eu d’autres urgences en vue. La manœuvre avait consisté à feindre d’accepter sa suzerainete, en se disant son « fils », donc son vassal, quitte à jeter bas le masque dès que possible. Hammu-rabi aurait donc été « persuadé » par Mari de laisser partir son « hôte » et n’aurait pas pensé de lui-même à installer Simah-ilânê sur le trône de Kurdâ.

    38

    Cf. ARMT XXXIV où l’on voit que le but de la montée d’E nunna semble avoir été en fait Nahur et la maîtrise de la grande route vers l’Anatolie. 39

    Cela est connu par le texte babylonien sur le kispum ; cf. J.J. Finkelstein, « The Genealogy of the Hammurapi Dynasty », JCS 20, 1966, p. 95-118. 40

    Cf. ARMT XXVI/2, p. 350-351. Ce Hulâlum est sans doute celui qui, antérieurement à sa nomination à Allahad, était un des principaux marchands de Babylone. Cf. ma reprise de ARMT XXVI 75, dans « Nommer à l'époque amorrite », Diversity and Standardisation, Mélanges G. Wilhelm, p. 57. 41

    MARI 4, p. 431.

    42

    Aucun texte n'assure cependant la qualité de qeltum de Simah-ilânê à Babylone et il n’y a reçu que le titre de « roi de Sapiratum », une ville au débouché d'une route qui menait droit au Sindjar. 43

    Cf. ARMT XXXIV.

    518

    Jean-Marie DURAND 253 [A.433+M.6919]

    I hî-mâdar au roi. Rappel au roi de Mari du plan pour « faire sortir » de Babylone Simah-ilânê et de l’attitude hypocrite conseillée alors envers Hammu-rabi, ce que Simah-ilânê n’a fait que reprendre à son compte, sur les instances de ses notables. Scandale de l’incarcération des gens d’Asqur-Addu. Avis donné au roi. a-na be-lí- [ia] qíbí[ma] um-ma i-hi-ma-[da]r 4 ìrk[a-a- ma] i-nu-ma it-ti be-lí-ni i-n[u-ma e-tár] 6 a-na ma-riki ni-ik-u-dám-ma a-um si-ma-ah-i-la-a-né-e 8 a-wa-tim ma-har be-lí-ni ki-a-am ni-i-ba-at um-ma-a-mi be-el-ni° li-i-ri-im-ma I si-ma-ah-i-laa-né-e 10 a-ar wa-a-bu li-e-e-em-ma 12 dumu si-ma44-le-em ù dumu nu-ma-ha-a a-na ú-ba-nim i-te-et 14 a a-na a-ta-qí-im la i-re-ed-du-ú be-el-ni° li-te-er 16 a-di si-ma-ah- i-la-a-né-e be-el-ni° ú-e-e-e-em 18 ma-ru-tam a-na ha-mu-ra-bi li-i-pu-ur a-wa-at ìr-me-e -u be-lí i-me-e-ma 20 ma-ru-tam a-na ha-mu-ra-bi i-pu-ur° [I]si-ma-ah-i-la-a-né-e ú-e-i Tr.22 ù i-nu-ma [wa-ar-ka-nu-um] be-lí i-pu-r[a-um] 24 ma-ru-tam a-pa-[ru-um-ma] mi-im-ma ú-[ul i-pu-ra-a-um] Rev.26 an-ni-tam be-lí [lu-ú i-di] ù a-um ma-r[u-tam si-ma-ah-i-la-a-né-e] 28 a-na be-lí-ia la i[-pu-ru-ma] a-hu-tam-ma a-na be-[lí-ia i-pu-ru] 30 lú-me-e su-ga-gu ù [lú- u-gi-me-e ] a nu-ma-he-e i[l-li-ku-nim-ma] 32 a-na si-ma-ah-i-la-a-né-e ki-a-am iq-[bu-ú] um-ma-mi am-mi-nim a-na z[i-i]m-ri-l[i]-im 34 ma-ru-tam ta-a-ap-pa-ar ki-ma a-ta-mar-dIM at-hu-tam 36 a-na ia-ah-du-li-im i-ta-ap-pa-ru at-ta a-na zi-im-ri-li-im 38 at-hu-tam i-ta-ap-pa-ar i-na qa-bé-e lú-me-e su-ga-gi ù lú- u-gi-me-e / nu-ma-ha-a I si-ma-ah-i-la-a-né-e at-hu-tam a-na e-er be-lí-ia 40 i-pu-ra-am a-na an-né-tim mi-im-ma ki-í-ir li-ib-bi 42 be-el-ni la i-ra-a-e-né-i-im 2

    44

    Sur érasure de IM. Cette graphie hapax peut révéler la prononciation locale du terme.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    44 46 Tr.48 50 C.52 54 56

    519

    a-ni-tam a-um u-ut às-qúr-dIM ki-ma a-w[a-at a-na si-ma-ah]-i-la-a-né-e be-lí iq-bu-ú ki-ma ka-a-[di-u-nu-m]a lú-me-e u-nu a-na ne-pa-ri-im u-r[u-bu] [ù ki-ma a-n]a ne-pa-ri-im u-ru-bu [ma]-ti-ma-a wa-ú-u-nu i-ba-a-i [a]-um lú-me-e u-nu-ti a-na qa45-tim na-[da]-/n[im] [q]a-ba-am ú-ul ni-le-e a-wa-tum à-ap-la-at i-nu-ma be-lí it-ti si-ma-ah-i-la-a-né-e in-na-ma-ru lú-me-e u-nu-ti be-lí li-ri-i-ma I si-ma-ah-i-la-a-né-e ú-ul i-ka-la-u-nu-ti be-lí a-na up-pí-ia an-ni-im ma-di-i li-qú-ul

    Bibliographie : cf. B. Lafont, FM II 117, p. 210-212 ; cf. J. Sasson, From the Mari Archives, p. 83-84. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle I hî-mâdara) ton serviteur. Lorsque 6 nous sommes arrivés à Mari avec notre seigneur, au moment (de la fête) d’Etarb), 8 nous avons soutenu ce discours 7 au sujet de Simah-ilânê 8 en présence de notre seigneur : « 9 Notre seigneur doit mettre toute son énergie 11 à faire sortir 10 Simah-ilânê 11 de là où il se trouve et 15 refaire 12 des Mâr sim'al et des Mâr Numhâ 13 un seul doigt 14 qui ne peut être fendub). 16Jusqu'à ce que 17 notre seigneur fasse sortir 16 Simah-ilânê, 18 il lui faut écrire en tant que “fils” à Hammu-rabi. » 19 Mon seigneur a écouté les propos de ses serviteurs et 20 il a écrit en tant que « fils » à Hammurabi. 21 Il a fait « sortir » Simah-ilânê. 22 Or, lorsque par la suite 23 mon seigneur lui a écrit, 25 il ne lui a (plus) du tout 24 écrit en tant que fils. 26 Cela mon seigneur le sait bien. Or, en ce qui concerne le fait que Simah-ilânê n’ait pas écrit en tant que « fils » à mon seigneur, mais le lui ait fait en tant que « frère », les cheikhs et les Anciens des gens du Numhâ sont venus dire ceci à Simah-ilânê : « Pourquoi écris-tu en tant que “fils” à Zimrî-Lîm ? De la même façon qu’A tamar-Addu envoyait toujours du “frère” à Yahdun-Lîm, toi, envoie chaque fois à Zimrî-Lîm du “frère”. » (C’est) sur l’injonction des cheikhs et des Anciens du Numhâ (que) Simah-ilânê a envoyé du « frère» chez mon seigneur. De cela notre seigneur ne doit nullement nous tenir rigueur. 43 Autre chose : au sujet des gens d’Asqur-Addu, 44 (est-ce) comme ce que 45 mon seigneur avait 44 dit à Simah-ilânê46 ? Dès leur arrivée même, 46 ces gens ont été mis au nêpârum. 47 Or, maintenant qu’ils ont été mis au nêpârum, 48 y aura-t-il jamais une sortie pour eux ? 50 Nous ne sommes pas en mesure de parler 49 en faveur de ces gens pour (les) aiderc). 51 L’affaire est scandaleuse. 52 Lorsque mon seigneur 53 se rencontrera 52 avec Simah-ilânê, 53 il lui faudra réclamer ces gens et Simah-ilânê ne les gardera pas. 55 Mon seigneur 56 doit prêter une grande attention 55 à cette tablette de moi. 5

    a) Qui était exactement cet I hî-mâdar ? On connaît quelqu’un de ce nom dans ARM V 4047 (= LAPO 16 3), où il est, selon Hasidanum — un serviteur de Samsî-Addu dont l’importance a été majeure dans la région du Sindjar — quelqu’un qui devait résider à Qattara , selon les instructions de Samsî-Addu, pour transmettre les messages royaux.

    45 Le signe n’est en aucun cas un MA et ma-timki, quoique possible, n’est pas d’usage, d’autant plus que le KI semble plutôt un NA. Il y a, d’autre part, de façon manifeste un signe indenté entre les l. 49 et 50. La traduction « par égard pour le pays » (B.L.) est, enfin, très loin de la lecture proposée. Pour une avancée vers la bonne compréhension du passage, cf. From The Mari Archives, p. 84 : « Because of these men, we can’t begin to talk to the population ». 46 La traduction de B.L. « à cause de l’affaire dont mon seigneur avait parlé à S. » est complètement à contresens. Il y a une meilleure compréhension dans From the Mari Archives, p. 84, « About the followers of NP, as my lord told Simah-ilane…», ce qui voudrait dire que Zimrî-Lîm a déjà été informé (par [A.3186] qui serait ainsi antérieure). Ce dernier fait est tout à fait plausible, mais il faudrait pour la traduction de J.S. que kîma awât ana NP bêlî iqbû signifiât « malgré ce que mon seigneur a dit à Simah-ilânê…», ce qui n’est pas possible. J’ai donc suivi sa traduction en la mettant à l’interrogatif. 47 La référence de B.L. à ARM IV 78 vient mécaniquement d’une proposition de ARMT XVI/1 qui doit être corrigée en [ib-ni]-dti pak.

    520

    Jean-Marie DURAND

    Si Yasmah-Addu le réclame selon ARM V 40, cela peut indiquer qu’il s’agisssait en fait d’un mariote en résidence dans la région du Sindjar. Il se trouve, d’ailleurs, qu’il ne s’adresse pas à Zimrî-Lîm comme le ferait un étranger puisqu’il ne lui dit pas ana Zimrî-Lîm bêli-ia, mais se comporte en véritable Mariote. Dans sa lettre il dit « notre seigneur » lorsqu’il fait allusion à sa première rencontre avec Zimrî-Lîm, mais « mon seigneur » pour la suite de son propos. L’expression au pluriel le montre à la tête de la délégation de Kurdâ. D’un côté, il semble pour les locaux, car il est manifeste qu'il était de ceux qui pensaient que Kurdâ ne devait pas être la vassale de Mari, mais d’un autre, s’il semble excuser l’attitude de Simah-ilânê par la conduite du roi de Mari luimême —louange implicite de la « raison d’État » —, il demande au roi de Mari de ne pas lui en vouloir (l. 41-42 : « Mon seigneur ne doit pas avoir de la colère contre nous ») ce qui montre qu'I hî-mâdar ne faisait pas partie du groupe des cheikhs ni des Anciens du Numhâ. La notation est identique à ce qui est dit dans [A.3186] l. 22'-23' où l'envoyé de Zimrî-Lîm réclame de ne pas être tenu personnellement coupable de la politique de Simah-ilânê (cf. ARMT XXXIV). La politique d’I hî-mâdar est de restaurer l’unité des Mâr sim’al et des gens du Numhâ (l. 12-15), mais en même temps il souligne que son groupe et lui n’ont pas les moyens d’aller à l’encontre des décisions des notabilités (l. 50). Il marque néanmoins clairement son désaccord avec la politique des notables du Numhâ (l. 51) et indique au roi de Mari comment faire pour la libération des gens de la suite d’Asqur-Addu, avec une formulation que l’on retrouve dans les lettres que ses serviteurs adressent au roi de Mari (l. 55-56). I hî-mâdar et son groupe devaient donc faire partie des Mâr sim’al du Numhâ, mais de ceux qui étaient restés sur place et n’avaient pas suivi Bannum lors de sa marche sur Mari. Dans FM III, p. 276, la lettre de Bunû-E tar, A.1215 (reprise dans les Mélanges Larsen), demande à Zimrî-Lîm de faire pression sur les grands dignitaires et le mer‘ûm pour lui permettre d’accéder au trône. Il est donc vraisemblable que derrière ce mer‘ûm il faille retrouver I hîmâdar. Ce dernier représentait assurément une certaine force, celle des Bédouins de la région, quoiqu’elle ait été amputée de ceux qui étaient partis avec Bannum, ce qui lui rendait difficile d’intervenir directement dans une décision politique de Kurdâ qui ne concernait pas directement les Bédouins. Le document est postérieur à l’époque de Bannum, mais on ne peut savoir si I hî-mâdar avait récupéré une partie des Bédouins que Bannum avait installés à uprum. Le fait qu’I hî-mâdar ait soutenu fortement Simah-ilânê, apparemment contre Bunû-E tar, ne devait pas être ignoré de Bannum et devait avoir son accord, d’autant plus que la région du Numhâ-Yamûtbâl était le lieu d’origine de Bannum. I hî-mâdar était donc partagé entre sa contribalité avec Zimrî-Lîm, de plus en plus senti comme le chef des Mâr sim’al, et sa loyauté envers les autorités du Numhâ. b) Il s’agirait donc de la première fête d’E tar, celle de l’arrivée même de Zimrî-Lîm à Mari. Restaurer la dynastie d’A tamar-Addu en même temps que celle de Yahdun-Lîm revenait à annuler les conquêtes de Samsî-Addu qui avait fait s’enfuir à Mari la famille royale de Kurdâ. Rien ne nous explique pourquoi Simah-ilânê fut préféré à Bunû-E tar. Il est possible qu’il faille voir là l’influence de Bannum qui venait du Numhâ et pouvait avoir ses préférences. La question ne peut pas être résolue, faute d’informations, mais mérite néanmoins d’être posée car si préférence a été donnée à quelqu’un d’autre que l’aîné à Kurdâ, il est possible qu’il en ait été de même pour Mari. c) L’image de la fraternité est, encore aujourd’hui en région arabe, indiquée par deux doigts collés l’un à l’autre. La fraternité entre les gens du Numhâ et les Mâr sim’al est bien exprimée par les textes. Ainsi trouve-t-on dans A.3577 (cf. FM [1], p. 46, « Les gens du Numhâ lui ont répondu : “Nous sommes en bons termes avec Babylone, nonobstant les frères mâr sim’al. Mais avec les Mâr sim’al, nous partageons et partagerons (toujours) notre vie.”» d) Pour qâtam nadânum « aider », cf. CAD N/1, p. 54a.

    11.4.2 La dévolution de Sapiratum à Mari Entre les réticences de Babylone dont [A.433+] se fait manifestement l’écho et le dossier qui montre l’arrivée de Simah-ilânê à Mari doit prendre place la « royauté de Sapiratum », attestée fugitivement dans une lettre. Il est vraisemblable que cette « royauté » sur une ville qui était le débouché d’une route du Sindjar sur le Moyen-Euphrate n’ait été qu’une étape éphémère48, sans doute un moment du processus d’abolition du pouvoir du RHM dans ces régions. La contrée de Sapiratum — convoitée tant par E nunna que par Babylone, mais aussi par Mari et Andarig 49 — a dû revenir à Zimrî-Lîm comme monnaie d’échange pour l’intronisation de Simah-ilânê à Kurdâ50. Elle n’était peut-être que ce que comptait primitivement accorder Babylone à Simah-ilânê, pour se raviser manifestement ensuite. [A.2983], lettre de 48

    Cf. M. Guichard, d’après A.3274+, publié dans RA 96, p. 227 sq. où l’on trouve, l. 8’-12’ : ù [a-na si-maah-i-la-né-e], lugal sa-pí-ra-timki a i-tu k[á-dingir-raki], gi -gigir gi -gu-za ù an-dùl-lam ú-za-a[b-bi-lu-um], a-baam mu-a-al-li-mi id-di-in-u[m lú a-a-ti], a-di kur-daki ú-a-al-l[i-mu … = « Et il a donné à Simah-ilânê, roi de Sapiratum à qui il a fait porter de Babylone, char, trône et parasol, des gens pour l’escorter qui l’ont escorté jusqu’à Kurdâ…» (traduction changée). 49

    Cf. p. 177 f).

    50

    Cf. ibid.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    521

    Sammêtar, montre qu’il y avait des problèmes de relation entre Mari et Babylone après l’entrée de Simahilânê à Kurdâ. [A.1262] semble même indiquer que, dans la période intermédaire, tout ne s’était pas bien passé entre Mariotes et Babyloniens (cf. l. 10-15, avec l’utilisation de alâmum, l. 10). Le document est daté du mois vii, vraisemblablement de ZL 1 ; il peut s’agir du moment où les Babyloniens étaient en train de se rendre compte que Simah-ilânê ne s’arrêterait pas à la royauté de Sapiratum, mais avait d’autres ambitions. En revanche un texte comme [A.1890] montre qu’on voulait éviter toute possibilité d’affrontement avec Babylone. Ce sont néanmoins surtout des Soutéens qui ont servi de gardes du corps à Simahilânê, non les Babyloniens qui l’accompagnaient, comme on aurait pu l’imaginer. Il est donc vraisemblable que Simah-ilânê qui s’était vu reconnaître la possession de Sapiratum sur la route qui partait pour Kurdâ n’en a jamais été roi et, une fois libéré de la surveillance babylonienne, a en réalité continué sa route vers le roi de Mari qui lui avait promis le trône d’A tamar-Addu. Sa nomination à la royauté de Kurdâ est une décision politique postérieure à Bannum, lequel disparaît au milieu de ZL 1, alors que Simah-ilânê arrive aux Bords-de-l’Euphrate à la fin de l’année. Ce « roi de Sapiratum » vient en fait de Babylone, non de la ville qu’il est censé avoir reçue. On possède encore l’écho de la colère de Bunû-E tar de voir un imposteur sur le trône de Kurda. C’est ce qu’indique [A.1215] (cf. ARMT XXXIV, mais déjà cité par I. Guillot, FM III, p. 276) : « Maintenant, est-ce joli ce qu’a fait Zimrî-Lîm ? Quelqu’un qui n’y avait pas de part est entré sur le trône paternel… etc. » Il est possible que ce soit ce Bunû-E tar — qui ne devait pas être par la suite un ami inconditionnel de Zimrî-Lîm — qui fût le véritable candidat de Babylone. En ce cas, Zimrî-Lîm aurait été sa propre dupe et il ne faut pas s’étonner que l’alliance dite « de tout temps » entre Kurdâ et Mari soit devenue de l’hostilité déclarée sous le règne de Bunû-E tar51. 11.4.3 Les ambassades de Babylone L’affaire de l'arrivée de Simah-ilânê n’a pu qu’être arrangée préalablement à la restauration de la monarchie locale. On voit ainsi plusieurs envoyés babyloniens arriver à Mari, en l’absence du roi, certains en relation explicite avec Kurdâ. Il faut tenir ces « ambassades » pour des mesures préparatoires à la venue de Simah-ilânê lui-même. Ce passage par Mari peut avoir été dû au conflit entre E nunna et le RHM dans l’Est : on prenait ensuite la route du Habur jusqu’à Qaunân, puis on obliquait vers Kurdâ. On peut ranger dans ce dossier les documents suivants : [TH 72-43] : arrivée de algân, mariote, ainsi que de deux ambassadeurs, depuis Babylone [A.1262] : ambassadeurs renvoyés à Babylone avec Yawî-ilî, mariote [A.2941] : Yantin-Addu, mariote, avec des Babyloniens, des Numhéens et 1 guide soutéen, Harsum [A.2265] : Atti-Addu, mariote, et 3 messagers du roi de Sapiratum [A.1890] : mentionne 2 messagers de Babylone : Puzur-Marduk et Ilî-tillatî [A.249] : un messager babylonien revient de Kurdâ.

    254 [TH 72-43] Itûr-asdû au roi. Des Mariotes reviennent de Babylone où ils avaient été envoyés. Après un jour, ils poursuivront vers chez le roi.

    2 4 6

    a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma u-um up-[p]í an-né-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam

    51 Cf. néanmoins le résumé historique fourni par I. Guillot, FM III, p. 276, n. 22 , où il est suggéré que, déçu par l’attitude de Simah-ilânê, Zimrî-Lîm a aidé Bunû-E tar à s’emparer du trône de Kurdâ.

    522

    Jean-Marie DURAND I

    a-al-ga-an 8 [dumu la-r]i-im-de-er [ìr-du-um] a be-lí i-pu-ru-u 10 [2 dum]u-me-e [i-ip-ri ] x-an-za-lu-ú Tr. 12 [ù 1 dumu ]i-[i]p?-ri [a o]-x-anki 14 [i-t]u [k]á-dingir-raki [a-na] ma-riki a-na e-er Rev. 16 [be]-lí-ia ik-u!-du-nim u 1-kam i-[n]a ma-riki ú-a-[b]u-ma 18 a-né-eem u-um-u u-ta-a-ab-b[a]!-ta-u-nu-ti-m[a] 20 a-na e-er be-lí-[i]a [a-à]-ra-da-a-u-nu-ti ù e-em-u-nu ga-am-ra-am be-l[í] 22 li-i-ta-al-u-nu- ti a-lum ma-riki a-lim [m]i-im-ma 24 li-ib-bi be-lí-ia la i-na-ah-hi-id Bibliographie : le texte a donné lieu à deux copies différentes (TH 72-43 & 44) de M.B. à partir desquelles cette transcription a été établie. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur : Le jour où 6 je fais porter5 cette tablette de moi 6 chez mon seigneur, 7 algâna) 8 fils de La-rîma) 9 Dêr , serviteur que mon seigneur avait envoyé, 10 deux 11 messagers (de) …anzalûb) 12 et un messager 13de …c), 16 sont arrivés 15 à Mari 14 depuis Babylone 15 pour chez 16 mon seigneur. 17 Ils vont rester un jour à Mari. 18 Le lendemain, 19 je les ferai se mettre en route et 20 les expédierai chez mon seigneur. 21 Alors mon seigneur 22 pourra leur demander 20 tous détails. 23 La ville de Mari ça va. Qu’en rien 24 le cœur de mon seigneur ne s’inquiète. 5

    a) D’après la copie de M.B., on ne peut lire [i-b]a-al-pí-AN à la l. 7, car dans les 2 copies il y a un clair GA devant le AN. Des NP algân et La-rîm-Dêr sont documentés comme ceux d’« esclaves ruraux » dans la grande liste datée de Sumu-Yamam, A.3562 (= MARI 8). Le suffixe singulier -u l. 9 inciterait à considérer qu’il n’y a qu’un seul serviteur du roi de Mari, d’où on pourrait restaurer dumu devant La-rîm-Dêr, l. Un La-rîm-Dêr est cependant commissionné par Meptûm dans A.4231 et participe aux affaires de Babylone. b) Soit un nizbé, soit un nom de dynaste du début du règne. Il s’agirait de quelqu’un qui se trouvait à l’Est, peut-être un voisin du roi de Dêr en Transtigrine (cf. l. 15) ou de Diniktum. c) La copie se prêterait à [bà]d.ANki. Pour Dêr de Transtigrine à la fin du RHM, cf. LAPO 16, p. 394 sq.

    L’indication de mois vii pour [A.1262] ou [A.2983], alors que Zimrî-Lîm est absent, pourrait indiquer que le roi s’est absenté avant le séjour dans la région d’amont (x/2-xi/1). 255 [A.1262] Itûr-asdû au roi. Les ambassadeurs babyloniens ont été renvoyés chez eux, mais sans escorte ni ânes qui, en revanche, ont été donnés au Mariote qui avait la même destination. Le 19-vii.

    2 4 6 8

    [a-na] be-lí-ia qíbí-ma [um-m]a i-túr-ás-du [ìr]-ka-a-ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam dumu-me-e i-ip-ri lú-ká-dingir-raki i-a-ri-i a-pu-ul-ma í-di-tam ú-a-am-hi-ir-u-nu-ti-ma

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    523

    a-na ká-dingir-raki ú-e-í-u-nu-ti Rev. 10 [lú-aga-ús-me]-e a-na a-la-mi-im [ú]-ul ad-di-in I ia-wi-AN dumu i-ip-ri-im 12 []a be-lí-ia a it-ti-u-nu a-na ká-dingir-raki 14 i-la-ku an e-há ù lú-me-e ma-aZ-Zi ad-di-in-um i-a-ri-i a-pu-ul-u 16 l[i-i]b-[ba-u] ú-ul ú-a-az-zi-iq [it]-t[i dumu]-me-e i-ip-ri a ká-dingir-raki 18 [a-à-ar]-d[a-u] Tr. [iti k]i-nu-nim u 19-kam 20 [si-m]a-an níg-gub up-pí an-ni-e-em [ú-]a-bi-lam Bibliographie : primitivement catalogué A.15 (= ARMT XXVI 233), ce texte a été renuméroté par G.D. en A.1262, ce qui est son numéro définitif. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 chez 6 mon seigneur 5 cette tablette de moi, 7 j’ai donné satisfaction aux messagers de l’homme de Babylone 8 en leur faisant recevoir des provisions et 9 les ai fait sortir pour Babylone. 11 Je ne (leur) ai pas fourni 10 d'escorteurs pour montrer de la colèrea) : 12 (c’est à) Yâwi-El, messager 13 de mon seigneur, qui 14 doit aller 13 avec eux à Babylone, (que) 15 j’ai donné les ânes et 14 des corvéablesa). 15 (C’est) lui (que) j’ai satisfait ; 16 je ne lui ai pas donné lieu d’être mécontent. 18 Je viens de l’expédier 17 avec les messagers babyloniens. 21 Je fais porter cette tablette de moi 19 le 19 de vii, 20 au moment du repas. 5

    a) SLM « être en non-agressivité » est toujours écrit au moyen du signe SA. En revanche LM (écrit au moyen du signe ZA) est utilisé pour marquer qu’on est en colère. L'événement n'est pas explicité, mais le fait que des escorteurs soient fournis au messager mariote et non aux Babyloniens était en soi un acte inamical. Pour une possibilité d’explication de ces mauvais rapports (momentanés) entre Mari et Babylone, cf. ici-même p. 521. b) Les dictionnaires enregistrent un terme « massu » pour désigner une sorte de travailleur et lui donnent le sens de « corvée worker » ; cf. CAD M/1, p. 327a avec bibliographie. Le terme est employé dans les documents « occidentaux » comme ceux d’Alalakh ou d’El Amarna et c’est sa première occurrence dans un texte mariote. Le terme est rattaché à l’hébreu mas « forced labour, corvée, conscription » (cf. HALOT, p. 603b), depuis F. Thureau-Dangin. En fait ce dernier proposait dans RA 19 : 97 une traduction « hommes de corvée » en soulignant que c’était là un « sens conclu du contexte ». L’interprétation « forced labourer » qu’enregistre HALOT ne convient qu’assez peu au présent passage où l’on attend plutôt mention d’escorteurs ou de porteurs. Il faut donc considérer que mazzum (mazzûm ?) était sans doute un terme local pour le a biltim usuel de l’akkadien standard. Dans le texte d’El Amarna, EA 365, Piridiya dit qu’il « laboure dans la ville de una » et qu’il amène des ma-az-zame-e . Dire au roi de Mari qu’on est son ikkarum (« Fermier ») est une formule qui signifie qu’on est un sédentaire à son service, pour assurer le gîte et le couvert à ceux qui viennent en son nom. L’image pouvait faire partie du stock d’expressions occidentales. Les massû (ou mazzû ?) que Piridiya amène pouvaient donc relever de l’aide militaire, non de la corvée agricole et les gens fournis à Yâwi-El avoir servi de porteurs (dérivation sur une forme de Nî ?). Les exemples d’Alalakh VII sont lus ku-zi ou ku-si, voire ka-zi dans JCS 13, 1959 par Wiseman et la lecture ku-zi est maintenue par A. Goetze dans ses remarques subséquentes JCS 13, p. 35. Il n’est donc pas sûr que la lecture de CAD M/1 p. 327 soit la bonne.

    La tablette [A.2941] qui est datée du 7 d’un mois non précisé est antérieure au retour de ZimrîLîm depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm et doit s’inscrire également dans la préparation de l’intronisation de Simah-ilânê. 256 [A.2941] Itûr-asdû au roi. Selon un guide soutéen, une ambassade mariote, retour de Babylone, est arrivée à Dêr ; quelqu’un doit poursuivre sur Kurdâ. Une fois arrivés à Mari, les gens seront envoyés chez le roi. Tablette du 7.

    524

    2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26 Tr. 28 C. 31

    Jean-Marie DURAND a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam ia-an-ti-in-dIM dumu i-ip-ri-im a be-lí-ia a a-na ká-dingir-raki be-lí i-pu-ru-u ù it-ti-u 4 lú-me-e ra-ak-bu-ut an e-há ù 4° lú-me-e [a] sí-[ik-ki] dumu-me-e i-ip-ri lú ká-dingir-raki i-na li-ib-bi [2 l]ú-me-e r[a]-a[k-bu-ut an e / ù 2 lú a sí-ik-ki] a-na e-er be-lí-[ia] [1] lú ra-ki-ib an e-há 1 lú a sí-ik-k[i] a-na nu-um-ha-a[ki] 1 lú ra-ki-ib an e 1 lú a s[í-ik-ki] a-na qa-á-ra-aki a it-ti-[u-nu] a-na di-irki ik-u-du-[nim] ù I ha-ar-sú-um lú a-mi-rum su-[tu-ú] a i-tu ká-dingir-raki pa-ni-u-nu i[-ba-tu] a-na ma-riki ik-u-dam-ma ki-ma dumu-me-e i-ip-ri u-nu a-na de-erki ik-u-du-nim « i-mu-ra-am° » iq-bé-e-em i-na-an-na « um-ma » i-nu-ma dumu-me-e i-ip-ri u-nu a-na ma-riki i-ka-a-a-du-nim-ma° a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-ra-da-u-nu-ti an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-am a-lum ma-riki ù é-kál-lum a-lim u 7-kam i-na pa-an mu-i-im up-pí an-ni-e-em ú-a-bi-lam 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter cette tablette de moi 5 chez 6 mon seigneur, 18 sont arrivés à Dêr 6 Yantin7 Addu, messager de mon seigneur, que 8 mon seigneur avait envoyé 7 à Babylone 8 et avec lui 9 quatre hommes chevaucheurs d’ânes et quatre porteurs de sacs scellés, 10 messagers de l'homme de Babylone, 11 parmi lesquels il y a deux chevaucheurs d’ânes et deux porteurs de sacs scellés 12 pour chez mon seigneur, 13 un chevaucheur d’âne, 14un porteur de sac scellé 15 pour le Numhâ, 16un chevaucheur d'âne et un porteur de sac scellé 17 pour Qaarâ, qui sont avec eux. 19 Harsum, le guide soutéena) 20 qui leur servait de guide depuis Babylone, 21 est arrivé à Mari et 22 que ces messagers 23 étaient arrivés 22 à Dêr 23 {il me l’a raconté} il me l’a ditb). 24 Maintenant, {quand} lorsquec) ces messagers 25 arriveront à Mari, 26 je les enverrai chez mon 28 seigneur. Que mon seigneur m’écrive 27 ce qu’il doit en être. 29 La ville de Mari et le Palais, ça va.31J’envoie cette tablette de moi 30 le 7, à la tombée de la nuit. 5

    a) Âmirum est ici manifestement un titre qui désigne le chef de l’expédition. Une traduction par « guide » rend compte de la réalité. Le sens exact était peut-être « celui qui a l’expérience de la route ». Pour ce terme, cf. LAPO 18, index, p. 542b. Les ambassadeurs ont pu passer par le désert, comme l’avaient fait avant eux les ambassadeurs babyloniens qui, se rendant à Alep, court-circuitaient les territoires tenus par Samsî-Addu (cf. N. Ziegler, Amurru 3, p. 95-109). b) Le texte se comprend mal : pourquoi le guide verrait-il que les gens dont il a pris la tête sont arrivés à Dêr ? On attendrait plutôt qu’il constate qu’ils s’y arrêtent, sens que n’a pas kaâdum et kaâum (« interrompre une route ») ne convient ici ni pour le sens ni pour la forme (i). D’autre part, on attendrait un -ma entre îmuram et iqbêm.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    525

    On peut donc penser qu’amârum a ici le sens typiquement occidental de « dire » (lequel peut être d'ailleurs supposé pour plusieurs NP). Il serait glosé par le verbe iqbêm qui suit. Le scribe n’a en fait pas érasé le i-mu-ra-am qui pouvait représenter la véritable façon de dire à Mari. c) Le problème doit être le même pour la l. 24. Le um-ma pourrait être une simple faute pour a-nu-um-ma qui est attendu, ou un exemple de umma interrogatif, mal relié cependant à l’expression de la l. 27-28, qui est une unité figée en elle-même. Dans les deux cas, le -ma de la l. 25 est malaisé à expliquer. J’ai donc supposé un umma = « quand » (cf. CAD /3, p. 274b), attesté dans l’Ouest, à Boghaz-Köy et à El Amarna, lequel serait glosé par l’inûma subséquent. Ce serait donc le même phénomène qu’à la l. précédente. Le scribe n’a en effet nullement érasé la séquence. Plutôt donc qu’un « emploi hittite » à El Amarna (Moran, Lettres d’El Amarna, LAPO 13, p. 72, n. 6) — car maan signifie effectivement en hittite à la fois « quand » et « si » —, il s’agirait en fait d’un usage occidental ancien. Cf. Jg vi 3 et C. van Leeuwen, « Die Partikel ‘m dans Oudtestamentische Studiën 18, 1973, p.15–48 (réf. M. Langlois). Ces deux gloses représenteraient ainsi, bien avant la pratique d'El Amarna, la juxtaposition d'une « façon de dire » et d'une « façon d'écrire ». Cela se comprend le mieux si, en l'occurrence, c'était un scribe qui translatait en akkadien (tablette) un propos tenu dans la langue locale (le fonctionnaire mariote). Cf. ici-même, p. 361, le problème posé par la séquence « munus sí-ni-a-tim » de [A.3373]: 10.

    Un dénommé Yanibum peut servir à établir la chronologie de certains contacts entre Mari et E nunna. Dans [A.2801] il est question d'un bavard (l. 29) qui « n’est pas à Mari » (l. 33), sans que son nom soit précisé ; il a servi de guide aux messagers d’E nunna ; cette façon de ne pas nommer un coupable est typique de l’époque. Or, dans [A.3086], un Yanibum est recherché et il est précisé qu’il n’est pas à Mari ; tel serait donc le bavard qui avait renseigné l'ambassadeur d'E nunna Ii-Nabû. 257 [A.1890] Itûr-asdû au roi. Une interrogation par « coucher d’un spécialiste » a innocenté 2 marchands babyloniens d’avoir emmené l’esclave d’un marchand.

    2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24 26

    [a-n]a be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma I ur-d ul--è-a lú-dam-gàr i-na pa-ni-tim be-lí im-hu-ur um-ma-a-mi sag-ìr it-ti dumu-me-e i-ip-ri ká-dingir-raki [i]-ba-a-i an-ni-tam lú u-ú a-na be-lí-ia iq-bi-ma ù be-lí ki-a-am ú-wa-a-e-er-u um-ma-a-mi i-nu-ma dumu-me-e i-ip-ri ká-dingir-raki ha-ar-ra-nam u-ú-ú d i-túr-me-er i-na a-bu-u[l-l]i-im a u-ú-ú li-ir-bi-i-ma ù [a]t-ta ú-zu-ur an-ni-tam be-lí a-na lú a-a-tu iqbi ki-ma wu-ú-ur-tim a be-lí ú-wa-a-e-ru-u d i-túr-me-er i-na a-bu-ul-[l]i-im i[r-b]i-ima [ù sag]-ìr-u i-na-az-za-ar [IKA]-zur-damar-utu [Iì-lí]-ti-la-ti

    526

    Jean-Marie DURAND [dumu-me-e ] i-ip-ri lú ká-dingir-raki [ú-ul l]e-qé-u i-na-an-na a-nu-um-ma [l]ú a-a-tu a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-dam be-lí a-wa-ti-u li-i-me

    C. 30

    Bibliographie : publié par J.-M. Durand, « Un conflit diplomatique évité », dans Reconstruyendo el passado remoto, Mélanges en l’honneur de Jorge R. Silva Castillo, Aula Orientalia Supplementa 25, p. 91-96. Cf. OLA 162 /1, p. 456. 1

    Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Naguère, le marchand Ur- ulpa’e’aa) 6 était allé trouver mon seigneur, 7 disant : « Un esclave à moib) 9 se trouve 8 avec les messagers de Babylone. » 10 Voilà ce que cet homme 11 avait dit à mon seigneur et 12 alors mon seigneur 13 lui avait donné 12 les instructions suivantes, 14 disant : « Lorsque les messagers 15 babyloniens 16 quitteront Mari pour se mettre en chemin, 17 Itûr-Mêr 19 doit “se coucher” 17 à la grand porte 18 par où ils sortiront. 19 Quant à toi, fais ta revendicationc). » 20 Voilà ce que mon seigneur 21 avait dit 20 à cet homme. 22 Selon les instructions que mon seigneur lui avait données, 23 Itûr-Mêr 24 “s’est couché” 23 à la grand porte. 25 Alors, (cet homme) de revendiquer son esclave. 26 Puzur-Marduk et Ilî-tillatîd), 28 les messagers de l’homme de Babylone, 29 ne le détenaient pas ! Maintenant, voilà que 31 j’envoie 30 cet homme chez mon seigneur. 31 Qu’il écoute ce qu’il a à dire. 6

    a) Pour les graphies de ulpa’e’a à Mari, cf. OLA 162/1, p. 664. b) De la même façon que l’écriture idéogrammatique ne distingue pas entre les différents cas, ni même éventuellement entre singulier et pluriel, elle ne marque pas le cas direct de la possession à la première personne, à la différence du cas indirect où la désinence -ia est explicitée. Il faut donc lire ici rêî, non rêum ; cf. l. 25 où les liens entre l’esclave et le marchand sont explicites. c) La langue de Mari distingue entre nazârum (« réclamer la possession d’un bien », souvent de façon agressive, voire indue) et naârum (« assurer la protection de quelqu’un ou de quelque chose ») avec des graphies pourtant identiques ; cf. J.-M. Durand, FM VII, index p. 180b. d) Puzur-Marduk est bien attesté comme babylonien ; Ilî-tillatî est également connu par la lettre de Sammêtar, [A.2983], datée d’un 1-i, donc du début de l’année qui suit celle de Kahat, pour avoir accompagné Simah-ilânê à Kurdâ et en être revenu. Le nouveau roi de Kurdâ semble avoir quitté Mari après le 3-xii.

    Cette affaire d'esclave n'est qu'une anecdote relative à la mobilité des personnes à l’époque amorrite. Outre des cas patents de fuite volontaire, beaucoup de documents montrent que des serviteurs (tout particulièrement), mâles ou femmes, étaient sollicités pour aller à un endroit où on devait leur promettre une vie meilleure. S. Démarre-Lafont a ainsi regroupé plusieurs textes autour de sepûm, suppûm dans un article52 qui illustre cette façon de faire. Nous ne savons pas, puisque l’origine d’Ur- ulpa’e’a n'est pas précisée, ce qu’il en était de son cas : avait-il reconnu un esclave à lui chez des Babyloniens qui ne s’attendaient pas à trouver le marchand à Mari, ou l’esclave avait-il profité du fait qu’il était à l’étranger, Mari en l'occurrence, pour décamper et se réfugier dans la caravane des Babyloniens ? Ur- ulpa’e’a se doutait bien, en tout cas, qu'une fois parti de Mari il ne pourrait plus émettre de revendications sur lui. La lettre d'Itûr-asdû doit dater du moment où les messagers babyloniens étaient en train d’organiser la montée de Simah-ilânê vers sa capitale. Profitant du rétablissement des relations entre Hammu-rabi et le roi de Mari, des marchands de Babylone étaient donc revenus faire des affaires aux Bords-del’Euphrate. Il y avait eu, en effet, de bonnes relations entre les deux États à la fin du règne de YasmahAddu mais la restauration à Mari de la monarchie mâr sim'al avait dû y suspendre pour un temps l'activité des Babyloniens jusqu'à la conclusion d'un nouvel accord politique, prélude à l’installation du roi de Kurdâ. Le fait de ne pas vouloir gêner les Babyloniens indélicats a un parallèle, à la même époque, dans le souci d’Abimekim53 de ne pas brusquer un messager kurdéen (ARM XXVI 453) coupable d’avoir voulu « débaucher » un serviteur du roi de Mari54. S. Lackenbacher y avait bien vu « un souci de ménager le roi de Kurdâ inspiré, sinon dicté directement, par la diplomatie du moment » (ibid. p. 373). 52

    « Enlèvement et séquestration à l’époque paléo-babylonienne », FM VI, p. 69-88.

