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French Pages 602 [609] Year 2019
ARCHIVES ROYALES DE MARI XXXIII
LES PREMIÈRES ANNÉES DU ROI ZIMRÎ-LÎM DE MARI Première partie
Jean-Marie DURAND
PEETERS
LES PREMIÈRES ANNÉES DU ROI ZIMRÎ-LÎM DE MARI PREMIÈRE PARTIE
ARCHIVES ROYALES DE MARI ___________ Collection fondée par André PARROT † et Georges DOSSIN † Direction Jean-Marie DURAND et Dominique CHARPIN &RPLWpVFLHQWLÀTXH Dominique CHARPIN, Jean-Marie DURAND, Michaël GUICHARD, Jean-Robert KUPPER †, Nele ZIEGLER
ARCHIVES ROYALES DE MARI XXXIII
LES PREMIÈRES ANNÉES DU ROI ZIMRÎ-LÎM DE MARI PREMIÈRE PARTIE
Jean-Marie Durand
PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2019
A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. ISBN 978-90-429-3965-3 eISBN 978-90-429-3966-0 D/2019/0602/53 © 2019, Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgium No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval divices or systems, without the prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.
À la mémoire de Georges DOSSIN et de Maurice BIROT lecteurs infatigables des tablettes de Mari sans les travaux de qui les nôtres n’auraient pas existé
1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Si l’on veut écrire aujourd'hui (2018) « La prise du pouvoir par Zimrî-Lîm », la situation se présente de façon beaucoup plus complexe qu’en 19831 car, dans un laps de temps qui représente désormais plus de 35 ans, non seulement la documentation s’est considérablement augmentée, ce qui était prévisible, mais l'approche des problèmes s'est complexifiée, au point que l'on peut se demander si nos prédécesseurs, ceux qui ont lu les premiers documents retrouvés par A. Parrot dans les archives du Tell Hariri s'y reconnaîtraient dans la problématique actuelle des textes dont ils ont initié la publication. La grande question qui avait sous-tendu les efforts des déchiffreurs, celle de savoir si Mari représentait le dernier avant-poste sumérien face à l'Ouest ou l'ultime avancée occidentale face au monde mésopotamien, n'a pas reçu sa réponse, car il se trouve que « les textes de Mari » parlent en fait du « monde de Mari » et c'est cette « civilisation du milieu » qui réapparaît aujourd'hui. Il y a eu un moment au XVIIIe siècle av. n. è. qui a, somme toute, peu duré, où Mari a été étroitement rattachée à un monde politique et culturel mésopotamien, mal connu, celui de l'Akkad oriental. La Syrie du Nord dont nous parlent surtout ses textes fait référence à de grandes villes du IIIe millénaire ruinées, peuplées en ce début du IIe millénaire par des Bédouins qui s'y étaient installés et y avaient aménagé leur propre civilisation. Le problème pour connaître cette dernière vient de ce que, dans un univers où l'oral devait être omniprésent, les divers centres avaient tous adopté comme mode d'expression écrite — notre seul moyen d’avoir aujourd’hui accès à eux — le système cunéiforme dit paléo-babylonien qui véhiculait une expression sémitique souvent proche des dialectes régionaux. L'uniformité de cette expression a dès lors masqué dans l’écrit les particularismes locaux. Ainsi croit-on aujourd’hui à l’unité d’une vaste réalité moyen-orientale, depuis le pays des deux fleuves jusqu'aux rives de la Méditerranée, alors qu’il ne s’agit que de l'uniformisation de son expression écrite. Cela est fort gênant car, bien souvent, ce n’est que par le biais du lexique que l'on a accès aux réalités socio-économiques et à l’exercice du pouvoir politique, alors que la plupart du temps ce sont des termes orientaux qui sont utilisés pour des structures occidentales et lorsque les termes locaux surgissent dans un texte, ce n'est le plus souvent que par le contexte, toujours réducteur, ou l'étymologie, toujours trop imprécise, qu'on peut les comprendre. C'est ce mélange culturel qui est appelé aujourd’hui « le monde amorrite ». 1.1. Nomades et sédentaires Dans la Syrie des XIXe & XVIIIe siècles av. n. è., qui a connu une assez grande instabilité politique, il est vain d'opposer le monde des nomades et celui des sédentaires. Il vaudrait mieux considérer leurs modes d'existence comme des moments successifs dans la vie des individus plutôt que comme de simples réalités complémentaires, économiquement parlant, ainsi que le veut la théorie dite du « dimorphisme ». Les sédentaires ne sont souvent alors que des nomades qui se sont arrêtés pour un temps2. Mais
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C’est le titre que nous avions choisi D. Charpin et moi-même pour notre article conjoint de MARI 4 [1985], titre qui s’inspirait de « La prise de pouvoir par Louis XIV », production cinématographique (1966) alors fameuse de R. Rossellini. Si ce film tournait autour de la façon dont le roi de France s’était libéré de son ministre Fouquet, l’apparition en pleine lumière désormais de la figure omniprésente du ministre Bannum dont s’est finalement affranchi Zimrî-Lîm donne une actualité nouvelle à ce titre déjà ancien. 2 Cf. p. 67, ce qui est dit des Ékallatéens qui évacuent Mari, du groupe d'I me-Dagan qui part d’Ékallatum (cf. p. 95), ou encore de la fuite des Mâr sim'al devant l'établissement des gens d'Ékallatum (passim).
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tels que l'on prendrait pour de purs sédentaires pouvaient également à un moment donné se « mettre en route ». De fait, des parties importantes de la société pouvaient être incitées à « partir » : pour des raisons politiques, ce sont les hapirum ; pour louer leurs services à l’occasion d’entreprises militaires, ce sont les lú-me didli ([w]edûm, ou baddum) ou les habbâtum, ancêtres des sa-gaz de l'époque moyenne ; pour se procurer de la nourriture ailleurs (sagûm). Les sociétés que nous illustrent les textes de Mari sont très différentes de celles des grandes villes de l'Irak ancien qui donnent l’impression d’être beaucoup plus stables et qui ont, de surcroît, de fortes traditions nationales. On ne peut imaginer un monde qui soit plus indifférent au temps historique que ces sociétés syriennes du début du IIe millénaire av. n. è. À considérer ce que nous connaissons de familles privilégiées pour l'étude comme celles que nous appelons « royales », l'horizon historique de EGO ne remonte pas au delà du grand-père. Les souvenirs dont il est fait état s'inscrivent en effet dans le temps d'une vie individuelle, alors que nous savons par ailleurs l'importance de la commémoration à cette époque. À la différence de ce qui se passe pour les sociétés de l'Irak ancien, l'horizon historique pour la famille royale de Mari se borne pour nous à Yagîd-Lîm et pour celle d’Alep à Sumu-êpuh. Au delà de ces deux « grands ancêtres »3, il est — pour l'heure — impossible d'avoir une information quelconque : le père et l'origine géographique d'un Sumu-êpuh ou d'un Yagîd-Lîm nous restent inconnus et si les liens du second avec les Mâr sim'al sont notoires, il reste à prouver qu'il était lui-même d'extraction mâr sim'al, de même que, s'il est à peu près assuré aujourd'hui que l’habitat qu’il a dû quitter se trouvait dans la partie ouest de la Haute-Djéziré, nous ignorons depuis quand il s'y était établi. Cela tient certainement au fait que la documentation écrite n'avait qu'une faible part dans les traditions de ceux qui pratiquaient alors une vie de nomades. La notion essentielle à l'époque semble avoir été celle des nig‘um, les chemins parcourus lors de l'errance saisonnière, objets d'accords entre communautés, qui permettaient d'individualiser les différentes ethnies. Il y a sans doute à méditer sur le fait que les grandes nomenclatures tribales reposent sur des termes d'orientation géographique : Nordistes (Mâr sim'al) ou Sudistes (Mâr yamîna), Occidentaux (Amurrûm) ou gens du sud (Sutûm). Si les deux premiers peuvent se définir par rapport au lever du soleil et semblent avoir eu —malgré de durs affrontements — une assez grande complémentarité, il n'en était sans doute pas de même des deux autres dont on ne sait pas, en outre, quels liens, culturels, religieux ou linguistiques, ils avaient avec les premiers. Les luttes des Sutûm avec les Mâr sim'al et les Mâr yamîna ont été fréquentes et violentes. Plus d'un exemple en est fourni par les documents édités dans cet ouvrage. Ces « Soutéens » semblent en tout cas n'avoir eu aucun lien communautaire avec ceux auxquels ils disputaient l'usage de l'eau du Moyen-Euphrate. Cette réalité nomadique oppose fortement, en ce début du deuxième millénaire avant notre ère, la civilisation des grandes villes d'Irak du Sud à celles de la Syrie euphratique ou des grandes zones steppiques du désert de Palmyre et de la Haute-Djéziré. Si la première se présente, au moins à un examen superficiel, comme l'héritière du millénaire précédent, nous ne connaissons pour ainsi dire pas les liens que les deux premiers siècles de la Syrie du deuxième millénaire entretenaient avec l'époque qui les avait précédés ou les souvenirs qu'ils en avaient. C'est dans cette nouvelle façon de voir les gens de Syrie et la société de Mari que l'histoire de celle que l'on appelle pompeusement « la métropole du Moyen-Euphrate » doit être reconsidérée pour l’époque amorrite. En ce début du deuxième millénaire avant notre ère, les grandes villes du nord du Proche-Orient, désertées depuis la fin du IIIe millénaire, ont été occupées par des Bédouins dont les traditions ne sont pas connues mais qui n'avaient pas de liens forts avec leurs lieux comme cela se passait dans les métropoles de l'Irak ancien. Des tells imposants du IIIe millénaire (et avant), comme Urki ou Nagar, n'ont qu'une importance secondaire (ou celle d’un centre religieux) à l'époque des archives de Mari. La région montre à la fois une très grande dispersion culturelle et politique et une forte tendance à regrouper les différentes unités au sein de communautés dont les leaders ne durent qu'un temps bref, en fonction de leur aura personnelle, ce qui est d'ailleurs la marque de conceptions bédouines.
3 Il est remarquable que le terme de ‘ammum qui désigne de façon très nette, à l'époque amorrite, le « grandpère », a le sens de « peuple » ou de « clan » en hébreu, ou désigne « l'oncle paternel » en arabe.
Présentation générale
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La période est marquée par des tentatives hégémoniques de mettre la main sur cette multitude d'activités troublées. Cela a été le fait de chefs qui s'appuyaient sur des centres politiques forts et qui ont eu les moyens économiques et militaires de leurs ambitions. Nous en connaissons deux assez bien, celle de Samsî-Addu, roi d'Ékallatum, et celle de Zimrî-Lîm, roi de Mari. Il est évident qu'Ibâlpêl (« Ibâl-pî-El ») II d'E nunna aurait voulu faire de même, mais il y a échoué. Nous connaissons encore mal les systèmes antérieurs ou postérieurs à notre documentation, celui d'un Yahdun-Lîm de Mari ou celui d'un Hammurabi d'Alep après le retrait du Nord syrien des forces babyloniennes et l'évacuation, toujours non expliquée, des ruines de Mari par les troupes de Hammu-rabi de Babylone. 1.2. Sens du « retour » de Zimrî-Lîm L'arrivée au pouvoir de Zimrî-Lîm se présentait, en 1983, comme une sorte de « revanche » du successeur de Yahdun-Lîm, roi de Mari vaincu par Samsî-Addu et mort dans des conditions mal élucidées. La dynastie mariote reprenait ainsi ses droits sur les Bords-de-l'Euphrate, une fois l'envahisseur chassé. Cependant, déjà apparaissait l'ombre d'un dénommé Bannum dont le sceau portait un libellé atypique ; des suspicions pesaient également sur la « race » de Zimrî-Lîm puisqu'il apparaissait qu'il n'était pas le « fils de son père ». Nous avons appris depuis que Yagîd-Lîm a été un chef dans l'ouest de la Haute-Djéziré (sans doute à Dêr du côté du Balih) d'où il était venu s'établir sur les bords de l'Euphrate, vraisemblablement après avoir perdu sa ville, sans avoir jamais été roi de Mari, alors que sur le trône de cette dernière terminait la dynastie des akkanakku du IIIe millénaire. C'est sans doute son fils Yahdun-Lîm qui s'est emparé de la grande ville, laquelle devait être néanmoins passablement déchue puisque E nunna possédait le cours de l'Euphrate jusqu'à Puzzurân et que plusieurs principautés mâr yamîna étaient déjà installées à son amont4 ; il s'agissait en particulier de Samânum, mais nous connaissons encore Tuttul et Abattum comme des centres politiques autonomes forts à l'époque de Yahdun-Lîm. Rien ne nous renseigne en revanche sur le statut de Terqa. Yahdun-Lîm (ou peut-être Yagîd-Lîm avant lui) avait dû se constituer une place forte et un palais à uprum (Tell Abu Hassan). Maître de Mari, il a su vaincre les chefs mâr yamîna d'amont, édifier la Forteresse qui porte son nom et organiser à partir de sa capitale un royaume qui rayonnait jusque dans la Haute-Djéziré de l'Ouest. Sans doute, depuis ses nouvelles possessions essayait-il de récupérer l'héritage paternel perdu. Son affrontement avec Samsî-Addu qui poussait vers l'Ouest depuis Ékallatum représentait donc le choc de deux impérialismes. Lorsque, après sa victoire, Samsî-Addu descendit jusqu'à Mari, il ne mettait pas un terme à un royaume centenaire mais stoppait une puissance en cours de constitution. Aucun des deux pouvoirs n'était plus légitime — ni ancien — que l'autre, du moins à en juger par la documentation à notre disposition. Il ne faut voir là que le résultat de la réussite ou de la faillite dans la conduite de la guerre. Pendant deux décennies à peu près la région de Mari a été englobée, suite à la victoire de SamsîAddu, à un vaste ensemble territorial dont elle représentait une marche, face aux routes qui traversaient le désert jusqu'à Palmyre et, au-delà, jusqu'à Qa na et Ha or. La riche documentation afférente à cette époque est en cours d'études. Cette conquête de Mari par Ékallatum semble s'être accompagnée d'une dispersion des ethnies mâr yamîna et mâr sim'al, sans doute majoritairement en direction de l'Ouest du nord et du sud. Ce royaume de Samsî-Addu (dénommé ici RHM = Royaume de Haute-Mésopotamie) tirait en fait sa force de son monarque que l'on estime brillant à voir les résultats obtenus, mais le détail événementiel de ses faits et gestes est aujourd'hui pour une part enseveli dans les ruines d'Ékallatum, sa capitale, ou de ubat-Enlil, son séjour propre. La désagrégation du RHM semble en tout cas avoir été rapide et le royaume n'a que peu survécu à son créateur, puisqu'immédiatement après lui un nouvel État se forme autour de Mari, qui de simple marche redevient un centre international, et puisque les unités de sa région centrale, soit la Haute Djéziré, retrouvent leur autonomie. À l'Est la montée belliqueuse d'E nunna ne laisse plus
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Cf. la présentation historique de FM XIII.
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subsister qu'un État croupion autour d'Ékallatum où un fils de Samsî-Addu, I me-Dagan, arrive à se maintenir avec heurs et malheurs. En fait le lien qui unissait toutes ces régions était le charisme de Samsî-Addu qu’il faut supposer renforcé par les serments de fidélité prêtés à sa personne. La mort du grand roi a dû donner libre cours à des convoitises jusque là contenues. En un sens, il serait plus juste de parler de curée que de restaurations5. Nous disposons aujourd'hui de textes qui parlent de la période d'avant la reconquête, lorsque Zimrî-Lîm (peut-être alors sous un autre nom) et des compagnons d'infortune rêvaient d'un retour sur « les trônes ancestraux », en fait désiraient prendre le pouvoir dans des villes où ceux dont ils se disaient les héritiers l'avaient exercé. Une lettre circulaire de Zimrî-Lîm6 programmant le retour des héritiers dynastiques montre que la conquête de Samsî-Addu s'était accompagnée d'une sorte de colonisation, des gens d'Ékallatum s'installant dans les lieux conquis. Il est loisible, cependant, de constater que, selon le principe que la Nature a horreur du vide, les premiers arrivés furent les premiers servis, au détriment d'autres qui se jugeaient plus légitimes à tenir le pouvoir. Ainsi trouve-t-on après la période du RHM un adum-adal sur le trône d'A lakkâ et un Yumra -El à Qâ-Isqâ, alors qu'Ibâl-Addu7 ou Sumu-la-nasi8 qui se jugeaient dépossédés auraient bien voulu que Zimrî-Lîm intervînt en leur faveur. Ce furent l'occasion pour eux de rappeler au nouveau roi de Mari le souvenir de périodes moins fastes. Le retour de Zimrî-Lîm à Mari s'est, en fait, opéré à une époque de grande instabilité internationale. L'abondante progéniture des princes multipliait les prétendants après leur disparition, vu l'absence d'un principe net d'accession au trône. Cette dernière reposait sur le choix de notables locaux9, approuvé (ou inspiré) par le suzerain, quand il y en avait un. Le système créait ainsi des qeltum (kalum), soit des prétendants, au sein des mâdarum, les gens de la famille royale. Le trône de Mari, lui-même, n'en était pas à l'abri10. Il existait encore à l'époque de Zimrî-Lîm des descendants de Yahdun-Lîm ou de Sumu-Yamam, son successeur épisodique, et tant à Kurdâ qu'à Babylone on n’a pas répugné à accueillir des gens qui disaient appartenir à la famille royale de Mari. Le fait que Zimrî-Lîm ait jugé bon, à un moment, de changer de père, passant de Hadnî-Addu à Yahdun-Lîm, n'a apparemment pas fait l'objet d'une explication officielle, comme cela est naturel, mais a certainement dû avoir sa raison d’être au moment où cette modification de paternité a eu lieu. 1.3. Le « retour » de Zimrî-Lîm Nous ne savons pas le détail de la fin du règne de Yasmah-Addu, que nous reconstruisons surtout grâce aux dates des documents administratifs et aux événements qu’ils permettent de reconstituer. Quelques lettres permettent aujourd'hui d'avoir plus de précisions mais lutter contre un roi auquel on avait prêté serment d'allégeance a certainement dû poser des problèmes éthiques à plus d'un. Il apparaît néanmoins que le régime s'est effondré sous les coups de Mâr sim'al que devait conduire Bannum et ceux des tribus mâr yamîna qui revenaient à des régions où elles s'étaient installées avant leur conquête par le roi d'Ékallatum. I me-Dagan, l’héritier de Samsî-Addu, n'avait pu éviter la chute de Mari car il avait lui-même forte partie avec l'attaque d'E nunna contre la région sud de ses possessions et c’est le bédouin Zakurabum,
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Cf. en ce sens FM V, p. 138.
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Cf. dans la section Bannum, p. 66 et 67, les textes TH.72 15 et ARM XXVIII 148.
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Cf. p. 30-33, la reprise de ARM XXVIII 77-78.
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Cf. p. 24-27, la reprise de A.4182.
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On voit souvent mentionné à ces occasions le « peuple » (les mu kênum). Ce n’était cependant pas de vraies démocraties populaires. Sans doute faut-il comprendre que seuls s’exprimaient parmi les mu kênum les chefs de famille des clans autres que celui où le roi était choisi. 10
Voir ainsi dans Bannum, p. 69, sq. le § : Des kalum de Zimrî-Lîm?
Présentation générale
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un proche de Bannum, qui s'entremit pour faire évacuer Mari par les Ekallatéens qui s'y trouvaient11. La mesure n'a pas touché uniquement la capitale mais également un centre comme Terqa12. Cette politique de repli devait être dans les vues de Zimrî-Lîm lui-même qui proclama, depuis Tuttul qu'il avait conquise, le retour sur les trônes du Nord des héritiers légitimes ainsi que le départ de ceux qui devaient être des fonctionnaires ékallatéens13. Il reste à établir d'après la documentation à notre disposition quand et comment Zimrî-Lîm, après avoir conquis Tuttul, a trouvé la possibilité d'aller jusqu'à Mari, quels ont été ses aides, à l'extérieur et à l'intérieur de ce qui devait être son royaume, qui s'est opposé à son accession au pouvoir. Ce dernier aspect nous restera sans doute inconnu car ces adversaires ont dû avoir une triste fin, de sa part, ou de celle de ses amis. Il y eut certainement plusieurs candidats au trône de Mari pour remplacer Yasmah-Addu qui était un étranger, mais c'est sur Zimrî-Lîm, petit fils (ou neveu ?) de Yahdun-Lîm (nous ne savons pas quel lien avait Hadnî-Addu avec Yahdun-Lîm), que se porta le choix de Bannum et le prince vint se faire couronner à Terqa. Des tractations qui se passèrent alors, nulle trace n'a encore été découverte et, peut-être, n'en saurons-nous jamais le détail. Lorsque Zimrî-Lîm arrive à Terqa, l'accord avec Bannum avait été fait puisque Asqûdum affirme sur son sceau que Zimrî-Lîm est celui que « Dagan a installé ». Il m'apparaît aujourd’hui qu'une bonne partie des lettres d'Addu-dûrî14, mère de Zimrî-Lîm, ont été adressées à son fils alors qu'il n'était pas encore arrivé à Mari. On en verra l'argumentation ici-même. Nul doute qu'Addu-dûrî, veuve de Hadnî-Addu, elle-même princesse d'origine rabbéenne, a été d'une importance décisive pour le choix de Zimrî-Lîm. Elle n'avait apparemment pas quitté la région de Mari après la catastrophe (le ullumum, comme elle dit15) et il est possible qu'elle y ait été affectée au culte de Dêrîtum/Annunîtum à Dêr ou ehrum. De cette région proche de Mari et qui était sans doute la première où se soient installés Yagîd-Lîm et ses gens, elle a dû intervenir auprès de Bannum. Elle représentait, à en juger par la correspondance d'une « sœur » de Zimrî-Lîm, Atrakatum16 — sans doute une fille de YahdunLîm — une grande autorité morale dans le royaume. Elle transmit dans ses lettres à son fils des prophéties encourageantes concernant sa royauté et des informations sur l’esprit défaitiste des occupants. Après la victoire, et sans doute alors que son fils n’était pas encore arrivé dans son royaume, on la voit intervenir sur instructions du nouveau roi dans les affaires à régler au Palais. Ce rôle important prend fin avec l’arrivée de îbtu. Addu-dûrî est très peu attestée par les textes du Harem, car elle a vite quitté le palais de Mari, peut-être pour Dêr, ou pour une grande maison de Mari17. La première génération des administrateurs mariotes qui a suivi celle mise en place par le RHM est constituée par des gens nouveaux, comme Samu-ila à Terqa ou Sumu-hadû qui semble avoir été sous le RHM un bourgeois fortuné de la région de Saggâratum mais sans responsabilités administratives importantes, autre qu’une charge de cheikh (sugâgum). Il faut certainement voir dans ces nominations l'œuvre de Bannum qui exprime lui-même des sentiments hostiles à l'Ancien Régime (cf. p. 154-161). Sans doute rechercha-t-il chez ses collaborateurs, en arrivant au pouvoir, plus la pureté bédouine ou la solidarité tribale, que la compétence avérée. Les premiers commandants de Qa
unân, Akîn-Urubam et Idin-Annu, antérieurs
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Cf. p. 90 sq.
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Cf. dans ARMT XXXIV [A.2212], lettre du roi mâr yamîna, Samsî-Addu.
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Cf. p. 63 ad [A.2742].
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Pour cette figure majeure des débuts du règne, cf. ici-même la reprise d'une partie de sa correspondance avec le roi, p. 79, sq. 15 Le texte de ARM X, 50 :3 : i tu u-lu-um bît abi.ka a fait l’objet de plusieurs compréhensions (cf. LAPO 18, p. 279 a et ici-même, p. 158). Dans ARMT X, p. 87, G. Dossin et A. Finet ont traduit = « Depuis le (r)établissement de la maison de ton père », mais cf. MARI 4, p. 327, n. 51, où un parallèle est fait avec le u-lu-um d’Agadé, qui signifie vraisemblablement « la fin d’Agadé ». 16
ARM X 91+ ; cf. ARMT XXXIV.
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Cf. N. Ziegler, Le Harem de Zimrî-Lîm, 1999, FM IV, p. 50-51.
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à Il- u-nâ ir ou ses contemporains18, n'ont pas fait forte impression sur leurs contemporains19. Habdû.maDagan, qui avait plu aux dirigeants du RHM, a reçu le gouvernorat de Saggâratum, alors qu'il n'était sans doute qu'un mer‘ûm du côté de Tuttul, non le super-gouverneur que l'on se représente généralement, suite à une lecture trop hâtive du texte qui le concerne (cf. [A.1240] p. 368). Rip'î-Lîm, un autre cheikh, s'était impatronisé dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Quand Bannum disparaît, une nouvelle génération d'administrateurs s'installe. Il est difficile de savoir le détail de la disparition de la première génération : mort naturelle (nous ne savons rien sur l'âge de ces gens), ce qui a pu être le cas de Samu-ila, ou disgrâce ? On ne peut néanmoins exclure qu'il y ait eu une purge anti-Bannum. Habdû.ma-Dagan semble ainsi avoir été mis un temps en difficulté à Saggâratum avant de retrouver son poste (cf. p. 193), mais il a été de toute façon vite remplacé par Sumhu-rabi, un homme de l'Ancien Régime, lui même vite disparu, de mort naturelle semble-t-il20. Certains administrateurs n'ont pas eu le temps de laisser une trace. C'est sans doute le cas de Huzzû (cf. p. 485). Asqûdum avait d'abord été cantonné dans un rôle de devin et faisait l'objet de la défiance de Bannum qui ne le voyait pas avec plaisir progresser dans l'amitié du roi. Il finit par devenir le premier après le souverain (cf. p. 191). La disparition de Bannum a dû profiter également à un autre devin, Itûr-Asdû. Sumu-hadû eut désormais une place de premier plan dans l'administration économique, tout en poursuivant l'œuvre commencée par Bannum, auquel il semble cependant s'être finalement fortement opposé (cf. p. 189). Sammêtar prit la place de Samu-ila, avant de remplacer Asqûdum et Sumu-hadû à la direction des affaires du royaume. Dans son entreprise d'assumer pleinement la fonction royale, malgré Bannum, Zimrî-Lîm a pu compter sur ceux qui avaient eu le bon goût d'épouser des filles de Yahdun-Lîm, soit Asqûdum, un devin intriguant, mari de la princesse Yamama, et Itûr-Asdû, devin lui-aussi, mari de la princesse Partum. ItûrAsdû, après avoir été en service au Palais de la capitale, reçut des affectations à des postes-clefs, à Saggâratum pour un temps sans doute bref, puis à Nahur surtout. Ce sont sans doute ses qualités de diplomate qui ont dû être appréciées par le roi (cf. p. 500 sq.). C'est d'accueillir dans la capitale les étrangers, puis d'aller en ambassadeur à Babylone, enfin de surveiller les turbulents vassaux du Nord qu'il a été chargé au service du roi. Asqûdum, un précieux auxiliaire politique, n'a perdu son audience auprès du roi que parce qu'il avait montré trop d'ardeur à faire sa propre fortune, mais il succomba certainement aussi sous les coups d'un puissant clan de Terqa (cf. la reprise de ses archives dans ARMT XXXIV). Cette nouvelle génération d'administrateurs a certainement été le résultat d'un choix, mais aussi le contrecoup d'une opposition décidée à Bannum. Il est de fait qu'une fois Bannum éliminé, l'administration des centres urbains, tant à Mari qu'à Terqa ou Saggâratum a été sous le signe d'une grande stabilité : des « gouverneurs » comme Bahdî-Lîm, Kibrî-Dagan ou Yaqqim-Addu ont effectivement occupé leur poste pendant tout le règne jusqu'à la catastrophe finale. La nouveauté des informations de cet ouvrage vient de ce que la plupart des protagonistes ne font pas, ou que peu, l'objet d'une notice dans ARMT XVI/1, ce qui montre à quel point les événements du début du règne étaient ignorés par les anciennes publications. De fait, outre les textes qui avaient trait au RHM, on possédait surtout les lettres des administrateurs tardifs, comme ceux de Mari avec Bahdî-Lîm (ARM III), de Terqa (ARM VI) avec Kibrî-Dagan ou de Saggâratum (ARM XIV) avec Yaqqim-Addu. Ce n'est qu'avec les ARMT XXVII (qui traite de tous les gouverneurs de Qa
unân) ou de ARM XXVIII (qui collecte une bonne partie des lettres des rois contemporains de Zimrî-Lîm) que l'on voit apparaître des textes qui documentent les débuts Zimrî-Lîm. Les tablettes de ARMT XXVI qui se trouvent parler des premières années du règne sont reprises dans cet ouvrage dans les dossiers afférents.
18 Pour la chronologie compliquée d’Il- u-na ir par rapport à ces personnages, cf. commentaire à [A.2692+], lettre d’A ma , dans ARMT XXXIV. 19
Cf. la citation de la lettre de Yassi-Dagan à Il- u-nâ ir, A.2671+, citée FM II, p. 91.
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Cf. ARMT XXVI 275 qui raconte sa mort.
Présentation générale
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1.4. L'âge de Zimrî-Lîm L’homme Zimrî-Lîm, lui-même, est mal connu. Nous n’avons pas de portrait de lui, ni même de description. Tout particulièrement, aucun document écrit ne nous dit explicitement qu'il fût un jeune homme ou quelqu'un d'âge mûr, quand il a pris le pouvoir. On le considère d’ordinaire comme un homme fait car on lui prête, outre plusieurs épouses, des filles en âge d'être mariées. Plusieurs femmes de rois contemporains sont considérées comme ses « sœurs »21. On lui donne donc, au moment de son accession au trône, au moins une trentaine d'années, sinon plus. Mais rien de tout cela n'est en fait sûr. Il est possible que, de même qu'il a fait son épouse de la reine (bêltum) de Yasmah-Addu, il a considéré les autres épouses ou filles du monarque disparu comme les siennes propres. Ce que l’on considère comme le harem de Yasmah-Addu a une structure très différente de celui de Zimrî-Lîm et il n’est pas sûr que toutes les femmes royales y soient énumérées. On ne peut donc utiliser le nombre de celles qui étaient « filles de roi » plutôt que « filles du roi » dans son harem comme un argument pour établir l'âge de Zimrî-Lîm. En fait, beaucoup d'indices vont dans le sens d'un homme assez jeune. On n'imagine pas en effet le héros de L'Épopée de Zimrî-Lîm comme un homme âgé, et même pas comme un homme fait. Il a l'ardeur et l'allant d'un jeune combattant qui s'adresse à ses guerriers en se considérant comme l'un d'entre eux. Zimr -Lîm, léopard des combats, Puissant qui capture les méchants, qui réduit à néant les ennemis, Prit la parole, il fit une déclaration. Il s'adressa à ses jeunes (guerriers) : « (Si) une matrice vous a créés, Tout comme vous, une mère m’a enfanté22…»
Qu'il doive laisser les autres combattre et ne pas se trouver au premier rang des attaquants23, ni monter à « la tour de siège »24, voilà le leitmotiv de sa mère et d’une de ses « sœurs » lorsqu'elles lui écrivent. Cette folie de tête-brûlée convient beaucoup plus à un jeune homme, sportif et plein de fougue, qu'à un individu rassis et madré. On lui voit d'ailleurs en outre dans son règne des impatiences, voire des pensées futiles, qui relèvent plus de la jeunesse que de la prudence d'un homme d'âge. Il est ainsi très soucieux de la montre : s'assurer les beaux chevaux blancs de son prédécesseur25, ou avoir des animaux blancs pour son couronnement26. Il fait une crise à propos des perles de son chapeau27 ; à la fin de son règne, il s’occupe du lapis lazuli qu'on pourrait trouver à Larsa28. Surtout, on n'attendrait pas d'un homme d'expérience ni d'une réputation établie qu'un vieux mer‘ûm lui en impose si fort et lui donne tant de conseils prudents pour son entreprise guerrière (cf. [A.1098], p. 164 sq.), ni — en revanche — que le roi emploie un ton si espiègle pour lui répondre, avec l'apologue de la chienne29. Il faut voir là plutôt un choc de générations.
21 M. Guichard a cependant fait un exposé dans un des colloques de Damas, resté malheureusement inédit, d'où il ressortait qu'à partir du moment où un roi se disait « frère » du roi de Mari, son épouse pouvait s'en dire « sœur », ce qui limiterait d’autant le nombre des vraies sœurs du roi de Mari mariées à des rois du Nord. 22
M. Guichard, L’Épopée de Zimrî-Lîm, 2014, FM XIV, p. 16-17, mais le ton est identique dans beaucoup d’autres passages. 23
Comme le dit sa « sœur » Atrakatum, ARM X 91+, cf. ARMT XXXIV.
24
Selon la prophétie transmise par sa mère dans ARM X 51, cf. p. 83-84.
25
Cf. ARM X 147, repris ici, p. 85-86.
26
Cf. [M.8242].
27
Cf. ARM XVIII 8.
28
Cf. ARMT XXVII 161.
29
Cf. ARMT XXVI 6, repris ici, p. 166 sq.
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On l'imagine aujourd’hui, lui l'un des principaux rois de l'époque, doté de la sagesse et de la majesté inhérentes à la fonction, parce que l'on est sensible au discours courtisan de l’époque qui nous le montre comme un surhomme et en fait presque en divinité. S'il est parti, après la mort de son père, tout bébé dans les terres de l'Ouest (les dieux d'Alep ou de Kallassu dans la région de l'Oronte parlent bien d'un jeune enfant qu'ils ont pris dans leur sein pour l'éduquer, rubbûm30), il ne devait avoir qu'une vingtaine d'années à son retour sur les Bords-de-l’Euphrate. 1.5. Période et événements de cet ouvrage L'amplitude événementielle du travail présenté ici correspond aux premières années de règne de Zimrî-Lîm, jusqu'au moment où son pouvoir fut solidement établi et reconnu, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du royaume. Elle suppose donc l'édition des lettres qui traitent de son arrivée au royaume, de la difficile remise en état des provinces31, de la recréation d'une zone de pouvoir mariote sur les ruines du RHM occidental avec la prise de Qirdahat et surtout celle de Kahat, bien moins la question de mettre la main sur le cours de l'Euphrate à l'aval de Mari alors que les troupes d'E nunna venaient à bout de la partie orientale du RHM. Le grand événement autour duquel tout s’ordonne en ce début de règne est en fait la prise de Kahat qui a été vécue comme ce qui affirmait de façon éclatante le renouveau de la puissance mariote32 en montrant la faiblesse militaire de ce qui restait du RHM. C’est lui qui a sans doute fait se décider Yarîm-Lîm d’Alep à accorder sa fille à Zimrî-Lîm et qui a consolidé le leadership de Mari sur la Haute-Djéziré de l’Ouest. Il a été, en outre, concomitant de deux grands épisodes politiques : l’aide donnée à E nunna en ce qui concerne la ville de Rapiqum et celle fournie au nouveau roi de Qa na au moment où il succédait au roi I hî-Addu dont il devait être le fils. Tout n’est cependant pas allé de soi avec ces succès militaires. Plusieurs documents semblent montrer les Mâr yamîna à l’affut pour profiter de l’éloignement de Zimrî-Lîm ou de son armée : s’emparer de la Forteresse de Yahdun-Lîm pendant que l’armée partait vers Rapiqum, mais surtout, auparavant, discuter pour fournir un secours à la ville (Kahat ou Qirdahat ?) attaquée par le roi de Mari, car il devenait évident que serait vaine toute résistance aux volontés d’un roi victorieux. Il y a donc eu la rébellion des Bédouins mâr yamîna à l’intérieur d’un royaume où ils se sentaient menacés à plus ou moins brève échéance. Cette dernière n'aurait cependant été qu'un rapide épisode au centre du royaume, doublé éventuellement d'un conflit avec les États du Zalmaqum, aides naturels des Mâr yamîna, si les rebelles n'avaient pas eu l'espoir (vite déçu) de trouver l'aide militaire nécessaire pour venir à bout de Zimrî-Lîm — et des Bédouins dont le roi de Mari avait su se faire des alliés — dans E nunna ainsi que chez le roi d’Andarig, Qarnî-Lîm. Conquérir Mari, c'est-à-dire reconstituer à son profit la totalité du RHM, ne devait pas faire partie des plans du roi Ibâlpêl II qui manifestement — par delà l’annihilation d’un État qui lui avait toujours causé problème — cherchait à mettre la main sur la grande route commerciale vers la Cappadoce, ce qui devait lui permettre de contrôler jusqu’à son terme la distribution du précieux étain qui passait par chez elle33. Les machinations de Qarnî-Lîm ne sont pas toujours explicables, car elles devaient être surtout d’ordre personnel. La montée des troupes d'E nunna, les troubles que cela produisit alors en Haute-Djéziré, l'expédition avortée du mystérieux allurum dans la vallée de l'Euphrate où il cherchait à s’emparer de territoires
30
Cf. J.-M. Durand, Le Culte d’Alep et l’affaire d’Alahtum, 2002, FM VII 39 : 13 sq. & 49 sq.
31
Cf. pour ce qui concerne Saggâratum, [A.1177], lettre de Habdû.ma-Dagan.
32
Nous croirions volontiers que la campagne de Zimrî-Lîm n’a été qu’un demi succès parce que c’est Kahat qui a été prise alors que la résidence du grand roi Samsî-Addu se trouvait à ubat-Enlil et que c’est en ce lieu que plusieurs textes ultérieurs affirment que se trouvait le butin amassé par le RHM. Le fait cependant que le harem du roi défunt résidait à Kahat montre bien que telle était la place militaire la plus importante à l’ouest du RHM. 33 Cet approvisionnement en étain est mal documenté par les archives palatiales, car il résultait surtout d’activités de marchands. Le palais du roi de Mari était cependant empli d’objets en étain et l’embargo mis par le roi d’Alep à Imâr à l‘égard de celui qui gardait pour lui l’étain qu’il s’était procuré (cf. [A.1153], p. 52-55) prouve l’importance de ce métal à l’époque.
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du RHM plus qu’attaquer Mari (qui désirait elle-même se les approprier), représentent néanmoins des épisodes extrêmement complexes auxquels s’ajoutent les intrigues de Qarnî-Lîm. Tout cela n'entre que très partiellement dans le projet de décrire comment s'affirma à Mari la puissance de Zimrî-Lîm. On n'en trouvera l'écho ici que dans la mesure où les principaux acteurs de la grandeur de Zimrî-Lîm en ont parlé dans leurs correspondances, et cela pour garder l’unité des dossiers. Ces affaires de l'Est représentent un tout complexe qui demande un traitement particulier avec une vision globale de l’effondrement du RHM après la disparition de Samsî-Addu. La politique impérialiste d'E nunna, les affaires du Sûhum avec l'activité de Meptûm et la campagne de allurum, la montée en puissance de Babylone et l'arrivée finale de l'Élam dans le concert des princes amorrites de la plaine intéressent bien au plus haut chef la politique de Mari mais non l’affirmation de sa puissance par Zimrî-Lîm. Cette dernière est consacrée avec l'avènement d'une seconde génération de rois mâr yamîna et la redistribution des Mâr sim’al. 1.6. La datation Pour la chronologie des textes qui jalonnent la perte du pouvoir par Yasmah-Addu, puis l'arrivée d'un nouveau régime, on peut désormais consulter avec profit les p. 154-155 de F(lorilegium) M(arianum) V, qui exposent en particulier les données des derniers moments du royaume de Haute-Mésopotamie sur les Bords-de-l’Euphrate. Deux publications ultérieures à FM V montrent désormais quels étaient les acteurs principaux au moment où le pouvoir a changé de mains à Mari et, surtout, ce que devinrent les anciens maîtres, même s’ils sont traités anonymement et « en bloc » : – Michaël Guichard, « Le ubartum occidental à l’avènement de Zimrî-Lîm », FM VI, 2000, p. 119-168, – Michaël Guichard & Nele Ziegler, «Yanûh-Samar et les Ékallatéens en détresse », Mélanges Larsen, 2004, p. 229 sq.
ainsi que d’autres publications qui ont fait connaître l’état de la Haute-Djéziré à ce moment crucial et qui sont en bonne partie également des publications de M. Guichard. Elles seront citées ou reprises dans les pages qui suivent. La difficulté pour comprendre les débuts du règne vient de ce que les datations sont confuses. Au début de la période de Zimrî-Lîm, la plupart des documents sont sans noms d’années. Il apparaît que pour les contemporains il n'est pas allé de soi qu'il faille renoncer à l'ancien comput pour en prendre un nouveau. Ces gens étaient habitués à compter le temps à la façon de ce que l’on faisait à l’époque des éponymes et, manifestement, ils ont continué de le faire. On en a la preuve par le fait que Bannum lui même date d'un mois de nikmum son action à la Forteresse de Yahdun-Lîm, alors que, vraisemblablement, il s’agit de l'année qui a suivi le couronnement de Zimrî-Lîm34. En l'absence d'un éponyme ou d'un « nom d'année » on ne dispose que de la ménologie. Cependant Mari a connu un double comput, un calendrier international ou « d'Ékallatum » (Samsî-Addu) et un autre local, propre aux Bords-de-l'Euphrate (Yahdun-Lîm) qui se correspondaient35. Le début de l'année par éponymes ne coïncidait manifestement pas avec celui de l'année de Yahdun-Lîm. Le changement de régime politique a dû entraîner l'occultation (au moins progressive) de la ménologie éponymale, et la décision d’un nouveau début de l'année, ce qui n’était pas gênant puisque cela se limitait au choix d’un des 2 équinoxes. Aucun texte officiel ne nous en informe cependant. Il faut ajouter à cette concurrence entre deux ménologies le fait que Zimrî-Lîm, venant de l'Ouest, ne devait certainement pas avoir le même comput que le système des éponymes ni même que celui du temps de son « père ». Il est vraisemblable qu'il a décidé en définitive de se conformer au système mariote de Bannum, après la célébration de la première fête d'E tar36.
34
Cf. p. 114 sq.
35
Voir les équivalences données dans FM V, p. 156.
36
Cf. p. 112.
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1.7. Les événements Zimrî-Lîm a mis du temps à rejoindre son royaume, même s'il ne s'agit pas d'un moment très long. Se situent alors plusieurs lettres, notamment celles à sa mère ou envoyées par cette dernière, dont les sujets conviennent à l'incertitude de ce début du règne. Une fois sacré roi à Terqa, le nouveau roi à Mari était officiellement le premier personnage du royaume37. C'est à lui que l'on adressait (au moins nominalement) le courrier, du moins celui qui nous est resté, car il n'y a pas dans les archives de lettres reçues par Bannum ou les principaux administrateurs de l'époque, lesquelles ont certainement existé38. Il semble néanmoins n'avoir eu de vraie importance qu’au point de vue du culte39. Il avait, en outre, un rôle de représentation, qui consistait à recevoir les ambassadeurs40. Le début de la première année de règne coïncidait avec la seconde partie d’un éponyme. On avait choisi une formulation de dévotion et le pouvoir du nouveau roi semble d’ailleurs avoir été alors compris comme surtout religieux, jusqu’au moment où il a décidé de s’affirmer en s’en prenant à la ville de Kahat et en célébrant sa victoire militaire sur la ville. Cet exploit en a entraîné la mention dans le nom d’une année, mais cela a été plus qu’un complément de formulation, surtout qu’à ce moment la grande figure politique de ce début de règne, à savoir Bannum, disparaît. La promulgation de la rémission des dettes (mî arum), typique de l’avènement d’un roi proche-oriental, a dû être accomplie dès le sacre, mais ne donne son nom qu’à ZL 1’ = ZL 2. La mention de « Kahat » un mois vi coïncidait en fait avec la nouvelle définition du début de l’année et la constatation assurée que des « mois i » ou « ii » du calendrier de Mari appartiennent en réalité à l’année subséquente non marquée par une formulation en anîtum (= ús-sa), comme s’ils étaient des mois xiii ou xiv, doit s’expliquer par le fait que tout le monde n’avait pas enregistré ce changement du début de l’année41. Cette pluralité de libellés de la première année de règne a pu être décidée motu proprio par les différents services. Ce n’est que lorsque il a été décidé d’utiliser des noms d’années officiels, qu’ont commencé les récapitulatifs des comptes annuels avec ZL 1’42. 37
On fera néanmoins attention à la différence qu’il y a entre une prééminence reconnue jusqu’à l’adulation et l’exercice effectif du pouvoir, celui qui exerce ce dernier pouvant prendre toutes décisions au nom du premier. L’exemple de Zimrî-Lîm amène à s’interroger sur les règnes qui ont duré longtemps. Plus que le grand âge du souverain à sa mort, cela pose la question du moment où l’on devenait roi. Il est ainsi possible qu’un jeune roi tenu en tutelle par l’administration établie par son père n’ait eu, dans un premier temps, à assumer que des actes de dévotion. Un exemple net est ainsi donné par FM VII 45 où l’ambassadeur de Mari se voit interdire l’accès au nouveau roi d’Alep par le premier ministre qui avait été installé par son père. Il a pu y avoir dans ce système « monarchique absolutiste » une période où le roi n’avait pas tout le pouvoir qu’on lui prête aujourd’hui. Bannum n’a donc sans doute pas été une exception dans l’histoire mésopotamienne. 38 Ces documents, s'ils n'ont pas été détruits lors de la prise de pouvoir effective par Zimrî-Lîm, peuvent s'être trouvés dans les résidences privées des administrateurs. 39 Dans l'important [A.271], si Bannum se retranche derrière l'autorité du roi pour donner une réponse définitive à celui qui sollicite une charge de cheikh, c'est bien le mer‘ûm qui touche l'argent. On ne demanderait, en fait, au roi que sa bénédiction. De même dans [A.4617] c'est le caractère sacré du roi qui fait accepter une décision prise par le mer‘ûm. 40 Cf. A.1225 : le roi, bien à l'abri dans sa capitale, est chargé de recevoir les ambassadeurs de Qirdahat. C'est lui aussi qui était concerné, dès son arrivée à Mari, par les ambassadeurs d'E nunna (ARMT XXIII 270) et les envoyés de Tilmun (ARMT XXIII 333). A.1225 montre néanmoins que les gens qui venaient de Qirdahat étaient passés par chez Bannum qui avait dû leur demander leurs informations. Le rôle de Bannum dans l'information diplomatique était certainement tout à fait actif puisqu'on le voit recevoir des ambassadeurs d'A nakkum (A.4617) et arrêter des étrangers jusqu'à plus ample informé ([A.4241]). 41 Il y a une différence nette entre « l’année politique » qui recourt à la célébration d’événements marquants dans l’action royale et « l’année cultuelle » qui observe la succession des divers sacrifices et qui, en fait, peut se contenter de la mention du nom du mois, sans référence aucune au libellé de l’année. Les ex-voto royaux qui donnent leur nom à une année doivent donc être considérés comme des événements politiques. 42 Le problème de la datation du début du règne comporte des aspects confus et demande encore des recherches de détail. Je m’en suis tenu à la reconstitution de FM V qui me semble raisonnable, même si nous différons pour la datation de certains documents. Par prudence, j’ai néanmoins gardé les mentions ZL 1’, ZL 2’, initiées par M. Birot, lorsque les événements sont datés en fonction d’un libellé d’année. Dans ce travail, j’ai plus cherché, d’ailleurs, à
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Pour la reconstitution des événements, le grand principe qui m'a guidé a été que la période de temps entre l'arrivée de Zimrî-Lîm à Mari et son départ pour Kahat a été assez courte, de simplement quelques mois. L'ampleur temporelle entre le couronnement du roi et son départ pour Kahat est d’ailleurs sans doute donnée par les « cinq mois » dont parle Bannum au début de [A.163+] (= ARMT XXVI 6). Ce court moment est celui où Bannum exerce de facto le pouvoir, même si le premier dans la hiérarchie est celui qui est revêtu de l'autorité royale. Le mer‘ûm avait commencé le recensement du royaume43 et s'était chargé de conclure les pactes avec les princes mâr yamîna44. Ces deux opérations sont concomitantes à la remise en état du terroir de la Forteresse de Yahdun-Lîm, dont l’exploitation économique était d'ailleurs le grand projet de Yahdun-Lîm, un roi pour lequel Bannum semble avoir eu une grande vénération. Cette politique devait être ultérieurement poursuivie par Aham-nûta puis Sumu-hadû. Le roi de Mari semble alors confiné dans la capitale. À l’arrivée de Zimrî-Lîm à Mari — antérieurement à la remise en marche de l'économie avec les travaux sur le système de l'irrigation45 (surtout le canal I îm-Yahdun-Lîm) et l'exploitation de la région de la Forteresse de Dûr-Yahdun-Lîm — a été célébrée la grande fête d'E tar, puis commencés des travaux sur le palais46 de Mari qui avait sans doute été mis à mal, ou non entretenu, dans les derniers moments du régime du RHM. De la même façon, on s'est occupé des défenses de la capitale et de la région de Dêr et de ehrum (cf. p. 494). Dêr avait été le théâtre d'événements guerriers décisifs à la fin du RHM et la région avait dû également souffrir de ces affrontements qui ne nous sont qu'indirectement documentés. Ces travaux sont connus par des lettres envoyées par Asqûdum qui commençait à prendre de l'importance dans la gestion du Palais du fait de sa charge de devin et par Abimekim, vraisemblablement le prédécesseur de Yasîm-sumu, qui avait dû être installé dans ses fonctions par Bannum lui-même. Ces documents publiés dans ARMT XXVI/2, sont repris dans cet ouvrage. Abimekim peut être tenu pour celui qui s'est alors occupé du district de la capitale avant qu'il ne soit confié à Itûr-Asdû et qu'il ne soit (peut-être) chargé d'une mission diplomatique pour Kurdâ. Nous ne savons pas quel titre l’individu avait reçu. Peut-être aucun, ou n'était-il qu'un abu bîtim. 1.8. L’omniprésence de Bannum La nouvelle documentation montre l'omniprésence de Bannum dans la vie politique de Mari. Son importance au début du règne47 était visible dès la publication de ARMT XXVI 5 & 6, mais il s'agissait en fait de la fin de ses activités. Bannum avait gardé le simple titre de mer‘ûm. Il a été question de faire nommer par les Bédouins un nouveau mer‘ûm, voire même deux titulaires de la fonction48. Rien ne dit quel titre lui aurait été alors dévolu à Mari, une fois celui de mer‘ûm transmis. Il aurait vraisemblablement reçu celui de ukallum qui semble — si la reconstitution que j'ai proposée s'avère exacte — avoir été conféré à Asqûdum, au moment où l'on a appris la mort de Bannum, pendant la campagne contre Kahat. On peut considérer Bannum comme une sorte de régent de Mari49, en ce qu'il a tenu en tutelle le nouveau roi. S’il n'a pas assumé directement la dignité royale, c’est peut-être par respect pour son ancien
établir une chronologie relative au sein des documents qu’à résoudre les problèmes de chronologie générale, laquelle ne peut pas être résolue par la simple considération des dossiers particuliers. 43
Pour la têbibtum de Bannum, dont il ne reste que peu de textes, cf. [M.6231] et suivants, p. 114.
44
Cf. p. 71.
45
Cf. l'important [A.1177] dû à Habdû.ma-Dagan sur la situation économique de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm et de Saggâratum. La situation catastrophique des réserves est soulignée par l'acéphale [A.4347] (cf. p. 218), auquel fait écho à une date indécise la lettre d'Asqûdum, ARMT XXVI 61. 46
[A.613] indique qu’ils se poursuivent au milieu d'un mois xii-bis, donc l’année de Kahat.
47
Pour l'histoire de Bannum antérieure à ses fonctions à Mari, cf. FM V, p. 144, n. 560 et [M.13746].
48
Cf. [A.2444], p. 179 sq.
49
J'ai évité de poser la question de savoir si dans certaines lettres bêlî pouvait renvoyer non pas au roi mais à Bannum, tout particulièrement dans les missives au nom d'Addu-dûrî.
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maître Yahdun-Lîm, en fait surtout parce qu'il ne devait pas être lui-même de sang royal, ce qui l’aurait légitimé par rapport à d’autres, issus de la famille princière mâr sim'al. Plusieurs lettres le montrent cependant agissant en roi. Même si, ponctuellement, on peut trouver dans les lettres de l'époque des parallèles à telle ou telle façon de dire de Bannum, comme le fait de tutoyer le roi, que penser de son expression dans [A.4508] « je vais bien ; que mon seigneur se réjouisse ! » ( almâku bêlî lihdu, l. 25) qui reste inédite dans tous les échanges de correspondance du roi et de ses sujets ? Dans [A.4617] Bannum dicte manifestement à Zimrî-Lîm les termes d'un édit qu'il doit rendre50 et dont [M.7978] doit être l'écho. Mais le texte le plus étonnant reste [A.4105] où il est question, au moment où apparemment l'armée part pour attaquer Kahat, d'offrir à la divinité une statue du roi et une de Bannum, au point qu’on peut se demander si la soi-disant stèle de victoire de Zimrî-Lîm ne doit pas lui être attribuée51. 1.9. La remise en état du royaume Les deux années qui ont vu, la première la fin du pouvoir du RHM sur la région euphratique, la seconde l'arrivée du nouveau roi, ont certainement été un temps où l'insécurité généralisée a fait se désintéresser de l’entretien de l'infrastructure agricole. Cela explique pour une bonne part la disette que G. Dossin avait déjà repérée52. Il faut y ajouter désormais, sans doute, une infestation de sauterelles53. Les problèmes économiques semblent avoir néanmoins plutôt concerné le domaine royal que le privé car, si les Palais se trouvaient démunis (ils avaient pu en outre être pillés), des particuliers continuaient manifestement à être dans l'abondance. Par ailleurs, les relations commerciales avec Imâr et l'approvisionnement qu'elles permettaient semblent avoir été constants. C'est à la remise en route de l'économie que s'était attelé Bannum. Son œuvre a été continuée par Aham-nûta et Sumu-hadû. Il semble néanmoins que la réorganisation des infrastructures agricoles ait été l'occasion des premiers conflits avec les Mâr yamîna qui s'étaient installés dans des parties étendues du royaume54. 1.10. Bannum et les autres administrateurs Bannum avait ce qu'il est convenu d'appeler « un fort caractère ». Ses correspondants en ont pâti et s'en sont plaints à l'occasion. Le roi lui-même devait subir ses avis, la lettre la plus explicite étant celle qui concernait l'expédition en Haute-Syrie55. Bannum ne semble pas avoir immédiatement compris que le roi partait à la tête de ses troupes acquérir une gloire militaire qui montrerait qu'il avait la faveur des dieux et l'affirmerait comme roi, même si le mer‘ûm se rendait bien compte avec amertume que le roi prenait de plus en plus d'initiatives, à l’instigation de ses conseillers. De ces derniers, le plus entreprenant a certainement été le devin Asqûdum déjà à la tête d'un groupe agissant et qui manifestait pour sa part de gros appétits, lesquels semblent cependant avoir plus visé des territoires de plein rapport que des charges honorifiques et la puissance politique. C'est lui qu'attaque nommément Bannum auprès du roi et dont il blâme les mauvais conseils. Asqûdum devait être d'ailleurs son successeur, comme ministre de Zimrî-Lîm pour les affaires extérieures aux côtés de Sumu-hadû. Ce
50
De la même façon, dans [A.1098], le mer‘ûm dicte au roi ce qu'il faudra dire aux Bédouins pour expliquer son action politique. 51
Cf. p. 97.
52
Il s’agit de [A.1153].
53
Le fléau est bien connu en ce qui concerne Qa
unân, mais il était bien plus généralisé qu'on ne le croit. Pour ce qui concerne les territoires qui dépendaient de Habdû.ma-Dagan, cf. [A.1177], alors que Qa
unân ne dépendait pas du gouverneur de Saggâratum. 54
Cela est particulièrement visible par la correspondance de Hardûm (ARMT XXXIV).
55
Cf. [A.1098], p. 173 sq.
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dernier avait pris le parti du roi, et donc d'Asqûdum, car il était manifestement en mauvais rapports avec Bannum qui l'associait aux griefs qu'il avait envers Asqûdum. De la même façon Bannum ne débordait pas d'amabilités envers un Hâlî-hadun, dont il a essayé de contrarier le début de carrière56. Des aides, sans doute chers à son cœur, comme Samu-ila et Habdû.maDagan ne devaient plus être de prime jeunesse et le fait que Sammêtar à Terqa ou Sumhu-rabi à Saggâratum leur aient succédé font soupçonner que ces grands personnages avaient su s'entendre avec Asqûdum. Bannum était avant tout un chef bédouin qui n'avait pas oublié l'allégeance prêtée dans le temps à son maître Yahdun-Lîm et cela lui a fait sacraliser la dignité royale au point d'y renoncer pour lui-même. Son grand échec a surtout été de n'avoir pas réussi à installer comme mer‘ûm le candidat de son choix. Celui qui avait sa préférence était sans doute Zakurabum qui avait avec lui un rapport assez étroit, pour être soupçonné d'avoir été son fils ou son frère57. C'est vraisemblablement A ma 58, un des mer‘ûm mâr sim'al a arugâyu, quelqu'un que Bannum n'aimait pas, qui a réussi à s'impatroniser comme chef des Bédouins après Bannum. A ma fut une grande aide pour Zimrî-Lîm dans ses entreprises de Haute-Djéziré contre ce qui restait du RHM selon plusieurs documents59. Ses liens étroits avec Asqûdum sont en outre bien connus, comme le montrent ARMT XXVI/1 24 & 38 entre autres. Bannum apparaît néanmoins désormais comme une très grande figure de l'histoire de Mari. Il est sûr que si Dagan lui avait prêté vie, il aurait été — quoiqu'avec sans doute moins de panache — le chef énergique qu'il fallait aux Bord-de-l'Euphrate et aurait peut-être sauvé Mari de la destruction finale. 1.11. Le retour de Zimrî-Lîm depuis la Haute-Djéziré Les dieux ont néanmoins été du côté du nouveau roi. Non seulement ils lui ont accordé la victoire sur Kahat, mais ils ont mis fin à l'existence de Bannum60. Ce dernier événement, malgré sa grande importance, n'a pas laissé de trace directe dans les archives à notre disposition et il ne nous est connu pour l'instant que par des billets administratifs, tel celui qui parle de l'inventaire de ses biens, indice qu'un fonctionnaire est mort et que le roi prend sa part de sa fortune. En outre, une pièce complètement atypique, dite L'Épopée de Zimrî-Lîm61, illustre la chance au combat du guerrier royal. Si nous connaissons désormais par les documents ici publiés les événements qui ont précédé ou accompagné la campagne contre Kahat, les péripéties guerrières elles-mêmes ne nous sont pas documentées, pour la raison que le roi y participant, il n'avait pas à en être informé. Les lettres qu'il a pu envoyer alors à Mari peuvent se trouver dans les maisons des destinataires, à moins que le souverain n'ait eu recours à des messages oraux. L'Épopée de Zimrî-Lîm, manifestement composée post eventum, est d'un lyrisme non descriptif. Le poème manque ainsi totalement de références concrètes. On y remarque néanmoins, outre l’absence de Bannum, la place majeure que semble y tenir A ma , chef des nomades ralliés à la cause du roi, tandis que le ministre ( ukkallum) ne s'y voit pas nommer62, alors qu'il ne peut s'agir que d'Asqûdum. Sans doute faut-il en déduire que le roi, apprenant la mort de Bannum au cours de la campagne, avait immédiatement
56
Cf. ARMT XXXIV.
57
Cf. p. 60, n. 16 où l'on voit l'inventaire des biens de Zakurabum être fait en même temps que ceux de Bannum et de son épouse. 58
Pour l’hostilité de Bannum envers A ma , cf. p. 173.
59
Outre ce que l’on dit de lui dans l’Épopée, cf. la lettre qui programme la razzia contre les troupeaux d’I meDagan, p. 76 sq. 60
À moins que ce dernier n'ait fini sa vie en disgrâce. Cf. p. 188 [M.6250], lettre de Sumu-hadû.
61
Cf. désormais sa publication par M. Guichard, FM XIV, L'épopée de Zimr -Lîm, SEPOA, Paris, 2014.
62
Cf. FM XIV, p. 17, ii 30-31: « Zimrî-Lîm, le juste, parce qu'il [voulait atteindre son but], passa alors un ordre à son ministre, (et) commanda aux cheikhs… », trad. M. Guichard.
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pourvu le poste ou que le poème commémoratif a donné rétrospectivement ce titre à celui qui devait remplacer le mer‘ûm au retour de la campagne63. L'Épopée de Zimrî-Lîm chante la valeur guerrière du jeune héros. Elle culmine avec l'entrée du vainqueur dans le temple de Terqa (ville où il avait reçu son sacre) et sonne comme la proclamation solennelle de celui qui n'est désormais plus à l'ombre de celui qui lui a ménagé l'accès au trône. D'autres documents postérieurs font allusion à des événements importants de la campagne, comme la prise de Qirdahat et la déportation de sa population pour repeupler (sans grand succès !) la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm ou le fait que le « pillage de Kahat » a été en fait limité64. Zimrî-Lîm a fait néanmoins entrer dans son harem celui de Samsî-Addu qu'il y trouve réfugié65, cette ville étant alors sans doute tenue pour plus sûre que ubat-Enlil. Lorsque Zimrî-Lîm eut assuré sa royauté en montrant qu'il avait la faveur des dieux, il eut, à son retour, fort à faire en allant au mois vii dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm dont la prise de possession avait été sérieusement envisagée par les Mâr yamîna. Sumu-hadû qui avait contribué à faire disparaître Bannum du champ politique y avait pris sa suite pour les différents travaux qui concernaient cette région et il appelait Zimrî-Lîm à venir constater de visu les aménagements réalisés. La victoire sur Kahat a certes eu comme effet positif que Zimrî-Lîm put prendre sa place dans le concert international. Le roi d’Alep a accepté son alliance, de lui donner sa fille îbtu. et sans doute aussi de lever le blocus sur les grains en provenance d’Imâr, pour une bonne part grâce à l’habileté manœuvrière d’Asqûdum, mais il lui fallait faire désormais un choix entre Alep et E nunna et se posaient la question des nouveaux rois au Sindjar et à Qa na. 1.12. La nouvelle administration La réorganisation de l'administration après la disparition de Bannum semble avoir été importante mais ne peut être appréciée que par conjectures. Il y a certainement eu alors une purge et on peut supposer que l'ordre nouveau représentait la façon qu'Asqûdum avait de voir désormais le cours des opérations. Certaines figures disparaissent de la documentation ; comme l'onomastique de l'époque est plutôt banale, il est difficile de savoir si certains n'ont pas reçu en fait une nouvelle affectation. Un cas pourrait en être celui d'Abimekim que l'on retrouverait employé comme diplomate. Quelqu'un comme Habdû.ma-Dagan semble cependant avoir eu des malheurs pour être remplacé en définitive par Sumhu-rabi. En fait, nous constatons l'arrivée aux affaires les plus importantes de gens nouveaux, comme Asqûdum, Sammêtar, Hâlîhadun, Itûr-Asdu, Sumhu-rabi pour nous en tenir aux principaux. Une fois Bannum disparu, l'ordre qu'il avait établi en s'assurant le concours surtout d'une hiérarchie bédouine qui avait toute sa faveur, a été partiellement complété par des survivants de l'administration du RHM, ceux dont justement le mer‘ûm se défiait : c'est le cas d'Asqûdum, d'Itûr-Asdu et de Sumhu-rabi, mais on peut considérer que Sammêtar n'a pu devenir gouverneur de Terqa, dans un premier temps, avant d'accéder aux plus hautes charges de l'État, que parce que l'hostilité envers son père Lâ'ûm, ancien ministre de Yasmah-Addu, avait été oubliée. Mais il semble y avoir eu de l'animosité entre Lâ'ûm et son fils, sous le RHM. Les grands serments des fonctionnaires datent de vi ZL 1’. Ils sont donc postérieurs au retour de Kahat et à la seconde fête d’E tar. Il est possible que ceux qui n’y sont pas mentionnés soient ceux qui ont été éliminés par la nouvelle administration ou soient décédés à ce moment. La personne qui mérite le plus d'attention reste Sumu-hadû. Bannum a été assisté par lui. C'était certainement un bédouin d'origine, venant de la région de Saggâratum, où il exerçait la charge de cheikh, mais néanmoins un homo novus. Il avait été chargé par Bannum d'affaires intérieures et de gestions d'ordre économique. Il a gardé ces fonctions une fois le mer‘ûm disparu et même a dû les voir amplifiées. Longtemps tenu par les chercheurs pour un gouverneur de Saggâratum, Sumu-hadû était en fait le chef de
63
Nous savons, par ailleurs, qu'Asqûdum avait accompagné le roi ; cf. p. 182 sq.
64
Cf. ARM II 60 = LAPO 17 632.
65
Cf. désormais, N. Ziegler, Le Harem de Zimrî-Lîm, 1999, FM IV, p. 119-120.
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l'administration de Zimrî-Lîm, s'occupant de continuer la politique de Bannum de remettre en état la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm d'où l'on attendait beaucoup économiquement. La plupart des lettres de Sumu-hadû publiées ici-même ont trait à cette mission qu’il a accomplie dans la région de la Forteresse et on y voit apparaître beaucoup d'administrateurs peu (ou pas) connus de ARMT XVI/1. 1.13. La politique internationale Est ou Ouest ? Tout ce début du règne où se reconstitue la puissance de Mari se passe sur fond d'hésitation entre l'alliance avec Alep ou avec E nunna66. Yahdun-Lîm semble avoir été vassal d'E nunna et Alep avait été alors un soutien énergique à la cause des Mâr yamîna hostiles au roi de Mari. Cependant Zimrî-Lîm est venu aux Bords-de-l'Euphrate depuis l'Ouest où sa famille avait trouvé refuge et il n'avait certainement pas accédé au trône contre le gré du roi d'Alep. Par ailleurs, si les rapports entre les Mâr yamîna contemporains de Zimrî-Lîm et l'Ouest étaient étroits, des liens tribaux forts existaient entre eux et E nunna. Nous n'avons que peu d'informations sur la position de Bannum67 sur ces sujets mais, de la même façon que l'on ne voit pas, le temps qu'il a été aux affaires, d'affrontement net de Mari avec les Mâr yamîna qui avaient été ses alliés (au moins objectifs) contre Yasmah-Addu, on peut penser que l'ancien serviteur de Yahdun-Lîm devait considérer comme normal d'être du côté d'E nunna. Nous ne savons pas quelle était son implication dans un projet matrimonial avec une malheureuse princesse e nunéenne, lequel devait challenger celui de îbtu68. En revanche, Zimrî-Lîm venait de l'Ouest où une partie de sa famille avait dû se réfugier et l'alliance avec Alep devait lui paraître aller de soi. En tout cas, c'est la princesse alépine, îbtu, qu'il épousa. Asqûdum, devenu un des ministres après Bannum, conclut l'affaire, sans que nous puissions dire si ZimrîLîm y était incité par un parti ou s'il envoya motu proprio ses serviteurs l'arranger. L'alliance avec Alep devait être désormais en tout cas un des principes fondamentaux de sa politique extérieure. À la même époque, il y eut changement de roi à Qa na. Le dossier des relations de Mari avec Qa na est mal conservé de façon générale, mais il existe plusieurs indices du changement de roi dans cet important centre politique. — D'abord, le fait que Zimrî-Lîm trouve au palais de Mari les chevaux blancs envoyés par I hî-Addu à I meDagan montre que Samsî-Addu était mort alors qu'I hî-Addu était toujours sur son trône. Zimrî-Lîm avait gardé comme épouse Dam-hurâ i, la princesse de Qa na, fille d'I hî-Addu, qui représentait un parti considérable. Sans doute considérait-il que l'alliance avec Qa na n'était pas à négliger. — La fuite à Qa na de Sumu-dabî, le roi de Mi lân, puis sa réapparition à Carkémish69, s'explique bien par le fait que les Mâr yamîna qui avaient des liens avec le Liban considéraient Qa na comme une terre d'accueil. Le nouveau roi de Qa na a dû penser autrement, d'où la fuite/expulsion du roi mâr yamîna. Cela indique donc que l’avènement d’Amûdpîla à Qa na s'est passé après la prise de Mi lân d'où s'enfuit Sumu-dâbî.
Au moment où Zimrî-Lîm est revenu victorieux de Haute-Djéziré, on voit à Mari la préparation d'une expédition pour Qa na qui devait être confiée à Asqûdum, sans que sa motivation en soit précisée70. On n'a pas identifié dans les archives palatiales de lettres d'Asqûdum qui puissent être tenues pour venir 66
Cf. D. Charpin, « Un traité entre Zimrî-Lîm de Mari et Ibâl-pî-El II d’E nunna » dans Marchands, Diplomates et Empereurs, Mélanges P. Garelli, D. Charpin & Fr. Joannès éd., 1991, p. 158. 67
On verra néanmoins dans le commentaire de [A.4241] et de [A.2285] qu'il y a des raisons d'estimer que Bannum n'était pas hostile à E nunna. Il relativise l'importance de l'arrivée d'une troupe de 700 E nunnéens (= Akkadiens) à Sapiratum, d'après [A.2285]. En revanche les relations avec Alep font l'objet d'une surveillance sans concession, comme le montrent [A.4241] et [A.3840], à propos d'un homme qui vient d'Imâr, mais qui avait des accointances avec Samânum et dans [A.3873] Bannum est de connivence avec la politique d'E nunna d'installer un nouveau roi à Allahad. 68
Pour cette affaire, cf. ARMT XXXIV.
69
Cf. ARMT XXXIV.
70
Pour ces questions, cf. p. 309 sq.
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du sud-ouest du Proche-Orient. On peut dès lors penser que seule la reine Dam-hurâ i a fait en définitive le voyage, ce qui lui permettait d'assister au sacre de son frère. Des documents sont interprétés ici comme ayant trait à son déplacement et à son retour. Asqûdum, peut-être malade au moment où devait partir l’expédition, était absent de Mari lorsque le futur roi de Kurdâ y fit son entrée. Il pouvait aussi s’agir de la préparation de l’union dynastique avec Alep et de ses divers aspects. Ce soutien de Mari à la royauté de Qa na explique toutefois que, lors de la « seconde rébellion » des Mâr yamîna, moment où Mari a fait appel à des troupes extérieures, un contingent qa néen se soit trouvé sur l’Euphrate aux côtés des forces de Babylone et d'Alep. Les rapports entre E nunna et les deux royaumes de Qa na et de Mari semblent avoir été alors 71 mauvais alors qu’au début de leurs règnes les rois de Mari et de Qa na partageaient une grande amitié réciproque, Zimrî-Lîm invitant même Amûdpîla de Qatna à venir assister à la (seconde) fête d'E tar, ce qui risquait de montrer le roi de Mari comme suzerain des rois de Qa na et de Kurdâ. La réorganisation du Nord-Ouest et du Sindjar face aux restes du RHM d'abord, à la montée d'E nunna ensuite, représente un dossier fort complexe, qui s'étend sur plus d'une année, alors que beaucoup de rois locaux n'ont exercé le pouvoir que pour des périodes limitées et que la région était sous le signe de la dispersion politique et des changements. Bannum qui avait une connaissance précise de la Haute-Djéziré occidentale était sûrement d'accord avec la politique de retour des anciennes dynasties sur leurs lieux de pouvoir, puisqu'il l'avait pratiquée en ce qui concernait Mari. Il n'est pas sûr néanmoins qu'il eût approuvé toutes les mesures prises par Zimrî-Lîm dont certaines n'ont pu qu’être inspirées par Asqûdum, sans qu'il soit possible d'y prouver son implication. Les mesures les plus importantes concernent le Sindjar et sont, en tout cas, postérieures à Bannum. Deux faits majeurs apparaissent assez nettement pour l'instant dans cet imbroglio. —D'abord, Zimrî-Lîm a essayé de s'assurer la suzeraineté sur Kurdâ. Avec l'accord de Hammurabi de Babylone, Simah-ilânê, un membre en exil de la famille royale de Kurdâ, a été expédié dans sa ville. Les tractations concernant son intronisation, entraînant des ambassades de Babylone et d'E nunna multiples, puis l'arrivée du prince lui-même et son accueil à Mari, représentent un dossier nourri qui constitue une part importante du courrier d'Itûr-Asdû. La montée de Simah-ilânê, son accueil chaleureux et les réjouissances qui s'ensuivirent étaient déjà connues par une importante publication de M. Birot. Le roi n'était pas dans sa capitale à ce moment-là, mais en tournée d'inspection dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm d’où il n'est revenu que pour la (deuxième) fête d'E tar (cf. p. 553). Il est vraisemblable qu'en échange de la royauté de Kurdâ, Sapiratum une position importante sur le Moyen-Euphrate inférieur fut alors concédée à la zone de pouvoir de Mari (cf. p. 546). L'installation de Simah-ilânê à Kurdâ peut avoir été une mesure qui voulait consolider les avantages de la victoire de Kahat en affirmant encore plus le repli de l'influence du RHM, puisqu'elle se produisit après la prise de cette ville. Elle pouvait être également la réponse de Mari et de Babylone à l’installation par E nunna d’Atamrum sur le trône d'Allahad, qu’une lettre de Bannum [A.3873] montre être antérieure à leur entreprise. Cela pourrait révéler enfin le tour que prenait la politique de Mari, sous l'influence d'Asqûdum, en opposition à celle de Bannum. La mise sous tutelle de Kurdâ entrait sans doute dans un vaste plan de réaménagement des équilibres politiques dans le Sindjar. Cela ne pouvait qu’indisposer les rois d’E nunna et d’Andarig. Cette entreprise n'eut cependant qu'un temps car une réaction nationaliste affirma l'indépendance du royaume du Sindjar, marquant par là-même la fin des bons rapports entre Simah-ilânê et Zimrî-Lîm. C'est la montée d'E nunna et son occupation d’Ékallatum et d’A ur qui furent en fait décisives pour le réaménagement politique de la région. —En revanche, les grandes villes du Taurus constituèrent assez vite les vassaux réguliers de Mari. Elles virent le retour progressif des héritiers sur leurs trônes, souvent contre le gré des quatre royaumes du Zalmaqum qui se partageaient la région de Harrân et le Taurus jusqu'à Ras al-Aïn. Le fait essentiel de la 71
Cf. p. 312.
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documentation ici publiée représente les tentatives infructueuses d'Ibâl-Addu de s'installer roi d'A lakkâ72. Manifestement, Zimrî-Lîm n'a pas été pressé de l'y aider car le potentat local (au nom hourrite de adumadal) avait dû contracter une alliance avec Zimrî-Lîm, qui servait apparemment les intérêts de ce dernier. La date des tentatives d'Ibâl-Addu est sans doute antérieure aux affaires de Kurdâ. Les services rendus au moment de la prise de Tuttul73 avait fait espérer au prétendant au trône d'A lakkâ qu'il recevrait de l'aide de celui qui avait retrouvé son propre héritage à Mari. Peut-être pour des raisons de haute politique, Zimrî-Lîm a longtemps usé de faux fuyants. IbâlAddu devait accompagner dans une première mission YaBhur-Lîm et un certain Êsim-hammu74 pour voir ensuite ce que décideraient les Bédouins de l'escorte, puis dans une seconde expédition amener Narhî dans sa capitale, A nakkum, et rechercher alors des appuis locaux75. Tant Narhî que (sans doute) Êsim-hammu ont été des rois au règne très momentané. Cela ne montre donc pas l'installation dans ces régions de vassaux mariotes très solides. Les atermoiements de Zimrî-Lîm pouvaient venir en fait du sentiment que ses moyens étaient limités. C’étaient les affaires du Sindjar qui captaient toute son attention. Tout a dû dépendre de l’attitude à adopter envers E nunna. Une fois cette dernière maîtresse d'Ékallatum et d'A ur, les contemporains ont eu le sentiment très vif que son prochain objectif serait Mari, ce qui n'était vraisemblablement pas le but d'E nunna qui cherchait, en fait, à s'assurer le contrôle de la route vers la Cappadoce76. Zimrî-Lîm a pu ne pas être insensible à de telles mises en garde répétées. Il faudrait chercher là la motivation d'une campagne militaire qui lui a assuré la possession d'A lakkâ, laquelle pouvait contrecarrer toute manœuvre d'E nunna vers le Taurus (cf. p. 34 sq.). Toutefois, nombreuses ont été aussi les mises en garde qu'il fallait préserver de bons rapports avec E nunna dont le roi était « père » de Zimrî-Lîm. De fait, nul nom d'année n'a préservé le souvenir d'un affrontement direct entre Mari et E nunna, même si sur les Bords-de-l'Euphrate, on savait à quoi s'en tenir sur les gens de l'Akkad oriental. [A.193] montre qu'Ibâl-Addu n'a plus en fait trouvé à A lakkâ qu'une ruine dont le territoire avait été amputé par des voisins dont l'aide avait dû être décisive pour venir à bout de adum-adal, le roi en place d'A lakkâ. Nul doute que le manque d'enthousiasme du roi de Mari à entrer dans les vues d'IbâlAddu a hypothéqué les rapports ultérieurs entre les deux hommes. La prise d'A lakkâ a donné son nom à l'année ZL 3', ce qui devrait en faire un événement de l’an 2’ de Zimrî-Lîm. 1.14. La première révolte des mâr yamîna En contre-point de ces événements dramatiques à l’Est, on avait constaté assez vite dans le royaume lui-même les prodromes de la révolte des Mâr yamîna. Les signes avant-coureurs s’étaient multipliés dans les rapports faits à la capitale et sont tout particulièrement visibles dans la correspondance de la première génération de leurs rois. Déjà à l'époque de Bannum, plusieurs textes montrent que la politique hydraulique des autorités de Mari était mal perçue par les Bédouins77 et que les chefs mâr yamîna étaient sous étroite surveillance78.
72
Reprise des lettres ARM XXVIII, 48-49, 59, 77-78, ici-même, p. 31 sq.
73
Cf. p. 27 sq.
74
Cf. [M.6776].
75
Cf. [A.842].
76
Cf. l'indication qu'E nunna visait en fait Nahur (ARMT XXXIV).
77
Cf. [M.14694] contre les Uprapéens de Samsî-Addu.
78 Ainsi pour Samsî-Addu, [M.7396+]. Dans [A.56], les signaux de feu commencent à Samânum. Dans [A.999] il est fait mention de lettres de/à lui qui sont saisies.
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On voit ainsi la tentation des Mâr yamîna de s'emparer de la Forteresse de Yahdun-Lîm en profitant de l'absence de l'armée mariote partie vers Rapiqum79, ou de secourir une ville attaquée par Mari (Kahat ou Qirdahat ?)80. Cette révolte a éclaté après le retour du roi de la Forteresse de Yahdun-Lîm où il était allé examiner l’avancement des travaux menés par Sumu-hadû et son équipe, car la prise de Kahat était comprise comme l’affirmation de la puissance de Mari. Ce n'est qu'une fois réduites (assez vite) ces oppositions et installée une seconde génération de rois mâr yamîna, après surtout la tentative avortée de Yaggih-Addu à Manûhatân, que l'on peut considérer comme définitivement en place la royauté de Zimrî-Lîm à Mari. Toutes ces affaires compliquées qui ont vu peser de lourdes menaces sur Tuttul (dossier de Lanasûm), la mobilisation des forces Bédouines (dossier de Hâlî-hadun) et leur réorganisation (dossier d'A mat, d'Ibâlel et d'Ibâlpêl, les mer‘ûm) sur fond de la montée d’E nunna contre la partie orientale du RHM, la tentative d’un Yaggih-Addu appuyée par les rois du Zalmaqum de couper les relations entre Tuttul et la vallée du Balih d’une part et le royaume de Mari, d’autre part, l'administration d'Asqûdum, l'installation d'une nouvelle génération de rois mâr yamîna, doivent être examinées dans une autre livraison (ARMT XXXIV). 1.15. Les textes publiés dans ARMT XXXIII On trouvera donc dans cette première livraison l'ensemble des textes sur lesquels se fonde cette présentation générale, la rébellion des Mâr yamîna exclue. Vu le temps relativement court imparti à Bannum et la place centrale de l'individu dans le cours des événements, j'ai présenté dans le chapitre qui traite de ses activités les documents considérés comme contemporains du mer‘ûm. Je n'ai pas, ce faisant, hésité à republier des documents déjà connus, même lorsque je n'y avais à proposer que peu de changements éditoriaux, pour que le film des événements puisse être suivi dans son intégralité. Les textes n'ayant pas de mention de date d'année, il est souvent difficile de les ranger dans un ordre chronologique strict. Exception faite du chapitre sur Bannum, j'ai donc privilégié dans cet ouvrage une publication par expéditeurs, même lorsque l'activité de ces derniers se trouvait excéder stricto sensu la limite chronologique de cette première partie, pour garder l'unité documentaire sur les protagonistes de l'époque. Beaucoup de textes déjà connus ont été publiés il y a longtemps et sont aujourd’hui difficiles à trouver, les éditions (comme celles de ARMT XXVI/1 et /2) n’étant pas toujours accessibles, même si grâce à la base ARCHIBAB il est désormais loisible de contrôler ou d’améliorer les éditions. Ces textes gagnent à être présentés à nouveau dans ce que je propose désormais comme leur contexte historique. Souvent, ce dernier n'avait pas été vu, au moment de l’édition, même lorsque l'élaboration philologique peut en paraître aujourd'hui encore acceptable. On trouvera, ainsi, une nouvelle traduction de plusieurs textes de ARMT XXVI/1 et /2. Ces textes ont été publiés en 1988 et réclament souvent une nouvelle approche, d'autant plus que c'était là une de nos premières publications et que nous pensons comprendre mieux aujourd'hui la philologie et l'épigraphie mariotes. Dies diem docet. Pour ces textes, nous disposons aujourd’hui d’une couverture photographique qui permet plusieurs fois de reprendre des points qui nous avaient fait difficulté au moment de l’édition. Le mode de publication de ces photographies sur microfiches en accompagnement de l’exemplaire papier n’en permettait d'ailleurs pas une approche facile. Les lettres de Mari ne représentent pas, malgré ce que certains semblent penser, des documents aisés. Aussi ne suffit-il plus de connaître la morphologie akkadienne et d’avoir lu le Codex de Hammu-rabi ou des bilingues paléo-babyloniennes pour se croire en mesure de les traduire avec consultation des dictionnaires actuels.
79
Cf. [M.5421], p. 222 et son écho dans [A.951], p. 419.
80
Cf. [M.4239], p. 226.
Présentation générale
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Plusieurs termes sont nouveaux, mais ce n'est là que la pointe de l'iceberg. Des mots identiques peuvent avoir un usage différent de celui de l'akkadien « classique », ou paraître du « pur akkadien », parce qu'on les retrouve dans les textes « classiques » de cette civilisation, alors qu’ils sont allogènes, non reconnus comme tels par les dictionnaires. Il y a en outre une grande différence philologique (articulatoire et morphologique) et linguistique (construction de la phrase) entre le corps de la lettre en akkadien standard et les propos qui s’y trouvent cités et qui relatent souvent fidèlement ce qui a été entendu. Au moins au niveau de l’expression il faut tenir compte de fortes divergences. Le niveau de langue d'une lettre de Mari n'est pas celui d'un texte littéraire recopié ou édité dans les scriptorium mésopotamiens, ce qui représente de loin l'essentiel du corpus de nos dictionnaires. Dans nos usages modernes il existe le principe selon lequel « cela se dit, est connu mais ne s'écrit pas » ; c'est ce qu'il est convenu d'appeler « niveau de langage », réalité qui va de l'expression archaïsante ou du style soutenu jusqu'à l'argot et à l'emploi familier, toutes choses déconcertantes pour qui n'a pas une maîtrise complète de la langue. Or, il se trouve que beaucoup d'expéditeurs de lettres de l'époque amorrite « écrivaient comme ils parlaient » alors que les échanges oraux ne devaient pas se faire dans l'akkadien le plus châtié, mais souvent dans un métalangage analogue au globish actuel. On hésite plus d'une fois entre postuler un mot nouveau ou une forme particulière et reconnaître l'usage divergent d'un mot connu. Manifestement, il existait à l'époque un corps de scribes éduqués qui recouraient à des standards de rédaction et d'expression. Certains étaient moins bien entraînés et leurs tablettes présentent des ratures, voire des lacunes qui sont la marque des manuscrits, à la différence des textes standardisés des bibliothèques. Plus d'une fois, le fonctionnaire qui avait à transmettre une information au roi l’a fait en secret, prenant lui-même le calame. On s'en rend vite compte en constatant l'absence d'économie du récit et ses reprises, mais surtout ses défaillances orthographiques par rapport à la notation traditionnelle. Malheureusement pour l'éditeur, les textes du début du règne présentent beaucoup d'exemples de ces particularismes. Une grande attention a naturellement été consacrée à la compréhension des textes ou du lexique par les dictionnaires, tout particulièrement celle de l’irremplaçable CAD, The Assyrian Dictionary, malgré une approche trop souvent non contextuelle. Le CDA (A Concise Dictionary of Akkadian, 1999), la version anglaise du grand dictionnaire Assyrisches Handwörterbuch de W. von Soden, lequel reste souvent le meilleur interprète des difficultés que présentent les anciennes éditions, a permis plusieurs fois de corriger l’approche du CAD. On trouvera aussi pour certains parallèles mentions du DBP (Dictionnaire de Babylonien de Paris), toujours inédit.
La comparaison étymologique est assurément utile mais le recours aux langues sémitiques le plus apparentées a ses limites. Le corpus biblique représente la production de citadins, au mieux un millénaire après l'époque amorrite, et le vocabulaire arabe a avec le corpus paléo-babylonien une différence encore plus grande, de deux millénaires et demi. La morphologie sémitique est assurément très conservatrice pour sa forme. Il n'en est pas de même pour son utilisation ni surtout pour les usages lexicaux. Surtout, on ne peut plus ignorer pour l'exploitation d'un texte la dimension prosopographique. À l'époque amorrite l'onomastique est assez banale et les documents inédits multiplient les attestations d’un nom propre que l’on jugerait exceptionnel à consulter ARMT XVI/1. Le temps historique relativement bref que représente la documentation mariote permet certes de restaurer des carrières mais en revanche il est désormais possible de distinguer plusieurs personnes derrière un même nom propre. Pour ce qui est des commentaires, je n’ai pas visé à faire le point bibliographique sur chaque document. Pour la compréhension du corpus de Mari ancien, renvoi a été fait à la traduction proposée dans les Documents épistolaires du Palais de Mari, éditée aux éditions du Cerf, Littératures Anciennes du Proche-Orient, 16, 17, 18 (1997-1998-2000). Pour les plus récents des ARM(T), absents des LAPO, on dispose des élaborations de W. Heimpel, Letters to the King of Mari…, 2003, plutôt régressives mais avec d’intéressantes remarques, et surtout de J. Sasson, From the Mari Archives, 2015, qui a privilégié l’aspect « anecdotes » des lettres de Mari, mais en y ajoutant toute l’attention qu’il n’a cessé de leur consacrer. En ce qui concerne les noms propres cités par les textes, une interprétation en a souvent été proposée, mais beaucoup des personnages ont en fait une double dénomination, « akkadienne » ou « autre », comme Sumhu-rabi qui est aussi « Simhu-rabi », ou Itûr-asdu qui est aussi « Yatar-asdu ». Le phénomène est mal explicable. « Sumu-hadû » qui se présente aussi comme « Sumam-hadêm » ou les multiples variantes de « Abumekim » montrent que certains NP ont été en fait raccourcis.
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Il est vraisemblable qu’en plusieurs cas le NP a été pris avec la fonction et n’était pas de naissance. Le parti pris ici a été souvent de citer le NP comme il devait se présenter phonétiquement, à en juger par les sandhis d’écriture (pris pour des réalités philologiques, type Atamri-El pour *Atamar-El, noté dans ARMT XXXIV Atamrel). Mais comment unifier des notations Amûd-pî-ila et Amûd-pâ-El ? Une présentation selon l’analyse philologique traditionnelle a été adoptée dans les autres cas, et des noms comme « Zimrî-Lîm » ont été gardés tels quels parce qu’ils sont devenus des « habitudes », alors que Lîm était certainement prononcé /li’im/ puisque la séquence -li-im n’est jamais notée par le signe LIM. Pour les noms propres et les toponymes dont l’étymologie est indécise aucune longue n’a été marquée.
1.16. Les traductions et les restaurations textuelles La traduction suit le plus près possible la philologie du texte akkadien, même au détriment de l'élégance. Les n° des lignes sont indiqués pour que le lecteur puisse se rendre compte du mot à mot proposé par le traducteur et les notes visent surtout à commenter les sens proposés, les introductions aux textes étant réservées aux situations historiques. Toutefois, le principe adopté dans cet ouvrage a été de présenter des textes qui aient un sens et non de fournir une translation qui ne serait qu'un pur décalque en langue moderne des transcriptions cunéiformes. Si l'on doit chaque fois qu'un mot est nouveau mettre (…) ou sauter dans la traduction les passages mal conservés, autant se limiter à présenter des photographies des tablettes ou à ne traduire que des passages choisis. Dans un travail d'édition, c'est la traduction qui représente le véritable apport scientifique dans la mesure où elle montre la compréhension du document à laquelle pense être arrivé l'éditeur. Il ne fallait donc pas hésiter à reconstituer les passages brisés en fonction d'une certaine idée de la langue et du film des événements, même faute d'enregistrement dans un ouvrage de référence. C'est, à n'en pas douter, mettre souvent l'imagination au pouvoir quoique cette dernière ait souvent été considérée comme « la folle du logis ». Mais une certaine accoutumance à la documentation et l’effort de ne pas trouver du sensationnel dans les passages mal conservés sont deux béquilles qui l’empêchent de boiter trop fort. L’appréhension du sens global, c’est-à-dire le plus souvent la motivation de la rédaction d’un texte, doit permettre à des lecteurs ultérieurs l’élucidation des détails et l’établissement du mot à mot. L'expérience montre en effet qu'il est plus facile à un lecteur de proposer une interprétation nouvelle à partir d'un ensemble cohérent offert à sa critique que s’il se trouve devant une translation en mot à mot totalement dénuée de signification. 1.17 L'exploitation des archives de Mari en 2018 Une grande différence d'avec 1987 tient, naturellement, à l'accès actuel aux textes. Lorsqu'à partir de 1994 il s’est agi de rendre en urgence à la Syrie toutes les tablettes de Mari, sans attendre leur publication, l'effort de notre équipe — réduite en l’occurrence à Dominique Charpin, Michaël Guichard et moimême avec l’assistance de Nele Ziegler, après le départ à Nanterre du gros des troupes — s'est focalisé sur un programme intensif et accéléré de photographies des documents. Avec l’achèvement de la mission de M. Esline, de nombreu(se)s photographes subventionné(e)s par le CNRS ou le ministère des Affaires Étrangères français se sont succédé(e)s dans le local de la rue de la Perle où étaient alors conservées les tablettes, et je tiens tout particulièrement à reconnaître le travail alors fourni par Michaël Guichard pour la préparation des documents. Ce programme a préservé la possibilité de continuer aujourd’hui la lecture des documents. Il a été doublé par le travail de photographies opéré au musée de Dêr ez-Zor par notre photographe syrien, Dibbo el-Dibbo, qui a assisté plusieurs de nos missions d’études. On ne pouvait néanmoins prévoir à l'époque les troubles dans lesquels devait être malheureusement plongée la Syrie ni, surtout, que l'intégrité des tablettes cunéiformes pût être menacée au sein même du musée de Dêr ez-Zor. Dans l'incertitude qui pèse actuellement sur le sort des archives de Mari, cette photothèque, toute incomplète qu’elle soit, représente une précieuse assurance pour leur mémoire ou leur contrôle. Cette entreprise de photographies s'est néanmoins faite au détriment de la recherche systématique des joints. Or la redécouverte des archives cunéiformes lors des fouilles de A. Parrot avait été effectuée à
Présentation générale
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grande hâte, avec bris de beaucoup de documents, compte tenu de la vigueur des ouvriers. On note l'absence de toute couverture photographique —sauf quelques objets archéologiques portant inscription qui ont été cotés en M. —, ainsi que le manque d'inventaire du « butin ». Les documents n'ont reçu nulle numérotation ni du fouilleur ni des épigraphistes, sauf indication (assez souvent fantaisiste) de Salle, sans mention d'emplacement des trouvailles sur le plan du bâtiment pour beaucoup, compte non tenu d’une redésignation ultérieure des salles du Palais. Rejoindre les morceaux épars (souvent avec indication de Salles distinctes pour les divers fragments) pour restaurer l'intégrité des documents n'avait certes pas été dans les urgences de l'équipe des épigraphistes qui nous a précédés. Cela étant, la couverture photographique des documents de Mari dont nous disposons aujourd'hui est plutôt satisfaisante, due à la numérisation des photos prises rue de la Perle ou en Syrie, à l’initiative de D. Charpin, même si elle ne s'étend pas aux petits fragments dont le texte paraissait, de prime abord et hors joints, d'un intérêt moins immédiat que les documents conséquents. L'urgence d'établir la couverture photographique des principaux documents a naturellement fait passer « à plus tard » ce qui était petit fragment ou, surtout, tablettes dont l'incipit était conservé mais dont le texte subsistant paraissait peu signifiant. L'intérêt de tels morceaux ne pourrait venir que de la réalisation d'un joint. Cependant, lorsqu'il a établi — pour la première fois — l'inventaire général des tablettes de Mari, M. Birot a fait réaliser de petites photos (au format de documents d'identité) de la totalité des tablettes permettant de les individualiser. Elles permettraient éventuellement d'identifier une tablette, voire de vérifier un joint, mais ne donnent pas la possibilité de lire le document, vu leur forte pixellisation, d'autant plus que le cliché ne porte que sur les Faces, non sur les Revers ni sur les Tranches ou Côtés. C'est sur cet ensemble photographique dont nous disposons qu'ont été en majeure partie vérifiées transcriptions de nos dossiers et éditions. Les transcriptions qui ont été utilisées pour la présente édition consistent en ce que j'avais personnellement déchiffré, mais aussi — et je leur en ai grande reconnaissance — en celles qui m’ont été laissées par mes prédécesseurs. En me repassant la gestion de l'épigraphie de Mari, G. Dossin m'avait en effet confié un lot considérable de transcriptions, représentant son travail pendant de longues décennies de lecture des inédits et qu’il ne voulait pas voir disparaître. Les tablettes de Mari avaient été initialement divisées en lots A (F. Thureau-Dangin, puis G. Dossin) et B (Ch.-F. Jean), constituées des tablettes et fragments de la meilleure qualité, mais à la mort de Ch.-F. Jean le lot B a été fondu dans le lot A. Il ne reste rien des transcriptions établies par Ch.-F. Jean, à part ce qu'il en a publié. Le total des tablettes des lots A & B ayant été fixé arbitrairement à 4999 par M. Birot, les tablettes en M. commencent donc à 5000. Elles représentent celles qui, en théorie, n'ont été vues ni par G. Dossin ni Ch.F. Jean. Il manque toutefois à cet ensemble beaucoup de choses comme certaines transcriptions, ou ce que G. Dossin avait regroupé dans ses « fardes81 », à l’exception du dossier d’Itûr-asdu qui a été transmis via J.-R. Kupper à M. Guichard qui doit en éditer les lettres depuis Nahur. Plusieurs de ses cahiers, en outre, ne m'ont pas été transmis, non plus. Cela a été gardé, sans doute en Belgique où quelqu’un doit en disposer. Ni J.-R. Kupper, à Liège, ni M. Birot, à Paris, à leurs dires, n'en avaient en tout cas connaissance. Les transcriptions de G. Dossin font référence, en outre, à une masse — qui semble avoir été considérable — de copies que je n’ai pas consultées. Il n'y avait nulle traduction, même ponctuelle, jointe à ces transcriptions. Vu l'habitude qu'avait G. Dossin des textes de Mari et du fait qu'il a lu des documents souvent en bien meilleur état qu'ils ne l'ont été par la suite, la consultation de ces transcriptions est aujourd’hui précieuse et j’y ai fait référence, le cas échéant. Elles ont, néanmoins, été faites très — quelquefois même trop — rapidement, sans regroupement d'archives ni surtout aucune recherche de joints, sans révisions ultérieures (beaucoup de corrections y semblent faites a priori) et sont impubliables telles quelles, sans interventions lourdes qui demanderaient de retravailler le document et reviendraient en fait à une élaboration nouvelle. Les publications des textes de Mari par les membres de mon équipe se sont donc généralement faites dans l’ignorance de ces papiers.
