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French Pages 704 Year 1989
KARL MARX FRIEDRICH ENGELS GESAMTAUSGABE (MEGA) ZWEITE ABTEILUNG „DAS K A P I T A L " U N D V O R A R B E I T E N BAND 7
Herausgegeben vom Institut für Marxismus-Leninismus beim Zentralkomitee der Kommunistischen Partei der Sowjetunion und vom Institut für Marxismus-Leninismus beim Zentralkomitee der Sozialistischen Einheitspartei Deutschlands
KARL MARX LE CAPITAL PARIS 1872-1875 TEXT
DIETZ VERLAG BERLIN 1989
Redaktionskommission der Gesamtausgabe: Günter Heyden und Georgi Smirnow (Leiter), Erich Kundel und Alexander Malysch (Sekretäre), Georgi Bagaturija, Rolf Dlubek, Heinrich Gemkow, Lew Golman, Michail Mtschedlow, Richard Speri Redaktionskommission der Zweiten Abteilung: Alexander Malysch (Leiter), Larissa Miskewitsch, Manfred Müller, Roland Nietzold, Hannes Skambraks, Witali Wygodski Bearbeitung des Bandes: Werner Krause (Leiter), Bernhard Henschel, Hans-Manfred Militz Gutachter: Irina Antonowa, Larissa Miskewitsch und Hannes Skambraks
M a r x , Karl: G e s a m t a u s g a b e : ( M E G A ) / K a r l M a r x ; F r i e d r i c h E n g e l s . H r s g . v o m Inst, für M a r x i s m u s - L e n i n i s m u s b e i m Z K d . K P d S U u . v o m Inst, für M a r x i s m u s - L e n i n i s m u s b e i m ZK d. S E D . - Berlin : D i e t z V e r l . [Sammlung]. A b t . 2 . „Das K a p i t a l " u n d V o r a r b e i t e n Bd. 7. Le capital : Paris 1 8 7 2 - 1 8 7 5 / K a r l M a r x . Text. - 1989. - 42, 701 S. : 7 A b b . A p p a r a t . - 1989. - S. 7 0 3 - 1 4 4 1 : 19 A b b . II. A b t . I S B N 3-320-00050-0 Bd. I I / 7 I S B N 3-320-00065-9 Text u n d Apparat Mit 26 Abbildungen © D i e t z Verlag Berlin 1989 L i z e n z n u m m e r 1 • L S V 0046 Technische Redaktion: Friedrich Hackenberger, Jutta Knopp u n d H e i n z Ruschinski K o r r e k t u r : H a n n a B e h r e n d t , Eva M e n d l , A n n e l i e s S c h w a b e u n d Sigrid W i t t e n b e r g Einband: Albert Kapr Typografie: A l b e r t K a p r / H o r s t K i n k e l Schrift: T i m e l e s s - A n t i q u a u n d M a x i m a Printed in the German Democratic Republic G e s a m t h e r s t e l l u n g : I N T E R D R U C K G r a p h i s c h e r G r o ß b e t r i e b Leipzig, B e t r i e b der a u s g e z e i c h n e t e n Q u a l i t ä t s a r b e i t P a p i e r h e r s t e l l u n g : V E B D r u c k - u n d Spezialpapiere G o l z e r n Best.-Nr.: 744 865 4 13500
Inhalt
Einleitung
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Editorische Hinweise
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Le capital. Traduction de M.J.Roy, entièrement revisée par l'auteur. Paris 1872-1875 Karl Marx an Maurice La Châtre, 18. März 1872 Maurice La Châtre an Karl Marx Préface de la première édition Livre premier. Développement de la production capitaliste Première section. Marchandise et monnaie Chapitre I . La marchandise I. Les deux facteurs de la marchandise: Valeur d'usage et valeur d'échange ou valeur proprement dite (Substance de la valeur Grandeur de la valeur) II. Double caractère du travail présenté par la marchandise III. Forme de la valeur A. Forme simple ou accidentelle de la valeur a) Les deux pôles de l'expression de la valeur: sa forme relative et sa forme équivalente b) La forme relative de la valeur 1) Contenu de cette forme 2) Détermination quantitative de la valeur relative c) La forme d'équivalent et ses particularités d) Ensemble de la forme valeur simple B. Forme valeur totale ou développée a) La forme développée de la valeur relative b) La forme équivalent particulière c) Défauts de la forme valeur totale ou développée er
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Inhalt C. Forme valeur generale a) Changement de caractère de la forme valeur b) Rapport de développement de la forme valeur relative et de la forme équivalent c) Transition de la forme valeur générale à la forme argent D. Forme monnaie ou argent IV. Le caractère fétiche de la marchandise et son secret Chapitre II. Des échanges Chapitre III. La monnaie ou la circulation des marchandises I. Mesure des valeurs II. Moyen de circulation a) La métamorphose des marchandises b) Cours de la monnaie c) Le numéraire ou les espèces - Le signe de valeur III. La monnaie ou l'argent a) Thésaurisation b) Moyen de payement c) La monnaie universelle Deuxième section. La transformation de l'argent en capital Chapitre IV. La formule générale du capital Chapitre V. Contradictions de la formule générale du capital Chapitre VI. Achat et vente de la force de travail Troisième section. La production de la plus-value absolue Chapitre VII. Production de valeurs d'usage et production de la plusvalue I. Production de valeurs d'usage II. Production de la plus-value Chapitre VIII. Capital constant et capital variable Chapitre IX. Le taux de la plus-value I. Le degré d'exploitation de la force de travail II. Expression de la valeur du produit en parties proportionnelles du même produit ili. La Dernière heure de Senior IV. Le produit net Chapitre X. La journée de travail I. Limite de la journée de travail II. Le capital affamé de surtravail - Boyard et Fabricant III. La journée de travail dans les branches de l'industrie anglaise ou l'exploitation n'est pas limitée par la loi IV. Travail de jour et de nuit - Le système des relais V. Lois coercitives pour la prolongation de la journée de travail depuis le milieu de quatorzième jusqu'à la fin du dix-septième siècle VI. Lutte pour la journée de travail normale - Limitation légale coercitive du temps de travail. La législation manufacturière anglaise de 1833 à 1864
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46 47 49 50 51 52 63 71 71 80 80 90 98 102 103 107 114 117 117 125 135 145 145 145 153 163 174 174 181 184 189 190 190 194 201 213 221
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Inhalt VII. La lutte pour la journée de travail normale - Contre-coup de la législation anglaise sur les autres pays Chapitre XI. Taux et masse de la plus-value Quatrième section. La production de la plus-value relative Chapitre XII. La plus-value relative Chapitre XIII. Coopération Chapitre XIV. Division du travail et manufacture I. Double origine de la manufacture II. Le travailleur parcellaire et son outil III. Mécanisme général de la manufacture - Ses deux formes fondamentales: Manufacture hétérogène et manufacture sérielle IV. Division du travail dans la manufacture et dans la société V. Caractère capitaliste de la manufacture Chapitre XV. Machinisme et grande industrie I. Développement des machines et de la production mécanique II. Valeur transmise par la machine au produit III. Réaction immédiate de l'industrie mécanique sur le travailleur a) Appropriation des forces de travail supplémentaires - Travail des femmes et des enfants b) Prolongation de la journée de travail c) Intensification du travail IV. La Fabrique V. Lutte entre travailleur et machine VI. Théorie de la compensation VII. Répulsion et attraction des ouvriers par la fabrique - Crises de l'industrie cotonnière VIII. Révolution opérée dans la manufacture, le métier et le travail à domicile par la grande industrie a) Suppression de la coopération fondée sur le métier et la division du travail b) Réaction de la fabrique sur la manufacture et le travail à domicile c) La manufacture moderne d) Le travail moderne à domicile e) Passage de la manufacture moderne et du travail à domicile à la grande industrie IX. Législation de fabrique X. Grande industrie et agriculture Cinquième section. Recherches ultérieures sur la production de la plusvalue Chapitre XVI. Plus-value absolue et plus-value relative Chapitre XVII. Variations dans le rapport de grandeur entre la plus-value et la valeur de la force de travail Chapitre XVII. Variations dans le rapport de grandeur entre la plus-value et la valeur de la force de travail
252 257 266 266 276 288 288 290 293 301 309 317 317 330 337 337 345 350 359 367 376 385 397 397 399 400 403 407 417 437 440 440 448 448
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Inhalt I. Données: Durée et intensité du travail constantes - Productivité variable II. Données: Durée et productivité du travail constantes - Intensité variable III. Données: Productivité et intensité du travail constantes - Durée du travail variable IV. Données: Variations simultanées dans la durée, la productivité et l'intensité du travail Chapitre XVIII. Formules diverses pour le taux de la plus-value Sixième section. Le salaire Chapitre XIX. Transformation de la valeur ou du prix de la force de travail en salaire Chapitre XX. Le salaire au temps Chapitre XXI. Le salaire aux pièces Chapitre XXII. Différence dans les taux des salaires nationaux Septième section. Accumulation du capital Introduction Chapitre XXIII. Reproduction simple Chapitre XXIV. Transformation de la plus-value en capital I. Reproduction sur une échelle progressive - Comment le droit de propriété de la production marchande devient le droit d'appropriation capitaliste II. Fausse interprétation de la production sur une échelle progressive III. Division de la plus-value en capital et en revenu - Théorie de l'abstinence IV. Circonstances qui, indépendamment de la division proportionnelle de la plus-value en capital et en revenu, déterminent l'étendue de l'accumulation - Degré d'exploitation de la force ouvrière - Productivité du travail - Différence croissante entre le capital employé et le capital consommé - Grandeur du capital avancé V. Le prétendu fonds du travail (labour-fund) Chapitre XXV. Loi générale de l'accumulation capitaliste I. La composition du capital restant la même, le progrès de l'accumulation tend à faire monter le taux des salaires II. Changements successifs de la composition du capital dans le progrès de l'accumulation et diminution relative de cette partie du capital qui s'échange contre la force ouvrière III. Production croissante d'une surpopulation relative ou d'une armée industrielle de réserve IV. Formes d'existence de la surpopulation relative - La loi générale de l'accumulation capitaliste V. Illustration de la loi générale de l'accumulation capitaliste a) L'Angleterre de 1846 à 1866 b) Les couches industrielles mal payées
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Inhalt c) La population nomade - Les mineurs d) Effet des crises sur la partie la mieux payée de la classe ouvrière e) Le prolétariat agricole anglais f) Irlande Huitième section. L'accumulation primitive Chapitre XXVI. Le secret de l'accumulation primitive Chapitre XXVII. L'expropriation de la population campagnarde Chapitre XXVIII. Législation sanguinaire contre les expropriés à partir de la fin du quinzième siècle - Lois sur les salaires Chapitre XXIX. Genèse des fermiers capitalistes Chapitre XXX. Contre-coup de la révolution agricole sur l'industrie Établissement du marché intérieur pour le capital industriel Chapitre XXXI. Genèse du capitaliste industriel Chapitre XXXII. Tendance historique de l'accumulation capitaliste Chapitre XXXIII. La théorie moderne de la colonisation Avis au lecteur Extraits de la postface de la seconde édition allemande Table des matières
585 589 593 616 631 631 634
APPARAT
703
REGISTER
1331
651 660 662 667 677 680 690 691 698
Verzeichnis der Abbildungen Titelblatt der französischen Ausgabe
3
Porträt von Karl Marx in der französischen Ausgabe
5
Marx an Maurice La Châtre, 18. März 1872. Faksimile in der französischen Ausgabe
7
Seite 13 der französischen Ausgabe
17
Seite 139 der französischen Ausgabe
273
Seite 246 der französischen Ausgabe
489
Seite 351 der französischen Ausgabe mit dem Druckfehlerverzeichnis
701
Erste Umschlagseite der ersten Heftlieferung der französischen Ausgabe mit Widmung von Marx an seine Tochter Jenny Longuet
737
Ausgewählte Seiten des Widmungsexemplars der französischen Ausgabe für Jenny Longuet mit Korrekturen von Marx Seite 188 Seite 189
738 739
9*
Inhalt Seite 190 Seite 191 Seite 219 Seite 220 Seite 221 Seite 222 Seite 223 Seite 226 Seite 243 Seite 244 Seite 264 Seite 265 Seite 273 Seite 274 Seite 321 Seite 322
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Einleitung
Der v o r l i e g e n d e Band d e r MEGA e n t h ä l t d i e f r a n z ö s i s c h e A u s g a b e d e s e r s t e n B a n d e s v o n Karl M a r x ' W e r k „Das Kapital. Kritik d e r politischen Ö k o n o m i e " , die v o n 1872 bis 1875 im Verlag M a u r i c e Lachâtre, Paris, e r s c h i e n . J o s e p h Roy h a t t e im Auftrag v o n M a r x die Ü b e r s e t z u n g d e s W e r k e s n a c h d e r 2 . d e u t s c h e n Auflage v o n 1872 a n g e f e r t i g t . M a r x unt e r z o g d i e s e T e x t f a s s u n g e i n e r d u r c h g e h e n d e n kritischen Ü b e r a r b e i t u n g , die e i n e B e r e i c h e r u n g d e r ö k o n o m i s c h e n T h e o r i e u n d Präzisier u n g d e s T e x t e s zur Folge hatte. I n s g e s a m t e n t h ä l t sie T e x t e n t w i c k l u n g e n u n t e r s c h i e d l i c h e r Art. M a r x b e t r a c h t e t e die von ihm a u t o r i s i e r t e f r a n z ö s i s c h e A u s g a b e d e s e r s t e n B a n d e s d e s „Kapitals" als reifes W e r k , d a s e i n e n w i s s e n s c h a f t l i c h e n W e r t u n a b h ä n g i g v o m Original b e s i t z e u n d a u c h von Lesern h e r a n g e z o g e n w e r d e n sollte, d i e mit d e r d e u t s c h e n S p r a c h e v e r t r a u t sind. So f o r m u l i e r t e er im „Avis au l e c t e u r " , das die Datierung „ L o n d r e s , 28 avril 1875" trägt: „ Q u e l l e s q u e s o i e n t d o n c les i m p e r f e c t i o n s littéraires d e c e t t e édition f r a n ç a i s e , elle p o s s è d e u n e v a l e u r scientifique i n d é p e n d a n t e d e l'original e t doit ê t r e c o n s u l t é e m ê m e par les l e c t e u r s familiers a v e c la l a n g u e a l l e m a n d e . " (S. 690.) Die Erarbeitung d e r f r a n z ö s i s c h e n A u s g a b e d e s e r s t e n B a n d e s d e s „Kapitals" stellt e i n e w i c h t i g e Etappe in M a r x ' Schaffen d a r . Ihre Veröff e n t l i c h u n g m a r k i e r t e i n e n b e d e u t e n d e n Fortschritt in d e r Entwicklung d e r M a r x s c h e n ö k o n o m i s c h e n Lehre. Die in d e r f r a n z ö s i s c h e n A u s g a b e e n t h a l t e n e n V e r ä n d e r u n g e n im V e r g l e i c h z u r 2. d e u t s c h e n Auflage - Z u s ä t z e , W e g l a s s u n g e n o d e r Neuf o r m u l i e r u n g e n , keinesfalls b l o ß e E r g ä n z u n g e n d u r c h n e u e s statistis c h e s Material, n e u e Belegstellen, Q u e l l e n u s w . - sind t e i l w e i s e t h e o r e t i s c h e D a r l e g u n g e n , die z u m e r s t e n m a l a n e n t s p r e c h e n d e n Textstellen e r s c h e i n e n . Aufgrund d i e s e r Originalität besitzt die f r a n z ö s i s c h e Aus-
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Editorische Hinweise n e n n a m e n , w o b e i literarische u n d m y t h o l o g i s c h e N a m e n e i n b e z o g e n w e r d e n . A u f g e n o m m e n w e r d e n a u c h die V e r f a s s e r von Veröffentlic h u n g e n , d i e i m T e x t s e l b s t nicht g e n a n n t , a b e r d e r e n A r b e i t e n direkt o d e r indirekt e r w ä h n t o d e r zitiert w e r d e n . Die a l p h a b e t i s c h e Einordn u n g d e r P e r s o n e n n a m e n erfolgt n a c h ihrer a u t h e n t i s c h e n S c h r e i b w e i s e , bei g r i e c h i s c h e n u n d kyrillischen N a m e n n a c h d e r e n t s p r e c h e n d e n t r a n s k r i b i e r t e n Form. Alle von d e r a u t h e n t i s c h e n Form a b w e i c h e n d e n S c h r e i b w e i s e n d e s Edierten T e x t e s w e r d e n d e r a u t h e n t i s c h e n S c h r e i b w e i s e in r u n d e n K l a m m e r n beigefügt. Das S a c h r e g i s t e r ist in d e u t s c h e r S p r a c h e a n g e l e g t , um d e n Z u s a m m e n h a n g d e r f r a n z ö s i s c h e n A u s g a b e mit d e n d e u t s c h e n Auflagen d e s e r s t e n B a n d e s d e s „Kapitals" zu w a h r e n . In A n l e h n u n g an d a s S a c h r e g i s t e r z u r 2. d e u t s c h e n Auflage (siehe MEGA® 11/6) umfaßt es die Begriffe, die d e n w e s e n t l i c h e n Inhalt d e r Arbeiten von M a r x u n d d i e Entwicklung s e i n e r Auffassungen bis z u m E r s c h e i n e n d e r v o r l i e g e n d e n a u t o r i s i e r t e n f r a n z ö s i s c h e n A u s g a b e w i d e r s p i e g e l n . S o w e i t die S c h l a g w o r t e unmittelbar d e m d e u t s c h e n Text e n t s t a m m e n , e r l a u b e n sie z u g l e i c h d e n Z u g a n g z u d e n F o r m u l i e r u n g e n i m Original. A b w e i c h u n g e n g e g e n ü b e r d e r 2. d e u t s c h e n Auflage w e r d e n s e l b s t v e r s t ä n d l i c h b e r ü c k s i c h t i g t ; für die Erfassung n e u e r G e d a n k e n g ä n g e w u r d e a u c h d e r Text d e r 3 . u n d 4. d e u t s c h e n Auflage h e r a n g e z o g e n , in die die w i c h t i g s t e n V e r ä n d e r u n g e n d e s f r a n z ö s i s c h e n T e x t e s ü b e r n o m m e n w o r d e n sind. Der v o r l i e g e n d e Band w u r d e im R a h m e n e i n e r K o o p e r a t i o n s v e r e i n b a rung mit d e m F o r s c h u n g s b e r e i c h G e s e l l s c h a f t s w i s s e n s c h a f t e n d e r Akad e m i e d e r W i s s e n s c h a f t e n d e r DDR b e a r b e i t e t von W e r n e r Krause (Leiter), B e r n h a r d H e n s c h e l u n d H a n s - M a n f r e d Militz. Das Literatur- u n d d a s N a m e n r e g i s t e r w u r d e n v o n H a n s - M a n f r e d Militz z u s a m m e n g e s t e l l t , d a s S a c h r e g i s t e r von B e r n h a r d H e n s c h e l . Der Band w u r d e s e i t e n s d e r R e d a k t i o n s k o m m i s s i o n v o n H a n n e s S k a m b r a k s b e t r e u t . G u t a c h t e r d e s Instituts für M a r x i s m u s - L e n i n i s m u s b e i m ZK d e r KPdSU w a r e n Irina A n t o n o w a und Larissa M i s k e w i t s c h . Die H e r a u s g e b e r d a n k e n allen w i s s e n s c h a f t l i c h e n E i n r i c h t u n g e n , die bei der Vorbereitung des Bandes Unterstützung gewährten.
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Le capital. Traduction de M.J. Roy, entièrement revisée par l'auteur. Paris 1872-1875
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Porträt von Karl Marx in der französischen Ausgabe
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Marx an Maurice La Châtre, 18. März 1872. Faksimile in der französischen Ausgabe
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Marx an Maurice La Châtre, 18. März 1872
|7| Londres 18 M a r s 1872. A u citoyen M a u r i c e L a Châtre. Cher citoyen, J'applaudis à votre idée de publier la t r a d u c t i o n de « D a s K a p i t a l » en livraisons périodiques. Sous cette forme l'ouvrage sera plus accessible à la classe ouvrière et p o u r m o i cette considération l'emporte sur t o u t e autre. Voilà le b e a u côté de votre médaille, m a i s en voici le revers : La m é t h o d e d'analyse q u e j ' a i employée et qui n'avait pas encore été appliquée a u x sujets é c o n o m i q u e s , r e n d assez ardue la lecture des premiers chapitres, et il 10 est à craindre q u e le public français toujours i m p a t i e n t de conclure, avide de connaître le rapport des principes g é n é r a u x avec les questions i m m é diates q u i le passionnent, ne se rebute parce qu'il n ' a u r a pu t o u t d'abord passer outre. C'est là un désavantage contre lequel je ne puis rien si ce n'est toutefois 15 prévenir et p r é m u n i r les lecteurs soucieux de vérité. Il n ' y a pas de r o u t e royale p o u r la science et ceux-là s e u l e m e n t ont c h a n c e d'arriver à ses somm e t s l u m i n e u x q u i ne craignent pas de se fatiguer à gravir ses sentiers escarpés. Recevez, cher citoyen, l'assurance de m e s sentiments dévoués. 20 Karl Marx. I 5
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Maurice La Châtre an Marx
| 8 | Au citoyen Karl Marx Cher maître, Votre livre « L E CAPITAL» vous a attiré tant de sympathies parmi les classes ouvrières, en ALLEMAGNE, qu'il était naturel qu'un éditeur français eût l'idée de donner à son pays la traduction de cette œuvre magistrale. La RUSSIE a devancé la FRANCE, il est vrai, pour la reproduction de cet ouvrage important; mais notre pays aura l'heureuse fortune de posséder la traduction faite sur le manuscrit de la deuxième édition allemande, avant même son apparition en A L LEMAGNE, et revisée par l'auteur. La FRANCE pourra revendiquer la plus large part dans l'initiation des autres peupies à vos doctrines, car ce sera notre texte qui servira pour toutes les traductions
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qui seront faites du livre, en ANGLETERRE, en ITALIE, en ESPAGNE, en AMÉRIQUE,
partout enfin où se rencontreront des hommes de progrès, avides de connaître et désireux de propager les principes qui doivent régir les sociétés modernes dans l'ancien et le nouveau monde. Le mode de publication que nous avons adopté, par livraisons à Dix CENTIMES, aura cet avantage, de permettre à un plus grand nombre de nos amis de se procurer votre livre, les pauvres ne pouvant payer la science qu'avec l'obole; votre but se trouvera atteint : rendre votre œuvre accessible à tous. Quant à la crainte que vous manifestez de voir les lecteurs s'arrêter devant l'aridite des matières économiques traitées dans les premiers chapitres, l'avenir nous apprendra si elle était fondée. Nous devons espérer que les personnes qui s'abonneront à votre ouvrage, ayant pour objet principal l'étude des doctrines économiques, ne se laisseront pas arrêter dans leur lecture par l'application de vos méthodes analytiques ; chacun comprendra que les premiers chapitres d'un livre d'économie politique doivent être consacrés à des raisonnements abstraits, préliminaires obligés des questions brûlantes qui passionnent les esprits, et qu'on ne peut arriver que graduellement à la solution des problèmes sociaux traités dans les chapitres suivants ; tous les lecteurs voudront vous suivre, - c'est ma conviction, - jusqu'à la conclusion de vos magnifiques théories. Veuillez agréer, cher maître, l'assurance de toutes mes sympathies. MAURICE LACHATRE I
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Préface de la première édition
|9| P r é f a c e d e l a p r e m i è r e é d i t i o n L'ouvrage d o n t je livre au public le p r e m i e r v o l u m e forme la suite d ' u n écrit publié en 1859, sous le titre d e : «Critique de l'économie politique». Ce long intervalle entre les d e u x publications m ' a été i m p o s é par u n e m a l a d i e 5 de plusieurs a n n é e s . Afin de d o n n e r à ce livre un c o m p l é m e n t nécessaire, j ' y ai fait entrer, en le r é s u m a n t d a n s le premier chapitre, l'écrit q u i l'avait précédé. Il est vrai q u e j ' a i cru devoir d a n s ce r é s u m é modifier m o n premier plan d'exposition. Un grand n o m b r e de points d'abord s i m p l e m e n t indiqués sont ici dévelop10 pés a m p l e m e n t , tandis q u e d'autres, c o m p l è t e m e n t développés d'abord, ne sont plus q u ' i n d i q u é s ici. L'histoire de la théorie de la valeur et de la monnaie, par exemple, a été é c a r t é e ; m a i s par contre le lecteur trouvera dans les notes du p r e m i e r chapitre de nouvelles sources p o u r l'histoire de cette théorie. 15 D a n s toutes les sciences le c o m m e n c e m e n t est ardu. Le premier chapitre, principalement la partie qui contient l'analyse de la marchandise, sera d o n c d ' u n e intelligence un p e u difficile. P o u r ce q u i est de l'analyse de la substance de la valeur et de sa quantité, je me suis efforcé d'en r e n d r e l'exposé aussi clair q u e possible et accessible à t o u s les l e c t e u r s . 20 La forme de la valeur réalisée d a n s la forme monnaie est q u e l q u e chose de 1
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C e c i m ' a p a r u d ' a u t a n t p l u s n é c e s s a i r e q u e , m ê m e l'écrit de F. Lassalle c o n t r e S c h u l t z e - D e litzsch, d a n s la partie où il d é c l a r e d o n n e r la « q u i n t e s s e n c e » de m e s idées sur ce sujet, renferme d e graves erreurs. C'est s a n s d o u t e d a n s u n b u t d e p r o p a g a n d e q u e F . Lassalle, t o u t e n évitant d ' i n d i q u e r sa source, a e m p r u n t é à m e s écrits, p r e s q u e m o t p o u r m o t , t o u t e s les p r o p o c i t i o n s t h é o r i q u e s g é n é r a l e s de ses t r a v a u x é c o n o m i q u e s , sur le caractère historique du capital, p a r ' e x e m p l e , sur les liens gui unissent les rapports de production et le mode de production, etc., et m ê m e l a t e r m i n o l o g i e créée par m o i . J e n e suis, b i e n e n t e n d u , p o u r r i e n d a n s les détails o ù i l est e n t r é , ni d a n s les c o n s é q u e n c e s p r a t i q u e s où il a été c o n d u i t et d o n t je n ' a i p a s à m ' o c c u p e r ici.
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Préface de la première édition très-simple. ||10| C e p e n d a n t l'esprit h u m a i n a v a i n e m e n t cherché depuis plus de d e u x mille ans à en pénétrer le secret, tandis qu'il est p a r v e n u à analyser, du m o i n s approximativement, des formes b i e n plus complexes et c a c h a n t un sens plus profond. P o u r q u o i ? Parce que le corps organisé est plus facile à étudier q u e la cellule q u i en est l'élément. D ' u n autre côté, l'analyse des formes é c o n o m i q u e s ne p e u t s'aider du m i c r o s c o p e ou des réactifs fournis par la c h i m i e ; l'abstraction est la seule force q u i puisse lui servir d ' i n s t r u m e n t . Or, pour la société bourgeoise actuelle, la forme marchandise du produit du travail, ou la forme valeur de la m a r c h a n d i s e , est la forme cellulaire économique. P o u r l ' h o m m e peu cultivé l'analyse de cette forme paraît se perdre dans des minuties; ce sont en effet et nécess a i r e m e n t des minuties; m a i s c o m m e il s'en trouve d a n s l'anatomie micrologique. A part ce qui regarde la forme de la valeur, la lecture de ce livre ne présentera pas de difficultés. Je suppose n a t u r e l l e m e n t des lecteurs q u i veulent apprendre q u e l q u e chose de n e u f et par c o n s é q u e n t aussi p e n s e r par eux-mêmes. Le physicien p o u r se rendre compte de procédés de la n a t u r e , ou b i e n étudie les p h é n o m è n e s lorsqu'ils se présentent sous la forme la plus accusée, et la m o i n s obscurcie par des influences perturbatrices, ou bien il exp é r i m e n t e dans des conditions qui assurent a u t a n t q u e possible la régularité de leur m a r c h e . J ' é t u d i e dans cet ouvrage le mode de production capitaliste et les rapports de production et d'échange q u i lui correspondent. L'Angleterre est le lieu classique de cette production. Voilà p o u r q u o i j ' e m p r u n t e à ce pays les faits et les exemples principaux qui servent d'illustration au d é v e l o p p e m e n t de m e s théories. Si le lecteur a l l e m a n d se p e r m e t tait un m o u v e m e n t d'épaules pharisaïque à propos de l'état des ouvriers anglais, industriels et agricoles, ou se berçait de l'idée optimiste q u e les choses sont loin d'aller aussi m a l en Allemagne, je serais obligé de lui crier : De te fabula narratur. Il ne s'agit point ici du développement plus ou m o i n s complet des antagonismes sociaux q u ' e n g e n d r e n t les lois naturelles de la p r o d u c t i o n capitaliste, m a i s de ces lois elles-mêmes, des tendances qui se manifestent et se réalisent avec u n e nécessité de fer. Le pays le plus développé i n d u s t r i e l l e m e n t ne fait q u e m o n t r e r à c e u x q u i le suivent sur l'échelle industrielle l'image de leur propre avenir. M a i s laissons de côté ces considérations. Chez n o u s , là où la p r o d u c t i o n capitaliste a pris pied, p a r exemple dans les fabriques p r o p r e m e n t dites, l'état des choses est de b e a u c o u p plus mauvais q u ' e n Angleterre, parce q u e le contre-poids des lois anglaises fait défaut. D a n s toutes les autres sphères, n o u s s o m m e s , c o m m e t o u t l'ouest de l'Europe continentale, affligés et par
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Préface de la première édition le d é v e l o p p e m e n t de la p r o d u c t i o n capitaliste, et aussi par le m a n q u e de ce développement. Outre les m a u x de l'époque actuelle, n o u s avons à supporter u n e l o n g u e série de m a u x héréditaires provenant de la végétation contin u e de m o d e s de p r o d u c t i o n q u i ont vécu, avec la suite des rapports politi5 ques et sociaux à contre-temps qu'ils engendrent. N o u s avons à souffrir n o n - s e u l e m e n t de la part des vivants, m a i s encore de la part des morts. Le m o r t saisit le vif! C o m p a r é e à la statistique anglaise, la statistique sociale de l'Allemagne et du reste du c o n t i n e n t e u r o p é e n est réellement misérable. Malgré tout, 10 elle soulève un coin du voile, assez pour laisser entrevoir u n e tête de M é duse. Nous serions effrayés de l'état des choses chez nous, si nos gouvernem e n t s et nos parlements établissaient, c o m m e en Angleterre, des c o m m i s sions d'études périodiques sur la situation é c o n o m i q u e ; si ces commissions étaient, c o m m e en Angleterre, armées de pleins pouvoirs 15
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pour la r e c h e r c h e de la vérité; si n o u s réussissions à trouver p o u r cette h a u t e fonction des h o m m e s aussi experts, aussi i m p a r | | l l | t i a u x , aussi rigides et désintéressés q u e les inspecteurs de fabriques de la Grande-Bretagne, q u e ses reporters sur la santé p u b l i q u e (Public H e a l t h ) , q u e ses commissaires d'instruction sur l'exploitation des f e m m e s et des enfants, sur les conditions de l o g e m e n t et de nourriture, etc. Persée se couvrait d ' u n n u a g e pour poursuivre les m o n s t r e s ; n o u s , pour pouvoir nier l'existence des monstruosités, n o u s n o u s plongeons d a n s le n u a g e t o u t entiers, j u s q u ' a u x yeux et aux oreilles. Il ne faut point se faire d'illusions. De m ê m e que la guerre de l'indépend a n c e a m é r i c a i n e au d i x - h u i t i è m e siècle a s o n n é la cloche d'alarme p o u r la classe m o y e n n e en E u r o p e , de m ê m e la guerre civile a m é r i c a i n e au dixn e u v i è m e siècle a s o n n é le tocsin pour la classe ouvrière e u r o p é e n n e . En Angleterre, la m a r c h e du bouleversement social est visible à tous les y e u x ; à u n e certaine période ce bouleversement aura n é c e s s a i r e m e n t son contrecoup sur le continent. Alors il revêtira d a n s son allure des formes plus ou m o i n s brutales ou h u m a i n e s selon le degré de d é v e l o p p e m e n t de la classe de travailleurs. Abstraction faite de motifs plus élevés, leur propre intérêt c o m m a n d e d o n c a u x classes régnantes actuelles d'écarter tous les obstacles légaux qui peuvent gêner le développement de la classe ouvrière. C'est en vue de ce b u t q u e j ' a i accordé dans ce v o l u m e u n e place si i m p o r t a n t e à l'histoire, au c o n t e n u et a u x résultats de la législation anglaise sur les grandes fabriques. U n e n a t i o n p e u t et doit tirer un e n s e i g n e m e n t de l'histoire d ' u n e autre n a t i o n . Lors m ê m e q u ' u n e société est arrivée à découvrir la piste de la loi naturelle qui préside à son mouvement, - et le b u t final de cet ouvrage est de dévoiler la loi é c o n o m i q u e du m o u v e m e n t de la société m o derne, - elle ne p e u t ni dépasser d ' u n saut ni abolir par des décrets les
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Préface de la première édition phases de son développement n a t u r e l ; m a i s elle p e u t abréger la période de la gestation, et adoucir les m a u x de leur enfantement. P o u r éviter des m a l e n t e n d u s possibles, encore un m o t . Je n ' a i pas peint en rose le capitaliste et le propriétaire foncier. M a i s il ne s'agit ici des personnes, q u ' a u t a n t qu'elles sont la personnification de catégories économiques, les supports d'intérêts et de rapports de classes déterminés. M o n point de vue, d'après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire, p e u t m o i n s q u e t o u t autre rendre l'individu responsable de rapports d o n t il reste s o c i a l e m e n t la créature, q u o i qu'il puisse faire p o u r s'en dégager. Sur le terrain de l'économie politique la libre et scientifique recherche rencontre b i e n plus d ' e n n e m i s q u e d a n s ses autres c h a m p s d'exploration. La n a t u r e particulière du sujet qu'elle traite soulève contre elle et a m è n e sur le c h a m p de bataille les passions les plus vives, les plus m e s q u i n e s et les plus haïssables du c œ u r h u m a i n , toutes le furies de l'intérêt privé. La H a u t e Église d'Angleterre, par exemple, p a r d o n n e r a b i e n plus facilement u n e attaque contre trente-huit de ses trente-neuf articles de foi q u e contre un t r e n t e - n e u v i è m e de ses revenus. C o m p a r é à la critique de la vieille propriété, l'athéisme l u i - m ê m e est a u j o u r d ' h u i u n e culpa levis. C e p e n d a n t il est impossible de m é c o n n a î t r e ici un certain progrès. Il me suffit p o u r cela de renvoyer le lecteur au livre bleu publié dans ces dernières s e m a i n e s : « Correspondence with Her Majesty's missions abroad, regarding Industrial Questions and Trade's Unions. » Les représentants étrangers de la c o u r o n n e d'Angleterre y e x p r i m e n t t o u t n e t l'opinion q u ' e n A l l e m a g n e , en F r a n c e , en un m o t dans tous les États civilisés du c o n t i n e n t Européen, u n e transformation des rapports existants entre le capital et le travail est aussi sensible et aussi inévitable q u e d a n s la Grande-Bretagne. En m ê m e temps, par delà l'océan A t l a n t i q u e , M. Wade, vice-président des États-Unis du N o r d de l'Amérique, ||12| déclarait ouvertement dans plusieurs m e e t i n g s publics, qu'après l'abolition de l'esclavage, la question à l'ordre du j o u r serait celle de la transformation des rapports du capital et de la propriété foncière. Ce sont là des signes du temps, q u e ni m a n t e a u x de pourpre ni soutanes noires ne peuvent cacher. Ils ne signifient point que d e m a i n des miracles vont s'accomplir. Ils m o n t r e n t que m ê m e dans les classes sociales régnantes, le pressentiment c o m m e n c e à poindre, q u e la société actuelle, b i e n loin d'être un cristal solide, est un organisme susceptible de c h a n g e m e n t et toujours en voie de transformation. Le second volume de cet ouvrage traitera de la circulation du capital (livre II) et des formes diverses qu'il revêt dans la marche de son développement (livre III). Le troisième et dernier volume exposera Yhistoire de la théorie. Tout j u g e m e n t inspiré par u n e critique vraiment scientifique est p o u r
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Préface de la première édition m o i le b i e n v e n u . Vis-à-vis de préjugés de ce q u ' o n appelle l'opinion publique à laquelle je n ' a i j a m a i s fait de concessions, j ' a i p o u r devise, après c o m m e avant, la parole du grand F l o r e n t i n : Segui il tuo corso, e lascia dir le genti! 5
Londres, 25 juillet 1867. Karl M a r x |
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Développement de la production capitaliste PREMIÈRE SECTION
Marchandise et monnaie 5
CHAPITRE PREMIER La
marchandise I
Les deux facteurs de la marchandise: Valeur d'usage et valeur d'échange ou valeur proprement dite (Substance de la valeur - Grandeur de la valeur)
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La richesse des sociétés dans lesquelles règne le m o d e de p r o d u c t i o n capitaliste s'annonce c o m m e u n e « i m m e n s e a c c u m u l a t i o n d e m a r c h a n d i s e s » . L'analyse de la m a r c h a n d i s e , forme élémentaire de cette richesse, sera par c o n s é q u e n t le point de départ de nos recherches. 15 La m a r c h a n d i s e est d'abord un objet extérieur, u n e chose q u i par ses propriétés satisfait des besoins h u m a i n s de n ' i m p o r t e quelle espèce. Q u e ces besoins aient p o u r origine l'estomac ou la fantaisie, leur n a t u r e ne 1
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Karl M a r x : « Z u r K r i t i k d e r P o l i t i s c h e n Œ k o n o m i e . » Berlin, 1859, p. 3.
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Première section • Marchandise et monnaie 2
change r i e n à l'affaire . Il ne s'agit pas n o n plus ici de savoir c o m m e n t ces besoins sont satisfaits, soit i m m é d i a t e m e n t , si l'objet est un m o y e n de subsistance, soit par u n e voie d é t o u r n é e , si c'est un m o y e n de p r o d u c t i o n . C h a q u e chose utile, c o m m e le fer, le papier, etc., p e u t être considérée sous un double point de vue, celui de la qualité et celui de la q u a n t i t é . C h a c u n e est un e n s e m b l e de propriétés diverses et p e u t par c o n s é q u e n t être utile par différents côtés. Découvrir ces côtés divers et en m ê m e t e m p s les divers usages des choses est u n e œ u v r e de l ' h i s t o i r e . Telle est la découverte de m e s u r e s sociales p o u r la q u a n t i t é des choses utiles. La diversité de ces m e s u r e s des m a r c h a n d i s e s a p o u r origine en partie la n a t u r e variée des objets à mesurer, en partie la convention. L'utilité d ' u n e chose fait de cette chose u n e va||14|leur d ' u s a g e . M a i s cette utilité n ' a rien de vague et d'indécis. D é t e r m i n é e par les propriétés du corps de la m a r c h a n d i s e , elle n'existe point sans lui. Ce corps l u i - m ê m e , tel q u e fer, froment, d i a m a n t , etc., est c o n s é q u e m m e n t u n e valeur d'usage, et ce n'est pas le plus ou m o i n s de travail qu'il faut à l ' h o m m e p o u r s'approprier les qualités utiles qui lui d o n n e n t ce caractère. Q u a n d il est question de valeurs d'usage, on sous-entend toujours u n e q u a n t i t é d é t e r m i n é e , c o m m e u n e d o u z a i n e d e m o n t r e s , u n m è t r e d e toile, u n e t o n n e d e fer, etc. Les valeurs d'usage des m a r c h a n d i s e s fournissent le fonds d ' u n savoir particulier, de la science et de la r o u t i n e c o m m e r c i a l e s . Les valeurs d'usage ne se réalisent q u e dans l'usage ou la c o n s o m m a t i o n . Elles forment la matière de la Richesse, quelle q u e soit la forme sociale de cette richesse. D a n s la société q u e n o u s avons à examiner, elles sont en m ê m e t e m p s les soutiens matériels de la valeur d'échange.
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La valeur d ' é c h a n g e apparaît d'abord c o m m e le rapport quantitatif, c o m m e la proportion d a n s laquelle des valeurs d'usage d'espèce différente 2
« L e désir i m p l i q u e le b e s o i n ; c'est l'appétit de l'esprit, l e q u e l l u i est aussi n a t u r e l q u e la faim l'est a u corps. C'est d e l à q u e l a p l u p a r t des choses tirent leur v a l e u r . » N i c h o l a s B a r b o n : « A D i s c o u r s e o n c o i n i n g t h e n e w m o n e y lighter, i n answer t o M . L o c k e ' s c o n s i d e r a t i o n s , e t c . » L o n d o n , 1696, p. 2 et 3. « L e s choses o n t u n e vertu i n t r i n s è q u e (virtue, telle est c h e z B a r b o n la d é s i g n a t i o n spécifique p o u r valeur d'usage) q u i en t o u t l i e u o n t la m ê m e q u a l i t é , c o m m e l ' a i m a n t p a r e x e m p l e attire lé fer» (Le. p. 6). La p r o p r i é t é q u ' a l ' a i m a n t d'attirer le fer ne d e v i n t u t i l e q u e l o r s q u e p a r s o n m o y e n o n e û t d é c o u v e r t l a polarité m a g n é t i q u e . « C e q u i fait la valeur n a t u r e l l e d ' u n e chose, c'est la p r o p r i é t é q u ' e l l e a de satisfaire les b e soins o u les c o n v e n a n c e s d e l a vie h u m a i n e . » J o h n L o c k e : « S o m e C o n s i d e r a t i o n s o f t h e C o n s e q u e n c e s of t h e Lowering of I n t e r e s t . 1691.» Au d i x - s e p t i è m e siècle on trouve e n c o r e souv e n t c h e z les écrivains anglais le m o t Worth p o u r valeur d'usage et le m o t Value p o u r v a l e u r d ' é c h a n g e , s u i v a n t l'esprit d ' u n e l a n g u e q u i a i m e à e x p r i m e r la c h o s e immédiate en t e r m e s g e r m a n i q u e s et la chose réfléchie en t e r m e s r o m a n s . r
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D a n s la société b o u r g e o i s e « n u l n ' e s t c e n s é ignorer la l o i » . - En v e r t u d ' u n e fletio juris é c o n o m i q u e , t o u t a c h e t e u r est c e n s é p o s s é d e r u n e c o n n a i s s a n c e e n c y c l o p é d i q u e d e s m a r c h a n dises.
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Chapitre premier • La marchandise 6
s'échangent l'une contre l ' a u t r e , rapport qui change c o n s t a m m e n t avec le t e m p s et le lieu. La valeur d ' é c h a n g e semble d o n c q u e l q u e chose d'arbitraire et de p u r e m e n t relatif; u n e valeur d ' é c h a n g e intrinsèque, i m m a n e n t e à la m a r c h a n d i s e , paraît être, c o m m e dit l'école, u n e contradictio in adjecto . Considérons la chose de plus près. 1
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U n e m a r c h a n d i s e particulière, u n q u a r t e r o n d e froment, par exemple, s'échange dans les proportions les plus diverses avec d'autres articles. Cep e n d a n t s a valeur d ' é c h a n g e reste i m m u a b l e , d e q u e l q u e m a n i è r e q u ' o n l'exprime, en χ cirage, y soie, ζ or, et ainsi de suite. Elle doit d o n c avoir un 10
c o n t e n u distinct de ces expressions diverses. P r e n o n s encore d e u x m a r c h a n d i s e s , soit du froment et du fer. Q u e l que soit leur r a p p o r t d ' é c h a n g e , il p e u t toujours être représenté par u n e équation dans laquelle u n e q u a n t i t é d o n n é e de froment est r é p u t é e égale à u n e q u a n t i t é q u e l c o n q u e de fer, par exemple : 1 q u a r t e r o n de froment = a kilo15 g r a m m e de fer. Q u e signifie cette é q u a t i o n ? C'est q u e dans d e u x objets différents, dans 1 q u a r t e r o n de froment et dans a k i l o g r a m m e de fer, il existe q u e l q u e chose de c o m m u n . Les d e u x objets sont d o n c égaux à un troisième qui par l u i - m ê m e n ' e s t n i l'un n i l'autre. C h a c u n des d e u x doit, e n t a n t que valeur d'échange, être réductible au troisième, i n d é p e n d a m m e n t de l'autre.
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Un e x e m p l e e m p r u n t é à la géométrie é l é m e n t a i r e va n o u s m e t t r e cela sous les yeux. P o u r m e s u r e r et comparer les surfaces de toutes les figures rectilignes, on les d é c o m p o s e en triangles. On r a m è n e le triangle l u i - m ê m e à u n e expression tout à fait différente de son aspect visible, - au demi-produit de sa base par sa h a u t e u r . - De m ê m e les valeurs d ' é c h a n g e des m a r -
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chandises doivent être r a m e n é e s à q u e l q u e chose q u i leur est c o m m u n et d o n t elles r e p r é s e n t e n t u n plus o u u n m o i n s . C e q u e l q u e chose d e c o m m u n n e p e u t être u n e propriété naturelle quelc o n q u e , g é o m é t r i q u e , p h y s i q u e , c h i m i q u e , etc., des m a r c h a n d i s e s . Leurs qualités naturelles n ' e n t r e n t e n considération q u ' a u t a n t qu'elles leur d o n 30 n e n t u n e utilité q u i en fait des valeurs d'usage. M a i s d ' u n autre côté il est évident q u e l'on fait abstraction de la valeur d'usage des m a r c h a n d i s e s q u a n d on les é c h a n g e et q u e tout rapport d'échange est m ê m e caractérisé par cette abstraction. D a n s l'échange, u n e valeur d'utilité vaut p r é c i s é m e n t a u t a n t que toute autre, pourvu qu'elle se trouve en proportion convenable. 35 Ou bien, c o m m e dit le vieux B a r b o n : « U n e espèce de m a r c h a n d i s e est aussi b o n n e q u ' u n e autre, q u a n d sa valeur d ' é c h a n g e est é g a l e ; il n ' y a 6
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« L a valeur c o n s i s t e d a n s le rapport d'échange q u i se t r o u v e e n t r e telle c h o s e et telle a u t r e , ent r e telle m e s u r e d ' u n e p r o d u c t i o n et telle m e s u r e d ' u n e a u t r e . » (Le T r o s n e : «De l'intérêt social». Physiocrates, éd. Daire. Paris, 1846, p. 889.) « R i e n n e p e u t avoir u n e v a l e u r i n t r i n s è q u e » (N. Barbon, I . e . p . 6 ) ; o u c o m m e d i t B u t l e r : 7
T h e v a l u e of a t h i n g Is j u s t as m u c h as it will bring.
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Première section · Marchandise et monnaie a u c u n e différence, a u c u n e distinction dans les choses chez lesquelles cette valeur est la m ê m e . » C o m m e valeurs d'usage, les m a r c h a n d i s e s sont avant tout de qualité différente ; c o m m e valeurs d'échange, elles ne p e u v e n t être q u e de différente quantité. La valeur d'usage des m a r c h a n d i s e s u n e fois m i s e de côté, il ne leur reste 5 plus q u ' u n e qualité, celle d'être des produits du travail. M a i s déjà le produit du travail l u i - m ê m e est m é t a m o r p h o s é à n o t r e insu. Si n o u s faisons abstraction de sa valeur d'usage, tous les éléments matériels et formels q u i lui d o n n a i e n t cette valeur disparaissent à la fois. Ce n'est plus, par e x e m ple, u n e table, ou u n e m a i s o n , ou du fil, ou un objet utile q u e l c o n q u e ; ce 10 n'est pas n o n plus le produit du travail du tourneur, du m a ç o n , de n ' i m porte q u e l travail productif déterminé. Avec les caractères utiles particuliers des produits du travail disparaissent en m ê m e t e m p s , et le caractère utile des travaux qui y sont contenus, et les formes concrètes diverses q u i distinguent u n e espèce de travail d ' u n e autre espèce. Il ne reste d o n c plus 15 q u e le caractère c o m m u n de ces travaux; ils sont tous r a m e n é s au m ê m e travail h u m a i n , à u n e dépense de force h u m a i n e de travail sans égard à la forme particulière sous laquelle cette force a été dépensée. 8
Considérons m a i n t e n a n t le résidu des produits du travail. C h a c u n d ' e u x ressemble c o m p l è t e m e n t à l'autre. Ils o n t tous u n e m ê m e réalité fantômati- 20 que. M é t a m o r p h o s é s en sublimés identiques, échan||15|tillons du m ê m e travail indistinct, tous ces objets ne manifestent plus q u ' u n e chose, c'est q u e dans leur p r o d u c t i o n u n e force de travail h u m a i n e a été dépensée, q u e du travail h u m a i n y est a c c u m u l é . En t a n t que cristaux de cette s u b s t a n c e sociale c o m m u n e , ils sont réputés valeurs. 25 Le quelque chose de c o m m u n q u i se m o n t r e dans le rapport d ' é c h a n g e ou dans la valeur d'échange des m a r c h a n d i s e s est par c o n s é q u e n t leur valeur; et u n e valeur d'usage, ou un article q u e l c o n q u e , n ' a u n e valeur q u ' a u t a n t que du travail h u m a i n est matérialisé en lui. C o m m e n t mesurer m a i n t e n a n t la g r a n d e u r de sa valeur? Par le quantum 30 de la substance «créatrice de valeur» c o n t e n u e en lui, du travail. La q u a n tité de travail elle-même a pour m e s u r e sa durée dans le t e m p s , et le t e m p s de travail possède de n o u v e a u sa m e s u r e dans des parties du t e m p s telles q u e l'heure, le jour, etc. On pourrait s'imaginer que si la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est détermi- 35 n é e par le quantum de travail dépensé p e n d a n t sa production, plus un h o m m e est paresseux ou inhabile, plus sa m a r c h a n d i s e a de valeur, parce qu'il emploie plus de t e m p s à sa fabrication. Mais le travail q u i forme la 8
" O n e sort of wares are as good as a n o t h e r , if t h e v a l u e be e q u a l . T h e r e is no difference or dist i n c t i o n in things of e q u a l v a l u e . " B a r b o n a j o u t e : « C e n t livres sterling en p l o m b ou en fer o n t a u t a n t de valeur q u e c e n t livres sterling en argent ou en or.» (N.Barbon, 1. c. p. 7 et 53.)
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Chapitre premier • La marchandise substance de la valeur des m a r c h a n d i s e s est du travail égal et indistinct, u n e dépense de la m ê m e force. La force de travail de la société t o u t entière, laquelle se manifeste d a n s l'ensemble des valeurs, ne c o m p t e par conséq u e n t q u e c o m m e force u n i q u e , bien qu'elle se c o m p o s e de forces indivi5 duelles i n n o m b r a b l e s . C h a q u e force de travail individuelle est égale à t o u t e autre, en t a n t qu'elle possède le caractère d ' u n e force sociale m o y e n n e et fonctionne c o m m e telle, c'est-à-dire n ' e m p l o i e dans la p r o d u c t i o n d ' u n e m a r c h a n d i s e q u e le t e m p s de travail nécessaire en m o y e n n e ou le t e m p s de travail nécessaire socialement. 10 Le t e m p s socialement nécessaire à la p r o d u c t i o n des m a r c h a n d i s e s est celui qu'exige t o u t travail, exécuté avec le degré m o y e n d'habileté et d'intensité et d a n s des conditions qui, par rapport au milieu social d o n n é , sont n o r m a l e s . Après l'introduction en Angleterre du tissage à la vapeur, il fallut peut-être m o i t i é m o i n s de travail q u ' a u p a r a v a n t p o u r transformer en tissu 15 u n e certaine q u a n t i t é de fil. Le tisserand anglais, lui, eut toujours besoin du m ê m e t e m p s p o u r opérer cette transformation ; m a i s dès lors le produit de son h e u r e de travail individuelle ne représenta plus q u e la m o i t i é d ' u n e h e u r e sociale de travail et ne d o n n a plus q u e la m o i t i é de la valeur première. 20 C'est d o n c s e u l e m e n t le quantum de travail ou le t e m p s de travail nécessaire, dans u n e société d o n n é e , à la p r o d u c t i o n d ' u n article, q u i en déterm i n e la q u a n t i t é de v a l e u r . C h a q u e m a r c h a n d i s e particulière c o m p t e en général c o m m e u n exemplaire m o y e n d e son e s p è c e . Les m a r c h a n d i s e s d a n s lesquelles sont c o n t e n u e s d'égales quantités de travail, ou q u i peuvent 25 être produites d a n s le m ê m e temps, ont par c o n s é q u e n t u n e valeur égale. La valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est à la valeur de t o u t e autre m a r c h a n d i s e , dans le m ê m e rapport q u e le t e m p s de travail nécessaire à la p r o d u c t i o n de l'une est au t e m p s de travail nécessaire à la p r o d u c t i o n de l'autre. La q u a n t i t é de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e resterait é v i d e m m e n t 30 constante si le t e m p s nécessaire à sa p r o d u c t i o n restait aussi constant. Mais ce dernier varie avec c h a q u e modification de la force productive du travail, qui de son côté d é p e n d de circonstances diverses, entre autres de l'habileté m o y e n n e des travailleurs ; du d é v e l o p p e m e n t de la science et du degré de son application t e c h n o l o g i q u e ; des c o m b i n a i s o n s sociales de la 35 p r o d u c t i o n ; de l ' é t e n d u e et de l'efficacité des m o y e n s de produire et des 9
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« D a n s les é c h a n g e s la valeur d e s choses utiles est réglée p a r la q u a n t i t é de travail n é c e s s a i r e m e n t exigée et o r d i n a i r e m e n t e m p l o y é e p o u r leur p r o d u c t i o n . » (Some Thoughts on the Interest of money in general, and particularly in the Publick Funds, etc., L o n d o n , p. 36.) Ce r e m a r q u a b l e écrit a n o n y m e d u siècle d e r n i e r n e p o r t e a u c u n e date. D ' a p r è s s o n c o n t e n u i l est é v i d e n t q u ' i l a p a r u s o u s G e o r g e II, vers 1739 ou 1740. « T o u t e s les p r o d u c t i o n s d ' u n m ê m e g e n r e n e f o r m e n t p r o p r e m e n t q u ' u n e m a s s e , d o n t l e prix se d é t e r m i n e en g é n é r a l et s a n s égard aux c i r c o n s t a n c e s p a r t i c u l i è r e s . » (Le Trosne, 1. c. p. 893.) 10
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Première section • Marchandise et monnaie conditions p u r e m e n t naturelles. La m ê m e q u a n t i t é de travail est représentée, par exemple, par 8 boisseaux de froment, si la saison est favorable, par 4 boisseaux s e u l e m e n t dans le cas contraire. La m ê m e q u a n t i t é de travail fournit u n e plus forte m a s s e de m é t a l d a n s les m i n e s riches que d a n s les m i n e s pauvres, etc. Les d i a m a n t s ne se présentent q u e r a r e m e n t d a n s la 5 c o u c h e supérieure de l'écorce terrestre; aussi faut-il p o u r les trouver un t e m p s considérable en m o y e n n e , de sorte qu'ils représentent b e a u c o u p de travail sous un petit volume. Il est d o u t e u x q u e l'or ait j a m a i s payé complèt e m e n t sa valeur. Ceci est encore plus vrai du d i a m a n t . D'après Eschwege, le produit entier de l'exploitation des m i n e s de d i a m a n t s du Brésil, pen- 10 d a n t 80 ans, n'avait pas encore atteint en 1823 le prix du p r o d u i t m o y e n d ' u n e a n n é e et d e m i e d a n s les plantations de sucre ou de café du m ê m e pays, b i e n qu'il représentât b e a u c o u p plus de travail et par c o n s é q u e n t plus de valeur. Avec des m i n e s plus riches, la m ê m e q u a n t i t é de travail se réaliserait dans u n e plus g r a n d e q u a n t i t é de d i a m a n t s d o n t la valeur baisserait. 15 Si l'on réussissait à transformer avec p e u de travail le c h a r b o n en d i a m a n t , la valeur de ce dernier t o m b e r a i t peut-être au-dessous de celle des briques. En général, plus est grande la force productive du travail, plus est court le t e m p s nécessaire à la p r o d u c t i o n d ' u n article, et plus est petite la m a s s e de travail cristallisée en lui, plus est petite sa valeur. Inversement, plus est pe- 20 tite la force productive du travail, plus est grand le t e m p s nécessaire à la p r o d u c t i o n d ' u n article, et plus est grande sa valeur. La q u a n t i t é de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e varie d o n c en raison directe du quantum et en raison inverse de la force productive du travail q u i se réalise en elle. N o u s connaissons m a i n t e n a n t la substance de la v a l e u r : c'est le travail. N o u s connaissons la m e s u r e de sa quantité : c'est la durée du travail. U n e chose p e u t être u n e valeur d'usage sans être u n e valeur. Il suffit p o u r cela qu'elle soit utile à ||16| l ' h o m m e sans qu'elle p r o v i e n n e de son travail. Tels sont l'air, des prairies naturelles, un sol vierge, etc. U n e chose p e u t être utile et produit du travail h u m a i n , sans être m a r c h a n d i s e . Quic o n q u e , par son produit, satisfait ses propres besoins, ne crée q u ' u n e valeur d'usage personnelle. P o u r produire des m a r c h a n d i s e s , il doit n o n - s e u l e m e n t produire des valeurs d'usage, m a i s des valeurs d'usage p o u r d'autres, des valeurs d'usage sociales. Enfin, a u c u n objet ne peut être u n e valeur s'il n'est u n e chose utile. S'il est inutile, le travail qu'il renferme est dépensé i n u t i l e m e n t et c o n s é q u e m m e n t ne crée pas de valeur.
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Chapitre premier · La marchandise
II Double caractère du travail présenté par la marchandise Au premier abord, la m a r c h a n d i s e n o u s est apparue c o m m e q u e l q u e chose à double face, valeur d'usage et valeur d'échange. E n s u i t e n o u s avons vu 5 que tous les caractères qui distinguent le travail productif de valeurs d'usage disparaissent dès qu'il s'exprime dans la valeur p r o p r e m e n t dite. J'ai le premier m i s en relief ce double caractère du travail représenté dans la m a r c h a n d i s e . C o m m e l'économie politique pivote a u t o u r de ce point, il n o u s faut ici entrer dans de plus a m p l e s détails. 10 Prenons d e u x m a r c h a n d i s e s , un habit, par exemple, et 10 m è t r e s de toile ; a d m e t t o n s q u e la première ait d e u x fois la valeur de la seconde, de sorte que si 10 m è t r e s de toile = x, l'habit = 2x. L'habit est u n e valeur d'usage qui satisfait un besoin particulier. Il provient d ' u n genre particulier d'activité productive, d é t e r m i n é e p a r son but, 15 par son m o d e d'opération, son objet, ses m o y e n s et son résultat. Le travail qui se manifeste dans l'utilité ou la valeur d'usage de son produit, n o u s le n o m m o n s t o u t s i m p l e m e n t travail utile. A ce p o i n t de vue, il est toujours considéré par rapport à son r e n d e m e n t . De m ê m e que l'habit et la toile sont d e u x choses utiles différentes, de 11
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m ê m e le travail du tailleur, qui fait l'habit, se distingue de celui du tisserand, qui fait de la toile. Si ces objets n ' é t a i e n t pas des valeurs d'usage de qualité diverse et par c o n s é q u e n t des produits de travaux utiles de diverse qualité, ils ne p o u r r a i e n t se faire vis-à-vis c o m m e m a r c h a n d i s e s . L ' h a b i t ne s'échange pas contre l'habit, u n e valeur d'usage contre la m ê m e valeur 25 d'usage. A l'ensemble des valeurs d'usage de toutes sortes, correspond un ensemble de travaux utiles é g a l e m e n t variés, distincts de genre, d'espèce, de familles - u n e division sociale du travail. - Sans elle pas de p r o d u c t i o n de m a r c h a n d i s e s , b i e n q u e la p r o d u c t i o n des m a r c h a n d i s e s ne soit p o i n t réci30 p r o q u e m e n t indispensable à la division sociale du travail. D a n s la vieille c o m m u n a u t é i n d i e n n e , le travail est socialement divisé sans q u e les produits deviennent pour cela m a r c h a n d i s e s . O u , pour prendre u n exemple plus familier, d a n s c h a q u e fabrique le travail est soumis à u n e division syst é m a t i q u e ; m a i s cette division ne provient pas de ce q u e les travailleurs 35 échangent r é c i p r o q u e m e n t leurs produits individuels. Il n ' y a q u e les produits de travaux privés et i n d é p e n d a n t s les u n s des autres qui se présentent c o m m e m a r c h a n d i s e s r é c i p r o q u e m e n t échangeables. C'est d o n c e n t e n d u : la valeur d'usage de c h a q u e m a r c h a n d i s e recèle un 11
L. c. p. 12, 13 et p a s s i m .
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Première section • Marchandise et monnaie travail utile spécial ou u n e activité productive qui r é p o n d à un b u t particulier. Des valeurs d'usage ne peuvent se faire face c o m m e m a r c h a n d i s e s q u e si elles c o n t i e n n e n t des travaux utiles de qualité différente. D a n s u n e société dont les produits p r e n n e n t en général la forme m a r c h a n d i s e , c'est-àdire dans u n e société où tout p r o d u c t e u r doit être m a r c h a n d , la différence 5 entre les genres divers des travaux utiles qui s'exécutent i n d é p e n d a m m e n t les u n s des autres p o u r le c o m p t e privé de producteurs libres, se développe en un système fortement ramifié, en u n e division sociale du travail. Il est d'ailleurs fort indifférent à l'habit qu'il soit porté par le tailleur ou par ses pratiques. D a n s les d e u x cas, il sert de valeur d'usage. De m ê m e le 10 rapport entre l'habit et le travail qui le produit n'est pas le m o i n s du m o n d e c h a n g é parce que sa fabrication constitue u n e profession particulière, et qu'il devient un a n n e a u de la division sociale du travail. Dès q u e le besoin de se vêtir l'y a forcé, p e n d a n t des milliers d'années, l ' h o m m e s'est taillé des v ê t e m e n t s sans q u ' u n seul h o m m e devînt p o u r cela u n tailleur. M a i s 1 5 toile ou habit, n ' i m p o r t e quel élément de la richesse matérielle n o n fourni par la n a t u r e , a toujours dû son existence à un travail productif spécial ayant p o u r b u t d'approprier des matières naturelles à des besoins h u m a i n s . En t a n t qu'il produit des valeurs d'usage, qu'il est utile, le travail, i n d é p e n d a m m e n t de t o u t e forme de société, est la c o n d i t i o n indispensable de 20 l'existence de l ' h o m m e , u n e nécessité éternelle, le m é d i a t e u r de la circulation matérielle entre la n a t u r e et l ' h o m m e . Les valeurs d'usage, toile, habit, etc., c'est-à-dire les corps des m a r c h a n dises, sont des c o m b i n a i s o n s de d e u x éléments, m a t i è r e et travail. Si l'on en soustrait la s o m m e totale des divers travaux utiles qu'ils recèlent, il 25 reste toujours un résidu matériel, un quelque chose fourni par la n a t u r e et q u i ne doit rien à l ' h o m m e . L ' h o m m e n e p e u t p o i n t procéder a u t r e m e n t que l a n a t u r e e l l e - m ê m e , c'est-à-dire il ne fait q u e changer la forme des m a t i è r e s . Bien plus, d a n s cette œ u v r e de simple transformation, il est encore ||17| c o n s t a m m e n t sou- 30 t e n u par des forces naturelles. Le travail n'est d o n c pas l ' u n i q u e source des valeurs d'usage qu'il produit, de la richesse matérielle. Il en est le père, et la terre la m è r e , c o m m e dit William Petty. 12
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« T o u s les p h é n o m è n e s d e l'univers, qu'ils é m a n e n t d e l ' h o m m e o u des lois g é n é r a l e s d e l a n a t u r e , n e n o u s d o n n e n t p a s l'idée d e c r é a t i o n réelle, m a i s s e u l e m e n t d ' u n e m o d i f i c a t i o n d e la m a t i è r e . R é u n i r et séparer - voilà les seuls é l é m e n t s q u i l'esprit h u m a i n saisisse en analys a n t l'idée de la r e p r o d u c t i o n . C'est aussi b i e n u n e r e p r o d u c t i o n de v a l e u r (valeur d'usage, b i e n q u ' i c i Verri, d a n s s a p o l é m i q u e c o n t r e les physiocrates, n e s a c h e p a s l u i - m ê m e d e q u e l l e sorte de valeur il parle) et de richesse, q u e la terre, l'air et l ' e a u se t r a n s f o r m e n t en g r a i n ou q u e la m a i n d e l ' h o m m e convertisse l a g l u t i n e d ' u n i n s e c t e e n soie, o u l o r s q u e des p i è c e s d e m é t a l s'organisent par un a r r a n g e m e n t de leurs a t o m e s . » (Pietro Verri: Meditazioni sulla Economia politica; i m p r i m é p o u r la p r e m i è r e fois en 1 7 7 1 . D a n s l ' é d i t i o n des é c o n o m i s t e s i t a l i e n s de C u s t o d i , parte m o d e r n a , t. X V , p. 22.)
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Chapitre premier · La marchandise
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Laissons m a i n t e n a n t la m a r c h a n d i s e en t a n t qu'objet d'utilité et reven o n s à sa valeur. D'après notre supposition, l'habit vaut d e u x fois la toile. Ce n ' e s t là cep e n d a n t q u ' u n e différence quantitative qui ne n o u s intéresse pas encore. Aussi observons-nous q u e si un habit est égal à d e u x fois 10 m è t r e s de toile, 20 mètres de toile sont égaux à un habit. En t a n t q u e valeurs, l'habit et la toile sont des choses de m ê m e substance, des expressions objectives d ' u n travail i d e n t i q u e . M a i s la confection des habits et le tissage sont des travaux différents. Il y a c e p e n d a n t des états sociaux d a n s lesquels le m ê m e h o m m e est tour à tour tailleur et tisserand, où par c o n s é q u e n t ces d e u x espèces de travail sont de simples modifications du travail d ' u n m ê m e individu, au lieu d'être des fonctions fixes d'individus différents, de m ê m e que l'habit q u e notre tailleur fait a u j o u r d ' h u i et le p a n t a l o n qu'il fera d e m a i n ne sont q u e des variations de son travail individuel. On voit encore au prem i e r coup d'ceil que d a n s n o t r e société capitaliste, suivant la direction variable de la d e m a n d e du travail, u n e portion d o n n é e de travail h u m a i n doit s'offrir t a n t ô t sous la forme de confection de vêtements, tantôt sous celle de tissage. Quel q u e soit le frottement causé par ces m u t a t i o n s de forme du travail, elles s'exécutent q u a n d m ê m e . En fin de compte, t o u t e activité productive, abstraction faite de son caractère utile, est u n e dépense de force h u m a i n e . La confection des vêtem e n t s et le tissage, malgré leur différence, sont tous d e u x u n e d é p e n s e productive du cerveau, des muscles, des nerfs, de la m a i n de l ' h o m m e , et en ce sens du travail h u m a i n au m ê m e titre. La force h u m a i n e de travail d o n t le m o u v e m e n t ne fait q u e changer de forme d a n s les diverses activités productives, doit a s s u r é m e n t être plus ou m o i n s développée pour pouvoir être dépensée sous telle ou telle forme. M a i s la valeur des m a r c h a n d i s e s représente p u r e m e n t et s i m p l e m e n t le travail de l ' h o m m e , u n e d é p e n s e de force h u m a i n e en général. Or, de m ê m e q u e d a n s la société civile un général ou un b a n q u i e r j o u e un grand rôle, tandis q u e l ' h o m m e p u r et simple fait triste f i g u r e , de m ê m e en est-il du travail h u m a i n . C'est u n e dépense de la force simple q u e t o u t h o m m e ordinaire, sans d é v e l o p p e m e n t spécial, possède dans l'organisme de son corps. Le travail simple m o y e n change, il est vrai, de caractère d a n s différents pays et suivant les époques ; m a i s il est toujours d é t e r m i n é d a n s u n e société d o n n é e . Le travail complexe (skilled labour, travail qualifié) n'est q u ' u n e puissance du travail simple, ou plutôt n'est que le travail simple multiplié, de sorte q u ' u n e q u a n t i t é d o n n é e de travail complexe correspond à u n e q u a n t i t é plus grande de travail simple. L'expérience m o n t r e q u e cette r é d u c t i o n se fait c o n s t a m m e n t . Lors m ê m e 13
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C o m p a r e z H e g e l , Philosophie du droit, Berlin, 1840, p. 2 5 0 , § 190.
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τ Première section · Marchandise et monnaie q u ' u n e m a r c h a n d i s e est le produit du travail le plus complexe, sa valeur la r a m è n e , d a n s u n e proportion q u e l c o n q u e , a u produit d ' u n travail simple d o n t elle n e représente par c o n s é q u e n t q u ' u n e q u a n t i t é d é t e r m i n é e . Les proportions diverses, suivant lesquelles différentes espèces de travail sont réduites au travail simple c o m m e à leur u n i t é de m e s u r e , s'établissent d a n s la société à l'insu des producteurs et leur paraissent des conventions traditionnelles. Il s'ensuit q u e dans l'analyse de la valeur on doit traiter c h a q u e variété de force de travail c o m m e u n e force de travail simple. De m ê m e d o n c q u e d a n s les valeurs toile et habit la différence de leurs valeurs d'usage est éliminée, de m ê m e disparaît d a n s le travail q u e ces valeurs représentent la différence de ses formes utiles, taille de v ê t e m e n t s et tissage. De m ê m e q u e les valeurs d'usage toile et habit sont des c o m b i n a i sons d'activités productives spéciales, avec le fil et le drap, tandis q u e les valeurs de ces choses sont de pures cristallisations d ' u n travail i d e n t i q u e , de m ê m e les travaux fixés dans ces valeurs, n ' o n t plus de rapport productif avec le fil et le drap, m a i s e x p r i m e n t s i m p l e m e n t u n e dépense de la m ê m e force h u m a i n e . Le tissage et la taille forment la toile et l'habit, p r é c i s é m e n t parce qu'ils ont des qualités différentes; mais ils n ' e n forment les valeurs q u e par leur qualité c o m m u n e de travail h u m a i n . L'habit et la toile ne sont pas s e u l e m e n t des valeurs en général, m a i s des valeurs d ' u n e g r a n d e u r d é t e r m i n é e ; et, d'après notre supposition, l'habit v a u t d e u x fois a u t a n t q u e 10 mètres de toile. D ' o ù vient cette différence? De ce q u e la toile c o n t i e n t m o i t i é m o i n s de travail q u e l'habit, de sorte q u e p o u r la p r o d u c t i o n de ce dernier la force de travail doit être d é p e n s é e p e n d a n t le double du t e m p s qu'exige la p r o d u c t i o n de la première. Si d o n c , q u a n t à la valeur d'usage, le travail c o n t e n u d a n s la m a r c h a n dise ne vaut q u e qualitativement ; par rapport à la g r a n d e u r de la valeur, il ne compte que q u a n t i t a t i v e m e n t . Là il s'agit de savoir c o m m e n t le travail se fait et ce qu'il p r o d u i t ; ici c o m b i e n de t e m p s il d u r e . C o m m e la grand e u r de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e ne représente que le quantum de travail c o n t e n u en elle, il s'ensuit q u e toutes les m a r c h a n d i s e s , dans u n e certaine proportion, doivent être des valeurs égales. La force productive de tous les travaux utiles qu'exige la confection d ' u n h a b i t reste-t-elle c o n s t a n t e ? la quantité de la valeur des habits a u g m e n t e avec leur n o m b r e . Si un h a b i t représente χ j o u r n é e s de travail, d e u x habits représentent 2x, et ainsi de suite. Mais, a d m e t t o n s que la durée du travail nécessaire à la p r o d u c t i o n d ' u n habit a u g m e n t e du d o u b l e ou d i m i n u e de 14
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L e l e c t e u r doit r e m a r q u e r q u ' i l n e s'agit p a s ici d u salaire o u d e l a v a l e u r q u e l'ouvrier r e ç o i t p o u r u n e j o u r n é e de t r a v a i l ; m a i s de la valeur de la m a r c h a n d i s e d a n s laquelle se réalise c e t t e j o u r n é e d e travail. A u s s i b i e n l a catégorie d u salaire n ' e x i s t e p a s e n c o r e a u p o i n t o ù n o u s e n sommes de notre exposition.
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m o i t i é ; dans le p r e m i e r cas un habit a a u t a n t de valeur q u ' e n avaient d e u x auparavant, dans le second d e u x habits n ' o n t pas plus de valeur q u e n ' e n avait p r é c é d e m m e n t un seul, b i e n que dans les d e u x cas l'habit r e n d e après ||18| c o m m e avant les m ê m e s services et que le travail utile d o n t il provient soit toujours de m ê m e qualité. M a i s le quantum de travail dépensé d a n s sa p r o d u c t i o n n'est pas resté le m ê m e . U n e q u a n t i t é plus considérable de valeurs d'usage forme é v i d e m m e n t u n e plus grande richesse matérielle; avec d e u x habits on p e u t habiller d e u x h o m m e s , avec u n h a b i t o n n ' e n p e u t habiller q u ' u n seul, e t ainsi d e suite. C e p e n d a n t à u n e m a s s e croissante de la richesse matérielle p e u t correspondre un d é c r o i s s e m e n t s i m u l t a n é de sa valeur. Ce m o u v e m e n t contradictoire provient du d o u b l e caractère du travail. L'efficacité, dans un t e m p s d o n n é , d ' u n travail utile d é p e n d de sa force productive. Le travail utile devient d o n c u n e source plus ou m o i n s a b o n d a n t e de produits en raison directe de l'accroissement ou de la d i m i n u t i o n de sa force productive. Par contre, u n e variation de cette dernière force n ' a t t e i n t j a m a i s d i r e c t e m e n t le travail représenté dans la valeur. C o m m e la force productive appartient au travail concret et utile, elle ne saurait plus t o u c h e r le travail dès q u ' o n fait abstraction de sa forme utile. Quelles q u e s o i e n t les variations de sa force productive, le m ê m e travail, fonctionnant d u r a n t le m ê m e temps, se fixe toujours d a n s la m ê m e valeur. M a i s il fournit dans un t e m p s d é t e r m i n é plus de valeurs d'usage, si sa force productive a u g m e n t e , m o i n s , si elle dim i n u e . T o u t c h a n g e m e n t d a n s la force productive, qui a u g m e n t e la fécondité du travail et par c o n s é q u e n t la masse des valeurs d'usage livrées par lui, d i m i n u e la valeur de cette m a s s e ainsi a u g m e n t é e , s'il raccourcit le temps total de travail nécessaire à sa p r o d u c t i o n , et il en est de m ê m e inversement. Il résulte de ce q u i précède q u e s'il n'y a pas, à p r o p r e m e n t parler, d e u x sortes de travail d a n s la m a r c h a n d i s e , c e p e n d a n t le m ê m e travail y est opposé à l u i - m ê m e , suivant q u ' o n le rapporte à la valeur d'usage de la marchandise c o m m e à son produit, ou à la valeur de cette m a r c h a n d i s e c o m m e à sa pure expression objective. T o u t travail est d ' u n côté dépense, d a n s le sens physiologique, de force h u m a i n e , et à ce titre de travail h u m a i n égal, il forme la valeur des m a r c h a n d i s e s . De l'autre côté, t o u t travail est dépense de la force h u m a i n e sous telle ou telle forme productive, d é t e r m i n é e par un b u t particulier, et à ce titre de travail concret et utile, il produit des valeurs d'usage ou utilités. De m ê m e q u e la m a r c h a n d i s e doit avant t o u t être u n e utilité p o u r être u n e valeur, de m ê m e le travail doit être avant t o u t utile, p o u r être censé d é p e n s e de force h u m a i n e , travail h u m a i n , d a n s le sens abstrait du m o t . 1 5
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P o u r d é m o n t r e r q u e « l e seul travail est l a m e s u r e réelle à l'aide d e l a q u e l l e l a v a l e u r d e
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Première section · Marchandise et monnaie La s u b s t a n c e de la valeur et la grandeur de valeur sont m a i n t e n a n t déterm i n é e s . Reste à analyser la forme de la valeur.
III Forme de la Valeur Les m a r c h a n d i s e s v i e n n e n t au m o n d e sous la forme de valeurs d'usage ou 5 de matières m a r c h a n d e s , telles q u e fer, toile, laine, etc. C'est là tout b o n n e m e n t leur forme naturelle. C e p e n d a n t elles ne sont m a r c h a n d i s e s q u e parce qu'elles sont d e u x choses à la fois, objets d'utilité et porte-valeur. Elles ne peuvent d o n c entrer dans la circulation q u ' a u t a n t qu'elles se prés e n t e n t sous u n e double forme, leur forme de n a t u r e et leur forme de va- 10 leur . La réalité que possède la valeur de la m a r c h a n d i s e , diffère en ceci de l'amie de Falstaff, la veuve l'Éveillé, q u ' o n ne sait où la prendre. Par un contraste des plus criants avec la grossièreté du corps de la m a r c h a n d i s e , il n'est pas un a t o m e de m a t i è r e qui p é n è t r e dans sa valeur. On p e u t d o n c 15 tourner et r e t o u r n e r à volonté u n e m a r c h a n d i s e prise à part ; en t a n t q u ' o b j e t de valeur, elle reste insaisissable. Si l'on se souvient c e p e n d a n t q u e les valeurs des m a r c h a n d i s e s n ' o n t q u ' u n e réalité p u r e m e n t sociale, qu'elles ne 16
t o u t e s les m a r c h a n d i s e s p e u t toujours s'estimer et se c o m p a r e r » , A.Smith d i t : « D e s q u a n t i t é s d e travail d o i v e n t n é c e s s a i r e m e n t , d a n s t o u s les t e m p s e t d a n s t o u s les lieux, être d ' u n e v a l e u r égale p o u r c e l u i q u i travaille. D a n s s o n état h a b i t u e l de s a n t é , de force et d'activité, et d'après le degré o r d i n a i r e d ' h a b i l e t é ou de dextérité q u ' i l p e u t avoir, il faut toujours q u ' i l d o n n e la m ê m e p o r t i o n de son repos, de sa liberté, de s o n b o n h e u r . » (Wealth of nations, 1.1, ch. v.) D ' u n côté, A. Smith confond ici (ce q u ' i l ne fait p a s toujours) la d é t e r m i n a t i o n de la v a l e u r de la m a r c h a n d i s e p a r le quantum de travail d é p e n s é d a n s sa p r o d u c t i o n avec la d é t e r m i n a t i o n de sa valeur par la valeur du travail, et c h e r c h e p a r c o n s é q u e n t à prouver q u e d'égales q u a n t i t é s de travail o n t toujours la m ê m e valeur. D ' u n a u t r e côté, il pressent, il est vrai, q u e t o u t travail n ' e s t q u ' u n e dépense de force humaine de travail, en t a n t q u ' i l se r e p r é s e n t e d a n s la v a l e u r de la m a r c h a n d i s e ; m a i s i l c o m p r e n d cette d é p e n s e e x c l u s i v e m e n t c o m m e a b n é g a t i o n , c o m m e sacrifice d e repos, d e liberté e t d e b o n h e u r , e t n o n e n m ê m e t e m p s c o m m e affirmation n o r m a l e de la vie. Il est vrai aussi q u ' i l a en v u e le travailleur salarié m o d e r n e . Un des p r é d é c e s s e u r s de A. Smith, cité déjà par n o u s , dit avec b e a u c o u p p l u s de justesse : « Un h o m m e s'est o c c u p é p e n d a n t u n e s e m a i n e à fournir u n e c h o s e n é c e s s a i r e à la vie, et celui q u i l u i en d o n n e u n e a u t r e e n é c h a n g e , n e p e u t p a s m i e u x e s t i m e r c e q u i e n est l ' é q u i v a l e n t q u ' e n c a l c u l a n t c e q u i l u i a c o û t é e x a c t e m e n t l e m ê m e t e m p s d e travail. C e n ' e s t e n effet q u e l ' é c h a n g e d u travail d ' u n h o m m e d a n s u n e c h o s e d u r a n t u n c e r t a i n t e m p s c o n t r e l e travail d ' u n a u t r e h o m m e d a n s u n e a u t r e chose d u r a n t le m ê m e t e m p s . » (Some Thoughts on the Interest of money in general, etc., p . 39.)
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Les é c o n o m i s t e s p e u n o m b r e u x q u i o n t c h e r c h é , c o m m e Bailey, à faire l ' a n a l y s e de la forme de la valeur, ne p o u v a i e n t arriver à a u c u n r é s u l t a t : p r e m i è r e m e n t , p a r c e q u ' i l s c o n f o n d e n t t o u j o u r s la v a l e u r avec sa forme ; s e c o n d e m e n t , p a r c e q u e sous l'influence grossière de la p r a t i q u e b o u r g e o i s e , ils se p r é o c c u p e n t dès l'abord e x c l u s i v e m e n t de la q u a n t i t é . "The command of quantity .... constitutes value." (Money and its vicissitudes. L o n d o n , 1837, p. 1 1 . S.Bailey.)
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l'acquièrent q u ' e n tant qu'elles sont des expressions de la m ê m e u n i t é sociale, du travail h u m a i n , il devient évident que cette réalité sociale ne p e u t se manifester aussi q u e d a n s les transactions sociales, dans les rapports des m a r c h a n d i s e s les u n e s avec les autres. En fait, n o u s s o m m e s partis de la valeur d ' é c h a n g e ou du rapport d ' é c h a n g e des m a r c h a n d i s e s p o u r trouver les traces de leur valeur q u i y est cachée. Il n o u s faut revenir m a i n t e n a n t à cette forme sous laquelle la valeur n o u s est d'abord a p p a r u e . C h a c u n sait, lors m ê m e q u ' i l ne sait rien a u t r e chose, q u e les m a r c h a n dises possèdent u n e forme valeur particulière q u i contraste de la m a n i è r e la plus éclatante avec leurs formes naturelles diverses, la forme m o n n a i e . Il s'agit m a i n t e n a n t de faire ce ||19| q u e l ' é c o n o m i e bourgeoise n ' a j a m a i s essayé; il s'agit de fournir la genèse de la forme m o n n a i e , c'est-à-dire de développer l'expression de la valeur c o n t e n u e d a n s le rapport de valeur des m a r c h a n d i s e s depuis son é b a u c h e la plus simple et la m o i n s a p p a r e n t e
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j u s q u ' à cette forme m o n n a i e q u i saute aux y e u x d e t o u t l e m o n d e . E n m ê m e t e m p s sera résolue et disparaîtra l'énigme de la m o n n a i e . En général les m a r c h a n d i s e s n ' o n t pas d ' a u t r e rapport entre elles q u ' u n rapport de valeur, et le rapport de valeur le plus simple est é v i d e m m e n t celui d ' u n e m a r c h a n d i s e avec u n e autre m a r c h a n d i s e d'espèce différente, 20 n ' i m p o r t e laquelle. Le rapport de valeur ou d ' é c h a n g e de d e u x m a r c h a n dises fournit d o n c p o u r u n e m a r c h a n d i s e l'expression de valeur la plus simple. A. F o r m e simple ou accidentelle de la valeur
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χ marchandise A = y marchandise B, ou χ marchandise A vaut y marchandise B. (20 m è t r e s de toile = 1 habit, ou 20 m è t r e s de toile ont la valeur d ' u n habit.) Le mystère de t o u t e forme de valeur gît d a n s cette forme simple. Aussi c'est d a n s son analyse q u e se trouve la difficulté.
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a) Les deux pôles de l'expression de la valeur: sa forme relative et sa forme équivalente D e u x m a r c h a n d i s e s différentes A et B, et, d a n s l'exemple que n o u s avons choisi, la toile et l'habit, j o u e n t ici é v i d e m m e n t d e u x rôles distincts. La toile exprime sa valeur dans l'habit et celui-ci sert de m a t i è r e à cette ex35 pression. La p r e m i è r e m a r c h a n d i s e j o u e un rôle actif, la s e c o n d e un rôle passif. La valeur de la p r e m i è r e est exposée c o m m e valeur relative, la sec o n d e m a r c h a n d i s e f o n c t i o n n e c o m m e équivalent.
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Première section • Marchandise et monnaie La forme relative et la forme équivalente sont d e u x aspects corrélatifs, inséparables, m a i s en m ê m e t e m p s des extrêmes opposés, exclusifs l'un de l'autre, c'est-à-dire des pôles de la m ê m e expression de la valeur. Ils se dist r i b u e n t toujours entre les diverses m a r c h a n d i s e s q u e cette expression m e t en rapport. Cette é q u a t i o n : 20 mètres de toile = 20 m è t r e s de toile, e x p r i m e 5 s e u l e m e n t q u e 20 m è t r e s de toile ne sont pas autre chose q u e 20 m è t r e s de toile, c'est-à-dire n e sont q u ' u n e certaine s o m m e d ' u n e valeur d'usage. L a valeur d e l a toile n e p e u t d o n c être e x p r i m é e q u e d a n s u n e autre m a r c h a n dise, c'est-à-dire relativement. Cela suppose q u e cette autre m a r c h a n d i s e se trouve en face d'elle sous forme d'équivalent. D ' u n autre côté, la m a r c h a n - 10 dise q u i figure c o m m e équivalent ne p e u t se trouver à la fois sous forme de valeur relative. Elle n ' e x p r i m e pas sa valeur, m a i s fournit s e u l e m e n t la m a tière p o u r l'expression de la valeur de la première m a r c h a n d i s e . L ' e x p r e s s i o n : 20 mètres de toile = un habit ou: 20 mètres de toile valent un habit, renferme, il est vrai, la r é c i p r o q u e : 1 habit = 20 mètres de toile ou: 15 1 habit vaut 20 mètres de toile. M a i s il me faut alors renverser l ' é q u a t i o n p o u r e x p r i m e r relativement la valeur de l'habit, et dès q u e je le fais, la toile devient équivalent à sa place. U n e m ê m e m a r c h a n d i s e ne p e u t d o n c revêtir s i m u l t a n é m e n t ces d e u x formes dans la m ê m e expression de la valeur. Ces d e u x formes s'excluent p o l a r i q u e m e n t . 20
b) La forme relative de la valeur 1) C o n t e n u de cette forme P o u r trouver c o m m e n t l'expression simple d e l a valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est c o n t e n u e d a n s le rapport de valeur de d e u x m a r c h a n d i s e s , il faut d'abord l'examiner, abstraction faite de son côté quantitatif. C'est le 25 contraire q u ' o n fait en général en envisageant d a n s le rapport de valeur exclusivement la proportion d a n s laquelle des q u a n t i t é s d é t e r m i n é e s de d e u x sortes de m a r c h a n d i s e s sont dites égales entre elles. On o u b l i e q u e des choses différentes ne p e u v e n t être comparées quantitativement q u ' a p r è s avoir été r a m e n é e s à la m ê m e u n i t é . Alors s e u l e m e n t elles o n t le m ê m e dé- 30 n o m i n a t e u r et d e v i e n n e n t c o m m e n s u r a b l e s . Q u e 20 m è t r e s de toile = 1 habit, ou = 20, ou = χ habits, c'est-à-dire q u ' u n e q u a n t i t é d o n n é e d e toile vaille plus o u m o i n s d'habits, u n e proport i o n de ce genre i m p l i q u e toujours q u e l'habit et la toile, c o m m e g r a n d e u r s de valeur, sont des expressions de la m ê m e u n i t é . Toile = habit, voilà le 35 f o n d e m e n t d e l'équation. Mais les d e u x m a r c h a n d i s e s d o n t la qualité égale, l'essence i d e n t i q u e , est ainsi affirmée, n'y j o u e n t pas le m ê m e rôle. Ce n ' e s t q u e la valeur de la
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toile qui s'y trouve exprimée. Et c o m m e n t ? En la c o m p a r a n t à u n e m a r chandise d ' u n e espèce différente, l'habit, c o m m e son équivalent, c'est-àdire u n e chose qui p e u t la r e m p l a c e r ou est échangeable avec elle. Il est d'abord évident q u e l'habit entre d a n s ce rapport exclusivement c o m m e forme d'existence de la valeur, car ce n'est q u ' e n e x p r i m a n t de la valeur qu'il p e u t figurer c o m m e valeur vis-à-vis d ' u n e autre m a r c h a n d i s e . De l'autre côté, le propre valoir de la toile se m o n t r e ici ou acquiert u n e expression distincte. En effet, la valeur h a b i t pourrait-elle être m i s e en équation avec la toile ou lui servir d'équivalent, si celle-ci n ' é t a i t pas e l l e - m ê m e valeur? E m p r u n t o n s u n e analogie à la c h i m i e . L'acide butyrique et le formiate de propyle sont d e u x corps qui diffèrent d'apparence aussi b i e n q u e de qualités physiques et c h i m i q u e s . N é a n m o i n s ils c o n t i e n n e n t les m ê m e s él ém en ts - carbone, h y d r o g è n e et oxygène. En outre, ils les c o n t i e n n e n t dans la m ê m e proportion de C H 0 . M a i n t e n a n t si on m e t t a i t le formiate de propyle en é q u a t i o n avec l'acide b u t y r i q u e ou si on en faisait l'équivalent, le formiate de propyle ne figurerait dans ce rapport q u e c o m m e forme d'existence d e C H 0 , c'est-à-dire d e l a substance qui lui est c o m m u n e avec l'acide. U n e é q u a t i o n où le formiate de propyle j o u e r a i t le rôle d'équivalent de l'acide b u t y r i q u e serait d o n c u n e m a n i è r e un peu g a u c h e d'exprim e r la substance de l'acide c o m m e q u e l q u e chose de t o u t à fait distinct de sa forme corporelle. Si n o u s disons : en t a n t q u e valeurs toutes les m a r c h a n d i s e s ne sont q u e du travail h u m a i n cristallisé, n o u s les r a m e n o n s par n o t r e analyse à l'abstraction valeur, m a i s avant c o m m e après elles ne p o s s è d e n t q u ' u n e seule forme, leur forme naturelle d'objets utiles. Il en est tout a u t r e m e n t dès q u ' u n e m a r c h a n d i s e est m i s e en rapport de valeur avec u n e autre m a r c h a n dise. Dès ce m o m e n t son caractère de valeur ressort et s'affirme c o m m e sa propriété ||20| i n h é r e n t e q u i d é t e r m i n e sa relation avec l'autre m a r c h a n dise. L'habit étant posé l'équivalent de la toile, le travail c o n t e n u d a n s l'habit est affirmé être i d e n t i q u e avec le travail c o n t e n u d a n s la toile. Il est vrai que la taille se distingue du tissage. M a i s son é q u a t i o n avec le tissage la ram è n e par le fait à ce qu'elle a de réellement c o m m u n avec lui, à son caractère de travail h u m a i n . C'est u n e m a n i è r e d é t o u r n é e d'exprimer q u e le tissage, en t a n t qu'il tisse de la valeur, ne se distingue en rien de la taille des vêtements, c'est-à-dire est du travail h u m a i n abstrait. Cette é q u a t i o n exprime d o n c le caractère spécifique du travail q u i constitue la valeur de la toile. II ne suffit pas c e p e n d a n t d'exprimer le caractère spécifique du travail qui fait la valeur de la toile. La force de travail de l ' h o m m e à l'état fluide 4
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Première section · Marchandise et monnaie ou le travail h u m a i n forme b i e n de la valeur, m a i s n'est pas valeur. Il ne devient valeur q u ' à l'état coagulé sous la forme d ' u n objet. Ainsi les c o n d i tions qu'il faut remplir p o u r exprimer la valeur de la toile paraissent se contredire elles-mêmes. D ' u n côté il faut la représenter c o m m e u n e p u r e c o n d e n s a t i o n du travail h u m a i n abstrait, car en tant q u e valeur la m a r c h a n d i s e n ' a pas d'autre réalité. En m ê m e temps cette c o n d e n s a t i o n doit revêtir la forme d ' u n objet visiblement distinct de la toile e l l e - m ê m e et qui, t o u t en lui appartenant, lui soit c o m m u n e avec u n e autre m a r c h a n d i s e . Ce p r o b l è m e est déjà résolu.
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En effet, n o u s avons vu q u e dès qu'il est posé c o m m e équivalent, l'habit 10 n ' a plus besoin de passeport p o u r constater son caractère de valeur. D a n s ce rôle sa propre forme d'existence devient u n e forme d'existence de la val e u r ; c e p e n d a n t l'habit, le corps de la m a r c h a n d i s e habit, n'est q u ' u n e simple valeur d ' u s a g e ; un h a b i t exprime aussi peu de valeur que le p r e m i e r m o r c e a u de toile venu. Cela prouve tout s i m p l e m e n t q u e d a n s le rapport de 15 valeur de la toile il signifie plus q u ' e n dehors de ce r a p p o r t ; de m ê m e q u e m a i n t personnage i m p o r t a n t dans un c o s t u m e g a l o n n é devient t o u t à fait insignifiant si les galons lui m a n q u e n t . D a n s la p r o d u c t i o n de l'habit, de la force h u m a i n e a été d é p e n s é e en fait sous u n e forme particulière. Du travail h u m a i n est d o n c a c c u m u l é en lui. 20 A ce point de vue, l'habit est porte-valeur, b i e n qu'il ne laisse p a s percer cette qualité à travers la transparence de ses fils, si râpé qu'il soit. Et, d a n s le rapport de valeur de la toile, il ne signifie pas autre chose. Malgré son extérieur si b i e n b o u t o n n é , la toile a r e c o n n u en lui u n e â m e s œ u r pleine de valeur. C'est le côté p l a t o n i q u e de l'affaire. En réalité l'habit ne p e u t p o i n t 25 représenter dans ses relations extérieures la valeur, sans q u e la valeur p r e n n e en m ê m e t e m p s l'aspect d'un habit. C'est ainsi q u e le particulier A ne saurait représenter p o u r l'individu B u n e majesté, sans q u e la majesté a u x y e u x de B revête i m m é d i a t e m e n t et la figure et le corps de A; c'est p o u r cela p r o b a b l e m e n t qu'elle change avec c h a q u e n o u v e a u père du peu- 30 pie, de visage, de cheveux et de m a i n t e autre chose. Le rapport qui fait de l'habit l'équivalent de la toile, m é t a m o r p h o s e d o n c la forme habit en forme valeur de la toile ou exprime la valeur de la toile d a n s la valeur d'usage de l'habit. En tant q u e valeur d'usage, la toile est un objet sensiblement différent de l'habit; en t a n t que valeur, elle est chose 35 égale à l'habit et en a l'aspect, c o m m e cela est clairement prouvé par l'équivalence de l'habit avec elle. Sa propriété de valoir apparaît d a n s son égalité avec l'habit, c o m m e la n a t u r e m o u t o n n i è r e du chrétien d a n s sa ress e m b l a n c e avec l'agneau de Dieu. C o m m e on le voit, tout ce q u e l'analyse de la valeur n o u s avait révélé 40 auparavant, la toile e l l e - m ê m e le dit, dès qu'elle entre en société avec u n e
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Chapitre premier · La marchandise autre m a r c h a n d i s e , l'habit. S e u l e m e n t elle ne trahit ses pensées q u e d a n s le langage qui lui est familier, le langage des m a r c h a n d i s e s . Pour exprimer q u e sa valeur vient du travail h u m a i n , d a n s sa propriété abstraite, elle dit que l'habit en t a n t qu'il v a u t a u t a n t qu'elle, c'est-à-dire est valeur, se com5 pose du m ê m e travail q u ' e l l e - m ê m e . P o u r e x p r i m e r q u e sa réalité sublime c o m m e valeur est distincte de son corps raide et filamenteux, elle dit q u e la valeur a l'aspect d ' u n habit, et que par c o n s é q u e n t elle-même, c o m m e chose valable, ressemble à l'habit, c o m m e un œ u f à un autre. R e m a r q u o n s en passant q u e la langue des m a r c h a n d i s e s possède, outre l'hébreu, b e a u 10 coup d'autres dialectes et patois plus ou m o i n s corrects. Le m o t a l l e m a n d « W e r t h s e i n » , par exemple, exprime m o i n s n e t t e m e n t q u e le verbe r o m a n Valere, valer, et le français valoir, q u e l'affirmation de l'équivalence de la m a r c h a n d i s e B avec la m a r c h a n d i s e A est l'expression propre de la valeur de cette dernière. Paris vaut b i e n u n e messe. 15 En vertu du rapport de valeur, la forme naturelle de la m a r c h a n d i s e B devient la forme de valeur de la m a r c h a n d i s e A, ou bien le corps de B devient p o u r A le miroir de sa v a l e u r . La valeur de la m a r c h a n d i s e A ainsi exprimée dans la valeur d'usage de la m a r c h a n d i s e B, acquiert la forme de valeur relative. 17
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2) D é t e r m i n a t i o n quantitative de la valeur relative T o u t e m a r c h a n d i s e , d o n t la valeur doit être exprimée, est un certain quantum d ' u n e chose utile, par e x e m p l e : 15 boisseaux de froment, 100 livres de café, etc., qui contient un quantum d é t e r m i n é de travail. La forme de la valeur a d o n c à exprimer n o n - s e u l e m e n t de la valeur en général, m a i s u n e va25 leur d ' u n e certaine grandeur. D a n s le rapport de valeur de la m a r c h a n d i s e A avec la m a r c h a n d i s e B, n o n - s e u l e m e n t la m a r c h a n d i s e B est déclarée égale à A au point de vue de la qualité, m a i s encore un certain quantum de B équivaut au q u a n t u m d o n n é de A. L ' é q u a t i o n : 20 mètres de toile = 1 habit, ou 20 mètres de toile valent un 30 habit, suppose q u e les d e u x m a r c h a n d i s e s coûtent a u t a n t de travail l'une que l'autre, ou se p r o d u i s e n t d a n s le m ê m e t e m p s ; m a i s ce t e m p s varie pour c h a c u n e d'elles avec cha||21|que variation de la force productive du travail qui la crée. E x a m i n o n s m a i n t e n a n t l'influence de ces variations sur l'expression relative de la grandeur de valeur. 35 I. Q u e la valeur de la toile change p e n d a n t q u e la valeur de l'habit reste 17
Sous u n c e r t a i n r a p p o r t i l e n est d e l ' h o m m e c o m m e d e l a m a r c h a n d i s e . C o m m e i l n e v i e n t p o i n t a u m o n d e avec u n miroir, n i e n p h i l o s o p h e à l a F i c h t e d o n t l e M o i n ' a b e s o i n d e r i e n p o u r s'affirmer, il se m i r e et se r e c o n n a î t d ' a b o r d s e u l e m e n t d a n s un a u t r e h o m m e . A u s s i cet autre, avec p e a u e t poil, l u i semble-t-il l a f o r m e p h é n o m é n a l e d u g e n r e h o m m e .
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c o n s t a n t e . - Le t e m p s de travail nécessaire à sa p r o d u c t i o n double-t-il, par suite, je suppose, d ' u n m o i n d r e r e n d e m e n t du sol q u i fournit le lin, alors sa valeur double. Au lieu de 20 mètres de toile = 1 habit, n o u s aurions : 20 mètres de toile = 2 habits, parce q u e 1 habit contient m a i n t e n a n t m o i t i é m o i n s de travail. Le t e m p s nécessaire à la p r o d u c t i o n de la toile d i m i n u e 5 t-il au contraire de m o i t i é par suite d ' u n perfectionnement apporté a u x m é tiers à tisser, sa valeur d i m i n u e dans la m ê m e proportion. Dès lors 20 mètres de toile = % habit. La valeur relative de la m a r c h a n d i s e A, c'est-à-dire sa valeur exprimée dans la m a r c h a n d i s e B, hausse ou baisse par c o n s é q u e n t en raison directe de la valeur de la m a r c h a n d i s e A si celle de la m a r c h a n - 10 dise B reste constante. II. Q u e la valeur de la toile reste constante p e n d a n t q u e la valeur de l'habit varie. - Le temps nécessaire à la production de l'habit double-t-il d a n s ces circonstances, par suite, je suppose, d ' u n e t o n t e de la laine p e u favorable, au lieu de 20 mètres de toile = 1 habit, n o u s avons m a i n t e n a n t 20 mètres de toile = / habit. La valeur de l'habit tombe-t-elle au contraire de moitié, alors 20 mètres de toile = 2 habits. La valeur de la m a r c h a n d i s e A d e m e u rant constante, on voit que sa valeur relative exprimée d a n s la m a r c h a n d i s e B hausse ou baisse en raison inverse du c h a n g e m e n t de valeur de B. Si l'on c o m p a r e les cas divers compris dans I et II, il est manifeste q u e le m ê m e c h a n g e m e n t de g r a n d e u r de la valeur relative p e u t résulter de causes t o u t opposées. Ainsi l ' é q u a t i o n : 20 mètres de toile = 1 habit d e v i e n t : 20 mètres de toile = 2 habits, soit parce q u e la valeur de la toile d o u b l e ou q u e la valeur des habits d i m i n u e de moitié, et 20 mètres de toile = % habit, soit parce que la valeur de la toile d i m i n u e de m o i t i é ou que la valeur de l'habit devient double. III. Les quantités de travail nécessaires à la p r o d u c t i o n de la toile et de l'habit changent-elles s i m u l t a n é m e n t , d a n s le m ê m e sens et d a n s la m ê m e p r o p o r t i o n ? D a n s ce cas, 20-mètres de toile = 1 habit c o m m e auparavant, quels que soient leurs c h a n g e m e n t s de valeur. On découvre ces changem e n t s par comparaison avec u n e troisième m a r c h a n d i s e d o n t la valeur reste la m ê m e . Si les valeurs de toutes les m a r c h a n d i s e s a u g m e n t a i e n t ou d i m i n u a i e n t s i m u l t a n é m e n t et dans la m ê m e proportion, leurs valeurs relatives n'éprouveraient a u c u n e variation. Leur c h a n g e m e n t réel de valeur se reconnaîtrait à ce q u e dans un m ê m e temps de travail il serait m a i n t e n a n t livré en général u n e q u a n t i t é de m a r c h a n d i s e s plus ou m o i n s g r a n d e qu'auparavant. IV. Les temps de travail nécessaires à la p r o d u c t i o n et de la toile et de l'habit, ainsi que leurs valeurs, peuvent s i m u l t a n é m e n t changer d a n s le
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L ' e x p r e s s i o n valeur est e m p l o y é e ici, c o m m e p l u s i e u r s fois déjà de t e m p s à a u t r e , p o u r quantité de valeur.