    53

    Cf. ici-même, p. 492, sq.

    54

    Cf. [A.1232] : 28.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    527

    Le texte [A.2245] montre un scribe de devin être confié à un marchand pour être envoyé chez le roi. Le fait appelle plusieurs commentaires. Il montre qu’un devin n’était pas automatiquement son propre scribe ainsi que le fait que roi pouvait solliciter les scribes des particuliers, outre ceux que l’on imagine employés par l’Administration. En fait, peut se cacher derrière cet envoi de scribe le recours à certaines capacités linguistiques (interprète) plutôt qu’une simple question d’écriture. L’affaire se fait très officiellement puisqu’un personnage aussi important que Yasîm-sumû sert de témoin. L’envoi au roi passe par l’intermédiaire du marchand Mâr-E tar, donc grâce à une caravane certainement fortement protégée, non par une escorte normale, l’ambassade poursuivant sa route chez le roi. Ce dernier se trouvant vraisemblablement à ce moment là dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Mâr-E tar (un nom très banal!) pourrait avoir été un homme d’Imar. Il est donc possible, quoique cela ne soit pas explicitement dit, que l’ambassade, elle-même, ait profité de la protection de la caravane. 258 [A.2265] Itûr-asdû au roi. Atti-Addu, un mariote, ainsi que trois messagers de Sapiratum sont arrivés depuis Babylone et Itûr-asdû leur a fait continuer leur route chez le roi. ama -tillassu, un scribe de la maison d’un devin, a été confié au marchand Mâr-E tar en présence de Yasîm-sumû et envoyé chez le roi.

    2 4 6 8 10 Rev. 14 16 18 20 22

    a-na be-lí-ia qí-bí- ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma a-nu-um-ma at-ti-dIM dumu i-ip-ri-im a be-lí-ia I a-hi-a-ki-im I ìr-dutu ù ri-i-ia 3 dumu-me-e i-ip-ri lú sa-pí°-ra-timki a i-tu ká-dingir-raki a-na ma-riki il-li-ku-nim [s]á-sag ú-a-am-hi-ra-a-u-nu-ti-ma a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u-nu-ti a-ni-tam a-um dutu-tillat-sú dub-sar a i-na é i-din-an-nu be-lí i-pu-ra-am lú a-a-tu a-na qa-at dumu-e-tár lú-dam-gàr ma-ha-ar ia-si-im-sú-mu-ú ap-qí-da-a-u- ma a-na e-er be-lí-ia u-ta-re-e-u [lum] a-lum ma-riki ù é-kála-lim mi-im-ma li-ib-bi be-lí-ia la-a i-na-ah-hi-id 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Voilà qu'Atti-Addua), messager de mon seigneur, 6 Ahî- akim, 7 Warad- ama et 8 Rî iyab), trois messagers 9 de l’homme de Sapiratum, qui 10 sont venus à Mari 9 depuis Babylone, 11 je leur ai fait recevoir leurs rations et 13 je les expédie 12 chez mon seigneur. 14 Autre chose : 15 mon seigneur a envoyé un message 14 au sujet de ama -tillassu, le scribe, 15 celui qui (était) dans la maison d’Idin-Annuc). Cet homme, 18 je l’ai confié 16 à Mâr-E tar, le marchand, 19 en présence de Yasîm-sumû, 18 et 19 je le fais aller chez mon seigneur. 20 La ville de Mari et le Palais, 21 ça va. Qu’en rien le cœur de mon seigneur 22 ne s’inquiète. 5

    528

    Jean-Marie DURAND

    a) La lecture Atti-Addu (cf. ARMT XVI/1) n'est qu'une transcription mécanique, car sont aussi attestés anti-dIM, selon M.11995, voire ha-an-ti-dIM, selon M.5705 iii (et autres) qui peuvent en être des variantes graphiques. b) Vraisemblablement un homonyme du Maître de musique bien connu. c) Idin-Annu est un personnage important ; il s’agit sans doute du devin qui devait jouer un grand rôle au moment de la rébellion des Mâr yamîna en prenant les sorts pour la rive gauche de l'Euphrate à l'amont de Saggâratum.

    259 [A.249] Itûr-asdû au roi. Arrivée d’un ambassadeur babylonien depuis Kurdâ ; logé dans un hôtel, à expédier ou non chez le roi ? Le roi doit lui fixer ses rations. Tout va bien. [a-na] be-lí-ia [qí-b]í-ma [um-ma i]a-túr-ás-du-ú 4 [ìr-ka]-a-ma [an-na-nu]-um dumu i-ip-ri-im 6 [lú k]á-dingir-ra-iuki i-tu kur-daki 8 ik-u-ud-ma ki-ma ka-a-di-[u-m]a Tr. 10 a-na é! {X}55 na-ap-à/-ri-im ud-di Rev. 12 um-ma li-ib-bi be-lí-ia a-na e-er be-lí-ia 14 lu-u-ru-da-a-u ú-la-a-u-ma 16 ú-ul i-la-ka-am sá-sag-ka-u 18 a e-se-ki-im be-lí li-si-ik Tr. 20 ki-ma pa-{NI}-nu-u la i-a-al-li-mu 22 [ma-r]iki ù é-kál-lum [a-lim] 2

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Voilà qu'un messager 6 babylonien est arrivé 7 depuis Kurdâ 8 et, 9 dès son arrivée, 11 je ai a) 10 une maison réquisitionnée. assigné 12 S’il plaît à mon seigneur, 14 je le 13 lui 14 expédierai ; 15 sinon, 16 il ne bougera pas. 19 Mon seigneur doit lui fixer ce 18 qu’il veut comme rations, 20 en sorte qu’il ne soit pas mécontent. 22 Mari et le Palais, 23ça va. 5

    a) Correction contextuelle avec uddi forme D (II) de edûm, au sens de « assigner », CAD I, p. 32ai.

    11.4.4 Les ambassades d’Enunna à Mari Ont été regroupées ici, uniquement par commodité comme dit ci-dessus, plusieurs lettres d'Itûrasdû qui ont trait aux relations avec E nunna ; elles sont naturellement pour la plupart sans doute conco-

    55 Le scribe avait commencé par écrire na-ap- et a réécrit é na-ap- par dessus. Les restes de l'ancien NA donnent une apparence de KÁ incomplet au É.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    529

    mitantes de la préparation des serments avec Kurdâ et Qaarâ, mais leur chronologie est incertaine. L’absence de dates précises (jours et mois) empêche de les intégrer au dossier précédent, quoiqu'elles doivent pour la plupart appartenir également au mois xi de l'année 1 de Zimrî-Lîm. Nombreux sont les messagers reçus à Mari pendant cette époque : ceux d’E nunna sont cités par leur nom comme s’ils étaient des gens plus connus que ceux de Babylone. Ibâlpêl II n’est pas mentionné car les textes parlent uniquement d’E nunna, alors qu’existe mention de allurum ; des émissaires viennent d'ailleurs de chez lui ([A.2800], [ARM II 128]), au même titre que d'E nunna56. Il faut tenir compte de quatre ambassades d'E nunna dans le dossier laissé par Itûr-asdû. La première ambassade est celle conjointe de Hâpirum et de ama -bani [A.2734] ; on ne sait ce qu’ils venaient faire à Mari, si ce n’est peut-être proposer ce dont le refus entraîna la venue d’Ii-Nabû, puis des ambassadeurs de allurum. Quoiqu’ils aient reçu leur wu’’urtum, ce qui est à la fois l’autorisation de partir et les messages à livrer à leur retour, ils n’ont montré nul empressement à rentrer chez eux, ce qui sera le fait d’autres ambassades. Manifestement ils comptaient revenir à la charge, voire observer ce qui se passait à Mari. On les avait pourtant mis à la portion congrue et leur entretien était désormais à leurs frais. On note par la même occasion que celui que l’on tient pour le gouverneur de la capitale n’avait pas l’autorité suffisante pour faire partir de force des ambassadeurs. Mais il est aussi possible que l’on ne fût pas prêt sur les Bords-de-l’Euphrate à une opposition frontale avec E nunna. La deuxième ambassade d'E nunna est celle de ama -rê’î, un « messager » [A.2], et la troisième celle d’Ii-Nabûm [A.2012]. Les lettres [A.2800] et [ARM II 128] sont concomitantes ; en fait les deux ambassadeurs/envoyés ont dû se croiser à Mari, même si nous ne pouvons pas assurer qu’il y a eu rencontre avec Hâpirum et ama -bani. La première ambassade est de retour d’Andarig et sur le chemin du retour pour E nunna ; la seconde vient d’E nunna et cherche à voir le roi de Mari. Les deux ambassadeurs semblent tous deux de très mauvaise humeur, certainement parce qu’ils se rendent compte, manifestement, qu’il vont être déçus dans le succès de leurs missions. Que pouvait faire ama -rê’î à Andarig sinon essayer de pousser Qarnî-Lîm à ne pas accepter l’installation de Simah-ilânê à Kurdâ ? Il est dommage que nous ne sachions pas quelles compensations aurait obtenues Qarnî-Lîm pour la réalisation d’une opération qu’il devait certainement sentir comme limitant ses ambitions. Le fait qu’un accompagnateur ait été refusé à ama -rê'î à Andarig ([A.2], [A.2800]) montre néanmoins le peu de succès qu’il avait dû rencontrer. Sans doute le fait que l’ambassadeur reste à Mari n’était-il pas dû au simple plaisir de vivre sur les réserves du palais, puisqu’à partir d’un certain moment le train de vie d’un envoyé était à sa charge ([A.2734]). Il devait sans doute vouloir se concerter avec son confrère Ii-Nabû ou, peut-être même, assister à l’arrivée de Simah-ilânê. C’est lui qui arrive le premier à Mari puisque Zimrî-Lîm avait recommandé lui-même avant de partir (pour la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm) de ne ne pas le laisser s’éterniser dans la capitale ([A.2]). Ii-Nabû était mandaté auprès de Zimrî-Lîm. Il prétexte la fatigue de ses ânes pour rester à Mari ([A.2012]). Sans doute sa mauvaise humeur était-elle suscitée par ce qu’il venait d’apprendre grâce aux bavardages de Yanibum ; mais il est aussi possible qu’il ait attendu d’autres émissaires en provenance d’E nunna. L’ambassade d’Ii-Nabû est rejointe par des gens qui viennent de chez allurum ([A.2800]) : ils se composent d’un Mariote, ûb-na-El de Tizrah, de la province de Mari, sans doute celui qui avait été envoyé comme ambassadeur ; [ARM II 128] montre que les deux porteurs de sacs scellés (a sikkî) sont ajoutés au convoi d’Ii-Nabû. Leurs noms sont donnés par [A.2800], Ahhû-âbû et Ipiq-Mammi ; il semble cependant qu’il y ait une autre ambassade envoyée par allurum lui-même, dont on ne connaît pas l’identité. [A.2800] : 15-16 reprend le compte de tous ces E nunnéens : « (donc) deux ambassadeurs57 d’E nunna et un ambassadeur de allurum. »

    56

    La présence de allurum à E nunna est donc bien antérieure au moment où on le voit conduire une armée

    au Sûhum. 57 Dans [A.2800] les dumu-me-e i-ip-ri a sí-ik-ki (l. 11-12) sont repris par le simple dumu-me-e i-ip-ri (l.15); sikkum doit désigner ici la sacoche scellée où se trouvaient les documents diplomatiques confidentiels et pourrait

    530

    Jean-Marie DURAND

    Le tout devait former un convoi conséquent et ils devaient apporter, tant du point de vue d’Ibâlpêl II que de allurum, des nouvelles. La première de ces lettres semble indatable désormais, à moins qu’il n’y soit fait allusion à une crue d’octobre-novembre, ce qui la mettrait effectivement en tête de toute la correspondance préservée. Le thème de la pluie sert à dater les documents : on doit être au mois xi pour que les ambassadeurs ne veuillent pas se mettre en route, afin de faire se reposer leurs ânes et le « 5 » dont il est question en [A.2800] doit être le 5-xi, une semaine avant l’arrivée de Simah-ilânê et le retour de ZimrîLîm. Au moins les gens qui accompagnaient Ii-Nabû ont-ils pu avoir une chance d’apercevoir le prince de Kurdâ, puisqu’Ii-Nabû est attesté à Mari au moment où Simah-ilânê arrivait. 260 [A.4281] Itûr-asdû au roi. Nouvelles venant d’E nunna, comme quoi la crue avait emporté la ville d’Uragal. [a-n]a be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma [u]-um up-pí an-ni-e-em a-na é-er [be-lí]-ia ú-a-bi-lam [I] dsu'en-e-me [wa-ra-ad lu]gal è -nun-naki [na-a-p]a-ar-tam58 [ub]lam [um-ma u-m]a [iti ki-in]-ki-im [u x-kam ] a-lam4(LUM) ú-ra-ga-al{ki}59 [mi-lu]-um i-na li-ib-bi íd it-ba-al ù li-ib-ba-a[m ma-ar-a-a]m-ma a-ia-i-i[m id-bu-ba-am] a-l[um ma-riki ù é-kál-lum] a-lim

    2 4 6 8 Tr. 10 Rev. 12 14 16 Tr. 18

    (l. blanche.) 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. 5 Le jour où 6 j’envoie cette tablette de moi 5 chez 6 mon seigneur, 7 Sîn- eme, le serviteur du roi d’E nunna, 10 m’a apporté une missive, 11 disant : « 13 Le x 12 du mois de kinkum, 14 la crue 15 a emporté 13 la ville d’Uragala) 14 au milieu 15 du fleuve. » Alors, il m’a parlé d’un cœur affligéb). 18 La ville de Mari et le Palais, ça va. a) La ville d'Uragal m'est inconnue. Le signe Ú pourrait être, en fait, un PA sur érasure. b) On trouve à Mari, libbam + adjectif … dabâbum pour signifier « parler d’un cœur (+ qualificatif) …».

    être expliqué comme une formation sur SKK et, en référence aux emplois qui indiquent le secret qui entourent la notion de Conseil privé (le sakkakkum), désigner les gens qui font partie du Conseil de l’ambassadeur. Le terme qu'on a pris l'habitude de traduire par « secrétaire d'embassade » (CAD S, p. 255b marque « mng. uncert. ») désignait peutêtre simplement le « porteur d'un sac scellé » ; cf. LAPO 16, p. 541, 597. Pour le sens discuté de a sikkim, cf. LAPO 16, p. 541 et 597. 58

    La l. semble avoir été écrite sur érasures.

    59

    Le signe a sans doute été écrasé par l'enveloppe.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    531

    261 [A.2734] Itûr-asdû au roi. Des messagers d’E nunna refusent de bouger et vivent à Mari, à leurs frais. Demande d’instructions. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìr-ka-a-ma a-um ha-pí-ri-im ù AN-u-ba-ni 6 dumu-me-e i-ip-ri lú è -nun-naki lú-me-e u-nu wu-ú-ur-ta-u-nu 8 it-ti be-lí-ia im-hu-ru ù sá-SAG e-li-u-nu i-e-em-ma 10 ù wa-a-bu a-na-ku i-ir-ta-am a be-lí-ia Tr. 12 pa-al-ha-ku-[ma] ba-lum be-lí-ia u-a-[u-nu] 14 ú-ul e-le-[i] i-na-an-na [a-nu-um-ma] Rev. 16 i-ip-ru lú-m[e-e u-nu-ti] ku[u]r - [ru-ú] 18 as-sú-re-ma i-na be-la-ni60 lú-me-e u-nu-{ X X} -ti 20 ú-e-é-ma ta-az-zi-im-ta-u-nu a-na e-er be-lí-ia i-ka-a-a-dam-ma ù { X X } li-ib-bi be-lí-ia 22 i-na-az-ziiq 24 an-ni-tam la an-ni-tam up-pí be-lí-ia li-ik-u- dam- ma 26 ak-ki-ma na-a-pa-ar-tim a be-lí i-a-ap-pa-ra-am 28 lu-puú ki Tr. a-lum ma-ri ù é-kál--lim 30 [m]i-[i]m-ma li-ib-bi b[e-l]í-ia la i-na-ah-hi-id 2

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet de Hâpirum et d’Il- u-bâni, 6 messagers d’E nunna, 7 ces gens 8 ont reçu de mon seigneur 9 leurs instructions (de départ). 9 Donc les rations (de farine) sont moulues (désormais) à leur chargea). 10 Or, ils ne bougent pas ! 11 Pour ma part, 12 par crainte 11 d’une punition de la part de mon seigneur, 14 je ne peux 13 leur faire quitter Mari sans l’aveu de mon seigneur. 15 Maintenant, voilà que 16 les rations alimentaires b) de ces gens 17 sont congrues. 18 Il ne faudrait pas, 20 si je fais quitter Maric) à ces gens 18 de forced), que 20 leurs plaintes 21 n’arrivent chez mon seigneur et qu’22alors le cœur de mon seigneur 23 ne s’irrite. 24 Ce qu’il doit en être, une tablette de mon seigneur 25 doit m’arriver 28 afin que j’agisse 26 en fonction de la missive 27 que mon seigneur m’aura envoyée. 29 La ville de Mari et le Palai. 5

    60 Dans ce passage le signe est clairement NU, mais dans le passage parallèle de A.2012 : 22 le signe est nettement BE. G.D. dans son cahier de transcription a lu i-na ú-la-[.

    532

    Jean-Marie DURAND 31

    Que mon seigneur 30 n’aille rien s’imaginer de fâcheux.

    a) Un problème de l'administration mariote est celui des rations alimentaires de ceux qui ne fournissent plus le travail attendu d’eux. Une forme (N) de ênum « moudre » (-n est assimilé au -ma subséquent) donne iên-ma : « leur sportule est moulue » (cf. CAD , p. 99a, sub 3') ; eli-unu signifie dès lors, comme attendu, « à leurs frais ». On peut en déduire que le Palais ne considérait les ambassadeurs à sa charge que pour la période allant de leur arrivée jusqu'au moment de leur congé (wu'urtum). b) Le i- à l’initiale me paraît plus sûr que le ù- de G.D. que l’on n’attend d’ailleurs pas en telle position. Pour l’écriture i-ip-ri, cf. TCL X 96 :3 ; kurrûm a le sens de « diminuer ». c) Le parallèle de [A.2012] : ú-e-e-í-u indique qu’il s’agit d’un inaccompli. d) L' expression mariote pour signifier qu'une action est faite contre le gré de quelqu'un est soit belâni (ou tillâni ?) soit nullâni. Dans ARMT XXVI/1 p. 436, n. b) ad n° 207, ou dans LAPO 18, index, p. 546, j'ai proposé une lecture par BE, en accord avec les graphies de Mari (dans le présent texte aussi BE et NU sont bien distingués) et un sens de « par astuce » ou « par ruse ». CAD N/2, p. 333a s'est décidé pour nullânû avec un sens de « evil, fraudulent intention ». Cette signification ne convient pas ici. Pour un sens « de force », cf. le parallèle de [A.2012] : 22, à propos d’un envoyé d’E nunna.

    262 [A.218] Itûr-asdû au roi. Ordres du roi à son départ, mais le messager d’E nunna ne veut pas partir tant que son accompagnateur reste à Andarig. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìrka-a- ma be-lí i-na pa-ni wa-é-u ki-a-am 6 ú-wa-e-raan-ni um-ma-a-mi dutu-sipa dumu i-ip-ri-im ki 8 lú è -nun-na ki ú-ru-us-sú i-na ma-ri Tr. 10 la i-ka-alla an-ni-tam be-lí ú-wa-e-ra-an-ni sipa Rev. 12 a-na dutudumu i-ip-ri-im lú-è -nun-naki aq-bi um-ma a-na-kuma 14 at-la-ak la ta-ka-al-la 16 ù lú u-ú ki-a-am i-pu-la-an-ni um-ma-a-mi a-di a-li-ik i-di-ia ki 18 i-na an-da-ri-ig i-ka-a-a-dam ú-ul u-í an-ni-tam i-pu-l[a-a]n-/ni 20 i-na-an-na a-nu-um-ma a-na e-er be-lí-ia á[-ta-pa-ar] Tr. 22 ak-ki-ma na-a-pa-ar-[tim] a be-lí i-a-ap-pa-ra-am 24 lupuu a-lum ma-riki ù é-kál-lum a-li[m]

    2

    1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Avant de partir, mon seigneur 6 m’avait donné les instructions 5 suivantes : « 9 Expédie 7 ama rê’î, le messager 8 e nunnéen ; 10 qu’il ne s'attarde pas 9 à Mari ! » 11 Telles étaient les instructions de mon seigneur. 18 J’ai dit 12 à ama -rê’î, 13 messager e nunnéen : « 15 Va ! Ne t'attarde pas ! » 16 Or, cet individu m’a répondu ceci : « 17 Tant que mon escorteur 19 n’est pas arrivé 18 d’Andariga), je ne quitterai pas Mari ! » Voilà ce qu'il m'a répondu ! 5

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 20

    Maintenant voilà que 21 j’en informe mon seigneur seigneur m’enverra. 25 La ville de Mari et le Palais, ça va.

    24

    533

    pour agir 22 selon le message 23 que mon

    a) Dans cet exemple ina a la même valeur séparative que dans ina… waûm.

    263 [A.2012] Itûr-asdû au roi. Ii-Nabû, messager d’E nunna, renonce à rejoindre le roi, vu l’état de ses ânes.

    2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24 26 C. 28

    a-na be-l[í-ia] qíbí[m]a um-ma i-t[úr]-ás-du ìr-ka-a-ma be-lí i-na pa-ni wa-é-u ki-a-em? ú-wa-e-ra-an-ni um-ma-a-mi i-í-na-bu-ú dumu i-ip-ri-im lú è -nun-naki wa-ar-k[i-ia ú-ur]-da-a-u an-ni-tam be-lí ú-wa-[e-ra-an-ni] a-na i-í-na-bu-[ú] dumu i-ip-ri-im lú è[ -nun-naki] aq-bi um-ma a-na-ku-m[a] wa-ar-ki be-lí-i[a] at-la-ak la tu-ha-ar an-ni-tam a-na lú a-a-ti aq-bi-ma ù ki-a- am i-pu-la-an-ni um-ma-a-mi an e-há-ia [m]a-aq-tu i-na e-pí-ia a-la-ka-am ú-ul e-li-i an-ni-tam i-pu-la-an-ni na-ú(TU)-ú-ma a-na-ku ba-lum be-lí-ia i-na be-la-ni ú-e-e-í-u an-ni-tam la an-ni-tam [b]e-lí li-i-pu-ra-am-ma [ak]-ki-m[a na-a]-pa-[ar]-tim [a be-lí-i]a [l]u-p[u-u] a-[lu]m ma-riki ù é-kál-lum []alim 1

    Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur, avant de quitter Mari, 6 m’avait donné les instructions 5 suivantes : « 7 Ii-Nabû, messager 8 e nunnéen, expédie-le me rejoindrea) ! » 9 Voilà mes instructions de la part de mon seigneur. 12 J’ai dit 10 à Ii-Nabû, messager e nunnéen : « 14 Pars 13 rejoindre mon seigneur ; 14 ne tarde 15 pas ! » Voilà ce que j’ai dit à cet homme. 16 Or, voilà 17 ce qu’il m’a répondu : « 18 Mes ânes sont à bout ; 19 je ne peux pas faire la route à 20 pied ! » Voilà sa réponse. 21 Est-il convenable que sans l’aveu de mon seigneur 23 je le fasse partir 22 de force ? Mon seigneur 25 doit me faire savoir 24 ce qu’il en est 27 afin que j’agisse 26 selon la missive de mon seigneur. 28 La ville de Mari et le Palais, 29 ça va. 5

    a) En m. à m. : envoie-le moi après mon départ…» . L'ambassade était attendue et l'on en avait sans doute envoyé l’annonce (burrûm) au roi. Le départ pour la Forteresse de Yahdun-Lîm était donc quelque chose que le roi ne

    534

    Jean-Marie DURAND

    pouvait pas retarder. Cette ambassade d’E nunna n'était pas à négliger, alors que celles qui étaient antérieures avaient été renvoyées chez elles.

    Aux ambassades envoyées régulièrement depuis E nunna, s’ajoutent des messagers mariotes revenant de chez allurum avec des messagers de ce dernier. Ils en sont bien distingués, quoiqu’ils semblent venir également d’E nunna, comme le note explicitement [A.2800] en comptant ceux qui sont arrivés. Ce allurum est déconcertant car il semble à égalité de dignité avec Ibâlpêl II mais se trouve à E nunna même. Il a mené les troupes e nunnéennes dans la vallée du Moyen-Euphrate inférieur, alors qu’il ne semble pas y avoir de conflit dans le Nord entre Mari et E nunna, mais une guerre (victorieuse) entre cette dernière et Ékallatum. L’expédition de allurum, même si elle a fort inquiété Mari, n’était sans doute pas dirigée contre elle et ne visait qu’à occuper le terrain évacué par le RHM. Dans FM V, p. 166, n. 644, D. Charpin à propos de Duh ûm, que nous ne situons pas plus mais qui semble avoir été, lui aussi, d’une importance extrême aux yeux d’Ibâlpêl II, s’est demandé si l’on n’avait pas affaire à un prince héritier. allurum a la même place que Duh ûm (qui nous est moins documenté) et l'écart temporel n'est pas assez grand entre les deux pour que l’on suppose deux princes héritiers, à moins d’identifier les deux personnages, ce qui pour l’heure serait immotivé. Nous savons peu de choses à propos de la royauté à E nunna. Il pouvait y exister un système aussi complexe que celui qui a été postulé pour l'Iran élamite avec plusieurs chefs contemporains, le roi d'E nunna jouant localement le même rôle que le sukkal-mah dans le monde élamite ; l’étendue du royaume d’E nunna n'était cependant pas comparable à celle de l'empire élamite. Il ne peut que difficilement s'agir du roi d'une ville associée à E nunna — même si le royaume semble avoir été moins unitaire qu'on ne le croit d'habitude — ou d'un prince allié, comme ceux de Dêr ou de Malgi'um, car allurum reçoit dans la correspondance d'Itûrasdû la qualification explicite d'e nunnéen, ce qui ne serait pas le cas, s'il était roi ailleurs. On peut aussi penser que allurum était en fait le représentant élamite à E nunna61, comme La-nasûm était hazzannum à Tuttul pour le roi de Mari et, à ce titre, pouvait prendre la tête de forces armées62.

    264 [ARM II 128] Itûr-asdû au roi. Des Mariotes sont arrivés de chez allurum. Ils partiront avec Ii-Nabûm, messager d’E nunna, pour chez le roi. Un messager d’E nunna attend son escorteur depuis Andarig pour rentrer chez lui. Itûr-asdû a demandé à (Qarnî-Lîm) de le lui renvoyer. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma u-um up-pí an-né-e-em a-na []e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam 2 dumu-me-e i-ip-ri a sí-ik-[k]i i-tu ma-h[a]-ar a-al-lu-ri(RU)-im lú è -nun-naki a-na ma-riki a-na e-er be-lí-ia il-li-ku-nim i-na-an-[n]a it-ti i-í-[n]a-bu-ú dumu i-ip-ri-im lú è -nun-naki u-ta-a-bi-ta-a-u-nu-ti-ma a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u-nu-ti a-nitam a-na dutu-sipa lú è -nun-naki a i-tu an-da-ri-igki

    2 4 6 8 10 12 14 16 18

    61 Cf. ma communication « La “suprématie élamite” sur les Amorrites. Réexamen, vingt ans après la XXXVIe RAI (1989) », dans Susa and Elam. Archaeological, Philological, Historical and Geographical Perspectives. Proceedings of the International Congress held at Ghent University, December 14-17, 2009, MDP 58, K. De Graef & J. Tavernier éd., Leyde/Boston, 2013, p. 329-339) où j'ai proposé qu’E nunna n’ait été en réalité qu'une des façades de l’Élam sur les royaumes amorrites, comme devait l’être le royaume de Larsa dans le Sud. 62

    Cf. ARMT XXXIV.

    La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

    20 22 24 26 28 30 32

    535

    il- li-kam ki-a-am aq-bi-um um-ma a-na-ku-ma a-na è -nun-naki at-la-ak la-a tu-ha-ar ù lú u-ú ki-a-am i-pu-la-anni um-ma-a-mi ha-am-mi-an-dùl-lí a-li-ik i-di-ia i-tu an-da-ri-igki

      il-li-kam-ma igi be-lí-ia it-ta-ak-la i-na-an-na a-nu-um-ma a-na e-er be-lí-ia á-tap-ra-am be-lí ha-a[m-mi-an-dùl]-lí li-i-ru-dam-[ma] lú a-a-tu lu-u-ru-[ud-ma] ù sá-SAG la i-ma-ha-a[r] a-lum ma-riki ù é-kál-lum a-[lim]

      Bibliographie : ARM II 128 = LAPO 16 378. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette de moi chez mon seigneur, 7 deux secrétaires d’ambas10 sade sont arrivés 9 à Mari chez 10 mon seigneur 8 (venant) de chez allurum, 9 l’e nunnéen. 11 À l’heure actuelle, 13 je leur fais prendre la route 10 avec Ii-Nabû, 11 messager e nunnéen, 13 et 15 les expédie 14 chez mon seigneur. 16 Autre chose : 20 voici ce que j’ai dit à ama -rê’î, l’e nunnéen18 qui 19 m’est arrivé 18 d’Andarig : 21 « Pars pour E nunna, 22 sans délai. » Alors, cet homme 23 m’a répondu ceci : « 24 Hammî-andullî, mon escorteur, 25 est a) venu d’Andarig (avec moi), mais 26 a été retenu chez mon seigneur (= QarnîLîm). » 27 Maintenant, voilà que 28 j’écris chez mon seigneur (= Qarnî-Lîm) 29 pour qu’il renvoie Hammîandullî 30 et que je renvoie chez lui cet homme ( ama -rê’î) et qu’31 il ne reçoive plus de ration alimentaire. 32 La ville de Mari et le Palais, ça va. 5

      a) Compréhension différente dans LAPO 16, p. 576, qui me paraît historiquement peu vraisemblable.

      [A.2800] montre que allurum, tout en étant d’E nunna, en est bien distingué ; cf. l. 15-16. 265 [A.2800] Itûr-asdû au roi. Arrivée de Mariotes et d’un messager de allurum, depuis E nunna. Le 5 (xi). a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìr-ka-a-ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er 6 be-lí-ia ú-a-bi-lam I u-ub-na-AN dumu i-ba-al-pí-AN 8 lú ti-iz-ra-ahki dumu i-ip-ri-im a be-lí-ia I ah-hu-à-bu 10 ù sig?pí-iq-dma-am-mi Tr. 2 dumu-me-e i-ip-ri 12 a sí-ik-[ki] ù 1 dumu i-ip-[ri-im] Rev. 14 a ma-ha-ar a-al-lu-ri-[im] 2 dumu-me-e i-ip-ri lú è -nun-naki 2

      536

      16 18 20 22 Tr. 24 26

      Jean-Marie DURAND ù 1 dumu i-ip-ri a a-al-lu-ri-im a i-tu è -nun-naki a-na ma-riki a-na e-er be-lí-ia ik-u-du-nim u 1-kam i-na ma-riki ú-a-bu-ma a-ni-e-em u-um-u ú-a-ad-da-a-u-nu-ti-ma a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-ra-da-a-u-nu-ti a-ni-tam u 5-kam ba-zal-ma up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam a-lum ma-riki ù é-kál-lum alim 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 chez mon seigneur 5 cette tablette de moi, 7 ûb-na-El, fils d’Ibâlpêl 8 de Tizrah, messager de mon seigneur, 9 Ahhû-abû 10 et Ipiq-Mammîa), 11 deux messagers 12 porteurs de sacs scellés, 13 ainsi qu’un messager 14 de chez allurum, 15 (soit) deux messagers de l'homme d’E nunna 16 et un messager de allurum, 17 qui venaient d’E nunna 18 me sont arrivés 17 à Mari 18 pour aller chez mon seigneur. 20 Ils séjourneront 19 à Mari un jour et 20 demain 21 je leur donnerai des provisionsb) 22 et les expédierai chez mon seigneur . 23 Autre chose : le 5 courant, 25 je fais porter 24 cette tablette de moi 25 chez mon seigneur. 26 La ville de Mari et le Palais, 27 ça va. 5

      Bibliographie : publié dans RA 42, 1948, p. 67-69 ; LAPO 16, p. 575 (n° 377). a) Un NP Ahhû-âbû (avec ahum au pluriel) n'est documenté qu'ici à Mari. Mais cf. dans YOS XII 390 :18 : a-ah-hu-à-bu qui est un rabi’ânum. Ipiq-Mammî est un hapax. Pour Mammî, cf. OLA 162/1, p. 226-227. b) adûm D signifie « équiper quelqu'un avec des provisions » (idîtum). L’expression est parallèle à utaabbat et peut en donner le sens.

      Le document suivant est singulier : la tablette qui est apportée par des messagers d’E nunna chez le roi émanait d’un certain Kubbutum qui réclamait de venir voir le roi. Kubbutum pouvait être un dignitaire d’E nunna (l. 5) dont l’accès au souverain n’allait pas de soi et qui devait en recevoir la permission. Il n’est pas autrement connu63. Le texte doit illustrer une tentative des ambassadeurs e nunnéens de s’adjoindre quelqu’un de non prévu à l’origine. Le document a été regroupé avec ceux qui parlent des messagers qui doivent aller trouver le roi de Mari. 266 [A3050] Itûr-asdû au roi. Des messagers d’E nunna peuvent-ils amener Kubbutum chez le roi ? Les gardes sont fortes. Tout va bien.

      2 4 6

      a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-tu-ur-ás-du ìrka-a- ma a-um ku-ub-bu-tim ra-ki-ib an e° dumu-me-e i-ip-ri lú è -nun-naki [a-n]a e-er be-[l]í-ia

      63 Dans l'inédit M.7450 i, il est question d’un Kubbutum dam-gàr. Ce texte est une immense liste en plusieurs colonnes de personnes diverses parmi lesquelles sont mentionnés (col. i) i-din-dda-gan, a-pí-AN {X} tur [cf. p. 133, a) à M.7337], dumu-me-e ku-bu-tim dam-gàr. Tous ces gens appartenaient au district de Saggâratum. Il s’agit sans doute d’un individu différent.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 8

      537

      [u]p-pa-am ú-[a-b]i-lam (l. blanche.)

      Rev. 10 12 14 16

      [i-n]a-an-na up-pí be-lí-ia [l]i-ik-u-dam-ma [lú a]-a-[t]u a-na e-er be-lí-ia [l]u-u-ru-dam [m]a-a-a-r[a-t]u-ia da-an-[na] [a-lu]m(LAM) ma-riki é dingir-me-e -ni é-kál-lum ù né-p[a-ra-tu]m [a][lim] 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet de Kubbutum, (qui a rang de) chevaucheur d’âne, 8 il a fait porter 6 par des messagers d’E nunna 8 une tablette chez mon seigneur. 9 Maintenant, 10 une tablette de mon seigneur doit m’arriver 12 pour que j’expédie 11 l’individu luimême chez mon seigneur. 13 Mes gardes sont fortes. 14 Mari, les Temples des dieux, 15 le Palais et les Ergastules, 16 ça va. 5

      267 [A.799] Itûr-asdû au roi. C’est la pluie ; de ce fait, malgré ce qu’avait annoncé au roi Itûr-asdû, les ambassadeurs d’E nunna refusent de bouger. Itûr-asdû plaide non coupable et va prendre les mesures nécessaires. Tout va bien.

      2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 Tr. 26

      [a-n]a be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam u 2-kam a-mu-um i-na li-ib-bi ma-riki un iz!-nube-lí li-ihdu a-ni-tam a-um dumu-me-e i-ip-ri ki è -nun-na a-na e-er be-lí-[ia] ki-a-am a-pu-ra-[am] um-ma a-na-ku-ma dumu-me-e i-i[p-ri] lú è -nun-naki u-ta-a-ab-ba-tam-ma a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-ra-da-a-u-nu-ti an-ni-tam a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-am ki-ma a-mu-um iz-nu-nu i-mu-ru-ma ik-ka-lu-ú as-sú-ur-re be-lí ki-a-am i-qa-ab-bi um-ma-mi i-túr-ás-du-ma ik-la-a-u-nu-ti [m]i-im-[ma] a-na-ku ú-ul ak-la-u-n[u-t]i wa-ar-ki up-pí-ia an-ni-im u-ta-a-ab-ba-ta-a-u-nu-ti

      538

      28 C. 30

      Jean-Marie DURAND [a]-na e-er be-lí-ia [a-]à-ar-ra-da-a-u-nu-ti a-lum ma-riki ù é-kál-lum alim 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter chez mon seigneur 5 cette tablette de moi, 7 cela fait deux jours que la 8 pluie tombea) 7 à Mari. 9 Que mon seigneur se réjouisse! 10 Autre choseb) : 13 j’avais écrit ceci 12 chez mon seigneur 10 au sujet des messagers 11 d’E nunna : 16 « Je vais équiper 14 les messagers 15 de l'homme d’E nunna 16 et les expédier chez mon seigneur. » 18 Voilà quel était mon message chez mon seigneur. 20 Ils ont vu 19 que la pluie tombait 20 et n’ont pas bougé. 22 Il ne faudrait pas que mon seigneur 23 dise : « C’est Itûr-asdû qui les a retenus. » 24 Je ne l’ai nullement fait. 25 Après cette tablette de moi, 26 je les équiperai ; 28 je les expédierai chez mon seigneur. 29 La ville de Mari et le Palais, 30 ça va. 5

      Note : la comparaison avec la tablette [A.2800] montre que ce document est du 7 ou du 8 (xi). a) En m. à m. « est tombée », mais le passé est relatif au commencement de l’action, sans indiquer que la pluie est désormais finie. b) Le fait que la pluie tombe est un phénomène digne de remarque en soi et un sujet de correspondance. C’est sans doute pour cela qu’il y a ici le recours à anîtam. En fait, l’information sur la pluie a un lien direct avec le refus de bouger des ambassadeurs d’E nunna.