81 C'est un (belgicisme ou) belgianisme pour désigner un « dossier ». Le mot n'est pas de l'usage français, où il désignait — dans un emploi aujourd'hui désuet — un « paquet ».
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La famille de M. Birot, de son côté, a eu la générosité de nous communiquer après son décès des cahiers où ce savant avait procédé à des transcriptions préalables de textes à partir de M.5000, en se limitant néanmoins aux lettres dites « acéphales ». Ces transcriptions vont jusqu'aux n°7000 et quelques-unes sont assez difficiles à lire, à la différence de l'écriture très régulière de G. Dossin qui recopiait, ou a fait recopier, des brouillons préalables. Le plus souvent, elles se bornent à des transcriptions rapides avec copies des endroits où le sens ne lui apparaissait pas à la lecture immédiate. Il ne semble pas que ces transcriptions aient jamais été revues par lui. Les cahiers indiquent les publications de certains textes dans les ARM XXVI/1 et XXVI/2, mais ignorent les publications des FM. Il y a quelques traductions de passages en marge. Deux de ces cahiers concernent la S.115 et représentent le résultat des trouvailles épigraphiques lors de la campagne de 1972 (TH.72), lorsque A. Parrot avait chargé M. Birot de terminer le déblaiement de cette salle. Ces tablettes n'ont jamais été à Paris, n'y ont donc pas été photographiées et n'ont été vues qu'épisodiquement à Dêr ez-Zôr, car elles représentaient un lot réservé pour M. Birot qui comptait en présenter l’édition dans une publication particulière. Ses transcriptions constituent aujourd'hui (2018) souvent la seule connaissance que nous en ayons. La pratique des tablettes de Mari par M. Birot était grande et l'application et l'acribie de ce savant sont bien connues. Il faut donc en tenir soigneusement compte, quoique malheureusement de façon critique. J'ai signalé dans cette édition l'usage que j'avais pu en faire pour les documents du début du règne. En ce qui concerne les citations de textes inédits que j’ai travaillés ou dont j’ai connaissance, elles ont été réduites le plus possible. Outre les renvois aux commentaires philologiques de la nouvelle traduction du corpus de Mari que j’ai proposée dans les trois volumes de LAPO 16,17,18, aux éditions du Cerf, on ne trouvera çà et là que quelques citations du DBP (Dictionnaire du Babylonien de Paris) avec référence à un inédit qui peut expliquer un choix éditorial. Cela étant, il est certain que plusieurs des documents ici publiés devront être ultérieurement vérifiés sur les originaux, s'ils existent encore, une fois la tourmente syrienne passée. Mon souhait est naturellement que cet examen critique tienne compte des conditions dans lesquelles le présent ouvrage a été fait. De façon naturelle j’ai dédié cet ouvrage aux mânes de mes prédécesseurs à l’abnégation scientifique desquels le travail actuel ne saurait trop rendre hommage82. ANTONY, le 20 octobre 2018
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Des chapitres de cet ouvrage ont été relus par de jeunes collègues, Michaël Guichard, Grégory Chambon et Rients de Boer que je tiens tout particulièrement à remercier. Merci aussi aux savants étrangers que j’ai consultés à l’occasion de difficultés ponctuelles. D. Charpin a relu le dernier état du manuscrit et m’a fait part de ses multiples et précieuses observations, dont je lui suis très reconnaissant. Je les ai signalées comme telles quand elles avaient une incidence directe sur l’édition. Nos divergences dans le commentaire historique seront traitées ailleurs. Selon la formule consacrée, les fautes qui restent ne doivent être imputées qu’à moi seul.
2. DOCUMENTS PARLANT DES DÉBUTS DE ZIMRÎ-LÎM
Beaucoup de documents qui concernent le début du règne ne sont pas repris ici parce que leurs éditions sont récentes ou qu'il n'y a rien, ou peu, à y ajouter et que ces documents sont difficiles en outre à placer dans la période de l'administration de Bannum. C'est le cas notamment de la grande lettre d'Ibâlpêl II à Zimrî-Lîm dont l'édition a été assurée par D. Charpin1 , ou de celles qui ont été publiées par M. Guichard, dans RA 96, 2002, documents fondamentaux pour la politique de Mari sur sa frontière sud-est et ses rapports avec Enunna mais qui ne doivent être repris dans des dossiers plus vastes. Ceux qui concernent les marches occidentales comme les lettres de Yatar-Kabkab, importantes pour la politique économique doivent être traités avec les affaires d'Imâr, en supplément au dossier de La-nasûm (ARMT XXXIV). Ne sont pas repris ici non plus les protocoles jurés au début du règne, sans doute au mois vi de l'année ZL 1’, le « serment des devins » (= ARMT XXVI 1) ou le « serment des intendants » (Marchands, Diplomates et Empereurs…, p. 16-20) qui auront un traitement particulier dans ARMT XXIV. Les textes dont il est question dans ce chapitre ne sont donc que ceux où l'on peut trouver des renseignements sur la geste royale elle-même, lorsque Zimrî-Lîm était encore un exilé (2.1) ou lorsqu'il venait de conquérir Tuttul (2.2), ainsi que diverses anecdotes (2.3, 2.4). Le dossier sur la famine (2.5) en revanche est fondamental pour comprendre dans quel état se trouvait le royaume, lorsque Zimrî-Lîm en est devenu roi. 2.1 Souvenirs d'avant la guerre contre le RHM Une lettre de Sumu-la-nasi [A.4182] a été publiée par J.-R. Kupper dans FM VI 18. Elle est d'une extrême importance pour la préhistoire de la royauté de Zimrî-Lîm, c'est-à-dire la période d'avant son franchissement de l'Euphrate pour attaquer les forces du RHM. L'affaire mentionnée dans la lettre est bien postérieure à l'arrivée sur le trône du nouveau roi de Mari2, car, tout comme Ibâl-Addu, Sumu-la-nasi a mis longtemps à faire prévaloir ses droits, mais son début fait allusion à un Zimrî-Lîm encore dans le royaume d'Alep et envisageant son retour avec un autre prince exilé. Le texte est mutilé et a fait l'objet de plusieurs essais de lecture. Il se trouve à l'origine de l’idée que la reconquête des Bords-de-l'Euphrate se serait opérée à partir de Carkémish, ce qui était effectivement une possibilité, puisqu'il ne semble pas que les troupes du RHM aient réussi leur percée dans le nord-ouest, au-delà du Zalmaqum. Dans la nouvelle compréhension offerte ici, où je tiens compte des efforts conjugués de J.-R. Kupper, revenant sur son édition (NABU 2004/99), et de D. Charpin & N. Ziegler (FM V, p. 144 et n. 559), rien ne se passe, en fait, dans les jardins (kirûm) de Carkémish. Il serait plutôt fait allusion à un banquet (qerûm) offert à Muzullum, alias Muzunnum, à l'occasion d'un déplacement du roi de Carkémish. Les deux prétendants en exil se seraient rencontrés pour l'occasion et auraient discuté ensemble. Nul souvenir n'est resté de leurs propos mais il est évident d'après le sujet de la lettre qu'ils ont dû anticiper la restauration de leurs royaumes respectifs et se jurer aide mutuelle. Il ne semble pas pourtant que le roi de Mari ait considéré
1 Cf. à propos de A.1247+, l'article de D. Charpin, « Un traité entre Zimri-Lim de Mari et Ibâl-pî-El d'Enunna », dans Marchands, Diplomates et Empereurs, Mélanges P. Garelli, D. Charpin & F. Joannès éd., p. 147159. On en trouvera une nouvelle traduction dans LAPO 16 281 et plusieurs considérations dans l'article de M. Guichard, RA 96, 2002. 2 Pour la date, cf. dans ARMT XXXIV, les lettres d'Ama. Il s'agit de l'installation du nouveau roi après la fuite de Yumra-El, au moment de la montée d'Enunna.
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comme une urgence, après la (re)conquête de sa capitale, de venir en aide à son ancien compagnon d'infortune. Ce dernier a donc dû régler ses affaires par lui-même et il demande à celui qu'il reconnaît désormais comme son suzerain d'entériner simplement le nouveau statu quo qu'il a établi dans la région du coude du Habur. Si l'histoire est bien reconstituée, J.-R. Kupper avait raison de considérer que Zimrî-Lîm se trouvait au royaume d'Alep avant la reconquête et, même, du côté des territoires où, vers la fin de son règne, il entreprit d'acquérir des terres importantes (cf. FM VII). Il faut pour cela que mu-zu-li fût une notation pour Muzunnum, alias Muunnum dans les textes d'Alalah. Une visite du prince de Carkémish à Muzunnum/Muzullum ne serait pas étonnante, puisque le prince de Muzunnum, Sumu-Barah (cf. FM VII, p. 104), est mentionné lui-même à Carkémish selon ARM VIII 80, un acte d'achat de vin, aux côtés de idqum-la-nasi et de Dâriya. J.-R. Kupper n'a pas tort de postuler en l’occurrence une alternance l/n, laquelle est bien attestée, mais dans le cas présent, vu la géminée, il faut poser une forme primitive *Muz/ulni, dont la finale serait susceptible d'évoluer en -nn- (akkadien) ou -ll- (hourrite), sur le modèle d'Ikkalnum/Ikkallum repéré par J.-R. Kupper lui-même (NABU 1992/105).
La lettre [A.4182] a été envoyée par Sumu-la-nasi après un coup d'État contre le roi Yumra-El avec lequel Zimrî-Lîm avait sans doute passé un accord mais qui avait fondé beaucoup trop d'espoirs sur la montée d'Enunna. Les succès de Sumu-la-nasi avaient fait s'étendre le royaume de Qâ et Isqâ dont il s'était emparé, loin au sud, jusqu'à Tehrân sur le Bas-Habur, à l'amont de Qaunân. La non-mention de Qirdahat, qui est à chercher désormais dans la région de la moderne Hasséké3, peut s'interpréter comme le fait que la ville, prise par les forces de Mari au début du règne de Zimrî-Lîm, était désormais en ruines et que sa population avait été déportée (du côté de la Forteresse de Yahdun-Lîm), sans que la région après le coup de main mariote fût tenue par Zimrî-Lîm. Sumu-la-nasi se présente lui-même comme un propagandiste de paix, mais l'affirmation que son royaume retrouve son apparence du temps de Yahdun-Lîm cache mal le fait qu'il empiète de façon spectaculaire sur ce qui devait être désormais le territoire de parcours des nomades mâr sim'al, d'où son affirmation que ses terres sont un nig‘um pour Zimrî-Lîm. Il faut comprendre que les grands parcours de transhumance du Nord n'avaient pas encore reçu leur tracé définitif et que les Mâr sim'al étaient alors des bandes désunies, lors de la montée d'Enunna. En outre, si l'on savait déjà par les lettres de Huziri qu'il y avait des Mâr yamîna à Nagar4 tout comme d'autres textes nous en montrent dans la région de Qaunân, on voit ici, de plus, que le royaume de Qâ et d'Isqâ était une zone mâr yarîh5. 1 [A.4182] Sumu-la-nasi au roi. Rappel de la fête en l'honneur du roi de Carkémish où les deux princes, alors en exil, se sont trouvés et concertés. Or, tandis que le roi de Mari a reconquis son trône ancestral, Sumula-nasi l'a trouvé occupé par Yumra-El. Maintenant, grâce au dieu du roi, il est rentré dans ses droits et s'est occupé d'instaurer une paix générale. L'agrandissement du royaume de Qâ et Isqâ ne fait que retrouver les frontières installées par Yahdun-Lîm, lui-même. Protestations de fidélité en tous domaines et considérations sur le piteux état où il trouve son royaume.
3
D. Charpin dans BBVO 20, 2009, p. 67-68, la situerait sur le cours moyen du Habur, proche de la moderne Hassaké, à l'embouchure du Djaghdjagh. 4 5
Cf. M. Guichard, « Au pays de la Dame de Nagar », FM II, p. 245.
Saggâratum a été — selon une lettre de Sammêtar (cf. réédition de ARMT XXVI 199: 32-35, dans J.-M. Durand « La guerre ou la paix », Leggo, Mélanges en l'honneur de M. Falès) — refusée aux Mâr yamîna et remplacée par Milân. Or cette dernière était un centre de gens du Yahruru dont les liens avec le Yarîh étaient très forts. Il est vraisemblable que ceux qui arrivaient sur les bords de l'Euphrate étaient tentés de s’établir dans la vallée du Bas-Habur, ce qui leur permettait de se relier à leurs contribules de la région de Hassaké. L'entreprise était analogue à celle qui a fait s'installer d'autres Mâr yamîna dans la vallée du Balih pour se relier aux gens du Zalmaqum.
Documents parlant des débuts de Zimrî-Lîm
2 4 6 8 10 12 14 16 18 Tr.20 22 Rev. 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 Tr. 44 46 C. 48 50
[a-n]a be-l[í]-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-la-na-si ìr-ka-a-ma lu-ú i-tu-um i-nu-ma i-na qé-ri-im a-na-ku ù a-ta be-lí i-na lú ka-ar-ka-mi-siki i-na mu-zu-li [wa-a-bi-i]m ni-ba-a[r-ru-/né-ti-ma] ù ni-id-bu-bu i-[na-an-n]a i-lu-um a a-bi-ka a-na gi-gu-za a a-bi-ka ú-e-ri-ib-ka a-na-ku a-na bi-it a-bi-[ia] ak-u-da-am-ma i-[na a-l]i-ia I yu-um-ra-a-[AN] wa-i-[ib] ka-ta ap-la-ah-[ma] i-na gi-gu-za-ia ú-[ul ú-e-]í-u i-na-an-na i-lu-um [a be-lí-ia] I zi-im-[ri-li-im] [d]a-an-m[a] [a]-na gi-gu-za bi-it a-bi-i[a] ú-e-ri-ba-an-ni [ki-m]a pa-na-nu-um-ma a-bi [wa]-ar-ki a-bi-k[a] ia-ah-du-li-[im] il-li-ku a-na-ku wa-ar-ki-ka a-la-ak a-ni-tam a-nu-um-ma I ta-ak-ka a til-la-iaki i-na up-pa-t[i]-/ia ka-ia-ni-i ki-ti be-lí-ia I zi-im-ri-li-im ú-sa-l[i-im-ma] a-na e-er {x} bu-nu-e-tár a-à-ra-d[a-am] a-na I hu-zi-ri a-pu-ur-ma le-mu sa-la-ma-am(AN) ma-as-sú a-na e-ri-ia it-ta-ba-al-ka-[at] be-lí lu ha-d[i] pa-á-ia I ia-ah-d[u-li-im-ma] a a-na a-bi-ia up-t[a-li-ku] i-na te-eh-ra-ni-imki a[-ku-un] ki-ma a-bi-ia-ma a-na-ku bi-it a-bi-ia ú-ul wa-ta-ar ha-al-í a-na ha-al-í-ka ni-ig-hu-um lú ìs-qa-iuki [l]ú qa-a-iuki lú i-li-siki [ù] ma-ar ia-ri-haki [wa]-ar-du-ka sipa-me-e ki-ti lú-sipa-me-e [i]m-ra-ú [a]t-ta ti-de ki-ma a-na bi-ti-im ri-qí-im e15(I)-ru-bu
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Jean-Marie DURAND ki-ti lú a-ra-ni a ma-ah-ri-k[a] wa-a-bu la ta-ma-an-na-[ni] ìr-ka a-na-ku 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-la-nasi, ton serviteur. C'est un fait bien connu (de toi) quea), 6 lors de l'invitationb), moi et toi, 7 mon seigneur, alors que l'homme de Carkémish 8 se trouvait à Muzullumc), nous nous sommes vusd) et 9 que nous avons discuté. Maintenant, 10 le dieu de ton père 11 t’a fait (r)entrer 10 sur le trône 11 ancestral. 12 Moi, 13 je suis 12 arrivé cheze) mon père, 13 mais 14 Yumra-El 15 se trouvait installé 13 dans ma ville. 16 Par respect pour toi, 17 je ne lui ai pas fait quitter un trône qui était mien. 18 À présent le dieu de mon seigneur 19 Zimrî-Lîm 20 est fort et 22 m'a fait (r)entrer 21 sur le trône ancestral : 23 de même que, précédemment, mon père 25 était 24le lieutenant de ton père Yahdun-Lîm, 25 moi 26 je serai 25 tonf) lieutenant. 27 Autre chose. Voilà que 28 grâce à mes tablettes, 30 j’ai établi 29 de façon durable 30 un pacte de non-agression 27 entre Takka 28 de Tillâ 29 et mon seigneur 30 Zimrî-Lîm, et 31 je vais (en) expédier chez Bunu-Etar (de Kurdâ). J’ai envoyé un message à Huziri (de Hazzikkanum). 33 Il ne voulait pas d'un pacte de non-agressiong). (Cependant) son pays 34 n'a pas été de son avis mais du mienh). 35 Que mon seigneur soit content ! 36 Mes deux frontièresi) c'est Yahdun-Lim 37 qui (les) avait délimitéesj) pour mon père. 38 Je l’ai installée à Tehrânumk). 39 Moi, je suis exactement comme mon père ; 40 l'État de mon père n'a pas fait d'annexionl). 41 Ma région (est) 42 un nig‘umm) 41 pour ta région : 42 les gens d’Isqâ, les gens de Qâ, d’Ilisu 44 et les gens du Yarihn), 45 sont à ton service ; 46 ce (ne) sont (que) des pasteurs (qui) 47 ont eu maille à partir avec 46 des pasteurs. 48 Toi, tu sais 49 que 51 je suis entré 49 dans une maison 50 vide. 55 Ne me compte pas 52 parmi 53 ceux 53-54 de tes serviteurs 52 qui sont riches. 56 Je suis ton serviteur. 5
Bibliographie : ce texte a été édité par J.-R. Kupper comme FM 6 18. Des passages en avaient été cités par D. Charpin CRRAI 43, p. n. 16 ; J.-M. Durand CRRAI 46, p. 118-119 et n. 34-36 ; M. Guichard « Au pays de la Dame de Nagar », FM II, p. 252 ; cf. N. Ziegler TUAT NF 3, p. 56-57 qui en a donné une traduction en allemand. De grandes améliorations à la compréhension de ce texte ont été proposées par D. Charpin & N. Ziegler, FM 5, p. 144 et n. 559, ainsi que par J.R. Kupper, lui-même, exploitant leurs suggestions, dans sa NOTE de NABU 2004/99. Note: J.-R. Kupper a relevé dans son édition de FM VI les nombreuses particularités formelles de ce document qui ne se conforme pas toujours aux pratiques de la chancellerie de Mari. a) Pour cette construction de lû ittum inûma cf. ARM VI 76 : 5. Pour le sens de lû ittum qui fait appel à un savoir en commun entre l'expéditeur et le destinataire, cf. J.-M. Durand, LAPO 17, p. 486, n. a). b) Des fêtes étaient données à l'occasion de la venue d'un roi ; pour des invitations à dîner au palais royal le terme utilisé était qerûm (cf. FM VII 45 : 29), même si kirûm « jardin » (sans doute une structure palatiale ; cf. J.-M. Durand « Organisation de l'espace…, », dans Le Système palatial en Orient, en Grèce et à Rome, Strasbourg, 1987, spéc. p. 57) n'est pas à exclure totalement. c) Pour une identification de Muzullum à Muz/un(n)um, cf. les arguments de J.-R. Kupper, NABU 2004/99 et le texte introductif ci-dessus. d) Les jours de fête ont permis manifestement aux deux princes en exil de se reconnaître, mais ils semblent n'avoir eu qu'une seule discussion décisive (exprimée à l'inaccompli). e) « Chez » correspond exactement à ana bît. Bîtum néanmoins a ici — comme couramment — le sens d'État politique, à la différence de mâtum qui signifie « peuple ». f) Le texte hésite, comme beaucoup d'autres (du début du règne surtout), entre le tutoiement (qui devait être la façon normale de s'adresser à quelqu'un) et une adresse à la 3e personne, qui était imposée par l'étiquette. g) Le texte donne sa-la-ma-AN, qui comporte une nunnation analogue à celle du dialecte akkanakku de Mari. J'ai cependant supposé qu'il y avait ici l'emploi d'un AN avec valeur AM comme on peut trouver à l'occasion ÀM pour AM à cette époque. Cf. dans [A.891]: 26 (lettre de Hardûm, ARMT XXXIV) ki-am pour l'usuel ki-a-am. h) En mot à mot : « Son pays a fait défection vers moi ». Il n'est pas sûr néanmoins qu'il faille voir ici une révolte de Hazzikkanum contre son roi, mais un simple avis contraire de la population qui a accepté de faire un accord de bon voisinage, apparemment pour conclure une convention.
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Sumu-la-nasi dans cette lettre se montre comme un agent de paix générale, ce qui doit faire oublier qu'il vient de faire un coup d'État. i) Pa-á-ia est inattendu pour pâtî. Il peut y avoir ici un duel indiquant la frontière du nord et celle du sud. j) Pour cette compréhension, cf. J.-M. Durand, CRRAI 46, p. 118-119, n. 34 où est proposé le recours à palâkum « planter des piquets pour délimiter un espace » sur le modèle de [A.1177] : 39-41(cf. p. 216) où, à propos d’un don royal de terre à des serviteurs, on trouve : ana pî uppi bêlí-ia, [ta-mi]-ir-tam ú-pa-al-li-ik, [iâri] âpulunûti = « selon les termes de la missive de mon Seigneur, j’ai délimité la prairie. Je leur ai donné satisfaction. » k) Le passage est important pour la géopolitique de l'époque : Tehrân (forme usuelle pour Tehrânum utilisé ici) est en amont de Qaunân mais devrait faire partie du royaume de Mari, dès la constitution du gouvernorat de Qaunân. Manifestement, on est à une époque où Zimrî-Lîm, pris par les affaires du royaume, ne s'occupe pas trop de ce qui se passe à l'amont de Qaunân, ville qui est considérée comme en dehors du royaume proprement dit, même si elle lui était, du point de vue administratif, directement rattachée. l) En mot à mot : « n'est pas augmenté ». Il n'a fait que retrouver ses frontières du temps de Yahdun-Lîm. m) Le nig'um est un des termes les plus importants de la vie bédouine de l'époque ; cf. J.-M. Durand, « Peuplement et sociétés à l'époque amorrite », Amurru III, p.118 sq. Il désignait la zone que parcouraient les troupeaux d'une tribu selon des accords présentés comme immémoriaux (comprendre, datant d'au moins 3 générations). Sumula-nasi dit par là que les troupeaux (bédouins sous protection mariote) ne risquaient pas d'être arrêtés dans leur parcours par une frontière mais qu'ils pourraient avoir accès à toutes les pâtures de son royaume et, surtout, libre passage. n) L'énumération est importante car, outre les villes principales du royaume de Sumu-la-nasi, on voit apparaître parmi les habitants de son royaume une tribu mâr yamîna, celle des Mâr yarîh(u) ; cf. texte introductif au document. Ilisu(m) peut désigner la région de Tehrân (cf. CRRAI 46, 2004, p. 119, n. 41) ou être le nom d’un clan.
2.2 Les lettres d'Ibâl-Addu à Zimrî-Lîm avant de devenir roi d'Alakkâ Il reste plusieurs lettres6 adressées par Ibâl-Addu à Zimrî-Lîm avant qu'il ne réussisse à entrer dans sa capitale Alakkâ. Ses efforts se sont étendus sur une durée assez longue et n'ont abouti qu'en l'an 3 de Zimrî-Lîm. Néanmoins, on trouvera ici l'ensemble de ces textes qui sont les seuls à faire allusion à la conquête de Tuttul et forment un ensemble cohérent. 2.2.1 Au moment de la prise de Tuttul Au moins deux lettres d'Ibâl-Addu racontaient ce qui s'est passé au moment de la prise de Tuttul par Zimrî-Lîm. Ce sont [M.6776] et [A. 3211] édités comme ARMT XXVIII 77 et 78. Ces 2 documents montrent qu'Ibâl-Addu, prétendant au trône d'Alakkâ (alors occupé par adumadal, un prince au nom hourrite qui avait dû s'y installer au moment où le RHM s'écroulait ou qui en était l'ancien administrateur pour Samsî-Addu), faisait partie des compagnons d’armes qui avaient accompagné Zimrî-Lîm au début de sa conquête ; en ce sens il est tout à fait comparable à Sumu-la-nasi, prince de Qâ et d’Isqâ. Il est remarquable que dans ces lettres d'époque ancienne Ibâl-Addu tutoie le roi, ce qui peut refléter un ancien compagnonnage d'armes, mais surtout (et plutôt) la pratique courante de l'époque de s'adresser à quelqu'un avant que ne s'instaure le protocole de cour. Il rappelle qu'il avait envoyé ses compagnons7 au futur roi alors que ce dernier se trouvait encore à Tuttul. Ils ont assisté Zimrî-Lîm dans sa lutte contre Ime-Dagan (prise de Tuttul), puis dans sa descente sur Mari. Ce renseignement, non exploité par l'éditeur du texte, est néanmoins important. L'affrontement avec Ime-Dagan ne peut concerner la prise de Mari ou une attaque du centre du royaume, car cela semble avoir été l'œuvre de Bannum et de son clan mâr sim'al aidés par des Mâr yamîna. En revanche, des forces armées importantes du RHM se trouvaient dans la partie ouest du royaume de Haute-Mésopotamie. Il est
6 Les textes d'Ibâl-Addu ont fait l'objet d'une publication par J.-R. Kupper dans ARMT XXVIII et cet auteur a repris le dosssier dans un article de la RA 93, 2001, « Les débuts du règne d'Ibâl-Addu », p. 1-33. Les deux travaux avaient fait l'objet de discussions approfondies entre J.-R. Kupper et moi-même. 7
Le terme tappum est restauré dans ce texte mais assez vraisemblable, car ces gens y sont définis (ARMT XXVIII 77 : 17) comme des kîma pagrim, donc « (de rang) égaux », ce que la traduction française rend par « d’autres moi-même », une équivalence de tappum « compagnon ».
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trop tôt dans le règne de Zimrî-Lîm pour envisager que l'opération à laquelle fait allusion Ibâl-Addu, concerne l'attaque de Kahat dans les fortifications de laquelle les autorités du RHM devaient avoir plus confiance que dans celles de ubat-Enlil puisque le harem de Samsî-Addu s'y était réfugié. On peut ainsi penser à une contre-offensive des forces d'Ime-Dagan pour reconquérir une place forte majeure de la frontière ouest, d'où il pouvait engager une attaque contre la zone de Mari où s'étaient installés Bannum et les Mâr yamîna. Cette manœuvre militaire serait une des façons d’expliquer la destruction du palais de Tuttul, épisode antérieur à l'installation du haannum La-nasûm en un lieu qui semble alors en mauvais état. La correspondance de ce notable mariote est d'ailleurs concomitante d'une phase de reconstruction du palais et du temple de Dagan. L'incendie du palais ne peut pas avoir été causé par l’attaque elle-même de Zimrî-Lîm, puisqu'il a pu pendant au moins deux mois y produire des textes à son nom. Les portes de la ville peuvent même lui avoir été ouvertes. L'embrasement du palais où ces documents ont été retrouvés doit donc être un événement postérieur au départ de Zimrî-Lîm vers Mari. De façon générale, Ibâl-Addu est silencieux sur plusieurs personnes : il ne parle pas de YasmahAddu, ce qui s'explique si la disparition de ce roi ne concerne ni Zimrî-Lîm ni ceux qui l'aidaient à Tuttul, mais il évite aussi de parler de Bannum ; ce qui doit indiquer que l’on se trouve après la mort du mer‘ûm et que le silence est désormais de mise à son égard. Seul est mentionné Ime-Dagan et, de fait, la lutte en Haute-Djéziré, la grande affaire militaire du début du règne, s'est faite contre les forces d’Ékallatum, car c’est au nom d’Ime-Dagan que résistaient alors Kahat ainsi que la citadelle de ubat-Enlil. Pour apprécier l'importance de la lettre d’Ibâl-Addu il faut tenir compte du moment de son envoi ; si elle ne date pas de la restauration de Zimrî-Lîm sur le trône de Mari, le temps qui s'est écoulé depuis la prise de Tuttul ne doit cependant pas avoir été considérable. Zimrî-Lîm redevenu roi a encore à ses côtés les gens qui l'ont aidé à Tuttul. Il est donc vraisemblable que la missive d'Ibâl-Addu date du retour du roi depuis Kahat, soit de la moitié de sa première année. Ibâl-Addu demande au roi de lui renvoyer ses gens car il compte sur eux pour son propre compte. Il oublie les morts pour lesquels nulle compensation n’est demandée, à condition que les survivants reçoivent permission de s’en aller le rejoindre. En revanche, si Zimrî-Lîm lui en réclame un parce qu'il en aurait besoin (cf. l. 18, hikît abi-ia), il lui sera donné. C'était effectivement une période où le roi de Mari cherchait à s'assurer les services de gens de qualité. Ses compagnons représentaient, de fait, pour Ibâl-El son seul espoir d'aide. La suite des événements montre les faux-fuyants du roi de Mari : Zimrî-Lîm lui a confié la mission d’accompagner « des rois » dans les villes où ils devaient prendre le pouvoir ; il s’agissait pour Ibâl-Addu de diriger l'expédition qui devait assurer la restauration de prétendants sur des trônes du Nord et si l’on considère ARMT XXVIII 78, ce projet de ramener « des rois » n'est qu'une généralisation de la lettre [A.2742] adressée à Abî-Samar et Ikud-la-êmê-u et de son parallèle à Ti-Ulme8. L’idée du roi était que, cela fait, ce serait à Ibâl-Addu de voir si l’escorte accepterait une seconde mission, celle qui devait lui permettre de s’emparer pour son propre compte du pouvoir à Alakkâ. Cette ville n'était, visiblement, pour le roi de Mari qu'un objectif secondaire : si Ibâl-Addu remontait lui-aussi sur son trône ancestral, c'était certes la prise en main de toute la Haute-Djéziré de l’ouest, mais cela ne semble pas avoir été dans les urgences du moment. Le roi de Mari utilise, en effet, une façon particulièrement hypocrite de s’exprimer : « Si les Bédouins vont avec toi, tu iras là où ils t’accompagneront ; [sinon], si les Bédouins ne vont pas avec toi, ne va nulle part ! » Il ne veut donc pas savoir ce que la force d’accompagnement fera une fois sa mission officielle accomplie. Alakkâ peut avoir été considérée un trop gros morceau pour le roi de Mari qui ne se sentait pas encore capable de l’affronter, quoiqu’Anakkum ne semble pas avoir été d'une importance moindre. Mais on peut penser aussi qu'Alakkâ était une ville avec laquelle Zimrî-Lîm avait un accord juré, ce qui l’empêchait d’y envoyer officiellement une force armée. En revanche, si d’aventure il s'y passait un coup de main « heureux » qui se trouvât servir les intérêts d’Ibâl-Addu, le roi de Mari pourrait toujours plaider que l'opération s'était faite « sans son aveu » et éviter ainsi l’odieux d’avoir rompu un 8
Il s'agit de la tablette TH 72-15 reprise ici, p. 65.
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pacte. Ce sont effectivement des Bédouins, donc des gens moins tenus que le roi de Mari à des obligations d’État, qui sont envoyés pour ce genre de mission ; une fois leur but atteint, nul ne peut prévoir ce qu’ils étaient susceptibles de faire. Comme les rapports diplomatiques semblent avoir été bons entre Mari et Alakkâ avant les demandes d'Ibâl-Addu, on doit privilégier la seconde hypothèse. On voit en effet par la lettre A.758 éditée par Michaël Guichard9 que adum-adal s’adressait à Zimrî-Lîm comme à son « père ». Il faut donc supposer entre eux un traité d’alliance en bonne et due forme. D’après M. Guichard, d'ailleurs, adum-adal, roi d’Alakkâ, est resté en place jusqu’à la prise d’Alakkâ ; comme il est vraisemblable que la prise d’Anakkum a précédé celle d’Alakkâ, Ibâl-Addu a donc dû attendre quelque temps avant de pouvoir s’installer sur le trône convoité. Par « des rois » Zimrî-Lîm entendait les dirigeants de villes à la proximité d’Alakkâ. Même si au nombre de ces dernières il y avait Anakkum (= Chagar Bazar) où Narhî essayait de s’impatroniser, les rois à installer étaient en l'occurrence ceux que nomme [M.6676]: 28-29, soit YaBhur-Lîm10 et Yasîm-hammu. YaBhur-Lîm doit être le même qu’IBhur-Lîm, cheikh d'Izallû, à proximité de Nahur et d'Alakkâ (cf. LAPO 16, p. 152), celui dont J.-R. Kupper a édité les lettres dans ARMT XXVIII 114-120, et qui a donc été installé dans sa ville au tout début du règne de Zimrî-Lîm. Yasîm-hammu, en revanche, est autrement inconnu et a pu n'être que fugitivement en place dans une ville proche d'Alakkâ11. Mais à la différence des événements racontés dans [A.842] (= ARMT XXVIII 48) qui illustrent le succès final des tentatives d'Ibâl-Addu et voient la fuite de adum-adal (cf. ibid. l. 49), on a affaire dans [M.6776] à une entreprise qui a tourné court car Ibâl-Addu a été abandonné par ceux qu'il avait aidés. Dans [A.3211]: 31-32, Ibâl-Addu affirme qu’il y a dans son pays (Alakkâ) beaucoup de « serviteurs de son père ». Le terme est ambigu : il peut désigner les partisans du nouveau roi de Mari (abî désignerait ainsi Zimrî-Lîm ; c'est ce que semble d'ailleurs avoir compris J.-R. Kupper) mais cela peut aussi signifier que plusieurs habitants étaient restés fidèles à la lignée d’Ibâl-Addu et que ce dernier comptait sur leur loyauté à l'ancienne dynastie à anthroponymie sémitique, à laquelle un adum-adal, porteur d'un nom hourrite, ne devait pas appartenir12. Cependant les Bédouins ont considéré que leur affaire était finie avec le succès de l'opération commanditée par Zimrî-Lîm ; ils n'étaient pas des mercenaires à qui l'on donne une solde (le qirum), soit une paie en argent pour leurs services, mais des gens qui n'en faisaient qu'à leur tête. Cet échange de lettres pourrait expliquer l'ambiguïté des rapports constatée par la suite entre le roi de Mari et son vassal d'Alakkâ. Ibâl-Addu n'était manifestement pas le « premier choix » du roi de Mari pour sa politique en Haute-Djéziré. Il se dit « fils » de Zimrî-Lîm tout le temps qu’il n’est pas roi d’Alakkâ, mais par la suite n'en est plus que le « serviteur », quoiqu'il ait reçu comme épouse une princesse royale de Mari. Cela peut tenir aux accords diplomatiques passés au moment de l'installation d'Ibâl-Addu sur le trône d'Alakkâ. Dans ARMT XXVIII 48, texte qui est
9
M. Guichard, « Le ubartum occidental à l’avènement de Zimrî-Lîm », FM. VI, p. 146-147. De la même façon, [M.9300] (ARMT XXVI 78) semble montrer de bons rapports entre adum-adal et Asqûdum ; cf. p. 190-19 1. 10
L'écriture cunéiforme ne permet pas de savoir si le verbe de ce nom propre provient de la racine PR (« La tribu s'est réunie », akk. paârum) ou de B‘R (« la tribu a choisi », akk. bêrum). Dans les 2 cas, il s'agit d'un anthroponyme commémoratif. 11 Êsîm-hammu n'est qu'une variante d’un NP Yasîm-hammu. Il existe dans ARMT XVI/1 un Yasîm-hammu habitant de Sarrum des Rabbéens (Sarrum rabbiyûm) ainsi qu'un souhéen ; aucun des deux n'est un bon candidat pour l'individu dont parle Ibâl-Addu. Celui qui est énuméré par ARM VII 220 : 13, est en fait, à lire Yarîm-hammu, d'après MARI 2, p. 92. Il s'agit d'un fonctionnaire connu de l'administration de Qaunân, selon A.381. Le Yasîm-hammu que devait escorter Ibâl-Addu pourrait, en revanche, être le militaire que l'on voit, bien plus tard, envoyer depuis Babylone la lettre ARM XXVI 383 où il est question du siège de Larsâ. Tout comme IBhur-Lîm, il s’agirait d'un individu inféodé aux Mâr sim’al, originaire de l’ouest de la Haute-Mésopotamie. 12
« Mon serviteur » dit Ibâl-Addu ([A.3211] 33). Il pouvait donc s'agir d'un membre d'une famille, certainement importante, de la composante non-sémitique d'Alakkâ, qui aurait profité des troubles pour s'imposer face à la population sémitique à laquelle Ibâl-Addu, vu son nom, devait appartenir. Il y a beaucoup de noms propres hourrites parmi les gens d'Alakkâ ; cf. (pour la seconde prise d'Alakkâ, il est vrai) les considérations de P. Marello, FM 2, 1994, p. 124-125.
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pourtant certainement du début du règne, Ibâl-Addu ne se dit déjà plus « fils » de Zimrî-Lîm, mais pas encore « serviteur ». Or les rapports entre Mari et adum-adal semblent alors dégradés. Cela précède l'attaque en règle du roi de Mari contre Alakkâ qui a dû résister et ne pas accepter facilement Ibâl-Addu pour son chef.
2 [A.3211] Ibâl-Addu à son « père » Zimrî-Lîm. Rappel de l'aide militaire fournie dès la prise de Tuttul. IbâlAddu voudrait récupérer ceux de ses compagnons qui sont encore vivants, pour, comme Zimrî-Lîm, retrouver son trône ancestral. Il pourrait ainsi compter sur ceux qui restent fidèles à sa dynastie. (…) [a-na a-bi-ia] z[i-i]m-[r]i-li-im [qí-bí]-ma [um-ma i-ba-a]l-dIM [dumu-ka-a]-ma [i-nu-ma a-bi i-na] t[u]-t[u]-ul ú-bu [tap-pé-ia a-ru-sú]-ma [ki-ma a-n]a i-me-[d]da-gan gi-tukul-há [ú-a-u-]u-nu-ti-ma [a-na] ma-riki [u]-te-ri-du-u-nu-t[i i]-na-an-na qa-at a-bi-ia a-l[am] ma-riki ik-[u-ud] um-ma li-ib-[b]i a-[bi-i]a lú-me[ u-nu-ti] a-bi li-w[a-a]-[e-ra-a-u]-nu-[ti] a im-tu-t[u p]a-ga-[ar-u-nu] li-[qé-bi-ru] ba-al-ú-t[im] a-b[i] a-na qa-at [NP] ù a-bi-e-sa-ar gal ku a-bi l[i-ip-qí-id] lú-me-e a a-n[a e-er] a-bi-ia a-[ru-du] ki-ma pa-ag-[ri-i]a ù [l]ú a ni-[i-ia] hi-ki-it a-bi-ia a i-na q[a-ti-ia] i-ba-a-u-ú a-bi [l]i-i-pu-r[a-am-ma] a-na-ku lu-wa-a-e-[er-u] lú-me-e u-nu ú-ul [a]-um u-mi-[ka] ù a-um ma-a-tì(TIM)-ka a i-mu-[du-u-nu-ti]13 a-bi i-na an-né-tim gi-mi-lam e-[li-ia] li-i-ku-un li-wa-e-er-u-nu-[t]i l[a] i-ka-la-u-nu-tì (TIM) [ù ]a-ni-tam a-bi a-ia-ab-u ik-[]u-ud-ma a-[n]a gi-gu-za é a-bi-u i-ru-ub ù a-na-ku a-di-ni a-na gi-gu-za é a-bi-ia ú-u[l] e-ru-ub mu-ú[]-ke-né-ku a-bi a i-[p]a-qí-da-an-ni li-ip-q[í]-da-an-ni ù i-na ma-ti-ia ìr-du a-[bi]-i[a] [m]a-du-tum-ma i-b[a]-a-u-ú [ù gi-gu-za] i-na a-ba-tim ìr-di [a it-ti-ia i-b]a-a-u-ú [ú-u]l a-ka-al-[la-u-nu-ti] [i-na-an-na wa-ar-d]u-tam° a-[na lú an]-ni-[im-ma] [o o o o o o ]-x [……] [tap-pé-ia be-lí li-]a-bi-[l]a-n[i] [li-ib-bi li-ih-du]-ú
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 38
(Reste de la tablette anépigraphe.)
13
D'après la mise en page, il y a encore plusieurs signes après MU.
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Bibliographie : publié par J.-R. Kupper comme ARMT XXVIII 77. Les l. 10 et 26-29 avaient été citées par G. Dossin dans « Archives épistolaires », Syria 19, 1938, . p. 113 ; cf. M. Guichard, FM II, p. 236. 1
Dis à mon père a) Zimrî-Lîm, ainsi parle Ibâl-Addu, ton fils. Lorsque mon père se trouvait à Tuttul, 6 je lui avais envoyé mes compagnons et 7 comme 8 il leur a fait lever 7 les armes contre Ime-Dagan 8 et 9 les a fait aller en aval 8 jusqu’à Mari, aujourd’hui, 10 mon père s’est emparé de la ville de Mari. 11 S’il plaît à mon père, 12 qu'il laisse aller 11 ces gens. 13 Qui sont morts, qu’on les enterreb) ; 14 les (sur)vivants 15 que mon père lesc) confie à (NP) 15 et à Abêsar, les chefs de section. 16 Les gens que j’ai expédiés chez mon père 17 (sont) d’autres moi-même, mais, quelqu’un de mes d) 18 gens , sur lequel mon père aurait des vuese), qui 18 sera(it) 18 entre mes mains, 19 sur message de mon père, 20 je le laisserai(s) aller. 21 Ces hommes, n’est-ce point pour ta gloire 22 et pour ton pays à toie) ce qu'on leur a imposéf) ? 23 Mon père doit me 24 témoigner 23 pour cela de la reconnaissance ! 24 Qu’ils les laisse aller ! 25 Qu’il ne les garde pas ! 26 En outre, autre chose : mon père a eu raison de son ennemi et 27 il est entré sur le trône ancestral ! 28 Or, moi, jusqu’à présent, 29 je ne suis pas entré 28 sur le trône ancestral. 29 Je ne suis qu’un simple particulier ! Mon père 30 doit me pourvoir de ce dont il peut me pourvoirg) ! 31 En outre, dans mon pays, 32 il y a beaucoup 31 d'(anciens) serviteurs de mon père (biologique) 33 mais, du fait que c'est un serviteur à moi qui a pris le trônef), 34 je ne gardeg) plus ceux qui sont pour moi. 35 À l'heure actuelle (c'est) à cet homme (qu')ils ont prêté serment d'allégeance. 36 … 37 Que mon père me fasse parvenir mes compagnons 38 en sorte que mon cœur se réjouisse. 5
(Reste de la tablette anépigraphe.) a) Pour cette restauration, cf. l. 10. b) Cette nécessité de pourvoir d'une sépulture ceux du clan qui sont tombés au combat faisait partie des exigences envisagées par le rite du kispum. c) Le suffixe personnel -unûtim doit s'interpréter en fait comme comportant une lecture tì pour TIM (cf. l. 22, ma-a-tì-ka). Pour cette valeur en OB, cf. le NP be-lí-ú-sa-tì de YOS 13 171: 2 = « Mon seigneur est ma force ». d) J.-R. Kupper a lu anûm, en mot à mot « autre », au sens de « qui n'est pas de ceux qui sont avec le roi ». e) hi-ki-it : l'exposé fait par J.-R. Kupper mélange en fait plusieurs données. Le substantif hikîtum vient manifestement d'un verbe hakûm ; à la forme G (I) ce verbe hakûm signifie « attendre » (cf. LAPO 17, p. 94), mais à la forme D (II) il a le sens contextuel de « chercher à tromper », exactement « attendre de voir ce que va faire quelqu'un en réaction à ce qu'on lui propose ». Le substantif hikîtum qui est construit sur la forme G devrait donc signifier ici « attente ; espoir ». Le hikît bêlim serait donc quelqu'un sur qui le roi a des vues. f) J.-R. Kupper (ARMT XXVIII, p. 107) a restauré ici ka-
êl 23 ont pu s'enfuir. 24 Dès que la nouvelle m’est arrivée, 26 j’ai écrit 25 chez mon seigneur. 27 Mon seigneur est informé. a) Le terme de Bédouins (hana) désigne ici clairement des gens de l'ethnie des Mâr yamîna, puisqu'ils appartiennent au clan des Uprapéens. b) Sans doute des lieux-dits du Djebel Bishrî, quoique Idin-Annu semble plutôt actif sur la rive gauche de l'Euphrate. Les traductions sont conjecturales, d'autant plus qu'on ne sait à quelle langue ces toponymes appartiennent. Bardat a été compris comme une forme absolue sur une racine BRD signifiant « être froid ». Une lecture sur PRD serait possible, car il pourrait s'agir de Pardat, la « Déesse Terrifiante ». Pour Qabaqab, dans son article de Studia Chaburensia 4, N. Ziegler l'identifie avec Qebaqeb, qui est au sud-est du Jebel Bishrî217. c) Bahalta- (à lire Ba‘alta) correspond sans doute, localement, à Ba‘alta- qui est connu pour équivaloir à Bêlet- de l'akkadien (cf. la divinité Bahalta-Mâtim d'Imâr). Cette montagne — dont le nom signifie « Dame du/des héro(s) » (si l'on postule un terme local gu-ra-tim = qù-ra-dim, mais il pourrait également s’agir du terme gurratu qui en médio-assyrien désignait la « brebis », cf. CAD A/1, p. 160, s.v. agurratu et AHw, p. 299) — était sans doute un éperon rocheux qui arrivait jusqu'à l'Euphrate. d) L'énigmatique ta-a-ta-am (lecture identique chez G. Dossin : ta-za-ta-am) pourrait être la forme locale du paléo-babylonien têîtum, « discorde », dont une forme est ta-i-a-tum. Il faut supposer un traitement /â/ pour /i-a/. e) kîma pâni-unu a un parallèle dans l'expression de Suse OB kîma pa-ni-u-ma littalka, cité CAD P, p. 92a. Kîma pâni-u signifie couramment à Mari, « aussitôt », cf. DBP s.v. (A.2552: 20). f) ia-hi-il-pí-AN (« Puissante est la Parole de El/Dieu ») est un nom qui n'est attesté que par M.12728, mais i-hi-il-pí-AN (avec une initiale en i-, non en ia-) est très bien connu ; cf. XVI/1, p. 117 et nombreux inédits. g) En mot à mot « fils d'un nid des Uprapéens ». De nombreux exemples montrent que qinnum signifie « famille » à l'époque OB, cf. L'Épopée de Zimrî-Lm, FM XIV, p. 35, et [A.925+], dans ARMT XXXIV. h) râb kerrim est un titre inédit. Kerrum est connu à l'époque paléo-babylonienne pour gerrum et n'en est sans doute qu'une notation dialectale. i) iâtam napâhum est connu à Mari comme « allumer des « signaux de feu » ; « allumeur du feu », apparemment « responsable de l’hostilité », désigne ici celui qui avait fait se réunir le commando des pillards ; pour iâtum dans l'Épopée de Zimrî-Lîm, cf. FM XIV, index, p. 162c. j) L'expression warkîti-unu « après eux » est un hapax, mais reprend le warki-unu de [A.306] : 11. k) L'akkadien dit exactement mer‘ûm, mais le terme doit avoir ici son sens étymologique de « berger », non le sens politique que le terme a acquis chez les Bédouins mâr sim'alites, où il peut d’ailleurs avoir été également à l’origine un dialectalisme pour rê'ûm, « berger ».
6.9.2 Les Mariotes razzient les Soutéens C'est sans doute dans ce contexte d'hostilité entre Soutéens et gens des Bords-de-l'Euphrate qu'il faut placer au moins deux textes qui montrent les intentions belliqueuses du roi de Mari envers les Soutéens. Les menaces envers Dam-hurâim qu'imaginait en rêve Zimrî-Lîm vont de pair avec l’intention de monter des opérations contre ses turbulents voisins. [A.2241] est ainsi un projet de razzia du roi de Mari contre les Soutéens, auquel doivent être associés les Mâr sim’al chargés des troupeaux. Le prétexte de ce rezzou serait de se procurer les mou217
Cf. op. cit., Studia Chaburensia 4, p. 209-225, spéc. p. 221 : « Qabaqab, one of the place-names mentioned in this letter, corresponds to modern Qebaqeb, southeast of the Jebel Bishrî. A Roman camp examined by a Finnish archaeological survey and also a deep rock-cut well dated by the Finnish archaeologists to the Roman period have been found there. Some 18 km from Qebaqeb other water distribution and storage installations (a channel and well) from Roman times were discovered by the same team. The region on the southeastern edge of the Bishrî was thus a place where waterholes, wells and channels were common from ancient times onwards. The placename Burtum-Bardat (litt. “Cold Well” …) shows that such water-collecting structures already existed in this region in the 18th century B.C. and were used by Sutean nomads. The long-lived toponym shows that the place was used without major interruption throughout the centuries. » Cette survivance est analogue à Halabît par rapport à Halébiyé.
Les textes de Sumu-hadû
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tons- ID qui manquaient au troupeau à l'engrais et de capturer des « servantes amurrîtum », ce dernier point pouvant s’interpréter comme la récupération d’une population amorrite razziée par les Soutéens. Les moutons- ID devaient constituer l’essentiel des troupeaux soutéens. Ces derniers se trouvaient aux « Puits » (lecture D. Charpin), apparemment à l'aval de Mari (l. 27). L'opération ne devait être qu'un coup de main limité. On comptait attendre que les Soutéens y fussent réunis (l. 26) sans doute pour que de nombreux troupeaux rentabilisent l'attaque. On s'attendait à ne retirer du rezzou que trois milliers de têtes, donc un nombre bien moindre que les 10 000 animaux que les Mâr yamîna avaient ramenés d'une opération analogue contre les troupeaux soutéens218. Il faut peut-être tenir compte de la part de butin à concéder aux Bédouins mâr sim'al, car les forces envisagées montaient à 6 ou 7 000 hommes, dont 2 000 Bédouins, ce qui revenait à 4 ou 5 000 Mariotes, soit une force considérable. Les Soutéens que l'on considèrerait volontiers comme des pillards, d'après les documents de l'époque amorrite, semblent avoir été en fait des pasteurs de troupeaux conséquents. Ils présentaient des structures économiques sûrement plus complexes que celles de rudes nomades. Vu le domaine qui était le leur, leurs animaux qualifiés de ID étaient avant tout des animaux de pâture, non de stabulation, comme il s’en trouvait à Mari. Ces animaux produisaient donc surtout de la laine (cf. ci-dessous à udu-àg) et des produits laitiers, une grande différence avec des gens qui connaissaient la stabulation. Ces « Puits » désignaient apparemment les endroits où les Soutéens réunissaient leurs troupeaux. Établissements extérieurs au royaume de Mari proprement dit, ils se trouvaient — au moins ceux que visait le rezzou royal —à l'aval de la capitale, sur la rive droite de l'Euphrate. L'anecdote qui concerne Hammî-tilâ, quelqu'un de bien attesté dans les archives de Mari, illustre la dangerosité de tels voisins : au moment même où le roi de Mari rencontrait le chef soutéen, ce dernier avait ordonné un rezzou contre quelqu'un qui semble avoir été un vassal, voire un fonctionnaire de Zimrî-Lîm (l. 36). Or au moment même où le roi de Mari rencontrait le chef nomade, il manigançait lui-même une attaque contre des contribules de son hôte, ou des installations de ce dernier. En ce qui concerne l'exercice du pouvoir on remarquera que le plan royal (l. 5 mutâlûtum) est transmis à Sumu-hadû, mais l'administrateur souligne l'aspect tout personnel de son approbation (l. 38). Il faut attendre l'arrivée de Hâlî-hadun et l'exposition du projet royal devant le conseil (l. 44, soit une nouvelle mutâlûtum) pour que la décision définitive soit prise. Sans doute cela était-il dû à l'importance des forces bédouines mises en jeu. Il n'y a pas en effet contradiction entre les deux moments du projet : la première mutâlûtum était une décision royale réfléchie ; elle n'est pas remise en cause par la seconde qui n'était que la mise au point technique de la première.
148 [A.2241] Sumu-hadû au roi. Projet excellent du roi de lancer un rezzou contre les Soutéens à condition d’y associer les Bédouins mâr sim’al transhumants. A ma doit envoyer 2 000 Bédouins légèrement équipés et l’affaire être tenue secrète. On bivouaquera à un puits proche de Na er. Le butin sera en ovins et en servantes. Hammî-talû est un fourbe. L’avis de Sumu-hadû concernant le rezzou lui est personnel ; il faut encore discuter avec les grands serviteurs, après l'arrivée de Hâlî-hadun.
2 4 6 8 10
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma up-pa-am [a] be-lí ú-[a-b]i-lam e-me mu-u-ta-lu-ut be-lí° ma-[l]a-u du-{MU}-um-mu-uq ù um-ma be-lí ba-lum ha-na "a# na-we-[im] dumu si-im-a-al su-ti-i be-lí i-a-h[i-i] ur-ra-am e-ra-am ha-name-e i-na a-wa-tim be-lí i-a-ab-ba-at um-ma-mi um-ma a-na kaskal-a ù-lu-ma a-na gi -tukul-me-e e(I)-pé-i-im
218
Cf. [A.2200] ci-dessus, p. 329.
332
12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 38 Tr. 40 42 44 C.
Jean-Marie DURAND ba-lum ha-na mi-im-ma t[a-a-t]a-"hi#-"i# ù i-na-an-na du[mu] ia-mi-in° a-al-lam "lu#-a-ki-il be-lí a-pa-al-u-nu ú-ul i-le-i be-lí e-ma-am an-n[é-e]m ma-ha-ar a-ma-a ìr-u li-[i]-ku-un[m]a 2 li-i[m h]a-name-e [a-bu-um] qa-al-lum l[i-li-k]u-[ni]m a-di a-bu-um u-ú "la# ip-hu-ur° ù pa-ni-u a-na bu-ra-tim [la] i-ku-na-am e-mu-um an-nu-[um] a-na ma-am-ma-an la i-qa-ab-bi219 a-um na-í-rum la ú-ú-ú ù i-nu-ma a-bu-um u-ú it-ta-la-kam i-na bu-ur-tim til-la-a u 1-kam u 2-kam li-i-ib a-di an-na-nu-um a-bu-um a bu-ra-tim i-pa-ah-hu-{ X X X X }-ur° ù ha-name-e[ ] i-na a-la-ki-u° a-na na-e-erki-ma li-im-qú-ut-ma 6 li-me "7!# li-me a-bu-um li-ip-hu-ur-ma e-ma-am a-ti be-lí li!°(NE)-pu-ú220 e-em be-lí-ia an-nu-um ma-di-i du-um-mu-uq udu-àg ( ID) a-na ku-ru-u-ti-ka° ú-ul i-ba-a-e-ma um- 2 li-im 3 li-me udu-àg a-na ku-ru--ta-im a be-lí° i-ta-ru-nim ù 50 {X} 1 u-i geme-me-e a-mu-re-tim te-le-tim a-na é-kál-lim i-ta-ru-nim ú-ul d[a]-m[i?-i]q? ù i-nu-ma be-lí ha-mi-ta-lu-ú i-mu-ur°-ma I ia-ta-ra-am i-ta!( A)-hi-it an-nu-um a-na li-ib-bi be-lí-ia ma-di-i i-ma-qú-ut e-mu-um a a-na be-lí-ia a-pu-ra-am []e-em ra-ma-ni-ia-ma i-nu-ma up-pí an-né-em a-na be-lí-ia ú-a-bi-lam ha-li-ha-[d]u- ú-ul ik-u-dam ìr-me-e -ka° i-pa-hu-ru-nim e-ma-am a-tu ma-ah-ri-u-nu a-a-ka-an-ma [m]u-u-ta-lu-sú-nu e-ma-am ga-am-ra-am a-na be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 5 Le plana) de mon seigneur est en tout point fort sympathique ! 6 Mais, si mon seigneur 7 razzie les Soutéens 6 sans tenir compte221 des Bédouins du troupeau mâr sim’al, 8 tôt ou tard, les Bédouins 9 apostropheront mon seigneur en ces termes : « Si pour 10 faire 9 une expédition 10 ou bien un combat, 11 tub) fais un rezzou sans les Bédouins (mâr sim'al), 12 hé bien, maintenant, je laisserai le(s) Mâr yamîna faire du butin. » 14 Et mon seigneur ne pourra pas leur répondre. 15 Mon seigneur 16 doit exposer 15 ce projet par devant A ma, son serviteur, et 17 2 000 Bédouins (mâr sim'al) 18 doivent m'arriver 17 (en) troupe 18 légèrement équipée. 19 Tant que cette troupe ne se sera pas mobilisée 21 prenant 20 alors la direction des Puits, 21 ce projet 22 ne doit être dit 21 à quiconque 22 afin 4
219
= iqqabbi.
220
L'emploi du signe li! (NE) pour LI n'est enregistré par W. von Soden, AO 42, p. 22, que comme du paléo-babylonien “Osttigrisland”, mais repose sur l'indécision bien connue n/l. 221
En mot à mot « sans ».
Les textes de Sumu-hadû
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qu’un espionc) ne quitte pas (Mari pour prévenir l'ennemi). 23 En outre, lorsque cette troupe partira, 24 elle doit demeurer 1 (à) 2 jours au puits aux deux Tellsd), 25 jusqu’à ce que làe) les gens des Puits 26 soient groupés. 27 Donc, les Bédouins, en se mettant en marche, 27 c’est à Na er 28 qu’ils doivent arriver soudain, et (c'est) une troupe de 6 à 7 000 (hommes) 29 (qui) doit se mobiliser pour que mon seigneur réalise ce projet. 30 Ce projet de mon seigneur est tout à fait sympathique : 31 il n’y a pas de moutons à toisonf) pour ton engraisseur et 33 s'ils (r)amènent 2 000 à 3 000 moutons à toison à l’engraisseur de mon seigneur 33 ainsi que 50 à 60 esclaves-femmes 34 amorrites qui savent y faireg) au palais, n'est-ce pas sympathiqueh) ? 35 Or, au moment même (-ma) où mon seigneur voyait Hammî-talûi), 36 il venait de mener un rezzou contre Yatarum. 37 Cette (nouvelle) est importantej) pour mon seigneur. 38 L’avis que j’envoie à mon seigneur, n’est que le mien personnel. Alors que 40 je fais porter 39 cette tablette de moi 40 à mon seigneur, Hâlî-hadu 41 n’est pas (encore) arrivé. 42 Tes serviteurs vont se réunir. 43 J’exposerai 42 ce projet 43 devant eux et 45 j’enverrai à mon seigneur 44 le résultat de leur délibération, sans omettre de détails. a) La mutâlûtum est le résultat de la délibération avec soi-même (« décision réfléchie ») ou l'avis des conseillers (cf. l. 44), terme que rend le français « plan, projet élaboré ». Les modalités proposées du projet (« avis ») portent le nom de êmum. b) Dans ce texte, le roi est tout à coup tutoyé par Sumu-hadû (cf. l. 31), mais, ici, il s'agit manifestement de la façon dont on lui parlait réellement ; la tournure par la 3e personne n'est que la façon courtisane de s'exprimer. c) Il faut distinguer à Mari entre le terme nâirum qui désigne le garde et un autre qui est un des mots qui désignent l'espion (cf. LAPO 17, p. 139 & p. 305) et qui ne doit pas être de morphologie akkadienne. Pour la forme du terme avec syncope (« narum »), on se reportera à ARM IV 81: 24 lú na-a-ru-um u-i = « un espion ira trouver l'ennemi » ; cf. LAPO 17, p. 138-139. Le CAD N/2, p. 51, comprend à tort : « the person under guard will get away», ce qui est tout à fait hors contexte. d) N. Ziegler, Les Toponymes paléo-babyloniens de la Haute-Mésopotamie (= MTT 1/1), p. 369, distingue deux toponymes Tillâ, l'un au sud de ubat-Enlil, l'autre dans le royaume de Larsa. Aucun des deux ne convient ici. Il doit s'agir ici d'un endroit (cf. la notion de « Puits + Tillâ »), sans doute au sud de Mari (l. 27), vraisemblablement sous contrôle mariote mais d'où il était possible de mener une attaque contre les Enclos où les Soutéens réunissaient leurs troupeaux. Cela indique que le terme tillâ entre en fait dans la série des termes géographiques descriptifs. Le sens était sans doute « le Puits aux deux Tell », ce qui devait indiquer une ancienne structure humaine abandonnée où subsistait un puits, un tell présentant deux sommets pouvant avoir l'apparence d’un tell double. e) Il faut comprendre qu’il s’agit ici des Enclos. f) Le passage indique que l'on trouvait dans les Enclos des Soutéens des moutons- ID. Cette race ovine était donc différente de l'udu-gukkal, le « mouton à grosse queue ». Puisque l'expression ID-si-ga a affaire avec la tonte (cf. CAD B buqûmu), il devait s'agir d'un mouton élevé pour sa laine plutôt que pour sa viande. ID dans cette expression devrait donc désigner la toison (àg = itqum). L'expression est de toute façon à rattacher à lú- ID qui ne désigne pas qu’un angûm à Mari mais aussi un ouvrier pour l'exploitation des moutons. La lecture à Mari de lúàg(a) pouvait être a itqim. g) te-le-tum est un terme de compréhension difficile. L'akkadien tele'û, relativement peu employé, est considéré comme une formation augmentative de le'ûm « capable », auquel on ramène l'épithète bien connue d'Etar telîtum, comprise traditionnellement comme « E tar l'experte ». Le terme peut qualifier également des prêtresses. Ce terme te-le-tum pouvait avoir en Occident un sens perdu en akkadien, comme il peut s’agir aussi d’une réalité lexicale différente. Ces femmes amorrites avaient-elles une spécificité de tissage ou d’entretien des animaux inconnue de la population de Mari ? Dans ce cas une traduction « qui savent y faire » est envisageable. Mais le contexte pourrait être simplement de « razziée » Le terme mariote viendrait donc non pas de le’ûm mais de elûm, ullûm ou ûlûm signifiant « enlever à un groupe » (cf. CAD E, p. 134). Il faudrait poser un terme têlîtum. h) À cet endroit, l'enveloppe a produit un effacement de la surface de la tablette qui rend aléatoire la transcription proposée. i) Hammî-talû (pour lequel plusieurs variantes d'écriture existent, cf. ARMT XVI/1, p. 99 et N. Ziegler, Amurru 3, 2004, p. 98 note à l. 20) était un chef de clan soutéen bien connu (depuis l'époque éponymale comme le montrent ARM I 17 et V 23). Il aurait appartenu au clan des Mehalisayûm (cf. Studia Chaburensia 4, p. 219) qui devait être au contact direct de l'alvéole de Mari. Yatarum est néanmoins un NP trop répandu pour que l'on sache sûrement de qui il s'agit. Il pouvait n'être qu'un cheikh relevant de Zimrî-Lîm et voisin des Enclos. j) Cette expression ana libbim maqâtum n'est pas usitée ailleurs à Mari et de façon générale peu documentée (cf. CAD M/1, p. 245a, « reach the heart », au sens de « toucher quelqu'un, se faire admettre par lui »). Ana NG maqâtum signifie à Mari couramment « arriver à un endroit », le plus souvent sans y être attendu.
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Jean-Marie DURAND
Même projet de rezzou contre les ovins des Soutéens (l. 16-19) dans [A.3943]. La position des troupeaux est donnée d’une façon qui devait être claire à l’époque mais ne l’est plus aujourd’hui que le cours de l’Euphrate a changé. Les Soutéens cherchaient à avoir accès au fleuve (l. 7) pour leurs troupeaux ; l'idéogramme sumérien kur = adûm est un terme propre à la nomenclature géographique de l’alvéole de Mari où il désigne la falaise qui borne la vallée fluviale. Le « front » (pûtum) de cette falaise était constitué par une pâture (rîtum), sans que soit utilisé ici le terme de qerbêtum qui désigne la prairie alluviale, hors d’atteinte de la crue. Il devait s’agir d’un endroit que les troupeaux mariotes ne fréquentaient pas, ou auquel ils n’avaient pas accès. Les Soutéens devaient donc s’y sentir en sécurité. 149 [A.3943] Sumu-hadû au roi. Les troupeaux des Soutéens se trouvent à l'endroit où le fleuve affouille la falaise. Si roi donne son aval, ces troupeaux seront rabattus.
2 4 6 8 Rev. 12 14 16 Tr. 18
a-na be-lí-ia [qí-bí]-ma [um-ma s]u-mu-ha-du-"ú# [ìr]-"ka#-a-ma [pa-na-n]u-ma a-um udu-há a su°-ti-i a ri-tam a pu-ut kur-i a ki-a-ad pu-ra-tim udu-há-u- i-ka-la a-na be-lí-ia a-p[u-ur] i-na-an-na be-lí up-pí an-né-em li-i-me-ma um-ma be-lí i-qa-bi me-hi-ir up-pí-ia be-lí li-a-bi-lam-ma lú-me-e a-ba-am lu-u-ru-ud-ma udu-há-u-nu° li-[i]m-ha-[ú] 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Précédemment déjà, au sujet des ovins des Soutéens, 6 ceux 8 dont les ovins 9 paissent 6 l'herbe du front de la falaise 7 qui (forme) la berge de l’Euphratea), 10 j’avais envoyé un message(r) à mon seigneur. 11 Maintenant, mon seigneur 12 doit prendre connaissance de 11 cette tablette de moi 12 et, 13 si mon seigneur en est d'accord, 15 il doit me faire porter 14 réponse à ma tabletteb) 17 afin que j’expédie 17 des gens et 19 que l’on rabattec) 18 leurs ovins. 5
a) a pu-tu kur GN est traduit par CAD P, p. 552a « that is alongside the Lebanon », pour Shalm. III, dans Iraq 24 94: 22. Cf. WO 1 470: 54 ana muhhi Puratti ina pu-ut KUR GN aqirib = « je m'approchai de l'Euphrate, en face du mont NG ». L'expression pût GN est aussi traduite par « opposite ». Le terme désigne donc ici l'endroit de l'Euphrate où le Bishrî s'avançait jusqu'à être affouillé par le courant du fleuve. Ce pourrait être le lieu dit Ba‘lat qurâdim/gurrâtim, mentionné par [A.2200] : 11. Le texte montre bien ici la différence entre les termes ahum « côté » (Ah Purattim = le royaume de Mari) et kiâdum « berge » du fleuve qui représente une réalité topographique. b) Le serviteur demande ici autorisation écrite de faire le coup de main. c) Le verbe mahâum (comme sìg en sumérien) ne signifie pas « abattre un troupeau » mais de façon usuelle « le rabattre ». Il est question ici de capturer les animaux au cours d'un rezzou.
Les textes de Sumu-hadû
335
6.10 Expéditions vers le Nord Dans [A.1223] Sumu-hadû parlait de l'impossibilité d'envoyer à Qana les 1 000 hommes promis en même temps que des fortes chaleurs du moment de l'année ; l'événement était concomitant à la tentative de Narhi sur A nakkum, qui est donc de ce moment là. Cet homme est en effet mentionné dans plusieurs documents du début du règne de Zimrî-Lîm en rapport avec cette ville. Ce Narhi devait être de la famille royale d’A nakkum puisqu’il était le père d’Ilî-Sûmu, candidat ultérieurement à la royauté de la ville. M. Guichard le tient d'ailleurs pour un roi éphémère d’A nakkum, après Yaqbi-Addu, installé par les Mâr sim’al222.
—Dans une lettre à Il- u-nâir (FM III 130: 4), le « premier gouverneur » de Qaunân, le roi parle de ce Narhi ; il arrive à Qaunân avec A ma et ce dernier doit se faire donner une escorte de 50 personnes pour aller à un endroit dont le nom n'est plus lisible (NI?-….). —Il est en étroite relation avec les tentatives d'Ibâl-Addu pour se réinstaller sur son trône, sujet qu'abordent [M.6776] et [A.3211]223. Comme ces textes sont en référence à la restauration de la famille de Yahdun-Lîm sur le trône de Mari, ils ne peuvent qu'être des débuts du règne. Le roi de Mari propose que Narhi puisse aider Ibâl-Addu à retrouver sa position sur le trône d'A lakkâ à la place de arrum-adal, selon les termes de [A.842]224 : 24-28 : « Après que Narhi sera entré à A nakkum, Hâlî-hadnû, Narhi et les cheikhs [du pays] d’IdaMara se réuniront et ils règleront son compte à ton adversaire. » Dans [A.1223], on voit que Narhi a poursuivi sa route depuis Qaunân jusqu'à Zibnatum qui, au district de Saggâratum, se trouve dans la zone d’activité de Sumu-hadû. Les 100 hommes qu'il vient chercher devaient lui servir pour son projet d'A nakkum. Le texte est vraisemblablement du moment des demandes d'Ibâl-Addu de [A.842] et de [A.3211] mais aussi de l'arrangement de [M.6776], imaginé par Zimrî-Lîm, selon lequel Ibâl-Addu n'avait qu'à persuader les Bédouins chargés de restaurer les prétendants sur leur trône de l'aider à régler ses affaires à A lakkâ. C'est en tant que fonctionnaire royal que Sumu-hadû les lui fournira, mais il faut que Narhi aille jusqu'à Zibnatum pour avoir ces troupes car il n'y en a pas en aval à lui livrer. De toute façon, les 100 hommes n'existaient que dans l'ordre royal et il fallait en demander 50 à Idin-Annu (l. 26), sans doute sur le contingent qui avait été prévu pour Qana. Cette lettre [A.1223] permet de relier entre eux plusieurs événements. Le moment où Narhi est programmé pour être roi d’A nakkum est en effet celui où est prête l’expédition pour Qana. Mais il semble que, sans doute suite à la maladie d’Asqûdum, ce soit Idin-Annu qui doive prendre la tête des soldats. À Saggâratum Sumhu-rabi semble tenir (au moins momentanément) la place de Habdû.maDagan, alors que Sammêtar est à Terqa (l. 9). Tous ces faits seraient donc du mois vii de ZL 1, après le retour triomphal de Kahat et la disparition de Bannum. 150 [A.1223] Sumu-hadû au roi. Il attend Narhi à Zibnatum et a envoyé Sammêtar (Terqa) et Sumhu-rabi (Saggâratum) à l'embouchure du canal. Un devin lui apprend que 1 000 hommes doivent aller à Qana, mais il n'y a pas cru, faute de tablette du roi. Il n'y a pas 100 hommes à Saggâratum pour escorter Narhi et Idin-Annu doit lui en procurer 50. Pour l'expédition de Qana, on ne peut envisager qu'une route de nuit car il fait trop chaud la journée. C'est là la cause du retard.
2
a-na be-lí-ia qíbí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú 222
Cf. M. Guichard, FM VI, p. 140.
223
= ARM XXVIII 77 et 78, repris ici p. 30-31.
224
= ARM XXVIII 48, repris ici p. 34.
336
4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 Tr. 38 40 C.
Jean-Marie DURAND ìr-ka-a-ma a-um e-em na-ar-hi "ù# a-bi-im a it-ti-u à-ra-di-im a be-lí i-pu-ra-am a-di lú u-ú i-ka-a-a-da-am i-na zi-ib-na-timki-ma ú-qa-a-u I sa-am-me-tar ù su-um-hu-ra-bi a-na i-ip-ri-im a-na pí-i íd-da a-à-raad []a-ni-tam be-lí a-pil-ì-lí [du]mu I mu-tu-ra-bi be-lí ki-[a-am i]-pu-ra-am [um]-ma-mi 1 li-im a-bu-um qa-du-um í-di-ti-u ù e-nu-ut gi -tukul-há [an-n]i-ki-a-am a i[t-t]i kaskal a a-na qa-á-nimki i-la-ku u-ta-a--tam-ma ú-ur- dam ù a-um up-pí be-lí-ia la na-u-ú a-wa-tam ú-ul a-qí-ip i-na-an-na a-yu-um 1 li-im a-bu-um dam []a a-à-raa-um 1 [m]e pí-ih-rum° a it-ti na-ar-hi à-ra-di-im a be-lí i-pu-ra-am wa-ar-k[a-at a-b]i-im a ha-la-a sa-ga-ra-timki ap-ru-ús-m[a] "50# a-bu-um a-pí-il-tum -ih-rum a i-ba-a-u ù a-na 50 a-bi-im a-na ha-al-í-im e-li-im a-na ru-di-im a-na i-din-an-nu / a-pu-ur i-na-an-na a-ba-am a i-la-ku ù an e-há225 gú ma-al a-la-pa-tu i-na up-pí-im be-lí li-a-a-e(TI)-ra-am ma-al a be-lí i-a-ap-pa-ra-am lu-pu-ú ù i-tu be-lí kaskal-a a-tu a a-na qa-á-nimki i-"à#226-ra-ad° am-mi-nim ú-"la#-p[a]-[at-ma i-na i]-di ri-qí-im i-z[a-a]z "i#-"na# qa-"ab#-li-[tim kaskal i-di]n-an-nu i-na e-"et# wa-ar-hi-[i]m [li-ta-la-ak] mu-u-la-lam a-la-k[am ú-ul i-le-i] ú-"la#-u-ú-"ma# a-na [a-at mu]-i-[im-ma] kaskal-a i-i u-é-ma "i#-[na ur-ri-im] [a]-la-"kam#? ú-ul i-le-{Ú}-"ú# u-mu da-an-nu mu-u-la-l[am] "a#-"la#-kam ú-ul i-le-ú (2 l. érasées)
be-lí … (érasé) Note : pour les l. 23-24, cf. I. Guillot, FM III, p. 272. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet de Narhi et de la troupe à 6 expédier 5 avec lui, 6 sujet de la lettre de mon seigneur, 7 jusqu'à ce que cet homme m’arrive, 8 je vais l’attendre à Zibnatum même. 11 Je viens d’expédier 9 Sammêtar et Sumhu-rabi 10 au travail (qu'il y a à faire) à l’embouchure du canal. 5
225 226
La séquence idéogrammatique est écrite sur érasures.
Le signe HI est écrit de façon archaïque, comme un losange, non par un signe analogue à “40”/HI. Comprendre iarad au parfait.
Les textes de Sumu-hadû
337
12
Autre chose : mon seigneur 13 m’a fait savoir ceci 12 par Apil-ili, le fils de Mutu-rabia), 13 disant : « 14 Une troupe de 1 000 hommes avec son approvisionnement et 15 armement 16 (est) là où tu es ; (c’est celle) qui 17 ira avec l’expédition qui est pour Qana ; 17 équipe(-la) et 18 expédie(-la). » 19 Mais, vu qu’il n’était pas porteur d’une tablette de mon seigneur,20 je n’ai pas prêté foi au propos. 21 En fait, quelle est cette troupe de 1 000 hommes 22 que je dois envoyer ? 23 Au sujet de la centaine de mobilisés à envoyer avec Narhi, 24 objet de la lettre de mon seigneur, 26 je me suis renseigné 25 sur la troupe du district de Saggâratum. 26 Une troupe de 50? hommes, reste des mobilisés, 27 (c'est ce) qui existe. 27 Alors, 28 j’ai envoyé un message(r) à Idin-Annu 27 pour (avoir) une troupe de 50 hommes 28 à conduire à la région d’amont. 29 Maintenant, 31 mon seigneur doit me faire mettre par écrit sur une tablette 29 les gens qui doivent faire le déplacement 30 et les ânes de bât, autant que je devrai en recruter. 32 Je ne manquerai pas de faire tout ce que mon seigneur m'indiquera. 33 D'autre part, puisque mon seigneur 34 doit envoyer 33 cette expédition qui (est) pour Qana, 34 pourquoi tarde-t-elle ? Elle est 35 inoccupéec). En pleine nuit, l’expédition d’Idin-Annu 36 doit partir au début du moisd). 37 Elle ne pourra faire route l’après-midi. 38 Ou sinon, c’est au début de la nuit que cette expédition se mettra en routee) mais 40 ils ne pourront faire route à la chaleur du jour : 41 les journées sont pénibles : l’après-midi, ils ne pourront pas faire route. (Plusieurs lignes érasées, qui devaient répéter ce thème de la chaleur qui empêche de bouger.)
a) Un Apil-ili n'est connu de ARMT XVI/1, p. 64 que comme messager élamite. Pour le nom de son père, cf. ARM XXVIII 70: 20 et J.-M. Durand SEL 8, 1991, p. 97. b) Le texte de la l. 34 est de lecture problématique. L’idée est que la chaleur excessive empêchant l’armée de marcher de jour était cause du retard, alors que la fraîcheur de la nuit permettait de faire route à travers le désert. c) ri-qí-im (rîqum « inoccupé », plutôt que rêqum « lointain ») est une des possibilités de lecture avec laquelle D. Charpin serait d’accord, mais le RI ne ressemble absolument pas à celui de la l. 10. d) Warhum (« nouvelle lune») fait allusion au premier du mois. Pour cet usage, cf. LAPO 17, p. 509-510. e) En mot à mot : « elle sortira (de son campement). »
La « montée » de Zimrî-Lîm est un thème récurrent des lettres de Sumu-hadû, dont les modalités sont difficiles à préciser car il peut s'agir d'un mouvement vers l'Ida-Mara ou vers la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il faut tenir compte, en outre, de ce que les tentatives mariotes contre le restant de la puissance du RHM ont dû occasionner (ou programmer) plus d'un projet militaire : un premier, du vivant de Bannum, s'est terminé par la prise de Kahat mais un second, en principe, devait menacer ubat-Enlil où une garnison loyaliste gardait toujours l'acropole. L'expédition contre Kahat est antérieure à la rébellion mâr yamîna, mais une seconde a dû, momentanément au moins, rester à l'état de projet parce que, lors de la révolte, les troupes royales ont dû être utilisées pour attaquer Mi lân et Samânum, qui se trouvaient dans le royaume. Il n'est ainsi pas facile de distinguer entre les deux « montées vers l'Ida-Mara » du roi de Mari, celle qui a eu lieu et celle qui n'a été que projetée. Pour la « montée » du roi vers Terqa et Saggâratum ou la Forteresse de Yahdun-Lîm qui était à leur amont, ce que l'on devine des relations avec les Bédouins peut servir de marqueur temporel. Elle s'est produite apparemment la première année de Zimrî-Lîm, après la disparition de Bannum. [A.795]227 fait allusion à une fête très populaire dont le nom n’est pas précisée mais qui pourrait être analogue à celle du char de Nergal (cf. LAPO 18, p. 134). La mauvaise conservation de la l. 9 prive d'un renseignement important sur le rite alors accompli. La célébration coïncidait avec un déplacement de la divinité hors de son temple, où elle revenait228 (l. 25-27). Le roi comptait partir avant la fin de la fête, voire même sans en tenir compte. C'était cependant une occurrence sacrée où, le second jour, l'on faisait des prières non seulement pour son propre compte, mais aussi pour le roi (cf. l. 10-12). Lors de cette célébration religieuse s'affirmait donc la loyauté populaire envers le souverain. 227
La difficulté de compréhension de cette lettre tient à l'emploi de tournures grammaticales et lexicales inusitées dans le reste du corpus. 228
De tels mouvements sont bien documentés dans la vie religieuse de l'époque.
338
Jean-Marie DURAND
Zimrî-Lîm avait fixé une date (hidânam akânum, l. 14-15) qui devrait être repoussée d'autant (l. 23-24). La demande de Sumu-hadû visait à éviter le mécontentement des particuliers. Sa propre maison avait été envahie par la foule des mécontents (l. 18) et il ne faisait que transmettre au roi les desiderata populaires (l. 21-22). Sumu-hadû était bien alors à la tête de l'administration. Il parle, cependant, de sa demeure privée, nullement du palais royal où le roi était inaccessible. Comme dans la lettre [A.582+], on s’attend à ce que le roi parte de Mari, mais cette fois-ci le départ était imminent. [A.795] devrait donc être un document postérieur à [A.582+]. 151 [A.795] Sumu-hadû au roi. Il faut que le roi retarde son départ de deux jours pour laisser au peuple le temps de terminer une fête très populaire, cela sur la demande exprès des gens.
2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 Tr. 26 28 C. 30 32
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma tu-a-a[m] ka-ia-an-tam-ma ma-[tum i-s]i-nam i(E)-pé-e ù "a#-[hu-um] a-ha-am i-ta°-ás-si-ma ka-a[l a-li-i]mki [lú-me-e ] ú-Za-"ar#-ru-ú [i-na u 2]-kam a "i-di#-u [a-lum]ki i-ka-ra-ab "ù# 2-u a-na be-lí-ia i-ka-ra-ab be-lí u 2-kam e-li hi-da-nim a be-lí i-ku-nam i-na ma-riki li-la-pí-tam ma-tum i-si°-nam li-pu-ú a-na-ku ú-ul mi-im-ma ad-na-an be-lí° a-na é-ti-ia i-ru-bu-/ma be-lí a-ma-ha-ar mi-im-ma ú-ul a-ú- ul a-um lú mu-ú-ke-nim a-pa-ra-am an-né-em a-na be-lí-ia a-pu-ra-am be-lí u 2kam i-na ma-riki li-la-pí-tam-ma ak-ki-ma i-si°-nu-um i-a-lam-ma be-lí a-na é-ti-u i-ru-ba-am as-sú-re be-lí ki-a-am i-q[a-ab]-b[i u]m-ma-mi I su-mu-ha-du-ú e-em-u ú-u[l i-i-ma] a-pa-ra-am an-né-em i(E )-pu-ra-a[m] i-na AN-lim a be-lí°mi-im-ma ú-ul ha-n[a-ku] pí-i mu-ú-ke-nim e-me-ma ut-ti-[ir] 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. On dirait que 6 le pays est dans une fête 5 continue : 7 chacun s’invitea) et 8 (par) toute la cité les hommes célèbrent les zurrayâtumb). 10 Le second jour, 11 la villec) fait des prières pour son cas per5
9
Les textes de Sumu-hadû
339
sonnel, 12 mais, en second lieu, 13 elle prie 12 pour mon seigneur. 13 Mon seigneur 15 doit s’attarder à Mari 13 deux jours 14 au-delà du terme 15 qu’il a fixé. 16 Il faut que le pays célèbre la fête. 17 Moi, je n('y) suis (pour) riend). 18 Par mon seigneure), ils ont pénétré chez moi et j'en atteste mon seigneurf), je n’ai rien vu (de tel)g) ! 21 (C'est) du fait des particuliers, 22 (que) j’envoie ce 21 message 22 à mon seigneur. 23 Mon seigneur 24 doit s’attarder 23 deux jours 24 à Mari, 25 afin que la fête aille à son terme et 26 que mon seigneur 27 soit (r)entré 26 dans sa demeureh). 28 Il ne faudrait pas que mon seigneur 29 dise 28 ceci : « 30 Sûmû-hadû n'est pas senséi) 30 de m’avoir envoyé un tel message ! 32 Par le dieu de mon seigneurj), je ne revendiquek) rien. 33 J’ai entendu les propos des particuliers et en conséquence je les rapportel). a) L’usage d’un signe en I pour noter un signe en E est courant à Mari. Ici, pour le E = i (i-pé-e) au lieu du simple i-, cf. l. 31 i (E ) au lieu de I . Par ailleurs, la forme i-ta-ás-si était déjà connue par ARM XIV 48 : 9. Dans LAPO 17, p. 358, n. 46, le texte a donc été indûment corrigé en i-a!-as-si. Il s’agit manifestement d’une variante taûm pour asûm. asûm a ici le sens contextuel d'inviter. b) Ce verbe est pour l'heure un hapax. La forme i-Za-ar-ru-ú de ARM VI 13: 17 est en fait i-ha*-ar-ru-ú (cf. LAPO 17, p. 654, n. 122). Il s'agit apparemment dans le présent texte d'une activité festive. Le terme peut donc avoir un rapport avec l'activité rituelle dite inûma Zu-ra-ia-tim (cf. ARM VII 263 i et iii) ou inûma Zu-ra-i de ARM IX 214 vi 26 et ARMT XII 174, ce qui n'est cependant pas assuré. Le statut de la sifflante initiale (Z//S) n'est pas déterminable. Je ne sais quel rapport peut avoir existé entre cette activité cultuelle et les vases homonymes commentés par M. Guichard dans ARMT XXXI, p. 333, lesquels peuvent avoir servi à cette occasion. Il s'agirait alors soit d'une lustration, soit de rites orgiaques (la potatio latine). Non liquet. Dans le second cas, on ne comprend cependant pas qu'il n'y ait pas le recours à la racine « boire ». c) Ce singulier doit renvoyer au couple ahum… aham. d) La découpe des signes fait que la l. 17 doit se comprendre comme un tout unitaire. Le sens peut être « je n'y suis pour rien ». Pour cette expression ûl mimma comme une phrase nominale, cf. ARM X 27 = LAPO 18 1136. La traduction de J. Sasson, From the Mari Archives, p. 321 : « would anything (be like this?) » convient peu ici. e) L'expression ad-na-an be-lí est l'équivalent de ana dinân bêli-ia. Cf. dans [A.2114] = ARM XXVIII 14 26 (cf. p. 313) où on trouve l'écriture a-di-na-an. La syncope peut venir du style parlé. Pour bêlî au lieu de bêli-ia, cf. à la l. 32: ina ilim a be-lí. Il est courant chez Sumu-hadû de trouver une finale -î pour -ia. f) Là encore, il doit s'agir de style parlé. arram/bêl(î) mahârum est une expression courante pour dire qu'on se présente devant le roi et, éventuellement, qu'on s'en remet à lui (cf. TLB 4 19 rev. 7). Peut-être le sens est-il « J'en atteste mon seigneur » avec un emploi colloquial de l'inaccompli qui tient lieu de l'optatif, plus poli. g) Une signification « wait and see » est proposée par CAD N/2, p. 126a pour plusieurs exemples de naâlum en paléo-babylonien, ce qui doit provenir d’un contexte comme « prendre le temps de voir = être dans l’expectative », ou « regarder avec indifférence ». Elle ne convient pas ici puisque le verbe est nié. On pense donc plutôt à un sens comme « je n'ai pas vu (quoi faire) » ou bien « je n'ai jamais rien vu (de tel) ». h) La postposition d’akkîma à un verbe suivi de -ma pour indiquer une construction finale est désormais bien documentée à Mari par plusieurs exemples de ARMT XXVI ; cf. en outre dans DBP s.v. [A.410+] : an e hârî itti arrâni a mâtim annîtim, liqul-ma ak-ki-ma ana nehrârim, a bêlí-ia izzazû = « Il faut qu’il tue les ânons avec les rois de ce pays afin qu’ils se tiennent prêts à secourir mon seigneur ». Le détail en est cependant complexe et demanderait une étude minutieuse. Ainsi, dans FM 6 4 [A.402] : 28-30 awîlî unûti uhanniq-ma, a[k]-ki-ma urram erram warkum, lihu[t]-ma ana mi-im- qassu lâ ubbal = « J’ai fait étrangler ces gens afin qu’à l’avenir un autre après (eux) prenne peur et ne porte la main sur rien ! » montre bien la complexité des emplois modaux et le non-emploi éventuel du subjonctif dans de tels emplois. Akkîma peut ne signifier ici que « de cette façon ». La forme i-ru-ba-am peut donc être interprétée comme défective pour irrubam. Cela dit, les l. 26-27 bêlî ana bîti-u, irrubam peuvent difficilement concerner la personne royale. Le terme bêlî doit plutôt désigner la divinité et bîtum le bît ilim, soit le temple. Il s'agirait ainsi d'une cérémonie cultuelle où la statue de la divinité était promenée dans le pays/la ville pour retourner, à la fin du rite, dans son lieu de culte. i) On pourrait néanmoins penser à d'autres racines comme DMQ, damiq signifiant « amical », ou KûN, kûn signifiant « stable », etc. j) Ina est employé ici dans le serment au lieu du aum mieux attesté à Mari. k) La séquence ha-n[a semble bonne à la lecture. La forme verbale requise est d’ailleurs un permansif. La seule racine qui paraît possible est donc N' attestée à l'époque paléo-babylonienne dans YOS 2 [= ABb 9]: 52 où M. Stol traduit ah-ni par « I protested » ou à El Amarna. Dans CT 6 39b, YOS 2 52 ou à El Amarna le sens de hanûm est « demander haut et fort ». AHw, p. 321b (qui traduit hart zusetzen, « harceler, presser fortement ») rapproche l’arabe anä, « tenir des propos obscènes ». Le CDA propose « browbeat » (« intimider, brusquer »). l) Pûm avec emûm était déjà connu par RA 53, p. 58: 24.
340
Jean-Marie DURAND
Le texte [M.12870 = TH 72-36] concerne les préparatifs d'une montée du roi vers le pays d'amont. Il ne peut toutefois pas s'agir de l'expédition de Kahat car les deux officiels nommés sont Sammêtar (Terqa) et Sumhu-rabi (Saggâratum). Or Habdû.ma-Dagan était encore en poste au début de ZL 2. Il s'agit donc d’une montée de Zimrî-Lîm vers l’Ida-Mara, sa deuxième année. Le gouverneur de Terqa inspecte les travaux sur le canal I îm-Yahdun-Lîm. Avec son collègue de Saggâratum il est chargé de pourvoir au ravitaillement des demeures des hors-clans et d'une autre catégorie de militaires mal définie. La fin de la lettre qui parlait de transport de ravitaillement est mal conservée. La lettre donne des indications sur l'armée dont disposait en l'occurrence le roi de Mari : les soldats font partie de bîtum, groupes familiaux élargis, base de la population sédentaire, ou sont des isolés (didli = « hors clans »), gens qui s'enrôlent personnellement sans être envoyés à l'armée par leur groupe, ou encore sont des gens « qui vont à pied ». Le terme âbum reprend ceux qui font partie des « familles » et ceux qui s'engagent personnellement.
152 [M.12870] Sumu-hadû au roi. Transmission des ordres du roi qui prépare un déplacement vers le pays haut aux gouverneurs de Terqa (Sammêtar) et de Saggâratum (Sumhu-rabi). Des provisions ont été livrées à des auxiliaires. (Suite indécise).
2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 22
a-na be-l[í-ia qí-bí-ma] um-ma su-mu-[ha-du-ú] ìrka-a- [ma] up-pa-am a be-lí ú-"a#-bi-lam e[]-me a-um a-la-ki-u a-na ma-a-ti[m e-li-tim]229 be-lí i-pu-ra-am i-nu-ma up-pí be-lí-ia e-mu-ú a-bu-um a ha-la-a sa-am-me-e-tar er-ra°-tam mu-ba-li-tam i-na íd i-i-im-ia-ah-du-li-im i-pí-i-ma a-na he-e a-bi-u i-li-kam 230 ù su-um-hu-ra-bi ki-"la#-lu-u-nu ma-ah-ri-ia wa-a-[b]u ki-ma na-a-pa-ar-ti a!231 be-lí-ia dan-na-tim a-na lú-me-e a-pí-ì a-ku-un -um-ma a-na bi--tim a?232 lú-didli- a-bi-im ù a-wi-il ki-ib-sí -ri-im-ma í-di-t[um!233 na-ad-n]a-at a-na na-"á#-par!-ti234 be-lí-i[a a]-hi ú-ul ad-di iz-z[i-zu?-m]a? ù a-b[u-u]m a gú-há a wa-a[r-ki be-lí-i]a i-la-ku ni-i? s[a-am-me]-"e#?-t[ar…]
229
Sur la copie de M.B. il ne semble cependant rien y avoir après ma-a-ti[m].
230
Il manque ici du texte puisque ki-la-lu-u-nu et wa-a-bu sont des pluriels. On supposera donc soit qu'une ligne a disparu après la l. 11, soit qu'au début de la ligne 12 il faille suppléer un u-ú, voire un lú u-ú. 231
La copie de M.B. comporte na-a-pa-ar-ti-ia ce qui ne qui ne convient nullement pour le sens, d'autant plus que la napartum est le fait du roi non du fonctionnaire. IA et A sont deux signes qui sont être très proches l'un de l'autre pour leur début. 232
Le A semble écrit sur l'érasure d'un LÚ anticipé.
233
Le signe copié ressemble plutôt à IT. Cf. ci-dessous, n. d).
234
La copie de M.B. porte plutôt na-pa-"an#-ti. Naparti est néanmoins ce que l'on attend, d'après le mouvement du texte.