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m ê m e sens, m a i s à un degré différent, ou d a n s un sens opposé, etc. L'influence de t o u t e c o m b i n a i s o n possible de ce genre sur la valeur relative d ' u n e m a r c h a n d i s e , se calcule facilement par l'emploi des cas I, II et III. Les c h a n g e m e n t s réels dans la g r a n d e u r de la valeur ne se reflètent point, c o m m e on le voit, ni clairement ni c o m p l è t e m e n t d a n s leur expression relative. La valeur relative d ' u n e m a r c h a n d i s e p e u t changer, b i e n q u e sa valeur reste c o n s t a n t e ; elle p e u t rester constante, b i e n que sa valeur change, et enfin des c h a n g e m e n t s dans la q u a n t i t é de valeur et dans son expression relative peuvent être simultanés sans correspondre exactement . 1 9
c) La forme d'équivalent et ses particularités On l'a déjà vu : En m ê m e t e m p s q u ' u n e m a r c h a n d i s e A (la toile) exprime sa valeur dans la valeur d'usage d ' u n e m a r c h a n d i s e différente B (l'habit), elle i m p r i m e à cette dernière u n e forme particulière de valeur, celle d'équi15 valent. La toile manifeste son propre caractère de valeur par un rapport dans lequel u n e autre m a r c h a n d i s e , l'habit, tel qu'il est d a n s sa forme n a t u relle, lui fait é q u a t i o n . Elle exprime d o n c q u ' e l l e - m ê m e vaut q u e l q u e chose, par ce fait q u ' u n e autre m a r c h a n d i s e , l'habit, est i m m é d i a t e m e n t échangeable avec elle. 20 En tant q u e valeurs toutes les m a r c h a n d i s e s sont des expressions égales d ' u n e m ê m e u n i t é , le travail h u m a i n , remplaçables les u n e s par les autres : U n e m a r c h a n d i s e est par c o n s é q u e n t échangeable avec u n e autre m a r c h a n dise, dès qu'elle possède u n e forme, qui la fait apparaître c o m m e valeur. U n e m a r c h a n d i s e est i m m é d i a t e m e n t échangeable avec t o u t e autre d o n t 25 elle est l'équivalent, c'est-à-dire: la place qu'elle o c c u p e d a n s le rapport de valeur, fait de sa forme naturelle la forme valeur de l'autre m a r c h a n d i s e . 19
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D a n s u n écrit dirigé p r i n c i p a l e m e n t c o n t r e l a t h é o r i e d e l a v a l e u r d e R i c a r d o , o n lit: « V o u s n ' a v e z q u ' à a d m e t t r e q u e le travail n é c e s s a i r e à sa p r o d u c t i o n r e s t a n t toujours le m ê m e , A baisse parce q u e B, avec l e q u e l il s'échange, h a u s s e , et votre p r i n c i p e g é n é r a l au sujet de la valeur t o m b e . - En a d m e t t a n t q u e B baisse r e l a t i v e m e n t à A, q u a n d la v a l e u r de A h a u s s e relativ e m e n t à B , R i c a r d o d é t r u i t l u i - m ê m e l a b a s e d e son g r a n d a x i o m e q u e l a v a l e u r d ' u n e m a r c h a n d i s e est toujours d é t e r m i n é e p a r l a q u a n t i t é d e travail i n c o r p o r é e e n e l l e ; car s i u n c h a n g e m e n t d a n s les frais de A c h a n g e n o n - s e u l e m e n t sa valeur r e l a t i v e m e n t à B, avec l e q u e l il s ' é c h a n g e , m a i s aussi la valeur de B r e l a t i v e m e n t à A, q u o i q u e a u c u n c h a n g e m e n t n ' a i t eu lieu d a n s la q u a n t i t é de travail exigé p o u r la p r o d u c t i o n de B : alors t o m b e n o n - s e u l e m e n t la d o c t r i n e q u i fait de la q u a n t i t é de travail a p p l i q u é à un article la m e s u r e de sa valeur, m a i s aussi la d o c t r i n e q u i affirme q u e la v a l e u r est réglée p a r les frais de p r o d u c t i o n . » (J. Broadh u r s t : Political Economy, L o n d o n , 1842, p. 1 1 , 14). M a î t r e B r o a d h u r s t p o u v a i t a u s s i b i e n d i r e : Q u e l'on c o n s i d è r e les fractions / , / , / ; l e n o m b r e 1 0 reste toujours l e m ê m e , e t c e p e n d a n t sa valeur p r o p o r t i o n n e l l e décroît c o n s t a m m e n t parce q u e la g r a n d e u r des d é n o m i n a t e u r s a u g m e n t e . A i n s i t o m b e l e g r a n d p r i n c i p e d'après l e q u e l l a g r a n d e u r des n o m b r e s e n t i e r s est déterminée par la quantité des unités qu'ils contiennent. 10
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Première section • Marchandise et monnaie Elle n ' a pas besoin de revêtir u n e forme différente dé sa forme n a t u r e l l e p o u r se manifester c o m m e valeur à l'autre m a r c h a n d i s e , p o u r valoir c o m m e telle et par c o n s é q u e n t p o u r être échangeable avec elle. La forme d'équivalent est d o n c p o u r u n e m a r c h a n d i s e la forme sous laquelle elle est i m m é d i a t e m e n t é c h a n g e a b l e avec u n e autre. 5 Q u a n d u n e m a r c h a n d i s e , c o m m e des habits, par exemple, sert d'équivalent à u n e autre m a r c h a n d i s e , ||22| telle q u e la toile, et a c q u i e r t ainsi la propriété caractéristique d'être i m m é d i a t e m e n t échangeable avec celle-ci, la proportion n'est pas le m o i n s du m o n d e d o n n é e d a n s laquelle cet échange p e u t s'effectuer. C o m m e la q u a n t i t é de valeur de la toile est don- 10 n é e , cela d é p e n d r a de la q u a n t i t é de valeur des habits. Q u e d a n s le rapport de valeur, l'habit figure c o m m e équivalent et la toile c o m m e valeur relative, ou q u e ce soit l'inverse, la proportion, d a n s laquelle se fait l'échange, reste la m ê m e . La q u a n t i t é de valeur respective des d e u x m a r c h a n d i s e s , m e s u r é e par la durée comparative du travail nécessaire à leur p r o d u c t i o n , 15 est par c o n s é q u e n t u n e d é t e r m i n a t i o n tout à fait i n d é p e n d a n t e de la forme de valeur. La m a r c h a n d i s e d o n t la valeur se trouve sous la forme relative est touj o u r s e x p r i m é e c o m m e q u a n t i t é de valeur, tandis q u ' a u contraire il n ' e n est j a m a i s ainsi de Γ'équivalent q u i figure toujours d a n s l ' é q u a t i o n c o m m e simpie q u a n t i t é d ' u n e chose u t i l e . 40 m è t r e s de toile, par e x e m p l e , valent q u o i ? 2 habits. La m a r c h a n d i s e h a b i t j o u a n t ici le rôle d'équivalent, d o n n a n t ainsi un corps à la valeur de la toile, il suffit d ' u n certain quantum d'habits p o u r exprimer le quantum de valeur q u i appartient à la toile. D o n c 2 habits p e u v e n t exprimer la q u a n t i t é de valeur de 40 m è t r e s de toile, m a i s n o n la leur propre. L'observation superficielle de ce fait, q u e d a n s l'équation de la valeur, l'équivalent ne figure j a m a i s q u e c o m m e simple quantum d ' u n objet d'utilité, a i n d u i t en erreur S. Bailey ainsi q u e b e a u c o u p d'écon o m i s t e s avant et après lui. Ils n ' o n t vu d a n s l'expression de la valeur q u ' u n rapport d e q u a n t i t é . O r sous l a forme d'équivalent u n e m a r c h a n d i s e figure c o m m e simple q u a n t i t é d ' u n e m a t i è r e q u e l c o n q u e p r é c i s é m e n t parce q u e la q u a n t i t é de sa valeur n'est pas exprimée. Les contradictions q u e renferme la forme d'équivalent exigent m a i n t e n a n t un e x a m e n plus approfondi de ses particularités. Première particularité de la forme d'équivalent: La valeur d'usage devient la forme de m a n i f e s t a t i o n de son contraire, la valeur. La forme naturelle des m a r c h a n d i s e s devient leur forme de valeur. M a i s , en fait, ce quid pro quo n ' a lieu p o u r u n e m a r c h a n d i s e B (habit, froment, fer, etc.) q u e d a n s les limites du rapport de valeur, d a n s l e q u e l u n e autre m a r c h a n d i s e A (toile, etc.) entre avec elle, et s e u l e m e n t d a n s ces limites. Considéré isolément, l'habit, par exemple, n'est q u ' u n objet d'utilité, u n e
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Chapitre premier • La marchandise valeur d'usage, a b s o l u m e n t c o m m e la toile ; sa forme n'est que la forme naturelle d ' u n genre particulier d e m a r c h a n d i s e . M a i s c o m m e a u c u n e m a r chandise ne p e u t se rapporter à elle-même c o m m e équivalent, ni faire de sa forme naturelle la forme de sa propre valeur, elle doit n é c e s s a i r e m e n t 5
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prendre p o u r équivalent u n e autre m a r c h a n d i s e d o n t la valeur d'usage lui sert ainsi de forme valeur. U n e m e s u r e appliquée aux m a r c h a n d i s e s e n t a n t q u e matières, c'est-àdire en tant que valeurs d'usage, va n o u s servir d'exemple p o u r m e t t r e ce qui précède d i r e c t e m e n t sous les y e u x du lecteur. Un p a i n de sucre, puisqu'il est un corps, est pesant et par c o n s é q u e n t a du p o i d s ; m a i s il est impossible de voir ou de sentir ce poids rien q u ' à l'apparence. N o u s pren o n s m a i n t e n a n t divers m o r c e a u x de fer de poids c o n n u . La forme m a t é rielle du fer, considérée en elle-même, est aussi p e u u n e forme de manifestation de la p e s a n t e u r q u e celle du p a i n de sucre. C e p e n d a n t p o u r exprimer q u e ce dernier est pesant, n o u s le plaçons en un rapport de poids avec le fer. D a n s ce rapport le fer est considéré c o m m e un corps qui ne représente rien q u e de la pesanteur. D e s quantités de fer employées pour m e s u r e r le poids du sucre, r e p r é s e n t e n t d o n c vis-à-vis de la m a t i è r e sucre u n e simple forme, la forme sous laquelle la pesanteur se manifeste. Le fer ne p e u t j o u e r ce rôle q u ' a u t a n t q u e le sucre ou n ' i m p o r t e q u e l autre corps, d o n t le poids doit être trouvé, est m i s en rapport avec lui à ce p o i n t de vue. Si les d e u x objets n ' é t a i e n t pas pesants, a u c u n rapport de cette espèce ne serait possible entre eux, et l'un ne pourrait point servir d'expression à la pesanteur de l'autre. Jetons-les tous d e u x dans la b a l a n c e et n o u s voyons en fait qu'ils sont la m ê m e chose c o m m e pesanteur, et que par c o n s é q u e n t dans u n e certaine proportion ils sont aussi du m ê m e poids. De m ê m e q u e le corps fer, c o m m e m e s u r e de poids, vis-à-vis du pain de sucre ne représente que pesanteur, de m ê m e d a n s n o t r e expression de valeur, le corps h a b i t visà-vis de la toile ne représente que valeur. Ici c e p e n d a n t cesse l'analogie. D a n s l'expression de poids du p a i n de sucre, le fer représente u n e qualité naturelle c o m m u n e aux d e u x corps, leur pesanteur, tandis q u e d a n s l'expression de valeur de la toile, le corps habit représente u n e qualité surnaturelle des d e u x objets, leur valeur, un caractère d ' e m p r e i n t e p u r e m e n t sociale. Du m o m e n t q u e la forme relative exprime la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , de la toile, par exemple, c o m m e q u e l q u e chose de c o m p l è t e m e n t différent de son corps l u i - m ê m e et de ses propriétés, c o m m e q u e l q u e chose q u i ressemble à un habit, par exemple, elle fait e n t e n d r e q u e sous cette expression un rapport social est caché. C'est l'inverse q u i a lieu avec la forme d'équivalent. Elle consiste précis é m e n t en ce q u e le corps d ' u n e m a r c h a n d i s e , un habit par exemple, en ce
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Première section • Marchandise et monnaie q u e cette chose telle quelle exprime de la valeur, et par c o n s é q u e n t possède n a t u r e l l e m e n t forme de valeur. Il est vrai que ceci n'est j u s t e q u ' a u t a n t q u ' u n e autre m a r c h a n d i s e , c o m m e la toile, se rapporte à elle c o m m e équiv a l e n t . M a i s , de m ê m e q u e les propriétés matérielles d ' u n e chose ne font q u e se confirmer d a n s ses rapports extérieurs avec d'autres choses au lieu 5 d ' e n découler, de m ê m e l'habit semble tirer de la n a t u r e et n o n du rapport de valeur de la toile sa forme d'équivalent, sa propriété d'être i m m é d i a t e m e n t échangeable, au m ê m e titre que sa propriété d'être p e s a n t ou de tenir c h a u d . De là le côté é n i g m a t i q u e de l'équivalent, côté qui ne frappe les y e u x de l'économiste bourgeois q u e lorsque cette forme se m o n t r e à lui 10 t o u t achevée, dans la m o n n a i e . Pour dissiper ce carac||23|tère m y s t i q u e de l'argent et de l'or, il cherche ensuite à les remplacer s o u r n o i s e m e n t par des m a r c h a n d i s e s m o i n s éblouissantes ; il fait et refait avec un plaisir toujours n o u v e a u le catalogue de tous les articles qui, d a n s leur t e m p s , o n t j o u é le rôle d'équivalent. Il ne pressent pas q u e l'expression la plus simple de la 15 valeur, telle q u e 20 m è t r e s de toile valent un habit, contient déjà l'énigme et que c'est sous cette forme simple qu'il doit chercher à le résoudre. 20
Deuxième particularité de la forme d'équivalent: Le travail concret devient la forme de manifestation de son contraire, le travail h u m a i n abstrait. D a n s l'expression de la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , le corps de l'équivalent figure toujours c o m m e matérialisation du travail h u m a i n abstrait, et est toujours le produit d ' u n travail particulier, concret et utile. Ce travail concret ne sert d o n c ici q u ' à exprimer du travail abstrait. Un habit, par exemple, est-il u n e simple réalisation, l'activité du tailleur q u i se réalise en lui n'est aussi q u ' u n e simple forme de réalisation du travail abstrait. Q u a n d on exprime la valeur de la toile d a n s l'habit, l'utilité du travail du tailleur ne consiste pas en ce qu'il fait des habits et, selon le proverbe allem a n d , des h o m m e s , m a i s en ce qu'il produit un corps, transparent de valeur, échantillon d ' u n travail qui ne se distingue en rien du travail réalisé d a n s la valeur de la toile. P o u r pouvoir s'incorporer d a n s un tel m i r o i r de valeur, il faut que le travail du tailleur ne reflète l u i - m ê m e rien q u e sa propriété de travail h u m a i n . Les d e u x formes d'activité productive, tissage et confection de vêtem e n t s , exigent u n e dépense d e force h u m a i n e . T o u t e s d e u x possèdent d o n c la propriété c o m m u n e d'être du travail h u m a i n , et d a n s certains cas, c o m m e , p a r exemple, lorsqu'il s'agit de la p r o d u c t i o n de valeur, on ne doit les considérer q u ' à ce p o i n t de vue. Il n'y a là rien de m y s t é r i e u x ; m a i s d a n s l'expression de valeur de la m a r c h a n d i s e , la chose est prise au re-
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D a n s u n a u t r e o r d r e d ' i d é e s i l e n est e n c o r e ainsi. Cet h o m m e , p a r e x e m p l e , n ' e s t r o i q u e p a r c e q u e d ' a u t r e s h o m m e s s e c o n s i d è r e n t c o m m e ses sujets e t agissent e n c o n s é q u e n c e . Ils c r o i e n t au c o n t r a i r e être sujets p a r c e q u ' i l est roi.
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bours. P o u r exprimer, par exemple, q u e le tissage, n o n c o m m e tel, m a i s en sa qualité de travail h u m a i n en général, forme la valeur de la toile, on lui oppose un autre travail, celui q u i p r o d u i t l'habit, l'équivalent de la toile, c o m m e la forme expresse d a n s laquelle le travail h u m a i n se manifeste. Le travail du tailleur est ainsi m é t a m o r p h o s é en simple expression de sa propre qualité abstraite.
Troisième particularité de la forme équivalent: Le travail concret q u i p r o d u i t l'équivalent, d a n s n o t r e e x e m p l e , celui de tailleur, en servant s i m p l e m e n t d'expression au travail h u m a i n indistinct, 10 possède la forme de l'égalité avec un autre travail, celui q u e recèle la toile, et devient ainsi q u o i q u e travail privé, c o m m e t o u t autre travail productif de m a r c h a n d i s e s , travail sous forme sociale i m m é d i a t e . C'est p o u r q u o i il se réalise par u n p r o d u i t q u i est i m m é d i a t e m e n t échangeable avec u n e autre marchandise. 15
Les d e u x particularités de la forme équivalent, e x a m i n é e s en dernier lieu, d e v i e n n e n t encore plus faciles à saisir, si n o u s r e m o n t o n s au grand p e n s e u r q u i a analysé le p r e m i e r la forme valeur, ainsi q u e t a n t d'autres formes, soit de la p e n s é e , soit de la société, soit de la n a t u r e : n o u s avons n o m m é Aristote.
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D ' a b o r d Aristote e x p r i m e c l a i r e m e n t q u e la forme argent de la m a r c h a n dise n'est q u e l'aspect développé de la forme valeur simple, c'est-à-dire de l'expression d e l a valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e d a n s u n e autre m a r c h a n d i s e q u e l c o n q u e , car il d i t : «5 lits = 1 maison (Κλΐναι π έ ν τ ε α ν τ ί ο ι κ ί α ς ) » « n e diffèrent p a s » d e : « 5 lits = tant et tant d'argent.»
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(Κλΐναι π έ ν τ ε α ν τ ί .... δσου αί π έ ν τ ε κλΐναι.) Il voit de plus q u e le rapport de valeur qui c o n t i e n t cette expression de valeur suppose, de son côté, q u e la m a i s o n est déclarée égale au lit au p o i n t de vue de la qualité, et q u e ces objets, s e n s i b l e m e n t différents, ne pour30 raient se c o m p a r e r entre e u x c o m m e des grandeurs c o m m e n s u r a b l e s sans cette égalité d'essence. « L ' é c h a n g e , dit-il, ne p e u t avoir lieu sans l'égalité, ni l'égalité sans la c o m m e n s u r a b i l i t é » (ουτ' ί σ ό τ η ς μή ούσης σ υ μ μ ε τ ρ ί α ς ) . M a i s ici il hésite et r e n o n c e à l'analyse de la forme valeur. « I l est, ajoute-til, impossible en vérité (τχ\ μεν οΰν ά λ η θ ε ί α α δ ύ ν α τ ο ν ) q u e des choses si 35 dissemblables soient c o m m e n s u r a b l e s e n t r e elles», c'est-à-dire de qualité égale. L'affirmation de leur égalité ne p e u t être q u e contraire à la n a t u r e des choses ; « on y a s e u l e m e n t recours p o u r le b e s o i n p r a t i q u e . » A i n s i Aristote n o u s dit l u i - m ê m e où son analyse vient é c h o u e r contre l'insuffisance de son c o n c e p t de valeur. Q u e l est le «je ne sais q u o i » d'égal, 40 c'est-à-dire la s u b s t a n c e c o m m u n e q u e représente la m a i s o n p o u r le lit d a n s l'expression de la valeur de ce dernier ?« Pareille chose, dit Aristote,
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Première section • Marchandise et monnaie ne p e u t en vérité exister. « P o u r q u o i ? La m a i s o n représente vis-à-vis du lit q u e l q u e chose d'égal, en t a n t qu'elle représente ce qu'il y a de r é e l l e m e n t égal d a n s tous les deux. Q u o i d o n c ? Le travail h u m a i n . Ce q u i e m p ê c h a i t Aristote de lire dans la forme valeur des m a r c h a n dises, q u e tous les travaux sont exprimés ici c o m m e travail h u m a i n indis5 tinct et par c o n s é q u e n t égaux, c'est que la société grecque reposait sur le travail des esclaves, et avait p o u r base naturelle l'inégalité des h o m m e s et de leurs forces de travail. Le secret de l'expression de la valeur, l'égalité et l'équivalence de tous les travaux, parce que et en tant qu'ils sont du travail h u m a i n , ne p e u t être déchiffré q u e lorsque l'idée de l'égalité h u m a i n e a 10 déjà acquis la ténacité d ' u n préjugé populaire. Mais ceci n ' a lieu q u e dans u n e société où la forme m a r c h a n d i s e est devenue la forme générale des produits du travail, où par c o n s é q u e n t le rapport des h o m m e s entre e u x c o m m e producteurs et échangistes de m a r c h a n d i s e s est le rapport social d o m i n a n t . Ce qui m o n t r e le génie d'Aristote, c'est qu'il a découvert dans 15 l'expression de la valeur des m a r c h a n d i s e s un rapport d'égalité. L'état particulier de la société d a n s laquelle il vivait l'a seul e m p ê c h é de trouver q u e l était le c o n t e n u réel de ce rapport.
d) Ensemble de la forme valeur simple La forme simple de la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est c o n t e n u e d a n s son rap- 20 port de valeur ou d ' é c h a n g e avec un seul autre genre de m a r c h a n d i s e q u e l qu'il soit. La valeur de la m a r c h a n d i s e A est exprimée qualitativement par la propriété de la m a r c h a n d i s e B ||24| d'être i m m é d i a t e m e n t é c h a n g e a b l e avec A. Elle est e x p r i m é e q u a n t i t a t i v e m e n t par l'échange toujours possible d ' u n q u a n t u m d é t e r m i n é de B avec le q u a n t u m d o n n é de A. En d'autres 25 t e r m e s , la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est exprimée par cela seul qu'elle se pose c o m m e valeur d'échange. Si d o n c au d é b u t de ce chapitre, p o u r suivre la m a n i è r e de parler ordinaire, n o u s avons d i t : la m a r c h a n d i s e est valeur d'usage et valeur d'échange, pris à la lettre c'était faux. La m a r c h a n d i s e est valeur d'usage ou objet d'utilité, et valeur. Elle se présente p o u r ce qu'elle 30 est, chose double, dès q u e sa valeur possède u n e forme p h é n o m é n a l e propre, distincte de sa forme naturelle, celle de valeur d ' é c h a n g e ; et elle ne possède j a m a i s cette forme, si on la considère isolément. Dès q u ' o n sait cela, la vieille locution n ' a plus de malice et sert p o u r l'abréviation. 35 Il ressort de n o t r e analyse q u e c'est de la n a t u r e de la valeur des m a r chandises q u e provient sa forme, et q u e ce n'est pas au contraire de la m a n i è r e de les exprimer par un rapport d'échange q u e d é c o u l e n t la valeur et sa grandeur. C'est là p o u r t a n t l'erreur des mercantilistes et de leurs m o -
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dernes zélateurs, les Ferrier, les G a n i l h , e t c . , aussi b i e n q u e de leurs antipodes, les c o m m i s voyageurs du libre échange, tels q u e Bastiat et consorts. Les mercantilistes a p p u i e n t surtout sur le côté qualitatif de l'expression de la valeur, c o n s é q u e m m e n t sur la forme équivalent de la m a r c h a n d i s e , réalisée à l'œil, d a n s la forme argent; les m o d e r n e s c h a m p i o n s du libre échange, au contraire, q u i veulent se débarrasser à t o u t prix de leur marchandise, font ressortir exclusivement le côté quantitatif de la forme relative de la valeur. P o u r eux il n'existe d o n c ni valeur ni g r a n d e u r de valeur en dehors de leur expression par le rapport d'échange, ce q u i v e u t dire prat i q u e m e n t en dehors de la cote q u o t i d i e n n e du prix courant. L'Écossais M a c Leod, q u i s'est d o n n é p o u r fonction d'habiller et d'orner d ' u n si grand luxe d'érudition le fouillis des préjugés é c o n o m i q u e s de Lombardstreet, la r u e des grands b a n q u i e r s de Londres, - forme la synthèse réussie des mercantilistes superstitieux et des esprits forts du libre échange. Un e x a m e n attentif de l'expression de la valeur de A en B, a m o n t r é que d a n s ce rapport la forme naturelle de la m a r c h a n d i s e A ne figure que c o m m e forme de valeur d'usage, et la forme naturelle de la m a r c h a n d i s e B q u e c o m m e forme de valeur. L'opposition i n t i m e entre la valeur d'usage et la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , se m o n t r e ainsi par le rapport de d e u x marchandises, rapport d a n s lequel A, d o n t la valeur doit être exprimée, ne se pose i m m é d i a t e m e n t q u e c o m m e valeur d'usage, tandis q u e B au contraire, d a n s laquelle la valeur est exprimée, ne se pose i m m é d i a t e m e n t que c o m m e valeur d'échange. La forme valeur simple d ' u n e m a r c h a n d i s e est d o n c la simple forme d'apparition des contrastes qu'elle recèle, c'est-à-dire de la valeur d'usage et de la valeur. Le produit du travail est dans n ' i m p o r t e q u e l état social valeur d'usage ou objet d ' u t i l i t é ; m a i s il n'y a q u ' u n e é p o q u e d é t e r m i n é e dans le développ e m e n t historique de la société, qui transforme g é n é r a l e m e n t le produit du travail en m a r c h a n d i s e , c'est celle où le travail dépensé d a n s la p r o d u c t i o n des objets utiles revêt le caractère d ' u n e qualité i n h é r e n t e à ces choses, de leur valeur. Le produit du travail acquiert la forme m a r c h a n d i s e , dès q u e sa valeur acquiert la forme de la valeur d'échange, opposée à sa forme naturelle ; dès q u e par c o n s é q u e n t il est représenté c o m m e l'unité dans laquelle se fond e n t ces contrastes. Il suit de là q u e la forme simple que revêt la valeur de la m a r c h a n d i s e est aussi la forme primitive d a n s laquelle le produit du travail se présente c o m m e m a r c h a n d i s e et q u e le développement de la forme m a r c h a n d i s e m a r c h e du m ê m e pas que celui de la forme valeur. 21
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F. L. A. Ferrier ( s o u s - i n s p e c t e u r des d o u a n e s ) : Du Gouvernement considéré dans ses rapports avec le commerce, Paris, 1805 ; et C h a r l e s G a n i l h : Des Systèmes de l'Économie politique, 2 edit, Paris, 1 8 2 1 . e
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Première section • Marchandise et monnaie A p r e m i è r e vue on s'aperçoit de l'insuffisance de la forme valeur simple, ce germe qui doit subir u n e série de m é t a m o r p h o s e s avant d'arriver à la forme prix. En effet, la forme simple ne fait q u e distinguer entre la valeur et la valeur d'usage d ' u n e m a r c h a n d i s e et la m e t t r e en rapport d ' é c h a n g e avec u n e 5 seule espèce de n ' i m p o r t e quelle autre m a r c h a n d i s e , au lieu de représenter son égalité qualitative et sa proportionnalité quantitative avec toutes les m a r c h a n d i s e s . Dès q u e la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est exprimée dans cette forme simple, u n e autre m a r c h a n d i s e revêt de son côté la forme d'équivalent simple. Ainsi, par exemple, dans l'expression de la valeur rela- 10 tive de la toile, l'habit ne possède la forme équivalent, forme q u i i n d i q u e q u ' i l est i m m é d i a t e m e n t échangeable, que par rapport à u n e seule m a r c h a n d i s e , la toile. N é a n m o i n s la forme valeur simple passe d'elle-même à u n e forme plus complète. Elle n ' e x p r i m e , il est vrai, la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e A q u e 15 d a n s un seul autre genre de m a r c h a n d i s e . M a i s le genre de cette s e c o n d e m a r c h a n d i s e p e u t être a b s o l u m e n t tout ce q u ' o n voudra, habit, fer, from e n t , et ainsi de suite. Les expressions de la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e dev i e n n e n t d o n c aussi variées q u e ses rapports de valeur avec d'autres m a r chandises. L'expression isolée de sa valeur se m é t a m o r p h o s e ainsi en u n e 20 série d'expressions simples q u e l'on p e u t prolonger à volonté.
B. F o r m e valeur totale ou développée ζ marchandise A = u marchandise B ou = ν marchandise C ou = χ marchandise E, ou = etc. 20 mètres de toile = 1 habit, ou = 10 livres de thé, ou = 40 livres de café, ou = 2 onces d'or, ou = % tonne de fer, ou = etc.
a) La forme développée de la valeur relative La valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , de la toile, par exemple, est m a i n t e n a n t représentée d a n s d'autres é l é m e n t s i n n o m b r a b l e s . Elle se reflète d a n s tout autre corps de m a r c h a n d i s e c o m m e en un m i r o i r . | 22
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Voilà p o u r q u o i l'on p a r l e d e l a valeur h a b i t d e l a toile q u a n d o n e x p r i m e s a v a l e u r e n h a b i t s , d e s a valeur blé, q u a n d o n l ' e x p r i m e e n blé, etc. C h a q u e e x p r e s s i o n s e m b l a b l e d o n n e à e n t e n d r e q u e c'est sa p r o p r e v a l e u r q u i se m a n i f e s t e d a n s ces diverses v a l e u r s d ' u s a g e . « L a valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e d é n o t e son r a p p o r t d ' é c h a n g e ; n o u s p o u v o n s d o n c p a r l e r d e sa valeur blé, sa valeur h a b i t , p a r r a p p o r t à la m a r c h a n d i s e à l a q u e l l e elle est c o m p a r é e ; et alors il y a des milliers d ' e s p è c e s de valeur, a u t a n t d'espèces de v a l e u r q u ' i l y a d e s g e n r e s de m a r c h a n d i s e s , et t o u t e s sont é g a l e m e n t réelles et é g a l e m e n t n o m i n a l e s . » (A Critical Dissertation on the Nature, Measures and Causes of value: chiefly in reference to the writings of Mr.Ricardo
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Chapitre premier • La marchandise |25| T o u t autre travail, quelle q u ' e n soit la forme naturelle, taille, ensem e n ç a g e , extraction de fer ou d'or, etc., est m a i n t e n a n t affirmé égal au travail fixé d a n s la valeur de la toile q u i manifeste ainsi son caractère de travail h u m a i n . La forme totale de la valeur relative m e t u n e m a r c h a n d i s e en 5 rapport social avec toutes. En m ê m e t e m p s la série i n t e r m i n a b l e de ses expressions d é m o n t r e q u e la valeur des m a r c h a n d i s e s revêt indifféremment toute forme particulière de valeur d'usage. D a n s la p r e m i è r e forme : 20 mètres de toile = 1 habit, il p e u t sembler q u e ce soit par hasard q u e ces d e u x m a r c h a n d i s e s sont échangeables d a n s cette 10 proportion d é t e r m i n é e . D a n s la seconde forme, au contraire, on aperçoit i m m é d i a t e m e n t ce q u e cache cette apparence. La valeur de la toile reste la m ê m e , q u ' o n l'exprime en vêtements, en café, en fer, au m o y e n de m a r c h a n d i s e s sans n o m b r e app a r t e n a n t à des échangistes les plus divers. Il devient évident q u e ce n'est 15 pas l'échange q u i règle la q u a n t i t é de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , m a i s au contraire la q u a n t i t é de valeur de la m a r c h a n d i s e q u i règle ses rapports d'échange.
b) La forme équivalent particulière C h a q u e m a r c h a n d i s e , habit, froment, thé, fer, etc., sert d'équivalent dans 20 l'expression de la valeur de la toile. La forme naturelle de c h a c u n e de ces m a r c h a n d i s e s est m a i n t e n a n t u n e forme équivalente particulière à côté de b e a u c o u p d'autres. De m ê m e les genres variés de travaux utiles, c o n t e n u s d a n s les divers corps de m a r c h a n d i s e s , représentent a u t a n t de formes particulières de réalisation ou de manifestation du travail h u m a i n p u r et sim25 pie.
c) Défauts de la forme valeur totale ou développée D ' a b o r d l'expression relative de valeur est inachavée parce q u e la série de ses termes n'est j a m a i s close. La chaîne d o n t c h a q u e c o m p a r a i s o n de valeur forme un des a n n e a u x , p e u t s'allonger à volonté à m e s u r e q u ' u n e n o u 30 velie espèce de m a r c h a n d i s e fournit la m a t i è r e d ' u n e expression nouvelle. Si, de plus, c o m m e cela doit se faire, on généralise cette forme en l'appli-
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and his followers. By the author of Essays on the Formation, etc., of Opinions. L o n d o n , 1825, p. 39.) S. Bailey, l ' a u t e u r de cet écrit a n o n y m e q u i fit d a n s son t e m p s b e a u c o u p de b r u i t en A n g l e terre, se figure avoir a n é a n t i t o u t c o n c e p t positif de v a l e u r p a r cette e n u m e r a t i o n des expressions relatives variées d e l a v a l e u r d ' u n e m ê m e m a r c h a n d i s e . Q u e l l e q u e fût l'étroitesse d e son esprit, il n ' e n a p a s m o i n s parfois m i s à nu les défauts de la t h é o r i e de R i c a r d o . Ce q u i le prouve, c'est l ' a n i m o s i t é avec l a q u e l l e il a été a t t a q u é p a r l'école R i c a r d i e n n e , p a r e x e m p l e d a n s le Westminster Review.
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Première section • Marchandise et monnaie q u a n t à t o u t genre de m a r c h a n d i s e , on obtiendra, au b o u t du c o m p t e , a u t a n t de séries diverses et i n t e r m i n a b l e s d'expressions de valeur q u ' i l y aura de m a r c h a n d i s e s . - Les défauts de la forme développée de la valeur relative se reflètent d a n s la forme équivalent qui lui correspond. C o m m e la forme naturelle de c h a q u e espèce de m a r c h a n d i s e s fournit ici u n e forme équivalent particulière à côté d'autres en n o m b r e infini, il n ' e x i s t e en général que des formes équivalent fragmentaires, dont c h a c u n e exclut l'autre. De m ê m e le genre de travail utile, concret, c o n t e n u dans c h a q u e équivalent, n'y présente q u ' u n e forme particulière, c'est-à-dire u n e m a n i f e s t a t i o n i n c o m p l è t e du travail h u m a i n . Ce travail possède bien, il est vrai, sa forme complète ou totale de manifestation dans l'ensemble de ses formes particulières. M a i s l'unité de forme et d'expression fait défaut.
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La forme totale ou développée de la valeur relative ne consiste cepend a n t q u ' e n u n e s o m m e d'expressions relatives simples ou d ' é q u a t i o n s de la p r e m i è r e forme telles q u e : 15 20 mètres de toile = 1 habit, 20 mètres de toile = 10 livres de thé, etc., d o n t c h a c u n e contient r é c i p r o q u e m e n t l ' é q u a t i o n i d e n t i q u e : 1 habit = 20 mètres de toile, 10 livres de thé = 20 mètres de toile, etc. 20 En fait: le possesseur de la toile l'échange-t-il contre b e a u c o u p d'autres m a r c h a n d i s e s et exprime-t-il c o n s é q u e m m e n t sa valeur dans u n e série d ' a u t a n t de termes, les possesseurs des autres m a r c h a n d i s e s doivent les é c h a n g e r contre la toile et exprimer les valeurs de leurs m a r c h a n d i s e s diverses dans un seul et m ê m e terme, la toile. - Si d o n c n o u s r e t o u r n o n s la 25 s é r i e : 20 m è t r e s de toile = 1 habit, ou = 10 livres de thé, ou = etc., c'est-àdire si n o u s exprimons la réciproque qui y est déjà i m p l i c i t e m e n t c o n t e nue, nous obtenons : C. F o r m e valeur générale 1 10 40 2 % χ
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habit livres de thé livres de café onces d'or tonne de fer marchandise A etc.
— = = = — = —
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20 mètres de toile 35
Chapitre premier • La marchandise
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a) Changement de caractère de la forme valeur Les m a r c h a n d i s e s e x p r i m e n t m a i n t e n a n t leurs valeurs: 1° d ' u n e m a n i è r e simple, parce qu'elles l'expriment dans u n e seule espèce de m a r c h a n d i s e ; 2° avec e n s e m b l e , parce qu'elles l'expriment d a n s la m ê m e espèce de m a r chandises. L e u r forme valeur est simple et c o m m u n e , c o n s é q u e m m e n t générale. Les formes I et II ne parvenaient à exprimer la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e q u e c o m m e q u e l q u e chose de distinct de sa propre valeur d'usage ou de sa propre matière. La p r e m i è r e forme fournit des é q u a t i o n s telles q u e celle-ci : 1 habit = 20 mètres de toile, 10 livres de thé = % tonne de fer, etc. La valeur de l'habit est exprimée c o m m e q u e l q u e chose d'égal à la toile, la valeur du thé c o m m e q u e l q u e chose d'égal au fer, etc. ; m a i s ces expressions de la valeur de l'habit et du t h é sont aussi différentes l'une de l'autre que la toile et le fer. Cette forme ne se présente é v i d e m m e n t d a n s la pratique q u ' a u x époques primitives où les produits du travail n ' é t a i e n t transformés en m a r chandises q u e par des échanges accidentels et isolés. La seconde forme exprime plus c o m p l è t e m e n t q u e la p r e m i è r e la différence q u i existe entre la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , par exemple, d ' u n habit, et sa ||26| propre valeur d'usage. En effet, la valeur de l'habit y p r e n d toutes les figures possibles vis-à-vis de sa forme naturelle ; elle ressemble à la toile, au thé, au fer, à tout, excepté à l'habit. D ' u n autre côté, cette forme rend impossible t o u t e expression c o m m u n e de la valeur des m a r c h a n d i s e s , car, d a n s l'expression de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e q u e l c o n q u e , toutes les autres figurent c o m m e ses équivalents, et sont par c o n s é q u e n t incapables d'exprimer leur propre valeur. Cette forme valeur développée se présente dans la réalité dès q u ' u n produit du travail, le bétail, par exemple, est échangé contre d'autres m a r c h a n d i s e s différentes, n o n plus par exception, mais déjà par h a b i t u d e . D a n s l'expression générale de la valeur relative, au contraire, c h a q u e m a r c h a n d i s e , telle qu'habit, café, fer, etc., possède u n e seule et m ê m e forme valeur, par exemple, la forme toile, différente de sa forme naturelle. En vertu de cette ressemblance avec la toile, la valeur de c h a q u e m a r c h a n dise est m a i n t e n a n t distincte n o n - s e u l e m e n t de sa propre valeur d'usage, m a i s encore de toutes les autres valeurs d'usage, et par cela m ê m e représentée c o m m e le caractère c o m m u n et indistinct de toutes les m a r c h a n dises. Cette forme est la p r e m i è r e q u i m e t t e les m a r c h a n d i s e s en rapport entre elles c o m m e valeurs, en les faisant apparaître l ' u n e vis-à-vis de l'autre c o m m e valeurs d'échange. Les deux premières formes expriment la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e quelc o n q u e , soit en u n e autre m a r c h a n d i s e différente, soit en u n e série de
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Première section • Marchandise et monnaie b e a u c o u p d'autres m a r c h a n d i s e s . C h a q u e fois c'est, p o u r ainsi dire, l'affaire particulière de c h a q u e m a r c h a n d i s e prise à part de se d o n n e r u n e forme valeur, et elle y parvient sans q u e les autres m a r c h a n d i s e s s'en m ê lent. Celles-ci j o u e n t vis-à-vis d'elle le rôle p u r e m e n t passif d'équivalent. La forme générale de la valeur relative ne se produit au contraire q u e 5 c o m m e l'œuvre c o m m u n e des m a r c h a n d i s e s dans leur e n s e m b l e . U n e m a r c h a n d i s e n ' a c q u i e r t son expression de valeur générale q u e parce que, en m ê m e temps, toutes les autres m a r c h a n d i s e s e x p r i m e n t leurs valeurs d a n s le m ê m e équivalent, et c h a q u e espèce de m a r c h a n d i s e nouvelle q u i se présente doit faire de m ê m e . De plus, il devient évident que les m a r c h a n d i s e s 10 qui, au point de vue de la valeur, sont des choses p u r e m e n t sociales, ne peuvent aussi exprimer cette existence sociale que par u n e série e m b r a s sant tous leurs rapports réciproques ; q u e leur forme valeur doit, par conséquent, être u n e forme socialement validée. La forme naturelle de la m a r c h a n d i s e q u i devient l'équivalent c o m m u n , 15 la toile, est m a i n t e n a n t la forme officielle des valeurs. C'est ainsi q u e les m a r c h a n d i s e s se m o n t r e n t les u n e s a u x autres n o n - s e u l e m e n t leur égalité qualitative, mais encore leurs différences quantitatives de valeur. Les q u a n tités de valeur projetées c o m m e sur un m ê m e miroir, la toile, se reflètent réciproquement. 20 E x e m p l e : 10 livres de thé = 2 0 mètres de toile, et 40 livres de café = 20 mètres de toile. D o n c 10 livres de thé = 40 livres de café, ou b i e n il n'y a dans 1 livre de café que % du travail, c o n t e n u d a n s 1 livre de thé. La forme générale de la valeur relative embrassant le m o n d e des m a r - 25 chandises i m p r i m e à la m a r c h a n d i s e équivalent qui en est exclue le caractère d'équivalent général. La toile est m a i n t e n a n t i m m é d i a t e m e n t é c h a n geable avec toutes les autres m a r c h a n d i s e s . Sa forme naturelle est d o n c en m ê m e t e m p s sa forme sociale. Le tissage, le travail privé q u i p r o d u i t la toile, acquiert par cela m ê m e le caractère de travail social, la forme d'éga- 30 lité avec tous les autres travaux. Les i n n o m b r a b l e s é q u a t i o n s d o n t se c o m pose la forme générale de la valeur identifient le travail réalisé d a n s la toile avec le travail c o n t e n u dans c h a q u e m a r c h a n d i s e qui lui est t o u r à t o u r comparée, et fait du tissage la forme générale d a n s laquelle se manifeste le travail h u m a i n . De cette m a n i è r e le travail réalisé d a n s la valeur des m a r - 35 chandises n'est pas s e u l e m e n t représenté négativement, c'est-à-dire c o m m e u n e abstraction où s'évanouissent les formes concrètes et les propriétés utiles du travail réel; sa n a t u r e positive s'affirme n e t t e m e n t . Elle est la réd u c t i o n de tous les travaux réels à leur caractère c o m m u n de travail h u m a i n , de dépense de la m ê m e force h u m a i n e de travail. 40 La forme générale de la valeur m o n t r e , par sa structure m ê m e , qu'elle est
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Chapitre premier · La marchandise l'expression sociale du m o n d e des m a r c h a n d i s e s . Elle révèle par conséq u e n t que dans ce m o n d e le caractère h u m a i n ou général du travail forme son caractère social spécifique.
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b) Rapport de développement de la forme valeur relative et de la forme équivalent La forme équivalent se développe s i m u l t a n é m e n t et g r a d u e l l e m e n t avec la forme relative ; m a i s , et c'est là ce qu'il faut b i e n remarquer, le développem e n t de la p r e m i è r e n ' e s t q u e le résultat et l'expression du développement de la seconde. C'est de celle-ci que part l'initiative. La forme valeur relative simple ou isolée d ' u n e m a r c h a n d i s e suppose u n e autre m a r c h a n d i s e q u e l c o n q u e c o m m e équivalent accidentel. L a forme développée de la valeur relative, cette expression de la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e dans toutes les autres, leur i m p r i m e à toutes la forme d'équivalents particuliers d'espèce différente. Enfin, u n e m a r c h a n d i s e spécifique acquiert la forme d'équivalent général, parce que toutes les autres m a r chandises en font la m a t i è r e de leur forme générale de valeur relative. A m e s u r e c e p e n d a n t q u e la forme valeur en général se développe, se développe aussi l'opposition entre ses d e u x pôles, valeur relative et équivalent. Déjà m ê m e la p r e m i è r e forme valeur, 20 mètres de toile = 1 habit, contient cette opposition, m a i s ne la fixe pas. D a n s cette é q u a t i o n , l'un des termes, la toile, se trouve sous forme valeur relative, et le t e r m e opposé, l'habit, sous forme équivalent. Si m a i n t e n a n t on lit à rebours cette é q u a tion, la toile et l'habit c h a n g e n t t o u t s i m p l e m e n t de rôle, m a i s la forme de l'équation reste la m ê m e . Aussi est-il difficile de fixer ici l'opposition entre les d e u x termes. Sous la forme II, u n e espèce de m a r c h a n d i s e p e u t développer complètem e n t sa valeur relative, revêt la forme totale de la valeur relative, parce | |27| que, et en t a n t que toutes les autres m a r c h a n d i s e s se trouvent vis-à-vis d'elle sous forme équivalent. Ici l'on ne p e u t déjà plus renverser les d e u x termes de l ' é q u a t i o n sans changer c o m p l è t e m e n t son caractère, et la faire passer de la forme valeur totale à la forme valeur générale. Enfin, la dernière forme, la forme III, d o n n e à l'ensemble des m a r c h a n dises u n e expression de valeur relative générale et uniforme, parce q u e et en tant qu'elle exclut de la forme équivalent toutes les m a r c h a n d i s e s , à l'exception d ' u n e seule. U n e m a r c h a n d i s e , la toile, se trouve c o n s é q u e m m e n t sous forme d'échangeabilité i m m é d i a t e avec toutes les autres marchandises, parce q u e et en tant q u e celles-ci ne s'y trouvent p a s . 23
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L a forme d ' é c h a n g e a b i l i t é i m m é d i a t e e t universelle n ' i n d i q u e pas l e m o i n s d u m o n d e a u p r e m i e r c o u p d'ceil q u ' e l l e est u n e forme polarisée, r e n f e r m a n t e n elle d e s o p p o s i t i o n s , e t t o u t
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Première section • Marchandise et monnaie Sous cette forme III, le m o n d e des m a r c h a n d i s e s ne possède d o n c u n e forme valeur relative sociale et générale, q u e parce q u e toutes les m a r c h a n dises qui en font partie sont exclues de la forme équivalent ou de la forme sous laquelle elles sont i m m é d i a t e m e n t échangeables. Par contre, la m a r chandise qui fonctionne c o m m e équivalent général, la toile, par exemple, 5 ne saurait prendre part à la forme générale de la valeur relative ; il faudrait pour cela qu'elle p û t se servir à elle-même d'équivalent. N o u s o b t e n o n s alors : 20 mètres de toile = 20 mètres de toile, tautologie qui n ' e x p r i m e ni valeur ni q u a n t i t é de valeur. P o u r exprimer la valeur relative de l'équivalent général, il n o u s faut lire à rebours la forme III. Il ne possède a u c u n e forme 10 relative c o m m u n e avec les autres m a r c h a n d i s e s , m a i s sa valeur s'exprime relativement d a n s la série i n t e r m i n a b l e de toutes les autres m a r c h a n d i s e s . La forme développée de la valeur relative, ou forme II, n o u s apparaît ainsi m a i n t e n a n t c o m m e la forme spécifique d a n s laquelle l'équivalent général exprime sa propre valeur. 15
c) Transition de la forme valeur générale à la forme argent La forme équivalent général est u n e forme de la valeur en général. Elle p e u t d o n c appartenir à n ' i m p o r t e quelle m a r c h a n d i s e . D ' u n autre côté, u n e m a r c h a n d i s e ne peut se trouver sous cette forme (forme III), q u e parce qu'elle est exclue e l l e - m ê m e par toutes les autres m a r c h a n d i s e s c o m m e équivalent. Ce n'est q u ' à partir du m o m e n t où ce caractère exclusif vient s'attacher à un genre spécial de m a r c h a n d i s e , que la forme valeur relative p r e n d consistance, se fixe d a n s un objet u n i q u e , et acquiert u n e a u t h e n t i cité sociale. La m a r c h a n d i s e spéciale avec la forme naturelle de laquelle la forme équivalent s'identifie p e u à peu dans la société, devient m a r c h a n d i s e m o n n a i e ou fonctionne c o m m e m o n n a i e . Sa fonction sociale spécifique, et c o n s é q u e m m e n t son m o n o p o l e social, est de j o u e r le rôle de l'équivalent universel dans le m o n d e des m a r c h a n d i s e s . P a r m i les m a r c h a n d i s e s qui, aussi i n s é p a r a b l e d e l a f o r m e c o n t r a i r e sous laquelle l ' é c h a n g e i m m é d i a t n ' e s t p a s p o s s i b l e , q u e l e rôle positif d ' u n des p ô l e s d ' u n a i m a n t l'est d u rôle négatif d e l ' a u t r e pôle. O n p e u t d o n c s ' i m a g i n e r q u ' o n a la faculté de r e n d r e t o u t e s les m a r c h a n d i s e s i m m é d i a t e m e n t é c h a n geables, c o m m e o n p e u t s e figurer q u e t o u s les c a t h o l i q u e s p e u v e n t être faits p a p e s e n m ê m e t e m p s . M a i s en réalité la forme v a l e u r relative g é n é r a l e et la forme é q u i v a l e n t g é n é r a l e s o n t les d e u x pôles opposés, s e s u p p o s a n t e t s e r e p o u s s a n t r é c i p r o q u e m e n t d u m ê m e r a p p o r t social des marchandises. Cette i m p o s s i b i l i t é d ' é c h a n g e i m m é d i a t entre les m a r c h a n d i s e s est u n des p r i n c i p a u x i n c o n v é n i e n t s a t t a c h é s à la f o r m e actuelle de la p r o d u c t i o n d a n s laquelle c e p e n d a n t l ' é c o n o m i s t e b o u r g e o i s voit le nec-plus-ultra de la liberté h u m a i n e et de l ' i n d é p e n d a n c e i n d i v i d u e l l e . B i e n des efforts i n u t i l e s , u t o p i q u e s , o n t été t e n t é s p o u r v a i n c r e cet obstacle. J ' a i fait voir ailleurs q u e P r o u d h o n avait été p r é c é d é d a n s c e t t e t e n t a t i v e p a r Bray, G r a y e t d ' a u t r e s e n c o r e .
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Chapitre premier • La marchandise
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dans la forme II, figurent c o m m e équivalents particuliers de la toile, et qui, sous la forme III, e x p r i m e n t e n s e m b l e dans la toile leur valeur relative, c'est l'or, q u i a c o n q u i s h i s t o r i q u e m e n t ce privilège. M e t t o n s d o n c d a n s la forme III la m a r c h a n d i s e or à la place de la m a r c h a n d i s e toile, et n o u s obtenons : D . F o r m e m o n n a i e o u argent 20 1 10 40 % χ
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mètres de toile habit livres de thé livres de café tonne de fer marchandise A etc.
= = = = = = =
2 onces d'or
Des c h a n g e m e n t s essentiels o n t lieu d a n s la t r a n s i t i o n de la forme I à la forme II, et de la forme II à la forme III. La forme IV, au contraire, ne diffère en r i e n de la forme III, si ce n'est q u e m a i n t e n a n t c'est l'or q u i possède à la place de la toile la forme équivalent général. Le progrès consiste tout s i m p l e m e n t en ce q u e la forme d'échangeabilité i m m é d i a t e et universelle, ou la forme d'équivalent général, s'est incorporée définitivement 20 dans la forme naturelle et spécifique de l'or. L'or ne j o u e le rôle de m o n n a i e vis-à-vis des autres m a r c h a n d i s e s que parce qu'il j o u a i t déjà a u p a r a v a n t vis-à-vis d'elles le rôle de m a r c h a n d i s e . De m ê m e qu'elles toutes il fonctionnait aussi c o m m e équivalent, soit accid e n t e l l e m e n t d a n s des échanges isolés, soit c o m m e équivalent particulier à 15
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côté d'autres équivalents. P e u à p e u il f o n c t i o n n a d a n s des limites plus ou m o i n s larges c o m m e équivalent général. Dès qu'il a conquis le m o n o p o l e de cette position d a n s l'expression de la valeur du m o n d e m a r c h a n d , il devient m a r c h a n d i s e m o n n a i e , et c'est s e u l e m e n t à partir du m o m e n t où il est déjà devenu m a r c h a n d i s e m o n n a i e , que la forme IV se distingue de la
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forme III, ou q u e la forme générale de valeur se m é t a m o r p h o s e en forme m o n n a i e ou argent. | 24
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L a t r a d u c t i o n e x a c t e d e s m o t s a l l e m a n d s «Geld, Geldform» p r é s e n t e u n e difficulté. L ' e x p r e s s i o n : « f o r m e a r g e n t » p e u t i n d i s t i n c t e m e n t s'appliquer à t o u t e s les m a r c h a n d i s e s sauf les m é t a u x p r é c i e u x . O n n e s a u r a i t p a s dire, p a r e x e m p l e , s a n s a m e n e r u n e c e r t a i n e c o n f u s i o n d a n s l'esprit des l e c t e u r s : « f o r m e a r g e n t d e l ' a r g e n t » o u b i e n « l ' o r d e v i e n t a r g e n t » . M a i n t e n a n t l'expression « f o r m e m o n n a i e » p r é s e n t e u n a u t r e i n c o n v é n i e n t q u i v i e n t d e c e q u ' e n français l e m o t « m o n n a i e » est s o u v e n t e m p l o y é d a n s l e sens d e pièces m o n n a y é e s . N o u s e m p l o y o n s a l t e r n a t i v e m e n t les m o t s « f o r m e m o n n a i e » e t « f o r m e a r g e n t » s u i v a n t les cas, m a i s toujours dans le m ê m e sens.
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Première section • Marchandise et monnaie |28| L'expression de valeur relative simple d ' u n e m a r c h a n d i s e , de la toile, par exemple, d a n s la m a r c h a n d i s e q u i fonctionne déjà c o m m e m o n naie, par exemple, l'or, est forme prix. La forme prix de la toile est d o n c : 20 mètres de toile = 2 onces d'or, ou, si 2 liv. sterling sont le n o m de m o n n a i e de 2 o n c e s d'or, 5 20 mètres de toile = 2 liv. sterling. La difficulté d a n s le c o n c e p t de la forme argent, c'est t o u t s i m p l e m e n t de b i e n saisir la forme équivalent général, c'est-à-dire la forme valeur générale, la forme III. Celle-ci se résout dans la forme valeur développée, la forme II, et l'élément c o n s t i t u a n t de cette dernière est la forme I: 10 20 mètres de toile = 1 habit, ou χ marchandise A = y marchandise B. La forme simple de la m a r c h a n d i s e est par c o n s é q u e n t le g e r m e de la forme a r g e n t . 25
IV Le caractère fétiche de la marchandise et son secret
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U n e m a r c h a n d i s e paraît au p r e m i e r coup d ' œ i l q u e l q u e chose de trivial et q u i se c o m p r e n d de s o i - m ê m e . N o t r e analyse a m o n t r é au contraire q u e c'est u n e chose très-complexe, pleine de subtilités m é t a p h y s i q u e s et d'arguties théologiques. En t a n t q u e valeur d'usage, il n'y a en elle rien de m y s 25
L ' é c o n o m i e p o l i t i q u e classique n ' a j a m a i s r é u s s i à d é d u i r e d e s o n analyse d e l a m a r c h a n dise, et s p é c i a l e m e n t de la v a l e u r de cette m a r c h a n d i s e , la forme s o u s l a q u e l l e elle d e v i e n t val e u r d ' é c h a n g e , et c'est là un des ses vices p r i n c i p a u x . Ce s o n t p r é c i s é m e n t ses m e i l l e u r s r e p r é s e n t a n t s tels q u ' A d a m S m i t h e t R i c a r d o , q u i t r a i t e n t l a forme v a l e u r c o m m e q u e l q u e c h o s e d'indifférent o u n ' a y a n t a u c u n r a p p o r t i n t i m e avec l a n a t u r e d e l a m a r c h a n d i s e e l l e - m ê m e . C e n'est pas seulement parce q u e la valeur c o m m e quantité absorbe leur attention. La raison en est p l u s p r o f o n d e . La forme v a l e u r du p r o d u i t du travail est la forme la p l u s abstraite et la p l u s générale d u m o d e d e p r o d u c t i o n a c t u e l , q u i a c q u i e r t par cela m ê m e u n c a r a c t è r e h i s t o r i q u e , c e l u i d ' u n m o d e particulier d e p r o d u c t i o n sociale. S i o n c o m m e t l'erreur d e l a p r e n d r e p o u r l a f o r m e n a t u r e l l e , é t e m e l l e , d e t o u t e p r o d u c t i o n d a n s t o u t e société, o n p e r d n é c e s s a i r e m e n t d e v u e le côté spécifique de la f o r m e valeur, p u i s de la forme m a r c h a n d i s e , et à un degré p l u s d é v e l o p p é , d e l a f o r m e argent, forme capital, etc. C'est c e q u i e x p l i q u e p o u r q u o i o n t r o u v e c h e z des é c o n o m i s t e s c o m p l è t e m e n t d ' a c c o r d e n t r e e u x sur l a m e s u r e d e l a q u a n t i t é d e v a l e u r p a r la d u r é e du travail, les idées les plus diverses et les p l u s c o n t r a d i c t o i r e s sur l'argent, c'est-àdire sur l a forme f i x e d e l ' é q u i v a l e n t général. O n r e m a r q u e cela s u r t o u t dès q u ' i l s'agit d e q u e s t i o n s telles q u e celle des b a n q u e s p a r e x e m p l e ; c'est alors à n ' e n p l u s finir avec les définit i o n s de la m o n n a i e et les l i e u x c o m m u n s c o n s t a m m e n t débités à ce p r o p o s . - Je fais r e m a r q u e r u n e fois p o u r t o u t e s q u e j ' e n t e n d s par é c o n o m i e p o l i t i q u e classique t o u t e é c o n o m i e q u i , à p a r t i r de W i l l i a m Petty, c h e r c h e à p é n é t r e r l ' e n s e m b l e réel et i n t i m e des r a p p o r t s de p r o d u c t i o n d a n s la société b o u r g e o i s e , p a r o p p o s i t i o n à l ' é c o n o m i e vulgaire q u i se c o n t e n t e d e s a p p a r e n c e s , r u m i n e sans cesse p o u r s o n p r o p r e b e s o i n e t p o u r l a v u l g a r i s a t i o n des p l u s grossiers p h é n o m è n e s les m a t é r i a u x déjà élaborés p a r ses p r é d é c e s s e u r s , et se b o r n e à ériger p é d a n t e s q u e m e n t en s y s t è m e et à p r o c l a m e r c o m m e vérités éternelles les illusions d o n t le b o u r g e o i s a i m e à p e u p l e r son m o n d e à lui, le m e i l l e u r des m o n d e s possibles.
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térieux, soit qu'elle satisfasse les besoins de l ' h o m m e par ses propriétés, soit q u e ses propriétés soient produites par le travail h u m a i n . Il est évident q u e l'activité de l ' h o m m e transforme les matières fournies par la n a t u r e d ' u n e façon à les r e n d r e utiles. La forme du bois, par exemple, est changée, si l'on en fait u n e table. N é a n m o i n s la table reste bois, u n e chose ordinaire et q u i t o m b e sous les sens. M a i s dès qu'elle se présente c o m m e m a r c h a n dise, c'est u n e t o u t autre affaire. A la fois saisissable et insaisissable, il ne lui suffit pas de poser ses pieds sur le sol; elle se dresse, p o u r ainsi dire, sur sa tête de bois en face des autres m a r c h a n d i s e s et se livre à des caprices plus bizarres q u e si elle se m e t t a i t à danser. Le caractère m y s t i q u e de la m a r c h a n d i s e ne provient d o n c pas de sa valeur d'usage. Il ne provient pas davantage des caractères q u i d é t e r m i n e n t la valeur. D'abord, en effet, si variés q u e puissent être les travaux utiles ou les activités productives, c'est u n e vérité physiologique qu'ils sont avant tout des fonctions de l'organisme h u m a i n , et que t o u t e fonction pareille, quels q u e soient son c o n t e n u et sa forme, est essentiellement u n e dépense du cerveau, des nerfs, des m u s c l e s , des organes, des sens, etc., de l ' h o m m e . En second lieu, pour ce qui sert à d é t e r m i n e r la q u a n t i t é de la valeur, c'est-àdire la durée de cette dépense ou la quantité de travail, on ne saurait nier que cette q u a n t i t é de travail se distingue visiblement de sa qualité. D a n s tous les états sociaux le temps qu'il faut p o u r produire les m o y e n s de c o n s o m m a t i o n a dû intéresser l ' h o m m e , q u o i q u e inégalement, suivant les divers degrés de la civilisation . Enfin dès q u e les h o m m e s travaillent d ' u n e m a n i è r e q u e l c o n q u e les u n s p o u r les autres, leur travail acquiert aussi u n e forme sociale. D ' o ù provient d o n c le caractère é n i g m a t i q u e du produit du travail, dès qu'il revêt la forme d ' u n e m a r c h a n d i s e ? É v i d e m m e n t de cette forme ellemême. Le caractère d'égalité des travaux h u m a i n s acquiert la forme de valeur des produits du travail; la m e s u r e des travaux individuels par leur durée acquiert la forme de la g r a n d e u r de valeur des produits du travail; enfin les rapports des producteurs, d a n s lesquels s'affirment les caractères sociaux de leurs travaux, a c q u i è r e n t la forme d ' u n rapport social des produits du travail. Voilà p o u r q u o i ces produits se convertissent en m a r c h a n d i s e s , c'est-à-dire en choses q u i t o m b e n t et ne t o m b e n t pas sous les sens, ou choses sociales. C'est ainsi que l'impression l u m i n e u s e d ' u n objet sur le nerf o p t i q u e ne se présente pas c o m m e u n e excitation subjective du nerf 26
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C h e z les a n c i e n s G e r m a i n s l a g r a n d e u r d ' u n a r p e n t d e terre était c a l c u l é e d'après l e travail d ' u n j o u r , et de là s o n n o m Tagewerk, Mannwerk, etc. ( J u r n a l e ou j u r n a l i s , terra j u r n a l i s ou diurnalis). D ' a i l l e u r s l'expression de « j o u r n a l » de terre subsiste e n c o r e d a n s c e r t a i n e s parties de la F r a n c e .
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Première section • Marchandise et monnaie l u i - m ê m e , m a i s c o m m e la forme sensible de quelque chose q u i existe en dehors de l'œil. Il faut ajouter que dans l'acte de la vision la lumière est réellement projetée d ' u n objet extérieur sur un autre objet, l ' œ i l ; c'est un rapport physique entre des choses physiques. M a i s la forme valeur et le rapport de valeur des produits du travail n ' o n t a b s o l u m e n t rien à faire avec 5 leur n a t u r e physique. C'est s e u l e m e n t un rapport social déter||29|miné des h o m m e s entre eux qui revêt ici pour eux la forme fantastique d ' u n rapport des choses entre elles. P o u r trouver u n e analogie à ce p h é n o m è n e , il faut la chercher d a n s la région n u a g e u s e du m o n d e religieux. Là les produits du cerveau h u m a i n ont l'aspect d'êtres i n d é p e n d a n t s , doués de corps particu- 10 liers, en c o m m u n i c a t i o n avec les h o m m e s et entre eux. Il en est de m ê m e des produits de la m a i n de l ' h o m m e dans le m o n d e m a r c h a n d . C'est ce q u ' o n p e u t n o m m e r le fétichisme attaché aux produits du travail, dès qu'ils se présentent c o m m e des m a r c h a n d i s e s , fétichisme inséparable de ce m o d e de production. 15 En général, des objets d'utilité ne deviennent des m a r c h a n d i s e s q u e parce qu'ils sont les produits de travaux privés, exécutés i n d é p e n d a m m e n t les u n s des autres. L ' e n s e m b l e de ces travaux privés forme le travail social. C o m m e les producteurs n ' e n t r e n t socialement en contact q u e par l'échange de leurs produits, ce n'est q u e dans les limites de cet échange q u e s'affirm e n t d'abord les caractères sociaux de leurs travaux privés. Ou b i e n les trav a u x privés ne se manifestent en réalité c o m m e divisions du travail social q u e par les rapports q u e l'échange établit entre les produits du travail et ind i r e c t e m e n t entre les producteurs. Il en résulte q u e p o u r ces derniers les rapports de leurs travaux privés apparaissent ce qu'ils sont, c'est-à-dire n o n des rapports sociaux i m m é d i a t s des personnes dans leurs travaux m ê m e , m a i s b i e n plutôt des rapports sociaux entre les choses. C'est s e u l e m e n t dans leur échange que les produits du travail a c q u i è r e n t c o m m e valeurs u n e existence sociale i d e n t i q u e et u n i f o r m e , distincte de leur existence matérielle et multiforme c o m m e objets d'utilité. Cette scission du produit du travail en objet utile et en objet de valeur, s'élargit d a n s la pratique dès q u e l'échange a acquis assez d ' é t e n d u e et d ' i m p o r t a n c e p o u r q u e des objets utiles soient produits en vue de l'échange, de sorte q u e le caractère de valeur de ces objets est déjà pris en considération dans leur p r o d u c t i o n m ê m e . A partir de ce m o m e n t , les travaux privés des p r o d u c teurs acquièrent en fait un double caractère social. D ' u n côté ils doivent être travail utile, satisfaire des besoins sociaux et s'affirmer ainsi c o m m e parties intégrantes du travail général, d ' u n système de division sociale du travail qui se forme s p o n t a n é m e n t ; de l'autre côté ils ne satisfont les besoins divers des p r o d u c t e u r s e u x - m ê m e s , q u e parce q u e c h a q u e espèce de travail privé utile est échangeable avec toutes les autres espèces de travail
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privé utile, c'est-à-dire est réputé leur égal. L'égalité de travaux qui diffèrent toto cœlo les u n s des autres ne p e u t consister q u e dans u n e abstraction de leur inégalité réelle, q u e dans la réduction à leur caractère c o m m u n de dépense de force h u m a i n e , de travail h u m a i n en général, et c'est l'échange seul q u i opère cette r é d u c t i o n en m e t t a n t en présence les u n s des autres sur un pied d'égalité les produits des travaux les plus divers. Le double caractère social des travaux privés ne se réfléchit d a n s le cerveau des p r o d u c t e u r s q u e sous la forme q u e leur i m p r i m e le c o m m e r c e prat i q u e , l'échange des produits. Lorsque les p r o d u c t e u r s m e t t e n t en présence et en rapport les produits de leur travail à titre de valeurs, ce n'est pas qu'ils voient en eux u n e simple enveloppe sous laquelle est caché un travail h u m a i n i d e n t i q u e ; tout au contraire : en r é p u t a n t égaux dans l'échange leurs produits différents, ils établissent par le fait que leurs différents travaux sont égaux. Ils le font sans le savoir . La valeur ne porte d o n c pas écrit sur le front ce qu'elle est. Elle fait bien plutôt de c h a q u e produit du travail un hiéroglyphe. Ce n'est qu'avec le t e m p s q u e l ' h o m m e cherche à déchiffrer le sens du hiéroglyphe, à pénétrer les secrets de l'œuvre sociale à laquelle il contribue, et la transformation des objets utiles en valeurs est un produit de la société, t o u t aussi b i e n que le langage. La découverte scientifique faite plus tard q u e les produits du travail, en tant q u e valeurs, sont l'expression pure et simple du travail h u m a i n dépensé d a n s leur production, m a r q u e u n e é p o q u e d a n s l'histoire d u développ e m e n t de l ' h u m a n i t é , m a i s ne dissipe point la fantasmagorie q u i fait apparaître le caractère social du travail c o m m e un caractère des choses, des produits e u x - m ê m e s . Ce qui n'est vrai q u e p o u r cette forme de p r o d u c t i o n particulière, la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e , à savoir : que le caractère social des travaux les plus divers consiste dans leur égalité c o m m e travail h u m a i n , et que ce caractère social spécifique revêt u n e forme objective, la forme valeur des produits du travail, ce fait pour l ' h o m m e engrené dans les rouages et les rapports de la p r o d u c t i o n des m a r c h a n d i s e s , paraît, après c o m m e avant la découverte de la n a t u r e de la valeur, t o u t aussi invariable et d ' u n ordre tout aussi n a t u r e l q u e la forme gazeuse de l'air qui est restée la m ê m e après c o m m e avant la découverte de ses éléments c h i m i q u e s . Ce q u i intéresse t o u t d'abord p r a t i q u e m e n t les échangistes, c'est de savoir c o m b i e n ils o b t i e n d r o n t en échange de leurs produits, c'est-à-dire la proportion d a n s laquelle les produits s'échangent entre eux. D è s q u e cette proportion a acquis u n e certaine fixité habituelle, elle leur paraît provenir 27
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Q u a n d d o n c G a l i a n i d i t : l a v a l e u r est u n r a p p o r t entre d e u x p e r s o n n e s , « l a Ricchezza è u n a r a g i o n e tra d u e p e r s o n e » ( G a l i a n i : Della moneta, p. 2 2 1 , t. III du r e c u e i l de C u s t o d i des Scrittori classici Italiani di Economia politica. - Parte moderna. M i l a n 1803), il a u r a i t dû a j o u t e r : un r a p p o r t c a c h é sous l ' e n v e l o p p e des choses.
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Première section · Marchandise et monnaie de la n a t u r e m ê m e des produits du travail. Il semble qu'il réside d a n s ces choses u n e propriété de s'échanger en proportions d é t e r m i n é e s c o m m e les substances c h i m i q u e s se c o m b i n e n t en proportions fixes. Le caractère de valeur des produits du travail ne ressort en fait q u e lorsqu'ils se d é t e r m i n e n t c o m m e quantités de valeur. Ces dernières c h a n 5 gent sans cesse, i n d é p e n d a m m e n t de la volonté et des prévisions des producteurs aux y e u x desquels leur propre m o u v e m e n t social p r e n d ainsi la forme d ' u n m o u v e m e n t des choses, m o u v e m e n t qui les m è n e , b i e n loin qu'ils puissent le diriger. Il faut q u e la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e se soit comp l è t e m e n t développée avant que de l'expérience m ê m e se dégage cette vé- 10 rite scientifique: q u e les travaux privés exé||30|cutés i n d é p e n d a m m e n t les u n s des autres, b i e n qu'ils s'entrelacent c o m m e ramifications du système social et s p o n t a n é de la division du travail, sont c o n s t a m m e n t r a m e n é s à leur m e s u r e sociale proportionnelle. Et c o m m e n t ? Parce q u e d a n s les rapports d'échange accidentels et toujours variables de leurs produits, le t e m p s 15 de travail social nécessaire à leur p r o d u c t i o n l'emporte de h a u t e lutte c o m m e loi naturelle régulatrice, de m ê m e q u e la loi de la p e s a n t e u r se fait sentir à n ' i m p o r t e qui lorsque sa m a i s o n s'écroule sur sa t ê t e . La détermin a t i o n de la q u a n t i t é de valeur par la durée de travail est d o n c un secret caché sous le m o u v e m e n t apparent des valeurs des m a r c h a n d i s e s ; m a i s sa 20 solution, t o u t en m o n t r a n t q u e la q u a n t i t é de valeur ne se d é t e r m i n e pas au hasard, c o m m e il semblerait, ne fait pas pour cela disparaître la forme q u i représente cette q u a n t i t é c o m m e un rapport de g r a n d e u r entre les choses, entre les produits e u x - m ê m e s du travail. 28
La réflexion sur les formes de la vie sociale, et par c o n s é q u e n t leur analyse scientifique, suit u n e r o u t e c o m p l è t e m e n t opposée au m o u v e m e n t réel. Elle c o m m e n c e , après coup, avec des d o n n é e s déjà t o u t établies, avec les résultats du développement. Les formes q u i i m p r i m e n t a u x produits du travail le cachet de m a r c h a n d i s e s et qui par c o n s é q u e n t président déjà à leur circulation, possèdent aussi déjà la fixité de formes naturelles de la vie sociale, avant q u e les h o m m e s c h e r c h e n t à se rendre c o m p t e , n o n du caractère historique de ces formes, qui leur paraissent b i e n plutôt i m m u a b l e s , m a i s de leur sens i n t i m e . Ainsi c'est s e u l e m e n t l'analyse du prix des marchandises q u i a c o n d u i t à la d é t e r m i n a t i o n de leur valeur quantitative, et c'est s e u l e m e n t l'expression c o m m u n e des m a r c h a n d i s e s en argent q u i a a m e n é la fixation de leur caractère valeur. Or cette forme acquise et fixe du m o n d e des m a r c h a n d i s e s , leur forme argent, au lieu de révéler les carac-
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« Q u e d o i t - o n p e n s e r d ' u n e loi q u i n e p e u t s'exécuter q u e p a r d e s r é v o l u t i o n s p é r i o d i q u e s ? C'est t o u t s i m p l e m e n t u n e loi n a t u r e l l e fondée sur l ' i n c o n s c i e n c e de c e u x q u i la s u b i s s e n t . » F r i e d r i c h Engels : Umrisse zu einer Kritik der Nationalökonomie, p. 103, d a n s les Deutsch-Französische Jahrbücher, é d i t é s p a r A r n o l d R ü g e et Karl M a r x . Paris 1844.
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Chapitre premier • La marchandise tères sociaux des travaux privés et les rapports sociaux des producteurs, ne fait q u e les voiler. Q u a n d je dis q u e du froment, un habit, des bottes se rapportent à la toile c o m m e à l'incarnation générale du travail h u m a i n abstrait, la fausseté et l'étrangeté de cette expression s a u t e n t i m m é d i a t e m e n t 5
aux yeux. Mais q u a n d les p r o d u c t e u r s de ces m a r c h a n d i s e s les rapportent à la toile, à l'or ou à l'argent, ce q u i revient au m ê m e , c o m m e à l'équivalent général, les rapports entre leurs travaux privés et l'ensemble du travail social leur apparaissent p r é c i s é m e n t sous cette forme bizarre. Les catégories de l'économie bourgeoise sont des formes de l'intellect 10 qui ont u n e vérité objective, en t a n t qu'elles reflètent des rapports sociaux réels, mais ces rapports n ' a p p a r t i e n n e n t q u ' à cette é p o q u e historique déterm i n é e , où la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e est le m o d e de p r o d u c t i o n social. Si d o n c n o u s envisageons d'autres formes de production, n o u s verrons disparaître aussitôt t o u t ce mysticisme q u i obscurcit les produits du travail dans 15 la période actuelle. P u i s q u e l ' é c o n o m i e politique a i m e les R o b i n s o n a d e s , visitons d'abord R o b i n s o n dans son île. M o d e s t e , c o m m e il l'est n a t u r e l l e m e n t , il n ' e n a pas m o i n s divers besoins à satisfaire, et il lui faut exécuter des travaux utiles de genre différent, 20 fabriquer des m e u b l e s , par exemple, se faire des outils, apprivoiser des anim a u x , pêcher, chasser, etc. De ses prières et autres bagatelles semblables n o u s n ' a v o n s rien à dire, p u i s q u e n o t r e R o b i n s o n y trouve son plaisir et considère u n e activité de cette espèce c o m m e u n e distraction fortifiante. Malgré la variété de ses fonctions productives, il sait qu'elles ne sont que 25 les formes diverses par lesquelles s'affirme le m ê m e R o b i n s o n , c'est-à-dire t o u t s i m p l e m e n t des m o d e s divers de travail h u m a i n . La nécessité m ê m e le force à partager son t e m p s entre ses o c c u p a t i o n s différentes. Q u e l'une p r e n n e plus, l'autre m o i n s de place d a n s l'ensemble de ses travaux, cela dép e n d de la plus ou m o i n s grande difficulté qu'il a à vaincre p o u r obtenir 30 l'effet utile qu'il a en vue. L'expérience lui a p p r e n d cela, et n o t r e h o m m e qui a sauvé du naufrage m o n t r e , grand-livre, p l u m e et encre, ne tarde pas, en b o n Anglais qu'il est, à m e t t r e en n o t e tous ses actes q u o t i d i e n s . Son inventaire contient le détail des objets utiles qu'il possède, des différents m o d e s de travail exigés par leur production, et enfin du t e m p s de travail 35 que lui c o û t e n t en m o y e n n e des quantités d é t e r m i n é e s de ces divers produits. T o u s les rapports entre R o b i n s o n et les choses qui forment la ri29
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R i c a r d o l u i - m ê m e a s a R o b i n s o n a d e . L e c h a s s e u r e t l e p ê c h e u r p r i m i t i f sont p o u r l u i des m a r c h a n d s q u i é c h a n g e n t l e p o i s s o n e t l e gibier e n r a i s o n d e l a d u r é e d u travail réalisé d a n s leurs valeurs. A cette o c c a s i o n il c o m m e t ce singulier a n a c h r o n i s m e , q u e le c h a s s e u r et le pêc h e u r c o n s u l t e n t p o u r l e c a l c u l d e leurs i n s t r u m e n t s d e travail, les t a b l e a u x d ' a n n u i t é s e n u s a g e à la b o u r s e de L o n d r e s en 1817. « L e s p a r a l l é l o g r a m m e s de M . O w e n » p a r a i s s e n t être la seule forme d e société q u ' i l c o n n a i s s e e n d e h o r s d e l a société b o u r g e o i s e .
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Première section • Marchandise et monnaie chesse qu'il s'est créée l u i - m ê m e , sont tellement simples et transparents q u e M. Baudrillart pourrait les c o m p r e n d r e sans u n e trop grande t e n s i o n d'esprit. Et c e p e n d a n t toutes les d é t e r m i n a t i o n s essentielles de la valeur y sont c o n t e n u e s . Transportons-nous m a i n t e n a n t de l'île l u m i n e u s e de R o b i n s o n d a n s le 5 sombre m o y e n âge européen. A u lieu d e l ' h o m m e i n d é p e n d a n t n o u s trouvons ici t o u t le m o n d e d é p e n d a n t , serfs et seigneurs, vassaux et suzerains, laïques et clercs. Cette d é p e n d a n c e personnelle caractérise aussi b i e n les rapports sociaux de la p r o d u c t i o n matérielle q u e toutes les autres sphères de la vie auxquelles elle sert de fondement. Et c'est p r é c i s é m e n t parce q u e 10 la société est basée sur la d é p e n d a n c e personnelle q u e tous les rapports soc i a u x apparaissent c o m m e des rapports entre les personnes. Les travaux divers et leurs produits n ' o n t en conséquence pas besoin de p r e n d r e u n e figure fantastique distincte de leur réalité. Ils se présentent c o m m e services, prestations et livraisons en n a t u r e . La forme naturelle du travail, sa particu- 15 larité - et n o n sa généralité, son caractère abstrait, c o m m e d a n s la p r o d u c tion m a r c h a n d e | | 3 1 | - en est aussi la forme sociale. La corvée est t o u t aussi bien m e s u r é e par le temps que le travail qui produit des m a r c h a n dises; m a i s c h a q u e corvéable sait fort bien, sans recourir à un A d a m Smith, q u e c'est u n e q u a n t i t é d é t e r m i n é e de sa force de travail personnelle 20 qu'il dépense au service de son maître. La dîme à fournir au prêtre est plus claire q u e la b é n é d i c t i o n du prêtre. De q u e l q u e m a n i è r e d o n c q u ' o n j u g e les m a s q u e s que portent les h o m m e s d a n s cette société, les rapports sociaux des personnes dans leurs travaux respectifs s'affirment n e t t e m e n t c o m m e leurs propres rapports personnels, au lieu de se déguiser en rap- 25 ports sociaux des choses, des produits du travail. Pour rencontrer le travail c o m m u n , c'est-à-dire l'association i m m é d i a t e , n o u s n'avons pas besoin de r e m o n t e r à sa forme naturelle primitive, telle qu'elle n o u s apparaît au seuil de l'histoire de tous les peuples civilisés . N o u s en avons un e x e m p l e tout près de n o u s dans l'industrie rustique et 30 patriarcale d ' u n e famille de paysans qui produit pour ses propres besoins, bétail, blé, toile, lin, vêtements, etc. Ces divers objets se présentent à la famille c o m m e les produits divers de son travail et n o n c o m m e des m a r c h a n dises qui s'échangent réciproquement. Les différents travaux d'où dérivent 30
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C'est u n préjugé r i d i c u l e r é p a n d u d a n s ces derniers t e m p s q u e l a forme p r i m i t i v e d e l a p r o priété c o m m u n e est u n e forme s p é c i a l e m e n t slave o u e x c l u s i v e m e n t russe. C'est u n e forme q u e l'on r e n c o n t r e c h e z les R o m a i n s , les G e r m a i n s , les Celtes, e t d o n t , a u j o u r d ' h u i e n c o r e , o n p e u t trouver u n e carte m o d è l e avec différents é c h a n t i l l o n s , q u o i q u e p a r f r a g m e n t s e t e n d é bris, chez les I n d i e n s . U n e é t u d e approfondie d e s formes de la p r o p r i é t é indivise d a n s l'Asie et s u r t o u t d a n s l ' I n d e m o n t r e r a i t c o m m e n t il en est sorti diverses formes de d i s s o l u t i o n . A i n s i , par e x e m p l e , les différents types o r i g i n a u x de la p r o p r i é t é privée à R o m e et c h e z les G e r m a i n s p e u v e n t être dérivés des formes diverses de la propriété c o m m u n e i n d i e n n e .
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ces produits, agriculture, élève du bétail, tissage, confection de vêtements, etc., possèdent de p r i m e abord la forme de fonctions sociales, parce qu'ils sont des fonctions de la famille qui a sa division de travail t o u t aussi bien que la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e . Les conditions naturelles variant avec le c h a n g e m e n t des saisons ainsi q u e les différences d'âge et de sexe, règlent d a n s la famille la distribution du travail et sa durée pour c h a c u n . La m e sure de la dépense des forces individuelles par le t e m p s de travail apparaît ici d i r e c t e m e n t c o m m e caractère social des travaux e u x - m ê m e s , parce que les forces de travail individuelles ne fonctionnent que c o m m e organes de la force c o m m u n e de la famille. R e p r é s e n t o n s - n o u s enfin u n e r é u n i o n d ' h o m m e s libres travaillant avec des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o m m u n s , et dépensant, d'après un plan concerté, leurs n o m b r e u s e s forces individuelles c o m m e u n e seule et m ê m e force de travail social. T o u t ce que n o u s avons dit du travail de R o b i n s o n se reproduit ici, m a i s socialement et n o n individuellement. T o u s les produits de R o b i n s o n étaient son produit personnel et exclusif et c o n s é q u e m m e n t objets d'utilité i m m é d i a t e pour lui. Le produit total des travailleurs u n i s est un produit social. U n e partie sert de n o u v e a u c o m m e m o y e n de production et reste sociale; mais l'autre partie est c o n s o m m é e , et, par conséquent, doit se répartir entre tous. Le m o d e de répartition variera suivant l'organisme p r o d u c t e u r de la société et le degré de d é v e l o p p e m e n t historique des travailleurs. Supposons, pour m e t t r e cet état de choses en parallèle avec la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e , q u e la part accordée à c h a q u e travailleur soit en raison de son t e m p s de travail. Le temps de travail j o u e rait ainsi un double rôle. D ' u n côté, sa distribution dans la société règle le rapport exact des diverses fonctions aux divers b e s o i n s ; de l'autre, il m e sure la part individuelle de c h a q u e p r o d u c t e u r dans le travail c o m m u n , et en m ê m e temps la portion qui lui revient dans la partie du produit comm u n réservée à la c o n s o m m a t i o n . Les rapports sociaux des h o m m e s dans leurs travaux et avec les objets utiles qui en p r o v i e n n e n t restent ici simples et transparents dans la production aussi bien que dans la distribution. Le m o n d e religieux n'est q u e le reflet du m o n d e réel. U n e société où le produit du travail prend g é n é r a l e m e n t la forme de m a r c h a n d i s e , et où, par conséquent, le rapport le plus général entre les producteurs consiste à comparer les valeurs de leurs produits, et sous cette enveloppe des choses, à comparer les u n s aux autres leurs travaux privés à titre de travail h u m a i n égal, u n e telle société trouve dans le christianisme avec son culte de l ' h o m m e abstrait, et surtout dans ses types bourgeois, protestantisme, déisme, etc., le c o m p l é m e n t religieux le plus convenable. D a n s les m o d e s de production de la vieille Asie, de l'antiquité en général, la transformation du produit en m a r c h a n d i s e ne j o u e q u ' u n rôle subalterne, qui c e p e n d a n t
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Première section • Marchandise et monnaie acquiert plus d ' i m p o r t a n c e à m e s u r e que les c o m m u n a u t é s a p p r o c h e n t de leur dissolution. Des peuples m a r c h a n d s p r o p r e m e n t dits n ' e x i s t e n t q u e dans les intervalles du m o n d e antique, à la façon des d i e u x d'Épicure, ou c o m m e les juifs d a n s les pores de la société polonaise. Ces vieux organ i s m e s sociaux sont, sous le rapport de la production, i n f i n i m e n t plus sim5 pies et plus transparents q u e la société bourgeoise ; m a i s ils ont p o u r base l ' i m m a t u r i t é de l ' h o m m e individuel - d o n t l'histoire n ' a pas encore coupé, pour ainsi dire, le cordon ombilical qui l'unit à la c o m m u n a u t é naturelle d ' u n e tribu primitive, - ou des conditions de despotisme et d'esclavage. Le degré inférieur de d é v e l o p p e m e n t des forces productives du travail q u i les •10 caractérise, et q u i par suite imprègne tout le cercle de la vie matérielle, l'étroitesse des rapports des h o m m e s , soit entre eux soit avec la n a t u r e , se reflète i d é a l e m e n t dans les vieilles religions nationales. En général, le reflet religieux du m o n d e réel ne pourra disparaître q u e lorsque les c o n d i t i o n s du travail et de la vie pratique présenteront à l ' h o m m e des rapports transpa- 15 rents et rationnels avec ses semblables et avec la n a t u r e . La vie sociale, d o n t la p r o d u c t i o n matérielle et les rapports qu'elle i m p l i q u e forment la base, ne sera dégagée du n u a g e mystique qui en voile l'aspect, q u e le j o u r où s'y manifestera l ' œ u v r e d ' h o m m e s l i b r e m e n t associés, agissant c o n s c i e m m e n t et maîtres de leur propre m o u v e m e n t social. M a i s cela exige 20 d a n s la société un e n s e m b l e de conditions d'existence matérielle q u i ne p e u v e n t être elles-mêmes le produit que d ' u n long et d o u l o u r e u x développement. I [32J L ' é c o n o m i e politique a bien, il est vrai, analysé la valeur et la grand e u r de v a l e u r , q u o i q u e d ' u n e m a n i è r e très-imparfaite. M a i s elle ne s'est 25 31
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Un des p r e m i e r s é c o n o m i s t e s q u i après W i l l i a m Petty a r a m e n é la valeur à son véritable c o n t e n u , l e célèbre F r a n k l i n , p e u t n o u s fournir u n e x e m p l e d e l a m a n i è r e d o n t l ' é c o n o m i e b o u r g e o i s e p r o c è d e d a n s son a n a l y s e . I l d i t : « C o m m e l e c o m m e r c e e n g é n é r a l n ' e s t p a s a u t r e c h o s e q u ' u n é c h a n g e de travail c o n t r e travail, c'est p a r le travail q u ' o n e s t i m e le p l u s e x a c t e m e n t la valeur de t o u t e s c h o s e s . » (The Works of Benjamin Franklin, etc. edited by Sparte, B o s t o n 1836, t. II, p. 267.) F r a n k l i n trouve t o u t aussi n a t u r e l q u e les choses a i e n t de la valeur, q u e les corps de la p e s a n t e u r . A son p o i n t de vue, il s'agit t o u t s i m p l e m e n t de trouver c o m m e n t c e t t e valeur sera e s t i m é e l e p l u s e x a c t e m e n t possible. I l n e r e m a r q u e m ê m e p a s q u ' e n d é c l a r a n t q u e « c ' e s t p a r le travail q u ' o n e s t i m e le plus e x a c t e m e n t la valeur de t o u t e c h o s e » , il fait a b s t r a c t i o n de la différence des t r a v a u x é c h a n g é s et les r é d u i t à un travail h u m a i n égal. A u t r e m e n t il a u r a i t d û d i r e : p u i s q u e l ' é c h a n g e d e bottes o u d e souliers c o n t r e d e s tables n ' e s t pas a u t r e c h o s e q u ' u n é c h a n g e d e c o r d o n n e r i e c o n t r e m e n u i s e r i e , c'est p a r l e travail d u m e n u i s i e r q u ' o n e s t i m e r a avec le p l u s d ' e x a c t i t u d e la v a l e u r des b o t t e s ! En se servant du m o t travail en g é n é r a l il fait a b s t r a c t i o n du c a r a c t è r e u t i l e et de la forme c o n c r è t e des divers t r a v a u x . L'insuffisance de l'analyse q u e R i c a r d o a d o n n é e de la g r a n d e u r de la v a l e u r - et c'est la m e i l l e u r e , - sera d é m o n t r é e d a n s les livres I I I et IV de cet ouvrage. P o u r ce q u i est de la valeur e n général, l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e c l a s s i q u e n e d i s t i n g u e j a m a i s c l a i r e m e n t n i expressém e n t l e travail r e p r é s e n t é d a n s l a v a l e u r d u m ê m e travail e n t a n t q u ' i l s e r e p r é s e n t e d a n s l a valeur d ' u s a g e du p r o d u i t . Elle fait b i e n en réalité cette d i s t i n c t i o n , p u i s q u ' e l l e c o n s i d è r e le travail t a n t ô t au p o i n t de v u e de la q u a l i t é , t a n t ô t à celui de la q u a n t i t é . M a i s il ne lui v i e n t
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Chapitre premier · La marchandise
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j a m a i s d e m a n d é p o u r q u o i le travail se représente d a n s la valeur, et la m e sure du travail par sa d u r é e d a n s la grandeur de valeur des produits. Des formes qui manifestent au p r e m i e r coup d'ceil qu'elles a p p a r t i e n n e n t à u n e période sociale d a n s laquelle la p r o d u c t i o n et ses rapports régissent l ' h o m m e au lieu d'être régis par lui, paraissent à sa conscience bourgeoise u n e nécessité t o u t aussi naturelle q u e le travail productif l u i - m ê m e . R i e n d ' é t o n n a n t qu'elle traite les formes de p r o d u c t i o n sociale qui o n t précédé la p r o d u c t i o n bourgeoise, c o m m e les Pères de l'Église traitaient les religions qui avaient précédé le c h r i s t i a n i s m e . 32
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p a s à l'esprit q u ' u n e différence s i m p l e m e n t q u a n t i t a t i v e des t r a v a u x s u p p o s e l e u r u n i t é ou leur égalité qualitative, c'est-à-dire leur r é d u c t i o n a u travail h u m a i n abstrait. R i c a r d o , p a r e x e m p l e , s e d é c l a r e d ' a c c o r d avec D e s t u t t d e T r a c y q u a n d celui-ci d i t : « P u i s q u ' i l est c e r t a i n q u e n o s facultés p h y s i q u e s e t m o r a l e s sont n o t r e seule r i c h e s s e originaire, q u e l ' e m p l o i d e ces facultés, le travail q u e l c o n q u e , est n o t r e seul trésor primitif, et q u e c'est toujours de cet e m ploi q u e n a i s s e n t t o u t e s les c h o s e s q u e n o u s a p p e l o n s des b i e n s . . . . i l est c e r t a i n d e m ê m e q u e t o u s ces b i e n s ne font q u e r e p r é s e n t e r le travail q u i leur a d o n n é n a i s s a n c e et q u e , s'ils o n t u n e valeur, o u m ê m e d e u x distinctes, ils n e p e u v e n t tirer ces valeurs q u e d e celle d u travail d o n t ils é m a n e n t . » ( D e s t u t t de T r a c y : Éléments d'idéologie, I V et V parties. Paris, 1826, p. 3 5 , 36.) A j o u t o n s s e u l e m e n t q u e R i c a r d o prête a u x paroles d e D e s t u t t u n sens trop profond. D e s t u t t dit b i e n d ' u n côté q u e les choses q u i f o r m e n t la richesse r e p r é s e n t e n t le travail q u i les a créées ; m a i s de l'autre il p r é t e n d qu'elles tirent leurs d e u x valeurs différentes (valeur d ' u s a g e et valeur d ' é c h a n g e ) de la v a l e u r du travail. 11 t o m b e ainsi d a n s la p l a t i t u d e de l ' é c o n o m i e vulgaire q u i a d m e t p r é a l a b l e m e n t l a v a l e u r d ' u n e m a r c h a n d i s e (du travail, p a r e x e m p l e ) p o u r d é t e r m i n e r la v a l e u r des a u t r e s . R i c a r d o le c o m p r e n d c o m m e s'il disait q u e le travail ( n o n sa valeur) se r e p r é s e n t e aussi bien dans la valeur d'usage que dans la valeur d'échange. Mais lui-même distingue si peu le c a r a c t è r e à d o u b l e face du travail q u e d a n s t o u t s o n c h a p i t r e : Valeur et Richesse, il est obligé de discuter les u n e s après les autres les trivialités d ' u n J. B. Say. A u s s i est-il à la fin t o u t é t o n n é de se trouver d ' a c c o r d avec D e s t u t t sur le travail c o m m e s o u r c e de valeur, t a n d i s q u e celui-ci, d ' u n a u t r e côté, se fait de la valeur la m ê m e i d é e q u e Say. « L e s é c o n o m i s t e s o n t u n e singulière m a n i è r e d e procéder. I l n ' y a p o u r e u x q u e d e u x sortes d ' i n s t i t u t i o n s , celles de l'art et celles de la n a t u r e . L e s i n s t i t u t i o n s de la féodalité s o n t des i n s t i t u t i o n s artificielles, celles de la b o u r g e o i s i e sont des i n s t i t u t i o n s n a t u r e l l e s . Ils r e s s e m b l e n t e n ceci a u x t h é o l o g i e n s q u i , e u x aussi, établissent d e u x sortes d e religions. T o u t e religion q u i n'est pas l a l e u r est u n e i n v e n t i o n des h o m m e s , t a n d i s q u e l e u r p r o p r e religion est u n e é m a n a t i o n de D i e u . - A i n s i il y a eu de l'histoire, m a i s il n'y en a plus. » (Karl M a r x : Misère de la Philosophie. Réponse à la Philosophie de la misère, p a r M . P r o u d h o n , 1847, p. 113.) Le plus drôle est Bastiat, q u i s e f i g u r e q u e les G r e c s e t les R o m a i n s n ' o n t vécu q u e d e r a p i n e . M a i s q u a n d on vit de r a p i n e p e n d a n t p l u s i e u r s siècles, il faut p o u r t a n t q u ' i l y ait toujours q u e l q u e c h o s e à p r e n d r e o u q u e l'objet d e s r a p i n e s c o n t i n u e l l e s s e r e n o u v e l l e c o n s t a m m e n t . I l faut d o n c croire q u e les G r e c s et les R o m a i n s a v a i e n t leur g e n r e de p r o d u c t i o n à e u x , c o n s é q u e m m e n t u n e é c o n o m i e , q u i formait l a b a s e m a t é r i e l l e d e l e u r société, t o u t c o m m e l ' é c o n o m i e b o u r g e o i s e forme l a base d e l a n ô t r e . O u b i e n Bastiat p e n s e r a i t - i l q u ' u n m o d e d e p r o d u c t i o n f o n d é sur l e travail des esclaves est u n s y s t è m e d e v o l ? I l s e p l a c e alors sur u n t e r r a i n d a n g e r e u x . Q u a n d un g é a n t de la p e n s é e , tel q u ' A r i s t o t e , a pu se t r o m p e r d a n s son a p p r é c i a t i o n du travail esclave, p o u r q u o i u n n a i n c o m m e Bastiat serait-il infaillible d a n s son a p p r é c i a t i o n d u travail salarié? - J e saisis c e t t e o c c a s i o n p o u r dire q u e l q u e s m o t s d ' u n e objection q u i m ' a é t é faite p a r un j o u r n a l a l l e m a n d - a m é r i c a i n à propos de m o n ouvrage : Critique de l'économie politique, p a r u e n 1859. S u i v a n t lui, m o n o p i n i o n q u e l e m o d e d é t e r m i n é d e p r o d u c t i o n e t les r a p p o r t s soc i a u x q u i e n d é c o u l e n t , e n u n m o t , q u e l a s t r u c t u r e é c o n o m i q u e d e l a société est l a b a s e réelle e
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Première section • Marchandise et monnaie Ce q u i fait voir, entre autres choses, l'illusion produite sur la plupart des économistes par le fétichisme inhérent au m o n d e m a r c h a n d , ou par l'apparence matérielle des attributs sociaux du travail, c'est leur longue et insipide querelle à propos du rôle de la n a t u r e dans la création de la valeur d'échange. Cette valeur n ' é t a n t pas autre chose q u ' u n e m a n i è r e sociale particulière de c o m p t e r le travail employé dans la p r o d u c t i o n d ' u n objet, ne p e u t pas plus c o n t e n i r d'éléments matériels que le cours du change, par exemple. D a n s notre société, la forme é c o n o m i q u e la plus générale et la plus simple qui s'attache a u x produits du travail, la forme m a r c h a n d i s e , est si familière à tout le m o n d e q u e p e r s o n n e n'y voit malice. Considérons d'autres formes é c o n o m i q u e s plus complexes. D ' o ù proviennent, par exemple, les illusions du système m e r c a n t i l e ? É v i d e m m e n t du caractère fétiche q u e la forme m o n n a i e i m p r i m e a u x m é t a u x précieux. E t l ' é c o n o m i e m o d e r n e , qui fait l'esprit ||33| fort et ne se fatigue pas de ressasser ses fades plaisanteries contre le fétichisme des mercantilistes, est-elle m o i n s la d u p e des appar e n c e s ? N'est-ce pas son p r e m i e r d o g m e q u e des choses, des i n s t r u m e n t s de travail, par exemple, sont, par nature, capital, et, q u ' e n voulant les dépouiller de ce caractère p u r e m e n t social, on c o m m e t un crime de lèse-nat u r e ? Enfin, les physiocrates, si supérieurs à t a n t d'égards, n'ont-ils pas imaginé q u e la r e n t e foncière n'est pas un tribut arraché aux h o m m e s , m a i s un présent fait par la n a t u r e m ê m e aux propriétaires ? M a i s n ' a n t i c i p o n s pas et c o n t e n t o n s - n o u s encore d ' u n exemple à propos de la forme m a r c h a n d i s e elle-même. Les m a r c h a n d i s e s diraient, si elles pouvaient parler: notre valeur d'usage p e u t b i e n intéresser l ' h o m m e ; pour n o u s , e n t a n t qu'objets, n o u s n o u s e n m o q u o n s bien. Ce q u i n o u s regarde c'est notre valeur. N o t r e rapport entre n o u s c o m m e choses de vente et d'achat le prouve. N o u s ne n o u s envisageons les u n e s les autres q u e c o m m e valeurs d'échange. Ne croirait-on pas q u e l'économiste e m p r u n t e ses paroles à l'âme m ê m e de la m a r c h a n d i s e q u a n d il d i t : « l a valeur (valeur d'échange), est u n e propriété des choses, la sur laquelle s'élève e n s u i t e l'édifice j u r i d i q u e e t p o l i t i q u e , d e telle sorte q u e l e m o d e d e p r o d u c t i o n de la vie m a t é r i e l l e d o m i n e en général le d é v e l o p p e m e n t de la vie sociale, p o l i t i q u e et intellectuelle, s u i v a n t lui cette o p i n i o n est j u s t e p o u r l e m o n d e m o d e r n e d o m i n é par les i n t é r ê t s m a t é r i e l s , m a i s n o n p o u r l e m o y e n âge o ù r é g n a i t l e c a t h o l i c i s m e , n i p o u r A t h è n e s e t R o m e où régnait la p o l i t i q u e . T o u t d ' a b o r d il est é t r a n g e q u ' i l plaise à c e r t a i n e s g e n s de s u p poser q u e q u e l q u ' u n ignore ces m a n i è r e s de parler vieillies et u s é e s sur le m o y e n âge et l'antiq u i t é . Ce q u i est clair, c'est q u e ni le p r e m i e r ne pouvait vivre du c a t h o l i c i s m e , ni la s e c o n d e de la p o l i t i q u e . Les c o n d i t i o n s é c o n o m i q u e s d'alors e x p l i q u e n t au c o n t r a i r e p o u r q u o i là le cat h o l i c i s m e et ici la p o l i t i q u e j o u a i e n t le rôle p r i n c i p a l . La m o i n d r e c o n n a i s s a n c e de l'histoire de la r é p u b l i q u e r o m a i n e , p a r e x e m p l e , fait voir q u e le secret de cette histoire c'est l'histoire de la p r o p r i é t é foncière. D ' u n a u t r e côté, p e r s o n n e n ' i g n o r e q u e déjà D o n Q u i c h o t t e a eu à se r e p e n t i r p o u r avoir cru q u e la chevalerie e r r a n t e était c o m p a t i b l e avec t o u t e s les formes écon o m i q u e s de la société.