      La reconnaissance officielle de Simah-ilânê s’est donc faite à Mari, les grands serviteurs étant arrivés ; il n’y avait pas que ceux qu’il ramenait avec lui de Babylone. Ce serait le sens du fragment [M.7625]. La venue des dieux est déjà annoncée dans le texte [A.62]. Il est vraisemblable que les moyens de faire prêter serment au nouveau roi de Kurdâ sont venus très vite, avant même qu’il n’arrive. Ils ont attendu à Mari la caravane en provenance de Babylone. 11.4.5 Les serments de Qaarâ Le lecteur moderne de la correspondance d’Itûr-asdû ne peut être qu'intrigué par le fait qu’en même temps qu’était préparée la prestation de serments de Simah-ilânê, on en envisageait une autre pour un prince de Qaara, dont le nom n’est pas indiqué. Cela est évident du fait qu’on voit arriver à Mari des gens de Kurdâ et de Qaarâ. Or Qaarâ n'a jamais fait partie du royaume de Kurdâ. On ne peut donc penser que ces gens arrivaient pour accueillir Simah-ilânê. De plus, dans [M.7625], Itûr-asdû avertit le roi que les gens qui vont venir comptent demander le « statut de fils » (mârûtum) vraisemblablement pour leur prince qui doit venir à Mari pour un serment de vassalité. Il ne peut s’agir de Simah-ilânê puisque ce statut va justement lui être imposé, ce qui devait d’ailleurs entraîner l’intervention des Anciens de Kurdâ pour qu’il revienne sur un tel accord et traite d’égal à égal avec le roi de Mari en s’en disant le frère64. Le statut d'ahhûtum/athûtum était en fait un accord de parité. C’était donc plutôt un prince de Qaarâ qui essayait d’avoir un rang égal à celui de son confrère de Kurdâ et échapper au statut de wardûtum qui montrait l'infériorité du contractant. C’est une époque où Qaarâ n’était pas encore unie à Karanâ et constituait un centre indépendant, quoique secondaire. Or, pour que son prince se jugeât digne du titre de « fils de Zimrî-Lîm », il faudrait qu’il en ait au moins épousé une des filles — ce qui ne donnait cependant pas automatiquement un tel droit, comme le montre le cas d’IbâlAddu qui, malgré son mariage, n’eut que le statut de « serviteur » du roi de Mari, et le resta toujours. Dès lors, le roi de Qaarâ non nommé pourrait bien être le mystérieux Narâm-ili- u65 qui épousa la princesse 64 Cf. [A.3186], édité par B. Lafont, FM II, p. 215, texte repris dans ARMT XXXIV (dossier d’A ma), ainsi que ci-dessus, [A.433+]. 65 Ce n’est pas un NP très répandu à Mari. On n’en connaît ainsi qu’une seule attestation, dans le texte administratif, M.13087 : 11, où il s’agit d’un marchand (dam-gàr), sous l’éponyme Ikuppiya. Si c’est le même personnage,

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      539

      Qihila, comme l’indique ARMT XXII 204 iii 45-4766. Il se trouverait ainsi avoir été présent à Mari en même temps que Simah-ilânê pour sa consécration. Qihila est encore attestée dans le harem paternel le 2-ix ZL 2’, alors que texte qui enregistre son mariage est du x-ZL 2’67. Elle a pu être promise en mariage encore très jeune et la cérémonie n’être effective que l’an suivant. Narâm-ili- u est un inconnu des archives68, ce qui signifie qu’il a disparu très vite. Cela peut être dû à l’installation de Hadnu-rabi dont on ne connaît pas la date d’accession au trône. J.-R. Kupper note que ce dernier est « particulièrement lié aux événements des années 3’ et 4’ », donc de l’année qui suit le mariage de Narâm-ili- u. Hadnu-rabi a peut-être mis fin à un règne épisodique, mais il peut aussi bien avoir été le fils de Narâm-ili- u. Si ce dernier a bien été le contemporain de Dâdu- a (cf. n. 69), il ne devait plus être de première jeunesse lorsqu’il est devenu le « gendre » de Zimrî-Lîm. Son mariage serait dès lors analogue à celui de Zakurabum avec Inib- arrim comme l’a montré M. Guichard69. Si Narâm-ili- u était depuis longtemps un féal d’E nunna, on comprend pourquoi une bonne partie du Sindjar est passée à l’alliance d’Ibâlpêl II lorsque ce dernier est monté dans l’est de la Haute-Djéziré. Il semble que le serment qui a été prêté par le prince de Qaarâ l’ait été ailleurs qu’à Mari puisqu’Itûr-asdû expédie chez le roi ceux qui étaient arrivés jusqu’à la capitale. Il n’y aurait donc pas trace dans les archives de telles cérémonies parce qu’elles se sont passées loin de Mari, auprès du roi qui devait d'ailleurs y participer. Il en a vraisemblablement été de même avec Razamâ dont l’alliance a dû susciter une cérémonie très importante mais qui n'a également laissé aucune trace dans les archives parce qu'elle avait dû également se tenir ailleurs qu’à Mari. Kurdâ, Qaarâ et Razamâ étaient trois importants centres politiques du Proche-Orient à l’occident du Tigre. L'affirmation de la suzeraineté du roi de Mari dans ces régions devait être sentie — au moment où le RHM disparaissait pour toujours et où Zimrî-Lîm choisissait l'alliance avec Alep — comme un moyen de limiter l'inquiétante montée en puissance d'E nunna. 268 [A.62] Itûr-asdû au roi. Arrivée des dieux depuis le Numhâ et Qaarâ pour la prestation de serments, avec des dignitaires. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma wa-ar-ki wa-e-e be-lí-ia-ma dingir-me-e i-tu nu-um-ha-aki ù qa-á-ra-aki

      2 4 6 Tr.

      il serait à un moment antérieur de sa carrière et pourrait avoir reçu son sceau du roi d'E nunna, Dâdu- a, vers la même époque. Peut-il être le même que celui que mentionne une lettre acéphale qui parle d’arrangements pour des affaires d’argent (importantes), A.2498 ? Un certain Narâm-ili- u y est dit posséder une tablette qui prouve que son maître (sic ! ìr-di na-ra-am-ì-lí-u, i-na qa-tim ka-i-id) s’est acquitté. 66 Ce texte possède en fait une date (ce qui n'apparaît pas dans l’édition de J.-R. Kupper) car il faut lire iv 5’11’, [i-tu u x-kam iti dnin-b]i-ri, [mu zi-im-ri-li]-im, [a-ah KIB.NUN.NA u-t]e-e-ru, [a-di u x-kam iti dnin]-bi-ri, [mu zi-im-ri-li]-im, [da-am-da-am a dumu-me-e ia-mi]-na, [i-du-ku], ce qui indique bien le début du règne ; cf. J.M. Durand, MARI 5, p. 616. 67

      Cf. N. Ziegler, FM IV, p. 63, §3.1.2.4.4.

      68

      Cet inconnu a à plusieurs reprises attiré l’attention. Ainsi, D. Lacambre a cité dans sa note NABU 1999/76 un sceau retrouvé à ubat-Enlil parmi des documents qui datent du début du règne de Zimrî-Lîm et qui appartenait à un Narâm-ili- u, « serviteur de Dâdu- a » et fils de ra-ba-a-r[u-sú ] (Rabba- arrûssu). Il est vraisemblable qu’il ne s’agit pas d’un E nunnéen comme le propose D. Lacambre mais d’un dignitaire local qui avait reçu un sceau du roi d’E nunna. 69 M. Guichard, « Le Remariage d’une princesse et la politique de Zimrî-Lîm dans la région du Haut-Habur », RA 103, 2009, p. 19 sq.

      540

      8 Rev. 12 14 16 Tr. 18 20 C.

      Jean-Marie DURAND a a-na ni-i AN-lim u-u-ku-ri-im ik-u-du-nim ù it-ti dingir-me-e u-nu-ti I ki-ri-ip-e-ri-i ù ì-lí-ma-lik lú-gir-sig-ga ra-ak-bu-ut an e-há lú nu-um-ha-aki I i°-lí-su-um ra-ki-ib an e-há dumu i-ip-ri-im lú qa-á-ra-aki 3 dumu-me-e i-ip-ri [ra]-ak-bu-ut an e-há ik-u-du-nim ki-ma ka-a-di-u-nu-ma é-há na-ap-[à-r]i ú-a-ap-e-er-u-nu-ti 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Dès le départ de Mari de mon seigneur, 6 les dieux, 8 ceux par lesquels 9 il faut jurer, 10 sont arrivés 6 ici, depuis le Numhâ 7 et Qaarâ. 11 En outre, avec ces dieux, 12 Kirip- eri a) et 13 Ilî-malik, le « domestique », 14 (qui ont rang de) chevaucheurs d’ânes, gens du Numhâ, 16 Ilî-Sûmb), (qui a rang de) chevaucheur d’ânes, 16 messager de Qaarâ, 17 (soit) 3 messagers, (qui ont rang de) chevaucheurs d’ânes, 18 me sont arrivés. 19 Dès leur arrivée, 21 je leur ai fait réquisitionner 20 des maisons de réquisition. 5

      a) Ce Kirip- eri est mentionné comme un messager (XVI/1, p. 139 en fait un « habitant ») de Kurdâ par ARM XIV 97 (LAPO 16 427), auquel on joindra ARMT VI 33 (cf. LAPO 16 340 note b). b) On remarque la graphie non orthographique i-lí-su-um pour ì-lí-su-um (le NP est écrit ì-lí-su-ú-um dans M.15074, renvoyant ainsi au pays de Sûmum). Cet Ilî-sûm(u) qui a un poste important à Qaara dont il peut représenter le prince, peut être celui qui a été un candidat au trône d’A nakkum, contre adum-labu’a.

      269 [M.7625] Itûr-asdû au roi. Arrivée à Mari des dieux et des grands serviteurs de quelqu’un [Narâm-ili- u (?)] qui va prêter serment de vassalité. On va demander que le « statut de fils » (mârûtum) soit accordé au vassal. Le roi doit faire une réponse artificieuse.

      2 4 6 8

      a-na [be-l]í-[ia] qíbí[ma] um-ma i-túr-ás-du [ìr]ka-a- ma [a-u-u]m lú a be-lí ip-qí-dam [lú a-tu ú]-ba-al-la-am […………………]-am […………………]-it-tim […………………]-x-im (…)

      Rev. 2’ 4’ 6’

      [um-ma li]-ib-bi be-lí-ia [………] ù? a-nu-um-ma dingir-me-e -[u] [ì]r-me-e -u ták-lu-tum u-ut sag a [ra-ma-ni-u (?)] [a-n]a ni-i AN-lim u-u-ku-ri-im a-na e-er b[e?-lí-ia] [it]-ta-al-ku-nim as-sú-re a-na dumu-tim a-wa-tam a-na be-lí-ia i-a-ab-ba-tu be-lí i-na a-wa-tim u-tu-qa-tim-ma

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 8’

      541

      li-pa-ar-r[i-sú-n]u-ti ù ? a-na ma-r[u-tim …] (…) 1 5

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet de l’homme dont mon seigneur m’a confié la charge, 6 j’assurerai son existencea).

      (Fragmentaire, puis brisé.) 1’

      Si c’est le désir de mon seigneur, … 2’ Or voilà que ses dieux, 3’ ses serviteurs de confiance, ses gardes personnels 5’ sont partis 4’ pour chez mon seigneur pour qu’on (leur) fasse prêter serment. 5’ Il ne faudrait pas 6’ qu’ils entreprennent mon seigneur 5’ pour (lui faire obtenir) le « statut de fils » ; 7’ mon seigneur 8’doit leur tenir des discours enjôleursb) 7’avec des propos lénifiantsa) . 9’ En outre, pour (obtenir) le statut de fils… (brisé.) a) Bulluum a ici le sens d'assurer l'approvisionnement. Le sens est dérivé de l'usage normal de bulluum qui signifie « faire en sorte que quelqu'un ne meure pas ». b) Pour ces paroles dites ûtuqâtum, cf. l’emploi de a-mat u-tu-uq-ti dans une des Prières à ama, SAA IV, n°76 : 5 e-zib a dib-ba è-ti a-mat u-tuq-ti x [o o o], qui a été rendu par I. Starr « Disregard that talk of removing, a word of averting ». CAD /3, p. 414, pose également un substantif utuqtu, mais de sens incertain. L’exemple de Mari montre qu’il s’agit, en fait, non pas d’un substantif, mais d’un adjectif. ûtuqum, compris généralement, d’après ses exemples qui font référence aux dieux ou au roi, comme « outstanding », désigne ici, comme dans la Prière à ama, et sans doute de façon idiomatique, un propos assez habile pour « faire passer » la réalité cachée. De la même façon, l. 8’, parâum D qui a le sens courant de « mentir » doit signifier ici « ne pas dire toute la vérité à quelqu’un », ou l’énoncer de façon biaisée (« tenir des discours lénifiants »). Le terme n’est enregistré par CAD P, p. 178-179, que pour les époques récentes (à partir de SB). On notera ici son emploi avec un accusatif.

      11.5 L’arrivée de Simah-ilânê pour la (seconde) fête d’Etar L’arrivée du futur roi de Kurdâ a déjà fait l’objet d’un important article par M. Birot70 où la date de l’événement a pu être précisée. Il s’agit du mois xi (ki kiim) de l’année de Kahat, que nous tenons désormais pour l’an 1 de Zimrî-Lîm. Simah-ilânê était accompagné par des Babyloniens et 50 personnes du Numhâ ; ces derniers pouvaient d'ailleurs l’avoir suivi dans son exil et rentrer avec lui ([A.2801]). Le futur roi de Kurdâ à son arrivée à Mari a été reçu comme une personnalité de première importance. Par ailleurs, on soupçonnait que le messager d’E nunna, Ii-Nabû, avait été renseigné sur les intentions secrètes des Mariotes par son guide, vraisemblablement un dénommé Yanibum. Un dénommé Abimekim ([A.826]) apporte des nouvelles de Babylone ; c’est quelqu’un qui fait la navette entre Mari et Babylone, comme l’a montré S. Lackenbacher, ARM XXVI/2, p. 372-373, mais rien n’indique qu’il ait été affecté au Palais de Mari, à un moment antérieur de sa carrière. On le voit ensuite à demeure à Babylone d’où il documenta les affaires de Hît et la prise de Larsa. Dans [A.2801], 100 Soutéens arrivent en avant-garde, ouvrant la route vers Mari sans doute dans la crainte d’une intervention d’I me-Dagan au Sûhum inférieur ; ils ont dû mener leur troupeau (cf. hiprum, l. 14) par des pistes à une certaine distance de l’Euphrate, non par la vallée. Simah-ilânê n’est donc peutêtre même pas passé par Sapiratum et il est possible que les nomades l’aient amené directement à Mari par la zone qu’ils contrôlaient. Simah-ilânê, pour être installé sur son trône avec l’appui de Mari, alla ainsi jusqu'à la capitale de son nouveau suzerain avant de se présenter à Kurdâ. Ce n’était pas l'itinéraire le plus court : de Sapiratum71

      70 71

      « Simalânê, roi de Kurda », RA 66, 1972, p. 131 sq. à compléter par D. Duponchel, FM III, p. 201-262.

      Cf. M. Guichard, cité dans FM V, p. 189, n. 147 (désormais, cf. RA 96, 2002, p. 109-142) ; les liens entre Sapiratum et Kurdâ avaient déjà été vus par D. Charpin, MARI 8, p. 343. Pour la documentation afférente à Sapiratum, cf. de façon générale son article, dans MARI 8. L'étymologie du toponyme reste indécise. La lecture /-p-/ y est assurée cependant par les graphies néo-assyriennes.

      542

      Jean-Marie DURAND

      une route lui permettait un accès direct pour chez lui72 : ce sont bien donc d'autres motivations qui le firent passer par Mari. On a vu ci-dessus que, lors des tractations entre Mari et Simah-ilânê, Zimrî-Lîm a dû se faire céder Sapiratum, à 25 km à l’aval de ‘Anat, contre l’installation au Sindjar. Zimrî-Lîm avait intérêt à acquérir une ville qui lui permettait d’assurer son pouvoir sur les deux Sûhum, jusqu’aux portes de la Babylonie et à la frontière où devaient s'installer ultérieurement, sans doute comme colons-soldats, les Mâr sim’al aarugâyum. Sous son règne, ARM VIII 85+ montre que la ville de Sapiratum était représentée par 37 notables yumhamméens, comme leurs voisins de Harâdum73. Le territoire était alors passé aux mains des Mâr sim’al puisque tel était l'apparentement de ce groupe tribal.

      C’est le moment où, à la fin de l’année, devait prendre place la (seconde) fête d’E tar. On considère généralement ces cérémonies comme « la fête de la dynastie ». Les grands vassaux, ainsi que les principaux des fonctionnaires et les notables, étaient tenus d’y assister. En être absent était senti comme un manquement envers le pouvoir mariote. La présence de Simah-ilânê valait donc hommage vassalique. Pourtant le roi n’était pas à Mari lorsque le prétendant au trône de Kurdâ arriva. Le 27-x (cf. FM III, p. 213) le roi était parti pour Terqa (halum elûm), puis pour la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm d'où il ne devait revenir que le 12-xi (ARM X 142). Simah-ilânê était attendu dès le 3-xi comme le montre la lettre de Yasîm-sumû74. Le 11-xi Itûr-asdû apprend que dans les deux jours, donc le lendemain, le prince de Kurdâ devait arriver. C’est effectivement le 12-xi qu’il fit son entrée à Mari. Il existe encore le billet qui enregistre la dépense d’huile pour les soins de la toilette (ana paâ) de son escorte et de ses femmes 75 et cela correspond à la date de [A.2801]. Il est accueilli comme une importante personnalité : Yasîm-sumû, sans doute andabakkum au retour de Zimrî-Lîm (cf. ARMT XXIV p. 209 ad n°121), est aux côtés d’Itûr-asdû ; ce sont eux qui sortent à sa rencontre à la grand porte (Abullât). Sammêtar n’est pas mentionné, parce qu'il est toujours à Terqa. Sont absents Sumu-hadû, alors occupé dans la région d'amont par les affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, et Asqûdum en mission à Alep76. Les épouses77 du roi ou les chefs nomades n’avaient de toute façon pas à accueillir le prince. Les précautions prises par Zimrî-Lîm pour ne pas laisser entrer dans la ville de Mari trop de monde sont analogues à ce que l'on constate lorsque un roi du Zalmaqum s’est présenté aux portes de Tuttul pour honorer Dagan, ou quand un prince mâr yamîna est venu faire ses dévotions dans une ville sous la garde du roi de Mari (cf. ARMT XXXIV). Dans le premier cas, seul un nombre restreint de personnes était souhaité intra muros ; dans le second, le rite fut célébré à distance. Sans doute faut-il comprendre que les villes de l’époque ne pouvaient pas héberger un trop grand nombre de personnes, car le simple fait qu’une masse considérable de gens campe au pied de la muraille devait comporter autant de risques que le fait d’ouvrir grandes les portes. Selon [A.826] la troupe de Simah-ilânê devait être logée dans l’adaum, ce que l'on comprend généralement comme la ville basse ou les faubourgs. Le prince, lui, l'était dans le kirhum, donc dans l'espace protégé — l'acropole, en fait le tell actuel —, pratiquement le secteur autour du palais. Dans les deux zones, des demeures devaient être évacuées pour l'accueil des visiteurs. Il ne s'agissait donc pas de dresser des tentes ou tout autre logement transitoire. En revanche, le prétendant — qui était certainement avec sa suite immédiate (harem, conseillers et gardes personnels) — n’était pas accueilli dans le palais royal où logeait le harem royal. On devait faire évacuer pour l’occasion un des grands hôtels de l’acropole78. 72 73

      Pour cette route, cf. D. Charpin, MARI 8, p. 352-353, « l'itinéraire d'Atamrum ». Cf. D. Charpin, op. cit., p. 347.

      74

      ARM XIII 29.

      75

      Syria XLI, p. 54 , n° 2 = RA 66, 1972, p. 133.

      76

      Cf. FM III, p. 212.

      77

      îbtu n’est arrivée à Mari qu’au mois vi de ZL 1’ et depuis le mois vii ou viii de ZL 1, Dam-hurâi devait être partie pour Qana. Il est donc normal qu’on ne voit nulle mention de îbtu ni de Dam-hurai dans le dossier qui a trait au passage de Simah-ilânê. Addu-dûrî devait être retournée dans la région de Dêr. 78 Comme on le voit faire par le nouveau gouverneur de Qaunân à son arrivée au chef-lieu, lorsqu’il fait déguerpir des habitants pour se loger ; cf. p. 235, n. 24.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      543

      270 [A.2830] Itûr-asdû au roi. Rappel des recommandations du roi pour l’arrivée de Simah-ilânê, lequel n'est toujours pas arrivé. [a-n]a be-líia [qí]bíma [um-m]a i-túr-ás-du 4 [ì]r-ka-a-ma [a-]um si-ma-ah-la-né-e 6 [b]e-l[í] ki-a-am i-pu-ra-am [um-m]a-a-mi i-nu-ma si-ma-ah-la-né-[e] 8 [i-k]a-a-a-d[am] [a-na] pa-ni-u ta-[í-ma] 10 wa-[ar]-k[a-at a-bi-u] Tr. pu-ru-ú[sma] 12 um-ma 1 li-i[m a-bu-um] a e-li-i [il-li-ku] Rev. 14 a-na a-lim ma-riki la [ir-ru-ub] i-na ki-di-imm[a] 16 li-e[i-bu-u-nu-ti] [ù] um-ma 3 me ú-lu-ma 2 me a-bu-ú° 18 [w]a-ar-ki-u i-la-ak a-na a-da-a-i-im-ma [l]i-ru-ba-am-ma 20 é-há na-ap-à-ri i-di-in-u-nu-i-im ù si-ma-ah-la-a-né-e 22 [a-na k]i-ir-hi-im u-RU-em-ma [1 é ] na-ap-à-ri ták-la-am i-di-in-um 24 [pa-nu]-u la i-a-al-li-mu [an-ni]-tam be-lí i-pu-ra-am Tr. 26 [i-na-an]-na a-di-ni lú u-ú [ú-u]l ik-[]u-{X}-dam 28 [lú ]u-ú ki-ma ka-a-di-im [a-na pa]-niu C 30 [u-i-ma……] 2

      (…) Bibliographie : G. Dossin, «“Ada

      um” et “kirhum” dans les textes de Mari», RA 66, 1972, p. 115 ; LAPO 16 266. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé ce message-ci au sujet de Simah-ilânê, 7 disant : « Lorsque Simah-ilânê 8 arrivera, 9 sors de Maria) au devant de lui, et 11 renseigne-toi sur 10 (le nombre de) ses gensb) et 12 si c’est un millier d’hommes 13 qui sont venus en amont, 14 ils ne doivent pas entrer dans la ville de Mari. 15 C’est à l’extérieur 16 (qu’)il faut les faire résider. 17 Mais, si (ce ne sont que) trois, voire deux centaines de gens 18 (qui) forment sa suite, c’est dans les faubourgs 19 qu'ils doivent entrer et 20 donne-leurc) des maisons de réquisition. 21 Quant à Simah-ilânê, 22 fais-(le) entrerd) dans l’espace réservée) et 23 donne-lui une maison de réquisition qui soit sûref) ; 24 il ne faut pas qu'il soit mécontentg). » 25 Voilà le message de mon seigneur. 26 En fait, ce Monsieur 27 ne m’est pas 26 encore 27 arrivé. 28 Quand ce Monsieur arrivera, 30 je sortirai à sa rencontre et … 6

      544

      Jean-Marie DURAND

      a) Pour l'impératif I/2 de waûm, cf. CAD A/2, p. 369b (sub. 4.) Rien n'oblige à restaurer ici un pluriel (cf. l. 30), au vu du singulier l. 11. Quand Simah-ilânê arrive, en revanche, les deux principales autorités présentes sortent à sa rencontre. b) Affaires internationales et sécurité relèvent d'Itûr-asdû, donc l’installation des étrangers. c) Le texte hésite entre formes verbales au singulier et pronoms de rappel au pluriel pour ce qui est des suivants de Simah-ilânê. Même façon de faire dans [A.2983]. d) u-RU-im-ma pour ûrib-ma ; si la séquence -bm- donne normalement -mm-, RU n’est peut-être qu’une faute pour RI. Cf. une faute identique pour a-lu-RU-im dans la correspondance d’Itûr-asdû, ARM II 128 : 8. Il peut y avoir eu à l’époque convergence des signes en /u/ et en /i/. e) Le kirhum est ici une réalité différente du palais royal, lequel se trouvait sur l’Acropole. f) Taklum, non damqum qui a, à Mari, le sens de « qui montre de l’amitié ». La racine TKL convoie la notion de « fiabilité ». C’était sans doute en fonction de l’équipement, mais surtout de la sûreté que l’on pouvait trouver dans la demeure. Les serviteurs taklum aux services de qui l'on a recours sont, quand on peut le vérifier, des gens d’un rang social suffisant pour qu’on leur fasse confiance. Taklum confine souvent à « de la bonne société ». g) En mot à mot « que sa face ne soit pas obscurcie ».

      271 [A.826] Itûr-asdû au roi. Abimekim de Humsân annonce l’arrivée imminente de Simah-ilânê avec une escorte de 200 individus. Dispositions pour loger tout le monde. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìrka-a- ma u-um up-pí an-ni-e-em 6 a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam I a-bi-me-ki-im lú hu-um-sà-anki 8 dum[u ]i-ip-ri-im a be-lí-ia i-tu ká-dingir-raki a-na ma-riki ik-u-dam ù ki-a-am 10 iq-bi-e-em um-ma-a-mi a-di u 2-kam si-ma-ah-la-né-e 12 qa-du-um {UM} a-bi-u Tr. a-na ma-riki i-ka-a-a-dam 14 a-na-ku wa-ar-ka-at a-bi-u it-ti a-bi-me-ki-im 16 ap-ru-ús-ma ù ki-a-am iq-bi-e-em um-ma-a-mi Rev. 18 1 me 50 lú-me-e ká-dingir-raki ù 50 lú-me-e nu-um-ha-yuki 20

      unigin 2 me a-bu-um a wa-ar-ki-u i-la-kam an-ni-tam a-bi-me-ki-im iq-bi-e-em 22 i-na-an-na -nu-um lú u-ú i-ka-a-sa-dam pa-nu-u ú-ul i-a-al-li-mu 24 ù a-ba-am a wa-ar-ki-u é-há na-ap-à-ri i-na a-da-a-i-im 26 ù°-a-ap-à-{X}-ar-u-nu-ti° ap-{X}-pí 1 lú i-na aga-ús-me-e a-na ki-ir-hi-im a-na e-re-bi-im ú-ul a-na-ad-di-in° 28 ù si-ma-ah-la-né-e a-na ki-ir-hi-im ú-e-re-em[ma] Tr. 30 a-na zi-im lú-tur-me-e -[u sá-SAG-há] ù é na-ap-à[ri-im] 32 a pa-nu-u la i-[a-al-li-mu] 2

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      C. i 36 ii 38

      545

      a-na-ad-di-in- [um] u 11-kam ba-[zal]-ma up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam a-lum ma-riki ù é-kál-lum a-lim

      Bibliographie : G. Dossin, RA 66, 1972, p. 117, « ”ada

      um” et “kirum” dans les textes de Mari » ; LAPO 16 267. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette de moi 6 chez mon seigneur, 7 Abimekim de Humsân, 8 messager de mon seigneur, 9 m'est arrivé à Mari, 8 venant de Babylone. 9 Alors, voici 10 ce qu’il m’a dit : « 11 Dans les deux jours, Simah-ilânê 13 arrivera à Mari 12 avec ses gens. » 14 Pour ma part, 16 je me suis renseigné 15 auprès d’Abimekim 14 sur sa troupe et 16 alors 17 il m’a dit 18 ceci : « Il y a 150 Babyloniens 19 et 50 du Numhâ, 20 (soit) un total de 200 personnes, qui forment sa suite. » 21 Voilà ce que m’a dit Abimekim. 22 Voilà maintenanta) que ce Monsieur arrive ; 23 il ne sera pas mécontent. 24 D'une part, les gens qui forment sa suite, 26 je leur ferai réquisitionner 25 dans les faubourgs 24 des logements de réquisitionb). 26 Toutefoisc) 27 je ne permettrai pasd) 26 à un seul des soldats 27 de pénétrer dans la zone réservée ; 28 quant e) à Simah-ilânê, 29 je le ferai entrer 28 dans la zone réservée et, 30 en fonction de ses serviteursf), 33 je lui donnerai 30 des rations 31 et une maison de réquisition 33 dont il ne sera pas mécontent. 36 J’envoie cette tablette de moi, 34 le 11 courant, 36 chez mon seigneur. 37 La ville de Mari 38 et le Palais, ça va. 5

      a) La graphie i-na-an-na-nu-um pour inanna annanum peut n'être qu'une faute par superposition graphique (« du même au même ») ou représenter la véritable prononciation, selon le phénomène illustré par le français « tragicomédie » pour *tragicocomédie. Par prudence, la première solution a été ici retenue. b) G. Dossin avait lu ù-a-a-à-ar-u-nu-ti et comprenait : « je leur attribuerai » ; sans doute y voyait-il une forme D de aârum, en accord avec sa lecture (fausse) up-pí subséquente ; mais uurum semble signifier (D emphatique) « écrire tout du long », donc « recopier un texte » ou « établir une liste ». Le texte de G.D. devrait donc signifier « je leur ferai écrire la liste des demeures que l’on libèrera pour eux ». Ce n’est pas à ceux qui sont domiciliés d’accomplir un tel travail. Le AP est sur érasures, ce qui pourrait effectivement donner l’impression d’un AT. En fait il s’agit de l’expression bît naparim upurum « faire libérer une demeure pour y installer un nouveau venu ». L’expression qui recourt à un suffixe accusatif et non au datif montre que paârum était à l’initiative des arrivants, non à celle des autorités locales, ces dernières ne faisant que rendre l’occupation possible. Le mot à mot est donc : « je les ferai se faire libérer des bît naparim ». c) Appî, a le sens ici de « toutefois » ; cf. sa valeur de « quoique » dans [A.175]. Le passage avait été corrigé inutilement dans LAPO 16 en -ma?! pí…. d) Le verbe nadânum est ici construit avec ana + infinitif au génitif, au contraire de la construction directe avec l’infinitif accusatif que l’on trouve dans ARM III 58 : 15 : ana libbi âlim erêbam anaddin-u. e) Au ù de la l. 24 qui introduit la masse de la suite, répond, l. 28, le ù qui introduit le nom du roi. f) Les lú-tur-me-e désignent la domesticité propre du visiteur royal qui doit être logée avec lui pour être à son service. Le Palais de Mari n'assurait donc pas la charge de la domesticité.

      272 [A.2801] Itûr-asdû au roi. Arrivée de Simah-ilânê à Mari, accueilli par les autorités mariotes. Son logement lui convient. Son escorte de 100 Soutéens a été envoyée chez Zimrî-Lîm. Le guide trop bavard de l’ambassadeur e nunnéen Ii-Nabû est pour l’heure introuvable.

      2 4 6

      a-na be-lí-[ia] qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam

      546

      Jean-Marie DURAND I

      8 10 12 Tr. 16 Rev.

      20 22 24 26 28 Tr. 32 34 C. i 36 38 ii 40

      si-ma-ah-la-né-e a-na ma-riki ik-u- dam ù qa-tam a-na qa-ta-as-sú-um-ma I ia-si-im-su°-mu-ú ù a-na-ku a-na pa-ni-u a-na a-bu-ul-la-at nu-í ù é na-ap-à-ri ták-lam ú-a-ap-e-er-u a pa-ni-u ù pa-ni lú-tur-me-e -u la i-a-li-mu a-ni-tam hi-ip-ru-um 50 ha-am-mi-te-lu-ú [50] ia-pa-hu-um [1] me lú-me-e su-tu-[ú] i-tu ma-ha-ar si-ma-ah-la-a-n[é-e] il-li-ku- nim i-na-an-na a-nu-um-ma it-ti wa-bi-il up-pí-ia an-ni-im u-ta-a-bi-ta-a-u-nu-ti-ma a-na [e-er be]-lí-ia a-à-ar-da-a-u-nu-ti be-lí [e]-ma-am ga-am-ra-am li-i-ta-al-u-nu-ti ù a-ni-tam a-um lú a pa-ni i-í-na-bu-ú dumu {ME E } i-ip-ri-im [è] -nun-naki i-ba-tu be-lí ki-a-am i-pu-ra-am um-ma-a-[m]i lú u-ú ma-li e-li-ni à-bu a-na pa-ni i-í-na-bu-ú dumu i-ip-ri-im lú è -nun-naki id-bu-u[b] lú a-a-tu a-na ne-pa-r[i-im] u-ri-ib an-ni-tam be-[lí i-pu-ra-am] wa-ar-ka-sú ap-ru-[ús-ma] i-na ma-riki ú-ul wa-[i-ib] ù qa-tam a-na qa-ta-[as-sú-um-ma] a-na lú su-ga-gi ù lú-nu-banda-me-e dan-na-tim a-pu-ur a-lum ma-riki ù é-kál-lum alim u 12-kam ba-zal-ma up-pí an-ni-e-em a-na be-lí-ia ú-a-bi-[lam]

      Bibliographie : G. Dossin, RA 66, 1972, p. 1-119 ; LAPO 16 268. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette de moi 6 chez mon seigneur, 7 Simah-ilâne 8 m’est arrivé 7 9 à Mari. Alors, tout aussitôta), 10 Yasîm-sumû et moi-mêmeb), 11 nous sommes sortis de Mari (pour aller) à sa rencontre à Abullâtc). 12 Alors, je lui ai fait dégager une maison de réquisition sûre, 13 qui lui plaira, à lui et à ses serviteurs. 14 Autre chose : un groupe bédouin mobiled), 15 50 Hammî-telûe), 16 [50]f) Yapâhumg), 17 (soit) 100 19 Soutéens, étaient arrivés 18 en avant-garde de Simah-ilânê. 20 Maintenant voilà qu'avec le porteur de 21 cette tablette de moi, je leur fais prendre la route et 22 je les envoie chez mon seigneur. 23 Mon seigneur peut leur demander tous détails. 24 Or, autre chose79 : 24 au sujet de celui qui a servi de guide à Ii-Nabû, 25 le messager e nunnéen, 26 mon seigneur m’avait envoyé le message suivant : « 27 Cet homme a raconté 28 en présence d’Ii-Nabû, 5

      79 Le anîtam n'introduit pas ici un second sujet, mais traite d'un autre aspect du même problème : les renseignements indiscrets donnés sur les véritables intentions des autorités mariotes.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      547

      messager 29 d’E nunna, toutes nos décisions. 35 Fais entrer 30 cet individu à l’ergastuleh) ! » 31 Tel était le message de mon seigneur. 32 J’ai fait une enquête à son sujet : 33 il n’est plus à Mari. 36 J’ai donc envoyé tout aussitôt 36 des ordres en bonne et due forme 35 aux cheikhs et à (leurs) lieutenantsi). 37 La ville de Mari et le Palais, 38 ça va. 39 (C’est) le 12 courant 41 (que) j’envoie 40 cette tablette de moi 41 à mon seigneur . a) L'expression (inusitée sinon) est peut-être de la langue parlée à Mari ; elle équivaut au courant qâtam ana qâtim, rangée par CAD Q, p. 165b, s.v. qtaqti. L'expression ana qâtassu doit représenter un croisement entre ana qâtim-ma et *qâtûssu comportant une formation adverbiale en -ussu(m), analogue au riqûssu(m)ma de ARM VI 52: 20. b) Le roi étranger est accueilli, en l'absence du roi de Mari, par ce que l’on peut considérer les deux plus hautes autorités présentes. L’ordre inhabituel de l’expression où le locuteur passe d’habitude en premier (on dit « moi et NP », non l'inverse) semble indiquer que Yasîm-sumû avait le pas sur Itûr-asdû, or Yasîm-sumû au début de sa carrière semble n'avoir été qu'un simple abu bîtim, non le grand andabakkum. Une telle charge n'existait peut-être pas encore. Cela ne peut, toutefois, que faire douter du rang d’Itûr-asdû. c) Les autorités vont accueillir l'hôte royal à la porte de la ville or Abullat qui signifie « La Grand Porte » est justement le quartier par où l’on entrait à Mari (cf. ARMT XXVI/1 106). d) Pour le hiprum, cf. LAPO 17, p. 495-497. e) Hammî-telû est un chef de clan soutéen bien connu : ARM VI 15: 18; 44: 11, 3’ ; ARM VII 210 ; I 17 ; VII 87. Hammî-telû est en outre le nom de celui qui est chargé de convoyer les envoyés de Tilmun, selon ARM I 17, attestation qui est tout à fait de la fin du règne de Samsî-Addu ; sous le gouvernorat à Mari de Bahdî-Lîm, il hante le Bi ri ; c’est sans doute chaque fois le même homme. f) À la différence de ce qui est proposé dans LAPO 16, telle me semble être aujourd’hui la bonne lecture. g) Un NP Yâpahum est attesté par M.6119, M.5038. h) C’est un exemple de nêpârum avec le sens de « prison ». i) Il s’agit des autorités militaires (sugâgum) et civiles (laputtûm) des villages autour de Mari.

      La lettre [A.3086] complète la fin du texte précédent où l'on voyait le roi de Mari informé (ou sans doute s’en était-il rendu compte lui-même avant de faire procéder à une enquête) de ce que le guide mariote des E nunnéens avait eu la langue trop longue, ou s’était laissé abuser par le messager d’E nunna qui lui avait soutiré ce qu’avait décidé l'entourage du roi de Mari. L’affaire n’est pas surprenante de la part d'un ambassadeur. Celui de Mari à Babylone disposait ainsi d’un budget pour se faire des amis locaux et pouvoir, grâce à eux, renseigner son maître. Cela était plus compris comme une collecte normale d'informations que comme de l'espionnage au sens moderne du terme. En l’occurrence, il fallait savoir qui d’E nunna ou d’Alep était en train de l’emporter dans une lutte d’influences qui devait avoir de grandes répercussions pour l’équilibre politique du Proche-Orient ancien. L’alliance avec l’Ouest a été scellée par le mariage avec îbtu, mais l’installation de Simah-ilânê comme vassal de Zimrî-Lîm à Kurdâ marquait l’extension du pouvoir de Mari dans une région où E nunna affirmait de plus en plus son influence. La politique babylonienne ne devait certes pas chercher à dissuader Zimrî-Lîm de s'allier avec Alep. Sans doute les fonctions du guide le mettaient-elles en contact avec des membres du Conseil80, ou lui-même avait-il obtenu dans d’autres missions des confidences sur ce qui se tramait. Son nom nous est vraisemblablement révélé par [A.3086] : il s'agirait de Yanibum, fils de Sîn-tappê. Il n’était plus à Mari parce qu’il avait dû rejoindre, retour de mission, son village qui faisait certainement partie du district de la capitale. La fin de la lettre doit parler de sa capture finale et de sa transmission aux autorités, après qu’il ait manifestement subi des sévices (l. 15‘-16’). 273 [A.3086] Itûr-asdû au roi. (…) Enquête sur Yanibum, fils de Sîn-tappê, et sa capture.

      80

      Une des obsessions de l’époque est que les informations du Conseil « prennent le vent ». Pour cette expression mariote, cf. Akkadica 25 1 : 8, enregistré à tort par CAD /2, p. 140b sous le sens de « mensonge ». L’expression âram leqûm signifie « être divulgué ».

      548

      2 4

      Jean-Marie DURAND a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma [a-um a be-lí i-pu-ra-am um-m]a-a-mi (La moitié manque.)

      Rev. 2’ 4’ 6’ Tr. 8’ 10’ C. 14’ 16’

      2 lú-me-e ma-a[-a-ri] a-ku-nam-ma ge-er-ri ka-l[a-a] a-na e-er be-lí-ia a-tà-a[r-dam] a-ni-tam a-um ia-an-í-bi-im dumu dsu’en-tap-pé-e i-[na ma-r]iki wa-ar-ka-as-[sú ap-r]u-ús-ma lú-tur u-ú i-na li-ib-bi ma-riki ú-ul wa-i-ib ù qa-tam a-na qa-ta-sú-um-[m]a a-na ha-la-a ma-riki [da]n-na-tim a-ku-un [i]-na-an-na [lú-tur] a-a-tu [.………-u] ip-lu-[ú] ù []a qa-at [ …i-ku-un-um] ù lú-tur ra-ma-ni-ia [……………….] 1 4

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet du message de mon seigneur, disant : « … »

      (…) 2’

      J’ai installé 1’ deux gardes et 3’ j’ai expédié chez mon seigneur 2’ toute mon expédition. Autre chose : au sujet de Yanibum, fils de Sîn-tappê, je me suis renseigné 5’ à Mari : ce jeune 8’ homme ne s'7’y trouvait pas. 9’ Alors, immédiatement 10’ j’ai donné des ordres impératifs au district de Mari. 14’ Maintenant de ce jeune homme… 15’ on a percéa) 14' son… et on lui a mis des menottes. 16’ Un serviteur à moi en a la garde. 4’

      a) Pour l'usage de palâum lors de « sévices judiciaires », cf. CAD P, p. 60b.

      11.6 Le retour à Mari de Zimrî-Lîm A.3425 atteste le roi à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Vu la date (« 12 xi ») et le thème des sacrifices à accomplir par la mère du roi dans le palais — ainsi que prévoir tout particulièrement ceux à Dêrîtum que Zimrî-Lîm devait accomplir une fois revenu à Mari —, le moment est antérieur aux sacrifices à E tar. 274 [A.3425] Zimrî-Lîm à Addu-dûrî. Il fait très attention à lui-même. Il demande de bien observer, lors des sacrifices du palais, les oracles concernant son arrivée et de le tenir au courant de toute nouvelle. Le 12-xi il s'embarquera pour Mari. Il faut tout de suite prévoir les sacrifices pour Dêrîtum.