Les textes de Sumu-hadû
Tr. 24
341
[o] x x [………...] a? ì[r?-……………] a-x-[………]235
Note : cette tablette (cf. Syria 50, 1973, p. 2 et n. 3) ne m'est connue que par une copie de travail au crayon de M. Birot qui lui donne le sigle TH 72-36. Le document devait présenter un texte relativement fautif où plusieurs parties du discours semblent avoir été omises. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 6 Mon seigneur m'écrivait 5 au sujet de son déplacement au pays d'amont. 7 Lorsque j'ai pris connaissance de la tablette de mon seigneur, les gens 8 du district de Sammêtar 10 faisaient a) le barrage qui doit alimenter (en eau)b) dans (la zone du) canal 10 I îm-Yahdun-Lîm et 11 (Sammêtar) était allé inspecterc) (le travail de) ses gens. 12 Lui et Sumhu-rabi, 13 tous deux, se trouvent (actuellement) devant moi. 14 Selon le message de mon seigneur, 15 j'ai donné des ordres exprès aux (deux) gouverneurs. 16 Voilà qued) 18 des provisionse) se trouvent données 16 aux demeures des gens de la troupe qui sont des hors clans 17 et aux hommes qui parcourent la steppef). 19 Je n'ai pas négligé 18 le message 19 de mon seigneur. 20 Ils sont présents et les gens pour le transport 21 qui vont suivre mon seigneur, gens de Sammêtar … 4
(Texte indécis.) a) Le verbe epêum indique ici que les gens (âbum) étaient répartis en êpitum. b) Les lettres de Sumu-hadû peuvent juxtaposer des termes sans employer le ù. On peut cependant déduire de ce passage qu'il existe un rapport entre les errêtum et le muballi(t)tum. Pour ce dernier terme, cf. LAPO 17, p. 579, où il est proposé qu'il désigne le système permettant de faire arriver l'eau dans un canal. Ici la série des piquets permettant d'agencer la muballi(t)tum porte le nom de erratum, « barrière », variante de erretum. Le terme est une dérivation en -at-um sur errum qui est employé en topographie. Il vient apparemment d'une racine 'RR qui signifie « lier » et en toponymie « délimiter ». Il est possible qu'elle soit apparentée à la 'RR qui signifie en akkadien « maudire » et qui aurait à l'origine le sens de « lier magiquement ». c) he-e est la forme mariote attendue pour l'infinitif akkadien hi'âum (cf. LAPO 16, p. 551-552). Le sens de hiâum est ici d’« inspecter », « voir les résultats du travail ». d) D'ordinaire um-ma est suivi par l'indication de celui qui parle. On pourrait donc imaginer ici un texte um-ma a-na- bi-tim, genre de faute par surimposition bien attestée dans les textes de Mari mais il est difficile de faire un discours direct avec les l. 16-18. Comme de toute façon du texte manque, j'ai plutôt supposé ici une correction umma. e) Il n'y a pas place sur la copie de M.B. pour í-di-i[t-tum na-ad-n]a-at et il faut lire í-di-t[um. f) L'awîl kibsi pourrait correspondre au a kibsi (cf. CAD K, p. 339a) et avoir un parallèle dans ki-ib-sa-at lú ha-name-e de A.915: 28 (cf. Amurru 3, p. 143-144), selon D. Charpin. La présence de ce type de soldat à l'époque amorrite n'est pas plus surprenante que le terme de zukûm pour désigner une unité d'infanterie (cf. LAPO 18 index, p. 606a), alors que le terme est notoirement récent pour les dictionaires. Comme zukûm désigne une sorte de fantassin, l'awîl kibsim peut faire allusion à cette sorte de soldat, mais awîl kibsi êrim pourrait être une autre façon de désigner le sagbum.
Dans le texte [A.2958] il est question explicitement de ubat-Enlil (l. 6). On devrait donc être au moment du départ de l'expédition royale vers la Haute-Djéziré. Il peut s'agir d’une seconde expédition qui a suivi la prise de Kahat, mais, à en croire les conseils de prudence que donnait Bannum au roi de Mari, la première aussi devait viser ubat-Enlil. La lettre pourrait donc faire allusion à la première expédition. On note cependant le problème des bagages royaux, sous la forme des piquets de tente ; manifestement les conditions ont changé puisque l’on prévoit le port de tentes par 60 hommes : ce n'est plus une guerre de Bédouins et le confort est supérieur. La convocation des Mâr yamîna (l. 21’-22’) indique que les hostilités avec eux n'ont pas encore commencé. Ce pourrait être une des causes qui ont entraîné la rébellion. La mention des mer‘ûm et des cheikhs font que cette lettre doit être assez proche dans le temps de l’arrivée du hiprum mâr yamîna au royaume de Mari (cf. [A.2924]). Les trois districts sont désormais
235
Peut-être faut-il lire l.24-25 la formule banale a ì[r-du-ti-a a-na be-lí-ia], a-p[a-rum-ma a-pu-ur].
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Jean-Marie DURAND
établis et Sumu-hadû entreprend une réforme du système de la corvée (au moins sous son aspect militaire) ; on peut supposer qu’il s’agissait de Mari, Terqa et Saggâratum. Les travaux très importants auxquels se consacre Sumu-hadû sont ceux qui concernent l’irrigation des terres du Palais et des Mâr sim’al (cf. [A.2933]). La moisson est mentionnée l. 1’. 153 [A.2958] Sumu-hadû au roi. Le roi a en tête ubat-Enlil mais il y avait un travail urgent à terminer. (Lacune.) Question de la moisson. Organisation de la corvée de portage des toiles de tentes nécessitant 60 personnes. Convocation des Mâr yamîna.
2 4 6 8 10 12 14
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma up-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-[me] a-um e-em u-ba-at-den-lílki be-lí i-pu-ra-am u-um up-pí be-lí-ia ik-u-dam ta-aq-ti-it i-ip-ri-im ú-ul a e-ze-bi-im ù du-pu-ri-im i-ip-rum u-ú na-pí-i-ti é-kál-lim ù na-pí-i-ti dumu-"me-e # si-im-a-al "ib#-"ba#-"a#-u […………-i]a (Tr. = 4 l.)
Rev. 2’
e-bu-ru be-lí-[ia (?) …] be-lí ki- ar-ru-ti-u l[i]- pu?-u? a-ni-tam a-um 1 u-i lú-me-e a gú 4’ a-na a hu-ru-pa-tim a be-lí i(E )-pu-ra-am um-ma-"be#-[lí-m]a uruki a-na hu-ru-pa-tim 6’ na-[i-im] [i]-"na# [g]a-am-ri-im-ma e-zi-bu [e-sí-i]k-ma236 i-na uruki 8’ [lú-me-e a g]ú lugal ù ìr lú a i-la-ku [u-ú]i ki 10’ pu-ha-at uru e-sé-ki-im i-na 3 ha-al-í-i 12’ 20 àm lú-me-e a gú dumu-me-e lú ták-lu-tim 1 u-i lú-me-e e-sí-ik 14’ 1 lú gal-ku-u-nu "ták#-"lam# a-a-ka-an-ma a-na ka-ia-ma-an-tim-ma Tr. a-na hu-ru-"pa#-tim-ma "na-i-im# ú-na-as-sa-ah-u-"nu-ti# 18’ ù be-lí li-i-ta-[al-ma] a-na lú mé-er-hi-i ù lú su-ga-[gi] C. i 20' a dumu-me-e ia-mi-na be-lí li-i-pu-ur-ma a-na sa-ga-ra-timki ap-pa-an be-lí-ia 22’ li-ip-hu-ru-nim-{X X X X}-ma
236
Pour cette restauration, cf. l. 10’ et 13’.
Les textes de Sumu-hadû
ii 24' 26’
343
e-ma-am an-né-[e-em a-na e-r]i-u-nu be-lí li-[i-pu-ra-am] pí-qa-at [2? me? a-bu-um] ù-lu 1 me [a-bu-um] it-ti be-lí-[ia il-la-ak]
Bibliographie : l. 18’-22’ citées dans Amurru 3, p. 162, n. 277. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 7 Mon seigneur m’informait 6 au sujet de ubat-Enlil. 8 Le jour où la tablette de mon seigneur m’est arrivée, 9 (c'était) l'achèvement du travail. 10 Pas question de (l’)abandonner et de partir. 11 Ce travail (représente) quelque chose de vitala) pour le Palais 12 et pour les Mâr sim’al. 13 Il y a b)… 5
(Lacune de 5 lignes.) 1'
les moissons de? mon seigneur … 2' Que mon seigneur agisse en fonction de sa royauté ! Autre chose: au sujet de la soixantaine de porteurs 4' pour servir de gens pour les tentesc), sujet du message mon seigneur, 5' disant : « 7' Assigne 6' une ville au portage 5' des voiles de tentes — 6' on (les) a laissé(s) complètement en pland) — 7' et dans la ville 9' fais faire le portage 8' par porteurs du roi et par esclave(s) de(s) homme(s) qui font l'expédition », 10' au lieu d’assigner une ville, 13' j’ai assigné 11' dans les trois districts 12' 20 porteurs chaque fois, appartenant à la catégorie “gens de confiance” — 13' (ce qui fera) 60 hommes. 14' J'instituerai un chef de section pour eux “de confiance” et 17' je leur ferai quitter leur tâchee) 16' pour porter 15' de façon régulière 16' les voiles de tentes. 18' En outre, mon seigneur, après réflexion, 19' doit envoyer un message(r) 19' aux bergers et aux cheikhs 20' des Mâr yamîna 22' pour qu’ils viennent se réunir 21' à Saggâratum à la disposition de mon seigneur 22' et 24' mon seigneur doit envoyer 23' cette information chez eux. 25' Nul doute qu’un groupe de 200 26' ou 100 hommes 27' ira avec mon seigneur. 3'
a) Pour ce sens de napitum, cf. CAD N/1, p. 302b « sustenance ». b) Le pluriel ibbaû doit s'accorder avec ce qui suit. c) Les textes de Mari documentent désormais huruppatum pour désigner la toile de tente, une sorte de velum ; cf. ARMT XXX, p. 49 et 154, où les huruppatum concernent surtout, semble-t-il, l'an 6 de Zimrî-Lîm. Il semble, d’après ce passage, que certaines villes avaient des tâches bien précises et que leur corvée était spécifique ; on le savait déjà pour ce qui concerne le service postal à l'époque du RHM. Cela reflète peut-être une organisation planifiée de la corvée. Sumu-hadû semble avoir privilégié une répartition des tâches sur l’ensemble du royaume et créé un corps de spécialistes du transport des tentes (l. 13’-16’). d) La fin de la l. 6' constitue une parenthèse dans le discours. e) Exemple net de nussuhum au sens non pas de « déporter » mais de « faire quitter sa tâche (à un fonctionnaire) pour recevoir une nouvelle affectation ».
Le texte [A.556] se situe quelque temps avant une grande expédition vers le Nord, qui est en préparation selon le document mais qui n’a pas dû en fait avoir lieu. Qarnî-Lîm est à Andarig et Simahilânê à Kurda. L’année où Itûr-Asdû est en poste à Mari, il annonce à la fin de l'an ZL 1 au roi l’arrivée de Simah-ilânê aux Bords-de-l'Euphrate. Dans le présent texte, les rapports avec Simah-ilânê existent encore mais, manifestement, ont déjà commencé à se gâter, le roi de Kurdâ entreprenant d'écrire à celui de Mari en l’appelant « mon frère », initiative qui mit fin à la « belle période » de leurs rapports. Ce document est ainsi postérieur à [A.3186], lettre de Zikrî-Addu, dite Admonition des Anciens de Kurdâ, éditée dans FM II, p. 118. Au moment de [A.556], les E nunnéens sont encore loin. On est également au moment où Zimrî-Lîm prépare un message à Nahimum pour attirer le Mutêbal dans son camp237. Ainsi l’année qui a suivi le triomphe sur Kahat, Zimrî-Lîm formait-il à nouveau le projet d’aller attaquer ubat-Enlil, ce qu’il n’avait pu faire lors de l’expédition précédente, certainement faute de moyens. L'entreprise n’a pas eu lieu, cependant, vraisemblablement du fait des Mâr yamîna.
237
Pour ce texte, cf. ARMT XXXIV.
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Jean-Marie DURAND
Les commissionnaires des Mariotes sont Iêpuk et Ya ûb-Dagan238. Ils sont chargés d'emmener les troupeaux de la plaine (a bamâtim) chez les Mâr yamîna, ce qui indique que les Mâr sim'al et les Mâr yamîna, au moins ceux du Mutêbal, faisaient encore pâtures communes et que c'est par les Mâr sim'al chargés de la transhumance que se faisait le contact entre le Palais et les autorités bédouines. Dans le présent document, les gens du Mutêbal sont sollicités de venir participer à la curée avec leurs « frères mâr sim’al » et sont appelés « Bédouins mâr yamîna », ce qui les différencie des Mâr yamîna installés dans le royaume de Mari, qui y disposent déjà de plusieurs lieux d’établissement. L’information apportée par la lettre de Sumu-hadû est que, à Mari, on s’attend alors à l’appui de l’ensemble des Mâr yamîna, puisque le texte précise : « Il y a encore l’armée mâr yamîna des Bords de l’Euphrate ; qu’elle se prépare pour le départ ! Mon seigneur peut la faire venir vers le Haut-Pays et moi-même je suis en train de me renseigner sur elle, en sorte que mon seigneur aille avec une armée gipêtum, afin que mon seigneur se couvre de gloire. »
Il est peu vraisemblable que Sumu-hadû n'ait pas vu venir la révolte puisqu’il agissait dans des territoires où il y avait d’importants établissements mâr yamîna. S'il se renseigne sur cette armée, c'est qu'il peut avoir en fait des doutes sur son enthousiasme ; l’événement qui devait cristalliser le mécontentement des Mâr yamîna des Bords-de-l’Euphrate et le rendre manifeste n'avait pas dû s'être encore produit. Le roi se trouvait toujours à Mari lorsqu’il envoya une lettre à Sumu-hadû « en route », laquelle suscita la présente réponse. Pour ce qui est du Mutêbâl l'accent est mis sur le profit qu'ils pourraient retirer du pillage de ubat-Enlil en individus (des serviteurs éventuels), tout en assurant la gloire de leur seigneur. Il est évident que la population locale serait leur part. ubat-Enlil devait être une ville populeuse dont les habitants seraient réduits en esclavage, chose toujours possible à l’époque. Ces Bédouins avaient donc parmi eux des esclaves et représentaient une société inégalitaire. Plus étonnant est le souci que leurs canaux soient « curés » (l. 36, haâum). Un tel soin de recreusement de canaux engorgés par le limon — ce pourquoi est couramment utilisé à Mari le verbe haâum — semblerait la tâche de l’État sédentaire. Or il s’agit ici pourtant de Bédouins non, ou incomplètement, sédentarisés, comme les gens du Mutêbal. On pourrait ainsi avoir un aperçu sur l’économie des Nomades qui pratiquaient eux aussi la technique des canaux, tant pour avoir des récoltes épisodiques239 que pour l’alimentation en eau de leurs troupeaux240. C'était donc un souci majeur pour les Bédouins, plus important que de venir montrer leur attachement au roi (« baiser son pied ») ou répondre à sa convocation à l'armée. En leur faisant miroiter ce que leur apporterait le sac de l'ancienne résidence de Samsî-Addu, Zimrî-Lîm leur montre un gain supérieur aux travaux agricoles qu'ils voudraient assumer. Il leur vante les avantages du rezzou sur les profits de la sédentarisation. Un tel discours se conçoit de la part de quelqu'un qui était lui-même, peu auparavant, un Bédouin non encore sédentarisé, quoique ce discours puisse être en l'occurrence plus politique (« paroles du moment ») qu'idéologique. La lettre apporte comme autre renseignement historique que Tarum-natki (appelé ici Turumnakte) était alors celui qui prenait les décisions à ubat-Enlil. L'individu ne reçoit toutefois que le titre de
238 Si Iêpuk peut être tenu pour celui dont parle Addu-dûrî et qui est mentionné dans les archives de Bannum (cf. p. 142), Ya ûb-Dagan est en revanche un nom d’une grande banalité : c’est le cheikh de Ziniyân selon A.4548 [= FM X 12], un homme de Hurrân selon A.3283, de Zurmahhum selon M.8671, mais aussi de Yâ’il ou de Nihâdûm, selon ARMT XVI/1 ; tous ces gens doivent être des Mâr sim’al ; celui qui est cité par M.7168 (G. Dossin, Benjaminites, p. 994) est en revanche un mâr yamîna de Rasûm (ra-sa-yu-umki). 239
Des « cultures dérobées » (catch-crops). On considère généralement que les Bédouins profitent d'une mise en eau épisodique des wadis pour pratiquer des cultures rapides. Il faudrait, d'après ce texte, considérer qu'au début du règne les gens du Mutêbâl entreprenaient de remettre en eau des canaux abandonnés pour se procurer sur des terres fertiles, mais à l'abandon, le grain nécessaire à leurs troupeaux. 240
Cf. p. 112 a), à propos de haddum.
Les textes de Sumu-hadû
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âpirum, non celui de « roi »241. Au début du règne de Zimrî-Lîm, l'ancienne capitale de Samsî-Addu avait encore tous les trésors et les différents butins faits par le roi de Haute-Mésopotamie au gré de ses multiples conquêtes. La citadelle, au moins, de ubat-Enlil était gardée par Sâmiya pour I me-Dagan. On peut donc envisager que Turum-natki et les habitants représentaient la ville basse (le palais de SamsîAddu y était d’ailleurs) et étaient prêts à considérer comme désuète la notion de royaume de HauteMésopotamie pour envisager d’autres alliances. Pourquoi se livrer à Zimrî-Lîm plutôt qu’à d'autres monarques plus proches ? Peut-être n'était-ce qu'un pis-aller, les locaux préférant le lointain roi de Mari à ceux de Kurdâ et d’Andarig qui auraient représenté une plus grande menace pour I me-Dagan, qui pouvait toujours être senti comme un chef légitime. Néanmoins, on peut s'interroger sur le fait que réapparaisse alors dans la toponymie « ehnâ », l’ancienne dénomination de « ubatEnlil » ; le nationalisme pouvait localement reprendre ses droits, à moins qu'il ne faille voir dans « ehnâ » la désignation de la ville basse et dans « ubat-Enlil » celle de l'acropole.
Les rapports de Mari avec les deux royautés principales du Sindjar, Kurdâ et Andarig, n’étaient pas au beau fixe (cf. l. 47-49 : « même si Qarnî-Lîm et Simah-ilânê ne parlent pas d'une façon qui satisfasse mon seigneur »), mais leur information semble avoir été une nécessité. Sumu-hadû est d'avis que s’ils ne sont pas invités à participer à la curée, ils pourraient prendre les mouvements de l’armée mariote comme une manœuvre hostile. Soit ils pourraient harceler les forces royales (cf. l. 55 : « alors, ils créeront des ennuis à mon seigneur ») vraisemblablement en attaquant l’arrière garde ou les flancs, soit se retrancher chez eux et s’y fortifier. Le conseil était donc donné à Zimrî-Lîm de leur « envoyer une tablette » pour expliquer le but de Mari, voire réclamer leur appui. Le changement de compréhension des l. 55-56 repose sur un réexamen de la photo. J’avais eu une fort mauvaise idée avec la « collation » dont fait état J. Eidem (FM II p. 208 m). Sa copie est bonne, quoiqu’à la fin de la l. 55, il n’y ait pas de UD. 154 [A.556] Sumu-hadû au roi. Après connaissance de la tablette du roi et de la lettre reçue du responsable militaire de ubat-Enlil, il transmet le double de ce qu'il a écrit à Iêpuk et Ya ûb-Dagan et qu'ils doivent communiquer aux autorités du Mutêbâl : à ubat-Enlil, on est prêt à livrer les trésors de Samsî-Addu au roi de Mari. Le Mutêbâl ne devrait pas laisser passer l'occasion d'un fructueux butin. Pour des questions de réalisme économique, le roi de Mari doit cependant remettre jusqu'à la fin du mois une telle opération militaire. Considérations, en outre, sur les rapports à avoir avec Qarnî-Lîm et Simah-ilânê.
2 4 6 8 10 12 14
a-na be-li-ia qí- [bí]-ma [um-ma] su-mu-ha-du-ú [ì]r-ka-a-ma [up-pí b]e-lí° ù up-pi tu-rum-na-ak-te [a be-lí] ú-a-bi-lam e-me [ki-ma up]-pa-tim i-na-ti e-mu-ú up-pa-am u-ta-wi-ma [a-na e-e]r i-í-e-pu-uk ù ia-u-ub-dda-gan a a-na ta-re-e udu-há a ba-ma-tim a be-lí ma-ha-ar ha-name-e dumu-me-e ia-mi-na "ú#-[w]e-[r]u-u-nu-ti u-ta-bi-il um-ma a-na-ku-ma up-pí be-lí-ia i-na kaskal-a im-hu-ra-an-[ni] me-hi-ir up-pí be-lí-ia e-mu-um an-nu-um su-ga-gume-e {"Ù#} ù u-gi-me-e mu-te!-ba-al li--mu242 I tu-rum-na-ak-"te# a-pir uru[ki] ù lú-me-e [w]a-a-bu-ut u-ba-at-den-lílki a-na be-lí-i[a ka-i]a -an-tam a-na pé-te!-"e# a-lìm u-ba-at-den-lílki i-ta-na-pa-[ru-n]im um-ma-a-mi al-kam-m[a] a-lam a-tu a-ba-at-ma kù-babar-u kù-gi-u ù a-al-la-sú le-qé i-na-an-na [k]i-ma
241 Il devait en être de même pour les chefs de garnison du RHM une fois écroulé l'empire constitué par Samsî-Addu. Ils n'étaient, en fait, que des âpirum, même si certains ont dû avoir la tentation de se considérer désormais rois là où ils avaient été nommés commandants. [Pour D. Charpin la fin de la l. 11 est une érasure]. 242
La correction de J.E. en li--mu repose sur le parallélisme avec la l. 23.
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16 18 20 22 24 26 28 Tr. 30 32 Rev. 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52 54 56 58 60
Jean-Marie DURAND na-ak--ma-at d I°-i-dIM i-na li-ib-bi a-lim a-"tu# i-ba-a-e-"e# at-tu-nu-ma ti-de-e it-ti ah-hi-ku-nu dumu si-im-a-al wa-"ar#-ki be-lí-ku-nu kaskal-a an-né-e-em al-ka (KAM)-ma a sag-ìr la i-u-ú sag-ìr li-it-ra-"um# []a geme la i-u-ú geme li-it-ra-um a an e a-ga-lam la i-u-ú an e li-it-ra-um [a]t-tu-nu a-al-la-tam a-ku°-l[a-ma] "a-na# be-lí-ku-nu um da-mì-iq-tim u-uk-na [e-ma-am an]-né-e-em li-i-mu-ú sú-ga-gi ù u-gi-me-e [a mu-te-b]a-li-im a-na pa-an be-lí-ia tu-ra-ni-i-u-nu-ti [be-lí li-ib-ba]-u-nu li-ni-ih ù e-em kaskal-a li-i-ba-at [an-né-tim ù m]a-da-tim243 up-pa-am u-ta-wi-ma a-na e-er° < lú-me-e u-nu-ti > [a-pu-ur] "i-na# pa-ni-tim-ma a-ia-i ki-a-am iq-bu-nim um-ma-m[i] [i-na ki-n]a-tim a be-lí-ni [wa-ar-du ni-n]u-"ma# a ra-ma-ni-ni [i ni-pu-u-m]a e-ep be-lí-"ni# [i ni-i-i-iq i]-na-an-na [a-di re-e] "iti# an-ni-{X X}-im [be-el-ni a-na ]u-ba-at-den-lílki a-la-ka-am "li-la-pí-it# [ù a-]um ki-e-em dumu-me-e ia-mi-na a-na e-er be-lí-ia [li-ip-hu-r]u-nim-ma e-ep be-lí-ia li-i-i-qú-ma "be-lí i#-na a-wa-tim li-ni-ih-u-nu-ti íd-da-há li-ih-ha-a-à ù a-um e-em ma-ti-im a-ha-í-im a be-l[í] a-na ha-name-e dumu-me-e si-im-a-al i-pu-ra-ru ha-name-e li-ik-u-dam-ma e-mu-um u-"ú li#-[i-a-ba-at] ul-la-nu-um-"ma# ha-na dumu- si-im-a-al a-na pa-an be-"lí-ia# lu-pa-hi-ir ù an--nu-um ha-name-e dumu-me-e ia-mi-na li-ip-h[u-ur] ù pí-ih-rum dumu- ia-mi-na a ki-a-ad pu-ra-tim-ma li-iz-za-ku be-lí ú-a-a°--ma wa-ar-ka-at a-bi-im a-na-ku pa-ar-sà-ku a i-na a-bi-im gi-"bé-tim# be-lí i-la-ak-ma be-lí um da-mì-iq-tim "i-ta#-ka-an ù ba-i-it a-lim a-a-ti na-ak-ka-ma-at dutu-i-dIM be-lí a-na qa-ti-u ú-te-er-ru iti an-né-e-em be-lí li-la-pí-it a-ni-tam ù um-ma qar-ni-li-im ù si-ma-ah-i-la-né-e-em "it#-ti be-lí° i--ri-i ú-ul i-da-ab-bu-bu a-di be-lí kaskal-a ú-a-am-ma-ru i-la-ak° ù "ba-i#-it a-lim a-na [qa-ti-u] ú-ta-ar-"ru# "ù be#-lí a-na ki-la-l[i-u-nu up-pa-am l]i-i-pu-ur "ù i-na a-wa#-t[im an-ni-tim it-ti be-l]í-ia i-te-eb-bu "ù#-la-u-ma wa-ar-k[a-nu-um i-e-em-mu]-ma° wa-ar-ki be-lí-ia qa-du-um a-b[i-u-nu ú-ul i-l]a-ku ù be-lí ú-pa-la-sú ù-lu-ma dan-[na-ti]-u-nu i-a-ab-ba-tu-nim-ma ú-da-n[a-ni-nu-ni]m ú-la-u-ma i-na-an-na-ma u-la-u-nu u-u[p-ra-am] wa--ka-nu-um qa-du-um a-bi-u-nu wa-ar-ki be-lí-"ia# i-la-ku "ù i#-na qa-qa-di-im ka-ab-ti-im "a-na u-ba-{BA}#-at-den-lílki be-lí i-e-eh-hi
Bibliographie : édité par J. Eidem comme FM II n° 116, p. 204 ; cf. « Fils de Sim’al », p. 154, n. 65. Note : il y a dans ce texte de nombreuses fautes ou omissions de signes, ce qui semble indiquer que l'expéditeur n'est pas passé par un scribe professionnel.
243 Il n'y a pas la place sur la tablette pour la restauration [ki-a-am a-na da-m]ì-iq-tim de J.E. Cf. l'écriture de da-mi-iq-tim, l. 22 qui montre un IG très différent.
Les textes de Sumu-hadû
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1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette de mon seigneur ainsi que de la tablette de Turum-nakte que mon seigneur m’a fait porter. 5 Lorsque j’ai eu pris connaissance des tablettes, j’ai dicté une tablette et 8 je viens de la faire porter 6 chez Iêpuk et Ya ûb-Dagan 7 qui ont la charge de mener les ovins des plainesa), (eux) que mon seigneur a envoyés en mission chez les 8 Bédouins mâr yamîna. 9 J’(y) dis : « Une tablette de mon seigneur m’est arrivée en route. Le présent avis en est la ré10 ponse. Que les cheikhs et les Anciens du Mutêbal en prennent connaissance ! 11 Turum-nakte (sic), le commandantb) de la ville, 12 ainsi que les habitants de ubat-Enlil écrivent lettre sur lettre à mon seigneur pour (lui) ouvrir la ville de ubat-Enlil, 14 disant : ‘Viens t'emparer de cette ville et 15 prends son or et son argent ainsi que son butin.' De fait, 17 vous-mêmes, vous savez que les entrepôtsc) de Samsî-Addu sont à l’intérieur de cette 18 ville. Venezd) à cette expédition avec vos frères mâr sim’al à la suite de votre seigneur. 19 Que celui qui n’a pas d’esclave, s'emmène un esclave ; 20 que celui qui n’a pas de servante, s'emmène une servante ; 20 que celui qui n’a pas d’âne-agâlume), s'emmène un âne : vous-mêmes, faitesf) du butin 22 en faisant réputation de générositég) à votre seigneur !” 23 Qu’ils apprennent cette nouvelle ! 24 Envoyez cheikhs et Anciens du Mutêbal par devant mon seigneur 25 pour que mon seigneur leur donne toutes assurances et mette au point l’expédition. » 26 J’ai dicté une tablette en fonction de ces propos et d'autres, pour chez ces gens làh) . 29 Précédemment, ils m’avaient personnellementi) dit ceci : « 28 Nous sommes de fidèles serviteurs de notre seigneur, mais 29 il nous faut faire nos tâches personnelles et 31 embrasser (ensuite) le pied de notre seigneur ! 31 Pour l’heure, mon seigneur doit différer d’aller à ubat-Enlil jusqu'à la fin de ce mois. » 34 C'est de cette façon-là que les Mâr yamîna 35 iront se réunir chez mon seigneur lui baiser le 36 pied et que mon seigneur pourra leur donner tous apaisements : il faut que leurs canaux soient curésj). 37 En outre, au sujet de razzier la contrée, 38 objet d’un courrier suivik) aux Bédouins mâr sim’al 37 de la part de mon seigneur, 39 les Bédouins doivent arriver pour que ce projet soit mis au point. 40 Par ailleurs aussi, 41 je dois mobiliser 40 les Bédouins mâr sim’al à la disposition de mon seigneur. 41 Il faut en outre qu'ici les Bédouins mâr yamîna se mobilisent ! 42 En outre, les mobilisés mâr yamîna des rivesl) mêmes de l’Euphrate, il faut qu’ils se préparent pour le départm) ! 43 Je tiendrai au courant mon seigneur et, de mon côté, j'ai mes renseignements sur les gens, 44ccomme quoin) si c'est avec l'armée nationalep) qu'arrive mon seigneur et qu'il ait un renom de générosité, 45 alors 46 mon seigneur s’emparerar) des biens de cette ville, les magasins de Samsî-Addu. 47 Mon seigneur doit différer 46 ce mois ci. 47 Autre sujet : même si Qarnî-Lîm 48 et Simah-ilânê 49 ne parlent pas 48 à mon seigneur d'une façon qui donne satisfaction, 49 jusqu’à ce que mon seigneur aille à l’expédition qu’il désire, 50 s’appropriant alors les biens de la Ville, 51 il doit cependant leur envoyer à tous les deux une tablette ; 52 ils se lèveront aux côtés de mon seigneur dans cette affaire. 53 Ou bien, il seront au courant a posteriori et, 54 ne se mettant pas en marche à la suite de mon seigneur avec leurs gens, 55 alors, ils créeront des problèmes à mon seigneur ou 56 entreprendront de fortifier leurs forteresses, 57 ou bien, c’est maintenant même qu’il tes) faut leur demander de monter. 58 Après (cela), 59 ils marcheront à la suite de mon seigneur, avec leurs gens. 59 Alors, mon seigneur s’approchera de ubat-Enlil avec grand honneurt). 4
a) Pour bamâtum, cf. [M.9704] : 10'. b) J.E. n'a lu à la fin de la l. 11 que des signes sans signification. Pour ma lecture cf. sa copie qui incite à lire a-pir, car atammum serait écrit à-tam. Turum-natki ne serait donc qu'un âpirum, soit un commandant militaire. C'est ce Turum-natki qui devait prendre, par la suite, le titre de « roi ». Le titre de âpir âlim ou de âpir + un toponyme est bien attesté à l'époque paléo-babylonienne (cf. CAD /1, p. 456b-457a), généralement traduit par « gouverneur », alors que âpirum semble plutôt un titre militaire. Samiya, au contraire, commandait l'acropole. D. Charpin verrait plutôt des signes érasés à la fin de la l. 11, ce qui peut être dû en fait à un écrasement du côté causé par l’enveloppe de la tablette. c) L.16, le texte peut indiquer un nakmâtum, pluriel de *nakimtum, terme inconnu des dictionnaires et différent de nakkamtum, « trésors, magasins », mais cf. la graphie avec -kk- l. 45. Il doit donc s'agir d'une des nombreuses fautes de ce texte et le texte être à corriger d'après la l. 45.
348
Jean-Marie DURAND
d) Le texte a al-KAM, singulier, au lieu de al-ka-nim (plur.) attendu. Cela suppose en fait une prononciation ka de KAM, comme NIM a une valeur ni, etc. Il y a une tendance dans ces textes à traiter les signes CVM comme s'ils étaient CV. Cela doit indiquer une valeur quiescente du -m (final) qui commence à être générale à l'époque. e) Ce terme agâlum est considéré comme une sorte d’âne, différent de l'imêrum. Cf. CAD A/1, p. 141b où l'on trouvera des considérations sur l'idéogramme AN E-Ù « âne vieux ». Ici, il s'agit en fait d'une sorte prisée d'équidé car tous ces Bédouins avaient sûrement déjà leur content d'ânes. L'agâlum représentait donc un plus par rapport à l'animal que tous devaient avoir. Contextuellement, il a ici le sens de « âne de luxe ». f) L. 21 : allam akâlum est de la langue courante, mais akulâ (akulâ?) au lieu de aklâ est une faute, ou un dialectalisme. g) Le texte recourt à l'expression um damiqtim que J.E. rend par « renown ». L'expression est nouvelle. Or, DMQ marque à Mari « le bien au point de vue social ». La damiqtum consiste ici à procurer un butin abondant aux Bédouins venus prêter main forte et le fait que le roi ne cherche pas à tout garder pour lui. La traduction « générosité » tend à rendre compte du fait. Les deux conditions, discipline militaire des soldats et magnificence du chef, devaient assurer le triomphe et la conquête des trésors de Samsî-Addu. h) Il y a ici postposition du complément au verbe, ce qui est bien connu dans les lettres de Sumu-hadû. i) La traduction rend l'expression emphatique ayâim. j) L. 36 : la mention ici de canaux a paru inexplicable à J.E. En fait c'est elle qui explique le retard. k) J.E. a dû comprendre qu'il y avait ici un i-pu-ra-am annulé pour i-pu-ru. En fait le RA n'est pas érasé et i-pu-ra-ru est dialectal. Cf. D. Charpin-J.-M. Durand, « Nouveaux exemples de “R Stem(s)" », NABU 1988/17 l) On remarque ici l'emploi de kiâd Purattim au lieu de âh Purattim ; âh-Purattim représentait une expression politique (nom du royaume de Mari) face à kiâd Purattim qui n'était qu'une notation géographique. On retrouve kiâdum dans l'expression rimmât kiâdim, cf. J.-M. Durand, « Fourmis blanches et fourmis noires », dans F. Vallat éd., Contribution à l'histoire de l'Iran. Mélanges offerts à Jean Perrot, Paris, 1990, p. 101-108. m) l. 42. J.E. a lu ma-li ú-za-ku et a traduit « as much as I make ready » en incise, mais le Ú est très douteux (cf. sa copie), quoique le sens de « rendre prêt » soit bien attesté pour la forme D (II) de zakûm, cf. CAD Z, p. 31 : zukkû = « to make ready for departure (said of merchandise, persons and soldiers). Une forme IV (N) n'est pas attestée qu'ici ; cf. ARMT XXVI/2 468 : 4': itu mu 4.kam awâtum annêtân birit Z[imrî-Lîm] u bîri-ia ûl iz-za-ka-a = « Depuis 4 ans, cette affaire n'est pas réglée entre Z. et moi », où une forme IV de zakûm est également attestée, avec contraction de izzakkû'â en izzakkâ. n) Le a, l. 44 développe l'idée de warkatam parâsum et nécessite le subjonctif de la l. 46. o) J.E. a lu be-lí-ú-a-á-ma et a traduit (sans note) « will obey my lord ». Même traduction dans J. Sasson, From the Mari Achives, p. 40. Mais umûm a le sens courant d'informer. Il est vraisemblable qu'un signe manque ici car on attend la forme uame, non uama. p) Pour l'armée gibêtum, désignant « l'armée nationale », cf. ARMT XXVI/1 p. 160. L'expression variante à la fin de la lettre est : « Mon seigneur s’approchera de ubat-Enlil avec grand honneur. » Pour gebûm « réunir », cf. A.915 : 12 (cf. ARMT XXVI/1, p. 160), publié dans Amurru 3, p. 143-144. r) En m. à m. « mon seigneur fera revenir en son pouvoir… ». Zimrî-Lîm doit arriver avec une armée qui n'est pas formée par des gens sans foi ni loi, comme le seraient des mercenaires, et avec une réputation de damiqtum. s) À la fin du texte, Sumu-hadû s'adresse au roi à la seconde personne. t) Pour l'expression, cf. ina qaqqadim kabtim cf. ARMT XXVI 148 : 15 ; cf. ici-même, chez Habdû.maDagan, p. 229 e). DI = ti.
Les ovins en relation avec le terme bamâtum, « plaine », de [A.556] se retrouvent dans A.1411 (cf. ARMT XXX, p. 536) et [M.9704] cassé, où sont cités Sumu-hadû, puis Atamrel et Ya… (l. 13'). Vu l'état du texte, une compréhension suivie n'en est pas possible. Il peut néanmoins s'agir de moutons pour les besoins d'une expédition militaire (l. 11' & l. 3”). Le texte pourrait appartenir à Iêpuk. 155 [M.9704] [Acéphale] au roi (Zimrî-Lîm). Livraisons d'ovins par les Bédouins pour une campagne militaire.
2 4
[a-na be-lí -ia] [qíbíma] [um-ma ……………] [ìrka-a- ma] (Lacune de 2 ou 1 l. ?)
Les textes de Sumu-hadû
2’ 4' 6’ 8’ 10’ 12’ 14'
349
"i#-[na ma-at] "a#-ah p[u-ra-timki] ma-ha-ar b[e-l]í-ia h[a?- …] i-na-an-na be-lí ul-[……] i-nu-ma be-lí su-mu-ha-du-ú l[ú?-…] be-lí ú-wa-e-ru[u] it-ti su-mu-ha-du-ú a-na-ku [al-li-ik] ip-hu-ur-ma lú ha-na a n[a-ha-li] i-na bi-ri-u-nu i-ip-à -[am ki-a-em] i-pí-ú u[m-ma-mi] 6° me udu-há ba-ma-tum° a [be-lí-ni] [a-n]a a-bé-e-im-ma la […-ma] [ka-a]l? udu-nita- a-na lugal [i ni-id-di-in] [lú ha-n]a "i#-na [pu-uh-ri-u-nu] [an-ni-tam iq-bi…] (Manquent environ 2 l = Face + 3 l. = Tr. + 3 l. = Rev.)
Rev. 2” 4” 6” 8” 10” 12” 14” 16'
[ù ] "1# li-im "7# [me udu-há …] [ ù? ] a 3 li-mi 7 [me udu-há an-né-tim] [a-n]a {ZA} a-bé-e-im a a-n[a?…] 5° me udu-há ba-ma-tim° a be-[lí-ia] an-né-ti-in° udu-há a-na e-e[r be-lí-ia ma-nu-um] ub-la-am ú-ul ub-la-am an-n[i-tam be-lí] li-ìs-ni-iq ù a-um su-[mu-ha-du-ú] it-ti-u-nu la ú-wa-e-ra-an-[ni a-hu-u-ma it-ti-u-nu ú-ul [al-li-ik] ù u-nu ki-a-em ú-ul iq-bu-[ú um-ma-mi] []a be-lí-ni a i-na hal-í-im a[n-ni-im-ma] [ù b]e-lí li-iz-zi- [-iq-ma] [ki-ma ] a-ta-am-re-el ù ia-[… (?)] [a i]t?-ti-u-nu ú-te-m[i-du [a m]u-ú-ke-nim udu-há ma-[al [ o o o o o] x [o o] x x […] (Il manque 1/3 l. + la Tr. ) 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle … , ton serviteur. (Manque(nt) 1 (à 2) l.)
0'
Auparavant, 1' dans le royaume de Mari 2' par devant mon seigneur, je … 3' Maintenant mon seigneur est …. 4' Lorsque mon seigneur 5'a envoyé en mission Sumu-hadû, le…, 6' je suis moi-même allé avec Sumû-hadû. 7' Se sont réunis les Bédouins des wadis 9' et ils ont pris 8' la décision suivante entre eux : « 10' 600 ovins de campagnea) appartiennent à notre seigneur ; 11' pour faire la guerre il ne faut pas qu’il les … pas, mais 12' la totalité des ovins mâles (nécessaires) donnons-les au roi. » Voilà ce que les Bédouins ont dit lors de leur réunion… (Manquent 6 l.)
… 1'”et 1 700 ovins … 2” Or, de ces 3 700 ovins 3”pour faire la guerre que/i pour … 4” Les 500 ovins de campagne de mon seigneur, qui en a fait apport à mon seigneur et qui ne l’a pas fait, mon seigneur doit l'examiner. 7”Mais, vu que Sumu-hadû 8” ne m'a pas donné mission avec eux, 9” j'ai pris peur et, je ne suis pas allé avec eux. 10” Or, eux, ils n'ont pas dit : « 11” Est à notre seigneur, ce qui est dans ce district ! » 12” Donc, mon seigneur doit se fâcher ! Comme Atamrel et Ya… que je leur avais adjoints… des/aux particuliers… a) L'expression udu-há bamâtum doit être comprise comme une juxtaposition, analogue à âbum birtum.
350
Jean-Marie DURAND [M.8165] n'était qu'un petit billet où l'expéditeur se félicitait apparemment de la place qui lui a
été faite lors de l'audience royale, alors que des personnalités, dont Sumu-hadû, étaient présentes. La date ne peut être précisée, Sumu-hadû ne parlant pas de cet épisode dans les lettres de lui conservées. Cf. peutêtre l’affaire traitée p. 238 sq, auquel cas le roi serait Samsî-Addu, mais Tarum-natki ne peut être exclu. 156 [M.8165] [Acéphale] au roi. Sumu-hadû et 40 cheikhs ainsi que les Anciens de la région l'avaient devancé à ubat-Enlil. Place d'honneur lors de l'audience donnée par le roi. (Lacune).
10
[a-na be-lí- ia] [qíbíma] um-ma [……………] [ì]rka-a- [ma] [l]a-ma a-na u-ba-a[t-den-lílki]244 a-ka-a-adu u-1-kam i-na pa-ni-ia-ma I su-mu-ha-du-ú ù 40 lú su-ga-gu "ù#° lú u-gi ha-al-[í-im]
Tr.
(Anépigraphe.)
Rev. 12
i-na u-ba-at-den-lí[lki ……] wa-a-bu ù u-ma-[am] a it-ti "lugal# an-na-[am-ru] [i-na we-d]u?-"tim# az-za-[az] [………………………]-ka-nim
2 4 6 8
14
(Rev. = 4 l. manquent. Tr.? = 2 l. )
C. 2'
]-ka a-ta-al ] "a#-wa-ti-ku-nu {x} 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle …, ton serviteur. Avant que 6 je n'atteigne 5 ubat-Enlil, 7 exactement un jour avant moi, 8 Sumu-hadû 9 et 40 9 cheikhs ainsi que les Anciens du district 12 se trouvaient 11 dans ubat-Enlil. 12 Or, le jour 13 où je me suis rencontré avec le roi, 14 je me tenais parmi les notabilités. … 5
(Lacune.) 1'
J'ai interrogé ton… 2' … vos paroles…
Le texte [M.11067] montre le rôle de Sumu-hadû dans l'élaboration de la politique étrangère du roi de Mari. Il utilise dans un projet de lettre communiqué au roi de Mari le terme de « père » (abum) pour désigner le roi d'E nunna. Alors que, manifestement, se déroulaient des opérations militaires dans ce qui était auparavant le royaume du RHM, il ferait appeler par Zimrî-Lîm « pays d’E nunna » (cf. l. 20) les territoires conquis par elle et donc reconnaîtrait ainsi leur annexion. Le texte est mal conservé et la fin du projet de lettre lacuneux, mais elle daterait du moment où les forces d’E nunna feraient route vers Andarig (l. 29) et ses alentours. Il s’agirait ainsi de la seconde partie de la campagne, lorsqu’après la prise d’A
ur et d’Ékallatum les forces d’E nunna se dirigèrent vers l’Ouest du Sindjar.
244
Pour cette restauration, cf. l. 11.
Les textes de Sumu-hadû
351
Déjà dans [M.8176] (cf. Rev. 1'), Sumu-hadû avait rédigé un projet de lettre pour le roi d’E nunna. Il s'agit ici de le ménager et de s'attirer ses bonnes grâces, en l'occurrence, s'opposer aux agissements de Kurdâ sans que le roi d'E nunna croie que ces mouvements de troupes menacent ses intérêts. Il s’agissait de récupérer une ville qui dépendait du roi de Mari mais sur laquelle Kurdâ avait de façon indue mis la main (l. 23). L’événement qui concerne apparemment la ville de allahum ne fait pas partie de nos informations. La première partie de la lettre donne comme conseil de renvoyer sans discussion chez eux les ambassadeurs de Kurdâ. Le texte a l’intérêt de souligner la proximité bien connue des États de Mari et de Kurdâ (l. 22-23), mais il montre que les rapports sont désormais très dégradés. Le texte est surtout important parce que l'on y voit Sumu-hadû préparer pour son maître la rédaction d'une lettre destinée au roi d'E nunna (l. 19-30) afin de le tranquilliser sur les mouvements de troupes de Mari, ce qu'il ne va pas manquer de constater. En tant qu’inspirateur de la politique étrangère du roi, il a pris la succession auprès du monarque de Bannum et était sans doute devenu le personnage le plus important après le roi. 157 [M.11067] Sumu-hadû au roi. a) Il y a deux envoyés de Kurda. À leur arrivée le roi doit leur dire qu'il s'est résolu à prendre « la ville » et à aller contre eux, puis les renvoyer aussitôt ; b) En même tems, projet de lettre pour le roi d'E nunna pour le rassurer : il n'a jamais eu de visées territoriales indues, mais Kurda qui était comme une autre Mari lui a volé une ville. Zimrî-Lîm à la tête de ses troupes va donc la récupérer. c) Il faut (aussi) veiller sur les troupeaux qui sont dispersés à la limite de la steppe. [a-na be-lí-i]a qí-bí-ma [um-ma su-m]u-ha-du-ú [ìrka]-a- ma 4 [a-nu-um-ma] 2 "lú#?245 i-tu {X} kur-d[aki] a-"na# [e-e]r be-lí-ia a-ap-ru 6 ki-ma ka-[a-di-]u-nu-ma be-lí i-na a-wa-tim [l]i-i[]-[b]a!246-"sú#-nu-ti 8 um-ma-a-mi am-"ta-al-ka#-am a-lamki an-ne-e-em a-a-ab-[ba-at-ma] 10 ù a-na e-ri-ku-numa "lu#-ur-da-"a#-ku-[nu-i-ma] 12 [l]a? ú?-"na#-[……-ku-nu-i/ti] [an-ni]-ta- [an 2 lú-me-e kur-daki] Tr. 14 [be-l]í i-na a-wa-t[im li-i-ba-at] [wa-ar-ka]-nu-ma qa-tam a-n[a qa-tim] Rev. 16 [be]-lí li-i-ru-us-sú-nu-t[i] "ù# be-lí up-pa-am a-na lú ‘è -nun-[naki] 18 li-a-a-e-er-ma li-a-bi-[lam] um-ma-a-mi ma-ti-ma a-na "ma#-"a#-"tim# 20 "a# a-bi-ia ú-ul "ú#-[qé-r]e-[eb]247 i-na-an-na a-lumki kur-daki n[a-ak-ra-at] 22 i-tu pa-na ki-ma ma-ri[ki-ma] ku[r-d]aki a-"lam?# a-[l]a-"ha#-am[ki] 24 [a] a-"di#-[i]m? i-ri-qa i-[na-an-na] 2
245
Le signe est-il mal conservé ou érasé ?
246
Le signe BA est sans doute sur un signe érasé.
247
Sans doute à comprendre comme uqerreb inacompli.
352
26 28 Tr. 30 C. 32 ii 34
Jean-Marie DURAND [ki-t]a?-u-"du#-um "a# da-[an-nu-ti-ia] "ù# til-la-tim m[a-a]h-ri-ia°-[ma] [a]-al-la-kam "i#-na p[a]-an a-a[b] [ma-t]i-ia a-[na an]-"da#-ri-ig[ki] [ù?] a a-"he#-et "uru#?248 [a-bi a-a]b-"u# li-e-eh-hi [a ìr-ti-ia a-n]a be-lí-ia [a-pu-ra]-am [a-na udu-há ra-a]p-a-tim a ka-í-im-ma? a-hu-um la in-[na-di]
Note: il existe une transcription très rapide de ce texte par M. Birot sous le sigle S.115-77. La présente édition se fonde sur des photographies et ne marque pas les différences de transcriptions. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Voilà qu'il y a deux individus 5 envoyés chez mon seigneur 4 depuis Kurda. 6 Dès leur arrivée, 7 mon seigneur doit les apostropher 8 en disant : « 8 J'ai réfléchi ; 9 je vais prendre cette ville que vous saveza), puis 10 (c'est) contre vous 11 (qu)’il me faut me diriger 12 pour ne pas vous …» 14 Mon seigneur doit apostropher les 2 hommes de Kurdâ de la sorte et 15 aussitôt ensuite les renvoyer chez eux. 17 En outre, mon seigneur 18 doit faire rédiger 17 une tablette pour l'homme d'E nunna 18 et (la lui) faire porter 19 disant : « En aucun cas 20 je ne m’approche 19 du territoire 20 de mon père. 21 Maintenant, la ville de Kurdâ est ennemie. 22 Depuis toujours elle était comme Mari, mais 23 Kurda a volé 23 la ville de allahumb) 24 qui faisait l’objet d’un accord juréc). 24 Maintenant, 25 c'est l’arrivée généraled) de mes forces 26 et des troupes alliées. 27 Il me faut aller à la tête des gens de 28 mon pays. 30 Que mon père fasse approcher son armée 28 d’Andarig 29 et des alentours de la ville ! » 32 J'ai indiqué 31 à mon seigneur (ce que me dictait) mon devoir de serviteur. 35 Il ne faut pas (cependant) qu'il y ait négligence 33 envers les vastes (troupeaux d')ovins 34 à la bordure de la steppee). 4
a) Annûm est un démonstratif qui renvoie à quelque chose ou quelqu'un de connu, mais de non nommé. Cf. LAPO 18, Index, p. 543. b) allahum doit représenter la ville de alluhum (la « Très-pierreuse » [pour l'usage de L‘ en toponymie, cf. J.-M. Durand, CRRAI 46, 2004, p. 146]). Elle était déjà connue par ARMT XXVI/1 33 : 8' (Za-lu-hi-im), où je l'avais (sans doute pour des questions d'alternance -ân-/-â/-um) identifiée avec alluhân (« Zalluhân ») qui se trouvait en fait bien plus à l'Ouest, dans la Haute-Djéziré (cf. M. Guichard, RA 103, 2009, p. 20, 21 n.13 : près du cours du Habur supérieur, au sud d'A lakka). Il doit s'agir, là encore, d'un cas de toponymie en miroir. Asqûdum avait envoyé depuis cette ville de alluhum une lettre à Zimrî-Lîm, concernant les libérables des troupes de YasîmDagan. Il doit s'agir d'un épisode qui concernait la fin de la rébellion des mâr yamîna, lorsque les E nunnéens opéraient leur percée dans le Nord249. Il est vraisemblable que cette ville se trouvait dans la région entre les territoires de Mari et de Kurdâ, du côté du Sindjar occidental. c) Pour l’attestation de adûm, « traité juré », à l’époque de Mari, cf. FM VIII, p. 118-119. Ce terme qui est documenté pour des époques récentes n’est pas reconnu pour l’époque paléobabylonienne par les dictionnaires. d) En lisant kitaudum, infinitif G/3 de KD, « arrivée généralisée ». e) Rapum, « vaste », indique ici que les ovins occupent un territoire étendu, donc qu'il étaient dispersés.
248 249
Le signe URU est lu surtout pour des raisons de contexte.
En ce qui concerne ARMT XXVI 33, qui doit parler de l'aide que l'on peut espérer des troupes de YassiDagan, à la l. 10, il semble y avoir plutôt -m]a*-ga*-a[r*], vraisemblablement une forme de MGR « vouloir bien, accepter » et à la fin de la l. 10 le -[ú] final est rien que moins sûr. Au revers, on peut lire l. 3' sq. : [a-um lú-me]-e ha-[name-e ], [pa-e-r]i an-nu-tim, [a-na-ku a]-sà-ni-iq = « Pour ce qui est des Bédouins, je vérifierai personnellement ces démobilisés. »
Les textes de Sumu-hadû
353
6.11 Problèmes avec les Mâr yamîna [A.535] date du moment où l’on anticipe sérieusement la rébellion ; manifestement, le prince mâr yamîna Hardûm était sous surveillance. Il était amnanéen et sa présence à Samânum, fief des Uprapéens, faisait se poser des questions aux autorités mariotes. L'explication qu'il fournit, selon laquelle il serait venu en renfort pour la moisson (l. 2'), ne trompe pas Sumu-hadû qui en déduit que les Mâr yamîna sont en fait en train de mobiliser (l. 3'). L'indication que les deux hommes pratiquaient le palabre à la porte de Samânum (l. 6-7) montre que Sumu-hadû surveillait la situation depuis l'amont de Terqa. D'après ce texte on commençait à fortifier les villes, aussi bien dans le camp loyaliste que dans celui des Mâr yamîna. Il est ainsi conseillé au roi de s'occuper d'Appân, proche de Mari. Sumu-hadû se chargeant, en revanche, des villes d'amont. La fortification de Hi amta, à la frontière entre la zone de Terqa et celle de Mari, ainsi que celle d’Appân, à l’amont de la capitale, représentaient la constitution d’un front contre Mi lân. Yâ’il, où Sumu-hadû arrive après que Zibnatum, à l’amont de Terqa, a été fortifiée, devait donc se situer également à son amont, mais relativement proche. Ces deux villes étaient sous la surveillance directe de Sumu-hadû. Sumu-hadû renseigne aussi le roi sur des messagers d’E nunna et sur un « serviteur ». Les contextes manquent cependant. 158 [A.535] Sumu-hadû au roi. Hardûm a franchi l'Euphrate pour entrer à Samânum ; fortification de Hi amta ; il faut fortifier également Appân. On va fortifier Zibnatum puis Ya’Il. Messagers d’E nunna ; Sumu-hadû se renseignera sur le « serviteur » dont lui a parlé le roi.
2 4 6 8 10
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma am-a-li me-eh-re-et sa-ma-nimki [e-t]e-qa-am ha-ar-du-um [i-na sa]-ma-nim°-ma wa-i-ib [ú-u]m?-u a-na pa-ni-ia [ú]-é-em [ki-ma i-n]a ba-bi250 ka-sà-am n[i]-X-hu-zu-i {X} [o o o o-]u al-pu-ut-ma [ù ki-a-am aq-bi-u]m um-ma a-na-ku-ma (Rev. = 4+ Tr. = 4 + Rev. = 3 l.)
Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’
[ke-em i-pu-l]am um-ma-mi a-n[a sa-ma-nimki] [ni-ik-]u-dam e-bu-ur-ni i ni-i[k-mi-is] [ù] a-na ha-name-e pa-ha-ri-im i-pu-ru [i]-na-an-na be-lí a-a[h-]u a-na e-pé-e ap-pa-an° [la] i-na-ad-di a-nu-um-ma qa251-tam a-na e-pé-e "hi#-a-am-taki á-ta-a[k]-nam nu-ba-ti a-na zi-ib-na-timki ak-u-dam u-um up-pí an-né-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam i-pí-ir bàd zi-ib-na-tim ú-a-a-ba-at-ma nu-ba-ti a-na ia-a-èlki a-la-ak-ma qa-tam a-na e-pé-e ia-a-èlki a-a-ka-an
250
BI et KI sur érasure d’un KI.
251
Sur érasure.
354
Jean-Marie DURAND
Tr. 12’ ù a-um dumu-me-e i-ip-ri lú252 è -nun-naki []a a-na e-er be-lí-ia ik-u-du-nim-ma 14’ be-lí i(E )-pu-ra-am a-né-em u-um-u [a] up-pí an-né-em ia-ri-ha-a-ba-am 16' [a-na be-lí-ia ú-a-b]i-lam253 C. e-em ú-h[a-ri-im a be-lí i-pu-ra-am] 18' a ki-ma a-n[a-a-a-lu a-a-pa-ar] be-lí [lu i-di / la-a i-na-hi-id] Bibliographie : Pour les l. 6-7, cf. Amurru 3, p. 168, n. 314. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Hier, 6 je passais 5 devant Samânuma) : 7 Hardûm s'y trouvait précisément. 8 Le jour même, il est sorti à ma rencontre. 9 Comme à la porte nous avions pris la coupe, 10 je lui ai touché le/la… et 11 alors, je lui ai parlé de la sorte, disant : 12 « … » 5
(10 l. environ manquent.) 1'
Il m’a répondu ceci, disant : « 2' Nous sommes arrivés 1' à Samânum 2' pour rassembler notre moisson. » 3' En fait, ils ont envoyé des message(r)s pour que les Bédouins se mobilisent. 4' Maintenant, mon seigneur 5' ne doit pas 4' négliger de fortifier Appân. 5' Voilà que 6' j’avais entrepris 5' de fortifier 6' Hi amta. Mon étape du soir, 7' je l’ai atteinte à Zibnatum. 8' Le jour où je fais porter cette tablette de moi chez mon seigneur, 9' je vais faire entreprendre le travail du mur de Zibnatum et 10' pour mon étape du soir j’irai à Ya'ila) et 11' j’entreprendrai de la fortifier. 12' En outre, 14' mon seigneur m’a envoyé un message(r) 12'au sujet des ambassadeurs de l’homme d’E nunna 13' qui sont arrivés chez mon seigneur. 14’ Le lendemain du jour même 15' où 16' je fais porter à mon seigneur 15' cette tablette de moi 15' par Yarihabum, 18' j’enverrai 17' un rapport à propos du serviteur, sujet de la lettre de mon seigneur, 18' tout ce que j'aurai constaté. 19' Mon seigneur est informé/ne doit pas être inquiet. a) Ina mehret se trouve dans ARM II 24+ ( = LAPO 17, p. 225), la l. 24’ étant devenue 58 ; cf. le texte dans ARCHIBAB. LAPO 17 traduit « au droit de », ce qui correspond à l’« opposite » du CAD M/2, p. 53a. Même compréhension pour ARM III 79 (LAPO 17 793) : « en face de Sanipatum » et « au droit de Terqa ». Cette compréhension n’est pas possible ici, car cela signifierait que Sumu-hadû passe par la rive gauche de l’Euphrate. Ina mehret signifie donc (au moins ici) « par devant », ou « en vue de, à proximité de ». b) Ya'il était donc à une journée de marche maximum de Zibnatum. La lettre de Rip'î-Lîm, [A.3550], montre que l'on s'attendait à ce que la population de cette ville se réfugiât, en cas de danger, dans la Forteresse de Yahdun-Lîm.
Dans [A.3100], il est difficile de comprendre les motivations des ordres contradictoires donnés par Sumu-hadû et par le roi à propos de la mise en défense de Hi amta. Sans doute le souverain pensait-il que la proximité de Mi lân254 rendait la position de cette ville intenable et était-il d'avis d'en replier la population sur Terqa. Mais à Hi amta se trouvait le temple important de la déesse Hi amîtum et Sumuhadû devait considérer qu'il fallait dans la mesure du possible en organiser la défense. La lettre montre, en tout cas, l’importance qu’a prise Sumu-hadû dans l’État puisque le roi a donné les ordres exprès de faire ce qu’il dirait (l. 26-30). 159 [A.3100] Sammêtar au roi. Ordres contradictoires du roi et de Sumu-hadû à propos de la défense de Hi amta. Le roi, après avoir dit qu’il fallait faire ce que Sumu-hadû dirait, doit lui écrire sa décision. 252
Il y a une érasure entre LÚ et È , comme d'un NA.
253
Cette ligne paraît essentielle pour la compréhension, mais on la dirait érasée.
254
Cf. ici-même, p. 105.
Les textes de Sumu-hadû
355
a-na be-lí-[ia] [q]íbím[a] [um]-ma sa-am-mé-e-tar 4 [ì]r-ka-ama a-um hi-a-am-taki 6 la e-pé-i-im be-lí i-pu-ra-am 8 ù up-pa-at su-mu-ha-du-ú ka-ia-an-tam i-la-ka-nim 10 um-ma-a-mi ar-hi-i Tr. a-lam°( LIM)ki a-a-tu 12 e-puú Rev. up-pí be-lí-ia e-me-ma 14 i-na [e-pé]-i-im ak-ta-la um-m[a a-na-k]u-ma 16 as-[sú-ur-r]i i-na pí-ri-tim g[i-li-it-ta]-am 18 i-[ra-a]-i be-[lí a-na la e]-pé-i-im i-pu-ra/-am 20 ù [su-mu-ha-du]-ú a-na [e-pé-i-im ka-ia-an]-tam 22 i-t[a-na-pa-ra-am] Tr. i-na-an-[na a-nu-um-ma] 24 [a] la e-pé-[i-im] [be]-lí li-i-pu-[ra-am] 26 ù i-na up-[pí] be-lí-[ia] ma-ah-[ri-im] C. 28 i ki-a-e-am a-ì-ir [u]m-ma-ami 30 []a su-mu-ha-du-ú i-qa-ab-bé-kum e-pu-/ú 2
ii
(anépigraphe.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Mon seigneur m’a écrit 5 de 6 ne pas fortifier 5 Hi amta 8 mais des tablettes de Sumu-hadû 9 m’arrivent continuellement 10 disant : « 12 Fortifie 10 vite 11 cette ville ! » 13 Prenant connaissance de la tablette de mon seigneur, 14 j’ai cessé de fortifier, 15 en me disant : 16 « Il ne faudrait pas que, du fait de la craintea) (des Mâr yamîna), 17-18 (la population) ne se paniqueb)! » 19 Mon seigneur m’a écrit de ne pas fortifier 20 mais Sumu-hadû 22 m’écrit 21 continuellement de 23 le faire. Maintenant, voilà que 25 mon seigneur doit m’envoyer l’ordre de 24 ne pas fortifier. 26 Or, dans une tablette 27 antérieure 26 de mon seigneur 28 il était écrit ceci : « 30 Fais ce que Sumu-hadû te dira ! » 7
a) Pour pirittum, « crainte », cf. ARMT XXVIII 25: 25. Birîtum (qui pourrait être une lecture pour la l. 16) n'a qu'un sens de lieu. b) Pour cette expression, cf. gilittam raûm « to take fright », CAD R, p. 202a, à une époque plus récente.
6.11.1 Les débuts de la révolte [M.8176] date des débuts de la rébellion mais doit parler également du roi d'E nunna (cf. l. 16), vu les références à abî « mon père» dans une lettre que Sumu-hadû indique a rédigée pour le roi de Mari. À ce moment là, il est question de Rapiqum que le roi d'E nunna voulait atttaquer, ce pourquoi le roi de
356
Jean-Marie DURAND
Mari devait fournir de l'aide. Or, plusieurs lettres montrent les Mâr yamîna songeant à s'emparer à cette occasion de la Forteresse de Yahdun-Lîm, alors qu'E nunna n'était pas encore montée vers le Nord et comptait toujours sur l'alliance de Mari. Le document montre qu'il y a eu un début de réalisation du projet avec une attaque par une troupe de 6 000 Uprapéens —qui ont franchi le fleuve (ou la frontière), l. 6’ — contre une ville non précisée, mais qui devrait être la Forteresse de Yahdun-Lîm255. L'attaque a été conduite par un chef d'origine mutebaléenne. Plusieurs indices existent effectivement qu'il y a eu affrontement entre Sumuhadû et le Mutêbal, avant un accord de Mari avec cette tribu apparentée aux Mâr yamîna. Zimrî-Lîm semble avoir renoncé à aller jusqu'à la frontière sud à l'alliance d'E nunna pour remonter avec son armée jusqu'à la Forteresse qui était menacée et prêter main forte aux défenseurs. L'alerte aurait duré 3 jours. Il faut néanmoins expliquer les faits à Ibâlpêl II et cela immédiatemnt après l’événement (cf. amali, l. 5 et 5’). Sumu-hadû propose donc à Zimrî-Lîm un brouillon de lettre, à l’intention de son « père » qui pourrait se poser des questions devant l'absence des forces mariotes. Il semble, en effet, qu'Ibâlpêl II n'avait pas poussé son avantage à l'égard de Rapiqum, faute de l’appui de Mari (l. 2'-3'). Ce projet de rédaction trouve un écho dans [M.11067] proposé à Zimrî-Lîm pour ôter toute inquiétude chez le roi d'E nunna à propos de mouvements de troupes dans le Sindjar. Les deux documents montrent l’importance de Sumu-hadû dans la conduite de la politique mariote. 160 [M.8176] Sumu-hadû au roi. L'arrivée du roi avec toute son armée a prévenu le coup de main des Mâr Yamîna. (Suite indécise). (Lacune). Proposition d'une lettre à E nunna avec mention de l'attaque des Mâr yamîna sous la conduite d'un général du Mutêbal. (Suite indécise). Il faut sans tarder envoyer la lettre au roi d'E nunna.
2 4 6 8 10
[a-na be-lí-i]a qí-bí-ma [um-ma] su-mu-ha-du-ú [ìr]ka-a ma [up-p]a-am a be-lí ú-a-bi-lam eme am-a-li um-ma-ma-an be-lí la "il-le#-ma [i-na ga]-mi-ir-tim be-lí a-"na# "pa-ì#-im [ú-ú]r-ra-dam dumu-me-e ia-mi-na [i]-[te-e]t [i-p]u-ú [ku-up-pu]-ud dumu-me-e [i]a-mi-n[a] [o-o-o-o] um-ma ha-na[me]-e [a ……h]a-la-at à-ra-ad [ ………up-r]a-pí-i? [a-n]a?256 (Il manque la moitié de la tablette.)
Rev. 2' 4' 6' 8' 10'
um-ma zi-i[m-ri-li-im dumu-ka-a-ma] am-mi-nim a-bi a-ah ra-p[í-qí-im e-ti-iq-ma] a a-ba-at ra-pí-qí-im° 2-[u la i-pu-ú] i-nu-ma a-na-ku-ma a-ka-la-"am# a-na m[a-ti-i]a am-a-li dumu-me-e ia-mi-na i-na 6 li-me a-bi-im "i#-bi-ir°-ma um-ma-nu dumu mu-te!-ba-al ú-e-í-[m]a [a-na a-li-i]k pa-ni-u-nu° i-ku-un°-"u# [lú u-ú i-na] 3 u-u "up#-ra-pí-"i# [a-na mu-uh-hi] "i#-da- bàdki [……-m]a ìr-me-e a-bi-ia i-p[u]-u
255
Le signe « BÀD » (l. 9’) est, comme souvent, très distendu et il manquerait la précision « Yahdun-Lîm », car il n’y a plus d’écriture à la fin de la l. 9’ et il faut supposer un verbe au début de la l. 10’. 256
Il semble y avoir un grand espace entre le N]A? et le À.
Les textes de Sumu-hadû
12' Tr. 16'
357
[an-né-tim a-na a-bi-k]a u-[p]u-ur [ù-lu a-né-tim-m]a u-pu-u[r-um] [ù up-pa-am u-bi]-lam? [a-nu-um]-"ma# ú-"ma#-"ka#-al [a-na e-er lú è] -nun-naki [be-lí la uh-hu] -ur (Ligne blanche.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter. 5 Hier, si mon seigneur ne venait pas dans la région d'amont et 7 si (au contraire) il allait en aval 6 avec l'armée entière à la frontièrea), 7 les Mâr yamîna faisaient un coup de main. 8 Le plan des Mâr yamîna 10 … Si les Bédouins … 10 … pour expédier … 4
(Il manque la moitié de la tablette.)
« 1' Ainsi parle Zimrî-Lîm, ton fils. « 2' Pourquoi, mon père est-il passé à côté de Rapiqum 3' sans s'en emparer de nouveau ? 4' Alors, moi-même, j’étais retenub) 5' Hier, les Mâr yamîna, au nombre de 6 000, 6' ont fait la traversée 5’ vers mon pays et Ummânuc) du Mutêbal a mené l’invasionds). 7' Ils l’avaient mis mis à leur tête. 8’ Cet individu pendant 3 jours 10’ a mené 8’ les Uprapéens 9’ contre la citadelle 10’ et effrayée) les serviteurs de mon père. » 11’ Envoie ce message-ci à ton père, 12’ ou bien envoie-lui d’autres termes mais 13 fais porter une 14’ tablette. Voilà que (même) pas un jour completf), 16’ mon seigneur ne doit être en retard 15’ envers l’homme d’E nunna. a) Par « frontière », il faut comprendre ici la position tenue par Rapiqum, au vu de l'emploi de WRD. b) Lisant akkallâm, forme IV. Inûma semble avoir ici la fonction de inûmi (OAkk.) « à ce moment-là ». c) Pour ce NP, cf. um-ma-an-ni, A.3151 (MARI 8) vi 19 et um-ma-an M.8325. d) Pour waûm « envahir », cf. LAPO 18, index, p. 603. e) Pour apaum (a/u), « effrayer », non « to inform » (CAD, /1, p. 451), cf. LAPO 18, index, p. 591. L’expression « serviteurs de mon père » désigne ici les Mariotes, sujet d’un roi vassal. f) Pour cette traduction de umakkal (« even for one day »), cf. CAD U, p. 94.
Le début de [A.577] qui concerne les gens du Mutêbal montre qu'effectivement Sumu-hadû a engagé le combat contre les gens du Mutêbal avant que Zimrî-Lîm n’arrive les attaquer. La correspondance entre Zimrî-Lîm et Nahimum ainsi que le commandement de la tribu par ce dernier doivent donc être postérieurs à cet affrontement. La convocation à Qaunân de Nahimum257 faisait donc partie de la paix. [A.577] doit donc être contemporain de [M.8176]. Sur le Revers, cependant, après une assez longue cassure, le sujet est tout à fait différent. Le discours des l. 2’-6’ semble particulièrement passionné, reprenant une lettre du roi que nous n’avons plus. Le souverain y aurait rappelé (avec une ironie assez cruelle) des propos emphatiques antérieurs de Sumuhadû qui consonnent tout à fait avec ceux de [M.7721], où le ministre parlait déjà de se suicider. Il peut s'agir d'affaires agricoles (cf. l. 19') qui n'ont pas avancé aussi vite que l'aurait promis Sumu-hadû. L’expression i-ip-rum ka-lu-u ka-i-ir (Rev. 15') peut être comprise comme faisant référence à un travail d’irrigation (cf. M.7721 : 1’l). Il devrait donc s'agir de travaux d'irrigation dans les alentours de la Forteresse de Yahdun-Lîm qui n’étaient pas prêts pour l’arrivée du roi. La l. 8’ qui pourrait être prise pour un propos de courtisan souhaitant la réussite du monarque est en fait une excuse déguisée remarquant que bonne volonté et application au travail ne sont pas toujours couronnés de succès. Le ministre demande donc au roi de patienter jusqu'au lendemain (l. 11'), lui assurant qu'il trouvera tout prêt au matin (l. 16'-20'). Le retard sera donc rattrapé par un travail nocturne.
257
Cf. [A.2078+A.2169], dans ARMT XXXIV.
358
Jean-Marie DURAND 161 [A.577]
Sumu-hadû au roi. Affaire des gens du Mutêbal. (Lacune). Le roi (?) cite une lettre antérieure du fonctionnaire qui parlait de se suicider. Sumu-hadû réclame un délai d'une nuit.
2 4 6 8 10 12 14 16
[a-na be]-lí-ia qí-bí-ma [um-ma sú]-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma [up-pa-am a] be-lí ú-a-bi-lam e-me [be-lí ke-em i]-pu-ra-am um-ma-a-mi [dam-qa-at-ma i]-nu-ma a-na gi -tukul-há e-pé-i-im pa-ni-ia a-ku-nu258 [tu-pa-si-la]-an-ni-ma259 gi -tukul-há e-pé-a-am ú-ul ta-"ad#-di-na-an-{NI}-ni a-pa-ra-am an-né-e-em be-lí i-pu-ra-am ki-ma i-na u-mi-u-ma be-l[í ú-p]a-a[s]-sí-lu ù i-na a-ni-im qa-[tam-ma be]-lí lu-pa-as-sí-il ú-ul da-mi-iq-[ma dumu-me-e ] mu-ti-a-"ba#-"al# [gì]r? i-pé-u-um-[ma ù? i]-na u-mi-u [a-na-ku] gi -tukul-há e-pé-a-am-ma da-am-da-u-nu "a#-du-ka-am [ki-ma] mí al-ma-na-tim-ma-an be-lí e-pé-e[-u-nu-ti] [ù i-n]a-an-na-ma° qa-ba-am an-né-e-em be-lí i[q-bé-em] [………………be]-lí x-[…] (Face = 10 l. Tr. = 3 l. Rev. = 10 l.)
Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’ 14’ 16’ Tr. 18’
[………… ………ki-a-am be-lí] i[]-ta-n[a]-ap-pa-ra[am]260 wu-di 1-u i-na pa-ni an-ni-it[tim] e tu-ki-"in# eb-lam ù gi -kak ki-ma sag-ìr uh-ta-an-na-aq ú-lu-ma ki-ma lú a-qì(GI)-i-im pa-at-ra-am zabar a-na li-ib-bi-ia a-ma-ah-ha-a in°-na-nu-um an-né-et-tim be-lí i-ta-na-ap-pa-/ra-am i-na u 1-kam be-lí a e-pé-i-u li-pu-ú am-mi-nim ka-ia-an-tam hi-pí li-ib-bi-i[m] be-lí i-ta-na-ap-pa-ra-am i-na-an-na u-ma-am be-lí li-na-ki-ra-am-ma a-ar é-tim li-bi-it ki-ma mu-u-te-er-tam sí-ma-an siskur-re be-lí i-ka-a-a-dam i-ip-rum ka-lu-u ka-i-ir [m]u-u-te-er-tam-ma la-261 i-hi-i dutu-i-im [ki]-ma ka-a-ad be-lí-ia la-ma sí-li-ih-tim [m]u-ú i-a-ab-ba-tu
258
La ligne d’écriture va sur le côté et sur le revers de la tablette.
259
La restauration s'appuie sur les l. 9 & 10.
260
La restauration des l. 0’-1’ s’appuie sur les l. 7’-8’, or il n’y a pas de place, selon la « mise en page » de la l. 2’ pour autre chose qu’un seul signe à la fin de la l. 2’. 261
Ou lire mu-u-te-er-tam LA :MA i-hi-i…. Voir commentaire i).
Les textes de Sumu-hadû C. 20’
359
[an-na mu-u-te]-er-tam-ma [be-lí li-ik]-u-dam 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J’ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m’a fait porter. 4 Mon seigneur me 5 disait : « Voilà bien une preuve d’amitié : 5 alors que je me disposais à combattre, 6 tu m’as gênéa) en ne me permettant pas de combattre. » 8 Voilà le message que mon seigneur m’a envoyé. 9 De la même façon que ce jour-là j’ai gêné mon seigneur, 10 alors, une seconde (fois), de la même façon, il me faut le gêner. 11 N’est ce pas preuve d'amitié que les gens du Mutêbal fassent une attaque contre lui et que le jour même, 13 moi, j'engage le combat et les vainque262 ? 14 Mon seigneur les traite comme s’ils étaient des veuvesb). 15 Alors, voilà le propos maintenant que mon seigneur m’a tenu ! 2
(Grande cassure de plus de 20 lignes.)
… 0' Voici le message que mon seigneur 1' est toujours à m’envoyerc) : « Assurément une fois auparavant (tu as dit cela) ! N’installe pas corde ni cheville (disant) : 4' “Je me pendrai comme un esclave 5' ou, sinon, comme un noblee), 6' je me frapperai au cœur 5' avec un poignard en bronze !” » 7' Voilà maintenantf) le message que mon seigneur est toujours à m'envoyer ! 8' Puisse mon seigneur faire en un seul jour ce qu’il a à faire ! 9' Pourquoi sans cesse 10' mon seigneur m'envoie-t-il 9' un message à briser le cœurg) ? Maintenant, mon seigneur doit changer la dateh) ! 12' Qu’il passe la nuit dans la demeure. 13' Lorsqu’au petit matin, 14' au moment du sacrificei), mon seigneur arrivera, 15' ce travail se trouve(ra) tout entier agencé. 16' Au petit matin, avantj) le lever du soleil, 17' dès l’arrivée de mon seigneur, 18' avant la lustration (silihtum), 19' les eaux auront été prises. 20' Oui, que ce ne soit qu'au petit matin, que mon seigneur arrive ! 2'
a) Les exemples mariotes de pussulum sont plus divers que ceux enregistrés par le CAD. Le sens de ce verbe à la forme G est « être désappointé » et à la forme D « tromper les espérances de quelqu'un». Cf. les exemples dans DBP s.v. : (A.444): itu, êm NP imû.ma, u NP ip-sí-il-ma ana êr NP ûl illik ummâ.mi ahî NP = « lorsqu'il eut appris l'affaire de NP alors, NP fut désappointé et il n'alla pas chez NP, disant « NP est mon frère » ; (A.422) NP u lugal-me-e , imû.ma ana alâkim up-ta-sí-lu = « NP et les rois, apprenant (cela), furent découragés de venir. » Dans ARMT XXXIV, [A.552], lettre de Hâlî-hadun, l. 18-19, on trouve kaskal-a an-ni-tum it-[ti-ia] pu-usx(IZ)-sú-laat, ce qui signifie « (Si mon seigneur ne désire pas cette expédition), j'y renonce ». Ce sens est transportable dans les dérivés. Lorsque pisiltum signifie « enveloppe de tablette », il est évident que l'objet est ainsi décrit parce qu'il déçoit la curiosité d'un éventuel lecteur. À époque ancienne, en effet, une tablette ne porte pas le double du texte qu'elle protège, mais uniquement le nom du destinataire et l’empreinte du sceau de l’expéditeur. Dans la lettre paléobabylonienne, AbB 11 185, comprendre pisilti kaspim-ma paslâku par « je suis déçu dans mes espoirs de fortune ». Ces sens de pasâlum, pussulum devraient dériver de l'emploi concret de PSL pour désigner des parties omineuses, pour lequel le CAD propose le sens de « to twist », « tordre ». Le terme pisiltum décrit d'ailleurs cette façon d'être des parties ominales. Peut-être faut-il rattacher ce pasâlum à l'arabe faala « séparer, disjoindre », des parties ominales détachées indiquant un mauvais présage. Pour « être désappointé », on a d’ailleurs l’équivalent « être scié » en français actuel. b) Sans doute une expression pour « traiter avec des égards », la veuve étant une femme seule à protéger. c) Selon l’écriture normale des textes de Mari le annêtim bêlî itanapparam de la l. 7’ doit entraîner un [ki’âm bêlî], itanapparam à la l. ‘-1’, mais il n’y a pas la place pour un introducteur de discours à la 1’, vu la disposition des signes. D’autre part les l. 4’-6’ ne peuvent être attribuées au roi, mais représentent une citation du discours de Sumu-hadû. Il faut donc supposer ici que du texte manque ou que la citation de la lettre royale est faite a minima. Le recours à une forme G/3 peut marquer ici la répétition, mais plutôt noter une emphase. d) Les deux accusatifs eblam et sikkatam (gi -kak) font bien référence à la pendaison dont il est question, l. 4’, et leur statut d’accusatif doit dépendre d’une forme verbale à chercher l. 3’. Le TU est un bon introducteur de 2° personne mais le E ne peut être que la forme du vétitif; lequel semble effectivement avoir appartenu au langage courant et être tout particulièrement utilisé par le roi. Tukîn serait donc une forme de kunnum (D de kânum) mais le sens attendu serait de « reparler, remettre en avant ».
262
= adukkam, inaccompli.
360
Jean-Marie DURAND
e) On peut naturellement comprendre ici agûm, « enragé », puisqu'à Mari, au lieu de egûm, on connaît déjà cette forme sans Umlaut par ARMT III 18 (= LAPO 18 1060), l. 15 qui parle (au génitif) d’un « chien enragé », kalbim a-gi-"i-im#. Il pourrait, cependant, s'agir d'une graphie pour aqûm « de bon lignage, “de la haute” » (cf. l’énumération de 5 R 39 4, rev. 68, cité CAD /1, p. 17b), selon le principe qu'à Mari les emphatiques étaient devenues des sonores (comme GU censé valoir /qù/ dans des NP comme qù-ur-da-an [nombreux ex.] ou qù-ru-du [ARMT XVI/1]). L'opposition de sag-ìr et a-GI-i-im opposerait 2 sortes de morts, une non-honorable convenant à l'esclave, par strangulation, et une autre réservée à la noblesse ou qui désignerait un suicide d'honneur, par un coup de poignard en plein cœur. Le texte de [M.7721] ne qualifie pas le second mode de suicide. f) in-na-nu-um ; CAD ne connaît innanu (innana, innani) que comme une expression tardive (SB) avec le sens de « when, after » et c’est, en outre, une conjonction (cf. von Soden, ZA 41 148). Il est néanmoins possible qu'il s'agisse ici d'une écriture fautive pour an-na-nu-um ou d’un télescopage de i-na-an-na an-nu-um-ma. g) hîpî libbim (« désespérance ») doit être un pluriel. Le terme n'est connu des dictionnaires que dans ses emplois récents où il désigne une maladie (« colique »). h) L'expression ûmam nukkurum revient ici à « attendre demain », puisque après une nuit, le roi doit voir le travail fini. Le sens est donc sans doute « changer la date de l'échéance ». Les dictionnaires ne semblent pas connaître cet usage qui pourrait cependant être rangé à CAD N/1, p. 168b sub 10. i) Il s’agit du sacrifice du matin qui était offert chaque jour et à partir duquel les présages étaient pris pour la journée (cf. in textes de Bannum p. 103). Ce moment était donc aussi celui de la silihtum qui désigne ici la lustration matinale (rite sacré ou toilette du matin ?). Le terme manque dans les dictionnaires. La mention de la silihtum renverrait aux pratiques de lustration bien connues des textes, formulées au premier millénaire dans le rituel bît salâ’ mê, rites parallèles à ceux du bît rimki. D'ordinaire, c'est cependant zarâqum « asperger » qui est employé à Mari pour les rites de purification (toilette ?) alors que salâhum est utilisé pour « arroser », d'où est dérivé salahum/salhum, « zone d'hortillonnage » La notation « les eaux seront prises » est, en général, le résultat d’une action sur le sytème d’irrigation (cf. ici même, [A.250] : 5), et ne doit donc pas signifier le fait de réserver de l’eau de purification. Sans doute l'expression fait-elle allusion à ce qui est dit l. 15': « ce travail sera agencé ». j) Le sens est évident, mais le détail du texte fait problème. Faut-il comprendre mutertam-ma lâ ihi amim = « au petit matin, alors que le soleil n’est pas levé », car mutertam-ma est courant ? Mais le -ma qui souligne mutertam pourrait être rattaché au LA subséquent et MA:LA représenter une mé-graphie de la-ma. On peut aussi supposer une haplographie dans la séquence -ma la-. Non liquet.
[A.3373] est difficile à situer chronologiquement. À titre d'hypothèse, j'ai considéré que la Face de la lettre blâmerait l’attitude de gens qui voudraient passer pour des « mâles ». Pour une telle société, ne pas infliger un (juste) châtiment, comme accorder le pardon à des rebelles, revenait à de la faiblesse. Ce dont parlait la Face pouvait donc concerner l'attaque de la Forteresse de Yahdun-Lîm par le Mutêbal avec lequel une alliance a néanmoins été, par la suite, conclue. De la même façon la clémence envers des rebelles revenait à les traiter en « veuves », selon l’expression de [A.577]: 14. L’autre information, sur le revers, après une lacune, parle de gens qui ont quitté leur patrie (l. 11'-12') et cherchaient à s'installer au royaume (l. 9'-10'). D’après leurs dires ils n'avaient aucune autre place pour s'exiler et ne comprendraient pas qu'on leur fît mauvais accueil. 162 [A.3373] Sumu-hadû au roi. Les messages du roi ont fini par le rejoindre. Sumu-hadû est choqué par une mesure concernant des étrangers. (Lacune.) Deux personnages amènent un groupe d'exilés politiques avec eux et réclament à s'installer dans le royaume.
2 4 6 8 10
a-na be-lí- [i]a qí -bíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma be-lí 1-u 2-"u# i-pu-ra-am-ma "a#-hi-tám(DAM)-ma at-ta-al-"kam# "ù# up-pa-at be-lí-ia ik-u-da-nim-ma e-me-ma up-pa-am an-né-em ú-a-bi-lam na-ú-ma- ki-ma zi-ka-re-e ni-li-kam ù munus sí-ni-a-tim
Les textes de Sumu-hadû
12
ni-ta-ar a-na a-"wa#-a[t? be-lí-i]a? l[u-u]-qí-il ah-h[i-ia…]
Tr. Rev. 2’ 4’ 6’ 8’ 10’ 12’
361
(Inscrite? = 2 l.)
"la# x-[…………] a-pu-ur-m[a?…] ù I ta-ri-b[a-tum a pa-an …] a-ab-tu a-ba-am "ú#-[e-hi-ma iq-bé-em (?)] um-ma-a-mi di-túr-m[e]-er ì[z°(AB)-ku-ru] na-ú-"ma# up-pí sà-"ra#-tim a-na ma-har be-lí-ia° ú[]263-à-ha um-ma lugal ú°-ul° i-pu-ul-né-ti um-ma ni-nu-ma a-yu-um-ma a-lum4(LAM) a ni-it-ta-al-la-kam ni-nu-um° a-na e-ri-ka ni-ih°-pu-ra-am an-na-nu-um [mì-i]n-u-um ni-su°-ús (Tr. & C. anépigraphes.) 1
Dis à mon seigneur. ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur m’a envoyé un à deux message(r)s ; 6 j’étais parti dans les environsa), 7 mais les tablettes de mon seigneur m’ont rejoint et, 8 en ayant pris connaissance, je fais porter cette tablette. 9 Est-il convenableb) que 10 nous nous soyons comportésc) comme des mâles mais que nous revenions féminisésd) ? 12 il faut que j'attire l'attention de mes frères 11’sur les propos de mon seigneur… 5
(3 l. sont brisées) 1'
… 2' j’ai envoyé un message(r) et … . Alors, Taribatum ayant pris la tête des …, les a amenés et a dit : « 5'Ils ont juré par Itûr-Mêre) ! Conviendrait-il que j’apporte par devant mon seigneur une tablette de propos mensongersf)? 8' Si le roi ne nous donne pas satisfaction, 9' voici ce que nous (lui dirons) : “ Y a-t-il une ville où nous puissions partir ? 11' Nousg), 12' nous sommes venus ici en exilés 11' chez toi !” 13' Ici, quelle raison avions-nous de nous plaindre ? ”» 3'
a) En supposant ici une valeur TÁM à DAM pour retrouver l’adverbe ahîtam-ma « dans les environs ». b) Naû.ma en tête de phrase peut être à l'interrogatif (cf. l. 6' ?), à la différence de naû (toujours au permansif) qui suit un sujet préposé (cf. ex. gr. ARMT XXVI 298: 23). Le sens serait donc « Est-il naturel que …? » ; pour cette façon de dire, cf. ici-même [A.454]: 7 : na-ú-ma-a hala NG, ipir-u izzibam = « Est-il convenable que le district de NG abandonne son travail…», avec une écriture explicite -ma-a. c) L. 9-10, ki-ma zi-ka-re-e, ni-li-kam fait allusion à la démarche qui révèle la façon d'être. Ce sens d'alâkum est enregistré, CAD A/1, p. 30ça-b, « to live, behave, act ». d) Le texte est difficile. a) Sinniâtim peut être la glose du munus précédent, ce qui peut se produire dans l'écriture mariote (cf. p. 513 c). b) La lectio facilior considèrerait que MÍ est une erreur au lieu du ana attendu. L'emploi de târum + ana pour signifier « devenir » est en effet bien attesté à Mari, quoique le CAD T, p. 259 n'en cite pas d'exemples venant de ce corpus ; cf. G. Dossin, Benjaminites, p. 991 (A.418) : umma ana Zimrî-Lîm … tugallal anâku ana bêl awâti-ka a-ta-ar = « Si tu commets une faute envers Z., moi je deviendrai ton adversaire. » c) On peut supposer aussi que munus sinniâtim soit à lire sinnia/ât sinniâtim « complètement femmes », avec un usage bien connu dans la langue de l’Ouest, analogue à des expressions comme « roi des rois » ou « cantique des cantiques », où le génitif est utilisé pour une expression augmentative. Il faudrait dès lors traduire « nous revenons complètement féminisés ». Cette possibilité a été adoptée ici. e) Itûr-Mêr était le dieu des serments. À la fin de la ligne, le signe AB dont la valeur ì /ìz est bien connue à Mari indiquerait le verbe zakârum « jurer », construit avec un accusatif direct.
263
G.D. a lu ici ú-à-ha, sans doute dans la foulée de be-lí-ia ; la lecture Ú ne fait pas problème.
362
Jean-Marie DURAND
f) Pour l’écriture sà-ra-tim à Mari, cf. ARM II 124 (= LAPO 17 554): 23 et ARM XIV 66 (= LAPO 16 327): 37 et analogues. Le texte semble opposer la véracité d'un serment devant la divinité (oralité) à des propos fallacieux qui peuvent se trouver sur une tablette (texte écrit). g) Cette forme ni-nu-um se retrouve à l’époque d’El Amarna comme le montre EA 250: 19 nukurtu-ka ninu-um « we will be your ennemies » (CAD), signifiant en fait : « C'est nous qui serons votre opposition ». Plutôt que de formes dialectales, il s’agit d’une prononciation courte du nînu-ma attesté par STT 28 I 33 (Nergal et Ereskigal).
Le texte [TH 72.67] qui traite de l'envoi des dieux du ubartum pour sanctionner des serments ne précise pas quels États étaient concernés par cette expédition. J'ai interprété l'événement comme un épisode des accords de cessation d'hostilité (salîmâtum) entre Mari et les gens du Mutêbal, après l'attaque de la Forteresse de Yahdun-Lîm. D’après le document, il y a eu un problème à propos des divinités, quoique le Rev. qui devait expliquer en quoi cela consistait ne soit plus compréhensible. Les l. 18-19 se laisseraient cependant bien restaurer comme a-na [ni-i dingir-lim], ú-ul na-[ú-ú] = « Ils ne conviennent pas à un serment ». Il serait donc possible que le présent texte ait rapporté une interrogation oraculaire à leur propos, et que l. 14, il faille comprendre i-na-[an-na ú-ul a]-al-ma = « Maintenant, (les présages) ne sont pas favorables. » Il serait normal, en pareil cas, que l'information fût transmise à Mari et que le fonctionnaire, sur place, attendît des instructions pour savoir comment agir.
163 [TH 72.67] Sumu-hadû au roi. Arrivée des dieux du ubartum pour le serment. Suite à une interrogation oraculaire défavorable, Sumu-hadû demande des instructions au roi.
2 4 6 8 Tr. Rev. 12 14 16 Tr. 20 C.
a-na be-lí -ia qíbíma um-ma "su#-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma dingir-me-e a ma-at u-bar-tim a a-na ni-i dingir-lim a-na e-er be-lí-ia il-li-ku-nim u-um up-pí an-né-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam dingir-me-[e] u-nu a? x x -?m]a?-tim Bi-[……] i-na [ o o o o o ]-al-ma a[l-……] i-"na# [……] x-[……] a-na x-[……] ú-ul na-[……] be-lí an-ni-tam la an-ni-tam li-i-pu-ra-am
Note : ce texte ne m'est connu que par une copie cunéiforme au crayon de M. Birot intitulée « 72-67 » ce que j'ai interprété comme la tablette 67, trouvée en 1972. Le revers semble avoir été très abîmé. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Les dieux du pays du Subartum 6 qui 8 me sont venus 6 pour le serment par le dieu, 7à l'adresse de mon seigneur, 9 le jour où 11 j'envoie 9 cette tablette de moi 10 chez mon seigneur, ces dieux… 5
12-19
(Texte non conservé, ou incertain.)
Les textes de Sumu-hadû 20
363
Mon seigneur 22doit me faire savoir 20-21ce qu'il en est.
Même si le nom de l'expéditeur de [A.2224] n'est pas bien conservé, outre le fait que la lettre appartient au début du règne puisque l’on y parle de Sumu-hadû (cf. l. 19), la mention de Qaunân (l. 5) permet de retrouver assez sûrement dans les traces de la l. 2 mention de Zakira-hammum, le second gouverneur de ce district à l'amont de Saggâratum. Une information sur le culte est donnée par le fait que le retour de tous les Nomades devait permettre au roi d'accomplir le rituel hiyârum (l. 5-6). En outre, les mer‘ûm mâr sim'al (A ma) et mâr yamîna (Nikrum) envisageaient d'accomplir ensemble une razzia contre la Kullatum, terme de sens incertain264 mais qui devait comprendre ce qui appartenait à Atamrel (cf. l. 14). Ce dernier, un mâr yamîna uprapéen265 pro-Mari, avait pu servir d’intermédiaire entre la monarchie mâr sim’al et le Mutêbal, une branche des mâr yamîna. Rien dans notre documentation cependant ne permet de savoir ce qui s'est réellement passé. On voit s'opposer deux logiques : celle des Bédouins qui visaient au profit immédiat et celle des responsables d'un ordre étatique pour qui le droit était une donnée impérative. L'argumentation du gouverneur reste au niveau de la morale, le seul que le sens de l'honneur peut faire comprendre aux Bédouins. La fin du document (l. 18-26) pourrait avoir affaire avec l’affermissement de l’autorité de Mari sur Qaunân. 164 [A.2224] Zakira-hammu au roi. Retour des Nomades à Qaunân. Projet de razzia contre des ovins interdit à cause d’Atamrel. Envoi au roi de quelqu'un à récompenser. a-na be-[lí-ia qí-bí-ma] um-ma "za#-"ki#-"ra#-h[a-mu ìr-ka-a-ma] be-lí li-ih-du ha-n[ame-e a na-we-i-i]m 4 ù a a-la-né-e a-na l[i-ib-bi qa]-ú-na-anki it-tu-[ru] be-lí ha-ya°(WA)-ra-am 6 li-pu- ú a-ni-tam ni-ik-ru-um 8 "ù# a-ma-a a-na ma-a-ah Tr. udu-"àg#266 Kúl-"la#267-ti° 10 iz-z[i-z]u-ma qa-ba a-na ma-a-hi-im Rev. 12 ú-ul a[d-d]i-in-u-nu-t[i] um-ma-mi [a]m-mi-nim 14 é-it a-t[am]-ri-[A]N a sa-li-ma-am(AN)268 bi-ri-it "mu#--ba-al i-ku-un° 16 na-pí-i-tam "ú#-ki-na-an-né-i 2
264 Il est difficile de trouver ici un adjectif féminin qualifiant udu-àg, il s’agit donc d’un substantif en -at-um. Kullatum signifie « totalité » et pourrait en l’occurrence désigner les troupeaux non protégés par un accord. Mais un terme qullatum désignant le petit bétail (sur QLL) n’est pas à exclure. Une lecture ù "la#-ti (qui serait envisageable car la photographie n’est pas nette pour ce passage) m’a néanmoins paru exclue dans la mesure où on devrait avoir gu-há dans un texte de Mari. Les formes liâtum, lâtum pour le pluriel de littum « vache » ne sont pas encore documentées à Mari et, apparemment, rares à toutes époques. 265
Cf. sa documentation dans ARMT XXXIV.