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Chapitre II • Des échanges richesse (valeur d'usage), est u n e propriété de l ' h o m m e . La valeur dans ce sens suppose n é c e s s a i r e m e n t l'échange, la richesse, n o n . » « L a richesse (valeur utile), est un attribut de l ' h o m m e , la valeur, un attribut des m a r chandises. U n h o m m e o u b i e n u n e c o m m u n a u t é est riche, u n e perle o u u n d i a m a n t possèdent de la valeur et la possèdent c o m m e t e l s . » J u s q u ' i c i a u c u n chimiste n ' a découvert de valeur d'échange d a n s u n e perle ou d a n s un d i a m a n t . Les économistes qui ont découvert ou inventé des substances c h i m i q u e s de ce genre, et qui affichent u n e certaine p r é t e n t i o n à la profondeur, trouvent, eux, que la valeur utile des choses leur appartient i n d é p e n 3 3
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d a m m e n t de leurs propriétés matérielles, tandis q u e leur valeur leur appartient en t a n t que choses. Ce qui les confirme d a n s cette opinion, c'est cette circonstance étrange q u e la valeur utile des choses se réalise p o u r l ' h o m m e sans échange, c'est-à-dire dans un rapport i m m é d i a t entre la chose et l ' h o m m e , tandis q u e leur valeur, au contraire, ne se réalise q u e d a n s 15 l'échange, c'est-à-dire d a n s un rapport social. Q u i ne se souvient ici du b o n Dogberry et de la leçon qu'il d o n n e au veilleur de n u i t Seacoal: « Ê t r e un h o m m e b i e n fait est un d o n des circonstances, m a i s savoir lire et écrire, cela n o u s vient de la n a t u r e . » "To be a well-favoured m a n is t h e gift of fortune; but to write a n d read comes by n a t u r e . " (Shakespeare.) | 35
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|34| CHAPITRE II Des
échanges
Les m a r c h a n d i s e s ne p e u v e n t p o i n t aller elles-mêmes au m a r c h é ni s'échanger elles-mêmes entre elles. Il n o u s faut donc tourner nos regards vers leurs gardiens et c o n d u c t e u r s , c'est-à-dire vers leurs possesseurs. Les 25 m a r c h a n d i s e s sont des choses et c o n s é q u e m m e n t n ' o p p o s e n t à l ' h o m m e a u c u n e résistance. Si elles m a n q u e n t de b o n n e volonté, il p e u t employer la 33
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" Value is a property of things, riches of m a n . V a l u e , in this sense, necessarily i m p l i e s exc h a n g e s , riches do n o t . " (Observations on some verbal Disputes in Pol. Econ., particularly relating to value and to offer and demand. L o n d o n , 1 8 2 1 , p. 16.) " R i c h e s are t h e a t t r i b u t e of m a n , value is t h e a t t r i b u t e of c o m m o d i t i e s . A m a n or a c o m m u nity is rich, a p e a r l or a d i a m o n d is v a l u a b l e . . . " A pearl or a d i a m o n d is valuable as a pearl or diamond. (S.Bailey, I.e. p. 165.) L ' a u t e u r des Observations et S. Bailey a c c u s e n t R i c a r d o d'avoir fait de la v a l e u r d ' é c h a n g e , chose p u r e m e n t relative, q u e l q u e c h o s e d'absolu. T o u t au c o n t r a i r e , il a r a m e n é la relativité a p p a r e n t e q u e ces objets, tels q u e perle e t d i a m a n t par e x e m p l e , p o s s è d e n t c o m m e valeurs d ' é c h a n g e , au vrai r a p p o r t c a c h é s o u s cette a p p a r e n c e , à leur relativité c o m m e s i m p l e s e x p r e s sions de travail h u m a i n . Si les p a r t i s a n s de R i c a r d o n ' o n t su r é p o n d r e à Bailey q u e d ' u n e m a n i è r e grossière e t pas d u t o u t c o n c l u a n t e , c'est t o u t s i m p l e m e n t parce qu'ils n ' o n t trouvé c h e z R i c a r d o l u i - m ê m e r i e n q u i les éclairât sur le r a p p o r t i n t i m e q u i existe e n t r e la v a l e u r et sa forme, c'est-à-dire, la valeur d ' é c h a n g e . 34
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Première section • Marchandise et monnaie 36
force, en d'autres t e r m e s s'en e m p a r e r . P o u r mettre ces choses en rapport les u n e s avec les autres à titre de m a r c h a n d i s e s , leurs gardiens doivent euxm ê m e s se m e t t r e en rapport entre e u x à titre de personnes d o n t la volonté habite dans ces choses m ê m e s , de telle sorte que la volonté de l'un est aussi la volonté de l'autre et q u e c h a c u n s'approprie la m a r c h a n d i s e étran5 gère en a b a n d o n n a n t la sienne, au m o y e n d ' u n acte volontaire c o m m u n . Ils doivent d o n c se reconnaître r é c i p r o q u e m e n t c o m m e propriétaires privés. Ce rapport j u r i d i q u e , q u i a p o u r forme le contrat, légalement développé ou n o n , n'est q u e le rapport des volontés d a n s lequel se reflète le rapport é c o n o m i q u e . Son c o n t e n u est d o n n é par le rapport é c o n o m i q u e 10 l u i - m ê m e . Les personnes n ' o n t affaire ici les u n e s a u x autres q u ' a u t a n t qu'elles m e t t e n t certaines choses en rapport entre elles c o m m e m a r c h a n dises. Elles n ' e x i s t e n t les u n e s pour les autres q u ' à titre de représentants de la m a r c h a n d i s e qu'elles possèdent. N o u s verrons d'ailleurs d a n s le cours du développement q u e les m a s q u e s divers d o n t elles s'affublent suivant les cir- 15 constances, ne sont q u e les personnifications des rapports é c o n o m i q u e s qu'elles m a i n t i e n n e n t les u n e s vis-à-vis des autres. 37
Ce q u i distingue surtout l'échangiste de sa m a r c h a n d i s e , c'est q u e p o u r celle-ci toute autre m a r c h a n d i s e n'est q u ' u n e forme d'apparition de sa propre valeur. D é b a u c h é e et cynique, n a t u r e l l e m e n t elle est toujours sur le 20 point d'échanger son â m e et m ê m e son corps avec n ' i m p o r t e quelle autre m a r c h a n d i s e , cette dernière fût-elle aussi dépourvue d'attraits q u e M a r i torne. Ce sens q u i lui m a n q u e pour apprécier le côté concret de ses soeurs, l'échangiste le c o m p e n s e et le développe par ses propres sens à lui, au n o m bre de cinq et plus. P o u r lui, la m a r c h a n d i s e n ' a a u c u n e valeur utile i m m é - 25 diate ; s'il en était a u t r e m e n t , il ne la m è n e r a i t pas au m a r c h é . La seule valeur utile qu'il lui trouve, c'est qu'elle est porte-valeur, utile à d'autres et par con||35|séquent u n i n s t r u m e n t d ' é c h a n g e . I l veut d o n c l'aliéner pour 38
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D a n s l e d o u z i è m e siècle s i r e n o m m é p o u r s a piété, o n trouve s o u v e n t p a r m i les m a r c h a n dises d e s choses très-délicates. U n p o è t e français d e cette é p o q u e signale, p a r e x e m p l e , p a r m i les m a r c h a n d i s e s q u i se voyaient s u r le m a r c h é du L a n d i t , à c ô t é des étoffes, d e s c h a u s s u r e s , des cuirs, d e s i n s t r u m e n t s d ' a g r i c u l t u r e , « d e s f e m m e s folles de leurs c o r p s » . B i e n des gens p u i s e n t l e u r i d é a l d e j u s t i c e d a n s les rapports j u r i d i q u e s q u i o n t l e u r o r i g i n e d a n s la société b a s é e sur la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e , ce q u i , soit dit en p a s s a n t , l e u r fournit a g r é a b l e m e n t l a p r e u v e q u e c e g e n r e d e p r o d u c t i o n d u r e r a aussi l o n g t e m p s q u e l a j u s t i c e ellem ê m e . E n s u i t e d a n s cet idéal, tiré de la société actuelle, ils p r e n n e n t l e u r p o i n t d ' a p p u i p o u r réformer cette société e t s o n droit. Q u e p e n s e r a i t - o n d ' u n c h i m i s t e q u i a u lieu d ' é t u d i e r les lois des c o m b i n a i s o n s m a t é r i e l l e s et de r é s o u d r e sur c e t t e b a s e des p r o b l è m e s d é t e r m i n é s , v o u d r a i t t r a n s f o r m e r ces c o m b i n a i s o n s d'après les « i d é e s éternelles de l'affinité et de la n a t u rante»? S a i t - o n q u e l q u e c h o s e d e plus sur « l ' u s u r e » , par e x e m p l e , q u a n d o n dit q u ' e l l e est e n c o n t r a d i c t i o n avec l a « j u s t i c e é t e r n e l l e » e t « l ' é q u i t é é t e r n e l l e » , q u e n ' e n savaient les P è r e s d e l'Église q u a n d ils en d i s a i e n t a u t a n t en p r o c l a m a n t sa c o n t r a d i c t i o n avec la « g r â c e é t e r n e l l e , la foi éternelle et la volonté éternelle de D i e u » ? « C a r l'usage d e c h a q u e c h o s e est d e d e u x s o r t e s : l ' u n e est p r o p r e à l a c h o s e c o m m e telle,
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d'autres m a r c h a n d i s e s d o n t la valeur d'usage puisse le satisfaire. T o u t e s les m a r c h a n d i s e s sont des non-valeurs d'usage p o u r ceux qui les possèdent et des valeurs d'usage p o u r ceux q u i ne les possèdent pas. A u s s i faut-il qu'elles passent d ' u n e m a i n d a n s l'autre sur t o u t e la ligne. M a i s ce changem e n t de m a i n s constitue leur échange et leur échange les rapporte les u n e s aux autres c o m m e valeurs et les réalise c o m m e valeurs. Il faut d o n c que les m a r c h a n d i s e s se manifestent c o m m e valeurs, avant qu'elles puissent se réaliser c o m m e valeurs d'usage. D ' u n autre côté, il faut que leur valeur d'usage soit constatée avant qu'elles puissent se réaliser c o m m e v a l e u r s ; car le travail h u m a i n d é p e n s é d a n s leur p r o d u c t i o n n e c o m p t e q u ' a u t a n t qu'il est dépensé sous u n e forme utile à d'autres. Or leur échange seul p e u t d é m o n t r e r si ce travail est utile à d'autres, c'est-à-dire si son produit p e u t satisfaire des besoins étrangers. C h a q u e possesseur d e m a r c h a n d i s e s n e veut l'aliéner q u e contre u n e autre dont la valeur utile satisfait son besoin. En ce sens l'échange n ' e s t p o u r lui q u ' u n e affaire individuelle. En outre, il veut réaliser sa m a r c h a n dise c o m m e valeur d a n s n ' i m p o r t e quelle m a r c h a n d i s e d e m ê m e valeur q u i lui plaise, sans s'inquiéter si sa propre m a r c h a n d i s e a p o u r le possesseur de l'autre u n e valeur u t i l e ou n o n . D a n s ce sens, l'échange est pour lui un acte social général. M a i s le m ê m e acte ne peut être s i m u l t a n é m e n t p o u r tous les échangistes de m a r c h a n d i s e s s i m p l e m e n t individuel et en m ê m e t e m p s s i m p l e m e n t social et général. Considérons la chose de plus près : pour c h a q u e possesseur de m a r c h a n dises, t o u t e m a r c h a n d i s e étrangère est un équivalent particulier de la s i e n n e ; sa m a r c h a n d i s e est par c o n s é q u e n t l'équivalent général de toutes les autres. M a i s c o m m e tous les échangistes se trouvent d a n s le m ê m e cas, a u c u n e m a r c h a n d i s e n'est équivalent général, et la valeur relative des m a r chandises ne possède a u c u n e forme générale sous laquelle elles p u i s s e n t être comparées c o m m e q u a n t i t é s d e valeur. E n u n mot, elles n e j o u e n t pas les u n e s vis-à-vis des autres le rôle de m a r c h a n d i s e s , m a i s celui de simples produits ou de valeurs d'usage. D a n s leur embarras, nos échangistes p e n s e n t c o m m e F a u s t . A u c o m m e n c e m e n t était l'action. A u s s i ont-ils déjà agi avant d'avoir pensé, et leur instinct n a t u r e l ne fait q u e confirmer les lois provenant de la n a t u r e des m a r c h a n d i s e s . Ils ne p e u v e n t c o m p a r e r leurs articles c o m m e valeurs et par c o n s é q u e n t c o m m e m a r c h a n d i s e s q u ' e n les c o m p a r a n t à u n e a u t r e m a r l ' a u t r e n o n ; u n e s a n d a l e , p a r e x e m p l e , sert d e c h a u s s u r e e t d e m o y e n d ' é c h a n g e . S o u s ces d e u x p o i n t s d e v u e l a s a n d a l e est u n e v a l e u r d ' u s a g e , car c e l u i q u i l ' é c h a n g e p o u r c e q u i l u i m a n q u e , l a n o u r r i t u r e , j e s u p p o s e , s e sert a u s s i d e l a s a n d a l e c o m m e s a n d a l e , m a i s n o n d a n s son g e m e d ' u s a g e n a t u r e l , car elle n ' e s t p a s là p r é c i s é m e n t p o u r l ' é c h a n g e . » (Aristote, de Rep., 1.1, c. 9.)
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Première section • Marchandise et monnaie c h a n d i s e q u e l c o n q u e q u i se pose devant e u x c o m m e équivalent général. C'est ce q u e l'analyse p r é c é d e n t e a déjà d é m o n t r é . M a i s cet équivalent gén é r a l n e p e u t être l e résultat que d ' u n e action sociale. U n e m a r c h a n d i s e spéciale est d o n c m i s e à part par un acte c o m m u n des autres m a r c h a n d i s e s et sert à exposer leurs valeurs réciproques. La forme naturelle de cette m a r c h a n d i s e devient ainsi la forme équivalent s o c i a l e m e n t valide. Le rôle d'équivalent général est désormais la fonction sociale spécifique de la marc h a n d i s e exclue, et elle devient argent. „Uli unum consilium habent et virtutem et potestatem suam bestiœ tradunt. Et ne quis possit emere aut vendere, nisi qui habet characterem aut nomen bestiœ, aut numerum nominis ejus." (Apocalypse.)
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L'argent est un cristal q u i se forme s p o n t a n é m e n t d a n s les échanges par lesquels les divers p r o d u i t s du travail sont en fait égalisés e n t r e e u x et par cela m ê m e transformés e n m a r c h a n d i s e s . L e d é v e l o p p e m e n t h i s t o r i q u e d e l'échange i m p r i m e de plus en plus a u x produits du travail le caractère de 15 m a r c h a n d i s e s et développe en m ê m e t e m p s l'opposition que recèle leur nature, celle de valeur d'usage et de valeur. Le b e s o i n m ê m e du c o m m e r c e force à d o n n e r un corps à cette antithèse, t e n d à faire naître u n e forme valeur palpable et ne laisse plus ni repos ni trêve j u s q u ' à ce q u e cette forme soit enfin a t t e i n t e par le d é d o u b l e m e n t de la m a r c h a n d i s e en m a r c h a n d i s e 20 et en argent. A m e s u r e d o n c q u e s'accomplit la transformation générale des produits du travail en m a r c h a n d i s e s , s'accomplit aussi la transformation d'une marchandise en argent . 39
D a n s l'échange i m m é d i a t des produits, l'expression de la valeur revêt d ' u n côté la forme relative simple et de l'autre ne la revêt pas encore. Cette forme é t a i t : χ m a r c h a n d i s e A = y m a r c h a n d i s e B. La forme de l'échange i m m é d i a t e s t : χ objets d'utilité A = y objets d'utilité B . Les objets A et B ne sont p o i n t ici des m a r c h a n d i s e s avant l'échange, m a i s le d e v i e n n e n t s e u l e m e n t p a r l'échange m ê m e . Dès l e m o m e n t q u ' u n objet utile dépasse par son a b o n d a n c e les besoins de son producteur, il cesse d'être valeur d'usage p o u r lui et, les circonstances d o n n é e s , sera utilisé c o m m e valeur d'échange. Les choses sont par elles-mêmes extérieures à l ' h o m m e et par c o n s é q u e n t aliénables. P o u r q u e l'aliénation soit r é c i p r o q u e , il faut tout s i m p l e m e n t q u e des h o m m e s se rapportent les u n s a u x autres, par u n e rec o n n a i s s a n c e tacite, c o m m e propriétaires privés de ces choses aliénables et
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O n p e u t d ' a p r è s cela a p p r é c i e r l e s o c i a l i s m e b o u r g e o i s q u i v e u t é t e r n i s e r l a p r o d u c t i o n m a r c h a n d e e t e n m ê m e t e m p s abolir « l ' o p p o s i t i o n d e m a r c h a n d i s e e t a r g e n t » , c'est-à-dire l ' a r g e n t l u i - m ê m e , car il n ' e x i s t e q u e d a n s cette o p p o s i t i o n . V. sur ce sujet d a n s ma Critique de l'économie politique, p. 61 et suiv. T a n t q u e d e u x objets u t i l e s différents n e sont p a s e n c o r e é c h a n g é s , m a i s q u ' u n e m a s s e c h a o t i q u e d e c h o s e s est offerte c o m m e é q u i v a l e n t p o u r u n e t r o i s i è m e , a i n s i q u e n o u s l e v o y o n s c h e z les sauvages, l ' é c h a n g e i m m é d i a t des p r o d u i t s n ' e s t l u i - m ê m e q u ' à s o n b e r c e a u . 40
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par cela m ê m e c o m m e personnes i n d é p e n d a n t e s . C e p e n d a n t u n tel rapport d ' i n d é p e n d a n c e réciproque n'existe pas encore pour les m e m b r e s d ' u n e c o m m u n a u t é primitive, quelle q u e soit sa forme, famille patriarcale, comm u n a u t é ||36| i n d i e n n e , État I n c a c o m m e au Pérou, etc. L ' é c h a n g e des m a r c h a n d i s e s c o m m e n c e là où les c o m m u n a u t é s finissent, à leurs points de contact avec des c o m m u n a u t é s étrangères ou avec des m e m b r e s de ces dernières c o m m u n a u t é s . Dès q u e les choses sont u n e fois devenues des m a r c h a n d i s e s d a n s la vie c o m m u n e avec l'étranger, elles le d e v i e n n e n t égal e m e n t par contre-coup dans la vie c o m m u n e intérieure. La proportion d a n s laquelle elles s'échangent est d'abord p u r e m e n t accidentelle. Elles dev i e n n e n t échangeables par l'acte volontaire de leurs possesseurs q u i se décident à les aliéner r é c i p r o q u e m e n t . P e u à p e u le besoin d'objets utiles prov e n a n t de l'étranger se fait sentir davantage et se consolide. La répétition c o n s t a n t e de l'échange en fait u n e affaire sociale régulière, et avec le cours du t e m p s u n e partie au m o i n s des objets utiles est p r o d u i t e i n t e n t i o n n e l l e m e n t en vue de l'échange. A partir de cet instant, s'opère d ' u n e m a n i è r e nette la séparation entre l'utilité des choses p o u r les besoins i m m é d i a t s et leur utilité p o u r l'échange à effectuer entre elles, c'est-à-dire entre leur valeur d'usage et leur valeur d'échange. D ' u n a u t r e côté, la proportion dans laquelle elles s'échangent c o m m e n c e à se régler par leur p r o d u c t i o n m ê m e . L ' h a b i t u d e les fixe c o m m e quantités de valeur. D a n s l'échange i m m é d i a t des produits, c h a q u e m a r c h a n d i s e est m o y e n d'échange i m m é d i a t p o u r celui q u i la possède, m a i s pour celui qui ne la possède pas, elle ne devient équivalent q u e d a n s le cas où elle est p o u r lui u n e valeur d'usage. L'article d'échange n ' a c q u i e r t d o n c encore a u c u n e forme valeur i n d é p e n d a n t e de sa propre valeur d'usage ou du besoin individuel des échangistes. La nécessité de cette forme se développe à m e s u r e q u ' a u g m e n t e n t le n o m b r e et la variété des m a r c h a n d i s e s q u i e n t r e n t p e u à p e u dans l'échange, et le p r o b l è m e éclôt s i m u l t a n é m e n t avec les m o y e n s de le résoudre. Des possesseurs de m a r c h a n d i s e s n ' é c h a n g e n t et ne c o m p a r e n t j a m a i s leurs propres articles avec d'autres articles différents, sans q u e diverses m a r c h a n d i s e s soient échangées et comparées c o m m e valeurs par leurs maîtres divers avec u n e seule et m ê m e troisième espèce de m a r c h a n dise. U n e telle troisième m a r c h a n d i s e en d e v e n a n t équivalent p o u r diverses autres, acquiert i m m é d i a t e m e n t , q u o i q u e d a n s d'étroites limites, la forme équivalent général ou social. Cette forme générale naît et disparaît avec le contact social passager qui l'a appelée à la vie, et s'attache rapidem e n t et t o u r à tour t a n t ô t à u n e m a r c h a n d i s e , tantôt à l'autre. D è s que l'échange a atteint un certain développement, elle s'attache exclusivement à u n e espèce particulière de m a r c h a n d i s e , ou se cristallise sous forme argent. Le hasard décide d'abord sur quel genre de m a r c h a n d i s e s elle reste
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Première section • Marchandise et monnaie fixée ; on p e u t dire c e p e n d a n t que cela d é p e n d en général de d e u x circonstances décisives. La forme argent adhère ou bien a u x articles d ' i m p o r t a t i o n les plus importants q u i révèlent en fait les premiers la valeur d ' é c h a n g e des produits indigènes, ou b i e n a u x objets ou plutôt à l'objet utile q u i forme l'élément principal de la richesse indigène aliénable, c o m m e le bétail, par exemple. Les peuples n o m a d e s développent les premiers la forme argent parce q u e tout leur b i e n et t o u t leur avoir se trouve sous forme mobilière, et par c o n s é q u e n t i m m é d i a t e m e n t aliénable. De plus, leur genre de vie les m e t c o n s t a m m e n t en c o n t a c t avec des sociétés étrangères, et les sollicite par cela m ê m e à l'échange des produits. Les h o m m e s o n t souvent fait de l ' h o m m e m ê m e , dans la figure de l'esclave, la m a t i è r e primitive de leur arg e n t ; il n ' e n a j a m a i s été ainsi du sol. U n e telle idée ne pouvait naître q u e d a n s u n e société bourgeoise déjà développée. Elle date du dernier tiers du dix-septième siècle ; et sa réalisation n ' a été essayée sur u n e g r a n d e échelle, par t o u t e u n e nation, q u ' u n siècle plus tard, dans la révolution de 1789, en France. A m e s u r e que l'échange brise ses liens p u r e m e n t locaux, et q u e par suite la valeur des m a r c h a n d i s e s représente de plus en plus le travail h u m a i n en général, la forme argent passe à des marchandises, q u e leur n a t u r e r e n d aptes à remplir la fonction sociale d'équivalent général, c'est-à-dire a u x m é t a u x précieux. Q u e m a i n t e n a n t « b i e n q u e l'argent et l'or ne soient pas par n a t u r e m o n n a i e , la m o n n a i e soit c e p e n d a n t par n a t u r e argent et o r » , c'est ce q u e m o n t r e n t l'accord et l'analogie qui existent entre les propriétés naturelles de ces m é t a u x et les fonctions de la m o n n a i e . M a i s j u s q u ' i c i n o u s ne connaissons q u ' u n e fonction de la m o n n a i e , celle de servir c o m m e forme de manifestation de la valeur des m a r c h a n d i s e s , ou c o m m e m a t i è r e d a n s laquelle les quantités de valeur des m a r c h a n d i s e s s'expriment socialement. Or, il n'y a q u ' u n e seule m a t i è r e q u i puisse être u n e forme propre à m a n i fester la valeur ou servir d'image concrète du travail h u m a i n abstrait et c o n s é q u e m m e n t égal, c'est celle dont tous les exemplaires p o s s è d e n t la m ê m e qualité uniforme. D ' u n autre côté, c o m m e des valeurs ne diffèrent q u e par leur q u a n t i t é , la m a r c h a n d i s e m o n n a i e doit être susceptible de différences p u r e m e n t q u a n t i t a t i v e s ; elle doit être divisible à volonté et p o u voir être recomposée avec la s o m m e de toutes ses parties. C h a c u n sait q u e l'or et l'argent possèdent n a t u r e l l e m e n t toutes ces propriétés.
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La valeur d'usage de la m a r c h a n d i s e m o n n a i e devient d o u b l e . O u t r e sa valeur d'usage particulière c o m m e m a r c h a n d i s e , - ainsi l'or, par exemple, 41
Karl M a r x , I.e., p . 135. « L e s m é t a u x p r é c i e u x s o n t n a t u r e l l e m e n t m o n n a i e . » ( G a l i a n i : Della Moneta, d a n s le r e c u e i l de C u s t o d i , parte moderna, t. I l l , p. 137.) V. de p l u s a m p l e s détails à ce sujet d a n s m o n ouvrage déjà cité, ch. Les métaux précieux.
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Chapitre II • Des échanges sert de m a t i è r e première pour articles de luxe, p o u r b o u c h e r les dents creuses, etc., - elle acquiert u n e valeur d'usage formelle q u i a p o u r origine sa fonction sociale spécifique. C o m m e toutes les m a r c h a n d i s e s ne s o n t q u e des équivalents particuliers 5 de l'argent, et q u e ce dernier est leur équivalent général, il j o u e vis-à-vis d'elles le rôle de m a r c h a n d i s e universelle et elles ne représentent vis-à-vis de lui que des m a r c h a n d i s e s particulières . On a vu q u e la forme argent ou m o n n a i e n ' e s t ||37| q u e le reflet des rapports de valeur de t o u t e sorte de m a r c h a n d i s e s dans u n e seule espèce de 10 m a r c h a n d i s e . Q u e l'argent l u i - m ê m e soit m a r c h a n d i s e , cela ne p e u t donc être u n e découverte q u e p o u r celui q u i prend p o u r point de départ sa forme t o u t achevée p o u r en arriver à son analyse e n s u i t e . Le m o u v e m e n t des échanges d o n n e à la m a r c h a n d i s e qu'il transforme en argent n o n pas sa valeur, m a i s sa forme valeur spécifique. C o n f o n d a n t d e u x choses aussi dispa15 rates, on a été a m e n é à considérer l'argent et l'or c o m m e des valeurs purem e n t i m a g i n a i r e s . Le fait q u e l'argent d a n s certaines de ses fonctions p e u t être remplacé par de simples signes de l u i - m ê m e , a fait naître cette autre erreur qu'il n'est q u ' u n simple signe. D ' u n autre côté, il est vrai, cette erreur faisait pressentir q u e sous l'appa43
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rence d ' u n objet extérieur, la m o n n a i e déguise en réalité un rapport social. D a n s ce sens t o u t e m a r c h a n d i s e serait un signe, parce qu'elle n'est valeur que c o m m e enveloppe matérielle du travail h u m a i n dépensé d a n s sa prod u c t i o n . M a i s dès q u ' o n ne voit plus q u e de simples signes d a n s les carac46
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« L ' a r g e n t est l a m a r c h a n d i s e u n i v e r s e l l e . » (Verri, I.e., p . 16.) « L ' a r g e n t e t l'or e u x - m ê m e s , a u x q u e l s n o u s p o u v o n s d o n n e r l e n o m g é n é r a l d e lingots, sont des m a r c h a n d i s e s d o n t l a v a l e u r h a u s s e e t b a i s s e . L e lingot a u n e p l u s g r a n d e v a l e u r l à où, avec un m o i n d r e p o i d s , on a c h è t e u n e plus g r a n d e q u a n t i t é de m a r c h a n d i s e s du pays. » (A Discourse of the general notions of Money, Trade and Exchange, as they stand in relations to each other. By a Merchant. London, 1695, p. 7.) « L ' a r g e n t et l'or, m o n n a y é s ou n o n , q u o i q u ' i l s servent de 44
m e s u r e à t o u t e s les c h o s e s , s o n t des m a r c h a n d i s e s t o u t a u s s i b i e n q u e le vin, l'huile, le t a b a c , le d r a p et les étoffes. » (A Discourse concerning Trade, and that in particular of the East Indies, etc. London, 1689, p . 2). « L ' o r e t l'argent n e d o i v e n t p a s être exclus d u n o m b r e d e s m a r c h a n dises.» (The East India Trade a most Profitable Trade. L o n d o n , 1677, p. 4.) « L ' o r e t l'argent o n t l e u r v a l e u r c o m m e m é t a u x a v a n t q u ' i l s d e v i e n n e n t m o n n a i e . » (Galiani, I.e.) L o c k e d i t : « L ' a r g e n t a r e ç u d u c o n s e n t e m e n t u n i v e r s e l d e s h o m m e s u n e valeur i m a g i n a i r e , à c a u s e de ses q u a l i t é s q u i le r e n d a i e n t p r o p r e à r e m p l i r le rôle de m o n n a i e . » Law, a u c o n t r a i r e : « C o m m e n t diverses n a t i o n s p o u r r a i e n t - e l l e s d o n n e r u n e v a l e u r i m a g i n a i r e à u n e c h o s e q u e l c o n q u e . . . . o u c o m m e n t cette v a l e u r i m a g i n a i r e aurait-elle p u s e m a i n t e n i r ? » M a i s il n ' e n t e n d a i t r i e n l u i - m ê m e à cette q u e s t i o n , car ailleurs il s ' e x p r i m e a i n s i : « L ' a r gent s'est é c h a n g é d ' a p r è s la v a l e u r d ' u s a g e q u ' i l possédait, c'est-à-dire d ' a p r è s sa valeur r é e l l e ; par s o n a d o p t i o n c o m m e m o n n a i e i l a a c q u i s u n e valeur a d d i t i o n n e l l e . » ( J e a n L a w : Considérations sur le numéraire et le commerce. D a i r e . É d i t i o n des Économistes financiers du dixh u i t i è m e siècle, p . 470.) 45
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« L ' a r g e n t en (des d e n r é e s ) est le s i g n e . » (V. de F o r b o n n a i s : Éléments de commerce. N o u v . édit. Leyde, 1766, t. II, p. 143.) « C o m m e signe il est attiré par les d e n r é e s . » (L. c, p. 155.) « L ' a r g e n t est un signe d ' u n e c h o s e et la r e p r é s e n t e . » ( M o n t e s q u i e u , Esprit des lois.) « L ' a r g e n t
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Première section • Marchandise et monnaie tères sociaux q u e revêtent les choses, ou dans les caractères matériels q u e revêtent les d é t e r m i n a t i o n s sociales du travail sur la base d ' u n m o d e particulier de production, on leur prête le sens de fictions conventionnelles, sanctionnées par le soi-disant c o n s e n t e m e n t universel des h o m m e s . C'était là le m o d e d'explication en vogue au dix-huitième siècle ; ne p o u v a n t en5 core déchiffrer ni l'origine ni le développement des formes é n i g m a t i q u e s des rapports sociaux, on s'en débarrassait en déclarant qu'elles é t a i e n t d'invention h u m a i n e et n o n pas t o m b é e s du ciel. N o u s avons déjà fait la r e m a r q u e que la forme équivalent d ' u n e m a r chandise ne laisse rien savoir sur le m o n t a n t de sa q u a n t i t é de valeur. Si 10 l'on sait q u e l'or est m o n n a i e , c'est-à-dire échangeable avec toutes les m a r chandises, on ne sait point p o u r cela c o m b i e n valent par exemple 10 livres d'or. C o m m e toute m a r c h a n d i s e , l'argent ne p e u t exprimer sa propre q u a n tité de valeur q u e relativement, dans d'autres m a r c h a n d i s e s . Sa valeur propre est d é t e r m i n é e par le t e m p s de travail nécessaire à sa p r o d u c t i o n , et 15 s'exprime dans le quantum de toute autre m a r c h a n d i s e q u i a exigé un travail de m ê m e d u r é e . Cette fixation de sa q u a n t i t é de valeur relative a lieu à la source m ê m e de sa p r o d u c t i o n dans son premier échange. Dès qu'il entre dans la circulation c o m m e m o n n a i e , sa valeur est d o n n é e . Déjà d a n s les dernières a n n é e s du dix-septième siècle, on avait b i e n constaté q u e la 20 m o n n a i e est m a r c h a n d i s e ; l'analyse n ' e n était c e p e n d a n t q u ' à ses premiers pas. La difficulté ne consiste pas à c o m p r e n d r e que la m o n n a i e est marchandise, m a i s à savoir c o m m e n t et p o u r q u o i u n e m a r c h a n d i s e devient monnaie . | 47
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n ' e s t pas s i m p l e signe, car il est l u i - m ê m e r i c h e s s e ; il ne r e p r é s e n t e p a s les valeurs, il les è q u i vaut.» (Le Trosne, I.e. p. 910.) L o n g t e m p s a v a n t les é c o n o m i s t e s , les j u r i s t e s a v a i e n t m i s en vog u e cette i d é e q u e l'argent n ' e s t q u ' u n s i m p l e signe e t q u e les m é t a u x p r é c i e u x n ' o n t q u ' u n e valeur i m a g i n a i r e . Valets et s y c o p h a n t e s du p o u v o i r royal, ils o n t p e n d a n t t o u t le m o y e n âge a p p u y é le droit des rois à la falsification des m o n n a i e s sur les t r a d i t i o n s de l ' e m p i r e r o m a i n et sur le c o n c e p t du rôle de l'argent tel q u ' i l se trouve d a n s les P a n d e c t e s . « Q u ' a u c u n p u i s s e ni doive faire d o u t e , d i t leur h a b i l e disciple P h i l i p p e de Valois d a n s un d é c r e t de 1346, q u e à n o u s et à n o t r e majesté royale n ' a p p a r t i e n n e s e u l e m e n t . . . . le m e s t i e r , le fait, l'état, la provision e t t o u t e l ' o r d o n n a n c e d e s m o n n a i e s , d e d o n n e r tel cours, e t p o u r tel prix c o m m e i l n o u s plaît e t b o n n o u s s e m b l e . » C'était u n d o g m e d u droit r o m a i n q u e l ' e m p e r e u r d é c r é t â t l a v a l e u r d e l'argent. I l était d é f e n d u e x p r e s s é m e n t d e l e traiter c o m m e u n e m a r c h a n d i s e . « P e c u n i a s vero n u l l i e m e r e fas erit, n a m i n u s u p u b l i c o c o n s t i t u t a s o p o r t e t n o n esse m e r c e m . » O n t r o u v e d'excellents c o m m e n t a i r e s l à - d e s s u s d a n s G. F. P a g n i n i : Saggio sopra il giusto pregio delle cose, 1 7 5 1 . C u s t o d i , parte moderna, t. II. D a n s la s e c o n d e partie de son écrit n o t a m m e n t , P a g n i n i d i rige sa p o l é m i q u e c o n t r e les j u r i s t e s . 47
« S i u n h o m m e p e u t livrer à L o n d r e s u n e o n c e d'argent extraite des m i n e s d u P é r o u , d a n s l e m ê m e t e m p s qu'il lui faudrait p o u r p r o d u i r e u n b o i s s e a u d e grain, alors l ' u n est l e prix n a t u r e l d e l'autre. M a i n t e n a n t , s i u n h o m m e , par l'exploitation d e m i n e s plus n o u v e l l e s e t p l u s riches, p e u t s e p r o c u r e r aussi f a c i l e m e n t d e u x o n c e s d ' a r g e n t q u ' a u p a r a v a n t u n e seule, l e grain sera aussi b o n m a r c h é à 10 shillings le b o i s s e a u q u ' i l était a u p a r a v a n t à 5 shillings, cœteris paribus.-» ( W i l l i a m P e t t y : A Treatise on Taxes and Contributions, L o n d o n , 1667, p. 31.) M a î t r e R o s c h e r , l e professeur, n o u s a p p r e n d d ' a b o r d : « Q u e les fausses définitions d e l'ar-
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises
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|38| N o u s avons déjà vu que dans l'expression de valeur la plus simple : χ m a r c h a n d i s e A = y m a r c h a n d i s e B, l'objet d a n s lequel la q u a n t i t é de valeur d ' u n autre objet est représentée, semble posséder sa forme équivalent, i n d é p e n d a m m e n t de ce rapport, c o m m e u n e propriété sociale qu'il tire de la nature. N o u s avons poursuivi cette fausse a p p a r e n c e j u s q u ' a u m o m e n t de sa consolidation. Cette consolidation est accomplie dès q u e la forme équivalent général s'est a t t a c h é e exclusivement à u n e m a r c h a n d i s e particulière ou s'est cristallisée sous forme argent. U n e m a r c h a n d i s e ne paraît p o i n t devenir argent parce q u e les autres m a r c h a n d i s e s e x p r i m e n t en elle récipro-
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q u e m e n t leurs v a l e u r s ; tout au contraire, ces dernières paraissent e x p r i m e r en elle leurs valeurs parce qu'elle est argent. Le m o u v e m e n t q u i a servi d ' i n t e r m é d i a i r e s'évanouit dans son propre résultat et ne laisse a u c u n e trace. Les m a r c h a n d i s e s trouvent, sans paraître y avoir c o n t r i b u é en rien, leur propre valeur représentée et fixée dans le corps d ' u n e m a r c h a n d i s e q u i
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existe à côté et en dehors d'elles. Ces simples choses, argent et or, telles qu'elles sortent des entrailles de la terre, figurent aussitôt c o m m e i n c a r n a t i o n i m m é d i a t e de tout travail h u m a i n . De là la m a g i e de l'argent. |
|39[ CHAPITRE III La m o n n a i e ou la circulation des marchandises I
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Mesure des valeurs D a n s un b u t de simplification, n o u s supposons que l'or est la m a r c h a n d i s e qui remplit les fonctions de m o n n a i e . La p r e m i è r e fonction de l'or consiste à fournir à l ' e n s e m b l e des m a r 25 chandises la m a t i è r e d a n s laquelle elles e x p r i m e n t leurs valeurs c o m m e grandeurs de la m ê m e d é n o m i n a t i o n , de qualité égale et c o m p a r a b l e s sous
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g e n t p e u v e n t se diviser en d e u x g r o u p e s p r i n c i p a u x : il y a celles d ' a p r è s l e s q u e l l e s il est plus e t celles d ' a p r è s lesquelles i l est m o i n s q u ' u n e m a r c h a n d i s e . » P u i s i l n o u s f o u r n i t u n c a t a l o g u e des écrits les plus bigarrés sur la n a t u r e de l'argent, ce q u i ne j e t t e pas la m o i n d r e l u e u r sur l'histoire réelle de la t h é o r i e . A la fin arrive la m o r a l e : « O n ne p e u t nier, dit-il, q u e la p l u part des d e r n i e r s é c o n o m i s t e s o n t a c c o r d é p e u d ' a t t e n t i o n a u x p a r t i c u l a r i t é s q u i d i s t i n g u e n t l'argent des a u t r e s m a r c h a n d i s e s (il est d o n c plus o u m o i n s ? ) ... E n c e s e n s l a r é a c t i o n m i m e r c a n t i l i s t e de G a n i l h , etc., n ' e s t p a s t o u t à fait sans f o n d e m e n t . » ( W i l h e l m R o s c h e r : Les fondements de l'économie nationale, 3 é d i t , 1858, p. 207 et suiv.) P l u s - m o i n s - t r o p p e u - en ce sens - p a s t o u t à fait - q u e l l e clarté et q u e l l e p r é c i s i o n d a n s les idées et le l a n g a g e ! Et c'est u n tel fatras d ' é c l e c t i s m e professoral q u e m a î t r e R o s c h e r b a p t i s e m o d e s t e m e n t d u n o m d e « m é t h o d e a n a t o m i c o - p h y s i o l o g i q u e d e l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e » ! O n l u i d o i t c e p e n d a n t u n e découverte, à savoir q u e l'argent est « u n e m a r c h a n d i s e a g r é a b l e » . e
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Première section · Marchandise et monnaie le rapport de la q u a n t i t é . Il fonctionne d o n c c o m m e m e s u r e universelle des valeurs. C'est en vertu de cette fonction q u e l'or, la m a r c h a n d i s e équivalent, devient - m o n n a i e . Ce n ' e s t pas la m o n n a i e qui rend les m a r c h a n d i s e s c o m m e n s u r a b l e s : au contraire. C'est parce q u e les m a r c h a n d i s e s en tant q u e valeurs sont du travail matérialisé, et par suite c o m m e n s u r a b l e s entre elles, qu'elles p e u v e n t m e s u r e r toutes e n s e m b l e leurs valeurs dans u n e m a r c h a n d i s e spéciale, et transformer cette dernière en m o n n a i e , c'est-à-dire en faire leur m e s u r e c o m m u n e . M a i s la m e s u r e des valeurs par la m o n n a i e est la forme q u e doit n é c e s s a i r e m e n t revêtir leur m e s u r e i m m a n e n t e , la d u r é e de t r a v a i l . 49
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L'expression de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e en or : χ m a r c h a n d i s e A = y m a r c h a n d i s e m o n n a i e , est s a forme m o n n a i e o u son prix. U n e é q u a t i o n isolée telle que : 1 t o n n e de fer = 2 onces d'or, suffit m a i n t e n a n t p o u r exposer la valeur du fer d ' u n e m a n i è r e socialement valide. U n e é q u a t i o n de ce genre n ' a plus b e s o i n de figurer c o m m e a n n e a u dans la série des èqua- 15 tions de toutes les autres m a r c h a n d i s e s , parce que la m a r c h a n d i s e équivalent, l'or, possède ||40| déjà le caractère m o n n a i e . La forme générale de la valeur relative des m a r c h a n d i s e s a d o n c m a i n t e n a n t regagné son aspect primitif, sa forme simple. La m a r c h a n d i s e m o n n a i e de son côté n ' a p o i n t de prix. P o u r qu'elle p û t p r e n d r e part à cette forme de la valeur relative, q u i est c o m m u n e à toutes les autres m a r c h a n d i s e s , il faudrait qu'elle p û t se servir à e l l e - m ê m e d'équivalent. Au contraire la forme II où la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e était exprim é e dans u n e série i n t e r m i n a b l e d ' é q u a t i o n s , devient p o u r l'argent la forme exclusive de sa valeur relative. M a i s cette série est m a i n t e n a n t déjà d o n n é e d a n s les prix des m a r c h a n d i s e s . Il suffit de lire à rebours la cote d ' u n prix courant p o u r trouver la q u a n t i t é de valeur de l'argent d a n s toutes les m a r c h a n d i s e s possibles. Le prix ou la forme m o n n a i e des m a r c h a n d i s e s est c o m m e la forme valeur en général distincte de leur corps ou de leur forme naturelle, q u e l q u e
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Poser l a q u e s t i o n d e savoir p o u r q u o i l a m o n n a i e n e r e p r é s e n t e pas i m m é d i a t e m e n t l e t e m p s d e travail l u i - m ê m e , d e telle sorte, p a r e x e m p l e , q u ' u n billet r e p r é s e n t e u n travail d e χ h e u r e s , r e v i e n t t o u t s i m p l e m e n t à ceci : P o u r q u o i , é t a n t d o n n é e la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e , les p r o d u i t s du travail doivent-ils revêtir la forme de m a r c h a n d i s e s ? ou à c e t t e a u t r e : P o u r q u o i le travail privé n e p e u t - i l pas être traité i m m é d i a t e m e n t c o m m e travail social, c'est-à-dire c o m m e s o n c o n t r a i r e ? J'ai r e n d u c o m p t e ailleurs avec plus d e détails d e l ' u t o p i e d ' u n e « m o n n a i e o u b o n d e travail» d a n s l e m i l i e u a c t u e l d e p r o d u c t i o n (I.e. p . 6 1 e t suiv.). R e m a r q u o n s e n c o r e ici q u e l e b o n d e travail d ' O w e n , p a r e x e m p l e , est aussi p e u d e l'argent q u ' u n e c o n t r e - m a r q u e d e t h é â t r e . O w e n s u p p o s e d ' a b o r d u n travail socialisé, c e q u i est u n e f o r m e d e p r o d u c t i o n d i a m é t r a l e m e n t o p p o s é e à la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e . C h e z lui le certificat de travail c o n s t a t e s i m p l e m e n t la part i n d i v i d u e l l e du p r o d u c t e u r au travail c o m m u n et s o n droit i n d i v i d u e l à la fract i o n d u p r o d u i t c o m m u n d e s t i n é e à l a c o n s o m m a t i o n . I l n ' e n t r e p o i n t d a n s l'esprit d ' O w e n d e s u p p o s e r d ' u n côté la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e et de vouloir de l ' a u t r e é c h a p p e r à ses c o n d i t i o n s inévitables p a r des b o u s i l l a g e s d'argent.
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chose d'idéal. La valeur du fer, de la toile, du froment, etc., réside dans ces choses m ê m e s , q u o i q u e invisiblement. Elle est représentée par leur égalité avec l'or, par un rapport avec ce m é t a l , q u i n'existe, pour ainsi dire, que dans la tête des m a r c h a n d i s e s . L'échangiste est d o n c obligé soit de leur prêter sa propre l a n g u e soit de leur attacher des inscriptions sur du papier pour a n n o n c e r leur prix a u m o n d e e x t é r i e u r . L'expression de la valeur des m a r c h a n d i s e s en or étant t o u t s i m p l e m e n t idéale, il n'est besoin p o u r cette opération que d ' u n or idéal ou q u i n'existe que dans l'imagination. II n'y a pas épicier qui ne sache fort b i e n qu'il est loin d'avoir fait de l'or avec ses m a r c h a n d i s e s q u a n d il a d o n n é à leur valeur la forme prix ou la forme or en i m a g i n a t i o n , et qu'il n ' a pas besoin d ' u n grain d'or réel pour estimer en or des m i l l i o n s de valeurs en m a r c h a n d i s e s . D a n s sa fonction de m e s u r e des valeurs, la m o n n a i e n'est employée q u e c o m m e m o n n a i e idéale. Cette circonstance a d o n n é lieu aux théories les plus folles . M a i s q u o i q u e la m o n n a i e en tant q u e m e s u r e de valeur ne fonctionne qu'idéalem e n t et que l'or employé d a n s ce b u t ne soit par c o n s é q u e n t q u e de l'or imaginé, le prix des m a r c h a n d i s e s n ' e n d é p e n d pas m o i n s c o m p l è t e m e n t de la m a t i è r e de la m o n n a i e . La valeur, c'est-à-dire le quantum de travail h u m a i n qui est c o n t e n u , par exemple, dans u n e t o n n e de fer, est exprimé en i m a g i n a t i o n par le quantum de la m a r c h a n d i s e m o n n a i e qui coûte précis é m e n t a u t a n t de travail. Suivant que la m e s u r e de valeur est e m p r u n t é e à l'or, à l'argent, ou au cuivre, la valeur de la t o n n e de fer est e x p r i m é e en prix c o m p l è t e m e n t différents les u n s des autres, ou b i e n est représentée par des quantités différentes de cuivre, d'argent ou d'or. Si d o n c d e u x m a r chandises différentes, l'or et l'argent, par exemple, sont employées en m ê m e t e m p s c o m m e m e s u r e de valeur, toutes les m a r c h a n d i s e s possèdent d e u x expressions différentes pour leur prix; elles ont leur prix or et leur prix argent qui c o u r e n t t r a n q u i l l e m e n t l'un à côté de l'autre, t a n t q u e le rapport de valeur de l'argent à l'or reste i m m u a b l e , tant qu'il se m a i n t i e n t , 50
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L e sauvage o u l e d e m i - s a u v a g e s e sert d e s a l a n g u e a u t r e m e n t . L e c a p i t a i n e Parry r e m a r q u e , par e x e m p l e , des h a b i t a n t s de la côte o u e s t de la b a i e de Baffin: « D a n s ce cas ( l ' é c h a n g e des produits) ils p a s s e n t la l a n g u e d e u x fois sur la chose p r é s e n t é e à eux, après q u o i ils s e m b l e n t croire q u e le traité est d û m e n t c o n c l u . » Les E s q u i m a u x de l'est l é c h a i e n t de m ê m e les articles q u ' o n leur v e n d a i t à m e s u r e q u ' i l s les recevaient. Si la l a n g u e est e m p l o y é e d a n s le n o r d c o m m e organe d ' a p p r o p r i a t i o n , r i e n d ' é t o n n a n t q u e d a n s l e sud l e v e n t r e passe p o u r l ' o r g a n e d e l a p r o p r i é t é a c c u m u l é e e t q u e l e Caffre j u g e d e l a r i c h e s s e d ' u n h o m m e d ' a p r è s son e m b o n p o i n t et sa b e d a i n e . Ces Caffres sont des gaillards très-clairvoyants, car t a n d i s q u ' u n r a p p o r t officiel de 1864 sur la s a n t é p u b l i q u e en A n g l e t e r r e s'apitoyait s u r le m a n q u e de s u b s t a n c e s a d i p o g è n e s facile à c o n s t a t e r d a n s la plus g r a n d e partie de la classe ouvrière, un d o c t e u r Harvey, q u i p o u r t a n t n ' a p a s i n v e n t é l a c i r c u l a t i o n d u sang, faisait s a fortune d a n s l a m ê m e a n n é e avec des recettes c h a r l a t a n e s q u e s q u i p r o m e t t a i e n t à la b o u r g e o i s i e et à l'aristocratie de les délivrer de leur superflu de graisse. V . Karl M a r x : Critique de l'économie politique, etc., la p a r t i e i n t i t u l é e : T h é o r i e s s u r l ' u n i t é de m e s u r e d e l'argent. 5 1
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Première section • Marchandise et monnaie par exemple, d a n s la proportion de 1 à 15. Toute altération de ce rapport de valeur altère par cela m ê m e la proportion qui existe entre les prix or et les prix argent des m a r c h a n d i s e s et d é m o n t r e ainsi par le fait q u e la fonction de m e s u r e des valeurs est i n c o m p a t i b l e avec sa d u p l i c a t i o n . 52
Les m a r c h a n d i s e s d o n t le prix est d é t e r m i n é , se p r é s e n t e n t t o u t e s sous la 5 f o r m e : a m a r c h a n d i s e A = χ or; b m a r c h a n d i s e Β = ζ o r ; c m a r c h a n d i s e C = y or, etc., d a n s laquelle a, b, c sont des quantités d é t e r m i n é e s des espèces de m a r c h a n d i s e s A, B, C; x, z, y, des quantités d'or d é t e r m i n é e s égal e m e n t . E n t a n t q u e grandeurs d e l a m ê m e d é n o m i n a t i o n , o u e n t a n t q u e q u a n t i t é s différentes | | 4 1 | d ' u n e m ê m e chose, l'or, elles se c o m p a r e n t et se 10 m e s u r e n t entre elles, et ainsi se développe la nécessité t e c h n i q u e de les rapporter à un quantum d'or fixé et d é t e r m i n é c o m m e u n i t é de m e s u r e . Cette u n i t é de m e s u r e se développe ensuite elle-même et devient étalon p a r sa division en parties aliquotes. A v a n t de devenir m o n n a i e , l'or, l'argent, le cuivre possèdent déjà dans leurs m e s u r e s de poids des étalons de ce 15 genre, de telle sorte q u e la livre, par exemple, sert d ' u n i t é de m e s u r e , u n i t é qui se subdivise ensuite en onces, etc., et s'additionne en q u i n t a u x et ainsi de s u i t e . D a n s t o u t e circulation m é t a l l i q u e , les n o m s préexist a n t s de l'étalon de poids forment ainsi les n o m s d'origine de l'étalon monnaie. 20 53
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P a r t o u t o ù l'argent e t l'or s e m a i n t i e n n e n t l é g a l e m e n t l'un à côté d e l'autre c o m m e m o n n a i e , c'est-à-dire c o m m e m e s u r e de valeurs, c'est toujours en vain q u ' o n a essayé de les traiter c o m m e u n e seule e t m ê m e m a t i è r e . Supposer q u e l a m ê m e q u a n t i t é d e travail s e m a t é r i a l i s e i m m u a b l e m e n t d a n s l a m ê m e p r o p o r t i o n d'or e t d'argent, c'est s u p p o s e r e n fait q u e l ' a r g e n t e t l'or sont la m ê m e m a t i è r e et q u ' u n quantum d o n n é d'argent, du m é t a l q u i a la m o i n d r e valeur, est u n e fraction i m m u a b l e d ' u n quantum d o n n é d'or. D e p u i s l e r è g n e d ' E d o u a r d I I I j u s q u ' a u x t e m p s d e G e o r g e s I I , l'histoire d e l'argent e n Angleterre p r é s e n t e u n e série c o n t i n u e d e p e r t u r b a t i o n s p r o v e n a n t de la collision e n t r e le rapport de valeur légale de l ' a r g e n t et de l'or et les oscillations de leur valeur réelle. T a n t ô t c'était l'or q u i était e s t i m é t r o p h a u t , t a n t ô t c'était l'argent. Le m é t a l e s t i m é a u - d e s s o u s de sa valeur était d é r o b é à la c i r c u l a t i o n , r e f o n d u et exp o r t é . L e r a p p o r t d e v a l e u r des d e u x m é t a u x était d e n o u v e a u l é g a l e m e n t c h a n g é ; m a i s , c o m m e l ' a n c i e n n e , la n o u v e l l e v a l e u r n o m i n a l e entrait b i e n t ô t en conflit avec le r a p p o r t réel de valeur. A n o t r e é p o q u e m ê m e , u n e b a i s s e faible et passagère de l'or p a r r a p p o r t à l'argent, proven a n t d'une d e m a n d e d'argent dans l'Inde et dans la Chine, a produit en France le m ê m e phén o m è n e sur l a plus g r a n d e échelle, e x p o r t a t i o n d e l'argent e t son r e m p l a c e m e n t par l'or d a n s la c i r c u l a t i o n . P e n d a n t les a n n é e s 1855, 1856 et 1857, l ' i m p o r t a t i o n de l'or en F r a n c e d é p a s s a son e x p o r t a t i o n d e 4 1 5 8 0 0 0 0 / . st., t a n d i s q u e l ' e x p o r t a t i o n d e l'argent d é p a s s a s o n i m p o r t a t i o n d e 3 4 704 000. E n fait, d a n s les pays c o m m e l a F r a n c e o ù les d e u x m é t a u x s o n t des m e sures de valeurs légales et o n t t o u s d e u x un cours forcé, de telle sorte q u e c h a c u n p e u t p a y e r à volonté soit avec l'un, soit avec l ' a u t r e , le m é t a l en h a u s s e p o r t e un agio et m e s u r e s o n prix, c o m m e t o u t e a u t r e m a r c h a n d i s e , d a n s l e m é t a l surfait, t a n d i s q u e c e d e r n i e r est e m p l o y é seul c o m m e m e s u r e de valeur. L ' e x p é r i e n c e fournie p a r l'histoire à ce sujet se r é d u i t t o u t s i m p l e m e n t à ceci, q u e là où d e u x m a r c h a n d i s e s r e m p l i s s e n t l é g a l e m e n t la f o n c t i o n de m e s u r e de valeur, il n ' y en a en fait q u ' u n e seule qui se m a i n t i e n n e à ce poste. (Karl M a r x . , 1. c, p. 52, 53.) C e fait étrange q u e l ' u n i t é d e m e s u r e d e l a m o n n a i e anglaise, l'once d'or, n ' e s t p a s s u b d i v i 53
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises
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C o m m e m e s u r e des valeurs et c o m m e étalon des prix, l'or remplit d e u x fonctions e n t i è r e m e n t différentes. Il est m e s u r e des valeurs en t a n t q u ' é q u i v a l e n t général, étalon des prix en t a n t q u e poids de m é t a l fixe. C o m m e m e s u r e de valeur il sert à transformer les valeurs des m a r c h a n d i s e s en prix, en q u a n t i t é s d'or imaginées. C o m m e étalon des prix il m e s u r e ces quantités d'or d o n n é e s contre un quantum d'or fixe et subdivisé en parties aliquotes. D a n s la m e s u r e des valeurs, les m a r c h a n d i s e s e x p r i m e n t leur valeur p r o p r e : l'étalon des prix ne m e s u r e au contraire q u e des quanta d'or contre un quantum d'or et n o n la valeur d ' u n quantum d'or contre le poids d ' u n autre. Pour l'étalon des prix, il faut q u ' u n poids d'or d é t e r m i n é soit fixé c o m m e u n i t é de m e s u r e . Ici c o m m e dans toutes les d é t e r m i n a t i o n s de m e s u r e entre grandeurs de m ê m e n o m , la fixité de l'unité de m e s u r e est chose d'absolue nécessité. L'étalon des prix remplit d o n c sa fonction d ' a u t a n t m i e u x q u e l'unité de m e s u r e et ses subdivisions sont m o i n s sujettes au c h a n g e m e n t . De l'autre côté, l'or ne p e u t servir de m e s u r e de valeur, que parce qu'il est l u i - m ê m e un produit du travail, c'est-à-dire u n e valeur variable. Il est d'abord évident q u ' u n c h a n g e m e n t d a n s la valeur de l'or n'altère en rien sa fonction c o m m e étalon des prix. Quels q u e soient les changem e n t s de la valeur de l'or, différentes quantités d'or restent toujours d a n s le m ê m e rapport les u n e s avec les autres. Q u e cette valeur t o m b e de 100%, 12 onces d'or v a u d r o n t après c o m m e avant 12 fois plus q u ' u n e once, et d a n s les prix il ne s'agit q u e du rapport de diverses quantités d'or entre elles. D ' u n autre côté, a t t e n d u q u ' u n e o n c e d'or ne change pas le m o i n s du m o n d e de poids par suite de la hausse ou de la baisse de sa valeur, le poids de ses parties aliquotes ne change pas d a v a n t a g e ; il en résulte que l'or c o m m e étalon fixe des prix, r e n d toujours le m ê m e service de q u e l q u e façon q u e sa valeur change. Le c h a n g e m e n t de valeur de l'or ne m e t pas n o n plus obstacle à sa fonction c o m m e m e s u r e de valeur. Ce c h a n g e m e n t atteint toutes les m a r c h a n dises à la fois et laisse par c o n s é q u e n t , cœteris paribus, leurs quantités relatives de valeur r é c i p r o q u e m e n t dans le m ê m e é t a t . D a n s l'estimation en or des m a r c h a n d i s e s , on suppose s e u l e m e n t q u e la 54
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sêe e n parties a l i q u o t e s , s ' e x p l i q u e d e l a m a n i è r e s u i v a n t e : « A l'origine n o t r e m o n n a i e était a d a p t é e e x c l u s i v e m e n t à l'argent, et c'est p o u r cela q u ' u n e o n c e d ' a r g e n t p e u t toujours être divisée d a n s u n n o m b r e d e pièces a l i q u o t e s ; m a i s l'or n ' a y a n t été i n t r o d u i t q u ' à u n e p é r i o d e p o s t é r i e u r e d a n s u n s y s t è m e d e m o n n a y a g e e x c l u s i v e m e n t a d a p t é à l'argent, u n e o n c e d'or n e s a u r a i t pas être m o n n a y é e en un n o m b r e de pièces a l i q u o t e s » (Maclaren: History of the Currency, etc., p. 16. L o n d o n , 1858.) « L ' a r g e n t p e u t c o n t i n u e l l e m e n t c h a n g e r d e valeur e t n é a n m o i n s servir d e m e s u r e d e v a l e u r aussi b i e n q u e s'il restait p a r f a i t e m e n t s t a t i o n n a i r e . » (Bailey: Money and its vicissitudes. L o n d o n , 1837, p . 9.) 54
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Première section • Marchandise et monnaie p r o d u c t i o n d ' u n quantum d é t e r m i n é d'or coûte, à u n e é p o q u e d o n n é e , un quantum d o n n é de travail. Q u a n t aux fluctuations des prix des m a r c h a n dises, elles sont réglées par les lois de la valeur relative simple développées plus h a u t . U n e h a u s s e générale des prix des m a r c h a n d i s e s e x p r i m e u n e h a u s s e de leurs valeurs, si la valeur de l'argent reste constante, et u n e baisse de la valeur de l'argent si les valeurs des m a r c h a n d i s e s ne varient pas. I n v e r s e m e n t , u n e baisse générale des prix des m a r c h a n d i s e s e x p r i m e u n e baisse de leurs valeurs si la valeur de l'argent reste constante et u n e h a u s s e de la valeur de l'argent si les valeurs des m a r c h a n d i s e s restent les m ê m e s . Il ne s'ensuit pas le m o i n s du m o n d e q u ' u n e h a u s s e de la valeur de l'argent e n t r a î n e u n e baisse proportionnelle des prix des m a r c h a n d i s e s et u n e baisse de la valeur de l'argent u n e h a u s s e proportionnelle des prix des m a r c h a n d i s e s . Cela n ' a lieu que p o u r des m a r c h a n d i s e s de valeur i m m u a b l e . Les m a r c h a n d i s e s , par exemple, dont la valeur m o n t e et baisse en m ê m e t e m p s et dans la m ê m e m e s u r e que la valeur de l'argent, conservent les m ê m e s prix. Si la h a u s s e ou la baisse de leur valeur s'opère plus l e n t e m e n t ou plus rapidem e n t que celles de la valeur de l'argent, le degré de h a u s s e ou de baisse de leur prix d é p e n d de la différence entre la fluctuation de leur propre valeur et celle de l'argent, etc., etc.
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R e v e n o n s à l ' e x a m e n de la forme prix. On a vu q u e l'étalon en usage p o u r les poids des m é t a u x sert aussi avec son n o m et ses subdivisions c o m m e étalon des prix. Certaines circonstances historiques a m è n e n t p o u r t a n t des m o d i f i c a t i o n s ; c e sont n o t a m m e n t : 1° l ' i n t r o d u c t i o n d'argent étranger chez des peuples m o i n s develop25 pés, c o m m e lorsque, par exemple, des m o n n a i e s d'or et d'argent circulaient d a n s l ' a n c i e n n e R o m e c o m m e m a r c h a n d i s e s étrangères. Les n o m s d e cette m o n n a i e étrangère diffèrent des n o m s de poids indigènes ; 2 le développem e n t de la richesse qui r e m p l a c e dans sa fonction de m e s u r e des valeurs le m é t a l le m o i n s précieux par celui qui l'est davantage, le cuivre par l'argent 30 et ce dernier par l'or, b i e n q u e cette succession contredise la chronologie p o é t i q u e . Le m o t livre était, par exemple, le n o m de m o n n a i e e m p l o y é p o u r u n e véritable livre d'argent. Dès q u e l'or r e m p l a c e l'argent c o m m e m e s u r e de valeur, le m ê m e n o m s'attache peut-être à Υ15 de livre d'or sui v a n t la valeur p r o p o r t i o n n e l l e de l'or et de l'argent. Livre c o m m e n o m de 35 m o n n a i e et livre c o m m e n o m ordinaire de poids d'or, sont m a i n t e n a n t dis t i n c t s 5 5 ; 3° la falsification de l'argent p a r ||42| les rois et roitelets prolongée 0
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« L e s m o n n a i e s q u i sont a u j o u r d ' h u i idéales, s o n t les plus a n c i e n n e s d e t o u t e n a t i o n , e t t o u t e s é t a i e n t à u n e c e r t a i n e p é r i o d e réelles (cette d e r n i è r e assertion n ' e s t p a s j u s t e d a n s u n e aussi large m e s u r e ) , et p a r c e q u ' e l l e s é t a i e n t réelles, elles servaient de m o n n a i e de c o m p t e . » (Gattoni, I.e. p. 153).
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Chapitre 111 • La monnaie ou la circulation des marchandises p e n d a n t des siècles, falsification q u i du poids primitif des m o n n a i e s d'argent n ' a en fait conservé q u e le n o m . La séparation entre le n o m m o n é t a i r e et le n o m ordinaire des poids de m é t a l est devenue u n e h a b i t u d e populaire par suite de ces évolutions histo5 riques. L'étalon de la m o n n a i e étant d ' u n côté p u r e m e n t c o n v e n t i o n n e l et de l'autre ayant b e s o i n de validité sociale, c'est la loi q u i le règle en dernier lieu. U n e partie de poids d é t e r m i n é e du m é t a l précieux, u n e o n c e d'or, par exemple, est divisée officiellement en parties aliquotes qui reçoivent des n o m s de b a p t ê m e légaux tels q u e livre, écu, etc. U n e partie aliquote de ce 10 genre employée alors c o m m e u n i t é de m e s u r e p r o p r e m e n t dite, est à son tour subdivisée en d'autres parties ayant c h a c u n e leur n o m légal, Shilling, Penny, e t c . Après c o m m e avant ce sont des poids d é t e r m i n é s de m é t a l q u i restent étalons de la m o n n a i e métallique. Il n'y a de changé q u e la subdivision et la n o m e n c l a t u r e . 15 Les prix ou les quanta d'or, en lesquels sont transformées i d é a l e m e n t les m a r c h a n d i s e s , sont m a i n t e n a n t exprimés par les n o m s m o n é t a i r e s de l'étalon d'or. Ainsi, au lieu de dire, le quart de froment est égal à u n e o n c e d'or, on dirait en A n g l e t e r r e : il est égal à 3 liv. 17 sch. 1 0 ½ d. Les m a r c h a n d i s e s se disent d a n s leurs n o m s d'argent ce qu'elles valent, et la m o n n a i e sert 20 c o m m e m o n n a i e de c o m p t e toutes les fois q u ' i l s'agit de fixer u n e chose c o m m e valeur, et par c o n s é q u e n t sous forme m o n n a i e . Le n o m d ' u n e chose est c o m p l è t e m e n t étranger à sa n a t u r e . Je ne sais rien d ' u n h o m m e q u a n d je sais qu'il s'appelle J a c q u e s . De m ê m e , d a n s les n o m s d'argent: livre, thaler, franc, ducat, etc., disparaît t o u t e trace du rap25 port de valeur. L ' e m b a r r a s et la confusion causés par le sens q u e l'on croit caché sous ces signes cabalistiques sont d ' a u t a n t plus grands q u e les n o m s m o n é t a i r e s e x p r i m e n t en m ê m e temps la valeur des m a r c h a n d i s e s et des parties aliquotes d ' u n poids d ' o r . D ' u n autre côté, il est nécessaire q u e la 5 6
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C'est a i n s i q u e la livre anglaise ne d é s i g n e à p e u près q u e % de son p o i d s primitif, la livre écossaise a v a n t l ' U n i o n de 1707 % s e u l e m e n t , la livre française % , le m a r a v é d i s e s p a g n o l moins de / , l e r é i s p o r t u g a i s u n e fraction e n c o r e b i e n p l u s p e t i t e . M . D a v i d U r q u h a r t rem a r q u e d a n s ses « F a m i l i ä r W o r d s », à p r o p o s de ce fait q u i le terrifie, q u e la livre anglaise (L. St.) c o m m e u n i t é d e m e s u r e m o n é t a i r e n e v a u t plus q u e % d ' o n c e d ' o r : « C ' e s t falsifier u n e m e s u r e e t n o n p a s établir u n é t a l o n . » D a n s c e t t e fausse d é n o m i n a t i o n d e l ' é t a l o n m o n é t a i r e i l voit, c o m m e p a r t o u t , la m a i n falsificatrice de la civilisation. D a n s différents pays, l ' é t a l o n légal des prix est n a t u r e l l e m e n t différent. E n A n g l e t e r r e , par e x e m p l e , l ' o n c e c o m m e p o i d s d e m é t a l est divisée e n P e n n y w e i g h t s , G r a i n s e t K a r a t s T r o y ; m a i s l ' o n c e c o m m e u n i t é d e m e s u r e m o n é t a i r e est divisée e n 3 % sovereigns, l e sovereign e n 20 shillings, le shilling en 12 p e n c e , de sorte q u e 100 livres d ' o r à 22 karats (1200 o n c e s ) = 4672 sovereigns et 10 shillings. · « C o m m e o n d e m a n d a i t à A n a c h a r s i s , d e q u e l u s a g e é t a i t l'argent c h e z les G r e c s , i l r é p o n d i t : Us s'en servent p o u r c o m p t e r . » (Atheneeus, D e i p n . , 1.IV.) L'or p o s s é d a n t c o m m e é t a l o n d e s p r i x les m ê m e s n o m s q u e les p r i x d e s m a r c h a n d i s e s , e t d e plus é t a n t m o n n a y é s u i v a n t les parties a l i q u o t e s d e l ' u n i t é d e m e s u r e , q u e ces n o m s dési6
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Première section • M a r c h a n d i s e et m o n n a i e
valeur, pour se distinguer des corps variés des m a r c h a n d i s e s , revête cette forme bizarre, m a i s p u r e m e n t s o c i a l e . Le prix est le n o m m o n é t a i r e du travail réalisé d a n s la m a r c h a n d i s e . L'équivalence de la m a r c h a n d i s e et de la s o m m e d'argent e x p r i m é e d a n s son prix, est d o n c u n e t a u t o l o g i e , c o m m e en général l'expression relative 5 de valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , est toujours l'expression de l'équivalence de d e u x m a r c h a n d i s e s . M a i s si le prix c o m m e exposant de la g r a n d e u r de valeur de la m a r c h a n d i s e est l'exposant de son rapport d ' é c h a n g e avec la m o n n a i e , il ne s'ensuit pas inversement q u e l'exposant de son rapport d ' é c h a n g e avec la m o n n a i e soit nécessairement l'exposant de sa g r a n d e u r 10 de valeur. Supposons q u e 1 quart de froment se produise d a n s le m ê m e t e m p s de travail que 2 onces d'or, et q u e 2 liv. st. soient le n o m de 2 onces d'or. D e u x liv. st. sont alors l'expression m o n n a i e de la valeur du quart de froment, ou son prix. Si m a i n t e n a n t les circonstances p e r m e t t e n t d'estimer le quart de froment à 3 liv. st., ou forcent de l'abaisser à 1 liv. st., dès lors 15 1 liv. st. et 3 liv. st., sont des expressions qui d i m i n u e n t ou exagèrent la valeur du froment, m a i s elles restent n é a n m o i n s ses prix, car p r e m i è r e m e n t elles sont sa forme m o n n a i e et s e c o n d e m e n t elles sont les exposants de son rapport d'échange avec la m o n n a i e . Les conditions de p r o d u c t i o n ou la force productive du travail d e m e u r a n t constantes, la r e p r o d u c t i o n du quart 20 de froment exige après c o m m e avant la m ê m e dépense en travail. Cette circ o n s t a n c e ne d é p e n d ni de la volonté du p r o d u c t e u r de froment ni de celle 60
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g n e n t , d e l ' o n c e , par e x e m p l e , d e sorte q u ' u n e o n c e d'or p e u t être e x p r i m é e t o u t a u s s i b i e n q u e le prix d ' u n e t o n n e de fer p a r 3 1.17 s. 10½ d., on a d o n n é à ces e x p r e s s i o n s le n o m de prix de m o n n a i e . C'est ce qui a fait naître l'idée m e r v e i l l e u s e q u e l'or p o u v a i t être e s t i m é en luim ê m e , s a n s c o m p a r a i s o n avec a u c u n e a u t r e m a r c h a n d i s e , e t q u ' à l a différence d e t o u t e s les autres m a r c h a n d i s e s il recevait de l'État un prix fixe. On a c o n f o n d u la fixation des n o m s de m o n n a i e de c o m p t e p o u r des p o i d s d'or d é t e r m i n é s avec la fixation de la v a l e u r de ces p o i d s . La littérature anglaise p o s s è d e d ' i n n o m b r a b l e s écrits d a n s lesquels ce q u i p r o q u o est d é l a y é à l'infini. Ils o n t i n o c u l é la m ê m e folie à q u e l q u e s a u t e u r s de l ' a u t r e côté du détroit. C o m p a r e z « T h é o r i e s s u r l ' u n i t é de m e s u r e de l ' a r g e n t » d a n s l'ouvrage déjà cité, Critique de l'économie politique, p. 53 et suiv. - L e s fantaisies à propos de l'élévation ou de l ' a b a i s s e m e n t du « p r i x de m o n n a i e » q u i c o n s i s t e n t de la part de l'État à d o n n e r les n o m s l é g a u x déjà fixés p o u r des p o i d s d é t e r m i n é s d'or ou d ' a r g e n t à des p o i d s s u p é r i e u r s ou inférieurs, c'est-à-dire, p a r e x e m p l e , à frapper % d ' o n c e d'or en 40 sh. au lieu de 20, de telles fantaisies, en t a n t qu'elles n e s o n t p o i n t d e m a l a d r o i t e s o p é r a t i o n s f i n a n c i è r e s c o n t r e les c r é a n c i e r s d e l'État o u d e s particuliers, m a i s o n t p o u r b u t d ' o p é r e r des « c u r e s m e r v e i l l e u s e s » é c o n o m i q u e s , o n t été traitées d ' u n e m a n i è r e si c o m p l è t e par W. Petty, d a n s son ouvrage : "Quantulumcunque concerning money. To the Lord Marquis of Halifax", 1682, q u e ses s u c c e s s e u r s i m m é d i a t s , Sir D u d l e y N o r t h e t J o h n L o c k e , p o u r n e p a s parler des p l u s r é c e n t s , n ' o n t p u q u e délayer e t affaiblir ses e x p l i c a t i o n s . « Si la richesse d ' u n e n a t i o n p o u v a i t être d é c u p l é e p a r de telles p r o c l a m a t i o n s , il serait é t r a n g e q u e n o s m a î t r e s n e les e u s s e n t p a s faites d e p u i s l o n g t e m p s » , dit-il e n t r e a u t r e s , I.e. p . 36. « Ou b i e n il faut c o n s e n t i r à dire q u ' u n e v a l e u r d ' u n m i l l i o n en argent vaut p l u s q u ' u n e val e u r égale en m a r c h a n d i s e s . » (Le T r o s n e , 1. c. p. 919), ainsi « q u ' u n e v a l e u r v a u t p l u s q u ' u n e valeur é g a l e » .
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises
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des possesseurs des autres m a r c h a n d i s e s . La g r a n d e u r de valeur exprime d o n c un rapport de p r o d u c t i o n , le lien i n t i m e qu'il y a entre un article q u e l c o n q u e et la portion du travail social qu'il faut pour ||43| lui d o n n e r naissance. Dès q u e la valeur se transforme en prix, ce rapport nécessaire apparaît c o m m e rapport d'échange d ' u n e m a r c h a n d i s e usuelle avec la m a r chandise m o n n a i e qui existe en dehors d'elle. M a i s le rapport d'échange p e u t exprimer ou la valeur m ê m e de la m a r c h a n d i s e , ou le plus ou le m o i n s q u e son aliénation, d a n s des circonstances d o n n é e s , rapporte accidentellem e n t . Il est d o n c possible qu'il y ait un écart, u n e différence quantitative entre le prix d ' u n e m a r c h a n d i s e et sa g r a n d e u r de valeur, et cette possibilité gît d a n s la forme prix elle-même. C'est u n e ambiguïté qui au lieu de constituer un défaut, est au contraire, u n e des b e a u t é s de cette forme, parce qu'elle l'adapte à un système de p r o d u c t i o n où la règle ne fait loi que par le j e u aveugle des irrégularités qui, en m o y e n n e , se c o m p e n s e n t , se paralysent et se détruisent m u t u e l l e m e n t . La forme prix n ' a d m e t pas s e u l e m e n t la possibilité d ' u n e divergence quantitative entre le prix et la g r a n d e u r de valeur, c'est-à-dire entre cette dernière et sa propre expression m o n n a i e , m a i s encore elle p e u t cacher u n e contradiction absolue, de sorte que le prix cesse tout-à-fait d'exprimer de la valeur, q u o i q u e l'argent ne soit que la forme valeur des m a r c h a n d i s e s . Des choses qui, par elles-mêmes, ne sont p o i n t des m a r c h a n d i s e s , telles que, par exemple, l ' h o n n e u r , la conscience, etc., peuvent devenir vénales et acquérir ainsi p a r le prix q u ' o n leur d o n n e la forme m a r c h a n d i s e . U n e chose p e u t d o n c avoir un prix formellement sans avoir u n e valeur. Le prix devient ici u n e expression imaginaire c o m m e certaines g r a n d e u r s en m a t h é m a t i q u e s . D ' u n autre côté, la forme prix imaginaire, c o m m e par e x e m ple le prix du sol n o n cultivé, qui n ' a a u c u n e valeur, parce q u ' a u c u n travail h u m a i n n'est réalisé en lui, p e u t c e p e n d a n t cacher des rapports de valeur réels, q u o i q u e indirects.
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De m ê m e que la forme valeur relative en général, le prix exprime la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e , par exemple, d ' u n e t o n n e de fer, de cette façon q u ' u n e certaine q u a n t i t é de l'équivalent, u n e o n c e d'or, si l'on veut, est imm é d i a t e m e n t échangeable avec le fer, tandis q u e l'inverse n ' a pas l i e u ; le fer, de son côté, n'est pas i m m é d i a t e m e n t échangeable avec l'or. 35 D a n s le prix, c'est-à-dire dans le n o m m o n é t a i r e des m a r c h a n d i s e s , leur équivalence avec l'or est anticipée, m a i s n'est pas encore un fait accompli. Pour avoir p r a t i q u e m e n t l'effet d ' u n e valeur d'échange, la m a r c h a n d i s e doit se débarrasser de son corps n a t u r e l et se convertir d'or s i m p l e m e n t imaginé en or réel, bien q u e cette transsubstantiation puisse lui c o û t e r plus 40 de peine q u ' à « l ' I d é e » hégélienne son passage de la nécessité à la liberté, au crabe la rupture de son écaille, au Père de l'église J é r ô m e , le dépouille-
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Première section • Marchandise et monnaie 6 2
m e n t du vieil A d a m . A côté de son apparence réelle, celle de fer, par exemple, la m a r c h a n d i s e p e u t posséder dans son prix u n e a p p a r e n c e idéale ou u n e apparence d'or i m a g i n é ; m a i s elle ne p e u t être en m ê m e t e m p s fer réel et. or réel. P o u r lui d o n n e r un prix, il suffit de la déclarer égale à de l'or p u r e m e n t i d é a l ; m a i s il faut la remplacer par de l'or réel, p o u r qu'elle 5 r e n d e à celui q u i la possède le service d'équivalent général. Si le possesseur du fer, s'adressant au possesseur d ' u n élégant article de Paris, lui faisait valoir le prix du fer sous prétexte qu'il est forme argent, il en recevrait la réponse que saint Pierre d a n s le paradis adresse à D a n t e qui venait de lui réciter les formules de la foi : 10 « A s s a i b e n e è trascorsa D'està m o n e t a già la lega e'I peso, Ma d i m m i se tu l'hai nella tua b o r s a . » 63
La forme prix renferme en elle-même l'aliénabilité des m a r c h a n d i s e s contre la m o n n a i e et la nécessité de cette aliénation. D ' a u t r e part, l'or ne 15 fonctionne c o m m e m e s u r e de valeur idéale que parce qu'il se trouve déjà sur le m a r c h é à titre de m a r c h a n d i s e m o n n a i e . Sous son aspect t o u t idéal de m e s u r e des valeurs se tient d o n c déjà aux aguets l'argent réel, les espèces s o n n a n t e s .
II Moyen de circulation
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a) La m é t a m o r p h o s e des m a r c h a n d i s e s L'échange des m a r c h a n d i s e s ne peut, c o m m e on l'a vu, s'effectuer q u ' e n remplissant des c o n d i t i o n s contradictoires, exclusives les u n e s des autres. Son développement q u i fait apparaître la m a r c h a n d i s e c o m m e chose à double face, valeur d'usage et valeur d'échange, ne fait pas disparaître ces contradictions, m a i s crée la forme dans laquelle elles p e u v e n t se mouvoir. C'est d'ailleurs la seule m é t h o d e pour résoudre des contradictions réelles. C'est par exemple u n e contradiction q u ' u n corps t o m b e c o n s t a m m e n t sur un autre et c e p e n d a n t le fuie c o n s t a m m e n t . L'ellipse est u n e des formes de
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Si d a n s sa j e u n e s s e s a i n t J é r ô m e avait b e a u c o u p à lutter c o n t r e la c h a i r m a t é r i e l l e , p a r c e q u e des i m a g e s d e belles f e m m e s o b s é d a i e n t s a n s cesse son i m a g i n a t i o n , i l l u t t a i t d e m ê m e d a n s s a vieillesse c o n t r e l a c h a i r spirituelle. J e m e figurai, dit-il, p a r e x e m p l e , e n p r é s e n c e d u s o u v e r a i n j u g e . « Q u i e s - t u ? » J e suis u n c h r é t i e n . « N o n , t u m e n s , r é p l i q u a l e j u g e d ' u n e v o i x de t o n n e r r e , tu n'es qu'un Cicéronien. » « L ' a l l i a g e e t l e p o i d s d e c e t t e m o n n a i e s o n t très-bien e x a m i n é s , m a i s , d i s - m o i , l'as-tu d a n s ta bourse?» 63
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m o u v e m e n t par lesquelles cette contradiction se réalise et se résout à la fois. L'échange fait passer les m a r c h a n d i s e s des m a i n s dans lesquelles elles sont des non-valeurs d'usage a u x m a i n s d a n s lesquelles elles servent de valeurs d'usage. Le p r o d u i t d ' u n travail utile remplace le produit d ' u n autre travail utile. C'est la circulation sociale des matières. U n e fois arrivée au lieu où elle sert de valeur d'usage, la m a r c h a n d i s e t o m b e de la sphère des échanges d a n s la sphère de c o n s o m m a t i o n . M a i s cette circulation matérielle ne s'accomplit q u e par u n e série de c h a n g e m e n t s de forme ou u n e m é t a m o r p h o s e de la m a r c h a n d i s e q u e n o u s avons m a i n t e n a n t à étudier. Ce côté m o r p h o l o g i q u e du m o u v e m e n t est un peu difficile à saisir, puisque tout c h a n g e m e n t de forme d ' u n e m a r c h a n d i s e s'effectue par l'échange de deux m a r c h a n d i s e s . U n e m a r c h a n d i s e dépouille, par exemple, sa forme usuelle p o u r revêtir sa forme m o n n a i e . C o m m e n t cela arrive-t-il? Par son échange avec l'or. Simple échange de d e u x m a r c h a n d i s e s , voilà le fait palpable ; m a i s il faut y regarder de plus près. L'or o c c u p e un pôle, tous les articles utiles le pôle opposé. Des d e u x côtés, il y a m a r c h a n d i s e , ||44| u n i t é de valeur d'usage et de valeur d'échange. M a i s cette u n i t é de contraires se représente inversement a u x d e u x extrêmes. La forme u s u e l l e de la m a r c h a n d i s e en est la forme réelle, tandis q u e sa valeur d ' é c h a n g e n'est exprimée q u ' i d é a l e m e n t , en or imaginé, par son prix. La forme naturelle, métallique de l'or est au contraire sa forme d'échangeabilité générale, sa forme valeur, tandis q u e sa valeur d'usage n'est exprimée q u ' i d é a l e m e n t dans la série des m a r c h a n d i s e s q u i figurent c o m m e ses équivalents. Or, q u a n d u n e m a r c h a n d i s e s'échange contre de l'or, elle c h a n g e du m ê m e coup sa forme usuelle en forme valeur. Q u a n d l'or s'échange contre u n e m a r c h a n d i s e , il change de m ê m e sa forme valeur en forme usuelle. Après ces r e m a r q u e s préliminaires, transportons-nous m a i n t e n a n t sur le théâtre de l'action - le m a r c h é . - N o u s y a c c o m p a g n o n s un échangiste q u e l c o n q u e , n o t r e vieille connaissance le tisserand, par exemple. Sa m a r chandise, 20 mètres de toile, a un prix d é t e r m i n é , soit de 2 1st. Il l'échange contre 2 /.st., et puis, en h o m m e de vieille roche qu'il est, échange les 2 1st. contre u n e bible d'un prix égal. La toile qui, p o u r lui, n'est q u e m a r c h a n dise, porte-valeur, est aliénée contre l'or, et cette figure de sa valeur est aliénée de n o u v e a u contre u n e autre m a r c h a n d i s e , la bible. M a i s celle-ci entre dans la m a i s o n n e t t e du tisserand p o u r y servir de valeur d'usage et y porter réconfort à des â m e s modestes. L'échange ne s'accomplit d o n c pas sans d o n n e r lieu à d e u x m é t a m o r phoses opposées et qui se c o m p l è t e n t l'une l'autre - transformation de la
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m a r c h a n d i s e en argent et sa retransformation d'argent en m a r c h a n d i s e . Ces d e u x m é t a m o r p h o s e s de la m a r c h a n d i s e présentent à la fois, au p o i n t de vue de son possesseur, d e u x actes - vente, échange de la m a r c h a n d i s e contre l'argent; - achat, échange de l'argent contre la m a r c h a n d i s e - et l'ensemble de ces d e u x actes : vendre pour acheter. 5 Ce qui résulte pour le tisserand de cette affaire, c'est qu'il possède m a i n t e n a n t u n e bible et n o n de la toile, à la place de sa première m a r c h a n d i s e u n e autre d ' u n e valeur égale, m a i s d ' u n e utilité différente. Il se procure de la m ê m e m a n i è r e ses autres m o y e n s de subsistance et de p r o d u c t i o n . De son point de vue, ce m o u v e m e n t de vente et d ' a c h a t ne fait en dernier 10 lieu que remplacer u n e m a r c h a n d i s e par u n e autre ou q u ' é c h a n g e r des produits. L'échange de la m a r c h a n d i s e implique d o n c les c h a n g e m e n t s de forme q u e voici : Marchandise-Argent-Marchandise M. A. M. Considéré sous son aspect p u r e m e n t matériel, le m o u v e m e n t aboutit à M.-M., échange de m a r c h a n d i s e contre m a r c h a n d i s e , p e r m u t a t i o n de m a tières du travail social. Tel est le résultat dans lequel vient s'éteindre le phénomène. N o u s aurons m a i n t e n a n t à e x a m i n e r à part c h a c u n e des d e u x m é t a m o r phoses successives q u e la m a r c h a n d i s e doit traverser. M.-A. Première métamorphose de la marchandise ou vente. La valeur de la m a r c h a n d i s e saute de son propre corps dans celui de l'or. C'est son saut périlleux. S'il m a n q u e , elle ne s'en portera pas plus m a l , m a i s son possesseur sera frustré. T o u t en m u l t i p l i a n t ses besoins, la division sociale du travail a du m ê m e coup rétréci sa capacité productive. C'est précisément p o u r q u o i son produit ne lui sert q u e de valeur d ' é c h a n g e ou d'équivalent général. Toutefois, il n ' a c q u i e r t cette forme q u ' e n se convertissant en argent et l'argent se trouve dans la p o c h e d'autrui. P o u r le tirer de là, il faut avant tout q u e la m a r c h a n d i s e soit valeur d'usage p o u r l'acheteur, que le travail dépensé en elle l'ait été sous u n e forme socialement utile ou qu'il soit légitimé c o m m e b r a n c h e de la division sociale du travail. M a i s la division du travail crée un organisme de p r o d u c t i o n s p o n t a n é d o n t les fils ont été tissés et se tissent encore à l'insu des p r o d u c t e u r s é c h a n « Έ κ δ έ τ ο ϋ . . . . π υ ρ ό ς τ ' α ν τ α μ ε ί β ε σ α ι π ά ν τ α , φησίν ό Η ρ ά κ λ ε ι τ ο ς , κ α ι π ΰ ρ α π ά ν τ ω ν , ώ σ π ε ρ χ ρ υ σ ο ύ χ ρ ή μ α τ α κ α ί χ ρ η μ ά τ ω ν χ ρ υ σ ό ς . » F. Lassalle, la Philosophie d'Heraclite l'obscur. Berlin, 1858, 1.1, p. 222. « L e feu, c o m m e dit H e r a c l i t e , s e convertit e n t o u t , e t t o u t s e convertit e n feu, d e m ê m e q u e les m a r c h a n d i s e s en or et l'or en m a r c h a n d i s e s . »
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gistes. Il se p e u t q u e la m a r c h a n d i s e provienne d ' u n n o u v e a u genre de travail destiné à satisfaire ou m ê m e à provoquer des besoins n o u v e a u x . Entrelacé, hier encore, d a n s les n o m b r e u s e s fonctions d o n t se c o m p o s e un seul métier, un travail parcellaire peut a u j o u r d ' h u i se détacher de cet e n s e m b l e , s'isoler et envoyer au m a r c h é son produit partiel à titre de m a r c h a n d i s e complète sans q u e rien garantisse que les circonstances soient m û r e s pour ce fractionnement. Un produit satisfait a u j o u r d ' h u i un besoin social; d e m a i n , il sera peutêtre remplacé en t o u t ou en partie par un produit rival. Lors m ê m e q u e le travail, c o m m e celui de n o t r e tisserand, est un m e m b r e p a t e n t é de la division sociale du travail, la valeur d'usage de ses 20 mètres de toile n'est pas p o u r cela p r é c i s é m e n t garantie. Si le besoin de toile d a n s la société, et ce besoin a sa m e s u r e c o m m e t o u t e autre chose, est déjà rassasié par des tisserands rivaux, le p r o d u i t de notre a m i devient superflu et c o n s é q u e m m e n t inutile. Supposons c e p e n d a n t q u e la valeur utile de son produit soit constatée et que l'argent soit attiré par la m a r c h a n d i s e . C o m b i e n d'argent? Telle est m a i n t e n a n t la question. Il est vrai q u e la réponse se trouve déjà par anticipation d a n s le prix de la m a r c h a n d i s e , l'exposant de sa g r a n d e u r de valeur. N o u s faisons abstraction du côté faible du vendeur, de fautes de calcul plus ou m o i n s intentionnelles, lesquelles sont sans pitié corrigées sur le m a r c h é . Supposons qu'il n'ait dépensé q u e le t e m p s s o c i a l e m e n t nécessaire p o u r faire son produit. Le prix de sa m a r c h a n d i s e n'est d o n c q u e le n o m m o n é t a i r e du q u a n t u m de travail qu'exige en m o y e n n e tout article de la m ê m e sorte. M a i s à l'insu et sans la permission de notre tisserand, les vieux procédés employés p o u r le tissage o n t été mis sens dessus dessous ; le temps de travail s o c i a l e m e n t nécessaire hier p o u r la p r o d u c t i o n d ' u n m è t r e de toile, ne l'est plus a u j o u r d ' h u i ; c o m m e l ' h o m m e a u x écus s'empresse de le lui d é m o n t r e r par le tarif j|45| de ses c o n c u r r e n t s . P o u r son m a l h e u r , il y a b e a u c o u p de tisserands au m o n d e . Supposons enfin que c h a q u e m o r c e a u de toile qui se trouve sur le m a r ché n ' a i t coûté q u e le t e m p s de travail socialement nécessaire. N é a n m o i n s , la s o m m e totale de ces m o r c e a u x p e u t représenter du travail dépensé en pure perte. Si l'estomac du m a r c h é ne p e u t pas absorber t o u t e la toile au prix n o r m a l de 2 sh. par m è t r e , cela prouve q u ' u n e trop grande partie du travail social a été dépensée sous forme de tissage. L'effet est le m ê m e q u e si c h a q u e tisserand en particulier avait employé pour son p r o d u i t individuel plus q u e le travail nécessaire socialement. C'est le cas de dire ici, selon le proverbe a l l e m a n d : «Pris ensemble, e n s e m b l e p e n d u s . » T o u t e la toile sur le m a r c h é ne constitue q u ' u n seul article de c o m m e r c e d o n t chaque m o r c e a u n'est q u ' u n e partie aliquote. C o m m e on le voit, la m a r c h a n d i s e a i m e l'argent, m a i s « t h e course of
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true love r u n s never s m o o t h ». L'organisme social de p r o d u c t i o n , d o n t les m e m b r e s disjoints - m e m b r a disjecta - naissent de la division du travail, porte l'empreinte de la spontanéité et du hasard, q u e l'on considère ou les fonctions m ê m e s de ses m e m b r e s ou leurs rapports de proportionnalité. Aussi n o s échangistes découvrent-ils q u e la m ê m e division du travail, qui 5 fait d ' e u x des p r o d u c t e u r s privés i n d é p e n d a n t s , rend la m a r c h e de la prod u c t i o n sociale, et les rapports qu'elle crée, c o m p l è t e m e n t i n d é p e n d a n t s de leurs volontés, de sorte q u e l ' i n d é p e n d a n c e des personnes les u n e s vis-à-vis des autres trouve son c o m p l é m e n t obligé en un système de d é p e n d a n c e réciproque, imposée par les choses. 10 La division du travail transforme le produit du travail en m a r c h a n d i s e , et nécessite par cela m ê m e sa transformation en argent. Elle r e n d en m ê m e temps la réussite de cette transsubstantiation accidentelle. Ici c e p e n d a n t n o u s avons à considérer le p h é n o m è n e dans son intégrité, et n o u s devons d o n c supposer que sa m a r c h e est n o r m a l e . Du reste, si la m a r c h a n d i s e n ' e s t 15 pas a b s o l u m e n t invendable, son c h a n g e m e n t de forme a toujours lieu q u e l q u e soit son prix de vente. Ainsi, le p h é n o m è n e qui, d a n s l'échange, saute a u x yeux, c'est q u e m a r chandise et or, 20 m è t r e s de toile par exemple, et 2 /.st., c h a n g e n t de m a i n ou de place. M a i s avec q u o i s'échange la m a r c h a n d i s e ? Avec sa forme de 20 valeur d ' é c h a n g e ou d'équivalent général. Et avec q u o i l'or? Avec u n e forme particulière de sa valeur d'usage. P o u r q u o i l'or se présente-t-il c o m m e m o n n a i e à la toile? Parce q u e le n o m m o n é t a i r e de la toile, son prix de 2 /. st., la rapporte déjà à l'or en tant q u e m o n n a i e . La m a r c h a n d i s e se dépouille de sa forme primitive en s'aliénant, c'est-à-dire au m o m e n t où 25 sa valeur d'usage attire réellement l'or qui n'est q u e représenté d a n s son prix. La réalisation du prix ou de la forme valeur p u r e m e n t idéale de la m a r chandise est en m ê m e t e m p s la réalisation inverse de la valeur d'usage p u r e m e n t idéale de la m o n n a i e . La transformation de la m a r c h a n d i s e en ar- 30 gent est la transformation s i m u l t a n é e de l'argent en m a r c h a n d i s e . La m ê m e et u n i q u e transaction est bipolaire; vue de l'un des pôles, celui du possesseur de m a r c h a n d i s e , elle est v e n t e ; vue du pôle o p p o s é , celui du possesseur d'or, elle est achat. Ou bien vente est achat, M.-A. est en m ê m e temps A . - M . . 35 66
J u s q u ' i c i n o u s ne connaissons d'autre rapport é c o n o m i q u e entre les h o m m e s q u e celui d'échangistes, rapport dans lequel ils ne s'approprient le 65
« L e véritable a m o u r est toujours c a h o t é d a n s s a c o u r s e . » ( S h a k e s p e a r e ) . « T o u t e v e n t e est a c h a t . » ( D Q u e s n a y , Dialogues sur le commerce et les travaux des artisans. Physiocrates, éd. D a i r e , I p a r t i e . Paris, 1846, p. 170), ou, c o m m e le dit le m ê m e a u t e u r , d a n s ses Maximes générales: V e n d r e est acheter. 66
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produit d ' u n travail étranger q u ' e n livrant le leur. Si d o n c l'un des é c h a n gistes se présente à l'autre c o m m e possesseur de m o n n a i e , il faut de d e u x choses l ' u n e : Ou le produit de son travail possède par n a t u r e la forme m o n naie, c'est-à-dire q u e son produit à lui est or, argent, etc., en un mot, matière de la m o n n a i e ; ou sa m a r c h a n d i s e a déjà changé de peau, elle a été v e n d u e , et par cela m ê m e elle a dépouillé sa forme primitive. P o u r fonct i o n n e r en qualité de m o n n a i e , l'or doit n a t u r e l l e m e n t se présenter sur le m a r c h é en un p o i n t q u e l c o n q u e . Il entre d a n s le m a r c h é à la source m ê m e de sa production, c'est-à-dire là où il se troque c o m m e produit i m m é d i a t du travail contre un autre produit de m ê m e valeur. M a i s à partir de cet instant, il représente toujours un prix de marchandise réalisé . I n d é p e n d a m m e n t du troc de l'or contre des m a r c h a n d i s e s , à sa source de p r o d u c t i o n , l'or est entre les m a i n s de c h a q u e p r o d u c t e u r - é c h a n giste le produit d ' u n e vente ou de la p r e m i è r e m é t a m o r p h o s e de sa marchandise, M . - A . . L'or est d e v e n u m o n n a i e idéale ou m e s u r e des valeurs, parce q u e les m a r c h a n d i s e s e x p r i m a i e n t leurs valeurs en lui et en faisaient ainsi leur figure valeur imaginée, opposée à leurs formes naturelles de produits utiles. Il devient m o n n a i e réelle par l'aliénation universelle des marchandises. Ce m o u v e m e n t les convertit toutes en or, et fait par cela m ê m e de l'or leur figure m é t a m o r p h o s é e , n o n plus en i m a g i n a t i o n , m a i s en réalité. La dernière trace de leurs formes usuelles et des travaux concrets d o n t elles tirent leur origine ayant ainsi disparu, il ne reste plus q u e des échantillons uniformes et indistincts du m ê m e travail social. A voir u n e pièce de m o n n a i e on ne saurait dire q u e l article a été converti en elle. La m o n n a i e p e u t d o n c être de la b o u e , q u o i q u e la b o u e ne soit pas m o n naie. Supposons m a i n t e n a n t q u e les d e u x pièces d'or contre lesquelles notre tisserand a aliéné sa m a r c h a n d i s e p r o v i e n n e n t de la m é t a m o r p h o s e d ' u n quart de froment. La vente de la toile, M.-A. est en m ê m e t e m p s son achat, A.-M. En t a n t q u e la toile est v e n d u e , cette m a r c h a n d i s e c o m m e n c e un m o u v e m e n t qui finit par son contraire, l'achat de la bible; en t a n t q u e la toile est achetée, elle finit un m o u v e m e n t ||46| qui a c o m m e n c é par son contraire, la vente du froment. M.-A. (toile-argent), cette première phase de M.-A.-M. (toile-argent-bible), est en m ê m e t e m p s A.-M. (argent-toile), la dernière phase d ' u n autre m o u v e m e n t M.-A.-M. (froment-argent-toile). La première métamorphose d'une marchandise, son passage de la forme m a r chandise à la forme argent est toujours seconde métamorphose t o u t opposée 61
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« L e prix d ' u n e m a r c h a n d i s e n e p o u v a n t être payé q u e par l e prix d ' u n e a u t r e m a r c h a n d i s e . » ( M e r c i e r de la Rivière, l'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques. Physiocrates, éd. D a i r e , I I p a r t i e , p. 554.) « P o u r avoir cet argent, i l faut avoir v e n d u . » (1. c , p . 543.) e
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1 Première section · Marchandise et monnaie d'une autre marchandise, son retour de la forme argent à la forme m a r c h a n dise . A.-M. Métamorphose deuxième et finale. - Achat. L'argent est la m a r c h a n d i s e q u i a p o u r caractère l'aliénabilité absolue, parce qu'il est le p r o d u i t de l'aliénation universelle de toutes les autres 5 m a r c h a n d i s e s . Il lit t o u s les prix à rebours et se mire ainsi dans les corps de t o u s les produits, c o m m e dans la m a t i è r e qui se d o n n e à lui p o u r q u ' i l dev i e n n e valeur d'usage l u i - m ê m e . En m ê m e t e m p s , les prix, qui sont p o u r ainsi dire les œillades a m o u r e u s e s que lui l a n c e n t les m a r c h a n d i s e s , indiq u e n t la limite de sa faculté de conversion, c'est-à-dire sa propre q u a n t i t é . 10 La m a r c h a n d i s e disparaissant dans l'acte de sa conversion en argent, l'argent d o n t dispose un particulier ne laisse entrevoir ni c o m m e n t il est t o m b é sous sa m a i n ni quelle chose a été transformée en lui. Impossible de sentir, non olet, d'où il tire son origine. Si d ' u n côté, il représente des m a r chandises vendues, il représente de l'autre des m a r c h a n d i s e s à a c h e t e r . 15 69
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A.-M., l'achat, est en m ê m e t e m p s vente, M.-Α., la dernière m é t a m o r phose d ' u n e m a r c h a n d i s e , la première d ' u n e autre. P o u r n o t r e tisserand, la carrière de sa m a r c h a n d i s e se t e r m i n e à la bible, en laquelle il a converti ses 2 /. st. M a i s le v e n d e u r de la bible dépense cette s o m m e en eau-de-vie. A.-M., la dernière p h a s e de M.-A.-M. (toile-argent-bible) est en m ê m e temps M.-A., la p r e m i è r e p h a s e de M.-A.-M. (bible-argent-eau-de-vie). La division sociale du travail restreint c h a q u e p r o d u c t e u r - é c h a n g i s t e à la confection d ' u n article spécial qu'il vend souvent en gros. De l'autre côté, ses besoins divers et toujours renaissants le forcent d ' e m p l o y e r l'argent ainsi o b t e n u à des achats plus ou m o i n s n o m b r e u x . U n e seule vente devient le point de départ d'achats divers. La m é t a m o r p h o s e finale d ' u n e m a r c h a n d i s e forme ainsi u n e s o m m e d e m é t a m o r p h o s e s p r e m i è r e s d'autres marchandises. E x a m i n o n s m a i n t e n a n t l a m é t a m o r p h o s e complète, l ' e n s e m b l e des d e u x m o u v e m e n t s M.-A. et A . - M . Ils s'accomplissent par d e u x t r a n s a c t i o n s inverses de l'échangiste, la vente et l'achat, q u i lui i m p r i m e n t le d o u b l e caractère d e v e n d e u r e t d'acheteur. D e m ê m e que d a n s c h a q u e c h a n g e m e n t de forme de la m a r c h a n d i s e , ses d e u x formes, m a r c h a n d i s e et argent, existent s i m u l t a n é m e n t , q u o i q u e à des pôles opposés, de m ê m e d a n s c h a q u e t r a n s a c t i o n de vente et d'achat les d e u x formes de l'échangiste, v e n d e u r et acheteur, se font face. De m ê m e q u ' u n e m a r c h a n d i s e , la toile par e x e m p l e ,
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Ici, c o m m e n o u s l'avons déjà fait r e m a r q u e r , l e p r o d u c t e u r d'or o u d ' a r g e n t fait e x c e p t i o n ; i l vend s o n p r o d u i t s a n s avoir p r é a l a b l e m e n t a c h e t é . « Si l'argent r e p r é s e n t e , d a n s n o s m a i n s , les c h o s e s q u e n o u s p o u v o n s d é s i r e r d'acheter, il y r e p r é s e n t e aussi les c h o s e s q u e n o u s avons vendues p o u r cet a r g e n t . » ( M e r c i e r de la R i v i è r e , I.e., p . 586.) 70
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subit alternativement d e u x transformations inverses, de m a r c h a n d i s e devient argent et d'argent m a r c h a n d i s e , de m ê m e son possesseur j o u e alternativement sur le m a r c h é les rôles de v e n d e u r et d'acheteur. Ces caractères, au lieu d'être des attributs fixes, passent d o n c t o u r à tour d ' u n échangiste à l'autre. La m é t a m o r p h o s e complète d ' u n e m a r c h a n d i s e suppose d a n s sa forme la plus simple quatre termes. M a r c h a n d i s e et argent, possesseur de m a r c h a n dise et possesseur d'argent, voilà les d e u x extrêmes q u i se font face d e u x fois. C e p e n d a n t un des échangistes intervient d'abord dans son rôle de vendeur, possesseur de m a r c h a n d i s e , et ensuite d a n s son rôle d'acheteur, possesseur d'argent. Il n ' y a d o n c q u e trois persona; dramatis . C o m m e t e r m e final de la première m é t a m o r p h o s e , l'argent est en m ê m e t e m p s le point de départ de la seconde. De m ê m e , le v e n d e u r du p r e m i e r acte devient l'acheteur dans le second, où un troisième possesseur de m a r c h a n d i s e se présente à lui c o m m e vendeur. Les d e u x m o u v e m e n t s inverses de la m é t a m o r p h o s e d ' u n e m a r c h a n d i s e décrivent un cercle: forme m a r c h a n d i s e , effacement de cette forme d a n s l'argent, retour à la forme m a r c h a n d i s e . Ce cercle c o m m e n c e et finit par la forme m a r c h a n d i s e . Au p o i n t de départ, elle s'attache à un produit qui est non-valeur d'usage p o u r son possesseur, au p o i n t de retour à un autre produit qui lui sert de valeur d'usage. R e m a r q u o n s encore q u e l'argent aussi j o u e là un d o u b l e rôle. D a n s la première m é t a m o r p h o s e , il se pose en face de la m a r c h a n d i s e , c o m m e la figure de sa valeur q u i possède ailleurs, d a n s la p o c h e d'autrui, u n e réalité dure et s o n n a n t e . Dès q u e la m a r c h a n d i s e est changée en chrysalide d'argent, l'argent cesse d'être un cristal solide. Il n'est plus que la forme transitoire de la m a r c h a n d i s e , sa forme équivalente q u i doit s'évanouir et se convertir en valeur d'usage. Les d e u x m é t a m o r p h o s e s q u i constituent le m o u v e m e n t circulaire d'une marchandise forment s i m u l t a n é m e n t des m é t a m o r p h o s e s partielles et inverses de d e u x autres m a r c h a n d i s e s . La première m é t a m o r p h o s e de la toile par e x e m p l e (toile-argent), est la seconde et dernière m é t a m o r p h o s e du froment (froment-argent-toile). La dernière m é t a m o r p h o s e de la toile (argent-bible) est la p r e m i è r e m é t a m o r phose de la bible (bible-argent). Le cercle q u e forme la série des m é t a m o r phoses de c h a q u e m a r c h a n d i s e s'engrène ainsi dans les cercles q u e forment les autres. L ' e n s e m b l e de tous ces cercles constitue la circulation des marchandises. La circulation des m a r c h a n d i s e s se distingue essentiellement de 11
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« I l y a d o n c q u a t r e t e r m e s et trois c o n t r a c t a n t s , d o n t l ' u n i n t e r v i e n t d e u x fois. » (Le T r o s n e , I.e., p . 909.)