      2 4 6

      a-na [fdI]M-du-[r]i qíbíma um-m[a be]-el-[ki-i-ma] up-pa-ki a tu-[a-bi-li]m e-me a-um e-m[i-im] a ta-a-pu-ri-im um-ma a[t-t]i-i-ma be-lí a-na pa-ag-ri-u

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      8 10 12 14 Tr. 16 Rev. 18 20 22 24 26 28 30

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      na-a-ri-im a-ah-u la i-na-ad-di ak-ki-i-ma na-a-pa-ar-ti-ki a ta-a-pu-ri-im a-na pa-ag-ri-ia na-a-ri-im a-hi ú-ul a-na-ad-di ma-di-i n[a-a]-da-ku ù a-[nu-u]m-ma-nu-um a-na ma-a-ar-ti é-[k]ál-lim [sis]kur-ra-há [i-qí-i-e]m ù i-na pa-an din[gir]-me-e [i-zi-i]z-zi-im [ù a-um ka-]a-di-ia ma-di-i i-ih-di ù e-mu-um ma-al a i-tu an-na-nu-um ù an-na-nu-um i-ma-qú-ta-ki-im-ma ú° te-e-em-me-e ma-ah-ru-um-ma a-na e-ri-ia lu-ú ka-ia-an a-ni-tam iti ki-i ki-i-í-im u 8-kam ba-zal-ma up-pí an-ni-e-em a-na e-ri-ki ú-a-bi-la-ki-im u-um u 12-kam i-tu bàdki ia-ah-du-un-li-im a-na ma-riki a-ra-ak-ka-ba-am up-pí an-ni-e-em i-na e-me-im e-em siskur-re-há a dde-ri-tim lu u-ta-a-bu-ut a-hu-um la i-na-na-ad-di

      Bibliographie : publié comme ARM X 142 = LAPO 18 1098. 1

      Dis à Addu-dûrî, ainsi parle ton seigneur. J’ai pris connaissance de la tablette de toi que tu m’as fait porter. 5 Au sujet de ton message, 6 disant : « Mon seigneur 7 ne doit pas être négligent à protéger 6 sa personne », 8 en accord avec ton message 9 que tu m'as envoyé, je ne suis pas négligent à protéger 9 ma personne. 11 J’y fais très attention. 12 En outre, là où tu es, 14 offre pour moi 13 les sacrifices 12 concernant la sauvegardea) 13 du Palais. 15 Tiens-toi pour moi 14 par devant les dieux. 17 Sois très attentive 16 au sujet de ma venue. 18 Toute nouvelle qui 19 t’arrivera pour moi 18 de 19 ci de là et que 20 tu apprendras alors, 21 qu’elle me soit chaque fois envoyée 20 en priorité. 22 Autre chose : au mois xi, 23 dans le courant du 8, 24 je te fais porter 23 cette tablette de moi 24 chez 25 toi. Le 12 27 je m’embarquerai 25 depuis la Forteresse de 26 Yahdun-Lîm en direction de Mari. 28 Dès connaissance de cette tablette de moi, 30 que soit fourni 29 ce qu’il faut pour les sacrifices 30 de Dêrîtum.31 Qu’il n’y ait pas de négligence ! 4

      a) Cela signifie : « sois très attentive aux signes ominaux qui accompagnent ma venue ». Les présages étaient pris à l’occasion des sacrifices du Palais (cf. ARM X 55). La maartum du Palais répond ici au conseil donné au roi de prendre garde à lui (naârum). On constate l’emploi du ventif avec une véritable valeur de « datif d’intérêt » ; en revanche, lorsque l’expression mentionne explicitement la personne pour qui est faite l’action, comme à la l. 16, le verbe n’est plus au « ventif ».

      11.7 Simah-ilânê roi La lettre [A.2983] émane de Sammêtar, alors gouverneur de Terqa. Elle est postérieure à l'entrée de Simah-ilânê à Kurdâ où il a été accompagné par l'ambassadeur de Babylone, Ilî-tillatî et sa suite. Elle est datée d'un 1/i, donc du début de l'année 2 de Zimrî-Lîm. À ce moment là, Sammêtar n'est pas encore aux affaires à Mari et Sumu-hadû toujours vivant. L'endroit où l'ambassadeur est retenu, en attente d'informations de la capitale, doit être Terqâ. Sammêtar cherche à savoir s'il faut ou non envoyer

      550

      Jean-Marie DURAND

      l'ambassadeur au roi. Le faire serait donner un aspect officiel à son déplacement. C'est sans doute pour éviter une déception de sa part que l'ambassadeur n'est pas tenu au courant de la démarche de Sammêtar. En même temps, en effet, arrivait à Terqa un messager d'E nunna (l. 19-20), lequel devait provenir d'Andarig ou d'un autre lieu du Sindjar, car s'il venait de Mari, le roi n'aurait pas à en être informé. Sammêtar voulait donc ménager les susceptibilités des gens d'E nunna qui pourraient se formaliser d'un envoi chez le roi de ces Babyloniens, au lieu de les considérer comme une simple mission de passage. 275 [A.2983] Sammêtar au roi. L'ambassadeur babylonien, de retour de Kurdâ, a été retenu (à Terqa) pour une journée dans l'attente d'instructions du roi de Mari. Un messager d'E nunna vient d'arriver. Lettre du 1-i. a-na be-lí-ia 2 qíbíma um-ma sa-am-me-e-tar 4 ìr-ka-a- ma I ì-lí-ti-la-ti dumu i-ip-ri-im 6 ba-bi-la-yu-umki a it-ti su°-ma-ah-i-la-a-né-e 8 a-na kur-da-aki i-lu-ú Tr. i-na-an-na 10 i-tu kur-d[a-a]ki i-tu-ra-am Rev. 12 ù u 1-kam ak-la-u-nu-ti um-ma a-na-ku- a-na be-lí-ia lu-[b]a-ar-ri 14 ù ki-ma a-na e-er be-lí-ia ú-ba-re-em ú-ul aq-bi-um i-na-an-na an-ni-tam la an-ni-tam 16 a a-na e-er be-lí-ia à-ra-di-u ù la à-ra-di-u ar-hi-i be-lí 18 [li-i]-p[u]-ra-am [u-ma-am 1 dumu ]i-ip-ri è -nun-naki 20 [a-na ter-qaki ik-u]-ud Tr. iti ú-ra-h[i-i]m u 1-kam 22 pa-an li-le-tim up-pí an-né-e-[em] a-na e-er be-lí-ia ú-[a-bi-la]m Bibliographie : G. Dossin, RA 66, 1972, p. 120-121 ; LAPO 16 376. 1

      Dis à mon seigneur. Ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Ilî-tillatî, messager 6 babylonien 7 qui avec Simah-ilânê 8 était monté à Kurdâ, 11 est revenu 9 main10 tenant de Kurdâ. 12 Alors, je lesa) ai retenus un jour, 13 me disant : « Il me faut annoncer (leur arrivée) à mon seigneur. » 14 Alors, 15 je ne lui ai pas dit 14 que je le faisais. 15 Maintenant, mon seigneur 18 doit m'indiquer 17 vite 16 ce qu'il en est, de l'expédier à (mon sei17 gneur) ou non. 19 Aujourd'hui 1 messager d'E nunna 20 est arrivé à Terqa. 21 Le 1/i, 22 au début de la nuitc), 23 je fais porter 22 cette tablette de moi 23 chez mon seigneur. 5

      a) Le pluriel doit renvoyer à l'ensemble formé par l'ambassadeur de Babylone et sa suite. Pour cette façon de faire, cf. ci-dessus [A.2830]. b) Cela montre qu'un messager pouvait faire l'aller-retour Terqa-Mari-Terqa dans la nuit. « Retenir une journée » a donc dû consister à inviter l'ambassadeur à passer la nuit à Terqa sans poursuivre sa route sur Mari. c) La forme usitée à Mari est liliâtum, plur. tantum. Lilêtum en représente la forme contracte. Malgré CAD et AHw il n’y a aucun rapport entre le nom de la « nuit » et celui du mois de lilliâtum.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      551

      11.7. Des activités administratives Des activités administratives d’Itûr-asdû nous ne savons pas grand chose. Les mesures qu’il a pu prendre après sa nomination à Mari l’ont été alors que le roi était présent. Sans doute les rapports ont-ils été faits verbalement au souverain, donc sans traces aujourd’hui. Ce n’est qu’en l’absence du roi que nous le voyons agir. Nous ne savons pas, en outre, quel était son titre81 et il faut remarquer qu’il n’y a nulle attestation d’un gouverneur de la capitale, ni avant ni après lui, à l’exception d’une seule occurrence (à la fin du règne) pour celui qui lui a succédé, Bahdî-Lîm82. En fait, dans ses lettres, Itûr-asdû parle surtout d’affaires internationales, mis à part l’approvisionnement du Palais en grain, ce qui est un sujet du début de ses attestations et pourrait révéler une autre fonction que celle qu’on lui voit assumer lors de l’absence du roi. Comme on constate dans ses lettres également l’absence d’Asqûdum — qui est alors en mission à l'étranger (à Alep ?) —Itûr-asdû a pu être chargé en fait de l’intérim des affaires internationales. Y ayant donné satisfaction, il aurait été ultérieurement nommé à la direction de forteresses sur les limites du royaume comme Saggâratum (à laquelle était rattachée la Forteresse de Yahdun-Lîm), puis Nahur. Il a assumé aussi une importante ambassade à Babylone83. Ses activités à Nahur semblent avoir eu une dimension politique et diplomatique majeure84. Même si à Saggâratum et Nahur (qui n’est pas à proprement parler une « province mariote »), il a bien eu le titre de âpium, il n’a pas accompli un cursus d’administrateur. Ce sont en effet surtout des fonctions diplomatiques et militaires qu'on lui voit assumer. À Mari, il ne s’occupe pas d’irrigation85 comme un Kibrî-Dagan ou un Bahdî-Lîm, ni surtout ne parle de l’extérieur du Palais en général, comme le font ceux qui sont en charge de Terqa, Saggâratum ou Qaunân. Ainsi, rares sont les attestations d’une activité administrative d’Itûr-asdû à Mari. Dans ma contribution aux Mélanges V. Donbaz, 2010, [A.175] qui parlait de déporter à Mari les artisans de Mi lân était donc tenu pour postérieur à la rébellion. Or, à ce moment-là, Itûr-asdû était à Saggâratum. Il doit donc s’agir en fait d’organisation du travail palatial dans la seconde partie de ZL 1. Les artisans de Mi lân devaient aider leurs collègues mariotes. Ilî-uranni (l. 17, défini « serviteur d’Asqûdum ») est connu comme spécialiste du métal du début du règne de Zimrî-Lîm86 à ZL 6, soit ARM XXV 322 [i, année d’Addu d’Alep], XXI 265, XXIII 191 [iv, année d’Addu d’Alep], XXV 440 [xii ZL 1’], XXIII 204 [vi ZL 4’], XXV 259 [xi, ZL 4’], XXII 203+ [ix, ZL 4’], XXV 49 [vii, ZL 5’]).

      276 [A.175] Itûr-asdû au roi. Il faut amener des artisans de Mi lân pour aider leurs homologues mariotes. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma

      2 4

      81 Dire qu’il était « gouverneur de Mari », comme cela est généralement répété, n’est documenté par aucun texte. Penser qu’il finit sa carrière dans la capitale était un modernisme (longtemps soutenu), mais que l’on sait désormais être faux. Dire cependant que plus on s’éloignait du roi — jusqu’à Nahur — plus on avait de pouvoir est une « contre-vérité », ressassée pourtant désormais. 82 Cf. ARM XXVII 151 : 2, qui est manifestement de la fin du règne. Caractériser la fonction de l’individu comme celle d’un « préfet du Palais » (J.-R. Kupper) garde toute son utilité. 83 Cf. M. Guichard, « “La malédiction de cette tablette est très dure !” Sur l’ambassade d’Itûr-asdû à Babylone en l’an 4 de Zimrî-Lîm », RA 98, 2004, p. 13-32. 84

      Cf. l'édition prochaine de ces lettres par les soins de M. Guichard.

      85

      C’est Sumu-hadû qui s’occupe de la crue catastrophique de l’oued de Dêr, à une date, il est vrai, non précisée.

      86 La statue (du roi) pour Addu d’Alep représente l’ex-voto consacrant l’alliance de Mari avec Alep. Il faut donc la considérer comme postérieure à l’expédition de Kahat (et à la contraction de l’union dynastique) mais aussi à la fin de ZL 1 où Zimrî-Lîm est encore à imaginer une expédition contre Rapiqum aux côtés d’E nunna. L’année dite d’Addu d’Alep doit donc doubler le début de ZL 2 ; cf. l’avis de D. Charpin & N. Ziegler, FM V, p. 258.

      552

      6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 Tr. 22 24 C. i 26 ii 29

      Jean-Marie DURAND a-um i-pí-ir dumu-me-e um-me-ni u-pu-i-im ù a-na pa-ni be-lí-ia i-pí-ir-u-nu ka-a-ri-im be-lí dan-na-tim i-pu-ra-am lú-simug-me-e ù lú-nagar-me-e ma-li i-ip-ra-am i-ip-pí-u ú-ul ma-du-ma i-ip-ru-um a-na pa-ni-u-nu ú-ul i-la-ak ù i-pí-ir-u-nu ku-u-u-du-um-ma ú-ka-a-a-du a-um lú-[sim]ug-me-e ù lú-[nagar-me-e ] ta-ri-im a-na ì-lí-u-ra-ni lú-tur às-qú-di-im a i-na mi-i-la-anki wa-a-bu a-pu-ur-ma ap-pí 1 lú i-na dumu-me-e um-me-ni ú-ul i-ru-dam ù a-na-ku be-lí ad-ra-ku-ma ú-ul ú-a-ah-ha-at°-u i-na-an-na an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-am lú-simug-me-e ù lú-nagar-me-e a mi-i-la-anki a-na ma-riki lu-ut-ra-am-ma i-ip-ra-am it-ti a°-hi-u-n[u] li-pu-[u] a-lum ma-r[iki] a-lim 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. En ce qui concerne le travail des artisans 6 à faire faire et 7 à agencer 6 avant l’arrivée de mon seigneur, 7 mon seigneur a envoyé un message 7 impératif. 9 Les forgerons et les menuisiers 10 tous ceux qui 11 font 12 le travail 12 ne sont pas nombreux et 13 le travail ne progresse pasa). 14-Donc, 15 ils font de gros efforts 14 pour venir à bout de leur travail. 20 J’ai demandé 17 à Ilî-uranni, serviteur d’Asqûdum, 17 d’amener 16 forgerons et menuisiers, 19 ceuxc) qui se trouvent à Mi lân. 20 Cependantb) 21 il n’a pas expédié 20 un seul individu parmi les artisans ; 21 par déférence envers mon seigneur, 22 je ne le rappelle pas à l’ordred). 23 Maintenant, 24 mon seigneur doit me signifier 23 ce qu’il en est. 27 Dois-je amener 26 à Mari 25 les forgerons et les menuisiers 26 de Mi lân 27 pour qu’ils fassent le travail avec leurs (con)frères ? 28 La ville de Mari, 29 ça va. 4

      Bibliographie : cf. J.-M. Durand, « Un centre benjaminite aux portes de Mari : réflexions sur le caractère mixte de la population du royaume de Mari », dans DUB.SAR É.DUB.BA.A, Mélanges V. Donbaz, 2010, p. 110. a) Pour cette expression ana pâni- alâkum, cf. dans CAD P, p. 92b, l’exemple de Suse kîma pâni-unu littalka et cf. CAD A/1, p. 318 ad ABL 804 : 14. b) Ce sens de appî n’avait pas été reconnu jusqu’à présent. On le retrouve, toutefois, dans le document [A.826], édité ci-dessus (n°271). C’était peut-être une expression chère à Itûr-asdû. c) Le sens de cette relative (l. 19) est indécis : le séjour à Mi lân pourrait être celui d'Ilî-uranni, voire d'Asqûdum. Le relatif a a été rattaché aux noms de métier de la l. 16, en fonction du parallèle de la l. 26 qui montre qu'il s'agit bien des corps de métiers qui résident dans Mi lân. d) Pour ce sens, cf. LAPO 16, p. 213.

      277 [A.3069] Itûr-asdû au roi. Selon les ordres du roi, des étoffes (sans doute pour l'usage du roi) ont été livrées à Yasîm-sumû.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

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      [a-na be-l]í-ia [qí-bí]- ma [um-ma i-tú]r-ás-du [ìr-ka-a]ma [a-um túg-há]87 a-na ia-si-im-su-mu-ú [na-da-nim] be-lí i-na pa-ni88 wa-é-u [ki-a-am] ú-wa-e-ra-an-ni [i-nu-m]a túg-há u-ta-ma-ha-ru [a-na] qa-at ia-si-im-su-mu-ú [i-d]i -um [an-ni-tam] be-lí ú-w[a]-e-[ra-an-ni] [ki-ma w]u-ú-ur-[tim] [a be-l]í ú-wa-e-[ra-an-ni] [túg]-há a-na ia-[si-im-su-mu-ú] [a-ar]-dam-[ma] [túg-há u-n]u-ti il-qí-a-am-ma [a-na e-e]r be-lí-ia it-ta-al-kam [a-lum ma-riki] ù é-kál-lum [a]lim

      2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18 Tr.

      1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Avant qu’il ne s’en aille, mon seigneur 7 m’avait donné ces instructions 5 au sujet des étoffes à 6 5 donner à Yasîm-sumû : « 8 Lorsque les étoffes auront été réceptionnéesa), 10 mets-les 9 à la disposition de Yasîm-Sumû. » 11 Voilà les instructions que m’avait données mon seigneur. 12 Selon les instructions 13 que m’avait données mon seigneur, 15 j’ai expédié 14 les étoffes à Yasîm16 sumû. Il les a reçues et 17 il est parti pour chez mon seigneur. La ville de Mari et le Palais, ça va. 6

      a) Cf. BIN 4 22 : 20 où lutamhirûni est jugé par CAD une forme III/3.

      Dans [A.756], les présages sont pris au moment de la têbibtum, donc pour le mois. C’est bon pour la ville mais, en ce qui concerne les ergastules, ce n’est bon, en définitive, que pour les 15 premiers jours. Les conclusions d'Itûr-asdû sont intéressantes : les trois fois où il y a eu interrogation par le devin, il y a eu nêkemti êrim. La nêkemtum représente une partie atrophiée. Le êrum est, selon le CAD , p. 139b le dos du foie ; il s’agit donc d’une observation lors de l’examen du foie de la victime. C’est une observation adventice, mais dont il faut tenir compte. Il est évident qu'elle est comprise comme négative. L’ordre que l’on demande au roi consiste à mettre en vigilance la troupe. Cela fait écho à l’interprétation évidente pour un Mariote de l’expression nêkemti êrim par « acquisition-violente89 (faite par des gens venus) de la steppe ». La ville de Mari sera sauve, mais il peut y avoir des mauvais coups dans la campagne. 278 [A.756] Itûr-asdû au roi. Les présages du devin Yami-hadnû sont bons, sauf en ce qui concerne les ergastules où la seconde partie du mois est défavorable. Itûr-asdû doit inspecter ses travailleurs.

      87

      Pour cette restauration, cf. l. 8.

      88

      Signe NI sur érasure de NI.

      89

      Nêkemtum peut constituer à soi seul une apodose. CAD N/2, p. 154a, traduit par « loss, spoliation ». Ekêmum note une façon violente de s'emparer de quelque chose. On verra les avis divergents de J. Sasson, (« stunting of the plain») NABU 1994/42 et de W. Heimpel qui traduit nêkemtum par son sens littéral : « that which was taken away » et rend en conséquence le texte par « a dispossession in the outback ».

      554

      2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26 28

      Jean-Marie DURAND a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma I ia-am-í-ha-ad-nu lú-má - u-gíd-gíd te-re-e-tim a-na [u]-lum a-lim ma-riki ù ne-pa-ra-tim [i-tu] u-mi-im an-[ni-i]-im a-di re-e [iti] [an-ni]-i-im i-pu-ú-ma [te-re-t]u-u a-na u-lum ne-pa-ra-tim [lu]-up-pu-ta a-ni-i a-na qa-ti-u ú-te-er-u-ma a-di u-um u 15-kam te-re-tu-su a-al-ma mi-im-ma ni-’ì-it-tam ú-ul i-a-a ki-ma 1-u 2-u 3-u a-na qa-ti-u i-tu-ur-ma né-ke-e-em-ti e-ri-i-im i-na te-re-ti-u a-ki-in i-na-an-na be-lí a-na a-bi-im lí°-dan-ni-in-ma ka-lu-u a-na ma-a-ar-ti-u lu-ú na-’ì-id ù a-na-ku wa-ar-ki up-pí-ia an-ni-i-im a-ni-e-em u-um-u a-na e-er be-lí-ia a-ka-a-a-dam-ma e-pí-i-ti i-na re-e i-ka-ri-im a-sà-an-ni-iq

      Bibliographie : publié comme ARMT XXVI 152 ; cf. W. Heimpel, op. cit. p. 233. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Yami-hadnû, le devin, 9 a pris 6 les présages pour l’état de la ville de Mari 7 et des Ergastules, à compter de 8 ce 7 jour 8 jusqu’à la fin de 9 ce 8 mois. 10 Les présages qui concernent l’état des Ergastules 11 comportaient beaucoup de marques. 13 Je l’ai fait revenir 12 à sa donne une seconde fois 13 et 14 jusqu’au 15 15 les présages qu’il a obtenus 16 sont sains. Ils n’ont rien d’inquiétant. 18 Mais en revenant 17 à sa donne à trois reprises, 20 il y a la présence 18 d’une atrophie 19 du dos (êrum) dans ses présages. 20 Maintenant, mon seigneur 21 doit donner aux gens des ordres impératifs 23 afin que 22 chacun 23 fasse attention 22 à ce dont il a la charge. 24 Pour moi, 25 le lendemain de cette 24 tablette, 27 j’arriverai 26 chez mon seigneur 27 et 29 je passerai l’inspection 27 des travailleurs qui relèvent de moi, 28 au moment où ils commenceront leur travail. 5

      Le texte [A.3067], envoyé depuis Mari (l. 10), est daté du début d’un mois iii. On est donc l’an ZL 2. Le roi rentre à Mari. Itûr-asdû reçoit une ambassade du Hur îtum ((l. 11) dont le roi est Zinnugân90. 90 Cf. MARI 8, p. 638, n. 504 et OBTR 246 : 18. Ce roi est connu comme celui du Hur ânum (ARM XIV 94 (= LAPO 16 351). Les deux toponymes sont donc à identifier comme deux akkadisations différentes (*Hur û, gentilice ; Hur ân, suffixation en –ân) d’une réalité qui devait être *Hur - ou *Huru ; corriger LAPO 16, p. 55 s. n. b). J. Eidem (The Shemshra Archives 2, 1992, p. 20) a supposé une relative proximité entre Eluhut, Hur ânum et Tigunânum, quelque part au nord/nord-ouest du triangle du Habur, ce qui convient tout à fait à la présente attestation. Les envoyés de Zinnugân seraient ainsi passés par le Habur puis par l’Euphrate. Rien n’indique cependant où se trouvait alors ZimrîLîm, lequel n’était sans doute pas à Terqa ni à la Forteresse de Yahdun-Lîm.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      555

      279 [A.3067] Itûr-asdû au roi. Arrivée de messagers de Hur îtum d’auprès de Zinnagân, non envoyés chez le roi que l’on sait devoir revenir à Mari. Faut-il les envoyer quand même? Le 3 iii. a-na be-l[í] -ia qíbíma um-ma i-[túr]-ás-du 4 ìrka-a- ma u-um up-pí an-ni-e-em 6 a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam Tr. 2 dumu-me-e i-ip-ri 8 lú hu-ur-i-timki a zi-na°-ga-an Rev. 10 a-na ma-riki ik-u-du-nim ù ki-ma be-lí a-na ma-riki 12 u-te-e-ra-a[m] lú-m[e-e an-nu-ti] a-na e-er be-[lí-ia ú-ul a-ru-dam] 14 i-na-a[n-na a à-ra-di-u-nu] [ù la à-ra-di-u-nu] Tr. 16 [an-ni-tam la an-ni-tam] [be-lí li-i-pu-ra-am] C . 18 [iti l]a-hi-im u 3-kam i!-na pa-an [mu-]i-im up-pí an-ni-e-em 20 [a-na] e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam 2

      1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette de moi 6 chez mon seigneur, 7 2 messagers de Hur îtum, 9 appartenant à Zinnagân, 11 me sont arrivés à Mari. 12 Or, comme mon seigneur 13 allait tout droit 10 à Mari, 14 je n'ai pas expédié chez mon seigneur, 13 ces gens.15 Maintenant, 16 relativement à leur expédition 17 ou non, 17 que mon seigneur me fasse savoir 17 ce qu’il en est a). 18 Le 3 du iii (lahhum), à la tombée de 19 la nuit, 20 je fais porter 19 cette tablette de moi 20 chez mon seigneur. 5

      a) Les restaurations représentent une phrase stock, mais il peut y avoir eu un autre libellé.

      La « province d’amont » signifiant généralement « Terqa », il est vraisemblable que que la tablette [A.147] a été envoyée depuis Mari. Le Palais n’avait ainsi apparemment pas dans ses réserves de bœufs engraissés pour l’igissûm. Ils devaient donc être achetés, et non pas pris sur les possessions royales. Comme on est au moins xii, il ne s’agit pas d’offrandes à Dêr, mais pour une fête que le roi célébrait en dehors de Mari, peut-être dans la région d’aval ou dans un centre religieux des environs de Mari. 280 [A.147] Itûr-asdû au roi. Les bœufs d’igissûm réclamés par le roi vont être achetés dans le district d’amont.

      2 4

      a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma a-um 2 gu []a i-gi-si-im be-lí i-pu-ra-am

      556

      Jean-Marie DURAND

      6 Tr. 8

      [it]i e-b[u-ri-im] u 25-kam up-pí be-lí-ia ik-u-dam Rev. 10 ki-ma up-pí be-lí-ia e-mu-ú qa-tam a-na qa-tim 12 2/3 ma-na kù-babar a-na ha-al-í-im e-li-im 14 ú-a-bi-il gu-há u-nu-ti 16 i-a-am-mu-nim-ma wa-ar-ki up-pí-ia an-ni-im 18 a-na be-lí-ia ú-a-ar-ra-u-nu-[ti] 1

      Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé un message 4 au sujet des deux bœufs d’igissûm. 8 La tablette de mon 9 seigneur m’est arrivée 7 le 25 6 du mois xii. 10 Lorsque 11 j’ai pris connaissance 10 de la tablette de mon seigneur, 11 aussitôt 14 j’ai fait porter 12 40 sicles d’argenta) 13 au district d’amont. 16 On m’achètera 15 ces bœufs. 17 Postérieurement à cette tablette de moi, 19 je les ferai conduire 18 à mon seigneur. 5

      a) Les 2 bœufs engraissé valent 40 sicles, donc 20 sicles chaque, soit la valeur double d’un bœuf standard.

      281 [M.9330] Itûr-asdû au roi. Grain prêté à des démobilisés. (…)

      2 4 6 8

      a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma a-um e-im ni-pa-tim a lú-me-e pa-e-ri be-lí dan-na-tim i-ku-nam a-n[a i]a-[]i-[im a-n]a e-em né-pí-im [dan-na-tim ú-da-ni]-in [… lu-u-ku]-un (2+ Tr.?1+Rev. 3 l.)

      2’

      [an-ni-tam la an-ni-tam] be-lí l[i- i-pu-ra–a]m 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet du grain constituant le gagea) des démobilisés, 5 mon seigneur a émis des ordres impé6 ratifs. À moi-même, au sujet du fait de donner du grain en gage, 7 il a donné des ordres stricts, 8 en sorte que j’instaure… 4

      (Environ 6 l. manquent.) 2’

      Que mon seigneur m’envoie un message 1’ pour me dire ce qu’il en est.

      a) Pour cette réalité, cf. p. 467 a). Cf. ARM XIV 47 (= LAPO 17 654) où il s'agit de garants pour des travailleurs réquisitionnés. Dans ARM XIV 47, il s'agit de menuisiers, dans ARM IV 58 (= LAPO 18 1052) de travailleurs du cuir, dans ARM X 160 (= LAPO 18 1180) d'un chef d'équipe agricole. Les gages peuvent porter sur des personnes humaines, des animaux (ARM IV 58) ou du grain comme ici.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      557

      La Face de [A.2377] parle d’une assez banale prise de présages au sujet d’un déplacement du roi, peut-être différent de celui qui devait le conduire jusqu’à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Le restant de la lettre qui concerne le bourg mâr sim’al de Dêr à l’aval de Mari est, dans l’ignorance où nous sommes du sujet, obscur. On y voit le irnum dont fait état, également en connexion avec Dêr, mais à la fin de la rébellion, Sammêtar. Là encore, il semble que ce soit un objet à faire transporter à Mari. Il est question ensuite de ce qui semble être une initiative de Sammêtar, de s’emparer d’une clef qu'Itûr-asdû gardait chez lui (l. 7’) et qui devait être le symbole d’une fonction aulique, puisque le texte parle ensuite de têrtum (l. 10’). Les grands serviteurs du roi d’A

      ur, à l'époque moyenne, possédaient eux aussi des objets qui matérialisaient leurs fonctions, comme on le voit lors du rituel du sacre. Une « clef » ne se comprend qu’en rapport à une porte. Sans doute symbolisait-elle une dignité donnée à Sammêtar. De fait dans les l. 10’-11’, il est dit que le roi distribuait comme il l’entendait les charges auliques (têrtum) mais Itûr-asdû semble rappeler qu’à chaque dignité était attachée une certaine taxe ; en l’occurrence, il s'agit de l’igissûm et Sammêtar devra l’acquitter. D’après ce texte, l’insigne de la fonction aulique était gardé chez Itûr-asdû (l. 7’-9’), où Sammêtar est venu se servir. Ce texte pourrait avoir affaire à [A.4345]91. 282 [A.2377] Itûr-asdû au roi. Il a fait prendre les présages pour le déplacement (du roi). Il est arrivé à Dêr (…) Agissements de Sammêtar. Il faut que les grands fonctionnaires payent l’igissûm. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma te-re-e-tim a-na u-lum ha-ar-ra-nim ú-e-pí-i-ma te-re-e-tu-ia ma-di-i a-al-ma [a-ni-tam a-n]a de-erki [ak-u-dam-ma]

      2 4 6 8

      (1+3+2 l.)

      a-na i-ir-nim a[k?-u-dam-ma (?)]92 e-bi-ir-ma a-na x-[o-o]-x nu-banda a di-irki[i-ir-na-a]m ? ap-qí-dam-ma a-na ma-riki a-à-ar-da-a- u a-ni-tam ki-ma de-erki ak-[]u-dam e-mu-um i-tu é-t[i-i]a?93 ik-[]u-dam um-ma-mi sa-am-me-e-tar i-pu-ra-am-ma nam-za-qa-am i-na é-tim il-qé i-na-an-na te-er-tam a-a-ti be-lí a-ar pa-qa-di-im li-i[p-qí-id] ù kù-babar i-gi-si-im be-lí li-mi-id94 pa-na-nu-um i-nu-ma im-ma-an-[nu-ú] dumu-me-e i-ip-ru-tim it-ta-al-[ku-ma] te-re-ti-u-nu ú-ul ú-a-li-[mu]

      Rev. 2' 4' 6' 8' Tr. 10' F. 12' C. 14'

      91

      Cf. p. 375 sq.

      92

      Pour cette restauration, cf. l. 6.

      93

      Restauré d'après l. 9'. On ne doit donc pas lire ici é-k[ál-li]m?.

      94

      Cette l. est écrite tout en haut de la Face.

      558

      Jean-Marie DURAND 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. J’ai fait faire les présages 5 pour le sort de l’expédition 6 et les présages que j’ai obtenus 7 sont excellents. 8 Autre chose : 9je suis arrivé 9 à Dêr. 5

      (Lacune de 7 lignes.) 2’

      Je suis arrivé pour le irnuma) et, ayant traversé, 4’ j’ai confié [le irnum] à (NP), le responsable des travaill eursb) de Dêr, et je l’ai expédié à Mari. 6’ Autre chose : à mon arrivée à Dêr, 7 il m’est parvenu une nouvelle depuis ma maison, 8’ disant : « Sammêtar ayant envoyé un message 9’ a pris la clef dans la maison. » 10’ Maintenant, 11’ mon seigneur doit confier à qui il entend 10’ cette charge. 12’ Cependant, mon seigneur doit (aussi) imposer l’argent de l’igissûm.13’ Auparavant, lorsqu’il était calculéc), 14’ceux qui étaient chargés de mission diplomatiqued) partaient et 15’ n’accomplissaient pas la totalité dee) leur charge. Note : nulle mission n’a jamais conduit Itûr-asdû dans la Dêr du nord-ouest de la Haute-Djéziré. Il faut donc envisager ici le bourg de Dêr, proche de Mari, endroit également documenté par la lettre A.925+ = ARMT XXVI 199 de Sammêtar où il est également fait mention d'un irnum. a) Le terme de irnum est relativement sûr d'un point de vue épigraphique mais ARMT XXVI 199 n’a pas permis d'élucider son sens. Le signe AK en revanche n'est pas sûr et ce pourrait être le début d’un LA. Labîrum est une possibilité, tout comme laptum, mais des infinitifs comme lapâtum sont également envisageables. Non liquet. b) Le laputtûm de Dêr devait assister le sugâgum du même endroit, lequel est attesté par ailleurs. c) L’igissûm était attaché à une charge et représentait une redevance attachée à son accomplissement. La « clef » devait symboliser, d’une façon ou d’une autre, cette charge, ce qui pourrait donner une indication sur le sikkûrum envoyé à Dêr par Sammêtar dans ARMT XXVI 199. Il n’est cependant pas évident d’identifier namzaqum de ce texte et sikkûrum de ARMT XXVI 199. Les Lexiques attestent l’existence d’un fonctionnaire a namzaqi, soit « celui qui est chargé de la clef ». d) L'expression mâr iprûtim se retrouve à Mari dans FM 7 36: 5 où il s'agit d'un chargé de mission de Hammu-rabi d'Alep (avec G/3 de alâkum). CAD /3, p. 84b-85a, ne connaît pour iprûtum que les sens de « pledge » (babylonien) et de « messagers » (au collectif), qui est un emploi cappadocien. Cf. cependant dans CAD M/1, p. 265a, l'expression dumu kin-ut-ti de Boghaz-Köy (à comprendre /mâr-iprûtu/) avec le sens de « diplomatic relations ». e) J’ai restauré ullumum avec le sens « d’accomplir en totalité ». Si ma compréhension est correcte, il faut en déduire que mission (diplomatique) valait service et, n’étant pas considérée comme engendrant un profit, une diminution de charges était alors consentie.

      11.9 La révolte des Mâr yamîna95 On pouvait supposer que l’union des deux composantes bédouines opérée pour venir à bout du RHM, la puissance majeure du Proche-Orient, était vouée à se défaire tôt ou tard. Déjà dans le passé, à l’époque de Yahdun-Lîm, Mâr sim’al arrivés à la suite de Yagîd-Lîm sur les bords de l’Euphrate et Mâr yamîna sans doute déjà installés en ces lieux avaient lutté les uns contre les autres. 11.9.1 Les prodromes La correspondance d’Itûr-asdû révèle plusieurs prodromes de la rébellion. — [A.15] montre que les rapports devenaient mauvais avec les chefs mâr yamîna (l. 22), quoique les hostilités n’aient pas encore franchement débuté. Itûr-asdû y rapporte au roi le rêve d'une personne de akkâ (l. 7), un bourg du district de Mari. Les mentions de Saggâratum (l. 10) et Terqa (l. 13 sq.) ne peuvent servir à situer la lettre car il ne s'agit que d'indications oniriques. Le rêve concerne bien Mari et la lettre doit donc être attribuée à la période mariote d'Itûr-asdû. Il faut penser, en outre, que le roi lui même n'est pas là, puisqu’on lui écrit. La l. 20 le dit d’ailleurs explicitement. [A.15] pourrait être contemporain du déplacement de Zimrî-Lîm à la Forteresse de Yahdun-Lîm, dans la seconde moitié de ZL 1 (cf. l. 20).

      95

      Cf. de façon générale ARMT XXXIV.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      559

      Plusieurs non-dits subsistent dans ce rêve96. Ainsi le rêveur a-t-il un compagnon non nommé (l. 9) qui n'intervient pas. Il pourrait s'agir d'un technicien du rêve que l’on trouve dans certains documents, « témoin » que le discours du dieu était bien ce qui est rapporté, voire d’un mort dont le nom est taboué (cf. l. 51 et note i). Le fait que la divinité « ouvre la bouche » peut indiquer qu'il y avait dans le temple de Dagan de Terqa une statue de culte anthropomorphe susceptible de parler, mais le rite du pît pî (« ouverture de la bouche ») — attesté par plusieurs textes — insufflait la vie à des objets (comme des armes) qui n’étaient pas, malgré les termes utilisés pour leur description, anthropomorphes à proprement parler. La divinité engage un discours direct, sans intermédiaire. Il fallait déposer devant elle un texte écrit, une sorte de « lettre au dieu ». Le sens politique du rêve paraît assez net : Dagan — c'est-à-dire les gens de Terqa — est pour le roi. La population conservatrice des villes s’opposait en effet aux nouveaux venus bédouins installés dans des lieux de la province. Les oppositions étaient en train de se durcir et il s'instaurait un état d'esprit belliqueux (l. 37-39). G. Dossin voulait voir ici une intervention du clergé mais il n’identifiait pas bien le moment du document : « Zimri-Lim a dû accepter le conseil et la proposition du dieu, puisqu’il a réussi à battre complètement les Benjaminites. Il lui témoigna sa gratitude par une riche offrande. On est fort tenté de rapporter à cet événement le “don d’un grand trône qu’il fit au dieu Dagan qui habite Terqa”, auquel fait allusion un des noms d’années de son règne. » L'appellation « Trône à Dagan de Terqa » a été, en fait, donnée à l’avant-dernière année du règne, soit dix ans plus tard. Il n’y a donc aucun rapport entre les deux faits, à moins d'imaginer un long intervalle entre promesse de l'ex-voto et dévotion. Dans [A.15] le dieu cependant ne demandait pas un trône.

      J'ai proposé ailleurs97 de trouver dans l’Épopée de Zimrî-Lîm le plus ancien exemple de ce qui devait devenir au premier millénaire la « lettre au dieu A

      ur »98, où la divinité se voyait apporter après un conflit une information détaillée sur les événements guerriers, appelée explicitement êmum gamrum. L’Épopée de Zimri-Lim, retrouvée parmi les archives palatiales de Mari, pourrait-elle donc être ce êmum gamrum demandé dans le rêve par le dieu de Terqa ? L'épopée ne commence cependant pas comme une lettre, mais par une exaltation de la personne du roi, et, après le récit lyrique des événements militaires, le poème se termine par l’entrée de Zimrî-Lîm dans le grand temple de Terqa (l. 164-169) : « Une fois que le roi eut atteint son but, Il entra devant Nunammir. Dans l’Ekisiqqa, il accomplit son sacrifice, Dans Terqa, la bien-aimée de Dagan, Vie, Prospérité et Force Zimrî-Lîm réclama auprès de Dagan99. »

      Il n'est pas fait mention dans l'Épopée de ce êmum gamrum à déposer devant la statue de la divinité, comme le demande Dagan. Le récit de la campagne victorieuse culmine avec la simple visite à Dagan de Terqa, non à Itûr-Mêr, dieu poliade de Mari, ou à Addu, dieu des Mâr sim'al. Il ne peut de toute façon être la réponse à la demande divine de [A.15], car il est antérieur à la révolte. L'Épopée de ZimrîLîm en effet ne parle pas de la rébellion des Mâr yamîna. Que devait donc comporter ce êmum gamrum (« rapport détaillé »), réclamé par le dieu ? Il pourrait s’agir simplement du catalogue des doléances mariotes envers les Mâr yamîna. La divinité feint de ne pas être au courant de ce qui ne lui est pas explicitement dit. C'est là que l'on voit le mieux les éventuelles implications politiques de l'acte, car c'est au roi qu'était dû un êmum gamrum. Si ce dernier en adresse un au dieu, il se comporte comme son vassal. Le pouvoir royal est mâr sim'al alors que Dagan semble avoir été la grande divinité des Mâr yamîna. C'est peut-être là le sens profond du texte : les Mâr yamîna étaient en train d’être abandonnés par leur dieu qui épousait la cause du roi de Mari.

      96

      Il reste à comprendre surtout pourquoi c'est un homme du district de Mari qui demande l'obédience du roi à la divinité de Terqa. 97

      Cf. FM XIV, p. 5.

      98

      On y retrouve les qualités poétiques et le ton singulier que L. Oppenheim avait décrits à propos de ces « Lettres aux dieux » d’époque néo-assyrienne, comme la Lettre d’Esarhadon à Aur sur les affaires du ubria ou la Huitième campagne de Sargon II. 99

      = FM XIV, p. 23-24, traduction de M. Guichard.