266
Le signe est bien ID, non HI.A, comme le montrent les trois perpendiculaires qui le terminent.
267
Le signe est bien "LA#, non MA comme le montre la comparaison avec les MA des l. 10 et 11.
268
Pour cette valeur am, cf. A.3585: 3.
364
18 20 Tr. 22 24 C. 26
Jean-Marie DURAND ta-ma-a-ha ú-ul {X} ki-nu ù { I NA} be-lí i-na gu-ru-dIM igi su-mu-ha-du-ú ki-a-am iq-bé-em um-ma-mi ba-lu hi-is ku-nu-ki-ka ù up-[pí-ka] qí-i-tam! ú-ul [a-na-di-in] i-na- a-nu-um-[ma NP (?)269] "a-hi# a-na [e-er be-lí-ia] a[-]ar-da-am be-lí qí-i-[tam] a-um hi-sà-at u-mì li-di-in-um 1
Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Zakira-hammu, ton serviteur. Que mon seigneur se réjouisse : les Bédouins du troupeau 4 et (ceux) des différentes villes 5 sont revenus 4 à l'intérieur de Qaunân 5 pour que mon seigneur 6 fasse 5 le hayyarum. 7 Autre chose : Nikrum 8 et A maa) 10 s'apprêtaient 8 à piller 9 les moutons à toison de la Kullatum, 10 mais je ne leur 11 en 12ai pas donné 11 permission, 13 disant : « 17 Pourquoi razzier 14 la propriété d’Atamrel qui 15 a instauré 14 le pacte de non-agression 15 (qui résulte d’un traité) avec le Mutêbal ? 16 Il nous a assuré l’existence. 17 Ce n’est pas correctb) ! » 18 Par ailleurs, mon seigneur, à Gûru-Addu, devant Sûmû-hadûc), m'avait dit ceci : « Sans libellé de ton sceau et d'une tablette de toi, je ne ferai pas de présentd). » Maintenant! voilà que j’expédie NP, mon frère, chez mon seigneur. 26 Que mon seigneur lui fasse 25un cadeau 26 en présent de reconnaissancee). 2
a) Pour ces deux personnages, cf. ARMT XXXIV. Nikrum était un mer‘ûm mâr yamîna. b) Pour ce sens, cf. ARM X 156 (= LAPO 18 1134) : 25 : ki-na-at an-ni-tum = « voilà qui est juste ! » au sens de « c’est vrai ! /oui ! ». c) Sumu-hadû est bien mentionné à Guru-Addu dans ARMT XXVI 169: 16' (présages contre Zimrî-Lîm, cf. ARMT XXXIV) mais cela ne permet pas de dater le présent document. d) Même propos p. 275, ad [A.840]: 25. e) Voir en dernier lieu, A.-I. Langlois, Les Archives de la princesse Iltani, Archibab 2 = Mémoires de NABU 18, 2017, p. 116, ad 10).
6.11.2 Après la victoire [A.2948] émane de Sammêtar, désormais à la direction des affaires : il a quitté Terqa puisque Kibrî-Dagan semble y être (l. 8) pour remplacer Asqûdum, mais Sumu-hadû (cf. l. 7) est toujours à un poste administratif important (l. 7 : il est informé, mais ne reçoit pas d’instructions précises). C’est néanmoins Sammêtar qui se charge d’aller inspecter l’état de Samânum. 165 [A.2978] Sammêtar au roi. Annonce qu'il va aller occuper Samânum et en constater l'état.
2 4 6
[a-na be]-lí-ia [qí]bíma [um-ma] sa-am-me-e-tar [ìr]ka-a- ma [a-u]m e-em sa-ma-nimki a be-lí i-pu-ra-am a-na e-er su-mu-ha-di-i-im 269
Après le -um, il est nécessaire soit de supposer un vaste espace blanc et la position d'un -ma final en bout de ligne, soit un NP notant le bénéficiaire. Les signes a-hi au début de la l. 24 n'apparaissent que faiblement, mais ne suffisent pas pour faire un NP.
Les textes de Sumu-hadû 8 10 Tr. 12
365
a-pu-ur ù a-na ki-ib-ri-dda-gan dan-na-tim a-ku-un "ù# a-na-ku it-ti a-bi-im e-li-i a-la-ak a-ba-am a-ra-am (Ligne blanche.)
Rev. 14 16 18
lu-ú-a-a-bi-tám(DAM)-ma ù a-na-ku a-na e-er be-lí-ia a-ka-a-[d]am-ma e-em sa-ma-nimki a-na be-lí-ia lu-ud-bu-IB270-ma e-mu-um u-ú li-ne-pí-i (Reste anépigraphe.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Au sujet de Samânum, 6 objet de la lettre de mon seigneur, 8 j’ai envoyé un message 7 chez Sumu-hadû. 8 En outre 9 j’ai donné des ordres explicites 8 à Kibrî-Dagan. 10 Quant à moi,11 je vais aller en amont 10 avec des gens 13 pour faire occuper 12 le lieu par eux et, 14 personnellement 15 j'arriverai 14 chez mon seigneur 17 pour lui dire 16 ce qu'il en est de Samânum et 18 que cela soit fait. 5
D'après [A.313], Mi lân est sur le point de tomber comme les autres villes mâr yamîna271 et l'on s'attend à un gros butin. Dans sa lettre Sumu-hadû attire l'attention du roi sur le fait que des particuliers raflent le grain des Mâr yamîna, sans doute pour faire de la spéculation, alors que c'est la famine à Mari. Aucun nom de ces accapareurs n'est donné, mais le roi pouvait comprendre à mi-mot de qui il s'agissait (l. 23). Pour le pillage des ressources des Mâr yamîna, tout particulièrement de Mi lân, les dossiers d’Itûr-Asdu et d'Asqûdum nous édifient d'ailleurs tout à fait. Asqûdum était en train de mettre la main sur les richesses mâr yamîna et la paix ne devait se faire, d'ailleurs, qu'en lui faisant (au moins en partie) rendre gorge272. Pour Sumu-hadû, le grain qui se trouvait dans les silos mâr yamîna était plus précieux que l’or ou l’argent (l. 7). Cela est en accord avec ce que nous savons des problèmes d’approvisionnement au royaume de Mari du début du règne : non seulement la capitale mais les deux grandes villes d'amont, Saggâratum et la Forteresse de Yahdun-Lîm n'avaient plus de réserves. Samânum, une des principales villes mâr yamîna, est un exemple du pillage opéré par les vainqueurs : selon Sumu-hadû, il n'y restait plus (l. 18) que 200 kor de grain alors que le territoire comportait plusieurs unités de production (ikkarum). L'expression « on va faire sortir cette ville de la main du roi » signifie que le roi n'en aura pas la jouissance espérée. La situation est dans une telle urgence qu'il serait bon de nommer un responsable particulier pour savoir ce qu'il en est du butin (l. 19). Un contre-exemple est donné par ce qui se passait lorsque c’étaient des Babyloniens qui mesuraient l’approvisionnement. Ils étaient capables de se rassasier sans prendre 1 litre aux Mâr yamîna vaincus ((l. 27-28 ; cf. à l'opposé, la l. 8). Ces troupes disciplinées ne pratiquaient pas le pillage. La légitimation de la main mise mariote sur les réserves mâr yamîna était donc sans doute qu'il fallait nourrir les troupes royales. Pour que l'abondance revienne dans Mari il faudrait selon Sumu-hadû 10 000 à 20 000 kor de grain, alors que ce n’est qu'un cinquième, voire un dixième, de cette quantité qui a été pris en butin jusqu'ici. Pour déduire de cette indication l'importance de la population du Palais (l. 30) il faudrait cependant connaître au moins le temps pendant lequel cette quantité suffirait. 270 Sans doute une faute d'orthographe avec IB pour UB, plutôt qu'une valeur ubx. Néanmoins la notation entre dans un système où IZ etc. est couramment employé pour UZ etc. et où l’on trouve RU pour RI. 271 La prise de Mi lân et de Samânum a fait l'objet d'un libellé commun : anat Zimrî-Lîm dûr Milanki u Samânimki iqquru (5 attestations). La note de D. Charpin, NABU 2000/57 a proposé que le fait date du début de ZL 1' = ZL 2, ce qui est bien trop tôt. D'après ce texte, Samânum a été déjà prise. Il s'agit en fait ici de la seconde révolte. 272
ARMT XXVI 74.
366
Jean-Marie DURAND
Des troupes de Babylone sont là et Samânum est sous contrôle : il s'agit donc de la seconde capitulation de Mi lân, concomitante de la défaite de Yaggih-Addu à Manûhatân. 166 [A.313] Sumu-hadû au roi. Mi lân va bientôt tomber. Il faut y prendre le grain plutôt que l'or et l'argent car c'est la disette dans les provinces d'amont. Jusqu'à présent, on a fait surtout des prisonniers en hommes, plutôt qu'on n'a fait attention au grain. Il y a eu des malversations et le roi sait bien de qui c'est la faute. Il faut prendre des mesures. Exemple des Babyloniens. Samânum a déjà été pillée. Il faudrait de 10 000 à 20 000 kor pour que Mari retrouve sa prospérité.
2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26 Tr. 28 30 C. 32
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma i-na pa-ni-tim-ma a-um e-im i-na mi-i-la-anki a-ba-"tim# a-na273 be-lí-ia a-pu-ra-am AN-lum tap-pu-"ut# be-lí-ia li-li-ik-ma mi-i-la-anki li-i-ba-at e-li kù-babar e-[l]i kù-gi be-lí a-na e-im dan-na-tim li-i-ku-un-ma 1 qa e-em ma-am-ma-an la i-le-qé ú-ul é-kál bàdki ia-ah-du-li-im ú-ul é-kál "sa-ga-ra#-timki
e-em i-u ù i-na a-"la-ni# dumu-me-e ia-mi-na a be-l[í] i-ba-t[u] 2 me-[at a-gàr e-em] "ú-ul# "e#-[é]l-qí ù 1 li-im ìr-"munus-sag# il-qú-ú a[l-l]a-kam-ma le-qé-em ù um-u ma-ha-ar be-l[í-ia] [a-]a-ka-an i-na-an-na u-ma-am an-"né-em# 20 a-gàr e-em a-na gi -apin-há a-i-em-ma i-na sa-ma-nimki /ú-pa-"ha-ru#274 be-lí 1 lú a-he-em-ma li-i-ru-dam-ma
e-em a-a-tu li-i-ba-tu ù be-lí wa-ar-ka-tam li-ip-ru-ús e-em a-a-tu a-na ma-an-nim ú-pa-ah-ha-ru be-lí lu i-di sa-ma-nàm (NUM) i-na qa-at be-lí-ia ú-e-ú-ú i-na-an-na la qa-[t]am-ma a pa-na-nu-um i-te-pé-u [ù an-na]-nu-um lú-ká-dingir-raki a í-di-tam i-ma-da-du ul-li-i 1 qa e-em i-na ìr-me-e -u la le-qé [i]-bu-ú a 1 li-im ù 2 li- a-gàr [a]-na "é#-kál-"lim a#-ba-tim be-lí li-pu-ú ù ma-ah-re-em-ma i-na gi -má-há a-na ma-riki "he-gál-lum# li-ru- [ub]
Bibliographie : ARMT XXVI /1, p. 339, n. 21. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû.
273
Le trait de ligne semble repartir à nouveau après le A, donnant au NA une apparence de A.
274
Cette notation en indenté, le Ú commençant sous le SA de la l. 18.
Les textes de Sumu-hadû
367
3
Naguère, 4 j’ai envoyé un message(r) à mon seigneur 3 pour 4 prendre 3 le grain à Mi lân. 5 Puisse la divinité seconder mon seigneur et 6 puisse-t-il prendre Mi lân ! 7 Mon seigneur 8 doit donner des ordres impératifs 7 pour le grain, plus que (pour) l’argent et l’or, 9 afin que nul ne prenne 8 (fût-ce) 1 litre de grain ! 10 Ni le Palais de la Forteresse de Yahdun-Lîm, 11 ni celui de Saggâratum 12 n’ont de grain. Or, dans les villes 13 des Mâr yamîna que mon seigneur a prises, 14 je n’ai pu prendre 2 000 kor (= 240 000 litres) de grain 15 alors que l’on a pris 1 000 esclaves, mâles et femmesa). 16 Je ferai le déplacement et le nom de quiconque (en) prend(rait)b) 14 je l’exposerai 16 devant mon seigneur. 17 En fait, aujourd’hui, 18 on va réunir quelquec) 200 kor (= 24 000 litres) de grain pour les charrues de Samânum. 19Il faut que mon seigneur envoie quelqu'un d'étranger (à la situation)d) pour que l’on prenne ce grain. 20 En outre, mon seigneur 21 doit faire une enquête : pour qui réunit-on ce grain ? 23 Mon seigneur est informé. 24 On va faire perdree) 23 Samânum à mon seigneur. 25 En fait, on agit en tout point différemment d'avant. 26 Or, là-bas, le(s) Babylonien(s)f) qui mesure(nt) l’approvisionnement 28 sont rassasiés sans avoir à prendre 27 à cet endroit 1 litre de grain sur sesg) serviteurs. 31 Mon seigneur doit faire 29 en sorte de 30 prendre 29 10 000 (= 1.200.000 litres) à 20 000 (2 400 000 litres) kor (de grain) 30 pour le Palais 31 afin que, d’urgence, 32 avec les bateaux, l’abondanceh) 33 (r)entre rapidement 32 à Mari. a) Pour l'entrée du personnel captif à Mari, au début de ZL 2', cf. P. Villard, ARMT XXIII, p. 484. b) L'expression lêqûm u um-u remplace le courant awîlum u um-u pour désigner les listes nominales. Ici, il s'agit de dénonciation en règle des pillards. c) a-i-em-ma est manifestement un singulier qui porte donc sur e-em, non sur gi -apin-há. La traduction en français serait « c'est au maximum 200 kor de grain… ». d) Pour ce sens de ahûm, « outsider », cf. CAD A/1, p.210-211. Cet individu ne devrait être ni un Mâr yamîna, ni un Mariote intéressé dans le butin. e) En lisant ueû. L'expression « sortir de la main de » est courante pour indiquer qu'un territoire échappe au contrôle. f) Le pluriel du verbe ibû montre que lú-ká-dingir-raki est un collectif, non un individu (le général). g) Le -u doit renvoyer au roi de Mari. h) Hegallum est connu à Mari mais comme une désignation de vase. Ce terme littéraire, emprunté au sumérien, n'est pas courant. En outre, la valeur GÁL de IG en akkadien n'est enregistrée par W. von Soden dans AnOr 42 (p. 11) qu'à partir de l'époque moyenne. L'écriture devrait être hé-gál ; he-gál-lum est ,une écriture savante mixte.
Le texte [M.9054] dont il reste fort peu devait relater la capitulation de clans mâr yamîna, sans doute dans la région de Na er, d'après la mention de l'eqel Atamrim, l. 1'. Il reste trop peu pour pouvoir reconstituer l'histoire mais les gens semblent avoir peur de devenir des errants. Le terme halâqum est susceptible d'avoir le sens d'être perdu ou d'être détruit. L'expression des inconnus est parallèle à DBP s.v. (A.2813: 20) ayî ana halâqim tallakâ = « Où irez-vous pour fuir …? » 167 [M.9054] Sumu-hadû au roi. Message du roi. Envoi d'un message(r) (?) (…) Capitulation de Mâr yamîna que l'on empêche de quitter leur ville.
2 4
a-na be-lí-ia qí- bí[ma] um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-[ma] [up-pa]-am "a# be-lí ú-a-bi-lam e-me [… ú-p]a-[h]i-ra-am-ma dumu x-[…] (Grande lacune.)
Rev. 2'
[i]-tu a- à a-"tam#-ri-i[mki ……] "ù# [k]a-lu-u-nu a-na sú-up-pí-im qa-tam "i#-"ta#-[ak-nu] [u]m-ma u-nu-ma a-i-i ni-it-ti-iq
368
Tr. 4' 6' C. 8' 10'
Jean-Marie DURAND a-na ha-la-qí-i-im ni-il-la-ak mi-im-ma ap-pí 1 lú ú-ul i-ti-iq "ù# la-ma be-lí-ma i-a-ap-pa-ra-am [i]-tu e-em ni-ku-ur-tim e-mu-ú i-t[u?/-t[e? …………………] ma-[a-r………………………] x x […………………………] 1' 3
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a envoyée. 4 J’ai réuni … et les…
(Grande lacune.) 1'
… depuis le terroir d'Atamruma). 2'Alors, les … et eux tous, en sont venus à supplier, 3' disant : « Où irons-nous ? 4' Allons-nous devenir des fugitifs ? » 5' Pas un homme n'est passé à mon nezb). 6' Car, avant même que mon seigneur ne m'envoie un message(r), 7' lorsque j'eus appris la nouvelle des hostilités, … a) Le terroir d'Atamrum se trouvait dans le district de Na er selon ARMT 23 591. b) Ce terme ab-bi/ap-pí m’est opaque. Le terme appum outre le sens courant de « nez » désigne en toponymie le cap (dans le « Cap de Dagan ») aux alentours de Tuttul (cf. J.-M. Durand, FM 8, 2005, p. 7, 69 : p. 7), et est sans doute à l'origine du toponyme Appân, proche de Mari. Ce sens est peu probable ici. Le mot pourrait-il être en rapport avec le abbu, enregistré par CAD A/1, p. 47b et traduit par « washout caused by a river » (et par « swamp (?) » dans CDA, p. 2a) ? Il n'est pas impossible cependant que appam etêqum (lire l. 5' appî « mon nez ») représente ici une façon de dire idiomatique. L'expression française complète serait « à mon nez et à ma barbe ». Il y a des idiotismes sur appum (quoique, sans doute, avec des sens différents) à époque néo-assyrienne, comme dans ana appi ûûm (cf. CAD A/2, p. 187a).
La lettre [M.9245] date des derniers moments de la rébellion. Le texte n'est compréhensible qu'à son revers et aucun lien ne peut être établi entre Face et Revers. Par « ville forte » des Mâr yamîna (l. 4'), il doit s'agir de Mi lân convoitée par Asqûdum. Sumu-hadû voudrait en finir définitivement avec elle et la détruire totalement pour que les Mâr yamîna n'aient plus désormais de lieu où se rassembler (l. 10'). Le texte devrait être postérieur à la seconde révolte. 168 [M.9245] Sumu-hadû au roi. Message du roi concernant Ibâlpêl (…) Il faut détruire complètement la ville forte des Mâr yamîna pour leur ôter tout moyen de s'y réfugier. (…)
2 4 6
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma [u]p-pa-am a be-lí ú-a-bi-lam e-me [um-ma be-lí-ma o o o] i-ba-al-pí-el° [………ki-a-am i-p]u-ra-am [um-ma u-ma ………] (Grande lacune non appréciable.)
Tr.
(Disparue.)
Rev.
(Grande lacune.)
2'
[………………a-d]i i-di lu-qú-ur " à#?-bi é-[kál-li-u ìr]-sú be-lí la i-a-ka-an-u
Les textes de Sumu-hadû
4' Tr.6' 8' C. 10'
369
a-lumki u-ú [ka-li-i] in-na-qa-ar?275 i-tu dan-na-tu°-u-nu in-na-qa-ra-"am# ù a-"ar# u-te-mu-"di#-im la i-ba-a-i-u-nu-i-im mi-na-am i-ip-pé-u ma-ti-ma a-na a-wa-at dumu ia-mi-na a be-lí i-e-mu-ú i-ir be-lí-ia la i-na-zi-qú ù a-um x-[……………………] []um-ma u [……………………] I ta-r[i-im-………………] 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. J'ai pris connaissance de la tablette que mon seigneur m'a fait porter, 4 disant : «… Ibâlpêl 5 m'a fait savoir… 3
(Grande lacune non appréciable.)
… 1' afin que je détruise la cité jusqu'aux fondations. 2' Mon seigneur ne doit pas installer un serviteur à lui dans son palais. 3' Cette ville sera détruite complètement. 4' Lorsque leur forteresse sera détruite, 5' alors il n'y aura plus pour eux d'endroit où se rassembler. 6' Que pourront-ils faire ? 8' Il ne faut plus 7' jamais que 8' mon seigneur s'irrite 7' pour une affaire de Mâr yamîna 8' dont il aura connaissance ! 9' En outre, au sujet de…, 10' si …, Tarîm-… Le texte [M.7213] fixe un dispositif militaire concernant le roi de Mari et les Mâr yamîna, mais il semble plutôt parler d’un projet de parade que d'un combat276. Le roi se présente sur un nubalum, au milieu de son armée. Le conseil donné par ce document est à mettre en parallèle avec celui que donnait Bahdî-Lîm dans ARM VI 76 après la victoire sur Mi lân et Yaggih-Addu. Le texte traiterait ainsi des cérémonies au cours desquelles les Mâr yamîna se sont soumis. 169 [M.7213] Sumu-hadû au roi. Ordre de parade de l'armée et du roi face aux Mâr yamîna.
2 4 6
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma sú-mu-ha-du-ú ìrka-a-ama be-lí mu-u-te-er-tam [a-n]a p[a-an] "dumu#-me-e ia-mi-na (3 l. +? 2 l. = 1 l.)
2’ 4’ 6’
i-na ma-ah-ra-tim ù wa-ar-k[a-tim] i-na i-mi-tim ù u-mé-lim ki-i-re-et a-bi-im lu ku-un-na-ma i-na qa-ab-li-it a-bi-im i-na gi nu-ba-lim à-bi-i be-lí li-il-li-ik
275 276
Le signe a l'air d'être sur une érasure.
Il pourrait néanmoins s'agir d'un combat si le texte se trouve faire allusion à des événements comme ceux que rapporte la reine Atrakatum, dans ARM X 91+A.1975, l. 41 sqq. (cf. ARMT XXXIV) et non aux conseils donnés par Bahdî-Lîm.
370
Jean-Marie DURAND 1 5
Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Sumu-hadû, ton serviteur. Demain matin, mon seigneur 7 doit s’avancer 6 au devant des Mâr yamîna.
(Lacune de 6 l.) 3'
4'
Les bataillons de l’armée 4' doivent être disposés 1' à l’avant et à l’arrière, 2' à droite et à gauche et, au milieu de l’armée, 7' mon seigneur doit aller, bellement, 6' sur un nubâlum. 5'
Ce texte peut être rapproché de ARM VI 76 édité par J.-R. Kupper et qui a toujours présenté des difficultés d'interprétation suite à sa mauvaise conservation pour le passage le plus important, alors qu'il était sans doute le document majeur pour comprendre l'aspect double de la monarchie amorrite, à la fois sur des Bédouins et des citadins. Situer ARM VI 76 dans cette perspective permet d'y faire quelques progrès. Il illustre deux façons diverses de paraître en public, à cheval ou sur un nubalum. La notion de cheval fait référence aux chevaux blancs de Qana que Zimrî-Lîm avait trouvés au palais royal de Mari après la prise de la ville ou à ceux qu'on devait atteler à son char pour son couronnement277. Ils étaient l'apanage d'un monarque de premier rang, de la même façon qu'un nubalum était un honneur auquel tous les rois ne pouvaient prétendre, à la différence des représentants kîma pagrim des grands monarques, pour reprendre les termes du roi d'Alep278. Or, ces deux façons, « monter à cheval » (RKB) ou « se faire porter » (WBL), devaient renvoyer en fait à deux conceptions différentes de la primauté. L'intérêt de ARM VI 76 est d'en montrer la différentiation ethnique, car les l. 21-22 établissent clairement un lien entre la coutume d'Akkad et le nubalum. En revanche, suite à la nouvelle et excellente proposition de N. Ziegler concernant la l. 15 de ce texte, il apparaît désormais que le document fait référence à la victoire sur le dernier chef mâr yamîna rebelle, à savoir Yaggih-Addu, d'origine bédouine. Cela étant, à Mari, « akkadien » signifie « e nunnéen », et non « babylonien ». D'ailleurs, l'idéogramme sumérien URI qui désigne le pays d'Akkad correspond en sémitique à Werûm qui est le nom du pays d'E nunna. Il faut donc supposer que se faire véhiculer par des a emmêni sur une sorte de gestatoria sella279, était la conduite royale propre à E nunna alors que les chevaux représentaient une coutume occidentale, plus proche des habitudes des nomades. À l'époque amorrite que documente Mari, la position assise et l'octroi d'un siège étaient signes honorifiques. Se présenter en position assise devant un groupe humain revenait ainsi à affirmer sa puissance. Les conseils de Bahdî-Lîm dans ARM VI 76 doivent se terminer l. 27, ou à la rigueur, l. 29. Son discours reprend sur le thème que le roi doit venir à Mari, même si l'on s'attend à ce que l'armée aille ailleurs. Il était important pour Zimrî-Lîm de s'imposer aux nomades, ce qui lui permettait de se proclamer sur son sceau « roi des Bédouins », et non simplement des Mâr sim'al, comme son « père » YahdunLîm, mais le conseil que lui donne Bahdî-Lîm est de ne pas négliger pour cela Mari et sa population de citadins. ARM VI 76 peut faire allusion à un triomphe (non déterminé) où le roi ne devait pas se présenter à cheval, donc à l'occidentale, mais en nubalum, selon les traditions sédentaires. Que la population citadine des Bords-de-l'Euphrate ait de la défiance envers les bandes nomades n'est pas pour étonner : que sa tradition soit qualifiée d'e nunéenne est plus inattendu. On sait cependant qu'à l'époque de Yahdun-Lîm, les possessions d'E nunna allaient jusqu'à Buzurrân (FM [1], p. 29 sq.) ; le système d'écriture mariote adopté par Yahdun-Lîm était celui d'E nunna ; plusieurs indices existent que Yahdun-Lîm était politiquement inféodé à E nunna. L'influence de la grande ville de la Diyala sur Mari est donc un fait de constatation.
ARM VI 76 n'est pas de la fin de la rébellion car Bahdî-Lîm rappelle des souvenirs, peut-être anciens, au roi, à un moment (indéterminé) où le monarque revenait à sa capitale après une victoire.
277
Cf. p. 277.
278
ARMT XXVI 21: 20'.
279
C'est l'appellation du trône portable du pape depuis le VIe siècle. Il s'agit là néanmoins d'un fait récent car il semble que le premier à en parler fut Enodius, un évêque de Pise au VIe siècle.
Les textes de Sumu-hadû
371
170 [ARM VI 76] Bahdî-Lîm au roi. Rappel d’une conversation après la rébellion des Mâr yamîna sur la façon de se présenter à ses sujets.
2 4 6 8 10 12 Tr.14 16 Rev. 18 20 22 24 26 28 Tr.30 32 C. 34 36
a-n[a] [be]-lí- ia qíbíma um-ma ba-ah-di-li-im ì[r]ka-a- ma [lu-ú] it-tum-ma a i-nu-ma [i-na me-e]h-re-et ku-ul-hi-timki [la-ma i-h]i-i a-am-i-im [be-lí ú-r]i*-id-ma ìs-se-en--ma [ú-a-al]-li-im [a-um ia-g]i-ih-dIM be-lí iq-bé-em [lu-ú i]t-tum i-nu-ma [i-na me-eh-re-et ap]-pa-anki [a-na be-lí-ia k]i-a-am aq-[b]i [um-ma a-na-ku]-ma [u-ma-am ma]-a-at "ia-ri-ihki# [a-na qa-ti-k]a n[a-ad-na-at] [ù ma]-a-tum i-i [ú-ba-a]t [ak-k]a-di-im-ma hu-l[u-pa]-at [be-lí q]a-qa-ad ar-ru-ti-[u l]i-ka-bi-it [um-ma] lugal ha-name-e at-ta [ù ]a-ni-i lugal ak-ka-di-im at-ta [be-lí] i-na an e-kur-ra-há la i-ra-ka-ab [i-na] gi nu-ba-lim ù an e-há ku-da-ni-ma [b]e-[lí] li-ir-ka-am-ma qa-qa-ad ar-ru-ti-u li-ka-bi-it an-né-tim a-na be-lí-ia ad-bu-ub! (BU) a-lum ma-riki é-kál-lu[m] ù ha-al-um ka-l[u]-u a-[lim] a-na na-a-ar a-lim ma-[riki] a-hu-um [ú-ul na-di] be-lí a-la-kam [li-pu-u-ma] ar-hi-i be-lí li-ik-[u-dam-ma] li-ib-bi ma-ti-u li-[ni-ih] a-bu-um a-ar a-l[a-ki-im li-li-ik ù be-lí] a-na ma-riki li-li-k[am li-ib-bi ma-ti-u li-ni-ih] [it]i a-bi-im u 21-[kam up-pí an-né-e-em ] [a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam]
Bibliographie : ARM VI 76 = LAPO 17, 1998, p. 484-488 (n°732) ; [trad.], N. Ziegler BBVO 24, 2014, p. 188 n. 63. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Bahdi-Lîm, ton serviteur. C'est un fait connu (de lui) que, lorsque 6 en atteignant Kulhîtum, 7 avant le lever du soleil, 8 mon seigneur allant vers l'aval et m'ayant appelé, 9 je (l)'escortais, 10 mon seigneur m'a parlé au sujet de Yaggih-Addua). 10 C'est (aussi) un fait connu (de lui), lorsque, 12 en atteignant Appân, 13 j'ai dit ceci à mon sei15 gneur : « Aujourd'hui, le pays de Yarih 16 est en ton pouvoir. 17 Or ce pays-ci 18 est revêtu de 17 l'habit « 18 akkadien ». 19 Mon seigneur doit honorer la capitale de sa royauté. 20 Si tu es le roi des Bédouins, 21 cependant, par ailleurs, tu es roi d'(un territoire) « akkadien ». 22 Mon seigneur ne doit pas chevaucher 5
372
Jean-Marie DURAND
sur des chevaux, 22 il doit monter un nubalum avec des mules 25 afin d'honorer 24 la capitale de sa royauté. » 25 Voilà ce que j'ai dit nettement à mon seigneur. 26 La ville de Mari, le Palais 27 et le district, tout entier, ça va. 29 On ne montre pas de négligence 28 concernant la garde de Mari. 30 Mon seigneur doit faire route, 31 arriver rapidement, et 32 apaiser le pays. 33 L'armée doit aller où elle doit aller mais mon seigneur 34 doit venir à Mari apaiser son pays. 35 C'est le 21 du mois (iv) 36 que je fais porter 35 cette tablette de moi chez mon seigneur. a) Le roi avait dû faire alors connaître au gouverneur de Mari venu à sa rencontre la victoire définitive sur Yaggih-Addu à Manûhatân et la fuite de ce dernier vers E nunna. L'idée que j'avais proposée dans LAPO d'une conversation entre le roi et Yaggih-Addu est donc à compléter.
Dans [M.6227] Sumu-hadû agit en supérieur du gouverneur de Saggarâtum. Comme le gouvernorat de Simhu-rabi (= Sumhu-rabi) est postérieur à celui de Habdû.ma-Dagan, ce texte peut dater d'après la (première) rébellion des Mâr yamîna. Le gouverneur de Saggâratum a reçu une mission (aujourd'hui indéterminée) concernant les terres des Mâr yamîna amnanéens et yahuréens qui se trouvaient à Sarrum (« Zarri ») yahurréenne. L’affaire pourrait dater du moment où les Mâr yamîna se sont vu fixer de nouvelles terres. Le texte est parallèle, comme me le signale, R. de Boer, à M.8174, lettre de Sumhu-rabi, où des terres sont données à Sarrum d’Amnân à des supplétifs. 171 [M.6227] Sumu-hadû au roi. Mission de « Simhu-rabi » concernant le terroir de Sarrum occupé par des Mâr yamîna (…). (Texte indécis).
2 4 6
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma a-um a- à am°280-na-an ù a- à ia-[hu-ri] [a] i-na sà-ar-ri ia-hu°-"ri# [ib-ba-u-ú] be-lí si-im-hu-ra-[bi a-na …] [i]-ru-ud […… (Manquent 1 l. + la Tr. si elle était inscrite.)
Rev.
x-[ bi-x [………] li-i-ru-d[a-a-u-nu-ti] a-ar e-pí-u-nu [a-ak-nu] di-in-u-nu[i-im] 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Mon seigneur 7 avait expédié 6 Simhu-rabi 4 au sujet du terrain des Amnanéens et des Yahurréens 5 qui se trouvent aux Meules des Yahurréensa) pour le … 6
(…)
«… qu’il les expédie… Décide pour eux l’endroit où ils poseront leurs piedsb) ». a) Les textes connaissaient une « Zarri » des Rabbéens et une « Zarri » des Amnanéens, dans le district de Saggâratum. C'était donc un endroit partagé entre plusieurs clans mâr yamîna.
280
D'ordinaire écrit par le signe WA = AM.
Les textes de Sumu-hadû
373
Le nom de la ville lu traditionnellement « Zarri » devrait être plutôt « Zarrum ». Comme tout toponyme, il n'est en effet attesté qu'au génitif (pour cette lecture, cf. d'ailleurs LAPO 18, p. 98). Comme il entre dans la série des « lieux-dits en miroir », il devait avoir un sens. Or sarrum désigne une meule de blé (cf. CAD S, p. 184a, stack). Le terme ne serait attesté qu'à partir de l'époque moyenne pour les dictionnaires. Je note cependant dans DBP, s.v. [kî]ma ka-a-dì(TI)-i-na, aar mazzazi-ina, bêlî liwa”er-ma tarbaâti-ina, ù sa°-ra-i-na, liddinû-inâ[i] = « Lorsqu'elles (les vâches) arriveront, mon seigneur doit décider de l'endroit où on les mettra afin qu'on leur donne leur enclos et leur fourrage. » [A.4681] mentionne en outre le rapport en grain d’un terroir à Mi lân et à Sarrum ainsi qu'à a Iûrâtim, tous champs situés a a-ha-ra-tim, donc sur la rive droite de l’alvéole de Mari. b) Texte indécis : peut-être à lire i-bi = îbî, « leurs témoins » ou « leurs Anciens ».
Dans [M.9397] Sumu-hadû est occupé à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il est chargé d'attribuer des terres importantes à des gens de Terqa qui mettaient en culture le « champ du Hubur ». Cela pourrait désigner un terroir de Mi lân, car son territoire était irrigué par le canal de Mari appelé aussi Hubur. Le texte pourrait dater du moment où leurs terres sont rendues aux Mâr yamîna. Ceux qui s'y étaient installés recevraient en dédommagement des exploitations dans la région d'amont du royaume, remise en culture. Ces habitants de Terqa recevraient ainsi des terres restées en friche quoiqu’elles aient été attribuées dès l’époque des premiers travaux d’irrigation car la date semble en remonter à YahdunLîm (l. 5). A.1289 iii 12 fait référence à eux (D. Charpin). La cassure de la tablette prive du suivi des opérations, mais le document est à ranger au nombre des efforts pour la remise en route de l’agriculture dans la région nord du royaume. Ensuite, il s'agit des festivités de Dêr pour lesquelles il faut envoyer des produits de la région de la Forteresse. Seul est attesté l'apport d'une cruche de vin, peut-être prise sur ce que l'on amenait depuis Imâr, car c'est au port de la Forteresse qu'arrivaient de tels produits. 172 [M.9397] Sumu-hadû au roi. (Ré)attribution de tenures de la Forteresse de Yahdun-Lîm à des gens de Terqa. (Lacune). Biens à faire porter pour le(s)… de Dêr ainsi qu'une cruche de vin pour le roi.
2 4 6 8 10 12
a-na be-lí-ia qí-bíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-ama a-um a- à° í-ib-"ta#-a[t é-ká]l-lim a be-lí i-pu-ra-a[m um-ma-mi a- à] "é#-kál-lim281 a i-tu ia-ah-du-[li-im na-du ]u-ri-a ù a- à ìr-dime-e la-b[i-ru-tim a a- à dda-ga]n? ù 1 li-im àm i-ri-[u le-qé-a ha-l]a-a ter-qaki a i-na a- à dhilib i-ri-u a-" à# "li#-[i-ba-at] a-pa-ra-am an-ni-a-am b[e-lí i-pu-ra-am] [i-na-an-na] ka-li-[u-nu ………… ]-lu-ni-ma x282 […………………………………]-ki?-sa [……………………………………]-x (F. = 7 l., Tr.? = l. 3)
Rev.
2' 4'
(L. = 3 l. ? )
[o o] "a?-na?# dIM i-na za-ba-l[im……………] [a-na dI]M a di-irki a-na za-ba-lim a-p[í-it [a-um] dug-ge tin-na a a-na e-er be-lí-ia u-[ú-i-im]283 [be-lí] i-pu-raam 281
La dernière partie du I n’apparaît que faiblement.
282
Le signe pourrait être un U[M, ce qui ferait restaurer ki-a-am i-pu]-lu-ni = « ils m’ont répondu », à la l. précédente, s’il faut comprendre u[m-ma u-nu-ma … 283
Pour cette restauration, cf. l. 6'.
374
6' 8'
Jean-Marie DURAND [wa-ar-ki up]-pí-ia an-ni-im a-na u 3-kam [dug-ge tin-na] ú-a-a-aam [a-ni-ta]m égal [ù dumu si-im]-a-al a-lim (Reste anépigraphe.) 1'
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Au sujet du terrain, tenures du Palais, 4 objet du message de mon seigneur, disant : « 5 Faites mettre en culture 4 les champs du Palais 5 qui sont en jachère depuis Yahdun-Lîm. 6 Donc, 7prenez 6 le terrain des serviteurs qui étaient là jadis, qui 8 avaient mis en culture 8 le champ de Dagan 7 et 1 000 (arpents). Le district de Terqa 8 qui a fait des cultures dans le champ du Hubur doit les prendre. » 9 Voilà le message que mon seigneur m'avait envoyé. 10 Maintenant, ils m'ont répondu eux tous, « … 3'
(13 l. à peu près manquent.) 1’
… en apportant à Addu… 2' j'ai décrété d'apporter 1’ … 2’ à Addu de Dêr. Mon seigneur m'avait envoyé un message(r) 3' au sujet d’une jarre de vin à lui faire livrer. 5' 2 jours après cette tablette de moi, 6' je ferai livrer la jarre de vin. 7' Autre chose : le Palais 8' et les Mâr sim'al, ça va. 4'
[A.4345] est une lettre qui a perdu son incipit mais, vu le niveau de décision dont elle fait état, elle devrait être attribuée à Sumu-hadû. Elle doit être également rapprochée de [A.2377], lettre d'ItûrAsdu qui expose une action de Sammêtar pour laquelle il est réclamé que Sammêtar acquitte les droits auxquels sont soumises certaines fonctions284. Elle fixe les redevances dues par les gouverneurs. en fonction des territoires qui leur étaient attribués. Comme le document concerne tout particulièrement Sammêtar, il ne peut émaner de lui, ni non plus d'Asqûdum puisque ce dernier fait l'objet des l. 21'-22'. Il y est apparemment question de la période post-rébellion puisque des fiefs mâr yamîna aussi importants que Samânum, l. 2' et Mi lân, l. 18' font l'objet d'attributions, la seule personne de l'administration centrale capable de donner de tels avis au roi ne peut être dès lors que Sumu-hadû (moins vraisemblablement Hâlî-hadun). Bannum disparaît avant la rébellion et ce remembrement des provinces administratives fait l'objet de décisions qui supposent un réaménagement du système politique mâr yamîna.
Après la rébellion, le royaume a donc été réorganisé. Il s'agit apparemment dans ce texte — quoique le terme n'y soit pas employé285 — de fixer la redevance-âpiûtum du gouverneur de Terqa, à l'aune de celle de Saggâratum : la âpiûtum était une redevance qui était acquittée par celui qui était nommé gouverneur. Elle était apparemment fixée pour une circonscription à 1 mine d'argent, 1 bœuf ainsi qu'à (sans précision de quantités) des moutons et des étoffes (faites vraisemblablement à partir de leur laine). En cas de doublement de la province, ce qui était déjà effectif pour Saggâratum, et sur le point de se produire pour Terqa, la redevance du gouverneur devait — de façon logique — être doublée. Sammêtar n'a pas encore accédé aux affaires centrales. Ce qui deviendra son poste est alors tenu par Sumu-hadû, peut-être conjointement avec Asqûdum. On voit ce dernier mettre de plus en plus la main sur les richesses mâr yamîna, tout particulièrement sur Mi lân. Le texte est donc important pour la compréhension du découpage administratif du royaume après la rébellion. Tout dépend en fait de la façon dont on interprète adi dans adi Samânim (l. 2') et adi dûr Yahdun-Lîm (l. 9'). S'agissait-il d'une limitation du district (« jusqu'à non-inclusif ») ou d'une extension de ce dernier (« jusqu'à inclusif ») ? La seconde hypothèse m'a paru en l'occurrence la meilleure. Or, il est question d'un gouvernorat qui comprenait déjà Saggâratum et Zibnatum (l. 8'), auquel s'ajoutait la région de la Forteresse. Cette dernière représentait ainsi une extension en amont du territoire du royaume. Le territoire de Saggâratum proprement dit comprenait donc la région du confluent du Habur et de 284
Cf. p. 558.
285
Il n'est encore question que d'un protocole-isiktum, cf. l. 23, mais aussi l. 7' et analogues.
Les textes de Sumu-hadû
375
l'Euphrate et, sur la rive opposée, Tell Mohassân où se trouvait vraisemblablement Zibnatum, entre la Forteresse et Samânum286. Cette « province du Nord » représentait en fait une marche qui s'appuyait sur deux forteresses importantes (Saggâratum et Zibnatum) et devait s'étendre à la troisième place forte de la frontière Nord, soit la Forteresse de Yahdun-Lîm. La province de Terqa était, en revanche, limitée au Nord par la région mâr yamîna de Samânum qui, au début du règne, devait jouir d'une sorte d'autonomie. Le royaume de Mari proprement dit devait donc être considéré à l'origine comme constitué par les deux provinces de Mari et de Terqa et la place forte de Saggâratum avec les territoires qui lui étaient adjoints. Selon ce texte, il était question d'augmenter le territoire alloué à Sammêtar d'un autre qui le doublerait, puisque si « tout » lui était donné, il devrait payer une redevance double (l. 6'). Cet accroissement était donc constitué en fait par l'annexion de l'ancien « royaume de Samânum ». Le texte [M.9397] est ainsi du moment où l'on envisageait d'inclure dans les grandes divisions territoriales du royaume les anciennes principautés mâr yamîna, donc, en fait, de les annexer287. La âpiûtum devait être payée en argent, en animaux et en laine travaillée (túg = ubâtum, coupons d'étoffes). Pour une région, la somme en argent était fixée à une mine, tout comme pour les bovins à une unité, alors que le nombre des ovins et des étoffes n'était pas précisé. La mine d'argent et le bœuf représentaient ce qui était dû en propre par le gouverneur à en juger par le possessif singulier -u qui détermine le bœuf. Ce dernier était sans doute l'igissûm livré au roi annuellement. En revanche les moutons et le produit qui en est dérivé, soit les étoffes, devaient représenter la plus-value des troupeaux du Palais qui se trouvaient dans le district et dont on ne pouvait prévoir le rendement. Le suffixe pluriel -unu qui les détermine se rapporte au district avec son extension, la région de Samânum pour Terqa étant l’équivalent de celle de la Forteresse de Yahdun-Lîm pour Saggâratum. Ce système ressemble à une autre institution mise en place ultérieurement, celle de la redevance-sugâgûtum. Il n'y a pas de preuve que la mine due par le âpium valait déjà soixante ovins (à 1 sicle l'un) et qu'un bœuf valait 10 sicles, comme pour la sugâgûtum, soit 10 ovins, mais cela est probable. Dans ce cas, la somme fixe pour une région serait de 70 sicles compte non tenu des ovins et des étoffes, mais s’il s’agit d’un bœuf engraissé pour la taxe-igissûm, il pouvait valoir 20 sicles, donc 20 moutons.
L'anecdote évoquée, l. 20', concernant Mi lân est étonnante : faut-il comprendre que le roi s'apprêtait à faire don de Mi lân à Asqûdum, et que ce dernier allait remplacer le roi mâr yamîna ? En tout cas, la redevance prévue pour Mi lân semble équivalente à celle d'un district du royaume et à ce qui était prévu pour Samânum, même s'il est difficile d'en déduire ce que le roi mâr yamîna versait au roi de Mari (dans le cas où il aurait versé un tribut). L'installation d'Asqûdum à Hi amta, que déplorait tant Bannum288, aurait ainsi reçu une extension considérable. L'ancien devin se serait créé un domaine à lui aux portes de la capitale. Le sens de BT est bien de « mettre la main sur » —à en juger par le contexte des l. 22'-23' où erêum est construit normalement avec un double accusatif— plutôt que « recevoir l'impôt ». La province donnée ainsi à Asqûdum serait un précurseur de celles qui ont été octroyées aux hauts fonctionnaires assyriens sur les conquêtes faites par leurs rois. Le moment de la lettre est indiqué par les l. 26' sq. Si les jours de la ûrubtum sont proches, c'est que l'on va célébrer la fête d'E tar. Il devrait donc s'agir de la troisième occurrence de la festivité. Le moment est sans doute, également, très proche de la mort de Sumu-hadû. 173 [A.4345] [Acéphale]. (…) Détermination de la zone d'administration et de la redevance de Sammêtar sur le modèle de celle de Saggâratum. Asqûdum à Mi lân. (…)
286
Pour une identification (assez probable) de Zibnatum avec Tell Mohasan, cf. en dernier lieu, J.-M. Durand, BBVO 20, 2009, p. 47-48. 287
Telle a bien dû être la solution retenue, si l'on tient compte des propos des nouveaux rois mâr yamîna. Ainsi (ARM II 61 = LAPO 17 763) Dâdî-hadun dit-il : « Toutes les différentes villes appartiennent à mon père et, nous-mêmes, sommes tes fils » et, de même, le prince mâr yamîna Yasmah-Addu concède-t-il (ARM II 55 = LAPO 17 705) : « OK, les bourgades, Terre et Ciel, appartiennent à mon seigneur seul. » La paix tribale retrouvée a donc vu la fin de l'autonomie des principautés mâr yamîna, leurs chefs coutumiers n'ayant plus, malgré leur titre de « rois », la même puissance (militaire ou économique) que leurs prédécesseurs qui traitaient d'égal à égal avec le roi de Mari. 288
Cf. [A.999]: 14, où Asqûdum est assisté par son « fils » Enlil-îpu qui y est nommé majordome.
376
Jean-Marie DURAND
(La moitié de la Face a disparu.) I
sa-am-me-tar i-t[u ter-qaki] 2' a-di sa-ma-nimki i-a-ap-pí-"i-ma# 1 ma-na kù-UD 1 gu udu-há-u ù túg-há-u 4' ú-e-ri-ib um-ma be-lí ha-al-a-am ka-la-[]u a-na sa-am-me-tar ú-ga-a[m-m]a-ar 6' 2 ma-na kù-UD 2 gu-u udu-há-u-nu ù túg-há-u-nu be-lí li-si-ik-um lú a-pí-ú 8' a ha-la-a sa-ga-r[a-timki ù zi-ib-n]a-timki a-di b[àd289 ia-ah-du-li-imki] 10' a-na "2# [ma-na kù-UD 2? gu udu-há-u-nu] "ù# [ túg-há-u-nu a-na e-si-ik-ti-u-nu] Tr. be-lí [i-si-ik-u-nu-i] i-na-[an-na qa-tam-ma be-lí] 14' li-sí-[ik-um ha-la-sú] Rev. 1 ma-na 1 gu udu-há-[u i-sí-ik-um] 16' ù qa-tam-ma ha-al-[a-am] e-le-em be-lí li-sí-i[k-um] 18' am-a-li a-um mi-i-la-anki 1 ma-na kù-UD 1 gu ù udu-há-u 20' a-na be-lí-ia aq-bi-ma be-lí u-ta-i um-ma-mi às-qú-du-um i-a-ab-ba-at 22' ú-ul às-qú-du-um [an]-nu-um-ma a-lam a-ti be-lí i-ri-[a-am] be-lí i(E)-si-ik-ta-u 24' 1 ma-na kù-UD 1 gu ù udu-há li-wa-di-u be-lí lú-me-e a-pí-ì li-sí-ik-[ma] 26' u-mu mu-túm iq-te-er-bu-ú ù […] (La moitié du Rev. a disparu.)
(La moitié de la Face a disparu.) … 1' Sammêtar
2'
va être gouverneur depuis Terqa 2' jusqu’à Samânum (comprise), mais 4' il (n')a (que) 1 mine d'argent, 1 bœuf, les moutons pour (le district) et les étoffes pour apporté en redevance (le district). 4' Si mon seigneur 5' donne complètement à Sammêtar 4' la région toute entière, 7' il doit lui fixer 6' 2 mines d'argent, 2 bœufs pour lui, les moutons pour (les districts)7' et les étoffes pour (les districts). Les gouverneursb) 8' du district de Saggâratum-Zibnatum, 9'jusqu'à la Forteresse de Yahdun-Lîm (comprise), 13' mon seigneur les a imposés 10' pour 2 mines d'argent, 2 bœufs, les moutons pour (les districts) 11'et les étoffes pour (les districts) comme leur isiktum. 13' À l'heure actuelle, mon seigneur 14' doit (la) lui imposer 13' de la même façon. 14' Sa région, 15' il (la) lui a imposée à 1 mine, 1 bœuf et les moutons (du district). 16'Alors, de la même façon la région 17' d'amont mon seigneur doit (la) lui imposer pour lui. 18' Hier, au sujet de Mi lân, « 19' 1 mine d'argent, 1 bœuf et les moutons (du district) c) », 20' ai-je dit à mon seigneur et mon seigneur l'a pris à la légèred), 21' disant : « Asqûdum va prendre (Mi lân) ». 22' N'est-ce pas Asqûdum-même 23' qui a demandé 22' cette ville 23' à mon seigneur ? Mon seigneur 24' doit lui faire connaître 23' son isiktum, 24' (soit) 1 mine d'argent, 1 bœuf et les moutons. a) 3'
289
Il n'y aurait que le début de BÀD de conservé, mais cette lecture me paraît préférable à q[ú-u-ú-na-anki] = Qaunân, qui serait également possible, car Qaunân existe comme centre administratif autonome, dès le le gouvernorat de Habdû.ma-Dagan.
Les textes de Sumu-hadû
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25'
Mon seigneur doit fixer les protocoles des gouverneurs. 26' Les jours de l'entrée (de la déesse)e) sont proches et… a) En mot à mot « il a fait entrer (au Palais) ». Il s'agit de la ûrubtum du gouverneur. b) La forme a-pí-ú sans mimation représente un pluriel, ce qui désignerait Habdû.ma-Dagan et sans doute Sumhu-rabi qui lui a succédé. c) Comme souvent qabûm est précédé par un discours direct, sans formule en umma… etc. d) Pour u-ta-i, cf. CAD /3, p. 399 s. v. uta'û, avec comme sens « to triffle, to treat something lightly ». L'emploi de ce verbe, courant dans les lettres paléobabyloniennes, n'était pas encore attesté dans les lettres de Mari. e) Pour ce sens de mu-túm = ûrubtum, cf. LAPO 16, p. 510 et 18, p. 127. Le terme désigne aussi bien la redevance qui est livrée que l'introduction de la déesse. En fait les deux événements devaient se passer au même moment, lors de la fête d'E tar.
[A.870] confirme l’attribution de [A.4345] à Sumu-hadû. Le document traite d’exigences financières de l'administrateur envers Sammêtar et son district pour une contribution financière à la politique royale (ûzubtum, l. 7 & 25). Manifestement l’impôt normal est indiqué par l’emploi de mahârum (l. 15). On voit que, selon cette lettre, Sammêtar ne payait encore qu'une mine d'argent et qu'il lui fallait taxer les « riches » de son district. Il semble y avoir eu une première taxation extraordinaire (l. 5-7) qui a fait l’objet d’une première ûzubtum, à laquelle s’ajoute une seconde (l. 8) qui ne devra être versée que si le roi en donne expressément l’ordre (l. 17). Ces contributions supplémentaires sont exprimées au moyen de -NDN, ce que CAD N/1, p. 56b rend par « to collect », mais qui devrait indiquer le fait qu’on est obligé de faire un versement non prévu. Ces demandes exceptionnelles vont affaiblir l’économie du district, ce qui est rendu par enêum. Ce terme n’a qu’en OB, d’après le CAD E, p. 167a, le sens d’« être faible économiquement ». L’exemple de Mari s’ajoute à celui des lois d’E nunna qui prévoit le cas où un individu devient si pauvre (îni) qu’il est obligé de vendre sa maison. La première taxation vise les riches (l. 6), mais la seconde le district en général (l. 10, halum, mais l. 12, awîlû). Dans les deux cas, le gouverneur doit contribuer, sans doute parce qu’il a à sa disposition, les ressources du Palais local. Les l. 19-23 semblent indiquer que cette super-taxation ne permet plus aux gens de faire leurs affaires. Les ikkarum290, les gens qui investissent dans les terres agricoles, n’accepteront jamais de payer jusqu’à 20 sicles d’argent pour 100 arpents qui ne rapportent que 20 kor de grain (l. 21), soit 2400 litres. Il faut donc comprendre que certaines terres de Terqa avaient un rendement très bas. La fin du document traite d’un tout autre sujet. Le terme de pairum est de compréhension mal aisée. Je lui ai laissé ici le sens vague de « qui est hors service », puisqu’il peut désigner aussi bien le « démobilisé » que le « permissionnaire ». Ces gens sont toujours disponibles (l. 39). Il s’agit de s’assurer par le gage de leurs familles qu’ils ne s’enfuiront pas. Les leurs sont donc introduits à l’ergastule. La lettre doit faire allusion à un événement précis dont nous ne sommes plus informés. 174 [A.870] Sammêtar au roi. Sumu-hadû a taxé exceptionnellement le gouverneur et les riches du district de deux mines d'argent, ce qui double les charges et rend difficile la perception de l’impôt. Il faut une lettre explicite du roi. Difficultés pour l'exploitation agricole. Envoi sous scellés de l'argent. Le groupe familial des libérables est entré à l'ergastule mais peut être envoyé chez le roi. [a-n]a be-lí-ia qí-b[í-ma] [u]m-ma sa-am-me-e-tar ìrka-a- {X}- ma "i#-na pa-ni-tim ki-a-am su-mu-ha-du° i-pu-ra-am 1 ma-na kù-babar ra-ma-ni-"ka# ù 1 ma-na kù-babar a-ru-ut ha-al-í-k[a]
2 4 6
290
parlé l. 4.
Ces gens qui ont établi un contrat d’ikkarûtum (a gi -apin raksû) doivent être les « riches » dont il est
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Jean-Marie DURAND
u-zu-ub-ti be-lí-ka u-bi-lam 8 i-na-an-na a-ni-i i-pu-[ra]-am 1 ma-na kù-babar ra-"ma-ni#-k[a] 10 ù 2 ma-na kù-babar ha-al-í-"ka# u-bi-lam la-a-ma up-pa-u an-né-[em] ú-a-bi-lam 12 1 ma-na kù-babar lú-me-e ú-a-ad-di-in i-na-an-"na# as-sú-ur-re a-"ni#-[i] 14 1 ma-na kù-babar ú-a-ad-da-an-ma ù "i#-[nu-ma kù-bab]ar? be-lí i-ma-ha-ru ha-al-ú-um 16 an-nu-um ma-di-i e-ni-i {[M]A HA "AR#} um-ma be-lí i-a-pa-ra-am a-né-em Tr. 18 1 ma-na kù-babar lu-a-ad-di-in-u-n[u-ti] a-ni-tam ma-an-num° a i-na ha-al-[í-ia] 20 gi -apin ra-ak-sú-ma ù 1 me-at [gán] ù 2 a-gàr e-em i-le-qú-ú-ma Rev. 22 ù 1/3 ma-na kù-babar i-na-di-nam an-ni-{IM}-tam-ma a [k]i-ma 20 a-gàr ù 30 a-gàr e-em i-le-qú-ú 24 lu-"qú#-ut ù a-nu-um-ma 1 ma-na kù-babar -ma-ni-ia u-zu-ub-ti be-lí-ia ù 1 ma-na kù-babar 26 [h]a-al-í-im ak-nu-ka-am-ma ù a-na be-lí-ia ú-a-bi-lam 28 ù um-ma be-lí a-na a-ni-im-ma [i-]a-ap-pa-ra-am be-lí li-i-pu-ra-am 30 ù a-né-em 1 ma-na kù-babar lu-a-ad-di-in a-ni-tam a-um lú-me-e pa-e-ri be-lí 32 i-pu-ra-am a lú-me-e [u-n]u-ti pa-e-ri a-bu-u-nu dumu-me-e -u-nu ù dam-a-ni° 34 [a-na n]e-pa-ri-im ú-e-ri-ib° [an-n]a-num° 2 lú-me-e mar-ú-tim 36 [lú-me] hi-[i]m-ma-ra-anki a a-na n[e]-p[a]-ri [ú-u]l ú-e-ri-ib° ul-li-i Tr. 38 [k]a-lu-u-nu a-na [ne-pa-ri-im] [i-r]u-bu um-ma be-[lí i-qa-ab-bi] 40 [l]ú-me-e u-nu-ti qa-d[u a-bi-u-nu] C. [dumu-me] dam-a-ni a-ah-hi-u-nu a-na e-er be-lí-ia 42 [ú-a-re]-e-u-nu-ti 1
Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Sammêtar, ton serviteur. Naguère, Sumu-hadû 5 m'avait écrit 4 ceci : «7 Fais-moi porter 5 la mine d'argent à toi 6 et une mine d'argent des gens riches de ton district, 7 (en) secours financiera) pour ton seigneur. » 8 Maintenant il m'a envoyé pour la seconde fois un message(r) : « 10 Fais-moi porter 9 la mine d'argent à toi 10 et deux mines de ton district. » 11 Avant qu'il ne me fasse porter cette lettre de lui, 12 j'avais fait contribuer pour une mine les gens. 13 Maintenant, il ne faudrait pas que je fasse contribuer pour 13 une seconde 14mine d'argent, car, lorsque mon 15 seigneur percevra 14 l'argent, 16 ce 15 district 16 se trouvera très appauvri. 17 Si (néanmoins) mon seigneur me le fait savoir, 18 je ne manquerai pas de les faire contribuer pour 17 une seconde 18 mine d'argent. 19 Autre chose, quel (est l’individu) qui, dans mon district, 20 ayant agencé une structure agricole, 21 20 prendra 100 arpents 21 et 20 kor de grain 22 et contribuera pour 20 sicles d'argent ? C’est ce que 24 se trouve réu nir 23 quiconque prend 200, voire 300 kor de grain ! 24 Voilà donc que 26 je mets sous scellés 24 la mine d'argent 25 à moi, en secours financier pour mon seigneur, et 1 mine d'argent 26 (sur les gens) du district et 27 que je (les) fais porter à mon seigneur. 4
Les textes de Sumu-hadû
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28
Mais, si (mon seigneur) 29m’envoie un message(r) 28 pour une seconde (contribution), 29 que mon seigneur m’envoie un message(r), 30 alors je ferai contribuer une seconde mine d'argent. 31 Autre chose : mon seigneur 32 m'a envoyé un message(r) 31 au sujet de ceux qui sont hors 32 service. De ces individus hors service, 33 leurs gens, leurs fils, leurs épouses, 34 j’ai fait entrer à l'ergastule. 35 Voilà qu'il y a deux malades, 36 gens de Himmarân, que 37 je n'ai pas fait entrer 36 à l'ergastule. 37 Autrement, 38 tous 39 sont entrés 38 à l'ergastule. 39 Si mon seigneur le dit, ces individus, avec leurs gens, 41 leurs enfants, leurs épouses, leurs « frères », 42 je les ferai conduire 41 chez mon seigneur. a) Le terme ûzubtum est énuméré dans le lexique Erimhu II 150 (cf. CAD /3, p. 419b) avec les termes biblu et ûbultu. Dans AbB 1 12 : 2, le terme est traduit par F. Kraus comme Restzahlung = « paiement du solde » (avec doute). Dans CAD le mot est rendu par « (a gift) ». Un sens de ûzubum « faire laisser par quelqu’un » est naturellement possible, mais ûzubum a surtout le sens de « sauver, venir au secours de » ; pour ce sens à Mari, cf. ARM II 52 = LAPO 17 : 839 (trad. du CAD E, p. 423b à contre-sens) 1 sila àm e-e, lu-ud-di-in, um-ma li-ib-bi be-lí-ia, an-ni-tam be-lí li-e-zi-ba-an-ni = « Je veux bien donner 1 litre de grain par personne. S’il plaît à mon seigneur, qu’il vienne à mon secours en cette occasion ». Dans ce texte on a l’impression non pas d’une perception normale mais d’une taxe supplémentaire. D’ailleurs le terme de ûzubtum n’entre pas dans le système normal des entrées financières, à la différence de la ûbultum, et a tous les airs d’une « contribution exceptionnelle », d’où la traduction par « secours financier ». L’état construit dans l’expression ûzubti bêli-ka invite à voir dans le roi le bénéficiaire.
6.12 Une épidémie à Mari Les l. 32-37 de [A.940+] montrent que se multiplient les maladies (épidémie ?) dans la région de Mari, où la disette menace ; ce dernier trait est bien connu pour le début du règne. L'épidémie dont parle [A.940+] ne saurait donc être celle qui a frappé le royaume à l'époque des éponymes et qui avait alors causé de grands ravages. Le roi ne se trouve pas à Mari puisqu'on lui donne des nouvelles sur l'épidémie et sur les désertions à la Porte du palais (l. 42-45). Il serait étonnant, en outre, qu’on lui envoie des troupes à la capitale. La mention finale (l. 46-47) « la ville de Mari et le Palais vont bien » est typique de nouvelles envoyées depuis la capitale lorsque le roi est absent. Sumu-hadû doit, en revanche, s'y trouver. Le texte [A.313] qui anticipe la chute de Mi lân montrait des troupes babyloniennes à l'œuvre au royaume de Mari. Les troupes royales qui ont lutté contre les Mâr yamîna ont eu effectivement un appui important de plusieurs États étrangers, comme Alep, Qana et, en l'occurrence, Babylone. C'est donc vers la fin de la seconde rébellion des Mâr yamîna qu'il faut placer ce dossier qui montre les déboires de santé qu'a eus à affronter le corps expéditionnaire de Babylone. Cette épidémie est concomitante au retour à Mari des soldats de la Haute-Djéziré, car [A.940+] compte des pairum291, donc des « démobilisés » qui rentraient chez eux après la campagne : on y trouve la mention de gens d’Appân. Ceux de Mari sont déjà rentrés. Les autres dont on attend la venue étaient originaires de Na er, Terqa et Saggâratum. Le terme des libérables, au moins ceux de Terqa et de Saggâratum, était donc la capitale où, de fait, devaient se trouver les rôles de la troupe. Un problème est posé par la façon dont ce texte utilise la notion de « pairum ». Elle est ambiguë en ce qu’elle désigne « celui dont cesse le service », éventuellement sans autorisation (« déserteur »). Dans le présent texte, les pairum sont ceux qui ont terminé leur temps au service du roi et reviennent au pays. On voit qu’il est fait mention (l. 9) de ceux qui ont été enrôlés (a talpîtim) et qui doivent représenter des gens envoyés à l’armée de façon plus ou moins forcée. Celui qui amène tous ces gens, un certain Yatarum, est cependant renvoyé auprès du roi (l. 13-14) immédiatement. Il pourrait s'agir du futur gouverneur de Qaunân mais c'est peut-être plutôt un gradé qui n’avait pas reçu quitus de son service militaire. Aux l. 23-26, cependant, il semble bien que des pairum soient destinés à être envoyés chez le roi. Qu’ils soient alors mobilisés est montré par le fait qu’auparavant Sumu-hadû aura procédé à un appel nominal et rédigé une tablette nominative (lú ù um-u, l. 15) des malades et des fugitifs ; cela suppose une tablette de rôle qui permette l’appel.
291 CAD P, p. 304 lit p iru et traduit uniformément par « Off-duty soldier », ce qui ne convient pas à tous les exemples.
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Jean-Marie DURAND
Dans les 3 jours, les « libérés » du district de Terqa (halum elûm) et le reste (apiltum) du district de Mari doivent être envoyés au roi. Ce ne sont certainement pas les mêmes pairum que ceux de la première sorte, qui rentrent au pays. Il faut donc considérer qu’ayant terminé leur service local, ces gens de la seconde sorte ont reçu une nouvelle affectation. Le terme de « reste » (l. 24) est important dans la mesure où il semble indiquer qu’il y avait un contingent de pairum de réserve. Leur nombre ne semble pas suffire à combler le déficit causé par ceux qui rentrent au pays puisque le roi demande une terdîtum, c’est-à-dire un nouvel envoi, qui ne peut être qu’un accroissement des effectifs militaires. Sumu-hadû déclare que, malgré l’épidémie, 100 à 200 soldats pourront être envoyés (l. 40). Ces gens devaient donc être mobilisés en plus des effectifs normaux ; ce sont eux sans doute qui sont caractérisés de « a talpîtim ». Plus curieuse est la notation des l. 42-45, à propos des pairum qui constituaient la garde de la porte du palais. C’était un emploi privilégié comme on le voit par une anecdote de Yaqqim-Addu292. Pourtant ces gens ont préféré « partir pour le troupeau », donc se vouer aux tâches pastorales bédouines, redevenir des hanûm, des « non-sédentarisés ». L’attrait de la vie bédouine l’emportait donc sur la vie sédentaire et on était encore proche dans ces milieux de la mentalité de « Vie nomade »293. Les pairum peuvent avoir appartenu à l’armée de métier constituée par des gens susceptibles de recevoir un congé et dont, en temps d’activité, la moitié devait constituer l’enîtum, la réserve au repos, pendant que l’autre moitié assumait la réalité du travail. Sumu-hadû termine sa lettre par une phrase stock qui montre à la fois sa place dans la hiérarchie politique (« La ville de Mari et le Palais… vont bien ») et dans la population (« Les Mâr sim’al vont bien ») ; cette dernière expression se retrouvant, d'ailleurs, surtout chez les mer‘ûm. 175 [A.940+A.2077] Sumu-hadû au roi. Arrivée des libérables du district de Mari mais pas de ceux de Na er, Terqa ni Saggâratum. Promesse d'envoyer les libérables du district de Mari. C'est l'épidémie et la disette. Il sera donc difficile d'envoyer le supplément réclamé par le roi. Les libérables de la « Porte du palais » sont partis aux troupeaux.
2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma "I#su-mu-ha-du-ú ìr[ka]-a- ma a-nu-um-ma 40 lú-me-e pa-e-ri a ha-la-a ma-riki 10 lú-me-e ap-pa-anki a ia-ri-im-dIM "ú#-a-al-li-mu-nim 13 dumu-me-e ta-al-pí-tim
unigin 1 u-i 3 a-ba-am I ia-t[a-ra-am ]e a-hu-ni a-li-ik pa-ni-u-n[u] u-ta-a-bi-tam-ma a-na e-er [be]-lí-ia a-à-ar-da-am ù a-nu-um-ma up-pí lú ù um-u ú-a-í-ra-am-ma a294-na e-er be-lí-ia u-ta-bi-laam lú pa-e-ru a ha-la-a na-i-irki 292
ARM XIV 66 = LAPO 16 327.
293
FM 1 p. 115-116 = LAPO 16 38.
294
Sur érasure d’un Ù.
Les textes de Sumu-hadû
Rev. 22 24 26 28 30 32 34 36 38 Tr. 40 42 C i 44 ii 46
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ter-qaki ù sa-ga-ra-timki a-di-ni ú-ul ik-u-du-nim wa-ar-ki up-pí-ia an-né-im a-na u 3-{PA "E#}295-kam it-ti lú pa-e-ri a ha-al-í-im e-li-im a-pí-il-ti lú pa-e-rime-e a ha-la-a ma-riki a-à-ar-ra--kum ù lú mar-a-am ù ba-GIR296 i-na up-pí-im ú-a-a-à-ra°-ma a-na e-er be-lí-ia ú-a-ba-lam a-ni-tam a-um a-bi-im te-er-di-tim a be-lí i-pu-ra-am wu-di i-na pa-ni-tim-ma a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-am {I} i-na-an-na mu-ur-a-nu "i-na# a-ah "pu#-ra-tim im-ti-du a-bu-um ha-um ma-ad é a lú mar-um° i-na li-ib-bi-"u# la i-ba/-a-"u# ú-ul i-ba-a-i a e-um a é-gal ma-ak a-bi-im a-di i-na-an-na ú-ul u-ru-ub um-ma be-lí i-a-ap-pa-ra-am 1 me ù-lu 2 me a-ba-am lu-u-t[a]-a[]-/b[i-tam-ma] lu?-u?-ru-us°-[sú-um] a-ni-tam i-na 36 lú ha-ni-i pa-e-ri a ká é-gal a be-lí i-pu-ra-am 1 lú i-na ma-riki ú-ul in-na-me-er a-na na-we-im-ma it-ta-al-ku a-"lum# ma-riki é-gal ù dumu si-im-a-al a-lim
Note : ce document est déconcertant par sa graphie. Son excellent état de conservation permet très exactement d’en observer les variantes : il n’est peu vraisemblable que le scribe ait changé au cours de la rédaction du document ; pourtant, le AN de la ligne 38 avec ses deux signes A séparés par un DI ne correspond nullement au AN (dans la même séquence) de la l. 32 qui présente la séquence attendue A -A xDI . Il en est de même pour les deux signes AL de la l. 45 (typique de Sumu-hadû) et de la l. 47 (normal à Mari). Ce mélange se retrouve dans d’autres documents de Sumu-hadû ; si l’on prend en considération les ratures et les omissions (cf. l. 25), on devrait considérer que cette tablette a été écrite non pas par un scribe professionnel mais par Sumu-hadû lui-même. On note, d’autre part, la grande différence entre les structures des signes KÁ et É qui sont à la suite l. 43. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Voilà que 7 10 hommes d’Appân de Yarîm-Addu, 8m’ont escorté 540 libérables du district de 9 Mari ; 13 (étaient) d’enrôlementa) ; 10 (soit) un total de 63 hommes ; 11 à Yatarum, frère d’Ahunib), 12 qui était à leur tête, 13 j'ai fait prendre la route(/je l’ai équipé) et 14 l’ai expédié 13 chez mon seigneur. 14 En outre, voilà que 15 j’ai rédigé une tablette nominale et 1 7la fais porter 16chez mon seigneur. 18 Les libérables des districts de Na er, 19 Terqa et Saggâratum 20 ne me sont pas arrivés jusqu’à maintenant. 22 Dans les 3 jours 21après cette tablette de moi, 23 avec les libérables du district d’amont, 25 je t’expédierai (sic) 24 le restant des libérables 25 du district de Mari. 26 En outre, 27 je ferai écrire sur une tablette 26 homme malade et fugitif 27 et 28 (la) ferai porter chez mon seigneur. 5
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Anticipation de la l. 23.
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Sur érasure.
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Jean-Marie DURAND 29
Autre chose : à propos d’un supplément de gens, 30 objet d’un message de mon seigneur, 31 assurément 32 j’ai envoyé un message(r) 31 naguère chez mon seigneur ; 32 maintenant, 33 les maladiesc) se multiplient désormais au royaume de Mari ; 34 il y a beaucoup de gens qui ont des vomissementsd). 36 Il n’y a pas de 35 maison où il n’y ait de malade. 37 Ce qui (constitue) le grain du Palais, par manque de gens 38 jusqu’à présent, n’a pas été engrangé. 39 Si mon seigneur me le fait savoir, 40 assurément je ferai prendre la route à (/je les équiperai) 100 ou 200 hommes et 41 les lui expédierai. 42 Autre chose : sur les 36 Bédouins libérables 43 affectés à la porte du palais, objet d'un message de mon seigneur, 44 pas un seul n’a été vu à Mari : 45 c’est au troupeau qu’ils sont partis. 46 La ville de Mari, le Palais 47 et les Mâr sim’al, ça va. a) talpîtum : ce mot n’est pas enregistré dans le CAD T qui ne connaît que talpittu (sinon, cf. ribîtu). Lapâtum a un sémantisme complexe ; vu le contexte militaire, il devrait s’agir du substantif ta-PRÎS- avec le sémantisme de lupputum « enrôler des gens ». La l. 9 représente une apposition : « 13 (appartiennent à) la catégorie (“ (sont) des fils” ) d’enrôlement ». Ce sens de lapâtum est enregistré dans l’article du CAD L, p. 87 sub k) « to give a work assignement ». Ce n'est en fait qu’un emploi de lapâtum « toucher (une tablette) » et la bonne traduction française serait : « enrôler », c’est-à-dire « écrire le nom d’un travailleur/soldat sur un rôle ». Talpîtum renvoie formellement de fait à un lupputum « écrire » qui ne serait attesté selon CAD qu’en assyrien. b) Un NP a-hu-ni est attesté à Mari par M.8321 ii. c) Le terme de murânu, en fait le « pluriel déterminé » de murum, désigne une épidémie. d) Pour le mal-hâum, cf. LAPO 18, p. 118.
L'auteur de M.5062 a une grosse écriture que l'on retrouve dans la lettre [A.2085], tablette qui date du même moment et qui traite également de maladies. Son style n'est pas soigné (addin appul, l. 9 & l. 17-18 sans -ma). Le nom de l'expéditeur n’est plus lisible mais il s'agissait apparemment d'un personnage important de l'administration, capable de puiser dans les réserves palatiales et de fournir des bateaux de transport, pour lequel on peut envisager qu’il s’agisse de Sumu-hadû. Le document parle, en outre, d'un grand nombre de malades dans l'armée babylonienne. Il ne s'agit donc pas de l'épidémie de l'époque du RHM. L'information doit être en relation avec la fin de [A.940+], qui date du moment où se dénouait la rébellion des Mâr yamîna, lorsque des forces babyloniennes se trouvaient dans le royaume de Mari. 176 [M.5062] [Acéphale] au roi. Il a donné leurs présents et leurs rations aux Babyloniens, selon les instructions du roi, ainsi que des bateaux pour évacuer les malades. Il a fallu en rajouter deux, vu le nombre des malades.(…) X est mort. 2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16
[a-na be-lí- ia] [qíbíma] [u]m-ma [……] ìrk[a-a- ma] a-lum ma-riki [a-lim] qí-a-at a-[b]i-im lú k[á-dingir-raki] ù pí-qí-ta-u-nu ma-l[i a b]e-lí ú-wa-e-ra-an-ni ad-di-in a-pu-ul-u-nu-ti 20 gi -má-tur-há a-na ra-ka-ab lú-me-e mar-ú-tim ad-di-in "ù# a-mu-ur [ki-ma] [lú]-me-e mar!-ú-tum i-na [li-ib-bi]-u-nu [m]a-du gi -má-tur-há [i-na] ú-ul ik-u-da-[ni-i-u-nu-]i-im ù 2 gi -má-gal-[há ma-al-le]-"e# hi-e-eh-ta-u-[nu ad-di-i]n
Les textes de Sumu-hadû 18
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a-pu-[ul-u-nu-ti …] (Lacune de 3+2 l.)
C.
[a be-lí i-p]u-ra° ba-ug
Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 274 : cf. W. Heimpel, op. cit., p. 281. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle …, ton serviteur. La ville de Mari va bien. 9 J'ai donné à leur satisfaction 6 des présents aux gens de Babylone 7 ainsi que leurs rations, 8 tout ce sur quoi mon seigneur m'avait donné instructions. 11 J'avais donné 10 20 barques pour qu'embarquent 11 les malades. 12 Or, j'ai constaté que 13 parmi eux (les Babyloniens) les malades 14 étaient nombreux. Ces barques 15 ne leur ayant pas suffi, 16 donc, 17 j'ai donné 18 à leur satisfaction 16 les 2 cargos 17 qui leur faisaient besoin. 5
(…)
[NP, le…] 1' dont m'a parlé mon seigneur, est mort. Ces troupes babyloniennes sont celles dont parle [A.2085] où il est question d’améliorer les rations d’huile des Babyloniens, parce que l’on est confronté au froid de la fin de l’année, moment de la fête d’E tar. Cette présence babylonienne s’explique par l’alliance contre les Mâr yamîna, tout particulièrement à Saggâratum. Les généraux babyloniens ont d’ailleurs laissé un dossier important, publié par F. Joannès297, mais qui concerne surtout la fin de l’expédition lorsque les troupes babyloniennes sont envoyées piller dans le Sindjar. [A.2085] leur est donc manifestement antérieur. 177 [A.2085] Sumu-hadû au roi. L’huile d’olive qui avait été prévue pour des gens, en fait fugitifs et absents, doit être utilisée pour (un supplément?) des rations d’huile des Babyloniens, vu le moment de l’année ; il ne faut pas qu’ils trouvent le palais avare à leur égard.
2 4 6
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma su-mu-ha-du-ú ìr-ka-a-ma 20 30 dug [n]a-a-pa-ki a ì sé-er-di-[i]m? (l. blanche.)
Rev. 8 10 12
a ki-ma lú-me-e ba-"GIR# ù "la#-a-"u#-tim be-lí li-[]a-a-bi-"it#-ma a-[r]a-nu-um-ma li-i-a-ak-nu a-na ì-"ba# lú-me-e ká-dingir-raki ku-u-ú ù siskur-re e-tár é-kál-lam la ú-da-ba-bu
Note : le texte est mal écrit : grosse écriture d'un scribe qui ne s’applique pas beaucoup à la graphie des signes. 1
297
Dis à mon seigneur : ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur.
F. Joannès, « Lettres de généraux babyloniens », FM VI, 2002, p. 169 sq.
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Jean-Marie DURAND 9
Mon seigneur doit faire prendre 5 les 20 (à) 30 jarres 6 d’huile d’olive 7 de ceux qui sont considérés comme fugitifs 8 et absents 9 et 10 elles doivent être entreposées ici, 11 pour les rations d’huile des Babyloniens. 12 (C’est) l’hiver (et) le sacrifice d’E tara). 12 Ils ne doivent pas se plaindre du Palais. a) L. 11-12, le texte recourt en fait à des phrases nominales.
6.13 Problème concernant les ovins soutéens, après la rébellion [M.5362+M.6220] comporte deux affaires distinctes : la fin du texte (après le anîtam, l. 29) parle de pertes parmi les ovins soutéens. Il ne s'agit pas de dommages subis par les Soutéens mais de dégâts parmi des animaux ramenés de chez eux suite aux rezzous, ou achetés chez eux. La compensation pour ces animaux doit être cherchée du côté de Yabliya ou de la frontière avec l'Akkad occidental. Un individu qui en est originaire (l. 34 : bêl pâim), assisté de 10 hommes, doit procurer 300 à 200 animaux pour la table du roi. C'est l’affaire d’un groupe de 10 hommes conduits par un homme sûr (l. 32, membre de la garde de la porte du palais) qui connaît bien personnellement la région à l’aval de Mari, soit parce qu’il est de Yabliya, soit parce qu’il est un frontalier. Cela n'indique pas l'organisation d'un rezzou car une telle troupe ne serait pas assez nombreuse pour attaquer un campement soutéen et en ramener les animaux. En revanche, dix hommes constituent un bon encadrement pour un troupeau de 300 animaux. Ils devaient donc se pourvoir dans des enclos locaux, voire acheter les animaux. Les animaux du Sûhum étaient donc du même standard que ceux qui étaient razziés chez les Soutéens : c'étaient des bêtes de pâture. Comme ils allaient servir d'animaux de boucherie (l. 39 : pour les « repas »), il devait sans doute falloir les engraisser préalablement. L’alternance Yabliya/pâum indique en tout cas que le Sûhum du sud n’appartenait pas encore à Mari.
La première partie du document montre que l'affaire est postérieure à la rébellion des Mâr yamîna et, sans doute, à l'occupation de Manûhatân par Yaggih-Addu. La nomination d’un laputtûm (nubàn-da) à Mi lân est une affaire qui dépasse désormais les compétences des Anciens de cette ville et c’est au roi de Mari d'en décider, Sumu-hadû n’étant en l’affaire que son substitut. À Mi lân, en l'absence du « roi » mâr yamîna, les autorités reconnues par les Mariotes étaient constituées par les Anciens et une personnalité dont le titre n'est pas indiqué. Par « notre seigneur » (l. 9'), il faut sans doute comprendre celui qui était roi à Mi lân avant la rébellion, soit Sumu-dâbî — voire Yaggih-Addu, celui qui lui a succédé à la tête de l'ethnie mâr yamîna, quoiqu'il n'ait pas dû avoir beaucoup de contacts avec Mi lân à nouveau révoltée et assiégée. On peut supposer en revanche que si l'affaire du laputtûm avait été réglée par Zimrî-Lîm lui-même, on ne reviendrait pas sur la question. Il est difficile de savoir quelle était à ce moment précis la hiérarchie administrative à Mi lân. Un laputtûm doublait normalement un sugâgum, mais le cheikh de Mi lân avait-il affaire à la population sédentaire pré-mâr yamîna, alors que les Bédouins relevaient du roi 298 ? L'intervention des Anciens auprès de Sumu-hadû ne lève pas l'ambiguïté car il peut s'agir d'autorités locales, comme de Mâr yamîna. Toujours est-il que le postulant, nommé par l'autorité mâr yamîna, s'était préalablement bien fait voir par des largesses, anneaux d'argents et pointes de flèches (?), mais valider sa nomination semble susciter des réserves de la part du fonctionnaire mariote.
Ilî-ma-ahum (l. 6) qui s'adresse aux Mariotes aux côtés des Anciens de Mi lân n'est pas un inconnu puisqu'il est mentionné en premier dans le dossier des lettres envoyées depuis Mi lân à [Sumudabî]. On le trouve ainsi dans deux des documents des « Présages contre Zimrî-Lîm », édités comme ARMT XXVI/1 171 & 172299, et il a alors le pas sur les devins Yami-hadnû et Mâ um. Son autorité devait ainsi être supérieure à la leur. Dans ARMT XXVI, p. 336, il a été proposé qu'il fût un gal mar-tu. C'était une mauvaise idée car une telle fonction l'aurait fortement impliqué dans la rébellion et on ne le
298 Pour ce double aspect de la population de Mi lân, cf. l'édition de M.12016, dans mon article « Un centre benjaminite aux portes de Mari : Réflexions sur le caractère mixte de la population du royaume de Mari » dans DUB.SAR É.DUB.BA.A (Mélanges Donbaz), p. 109 sq. 299
Cf. la reprise de ces textes dans ARMT XXXIV.
Les textes de Sumu-hadû
385
verrait pas intervenir avec les Anciens devant une autorité mariote, une fois le calme revenu. De même peut-on exclure tout lien trop personnel avec l'ancien roi, tenu désormais pour un rebelle. L'individu peut donc avoir été le cheikh-sugâgum des citadins de Mi lân, aux côtés des Nomades qui relevaient du roi mâr yamîna. Il n'est mentionné qu'après les Anciens. Les Anciens proposent d’accepter la somme proposée par le postulant (l. 20-21) qui a été nommé semble-t-il par l’ancien roi à qui il avait fait des présents (l. 10-12). Cette somme est désignée par le terme nêbehum (l. 20) qui note le backchich300. Sumu-hadû hésite à accepter l'offre et manifestement préfèrerait que le roi décide lui-même de celui qui doit être nommé plutôt qu’entériner simplement le choix des Anciens. L’homme jouit assurément de soutiens (l. 17, il a une illatum301) mais l’enquête a montré un aspect trouble, selon les l. 15-16 : Sumu-hadû ne lui fait pas confiance (l. 15) parce que l'individu est un âr. Ce serait ainsi l’état absolu de ârum « hostile, inamical302. Le terme peut aussi signifier « menteur » et indiquer qu’il a trempé dans la rébellion. Le fait qu’il soit très jeune (l. 9 : nahrum) n'est, en revanche, qu'une particularité. Manifestement Sumu-hadû est préoccupé de savoir si le roi n'a pas son propre candidat à qui confier la charge de laputtûm de Mi lân (l. 27). Le principe de la vénalité de la charge semble, en revanche, bien ancré dans la mentalité de l'époque. Il devait d'ailleurs être illustré lors de la brigue des prétendants, ceux qui devaient constituer la seconde génération des rois mâr yamîna. Les nominations de sugâgum que nous possédons n'en sont pas exemptes et, de façon générale, les divers cadeaux entretenaient amitié et alliances de royaume à royaume.
Une question importante est de savoir qui est désigné, l. 25 et 28, par le terme de aknum. Il semble qu’il s’agisse du nouveau chef de Mi lân qui doit être nommé par Zimrî-Lîm car aknum peut désigner à Mari un roi vassal et pas uniquement un fonctionnaire. Il peut donc désigner le successeur de Sumu-dabî qui jusque là était roi à Mi lân. Sumu-hadû veut dire ainsi qu’on ne peut pas régler la nomination d’un subordonné tant qu’on ne sait pas qui sera le nouveau chef de la communauté. 178 [M.5362+M.6220] Sumu-hadû au roi. La nomination d'un chef des travaux (laputtûm) à Mi lân a l'approbation des Anciens. Réserves néanmoins de Sumu-hadû qui attend la décision royale. Autre sujet : pertes en « moutons soutéens », ce qui doit entraîner une opération dans le sud du Sûhum pour se procurer 100 à 200 bêtes, auprès desquelles les moutons de verger paraîtront des animaux grêles.
2 4 6 8 10
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma su-mu-ha-du-ú ìrka-a- ma lú-me-e u-gi mi-i-la-anki ù AN-ma-a-hu-um ip-hu-ru-ma ki-a-am iq-b[u-nim] 1 [ l]ú nu-bàn-da a a-k[a-nim-ma] na-ah-rum°-m[a be-el-ni] 2-ma ul-li kù-UD […]
300 Pour cette signification de nêbehum (nêbahum), cf. N. Ziegler, « Deux esclaves en fuite…», FM 2, 1994, p. 15-16. Cf. LAPO 17, p. 645. 301 Le terme est traduit par « kingship group, clan » dans CAD I, p. 82a. Il désigne aussi les compagnons de lutte, comme les combattants qui entourent le roi, l'équipage d'un navire ou les gens d'une caravane. Le terme est donc plus vaste que celui de kimtum et devait désigner ceux qui soutenaient une entreprise. En ce sens le terme est apparenté à tillatum (dont il partage d'ailleurs l'expression idéogrammatique) qui désigne au propre les troupes alliées susceptibles de s'ajouter ('LL) aux troupes régulières du royaume (les « troupes d'alliance », cette dernière réalité étant exprimée par le terme tillûtum.) Le mot illatum ne caractérise donc pas l'individu comme un Bédouin. 302 Le terme est documenté surtout à El Amarna (CAD /1, p. 132b) mais son existence est désormais probable à Mari (cf. ARMT XXVI 199 : 47) où ârum signifie « traîtrise ».
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Jean-Marie DURAND
ù li-a-na-tim i[m? -hu-ur-u-ma] 12 lú a-tu i-ku-na-né-E!303 ù a-na-ku wa-ar-ka-{SÚ}-a[s-sú] 14 i-na i-ip-ri[u] Tr. ap-ru-ús-ma ú-ul a-q[é-ep] 16 la wa-ta-ar a-ar-m[a a-um] il°-li-ti-u ki 1 l[ú-ma] Rev. 18 ú-ka-al-lu-nim um-m[a-a-mi] an-[né-e]m a-na nu-bàn-d[a le-qé-ma] 20 1 ma-na kù-UD né-b[é°-eh-u] mu-hu-ur-u i-na-"an#-n[a be-lí] 22 li-i-pu-ra-am 1 ma-na kù-UD a-na é-kál-lim lu-um-hu-ur-u-ma 24 [l]ú [a-ti a]-[n]a [l]ú-n[u-bàn-da lu-u-ku-un] "ú-la#-u-ma a-ak-n[a]-am be-[lí i-a-ka-an]304 26 i-na zu-mu-ur kù-UD []a-ti i ni°-[il-qé] ú-a-lam°-ma a-na é-kál-lim ú-ul [ú-e-re-eb-u] 28 la-ma a-ak-n[a-a]m be-lí i-a-ka-[nu] nu-bàn-da li-[a-k]i-in -ma 1 sú kù-UD 30 li-ma-hi-ir a-ni-tam be-lí de-de-ga udu-há 32 [lú-m]e-e su- ti-i# be-lí i-pu-ra-am be-lí 1 lú ha-na "a ká# é-kál-lim 34 []a dumu ia-ab-li-[iaki] Tr. [ú]-"lu# i-te-en be-el pa-[ì]-im 36 [l]i-i-ru-dam-ma a-na-ku 10 lú-me-e lu-su-uk-um-ma C. 38 "1# me udu 2 me udu-há a-na níg-gub-há be-lí-[ia] li-it-ru-nim 40 "ù# udu-gi -kiri a-na qa-ta-ni-[im] be-lí° ú-tá(DA)-ar 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sumu-hadû, ton serviteur. Les Anciens de Mi lân 6 et Ilî-ma-ahum 7 se sont réunis et m’ont dit ceci : « 8 Il y a un chef des travaux à installer ; 9 c'est un jeunota), mais « notre seigneur » 10 par deux fois 11 avait reçu de lui des anneaux d’argent … 11 et des pointes d'armesb) et 12 nous avait nommé cet homme. » 13 Or moi, 15 je me suis renseigné 14 sur son travail 15 et je ne lui fais pas confiance. 16 Sans exagérer, c’est un hâbleur. Pour ce qui est de 17 ses alliés, de façon unanime, 18 (les Anciens) m’(en) disent grand bien, disant : « 19 Prends 18 cet homme 19 pour chef des travaux et 20 1 mine d’argent (représentant) son bakchich, 21 accepte de lui ! » 21 Maintenant, mon seigneur 22 doit m’envoyer un message(r). 23 Dois-je accepter de lui 22 la mine 23 d’argent pour (une charge au) Palais et 24 installer cet homme à la fonction de chef des travaux, 25 ou, sinon, mon seigneur doit-il nommer un préposé ? 26 Devons-nous le prendre en considération de cet argent ? 27 En définitivec) je ne le ferai pas entrer au Palais. 28 Avant que mon seigneur ne nomme un 29 préposé, un chef des travaux doit-il être installé et un (seul) sicle d’argent être reçu ? 5
303
Le texte comporte un clair E . Il peut s'agir d'une mégraphie I au lieu de I, ou de la prononciation locale -nê pour -nêi ( de Yahdun-Lîm 14 et 15 tu donneras, toi-même, 14 cet argent et le (bœuf) igissûm. » 16 J’avais alors répondu oui à mon seigneur. Une autre fois, 17 dans la cour du Palmierb), 18 j'ai dit ceci à mon seigneur : « 19 Aham-nûta 20 est 19 installé à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 21 Il donne(ra) 20 cet argent 21 et la (taxe) igissûm. » 22 Mon seigneur m'a répondu oui. 23 Tebi-geri- u 24 était (alors) au service de 23 mon seigneur. 24 Mon seigneur 25 l'a appelé et lui a donné pour instructions : « 26 Appellec) Aham-nûta et 27 donne(-lui) mission, (lui) disant : “28 Tu es nommé à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 30 Tu donne(ra)s 29 1 mine d'argent et la (taxe ) igissûm.” » 30 Selon les instructions de 31 mon seigneur, 32 je suis arrivé 31 à la Forteresse de Yahdun-Lîm, 32 j'ai convoqué les bourgeois et 33 j'ai donné mission à Aham-nûta. 34 Maintenant, Idin-Dagan 33 est arrivé à la Forteresse de Yahdun-Lîm et 36 il trouble la ville en disant : « 37 Ce n'est pas du tout Aham-nûta 38 qui est nommé, c'est moi ! 39 Sumhu-rabi 41 n'a plus autorité 40 sur la Forteresse de Yahdun-Lîm, 41 ni sur le jugement. » 42 Je suis en plein désarroi. Ainsi, 43 je ne peux établir 42 la redevance du Palais dont je m'occupe. 44 Aujourd'hui Sumu-hadû est arrivé et 45 a dit ceci: « 47 Je chasse 46 Aham-nûta du poste de cheikh. Alors 48 j'(y) place 47 Idin-Dagan.” 49 Cela fait 10 jours qu'Aham-nûta est nommé 50 et aujourd'hui on l'en chasse(rait)? 51 En fait, Idin-Dagan 52 n'est pas complètement à la hauteurd) 51 des affaires de 52 la ville. 53 … déjà auparavant … 5
(…) 1'
Il faut qu'Aham-nûta soit installé comme cheikh de la ville. Alors, 3' mon seigneur doit arbitrer 1' l'administration 2' du district de la Forteresse de Yahdun-Lîm. a) Le signe KUT au début de la ligne n'est qu'à moitié conservé. Kutlâtum (« Les Haies », traduction conforme à celle de M.B., ARMT 2759) est un lieu-dit qui se trouvait aux portes de Qaunân et devait indiquer la limite du territoire urbain. La conversation ferait donc allusion à un moment où l'expéditeur de cette lettre a ramené avec lui Idin-Dagan, qui était en poste à âbatum, comme l'indique sa correspondance éditée par N. Ziegler. b) La « cour du Palmier » est la cour 106 du palais de Mari. Elle était celle où donnait le harem et apparemment le cœur de l’habitation royale sous Zimrî-Lîm. c) ti-si est une forme courante de l'impératif de Sî, au lieu de isi. d) Pour apâlum ana = « affronter », cf. AbB XIV, p. 80-81 (ad TCL 17 34 ) : 16 ana awâtim a iparrikâni(m) anâku âtanappal « J’affronterai personnellement tous les obstacles » (K.Veenhof lit au singulier ana awatim a parrikanni et traduit : « I myself will take care of every obstacle that may hinder me »).