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Première section • Marchandise et monnaie r e c h a n g e i m m é d i a t des produits. Pour s'en convaincre, il suffît de j e t e r un coup d ' œ i l sur ce qui s'est passé. Le tisserand a b i e n échangé sa toile contre u n e bible, sa propre m a r c h a n d i s e contre u n e a u t r e ; m a i s ce p h é n o m è n e n'est vrai q u e pour lui. Le v e n d e u r de bibles, q u i préfère le c h a u d au froid, ne pensait p o i n t échanger sa bible ||47| contre de la toile ; le tisserand 5 n ' a peut-être pas le m o i n d r e soupçon q u e c'était du froment q u i s'est échangé contre sa toile, etc. La m a r c h a n d i s e de B est substituée à la m a r c h a n d i s e de A; m a i s A et B n ' é c h a n g e n t p o i n t leurs m a r c h a n d i s e s r é c i p r o q u e m e n t . Il se p e u t b i e n que A et B achètent l'un de l ' a u t r e ; m a i s c'est un cas particulier, et p o i n t du 10 t o u t un rapport n é c e s s a i r e m e n t d o n n é par les conditions générales de la circulation. La circulation élargit au contraire la sphère de la p e r m u t a t i o n matérielle du travail social, en é m a n c i p a n t les p r o d u c t e u r s des limites locales et individuelles, inséparables de l'échange i m m é d i a t de leurs produits. De l'autre côté, ce développement m ê m e d o n n e lieu à un e n s e m b l e 15 de rapports sociaux, i n d é p e n d a n t s des agents de la circulation, et q u i é c h a p p e n t à leur contrôle. Par exemple, si le tisserand p e u t vendre sa toile, c'est q u e le paysan a v e n d u du froment; si Pritchard vend sa bible, c'est q u e le tisserand a v e n d u sa toile ; le distillateur ne vend son eau brûlée q u e parce q u e l'autre a déjà v e n d u l'eau de la vie éternelle, et ainsi de suite. 20 L a circulation n e s'éteint pas n o n plus, c o m m e l'échange i m m é d i a t , d a n s le c h a n g e m e n t de place ou de m a i n s des produits. L'argent ne disparaît point, b i e n qu'il s'élimine à la fin de c h a q u e série de m é t a m o r p h o s e s d'une m a r c h a n d i s e . Il se précipite toujours sur le point de la circulation qui a été évacué par la m a r c h a n d i s e . D a n s la m é t a m o r p h o s e c o m p l è t e de la toile par exemple, toile-argent-bible, c'est la toile q u i sort la p r e m i è r e de la circulation. L'argent la remplace. La bible sort après elle; l'argent la remplace encore, et ainsi de suite. Or, q u a n d la m a r c h a n d i s e d ' u n échangiste r e m p l a c e celle d ' u n autre, l'argent reste toujours a u x doigts d ' u n troisième. La circulation sue l'argent par tous les pores. R i e n de plus niais q u e le d o g m e d'après lequel la circulation i m p l i q u e nécessairement l'équilibre des achats et des ventes, vu q u e t o u t e vente est achat, et r é c i p r o q u e m e n t . Si cela veut dire q u e le n o m b r e des ventes réellem e n t effectuées est égal au m ê m e n o m b r e d'achats, ce n'est q u ' u n e plate tautologie. M a i s ce q u ' o n prétend prouver, c'est q u e le v e n d e u r a m è n e au m a r c h é son propre acheteur. V e n t e et achat sont un acte identique c o m m e rapport réciproque de deux personnes polariquement opposées, du possesseur de la m a r c h a n d i s e et du possesseur de l'argent. Ils forment deux actes polariquement opposés c o m m e actions de la même personne. L'identité de vente et d'achat entraîne d o n c c o m m e c o n s é q u e n c e q u e la m a r c h a n d i s e devient inutile, si, u n e fois jetée d a n s la c o r n u e a l c h i m i q u e de la circulation, elle
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises
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n ' e n sort pas argent. Si l ' u n n ' a c h è t e pas, l'autre ne p e u t vendre. Cette identité suppose de plus q u e le succès de la transaction forme un p o i n t d'arrêt, un i n t e r m è d e d a n s la vie de la m a r c h a n d i s e , i n t e r m è d e q u i p e u t durer plus o u m o i n s longtemps. L a première m é t a m o r p h o s e d ' u n e m a r c h a n d i s e é t a n t à la fois vente et achat, est par cela m ê m e separable de sa m é t a m o r p h o s e c o m p l é m e n t a i r e . L ' a c h e t e u r a la m a r c h a n d i s e , le v e n d e u r a l'argent, c'està-dire u n e m a r c h a n d i s e d o u é e d ' u n e forme q u i la r e n d toujours la bienven u e au m a r c h é , à q u e l q u e m o m e n t qu'elle y réapparaisse. P e r s o n n e ne p e u t vendre sans q u ' u n a u t r e achète ; m a i s p e r s o n n e n ' a b e s o i n d ' a c h e t e r i m m é diatement, parce qu'il a v e n d u . La circulation fait sauter les barrières par lesquelles le t e m p s , l'espace et les relations d'individu à individu rétrécissent le troc des produits. M a i s c o m m e n t ? D a n s le c o m m e r c e en troc, p e r s o n n e ne p e u t aliéner son produit sans q u e s i m u l t a n é m e n t u n e autre p e r s o n n e aliène le sien. L'identité i m m é d i a t e de ces d e u x actes, la circulation la scinde en y i n t r o d u i s a n t l'antithèse de la vente et de l'achat. Après avoir v e n d u , je ne suis forcé d'acheter ni au m ê m e lieu, ni au m ê m e temps, ni de la m ê m e p e r s o n n e à laquelle j ' a i v e n d u . Il est vrai q u e l'achat est le c o m p l é m e n t obligé de la vente, m a i s il n ' e s t pas m o i n s vrai q u e leur u n i t é est l'unité de contraires. Si la séparation des d e u x phases c o m p l é m e n t a i r e s l'une de l'autre de la m é t a m o r p h o s e des m a r c h a n d i s e s se prolonge, si la scission entre la vente et l'achat s'accentue, leur liaison i n t i m e s'affirme par u n e - crise. - Les contradictions q u e recèle la m a r c h a n d i s e , de valeur usuelle et valeur échangeable, de travail privé q u i doit à la fois se représenter c o m m e travail social, de travail concret q u i ne vaut q u e c o m m e travail abstrait; ces contradictions i m m a n e n t e s à la n a t u r e de la m a r c h a n d i s e a c q u i è r e n t d a n s la circulation leurs formes de m o u v e m e n t . Ces formes i m p l i q u e n t la possibilité, m a i s aussi s e u l e m e n t la possibilité des crises. P o u r q u e cette possibilité devienne réalité, il faut tout un e n s e m b l e de circonstances qui, au point de v u e de la circulation simple des m a r c h a n d i s e s , n ' e x i s t e n t pas encore . 72
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V. m e s r e m a r q u e s sur James Mill, 1. c, p. 7 4 - 7 6 . D e u x p o i n t s p r i n c i p a u x c a r a c t é r i s e n t à ce sujet la m é t h o d e a p o l o g é t i q u e des é c o n o m i s t e s . D ' a b o r d ils i d e n t i f i e n t la c i r c u l a t i o n des m a r c h a n d i s e s e t l ' é c h a n g e i m m é d i a t des p r o d u i t s , e n faisant t o u t s i m p l e m e n t a b s t r a c t i o n d e leurs différences. En s e c o n d lieu, ils e s s a i e n t d'effacer les c o n t r a d i c t i o n s de la production capitaliste e n r é d u i s a n t les rapports d e ses a g e n t s a u x r a p p o r t s simples q u i r é s u l t e n t d e l a c i r c u l a t i o n des m a r c h a n d i s e s . Or, c i r c u l a t i o n d e s m a r c h a n d i s e s e t p r o d u c t i o n des m a r c h a n d i s e s s o n t des p h é n o m è n e s q u i a p p a r t i e n n e n t a u x m o d e s d e p r o d u c t i o n les p l u s différents, q u o i q u e d a n s u n e m e s u r e e t u n e p o r t é e q u i n e s o n t p a s les m ê m e s . O n n e sait d o n c e n c o r e r i e n d e l a différence spécifique d e s m o d e s d e p r o d u c t i o n , e t o n n e p e u t les juger, s i l'on n e c o n n a î t q u e les catégories abstraites d e l a c i r c u l a t i o n d e s m a r c h a n d i s e s q u i l e u r s o n t c o m m u n e s . I l n ' e s t p a s d e science o ù , avec des l i e u x c o m m u n s é l é m e n t a i r e s , l'on fasse a u t a n t l ' i m p o r t a n t q u e d a n s l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e . J.B.Say, par e x e m p l e , se fait fort d é j u g e r les crises, p a r c e q u ' i l sait q u e la m a r c h a n d i s e est un produit.
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Première section • Marchandise et monnaie
b) Cours de la m o n n a i e L e m o u v e m e n t M - A - M , o u l a m é t a m o r p h o s e complète d ' u n e m a r c h a n d i s e , est circulatoire en ce sens q u ' u n e m ê m e valeur, après avoir subi des c h a n g e m e n t s de forme, revient à sa forme première, celle de m a r c h a n d i s e . Sa forme argent disparaît au contraire dès q u e le cours de sa circulation est 5 achevé. Elle n ' e n a pas encore dépassé la première m o i t i é , tant qu'elle est r e t e n u e sous cette forme d'équivalent par son vendeur. D è s qu'il c o m p l è t e la vente par l'achat, l'argent lui glisse aussi des m a i n s . Le m o u v e m e n t imp r i m é à l'argent par la circulation des m a r c h a n d i s e s n'est d o n c pas circulatoire. Elle l'éloigné de la m a i n de son possesseur sans j a m a i s l'y r a m e n e r . Il 10 est vrai que si le ||48| tisserand, après avoir v e n d u 20 m è t r e s de toile et puis acheté la bible, vend de n o u v e a u de la toile, l'argent lui reviendra. M a i s il ne proviendra point de la circulation des 20 premiers mètres de toile. Son retour exige le renouvellement ou la répétition du m ê m e m o u v e m e n t circulatoire pour u n e m a r c h a n d i s e nouvelle et se t e r m i n e par le m ê m e résultat 15 qu'auparavant. Le m o u v e m e n t que la circulation des m a r c h a n d i s e s imprime à l'argent l'éloigné d o n c c o n s t a m m e n t de son p o i n t de départ, p o u r le faire passer sans relâche d ' u n e m a i n à l'autre : c'est ce q u e l'on a n o m m é le cours de la m o n n a i e (currency). Le cours de la m o n n a i e , c'est la répétition constante et m o n o t o n e du 20 m ê m e m o u v e m e n t . La m a r c h a n d i s e est toujours du côté du vendeur, l'argent toujours du côté de l'acheteur, c o m m e moyen d'achat. A ce titre sa fonction est de réaliser le prix des m a r c h a n d i s e s . En réalisant leurs prix, il les fait passer du v e n d e u r à l'acheteur, tandis qu'il passe l u i - m ê m e de ce dernier a u premier, p o u r r e c o m m e n c e r l a m ê m e m a r c h e avec u n e autre 2 5 marchandise. A première vue ce m o u v e m e n t unilatéral de la m o n n a i e ne paraît pas provenir du m o u v e m e n t bilatéral de la m a r c h a n d i s e . La circulation m ê m e e n g e n d r e l'apparence contraire. Il est vrai que dans la p r e m i è r e m é t a m o r phose, le m o u v e m e n t de la m a r c h a n d i s e est aussi a p p a r e n t q u e celui de la 30 m o n n a i e avec laquelle elle change de place, m a i s sa d e u x i è m e m é t a m o r phose se fait sans qu'elle y apparaisse. Q u a n d elle c o m m e n c e ce m o u v e m e n t c o m p l é m e n t a i r e de sa circulation, elle a déjà dépouillé son corps n a turel et revêtu sa larve d'or. La continuité du m o u v e m e n t échoit ainsi à la m o n n a i e seule. C'est la m o n n a i e q u i paraît faire circuler des m a r c h a n d i s e s 35 i m m o b i l e s par elles-mêmes et les transférer de la m a i n où elles sont des non-valeurs d'usage à la m a i n où elles sont des valeurs d'usage d a n s u n e direction toujours opposée à la sienne propre. Elle éloigne c o n s t a m m e n t les m a r c h a n d i s e s de la sphère de la circulation, en se m e t t a n t c o n s t a m m e n t
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises à leur place et en a b a n d o n n a n t la sienne. Q u o i q u e le m o u v e m e n t de la m o n n a i e ne soit q u e l'expression de la circulation des m a r c h a n d i s e s , c'est au contraire la circulation des m a r c h a n d i s e s qui semble ne résulter q u e du mouvement de la m o n n a i e . /D'un autre côté la m o n n a i e ne fonctionne c o m m e m o y e n de circulation que parce qu'elle est la forme valeur des m a r c h a n d i s e s réalisée. Son m o u v e m e n t n'est d o n c en fait q u e leur propre m o u v e m e n t de forme, lequel par c o n s é q u e n t doit se refléter et devenir palpable d a n s le cours de la m o n n a i e . C'est aussi ce q u i arrive. La toile, par exemple, c h a n g e d'abord sa forme m a r c h a n d i s e en sa forme m o n n a i e . Le dernier t e r m e de sa p r e m i è r e m é t a m o r p h o s e (M-A), la forme m o n n a i e , est le p r e m i e r t e r m e de sa dernière m é t a m o r p h o s e , sa reconversion en m a r c h a n d i s e usuelle, en bible (A-M). M a i s c h a c u n de ces c h a n g e m e n t s de forme s'accomplit par un échange entre m a r c h a n d i s e et m o n n a i e ou par leur d é p l a c e m e n t réciproque. Les m ê m e s pièces d'or changent, d a n s le premier acte, de place avec la toile et dans le d e u x i è m e , avec la bible. Elles sont déplacées d e u x fois. La prem i è r e m é t a m o r p h o s e de la toile les fait entrer d a n s la p o c h e du tisserand et la d e u x i è m e m é t a m o r p h o s e les en fait sortir. Les d e u x c h a n g e m e n t s de forme inverses q u e la m ê m e m a r c h a n d i s e subit, se reflètent d o n c dans le d o u b l e c h a n g e m e n t de place, en direction opposée, des m ê m e s pièces de monnaie. Si la m a r c h a n d i s e ne passe que par u n e m é t a m o r p h o s e partielle, par un seul m o u v e m e n t q u i est vente, considéré d ' u n pôle, et achat, considéré de l'autre, les m ê m e s pièces de m o n n a i e ne c h a n g e n t aussi de place q u ' u n e seule fois. L e u r second c h a n g e m e n t de place exprime toujours la seconde m é t a m o r p h o s e d ' u n e m a r c h a n d i s e , le retour qu'elle fait de sa forme m o n n a i e à u n e forme usuelle. D a n s la répétition fréquente du d é p l a c e m e n t des m ê m e s pièces de m o n n a i e ne se reflète plus s e u l e m e n t la série de m é t a m o r p h o s e s d ' u n e seule m a r c h a n d i s e , m a i s encore l'engrenage de pareilles m é t a m o r p h o s e s les u n e s dans les a u t r e s . C h a q u e m a r c h a n d i s e , à son p r e m i e r c h a n g e m e n t de forme, à son premier pas d a n s la circulation, en disparaît pour y être sans cesse remplacée par d'autres. L'argent, au contraire, en tant q u e m o y e n d ' é c h a n g e , h a b i t e toujours la sphère de la circulation et s'y p r o m è n e sans cesse. Il s'agit m a i n t e n a n t de savoir quelle est la quantité de m o n n a i e q u e cette sphère p e u t absorber. D a n s un pays il se fait c h a q u e j o u r s i m u l t a n é m e n t et à côté les u n e s des autres des ventes plus ou m o i n s n o m b r e u s e s ou des m é t a m o r p h o s e s par73
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« I l (l'argent) n ' a d ' a u t r e m o u v e m e n t q u e celui q u i lui est i m p r i m é p a r les p r o d u c t i o n s . » (Le T r o s n e , 1. c, p. 885.) I I faut b i e n r e m a r q u e r q u e l e d é v e l o p p e m e n t d o n n é d a n s l e texte n ' a trait q u ' à l a forme simple de la c i r c u l a t i o n , la s e u l e q u e n o u s é t u d i i o n s à présent. 74
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Première section • Marchandise et monnaie tielles de diverses m a r c h a n d i s e s . La valeur de ces m a r c h a n d i s e s est exprim é e par leurs prix, c'est-à-dire en s o m m e s d'or i m a g i n é . La q u a n t i t é de m o n n a i e qu'exige la circulation de toutes les m a r c h a n d i s e s présentes au m a r c h é est d o n c d é t e r m i n é e par la s o m m e totale de leurs prix. La m o n n a i e ne fait q u e représenter réellement cette s o m m e d'or déjà e x p r i m é e idéale5 m e n t d a n s la s o m m e des prix des m a r c h a n d i s e s . L'égalité de ces d e u x s o m m e s se c o m p r e n d d o n c d'elle-même. N o u s savons c e p e n d a n t q u e si les valeurs des m a r c h a n d i s e s restent constantes, leurs prix varient avec la valeur de l'or, (de la m a t i è r e m o n n a i e ) , m o n t a n t p r o p o r t i o n n e l l e m e n t à sa baisse et d e s c e n d a n t p r o p o r t i o n n e l l e m e n t à sa hausse. De telles variations 10 d a n s la s o m m e des prix à réaliser e n t r a î n e n t n é c e s s a i r e m e n t des changem e n t s proportionnels d a n s la quantité de la m o n n a i e c o u r a n t e . Ces c h a n g e m e n t s p r o v i e n n e n t en dernier lieu de la m o n n a i e elle-même, m a i s , b i e n e n t e n d u , n o n pas en t a n t qu'elle fonctionne c o m m e i n s t r u m e n t de circulation, m a i s en t a n t qu'elle fonctionne c o m m e m e s u r e de la valeur. D a n s de 15 pareils cas il y a d'abord des c h a n g e m e n t s dans la valeur de la m o n n a i e . Puis le prix des m a r c h a n d i s e s varie en raison inverse de la valeur de la m o n n a i e , et enfin la m a s s e de la m o n n a i e courante varie en raison directe du prix des m a r c h a n d i s e s . On a vu que la circulation a u n e porte par la||49|quelle l'or (ou t o u t e 20 autre m a t i è r e m o n n a i e ) entre c o m m e m a r c h a n d i s e . A v a n t d e fonctionner c o m m e m e s u r e des valeurs, sa propre valeur est d o n c d é t e r m i n é e . Vientelle m a i n t e n a n t à changer, soit à baisser, on s'en apercevra d'abord à la source de la p r o d u c t i o n du m é t a l précieux, là où il se t r o q u e contre d'autres m a r c h a n d i s e s . Leurs prix m o n t e r o n t tandis q u e b e a u c o u p d'autres 25 m a r c h a n d i s e s c o n t i n u e r o n t à être estimées dans la valeur passée et deven u e illusoire du m é t a l - m o n n a i e . Cet état de choses p e u t durer plus ou m o i n s longtemps selon le degré de développement du m a r c h é universel. P e u à p e u c e p e n d a n t u n e m a r c h a n d i s e doit influer sur l'autre par son rapport de valeur avec elle ; les prix or ou argent des m a r c h a n d i s e s se m e t t e n t 30 graduellement en équilibre avec leurs valeurs comparatives j u s q u ' à ce q u e les valeurs de toutes les m a r c h a n d i s e s soient enfin estimées d'après la valeur nouvelle du m é t a l - m o n n a i e . T o u t ce m o u v e m e n t est a c c o m p a g n é d ' u n e a u g m e n t a t i o n c o n t i n u e du m é t a l précieux q u i vient r e m p l a c e r les marchandises troquées contre lui. A m e s u r e d o n c q u e le tarif corrigé des 35 prix des m a r c h a n d i s e s se généralise et qu'il y a par c o n s é q u e n t h a u s s e générale des prix, le surcroît de m é t a l qu'exige leur réalisation, se trouve aussi déjà disponible sur le m a r c h é . U n e observation imparfaite des faits qui suivirent la découverte des nouvelles m i n e s d'or et d'argent, conduisit au dix-septième et n o t a m m e n t au dix-huitième siècles, à cette conclusion 40 erronée, q u e les prix des m a r c h a n d i s e s s'étaient élevés, parce q u ' u n e plus
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises
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grande q u a n t i t é d'or et d'argent fonctionnait c o m m e i n s t r u m e n t de circulation. D a n s les considérations q u i suivent, la valeur de l'or est supposée donnée, c o m m e elle l'est en effet au m o m e n t de la fixation des prix. Cela u n e fois a d m i s , la masse de l'or circulant sera d o n c d é t e r m i n é e par le prix total des m a r c h a n d i s e s à réaliser. Si le prix de c h a q u e espèce de m a r c h a n d i s e est d o n n é , la s o m m e totale des prix d é p e n d r a é v i d e m m e n t de la m a s s e des m a r c h a n d i s e s en circulation. On p e u t c o m p r e n d r e sans se creuser la tête q u e si 1 quart de froment coûte 2 /.st., 100 quarts c o û t e r o n t 200 /. st. et ainsi de Suite, et qu'avec la m a s s e du froment doit croître la q u a n t i t é d'or qui, d a n s la vente, change de place avec lui. La masse des m a r c h a n d i s e s étant d o n n é e , les fluctuations de leurs prix peuvent réagir sur la m a s s e de la m o n n a i e circulante. Elle va m o n t e r ou baisser selon que la s o m m e totale des prix à réaliser a u g m e n t e ou d i m i n u e . Il n'est pas nécessaire p o u r cela que les prix de toutes les m a r c h a n d i s e s m o n t e n t ou baissent s i m u l t a n é m e n t . La hausse ou la baisse d ' u n certain n o m b r e d'articles p r i n c i p a u x suffit pour influer sur la s o m m e totale des prix à réaliser. Q u e le c h a n g e m e n t de prix des m a r c h a n d i s e s reflète des c h a n g e m e n t s de valeur réels ou provienne de simples oscillations du m a r ché, l'effet produit sur la q u a n t i t é de la m o n n a i e circulante reste le m ê m e . Soit un certain n o m b r e de ventes sans lien réciproque, s i m u l t a n é e s et par cela m ê m e s'effectuant les u n e s à côté des autres, ou de m é t a m o r phoses partielles, par exemple, de 1 quart de froment, 20 mètres de toile, 1 bible, 4 fûts d'eau-de-vie. Si c h a q u e article coûte 2 /. st., la s o m m e de leurs prix est 8 /. st. et, p o u r les réaliser, il faut jeter 8 /. st. dans la circulation. Ces m ê m e s m a r c h a n d i s e s forment-elles au contraire la série de m é t a morphoses c o n n u e : 1 quart de froment -2 1. st. - 20 mètres de toile 2 /.st. - 1 bible - 2 /.st. - 4 fûts d'eau-de-vie - 2 /.st., alors les mêmes 2 1st. font circuler dans l'ordre i n d i q u é ces m a r c h a n d i s e s diverses, en réalisant successivement leurs prix et s'arrêtent enfin d a n s la m a i n du distillateur. Elles accomplissent ainsi quatre tours. Le d é p l a c e m e n t quatre fois répété des 2 /. st. résulte des m é t a m o r p h o s e s complètes, entrelacées les u n e s dans les autres, du froment, de la toile et de la bible, q u i finissent par la première m é t a m o r p h o s e de l ' e a u - d e - v i e . Les m o u v e m e n t s opposés et c o m p l é m e n t a i r e s les u n s des autres d o n t se forme u n e telle série, ont lieu successivement et n o n s i m u l t a n é m e n t . Il leur faut plus ou m o i n s de t e m p s pour s'accomplir. La vitesse du cours de la m o n n a i e se m e s u r e d o n c par le n o m b r e de tours des m ê m e s pièces de m o n n a i e dans un t e m p s d o n n é . Supposons que la circulation des quatre m a r c h a n 75
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« Ce sont les p r o d u c t i o n s q u i le m e t t e n t en m o u v e m e n t (l'argent) et le font circuler . . . . La célérité de s o n m o u v e m e n t s u p p l é e à sa q u a n t i t é . L o r s q u ' i l en est b e s o i n , il ne fait q u e glisser d ' u n e m a i n d a n s l ' a u t r e s a n s s'arrêter u n i n s t a n t . » (Le T r o s n e I.e., p . 9 1 5 , 916.)
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Première section • Marchandise et monnaie dises d u r e un j o u r . La s o m m e des prix à réaliser est de 8 /. st., le n o m b r e de tours de c h a q u e pièce p e n d a n t le j o u r : 4, la m a s s e de la m o n n a i e circulante : 2 /. st. et n o u s a u r o n s d o n c : Somme des prix des marchandises divisée par le n o m b r e des tours des pièces de la m ê m e d é n o m i n a t i o n dans un temps d o n n é = m a s s e de la m o n n a i e fonctionnant c o m m e i n s t r u m e n t d e circulation. Cette loi est générale. La circulation des m a r c h a n d i s e s dans un pays, pour un t e m p s d o n n é , renferme b i e n des ventes isolées (ou des achats), c'est-à-dire des m é t a m o r p h o s e s partielles et simultanées où la m o n n a i e ne change q u ' u n e fois de place ou ne fait q u ' u n seul tour. D ' u n autre côté, il y a des séries de m é t a m o r p h o s e s plus ou m o i n s ramifiées, s'accomplissant côte à côte ou s'entrelaçant les u n e s d a n s les autres où les m ê m e s pièces de m o n n a i e font des tours plus ou m o i n s n o m b r e u x . Les pièces particulières dont se compose la s o m m e totale de la m o n n a i e en circulation fonctionn e n t d o n c à des degrés d'activité très-divers, m a i s le total des pièces de c h a q u e d é n o m i n a t i o n réalise, p e n d a n t u n e période d o n n é e , u n e certaine s o m m e de prix. Il s'établit d o n c u n e vitesse m o y e n n e du cours de la m o n naie. La masse d'argent qui, par exemple, est jetée d a n s la circulation à un m o m e n t d o n n é est n a t u r e l l e m e n t d é t e r m i n é e par le prix total des m a r c h a n dises vendues à côté les u n e s des autres. M a i s dans le c o u r a n t m ê m e de la circulation c h a q u e pièce de m o n n a i e est r e n d u e , p o u r ainsi dire, responsable pour sa voisine. Si l ' u n e active la rapidité de sa course, l'autre la ralentit, ou b i e n est rejetée c o m p l è t e m e n t de la sphère de la circulation, a t t e n d u q u e celle-ci ne p e u t absorber q u ' u n e masse d'or ||50| qui, m u l t i p l i é e par le n o m b r e m o y e n de ses tours, est égale à la s o m m e des prix à réaliser. Si les tours de la m o n n a i e a u g m e n t e n t , sa masse d i m i n u e ; si ses tours d i m i n u e n t , sa masse a u g m e n t e . La vitesse m o y e n n e de la m o n n a i e é t a n t donnée, la masse qui p e u t fonctionner c o m m e i n s t r u m e n t de la circulation, se trouve d é t e r m i n é e également. Il suffira donc, par exemple, de j e t e r dans la circulation un certain n o m b r e de billets de b a n q u e d ' u n e livre pour en faire sortir a u t a n t de livres st. en or, - truc bien c o n n u par toutes les b a n ques.
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De m ê m e q u e le cours de la m o n n a i e en général reçoit son i m p u l s i o n et sa direction de la circulation des m a r c h a n d i s e s , de m ê m e la rapidité de son 35 m o u v e m e n t ne reflète q u e la rapidité de leurs c h a n g e m e n t s de forme, la rentrée continuelle des séries de m é t a m o r p h o s e s les u n e s d a n s les autres, la disparition subite des m a r c h a n d i s e s de la circulation et leur r e m p l a c e m e n t aussi subit par des m a r c h a n d i s e s nouvelles. D a n s le cours accéléré de la m o n n a i e apparaît ainsi Y unité fluide des phases opposées et c o m p l é m e n - 40 taires, transformation de l'aspect usage des m a r c h a n d i s e s en leur aspect va-
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises leur et retransformation de leur aspect valeur en leur aspect usage, ou l'unité de la vente et de l'achat c o m m e d e u x actes a l t e r n a t i v e m e n t exécutés par les m ê m e s échangistes. Inversement, le r a l e n t i s s e m e n t du cours de la m o n n a i e fait apparaître la séparation de ces p h é n o m è n e s et leur tendance 5 à s'isoler en opposition l'un de l'autre, l'interruption des c h a n g e m e n t s de forme et c o n s é q u e m m e n t des p e r m u t a t i o n s de matières. La circulation naturellement ne laisse pas voir d'où provient cette i n t e r r u p t i o n ; elle ne m o n tre que le p h é n o m è n e . Q u a n t au vulgaire qui, à m e s u r e q u e la circulation de la m o n n a i e se ralentit, voit l'argent se m o n t r e r et disparaître m o i n s fré10 q u e m m e n t sur tous les points de la périphérie de la circulation, il est porté à chercher l'explication du p h é n o m è n e d a n s l'insuffisante q u a n t i t é du m é tal c i r c u l a n t . Le q u a n t u m total de l'argent qui fonctionne c o m m e i n s t r u m e n t de circulation dans u n e période d o n n é e est d o n c d é t e r m i n é d ' u n côté par la somme 15 des prix de toutes les m a r c h a n d i s e s circulantes, de l'autre par la vitesse relative de leurs m é t a m o r p h o s e s . M a i s le prix total des m a r c h a n d i s e s d é p e n d et de la masse et des prix de c h a q u e espèce de m a r c h a n d i s e . Ces trois facteurs : mouvement des prix, masse des marchandises circulantes et enfin vitesse du cours de la monnaie, peuvent changer dans des proportions diverses et 20 dans u n e direction différente ; la somme des prix à réaliser et par c o n s é q u e n t la masse des m o y e n s de circulation qu'elle exige, peuvent d o n c également 76
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« L ' a r g e n t é t a n t l a m e s u r e c o m m u n e des v e n t e s e t des a c h a t s , q u i c o n q u e a q u e l q u e c h o s e à v e n d r e et ne p e u t se p r o c u r e r d e s a c h e t e u r s est e n c l i n à p e n s e r q u e le m a n q u e d ' a r g e n t d a n s le r o y a u m e est la c a u s e q u i fait q u e ses articles ne se v e n d e n t pas, et dès lors c h a c u n de s'écrier q u e l'argent m a n q u e , c e q u i est u n e g r a n d e m é p r i s e . . . . Q u e v e u l e n t d o n c ces g e n s q u i réclam e n t de l'argent à g r a n d s cris? . . . . Le fermier se plaint, il p e n s e q u e s'il y avait p l u s d ' a r g e n t d a n s l e pays i l t r o u v e r a i t u n prix p o u r ses d e n r é e s . I l s e m b l e d o n c q u e c e n ' e s t p a s l'argent, m a i s u n prix q u i fait défaut p o u r son blé e t son b é t a i l . . . . e t p o u r q u o i n e trouve-t-il p a s d e p r i x ? . . . . 1°. Ou b i e n il y a t r o p de b l é et de b é t a i l d a n s le pays, de sorte q u e la p l u p a r t de c e u x qui viennent au marché ont besoin de vendre c o m m e lui et peu ont besoin d'acheter; 2° ou b i e n l e d é b o u c h é o r d i n a i r e p a r e x p o r t a t i o n fait d é f a u t . . . . o u b i e n e n c o r e 3 ° l a c o n s o m m a t i o n d i m i n u e , c o m m e l o r s q u e b i e n des gens, p o u r raison d e p a u v r e t é , n e p e u v e n t p l u s d é p e n s e r a u t a n t d a n s leur m a i s o n q u ' i l s l e faisaient a u p a r a v a n t . C e n e serait d o n c p a s l ' a c c r o i s s e m e n t d ' a r g e n t q u i ferait v e n d r e les articles du fermier, m a i s la d i s p a r i t i o n d ' u n e de ces trois c a u s e s . C'est d e l a m ê m e façon q u e l e m a r c h a n d e t l e b o u t i q u i e r m a n q u e n t d'argent, c'est-à-dire q u ' i l s m a n q u e n t d ' u n d é b o u c h é p o u r les articles d o n t ils trafiquent, par l a r a i s o n q u e l e m a r c h é leur fait d é f a u t . . . . U n e n a t i o n n ' e s t j a m a i s plus p r o s p è r e q u e l o r s q u e les richesses n e font q u ' u n b o n d d ' u n e m a i n à l ' a u t r e . » (Sir D u d l e y N o r t h : Discourses upon Trade, L o n d o n , 1 6 9 1 , p. 1 1 - 1 5 passim.) T o u t e s les é l u c u b r a t i o n s é'Herrenschwand se r é s u m e n t en ceci, q u e les a n t a g o n i s m e s q u i rés u l t e n t de la n a t u r e de la m a r c h a n d i s e et q u i se m a n i f e s t e n t n é c e s s a i r e m e n t d a n s la circulat i o n p o u r r a i e n t être écartés e n y j e t a n t u n e m a s s e plus g r a n d e d e m o n n a i e . M a i s s i c'est u n e illusion d ' a t t r i b u e r u n r a l e n t i s s e m e n t o u u n arrêt d a n s l a m a r c h e d e l a p r o d u c t i o n e t d e l a circ u l a t i o n a u m a n q u e d e m o n n a i e , i l n e s'en suit p a s l e m o i n s d u m o n d e q u ' u n m a n q u e r é e l d e m o y e n s d e c i r c u l a t i o n p r o v e n a n t d e l i m i t a t i o n s législatives n e p u i s s e pas d e s o n côté provoq u e r des s t a g n a t i o n s .
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Première section · Marchandise et monnaie subir des c o m b i n a i s o n s n o m b r e u s e s d o n t n o u s ne m e n t i o n n e r o n s ici q u e les plus importantes d a n s l'histoire des prix. Les prix restant les mêmes, la masse des m o y e n s de circulation p e u t augm e n t e r , soit q u e la m a s s e des m a r c h a n d i s e s circulantes a u g m e n t e , soit q u e la vitesse du cours de la m o n n a i e d i m i n u e ou que ces d e u x circonstances agissent e n s e m b l e . I n v e r s e m e n t la masse des m o y e n s de circulation p e u t d i m i n u e r si la masse des m a r c h a n d i s e s d i m i n u e ou si la m o n n a i e accélère son cours. Les prix des marchandises subissant une hausse générale, la m a s s e des m o y e n s de circulation p e u t rester la m ê m e , si la masse des m a r c h a n d i s e s circulantes d i m i n u e d a n s la m ê m e proportion q u e leur prix s'élève, ou si la vitesse du cours de la m o n n a i e a u g m e n t e aussi r a p i d e m e n t q u e la h a u s s e des prix, t a n d i s q u e la m a s s e des m a r c h a n d i s e s en circulation reste la m ê m e . La m a s s e des m o y e n s de circulation p e u t décroître, soit q u e la m a s s e des m a r c h a n d i s e s décroisse, soit que la vitesse du cours de l'argent croisse plus r a p i d e m e n t q u e leurs prix. Les prix des marchandises subissant une baisse générale, la m a s s e des m o y e n s de circulation p e u t rester la m ê m e , si la masse des m a r c h a n d i s e s croît dans la m ê m e proportion que leurs prix baissent ou si la vitesse du cours de l'argent d i m i n u e dans la m ê m e proportion q u e les prix. Elle p e u t a u g m e n t e r si la m a s s e des m a r c h a n d i s e s croît plus vite, ou si la rapidité de la circulation d i m i n u e plus p r o m p t e m e n t q u e les prix ne baissent. Les variations des différents facteurs peuvent se c o m p e n s e r r é c i p r o q u e m e n t , de telle sorte q u e malgré leurs oscillations perpétuelles la s o m m e totale des prix à réaliser reste constante et par c o n s é q u e n t aussi la m a s s e de la m o n n a i e c o u r a n t e . En effet, si on considère des périodes d ' u n e certaine durée, on trouve les déviations du niveau m o y e n b i e n m o i n d r e s q u ' o n s'y attendrait à première vue, à part toutefois de fortes perturbations périodiques q u i p r o v i e n n e n t presque toujours de crises industrielles et c o m m e r ciales, et e x c e p t i o n n e l l e m e n t d ' u n e variation dans la valeur m ê m e des m é taux précieux. | | 5 1 | Cette loi, q u e la q u a n t i t é des m o y e n s de circulation est d é t e r m i n é e par la s o m m e des prix des m a r c h a n d i s e s circulantes et par la vitesse m o y e n n e du cours de la m o n n a i e , revient à c e c i : étant d o n n é e s et la s o m m e de valeur des m a r c h a n d i s e s et la vitesse m o y e n n e de leurs m é t a morphoses, la q u a n t i t é du m é t a l précieux en circulation d é p e n d de sa pro-
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« I l y a u n e c e r t a i n e m e s u r e e t u n e c e r t a i n e p r o p o r t i o n d e m o n n a i e n é c e s s a i r e p o u r faire m a r c h e r l e c o m m e r c e d ' u n e n a t i o n , a u - d e s s u s o u au-dessous, d e s q u e l l e s c e c o m m e r c e é p r o u verait u n p r é j u d i c e . I l faut d e m ê m e u n e c e r t a i n e p r o p o r t i o n d e farthings (liards) d a n s u n petit c o m m e r c e d e d é t a i l p o u r é c h a n g e r l a m o n n a i e d ' a r g e n t e t s u r t o u t p o u r les c o m p t e s q u i n e p o u r r a i e n t être réglés c o m p l è t e m e n t avec les plus petites pièces d ' a r g e n t . . . . D e m ê m e q u e l a p r o p o r t i o n d u n o m b r e d e farthings exigée par l e c o m m e r c e doit être c a l c u l é e d ' a p r è s l e n o m -
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises pre valeur. L'illusion d'après laquelle les prix des m a r c h a n d i s e s sont au contraire d é t e r m i n é s par la m a s s e des m o y e n s de circulation et cette m a s s e par l ' a b o n d a n c e des m é t a u x précieux dans u n p a y s , repose originellement sur l'hypothèse a b s u r d e q u e les m a r c h a n d i s e s et l'argent e n t r e n t d a n s la circulation, les u n e s sans prix, l'autre sans valeur, et q u ' u n e partie aliquote du tas des m a r c h a n d i s e s s'y échange e n s u i t e contre la m ê m e partie aliquote de la montagne de m é t a l . 78
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bre des m a r c h a n d s , la f r é q u e n c e de leurs é c h a n g e s , et s u r t o u t d ' a p r è s la valeur des plus petites pièces d e m o n n a i e d ' a r g e n t ; d e m ê m e l a p r o p o r t i o n d e m o n n a i e (argent o u or) r e q u i s e p a r n o tre c o m m e r c e d o i t être c a l c u l é e s u r le n o m b r e des é c h a n g e s et la g r o s s e u r des p a y e m e n t s à effectuer.» ( W i l l i a m Petty, A Treatise on Taxes and Contributions, L o n d o n , 1667, p. 17.) L a t h é o r i e d e H u m e , d ' a p r è s l a q u e l l e « l e s prix d é p e n d e n t d e l ' a b o n d a n c e d e l ' a r g e n t » , fut d é f e n d u e c o n t r e sir J a m e s S t e u a r t et d ' a u t r e s p a r A. Y o u n g , d a n s sa Political Arithmetic, L o n d o n , 1774, p. 112 et suiv. D a n s m o n l i v r e : Zur Kritik, etc., p. 149, j ' a i dit q u ' A d a m S m i t h p a s s a sous silence cette q u e s t i o n d e l a q u a n t i t é d e l a m o n n a i e c o u r a n t e . Cela n ' e s t vrai c e p e n d a n t q u ' a u t a n t q u ' i l traite la q u e s t i o n de l'argent ex professo. A l ' o c c a s i o n , p a r e x e m p l e d a n s sa crit i q u e des s y s t è m e s a n t é r i e u r s d ' é c o n o m i e p o l i t i q u e , il s ' e x p r i m e c o r r e c t e m e n t à ce sujet: « L a q u a n t i t é d e m o n n a i e d a n s c h a q u e pays est réglée p a r l a v a l e u r des m a r c h a n d i s e s q u ' i l d o i t faire circuler L a v a l e u r des articles a c h e t é s e t v e n d u s a n n u e l l e m e n t d a n s u n p a y s req u i e r t u n e c e r t a i n e q u a n t i t é de m o n n a i e p o u r les faire circuler et les d i s t r i b u e r à leurs c o n s o m m a t e u r s e t n e p e u t e n e m p l o y e r d a v a n t a g e . L e c a n a l d e l a c i r c u l a t i o n attire n é c e s s a i r e m e n t u n e s o m m e suffisante p o u r l e r e m p l i r e t n ' a d m e t j a m a i s r i e n d e p l u s . » A d a m S m i t h c o m m e n c e d e m ê m e s o n ouvrage, e x professo, p a r u n e a p o t h é o s e d e l a division du travail. Plus tard, d a n s le d e r n i e r livre sur les sources du r e v e n u de l'État, il r e p r o d u i t les o b s e r v a t i o n s de A . F e r g u s o n , s o n m a î t r e , c o n t r e la division du travail. (Wealth of Nations, 1. IV, c. 1.) « L e s prix d e s c h o s e s s'élèvent d a n s c h a q u e pays à m e s u r e q u e l'or e t l'argent a u g m e n t e n t d a n s l a p o p u l a t i o n ; s i d o n c l'or e t l'argent d i m i n u e n t d a n s u n pays, les prix d e t o u t e s c h o s e s b a i s s e r o n t p r o p o r t i o n n e l l e m e n t à c e t t e d i m i n u t i o n de m o n n a i e . » ( J a c o b V a n d e r l i n t , Money answers all things, L o n d o n , 1734, p. 5.) - U n e c o m p a r a i s o n p l u s a t t e n t i v e de l'écrit de V a n d e r lint e t d e l'essai d e H u m e n e m e laisse pas l e m o i n d r e d o u t e q u e c e d e r n i e r c o n n a i s s a i t l ' œ u v r e d e s o n p r é d é c e s s e u r e t e n tirait parti. O n t r o u v e a u s s i c h e z B a r b o n e t b e a u c o u p d ' a u t r e s écrivains a v a n t l u i cette o p i n i o n q u e l a m a s s e des m o y e n s d e c i r c u l a t i o n d é t e r m i n e les prix. « A u c u n i n c o n v é n i e n t , dit-il, n e p e u t p r o v e n i r d e l a liberté a b s o l u e d u c o m m e r c e , mais au contraire un grand avantage p u i s q u e s i l'argent c o m p t a n t d ' u n e n a t i o n e n éprouve u n e d i m i n u t i o n , c e q u e les p r o h i b i t i o n s s o n t c h a r g é e s d e prévenir, les a u t r e s n a t i o n s q u i a c q u i è r e n t l'argent v e r r o n t c e r t a i n e m e n t les prix de t o u t e s c h o s e s s'élever c h e z elles, à m e sure q u e la m o n n a i e y a u g m e n t e et n o s m a n u f a c t u r e s p a r v i e n d r o n t à livrer à assez b a s prix, p o u r faire i n c l i n e r l a b a l a n c e d u c o m m e r c e e n n o t r e faveur e t faire r e v e n i r a i n s i l a m o n naie chez n o u s . » (I.e., p. [43,] 44.) II est é v i d e n t q u e c h a q u e e s p è c e de m a r c h a n d i s e forme, par son prix, un é l é m e n t du prix total de toutes les marchandises en circulation. M a i s il est i m p o s s i b l e de c o m p r e n d r e c o m m e n t un tas de valeurs d'usage i n c o m m e n s u r a b l e s e n t r e elles p e u t s ' é c h a n g e r c o n t r e la m a s s e d ' o r ou d ' a r g e n t q u i se t r o u v e d a n s un pays. Si l'on r é d u i s a i t l ' e n s e m b l e d e s m a r c h a n d i s e s à u n e marchandise générale unique, d o n t c h a q u e m a r c h a n d i s e ne formerait q u ' u n e p a r t i e a l i q u o t e , on o b t i e n d r a i t cette é q u a t i o n a b s u r d e : M a r c h a n d i s e g é n é r a l e = χ q u i n t a u x d'or, m a r c h a n d i s e A = p a r t i e a l i q u o t e de la m a r c h a n d i s e g é n é r a l e = m ê m e p a r t i e a l i q u o t e de χ q u i n t a u x d'or. Ceci est t r è s - n a ï v e m e n t e x p r i m é p a r M o n t e s q u i e u : « Si l'on c o m p a r e la m a s s e de l'or et de l'argent q u i est d a n s le m o n d e , avec la s o m m e des m a r c h a n d i s e s q u i y s o n t , il est c e r t a i n q u e c h a q u e d e n r é e ou m a r c h a n d i s e , en p a r t i c u l i e r , p o u r r a être c o m p a r é e à u n e c e r t a i n e p o r t i o n [...] de l'autre. Supposons qu'il n'y ait qu'une seule denrée ou marchandise dans le monde, ou q u ' i l n ' y en 78
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Première section • Marchandise et monnaie
c) Le n u m é r a i r e ou les espèces - Le signe de valeur Le n u m é r a i r e tire son origine de la fonction que la m o n n a i e r e m p l i t c o m m e i n s t r u m e n t de circulation. Les poids d'or, par exemple, exprimés selon l'étalon officiel dans les prix ou les n o m s m o n é t a i r e s des m a r c h a n dises, doivent leur faire face sur le m a r c h é c o m m e espèces d'or de la m ê m e 5 d é n o m i n a t i o n o u c o m m e n u m é r a i r e . D e m ê m e q u e l'établissement d e l'étalon des prix, le m o n n a y a g e est u n e besogne qui i n c o m b e à l'État. Les divers uniformes n a t i o n a u x q u e l'or et l'argent revêtent, en t a n t q u e n u m é raire, m a i s d o n t ils se dépouillent sur le m a r c h é du m o n d e , m a r q u e n t b i e n la séparation entre les sphères intérieures ou nationales et la sphère géné- 10 raie de la circulation des m a r c h a n d i s e s . L'or m o n n a y é et l'or en barre ne se distinguent de p r i m e abord q u e par la figure, et l'or p e u t toujours passer d ' u n e de ces formes à l ' a u t r e . [ |52| C e p e n d a n t en sortant de la M o n n a i e le n u m é r a i r e se trouve déjà sur la 80
ait q u ' u n e s e u l e q u i s'achète, et qu'elle se divise comme l'argent; u n e p a r t i e de c e t t e m a r c h a n dise r é p o n d r a à u n e partie de la m a s s e d ' a r g e n t ; la m o i t i é du total de l ' u n e à la m o i t i é du total d e l'autre, etc. L ' é t a b l i s s e m e n t d u prix des choses d é p e n d toujours f o n d a m e n t a l e m e n t d e l a r a i s o n du total d e s choses au total d e s signes.» (Montesquieu, 1. c, t. I l l , p. 12, 13.) P o u r les d é v e l o p p e m e n t s d o n n é s à cette t h é o r i e p a r R i c a r d o , par son disciple J a m e s Mill, lord O v e r s t o n e , etc., v. m o n é c r i t : Zur Kritik, etc., p. 1 4 0 - 1 4 6 et p. 150 et suiv. M. J.-St. Mill, avec la logique é c l e c t i q u e q u ' i l m a n i e si b i e n , s'arrange de façon à être tout à la fois de l ' o p i n i o n de s o n père J a m e s M i l l et de l ' o p i n i o n o p p o s é e . Si l'on c o m p a r e le texte de s o n t r a i t é : Principes d'économie politique, avec la préface de la p r e m i è r e é d i t i o n , d a n s laquelle il se p r é s e n t e l u i - m ê m e c o m m e l ' A d a m S m i t h d e n o t r e é p o q u e , o n n e sait q u o i l e plus a d m i r e r , d e l a n a ï v e t é d e l ' h o m m e o u de celle du p u b l i c q u i l'a pris, en effet, p o u r un A d a m S m i t h , b i e n q u ' i l r e s s e m b l e à ce d e r n i e r c o m m e l e g é n é r a l W i l l i a m s d e K a r s a u d u c d e W e l l i n g t o n . Les r e c h e r c h e s originales, d'ailleurs p e u é t e n d u e s e t p e u p r o f o n d e s d e M . J.-St. Mill d a n s l e d o m a i n e d e l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e , se t r o u v e n t t o u t e s r a n g é e s en bataille d a n s son petit écrit p a r u en 1844, s o u s le t i t r e : Some unsettled questions of political economy. - Q u a n t à Locke, il e x p r i m e t o u t c r û m e n t la l i a i s o n e n t r e sa t h é o r i e de la n o n - v a l e u r d e s m é t a u x p r é c i e u x et la d é t e r m i n a t i o n de leur v a l e u r p a r l e u r seule q u a n t i t é . « L ' h u m a n i t é a y a n t c o n s e n t i à accorder à l'or et à l'argent u n e v a l e u r i m a g i naire l a v a l e u r i n t r i n s è q u e c o n s i d é r é e d a n s ces m é t a u x n ' e s t r i e n a u t r e c h o s e q u e q u a n t i t é . » (Locke, « S o m e C o n s i d e r a t i o n s , e t c . » , 1 6 9 1 . Éd. de 1777, vol. II, p. 15.) J e n ' a i pas à m ' o c c u p e r ici d u droit d e seigneuriage e t d ' a u t r e s détails d e c e g e n r e . J e m e n t i o n n e r a i c e p e n d a n t à l'adresse du s y c o p h a n t e Adam Müller, q u i a d m i r e « l a g r a n d i o s e libéralité avec laquelle le g o u v e r n e m e n t anglais m o n n a y e g r a t u i t e m e n t » , le j u g e m e n t s u i v a n t de sir D u d l e y N o r t h : « L ' o r e t l'argent, c o m m e des a u t r e s m a r c h a n d i s e s , o n t leur flux e t l e u r reflux. En arrive-t-il des q u a n t i t é s d ' E s p a g n e on le porte à la T o u r et il est aussitôt m o n n a y é . Q u e l q u e t e m p s après vient u n e d e m a n d e de lingots p o u r l ' e x p o r t a t i o n . S'il n'y en a p a s et q u e t o u t soit en m o n n a i e , q u e faire ? Eh b i e n ! q u ' o n refonde t o u t de n o u v e a u ; il n ' y a r i e n à y perdre, p u i s q u e cela n e c o û t e r i e n a u possesseur. C'est ainsi q u ' o n s e m o q u e d e l a n a t i o n e t q u ' o n l u i fait payer le tressage de la paille à d o n n e r a u x â n e s . Si le m a r c h a n d ( N o r t h luim ê m e était u n des p r e m i e r s n é g o c i a n t s d u t e m p s d e Charles II) avait à payer l e prix d u m o n n a y a g e , il n ' e n v e r r a i t pas ainsi s o n argent à la T o u r s a n s plus de réflexion, et la m o n n a i e conserverait toujours u n e v a l e u r s u p é r i e u r e à celle du m é t a l n o n m o n n a y é . » ( N o r t h , 1. c, p. 18.)
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Chapitre Ili • La monnaie ou la circulation des marchandises
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voie du creuset. Les m o n n a i e s d'or ou d'argent s'usent d a n s leurs cours, les u n e s plus, les autres m o i n s . A c h a q u e pas q u ' u n e guinée, par exemple, fait d a n s sa route, elle perd q u e l q u e chose de son poids t o u t en conservant sa d é n o m i n a t i o n . Le titre et la matière, la substance m é t a l l i q u e et le n o m m o nétaire c o m m e n c e n t ainsi à se séparer. Des espèces de m ê m e n o m devienn e n t de valeur inégale, n ' é t a n t plus de m ê m e poids. Le poids d'or i n d i q u é par l'étalon des prix ne se trouve plus d a n s l'or q u i circule, lequel cesse par cela m ê m e d'être l'équivalent réel des m a r c h a n d i s e s d o n t il doit réaliser les prix. L'histoire des m o n n a i e s au m o y e n âge et d a n s les t e m p s m o d e r n e s j u s q u ' a u d i x - h u i t i è m e siècle n'est guère q u e l'histoire de cet embrouillem e n t . La t e n d a n c e naturelle de la circulation à transformer les espèces d'or en un s e m b l a n t d'or, ou le n u m é r a i r e en symbole de son poids métallique officiel, est r e c o n n u e par les lois les plus récentes sur le degré de perte de m é t a l qui m e t les espèces hors de cours ou les d é m o n é t i s e . Le cours de la m o n n a i e , en opérant u n e scission entre le c o n t e n u réel et le c o n t e n u n o m i n a l , entre l'existence m é t a l l i q u e et l'existence fonctionnelle des espèces, i m p l i q u e déjà, sous forme latente, la possibilité de les remplacer dans leur fonction de n u m é r a i r e par des jetons de billon, etc. Les difficultés t e c h n i q u e s du m o n n a y a g e de parties de p o i d s d'or ou d'argent tout à fait diminutives, et cette circonstance que des m é t a u x inférieurs servent de m e s u r e de valeur et circulent c o m m e m o n n a i e j u s q u ' a u m o m e n t où le m é t a l précieux vient les détrôner, expliquent h i s t o r i q u e m e n t leur rôle de m o n n a i e symbolique. Ils t i e n n e n t lieu de l'or m o n n a y é dans les sphères de la circulation où le r o u l e m e n t du n u m é r a i r e est le plus rapide, c'est-à-dire où les ventes et les achats se renouvellent i n c e s s a m m e n t sur la plus petite échelle. P o u r e m p ê c h e r ces satellites de s'établir à la place de l'or, les proportions d a n s lesquelles ils doivent être acceptés en payem e n t sont d é t e r m i n é e s par des lois. Les cercles particuliers q u e parcourent les diverses sortes de m o n n a i e s'entrecroisent n a t u r e l l e m e n t . La m o n n a i e d'appoint, par exemple, apparaît pour payer des fractions d'espèces d'or; l'or entre c o n s t a m m e n t dans la circulation de détail, m a i s il en est c o n s t a m m e n t chassé par la m o n n a i e d'appoint échangée contre l u i . La substance m é t a l l i q u e des jetons d'argent ou de cuivre est d é t e r m i n é e 81
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« S i l'argent n e d é p a s s a i t j a m a i s c e d o n t o n a b e s o i n p o u r les petits p a y e m e n t s , i l n e p o u r r a i t être r a m a s s é en assez g r a n d e q u a n t i t é p o u r les p a y e m e n t s plus i m p o r t a n t s L ' u s a g e de l'or d a n s les gros p a y e m e n t s i m p l i q u e d o n c son u s a g e d a n s l e c o m m e r c e d e détail. C e u x q u i o n t de la m o n n a i e d'or l'offrent p o u r de petits a c h a t s et reçoivent avec la m a r c h a n d i s e a c h e t é e un solde d'argent en r e t o u r . P a r ce m o y e n , le surplus d'argent qui s a n s cela e n c o m b r e r a i t le c o m m e r c e de d é t a i l est dispersé d a n s la circulation g é n é r a l e . M a i s , s'il y a a u t a n t d ' a r g e n t q u ' e n exigent les petits p a y e m e n t s , i n d é p e n d a m m e n t de l'or, le m a r c h a n d en d é t a i l recevra alors de l'argent p o u r les petits a c h a t s et le verra n é c e s s a i r e m e n t s ' a c c u m u l e r d a n s ses m a i n s . » (David B u c h a n a n , Inquiry into the Taxation and commercial Policy of Great Britain. E d i n b u r g h , 1844, p. 248-249.)
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Première section • Marchandise et monnaie arbitrairement par la loi. D a n s leur cours ils s'usent encore plus rapidem e n t q u e les pièces d'or. Leur fonction devient d o n c par le fait complètem e n t i n d é p e n d a n t e de leur poids, c'est-à-dire de toute valeur. N é a n m o i n s , et c'est le point important, ils c o n t i n u e n t de fonctionner c o m m e remplaçants des espèces d'or. La fonction n u m é r a i r e de l'or entièr e m e n t détachée de sa valeur métallique est d o n c un p h é n o m è n e produit par les frottements de sa circulation m ê m e . Il p e u t d o n c être r e m p l a c é d a n s cette fonction par des choses relativement sans valeur a u c u n e , telles q u e des billets de papier. Si d a n s les j e t o n s métalliques le caractère p u r e m e n t symbolique est dissimulé j u s q u ' à un certain point, il se manifeste sans équivoque dans le p a p i e r - m o n n a i e . C o m m e on le voit, ce n'est q u e le prem i e r pas qui coûte. Il ne s'agit ici q u e de papier-monnaie d'État avec cours forcé. Il naît spontan é m e n t de la circulation m é t a l l i q u e . La monnaie de crédit, au contraire, suppose un e n s e m b l e de conditions qui, du point de vue de la circulation simpie des m a r c h a n d i s e s , n o u s sont encore i n c o n n u e s . R e m a r q u o n s en passant q u e si le p a p i e r - m o n n a i e p r o p r e m e n t dit provient de la fonction de l'argent c o m m e moyen de circulation, la monnaie de crédit a sa r a c i n e n a t u relle d a n s la fonction de l'argent c o m m e moyen de payement* . L'État jette d a n s la circulation des billets de papier sur lesquels sont inscrits des d é n o m i n a t i o n s de n u m é r a i r e tels q u e 1 /. st., 5 /. st., etc. En t a n t q u e ces billets circulent réellement à la place du poids d'or de la m ê m e dén o m i n a t i o n , leur m o u v e m e n t ne fait que refléter les lois du cours de la m o n n a i e réelle. U n e loi spéciale de la circulation du papier ne p e u t résulter q u e de son rôle de représentant de l'or ou de l'argent, et cette loi est très-simple ; elle consiste en ce q u e l'émission du p a p i e r - m o n n a i e doit être proportionnée à la q u a n t i t é d'or (ou d'ar||53|gent) d o n t il est le symbole et q u i devrait réellement circuler. La quantité d'or que la circulation p e u t absorber oscille bien c o n s t a m m e n t au-dessus ou au-dessous d ' u n certain n i veau m o y e n ; c e p e n d a n t elle ne t o m b e j a m a i s au-dessous d ' u n minimum
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L e m a n d a r i n des f i n a n c e s Wan-mao-in s'avisa u n j o u r d e p r é s e n t e r a u f i l s d u ciel u n projet d o n t l e b u t c a c h é était d e t r a n s f o r m e r les assignats d e l'empire c h i n o i s e n billets d e b a n q u e convertibles. Le c o m i t é d e s assignats d'avril 1854 se chargea de l u i laver la tête, et p r o p r e m e n t . L u i f i t - i l a d m i n i s t r e r l a volée d e c o u p s d e b a m b o u s t r a d i t i o n n e l l e , c'est c e q u ' o n n e dit p a s . « L e c o m i t é » , telle est l a c o n c l u s i o n d u rapport, « a e x a m i n é c e projet avec a t t e n t i o n e t trouve q u e t o u t e n l u i a u n i q u e m e n t e n v u e l'intérêt des m a r c h a n d s , m a i s q u e r i e n n ' y est a v a n t a g e u x p o u r la c o u r o n n e » . {Arbeiten der Kaiserlich Russischen Gesandtschaft zu Peking über China. Aus dem Russischen von Dr. C.Abel und F.A. Mecklenburg. Erster Band. Berlin, 1858, p. 47 et suiv.) - Sur la perte métallique é p r o u v é e par les m o n n a i e s d'or d a n s l e u r c i r c u l a t i o n , voici ce q u e dit l e g o u v e r n e u r d e l a B a n q u e d'Angleterre, appelé c o m m e t é m o i n d e v a n t l a C h a m b r e d e s lords (Bankacts C o m m i t t e e ) . - « C h a q u e a n n é e , u n e nouvelle classe d e s o u v e r a i n s ( n o n p o l i t i q u e - le s o u v e r a i n est le n o m d ' u n e /. st.) est trouvée t r o p légère. C e t t e classe q u i telle a n n é e possède le p o i d s légal p e r d assez par le f r o t t e m e n t p o u r faire p e n c h e r , l ' a n n é e après, le p l a t e a u de la b a l a n c e c o n t r e elle. »
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises
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q u e l'expérience fait connaître en c h a q u e pays. Q u e cette m a s s e minima renouvelle sans cesse ses parties intégrantes, c'est-à-dire qu'il y ait un va et vient des espèces particulières qui y entrent et en sortent, cela ne change n a t u r e l l e m e n t rien ni à ses proportions ni à son r o u l e m e n t c o n t i n u dans l'enceinte de la circulation. R i e n n ' e m p ê c h e d o n c de la r e m p l a c e r par des symboles de papier. Si au contraire les c a n a u x de la circulation se remplissent de p a p i e r - m o n n a i e j u s q u ' à la limite de leur faculté d'absorption pour le m é t a l précieux, alors la m o i n d r e oscillation dans le prix des m a r c h a n dises pourra les faire déborder. T o u t e m e s u r e est dès lors p e r d u e . Abstraction faite d ' u n discrédit général, supposons que le p a p i e r - m o n n a i e dépasse sa proportion légitime. Après c o m m e avant, il ne représentera dans la circulation des m a r c h a n d i s e s que le quantum d'or qu'elle exige selon ses lois i m m a n e n t e s et qui, par c o n s é q u e n t , est seul représentable. Si, par exemple, la masse totale du papier est le d o u b l e de ce qu'elle devrait être, un billet de 1 /.st., qui représentait % o n c e d'or, n ' e n représentera plus q u e /g. L'effet est le m ê m e que si l'or, d a n s sa fonction d'étalon de prix, avait été altéré. Le p a p i e r - m o n n a i e est signe d'or ou signe de m o n n a i e . Le rapport qui existe entre lui et les m a r c h a n d i s e s consiste t o u t s i m p l e m e n t en ceci, que les m ê m e s quantités d'or qui sont exprimées i d é a l e m e n t d a n s leurs prix sont représentées s y m b o l i q u e m e n t par lui. Le p a p i e r - m o n n a i e n ' e s t d o n c signe de valeur q u ' a u t a n t qu'il représente des quantités d'or qui, c o m m e toutes les autres q u a n t i t é s de m a r c h a n d i s e s , sont aussi des q u a n t i t é s de valeur . 83
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On d e m a n d e r a peut-être p o u r q u o i l'or p e u t être remplacé par des choses sans valeur, par de simples signes. M a i s il n'est ainsi remplaçable q u ' a u t a n t qu'il fonctionne exclusivement c o m m e n u m é r a i r e ou i n s t r u m e n t de circulation. Le caractère exclusif de cette fonction ne se réalise pas, il est vrai, p o u r les m o n n a i e s d'or ou d'argent prises à part, q u o i q u ' i l se manifeste dans le fait que des espèces usées c o n t i n u e n t n é a n m o i n s à circuler. Chaque pièce d'or n'est s i m p l e m e n t i n s t r u m e n t de circulation q u ' a u t a n t qu'elle circule. Il n ' e n est pas ainsi de la masse d'or minima q u i p e u t être 83
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Le passage suivant, e m p r u n t é à F u l l a r t o n , m o n t r e q u e l l e idée confuse se font m ê m e les m e i l l e u r s écrivains de la n a t u r e de l'argent et de ses fonctions diverses. « U n fait q u i , selon m o i , n ' a d m e t p o i n t d e d é n é g a t i o n , c'est q u e p o u r t o u t c e q u i c o n c e r n e n o s é c h a n g e s à l'intérieur, les fonctions m o n é t a i r e s q u e r e m p l i s s e n t o r d i n a i r e m e n t les m o n n a i e s d'or e t d ' a r g e n t p e u v e n t être r e m p l i e s avec a u t a n t d'efficacité p a r des billets i n c o n v e r t i b l e s , n ' a y a n t p a s d ' a u t r e valeur q u e c e t t e valeur factice et c o n v e n t i o n n e l l e q u i leur vient de la loi. U n e v a l e u r de ce genre p e u t être r é p u t é e avoir tous les avantages d ' u n e valeur i n t r i n s è q u e et p e r m e t t r a m ê m e de se passer d ' u n é t a l o n de valeur, à la seule c o n d i t i o n q u ' o n en l i m i t e r a , c o m m e il c o n v i e n t , le n o m b r e des é m i s s i o n s . » ( J o h n F u l l a r t o n , Regulation of Currencies, 2 éd. L o n d o n , 1845, p. 21.) - A i n s i d o n c , p a r c e q u e la m a r c h a n d i s e a r g e n t p e u t être r e m p l a c é e d a n s la circul a t i o n p a r de simples signes de valeur, son rôle de m e s u r e des valeurs et d ' é t a l o n d e s prix est d é c l a r é superflu ! e
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Première section · Marchandise et monnaie r e m p l a c é e par le p a p i e r - m o n n a i e . Cette masse appartient toujours à la sphère de la circulation, fonctionne sans cesse c o m m e son i n s t r u m e n t et existe exclusivement c o m m e soutien de cette fonction. Son r o u l e m e n t ne représente ainsi q u e l'alternation continuelle des m o u v e m e n t s inverses de la m é t a m o r p h o s e M - A - M où la figure valeur des m a r c h a n d i s e s ne leur fait face q u e p o u r disparaître aussitôt après, où le r e m p l a c e m e n t d ' u n e m a r chandise par l'autre fait glisser la m o n n a i e sans cesse d ' u n e m a i n d a n s u n e autre. Son existence fonctionnelle absorbe, p o u r ainsi dire, son existence matérielle. Reflet fugitif des prix des m a r c h a n d i s e s , elle ne fonctionne plus q u e c o m m e signe d ' e l l e - m ê m e et p e u t par c o n s é q u e n t être r e m p l a c é e par des s i g n e s . S e u l e m e n t il faut que le signe de la m o n n a i e soit c o m m e elle socialement valable, et il le devient par le cours forcé. Cette action coercitive de l'État ne p e u t s'exercer q u e dans l'enceinte n a t i o n a l e de la circulation, m a i s là s e u l e m e n t aussi peut s'isoler la fonction q u e la m o n n a i e r e m plit c o m m e n u m é r a i r e .
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III La monnaie ou l'argent J u s q u ' i c i n o u s avons considéré le m é t a l précieux sous le d o u b l e aspect de m e s u r e des valeurs et d ' i n s t r u m e n t de circulation. Il remplit la p r e m i è r e fonction c o m m e m o n n a i e idéale, il peut être représenté d a n s la d e u x i è m e par des symboles. M a i s il y a des fonctions où il doit se présenter d a n s son corps m é t a l l i q u e c o m m e équivalent réel des m a r c h a n d i s e s ou c o m m e m a r chandise m o n n a i e . Il y a u n e autre fonction encore qu'il p e u t remplir ou en personne ou par des suppléants, mais où il se dresse toujours en face des m a r c h a n d i s e s usuelles c o m m e l ' u n i q u e i n c a r n a t i o n a d é q u a t e de leur valeur. D a n s tous ces cas, n o u s dirons qu'il fonctionne c o m m e m o n n a i e ou argent p r o p r e m e n t dit par opposition à ses fonctions de m e s u r e des valeurs et de n u m é r a i r e .
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D e c e fait, q u e l'or e t l ' a r g e n t e n t a n t q u e n u m é r a i r e o u d a n s l a f o n c t i o n exclusive d ' i n s t r u m e n t d e c i r c u l a t i o n arrivent à n ' ê t r e q u e des s i m p l e s signes d ' e u x - m ê m e s , N i c h o l a s B a r b o n fait dériver le droit d e s g o u v e r n e m e n t s «to raise money», c'est-à-dire de d o n n e r à un q u a n t u m d'argent, q u i s'appellerait franc, l e n o m d ' u n q u a n t u m p l u s g r a n d , tel q u ' u n é c u , e t d e n e d o n n e r ainsi à leurs c r é a n c i e r s q u ' u n franc, a u lieu d ' u n é c u . « L a m o n n a i e s'use e t p e r d d e son p o i d s e n p a s s a n t p a r u n g r a n d n o m b r e d e m a i n s ... C'est s a d é n o m i n a t i o n e t son c o u r s q u e l'on regarde d a n s les m a r c h é s e t n o n s a q u a l i t é d'argent. L e m é t a l n ' e s t fait m o n n a i e q u e p a r l ' a u t o r i t é p u b l i q u e . » ( N . B a r b o n , I.e., p . 2 9 , 30, 25.)
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises
a) Thésaurisation
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Le m o u v e m e n t circulatoire des deux m é t a m o r p h o s e s inverses des marchandises ou l'alternation c o n t i n u e de vente et d'achat se manifeste par le cours infatigable de la m o n n a i e ou dans sa fonction de perpetuimi mobile, de m o t e u r perpétuel de la circulation. Il s'immobilise ou se transforme, c o m m e dit Boisguillebert, de meuble en immeuble, de n u m é r a i r e en monnaie ou argent, dès q u e la série des m é t a m o r p h o s e s est i n t e r r o m p u e , dès q u ' u n e vente n'est pas suivie d ' u n achat subséquent. Dès q u e se développe la circulation des m a r c h a n d i s e s , se développent aussi la nécessité et le désir de fixer et de conserver le p r o d u i t de la première m é t a m o r p h o s e , la m a r c h a n d i s e changée en chrysa||54|lide d'or ou d ' a r g e n t . On vend dès lors des m a r c h a n d i s e s n o n - s e u l e m e n t p o u r en acheter d'autres, m a i s aussi p o u r remplacer la forme m a r c h a n d i s e p a r la forme argent. La m o n n a i e arrêtée à dessein d a n s sa circulation se pétrifie, p o u r ainsi dire, en d e v e n a n t trésor, et le vendeur se change en thésauriseur. C'est surtout d a n s l'enfance de la circulation q u ' o n n ' é c h a n g e q u e le superflu en valeurs d'usage contre la m a r c h a n d i s e m o n n a i e . L'or et l'argent d e v i e n n e n t ainsi d ' e u x - m ê m e s l'expression sociale du superflu et de la richesse. Cette forme naïve de thésaurisation s'éternise chez les peuples dont le m o d e traditionnel de p r o d u c t i o n satisfait d i r e c t e m e n t un cercle étroit de besoins stationnaires. Il y a p e u de circulation et b e a u c o u p de trésors. C'est ce q u i a lieu chez les Asiatiques, n o t a m m e n t chez les I n d i e n s . Le vieux Vanderlint, qui s'imagine q u e le taux des prix dépend de l ' a b o n d a n c e des m é t a u x précieux dans un pays, se d e m a n d e p o u r q u o i les m a r c h a n d i s e s ind i e n n e s sont à si b o n m a r c h é ? Parce q u e les I n d i e n s , dit-il, enfouissent l'argent. Il r e m a r q u e q u e de 1602 à 1734 ils enfouirent ainsi 150 millions de livres sterling en argent, q u i étaient v e n u e s d'abord d ' A m é r i q u e en E u r o p e . De 1856 à 1866, dans u n e période de dix ans, l'Angleterre exporta dans l'Inde et d a n s la Chine (et le m é t a l importé en C h i n e reflue en grande partie d a n s l'Inde), 120 millions de livres steri, en argent qui avaient été a u p a r a v a n t échangées contre de l'or australien. Dès que la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e a atteint un certain développement, c h a q u e p r o d u c t e u r doit faire provision d'argent. C'est alors le «gage so85
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« U n e richesse e n a r g e n t n'est q u e richesse e n p r o d u c t i o n s converties e n a r g e n t . » (Mercier de la Rivière, 1. c, p. 573.) « U n e valeur en p r o d u c t i o n s n ' a fait q u e c h a n g e r de f o r m e . » (Id., p . 486.) « C ' e s t grâce à cet u s a g e qu'ils m a i n t i e n n e n t leurs articles et leurs m a n u f a c t u r e s à des t a u x aussi b a s . » ( V a n d e r l i n t , I.e., p. 9 5 , 96.) 86
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Première section • Marchandise et monnaie 87
cial», le nervus rerum, le nerf des c h o s e s . En effet, les besoins du p r o d u c t e u r se renouvellent sans cesse et lui i m p o s e n t sans cesse l'achat de m a r chandises étrangères, tandis que la production et la vente des siennes exigent plus ou m o i n s de t e m p s et d é p e n d e n t de mille hasards. P o u r acheter sans vendre, il doit d'abord avoir v e n d u sans acheter. Il semble contra5 dictoire que cette opération puisse s'accomplir d ' u n e m a n i è r e générale. Cep e n d a n t les m é t a u x p r é c i e u x se troquent à leur source de p r o d u c t i o n contre d'autres m a r c h a n d i s e s . Ici la vente a lieu (du côté du possesseur de marchandises) sans achat (du côté du possesseur d'or et d ' a r g e n t ) . Et des ventes postérieures q u i ne sont pas complétées par des achats s u b s é q u e n t s 10 ne font q u e distribuer les m é t a u x précieux entre tous les échangistes. Il se forme ainsi sur tous les points en relation d'affaires des réserves d'or et d'argent dans les proportions les plus diverses. La possibilité de retenir et de conserver la m a r c h a n d i s e c o m m e valeur d'échange ou la valeur d'échange c o m m e m a r c h a n d i s e éveille la passion de l'or. A m e s u r e q u e 15 s'étend la circulation des m a r c h a n d i s e s grandit aussi la p u i s s a n c e de la m o n n a i e , forme absolue et toujours disponible de la richesse sociale. « L ' o r est u n e chose merveilleuse ! Q u i le possède est m a î t r e de t o u t ce qu'il désire. Au m o y e n de l'or on p e u t m ê m e ouvrir a u x âmes les portes du Paradis.» {Colomb, lettre de la Jamaïque, 1503.) 20 88
L'aspect de la m o n n a i e ne trahissant p o i n t ce qui a été transformé en elle, tout, m a r c h a n d i s e ou n o n , se transforme en m o n n a i e . R i e n q u i ne dev i e n n e vénal, qui ne se fasse vendre et acheter! La circulation devient la grande cornue sociale où t o u t se précipite p o u r en sortir transformé en cristal m o n n a i e . R i e n ne résiste à cette alchimie, pas m ê m e les os des saints et 25 encore m o i n s des choses sacro-saintes, plus délicates, res sacrosanctce, extra commercium hominum* . De m ê m e q u e t o u t e différence de qualité entre les m a r c h a n d i s e s s'efface d a n s l'argent, de m ê m e lui, niveleur radical, efface toutes les d i s t i n c t i o n s . M a i s l'argent est l u i - m ê m e m a r c h a n d i s e , u n e 9
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" M o n e y [...] is a p l e d g e . " ( J o h n Bellers, Essay about the Poor, manufactures, trade, plantations and immorality, L o n d o n , 1699, p. 13.) Achat, d a n s le sens c a t é g o r i q u e , s u p p o s e en effet q u e l'or ou l'argent d a n s les m a i n s de l ' é c h a n g i s t e p r o v i e n n e n t , n o n p a s d i r e c t e m e n t d e son i n d u s t r i e , m a i s d e l a v e n t e d e s a m a r chandise. H e n r i III, roi t r è s - c h r é t i e n d e F r a n c e , d é p o u i l l e les cloîtres, les m o n a s t è r e s , etc., d e leurs rel i q u e s p o u r en faire de l'argent. On sait q u e l rôle a j o u é d a n s l'histoire g r e c q u e le pillage d e s trésors du t e m p l e de D e l p h e s p a r les P h o c i d i e n s . Les t e m p l e s , c h e z les a n c i e n s , servaient de d e m e u r e a u d i e u des m a r c h a n d i s e s . C ' é t a i e n t des « b a n q u e s s a c r é e s » . P o u r les P h é n i c i e n s , p e u p l e m a r c h a n d par e x c e l l e n c e , l'argent était l'aspect transfiguré de t o u t e s choses. Il était d o n c d a n s l'ordre q u e les j e u n e s filles q u i s e livraient a u x étrangers p o u r d e l'argent d a n s les fêtes d'Astarté offrissent à la d é e s s e les pièces d ' a r g e n t r e ç u e s c o m m e e m b l è m e de l e u r virgin i t é i m m o l é e sur son a u t e l .
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G o l d , yellow, glittering p r e c i o u s G o l d ! T h u s m u c h of this, will m a k e black white; foul, fair;
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises chose qui p e u t t o m b e r sous les m a i n s de q u i q u e ce soit. La puissance sociale devient ainsi p u i s s a n c e privée des particuliers. Aussi la société a n t i q u e le dénonce-t-elle c o m m e l'agent subversif, c o m m e le dissolvant le plus actif de son organisation é c o n o m i q u e et de ses moeurs popu5 laires . | |55| La société m o d e r n e qui, à peine n é e encore, tire déjà par les cheveux le dieu Plutus des entrailles de la t e r r e , salue dans l'or, son saint Graal, l'incarnation éblouissante du principe m ê m e de sa vie. La m a r c h a n d i s e , en t a n t q u e valeur d'usage, satisfait un besoin particu10 lier et forme un é l é m e n t particulier de la richesse matérielle. M a i s la valeur de la m a r c h a n d i s e m e s u r e le degré de sa force d'attraction sur t o u s les élém e n t s de cette richesse, et par c o n s é q u e n t la richesse sociale de celui q u i la possède. L'échangiste plus ou m o i n s barbare, m ê m e le paysan de l'Europe occidentale, ne sait p o i n t séparer la valeur de sa forme. P o u r lui, accroisse15 m e n t de sa réserve d'or et d'argent veut dire accroissement de valeur. Assur é m e n t la valeur du m é t a l précieux change par suite des variations surven u e s soit d a n s sa propre valeur soit dans celle des m a r c h a n d i s e s . M a i s cela n ' e m p ê c h e pas d ' u n côté, q u e 200 onces d'or c o n t i e n n e n t après c o m m e avant plus de valeur q u e 100, 300 plus q u e 200, etc., ni d ' u n autre côté, que 20 la forme m é t a l l i q u e de la m o n n a i e reste la forme équivalente générale de 91
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W r o n g , right; base, n o b l e ; old, y o u n g ; coward, v a l i a n t W h a t this, y o u G o d s ! why this W i l l lug y o u r priests a n d servants f r o m y o u r sides;
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T h i s yellow slave W i l l k n i t a n d b r e a k religions; bless t h e a c c u r s ' d ; M a k e t h e h o a r leprosy a d o r ' d ; place thieves A n d give t h e m title, k n e e a n d a p p r o b a t i o n , W i t h s e n a t o r s of t h e b e n c h ; this is it, T h a t m a k e s t h e w a p p e n ' d widow wed a g a i n C o m e d a m n e d earth, Thou c o m m o n whore of m a n k i n d .... « O r p r é c i e u x , o r j a u n e e t l u i s a n t ! e n voici assez p o u r r e n d r e l e n o i r b l a n c , l e laid b e a u , l'inj u s t e j u s t e , le vil n o b l e , le v i e u x j e u n e , le l â c h e v a i l l a n t ! . . . Q u ' e s t - c e , cela, ô d i e u x i m m o r t e l s ? Cela, c'est ce q u i d é t o u r n e de vos autels vos prêtres et leurs acolytes . . . . Cet esclave j a u n e b â t i t et d é m o l i t vos religions, fait b é n i r les m a u d i t s , a d o r e r le lèpre b l a n c h e ; p l a c e les voleurs a u b a n c des s é n a t e u r s e t leur d o n n e titres, h o m m a g e s e t g é n u f l e x i o n s . C'est l u i qui fait u n e n o u v e l l e m a r i é e de la veuve vieille et u s é e . A l l o n s , argile d a m n é e , catin du g e n r e h u main ....» ( S h a k e s p e a r e , Timon of Athens.) « R i e n n ' a , c o m m e l'argent, s u s c i t é p a r m i les h o m m e s d e m a u v a i s e s lois e t d e m a u v a i s e s m œ u r s ; c'est lui q u i m e t la d i s c u s s i o n d a n s les villes et c h a s s e les h a b i t a n t s de leurs dem e u r e s ; c'est l u i q u i d é t o u r n e les â m e s les plus belles vers t o u t ce q u ' i l y a de h o n t e u x et de funeste à l ' h o m m e et leur a p p r e n d à extraire de c h a q u e c h o s e le m a l et l ' i m p i é t é . » (Sophocle, Antigone.) «Έλπιζοΰσης της πλεονεξίας άνάξειν έκ των μυχών τ η ς γ η ς αυτόν τον Πλούτωνα.» (Athen. D e i p n o s . ) ( T r a d u i t d a n s l e texte.) 91
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Première section · Marchandise et monnaie toutes les m a r c h a n d i s e s , l'incarnation sociale de tout travail h u m a i n . Le p e n c h a n t à thésauriser n'a, de sa nature, ni règle ni mesure. Considéré au point de vue de la qualité ou de la forme, c o m m e représentant universel de la richesse matérielle, l'argent est sans limite parce qu'il est i m m é d i a t e m e n t transformable en toute sorte de m a r c h a n d i s e . M a i s c h a q u e s o m m e 5 d'argent réelle a sa limite quantitative et n ' a d o n c q u ' u n e p u i s s a n c e d ' a c h a t restreinte. Cette contradiction entre la q u a n t i t é toujours définie et la qualité de puissance infinie de l'argent r a m è n e sans cesse le thésauriseur au travail de Sisyphe. Il en est de lui c o m m e du c o n q u é r a n t q u e c h a q u e c o n q u ê t e nouvelle n e m è n e q u ' à u n e nouvelle frontière. 10 P o u r retenir et conserver le m é t a l précieux en qualité de m o n n a i e , et par suite d'élément de la thésaurisation, il faut q u ' o n l ' e m p ê c h e de circuler ou de se résoudre c o m m e moyen d'achat en moyens de jouissance. Le thésauriseur sacrifie d o n c à ce fétiche tous les p e n c h a n t s de sa chair. P e r s o n n e plus q u e lui ne prend au sérieux l'évangile du r e n o n c e m e n t . D ' u n autre côté, il 15 ne p e u t dérober en m o n n a i e à la circulation que ce qu'il lui d o n n e en m a r chandises. Plus il produit, plus il p e u t vendre. Industrie, é c o n o m i e , avarice, telles sont ses vertus cardinales ; b e a u c o u p vendre, p e u acheter, telle est la s o m m e de son é c o n o m i e p o l i t i q u e . Le trésor n ' a pas s e u l e m e n t u n e forme b r u t e : il a aussi u n e forme 20 esthétique. C'est l ' a c c u m u l a t i o n d'ouvrages d'orfèvrerie qui se développe avec l'accroissement de la richesse sociale. « S o y o n s riches ou paraissons riches.» (Diderot.) Il se forme ainsi d ' u n e part un m a r c h é toujours plus é t e n d u pour les m é t a u x précieux, de l'autre u n e source latente d ' a p p r o v i s i o n n e m e n t à laquelle on puise dans les périodes de crise so- 25 ciale. D a n s l'économie de la circulation métallique, les trésors remplissent des fonctions diverses. La première tire son origine des conditions q u i présid e n t au cours de la m o n n a i e . On a vu c o m m e n t la m a s s e c o u r a n t e du n u m é r a i r e s'élève ou s'abaisse avec les fluctuations constantes qu'éprouve la 30 circulation des m a r c h a n d i s e s sous le rapport de l'étendue, des prix et de la vitesse. Il faut d o n c que cette masse soit capable de contraction et d'expansion. T a n t ô t u n e partie de la m o n n a i e doit sortir de la circulation, t a n t ô t elle y doit rentrer. Pour que la m a s s e d'argent courante corresponde toujours au 35 degré où la sphère de la circulation se trouve saturée, la q u a n t i t é d'or ou d'argent qui réellement circule ne doit former q u ' u n e partie du m é t a l précieux existant dans un pays. C'est par la forme trésor de l'argent q u e cette 93
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« A c c r o î t r e a u t a n t q u e possible l e n o m b r e des v e n d e u r s d e t o u t e m a r c h a n d i s e , d i m i n u e r a u t a n t q u e possible le n o m b r e des a c h e t e u r s , tel est le r é s u m é des o p é r a t i o n s de l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e . » (Verri, I.e., p. 52 [, 53].)
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises condition se trouve r e m p l i e . Les réservoirs des trésors servent à la fois de c a n a u x de décharge et d'irrigation, de façon q u e les c a n a u x de circulation ne débordent jamais . 94
b) M o y e n de p a y e m e n t 5
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D a n s la forme i m m é d i a t e de la circulation des m a r c h a n d i s e s e x a m i n é e jusqu'ici, la m ê m e valeur se présente toujours double, m a r c h a n d i s e à un pôle, m o n n a i e à l'autre. Les producteurs-échangistes e n t r e n t en rapport c o m m e représentants d'équivalents q u i se trouvent déjà en face les u n s des autres. A m e s u r e c e p e n d a n t q u e se développe la circulation, se développent aussi des circonstances t e n d a n t à séparer par un intervalle de t e m p s l'alién a t i o n de la m a r c h a n d i s e et la réalisation de son prix. Les exemples les plus simples n o u s suffisent ici. Telle espèce de m a r c h a n d i s e exige plus de t e m p s p o u r sa p r o d u c t i o n , telle autre en exige m o i n s . Les saisons de prod u c t i o n ne sont pas les m ê m e s p o u r des m a r c h a n d i s e s différentes. Si u n e m a r c h a n d i s e p r e n d n a i s s a n c e sur le lieu m ê m e de son m a r c h é , u n e autre doit voyager et se r e n d r e à un m a r c h é lointain. Il se p e u t d o n c q u e ||56| l'un des échangistes soit prêt à vendre, tandis q u e l'autre n'est pas encore à m ê m e d'acheter. Q u a n d les m ê m e s transactions se renouvellent constamm e n t entre les m ê m e s p e r s o n n e s les conditions de la vente et de l'achat des m a r c h a n d i s e s se régleront peu à p e u d'après les conditions de leur p r o d u c tion. D ' u n autre côté, l'usage de certaines espèces de m a r c h a n d i s e , d ' u n e m a i s o n , par exemple, est aliéné p o u r u n e certaine période, et ce n'est qu'après l'expiration du t e r m e q u e l'acheteur a réellement o b t e n u la valeur d'usage stipulée. Il achète d o n c avant de payer. L ' u n des échangistes vend u n e m a r c h a n d i s e présente, l'autre achète c o m m e représentant d'argent à venir. Le v e n d e u r devient créancier, l'acheteur débiteur. C o m m e la m é t a m o r p h o s e de la m a r c h a n d i s e prend ici un nouvel aspect, l'argent lui aussi acquiert u n e nouvelle fonction. Il devient m o y e n de p a y e m e n t . 94
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« P o u r faire m a r c h e r l e c o m m e r c e d ' u n e n a t i o n , i l faut u n e s o m m e d e m o n n a i e d é t e r m i n é e , q u i varie et se trouve t a n t ô t p l u s g r a n d e , t a n t ô t p l u s petite ... Ce flux et reflux de la m o n n a i e s'équilibre de l u i - m ê m e , s a n s le secours des politiques ... Les pistons travaillent alternativem e n t ; si la m o n n a i e est rare, on m o n n a y e les l i n g o t s ; si les lingots sont rares, on fond la m o n n a i e . » (Sir D . N o r t h , I.e., p . I I I . ) J o h n S t u a r t Mill, l o n g t e m p s f o n c t i o n n a i r e d e l a C o m p a g n i e des I n d e s , c o n f i r m e ce fait q u e les o r n e m e n t s et bijoux e n a r g e n t s o n t e n c o r e e m p l o y é s d a n s l ' I n d e c o m m e réserves. « O n sort les o r n e m e n t s d'argent e t o n les m o n n a y e q u a n d l e t a u x d e l'intérêt est élevé, et ils r e t o u r n e n t à leurs possesseurs q u a n d le t a u x de l'intérêt b a i s s e . » (J. S t . M i l l , Evidence, Reports on Bankacts, 1857, n ° 2 1 0 1 . ) D ' a p r è s un d o c u m e n t p a r l e m e n t a i r e de 1864 sur l ' i m p o r t a t i o n et l ' e x p o r t a t i o n de l'or et de l'argent d a n s l ' I n d e , l ' i m p o r t a t i o n en 1863 d é p a s s a l ' e x p o r t a t i o n de 19 367 764 /.st. D a n s les h u i t a n n é e s a v a n t 1864, l ' e x c é d a n t de l ' i m p o r t a t i o n des m é t a u x p r é c i e u x sur leur e x p o r t a t i o n atteignit 1 0 9 6 5 2 917 /. st. D a n s le cours de ce siècle, il a été m o n n a y é d a n s l ' I n d e plus de 200 000 000 /. st.
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Premiere section · Marchandise et monnaie Les caractères de créancier et de débiteur proviennent ici de la circulation simple. Le c h a n g e m e n t de sa forme i m p r i m e au v e n d e u r et à l'acheteur leurs cachets n o u v e a u x . T o u t d'abord, ces n o u v e a u x rôles sont d o n c aussi passagers que les anciens et j o u é s tour à tour par les m ê m e s acteurs, m a i s ils n ' o n t plus un aspect aussi débonnaire, et leur opposition devient 5 plus susceptible de se solidifier . Les m ê m e s caractères peuvent aussi se présenter i n d é p e n d a m m e n t de la circulation des m a r c h a n d i s e s . D a n s le m o n d e antique, le m o u v e m e n t de la lutte des classes a surtout la forme d ' u n combat, toujours renouvelé entre créanciers et débiteurs, et se term i n e à R o m e par la défaite et la r u i n e du débiteur plébéien q u i est rem- 10 placé par l'esclave. Au m o y e n âge, la lutte se t e r m i n e par la r u i n e du débiteur féodal. Celui-là perd la puissance politique dès q u e croule la base é c o n o m i q u e qui en faisait le soutien. C e p e n d a n t ce rapport m o n é t a i r e de créancier à débiteur ne fait à ces d e u x époques que réfléchir à la surface des antagonismes plus profonds. 15 95
R e v e n o n s à la circulation des m a r c h a n d i s e s . L'apparition s i m u l t a n é e des équivalents m a r c h a n d i s e et argent a u x d e u x pôles de la vente a cessé. M a i n t e n a n t l'argent fonctionne en premier lieu c o m m e m e s u r e de valeur dans la fixation du prix de la m a r c h a n d i s e vendue. Ce prix établi par contrat, m e s u r e l'obligation de l'acheteur, c'est-à-dire la s o m m e d'argent d o n t il est redevable à t e r m e fixe. Puis il fonctionne c o m m e m o y e n d'achat idéal. Bien qu'il n'existe q u e dans la promesse de l'acheteur, il opère c e p e n d a n t le d é p l a c e m e n t de la m a r c h a n d i s e . Ce n'est q u ' à l'échéance du terme qu'il entre, c o m m e m o y e n de payement, d a n s la circulation, c'est-à-dire qu'il passe de la m a i n de l'acheteur dans celle du vendeur. Le m o y e n de circulation s'était transformé en trésor, parce q u e le m o u v e m e n t de la circulation s'était arrêté à sa première moitié. Le m o y e n de p a y e m e n t entre dans la circulation, m a i s s e u l e m e n t après q u e la m a r c h a n d i s e en est sortie. Le v e n d e u r transformait la m a r c h a n d i s e en argent p o u r satisfaire ses besoins, le thésauriseur p o u r la conserver sous forme d'équivalent général, l'acheteur-débiteur enfin p o u r pouvoir payer. S'il ne paye pas, u n e vente forcée de son avoir a lieu. La conversion de la m a r c h a n d i s e en sa figure valeur, en m o n n a i e , devient ainsi u n e nécessité sociale q u i s'impose au p r o d u c t e u r échangiste i n d é p e n d a m m e n t de ses besoins et de ses fantaisies personnelles.
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Supposons que le paysan achète du tisserand 20 mètres de toile au prix 95
V o i c i q u e l s é t a i e n t les r a p p o r t s d e c r é a n c i e r s à d é b i t e u r s e n A n g l e t e r r e a u c o m m e n c e m e n t d u d i x - h u i t i è m e s i è c l e : « I l r è g n e ici, e n A n g l e t e r r e , u n tel esprit d e c r u a u t é p a r m i les g e n s d e c o m m e r c e q u ' o n n e p o u r r a i t r e n c o n t r e r r i e n d e s e m b l a b l e d a n s a u c u n e a u t r e société d ' h o m m e s , ni d a n s a u c u n a u t r e pays du m o n d e . » (An Essay on Credit and the Bankrupt Act, L o n d o n , 1707, p. 2.)
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Chapitre Iii • La monnaie ou la circulation des marchandises
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de 2 liv. st., q u i est aussi le prix d ' u n quart de froment, et qu'il les paye un m o i s après. Le paysan transforme son froment en toile avant de l'avoir transformé en m o n n a i e . Il accomplit d o n c la dernière m é t a m o r p h o s e de sa m a r c h a n d i s e avant la première. E n s u i t e il vend du froment p o u r 2 liv. st., qu'il fait passer au tisserand au t e r m e c o n v e n u . La m o n n a i e réelle ne lui sert plus ici d ' i n t e r m é d i a i r e p o u r substituer la toile au froment. C'est déjà fait. Pour lui la m o n n a i e est au contraire le dernier m o t de la t r a n s a c t i o n en t a n t qu'elle est la forme absolue de la valeur qu'il doit fournir, la m a r c h a n d i s e universelle. Q u a n t au tisserand, sa m a r c h a n d i s e a circulé et a réaUsé son prix, m a i s s e u l e m e n t au m o y e n d ' u n titre q u i ressortit du droit civil. Elle est entrée d a n s la c o n s o m m a t i o n d ' a u t r u i avant d'être transformée en m o n n a i e . La p r e m i è r e m é t a m o r p h o s e de sa toile reste d o n c s u s p e n d u e et ne s'accomplit q u e plus tard, au t e r m e d ' é c h é a n c e de la dette du paysan . 96
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Les obligations é c h u e s d a n s u n e période d é t e r m i n é e représentent le prix total des m a r c h a n d i s e s v e n d u e s . La q u a n t i t é de m o n n a i e exigée p o u r la réalisation de cette s o m m e d é p e n d d'abord de la vitesse du cours des m o y e n s de p a y e m e n t . D e u x circonstances la règlent : 1° l ' e n c h a î n e m e n t des rapports de créancier à débiteur, c o m m e lorsque A, par exemple, qui reçoit de l'argent de son d é b i t e u r B, le fait passer à son créancier C, et ainsi de s u i t e ; 2° l'intervalle de t e m p s qui sépare les divers termes auxquels les p a y e m e n t s s'effectuent. La série des p a y e m e n t s consécutifs ou des premières m é t a m o r p h o s e s supplémentaires se distingue t o u t à fait de l'entrecroisement des séries de m é t a m o r p h o s e s que n o u s avons d'abord analysé. N o n - s e u l e m e n t la c o n n e x i o n entre vendeurs et acheteurs s'exprime dans le m o u v e m e n t des m o y e n s de circulation. M a i s cette c o n n e x i o n naît dans l e | | 5 7 | cours m ê m e d e l a m o n n a i e . L e m o u v e m e n t d u m o y e n d e p a y e m e n t a u contraire exprime u n e n s e m b l e d e rapports sociaux préexistants. La simultanéité et contiguïté des ventes (ou achats), q u i fait q u e la q u a n tité des m o y e n s de circulation ne p e u t plus être c o m p e n s é e par la vitesse de leur cours, forme un n o u v e a u levier dans l ' é c o n o m i e des m o y e n s de payement. Avec la c o n c e n t r a t i o n des p a y e m e n t s sur u n e m ê m e place se dé96
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La c i t a t i o n s u i v a n t e e m p r u n t é e à m o n p r é c é d e n t ouvrage, Critique de l'économie politique, 1859, m o n t r e p o u r q u o i j e n ' a i p a s parlé d a n s l e texte d ' u n e forme o p p o s é e . « I n v e r s e m e n t , d a n s le p r o c é d é A.-M., l'argent p e u t être m i s d e h o r s c o m m e m o y e n d ' a c h a t et le prix de la m a r c h a n d i s e être a i n s i réalisé a v a n t q u e la valeur d'usage de l'argent soit r é a l i s é e ou la m a r c h a n d i s e a l i é n é e . C'est ce q u i a lieu t o u s les j o u r s , par e x e m p l e , s o u s f o r m e de p r é n u m é r a t i o n , e t c'est a i n s i q u e l e g o u v e r n e m e n t anglais a c h è t e d a n s l ' I n d e l ' o p i u m des R y o t s . D a n s ces cas c e p e n d a n t , l'argent agit t o u j o u r s c o m m e m o y e n d ' a c h a t e t n ' a c q u i e r t a u c u n e n o u v e l l e forme par t ic ul iè r e N a t u r e l l e m e n t , l e c a p i t a l est aussi a v a n c é sous forme a r g e n t ; m a i s i l n e s e m o n t r e p a s e n c o r e à l ' h o r i z o n d e l a c i r c u l a t i o n s i m p l e . » ( L . c , p . 119, 120.)