      560

      Jean-Marie DURAND 283 [A.15]

      Itûr-asdû au roi. Rêve de Malik-Dagan, où ce dernier reçoit mission de Dagan de demander au roi un « rapport détaillé », en échange de quoi le dieu assurera la victoire de Zimrî-Lîm. a-na be-líia qíbíma um-ma i-túrás-du 4 ìrka-ama u-um up-pí an-né-e-em a-na []e- er 6 be-lí-ia ú-a-bilam I ma-li-ik-dda-gan lú a-ak-kaki 8 il-
    • -kam-ma ki-a-am iq-b[é]-e- em [u]m-ma-a-mi i-na u-ut-ti-ia a-na-ku ù 1 lú it-ti-ia 10 [i-t]u ha-la-a sa-ga-ra- timki i-na ha-al-í-im e-li-im a-na ma-riki a-na a-la-ki-im 12 pa-nu-ia a-aknu ki i-na pa-ni-ia a-na ter-qa e-ru-um-ma ki-ma e-re-bi-ia-ma 14 a-na é dda-gan e-ru-um-ma a-na dda-gan ú-ke-en i-na u-ke-niia d da-gan pí-u ip-te-e-ma ki-a-am iq-bé-e-em 16 um-ma-a-mi lugal-me-e -nu a dumu-me-e ia-mi- {NA} na 18 ù a-bu-unu it-ti a-bi-im []a zi-im-ri-li-im Tr. 20 a i-le-eem [ì]s-li-muú Rev. 22 [u]m-ma a-na-ku- ú-ul ìs-li- mu i-na pa-ni wa-í-ia ki-a-am iq-bé-e-em 24 um-ma-a-mi dumu-me-e i-ipri a zi-im-ri-liim 26 ka-ia-ni-i ma-ah-ri-ia a-na m[i]-nim [l]a wa-a-bu-ma ù e-em-u ga-am-ra-am ma-ah-ri-ia am-mi-nim 28 la-a i-a-ak-kaan ú-ul-la-ma-an i-tu u-mi ma-du- tim 30 lugal-me-e -ni a dumu-me-e [ia]-m[i]- na a-na qa-at zi-im-ri-li-im um-ta-al-li-u-nu-ti 32 i-na-an-na a-li-ik á-ta-pa-arka a-na zi-im-ri-li-im ki-a-am ta-qa-ab-bi um-ma at-ta-a-ma 34 dumu-me-e i-ip-ri-ka a-na e-ri- ia u-u[p-r]a-[am-m]a ù e-em-ka ga-am-ra-am 36 ma-a[h-ri-i]a []u-ku-unma ù lugal-me-e -[ni a dumu-m]e ia-mi-na i-na gi sú-us-sú-ul 38 lú- u-pe[ -a lu-a-a]p-i-il-u-nu-ti- ma ma-ah-ri-ka [lu-u-ku]un-u-nu-ti 40 an-ni-tam lú u-ú [i-n]a u-ut-ti-u i-ú-ul-ma ù a-[ia]-i-im id-bu-baam 42 i-na-an-na a-nu-um-ma a-na e-er be-lí-ia á-tap-ra-am Tr. wa-ar-ka-at u-ut-ti- an-ni-tim be-lí 44 li-ip-ruus a-ni-tam um-ma li-ib-bi be-lí-ia 46 be-lí e-em-u ga-am-raam 2

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      561

      igi dda-gan li-i-ku-un C. i 48 ù dumu-me-e i-ip-ri a be-lí-ia a-na e-er dda-gan lu ka-ia-nu 50 lú a u-ut-ta-am an-ni-tam gan ii [iq-b]é-e-em pa-ag-ra-am a-na dda52 i-na-ad-di-in-ma ú-ul a-ru-da-a-u ù a-um lú u-ú ták-lu a-ra-sú ù sí-sí--ta-u 54 ú-ul él-qí Bibliographie : publié par G. Dossin, « Une révélation du dieu Dagan de Terqâ », RA 42, 1948, p. 125-134 ; cf. Recueil Georges Dossin, p. 169-179. Une bibliographie importante a suivi l’editio princeps. Des progrès décisifs ont été faits par W. von Soden WO 1950, p. 397-403. De bonnes traductions sont dues à J. Sasson, « Mari Dreams », JAOS 103, 1983, p. 290-291 et W. Moran, dans ANET3, p. 623 (avec bibliographie). Cette dernière suit cependant trop les propositions de A. Malamat, différentes de celles de W. von Soden. Le texte a été repris comme ARM XXVI 233 et donc par W. Heimpel, op. cit., p. 266. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette de moi chez 6 mon seigneur, 7 Malik-Dagan de akkâa), 8 est venu à moi et m’a tenu ces propos : « 9 Dans un rêve que j’ai eu, moi — (il y avait) alors quelqu'un avec moi —, 10 quittant le district de Saggarâtum 11 (et me trouvant) dans le district d’amontb), 12 je me dirigeais 11 vers Mari. 13 Auparavantc), étant entré à Terqa, dès mon entrée, 14 je pénétrai dans le temple de Dagand) et 15 je fis l’adoratione) 14 pour Dagan. 15 Alors que je faisais l’adoration, 16 Dagan ouvrit la bouche et me parla ainsi : 17 “Les rois des Mâr yamîna ainsi que leurs gens, 21 sont-ils sans animosité 19 envers les gens de Zimrî-Lîm 20 qui est allé en amont ?” 22 Je dis : “Non !” 23 Avant que je ne quitte (le temple), (Dagan) m'a dit ceci : 24 “Des messagers 25 de Zimrî-Lîm, 26 pourquoi n’y en a-t-il pas constamment devant moi 27 et pourquoi 28 ne déposef)-t-il pas 27 devant moi, un rapport de lui détaillé ? 29 N’aurais-je point, depuis longtemps, 31 donné pleinement au pouvoir de ZimrîLîm 30 les rois des Mâr yamîna ? 32 Maintenant, va ! Je fais de toi mon messager. 33 Voici ce que tu diras à Zimrî-Lîm : 35 “Envoie 34 des messagers à toi chez moi et 36 dépose devant moi 35 ton rapport détaillé 38 afin que je fasse alors grouillerg) 37 les rois des Mâr yamîna dans la musette 38 du pêcheur et 39 que je les dépose devant toi”. » 40 Voilà ce que cet homme a réellement vuh) dans son rêve et 41ce qu’il m’a dit. 42Maintenant voilà que j’envoie l’information à mon seigneur. 43Mon seigneur 44doit faire 43enquête sur ce rêve. 45 Autre chose : si c’est le désir de mon seigneur, 46 mon seigneur 47 doit déposer par devant Dagan 46 un rapport de lui détaillé 48 et des messagers de mon seigneur 49 doivent être continus chez Dagan. 50 L’homme qui 51 m’a dit 50 ce rêve 52 va donner 51 un pagrum i) à Dagan et 52 je ne l’ai pas envoyé. 53 En outre, vu que cet homme représente un cas sûrj), 54 je n’ai pas pris 53 une mèche de ses cheveux ni sa cordelette. 5

      a) Il est important, pour la compréhension de l’histoire, de savoir que akkâ est une ville du district de Mari, non de Saggâratum, comme on l’a cru à partir de ce document : cf. ARMT XVI/1 p. 31. Les attestations de sa véritable situation géographique sont nombreuses. Cf. déjà, ARMT XXIII, p. 389 (n°440). b) Halum elûm désigne la région d’amont par rapport à Mari, donc Terqa et au-delà. C’est une façon naturelle de dire pour quelqu’un qui habite dans l’alvéole de Mari. L. 20, en revanche, elûm est aussi employé pour indiquer la montée du roi jusqu’en Haute-Djéziré. c) Ce passage a été diversement compris : G. Dossin et W. von Soden ont proposé que Malik-Dagan se voyait agir. C’est une façon trop moderniste de s’exprimer et qui serait sans parallèle. A. Malamat et W. Moran traduisent « on my way », ce qui n’est pas de l’akkadien, même baptisé « ouest-sémitisé ». Ina pâni-ia (m. à m. « avant moi ») est une façon idiomatique de dire « avant mon action » : scil. « avant d’aller à Mari » voire même « tout de suite ». d) Pour les dévotions à Dagan, un dieu très populaire, cf. OLA 162/1, index p. 640. e) Pour un autre exemple de ukênum devant Dagan, cf. [A.1902]. f) L’emploi du verbe akânum indique que le dieu demande que l’on dépose un texte écrit devant sa statue. g) Le texte est discuté. La lecture de G. Dossin ([lu-pa-á]-i-il) est exclue car le signe devant I n’est certainement pas Á . La proposition de lecture AB de W. von Soden convient, en revanche, très bien pour les traces. Une

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      compréhension lûabil = « je veux faire cuire » proposée par A. Malamat, suivi par W. Moran (ANET), n’est pas sans intérêt car akâlum se dit couramment pour « ravager le territoire d’un ennemi et y faire du pillage ». Dagan se présenterait comme le cuisinier divin de la vengeance royale. L’interprétation de W. von Soden reste cependant meilleure et en accord avec l’idéologie de l’époque. Le dieu est le pêcheur et, en échange du dépôt du rapport, il déposera (akânum) le produit de sa pêche : les chefs mâr yamîna seront comme le menu fretin qui frétille dans la musette du pêcheur. Cf. CAD R, p. 234b. Sussulum ne se dit pas en effet d’un instrument de cuisine. D’autre part, pourquoi l’objet-sussulum serait-il qualifié par lú- u-pe -a ? h) Pour naâlum, cf. OLA 162/1, p. 454 & 509. Le rêve doit être pris en considération ; cf. l. 53-54. i) Pagrum est ici l’offrande pour un rituel-pagrâ’um, dû spécifiquement à Dagan ; cf. W. Moran, ANET p. 623, n.8 : « This may be some kind of sacrifice associated with the cult of the deads ; cf. Ugar. pgr, “mortuary-offering”… ». Pour pagrâ’um cf. ARMT XXI, p. 160 n. 20. Le texte n'explicite cependant pas le lien entre « mort » et « rêve », qui apparaît dans le Dream-book. j) Il est ták-lu car le songe doit être pris en considération (nalat) ; cf. h).

      Un second prodrome est montré par [A.82]. Le palabre (rihum) des rois Mâr yamîna (l. 35-37) doit faire allusion au projet des rois mâr yamîna réunis dans un temple d’Annunîtum d’attaquer la Forteresse de Yahdun-Lîm en profitant du départ de l’armée pour Rapiqum à l’alliance d’E nunna. [A.82] serait donc de la seconde moitié de l’année de Kahat, soit ZL 1, après le retour de l’expédition de Kahat. Même si la date du document n’est pas indiquée de façon explicite, on voit que l'on attend le « retour du roi » (l. 26). On parle effectivement dans ce document d’une expédition militaire (l.7) pour laquelle il y avait eu de grandes réquisitions. Le même document rapporte en outre les railleries d’un habitant de Mi lân à l’encontre d’un Mariote, lesquelles révèlent par la même occasion l'impopularité du roi de Mari chez les Mâr yamîna et vont jusqu’à des menaces explicites (l. 26-27). Les gens de Mi lân étaient donc, dès ce moment là, décidés à rompre. Or, la ville paraît avoir été de composition complexe, avec des citadins plutôt favorables au roi de Mari, auxquels s'étaient surimposés les clans bédouins mâr yamîna100 . Une partie de la population renseignait les autorités royales sur les menées de l’autre. On connaît d’autres cas où des citadins sont obligés de tolérer un groupe humain conquérant avec lequel nulle symbiose ne semble possible101. 284 [A.82] Itûr-asdû au roi. Rapport de Yanibum d’Iddisûm sur le mauvais état d’esprit des gens de Mi lân.

      2 4 6 8 10 12 14 Tr.

      a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ka-a- ma ìrI ia-an-í-bu-um lú id-di-sí-imki il-li-kam-ma ki-a-am iq-bé-e-em um-ma-a-mi i-nu-ma be-lí a-na ha-ar-ra-nim ù°-ú-ú {A} sag-ìr a-na gú-un wa-ar-ki be-lí-ia i-ba-tu-ma wa-ar-ki sag-ìr-ia a-di ter-qaki al-li-ik-ma sag-ìr ú-te-er-ra-am i-na ta-ia-arti lú a-a-tu 1 lú mi-i-la-anki i-mu-ur-u-ma ki-a-am iq-bi-um

      100

      Cf. J.-M. Durand, « Un centre benjaminite aux portes de Mari… », dans DUB.SAR E.DUB.BA.A, Studies Presented in Honour of Veysel Donbaz, p. 109 sq. 101

      Cf., à propos d’Ékallatum, les considérations de L. Marti, FM VI, p. 543.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 16 Rev. 20 22 24 26 28 30 Tr. 32 34 36 C. i 38 ii 40

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      [u]m-ma-a-mi mi-nu-um an-ni-it-ta-an a gú-un i-na la-a i-di-im na-e-tu-nu-ma ta-al-la-ka ù ia-an-í-bu-um ki-a-am i-pu-ul-u um-ma-a-mi gú-un a be-lí-ia a-na-ku ú-ul a-i-ma an-nu-um i-na-a-i a-na-ku-ma a-na-{A }-a-i at-ta li-ib-ba-ka am-mi-nim ma-ru-u an-ni-tam ia-an-í-bu-um i-pu-ul-u ù lú mi-i-la-na-yu-umki ki-{X X}-a-am iq-bé-um um-ma-a-mi i-na ta-ia-ar-ti be-lí-ku-nu nu-na-wa-ra-ku-nu-i-im an-ni-tam lú mi-i-la-na-yu-um° id-bu-ub-um ù {X} ia-an-í-bu-um an-né-tim id-bu-ba-am i-na-an-na a-nu-um-ma [Ii]a-[a]n-í-ba-am wa-bi-il up-pí-ia an-ni-/im a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u be-lí e-ma-am ga-am-ra-am li-i-ta-al-u a-ni-tam be-lí ri-ih-a-am a lugal-me-e -ni a dumu-me-e ia-mi-naki la i-ha-a-ix( E) ù be-lí i-na ta-ia-ar-ti-{X}-u i-na ha-ar-ra-nim pa-ga-ar-u li-i-ú-ur a-lum ma-riki a-lim

      Bibliographie : les l. 35-41 sont citées par G. Dossin dans les Mélanges R. Dussaud 2, p. 988. Le texte lui-même (l. 1-34) a été publié par A. Finet dans les Mélanges De Meyer, 1994, p. 237-242 ; cf. ARMT XXVI/1, p. 184. Note : cette lettre, remplie, sinon de fautes, au moins de repentirs et de particularismes (ki’âm résomptif, l. 25, gú-un au lieu de gú , l. 8. Après la l. 11, poursuite au style indirect), peut avoir été écrite par Itûr-asdû lui même. Le caractère confidentiel du document qui relatait l’esprit de rébellion qui se répandait n'incitait pas à en confier le soin à un tiers qui pouvait ébruiter une affaire aussi sensible. Le rapport tombait dès lors dans le domaine « secret-défense ». 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Yanibum, homme d’Iddisûma), m’est arrivé et il m’a dit ceci : « 7 Lorsque mon seigneur est parti en expédition, 9 on a saisi 8 un esclave à moi pour être porteur à la suite de mon seigneur ; 11 je suis allé 10 à la poursuite de mon esclave jusqu’à Terqa 11 et je l’ai ramené. 12 Lors du retour de 13 cet homme, un individu de Mi lân, 14 l’ayant vu, 15 lui a dit : « 16 Que veut dire ceci, que 18 vous serviez 17 de porteurs, gratisb) ? » 20 Alors, Yanibum lui a fait cette réponse : « 21 Le portage de mon seigneur 22 ce n’est pas moi qui l'ai accompli ; c’était lui ! 23 Et si c’est moi, en quoi cela t'importe-t-ilc) ? » 24 Voilà ce qu’il lui a répondu. 25 Alors, l’homme de Mi lân lui a dit ceci : « 26 Lors du retour de votre seigneur, 27 nous vous ferons d) votre fête ! » 28 Voilà ce que lui a dit l’homme de Mi lân. 29 Ainsi Yanibum 30 m’a dit 29 cela. 30 Maintenant, voilà que 32 j’expédie chez mon seigneur 31 Yanibum, porteur de cette tablette de moi. 33 Mon seigneur 34 peut lui demander 33 tous détails. 35 Autre chose : mon seigneur 37 ne doit pas redoutere) 35 le palabre 36 des rois des Mâr yamîna, mais mon seigneur, 38 lors de son retour, 40 doit prendre 39 garde à lui sur la route. 41 La ville de Mari, ça va. 5

      a) Le nom de ce bourg des environs de Mari est écrit de différentes façons qui découlent d'un original qui était Iddin-Sîn, c'est-à-dire que le toponyme était un NP de personne, au nom akkadien.

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      b) Ina lâ idim à Mari signifie normalement « sans savoir », « à l’étourdie ». A. Finet traduit : « Comment se fait-il que vous portiez un bagage-biltum et que sans raison vous partiez ? » Cette traduction m'est opaque. Il s’agit en fait du terme idum « gages, salaire ». Pour un sing. i-di-im ou i-da-am du terme, cf. CAD I, s.v. c) En m. à m. « Toi, ton cœur pourquoi est-il amer ? » Mais l’idée de chagriner (libbum + maru) ne convient pas ici. Il doit donc s’agir de langage parlé (cf. la prononciation l. 23 ammînim pour ana mînim) et d’un emploi argotique, sans que le niveau de l'expression puisse être précisé. d) A. Finet a compris : « Au retour de votre seigneur, nous ferons la lumière en ce qui vous concerne. » Cette compréhension m'est également opaque. Nuwwurum a le sens de « célébrer une fête » ; l'emploi doit être également argotique et l'usage courant du français (« faire sa fête à quelqu'un ») le rend assez bien, quoiqu’on doive tenir compte ici d'un jeu sur les mots, puisque le retour du roi devrait effectivement entraîner des festivités. e) Il existe un verbe hâum, d’emplois difficiles à répertorier. Ce verbe désigne la maladie d’un bœuf dans ARM XIV 6 : 26 et signifie « avoir des vomissements » (LAPO 18, p. 116, 118). Un autre (?) verbe signifie contextuellement « ne pas être content ». Il correspond à hâum I (â) que AHw p. 334b traduit par « se faire du souci » (sich sorgen), et équivaut au mhe . À côté, il en existe un autre à poser comme î, donc haûm, sans doute l’équivalent de l’arabe aiya « craindre, redouter ». C’est à lui que correspond le verbe haû VI de AHw, p. 335b, « sich verdunkeln » ; cf. DBP s.v. birâtum lâ i-ha-a-a = « Il ne faut pas que les forteresses prennent peur ! » (A.4426 : 9), mais la forme de A.4426 peut venir de hâum, « ne pas être content/inquiet ». i-ha-a-e peut être expliqué à partir d’un ihai’am. Le verbe que cite G Dossin, op. cit., est en fait hesûm « taire une affaire », qui ne convient ici ni pour la forme, ni pour le sens.

      D’autres rapports sur les signes de la rébellion arrivaient chez Zimrî-Lîm. Un des plus curieux est [A.3569]102 qui émane d’un certain Yasmah-Dagan qui n'a laissé que deux lettres du tout début du règne103, mais qui peut être le dignitaire mentionné après Kibrî-Dagan dans ARM VIII 65 : 13, ou celui qui appose son sceau sur ARM VIII 34. Il faut tenir également compte des menaces sur la Forteresse de Yahdun-Lîm dont il a déjà été fait état. Les prodromes de la guerre devinrent ainsi de plus en plus manifestes. Les signaux de feux des Mâr yamîna dont parle la lettre bien connue de Bannum ne faisaient que communiquer des messages et n'avaient pas encore été sentis comme une menace. Un fait est important. Au début de la rébellion, on trouve à plusieurs reprises l'expression âlam epêum généralement comprise comme « fonder une ville » à la suite de CAD, alors que les contextes historiques amènent clairement à la comprendre comme « fortifier une ville ». À un moment de ce début de règne, on voit la plupart des bourgs du royaume se doter effectivement de murailles. Les petits établissements mâr yamîna se mettaient alors en état de résister à un coup de main des forces royales104. Seules Samânum et Mi lân semblent en effet avoir été des lieux mâr yamîna avec des murailles dignes de ce nom ; les autres cherchaient plutôt à se « barricader » chez elles, en bouchant des rues sur l’extérieur, pour n’avoir de la sorte plus qu’un accès réservé et facile à défendre105. Les lettres d’Itûr-asdû, lorsqu’il est en fonction à Mari, ne mentionnent pas ces fortifications des Mâr yamîna. Il est possible que le roi ait été présent dans sa capitale lorsque ces nouvelles alarmantes ont été envoyées. Il n’y avait pas lieu dès lors de rédiger de lettres pour lui à ce propos. On trouve, en revanche, sous le calame d’Itûr-asdû, la réalisation de travaux de fortifications à Appân, à proximité de Mari, une ville dont l’importance est soulignée par le fait qu’elle possédait un temple à Addu, dieu cher aux Mâr sim’al, au service duquel Zimrî-Lîm voua une de ses « filles ». La fortification d’Appân servait à la défense de la capitale contre Mi lân qui possédait le nord-ouest de l’alvéole (cf. ARMT XXVI 151 : 17-18). Le

      102 Cf. ARMT XXXIV, où il est rangé avec les documents de Yaggih-Addu. Yasmah-Addu y renseigne le roi de Mari sur le fait que Qarnî-Lîm a envoyé aux Mâr yamîna un message plaidant la cause d'E nunna ; il y énumère les aides potentiels de Mi lân : Qana (donc antérieur à la mort d’I hî-Addu), Imâr et Adûna-Addu (du Zalmaqum). 103

      ARM V 31 (= LAPO 18 1065) parle d’un scribe indélicat de ce nom.

      104

      On voit les mêmes mesures être prises par les villes d’obédience royale. Cela indique qu’à l’époque du RHM les villes des bords de l'Euphrate étaient des lieux ouverts — à l’exception de quelques grandes places comme Mari, Terqa, Saggâratum et uprum. 105

      Pour cette technique, cf. p. 292, la lettre [A.4192+] : 16-20 « Je me suis rendu compte qu’il n’y avait plus l’obstacle lui-même (-ma) que représentait le mur ; pour (parer à) toute éventualité— ce qu’à Dieu ne plaise ! — je bouche entre les maisons : (cela fait) un mur fiable (= bi-ri-it é-há ú-ka-a-ar-ma, bàdki a ki-na-tim).

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      565

      centre politique mâr yamîna était étroitement surveillé par uprum, grande forteresse de tout temps, sise juste en face d’elle sur un éperon rocheux dominant l’Euphrate, ce qui lui avait sans doute donné sa dénomination d’« Ongle » (umbinki, uprumki). Sans doute, à un moment de l’histoire de l'alvéole de Mari, le couple Mi lân-uprum avait-il dû servir à fermer le cours de l’Euphrate à l’amont de Mari contre Terqa, selon ce que nous constatons pour l'époque byzantine à Halabiya et Zelebiya, bien plus en amont, qui fermaient l’Euphrate à la passe de Hanuqah, mais contre une menace venant du Sud. La ville fut donc pourvue de murailles solides ([A.254], [A.2651]) et de deux fossés, le premier défendant la ville et le temple. Il a fallu 413 travailleurs pour s’occuper de ses fossés : comme il semble qu’un homme soit capable de faire 1 500 à 2 000 briques par jour106, la terre rejetée par le creusement des fossés représentait potentiellement entre 1.800.000 et 2.400.000 briques pour les murailles. Se trouvait dans cette ville la demeure d’un certain Yarîm-Addu. Il s’agissait sans doute, vu la population locale, d’un mâr sim’al et d’un des bourgeois les plus considérables. Un texte d’Idin-Annu107 , ajouté au dossier, montre l’importance d’Itûr-asdû dans l’opération : c’est lui qui envoyait les travailleurs nécessaires pour terminer les opérations. La proximité d’Appân et de la capitale explique que ce fût Itûr-asdû qui décidait et, semble-t-il, s’arrogeait tout le bénéfice des travaux. En même temps, il faut tenir compte des présages concernant la province de Mari. [A.756] annonce au roi les présages pris par Yami-hadnû, un devin108. Les présages étaient inquiétants pour ce qui concernait les ergastules. La situation chronologique du texte n’est pas indiquée. Comme les Mar yamîna après leur défaite ont été mis en grand nombre dans les ateliers, privés de leur statut de personnes libres, le texte pourrait dater d'après les opérations militaires, avant que l’accord final ne fasse sortir de ces ateliers ceux qui y avaient été emprisonnés. Mais à cette époque Itûr-asdû ne semble plus avoir été à Mari, et la documentation qui concerne la capitale était désormais le fait de Bahdi-Lîm. La population des ergastules, de toute façon, devait comporter une majorité de prisonniers, lesquels pouvaient estimer qu’ils n’avaient plus rien à perdre. Ces bâtiments fonctionnaient alors de toute évidence comme des prisons. 285 [A.3267] Idin-Annu au roi. Tout est prêt pour faire « en trois jours » les deux fossés qui doivent défendre le cœur d’Appân (où se trouve le temple) et ses faubourgs, si le terrain n’est pas trop difficile et si Itûr-asdû donne les ordres pour que les travailleurs viennent.

      2 4 6 8 10 12

      a-na be-lí- [ia] qíbí[ma] um-ma i-din-an-n[u] ìrka-a- ma a-u[m ]i-pí-ir ap-pa-anki a be-lí ú-wa-i-ra/-an-ni [um-ma i]-pí-ir pí-ir-si na-am-ra-a-am [la-a i-u wa]-a[r-k]i up-pí-ia an-né-em u 3-kam i-ip-ru-um u-ú u-ta-al-la-am [h]i-ri-it ki-di-ti-im a-na hi-ri-it [l]i-ib-bi a-limki a egir é dIM [u]-ta-haar 106

      Chiffres tirés de l’ouvrage de M. Sauvage, La Brique et sa mise en œuvre en Mésopotamie, I, p. 68.

      107

      Cet Idin-Addu, qui laisse entendre un son bien différent, peut être celui du « district (halum) d’Idin-Annu » au moment de la grande rébellion, vraisemblablement un devin lui aussi. Il devait sans doute assurer la « couverture ominale » de l’opération de fortification que dirigeait le fonctionnaire mariote, même s’il existe la possibilité qu’Itûrasdû ait été, lui-même, un devin. Devenus administrateurs, les devins faisaient prendre les sorts par d’autres comme le montrent l’exemple d’Asqûdum et celui d’Itûr-asdû. 108

      Il peut s'agir du devin mentionné par les « Présages contre Zimrî-Lîm », cf. ARMT XXVI/1, p. 336.

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      Jean-Marie DURAND

      [ki]-ma ta-i-ma-at be-l[í]-ia Tr. 14 [a] be-lí ú-wa-i-ra-an-ni i-ip-ru-um u-ú Rev. 16 du-un-nu-un tu-uk-ku-ul i-na e-pí-i-tim a i-túr-ás-du 18 i-si-kam 4 me +60+13 lú-me-e e-pí-i-tum u[p-pí] e-pí-i-tim a-li-a-am 20 [a]-[ú-r]a-am-ma a-na e-er i-[túr-ás-d]u ú-a-bi-l[am] 22 a-na pí-i up-pí i-si-ik-{X}-tim a i-túr-ás-du ìr be-lí-ia i-si-kam I i-túr-ás-du lú a-ba-am 24 li-ìs-ni-qa-né-i-im 26 e-bu-rum u-um i-ip-ri-im la i-ri-qú a-na i-ip-ri-im 28 a-ah-ni ú-ul na-di 1

      Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Idin-Annu, ton serviteur. Au sujet du travail à Appân, objet d’une mission de la part de mon seigneur, 6 si le travail concernant le percementa) 7 ne rencontre pas un terrain difficileb), 8 dans les trois jours 7 après cette tablette de moi, 8 ce travail 9 sera terminé. 10 Le fossé de la partie extérieure 12 viendra aprèsc) 10 celui de 11 la ville intérieure, qui est derrière le temple d’Addu. 13 Selon les plans de mon seigneur 14 qu’il m’a donnés comme instructions, 15 ce travail 16 (sera) très fort, offrant toutes garanties. 17 Dans l’équipe de travail qu’Itûr-asdû 10 m’a attribuée, (cela fait) une équipe de travail de 473 20 hommes. J’ai rédigé 19 la tablette (concernant) la force de travail bourg par bourg. 21 Je l’ai fait apporter chez Itûr-asdûd) . 22 Selon les termes de la tablette d’attribution 23 qu’Itûr-asdû, serviteur de mon seigneur, m’a attri24 buée, Itûr-asdû doit nous transférere) 24 les gens. 26 La moisson (représente) un jour de travail. 27 Ils ne doivent pas être inactifse). 28 Nous ne chômons 27 pas pour le travail. 5

      a) Pirsum est un exemple du terme étudié par D. Charpin dans « Données nouvelles sur la poliorcétique », MARI 7, p. 201, n. aux l. 27 et 29. CAD P, p. 411b semble rattacher cet emploi à pirsu A = « détachement de soldats, division » et ne connaît, en fait, qu’un piru (cf. ibid., p. 414a). Cette nouvelle occurrence montre qu’il convient de poser un terme pirsum « percement », non *pirum. Dans ce genre de travail ce n’est pas haâum qui peut être employé. b) Namraum « difficulté » fait allusion à la nature du terrain ; cf. d’ailleurs les exemples réunis par CAD N/1, p. 236a-b, pour eqel namrai. c) III/2, à valeur passive, de uhhurum « être en retard ». On doit donc faire le fossé intérieur qui défendra la ville elle-même (définie comme « derrière » le temple) avant celui qui défendra le kidîtum, terme qui désigne la région à l’extérieur de la ville (cf. CAD K, p. 345a). d) Le circuit décisionnel est net : Itûr-asdû octroie pour le travail donné un certain nombre de travailleurs pour lesquels le responsable local, passant de bourg en bourg, doit établir par écrit un rôle qui représente la liste nominale. Cette dernière, une fois qu'elle est rédigée, est expédiée à l’autorité centrale, seule habilitée apparemment à opérer les contraintes de réquisitions. e) Pour sanâqum + dat. « transférer », cf. CAD S p. 141a. f) Le texte signifie que les travailleurs réquisitionnés n’ont droit qu’à un seul jour pour faire leur moisson.

      286 [A.2651] Itûr-asdû au roi. Le mur d’Appân est en cours de finition mais il manque des vantaux pour la grand porte. Itûr-asdû n’ose pas se servir sur ceux qui existent déjà, sans l’autorisation du roi.

      2

      a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 4 6 8 Rev. 10 12 14 16

      567

      ìrka-a- ma i-pí-ir du-ri-im a ap-pa-anki a-ka-a-a-ar ù gi -ig-há a-na pa-ni ká a-limki a-ka-nim [i]-na qa-ti-ia ú-ul i-ba-a-e-e [i-na-a]n-na um-ma be-lí i-[a]-pa-ra-a[m] [gi -i]g-há i-na é [i]a-ri-im-[dI]M ù i-na é-há lú m[u-ú-k]e-[nim] gi -ig-há dam-qa-tim lu-mu-[ur]-ma lu-us-sú-uh ù i-na pa-ni ká a-limki lu--ki-in a-di be-lí i-a-ap-pa-ra-am 1 gi -ig ba-l[um] be-lí-ia i-na é lú mu-ú-ke-nim ú-ul a-na-as-sà-ah

      Note : cette tablette comporte la double numérotation A.1423 & A.2651. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Je suis en train d’agencer 5 le travail de la muraille d’Appân. 6 Or, 8 je n’ai pas à ma disposition 6 de vantaux 7 à placer sur le devant de la porte de la ville. 9 Maintenant, si mon seigneur m'envoie un message(r), 10 (il y a) des vantaux dans la demeure de Yarîm-Addu 11 et dans des maisons de particuliersa). 13 Après examen, 14 je voudrais prélever 12 des vantaux 13 qui soient bien. 14 Alors, 15 je pourrai (les) placer sur le devant de la porte de la ville. 15 Tant que mon seigneur (ne) m’aura (pas) envoyé de message(r)b), 16 un (seul) vantail, sans la c) permission de mon seigneur, 17 je ne (le) prélèverai pas de la demeure d’un particulier . 6

      a) Une distinction est faite entre Yarîm-Addu et les simples habitants (mukênum). b) Il s'agit clairement d'avoir un ordre explicite du roi, mais le verbe apârum ne signifie pas encore « écrire », comme à des époques ou dans des langues plus récentes. c) La ville d'Appân n'avait apparemment qu'une seule porte, qui n’est pas appelée abullum, malgré ARMT XXVI 151 : 17. Quelle solidité pouvait-elle avoir avec des vantaux en provenance de maisons privées ? Ce bâbum devait au moins permettre aux chariots d’entrer, ce qui suppose que les grandes maisons privées d’Appân comportaient une cour intérieure et une porte assez large. Elles se trouvaient sans doute sur l'axe principal de circulation. Il s’agissait peut-être d’installer en hâte plus un point de contrôle des entrées qu’une installation défensive.

      287 [A.254] Itûr-asdû au roi. Le mur d’Appân est presque prêt. Le roi peut venir en faire l’inspection. a-na be-lí- i[a] 2 qíbíma um-ma i-túr-ás-du-ma° 4 ìrka-a- ma wa-ar-ka-at up-pí-ia an-ni-im 6 [u] 2-kam i-na-as-sà-a[h]-ma [i-p]í-ir du-ri-im a ap-pa-anki Tr. 8 a-ka-a-a-ar um-ma li-ib-bi [be-lí-ia] Rev. 10 ur-ra-am e-ra-a[m] li-il-ta-t[a]-ak-[ma] 12 i-pí-ir d[u-ri-im ]a-a-[ti] li-mu-ur 14 ki-ma i-ip-ru-um u-ú a dan-na-tim be-lí li-mu-ur

      568

      Jean-Marie DURAND 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Dans le courant du lendemain de l’envoi de cette tablette de moi, 8 j’aurai agencé 7 le travail du mur d’Appân, 9 S’il plaît à mon seigneur, 11 qu’il éprouve sous tous ses aspects 10 à un moment ou un autre et 13 constate 12 le travail de ce mur. 15 Mon seigneur doit constater 14 que ce travail possède 15 de la solidité. 2-3

      Note : cette lettre, comme [A.2651], montre qu’Itûr-asdû s'était déplacé à Appân pour superviser les travaux.

      Le texte [A.3068] est rangé dans ce dossier uniquement parce qu’il mentionne également Appân, mais l’état du document ne permet guère d’en dire plus. 288 [A.3068] Itûr-asdû au roi. Au sujet de Bédouins. (…) enrôlés canton par canton, ils font halte (?) à Mari.

      2 4 6

      a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du-ú ìr-ka-a-ma a-um pí-hi-ir dumu-me-e s[i?-im-a-al] a be-lí ú-wa-i-r[a-an-ni] [x li]-mi? pí-ih-r[u-um u-ú] (Moitié de la tablette perdue.)

      [o] x [……… 2’ ù ? ap-[pa]-an[ki………] 2' ma-ha-ar [……] a-li-a-a[m 4' i-tu a- à aq-b[u-…] [il]-li-kam-ma ú-[ba-am] Tr. 6' a-lum ma-riki é-kál-lum ù é-it° dingir-me-e a-lim C. i 8’ a-né-em u-ma-[am] a up-pí a-na [e-er] 10’ be-lí-ia u[-ta-bi-lam] ii

      (…)

      1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet de la troupe des Mâr sim’al, 6 objet des instructions que mon seigneur m’a données, 7 cette troupe représente x milliers (d’individus). 5

      (…) a)

      … 1’et Appân… 3’ par devant … , 4’ ville par ville …, 5’ depuis le terrain de (H)aqbu-… 6’ sont venus s'installer. 7’ La ville de Mari, le Palais 8’ et le temple, ça va. 9’ Le lendemain du jour 10’ où 11’ je fais porter 10’ cette tablette de moi chez 11’ mon seigneur, 12’ ces gens arriveront chez lui. a) Les corps d’armées étaient constitués par lieux de conscription.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      569

      11.9.2 La révolte Plusieurs textes montrent au moment de la révolte, suite aux fortifications dont s’étaient dotées les villes, le regroupement de la population dans des lieux particulièrement forts. Cela doit s’interprêter comme la volonté de ne pas disperser les forces et d’empêcher le butin. Dans [A.3070], il est question du repli des civils dans la forteresse (dannatum, l. 2’). « Mari » (l. 5) permet d’attribuer la tablette à la période mariote d’Itûr-asdû et de ne pas voir dans dannatum une allusion à Saggâratum ou à la Forteresse de Yahdun-Lîm. La mention des baa’âtum, l. 3’, montre dès lors qu’Itûr-asdû avait des forces armées à sa disposition. Peu de documents traitent des troubles autour de la capitale, les rapports ayant été faits oralement, vraisemblablement, au roi. Il s’agirait d’un document du tout début de la révolte. 289 [A.3070] Itûr-asdû au roi. Les Bédouins qui … à Mari (…) La population a été rassemblée dans la forteresse et les commandos renforcés.

      2 4 6

      [a-na] be-lí- [ia] [qí]bíma [um-ma] i-túr-ás-du [ìr-ka]-a-ma [lú-me-e h]a-nu-ú a i-na ma-riki [o o o ip]-pa-al-si-hu (1/2 manque.)

      Rev. 2’ 4’

      [ù i-t]u ka-ap-ra-[ti-u-nu] [ú-e]-í a-na dan-na-tim [ak-m]i-ìs-ma ù ba-a-‘a4-ti-ia [ú-da-a]n-na-na-am-ma [it-ti] a-bi-ia a-ka-a-a-dam (1/2 manque.) 1 5

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Les Bédouins qui à Mari 6 sont installés, … (…)

      2’

      Je (les) ai fait sortir 1’ de leurs villages. 3’ Je (les) ai réuni(s) 2’ dans la forteresse et, 3’ en outre, mes commandos, 4’ je vais (les) renforcer et 5’ j’arriverai avec mes gens. (…) 11.10 En poste à Saggâratum Les textes qui montrent la fin de la révolte doivent être attribués à l’époque où Itûr-asdû n’est plus à Mari mais installé à Saggâratum. Cette dernière représentait une des forteresses majeures du royaume et gardait le confluent du Habur et de l'Euphrate. Elle a pu être confiée à quelqu'un que le roi considérait comme militairement très capable, ce qui n'apparaît cependant pas dans la correspondance depuis Mari. Après la révolte des Mâr yamîna, et la mort de Sumu-hadû qui arrive à peu près vers la fin des troubles, l’homme fort aux côtés du roi est désormais Sammêtar. [A.2377] a montré que les rapports entre les deux fonctionnaires royaux n’étaient pas excellents. Itûr-asdû n’apparaît que fort peu comme gouverneur de Saggâratum et, après son affectation à Mari, a surtout été chargé d'une mission diplomatique à Babylone. Il ne réapparaît vraiment dans la documentation qu’après la disparition de Sammêtar, quand il est question de lui confier une province frontière sur le Moyen-Habur, puis la charge bien plus considérable

      570

      Jean-Marie DURAND

      du commandement de Nahur, ce pour quoi il eut, semble-t-il, des concurrents109. Il est donc possible qu’Itûrasdû ait connu une période de disgrâce et que Sammêtar n’y ait pas été étranger. 11.10.1 La remise en état de la région La correspondance de Yaqqim-Addu dit explicitement qu’Itûr-asdû a bien succédé à Sumhu-rabi et des lettres de Sumu-hadû comme [M.7191] (p. 287) et [A.4192+] (p. 292), d’ailleurs, attestent sa présence à ce poste. De fait, le texte [A.4357] a été envoyé par quelqu'un qui est à la tête à la fois de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il indique donc que la réunion de ces deux régions sous une même administration était effective à ce moment là. On voit que la région devait être remise en état après des troubles qui ne peuvent faire référence qu’à la rébellion mâr yamîna : les champs n’étaient plus alimentés en eau parce que les rigoles d'alimentation étaient bouchées (samkâ). Les territoires étaient en jachère. L'intérêt du texte est aussi de montrer que le gouverneur d'une région n'avait nulle autorité sur les troupes qui s’y trouvaient si elles n’avaient pas été affectées expressément au district. Il lui fallait solliciter un ordre du roi au chef militaire, en l'occurrence Yasîm-Dagan, pour disposer de travailleurs dont il ne pouvait trouver, semble-t-il, l'équivalent ni parmi la population locale ni chez ceux qui étaient au service du Palais. 290 [A.4357] Itûr-asdû au roi. Les Fermiers de la Forteresse de Yahdun-Lîm n'ont pas reçu une grande superficie agricole (l. 5). Le terroir de la Forteresse n'est pas un champ à loyer (l. 8). Avant les troubles, les entrepreneurs agricoles s'occupaient de Sanipatum, Bît Damîrim et Bît Yasîtim (l. 11-13). Tout cela est en jachère et les rigoles d'alimentation bouchées doivent être remises en état. Itûr-asdû aimerait profiter de la main d'œuvre que représentent les soldats cantonnés dans la région. Faute de quoi, il ne peut répondre de la Forteresse de Yahdun-Lîm. [a-na] be-lí[ia qí-bí-ma] [um-m]a i-itúr-á[s-du] [ìr]ka-a [ma] 4 [lú-engar]-me-e bàdki ia-ah-du-l[i-im] [a- à] ra-ba-am ú-ul a-ab-tu 6 [wa-a]r-ka-at a- à [bà]dki ia-ah-du-li-im 8 [ip]-pa-ri-ìs ú-ul a- à gú [pa-na]-nu-um la-ma nu-ku-ra-tim 10 [lú-enga]r-me-e a bàdki ia-ah-du-un-li-im [a- ]à sà-ni-pa-timki 12 [a- à] é da-mi-ri-imki ù a- à é ia-si-timki 14 i-ir-re-u Tr. i-na-an-na i-tu nu-ku-ra-tim 16 a- [à ]u-ú na-di íd a-ta-ap-pa-tu-u Rev. 18 sà-am-ka ù um-ma a- à a-a-[tu] a-at-tam an-ni-tam la e-ri-i 20 mi-im-ma i-da-a é-kál bàdki ia-ah-du-li-im

      2

      109

      Pour cette question cf. D. Charpin & J.-M. Durand, « Prétendants au trône dans le Proche-Orient amorrite », dans J. G. Dercksen (éd.), Assyria and Beyond. Studies Presented to Mogens Trolle Larsen, PIHANS 100, Leyde, 2004, p. 99-115.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 22 24 26 28 30 Tr. 32

      571

      ú-ul ir-ra-ak-ka-sa [a]p-pí-i pí-ih-rumme-e an-ni-ki-a-am [wa]-a-b[u] be-lí up-pa-am [a]-na ia-si-im-dda-gan [li-]a-bi-lam-ma tap-pu-ti [l]i-li-k[u-ni]m-ma °a-ta-ap-pa-tim lu-uh-ú-[u] a- à u-a-tu lu-[u]m-ku-ur ù lu-r[i]-[i] ù i-de é-kál [bàdki ia-ah-du-li-im] lu-ur-[k]u-ús pa-[na-nu-um] é-kál bàdki ia-[ah-du-li-im] [i-da-u] ir-[ra-ak-sa] 1

      Dis à mon seigneur: ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Les « Fermiers » (ikkârum) de la Forteresse de Yahdun-Lîm 5 ne se trouvent pas avoir reçu un grand terroir. 6 Une enquête sur le terroir de 7 la Forteresse de Yahdun-Lîm 8 a été faite. 8 Ce n'est pas un champ à loyer. 9 Précédemment, avant les troublesa), 10 les « Fermiers » de la Forteresse de Yahdun-Lîm 14 mettaient en culture 11 le territoire de Sanipatum, 12 celui de Bît Dâmirim 13 et celui de Bît Yasîtim. 15 En fait, depuis les troublesa), 16 ce territoir est en jachère. 17 Les rigoles du canal 18 sont bouchées. Or, si 19 je ne mets pas en culture cette année 18 ce territoire, 20 les assises du Palais 21 de la Forteresse de Yahdun-Lîm 22 ne seront plus assurées. 23 Puisque des conscrits y 24 sont, mon seigneur 26 doit faire porter 24 une tablette 25 à Yasîm-Dagan 27 pour qu'ils me viennent 26 en aide 27 et 28 que je puisse recreuser 27les rigoles. 28 Je dois assurer l'irrigation de ce territoire. 29 D’une part, je pourrai le mettre en culture, 30 d’autre part, 31 je pourrai assurer 30 les assises du Palais de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 31 Auparavant, 32 du Palais de la Forteresse de Yahdun-Lîm 33 les assisses étaient assurées. 4

      a) Pour l’emploi de nukurtum, par rapport aux troubles de la révolte mâr yamîna, cf. p. 435, n. 90.