7.2.2.4.2 Aham-nûta responsable du miksum ? Le texte [M.9431] est sans doute celui qui ferait le mieux le lien entre « le marchand Aha-nûta » et « l'administrateur » Aham-nûta. L’individu se propose pour une opération sur laquelle il ne s'appesantit pas (l. 12-13), mais dont il rappelle le témoin, ama -tillassu (l. 19), qui devait être en l'occurrence 59
Cf. en dernier lieu, N. Ziegler, RA 105, 2011, p. 12.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
417
l’un des secrétaires du roi60. L'opération revenait à assumer à la Forteresse de Yahdun-Lîm ce que l’on peut considérer comme la succession de celui qui avait été le principal administrateur de Yasmah-Addu, Lâ'ûm, dont est critiqué, au passage, le manque de professionnalisme. La direction (abbûtum, à déduire de a-bu-us-sú, l. 16) de l’entreprise était assurée précédemment par Lâ'ûm, lequel a fait défaut à sa tâche (l. 17-18). Le terme abbûtum n'étant en fait employé que par rapport à des personnes et l'expression, très bien connue, abbûtam abâtum n'étant enregistrée par CAD , p. 24a-b qu'avec le sens de « intercéder pour quelqu'un », le terme est dérivé ici d'un emploi d'abum analogue à celui que l'on trouve dans le titre abu bîtim « intendant », dont l'abstrait est abbût bîtim, « intendance ». Abum signifiant « responsable, chef » est bien connu d'ailleurs par le titre politique abbû pour désigner les principaux chefs d'une ethnie61. Celui qui avait la charge de la taxe commerciale pouvait donc porter le titre — non encore documenté — d'*abu miksim, dont l'abstrait devrait être *abbût miksim. Cette tâche est désignée par le terme akkadien têrtum, soit la « mission administrative » que donnait le roi à quelqu'un, ce qui est rendu ici par « office ».
Les propos d'Aham-nûta indiqueraient donc qu'il se proposait pour la gestion de l'impôt-miksum, (l. 7-8). Il devait s’agir d’une ferme concédée à charge de faire l'avance des revenus escomptés. Lâ'ûm avait certainement une des plus grosses fortunes de Terqa, mais cela n'avait pas suffi à lui faire assumer ce service. Manifestement Aham-nûta s’en sentait capable. On ne connaît pas les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a dû éveiller beaucoup de convoitises et le terme « discussion » (l. 6) ne permet pas de savoir qui y participèrent. Ganibatum, port de la Forteresse de Yahdun-Lîm, voyait arriver les marchandises d'amont, ce qui ne devait pas laisser indifférents les locaux. Le commerce entre le royaume et l'amont a toujours été une affaire juteuse où la disparition d'Asqûdum a laissé pour les dernières années du règne les coudées franches aux entreprises du Palais62. Il était donc normal qu'Aham-nûta, habitant de la Forteresse, s'il était marchand lui-même, fût candidat à gérer le miksum, mais il a dû exagérer ses profits. Le fait qu'il soit remplacé par Idin-Dagan n'a dû être qu'une péripétie, car on voit le Palais dépêcher un percepteur des douanes-mâkisum à la Forteresse63. Plusieurs prud'hommes (ebbum), envoyés par le gouverneur de Saggâratum ou par l'administration centrale, surveillaient de près ce qui se passait là où arrivait le commerce du Nord. Il est certain que la perte des revenus de la ferme de l'impôt a dû être pour beaucoup dans le dédain qu'Aham-nûta a, par la suite, affiché pour des charges qui n'étaient plus que de la simple administration locale. L'affaire date sans doute du milieu de l'an 1 de Zimrî-Lîm, après son retour de Kahat, au moment où Aham-nûta débute ses fonctions officielles. 196 [M.9431] Aham-nûta au roi. Il rappelle que, lors d'une discussion, il s'était proposé pour la taxe-miksum et que le roi en avait été d'accord. La ferme de cet impôt relevait (sous le règne précédent) du ministre Lâ'ûm. (…) [a-na be-l]í -ia [qí -bí]ma [um-ma a-ha-am]-nu-ta-ma° [ìrk]a-a- ma [i-na p]a-ni-ti-im-ma i-nu-ma [a-na ]é-er be-lí-ia a-na i-tu-u[l-tim] [ak-u-d]a-am a-um mi-ik-si-im
2 4 6
60
S'agit-il du même ama -tillassu que celui qui est abondamment cité parmi les dignitaires du RHM par P. Villard, Amurru 2, index, p. 134b ? Il aurait été maintenu en service, après la disparition de Bannum. Il a pu avoir connu Zimrî-Lîm à Tuttul. 61 Il ne s'agit nullement ici d'un pluriel « ouest-sémitique » de abu bti dans le sens de « chef de la famille » comme le pensait J. Bottéro, ARMT VII 233, suivi par CAD A/1, p. 76. 62
Cf. G. Chambon, Les Archives du vin à Mari, FM XI, p. 18-19.
63
Cf. p. 461.
418
8 10 12 14 16 18 20 Tr. 22 24
Jean-Marie DURAND [a-ba]-ti-i ma-ha-ar be-lí-ia [aq-bé]-e ù be-lí a-na-am [i-pu-l]a-an-ni um-ma a-na-ku-ma [hi-i]-ih-ti é-gal ma-la be-lí [i-qa]-bé-em a-na-ku-ma ú-ka-al a-na be-lí-ia ú-da-am-ma-aq ù ke-em a-na be-lí-ia aq-bi um-ma a-na-ku-ú-ma pa-na-nu-um I la-ú-um a-bu-us-sú a-bi-it-ma ù te-er-tam a-ti a-ba-tam ú-ul i15(E)-le- ma-ha-ar dutu-tillat-sú wa-ar-di-ka° an-ni-tam a-na be-lí-ia aq-[bi] um-ma a-na-ku-m[a] a-bi-it a-bu-ti[m] [a-ba-tam] i-la-i […………] x x x
Revers (Détruit sauf extrêmes fins de lignes.)
Tr.
[……………]-x […………]-tum [……] ma-da-am-ma […] a-at-tim
C.
(Signes indistincts d'une fin de l.) 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Précédemment, lorsque 6 j'étais arrivé chez mon seigneur pour une/la discussion, 7 au sujet 8 du fait d’assumer 7 la taxe commerciale-miksum 9 j'avais parlé 8 par devant mon seigneur. 9 Alors mon seigneur , 10 m'avait répondu oui. 11 J'avais dit : «11 Ce dont a(ura) besoin le Palais, tout ce que mon seigneur 12 me di(ra), c'est moi-même qui sous mon contrôle 13 (en) pourvoirai généreusement mon seigneur. » 14 En outre, j'avais dit ceci à mon seigneur: « 15 Précédemment, 16 (c'était) Lâ'ûm 17 (qui) en en 16 avait la charge, 17 mais 18 il n'a pas pu tenir 17 cet office. » 19 (C'est) par devant ama -tillassu, 20 ton° serviteur, 21 (que) j'avais dit 20 cela 21 à mon seigneur. 22 Voici ce que je dis : « 23 Celui qui a une charge, 24 est capable de l'assumer. … 5
(Revers : restes de fins de lignes.)
7.2.2.4.3 La gestion de la Forteresse de Yahdun-Lîm [A.951] est un fragment de lettre envoyé par un responsable de la Forteresse de Yahdun-Lîm qui pourrait être Aham-nûta (ou Sumu-hadû). Les rapports de Mari avec E nunna étaient bons au début du règne et la lettre doit être de la seconde moitié de ZL 1. La situation est identique à ce que décrit [M.5421], une lettre de Habdû.maDagan : un corps expéditionnaire mariote doit être envoyé à Rapiqum. Les Mâr yamîna se proposent d'en profiter pour prendre la Forteresse. La prise de Rapiqum a dû être l’événement qui a permis aux troupes d'E nunna d'arriver jusqu'à Ékallatum et A ur. Mari s'efforçait de son côté de mettre la main sur les territoires abandonnés par le RHM à la frontière avec le royaume de Babylone. L'affaire de Rapiqum n'est pas complètement élucidée mais les forces mariotes devaient aider le roi d'E nunna à s’en emparer. Il est difficile de savoir qui parle dans la première partie de la lettre, rapportant les plans belliqueux des Mâr yamîna (cf. l. 9'-12'). Il peut s'agir du devin Yal'a-Addu, mais aussi d’un rapport ano-
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
419
nyme (cf. l. “5”). L’opinion des Mâr yamîna (l. 13’) est que, Rapiqum prise ou non, une fois terminées les opérations à la frontière de l’Akkad (l. 14’-17’), ils seront de toute façon attaqués par Zimrî-Lîm. Il leur fallait donc prendre les devants. Une partie de la population de Rapiqum avait déjà été déportée à la Forteresse. Le fait lui-même remontait aux activités militaires de Samsî-Addu à la frontière occidentale du pays d'Akkad64. Ces exRapiquéens avaient dû être sollicités d’entrer dans la conspiration mais ils n’avaient dû montrer qu'un amour modéré envers leur ancienne patrie (l. 20’ sq.). Après une assez longue cassure (8 l.) où devaient être exposées les motivations des Rapiquéens déportés de ne pas intervenir, l’auteur anonyme de la lettre termine en disant qu’il avait pris toutes mesures pour renforcer les défenses de la ville. D’après les propos des Mâr yamîna dans ce document, la Forteresse de Yahdun-Lîm pouvait accueillir une garnison de 1 000 hommes (l. 9') et tout le grain de la région (l. 6'-7') — ce qui a d’ailleurs été le fait des Mariotes lorsqu'ils organisèrent la résistance aux Mâr yamîna en y repliant la population avoisinante.
197 [A.951] [Acéphale] au roi. Projets belliqueux des Mâr yamîna à l’égard de la Forteresse de Yahdun-Lîm, profitant du départ des troupes de Zimrî-Lîm vers Rapiqum. Un conflit semble inévitable. Les déportés de Rapiqum s'y refusent. (Lacune). Gardes renforcées à la Forteresse. [a-na be-lí- ia] [qíbí -ma ] [um-ma ……] [ìrka-a- ma] [i-na a-hi-ti-ia] [ki-a-am e-me] [um-ma-mi dumu-me-e ] ia-mi-[na ki-am i-da-bu-bu] um-ma-mi i-[nu]-m[a I zi-im-ri-li-im] a-ba-u a-na r[a-pí-qí-imki]65 i-à-ra-du ni-nu i [ni-ip-hu-ur-ma] a-lam bàdki ia-a[h]-d[u-li-im i ni-i-ba-at] e-em a ka-ap-ra-t[im a it-ta-ti-u] a-na li-ib-bi-u i nu-k[a-mi-ìs-ma] a-lam a-a-tu i nu-da-[n]i-in-[ma] 1 li-im a-ba-am bi-irtam a-a-ri-i i nu-[e]-i-ib ù ni-nu a-na ta-i-ma-ti-[ni] i ni-ta-al-la[ak] an-ni-a-tim id-bu-b[u-nim] ra-pí-qumki li-i-a-[ba-at] i-ta-ti-ni I zi-im-r[i-li-im] i-sa-ah-hu-ur ù a-yi-i-ba-at-ma i-[]e-h[i-né-i] lú ra-pí-qa-yuki a i-na bàdki66
2 4 6 1’= 8 2' 4' 6' 8' 10' 12' Tr. 14' 16' Rev. 18' 64
Pour ces événements, cf. D. Charpin-N. Ziegler, FM V, p. 85. La déportation se serait passée sous l'éponymie de Rigmânum, donc 9 ans avant le retour de la dynastie mâr sim'al. Des gens de Rapiqum étaient donc depuis une dizaine d’années dans la région de la Forteresse. 65
Restauré d'après la l. 14'.
66
Il n’y a pas la place ici pour [ia-ah-du-li-im].
420
Jean-Marie DURAND wa-a-bu i-na du-ub-bi-u-nu um-ma u-nu-ma lú è -nun-naki ra-pí-qa-amki li-i-ba-at né-ti i-ka-as-sú-ú-né-t[i-ma] ú-ul i-iz67-zi-bu-[n]é-[ti] i-n[a ……………………] ú-[ul? ……………………………]
20' 22' 24'
(Rev. = 3 l. + Tr. = 3 l.)
[du-ra-am (?) i]-na bàdki ia-ah-du-li-im [ú-ka-a-]í-ir a-na ma-a-ra-tim [ù ba-a-'a-tim i/u-ta]-a-bu-tim68 [a-hi ú-u]l na-de-ku69
C. 2” 4”
1
[Dis à mon seigneur : ainsi parle …, ton serviteur. - J’ai entendu dire autour de moi : 7 « Les Mâr 1'yamîna [disent] : “ 2' Lorsque Zimrî-Lîm 4' expédiera 3' ses gens à Rapiqum, 4' nous, il nous faudra nous mobiliser et 5' prendre la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 7' y amasser le grain des villages de ses alentours, 8' fortifier cette ville et 10' y installer 9' un millier d'hommes en garnison. 11' Alors, 12' nous pourrons faire tous déplacements 11' à notre guisea). ” 13' Voilàb) ce qu'ils ont dit : « 14' Sic) Rapiqum est prise, 15' Zimrî-Lîm 16' nous menacera. 17' S’il ne la prend pasd), il nous attaquerae). ” » 18' Les Rapiquéens qui 19' sont 18' dans la Forteresse de Yahdun-Lîm, 19' à leurs proposf), 20' ont dit : « Si E nunna 21' prend Rapiqum, 22' est-ce nous qu’ils mettront aux fers ? Ne nous laisseront-ils pas tranquilles ? 24' Dans… ils ne… 5 6
(…) 2”
J'ai agencé 1” la muraille à la Forteresse de Yahdun-Lîm. 4” Je ne montre pas de négligence 3” à constituer 2” les gardes 3” ni les commandos. a) Pour cette expression, cf. ARM I 43 (= LAPO 17 492): 13 où taimâtum (restauré, mais probable) désigne le moment choisi pour un mouvement militaire. Il s’agit sans doute ici d’assurer la possibilité de déplacement des troupeaux depuis les Bords-de-l’Euphrate jusqu’au Balih. b) L'expression est employée pour clore des propos, mais à l’occasion peut également les annoncer. c) L’optatif (ou le vétitif) servent à exprimer la possibilité (cf. l. 20’). d) La graphie a-WA pour a-ia, à lire ayi + sandhi, est typique de Mari. Cf. les exemples recueillis par CAD A/1, p. 218b. Il s’agit ici d’une citation de style direct. e) Restauration conjecturale, du fait de la mauvaise conservation du texte, mais ehûm (« s’approcher ») est souvent employé dans le sens d’agresser. f) Une graphie de ûbum « plein gré » n’est pas vraisemblable (DU ne note que très rarement /u/ à Mari et la gémination d’une consonne pour noter une longue est également exceptionnelle) et, en outre, fait peu de sens. Dubbum, un terme inconnu ailleurs, est manifestement ici pour dibbum, attesté à Mari, selon un dialectalisme qui utilise la forme PURS au lieu de la forme PIRS.
Dans [M.6326] le souci d'Aham-nûta est d’obtenir un verdict oraculaire concernant la Forteresse —responsabilité qui incombait effectivement à un gouverneur. Manifestement, les présages étaient mauvais (l. 5) et s'accompagnaient même de prophéties sinistres70 (l. 15). Ils avaient donc été transmis 67
IZ est sur l'érasure du ZI anticipé.
68
Pour cette forme verbale, cf. p. 451, n. a).
69
Cette dernière ligne, nécessaire car le texte ne peut se terminer à la l. 3” semble néanmoins quasiment érasée (ou avoir été effacée par l'adjonction de l'enveloppe). 70
Ce Lâ'ûm ne peut être le haut fonctionnaire du RHM car la mention explicite de la « Forteresse de Yahdun-Lîm » (l. 4) fait attribuer le texte au règne de Zimrî-Lîm. Il s'agit donc d'une personnalité religieuse, peutêtre identique à l'expéditeur de ARMT XXVI 174 qui pourrait ne pas être de l'époque de Yasmah-Addu. Il semble
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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aux autorités locales (l. 9) et du royaume (l. 7) sans réponses. Les présages sont dès lors transmis directement au roi pour qu'il prenne une décision. 198 [M.6326] Aham-nûta au roi. Les présages ne sont pas bons pour la Forteresse de Yahdun-Lîm. Sumu-hadû (l. 7, Suma-hadêm) n'en tient pas compte. Habdû.ma Dagan, malgré les témoins et ce que peuvent dire Lâ'um et les extatiques, n'en a cure ; il ne donne nul renseignement sur les présages obtenus par ses propres devins. Les présages (de la Forteresse) sont donc envoyés au roi qui agira comme bon lui semble. Par ailleurs, 15 gens de la Forteresse… (Texte indécis).
2 4 6 8 10 12 Tr. 14
a-na be-lí- [ia qí-bí-ma] um-ma a-ha-[a]m-nu-t[a ìr-ka-a-ma] te-re-tum a a-na u-[lu-um] bàd ia-ah-du-l[i-imki] u-te-né-ep-pé-u l[u?-pu-ta] ki-ma 1-u 2-u a-na su°-ma-ha-de-i[m] [u]p-pa-tim ú-a-bi-il [ù] a-na ha-ab-du-ma-d[da-gan] [l]ú-me-e i-bu-tim ka-a-ia-an-[tam] [a]-ta-na-ak-ka-an [te-re-t]um i-na qa-tim [pa-á]s-la-a la-[ap-ta] qa-bé-e la-i-y[i-im ù ma-ah-h[e-e ]
Rev.
(4 l. disparues.)
20
28
[te-re-tim ]a sila-h[á] [a] lú-me-e m[á ?- u-gíd-gíd-u] [a-i]a-i-im [ú-ul ú-a-bi-lam] a-nu-um-ma te-re-[ti-ia] a-na e-er be-lí-ia [ú]-a-[bi-il] be-lí a e-li-[u à-bu li-pu-ú] []a-[ni]-tam 15 lú-m[e-e bàdki] [ia-a]h-d[u-l]i-[im] []a la-a i-x-[…
Tr.
(signes indistincts.)
22 24 26
[……] 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Tous les présages que 5 je fais prendre 3 pour (connaître) ?l'état de 4 la Forteresse de YahdunLîm 5 ont des marquesa) ; 6 à deux reprises j'ai fait porterb) 8des tablettes 7 à Sumu-hadû. 9 En outre à Habdû.ma-Dagan 11 je suscite 10 régulièrement des témoins/les Anciens. 12 Les présages, lors de la donne, ne vont pas droit ; ils ont des marques. 14 Des propos de Lâ'ûmc) 15 et des extatiques … 3
(4 l. manquent.) 20
Les présages des agneaux de ses devins 22 il ne m'a pas envoyé.
qu'un Laiyûm/Lâ'ûm (le nom est banal) ait effectivement été une personnalité religieuse, à la fois du RHM et de l'époque de Zimrî-Lîm, qui a transmis des informations sur des prophéties.
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Jean-Marie DURAND 23
Voilà que 24 j'envoie chez mon seigneur 23 les présages que j'ai obtenus. 25 Mon seigneur doit faire ce qui lui paraît bon. 26 Autre chose: 15 personnes de la Forteresse 27 de Yahdun-Lîm 28 qui n'ont pas … (…) a) Le contexte invite à penser que les présages obtenus sont inquiétants. Le terme le plus courant à Mari pour cela est — outre paslâ (cf. l. 13) qui indique qu'ils sont « tordus », laptâ ou lupputâ (cf. ARMT XXVI/1 — p. 49), qui signifie qu'ils ont des meurtrissures (marques de coup), ce qui est considéré comme mauvais ; « mauvais, défavorable » est d'ailleurs la traduction contextuelle courante. Le début du signe s'accorde bien avec un LU. b) Pour ce procédé de transmettre à l'autorité administrative supérieure des présages pour avoir confirmation de leur signification, cf. ARMT XXVI/1, p. 51. c) Il s'agit d'une forme de Lâ'ûm. On ajoutera en effet aux formes de XVI/1, p. 144, la-i-yu-um, M.8493 ; un la-i-yu-um est l'expéditeur de A.879 ; on note encore é la-i-yi ú-tu-ul-lim dans M.12474.
L'autre caractéristique du travail de gestion de la Forteresse était de superviser l'attribution des terres et le bon déroulement de la moisson. Le texte [A.3105] y fait allusion. Une des tâches essentielles était de prévoir l'instauration de stocks pour ravitailler le roi et ses serviteurs, ambassadeurs ou militaires, qui devaient passer par sa région. Le plus important dans cette lettre est la mention que la Forteresse de Yahdun-Lîm est une âl pâim, c'est-à-dire une « ville frontière ». Le royaume s'arrêtait donc bien alors à cette ville, ce qui marquait nettement Tuttul, tout comme les régions de Halabit et du Lazqum, comme des territoires « au-delà » du royaume. La tâche d'Aham-nûta était en l'occurrence de délimiter les lots de champs du Palais. Après la moisson, il semble en effet que l'on pouvait réattribuer les champs. 199 [A.3105] Aham-nûta au roi. Impossibilité de venir pour l'affaire d'Ahu- ina, car il a à procéder à l'attribution des terrains, alors que la moisson est là. Il faut aménager la date en fonction de cet impératif. L'argent ne sortira pas du royaume.
2 4 6 8 Tr. 10
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-ha-am-nu-ta ìrka-a- ma a-um a-wa-at a-hu-i-na {I} be-lí a-na a-la-ki-im i-pu-ra-am a-al pa-ì-im wa-a-ba-a-ku e-[b]u-ru-um ù a- à i-ka-ar [é]-kál-lim a-na e-sé-[ki-im] [a-ap]-ra-ku as-sú-r[e] ( l. blanche.)
Rev. 12 14 16 18 Tr. 20 22
i-na i-ka-ar é-kál-lim hi-ì-tum ib-ba-a-i-ma wa-ar-ka-nu-um a-pa-al be-lí-ia ú-ul e-le-i i-na-an-na be-lí a-na be-el a-wa-ti-u a a-hu-i-na ha-da-nam li-i-ku-un-ma a- à i-ka-ar é-kál-li-ia lu-a-al-li-ma-am lu-ul-li-kam kù-babar an-nu-um ú-ul a /le-qé-u kù-babar an-nu-um i-na ma-a-at be-lí-ia a-na mi-nim
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ux(IZ)-í a- à i-[k]a-ar é-kál-lim lu-a-li-ma-am-ma lu-ul-li-kam a-na-ku ú° u- ma-ha-ar be-lí° i ni-it-[ma-a]m (ou : ni-id-[bu-u]b ( ?) ]D. Ch.]) 1
Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Aham-nûta, ton serviteur. Mon seigneur m'a indiqué de venir 5 à propos de l'affaire d'Ahu- ina. 7 J'habite une ville fron8 tière. C'est la moisson. Or, 10 je me trouve avoir été envoyé 9 pour attribuer le champ (dévolu au) travail régulier 9 du Palais. 10 Il ne faudrait pas qu'12il se produise un manque 11 dans le travail régulier du Palais 12 et que 14 je ne puisse 13 par la suite donner à mon seigneur ce qu'il (me) demande(ra). 15 En fait, mon seigneur doit fixer une date 15 à l'adversaire 16 d'Ahu- ina 19 (d'une façon) que je puisse terminer 18 le champ (dévolu au) travail régulier du Palais dont j'ai la chargea) 19 et venir. 20 Cet argent n'est pas chose qu'il puisse prendre ; 21 cet argent (est) dans le pays de 22 mon sei22 gneur. Pourquoi 23 (en) sortira(it)-il? 24 Il faut que je termine 23 le champ (dévolu au) travail régulier du Palais 25 pour que je puisse 25 venir afin que moi et lui par devant mon seigneur nous jurions. 6
a) En m. à m. « de mon Palais » ; l'expression montre qu'Aham-nûta a la charge du Palais de la Forteresse. La formulation peut convenir à un administratif de rang inférieur à celui d’un gouverneur, comme Mukanni um.
[A.781] est une pièce de l'administration de la Forteresse de Yahdun-Lîm, ville proche d'au moins deux cours d'eaux, l'Euphrate et le canal I îm-Yahdun-Lîm. Le roi demande qu'on lui envoie du poisson. Balum signifie au propre « vivant » ; il faut comprendre par là qu'il ne s'agit pas de salaison (cf. commentaire a) ci-dessous). Le poisson était en général péché dans les méandres morts, à savoir les balîtum (sur BLî) Or, lorsque l'eau est « haute » (le texte dit ici « abondante ») le courant vient approvisionner le méandre et les poissons prisonniers peuvent repasser dans le fleuve. Les bâtons (haum) qui sont agencés71, plutôt que des nasses posées au fond de l'eau, devaient former un système analogue à celui de nos « grillages » et servaient à empêcher les poissons de sortir du bras d'eau. 200 [A.781] Aham-nûta au roi. Malgré l'installation de « barrières », il n'y a plus de poissons (dans le balîtum) car c'est la crue. On a envoyé au roi ce qui a été pris.
2 4 6 Rev. 8 10 12 14
a-na be-líia qíbíma um-ma a-ha-am-nu-ta ìr-ka-ama a-um ku-há ba-al-ú-[ti]m be-lí i-pu-ra-am lú- u-ha-me-e gi ha-a-ì ir-[ku]-sú-ma mu-ú ma-du-ma ku-há ú-ul i-ba-[a]-u-ú a-nu-um-ma ku-há ma-la i-ba-ru a-na e-er be-lí-ia u-ta-bi-lam
Bibliographie : publié comme FM II 85 (avec copie) par G. Ozan (1994) ; quelques divergences de traductions.
71 Le verbe rakâsum (cf. l. 8) est utilisé généralement dans le sens de « attacher ensemble » ou pour indiquer une construction.
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Jean-Marie DURAND 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Mon seigneur m'a envoyé un message 5 au sujet de poissons fraisa) ; 7 les pêcheurs 8 avaient fait une installation de bâtons mais 9 les eaux sont hautes et 10 il n'y a plus de poissons. 11 Voilà que 14 je fais porter 13 chez mon seigneur 11 les poissons,12 autant qu'ils en ont attrapé. 6
a) Pour le sens de balum, surtout attesté jusqu'ici à époque récente, cf. CAD B, p. 69a ; opposé à « cuit » (qalûm, balum) pour les légumes ou la viande, balum a en fait le sens de « frais » ou de « cru », car la salaison est une sorte de cuisson. Pour les poissons, CAD, ibid., p. 67, traduit par « living », alors que cette signification est oiseuse : [n]na bala ina nri taabbat (cit. de CT 40 7: 62) signifie qu'on n'utilisera pas de conserve.
201 [M.10994] Aham-nûta au roi. Moutons de Bît Zarhan… Une partie des moutons est morte. Il faut sauver ceux qui subsistent. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-ha-am-nu-ta-ma ìrka-a- ma i-nu-ú-ma a-na é°(ZI)-er be-lí-ia a-na tu-tu-ul[ki] ak-u-da[am] a-um i-mé-[re-et] é za-[ar-ha-anki] x-[
2 4 6 8
(Tr. = 2 + 2 l.)
bu-ur-tam […] i-na-an-na […] im-x-ma?72 [ i-di?-x x [ ù ba-ma[at] i-mé-re-ti-[u] im-tu-ut um-m[a l]i-bi [be]-lí-ia up-pa-am li-a-bi-lam5(LIM)-ma a-pí-il5(EL)-ta-i-na la i-ha-li-iq
2' 4' 6' Tr. 8' 10' C.
Note : ce texte (fort mal conservé) de la S.115 (n° 4 selon la numérotation de M.B.) a fait l'objet d'une transcription de travail provisoire par M.B., que j'ai pu collationner. Mes divergences de lecture avec M.B. ne sont pas indiquées. 1 5
Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Lorsque je suis arrivé à Tuttul, chez mon seigneur, au sujet du troupeau de Bît-Zarhâna)…
(Lacune indéterminée.)
…1' une génisse/une source ( ?) … 2' Présentement, 3’-4’ … 5' Or la moitié 6' de son troupeau venait de mourir. S'il plaît 8' à mon seigneur, 9' qu'il me fasse porter 8' une tablette 11' pour que 10' ce qui en reste 11' ne soit pas perdu. 7'
a) Bît Zarhân est une localité du district de Saggâratum (cf. LAPO 18, p. 188-189). Le lien avec Tuttul ne peut s'expliquer que s’il s’agit d’un troupeau en transhumance.
72
M.B. lisait cette ligne : ru?/el?-uq?? x […]?
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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7.2.4.4.4 Les ennuis de gestion d'Aham-nûta [A.3585+A.3810] est une lettre de doléances d'Aham-nûta comme quoi justice n'était pas rendue à son zèle administratif. La fin de [A.3362] lui fait étroitement écho et les deux documents doivent donc être proches dans le temps. Il y a un problème de dates avec ce texte, puisque l’on a l. 5, aluani inûma bêlî ikunanni mais l. 26, itu addaqdem ikunanni. Or, on ne peut identifier aluani et itu addaqdem vu que certains textes énumèrent successivement les deux termes73 qu’en considérant que la l. 5 est prospective. C’est donc un compte personnalisé dont on ne peut se servir pour établir mécaniquement la vraie chronologie. La l. 32 est une claire allusion à la campagne de Kahat, donc à la première moitié de ZL 1. Les l. 35-36 anticipent en revanche la venue de Zimrî-Lîm à la Forteresse qui est de la seconde moitié de ZL 1. La nomination d’Aham-nûta a été le fait de Bannum, vu la date à laquelle elle est supposée, mais a certainement été effectuée au nom du roi et confirmée, plus ou moins explicitement, par lui après son sacre. Le fonctionnaire peut donc considérer qu’il a été nommé à ses fonctions par le roi lui-même. Plusieurs événements sont à dater d’après les dires d’Aham-nûta : (a) l’entreprise de la reconstruction de la Forteresse est d’après la têbibtum de Bannum une fois le mer‘ûm revenu à Mari ; (b) l’affaire de la brèche (bitqum, l. 17 sq.) a dû se produire au moment de la crue et fait donc allusion à une péripétie de la seconde partie de ZL 1 ou de la première partie de ZL 2 ; (c) le contrôle d’Aham-nûta par Rip’î-Lîm, ce qui l’a tant vexé, peut être de la fin de ZL 1 ou de la première partie de ZL 2 ; (d) Sumhu-rabi est actif à Saggâratum mais rien n’indique qu’il ait désormais la place de Habdû.ma-Dagan, lequel est toujours gouverneur au début de ZL 2. Comment situer Idin-Dagan dans cette série d’événements ? On constate que l’arrivée d’IdinDagan n’a pas mis fin à l’activité d’Aham-nûta. De fait, la somme versée par Idin-Dagan n’est que de 1 mine d’argent, ce qui est inférieur d’un bœuf igissûm (20 sicles) à ce que devait donner Aham-nûta selon [A.1951: 14] — ce qu’aurait dû donner d’ailleurs Idin-Dagan lui-même pour être nommé à la Forteresse ([A.1951: 7]) — et ce qui représente la redevance de la région de la Forteresse jusqu’à Zibnatum, selon [A.4345]74. Aham-nûta parle toujours de la sauvegarde de la ville (l. 7: âlam dûr Yahdun-Lîm aur et l. 32: âlam âti aur uallim). Il semble donc que Idin-Dagan ne s’est vu confier qu’une partie seulement des attributions d’Aham-nûta et l’on pense à la charge du miksum qu’après son sacre, Zimrî-Lîm avait concédée à celui qui commandait à la Forteresse (M.9431), et qui ne devait être qu’une extension de ses responsabilités. De fait, on ne voit pas Idin-Dagan intervenir comme administrateur de la région et ses archives doivent se trouver soit à la Forteresse de Yahdun-Lîm soit à Ganibatum, si elles existent encore. Aham-nûta a sans doute été peu en faveur à la cour de Mari, ce qui peut venir autant d’une nomination qui remontait à Bannum, qu’à une excessive présence locale. Un processus pour l'évincer de sa charge à la Forteresse de Yahdun-Lîm où certains se plaignaient de lui avait été manifestement mis en place. [M.5421], lettre de Habdû.ma-Dagan, y fait d'ailleurs clairement écho, mais cela n'avait pas dû être suivi d'effet. Sumu-hadû, de son côté, avait été hostile à sa nomination ([A.1951]: 47-48). Le rapport entre son titre de cheikh (sugâgum) et une fonction d’administrateur n'est pas net. Il pouvait s'agir d'une tentative pour limiter les pouvoirs du gouverneur de Saggâratum en accordant une autonomie administrative à la Forteresse de Yahdun-Lîm. Sa nomination était néanmoins le résultat d'une décision royale puisque les textes recourent aux termes de akânum (« installer », l. 6). Un premier moment dans
73 74
Cf. CAD, /1, p. 285b.
Cette mention de [A.4345] empêche sans doute d’interpréter l’offre d’Aham-nûta comme comportant une surenchère d’un bœuf-igissûm par rapport à la mine d’argent offerte par Idin-Dagan, puisqu’il semble que les gouverneurs devaient de toute façon acquitter le don d’un bœuf gras.
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Jean-Marie DURAND
son éviction semble avoir été la nomination d’Idin-Dagan, fils de YantaKim75, (l.11). C'était d'ailleurs lui qui, après avoir fait ses preuves à âbatum, aurait dû avoir le poste, selon [A.1951]. Il n'est pas dit d'où venait la mine d'argent versée par Idin-Dagan, mais il est possible que quelqu'un de haut placé la lui ait fournie. Il y a eu, de plus, une affaire fâcheuse (l. 20-22) sur laquelle Aham-nûta n'est pas explicite et que l'on ne peut reconstituer qu'approximativement. Une brèche (bitqum, le terme n'a pas d'autre sens dans ces textes) avait été colmatée suite aux plaintes des (exploitants) mâr sim'al, sur injonction du roi, grâce à du travail forcé imposé à des prisonniers, ce qui avait entraîné des pertes humaines. La défense d'Aham-nûta semble être qu'ils auraient de toute façon trouvé la mort dans la prison royale76, mais qu'elle aurait été sans utilité. Ces prisonniers à qui l’on avait assigné un très lourd travail forcé ne devaient pas être n'importe qui et les familles avaient dû se plaindre.
La seconde protestation d'Aham-nûta concerne la mission donnée à Rip'î-Lîm de contrôler ses opérations (l. 37-38). Dans [A.3362] il est question de malversations sur le commerce du grain et de l'huile, donc sur des opérations avec les centres commerciaux d'amont, soi-disant surveillées par les agents de Sumhu-rabi. Dans [A.3585+], il s'agit de la remise en état de la Forteresse de Yahdun-Lîm et de refaire une ville d'un lieu qui avait dû être totalement ruiné. Sans doute le travail portait-il avant tout sur la restauration des murailles, ce que devrait signifier l’expression âlam âti aur uallim de [A.3585+]: 33 qui reprend le plus général âlamki bàd Yahdullimki êpu udannin des l. 30-31. D'ailleurs, à son retour, dit Aham-nûta, le roi « verra la ville » (l. 36), c'est-à-dire qu'il constatera qu'il y a désormais un centre urbain là où il n'y avait plus rien. On trouve la même affirmation dans des documents envoyés par Sumuhadû. Il est possible qu'il s'agisse des mêmes travaux, repris par Sumu-hadû. En descendant de Tuttul pour gagner Terqa, le roi était passé par la Forteresse de Yahdun-Lîm et avait dû en constater le délabrement. C’était l’époque où ûrî-la-rîm était en fonctions. Peut-être Aham-nûta avait-il majoré le prix des travaux à son profit et la mission confiée à Rip'îLîm en tant de voisin des lieux visait-elle à aller voir ce qui se passait. Aham-nûta parle effectivement de la confiance (qêpûtum, l. 40) qui ne lui est plus accordée dans la « maison du roi », c'est-à-dire dans l'administration centrale. Le fait de confier l'administration du lieu à Rip'î-Lîm était une recommandation de Habdû.ma-Dagan, d'avant Sumhu-rabi, mais rien n'indique qu'elle ait été suivie d'effet. 202 [A.3585+A.3810] Aham-nûta au roi. Depuis 2 ans qu'il a été nommé à la Forteresse de Yahdun-Lîm, Aham-nûta en a refait un centre urbain. Pourtant, il a été évincé par Idin-Dagan qui a acheté son poste. Aham-nûta se défend (de façon allusive) contre des dénigrements. Zimrî-Lîm, victorieux, verra à son retour son travail. Pourquoi Rip'î-Lîm lui a-t-il été envoyé pour le contrôler? Aham-nûta demande à venir au service direct du roi car il ne peut supporter la tutelle d'un Rip'î-Lîm. [a-n]a be-lí- ia bíma qíum-ma a-ha-am(AN)-nu-ta ìr-k[a]-[a]ma a-lu-[ú]-a-ni i-nu-ma a-na bàd i[a-ah-du-li-imki] be-lí i-ku-na-an-ni a-lam° bàd ia-ah-du-li-imki a-ú-u[r-ma]
2 4 6
75
Le nom n'a pas d'explication évidente. ARMT XVI/1 analyse le NP en Yan-Takim (de fait d’après ARCHIBAB Yantaqim est un nominatif, non le génitif de *Yantaqimum). TaKim entre effectivement dans une bonne série onomastique, mais que signifierait Yan-? Dans OLA 162/1, p. 679, il a été proposé de comprendre Ya'ilTaqim et de voir dans taKim un terme *taqîmum « belliqueux ». Peut-être cependant YantaKim est-il à séparer de cette série et doit-il être lu Yantaqim, « Il s'est vengé » (NQM) ? Non liquet. Ce YantaKim était un « gouverneur de district » du RHM selon ARMT XVI/1, p. 22 citant ARM IV 22, 44 et ARM V 48, sous le règne de Yasmah-Addu ; cf. également, P. Villard, « Les Administrateurs de l'époque de Yasmah-Addu », Amurru 2, p. 92, 130. 76
Le terme de nêpârum entraîne la glose (explicite) ibittum.
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ar-ni ù hi-ì-ti mi-im-ma ú-ul [i-ba-a]-i wa-ar-ka-nu-um i-din-dda-gan 10 dumu ia-an-ta-qí-im [i]l-li-kam-ma 1 ma-na kù-UD a-na be-lí-ia 12 [i]d-di-in-m[a i]-qú-ul-[u-um ù a-um] kù-babar a a-na be-[lí-i]a [id-di-nu-ma i-qú-lu] 14 i-na la ar-ni-ia ù l[a hi-ì-ti-ia] be-lí i-ia-ti ú-da-[ap-pí-ir-ma] I i-din-dda-gan i-[ku-un] 16 bi-it-qum a i-tu i-na u-m[i x-kam] 18 a-di u-mi-im an-ni-i-im be-lí [i-pu-ru-ma] ù dumu si-im-a-al ú-da-ab-b[i-b]u 20 []a-l[im] am-[m]i-nim i-na a a-hi-im na-d[i-i]m Tr. ù la na-a-ri-[i]m an-ni-tum 22 in-77-pí-i um-ma-an lú-me-e u-nu i-na ne-pa-ri-im i-na i-bi-i[t-ti] Rev. 24 be-lí-ia i-mu-tu mi-im-ma-ma-[an] be-lí ù ma-a-at be-lí-ia ú-da-ab-bi-[bu] 26 i-na-an-na i-tu a-ad-da-aq-de-em be-lí a-na bàd ia-ah-du-li-imki 28 i-ku-na-an-ni-ma a-na kaskal u-ul-mi-im be-lí lu- il-li-ik ù i-na u-ul-mi-im 30 lu-ú i-tu-ra-am a-lamki bàd ia-ah-du-li-imki e-pu-ú ú-da-an-ni-in 32 ù a-di be-lí i-tu-ra-am a-lam a-ti a-ú-ur {X} ú-a-al-lim 34 [1-u 2-]u 3-u be-lí du-um-mu-qa-t[i-ia i-mu-ur] [i-na-an-n]a i-nu-ma be-lí i-il-la-kam 36 [uruki ]a-a-ti be-lí i-im-ma-ar [mi-n]u-um i-du-um-ma I ri-ip-i-l 38 be-lí ú-wa-e-ra-a-u-ma i-ru-da-a-u ù a-na eb-bu-ti-ia be-lí i-ku-na-a-u 40 a-di ki ma-í u-mi qé-pu-ti i-na é be-lí-ia la il-le-eq-qí-ma be-lí eb-ba-am 42 a-ia-i-im i-ku-naam i-na-an-na um-ma li-ib-bi be-lí-ia 44 be-lí li-i-pu-ra-am-ma lu-ul-li-ik-ma it-ti be-lí-ia lu-un-na-me-er 46 ù e-ep {BE} be-lí-ia lu-ú-i-iq Tr. ma-ti-ma i-na qa-at ri-ip-i-li-i[m] 48 a-na-ku ú-ul a-al-la-ak 36 i-na é be-lí-ia a-na-ku ra-bu-um-[ma] [a-r]a-ab-bi ú-pa° e-he-ru-um a-a-ah-[ha-ar] 1
Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Aham-nûtaa), ton serviteur. Cela va faire la troisième annéeb) que 6 mon seigneur m'a installé 5 à la Forteresse de Yahdun7 Lîm. J'ai assuré la protection de la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 8 sans qu'il y ait de ma part faute ni manquement. 9 Ensuite, Idin-Dagan, 10 fils de Yantaqim, 11 est venu ici et 1 mine d'argent à mon seigneur 12 il a donné et payéc). Alors, à cause de l'argent 13 qu'il avait donné et payé à mon seigneur, 15 mon sei5
77
La fin du IN se présente comme un NI, ce qui explique l'omission du signe NI.
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gneur m'a fait déguerpir, moi, 14 sans que j'aie commis de faute ni de manquement, 15 et 16 il a installé Idin-Dagan. 17 La brèche qui depuis le xd) 18 jusqu'à aujourd'hui, a fait l'objet d'une lettre de mon seigneur et de plaintes des Mâr sim'alites, 20 ça vae). Pourquoi 21 celaf) 22 s'est-il produit 20à cause d'une négligence 21 et d’un manque de surveillance? 22 Si ces hommes 24 étaient morts 23 dans le nêpârum (ou) dans la prison de 24 mon seigneur, 25 mon seigneur et le pays de mon seigneur 24 auraient-ils eu sujet 25 de se plaindre ? 26 Maintenant, 27 mon seigneur 28 m'a nommé 27 à la Forteresse de Yahdun-Lim 26 depuis l'année dernière, et 29 étant certes allé 28 à une expédition sans problèmes, 30 il (en) est revenu 29 sans problèmes. 31 J'ai (re)construit et fortifié 30 la ville, Forteresse de Yahdun-Lim. 32 En outre, jusqu'au retour de mon seigneur, 33 j'ai assuré la garde et le salut 32 de cette ville. 34 À plusieurs reprises, mon seigneur a constaté mes bons servicesg). 35 Maintenant, lorsque mon seigneur viendra, 36 il verra cette ville.37 Que signifie donc que 38 mon seigneur a donné mission en ce qui me concerne et m'a dépêché 37 Rip'î-Lîm ? 39 En outre, il me l'a installé pour m'expertiserh) ! 40 Quand donc me 41 fera-t-on 40 confiance dans la maison de mon seigneuri) , que 41 mon seigneur 42 m'ait imposé, à moi, 41 un expert ! 43 En fait, plaise à mon seigneur 44 de me signifier de venir 45 me rencontrer avec lui, pour qu'alors je baise le pied de mon seigneur ! 47 Jamais 48 je ne saurais accomplir mon service 47 sous les ordresj) de Rip'î-Lîm : 46 (ce n'est que) chez mon seigneur que j'accepterai(s) d'être 47 une autorité ou au contrairek) d'être un subordonnél). a) La valeur AM pour AN est attestée dans A.2224 : 14. Mais cette forme Ahan- pourrait faire réapparaître une nunation qui était employée à l'époque dite des akkanakkum et qui devait représenter le véritable usage des Bords-de-l'Euphrate. De la même façon, on trouve occasionnellement une écriture Hâlun-rabi pour Hâlum-rabi ou Abimekin pour Abimekim (cf. p. 483, n. 1). Cf. ci-dessous note j) sur un éventuel usage de pa = fa de l'arabe. Le texte révèle ainsi plusieurs dialectalismes qui détonnent dans les habitudes des scribes de Mari. b) aluani (construit sur la L, « trois ») est traduit par CAD /1, p. 285b, « the year before last ». C'est un terme rare en paléo-babylonien (AbB 1 125: 10), connu surtout par Nuzi et les textes néo-assyriens. c) L'usage juxtaposé de NDN et de QL indique que le paiement a été réellement effectué (QL) et n'a pas été qu'une promesse, ce qui donne une indication sur le sens réel de NDN qui peut n'indiquer qu'un paiement partiel, voire une simple promesse. d) Pour cette expression « itu ina…», sans doute « depuis le courant de…», cf. ARMT XXVI 298: 48 itu ina u-mi-u marat = « depuis le courant de ce jour-là, elle est malade ». e) Pour bitqum alim, cf. ARM VI 1 (= LAPO 17 820): 31 ; il n’y a pas ici une forme de sekêrum. f) annîtum = « Cette affaire que tu sais ». Pour ce sens de annûm, cf. LAPO 18, index, p. 543b. g) Dummuqâtum a le sens d'exploits, dans le sens de « bonnes actions pour quelqu’un ». Les lú-me-e mudammiqû peuvent ainsi désigner les « anciens combattants ». Cf. LAPO 16, p. 463 et 18, p. 347. h) Ces exemples de ebbûtum et ebbum sont importants pour la bonne compréhension du rôle décisif joué par l'ebbum dans l'appréciation d'un travail pour l'administration royale : ce technicien à qui l'on demande son avis sur un travail fourni par un administratif a la plupart du temps des aspects de ce que l'on appelle aujourd'hui un « prud'homme », soit quelqu'un dont on sollicite l’arbitrage autorisé sur une question technique. Ici, le contexte polémique suggèrerait même un sens de « contrôleur ». i) En mot à mot : « Jusqu'à combien de jours confiance en moi ne sera pas prise dans la demeure (= l’administration) de mon seigneur? » j) En mot à mot « aller dans la main de ». L'expression renvoie à ina qât NP qui désigne dans un texte administratif la responsabilité d'une autorité. Le verbe alâkum indique qu'Aham-nûta avait conscience d'accomplir ce que l'on appelle en Babylonie un ilkum. k) On note ici ú-pa au lieu de ulu attendu. Il peut s'agir d'une simple négligence scribale (cf. l. 24 ?) avec un LU non fini, mais aussi de ù + pa équivalent du ap documenté à Ébla (cf. Edzard, ARET II, p. 48) « che indica appunto conseguenza, contrapposizione oppure cambiamento di soggetto » (merci à J. Pasquali), soit le fa de l'arabe. La fin du texte est très emphatique avec ses expressions qui recourent à l'infinitif en -ma, mais on notera le curieux ehêrum-ma aah[har] avec son mélange dialectal de formes, avec et sans Umlaut. l) On note ici rabûm « être une autorité » et ehêrum « être minoré, être sous la tutelle de quelqu'un ».
La lettre [A.3362], qui est de la même époque que [A.3585+], illustre le genre de problèmes qui pouvaient surgir dans les emporiums du royaume. La Forteresse de Yahdun-Lîm, avec ses villes satellitaires, était le point d'entrée des marchandises d'amont, tout particulièrement pour le vin et l'huile (d'olive) en provenance de Carkémish et d'Imâr, le royaume étant quasiment dépourvu de telles res-
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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sources, malgré les efforts pour y acclimater la vigne et la pratique de la culture du sésame. On se doute qu'Aham-nûta y avait des intérêts commerciaux. En l'occurrence, il a dû être soupçonné par l'administration centrale d'avoir fait ses affaires lors des tractations commerciales concernant les jarres d'huile et de vin, intéressement exprimé par qâtum ba'îtum. L'accusateur a certainement été Sumhu-rabi, le gouverneur de Saggâratum qui, en tant qu'autorité locale, a envoyé des prud'hommes estimer la réalité des échanges. On voit par là qu'ils n'étaient que trois embarqués sur la flottille commerciale et sans doute accompagnaient-ils les marchands depuis Imâr où ils avaient pu contrôler l'embarquement. On avait dû accuser Aham-nûta de détourner les produits du commerce vers ses propres entrepôts pour les faire enchérir et les revendre à gros profit. Il lui faut en effet expliquer pourquoi les biens commercialisés se trouvaient à la Forteresse. Il en est réduit à arguer de la nécessité de les mettre à l'abri (l. 10, tukkul) et jure que toute activité commerciale est le fait uniquement des gens du port (l. 10, les lúme-e kar-ta), car ni lui ni les gens de la Forteresse (sans doute faut-il comprendre par là ses collègues) ne trempent dans le circuit commercial. Aham-nûta se jugeait l'autorité la plus haute dans le district de la citadelle et préférait une démission à une mise en tutelle. Ce n'est qu'au sein de la « maison du roi », (l. 36) qu'il accepterait d'être un dignitaire de premier rang ou un subordonné (cf. l. 36-37). 203 [A.3362] Aham-nûta au roi. Le roi lui a envoyé une lettre en termes désagréables au sujet de bateaux de vin et d'huile, l'accusant plus ou moins d'avoir fait ses affaires, ce dont se défend Aham-nûta qui voit là l'action malveillante de Sumhu-rabi. (…) Autre sujet : Aham-nûta ne peut plus supporter les empiètements d'un Rip'î-Lîm et préfère abandonner son poste pour se consacrer désormais au service du roi.
2 4 6 8 10 12 14 16 18
[a-na be]-lí-ia qí-bí-ma um-ma a-ha-am-nu-ta ìr-ka-a-ma a-um gi -má-há a dug ge tin ù ì a i-tu i-ma-arki ur-da-nim be-lí ú-a-am-ri-a-am-ma i-pu-ra-am um-ma be-lí-ma qa-tam ba-i-tam ta-a-ku-un-ma dug ge tin ù ì ta-a-am mi-im-ma a-na-ku dug ge tin ù ì ú-ul a-a-am ù ma-am-ma-an i-na bàdki ia-ah-du-li-im dug ge tin ú-ul i-a-am ge tin i-na a-limki [t]u-uk-ku-ul-ma dumu-me-e kar-ta lu-ú i-a-mu ù i-n[a ge ]tin i-a-mu 3 lú eb-bu-tum a su-um-hu-ra-bi i-na gi -má-há ra-ak-bu i-na an-né-tim-ma wa-ar-ka-at a-wa-ti-ia ka-li-i-na be-lí i-[di] am-mi-nim su-um-hu-ra-bi wa-at-ra-tim ù kar-í-ia i-na la i-di a-na be-lí-ia i-pu-ur ki-ma gi e?-[…] [o o be-lí l]u-ú i-di i-n[a-an-na ……] (F. = 4+Tr. = 3?+ Rev. = 4)
2' 4' 6'
uz-ni la [i-pe-et-tu-ú ki-ma ……] be-lí i-di [………………………] i-du-ú […………………………] 3 dug ge tin n[i…………………..] a-ni-tam ke-em [ri-ip-i-li-im iq-bé-e-em] um-ma u-ma ki-[ma … a a-lim] ù ha-al-í-im [………]
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8'
tu-a-ab-ba-al-[i-nu/na-ti lu-ú i-di] am-mi-nim tu-a-ab-[ba-al-i-nu/na-ti] mi-nu-um a-pí-ú-ti i-na [a]-l[im a-t]u-ma e-li-u mar-a-ku ù pa-ha-at ha-al-í-im tu-ur°-as-sú-um um-ma li-ib-bi be-lí-ia a-na e-er be-lí-ia lu-ut-ta-al-kam ù i-na re-e be-lí-ia-ma lu-uz-zi-iz ù u-ú a-ki-in-u li-i-ku-un
10' 12' 14'
(Reste anépigraphe.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur. Au sujet des bateaux (chargés) de jarres de vin et d'huile 4 qui sont venus en aval depuis Imâr, 5 mon seigneur m'a envoyé un message désagréable, 6 disant : « 7 Tu as eu ta part de marchéa) 6 dans les achats de jarres de vin et d'huile. » 7 Moi, 8 je n'ai acheté 7 nulle 8 jarre de vin ni d'huile. En outre, nul 9 à la Forteresse de YahdunLîm n'a acheté de jarres de vin. 10 Le vin est en sécurité dans la ville et (ce sont) les gens du port marchand 11 (qui) en ont acheté. Or, lorsque ils en ont acheté, 12 (il y avait) trois prud'hommes de Sumhu-rabi 13 embarqués dans les bateaux. C'est de cette façon que 14 mon seigneur est au fait de toutes mes affaires. 15 Pourquoi Sumhu-rabi, 16 sans s'être informé, 17 a-t-il fait tenir à mon seigneur 16 des propos outranciers et mensongers à mon égard ? 17 Que …18 … mon seigneur le sait bien. Maintenant, … 3
(Lacune d'une douzaine de l.)
…1' sans que l'on m'en informe.
2'
Mon seigneur sait
1'
que …
3'
On(?) sait …
4'
3 jarres de vin
nous… 5'
Autre chosea) : Rip'î-Lîm m'a tenu ces propos : « 6' Que les… de la ville 7' et du district 8' tu les fais transporter, 8' je suis tout à fait au courant. 9' Pourquoi les fais-tu transporter ? » 10' Quelle valeur a mon autorité dans cette ville ? 11' Je lui suis odieux. En outre, l’administration 12' du district est devenue sienneb). Si cela agrée à mon seigneur, 13' je veux partir pour chez lui. 14’Je veux me mettre à son service 15' même. Alors, lui, qu'il installe son préposé. Bibliographie : cf. MARI 6, p. 63 & p. 77-79. Note : le document illustre le vocabulaire politique du début du règne : si âpium signifie alors « celui qui exerce le pouvoir », la direction de l'administration se disait pâhâtum78 et celui qui représentait le roi, exerçant localement l'autorité en son nom n'était qu'un aknum, terme que l'on retrouve plus tard pour désigner le vassal installé par son suzerain, puis, ultérieurement, le « gouverneur », à l'époque assyrienne surtout, comme akin mâti. a) Avis contraire de N. Ziegler et N. Wasserman, NABU 1996/14, que je ne partage pas. b) Tout ce passage est étroitement parallèle aux doléances d'Aham-nûta auprès du roi dans [A.3585+A.3810] concernant un contrôle arbitral (ebbûtum) par Rip'î-Lîm de ses activités. Il est difficile, vu les cassures, de savoir à quoi ou à qui renvoie le pronom suffixe pluriel, inû/âti, l. 8' (et 9') Peut-être doit-on simplement suppléer awâtum, et tuabbal signifie-t-il « tu colportes ». c) tu-ur-as-sú-um doit être une mégraphie pour *tûrat+ um. Pour ce sens de târum « to become one’s posession», cf. CAD T, p. 259b.
7.2.3.5 La fin d'Aham-nûta Dans sa lettre [A.3585+] Aham-nûta indiquait qu'il était en fonction depuis 2 ans où il lui a fallu compter avec Idin-Dagan et Rip'î-Lîm. Son éviction des affaires n'a pas dû se produire immédiatement puisqu'on a dans son courrier des allusions à la fin de la révolte.
78
À époque ultérieure le bêl pâhâti est la désignation du « gouverneur». Le terme est dérivé de la racine qui a donné pûhum « échange », mais à l'époque amorrite, c'est le plénipotentiaire qui est désigné par l'expression kîma pagrim.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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7.2.3.5.1 Aham-nûta au temps de la seconde rébellion Son activité à la Forteresse de Yahdun-Lîm a en effet duré au moins jusqu’à la seconde rébellion des Mâr yamîna. [M.13036], envoyée depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm, est importante pour la chronologie, même si son contenu est pour une bonne part perdu. Elle donne en effet un synchronisme entre l'administrateur de la Forteresse de Yahdun-Lîm et « La-nasûm, hazzannum de Tuttul », à un moment où manifestement le corps expéditionnaire conduit par Yaggih-Addu occupait la ville de Manûhatân, dans la région du Halabît. Aham-nûta était donc toujours en poste pendant cette seconde révolte des Mâr yamîna. Le représentant mariote à Tuttul faisait rapport sur la situation locale : Yaggih-Addu s'était enfermé dans Manûhatân avec un corps expéditionnaire venu d'E nunna. De façon normale, celui qui hébergeait le messager de passage se faisait donner des nouvelles et prévenait de son côté le roi. Ahamnûta n'agit donc pas ici différemment d'un Yaqqim-Addu de Saggâratum ou de ses collègues de Qaunân. 204 [M.13036] Aham-nûta au roi. Nabi-ama , messager de La-nasûm est porteur de nouvelles sur les forces de Yaggih-Addu à Manûhatân. Il a continué sa route vers le roi qui pourra l'interroger.
2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24 26 C. 28
a-na be-lí-ia qí-bí-ma [u]m-ma a-ha-am-nu-t[a] [ì]rka-a -ma [bàd]ki ia-ah-du-lim a-lim [ha]-al-ú-um a-lim I na-bi-dutu [du]mu i-ip-ri-im a la-na-su°-yi lú ha-í-ia-nim a tu-ut-tu-[u]lki []a 1-u 2-u a-na e-er [be-lí-ia] [i]l-li-k[u u[-ma-am] [a]-na bàdki i[a-ah-du-li-im] [ik]-u-[dam] [um-ma u-ú-ma] [I ia-g]i-ih-[dIM …] [o-o] x [……] [o o o] x x x [o o o] x x x [lú pí-ih-rum ka-l]u-u-nu [ù lú-diri]-ga-me-e [a a]-bi ma-a[t è] -n[un-n]aki [ú-ul] i-ba-a-i [ù ru]-ku-us-ma [qa-du]-um 20 a-bi-im [i-na ma-n]u-ha-ta-[a]nki wa-i-ib []e-[m]a-am an-né-em [i]d-bu-[ba]-am a-nu-um-ma a-na e-er be-li-ia [i]t-ta-al-kam [e-e]m-[u] be-lí [li-a-al] 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Aham-nûta, ton serviteur.
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La forteresse de Yahdun-Lîm va bien. Le district va bien. Nabi-ama , messager de La-nasûm 8 le représentant (hazzannum) à Tuttul, 9 qui par deux fois 10 est allé 9 chez mon seigneur, 11 est arrivé à la Forteresse de Yahdun-Lîm 10 aujourd'huia). 12 Il a dit : 13 « Yaggih-Addu, 14-16… 17 Les conscrits eux tous 18 et les isolés 19 des gens d'Enunna 20 ne sont plus là. 21 Mais, il est bien approvisionnéb) et 22 avec une troupe de vingt hommes 23 il se trouve à Manûhatân. » 24 Telles (sont) les nouvelles 25 (qu')il m'a dites. 26 Voilà qu'27 il est parti 26 chez mon seigneur. 29 Mon seigneur doit lui demander 28 les nouvelles qu'il a. 6
a) Ou peut-être « le … » avec une date précise, à lire u[ x-kam]. b) Cf. DBP s.v. (A.4269: 52) sá-sag ru-ku-us-sú-um = « pourvoie-le de rations alimentaires ».
7.2.3.5.2 Après la démission Les deux textes qui suivent, déjà publiés, sont importants pour connaître la situation d'Ahamnûta après sa démission. C’est une lettre envoyée à Zimrî-Lîm par Yaqqim-Addu, gouverneur de Saggâratum, avec sa version courte à l’intention du secrétaire royal (ministre), û-nuhra-hâlu. YaqqimAddu fait en réalité allusion à une vieille affaire (l. 5). Après avoir commencé sa carrière comme intendant (abu bîtim) à Hi amta, selon ARM XXVI 6 : 50-5279, Yaqqim-Addu a pu recevoir une affectation à la capitale à moins qu'il n’y fût que de passage au moment auquel il fait allusion. À cette époque-là — ou à cette occasion-là —, il avait assisté au refus d'Aham-nûta, qui avait été chassé de ses fonctions de cheikh de la Forteresse de Yahdun-Lîm, de les assumer désormais. Le souvenir historique du début de la lettre au roi manque totalement dans le résumé adressé au secrétaire royal. Yaqqim-Addu pouvait avoir en vue quelqu'un d'autre (l. 22-25) mais jugeait expédient de ne pas oublier celui qui désormais faisait partie de l’entourage royal. Nul nom n'est proposé et le gouverneur ne fait qu'envisager la possibilité qu'Aham-nûta persiste dans son refus de revenir, ce qui semble d'ailleurs avoir été le cas. Si Aham-nûta a connu l’honneur d'y être administrateur pour le roi, il ne saurait revenir à la Forteresse pour y jouer un rôle subalterne. Devenu gouverneur de Saggâratum, Yaqqim-Addu qui s'était vu attribuer aussi la zone de la Forteresse a donc envisagé — plus ou moins sincèrement — de s'assurer la collaboration d'Aham-nûta. Pour la date de cette proposition, il faut d’une part tenir compte qu'entre le gouvernorat de Sumhu-rabi et celui de Yaqqim-Addu, Itûr-Asdû était passé par Saggâratum ; c'était sans doute Sumhu-rabi qui avait fait quitter son poste à Aham-nûta en l'accusant de prévarications. Si l'affaire, d'autre part, est en copie à û-nuhra-hâlû, le document ARM XIV 46 devrait être d'après la mort de Sammêtar, événement de la fin de ZL 5'. Sans doute la position (ou le souvenir ?) d'Aham-nûta était-elle toujours forte à la Forteresse. Le laputtûm de la Forteresse, chargé des affaires civiles, tout particulièrement de l'organisation des équipes de travail80, était alors un certain Ma hum, « consigné » à Saggâratum, chef-lieu du gouvernorat. Il a fait l'objet d'un rapport particulier (cf. l. 14-15) qui devait être circonstancié puisqu'il a tenu sur « des tablettes » — donc faire l'objet de plusieurs lettres. Nous n'en sommes cependant pas plus renseignés. On voit incidemment que le laputtûm pouvait exercer ses fonctions sans la présence d'un sugâgum. L'absence des deux relais entre son autorité et les problèmes locaux était dommageable pour l’administration du gouverneur, car la Forteresse de Yahdun-Lîm était loin de Saggâratum. 205 [A.724] Yaqqim-Addu au roi. Rappel de la mauvaise humeur d'Aham-nûta, après la perte de sa fonction de cheikh de la Forteresse. À l'heure actuelle, le chef des travaux Ma hum est également absent de son
79
Il était question qu'il y fût remplacé par Bêl- unu. Il est cependant difficile de se retrouver dans ce dédale de nominations et de dé-nominations, conséquences de la mauvaise humeur de Bannum, dans ARM XXVI 6. Il est possible que Yaqqim-Addu n'ait pas retrouvé son poste de Hi amta mais ait été plutôt affecté au Palais de Mari, une fois le roi revenu victorieux du Nord. 80
Cf. mes observations dans les Mélanges pour J.-R. Kupper, 1990, p. 151.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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poste. Il faut que le roi incite Aham-nûta à aller reprendre ses fonctions, ou qu’il nomme un fonctionnaire de confiance.
2 4 6 8 10 12 14 Rev 16 18 20 22 24
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ia-qí-im-dIM ìr-ka-a-ma i-nu-ma i-na ma-riki wa-a-ba-ku igi be-lí-ia a-ha-am-nu-t[a] ki-a-am {X} iq-bi um-ma-a-mi su-ga-gu-ut bàdki {X} ia-ah-du-li-im {X X} ú-ul e-ep-pé-{X}-e {X} du-pu-ra-ku a a-ka-nim li-[i]-ku-nu i-na-an-na a-um e-mi-i[m] a a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-a[m] I ma-a-hu-um lú-nu-banda a-bu-ul-la-tim ka-li ù a-ha-am-nu-ta i-na ma-riki-ma a-lum bàdki ia-ah-du-li-im [n]a-di i-na-an-na I {X} a-ha-am-nu-ta be-lí li-na-a'-'ì-id-ma a-na bàdki ia-ah-du-li-im li-it-ta-al-kam um-ma a-ha-am-nu-ta la i-ma-ga-ar 1 lú ták-lam a bàdki ia-ah-du-li-im ú-a-al-la-mu be-lí li-wa-e-ra-a-u-ma li-i-ru-da-a-u
Bibliographie : publié comme ARM XIV 46 ; cf. LAPO 16 82. Beaucoup de signes marqués comme mal conservés par l'éditeur sont en fait intacts. La tablette comporte plusieurs repentirs. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton serviteur. Lorsque je me trouvais à Mari, 6 Aham-nûta 7 a dit 6 en présence de mon seigneur, ceci : « 9 Je n’exercerai plus 7 la charge de cheikh de 8 la Forteresse de Yahdun-Lim : 10 je m'en trouve démis. Qu’ilsa) nomment qui ils veulent ! » 11 À l’heure actuelle, pour la raison 12 dont 13 j’ai informé 12 mon seigneur, 14 Ma hum, le chef des travaux, est consigné. 16 Or, Aham-nûta (se trouve) à Mari. 17 La ville, Forteresse de Yahdun-Lim, est sans autoritésb). 18 Maintenant, 19 mon seigneur doit attirer l'attention 18 d’Aham-nûta 21 sur la nécessité de 21 (re)partir pour la Forteresse de Yahdun-Lim. 21 S’il 22 n’en est pas d’accord, 24 mon seigneur doit donner ses instructions 22 à un homme de confiance 23 qui gardera en bon état la Forteresse de Yahdun-Lim 24 et 25 me l’expédier. 5
a) On attendrait ici « Que mon seigneur nomme qui il veut » (bêlî likun). Ce pluriel montre que la nomination n’est pas le seul fait du roi, mais aussi de la population locale qui a effectivement son mot à dire. Le passage pourrait indiquer que le cheikh a été démis à cause de son impopularité. b) Le fait que la ville soit sans autorités municipales la fait assimiler à un champ mis en jachère.
Un texte parallèle à celui-ci, représente la version destinée au ministre û-nuhra-hâlu. 206 [A.3205] Yaqqim-Addu à û-nuhra-hâlu. Il faut attirer l'attention du roi sur les tablettes qui parlent de Ma hum. Le roi doit inciter Aham-nûta à reprendre ses fonctions.
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Jean-Marie DURAND a-na u-nu-uh-ra-ha-lu qíbíma um-ma ia-qí-im-dIM ra-im-[k]a-a-ma e-em up-pa-tim a a-um I ma-a-hi-im a-na lugal ú-a-bi-lam lugal u-qí-i[l] me-he-er up-pa-ti-ia ar-hi-i u-bi-lam a-ni-tam a-um e-mi-i[m] []a a-na lugal a-pu-ra-am Ima-a-hu-um a-bu-ul sa-ga-ra-timki ka-li ù a-[ha-am-nu-ta] i-na ma-riki-ma wa-i-ib a-na lugal qí-bí-ma I a-ha-am-nu-ta lugal li-na-'ì-id-ma a-na bàdki ia-ah-du-li-im li-it-ta-al-kam a-lumki u-ú na-di
2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18
1
Dis à û-nuhra-hâlû : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton ami. Attire l’attention du roi 4 sur les tablettes qu'au sujet 5 de Ma hum 6 je 5 lui 6 ai fait porter ; 8 envoie-moi rapidement7 réponse à mes tablettes. 9 Autre chose : pour la raison 10 que j’ai écrite au roi, 11 Ma hum 13 est consigné 12 à Saggâratum. 13 Or Aham-nûta 14 se trouve à Mari. 15 Parle au roi 16 pour qu’il exhorte Aham-nûta 18 à (re)partir 19 pour la Forteresse de Yahdun-Lim : 19 cette ville est sans autorités. 6
Bibliographie : publié par M. Bonechi et A. Catagnoti, dans FM II 23, p. 55-56.
7.2.3 Les textes de Rip'î-Lîm81 « Rip'î-Lîm » est un nom nettement occidental et le fait que cet anthroponyme comporte le terme lîmum (li'mum) peut indiquer que celui qui le portait appartenait à l'aristocratie mâr sim'al. Il se pourrait aussi, puisque son fils — mal attesté par les archives, peut-être parce que vivant ailleurs qu'à Mari — s'appelait Abêrah (cf. [A.2615+]), que Rip'î-Lîm ait été le grand-père de Yasîm-sumu, l'un des personnages-clefs de l'administration de Zimrî-Lîm82. C'est peut-être cet apparentement (que l'on ne peut que conjecturer) qui lui aurait donné sous la dynastie mâr sim'al son importance dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. ARM XVI/1, p. 175 se contentait de le caractériser comme un « haut fonctionnaire » à partir de sa lettre citée dans « Iasm. 138 » (= A.575), soit un bref extrait que F. Thureau-Dangin avait repéré dans les transcriptions de G. Dossin. L’importance de l’individu était confirmée par le document administratif A.3718 (= ARM XXIII 243: 25) où il était mentionné à l'occasion d'un banquet royal, parmi une longue série de messagers et quelques personnalités importantes de l'époque. Au nombre des rares personnes nommément désignées par ce texte il y avait, outre lui-même, le roi Hâyu-Sûmu (Hâya-sûmû, ARMT XVI/1) et la mère du roi Addu-dûrî. Si chacun avait droit à un malakum, lui, en revanche, n'avait reçu qu'une miertum, ce qui le montre d'un rang autre que les personnes royales. On ne voit pas dans ce texte être présents d'autres grands serviteurs, comme les gouverneurs ou les membres principaux de l'administration centrale. 81
Ne sont pas publiés ici 5 textes (M.7466, M.9006, M.9273, M.13975, M.14657). Il s’agit de petits fragments dont il ne reste que l'incipit. 82
Cf. ici-même, p. 242 et n. 45.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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Il était encore mentionné dans le document administratif M.8547 (= ARM XXX, p. 524), avec des gens que l'on sait avoir été, à un moment ou un autre, parmi les plus hauts personnages du royaume : Kibrî-Dagan (qui devait devenir gouverneur de Terqa) ; Itûr-Asdû (à Mari, puis gouverneur de Saggâratum, et ensuite de Nahur) ; Zakirahammu (qui devait devenir gouverneur de Qaunân) ; ama -nâir affecté à Terqa (cf. ARMT XXVI 196 : 3) et qui a été— selon ARMT XXVI 179 : 9 — l'abu bîtim de Kibrî-Dagan ; Enlil-îpu et Yaqqim-Addu, des abu bîtim de Hi amta, selon ARMT XXVI 5, au moins à tour de rôle, au début du règne de Zimrî-Lîm — ou à la fin de celui de Yasmah-Addu — avant que le dernier ne devienne gouverneur de Saggâratum. Le texte administratif M.8547 doit donc être du début du règne de Zimrî-Lîm. Tous ces gens livraient des étoffes sur le district de Mari, et ne semblent pas encore dans les importantes fonctions qu'on leur connaît. Le texte date peut-être même de l'époque de Bannum.
Rip'î-Lîm est encore mentionné par ARM XXIV 6 dans une tablette de récupération de terrains83 avec plusieurs personnages repris sous le générique lú su-ga-gume-e a ha-na[me-e …84]. Ce texte doit dater du début du règne de Zimrî-Lîm, d'après les gens mentionnés. Cela concorde avec [A.1240] où Kunaniya, vers la fin du RHM, compte Rip'î-Lîm parmi les cheikhs du district de Saggâratum. 7.2.3.1 Avant Zimrî-Lîm Les informations sur Rip'î-Lîm remontent en fait assez haut dans notre documentation. Le texte juridique ARM VIII 63 qui date de Sumu-Yamam (intronisation + fortifications à Halabît) est sa plus ancienne mention (l. 28). Les témoins des actes juridiques appartiennent souvent à la haute société et constituent un petit monde d'aristocrates ou d’administratifs. Quand Rip'î-Lîm réapparaît sous le règne de Zimrî-Lîm, après son séjour à Qana, il s'agit donc d'un homme assez âgé dont nous n'avons plus d'attestations dans le cours du règne de Zimrî-Lîm, malgré son importance. La lettre [A.2615+M.11069] de Sumu-hadû permet une rétrospective de la vie de Rip’î-Lîm. Ce texte qui semble avoir été rédigé après la mort du notable, à l'occasion d'une contestation de son héritage, donne des renseignements sur lui85. Il s'était exilé à Qana pendant dix ans, soit la première partie du règne de Yasmah-Addu, puisqu’il était encore à Mari sous le très bref règne de Sumu-Yamam. Rip'î-Lîm devait être du nombre des opposants à Samsî-Addu. La lettre de Kunaniya le montre en revanche de nouveau au royaume de Mari et faisant partie des cheikhs de la province de Saggâratum. Son retour a pu avoir lieu dans l'éponymat d'Ikûn-pîya, soit une dizaine d'années après la prise de Mari. On voit également dans [A.2615+M.11069] que Rip'î-Lîm a reconnu comme siens, outre son aîné Abêrah, les deux bâtards de son épouse, U ta nêl et Dagan-pilah, alors qu'il a engendré à son retour, deux nouveaux enfants (jumeaux ?), Samsêrah et Ummî-Nikkal. Dans ARM VIII 50, on trouve un Abêrah garant d'un U ta nêl pour un prêt d'argent consenti par un Asqûdum. Ce texte est daté d'un éponyme, qui, selon MARI 1, 112 et [p. 132], peut être lu A ur-malik ou Awîliya, donc de 5 ou 4 ans antérieur à la chute du RHM. S'il ne s'agit pas là d'une rencontre onomastique singulière, on peut retrouver dans ce texte l'U ta nêl, adopté par Ri'pî-Lîm, qui aurait bénéficié de la garantie de son demi-frère aîné. En admettant que cet U ta nêl soit né immédiatement après le départ de Rip'î-Lîm, soit en Hâyu-Malik, il aurait eu 13 ans en A ur-malik, mais 14 ans en Awîliya86. Le jeune âge de l'emprunteur pourrait expliquer que son frère aîné se porte garant, même si l'on comprendrait mieux une intervention du père. Nous ne savons pas, néanmoins, dans quelles conditions ce prêt a été contracté auprès d'Asqûdum (ce dernier pouvant être le devin que l'on connaît par ailleurs).
Il existe une référence à un « Rip'î-Lîm de Hurrân » dans ARM XXII 22287 (texte de l'éponymat [qui a suivi celui (?)] de âb-illi-A ur88, donc de la [toute] fin du règne de Yasmah-Addu) à l'occasion
83
Lire vii 3, [ih]-ha-ar-[ú]; il ne s'agissait pas, comme le croyait l'éditeur, d'un simple « relevé cadastral ».
84
Sans doute à distinguer de ceux qui occupent les l. 21'-24', également des cheikhs de Bédouins, mais d'un autre clan. Il pourrait s'agir d'une opposition yabasa/aarugâyu. 85
Cf. p. 240 sq, où sont exposés les faits résumés ici.
86
En lisant l'éponyme de ARM VIII 50 a-du-ba-ni — ce qui suppose que « Addu » fût écrit phonétiquement et non pas dIM — l'emprunteur aurait eu 16 ans. 87
Texte repris dans ARMT XXXII, p. 201-202.
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Jean-Marie DURAND
de distributions d'armes. Hurrân est une ville du secteur où Rip’î-Lîm est actif sous Zimrî-Lîm et les toponymes qui y sont mentionnés font référence à la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce texte ne date certes pas le retour de l'exilé volontaire depuis Qana, mais l'atteste sous le RHM. 7.2.3.2 Au service de Zimrî-Lîm Le lieu d'activité de Rip'î-Lîm — et la zone géographique à laquelle il appartiendrait89 — indique la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il n’est pas sûr néanmoins que toutes les lettres que nous avons de lui l’attestent comme fonctionnaire royal. Il a pu envoyer des missives suite à sa position de cheikh ou à ses rapports personnels avec le roi. Il semble avoir été assez tôt, puisque cela remonterait à Bannum lui-même, chargé d’une mission militaire à la Forteresse, donc du commandement des forces armées, alors que le pouvoir administratif et/ou économique était confié à Aham-nûta. [M.9706] mentionne Bannum et [A.575] spécifie que Zimrî-Lîm vient de monter sur son trône. [A.605] est un texte contemporain de Samu-ila alors que ce dernier était à Terqa, au moment du couronnement, et [A.2201] est une lettre conjointe avec lui. Tous ces documents sont donc d’avant la mi-ZL 1. Dans [M.14551] il est explicitement dit que le roi l'a envoyé à la Forteresse de Yahdun-Lîm avec comme mission d’organiser « la garde du district et des commandos » (l. 5-8). [M.11301] qui arrête pour des raisons de travaux agricoles une cinquantaine d’hommes amenés par ûrî-la-rîm appartient au moment où Zimrî-Lîm prépare sa grande expédition en Haute-Djéziré, donc date de la première partie de ZL 1 et devrait être assez proche de [M.9706]. Le document est en accord avec les directives de Bannum de ne pas bouger et de rester assurer la sécurité et la mise en valeur de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il montre l’importance du commandant des forces militaires dans la réalisation des travaux agricoles, dans la mesure où c’est lui qui a le contrôle de la force de travail humain. Il n'est pas impossible, en revanche, que [M.14551] montre que Zimrî-Lîm lui en a voulu de ne pas avoir participé à l’expédition militaire. Cela expliquerait que Rip'î-Lîm n'ait pas été convoqué à la (seconde) Fête d'E tar qui a suivi le retour victorieux et a été, de ce fait, tenu en quarantaine alors que tous les grands serviteurs étaient présents aux festivités. Bannum, il est vrai, avait entre temps disparu. [A.4269] traite de tribulations de déportés de Qirdahat. Le document est difficile à situer de façon précise, mais la prise de l’important centre de Haute-Djéziré date de la campagne du roi de Mari dont parlent les documents [M.11301] et [M.14551. Le texte est donc postérieur à la mi-ZL 1. Selon [A.3550] la population devait se replier dans la Forteresse, mesure qui relève du commandant et Rip’î-lîm collaborait avec Aham-nûta. Il s’agissait sans doute de prévenir la tentative des Mâr yamîna de s’emparer de la Forteresse alors que l’armée de Mari devait aller à l’alliance d’E nunna contre Rapiqum. Habdû.ma-Dagan (cf. [M.5421]) a parlé de l'installer à la place d'Aham-nûta. Cela accroissait les responsabilités du commandant militaire mais, comme Yanibum était également évoqué, peut-être ce dernier devait-il faire perdurer la distinction entre administration et commandement militaire. Des lettres datent certainement d'après la révolte des Mâr yamîna, comme [A.7534] qui parle des rois de la première génération en fuite. [A.144] qui mentionne des offres de reddition des « ennemis90 » et [A.3452] qui annonce la fin de la rébellion montrent que Rip'î-Lîm est alors l'autorité qui permet le contact avec le roi (cf. [A.144]: 9-13). Rip'î-Lîm a alors manifestement le pas sur Aham-nûta. Des lettres (mal situables) comme A.2903 et M.7657 sont d’une nette tonalité administrative. Une charge de gouverneur peut expliquer qu'il soit accusé dans [A.3878] d'avoir chassé un percepteur
88 Vu l'étendue de la cassure du début de la l. de l'éponymie, il n'est pas exclu en effet qu'il faille plutôt lire [li-mu a egir à-ab-íl]-lí-e-tár. 89 90
Pour le lieu, également de ce district, Nihad, dont pourrait être originaire son épouse, cf. p. 241.
Ce terme d'« ennemis » doit désigner des Mâr yamîna plutôt que des restes de troupes du RHM, car « l’hostilité » (nukurtum) désigne aussi les troubles de la rébellion. Vu la date très haute de cette correspondance, les deux interprétations restent également possibles.
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des douanes-mâkisum, ce qui peut être également un indice qu'il avait remplacé Idin-Dagan qui avait été nommé à la Forteresse aux côtés d'Aham-nûta. Enfin, on le voit chargé d'une mission diplomatique par Zimrî-Lîm. Un Rip'î-Lîm est en effet mentionné par [A.434], lettre de Sammêtar91 qui parle de paix à instaurer entre Ti -ulme, roi de Mardamân, et Nanip- awri, roi de Haburatum, à qui Bahlu-gâyim avait d'abord été envoyé en ambassadeur. Les deux hommes sont mentionnés dans la liste des cheikhs établie par Kunaniya. Deux dignitaires de la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm se sont donc vu confier une mission extraordinaire dans la partie nord-est de la Haute-Djéziré. Pour que le roi de Mari intervienne si loin à l’Est, il faut supposer que l’événement se passe après l’affrontement d’E nunna et d’Ékallatum et le déclin définitif de cette dernière. Ce texte serait ainsi un des derniers à mentionner Rip’î-Lîm. Cette mission a dû avoir lieu à la fin du gouvernorat de Sumhu-rabi à Saggâratum, comme le montre [A.434], la lettre de Sammêtar, qui mentionne Sumhu-rabi. C’est l’époque où Sammêtar est aux affaires à Mari et où son fils Kibrî-Dagan lui a succédé à Terqa. Il n’est pas impossible que, confiée à un homme certainement vieillissant, cette ambassade ait permis de rattacher administrativement la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm au territoire de Saggâratum. Elle marque en tout cas la fin des attestations de Rip'î-Lîm. Sans doute Aham-nûta était-il resté en fonction à la Forteresse. Un départ vers la région du Nord-Est de Rip'î-Lîm expliquerait qu'il n'y ait pas chez lui de mention de Tuttul, ni d'allusions à Lanasûm, alors qu’Aham-nûta mentionne le hazzannum de Tuttul. Il est impossible dans l’état de la documentation de décider si les adversaires ont été séparés et si l’Administration centrale a mis fin aux fonctions des deux en appelant Aham-nûta aux services de la capitale et en chargeant Rip’î-Lîm d’une mission honorifique. Le notable a pu mourir lors de cette ambassade ou dès son retour92. Sumu-hadû, en tout cas, doit lui avoir survécu puisque sa lettre [A.2615+] n’a de sens que si elle traite d’une contestation portant sur l’héritage que laissait le notable. La mort de Sumhu-rabi qui devait suivre de peu devait amener au gouvernorat de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm Itûr-Asdu, puis Yaqqim-Addu qui aurait bien voulu faire revenir à la Forteresse de Yahdun-Lîm Aham-nûta, désormais à Mari et, manifestement, aigri par son expérience. 7.2.3.2.1 Le début du règne Rip'î-Lîm était un personnage important qui n'avait pas besoin d'une charge officielle pour exister et qui, avec le simple rang de cheikh, devait avoir une grande aura personnelle. Il n’est donc pas étonnant que des solliciteurs soient passés par lui pour avoir accès au roi. Tel est le cas vraisemblablement de [A.575] où un fugitif essaie de revenir à Mari. L'affaire est typique du début du règne. C'est sans doute aussi au titre de chef d'une communauté bédouine de la région de Terqa qu'il s'occupait avec Samu-ila d'affaires d'irrigation. [M.11301] date non seulement d'avant la nomination à Terqa de Sammêtar, mais aussi de la période où l'on préparait l'expédition contre Kahat (l. 9). 207 [A.575] Rip'î-Lîm au roi. Histoire du soldat Nûr-ili- u, ancien serviteur de la maison de Yahdun-Lîm, qui s'était enfui auprès de Samsî-Addu. À l'annonce de l'accession au trône de Zimrî-Lîm, il s'est sauvé d'Ékallatum où on ne faisait pas attention à lui pour reprendre du service à Mari. Il s'en remet totalement à Rip'î-Lîm. Depuis, sur les conseils de ce dernier, il attend la décision du roi. L'homme manque de tout. a-na qí-
2
be-líbí-
ia ma
91
Il s'agirait d'une des premières lettres de Sammêtar arrivé aux affaires centrales à Mari.
92
Il ne semble pas y avoir dans les archives palatiales de lettre de Rip’î-Lîm concernant cette ambassade.
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Jean-Marie DURAND
u[m-m]a ri-ip-i-li-im 4 ìrka-a- ma I nu-úr-ì-lí-u lú-aga-ús 6 a i-tu é-kál-la-timki in-na-bi-tam i-na a-wa-tim ki-a-am i-ba-ta-an-ni 8 um-[m]a-mi at-ta ti-di [i-t]u pa-na wa-ar-du-um a é ia-ah-du-li-im 10 [a-na-k]u ù a-na é dutu-i-dIM [na-a-b]u-tum- an-na-bi-it 12 [ù i-na ma-t]im-ma ka-li-a [ul ip-qí-du]-ni-ni 14 [ù a-]um zi-im-ri-li-im Tr. [a-na gi -g]u-za é a-bi-u 16 [e-re-eb-u] e-me-[ma] [ù ki-a-am aq-b]i-[ma] Rev. 18 [um-ma a-na-ku]-ma [i-tu é-kál-la-timk]i an-na-bi-tam 20 ul-[la-nu-um] é be-lí-ia ú-u[l p]a-aq-da-ku 22 ú-lu wa-a-i-ra-an-ni-ma lu-ut-ta-la-ak ú-la-u-ma a e-li-ka à-bu93 24 an-ni-tam mu-ru-u li-ib-bi-u ma-ah-ri-ia i-ku-un 26 a-na-ku ke-em a-pu-ul um-ma a-na-ku-ma na-ak-li a-yi-a-a-ma la ta-la-ak 28 a-di e-em-ka a-na e-er [be-lí-i]a a-a-ap-pa-r[u] 30 [i-na]-an-na lú u-ú m[i-i]m-ma [ú-ul p]a-qí-id be-ri Tr. 32 [ú-ul i]t-ta-[al-kam] ù a-na-ku-ma ka-le-[ek-u] 34 an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-[am] 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Nûr-ili- u, un soldat, 6 qui s'est enfui d'Ékallatum, 8 m'a entrepris en ces termes : « Tu le sais ; 9 précédemment, 10 j'(étais) 9 au service dea) Yahdun-Lîm. 10 Or, 11 je m'étais enfui 10 chez Samsî-Addu. 12 Or nulle part dans le pays 13 on ne m'a donné d’affectation. 14 Alors, au sujet de Zimrî-Lîm, 16 j'ai appris qu'il était entré 13 sur le trône ancestral. 17 Alors je (me suis) dit ceci : 19 “Je vais m'enfuir d’Ékallatumb).20 À part chez mon seigneur, 21 je n'ai (pas) de ressourcec).” 22 Ou bien laisse-moi libre de partir (pour chez mon seigneur), 23 ou sinon (fais-moi) ce qu'il te plaira ! » 24 Voilà les doléances 25 qu'il a exposées par devers moi. 26 Moi, j’ai fait cette réponse : « 27 Reste ! Ne va nulle part, 28 en attendant que 29 j'écrive 28 à ton sujet chez 29 mon seigneur ! » 30 Maintenant, cet homme 31 n'a pas de ressources ; il meurt de faim. 32 Il n'est pas parti. 33 Donc, moi, je le garde. 35 Mon seigneur doit me faire savoir 34 ce qu'il en est. 5
93
Peut-être manque-t-il ici du texte, , mais le côté est conservé sans cassure.
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Bibliographie : cette tablette a été citée pour ses l. 8 à 11, d'après une transcription de G. Dossin, par F. ThureauDangin, dans RA 34, 1937, p. 138, ainsi que par D. Charpin, CRRAI 43, 1998, p. 98, n. 26. a) é = bîtum a ici le sens d’« État », ou est une notation pour ekallum. Cf. l'expression é dti pak ou la désignation par é des États de Mari et de Qana par Samsî-Addu (cf. ARM I 77 = LAPO 18, 1005). b) Lire sans doute annabbit. Je dois la lecture du début de la ligne à D. Charpin. c) En tant que soldat, il devait recevoir une piqittum. C'est sans doute ce qu'il faut comprendre derrière l'expression ûl paqdâku. Cf. l. 13 et 21.
Le texte [M.9706], l’un des plus anciens du dossier puisqu'il mentionne Bannum, est sans doute du moment de l'expédition de Kahat (l. 13) à laquelle Rip’î-Lîm était convié (l. 5-6) sans y participer néanmoins. On connaît les plaintes du roi de Mari de n'avoir été alors suivi que par Asqûdum. Bannum a dû vouloir que les responsables restent à leurs tâches. Rip'î-Lîm était déjà chargé de responsabilités militaires dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Les arguments utilisés par Bannum semblent avoir été, d’abord, que l’armée avait déjà une grosse avance (l. 12-13) ; ensuite, qu’il fallait s’occuper de l'irrigation. Rip’î-Lîm était chargé des ressources humaines de la région mais la mise en valeur des terres pouvait ne concerner que le lieu dont Rip'î-Lîm était cheikh. 208 [M.9706] Rip'î-Lîm au roi. C’est Bannum qui lui avait demandé de ne pas bouger et de ne pas aller à l'expédition royale pour rester accomplir les travaux nécessaires sur place. Il y a des terrains à inonder. [a-na] be-lí-ia [qí-bí]- ma [um-ma r]i-ip-i-li-im [ìr-ka-a]ma [be-lí a-]um a-la-ki-ia [a-na m]a-riki [i-p]u-raam I [ ] ba-an-nu-um [ik-l]a-an-ni [um-ma-m]i an-na-n[u-u]m [i-ib-ma i-na-an-na] [be-el-ni ma-la-ak] [x b]é-er dha-bu-ur a-bi-it [a]t-ta ta-at-ta-la-ak-ma [ma]-an-nu-um []i-ip-ra-am ú-e-pé-e mi-im-ma la ta-la-ak an-na-nu-um-ma i-ip-ra-am [up]íi [a-u]m gán:- à94 a a-bi-[i]m [mé-e ]a-ba-{MI95}-sú-[um]
2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18 Tr 20 C
(anépigraphe.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Mon seigneur 7 m'avait demandé 5 de venir 6 à Mari. 8 Bannum 9 m'(en) avait retenu, 10 disant: « 11 Reste 10 où tu es. 11 En ce moment, 12 notre seigneur 13 se trouve avoir parcouru sur le Habura) x doubles lieues. 5
94
GÁN:À serait une mégraphie pour a- à-gán (interversion de signes).
95
Le signe est érasé. Ce « MI » peut être une indication d’un écriture mé-e, non me-e au début de la ligne.
440
Jean-Marie DURAND 14
Toi, si tu t'en vas, 15 qui 16 va faire accomplir le travail ? 17 Ne bouge pas. 19 Fais accomplir 18 là où tu es le travail. 20 Au sujet du terroir à inonderb), 21 prends l’eau pour lui. » a) L’utilisation du déterminatif divin devant le nom du fleuve Habur est un unicum. BT est couramment employé avec harrânum, ûdum ou urhum pour signifier « prendre la route », mais avec bêrum « double lieue », l’usage mariote serait de recourir à mâlakum, « distance ». b) Le verbe abûm qui signifie « recouvrir d'eau un champ » (cf. ARM 6 2 et 3 = LAPO 17 814 et 815) se présente ici comme abâ'um.
Le moment de [M.11301] est déterminé par l'annonce de la mobilisation pour l'expédition royale, ce qui devrait indiquer la première partie de ZL 1. Rip'î-Lîm a le pouvoir de retenir à des fins d'irrigation des serviteurs du Palais. Cette lettre est de même tonalité que [M.9706]. 209 [M.11301] Rip'î-Lîm au roi. Du fait des travaux d'irrigation à effectuer, Rip'î-Lîm a arrêté les 50 serviteurs du Palais que ûrî-la-rîm devait amener à l'expédition royale.
2 4 6 8 10
a-na be-lí-i[a] qí-bí- m[a] um-ma ri-ip-i-li-im ìrka-a- ma I ú-ri-la-ri-im 50 lú-lú é-kál-lim i-re-ed-di um-ma a-na-ku-ma a-yi-i an-nu-ut-tim um-ma u-ma a-[n]a ka[skal be-lí]-ia [e-re-ed]-di [um-ma la e-re-e]d-di (F. = 4 l. ; Tr. = 2 ? l. ; Rev. = 4 l.)
2’ 4’ 6’ 8’ 10’
ù um-ma a-bu-um an-[nu-ú-um] la ik-ka-la-ma tap-pu-tam la i-l[a-ak-ma] ù bi-it-qum u-ú la-ma e-bu-[ri-im] la ik-ka-{Z[I]}-í-ir wa-ar-ka-nu-um mi-im-ma e-pé-a-am ú-ul ni-le-i 4 me-at -a- à u-ú mi-ik-ra-am i-be-er-ri a-um ki-a-am á-ta-al-ma a-ba-am u-nu-ti ak-la an-ni-tam be-lí lu-ú i-di 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur.
ûrî-la-rîm 7 conduisait 6 50 serviteurs du Palais. 7 Je (lui) ai dit: « 8 Où (conduis-tu) ces gens ? » 9 Il a dit : Je (les) conduis à l'expédition de mon seigneur. Si je ne les conduis pas… » 5
(Lacune de 3 l.) 1'
Or, si cette troupe 2' n'est pas retenue et ne vient pas en renfort et 3' qu'alors cette brèche avant la moisson 4' n'est pas colmatée, 5' après, 6' nous ne pourrons (plus) 5' rien 6' faire. 7'(il y a) 400 arpents de terrain 8' (qui) sont en manque 7' d'irrigation. Y 9' ayant réfléchi, 10' j'ai empêché de partir 9' cette troupe. 10' Mon seigneur est maintenant informé de cela.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
441
Les anecdotes de [A.4269] concernent des événements de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce document appartient au début du règne puisque ûrî-la-rîm y est mentionné, mais le roi a déjà pris Qirdahat, un épisode de la campagne contre Kahat. Le texte doit donc être du milieu de ZL 1. La première histoire rapporte la mésaventure de 4 déportés de Qirdahat qui voulaient rentrer chez eux, ce qui montre la fragilité du système de déportations. La prise de Qirdahat étant du début du règne de Zimrî-Lîm96, la mention de ses déportés situe en gros la lettre de Rip'î-Lîm. Après avoir chargé des ânes de grain, les fugitifs avaient entrepris de remonter le cours de l'Euphrate, jusqu'à un gué pour traverser le fleuve. La navigation fluviale étant bien attestée entre Imâr et Ganibatum, on était sans doute à un moment d’étiage. La lettre montre l'insécurité de la région, à l'amont de la Forteresse de YahdunLîm, surtout sur la rive gauche, car les fugitifs se sont fait attaquer près de la forteresse, du fait qu'ils avaient dû quitter la grand route (gerrum), afin d'éviter les baa‘âtum qui interceptaient les suspects dont les déplacements n'avaient pas été autorisés par l'autorité. Ces gens semblent d’ailleurs avoir été lancés à leur poursuite (l. 15-16). Il est difficile aujourd'hui de savoir qui avait agressé les fugitifs, mais que le nom des agresseurs ne soit pas mentionné donne à penser que c’était le fait de locaux. Les autres sujets de la lettre relèvent de la gestion courante d'un fonctionnaire royal. Il fallait, d'abord, pourvoir la capitale en productions locales, en l'occurrence (sans doute à des fins de constructions) en bois et roseaux secs, sujet récurrent dans cette correspondance (cf. [A.605]). Le fait que ces derniers soient encore « verts » (rabum) pourrait être une indication sur le moment de l'année. L'envoi à la capitale est exprimé au moyen de sakâpum, ce qui, à Mari, désigne une expédition par bateau, plus que par flottation. Il est ensuite question de l'approvisionnement de gens d'un ambassadeur babylonien, retour d'amont, sans doute un envoyé vers Alep ou Carkémish, dont Mari assurait l'entretien en route. On voit là le souci de se montrer gracieux envers la puissance du sud du royaume. C'est sans doute parce qu'ils ne sont que de passage (êtiqtum) que ûrî-la-rîm fait des difficultés (l. 56-59) et demande à recevoir un message explicite du roi sur ce que devaient recevoir les étrangers (l. 59). ûrî-la-rîm était apparemment à la tête des réserves du palais et considérait qu'il n'avait pas d'ordre à recevoir d'un Rip'î-Lîm pour des réserves dont il était tenu comptable, ce qui est le propre d'un intendant (abu bîtim). Rip'î-Lîm envisageait dès lors de défrayer les ambassadeurs sur ses biens propres, ce qui pourrait expliquer l'expression des l. 47-48. Il fallait que le roi fût informé que le défraiement des ambassadeurs avait incombé à un particulier, non au Palais local. 210 [A.4269] Rip'î-Lîm au roi. Récit de l'attaque de quatre déportés de Qirdahat qui s'étaient enfuis de la Forteresse et ont été ramenés par les baa‘âtum. Rip'î-Lîm rappelle à l'ordre les déportés. Affaires locales : approvisionnement de la capitale en bois et roseaux secs ; entretien des messagers d'amont : obstruction faite par ûrî-la-rîm.