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Première section · Marchandise et monnaie veloppent s p o n t a n é m e n t des institutions et des m é t h o d e s p o u r les b a l a n c e r les u n s p a r les autres. Tels étaient, p a r exemple, à Lyon, au m o y e n âge, les virements. Les créances de A sur B, de B sur C, de C sur A, et ainsi de suite, n ' o n t besoin q u e d'être confrontées pour s'annuler r é c i p r o q u e m e n t , d a n s u n e certaine m e s u r e , c o m m e quantités positives et négatives. Il ne reste plus ainsi q u ' u n e b a l a n c e de compte à solder. Plus est grande la concentration des p a y e m e n t s , plus est relativement petite leur b a l a n c e , et par cela m ê m e la masse des m o y e n s de p a y e m e n t en circulation. L a fonction d e l a m o n n a i e c o m m e m o y e n d e p a y e m e n t i m p l i q u e u n e contradiction sans m o y e n t e r m e . T a n t q u e les p a y e m e n t s se b a l a n c e n t , elle fonctionne s e u l e m e n t d ' u n e m a n i è r e idéale, c o m m e m o n n a i e d e c o m p t e e t m e s u r e des valeurs. D è s q u e les p a y e m e n t s doivent s'effectuer réellement, elle ne se présente plus c o m m e simple m o y e n de circulation, c o m m e forme transitive servant d ' i n t e r m é d i a i r e au d é p l a c e m e n t des produits, m a i s elle intervient c o m m e i n c a r n a t i o n individuelle du travail social, seule réalisation de la valeur d ' é c h a n g e , m a r c h a n d i s e absolue. Cette c o n t r a d i c t i o n éclate d a n s le m o m e n t des crises industrielles ou commerciales a u q u e l on a d o n n é le n o m de crise m o n é t a i r e . Elle ne se produit q u e là où l ' e n c h a î n e m e n t des p a y e m e n t s et un syst è m e artificiel destiné à les c o m p e n s e r r é c i p r o q u e m e n t se sont développés. Ce m é c a n i s m e vient-il, par u n e cause q u e l c o n q u e , à être dérangé, aussitôt la m o n n a i e , par un revirement b r u s q u e et sans transition, ne fonctionne plus sous sa forme p u r e m e n t idéale de m o n n a i e de c o m p t e . Elle est réclam é e c o m m e argent c o m p t a n t et ne p e u t plus être r e m p l a c é e par des m a r chandises profanes. L'utilité de la m a r c h a n d i s e ne c o m p t e p o u r rien et sa valeur disparaît devant ce qui n ' e n est que la forme. La veille encore, le bourgeois, avec la suffisance p r é s o m p t u e u s e que lui d o n n e la prospérité, déclarait que l'argent est u n e vaine illusion. La m a r c h a n d i s e seule est argent, s'écriait-il. L'argent seul est m a r c h a n d i s e ! Tel est m a i n t e n a n t le cri q u i retentit sur le m a r c h é du m o n d e . C o m m e le cerf altéré b r a m e après la source d'eau vive, ainsi son â m e appelle à grands cris l'argent, la seule et u n i q u e r i c h e s s e . L'opposition q u i existe entre la m a r c h a n d i s e et sa forme
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I I faut d i s t i n g u e r l a crise m o n é t a i r e d o n t n o u s p a r l o n s ici, e t q u i est u n e p h a s e d e n ' i m p o r t e quelle crise, de cette espèce de crise p a r t i c u l i è r e , à laquelle on d o n n e le m ê m e n o m , m a i s q u i p e u t former n é a n m o i n s u n p h é n o m è n e i n d é p e n d a n t , d e telle sorte q u e son a c t i o n n ' i n f l u e q u e p a r c o n t r e - c o u p sur l ' i n d u s t r i e et le c o m m e r c e . Les crises de ce g e n r e o n t p o u r pivot le capital-argent et leur s p h è r e i m m é d i a t e est aussi celle de ce capital, - la B a n q u e , la B o u r s e et la Finance. « L e r e v i r e m e n t subit d u s y s t è m e d e crédit e n s y s t è m e m o n é t a i r e ajoute l'effroi t h é o r i q u e à la p a n i q u e p r a t i q u e , et les agents de la c i r c u l a t i o n t r e m b l e n t d e v a n t le m y s t è r e i m p é n é t r a b l e de leurs propres r a p p o r t s . » (Karl M a r x , I.e., p. 126.) - « L e p a u v r e reste m o r n e et é t o n n é de ce q u e le riche n ' a p l u s d ' a r g e n t p o u r le faire travailler, et c e p e n d a n t le m ê m e sol et les m ê m e s m a i n s q u i fournissent la n o u r r i t u r e et les v ê t e m e n t s , sont toujours là - et c'est là ce q u i
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Chapitre III · La monnaie ou la circulation des marchandises valeur est, p e n d a n t la crise, poussée à l'outrance. Le genre particulier de la m o n n a i e n'y fait rien. La disette m o n é t a i r e reste la m ê m e , qu'il faille payer en or ou en m o n n a i e de crédit, en billets de b a n q u e , par e x e m p l e " . Si n o u s e x a m i n o n s m a i n t e n a n t la s o m m e totale de la m o n n a i e q u i cir5 cule dans un temps d é t e r m i n é , n o u s trouverons q u ' é t a n t d o n n é e la vitesse du cours des m o y e n s de circulation et des m o y e n s de p a y e m e n t , elle est égale à la s o m m e des prix des m a r c h a n d i s e s à réaliser, plus la s o m m e des payements échus, m o i n s celle des payements q u i se balancent, m o i n s enfin l'emploi double ou plus fréquent des m ê m e s pièces pour la d o u b l e fonction 10 de m o y e n de circulation et de m o y e n de p a y e m e n t . Par exemple, le p a y s a n a vendu son froment m o y e n n a n t 2 liv. st. qui opèrent c o m m e m o y e n de circulation. Au t e r m e d ' é c h é a n c e , il les fait passer au tisserand. M a i n t e n a n t elles fonctionnent c o m m e m o y e n de p a y e m e n t . Le tisserand achète avec elles u n e bible, et dans cet achat elles f o n c t i o n n e n t de n o u v e a u c o m m e 15 m o y e n de circulation, et ainsi de suite. Étant d o n n é s , la vitesse du cours de la m o n n a i e , l ' é c o n o m i e des payem e n t s et les prix des m a r c h a n d i s e s , on voit q u e la masse des m a r c h a n d i s e s en circulation ne correspond plus à la masse de la m o n n a i e c o u r a n t e d a n s u n e certaine période, un jour, par exemple. Il court de la m o n n a i e qui re20 présente des m a r c h a n d i s e s depuis longtemps dérobées à la circulation. Il court des m a r c h a n d i s e s d o n t l'équivalent en m o n n a i e ne se présentera q u e b i e n plus tard. D ' u n autre côté, les dettes contractées et les dettes é c h u e s c h a q u e j o u r sont des g r a n d e u r s tout à fait i n c o m m e n s u r a b l e s . | 100
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c o n s t i t u e la véritable r i c h e s s e d ' u n e n a t i o n , et n o n p a s l'argent. » ( J o h n Béliers, Proposals for raising a Colledge of Industry, L o n d o n , 1696, p. 3, 4.) Voici d e quelle façon ces m o m e n t s - l à sont e x p l o i t é s : « U n j o u r (1839), u n vieux b a n q u i e r d e l a cité c a u s a n t avec u n d e ses a m i s d a n s son c a b i n e t , souleva l e couvercle d u p u p i t r e d e vant lequel il était assis et se m i t à déployer des r o u l e a u x de billets de b a n q u e . En voilà, dit-il d ' u n air t o u t j o y e u x , p o u r [six] c e n t m i l l e livres sterling. Ils sont là en réserve p o u r t e n d r e la s i t u a t i o n m o n é t a i r e (to m a k e t h e m o n e y tight) et ils s e r o n t tous d e h o r s à trois h e u r e s , c e t t e a p r è s - m i d i . » (The Theory of the Exchange. The Bank Charter Act of 1844, L o n d o n , 1864, p. 81.) L ' o r g a n e semi-officiel, l'Observer, p u b l i a i t à la d a t e du 24 avril 1 8 6 4 : « I l c o u r t certains b r u i t s v r a i m e n t c u r i e u x sur les m o y e n s a u x q u e l s on a eu r e c o u r s p o u r créer u n e d i s e t t e de billets de b a n q u e . B i e n q u ' i l soit fort d o u t e u x , q u ' o n ait eu r e c o u r s à q u e l q u e artifice de ce g e n r e , la r u m e u r q u i s'en est r é p a n d u e a été si g é n é r a l e q u ' e l l e m é r i t e r é e l l e m e n t d'être m e n t i o n n é e . » « L e m o n t a n t des ventes o u a c h a t s c o n t r a c t é s d a n s l e c o u r s d ' u n j o u r q u e l c o n q u e n'affectera e n rien l a q u a n t i t é d e l a m o n n a i e e n c i r c u l a t i o n c e j o u r - l à m ê m e , m a i s p o u r l a p l u p a r t des cas, il se r é s o u d r a en u n e m u l t i t u d e de traites sur la q u a n t i t é d ' a r g e n t q u i p e u t se trouver en c i r c u l a t i o n à des d a t e s u l t é r i e u r e s plus ou m o i n s éloignées. - Il n ' e s t p a s n é c e s s a i r e q u e les billets signés ou les crédits ouverts a u j o u r d ' h u i a i e n t un r a p p o r t q u e l c o n q u e r e l a t i v e m e n t , soit à la q u a n t i t é , au m o n t a n t ou à la d u r é e , avec c e u x q u i s e r o n t signés ou c o n t r a c t é s d e m a i n ou a p r è s - d e m a i n ; b i e n plus, b e a u c o u p de billets et de crédits d ' a u j o u r d ' h u i se p r é s e n t e n t à l ' é c h é a n c e avec u n e m a s s e d e p a y e m e n t s , d o n t l'origine e m b r a s s e u n e s u i t e d e d a t e s a n t é r i e u r e s a b s o l u m e n t i n d é f i n i e s ; ainsi, s o u v e n t des billets à 12, 6, 3 et 1 m o i s , r é u n i s e n s e m b l e , e n t r e n t d a n s la m a s s e c o m m u n e d e s p a y e m e n t s à effectuer le m ê m e j o u r . » (The Currency Theory reviewed; a letter to the Scotch people by a banker in England, E d i n b u r g h , 1845, p. 2 9 , 30, passim.) 99
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Première section • Marchandise et monnaie |58| La m o n n a i e de crédit a sa source i m m é d i a t e d a n s la fonction de l'argent c o m m e m o y e n de p a y e m e n t . Des certificats constatant les dettes contractées pour des m a r c h a n d i s e s vendues circulent e u x - m ê m e s à leur tour pour transférer à d'autres personnes les créances. A m e s u r e q u e s'étend le système de crédit, se développe de plus en plus la fonction q u e la m o n n a i e remplit c o m m e m o y e n de p a y e m e n t . C o m m e tel, elle revêt des formes d'existence particulières dans lesquelles elle h a n t e la sphère des grandes transactions commerciales, tandis q u e les espèces d'or et d'argent sont refoulées p r i n c i p a l e m e n t dans la sphère du c o m m e r c e de d é t a i l .
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Plus la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e se développe et s'étend, m o i n s la fonction 10 de la m o n n a i e c o m m e m o y e n de p a y e m e n t est restreinte à la sphère de la circulation des produits. La m o n n a i e devient la m a r c h a n d i s e générale des c o n t r a t s . Les rentes, les impôts, etc., payés j u s q u ' a l o r s en n a t u r e , se payent désormais en argent. Un fait qui d é m o n t r e , entre autres, c o m b i e n ce c h a n g e m e n t dépend des conditions générales de la p r o d u c t i o n , c'est q u e 15 l'empire r o m a i n é c h o u a par d e u x fois d a n s sa tentative de lever toutes les contributions en argent. La misère é n o r m e de la p o p u l a t i o n agricole en F r a n c e sous Louis XIV, d é n o n c é e avec tant d ' é l o q u e n c e par Boisguillebert, le m a r é c h a l V a u b a n , etc., ne provenait pas s e u l e m e n t de l'élévation de l'impôt, m a i s aussi de la substitution de sa forme m o n é t a i r e à sa forme n a - 20 102
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P o u r m o n t r e r p a r u n e x e m p l e d a n s quelle faible p r o p o r t i o n l'argent c o m p t a n t e n t r e d a n s les o p é r a t i o n s c o m m e r c i a l e s p r o p r e m e n t dites, n o u s d o n n o n s ici le t a b l e a u des r e c e t t e s et des d é p e n s e s a n n u e l l e s d ' u n e d e s plus g r a n d e s m a i s o n s d e c o m m e r c e d e L o n d r e s . Ses t r a n s a c t i o n s d a n s l ' a n n é e 1856, l e s q u e l l e s c o m p r e n n e n t b i e n des m i l l i o n s d e livres sterling, s o n t ici r a m e n é e s à l'échelle d ' u n m i l l i o n : Recettes Traites d e b a n q u i e r s e t d e m a r c h a n d s , p a y a b l e s à terme C h è q u e s de b a n q u i e r s , etc., payables à v u e Billets des b a n q u e s provinciales Billets d e l a B a n q u e d ' A n g l e t e r r e Or A r g e n t e t cuivre M a n d a t s d e poste Total Dépenses Traites payables à terme C h è q u e s sur d e s b a n q u i e r s d e L o n d r e s Billets de la B a n q u e d'Angleterre Or A r g e n t et cuivre
L. st.
» » » » L. st. L. st.
5) » Total
L. st.
533 596 357715 9 627 68 554 28 089 1486 933 1000000 302 674 663 672 22 743 9427 1484 1000000
(Report from the select Committee on the Bank-acts, j u i l l e t 1858, p. L X X I . ) « D è s q u e l e train d u c o m m e r c e est ainsi c h a n g é , q u ' o n n ' é c h a n g e p l u s m a r c h a n d i s e c o n t r e m a r c h a n d i s e , m a i s q u ' o n vend et qu'on paie, tous les marchés s'établissent sur le pied d'un prix en m o n n a i e . » (An Essay upon Publick Credit, 3 éd., L o n d o n , 1710, p. 8.)
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t u r e l l e . En Asie, la r e n t e foncière constitue l'élément principal des i m pôts et se paye en n a t u r e . Cette forme de la rente, qui repose là sur des rapports de p r o d u c t i o n stationnaires, entretient par contre-coup l'ancien m o d e de production. C'est un des secrets de la conservation de l'empire turc. Q u e le libre c o m m e r c e , octroyé par l'Europe au J a p o n , a m è n e d a n s ce pays la conversion de la r e n t e - n a t u r e en rente-argent, et c'en est fait de son agriculture m o d è l e , s o u m i s e à des conditions é c o n o m i q u e s trop étroites p o u r résister à u n e telle révolution. Il s'établit d a n s c h a q u e pays certains t e r m e s g é n é r a u x où les p a y e m e n t s se font sur u n e g r a n d e échelle. Si q u e l q u e s - u n s de ces termes sont de pure convention, ils reposent en général sur les m o u v e m e n t s périodiques et circulatoires de la r e p r o d u c t i o n liés aux c h a n g e m e n t s périodiques des saisons, etc. Ces termes g é n é r a u x règlent également l'époque des p a y e m e n t s qui ne résultent pas d i r e c t e m e n t de la circulation des m a r c h a n d i s e s , tels q u e ceux de la rente, du loyer, des impôts, etc. La q u a n t i t é de m o n n a i e qu'exigent à certains j o u r s de l ' a n n é e ces p a y e m e n t s disséminés sur t o u t e la périphérie d ' u n pays occasionne des perturbations périodiques, m a i s tout à fait superficielles . Il résulte de la loi sur la vitesse du cours des m o y e n s de p a y e m e n t , q u e pour tous les p a y e m e n t s périodiques, quelle q u ' e n soit la source, la m a s s e des m o y e n s de p a y e m e n t nécessaire est en raison inverse de la longueur des p é r i o d e s . | 104
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« L ' a r g e n t est d e v e n u le b o u r r e a u de t o u t e s c h o s e s . » - « L a f i n a n c e est l ' a l a m b i c q u i a fait évaporer u n e q u a n t i t é effroyable de b i e n s et de d e n r é e s p o u r faire ce fatal précis. - L ' a r g e n t d é c l a r e la guerre à t o u t le g e n r e h u m a i n . » (Boisguillebert, Dissertation sur la nature des richesses, de l'argent et des tributs, édit. D a i r e ; Économistes financiers, Paris, 1 8 4 3 , [t. I,] p. 4 1 3 , 417 [/418], 419.) « L e l u n d i d e l a P e n t e c ô t e 1824, r a c o n t e M . C r a i g à l a c o m m i s s i o n d ' e n q u ê t e p a r l e m e n t a i r e de 1826, il y e u t u n e d e m a n d e si c o n s i d é r a b l e de billets de b a n q u e à E d i m b o u r g , q u ' à o n z e h e u r e s d u m a t i n n o u s n ' e n avions p l u s u n seul d a n s n o t r e portefeuille. N o u s e n e n v o y â m e s c h e r c h e r d a n s t o u t e s les b a n q u e s , les u n e s après les a u t r e s , sans p o u v o i r e n o b t e n i r , e t b e a u c o u p d'affaires ne p u r e n t être c o n c l u e s q u e sur des m o r c e a u x de papier. A trois h e u r e s de l'après-midi, c e p e n d a n t t o u s les billets é t a i e n t d e r e t o u r a u x b a n q u e s d ' o ù ils é t a i e n t p a r t i s ; ils n ' a v a i e n t fait q u e c h a n g e r d e m a i n s . » « B i e n q u e l a c i r c u l a t i o n effective m o y e n n e d e s billets de b a n q u e en E c o s s e n ' a t t e i g n e p a s trois m i l l i o n s de livres sterling, il arrive c e p e n d a n t q u ' à certains t e r m e s d e p a y e m e n t d a n s l ' a n n é e , t o u s les billets qui s e t r o u v e n t e n t r e les m a i n s des b a n q u i e r s , à p e u près sept m i l l i o n s de livres sterling, s o n t appelés à l'activité. D a n s les c i r c o n s t a n c e s de ce genre, les billets n ' o n t q u ' u n e seule f o n c t i o n à remplir, et d è s q u ' i l s s'en sont a c q u i t t é s , ils r e v i e n n e n t a u x différentes b a n q u e s q u i les o n t émis.» ( J o h n F u l l a r t o n , Regulation of Currencies, Τ éd., L o n d o n , 1 8 4 5 , p. 86 [, 87], note.) P o u r faire c o m p r e n d r e ce q u i p r é c è d e , i l est b o n d'ajouter q u ' a u t e m p s d e F u l l a r t o n les b a n q u e s d ' É c c o s s e d o n n a i e n t c o n t r e les dépôts, n o n des c h è q u e s , m a i s d e s billets. « D a n s un cas où il faudrait 40 m i l l i o n s p a r a n , les m ê m e s 6 m i l l i o n s (en or) p o u r r a i e n t - i l s suffire a u x circulations et a u x évolutions c o m m e r c i a l e s ? » - « O u i , r é p o n d Petty avec sa s u p é riorité h a b i t u e l l e . Si les é v o l u t i o n s se font d a n s des cercles r a p p r o c h é s , chaque semaine par e x e m p l e , c o m m e cela a lieu p o u r les pauvres ouvriers et artisans q u i reçoivent et p a y e n t t o u s 1 0 4
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Première section • Marchandise et monnaie | 5 9 | L a fonction que l'argent remplit c o m m e m o y e n d e p a y e m e n t n é c e s site l'accumulation des s o m m e s exigées p o u r les dates d ' é c h é a n c e . T o u t en é l i m i n a n t la thésaurisation c o m m e forme propre d'enrichissement, le progrès de la société bourgeoise la développe sous la forme de réserve de m o y e n s de p a y e m e n t .
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c) La m o n n a i e universelle A sa sortie de la sphère intérieure de la circulation, l'argent dépouille les formes locales qu'il y avait revêtues, forme de n u m é r a i r e , de m o n n a i e d'appoint, d'étalon des prix, de signe de valeur, p o u r retourner à sa forme primitive de barre ou lingot. C'est d a n s le c o m m e r c e entre n a t i o n s q u e la va- 10 leur des m a r c h a n d i s e s se réalise universellement. C'est là aussi q u e leur figure valeur leur fait vis-à-vis, sous l'aspect de m o n n a i e universelle m o n n a i e du m o n d e ( m o n e y of the world), c o m m e l'appelle J a m e s Steuart, m o n n a i e de la grande r é p u b l i q u e c o m m e r ç a n t e , c o m m e disait après lui A d a m Smith. C'est sur le m a r c h é du m o n d e et là s e u l e m e n t q u e la m o n - 15 n a i e fonctionne d a n s t o u t e la force du terme, c o m m e la m a r c h a n d i s e d o n t la forme naturelle est en m ê m e t e m p s l'incarnation sociale du travail h u m a i n en général. Sa m a n i è r e d'être y devient a d é q u a t e à son idée. D a n s l'enceinte nationale de la circulation, ce n'est q u ' u n e seule m a r chandise q u i p e u t servir de m e s u r e de valeur et par suite de m o n n a i e . Sur 20 le m a r c h é du m o n d e règne u n e double m e s u r e de valeur, l'or et l ' a r g e n t . La m o n n a i e universelle remplit les trois fonctions de m o y e n de payem e n t , de m o y e n d'achat et de m a t i è r e sociale de la richesse en général (universal wealth). Q u a n d il s'agit de solder les balances i n t e r n a t i o n a l e s , la première fonction p r é d o m i n e . De là le m o t d'ordre du système m e r c a n - 25 tile - b a l a n c e de c o m m e r c e . L'or et l'argent servent essentiellement de 106
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les s a m e d i s , alors % de 1 m i l l i o n en m o n n a i e , p e r m e t t r o n t d ' a t t e i n d r e le b u t . Si les cercles d ' é v o l u t i o n s o n t trimestriels, s u i v a n t n o t r e c o u t u m e d e p a y e r l a r e n t e o u d e p e r c e v o i r l ' i m p ô t , 1 0 m i l l i o n s s e r o n t n é c e s s a i r e s . D o n c s i n o u s s u p p o s o n s q u e les p a y e m e n t s e n g é n é r a l s'effect u e n t e n t r e u n e s e m a i n e et treize, il f a u d r a alors ajouter 10 m i l l o n s à % > d o n t la m o i t i é est 5 m i l l i o n s %, de sorte q u e si n o u s a v o n s 5 m i l l i o n s n o u s avons a s s e z . » ( W i l l i a m Petty, Political anatomy of Ireland, 1672, edit. L o n d o n , 1 6 9 1 , p . 13, 14.) C'est c e q u i d é m o n t r e l ' a b s u r d i t é d e t o u t e législation q u i prescrit a u x b a n q u e s n a t i o n a l e s d e n e t e n i r e n réserve q u e l e m é t a l p r é c i e u x q u i f o n c t i o n n e c o m m e m o n n a i e d a n s l ' i n t é r i e u r du pays. L e s difficultés q u e s'est ainsi créées v o l o n t a i r e m e n t la b a n q u e d ' A n g l e t e r r e , par e x e m p l e , sont c o n n u e s . D a n s le Bank-act de 1844, Sir R o b e r t Peel c h e r c h a à r e m é d i e r a u x inc o n v é n i e n t s , en p e r m e t t a n t à la b a n q u e d ' é m e t t r e des billets sur des lingots d'argent, à la c o n d i t i o n c e p e n d a n t q u e l a réserve d ' a r g e n t n e dépasserait j a m a i s d ' u n q u a r t l a réserve d'or. D a n s ces c i r c o n s t a n c e s , la v a l e u r de l'argent est e s t i m é e c h a q u e fois d'après son prix en or sur le m a r c h é de L o n d r e s . - Sur les g r a n d e s é p o q u e s h i s t o r i q u e s du c h a n g e m e n t de la v a l e u r relative de l'or et de l'argent, V. K a r l M a r x , 1. p., p. 136 et suivantes. Les adversaires d u s y s t è m e m e r c a n t i l e , d'après l e q u e l l e b u t d u c o m m e r c e i n t e r n a t i o n a l 2
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Chapitre III • La monnaie ou la circulation des marchandises m o y e n d ' a c h a t i n t e r n a t i o n a l toutes les fois q u e l'équilibre ordinaire d a n s l'échange des matières entre diverses n a t i o n s se dérange. Enfin, ils fonct i o n n e n t c o m m e forme absolue de la richesse, q u a n d il ne s'agit plus ni d'achat ni de p a y e m e n t , m a i s d ' u n transfert de richesse d ' u n pays à un 5 autre, et q u e ce transfert, sous forme de m a r c h a n d i s e , est e m p ê c h é , soit par les éventualités du m a r c h é , soit par le b u t m ê m e q u ' o n veut a t t e i n d r e . C h a q u e pays a besoin d ' u n fonds de réserve pour son c o m m e r c e étranger, aussi bien q u e p o u r sa circulation intérieure. Les fonctions de ces réserves se r a t t a c h e n t d o n c en partie à la fonction de la m o n n a i e c o m m e 10 m o y e n de circulation et de p a y e m e n t à l'intérieur, et en partie à sa fonction de m o n n a i e u n i v e r s e l l e . D a n s cette dernière fonction, la m o n n a i e matérielle, c'est-à-dire l'or et l'argent, est toujours exigée; c'est pourq u o i J a m e s Steuart, p o u r distinguer l'or et l'argent de leurs r e m p l a ç a n t s p u r e m e n t locaux, les désigne expressément sous le n o m de money of the 15 world. Le fleuve aux vagues d'argent et d'or possède un double courant. D ' u n côté, il se r é p a n d à partir de sa source sur t o u t le m a r c h é du m o n d e où les différentes enceintes n a t i o n a l e s le d é t o u r n e n t en proportions diverses, p o u r qu'il pénètre leurs c a n a u x de circulation intérieure, remplace leurs m o n 20 naies usées, fournisse la m a t i è r e des articles de luxe, et enfin se pétrifie 108
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n ' e s t pas a u t r e chose q u e l e solde e n o r o u e n argent d e l ' e x c é d a n t d ' u n e b a l a n c e d e c o m m e r c e sur l'autre, m é c o n n a i s s a i e n t c o m p l è t e m e n t d e leur c ô t é l a f o n c t i o n d e l a m o n n a i e u n i verselle. L a fausse i n t e r p r é t a t i o n d u m o u v e m e n t i n t e r n a t i o n a l d e s m é t a u x p r é c i e u x , n ' e s t q u e le reflet de la fausse i n t e r p r é t a t i o n des lois q u i règlent la m a s s e des m o y e n s de la circulation i n t é r i e u r e , a i n s i q u e j e l'ai m o n t r é p a r l ' e x e m p l e d e R i c a r d o (I.e., p . 150). S o n d o g m e e r r o n é : « U n e b a l a n c e d e c o m m e r c e défavorable n e p r o v i e n t j a m a i s q u e d e l a s u r a b o n d a n c e d e l a m o n n a i e c o u r a n t e . . . » « L ' e x p o r t a t i o n d e l a m o n n a i e est c a u s é e par s o n b a s prix, e t n ' e s t p o i n t l'effet, m a i s la c a u s e d ' u n e b a l a n c e d é f a v o r a b l e » se t r o u v e déjà c h e z Barbon: «La balance du commerce, s'il y en a u n e , n'est point la cause de l'exportation de la monnaie d'une nation à l'étranger; m a i s elle p r o v i e n t de la différence de valeur de l'or ou de l'argent en lingots dans chaque pays.» (N. B a r b o n , 1. c, p. 59.) M a c C u l l o c h , d a n s sa Literature of Political Economy, a classified catalogue, L o n d o n , 1845, l o u e B a r b o n p o u r cette a n t i c i p a t i o n , m a i s évite avec s o i n d e d i r e u n seul m o t d e s formes naïves s o u s lesquelles s e m o n t r e n t e n c o r e c h e z c e d e r n i e r les s u p p o s i t i o n s a b s u r d e s d u « c u r r e n c y p r i n c i p l e » . L ' a b s e n c e d e c r i t i q u e e t m ê m e l a d é l o y a u t é d e c e cat a l o g u e é c l a t e n t s u r t o u t d a n s la partie q u i traite de l'histoire de la t h é o r i e de l'argent. La raison en est q u e le s y c o p h a n t e M a c C u l l o c h fait ici sa c o u r à lord O v e r s t o n e ( l ' e x - b a n q u i e r Loyd), q u ' i l d é s i g n e sous l e n o m d e «facile p r i n c e p s a r g e n t a r i o r u m » . P a r e x e m p l e , l a f o r m e m o n n a i e d e l a v a l e u r p e u t être d e r i g u e u r d a n s les cas d e s u b s i d e s , d ' e m p r u n t s c o n t r a c t é s p o u r faire l a guerre o u m e t t r e u n e b a n q u e à m ê m e d e r e p r e n d r e l e p a y e m e n t de ses billets, etc. « I l n ' e s t pas, selon m o i , d e p r e u v e plus c o n v a i n c a n t e d e l ' a p t i t u d e d e s fonds d e réserve à m e n e r à b o n t e r m e t o u t e s les affaires i n t e r n a t i o n a l e s , s a n s a u c u n r e c o u r s à la c i r c u l a t i o n gén é r a l e , q u e la facilité avec l a q u e l l e la F r a n c e , à p e i n e r e v e n u e du c h o c d ' u n e i n v a s i o n é t r a n gère, c o m p l é t a d a n s l'espace d e vingt-sept m o i s l e p a y e m e n t d ' u n e c o n t r i b u t i o n forcée d e près de 20 m i l l i o n s de livres exigés p a r les p u i s s a n c e s alliées, et en fournit la plus g r a n d e p a r t i e en espèces, s a n s l e m o i n d r e d é r a n g e m e n t d a n s son c o m m e r c e i n t é r i e u r e t m ê m e s a n s fluctuations a l a r m a n t e s d a n s ses é c h a n g e s . » ( F u l l a r t o n , I.e., p. 141.) 1 0 8
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Première section · Marchandise et monnaie 110
sous forme de t r é s o r . Cette première direction lui est i m p r i m é e par les pays dont les m a r c h a n d i s e s s'échangent directement avec l'or et l'argent a u x sources de leur p r o d u c t i o n . En m ê m e temps, les m é t a u x précieux cour e n t de côté ||60| et d'autre, sans fin ni trêve, entre les sphères de circulation des différents pays, et ce m o u v e m e n t suit les oscillations incessantes 5 d u cours d u c h a n g e . Les pays d a n s lesquels la p r o d u c t i o n a atteint un h a u t degré de développ e m e n t restreignent au m i n i m u m exigé par leurs fonctions spécifiques les trésors entassés dans les réservoirs de b a n q u e . A part certaines exceptions, le d é b o r d e m e n t de ces réservoirs par trop au-dessus de leur niveau 10 m o y e n est un signe de stagnation dans la circulation des m a r c h a n d i s e s ou d ' u n e interruption dans le cours de leurs m é t a m o r p h o s e s . | 111
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« L ' a r g e n t s e partage e n t r e les n a t i o n s r e l a t i v e m e n t a u b e s o i n qu'elles e n ont ... é t a n t t o u j o u r s attiré par les p r o d u c t i o n s . » (Le T r o s n e , I.e., p . 916.) « L e s m i n e s q u i f o u r n i s s e n t c o n t i n u e l l e m e n t de l'argent et de l'or en fournissent assez p o u r subvenir a u x b e s o i n s de t o u s les pays.» ( V a n d e r l i n t , I.e., p . 4 0 . ) « L e c h a n g e s u b i t c h a q u e s e m a i n e des a l t e r n a t i o n s de h a u s s e et de b a i s s e ; il se t o u r n e à certaines é p o q u e s de l ' a n n é e c o n t r e un pays et se t o u r n e en sa faveur à d ' a u t r e s é p o q u e s . » ( N . B a r b o n , I.e., p. 39.) Ces diverses fonctions p e u v e n t e n t r e r e n u n conflit d a n g e r e u x , d è s q u ' i l s'y j o i n t l a fonction d ' u n fonds d e conversion p o u r les billets d e b a n q u e . « T o u t c e q u i , e n fait d e m o n n a i e , d é p a s s e l e strict n é c e s s a i r e p o u r u n c o m m e r c e i n t é r i e u r , est un capital mort et ne porte a u c u n profit au pays d a n s lequel il est r e t e n u . » ( J o h n Béliers, I.e., p. 13.) - « S i n o u s a v o n s trop de m o n n a i e , q u e faire? Il faut f o n d r e celle q u i a le p l u s de p o i d s et la transformer en vaisselle s p l e n d i d e , en vases ou u s t e n s i l e s d'or et d'argent, ou l'exp o r t e r c o m m e u n e m a r c h a n d i s e là où on la désire, ou la placer à i n t é r ê t là où l'intérêt est élevé.» (W. Petty, Quantulumcunque, p. 39.) - « L a m o n n a i e n'est, p o u r ainsi dire, q u e la graisse du corps p o l i t i q u e ; t r o p n u i t à son agilité, trop p e u le r e n d m a l a d e de m ê m e q u e la graisse lubrifie les m u s c l e s et favorise leurs m o u v e m e n t s , e n t r e t i e n t le corps q u a n d la n o u r riture fait défaut, r e m p l i t les cavités et d o n n e un aspect de b e a u t é à t o u t l ' e n s e m b l e ; de m ê m e la m o n n a i e , d a n s un État accélère son action, le fait vivre du d e h o r s d a n s un t e m p s de disette au d e d a n s , règle les c o m p t e s et e m b e l l i t le tout, mais plus spécialement, ajoute Petty avec ironie, les particuliers q u i la p o s s è d e n t en a b o n d a n c e . » (W. Petty, Political anatomy of Ireland, P. 14 [, 15].)
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Chapitre IV · La formule générale du capital
|61| DEUXIÈME SECTION
La transformation de l'argent en capital CHAPITRE IV La formule générale du capital 5
La circulation des m a r c h a n d i s e s est le p o i n t de départ du capital. Il n ' a p p a raît que là où la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e et le c o m m e r c e ont déjà atteint un certain degré de développement. L'histoire m o d e r n e du capital date de la création du c o m m e r c e et du m a r c h é des d e u x m o n d e s au seizième siècle. 10 Si n o u s faisons abstraction de l'échange des valeurs d'usage, c'est-à-dire du côté matériel de la circulation des m a r c h a n d i s e s , p o u r ne considérer q u e les formes é c o n o m i q u e s qu'elle engendre, n o u s trouvons p o u r dernier résultat l'argent. Ce p r o d u i t final de la circulation est la p r e m i è r e forme d'apparition du capital. 15 L o r s q u ' o n étudie le capital historiquement, d a n s ses origines, on le voit p a r t o u t se poser en face de la propriété foncière sous forme d'argent, soit c o m m e fortune m o n é t a i r e , soit c o m m e capital c o m m e r c i a l et c o m m e capital u s u r a i r e . M a i s n o u s n ' a v o n s pas besoin de regarder dans le passé, il n o u s suffira d'observer ce q u i se passe a u j o u r d ' h u i m ê m e sous nos yeux. 20 A u j o u r d ' h u i c o m m e j a d i s c h a q u e capital n o u v e a u entre en scène, c'est-àdire sur le m a r c h é , m a r c h é des produits, m a r c h é du travail, m a r c h é de la 1
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L ' o p p o s i t i o n q u i existe e n t r e la p u i s s a n c e de la p r o p r i é t é foncière b a s é e s u r d e s r a p p o r t s personnels de d o m i n a t i o n et de d é p e n d a n c e et la p u i s s a n c e i m p e r s o n n e l l e de l'argent se trouve c l a i r e m e n t e x p r i m é e d a n s les d e u x d i c t o n s f r a n ç a i s : « N u l l e terre s a n s s e i g n e u r . » « L ' a r g e n t n ' a p a s de m a î t r e . »
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital m o n n a i e , sous forme d'argent, d'argent qui par des procédés spéciaux doit se transformer en capital. L'argent en t a n t qu'argent et l'argent en t a n t que capital ne se disting u e n t de prime abord q u e par leurs différentes formes de circulation. La forme i m m é d i a t e de la circulation des m a r c h a n d i s e s est M - A - M , transformation de la m a r c h a n d i s e en argent et retransformation de l'argent en m a r c h a n d i s e , vendre p o u r acheter. Mais à côté de cette forme n o u s en trouvons u n e autre, t o u t à fait distincte, la forme A M A argent - marchandise - argent
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transformation de l'argent en m a r c h a n d i s e et retransformation de la m a r chandise en argent, acheter pour vendre. T o u t argent q u i d a n s son m o u v e m e n t décrit ce dernier cercle, se transforme en capital, devient capital et est déjà par destination capital. Considérons de plus près la circulation A-M-A. C o m m e la circulation 15 simple, elle parcourt d e u x phases opposées. D a n s la p r e m i è r e phase A - M , achat, l'argent est transformé en m a r c h a n d i s e . D a n s la seconde M-A, vente, la m a r c h a n d i s e est transformée en argent. L ' e n s e m b l e de ces d e u x phases s'exprime par le m o u v e m e n t q u i échange m o n n a i e contre m a r c h a n dise et de n o u v e a u la m ê m e m a r c h a n d i s e contre de la m o n n a i e , achète 20 pour vendre, ou bien, si on néglige les différences formelles d ' a c h a t et de vente, achète avec de l'argent la m a r c h a n d i s e et avec la m a r c h a n d i s e l'argent . I |62| Ce m o u v e m e n t aboutit à l'échange d'argent contre argent, Α-A. Si j ' a c h è t e pour 100 /. st. 2000 livres de coton, et q u ' e n s u i t e je vende ces 25 2000 livres de coton p o u r 110 l. st., j ' a i en définitive échangé 1 0 0 / . st. contre 110 liv. st., m o n n a i e contre m o n n a i e . Il va sans dire q u e la circulation A - M - A serait un procédé bizarre, si l'on voulait par un semblable détour échanger des s o m m e s d'argent équivalentes, 100 /. st., par e x e m p l e , contre 100 /. st. M i e u x vaudrait encore la m é - 30 thode du thésauriseur q u i garde solidement ses 100 /.st. au lieu de les exposer aux risques de la circulation. M a i s d ' u n autre côté, q u e le m a r c h a n d revende pour 110 /. st. le coton qu'il a acheté avec 100 /. st., ou qu'il soit obligé de le livrer à 100 et m ê m e à 50 /.st., dans tous ces cas son argent décrit toujours un m o u v e m e n t particulier et original, tout à fait différent de 35 celui que parcourt par e x e m p l e l'argent du fermier qui vend du froment et achète un habit. Il n o u s faut d o n c t o u t d'abord constater les différences caractéristiques entre les d e u x formes de circulation A - M - A et M - A - M . N o u s 2
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« A v e c de l'argent on a c h è t e d e s m a r c h a n d i s e s , et avec des m a r c h a n d i s e s on a c h è t e de l'arg e n t . » (Mercier de la R i v i è r e : L'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, p. 543.)
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Chapitre IV • La formule générale du capital
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verrons en m ê m e t e m p s quelle différence réelle gît sous cette différence formelle. Considérons en p r e m i e r lieu ce q u e les d e u x formes ont de c o m m u n . Les d e u x m o u v e m e n t s se d é c o m p o s e n t d a n s les d e u x m ê m e s phases opposées, M-A, vente, et Α - M , achat. D a n s c h a c u n e des d e u x phases les d e u x m ê m e s é l é m e n t s matériels se font face, m a r c h a n d i s e et argent, ainsi que d e u x p e r s o n n e s sous les m ê m e s m a s q u e s é c o n o m i q u e s , a c h e t e u r et vendeur. C h a q u e m o u v e m e n t est l'unité des m ê m e s p h a s e s opposées, de l'achat et de la vente, et c h a q u e fois il s'accomplit par l'intervention de
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trois c o n t r a c t a n t s , d o n t l'un ne fait que vendre, l'autre q u ' a c h e t e r , tandis que le troisième a c h è t e et vend tour à tour. Ce qui distingue c e p e n d a n t tout d'abord les m o u v e m e n t s M - A - M et AM-A, c'est l'ordre inverse des m ê m e s phases opposées. La circulation simple c o m m e n c e par la vente et finit par l'achat; la circulation de l'argent
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c o m m e capital c o m m e n c e par l'achat et finit par la vente. Là c'est la marchandise qui forme le p o i n t de départ et le point de retour, ici c'est l'argent. D a n s la p r e m i è r e forme, c'est l'argent qui sert d ' i n t e r m é d i a i r e ; dans la seconde, c'est la m a r c h a n d i s e . D a n s la circulation M - A - M , l'argent est enfin converti en m a r c h a n d i s e
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qui sert de valeur d ' u s a g e ; il est d o n c définitivement - d é p e n s é . D a n s la forme inverse A - M - A , l'acheteur d o n n e son argent p o u r le reprendre c o m m e vendeur. Par l'achat de la m a r c h a n d i s e , il j e t t e d a n s la circulation de l'argent, q u ' i l en retire ensuite par la vente de la m ê m e m a r c h a n d i s e . S'il le laisse partir, c'est s e u l e m e n t avec l'arrière-pensée perfide de la rattra25 per. Cet argent est d o n c s i m p l e m e n t - a v a n c é . D a n s la forme M - A - M , la m ê m e pièce de m o n n a i e change d e u x fois de place. Le v e n d e u r la reçoit de l'acheteur et la fait passer à un autre vendeur. L e m o u v e m e n t c o m m e n c e par u n e recette d'argent p o u r m a r c h a n d i s e et finit par u n e livraison d'argent pour m a r c h a n d i s e ! Le contraire a lieu 30 dans la forme A - M - A . Ce n ' e s t pas la m ê m e pièce de m o n n a i e , m a i s la m ê m e m a r c h a n d i s e q u i change ici d e u x fois de place. L ' a c h e t e u r la reçoit de la m a i n du v e n d e u r et la t r a n s m e t à un autre acheteur. De m ê m e que dans la circulation simple le c h a n g e m e n t de place p a r d e u x fois de la m ê m e pièce de m o n n a i e a p o u r résultat son passage définitif d ' u n e m a i n 35 dans l'autre, de m ê m e ici le c h a n g e m e n t de place par d e u x fois de la m ê m e m a r c h a n d i s e a p o u r résultat le reflux de l'argent à son p r e m i e r p o i n t de départ. 3
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« Q u a n d u n e c h o s e est a c h e t é e p o u r être v e n d u e e n s u i t e , la s o m m e e m p l o y é e à l ' a c h a t est dite m o n n a i e a v a n c é e ; s i elle n ' e s t p a s a c h e t é e p o u r être v e n d u e , l a s o m m e p e u t être dite d é p e n s é e . » ( J a m e s S t e u a r t : Works, etc., edited by General Sir James Steuart, his son. L o n d . , 1805, v . I , p . 274.)
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Deuxième section · La transformation de l'argent en capital Le reflux de l'argent à son point de départ ne d é p e n d pas de ce q u e la m a r c h a n d i s e est v e n d u e plus cher qu'elle n ' a été achetée. Cette circonst a n c e n'influe que sur la g r a n d e u r de la s o m m e qui revient. Le p h é n o m è n e du reflux l u i - m ê m e a lieu dès q u e la m a r c h a n d i s e achetée est de n o u v e a u v e n d u e , c'est-à-dire dès q u e le cercle A - M - A est c o m p l è t e m e n t décrit. 5 C'est là u n e différence palpable entre la circulation de l'argent c o m m e capital et sa circulation c o m m e simple m o n n a i e . Le cercle M - A - M est c o m p l è t e m e n t p a r c o u r u dès q u e la vente d ' u n e m a r c h a n d i s e apporte de l'argent q u e r e m p o r t e l'achat d ' u n e a u t r e m a r chandise. Si n é a n m o i n s un reflux d'argent a lieu ensuite, ce ne p e u t être 10 q u e parce q u e le parcours tout entier du cercle est de n o u v e a u décrit. Si je vends un quart de froment p o u r 3 /.st. et q u e j ' a c h è t e des habits avec cet argent, les 3 /. st. sont pour m o i définitivement dépensées. Elles ne me regard e n t p l u s ; le m a r c h a n d d'habits les a dans sa poche. J'ai b e a u vendre un second quart de froment, l'argent que je reçois ne provient pas de la première 15 transaction, m a i s de son renouvellement. Il s'éloigne encore de m o i si je m è n e à terme la seconde transaction et que j ' a c h è t e de n o u v e a u . D a n s la circulation M - A - M , la d é p e n s e de l'argent n ' a d o n c rien de c o m m u n avec son retour. C'est t o u t le contraire dans la circulation A-M-A. Là, si l'argent ne reflue pas, l'opération est m a n q u é e ; le m o u v e m e n t est i n t e r r o m p u ou 20 inachevé, parce que sa seconde phase, c'est-à-dire la vente qui complète l'achat, fait défaut. Le cercle M - A - M a p o u r p o i n t initial u n e m a r c h a n d i s e et pour p o i n t fin a l u n e autre m a r c h a n d i s e q u i ne circule plus et t o m b e d a n s la c o n s o m m a t i o n . La satisfaction d ' u n besoin, u n e valeur d'usage, tel est d o n c son b u t définitif. Le cercle A-M-A, au contraire, a pour point de départ l'argent et y revient; son motif, son b u t d é t e r m i n a n t est d o n c la valeur d'échange. D a n s la circulation simple, les d e u x termes extrêmes ont la m ê m e forme é c o n o m i q u e ; ils sont t o u s d e u x m a r c h a n d i s e . Ils sont aussi des m a r c h a n dises de m ê m e valeur. M a i s ils sont en m ê m e ||63| t e m p s des valeurs d'usage de qualité différente, par exemple, froment et habit. Le m o u v e m e n t aboutit à l'échange des produits, à la p e r m u t a t i o n des matières diverses dans lesquelles se manifeste le travail social. La circulation A - M - A , au contraire, paraît vide de sens au premier c o u p - d ' œ i l parce qu'elle est tautologique. Les d e u x extrêmes ont la m ê m e forme é c o n o m i q u e . Ils sont tous d e u x argent. Ils ne se distinguent point qualitativement, c o m m e valeurs d'usage, car l'argent est l'aspect transformé des m a r c h a n d i s e s d a n s lequel leurs valeurs d'usage particulières sont éteintes. É c h a n g e r 100 /. st. contre du coton et de n o u v e a u le m ê m e coton contre 100 /. st., c'est-à-dire échanger par un d é t o u r argent contre argent, i d e m contre i d e m , u n e telle
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Chapitre IV • La formule générale du capital 4
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opération semble aussi sotte q u ' i n u t i l e . U n e s o m m e d'argent, en tant qu'elle représente de la valeur, ne peut se distinguer d ' u n e a u t r e s o m m e q u e par sa q u a n t i t é . Le m o u v e m e n t A - M - A ne tire sa raison d'être d ' a u c u n e différence qualitative de ses extrêmes, car ils sont argent tous deux, m a i s s e u l e m e n t de leur différence quantitative. F i n a l e m e n t il est soustrait à la circulation plus d'argent qu'il n'y en a été j e t é . Le coton acheté 100 1st. est r e v e n d u 100 + 10 ou 110 /.st. La forme c o m p l è t e de ce m o u v e m e n t est d o n c A - M - A ' d a n s laquelle A' = A + ΔΑ, c'est-à-dire égale à la s o m m e p r i m i t i v e m e n t avancée plus un excédant. Cet e x c é d a n t ou ce surcroît, je l'appelle plus-value (en anglais surplus value). N o n s e u l e m e n t d o n c la valeur avancée se conserve d a n s la circulation; m a i s elle y change encore sa grandeur, y ajoute un plus, se fait valoir davantage, et c'est ce m o u v e m e n t qui la transforme en capital. Il se p e u t q u e les extrêmes M, M, de la circulation M - A - M , froment argent - h a b i t par exemple, soient aussi de valeur inégale. Le fermier p e u t vendre son froment au-dessus de sa valeur ou acheter l'habit au-dessous de la sienne. A son t o u r il p e u t être floué par le m a r c h a n d d'habits. M a i s l'inégalité des valeurs échangées n'est q u ' u n accident p o u r cette forme de circulation. Son caractère n o r m a l , c'est l'équivalence de ses d e u x extrêmes, laquelle au contraire enlèverait tout sens au m o u v e m e n t A - M - A . Le r e n o u v e l l e m e n t ou la répétition de la vente de m a r c h a n d i s e s p o u r l'achat d'autres m a r c h a n d i s e s rencontre, en dehors de la circulation, u n e lim i t e d a n s la c o n s o m m a t i o n , dans la satisfaction de besoins d é t e r m i n é s . D a n s l'achat pour la vente, au contraire, le c o m m e n c e m e n t et la fin sont u n e seule et m ê m e chose, argent, valeur d'échange, et cette identité m ê m e de ses d e u x termes extrêmes fait q u e le m o u v e m e n t n ' a pas de fin. Il est 4
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« O n n ' é c h a n g e p a s d e l'argent c o n t r e d e l ' a r g e n t » crie M e r c i e r d e l a R i v i è r e a u x m e r c a n t i listes (1. c. p. 486). V o i c i ce q u ' o n lit d a n s un ouvrage q u i t r a i t e ex professo du commerce et de la spéculation: « T o u t c o m m e r c e c o n s i s t e d a n s l ' é c h a n g e de c h o s e s d ' e s p è c e différente; et le profit (pour le m a r c h a n d ? ) p r o v i e n t p r é c i s é m e n t de c e t t e différence. Il n ' y a u r a i t a u c u n profit à é c h a n g e r u n e livre de p a i n c o n t r e u n e livre de p a i n . . . . c'est ce q u i e x p l i q u e le c o n t r a s t e a v a n t a g e u x q u i existe e n t r e le commerce et le jeu, ce d e r n i e r n ' é t a n t q u e l'échange d'argent contre argent» (Th. C o r b e t : An Inquiry into the Causes and Modes of the Wealth of Individuals; or the Principles of Trade and Speculation explained. L o n d o n 1841). B i e n q u e C o r b e t ne voie pas q u e A - A , l ' é c h a n g e d ' a r g e n t c o n t r e argent, est l a forme d e c i r c u l a t i o n c a r a c t é r i s t i q u e n o n s e u l e m e n t du capital commercial, m a i s e n c o r e de tout capital, il a d m e t c e p e n d a n t q u e cette f o r m e d ' u n g e n r e de c o m m e r c e particulier, de la spéculation, est la forme du jeu; m a i s e n s u i t e vient M a c C u l l o c h , q u i t r o u v e qu'acheter pour vendre, c'est spéculer, et q u i fait t o m b e r ainsi t o u t e différence e n t r e l a s p é c u l a t i o n e t l e c o m m e r c e : « T o u t e t r a n s a c t i o n d a n s laquelle u n i n d i v i d u a c h è t e des p r o d u i t s p o u r les r e v e n d r e , est en fait u n e s p é c u l a t i o n . » ( M a c C u l l o c h : A Dictionary practical, etc. of Commerce. L o n d o n , 1847, p. 1058.) B i e n p l u s n a ï f s a n s c o n t r e d i t est P i n t o , le P i n d a r e de la b o u r s e d ' A m s t e r d a m : «Le commerce est un jeu ( p r o p o s i t i o n e m p r u n t é e à Locke) ; et ce n ' e s t p a s avec d e s g u e u x q u ' o n p e u t gagner. Si l ' o n g a g n a i t l o n g t e m p s en t o u t avec t o u s , i l faudrait r e n d r e d e b o n a c c o r d les p l u s g r a n d e s parties d u profit, p o u r r e c o m m e n cer le j e u . » ( P i n t o : Traité de la Circulation et du Crédit. A m s t e r d a m , 1 7 7 1 , p. 231.)
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital vrai q u e A est devenu A + ΔΑ, q u e n o u s avons 100 + 10 /. st., au lieu de 100; m a i s sous le r a p p o r t de la qualité, 110 /.st. sont la m ê m e chose q u e 100 /. st., c'est-à-dire argent, et sous le rapport de la q u a n t i t é , la p r e m i è r e s o m m e n ' e s t q u ' u n e valeur limitée aussi b i e n q u e la s e c o n d e . Si les 100 /. st. sont dépensées c o m m e argent, elles c h a n g e n t aussitôt de rôle et 5 cessent de fonctionner c o m m e capital. Si elles sont dérobées à la circulation, elles se pétrifient sous forme trésor et ne grossiront pas d ' u n Hard q u a n d elles d o r m i r a i e n t là j u s q u ' a u j u g e m e n t dernier. D è s q u e l ' a u g m e n t a t i o n q u a n d m ê m e de la valeur forme d o n c le b u t final du m o u v e m e n t , 110 /.st. ressentent le m ê m e besoin de s'accroître q u e 100 /.st. 10 La valeur p r i m i t i v e m e n t avancée se distingue bien, il est vrai, p o u r un instant, de la plus-value q u i s'ajoute à elle d a n s la circulation; m a i s cette distinction s'évanouit aussitôt. Ce qui, finalement, sort de la circulation, ce n'est pas d ' u n côté la valeur p r e m i è r e de 100 /.st., et de l'autre la plus-value de 10 /. st.; c'est u n e valeur de 110 /. st., laquelle se trouve d a n s la m ê m e 15 forme et les m ê m e s c o n d i t i o n s q u e les 100 premières /. st., prête à r e c o m m e n c e r l e m ê m e j e u . L e dernier t e r m e d e c h a q u e cercle A - M - A , a c h e t e r p o u r vendre, est le p r e m i e r t e r m e d ' u n e nouvelle circulation du m ê m e genre. La circulation s i m p l e - vendre p o u r a c h e t e r - ne sert q u e de m o y e n d'atteindre u n b u t situé e n dehors d'elle-même, c'est-à-dire l'appropriation 2 0 de valeurs d'usage, de choses propres à satisfaire des besoins d é t e r m i n é s . La circulation de l'argent c o m m e capital possède au contraire s o n b u t en e l l e - m ê m e ; car ce n'est q u e par ce m o u v e m e n t toujours renouvelé q u e la valeur c o n t i n u e à se faire valoir. Le m o u v e m e n t du capital n ' a d o n c pas de limites .1 25 5
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« L e capital se divise en d e u x p a r t i e s , le c a p i t a l p r i m i t i f et le gain, le surcroît du c a p i t a l . . . M a i s d a n s l a p r a t i q u e l e g a i n est r é u n i d e n o u v e a u a u capital e t m i s e n c i r c u l a t i o n avec l u i . » ( F . E n g e l s : Umrisse zu einer Kritik der Nationalœconomie d a n s les Deutsch-Französische Jahrbücher, herausgegeben von Arnold Rüge und Karl Marx, Paris, 1844, p. 99.) Aristote o p p o s e ΓÉconomique à la Chrématistique. La p r e m i è r e est s o n p o i n t de d é p a r t . En t a n t q u ' e l l e est l'art d ' a c q u é r i r , elle se b o r n e à p r o c u r e r les b i e n s n é c e s s a i r e s à la vie et u t i l e s soit au foyer d o m e s t i q u e , soit à l ' É t a t . « L a vraie r i c h e s s e (ό α λ η θ ι ν ό ς π λ ο ύ τ ο ς ) c o n s i s t e en des va leurs d ' u s a g e de ce g e n r e , c a r la q u a n t i t é des c h o s e s q u i p e u v e n t suffire p o u r r e n d r e la vie h e u r e u s e n ' e s t pas illimitée. M a i s i l est u n a u t r e art d ' a c q u é r i r a u q u e l o n p e u t d o n n e r à j u s t e titre le n o m de Chrématistique, q u i fait q u ' i l s e m b l e n ' y avoir a u c u n e l i m i t e à la r i c h e s s e et à la possession. Le c o m m e r c e des marchandises (ή κ α π η λ ι κ ή , m o t à m o t c o m m e r c e de détail, et A r i s t o t e a d o p t e cette f o r m e p a r c e q u e la v a l e u r d ' u s a g e y p r é d o m i n e ) n ' a p p a r t i e n t p a s de sa n a t u r e à la C h r é m a t i s t i q u e , p a r c e q u e l ' é c h a n g e n ' y a en v u e q u e ce q u i est n é c e s s a i r e a u x a c h e t e u r s et a u x v e n d e u r s . » P l u s loin il d é m o n t r e q u e le troc a été la f o r m e p r i m i t i v e du c o m m e r c e , m a i s q u e son e x t e n s i o n a fait n a î t r e l'argent. A p a r t i r de la d é c o u v e r t e de l'argent l ' é c h a n g e d u t n é c e s s a i r e m e n t s e développer, d e v e n i r κ α π η λ ι κ ή o u c o m m e r c e d e m a r c h a n dises, e t celui-ci, e n c o n t r a d i c t i o n avec s a t e n d a n c e p r e m i è r e , s e t r a n s f o r m a e n C h r é m a t i s t i q u e o u e n art d e faire d e l'argent. L a C h r é m a t i s t i q u e s e d i s t i n g u e d e l ' É c o n o m i q u e e n c e s e n s , q u e , « p o u r elle la c i r c u l a t i o n est la s o u r c e de la r i c h e s s e ( π ο ι η τ ι κ ή χ ρ η μ ά τ ω ν . . . . δια χ ρ η μ ά τ ω ν μ ε τ α β ο λ ή ς ) , e t elle s e m b l e pivoter a u t o u r d e l'argent, car l'argent est l e c o m m e n c e 6
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Chapitre IV · La formule générale du capital
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|64| C'est c o m m e représentant, c o m m e support c o n s c i e n t de ce m o u v e m e n t que le possesseur d'argent devient capitaliste. Sa p e r s o n n e , ou p l u t ô t sa poche, est le p o i n t de départ de l'argent et son p o i n t de retour. Le c o n t e n u objectif de la circulation A-M-A', c'est-à-dire la plus-value q u ' e n fante la valeur, tel est son b u t subjectif, i n t i m e . Ce n ' e s t q u ' a u t a n t q u e l'appropriation toujours croissante de la richesse abstraite est le seul m o t i f dét e r m i n a n t de ses opérations, qu'il fonctionne c o m m e capitaliste ou, si l'on veut, c o m m e capital personnifié, d o u é de conscience et de volonté. La valeur d'usage n e doit d o n c j a m a i s être considérée c o m m e l e b u t i m m é d i a t 7
du capitaliste, pas plus q u e le gain isolé , m a i s b i e n le m o u v e m e n t incessant du gain toujours renouvelé. Cette t e n d a n c e absolue à l'enrichissem e n t , cette chasse p a s s i o n n é e à la valeur d ' é c h a n g e , lui sont c o m m u n e s avec le thésauriseur. M a i s t a n d i s que celui-ci n ' e s t q u ' u n capitaliste m a n i a q u e , le capitaliste est un thésauriseur r a t i o n n e l . La vie éternelle de la va8
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leur q u e le t h é s a u r i s e u r croit s'assurer en sauvant l'argent des dangers de la c i r c u l a t i o n , plus habile, le capitaliste la gagne en l a n ç a n t toujours de n o u veau l'argent d a n s la c i r c u l a t i o n . 9
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Les formes i n d é p e n d a n t e s , c'est-à-dire les formes argent ou m o n n a i e q u e revêt la valeur des m a r c h a n d i s e s d a n s la circulation simple, servent s e u l e m e n t d ' i n t e r m é d i a i r e p o u r l'échange des produits et disparaissent d a n s le résultat final du m o u v e m e n t . D a n s la circulation A - M - A ' , au contraire, m a r c h a n d i s e et argent ne f o n c t i o n n e n t l'une et l'autre q u e c o m m e des formes différentes de la valeur e l l e - m ê m e , de m a n i è r e q u e l ' u n m e n t et la fin de c e g e n r e d ' é c h a n g e (το γ ά ρ ν ό μ ι σ μ α στονχείον και π έ ρ α ς τ η ς αλλαγής έστ ί ν ) . C'est p o u r q u o i a u s s i la r i c h e s s e , telle q u e l'a en v u e la C h r é m a t i s t i q u e , est i l l i m i t é e . De m ê m e q u e t o u t art q u i a s o n b u t e n l u i - m ê m e , p e u t être dit infini d a n s s a t e n d a n c e , p a r c e q u ' i l c h e r c h e t o u j o u r s à s ' a p p r o c h e r de plus en p l u s de ce b u t , à la différence d e s arts d o n t le b u t t o u t e x t é r i e u r est vite a t t e i n t , d e m ê m e l a C h r é m a t i s t i q u e est infinie d e s a n a t u r e , car c e q u ' e l l e p o u r s u i t est l a r i c h e s s e a b s o l u e . L ' É c o n o m i q u e est l i m i t é e , l a C h r é m a t i s t i q u e , n o n ; l a p r e m i è r e se p r o p o s e a u t r e c h o s e q u e l'argent, la s e c o n d e p o u r s u i t s o n a u g m e n t a t i o n . C'est p o u r avoir c o n f o n d u ces d e u x formes q u e q u e l q u e s - u n s o n t cru à tort q u e l ' a c q u i s i t i o n de l'arg e n t et s o n a c c r o i s s e m e n t à l'infini é t a i e n t le b u t final de l ' É c o n o m i q u e . » (Aristoteles: De Rep. edit. Bekker, lib. I, c. 8 et 9, p a s s i m . ) « L e m a r c h a n d ne c o m p t e p o u r r i e n le b é n é f i c e p r é s e n t ; il a toujours en v u e le b é n é f i c e fut u r . » ( A . G e n o v e s i : Lezioni di Economia civile (1765), édit. d e s é c o n o m i s t e s i t a l i e n s de Custodi, parte moderna, t. VIII, p . 139.) 7
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« L a soif i n s a t i a b l e du g a i n , Vauri sacra fames caractérise t o u j o u r s le c a p i t a l i s t e . » ( M a c Cull o c h : The Principles of Politic. Econ. L o n d o n , 1830, p. 163.) Cet a p h o r i s m e n ' e m p ê c h e p a s n a t u r e l l e m e n t le susdit M a c C u l l o c h et c o n s o r t s , à p r o p o s de difficultés t h é o r i q u e s , q u a n d il s'agit p a r e x e m p l e de t r a i t e r la q u e s t i o n de l ' e n c o m b r e m e n t du m a r c h é , de t r a n s f o r m e r le capitaliste e n u n b o n c i t o y e n q u i n e s'intéresse q u ' à l a v a l e u r d ' u s a g e , e t q u i m ê m e a u n e vraie f a i m d'ogre p o u r les œ u f s , le c o t o n , les c h a p e a u x , les b o t t e s et u n e foule d ' a u t r e s articles o r d i naires. « Σ ώ ζ ε ι ν » , sauver, est u n e des e x p r e s s i o n s c a r a c t é r i s t i q u e s des G r e c s p o u r l e m a n i e d e t h é sauriser. De m ê m e le m o t anglais to save signifie « s a u v e r » et « é p a r g n e r » . « C e t infini q u e les c h o s e s n ' a t t e i g n e n t pas d a n s l a progression, elles l ' a t t e i g n e n t d a n s l a r o t a t i o n . » (Galiani.) 9
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital en est la forme générale, l'autre la forme particulière, et, p o u r ainsi dire, d i s s i m u l é e . La valeur passe c o n s t a m m e n t d ' u n e forme à l'autre sans se perdre dans ce m o u v e m e n t . Si l'on s'arrête soit à l'une soit à l'autre de ces formes, d a n s lesquelles elle se manifeste tour à tour, on arrive a u x d e u x définitions : le capital est argent, le capital est m a r c h a n d i s e ; m a i s en fait la 5 valeur se présente ici c o m m e u n e substance a u t o m a t i q u e , d o u é e d ' u n e vie propre qui tout en é c h a n g e a n t ses formes sans cesse, c h a n g e aussi de grandeur, et s p o n t a n é m e n t , en tant q u e valeur m è r e , produit u n e pousse n o u velle, u n e plus-value, et finalement s'accroît par sa propre vertu. En un mot, la valeur semble avoir acquis la propriété occulte d'enfanter de la va- 10 leur parce qu'elle est valeur, de faire des petits ou du m o i n s de p o n d r e des œufs d'or. 11
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C o m m e la valeur, d e v e n u e capital, subit des c h a n g e m e n t s c o n t i n u e l s d'aspect et de grandeur, il lui faut avant t o u t u n e forme propre au m o y e n de laquelle son identité avec elle-même soit constatée. Et cette forme propre elle ne la possède q u e d a n s l'argent. C'est sous la forme argent qu'elle c o m m e n c e , t e r m i n e , et r e c o m m e n c e son procédé de g é n é r a t i o n s p o n t a n é e . Elle était 100 /.st., elle est m a i n t e n a n t 110 /.st., et ainsi de suite. M a i s l'argent l u i - m ê m e n'est ici q u ' u n e forme de la valeur, car celle-ci en a deux. Q u e la forme m a r c h a n d i s e soit m i s e de côté et l'argent ne devient pas capital. C'est le c h a n g e m e n t de place par d e u x fois de la m ê m e m a r c h a n d i s e : p r e m i è r e m e n t dans l'achat où elle remplace l'argent avancé, s e c o n d e m e n t d a n s la vente où l'argent est repris de n o u v e a u ; c'est ce d o u b l e déplacem e n t seul q u i o c c a s i o n n e le reflux de l'argent à son point de départ et de plus d'argent qu'il n ' e n avait été jeté dans la circulation. L'argent n ' a d o n c point ici u n e attitude hostile, vis-à-vis de la m a r c h a n d i s e , c o m m e c'est le cas chez le thésauriseur. Le capitaliste sait fort b i e n q u e toutes les m a r chandises, quelles q u e soient leur apparence et leur odeur, sont « d a n s la foi et d a n s la vérité» de l'argent, et de plus des i n s t r u m e n t s merveilleux p o u r faire de l'argent. N o u s avons vu que, d a n s la circulation simple, il s'accomplit u n e séparation formelle entre les m a r c h a n d i s e s et leur valeur q u i se pose en face d'elles sous l'aspect argent. M a i n t e n a n t la valeur se présente t o u t à c o u p c o m m e u n e substance m o t r i c e d'elle-même, e t pour laquelle m a r c h a n d i s e et argent ne sont q u e de pures formes. Bien plus, au ||65| lieu de représenter des rapports entre m a r c h a n d i s e s , elle entre, pour ainsi dire, en rapport privé avec s o i - m ê m e . Elle distingue en soi sa valeur primitive de sa plus-va-
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« C e n ' e s t pas l a m a t i è r e q u i fait l e capital, m a i s l a v a l e u r d e ces m a t i è r e s . » ( J . B . S a y : Traité de l'Économie politique, 3 édit., Paris, 1817, t. I I , p. 429.) « L ' a r g e n t (currency!) e m p l o y é d a n s u n b u t d e p r o d u c t i o n est c a p i t a l . » ( M a c L e o d : The Theory and practice of Banking. L o n d o n , 1855, v. I, c. 1.) « L e c a p i t a l est m a r c h a n d i s e . » ( J a m e s M i l l : Elements of Pol. Econ. L o n d o n , 1 8 2 1 , p. 74.) e
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Chapitre V · Contradictions de la formule générale du capital
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lue, de la m ê m e façon q u e D i e u distingue en sa p e r s o n n e le père et le fils, et q u e t o u s les d e u x ne font q u ' u n et sont du m ê m e âge, car ce n ' e s t que par la plus-value de 10 1st. que les 100 premières 1st. avancées d e v i e n n e n t capital ; et dès q u e cela est accompli, dès q u e le fils a été e n g e n d r é par le père et r é c i p r o q u e m e n t , t o u t e différence s'évanouit et il n'y a plus q u ' u n seul ê t r e : 110 liv. sterling. La valeur devient d o n c valeur progressive, argent toujours b o u r g e o n n a n t , poussant, et c o m m e tel capital. Elle sort de la circulation, y revient, s'y m a i n t i e n t et s'y multiplie, en sort de n o u v e a u accrue et r e c o m m e n c e sans cesse la m ê m e r o t a t i o n . Α-A' argent q u i p o n d de l'argent, m o n n a i e q u i fait des petits - money which begets money - telle est aussi la définition du capital dans la b o u c h e de ses premiers interprètes, les m e r c a n t i listes. 13
A c h e t e r p o u r vendre, ou m i e u x , acheter p o u r vendre plus cher, A-M-A', voilà u n e forme q u i ne semble propre q u ' à u n e seule espèce de capital, au capital c o m m e r c i a l . M a i s le capital industriel est aussi de l'argent q u i se transforme en m a r c h a n d i s e et par la vente de cette dernière se retransforme en plus d'argent. Ce q u i se passe entre l'achat et la vente, en dehors de la sphère de circulation, ne change r i e n à cette forme de m o u v e m e n t . Enfin, par rapport au capital usuraire, la forme A - M - A ' est r é d u i t e à ses d e u x extrêmes sans t e r m e m o y e n ; elle se r é s u m e en style lapidaire, en A-A', argent qui vaut plus d'argent, valeur qui est plus g r a n d e q u ' e l l e - m ê m e . A - M - A ' est d o n c r é e l l e m e n t la formule générale -du capital, tel q u ' i l se m o n t r e d a n s la circulation. |
|66| CHAPITRE V Contradictions de la formule générale du capital
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La forme de circulation par laquelle l'argent se m é t a m o r p h o s e en capital contredit toutes les lois développées j u s q u ' i c i sur la n a t u r e de la m a r c h a n dise, de la valeur, de l'argent et de la circulation e l l e - m ê m e . Ce q u i distingue la circulation du capital de la circulation simple, c'est l'ordre de succession inverse des d e u x m ê m e s phases opposées, vente et achat. C o m m e n t cette différence p u r e m e n t formelle pourrait-elle opérer d a n s la n a t u r e m ê m e d e ces p h é n o m è n e s u n c h a n g e m e n t aussi m a g i q u e ? Ce n'est pas tout. L'inversion des phases c o m p l é m e n t a i r e s n ' e x i s t e que p o u r u n seul des trois « a m i s d u c o m m e r c e » qui trafiquent e n s e m b l e . 13
«Capital v a l e u r p e r m a n e n t e q u i se m u l t i p l i e s a n s c e s s e . » ( S i s m o n d i : Nouveaux principes de l'écon. polit, 1.1, p. 88, 89.)
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Deuxième section · La transformation de l'argent en capital C o m m e capitaliste, j ' a c h è t e de A u n e m a r c h a n d i s e q u e je vends à B, t a n d i s que, c o m m e simple échangiste, je vends de la m a r c h a n d i s e à B et en achète de A. A et B n'y font pas de distinction. Ils f o n c t i o n n e n t s e u l e m e n t c o m m e acheteurs ou vendeurs. En face d'eux, je suis m o i - m ê m e ou simple possesseur d'argent ou simple possesseur de m a r c h a n d i s e , et, à vrai dire, d a n s les d e u x séries de transactions, je fais toujours face à u n e p e r s o n n e c o m m e acheteur, à u n e autre c o m m e vendeur, au premier c o m m e argent, au second c o m m e m a r c h a n d i s e . P o u r a u c u n d'eux j e n e suis n i capital, n i capitaliste, ni représentant de n ' i m p o r t e q u o i de supérieur à la m a r c h a n d i s e ou à l'argent. A m o n point de vue, m o n achat de A et ma vente à B c o n s t i t u e n t u n e série, m a i s l ' e n c h a î n e m e n t de ces termes n'existe q u e p o u r m o i . A ne s'inquiète point de ma transaction avec B, ni B de ma transaction avec A. Si j ' e n t r e p r e n a i s de leur d é m o n t r e r le mérite particulier q u e je me suis acquis par le renversement de l'ordre des termes, ils me prouveraient q u ' e n cela m ê m e je suis dans l'erreur, que la transaction totale n ' a pas c o m m e n c é par u n achat e t fini par u n e vente, m a i s tout a u contraire. E n réalité, m o n premier acte, l'achat, était au point de vue de A, u n e vente, et m o n second acte, la vente, était, au point de vue de B, un achat. N o n contents de cela, A et B finiront par déclarer q u e l'ensemble de la transaction n ' a été q u ' u n e simagrée, et désormais le premier vendra d i r e c t e m e n t au second, et le second achètera d i r e c t e m e n t du premier. T o u t se réduit alors à un seul acte de circulation ordinaire, simple vente du point de vue de A et simple achat du point de vue de B. Le renversement de l'ordre de succession de ses phases ne n o u s a d o n c pas fait dépasser la sphère de la circulation des m a r chandises, et il n o u s reste forcément à e x a m i n e r si, par sa n a t u r e , elle perm e t un accroissement des valeurs qui y entrent, c'est-à-dire la formation d ' u n e plus-value.
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Prenons le p h é n o m è n e de la circulation d a n s u n e forme sous laquelle il se présente c o m m e simple échange de m a r c h a n d i s e s . Cela arrive toutes les fois que deux producteurs-échangistes achètent l'un de l'autre et q u e leurs 30 créances réciproques s ' a n n u l e n t au j o u r de l'échéance. L'argent n'y entre qu'idéale||67|ment c o m m e m o n n a i e de c o m p t e pour exprimer les valeurs des m a r c h a n d i s e s par leurs prix. Dès qu'il s'agit de la valeur d'usage, il est clair que nos échangistes p e u v e n t gagner tous les deux. T o u s d e u x a l i è n e n t des produits q u i ne leur sont d ' a u c u n e utilité et en a c q u i è r e n t d'autres 35 d o n t ils ont besoin. De plus, A qui vend du vin et achète du blé p r o d u i t peut-être plus de vin que n ' e n pourrait produire B d a n s le m ê m e t e m p s de travail, et B dans le m ê m e temps de travail plus de blé q u e n ' e n pourrait produire A. Le p r e m i e r obtient ainsi p o u r la m ê m e valeur d ' é c h a n g e plus de blé et le second plus de vin q u e si c h a c u n des deux, d a n s échange, était 40 obligé de produire p o u r l u i - m ê m e les d e u x objets de c o n s o m m a t i o n . S'il
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Chapitre V • Contradictions de la formule générale du capital est question de la valeur d'usage, on est d o n c fondé à dire que « l ' é c h a n g e est u n e transaction d a n s laquelle on gagne des d e u x c ô t é s » . Il n ' e n est plus d e m ê m e p o u r l a valeur d'échange. « U n h o m m e qui possède b e a u c o u p de vin et p e u de blé, c o m m e r c e avec un autre h o m m e qui a b e a u c o u p de blé et point de vin : entre eux se fait un échange d ' u n e valeur de 50 en blé, contre 50 en vin. Cet échange n'est accroissement de richesses ni pour l'un ni pour l'autre ; car c h a c u n d'eux, avant l'échange, possédait u n e valeur égale à celle qu'il s'est procurée par ce m o y e n . » Q u e l'argent, c o m m e i n s t r u m e n t de circulation, serve d'intermédiaire entre les m a r c h a n d i s e s , et que les actes de la vente et de l'achat soient ainsi séparés, cela ne change pas la q u e s t i o n . La valeur est exprimée d a n s les prix des m a r c h a n d i s e s avant qu'elles e n t r e n t dans la circulation, au lieu d'en r é s u l t e r . Si on fait abstraction des circonstances accidentelles qui ne p r o v i e n n e n t point des lois i m m a n e n t e s à la circulation, il ne s'y passe, en dehors du r e m p l a c e m e n t d ' u n p r o d u i t utile par un autre, rien autre chose q u ' u n e m é t a m o r p h o s e ou un simple c h a n g e m e n t de forme de la m a r c h a n d i s e . La m ê m e valeur, c'est-à-dire le m ê m e quantum de travail social réalisé, reste toujours dans la m a i n du m ê m e échangiste, q u o i q u ' i l la t i e n n e t o u r à tour sous la forme de son propre produit, de l'argent, et du produit d'autrui. Ce c h a n g e m e n t de forme n ' e n t r a î n e a u c u n c h a n g e m e n t de la q u a n t i t é de valeur. Le seul c h a n g e m e n t q u ' é p r o u v e la valeur de la m a r c h a n d i s e se b o r n e à un c h a n g e m e n t de sa forme argent. Elle se présente d'abord c o m m e prix de la m a r c h a n d i s e offerte à la vente, puis c o m m e la m ê m e s o m m e d'argent exprimée dans ce prix, enfin c o m m e prix d ' u n e m a r c h a n d i s e équivalente. Ce c h a n g e m e n t de forme n'affecte pas plus la q u a n t i t é de valeur que ne le ferait le c h a n g e d ' u n billet de cent francs contre quatre louis, q u a t r e pièces de cent sous et cinq francs. Or, c o m m e la circulation, par rapport à la valeur des m a r c h a n d i s e s , n ' i m p l i q u e q u ' u n c h a n g e m e n t de forme, il n ' e n p e u t résulter q u ' u n échange d'équivalents. C'est p o u r q u o i m ê m e l'économ i e vulgaire, toutes les fois qu'elle veut étudier le p h é n o m è n e d a n s son intégrité, suppose toujours que l'offre et la d e m a n d e s'équilibrent, c'est-àdire que leur effet sur la valeur est n u l . Si d o n c , par rapport à la valeur d'usage, les d e u x échangistes peuvent gagner, ils ne peuvent pas gagner tous d e u x par rapport à la valeur d'échange. Ici s'applique, au contraire, le 14
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« L ' é c h a n g e est u n e t r a n s a c t i o n a d m i r a b l e d a n s laquelle les d e u x c o n t r a c t a n t s g a g n e n t t o u j o u r s (!).» ( D e s t u t t de T r a c y : Traité de la volonté et de ses effets. Paris 1826, p. 68.). Ce livre a p a r u plus t a r d s o u s le titre de Traité de l'Éc. pol. M e r c i e r de la Rivière, 1. c. p. 544. « Q u e l ' u n e d e ces d e u x valeurs soit argent, o u qu'elles soient t o u t e s d e u x m a r c h a n d i s e s usuelles, r i e n de plus indifférent en soi.» ( M e r c i e r de la Rivière, I.e. p. 543.) « C e n e s o n t pas les c o n t r a c t a n t s q u i p r o n o n c e n t sur l a v a l e u r ; elle est d é c i d é e a v a n t l a c o n v e n t i o n . » (Le T r o s n e , p. 906.) 15
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital 18
d i c t o n : « L à où il y a égalité, il n'y a pas de l u c r e . » Des m a r c h a n d i s e s peuvent b i e n être v e n d u e s à des prix qui s'écartent de leurs valeurs ; m a i s cet écart apparaît c o m m e u n e infraction de la loi de l ' é c h a n g e . D a n s sa forme n o r m a l e , l'échange des m a r c h a n d i s e s est un é c h a n g e d'équivalents, et ne p e u t être par c o n s é q u e n t un m o y e n de bénéficier . 19
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Les tentatives faites p o u r d é m o n t r e r q u e la circulation des m a r c h a n d i s e s est source de plus-value, trahissent presque toujours chez leurs a u t e u r s un quiproquo, u n e confusion entre la valeur d'usage et la valeur d'échange, tém o i n C o n d i l l a c : «Il est faux, dit cet écrivain, que d a n s les échanges, on d o n n e valeur égale p o u r valeur égale. Au contraire, c h a c u n des contrac- 10 tants en d o n n e toujours u n e m o i n d r e pour u n e plus g r a n d e . En effet si on échangeait toujours valeur égale p o u r valeur égale, il n'y aurait de gain à faire p o u r a u c u n des contractants. Or, tous les d e u x en font ou en devraient faire. P o u r q u o i ? C'est q u e les choses n ' a y a n t q u ' u n e valeur relative à n o s besoins, ce q u i est plus p o u r l'un, est m o i n s p o u r l'autre, et r é c i p r o q u e - 15 m e n t . . . . Ce ne sont pas les choses nécessaires à n o t r e c o n s o m m a t i o n q u e n o u s s o m m e s censés m e t t r e en vente : c'est notre s u r a b o n d a n t . N o u s voulons livrer u n e chose q u i n o u s est inutile, p o u r n o u s en p r o c u r e r u n e q u i n o u s est nécessaire . . . . Il fut n a t u r e l de juger q u ' o n d o n n a i t d a n s les échanges, valeur égale p o u r valeur égale toutes les fois q u e les choses q u ' o n 20 échangeait étaient estimées égales en valeur c h a c u n e à u n e m ê m e q u a n t i t é d'argent. Il y a encore u n e considération qui doit entrer d a n s le calcul, c'est d e savoir s i n o u s é c h a n g e o n s tous d e u x u n s u r a b o n d a n t p o u r u n e chose n é c e s s a i r e . » N o n - s e u l e m e n t Condillac confond l'une avec l'autre, valeur d'usage et valeur d'échange, m a i s encore il suppose avec u n e simplicité en25 fantine, q u e dans u n e société fondée sur la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e , le prod u c t e u r doit produire ses propres m o y e n s de subsistance, et ne jeter d a n s la circulation q u e ce qui dépasse ses besoins personnels, le superflu . On trouve n é a n | | 6 8 | m o i n s l ' a r g u m e n t de Condillac souvent reproduit par des 21
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«Dove è egualità non è lucro» ( G a l i a n i : Della moneta. - Custodi, parte moderna, t. IV, p. 244.) « L ' é c h a n g e devient d é s a v a n t a g e u x p o u r l ' u n e des parties, l o r s q u e q u e l q u e chose é t r a n g è r e v i e n t d i m i n u e r ou exagérer le p r i x : alors l'égalité est blessée, m a i s la lésion p r o c è d e de cette c a u s e et n o n de l'échange. » (Le T r o s n e , 1. c. p. 904.) « L ' é c h a n g e est d e s a n a t u r e u n c o n t r a t d'égalité q u i s e fait d e v a l e u r p o u r valeur égale. I l n ' e s t d o n c pas u n m o y e n d e s'enrichir, p u i s q u e l'on d o n n e a u t a n t q u e l'on r e ç o i t . » (Le T r o s n e , L e . p. 903 [, 904].) C o n d i l l a c : Le commerce et le gouvernement (1776), édit. D a i r e et M o l i n a r i , d a n s les Mélanges d'économie politique, Paris, 1847, p. 267 [, 291].) L e T r o s n e r é p o n d avec b e a u c o u p d e j u s t e s s e à son a m i C o n d i l l a c : « D a n s l a société f o r m é e , il n ' y a p a s de s u r a b o n d a n t en a u c u n genre. » En m ê m e t e m p s il le t a q u i n e en l u i faisant r e m a r q u e r q u e : « Si les d e u x é c h a n g i s t e s r e ç o i v e n t é g a l e m e n t plus p o u r é g a l e m e n t m o i n s , ils reçoivent t o u s d e u x a u t a n t l ' u n q u e l ' a u t r e . » C'est p a r c e q u e C o n d i l l a c n ' a p a s l a m o i n d r e i d é e de la n a t u r e de la valeur d ' é c h a n g e q u e le professeur R o s c h e r l'a pris p o u r p a t r o n de ses p r o pres n o t i o n s e n f a n t i n e s . V. s o n l i v r e : Die Grundlagen der Nationalökonomie, 3 édit. 1858.
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Chapitre V • Contradictions de la formule générale du capital économistes m o d e r n e s , q u a n d ils essayent de prouver q u e la forme développée de l'échange, c'est-à-dire le c o m m e r c e , est u n e source de plus-val u e . . . . « L e c o m m e r c e , est-il dit, par exemple, ajoute de la valeur aux produits, car ces derniers o n t plus de valeur d a n s les m a i n s du c o n s o m m a t e u r 5 q u e dans celles du producteur, on doit d o n c le considérer r i g o u r e u s e m e n t (strictly) c o m m e un acte de p r o d u c t i o n . » M a i s on ne paye pas les m a r chandises d e u x fois, u n e fois leur valeur d'usage et l'autre fois leur valeur d'échange. Et si la valeur d'usage de la m a r c h a n d i s e est plus utile à l'acheteur q u ' a u vendeur, sa forme argent est plus utile au v e n d e u r q u ' à l'ache10 teur. Sans cela la vendrait-il? On pourrait d o n c dire tout aussi b i e n q u e l'acheteur accomplit rigoureusement un acte de production, q u a n d il transforme par exemple les chaussettes du b o n n e t i e r en m o n n a i e . T a n t q u e des m a r c h a n d i s e s , ou des m a r c h a n d i s e s et de l'argent de valeur égale, c'est-à-dire des équivalents, sont échangés, il est évident q u e per15 sonne ne tire de la circulation plus de valeur qu'il n'y en m e t . Alors a u c u n e formation de plus-value ne p e u t avoir lieu. M a i s q u o i q u e la circulation sous sa forme p u r e n ' a d m e t t e d'échange q u ' e n t r e équivalents, on sait b i e n que dans la réalité les choses se passent rien m o i n s que p u r e m e n t . Supposons d o n c qu'il y ait échange entre non-équivalents. 20 D a n s tous les cas il n'y a sur le m a r c h é qu'échangiste en face d ' é c h a n giste et la p u i s s a n c e q u ' e x e r c e n t ces personnages les u n s sur les autres n'est que la puissance de leurs m a r c h a n d i s e s . La différence matérielle qui existe entre ces dernières est le motif matériel de l'échange et place les é c h a n gistes en un rapport de d é p e n d a n c e réciproque les u n s avec les autres, en 25 ce sens q u ' a u c u n d ' e u x n ' a entre les m a i n s l'objet d o n t il a besoin et q u e c h a c u n d'eux possède l'objet des besoins d'autrui. A part cette différence entre leurs utilités, il n ' e n existe plus q u ' u n e autre entre les m a r c h a n d i s e s , la différence entre leur forme naturelle et leur forme valeur, l'argent. De m ê m e les échangistes ne se distinguent entre eux q u ' à ce seul p o i n t de 30 v u e : les u n s sont vendeurs, possesseurs de m a r c h a n d i s e s , les autres a c h e teurs, possesseurs d'argent. A d m e t t o n s m a i n t e n a n t que, par on ne sait quel privilège mystérieux, il soit d o n n é au v e n d e u r de vendre sa m a r c h a n d i s e au-dessus de sa valeur, 110 par exemple q u a n d elle ne vaut q u e 100, c'est-à-dire avec un enchéris35 s è m e n t de 10 p. 100. Le v e n d e u r encaisse d o n c u n e plus-value de 10. M a i s après avoir été v e n d e u r il devient acheteur. Un troisième échangiste se présente à lui c o m m e v e n d e u r et j o u i t à son tour du privilège de vendre la m a r c h a n d i s e 10 p. 100 trop cher. N o t r e h o m m e a d o n c gagné 10 d ' u n côté p o u r perdre 10 de l ' a u t r e . Le résultat définitif est en réalité q u e tous les 23
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S . P . N e w m a n : Elements of pol. econ. Andover and New-York, 1835, p. 175. « L ' a u g m e n t a t i o n d e l a v a l e u r n o m i n a l e des p r o d u i t s n ' e n r i c h i t p a s les v e n d e u r s
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital échangistes se v e n d e n t r é c i p r o q u e m e n t leurs m a r c h a n d i s e s 10 p. 100 audessus de leur valeur, ce q u i est la m ê m e chose q u e s'ils les v e n d a i e n t à leur valeur réelle. U n e semblable hausse générale des prix produit le m ê m e effet q u e si les valeurs des m a r c h a n d i s e s , au lieu d'être estimées en or, l'étaient, par exemple, en argent. Leurs n o m s m o n é t a i r e s c'est-à-dire leurs 5 prix n o m i n a u x s'élèveraient, m a i s leurs rapports de valeur resteraient les mêmes. Supposons, au contraire, q u e ce soit le privilège de l'acheteur de payer les m a r c h a n d i s e s au-dessous de leur valeur. Il n'est pas m ê m e nécessaire ici de rappeler q u e l'acheteur redevient vendeur. Il était v e n d e u r avant de 10 devenir acheteur. Il a p e r d u déjà 10 p. 100 dans sa v e n t e : qu'il gagne 10 p. 100 dans son a c h a t et t o u t reste d a n s le m ê m e é t a t . La formation d ' u n e plus-value, et c o n s é q u e m m e n t la transformation de l'argent en capital, ne p e u v e n t d o n c provenir, ni de ce q u e les vendeurs v e n d e n t les m a r c h a n d i s e s au-dessus de ce qu'elles valent, ni de ce q u e les 15 acheteurs les achètent a u - d e s s o u s . Le p r o b l è m e n'est pas le m o i n s du m o n d e simplifié q u a n d on y introduit des considérations étrangères. Q u a n d on dit, par exemple, avec T o r r e n s : « L a d e m a n d e effective consiste d a n s le pouvoir et d a n s l'inclination (!) des c o n s o m m a t e u r s , que l'échange soit i m m é d i a t ou ait lieu par un i n t e r m é - 20 diaire, à d o n n e r p o u r les m a r c h a n d i s e s u n e certaine portion de t o u t ce qui compose le capital plus grande que ce que coûte leur p r o d u c t i o n . » Producteurs et c o n s o m m a t e u r s ne se présentent les u n s aux autres d a n s la circulation q u e c o m m e vendeurs et acheteurs. Soutenir que la plus-value résulte, pour les producteurs, de ce q u e les c o n s o m m a t e u r s p a y e n t les 25 m a r c h a n d i s e s plus cher qu'elles ne valent, c'est vouloir déguiser cette proposition: les échangistes ont, en tant q u e vendeurs, le privilège de vendre trop cher. Le v e n d e u r a p r o d u i t l u i - m ê m e la m a r c h a n d i s e ou il en représente le p r o d u c t e u r ; m a i s l'acheteur lui aussi, a produit la m a r c h a n d i s e convertie en argent, ou il tient la place de son producteur. Il y a d o n c aux 30 d e u x pôles des p r o d u c t e u r s ; ce qui les distingue, c'est q u e l'un achète et que l'autre vend. Q u e le possesseur de m a r c h a n d i s e s , sous le n o m de produc||69|teur, vende les m a r c h a n d i s e s plus qu'elles ne valent, et que, 25
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p u i s q u e ce qu'ils g a g n e n t c o m m e v e n d e u r s ils le p e r d e n t p r é c i s é m e n t en q u a l i t é d ' a c h e t e u r s . » (The essential principles of the wealth of nations, etc. L o n d o n , 1797, p. 66.) « S i l'on est forcé d e d o n n e r p o u r 1 8 livres u n e q u a n t i t é d e telle p r o d u c t i o n q u i e n valait 24, l o r s q u ' o n e m p l o y e r a ce m ê m e a r g e n t à acheter, on a u r a é g a l e m e n t p o u r 18 livres ce q u e l'on payait 24 livres.» (Le T r o s n e , I.e. p. 897.) « C h a q u e v e n d e u r n e p e u t d o n c p a r v e n i r à r e n c h é r i r h a b i t u e l l e m e n t ses m a r c h a n d i s e s , q u ' e n se s o u m e t t a n t aussi à payer h a b i t u e l l e m e n t plus cher les m a r c h a n d i s e s des a u t r e s vend e u r s ; e t par l a m ê m e raison, c h a q u e c o n s o m m a t e u r n e p e u t payer h a b i t u e l l e m e n t m o i n s c h e r ce q u ' i l a c h è t e , q u ' e n se s o u m e t t a n t aussi à u n e d i m i n u t i o n s e m b l a b l e sur le prix des choses q u ' i l v e n d . » (Mercier de la Rivière, I.e. p. 555.) R . T o r r e n s : An Essay on the Production of Wealth. L o n d o n , 1 8 2 1 , p. 349.
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Chapitre V · Contradictions de la formule générale du capital sous le n o m de c o n s o m m a t e u r , il les paye trop cher, cela ne fait pas faire un pas à la q u e s t i o n . Les défenseurs c o n s é q u e n t s de cette illusion, à savoir q u e la plus-value provient d ' u n e surélévation n o m i n a l e des prix, ou du privilège q u ' a u r a i t le 5 vendeur de vendre trop cher sa m a r c h a n d i s e , sont d o n c forcés d ' a d m e t t r e u n e classe q u i achète toujours et ne vend j a m a i s , ou q u i c o n s o m m e sans produire. Au point de vue où n o u s s o m m e s arrivés, celui de la circulation simple, l'existence d ' u n e pareille classe est encore inexplicable. M a i s antic i p o n s ! L'argent avec lequel u n e telle classe achète c o n s t a m m e n t , doit 10 c o n s t a m m e n t revenir du coffre des producteurs d a n s le sien, gratis, sans échange, de gré ou en vertu d ' u n droit acquis. Vendre à cette classe les marchandises au-dessus de leur valeur, c'est recouvrer en partie de l'argent d o n t on avait fait son d e u i l . Les villes de l'Asie M i n e u r e , par exemple, payaient c h a q u e a n n é e , à l ' a n c i e n n e R o m e , leurs tributs en espèces. Avec 28
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cet argent, R o m e leur achetait des m a r c h a n d i s e s et les payait trop cher. Les Asiatiques écorchaient les R o m a i n s , et reprenaient ainsi par la voie du c o m m e r c e u n e partie du tribut extorqué par leurs c o n q u é r a n t s . M a i s , en fin de compte, ils n ' e n restaient pas m o i n s les derniers dupés. Leurs marchandises étaient, après c o m m e avant, payées avec leur propre m o n n a i e . 20 Ce n'est point là u n e m é t h o d e de s'enrichir ou de créer u n e plus-value. Force n o u s est d o n c de rester dans les limites de l'échange des m a r c h a n dises où les vendeurs sont acheteurs, et les acheteurs vendeurs. N o t r e embarras provient peut-être de ce que, ne t e n a n t a u c u n c o m p t e des caractères individuels des agents de circulation, n o u s en avons fait des catégories per25 sonnifiées. Supposons que l'échangiste A soit un fin matois qui m e t t e ded a n s ses collègues B et C, et que ceux-ci, malgré la meilleure volonté du m o n d e , ne puissent p r e n d r e leur revanche. A vend à B du vin d o n t la valeur est de 40 /. st., et obtient en échange du blé p o u r u n e valeur de 50 /. st. Il a d o n c fait avec de l'argent plus d'argent, et transformé sa m a r c h a n d i s e 30 en capital. E x a m i n o n s la chose de plus près. A v a n t l'échange n o u s avions pour 40 /. st. de vin dans la m a i n de A, et p o u r 50 /. st. de blé d a n s la m a i n de B, u n e valeur totale de 90 /. st. Après l'échange, n o u s avons encore la m ê m e valeur totale. La valeur circulante n ' a pas grossi d ' u n a t o m e ; il n'y a 28
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« L ' i d é e de profits payés p a r les c o n s o m m a t e u r s est t o u t à fait a b s u r d e . Q u e l s s o n t les c o n s o m m a t e u r s ? » (G. R a m s a y : An Essay on the Distribution of Wealth. E d i n b u r g h , 1836, p . 183.) « S i u n h o m m e m a n q u e d ' a c h e t e u r s p o u r ses m a r c h a n d i s e s , M . M a l t h u s l u i r e c o m m a n d e r a t-il d e payer q u e l q u ' u n p o u r les a c h e t e r ? » d e m a n d e u n R i c a r d i e n a b a s o u r d i à M a l t h u s q u i , d e m ê m e q u e son élève, l e c a l o t i n C h a l m e r s , n ' a pas assez d'éloges, a u p o i n t d e vue é c o n o m i q u e , p o u r la classe des s i m p l e s a c h e t e u r s ou c o n s o m m a t e u r s . (V. An Inquiry into those principles respecting the nature of demand and the necessity of consumption, lately advocated by M. Malthus, etc. L o n d o n , 1 8 2 1 , p. 55.) 29
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital de changé que sa distribution entre A et B. Le m ê m e c h a n g e m e n t aurait eu lieu si A avait volé sans phrase à B 10 /.st. Il est évident q u ' a u c u n changem e n t d a n s la distribution des valeurs circulantes ne p e u t a u g m e n t e r leur s o m m e , pas plus q u ' u n juif n ' a u g m e n t e d a n s un pays la masse des m é t a u x précieux, en v e n d a n t p o u r u n e guinée un liard de la reine A n n e . La classe 5 entière des capitalistes d ' u n pays ne p e u t pas bénéficier sur e l l e - m ê m e . Q u ' o n se t o u r n e et retourne c o m m e on voudra, les choses restent au m ê m e point. Échange-t-on des équivalents? il ne se produit point de plus-value; il ne s'en produit pas n o n plus si on échange des n o n - é q u i v a l e n t s . La circulation ou l'échange des m a r c h a n d i s e s ne crée a u c u n e 10 valeur . On c o m p r e n d m a i n t e n a n t pourquoi, dans notre analyse du capital, ses formes les plus populaires et p o u r ainsi dire antédiluviennes, le capital c o m m e r c i a l et le capital usuraire, seront provisoirement laissées de côté. 15 La forme A-M-A', acheter pour vendre plus cher, se révèle le plus distinct e m e n t d a n s le m o u v e m e n t du capital commercial. D ' u n autre côté, ce m o u v e m e n t s'exécute t o u t entier d a n s l'enceinte de la circulation. M a i s c o m m e il est impossible d'expliquer par la circulation e l l e - m ê m e la transformation de l'argent en capital, la formation d ' u n e plus-value, le capital 20 c o m m e r c i a l paraît impossible dès q u e l'échange se fait entre é q u i v a l e n t s . Il ne semble pouvoir dériver q u e du double bénéfice conquis sur les producteurs de m a r c h a n d i s e s d a n s leur qualité d'acheteurs et de vendeurs, par le c o m m e r ç a n t qui s'interpose entre eux c o m m e i n t e r m é d i a i r e parasite. 30
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D e s t u t t d e Tracy, q u o i q u e , o u p e u t - ê t r e parce q u e , m e m b r e d e l'Institut, est d ' u n avis contraire. D'après lui les capitalistes tirent leurs profits « e n v e n d a n t t o u t ce q u ' i l s p r o d u i s e n t plus cher q u e cela ne leur a c o û t é à p r o d u i r e » , et à q u i v e n d e n t - i l s ? « 1 ° à e u x - m ê m e s . » (I.e. p . 239.) « L ' é c h a n g e q u i s e fait d e d e u x valeurs égales n ' a u g m e n t e n i n e d i m i n u e l a m a s s e des valeurs subsistantes d a n s l a société. L ' é c h a n g e d e d e u x valeurs inégales ne change rien n o n plus à la s o m m e des valeurs sociales, b i e n qu'il ajoute à la fortune de l ' u n ce q u ' i l ô t e de l a fortune d e l ' a u t r e . » ( J . B . S a y , I . e . t . I I , p . 4 4 3 , 444.) Say q u i n e s ' i n q u i è t e p o i n t n a t u r e l l e m e n t des c o n s é q u e n c e s d e cette p r o p o s i t i o n , l ' e m p r u n t e p r e s q u e m o t p o u r m o t a u x p h y s i o crates. O n p e u t j u g e r par l ' e x e m p l e s u i v a n t d e quelle m a n i è r e i l a u g m e n t a s a p r o p r e v a l e u r e n pillant les écrits de ces é c o n o m i s t e s passés de m o d e à s o n é p o q u e . L ' a p h o r i s m e le plus c é l è b r e d e J . B . S a y : « O n n ' a c h è t e des p r o d u i t s q u ' a v e c des p r o d u i t s » p o s s è d e d a n s l'original p h y s i o crate l a forme s u i v a n t e : « L e s p r o d u c t i o n s n e s e p a y e n t q u ' a v e c d e s p r o d u c t i o n s . » (Le T r o s n e , 1. c. p . 899.) « L ' é c h a n g e ne confère a u c u n e v a l e u r a u x p r o d u i t s . » ( F . W a y l a n d : The elements of Pol. Econ. B o s t o n , 1843, p. 169.) « L e c o m m e r c e serait i m p o s s i b l e , s'il avait p o u r règle invariable l ' é c h a n g e d ' é q u i v a l e n t s » (G. O p d y k e : A treatise on Pol. Econ. New-York, 1851, p. 67). « L a différence e n t r e la v a l e u r réelle et la valeur d ' é c h a n g e se f o n d e sur ce fait: q u e la valeur d ' u n e c h o s e diffère du soi-dis a n t é q u i v a l e n t q u ' o n d o n n e p o u r elle d a n s l e c o m m e r c e , c e q u i v e u t dire q u e cet é q u i v a l e n t n ' e n est pas u n . » ( F . E n g e l s , I . e . p. [95,] 96.)