      11.10.2 Les offres de paix des Mâr Yamîna Yasîm-Mahar est catalogué par ARM XVI/1, p. 230 comme « un chargé de mission auprès des Mâr yamîna », d’après la lettre ARM III 50 où le gouverneur de Terqa indiquait que Yasîm-Mahar sur sa route vers Mari venait de passer par chez lui. En fait [A.1242] montre que son passage par Saggâratum et Terqa n’était qu’une étape. Le texte de ARM III est moins explicite que [A.1242] qui donne les noms des messagers. Dans l’attente de la réponse du roi, le gouverneur de Saggâratum avait gardé les deux esclaves et les trois bœufs que les Mâr yamîna amenaient (en présent). Le gouverneur de Terqa n’en parle donc pas. Yasîm-Mahar est à la tête de représentants de trois des ethnies qui possédaient des terres dans le royaume. On remarque en effet l’absence des Rabbéens. Il apporte une nouvelle de joie (l. 5) qui ne peut être que celle de la cessation des troubles, ce qui est explicitement dit dans ARM III 50 (« ils sont arrivés avec Yasîm-Mahar pour faire la paix »). En fait, la mission de Yasîm-Mahar était plus précise et devait être détaillée dans les 6 lignes qui manquent. Bien plus qu’un « chargé de mission auprès des Benjaminites », Yasîm-Mahar devait être un mâr yamîna lui-même vraisemblablement et de même haut rang, capable d’aller négocier l’armistice et de prendre la tête des représentants des tribus. Le texte dit bien « serviteur de mon seigneur » (l. 3), mais l. 8, on attendrait « notre seigneur » s’il s’agissait d’un Mariote. Yasîm-Mahar devait donc être un partisan du roi de Mari parmi les Mâr yamîna comme l’indiquerait la l. 3. Les Mâr yamîna avaient dû se mettre d’accord pour trouver un roi pour une ville mâr yamîna dont Yasîm-Mahar devait assurer la transmission. S’il s’agit d’un moment contemporain de ARM XXVIII 32, il agirait pour le compte de Yaggih-Addu et la ville serait Mi lân.

      572

      Jean-Marie DURAND 291 [A.1242]

      Itûr-asdû au roi. Il annonce l’arrivée d’une ambassade de plusieurs clans, sous la direction de Yasîm-Mahar, ce qui signifie que les Bédouins renonçaient à la guerre. Ils amènent (en présent) deux esclaves et des bœufs. (…) Nomination d’un prince. Itûr-asdû garde bêtes et esclaves en attendant.

      2 4 6 8 10 12 14

      a-na be-lí-ia [qí-bí-ma] um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma I ia-si-im-ma-ha-ar ìr a be-lí-ia i-tu e-le-nu-um ik-u-dam ù e-mu-um a ub-la-am a ha-di-im um-ma-a-mi ma-tam ka-la-a ù lugal-me-e a dumu-me-e ia-mi-na ka-la-u-nu a-na be-lí-ka ú-ka-an-ni-a-am it-ti ia-si-im-ma-ha-ar 3° d[umu-me-e i-ip-r]i-im° a [lu]gal-me-e a dumu-me-e ia-mi-in I i-hi-e-ba-am° lú up-ra-p[í-yuki] I qú-u-á-an l[ú i]a-a[h]-r[u-ru-umki] I ha-ab-du-e-[tár lú am-na-anki] [ù ] 2 sag-ìr-m[e-e ] ù 3 [gu-há it-ti-u-nu ir-du-nim]110 (2 +Tr. 2 +Rev. 2 l.)

      2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ 14’

      […………] x x [……… [an-ni-tam aq-bi]-um-ma [ki-a-am iq-bé-em] [um-ma u-ma] lú-m[e-e …… ki-a-am iq-bu-nim] [um-ma-mi a]-na e-e[r] x-[……] […… at-l]a-ak ù? gi -gu-za [be-el-ni li-di]-na-akkum ki [um-ma a ur]u be-el-ni gi -gu-za […… ik-l]a-ak-kum [ù a-a]l-u-ma tu-ka-al [an-ni-tam] ia-si-im-ma-ha-a[r i]d-bu-ba-am-ma [a-na ]e-er be-l[í-i]a a-pu-ra-am ù gu-há ù sag-ìr° []a ir-du-nim ma-ah-ri-ia-m[a] a[k-l]a a-di be-lí an-ni-tam la an-ni-tam i-a-ap-pa-ra-am (Blanc.)

      Bibliographie : les l. 3 à 8, sont citées par G.D. dans son article « Benjaminites dans les textes de Mari », Mélanges syriens offerts à M. R. Dussaud, 1939, p. 993 = Recueil G. Dossin, p. 162. 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Yasîm-Mahar, serviteur de mon seigneur, 4 m’est arrivé d’amont. 5 Or la nouvelle qu’il apportait (était nouvelle) de joie, 6 disant : « Le pays tout entier 7 et les rois des Mâr yamîna, eux tous, 8 je les ai soumis à ton seigneur. » 9 Avec Yasîm-Mahar, (il y avait) 3 messagers 10 des rois mâr yamîna, 11 I hêbam, l’uprapéen, 12 Quan, le yahruréen, 13 Habdu-E tar, l’amnanéena) ; 14 en outre, ils amenaient avec eux deux esclaves et trois bœufs… 3

      (Lacune de 6 lignes.) 1’

      110

      … 2’ Voilà ce que je lui ai dit. Il m’a dit :

      Pour cette restauration, cf. l. 12’.

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      573

      « 3’Les … m’ont dit, 4’ “Vers… 5’pars… ; 6’ que notre seigneur te donne 5le trône ; 7si notre seigneur 8’ … te refuse 7’ le trône de la ville, 9’alors, tu gouverneras sa ville.” » 10’ Voilà ce que m’a dit Yasîm-Mahar et 11’ j’envoie le message chez mon seigneur. 12’ Par ailleurs, les bœufs et les esclaves qu’ils amenaient, 13’ c’est par devers moi que je les ai gardés, jusqu’à ce que mon seigneur 14’ m’envoie un message dans un sens ou dans l’autre. a) Ces NP ont leurs ethniques restaurés d’après ARM III 50. Pour qú-u-á-an sa graphie permet de corriger l’interprétation de ARMT XVI/1, p. 172. Il s’agit d’un NP formé sur QN, non d’un élargissement en –ân de Qutûm. Il s’agit bien de i-hi-e-ba-am où AM est clair au lieu du AL attendu. Tel quel le NP est sans parallèle. Une écriture eba-am devrait renvoyer à un Yab(b)am. Faut-il corriger en e-ma !-am variante de ia-ma-am ?

      292 [A.3380] Itûr-asdû au roi. Liste de messagers des Mâr yamîna et (?) de gens qui demandent à revenir chez eux. (…) question de champs ( ?)

      2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22

      [a-n]a be-lí-ia [qí-bí-ma] um-ma i-túr-ás-du [ìr-ka-a-ma] a-[nu]-um-[m]a dumu-me-e i-ip-ri [dumu ia-mi-na] [a-na s]a-li-mi-im ù [ni-i i-lim] [il-l]i-ku-nim Iia-[……] I [……] [I] ia-a-pa-ah-li-im I I [ b]a-la-ta-an z[i-……] [Ii]a-an-ti-in-AN lú gal m[ar-tu-me-e ] [I dumu] mu-ti-ma-AN I ì-lí-[…] [I] ia-ta-ak-mu-um lú up-ra-pí-x lú ia-ri-hu-u [I] e-eh-ma ?-x [I] ha-mu-ra-bi Im[a-a]n-ba-lu-AN [lú] ia-ah-ru-ru-ú [12] dumu-me-e i-ip-ri Imu-ut-na-ri-[i]m [a-lik] pa-ni-u-nu a be-lí-ia 3° lú sa-ha-ri-iki 4 lú mu-ul-hi-timki 4 lú pí-i-im[ki] 4 lú zi-ni-ia-anki 2 lú a la-la-imki 1 lú da-mi-qí-imki [1]8 lú a a-na a-la-ni-u-nu a-na wa-[a-bi-im] [iq-bu-ni]m um-m[a u-nu-ma] (…)

      Rev.

      2’ 4’ 6’ 8’

      (…) [………] an-né-em i-sà-ki-[ru-… […………] ù? é-[u-n]u li-ir-e?-[ ù i-[na a- à-]u-nu la? i-l[a- …… ap-pí-i mu-ú i-na íd i-[i-im-ia-ah-du-li-im] ù a- à mi-ik-rum ra-ì-ib-[tum] i-ba-a-u-ú ar-hi-i be-lí li-[ik-u-dam-ma]111 [i-n]a a- à-gán é-u-nu li-ir-r[a-hi-i] a-ni-tam h[a-n]a ha-a-ia-tim wa-[i-a-tim] 111

      Ou : li-[il-li-kam].

      574

      10’ 12’ 14'

      Jean-Marie DURAND a-ha-[ú-um-ma] i-h[i-ú-ma] a-na su-[du-d]i-im pa-nu-u-nu a-a[k-nu] la-ma ka-a-ad [be-lí-ia-ma] an-ni-[tam] la [an-ni-tam be-lí ] li-i-[pu-ra-am a be-lí i-pu-ra-am] lu-ú [e-pé-a-am] (Reste du Rev . anépigraphe.)

      Tr .

      [a-ni-tam up-p]í [an-né-e-em] [wa-a]r-ki níg-gu[b ú-a-bi-lam] 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Voilà que des messagers des Mâr yamîna 4 en vue de la paix et de serments 4 me sont arrivés : Ya…, 6 Yâpah-Lîm, …, 7 Balatâna), Zi…, 8 Yantin-El, des généraux, 9 le fils de Mutî-ma-Elb), Ilî-…, 10 Yatakmumc) un uprapéen, 11 ehma… un yarihéen, 12 Hammu-rabi, Man-balu-El, 13 2? Yahrurréens, 14 (soit) 12? messagers, Mut-Nârim, 15 leur guide, (est un homme) à mon seigneur, 16 3 hommes de Sahrumd), 174 de Mulhîtume), 18 4 de Pûm, 19 4 de Ziniyân, 20 2 de a Lalâimf), 21 1 de Dâmiqum, 22 (soit) 8 personnes qui 23 ont demandé 22à habiter leurs villes. 23 Ils ont dit … 2

      (…) 1'

      On fermera ce … 2' … en outre il faut que … leurs maisons 3' mais dans leurs champs il ne faut pas qu'ils … 4' Maintenant qu’6'il y a 4' de l’eau dans le canal d’I îm-Yahdun-Lîm 5' et que les champs à irriguer (représentent) une zone humidifiée, 6'mon seigneur doit arriver vite 7'pour que dans les champs de leurs maisons soit ménagée une inondation. 8' Autre chose : des Bédouins 10' ne manquent pas de razzier 8' les troupeaux qui quittent l'enclos 10' et ils (n')ont en vue (que) pillages. 11' Avant même l'arrivée de mon seigneur, 12' mon seigneur 13'doit m'écrire 12'ce qu'il doit en être. 14' Je ferai assurément 13' ce que mon seigneur me dira de faire. 1’ Autre chose : cette tablette de moi, 2’ je l’envoie après le repas. a) ba-la-ta-an (Balâân ?) est un NP attesté par plusieurs inédits. b) Mutî-ma-AN se suffit à lui-même, mais il y a encore apparemment un signe devant le MU, d’où la restauration d’un dumu. c) ia-ta-aK-mu-um est attesté par plusieurs inédits ; cf. le fNP ia-ta-aK-ma ou ia-ta-aK-ma-tum (dans ARMT XVI/1, p. 218 sous la mé-lecture Ya-kal-ma-tum, interprétée Yakal-Mtum) avec la valeur ták pour KAL. d) sa-ha-ri-i est un nizbé sur (une graphie avec épenthèse pour) “Sahrum ”, un bourg mâr yamîna de la région de Saggâratum, cf. LAPO 16, p. 552. e) Mulhîtum est une variante pour Mulhûm, de la région de Terqa, ou un autre village (« La Salée »). f) Bourg mal attesté du district de Saggâratum. Lalâ’um est lui-même un NP. a Lalâ’im et Bît Lalâ’im (é la-la-i-imki), aux environs de la Forteresse de Yahdun-Lîm peuvent désigner le même endroit.

      [A.2628+] parle des Mâr yamîna qui ne préparent la paix qu’en paroles (l. 14-15), ce dont les gens d'Imâr, leurs alliés, sont au courant. Le document est donc postérieur à la rébellion des Mâr yamîna, ce qui situe Itûr-asdû à Saggâratum, et non plus à Mari. Un quidam a appris sans doute des nautes imariotes les projets secrets des Mâr yamîna. Ils ne feront la paix qu’une fois leur vengeance (niqmum) assurée. Sans

      La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur

      575

      doute font-ils traîner les choses en longueur parce qu’ils attendent de s'assurer des succès qui permettraient de conclure la paix à de meilleures conditions. Les marchands d’Imâr qui apportent de l’huile et du grain passent donc par des régions en guerre sans problèmes et sont au courant des projets des Mâr yamîna avec lesquels ils ont d’ailleurs de bons rapports. La mention de La-nasûm (l. 7) ne surprend pas car les barques imariotes doivent passer par Tuttul. Itûr-asdû doit être prévenu : c’est lui qui, en tant que gouverneur de Saggâratum, est chargé de la Forteresse de Yahdun-Lîm, une autre étape obligée de la flotille. Les mesures qu’il prend concernent uniquement les troupeaux. Il fait passer sur la rive gauche de l’Euphrate (l. 25) bovins et ovins ou les replie au district de Mari. Le nâr Hubur désigne le canal de Mari. Cela indique que Mi lân a été prise et que les troupeaux paissent sur les prairies des berges du canal. C’est Ibâlpêl qui est chargé de ces « troupeaux de moutons » transhumants (immeratum nawûm l. 28), ce qui explique sa mention dans ARMT XXVI 172 : 9. Il n’a donc pas encore pris sa place de mer‘ûm dans le Nord. Rabattre les troupeaux sur les hautes prairies et renforcer les commandos qui battent la campagne répond à l’objectif d’empêcher que les infiltrations des Bédouins ne causent de dégâts aux troupeaux. Les Mariotes ne craignent plus rien pour leurs villes. 293 [A.2628+A.4338] Itûr-asdû au roi. Confidences d’un individu qui a fait le voyage depuis l'amont sur des bateaux imariotes et est envoyé par La-nasûm : les Mâr yamîna sous couleur de préparer la paix cherchent en fait à gagner du temps. Mesures de prudence prises et à prendre.

      2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28

      a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma 1 lú i-tu i-ma-arki it-ti gi -má-há a e-im ù ge tin ur-dam lú u-ú [it-ti l]ú i-ma-riki [id-bu-ub-ma] ù la-na-su-yu a-na [e-ri-ia] i-pu-ra-a-u um-ma-a-mi k[i-u an-na-mi-ir um-m]a u-ú-ma a-na i-t[úr-ás-du ki-a-am lu-ud]-bu-ub um-ma-a-mi an e [ha-a-ri ú-ul] qa-at-lu112 ù dumu-me-e ia-mi-n[a ki-a-am i-da]-ab-bu-bu um-ma u-nu-ma d[umu-me-e si-im]-al i-na a-wa-tim zu-ub--l[u-um-ma] i nu-za-ab-bi-il-u-nu-[ti-ma] ni-qí-im-ni i ni-it-ta-qa-am-ma wa-ar-ka-nu-um an e ha-a-ri i ni-iq-tu-ul a-nu-um-ma lú a e-ma-am an-ni-[a-am] id-bu-ba-am a-na ma-riki a-na e-er be-lí-ia it-ta-al-kam ki-ma e-ma-am an-ni-a-[a]m e-mu-ú ba-a-‘a4-ti-ia ud-da-an-ni-in gu-há udu-há a ki-ma i-na ha-al-í-ia i-ba-a-u-ú a-na aq-da-ma-tim ú-e-bi-ir-ma a-na ha-la-a ma-riki am-ta-ah-a-am be-lí a-na i-ba-al-pa-AN l[i-i]-pu-ur-ma udu-há na-wa-a-am 112

      Il est possible qu’il faille lire i]-qa-a--lu, avec un signe omis. Cf. l. 14.

      576

      30 32

      Jean-Marie DURAND [a i-na a-a]h íd hu-bu-ur i-[k]a-lu a-na qé-er-bé-timki li-im-ha-a ù a-na lú a-pí-ìme-e be-lí li-i-pu-ur-ma ba-a-‘a4-ti-u-nu li-da-an-ni-nu (Reste anépigraphe.) 1

      Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Un individu 5 est arrivé d’amont, 4 depuis Imâr, avec les bateaux 5 (chargés) de grain et de vin. Cet homme avait parlé avec des Imariotes et 7 La-nasûm 8 l’a envoyé chez moi, 9 disant : « J’ai eu une entrevue avec lui et il a dit : 10 “ Je voudrais parler avec Itûr-asdû, disant : ils ne sont pas en train de tuer (/ne tueront pas) l’ânon d’alliance ! 12 En effet, les Mâr yamîna disent ceci : 15 ‘Lanternons 14 par des paroles les Mâr Sim’al, tirons vengeancea) et ensuite tuons l’ânon d’alliance’.” » 19 Voilà que celui qui 20m’a dit 19 cette nouvelle 21est parti 20 pour Mari 21 pour chez mon seigneur. 22 Lorsque j’ai appris cette nouvelle, 23 j’ai du coup renforcé mes commandos d’intervention. 24 Les bœufs et les moutons, autant qu’il 25 y en a 24 dans mon district, 26 je les ai fait traverser 25 sur la rive orientale (= gauche) et 27 les ai fait se replier 26 vers le district de Mari. 27 Mon seigneur 28 doit envoyer un message 27 à Ibâlpêl 31 pour qu’il replie vers les hautes prairies 28 les troupeaux à la pâture 29 qui 30 broutent sur les berges du canal Hubur. 31 En outre, 32 mon seigneur doit envoyer un message 33 aux gouverneurs 33 pour qu’ils renforcent leurs commandos. 4

      a) Pour le sens de ce niqmum, cf. ARMT XXXIV.

      INDEX

      A. TEXTES ÉDITÉS OU RÉ-ÉDITÉS DANS ARMT XXXIII 01. 02. 03. 04. 05. 06. 07. 08. 09. 10. 11. 12. 13. 14.

      A.4182 A.3211 M.6776 A.842 A.445 A.193 M.7643 M.9070 A.142 M.5178 A.995 A.579 M.9398 A.1153

      = FM VI 18 = XXVIII 77 = XXVIII 78 = XXVIII 48 = XXVIII 59 = XXVIII 49 = XXVI 444 = XXVI 447 = XXVI 445

      15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43.

      M.13746 TH 72-15 Mél.Finet A.2742 = XXVIII 148 A.2613 A.652 = FM VIII 12 A.3257 A.2470+ = FM VIII 43 A.4248 = X 60 A.3179 = X 55 A.122 = X 51 A.3421 = X 144 A.3750 = X 147 A.3356 (Mél.Larsen, p. 229) S.108-485 (Syria 48/2, p. 1) M.5379 A.4617 A.271 = FM II 131 A.1858 = FM VII 5 A.2926 = XXVI 458 A.373 M.6231 A.56 (RA 35, p. 178) A.1225 A.2148+ M.7978 A.4105 A.412 M.14694 M.7337

      = XXVI 34 = XXVIII 16

      p. 24 p. 30 p. 31 p. 34 p. 38 p. 39 p. 42 p. 43 p. 44 p. 46 p. 47 p. 49 p. 50 p. 54 p. 61 p. 65 p. 63 p. 72 p. 73 p. 75 p. 77 p. 81 p. 82 p. 83 p. 84 p. 85 p. 90 p. 96 p. 98 p. 99 p. 101 p. 107 p. 110 p. 112 p. 114 p. 120 p. 121 p. 123 p. 125 p. 126 p. 128 p. 130 p. 132

      44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71.

      M.8341 M.5554 M.9281 A.4241 A.3673 A.3840 A.4508 M.5183 A.1348+ TH 72-8+ A.2793 A.2285 A.3873 A.994 A.173 A.3420 A.2419 A.999 A.163+ A.13 A.1098 A.2444 A.2072 A.3314 A.416 M.6250 M.9300 M.15002

      72. 73. 74. 75. 76. 77.

      M.5499 M.14033 A.593 A.880 A.4410 M.12869

      78. 79. 80. 81. 82. 83. 84. 85.

      A.3272 A.2811 A.1086 A.1112 M.7924 A.4216 A.1075 A.1177

      = XXVI 61

      = FM VI 5 Mél.Kupper, p. 128

      = X 50 = X 54 = X 53 = XXVI 5 = XXVI 6

      = XXVI 7 = XXVI 78

      = MARI 6, p. 267 = MARI 6, p. 267

      p. 133 p. 133 p. 134 p. 135 p. 136 p. 138 p. 140 p. 142 p. 146 p. 149 p. 151 p. 153 p. 155 p. 156 p. 158 p. 159 p. 160 p. 162 p. 166 p. 170 p. 173 p. 179 p. 182 p. 183 p. 185 p. 188 p. 190 p. 191 p. 194 p. 195 p. 197 p. 198 p. 199 p. 200 p. 204 p. 206 p. 207 p. 209 p. 211 p. 213 p. 214 p. 216

      578

      Index

      86. 87. 88. 89. 90. 91. 92. 93.

      A.4347 A.2929 A.1538 M.5421 A.2411 A.4239 M.5653+ M.14087

      94. 95. 96. 97. 98. 99. 100. 101. 102. 103. 104. 105. 106. 107. 108. 109. 110. 111. 112. 113. 114. 115. 116. 117. 118. 119. 120. 121. 122. 123. 124. 125. 126. 127. 128. 129. 130. 131. 132. 133. 134. 135. 136. 137. 138. 139. 140. 141.

      A.4026 = X 57 A.2328 M.10768 M.14785 A.2615+ A.2074 A.718 FM VIII 32 A.582+ M.7721 M.8619 A.2987 M.8160 A.3300 A.2766 M.9689 M.8504 A.141 A.2717 A.250 A.326 A.4155 A.840 M.11066 M.8242+ A.2924 A.3689 A.454 A.2933 M.7191 A.847 A.827 A.4433 A.4192+ A.3278 = FM VIII 5 M.11065 M.11068 M.13037 A.324 M.7664 A.2559 = XXVI 224 M.9477 A.3039 = XXVIII 15 A.4531-bis = XXVI 25 A.2114 = XXVIII 14 A.164 M.5704 = XXVI 225 A.2796 = MARI 6, p. 288 A.4035 = XXVI 85

      = XXVI 151 = XXVI 150 = XXVI 148 = XXVI 149

      p. 218 p. 219 p. 220 p. 222 p. 224 p. 226 p. 228 p. 230 p. 232 p. 235 p. 237 p. 239 p. 243 p. 247 p. 249 p. 252 p. 254 p. 256 p. 258 p. 259 p. 260 p. 262 p. 263 p. 265 p. 267 p. 268 p. 269 p. 271 p. 272 p. 274 p. 276 p. 277 p. 280 p. 281 p. 284 p. 286 p. 287 p. 288 p. 290 p. 291 p. 292 p. 296 p. 297 p. 299 p. 301 p. 303 p. 304 p. 305 p. 306 p. 308 p. 310 p. 312 p. 314 p. 316 p. 317 p. 319

      142. 143. 144. 145. 146. 147. 148. 149. 150. 151. 152. 153. 154. 155. 156. 157. 158. 159. 160. 161. 162. 163. 164. 165. 166. 167. 168. 169. 170. 171. 172. 173. 174. 175. 176. 177. 178. 179. 179-bis 180. 181. 182. 183. 184.

      A.1292 = FM II 74 A.547 M.5418+ = XXVI 15 A.973 A.306 A.2200 A.2241 A.3943 A.1223 A.795 M.12870 A.2958 A.556 = FM II 116 M.9704 M.8165 M.11067 A.535 A.3100 M.8176 A.577 A.3373 S.115 67 A.2224 A.2978 A.313 M.9054 M.9245 M.7213 ARM VI 76 M.6227 M.9397 A.4345 A.870 A.940+ M.5062 = XXVI 274 A.2085 M.5362+ A.2135 = XXVI 182 M.13727 A.5335 A.5445 M.6914 M.6956 M.6975

      p. 320 p. 322 p. 324 p. 326 p. 328 p. 329 p. 331 p. 334 p. 335 p. 338 p. 340 p. 342 p. 345 p. 348 p. 350 p. 351 p. 353 p. 354 p. 356 p. 358 p. 360 p. 362 p. 363 p. 364 p. 366 p. 367 p. 368 p. 369 p. 371 p. 372 p. 373 p. 375 p. 377 p. 380 p. 382 p. 383 p. 385 p. 387 p. 388 p. 388 p. 389 p. 389 p. 389 p. 389

      185. 186. 187. 188. 189. 190. 191. 192. 193. 194. 195. 196.

      A.1240 A.2570 M.6977 A.583 A.4130+ A.3436 A.317 M.5016 A.2021 M.7247 A.1951 M.9431

      p. 394 p. 399 p. 401 p. 402 p. 405 p. 407 p. 407 p. 409 p. 411 p. 412 p. 414 p. 417

      = FM II 130 = XXVIII 161

      Index 197. 198. 199. 200. 201. 202. 203. 204. 205. 206. 207. 208. 209. 210. 211. 212. 213. 214. 215. 216. 217. 218. 219. 220. 221. 222. 223. 224. 225.

      A.951 M.6326 A.3105 A.781 M.10994 A.3585+ A.3362 M.13036 A.724 A.3205 A.575 M.9706 M.11301 A.4269 M.5414 A.605 A.2201 M.14551 M.7657 A.2903 A.3550 A.4509 M.7534 A.144 A.3452 A.3878 A.434 M.5066 M.8624

      226. 227. 228. 229. 230.

      A.1284 A.824 A.3096 M.9696 A.3012

      231.

      A.4537-bis

      232. 233. 234. 235. 236. 237. 238. 239. 240. 241. 242. 243.

      A.2805 A.919 A.207 A.613 A.272 A.1232 A.2167 A.3013 A.509 M.8178 M.9265 M.10992

      = FM II 85

      = XXVI 76

      p. 419 p. 421 p. 422 p. 423 p. 424 p. 426 p. 429 p. 431 p. 432 p. 433 p. 437 p. 439 p. 440 p. 441 p. 444 p. 446 p. 447 p. 449 p. 451 p. 452 p. 453 p. 455 p. 457 p. 458 p. 460 p. 461 p. 463 p. 464 p. 466 p. 471 p. 473 p. 475 p. 477 p. 478 p. 482

      = XXVI 459 = XXVI 51 = XXVI 452 = XXVI 455 = XXVI 462 = XXVI 453 = XXVI 456 = XXVI 457 = XXVI 460 = XXVI 461 = XXVI 465 = XXVI 463

      p. 485 p. 487 p. 489 p. 490 p. 492 p. 493 p. 495 p. 496 p. 497 p. 498 p. 499 p. 500

      579 244. 245. 246. 247. 248. 249. 250. 251. 252. 253. 254. 255. 256. 257. 258. 259. 260. 261. 262. 263. 264. 265. 266. 267. 268. 269. 270. 271. 272. 273. 274. 275. 276. 277. 278. 279. 280. 281. 282. 283. 284. 285. 286. 287. 288. 289. 290. 291. 292. 293.

      M.5078 A.12 A.512 A.714 A.2802 A.3088 M.9135 A.681 A.563 A.433+ = FM II 117 TH 72-43 A.1262 A.2941 A.1890 Mél.Silva, p. 91 A.2265 A.249 A.4281 A.2734 A.218 A.2012 ARM II 128 A.2800 = RA 42, p. 67 A3050 A.799 A.62 M.7625 A.2830 = RA 66, p. 115 A.826 = RA 66, p. 117 A.2801 = RA 66, p. 119 A.3086 A.3425 = X 142 A.2983 = RA 66, p. 120 A.175 Mél.Donbaz, p. 110 A.3069 A.756 = XXVI 152 A.3067 A.147 M.9330 A.2377 A.15 = XXVI 233 A.82 = Mél.deMeyer, p. 285 A.3267 A.2651 A.254 A.3068 A.3070 A.4357 A.1242 A.3380 A.2628+A.4338

      p. 502 p. 504 p. 506 p. 508 p. 510 p. 511 p. 512 p. 514 p. 515 p. 518 p. 521 p. 522 p. 523 p. 525 p. 527 p. 528 p. 530 p. 531 p. 532 p. 533 p. 534 p. 535 p. 536 p. 537 p. 539 p. 540 p. 543 p. 544 p. 545 p. 547 p. 548 p. 550 p. 551 p. 552 p. 553 p. 555 p. 555 p. 556 p. 557 p. 560 p. 562 p. 565 p. 566 p. 567 p. 568 p. 569 p. 570 p. 572 p. 573 p. 575

      580

      Index B. INDEX DES N° DE TABLETTES

      A.12 A.13 A.15 A.56 A.62 A.82

      = = = = = =

      245 63 283 36 268 284

      = = = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      504 170 560 120 539 562

      A.122 A.141 A.142 A.144 A.147 A.163+ A.164 A.173 A.175 A.193

      = 24 = 110 =9 = 220 = 280 = 62 = 138 = 58 = 276 =6

      = p. 83 = p. 267 = p. 44 = p. 458 = p. 555 = p. 166 = p. 314 = p. 158 = p. 551 = p. 39

      A.207 A.218 A.249 A.250 A.254 A.271 A.272

      = = = = = = =

      234 262 259 112 287 31 236

      = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p.

      489 532 528 269 567 101 492

      A.306 A.313 A.317 A.324 A.326 A.373

      = = = = = =

      146 166 191 131 113 34

      = = = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      328 366 407 303 271 112

      A.412 A.416 A.433+ A.434 A.445 A.454

      = 41 = 68 = 253 = 223 =5 = 120

      = p. 128 = p. 185 = p. 518 = p. 463 = p. 38 = p. 284

      A.509 A.512 A.535 A.547 A.556 A.563 A.575 A.577 A.579 A.582+ A.583 A.593

      = 240 = 246 = 158 = 143 = 154 = 252 = 207 = 161 = 12 = 101 = 188 = 74

      = p. 497 = p. 506 = p. 353 = p. 322 = p. 345 = p. 515 = p. 437 = p. 358 = p. 49 = p. 252 = p. 402 = p. 197

      A.605 A.613

      = 212 = 235

      = p. 446 = p. 490

      A.652 A.681

      = 19 = 251

      = p. 73 = p. 514

      A.714 A.718 A.724 A.756 A.781 A.795 A.799

      = = = = = = =

      247 100 205 278 200 151 267

      = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p.

      508 249 432 553 423 338 537

      A.824 A.826 A.827 A.840 A.842 A.847 A.870 A.880

      = = = = = = = =

      227 271 124 115 4 123 174 75

      = = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p. p.

      473 544 290 274 34 288 377 198

      A.919 A.940+ A.951 A.973 A.994 A.995 A.999

      = = = = = = =

      233 175 197 145 57 11 61

      = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p.

      487 380 419 326 156 47 162

      A.1075 A.1086 A.1098

      = 84 = 80 = 64

      = p. 214 = p. 207 = p. 173

      A.1112 A.1153 A.1177

      = 81 = 14 = 85

      = p. 209 = p. 54 = p. 216

      A.1223 A.1225 A.1232 A.1240 A.1242 A.1348+ A.1262 A.1284 A.1292

      = = = = = = = = =

      = = = = = = = = =

      A.1538

      = 88

      = p. 220

      A.1858 A.1890

      = 32 = 257

      = p. 107 = p. 525

      A.1951

      = 195

      = p. 414

      A.2012 A.2021

      = 263 = 193

      = p. 533 = p. 411

      150 37 237 185 291 52 255 226 142

      p. p. p. p. p. p. p. p. p.

      335 121 493 394 572 146 522 471 320

      Index A.2072 A.2074 A.2085

      = 66 = 99 = 177

      = p. 182 = p. 247 = p. 383

      A.2114 A.2135 A.2148+ A.2167

      = 137 = 179 = 38 = 238

      = p. 312 = p. 387 = p. 123 = p. 495

      A.2200 A.2201 A.2224 A.2241 A.2265 A.2285

      = = = = = =

      = = = = = =

      A.2328 A.2377

      = 95 = 282

      = p. 235 = p. 557

      A.2411 A.2419 A.2444 A.2470+

      = 90 = 60 = 65 = 21

      = p. 224 = p. 160 = p. 179 = p. 77

      A.2559 A.2570

      = 133 = 186

      = p. 305 = p. 399

      A.2613 A.2615+ A.2628+ A.2651

      = 18 = 98 = 293 = 286

      = p. 72 = p. 243 = p. 575 = p. 566

      A.2717 A.2734 A.2742 A.2766 A.2793 A.2796

      = = = = = =

      = = = = = =

      147 213 164 148 258 55

      111 261 17 107 54 140

      p. p. p. p. p. p.

      p. p. p. p. p. p.

      329 447 363 331 527 153

      268 531 63 262 151 317

      A.2800 A.2801 A.2802 A.2805 A.2811 A.2830

      265 275 248 232 79 270

      = = = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      535 545 510 485 206 543

      A.2903 A.2924 A.2926 A.2929 A.2933 A.2941 A.2958 A.2978 A.2983 A.2987

      216 118 33 87 121 256 153 165 275 104

      = = = = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p. p. p. p.

      452 280 110 219 286 523 342 364 550 258

      581 A.3012 A.3013 A.3039 A.3050 A.3067 A.3068 A.3069 A.3070 A.3086 A.3088 A.3096

      230 239 135 266 279 288 277 289 273 249 228

      = = = = = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p.

      A.3100 A.3105 A.3179

      159 199 23

      = p. 354 = p. 422 = p. 82

      A.3205 A.3211 A.3257 A.3267 A.3272 A.3278

      206 2 20 285 78 127

      = = = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      433 30 75 565 204 296

      A.3300 A.3314 A.3356 A.3362 A.3373 A.3380

      106 67 27 203 162 292

      = = = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      260 183 90 429 360 573

      A.3420 A.3421 A.3425 A.3436 A.3452 A.3550 A.3585+

      59 25 274 190 221 217 202

      = = = = = = =

      p. p. p. p. p. p. p.

      159 84 548 407 460 453 426

      A.3673 A.3689

      48 119

      = p. 136 = p. 281

      A.3750

      26

      = p. 85

      A.3840 A.3873 A.3878 A.3943

      49 56 222 149

      = = = =

      A.4026 A.4035

      94 141

      = p. 232 = p. 319

      A.4105 A.4130+ A.4155 A.4182 A.4192+

      40 189 114 1 126

      = = = = =

      p. p. p. p.

      p. p. p. p. p.

      478 496 308 536 555 568 552 569 547 511 475

      138 155 461 334

      126 405 272 24 292

      582

      Index

      A.4216 A.4239 A.4241 A.4248 A.4269 A.4281

      83 91 47 22 210 260

      = = = = = =

      A.4345 A.4347 A.4357

      173 86 290

      = p. 375 = p. 218 = p. 570

      A.4410 A.4433

      76 125

      = p. 199 = p. 291

      A.4508 A.4509 A.4531-bis A.4537-bis

      50 218 136 231

      p. p. p. p. p. p.

      213 226 135 81 441 530

      M.7191

      122

      = p. 287

      M.7213 M.7247

      169 194

      = p. 369 = p. 412

      M.7337 M.7534

      43 219

      = p. 132 = p. 457

      M.7625 M.7643 M.7657 M.7664

      269 7 215 132

      = = = =

      M.7721

      102

      = p. 254

      = p. 140 = p. 455 = p. 310 = p. 482

      M.7924 M.7978

      82 39

      = p. 211 = p. 125

      M.8160 M.8165 M.8176 M.8178

      105 156 160 241

      = = = =

      M.8242+

      117

      = p. 277

      M.8341

      44

      = p. 133

      M.8504

      109

      = p. 265

      M.8619 M.8624

      103 225

      = p. 256 = p. 466

      M.9054 M.9070

      167 8

      = p. 367 = p. 43

      M.9135

      250

      = p. 512

      M.9245 M.9265 M.9281

      168 242 46

      = p. 368 = p. 499 = p. 134

      M.9300 M.9330 M.9397 M.9398

      70 281 172 13

      = = = =

      M.9431 M.9477

      196 134

      = p. 417 = p. 306

      M.9689 M.9696

      108 229

      = p. 263 = p. 477

      M.9704 M.9706

      155 208

      = p. 348 = p. 439

      M.10768 M.10992

      96 243

      = p. 237 = p. 500

      A.4617

      30

      = p. 99

      M.5016 M.5062 M.5066 M.5078 M.5178 M.5183

      192 176 224 244 10 51

      = = = = = =

      M.5335 M.5362+ M.5379

      180 178 29

      = p. 388 = p. 385 = p. 98

      M.5414 M.5418+ M.5421 M.5445 M.5499

      211 144 89 181 72

      = = = = =

      M.5554

      45

      = p. 133

      M.5653+

      92

      = p. 228

      M.5704

      139

      = p. 316

      M.6227 M.6231 M.6250

      171 35 69

      = p. 372 = p. 114 = p. 188

      M.6326

      198

      = p. 421

      M.6776

      3

      = p. 31

      M.6914 M.6956 M.6975 M.6977

      182 183 184 187

      = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      p. p. p. p. p.

      p. p. p. p.

      409 382 464 502 46 143

      444 324 222 389 194

      389 389 389 401

      p. p. p. p.

      p. p. p. p.

      p. p. p. p.

      540 42 451 304

      259 350 356 498

      190 556 373 150

      Index M.10994

      201

      = p. 424

      M.11301 M.11065 M.11066 M.11067 M.11068

      209 128 116 157 129

      = = = = =

      M.12869 M.12870

      77 152

      = p. 200 = p. 340

      M.13036 M.13037 M.13727 M.13746 M.14033

      204 130 179-bis 15 73

      = = = = =

      p. p. p. p. p.

      p. p. p. p. p.

      440 297 276 351 299

      431 301 388 61 195

      583 M.14087 M.14551 M.14694 M.14785

      93 214 42 97

      = = = =

      p. p. p. p.