2 4 6 8
a-na be-lí-ia qí-[bí-ma] um-ma ri-ip-i-li-i[m] ìrka-a- m[a] i-na lú-me-e na-si-hi a i-[tu] qa°-ar°-da-ha-at i il-le-qú-n[im] ù be-lí i-na bàd ia-ah-du-l[i-im] ú-e-i-ib°-u-nu-ti i-na li-ib-bi-u-[nu] 4 lú-me-e an e-há e-em ú-ma-al-lu-ma it-ta-al-ku i-na ku-ta-ri-im
96 Pour cet événement, cf. D. Charpin-N. Ziegler, FM V, p. 188 et notes afférentes ; la lettre A.3558 est citée par M. Guichard dans FM VI, p. 152, n. 132. Pour la déportation d'habitants de Qirdahat, cf. ARM XXVIII 150.
442
Jean-Marie DURAND
10
i-bi-ru ge-er-ra-am i-zi-bu-ma ar-ri ih-mi-ru-ma it-[ta-al-k]u 12 i-nu-ma a- à 2 bé-er il-l[i-ku] i-hi-ú-u-nu-ti-ma a-di [na-pí-i-ti-im] 14 i-du-ku-u-nu-ti i-na na-pí-[i-tim] l[ú-m]e-e []u-nu ú-ú-ú à ma-a-[a-ra-tim] 16 [o o o o]-mi97-ma wa-ar-ki-u-nu ú-[wa-ir-ma] [lú-me-e na-si-hi] ú-ka-a-i-du-[ma] 18 [………]98 lú° né-eh-ra-rum [it-ti-u-nu (?)] 20 i-tu-ra-am e-nu-us-sú-[nu] ma-li il-qú-nim ú-te-er-[ru-nim] Tr. 22 lú-ZI°na-si-hi99 ka-lu°100-u-[nu] ú-pa-hi-ir ki-a-am 24 ad-bu-ub-u-nu-i-[im] Rev. um-ma a-na-ku-[ma] 26 be-lí zi-im-[ri-li-im ………] [be]-lí zi-im-[ri-li-im …] 28 [……………] [……………] 30 an-n[i-tam ad-bu-ub-u-nu-i-im] i-na-an-n[a a-na e-er be-lí-ia] 32 a-ta-ap-ra-a[m-ma ù be-lí] lu-ú i-di a-n[i-tam be-lí] 34 a-um gi-há gi -há [ab-lu-tim]101 [i]-pu-ra-am um-ma-[a-mi] 36 la-ma siskur-re [e-tár] ar-hi-i a-na ma-[riki li-ik-u-du-niml 38 [a]n-ni-tam be-lí i-pu-ra-{AM}-a[m] i-na-an-na gi-há ab-lu-tum ú-ul i-[ba-a-i] 40 gi-há ra-a-bu-tim-ma e-pu-ú ù a-sà-ka-pa-am 42 u-nu- {X X } -[t]i- {AM} (sic!) a-ni-tam dumu-me-e i-[ip-ri a i]-tu 44 e-le-nu-um i-la-[ku-nim] sá-sag°-u-nu ú-[ul ma-ah-ru-ma] 46 [u]t-ta-az-z[a-mu sá-sag-há-u-nu] ú-a-ab-[ba-al-u-nu-i] Tr. 48 a-na ur-[ra-am e-ra-am] be-lí lu-ú [i-di a-um dumu i-ip-ri] I ha-am-mu-ra-b[i be-lí i-pu-ra-am] 50 um-ma-mi az-z[i-im dumu-me-e i-ip-ri-u] C. i 52 ù az-zi-im ni-i-u-nu sá-sag ru-ku-us-sú-um-ma° 54 lu-ú ka-a-ia-na-an!102 97
Lire [mu-a-al-li]-mi ? Toute la ligne semble sur érasures.
98
À l'endroit du joint, la ligne a complètement disparu.
99
Il s'agit d'une bévue pour lú-me-e , ou de l'emploi de ZI = nasâhum, glosé par le na-sí-hi qui suit.
100
On attendrait plutôt ka-la-u-nu.
101
Restauré d'après la l. 38.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
56 ii 58 60
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an-ni-tam be-lí i[-p]u-[r]a-am i-na-an-na ú-ri-[la-r]i-im ik-u-dam um-ma u-[ma a-di lu]gal i-a-pa-[r]a-am sá-sa[g i-na]-tu ú-ul a-na-di-in a-[na e-er b]e-lí-i[a] a-ta-ap-ra-am be-lí [ o o o i]-u-ú i-na-an-na be-lí l[u-ú i]-di 1
Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Rip'î-Lîm, ton serviteur. Parmi les déportés qui 5 ont été pris 5 sur Qirdahat 6 et que mon seigneur 7 a mis à résidence 6 à la Forteresse de Yahdun-Lîm, 7 parmi eux, 8 4 individus, ayant chargéa) de grain des ânes, 9 s'en sont allés. 10 Ils ont traversé 9 au kutarumb). 10 Ils avaient quitté la (grand) routec) et, 11rapidement/par les flachesd), ils sont partis en se cachante). 12 Alors qu'ils avaient cheminé deux doubles lieues, on les a agressés et on a failli 14 les tuerf). 15 Ces individus ont sauvé 14 leur vieg). Parmi les gardes, 16 j’avais envoyé à leur poursuite des escorteurs. 17 Ils avaient poursuivi les déportés et 18…h) 19 La troupe de secours 20 m'est revenue 19 avec eux. 21 Ils m'ont ramené 20 leurs affaires, 21 tout ce qu'ils avaient pris. 23 J'ai rassemblé 22 tous les déportés. 23 Voici ce que 24 je leur ai dit : « 26 Mon seigneur Zimrî-Lîm… ; 27 mon seigneur Zimrî-Lîm…i) 28-29… » 30 Voilà ce que je leur ai dit. 31 Maintenant, 32 j'envoie un message 31 chez mon seigneur. 32 Mon seigneur est donc informé. Autre chose : mon seigneur 35 m'a envoyé un message(r) 34 au sujet de roseaux et de bois secs, 34 me disant : « 37 Ils doivent m'arriver vite à Mari, 36 avant le sacrifice d'Etar! » 38 Voilà ce que mon seigneur m’a écrit. 39 Maintenant, il n'y a pas de roseaux secs ; 40 ce sont donc des roseaux encore verts 41 dont j'ai fait des bottesj). Alors, j'ai envoyé par bateau 42 ceux-làk). 43 Autre chose : « Les messagers qui 44 arrivent 43de (la région) 44 d'amont, 45 se trouvent ne pas recevoir leurs rations alimentaires et 46 s'en plaignent. 47 Je vais leur faire porter 46 leurs rations 48 tôt ou tardl). 49 Mon seigneur est informé. Au sujet de l'envoyé de 50 Hammu-rabim), mon seigneur m'avait envoyé un message(r) 51 disant : 51 « En fonction de (ce qui est fait pour) les messagers 52 et en fonction de leurs gensn) 53 pourvoie-leo) de rations alimentaires et 54cela, régulièrement ! » 55 Voilà le message que mon seigneur m'avait envoyé. 56 Maintenant, ûrî-la-rîm 57 m'est arrivé et il a dit : « Tant que le roi 58 ne m'envoie pas un message(r), 59 je ne donnerai pas 58 ces rations. 60 J'envoie donc un message(r) 59 chez mon seigneur. Mon seigneur a …p). » 60 Maintenant, mon seigneur est informé. 4
a) Mullûm se dit de « charger un animal » ; cf. CAD M/1,p. 185a (f). Les exemples appartiennent surtout au corpus paléoassyrien. b) ku-ta-ri-im (la lecture est sûre) désigne sans doute le moyen de passer au plus vite pour sur l'autre rive. Cela étant, faute de parallèle, la forme en est obscure. — S'il s'agit d'un substantif, il peut désigner un « raccourci » comme un gué. — Mais on peut aussi considérer ce mot comme un infinitif de karûm, la forme D ayant le sens de « to make shorter », CAD K, p. 230a, en parlant du temps. Dans le cas d'une forme verbale, on aurait cependant ana, sans doute, non ina. — Il peut s'agir enfin d'un lieu-dit ou d'une expression géographique, à lire éventuellement qú-ta-ru (QR), etc. Il existe, par ailleurs, dans les textes néo-assyriens un terme rare, ku-da-ru (CAD K, p. 492 s.v. kudru) qui désignerait « a topographical feature ». Si les deux termes ku-TA-ru et ku-DA-ru sont apparentés, il faudrait les considérer comme notant kuarum. Non liquet. c) Dans ce contexte gerrum signifie « la grand route», soit l'axe de circulation emprunté par ceux qui se déplaçaient et qui ne pouvait que faire l'objet d'une surveillance policière. d) Pour le sens de arri, cf. LAPO 17, p. 226 où j'avais renoncé à un adverbe arri « rapidement », (avec référence à ARM XXVI/1 169, p. 345h), pour « en passant par les flaches » (arrî), c'est-à-dire par le lit même du fleuve, les « flaches » (ou « flaques ») désignant des creux à eaux stagnantes, un endroit moins fréquenté, mais où l'on s'expose à de mauvaises rencontres. Le terme arrum serait ainsi une variante dialectale de yarrum, le ya- initial pouvant effectivement être réduit à a-. même dans les formes verbales comme le montrent certains noms propres. Le 102
Le signe AN est réduit à un simple A.
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Jean-Marie DURAND
présent exemple était d'ailleurs cité, ibid., p. 226. Mais, l'arabe 'RR (arra) à la forme VIII signifie « se dépêcher » ou « faire aller vite son animal ». Dans son édition, Letters to the King of Mari, W. Heimpel, p. 240, ne traduit pas le terme. J. Sasson dans son From the Archives of Mar et di, ne reprend pas le texte. Le drame a dû se produire sur la rive gauche de l'Euphrate (cf. l. 10, où il est dit « ils ont traversé », ‘BR) après seulement deux doubles heures de marche. Les gens de Qirdahat, tentant sûrement de rejoindre leur ville, devaient se proposer de passer au plus tôt en rive gauche. e) Pour MR les dictionnaires ne connaissent que hamârum = « être sec » ou hemêrum = « briser », verbes plutôt employés au permansif et de sens peu exploitables ici. Le sens de « se cacher », que recommande le contexte, peut s'appuyer sur l'arabe amira « se cacher devant quelqu'un » …, l'expression ‘alä imrat signifiant d'ailleurs en arabe « en cachette ». f) Le verbe dâkum, traduit toujours par « tuer » en akkadien, signifie étymologiquement (et souvent en fait) « battre », ainsi que « triompher de », sens courant à Mari et analogue au français « battre militairement ». Pour le sens de l'expression adi napitim … dâkum, en mot à mot « rouer de coups jusqu'à tuer », donc pratiquement « manquer de tuer », cf. DBP s.v. inanna awîlum û uhârî-ia a ina atappi ramâni-ia eqlî iaqqû a-di na-pí-i-tim idûk û atappî iskir = « En fait, cet individu a roué de coups (frappé à les tuer) mes serviteurs qui irrigu(ai)ent mon champ avec la rigole qui était à moi ; alors, il a fermé ma rigole. » g) Pour l'expression cf. ARM III 71 : ina napitim uêm : LAPO 18 , p. 236 : « J'ai fui pour sauver ma vie » ; CAD N/1, p. 297b: « and escaped with my life ». h) Le texte disparu devait dire que l'arrivée des soldats les avait sauvés d'une mort certaine. i) Le discours aux déportés a entièrement disparu mais on peut supposer que le gouverneur leur a exposé les dangers qu'il y avait à quitter la sûreté de la citadelle. j) Il s'agit ici du verbe epêum = arabe afaa « rassembler », pour lequel voir B. Landsberger, Date Palm, p. 25, avec le sens de « tresser », renvoyant à l'hébreu b et à l'akkadien ebiu ([epi u]) k) Postposition de la forme tonique, après un verbe au ventif. l) Cf. pour cette expression, ARMT XXXIV ad [A.3878] 24-26 a-na ur-ra-a[m e-ra-am], a-na a-wa-tim [i-na-ti], [b]e-[l]í ú-zu-u[n-u li-i-ku-un], mais la place manque pour restaurer un strict parallèle. L'expression ana urram êram se retrouve dans ARM XXVIII 60: 37. Cette formulation avec ana et l'emploi de l'accusatif, n'était sans doute pas akkadienne. m) Il ne peut s'agir que de Hammu-rabi de Babylone car, à l'époque, le roi d'Alep est toujours Yarîm-Lîm et celui de Kurda toujours Simah-ilânê. n) Le terme de nîû, généralement utilisé pour désigner la « famille » d'un individu, signifie ici les gens qui accompagnent l'ambassadeur. o) Pour rakâsum à Mari concernant des rations, cf. A.4471, édité dans MARI 6, p. 291. Le sens « assigner un bien à quelqu'un » est connu à l'époque, au moins dans les domaines périphériques. p) Le texte pouvait faire référence à un document fixant le taux d’attribution.
Le texte [M.5414] est de portée plus générale que le précédent et parle d'autres faits divers : la fuite de 20 soldats qui ont échappé aux recherches (l. 5-8) et le pillage de déportés, qui essayaient de rentrer chez eux, à l'amont de Bisan. Ces fuyards repartaient chez eux par des moyens de fortune, en se fabriquant des radeaux (l. 15, les mallû ? ) qui leur permettaient de passer par le fleuve, donc d'échapper à la route soumise à la surveillance des forces de police royales. L'anecdote montre le pillage de leurs biens (l. 20)—et même le massacre de l'un d'entre eux (l. 21-23) — sans doute par les locaux. C'est également à Bisan qu’a pu être attaquée la caravane de Yasmah-Addu, selon l'Épopée de Zimrî-Lîm103. Le bourg devait se trouver à un endroit du fleuve où les embarcations pouvaient être attaquées. Qui est appelé bêlî, l. 1 ? Plutôt que le roi (dont il est explicitement question dans [M.5414]), on pense à celui qui commandait alors la citadelle et, de ce fait, dirigeait les travaux, soit Sumu-hadû ou Aham-nûta. Yasaddel, laissé pour assurer le suivi des opérations, informerait son supérieur. La lettre, retrouvée dans les archives du Palais, y aurait été transmise pour information.
211 [M.5414] Yasaddel à son « maître ». 10 soldats hors clans se sont enfuis. On les a poursuivis sans résultat. Tous les déportés de Qirdahat qui s'étaient sauvés par bateaux ont été repris. Razzia opérée sur eux en amont de Bisan. Il y a eu un mort. Le mur (de la Forteresse de Yahdun-Lîm) a été déblayé. 103
Cf. M. Guichard, FM XIV, p. 36, ad i 23.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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[a-n]a [be]-lí- [ia] [qí]bím[a] [um-m]a i-sà-a[d]-[d]i- [AN] 4 [ìr-k]a-ama [i-n]a pa-ni-tim 10 lú-diri-ga-me-e -ma 6 [i]n-na-b[i]-t[u] [a-na be-lí-i]a a-pu-ur-ma 8 [a-di ni-ha-d]i-iki ú-ka-a-i-du-u-[nu]-/ti [ú-ul i]n-na-am-ru 10 [i-na-an]-na i-na lú-me-e na-si-hi [a i]-tu qí-ir-da-ha-atki 12 [na-ás]-hunim [ka-lu]-ú i-a-ab-tu-ma Tr. 14 [gi -má-h]á-unu [ma]-a-ku ma-al-lu-ma Rev. 16 [i-na mu-uh-hi]-unu [e-nu-t]i-u-nu i-ku-nu-m[a] 18 [e-le]-nu-um bi-sa-an[ki] ma [i-hi]-tu-u-nu-ti20 [e-nu]-ti-u-nu [ú]-a-ad-d[u]-u-nu-t[i] [1 mi-tum i]-na li-ib-bi-u-nu 22 [a-ar l]ú-me-e a-hi-ti-u-nu [lu-ú t]u-muur 24 [an-né-tim (?)] be-lí lu-ú i-[di] [a-ni-ta]m a-lum bàd ia-ah-d[u]-/un-li-i[m] a-[lim] 26 é-kál-lum a-lim [bà]d na-si-ih 28 [an-ni-ta]m la an-ni-tam [me-hi-ir up]-pí-ia Tr. [be-lí li-i-p]u-ra-am-ma 30 [a …… lu-pu-ú] 2
C.
(sans doute anépigraphe)
Dis à mon « maître » : ainsi parle Yasaddela), ton serviteur. 5 Naguère, 10 soldats supplétifs 6 s'étaient enfuis. 7 Je l'avais écrit à mon « maître » et 8 on les a poursuivis jusqu'à Nihadûb). 9 On ne les a pas aperçus. 10 Maintenant, parmi les déportés 11 qui 12 l’ont été 11 depuis Qirdahat, 13 tous ont été pris car 14 leurs bateaux 15 (c'étaient) des chartoures en peauxc) et 17 ils 17' avaient mis leurs affaires 16 dessus, mais, 18 à l’amont de Bisan 19 ils ont été razziés. 20 On leur a fait abandonner leurs affaires. 21 Il y a eu un mort parmi eux. 23 Il se trouve soigneusement dissimuléd) 22 chez ceux qui les ont razziés. 24 Mon « maître » est informé de cela. 25 Autre chose : la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, ça va ; 26 le palais, ça va. 27 Le mur a été enlevé ; 28 ce qu'il doit en être, mon « maître » doit me l'indiquer 29 en réponse à ma tablette 30 que je fasse ce qu'il me dira. 1
a) Le NP i-sà-ad-di-AN est l'équivalent de celui qui est noté comme «Yasaddi-El » ailleurs à Mari. Le même homme104 est mentionné par Yaqqim-Addu dans ARM XIV 27 (= LAPO 18 996): 7. Il s'agit d'un individu affecté au district de Saggâratum, mais non à Saggâratum même, comme le supposait ARMT XVI/1, p. 228 (n°3). Son nom est un anthroponyme bédouin. Il est possible que ce soit le même que celui qui est attesté à Ya'il (op. cit., 104 Certainement à considérer désormais comme un NP, non un toponyme, malgré la présence d'un KI (peu sûr) sur la tablette de ARM XIV 27.
446
Jean-Marie DURAND
n°5), mais manifestement il y a eu plusieurs porteurs de ce nom. D'après la teneur de sa lettre, on doit le considérer comme en charge de personnel dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il pouvait être un laputtûm. b) Le bourg de Na/ihad, à chercher à la limite entre la région de la Forteresse et le district de Terqa, convient pour le nombre de signes et leurs traces, mais n’est qu’une conjecture. c) « Chartoure » est une sorte de radeau qui servait aux transports de toutes sortes sur l’Euphrate. Pour mallûm = « chartoure », cf. Le Culte des pierres… = FM VIII, 2005, p. 14-15. Les spécimens sont décrits comme faits avec des bottes de paille (cf. RA XXXII, 1935, p. 10). J’ai supposé que makum + mallûm représentait une expression par juxtaposition signifiant « des peaux utilisées comme radeau ». Les fugitifs auraient donc essayé de confectionner des sortes de kéleks. Le texte est cependant mal conservé. d) Le verbe temêrum (l’arabe y répond par amara « enfouir, cacher sous la terre », ce qui devrait entraîner d’ailleurs une forme emêrum en akkadien) a dans les textes de Mari le sens de « cacher, dissimuler » — non d’« enterrer selon les rites », ce qui se dirait qebêrum —, comme le montre FM I, p. 82, l. 33 : 1 munus a-a-ti i-na in-nu-da at/-mì-ir-i où il est question de cacher une femme sous de la paille pour la dérober à des enquêteurs. De façon normale, t/imirtum désigne donc le trésor que l’on a caché dans le sol (cf. ARM VI 44 = LAPO 18 1047) et ARM X 58 ( = LAPO 18 1103 ). Le terme timrum (imrum ?) désigne la cachette de Dumu-zi, dans RA 69, p. 27, n° : 4, ou un procédé de cuisson du poisson ( izi-ta-ná.aku), « poisson qui a été cuit à l’étouffée », c’est-à-dire à l’abri de l’air. La forme D (t/ummurum) était attestée au sens figuré à Mari par ARMT XXVI 373 : 3 ( « dissimuler »).
Un sujet identique à celui de [A.605] est traité dans [A.919] et [A.4269]. La région de Rip’î-Lîm était apparemment pourvoyeuse de menus bois et de joncs. Par ailleurs, la mention de Samu-ila marque la lettre comme antérieure à l'expédition de Kahat. Il n’est pas sûr que Rip’î-Lîm soit alors à la Forteresse. Il peut écrire de la ville dont il est cheikh et dont il doit protéger la moisson contre la crue. Il dépendrait alors de son gouverneur (Samu-ila) et aurait fait appel à la capitale devant l’immobilisme de ce dernier. Il n’y a nulle mention de Saggâratum. Le iprum dont il est question ici (l. 16, 19, 24) représente, selon [A.2201) celui qui était fait pour alimenter le canal-takkîrum suite à la baisse de niveau de la crue. Le nârum dont parle la l. 24, doit donc être non point l’Euphrate, mais le canal majeur d’alimentation en eau. 212 [A.605] Rip'î-Lîm au roi. Le roi avait demandé des roseaux et du bois à brûler. Il avait donc quitté le fleuve, mais c’était le moment de la moisson et le responsable de l’irrigation était inquiet. Samu-ila n'a envoyé personne en renfort au contraire d'Asqûdum. Tout le monde va faire la moisson et le canal est en bon état. On va s’occuper de ce que demande le roi. Le roi doit rappeler à l'ordre Samu-ila.
2 4 6 8 10 12 Tr.14
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ri-ip-i-li-im ìr-ka-a-ma be-lí a-na gi-há ù gi u-ur-pí-im i-pu-ra-am i-tu na-ri-im ap-ú-ra-am-ma a-na e-bu-ri-im na-ru-um mi-lum ù sé-ke-ru-um i-hi-i a-n[a s]a-mu-i-la a-na lú-me-e [na-ah]-ra-ri-im a-pu-ur-ma [mi-i]m-ma lú a-ba-am ú-ul {ID}105 [i-ru-d]a-am [a-na às-qú-di-i]m106 [a-pu-ra-am-ma] [a-ba-am li-i-ru]-dam 105
Apparemment, anticipation du 1er signe de la l. suivante. Le ID ne serait pas complet. Il y a ici rencontre avec les signes d'écriture du Rev. 106
Pour cette restauration, cf. l. 18.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
447
[ù i-ip-r]a-am [lu-uk-]ú-ur Rev. 18 [i-na-an-na] às-qú-du-um [a-ba-am i-ru]-dam-ma i-ip-rum 20 u-ú [k]a-í-ir ú° a-lim107 ta-ni-ih-ti li-ib-bi ma-tim e-pu-ú be-lí 22 li-ih-du i-na-an-na e-bu-ram ú-ni-ih 24 ù i-pí-ir na-ri-im ak-ú-ur ù ak-ki-ma 26 na-a-pa-ar-ti be-lí-ia a i-pu-ra-am a-na gi-há 28 ù u-ur-pí-im qa-ti a-a-ka-an a-ni-tam be-lí a°-na° Tr. 30 I sa-mu-i-la dan-na-tim li-i-pu-ur-ma 32 1 me-at lú-me-e a-ba-am li-ik-ú-ra-am-ma C. 34 li-i-ru-dam
16
1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Mon seigneur 5 m'avait envoyé un message 4 pour (avoir) des roseaux et du bois à brûler. 6 J'avais quitté 5 le fleuve mais 7 au moment de (ana) la moisson le fleuve 8 (a eu sa) crue. 8 Alors, le sêkirum était inquieta). 10 J'avais envoyé un message(r) 9 à Samu-ila pour 10 (avoir) du renfort 9 en hommes. 12 Il ne m'a rien expédié 11 du tout comme gens. 15 J'ai envoyé un message 13 à Asqûdum 14 pour qu'il m'envoie des gens 17 pour que j'agence 16 le 18 travail. Maintenant Asqûdum 19 m'a envoyé des gens. Donc 20 ce 18 travail 19 est agencé et ça va. 21 J'ai 20 tranquillisé 21 le pays. Mon seigneur 22 peut être content. Maintenant, 23 j'ai donné congé pour accomplir la moissonb), 24 car 25 j'avais agencé le travail sur le fleuve. 25 Donc, selon 26 le message de mon seigneur 27 qu'il m'a envoyé, 29 je me mets 27 aux joncs 28 et au bois à brûler. 29 Autre chose : mon seigneur 31 doit envoyer 30 des ordres impératifs 29 à 30 Samu-ila 33 pour qu'il 32 forme une troupe de 100 hommes 33 et 34 qu'il me l'expédie. 4
a) Pour hâum « être inquiet », cf. LAPO 17, p. 253. b) Pour ebûram nuhhum, « libérer les gens pour qu’ils fassent la moisson », cf. LAPO 17, p. 442-443.
Dans le texte [A.2201], Yasaddêl est chargé de rapporter au roi ce qu’il a vu dans la région à l'amont de Terqa. Le travail, commun à Rip'î-Lîm et Samu-ila, doit donc concerner la section du canal I îm-Yahdun-Lîm à la limite de leurs domaines. La crue survient au moment de la moisson (cf. [A.605]). Il est à nouveau question de joncs et de bois secs. Ensuite on procèdera à la préparation des cultures qui succèdent à la moisson. 213 [A.2201] Rip'î-Lîm et Samu-ila au roi. Le roi doit interroger Yasaddêl sur le travail qu'il a vu. Ils ont travaillé deux jours encore après son départ, mais la crue est survenue. La baisse du niveau d’eau, que le roi a pu constater lui-même, nuit à l'irrigation d'aval à partir de la dérivation. La mise en eau de cette dernière, à l'amont et à l'aval, se trouve retardée. Après réflexion, puisque le travail ne pouvait être fini et 107
Il y a ici rencontre de la l. de la Face et de celle du Rev. mais le signe I est encore visible.
448
Jean-Marie DURAND
que le grain n'était qu'à moitié récolté, ils ont lié les joncs. Ils ont doublé le grain des hommes : demain ils feront la taptîtum, ensuite, renforçant les rations en grain et en bière, ils termineront leur travail. a-na be-lí- [ni] qíbí[ma] um-ma ri-ip-i-li-[im] 4 ù sa-mu-i-la-m[a] ìr-du-ka-ama I ia-sa-ad-diel° 6 il-li-ka-am°ma 8 i-ip-ra-am i-mu-ur ma-li i-mu-ru 10 be-el-ni li-i-ta-al-u wa-ar-ki ia-sa-ad-di-el 12 u 3-kam i-ip-ra-am ni-pu- ú Tr. 14 [íd]-da mi-lum-ma er-um u-up-lam-[ma] {X X X X} Rev. 16 ú108-ul i-ma-kà-r[a-am-ma] ki-ma a be-el-ni-ma 18 i-mu-ru 2 gi 1 kù ° ú-a°-pí-il ù pi ta-ki-ri-{X}109-im 20 e-lu-um ù a-ap-lu-um {MA} a-na ba-ta-qí-im-ma uh-hu-ur 22 ni-i-ta-al-ma a-um íd-da mi-lum-ma 24 i-pí-ir-ni qú-ut-ta-am la ni-le-ú ù e-um ba-i-il (EL) gi u-ra-am nu-ka-sí° 26 ù e lú-me-e ni-í-ip-m[a] 28 [i-na ]a-ni-im u-[mi-im] Tr. [t]a-ap-ti-[ta-am] 30 ni-ip-[pé-e] wa-a[r-ka-nu-um] C. 32 í-di-tam ù si-ka-tam nu-da-n[a-an-ma] ni-te-bi-ma i-pí-ir-ni ni-k[a]-/a-ar 2
1
Dis à notre seigneur : ainsi (parlent) Rip’î-Lîm et Samu-ila, tes serviteurs. Yasaddêl est venu et 8 il a constaté le travail. 9 Tout ce qu’il a constaté 10 que mon seigneur le lui demande. 12 Deux jours après (le départ de) Yasaddêl, 13 nous avons (encore pu) 12 travailler. 14 (Puis ce fut) la crue du fleuvea) mais 15 la terre sillonnée 16 ne sera pas irriguée 15 pour sa partie d'aval car, 17 comme notre seigneur lui-même 18 l’a constatéb), il y a eu (cette année) une baisse (de la crue) de 2 cannes 1 coudée : 19 donc, aux embouchures du canal de dérivationc), 20 en amont et en aval, 21 il y a du retard pour divertir le cours de l'eaud). 22 Nous avons discuté et, 23 étant donné que le fleuve (était en) crue et que 25 nous ne pouvions 24 pas terminer notre travail (sur le canal), 25 le grain étant mûr, 26 nous avons lié les ajoncs. 27 Alors, nous avons doublé le(s rations de) grain des hommes. 6
108
Ú archaïque, comme aux l. 18 & 25.
109
Signe érasé comme à la l. 20.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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28
Demain, 30 nous entreprendrons 29 la mise en eau des champse). 31 Ensuite, nous renforcerons l’approvisionnement (en grain) et la levure (pour faire de la bière)f), 33 et nous agencerons notre travail. Note : ce texte est écrit de façon atypique: les Ú ont la graphie archaïque propre à l'époque de Yahdun-Lim avec uniquement 4 horizontaux ; le signe GI est écrit « ME+HI » ; l. 16 le signe GA aurait la valeur kà, mais la racine peut comporter dialectalement une sonorisation de la C2 (on trouve megêrum au lieu de makârum). L. 18, ú-a-pí-il est à la place de utappil, ce qui peut représenter une erreur scribale de A pour TA, plutôt qu'un dialectalisme. a) En m. à m. « c'est le fleuve-crue », cf. [A.605] : 7-8. Cette construction par juxtaposition (en dvandva) en rappelle d'autres comme âbum birtum, « troupe-garnison » pour « garnison de la citadelle ». b) Le roi – qui est en aval à Mari – a pu constater lui-même la baisse du niveau de la crue de l'Euphrate. 2 cannes et 1 coudée, ce qui n'est pas peu, puisqu’en termes babyloniens cela ferait 6 m 1/2, mais cf. G. Chambon, « La mesure de longueur “coudée” à Mari » dans Ebla and Beyond, p. 388, où est examiné le fait que les mesures des Bords-de-l'Euphrate étaient moindres que celles du pays d'Akkad, au moins pour ce qui est de leurs multiples. c) Il y a une embouchure (pûm) à l’endroit où l’eau est prise et une autre là où l’eau est amenée par la dérivation. Un canal takkîrum est celui qui fait passer l’eau à un autre canal (NKR-II). d) Dans ce contexte batâqum (« interrompre ») signifie : « divertir l'eau du canal d’alimentation vers un autre lieu », ce qui revient effectivement à interrompre le flux naturel. Cf. CAD B, p. 163a. e) En mot à mot, « l'ouverture ». Le terme taptîtum correspond au babylonien teptîtum (pour le CAD T, p. 346 c’est le « first tilling, clearing of land for cultivation »). Plutôt cependant que de la mise en culture des jachères, il s’agit ici de la préparation des cultures postérieures à celle du grain. Les textes mentionnent souvent la séquence ana errêûtim u teptîtim. Un substantif en ta- se construisant sur la forme D du verbe, teptîtum renvoie à puttûm qui signifie « irriguer un champ ». La préparation du champ pouvait donc consister surtout dans sa mise en eau. f) Les rations alimentaires des travailleurs comprennent normalement du grain et de la bière, aussi est-il vraisemblable qu’il y a là le terme sikkatum enregistré par CAD S p. 254b comme un ingrédient pour la bière (Cf. M. Stol, BiOr 28, 168). Le mot n'est cependant connu que pour l'époque SB et « levure » n'est jamais qu'une conjecture. Le terme pourrait être rapproché de l'a-kal si-ka-a-ti qui semble avoir été fait avec du sésame. Non liquet.
7.2.3.2.2 Après la victoire sur Kahat [M.14551] indique clairement (l. 5-7) la Forteresse de Yahdun-Lîm comme lieu d’activité de Rip’î-Lîm, laquelle semble plus d’organisation militaire que d’administration civile. Sa date peut être déduite de l'indication aux l. 11'-14' de la victoire reconnue de Zimrî-Lîm sur ses ennemis. L'expression doit concerner Kahat. Les dieux qui interviennent sont Dagan, père et roi des dieux, ainsi que le dieu personnel du monarque. Le premier règle les conflits entre les nations110, le second préside à la victoire militaire, laquelle lui est plusieurs fois attribuée par les généraux du roi de Mari. 214 [M.14551] Rip'î-Lîm au roi. Le roi l'avait envoyé à la Forteresse pour en assurer la garde, jusqu'à la fête d'E tar. Le temps passe et Rip'î-Lîm ne voit rien venir de chez le roi alors que tous les serviteurs sont réunis pour le sacrifice et l'édit du roi et rendent hommage à ce dernier. (Lacune.) Les lettres que Rip'îLîm envoie sur l'état du district et des endroits cultivés restent sans réponse. Le roi est victorieux grâce aux dieux. Il sait que Rip'î-Lîm s’est épuisé à son service. Cependant Rip'î-Lîm est dans le dénuement alors que ceux qui sont proches du roi sont pourvus. (…)
2 4
[a-na b]e-lí-a qí-[bí-ma] [um-ma r]i-ip-i-li-i[m] [ìr]ka-a- ma [h]a-al-ú-um a-lim ba-a-'a-tum i°-[ta-a-bu-ta]111 i-na pa-ni-tim a-na ha-la-a bàd i[a-ah-du-li-im] 110
Cf. l’explicite ARMT XXVI 196 où Dagan convoque Ti pak d’E nunna.
111
Pour cette forme verbale, cf. [A.3550] l. 8.
450
6 8 10 12 14 16 18 20
Jean-Marie DURAND a-na ma-a-a-ar-ti ha-al-[í-im] ù ba-a-'a-tim i°-ta-a-bu-{TIM112}-t[im] be-lí ú-wa-e-ra-ann[i] ù be-lí ki-a-am iq-bé-em um-ma-a-m[i] a-di ni-qí-im a e-tár u-ul-lim-ma wa-ar-ka-[num] ú-wa-a-ar-ka an-ni-tam be-lí iq-bé-em-ma uzx(IZ)-na-a-ia ib-ba-e {Ù KI113 }-e ù ki-ma it-ti be-lí-ia u-ma-tim ma-da-tim-ma e-te-et-ti-qú ù a-na-hu be-lí lu i-di i-na-an-na ìr-dume-e a be-lí-ia ka-lu-u-nu a-na ni-qí-im a e-tár ù i-ip-ì-im pa-ah-ru-ma [pa]-ni? be-lí-ia i-na-a-à-lu ù e-pí be-lí-i[a] [i-n]a-a-i-qú ù u-ma-a[m] [… [i-na i-i]p-im be-lí [o o o o o ] x x […]
F.
(6 l. manquent.)
Tr.
(Non conservée = 2 à 3 l. ?)
Rev.
(5 l. manquent.)
2' 4' 6' 8' 10' 12' 14' 16' 18' 20' Tr. 22'
[……a-um u]p-pa-t[im] [a u-lu-um] ha-al-í-im [ù u-lum pí-im114] a-na e-er be-lí-ia [u-ta-bu-lim u]p-pa-tim ka-a-ia-ni-i []a [u]-lu-um ha-al-í-im ù u-lum pí-im a-na e-er be-lí-ia u-ta-na-ba-la-am-ma ma-ti-ma be-lí me-hi-ir up-pí-ia ú-ul ú-a-[a]b-b[a]-l[a-a]m? me-hi-ir up-pí-ia an-ni-im be-lí li-i-pu-ra-/am gan a-ni-tam ddaù la-ma-as-[s]ú-um a be-lí-ia di-in be-lí-ia ú-ki-nu-ma be-lí a-ia-bi-u ik-u-dam ù ki-ma it-ti be-lí-ia a-na-[hu]115 be-lí lu i-di wa-ar-di-u k[a-la-u-nu] [be-lí] ip-qí-id ù qé-er-bu-[tum] [a] be-lí-i[a ] [pa-aq-d]u ú pí-qí-it-[ti] [mi-im-ma it]-ti be-lí-ia [ul i-ba-a]i [o-o-o-a]m ú-ul dumu116-m[e-e -ia] [………] […] 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur.
112
Sans doute anticipation du signe final.
113
Sans doute anticipation de deux signes de la l. 13.
114
Le texte est restauré par comparaison avec la l. 6'.
115
J'ai restauré ici une forme de 'N, « être épuisé », à cause du parallélisme avec la l. 14, mais il pourrait s'agir simplement d'anâku « moi ». 116
Le signe ne semble pas être un I (éventuellement lu e).
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
451
4
Le district va bien. Les commandos d'intervention se trouvent organisésa). 5 Naguère, 8 mon seigneur m'avait envoyé 5 au district de la Forteresse de Yahdun-Lîm 6 pour 7 organisera) 6 la garde du district 7 et les commandos. 9 Alors, mon seigneur m'avait dit ceci : « 10 Maintiens la sécuritéb) jusqu'au sacrifice d'I tar, après 11 je te donnerai les instructions ! » Voilà ce que mon seigneur m'avait dit et 12 j'y ai fait attentionc). 13 Or, 14 mon seigneur sait bien 14 que cela fait de nombreux jours que j’ai passés 13 au serviced) de mon seigneur et 14 que je suis épuisé. 15 Maintenant, les serviteurs de mon seigneur, 16 eux tous, pour le sacrifice d'E tar 17 et l'édit sont rassemblés. 18 Ils contemplent 17 la face de mon seigneur. D'une part, 19 ils lui baisent 18 les pieds. 19 D'autre part, aujourd'hui, 20 lors de l'édit, mon seigneur… (14 ou 15? l. manquent.)
…3' pour ce qui est 5' d'envoyer continuellement 2' des tablettes 3' au sujet de l'état du district 4' et celui de la prise sur le fleuvee), sans cesse j'en envoie concernant l'état du district et la prise sur le fleuve chez mon seigneur, 8 mais jamais mon seigneur 9' ne me fait porter 8' une réponse à ma tablette. 10' Mon seigneur doit répondre à la présente tablette de moi. 11' Autre chose : Dagan 12' et l'Ange gardien de mon seigneur 13' ont assuré la cause de mon sei14' gneur et mon seigneur s'est emparé de ses ennemis. 15' Or, que je m'épuise au service de mon seigneur, 16' mon seigneur (le) sait. 17'Mon seigneur a pourvu de rations 16' tous ses serviteurs. 17' Donc, ceux qui sont proches 18' de mon seigneur 18' sont pourvus. 21' Mais, il n'y a pas d'19'entretien pour moi de la part de mon seigneur. 22' Aujourd'hui n'est-ce pas mes enfants qui surviennent à mes besoins ? a) Pour cette expression, cf. [A.3550] l. 7-8: ma-a-a-a[r]-tum ù ba-a-‘a4-tum, i°-ta-a-bu-ta. Il s'agit d’une forme qui correspond à l’akkadien utabutum sur abâtum, « mettre au travail en groupe » ; cf. CAD , p. 39a-b. On attendrait une forme à initiale en u- non en i. Pour cette vocalisation en i au lieu de u, aux formes II et III, cf. J.-M. Durand, « Réflexions sur un fantôme linguistique », dans Altorientalische Studien zu Ehren von Pascal Attinger, OBO 256, p. 165 sq. b) Le texte dit ullumum sans préciser, mais cf. CAD /1, p. 221a, s. 8, « to safeguard ». c) Pour uznum + pron. personnel + baûm, cf. CAD U, p. 368b. d) Pour un sens de itti = « en référence à », cf. LAPO 16, p. 530. e) Le terme qui fait couple avec halum renvoie à l’embouchure (pûm) du canal d’irrigation sur l’Euphrate.
Le texte [M.7657] parle de bitume. Il peut s’agir de celui qui provient du Bi ri. Si la restauration de la l. 17 est avérée, d’autre part, cette livraison doit être opérée pour les mêmes besoins que ceux qui concernent les bois secs et les ajoncs, documentés par d’autres lettres de Rip’î-Lîm. 215 [M.7657] Rip'î-Lîm au roi. Affaire de bitume pour les palais de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm. (Texte indécis.)
2 4 6 8 Tr. 10 Rev. 12
a-na be-lí-ia qíbíma um-ma ri-ip-i-li-im ìrka-a- ma ki-ma esir i-ú-um i-na é-gal sa-ga-ra-[tim] ù bàdki i[a-ah-du-li-im [l]a i-ba-[a-u-ú] […………] […………] x x x x […esir] i-ú-um [ o o o o]
452
Jean-Marie DURAND i-na gi -[má] a wa-[ar-ki] [b]e-lí-ia ir-ka-ba-a[m] 1 a-gàr esir i-e-e-em []a hi-i-ih-ti é-kál-lim [la-m]a ni-qé-em li-u-nim [o o o o o ] x x [……………] [o o o é]-kál-lim [o o ir?]-di-a-am-m[a] [o o o ]-il-la
14 16 18 Tr. 20 22
1 5
Dis à mon seigneur : ainsi parle Rip'i-Lîm, ton serviteur. Vu que du bitume, dans le(s) palais de Saggâratum et de la Forteresse de Yahdun-Lîm il n'y en
a plus… (Lacune de 3 l.)
…11-12 le bitume… 13 Sur le bateau qui suit 14 mon seigneur, il a embarqué. bitume, représentant les besoins du palais, 17 ils doivent apporter avant le sacrifice.
15
Les 10 kor de
16
(Lacune ; texte indécis.)
216 [A.2903] Rip'î-Lîm, Zimrêrah et Lâ'ûm au roi. Le roi leur avait demandé d'envoyer, dès leur arrivée, 2 … (en bois). C'est fait. Que le roi soit satisfait. Le lendemain, ils partiront et enverront un rapport à leur seigneur.
2 4 6 8 10 Tr. 12 Rev. 14 16 18 20
a-na be-lí-ni qí-bí-ma um-117 ri-ip--li-[im] I zi-im-re-e-r[a-ah] ù la-úum ìrka-a- ma i-na pa-an wa-í-ni be-el-ni ki-a-a[m] ú-wa-e-ra-an-né-ti um--a-mi 2 g[i ?-…] ki-ma [ki-a-di-ku-nu] [u-bi-la-nim] [2 gi …… a-na be-lí-ni] [nu-a-bi-lam be-el-ni] lu ha-[di] i-na a-ni-im u-mi-im a up-pa-ni an-né-em a-na e-er be-lí-ni5 nu-a-bi-laam ni-nu ni-it-ta-al-la-ka-am ù e-ma- ga-am-ra-am a-na be-lí-ni ni-da-ab-bu-ub 1
Dis à notre seigneur : ainsi parle(nt) Rip'î-Lîm, Zimrêrah et Lâ'ûm, tes serviteurs. Avant notre départ (de Mari), 7 notre seigneur nous avait donné les instructions suivantes : « 8 2 …, 9 dès votre arrivée, 10 envoyez-moi.»
6
117
Même écriture à la l. 8.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
453
12
Nous avons envoyé 11 les 2 … à notre seigneur. 12 Notre seigneur 13 soit satisfait ! 14 Le lendemain du jour 15 où 17 nous envoyons 15 cette tablette de nous 16 chez notre seigneur, 18 nous-mêmes nous partirons. 19 Alors, 20 nous ferons 19 un rapport détaillé 20 à notre seigneur. Bibliographie : cf. FM II, p. 96. La tablette est en fait complète. Il manque surtout la Tranche.
7.2.3.2.3 Au moment de la révolte Dans [A.3550], on voit le tandem Rip'î-Lîm et Aham-nûta en rapport à la Forteresse de YahdunLîm. La population des villes qui entouraient la Forteresse de Yahdun-Lîm avait été fortement incitée à venir s'y réfugier. Si Hurrân, Nahad, Yûm-hammû, Narâ avaient obtempéré, la communauté de Ya'il par la voix de son cheikh Batahrum et de ses Anciens avait en revanche refusé de le faire. Les « villes » qui s’étaient réfugiées dans la citadelle étaient surtout mâr sim'al (l. 12 & 13, Nahad et Yûm-hammû). Les gens de Ya'il, tout comme ceux de Ziniyân, étant plutôt du parti des rebelles, ne tenaient pas à aller faire cause commune avec ceux qui s’opposaient à leurs contribules. L'anecdote illustre le commencement de la première rébellion des Mâr yamîna. Manifestement, tous les bourgs ne sentaient pas la même urgence à se réfugier dans la citadelle. Le texte serait contemporain de l'expédition contre Kahat, car l'expression « Puisse mon seigneur atteindre son but ! » (l. 10) est le leitmotiv du moment où le roi de Mari a entrepris son expédition en Haute-Djéziré et s'y est imposé comme chef de guerre. Or, c’est le moment où les Mâr yamîna complotaient d’aller au secours d’une ville attaquée par Zimrî-Lîm ainsi que de s’emparer de la Forteresse de Yahdun-Lîm pendant que les armées mariotes seraient loin à aider les forces d’E nunna à Rapiqum (fin de ZL 1). Batahrum est un des cheikhs de la région énumérés par la lettre de Kunaniya [A.1240]. Il peut s’agir de celui dont les trois fils périrent en même temps, selon la lettre acéphale ARMT XXVI/1 280. On apprend, à cette occasion, que pesaient sur lui les soupçons de s'être approprié indûment des biens sacrés118. Cet événement serait donc postérieur aux sommations de rejoindre la Forteresse. Il est possible que sa maison ait accueilli des biens que les Mâr yamîna voulaient soustraire à l'avidité des vainqueurs. Il ne devait pas être, de toute façon, quelqu'un qui inspirait de la bienveillance aux Mariotes. 217 [A.3550] Rip'î-Lîm et Aham-nûta au roi. Tout va bien dans le district de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Les forces de garde et de police sont opérationnelles. Les habitants des villes des alentours sont rassemblés dans la citadelle. Les gens de Ya'il ont fait la sourde oreille mais, à la troisième sommation, ils sont venus dire qu'ils se réfugieraient bien dans la Forteresse.
2 4 6 8 10 12
[a-na be-lí-i]a [qí-bí]- ma [um-ma r]i-ip-i-li-im [ù] a-ha-am-nu-ta ìr-du- ka-a- ma ha-al-ú-um a-lim a-lu-um bàd ia-ah-du-li-imki a-lim ma-a-a-a[r]-tum ù ba-a-‘a4-tum i°-ta-a-bu-ta be-el-ni la up-ta-al-la-ás ha-da-an-u li-ik-u-ud a-la-nuki-me-e a i-ta-at bàd ia-ah-du-li/-imki hu-ur-ra-anki na°-ha-duki yu-um-ha-muki na-ra-aki
118 Cf. ibid. l. 16 : […] kaspum as[ak ilim] itti-u ibai. Cf. le commentaire de J. Sasson, « Mari and the Bible », RA 92, 1998, p. 112, n. 52.
454
Jean-Marie DURAND
a-na li-ib-bi bàd ia-ah-du-li-imki ka-am- sú a-na ia-a-i-ilki a-na ba-ta-ah-ri-im Rev. 18 ù lú- u-gi-me-e 1-u 2-u a-na ka-ma-si-im 20 ni-i-pu-urma ú-ul il-li-ku-nim 22 i-na a-al-i-im 10 lú-me-e nu-da-an-ni-in ni-i-pu-ur-u-nu-i I ba-ta-ah-ru-um ù lú- u-gi-me-e 24 il-li-ku-nim- { NI X} -ma 26 [ki-a-a]m i-pu-lu-né-ti [um-ma-m]i a-na dan-na-ti-im-ma 28 [ù t]e-ni-i[-tu]m-ma [it-ti] né-i-im ni-ir-ru-ub 30 [a-na bàd ia-a]h-du-li-imki [lu-ú ni-i]r-ru-ub
14 Tr. 16
(3? lignes non conservéesd).)
Tr.
Bibliographie : cité dans J.-M. Durand, BBVO 20, 2009 & J.-M. Durand, « The Banks of the Euphrates along the Bishri », dans Formation of Tribal Communities, Al-Rafidan , Tokyo, 2010, p. 255. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parlent Rip'î-Lîm et Aham-nûta, tes serviteurs. Le district va bien : la ville, Forteresse de Yahdun-Lîm, 7 va bien. La garde et les commandos d'intervention ont été constituésa). 9 Que mon seigneur ne se fasse pas d'inquiétude ! 10 Puisse-t-il atteindre son but ! 11 Les différents bourgs qui sont aux alentours de la Forteresse de Yahdun-Lîm, 12 Hurrân, les gens de Nihad, 13 les Yûm-hammû, Narâ, 15 se trouvent rassemblés 14 à l'intérieur de la Forteresse de Yahdun-Lîm. 20 Nous avons envoyé un message 19 à deux reprises 16 à Ya'il, 17 à (l'adresse de) Batahrum 18 et des Anciens 19 pour s'(y) rassembler, 20 mais 21 ils ne sont pas venus. 22 La 3e (fois), 23 d'autorité, nous leur avons envoyé 22 10 hommes. 24 Batahrum et les Anciens 25 sont venus ici et 26 voici la réponse qu'ils nous ont faite : « 27 C’est à la Forteresse — et ce sera la population 29 avec nousb) — que nous entrerons. 31 Nous entrerons certainement 30à la Forteresse de Yahdun-Lîm. » 6
(…)119 a) Pour cette forme, cf. p. 451, n. a). b) Le terme comporte la mimation, or nîû (« les gens ») est un plurale tantum, même si le singulier ni-iim est (rarement) attesté (cf. CAD N/2, p. 286b). La forme a donc été considérée comme contracte pour -niâim. Il y a peu la place sur la tablette pour un verbe régissant un pronom personnel suffixe, mais CAD N/2, p. 65a-b connaît l’emploi de niâim avec ana et kî. Pour l’usage (dialectal) de la forme tonique du pronom après préposition, cf. icimême p. 79, n. 64 à aum iyâti.
[A.4509] concerne des gens avec lesquels on pouvait constituer des baa'âtum. Ces derniers étaient sans responsable (l. 9-11) et semblent avoir été constitués surtout de francs-tireurs qui pouvaient se mettre au service d'une puissance politique. Le vocabulaire utilisé par Rip'î-Lîm donne aux termes une acception nouvelle. Le a liânim est bien connu pour être un local dont la capture assurait des renseignements de première main sur l'ennemi qu'il côtoyait. Ici, le a liânim doit être renvoyé à son groupe, avec des marques d'honneur (l. 29) ainsi que ce qui semble devoir être une lettre où le roi de Mari s’engage personnellement (l. 30). Le conseil de Rip'î-Lîm est de ne pas garder ce a liânim
119 Il peut ne rien manquer, mais il peut aussi y avoir une formule conclusive du genre : « Notre seigneur est informé » ou « Que mon seigneur se réjouisse ! »
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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au service du roi pour se concilier le groupe120. Il faut, en outre, assurer à ce dernier une place où s'établir (sukkunum, l. 33), ce qui peut signifier autant lui donner un statut de soldats réguliers que des terres où devenir colons-soldats.
Ces baa'âtum se voient envoyer dans un premier temps des makûm. Ce terme qui signifie « espion » dans certains contextes (cf. LAPO 17, p. 445), a aussi le sens « d'éclaireur » (cf. LAPO 17, p. 305). Ici, il désigne un « messager non officiel » qui est aussi un observateur. Rip'î-Lîm a dû avoir en fait recours aux bons offices de vagabonds pour transmettre les informations mais ces gens avec qui on pouvait constituer des baa'âtum semblent avoir été particulièrement méfiants (cf. l. 32) et ne pas avoir permis à ces vagabonds d'avoir accès à eux (l. 13-14). Makûm signifie en fait « pauvre ». On devait se servir à l’occasion de cette population de mendiants (éventuellement, des soldats déguisés) pour obtenir des renseignements de tous ordres. Ce texte donne à penser que les baa'âtum pouvaient être constitués de bandes indépendantes au service d'un ordre politique à la différence des sagbum qui représentaient des forces mobiles régulières121. Le pouvoir politique devait avoir la tentation de stabiliser (l. 33) ces bandes pour s'assurer en permanence leur appui.
218 [A.4509] Rip'î-Lîm au roi. Difficultés pour avoir des rapports avec les commandos contre les ennemis. Un porte-parole est envoyé au roi qui doit l'interroger. Conseils pour se ménager les commandos.
2 4 6 8 10 12 14 16 18 Tr. 20 Rev. 22 24
[a-na be-lí-ia] [qí-bí-ma] [um-ma ri-ip-i-l]i-[im] [ìr-ka-a][ma] [ha-al-ú]-um a-lim [a-um ]a be-lí i-pu-ra-am a-na ba-a-'a-at lú-kúr-me-e a-na sú-hu-mi-im a-pu-ur-ma ba-a-'a-at lú-kúr-me-e a-li-ik pa-na ú-ul i-u-ma ma-am-ma-an lú-me-e a a-pu-ru ú-ul i-ip-pa-al ù 1-u 2-u lú-me-e ma-ki-i a-pu-ur-ma a-na bi-ri-ti-u-nu e-re-ba-am ú-ul i-le-ú-ma it-tu-ru-nim a-ta-al-ma um-ma a-na-ku-ma 1 lú a li-a-nim li-il-qú-nim-ma pé-e-em da-bi-ba-am be-lí li-i-ta-a-al i-na-an-na a-nu-um-ma 1 lú a li-a-nim a it-ru-nim a-na e-er be-lí-[ia] u-ta-re-em e-ma-am ga-am-ra-am be-lí li-i-t[a]-alu ° ù um-ma su -ul-lu-um-[]u-nu 120
Le terme haih (l. 26) est important car haâhum note avant tout le désir né d'une pénurie, donc un besoin. Le mot hiihtum désigne ainsi une rupture de stock dans le Palais. Le document illustre le manque en moyens militaires du royaume au début du règne de Zimrî-Lîm. 121 Les citations de CAD S, p. 23a montrent nul rapport entre les exemples de Mari et ceux des Annales néoassyriennes. Dans ces dernières (qu'il s'agisse d'un autre terme, ou d’une re-motivation à partir de SAG qui signifie « tête » en sumérien) sagbû désigne l'avant-garde de l'armée, ce qui n'est jamais le cas à Mari. Sagbum représente une formation participiale occidentale sur la racine SGB « contrôler militairement ». Cf. LAPO 17, p. 380-381.
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26 28 30 32
Jean-Marie DURAND be-lí ha-i-ih be-lí li-i-ta-al-ma lú a li-a-nim a a-na e-er be-lí-ia ú-a-re-em be-lí la i-ha-a-i-ih-u 1 túg li-la-bi-ìs-súma ù up-pí be-lí-i[a] li-il-qí-ma a-na e-er ah-hi-[u be]-lí li-wa-e-er-ma ù la i-ga-al-l[i-t]u li-sa-ak-ki-i[n-u-nu-ti]
Bibliographie : texte cité par Ch.-F. Jean dans RÉS 1937, p. 110 = CAD D, p. 116a, par J.-M. Durand, LAPO 17 pour les l. 7 sq. MARI 7, p. 199-201 et par D. Charpin, AfO 40-41, 1993-1994, p. 3a pour le verbe suhhumum. Note : il y a deux A.4509 dans l'inventaire des tablettes de Mari, celui-ci et un numéro donné par A. Parrot à la copie sur tablette (ou au projet) d'une inscription à I tar, éditée par D. Charpin dans MARI 3, p. 44, sous le n° 2. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'i-Lîm, ton serviteur. Le district va bien. 6 Au sujet de ce que m'a signifié mon seigneur, 8 j'ai envoyé message 7 aux commandos (contre) les ennemis pour qu'ils (les) harcèlent, 8 mais les commandos (contre) les ennemis 9 n'ont pas de chef et 10 nul 11 n'a (qualité pour) répondrea) 10 aux gens que j'ai envoyés. 12 En effet, à deux reprises, 13 j'ai envoyé 12 des vagabonds mais 15 ils viennent de me revenir, 14 sans avoir pu avoir accès 13 parmi eux. 16 Après réflexion, je me suis dit : « 17 On doit prendre un informateurb) et 19 mon seigneur doit l'interroger 18 de vive voix. » 20 Maintenant, voilà que 22 je fais conduire chez mon seigneur 21 l'informateur que l'on m'a amené. 23 Mon seigneur 24 doit lui demander 23 une information complète. 25 En outre, si 26 mon seigneur a besoin 25 de leur appuic), 26 mon seigneur, après réflexion, 28 ne doit pas désirer (garder) 27 l'informateur que 28 je 27 lui 28 fais conduire. 29 Il doit lui donner une étoffe pour se vêtir d), 30 en outre, il doit recevoir une tablette de mon seigneur et 31 mon seigneur doit lui donner instructions pour chez ses frères 32 afin qu'ainsi ils soient sans inquiétude et 33 que (mon seigneur) puisse leur donner une affectatione). 5
a) Le verbe apâlum signifie ici « être en mesure de garantir que les ordres données seront exécutés ». Le sens contextuel est donc « être le responsable ». b) « Informateur » ici a le sens de « porte-parole du groupe ». c) CAD S, p. 92 comprend sullumum comme « to bring about reconciliation », ce qui ne convient pas au contexte. Ici, le sens est nettement « s'assurer l'amitié de » et il est identique à celui de ilâni … sullumum dans ARM 2 51 (= LAPO 17 453) 20 qui signifie « s'attirer les bonnes grâces des dieux », vraisemblablement en accomplissant à leur égard son devoir cultuel. Les autres exemples (irakiens !) de CAD S, p. 93b concernent en revanche le fait de réconcilier un croyant avec un dieu irrité. L'usage de Mari est donc divergent et représente un emploi non-akkadien. d) Pour ce passage, cf. ARM I 10 (= LAPO 17 475) : 17 sq. Le don de cette étoffe sert à son récipiendaire à se faire un habit neuf. e) En mot à mot « les installer temporairement ».
7.2.3.2.4 Après la révolte La lettre [M.7534] montre les rois mâr yamîna de la première génération, Hardûm et SamsîAddu, dans leur période d'errance. Ils ont été obligés de quitter leurs villes et sont l'un « dans les campagnes » et l'autre « dans les champs ». Une indication toponymique eq-le-e-[timki] se retrouve dans ARMT XXIII 595. Il s'agit d'une liste de gens du royaume de Mari déplacés jusqu'à ubat-ama , toponyme qui correspond à la période des éponymes comme l’indique le texte lui-même122 ; on y voit qu'Eqlêtum faisait partie du district de Ziniya(n), auquel appartiennent Narâ
122
Le commentaire géographique de ce texte (ibid., p. 562) est à rectifier aujourd’hui. Le document montre de grandes différences d’avec l’époque de Zimrî-Lîm. La mention d’un « district de Ziniyân » indique que la province de Saggâratum, si elle existait, ne devait pas alors inclure Dûr Yasmah-Addu. On remarque en outre l’absence de mentions de Terqa, de Saggâratum et surtout de Dûr Yasmah-Addu. Sans doute les garnisons de ces villes ne devaient-elles pas être diminuées.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
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et Manûhatân (l. 6' !). Ce district comprenait donc alors une partie des lieux attribués sous Zimrî-Lîm à la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm) et allait de plus jusqu’à la passe de Hanuqah. Mais ina ú-ga-riki du présent texte est un hapax. Il peut s'agir d'un toponyme ou d'un simple mot désignant un lieu (« campagne ») et pourvu du postdéterminatif ki.
Une enquête menée par un local — si la restauration l. 12 du toponyme Hurrân est bonne — ne porte que sur le prince mâr yamîna Samsî-Addu qui n'avait avec lui que peu de monde : une trentaine de soldats et cinq cheikhs (identifiables par leur accoutrement ?), mais son épouse n'était pas avec lui. La lettre est sans doute envoyée depuis la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm lorsque les fugitifs essayaient de s’enfuir ; ce n'est cependant peut-être pas vers Imâr qu'ils se dirigeaient. Les textes de FM VII indiquent la présence de Yaggih-Addu et de Samsî-Addu à Carkémish (n°7) et celles de Sumu-Dabî, Hardûm et Samsî-Addu à Serdâ (n°6), sur la rive gauche de l'Euphrate, en direction donc d'Ahhunâ123, mais tous ces textes peuvent être postérieurs à la mention de Samsî-Addu à Qana. On sait qu’il existait des routes vers Qana à travers le désert à partir de la région de Dêr ez-Zor ou d’Abattum. L'affirmation de Rip'î-Lîm qu'il n'a jamais dit de mensonges au roi doit vraisemblablement signifier que l'annonce arrive après plusieurs faux espoirs d'identifier les lieux où se trouvaient les chefs, une fois conquis leurs établissements. 219 [M.7534] Rip'î-Lîm au roi. Renseignements sur les lieux où se trouvent deux princes mâr yamîna, Hardûm et Samsî-Addu. Ce dernier n'a que peu de gens avec lui.
2 4 6 8 10 12 Tr. 14 16 Rev. 18 20 22
a-na be-lí-ia q[í-bí-ma] um-ma ri-ip-i-li-[im] ìr-ka-a ma ma-ti-ma-124 a-wa-tim s[à°-ar-ra-tim] a-na be-l[í]-i[a a-pu-ur] a-[wa]-tim ki-n[a-tim-ma] a-na be-lí-i[a a-pu-ra-am] i-na-an-na I[h]a-a[r-du-um] i-na ú-ga-r[i]?ki125 w[a-i-ib] ù Isa-am-s[i]-dIM [i-n]a eq-le-t[im]ki wa-i-ib [1] lú a hu-[ur]-ra-[anki] [a-na wa-ar-ka-sú] [pa-ra-si-im a-pu-ur]126 ù ki-[a-am aq-bi-um] um-ma a-[na-ku-ma] a-lik° wa-[ar-ka-sú] pu-ur-s[a-am] an-ni-tam a-pu-[ra-am] il-li-ik-ma lú [u-ú] wa-ar-ka-at Isa-[am-si-dIM] ip-ru-sa-am-ma um-ma-m[i]
123 Les errances des chefs mâr yamîna, bien documentées par les documents de Sumhu-rabi, font l'objet d'une étude ultérieure. 124 L'antéposition de ma-ti-ma peut indique un tour interrogatif et l'écriture de la séquence *ma-ti-ma-a awa-tim a dû être simplifiée. Sinon, on restaurera [ú-ul a-pu-ur], l. 7, quoique la place semble manquer. 125 Le dernier signe du toponyme est brisé en deux parties et il faut tenir compte que sur la photo le fragment jointif à la tablette doit être remonté. Le signe pourrait donc être un RI, mais non un AR, ni un AT. Le toponyme ne peut certainement pas être Sakalân. 126
Restauration d'après les l. 17-18 et 21-22.
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24 26 28
Jean-Marie DURAND 30 lú aga-ús ù 5 lú su-[ga-gu] it-ti-u ù á-[a-sú] it-ti-u ú-ul [i-ba-a-i] an-né-tim lú u-ú i[d-bu-ba-am] a-wa-tim ki-na-tim-[ma] a-na be-lí-ia a-pu-ra-[am] (Reste anépigraphe.)
Note : cette tablette est formée de plusieurs fragments indépendants qui ont été (mal) rejoints. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Ai-je 4 jamais envoyé des rapports trompeurs 5 à mon seigneur ? 6 Ce ne sont que des nouvelles confirmées 7 (que) je lui ai envoyées. 8 Aujourd'hui, Hardûm 9 se trouve à Ugâru. 10 En outre Samsî-Addu 9 se trouve à Eqlêtum. 14 J'ai envoyé un homme de Hurrân aux renseignements, 16 disant : « 17-18 Va te renseigner sur 19 lui ! » Voilà le message que je (lui) ai donné. Cet homme 20 est allé et 22 s'est renseigné 21 sur Samsî-Addu, 22 disant : « 23 Une trentaine de soldats ainsi que cinq cheikhs 24 (sont) avec lui ; mais son épouse 25 n'est pas avec lui. » 26 Voilà ce que cet homme m'a dit. 27 Ce sont des nouvelles confirmées que 28 j'envoie à mon seigneur. 5
Rien ne spécifie dans [A.144] qui sont les « ennemis » (l. 6'), mais il faut sans doute y voir des Mâr yamîna, sans doute des clans dont les Anciens se proposaient d'aller faire allégeance au roi de Mari. La demande d'obtenir une garantie sous serment (l. 10-11) avant d’aller rencontrer quelqu’un est bien attestée ailleurs. C’est ce que réclame Yawi-Ila, pourtant un fidèle du roi de Mari et son contribule. Le caractère sacrosaint du partenaire diplomatique n'était en effet pas reconnu, lorsque les démarches n'entraient pas dans un cadre institutionnalisé, déjà sanctionné par des serments réciproques. Les baa‘âtum (l. 6'), la structure armée prête à s'opposer à toute incursion ennemie, doit désigner comme dans [A.4508] « des b. contre l'ennemi ». Il s'agissait de Bédouins mobiles qui s'en prenaient aux gens des barques (lú-me-e a gi -má-tur-há). Ces commandos patrouillaient donc le long des rives et surveillaient les points d'accès à l'eau depuis les territoires arides. Ici, on les voit s'en prendre à une flottille qui amenait au roi de Mari des Anciens (l. 12) pour discuter vraisemblablement d'un arrêt des hostilités.
Ahum qui transmet la demande (l. 15) peut être le même que le batelier homonyme bien connu127. Auquel cas, il s'agirait de quelqu'un d’Imar qui jouait les intermédiaires en tant que personnalité neutre. Les Mâr yamîna auraient eu recours à une flottille imariote pour avoir accès au roi de Mari. 220 [A.144] Rip'î-Lîm au roi. Les « ennemis » font la proposition que (leurs?) 5 Anciens aillent voir le roi après que Rip'î-Lîm (leur) ait prêté serment. Il expédie donc chez le roi Ahum qui lui transmet cette demande. Il souhaite être informé de la décision royale de le recevoir ou non.
2 4 6 8
a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma ri-ip-i-li-im ìr-ka-a-ma a-na lú-me-e a gi -má-tur-há ba-a-'a-at lú-kúr-me-e ú-sà-hi-ma-am um-ma-a-{ MI RI }-mi 127
Cf. ARMT XIII 71 & 75.
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I
ri-ip-i-li-im-ma {U} li-iz-zi-za-an-né-i-im-ma ni-i AN li-iz-ku-ur-ma 5 lú-me-e u-gi a-na e-er lugal li-il-li-ku ù lú a e-ma-am an-né-/em ub-la-am I a-ha-am a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u it-ti be-lí-ia in-na-me-er {X} ú-ul in-na-me-er be-lí li-i-ta-al-[m]a an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-am
1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Les commandos (contre) les ennemis 7 ont harceléa) 5 les gens qui sont sur des barques. (Ces derniers) ont dit : « 9 Rip'î-Lîm 10 doit en personneb) nous 11 prêter le serment par les dieux 12 afin que (les) cinq Anciens 13 puissent aller chez le roi. » 14 Alors, l'homme qui 15 m'a apporté 14 ce propos, 15 Ahum, 17 je l'expédie 16 chez mon seigneur. 19 Se rencontrera-t-il 18 avec lui 19 ou non, 20 que mon seigneur (y) réfléchisse et 22 que mon seigneur m'informe 21 de ce qu'il en sera. 6
a) Suhhumum : cf. pour sahâmum, p. 474, à [A.824], lettre d'Enlil-îpu , avec le sens concret de « recouvrir de terre ». CAD S, p. 30 propose le sens dérivé de « to be under pressure, miserable (?) » pour la forme I (G) qui ne semble attestée que lexicalement et dans ARM VI 37. C'est surtout la forme II (D) qui est documentée, avec la signification de « harceler », « provoquer ». Dans le Codex de Hammu-rabi § 172, suhhumum note explicitement la malveillance envers une veuve de la part de ses « fils » pour lui faire quitter sa demeure. Le texte signifie contextuellement « Si ses fils la harcèlent en vue de lui faire quitter la maison…». Le verbe a été étudié par D. Charpin, AfO 4041, p. 3, dans son compte-rendu de CAD S et il en a proposé le sens de « narguer, provoquer ». Cela s'appuie sur des exemples nets dont certains sont d'ailleurs publiés ici-même. Ainsi trouve-t-on dans DBP s.v. (A.362128: 44) « Lorsqu'ils vinrent près de NG, ils ont fait approcher les Souhéens pour provoquer la ville (ana âlim ana sú-hu-mi-im) en disant : “Contemplez les Bédouins : (ce sont) les porte-lances. Il sont avec nous”. » Dans ARM XIV 104+: 38 (cf. MARI 7, p. 199) on trouve de même : ana âlim ú-sàah-hi-mu ummâmi mînam NP tahtanassasâ = « ils ont harcelé la ville en ces termes: “Pourquoi ne cessez-vous de penser à (Zimrî-Lîm)”? ». Le verbe est à Mari chaque fois nettement construit avec ana. Il faut donc supposer dans le Codex que le suffixe -i est mis pour -im. Le verbe doit être apparenté à l'arabe saama = « noircir », un verbe très négatif, employé pour indiquer que Dieu met le signe de l'opprobre sur les réprouvés (à la différence des Croyants qu'il aime) et le participe II (D) musaim a le sens de « haineux »129 ; à la forme V, le verbe signifie d'ailleurs « haïr » comme le terme samat désigne « la haine, le mauvais vouloir » (Kazimirski, DAF I, p. 1067a). b) En mot à mot « il doit se tenir debout pour nous ». Le verbe izzuzum indique la position du jureur.
La lettre [A.3452] annonce l'arrivée de trois serviteurs de Zimrî-Lîm et de trois cheikhs mâr yamîna, uprapéen, yahruréen (yahurrû) et amnanéen, qui venaient faire leur soumission. Ils devaient passer par Terqa où le gouverneur qui est déjà Kibrî-Dagan, donc successeur de Sammêtar, signala leur arrivée. Il faut considérer la lettre comme postérieure à la seconde rébellion et à la mort de Sumu-hadû : Sammêtar est arrivé aux affaires dans la capitale si son « fils » Kibrî-Dagan a pris sa succession.
128
C'est l'exemple cité dans MARI 7, p. 201.
129
Il est possible que le NP Suhhumum (cf. CAD S p. 347) signifie « teigneux, qui a un caractère pénible ».
460
Jean-Marie DURAND
L’arrivée de ces gens devait être jugé un événement d’importance au moment de la soumission des rebelles. Ils avaient avec eux des gens en provenance de Qaunân. La communauté mâr yamîna de cette région du Habur est antérieure à la première révolte et la victoire royale semble les en avoir chassés. 221 [A.3452] Rip'î-Lîm au roi. 3 individus sont arrivés et avec eux 3 cheikhs mâr yamîna, amenant 40 bœufs et bouviers depuis Qaunân. Que le roi soit content !
2 4 6 Tr. 8 10 Rev. 12 14 16 18 Tr. 20 C. 22
a-na be-lí- ia qíbíma um-m[a r]i-ip-i-li-im ìrka-a- ma I ha-i[ux](NI)-ma-AN I i[a-si-im]-ma-ha-ar ù [o-o-dI]M? [i]k-[u-d]u-nim I i-hi-e-ba-al su°-ga-gu lú up-ra-pu-úki I ha-am-ba-ri-ru su°-ga-gu lú ia-hu-ur-ru-úki I ab°-du-e-tár lú° su°-ga-gu lú am°-na-nu-úki 3 lú-me-e su°-g[a-g]u an-nu-ut-tum a-di gu ù [à ?-gu130-m]e-e[ ] it-ti-u-nu il-l[i-ku]-nim ù 40 gu ù [x à-gu]-me-e []a i-na qa-ú-n[a-anki] ta-ab-lu ir-du-nim be-lí li-ih-du-ú
Note : il n’y a pas de transcription de G.D. pour ce texte. 1
Dis à mon seigneur. ainsi parle Rip'î-Lîm, ton serviteur. Hâyum.ma-El, 6 Yasîm-Mahara) 7 et …Addu 8 me sont arrivés. 9 I hêbal, le cheikh, 10 un uprapéen, 11 Hambarirub), le cheikh, 12 un yahurréen, 13 (H)abdu-E tar, le cheikh, 14 un amnanéen, 15 ces 3 cheikhs, 16 avec des bœufs et des bouviers 17sont venus avec eux. 18 Ainsi, 21 ils amènent 18 40 bœufs et bouviers 19 qui 20 ont été emportés 19 de Qaunân. 22 Que mon seigneur se réjouisse. 5
a) Yasîm-Mahar est catalogué par ARM XVI/1, p. 230 comme « chargé de mission auprès des Yaminites », d’après ARM III 50: 16. C’est une lettre de Kibrî-Dagan (= LAPO 17 701) qui fait sans doute allusion au même événement que [A.3452] : « Un Uprapéen, un Yahurréen et un Amnanéen, ces trois gens faisant partie des Mâr yamîna, me sont arrivés depuis l'amont avec Yasîm-mahar pour faire la paix. » Yasîm-Mahar est encore mentionné par M.8504, en même temps que des messagers dont un Amnanéen, texte qui est publié ici-même comme le n° 109. Hâyum.ma-El est mentionné par ARM XIV 93 (= LAPO 17 714), comme quelqu'un qui annonce l'arrivée de deux chefs mâr yamîna, Yasmah-Addu et Yarîm-Lîm, tout comme Yasîm-Mahar. C'était un serviteur de ZimrîLîm qui avait à voir avec les Mâr yamîna. Il est vraisemblable que le toponyme de ARM XIV 93 : 12 -(…nân) doit être compris comme Qaunân.
130 Les signes ne sont pas bien lisibles (on pourrait lire á[b … au lieu de [à…) mais la présence du pluralisant -me-e (cf. l. 18) incite à trouver ici des personnes, non des animaux.
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
461
b) Ce NP est pour l'heure un hapax et il devrait désigner un mâr yamîna. Plusieurs NP montrant une initiale en /hamba/ existent comme ha-am-ba-nu-um (M.5463), ha-am-ba-ak-ki-in (M.6440), ha-am-ba-te (M.7781). Chaque fois le signe semble bien BA, non MA. Le premier NP ne devrait donc pas être corrigé en Hammânum qui est une formation en -ânum sur hammum (‘ammum).
7.2.3.2.5 Une gestion contestée [A.3878] se présente de prime abord comme un avatar de la gestion du district de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Le fait qu'un percepteur des douanes (mâkisum) fût dépêché par le roi de Mari était une opération de contrôle des échanges commerciaux avec l'amont qui ont marqué les débuts du règne. On doit supposer en fait un différent entre ce fonctionnaire et l'autorité locale car il a été remercié et démis de ses fonctions (duppurum). Le mâkisum est allé se plaindre à Mari, ce qui a suscité une lettre du roi. Ce dernier a néanmoins ménagé Rip'î-Lîm. Il n'y a pas de détails sur l'affaire, mais le fait que le cheikh de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Aham-nûta, ait eu des problèmes avec ses autorités de tutelle, justement pour des questions de commerce international, ou le fait que Ma hum, chargé de l'administration civile des mêmes lieux, ait été ultérieurement « mis en examen » à Saggâratum, tout cela montre que dans la capitale l'on soupçonnait les autorités locales de trafiquer. Rip'î-Lîm devait être sûr d’une omerta de la part de ses fonctionnaires et que nul n'irait soutenir par son témoignage les dires du (trop scrupuleux ?) mâkisum. Sans doute l'affaire doit elle être mise au compte des tendances autonomistes des centres provinciaux et illustrer la puissance en ce début de règne des grands personnages, mais elle pourrait aussi expliquer pourquoi la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm n'a pas gardé son autonomie et a été rattachée au centre de Saggâratum pour être contrôlée, même si c'était de loin. 222 [A.3878] Rip'î-Lîm au roi. Reproche fait par le roi d’avoir chassé le percepteur des douanes qui avait été envoyé. (…) Rip'î-Lîm demande que quelqu'un vienne corroborer par son témoignage ses plaintes. a-na be-lí-ia qí-bí-ma 2 um- ri-ip-i-li-im ìr-ka-a-ma be-lí a-na mi-nim 4 a-pa-ra-am an-né-em i-pu-ra-am [u]m-ma-m[i] a-na-ku lú ma-ki-sa-am 6 [a-pu-u]r ú° at-ta [lú a-tu t]u-da-pí-ir-u 8 [an-ni-tam la ta-h]a-[a]-ì [……] 10 [……] [……]-x Rev. 12 [……]-nim [o-o-o i]-a-ka-an 14 [ o o o o]-ar-/u [ki]-[m]a q[a-a]t lú a-a-tu 16 am-ha-a° lú i-te-en lu°-uk°-ti-na-ni-ma 18 um-ma qa-at lú a-tu [am]-ha-a é-ti 20 [li-i]-[b]a-ta-am li-ik-la Tr. ú-la-u-ma 22 na-a-ú ra°-ma-na-am [l]ú u-ú li-ik-t[a-in] C. 24 a-na ur-ra-a[m e-ra-am]
462
26
Jean-Marie DURAND a-na a-wa-tim [i-na-ti] [b]e-[l]í ú-zu-u[n-u li-i-ku-un] 1
Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Rip'î-Lîm, ton serviteur. Pourquoi mon seigneur 4 m'a-t-il envoyé ce message, 5 disant : « Moi, 6 j'avais envoyé 5 un percepteur des douanesa), 6 mais, toi, 7 tu as fait déguerpir cet individu ! 8 Ne fais pas cette fauteb) ! 3
(Lacune de 4 l.)
… 13 il place(ra) 14 …» Qu'un seul homme me convainquec) 15 d'avoir repousséd) cet homme ! 18 Si 19je 17 l'ai 19 repoussé, 20 qu'il prenne 19 ma maison (et) la garde. 21 Sinon, 22 est-il convenable que 23 cet individu puisse témoigner 22 pour lui-même ? 24 À un moment ou un autre, 26 mon seigneur doit envisager 25 cela. 16
a) Ce percepteur des douanes-mâkisum était sans doute chargé de contrôler la taxe douanière miksum dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm où arrivaient les produits d’amont grâce aux bateaux d’Imâr. b) Haûm dans la langue de Mari revient à « ne pas accomplir son devoir de fonctionnaire », dans la mesure où une faute administrative entraîne un hiîtum. Où se terminait le discours royal cité par Rip'î-Lîm ? Si ma compréhension de la l. 15 est bonne, c'est à la l. 14. On pourrait donc y restaurer [la tu-da-pa]-ar-u = « Ne l'éconduis pas ! » On peut ainsi envisager que dans les lignes brisées, le roi expliquait le rôle que devait jouer localement le percepteur des douanes-mâkisum. Les l. 12-13 pouvaient ainsi comporter un texte du genre de : [a/i-na ha-ar-ra]-nim (ou [… a/i-na ka-ra]-nim (comme dans ARM IX 13), [mi-ik-sa-am i]-a-ka-an = « il imposera une taxe sur les caravanes/sur le vin ». L'expression à Mari est surtout miksam nasâhum ou miksam makâsum, mais pour miksam akânum à Mari, cf. ARM IV 11 (= LAPO 16 30) : 16' et J.-M. Durand, RA 105. c) Cette forme luktînanni est singulière en ce qu'elle montre une contraction lû pour une 3e personne (cf. complément -ni de 1re personne) de la forme D . Cet usage reflète en fait un dialectalisme du Nord, la langue que devait utiliser Rip'i-Lîm. À l'opposé, on aurait la forme D likta''in, l. 23, mais avec ukta''in pour uktîn. d) L'expression qâtam mahâum n'était connue du CAD (M/1, p. 81a-b) que pour l'époque du vieil assyrien et apparaît ici dans une lettre en vieux babylonien avec le sens de « to refuse a deal » ; les différentes traductions fournies par ce dictionnaire montrent que le sens fondamental est en fait « ne pas s'entendre avec quelqu'un ». L'usage est à verser aux particularismes de langage de Rip'î-Lîm.
7.2.3.2.6 Une ambassade dans le Nord-Est ? Ti -ulme a été un des premiers souverains à qui Zimrî-Lîm ait envoyé un message puisque l'enveloppe conservée de ce document porte un sceau antérieur à celui qui servira à sceller les actes royaux de Mari. En revanche, les dates de Nanip- awri ne sont pas connues avec certitude. Au moment où ZimrîLîm lui écrivait, Ti -ulme ne devait pas être encore roi de Mardamân et n’a dû le devenir qu’avec la disparition du pouvoir du RHM sur la rive gauche du Tigre. Peut-être l’intervention de Zimrî-Lîm étaitelle dans la logique des promesses qu’il avait faites à Ti -ulme de le réinstaller. L’ambassade dont parle [A.434] mentionne Sumhu-rabi (l. 4'), datant ainsi d'après le gouvernorat de Habdû.ma-Dagan. Cette mission diplomatique a dû être postérieure aux événements de la Forteresse où Rip'î-Lîm a été impliqué. Il est difficile, vu la lacune importante (une douzaine de lignes) d’établir un lien entre Face et Revers. Or, le Revers parle d’une affaire d’argent. Il semblerait que Zimrî-Lîm a essayé d’obtenir 1 talent (60 mines) d’argent, une somme considérable (l. 10’) de Nanib- awri, mais qu’il s’en défende (l. 4’-6’) en accusant Sumhu-rabi d’en être l’inspirateur (l. 4’, 11’). On pourrait comprendre que le talent d’argent est demandé au roi de Huburatum en contrepartie du fait qu’il reste chez lui. Ce serait comme une caution qu’il tiendrait ses engagements et le -u de la l. 5’ dans aum alâki-u renverrait à lui. Peut-être ZimrîLîm voulait-il voir venir à Mari les deux rivaux pour régler leur différents et s’affirmer leur suzerain. En fait, ce serait Sumhu-rabi qui aurait suggéré cette clause, ce contre quoi celui qui parle au Revers rappelle au souverain ses propres directives. L’expression « je suis sur place » (l. 12’) ne peut en effet être le fait que de l’ambassadeur, non de Sammêtar qui est à Mari, à l’administration centrale. Les propos rapportés par Sammêtar doivent donc être ceux de Rip’î-Lîm. Dès lors, le roi suppose qu’à son départ du royaume, Rip’î-Lîm a eu une entrevue
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
463
avec son supérieur direct, le gouverneur de Saggâratum, qui lui aurait suggéré d’obtenir cette somme considérable du roi de Haburatum. Rip’î-Lîm s’élèverait avec force contre cette éventualité. Non seulement ce sont bien les directives royales qu’il suit, mais tous ses rapports ont pour origine ce dont il a été personnellement témoin (l. 13’-14’), non des on-dit. 223 [A.434] Sammêtar au roi. Deux ambassades (Bahlu-gâyûm, puis Rip'î-Lîm) pour un armistice entre les rois de Mardaman et de Haburatum. (Lacune). Question d’un talent d’argent à faire verser par le roi de Haburatum.
2 4 6 8 10 12
a-na be-lí- [ia] qíb[í][ma] um-ma sa-am-mee-[tar] ìrka-a- [m]a a-um sa-li-mi-im bi-ri-it ti-i-ul-me lugal mar-da-ma-anki ù na-ni-ib-a-aw-ri lugal ha-bu-ra-timki a-ka-nim a be-lí i-ta-na-ap-pa-ra-am ki-ma na-a-pa-ar-ti be-lí-ia i-na pa-ni-tim I ba-ah-lu-ga-i-em a-pu-ur i-na a-ni-i-im I ri-ip-i-li-im [ìr be-lí-ia a-n]a [m]ar-da-ma-anki a-na e-er [I ti-i-ul-m]e-ma […………………n]im (Face: 5 l. manquent.) (Tr. : 2 ou 3 l. manquent.) (Rev. 5 l. manquent.)
Rev. 2’ 4' 6' 8' 10' 12’ Tr. 14'
[o o o o o o-I]M-ma [i]t-t[i] na-ni-ib-a-am-ri sa-la-mi-im i-na qa-ti-u ú-[ka-al] ù a-um kù-UD a be-lí i-pu-ra-am um-ma-a-mi mi-im-ma-a a-na-ku kù-UD ha-a-ha-ku su-um-hu-ra-bi-ma a-um la a-la-ki-u a-wa-tam a-a-ti a-na pí-i-ka id-di a-na-ku ba-l[u] be-lí-ia-a i-na e-e-em ra-ma-ni-ia a-um kù-UD a-na be-lí-ia a-a-ap-pa-ra-am an-na up-pa-am a be-lí-ia a a-um kù-UD il-li-kam a-na-a-a-ar a um-ma-a-mi 1 gú kù-UD ha-bu-ra-ta-ia-am u-ud-di-in [mi-im]-ma a-wa-tam a-a-ti su-um-hu-ra-bi [i-na] pí-i-ia ú-ul i[d-d]i a-na-ku qé-er-bé-ku-ma a-na zi-im e-mi-im a a-[n]a-[a]-à-lu a-na e-er be-lí-ia a-pu-ra-am (1 l. blanche. Le Côté n’est pas inscrit.) 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Sammêtar, ton serviteur. Au sujet de l'accord de non-agression 7 à instaurer 5 entre Ti -ulme, 6 roi de Mardamân, et Nanib- awri, 6 roi de Haburatum, objet de multiples messages de mon seigneur, 8 selon la missive de mon seigneur, dans un premier temps 9 j'avais envoyé Bahlu-gâyûm. 10 Dans un second, Rip'î-Lîm, 11 serviteur de mon seigneur à Mardamân, chez 12 Ti -ulme, j’ai envoyé. 5
(Lacune d'une douzaine de l.)
…2’a en son pouvoir (le moyen) 2’ de faire un accord de non-agression 1’ avec 2’ Nanib- awri.
464
Jean-Marie DURAND 3’
En outre, au sujet de l'argent, objet d'un message de mon seigneur, disant : « 4’ Ai-je besoin d'argent ? C'est Sumhu-rabi 6‘ qui a mis 5’ cette affaire dans ta bouchea) au sujet du fait qu'il ne vien(drai)t pas ! » 6’ Est-ce que, moi, sans l'aveu de mon seigneur, et de ma simple intiativeb), 7’ j'écri(rai)s à mon seigneur au sujet de l'argent ? 8’ Oui, 9’ j’observe les instructions de 8’ la tablette de mon seigneur qui 9’ m'est arrivée 8’ au sujet de l'argent, 9’ celle qui disait : « 10’ Fais donner 1 talent d'argent par (le roi) de Haburatum. » 11’ En rien, Sumhu-rabi 12’ n'a mis 11’ cette parole 12’ dans ma bouche. Moi, je suis sur place et 13’ c'est en fonction de ce que je constateb) 14’ que sont mes messages à mon seigneur. a) L’expression doit signifier « suggérer, inspirer un propos ». b) Le fait de suivre des directives autres que celles du roi reviendrait donc à prendre une initiative. c) Le verbe est naâlum, non amârum. Cela doit signifier plus que voir, le fait d’être témoin oculaire.
7. 2.4 ANNEXE Ici sont édités deux textes acéphales importants pour la compréhension de ce que représentait la Forteresse de Yahdun-Lîm. La lettre [M.5066] qui émane d'un responsable de la Forteresse aujourd'hui indéterminé appartient à la période antérieure à la première révolte des Mâr yamîna : l. 7 des gens de Mi lân composent en effet cette caravane et les rapports avec Mari semblent bons. On peut envisager que le document soit à attribuer à ûrî-la-rîm ou à Aham-nûta. Ces gens en transhumance dans la basse vallée (hamqum) de l'Euphrate ont été attaqués par des Soutéens en bande de 100 à 200 personnes (l. 14). Ils se sont réfugiés (l. 18) dans la Forteresse de Yahdun-Lîm. Leurs troupeaux qui ont été pillés (l. 21) comportaient ovins et bovins, mais aussi des serviteurs (l. 20). Il s'agissait bien d'un déplacement régulier comme le montre l'usage de la forme III/3 du verbe etêqum inaccompli (l. 11). La caravane était pourvue d'une force armée (l. 18) qui s'occupait de la protection des gens et des bêtes. Une fois en sécurité, cette force armée (pihrum) semble devoir rester inactive (l. 19). D'après les l. 22-25, de toute façon, puisque l'expéditeur est chargé de la surveillance du territoire, il assumera celle des gens qui sont réfugiés dans sa ville. Il ne voudrait pas cependant que ces habitants occasionnels participent à la défense de la ville. Ils sont donc considérés comme des civils auxquels on ne fournira pas d'armes. La fin de la lettre, perdue, devait préciser ce qui était proposé de faire de ces Bédouins privés de leurs troupeaux. 224 [M.5066] (Acéphale au roi). Les « citadins » des Mâr yamîna qui depuis Mi lân assurent la transhumance des bovins, ovins et ânes viennent de se faire attaquer dans la vallée par les Soutéens. Ces « citadins » sont entrés à la Forteresse : leur force armée a abandonné le soin des troupeaux et des gens. Avec la permission du roi, la troupe de garde de la région et du gouverneur laissera aux commandos et aux …. le soin de tenir la ville. Date (courant du 9) ; on s'en remet à la décision du roi.
2 4 6 8 10
[a-na be-lí- ia] [qí -bí -ma] [um-ma ……] [ìrka-a- ma] [a-lumki bà]d ia-ah-[du-li-im] ù ha-al-ú-um [a-lim] a-la-nu a dumu-me-e [ia-mi-na] a i-tu mi-i-[la-anki] gu-há udu-há ù dumu-m[e-e sipa] pa-na-num a-na mi°-[ik-ri]
Les Affaires de la Forteresse de Yahdun-Lîm, au début du règne de Zimrî-Lîm
12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28 30
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u-te-né-te-qú-m[a ir-te-né-re-ú] u-um up-pí an-ni-[e-em a-na e-er] be-lí-ia ú-[a-bi-lam] i-na 1 me 2 me lú-[me-e ] gu-há ù udu-há su-[tu-ú] [i-n]a ha-am-qí-im i[-hi-tu] [ù a]-la-nu a a-na bàd [ia-a]h-du-li-im[ki] [i-te-e]r-bu lú pí-hi-ir-[u-nu] [wa]-i-ib gu-há-u-nu [udu-h]á-u-nu ù ni-i-u-nu [im-t]a-á-'u [a-na-k]u a-ba-am a i-na a-lim [i-ba-á]-u-ú i-na mu-uh-hi e-pí-ri ma-a-ar-tam a-na-[a-ar-ma] [a-n]a ma-a-ar-ti-ia na-a'-d[a-ku] [u]m-ma li-ib-bi be-lí-[ia] [a-na a]-lim la i-na-'ì[du-ma] [ù] 70 lú-me-e a ba-[a-'a-ti-ia] ú-ka-al-[l]u- [u-(nu-ti)] ù lú-me-e […] []u-ut sa[g …] (Rev. 4 l. + Tr. 3 l.) atamrakkum (ou *atamram-kum) et d'y voir un permansif Gt (ou Gtn par correction). Kânisân est effectivement un (haut) fonctionnaire mariote. Yassi-Dagan a perdu du temps en passant par un intermédiaire alors que Huzzû s'est précipité pour obtenir le char et ses roues. b) Manifestement les lettres se soient croisées ; Yassi-Dagan était à Zurubbân alors que Huzzû devait être sur place à Mari. Cela explique que Yassi-Dagan parle de l'intermédiaire de Kânisân alors que l'affaire était déjà conclue avec Huzzû. c) D'après ce texte, un an e lagu compense un char avec ses roues. Plus qu'un animal à monter, il devait servir à tirer un char ; l’usage de RKB avec an e-há la-gu dans [A.250] : 15 ne permet pas de choisir entre les deux possibilités. d) Bahdî-Lîm (l. 33) est au début de sa carrière et certainement pas encore le « préfet du Palais » dont les lettres sont publiées dans ARM VI. Il devait être alors sous les ordres d’Abimekim.
10.3 Les activités administratives d’Abimekim à Mari sous Bannum La mention de Bannum dans [A.919], lettre d’Asqûdum, indique une date antérieure à la disgrâce du mer‘ûm qui est survenue dans la première partie de ZL 1. Le moment de ce document devait être celui où le mer‘ûm était occupé à la têbibtum. Cela montrerait que les travaux dans le palais (de Mari ou plus simplement de Dêr ?) ont été dans les urgences du nouveau pouvoir. La lettre traite de ce qui devait être la remise en état d’une bâtisse royale au commencement du règne de Zimrî-Lîm. Les bâtiments au Proche-Orient, malgré leur aspect massif, étaient des réalités qui demandaient des soins constants. Il n'est donc pas étonnant que les troubles de la dernière année de Yasmah-Addu (dont on voit les aspects négatifs en ce qui concerne les cultures) aient entraîné du relâchement dans l'entretien des demeures royales. Il peut ne s’agir cependant que de la bâtisse de Dêr, non du grand palais de Mari. Vu que ne sont prévus que des roseaux (gi-há), du bois sec ( urpum) et du plâtre (sîrum), il s'agissait de travaux qui concernaient la toiture ou des revêtements de mur. La mauvaise volonté des responsables locaux ( âpium) à y contribuer pouvait tenir au fait qu'ils devaient chacun veiller à la remise en route des bâtiments de leurs propres circonscriptions. Le document a pu être envoyé à Mari depuis l'amont, après que Asqûdum se fût heurté aux refus de Samu-ila et de Habdû.ma-Dagan. Ce document, malgré sa mauvaise conservation qui en rend plusieurs passages mal assurés, montre Asqûdum faire plus que les opérations d'hépatoscopie concomitantes à l'arrivée du roi. Est-ce le contact avec le roi — dont il se trouve désormais être parent par alliance comme beau-frère — qui commençait à porter ses fruits, ou faut-il plutôt penser que ce qui apparaît comme des responsabilités administratives n’était que l’épiphénomène de son activité normale de devin ? Il fallait en effet avoir l’aval divin pour toute entreprise humaine. Il ne se fait en tout cas pas obéir par les responsables locaux et doit faire appuyer ses demandes par Bannum et le roi lui-même.