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Chapitre V · Contradictions de la formule générale du capital C'est d a n s ce sens q u e F r a n k l i n d i t : « L a guerre n ' e s t q u e brigandage, le c o m m e r c e q u e fraude et d u p e r i e . » Ce q u e n o u s v e n o n s de dire du capital c o m m e r c i a l est encore plus vrai du capital usuraire. Q u a n t au premier, les d e u x extrêmes, c'est-à-dire l'argent j e t é sur le m a r c h é et l'argent q u i en revient plus ou m o i n s accru, ont du m o i n s p o u r i n t e r m é d i a i r e ||70| l'achat et la vente, le m o u v e m e n t m ê m e de la circulation. P o u r le second, la forme A - M - A ' se r é s u m e sans m o y e n t e r m e d a n s les e x t r ê m e s A-A', argent q u i s'échange contre plus d'argent, ce q u i est en c o n t r a d i c t i o n avec sa n a t u r e et inexplicable au p o i n t de vue de 34
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la circulation des m a r c h a n d i s e s . A u s s i lisons-nous d a n s A r i s t o t e : « L a C h r é m a t i s t i q u e est u n e science double ; d ' u n côté elle se rapporte au c o m m e r c e , de l'autre à l ' é c o n o m i e ; sous ce dernier rapport, elle est nécessaire et louable ; sous le premier, qui a p o u r base la circulation, elle est justem e n t b l â m a b l e (car elle se fonde n o n sur la n a t u r e des choses, m a i s sur u n e 15 duperie réciproque) ; c'est p o u r q u o i l'usurier est haï à juste titre, parce que l'argent l u i - m ê m e devient ici un m o y e n d'acquérir et ne sert pas à l'usage pour lequel il avait été inventé. Sa d e s t i n a t i o n était de favoriser l'échange des m a r c h a n d i s e s ; m a i s l'intérêt fait avec de l'argent plus d'argent. De là son n o m (Τόκος, n é , engendré), car les enfants sont semblables a u x pa20 rents. De toutes les m a n i è r e s d'acquérir, c'est celle qui est le plus contre nature .» N o u s verrons d a n s la suite de n o s recherches q u e le capital usuraire et le capital c o m m e r c i a l sont des formes dérivées, et alors n o u s expliquerons aussi p o u r q u o i ils se p r é s e n t e n t dans l'histoire avant le capital sous sa 25 forme f o n d a m e n t a l e , q u i d é t e r m i n e l'organisation é c o n o m i q u e de la société m o d e r n e . Il a été d é m o n t r é q u e la s o m m e des valeurs j e t é e dans la circulation n'y p e u t s'augmenter, et q u e , par c o n s é q u e n t , en dehors d'elle, il doit se passer q u e l q u e chose q u i r e n d e possible la formation d ' u n e p l u s - v a l u e . Mais 35
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celle-ci peut-elle naître en dehors de la circulation qui, après tout, est la s o m m e totale des rapports réciproques des p r o d u c t e u r s - é c h a n g i s t e s ? En dehors d'elle, l'échangiste reste seul avec sa m a r c h a n d i s e qui c o n t i e n t un certain quantum de son propre travail m e s u r é d'après des lois sociales fixes. Ce travail s'exprime d a n s la valeur du produit, c o m m e cette valeur s'ex-
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p r i m e en m o n n a i e de c o m p t e , soit par le prix de 10 /. st. M a i s ce travail ne se réalise pas, et d a n s la valeur du p r o d u i t et d a n s un e x c é d a n t de cette vaB e n j a m i n F r a n k l i n : Works, vol. I I , edit. Sparks d a n s : Positions to be examined concerning national Wealth. Aristote, 1. c, c. 10. « L e profit, d a n s les c o n d i t i o n s u s u e l l e s d u m a r c h é , n e p r o v i e n t p a s d e l ' é c h a n g e . S'il n ' e û t pas existé a u p a r a v a n t , i l n e p o u r r a i t pas exister d a v a n t a g e après cette t r a n s a c t i o n . » ( R a m s a y , I.e. p . 184.) 3 4
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital leur, dans un prix de 10 qui serait en m ê m e temps un prix de 1 1 , c'est-àdire u n e valeur supérieure à elle-même. Le p r o d u c t e u r p e u t bien, par son travail, créer des valeurs, m a i s n o n point des valeurs q u i s'accroissent par leur propre vertu. Il p e u t élever la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e en ajoutant par un n o u v e a u travail u n e valeur nouvelle à u n e valeur présente, en fai5 sant, par exemple, avec du cuir des bottes. La m ê m e m a t i è r e vaut m a i n t e n a n t davantage parce qu'elle a absorbé plus de travail. Les bottes o n t d o n c plus de valeur que le cuir; m a i s la valeur du cuir est restée ce qu'elle était, elle ne s'est point ajouté u n e plus-value p e n d a n t la fabrication des bottes. Il paraît d o n c tout à fait impossible q u ' e n dehors de la circulation, sans en- 10 trer en contact avec d'autres échangistes, le producteur-échangiste puisse faire valoir la valeur, ou lui c o m m u n i q u e r la propriété d ' e n g e n d r e r u n e plus-value. Mais sans cela, pas de transformation de son argent ou de sa m a r c h a n d i s e en capital. N o u s s o m m e s ainsi arrivés à un d o u b l e résultat. 15 La transformation de l'argent en capital doit être expliquée en p r e n a n t p o u r base les lois i m m a n e n t e s de la circulation des m a r c h a n d i s e s , de telle sorte que l'échange d'équivalents serve de point de d é p a r t . N o t r e possesseur d'argent, qui n'est encore capitaliste q u ' à l'état de chrysalide, doit d'abord acheter des m a r c h a n d i s e s à leur juste valeur, puis les vendre ce qu'elles valent, et cependant, à la fin retirer plus de valeur qu'il n ' e n avait avancé. La m é t a m o r p h o s e de l ' h o m m e aux écus en capitaliste doit se passer dans la sphère de la circulation et en m ê m e temps doit ne point s'y passer. Telles sont les conditions du problème. Hic Rhodus, hic salta! \ 37
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D ' a p r è s les explications q u i p r é c è d e n t , l e l e c t e u r c o m p r e n d q u e ceci v e u t t o u t s i m p l e m e n t d i r e : la f o r m a t i o n du capital doit être possible lors m ê m e q u e le prix des m a r c h a n d i s e s est égal à leur valeur. Elle ne p e u t pas être e x p l i q u é e par u n e différence, par un écart e n t r e ces valeurs et ces prix. Si ceux-ci diffèrent de celles-là, il faut les y r a m e n e r , c'est-à-dire faire a b s t r a c t i o n d e cette c i r c o n s t a n c e c o m m e d e q u e l q u e chose d e p u r e m e n t a c c i d e n t e l , afin d e p o u voir observer le p h é n o m è n e de la f o r m a t i o n du capital d a n s son intégrité, s u r la b a s e de l ' é c h a n g e des m a r c h a n d i s e s , s a n s être t r o u b l é p a r des i n c i d e n t s q u i n e font q u e c o m p l i q u e r l e p r o b l è m e . O n sait d u reste q u e c e t t e r é d u c t i o n n ' e s t p a s u n p r o c é d é p u r e m e n t scientifique. Les oscillations c o n t i n u e l l e s d e s prix du m a r c h é , leur baisse et leur h a u s s e se c o m p e n s e n t et s ' a n n u l e n t r é c i p r o q u e m e n t et se r é d u i s e n t d ' e l l e s - m ê m e s au prix m o y e n c o m m e à leur règle i n t i m e . C'est cette règle q u i dirige l e m a r c h a n d o u l'industriel d a n s toute e n t r e p r i s e q u i exige u n t e m p s u n p e u c o n s i d é r a b l e . I l sait q u e s i l ' o n envisage u n e p é r i o d e assez l o n g u e , les m a r c h a n d i s e s n e s e v e n d e n t n i a u - d e s s u s n i a u - d e s s o u s , m a i s à l e u r prix m o y e n . S i d o n c l ' i n d u s triel avait i n t é r ê t à y voir clair, il devrait se poser le p r o b l è m e de la m a n i è r e s u i v a n t e : C o m m e n t le capital peut-il se p r o d u i r e , si les prix sont réglés p a r le prix m o y e n , c'est-à-dire en d e r n i è r e i n s t a n c e par l a v a l e u r des m a r c h a n d i s e s ? J e dis « e n d e r n i è r e i n s t a n c e » parce q u e les prix m o y e n s n e c o ï n c i d e n t pas d i r e c t e m e n t avec les valeurs des m a r c h a n d i s e s , c o m m e l e croient A. S m i t h , R i c a r d o et d ' a u t r e s .
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Chapitre VI · Achat et vente de la force de travail
|71| CHAPITRE VI A c h a t et vente de la force de travail L'accroissement de valeur par lequel l'argent doit se transformer en capital, ne peut pas provenir de cet argent l u i - m ê m e . S'il sert de m o y e n d ' a c h a t ou 5 de m o y e n de p a y e m e n t il ne fait q u e réaliser le prix des m a r c h a n d i s e s q u ' i l achète ou qu'il paye. S'il reste tel quel, s'il conserve sa propre forme, il n'est plus, pour ainsi dire, q u ' u n e valeur pétrifiée . Il faut d o n c q u e le c h a n g e m e n t de valeur e x p r i m é par A - M - A ' , conver10 sion de l'argent en m a r c h a n d i s e et reconversion de la m ê m e m a r c h a n d i s e en plus d'argent, p r o v i e n n e de la m a r c h a n d i s e . M a i s il ne p e u t pas s'effectuer dans le d e u x i è m e acte M-A', la revente, où la m a r c h a n d i s e passe tout s i m p l e m e n t de sa forme naturelle à sa forme argent. Si n o u s envisageons m a i n t e n a n t le p r e m i e r acte Α-M, l'achat, n o u s trouvons q u ' i l y a échange 38
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entre équivalents et q u e , par c o n s é q u e n t , la m a r c h a n d i s e n ' a pas plus de valeur é c h a n g e a b l e q u e l'argent converti en elle. Reste u n e dernière supposition, à savoir q u e le c h a n g e m e n t procède de la valeur d'usage de la marchandise, c'est-à-dire de son usage ou sa c o n s o m m a t i o n . Or, il s'agit d ' u n c h a n g e m e n t d a n s la valeur échangeable, de son accroissement. P o u r p o u voir tirer u n e valeur é c h a n g e a b l e de la valeur usuelle d ' u n e m a r c h a n d i s e , il faudrait q u e l ' h o m m e a u x écus e û t l ' h e u r e u s e c h a n c e d e découvrir a u m i lieu de la circulation, sur le m a r c h é m ê m e , u n e m a r c h a n d i s e d o n t la valeur usuelle possédât la vertu particulière d'être source de valeur échangeable, de sorte que la c o n s o m m e r , serait réaliser du travail et par c o n s é q u e n t , créer de la valeur. Et n o t r e h o m m e trouve effectivement sur le m a r c h é u n e m a r c h a n d i s e d o u é e de cette vertu spécifique, elle s'appelle puissance de travail ou force de travail. Sous ce n o m il faut c o m p r e n d r e l'ensemble des facultés physiques et intellectuelles qui existent d a n s le corps d'un h o m m e , dans sa personnalité vivante, et qu'il doit m e t t r e en m o u v e m e n t p o u r produire des choses utiles. P o u r q u e le possesseur d'argent trouve sur le m a r c h é la force de travail à titre de m a r c h a n d i s e , il faut c e p e n d a n t que diverses c o n d i t i o n s soient préa l a b l e m e n t remplies. L ' é c h a n g e des m a r c h a n d i s e s par l u i - m ê m e , n ' e n traîne pas d'autres rapports de d é p e n d a n c e q u e ceux qui d é c o u l e n t de sa n a t u r e . D a n s ces d o n n é e s , la force de travail ne p e u t se présenter sur le 38
« S o u s forme de m o n n a i e ... le c a p i t a l ne p r o d u i t a u c u n profit.» ( R i c a r d o , Princ. of Polii. Econ. p. 267.)
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital m a r c h é c o m m e m a r c h a n d i s e , que si elle est offerte ou v e n d u e par son propre possesseur. Celui-ci doit par c o n s é q u e n t pouvoir en disposer, c'est-àdire être libre propriétaire de sa puissance de travail, de sa propre pers o n n e . Le possesseur d'argent et lui se r e n c o n t r e n t sur le m a r c h é et entrent en rapport l'un avec l'autre c o m m e échangistes au m ê m e titre. Ils ne diffèrent q u ' e n c e c i : l'un achète et l'autre vend, et par cela m ê m e , tous d e u x sont des personnes j u r i d i q u e m e n t égales. 39
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Pour q u e ce rapport persiste, il faut que le propriétaire de la force de travail ne la vende j a m a i s que pour un t e m p s d é t e r m i n é , car s'il la v e n d en bloc, u n e fois pour toutes, il se vend l u i - m ê m e , et de libre qu'il était se fait 10 esclave, de m a r c h a n d , ||72| m a r c h a n d i s e . S'il veut m a i n t e n i r sa personnalité, il ne doit mettre sa force de travail q u e t e m p o r a i r e m e n t à la disposition de l'acheteur, de telle sorte q u ' e n l'aliénant il ne r e n o n c e pas p o u r cela à sa propriété sur e l l e . La seconde c o n d i t i o n essentielle pour q u e l ' h o m m e a u x écus trouve à 15 acheter la force de travail, c'est que le possesseur de cette dernière, au lieu de pouvoir vendre des m a r c h a n d i s e s dans lesquelles son travail s'est réalisé, soit forcé d'offrir et de mettre en vente, c o m m e u n e m a r c h a n d i s e , sa force de travail e l l e - m ê m e laquelle ne réside q u e d a n s son organisme. Q u i c o n q u e veut vendre des m a r c h a n d i s e s distinctes de sa propre force 20 de travail, doit n a t u r e l l e m e n t posséder des m o y e n s de p r o d u c t i o n tels q u e matières premières, outils, etc. Il lui est impossible, par exemple, de faire des bottes sans cuir, et de plus il a besoin de m o y e n s de subsistance. Personne, pas m ê m e le m u s i c i e n de l'avenir, ne p e u t vivre des produits de la 40
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O n trouve s o u v e n t c h e z les h i s t o r i e n s cette affirmation aussi e r r o n é e q u ' a b s u r d e , q u e d a n s l ' a n t i q u i t é classique le capital était c o m p l è t e m e n t développé, à l ' e x c e p t i o n près q u e « l e travailleur libre et le s y s t è m e de crédit faisaient d é f a u t » . M . M o m m s e n lui a u s s i , d a n s son Histoire romaine, entasse de s e m b l a b l e s q u i p r o q u o s les u n s s u r les autres. Diverses législations é t a b l i s s e n t u n m a x i m u m p o u r l e c o n t r a t d u travail. T o u s les codes d e s p e u p l e s c h e z lesquels le travail est libre règlent les c o n d i t i o n s de r é s i l i a t i o n de ce c o n t r a t . D a n s différents pays, n o t a m m e n t a u M e x i q u e , l'esclavage est d i s s i m u l é s o u s u n e forme q u i p o r t e le n o m de peonage (il en était ainsi d a n s les territoires d é t a c h é s du M e x i q u e a v a n t la guerre civile a m é r i c a i n e et, s i n o n d e n o m a u m o i n s d e fait, d a n s les p r o v i n c e s d a n u b i e n n e s j u s q u ' a u t e m p s de C o u z a ) . Au m o y e n d ' a v a n c e s q u i sont à d é d u i r e s u r le travail et q u i se t r a n s m e t t e n t d ' u n e g é n é r a t i o n à l'autre, n o n s e u l e m e n t le travailleur isolé, m a i s e n c o r e sa famille, d e v i e n n e n t la p r o p r i é t é d ' a u t r e s p e r s o n n e s et de leurs familles. J u a r e z avait aboli le p e o n a g e a u M e x i q u e . L e soi-disant e m p e r e u r M a x i m i l i e n l e rétablit par u n d é c r e t q u e l a C h a m b r e des r e p r é s e n t a n t s à W a s h i n g t o n d é n o n ç a à j u s t e titre c o m m e un d é c r e t p o u r le rétab l i s s e m e n t d e l'esclavage a u M e x i q u e . « J e p u i s aliéner à u n a u t r e , p o u r u n t e m p s d é t e r m i n é , l'usage d e m e s a p t i t u d e s corporelles et intellectuelles et de m o n activité possible, parce q u e d a n s cette l i m i t e elles ne c o n s e r v e n t q u ' u n r a p p o r t e x t é r i e u r avec la totalité et la g é n é r a l i t é de m o n être ; m a i s l ' a l i é n a t i o n de t o u t m o n t e m p s réalisé d a n s le travail et de la totalité de ma p r o d u c t i o n ferait de ce q u ' i l y a là-ded a n s d e s u b s t a n t i e l , c'est-à-dire d e m o n activité générale e t d e m a p e r s o n n a l i t é , l a p r o p r i é t é d ' a u t r u i . » (Hegel), Philosophie du droit. Berlin, 1840, p. 104, §67.)
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Chapitre VI • Achat et vente de la force de travail
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postérité, ni subsister au m o y e n de valeurs d'usage d o n t la p r o d u c t i o n n'est pas encore achevée ; aujourd'hui, c o m m e au premier j o u r de son apparition sur la scène du m o n d e , l ' h o m m e est obligé de c o n s o m m e r avant de produire et p e n d a n t qu'il produit. Si les produits sont des m a r c h a n d i s e s , il faut qu'ils soient v e n d u s p o u r pouvoir satisfaire les besoins du producteur. Au temps nécessaire à la production, s'ajoute le t e m p s nécessaire à la vente. La transformation de l'argent en capital exige d o n c q u e le possesseur d'argent trouve sur le m a r c h é le travailleur libre, et libre à un d o u b l e point de vue. P r e m i è r e m e n t le travailleur doit être u n e personne libre, disposant à son gré de sa force de travail c o m m e de sa m a r c h a n d i s e à l u i ; secondem e n t , il doit n'avoir pas d'autre m a r c h a n d i s e à v e n d r e ; être, p o u r ainsi dire, libre de tout, c o m p l è t e m e n t dépourvu des choses nécessaires à la réalisation de sa p u i s s a n c e travailleuse. P o u r q u o i ce travailleur libre se trouve-t-il dans la sphère de la circulat i o n ? c'est là u n e question q u i n'intéresse guère le possesseur d'argent p o u r lequel le m a r c h é du travail n'est q u ' u n e m b r a n c h e m e n t particulier du m a r c h é des m a r c h a n d i s e s ; et pour le m o m e n t elle ne n o u s intéresse pas davantage. T h é o r i q u e m e n t n o u s n o u s en t e n o n s au fait, c o m m e lui pratiquem e n t . D a n s tous les cas il y a u n e chose bien claire : la n a t u r e ne produit pas d ' u n côté des possesseurs d'argent ou de m a r c h a n d i s e s et de l'autre des possesseurs de leurs propres forces de travail p u r e m e n t et s i m p l e m e n t . Un tel rapport n ' a a u c u n f o n d e m e n t naturel, et ce n'est pas n o n plus un rapport social c o m m u n à toutes les périodes de l'histoire. Il est é v i d e m m e n t le résultat d ' u n d é v e l o p p e m e n t historique préliminaire, le produit d ' u n grand n o m b r e de révolutions é c o n o m i q u e s , issu de la destruction de t o u t e u n e série de vieilles formes de p r o d u c t i o n sociale. De m ê m e les catégories é c o n o m i q u e s q u e n o u s avons considérées précéd e m m e n t portent u n cachet historique. Certaines conditions historiques doivent être remplies pour q u e le produit du travail puisse se transformer en m a r c h a n d i s e . Aussi longtemps par exemple qu'il n'est destiné q u ' à satisfaire i m m é d i a t e m e n t les besoins de son producteur, il ne devient pas m a r c h a n d i s e . Si n o u s avions poussé plus loin nos recherches, si n o u s n o u s étions d e m a n d é , d a n s quelles circonstances tous les produits ou du m o i n s la plupart d'entre eux p r e n n e n t la forme de m a r c h a n d i s e s , n o u s aurions trouvé q u e ceci n'arrive q u e sur la base d ' u n m o d e de p r o d u c t i o n t o u t à fait spécial, la p r o d u c t i o n capitaliste. M a i s u n e telle étude eût été tout à fait en dehors de la simple analyse de la m a r c h a n d i s e . La p r o d u c t i o n et la circulation m a r c h a n d e s p e u v e n t avoir lieu, lors m ê m e que la plus g r a n d e partie des produits, c o n s o m m é s par leurs producteurs m ê m e s , n ' e n t r e n t pas d a n s la circulation à titre de m a r c h a n d i s e s . D a n s ce cas-là, il s'en faut de beau-
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital coup q u e la p r o d u c t i o n sociale soit gouvernée dans t o u t e son é t e n d u e et toute sa profondeur par la valeur d'échange. Le produit, p o u r devenir m a r chandise, exige d a n s la société u n e division du travail t e l l e m e n t développée que la séparation entre la valeur d'usage et la valeur d'échange, q u i ne c o m m e n c e q u ' à p o i n d r e d a n s le c o m m e r c e en troc, soit déjà accomplie. 5 C e p e n d a n t un tel degré de développement est, c o m m e l'histoire le prouve, compatible avec les formes é c o n o m i q u e s les plus diverses de la société. De l'autre côté, l'échange des produits doit déjà posséder la forme de la circulation des m a r c h a n d i s e s pour q u e la m o n n a i e puisse entrer en scène. Ses fonctions diverses c o m m e simple équivalent, m o y e n de circulation, 10 m o y e n de p a y e m e n t , trésor, fonds de réserve, etc. i n d i q u e n t à leur tour, par la p r é d o m i n a n c e comparative de l'une sur l'autre, des phases très-diverses de la production sociale. C e p e n d a n t l'expérience n o u s a p p r e n d q u ' u n e circulation m a r c h a n d e relativement peu développée suffit p o u r faire éclore toutes ces formes. Il n ' e n est pas ainsi du capital. Les c o n d i t i o n s histori- 15 ques de son existence ne coïncident pas avec la circulation des m a r c h a n dises et de la m o n n a i e . Il ne se produit que là où le d é t e n t e u r des m o y e n s de p r o d u c t i o n et de subsistance rencontre sur le m a r c h é le travailleur libre qui vient y vendre sa force de travail | | 7 3 | et cette u n i q u e c o n d i t i o n historiq u e recèle tout un m o n d e n o u v e a u . Le capital s ' a n n o n c e dès l'abord 20 c o m m e u n e époque de la p r o d u c t i o n sociale . 41
Il n o u s faut m a i n t e n a n t e x a m i n e r de plus près la force de travail. Cette m a r c h a n d i s e , d e m ê m e que t o u t e autre, possède u n e v a l e u r . C o m m e n t l a d é t e r m i n e - t - o n ? Par le t e m p s de travail nécessaire à sa p r o d u c t i o n . En tant que valeur, la force de travail représente le q u a n t u m de travail 25 social réalisé en elle. M a i s elle n'existe en fait que c o m m e p u i s s a n c e ou faculté de l'individu vivant. L'individu étant d o n n é , il produit sa force vitale en se reproduisant ou en se conservant l u i - m ê m e . Pour son entretien ou pour sa conservation il a besoin d ' u n e certaine s o m m e de m o y e n s de subsistance. Le temps de travail nécessaire à la production de la force de tra- 30 vail se résout d o n c dans le temps de travail nécessaire à la p r o d u c t i o n de ces m o y e n s de subsistance ; ou bien la force de travail a juste la valeur des m o y e n s de subsistance nécessaires à celui qui la m e t en j e u . La force de travail se réalise par sa manifestation extérieure. Elle s'affirme et se constate par le travail, lequel de son côté nécessite u n e certaine 35 42
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Ce q u i caractérise l ' é p o q u e capitaliste, c'est d o n c q u e la force de travail a c q u i e r t p o u r le travailleur l u i - m ê m e la forme d ' u n e m a r c h a n d i s e q u i l u i appartient, et son travail, par c o n s é q u e n t , la forme de travail salarié. D ' a u t r e part, ce n ' e s t q u ' à partir de ce m o m e n t q u e la forme m a r c h a n d i s e des p r o d u i t s d e v i e n t la forme sociale d o m i n a n t e . « L a valeur d ' u n h o m m e est, c o m m e celle d e t o u t e s les autres c h o s e s , son prix, c'est-à-dire a u t a n t q u ' i l faudrait d o n n e r p o u r l'usage de sa p u i s s a n c e . » Th. Ho.bbes: Leviathan, d a n s ses œ u v r e s , édit. Molesworth. London, 1 8 3 9 - 4 4 , v. I I I , p. 76. 42
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Chapitre VI • Achat et vente de la force de travail dépense des muscles, des nerfs, du cerveau de l ' h o m m e , d é p e n s e qui doit être c o m p e n s é e . Plus l'usure est grande, plus grands sont les frais de réparat i o n . Si le propriétaire de la force de travail a travaillé aujourd'hui, il doit pouvoir r e c o m m e n c e r d e m a i n dans les m ê m e s conditions de vigueur et de santé. Il faut d o n c q u e la s o m m e des m o y e n s de subsistance suffise p o u r l'entretenir dans son état de vie n o r m a l . Les besoins naturels, tels q u e nourriture, v ê t e m e n t s , chauffage, habitation, etc., diffèrent suivant le climat et autres particularités physiques d ' u n pays. D ' u n autre côté le n o m b r e m ê m e de soi-disant besoins naturels, aussi bien que le m o d e de les satisfaire, est un produit historique, et d é p e n d ainsi, en g r a n d e partie, du degré de civilisation atteint. Les origines de la classe salariée d a n s c h a q u e pays, le m i l i e u historique où elle s'est formée, c o n t i n u e n t longtemps à exercer la plus grande influence sur les h a b i t u d e s , les exigences et par contre-coup les besoins qu'elle apporte d a n s la v i e . La force de travail renferme donc, au point de vue de la valeur, un é l é m e n t m o r a l et historique ; ce qui la distingue des autres m a r c h a n d i s e s . M a i s pour un pays et u n e é p o q u e d o n n é s , la m e s u r e nécessaire des m o y e n s de subsist a n c e est aussi d o n n é e . Les propriétaires des forces de travail sont mortels. P o u r q u ' o n en rencontre toujours sur le m a r c h é , ainsi que le réclame la transformation continuelle de l'argent en capital, il faut qu'ils s'éternisent, « c o m m e s'éternise c h a q u e individu vivant, par la g é n é r a t i o n » . Les forces de travail que l'usure et la m o r t v i e n n e n t enlever au m a r c h é , doivent être c o n s t a m m e n t remplacées par un n o m b r e au m o i n s égal. La s o m m e des m o y e n s de subsist a n c e nécessaires à la p r o d u c t i o n de la force de travail c o m p r e n d d o n c les moyens de subsistance des remplaçants, c'est-à-dire des enfants des travailleurs, p o u r que cette singulière race d'échangistes se perpétue sur le mar-. ché . D'autre part, p o u r modifier la n a t u r e h u m a i n e de m a n i è r e à lui faire acquérir aptitude, précision et célérité d a n s un genre de travail d é t e r m i n é , c'est-à-dire pour en faire u n e force de travail développée dans un sens spécial, il faut u n e certaine é d u c a t i o n qui coûte elle-même u n e s o m m e plus 43
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D a n s l ' a n c i e n n e R o m e , le villicus, l ' é c o n o m e q u i était à la tête des esclaves agricoles, recevait u n e r a t i o n m o i n d r e q u e ceux-ci, parce q u e s o n travail était m o i n s p é n i b l e . V. Th. Mommsen: Hist, rom., 1856, p. 810. D a n s son é c r i t : Overpopulation and its remedy, London, 1846, W . T h . T h o r n t o n fournit à ce sujet des détails intéressants. Petty. « L e prix n a t u r e l d u travail c o n s i s t e e n u n e q u a n t i t é des choses n é c e s s a i r e s à l a vie, telle q u e la r e q u i è r e n t la n a t u r e du c l i m a t et les h a b i t u d e s du pays, q u i p u i s s e e n t r e t e n i r le travailleur e t l u i p e r m e t t r e d'élever u n e famille suffisante p o u r q u e l e n o m b r e des travailleurs d e m a n d é s sur le m a r c h é n ' é p r o u v e p a s de d i m i n u t i o n . » R. Torrens: An Essay on the external Corn Trade. L o n d o n . 1815, p. 62. - Le m o t travail est ici e m p l o y é à faux p o u r force de travail. 44
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital ou m o i n s grande d'équivalents en m a r c h a n d i s e s . Cette s o m m e varie selon le caractère plus ou m o i n s complexe de la force de travail. Les frais d'éducation, t r è s - m i n i m e s d'ailleurs p o u r la force de travail simple, r e n t r e n t d a n s le total des m a r c h a n d i s e s nécessaires à sa p r o d u c t i o n . C o m m e la force de travail équivaut à u n e s o m m e d é t e r m i n é e de m o y e n s 5 de subsistance, sa valeur change d o n c avec leur valeur, c'est-à-dire proport i o n n e l l e m e n t au t e m p s de travail nécessaire à leur production. U n e partie des m o y e n s de subsistance, ceux q u i constituent, par e x e m ple, la nourriture, le chauffage, etc., se détruisent tous les j o u r s par la c o n s o m m a t i o n et doivent être remplacés tous les jours. D'autres, tels q u e 10 vêtements, meubles, etc., s'usent plus l e n t e m e n t et n ' o n t besoin d'être r e m placés q u ' à de plus longs intervalles. Certaines m a r c h a n d i s e s doivent être achetées ou payées q u o t i d i e n n e m e n t , d'autres c h a q u e s e m a i n e , c h a q u e semestre, etc. M a i s de q u e l q u e m a n i è r e q u e puissent se distribuer ces dépenses dans le cours d ' u n an, leur s o m m e doit toujours être couverte par la 15 m o y e n n e de la recette journalière. Posons la m a s s e des m a r c h a n d i s e s exigée c h a q u e j o u r pour la p r o d u c t i o n de la force de travail = A, celle exigée c h a q u e s e m a i n e = B, celle exigée c h a q u e trimestre = C, et ainsi du suite, . .. . et la m o y e n n e de ces m a r c h a n d i s e s , par jour, sera =
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etc. 20 La valeur de cette m a s s e de m a r c h a n d i s e s nécessaire p o u r le j o u r m o y e n ne représente q u e la s o m m e de travail dépensée dans leur p r o d u c t i o n , mettons ||74| six heures. Il faut alors u n e demi-journée de travail p o u r produire c h a q u e j o u r la force de travail. Ce quantum de travail qu'elle exige p o u r sa p r o d u c t i o n q u o t i d i e n n e d é t e r m i n e sa valeur q u o t i d i e n n e . Supposons en- 25 core que l a s o m m e d'or q u ' o n produit e n m o y e n n e , p e n d a n t u n e d e m i j o u r n é e de six heures, égale trois schellings ou un é c u . Alors le prix d ' u n écu exprime la valeur j o u r n a l i è r e de la force de travail. Si son propriétaire la vend c h a q u e j o u r pour un écu, il la vend d o n c à sa juste valeur, et, d'après notre hypothèse, le possesseur d'argent en train de m é t a m o r p h o s e r 30 ses écus en capital s'exécute et paye cette valeur. Le prix de la force de travail atteint son minimum lorsqu'il est r é d u i t à la valeur des m o y e n s de subsistance physiologiquement indispensables, c'està-dire à la valeur d ' u n e s o m m e de m a r c h a n d i s e s qui ne pourrait être m o i n dre sans exposer la vie m ê m e du travailleur. Q u a n d il t o m b e à ce m i n i - 35 m u m , le prix est d e s c e n d u au-dessous de la valeur de la force de travail qui alors ne fait plus que végéter. Or, la valeur de toute m a r c h a n d i s e est déterm i n é e par le temps de travail nécessaire pour qu'elle puisse être livrée en qualité n o r m a l e . 47
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U n écu a l l e m a n d vaut 3 schellings anglais.
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Chapitre VI • Achat et vente de la force de travail
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C'est faire de la sentimentalité m a l à propos et à très-bon m a r c h é q u e de trouver grossière cette d é t e r m i n a t i o n de la valeur de la force de travail et de s'écrier, par exemple, avec R o s s i : «Concevoir la p u i s s a n c e de travail en faisant abstraction des m o y e n s de subsistance des travailleurs p e n d a n t l ' œ u v r e de la p r o d u c t i o n , c'est concevoir un être de raison. Q u i dit travail, q u i dit p u i s s a n c e de travail, dit à la fois travailleurs et m o y e n s de subsistance, ouvrier et s a l a i r e . » R i e n de plus faux. Q u i dit p u i s s a n c e de travail ne dit pas encore travail, pas plus q u e puissance de digérer ne signifie pas digestion. Pour en arriver là, il faut, c h a c u n le sait, q u e l q u e chose de plus 48
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q u ' u n b o n estomac. Q u i dit puissance de travail ne fait point abstraction des m o y e n s de subsistance nécessaires à son e n t r e t i e n ; leur valeur est au contraire exprimée par la sienne. M a i s q u e le travailleur ne trouve pas à la vendre, et au lieu de s'en glorifier, il sentira au contraire c o m m e u n e cruelle nécessité physique q u e sa puissance de travail qui a déjà exigé pour sa p r o d u c t i o n un certain q u a n t u m de m o y e n s de subsistance, en exige c o n s t a m m e n t de n o u v e a u x p o u r sa reproduction. Il découvrira alors avec Sismondi, q u e cette puissance, si elle n'est pas vendue, n ' e s t r i e n . U n e fois le contrat passé entre acheteur et vendeur, il résulte de la nature particulière de l'article aliéné q u e sa valeur d'usage n'est pas encore passée réellement entre les m a i n s de l'acheteur. Sa valeur, c o m m e celle de tout autre article, était déjà d é t e r m i n é e avant qu'il entrât dans la circulation, car sa p r o d u c t i o n avait exigé la dépense d ' u n certain q u a n t u m de travail social; m a i s la valeur usuelle de la force de travail consiste d a n s sa m i s e en œ u v r e , q u i n a t u r e l l e m e n t n ' a lieu q u ' e n s u i t e . L ' a l i é n a t i o n de la force et sa manifestation réelle ou son service c o m m e valeur utile, en d'autres termes sa vente et son emploi ne sont pas simultanés. Or, presque toutes les fois qu'il s'agit de m a r c h a n d i s e s de ce genre d o n t la valeur d'usage est formellement aliénée par la vente sans être r é e l l e m e n t transm i s e en m ê m e t e m p s à l'acheteur, l'argent de celui-ci fonctionne c o m m e m o y e n de payement, c'est-à-dire le v e n d e u r ne le reçoit q u ' à un t e r m e plus ou m o i n s éloigné, q u a n d sa m a r c h a n d i s e a déjà servi de valeur utile. D a n s tous les pays où règne le m o d e de production capitaliste, la force de travail n'est d o n c payée q u e lorsqu'elle a déjà fonctionné p e n d a n t un certain temps fixé par le contrat, à la fin de c h a q u e s e m a i n e , par e x e m p l e . Le travailleur fait d o n c p a r t o u t au capitaliste l'avance de la valeur usuelle de sa 49
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Rossi: Cours d'Écon. Polit., Bruxelles, 1843, p. 370 [,371]. Sismondi: Nouv. Princ, etc., 1.1, p. 114. « T o u t travail est p a y é q u a n d il est t e r m i n é . » An Inquiry into those Principles respecting the Nature of demand, etc., p. 104. « L e crédit c o m m e r c i a l a dû c o m m e n c e r au m o m e n t où l'ouvrier, p r e m i e r artisan de la p r o d u c t i o n , a p u , au m o y e n de ses é c o n o m i e s , a t t e n d r e le salaire de son travail, j u s q u ' à la fin de la s e m a i n e , de la q u i n z a i n e , du m o i s , du t r i m e s t r e , e t c . » (Ch. Ganilh: Des Systèmes de l'Écon. Polit. 2 édit., Paris, 1 8 2 1 , t. II, p. 150.)
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D e u x i è m e s e c t i o n • La t r a n s f o r m a t i o n de l ' a r g e n t en capital
force; il la laisse c o n s o m m e r par l'acheteur avant d'en obtenir le p r i x ; en un m o t il lui fait p a r t o u t c r é d i t . Et ce q u i prouve q u e ce crédit n'est pas u n e vaine chimère, ce n'est p o i n t s e u l e m e n t la perte du salaire q u a n d le capitaliste fait b a n q u e r o u t e , m a i s encore u n e foule d'autres c o n s é q u e n c e s m o i n s a c c i d e n t e l l e s . C e p e n d a n t q u e l'argent fonctionne c o m m e m o y e n d'achat o u c o m m e m o y e n d e p a y e m e n t , cette circonstance n e c h a n g e rien à | | 7 5 | la n a t u r e de l'échange des m a r c h a n d i s e s . C o m m e le loyer d ' u n e m a i son, le prix de la force de travail est établi par contrat, b i e n q u ' i l ne soit réalisé q u e p o s t é r i e u r e m e n t . La force de travail est v e n d u e , bien qu'elle ne 51
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« L ' o u v r i e r p r ê t e son i n d u s t r i e » , m a i s , ajoute Storch c a u t e l e u s e m e n t , « i l n e r i s q u e rien, exc e p t é de perdre son salaire .... l'ouvrier ne t r a n s m e t rien de m a t é r i e l . » (Storch: Cours d'Écon. Polit, Pétersbourg, 1815, t. II, p. [36,] 37.) Un e x e m p l e e n t r e mille. Il existe à L o n d r e s d e u x sortes de b o u l a n g e r s , c e u x q u i v e n d e n t le p a i n à sa valeur réelle, les full priced, et c e u x q u i le v e n d e n t a u - d e s s o u s de cette valeur, les undersellers. Cette d e r n i è r e classe forme plus des trois q u a r t s du n o m b r e total des b o u l a n g e r s ( p . X X X I I [- XXXIV] d a n s le « R e p o r t » du c o m m i s s a i r e du g o u v e r n e m e n t U.S. Tremenheere s u r les «Grievances complained of by the journeymen bakers, etc., L o n d o n , 1862). Ces undersellers, p r e s q u e sans exception, v e n d e n t d u p a i n falsifié avec des m é l a n g e s d ' a l u n , d e savon, de c h a u x , de plâtre et autres i n g r é d i e n t s semblables, aussi sains et aussi n o u r r i s s a n t s . (V. le livre b l e u cité plus h a u t , le r a p p o r t du «Committee of 1855 on the adulteration of bread» et celui du Dr. Hassall : Adulterations detected, 2 edit., L o n d o n , 1861). Sir John Gordon déclarait d e v a n t le C o m i t é de 1855 q u e « p a r suite de ces falsifications, le p a u v r e q u i vit j o u r n e l l e m e n t de d e u x livres de pain, n'obtient pas m a i n t e n a n t le q u a r t des é l é m e n t s nutritifs q u i lui s e r a i e n t n é c e s saires, sans parler de l'influence p e r n i c i e u s e q u ' o n t de pareils a l i m e n t s s u r sa s a n t é » . P o u r expliquer c o m m e n t u n e g r a n d e p a r t i e d e l a classe ouvrière, b i e n q u e p a r f a i t e m e n t a u c o u r a n t d e ces falsifications, les e n d u r e n é a n m o i n s , Tremenheere d o n n e cette r a i s o n (1. c, p. X L V I I I ) « q u e c'est u n e n é c e s s i t é p o u r elle de p r e n d r e le pain chez le b o u l a n g e r ou d a n s la b o u t i q u e du détaillant, tel q u ' o n veut b i e n le lui d o n n e r » . C o m m e les ouvriers ne sont payés qu'à la fin de la s e m a i n e , ils ne p e u v e n t payer e u x - m ê m e s qu'à ce t e r m e le p a i n c o n s o m m é p e n d a n t ce t e m p s p a r leur famille, et Tremenheere ajoute, en se f o n d a n t sur l'affirmation de t é m o i n s o c u l a i r e s : « I l est n o t o i r e q u e le p a i n p r é p a r é avec ces sortes de m i x t u r e s est fait e x p r e s s é m e n t p o u r ce g e n r e de p r a t i q u e s . » (It is n o t o r i o u s t h a t bread c o m p o s e d of t h o s e m i x t u r e s is m a d e expressly for sale in this m a n n e r . ) « D a n s b e a u c o u p de districts agricoles en A n g l e t e r r e ( m a i s b i e n p l u s e n Ecosse) le salaire est payé par q u i n z a i n e et m ê m e p a r m o i s . L'ouvrier est obligé d ' a c h e t e r ses m a r c h a n d i s e s à crédit en a t t e n d a n t sa paye. On lui v e n d t o u t à des prix très-élevés, et il se trouve, en fait, lié à la b o u t i q u e q u i l'exploite, et le m e t à sec. C'est a i n s i q u e , p a r e x e m p l e , à H o m i n g s h a m in W i l t s , où il n'est payé q u e p a r m o i s , la m ê m e q u a n t i t é de farine (8 liv.) q u e p a r t o u t ailleurs il a p o u r 1 sh. 10 d., lui c o û t e 2 sh. 4 d.» (Sixth Report on Public Health by The Medical Officer of the Privy Council, etc., 1864, p. 264). « E n 1853, les ouvriers i m p r i m e u r s de Paisley et d e K i l m a r n o c h (ouest de l'Ecosse) e u r e n t r e c o u r s à u n e grève p o u r forc e r leurs patrons à les payer tous les q u i n z e j o u r s au lieu de tous les m o i s . » (Reports of The Inspectors of Factories for 31 st Oct. 1853, p. 34.) C o m m e e x e m p l e de l ' e x p l o i t a t i o n q u i résulte p o u r l'ouvrier d u crédit q u ' i l d o n n e a u capitaliste, o n p e u t citer e n c o r e l a m é t h o d e e m p l o y é e e n A n g l e t e r r e par u n grand n o m b r e d'exploiteurs d e m i n e s d e c h a r b o n . C o m m e ils n e p a y e n t les travailleurs q u ' u n e fois p a r m o i s , ils leur font en a t t e n d a n t le t e r m e des avances, s u r t o u t en m a r c h a n d i s e s q u e ceux-ci sont obligés d ' a c h e t e r a u - d e s s u s du prix c o u r a n t (truck system). « C ' e s t u n e p r a t i q u e u s u e l l e chez les propriétaires d e m i n e s d e h o u i l l e d e payer leurs ouvriers u n e fois par m o i s et de leur avancer de l'argent à la fin de c h a q u e s e m a i n e i n t e r m é d i a i r e . Cet argent leur est d o n n é d a n s le tommy shop, c'est-à-dire d a n s la b o u t i q u e de détail q u i a p p a r t i e n t au m a î t r e , de telle sorte q u e ce qu'ils reçoivent d ' u n e m a i n ils le r e n d e n t de l ' a u t r e . » Children's employment Commission, III. R e p o r t , L o n d o n , 1864, p. 38, η. 192.)
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Chapitre VI · Achat et vente de la force de travail
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soit payée q u ' e n s u i t e . Provisoirement, n o u s supposerons, pour éviter des complications inutiles, q u e le possesseur de la force de travail en reçoit, dès qu'il la vend, le prix c o n t r a c t u e l l e m e n t stipulé. N o u s connaissons m a i n t e n a n t le m o d e et la m a n i è r e d o n t se d é t e r m i n e la valeur payée au propriétaire de cette m a r c h a n d i s e originale, la force de travail. La valeur d'usage qu'il d o n n e en échange à l'acheteur, ne se m o n t r e q u e dans l'emploi m ê m e , c'est-à-dire dans la c o n s o m m a t i o n de sa force. Toutes les choses nécessaires à l'accomplissement de cette oeuvre, matières premières, etc. sont achetées sur le m a r c h é des produits par l ' h o m m e aux écus et payées à leur j u s t e prix. La c o n s o m m a t i o n de la force de travail est en m ê m e t e m p s p r o d u c t i o n de m a r c h a n d i s e s et de plus-value. Elle se fait c o m m e la c o n s o m m a t i o n de toute autre m a r c h a n d i s e , en dehors du marché ou de la sphère de circulation. N o u s allons d o n c en m ê m e temps que le possesseur d'argent et le possesseur de force de travail, quitter cette sphère b r u y a n t e où t o u t se passe à la surface et aux regards de tous, p o u r les suivre tous d e u x d a n s le laboratoire secret de la production, sur le seuil d u q u e l il est écrit: No admittance except on business . Là, n o u s allons voir n o n - s e u l e m e n t c o m m e n t le capital produit, m a i s encore c o m m e n t il est produit l u i - m ê m e . La fabrication de la plus-value, ce grand secret de la société m o d e r n e , va enfin se dévoiler. La sphère de la circulation des m a r c h a n d i s e s , où s'accomplissent la vente et l'achat de la force de travail, est en réalité un véritable È d e n des droits naturels de l ' h o m m e et du citoyen. Ce q u i y règne seul, c'est Liberté, Égalité, Propriété et B e n t h a m . Liberté! car ni l'acheteur ni le v e n d e u r d ' u n e m a r c h a n d i s e , n'agissent par c o n t r a i n t e ; au contraire ils ne sont d é t e r m i n é s q u e par leur libre arbitre. Ils passent contrat e n s e m b l e en qualité de personnes libres et possédant les m ê m e s droits. Le contrat est le libre produit d a n s lequel leurs volontés se d o n n e n t u n e expression j u r i d i q u e c o m m u n e . Égalité! car ils n ' e n t r e n t en rapport l'un avec l'autre q u ' à titre de possesseurs de m a r c h a n d i s e , et ils échangent équivalent contre équivalent. Propriété! car c h a c u n ne dispose que de ce qui lui appartient. Bentham! car p o u r c h a c u n d ' e u x il ne s'agit q u e de l u i - m ê m e . La seule force q u i les m e t t e en présence et en rapport est celle de leur égo'ïsme, de leur profit particulier, de leurs intérêts privés. C h a c u n ne pense q u ' à lui, p e r s o n n e ne s'inquiète de l'autre, et c'est p r é c i s é m e n t pour cela q u ' e n vertu d ' u n e harm o n i e préétablie des choses, ou sous les auspices d ' u n e providence t o u t ingénieuse, travaillant c h a c u n pour soi, c h a c u n chez soi, ils travaillent du m ê m e coup à l'utilité générale, à l'intérêt c o m m u n . Au m o m e n t où n o u s sortons de cette sphère de la circulation simple qui 53
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On n ' e n t r e p a s ici, sauf p o u r affaires !
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Deuxième section • La transformation de l'argent en capital fournit au libre-échangiste vulgaire ses notions, ses idées, sa m a n i è r e de voir et le criterium de son j u g e m e n t sur le capital et le salariat, n o u s voyons, à ce qu'il semble, s'opérer u n e certaine transformation d a n s la phys i o n o m i e des personnages de notre d r a m e . N o t r e a n c i e n h o m m e aux écus p r e n d les devants et, en qualité de capitaliste, m a r c h e le premier ; le possesseur de la force de travail le suit par derrière c o m m e son travailleur à lui ; celui-là le regard n a r q u o i s , l'air i m p o r t a n t et affairé; celui-ci t i m i d e , hésitant, rétif, c o m m e q u e l q u ' u n qui a porté sa propre p e a u au m a r c h é , et ne p e u t plus s'attendre q u ' à u n e chose : à être t a n n é . |
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Chapitre VII • Production de valeurs d'usage et production de la plus-value
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La production de la plus-value absolue CHAPITRE VII Production de valeurs d'usage 5
et p r o d u c t i o n de la plus-value I Production de valeurs d'usage
L'usage ou l'emploi de la force de travail, c'est le travail. L ' a c h e t e u r de cette force la c o n s o m m e en faisant travailler le vendeur. P o u r q u e celui-ci 10 produise des m a r c h a n d i s e s , son travail doit être utile, c'est-à-dire se réaliser en valeurs d'usage. C'est d o n c u n e valeur d'usage particulière, un article spécial q u e le capitaliste fait produire par son ouvrier. De ce q u e la prod u c t i o n de valeurs d'usage s'exécute p o u r le c o m p t e du capitaliste et sous sa direction, il ne s'ensuit pas, b i e n e n t e n d u , qu'elle change de n a t u r e . 15 Aussi, il n o u s faut d'abord e x a m i n e r le m o u v e m e n t du travail utile en général, abstraction faite de tout cachet particulier q u e p e u t lui i m p r i m e r telle ou telle phase du progrès é c o n o m i q u e de la société. Le travail est de p r i m e abord un acte qui se passe entre l ' h o m m e et la nature. L ' h o m m e y j o u e l u i - m ê m e vis-à-vis de la n a t u r e le rôle d ' u n e puis20 sance naturelle. Les forces d o n t son corps est d o u é , bras et j a m b e s , tête et m a i n s , il les m e t en m o u v e m e n t afin de s'assimiler des matières en leur d o n n a n t u n e forme utile à sa vie. En m ê m e t e m p s qu'il agit par ce m o u v e m e n t sur la n a t u r e extérieure et la modifie, il modifie sa propre n a t u r e , et développe les facultés q u i y sommeillent. N o u s ne n o u s arrêterons pas à cet
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Troisième section · La production de la plus-value absolue état primordial du travail où il n ' a pas encore dépouillé son m o d e p u r e m e n t instinctif. Notre p o i n t de départ c'est le travail sous u n e forme qui appartient exclusivement à l ' h o m m e . U n e araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d ' u n architecte. Mais ce qui distingue 5 dès l'abord le plus m a u v a i s architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule d a n s sa tête avant de la construire d a n s la r u c h e . Le résultat a u q u e l le travail aboutit préexiste i d é a l e m e n t d a n s l ' i m a g i n a t i o n du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère s e u l e m e n t un c h a n g e m e n t de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du m ê m e coup son propre b u t d o n t 10 il a conscience, qui d é t e r m i n e c o m m e loi son m o d e d'action, et a u q u e l il doit s u b o r d o n n e r sa volonté. Et cette subordination n'est pas m o m e n t a n é e . L ' œ u v r e exige p e n d a n t toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, u n e attention s o u t e n u e , laquelle n e p e u t e l l e - m ê m e résulter q u e d ' u n e tension constante de la volonté. Elle l'exige d ' a u t a n t plus q u e par 15 son objet et son m o d e d'exécution, le travail entraîne m o i n s le travailleur, qu'il se fait m o i n s sentir à lui, c o m m e le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot, qu'il est m o i n s attrayant. \ 1
|77| Voici les éléments simples dans lesquels le procès de travail se déc o m p o s e : 1° activité personnelle de l ' h o m m e , ou travail p r o p r e m e n t d i t ; 2° 20 objet sur lequel le travail agit; 3° m o y e n par lequel il agit. La terre (et sous ce terme, au point de vue é c o n o m i q u e , on c o m p r e n d aussi l'eau), de m ê m e qu'elle fournit à l ' h o m m e , dès le début, des vivres t o u t préparés , est aussi l'objet universel de travail qui se trouve là sans son fait. Toutes les choses q u e le travail ne fait q u e détacher de leur c o n n e x i o n 25 i m m é d i a t e avec la terre sont des objets de travail de par la grâce de la n a ture. Il en est ainsi du poisson que la pêche arrache à son é l é m e n t de vie, l ' e a u ; du bois abattu d a n s la forêt primitive; du m i n e r a i extrait de sa veine. L'objet déjà filtré par un travail antérieur, par exemple, le m i n e r a i lavé, s'appelle m a t i è r e première. T o u t e m a t i è r e première est objet de travail, 30 2
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En a l l e m a n d Arbeits-Process (Procès de travail). Le m o t «procès» q u i e x p r i m e un d é v e l o p p e m e n t c o n s i d é r é d a n s l ' e n s e m b l e de ses c o n d i t i o n s réelles, a p p a r t i e n t d e p u i s l o n g t e m p s à la l a n g u e scientifique d e t o u t e l ' E u r o p e . E n F r a n c e o n l'a d ' a b o r d i n t r o d u i t d ' u n e m a n i è r e tim i d e sous sa forme l a t i n e - processus. P u i s il s'est glissé, d é p o u i l l é de ce d é g u i s e m e n t p é d a n t e s q u e , d a n s les livres de c h i m i e , physiologie, etc., et d a n s q u e l q u e s œ u v r e s de m é t a p h y s i q u e . I l finira p a r o b t e n i r ses lettres d e g r a n d e n a t u r a l i s a t i o n . R e m a r q u o n s e n p a s s a n t q u e les Allem a n d s , c o m m e les F r a n ç a i s , d a n s l e langage o r d i n a i r e , e m p l o i e n t l e m o t « p r o c è s » d a n s son sens juridique. « L e s p r o d u c t i o n s s p o n t a n é e s de la terre ne se p r é s e n t e n t q u ' e n p e t i t e q u a n t i t é et t o u t à fait i n d é p e n d a m m e n t d e l ' h o m m e . I l s e m b l e r a i t qu'elles o n t été fournies p a r l a n a t u r e d e l a m ê m e m a n i è r e q u e l'on d o n n e à u n j e u n e h o m m e u n e p e t i t e s o m m e d ' a r g e n t p o u r l e m e t t r e à m ê m e de se frayer u n e r o u t e d a n s l ' i n d u s t r i e et de faire f o r t u n e . » ( J a m e s S t e u a r t : Principles of Polit. Econ. Edit. D u b l i n , 1770, v . I , p. 116).
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Chapitre VII · Production de valeurs d'usage et production de'la plus-value
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m a i s tout objet de travail n'est point m a t i è r e p r e m i è r e ; il ne le devient qu'après avoir subi déjà u n e modification q u e l c o n q u e effectuée par le travail. Le m o y e n de travail est u n e chose ou un e n s e m b l e de choses que l ' h o m m e interpose entre lui et l'objet de son travail c o m m e c o n d u c t e u r s de son action. Il se sert des propriétés m é c a n i q u e s , physiques, c h i m i q u e s de certaines choses p o u r les faire agir c o m m e forces sur d'autres choses, c o n f o r m é m e n t à son b u t . Si n o u s laissons de côté la prise de possession de subsistances toutes trouvées - la cueillette des fruits par exemple, où ce sont les organes de l ' h o m m e qui lui servent d ' i n s t r u m e n t , - n o u s voyons q u e le travailleur s'empare i m m é d i a t e m e n t , n o n pas de l'objet, m a i s du m o y e n de son travail. Il convertit ainsi des choses extérieures en organes de sa propre activité, organes qu'il ajoute aux siens de m a n i è r e à allonger, en dépit de la Bible, sa stature naturelle. C o m m e la terre est son m a g a s i n de vivres primitif, elle est aussi l'arsenal primitif de ses m o y e n s de travail. Elle lui fournit, par exemple, la pierre d o n t il se sert pour frotter, trancher, presser, lancer, etc. La terre elle-même devient m o y e n de travail, m a i s ne c o m m e n c e pas à fonctionner c o m m e tel dans l'agriculture, sans q u e t o u t e u n e série d'autres m o y e n s de travail soit p r é a l a b l e m e n t d o n n é e . Dès qu'il est t a n t soit peu développé, le travail ne saurait se passer de m o y e n s déjà travaillés. D a n s les plus a n c i e n n e s cavernes on trouve des i n s t r u m e n t s et des armes de pierre. A côté des coquillages, des pierres, des bois et des os façonnés, on voit figurer au p r e m i e r rang p a r m i les m o y e n s de travail primitifs l'animal d o m p t é et apprivoisé, c'est-à-dire déjà modifié par le trav a i l . L'emploi et la création de m o y e n s de travail, quoiqu'ils se trouvent en germe chez q u e l q u e s espèces animales, caractérisent é m i n e m m e n t le travail h u m a i n . Aussi F r a n k l i n donne-t-il cette définition de l ' h o m m e : l ' h o m m e est un a n i m a l fabricateur d'outils (« a toolmaking a n i m a l » ) . Les débris des anciens m o y e n s de travail ont p o u r l'étude des formes é c o n o m i ques des sociétés disparues la m ê m e i m p o r t a n c e que la structure des os fossiles p o u r la c o n n a i s s a n c e de l'organisation des races éteintes. Ce qui distingue u n e é p o q u e é c o n o m i q u e d ' u n e autre, c'est m o i n s ce q u e l'on fa3
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« L a maison est aussi p u i s s a n t e q u e r u s é e . Sa r u s e consiste en g é n é r a l d a n s c e t t e activité ent r e m e t t e u s e q u i en laissant agir les objets les u n s sur les autres c o n f o r m é m e n t à leur p r o p r e n a t u r e , sans se m ê l e r d i r e c t e m e n t à leur a c t i o n r é c i p r o q u e , en arrive n é a n m o i n s à a t t e i n d r e u n i q u e m e n t le b u t q u ' e l l e se p r o p o s e . » ( H e g e l : Encyclopédie, Erster Theil. - Die Logik, Berlin 1840, p. 382.) D a n s son ouvrage d'ailleurs p i t o y a b l e : Théorie de l'Écon. Polit., Paris, 1815, G a n i l h objecte a u x physiocrates, et é n u m è r e très-bien, la g r a n d e série de t r a v a u x q u i f o r m e n t la b a s e p r é l i m i n a i r e d e l'agriculture p r o p r e m e n t dite. D a n s ses Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, 1766, T u r g o t fait parfaitem e n t ressortir l ' i m p o r t a n c e d e l ' a n i m a l apprivoisé e t d o m p t é p o u r les c o m m e n c e m e n t s d e l a culture. 4
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Troisième section · La production de la plus-value absolue brique, q u e la m a n i è r e de fabriquer, les m o y e n s de travail par lesquels on fabrique . Les m o y e n s de travail sont les gradimètres du d é v e l o p p e m e n t du travailleur, et les exposants des rapports sociaux dans lesquels il travaille. C e p e n d a n t les m o y e n s m é c a n i q u e s , d o n t l'ensemble p e u t être n o m m é le système osseux et m u s c u l a i r e de la production, offrent des caractères bien plus distinctifs d ' u n e é p o q u e é c o n o m i q u e que les m o y e n s q u i ne servent q u ' à recevoir et à conserver les objets ou produits du travail, et d o n t l'ensemble forme c o m m e le système vasculaire de la production, tels que, par exemple, vases, corbeilles, pots et cruches, etc. Ce n'est q u e d a n s la fabrication c h i m i q u e qu'ils c o m m e n c e n t à j o u e r un rôle plus i m p o r t a n t . Outre les choses qui servent d'intermédiaires, de c o n d u c t e u r s de l'action de l ' h o m m e sur son objet, les m o y e n s du travail c o m p r e n n e n t , d a n s un sens plus large, toutes les conditions matérielles qui, sans rentrer directem e n t d a n s ses opérations, sont c e p e n d a n t indispensables ou d o n t l'absence le rendrait défectueux. L ' i n s t r u m e n t général de ce genre est encore la terre, car elle fournit au travailleur le locus standi, sa base f o n d a m e n t a l e , et à son activité le c h a m p où elle p e u t se déployer, son field of employment. Des m o y e n s de travail de cette catégorie, ||78| m a i s déjà dus à un travail a n t é rieur, sont les ateliers, les chantiers, les c a n a u x , les routes, etc. D a n s le procès de travail l'activité de l ' h o m m e effectue d o n c à l'aide des m o y e n s de travail u n e modification voulue de son objet. Le procès s'éteint d a n s le produit, c'est-à-dire d a n s u n e valeur d'usage, u n e m a t i è r e naturelle assimilée aux besoins h u m a i n s par un c h a n g e m e n t de forme. Le travail, en se c o m b i n a n t avec son objet, s'est matérialisé et la m a t i è r e est travaillée. Ce qui était du m o u v e m e n t chez le travailleur, apparaît m a i n t e n a n t dans le produit c o m m e u n e propriété en repos. L'ouvrier a tissé et le produit est un tissu. Si l'on considère l'ensemble de ce m o u v e m e n t au point de vue de son résultat, du produit, alors tous les deux, m o y e n et objet de travail, se présentent c o m m e m o y e n s de p r o d u c t i o n , et le travail l u i - m ê m e c o m m e travail productif . . 6
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De t o u t e s les m a r c h a n d i s e s , les m a r c h a n d i s e s de l u x e p r o p r e m e n t dites s o n t les p l u s insignifiantes p o u r c e q u i c o n c e r n e l a c o m p a r a i s o n t e c h n o l o g i q u e des différentes é p o q u e s d e p r o d u c t i o n . B i e n q u e les histoires écrites j u s q u ' i c i t é m o i g n e n t d ' u n e p r o f o n d e i g n o r a n c e d e t o u t ce qui regarde la p r o d u c t i o n m a t é r i e l l e , b a s e de t o u t e vie sociale, et par c o n s é q u e n t de t o u t e histoire réelle, on a n é a n m o i n s p a r s u i t e des r e c h e r c h e s scientifiques d e s n a t u r a l i s t e s q u i n ' o n t r i e n d e c o m m u n avec les r e c h e r c h e s s o i - d i s a n t h i s t o r i q u e s , caractérisé les t e m p s p r é h i s t o r i q u e s d'après l e u r m a t é r i e l d ' a r m e s et d ' o u t i l s , sous les n o m s d'âge de pierre, d'âge de b r o n z e et d'âge de fer. II s e m b l e p a r a d o x a l d ' a p p e l e r p a r e x e m p l e le p o i s s o n q u i n'est p a s e n c o r e pris un m o y e n de p r o d u c t i o n p o u r l a p ê c h e . M a i s j u s q u ' i c i o n n ' a pas e n c o r e trouvé l e m o y e n d e p r e n d r e des poissons d a n s les e a u x où il n ' y en a p a s . Cette d é t e r m i n a t i o n du travail p r o d u c t i f d e v i e n t t o u t à fait insuffisante dès q u ' i l s'agit de la p r o d u c t i o n capitaliste. 7
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Chapitre VII • Production de valeurs d'usage et production de la plus-value
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Si u n e valeur d'usage est le produit d ' u n procès de travail, il y entre c o m m e m o y e n s de p r o d u c t i o n d'autres valeurs d'usage, produits ellesm ê m e s d ' u n travail antérieur. La m ê m e valeur d'usage, p r o d u i t d ' u n travail, devient le m o y e n de p r o d u c t i o n d ' u n autre. Les produits ne sont d o n c pas s e u l e m e n t des résultats, m a i s encore des conditions du procès de travail. L'objet du travail est fourni par la n a t u r e seule d a n s l'industrie extractive, - exploitation des m i n e s , chasse, pêche, etc., - et m ê m e d a n s l'agriculture en t a n t qu'elle se borne à défricher des terres encore vierges. Toutes les autres b r a n c h e s d'industrie m a n i p u l e n t des matières premières, c'est-àdire des objets déjà filtrés par le travail, c o m m e , par exemple, les semences en agriculture. Les a n i m a u x et les plantes q u e d ' h a b i t u d e on considère c o m m e des produits naturels sont, d a n s leurs formes actuelles, les produits n o n - s e u l e m e n t du travail de l'année dernière, m a i s encore, d ' u n e transform a t i o n c o n t i n u é e p e n d a n t des siècles sous la surveillance et par l'entremise du travail h u m a i n . Q u a n t a u x i n s t r u m e n t s p r o p r e m e n t dits, la plupart d'entre eux m o n t r e n t au regard le plus superficiel les traces d ' u n travail passé. La matière première p e u t former la s u b s t a n c e principale d ' u n produit ou n'y entrer q u e sous la forme de m a t i è r e auxiliaire. Celle-ci est alors c o n s o m m é e par le m o y e n de travail, c o m m e la houille, par la m a c h i n e à vapeur, l'huile par la roue, le foin par le cheval de trait; ou b i e n elle est j o i n t e à la m a t i è r e première p o u r y opérer u n e modification, c o m m e le chlore à la toile écrue, le c h a r b o n au fer, la couleur à la laine, ou b i e n encore elle aide le travail l u i - m ê m e à s'accomplir, c o m m e , par e x e m p l e , les matières usées d a n s l'éclairage et le chauffage de l'atelier. La différence entre matières principales et matières auxiliaires se confond d a n s la fabrication c h i m i q u e p r o p r e m e n t dite, où a u c u n e des matières employées ne reparaît c o m m e s u b s t a n c e d u p r o d u i t . C o m m e t o u t e chose possède des propriétés diverses et prête, par cela m ê m e , à plus d ' u n e application, le m ê m e produit est susceptible de former la m a t i è r e première de différentes opérations. Les grains servent ainsi de matière p r e m i è r e au m e u n i e r , à l'amidonnier, au distillateur, à l'éleveur de bétail, etc.; ils d e v i e n n e n t , c o m m e semence, m a t i è r e première de leur propre production. De m ê m e le c h a r b o n sort c o m m e produit de l'industrie minière et y entre c o m m e m o y e n de p r o d u c t i o n . D a n s la m ê m e opération, le m ê m e produit p e u t servir et de m o y e n de travail et de m a t i è r e p r e m i è r e ; dans l'engraissement du bétail, par exem9
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Storch d i s t i n g u e l a m a t i è r e p r e m i è r e p r o p r e m e n t dite q u ' i l n o m m e s i m p l e m e n t « m a t i è r e » , des m a t i è r e s auxiliaires, q u ' i l d é s i g n e s o u s l e n o m d e « m a t é r i a u x » , e t q u e C h e r b u l i e z appelle «matières instrumentales».
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Troisième section • La production de la plus-value absolue pie, l'animal, la m a t i è r e travaillée, fonctionne aussi c o m m e m o y e n p o u r la préparation du fumier. Un produit qui déjà existe sous u n e forme qui le r e n d propre à la c o n s o m m a t i o n , p e u t c e p e n d a n t devenir à son t o u r m a t i è r e p r e m i è r e d ' u n autre p r o d u i t ; le raisin est la m a t i è r e première du vin. Il y a aussi des tra5 vaux d o n t les produits sont impropres à t o u t autre service q u e celui de m a tière première. D a n s cet état, le produit n ' a reçu, c o m m e on dit, q u ' u n e demi-façon et il serait m i e u x de dire qu'il n'est q u ' u n produit sériel ou gradué, c o m m e , par exemple, le coton, les filés, le calicot, etc. La m a t i è r e première originaire, q u o i q u e produit elle-même, p e u t avoir à parcourir t o u t e 10 u n e échelle de r e m a n i e m e n t s d a n s lesquels, sous u n e forme toujours m o d i fiée, elle fonctionne toujours c o m m e m a t i è r e première j u s q u ' à la dernière opération qui l'élimine c o m m e objet de c o n s o m m a t i o n ou m o y e n de travail. On le voit: le caractère de produit, de m a t i è r e première ou de m o y e n de travail ne s'attache à u n e valeur d'usage que suivant la position d é t e r m i n é e qu'elle remplit d a n s le procès de travail, que d'après la place qu'elle y occupe, et son c h a n g e m e n t de place change sa d é t e r m i n a t i o n . T o u t e valeur d'usage e n t r a n t dans des opérations nouvelles c o m m e m o y e n de production, perd d o n c son caractère de produit, et ne f o n c t i o n n e plus q u e c o m m e facteur du travail vivant. Le fileur traite les broches et le lin s i m p l e m e n t c o m m e m o y e n et objet de son travail. Il est certain q u ' o n ne peut filer sans i n s t r u m e n t s et sans m a t i è r e ; aussi l'existence de ces produits est-elle déjà s o u s - e n t e n d u e au d é b u t du filage. M a i s , dans ce dernier acte, il est tout aussi indifférent que lin et broches soient des produits d ' u n travail antérieur, qu'il est indifférent dans l'acte de la n u t r i t i o n q u e le p a i n soit le produit des travaux antérieurs du cultivateur, du m e u n i e r , du b o u langer, et ainsi de suite. T o u t au contraire, ce n'est q u e par leurs défauts q u ' u n e fois l'œuvre m i s e en train, les m o y e n s de p r o d u c t i o n font valoir leur caractère de produits. D e s c o u t e a u x qui ne c o u p e n t pas, du fil q u i se casse à tout m o m e n t , éveillent le souvenir désagréable de leurs fabricants. Le b o n produit ne fait pas sentir le travail d o n t il tire ses qualités utiles.
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U n e m a c h i n e qui ne sert pas au travail est inutile. Elle se détériore en outre sous l'influence des||79|tructive des agents naturels. Le fer se rouille, le bois pourrit, la laine n o n travaillée est rongée par les vers. Le travail vi- 35 vant doit resaisir ces objets, les ressusciter des morts et les convertir d'utilités possibles en utilités efficaces. Léchés par la flamme du travail, transformés en ses organes, appelés par son souffle à remplir leurs fonctions propres, ils sont aussi c o n s o m m é s , m a i s pour un b u t d é t e r m i n é , c o m m e éléments formateurs d e n o u v e a u x produits. 40 Or, si des produits sont n o n s e u l e m e n t le résultat, m a i s encore la condi-
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Chapitre VII • Production de valeurs d'usage et production de la plus-value
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tion d'existence du procès de travail, ce n'est q u ' e n les y j e t a n t , q u ' e n les m e t t a n t en contact avec le travail vivant, que ces résultats du travail passé peuvent être conservés et utilisés. Le travail u s e ses é l é m e n t s matériels, son objet et ses m o y e n s , et est par c o n s é q u e n t un acte de c o n s o m m a t i o n . Cette c o n s o m m a t i o n productive se distingue de la c o n s o m m a t i o n individuelle en ce q u e celle-ci c o n s o m m e les produits c o m m e m o y e n s de j o u i s s a n c e de l'individu, tandis q u e celle-là les c o n s o m m e c o m m e m o y e n s de f o n c t i o n n e m e n t du travail. Le produit de la c o n s o m m a t i o n individuelle est, par c o n s é q u e n t , le c o n s o m m a t e u r luim ê m e ; le résultat de la c o n s o m m a t i o n productive est un produit distinct du consommateur. En t a n t q u e ses m o y e n s et son objet sont déjà des produits, le travail c o n s o m m e des produits p o u r créer des produits, ou bien e m p l o i e les produits c o m m e m o y e n s de p r o d u c t i o n de produits n o u v e a u x . M a i s le procès de travail qui p r i m i t i v e m e n t se passe entre l ' h o m m e et la terre - qu'il trouve en dehors de lui - ne cesse j a m a i s n o n plus d'employer des m o y e n s d e p r o d u c t i o n d e p r o v e n a n c e naturelle, n e représentant a u c u n e c o m b i n a i son entre les éléments naturels et le travail h u m a i n . Le procès de travail tel q u e n o u s venons de l'analyser d a n s ces m o m e n t s simples et abstraits, - l'activité q u i a p o u r b u t la p r o d u c t i o n de valeurs d'usage, l'appropriation des objets extérieurs a u x besoins - est la condition générale des échanges matériels entre l ' h o m m e et la n a t u r e , u n e nécessité physique de la vie h u m a i n e , i n d é p e n d a n t e par cela m ê m e de toutes ses formes sociales, ou plutôt également c o m m u n e à toutes. N o u s n'avions d o n c pas besoin de considérer les rapports de travailleur à travailleur. L ' h o m m e et son travail d ' u n côté, la n a t u r e et ses matières de l'autre, n o u s suffisaient. Pas plus q u e l'on ne devine au goût du froment qui l'a cultivé, on ne saurait, d'après les d o n n é e s du travail utile, conjecturer les conditions sociales d a n s lesquelles il s'accomplit. A-t-il été exécuté sous le fouet brutal du surveillant d'esclaves ou sous l'œil i n q u i e t du capitaliste? Avonsn o u s affaire à C i n c i n n a t u s l a b o u r a n t son lopin de terre ou au sauvage abattant du gibier d ' u n c o u p de pierre? R i e n ne n o u s l ' i n d i q u e . R e v e n o n s à notre capitaliste en herbe. N o u s l'avons p e r d u de vue au m o m e n t où il vient d'acheter sur le m a r c h é tous les facteurs nécessaires à l'accomplissement du travail, les facteurs objectifs - m o y e n s de p r o d u c t i o n 10
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C'est p r o b a b l e m e n t p o u r cela q u e , p a r u n p r o c é d é d e « h a u t e » l o g i q u e , l e c o l o n e l T o r r e n s a d é c o u v e r t d a n s la pierre du sauvage, - l'origine du capital. « D a n s la p r e m i è r e p i e r r e q u e le sauvage lance sur le gibier q u ' i l poursuit, d a n s le p r e m i e r b â t o n q u ' i l saisit p o u r a b a t t r e le fruit qu'il n e p e u t a t t e i n d r e avec l a m a i n , n o u s voyons l ' a p p r o p r i a t i o n d ' u n article d a n s l e b u t d ' e n acquérir un a u t r e , et n o u s d é c o u v r o n s ainsi - l'origine du c a p i t a l » ( R . T o r r e n s : An Essay on the Production of Wealth, etc. p. 70, 71). C'est p r o b a b l e m e n t aussi grâce à ce p r e m i e r b â t o n , en vieux français estoc, en a l l e m a n d stock, q u ' e n anglais stock d e v i e n t le s y n o n y m e de capital.
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Troisième section • La production de la plus-value absolue et le facteur subjectif - force de travail. Il les a choisis en c o n n a i s s e u r et en h o m m e avisé, tels qu'il les faut p o u r son genre d'opération particulier, filage, cordonnerie, etc. Il se m e t d o n c à c o n s o m m e r la m a r c h a n d i s e qu'il a achetée, la force de travail, ce qui revient à dire qu'il fait c o n s o m m e r les m o y e n s de p r o d u c t i o n par le travail. La n a t u r e générale du travail n'est évid e m m e n t point du tout modifiée, parce que l'ouvrier accomplit son travail n o n pour l u i - m ê m e , m a i s p o u r l e capitaliste. D e m ê m e l'intervention d e celui-ci ne saurait n o n plus changer s o u d a i n e m e n t les procédés particuliers par lesquels on fait des bottes ou des filés. L ' a c h e t e u r de la force de travail doit la prendre telle qu'il la trouve sur le m a r c h é , et par c o n s é q u e n t aussi le travail tel qu'il s'est développé dans u n e période où il n ' y avait pas encore de capitalistes. Si le m o d e de production vient l u i - m ê m e à se transformer p r o f o n d é m e n t en raison de la subordination du travail au capital, cela n'arrive que plus tard, et alors s e u l e m e n t n o u s en tiendrons c o m p t e . Le procès de travail, en t a n t q u e c o n s o m m a t i o n de la force de travail par le capitaliste, ne m o n t r e q u e d e u x p h é n o m è n e s particuliers. L'ouvrier travaille sous le contrôle du capitaliste a u q u e l son travail appartient. Le capitaliste veille soigneusement à ce q u e la besogne soit prop r e m e n t faite et les m o y e n s de p r o d u c t i o n employés suivant le b u t cherché, à ce q u e la matière première ne soit pas gaspillée et q u e l ' i n s t r u m e n t de travail n'éprouve q u e le d o m m a g e inséparable de son emploi. En second lieu, le p r o d u i t est la propriété du capitaliste et n o n du prod u c t e u r i m m é d i a t , du travailleur. Le capitaliste paie, par exemple, la valeur journalière de la force de travail, dont, par c o n s é q u e n t , l'usage lui appart i e n t d u r a n t la j o u r n é e , tout c o m m e celui d ' u n cheval qu'il a loué à la j o u r n é e . L'usage de la m a r c h a n d i s e appartient à l'acheteur et en d o n n a n t son travail, le possesseur de la force de travail ne d o n n e en réalité q u e la valeur d'usage qu'il a v e n d u e . Dès son entrée dans l'atelier, l'utilité de sa force, le travail, appartenait au capitaliste. En achetant la force de travail, le capitaliste a incorporé le travail c o m m e ferment de vie a u x é l é m e n t s passifs du produit, d o n t il était aussi nanti. A son point de vue, le procès de travail n ' e s t que la c o n s o m m a t i o n de la force de travail, de la m a r c h a n d i s e q u ' i l a achetée, m a i s qu'il ne saurait c o n s o m m e r sans lui ajouter des m o y e n s de production. Le procès de travail est u n e opération entre choses qu'il a achetées, q u i lui appartiennent. Le produit de cette opération lui appartient d o n c au m ê m e titre q u e le produit de la fermentation d a n s son cellier . I
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« L e s p r o d u i t s sont appropriés a v a n t d'être transformés e n c a p i t a l ; leur t r a n s f o r m a t i o n n e les d é r o b e pas à cette a p p r o p r i a t i o n . » ( C h e r b u l i e z : Riche ou Pauvre, édit. Paris 1 8 4 1 , p . 5 4 ) . « L e prolétaire e n v e n d a n t son travail c o n t r e u n q u a n t u m d é t e r m i n é d ' a p p r o v i s i o n n e m e n t , r e n o n c e complètement à toute participation au produit. L'appropriation des produits reste la m ê m e
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Chapitre VII • Production de valeurs d'usage et production de la plus-value
|80| II Production de la plus-value Le produit - propriété du capitaliste - est u n e valeur d'usage, telle q u e des filés, de la toile, des bottes, etc. Mais bien que des bottes, par exemple, fas5 sent en q u e l q u e sorte m a r c h e r le m o n d e , et q u e n o t r e capitaliste soit assur é m e n t h o m m e de progrès, s'il fait des bottes, ce n'est pas par a m o u r des bottes. En général, d a n s la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e , la valeur d'usage n'est pas chose q u ' o n a i m e p o u r elle-même. Elle n ' y sert q u e de porte-valeur. Or, p o u r notre capitaliste, il s'agit d'abord de produire un objet u t i l e q u i ait 10 u n e valeur échangeable, un article destiné à la vente, u n e m a r c h a n d i s e . Et, de plus, il veut q u e la valeur de cette m a r c h a n d i s e surpasse celle des m a r chandises nécessaires pour la produire, c'est-à-dire la s o m m e de valeurs des m o y e n s de p r o d u c t i o n et de la force de travail, p o u r lesquels il a dépensé son cher argent. Il veut produire n o n - s e u l e m e n t u n e chose utile, 15
m a i s u n e valeur, et n o n - s e u l e m e n t u n e valeur, m a i s encore u n e plus-value. En fait, j u s q u ' i c i n o u s n ' a v o n s considéré la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e q u ' à un seul point de vue, celui de la valeur d'usage. M a i s de m ê m e q u e la m a r chandise est à la fois valeur d'usage et valeur d'échange, de m ê m e sa production doit être à la fois formation de valeurs d'usage et formation de va20 leur. E x a m i n o n s d o n c m a i n t e n a n t la p r o d u c t i o n au p o i n t de vue de la valeur. On sait que la valeur d ' u n e m a r c h a n d i s e est d é t e r m i n é e par le q u a n t u m de travail matérialisé en elle, par le t e m p s socialement nécessaire à sa production. Il n o u s faut d o n c calculer le travail c o n t e n u dans le produit q u e 25 notre capitaliste a fait fabriquer, soit dix livres de filés. Pour produire les filés, il avait besoin d ' u n e m a t i è r e première, m e t t o n s dix livres de coton. I n u t i l e de chercher m a i n t e n a n t quelle est la valeur de ce coton, car le capitaliste l'a acheté sur le m a r c h é ce qu'il valait, par e x e m ple 10 schellings. D a n s ce prix le travail exigé pour la p r o d u c t i o n du coton 30 est déjà représenté c o m m e travail social m o y e n . A d m e t t o n s encore q u e l'usure des broches - et elles n o u s représentent tous les autres m o y e n s de
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q u ' a u p a r a v a n t ; elle n ' e s t m o d i f i é e e n a u c u n e sorte par l a c o n v e n t i o n m e n t i o n n é e . L e p r o d u i t a p p a r t i e n t e x c l u s i v e m e n t au capitaliste q u i a livré les m a t i è r e s p r e m i è r e s et l ' a p p r o v i s i o n n e m e n t . C'est là u n e c o n s é q u e n c e r i g o u r e u s e de la loi d ' a p p r o p r i a t i o n d o n t le principe fondamental était au c o n t r a i r e le d r o i t de p r o p r i é t é exclusif de c h a q u e travailleur à son p r o d u i t . » (1. c. p. 58). « Q u a n d les ouvriers t r a v a i l l e n t p o u r un salaire, le capitaliste est p r o p r i é t a i r e n o n - s e u l e m e n t d u capital ( m o y e n s d e p r o d u c t i o n ) , m a i s e n c o r e d u travail (of l a b o u r also). S i l'on c o m p r e n d , c o m m e c'est l'usage, d a n s la n o t i o n de capital ce q u i est payé p o u r salaires, il est absurde d e p a r l e r s é p a r é m e n t d u c a p i t a l e t d u travail. L e m o t c a p i t a l d a n s c e sens r e n f e r m e d e u x choses, capital et travail.» ( J a m e s M i l l : Elements of Polit. Econ., etc. p. 70, 71).
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Troisième section • La production de la plus-value absolue travail employés - s'élève à 2 schellings. Si u n e masse d'or de 12 schellings est le produit de vingt-quatre heures de travail, il s'en suit qu'il y a d e u x j o u r n é e s de travail réalisées dans les filés. Cette circonstance, q u e le coton a changé de forme et q u e l'usure a fait disparaître u n e quote-part des broches, ne doit pas n o u s dérouter. D'après 5 la loi générale des échanges, dix livres de filés sont l'équivalent de dix livres de coton et un quart de broche, si la valeur de q u a r a n t e livres de filés égale la valeur de q u a r a n t e livres de coton, plus u n e b r o c h e entière, c'est-àdire si le m ê m e t e m p s de travail est nécessaire p o u r p r o d u i r e l'un ou l'autre terme de cette é q u a t i o n . D a n s ce cas le m ê m e t e m p s de travail se repré- 10 sente u n e fois en filés, l'autre fois en coton et broche. Le fait q u e b r o c h e et coton, au lieu de rester en repos l'un à côté de l'autre, se sont c o m b i n é s p e n d a n t le filage qui, en c h a n g e a n t leurs formes usuelles, les a convertis en filés, n'affecte pas plus leur valeur que ne le ferait leur simple é c h a n g e contre un équivalent en filés. 15 Le t e m p s de travail nécessaire pour produire les filés, c o m p r e n d le t e m p s de travail nécessaire p o u r produire leur matière première, le coton. Il en est d e m ê m e d u temps nécessaire p o u r reproduire les broches u s é e s . En calculant la valeur des filés, c'est-à-dire le t e m p s nécessaire à leur production, on doit d o n c considérer les différents travaux, - séparés par le temps et l'espace qu'il faut parcourir, d'abord p o u r p r o d u i r e coton et broches, ensuite pour faire des filés - c o m m e des phases successives de la m ê m e opération. T o u t le travail c o n t e n u dans les filés est du travail passé, et peu importe q u e le travail exigé p o u r produire leurs éléments constitutifs soit écoulé avant le t e m p s dépensé dans l'opération finale, le filage. S'il faut trente journées, par exemple, pour construire u n e m a i s o n , la s o m m e de travail qui y est incorporée ne change pas de grandeur, bien q u e la trentième j o u r n é e de travail n ' e n t r e dans la production q u e vingt-neuf jours après la première. De m ê m e le temps de travail c o n t e n u d a n s la m a t i è r e première et les i n s t r u m e n t s du filage doit être c o m p t é c o m m e s'il eût été dépensé d u r a n t le cours de cette opération m ê m e . 12
Il faut, b i e n e n t e n d u , q u e d e u x conditions soient remplies : en p r e m i e r lieu, q u e les m o y e n s aient réellement servi à produire u n e valeur d'usage, d a n s notre cas des filés. Peu importe à la valeur le genre de valeur d'usage q u i la s o u t i e n t ; mais elle doit être s o u t e n u e par u n e valeur d'usage. Seeond e m e n t , il est s o u s - e n t e n d u q u ' o n n ' e m p l o i e q u e le t e m p s de travail n é cessaire dans les conditions n o r m a l e s de la production. Si u n e livre de cot o n suffit en m o y e n n e pour faire u n e livre de filés, ce n ' e s t q u e la valeur
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« N o n s e u l e m e n t l e travail a p p l i q u é i m m é d i a t e m e n t a u x m a r c h a n d i s e s affecte l e u r valeur, m a i s e n c o r e le travail i n c o r p o r é d a n s les fournitures, les outils et les c o n s t r u c t i o n s s a n s lesquelles un tel travail ne p o u r r a i t avoir l i e u . » (Ricardo 1. c. p. 16).
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Chapitre VII · Production de valeurs d'usage et production de la plus-value d ' u n e livre de c o t o n q u i sera i m p u t é e à la valeur d ' u n e livre de filés. Le capitaliste aurait la fantaisie d'employer des broches d'or, qu'il ne serait n é a n m o i n s c o m p t é d a n s la valeur des filés q u e le t e m p s de travail n é c e s saire p o u r p r o d u i r e l ' i n s t r u m e n t de fer. | 5
|81[ N o u s c o n n a i s s o n s à présent la valeur q u e le coton et l'usure des broches d o n n e n t a u x filés. Elle est égale à 12 sh. - l'incorporation de d e u x j o u r n é e s de travail. R e s t e d o n c à chercher c o m b i e n de valeur c'est q u e le travail du fileur ajoute au produit. Ce travail se p r é s e n t e m a i n t e n a n t sous un nouvel aspect. D ' a b o r d c'était 10 l'art de filer. Plus valait le travail, plus valaient les filés, toutes les autres circonstances restant les m ê m e s . Le travail du fileur se distinguait d'autres travaux productifs par son but, ses procédés t e c h n i q u e s , les propriétés de son p r o d u i t et ses m o y e n s de p r o d u c t i o n spécifiques. Avec le coton et les broches q u ' e m p l o i e le fileur on ne saurait faire des c a n o n s rayés. Par 15 contre, en t a n t q u ' i l est source de valeur, le travail du fileur ne diffère en rien de celui du foreur de c a n o n s , ou, ce q u i vaut m i e u x , de celui du planteur de coton ou du fabricant de broches, c'est-à-dire des travaux réalisés d a n s les m o y e n s de p r o d u c t i o n des filés. Si ces travaux, malgré la différence de leurs formes utiles, n ' é t a i e n t pas d ' u n e essence i d e n t i q u e , ils ne 20
p o u r r a i e n t pas constituer des portions, indistinctes q u a n t à leur qualité, du travail total réalisé d a n s le produit. Dès lors les valeurs coton et b r o c h e s ne c o n s t i t u e r a i e n t pas n o n plus des parties intégrantes de la valeur totale des filés. En effet, ce q u i i m p o r t e ici, ce n'est plus la qualité m a i s la q u a n t i t é du travail; c'est elle seule q u i entre en ligne de c o m p t e . A d m e t t o n s q u e le
25 filage soit du travail simple m o y e n . On verra plus tard q u e la supposition contraire ne changerait r i e n à l'affaire. P e n d a n t le procès de la p r o d u c t i o n , le travail passe sans cesse de la forme d y n a m i q u e à la forme statique. U n e h e u r e de travail par exemple, c'est-à-dire la d é p e n s e en force vitale du fileur d u r a n t u n e h e u r e , se repré30 sente d a n s u n e q u a n t i t é d é t e r m i n é e de filés. Ce q u i est ici d ' u n e i m p o r t a n c e décisive, c'est q u e p e n d a n t la d u r é e de la transformation du c o t o n en filés, il ne se d é p e n s e q u e le t e m p s de travail socialement nécessaire. Si dans les c o n d i t i o n s n o r m a l e s , c'est-à-dire sociales, m o y e n n e s de la p r o d u c t i o n , il faut q u e d u r a n t u n e h e u r e de travail 35 A liv. de coton soient converties en B liv. de filés, on ne c o m p t e c o m m e j o u r n é e de travail de 12 h e u r e s q u e la j o u r n é e de travail q u i convertit 12 χ A liv. de c o t o n en 12 x B liv. de filés. Le t e m p s de travail s o c i a l e m e n t nécessaire est en effet le seul q u i c o m p t e d a n s la formation de la valeur. On r e m a r q u e r a q u e n o n - s e u l e m e n t le travail, m a i s aussi les m o y e n s de 40 p r o d u c t i o n et le p r o d u i t o n t m a i n t e n a n t c h a n g é de rôle. La m a t i è r e prem i è r e ne fait q u e s ' i m b i b e r d ' u n e certaine q u a n t i t é de travail. Il est vrai
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Troisième section • La production de ia plus-value absolue q u e cette absorption la convertit en filés, a t t e n d u que la force vitale de l'ouvrier a été dépensée sous forme de filage, m a i s le produit en filés ne sert q u e de gradimètre i n d i q u a n t la q u a n t i t é de travail i m b i b é e par le coton ; - par exemple dix livres de filés i n d i q u e r o n t six h e u r e s de travail, s'il faut u n e h e u r e p o u r filer 1 liv. % de coton. Certaines quantités de p r o d u i t d é t e r m i n é e s d'après les d o n n é e s de l'expérience ne représentent q u e des masses de travail solidifié - la matérialité d ' u n e h e u r e , de d e u x heures, d ' u n j o u r de travail social. Q u e le travail soit p r é c i s é m e n t filage, sa m a t i è r e coton et son produit filé, cela est t o u t à fait indifférent, c o m m e il est indifférent q u e l'objet m ê m e du travail soit déjà m a t i è r e première, c'est-à-dire un produit. Si l'ouvrier, au lieu d'être occupé dans u n e filature, était employé d a n s u n e houillère, la n a t u r e lui fournirait son objet de travail. N é a n m o i n s un quantum d é t e r m i n é de houille extrait de sa couche, un q u i n t a l par exemple, représenterait un quantum d é t e r m i n é de travail absorbé. Lors de la vente de la force de travail, il a été s o u s - e n t e n d u q u e sa valeur journalière = 3 sh., - s o m m e d'or dans laquelle 6 heures de travail sont incorporées - et que, par conséquent, il faut travailler 6 h e u r e s p o u r p r o d u i r e la s o m m e m o y e n n e de subsistances nécessaires à l'entretien q u o t i d i e n du travailleur. C o m m e n o t r e fileur convertit p e n d a n t 1 h e u r e 1 livre 2 tiers de coton en 1 livre 2 tiers de filés, il convertira en 6 heures 10 livres de coton en 10 livres de filés . P e n d a n t la durée du filage le coton absorbe d o n c 6 heures de travail. Le m ê m e temps de travail est fixé dans u n e s o m m e d'or de 3 sh. Le fileur a d o n c ajouté au coton u n e valeur de 3 sh. Faisons m a i n t e n a n t le compte de la valeur totale du produit. Les 10 liv. de filés c o n t i e n n e n t d e u x j o u r n é e s et d e m i e de travail; coton et b r o c h e c o n t i e n n e n t d e u x j o u r n é e s ; u n e demi-journée a été absorbée d u r a n t le filage. La m ê m e s o m m e de travail est fixé dans u n e m a s s e d'or de 15 sh. Le prix de 15 sh. exprime d o n c la valeur exacte de 10 liv. de filés; le prix de 1 sh. 6 d. celle d ' u n e livre. N o t r e capitaliste reste ébahi. La valeur du produit égale la valeur du capital avancé. La valeur avancée n ' a pas fait de petits ; elle n ' a p o i n t enfanté de plus-value et l'argent, par c o n s é q u e n t , ne s'est pas m é t a m o r p h o s é en capital. Le prix de 10 liv. de filés est de 15 sh. et 15 sh. ont été dépensés sur le m a r c h é p o u r les éléments constitutifs du produit, ou, ce q u i revient au m ê m e , p o u r les facteurs du procès de travail, 10 sh. p o u r le coton, 2 sh. p o u r l'usure des broches, et 3 sh. p o u r la force de travail. Il ne sert de rien que la valeur des filés soit enflée, car elle n'est que la s o m m e des valeurs distribuées auparavant sur ces facteurs, et en les a d d i t i o n n a n t on ne les
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L e s chiffres sont ici t o u t à fait arbitraires.
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multiplie p a s . T o u t e s ces valeurs sont m a i n t e n a n t concentrées sur u n objet, m a i s elles l'étaient aussi dans la s o m m e de 15 sh. avant q u e le capitaliste les sortît de son gousset pour les subdiviser en trois achats. Il n'y a rien d'étrange dans ce résultat. La valeur d ' u n e livre de filés revient à 1 sh. 6 d. et au m a r c h é ||82| notre capitaliste aurait à payer 15 sh. pour 10 liv. de filés. Q u ' i l achète sa d e m e u r e t o u t e faite, ou qu'il la fasse bâtir à ses propres frais, a u c u n e de ces opérations n ' a u g m e n t e r a l'argent employé à l'acquisition de sa m a i s o n . Le capitaliste, qui est à cheval sur son é c o n o m i e politique vulgaire, s'écriera peut-être qu'il n ' a avancé son argent qu'avec l'intention de le m u l tiplier. M a i s le c h e m i n de l'enfer est pavé de b o n n e s i n t e n t i o n s , et personne ne p e u t l ' e m p ê c h e r d'avoir l'intention de faire de l'argent sans prod u i r e . Il j u r e q u ' o n ne l'y rattrappera plus ; à l'avenir il achètera sur le m a r c h é , des m a r c h a n d i s e s toutes faites au lieu de les fabriquer l u i - m ê m e . M a i s si tous ses compères capitalistes font de m ê m e , c o m m e n t trouver des m a r c h a n d i s e s sur le m a r c h é ? P o u r t a n t il ne p e u t m a n g e r son argent. Il se m e t d o n c à n o u s catéchiser: on devrait p r e n d r e en considération son abstin e n c e , il pouvait faire ripaille avec ses 15 schellings; au lieu de cela il les a c o n s o m m é s p r o d u c t i v e m e n t et en a fait des filés. C'est vrai, m a i s aussi at-il des filés et n o n des r e m o r d s . Qu'il p r e n n e garde de partager le sort du thésauriseur q u i n o u s a m o n t r é où c o n d u i t l'ascétisme. D'ailleurs là où il n'y a rien le roi perd ses droits. Q u e l q u e soit le m é r i t e de son abstinence, il ne trouve pas de fonds p o u r la payer p u i s q u e la valeur de la m a r c h a n d i s e qui sort de la p r o d u c t i o n est tout j u s t e égale à la s o m m e des valeurs qui y sont entrées. Q u e son b a u m e soit cette p e n s é e consolante : la vertu ne se paie q u e par la vertu. M a i s n o n ! il devient i m p o r t u n . Il n ' a q u e faire de ses filés ; il les a produits p o u r la vente. Eh bien, qu'il les vende d o n c ! ou ce qui serait plus simple, qu'il ne produise à l'avenir que des objets nécessaires à sa propre c o n s o m m a t i o n : M a c Culloch, son Esculape ordinaire, lui a déjà d o n n é cette p a n a c é e contre les excès é p i d é m i q u e s de production. Le voilà qui regimbe. L'ouvrier aurait-il la p r é t e n t i o n de bâ15
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C'est p r i n c i p a l e m e n t s u r c e t t e p r o p o s i t i o n q u e les physiocrates f o n d e n t l e u r d o c t r i n e d e l ' i m p r o d u c t i v i t é de t o u t travail n o n agricole, et elle est irréfutable p o u r les é c o n o m i s t e s - en titre. « C e t t e façon d ' i m p u t e r à u n e seule c h o s e la valeur de p l u s i e u r s a u t r e s (par e x e m p l e au lin l a c o n s o m m a t i o n d u t i s s e r a n d ) , d ' a p p l i q u e r , p o u r ainsi dire, c o u c h e s u r c o u c h e , p l u s i e u r s valeurs sur u n e seule, fait q u e celle-ci grossit d ' a u t a n t . . . . L e t e r m e d ' a d d i t i o n p e i n t t r è s - b i e n la m a n i è r e d o n t se f o r m e le prix d e s ouvrages de m a i n - d ' œ u v r e ; ce prix n ' e s t q u ' u n t o t a l de p l u s i e u r s valeurs c o n s o m m é e s et a d d i t i o n n é e s e n s e m b l e ; or a d d i t i o n n e r n ' e s t p a s m u l t i p l i e r . » (Mercier de la Rivière, 1. c. p. 599). C'est ainsi par e x e m p l e , q u e d e 1 8 4 4 - 4 7 i l retira u n e p a r t i e d e son c a p i t a l d e l a p r o d u c t i o n p o u r spéculer sur les a c t i o n s d e c h e m i n d e fer. D e m ê m e , p e n d a n t l a guerre civile a m é r i c a i n e il ferma sa f a b r i q u e et j e t a ses ouvriers sur le pavé p o u r j o u e r sur les c o t o n s b r u t s à la b o u r s e de Liverpool. 15
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Troisième section • La production de la plus-value absolue tir en l'air avec ses dix doigts, de produire des m a r c h a n d i s e s avec r i e n ? Ne lui a-t-il pas fourni la m a t i è r e dans laquelle et avec laquelle seule il p e u t d o n n e r un corps à son travail? Et, c o m m e la plus grande partie de la société civile se compose de pareils va-nu-pieds, n'a-t-il pas avec ses m o y e n s de production, son coton et ses broches, r e n d u un service i m m e n s e à la 5 susdite société, et plus particulièrement à l'ouvrier a u q u e l il a avancé pardessus le m a r c h é la subsistance? Et il ne prendrait rien p o u r ce service! M a i s est-ce que l'ouvrier ne lui a pas en échange r e n d u le service de convertir en filés son coton et ses broches? Du reste, il ne s'agit pas ici de services . Le service n'est que l'effet utile d ' u n e valeur d'usage, q u e cel- 10 le-ci soit m a r c h a n d i s e ou t r a v a i l . Ce d o n t il s'agit c'est de la valeur d'échange. Il a payé à l'ouvrier u n e valeur de 3 shellings. Celui-ci lui en r e n d l'équivalent exact en ajoutant la valeur de 3 sh. au coton, valeur contre valeur. N o t r e a m i t o u t à l'heure si gonflé d ' o u t r e c u i d a n c e capitaliste, prend t o u t à c o u p l'attitude m o d e s t e d ' u n simple ouvrier. N'a-t-il pas 15 travaillé lui aussi? Son travail de surveillance et d'inspection, ne forme-t-il pas aussi de la valeur? Le directeur de sa m a n u f a c t u r e et son contre-maître en h a u s s e n t les épaules. Sur ces entrefaites le capitaliste a repris, avec un sourire malin, sa m i n e habituelle. Il se gaussait de n o u s avec ses litanies. De tout cela il ne d o n n e r a i t pas d e u x sous. Il laisse ces subterfuges, ces fi- 20 nasseries creuses aux professeurs d ' é c o n o m i e politique, ils sont payés p o u r cela, c'est leur métier. Q u a n t à lui, il est h o m m e pratique et s'il ne réfléchit pas toujours à ce qu'il dit en dehors de affaires, il sait toujours en affaires ce qu'il fait. 16
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Regardons-y de plus près. La valeur journalière de la force de travail revient à 3 sh. parce qu'il faut u n e demi-journée de travail p o u r produire q u o t i d i e n n e m e n t cette force, c'est-à-dire q u e les subsistances nécessaires p o u r l'entretien j o u r n a l i e r de l'ouvrier coûtent u n e demi-journée de travail.
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« F a i s c h a n t e r tes l o u a n g e s , t a n t q u e t u v o u d r a s . . . . m a i s q u i c o n q u e p r e n d p l u s o u m i e u x q u ' i l ne d o n n e , , celui-là est un u s u r i e r et ceci s'appelle n o n r e n d r e un service m a i s faire tort à son p r o c h a i n , c o m m e q u i filoute e t pille. N ' e s t p a s service o u bienfait t o u t c e q u ' o n appelle d e c e n o m . U n h o m m e e t u n e f e m m e a d u l t è r e s s e r e n d e n t service l ' u n à l ' a u t r e e t s e font g r a n d plaisir. U n reître r e n d à u n a s s a s s i n - i n c e n d i a i r e g r a n d service d e reître e n lui p r ê t a n t a i d e p o u r faire ses exploits de m e u r t r e et de pillage sur les g r a n d s c h e m i n s , et p o u r a t t a q u e r les p r o p r i é tés e t les p e r s o n n e s . Les p a p i s t e s r e n d e n t a u x n ô t r e s u n g r a n d service, e n c e q u ' i l s n e n o i e n t pas, n e b r û l e n t pas, n e t u e n t pas, n e laissent pas p o u r r i r d a n s les c a c h o t s t o u s les n ô t r e s , e t e n laissant vivre q u e l q u e s - u n s q u ' i l s se c o n t e n t e n t de chasser en l e u r p r e n a n t d ' a b o r d t o u t ce qu'ils p o s s è d e n t . Le diable l u i - m ê m e r e n d à ses serviteurs un grand, un i n c o m m e n s u r a b l e service . . . . E n s o m m e l e m o n d e e n t i e r regorge d e g r a n d s , d'excellents, d e q u o t i d i e n s services e t bienfaits.» ( M a r t i n L u t h e r : An die Pfarrherrn, wider den Wucher zu predigen, etc. W i t t e m b e r g , 1540). 17
« On c o m p r e n d le service q u e la catégorie service doit r e n d r e à u n e espèce d ' é c o n o m i s t e s c o m m e J . B . Say et F . B a s t i a t . » Karl Marx: «Zur Kritik» etc. p. 14.