      230 449 130 239

      M.15002

      71

      = p. 191

      S.108 485 S.115 67

      28 163

      = p. 96 = p. 362

      TH 72-8+ TH 72-15 TH 72-43

      53 16 254

      = p. 149 = p. 65 = p. 521

      ARM II 128 ARM VI 76

      264 170

      = p. 534 = p. 371

      584

      Index C. TEXTES RÉ-ÉDITÉS

      Archives Royales de Mari II 128 = 264

      p. 534

      VI 76

      = 170

      p. 371

      X X X X X X X X X

      = = = = = = = = =

      57 59 58 23 94 22 274 25 26

      p. p. p. p. p. p. p. p. p.

      156 159 158 82 232 81 548 84 85

      = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = =

      61 62 68 144 136 13 233 46 226 70 141 92 93 91 90 278 133 139 283 7 9 8 234 237 235 238 239 33 232 240 241 236 243 242

      p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p. p.

      162 166 185 324 310 51 487 134 471 190 319 228 230 226 224 553 305 316 560 42 44 43 489 492 489 494 495 110 485 496 497 491 499 498

      50 53 54 55 57 60 142 144 147

      XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI XXVI

      5 6 7 15 25 34 51 61 76 78 85 148 149 150 151 152 224 225 233 444 445 447 452 453 455 456 457 458 459 460 461 462 463 465

      XXVIII 14

      = 137

      p. 312

      XXVIII XXVIII XXVIII XXVIII XXVIII XXVIII XXVIII XXVIII XXVIII

      15 16 48 49 59 77 78 148 161

      = = = = = = = = =

      135 14 4 6 5 2 3 17 193

      p. p. p. p. p. p. p. p. p.

      308 55 34 39 38 30 31 66 411

      Florilegium Marianum FM II 74 FM II 85 FMII 116 FM II 117 FM II 130 FM II 131 FM VI 5 FM VI 18 FM VII 5 FMVIII 5 FM VIII 12 FM VIII 32 FM VIII 43

      = 142 = 200 = 154 = 253 = 191 = 31 = 52 =1 = 32 = 127 = 19 = 100 = 21

      p. 320 p. 423 p. 345 p. 518 p. 408 p. 101 p. 146 p. 24 p. 107 p. 296 p. 73 p. 249 p. 77

      MARI MARI 6, p. 267 MARI 6, p. 267 MARI 6, p. 288

      = 72 = 73 = 140

      p. 194 p. 195 p. 317

      MÉLANGES Mélanges De Meyer, p. 240 Mélanges Donbaz, p. 110 Mélanges Finet Mélanges Kupper, p. 128 Mélanges Larsen, p. 229 Mélanges Silva Castillo, p. 91

      = 284 = 276 = 16 = 53 = 27 = 257

      p. 562 p. 551 p. 65 p. 149 p. 90 p. 525

      Revue d’Assyriologie RA 35, p. 178 (L. 17 RA 66, p. 115 (L. 16 RA 66, p. 117 (L. 16 RA 66, p. 119 (L. 16 RA 66, p. 120 (L. 16 RA 42, p. 67 (L. 16

      = = = = = =

      p. p. p. p. p. p.

      683) 266) 267) 268) 376) 377)

      36 270 271 272 275 265

      120 543 544 545 550 535

      Syria Syria 48/2 p. 1sq.

      = 28

      p. 96

      TH 72-15

      = 16

      p. 65

      (L. 16 247)

      Index

      585

      D. INDEX DU COMMENTAIRE ā accentué → ō, p. 166 AN = am6, p. 26, g), p. 363, n. 268, p. 428 a) -at-um, singulatif, p. 112 a) AZ = uz4, p. 48, b), = is, p. 142, l. 7’, p. 207, Note -bm- → -mm-, p. 545 d) DAM = tám, p. 361 a) DI = ṭe, p. 52 Note, = ti4, p. 348 t) DU = ṭù, p. 33, n. 18 DU = tú, p. 248 e), (?) p. 476 a) EŠ = iš15, p. 339 a) GA = kà (?), p. 449 Note GI écrit ME+HI, p. 449, Note GI = qì, p. 329 (l. 21), p. 360 e) HU = /‘u/, p. 237 e) ; = Ḥ, p. 294 a) I = e15, p. 267 (l. 23), p. 283 a), p. 339 a) I = Ì (i-lí = ì-lí), p. 541 b) IB = ubx (?), p. 365, n. 270 IG = gál, p. 367 h) ÌŠ écrit NIGIN2, p. 189 Note IZ= usx, p. 359 a) -ln- → -ll-, -nn-, p. 24 KAM = ka13, p. 348 d) káš-tin écriture de kaš-tin, p. 118, n. 194 LAM = la6, p. 66 ([A.2742] : 23) LAM = lum4, p. 483, n. 1, p. 503 LIM = lúm, p. 503, = lam6, p. 511, l. 16 LUM = lam4, p. 37 l) -m quiescent, p. 348 d) -me-eš = -ûtum, p. 133 b), p. 237 f), p. 505 a) -n/l-, p. 412 a) NE = li9, p. 332, n. 220 NI = lí- (optatif), p. 503 NI = iù, p. 265 (l. 2’) NIM = ni7, p. 37, h), p. 207 Note, p. 348 d) RU = RI (?), p. 545 d) TA = dá, p. 406 j) TA = TU (?), p. 278 d) TAR = kut, p. 416 a) TE = de4, p. 231* TI = dì, p. 373 a) TIM = tì, p. 31 c), f) — écrit MÁŠ+NI, p. 189 Note TUM = tím, p. 268, n. 101, p. 301 c) -šT- → -lT-, p. 177, n. 283 Ú = ù, p. 207 Note (et pass.) ; forme archaïque, p. 267, n. 100, 449, Note, p. 503 Ù = ú- préfixe de conjugaison, p. 207 Note UD = ta5, p. 285 e) A ’BD = ’BT, p. 476 a) ’RR = « lier », p. 341 b) abbum= « marais » (?), p. 368 b) abbû= « les Autorités », p. 227 b)

      abbûtum = « direction administrative », p. 417 abbûtbîtim= « intendance », p. 417 *abbûtmiksim, « responsabilité de la douane » p. 41 abdum/habdum, p. 207, n. 18 Abêrah (NP), père de Yasîm-sumû, cf. p. 242 & n. 45 ; p. 434. abiattum= « méprisée », p. 79, n. 64 Abimekim (NP) = « Mon-père-est-(le père)-dupauvre », p. 483, n. 1 — messager spécialisé dans les relations avec Babylone, p. 499, sq. abum = « responsable », p. 417 abubîtim= « intendant », p. 417 *abumiksim, « responsable de la douane », p. 417 Abullat (toponyme) = « La Grand Porte », quartier de Mari, p. 548 c) adaššum = « ville basse, faubourgs », p. 542 ad(d)anum= « chef », p. 266 c) adibâb=« jusqu’à proximité de …», p. 177 w) adnânbêlî = anadinânbêli-ia, p. 339 e) adum= « traité juré », p. 352 c) aga-ús šu = redûqâtim, p. 514, n. 36 agâlum = « âne de bonne qualité », p. 348 e) Aha-nûta (NP), marchand et (?) administrateur, p. 410 Aham-nûta (NP), « nous-avons-vu-un-frère », p. 396, n. 23 ahânum= (spécialiste de la construction ?), p. 51 e) ahâzum=« prendre en mariage », p. 92 e) — « recueillir », p. 245 e) ahhû= « groupe tribal », p. 101, p. 242 Ahhû-ṭâbû, NP, p. 536 a) ahhûtum= « statut de frère » (= parité), p. 538 Ahî-maraṣ (NP), p. 404, n. 40 ahum = « côté », =/= kišâdum « berge », p. 334 a) ahûm= « outsider », p. 367 d) Ahum (NP), batelier imariote ?, p. 458 Ahu-šina (NP), marchand, p. 410 ; p. 422 akâlum  —a-ku-la p. 348 f)  —asakkama.= « prêter serment au roi », p. 71  —šallama.= « faire du butin», p. 348 f) akkîma (postposé à -ma) = « afin de…», « de cette façon » (?), p. 339 h) akkadûm (toponyme) = « ešnunéen », p. 370 akkullumcf. níg-gul a-ku-la cf. akâlum âlpâṭim = « ville frontière », p. 208, p. 392, n. 8, p. 422 alâkum= « se comporter en …», p. 361 c)  — + acc. « traverser », p. 278 c) — anapâni–a. = « progresser », p. 552 a) — inaqât NP a. = « accomplir un service sous l’autorité de », p. 39, p. 428 j) âlânû= « citadin loin de sa ville », p. 465 a) Allahad (toponyme), p. 152 sq.

      586 almattum= « veuve, personne à traiter avec ménagement », p. 359 b) amârum= « connaître devisu  », p. 181 b), p. 275 c)  — « être expert, s’y entendre à…», p. 298 a) — « dire », p. 524 b) amertum/imertum= « parcelle du choix du bénéficiaire » (?), p. 217 i) âmirum = « qui a l’expérience de la route, guide »,  p. 524 a) Amman (divinité), p. 115, n. 175 ammatum=« coudée », p. 75 a), p. 449 b) Amnân yahappilûm (toponyme), p. 210 amšalîtam= « hier matin », p. 304 a) amur= (interjection), p. 220 e) anâ = anâku (?), p. 151 d) anamimma, cf. p. 266 a) anaṭêm = ana, p. 176 c) anaqâtassummma cf. qâtum, p. 547 a) anaurram « pour un moment ou un autre », p. 295 l), p. 444 l) anâkupagrî= « personnellement » (?), p. 137 c) an-na = elênu, p. 295 i) annûm=« celui que tu sais », p. 75 c), p. 127 b), p. 352 a), p. 428 f) anše = « équidé », p. 278 f) anše-babar = « âne blanc », cf. p. 278 f) ANŠE-Ù, p. 350 e) anše la-gu,p. 486 c) apâlum (+ ana…) = « affronter », p. 416 e)  — « être le responsable », p. 456 a)  — nâpaltama.« faire réponse », p. 200 c) Appân (toponyme), p. 564 sq. appî = « toutefois », « quoique », p. 545 c); p. 552 b) arâkum qâtum + a. = « être puissant », p. 262 e) ar-ri = ?, p. 443 d) asakkum= « biens du dieu », p. 126, p. 506 asdum = « guerrier », p. 501, n. 1 Asqûdum (NP), p. 184 sq. assurrê (syntaxe), p. 272 a) Asûm(NP), p. 181 d) ašar= šumma, p. 291 h)  — cf. šaašar ašarlibbim= « lieu choisi », p. 67, n. 34 ašariš + verbe de mouvement, p. 156 c) ašlum = « corde » (unité de longueur), p. 285 d), p. 302 a) ašrum=« famille », p. 102 c) aššum= (dans serment), p. 79, n. 64, p. 303 a) aššumṭêm=aššum, p. 176 c) ašûhum = (un arbre), p. 296 & n. 147 Atamrum (NP), roi d’Allahad, p. 155 athûtum= « statut de frère (= parité) », p. 538 Atrakatum (NP), princesse mariote, épouse de Sumudâbî, p. 503, n. 13 Atti-Addu (NP), p. 528 a) attini=attîna, p. 248 c), p. 253 b)

      Index awâtumšûtuqâtum= « propos habiles », p. 541 b) awâtum takittum = « parole de confirmation », p. 238 e) awîl kibsi = ša kibsi « qui parcourt la steppe » ?, p. 341 f) a-WA = a-ia+sandhieni-, vétitif, p. 420 d) B bâbum = « aiguade », p. 270 c) bâblab’im = « aiguade du lion », p. 292 a) bâbur-mah, p. 292 a) bàdki cf. Dûrum baddum= « isolé », p. 260 Bahalta- = Bêlet-, p. 330 c) Bahdi-Lîm (NP), p. 486 d) bahhalum = « très gros », p. 387 e) ba-ah-nu-um = Bannum, p. 58, cf. p. 508 balîtum= « méandre mort », p. 423 balṭum = « frais, cru, non en conserve », p. 423, p. 424 a) bamâtum = « campagne », p. 347 a) Baninum (NP)= Bannum, p. 57-58 *bappirum cf. pappiru bardat,cf.burtumb. baṣṣa’âtum = « commandos », cf. p. 454-455, p. 458 batâqum = « interrompre le flux naturel », p. 449 d) baṭiltum = « cessation du travail », p. 475 e) =/= ṣîtum & n. 13 bâ’um (û) = « aller », p. 165 bêlbiltim = « contribuable », p. 214, n. 30 ; p. 414 bêlpâṭim= « frontalier », p. 384 bêlpûdim = « celui qui participe au (rite) pûdum », cf. p. 507 belâni- (inab.) = « contre le gré de … », p. 532 d) ;  p. 533 à [A.2012] l. 22) ; cf. nullâniBêlet Agade, divinité, p. 103, n. 137 bêlî— (désigne le dieu), p. 165 e) (?) ; p. 339 h)  — (désigne qqu’un d’autre que le roi), p. 289, p. 291 ; cf. p. 499 g) birîtum = « entre-deux », p. 295 m) Birtha (toponyme), cf. Dûrum bîtAddu-dûrî, cf. p. 80, n. 71 Bît Akkakka (toponyme), p. 503, n. 11 bîtmaṣṣartim= « maison surveillée par des gardes », p. 476 b) Bîtšîrim (toponyme), lieu du palais de Mari, p. 203 Bît Kusaya (toponyme), p. 406 a) Bît Zarhân (toponyme), p. 424 a) bitqum= « brèche », p. 426, p. 428 e) bîtum = « État », p. 26, e) ; p. 439 a) — « temple », p. 339 h) bulluṭum = « assurer l’approvisionnement de …», p. 542 a) bultum = buštum, p. 177, n. 283 Bunû.ma-Addu (NP), cf. p. 484, n. 7 burrûm = « annoncer qu’on a vu qqu’un », p. 497 a)

      Index burtum bardat = « Puits-froid », p. 330, n. 217, p. 330 b) burtumTillâ= « Puits aux deux tells»,p. 333 d) D DMQ (note le bien social), p. 143, n. 241, p. 184 b) dabâbum = « exprimer dans ses propos », p. 205 a) — libbam+ adj. d. = « exposer des sentiments …», p. 531 b) dâbibum « bavard », p. 189 b) Dadmum (toponyme) = « royaume d’Alep », p. 261 c) & n. 91 dâdum= « oncle (paternel) », p. 79, n. 62 dagan= (nom ancien du grain), p. 391, n. 4 dâkum = « battre (éventuellement à mort) », p. 444 f)  — adi napištim dâkum = «  rouer de coups  », p. 444 f) daluwâtum « terres irriguées par puits », p. 317 & n. 199 damiqtum, p. 348 g) dan = « c’est tabou, défendu », p. 323 a) danânum « être fort en qq. ch., compétent », p. 229 f) — + înâ (« yeux ») = « se montrer sévère », p. 229 c) dannâtum« acte en bonne et due forme », p. 243 dâtum=ṭâtum(?) : « taxes et bakchichs divers » (?), p. 169 c) dayyânum = « juge (qui fixe les amendes) », p. 214 dubbum = dibbum « propos », p. 420 f) Duhšûm (NP), ešnunnéen, p. 534 Dumâtum (toponyme), « Région des fermes », p. 251 Dumtum (toponyme) = dimtum, « Tour » (= latin villa), p. 73, p. 189 a) dummuqâtum = « exploits », p. 428 g) dumu-me-eš kar-ta= « marchands », p. 257 a) DUMU.NITA2 (NP) = aplum p. 115, n. 173 d Dumu-zi, divinité, p. 508 b) Dunnum = Birtha, cf. Dûrum duppurum= « chasser quelqu’un », p. 398, n. 30 Dûrum (toponyme) = nom de « Dûr Yahdun-Lîm » p. 391, n. 1 Dûrum labîrum (toponyme), proche de Mari, p. 142 E é = bîtum, « État », p. 439 a) é dda-gan= Ṣubatum, p. 108 ebbum = « prud’homme, arbitre », p. 206, p. 417, p. 428 h) ebbûtum= « arbitrage », p. 428 h) ekallum = palais de province, p. 235 ekêmum = « tenir militairement une position », p. 177 v) ekûm = « démuni, pauvre », p. 483, n. 1 eli-…= « aux frais de…», p. 532 a) eliša…= « plus que …», p. 264 d)

      587 elûm : = « aller en Haute-Djéziré », « aller en amont », p. 176 b) — « être en crue », p. 201 a) emêdum(u) = « imposer une charge à quelqu’un », p. 31 f) enêšum= « être faible économiquement », p. 377 enîtum = « réserve », p. 380 d En.líl-îpuš (NP), NP non mariote, p. 469, n. 1 eperum = « sol vierge », p. 295 g) epêšum = « faire des bottes », p. 444 j) — alam e. = « fortifier une ville », p. 295 & n. 145, p. 565 — biltame. = « établir le biltum », p. 414 — bîtame. = gérer un patrimoine, p. 169 d) — rêmame. = montrer de la compassion, p. 237 d) epinnum = « (surface agricole) », p. 403 a) Eqlêtum (toponyme), p. 456-457 eqlum = « région », p. 495 a) erratum=erretum = « barrage », p. 341 b) errum(terme de géographie), p. 341 b) gi erribûtum(?) = « palissade (?) », p. 301 c) esêkum = « attribuer », p. 281 esêrum = « envoyer au parc un animal », p. 268 a) eṣêrum = esêrum, p. 301 e) eššešam (?) = « à la fête du mois », p. 225 a) etêqum  — appam e. = « tromper la vigilance » (?) p. 368 b) — cf. îtattuqum (Gtn) p. 256 b) ezêbum = « ne pas emmener avec soi », p. 245 c) — « abandonner », p. 245 b) G gamârum = « utiliser tout le matériel », p. 290 a), p. 406 c) gal-zu = mûdûm, in NP, p. 260, n. 86 gan-a.šà = (mesure de longueur), p. 256 i) GÁN.ŠÀ = a-šà-gán, p. 439, n. 94 Ganibatum (toponyme), port de la Forteresse de Yahdun-Lîm, p. 392, n. 6 ; p. 417 Garbân (toponyme), p. 178 & n. 285 gebûm = « réunir », p. 348 p) gi-pisan šu = « coffre portable », p. 183 b) gerrum = « grand route », p. 441, p. 443 c) giš-má = « radeau », p. 270 b) gú-un = gú, p. 563, Note gurratum = « brebis » (?), p. 330 c) guššurum = « armature en bois », p. 291 b) H ḤKM = « exercer le pouvoir, grâce à un savoir pratique », p. 92 a) ḪMR = « se cacher », p. 444 e) ḪRṢ = « reprendre des terres », p. 404 f) habârum= « renforcer », p. 490 f) Habbusum, NP, p. 176 f) ; p. 410 & n. 48 Habbusam, NP, p. 46

      588 Habdû.ma-Dagan = « C’est-le/un-serviteur-de-D. », p. 203, n. 1 Habdû.ma-Dagan, engraisseur (mârûm), p. 221, n. 38 d Habur, p. 440 a) ha/idânum = « terme fixé pour une exédition », p. 279 hadânam-ma = « pour le moment fixé », p. 318 b) haddatum = « la place où se trouve le haddum », p. 112 a), festivité (?), ibid., « moment du h. », p. 236 a) haddum = « sillon, fossé », p. 113 a) & n. 169 haDlum= « challenger » (?), p. 37 p) Hadnu-rabi (NP), roi de Qaṭṭarâ, p. 539 Hagalum (NP), p. 509 a) Hahhûm (NP) = « Homme-de-H. », p. 117, n. 186 hakammum = « expert, habile », p. 92 a) hakammûtum= « sagesse », p. 92 a) hakmûtum= « dignité », p. 92 a) hakûm= « désirer », p. 55 a) halâlum= « suspendre », p. 219 a) Halatan (NP), p. 275 e) halbum= « forêt (de montagne) », p. 391, n. 4 hallatum= « troupeaux transhumants », p. 267 a) hallum = (contenant pour produits alimentaires), p. 198 a) hâlum=« oncle (maternel), p. 79, n. 62 Hamada (NP), p. 467 d) Hamba- = (initiale de NP), p. 461 b) Hammî-telû (NP), chef soutéen, p. 547 e) hammum=« grand père », p. 77, n. 62 hamuttum= « vitesse », p. 285 e) hanâqum = « étrangler », Dt = « se pendre », p. 256 h) hanûm = « demander haut et fort », p. 339 k) Hanzat = Šubat-Šamaš (toponyme), p. 67, p. 145, p. 149 h) Hardûm (NP), (un marchand), p. 407 harpum(injure), p. 254 e) harrum = fossé », « dérivation illicite », p. 217 e) hasâsum= « préciser, être explicite », p. 37 j) hašâhum = « désirer qqch, en être en manque », p. 455, n. 120 Hašqûdum = Asqûdum, p. 48 sq., p. 491 hašûm= « craindre, redouter » (ḪŠî), p. 564 e) hâšum= « souci », p. 160 b)  — (une maladie), p. 382 d) hâšum = « être inquiet », p. 447 a) ; cf. p. 564 e) : 1) vomir, 2) se faire du souci haṭṭum = « bâton » (servant à fermer un méandre), p. 423 haṭûm + acc. = « ne pas s’occuper de …, ne pas accomplir sa tâche…», p. 402 c) ; p. 462 b) — + nég. = « régler son compte à qq. », p. 402 c) Hâyum.ma-El NP, p. 460 a) Hâyu(m)-Sûm(u), NP, « Le-Sûmu-est-vivant », p. 264, n. 94

      Index hegallum= « abondance », p. 367 h) hiâšum = « se dépêcher », p. 511 a) hiâṭum = « inspecter un travail, en voir les résultats », p. 341 c) hiblâtum = « dommage subi », p. 235, p. 239 hikîtum=« attente, espoir », p. 31 e) hikîtbêlim=« quelqu’un sur qui le roi a des vues », p. 31 e) Himmarân (toponyme), un des centres du district de Terqa, p. 121 hinnum = « grâce (divine) », p. 101, n. 131 hîpîlibbim=« désespérance », p. 360 g) hipirtum= (nom d’un mois), p. 63 hiprum = « groupe bédouin mobile », p. 547 d) hiriṣtum= zi-ga (?), p. 404 f) Hirîtum (toponyme), = « Les Fossés », p. 113 hiṣrum(?) = « Enclos », p. 141 b) hissat šumim = « cadeau de reconnaissance », p. 364 e) Hišamâyum (toponyme) = « de Hišamta», p. 253 c) Hišamta (toponyme), porte sud du district de Terqa, contact avec Mišlân, p. 105, p. 159 — domaine d’Asqûdum, p. 161 hišihtum= « rupture de stock », p. 455, n. 120 hiṭîtum= « manque dans le stock », p. 402 c) hubburum = « rendre très solide », p. 490 f) hubur= (nom d’un mois), p. 63 humûsum= « monument de victoire », p. 469 humuttam= hummuṭiš = « rapidement », p. 285 e) humutatam= « rapidement », p. 285 e) *Huršû, Huršân (Toponyme) sur *Hurš-, p. 554, n. 90 huruppatum = « toile de tente », p. 323 c) ; p. 343 e) hussusum = « faire ressouvenir », p. 37 j) — (en hendyadin) « réfléchir », p. 262 f) Huzzû (NP), cf. p. 485 & n. 12. I Iddin-ma-ilum (NP), p. 513 a) Iddin-Sîn (NP), administrateur sacré. p. 503, n. 12 & 13 Iddin-Sîn (toponyme), p. 563 a) Idin-Dagan (NP), « Don-de-Dagan», p. 481, n. 1 *idnum (dans NP) = « don », p. 481, n. 1 idum= « salaire », p. 564 b) idum= « côté »  — inaidi, p. 288 b) igârum= « paroi d’un mur de ville », p. 299 d) igissûm = « présent de bovin fait par un fonctionnaire », p. 110, p. 375, p. 396, p. 400, p. 555, 557, 558 c) ikkarum = « exploitant agricole », p. 43 ; p. 396, n. 20, p. 402, = « riche », p. 377, n. 290 Ikšud-appa-šu (NP) = gouverneur de Saggâratum pour le RHM, p. 205, n. 15 Ilî-Sûm(u) (NP), p. 541 b) Ilî-tillatî, NP, babylonien, p. 527 d), p. 550 (l. 5)

      Index Ilî-uṣranni (NP), artisan du métal de la 1re partie du rège de Z.-L., p. 551 illatum= « alliés (familiaux) », p. 385 & n. 301 Ilum-malik (toponyme), p. 121, n. 206 (akkadisation d’Ilum-muluk) Ilum-muluk (toponyme), p. 89, p. 121 (sur la rive gauche, en vue de Mišlân, entre Saggâratum et Ṣuprum) imêrum barmum = « âne de couleur non homogène », p. 278 f) imêrumpêṣum= « âne blanc », p. 278 f) immeratum = « troupeau de moutons », p. 575 imšuguppûm= « devis », p. 126, p. 127 a) ina(dans les serments), p. 283 b), p. 339 e) inasubordonnant, p. 488 b) inabâb= « à proximité », p. 177 w) inalâ=« faute de », p. 474 c) ina lâ bultim = ina lâ buštim, « sans vergogne », p. 175, n. 283 inaqât= « par le moyen de », p. 201 c) inannannum=inannaannanum, p. 545 a) inim-du10-ga, p. 251 d) Innibum (NP) = (H)innibum (?), p. 238 b) înum cf danânum Ipiq-Mammi (NP), p. 536 a) Isaddi-El (NP) = Yasaddi-El, p. 445 a) isiktum = « protocole établi pour une activité religieuse ou non », p. 106 ; « édit d’application de la mišarum », p. 470 isqum= « part d’héritage tirée au sort », p. 67-68 Iṣêpuk (NP) = *Yaṣi-Yapuh, p. 142 & n. 238, p. 161, p. 178 Iṣî-hâlum (NP), p. 402 & n. 38 Išar-bahlî/bêlî (NP), p. 507 & n. 23 Išhî-mâdar (NP), chef des Mâr sim’al au Numhâ, p. 519 a) išâtum = « catastrophe » / « signal de feu » (?), p. 151 g), hostilité, p. 330 i) iškarum= « travail quoidien», p. 404 d) iš-pu-ra-ru, cf. šapârum i/ešrum= « domaine réservé », p. 58-59, p. 102 c), p. 187, p. 189 a) i/ešrîtum=išrum, p. 58-59 et n. 12, p. 102 c) Ištânum (toponyme) = « Nord », p. 152, p. 154 b) ištuadi… « depuis jusqu’à …», p. 99 c) ištuina=« depuis le courant du …», p. 428 d) itaplusum  pânami. = « sonder les intentions de qu’un », p. 181 j) itti= « du fait que …», p. 212, d) ; « en référence à … », p. 451 d) ittum = « signe d’identification, tatouage », p. 246 j) ittum = « connaissance », p. 165, g) cf. lûittum Itûr-asdu = « Le/Un-guerrier-est-revenu », p. 501, n. 1 Iwatân (toponyme), p. 215 c) izi-ta-ná-aku6 = « poisson cuit à l’étouffée », p. 446 d)

      589 K kabâtum + dat. = « faire pression sur quelqu’un », p. 177 s) kallûm= « messager rapide », p. 44 kalṭum, qeltum = « prétendant au trône », p. 69, p. 517 kalûm= « garder dans l’obéissance », p. 31 i) — anaṣêrk. = « empêcher d’aller », p. 264 c) kalûmum=« agneau », p. 93 h) kamarum= « remblai », p. 291 b) kamârum = « entasser », p. 291 b) kamâsum — epištamk. = « réunir une équipe », p. 291 b) kanâkum = « condamner une porte », p. 292 b) kanâqum=hanâqum,p. 256 h) kapâdum = « mûrir en soi une idée », p. 156 a)  — « programmer », p. 283 Kapêšuh (NP), mâr yamîna p. 478 ; p. 479 c) Kapiyûm (NP) = « *Kabiya », p. 478 a) karâbum = « invoquer la bénédiction divine pour une entreprise », « donner son aval», p. 101, n. 129 karâkum= « bloquer un écoulement d’eau », p. 491 g) *kariktum = kiriktu « protection contre les eaux », p. 491 g) Karkis (toponyme), forme de Karkémish, p. 145, n. 247 kârum = « quartier marchand » (de Saggâratum), p. 407 kasapdayyânî, dînim = « amende judiciaire », p. 214 kaṣârum= « obstruer », p. 295 m) kaš-zalag = « bière claire », p. 306 d) kašâdum  — appameli-k., p. 36 a) « l’emporter sur »  — hadânamk.,p. 37 a) « atteindre le but » kâyan = « constamment », p. 212 c) kâyamântam= « normalement », p. 78 a) kawarum= « douve », p. 291 b) kerrum = gerrum, p. 330 h)  cf. râbkerrim kîmaṣiûmi(m)= « (en) combien de jours », p. 48 c) ki’âm (résomptif), p. 563 Note kidîtum = « région extérieure à la ville », p. 566 c) kîmapagrim=« de rang égal », p. 27, n. 7 kirhum = « espace protégé, secteur autour du palais», p. 545 kiriktumcf. *kariktum Kirip-šeriš (NP), p. 540 a) kisallum = « unité d’habitation dans le palais », p. 41, n. 29 kisalbîtbirmî = cour 131 du palais, p. 86 a) kisalgiš-gišimmar = cour 106 du palais, p. 416 b) kisalluhum = « courtisan », p. 41, n. 29 kiṣrum= « obstruction », p. 295 m) kišâdum = « berge » =/= ahum « côté », p. 334 a), p. 348 l) -kîše, -kiyaše, -kiyazi (dans des NP hourrites), p. 412 a) Kišîtum, divinité, p. 103, n. 137

      590 kitaššudum = « arrivée », p. 352 d) kubšum=« couvre-chef (royal) », p. 75 b) kukkubum = (un récipient), p. 303 f) kubbutum = « procéder à l’alourdissement d’une structure », p. 156, n. 265 Kubbutum, NP, dignitaire ešnunnéen, p. 536 & n. 63, marchand Kúl-la-ti = ?, p. 363, n. 264 kullum= « offrir à une divinité », p. 505 b) *Kulzalanum (toponyme) : lire Musalanum, p. 172, n. 278 Kunaniya (NP), (dignitaire du RHM), p. 393 kurrum = « (liquide qui sert au tanage », CDA) ou = kûrum « four » (?), p. 169 b) & n. 27 kurrum= « diminuer », p. 532 b) Kusia (NP), p. 479 d) kussurum= « réussir à colmater », p. 41 f) ku-ta-ri-im cf. p. 443 b) Kutlâtum (toponyme), lieu proche de Qaṭtunân, = « Les Haies », p. 413, p. 416 a), p. 481 L lâkašâdam = « sans atteindre », p. 51 a) lab’um = « lion » (dialecte de Mari), p. 501, n. 1 Lala’ûm (NP) p. 178, p. 181 d) — (toponyme), p. 574 f) lâmâ.ma = « avant même que…», p. 320 b) lâmâ.ma…ma = « c’est avant même que…», p. 287 d) lapâtum  — qaqqâdam l., « choisir quelqu’un » (?), p. 513 c)  — suqtam l. « confier une mission à quelqu’un », p. 513 c) laputtûm = « surveillant des travailleurs », p. 230, p.285 b), p. 289 ; p. 384, p. 558 b) La-rîm-Dêr (NP), père (?) de Šalgân, p. 522 a) latâkum+ana= « essayer de », p. 181 e) Lâ’ûm (NP), ministre de Yasmah-Addu, p. 417 Lâ’ûm (NP), responsable religieux, p. 420, n. 70, p. 422 c) leqûm« prendre quelqu’un comme chef», p. 37 g) — kakkaml. prendre en main un symbole divin, p. 248 d) — qâtam l. = « aider quelqu’un, le guider », p. 93 f), p. 164 d) — šâraml. = « être divulgué », p. 547, n. 80 — ṭêmaml. = « se renseigner », p. 482 a) libbânum= « à l’intérieur de … », p. 294 f) libbum (siège de l’intellect), p. 217 h) — marâṣum = « être concerné par, se soucier de », p. 564 c) *liddum,p. 251 f) lilêtum= lili’âtum = « nuit», =/= de lilli’atum, nom d’un mois, p. 550 c) li’mum/lîmum = « tribu », p. 434 liptum = (cérémonie d’alliance = lipit napištim), p. 71, p. 103, n. 133 ; p. 109 ; p. 110, n. 163

      Index li-ša-ah/hi-ma, p. 210 c) lišânum = « pointe » (?), p. 387 b) lú = ša, p. 515 b) lú-didli = « soldats enrôlés individuellement (hors clan) », p. 514 lú-káš-tin = sâbûm, p. 118, n. 194 lú-ŠID (lú-àg) = šaitqim, p. 333 f) lûittuminûma = (savoir en commun), p. 26 a) ; cf. ittum luktînannicf. p. 462 c) M MLK = « exercer le pouvoir grâce à son jugement », p. 92 a) -ma in états construits, p. 203, n. 1, p. 256 a) mâdarum = « membre d’une famille royale », p. 517 madbarum = « lieu devenu impraticable », p. 307, p. 323 a) mahâhum = « diluer dans un liquide », p. 407 a) mahârum« percevoir l’impôt », p. 377 — šarramm.=« en attester le roi », p. 339 f) mahrûm = « pour commencer », p. 294 b) mahrûm-ma= « pour commencer », p. 294 b) mahâṣum=« rabattre un troupeau », p. 208 (l. 6), p. 334 c) — mêm. = « faire une brèche », p. 270 g) — qâtamm. = « refuser un marché », p. 462 d) mahirtum= « réception », p. 412, n. 54 mâkaltum= (contenant à nourriture), p. 199 c) mâkisum = « chef-douanier », p. 417, p. 437, p. 461, p. 462 a) makûm = « pauvre, vagabond » → « informateur, espion », p. 455 mala= « complètement », p. 295 k) mala-šu=« grandement », p. 287 e) malâkum  milkamm. = discuter, p. 146 mali= mala, p. 477 i) mal(i)kum = « prince qui a un bon jugement », p. 92 a) mallûm= « chartoure » (une sorte de radeau), p. 444, p. 446 c) -man (irréel), cf. p. 151 a) Manhamâ (toponyme) = « Sanssouci », p. 232 & n. 11 Manûm (NP) = « Aîmé », p. 57, n. 3 manzaštum= « service administratif », p. 215 b) & n. 32 Maprakum (NP) = naprakum, « verrou », p. 165, p. 169, & n. 274 maqâtum  — ana qât-… m. « tomber au pouvoir de…», p. 38 t) — analibbi–…m. = « être important pour … », p. 333 j) Mâr-Eštar, NP, marchand, p. 527 marâṣum (perm.) + libbum = « se soucier de qqch », p. 564 c)

      Index Mari = « royaume de Mari », p. 92 c) mâršiprûtim, « messager », cf. p. 558 d) mâršiprûti= « diplomatie », p. 558 d) mârûm = « engraisseur », p. 221, n. 38 mâr(û)ummêni = « gens de métier », p. 513-514 mârûtum = « statut de fils (= vassal) », p. 538 maskanum= « carcan », p. 476 c) massûm/mazzûm(?) = « porteur » (?), p. 523 b) maṣṣarum= « gardien d’une exploitation agricole », p. 43, n. 33 maṣṣartum= « charge administrative », p. 505 c)  — « sauvegarde ominale », p. 549 a) maṣṣarâtum= « garde urbaine », p. 196 mašâhum = « prendre la mesure d’une troupe », « mesurer un terrain », p. 492 f) & n. 21 mašallum= « dérivation », p. 270 e) maškanum = « aire à battre le grain », p. 476 c) maškummallûm= « peaux utilisées comme radeau » (?), p. 446 c) maštakum (lire : mastakkum ?) = « appartement d’une femme », p. 506 et n. 17 mati…mati…= « tantôt… tantôt… », p. 291 c)  — matiumati= « à un moment quelconque », p. 291 c) mazzaztum = « collège de juges », p. 213 mehrum= « réponse à une lettre reçue, réplique », p. 200 d) mehret  — ina m. = « par devant, à proximité de », p. 354 a) Menîhum (NP), militaire mariote, p. 206 n. 17, p. 496 mêreštum = « terre labourable », p. 204, n. 11 *Merhûm (NP) cf. Menîhum mer‘ûm= « berger », p. 208 (l. 19), p. 330 k) -mi (discours direct), p. 37 h) mihhum = (une farine à pain), p. 407 a) mikrum = « terrains irrigués », p. 465 b) miksum= « taxe sur le commmerce international », p. 397-398, p. 412 (?), p. 417, p. 462 mimma  — ûlm. cf. p. 339 d) mînam=« pourquoi ? », p. 229 b) minûtum = « nombre de …, plus d’un… », p. 264 a) mîtum=«  (canal) mort », p. 283 miṭîtum= « freinte », p. 126 mu-túm = šûrubtum, p. 377 e) muballittum = « qui alimente en eau », p. 341 b) mubarrîtum= « groupe qui apporte des nouvelles », p. 497 a) mudammiqum= « ancien combattant », p. 428 g) Muhaddûm (NP), cf. p. 212 j) Mulhân (NP) = « L’homme-du-Lieu-au-sel », p. 58, n. 10 Mulhîtum (toponyme) « La Salée », p. 574 e) mullûm « charger un animal », p. 443 a) muluk = malik, p. 121, n. 206 muqqûm = « tarder », p. 281 c)

      591 murṣânu = « épidémie », p. 382 c) murṣum = muruṣlibbim, p. 270 d) Musalân (toponyme) = Musilân Musilân (toponyme), p. 172 ; p. 177 j) muṣlâlum « après-midi, moment de la sieste », p. 176 d) muškênum = « paysans sur terres privées », p. 514 muštâlûtum = « décision réfléchie», « avis des conseillers », p. 331, p. 333 a) mûšum= « moment du sommeil », p. 176 d) mûtbêlim = « mort infligée par le seigneur », p. 256 g) N ND’ (Š) = « arrêter une entreprise », p. 490 e) NDN —// ŠQL, p. 428 c) — (Š) = « demander une contribution supplémenaire », p. 377 NPL, cf. p. 493 e) NSK cf. p. 212 b) na’âbum= être un poltron », p. 477 k), cf. nuhhubum na’âpum= « gêner quelqu’un », p. 477 k), cf. nuhhupum na’arrurum = « réagir vite à une attaque », p. 328 b) nabalkattum= « passe de montagne », p. 97 b) nabûm = « mentionner un nom, nominer », p. 214, n. 29 na’budum, na’butum, cf. p. 476 a) nadânum = « ne pas garder pour soi », p. 37 k) ; « promettre en mariage », p. 92 e) — napištamn. « épargner », p. 181 h) — qâtamn. = « aider », p. 520 d) — šipṭam n. « promulguer un édit », p. 213 b) — + ana + inf. = « permettre de », p. 545 d) nadûm — napištam n. = « entreposer des vivres » ; « prêter serment », p. 220, b) nâgirum = « crieur public », p. 513 Nahad (toponyme) = Nihad, p. 446 b) nahbatum = « housse », p. 320 nahrum= « jeunot », p. 385 a) nakkamtum= « magasins, entrepôts », p. 347 c) namraṣum= « difficulté présentée par un terrain », p. 566 b) namzaqum = « clef » (insigne d’une fonction ?), p. 558 c) Nanni, divinité, p. 103, n. 136 = Eštar de Ninive (?), p. 111 nâpaltum = « réponse à une demande », p. 200 d naparkûm = « cesser son travail », p. 289 c) nâpihišâtim = « responsable », p. 330 i) napištum= « vivres », p. 220 b) ; « quelque chose de vital », p. 343 a) napsuhtum= « expédition », p. 78 b) naqâmum — niqmamn., p. 181 e)