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim
487
Asqûdum semble avoir à sa disposition un certain personnel (l. 28 sq.). C'est, d'ailleurs, dans l'administration civile qu'on le voit avancer ses pions sous Bannum, avec la nomination de son « fils » ou de lui-même à Hi amta (ARMT XXVI 5, cf. ici-même p. 162 sq.). La lettre a sans doute été envoyée de la région d’amont à Mari où se trouvait le roi, alors qu’Asqûdum s’était déplacé jusque chez les « responsables administratifs » pour y essuyer leurs refus. 233 [A.919] Asqûdum au roi. Les responsables locaux ne fournissent pas tous les matériaux nécessaires à la réfection du palais (de Dêr ?). Le roi doit intervenir comme l'a déjà fait Bannum, sinon Asqûdum mettra au travail ses propres serviteurs. [a-na] be-lí- [ia] 2 [qí]bí[ma]’ [um-m]a às-qú-du-[um] 4 [ìr]ka-a- [ma] [a - u]m gi-[HI].A [ù u-ur-pí-im]13 6 [a-n]a i-p[í-ir dum]u-me-e um-[me-ni] [up-pa]-am be-[l]í ú- a-bi-[ lam] 8 [um-ma-a-mi] lú-me-e a-p[í-ú li-ib-lu-nim] [ú-ul i]m-gu-ru-ma gi-há [ù u-ur-pa-am] 10 [a-na ]i-pí-ir dumu-me-e um-me-[ni ú-ul ub-lu-n]im [ki-ma i-n]a-[a]n-na-ma i-na a pí-i be-lí-[ia] 12 [l]a-a ip-pé u-[ma] [be-lí u] -t[a-a]m-ri-ú-ma 14 [a - u]m? a [i-ga]-ri-im-ma14 Tr. [ke-em i]q-[bu]-ú 16 [um-ma-m]i s[í-r]a-am [ a i]-ga-ri a é-kál-[lim] Rev. 18 [ni-na-ad-di-na-kum] [ù ba-an-nu-um15 a] - um [gi-há] 20 [ù ]u-ur-pí[im] [i -pu-ur]- u-nu- i[im] 22 [ù ki-ma] ba-an-nu-um an-ni-[tam i -pu-ru] [up-pa]-am be-lí li- a-bi-la-[am-ma] 24 [ù° a-n]a lú-me-e a-pí-í [li-i -ú-u]r-ma gi-há 26 [ùs° u]-ur-pa-am a-na i-pí-[ir dumu-me-e ] [um-me]-ni li-i -qé-el-pu-[nim] 28 [ a]-ni-[tam] um-ma a-na-ku an-ni-ki-a-[am] [u]l-ta-ap-pítam 30 [a ]- um dumu-me-e um-me-ni la i-ri-[qú] [i-n]a lú-tur-me-e a ra-ma-ni-ia-[ma] 32 [gi ]-má g[i]-há ú-ma-al-[la-ma] [u] -qé-le-ep-pu-nim (C. détruit, mais vraisemblablement anépigraphe.)
13
Cette restauration (cf. l. 9), d'après les l. 19 et 20.
14
Pour cette restauration, cf. l. 16 et 17.
15
Pour cette restauration, cf. l. 22.
488
Jean-Marie DURAND
Bibliographie : tablette numérotée par G. Dossin [A.919] ainsi que [A.3642] ; publiée comme ARMT XXVI 51 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 201. Réexamen d’après photographie. En souligné les nouvelles restaurations. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Asqûdum, ton serviteur. Au sujet des roseaux et du bois seca) 6 pour le travail des artisans, 7 mon seigneur m'avait envoyé une tablette, 8 me disant ceci : « Les autorités locales ( âpiûtum) doivent (l')apporter. » 9 Ils n'ont pas été d'accord et 10 n'ont apporté ni roseaux ni bois sec 10 pour le travail des artisans. 11 Alors même que maintenant 12 ils n’agissent pas 11 selon ce que dit mon seigneur et 13 qu'ils lui causent du déplaisir, 14 au sujet de la paroi elle-même, 15 ils ont dit ceci : « 16 Le plâtre 17 de la paroi du palais, 18 nous te le fournirons » ; 19 alors Bannum 21 leur a envoyé un message 19 concernant les roseaux 20 et le bois sec. 22 Donc, de même que Bannum a envoyé ce message-là, 23 mon seigneur doit faire porter une tablette et 25 écrire 24 aux responsables locaux 27 pour qu'ils envoient par le fleuvec) 25 roseaux 26 et bois sec pour le travail des 27 artisans. 28 Autre chose : si, moi-même, ici, 29 j'ai du retard, 30 pour éviter que les artisans ne soient au chômage technique, 33 je ferai remplir 31 par mes propres serviteurs 32 un bateau de roseaux et 33 ils feront le transport par le fleuve. 5
a) Cf. LAPO 16, p. 298 où urpum est traduit « bois à brûler ». Le terme a donné son nom à l'un des principaux rituels mésopotamiens. Cependant l'association du urpum avec des roseaux n'incite pas à y voir ici une matière utilisée pour des rituels. Le bois à brûler étant surtout du bois sec, il faut considérer qu'il s'agit là de brindilles ou de branches utilisées avec les roseaux dans la réfection du toit du bâtiment. b) Pour ina subordonnant, cf. ARMT XXVI 493: 18. c) Cela indique que les demandes ont été adressées au moins à Terqa et Saggâratum.
Ces travaux sont mentionnés sous la responsabilité directe d’Abimekim qui dit dans [A.613] s’occuper à la fois d’un temple et du palais de Dêr. C’est ce qu’il faut déduire de ce texte qui parle de ces travaux à Dêr (cf. l. 1'). Il s'agit en fait de l’utilisation pour le palais, sur injonction du (devin) Asqûdum, de briques destinées à un bâtiment annexe du temple de Dêrîtum. Il conviendrait désormais de les attribuer à des travaux sur le palais local (l. 14'), suite à la constatation que les parois du bâtiment sacré sont « solides » (l. 11'). L'avis donné à Abumekim par Asqûdum montre que ce dernier donne des directives sans rendre pour cela un verdict oraculaire. Il est donc devenu une autorité qui prend des décisions, quoique ces dernières n’aient pas de poids par elles-mêmes. Pour se couvrir en ce qui concerne l'interruption de travaux sur des bâtiments religieux, le fonctionnaire mariote a besoin de l'aval du roi qui devra interroger16 Asqûdum pour savoir ce qu'il en est. Il faut supposer dans la cassure, après la description des parties omineuses du foie, un anîtam qui introduisait aux travaux entrepris à Dêr. Les abondantes pluies nocturnes décrites l. 4'-6' doivent avoir nécessité un renforcement d'urgence de la kâriktum du palais. La face d’une autre lettre d’Abimekim, A.248917, fait sans doute allusion aux mêmes intempéries. Il s'agit de coups de tonnerre violents (l. 9). Le texte mentionne à ce propos l'intervention de la mère du roi Addu-dûrî qui devait avoir sa résidence personnelle à Dêr. Les présages-têrêtum du Revers (l. 2’3’) de cette tablette peuvent faire allusion à ceux qui sont décrits dans [A.613]. Ils devaient comporter un signe assez remarquable pour être transmis au roi18. Le texte [A.2489] devrait donc appartenir à ZL 1. Un texte comme [A.207] se présente hors chronologie car ne sont mentionnés ni année ni mois précis. Le fait qu’Abimekim écrive au roi à propos de présages concernant la capitale indique néanmoins l’absence du monarque. Ce texte pourrait donc appartenir au moment de l’expédition contre Kahat.
16
Restaurant donc li 'al, non li tâl qui entraînerait sans doute un itti Asqûdim.
17
= ARMT XXVI 454.
18
L. 8', on lira : [a-na] e-er { lugal*} be-lí-ka, mais le lugal est vraisemblablement érasé. Ce n'est, en tout cas, pas le signe ÌR.
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim
489
234 [A.207] Abimekim au roi. Les présages ont été pris pour Mari, le Palais, les Temples et les Ergastules. Tout va bien pour un mois.
8
a-na b[e-lí-ia] qí-bí-ma um-ma a-bi-me-ki-im ìr-ka-a-ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum
a-al-ma
Tr.
(Anépigraphe.)
Rev. 10
a-na [u-lum n]e-pa-ra-tim dumu-me-e [má - u gí]d-gíd te-re-t[im i]-pu- u-ma te-re-tu- u-nu a-di re-e iti an-ni-im [ ]a-al-ma
2 4 6
12 14
Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 452 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 375. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien, 6 le Palais va bien, 7 les Temples et les Ergastules, 8 vont bien. 10 Les devins 11 ont pris les sorts 9 pour ce qui concerne les Ergastules. 12 Les sorts qu'ils ont obtenus, 13 jusqu'à la fin de ce mois-ci, 14 vont bien. 5
235 [A.613] Abimekim au roi. Tout va bien. Sacrifice de 2 agneaux pour savoir ce qu'il en est de … Les présages sont bons pour un mois : description des entrailles. (Lacune). Travaux entrepris pour le palais de Dêr. Pluie nocturne le 10 xii (de ZL 1). Asqûdum a demandé que les briques de l'entrepôt de Dêrîtum soient apportées pour renforcer la défense contre les inondations au palais. Que faire ? 2 4 6 8 10 12
a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im ìrka-a- ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-[ra-t]um
a-al-ma a-na u-lum x-[o-o-i]mki 2 sila-há dumu-me-e má - u-[gíd-gíd a-na te-r]e-tim i-pu- u-ma te-re-[tu- u-nu] [a]-di re-e iti an-ni-i[m a-al-ma] [ù] i-na te-re-ti- u-[ nu°] [da-an-n]a-[nu]m na-a-[ra-ap-tum] (Fin de la Face : 2 l. manquent.)
Tr. Rev.
(4 l. manquent.) (début du Rev. : 2 l. manquent.)
2'
[lu-p]u-ú -ma a-na i-pí-[ir] [é-ká]l-lim a de-erki
490
4' 6' 8' 10' 12' Tr. 14' 16' C. 18'
Jean-Marie DURAND [e]-pé- i-im qa-tum a-ak-na-[at] iti e-bu-ri-im ta -ni-tim u 10-kam a-mu-ú-{UM}-um ka-al mu- i-im iz-nu-un a - um a-bu-sí-im
a é dnin-hur-sag-gá I às-qú-du-um i-mu-ur-ma ú- a-ad-de-en-ni um-ma u-ma i-ga-ra-at a-bu-sí-im dan-na [s]ig-há a [an-n]i-i
in-ne-e[p- ]a a-na é-kál-lim zi-bi-il ka-ar-ka-at é-kál-lim hu-bu-ur be-lí às-qú-da-am l[i-i -al]
um-ma a e-pé- i-i[m be-lí i- i-im] a-bu-sà-am a-a-ti lu-[ e-pí-i ]
Bibliographie: édité comme ARM XXVI 455 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 376. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules vont bien. 8 Les devins 9 ont traité 8 2a) agneaux pour les présagesa) 7 sur l'état de la zone d'hortillonnageb) 9 et les présages qu'ils ont obtenus, 10 sont sains jusqu'à la fin de ce mois. 11 En effet, dans les présages qu'ils ont obtenus, 12 (se trouvent) le Renforcement, le Creuset… 5
(8 l. manquent.) … 1' pour que je fasse 0' des travaux sur le palais de Dêr et 3' l’on avait (donc) commencé à travailler au palais de Dêr. 4' Le mois xii-bise), 5' le 10, 6' il y a eu 5' de la pluie 6' toute la nuit. 7' Au sujet de l'entrepôt 8' du temple de ala d), 9' Asqûdum après examen, 10' m'a arrêtée), disant : 11' « Les cloisons de l'entrepôt sont (assez) fortes. 14' Transporte au palais 12' les briques qui 13' ont été faites 12' ici. 16' Renforcef) 15' la protection contre les eauxg) du palais. » 17 Mon seigneur doit interroger Asqûdum. 18' Si mon seigneur se décide (néanmoins) pour la construction, 19' je ferai construire cet entrepôt. a) Cela indique qu'il y a eu une piqittum, « vérification ». S.L. lit puhâdî… têrêtim … epê um avec un double accusatif qui n'est pas documenté, d'où la restauration de ana l. 8.. Apparemment W.H. fait de même (op. cit., p. 376 « …made extispicies with two lambs » ). b) L'éditrice a lu ici uprum, ce qui n'est certes pas impossible matériellement vu les cassures, mais on peut envisager aussi salhum avec le post-déterminatif de lieu KI, ou un autre lieu de l’alvéole. c) S.L. fait justement remarquer que l'année dite de Kahat possède un mois xii bis. d) Le texte comporte Nin-hur-sag-gá, expression sumérienne (« la Dame de la Montagne») qui équivaut à la déesse ala , parèdre de Dagan. e) La traduction de S.L. « Il m'a fait savoir» a été reprise par W.H. « He let me know ». Le verbe me paraît cependant à dériver de ND' qui à la forme- signifie « arrêter une entreprise ». Cf. ARMT XXVI 285: 8 ma tûtam
âti u -ta-ad-di = « j'ai interrompu le tissage ». f) D'après le parallèle de la l. 14', il s'agit d'un impératif et le sens doit être actif. C'est une mauvaise idée de penser que ce BR est une variante de KBR (W.H, op. cit. p. 376, n. 312), car c'est — de façon inverse — à un akkadien que correspond un K amorrite, comme le montrent plusieurs exemples (esêkum = esê um, kanâqum = anâqum, etc.). En outre, KBR produit un verbe en (i) alors qu'il s'agit ici d'un verbe en (a/u) et « reinforce » serait kubbir, et dès lors * ubbir. Le verbe habârum est enregistré avec le sens « être solide » (verbe d'état) par les dictionnaires, mais il n'est attesté jusqu'ici en akkadien qu’au permansif. Rien n’empêche donc qu’il s’agisse en fait d'un verbe actif « renforcer », auquel l’emploi au permansif donne normalement un sens d’état. Ce verbe habârum est également attesté par une incantation publiée dans RA 36, p. 10 : kêm qibîtî el qîbîti-ka lu ha-ab-ra-at, « qu’ainsi ma parole soit plus solide que la tienne », enregistré par CAD A/2 p. 167b, s.v. apru.
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim
491
g) Plutôt que d'introduire un mot nouveau signifiant « enceinte » à partir d'exemples araméens (S.L. ; suivie par W.H. qui traduit « perimeter »), on peut considérer « ka-ar-ka-at » comme l'état construit de *kâriktum, correspondant à l'akkadien kiriktum. Le verbe karâkum est utilisé pour signifier « bloquer un écoulement d'eau » et « obstruer un canal ». Il est donc vraisemblable que la *kâriktum désignait non pas l'enceinte du palais mais sa protection contre des eaux (de ruissellement ou autres). Kiriktu est traduit par CAD K, p. 405 « blocking of the water supply in a canal ». Il est vraisemblable que cela avait à voir avec les pluies torrentielles — dont il est parlé juste auparavant — qui avaient pu faire monter le niveau dans le système d'alimentation en eau du palais.
10.4 Après Bannum [A.613], s’il est bien de la fin de ZL 1, se situe après la période de pouvoir de Bannum. C’est le cas de plusieurs autres textes, qui dateraient au mieux du moment de sa disgrâce. On y attendrait en effet la présence du mer‘ûm, vu l’importance des informations, alors qu’il n’est pas mentionné. Ainsi en est-il du texte [A.272] qui parle de l'arrivée dans la capitale (l. 5-10) de notables de Ziniyân, une région en partie mâr yamîna du district de Saggâratum, sur la rive droite de l’Euphrate, à l’amont de Terqa. « Ha qûdum » transmettrait (par leur intermédiaire ?) des informations sur la moisson de Ziniyân et l’installation des Uprapéens dans la région (l. 11-20). Ce Ha qûdum, malgré l'orthographe de son nom (cf. p. 49), pourrait être l’Asqûdum que l’on connaît par ailleurs comme le devin mariote, comme éventuellement on voit apparaître Simhu-rabi au lieu de Sumhu-rabi. En ce qui concerne l’affaire, la mention de la moisson (l. 12) daterait le document d’un mois iii ou iv, ce qui pourrait le placer juste avant le départ de l’armée pour la Haute-Djéziré. 236 [A.272] Abimekim au roi. Arrivée (à Mari) des notables de Ziniyân. Ha qûdum a demandé à procéder à la moisson de Ziniyân, car 20 individus de Ganibatum étaient venus d'amont avec lui pour procéder à la moisson à Samânum. Part réservée des Uprapéens. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im ì[r]ka-a- ma I [i]a-ta-rum su-ga-gu
a zi-ni-ia-anki I mu-tu-ra-ma I[ia-á]s-ma-ah-ba-al I ba-sa°-[r…] ù dumu-me-e zi-n[i-ia-anki] ka-lu- u-nu i[k-ta-a -du-nim] a - um e-em a [o-o-o-ni]mki19 e-é-di-im ha-a -qú-du-um i -pu-ra-am 20 dumu-me-e r[u-u]g-ba-tim
2 4 6 8 10 12 Tr. 14
(Blanc.)
[it-t]i20-ia a-na [ma-riki] za-{RU}-ru-{RU} ú? 30 gán a- à bi-ir-tam dumu-me-e up-ra-pí im- u-hu
a-pí-il-ti a- à-lim
Rev. 16 18
19
Il pourrait y avoir ici une forme [zi-ni-ya-n]imki (inattestée cependant) pour Ziniyân.
20
Le signe est clairement TI, non E.
492
20 22
Jean-Marie DURAND ú- e-í-id-ma ù a-na kislah a-ad-di ha-al-ú-um a-li-im
Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 462 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 378 ; cf. L. Marti, NABU 2001/81. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. Yatarum, le cheikh 6 de Ziniyâna) — 7 Mutu-Rama, Yasmah-Ba'al, 8 Basa…b) 9 et des gens de Ziniyân, 10 eux tous, me sont arrivés. 12 Ha qûdum 13 m'a envoyé (par eux) des informations 12au sujet de la moisson 11 du grain de Ziniyân : 14 « 20 serviteurs attachés aux greniersc) 16 sont occupés à vannerd) 15 avec moie) à Ziniyân. 18 Les gens de l'Uprapum ont mesuré (pour eux)f) 17 30 arpents entourés par le méandre. 19 Le reste du terroir, 20 je l'ai fait moissonner et 21 j'(en) ai déposé (le produit) sur l'aire. » 22 Le district (de Mari) va bien. 5
a) Ziniyân est un lieu où sont attestés des Mâr yamîna. b) La restauration est indécise : dans l'onomastique de Mari on connaît ba-sa-ra-an, nom d'un esclave rural, dans A.3562 (variante ba-as-ra-an, selon M.8879) et ba-sa-num, M.5624. Les trois personnages des l. 7-8 doivent représenter des Anciens de Ziniyân. Le restant mentionné en bloc ne représente que de simples bourgeois. c) Ces gens attachés aux greniers devaient être des habitants de Ziniyân convoqués pour accomplir la corvée du vannage. On ne comprendrait pas ici la mention de Ganibatum (S.L et W.H) d) Il n'y a pas de signe AT dans cette ligne, en comparaison avec a-ad-di de la l. 21, et une séquence a-an’est pas attendue. Le passage a été corrigé par L. Marti, NABU 2001-81, suivi par W.H. En fait il y a plusieurs érasures sur cette ligne et le A de S.L. n’est que le bas d’un ZA. e) Du texte doit manquer ici selon les normes d’un texte mariote et les l. 14 à 21 peuvent représenter le message de Ha qûdum. On lira donc une l. 13-bis , développant i puram. Noter l’emploi de la première personne dans ces l., ce qui ne fait que difficilement référence à Abimekim. f) S.L. a lu ici im- u-'u faisant venir le verbe de ma â'um « piller », ce qui est effectivement un usage courant dans l'écriture de Mari. Elle a été suivie par W.H. mais le texte ne se comprend plus, car il est trop tôt dans le règne pour que soit indiqué ici un pillage fait par les Uprapéens. En fait, c'est un moment de leur installation. Ma âhum (cf. CAD M/1, p. 352b (pour l'époque moyenne21) se dit couramment d'une superficie délimitée avant attribution.
[A.1232] parle d'un ambassadeur de Kurdâ et doit témoigner des premiers contacts diplomatiques entre Kurdâ et Mari pour l'intronisation de Simah-ilânê. L'ambassadeur de Kurdâ se fait tancer par Abimekim mais manifestement la consigne a été donnée à l'administrateur de ne pas chercher un affrontement. On note l’absence de Bannum. 237 [A.1232] Abimekim au roi. Les présages ont été pris pour Mari, le Palais, les Temples et les Ergastules. Tout allait bien pour un mois, quoiqu'il y eût quelque chose de pas normal (l. 15). De fait, Zikriya, ambassadeur de Kurdâ, a essayé de « débaucher » Ik ud-ayyabî- u, l'apprenti-barbier. Prévenu, Abimekim s'est saisi du serviteur et a tancé publiquement l'ambassadeur.
2 4 6 8
[a-na be-lí]- i[a] [qíbí]ma [um-ma a]-bi-me-ki-im [ì]rka-a- ma [a-lu]m4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim [é]-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma a-na u-lum a-limki ma-riki ù u-lum ha-al-í-im
21 Cf. cependant ARMT XXVI 500: 29 où ma âhum signifie « prendre la mesure » : âbam a itti- u illa[ku], a[m]- u-uh 6 lîmî mai = « J'ai évalué la troupe qui allait avec lui à environ 6 000 (hommes). »
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim
493
dumu-me-e má - u-gíd-gíd te-re-tim i-pu- u-ma te-re-tu22- u-nu a-di re-e iti an-ni-/im
a-al-ma ù dumu-me-e má - u-gíd-gíd ki-a-am iq-bu-nim um-ma u-nu-ma te-re-t[u]-ni a-hi-tam i- a-a
10 12 14 Tr.°
(2 l. blanches.)
Rev. 16 [ù a ]- um° ik- u-ud-a-ia-bi- u gìr-sig [ a] be-lí a-na a-bi-e-qar u-i 18 a-na u-i-tim u-hu-zi-im ip-qí-du u I zi-ik-ri-ia dumu i-ip-ri 20 lú kur-da-yu-umki 22
a a-na ká-dingir-raki i-ti-qú ú-se-ep-pí-{U} u 24 [ ]e-pí ik-bu-su-ma lú-tur a-a-tu [a]-ba-at a-na zi-ik-ri-ia {X} 26 [ma-h]a-ar {ÌR}° ìr-me-e a be-lí-ia [ki-a]-am aq-bi um-ma a-na-ku-ma 28 [am-m]i-nim ìr be-lí-ia tu-se-pí [kaskal-k]a ú-ul a-ka-al-la 30 [tu-ta]-ar-ra-am-ma [ta-a]t-ta-na-ap-pa-al Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 453 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 375. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules vont bien. 9 Les devins 10 avaient pris les sorts 7 pour ce qui concerne la ville de Mari 8 et le district. 11 Les sorts qu'ils avaient obtenus jusqu'à la fin de ce mois-ci 12 allaient bien. Cependant les devins 13 ont dit ceci : « 14 Les présages que nous avons obtenus 15 ont une bizarrerie. » 16 Or, concernant Ik ud-ayyabî- u, le domestique, 17 que mon seigneur 19 avait confié 17 à Abêqar 18 le barbier pour lui faire apprendre l'art du barbier, 20 Zikriya, le messager 21 kurdéen, 22 qui était de passage pour Babylone, l’avait « débauchéa) ». 24 On m'a prévenu. 25 Je me suis saisi 24 de ce serviteur. 27 J'ai dit ceci 25 à Zikriya 26 par devant des serviteursb) de mon seigneur : « 28 Pourquoi as-tu “débauché” un serviteur de mon seigneur ? 29 Je n'arrêterai pas ta caravanec). 30 (Mais) si tu recommencesd), 31 tu seras mis à l'amendee). » 5
a) Pour le sens de suppûm, « faire miroiter un avenir meilleur à un travailleur pour lui faire quitter son poste », donc « débaucher d'un travail », cf. index, LAPO 18, p. 586b. b) Il n'y a pas ici «10 serviteurs » car le «10 » n'est qu'une partie du ÌR dupliqué. Il faut simplement comprendre que la réprimande a été faite publiquement. c) Tant S.L. que W.H. restaurent ici, sans explications, un ìr dans la cassure. Ce serait une mesure de « talion ». En fait, Abimekin ne veut pas créer un incident avec un diplomate qui n'est que de passage (etiqtum). d) Pour ce sens elliptique de turrum, cf. CAD T, p. 278a-b. S.L. traduit « … si tu me le rends, tu seras quitte », suivie par W.H. op. cit. p. 375, « [Once you] return (him) to me, [you] need not give answers. » Mais, outre que le texte devrait comporter un - u qui n'existe pas, les l. 24-25 montrent que le serviteur a été arrêté par le fonctionnaire mariote, donc qu'il n'y a pas à le lui rendre. e) Il s'agit ici de NPL, pas de 'PL (S.L.).
22
Le E initial du TU n'est qu'à moitié fait.
494
Jean-Marie DURAND
10.5 Événements à la frontière orientale À l’époque du discrédit de Bannum, ou à celle d’après sa disparition, appartient vraisemblablement [A.2167]. Ce texte qui ne le mentionne pas apporte en effet des renseignements de première importance sur les régions au sud du royaume. C'est une époque où ses serviteurs conseillaient au roi de Mari d’avoir de bons rapports avec (« son père ») le roi d'E nunna. On comprend cependant à lire le texte que celui qui est un chef dans la région, Meptûm, n’appréciait pas que l’on fît à E nunna des rapports le concernant (l. 13-22) ; si les relations sont encore paisibles entre Mari et la capitale de l’Akkad oriental, la méfiance était déjà de mise dans le Sûhum. De fait, E nunna s'occupait de la royauté d'Allahad et intervenait, d'après ce que disait Bannum23, jusqu’à Sapiratum. Toute cette partie du cours de l’Euphrate avait en effet appartenu à E nunna mais était passée dans des conditions mal connues encore sous domination du RHM. En un sens, plusieurs États y avaient des droits. Mari se sentait l’héritière du RHM et devait considérer la vallée jusqu’à l’Akkad occidental comme le prolongement normal du royaume des « Bords-de-l’Euphrate », E nunna comptait de son côté récupérer des territoires perdus. Sans doute, le corps expéditionnaire conduit ultérieurement par allurum avait-il reçu cette mission. Babylone s’y jugeait chez elle. Mari avait cependant ses partisans, au nombre desquels on pouvait compter Meptûm qui cherchait à se débarrasser de ses opposants. De fait, les deux trublions qu’il expédie dans la capitale sont un local, ainsi qu’un individu d'origine mâr yamîna (Amnanéen). L'envoi des a baa'âtim (l. 8-12) est déjà clairement une mesure préventive, ce corps de militaires étant chargé de s’opposer à tout ennemi potentiel et de monter la garde aux frontières. Meptûm attendait leur rapport pour savoir ce qui se passait du côté e nunnéen. Un conflit était donc senti comme possible à propos de ces contrées en « déshérence ». Cela peut expliquer l'attention donnée à l'état des murailles de Mari. On consolidait les défenses de la ville, du fait d’une évidente vétusté. Leur mauvais état était connu par un texte édité par N. Ziegler24, qui laisse à penser que c’était toujours un sujet de préoccupation au cours du règne de Zimrî-Lîm. 238 [A.2167] Abimekim au roi. Tout va bien. Message de Meptûm disant que tout va bien pour les commandos qui ont atteint leur destination. Travaux sur la muraille. [a-na be-lí]- ia qíbíma um-ma a-bi-me-ki-im ìrka-a- ma a-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma I me-ep-tu-ú-um ke-em i -pu-ra-am um-ma u-ma lú-me-e a a-na ba-a--'a4-tim a-ru-du a-al-mu a- à ú-wa-e-ru- u-nu-ti ik-ta-á -du a-di u 5-kam i-tu-ru-nim-ma e-em- u-nu a-na e-er be-lí-ia a- a-pa-ar 1 lú hur-ba-na-ia-amki ù 1 lú am-na-na-ia-amki I me-ep-tu-ú-um ú- a-re-e-em [u]m-ma u-ma a-wa-ti-ia
2 4 6 8 10 12 14 16
23 24
Cf. p. 152.
Cf. N. Ziegler, « Deux esclaves en fuite à Mari », dans Recueil d'études à la mémoire de M. Birot, = FM II, 1994, p. 11-21, spéc. p. 19-21. Les deux documents publiés dans cet article sont sans doute de la fin du règne.
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim
495
a-na è -nun-naki u -te-né-ru-ú [a-na e-er be-lí]-ia Rev.20 [ú-ur-da- u]-nu-ti [be-lí a e-pé- i-im]25 22 l[i-pu-ú - u-nu-ti]
[a-ni-tam] 24 [a-nu-um-ma di-im-tum]26 i -tu pa-an [du-ri-im l]a-bi-ri-im 26 im-ta-qú-ut-[ma du-ur] pí-a-tim e-le-[tim] a-ka-a-ar-ma 28 a-na di-im-tim a-a-ti qa-ti a- a-ak-ka-an Tr. 18
Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 456 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 376. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien. Le Palais va bien. 6 Les Temples et les Ergastules vont bien. 7 Meptûm m'a envoyé ce message-ci, 8 disant : « Les gens que 9 j'avais expédiés 8 en commandos 9 vont bien. 10 Ils viennent d'atteindre 9 l'endroita) où je les avais envoyés. 10 D'ici 5 jours, 11 il reviendront et 12 je renseignerai mon seigneur 11 sur les nouvelles qu'ils rapporteront. » 15 Meptûm m'a fait conduire 13 1 homme de Hurbân 14 et un Amnanéen, 16 disant : 18 « Ils ont l'habitude de colporterb) 16 des propos sur moic) 17 à E nunna. 20 Expédie-les 19 chez mon seigneur. 21 Mon seigneur 22 doit leur faire 21 ce qu'il voudra. » 23 Autre chose : 24 voilà qu'une tour 26 vient de s'écrouler 25 du devant de la vieille muraille. 27 Je vais consolider 26 le mur de 27 l'acropoled) et 29 je me mettrai 28 à cette tour. 2
a) Eqlum signifiant « région » est déjà attesté à Mari par ARM IV 88 (= LAPO 17 540) : 21 & V 67 (= LAPO 17 852) : 26. Ce terme après Mari semble n’être plus employé avec ce sens que dans des textes littéraires. b) Il s'agit d'une forme /3 de warûm. Le timbre en /e/ indique une forme du Nord plutôt qu'akkadienne. c) « Mes propos » peut naturellement signifier « mes projets » (mais comment ces gens y auraient-ils accès ?) ou « des propos sur moi ». Ils devaient faire des rapports à E nunna sur la réaction aux mesures prises par Meptûm. Hurbân est un lieu bien connu d'opposition à Mari au Sûhum. d) Le terme pi'atum qui signifie approximativement « région » sert à désigner l'acropole dans l’expression pî'atum elîtum. Cf. MARI 5, p. 214, n. 38.
Très proche de cette lettre doit être [A.3013] que je comprendrais ainsi : 239 [A.3013] Abimekin° au roi. Tout va bien. Le roi a réclamé qu'on lui envoie sans délais les gens qui viennent de chez Meptûm. Ils partent avec la tablette que [Meptûm] a envoyée à leur sujet. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma a-bi-me-ki-in° ìr-ka-a-[ma] a-lum4(LAM)ki ma-riki [ a-lim] é-kál-lum a-l[im] é-há [dingir-me-e ] ù ne-pa-[ra-tum a-al-ma] a - um [e-em 2 lú-me-e ]
2 4 6 8
25
Dans le compte des lignes, il y a deux l. sur le revers, là où l'éditrice n'en a 13ompté qu'une.
26
Restauré d'après la l. 28.
496
10 Tr.
Jean-Marie DURAND
a i -tu [pa-ni-ia / ma-riki] i-à-r[a-du] (2/3 l. blanches.)
Rev.12 be-lí i -pu-r[a-am] um-ma-a-mi ar-[hi-i ] 14 ú-ur-da-a - u-n[u-ti] lu-wa-e-er- u-nu-[ i-im] 16 it-ti up-pí-im-ma
a a - u-mi- u-nu 18 a-na e-er be-lí-ia ú- a-bi-lam 20 a-à-ar-da-a - u-nu-ti (1 l. blanche.) Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 457 ; non repris par W. Heimpel, op. cit. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Abimekin, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; 6 le Palais va bien ; 7 les Temples 8 et les Ergastules vont bien. 9 Au sujet des deux hommes 11 qui doivent être expédiésa) de chez moi/de Mari, 12 mon seigneur m'a envoyé un message(r), 13 disant : « 14 Expédie-les moi 13 vite 15 que je donne des instructions en ce qui les concerne ! » 16 C'est avec la tablette 17 qu'à leur sujet 19 il (= Meptûm) m’a fait porter 18 pour chez mon seigneur 20 que je les expédieb). 5
a) La forme i-a-r[a- ne peut être que le début d'un inaccompli. La traduction « que l'on vient de m'en[voyer] » (S.L.) ne convient donc pas. b) Dans sa lettre Meptûm devait donner suffisamment de détails pour informer le roi. Il est normal qu'un fonctionnaire comme Abimekim envoie un tel document sans le garder par devers lui. Une autre possibilité morphologique est de considérer u âbilam comme une première personne renvoyant à Abimekim (S.L.) mais il faudrait traduire « je les envoie chez mon seigneur avec la lettre même que je fais porter/que j'ai fait porter chez mon seigneur les concernant », alors que la présente lettre ne dit rien d'eux.
[A.509] est un des rares documents à décrire la situation militaire à l'est du royaume au début du règne. Les Turukkéens sont à l'époque les alliés d'I me-Dagan contre E nunna. Ils ont dû accomplir une razzia sur le pays d'Akkad, tout particulièrement E nunna, mais en remontant vers le Nord ils ont apparemment aussi causé des dégâts dans l'Akkad occidental, le royaume de Babylone. Ces derniers semblent néanmoins n'avoir été que très limités. Les messagers (babyloniens) qui vont chez les rois du Nord (des Mariotes n'iraient qu'à Mari) passent par Yabliya où se trouvait le militaire mariote Menîhum et, poursuivant leur chemin par Mari, y rencontrent Abimekim. Les relations sont donc bonnes entre Babylone et Mari à une époque où devait d’ailleurs se tramer l’installation de Simah-ilânê à Kurdâ. 240 [A.509] Abimekim au roi. Tout va bien. Des messagers (babyloniens) en direction des rois du Subartu apportent depuis Yabliya des nouvelles de Menîhum. Des Turukkéens, montés sur des ânes, n'ont fait que passer en direction du Nord. Peu de dégâts en Babylonie.
2 4 6
a-na be-lí- ia [q]íbíma [um]-ma a-bi-me-ki-im [ì]rka-a- ma [a]-lum4(LAM)ki ma-riki a-lim é-gal a-lim é-há dingir-me-e ù ne-pa-ra-tum a-al-ma
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim
497
[dumu]-me-e i-ip-ri mu-ba-ri-tum 8 [ a m]e-ni-hi-im ik- u-du-nim [um]-ma u-nu-ma me-ni-ha-am 10 [qa-d]u-um lú a-bi- u [ni]-ib-re-em lú tu-ru-ku-ú a an-na-/nu / i-ti-qú 12 [ir-ta]-ak-bu-ú Tr. [a-na e]-er lugal-me-e 14 [ti27-l]a-at be-lí-ia i-ti-qú [ù a-na i]a-ab-li-iaki Rev. 16 [i-ru]-bu-nim [ù a - ]um a-al-la-tim 18 [ a i]-na ká-dingir-raki [i - a-al-l]u {X} á -ta-al- u-nu-ti-ma 20 [um-ma] u-nu-ma [x sag]-ìr-me-e ba-ug 22 [ù m]a*-tum ka-lu- a [ a-al]-ma-at Bibliographie : édité comme ARMT XXVI 460 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 377. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari va bien ; le Palais va bien ; 6 les Temples et les Ergastules vont bien. 7 Des messagers (babyloniens), un groupe qui apportait des nouvellesa) 8 sur Menîhum, me sont 9 arrivés, disant : « 11 Nous avons vu 9 Menîhum 10 avec ses gens. 11 Les Turukkéens qui sont passés là-bas 12 étaient sur des monturesb). » 14 Ilsc) étaient de passage 13 pour chez les rois 14 alliés de mon seigneurc). 16 Ainsi étaient-ils entrés d) 17 à Yabliya . Alors, 19 je les ai questionnés 17 au sujet du butin 18 qui 19 a été fait 18 en Babyloniee) 19 et 20 ils ont dit : « 21 Il y a x esclaves qui sont morts, 22 mais le pays dans son ensemble 23 va bien. » 5
a) Mubarrîtum est un terme hapax. S.L. le rend par « éclaireurs » ; W.H. ne traduit pas mais pense qu'il s'agissait d'un groupe chargé d'informer au sujet des mouvements de Menîhum ; CDA, p. 214a, comprend observation corps. Aucune de ces compréhensions ne convient. Burrûm signifie couramment à Mari annoncer qu'on a aperçu quelqu'un (cf. l. 11). Le verbe ne devrait pas être séparé de barûm « voir ». Ici les messagers de passage n'annoncent pas la venue de Menîhum, un militaire mariote qui est affecté à Yabliya, mais donnent des nouvelles sur ce qu'ils ont vu de lui. b) S.L. a lu [it-ta]-aq-bu-ú et compris : « [On a par]lé plusieurs fois…» mais cet usage de la forme IV paraît peu probable. W.H. ne traduit pas. Pour un rezzou des Turukkéens au pays d'Akkad, les pillards devaient être montés sur des équidés pour s'assurer une mobilité plus grande. c) Il s'agit évidemment ici non pas « des gens [anonymes] qui étaient entrés à Yabliya » (S.L.) mais des messagers babyloniens de passage, les mêmes que ceux de ARMT XXVI 461, qui passaient par le territoire plus sûr de Mari, parce que l'on se battait du côté de l'Est. Cela explique (comme l'avait d'ailleurs remarqué S.L.) que l'expression se retrouve dans ARMT XXVI 461. Ces tillâtum désignent des rois du ubartum ou du Sindjar alliés de Mari. Les Turukkéens, eux, sont remontés vers le Nord avec un butin sans conséquence fait en Babylonie. On s'attendrait à ce que les messagers disent « notre seigneur » en parlant de Zimrî-Lîm ou du roi qui les envoie. La l. 14 est donc à attribuer à Abimekim. Le fait que ces messagers soient eux-mêmes babyloniens explique pourquoi ils sont à même de donner des renseignements sur les exactions des Turukkéens en Babylonie. d) Ce passage par Yabliya leur permet de donner des nouvelles de Menîhum et de son équipe (l. 10'). e) La ville est sans doute employée ici pour désigner le royaume. Il est peu vraisemblable qu'il y ait eu une attaque contre Babylone elle-même.
[M.8178], suite de la lettre précédente, concerne les mêmes gens. Les messagers babyloniens ont dépassé la ville de Mari et se sont arrêtés à amdadum, sans atteindre donc Terqa pour y faire étape.
27
Il y a ici place pour un signe plus ample qu'un TIL, d'où la restauration ti, voire même ti-il-.
498
Jean-Marie DURAND 241 [M.8178]
Abimekim au roi. Tout va bien. (Lacune.) Les 5 messagers de Babylone pour les rois du Nord passent la nuit à amdadûm.
2 4 6
a-na be-lí-ia [qí]-bí-ma [um-m]a a-bi-me-ki-in° [ìr]-ka-a-ma [a-lum4(LAM)ki] ma-riki é-há dingir-me-e [ù ne-pa-r]a-tum [ a]-al-ma [5 dumu-me-e lú ká-dingir]-raki (1/2 manque.)
Rev. 2' 4' 6' Tr.
5 lú-me-[e ] dumu [i-ip-r]i lú ká-dingir-ra[ki]
a a-na e-er lugal-me-e til-la-at be-lí-/ia i-tiqú u-um [up]-pí [an-né]-e-em a-na [e]-er be-lí-ia ú- a-b[i-lam] i-na [ ]a-am-da-di-iki bi-tu (anépigraphe.)
Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 461; W. Heimpel, op. cit., p. 377. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. La ville de Mari, les Temples et les Ergastules vont bien. Les 5 messagers de Babylone… 5
(1/2 manquea)). 1'
Les 5 messagersb) 2' babyloniens 3' qui (sont) pour les rois alliés de mon seigneur, 4' ont continué leur route. 5' Le jour où 6' je fais porter 5' cette tablette de moi 6' chez mon seigneur, 7' ils sont au bivouac 7' à amdadumc). a) Dans l'importante partie de la tablette qui manque devaient être racontées au roi des informations sur Babylone qu'Abimekim avait obtenues à Mari des messagers. b) S.L. lit lú-me-e Hammu-rabi à la l. 1' du Rev. et comprend « Cinq hommes de Hammurabi », mais cela ne convient pas aux traces et n’est pas dans l’usage de Mari ; même observation pour W.H. Il s'agit des individus de [A.509] (ARMT XXVI 460). c) Il s'agit ici de la amdadum qui se trouvait au nord d'Appân, dans le district de Mari.
10.6 Une mission à Kurda ? L’Abimekim chargé d’une ambassade à Kurdâ (cf. n°243) peut être le fonctionnaire de Mari28, après que le roi ait mis en place Yasîm-sumû, ou le messager entre Mari et Babylone. On retrouve dans sa lettre depuis Babylone (ARMT XXVI 470 : 12-13) l’expression u -ta-ki-i de [M.9265] : 10 (cf. p. 499 b). Or la lecture ku!-ú[r!-daki], l. 6 de [M.9265] peut être mise en doute. Je suis sensible à la remarque de D. Charpin que le premier signe pourrait aussi bien être un BA et que l’écriture de Kurdâ ne comporte pas le signe ÚR. Dès lors, on lirait sans problème ba-b[i-liki] et le document serait à rattacher aux tractations antérieures à l’arrivée de Simah-ilânê. La destruction du revers qui parlait de Simah-ilânê empêche de savoir quel était alors son statut : roi ou réfugié à Babylone.
28 Rien n’indique cependant qu’il s’agisse du même Abimekim que celui qui avait des fonctions dans le district de la capitale.
499
L'administration de Mari avant Itûr-asdû : Abimekim 242 [M.9265]
Abimekim au roi. Dès son arrivée à Kurda, il a eu une entrevue dure. Simah-ilânê… (Lacune)
2 4 6 Tr. 8 Rev. 10 12
[a-na be-lí- ia] [qí]bí[ma] um-ma a-bi-mé-ki-[im] [ì]rka-a- ma [kask]al b[e-l]í-ia a-al-ma-at [u-um a-na] ku?-ú[r?-da]ki [ak- u]-d[am-ma] [k]i-[m]a wu-úr-tim
a be-lí ú-wa-e-ra-an-n[i] u -ta-ki-i wu-úr-ti ad-di-in [I s]i-ma-ah-i-la-a-né-e (Rev. = 2 l.)
Tr. C.
(Détruite = 2 l. ?)
[b]e-lí l[u i-di]
Bibliographie : édité par S.L, comme ARMT XXVI 465 ; non repris par W. Heimpel, op. cit. Cf. p. 499. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. L'expédition de mon seigneur va bien. 6 Le jour 7 même oùa) 7 je suis arrivé 6 à Kurda/Babylone, 10 selon les instructions seigneur m'avait données, 11 j'ai présenté 10 mes directives (d'un ton) sans complaisancéb). 12 Simah-ilânê … 2
9
que mon
(Reste détruit.)
Mon seigneur est au courant. a) Au début de la l. 6, il y a place pour deux signes avant le a-na nécessité par la construction verbale. b) L'expression u -ta-ki-i wu-úr-ti ad-di-in, qui n'a pas été traduite par S.L. (ni par W.H. dans ARMT XXVI 470) a un écho dans ARMT XXVI 470: 12-13 [a-ba-a]m ka-la- u a ha-am-mu-ra-bi, [ a it-ti- u n]u-u -ta-kiú-ma ni-id-bu-bu = « Toute l'armée d'Hammu-rabi dont nous avons parlé avec lui sans complaisance…» Ce verbe est apparenté à l'hébreu Q (HALOT, p. 1646b) employé au pi'el. Le verbe se retrouve dans A.337+ ; cf. Mélanges Groneberg, 2010, p. 63-72, l. 40: li puram-ma li-i -ki-ú = « qu'il (les) envoie et qu'ils ne montrent nul égard (à mon endroit) ». Cf. [A.4130+].
Le texte [M.10992] parle clairement de Kurdâ et met le roi de Mari au courant de ce qui s’y passe. Le texte est malencontreusement cassé pour sa première anecdote et allusif pour sa seconde. On avait instauré une siniqtum au pays de Kurdâ. Le terme est rare, mais ne peut que renvoyer à SNQ qui est très bien connu pour signifier que l'on vérifie l'action de quelqu'un ou les rations qu'il reçoit. Le texte poursuivant apparemment par la mention de fugitifs (l. 11), il devait s'agir d'un apurement des effectifs. La seconde anecdote concerne la disparition d'objets précieux. L'accusé atteste par deux fois qu'ils se trouvaient chez Zimrî-Lîm qui en aurait convenu, au moins pour le sac (l. 15'). Rien n'est dit des autres objets (qui pouvaient également se trouver dans le sac). Il devait s'agir de trésors royaux. L'affaire est rendue obscure par le fait que bêlî, « mon seigneur », désigne tantôt Simah-ilânê, tantôt Zimrî-Lîm. La traduction précise donc entre parenthèse qui est qui. 243 [M.10992] Abimekim au roi. Instauration d'un contrôle des effectifs au Numhâ. (Lacune). Yarîm-dâdum dit que l'un des objets précieux manquants se trouverait chez Zimrî-Lîm de l'aveu même de ce dernier.
500
2 4 6 8 10
Jean-Marie DURAND
a-na be-líia [qí]bíma [u]m-ma a-bi-mé-ki-in° [ì]r-ka-ama [lú]-me-e qa-qa-da-at nu-ma--ma [ù] lú-me-e u-gi ma-tim ìr-du [ a s]i-ma-ah-i-la-a-né-e [i]p-hu-ruma sí-ni-iq-tum i-na ma-[tim] [i] - a-ki-inm[a] [x l]ú hal-[qú-tum…]
Tr. Rev. 2' 4' 6' 8' 10' Tr.12' 14' C. 16'
(3 l. non conservées.)
ù i[t-ti lú-me-e u-nu-ti] a-na é n[e-pa-ri-im] u -te-ri-[bu- u-(nu-ti)] be-lí an-ni-tam lu i-de [ ]a-ni-tam ia-ri-im-da-du dumu ia-an-í-ib-dIM a-na be-lí- u ke-em iq-bi [u]m-ma-mi ki-sú-um qa-du-um ku-nu-ki-/ a [1] qú-ul-mu-um a kù-UD [1] a-am- u-um a KÙ.GI [i-n]a qa-at zi-im-ri-li-/im [i]-ba-[ u-ú] ù be-lí a- a-al-/ma [um]-ma-mi an-na ki-sú-um qa-du-um ku-nu-ki- a [i-na qa-ti-ia i-ba- i-i an-n]i-tam igi be-l[í- u] [ki-a-am ú- a-an]-ni-ma an-ni-tam [iq-bi be-lí lu-ú] i-de
Bibliographie: édité comme ARMT XXVI 463 ; cf. W. Heimpel, op. cit., p. 378. 1
Dis à mon seigneur: ainsi parle Abimekim, ton serviteur. Ce sont les notables du Numhâ et les Anciens du pays, serviteurs 7 de Simah-ilânê, qui se sont 9 réunis et un contrôle des effectifs 10 a été entrepris 9 dans le pays. 11 x fugitifs… 5
(Lacune de 3 l.)
… 1’ alors, avec ces gens, 3’ on l'a/les fait entrer dans la prison. Mon seigneur est au courant de cela. 5' Autre chose : Yarîm-dâdum, 6' fils de Yanib-Addu, 7' a dit ceci à son seigneur (Simah-ilânê) : « 8' La bourse avec son sceau, 9' la hache d'argent, 10' le soleil d'or, 12'se trouvent 11' dans les mains de Zimrî-Lîm. 12’ En outre, j'ai interrogé mon seigneur (Zimrî-Lîm) et 13' il m'a dit : “Oui, la bourse 14' avec son sceau 15' se trouve en ma possession”. » Voilà ce 16' qu'il a maintenu 15' par devant son seigneur (Simah-ilânê) et ce qu'17'il a dit. Mon seigneur est au courant de cela. 4’
11. LA CORRESPONDANCE D’ITÛR-ASDU AVANT NAHUR
L’ensemble des lettres d’Itûr-asdû1 en poste à Mari révèle l'absence de Zimrî-Lîm. C’est d’ailleurs la règle pour la correspondance des officiels de la capitale puisque, lorsque le souverain y était présent, il n’y avait pas de raison de lui écrire. Un fonctionnaire devait se déplacer pour aller rencontrer le roi dans son palais ou, de façon générale, dans sa capitale, si jamais les administrateurs du district avaient leur résidence ailleurs qu’à Mari. Le palais royal semble n'avoir hébergé que le roi, ses serviteurs personnels et, surtout, l’ensemble des femmes du palais, non les « ministres » ou les « grands fonctionnaires » qui avaient leurs « maisons » propres. Rien ne prouve que l’on communiquait de façon privilégiée avec le roi par lettre, depuis la ville, ou surtout, depuis une partie du palais2. En revanche, selon une coutume bien connue maintenant, lorsque le roi revenait dans sa capitale il rapportait les tablettes reçues au cours de son déplacement et que l’on archivait alors3. Du courrier envoyé au roi pouvait cependant ne pas arriver à destination. On a pu aussi ne rapporter qu'une partie des tablettes, l'autre étant endommagée au cours du transport, voire perdue.
On constate qu’en ce début de règne le roi a été absent de sa capitale à des moments politiquement très importants, comme l’arrivée de messagers d’E nunna, ou de Babylone et de Kurdâ, préludes à la venue de Simah(i)lâne4, prétendant au trône d’une royauté majeure, celle de Kurdâ. S’il était loin de sa capitale, c’est qu’il lui fallait affirmer l’autorité de Mari et assurer la sécurité du royaume. Une grande partie des lettres d’Itûr-asdû doivent être de ce moment là, soit la seconde partie de ZL 1. Si elles sont disponibles, 1
« Le/un guerrier est revenu ». Le terme asdum signifie « guerrier » à l'époque amorrite à la place du qurâdum récent et devait être d’un usage courant. Le sens de « lion » est, en fait, un arabisme, l'animal se disant lab'um dans le vernaculaire de Mari et nêum en akkadien. Ce nom Itûr-asdû ne peut être en référence à Zimrî-Lîm puisqu'il préexiste à son règne. Il est possible qu'il faille comprendre « C'est le guerrier qui est revenu », faisant allusion à un ancêtre renommé pour ses faits d'armes. La forme verbale itûr (très majoritaire dans les attestations) indique un NP akkadien. Le fait qu’Itûr-asdû ait été à l’origine un devin peut l’expliquer, car l’individu pourrait être d’origine étrangère, venu depuis l’Akkad sur les Bords-de-l’Euphrate, peut-être suite aux conquêtes de Samsî-Addu. Il existe pour le même personnage des formes « occidentalisées » de son anthroponyme, comme Yatâr-asdû, etc. 2
C’est un fait dont il faut tenir compte pour l’exploitation du corpus épistolaire de Mari. S’il a été repéré depuis longtemps que les silences des « repas du roi » sont à interpréter comme des marqueurs de l’absence royale, toute lettre envoyée au roi depuis Mari par quelqu’un censé y résider l’indique également. Le fait que la lettre ait été retrouvée dans le palais n’est qu’un archivage secondaire de documents rapportés, à moins qu’on ne considère de tels documents comme des doubles établis par les administrateurs lorsqu’ils communiquaient leurs informations au roi. On ne comprendrait pas cependant pourquoi on ne gardait pas de double de ce que le roi envoyait depuis sa capitale à ses administrateurs provinciaux ou à ses vassaux. Les synthèses historiques doivent donc tenir compte que les informations transmises par les administrateurs de Mari traitent d’événements advenus in absentia regis, c’est-à-dire que beaucoup d’informations nous échappent, celles dont le roi est informé parce qu’il y assiste. En revanche, on trouve aussi dans le palais des lettres envoyées par le roi. Cela permettrait d’établir que certains recevaient leur courrier au Palais (cf. Mukanni um ? Mais il peut s’agir de directives royales transmises aux services techniques) à moins que l’administration n’ait fait saisir certaines archives, après la mort du fonctionnaire qui les avait reçues. 3
Si l'enregistrement de certaines lettres au roi à son retour est un fait de constatation, on ne trouve pas parmi les tablettes palatiales les réponses que le roi n'a pas dû manquer d'envoyer en retour avec ses directives. Il faut donc supposer que ce que nous considèrerions comme des papiers d'État pouvaient être gardés dans les demeures des fonctionnaires. Ces derniers pouvaient d'ailleurs les tenir pour des documents d'ordre privé. On ne sait s'ils étaient transmis au successeur, ni s'il y avait localement une demeure propre au gouverneur du district (« siège du gouvernorat ») avec ses archives propres. 4
G. Dossin a traité de l’anthroponyme, ibid., p. 112. Simah-ilânê est, en fait, une notation par sandhi de *Simah-ilâni-ia « Joie (venant) de mes dieux », où est utilisé normalement le pluriel déterminé en –ânu. Il est normal dans de telles notations que le aleph initial ne fasse pas position, ce qui est un indice qu’il n’était plus prononcé. On trouvera une autre explication dans une note par M.P. Streck, de Bibel und Bibel 7, d’après laquelle il faudrait comprendre Sima'-'ila-'anê(m) : « Listen, O god, to the humble ! » (sic).
502
Jean-Marie DURAND
d’autre part, c'est qu'elles étaient parvenues à bon port. Il faut en déduire que les communications entre le roi en amont et sa capitale étaient alors sans problème. L’absence du roi de la capitale peut expliquer, en outre, que les Mâr yamîna se soient montrés si arrogants à ce moment là et qu’ils aient cru pouvoir profiter de l’occasion pour mieux affirmer leur présence sur les Bords de l’Euphrate. 11.1 Itûr-asdû sous le RHM Il y a assez peu de documents qui concernent Itûr-asdû sous le RHM. Dans ARMT XVI/1, p. 133, une seule occurrence en est donnée, soit le petit billet ARM I 59 (= LAPO 18 943) qui a cependant son importance dans la mesure où il indique qu’Itûr-asdû était alors un devin. On ne peut guère y ajouter que [M.5078], une courte lettre d’Il- u-ibbi- u, fonctionnaire attesté à l'époque du RHM, qui peut concerner ce même devin Itûr-asdû. Dans le cas où il ne s’agirait pas d’une homonymie, le devin avait pu trouver une difficulté augurale à distribuer leurs rations à des soldats (erin). 244 [M.5078] Il- u-ibbi- u au roi. Itûr-asdû n’a pas donné de rations aux soldats. Le roi doit intervenir. [a-na be-lí-ia] [qí-bí]- [ma] [um-m]a AN-u-i-bi-[u ìr-ka-a-ma] [a-n]a uku erin na-da-nim a-na i-[tùr-às-du-um5] [a]q-bi-ma ú-ul i-di-in [b]e-lí a-na i-túr-às-du-um li-i-pu-ra-am-ma uku li-id-di-in erin be-ri
2 4 6 8
(Reste anépigraphe). Note : la tablette n'est inscrite que d'un côté. Cf. N. Ziegler, FM IX, p. 209. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Il- u-ibbi- u, ton serviteur. J’ai dit 4 à Itûr-asdû de donner les rations des soldats 5 et il ne l’a pas fait. 6 Mon seigneur 7 doit envoyer un message 6 à Itûr-asdû 7 pour qu’il donne les rations. 8 Les soldats sont affamés. 5
11.2 Au commencement du règne : un rôle religieux Il a dû en être d’Itûr-asdû comme d’Asqûdum. Le devin de l'époque du RHM, d’un rang sans doute secondaire dans la hiérarchie impériale, documenté fort occasionnellement, est devenu un des grands administrateurs de Zimrî-Lîm. Cela signifie qu’il n’est ni un tout jeune homme, ni un homo novus. Lui aussi avait épousé une princesse mariote, en l’occurrence, Partum6, une amie de Dâm-hurâi7 ; cette dernière ne pouvait que montrer de l’amitié pour un ancien serviteur du RHM et les liens qui l’unissaient à 5
Cf. l. 6.
6
Cf. LAPO 17, p. 529 ; dame Partum, liée à la reine Dam-hurai (LAPO 17, p. 541, n. l), est l’épouse d’Itûrasdû (MARI 4, p. 419). Partum est expressément dite princesse d’origine royale, selon A.4043, ARM X 153, ARM VII 91 : 5. Selon ARM X 153 = LAPO 18 1178, Partum avait personnellement des terres dans le district de Terqa ; cette lettre adressée par Kibrî-Dagan à la « reine » doit donc concerner Dâm-hurâi plutôt que îbtum. Dans ARM XIV 81 qui parle également de Partum, Dâm-hurâi est elle-même qualifiée de « reine » (bêltum). 7 On sait, grâce à la publication de M.5389 par Nele Ziegler, « A Questionable Daughter-in-law », JCS 51, 1999, p. 55-58, que les filles de Yahdun-Lîm étaient aussi nombreuses que peu prisées ; si les familles régnantes, auxquelles appartenaient Warad-Sîn et son fils Addu-muballi, pouvaient rechigner à ce qui était considéré comme une alliance sans prestige (ibid., p. 58 : « The Sindjar region had never submitted to Yahdun-Lîm, and the prestige of his
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
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dame Partum pouvaient refléter des relations datant de l’époque antérieure, pour lesquelles nous n’avons pas de renseignements. Tout comme pour son glorieux collègue Asqûdum, l’arrivée au pouvoir d’un roi dont il était, au moins officiellement, le beau-frère a dû grandement faciliter sa carrière. Comme pour Asqûdum, son service sous Bannum a dû être surtout celui d’un technicien. Il ne faisait cependant, pas plus qu’Asqûdum, partie des « grands devins », ceux que l’on voit mentionnés à la fin de ARM I 81+, lors du départ des troupes pour Qana, à moins que ce ne soit qu’ultérieurement à cet événement qu’ils soient arrivés tous les deux à Mari. L’homme était certainement assez cultivé pour lire et surtout écrire. C'est à son propre calame qu'il faut attribuer, sinon toute sa correspondance mariote, au moins certaines de ses missives où l'on constate des particularismes nets comme un Ù qui tient éventuellement la place du Ú attendu, comme l’usage de « signes lourds » tels LAM (lum) ou LIM (lúm) qui alternent avec le signe LUM, mais surtout le recours à des emplois non-orthographiques (LÍ = LI dans l'écriture d'un optatif), toutes choses qu’il faut tenir pour des déviances orthographiques. Il est peu vraisemblable qu'un scribe de l'administration royale, rompu aux façons de la rédaction et de la notation, ait écrit ses lettres en recourant à de telles pratiques. Il existe, d'autre part, une différence nette de graphie et de facture entre les lettres de l'Itûr-asdû mariote et celles de celui qui gouverna Nahur8. Il faut penser que, devenu le grand administrateur du Nord, il a eu désormais recours aux services d'un scribe. Le fait qu’il ne semble pas avoir eu une grosse fortune personnelle mais surtout des terres qui lui avaient été allouées dans les provinces où il avait exercé son autorité — les districts de Mari et de Saggâratum — renforce l’idée qu’il était nouveau venu sur les bords de l’Euphrate. C'étaient là des terres de fonction, non un patrimoine. Dans ARM XIV 81 = LAPO 17 752, on trouve l’histoire des possessions des gouverneurs de Saggâratum, antérieurs à Yaqqim-Addu, et sont alors décrites celles de Sumhu-rabi et d’Itûr-asdû : « Autre chose : Sumhu-rabi, en exerçant le gouvernement dans le district de Saggâratum, se trouvait détenir une soixantaine d’arpents à Bît-Akkakka. Puis Itûr-asdû (y) fut appointé et c’est à Zibnatum qu’il se trouvait détenir 60 (?) arpents, comme (= la même quantité que) son prédécesseur…»
Zibnatum se trouvait sur la rive droite de l’Euphrate, du côté opposé à Saggâratum9, et les deux villles formaient les deux défenses principales d’amont10, alors que Bît-Akkakka11 était sur le cours du Habur, à la frontière entre les provinces de Saggâratum et de Qaunân. Elles appartenaient toutes deux de façon sûre à la province de Saggâratum. Chaque fois les terres allouées aux gouverneurs semblent donc s’être trouvées à la limite de la province. 11.2.1 Des mesures dans le domaine du culte Même si la date de [A.12] n’est pas sûre au mois près, il ne peut s’agir que d’un document ancien puisqu’il y est traité du renoncement à sa charge par Iddin-Sîn12. Le texte doit être de toute façon de la
name was perhaps less important there than in Mari itself or in the Habur triangle »), il ne devait pas en être de même pour de hauts personnages certes, mais roturiers, comme Asqûdum et Itûr-asdû qui, en tant que devins, avaient rang de généraux, et à qui une alliance avec une famille royale, même déchue, pouvait paraître un avantage. 8
La remarque avait déjà été faite par J. Eidem lorsqu'il étudiait les documents du gouverneur de la capitale.
9
Pour la situation de cette importante ville, cf. J.-M. Durand, « La Vallée du Habur à l’époque amorrite », BBVO 20, E. Cancik-Kirschbaum et N. Ziegler, Hrsg, spéc., p. 47 et n. 23. 10
Cf. p. 375 sur le rôle militaire de Saggâratum et de Zibnatum.
11
Pour cette ville, cf. LAPO 18, p. 65 ; son terroir semble avoir été assez riche. Les lions qui la hantent peuvent avoir été attirés par les troupeaux qui s’y trouvaient. 12
Pour ce NP, cf. p. 481, n. 1, à propos du nom d’Idin-Dagan. « Iddin-Sîn » porterait donc un nom akkadien.
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période mariote d'Itûr-asdû. Cet homme était déjà en poste sous le royaume de Haute-Mésopotamie13 et il subsiste de lui une lettre au nouveau roi au moment où il vient de célébrer la (première) fête d’E tar14. Ce document indique clairement qu’Iddin-Sîn était encore en poste pour cet important événement sacré, avant d’être ultérieurement remplacé par Puzur-Mamma. L. 34-35, il est question d'un départ d'Iddin-Sîn pour chez le roi, lequel n'était donc pas alors à Mari. L'événement pourrait ainsi s’être produit dans la première moitié de l'an ZL 1, quand le roi a fait son expédition contre Kahat, mais plus vraisemblablement dans la seconde partie de ZL 1, alors que le roi inspecte les travaux de la Forteresse de Yahdun-Lîm. Ce document pourrait être mis au crédit d’une fonction de devin assumée par Itûr-asdû, car des prises oraculaires étaient nécessaires pour toute nomination. Itûr-asdû a pu assumer cette fonction de devin et s’être occupé des affaires religieuses pendant qu’Asqûdum se tournait vers la politique et les affaires.
245 [A.12] Récit de la mise aux enchères de la charge d’administrateur général du culte, à laquelle accède Puzur-Mamma, à la place d'Iddin-Sîn. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìrka-a- ma a-um puzur-dma-ma ù i-din-dsu’en lú-sanga 6 be-lí ki-a-am ú-wa-e-ra-an-ni um-ma-a-mi puzur-dma-ma a-na ugula-me-e lú-sanga-me-e 8 a é dingir-me-e -ni u-ku-un-u um-ma la ki-a-am i-din-dsu’en kù-babar ma-li I puzur-dma-ma ú-ki-il-lu 10 lú u-ú ì-lá-e a-na te-er-ti-u li-tu-ur 12 an-ni-tam be-lí ú-wa-e-ra-an-ni Tr. lú-sanga-me-e ka-lu-u-nu 14 ip-hu-ru-ma I puzur-dma-ma Rev. 16 ki-a-[a]m iq-bi um-ma-a-mi 1/2 ma-na kù-babar lu-ú-qú-ul-ma 18 a-na ugula-me-e lú-sanga-me-e lu-ú-a-ki-in an-ni-tam puzur-dma-ma iq-bi d su’en 20 ù i-dinki-a-am i-pu-ul um-ma-a-mi 1/3 ma-na kù-babar 22 lu-ú-qú-ul-ma a-na te-er-ti-ia lu-tu-ur ù lú-sanga-me-e ki-a-am iq-bu-ú um-ma-mi 24 um-ma kù-babar ta-a-na-am i-din-dsu’en ì-lá-e ù kù-babar é d[i]l-tim 26 a ih-li-qú ú-ma-al-la a-na te-er-ti-u li-t[u]-ur um-ma la ki-a-am-ma a-na ma-a-ra-ti-ni 2
13
Pour l’administrateur sacré, cf. LAPO 18, p. 373. Le texte LAPO 18 1185 est sûrement un texte de l’époque de Zimrî-Lîm et de son tout début puisqu’il parle de Sumu-dâbî, un chef mâr yamîna arrivé avant même la perte de Mari par le RHM et la venue de Zimrî-Lîm. La princesse Atrakatum ne doit pas lui être encore mariée et semble alors dans la gêne ; elle demande donc à son « frère » devenu roi de la doter. Le « père » non nommé qui ne lui a rien laissé ne peut être que Yahdun-Lîm. La référence que la princesse fait à une décision judiciaire antérieure prise par Id(d)inSîn montre que ce dernier était déjà en place sous le RHM, ce que l’on doit également supposer du fait qu’il demande au roi nouvellement couronné en quel mois on se trouve désormais afin d'organiser le culte en conséquence. Il était donc un des dignitaires mariotes du RHM qui s’étaient « ralliés ». 14
Pour ce texte cf. ici-même, p. 112, à [A.373].
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a é dingir-me-e -ni a-ah-ni ni-na-ad-di-ma kù-babar i-ha-al-li-iq an-ni-tam i-pu-lu-ni-in-ni-ma ù puzur-dma-ma 32 a-ku-un i-na-an-na a-nu-um-ma i-din-dsu’en C. i 34 a-na []e-er be-lí-ia it-ta-al-kam 36 be-lí wa-ar-ka-at [a]-wa-ti-u li-ip-ru-ús ii 38 a-lum ma-riki ù é-kál-lum alim 28 Tr. 30
1
Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur m’a donné les instructions suivantes 5 en ce qui concerne Puzur-Mamma et IddinSîn, le(s) intendant(s) sacré(s) : « 8 Place 7 Puzur-Mamma à la charge de chefa) des intendants sacrés 8 des temples. 9 Sinon, Iddin-Sîn 11 n’a qu’à verser 9 tout l’argent 10 qu’a offertb) Puzur-Mamma 11 et retourner à son office. » 12 Voilà les instructions que mon seigneur m’avait données. 13 Tous les intendants sacrés 14 se sont rassemblés et 15 Puzur-Mamma 16 a dit ceci : « 17 Je veux bien peser une demi-mine d’argent 18 pour être placé au poste de chef des intendants sacrés. » 19 Voilà ce qu’a dit Puzur-Mamma. 20 Alors, Iddin-Sîn 21a répondu ceci : « 22 Je veux bien peser 21un tiers de mine d’argent 22 pour revenir à mon office. » 23Alors les intendants sacrés ont dit : « 24 Si Iddin-Sîn paye le double d’argent et 26 qu’il donne ainsi la totalité de 25 l’argent du temple de la déesse 26 qui a été perdu, il peut revenir à son office. 27Sinon, 28 nous ferons la grève 27 de nos chargesc) 28 dans les temples des dieux et 29 l’argent sera perdu. » 30 Voilà ce qu’ils m’ont répondu. 32 J’ai 31donc 32 installé 31 Puzur-Mamma. 33 Présentement, voilà qu'Iddin-Sîn 35 est parti 34 chez mon seigneur. 36 Mon seigneur 37 doit enquêter sur son affaire. 38 La ville de Mari et le Palais 39 ça va bien. 6
Note : ce texte fondamental pour l’organisation du culte à Mari a fait l’objet d’une communication à la Société asiatique en février 2010, « L’Organisation du culte en Syrie ». Cf. OLA 162/1, p. 382-383. a) Le pluralisant -me-e , comme souvent à Mari, exprime l'abstrait en -ûtum ; ugula-me-e vaut ici waklûtum. b) Kullum = « to present an offering to a deity », CAD K, p. 515a. Ici le verbe exprime la proposition de versement faite par le prétendant au poste. c) Le terme employé est celui de maartum, alors que les dictionnaires ne connaissent cet usage que pour l'époque récente (cf. CAD M/1, p. 339b). À Mari le terme a surtout des connotations militaires. L’intérêt du document est de montrer comment s’organisait le culte à Mari. Il n’y avait pas de « prêtre » masculin au sens propre du terme — comme c’est un fait général en Mésopotamie d’ailleurs — mais uniquement des « liturges », c’est-à-dire des techniciens qui se chargeaient des aspects matériels du culte. Il existait en outre des gestionnaires financiers, les angûm, rattachés au temple d'une divinité. Ceux-ci à Mari étaient donc supervisés par un surveillant-waklum. Le culte de Mari n’était donc pas constitué par des temples indépendants les uns des autres. On pourrait penser toutefois qu'il s’agit ici de l’organisation d’un temple particulier, celui par exemple de la Dame du Palais (Bêlet ekallim) qui pouvait comporter plusieurs chapelles dont chacune aurait été pourvue d’un angûm ; cependant, lorsque Iddin-Sîn qui, d'après ce texte, a manifestement exercé la angûtum, s’adresse à ZimrîLîm dans [A.373], il est question, non seulement de la déesse, mais aussi du chariot de Dagan qui doit aller au haddatum. Dans ARM XXI 134 : 6’ il perçoit de l’huile pour un banquet offert aux dieux (ûkultum)15 ; or, dans le même ARM XXI 134 la perception de l’huile se fait i-na ha-ad-da-tim16, « au (cours du)/dans le h. ». Dans le texte A.4759, selon ama -nâir, le même Iddin-Sîn renseigne sur le lit, le siège à dossier neuf qui doit être déposé pour la
15
« Un demi qa d'huile pour le banquet (divin), reçu par NP » = 1/2 qa ì-gi a-na u!-ku-ul-t[im], u-ti-ia idin- su’en. d
16
Pour ce terme, cf. p. 112, n. a) à [A.373].
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« divinité » (AN-lim) et sur le plateau (pa-í-ri-im) du matakum, terme qui désigne les appartements 17 de dame Kun îm-Mâtum, prêtresse de Dagan à Terqa, laquelle est qualifiée d’ugbabtum. On a donc bien l’impression que les activités de cet Iddin-Sîn dépassaient le cadre d’un seul temple, voire d’une seule divinité. La perception d’huile par Iddin-Sîn selon ARM XXI 134, à une date malheureusement non spécifiée, ne doit pas étonner ; celui qui devait prendre sa place, selon la lettre d’Itûr-asdû, Puzur-Mamma, reçoit, lui, d'après ARM XXIII 190 du imum pour un escabeau : cela devait faire partie de dépenses pour du mobilier sacré et il est normal que le angûm ait eu à en connaître, mais les angûm pouvaient tirer des ressources d’un artisanat particulier. Les angûm avaient une puissance économique indéniable en Babylonie qui provenait de la commercialisation des sous-produits du sacrifice18. Il pouvait, mutatis mutandis, en être de même en Syrie, comme on peut l’inférer à partir des exemples d’Émar19. Ils devaient néanmoins avoir des ressources propres qui leur permettaient d’accéder à ces postes prestigieux, et lucratifs au moins quand tout allait bien. Le rôle économique de ces administrateurs de temple est évident : ils assuraient chacun une maartum et le fait qu’ils la négligent éventuellement risquait de « faire perdre l’argent ». Il est question dans ce texte de la waklûtum des angû. Ce titre pris à l’administration palatiale20 assimilait les administrateur-angûm à des chefs de service, ces derniers étant regroupés sous un responsable général. Cette autorité devait répondre de sa gestion devant le roi puisque, même si le collège des angûm choisissait apparemment son président, c’était le roi en définitive qui le nommait. Le souverain avait en outre la haute-main sur les biens des temples puisque ces derniers, même s’ils sont appelés « tabous » (asakkum), pouvaient faire l’objet de ses décisions ; le monarque pouvait donc en disposer. La charge elle-même de waklum supposait l’acquittement d’une somme pas très importante puisqu’elle n’est en l’occurrence que de 1/3 de mine d’argent, soit 20 sicles, ce qui représentait 20 moutons ou 2 bœufs21. On demandait à celui qui était en charge de la doubler, afin que soit rattrapé « ce qu’avait perdu la déesse ». Il fallait ainsi payer 40 sicles. La perte avait donc été de 1/3 de mine. L’offre faite par Puzur-Mamma n'était que de 1/2 mine, soit 30 sicles ; c’est bien 10 sicles de mieux, mais la déesse perdait 10 sicles. Sa proposition revenait à réduire de 50% le déficit mais n’en assumait que la moitié. À quelles circonstances était dû ce déficit ? Le texte ne le dit pas car ce devait être de notoriété publique. Sans doute ce manque à gagner (l’équivalent de 2 bœufs22 ou de 20 moutons) indique-t-il que des sacrifices prévus n’avaient pas été effectués. Il peut s'agir aussi d'un pillage du trésor de la déesse. Dans les deux cas, cela pouvait tenir aux troubles concomitants à l’arrivée au pouvoir de Zimrî-Lîm.
Le texte [A.512] pourrait être mis, lui aussi, au crédit des activités religieuses d’Itûr-asdû, avant qu’il ne devienne une personnalité administrative de la capitale, mais la formulation des l. 18-20 (et surtout celle de la l. 17) semble montrer qu’il a désormais une charge importante dans le district. D’autre part, le nom de la « reine » (l. 14-16) n’est pas précisé. Il pourrait s’agir aussi bien de îbtu que de Dâm-hurâi. Cette dernière a dû cependant faire le voyage de Qana dans la seconde moitié de ZL 1. [A.512] devrait donc appartenir à ZL 2. Aussi, rien n’empêche qu’il documente un acte religieux de îbtu venue d’Alep en vi-ZL 1’, marquant sa dévotion envers la grande déesse dès son arrivée à Mari, de la même façon que le roi Zimrî-Lîm, sitôt entré dans sa capitale, avait poussé jusqu’à Dêr et ehrum. 246 [A.512] Le jour même, le pûdum du roi a été offert à Annunîtum de ehrum et Dumuzi est entré chez Annunîtum de Mari. La reine ( îbtu ?) a sacrifié à Annunîtum de ehrum. Tout va bien.
17
Matakum (lire sans doute mastakkum, sur SKK) est un terme qui désigne des appartements réservés.
18
Voir l’article de D. Charpin, « Marchands du palais et marchands du temple », JA 270, 1982, p. 25 sq.
19
Cf. J-M. Durand, OLA 162/1, p. 382 en parallèle à des textes d’Emar. Ces exemples montrent que des laïcs étaient chargés de ces offices et en tiraient de substantiels bénéfices. 20
Dans un texte du tout début du règne, A.2052+ (cf. J.-M. Durand, « Le commerce entre Imar et Mari sur l'Euphrate, un nouvel exemple du début du règne de Zimrî-Lîm », RA 105, 2011, p. 181-192), qui parle de l’instauration par Zimrî-Lîm du miksum sur l’Euphrate, c’est ugula (= waklum) que sont appelés les chefs de service royaux ; cf. l. 24-25 : ù um-ma ugula be-lí-ia hi-ib-[l]a-ti-ku-nu, [l]a wu-u-ra-am = « En outre, je jure que ce n’est pas un fonctionnaire de mon seigneur qui permet les torts qui vous sont faits ». Sont cités ensuite Sammêtar et Aqbahum, alors au début de leur carrière. Il semble que ce vocabulaire change par la suite en recourant au terme de wêdum. 21 22
Pour ce genre de calcul, on se reportera aux équivalences établies par L. Marti dans FM X.
Je ne sais quel rapport pourrait exister avec les bœufs volés, lors d’une fête d'E tar, et retrouvés dans la maison de Sumu-hadû. Cf. p. 110-111, à [2926].
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a-na b[e-l]í-ia 2 qíbíma um-ma i-tu-ur-ás-du 4 ìrka-a- ma u-um up-pa-am an-ni-tam 6 a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam pu-du-[u]m a be-lí-ia 8 i-na é [an]-nu-ni-tim a e-eh-ri-imki na-d[i]- in d dumu-zi 10 Tr. a-na é an-nu-ni-tim 12 a ma-ri[ki] ú-e-ri- [i]b f Rev. 14 be-el-tum i-na é [an]-nu-[ni-tim] a e-eh-ri-imki 16 siskur-re [i]q-qí ma-a-[a-r]a-tu-ia [d]a-an-na 18 a-lum(LAM) ma-riki é dingir-me-e -ni é-kál-lum ù ne-pa-ra-tum 20 alim Bibliographie : les l. 5-15 ont été citées dans OLA 162/1, p. 244 et Sh. Yamada, RA 105, 2011, p. 148. 1
Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 cette tablette 6 chez mon seigneur, 7 l’expiationa) de mon seigneur 9 se trouve être donnée 8 dans le temple d’Annunîtum de ehrum. 13 J’ai fait entrer 10 Dumu.zib) 11 dans le temple d’Annunîtum 12 de Mari. 14 La reine 16 a offert le sacrifice 14 dans le temple d’Annunîtum 15 de ehrum. 17 Mes gardes sont fortes. 18 La ville de Mari, les Temples des Dieux, 19 le Palais et les Ergastules 20 vont bien. 5
a) Pour le terme pûdum cf. p. 70. Il a fait l’objet au colloque de Tsukuba (oct. 2010) d’un exposé par Shigeo Yamada, à propos d’un nouveau texte de Tell Taban qui montre qu’il s’agissait (à époque post-Mari) d’un sacrifice mensuel dont la charge incombait à une série de dignitaires. La lecture pûdum (et non bûdu B comme l'enregistre CAD B, p. 305a-b) que j’ai proposée (cf. OLA 162/1, p. 193) repose sur le rattachement du terme à pîdum (et pâdum) qui représente une taxe acquittée (à des occasions non spécifiées) par les Bédouins, mais on sait que ces derniers avaient beaucoup à se faire pardonner (cf. le dossier du rihum des Bédouins dans ARMT XXVI/1, repris dans ARMT XXXIV). Le fait que l’on trouve l’entrée lexicale UDU ZAGBu-duHA = im-mer Bu-du Hh. XIII 163a (cf. MSL VIII/1, p. 22) semble mettre l’accent sur l’aspect « taxe » car zà-pe (HA) a comme équivalent mâkisu « percepteur » et c’est l’expression zag-udu qui signifie « épaule du mouton » (bûdu). D’autre part, ARM VII 263 montre que le pluriel en est pu-da-at, alors que bûdum, partie du corps, se met au duel bûdâ ou à la forme plurielle bûdû. Il est vraisemblable que l’expiation portait sur une collectivité, non sur une seule personne et se rattachait ainsi à ce qui est bien connu dans l’histoire des religions comme des rituels de pénitence publique ; les listes des bêl pûdim, « celui qui est concerné par le pûdum », devaient donc énumérer ceux qui devaient assister le roi dans ce qu’il acquittait pour que le dieu soit calme. S’il s’agit de la reconnaissance d’une faute collective, il a dû y avoir diverses cérémonies pûdum dont les causes devaient être multiples. Pour ce qui est de Mari, on doit prendre en considération qu’il n’y a pas de pûdum avant Zimrî-Lîm, ni à l'époque dite akkanakku ni à celle de Yahdun-Lîm, ni à l’époque du RHM. Or plusieurs occurrences existent à partir de Zimrî-Lîm de ce qui est appelé « pûdum d’I ar-bahlî ». I ar-bahlî désigne manifestement le nom d’un homme, non l'appellation d’un dieu23. Telle était peut-être la figure centrale et la cause d’une activité cultuelle mariote sous Zimrî-Lîm. À titre de supposition, je proposerais qu’il s’agisse de celui qui, au lieu et place de ZimrîLîm, aurait dû monter sur le trône de Mari et en avait été évincé par Zimrî-Lîm lorsque ce dernier a assumé le rôle de 23 Le NP est attesté (entre autres) par la liste M.7451 vii, où il s’agit de quelqu’un qui fait partie d’une unité agricole (gi -apin), comme sa variante « akkadisée », i-ar-be-lí, est connue par ailleurs. Le dieu I ar peut être précédé naturellement par l’idéogramme divin AN. I ar-bahlî n’est en tout cas pas un dieu comme cela est enregistré dans FM XII, p. 239.
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« fils de Yahdun-Lîm ». Le défunt roi devait certainement avoir d’autres héritiers présomptifs qu’un simple neveu/petit-fils puisque nous connaissons des personnes, au moins deux, qui ont été soutenues, la première par la cour de Kurdâ, la seconde par celle de Babylone, contre la légitimité de Zimrî-Lîm. Le fait qu’il y ait un pûdum ailleurs qu’à Mari peut avoir eu plusieurs motivations, jamais explicitées. En ce qui concerne la région syrienne après le règne de Zimrî-Lîm, le rite peut se référer à un événement inconnu comme indiquer que les « rois du Hana », se considérant héritiers des rois mâr sim'al de Mari, perpétuaient un rite d'expiation qu’avait institutionnalisé leur maison, arrivée au pouvoir au détriment d'un autre. b) Pour le dieu Dumu.zi, cf. OLA 162/1, p. 244-245 ; cf. les textes publiés par D. Charpin dans son édition des documents de l’huile (RHM) dans MARI 3, n° 5, 6 & 7. Dans A.1146 (FM I, p. 115 = LAPO 16 38), la référence à la divinité dans ce qui semble être une expression proverbiale montre que le dieu était compris en Syrie comme échappant à la mort ; cela concorde avec l’image du Dumu.zi sumérien ou du Tammouz de l’époque récente.
11.3 Une prise de fonction à Mari après la disgrâce de Bannum Nous ne savons pas d’où l’homme lui-même était originaire : son nom, comme dit ci-dessus, le marque comme non-occidental sur les Bords-de-l'Euphrate, malgré une variante occasionnelle « occidentalisée24 ». Quoique Itûr-asdû ait reçu ses fonctions à l’époque du RHM, rien ne dit effectivement qu’il fût originaire d’Ékallatum. Il pouvait venir de Mésopotamie centrale, ce qui l’aurait incité à ne pas quitter Mari avec les autres Ékallatéens, pour continuer sa fonction de devin au service du roi. Sa fortune peut s’expliquer en revanche du fait que son épouse Partum s’est retrouvée « sœur » du monarque mariote et lui-même son beau-frère. Les documents envoyés par Itûr-asdû en poste à Mari sous Zimrî-Lîm semblent en tout cas postérieurs à Bannum, lequel ne parle pas de lui. Le mer‘ûm n'avait d’ailleurs pas plus de raison de lui faire confiance qu'à Asqûdum, autre devin de l'époque du RHM. Nous connaissons encore la date du serment qu’Itûr-asdû prêta au nouveau roi le 8-vi de ZL 1’25, car les sorts lui avaient été favorables le 5 vi26. Il fait donc partie du système administratif mis en place après l’ère de Bannum. Nous ignorons, cependant, quel titre a pu être le sien, car il n’est jamais qualifié de âpium avant sa nomination à Saggâratum. Il ne semble pas, en outre, qu’il y ait eu un gouverneur de Mari, sous le règne de Yasmah-Addu. Le texte [A.714] appartient à la période mariote d’Itûr-asdû, au vu de sa finale, même si l’affaire est obscure faute de contexte. Les « enfants de Bahnum » peuvent désigner ceux de l’ancien ministre « Bannum », dont le nom se présente éventuellement sous cette forme, Bahnum27. S'il s'agit bien de ses fils qui sont internés à la Forteresse de Yahdun-Lîm, cela pourrait indiquer que le mer‘ûm avait des possessions dans cette région. Il semble, en tout cas, qu'Itûr-asdû ne veuille pas de ces gens à Mari. Le texte daterait d’après la disparition de Bannum, donc au plus tôt du milieu de ZL 1. 247 [A.714] Itûr-asdû au roi. Il faut consigner à la Forteresse de Yahdun-Lîm Hagalum et les fils de Bahnum. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-t[u]-ur-ás-d[u] ìr-ka-a-ma a-um a-wa-at {X} ha-ga°-lim ù dumu-me-e ba-ah-ni-im i-na pa-ni-tim [t]up-pa-am a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam
2 4 6
24
Cf. ici-même, p. 501, n. 1.
25
Cf. M.8874 : 3, Marchands, Diplomates et Empereurs, Mélanges P. Garelli, p. 38.
26
Cf. M.5225 : 5, Ibid., p. 37.
27
Cf. p. 58, à [A.271]: 19.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
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ù up-pí be-lí-[ia] ú-ul ik-u-dam i-na-an-na um-ma li-ib-bi be-lí-ia Rev. 12 a-di a-wa-tam a-a-ti be-lí i-sà-an-ni-qú 14 lú-me-e u-nu-ti a-bu-ul-l[a-at] bàd ia-ah-du-un-li-imki 16 li-e-du-ú ù a-um lú-me-e u-nu-ti 18 up-pí be-lí-ia li-ik-u-dam Tr. ma-a-a-ra-tu-ia da-[an-na] 20 a-lum4(LAM) ma-riki é dingir-me-e -ni é-kál-lum ù ne-pa-ra-tum 22 []alim 8 Tr. 10
1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Naguère, 7 j’ai envoyé 6 une tablette chez 7 mon seigneur 5 au sujet de l’affaire de Hagaluma) et des fils de Bahnum. 8 Or, une tablette de mon seigneur 9 ne m’est pas arrivée. 10 Maintenant, s’il plaît à 11 mon seigneur, 12 tant que mon seigneur 13 n’aura pas examiné 12 cette affaire, ces gens 16 doivent être 14 consignés à 15 la Forteresse de Yahdun-Lîm. 17 Donc, 18 une tablette de mon seigneur doit m’arriver 17 concernant ces gens. 19 Mes gardes sont fortes. 20 La ville de Mari, les Temples, 21 le Palais et les Ergastules, 22 ça va. 6
a) Terme difficile à apprécier : s’agit-il d’un NP ou d’autre chose ? Agâlum « âne » n’atteste pas une initiale en H- ( ou ‘). Hagalum est bien connu à Mari et en OB comme un nom propre. Il est surtout celui du gouverneur e nunnéen de Rapiqum (cf. D. Charpin, « Un traité entre Zimrî-Lîm … et Ibâl-pî-El…», dans Marchands, Diplomates et Empereurs, p. 151 iii 11 & 14) quoiqu’il puisse difficilement s’agir ici du même homme. En ce qui concerne un éventuel nom propre, on a aussi ha-ga-I qui est féminin comme le montre °ha-ga-I geme dsu’en-mu-a-lim, de la liste M.9915 i, où il serait néanmoins difficile de normaliser la notation en ha-ga-lúm (LIM). Dans [A.3067] devant le HA un signe semble avoir été érasé. Il est donc possible que la séquence ha-ga- note le motif pour lequel ces gens sont mis aux arrêts. La lectio facilior ha-ga-lim a été préférée.
11.3.1 La montée de Zimrî-Lîm vers la Forteresse de Yahdun-Lîm Itûr-asdû nommé à ce qui pourrait paraître le poste de gouverneur de Mari après la disparition de Bannum, celles de ses lettres qui font allusion à une montée de Zimrî-Lîm vers l’amont, parlent donc d’une opération militaire différente de celle de Kahat. Zimrî-Lîm a certainement fait plusieurs déplacements après son retour de Kahat mais le dernier devait avoir des motivations assez importantes pour qu'il ne fût pas présent dans sa capitale au moment où le futur roi de Kurdâ y arrivait et où auraient pu s’y passer d’importantes cérémonies d’alliance avec Razamâ et Qaarâ. On voit en effet le roi partir un 27-x pour le halum elûm, le « district d’amont », au propre la région de Terqa mais, semble-il au delà, puisqu’il quitte le 12 xi la Forteresse de Yahdun-Lîm. Il est donc resté deux semaines dans cette région d’amont et ne l’a sans doute quittée que poussé par la nécessité d’assister à la fin de la (seconde) Fête d’E tar. Sans doute n’était-ce pas uniquement le besoin d’inspecter le résultat des travaux de remise en état de la province et de reconstruction de la Citadelle28.
28
B. Lion, « Les Gouverneurs provinciaux du royaume de Mari à l’époque de Zimrî-Lîm », Amurru 2, p. 155, place vers ce moment la lettre d’Asqûdum ARMT XXVI 17 où le ministre, signale au roi une sévère épidémie à Tillazibim, dans le district de Saggâratum et lui conseille de s'arrêter à Terqa (l. 28 : ina Terqa likkali) sans poursuivre jusqu’à Saggâratum (l. 29 : ana Saggâratim la ittiqam). Asqûdum serait alors en route pour Alep. Le séjour du roi dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm est connu de B. Lion, op. cit, ainsi que des auteurs de FM V, p. 189, mais nul n’aborde la question de la motivation d’un tel déplacement, au moment où des événements importants qui réclamaient impérativement la présence du roi étaient prévus dans la capitale.
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Jean-Marie DURAND
Bannum, lui-même, avait commencé à remettre en ordre cet endroit29 et Zimrî-Lîm avait dû écouter le mer‘ûm lui exposer ses raisons. Il s’agissait certainement là de ce que l’administration de Mari considérait comme le grenier du royaume. D'autre part la citadelle défendait la frontière nord du royaume et était l’aboutissement d’une grande route commerciale, car le port de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Ganibatum, accueillait les convois en provenance de l’amont en général et en particulier d’Imâr, un emporium où affluaient les productions de l'Ouest et du Nord. En Haute-Djéziré, Zimrî-Lîm avait dû se rendre compte à la fois de la puissance des royaumes du Zalmaqum et qu’une attaque directe de ubat-Enlil était peu réaliste. C’était donc dans la région de l’Euphrate et du Balih que Mari devait d’abord s’affirmer. Par ailleurs, les signes de rébellion des Mâr yamîna commençaient à se multiplier. Il y avait eu de leur part, outre la tentation de prêter secours à une ville qu’attaquait Zimrî-Lîm30, la volonté de s'emparer de la Forteresse en profitant de l'absence des troupes royales envoyées à Rapiqum31. Le contrôle de la grande place forte devait leur laisser la liberté de circulation pour leurs troupeaux vers les zones d’agriculture sèche du piémont du Taurus, et sans doute la région du Balih et la place d’Ahhunâ étaient-elles déjà envisagées par eux comme un lieu de repli, même s’ils étaient déjà bien infiltrés en Haute-Djéziré et dans le Sûhum. Il était donc important pour le roi d’affirmer sa présence dans cette région névralgique, menacée au nord et au sud par les forces mâr yamîna. Il ne semble pas, en tout cas, que son expédition ait été directement occasionnée par la rébellion générale des Mâr yamîna qui ne devait commencer qu’au retour du roi, comme l’indique [A.82] : 26 : « au retour de votre maître… » (ina tâyarti bêli-kunu). Les textes sur le manque de grain (cf. la lettre de Zimrî-Lîm non envoyée à Yarîm-Lîm32) sont à attribuer à l’époque de pénurie que clôt l’expédition de Yasim-Sumû à Imâr33. Il faut sans doute voir là l’effet de la diplomatie d’Asqûdum qui, lors d’une mission à Alep après la victoire sur Kahat, avait su mettre fin à l’embargo sur le grain contre l’arrivée au Yamhad de l’étain provenant d’E nunna. On voit en effet d’après [A.2802] Itûr-asdû s’occuper du ravitaillement de la capitale alors que le roi n’a pas encore quitté Saggâratum avec tout son arroi. Cela était dû manifestement à des problèmes d’organisation des ressources et de transport. Le présent texte montre que du grain existait bien dans le royaume mais ne circulait que difficilement. Itûr-asdû a dû faire en sorte que les bateaux réquisitionnés pour les troupes puissent effectuer un chargement de grain depuis la région de Terqa (l. 13-14). Il n’est pas impossible que la lettre d’Asqûdum [A.269] (= ARMT XXVI 58) soit à dater de ces moments. 248 [A.2802] Les problèmes de ravitaillement du Palais de Mari pourraient être réglés en prenant du grain dans la région de Terqa, grâce à 2 bateaux, ce qui pourrait être vite fait, sans gêner l’expédition royale. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-às(A )-du ìr-ka-a-ma e-mi-ma um-ma-mi e-um i-na ha-al-í-im e-li-im i-ba-a-i 2 -má lu-u-ta-a-bi-it-ma
2 4 6 8 29
Cf. p. 114 sq.
30
Pour cette éventualité, cf. p. 225.
31
Cf. p. 357.
32
Cf. ici-même, p. 54 sq.
33
Cf. ARMT XIII 35 = LAPO 18 858 et le commentaire de MARI 2, p. 160-161.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
Tr. Rev. 12 14 16 18
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[ e-e]m a-na é-kál-lim [lu]-ul-qé-e-em
e-um i-na é-kál-lim ú-ul i-ba-a-i a-um e-le be-lí-ia a-la-ak-i-na hi-ìs an-ni-tam la an-ni-tam mé-hi-ir up-pí-ia be-l[í l]i-a-bi-lam(LIM)-ma ù e-em a-na é-kál-lim lu-ul-qé-em ù qa-{X}-at é-kál-lim lu-ur-ri-[i]k (Blanc.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. J’ai appris 7 qu’il y avait 6 du grain dans le district 7 d’amont. 8 Je voudrais équiper deux bateaux 9 pour prendre le grain pour le Palais. 12 Il n’y en a plus dans le Palais. 14 Leur déplacement ne demande que peu de tempsa) 13 pour ce qui est de l’aller en amont de mon seigneur. 15 Pour ce qu’il doit en être, 16 mon seigneur doit me faire parvenir 15 une réponse 16 à ma tablette 18 17 afin qu’ alors 18 je prenne le grain pour le Palais et augmente les moyens du Palaisb). 5
a) Faut-il lire à-ab ou hi-ì ? Le premier signifie « le fait d’aller de ces (bateaux) n’est pas mauvais pour la montée de mon seigneur », mais hiâum a le sens de « se dépêcher » (CAD H, p. 146a « to move quickly »). Il y a un manque évident de moyens de transport par l’Euphrate à plusieurs moments du règne de Zimrî-Lîm. Asqûdum réquisitionne des bateaux en cas de besoin (cf. ARMT XXVI 58, cité. Une lettre de Saggâratum [ARM XIV 27 = FM VIII 19] révèle que le seul bateau susceptible de rapporter un bétyle a été en fait utilisé pour de l’asphalte). Ici, il faut combiner approvisionnement du Palais et convoiement de Zimrî-Lîm ainsi que de sa suite vers l’amont. b) qâtam urrukum, en mot à mot : « rendre longue la main ». L’expression ne m’est pas connue telle quelle et la traduction est contextuelle. Pour qâtum + 'RK « être puissant », cf. p. 262, n. e) ad [A.3300].