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M a i s le travail passé q u e la force de travail recèle et le travail actuel qu'elle p e u t exécuter, ses frais d'entretien journaliers et la dépense qui s'en fait par jour, ce sont là d e u x choses tout à fait différentes. Les frais de la force en d é t e r m i n e n t la valeur d'échange, la dépense de la force en constitue la valeur d'usage. Si u n e demi-journée de travail suffit p o u r faire vivre l'ouvrier p e n d a n t 24 heures, il ne s'en suit pas qu'il ne puisse travailler u n e j o u r n é e t o u t entière. La valeur q u e la force de travail possède et la valeur qu'elle p e u t créer, diffèrent d o n c de grandeur. C'est cette différence de valeur q u e le capitaliste avait en vue, lorsqu'il acheta la force de travail. L ' a p t i t u d e de celle-ci, à faire des filés ou des bottes, n ' é t a i t q u ' u n e conditio sine qua non, car le travail doit être dépensé sous u n e forme utile pour p r o d u i r e de la valeur. M a i s ce q u i décida l'affaire, c'était l'utilité spécifique de cette m a r chandise, d'être source de valeur et de plus de valeur qu'elle n ' e n possède elle-même. C'est là le service spécial q u e le capitaliste lui d e m a n d e . Il se conforme en ce cas a u x lois éternelles de l'échange des m a r c h a n d i s e s . En effet le v e n d e u r de la force de travail, c o m m e le v e n d e u r de ||83| t o u t e autre m a r c h a n d i s e , en réalise la valeur échangeable et en aliène la valeur usuelle. Il ne saurait obtenir l ' u n e sans d o n n e r l'autre. La valeur d'usage de la force de travail, c'est-à-dire le travail, n ' a p p a r t i e n t pas plus au v e n d e u r que n ' a p p a r t i e n t à l'épicier la valeur d'usage de l'huile v e n d u e . L ' h o m m e aux écus a payé la valeur j o u r n a l i è r e de la force de travail; son usage p e n d a n t le jour, le travail d ' u n e j o u r n é e entière lui appartient d o n c . Q u e l'entretien j o u r n a l i e r de cette force ne coûte q u ' u n e demi-journée de travail, b i e n qu'elle puisse opérer ou travailler p e n d a n t la j o u r n é e entière, c'est-à-dire que la valeur créée par son usage p e n d a n t un j o u r soit le d o u b l e de sa propre valeur journalière, c'est là u n e c h a n c e p a r t i c u l i è r e m e n t h e u r e u s e p o u r l'acheteur, m a i s q u i ne lèse en rien le droit du vendeur. N o t r e capitaliste a prévu le cas, et c'est ce qui le fait rire. L'ouvrier trouve d o n c dans l'atelier les m o y e n s de p r o d u c t i o n nécessaires pour u n e j o u r n é e de travail n o n pas de six m a i s de d o u z e heures. P u i s q u e 10 livres de coton avaient absorbé six heures de travail et se transformaient en 10 livres de filés, 20 livres de coton absorberont 12 h e u r e s de travail et se transformeront en 20 livres de filés. E x a m i n o n s m a i n t e n a n t le produit du travail prolongé. Les 20 livres de filés c o n t i e n n e n t cinq j o u r n é e s de travail d o n t quatre étaient réalisées d a n s le coton et les broches c o n s o m m é s , u n e absorbée par le coton p e n d a n t l'opération du filage. Or l'expression m o n é t a i r e de cinq j o u r n é e s de travail est 30 sh. Tel est d o n c le prix des 20 livres de filés. La livre de filés coûte après c o m m e avant 1 sh. 6 d. M a i s la s o m m e de valeur des m a r c h a n d i s e s employées dans l'opération ne dépassait pas 27 sh. et la valeur des filés atteint 30 sh. La valeur du produit s'est accrue de % sur
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Troisième section • La production de la plus-value absolue la valeur avancée p o u r sa production. Les 27 sh. avancés se sont d o n c transformés en 30 sh. Ils ont enfanté u n e plus-value de 3 sh. Le tour est fait. L'argent s'est m é t a m o r p h o s é en capital. Le p r o b l è m e est résolu d a n s tous ses termes. La loi des échanges a été rig o u r e u s e m e n t observée, équivalent contre équivalent. Sur le m a r c h é , le ca5 pitaliste achète à sa j u s t e valeur c h a q u e m a r c h a n d i s e - coton, broches, force de travail. Puis il fait ce que fait tout autre acheteur, il c o n s o m m e leur valeur d'usage. La c o n s o m m a t i o n de la force de travail, é t a n t en m ê m e temps production de m a r c h a n d i s e s , rend un produit de 20 livres de filés, valant 30 sh. Alors le capitaliste qui avait quitté le m a r c h é c o m m e a c h e t e u r 10 y revient c o m m e vendeur. Il vend les filés à 1 sh. 6 d. la livre, pas un liard au-dessus ou au-dessous de leur valeur et c e p e n d a n t il retire de la circulation 3 sh. de plus qu'il n ' y avait mis. Cette transformation de son argent en capital se passe d a n s la sphère de la circulation, et ne s'y passe pas. La circulation sert d'intermédiaire. C'est là sur le m a r c h é , q u e se vend la force de 15 travail, pour être exploitée d a n s la sphère de la production, où elle devient source de plus-value, et t o u t est ainsi p o u r le m i e u x d a n s le meilleur des m o n d e s possibles. Le capitaliste, en transformant l'argent en m a r c h a n d i s e s q u i servent d'éléments matériels d ' u n n o u v e a u produit, en leur incorporant e n s u i t e la force de travail vivant, transforme la valeur - du travail passé, m o r t , devenu chose - en capital, en valeur grosse de valeur, m o n s t r e a n i m é q u i se m e t à travailler c o m m e s'il avait le diable au corps. La p r o d u c t i o n de plus-value n'est d o n c autre chose q u e la p r o d u c t i o n de valeur, prolongée au-delà d ' u n certain point. Si le procès de travail ne d u r e q u e j u s q u ' a u point où la valeur de la force de travail payée par le capital est remplacée par un équivalent n o u v e a u , il y a simple p r o d u c t i o n de valeur; q u a n d il dépasse cette limite, il y a p r o d u c t i o n de plus-value. C o m p a r o n s m a i n t e n a n t la p r o d u c t i o n de valeur avec la p r o d u c t i o n de valeur d'usage. Celle-ci consiste dans le m o u v e m e n t du travail utile. Le procès de travail se présente ici au point de vue de la qualité. C'est u n e activité qui, ayant p o u r b u t de satisfaire des besoins déterminés, f o n c t i o n n e avec des m o y e n s de p r o d u c t i o n conformes à ce but, emploie des procédés spéciaux, et finalement a b o u t i t à un produit usuel. Par contre, c o m m e prod u c t i o n de valeur, le m ê m e procès ne se présente q u ' a u point de vue de la q u a n t i t é . Il ne s'agit plus ici q u e du t e m p s d o n t le travail a besoin pour son opération, ou de la période p e n d a n t laquelle le travailleur dépense sa force vitale en efforts utiles. Les m o y e n s de p r o d u c t i o n f o n c t i o n n e n t m a i n t e n a n t c o m m e simples m o y e n s d'absorption de travail et ne représentent euxm ê m e s q u e la q u a n t i t é de travail réalisé en eux. Q u e le travail soit c o n t e n u d a n s les m o y e n s de p r o d u c t i o n ou qu'il soit ajouté par la force de travail,
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Chapitre VII · Production de valeurs d'usage et production de la plus-value on ne le c o m p t e désormais q u e d'après sa durée ; il est de t a n t d'heures, de t a n t de jours, et ainsi de suite. Et de plus il ne c o m p t e q u ' a u t a n t q u e le t e m p s employé à la p r o d u c t i o n de la valeur d'usage est le t e m p s socialement nécessaire. Cette c o n d i t i o n 5 présente plusieurs aspects différents. La force de travail doit fonctionner dans des conditions n o r m a l e s . Si d a n s le m i l i e u social d o n n é , la m a c h i n e à filer est l ' i n s t r u m e n t n o r m a l de la filature, il ne faut pas m e t t r e un rouet entre les m a i n s du fileur. De plus le coton doit être de b o n n e qualité et n o n de la pacotille se brisant à c h a q u e instant. Sans cela le travailleur emploie10 rait dans les d e u x cas plus q u e le temps nécessaire à la p r o d u c t i o n d ' u n e livre de filés, et cet excès de t e m p s ne créerait ni valeur ni argent. M a i s le caractère n o r m a l des facteurs matériels du travail d é p e n d du capitaliste et n o n pas de l'ouvrier. D ' a u t r e part, le caractère n o r m a l de la force de travail elle-même est indispensable. Elle doit posséder dans la spécialité à laquelle 15 on l'emploie le degré m o y e n d'habileté, d'adresse et de célérité; aussi n o t r e capitaliste a pris b i e n garde de l'acheter telle sur le m a r c h é . Cette force doit de plus fonctionner avec le degré d'intensité h a b i t u e l . Aussi le capitaliste veille-t-il a n x i e u s e m e n t à ce q u e l'ouvrier ne ralentisse pas ses efforts et ne perde pas son t e m p s . Il a acheté cette force p o u r un t e m p s d é t e r m i n é ; il 20 tient à avoir son c o m p t e . Il ne veut pas être volé. Enfin la c o n s o m m a t i o n des m o y e n s de p r o d u c t i o n doit se faire d ' u n e m a n i è r e n o r m a l e , parce que le gaspillage des i n s t r u m e n t s et des matières premières représente u n e dépense inutile en travail déjà ||84| réalisé, lequel, par c o n s é q u e n t , n'est pas compté d a n s le p r o d u i t et ne lui ajoute pas de v a l e u r . 18
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Cette c i r c o n s t a n c e est u n e d e celles q u i r e n c h é r i s s e n t l a p r o d u c t i o n f o n d é e sur l'esclavage. Là, d'après l ' e x p r e s s i o n f r a p p a n t e des a n c i e n s , le travailleur est c e n s é se d i s t i n g u e r s e u l e m e n t c o m m e instrumentum vocale de l'instrumentum semi-vocale, l ' a n i m a l , et de l'instrumentum mutum, les i n s t r u m e n t s i n a n i m é s . M a i s l'esclave l u i - m ê m e fait b i e n s e n t i r a u x a n i m a u x e t a u x i n s t r u m e n t s d e travail q u ' i l s s o n t loin d'être ses é g a u x , q u ' i l est h o m m e . P o u r s e d o n n e r cette j o u i s s a n c e , il les m a l t r a i t e con amore. A u s s i est-ce un p r i n c i p e é c o n o m i q u e , a c c e p t é d a n s ce m o d e d e p r o d u c t i o n , q u ' i l faut e m p l o y e r les i n s t r u m e n t s d e travail les p l u s r u d e s e t les p l u s l o u r d s , p a r c e q u e l e u r grossièreté et l e u r p o i d s les r e n d e n t p l u s difficiles à détériorer. J u s q u ' à l'explosion de la guerre civile, on trouvait d a n s les É t a t s à esclaves situés sur le golfe du M e x i q u e des c h a r m e s d e c o n s t r u c t i o n c h i n o i s e q u i fouillaient l e sol c o m m e l e p o r c e t l a t a u p e , s a n s le fendre ni le r e t o u r n e r . V. J. E. C a i r n e s : The Slave Power, London 1862, p. 46 et suiv. V o i c i en o u t r e ce q u e r a c o n t e O l m s t e d d a n s son ouvrage i n t i t u l é Sea Board Slave states: « O n m ' a m o n t r é ici des i n s t r u m e n t s q u e c h e z n o u s n u l h o m m e sensé n e v o u d r a i t m e t t r e e n t r e les m a i n s d ' u n o u v r i e r ; car l e u r p o i d s e t l e u r grossièreté r e n d r a i e n t l e travail d e d i x p o u r c e n t a u m o i n s plus difficile q u ' i l n e l'est avec c e u x q u e n o u s e m p l o y o n s . E t j e suis p e r s u a d é q u ' i l faut a u x esclaves des i n s t r u m e n t s de Ge g e m e p a r c e q u e ce ne serait p o i n t u n e é c o n o m i e de l e u r en fournir de p l u s légers et de m o i n s grossiers. Les i n s t r u m e n t s q u e n o u s d o n n o n s à n o s ouvriers e t avec lesquels n o u s t r o u v o n s d u profit, n e d u r e r a i e n t p a s u n seul j o u r d a n s les c h a m p s d e blé d e l a V i r g i n i e , b i e n q u e l a terre y soit plus légère e t m o i n s p i e r r e u s e q u e c h e z n o u s . D e m ê m e , l o r s q u e j e d e m a n d e p o u r q u o i les m u l e s sont u n i v e r s e l l e m e n t s u b s t i t u é e s a u x c h e v a u x d a n s l a ferme, l a p r e m i è r e r a i s o n q u ' o n m e d o n n e , e t l a m e i l l e u r e a s s u r é m e n t , c'est q u e les c h e v a u x n e p e u v e n t s u p p o r t e r les t r a i t e m e n t s a u x q u e l s ils sont e n b u t t e d e l a part des n è g r e s . Ils s o n t
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Troisième section • La production de la plus-value absolue On le voit, la différence e n t r e le travail utile et le travail source de valeur q u e n o u s constations au c o m m e n c e m e n t de nos recherches par l'analyse de la m a r c h a n d i s e , vient de se manifester c o m m e différence entre les d e u x faces de la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e . Dès qu'elle se présente n o n plus simplem e n t c o m m e u n i t é du travail utile et du travail créateur de valeur, m a i s en5 core c o m m e u n i t é du travail utile et du travail créateur de plus-value, la p r o d u c t i o n m a r c h a n d e devient p r o d u c t i o n capitaliste, c'est-à-dire p r o d u c tion m a r c h a n d e sous la forme capitaliste. En e x a m i n a n t la p r o d u c t i o n de la plus-value, n o u s avons supposé q u e le travail, approprié par le capital, est du travail simple m o y e n . La supposi- 10 tion contraire n ' y changerait rien. A d m e t t o n s , par exemple, que, c o m p a r é au travail du fileur, celui du bijoutier est du travail à u n e p u i s s a n c e supérieure, q u e l'un est du travail simple et l'autre du travail complexe où se manifeste u n e force plus difficile à former et qui rend d a n s le m ê m e t e m p s plus de valeur. M a i s quel q u e soit le degré de différence entre ces d e u x tra- 15 vaux, la portion de travail où le bijoutier produit de la plus-value p o u r son maître ne diffère en rien qualitativement de la portion de travail où il ne fait que remplacer la valeur de son propre salaire. Après c o m m e avant, la plus-value ne provient q u e de la durée prolongée du travail, qu'il soit celui du fileur ou celui du b i j o u t i e r . 20 19
toujours e x c é d é s d e fatigue o u estropiés, t a n d i s q u e les m u l e s r e ç o i v e n t des volées d e c o u p s e t se p a s s e n t de m a n g e r de t e m p s à a u t r e s a n s être trop i n c o m m o d é e s . Elles ne p r e n n e n t pas froid e t n e d e v i e n n e n t pas m a l a d e s q u a n d o n les néglige o u q u ' o n les a c c a b l e d e b e s o g n e . J e n ' a i p a s b e s o i n d'aller p l u s l o i n q u e la fenêtre de la c h a m b r e où j ' é c r i s p o u r être t é m o i n à c h a q u e i n s t a n t des m a u v a i s t r a i t e m e n t s exercés s u r les b ê t e s d e s o m m e , tels q u ' a u c u n fermier d u n o r d ne p o u r r a i t les voir, s a n s chasser i m m é d i a t e m e n t le valet de f e r m e . » La d i s t i n c t i o n e n t r e le travail c o m p l e x e et le travail s i m p l e (skilled a n d u n s k i l l e d labour) rep o s e s o u v e n t sur d e p u r e s illusions, o u d u m o i n s sur des différences q u i n e p o s s è d e n t d e p u i s l o n g t e m p s a u c u n e réalité e t n e vivent plus q u e par u n e c o n v e n t i o n t r a d i t i o n n e l l e . C'est a u s s i s o u v e n t u n e m a n i è r e d e p a r l e r q u i p r é t e n d colorer l e fait b r u t a l q u e certains g r o u p e s d e l a classe ouvrière, p a r e x e m p l e , les l a b o u r e u r s , sont p l u s m a l placés q u e d ' a u t r e s p o u r a r r a c h e r l a v a l e u r d e l e u r force d e travail. D e s c i r c o n s t a n c e s a c c i d e n t e l l e s j o u e n t m ê m e ici u n s i g r a n d rôle q u e l'on p e u t voir d e s t r a v a u x du m ê m e genre c h a n g e r t o u r à t o u r de place. Là o ù , p a r e x e m p l e , la c o n s t i t u t i o n p h y s i q u e d e s travailleurs est affaiblie ou r e l a t i v e m e n t é p u i s é e p a r le r é g i m e industriel, des t r a v a u x r é e l l e m e n t b r u t a u x , d e m a n d a n t b e a u c o u p d e force m u s c u l a i r e , m o n t e n t s u r l'échelle, t a n d i s q u e des t r a v a u x b i e n plus délicats d e s c e n d e n t a u r a n g d e travail s i m p l e . L e travail d ' u n m a ç o n (bricklayer) o c c u p e e n A n g l e t e r r e u n r a n g b i e n p l u s élevé q u e c e l u i d ' u n d a m a s s i e r . D ' u n a u t r e c ô t é , l e travail d ' u n c o u p e u r d e f u t a i n e (fustian cutter) figure c o m m e travail simple, b i e n q u ' i l exige b e a u c o u p d'efforts corporels e t d e p l u s q u ' i l soit trèsm a l s a i n . D ' a i l l e u r s il ne faut p a s s ' i m a g i n e r q u e le travail p r é t e n d u s u p é r i e u r « skilled » occ u p e u n e large p l a c e d a n s le travail n a t i o n a l . D ' a p r è s le calcul de L a i n g , il y avait en 1 8 4 3 , en A n g l e t e r r e , y c o m p r i s le pays de G a l l e s , 11 m i l l i o n s d ' h a b i t a n t s d o n t l ' e x i s t e n c e r e p o s a i t sur le travail simple. D é d u c t i o n faite d ' u n m i l l i o n d'aristocrates e t d ' u n m i l l i o n c o r r e s p o n d a n t d e p a u v r e s , de v a g a b o n d s , de c r i m i n e l s , de prostituées, etc., sur les 17 m i l l i o n s q u i c o m p o s a i e n t la p o p u l a t i o n au m o m e n t où il écrivait, il reste 4 m i l l i o n s p o u r la classe m o y e n n e , y c o m p r i s les petits rentiers, les e m p l o y é s , les écrivains, les artistes, les i n s t i t u t e u r s , etc. P o u r o b t e n i r ces 4 m i l l i o n s il c o m p t e d a n s la partie travailleuse de la classe m o y e n n e , o u t r e les b a n q u i e r s , les
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Chapitre Vili · Capital constant et capital variable D ' u n autre côté, q u a n d il s'agit de p r o d u c t i o n de valeur, le travail supérieur doit toujours être réduit à la m o y e n n e du travail social, u n e j o u r n é e • de travail complexe, par exemple, à deux j o u r n é e s de travail s i m p l e . Si des économistes c o m m e il faut se sont récriés contre cette «assertion arbi5 traire», n'est-ce pas le cas de dire, selon le proverbe allemand, q u e les arbres les e m p ê c h e n t de voir la forêt! Ce qu'ils accusent d'être un artifice d'analyse, est t o u t b o n n e m e n t un procédé q u i se pratique tous les j o u r s dans tous les coins du m o n d e . P a r t o u t les valeurs de m a r c h a n d i s e s les plus diverses sont i n d i s t i n c t e m e n t exprimées en m o n n a i e , c'est-à-dire dans u n e 10 certaine m a s s e d'or ou d'argent. Par cela m ê m e , les différents genres de travail, représentés par ces valeurs, ont été réduits, dans des proportions différentes, à des s o m m e s d é t e r m i n é e s d ' u n e seule et m ê m e espèce de travail ordinaire, le travail q u i produit l'or ou l'argent. | 20
| 8 5 | CHAPITRE VIII 15
C a p i t a l c o n s t a n t et c a p i t a l v a r i a b l e
Les différents facteurs du procès de travail p r e n n e n t u n e part différente à la formation de la valeur des produits. L'ouvrier c o m m u n i q u e u n e valeur nouvelle à l'objet du travail par l'addition d ' u n e nouvelle dose de travail, quel q u ' e n soit le caractère utile. 20 D'autre part, n o u s retrouvons les valeurs des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s c o m m e é l é m e n t d a n s la valeur du produit, par e x e m p l e la valeur du coton et des broches dans celle des filés. Les valeurs des m o y e n s de p r o d u c t i o n sont d o n c conservées par leur transmission au produit. Cette transmission a lieu d a n s le cours du travail, p e n d a n t la transformation des 25 m o y e n s de p r o d u c t i o n en produit. Le travail en est d o n c l'intermédiaire. M a i s de quelle m a n i è r e ? L'ouvrier ne travaille pas d o u b l e m e n t dans le m ê m e temps, u n e fois p o u r ajouter u n e nouvelle valeur au coton, et l'autre fois p o u r en conserver l'ancienne, ou, ce q u i revient a b s o l u m e n t au m ê m e , pour t r a n s m e t t r e au pro30 duit, aux filés, la valeur des broches qu'il use et celle du coton qu'il faf i n a n c i e r s , etc., les ouvriers d e f a b r i q u e les m i e u x p a y é s ! Les m a ç o n s e u x - m ê m e s figurent p a r m i les travailleurs élevés à la s e c o n d e p u i s s a n c e ; il lui reste alors les 11 m i l l i o n s s u s - m e n t i o n n é s q u i t i r e n t l e u r s u b s i s t a n c e du travail simple. ( L a i n g : National distress, etc. London, 35
1844). « L a g r a n d e classe q u i n ' a à d o n n e r p o u r sa n o u r r i t u r e q u e du travail o r d i n a i r e , forme la g r a n d e m a s s e du p e u p l e . » ( J a m e s Mill. Art. Colony, supplément of the Encyclop. Brit. 1824). « Q u a n d o n s'en r a p p o r t e a u travail p o u r m e s u r e r l a valeur, o n e n t e n d n é c e s s a i r e m e n t u n travail d ' u n e c e r t a i n e espèce . . . . d o n t la p r o p o r t i o n avec les autres espèces est a i s é m e n t déterm i n é e . » (Outlines of Polit. Econ. London 1832, p. 22, 23). 20
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Troisième section • La production de la plus-value absolue ç o n n e . C'est par la simple addition d ' u n e nouvelle valeur qu'il m a i n t i e n t l ' a n c i e n n e . M a i s c o m m e l'addition d ' u n e valeur nouvelle à l'objet du travail et la conservation des valeurs a n c i e n n e s d a n s le produit sont d e u x résultats t o u t à fait différents q u e l'ouvrier obtient dans le m ê m e t e m p s , ce double effet ne peut é v i d e m m e n t résulter que du caractère d o u b l e de son 5 travail. Ce travail doit, d a n s le m ê m e m o m e n t , en vertu d ' u n e propriété, créer, et en vertu d ' u n e autre propriété, conserver ou t r a n s m e t t r e de la valeur. C o m m e n t l'ouvrier ajoute-t-il du travail et par c o n s é q u e n t de la valeur? N'est-ce pas sous la forme d ' u n travail utile et particulier et s e u l e m e n t sous 10 cette forme? Le fileur n'ajoute du travail q u ' e n filant, le tisserand q u ' e n tissant, le forgeron q u ' e n forgeant. M a i s c'est p r é c i s é m e n t cette forme de tissage, de filage, etc., en un m o t la forme productive spéciale d a n s laquelle la force de travail est dépensée, qui convertit les m o y e n s de p r o d u c t i o n tels que coton et broche, fil et m é t i e r à tisser, fer et e n c l u m e en é l é m e n t s for- 15 m a t e u r s d ' u n produit, d ' u n e nouvelle valeur d ' u s a g e . L ' a n c i e n n e forme de leur valeur d'usage ne disparaît, q u e pour revêtir u n e forme nouvelle. Or, n o u s avons vu q u e le t e m p s de travail qu'il faut p o u r p r o d u i r e un article c o m p r e n d aussi le t e m p s de travail qu'il faut p o u r produire les articles c o n s o m m é s d a n s l'acte de sa production. En d'autres termes, le t e m p s de 20 travail nécessaire p o u r faire les m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s c o m p t e dans le produit n o u v e a u . | 21
|86| Le travailleur conserve d o n c la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s , il la t r a n s m e t au produit c o m m e partie c o n s t i t u a n t e de sa valeur, n o n parce qu'il ajoute du travail en général, m a i s p a r le caractère 25 utile, par la forme productive de ce travail additionnel. En t a n t qu'il est utile, qu'il est activité productive, le travail, par son simple contact avec les moyens de production, les ressuscite des morts, en fait les facteurs de son propre m o u v e m e n t et s'unit avec eux pour constituer des produits. Si le travail productif spécifique de l'ouvrier n ' é t a i t pas le filage, il ne fe- 30 rait pas de filés et, par c o n s é q u e n t , ne leur transmettrait pas les valeurs du coton et des broches. M a i s , p a r u n e j o u r n é e de travail, le m ê m e ouvrier, s'il change de m é t i e r et devient par exemple menuisier, ajoutera, après c o m m e avant, de la valeur à des matières. Il l'ajoute d o n c par son travail considéré n o n c o m m e travail de tisserand 35 ou de menuisier, m a i s c o m m e travail h u m a i n en général, et il ajoute u n e q u a n t i t é d é t e r m i n é e de valeur, n o n parce q u e son travail a un caractère utile particulier, m a i s parce qu'il dure un certain t e m p s . C'est d o n c en vertu de sa propriété générale, abstraite, c o m m e dépense de force vitale h u 21
« L e travail fournit u n e c r é a t i o n n o u v e l l e p o u r u n e q u i est é t e i n t e . » An Essay on the polit. Econ. of Nations. L o n d o n 1 8 2 1 , p. 1 3 .
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Chapitre Vili · Capital constant et capital variable
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m a i n e , q u e le travail du fileur ajoute u n e valeur nouvelle a u x valeurs du coton et des broches, et c'est en vertu de sa propriété concrète, particulière, de sa propriété utile c o m m e filage, qu'il t r a n s m e t la valeur de ces m o y e n s de p r o d u c t i o n au produit et la conserve ainsi d a n s celui-ci. De là le d o u b l e caractère de son résultat d a n s le m ê m e espace de t e m p s . Par u n e simple addition, par u n e q u a n t i t é nouvelle d e travail, u n e n o u velle valeur est a j o u t é e ; par la qualité du travail ajouté les a n c i e n n e s valeurs des m o y e n s de p r o d u c t i o n sont conservées dans le produit. Ce double effet du m ê m e travail par suite de son d o u b l e caractère devient saisissable d a n s u n e m u l t i t u d e de p h é n o m è n e s . Supposez q u ' u n e i n v e n t i o n q u e l c o n q u e p e r m e t t e à l'ouvrier de filer en six heures a u t a n t de coton qu'il en filait auparavant en trente-six. C o m m e activité utile, productive, la puissance de son travail a sextuplé et son produit est six fois plus grand, 36 livres de filés au lieu de 6. M a i s les 36 livres de coton n ' a b s o r b e n t pas plus de t e m p s de travail q u e n ' e n absorbaient 6 dans le p r e m i e r cas. Il leur est ajouté s e u l e m e n t un sixième du travail q u ' a u r a i t exigé l ' a n c i e n n e m é t h o d e e t par c o n s é q u e n t u n sixième seulem e n t de nouvelle valeur. D ' a u t r e part la valeur sextuple de c o t o n existe m a i n t e n a n t d a n s le produit, les 36 livres de filés. D a n s les six h e u r e s de filäge u n e valeur six fois plus grande en matières premières est conservée et transmise au produit, b i e n q u e la valeur nouvelle ajoutée à cette m ê m e m a tière soit six fois plus petite. Ceci m o n t r e c o m m e n t la propriété en vertu de laquelle le travail conserve de la valeur, est essentiellement différente de la propriété en vertu de laquelle, d u r a n t le m ê m e acte, il crée de la valeur. Plus il se t r a n s m e t p e n d a n t le filage de travail nécessaire à la m ê m e q u a n tité de coton, plus g r a n d e est la valeur nouvelle ajoutée à celui-ci; m a i s plus il se file de livres de coton d a n s un m ê m e t e m p s de travail, plus grande est la valeur a n c i e n n e qui est conservée dans le produit. A d m e t t o n s au contraire q u e la productivité du travail reste constante, qu'il faut par c o n s é q u e n t au fileur toujours le m ê m e t e m p s p o u r transform e r u n e livre de coton en filés, m a i s q u e la valeur d ' é c h a n g e du coton varie et q u ' u n e livre de c o t o n vaille six fois plus ou m o i n s q u ' a u p a r a v a n t . D a n s les d e u x cas le fileur c o n t i n u e à ajouter le m ê m e quantum de travail à la m ê m e q u a n t i t é de coton, c'est-à-dire la m ê m e valeur, et d a n s les d e u x cas il produit d a n s le m ê m e t e m p s la m ê m e q u a n t i t é de filés. C e p e n d a n t la valeur qu'il t r a n s m e t du coton a u x filés, au produit, est d a n s un cas six fois plus petite et d a n s l'autre cas six fois plus g r a n d e q u ' a u p a r a v a n t . Il en est de m ê m e q u a n d les i n s t r u m e n t s de travail renchérissent ou se v e n d e n t à meilleur m a r c h é , m a i s r e n d e n t c e p e n d a n t toujours l e m ê m e service. Si les conditions t e c h n i q u e s du filage restent les m ê m e s et q u e ses m o y e n s de p r o d u c t i o n n ' é p r o u v e n t a u c u n c h a n g e m e n t de valeur, le fileur
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Troisième section • La production de la plus-value absolue c o n t i n u e à c o n s o m m e r d a n s des temps de travail d o n n é s des q u a n t i t é s données de matière première et de m a c h i n e s d o n t la valeur reste c o n s é q u e m m e n t toujours la m ê m e . La valeur qu'il conserve dans le p r o d u i t est alors en raison directe de la valeur nouvelle qu'il ajoute. En d e u x s e m a i n e s il ajoute d e u x fois plus de travail q u ' e n u n e , d e u x fois plus de valeur d o n c , et 5 en m ê m e t e m p s il use d e u x fois plus de matières et d e u x fois plus de m a chines ; il conserve ainsi d a n s le produit de d e u x s e m a i n e s d e u x fois plus de valeur q u e dans le p r o d u i t d ' u n e seule. D a n s des conditions invariables l'ouvrier conserve d ' a u t a n t plus de valeur qu'il en ajoute davantage. Cependant, il ne conserve pas plus de valeur parce qu'il en ajoute davantage, 10 m a i s parce qu'il l'ajoute d a n s des circonstances invariables et i n d é p e n dantes de son travail. N é a n m o i n s , on p e u t dire, dans un sens relatif, q u e l'ouvrier conserve toujours des valeurs a n c i e n n e s à m e s u r e qu'il ajoute u n e valeur nouvelle. Q u e le coton hausse ou baisse d ' u n Schelling, sa valeur conservée d a n s le 15 produit d ' u n e h e u r e ne sera j a m a i s celle qui se trouve d a n s le produit de d e u x heures. De m ê m e si la productivité du travail du fileur varie, si elle a u g m e n t e ou d i m i n u e , il filera en u n e heure par exemple, plus ou m o i n s de coton q u ' a u p a r a v a n t , et par suite conservera dans le p r o d u i t d ' u n e h e u r e la valeur de plus ou m o i n s de coton. Mais dans n ' i m p o r t e q u e l cas il 20 conservera toujours en d e u x heures de travail d e u x fois plus de valeur q u ' e n u n e seule. Abstraction faite de sa représentation p u r e m e n t symbolique par des signes, la valeur n'existe q u e d a n s u n e chose utile, un objet. ( L ' h o m m e luim ê m e , en tant q u e simple existence de force de travail, est un objet n a t u - 25 rei, un objet vivant et conscient, et le travail n'est que la m a n i f e s t a t i o n externe, matérielle de cette force.) Si d o n c la valeur d'usage se perd, la valeur d'échange se perd également. Les m o y e n s de p r o d u c t i o n qui p e r d e n t leur valeur d'usage ne p e r d e n t pas en m ê m e temps leur valeur, parce q u e le procès de travail ne leur fait en réalité perdre la forme primitive d'utilité q u e 30 pour leur d o n n e r dans ||87| le produit la forme d ' u n e utilité nouvelle. Et, si important qu'il soit pour la valeur d'exister dans un objet utile q u e l c o n q u e , la m é t a m o r p h o s e des m a r c h a n d i s e s n o u s a prouvé qu'il lui importe p e u q u e l est cet objet. Il suit de là q u e le produit n'absorbe, d a n s le cours du travail, la valeur du m o y e n de production, q u ' a u fur et à m e s u r e q u e celui- 35 ci, en p e r d a n t son utilité, perd aussi sa valeur. Il ne t r a n s m e t au produit q u e la valeur qu'il perd c o m m e m o y e n de p r o d u c t i o n . M a i s sous ce rapport les facteurs matériels du travail se c o m p o r t e n t différemment. Le charbon avec lequel on chauffe la m a c h i n e disparaît sans laisser de trace, de m ê m e le suif avec lequel on graisse l'axe de la r o u e , et ainsi de
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Chapitre Vili • Capital constant et capital variable suite. Les couleurs et d'autres matières auxiliaires disparaissent également, m a i s se m o n t r e n t d a n s les propriétés du produit, d o n t la m a t i è r e première forme la substance, m a i s après avoir changé de forme. M a t i è r e p r e m i è r e et matières auxiliaires p e r d e n t d o n c l'aspect qu'elles avaient en e n t r a n t 5
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c o m m e valeurs d'usage d a n s le procès de travail. Il en est t o u t a u t r e m e n t des i n s t r u m e n t s p r o p r e m e n t dits. U n i n s t r u m e n t q u e l c o n q u e , u n e m a chine, u n e fabrique, un vase ne servent au travail q u e le t e m p s p e n d a n t leq u e l ils conservent leur forme primitive. De m ê m e que p e n d a n t leur vie, c'est-à-dire p e n d a n t le cours du travail, ils m a i n t i e n n e n t leur forme propre vis-à-vis du produit, de m ê m e ils la m a i n t i e n n e n t encore après leur mort. Les cadavres de m a c h i n e s , d ' i n s t r u m e n t s , d'ateliers, etc. c o n t i n u e n t à exister i n d é p e n d a m m e n t et s é p a r é m e n t des produits qu'ils o n t c o n t r i b u é à fabriquer. Si l'on considère la période entière p e n d a n t laquelle un instrum e n t de travail fait son service, depuis le j o u r de son entrée d a n s l'atelier j u s q u ' a u j o u r où il est m i s au rebut, on voit q u e sa valeur d'usage p e n d a n t cette période a été c o n s o m m é e e n t i è r e m e n t par le travail, et q u e par suite sa valeur s'est t r a n s m i s e t o u t entière au produit. U n e m a c h i n e à filer, par exemple, a-t-elle d u r é dix ans, p e n d a n t son f o n c t i o n n e m e n t de dix a n s sa valeur totale s'est incorporée a u x produits de dix ans. La période de vie d ' u n tel i n s t r u m e n t c o m p r e n d ainsi un plus ou m o i n s grand n o m b r e des m ê m e s opérations sans cesse renouvelées avec son aide. Et il en est de l ' i n s t r u m e n t de travail c o m m e de l ' h o m m e . C h a q u e h o m m e m e u r t tous les jours de vingt-quatre heures ; m a i s il est impossible de savoir au simple aspect d ' u n h o m m e de c o m b i e n de jours il est déjà mort. Cela n ' e m p ê c h e pas c e p e n d a n t les c o m p a g n i e s d'assurance de tirer de la vie m o y e n n e de l ' h o m m e des conclusions très-sûres, et ce q u i leur importe plus, très-profitables. O n sait d e m ê m e p a r expérience c o m b i e n d e t e m p s e n m o y e n n e dure un i n s t r u m e n t de travail, par exemple u n e m a c h i n e à tricoter. Si l'on a d m e t q u e son utilité se m a i n t i e n t s e u l e m e n t six jours d a n s le travail mis en train, elle perd c h a q u e j o u r en m o y e n n e un sixième de sa valeur d'usage et t r a n s m e t par c o n s é q u e n t un sixième de sa valeur d'échange au produit quotidien. On calcule de cette m a n i è r e l'usure q u o t i d i e n n e de tous les inst r u m e n t s de travail et ce qu'ils t r a n s m e t t e n t p a r j o u r de leur propre valeur à celle du produit. On voit ici d ' u n e m a n i è r e frappante q u ' u n m o y e n de p r o d u c t i o n ne t r a n s m e t j a m a i s au produit plus de valeur qu'il n ' e n perd l u i - m ê m e par son dépérissement dans le cours du travail. S'il n'avait a u c u n e valeur à perdre, c'est-à-dire s'il n ' é t a i t pas l u i - m ê m e un produit du travail h u m a i n , il ne pourrait transférer au p r o d u i t a u c u n e valeur. Il servirait à former des objets usuels sans servir à former des valeurs. C'est le cas q u i se présente avec tous les m o y e n s de p r o d u c t i o n q u e fournit la n a t u r e , sans q u e l ' h o m m e y
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Troisième section · La production de la plus-value absolue soit pour rien, avec la terre, l'eau, le vent, le fer dans la veine m é t a l l i q u e , le bois d a n s la forêt primitive, et ainsi de suite. N o u s r e n c o n t r o n s ici u n autre p h é n o m è n e intéressant. S u p p o s o n s q u ' u n e m a c h i n e vaille, par exemple, 1000 liv. st. et qu'elle s'use en mille jours ; d a n s ce cas un m i l l i è m e de la valeur de la m a c h i n e se t r a n s m e t cha5 q u e j o u r à son produit j o u r n a l i e r ; m a i s la m a c h i n e , q u o i q u ' a v e c u n e vitalité toujours décroissante, fonctionne toujours tout entière dans le procès de travail. D o n c q u o i q u ' u n facteur du travail entre t o u t entier d a n s la prod u c t i o n d ' u n e valeur d'usage, il n ' e n t r e q u e par parties d a n s la formation de la valeur. La différence entre les d e u x procès se reflète ainsi d a n s les 10 facteurs matériels, p u i s q u e d a n s la m ê m e opération un seul et m ê m e m o y e n d e p r o d u c t i o n c o m p t e intégralement c o m m e é l é m e n t d u p r e m i e r procès et par fractions s e u l e m e n t c o m m e é l é m e n t du s e c o n d . 22
Inversement un m o y e n de p r o d u c t i o n p e u t entrer t o u t entier d a n s la form a t i o n de la valeur, q u o i q u e en partie s e u l e m e n t d a n s la p r o d u c t i o n des 15 valeurs d'usage. Supposons q u e d a n s l'opération du filage, sur 115 livres de coton il y en ait q u i n z e de perdues, c'est-à-dire q u i forment au lieu de filés ce q u e les Anglais appellent la poussière du diable (devil's dust). Si n é a n m o i n s , ce déchet de 15 p o u r 100 est n o r m a l et inévitable en m o y e n n e d a n s la fabrication, la valeur ||88| des 15 liv. de coton, qui ne forment a u c u n élé- 20 m e n t des filés entre tout a u t a n t d a n s leur valeur q u e les 100 liv. q u i en form e n t la substance. Il faut q u e 15 liv. de coton s'en aillent au diable pour q u ' o n puisse faire 100 liv. de filés. C'est p r é c i s é m e n t parce q u e cette perte est u n e c o n d i t i o n de la p r o d u c t i o n que le coton perdu t r a n s m e t a u x filés sa valeur. Et il en est de m ê m e p o u r tous les excréments du travail, a u t a n t 25 22
II ne s'agit p a s ici de travaux de réparation des outils, d e s m a c h i n e s , des c o n s t r u c t i o n s , etc. U n e m a c h i n e q u ' o n r é p a r e n e f o n c t i o n n e p a s c o m m e m o y e n m a i s c o m m e objet d e travail. O n ne travaille p a s avec elle ; c'est e l l e - m ê m e q u ' o n travaille p o u r r a c c o m m o d e r sa v a l e u r d ' u s a g e . P o u r n o u s d e pareils r a c c o m m o d a g e s p e u v e n t toujours être c e n s é s i n c l u s d a n s l e travail q u ' e x i g e la p r o d u c t i o n de l ' i n s t r u m e n t . D a n s le t e x t e il s'agit de l'usure q u ' a u c u n d o c t e u r ne p e u t guérir e t q u i a m è n e p e u à p e u l a m o r t , « d e c e g e n r e d ' u s u r e a u q u e l o n n e p e u t p o r t e r rem è d e d e t e m p s e n t e m p s e t q u i , s'il s'agit d ' u n c o u t e a u par e x e m p l e , l e r é d u i t f i n a l e m e n t à u n état tel q u e le c o u t e l i e r dit de lui : il ne v a u t plus la p e i n e d ' u n e n o u v e l l e l a m e » . On a vu p l u s haut, q u ' u n e machine, par exemple, entre tout entière dans chaque opération productive mais par fractions s e u l e m e n t d a n s l a f o r m a t i o n s i m u l t a n é e d e l a valeur. O n p e u t j u g e r d ' a p r è s cela d u q u i p r o q u o s u i v a n t : « M . R i c a r d o , parle d e l a p o r t i o n d u travail d e l ' i n g é n i e u r d a n s l a c o n s t r u c t i o n d ' u n e m a c h i n e à faire des bas, c o m m e c o n t e n u e , p a r e x e m p l e , d a n s l a v a l e u r d ' u n e paire d e b a s . C e p e n d a n t l e travail total q u i p r o d u i t c h a q u e p a i r e d e b a s , r e n f e r m e l e travail e n t i e r d e l ' i n g é n i e u r e t n o n u n e p o r t i o n ; car u n e m a c h i n e fait p l u s i e u r s p a i r e s e t a u c u n e de ces paires n ' a u r a i t pu être faite s a n s e m p l o y e r t o u t e s les parties de la m a c h i n e . » (Observations on certain verbal disputes in Pol. Econ., particularly relating to value, and to demand and supply. L o n d o n 1 8 2 1 , p.54.) L ' a u t e u r , d'ailleurs p é d a n t p l e i n de suffisance, a r a i s o n d a n s sa p o l é m i q u e , j u s q u ' à u n c e r t a i n p o i n t , e n c e sens q u e n i R i c a r d o n i a u c u n é c o n o m i s t e , a v a n t o u après lui, n ' o n t d i s t i n g u é e x a c t e m e n t les d e u x côtés d u travail e t e n c o r e m o i n s a n a l y s é leur influence diverse sur la f o r m a t i o n de la valeur.
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Chapitre Vili • Capital constant et capital variable b i e n e n t e n d u qu'ils ne servent plus à former de n o u v e a u x m o y e n s de production et c o n s é q u e m m e n t de nouvelles valeurs d'usage. Ainsi, on voit dans les grandes fabriques de M a n c h e s t e r des m o n t a g n e s de rognures de fer, enlevées par d ' é n o r m e s m a c h i n e s c o m m e des c o p e a u x de bois par le ra5 bot, passer le soir de la fabrique à la fonderie, et revenir le l e n d e m a i n de la fonderie à la fabrique en blocs de fer massif. Les m o y e n s d e p r o d u c t i o n n e t r a n s m e t t e n t d e valeur a u n o u v e a u produit q u ' a u t a n t qu'ils en p e r d e n t sous leurs a n c i e n n e s formes d'utilité. Le m a x i m u m de valeur qu'ils p e u v e n t perdre dans le cours du travail a p o u r limite 10 la g r a n d e u r de valeur originaire qu'ils possédaient en e n t r a n t d a n s l'opération, ou le t e m p s de travail q u e leur p r o d u c t i o n a exigé. Les m o y e n s de production ne p e u v e n t d o n c j a m a i s ajouter au p r o d u i t plus de valeur qu'ils n ' e n possèdent e u x - m ê m e s . Quelle q u e soit l'utilité d ' u n e m a t i è r e première, d ' u n e m a c h i n e , d ' u n m o y e n de production, s'il coûte 150 liv. st., soit 15 cinq cents j o u r n é e s de travail, il n'ajoute au produit total qu'il c o n t r i b u e à former j a m a i s plus de 150 liv. st. Sa valeur est d é t e r m i n é e n o n p a r le travail où il entre c o m m e m o y e n de production, m a i s par celui d'où il sort c o m m e produit. Il ne sert d a n s l'opération à laquelle on l'emploie q u e c o m m e valeur d'usage, c o m m e chose q u i possède des propriétés u t i l e s ; si avant d'en20 trer dans cette opération, il n'avait possédé a u c u n e valeur, il n ' e n d o n n e r a i t aucune au produit . P e n d a n t que le travail productif transforme les m o y e n s de p r o d u c t i o n en éléments formateurs d ' u n n o u v e a u produit, leur valeur est sujette à u n e espèce de m é t e m p s y c o s e . Elle va du corps c o n s o m m é au corps n o u v e l l e m e n t 23
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O n p e u t j u g e r d ' a p r è s c e l a d e l'idée l u m i n e u s e d e J . B . Say q u i v e u t faire dériver l a plus-val u e (intérêt, profit, rente,) d e s services productifs q u e les m o y e n s de p r o d u c t i o n : terre, instrum e n t s , cuir, etc., r e n d e n t a u travail p a r leurs valeurs d ' u s a g e . L e professeur R o s c h e r q u i n e p e r d j a m a i s u n e o c c a s i o n d e c o u d r e n o i r sur b l a n c e t d e p r é s e n t e r d e s e x p l i c a t i o n s ingén i e u s e s faites de p i è c e s et de m o r c e a u x , s'écrie à ce p r o p o s : « J . B . S a y , d a n s s o n Traité, 1.1, ch. IV, fait c e t t e r e m a r q u e , très-juste, q u e la valeur p r o d u i t e p a r un m o u l i n à h u i l e , d é d u c t i o n faite de tous frais, est q u e l q u e c h o s e de neuf, e s s e n t i e l l e m e n t différent du travail par l e q u e l le m o u l i n l u i - m ê m e a été c r é é . » (I.e. p . 8 2 , note.) C'est en effet très-juste! « L ' h u i l e » p r o d u i t e par l e m o u l i n est q u e l q u e c h o s e d e b i e n différent d u travail q u e c e m o u l i n c o û t e . E t sous l e n o m de « v a l e u r » m a î t r e R o s c h e r c o m p r e n d des c h o s e s c o m m e « l ' h u i l e » , p u i s q u e l ' h u i l e a de la va-
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l e u r ; m a i s c o m m e « d a n s l a n a t u r e » i l s e trouve d e l'huile d e pétrole, q u o i q u e r e l a t i v e m e n t p e u , i l e n d é d u i t c e t a u t r e d o g m e : « E l l e (la n a t u r e ! ) n e p r o d u i t p r e s q u e p a s d e valeurs d ' é c h a n g e . » La n a t u r e de M o n s i e u r R o s c h e r , avec sa v a l e u r d ' é c h a n g e , r e s s e m b l e à la j e u n e fille q u i a v o u a i t b i e n avoir e u u n enfant, « m a i s s i p e t i t » ! L e m ê m e s a v a n t s é r i e u x dit e n c o r e e n u n e a u t r e o c c a s i o n : « L ' é c o l e d e R i c a r d o a c o u t u m e d e faire e n t r e r l e c a p i t a l d a n s l e
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c o n c e p t du travail, en le d é f i n i s s a n t du travail a c c u m u l é . C e c i est m a l h a b i l e (!) p a r c e q u e certes le possesseur du c a p i t a l a fait é v i d e m m e n t b i e n p l u s (!) q u e le p r o d u i r e s i m p l e m e n t (!) e t l e conserver.» E t q u ' a - t - i l d o n c fait? E h b i e n ! « i l s'est a b s t e n u d e j o u i r a u t a n t q u ' i l l'aurait p u , c'est p o u r q u o i (!) p a r e x e m p l e , i l v e u t e t d e m a n d e d e l ' i n t é r ê t . » C e t t e m é t h o d e q u e M . R o scher baptise d u n o m « d ' a n a t o m i c o - p h y s i o l o g i q u e d e l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e » q u ' e l l e est h a -
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b i l e ! Elle convertit u n s i m p l e désir d e l a volonté e n s o u r c e i n é p u i s a b l e d e v a l e u r !
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Troisième section • La production de la plus-value absolue formé. M a i s cette transmigration s'effectue à l'insu du travail réel. Le travailleur ne p e u t pas ajouter un n o u v e a u travail, créer par c o n s é q u e n t u n e valeur nouvelle, sans conserver des valeurs a n c i e n n e s , car il doit ajouter ce travail sous u n e forme utile et cela ne peut avoir lieu sans q u ' i l transforme des produits en m o y e n s de p r o d u c t i o n d ' u n produit n o u v e a u a u q u e l il 5 transmet par cela m ê m e leur valeur. La force de travail en activité, le travail vivant a d o n c la propriété de conserver de la valeur en ajoutant de la valeur; c'est là un d o n n a t u r e l qui ne coûte rien au travailleur, m a i s q u i rapporte b e a u c o u p au capitaliste ; il lui doit la conservation de la valeur actuelle de son c a p i t a l . T a n t que les affaires vont bien, il est trop absorbé 10 dans la fabrication de la plus-value pour distinguer ce d o n gratuit du travail. Des interruptions violentes, telles q u e les crises, le forcent b r u t a l e m e n t à s'en apercevoir . Ce q u i se c o n s o m m e d a n s les m o y e n s de production, c'est leur valeur d'usage d o n t la c o n s o m m a t i o n par le travail forme des produits. P o u r ce 15 qui est de leur valeur, en réalité elle n'est pas c o n s o m m é e et ne p e u t pas, par conséquent, être reproduite. Elle est conservée, n o n en vertu d ' u n e opération qu'elle subit d a n s le cours du travail, m a i s parce q u e l'objet d a n s lequel elle existe à l'origine ne disparaît q u e pour p r e n d r e u n e nouvelle forme utile. La valeur des m o y e n s de production reparaît d o n c d a n s la va- 20 leur du p r o d u i t ; m a i s elle n'est pas, à p r o p r e m e n t parler, reproduite. Ce q u i est produit, c'est la nouvelle valeur d'usage dans laquelle la valeur anc i e n n e apparaît de n o u v e a u . | 24
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« D e t o u s les i n s t r u m e n t s e m p l o y é s par l e cultivateur, l e travail d e l ' h o m m e est c e l u i sur leq u e l il doit le plus faire fonds p o u r le r e m b o u r s e m e n t de son capital. L e s d e u x a u t r e s , d ' u n côté les b ê t e s de trait et de labour, de l'autre, les c h a r r u e s , t o m b e r e a u x , p i o c h e s , b ê c h e s et ainsi d e suite, n e sont a b s o l u m e n t r i e n s a n s u n e p o r t i o n d o n n é e d u p r e m i e r . » ( E d m u n d B u r k e : Thoughts and details on scarcity, originally presented to the R. Hon. W. Pitt in the month of november 1795. Edit. L o n d o n 1800, p . 10.) D a n s le Times du 26 nov. 1862, un fabricant d o n t la filature o c c u p e 800 ouvriers et c o n s o m m e par s e m a i n e 150 balles d e c o t o n i n d i e n e n m o y e n n e , o u e n v i r o n 130 balles d e c o t o n a m é r i c a i n , fatigue le p u b l i c de ses j é r é m i a d e s sur les frais a n n u e l s q u e l u i c o û t e la s u s p e n sion i n t e r m i t t e n t e du travail d a n s sa fabrique. Il les é v a l u e à 6000 liv. st. P a r m i ces frais se trouve n o m b r e d'articles d o n t n o u s n ' a v o n s pas à n o u s occuper, tels q u e r e n t e f o n c i è r e , i m p ô t s , p r i m e d ' a s s u r a n c e , salaire d'ouvriers engagés à l ' a n n é e , surveillant, t e n e u r de livres, i n g é n i e u r et ainsi de suite. Il c o m p t e e n s u i t e 150 /. st. de c h a r b o n p o u r chauffer la f a b r i q u e de t e m p s à a u t r e et m e t t r e la m a c h i n e à v a p e u r en m o u v e m e n t , et de plus le salaire d e s ouvriers d o n t le travail est o c c a s i o n n e l l e m e n t nécessaire. Enfin 1200 /. st. p o u r les m a c h i n e s , a t t e n d u q u e « la t e m p é r a t u r e et les p r i n c i p e s n a t u r e l s de d é t é r i o r a t i o n ne s u s p e n d e n t p a s leur a c t i o n p a r c e q u e les m a c h i n e s n e f o n c t i o n n e n t p a s » . I l r e m a r q u e e m p h a t i q u e m e n t q u e s i son évaluat i o n ne d é p a s s e p a s de b e a u c o u p c e t t e s o m m e de 1200 /. st. c'est q u e t o u t s o n m a t é r i e l est b i e n près d'être h o r s d'usage. 25
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« C o n s o m m a t i o n p r o d u c t i v e : q u a n d l a c o n s o m m a t i o n d ' u n e m a r c h a n d i s e fait p a r t i e d u p r o c é d é de p r o d u c t i o n d a n s de telles c i r c o n s t a n c e s il n ' y a p o i n t de c o n s o m m a t i o n de valeur. » (S. P. N e w m a n , 1. c, p. 296.) O n lit d a n s u n m a n u e l i m p r i m é a u x É t a t s - U n i s , e t q u i est p e u t - ê t r e à s a v i n g t i è m e é d i t i o n : 27
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Chapitre Vili · Capital constant et capital variable
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|89| Il en est t o u t a u t r e m e n t du facteur subjectif de la p r o d u c t i o n , c'est-à-dire de la force du travail en activité. T a n d i s que, par la forme que lui assigne son but, le travail conserve et t r a n s m e t la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n au produit, son m o u v e m e n t crée à c h a q u e i n s t a n t u n e valeur additionnelle, u n e valeur nouvelle. Supposons que la p r o d u c t i o n s'arrête au point où le travailleur n ' a fourni q u e l'équivalent de la valeur j o u r n a lière de sa propre force, lorsqu'il a, par exemple, ajouté par un travail de six heures u n e valeur de 3 sh. Cette valeur forme l'excédant de la valeur du produit sur les é l é m e n t s de cette valeur provenant des m o y e n s de p r o d u c tion. C'est la seule valeur originale qui s'est produite, la seule partie de la valeur du produit qui ait été enfantée d a n s le procès de sa formation. Elle c o m p e n s e l'argent q u e le capitaliste avance p o u r l'achat de la force de travail, et que le travailleur dépense ensuite en subsistances. Par rapport aux 3 sh. dépensés, la valeur nouvelle de 3 sh. apparaît c o m m e u n e simple rep r o d u c t i o n ; m a i s cette valeur est reproduite en réalité, et n o n en apparence, c o m m e la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n . Si u n e valeur est ici remplacée par u n e autre, c'est grâce à u n e nouvelle création. N o u s savons déjà c e p e n d a n t que la durée du travail dépasse le p o i n t où un simple équivalent de la valeur de la force de travail serait reproduit et ajouté à l'objet travaillé. Au lieu de six h e u r e s qui suffiraient p o u r cela, l'opération dure d o u z e ou plus. La force de travail en action ne reproduit d o n c pas s e u l e m e n t sa propre valeur; m a i s elle produit encore de la valeur en plus. Cette plus-value forme l'excédant de la valeur du produit sur celle de ses facteurs c o n s o m m é s , c'est-à-dire des m o y e n s de p r o d u c t i o n et de la force de travail. En exposant les différents rôles que j o u e n t d a n s la formation de la valeur du produit les divers facteurs du travail, n o u s avons caractérisé en fait les fonctions des divers é l é m e n t s du capital dans la formation de la plus-value. L ' e x c é d a n t de la valeur du p r o d u i t sur la valeur de ses éléments constitutifs
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« P e u i m p o r t e la forme s o u s l a q u e l l e le c a p i t a l r é a p p a r a î t . » A p r è s u n e e n u m e r a t i o n à d o r m i r d e b o u t d e t o u s les i n g r é d i e n t s possibles d e l a p r o d u c t i o n d o n t l a v a l e u r s e m o n t r e d e n o u v e a u d a n s l e p r o d u i t , o n t r o u v e p o u r c o n c l u s i o n : « L e s différentes espèces d ' a l i m e n t s , d e vêtem e n t s , de l o g e m e n t s n é c e s s a i r e s p o u r l'existence et le confort de l'être h u m a i n sont ainsi transformées. Elles sont c o n s o m m é e s d e t e m p s e n t e m p s e t leur valeur r é a p p a r a î t d a n s cette
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n o u v e l l e v i g u e u r c o m m u n i q u é e à son corps et à son esprit, laquelle forme un n o u v e a u capital q u i sera e m p l o y é d e n o u v e a u d a n s l ' œ u v r e d e l a p r o d u c t i o n . » ( W a y l a n d , I.e., p . 3 2 . ) A b s t r a c t i o n faite d ' a u t r e s b i z a r r e r i e s , r e m a r q u o n s q u e c e n ' e s t p a s l e p r i x d u p a i n , m a i s b i e n ses subs t a n c e s formatrices d u s a n g q u i r é a p p a r a i s s e n t d a n s l a force r e n o u v e l é e d e l ' h o m m e . C e q u i a u c o n t r a i r e r é a p p a r a î t c o m m e v a l e u r d e l a force, c e n e sont pas les m o y e n s d e s u b s i s t a n c e m a i s l e u r valeur. L e s m ê m e s m o y e n s d e s u b s i s t a n c e , à m o i t i é prix s e u l e m e n t , p r o d u i s e n t t o u t a u t a n t d e m u s c l e s , d'os, etc., e n u n m o t l a m ê m e force, m a i s n o n pas u n e force d e m ê m e valeur. Cette confusion e n t r e « v a l e u r » et « f o r c e » et t o u t e cette i n d é c i s i o n p h a r i s a ï q u e n ' o n t p o u r b u t q u e d e d i s s i m u l e r u n e tentative inutile, celle d ' e x p l i q u e r u n e plus-value par l a simple r é a p p a r i t i o n d e v a l e u r s a v a n c é e s .
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Troisième section • La production de la plus-value absolue est l'excédant du capital accru de sa plus-value sur le capital avance. M o y e n s de p r o d u c t i o n aussi b i e n q u e force de travail, ne sont q u e les diverses formes d'existence q u ' a revêtues la valeur-capital lorsqu'elle s'est transformée d'argent en facteurs du procès de travail. D a n s le cours de la production, la partie du capital q u i se transforme en m o y e n s de production, c'est-à-dire en matières premières, m a t i è r e s auxiliaires et i n s t r u m e n t s de travail, ne modifie d o n c pas la g r a n d e u r de sa valeur. C'est p o u r q u o i n o u s la n o m m o n s partie constante du capital, ou plus b r i è v e m e n t : capital constant. La partie du capital transformée en force de travail c h a n g e , au contraire, de valeur dans le cours de la production. Elle reproduit son propre équivalent et de plus un excédant, u n e plus-value qui p e u t e l l e - m ê m e varier et être plus ou m o i n s grande. Cette partie du capital se transforme sans cesse d e grandeur constante e n g r a n d e u r variable. C'est p o u r q u o i n o u s l a n o m m o n s partie variable du capital, ou plus b r i è v e m e n t : capital variable. Les m ê m e s éléments du capital qui, au point de vue de la p r o d u c t i o n des valeurs d'usage, se distinguent entre eux c o m m e facteurs objectifs et subjectifs, c o m m e m o y e n s de p r o d u c t i o n et force de travail, se distinguent au point de vue de la formation de valeur en capital constant et en capital variable. L a n o t i o n d e capital constant n ' e x c l u t e n a u c u n e m a n i è r e u n c h a n g e m e n t de valeur de ses parties constitutives. Supposons q u e la livre de coton coûte aujourd'hui / Schelling et q u e d e m a i n , par suite d ' u n déficit d a n s la récolte de coton, elle s'élève à 1 Schelling. Le coton a n c i e n q u i c o n t i n u e à être façonné a été acheté au prix de % Schelling; m a i s il ajoute m a i n t e n a n t au produit u n e valeur de 1 sch. Et celui qui est déjà filé, et q u i circule m ê m e peut-être sur le m a r c h é sous forme de filés, ajoute é g a l e m e n t au produit le d o u b l e de sa valeur première. On voit c e p e n d a n t q u e ces changem e n t s sont i n d é p e n d a n t s de l'accroissement de valeur q u ' o b t i e n t le coton par le filage m ê m e . Si le coton a n c i e n n ' é t a i t pas encore en train d'être travaille, il pourrait être m a i n t e n a n t revendu 1 sh. au lieu de % sh. M o i n s il a subi de façons, plus ce résultat est certain. Aussi, lorsque s u r v i e n n e n t de semblables révolutions dans la valeur, est-ce u n e loi de la spéculation d'agioter sur la m a t i è r e première d a n s sa forme la m o i n s modifiée par le travail, sur les filés plutôt q u e sur le tissu, et sur le coton plutôt q u e sur les filés. Le c h a n g e m e n t de valeur p r e n d ici naissance d a n s le procès q u i prod u i t le coton et n o n d a n s celui où le coton fonctionne c o m m e m o y e n de production, et par suite c o m m e capital constant. La valeur, il est vrai, se m e s u r e par le quantum de travail fixé d a n s u n e m a r c h a n d i s e ; m a i s ce quantum l u i - m ê m e est d é t e r m i n é socialement. Si le t e m p s de travail social qu'exige la p r o d u c t i o n d ' u n article subit des variations, - et le m ê m e quan-
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Chapitre Vili • Capital constant et capital variable tum de coton, par e x e m p l e , représente un quantum plus considérable de travail lorsque la récolte est mauvaise q u e lorsqu'elle est b o n n e , - alors la m a r c h a n d i s e a n c i e n n e , q u i n e c o m p t e j a m a i s q u e c o m m e échantillon d e son e s p è c e , s'en ressent i m m é d i a t e m e n t , ||90| parce que sa valeur est toujours m e s u r é e par le travail socialement nécessaire, ce q u i veut dire par le travail nécessaire d a n s les conditions actuelles de la société. C o m m e la valeur des matières, la valeur des i n s t r u m e n t s de travail déjà employés d a n s la p r o d u c t i o n , m a c h i n e s , constructions, etc., p e u t changer, et par cela m ê m e la p o r t i o n de valeur qu'ils t r a n s m e t t e n t au produit. Si, par exemple, à la suite d ' u n e invention nouvelle, telle m a c h i n e p e u t être reproduite avec u n e m o i n d r e dépense d e travail, l a m a c h i n e a n c i e n n e d e m ê m e espèce perd plus ou m o i n s de sa valeur et en d o n n e par c o n s é q u e n t proport i o n n e l l e m e n t m o i n s au produit. M a i s dans ce cas, c o m m e d a n s le précédent, le c h a n g e m e n t de valeur p r e n d naissance en dehors du procès de production où la m a c h i n e fonctionne c o m m e i n s t r u m e n t . D a n s ce procès, elle ne transfère j a m a i s plus de valeur qu'elle n ' e n possède e l l e - m ê m e . D e m ê m e q u ' u n c h a n g e m e n t dans l a valeur des m o y e n s d e p r o d u c t i o n , malgré la réaction qu'il opère sur eux, m ê m e après leur entrée d a n s le procès de travail, ne modifie en rien leur caractère de capital constant, de m ê m e un c h a n g e m e n t survenu dans la proportion entre le capital constant et le capital variable n'affecte en rien leur différence fonctionnelle. A d m e t tons que les c o n d i t i o n s t e c h n i q u e s du travail soient transformées de telle sorte que là où, par e x e m p l e , dix ouvriers avec dix i n s t r u m e n t s de petite valeur façonnaient u n e m a s s e p r o p o r t i o n n e l l e m e n t faible de m a t i è r e première, u n ouvrier façonne m a i n t e n a n t avec u n e m a c h i n e c o û t e u s e u n e m a s s e cent fois plus g r a n d e . D a n s ce cas, le capital constant, c'est-à-dire la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n employés, serait c o n s i d é r a b l e m e n t accrue, et la partie du capital convertie en force de travail c o n s i d é r a b l e m e n t d i m i n u é e . Ce c h a n g e m e n t ne fait q u e modifier le rapport de g r a n d e u r entre le capital constant et le capital variable, ou la proportion suivant laquelle le capital total se d é c o m p o s e en éléments constants et variables, m a i s n'affecte pas leur différence fonctionnelle. | 28
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« T o u t e s les p r o d u c t i o n s d ' u n m ê m e g e n r e n e f o r m e n t p r o p r e m e n t q u ' u n e m a s s e , d o n t l e p r i x se d é t e r m i n e en g é n é r a l et s a n s égard a u x c i r c o n s t a n c e s p a r t i c u l i è r e s . » (Le T r o s n e , 1. c, p . 893.)
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Troisième section • La production de la plus-value absolue
|91| CHAPITRE IX Le taux de la plus-value I Le degré d'exploitation de la force de travail La plus-value q u e le capital avancé C a engendrée dans le cours de la prod u c t i o n se présente d'abord c o m m e e x c é d a n t de la valeur du p r o d u i t sur la valeur de ses é l é m e n t s . Le capital C se d é c o m p o s e en d e u x p a r t i e s : u n e s o m m e d'argent c (capital constant), qui est d é p e n s é e p o u r les m o y e n s de p r o d u c t i o n , et u n e autre s o m m e d'argent ν (capital variable), q u i est dépensée en force de travail. A l'origine donc, C = c + ν ou, p o u r p r e n d r e un exemple, le capital avancé de c ν
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500 /. st. = 410 /. st. + 90 Z. st. L'opération productive t e r m i n é e , on a p o u r résultat u n e m a r c h a n d i s e d o n t la valeur = c + ν + ρ, (ρ étant la plus-va-
lue), soit 410 /. st. + 90 /. st. + 90 /. st. Le capital primitif C s'est transformé en C, de 500 en 590 /. st. La différence entre les d e u x = p, u n e plus-value de 90. La valeur des é l é m e n t s de p r o d u c t i o n étant égale à la valeur du capital avancé, c'est u n e vraie tautologie de dire que l'excédant de la valeur du p r o d u i t sur la valeur de ses éléments est égale au surcroît du capital avancé, ou à la plus-value p r o d u i t e . Cette tautologie exige c e p e n d a n t un e x a m e n plus approfondi. Ce q u i est c o m p a r é avec la valeur du produit, c'est la valeur des é l é m e n t s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s dans sa formation. Mais n o u s avons vu q u e cette partie du capital constant employé, qui consiste en i n s t r u m e n t s de travail, ne transm e t q u ' u n e fraction de sa valeur au produit, tandis q u e l'autre fraction persiste sous son a n c i e n n e forme. C o m m e celle-ci ne j o u e a u c u n rôle d a n s la formation de la valeur, il faut en faire c o m p l è t e m e n t abstraction. Son entrée en ligne de c o m p t e ne changerait rien. Supposons q u e c = 4 1 0 / . s t . , soit 312 /. st. p o u r matières premières, 44 /. st. pour m a t i è r e s auxiliaires et 54 l. st. pour u s u r e de la m a c h i n e , m a i s q u e la valeur de t o u t l'appareil m é c a n i q u e employé r é e l l e m e n t se m o n t e à 1054 /. st. N o u s ne c o m p t o n s c o m m e avance faite q u e la valeur de 54 /. st. p e r d u e par la m a c h i n e d a n s s o n f o n c t i o n n e m e n t et transmise par cela m ê m e au produit. Si n o u s voulions c o m p t e r les 1000 /. st. qui c o n t i n u e n t à exister sous leur a n c i e n n e forme c o m m e m a c h i n e à vapeur, etc., il n o u s faudrait les c o m p t e r d o u b l e -
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Chapitre IX • Le taux de la plus-value 29
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m e n t , du côté de la valeur avancée et du côté du p r o d u i t o b t e n u . N o u s o b t i e n d r i o n s ainsi 1500 /. st. et 1590 /. st. de sorte q u e la plus-value serait, après c o m m e avant, de 90 /. st. Sous le n o m de capital c o n s t a n t avancé p o u r la p r o d u c t i o n de la valeur, et c'est cela d o n t il s'agit ici, n o u s ne c o m p r e n o n s d o n c j a m a i s q u e la valeur des m o y e n s c o n s o m m é s dans le cours de la p r o d u c t i o n . Ceci
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admis,
revenons
à
la
formule
C = c + v,
qui
est
devenue
C = c + υ + ρ, de sorte q u e C s'est transformé en C On sait q u e la valeur du capital ||92| c o n s t a n t ne fait q u e réapparaître d a n s le produit. La valeur réellement nouvelle, e n g e n d r é e dans le cours de la p r o d u c t i o n m ê m e , est d o n c différente de la valeur du p r o d u i t o b t e n u . Elle n ' e s t pas, c o m m e il semblerait au p r e m i e r c o u p d'ceil,
c + ν + ρ ou 410 /. st. + 90 /. st. + 90 /. st., m a i s ν + ρ ou 90 /. st. + 90 /. st.; elle n'est pas 590, m a i s 180 /. st. Si le capital c o n s t a n t c égalait zéro, en d'autres t e r m e s s'il y avait des b r a n c h e s d'industrie où le capitaliste n'aurait à employer a u c u n m o y e n de p r o d u c t i o n créé par le travail, ni m a tière première, ni m a t i è r e s auxiliaires, ni i n s t r u m e n t s , m a i s s e u l e m e n t la force de travail et des m a t é r i a u x fournis par la n a t u r e , a u c u n e portion constante de valeur ne pourrait être t r a n s m i s e au produit. Cet é l é m e n t de la valeur du produit, d a n s notre e x e m p l e 410 /. st., serait é l i m i n é , m a i s la valeur p r o d u i t e de 180 /.st., laquelle contient 90 /. st. de plus-value, serait tout aussi g r a n d e q u e si c représentait u n e valeur i n c o m m e n s u r a b l e . N o u s aurions C = 0 + ν = ν et C (le capital accru de la plus-value) = ν + p; C - C, après c o m m e avant = p. Si, au contraire, ρ égalait zéro, en d'autres termes si la force de travail, d o n t la valeur est avancée dans le capital variable, ne produisait q u e son équivalent, alors C = c + υ et C (la valeur du produit) = c + ν + 0 ; par c o n s é q u e n t C = C. Le capital avancé ne se serait p o i n t accru. N o u s savons déjà q u e la plus-value est u n e simple c o n s é q u e n c e du c h a n g e m e n t de valeur qui affecte υ (la partie du capital transformée en force de travail) q u e p a r c o n s é q u e n t ν + ρ = υ + Αν (ν plus un i n c r é m e n t de ν). M a i s le caractère réel de ce c h a n g e m e n t de valeur ne perce pas à p r e m i è r e v u e ; cela provient de ce q u e , par suite de l'accroissement de s o n é l é m e n t variable, le total du capital avancé s'accroît aussi. Il était 500 et il devient 590. L'analyse pure exige d o n c qu'il soit fait abstraction de cette partie de 2 9
« S i n o u s c o m p t o n s l a v a l e u r d u capital f i x e e m p l o y é c o m m e faisant partie d e s a v a n c e s , n o u s d e v o n s c o m p t e r à la fin de l ' a n n é e la valeur p e r s i s t a n t e de ce capital c o m m e faisant partie de ce q u i n o u s revient a n n u e l l e m e n t . » ( M a l t h u s : Princ. of Pol. Econ. 2 édit., L o n d o n , 1836, p . 269.) e
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Troisième section • La production de la plus-value absolue la valeur du produit, où ne réapparaît q u e la valeur du capital c o n s t a n t et q u e l'on pose ce dernier = 0. C'est l'application d ' u n e loi m a t h é m a t i q u e employée toutes les fois q u ' o n opère avec des q u a n t i t é s variables et des q u a n t i t é s constantes et q u e la q u a n t i t é constante n ' e s t liée à la variable q u e par a d d i t i o n ou soustraction.
5
U n e autre difficulté provient de la forme primitive du capital variable. Ainsi, d a n s l'exemple précédent, C = 410 /. st. de capital constant, 90 /. st. de capital variable et 90 /. st. de plus-value. Or, 90 /. st. sont u n e g r a n d e u r d o n n é e , constante, q u ' i l semble absurde d e traiter c o m m e variable. M a i s υ 90 /. st. ou 90 /. st. de capital variable ne sont q u ' u n symbole p o u r la m a r c h e 10 q u e suit cette valeur. En p r e m i e r lieu d e u x valeurs c o n s t a n t e s sont é c h a n gées l'une contre l'autre, un capital de 90 /. st. contre u n e force de travail q u i vaut aussi 90 /. st. C e p e n d a n t d a n s le cours de la p r o d u c t i o n les 90 /. st. avancées v i e n n e n t d'être r e m p l a c é e s , n o n par la valeur de la force de travail, m a i s par son m o u v e m e n t , le travail m o r t par le travail vivant, u n e 15 g r a n d e u r fixe par u n e g r a n d e u r fluide, u n e constante par u n e variable. Le résultat est la r e p r o d u c t i o n de υ p l u s un i n c r é m e n t de v. Du p o i n t de vue de la p r o d u c t i o n capitaliste, tout cet e n s e m b l e est un m o u v e m e n t spont a n é , a u t o m a t i q u e de la valeur-capital transformée en force de travail. C'est à elle q u e le procès c o m p l e t et son résultat sont attribués. Si d o n c la for- 20 m u l e « 9 0 /. st. de capital variable», laquelle exprime u n e valeur q u i fait des petits, semble contradictoire, elle n ' e x p r i m e q u ' u n e c o n t r a d i c t i o n i m m a n e n t e à la p r o d u c t i o n capitaliste. Il peut paraître étrange au p r e m i e r coup d'œil, q u e l'on pose ainsi le capital c o n s t a n t = 0, m a i s c'est là u n e opération que l'on fait t o u s les j o u r s 25 d a n s la vie ordinaire. Q u e l q u ' u n veut-il calculer le bénéfice o b t e n u par la G r a n d e - B r e t a g n e d a n s l'industrie cotonnière, il c o m m e n c e par é l i m i n e r le prix du coton payé a u x États-Unis, à l'Inde, à l'Egypte, etc., c'est-à-dire, il pose = 0 la partie du capital qui ne fait q u e réapparaître d a n s la valeur du produit. 30 A s s u r é m e n t le rapport de la plus-value n o n - s e u l e m e n t avec la partie du capital d'où elle provient i m m é d i a t e m e n t , et d o n t elle représente le c h a n g e m e n t de valeur, m a i s encore avec le total du capital avancé, a u n e g r a n d e i m p o r t a n c e é c o n o m i q u e . A u s s i traiterons-nous cette q u e s t i o n avec tous les détails d a n s le troisième livre. P o u r q u ' u n e partie du capital gagne en va- 35 leur par sa transformation en force de travail, il faut q u ' u n e autre partie du capital soit déjà transformée en m o y e n s de p r o d u c t i o n . P o u r q u e le capital variable fonctionne, il faut q u ' u n capital constant soit avancé d a n s des proportions correspondantes, d'après le caractère t e c h n i q u e de l'entreprise. M a i s parce q u e , dans t o u t e m a n i p u l a t i o n c h i m i q u e , o n e m p l o i e des cor- 4 0
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Chapitre IX · Le taux de la plus-value n u e s et d'autres vases, il ne s'en suit p o u r t a n t pas q u e d a n s l'analyse on ne fasse abstraction de ces ustensiles. Dès q u e l'on e x a m i n e la création de valeur et la modification de valeur p u r e m e n t en elles-mêmes, les m o y e n s de production, ces représentants matériels du capital constant, ne fournissent 5 q u e la m a t i è r e d a n s laquelle la force fluide, créatrice de valeur, p e u t se figer. Coton ou fer, p e u i m p o r t e n t d o n c la n a t u r e et la valeur de cette m a tière. Elle doit t o u t s i m p l e m e n t se trouver là en q u a n t i t é suffisante p o u r pouvoir absorber le travail à dépenser d a n s le cours de la p r o d u c t i o n . Cette q u a n t i t é de m a t i è r e u n e fois d o n n é e , q u e sa valeur m o n t e ou baisse, ou 10 m ê m e qu'elle n ' a i t a u c u n e valeur, c o m m e la terre vierge et la mer, la création de valeur et son c h a n g e m e n t de g r a n d e u r n ' e n seront pas affectés . N o u s posons d o n c t o u t d'abord la partie constante du capital égale à zéro. Le capital avancé c + υ se réduit c o n s é q u e m m e n t à v, et la valeur du 30
produit c + v + p à la valeur produite v + p. Si l'on a d m e t q u e celle-ci 15
= 1 8 0 / . st. d a n s lesquelles se manifeste le travail q u i s'écoule p e n d a n t t o u t e la d u r é e ||93| de la p r o d u c t i o n ; il n o u s faut soustraire la valeur du capital variable, soit 90 /. st., p o u r obtenir la plus-value de 90 /. st. Ces 90 /. st. e x p r i m e n t ici la g r a n d e u r absolue de la plus-value produite. P o u r ce q u i est de sa g r a n d e u r proportionnelle, c'est-à-dire du rapport suivant l e q u e l le ca-
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pital variable a gagné en valeur, elle est é v i d e m m e n t d é t e r m i n é e p a r le rapport de la plus-value au capital variable et s'exprime par —. D a n s l'exem-
V pie qui précède, elle est d o n c % - 100 %. Cette g r a n d e u r proportionnelle est ce q u e n o u s appelons t a u x de la p l u s - v a l u e . N o u s avons v u q u e l'ouvrier, p e n d a n t u n e partie d u t e m p s qu'exige u n e 25 opération productive d o n n é e , ne produit q u e la valeur de sa force de travail, c'est-à-dire la valeur des subsistances nécessaires à son entretien. Le m i l i e u d a n s lequel il produit étant organisé par la division s p o n t a n é e du travail social, il produit sa subsistance, n o n pas directement, m a i s sous la forme d ' u n e m a r c h a n d i s e particulière, sous la forme de filés, par exemple, 30 d o n t la valeur égale celle de ses m o y e n s de subsistance, ou de l'argent avec lequel il les achète. La partie de sa j o u r n é e de travail q u ' i l y e m p l o i e est plus ou m o i n s grande, suivant la valeur m o y e n n e de sa subsistance j o u r n a lière ou le temps de travail m o y e n exigé c h a q u e j o u r p o u r la produire. Lors 9
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II est évident, c o m m e d i t L u c r è c e , «nilposse creari de nihilo» q u e r i e n ne p e u t être c r é é de rien. C r é a t i o n d e v a l e u r est t r a n s f o r m a t i o n d e force d e travail e n travail. D e son c ô t é l a force d e travail est a v a n t t o u t u n e n s e m b l e d e s u b s t a n c e s n a t u r e l l e s t r a n s f o r m é e s e n o r g a n i s m e h u main. On dit de m ê m e , t a u x du profit, t a u x de l'intérêt, etc., (en anglais, rate of profit, etc.). On verra d a n s le livre I I I , q u e le t a u x du profit est facile à d é t e r m i n e r dès q u e l'on c o n n a î t les lois d e l a plus-value. P a r l a voie o p p o s é e o n n e trouve n i l ' u n n i l ' a u t r e . 31
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Troisième section • La production de la plus-value absolue m ê m e qu'il ne travaillerait pas pour le capitaliste, m a i s s e u l e m e n t pour l u i - m ê m e , il devrait, toutes circonstances restant égales, travailler en m o y e n n e , après c o m m e avant, la m ê m e partie aliquote du j o u r p o u r gagner sa vie. M a i s c o m m e d a n s la partie du j o u r où il produit la valeur quotid i e n n e de sa force de travail, soit 3 sh., il ne produit q u e l'équivalent d ' u n e 5 valeur déjà payée par le capitaliste, et ne fait ainsi que c o m p e n s e r u n e valeur par u n e autre, cette p r o d u c t i o n de valeur n'est en fait q u ' u n e simple reproduction. Je n o m m e d o n c temps de travail nécessaire, la partie de la journée où cette r e p r o d u c t i o n s'accomplit, et travail nécessaire le travail dépensé p e n d a n t ce t e m p s : nécessaire pour le travailleur, parce qu'il est in- 10 d é p e n d a n t de la forme sociale de son travail ; nécessaire p o u r le capital et le m o n d e capitaliste, parce q u e ce m o n d e a pour base l'existence du travailleur. 32
La période d'activité, qui dépasse les bornes du travail nécessaire, coûte, il est vrai, du travail à l'ouvrier, u n e dépense de force, m a i s ne forme 15 a u c u n e valeur pour lui. Elle forme u n e plus-value qui a p o u r le capitaliste tous les charmes d ' u n e création ex nihilo. Je n o m m e cette partie de la journ é e de travail, temps extra et le travail dépensé en elle surtravail. S'il est d ' u n e i m p o r t a n c e décisive pour l ' e n t e n d e m e n t de la valeur en général de ne voir en elle q u ' u n e simple coagulation de t e m p s de travail, q u e du tra- 20 vail réalisé, il est d ' u n e égale i m p o r t a n c e p o u r l ' e n t e n d e m e n t de la plus-value de la c o m p r e n d r e c o m m e u n e simple coagulation de t e m p s de travail extra, c o m m e du surtravail réalisé. Les différentes formes é c o n o m i q u e s revêtues par la société, l'esclavage, par exemple, et le salariat, ne se distinguent q u e par le m o d e d o n t ce surtravail est imposé et extorqué au p r o d u c - 25 teur i m m é d i a t , à l'ouvrier . 33
De ce fait, q u e la valeur du capital variable égale la valeur de la force de 32
N o u s avons e m p l o y é j u s q u ' i c i l e m o t « t e m p s d e travail n é c e s s a i r e » p o u r d é s i g n e r l e t e m p s de travail s o c i a l e m e n t n é c e s s a i r e à la p r o d u c t i o n d ' u n e m a r c h a n d i s e q u e l c o n q u e . D é s o r m a i s n o u s l ' e m p l o i e r o n s aussi p o u r d é s i g n e r le t e m p s de travail n é c e s s a i r e à la p r o d u c t i o n de la m a r c h a n d i s e spéciale - force d e travail. L ' u s a g e d e s m ê m e s t e r m e s t e c h n i q u e s d a n s u n s e n s différent a certes des i n c o n v é n i e n t s ; m a i s cela ne p e u t être évité d a n s a u c u n e s c i e n c e . Q u e l'on c o m p a r e , par e x e m p l e , les parties s u p é r i e u r e s e t é l é m e n t a i r e s d e s m a t h é m a t i q u e s . M a î t r e W i l h e l m T h u c y d i d e s R o s c h e r est v r a i m e n t i m p a y a b l e ! I l d é c o u v r e q u e s i l a f o r m a t i o n d ' u n e plus-value o u d ' u n p r o d u i t n e t e t l ' a c c u m u l a t i o n q u i e n résulte s o n t d u s a u j o u r d ' h u i à l'épargne et à l ' a b s t i n e n c e du capitaliste, ce q u i l ' a u t o r i s e à « e x i g e r des i n t é r ê t s » , « d a n s u n é t a t inférieur d e civilisation a u c o n t r a i r e , c e s o n t les faibles q u i s o n t c o n t r a i n t s par les forts à é c o n o m i s e r et à s ' a b s t e n i r » . (L. c, p. 78). A s ' a b s t e n i r de travailler? Ou à é c o n o m i s e r un e x c é d a n t de p r o d u i t s q u i n ' e x i s t e p a s ? Ce q u i e n t r a î n e les R o s c h e r et consorts à traiter c o m m e raisons d'être de la plus-value, les raisons plus ou m o i n s p l a u s i b l e s p a r lesquelles le capitaliste c h e r c h e à justifier son a p p r o p r i a t i o n de t o u t e plus-value créée, c'est é v i d e m m e n t , o u t r e u n e i g n o r a n c e c a n d i d e , l ' a p p r é h e n s i o n q u e l e u r c a u s e t o u t e a n a l y s e c o n s c i e n c i e u s e et l e u r c r a i n t e d'arriver m a l g r é e u x à un résultat q u i ne satisferait pas la p o lice.
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Chapitre IX • Le taux de la plus-value travail q u ' i l a c h è t e ; q u e la valeur de cette force de travail d é t e r m i n e la partie nécessaire de la j o u r n é e de travail et que la plus-value de s o n côté est d é t e r m i n é e p a r la partie extra de cette m ê m e j o u r n é e , il suit q u e : la plusvalue est au capital variable ce qu'est le surtravail au travail nécessaire ou , , Ρ surtravail . T le t a u x de la plus-value — = —; : — . Les d e u x p r o p o r t i o n s pre ti travail necessaire s e n t e n t le m ê m e rapport sous u n e forme différente ; u n e fois sous forme de travail réalisé, u n e autre fois, sous forme de travail en m o u v e m e n t . Le t a u x de la plus-value est d o n c l'expression exacte du degré d'exploitat i o n de la force de travail par le capital ou du travailleur par le c a p i t a l i s t e . 34
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D'après notre supposition, la valeur du p r o d u i t = 410 /. st. + 90 /. st.
+ 90 l. st., le capital avancé = 500 /. st. De ce q u e la plus-value = 90 /. st. et le capital avancé = 500 /. st., on pourrait conclure d'après le m o d e ordinaire de calcul, q u e le t a u x de la plus-value (que l'on confond avec le t a u x du profit) = 18 %, chiffre d o n t l'infériorité relative remplirait d ' é m o t i o n le 15 sieur Carey et les autres h a r m o n i s t e s du m ê m e calibre. M a i s en réalité le t a u x de la plus-value égale n o n pas -^· ou — 7 — m a i s — c'est-à-dire, il est C c+ ν ν 90 90 n o n pas m a i s ~^Q = 1 0 0 % , plus de c i n q fois le degré d'exploi||94|tat i o n apparent. Bien q u e dans le cas d o n n é , n o u s ne connaissions ni la grand e u r absolue de la j o u r n é e de travail, ni la période des opérations (jour, se20 m a i n e , etc.), ni enfin le n o m b r e des travailleurs q u e le capital variable de 90 /. st. m e t en m o u v e m e n t s i m u l t a n é m e n t , n é a n m o i n s le t a u x de la plusp surtrâ ν ail value — p a r sa convertibilité dans l'autre formule —; :— n o u s ν travail necessaire m o n t r e e x a c t e m e n t le rapport des d e u x parties c o n s t i t u a n t e s de la j o u r n é e de travail l'une avec l'autre. Ce rapport est 100 %. L'ouvrier a d o n c travaillé 25 u n e m o i t i é du j o u r p o u r l u i - m ê m e et l'autre m o i t i é p o u r le capitaliste. Telle est d o n c , en r é s u m é la m é t h o d e à employer p o u r le calcul du t a u x de la plus-value. N o u s p r e n o n s la valeur entière du p r o d u i t et n o u s posons égale à zéro la valeur du capital constant q u i ne fait qu'y reparaître; la s o m m e de valeur q u i reste est la seule valeur r é e l l e m e n t e n g e n d r é e p e n 30
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Le taux de la plus-value n'exprime pas la grandeur absolue de l'exploitation, bien qu'il en e x p r i m e e x a c t e m e n t le degré. S u p p o s o n s par e x e m p l e q u e le travail n é c e s s a i r e = 5 h e u r e s et le surtravail = 5 h e u r e s é g a l e m e n t , le degré d ' e x p l o i t a t i o n est alors de 100 % et la g r a n d e u r a b solue de l ' e x p l o i t a t i o n est de 5 h e u r e s . Si au c o n t r a i r e le travail n é c e s s a i r e = 6 h e u r e s et q u e le surtravail = 6 h e u r e s , le d e g r é d ' e x p l o i t a t i o n reste le m ê m e , c'est-à-dire de 100 %; m a i s la g r a n d e u r de l ' e x p l o i t a t i o n s'est a c c r u e de 2 0 % , de 5 à 6 h e u r e s .
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Troisième section · La production de la plus-value absolue d a n t la p r o d u c t i o n de la m a r c h a n d i s e . Si la plus-value est d o n n é e , il n o u s faut la soustraire de cette s o m m e p o u r trouver le capital variable. C'est l'inverse q u i a lieu si ce dernier est d o n n é et que l'on cherche la plus-value. Tous les d e u x sont-ils d o n n é s , il ne reste plus q u e l'opération finale, le calcul de — , du rapport de la plus-value au capital variable. ν
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Si simple q u e soit cette m é t h o d e , il convient d'y exercer le lecteur par q u e l q u e s exemples q u i lui en faciliteront l'application. E n t r o n s d'abord d a n s u n e filature. Les d o n n é e s suivantes a p p a r t i e n n e n t à l ' a n n é e 1871 et m ' o n t été fournies par le fabricant l u i - m ê m e . La fabrique m e t en m o u v e m e n t 1 0 0 0 0 broches, file avec du coton a m é r i c a i n des filés 10 n ° 3 2 , et produit c h a q u e s e m a i n e u n e livre de filés par broche. Le d é c h e t du c o t o n se m o n t e à 6 %. Ce sont d o n c par s e m a i n e 1 0 6 0 0 livres de coton q u e le travail transforme en 1 0 0 0 0 livres de filés et 600 livres de déchet. En avril 1871, ce c o t o n coûtait 7% d. (pence) par livre et c o n s é q u e m m e n t p o u r 10 600 livres, la s o m m e r o n d e de 342 /. st. Les 10 000 b r o c h e s , y compris la 15 m a c h i n e à filer et la m a c h i n e à vapeur, c o û t e n t u n e livre sterling la pièce, c'est-à-dire 10 000 l. st. L e u r u s u r e se m o n t e à 10 % = 1 0 0 0 /. st., ou c h a q u e s e m a i n e 20 l. st. La location des b â t i m e n t s est de 300 /. st. ou de 6 /. st. par s e m a i n e . Le c h a r b o n (4 livres par h e u r e et par force de cheval, sur u n e force de 100 chevaux d o n n é e par l ' i n d i c a t e u r et 60 h e u r e s par s e m a i n e , y 20 compris le chauffage du local) atteint par s e m a i n e le chiffre de 11 t o n n e s et à 8 sh. 6 d. par t o n n e , c o û t e c h a q u e s e m a i n e 4 l. st. 10 sh. ; la c o n s o m m a t i o n par s e m a i n e est é g a l e m e n t p o u r le gaz de 1 l. st., p o u r l'huile de 4 /. st. 10 sh., p o u r toutes les m a t i è r e s auxiliaires de 10 /. st. - La p o r t i o n de valeur c o n s t a n t e par c o n s é q u e n t = 378 l. st. Puisqu'elle ne j o u e a u c u n rôle d a n s la 25 formation de la valeur h e b d o m a d a i r e , n o u s la posons égale à zéro. 35
Le salaire des ouvriers se m o n t e à 52 /. st. par s e m a i n e ; le prix de filés, à 12 d. % la livre, est p o u r 1 0 0 0 0 livres, de 510 /. st. La valeur p r o d u i t e chaq u e s e m a i n e est par c o n s é q u e n t = 510 /. st. - 378 /. st., ou = 132 /. st. Si m a i n t e n a n t n o u s en d é d u i s o n s le capital variable (salaire des ouvriers) = 52 /. st., il reste u n e plus-value de 80 l. st. Le t a u x de la plus-value est d o n c = %2 = 153 / %. P o u r u n e j o u r n é e de travail m o y e n n e de dix heures par c o n s é q u e n t , le travail nécessaire = 3 h. / et le surtravail = 6 h. y /33· Voici un autre calcul, très-défectueux, il est vrai, parce q u ' i l y m a n q u e plusieurs d o n n é e s , m a i s suffisant p o u r notre but. N o u s e m p r u n t o n s les faits à un livre de J a c o b à propos des lois sur les céréales (1815). Le prix du s
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II est à r e m a r q u e r q u ' e n A n g l e t e r r e l ' a n c i e n n e force de cheval était c a l c u l é e d ' a p r è s le diam è t r e d u cylindre, e t q u e l a n o u v e l l e a u c o n t r a i r e s e c a l c u l e s u r l a force réelle q u e m o n t r e l'indicateur.
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Chapitre IX · Le taux de la plus-value froment est de 80 sh. par q u a r t (8 boisseaux), et le r e n d e m e n t m o y e n de l'arpent est de 22 boisseaux, de sorte q u e l'arpent rapporte 111. st. Production de valeur par arpent 5
S e m e n c e s (froment)
11. st.
D î m e s , taxes
1 /. st.
1 sh.
Engrais
2 /. st. 10 sh.
9 sh.
R e n t e foncière
1 /. st.
8 sh.
Salaires
3 l. st. 10 sh.
Profit du f e r m i e r et
Somme
7 l. st.
intérêts
1 1 . st.
2 sh.
Somme
3 7. st. 11 sh.
9 sh.
La plus-value, toujours en a d m e t t a n t q u e le prix du p r o d u i t est égal à sa 10 valeur, se trouve ici répartie entre diverses rubriques, profit, intérêt, dîmes, etc. Ces r u b r i q u e s n o u s é t a n t indifférentes, n o u s les a d d i t i o n n o n s t o u t e s e n s e m b l e et o b t e n o n s ainsi u n e plus-value de 3 /. st. 11 sh. Q u a n t a u x 3 /. st. 19 sh. p o u r s e m e n c e et engrais, n o u s les p o s o n s égales à z é r o c o m m e partie c o n s t a n t e du capital. R e s t e le capital variable avancé de 3 l. st. 10 sh., 15 à la place d u q u e l u n e valeur nouvelle de 3 /. st. 10 sh. + 3 l. st. 11 sh. a été S
produite. Le t a u x de la plus-value — égale : Ü !' [' W
= plus de 100 %.
ν 3 /. st. 10 sh. Le l a b o u r e u r e m p l o i e d o n c plus de la m o i t i é de sa j o u r n é e de travail à la p r o d u c t i o n d ' u n e plus-value q u e diverses personnes se partagent entre elles sous divers p r é t e x t e s . 36
II Expression de la valeur du produit en parties proportionnelles du même produit
20
R e p r e n o n s l'exemple qui n o u s a servi à m o n t r e r c o m m e n t le capitaliste transforme son argent en capital. Le travail nécessaire de s o n fileur se m o n 25 tait à six heures, de m ê m e que le surtravail; le degré d'exploitation du travail s'élevait d o n c à 100 p o u r 100. Le produit de la j o u r n é e de d o u z e heures est 20 liv. de filés d ' u n e valeur de 30 sh. Pas m o i n s des % de cette valeur, ou 24 sh., sont formés par la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s , des 20 ||95| liv. de c o t o n à 30 20 sh., des broches à 4 sh., valeur q u i ne fait que r é a p p a r a î t r e ; a u t r e m e n t dit %o de la valeur des filés consistent en capital constant. Les / q u i restent sont la valeur nouvelle de 6 sh. engendrée p e n d a n t le filage, d o n t u n e moitié r e m p l a c e la valeur j o u r n a l i è r e de la force de travail q u i a été avancée, c'est-à-dire le capital variable de 3 sh. et d o n t l'autre m o i t i é forme la 0
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Ces chiffres n ' o n t de v a l e u r q u ' à titre d ' e x p l i c a t i o n . En effet il a été s u p p o s é q u e les p r i x = les valeurs. Or, o n verra d a n s l e livre III q u e c e t t e égalisation, m ê m e p o u r les p r i x m o y e n s , n e s e fait pas d ' u n e m a n i è r e a u s s i s i m p l e .
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Troisième section · La production de la plus-value absolue plus-value de 3 sh. La valeur totale de 20 liv. de filés est d o n c composée de c υ ρ la m a n i è r e s u i v a n t e : V a l e u r en filés de 30 sh = 24 sh. + 3 sh. + 3 sh. P u i s q u e cette valeur totale se représente dans le produit de 20 livres de filés, il faut que les divers éléments de cette valeur puissent être exprimés en parties proportionnelles du produit. 5 S'il existe u n e valeur de 30 sh. dans 20 liv. de filés, / de cette valeur, ou sa partie constante de 24 sh., existeront dans / du produit, ou d a n s 16 liv. de filés. Sur celles-ci 13 liv. % représentent la valeur de la m a t i è r e première, des 20 liv. de coton qui ont été filées, soit 20 sh., et 2 liv. % la valeur des matières auxiliaires et des instruments de travail c o n s o m m é s , broches, 10 etc., soit 4 sh. D a n s 13 liv. % de filés il ne se trouve, à vrai dire, q u e 13 liv. % de coton d ' u n e valeur de 13 sh. %; m a i s leur valeur additionnelle de 6 sh. % forme un équivalent p o u r le coton c o n t e n u dans les 6 liv. % de filés qui restent. Les 13 liv. % de filés représentent d o n c tout le coton c o n t e n u d a n s le pro- 15 duit total de 20 liv. de filés, la m a t i è r e p r e m i è r e du produit total, m a i s aussi rien de plus. C'est d o n c c o m m e si tout le coton du produit entier eût été c o m p r i m é d a n s 13 liv. % de filés et qu'il ne s'en trouvât plus un brin dans les 6 liv. % restantes. Par contre, ces 13 liv. % de filés ne c o n t i e n n e n t dans notre cas a u c u n a t o m e ni de la valeur des matières auxiliaires et des 20 i n s t r u m e n t s de travail c o n s o m m é s , ni de la valeur nouvelle créée par le filage. s
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De m ê m e les autres 2 liv. % de filés q u i c o m p o s e n t le reste du capital constant = 4 sh., ne représentent rien autre chose que la valeur des matières auxiliaires et des i n s t r u m e n t s de travail c o n s o m m é s p e n d a n t t o u t le cours de la production. Ainsi d o n c % du produit ou 16 liv. de filés, b i e n q u e formés, en t a n t q u e valeurs d'usage, par le travail du fileur, t o u t c o m m e les parties restantes du produit, ne c o n t i e n n e n t d a n s cet e n s e m b l e pas le m o i n d r e travail absorbé p e n d a n t l'opération m ê m e du filage. C'est c o m m e si ces % s'étaient transformés en filés sans l'intermédiaire du travail, et q u e leur forme filés ne fût qu'illusion. Et en fait, q u a n d le capitaliste les vend 24 sh. et rachète avec cette s o m m e ses m o y e n s de production, il devient évident q u e 16 liv. de filés ne sont que coton, broches, charbon, etc., déguisés. D ' u n autre côté, les / du produit qui restent, ou 4 liv. de filés, ne représentent m a i n t e n a n t rien autre chose que la valeur nouvelle de 6 sh. produite d a n s les d o u z e heures q u ' a duré l'opération. Ce qu'ils c o n t e n a i e n t de la valeur des matières et des i n s t r u m e n t s de travail c o n s o m m é s leur a été enlevé p o u r être incorporé a u x 16 premières livres de filés. Le travail du fileur, matérialisé dans le produit de 20 liv. de filés, est m a i n t e n a n t concentré d a n s 4 liv., d a n s / du produit.
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Chapitre IX • Le taux de la plus-value
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C'est c o m m e si le fileur avait opéré le filage de ces 4 liv. dans l'air, ou bien avec du coton et des broches, qui, se trouvant là gratuitement, sans l'aide du travail h u m a i n , n'ajouteraient a u c u n e valeur au produit. Enfin de ces 4 liv. de filés, où se c o n d e n s e t o u t e la valeur produite en d o u z e h e u r e s de filage, u n e m o i t i é ne représente que l'équivalent de la force de travail employée, c'est-à-dire q u e les trois schellings de capital variable avancé, l'autre m o i t i é q u e la plus-value de 3 sh. Puisque 12 heures de travail du fileur se matérialisent en u n e valeur de 6 sh., la valeur des filés m o n t a n t à 30 sh. représente d o n c 60 h e u r e s de travail. Elles existent d a n s 20 livres de filés d o n t % ou 16 livres sont la m a t é rialisation de 48 heures de travail qui o n t précédé l'opération du filage, du travail c o n t e n u d a n s les m o y e n s de p r o d u c t i o n des filés; et d o n t / ou 4 liv. de filés sont la matérialisation des 12 heures de travail dépensées dans l'opération du filage. N o u s avons vu plus h a u t c o m m e n t la valeur totale des filés égale la valeur enfantée dans leur p r o d u c t i o n plus les valeurs déjà préexistantes dans leurs m o y e n s de p r o d u c t i o n . N o u s v e n o n s de voir m a i n t e n a n t c o m m e n t les éléments f o n c t i o n n e l l e m e n t différents de la valeur p e u v e n t être exprimés en parties proportionnelles du produit. Cette d é c o m p o s i t i o n du produit, - du résultat de la p r o d u c t i o n - en u n e quantité q u i ne représente q u e le travail c o n t e n u d a n s les m o y e n s de production, ou la partie c o n s t a n t e du capital, en un autre quantum q u i ne représente q u e le travail nécessaire ajouté p e n d a n t le cours de la p r o d u c t i o n , ou la partie variable du capital, et en un dernier quantum, q u i ne représente que le surtravail ajouté d a n s ce m ê m e procédé, ou la plus-value : cette décomposition est aussi simple q u ' i m p o r t a n t e , c o m m e le m o n t r e r a plus tard son application à des problèmes plus complexes et encore sans solution. Au lieu de d é c o m p o s e r ainsi le produit total o b t e n u d a n s u n e période, par exemple u n e j o u r n é e , en quote-parts représentant les divers éléments de sa valeur, on peut arriver au m ê m e résultat en représentant les produits partiels c o m m e provenant de quote-parts de la j o u r n é e de travail. D a n s le premier cas n o u s considérons le produit entier c o m m e d o n n é , d a n s l'autre nous le suivons d a n s ses phases d'évolution. Le fileur produit en 12 h e u r e s 20 livres de filés, en u n e h e u r e par conséq u e n t 1 livre % et en 8 heures 13 livres ]/ , c'est-à-dire un produit partiel valant à lui seul t o u t le coton filé p e n d a n t la j o u r n é e . De la m ê m e m a n i è r e le produit partiel de l'heure et des 36 m i n u t e s suivantes égale 2 livres % de filés, et représente par c o n s é q u e n t la valeur des i n s t r u m e n t s de travail c o n s o m m é s p e n d a n t les 12 heures de travail; de m ê m e encore le fileur produit dans les 75 m i n u t e s qui suivent 2 livres de filés valant 3 sh., - u n e valeur égale à t o u t e la valeur qu'il crée en 6 heures de travail nécessaire. En0
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Troisième section · La production de la plus-value absolue fin, dans les dernières 75 m i n u t e s il produit également 2 livres de filés d o n t la valeur égale la plus-value produite par sa de||96|mi-journée de surtravail. Le fabricant anglais se sert pour son usage personnel de ce genre de calcul; 11 dira, par exemple, q u e dans les 8 premières heures ou d e u x tiers de la j o u r n é e de travail il couvre les frais de son coton. C o m m e on le voit, la for5 m u l e est j u s t e ; c'est en fait la première formule transportée de l'espace d a n s le t e m p s ; de l'espace où les parties du produit se trouvent toutes achevées et juxtaposées les u n e s a u x autres, dans le temps, où elles se succèdent. M a i s cette formule p e u t en m ê m e temps être a c c o m p a g n é e de t o u t un cortège d'idées barbares et baroques, surtout d a n s la cervelle de ceux 10 qui, intéressés en pratique à l'accroissement de la valeur, ne le sont pas m o i n s en théorie à se m é p r e n d r e sur le sens de ce procès. On p e u t se figurer, par exemple, q u e n o t r e fileur produit ou remplace d a n s les 8 premières heures de son travail la valeur du coton, dans l'heure et les 36 m i n u t e s suivantes la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s , d a n s l'heure et les 15 12 m i n u t e s qui suivent le salaire, et qu'il ne consacre au fabricant p o u r la p r o d u c t i o n de la plus-value q u e la célèbre « D e r n i è r e h e u r e » . On attribue ainsi au fileur un d o u b l e miracle, celui de produire coton, broches, m a c h i n e à vapeur, charbon, h u i l e , etc., à l'instant m ê m e où il file au m o y e n d'eux, et de faire ainsi d ' u n j o u r de travail cinq. D a n s notre cas, par e x e m - 20 pie, la production de la m a t i è r e première et des i n s t r u m e n t s de travail exige 4 j o u r n é e s de travail de 12 heures, et leur transformation en filés exige de son côté u n e autre j o u r n é e de travail de 12 heures. M a i s la soif du lucre fait croire a i s é m e n t à de pareils miracles et n'est j a m a i s en p e i n e de trouver le sycophante doctrinaire q u i se charge de d é m o n t r e r leur rationa- 25 lité. C'est ce q u e va n o u s prouver l'exemple suivant d ' u n e célébrité historique.