      592 naqârum = « détruire les vieilles structures », p. 295 k); p. 299 c) Narâm-ili-šu (NP), (roi de Qaṭṭarâ ?), p. 538 & n. 65, p. 539 & n. 68 nârummîlum = « crue », p. 449 a) nasâhum  šipramn. = se débarrasser d’un travail, p. 296 y) naṣârum — maṣṣartam n. + acc, « assurer la protection », p. 466 d) nâṣirum = « garde », p. 333 c) naṣrum/ naṣirum, « espion », p. 333 c) našâkum  — ubânam eli… n. », « montrer de l’hostilité », p. 477 j) naššikum= « responsable local » (terme occidental), p. 398, n. 30 našâqum  — šêpam n. = « faire acte d’allégeance », p. 275 b) našparûtum = « garde » (?), p. 301 d) našûm  — salîmamn.= « se rendre, capituler », p. 37 n), p. 181 g) naṭâlum= « prendre le temps de voir », p. 339 g) — « avoir un rêve auspicieux », p. 562 h) nawûm = « troupeau(x) », p. 61, n. 18 nazârum = « réclamer la possession d’un bien », p. 526 c) nêbehum= « backchich », p. 385 nehrârum = « troupes de représailles, secours », p. 328 b) nêkemtum = « acquisition violente », p. 554, n. 90 nepârum = « prison », p. 547 h) neqelpûm = « pratiquer la flottation », p. 49, n. 39 niâlum = « être stocké de façon non-productive », p. 259 b) niâšim (après préposition), p. 454 b) Ni’âtum bûrtum (toponyme) = « La Prairie au puits », p. 402, p. 403 b) niggallum= (nom d’un mois), p. 63 nig’um = « parcours traditionnel d’un troupeau », p. 24, p. 27 m), p. 67 níg-gul = akkulum=« masse pour briser », p. 201 b) ni’’itum = « affaire préoccupante », p. 208, p. 210 a) Nikkal (Nin-gal) Nom div., in NP, p. 242, n. 43 ; p. 245 e) nikmum= (nom d’un mois), p. 63 d Nin-hursaga = Šalaš, divinité, p. 490 d) nînum = nînum.ma, p. 362 g) nipûtum = « gage personnel », p. 467 a), p. 557 a) nîšû= « les gens (de l’ambassade) », p. 444 n) nišûtum = « lieu où l’on trouve un époux », p. 410 nubalum= « chaise à porteurs », p. 369, p. 370 nuhhubum (nuḫḫubum) = « être poltron », p. 477 k) nuhhupum (nu‘‘upum) = « mettre des bâtons dans les roues », p. 477 k)

      Index nuhhum — ebûramn. = « libérer … pour la moisson », p. 447 b) nukkurum — « faire passer l’eau dans un autre canal », p. 449 c)  — ûmamn. « changer la date », p. 360 h) nukurtum= « troubles de la rébellion », p. 436, n. 90, p. 572 a) nullâni-  : cf.belâninussuhum = « donner une nouvelle affectation », p. 343 e) nuwwurum= « faire la fête/maltraiter qqu’un (?) », p. 564 d) P PSL, p. 359 a) pa’âṣum(a/u)= « briser », p. 294 a),  — (Š), p. 294 a) pagrum= « cadavre » (ou réfléchi ? cf. anâkupagrî), p. 137 c) pahâdum= « craindre », cf. p. 212 h) pahattum = « situation scandaleuse », p. 212 h) pâhâtum = « direction de l’administration », cf. p. 212 h), p. 430 Note palâkum = « planter des piquets pour délimiter un espace », p. 27 j), p. 404 g) palâlum = « ne pas dormir pour terminer un travail », p. 295 p) palâšum = « percer (une muraille) », p. 477 g) ; « percer (sévices judiciaires) », p. 548 a) pânum — ina pâni-ia = « avant mon départ, tout de suite », p. 562 c) — kîmapâni-šu = « aussitôt », p. 330 e) pânîtum  — inapânitim= « ci-dessus », p. 178 z) pânum = « surface », p. 404 f) pappirum= (matière pour faire de la bière), p. 199 b) paqâdum = « attribuer une ration après recensement », p. 152 b) ; « constituer un troupeau », p. 268 c) Partum (NP), princesse mariote, épouse d’Itûr-asdû, p. 502 n. 6 pasâlum= « être désappointé », p. 359 a); cf. p. 246 i) paslum= « tordu » (en parlant de présages), p. 422 a) pašâšum  — qaqqadamp. = (rite d’accueil), p. 278 b) paššuršarrim (=/= naptanšarrim), p. 104, n. 141 pâtihum/*pâtihtum « une sorte de sac », p. 199 d) paṭârum = « castrer », p. 279, n. 120 paṭirum= « qui est hors service », p. 377; p. 379 sq. & n. 291 pazrum= « poutre de traverse », p. 51 c) peṣûm = avoir une voie d’eau, p. 294, n. 144 petûm = « ouvrir sa porte » (ville), p. 148 b), p. 177 t)

      Index pi’atum = « région », p. 495 d) pi’atumelîtum = « acropole de Mari », p. 495 d) pîdum = « (une taxe) », p. 507 a) pihrum = « conscrits », p. 514 pilkum= « piquet », p. 217 i), p. 404 g) piqittum= « ration d’entretien », p. 439 b) pirhum= « rejeton », p. 58 pirištum = « conseil secret du roi », p. 177 q) pirittum= « crainte », p. 355 a) pirsum = « percement », p. 566 a) pi-še-ra-tum= (un bijou ?), p. 315 a) pisiltum= « enveloppe de tablette », p. 359 a) Pi’ûm,Pûm (toponyme) = « Embouchure », p. 71, p. 72 b), cf. p. 451 e) pûdum = « expiation, pénitence publique », p. 70, p. 507 a) puggulum(NP) =« Costaud », p. 109, n. 161 pûhat+ subj.=« plutôt que …», p. 212 h) pûhtum = « remplaçant d’un travailleur », p. 467 a) pullukum= « délimiter une zone », p. 217, i), p. 406 f) pullusum = « chercher querelle », p. 301 i) purruṣum + acc. = « ne pas dire toute la vérité, l’énoncer de façon biaisée », p. 541 b) pussulum = « ne pas marcher droit », p. 246 k); p. 359 a) putassulum « être découragé », p. 359 a) pût = « à l’opposé de …», p. 334 a) puttûm= « ouvrir un canal, irriguer », p. 449 e) puṭârum= « hongre », p. 277, p. 279 f) & n. 120 Puzur-Mamma (NP), chef des administrateurs sacrés, p. 504-505 Puzur-Marduk (NP), babylonien, p. 526 d) Q qabûm= « promettre », p. 154 e)  — watartamq.= « exagérer », p. 181 c) qâdum= « faire brûler », p. 63, n. 22 qanûm = (mesure), p. 295 h), p. 449 b) qaqqadum  — qaqqadâtum = « les notables », p. 500 (l. 5)  — inaq.-imkabtim= « avec honneur », p. 229 e), p. 348 t) qarnum= « pointe, extrémité », p. 232 b) qâṣum= « steppe », p. 61, n. 18 qattanum= « grêle, mince », p. 387 e) qâtum  — qâtumba’îtum= « affaires commerciales », p. 429 (l. 6)  — anaqâtassumma = qâtamanaqâtim, « aussitôt », p. 547 a) Qaṭṭarâ (toponyme), p. 538 sq. qeltum cf. kalṭum qêpûtum= « confiance », p. 426 qerûm « inviter », p. 26 b) qiâlum + acc/ana + gén., « prêter attention à », p. 141 e) qiâpum (construction), p. 179 (l. 8) & n. 288

      593 Qihila NP, p. 539 qinnum= « famille », p. 330 g) Qirdahat (toponyme), p. 436, p. 441 & n. 96, p. 444 d) qiršum= « solde militaire », p. 29, p. 33, b) qîštum = « rétribution d’un service », p. 274, p. 303 b) Quṭṭân (NP), mâr yamîna, p. 573 a) R ra-ab-hi-im= Rabbîm (?), p. 265 râbkerrim = « chef de l’expédition », p. 330 h) rabûm = « être une autorité », p. 428 l) rahâṣum = « tenir un palabre », p. 238 d) rakâsum = « assigner un bien à qq », p. 444 o) râkibum cf. p. 201 c) ramâkum  — qâtamr. (?) = « dégager sa responsabilité », p. 477 i) Rami’a NP, p. 248 f) râmum = « aimer » (indique une égalité de rang), p. 145 râmum = (monument), p. 301, n. 172 râmûm=(une fête), p. 76-78 & n. 59, p. 103, p. 301, n. 172 warkirâmîm, p. 303 d) (à [M.13037]) rašûm — gilittam r. = « se paniquer », p. 355 b) — tibûtam r. « subir un soulèvement » (?), p. 223 d) rašûm= « montrer de la compassion », p. 388 d) raṭabtum = riṭibtum, « terre irriguée », p. 472, n. 9 Razamâ (toponyme), p. 539 redûm  — bîtamr. « mettre la main sur un patrimoine », p. 212 f) rêdûm = « soldat de métier », p. 514 rêqum= « s’éloigner », p. 320 c) rêš warhim = (fin du mois et début du suivant), p. 311 a) ribbâtum = « arriérés », p. 195 rihṣum= « palabre », p. 139, p. 563 rikis-ma = « par la suite des choses … », p. 212 i) rikissuma, cf. p. 212 i) Rip’î-Lîm (NP), « La-Tribu-est-mon-adjuvant », p. 398, n. 32 rubbûm  — libbamr. = « reprendre courage », p. 256 h) ruddûm= « ajouter une clause », p. 196 a) S SGB = « contrôler militairement », p. 455, n. 121 sabiltum= « biens transportés » (?), p. 169 e) sagbum = « forces mobiles régulières », p. 455 et n. 121 Saggâratum (toponyme), « Barrière », p. 393, n. 11, au confluent de l’Euphrate et du Habur, p. 503, n. 9

      594 sagûm= « émigrer pour motif économique », p. 217 d) sahâmum« recouvrir de terre », p. 474 d) ; cf. suhhumum sahârum — itâtnapištims. « menacer la vie de qqu’un », p. 181 i) Saharû (toponyme), nizbé sur Sahrum, p. 575 d) sahimâtum = « éboulements de terre (?) », p. 474 d) sakânum = « s’installer temporairement » (en parlant d’un troupeau), p. 177 l) sakâpum= « envoyer par bateau », p. 441 sallatum= « lieu où l’on trouve une épouse », p. 410 samîhum = « travailleur non spécialisé », p. 474 a) Sa/umu-ila (NP), « Gloire-de-Dieu », p. 193, n. 1 *Samu-hil lire Samuh-El, p. 193, n. 1 sanâqum = « contrôler », p. 133 c) ; « menacer », p. 177 h) — + dat. = « transférer », p. 566 e) sanqum = « éprouvé, vérifié », p. 406 h) Sapiratum (toponyme), (dévolue à Mari), p. 16, p. 152 et n. 256 ; (convoitée par Andarig), p. 177 f) sarrum = « meule de blé », « fourrage », p. 71 et n. 48 ; p. 373 a) Sarrum (toponyme), p. 71, n. 48 sarrûtum= « iniquité », p. 249 k) serremum= « onagre », p. 325 d) si-lá = « population de rationnaires », p. 114 sihirtum= « tour des temples », p. 88, p. 103 sihmum= « buttage », p. 474 d) sikkatum = « cheville pour délimiter un champ », p. 406 d) sikkatum = (ingrédient pour la bière », p. 449 f) sikiltum= « chose, créature », p. 45 c) sikkum= (sac de l’ambassadeur ?), p. 530, n. 58 sila4-gub = « gravide », p. 268 b) silihtum= « lustration matinale », p. 360 i) Simah-ilânê(NP), « Joie-de-mes-dieux », p. 501, n. 4 simtum=« marque de propriété », p. 110, n. 166 *dSîn-îpuš NP = dEn.líl-îpuš, p. 469, n. 1, n. 2 Sîn-muballiṭ NP, secrétaire de Yasmah-Addu, p. 469 siniqtum= « contrôle des effectifs », p. 499 sipa gu4 = rê’ialpî, p. 254 f) sugâgûtum= (taxe sur une installation mâr sim’al), p. 67-68 & n. 35, p. 101, p. 102 b), p. 130, p. 375 suhhumum= « narguer, provoquer », p. 459 a) Suhhumum (NP), « qui a un caractère pénible », p. 459, n. 129 sukkal-ím = sukkallušanû(oušânûm  ?), p. 479 d) sukkunum = « donner une affectation provisoire », p. 456 e) sukkupum = « causer des ennuis », p. 151 e) sullumum= « s’assurer l’amitié de », p. 456 c) sullutum, p. 513 b) « opérer un choix » (?) Sumu-hadû (NP), « Gloire et joie », p. 231, n.* Sumu-yasîm (NP), p. 473, n. 11 & 12 suppûm = « débaucher un travailleur », p. 137 a), p. 253 a), p. 493 a), p. 526

      Index supp/bbûm = « forcer à partir », p. 237 e) supûm = « prière », p. 245, h) sûqum =/= bîtum, p. 245 c) sûrîtum= « terrains bas », p. 251 f) sussulum= « musette », p. 562 g) Ṣ ṢL’ (en toponymie) : « être pierreux » , p. 352 b) ṣabâtum = « tenir une position conquise », p. 177 v) — abbûtamṣ. = « intercéder pour quelqu’un », p. 417 ṣabâ’um = ṣabûm« inonder », p. 440 b) ṣâbûdamkârî = « milices privées des marchands », p. 513 ṣâbumgibêtum= « armée nationale », p. 348 p) ṣâbumšabilâtim = « train des équipages », p. 176 a) ṣalâmum = « montrer du mécontement », p. 523 a) Ṣallahum (toponyme), p. 351, p. 352 b) Ṣalluhân (« Zalluhân ») (toponyme), « L’endroit très pierreux », p. 93, p. 352 ṣehêrum = « être minoré, être sous la tutelle de quelqu’un », p. 428 l) ṣehrum = « puîné », p. 133 a) ; cf. p. 536 n. 63 ṣîtum = (partie de la muraille), p. 302 b) ṣîtum= « sortie régulière d’un travailleur », p. 474 e) =/=baṭiltum  — ištuṣ-im = « depuis longtemps », p. 404 c) Ṣubatum (toponyme), cf. é dda-gan ṣuddûm = « pourvoir de provisions », p. 536 b) ṣullulum= « en réserve, sous le toit », p. 177 x) Ṣûrî-la-rîm (NP), « Mon-“roc”-se-trouve-dressé », p. 395, n. 19 ṣûrum = roc (« hypostase divine ?), p. 395, n. 19 Š ŠPṬ, « exercer l’autorité », p. 92 a) ; p. 240 -241 & n. 39 ŠQL « verser une somme » // NDN « promettre une somme », p. 428 c) šaašar= « là où », p. 259 a) šabaṣṣa’âtim= « commandos »,cf. p. 494 šabilâtim=« le train des équipages », p. 176 a) šadûrim= « ce que représente le mur », p. 294 d), p. 295 k), p. 298 b) ša gú « le train des équipages », p. 176 a) šakakkî= « soldat », p. 97 c) šališânim= « porte-parole », p. 455, cf. p. 456 b šanamzaqi = (un fonctionnaire), p. 558 c) šanîšê = « gens de famille (?) », p. 301 g) ša nubalim = « porteur du siège royal », p. 104, p. 106 šasikkim = « porteur de la sacoche diplomatique », p. 530, p. 531, n. 58 šašalâlim = « système de dérivation », p. 270 e) šatalpîtim = « enrôlé », p. 379

      Index šaṭemmêni = (domestiques), p. 370 šaurqi= « le préposé aux légumes », p. 118, n. 200 = urqanuhlu de Nuzi (?) šadûm = « falaise de Mari », p. 334 (l. 6) šadâdum G/t  — + ana=« surseoir à une action », p. 325 b) šagûm= « enragé », p. 360 e) šahâtum = « prendre avec ses racines » (??), p. 297 b) šakânum — awatamš. = « faire le point sur une affaire », p. 141 f) — kurṣî = « mettre les fers à quelqu’un (acc.) », p. 137, b) — miksamš., « percevoir le m. », p. 462 b) — nîqamš. = « fournir de quoi faire un sacrifice », p. 255 (l. 14’) — + mahar NP = « assigner devant NP », p. 406 i) šakâṣum= « se montrer sans complaisance », p. 499 b) Šakkâ (toponyme), bourg de la région de Mari, p. 561 a) šaknum = « représentant du roi », p. 430 Note ; cf. p. 385 šakṣum= « revêche », p. 406 b) šalamtum = « cadavre », p. 230, l. 9’ Šalgân(NP), p. 522 a) Šallurum (NP), ešnunnéen, p. 534 šaluššani = « l’année d’avant », p. 428 b) šâlum  — da’atam(nég.)š. « ne pas tenir compte de…», p. 296 x)  — (D ??), p. 251, a) Šamaš-tillassu (NP), p. 417, n. 60 Šamdadum (toponyme), au nord d’Appân, p. 498 c) Šamraṣaku (NP) = Šumruṣâku, p. 118, n. 196 šangûm=« administrateur sacré », p. 113 ; p. 5056 šanîtam(introduit un autre aspect de la question), p. 546, n. 79 šanûm — inašanîm, « une autre fois», p. 210 d) šapârum iš-pu-ra-ru, p. 348 k) šapâṭum = « enjoindre », p. 213 a) šapi’um = « qui a perçu la šepâtum », p. 145, n. 247 šâpirum= « commandant militaire », p. 240, n. 39, p. 345, n. 241, p. 347 b), p. 398 šâpiṭum = « juge », « celui qui exerce un commandement », p. 229, n. 4; p. 231 & n. 4, p. 240-24 & n. 39, p. 257, p. 277, p. 397-398 n. 29 šâpiṭûtum = « juridiction », p. 203, n. 5 « poste d’autorité », p. 231, n. 5, p. 240, n. 39, p. 430 (l. 10’)  — « redevance de l’office de šâpiṭum », p. 374375 šapû « emballer », p. 144, n. 246 šapûm = « donner la šepâtum », p. 148 e) šarratûtum = « régénité », p. 324 & n. 212

      595 šârum = « intrigant, inamical, hâbleur », p. 385 & n. 302 šasûm — kukkanam š. = appeler à la rescousse (?), p. 271 šassukum, p. 262 & n. 92 ŠaWaLum- in (NP), p. 412 a) Šawanni-kiše (NP), p. 412 Šehrum(toponyme), « Porte » (?), p. 270 c) šêltum =« point culminant », p. 295 j) šêlum = « rendre pointu », p. 295 j) šepatum = « grain fourni par les sédentaires aux nomades », p. 144 & n. 246 Šepraru (NP), roi de Qirdahat, p. 410 sq & n. 47, 48 šer’ânum = résistance nerveuse, p. 296 u) šibšum= (taxe sur les bénéfices), p. 301 šikarum = « bière » — š.nawrum (?), p. 306 d) ši-mi-et-nu-ni (NP) = Šemî-utnennî, p. 118, n. 198 šiprêtum, p. 196 c) šipṭum= « décret », p. 195-196 širâhum = (boisson d’alliance), p. 71 & n. 52 širnum = ?, p. 558 a) ši-ta-aṣ-bu-ta = šutaṣbutâ, p. 451 a) ; p. 454 a) šu-gi4 = abbû, p. 38 b) à [A.445] šuhhûm (injure), p. 165 j) šuhhutum = « rappeler à l’ordre », p. 552 d) šukênum = « faire l’acte d’adoration, se prosterner », p. 561 e) šukkallum= « ministre », p. 60, p. 172, p. 190 šukk/qquṣum = « renâcler à » p. 406 b), p. 499 b) šukšudum — appamš. « faire gagner qqu’un », p. 36 a) Šukubatum (NP), p. 118, n. 199 šûkultum = « banquet offert au dieu », p. 505 šullumum= « catastrophe », p. 5 šullumum = « terminer un travail », p. 299 f), p. 387 c), p. 558 e)  — « maintenir la sécurité », p. 451 b) d Šul-pa-è-a (divinité), p. 526 a) šûlûm = « mettre en eau », p. 217 b) Šûlûtum (toponyme) = « poste frontière », p. 49 & n. 38 šumum  — šumdamiqtim = « réputation de générosité », p. 348, g) šumma (interrogatif), p. 156, b)  — (serment) p. 223 c), p. 248 g), p. 264 a) — « quand », p. 525 c) šûnuhum = « épuiser de travail », p. 256 c) šunûlum = « stocker », p. 259 b) šupṭurum — bîtamš. = « faire libérer une demeure pour y installer quelqu’un », p. 545 b) šurpum= « bois à brûler », p. 488 a) šûrubtum = « paiement d’une taxe », p. 101 & n. 128, p. 375, p. 377 a)

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      Index

      — entrée de la déesse, p. 377 e) šuṣbutum  : (pf.) en endyadyn, « se mettre à », p. 181 i) šûtNP = « envoyés/ambassadeurs de NP », p. 99 d), p. 141 c šûtrêšî = « gardes personnels du roi », p. 196 šutârum = « encadrer (une troupe) », p. 516 a) šutâhurum = « venir après », p. 566 c) šutassukum = « administrer», p. 212 b) šutaṣbutum = « organiser », p. 281 šuta’ûm = « ṭraiter un sujet avec légèreté », p. 377 d) šutbûm = « mobiliser les forces de travail », p. 287 a) šuṭhûm cf. p. 276, n. 115 šûtuqum = « habile (parole) », p. 542 b) šuṭṭurum = « écrire tout du long, recopier, établir la liste de … », p. 545 b) šûzubtum= « contribution exceptionnelle », p. 377, p. 379 a) T TKL, cf. p. 545 f) tabâlum=« utiliser des chariots », p. 49, n. 39. takittum (awâtum t.) = « parole de confirmation », p. 238 e) taklum= « digne de confiance », p. 248 a), p. 275 d)  — « sûr, digne de qq’un », p. 544 f) Takribat(NP), « Bénie » (?), p. 118, n. 197 tallum= (partie ominale), p. 83 c) talpîtum= « enrôlement », p. 382 a) tamûm = « prêter serment à » =/= √ZKR « prêter serment par », p. 249 l) tappum= « de rang égal », p. 89, p. 145 taptîtum = « mise en eau d’un champ (pour des cultures secondaires) », p. 449 e) tapsulum = « contestation indue, contraire au bon droit », p. 245, i) tarâṣum  — qâtamt.= « tendre la main, mendier », p. 93 f) târum — + ana = « devenir », p. 361 d) — + dat. = « devenir la possession de …», p. 430 b) tâṣâtum=têṣîtum= « discorde », p. 330 d) taṣlîmum = « acte de malveillance», p. 245 i) tašimtum = « décision réfléchie », p. 420 a), p. 515 a) tašîmtilibbim = « décision non fondée en raison », p. 515 tašûbatum= « troupeau de retour », p. 317 b) tazzimtum=nemettum=« doléances », p. 267 b) Tebi-geri-šu (NP), fonctionnaire, p. 413, n. 56 têbibtum= « recensement », p. 114 sq.  — « début du mois », p. 553 tele’û = « capable, qui sait y faire », p. 333 g) têlûm = « razzié » (??), p. 333 g) temêrum (ou ṭemêrum  ?) = « cacher sous quelque chose », p. 446 d)

      terdîtum= « codicille », p. 196 a)  — « envoi de renforts », p. 328 (l. 16), p. 380 Terqa (toponyme), (ville sainte) p. 107 — district de rive gauche et de rive droite, p. 121 terṣum= « façon régulière », p. 474 d) têrtum= « mission administrative, office », p. 417, p. 557 tibûtum= « soulèvement », p. 223 d) Tillâ zîbim (toponyme) = « Les deux Tells du z.  », p. 325 tillatum= « alliance », p. 221 t/ṭimirtum « trésor caché », p. 446 d) t/ṭimrum = « cachette », « cuisson à l’étouffée », p. 446 d) tirišum = « sac de l’âne », p. 148 d) tisi= impér. de √ŠS’, p. 416 c) Tiš-ulme (NP), p. 437, p. 462 titûrum = (installation précaire servant de pont), p. 208 (l. 12) Tultul = Tuttul, p. 391, n. 4 tummurum (= ṭummurum ?), p. 446 d) turrum = « à nouveau », p. 493 d) Ṭ ṭarâdum — + double accusatif (?), p. 406  — nehrâramṭ. = « poursuivre », p. 328 b) ṭehûm= « entretenir des relations avec », p. 177 i) ṭemêrum cf. temêrum  ṭêmum= « nature d’un lieu », p. 176 c)  — (plur.), p. 191 a) ṭênum = « moudre (N) », p. 523 a) ṭêrum=alluvionner, p. 217 g) ṭubbum = « faire accepter quelque chose par quelqu’un », p. 101 U ubânum — inaubânim), p. 184 a) uddûm + ana = « assigner à (quelqu’un) », p. 518 a) udu-há bamâtum = « moutons de prairies », p. 348, p. 349 a) udu-ŠID (udu-àg) = « mouton à laine », p. 331, p. 333 f) uddûm+ ana = « assigner à », p. 528 a) uddudum(en endyadyn), p. 248 b) uddurârum= « libération des dettes », p. 194-195 ugârum = « terroir avant irrigation» =/= eqlêtum, p. 130, c) — « contrée », p. 261 c) — (toponyme ?), p. 457 & n. 125 ukâpu cf. p. 148 d) *ullimettam, p. 56 b) umakkal = « même pour un jour », p. 357 f) umbinki (Ṣuprum) (toponyme), p. 288 a) ; p. 566

      Index umukkam = « pour un certain nombre de jours », p. 186 c) unqâtum = (partie du temple, à Terqa), p. 164 a) ú-pa = « ou au contraire », p. 428 k) Uragal (toponyme), p. 530 a) urqum = warqum « légume », p. 118, n. 200 urrukum  qâtam u. = « augmenter les moyens de … », p. 511 b) usmum = « quelqu’un qui s’y entende », p. 203, n. 5 uššurtum = « autorisation de partir », « libération, franchise », p. 288 d) uznum+bašûm= « faire attention à … », p. 451 c) W

      597 *Yahpila (toponyme) lire Yahappila, p. 129 b) *Yakal-mâtum (NP), lire YataKmum Yanṣibum (NP), p. 222 (homonymes), p. 547 (messager bavard) YantaKim (NP), cf. p. 426, n. 75 Yâpahum (NP), p. 547 g) Yarah (divinité), in NP, p. 242, n. 43 Yarhû = Yarihû (toponyme), p. 278 a) Yarîm-Addu (NP), bourgeois d’Appân, p. 567 a) Yasaddêl (NP), p. 154 c), p. 445 a) Yasîm-Dagan (NP), p. 183 d) Yasîm-Mahar (NP), p. 460 a) Yassi-ilum (NP), devin, p. 184 c) YataKmum, YataKmatum (NP), p. 574 c) Yatratum (NP) = « Exagération » ?, p. 111 a)

      WŠR, cf. p. 288 d) wabâlum  — muruṣ libbim w. = « rapporter une déception », p. 264 b) wadûm (N), p. 295 q) wakâpum = « charger un âne », p. 148 d) waklum = « supérieur d’un groupe », p. 213, p. 505 ;  — « chef de service », p. 506, n. 20 Wamtahi/Yamtahu(toponyme ?), p. 261 wardûtum = « statut de serviteur (vassalité) », p. 538 warhum = « nouvelle lune, 1er du mois », p. 337 c) warkît-= « après », p. 330 j) waṣûm (indique une conduite répréhensible), p. 476 e)  — ina napištim w. = « fuir pour se sauver », p. 444 g) wâšibum = « notable », p. 105, p. 108 Watartum(NP)= « Exagération », p. 181 c) watrâtum= exagération, p. 181 c) wedûm = « hors clan », p. 275 d), (didli) p. 340 wedûtum = « les notabilités », p. 183 a) wuddar=*puṭṭar« démobilisation » (?), p. 33 a) wuššurtum = « franchise », p. 288 d) wu’’urtum — « lettres de créances » — « permission de partir », p. 136 b) — « instructions administratives », p. 414 Y Ya’il (toponyme), p. 70-71, p. 72 b) Yaddum, Yadidum (NP), p. 467 e)

      Z ZKR « prêter serment par », =/= tamûm=« prêter serment à », p. 249 l) zanânum « pleuvoir » = zanânum « pourvoir » (?),  p. 128, n. 217 zabar (pluriel) = « objets en bronze», p. 126, n. 212 zakûm (N), = « être réglé », p. 348 m) zannatum = « oued mis en eau par la pluie », p. 128, p. 217 f) zarâqum= « asperger », « faire sa toilette ? », p. 360 i) Z/S/Ṣarûm, (activité festive), p. 339 b) zâzum G. = « diviser un lot »,  — D. = « faire une répartition de lots », p. 283 e) Zibna (toponyme) = Zibnatum ?, p. 279, p. 281 b) zi-ga = nisihtum, hiriṣtum (?), p. 404 f) zikrum= « ordre, commande », p. 88, n. 89 Ziniyân (toponyme), p. 197, n. 10, p. 456, n. 122, p. 491 Zinnagan (NP), (= Zinnugan) roi du Huršîtum/ Huršânum, p. 555 zittum= « part (d’héritage) », p. 67 zukûm= « unité d’infanterie », p. 341 f) Zurmahhum (toponyme), à l’amont de Mari, p. 105, p. 108 (proche de Mišlân et de Hišamta), n. 158-160 zûzam = « à une heure de marche », p. 51 a) Zu-ra-ia-tum, (un rituel ?) p. 339 b)

      TABLE DES MATIÈRES

      1. Présentation générale

      p. 1

      2. Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm 2.1. Souvenirs d’avant la guerre contre le RHM 2.2. Les lettres d’Ibâl-Addu à Zimrî-Lîm avant de devenir roi d’Ašlakkâ   2.2.1. AumomentdelaprisedeTuttul  2.2.2. Devenirroid’Ašlakkâ   2.2.3. Enfinroi 2.3. Ralliements  2.3.1. LecasdeYanṣib-Addu,serviteurduRHM   2.3.1.1. Yanṣib-Adduàl’époquedeZimrî-Lîm    2.3.1.2. Devenirmariote 2.3.2. Repentird’unfugitif 2.4. Le « retour de Hašqûdum » à Imâr 2.5. La Famine

      p. 23 p. 23 p. 27 p. 27 p. 33 p. 38 p. 41 p. 41 p. 43 p. 44 p. 46 p. 48 p. 53

      3. Bannum et les débuts de Zimrî-Lîm 3.1. La personnalité de Bannum   3.1.1. LesceaudeBaninum  3.1.2. Bannumcommecritèrepourlachronologie   3.1.3. BannumpendantleRHM 3.2. Zimrî-Lîm à Tuttul et la réorganisation de l’Ouest de la Djéziré  3.2.1. Ladatedelaprisedelaville   3.2.2. Unecontre-attaqueduRHM ouunerévoltelocale?  3.2.3. Larestaurationdel’ordrepolitiqueancien  3.2.4. DeskalṭumdeZimrî-Lîm ? 3.3. La conquête de Mari sur le RHM   3.3.1. BannumdanslarégiondelaForteressedeYahdun-Lîm :lesaccordsavec    lesMâryamînaetlaquêtedesbétyles   3.3.2. Propositiond’Ašmaṭderazzierlestroupeauxd’Išme-Dagan   3.3.3. Lerôled’Addu-dûrî,mèredufuturroi   3.3.4. LesderniersinstantsdurègnedeYasmah-AdduàMari    3.3.4.1. LesévénementsautourdeMari    3.3.4.2. LaplacedesMâryamînadanslaconquête    3.3.4.3. L’interventiondeZakurabumàMari    3.3.4.4. UnestèledeBannum(?) 3.4. L’arrivée de Zimrî-Lîm 3.4.1. LeshésitationsdeZimrî-Lîm(?) 3.4.2. Bannumavantl’arrivéeduroi 3.4.3. Activitésavantl’arrivéeduroideMari 3.4.4. LaroutedeBannumdepuisMariversTerqa 3.4.5. LadescentedeZimrî-LîmversleroyaumedeMari 3.4.6. L’arrivéedeZimrî-LîmàTerqa

      p. 57 p. 57 p. 57 p. 59 p. 61 p. 62 p. 64 p. 64 p. 64 p. 69 p. 70 p. 70 p. 76 p. 79 p. 86 p. 86 p. 89 p. 90 p. 96 p. 98 p. 98 p. 99 p. 102 p. 103 p. 105 p. 106

      600

      3.5.

      3.6.

      3.7.

      3.8.

      3.9.

      TabledesMatières

      3.4.7. LesacredeZimrî-Lîm 3.4.8. LeretoursurMariàpartirdu14-x 3.4.9. La(première)fêted’Eštar 3.4.10. Lenouveaucomputroyal Le pouvoir de Bannum 3.5.1. BannumàlaForteressedeYahdun-Lîm :lapremièretêbibtum 3.5.2. LahalteàSaggâratum 3.5.3. Lasurveillancedelacapitale 3.5.4. L’affairedela« doubledévotion »àDagan 3.5.5. Deseffortspourrétablirlaprospéritéagricole 3.5.6. Surveillanceàl’amont La coexistence de Bannum et du roi 3.6.1. UnedéprimedeZimrî-Lîm ? 3.6.2. Correspondanced’Addu-dûrîavecleroi,dedateincertaine,maisancienne 3.6.3. Correspondanced’Addu-dûrîavecd’autresqueleroi :débutsdurègne ? Les préparatifs de l’expédition contre Kahat 3.7.1. L’affrontementdansleNordentreAlepetleZalmaqum 3.7.2. ProblèmesaveclestroupesdemandéesauxMâryamîna 3.7.3. Lapolitiqued’Ešnunna :unnouveauroiàAllahad 3.7.4. LesangoissesdelamèredeZimrî-Lîm,Addu-dûrî 3.7.5. L’affrontementdeBannumavecleroiavantlacampagnecontreKahat 3.7.6. DeslettresdeDâm-hurâṣiauroipendantlacampagnedeKahat ? 3.7.7. DeslettresdeBannumauroipendantlacampagnedeKahat La fin de Bannum 3.8.1. Lamontéeenpuissanced’Asqûdum 3.8.2. Sumu-hadûcontreBannum 3.8.3. AsqûdumàlaplacedeBannum Textes de Bannum non datables

      p. 106 p. 107 p. 109 p. 111 p. 113 p. 114 p. 124 p. 125 p. 126 p. 128 p. 135 p. 139 p. 139 p. 141 p. 141 p. 143 p. 143 p. 151 p. 152 p. 156 p. 160 p. 170 p. 170 p. 184 p. 184 p. 187 p. 189 p. 191

      4. Les lettres de Samu-ila de Terqa

      p. 193

      5. Les lettres de Habdû.ma-Dagan 5.1. Lettres de l’époque du RHM 5.2. Lettres d’époque incertaine 5.3. Lettres de l’époque de Zimrî-Lîm 5.3.1. LanominationdeHabdû.ma-DaganàSaggâratum 5.3.2. LesaffairesdeSaggâratumetdelaForteressedeYahdun-Lîm 5.3.3. ProblèmesaveclesMâryamîna 5.4. Le dossier de Yal’a-Addu

      p. 203 p. 204 p. 207 p. 210 p. 210 p. 212 p. 221 p. 224

      6. Les textes de Sumu-hadû 6.1. Un inconnu 6.2. Un des principaux responsables administratifs 6.3. Samu-hadû sous le RHM 6.4. Sumu-hadû = Sumam-hadêm 6.5. Les activités judiciaires 6.6. Les activités administratives dans le district de Mari 6.6.1. dutempsdeBannum 6.6.2. époqueaprèsBannum(?) 6.7. La mission de Sumu-hadû à La Forteresse de Yahdun-Lîm 6.7.1. L’arrivéedesMâryamînadanslarégiondelaForteresse 6.7.2. Laremiseenroutedel’économielocale 6.7.3. LestravauxàlaForteressedeYahdun-Lîm

      p. 231 p. 231 p. 233 p. 233 p. 237 p. 238 p. 257 p. 257 p. 264 p. 273 p. 273 p. 283 p. 288

      TabledesMatières

       

      6.8. L’expédition pour Qaṭna 6.8.1. L’ambassadedeQaṭnaàEšnunnaetlademanded’aideduroideQaṭna. 6.8.2. UnretourmomentanédeDam-hurâṣiversQaṭna 6.8.3. L’arrivéedelaprincessed’Alep 6.9. La question soutéenne 6.9.1. LesMâryamînarazzientlesSoutéens 6.9.2. LesMariotesrazzientlesSoutéens 6.10. Expéditions vers le Nord 6.11. Problèmes avec les Mâr yamîna  6.11.1. Lesdébutsdelarévolte  6.11.2. Aprèslavictoire 6.12. Une épidémie à Mari 6.13. Problème concernant les ovins soutéens, après la rébellion 6.14. Maladie de Sumu-hadû 6.15. Annexe : lettres et fragments

      601

      p. 306 p. 307 p. 315 p. 321 p. 327 p. 327 p. 330 p. 335 p. 353 p. 355 p. 364 p. 379 p. 384 p. 387 p. 389

      7. Les affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm au début du règne 7.1. La définition du territoire de la Forteresse de Yahdun-Lîm 7.1.2. Lacontinuitédansl’administrationdelaprovince 7.1.3. Ṣûrî-la-rîm 7.1.4. Aham-nûta 7.1.5. Rip’î-Lîm 7.2. Les textes 7.2.1. Ṣûrî-la-rîm 7.2.2. Textesd’Aham-nûta 7.2.2.1. UnouplusieursAham-nûta ? 7.2.2.2. Aha-nûtalemarchandetleroiŠepraru 7.2.2.3. « Aha-nûta »etSammêtar 7.2.2.4. L’administrateurdelaForteressedeYahdun-Lîm 7.2.2.4.1. Unenominationdifficile 7.2.2.4.2. Aham-nûtaresponsabledumiksum ? 7.2.2.4.3. LagestiondelaForteressedeYahdun-Lîm 7.2.2.4.4. Lesennuisdegestiond’Aham-nûta 7.2.3.5. Lafind’Aham-nûta 7.2.3.5.1. Aham-nûtaautempsdelaseconderébellion 7.2.3.5.2. Aprèsladémission 7.2.3. LestextesdeRip’î-Lîm 7.2.3.1. AvantZimrî-Lîm 7.2.3.2. AuservicedeZimrî-Lîm 7.2.3.2.1. Ledébutdurègne 7.2.3.2.2. AprèslavictoiresurKahat 7.2.3.2.3. Aumomentdelarévolte 7.2.3.2.4. Aprèslarévolte 7.2.3.2.5. Unegestioncontestée 7.2.3.2.6. UneambassadedansleNord-Est ? 7.2.4. Annexe

      p. 391 p. 393 p. 393 p. 395 p. 396 p. 398 p. 399 p. 399 p. 409 p. 409 p. 410 p. 412 p. 412 p. 413 p. 416 p. 418 p. 425 p. 430 p. 431 p. 432 p. 434 p. 435 p. 436 p. 437 p. 449 p. 453 p. 456 p. 461 p. 462 p. 464

      8. Enlil-îpuš, majordome du palais de la Forteresse de Yahdun-Lîm 8.1. L’époque du RHM 8.2. La redécouverte d’Enlil-îpuš 8.3. Les activités d’Enlil-îpuš à la Forteresse de Yahdun-Lîm 8.3.1. Lapériodedefonctiond’Enlil-îpuš 8.3.2. Ledomained’activitéd’Enlil-îpuš

      p. 469 p. 469 p. 470 p. 470 p. 470 p. 472

      602

      TabledesMatières

      9. Idin-Dagan, administrateur de la Forteresse de Yahdun-Lîm

      p. 481

      10. L’administration de Mari avant Itûr-asdû: Abimekim  10.1. UnouplusieursAbimekim ?  10.2. L’époquedeBannum 10.3. Lesactivitésadministrativesd’AbimekimàMarisousBannum  10.4. AprèsBannum  10.5. Événementsàlafrontièreorientale  10.6. UnemissionàKurdâ ?

      p. 483 p. 483 p. 485 p. 486 p. 491 p. 494 p. 498

      11. La correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 11.1. Itûr-asdû sous le RHM 11.2. Au commencement du règne : un rôle religieux   11.2.1. Desmesuresdansledomaineduculte 11.3. Une prise de fonction à Mari après la disgrâce de Bannum  11.3.1. LamontéedeZimrî-LîmverslaForteresse   11.3.2. Compléterleseffectifsdel’expéditionroyale   11.3.3. LedéplacementduroideMariverslaForteressedeYahdun-Lîm 11.4. Préparation de l’accession de Simah-ilânê au trône de Kurdâ   11.4.1. LesensdelanominationdeSimah-ilânêcommeroideKurdâ   11.4.2. LadévolutiondeSapiratumàMari   11.4.3. LesambassadesdeBabylone   11.4.4. Lesambassadesd’EšnunnaàMari  11.4.5. LessermentsdeQaṭṭarâ 11.5. L’arrivée de Simah-ilânê pour la (seconde) fête d’Eštar 11.6. Le retour à Mari de Zimrî-Lîm 11.7. Simah-ilânê roi 11.8. Des activités administratives 11.9. La révolte des Mâr yamîna 11.9.1. Lesprodromes 11.9.2. Larévolte 11.10. En poste à Saggâratum 11.10.1. Laremiseenétatdelarégion 11.10.2. LesoffresdepaixdesMârYamîna

      p. 501 p. 502 p. 502 p. 503 p. 508 p. 509 p. 512 p. 513 p. 516 p. 516 p. 520 p. 521 p. 529 p. 538 p. 541 p.548 p. 549 p. 551 p. 558 p. 558 p. 569 p. 569 p. 570 p. 571

      INDEX A) B) C) D) E)

      Textes édités ou ré-édités dans ARMT XXXIII Index inverse des n°s de tablettes Index des textes réédités Index du commentaire Table des matières

      p. 577 p. 580 p. 584 p. 585 p. 599