[A.3088] concerne l’approvisionnement de la capitale. Quatre cargos viennent d’arriver à Mari. Deux sont de Tuttul, mais les autres appartiennent à des marchands qui devaient apparemment venir d’Imâr. Cette dernière mention aurait son importance car elle signifierait que le blocus instauré par Imâr sur l’ordre d’Alep commence à être levé. Cela pourrait être un des premiers effets de la mission d’Asqûdum auprès de Yarîm-Lîm. 249 [A.3088] Arrivée de bateaux de grain : deux de Tuttul et deux de marchands d’Imâr. Tout va bien.
2 4 6 8 Tr . Rev. 2’
[a-na b]e-lí-ia [qí]-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma 4 gi -má-há a e-im ik-u-da-nim
à-ba 2 gi -má a lú-me-e tu-u[t-tu-ulki] [2 gi -má] a dam-gàr- a i-[ma-arki] [………………] (Sans doute anépigraphe.)
[a-lum ma-riki ] [ù é-kál-lum] [a]lim
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Jean-Marie DURAND 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Quatre bateaux de grain me sont arrivés. 6 Dedans, (il y avait) deux bateaux des gens de Tuttul 7 (et) deux de marchand d’Imâr. (…) 1’ La ville de Mari et le Palais, 2’ ça va. 5
11.3.2 Compléter les effectifs de l’expédition royale D'après ses formules finales, [M.9135] est bien de l’époque où Itûr-asdû est à Mari. Il s’agit d’envoyer des Bédouins au roi, mais les cheikhs et Iddin-ma-ilum, apparemment un commandant militaire (inconnu par ailleurs), sont déjà partis (l. 10-11). Il est question de les rejoindre à Terqa et le gouverneur de Saggâratum pourra les confier au général Yasîm-Dagan pour qu’il en complète sa troupe. L’événement doit se situer lors de la constitution d’une expédition militaire. 250 [M.9135] Itûr-asdû au roi. Le roi a demandé qu'on lui envoie les Bédouins après leur avoir donné leurs rations mais leurs cheikhs et Iddin-ma-ilum sont déjà partis. Il observe l'ordre du roi. Si son envoyé les rejoint à Terqa, il les conduira au roi pour que le gouverneur de Saggâratum les donne à Yasîm-Dagan qui en complètera sa troupe. Protestations de fidélité. Texte indécis. a-na be-lí- i[a] qíbí!ma um-ma i-túr-á[s-du] ìr[k]a-a- ma a-[um ha-name-e k]i-a-am be-[lí i-p]u-[ra-am] um-ma [be-lí-m]a pí-[i]q-da-a-u-nu-[ti-ma] ar-hi-[i] [ú]-ur-da-a-u-[nu-ti] an-ni-tam be-lí i-pu-ra-am [l]ú-me-e su-ga-gu ka-lu-u-nu ù i-din-ma-AN [l]a-ma up-pí be-lí-ia-ma i-ka-a-a-dam it-ta-al-ku-nim [an]-n[u-um]-ma a-[hi a-na na-a-pa]-ar-ti be-lí-ia [ú-u]l [i]n-na-[d]i [um-ma l]ú wa-bi-il up-pí-ia an-ni-i-im [ha-name-e ] i-na ter-qaki [i-ka]-a-as-sú-nu-ti a-na be-lí-ia [i-re-du-u]-nu-ti [a-pí-i] sa-ga°-°-timki i-n[a sa]-ga°-ra-timki [li-im-hu-ur]-u-nu-ti-[ma] a-na ia-si-i[m-dda-gan (?)]34 li-à-ah-hi-u-[n]u-ti-[ma li-sa-al]-li-it a a-ba-u-ma [it-ti-u-nu ú-ma-lu] u-ú qa-qa-as-sú-n[u li-il-pu-ut-ma] a-na kaskal li-illi-ku ù as-sú-ur-re be-lí ki-a-am i-qa-ab-bi um-[m]a-a-mi ìr-di a-na na-a-pa-ar-ti-ia [ú-u]l ih-hi-id a-sà-ak be-lí-ia a-ku-ul [um]-ma pa-an ma-nim-ma ub-lu
2 4 6 8 10 12 14 16 Tr. 18 20 Rev. 22 24 26 28
34
Cf. [A.4357].
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 30 32
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a-ni-tam a-um [lú]-me-e ha-[name-e ] be-lí i-pu-ra/-am a-nu-um-ma 12? gur [x l]ú-me-e ha-n[ame-e ……] a a-na [ma-h]a-ar dutu-[ ………] (4 l. manquent.)
Tr. 2’ 4’ C.
[………] x x x [ o o in-n]a-am-ru ru-tam-m[a [be-lí li]-im-mi-id a-lum ma-ri[ki] [ù é]-kál-lum [a-lim] [a-lum] ma-riki ù é-kál-lum [a-lim]
Note : la tablette qui avait explosé en plusieurs fragments a été assez mal remontée par une personne inconnue, d'où des problèmes à la consultation de la photographie. Il y a ainsi, l. 5-6, au milieu de la tablette un fragment intrusif. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur m'a envoyé un message au sujet des Bédouins : « 6 Donne-leur leurs rations et 7 expédie-les moi vite ! » 8 Voilà le message de mon seigneur. 9 Tous les cheikhs et Iddin-ma-iluma), avant même que la tablette de mon seigneur 11 ne m'arrive, étaient partis. 13 Ici je ne montre pas de négligence envers le message de mon seigneur. 14 Si le porteur de cette tablette de moi, 16rejoint 15 les Bédouins à Terqa, 17 il les amènera 16 à mon seigneur. 18 Le gouverneur de Saggâratum! 20devra les recevoir 19 à Saggâratum, 22 les fournir 21 à Yasîm22 Dagan pour qu'il y fasse son choixb). 23 Ceux avec qui il veut compléter sa troupe, 24 que lui-même leur touche la têtec) 25 et qu'ils aillent en expédition. 26 Donc, il ne faudrait pas que mon seigneur dise : « 27 Mon serviteur 28 n'a pas attaché d'impor27 tance à mon message ! » J'ai avalé l'asakku de mon seigneur. 29 Je jure que je n'ai eu de complaisance pour personne d). 30 Autre chose : au sujet des Bédouins, mon seigneur m'a envoyé un message(r) ; 31 voilà que 12 kor de … les Bédouins… 32 qui sont par devant ama … 5
(4 l. manquent.)
…2’… ont été vus. Par ruse 3’ mon seigneur doit imposer 2’ …. La ville de Mari 4’ et le Palais, ça va. 5’ La ville de Mari et le Palais, ça va.
3’
a) Pour le NP, cf. MARI 2, p. 85, ad ARM VII 189 qu'il ne faut pas corriger en i-din-pi!-AN, comme le fait ARMT XVI/1, p. 116. Le NP est attesté en outre par M.7450 vii et sous la forme id-di-im-ma-AN, homme d'Urbat (aux environs de Mari), selon A.1396, et id-di-ma-AN, M.12579. b) Il peut y avoir ici une forme de SLT, sans doute à la forme D, quoique le signe précédent le LI ait une forme indécise. Le verbe salâtum signifiant « séparer », la forme D peut avoir ici le sens d’« introduire des distinctions dans un ensemble », d’où contextuellement « opérer un choix ». c) Cf. le geste de « toucher le menton » (suqtam lapâtum ARMT XXVI/1, p 378) pour indiquer que l'on confie une mission à quelqu'un. d) Cf. D. Charpin, Tu es de mon sang, Les Belles Lettres, chap. V, p. 169 sq.
11.3.3 Le déplacement du roi de Mari vers la Forteresse de Yahdun-Lîm Selon [A.681], Itûr-asdû devait envoyer de la troupe au roi après son départ (l. 8 a warki-ia). Zimrî-Lîm était donc parti (sans doute pour la Forteresse de Yahdun-Lîm) avec l’armée régulière, dont l’organisation ne dépendait pas d’Itûr-asdû, et les 300 hommes dont il est question ([A.563] : l. 14) n’étaient qu’un renfort ; il s’agissait de « Bédouins » (Hana) dont le chef était Ka’alâlum, celui qui devait être (ultérieurement ?) un des commandants de la garde bédouine du palais de Mari (cf. ARMT XXVI 105 & 106). La troupe d’appoint était effectivement formée non pas de conscrits (pihrum), mais de soldats enrôlés. Le texte [A.681] montre de quoi se composait la troupe de ces 300 Bédouins : il y avait ceux qui avaient été convoqués par crieur public (l. 18 : nâgirum) : des « soldats » qui avaient été embauchés à leurs frais par des commerçants (l. 13 : âbû tamkârî) et qui devaient constituer des milices privées, ainsi que des « ouvriers » (l. 14 : mârû ummênî). Cette dernière catégorie n’était pas constituée par les « ouvriers spécialisés du Palais », mais sans doute
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par des gens libres aux services de qui le roi recourait. Ce ne devait plus être le cas dans ARMT XIII 40 (LAPO 17 845) qui est de la fin du règne, mais on n’en était plus au niveau de ARM X 60 (LAPO 18 1091) où étaient embrigadés des « bergers et des bénéficiaires de rations », des gens donc du domaine royal. Il faut comprendre par « ouvriers » des habitants libres de Mari susceptibles d’avoir des contacts avec le Palais, comme le documentent ARM X 110 (LAPO 18 1254) et 111 (LAPO 18 1255). Ils constituaient des corps francs d’habitants des villes à la différence des mukênum, paysans sis sur des terres privées et non-palatiales, qui formaient la masse de la population et n’étaient enrôlés que sous la forme de pihrum. Les mârû ummênî représentaient donc dans la société syrienne des gens libres qui gagnaient leur vie sans dépendre au premier chef de l’exploitation de la terre, cette dernière n’intervenant plus sans doute que comme un appoint : la traduction « ouvrier spécialisé » est juste si ces gens entraient en apprentissage pour acquérir une formation, mais un équivalent comme « gens de métier » que me suggère D. Charpin est meilleure. L’appellation « ouvrier spécialisé » doit être gardée pour désigner les chefs d’entreprise ; nous voyons d’ailleurs à Mari que « forgeron » est une appellation relativement courante, mais que seuls certains d'entre eux35 possédaient une forge (kikattum). Ces derniers mériteraient d’être dénommés « entrepreneurs », et il est normal que le terme qui les désigne puisse signifier également « industriels, voire « banquiers ». Les rêdûm — en mot à mot « ceux qui suivent » — font figure de « secondes classes ». C’est au sein de ce que l’on peut considérer comme une « armée de métier » que se trouvaient les gardes du corps des officiels, comme ceux des juges, ou ceux que pouvaient embaucher des marchands. Il y avait donc dans cette société des individus libres qui gagnaient leur vie à la force de leur bras. Devaient appartenir à cette catégorie ceux qui sont mentionnés dans les rôles de l’armée comme lú-didli ou qui recevaient, antérieurement à la babylonisation, la qualification de rêdû qâtim « escorteurs à disposition »36.
` 251 [A.681] Itûr-asdû au roi. Il se défend de négligence dans l’envoi de la troupe qui devait rejoindre le roi. a-na be-lí-[ia] qíbíma um-ma i-túr-[á]s-du 4 ìr-ka-a-ma as-sú-re i-na ta-i-im-[ti l]i-ib-bi-u 6 be-lí ki-a-am i-qa-ab-bi um-ma-a-mi i-túr-ás-du a-ah-u i-di-ma 8 lú-aga-ús-me-e a wa-ar-ki-ia ú-ul i-ru-dam 10 an-ni-tam be-lí la i-qa-ab-bi w[a]-a[r]-ki be-lí-ia-ma a-né-e-em Tr. u-[um-u] lú-aga-ús-me-e lú a-bi lú-dam-gàr 14 ù dumu-me-e um-me-ni a wa-a[r-k]i be-lí-ia Rev. 16 ha-a[r-ra-nam] i-laku 18 lú na-gi-ru-[u]m i-ìs-si ù a-na-ku wa-ar-ka-ta-am ap-ru-ús-ma 20 mi-im-ma lú-aga-ús-me-e a wa-ar-ki be-lí-ia ù°-hi-ru ú-ul i-ba-a-i 22 mi-im-ma li-ib-bi be-lí-ia la i-qa-ab-bi a-ni-tam a-lum ma-riki 24 a-lim mi-im-ma li-ib-bi be-lí-ia la i-na-ah-hi-id 2
35
Cf. ex. gr. ARM XXI 274: 10 et analogues.
36
ARM XIX 356 et 382 parlent des aga-ús u, jugés de sens inconnu par CAD R, p. 251b ; cf. FM XIII.
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1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Il ne faudrait pas que, pour l’avoir crua), 6 mon seigneur se dise : « 7 Itûr-asdû, par négligence, 9 ne m’a pas expédié 8 les soldats qui devaient prendre la route après mon départ. » 10 Mon seigneur ne doit pas dire cela ! 11 Le lendemain du départ de mon seigneur, 12 les soldats, 13 ceux qui appartenaient à la troupe des b) 14 ainsi que des gens de métier, 15 ceux qui après le départ de mon seigneur 17 devaient aller en marchands 18 expédition, le crieur (les) a convoqués. 19 Par ailleurs, je me suis renseigné : 20 il n’y a nul 21 retard des soldats qui doivent suivre mon seigneur. 22 Mon seigneur ne doit rien s’imaginerc) ! 23 Autre chose : la ville de Mari 24 va bien ! 25 Que mon seigneur n’24 aitc) 25 nul sujet de crainte ! 5
a) Le terme taîmtum (en babylonien souvent au pluriel taîmâtum) désigne une décision réfléchie, le plan que l’on médite, ce qui revient le plus souvent à signifier « des intentions soigneusement mûries » ; c’est ce que montrent des expressions comme akkîma taîmâti-u bêlî lîpu (ARM II 44 : 36 = LAPO 17 532) = « Mon seigneur doit agir en fonction de ce qu’il a comme plans ». Aussi le lexique Malkum identifie-t-il taîmtum et itultum (réflexion) à milkum (la décision conseillée). L’expression qui unit taîmtum et libbum est ici nouvelle et taîmti libbim représente une idée non fondée en raison, car le libbum était le siège de « l’imagination », non de la réflexion. Un passage comme DBP s.v. (A.349 : 4’, acéphale) le montre, en parlant des craintes jugées infondées du prince mâr yamîna : ina ta-ima-at li-ib-bi-u, kiâm úîm = « il est allé s’imaginer ceci… » (suit la description de sa paranoïa : « Il ne faudrait pas que j’aille, moi, chez Zimrî-Lîm, et que sur un message verbal (ina pî) de Yarîm-Lîm, Zimrî-Lîm ne s’oppose à mon retour (iyâti ikallanni). » b) Il est vraisemblable qu’il faut lire ici a âbî tamkârî, avec l’équivalence lú = a. c) « Que le cœur de mon seigneur ne dise rien ! », « Que le cœur de mon seigneur ne craigne rien ! »
Apparemment les choses se sont passées différemment de ce qu’avait prévu Itûr-asdû. Les 300 hommes étaient bien en théorie tous « partis » ([A.563] : 6) mais les gradés qui devaient les encadrer semblent n’avoir trouvé en fait que le 1/6 de cet effectif ([A.563] : 15). Malgré les assurances que pouvait avoir Itûr-asdû, il y avait donc eu une fuite de la majorité des effectifs, des 5/6. La constatation faite par les gradés n’a pu que se passer à Mari, sinon, Itûr-asdû aurait eu à répondre à une lettre de récrimination du roi à qui est simplement transmise (avec embarras) l’information qu’il ne recevra qu’un sixième de la force à laquelle il s’attendait. Il faut dès lors comprendre que la mobilisation se faisait en deux temps : les gens convoqués par le héraut se réunissaient chez Ka’alâlum, l’autorité militaire, et étaient ensuite, dans un second temps, confiés aux cadres militaires. Chez Ka’alâlum les gens recrutés comme renforts devaient recevoir leur armement mais surtout leur approvisionnement et rentraient chez eux pour se présenter le lendemain au départ. C’est cela que décriraient les l. 4-5. Au moment de se mettre en route, il n’y en avait plus que 50 (l. 15) à se présenter. En ce sens, la traduction française contextuelle de ittalkû, l. 6, serait « ils étaient partants ».
252 [A.563] Itûr-asdû au roi. Après enquête, il se rend compte que seul un sixième des Bédouins est effectivement parti et que les officiers n'ont pu accomplir leur travail d'encadrement.
2 4 6 8 10 Tr.
a-na be-lí -ia qíbíma um-ma i-túrás-du -ma ìrka-a ha-[n]u-ú a it-ti ka-a-la-AN k[a-l]u-u-nu it-ta-al-ku ù gal ku-me°-e ° ù nu-banda-me-e -u-nu a a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-dam um-ma a-na-ku-ma gal-ku ù nu-banda-u-nu u-[t]a-ar-ru-ni-i-u-nu-ti [i-n]a-an-na ma-am-ma-[an] (1 l. blanche.)
516
Jean-Marie DURAND ú-ul u-[ta-ru] i-na 3 me a-b[i-im] 50-ma a-bu-um [i-ba-a-]u-ú as-sú-ur-re be-l[í k]i-a-am la i-qa-ab-bi um-ma-a-mi wa-ar-ka-at ha-ni-i u-nu-ti am-mi-nim la t[a-ap-ru-ú]s a-nu-um-ma a-na b[e-lí-ia a-pu-ur] be-lí an-ni-tam lu-[ú i-di] a-lum m[a-r]iki ù é-kál-lum [a-lim]
Rev. 14 16 18 20
Tr.
1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Les Bédouins qui étaient chez Ka’alâlum, 6 sont tous « partis ». 7 Mais, les capitaines et leurs lieutenants 8 que j’expédiais chez mon seigneur, 9 en me disant : « Les capitaines et leurs lieutenants 10 les encadreronta) », 11 en fait, 12 n’ont eu 11 personne 12 à encadrer ; 14 sur les 300 hommes de troupes, 15 il (n’)y a eu (que) 50 hommes. 16 Il ne faudrait pas que mon seigneur 17 dise : « 19 Pourquoi ne t’étais-tu pas 18 renseigné sur ces Bédouins ? » 20 Voilà que j’ai envoyé un message à mon seigneur et 21 qu’il est au courant. 22 La ville de Mari et 23 le Palais, ça va. 5
a) Cf. ARM II 102 : 6. Cette forme D est traduite par « faire aller ». Le texte n’étant pas très bien conservé l. 10 ou l. 12, il pourrait s’agir de utâru que CAD A/2, p. 316a ne documente cependant qu’en vieil assyrien.
11.4 Préparation de l’accession de Simah-ilânê au trône de Kurdâ Les textes qui traitent de la préparation de l’accession au trône de Kurdâ concernent aussi bien les envoyés de Babylone que ceux d’E nunna. L’opération a été la grande affaire pour Itûr-asdû, en l’absence du roi de sa capitale, et a généré un lot important de documents dont la date est grosso modo évidente (l’an ZL 1, entre le départ du roi pour la Forteresse de Yahdun-Lîm et son retour), même si le détail des faits en reste difficile. Il est impossible, faute de datations certaines, de mettre les éléments des deux dossiers en rapport les uns avec les autres. Ils font donc ici l’objet de regroupements distincts. Les deux dossiers qui suivent montrent, l’un les ambassades de Babylone, puis l'arrivée de Simah-ilânê en direction de Kurdâ, l’autre ce qui doit représenter les efforts d’E nunna pour attirer Zimrî-Lîm dans son camp. Leurs textes sont certainement contemporains, doivent même interférer, mais il est plus prudent de les présenter séparés sans les compléter l’un par l’autre, vu l'incertitude chronologique qui pèse sur plusieurs d’entre eux. 11.4.1 Le sens de la nomination de Simah-ilânê comme roi de Kurdâ L’installation de Simah-ilânê comme roi de Kurdâ est un fait de constatation mais demande à être expliqué. Pourquoi Mari et Babylone ont-elles eu à cœur son intronisation ? Le programme exposé par Zimrî-Lîm dans sa « circulaire » peut expliquer son intervention — quoique Simah-ilânê ne semble pas avoir été celui qui avait le plus de légitimité à devenir roi de Kurdâ — mais non celle de Babylone. Le fait doit donc être replacé dans la vision géopolitique qu’avaient désormais ces deux États des équilibres régionaux. C’était en effet le moment où E nunna — peut-être dans l’ignorance des véritables intentions de Mari et sans prévoir sa politique — avait installé Asqur-Addu sur le trône d’Allahad37, une ville assez proche d’Andarig pour que Qarnî-Lîm en fît ultérieurement la seconde métropole de son royaume. Au même moment, elle avait entrepris de mettre définitivement fin à la puissance militaire du RHM en soumettant le royaume des Bords-du-Tigre dont elle devait occuper deux places majeures, Ékallatum, la 37
Cf. [A.2295].
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
517
capitale, et A
ur, alors un important centre commercial. En ce sens, l’installation de Simah-ilânê à Kurdâ peut avoir été la réponse de Mari et de Babylone à cette volonté d’hégémonie d’E nunna dans le Nord38, qui devenait de plus en plus apparente. On constate au même moment la présence à Mari de messagers de Qaarâ (Tell Rimah) aux côtés de ceux du Numhâ (Kurdâ), selon [A.62]. Tous ces royaumes, à l’ouest du Tigre, Kurdâ, Quaarâ (et sans doute aussi Razamâ) devaient donc essayer de retrouver une existence autonome qui avait été abolie par les conquêtes de Samsî-Addu. — Le pays d’Akkad dans ses deux grandes divisions, occidentale (Babylone) et orientale (E nunna), montrait l’exemple même de frères ennemis aux traditions communes, mais qui ne s’en opposaient pas moins fortement pour leur politique ; dans la seconde partie du règne de Zimrî-Lîm, Babylone et E nunna devaient même s’affronter jusqu’à la lutte armée, au moins à deux reprises et pour des motivations chaque fois différentes. On peut donc penser qu’en ce qui concerne le Sindjar, ces deux États étaient en complète divergence de vues. Faute d’avoir les archives d’Ékallatum, de Babylone et d’E nunna, beaucoup d’informations manquent cependant. Babylone dont les rois comptaient des Numhéens parmi leurs ancêtres39, a installé ultérieurement Hulâlum au Sindjar40. Il y a donc là une constante de sa politique extérieure. — Les familles royales de Kurdâ et de Mari étaient assez proches pour que, lorsque le Numhâ tomba au pouvoir de Samsî-Addu, sa famille royale se réfugiât d'abord à Mari ; lors de la chute de Sumu-Yamam, des princesses de Kurdâ se trouvaient en effet dans son palais, comme le montre A.463441, selon lequel deux filles de Sumu-Tamaru et une de Sumu-Numhâ y furent recensées. Que Simah-ilânê ait été hébergé à Babylone n’est pas quelque chose d’inouï, puisqu'assez souvent étaient accueillis dans les capitales étrangères des membres de familles royales en exil. Éventuellement ces nobles étrangers — des mâdarum pour utiliser le terme qui désignait les gens de sang royal — étaient entretenus comme kaltum (qelum), c'est-à-dire comme prétendants à une couronne dont on n’appréciait pas celui qui la détenait42.
Nous possédons une rétrospective de l'installation de Simah-ilânê comme roi de Kurdâ, grâce à la missive d'un dénommé I hî-mâdar. Elle est certes postérieure au couronnement de Simah-ilânê, mais son récit historique est d’un grand intérêt. Elle parle même des débuts du nouveau règne mariote, puisqu’I hîmâdar y rappelle à Zimrî-Lîm leur première entrevue. Même si la seconde partie du texte doit être traitée dans un travail ultérieur43, sa première partie montre bien comment avait été prise la décision d’instaurer un nouveau roi à Kurdâ. Quand Zimrî-Lîm était arrivé sur le trône de Mari, Simah-ilânê était sous surveillance de Hammurabi, à Babylone d’où il fallait le faire sortir. Si la date de la première rencontre entre I hî-mâdar et ZimrîLîm est bien comprise (l. 5), on en est au moment où les troupes de Babylone venaient d’évacuer Mari où elles soutenaient le pouvoir du RHM. Babylone n’était sans doute pas alors l’amie de Mari. Il fallait donc user d’une grande habileté diplomatique pour que Hammu-rabi acceptât de laisser aller Simah-ilânê. La motivation initiale d’I hî-mâdar était en effet avant tout de restaurer l’unité entre Mâr sim’al et gens du Numhâ (l. 12-15). Il est possible que Hammu-rabi de Babylone ait eu d’autres urgences en vue. La manœuvre avait consisté à feindre d’accepter sa suzerainete, en se disant son « fils », donc son vassal, quitte à jeter bas le masque dès que possible. Hammu-rabi aurait donc été « persuadé » par Mari de laisser partir son « hôte » et n’aurait pas pensé de lui-même à installer Simah-ilânê sur le trône de Kurdâ.
38
Cf. ARMT XXXIV où l’on voit que le but de la montée d’E nunna semble avoir été en fait Nahur et la maîtrise de la grande route vers l’Anatolie. 39
Cela est connu par le texte babylonien sur le kispum ; cf. J.J. Finkelstein, « The Genealogy of the Hammurapi Dynasty », JCS 20, 1966, p. 95-118. 40
Cf. ARMT XXVI/2, p. 350-351. Ce Hulâlum est sans doute celui qui, antérieurement à sa nomination à Allahad, était un des principaux marchands de Babylone. Cf. ma reprise de ARMT XXVI 75, dans « Nommer à l'époque amorrite », Diversity and Standardisation, Mélanges G. Wilhelm, p. 57. 41
MARI 4, p. 431.
42
Aucun texte n'assure cependant la qualité de qeltum de Simah-ilânê à Babylone et il n’y a reçu que le titre de « roi de Sapiratum », une ville au débouché d'une route qui menait droit au Sindjar. 43
Cf. ARMT XXXIV.
518
Jean-Marie DURAND 253 [A.433+M.6919]
I hî-mâdar au roi. Rappel au roi de Mari du plan pour « faire sortir » de Babylone Simah-ilânê et de l’attitude hypocrite conseillée alors envers Hammu-rabi, ce que Simah-ilânê n’a fait que reprendre à son compte, sur les instances de ses notables. Scandale de l’incarcération des gens d’Asqur-Addu. Avis donné au roi. a-na be-lí- [ia] qíbí[ma] um-ma i-hi-ma-[da]r 4 ìrk[a-a- ma] i-nu-ma it-ti be-lí-ni i-n[u-ma e-tár] 6 a-na ma-riki ni-ik-u-dám-ma a-um si-ma-ah-i-la-a-né-e 8 a-wa-tim ma-har be-lí-ni ki-a-am ni-i-ba-at um-ma-a-mi be-el-ni° li-i-ri-im-ma I si-ma-ah-i-laa-né-e 10 a-ar wa-a-bu li-e-e-em-ma 12 dumu si-ma44-le-em ù dumu nu-ma-ha-a a-na ú-ba-nim i-te-et 14 a a-na a-ta-qí-im la i-re-ed-du-ú be-el-ni° li-te-er 16 a-di si-ma-ah- i-la-a-né-e be-el-ni° ú-e-e-e-em 18 ma-ru-tam a-na ha-mu-ra-bi li-i-pu-ur a-wa-at ìr-me-e -u be-lí i-me-e-ma 20 ma-ru-tam a-na ha-mu-ra-bi i-pu-ur° [I]si-ma-ah-i-la-a-né-e ú-e-i Tr.22 ù i-nu-ma [wa-ar-ka-nu-um] be-lí i-pu-r[a-um] 24 ma-ru-tam a-pa-[ru-um-ma] mi-im-ma ú-[ul i-pu-ra-a-um] Rev.26 an-ni-tam be-lí [lu-ú i-di] ù a-um ma-r[u-tam si-ma-ah-i-la-a-né-e] 28 a-na be-lí-ia la i[-pu-ru-ma] a-hu-tam-ma a-na be-[lí-ia i-pu-ru] 30 lú-me-e su-ga-gu ù [lú- u-gi-me-e ] a nu-ma-he-e i[l-li-ku-nim-ma] 32 a-na si-ma-ah-i-la-a-né-e ki-a-am iq-[bu-ú] um-ma-mi am-mi-nim a-na z[i-i]m-ri-l[i]-im 34 ma-ru-tam ta-a-ap-pa-ar ki-ma a-ta-mar-dIM at-hu-tam 36 a-na ia-ah-du-li-im i-ta-ap-pa-ru at-ta a-na zi-im-ri-li-im 38 at-hu-tam i-ta-ap-pa-ar i-na qa-bé-e lú-me-e su-ga-gi ù lú- u-gi-me-e / nu-ma-ha-a I si-ma-ah-i-la-a-né-e at-hu-tam a-na e-er be-lí-ia 40 i-pu-ra-am a-na an-né-tim mi-im-ma ki-í-ir li-ib-bi 42 be-el-ni la i-ra-a-e-né-i-im 2
44
Sur érasure de IM. Cette graphie hapax peut révéler la prononciation locale du terme.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
44 46 Tr.48 50 C.52 54 56
519
a-ni-tam a-um u-ut às-qúr-dIM ki-ma a-w[a-at a-na si-ma-ah]-i-la-a-né-e be-lí iq-bu-ú ki-ma ka-a-[di-u-nu-m]a lú-me-e u-nu a-na ne-pa-ri-im u-r[u-bu] [ù ki-ma a-n]a ne-pa-ri-im u-ru-bu [ma]-ti-ma-a wa-ú-u-nu i-ba-a-i [a]-um lú-me-e u-nu-ti a-na qa45-tim na-[da]-/n[im] [q]a-ba-am ú-ul ni-le-e a-wa-tum à-ap-la-at i-nu-ma be-lí it-ti si-ma-ah-i-la-a-né-e in-na-ma-ru lú-me-e u-nu-ti be-lí li-ri-i-ma I si-ma-ah-i-la-a-né-e ú-ul i-ka-la-u-nu-ti be-lí a-na up-pí-ia an-ni-im ma-di-i li-qú-ul
Bibliographie : cf. B. Lafont, FM II 117, p. 210-212 ; cf. J. Sasson, From the Mari Archives, p. 83-84. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle I hî-mâdara) ton serviteur. Lorsque 6 nous sommes arrivés à Mari avec notre seigneur, au moment (de la fête) d’Etarb), 8 nous avons soutenu ce discours 7 au sujet de Simah-ilânê 8 en présence de notre seigneur : « 9 Notre seigneur doit mettre toute son énergie 11 à faire sortir 10 Simah-ilânê 11 de là où il se trouve et 15 refaire 12 des Mâr sim'al et des Mâr Numhâ 13 un seul doigt 14 qui ne peut être fendub). 16Jusqu'à ce que 17 notre seigneur fasse sortir 16 Simah-ilânê, 18 il lui faut écrire en tant que “fils” à Hammu-rabi. » 19 Mon seigneur a écouté les propos de ses serviteurs et 20 il a écrit en tant que « fils » à Hammurabi. 21 Il a fait « sortir » Simah-ilânê. 22 Or, lorsque par la suite 23 mon seigneur lui a écrit, 25 il ne lui a (plus) du tout 24 écrit en tant que fils. 26 Cela mon seigneur le sait bien. Or, en ce qui concerne le fait que Simah-ilânê n’ait pas écrit en tant que « fils » à mon seigneur, mais le lui ait fait en tant que « frère », les cheikhs et les Anciens des gens du Numhâ sont venus dire ceci à Simah-ilânê : « Pourquoi écris-tu en tant que “fils” à Zimrî-Lîm ? De la même façon qu’A tamar-Addu envoyait toujours du “frère” à Yahdun-Lîm, toi, envoie chaque fois à Zimrî-Lîm du “frère”. » (C’est) sur l’injonction des cheikhs et des Anciens du Numhâ (que) Simah-ilânê a envoyé du « frère» chez mon seigneur. De cela notre seigneur ne doit nullement nous tenir rigueur. 43 Autre chose : au sujet des gens d’Asqur-Addu, 44 (est-ce) comme ce que 45 mon seigneur avait 44 dit à Simah-ilânê46 ? Dès leur arrivée même, 46 ces gens ont été mis au nêpârum. 47 Or, maintenant qu’ils ont été mis au nêpârum, 48 y aura-t-il jamais une sortie pour eux ? 50 Nous ne sommes pas en mesure de parler 49 en faveur de ces gens pour (les) aiderc). 51 L’affaire est scandaleuse. 52 Lorsque mon seigneur 53 se rencontrera 52 avec Simah-ilânê, 53 il lui faudra réclamer ces gens et Simah-ilânê ne les gardera pas. 55 Mon seigneur 56 doit prêter une grande attention 55 à cette tablette de moi. 5
a) Qui était exactement cet I hî-mâdar ? On connaît quelqu’un de ce nom dans ARM V 4047 (= LAPO 16 3), où il est, selon Hasidanum — un serviteur de Samsî-Addu dont l’importance a été majeure dans la région du Sindjar — quelqu’un qui devait résider à Qattara , selon les instructions de Samsî-Addu, pour transmettre les messages royaux.
45 Le signe n’est en aucun cas un MA et ma-timki, quoique possible, n’est pas d’usage, d’autant plus que le KI semble plutôt un NA. Il y a, d’autre part, de façon manifeste un signe indenté entre les l. 49 et 50. La traduction « par égard pour le pays » (B.L.) est, enfin, très loin de la lecture proposée. Pour une avancée vers la bonne compréhension du passage, cf. From The Mari Archives, p. 84 : « Because of these men, we can’t begin to talk to the population ». 46 La traduction de B.L. « à cause de l’affaire dont mon seigneur avait parlé à S. » est complètement à contresens. Il y a une meilleure compréhension dans From the Mari Archives, p. 84, « About the followers of NP, as my lord told Simah-ilane…», ce qui voudrait dire que Zimrî-Lîm a déjà été informé (par [A.3186] qui serait ainsi antérieure). Ce dernier fait est tout à fait plausible, mais il faudrait pour la traduction de J.S. que kîma awât ana NP bêlî iqbû signifiât « malgré ce que mon seigneur a dit à Simah-ilânê…», ce qui n’est pas possible. J’ai donc suivi sa traduction en la mettant à l’interrogatif. 47 La référence de B.L. à ARM IV 78 vient mécaniquement d’une proposition de ARMT XVI/1 qui doit être corrigée en [ib-ni]-dti pak.
520
Jean-Marie DURAND
Si Yasmah-Addu le réclame selon ARM V 40, cela peut indiquer qu’il s’agisssait en fait d’un mariote en résidence dans la région du Sindjar. Il se trouve, d’ailleurs, qu’il ne s’adresse pas à Zimrî-Lîm comme le ferait un étranger puisqu’il ne lui dit pas ana Zimrî-Lîm bêli-ia, mais se comporte en véritable Mariote. Dans sa lettre il dit « notre seigneur » lorsqu’il fait allusion à sa première rencontre avec Zimrî-Lîm, mais « mon seigneur » pour la suite de son propos. L’expression au pluriel le montre à la tête de la délégation de Kurdâ. D’un côté, il semble pour les locaux, car il est manifeste qu'il était de ceux qui pensaient que Kurdâ ne devait pas être la vassale de Mari, mais d’un autre, s’il semble excuser l’attitude de Simah-ilânê par la conduite du roi de Mari luimême —louange implicite de la « raison d’État » —, il demande au roi de Mari de ne pas lui en vouloir (l. 41-42 : « Mon seigneur ne doit pas avoir de la colère contre nous ») ce qui montre qu'I hî-mâdar ne faisait pas partie du groupe des cheikhs ni des Anciens du Numhâ. La notation est identique à ce qui est dit dans [A.3186] l. 22'-23' où l'envoyé de Zimrî-Lîm réclame de ne pas être tenu personnellement coupable de la politique de Simah-ilânê (cf. ARMT XXXIV). La politique d’I hî-mâdar est de restaurer l’unité des Mâr sim’al et des gens du Numhâ (l. 12-15), mais en même temps il souligne que son groupe et lui n’ont pas les moyens d’aller à l’encontre des décisions des notabilités (l. 50). Il marque néanmoins clairement son désaccord avec la politique des notables du Numhâ (l. 51) et indique au roi de Mari comment faire pour la libération des gens de la suite d’Asqur-Addu, avec une formulation que l’on retrouve dans les lettres que ses serviteurs adressent au roi de Mari (l. 55-56). I hî-mâdar et son groupe devaient donc faire partie des Mâr sim’al du Numhâ, mais de ceux qui étaient restés sur place et n’avaient pas suivi Bannum lors de sa marche sur Mari. Dans FM III, p. 276, la lettre de Bunû-E tar, A.1215 (reprise dans les Mélanges Larsen), demande à Zimrî-Lîm de faire pression sur les grands dignitaires et le mer‘ûm pour lui permettre d’accéder au trône. Il est donc vraisemblable que derrière ce mer‘ûm il faille retrouver I hîmâdar. Ce dernier représentait assurément une certaine force, celle des Bédouins de la région, quoiqu’elle ait été amputée de ceux qui étaient partis avec Bannum, ce qui lui rendait difficile d’intervenir directement dans une décision politique de Kurdâ qui ne concernait pas directement les Bédouins. Le document est postérieur à l’époque de Bannum, mais on ne peut savoir si I hî-mâdar avait récupéré une partie des Bédouins que Bannum avait installés à uprum. Le fait qu’I hî-mâdar ait soutenu fortement Simah-ilânê, apparemment contre Bunû-E tar, ne devait pas être ignoré de Bannum et devait avoir son accord, d’autant plus que la région du Numhâ-Yamûtbâl était le lieu d’origine de Bannum. I hî-mâdar était donc partagé entre sa contribalité avec Zimrî-Lîm, de plus en plus senti comme le chef des Mâr sim’al, et sa loyauté envers les autorités du Numhâ. b) Il s’agirait donc de la première fête d’E tar, celle de l’arrivée même de Zimrî-Lîm à Mari. Restaurer la dynastie d’A tamar-Addu en même temps que celle de Yahdun-Lîm revenait à annuler les conquêtes de Samsî-Addu qui avait fait s’enfuir à Mari la famille royale de Kurdâ. Rien ne nous explique pourquoi Simah-ilânê fut préféré à Bunû-E tar. Il est possible qu’il faille voir là l’influence de Bannum qui venait du Numhâ et pouvait avoir ses préférences. La question ne peut pas être résolue, faute d’informations, mais mérite néanmoins d’être posée car si préférence a été donnée à quelqu’un d’autre que l’aîné à Kurdâ, il est possible qu’il en ait été de même pour Mari. c) L’image de la fraternité est, encore aujourd’hui en région arabe, indiquée par deux doigts collés l’un à l’autre. La fraternité entre les gens du Numhâ et les Mâr sim’al est bien exprimée par les textes. Ainsi trouve-t-on dans A.3577 (cf. FM [1], p. 46, « Les gens du Numhâ lui ont répondu : “Nous sommes en bons termes avec Babylone, nonobstant les frères mâr sim’al. Mais avec les Mâr sim’al, nous partageons et partagerons (toujours) notre vie.”» d) Pour qâtam nadânum « aider », cf. CAD N/1, p. 54a.
11.4.2 La dévolution de Sapiratum à Mari Entre les réticences de Babylone dont [A.433+] se fait manifestement l’écho et le dossier qui montre l’arrivée de Simah-ilânê à Mari doit prendre place la « royauté de Sapiratum », attestée fugitivement dans une lettre. Il est vraisemblable que cette « royauté » sur une ville qui était le débouché d’une route du Sindjar sur le Moyen-Euphrate n’ait été qu’une étape éphémère48, sans doute un moment du processus d’abolition du pouvoir du RHM dans ces régions. La contrée de Sapiratum — convoitée tant par E nunna que par Babylone, mais aussi par Mari et Andarig 49 — a dû revenir à Zimrî-Lîm comme monnaie d’échange pour l’intronisation de Simah-ilânê à Kurdâ50. Elle n’était peut-être que ce que comptait primitivement accorder Babylone à Simah-ilânê, pour se raviser manifestement ensuite. [A.2983], lettre de 48
Cf. M. Guichard, d’après A.3274+, publié dans RA 96, p. 227 sq. où l’on trouve, l. 8’-12’ : ù [a-na si-maah-i-la-né-e], lugal sa-pí-ra-timki a i-tu k[á-dingir-raki], gi -gigir gi -gu-za ù an-dùl-lam ú-za-a[b-bi-lu-um], a-baam mu-a-al-li-mi id-di-in-u[m lú a-a-ti], a-di kur-daki ú-a-al-l[i-mu … = « Et il a donné à Simah-ilânê, roi de Sapiratum à qui il a fait porter de Babylone, char, trône et parasol, des gens pour l’escorter qui l’ont escorté jusqu’à Kurdâ…» (traduction changée). 49
Cf. p. 177 f).
50
Cf. ibid.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
521
Sammêtar, montre qu’il y avait des problèmes de relation entre Mari et Babylone après l’entrée de Simahilânê à Kurdâ. [A.1262] semble même indiquer que, dans la période intermédaire, tout ne s’était pas bien passé entre Mariotes et Babyloniens (cf. l. 10-15, avec l’utilisation de alâmum, l. 10). Le document est daté du mois vii, vraisemblablement de ZL 1 ; il peut s’agir du moment où les Babyloniens étaient en train de se rendre compte que Simah-ilânê ne s’arrêterait pas à la royauté de Sapiratum, mais avait d’autres ambitions. En revanche un texte comme [A.1890] montre qu’on voulait éviter toute possibilité d’affrontement avec Babylone. Ce sont néanmoins surtout des Soutéens qui ont servi de gardes du corps à Simahilânê, non les Babyloniens qui l’accompagnaient, comme on aurait pu l’imaginer. Il est donc vraisemblable que Simah-ilânê qui s’était vu reconnaître la possession de Sapiratum sur la route qui partait pour Kurdâ n’en a jamais été roi et, une fois libéré de la surveillance babylonienne, a en réalité continué sa route vers le roi de Mari qui lui avait promis le trône d’A tamar-Addu. Sa nomination à la royauté de Kurdâ est une décision politique postérieure à Bannum, lequel disparaît au milieu de ZL 1, alors que Simah-ilânê arrive aux Bords-de-l’Euphrate à la fin de l’année. Ce « roi de Sapiratum » vient en fait de Babylone, non de la ville qu’il est censé avoir reçue. On possède encore l’écho de la colère de Bunû-E tar de voir un imposteur sur le trône de Kurda. C’est ce qu’indique [A.1215] (cf. ARMT XXXIV, mais déjà cité par I. Guillot, FM III, p. 276) : « Maintenant, est-ce joli ce qu’a fait Zimrî-Lîm ? Quelqu’un qui n’y avait pas de part est entré sur le trône paternel… etc. » Il est possible que ce soit ce Bunû-E tar — qui ne devait pas être par la suite un ami inconditionnel de Zimrî-Lîm — qui fût le véritable candidat de Babylone. En ce cas, Zimrî-Lîm aurait été sa propre dupe et il ne faut pas s’étonner que l’alliance dite « de tout temps » entre Kurdâ et Mari soit devenue de l’hostilité déclarée sous le règne de Bunû-E tar51. 11.4.3 Les ambassades de Babylone L’affaire de l'arrivée de Simah-ilânê n’a pu qu’être arrangée préalablement à la restauration de la monarchie locale. On voit ainsi plusieurs envoyés babyloniens arriver à Mari, en l’absence du roi, certains en relation explicite avec Kurdâ. Il faut tenir ces « ambassades » pour des mesures préparatoires à la venue de Simah-ilânê lui-même. Ce passage par Mari peut avoir été dû au conflit entre E nunna et le RHM dans l’Est : on prenait ensuite la route du Habur jusqu’à Qaunân, puis on obliquait vers Kurdâ. On peut ranger dans ce dossier les documents suivants : [TH 72-43] : arrivée de algân, mariote, ainsi que de deux ambassadeurs, depuis Babylone [A.1262] : ambassadeurs renvoyés à Babylone avec Yawî-ilî, mariote [A.2941] : Yantin-Addu, mariote, avec des Babyloniens, des Numhéens et 1 guide soutéen, Harsum [A.2265] : Atti-Addu, mariote, et 3 messagers du roi de Sapiratum [A.1890] : mentionne 2 messagers de Babylone : Puzur-Marduk et Ilî-tillatî [A.249] : un messager babylonien revient de Kurdâ.
254 [TH 72-43] Itûr-asdû au roi. Des Mariotes reviennent de Babylone où ils avaient été envoyés. Après un jour, ils poursuivront vers chez le roi.
2 4 6
a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma u-um up-[p]í an-né-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam
51 Cf. néanmoins le résumé historique fourni par I. Guillot, FM III, p. 276, n. 22 , où il est suggéré que, déçu par l’attitude de Simah-ilânê, Zimrî-Lîm a aidé Bunû-E tar à s’emparer du trône de Kurdâ.
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Jean-Marie DURAND I
a-al-ga-an 8 [dumu la-r]i-im-de-er [ìr-du-um] a be-lí i-pu-ru-u 10 [2 dum]u-me-e [i-ip-ri ] x-an-za-lu-ú Tr. 12 [ù 1 dumu ]i-[i]p?-ri [a o]-x-anki 14 [i-t]u [k]á-dingir-raki [a-na] ma-riki a-na e-er Rev. 16 [be]-lí-ia ik-u!-du-nim u 1-kam i-[n]a ma-riki ú-a-[b]u-ma 18 a-né-eem u-um-u u-ta-a-ab-b[a]!-ta-u-nu-ti-m[a] 20 a-na e-er be-lí-[i]a [a-à]-ra-da-a-u-nu-ti ù e-em-u-nu ga-am-ra-am be-l[í] 22 li-i-ta-al-u-nu- ti a-lum ma-riki a-lim [m]i-im-ma 24 li-ib-bi be-lí-ia la i-na-ah-hi-id Bibliographie : le texte a donné lieu à deux copies différentes (TH 72-43 & 44) de M.B. à partir desquelles cette transcription a été établie. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur : Le jour où 6 je fais porter5 cette tablette de moi 6 chez mon seigneur, 7 algâna) 8 fils de La-rîma) 9 Dêr , serviteur que mon seigneur avait envoyé, 10 deux 11 messagers (de) …anzalûb) 12 et un messager 13de …c), 16 sont arrivés 15 à Mari 14 depuis Babylone 15 pour chez 16 mon seigneur. 17 Ils vont rester un jour à Mari. 18 Le lendemain, 19 je les ferai se mettre en route et 20 les expédierai chez mon seigneur. 21 Alors mon seigneur 22 pourra leur demander 20 tous détails. 23 La ville de Mari ça va. Qu’en rien 24 le cœur de mon seigneur ne s’inquiète. 5
a) D’après la copie de M.B., on ne peut lire [i-b]a-al-pí-AN à la l. 7, car dans les 2 copies il y a un clair GA devant le AN. Des NP algân et La-rîm-Dêr sont documentés comme ceux d’« esclaves ruraux » dans la grande liste datée de Sumu-Yamam, A.3562 (= MARI 8). Le suffixe singulier -u l. 9 inciterait à considérer qu’il n’y a qu’un seul serviteur du roi de Mari, d’où on pourrait restaurer dumu devant La-rîm-Dêr, l. Un La-rîm-Dêr est cependant commissionné par Meptûm dans A.4231 et participe aux affaires de Babylone. b) Soit un nizbé, soit un nom de dynaste du début du règne. Il s’agirait de quelqu’un qui se trouvait à l’Est, peut-être un voisin du roi de Dêr en Transtigrine (cf. l. 15) ou de Diniktum. c) La copie se prêterait à [bà]d.ANki. Pour Dêr de Transtigrine à la fin du RHM, cf. LAPO 16, p. 394 sq.
L’indication de mois vii pour [A.1262] ou [A.2983], alors que Zimrî-Lîm est absent, pourrait indiquer que le roi s’est absenté avant le séjour dans la région d’amont (x/2-xi/1). 255 [A.1262] Itûr-asdû au roi. Les ambassadeurs babyloniens ont été renvoyés chez eux, mais sans escorte ni ânes qui, en revanche, ont été donnés au Mariote qui avait la même destination. Le 19-vii.
2 4 6 8
[a-na] be-lí-ia qíbí-ma [um-m]a i-túr-ás-du [ìr]-ka-a-ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam dumu-me-e i-ip-ri lú-ká-dingir-raki i-a-ri-i a-pu-ul-ma í-di-tam ú-a-am-hi-ir-u-nu-ti-ma
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
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a-na ká-dingir-raki ú-e-í-u-nu-ti Rev. 10 [lú-aga-ús-me]-e a-na a-la-mi-im [ú]-ul ad-di-in I ia-wi-AN dumu i-ip-ri-im 12 []a be-lí-ia a it-ti-u-nu a-na ká-dingir-raki 14 i-la-ku an e-há ù lú-me-e ma-aZ-Zi ad-di-in-um i-a-ri-i a-pu-ul-u 16 l[i-i]b-[ba-u] ú-ul ú-a-az-zi-iq [it]-t[i dumu]-me-e i-ip-ri a ká-dingir-raki 18 [a-à-ar]-d[a-u] Tr. [iti k]i-nu-nim u 19-kam 20 [si-m]a-an níg-gub up-pí an-ni-e-em [ú-]a-bi-lam Bibliographie : primitivement catalogué A.15 (= ARMT XXVI 233), ce texte a été renuméroté par G.D. en A.1262, ce qui est son numéro définitif. 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter 5 chez 6 mon seigneur 5 cette tablette de moi, 7 j’ai donné satisfaction aux messagers de l’homme de Babylone 8 en leur faisant recevoir des provisions et 9 les ai fait sortir pour Babylone. 11 Je ne (leur) ai pas fourni 10 d'escorteurs pour montrer de la colèrea) : 12 (c’est à) Yâwi-El, messager 13 de mon seigneur, qui 14 doit aller 13 avec eux à Babylone, (que) 15 j’ai donné les ânes et 14 des corvéablesa). 15 (C’est) lui (que) j’ai satisfait ; 16 je ne lui ai pas donné lieu d’être mécontent. 18 Je viens de l’expédier 17 avec les messagers babyloniens. 21 Je fais porter cette tablette de moi 19 le 19 de vii, 20 au moment du repas. 5
a) SLM « être en non-agressivité » est toujours écrit au moyen du signe SA. En revanche LM (écrit au moyen du signe ZA) est utilisé pour marquer qu’on est en colère. L'événement n'est pas explicité, mais le fait que des escorteurs soient fournis au messager mariote et non aux Babyloniens était en soi un acte inamical. Pour une possibilité d’explication de ces mauvais rapports (momentanés) entre Mari et Babylone, cf. ici-même p. 521. b) Les dictionnaires enregistrent un terme « massu » pour désigner une sorte de travailleur et lui donnent le sens de « corvée worker » ; cf. CAD M/1, p. 327a avec bibliographie. Le terme est employé dans les documents « occidentaux » comme ceux d’Alalakh ou d’El Amarna et c’est sa première occurrence dans un texte mariote. Le terme est rattaché à l’hébreu mas « forced labour, corvée, conscription » (cf. HALOT, p. 603b), depuis F. Thureau-Dangin. En fait ce dernier proposait dans RA 19 : 97 une traduction « hommes de corvée » en soulignant que c’était là un « sens conclu du contexte ». L’interprétation « forced labourer » qu’enregistre HALOT ne convient qu’assez peu au présent passage où l’on attend plutôt mention d’escorteurs ou de porteurs. Il faut donc considérer que mazzum (mazzûm ?) était sans doute un terme local pour le a biltim usuel de l’akkadien standard. Dans le texte d’El Amarna, EA 365, Piridiya dit qu’il « laboure dans la ville de una » et qu’il amène des ma-az-zame-e . Dire au roi de Mari qu’on est son ikkarum (« Fermier ») est une formule qui signifie qu’on est un sédentaire à son service, pour assurer le gîte et le couvert à ceux qui viennent en son nom. L’image pouvait faire partie du stock d’expressions occidentales. Les massû (ou mazzû ?) que Piridiya amène pouvaient donc relever de l’aide militaire, non de la corvée agricole et les gens fournis à Yâwi-El avoir servi de porteurs (dérivation sur une forme de Nî ?). Les exemples d’Alalakh VII sont lus ku-zi ou ku-si, voire ka-zi dans JCS 13, 1959 par Wiseman et la lecture ku-zi est maintenue par A. Goetze dans ses remarques subséquentes JCS 13, p. 35. Il n’est donc pas sûr que la lecture de CAD M/1 p. 327 soit la bonne.
La tablette [A.2941] qui est datée du 7 d’un mois non précisé est antérieure au retour de ZimrîLîm depuis la Forteresse de Yahdun-Lîm et doit s’inscrire également dans la préparation de l’intronisation de Simah-ilânê. 256 [A.2941] Itûr-asdû au roi. Selon un guide soutéen, une ambassade mariote, retour de Babylone, est arrivée à Dêr ; quelqu’un doit poursuivre sur Kurdâ. Une fois arrivés à Mari, les gens seront envoyés chez le roi. Tablette du 7.
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2 4 6 8 10 Tr. 12 14 Rev. 16 18 20 22 24 26 Tr. 28 C. 31
Jean-Marie DURAND a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma u-um up-pí an-ni-e-em a-na e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam ia-an-ti-in-dIM dumu i-ip-ri-im a be-lí-ia a a-na ká-dingir-raki be-lí i-pu-ru-u ù it-ti-u 4 lú-me-e ra-ak-bu-ut an e-há ù 4° lú-me-e [a] sí-[ik-ki] dumu-me-e i-ip-ri lú ká-dingir-raki i-na li-ib-bi [2 l]ú-me-e r[a]-a[k-bu-ut an e / ù 2 lú a sí-ik-ki] a-na e-er be-lí-[ia] [1] lú ra-ki-ib an e-há 1 lú a sí-ik-k[i] a-na nu-um-ha-a[ki] 1 lú ra-ki-ib an e 1 lú a s[í-ik-ki] a-na qa-á-ra-aki a it-ti-[u-nu] a-na di-irki ik-u-du-[nim] ù I ha-ar-sú-um lú a-mi-rum su-[tu-ú] a i-tu ká-dingir-raki pa-ni-u-nu i[-ba-tu] a-na ma-riki ik-u-dam-ma ki-ma dumu-me-e i-ip-ri u-nu a-na de-erki ik-u-du-nim « i-mu-ra-am° » iq-bé-e-em i-na-an-na « um-ma » i-nu-ma dumu-me-e i-ip-ri u-nu a-na ma-riki i-ka-a-a-du-nim-ma° a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-ra-da-u-nu-ti an-ni-tam la an-ni-tam be-lí li-i-pu-ra-am a-lum ma-riki ù é-kál-lum a-lim u 7-kam i-na pa-an mu-i-im up-pí an-ni-e-em ú-a-bi-lam 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Le jour où 6 je fais porter cette tablette de moi 5 chez 6 mon seigneur, 18 sont arrivés à Dêr 6 Yantin7 Addu, messager de mon seigneur, que 8 mon seigneur avait envoyé 7 à Babylone 8 et avec lui 9 quatre hommes chevaucheurs d’ânes et quatre porteurs de sacs scellés, 10 messagers de l'homme de Babylone, 11 parmi lesquels il y a deux chevaucheurs d’ânes et deux porteurs de sacs scellés 12 pour chez mon seigneur, 13 un chevaucheur d’âne, 14un porteur de sac scellé 15 pour le Numhâ, 16un chevaucheur d'âne et un porteur de sac scellé 17 pour Qaarâ, qui sont avec eux. 19 Harsum, le guide soutéena) 20 qui leur servait de guide depuis Babylone, 21 est arrivé à Mari et 22 que ces messagers 23 étaient arrivés 22 à Dêr 23 {il me l’a raconté} il me l’a ditb). 24 Maintenant, {quand} lorsquec) ces messagers 25 arriveront à Mari, 26 je les enverrai chez mon 28 seigneur. Que mon seigneur m’écrive 27 ce qu’il doit en être. 29 La ville de Mari et le Palais, ça va.31J’envoie cette tablette de moi 30 le 7, à la tombée de la nuit. 5
a) Âmirum est ici manifestement un titre qui désigne le chef de l’expédition. Une traduction par « guide » rend compte de la réalité. Le sens exact était peut-être « celui qui a l’expérience de la route ». Pour ce terme, cf. LAPO 18, index, p. 542b. Les ambassadeurs ont pu passer par le désert, comme l’avaient fait avant eux les ambassadeurs babyloniens qui, se rendant à Alep, court-circuitaient les territoires tenus par Samsî-Addu (cf. N. Ziegler, Amurru 3, p. 95-109). b) Le texte se comprend mal : pourquoi le guide verrait-il que les gens dont il a pris la tête sont arrivés à Dêr ? On attendrait plutôt qu’il constate qu’ils s’y arrêtent, sens que n’a pas kaâdum et kaâum (« interrompre une route ») ne convient ici ni pour le sens ni pour la forme (i). D’autre part, on attendrait un -ma entre îmuram et iqbêm.
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On peut donc penser qu’amârum a ici le sens typiquement occidental de « dire » (lequel peut être d'ailleurs supposé pour plusieurs NP). Il serait glosé par le verbe iqbêm qui suit. Le scribe n’a en fait pas érasé le i-mu-ra-am qui pouvait représenter la véritable façon de dire à Mari. c) Le problème doit être le même pour la l. 24. Le um-ma pourrait être une simple faute pour a-nu-um-ma qui est attendu, ou un exemple de umma interrogatif, mal relié cependant à l’expression de la l. 27-28, qui est une unité figée en elle-même. Dans les deux cas, le -ma de la l. 25 est malaisé à expliquer. J’ai donc supposé un umma = « quand » (cf. CAD /3, p. 274b), attesté dans l’Ouest, à Boghaz-Köy et à El Amarna, lequel serait glosé par l’inûma subséquent. Ce serait donc le même phénomène qu’à la l. précédente. Le scribe n’a en effet nullement érasé la séquence. Plutôt donc qu’un « emploi hittite » à El Amarna (Moran, Lettres d’El Amarna, LAPO 13, p. 72, n. 6) — car maan signifie effectivement en hittite à la fois « quand » et « si » —, il s’agirait en fait d’un usage occidental ancien. Cf. Jg vi 3 et C. van Leeuwen, « Die Partikel ‘m dans Oudtestamentische Studiën 18, 1973, p.15–48 (réf. M. Langlois). Ces deux gloses représenteraient ainsi, bien avant la pratique d'El Amarna, la juxtaposition d'une « façon de dire » et d'une « façon d'écrire ». Cela se comprend le mieux si, en l'occurrence, c'était un scribe qui translatait en akkadien (tablette) un propos tenu dans la langue locale (le fonctionnaire mariote). Cf. ici-même, p. 361, le problème posé par la séquence « munus sí-ni-a-tim » de [A.3373]: 10.
Un dénommé Yanibum peut servir à établir la chronologie de certains contacts entre Mari et E nunna. Dans [A.2801] il est question d'un bavard (l. 29) qui « n’est pas à Mari » (l. 33), sans que son nom soit précisé ; il a servi de guide aux messagers d’E nunna ; cette façon de ne pas nommer un coupable est typique de l’époque. Or, dans [A.3086], un Yanibum est recherché et il est précisé qu’il n’est pas à Mari ; tel serait donc le bavard qui avait renseigné l'ambassadeur d'E nunna Ii-Nabû. 257 [A.1890] Itûr-asdû au roi. Une interrogation par « coucher d’un spécialiste » a innocenté 2 marchands babyloniens d’avoir emmené l’esclave d’un marchand.
2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24 26
[a-n]a be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìrka-a- ma I ur-d ul--è-a lú-dam-gàr i-na pa-ni-tim be-lí im-hu-ur um-ma-a-mi sag-ìr it-ti dumu-me-e i-ip-ri ká-dingir-raki [i]-ba-a-i an-ni-tam lú u-ú a-na be-lí-ia iq-bi-ma ù be-lí ki-a-am ú-wa-a-e-er-u um-ma-a-mi i-nu-ma dumu-me-e i-ip-ri ká-dingir-raki ha-ar-ra-nam u-ú-ú d i-túr-me-er i-na a-bu-u[l-l]i-im a u-ú-ú li-ir-bi-i-ma ù [a]t-ta ú-zu-ur an-ni-tam be-lí a-na lú a-a-tu iqbi ki-ma wu-ú-ur-tim a be-lí ú-wa-a-e-ru-u d i-túr-me-er i-na a-bu-ul-[l]i-im i[r-b]i-ima [ù sag]-ìr-u i-na-az-za-ar [IKA]-zur-damar-utu [Iì-lí]-ti-la-ti
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Jean-Marie DURAND [dumu-me-e ] i-ip-ri lú ká-dingir-raki [ú-ul l]e-qé-u i-na-an-na a-nu-um-ma [l]ú a-a-tu a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-dam be-lí a-wa-ti-u li-i-me
C. 30
Bibliographie : publié par J.-M. Durand, « Un conflit diplomatique évité », dans Reconstruyendo el passado remoto, Mélanges en l’honneur de Jorge R. Silva Castillo, Aula Orientalia Supplementa 25, p. 91-96. Cf. OLA 162 /1, p. 456. 1
Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Itûr-asdû, ton serviteur. Naguère, le marchand Ur- ulpa’e’aa) 6 était allé trouver mon seigneur, 7 disant : « Un esclave à moib) 9 se trouve 8 avec les messagers de Babylone. » 10 Voilà ce que cet homme 11 avait dit à mon seigneur et 12 alors mon seigneur 13 lui avait donné 12 les instructions suivantes, 14 disant : « Lorsque les messagers 15 babyloniens 16 quitteront Mari pour se mettre en chemin, 17 Itûr-Mêr 19 doit “se coucher” 17 à la grand porte 18 par où ils sortiront. 19 Quant à toi, fais ta revendicationc). » 20 Voilà ce que mon seigneur 21 avait dit 20 à cet homme. 22 Selon les instructions que mon seigneur lui avait données, 23 Itûr-Mêr 24 “s’est couché” 23 à la grand porte. 25 Alors, (cet homme) de revendiquer son esclave. 26 Puzur-Marduk et Ilî-tillatîd), 28 les messagers de l’homme de Babylone, 29 ne le détenaient pas ! Maintenant, voilà que 31 j’envoie 30 cet homme chez mon seigneur. 31 Qu’il écoute ce qu’il a à dire. 6
a) Pour les graphies de ulpa’e’a à Mari, cf. OLA 162/1, p. 664. b) De la même façon que l’écriture idéogrammatique ne distingue pas entre les différents cas, ni même éventuellement entre singulier et pluriel, elle ne marque pas le cas direct de la possession à la première personne, à la différence du cas indirect où la désinence -ia est explicitée. Il faut donc lire ici rêî, non rêum ; cf. l. 25 où les liens entre l’esclave et le marchand sont explicites. c) La langue de Mari distingue entre nazârum (« réclamer la possession d’un bien », souvent de façon agressive, voire indue) et naârum (« assurer la protection de quelqu’un ou de quelque chose ») avec des graphies pourtant identiques ; cf. J.-M. Durand, FM VII, index p. 180b. d) Puzur-Marduk est bien attesté comme babylonien ; Ilî-tillatî est également connu par la lettre de Sammêtar, [A.2983], datée d’un 1-i, donc du début de l’année qui suit celle de Kahat, pour avoir accompagné Simah-ilânê à Kurdâ et en être revenu. Le nouveau roi de Kurdâ semble avoir quitté Mari après le 3-xii.
Cette affaire d'esclave n'est qu'une anecdote relative à la mobilité des personnes à l’époque amorrite. Outre des cas patents de fuite volontaire, beaucoup de documents montrent que des serviteurs (tout particulièrement), mâles ou femmes, étaient sollicités pour aller à un endroit où on devait leur promettre une vie meilleure. S. Démarre-Lafont a ainsi regroupé plusieurs textes autour de sepûm, suppûm dans un article52 qui illustre cette façon de faire. Nous ne savons pas, puisque l’origine d’Ur- ulpa’e’a n'est pas précisée, ce qu’il en était de son cas : avait-il reconnu un esclave à lui chez des Babyloniens qui ne s’attendaient pas à trouver le marchand à Mari, ou l’esclave avait-il profité du fait qu’il était à l’étranger, Mari en l'occurrence, pour décamper et se réfugier dans la caravane des Babyloniens ? Ur- ulpa’e’a se doutait bien, en tout cas, qu'une fois parti de Mari il ne pourrait plus émettre de revendications sur lui. La lettre d'Itûr-asdû doit dater du moment où les messagers babyloniens étaient en train d’organiser la montée de Simah-ilânê vers sa capitale. Profitant du rétablissement des relations entre Hammu-rabi et le roi de Mari, des marchands de Babylone étaient donc revenus faire des affaires aux Bords-del’Euphrate. Il y avait eu, en effet, de bonnes relations entre les deux États à la fin du règne de YasmahAddu mais la restauration à Mari de la monarchie mâr sim'al avait dû y suspendre pour un temps l'activité des Babyloniens jusqu'à la conclusion d'un nouvel accord politique, prélude à l’installation du roi de Kurdâ. Le fait de ne pas vouloir gêner les Babyloniens indélicats a un parallèle, à la même époque, dans le souci d’Abimekim53 de ne pas brusquer un messager kurdéen (ARM XXVI 453) coupable d’avoir voulu « débaucher » un serviteur du roi de Mari54. S. Lackenbacher y avait bien vu « un souci de ménager le roi de Kurdâ inspiré, sinon dicté directement, par la diplomatie du moment » (ibid. p. 373). 52
« Enlèvement et séquestration à l’époque paléo-babylonienne », FM VI, p. 69-88.
53
Cf. ici-même, p. 492, sq.
54
Cf. [A.1232] : 28.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
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Le texte [A.2245] montre un scribe de devin être confié à un marchand pour être envoyé chez le roi. Le fait appelle plusieurs commentaires. Il montre qu’un devin n’était pas automatiquement son propre scribe ainsi que le fait que roi pouvait solliciter les scribes des particuliers, outre ceux que l’on imagine employés par l’Administration. En fait, peut se cacher derrière cet envoi de scribe le recours à certaines capacités linguistiques (interprète) plutôt qu’une simple question d’écriture. L’affaire se fait très officiellement puisqu’un personnage aussi important que Yasîm-sumû sert de témoin. L’envoi au roi passe par l’intermédiaire du marchand Mâr-E tar, donc grâce à une caravane certainement fortement protégée, non par une escorte normale, l’ambassade poursuivant sa route chez le roi. Ce dernier se trouvant vraisemblablement à ce moment là dans la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm, Mâr-E tar (un nom très banal!) pourrait avoir été un homme d’Imar. Il est donc possible, quoique cela ne soit pas explicitement dit, que l’ambassade, elle-même, ait profité de la protection de la caravane. 258 [A.2265] Itûr-asdû au roi. Atti-Addu, un mariote, ainsi que trois messagers de Sapiratum sont arrivés depuis Babylone et Itûr-asdû leur a fait continuer leur route chez le roi. ama -tillassu, un scribe de la maison d’un devin, a été confié au marchand Mâr-E tar en présence de Yasîm-sumû et envoyé chez le roi.
2 4 6 8 10 Rev. 14 16 18 20 22
a-na be-lí-ia qí-bí- ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma a-nu-um-ma at-ti-dIM dumu i-ip-ri-im a be-lí-ia I a-hi-a-ki-im I ìr-dutu ù ri-i-ia 3 dumu-me-e i-ip-ri lú sa-pí°-ra-timki a i-tu ká-dingir-raki a-na ma-riki il-li-ku-nim [s]á-sag ú-a-am-hi-ra-a-u-nu-ti-ma a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u-nu-ti a-ni-tam a-um dutu-tillat-sú dub-sar a i-na é i-din-an-nu be-lí i-pu-ra-am lú a-a-tu a-na qa-at dumu-e-tár lú-dam-gàr ma-ha-ar ia-si-im-sú-mu-ú ap-qí-da-a-u- ma a-na e-er be-lí-ia u-ta-re-e-u [lum] a-lum ma-riki ù é-kála-lim mi-im-ma li-ib-bi be-lí-ia la-a i-na-ah-hi-id 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Voilà qu'Atti-Addua), messager de mon seigneur, 6 Ahî- akim, 7 Warad- ama et 8 Rî iyab), trois messagers 9 de l’homme de Sapiratum, qui 10 sont venus à Mari 9 depuis Babylone, 11 je leur ai fait recevoir leurs rations et 13 je les expédie 12 chez mon seigneur. 14 Autre chose : 15 mon seigneur a envoyé un message 14 au sujet de ama -tillassu, le scribe, 15 celui qui (était) dans la maison d’Idin-Annuc). Cet homme, 18 je l’ai confié 16 à Mâr-E tar, le marchand, 19 en présence de Yasîm-sumû, 18 et 19 je le fais aller chez mon seigneur. 20 La ville de Mari et le Palais, 21 ça va. Qu’en rien le cœur de mon seigneur 22 ne s’inquiète. 5
528
Jean-Marie DURAND
a) La lecture Atti-Addu (cf. ARMT XVI/1) n'est qu'une transcription mécanique, car sont aussi attestés anti-dIM, selon M.11995, voire ha-an-ti-dIM, selon M.5705 iii (et autres) qui peuvent en être des variantes graphiques. b) Vraisemblablement un homonyme du Maître de musique bien connu. c) Idin-Annu est un personnage important ; il s’agit sans doute du devin qui devait jouer un grand rôle au moment de la rébellion des Mâr yamîna en prenant les sorts pour la rive gauche de l'Euphrate à l'amont de Saggâratum.
259 [A.249] Itûr-asdû au roi. Arrivée d’un ambassadeur babylonien depuis Kurdâ ; logé dans un hôtel, à expédier ou non chez le roi ? Le roi doit lui fixer ses rations. Tout va bien. [a-na] be-lí-ia [qí-b]í-ma [um-ma i]a-túr-ás-du-ú 4 [ìr-ka]-a-ma [an-na-nu]-um dumu i-ip-ri-im 6 [lú k]á-dingir-ra-iuki i-tu kur-daki 8 ik-u-ud-ma ki-ma ka-a-di-[u-m]a Tr. 10 a-na é! {X}55 na-ap-à/-ri-im ud-di Rev. 12 um-ma li-ib-bi be-lí-ia a-na e-er be-lí-ia 14 lu-u-ru-da-a-u ú-la-a-u-ma 16 ú-ul i-la-ka-am sá-sag-ka-u 18 a e-se-ki-im be-lí li-si-ik Tr. 20 ki-ma pa-{NI}-nu-u la i-a-al-li-mu 22 [ma-r]iki ù é-kál-lum [a-lim] 2
1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Voilà qu'un messager 6 babylonien est arrivé 7 depuis Kurdâ 8 et, 9 dès son arrivée, 11 je ai a) 10 une maison réquisitionnée. assigné 12 S’il plaît à mon seigneur, 14 je le 13 lui 14 expédierai ; 15 sinon, 16 il ne bougera pas. 19 Mon seigneur doit lui fixer ce 18 qu’il veut comme rations, 20 en sorte qu’il ne soit pas mécontent. 22 Mari et le Palais, 23ça va. 5
a) Correction contextuelle avec uddi forme D (II) de edûm, au sens de « assigner », CAD I, p. 32ai.
11.4.4 Les ambassades d’Enunna à Mari Ont été regroupées ici, uniquement par commodité comme dit ci-dessus, plusieurs lettres d'Itûrasdû qui ont trait aux relations avec E nunna ; elles sont naturellement pour la plupart sans doute conco-
55 Le scribe avait commencé par écrire na-ap- et a réécrit é na-ap- par dessus. Les restes de l'ancien NA donnent une apparence de KÁ incomplet au É.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
529
mitantes de la préparation des serments avec Kurdâ et Qaarâ, mais leur chronologie est incertaine. L’absence de dates précises (jours et mois) empêche de les intégrer au dossier précédent, quoiqu'elles doivent pour la plupart appartenir également au mois xi de l'année 1 de Zimrî-Lîm. Nombreux sont les messagers reçus à Mari pendant cette époque : ceux d’E nunna sont cités par leur nom comme s’ils étaient des gens plus connus que ceux de Babylone. Ibâlpêl II n’est pas mentionné car les textes parlent uniquement d’E nunna, alors qu’existe mention de allurum ; des émissaires viennent d'ailleurs de chez lui ([A.2800], [ARM II 128]), au même titre que d'E nunna56. Il faut tenir compte de quatre ambassades d'E nunna dans le dossier laissé par Itûr-asdû. La première ambassade est celle conjointe de Hâpirum et de ama -bani [A.2734] ; on ne sait ce qu’ils venaient faire à Mari, si ce n’est peut-être proposer ce dont le refus entraîna la venue d’Ii-Nabû, puis des ambassadeurs de allurum. Quoiqu’ils aient reçu leur wu’’urtum, ce qui est à la fois l’autorisation de partir et les messages à livrer à leur retour, ils n’ont montré nul empressement à rentrer chez eux, ce qui sera le fait d’autres ambassades. Manifestement ils comptaient revenir à la charge, voire observer ce qui se passait à Mari. On les avait pourtant mis à la portion congrue et leur entretien était désormais à leurs frais. On note par la même occasion que celui que l’on tient pour le gouverneur de la capitale n’avait pas l’autorité suffisante pour faire partir de force des ambassadeurs. Mais il est aussi possible que l’on ne fût pas prêt sur les Bords-de-l’Euphrate à une opposition frontale avec E nunna. La deuxième ambassade d'E nunna est celle de ama -rê’î, un « messager » [A.2], et la troisième celle d’Ii-Nabûm [A.2012]. Les lettres [A.2800] et [ARM II 128] sont concomitantes ; en fait les deux ambassadeurs/envoyés ont dû se croiser à Mari, même si nous ne pouvons pas assurer qu’il y a eu rencontre avec Hâpirum et ama -bani. La première ambassade est de retour d’Andarig et sur le chemin du retour pour E nunna ; la seconde vient d’E nunna et cherche à voir le roi de Mari. Les deux ambassadeurs semblent tous deux de très mauvaise humeur, certainement parce qu’ils se rendent compte, manifestement, qu’il vont être déçus dans le succès de leurs missions. Que pouvait faire ama -rê’î à Andarig sinon essayer de pousser Qarnî-Lîm à ne pas accepter l’installation de Simah-ilânê à Kurdâ ? Il est dommage que nous ne sachions pas quelles compensations aurait obtenues Qarnî-Lîm pour la réalisation d’une opération qu’il devait certainement sentir comme limitant ses ambitions. Le fait qu’un accompagnateur ait été refusé à ama -rê'î à Andarig ([A.2], [A.2800]) montre néanmoins le peu de succès qu’il avait dû rencontrer. Sans doute le fait que l’ambassadeur reste à Mari n’était-il pas dû au simple plaisir de vivre sur les réserves du palais, puisqu’à partir d’un certain moment le train de vie d’un envoyé était à sa charge ([A.2734]). Il devait sans doute vouloir se concerter avec son confrère Ii-Nabû ou, peut-être même, assister à l’arrivée de Simah-ilânê. C’est lui qui arrive le premier à Mari puisque Zimrî-Lîm avait recommandé lui-même avant de partir (pour la région de la Forteresse de Yahdun-Lîm) de ne ne pas le laisser s’éterniser dans la capitale ([A.2]). Ii-Nabû était mandaté auprès de Zimrî-Lîm. Il prétexte la fatigue de ses ânes pour rester à Mari ([A.2012]). Sans doute sa mauvaise humeur était-elle suscitée par ce qu’il venait d’apprendre grâce aux bavardages de Yanibum ; mais il est aussi possible qu’il ait attendu d’autres émissaires en provenance d’E nunna. L’ambassade d’Ii-Nabû est rejointe par des gens qui viennent de chez allurum ([A.2800]) : ils se composent d’un Mariote, ûb-na-El de Tizrah, de la province de Mari, sans doute celui qui avait été envoyé comme ambassadeur ; [ARM II 128] montre que les deux porteurs de sacs scellés (a sikkî) sont ajoutés au convoi d’Ii-Nabû. Leurs noms sont donnés par [A.2800], Ahhû-âbû et Ipiq-Mammi ; il semble cependant qu’il y ait une autre ambassade envoyée par allurum lui-même, dont on ne connaît pas l’identité. [A.2800] : 15-16 reprend le compte de tous ces E nunnéens : « (donc) deux ambassadeurs57 d’E nunna et un ambassadeur de allurum. »
56
La présence de allurum à E nunna est donc bien antérieure au moment où on le voit conduire une armée
au Sûhum. 57 Dans [A.2800] les dumu-me-e i-ip-ri a sí-ik-ki (l. 11-12) sont repris par le simple dumu-me-e i-ip-ri (l.15); sikkum doit désigner ici la sacoche scellée où se trouvaient les documents diplomatiques confidentiels et pourrait
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Jean-Marie DURAND
Le tout devait former un convoi conséquent et ils devaient apporter, tant du point de vue d’Ibâlpêl II que de allurum, des nouvelles. La première de ces lettres semble indatable désormais, à moins qu’il n’y soit fait allusion à une crue d’octobre-novembre, ce qui la mettrait effectivement en tête de toute la correspondance préservée. Le thème de la pluie sert à dater les documents : on doit être au mois xi pour que les ambassadeurs ne veuillent pas se mettre en route, afin de faire se reposer leurs ânes et le « 5 » dont il est question en [A.2800] doit être le 5-xi, une semaine avant l’arrivée de Simah-ilânê et le retour de ZimrîLîm. Au moins les gens qui accompagnaient Ii-Nabû ont-ils pu avoir une chance d’apercevoir le prince de Kurdâ, puisqu’Ii-Nabû est attesté à Mari au moment où Simah-ilânê arrivait. 260 [A.4281] Itûr-asdû au roi. Nouvelles venant d’E nunna, comme quoi la crue avait emporté la ville d’Uragal. [a-n]a be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma [u]-um up-pí an-ni-e-em a-na é-er [be-lí]-ia ú-a-bi-lam [I] dsu'en-e-me [wa-ra-ad lu]gal è -nun-naki [na-a-p]a-ar-tam58 [ub]lam [um-ma u-m]a [iti ki-in]-ki-im [u x-kam ] a-lam4(LUM) ú-ra-ga-al{ki}59 [mi-lu]-um i-na li-ib-bi íd it-ba-al ù li-ib-ba-a[m ma-ar-a-a]m-ma a-ia-i-i[m id-bu-ba-am] a-l[um ma-riki ù é-kál-lum] a-lim
2 4 6 8 Tr. 10 Rev. 12 14 16 Tr. 18
(l. blanche.) 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. 5 Le jour où 6 j’envoie cette tablette de moi 5 chez 6 mon seigneur, 7 Sîn- eme, le serviteur du roi d’E nunna, 10 m’a apporté une missive, 11 disant : « 13 Le x 12 du mois de kinkum, 14 la crue 15 a emporté 13 la ville d’Uragala) 14 au milieu 15 du fleuve. » Alors, il m’a parlé d’un cœur affligéb). 18 La ville de Mari et le Palais, ça va. a) La ville d'Uragal m'est inconnue. Le signe Ú pourrait être, en fait, un PA sur érasure. b) On trouve à Mari, libbam + adjectif … dabâbum pour signifier « parler d’un cœur (+ qualificatif) …».
être expliqué comme une formation sur SKK et, en référence aux emplois qui indiquent le secret qui entourent la notion de Conseil privé (le sakkakkum), désigner les gens qui font partie du Conseil de l’ambassadeur. Le terme qu'on a pris l'habitude de traduire par « secrétaire d'embassade » (CAD S, p. 255b marque « mng. uncert. ») désignait peutêtre simplement le « porteur d'un sac scellé » ; cf. LAPO 16, p. 541, 597. Pour le sens discuté de a sikkim, cf. LAPO 16, p. 541 et 597. 58
La l. semble avoir été écrite sur érasures.
59
Le signe a sans doute été écrasé par l'enveloppe.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
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261 [A.2734] Itûr-asdû au roi. Des messagers d’E nunna refusent de bouger et vivent à Mari, à leurs frais. Demande d’instructions. a-na be-lí-ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìr-ka-a-ma a-um ha-pí-ri-im ù AN-u-ba-ni 6 dumu-me-e i-ip-ri lú è -nun-naki lú-me-e u-nu wu-ú-ur-ta-u-nu 8 it-ti be-lí-ia im-hu-ru ù sá-SAG e-li-u-nu i-e-em-ma 10 ù wa-a-bu a-na-ku i-ir-ta-am a be-lí-ia Tr. 12 pa-al-ha-ku-[ma] ba-lum be-lí-ia u-a-[u-nu] 14 ú-ul e-le-[i] i-na-an-na [a-nu-um-ma] Rev. 16 i-ip-ru lú-m[e-e u-nu-ti] ku[u]r - [ru-ú] 18 as-sú-re-ma i-na be-la-ni60 lú-me-e u-nu-{ X X} -ti 20 ú-e-é-ma ta-az-zi-im-ta-u-nu a-na e-er be-lí-ia i-ka-a-a-dam-ma ù { X X } li-ib-bi be-lí-ia 22 i-na-az-ziiq 24 an-ni-tam la an-ni-tam up-pí be-lí-ia li-ik-u- dam- ma 26 ak-ki-ma na-a-pa-ar-tim a be-lí i-a-ap-pa-ra-am 28 lu-puú ki Tr. a-lum ma-ri ù é-kál--lim 30 [m]i-[i]m-ma li-ib-bi b[e-l]í-ia la i-na-ah-hi-id 2
1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Au sujet de Hâpirum et d’Il- u-bâni, 6 messagers d’E nunna, 7 ces gens 8 ont reçu de mon seigneur 9 leurs instructions (de départ). 9 Donc les rations (de farine) sont moulues (désormais) à leur chargea). 10 Or, ils ne bougent pas ! 11 Pour ma part, 12 par crainte 11 d’une punition de la part de mon seigneur, 14 je ne peux 13 leur faire quitter Mari sans l’aveu de mon seigneur. 15 Maintenant, voilà que 16 les rations alimentaires b) de ces gens 17 sont congrues. 18 Il ne faudrait pas, 20 si je fais quitter Maric) à ces gens 18 de forced), que 20 leurs plaintes 21 n’arrivent chez mon seigneur et qu’22alors le cœur de mon seigneur 23 ne s’irrite. 24 Ce qu’il doit en être, une tablette de mon seigneur 25 doit m’arriver 28 afin que j’agisse 26 en fonction de la missive 27 que mon seigneur m’aura envoyée. 29 La ville de Mari et le Palai. 5
60 Dans ce passage le signe est clairement NU, mais dans le passage parallèle de A.2012 : 22 le signe est nettement BE. G.D. dans son cahier de transcription a lu i-na ú-la-[.
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Jean-Marie DURAND 31
Que mon seigneur 30 n’aille rien s’imaginer de fâcheux.
a) Un problème de l'administration mariote est celui des rations alimentaires de ceux qui ne fournissent plus le travail attendu d’eux. Une forme (N) de ênum « moudre » (-n est assimilé au -ma subséquent) donne iên-ma : « leur sportule est moulue » (cf. CAD , p. 99a, sub 3') ; eli-unu signifie dès lors, comme attendu, « à leurs frais ». On peut en déduire que le Palais ne considérait les ambassadeurs à sa charge que pour la période allant de leur arrivée jusqu'au moment de leur congé (wu'urtum). b) Le i- à l’initiale me paraît plus sûr que le ù- de G.D. que l’on n’attend d’ailleurs pas en telle position. Pour l’écriture i-ip-ri, cf. TCL X 96 :3 ; kurrûm a le sens de « diminuer ». c) Le parallèle de [A.2012] : ú-e-e-í-u indique qu’il s’agit d’un inaccompli. d) L' expression mariote pour signifier qu'une action est faite contre le gré de quelqu'un est soit belâni (ou tillâni ?) soit nullâni. Dans ARMT XXVI/1 p. 436, n. b) ad n° 207, ou dans LAPO 18, index, p. 546, j'ai proposé une lecture par BE, en accord avec les graphies de Mari (dans le présent texte aussi BE et NU sont bien distingués) et un sens de « par astuce » ou « par ruse ». CAD N/2, p. 333a s'est décidé pour nullânû avec un sens de « evil, fraudulent intention ». Cette signification ne convient pas ici. Pour un sens « de force », cf. le parallèle de [A.2012] : 22, à propos d’un envoyé d’E nunna.
262 [A.218] Itûr-asdû au roi. Ordres du roi à son départ, mais le messager d’E nunna ne veut pas partir tant que son accompagnateur reste à Andarig. a-na be-lí- ia qíbíma um-ma i-túr-ás-du 4 ìrka-a- ma be-lí i-na pa-ni wa-é-u ki-a-am 6 ú-wa-e-raan-ni um-ma-a-mi dutu-sipa dumu i-ip-ri-im ki 8 lú è -nun-na ki ú-ru-us-sú i-na ma-ri Tr. 10 la i-ka-alla an-ni-tam be-lí ú-wa-e-ra-an-ni sipa Rev. 12 a-na dutudumu i-ip-ri-im lú-è -nun-naki aq-bi um-ma a-na-kuma 14 at-la-ak la ta-ka-al-la 16 ù lú u-ú ki-a-am i-pu-la-an-ni um-ma-a-mi a-di a-li-ik i-di-ia ki 18 i-na an-da-ri-ig i-ka-a-a-dam ú-ul u-í an-ni-tam i-pu-l[a-a]n-/ni 20 i-na-an-na a-nu-um-ma a-na e-er be-lí-ia á[-ta-pa-ar] Tr. 22 ak-ki-ma na-a-pa-ar-[tim] a be-lí i-a-ap-pa-ra-am 24 lupuu a-lum ma-riki ù é-kál-lum a-li[m]
2
1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Avant de partir, mon seigneur 6 m’avait donné les instructions 5 suivantes : « 9 Expédie 7 ama rê’î, le messager 8 e nunnéen ; 10 qu’il ne s'attarde pas 9 à Mari ! » 11 Telles étaient les instructions de mon seigneur. 18 J’ai dit 12 à ama -rê’î, 13 messager e nunnéen : « 15 Va ! Ne t'attarde pas ! » 16 Or, cet individu m’a répondu ceci : « 17 Tant que mon escorteur 19 n’est pas arrivé 18 d’Andariga), je ne quitterai pas Mari ! » Voilà ce qu'il m'a répondu ! 5
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur 20
Maintenant voilà que 21 j’en informe mon seigneur seigneur m’enverra. 25 La ville de Mari et le Palais, ça va.
24
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pour agir 22 selon le message 23 que mon
a) Dans cet exemple ina a la même valeur séparative que dans ina… waûm.
263 [A.2012] Itûr-asdû au roi. Ii-Nabû, messager d’E nunna, renonce à rejoindre le roi, vu l’état de ses ânes.
2 4 6 8 Tr. 10 12 Rev. 14 16 18 20 22 Tr. 24 26 C. 28
a-na be-l[í-ia] qíbí[m]a um-ma i-t[úr]-ás-du ìr-ka-a-ma be-lí i-na pa-ni wa-é-u ki-a-em? ú-wa-e-ra-an-ni um-ma-a-mi i-í-na-bu-ú dumu i-ip-ri-im lú è -nun-naki wa-ar-k[i-ia ú-ur]-da-a-u an-ni-tam be-lí ú-wa-[e-ra-an-ni] a-na i-í-na-bu-[ú] dumu i-ip-ri-im lú è[ -nun-naki] aq-bi um-ma a-na-ku-m[a] wa-ar-ki be-lí-i[a] at-la-ak la tu-ha-ar an-ni-tam a-na lú a-a-ti aq-bi-ma ù ki-a- am i-pu-la-an-ni um-ma-a-mi an e-há-ia [m]a-aq-tu i-na e-pí-ia a-la-ka-am ú-ul e-li-i an-ni-tam i-pu-la-an-ni na-ú(TU)-ú-ma a-na-ku ba-lum be-lí-ia i-na be-la-ni ú-e-e-í-u an-ni-tam la an-ni-tam [b]e-lí li-i-pu-ra-am-ma [ak]-ki-m[a na-a]-pa-[ar]-tim [a be-lí-i]a [l]u-p[u-u] a-[lu]m ma-riki ù é-kál-lum []alim 1
Dis à mon seigneur : ainsi parle Itûr-asdû, ton serviteur. Mon seigneur, avant de quitter Mari, 6 m’avait donné les instructions 5 suivantes : « 7 Ii-Nabû, messager 8 e nunnéen, expédie-le me rejoindrea) ! » 9 Voilà mes instructions de la part de mon seigneur. 12 J’ai dit 10 à Ii-Nabû, messager e nunnéen : « 14 Pars 13 rejoindre mon seigneur ; 14 ne tarde 15 pas ! » Voilà ce que j’ai dit à cet homme. 16 Or, voilà 17 ce qu’il m’a répondu : « 18 Mes ânes sont à bout ; 19 je ne peux pas faire la route à 20 pied ! » Voilà sa réponse. 21 Est-il convenable que sans l’aveu de mon seigneur 23 je le fasse partir 22 de force ? Mon seigneur 25 doit me faire savoir 24 ce qu’il en est 27 afin que j’agisse 26 selon la missive de mon seigneur. 28 La ville de Mari et le Palais, 29 ça va. 5
a) En m. à m. : envoie-le moi après mon départ…» . L'ambassade était attendue et l'on en avait sans doute envoyé l’annonce (burrûm) au roi. Le départ pour la Forteresse de Yahdun-Lîm était donc quelque chose que le roi ne
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pouvait pas retarder. Cette ambassade d’E nunna n'était pas à négliger, alors que celles qui étaient antérieures avaient été renvoyées chez elles.
Aux ambassades envoyées régulièrement depuis E nunna, s’ajoutent des messagers mariotes revenant de chez allurum avec des messagers de ce dernier. Ils en sont bien distingués, quoiqu’ils semblent venir également d’E nunna, comme le note explicitement [A.2800] en comptant ceux qui sont arrivés. Ce allurum est déconcertant car il semble à égalité de dignité avec Ibâlpêl II mais se trouve à E nunna même. Il a mené les troupes e nunnéennes dans la vallée du Moyen-Euphrate inférieur, alors qu’il ne semble pas y avoir de conflit dans le Nord entre Mari et E nunna, mais une guerre (victorieuse) entre cette dernière et Ékallatum. L’expédition de allurum, même si elle a fort inquiété Mari, n’était sans doute pas dirigée contre elle et ne visait qu’à occuper le terrain évacué par le RHM. Dans FM V, p. 166, n. 644, D. Charpin à propos de Duh ûm, que nous ne situons pas plus mais qui semble avoir été, lui aussi, d’une importance extrême aux yeux d’Ibâlpêl II, s’est demandé si l’on n’avait pas affaire à un prince héritier. allurum a la même place que Duh ûm (qui nous est moins documenté) et l'écart temporel n'est pas assez grand entre les deux pour que l’on suppose deux princes héritiers, à moins d’identifier les deux personnages, ce qui pour l’heure serait immotivé. Nous savons peu de choses à propos de la royauté à E nunna. Il pouvait y exister un système aussi complexe que celui qui a été postulé pour l'Iran élamite avec plusieurs chefs contemporains, le roi d'E nunna jouant localement le même rôle que le sukkal-mah dans le monde élamite ; l’étendue du royaume d’E nunna n'était cependant pas comparable à celle de l'empire élamite. Il ne peut que difficilement s'agir du roi d'une ville associée à E nunna — même si le royaume semble avoir été moins unitaire qu'on ne le croit d'habitude — ou d'un prince allié, comme ceux de Dêr ou de Malgi'um, car allurum reçoit dans la correspondance d'Itûrasdû la qualification explicite d'e nunnéen, ce qui ne serait pas le cas, s'il était roi ailleurs. On peut aussi penser que allurum était en fait le représentant élamite à E nunna61, comme La-nasûm était hazzannum à Tuttul pour le roi de Mari et, à ce titre, pouvait prendre la tête de forces armées62.
264 [ARM II 128] Itûr-asdû au roi. Des Mariotes sont arrivés de chez allurum. Ils partiront avec Ii-Nabûm, messager d’E nunna, pour chez le roi. Un messager d’E nunna attend son escorteur depuis Andarig pour rentrer chez lui. Itûr-asdû a demandé à (Qarnî-Lîm) de le lui renvoyer. a-na be-lí-ia qí-bí-ma um-ma i-túr-ás-du ìr-ka-a-ma u-um up-pí an-né-e-em a-na []e-er be-lí-ia ú-a-bi-lam 2 dumu-me-e i-ip-ri a sí-ik-[k]i i-tu ma-h[a]-ar a-al-lu-ri(RU)-im lú è -nun-naki a-na ma-riki a-na e-er be-lí-ia il-li-ku-nim i-na-an-[n]a it-ti i-í-[n]a-bu-ú dumu i-ip-ri-im lú è -nun-naki u-ta-a-bi-ta-a-u-nu-ti-ma a-na e-er be-lí-ia a-à-ar-da-a-u-nu-ti a-nitam a-na dutu-sipa lú è -nun-naki a i-tu an-da-ri-igki
2 4 6 8 10 12 14 16 18
61 Cf. ma communication « La “suprématie élamite” sur les Amorrites. Réexamen, vingt ans après la XXXVIe RAI (1989) », dans Susa and Elam. Archaeological, Philological, Historical and Geographical Perspectives. Proceedings of the International Congress held at Ghent University, December 14-17, 2009, MDP 58, K. De Graef & J. Tavernier éd., Leyde/Boston, 2013, p. 329-339) où j'ai proposé qu’E nunna n’ait été en réalité qu'une des façades de l’Élam sur les royaumes amorrites, comme devait l’être le royaume de Larsa dans le Sud. 62
Cf. ARMT XXXIV.
La Correspondance d’Itûr-asdû avant Nahur
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il- li-kam ki-a-am aq-bi-um um-ma a-na-ku-ma a-na è -nun-naki at-la-ak la-a tu-ha-ar ù lú u-ú ki-a-am i-pu-la-anni um-ma-a-mi ha-am-mi-an-dùl-lí a-li-ik i-di-ia i-tu an-da-ri-igki