La
Dernière
III heure
de Senior
Par un b e a u m a t i n de l ' a n n é e 1836, N a s s a u W. Senior, q u e l'on pourrait 30 appeler le n o r m a l i e n des économistes anglais, également f a m e u x par sa science é c o n o m i q u e et « s o n b e a u style», fut invité à venir a p p r e n d r e à M a n c h e s t e r l ' é c o n o m i e politique qu'il professait à Oxford. Les fabricants l'avaient élu leur défenseur contre le Factory act n o u v e l l e m e n t p r o m u l g u é , et l'agitation des dix heures q u i allait encore au delà. Avec leur sens prati- 35 q u e ordinaire, ils avaient c e p e n d a n t r e c o n n u q u e M. le professeur « wanted a good deal of finishing », avait grand besoin du c o u p de p o u c e de la fin p o u r être un savant accompli. Ils le firent d o n c venir à M a n c h e s t e r . Le pro-
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Chapitre IX • Le taux de la plus-value
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fesseur m i t en style fleuri la leçon q u e lui avaient faite les fabricants, d a n s le p a m p h l e t intitulé : Letters on the Factory act, as it affects the cotton manufacture. London, 1837. Il est d ' u n e lecture récréative c o m m e on p e u t en j u ger par le m o r c e a u suivant : « A v e c la loi actuelle, a u c u n e fabrique qui emploie des p e r s o n n e s audessous de dix-huit ans, ne p e u t travailler plus de 11 h e u r e s % par jour, c'est-à-dire 12 h e u r e s p e n d a n t les 5 premiers j o u r s de la s e m a i n e et 9 h e u r e s le s a m e d i . Eh bien, l'analyse (!) suivante d é m o n t r e q u e , d a n s u n e fabrique de ce genre, t o u t le profit net provient de la dernière h e u r e . Un fabricant dépense 100 000 liv. st. : 80 000 liv. st. en b â t i m e n t s et en m a c h i n e s , 20 000 en m a t i è r e première et en salaires. En supposant q u e le capital fasse u n e seule évolution p a r an et que le profit b r u t atteigne 15 %, la fabrique doit livrer c h a q u e a n n é e des m a r c h a n d i s e s p o u r u n e valeur de 115 000 liv. st. C h a c u n e des 23 d e m i - h e u r e s de travail produit c h a q u e j o u r / ou Y de cette s o m m e . Sur ces % q u i forment l'entier des 115 000 liv.st. {constituting the whole 115 000 liv.st.) % , c'est-à-dire 1 0 0 0 0 0 liv. st. sur les 115 000, r e m p l a c e n t ou c o m p e n s e n t s e u l e m e n t le cap i t a l ; %3 ou 5000 liv. st. sur les 1 5 0 0 0 de profit b r u t (!) couvrent l'usure de la fabrique et des m a c h i n e s . Les / qui restent, les d e u x dernières d e m i h e u r e s de c h a q u e j o u r p r o d u i s e n t le profit n e t de 10 %. Si d o n c , les prix restant les m ê m e s , la fabrique pouvait travailler 13 heures au lieu de 11 / , et q u ' o n a u g m e n t â t le capital circulant d'environ 2600 liv. st., le profit n e t serait plus q u e d o u b l é . D ' u n autre côté, si les h e u r e s de travail é t a i e n t réduites d ' u n e h e u r e par jour, le profit net disparaîtrait ; si la r é d u c t i o n allait j u s q u ' à 1 h e u r e %, le profit b r u t disparaîtrait é g a l e m e n t . » S
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Senior, 1. c., p. 1 2 , 1 3 . - N o u s n ' e n t r o n s p a s d a n s les détails plus ou m o i n s c u r i e u x , m a i s i n différents à n o t r e b u t . N o u s n ' e x a m i n o n s p o i n t , p a r e x e m p l e , c e t t e assertion q u e les fabricants font e n t r e r l a c o m p e n s a t i o n d e l ' u s u r e des m a c h i n e s , etc., c'est-à-dire d ' u n e p a r t i e c o n s t i t u tive d u capital, d a n s l e u r profit, b r u t o u n e t , p r o p r e o u m a l p r o p r e . N o u s n e c o n t r ô l o n s p a s n o n p l u s l ' e x a c t i t u d e ou la fausseté d e s chiffres a v a n c é s . L e o n a r d H o r n e r d a n s «A Letter to Mr. Senior, etc. L o n d . 1 8 3 7 » a d é m o n t r é q u ' i l s n ' a v a i e n t p a s p l u s de v a l e u r q u e la p r é t e n d u e « a n a lyse». L e o n a r d H o r n e r , un d e s Factory Inquiry Commissioners de 1 8 3 3 , i n s p e c t e u r , ou p l u t ô t en réalité c e n s e u r des fabriques j u s q u ' e n 1859, s'est a c q u i s d e s droits i m m o r t e l s à la r e c o n n a i s s a n c e d e l a classe o u v r i è r e anglaise. S a vie n ' a été q u ' u n long c o m b a t n o n - s e u l e m e n t c o n t r e les fabricants exaspérés, m a i s e n c o r e c o n t r e les m i n i s t r e s q u i t r o u v a i e n t i n f i n i m e n t p l u s i m p o r t a n t d e c o m p t e r « l e s v o i x » d e s m a î t r e s fabricants d a n s l a C h a m b r e d e s c o m m u n e s q u e les h e u r e s d e travail des « b r a s » d a n s l a f a b r i q u e . L ' e x p o s i t i o n d e S e n i o r est confuse, i n d é p e n d a m m e n t d e l a fausseté d e s o n c o n t e n u . Voici, à p r o p r e m e n t parler, ce q u ' i l v o u l a i t dire : Le fabricant o c c u p e les ouvriers 11 h. / ou 23 d e m i - h e u r e s c h a q u e j o u r . Le travail de l'ann é e e n t i è r e , c o m m e celui d e c h a q u e j o u r n é e p a r t i c u l i è r e , c o n s i s t e e n 1 1 h . ]/ o u 2 3 d e m i h e u r e s (c'est-à-dire e n 2 3 d e m i - h e u r e s m u l t i p l i é e s p a r l e n o m b r e d e s j o u r s d e travail p e n d a n t l ' a n n é e ) . C e c i a d m i s , les 2 3 d e m i - h e u r e s d e travail d o n n e n t l e p r o d u i t a n n u e l d e 1 1 5 0 0 0 liv. st., y h e u r e de travail p r o d u i t ]/ x 1 1 5 0 0 0 /. st., % h e u r e s de travail p r o d u i s e n t % x 115 0 0 0 / . = 1 0 0 0 0 0 /., c'est-à-dire c o m p e n s e n t s e u l e m e n t le c a p i t a l a v a n c é . R e s t e n t x
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Troisième section • La production de la plus-value absolue Et voilà ce q u e M. le professeur appelle u n e analyse ! S'il ajoutait foi a u x l a m e n t a t i o n s des fabricants, s'il croyait que les travailleurs consacrent la meilleure partie de la j o u r n é e à la r e p r o d u c t i o n ||97| ou au r e m p l a c e m e n t de la valeur des b â t i m e n t s , des m a c h i n e s , du coton, du c h a r b o n , etc., alors t o u t e analyse devenait chose oiseuse. «Messieurs, avait-il à r é p o n d r e t o u t 5 s i m p l e m e n t , si vous faites travailler 10 h e u r e s au lieu de 11 h e u r e s / , la c o n s o m m a t i o n q u o t i d i e n n e du coton, des m a c h i n e s , etc., toutes circonstances restant égales, d i m i n u e r a de 1 h e u r e %. V o u s gagnerez d o n c t o u t j u s t e a u t a n t que vous perdrez. Vos ouvriers d é p e n s e r o n t à l'avenir 1 h e u r e % de m o i n s à la r e p r o d u c t i o n ou au r e m p l a c e m e n t du capital a v a n c é . » P e n - 10 sait-il au contraire que les paroles de ces messieurs d e m a n d a i e n t réflexion, et jugeait-il en qualité d'expert u n e analyse n é c e s s a i r e ; alors il devait avant tout, dans u n e q u e s t i o n qui roule exclusivement sur le rapport du bénéfice n e t à la g r a n d e u r de la j o u r n é e de travail, prier les fabricants de ne p a s m e t tre e n s e m b l e d a n s le m ê m e sac des choses aussi disparates q u e m a c h i n e s , 15 b â t i m e n t s , m a t i è r e p r e m i è r e et travail, et de vouloir b i e n être assez b o n s p o u r poser le capital c o n s t a n t c o n t e n u dans ces m a c h i n e s , m a t i è r e s p r e mières, etc., d ' u n côté, et le capital avancé en salaires, de l'autre. S'il trouvait ensuite, par hasard, q u e d'après le calcul des fabricants le travailleur reproduit ou r e m p l a c e le salaire dans / de sa j o u r n é e , ou d a n s u n e h e u r e , 20 l'analyste avait alors à c o n t i n u e r a i n s i : l
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« S u i v a n t vos d o n n é e s , le travailleur produit dans l'avant-dernière h e u r e son salaire et dans la dernière votre plus-value ou bénéfice net. P u i s q u ' i l produit des valeurs égales d a n s des espaces de t e m p s égaux, le p r o d u i t de l'avant-dernière h e u r e est égal au p r o d u i t de la dernière. De plus, il ne produit de valeur q u ' a u t a n t q u ' i l dépense de travail, et le quantum de son travail a p o u r m e s u r e sa d u r é e . Cette durée, d'après vous, est de 11 h. % par j o u r . Il c o n s o m m e u n e partie de ces 11 h. λ/2 p o u r la p r o d u c t i o n ou le r e m b o u r s e m e n t de son salaire, l'autre partie p o u r la p r o d u c t i o n de votre profit net. Il ne fait r i e n de plus t a n t que d u r e la j o u r n é e de travail. M a i s p u i s q u e , toujours d'après vous, son salaire et la plus-value q u ' i l vous livre sont des valeurs égales, il produit é v i d e m m e n t son salaire en 5 h e u r e s % et votre profit n e t d a n s les autres 5 heures %. C o m m e de plus les filés p r o d u i t s en 2 h e u r e s équivalent à son salaire plus votre profit net, cette valeur doit être m e s u r é e par 11 h e u r e s % de travail, le produit de l'avant-dernière h e u r e par 5 h. %, celui de la dernière également. N o u s voici arrivés à un p o i n t déli3 d e m i - h e u r e s de travail q u i p r o d u i s e n t % x 115 0 0 0 / . = 15 0 0 0 / . , le profit b r u t . S u r ces 3 d e m i - h e u r e s de travail % h e u r e p r o d u i t % χ 1 1 5 0 0 0 /., = 5000 /., ou c o m p e n s e s e u l e m e n t l ' u s u r e d e l a f a b r i q u e e t d e s m a c h i n e s . L e s d e u x d e r n i è r e s d e m i - h e u r e s , c'est-à-dire l a dern i è r e h e u r e de travail p r o d u i t % x 115 000 /. = 10 000 /. st. q u i f o r m e n t le profit n e t . D a n s le texte, S e n i o r t r a n s f o r m e les vingt-troisièmes, parties d u p r o d u i t , e n p a r t i e s d e l a j o u r n é e d e travail e l l e - m ê m e .
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Chapitre IX • Le taux de la plus-value
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cat; ainsi, a t t e n t i o n ! L'avant-dernière h e u r e de travail est u n e h e u r e de travail tout c o m m e la première. Ni plus ni m o i n s . C o m m e n t d o n c le fileur peut-il produire en u n e h e u r e de travail u n e valeur qui représente 5 h. % ? En réalité, il n ' a c c o m p l i t point un tel miracle. Ce qu'il p r o d u i t en valeur d'usage dans u n e h e u r e de travail est un quantum d é t e r m i n é de filés. La valeur de ces filés est m e s u r é e par 5 h e u r e s % de travail, d o n t 4 h e u r e s % sont c o n t e n u e s , sans qu'il y soit pour rien, d a n s les m o y e n s de p r o d u c t i o n , coton, m a c h i n e s , etc., c o n s o m m é s , et d o n t % ou u n e h e u r e a été ajoutée pour l u i - m ê m e . P u i s q u e son salaire est produit en cinq heures et trois quarts, et que les filés qu'il fournit en u n e h e u r e c o n t i e n n e n t la m ê m e s o m m e de travail, il n'y a pas la m o i n d r e sorcellerie à ce qu'il ne produise en c i n q heures et trois quarts de filage q u ' u n équivalent des filés qu'il produit dans u n e seule h e u r e . M a i s vous êtes c o m p l è t e m e n t dans l'erreur, si vous vous figurez que l'ouvrier perde un seul a t o m e de son t e m p s à reproduire ou à r e m placer la valeur du coton, des m a c h i n e s , etc. Par cela m ê m e q u e son travail convertit coton et broches en filés, par cela m ê m e qu'il file, la valeur du coton et des broches, passe d a n s les filés. Ceci n'est point dû à la q u a n t i t é , m a i s à la qualité de son travail. A s s u r é m e n t il transmettra u n e p l u s grande valeur d e coton, etc., e n u n e h e u r e q u ' e n u n e d e m i - h e u r e , m a i s t o u t simp l e m e n t parce qu'il file plus de coton d a n s le premier cas q u e d a n s le second. Comprenez-le d o n c b i e n u n e fois pour t o u t e s : q u a n d vous dites q u e l'ouvrier, dont la j o u r n é e c o m p t e o n z e h e u r e s et d e m i e , produit d a n s l'avant-dernière h e u r e la valeur de son salaire et d a n s la dernière le b é n é fice net, cela veut dire t o u t b o n n e m e n t q u e d a n s son p r o d u i t de d e u x heures, q u e celles-ci se trouvent au c o m m e n c e m e n t ou à la fin de la journée, juste a u t a n t d'heures de travail sont incorporées, q u ' e n contient sa j o u r n é e de travail entière. Et q u a n d vous dites qu'il produit d a n s les premières cinq h e u r e s trois quarts son salaire et d a n s les dernières c i n q heures trois quarts votre profit net, cela veut dire encore tout s i m p l e m e n t que vous payez les premières et q u e pour les dernières vous ne les payez pas. Je parle de p a y e m e n t du travail au lieu de p a y e m e n t de la force de travail, p o u r me conformer à votre jargon. Si m a i n t e n a n t vous e x a m i n e z le rapport du temps de travail q u e vous payez au temps de travail q u e vous ne payez point, vous trouverez que c'est demi-journée pour demi-journée, c'est-àdire 100 pour cent, ce q u i a s s u r é m e n t est le t a u x d ' u n bénéfice assez convenable. Il n'y a pas n o n plus le m o i n d r e doute que si vous faites travailler vos bras treize au lieu de o n z e heures et d e m i e et q u e vous a n n e x i e z s i m p l e m e n t cet e x c é d a n t au d o m a i n e du surtravail, ce dernier c o m p r e n d r a sept [heures] un quart au lieu de cinq heures trois quarts, et le t a u x de la plus-value s'élèvera de 100 % à 126 % % . M a i s vous allez par trop loin, si vous espérez q u e l'addition de cette h e u r e et d e m i e élèvera votre profit de 3
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Troisième section • La production de la plus-value absolue 100 à 200 % ou davantage, ce qui ferait sur laquelle vous avez débité plus de contes q u e les Chiliastes sur la fin du m o n d e , t o u t cela est , de la blague. Sa perte n ' a u r a a u c u n e consé- 10 q u e n c e funeste ; elle n'ôtera, ni à vous votre profit net, ni a u x enfants des d e u x sexes, q u e vous c o n s o m m e z productivement, cette ||98| est u n a v o r t e m e n t p o u r c e q u i regarde soit ses règlem e n t s p r o t e c t e u r s , soit ses r è g l e m e n t s sur l ' é d u c a t i o n . » (Reports, etc., for 31 oct. 1862, p . 5 2 . ) A i n s i par ex. E . P o t t e r d a n s u n e lettre adressée au Times du 24 m a r s 1863. Le Times l u i rafraîchit la m é m o i r e et l u i rappelle la révolte des fabricants c o n t r e la loi d e s d i x h e u r e s . 1 8 6
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Chapitre Χ • La journée de travail 190
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c o n n u la nécessité d ' u n e l i m i t a t i o n légale de la j o u r n é e de t r a v a i l . On c o m p r e n d facilement q u e lorsque les m a g n a t s de l'industrie se furent soum i s à ce qu'ils ne p o u v a i e n t e m p ê c h e r et se furent m ê m e réconciliés avec les résultats acquis, la force de résistance du capital faiblit g r a d u e l l e m e n t , t a n d i s q u e la force d ' a t t a q u e de la classe ouvrière grandit avec le n o m b r e de ses alliés d a n s les c o u c h e s de la société q u i n ' a v a i e n t dans la lutte a u c u n intérêt i m m é d i a t . De là, c o m p a r a t i v e m e n t , des progrès rapides depuis 1860. 191
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Les teintureries et les b l a n c h i s s e r i e s furent soumises en 1860, les fabriques de dentelles et les bon||128|neteries en 1861, à la loi sur les fabriques de 1850. A la suite du p r e m i e r rapport de la « C o m m i s s i o n des enfants», les m a n u f a c t u r e s de t o u t e espèce d'articles d'argile (non pas s e u l e m e n t les p o teries) partagèrent le m ê m e sort, ainsi que les fabriques d ' a l l u m e t t e s c h i m i ques, de capsules, de cartouches, de tapis, et un grand n o m b r e de procédés industriels compris sous le n o m de « finishing », (dernier apprêt). En 1863, les blanchisseries en plein a i r et les boulangeries furent soumises égale192
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E n t r e a u t r e s M. W. N e w m a r c h , c o l l a b o r a t e u r et é d i t e u r de «L'histoire des Prix» de T o o k e . Est-ce d o n c un progrès scientifique q u e de faire de lâches c o n c e s s i o n s à l ' o p i n i o n p u b l i q u e ? L a loi c o n c e r n a n t les b l a n c h i s s e r i e s e t les t e i n t u r e r i e s p u b l i é e e n 1860, arrête q u e l a j o u r n é e de travail sera r é d u i t e p r o v i s o i r e m e n t à d o u z e h e u r e s le 1 a o û t 1 8 6 1 , et à dix h e u r e s défin i t i v e m e n t l e 1 a o û t 1862, c'est-à-dire d i x h e u r e s e t d e m i e p o u r les j o u r s o r d i n a i r e s , e t sept h e u r e s et d e m i e p o u r les s a m e d i s . Or, lorsqu'arriva la fatale a n n é e 1862, la m ê m e vieille farce se renouvela. M e s s i e u r s les fabricants a d r e s s è r e n t au P a r l e m e n t p é t i t i o n s sur p é t i t i o n s , p o u r o b t e n i r q u ' i l leur fût p e r m i s , e n c o r e u n e petite a n n é e , pas d a v a n t a g e , d e faire travailler d o u z e 1 9 1
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h e u r e s les a d o l e s c e n t s et les f e m m e s . . . . D a n s la s i t u a t i o n a c t u e l l e , disaient-ils ( p e n d a n t la crise c o t o n n i è r e ) , c e serait u n g r a n d a v a n t a g e p o u r les ouvriers, s i o n leur p e r m e t t a i t d e travailler d o u z e h e u r e s p a r j o u r et d ' o b t e n i r a i n s i le p l u s fort salaire possible . . . . La C h a m b r e d e s c o m m u n e s était déjà sur l e p o i n t d ' a d o p t e r u n bill d a n s c e s e n s ; m a i s l'agitation o u v r i è r e d a n s les blanchisseries d e l'Ecosse l'arrêta. (Reports, etc., for 31 oct. 1862, p . 14, 15.) B a t t u p a r les ouvriers au n o m d e s q u e l s il p r é t e n d a i t parler, le c a p i t a l e m p r u n t a n t les besicles d e s j u r i s t e s découvrit q u e l a loi d e 1860, c o m m e t o u t e s les lois d u P a r l e m e n t « p o u r l a p r o t e c t i o n d u trav a i l » était r é d i g é e e n t e r m e s é q u i v o q u e s q u i lui d o n n a i e n t u n p r é t e x t e d ' e x c l u r e d e l a p r o t e c t i o n de la loi les « c a l a n d r e u r s et les finisseurs» (finishers). La j u r i d i c t i o n a n g l a i s e , toujours au service d u capital, s a n c t i o n n a l a c h i c a n e r i e par u n arrêt d e l a c o u r des plaids c o m m u n s ( c o m m o n pleas). « C e t arrêt souleva un g r a n d m é c o n t e n t e m e n t p a r m i les ouvriers, et il est très-regrettable q u e les i n t e n t i o n s m a n i f e s t e s d e l a législation s o i e n t é l u d é e s sous p r é t e x t e d ' u n e d é f i n i t i o n d e m o t s d é f e c t u e u s e . » ( L . c . p . 18.) Les « b l a n c h i s s e u r s en p l e i n a i r » s'étaient d é r o b é s à la loi de 1860 sur les b l a n c h i s s e r i e s , en d é c l a r a n t f a u s s e m e n t q u ' i l s n e faisaient p o i n t travailler d e f e m m e s l a n u i t . L e u r m e n s o n g e fut découvert p a r les i n s p e c t e u r s de fabrique, et en m ê m e t e m p s , à la l e c t u r e d e s p é t i t i o n s ouvrières, le P a r l e m e n t vit s ' é v a n o u i r t o u t e s les s e n s a t i o n s de fraîcheur q u ' i l é p r o u v a i t à l'idée d ' u n e « b l a n c h i s s e r i e e n p l e i n a i r » . D a n s cette b l a n c h i s s e r i e a é r i e n n e o n e m p l o i e des c h a m bres à sécher de 90 à 100 degrés F a h r e n h e i t d a n s lesquelles travaillent p r i n c i p a l e m e n t des j e u n e s filles. « C o o l i n g » (rafraîchissement), tel est le t e r m e t e c h n i q u e q u ' e l l e s e m p l o i e n t p o u r l e u r sortie de t e m p s à a u t r e du séchoir. « Q u i n z e j e u n e s filles d a n s les séchoirs, c h a l e u r de 80 à 90° p o u r la toile, de 1 0 0 ° et p l u s p o u r la b a t i s t e ( c a m b r i c s ) . D o u z e j e u n e s filles r e p a s s e n t d a n s u n e p e t i t e c h a m b r e d e d i x p i e d s carrés environ, chauffée p a r u n p o ê l e c o m p l è t e m e n t fermé. Elles s e t i e n n e n t t o u t a u t o u r d e c e p o ê l e q u i r a y o n n e u n e c h a l e u r é n o r m e , e t s è c h e ra1 9 2
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Troisième section · La production de la plus-value absolue m e n t à d e u x lois particulières, d o n t la première défend le travail de n u i t (de 8 h. du soir à 6 h. du m a t i n ) pour enfants, f e m m e s et adolescents, et la seconde l'emploi de garçons boulangers au-dessous de dix-huit ans, entre 9 h. du soir et 5 h. du m a t i n . N o u s reviendrons plus tard sur les propositions ultérieures de la m ê m e commission, qui, à l'exception de l'agriculture, des m i n e s et des transports, m e n a c e n t de priver de leur « l i b e r t é » toutes les b r a n c h e s i m p o r t a n t e s de l'industrie a n g l a i s e .
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VII La lutte pour la journée de travail normale Contre-coup de la législation anglaise sur les autres pays
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Le lecteur se souvient q u e l'objet spécial, le but réel de la p r o d u c t i o n capitaliste, c'est la p r o d u c t i o n d ' u n e plus-value ou l'extorsion de travail extra, abstraction faite de t o u t c h a n g e m e n t dans le m o d e de production, proven a n t de la s u b o r d i n a t i o n du travail au capital. Il se souvient q u ' a u p o i n t de vue développé j u s q u ' i c i , il n'y a q u e le travailleur i n d é p e n d a n t , l é g a l e m e n t
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p i d e m e n t la b a t i s t e p o u r les r e p a s s e u s e s . Le n o m b r e des h e u r e s de travail de est illim i t é . Q u a n d il y a de l'ouvrage, elles travaillent j u s q u ' à 9 h e u r e s du soir ou j u s q u ' à m i n u i t p l u s i e u r s j o u r s de s u i t e . » (Reports, etc., for 31 ocr. 1862, p. 56.) Un m é d e c i n fait cette déclarat i o n : « I l n ' y a p o i n t d ' h e u r e s fixes p o u r le rafraîchissement, m a i s q u a n d la t e m p é r a t u r e est i n s o u t e n a b l e , ou q u e la s u e u r c o m m e n c e à salir les m a i n s des ouvrières, on leur p e r m e t de sortir d e u x m i n u t e s . . . . M o n e x p é r i e n c e d a n s l e t r a i t e m e n t des m a l a d i e s d e ces ouvrières m e force à c o n s t a t e r q u e leur état de s a n t é est fort a u - d e s s o u s de celui d e s ouvrières en coton, (et le c a p i tal, d a n s s a p é t i t i o n a u P a r l e m e n t , les avait d é p e i n t e s c o m m e plus roses e t p l u s joufflues q u e les f l a m a n d e s de R u b e n s ) . L e u r s m a l a d i e s p r i n c i p a l e s s o n t : la p h t h i s i e , la b r o n c h i t e , les affect i o n s de l ' u t é r u s , l'hystérie s o u s sa forme la plus h o r r i b l e et le r h u m a t i s m e . Elles p r o v i e n n e n t t o u t e s , selon m o i , d e l ' a t m o s p h è r e surchauffée d e leurs c h a m b r e s d e travail e t d u m a n q u e d e v ê t e m e n t s c o n v e n a b l e s q u i p u i s s e n t les protéger, q u a n d elles s o r t e n t d a n s les m o i s d'hiver, c o n t r e l'air froid et h u m i d e . » ( L . c . p . 5 6 , 57). Les i n s p e c t e u r s de f a b r i q u e r e m a r q u e n t à p r o p o s de la loi a r r a c h é e e n s u i t e en 1 8 6 3 , à ces j o v i a u x b l a n c h i s s e u r s en p l e i n a i r : « C e t t e loi n o n s e u l e m e n t n ' a c c o r d e pas a u x ouvriers la p r o t e c t i o n qu'elle s e m b l e accorder, m a i s elle est form u l é e d e telle sorte, q u e s a p r o t e c t i o n n ' e s t exigible q u e l o r s q u ' o n s u r p r e n d e n flagrant délit de travail, après 8 h e u r e s du soir, d e s f e m m e s et des enfants ; et m ê m e d a n s ce cas la m é t h o d e prescrite p o u r faire la p r e u v e a des clauses telles, qu'il est à p e i n e possible de sévir. » (L. c. p . 52.) « C o m m e loi s e p r o p o s a n t u n b u t h u m a i n e t é d u c a t e u r , elle est c o m p l è t e m e n t m a n q u é e . Car enfin, o n n e dira p a s q u ' i l est h u m a i n d ' a u t o r i s e r des f e m m e s e t des enfants, o u , c e qui revient au m ê m e , de les forcer à travailler 14 h e u r e s p a r j o u r et p e u t - ê t r e e n c o r e p l u s longt e m p s , avec ou s a n s repas, c o m m e cela se r e n c o n t r e , sans c o n s i d é r a t i o n d'âge ni de sexe, et s a n s égard p o u r les h a b i t u d e s sociales des familles voisines des b l a n c h i s s e r i e s . » (Reports, etc., for ÎOth aprii 1863, p. 40.) D e p u i s 1866, é p o q u e à l a q u e l l e j ' é c r i v a i s ceci, il s'est opéré u n e n o u v e l l e r é a c t i o n . L e s capitalistes, d a n s les b r a n c h e s d ' i n d u s t r i e m e n a c é e s d'être s o u m i s e s à la législation des fabriq u e s , ont e m p l o y é t o u t e l e u r i n f l u e n c e p a r l e m e n t a i r e p o u r s o u t e n i r leur « d r o i t de c i t o y e n » à l'exploitation illimitée de la force de travail. Ils o n t trouvé n a t u r e l l e m e n t d a n s le m i n i s t è r e lib é r a l G l a d s t o n e d e s serviteurs d e b o n n e v o l o n t é . 1 9 3
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Chapitre Χ · La journée de travail é m a n c i p é , qui, en qualité de possesseur de m a r c h a n d i s e , puisse passer contrat avec le capitaliste. Si d a n s notre esquisse historique n o u s avons d o n n é un rôle i m p o r t a n t d ' u n e part à l'industrie m o d e r n e , d ' a u t r e part au travail d'enfants et de p e r s o n n e s m i n e u r e s p h y s i q u e m e n t et j u r i d i q u e m e n t , 5
cette industrie n ' é t a i t c e p e n d a n t p o u r n o u s q u ' u n e sphère particulière, et ce travail q u ' u n e x e m p l e particulier de l'exploitation du travail. Cependant, sans e m p i é t e r sur les d é v e l o p p e m e n t s q u i viendront plus tard, voici ce qui résulte du simple exposé des faits: P r e m i è r e m e n t , le p e n c h a n t du capital à prolonger la j o u r n é e de travail
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sans trêve ni m e r c i , trouve d'abord à se satisfaire dans les industries révolutionnées par l'eau, la v a p e u r et la m é c a n i q u e , d a n s les p r e m i è r e s créations du m o d e de p r o d u c t i o n m o d e r n e , telles q u e les filatures de coton, de laine, de lin et de soie. Les c h a n g e m e n t s du m o d e m a t é r i e l de p r o d u c t i o n et les c h a n g e m e n t s correspondants dans les rapports sociaux de p r o d u c t i o n 15 sont la p r e m i è r e cause de cette transgression d é m e s u r é e q u i r é c l a m e ensuite, p o u r lui faire équilibre, l'intervention sociale, laquelle, à s o n tour, lim i t e et règle u n i f o r m é m e n t la j o u r n é e de travail avec ses t e m p s de repos légaux. Cette intervention ne se présente donc, p e n d a n t la p r e m i è r e m o i t i é du d i x - n e u v i è m e siècle, q u e c o m m e législation e x c e p t i o n n e l l e . A p e i n e 194
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avait-elle c o n q u i s ce terrain primitif du m o d e de p r o d u c t i o n n o u v e a u , il se trouva, sur ces entrefaites, q u e n o n - s e u l e m e n t b e a u c o u p d'autres b r a n c h e s de p r o d u c t i o n étaient entrées dans le régime de fabrique p r o p r e m e n t dit, m a i s encore q u e des m a n u f a c t u r e s avec un genre d'exploitation plus ou m o i n s s u r a n n é , telles q u e les verreries, les poteries, etc., des m é t i e r s de
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vieille roche, tels q u e la boulangerie, et enfin m ê m e les travaux à l'établi disséminés çà et là, tels q u e celui du c l o u t i e r , étaient t o m b é s d a n s le dom a i n e ||129| de l'exploitation capitaliste, tout aussi b i e n q u e la fabrique elle-même. La législation fut d o n c forcée d'effacer peu à p e u son caractère exceptionnel, ou de procéder, c o m m e en Angleterre, suivant la casuistique 196
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r o m a i n e , déclarant, d'après sa c o n v e n a n c e , q u e n ' i m p o r t e quelle m a i s o n où l'on travaille est u n e fabrique ( f a c t o r y ) . S e c o n d e m e n t : L'histoire de la r é g l e m e n t a t i o n de la j o u r n é e de travail 197
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« L a c o n d u i t e de c h a c u n e de ces classes (capitalistes et ouvriers) a é t é le r é s u l t a t de la sit u a t i o n relative d a n s l a q u e l l e elles o n t é t é p l a c é e s . » (Reports, etc. for 31st Oct. 1848, p. 113.) « D e u x c o n d i t i o n s sont r e q u i s e s p o u r q u ' u n e i n d u s t r i e soit sujette à être i n s p e c t é e e t q u e l e travail puisse y être r e s t r e i n t ; il faut q u ' o n y fasse u s a g e de la force d ' e a u ou de v a p e u r et q u ' o n y fabrique c e r t a i n s t i s s u s s p é c i a u x . » (Reports, etc., for 31 October 1864, p. 8). O n trouve sur l a s i t u a t i o n d e c e g e n r e d ' i n d u s t r i e d e t r è s - n o m b r e u x r e n s e i g n e m e n t s d a n s les d e r n i e r s r a p p o r t s de la «Children's employment commission». « L e s lois d e l a d e r n i è r e session (1864) e m b r a s s e n t u n e foule d ' i n d u s t r i e s d o n t les p r o c é d é s sont très-différents, e t l'usage d e l a v a p e u r p o u r m e t t r e e n m o u v e m e n t les m a c h i n e s n ' e s t p l u s c o m m e p r é c é d e m m e n t u n des é l é m e n t s n é c e s s a i r e s p o u r c o n s t i t u e r c e q u e l é g a l e m e n t o n n o m m e u n e f a b r i q u e . » (Reports, etc., for 31 oct. 1864, p. 8.) 1 9 5
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T r o i s i è m e s e c t i o n · La p r o d u c t i o n de la p l u s - v a l u e a b s o l u e
dans quelques branches de la production, et, dans les autres branches, la lutte qui dure encore au sujet de cette réglementation, d é m o n t r e n t j u s q u ' à l'évidence que le travailleur isolé, le travailleur, en t a n t q u e v e n d e u r «lib r e » de sa force de travail, s u c c o m b e sans résistance possible, dès q u e la production capitaliste a atteint un certain degré. La création d ' u n e j o u r n é e 5 de travail n o r m a l e est par c o n s é q u e n t le résultat d ' u n e guerre civile longue, opiniâtre et plus ou m o i n s dissimulée entre la classe capitaliste et la classe ouvrière. La lutte ayant c o m m e n c é dans le d o m a i n e de l'industrie m o derne, elle devait par c o n s é q u e n t être déclarée d'abord dans la patrie m ê m e de cette industrie, l ' A n g l e t e r r e . Les ouvriers manufacturiers anglais fu- 10 rent les premiers c h a m p i o n s de la classe ouvrière m o d e r n e et leurs théoriciens furent les premiers qui a t t a q u è r e n t la théorie du c a p i t a l . Aussi le philosophe manufacturier, le docteur Ure, déclare-t-il q u e c'est p o u r la classe ouvrière anglaise u n e h o n t e ineffaçable d'avoir inscrit sur ses drap e a u x «l'esclavage des lois de fabrique», tandis que le capital c o m b a t t a i t 15 virilement p o u r «la liberté pleine et entière du t r a v a i l » . 198
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La F r a n c e m a r c h e à pas lents sur les traces de l'Angleterre. Il lui faut la révolution de Février (1848) pour enfanter la loi des d o u z e h e u r e s , b i e n 2 0 1
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L a Belgique, c e p a r a d i s d u l i b é r a l i s m e c o n t i n e n t a l , n e laisse voir a u c u n e trace d e c e m o u v e m e n t . M ê m e d a n s ses h o u i l l è r e s et ses m i n e s de m é t a l , des travailleurs des d e u x sexes et de t o u t âge s o n t c o n s o m m é s avec u n e « L i b e r t é » c o m p l è t e , s a n s a u c u n e l i m i t e d e t e m p s . Sur 100 p e r s o n n e s e m p l o y é e s il y a 733 h o m m e s , 83 f e m m e s , 135 garçons et 49 j e u n e s filles a u d e s s o u s de 16 ans. D a n s les h a u t s f o u r n e a u x sur 1000 é g a l e m e n t , il y a 688 h o m m e s , 149 f e m m e s , 98 garçons et 85 j e u n e s filles a u - d e s s o u s de 16 a n s . A j o u t o n s à cela q u e le salaire est p e u élevé e n c o m p a r a i s o n d e l'exploitation é n o r m e des forces d e travail p a r v e n u e s o u n o n à m a t u r i t é ; il est p a r j o u r en m o y e n n e de 2 sh. 8 d. p o u r h o m m e s , 1 sh. 8 d. p o u r f e m m e s et 2 y d. p o u r les garçons. A u s s i la B e l g i q u e a-t-elle en 1863, c o m p a r a t i v e m e n t avec 1850, à p e u près d o u b l é la q u a n t i t é et la v a l e u r de son e x p o r t a t i o n de c h a r b o n , de fer, etc. Q u a n d R o b e r t O w e n , i m m é d i a t e m e n t après les d i x p r e m i è r e s a n n é e s d e c e siècle, s o u t i n t t h é o r i q u e m e n t n o n - s e u l e m e n t l a n é c e s s i t é d ' u n e l i m i t a t i o n d e l a j o u r n é e d e travail, m a i s e n core établit r é e l l e m e n t l a j o u r n é e d e 1 0 h e u r e s d a n s s a fabrique d e N e w - L a n a r k , o n s e m o q u a d e cette i n n o v a t i o n c o m m e d ' u n e u t o p i e c o m m u n i s t e . O n persifla son « u n i o n d u travail prod u c t i f avec l ' é d u c a t i o n des enfants », et les c o o p é r a t i o n s ouvrières q u ' i l a p p e l a le p r e m i e r à la vie. A u j o u r d ' h u i l a p r e m i è r e d e ces u t o p i e s est u n e loi d e l'État, l a s e c o n d e figure c o m m e p h r a s e officielle d a n s t o u s les Factory Acts, et la t r o i s i è m e va j u s q u ' à servir de m a n t e a u p o u r couvrir des m a n œ u v r e s r é a c t i o n n a i r e s . Ure, trad, franc., Philosophie des manufactures. Paris, 1836, t. I I , p. 39, 40, 76, 77, etc. D a n s le c o m p t e r e n d u du congrès i n t e r n a t i o n a l de statistique t e n u à Paris en 1855, il est dit e n t r e a u t r e s q u e la loi française, q u i restreint à 12 h e u r e s la d u r é e du travail q u o t i d i e n d a n s les fabriques et les ateliers, n ' é t a b l i t pas d ' h e u r e s fixes entre lesquelles ce travail doit s'accomplir. Ce n ' e s t q u e p o u r le travail des enfants q u e la p é r i o d e e n t r e 5 h e u r e s du m a t i n et 9 h e u r e s du soir est prescrite. A u s s i des fabricants u s e n t - i l s du droit q u e leur a c c o r d e ce fatal silence p o u r faire travailler s a n s i n t e r r u p t i o n t o u s les j o u r s , excepté p e u t - ê t r e le d i m a n c h e . Ils e m p l o i e n t p o u r cela d e u x séries différentes d e travailleurs, d o n t a u c u n e n e passe p l u s d e 12 h e u r e s à l'atelier; m a i s l'ouvrage, d a n s l ' é t a b l i s s e m e n t , d u r e j o u r et n u i t . « L a loi est satisfaite, m a i s l ' h u m a n i t é l'est-elle é g a l e m e n t ? » O u t r e l'influence destructive d u travail d e n u i t sur l ' o r g a n i s m e h u m a i n , on y fait ressortir e n c o r e la fatale influence de la c o n f u s i o n p e n d a n t la n u i t des d e u x sexes d a n s les m ê m e s ateliers t r è s - m a l éclairés.
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Chapitre Χ • La journée de travail
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plus défectueuse q u e son original anglais. Toutefois la m é t h o d e révolutionnaire française a aussi ses avantages particuliers. Elle dicte du m ê m e coup à t o u s les ateliers et à t o u t e s les fabriques, sans distinction, u n e m ê m e lim i t e de la j o u r n é e de travail, tandis que la législation anglaise, c é d a n t m a l gré elle à la pression des circonstances, t a n t ô t sur un point, t a n t ô t sur un autre, prend toujours le m e i l l e u r c h e m i n p o u r faire éclore t o u t e u n e n i c h é e de difficultés j u r i d i q u e s . D ' a u t r e part, la loi française p r o c l a m e , au n o m des principes, ce qui n ' e s t c o n q u i s en Angleterre q u ' a u n o m des enfants, des m i n e u r s et des f e m m e s , et n ' a été r é c l a m é que depuis peu de t e m p s à 202
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titre de droit u n i v e r s e l . D a n s les États-Unis du n o r d de l ' A m é r i q u e , t o u t e velléité d ' i n d é p e n d a n c e de la part des ouvriers est restée paralysée aussi l o n g t e m p s q u e l'esclavage souillait u n e partie du sol de la R é p u b l i q u e . Le travail sous p e a u b l a n c h e ne p e u t s ' é m a n c i p e r là où le travail sous peau n o i r e est stigmatisé
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et flétri. M a i s la m o r t de l'esclavage fit éclore i m m é d i a t e m e n t u n e vie n o u velle. Le p r e m i e r fruit de la guerre fut l'agitation des h u i t h e u r e s , qui courut, avec les bottes de sept lieues de la locomotive, de l'océan A t l a n t i q u e à l'océan Pacifique, depuis la Nouvelle-Angleterre j u s q u ' e n Californie. Le congrès général des ouvriers à Baltimore (août 1866) fit la déclaration sui-
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v a n t e : « L e p r e m i e r et le plus grand besoin du présent, p o u r délivrer le travail de ce pays de l'esclavage capitaliste, est la p r o m u l g a t i o n d ' u n e loi d'après laquelle la j o u r n é e de travail doit se composer de 8 h e u r e s dans t o u s les États de l ' U n i o n a m é r i c a i n e . N o u s s o m m e s décidés à m e t t r e en ceu||130|vre toutes n o s forces j u s q u ' à ce que ce glorieux résultat soit att e i n t . » En m ê m e t e m p s (au c o m m e n c e m e n t de septembre 1866) le
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« D a n s m o n district, par e x e m p l e , u n m ê m e fabricant est, d a n s les m ê m e s é t a b l i s s e m e n t s , b l a n c h i s s e u r et teinturier, et c o m m e tel s o u m i s à l ' a c t e q u i règle les b l a n c h i s s e r i e s et les t e i n t u r e r i e s ; d e plus i m p r i m e u r , e t c o m m e tel s o u m i s a u ; enfin finisseur (finisher), et c o m m e tel s o u m i s au » (Reports of M. Baker, d a n s Reports, etc., for 31 oct. 1 8 6 1 , p. 20.) A p r è s avoir é n u m é r é les divers articles de ces lois et fait ressortir la c o m p l i c a t i o n q u i en r é s u l t e , M. B a k e r ajoute : « On voit c o m b i e n il d o i t être difficile d ' a s s u r e r l ' e x é c u t i o n de ces trois r è g l e m e n t s p a r l e m e n t a i r e s , s'il plaît au fabricant d ' é l u d e r la l o i . » M a i s ce q u i est a s s u r é par là à M M . les j u r i s t e s , ce sont les procès. Enfin les i n s p e c t e u r s d e f a b r i q u e s e s e n t e n t l e c o u r a g e d e d i r e : « C e s o b j e c t i o n s (du c a p i t a l c o n t r e la l i m i t a t i o n légale du t e m p s de travail) d o i v e n t s u c c o m b e r d e v a n t le g r a n d p r i n c i p e des droits du t r a v a i l . . . . II y a un t e m p s où le droit du p a t r o n s u r le travail de s o n o u v r i e r cesse, et où celui-ci r e p r e n d p o s s e s s i o n de l u i - m ê m e . » (Reports, etc., for 31 oct. 1862, p. 54.) « N o u s , les travailleurs d e D u n k i r k , d é c l a r o n s q u e l a l o n g u e u r d u t e m p s d e travail r e q u i s e sous le système a c t u e l est trop g r a n d e , et q u e , loin de laisser à l'ouvrier du t e m p s p o u r se r e p o ser e t s'instruire, elle l e p l o n g e d a n s u n état d e servitude q u i n e v a u t g u è r e m i e u x q u e l'esclavage ( a c o n d i t i o n o f s e r v i t u d e b u t little b e t t e r t h a n slavery). C'est p o u r q u o i n o u s d é c i d o n s q u e 8 h e u r e s suffisent p o u r u n e j o u r n é e d e travail e t d o i v e n t être r e c o n n u e s l é g a l e m e n t c o m m e suffisantes ; q u e n o u s a p p e l o n s à n o t r e s e c o u r s la presse, ce p u i s s a n t levier . . . . et q u e n o u s c o n s i d é r o n s t o u s c e u x q u i n o u s refuseront cet a p p u i c o m m e e n n e m i s d e l a r é f o r m e d u travail et des droits du t r a v a i l l e u r . » (Décisions des travailleurs de Dunkirk, É t a t de N e w - Y o r k , 1866.) 2 0 3
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Troisième section · La production de la plus-value absolue congrès de l'Association I n t e r n a t i o n a l e des Travailleurs, à G e n è v e , sur la proposition du Conseil général de Londres, prenait u n e décision semblab l e : « N o u s déclarons q u e la limitation de la j o u r n é e de travail est la condition préalable sans laquelle tous les efforts en vue de l ' é m a n c i p a t i o n doivent échouer. N o u s proposons 8 heures p o u r limite légale de la j o u r n é e de travail. » C'est ainsi que le m o u v e m e n t de la classe ouvrière, né s p o n t a n é m e n t des d e u x côtés de l'Atlantique, des rapports m ê m e s de la p r o d u c t i o n , sanct i o n n e les paroles de l'inspecteur de fabrique anglais R . J . S a u n d e r s : « I l est impossible de faire un pas vers la réforme de la société, avec q u e l q u e espoir de réussite, si la j o u r n é e de travail n'est pas d'abord limitée, et si la limitation prescrite n'est pas strictement et obligatoirement o b s e r v é e . » N o t r e travailleur, il faut l'avouer, sort de la serre c h a u d e de la p r o d u c tion a u t r e m e n t qu'il n ' y est entré. Il s'était présenté sur le m a r c h é c o m m e possesseur de la m a r c h a n d i s e «force de travail», vis-à-vis de possesseurs d'autres m a r c h a n d i s e s , m a r c h a n d en face de m a r c h a n d . Le contrat par lequel il vendait sa force de travail semblait résulter d ' u n accord entre d e u x volontés libres, celle du v e n d e u r et celle de l'acheteur. L'affaire u n e fois conclue, il se découvre q u ' i l n'était point « u n agent l i b r e » ; q u e le t e m p s p o u r lequel il lui est permis de vendre sa force de travail est le temps p o u r lequel il est forcé de la v e n d r e , et q u ' e n réalité le vampire qui le suce ne le lâche point tant qu'il lui reste un muscle, un nerf, u n e goutte de sang à e x p l o i t e r . Pour se défendre contre «le serpent de leurs t o u r m e n t s » , il faut q u e les ouvriers ne fassent plus q u ' u n e tête et q u ' u n c œ u r ; q u e par un grand effort collectif, par u n e pression de classe, ils dressent u n e barrière infranchissable, un obstacle social qui leur interdise de se vendre au capital par « c o n t r a t libre», e u x et leur progéniture, j u s q u ' à l'esclavage et la mort .
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Reports, etc., for 31 oct. 1848, p. 112. « C e s p r o c é d é s (les m a n œ u v r e s d u capital, par e x e m p l e , d e 1848 à 1850) o n t f o u r n i des preuves i n c o n t e s t a b l e s de la fausseté de l'assertion si s o u v e n t m i s e en avant, d ' a p r è s laquelle les ouvriers n ' o n t p a s b e s o i n d e p r o t e c t i o n , m a i s p e u v e n t être c o n s i d é r é s c o m m e des agents libres d a n s la d i s p o s i t i o n de la s e u l e p r o p r i é t é qu'ils p o s s è d e n t , le travail de leurs m a i n s et la s u e u r de leurs fronts.» (Reports, etc., for 30 aprii 1850, p . 4 5 . ) « L e travail libre, si on p e u t l'appeler ainsi, m ê m e d a n s un pays libre, r e q u i e r t le b r a s p u i s s a n t de la loi p o u r le p r o t é g e r . » (Reports, etc., for 31 oct. 1864, p. 34.) « P e r m e t t r e , est la m ê m e c h o s e q u e f o r c e r . . . . de travailler 14 h e u r e s par j o u r , avec ou s a n s r e p a s . » (Reports, etc., for 30 aprii 1 8 6 3 , p. 40.) Friedrich Engels, 1. c. p. 5. Paroles d e H e n r i H e i n e . « D a n s les b r a n c h e s d ' i n d u s t r i e q u i l u i sont s o u m i s e s , le bill d e s dix h e u r e s a s a u v é les ouvriers d ' u n e d é g é n é r e s c e n c e c o m p l è t e et a protégé t o u t ce q u i regarde leur c o n d i t i o n p h y s i q u e . » (Reports, etc., for 31 oct. 1859, p. 4 7 - 5 2 ) . « L e c a p i t a l ( d a n s les fabriques) ne p e u t j a m a i s e n t r e t e n i r les m a c h i n e s e n m o u v e m e n t a u delà d ' u n e p é r i o d e d e t e m p s d é t e r m i n é e s a n s p o r t e r a t t e i n t e à la s a n t é et à la m o r a l i t é des ouvriers, et c e u x - c i ne s o n t p o i n t en p o s i t i o n de se p r o téger e u x - m ê m e s . » ( L . c . p. 8.) 2 0 6
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Chapitre XI · Taux et masse de la plus-value Le p o m p e u x catalogue des « d r o i t s de l ' h o m m e » est ainsi r e m p l a c é par u n e m o d e s t e « g r a n d e c h a r t e » qui d é t e r m i n e légalement l a j o u r n é e d e travail et « i n d i q u e enfin clairement q u a n d finit le t e m p s que v e n d le travailleur, et q u a n d c o m m e n c e le t e m p s qui lui a p p a r t i e n t » . Quantum mutatus ab ilio !\ 210
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|131| CHAPITRE XI T a u x et masse de la plus-value D a n s ce chapitre, c o m m e dans les précédents, la valeur j o u r n a l i è r e de la force de travail, et p a r c o n s é q u e n t la partie de la j o u r n é e où l'ouvrier ne 10 fait q u e r e p r o d u i r e ou m a i n t e n i r cette force, sont censées être des grandeurs constantes. Posons q u e la valeur j o u r n a l i è r e d ' u n e force de travail m o y e n n e soit de 3 sh. ou 1 écu, et q u ' i l faut six h e u r e s par j o u r p o u r la reproduire. P o u r acheter u n e telle force, le capitaliste doit d o n c avancer un écu. C o m b i e n de 15
plus-value lui rapportera cet é c u ? Cela d é p e n d du taux de la plus-value.. S'il est de 50 %, la plus-value sera un demi-écu, représentant trois h e u r e s de surtravail; s'il est de 100 %, elle m o n t e r a à un écu r e p r é s e n t a n t six h e u r e s de surtravail. Le taux de la plus-value d é t e r m i n e d o n c la somme de plus-value produite par un ouvrier individuel, la valeur de sa force é t a n t d o n n é e .
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Le capital variable est l'expression m o n é t a i r e de la valeur de toutes les forces de travail q u e le capitaliste emploie à la fois. Sa valeur égale la valeur m o y e n n e d ' u n e force de travail multipliée par le n o m b r e de ces forces individuelles ; la g r a n d e u r du capital variable est d o n c proportionnelle au n o m b r e des ouvriers employés. Il se m o n t e à 100 écus par jour, si le capita-
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liste exploite q u o t i d i e n n e m e n t 100 forces, à η écus, s'il exploite η forces. De m ê m e , si un écu, le prix d ' u n e force de travail, p r o d u i t u n e plus-value q u o t i d i e n n e d ' u n écu, u n capital variable d e 100 écus p r o d u i r a u n e 2 1 0
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« U n b i e n f a i t e n c o r e plus g r a n d , c'est l a d i s t i n c t i o n enfin c l a i r e m e n t é t a b l i e e n t r e l e t e m p s p r o p r e d e l'ouvrier e t c e l u i d e s o n m a î t r e . L ' o u v r i e r sait m a i n t e n a n t q u a n d l e t e m p s q u ' i l a vendu finit, et q u a n d c o m m e n c e celui qui lui appartient; et cette connaissance le m e t à m ê m e de disposer d ' a v a n c e de ses p r o p r e s m i n u t e s s u i v a n t ses v u e s et projets.» (L. c. p. 52.) « E n c o n s t i t u a n t les ouvriers m a î t r e s de l e u r p r o p r e t e m p s , la législation m a n u f a c t u r i è r e l e u r a d o n n é u n e é n e r g i e m o r a l e q u i les c o n d u i r a u n j o u r à l a possession d u p o u v o i r p o l i t i q u e . » ( L . c . p . 47). Avec u n e i r o n i e c o n t e n u e e t e n t e r m e s très-circonspects, les i n s p e c t e u r s d e fabriq u e d o n n e n t à e n t e n d r e q u e l a loi a c t u e l l e des d i x h e u r e s n ' a pas é t é s a n s a v a n t a g e s p o u r l e capitaliste. Elle l'a délivré, j u s q u ' à u n c e r t a i n point, d e cette b r u t a l i t é n a t u r e l l e q u i l u i v e n a i t d e c e q u ' i l n ' é t a i t q u ' u n e s i m p l e p e r s o n n i f i c a t i o n d u c a p i t a l e t l u i a o c t r o y é q u e l q u e loisir p o u r s a p r o p r e é d u c a t i o n . A u p a r a v a n t « l e m a î t r e n ' a v a i t d e t e m p s q u e p o u r l ' a r g e n t ; l e serviteur que pour le travail». (L.c. p.48.)
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Troisième section • La production de la plus-value absolue plus-value de 100 écus, un capital de n écus u n e plus-value de 1 écu x n. La s o m m e de plus-value produite par un capital variable est d o n c d é t e r m i née, par le n o m b r e des ouvriers q u ' i l paye, multipliée par la s o m m e de plus-value q u e rapporte par j o u r l'ouvrier individuel ; et cette s o m m e , é t a n t c o n n u e la valeur de la force individuelle, d é p e n d du t a u x de la plus-value, 5 en d'autres termes, du rapport du surtravail de l'ouvrier à son travail nécess a i r e . N o u s o b t e n o n s d o n c cette l o i : L a s o m m e d e l a plus-value p r o d u i t e par un capital variable, est égale à la valeur de ce capital avancé, m u l t i p l i é e par le t a u x de la plus-value, ou bien, elle est égale à la valeur d ' u n e force de travail, multipliée par le degré de son exploitation, multipliée par le 10 n o m b r e des forces, employées conjointement. Ainsi, si n o u s n o m m o n s la s o m m e de plus-value P, la plus-value quotid i e n n e m e n t produite p a r l'ouvrier individuel p, le capital variable avancé p o u r le p a y e m e n t d ' u n ouvrier v, la valeur totale du capital variable V, la valeur d ' u n e force m o y e n n e de travail /, son degré d'exploitation 15 t' (surtravail) et le n o m b r e des ouvriers employés n, n o u s t (travail nécessaire) aurons : 211
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Or, un produit ne c h a n g e pas de g r a n d e u r n u m é r i q u e , q u a n d celle de ses facteurs change s i m u l t a n é m e n t et en raison inverse. D a n s la p r o d u c t i o n d ' u n e masse d é t e r m i n é e de plus-value, le décroissem e n t de l'un de ses facteurs p e u t d o n c être c o m p e n s é par l'accroissement de l'autre. 25 Ainsi, u n e d i m i n u t i o n du t a u x de la plus-value ||132| n ' e n affecte pas la m a s s e produite, si le capital variable ou le n o m b r e des ouvriers employés croissent proportionnellement. Un capital variable de 100 écus, qui exploite 100 ouvriers au t a u x de 100 %, produit 100 écus de plus-value. D i m i n u e z de m o i t i é le t a u x de la 30 plus-value, et sa s o m m e reste la m ê m e , si vous doublez en m ê m e t e m p s le capital variable. Par contre : la s o m m e de plus-value reste la m ê m e q u a n d le capital varia2 1 1
D a n s l e texte, i l est toujours s u p p o s é , n o n - s e u l e m e n t q u e l a valeur d ' u n e force d e travail m o y e n n e est c o n s t a n t e , m a i s e n c o r e q u e t o u s les ouvriers e m p l o y é s par u n capitaliste n e s o n t q u e des forces m o y e n n e s . Il y a des cas e x c e p t i o n n e l s où la plus-value p r o d u i t e n ' a u g m e n t e p a s p r o p o r t i o n n e l l e m e n t au n o m b r e des ouvriers exploités, m a i s alors la v a l e u r de la force de travail n e reste p a s c o n s t a n t e .
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Chapitre XI · Taux et masse de la plus-value
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ble d i m i n u e , tandis q u e le taux de la plus-value a u g m e n t e en proportion inverse. Supposez q u e le capitaliste paie q u o t i d i e n n e m e n t 100 écus à 100 ouvriers, d o n t le t e m p s de travail nécessaire s'élève à six h e u r e s et le surtravail à trois h e u r e s . Le capital avancé de 100 écus se fait valoir au t a u x de 50 %, et p r o d u i t u n e plus-value de 50 écus ou de 100 x 3 h e u r e s de travail = 300 h e u r e s . Si le capitaliste réduit m a i n t e n a n t ses avances de m o i tié, de 100 à 50 écus, ou n ' e m b a u c h e plus q u e 50 ouvriers; s'il réussit en m ê m e t e m p s à doubler le t a u x de la plus-value, ou, ce qui revient au m ê m e , à prolonger le surtravail de trois à six heures, il gagnera toujours la m ê m e s o m m e , car 50 écus x % = 100 écus x / = 50 écus. Calculant par heures de travail, on o b t i e n t : 50 forces de travail x 6 h e u r e s = 100 forces de travail x 3 h e u r e s = 300 heures. U n e d i m i n u t i o n d u capital variable p e u t d o n c être c o m p e n s é e par u n e élévation proportionnelle du t a u x de la plus-value ou b i e n u n e d i m i n u t i o n des ouvriers employés, par u n e prolongation proportionnelle de leur journ é e de travail. J u s q u ' à un certain point, la q u a n t i t é de travail exploitable par le capital devient ainsi i n d é p e n d a n t e du n o m b r e des o u v r i e r s . C e p e n d a n t , cette sorte de c o m p e n s a t i o n r e n c o n t r e u n e limite infranchissable. Le j o u r n a t u r e l de 24 heures est toujours plus grand q u e la j o u r n é e m o y e n n e de travail; celle-ci ne p e u t d o n c j a m a i s r e n d r e u n e valeur quotid i e n n e de 4 écus, si l'ouvrier m o y e n produit la valeur de % écu p a r h e u r e ; car il lui faudrait vingt-quatre heures p o u r produire u n e valeur de 4 écus. Q u a n t à la plus-value, sa limite est encore plus étroite. Si la partie de la j o u r n é e nécessaire p o u r remplacer le salaire q u o t i d i e n s'élève à six heures, il ne reste du j o u r n a t u r e l q u e dix-huit heures, dont les lois biologiques réclament u n e partie p o u r le repos de la force ; posons six heures c o m m e lim i t e minima de ce repos, en prolongeant la j o u r n é e de travail à la limite maxima de dix-huit heures, le surtravail ne sera q u e de d o u z e h e u r e s , et ne produira par c o n s é q u e u t q u ' u n e valeur de 2 écus. Un capital variable de 500 écus, qui emploie 500 ouvriers à un t a u x de plus-value de 100 %, ou avec un travail de d o u z e heures, d o n t six appart i e n n e n t au surtravail, produit c h a q u e j o u r u n e plus-value de 500 écus ou 6 x 500 h e u r e s de travail. Un capital de 100 écus qui emploie c h a q u e j o u r 100 ouvriers à un t a u x de plus-value de 200 % ou avec u n e j o u r n é e de travail de dix-huit heures, ne produit q u ' u n e plus-value de 200 écus ou 12 x 100 heures de travail. Son produit en valeur totale ne p e u t j a m a i s , par j o u r n é e m o y e n n e , atteindre la s o m m e de 400 écus ou 24 x 100 h e u r e s de 1 0
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C e t t e loi é l é m e n t a i r e s e m b l e i n c o n n u e à m e s s i e u r s les é c o n o m i s t e s vulgaires, q u i , n o u v e a u x A r c h i m e d e s m a i s à r e b o u r s , c r o i e n t avoir trouvé d a n s la d é t e r m i n a t i o n d e s prix du m a r c h é du travail p a r l'offre et la d e m a n d e le p o i n t d ' a p p u i au m o y e n d u q u e l ils ne soulèver o n t p a s l e m o n d e , m a i s l e m a i n t i e n d r o n t e n repos.
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Troisième section • La production de la plus-value absolue travail. U n e d i m i n u t i o n du capital variable ne p e u t d o n c être c o m p e n s é e par l'élévation du t a u x de la plus-value, ou, ce qui revient au m ê m e , u n e r é d u c t i o n du n o m b r e des ouvriers employés, par u n e hausse du degré d'exploitation, q u e dans les limites physiologiques de la j o u r n é e de travail, et, par conséquent, du surtravail qu'elle renferme. 5 Cette loi, d ' u n e évidence absolue, est i m p o r t a n t e pour l'intelligence de p h é n o m è n e s compliqués. N o u s savons déjà q u e le capital s'efforce de prod u i r e le m a x i m u m possible de plus-value, et n o u s verrons plus tard qu'il tâche e n m ê m e t e m p s d e réduire a u m i n i m u m , c o m p a r a t i v e m e n t a u x d i m e n sions de l'entreprise, sa partie variable ou le n o m b r e d'ouviers qu'il 10 exploite. Ces t e n d a n c e s d e v i e n n e n t contradictoires dès q u e la d i m i n u t i o n de l'un des facteurs qui d é t e r m i n e n t la s o m m e de la plus-value, ne p e u t plus être c o m p e n s é e par l ' a u g m e n t a t i o n de l'autre. C o m m e la valeur n'est q u e du travail réalisé, il est évident q u e la m a s s e de valeur q u ' u n capitaliste fait produire d é p e n d exclusivement de la q u a n - 15 tité de travail qu'il m e t en m o u v e m e n t . Il en p e u t mettre en m o u v e m e n t plus ou m o i n s , avec le m ê m e n o m b r e d'ouvriers, selon que leur j o u r n é e est plus ou m o i n s prolongée. Mais, étant d o n n é s et la valeur de la force de travail et le t a u x de la plus-value, en d'autres termes, - les limites de la journ é e et sa division en travail nécessaire et surtravail, - la m a s s e totale de va- 20 leur, y inclus la plus-value, q u ' u n capitaliste réalise, est exclusivement d é t e r m i n é e par le n o m b r e des ouvriers qu'il exploite, et ce n o m b r e luim ê m e dépend de la g r a n d e u r du capital variable qu'il avance. Les masses de plus-value produites sont alors en raison directe de la grandeur des capitaux variables avancés. Or, dans les diverses b r a n c h e s 25 d'industrie, la division proportionnelle du capital entier en capital variable et en capital constant diffère g r a n d e m e n t . D a n s le m ê m e genre d'entreprise cette division se modifie selon les conditions t e c h n i q u e s et les c o m b i n a i sons sociales du travail. M a i s on sait q u e la valeur du capital c o n s t a n t reparaît dans le produit, tandis que la valeur ajoutée aux m o y e n s de p r o d u c t i o n 30 ne provient q u e du capital variable, de cette partie du capital avancé q u i se convertit en force de travail. De q u e l q u e m a n i è r e q u ' u n capital d o n n é se décompose en partie constante et en partie variable, q u e celle-là soit à celle-ci c o m m e 2 est à 1, c o m m e 10 est à 1, etc.; q u e la valeur des m o y e n s de production, c o m p a r é e à la valeur des forces de travail employées, 35 croisse, d i m i n u e , reste constante, qu'elle soit grande ou petite, p e u i m porte ; elle reste sans la m o i n d r e influence sur la masse de valeur p r o d u i t e . Si l'on applique la loi émise plus h a u t a u x différentes b r a n c h e s d ' i n d u s tries, quelle que puisse y être la division proportionnelle du capital avancé en partie constante et en partie variable, on arrive à la loi suivante : La va- 40 leur de la force moyenne de travail et le degré moyen de son ||133| exploitation
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Chapitre XI • Taux et masse de la plus-value étant supposés égaux dans différentes industries, les masses de plus-value produites sont en raison directe de la grandeur des parties variables des capitaux employés, c'est-à-dire en raison directe de leurs parties converties en force de travail. Cette loi est en contradiction évidente avec t o u t e expérience fondée sur 5 les apparences. C h a c u n sait q u ' u n filateur, qui emploie relativement b e a u coup de capital constant et peu de capital variable, n ' o b t i e n t pas, à cause de cela, un bénéfice ou u n e plus-value m o i n d r e q u e le boulanger, qui e m ploie relativement b e a u c o u p de capital variable et p e u de capital constant. La solution de cette c o n t r a d i c t i o n apparente exige b i e n des m o y e n s termes, 10 de m ê m e q u ' e n algèbre, il faut b i e n des m o y e n s termes p o u r c o m p r e n d r e q u e — p e u t représenter u n e g r a n d e u r réelle. Bien q u e l ' é c o n o m i e classique n'ait j a m a i s formulé cette loi, elle y tient instinctivement, parce qu'elle découle de la n a t u r e m ê m e de la valeur. On verra plus t a r d comment l'école de R i c a r d o est v e n u e b u t t e r contre cette pierre d ' a c h o p p e m e n t . 15 Q u a n t à l ' é c o n o m i e vulgaire, elle se targue ici c o m m e p a r t o u t des apparences p o u r n i e r la loi des p h é n o m è n e s . C o n t r a i r e m e n t à Spinoza, elle croit q u e «l'ignorance est u n e raison suffisante». Le travail qui est m i s en m o u v e m e n t , un j o u r p o r t a n t l'autre, par t o u t le capital d ' u n e société, p e u t être considéré c o m m e u n e seule j o u r n é e de tra20 vail. Le n o m b r e des travailleurs est-il, par exemple, d ' u n million, et la journ é e de travail m o y e n n e est-elle de dix heures, la j o u r n é e de travail sociale consiste en dix millions d'heures. La longueur de cette j o u r n é e é t a n t donnée, que ses limites soient fixées p h y s i q u e m e n t ou socialement, la m a s s e de la plus-value ne p e u t être a u g m e n t é e q u e par l ' a u g m e n t a t i o n du n o m b r e 25 des travailleurs, c'est-à-dire de la population ouvrière. L'accroissement de la population forme ici la limite m a t h é m a t i q u e de la p r o d u c t i o n de la plusvalue par le capital social. I n v e r s e m e n t : étant d o n n é e la g r a n d e u r de la population, cette limite est formée par la prolongation possible de la j o u r n é e de t r a v a i l . On verra d a n s le chapitre suivant q u e cette loi n'est valable 30 que pour la forme de la plus-value traitée j u s q u ' à présent. Il résulte de l ' e x a m e n q u e n o u s venons de faire de la p r o d u c t i o n de la plus-value, que t o u t e s o m m e d e valeur o u d e m o n n a i e n e p e u t pas être transformée en capital. Cette transformation ne p e u t s'opérer sans q u ' u n m i n i m u m d'argent ou de valeur d ' é c h a n g e se trouve entre les m a i n s du 2 1 3
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postulant à la dignité capitaliste. Le m i n i m u m du capital variable est le prix m o y e n d ' u n e force de travail individuelle employée l ' a n n é e entière à 2 1 3
D a n s l e livre q u a t r i è m e . « L e travail, q u i est l e t e m p s é c o n o m i q u e d e l a société, est u n e q u a n t i t é d o n n é e , soit 10 h e u r e s p a r j o u r d ' u n m i l l i o n d ' h o m m e s , ou 10 millions d ' h e u r e s . . . . Le c a p i t a l a sa l i m i t e d ' a c c r o i s s e m e n t . C e t t e l i m i t e p e u t , à t o u t e p é r i o d e de l ' a n n é e , être a t t e i n t e d a n s l ' e x t e n s i o n a c t u e l l e du t e m p s é c o n o m i q u e e m p l o y é . » An Essay on the political Economy of nations. L o n d o n , 1 8 2 1 , p . 47, 49. 2 1 4
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Troisième section • La production de la plus-value absolue la production de plus-value. Si le possesseur de cette force était n a n t i de moyens de p r o d u c t i o n à lui, et se c o n t e n t a i t de vivre c o m m e ouvrier, il lui suffirait de travailler le t e m p s nécessaire p o u r payer ses m o y e n s de subsistance, m e t t o n s h u i t h e u r e s par jour. Il n ' a u r a i t également b e s o i n de m o y e n s de p r o d u c t i o n q u e p o u r h u i t heures de travail ; tandis q u e le capita5 liste qui, outre ces h u i t heures, lui fait exécuter un surtravail de q u a t r e heures, par exemple, a b e s o i n d ' u n e s o m m e d'argent s u p p l é m e n t a i r e p o u r fournir le surplus des m o y e n s de production. D'après nos d o n n é e s , il d e vrait déjà employer d e u x ouvriers, pour pouvoir vivre c o m m e un seul ouvrier, de la plus-value qu'il e m p o c h e c h a q u e jour, c'est-à-dire satisfaire 10 ses besoins de première nécessité. D a n s ce cas, le b u t de sa p r o d u c t i o n serait t o u t s i m p l e m e n t l'entretien de sa vie, et n o n l'acquisition de richesse ; or celle-ci est l'objet s o u s - e n t e n d u de la p r o d u c t i o n capitaliste. P o u r qu'il vécût s e u l e m e n t d e u x fois aussi b i e n q u ' u n ouvrier ordinaire, et transform â t en capital la m o i t i é de la plus-value produite, il lui faudrait a u g m e n t e r 15 de 8 fois le capital avancé, en m ê m e temps q u e le n o m b r e des ouvriers. Ass u r é m e n t , il p e u t l u i - m ê m e , c o m m e son ouvrier, m e t t r e la patte à l ' œ u v r e ; m a i s alors il n'est plus q u ' u n être hybride, q u ' u n e chose i n t e r m é d i a i r e entre capitaliste et travailleur, un «petit p a t r o n » . A un certain degré de dével o p p e m e n t , il faut que le capitaliste puisse employer à l'appropriation et à 20 la surveillance du travail d ' a u t r u i et à la vente des produits de ce travail tout le t e m p s p e n d a n t lequel il fonctionne c o m m e capital p e r s o n n i f i é . L'industrie corporative du m o y e n âge cherchait à e m p ê c h e r le m a î t r e , le chef de corps de métier, de se transformer en capitaliste, en l i m i t a n t à un m a x i m u m très restreint le n o m b r e des ouvriers qu'il avait le droit d ' e m - 25 ployer. Le possesseur d'argent ou de m a r c h a n d i s e s ne devient en réalité capitaliste q u e lorsque la s o m m e minima qu'il avance p o u r la p r o d u c t i o n dépasse déjà de b e a u c o u p le m a x i m u m du m o y e n âge. Ici, c o m m e d a n s les sciences naturelles, se confirme la loi constatée par Hegel d a n s sa Logique, loi d'après laquelle de simples c h a n g e m e n t s d a n s la q u a n t i t é , p a r v e n u s à 30 u n certain degré, a m è n e n t des différences d a n s l a q u a l i t é . 215
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« L e fermier ne p e u t pas c o m p t e r sur son p r o p r e travail; et s'il le fait, je m a i n t i e n s q u ' i l y perdra. Sa f o n c t i o n est de t o u t surveiller. Il faut q u ' i l ait l ' œ i l sur s o n b a t t e u r en g r a n g e , ses f a u c h e u r s , ses m o i s s o n n e u r s , etc. Il doit c o n s t a m m e n t faire le t o u r de ses c l ô t u r e s et voir si rien n'est négligé, ce q u i a u r a i t lieu c e r t a i n e m e n t s'il se confinait en u n e p l a c e q u e l c o n q u e . » {An Enquiry into the Connection between the Price of Provisions, and the Size of Farms, etc. by a Farmer. L o n d o n , 1 7 7 3 , p. 12). C e t écrit est très-intéressant. On p e u t y é t u d i e r la g e n è s e du «capitalist former» ou « merchant former», c o m m e il est appelé en t o u t e s lettres et y lire sa glorification vis-à-vis du « p e t i t f e r m i e r » q u i n ' a q u ' u n souci, celui de sa s u b s i s t a n c e . - « L a classe des capitalistes est d ' a b o r d en p a r t i e et finalement t o u t à fait délivrée de la n é c e s s i t é du travail m a n u e l . » Textbook of Lectures on the Polit. Economy of Nations, by the Rev. R i c h a r d J o n e s . H e r t ford 1852, lecture I I I . L a t h é o r i e m o l é c u l a i r e d e l a c h i m i e m o d e r n e , d é v e l o p p é e p o u r l a p r e m i è r e fois scientifiq u e m e n t p a r L a u r e n t et G e r h a r d t , a p o u r b a s e cette loi. 2 1 6
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Chapitre XI · Taux et masse de la plus-value
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Le m i n i m u m de la s o m m e de valeur d o n t un possesseur d'argent ou de m a r c h a n d i s e doit pouvoir disposer p o u r se m é t a m o r p h o s e r en capitaliste, varie suivant les divers degrés de développement de la p r o d u c t i o n . Le degré de d é v e l o p p e m e n t d o n n é , ||134| il varie également d a n s les différentes industries, suivant leurs c o n d i t i o n s t e c h n i q u e s particulières. A l'origine m ê m e de la p r o d u c t i o n capitaliste, quelques-unes de ces industries exigeaient déjà un m i n i m u m de capital qui ne se trouvait pas encore d a n s les m a i n s de particuliers. C'est ce qui rendit nécessaires les subsides d'État accordés à des chefs d'industrie privée, - c o m m e en F r a n c e du t e m p s de Colbert, et c o m m e de n o s jours cela se pratique encore d a n s plusieurs principautés de l'Allemagne, - et la formation de sociétés avec m o n o p o l e légal p o u r l'exploitation de certaines b r a n c h e s d'industrie et de c o m m e r c e , a u t a n t d'avant-coureurs des sociétés m o d e r n e s par actions. 217
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Le capital, c o m m e n o u s l'avons vu, se r e n d maître du travail, c'est-à-dire parvient à courber sous sa loi la force de travail en m o u v e m e n t ou le travailleur l u i - m ê m e . Le capitaliste veille à ce que l'ouvrier e x é c u t e son ouvrage s o i g n e u s e m e n t et avec le degré d'intensité requis. Le capital s'offre en outre c o m m e rapport coercitif obligeant la classe
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ouvrière à exécuter plus de travail que ne l'exige le cercle resserré de ses besoins. C o m m e p r o d u c t e u r et m e t t e u r en œ u v r e de l'activité d'autrui, c o m m e exploiteur de la force de travail et soutireur de travail extra, le syst è m e capitaliste dépasse en énergie, en efficacité et en p u i s s a n c e illimitée tous les systèmes p r é c é d e n t s de p r o d u c t i o n fondés d i r e c t e m e n t sur les dif25 férents systèmes de travaux forcés. Le capital s'empare d'abord du travail d a n s les conditions t e c h n i q u e s données par le d é v e l o p p e m e n t historique. Il ne modifie pas i m m é d i a t e m e n t le m o d e de p r o d u c t i o n . La p r o d u c t i o n de plus-value, sous la forme considérée p r é c é d e m m e n t , par simple prolongation de la j o u r n é e , s'est 30 d o n c présentée i n d é p e n d a n t e de t o u t c h a n g e m e n t dans le m o d e de produire. De nos j o u r s elle n'est pas m o i n s active d a n s les boulangeries où s'appliquent encore des procédés primitifs, q u e d a n s les filatures a u t o m a t i ques. Q u a n d n o u s e x a m i n i o n s la p r o d u c t i o n au simple p o i n t de vue de la valeur d'usage, les m o y e n s de p r o d u c t i o n ne j o u a i e n t p o i n t vis-à-vis de 35 l'ouvrier le rôle de capital, m a i s celui de simples m o y e n s et m a t é r i a u x de son activité productive. D a n s u n e tannerie, par exemple, il t a n n e le cuir et n o n le capital. Il en a été a u t r e m e n t dès q u e n o u s avons considéré la p r o d u c t i o n au 2 1 7
«Compagnie monopolia. » T e l est le n o m q u e d o n n e M a r t i n L u t h e r à ce g e n r e d ' i n s t i t u t i o n s .
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Troisième section • La production de la plus-value absolue point de vue de la plus-value. Les m o y e n s de production se sont transform é s i m m é d i a t e m e n t en m o y e n s d'absorption du travail d'autrui. Ce n'est plus le travailleur qui les emploie, m a i s ce sont au contraire e u x q u i e m ploient le travailleur. Au lieu d'être c o n s o m m é s par lui c o m m e éléments matériels de son activité productive, ils le c o n s o m m e n t l u i - m ê m e c o m m e 5 ferment indispensable à leur propre vie ; et la vie du capital ne consiste q u e dans son m o u v e m e n t c o m m e valeur perpétuellement en voie de multiplication. Les h a u t s - f o u r n e a u x et les b â t i m e n t s de fabrique q u i se reposent la n u i t et n ' a b s o r b e n t a u c u n travail vivant, sont perte pure (a m e r e loss) p o u r le capitaliste. Voilà p o u r q u o i les hauts-fourneaux et les b â t i m e n t s de fabri- 10 q u e constituent « u n titre, un droit au travail de n u i t » des ouvriers. Inutile pour l e m o m e n t d'en dire davantage. M o n t r o n s s e u l e m e n t par u n e x e m p l e c o m m e n t cette interversion des rôles q u i caractérise la p r o d u c t i o n capitaliste, c o m m e n t ce r e n v e r s e m e n t étrange du rapport entre le travail m o r t et le travail vivant, entre la valeur et la force créatrice de valeur, se reflète 15 dans la conscience des seigneurs du capital. P e n d a n t la révolte des fabricants anglais de 1 8 4 8 - 1 8 5 0 , le chef de la filature de lin et de coton de Paisley, u n e des raisons sociales les plus anciennes et les plus respectables de l'Ecosse occidentale, de la société Carlile et fils, qui existe depuis 1752, et, de génération en génération, est toujours dirigée par la m ê m e famille, - ce g e n t l e m a n possesseur d ' u n e intelligence hors ligne, écrivit d a n s la «Glasgow Daily M a i l » du 25 avril 1849 u n e l e t t r e i n t i t u l é e : « L e système des relais», où se trouve, entre autres, le passage suivant, d ' u n grotesque naïf: « Considérons les m a u x q u i découlent d ' u n e réduction du temps de travail de 12 heures à 10, ... ils portent le plus sérieux préjudice a u x prérogatives et à la propriété du fabricant. Si, après avoir travaillé 12 h e u r e s (il veut dire : fait travailler ses bras), il ne travaillait plus que 10, alors c h a q u e 12 m a c h i n e s ou broches, par exemple, de son établissement se rapetisseraient à 10 (then every 12 m a c h i n e s or spindles, in his establishment, shrink to 10), et s'il voulait vendre sa fabrique, on ne les estimerait q u e 10 en réalité, de sorte q u e c h a q u e fabrique, d a n s t o u t le pays, perdrait un sixième de sa v a l e u r . »
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Pour cette forte tête d'Ecosse, la valeur des i n s t r u m e n t s de p r o d u c t i o n se confond entièrement, c o m m e on le voit, avec la propriété qu'ils possèdent, en tant que capital, de se faire valoir ou de s'assimiler c h a q u e j o u r un q u a n t u m d é t e r m i n é de travail gratuit; et ce chef de la m a i s o n Carlile et
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Reports of Insp, of Fact, for 30th, aprii 1849, p. 59. L . c , p . 60. L ' i n s p e c t e u r d e f a b r i q u e Stuart, Écossais l u i - m ê m e , e t c o n t r a i r e m e n t a u x i n s p e c t e u r s anglais, t o u t à fait i m b u de la m a n i è r e de voir capitaliste, affirme e x p r e s s é m e n t q u e cette lettre, q u ' i l a n n e x e à s o n r a p p o r t , est « l a c o m m u n i c a t i o n la plus u t i l e q u i l u i ait été faite p a r les fabricants q u i e m p l o i e n t le s y s t è m e des relais, et q u ' e l l e a p r i n c i p a l e m e n t p o u r b u t d'écarter les préjugés et de lever les s c r u p u l e s q u e soulève ce s y s t è m e » . 2 1 9
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Chapitre XI • Taux et masse de la plus-value
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Cie s'illusionne au point de croire que, d a n s la vente de sa fabrique, il lui est payé n o n - s e u l e m e n t la valeur de ses m a c h i n e s , m a i s encore, par-dessus le m a r c h é , leur m i s e en v a l e u r ; n o n - s e u l e m e n t le travail qu'elles recèlent, et q u i est nécessaire à la p r o d u c t i o n de m a c h i n e s semblables, m a i s encore le surtravail qu'elles servent à soutirer c h a q u e j o u r des braves Écossais de Paisley: et voilà p o u r q u o i , selon lui, u n e r é d u c t i o n de d e u x h e u r e s de la j o u r n é e de travail ferait réduire le prix de vente de ses m a c h i n e s . U n e douz a i n e n ' e n vaudrait plus q u ' u n e dizaine ! |
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Quatrième section • La production de la plus-value relative
|135| Q U A T R I È M E S E C T I O N
La production de la plus-value relative CHAPITRE XII La plus-value relative J u s q u ' i c i , n o u s avons considéré la partie de la j o u r n é e de travail où l'ouvrier ne fait q u e c o m p e n s e r la valeur q u e le capitaliste lui paie, c o m m e u n e grandeur constante, ce qu'elle est en réalité d a n s des c o n d i t i o n s de p r o d u c t i o n invariables. A u - d e l à de ce temps nécessaire, le travail pouvait être prolongé de 2, 3, 4, 5, 6 etc. heures. D'après la g r a n d e u r de cette prolongation, le t a u x de la plus-value et la longueur de la j o u r n é e variaient. Si le t e m p s de travail nécessaire était constant, la j o u r n é e entière était au contraire variable. Supposons m a i n t e n a n t u n e j o u r n é e de travail d o n t les limites et la division en travail nécessaire et surtravail soient d o n n é e s . Q u e la ligne ac a b c représente par exemple u n e j o u r n é e de d o u z e heures, la partie ab dix h e u r e s de travail nécessaire, et la partie bc d e u x heures de surtravail. C o m m e n t la p r o d u c t i o n de plus-value peut-elle être a u g m e n t é e , sans prolonger acl Bien que la g r a n d e u r ac soit fixe, bc semble pouvoir être prolongé, sinon par son extension au-delà du point fixe c q u i est en m ê m e t e m p s le point final de la j o u r n é e , du m o i n s en reculant son point initial b d a n s la direction de a. Supposons q u e dans la ligne a b' — b c bb' soit égale à la m o i t i é de bc, c'est-à-dire à u n e h e u r e de travail. Si m a i n t e n a n t dans ac le point b est reculé vers b', le surtravail devient b'c, il augm e n t e de moitié, de d e u x à trois heures, bien q u e la j o u r n é e entière ne
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Chapitre XII • La plus-value relative
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c o m p t e toujours q u e d o u z e heures. Cette extension du surtravail de bc à b'c, de d e u x à trois heures, est c e p e n d a n t impossible sans u n e contraction de ab à ab', du travail nécessaire de dix à n e u f heures. Le raccourcissement du travail nécessaire correspondrait ainsi à la prolongation du surtravail, ou b i e n u n e partie du t e m p s q u e j u s q u ' i c i l'ouvrier c o n s o m m e en réalité p o u r l u i - m ê m e , se transformerait en temps de travail p o u r le capitaliste. Les limites de la j o u r n é e ne seraient pas changées, m a i s sa division en travail nécessaire et surtravail.
D ' a u t r e part, la durée du surtravail est fixée dès q u e sont d o n n é e s les limites de la j o u r n é e et la valeur journalière de la force de travail. Si celle-ci s'élève à 5 schellings - s o m m e d'or où sont incorporées dix h e u r e s de travail - alors l'ouvrier doit travailler dix heures par j o u r p o u r c o m p e n s e r la valeur de sa force payée q u o t i d i e n n e m e n t par le capitaliste, ou p o u r produire un équivalent des subsistances qu'il lui faut p o u r son entretien quotilo dien. La valeur de ces subsistances d é t e r m i n e la valeur j o u r n a l i è r e de sa force , et la valeur de celle-ci déter||136|mine la durée q u o t i d i e n n e de son travail nécessaire. En soustrayant de la j o u r n é e entière le t e m p s de travail nécessaire, on obtient la g r a n d e u r du surtravail. D i x heures soustraites de douze, il en reste deux, et, d a n s les c o n d i t i o n s d o n n é e s , il est difficile de 20 voir c o m m e n t le surtravail pourrait être prolongé au delà de d e u x h e u r e s . A u s s u r é m e n t , au lieu de 5 sh., le capitaliste p e u t ne payer à l'ouvrier q u e 4 sh. 6. d. ou m o i n s encore. N e u f heures de travail suffiraient p o u r reproduire cette valeur de 4 sh. 6 d. ; le surtravail s'élèverait alors de % à % de la j o u r n é e , et la plus-value de 1 sh. à 1 sh. 6 d. Ce résultat ne serait c e p e n d a n t 25 o b t e n u q u ' e n abaissant le salaire de l'ouvrier au-dessous de la valeur de sa force de travail. Avec les 4 sh. 6 d. qu'il produit en n e u f heures, il disposerait de y de m o i n s q u ' a u p a r a v a n t p o u r ses m o y e n s de subsistance, et, par c o n s é q u e n t , ne reproduirait sa propre force q u e d ' u n e m a n i è r e défect u e u s e . Le surtravail serait prolongé, grâce à u n e transgression de sa limite 30 n o r m a l e bc, par un vol c o m m i s sur le t e m p s de travail nécessaire. 10
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Or, q u o i q u e cette p r a t i q u e j o u e un rôle des plus importants d a n s le m o u 1
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La valeur m o y e n n e du salaire j o u r n a l i e r est d é t e r m i n é e p a r ce d o n t le travailleur a b e s o i n « p o u r vivre, travailler et e n g e n d r e r » . ( W i l l i a m P e t t y : Political anatomy of Ireland. 1672, p. 64.) « L e prix du travail se c o m p o s e toujours du p r i x des choses a b s o l u m e n t n é c e s s a i r e s à la vie . . . . L e travailleur n ' o b t i e n t p a s u n salaire suffisant, t o u t e s les fois q u e c e salaire n e l u i p e r m e t pas d'élever conformément à s o n h u m b l e r a n g u n e famille telle q u ' i l s e m b l e q u e ce soit le lot de la p l u p a r t d ' e n t r e e u x d ' e n a v o i r . » (J. V a n d e r l i n t , I.e., p . 15.) « L e s i m p l e ouvrier, q u i n ' a q u e ses bras et son i n d u s t r i e , n ' a r i e n q u ' a u t a n t q u ' i l parvient à v e n d r e à d ' a u t r e s sa p e i n e . . . . En t o u t g e n r e de travail il doit arriver, et il arrive en effet q u e le salaire de l'ouvrier se b o r n e à ce q u i l u i est n é c e s s a i r e p o u r l u i p r o c u r e r la s u b s i s t a n c e . » ( T u r g o t : Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766). Œuvres, édit. D a i r e , 1.1, p. 10.) « L e prix des c h o s e s n é c e s s a i r e s à la vie est en réalité ce q u e c o û t e le travail productif. » ( M a l t h u s : Inquiry into, e t c . Rent. L o n d o n , 1815, p . 4 8 , note.)
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Quatrième section · La production de la plus-value relative v e m e n t réel du salaire, elle n ' a a u c u n e place ici où l'on suppose q u e toutes les m a r c h a n d i s e s , et par c o n s é q u e n t aussi la force de travail, sont achetées et v e n d u e s à leur j u s t e valeur. Ceci u n e fois admis, le t e m p s de travail n é cessaire à l'entretien de l'ouvrier ne p e u t pas être abrégé en abaissant son salaire au-dessous de la valeur de sa force, m a i s s e u l e m e n t en r é d u i s a n t cette valeur m ê m e . Les limites de la j o u r n é e étant d o n n é e s , la prolongation du surtravail doit résulter de la contraction du temps de travail nécessaire et n o n la contraction du travail nécessaire de l'expansion du surtravail. D a n s notre exemple, p o u r q u e le travail nécessaire d i m i n u e de / , desc e n d e de dix à n e u f h e u r e s , et q u e par cela m ê m e le surtravail m o n t e de d e u x à trois heures, il faut q u e la valeur de la force de travail t o m b e réellem e n t de y .
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U n e baisse de % suppose que la m ê m e m a s s e de subsistances p r o d u i t e d'abord e n dix heures, n ' e n nécessite plus que n e u f - , chose impossible sans que le travail ne gagne en force productive. - Un c o r d o n n i e r peut, par 15 exemple, avec des m o y e n s d o n n é s faire en d o u z e h e u r e s u n e paire de bottes. Pour qu'il en fasse d a n s le m ê m e temps d e u x paires, il faut doubler la force productive de son travail, ce q u i n'arrive pas sans un c h a n g e m e n t dans ses i n s t r u m e n t s ou d a n s sa m é t h o d e de travail, ou d a n s les d e u x à la fois. Il faut d o n c q u ' u n e révolution s'accomplisse d a n s les c o n d i t i o n s de 20 production. Par a u g m e n t a t i o n de la force productive ou de la productivité du travail, n o u s e n t e n d o n s en général un c h a n g e m e n t dans ses procédés, abrégeant le temps socialement nécessaire à la p r o d u c t i o n d ' u n e m a r c h a n d i s e , de telle sorte q u ' u n e q u a n t i t é m o i n d r e de travail acquiert la force de produire plus 25 d e valeurs d ' u s a g e . L e m o d e d e p r o d u c t i o n était censé d o n n é q u a n d n o u s e x a m i n i o n s la plus-value provenant de la durée prolongée du travail. M a i s dès qu'il s'agit de gagner de la plus-value par la transformation du travail nécessaire en surtravail, il ne suffit plus q u e le capital, t o u t en laissant intacts les procédés traditionnels du travail, se c o n t e n t e d'en prolonger sim- 30 p l e m e n t la durée. Alors il lui faut au contraire transformer les c o n d i t i o n s t e c h n i q u e s et sociales, c'est-à-dire le m o d e de la production. Alors seulem e n t il pourra a u g m e n t e r la productivité du travail, abaisser ainsi la valeur de la force de travail et abréger par cela m ê m e le t e m p s exigé p o u r la reproduire. 35 Je n o m m e plus-value absolue la plus-value p r o d u i t e p a r la simple prolon0
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«Le perfectionnement de l'industrie n'est pas autre chose que la découverte de moyens nouv e a u x , à l'aide d e s q u e l s on p u i s s e achever un ouvrage avec moins de gens ou (ce q u i est la m ê m e chose) en moins de temps qu'auparavant.» ( G a l i a n i , I.e., p. [158,] 159.) « L ' é c o n o m i e s u r les frais d e p r o d u c t i o n n e p e u t être a u t r e c h o s e q u e l ' é c o n o m i e s u r l a q u a n t i t é d e travail e m p l o y é p o u r p r o d u i r e . » ( S i s m o n d i : Études, etc., t . I , p . 2 2 . )
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Chapitre XII • La plus-value relative
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gation de la j o u r n é e de travail, et plus-value relative la plus-value q u i provient au contraire de l'abréviation du t e m p s de travail nécessaire et du c h a n g e m e n t correspondant dans la g r a n d e u r relative des d e u x parties d o n t se c o m p o s e la j o u r n é e . Pour qu'il fasse baisser la valeur de la force de travail, l'accroissement de productivité doit affecter des branches d'industrie d o n t les produits déterm i n e n t la valeur de cette force, c'est-à-dire des industries qui fournissent ou les m a r c h a n d i s e s nécessaires à l'entretien de l'ouvrier, ou les m o y e n s de p r o d u c t i o n de ces m a r c h a n d i s e s . En faisant d i m i n u e r leur prix, P a u g m e n -
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tation de la productivité fait en m ê m e t e m p s t o m b e r la valeur de la force de travail. Au contraire, d a n s les branches d'industrie qui ne fournissent ni les m o y e n s de subsistance ni leurs éléments matériels, un accroissement de productivité n'affecte p o i n t la valeur de la force de travail. Le meilleur m a r c h é d ' u n article ne fait déprécier la force de travail q u e 15 dans la proportion suivant laquelle il entre dans sa reproduction. Des chemises, par exemple, sont un objet du première nécessité, m a i s il y en a b i e n d'autres. La baisse de leur prix d i m i n u e s e u l e m e n t la dépense de l'ouvrier pour cet objet particulier. La s o m m e totale des choses nécessaires à la vie ne se compose c e p e n d a n t q u e de tels articles provenant d'industries dis20 tinctes. La valeur de c h a q u e article de ce genre entre c o m m e quote-part dans la valeur de la force de travail d o n t la d i m i n u t i o n totale est m e s u r é e par la s o m m e des raccourcissements du travail nécessaire dans toutes ces branches de p r o d u c t i o n spéciales. Ce résultat final, n o u s le traitons ici c o m m e s'il était résultat i m m é d i a t et but direct. Q u a n d un capital j 137 |liste, 25 en accroissant la force productive du travail, fait baisser le prix des chemises, par exemple, il n ' a pas n é c e s s a i r e m e n t l'intention de faire d i m i n u e r par là la valeur de la force de travail et d'abréger ainsi la partie de la journ é e où l'ouvrier travaille p o u r l u i - m ê m e ; m a i s au b o u t du compte, ce n'est q u ' e n c o n t r i b u a n t à ce résultat qu'il contribue à l'élévation du t a u x général 30 de la p l u s - v a l u e . Les t e n d a n c e s générales et nécessaires du capital sont à distinguer des formes sous lesquelles elles apparaissent. N o u s n'avons pas à e x a m i n e r ici c o m m e n t les t e n d a n c e s i m m a n e n t e s de la production capitaliste se réfléchissent dans le m o u v e m e n t des c a p i t a u x individuels, se font valoir c o m m e lois coercitives de la c o n c u r r e n c e et par 35 cela m ê m e s'imposent a u x capitalistes c o m m e m o b i l e s de leurs opérations. L'analyse scientifique de la c o n c u r r e n c e présuppose en effet l'analyse de la n a t u r e i n t i m e du capital. C'est ainsi q u e le m o u v e m e n t a p p a r e n t des 3
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« Q u a n d le fabricant, p a r s u i t e de l ' a m é l i o r a t i o n de ses m a c h i n e s , d o u b l e ses p r o d u i t s ... il g a g n e tout s i m p l e m e n t (en définitive) p a r c e q u e cela le m e t à m ê m e de vêtir l'ouvrier à m e i l leur m a r c h é , etc., et q u ' a i n s i u n e p l u s faible partie du p r o d u i t total é c h o i t à c e l u i - c i . » ( R a m say, I.e., p. 168 [, 169].)
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Quatrième section • La production de la plus-value relative corps célestes n'est intelligible que p o u r celui q u i connaît leur m o u v e m e n t réel. C e p e n d a n t , p o u r m i e u x faire c o m p r e n d r e la p r o d u c t i o n de la plus-value relative, n o u s ajouterons quelques considérations fondées sur les résultats déjà acquis d a n s le cours de nos recherches. M e t t o n s q u e d a n s les conditions ordinaires du travail on fabrique, en 5 u n e j o u r n é e de d o u z e heures, d o u z e pièces ( d ' u n article q u e l c o n q u e ) valant 12 sh. M e t t o n s encore q u ' u n e m o i t i é de cette valeur de 12 sh. provienne du travail de d o u z e heures, l'autre m o i t i é des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s par lui. C h a q u e pièce coûtera alors 1 sh. ou 12 d. (pence), soit 6 d. pour m a t i è r e première, et 6 d. pour la valeur ajoutée par le travail. 10 Q u ' u n capitaliste réussisse grâce à un n o u v e a u procédé à doubler la productivité du travail et à faire ainsi fabriquer en d o u z e heures 24 pièces. La valeur des moyens de p r o d u c t i o n restant la m ê m e , le prix de c h a q u e pièce t o m b e r a à 9 d., soit 6 d. p o u r la m a t i è r e première, et 3 d. p o u r la façon ajoutée par le dernier travail. Bien que la force productive soit doublée, la jour- 15 n é e de travail ne crée toujours q u ' u n e valeur de 6 shellings, m a i s c'est sur un n o m b r e de produits d o u b l e qu'elle se distribue m a i n t e n a n t . Il n ' e n échoit d o n c plus à c h a q u e pièce q u e / au lieu de ]/ , 3 d. au lieu de 6 d. Au lieu d ' u n e h e u r e , il n ' e s t plus ajouté q u ' u n e d e m i - h e u r e de travail a u x m o y e n s de production p e n d a n t leur m é t a m o r p h o s e en produit. La valeur 20 individuelle de c h a q u e pièce, p r o d u i t e dans ces c o n d i t i o n s exceptionnelles, va d o n c t o m b e r au-dessous de sa valeur sociale, ce q u i revient à dire qu'elle coûte m o i n s de travail que la masse des m ê m e s articles produits d a n s les conditions sociales m o y e n n e s . La pièce coûte en m o y e n n e 1 sh. ou représente d e u x heures de travail social ; grâce au n o u v e a u procédé, elle ne 25 coûte q u e 9 d. ou ne contient q u ' u n e h e u r e et d e m i e de travail. x
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Or, valeur d ' u n article veut dire, n o n sa valeur individuelle, m a i s sa valeur sociale, et celle-ci est d é t e r m i n é e par le t e m p s de travail qu'il coûte, n o n d a n s un cas particulier, m a i s en m o y e n n e . Si le capitaliste q u i e m p l o i e la nouvelle m é t h o d e , v e n d la pièce à sa valeur sociale de 1 sh., il la vend 3 d. au-dessus de sa valeur individuelle, et réalise ainsi u n e plus-value extra de 3 d. D ' a u t r e part, la j o u r n é e de d o u z e heures lui r e n d d e u x fois plus de produits q u ' a u p a r a v a n t . Pour les vendre, il a d o n c besoin d ' u n d o u b l e débit ou d ' u n m a r c h é d e u x fois plus étendu. Toutes circonstances restant les m ê m e s , ses m a r c h a n d i s e s ne peuvent conquérir u n e plus large place dans le m a r c h é q u ' e n contractant leurs prix. Aussi les vendra-t-il au-dessus de leur valeur individuelle, m a i s au-dessous de leur valeur sociale, soit à 10 d. la pièce. Il réalisera ainsi u n e plus-value extra de 1 d. par pièce. Il attrape ce bénéfice, q u e sa m a r c h a n d i s e appartienne ou n o n au cercle des m o y e n s de subsistance nécessaires qui d é t e r m i n e n t la valeur de la force de travail. On voit d o n c q u ' i n d é p e n d a m m e n t de cette circonstance c h a q u e ca-
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pitaliste est poussé par son intérêt à a u g m e n t e r la productivité du travail pour faire baisser le prix des m a r c h a n d i s e s . Cependant, m ê m e d a n s ce cas, l'accroissement de la plus-value provient de l'abréviation du t e m p s de travail nécessaire et de la prolongation corresp o n d a n t e du surtravail . Le t e m p s de travail nécessaire s'élevait à dix heures ou la valeur journalière de la force de travail à 5 sh. ; le surtravail était de d e u x heures, la plus-value produite c h a q u e j o u r de 1 sh. M a i s n o t r e capitaliste produit m a i n t e n a n t vingt-quatre pièces qu'il vend c h a c u n e 10 d., ou e n s e m b l e 20 sh. C o m m e les m o y e n s de p r o d u c t i o n lui c o û t e n t 4
12 sh., 14% pièces ne font q u e c o m p e n s e r le capital constant avancé. Le travail de d o u z e heures s'incorpore d o n c d a n s les 9% pièces restantes, d o n t 6 représentent le travail nécessaire et 2>% le surtravail. Le rapport de travail nécessaire au surtravail qui, d a n s les conditions sociales m o y e n n e s , était c o m m e 5 est à 1, n'est ici q u e c o m m e 5 est à 3. On arrive au m ê m e résultat de la m a n i è r e suivante : La valeur du produit de la j o u r n é e de d o u z e h e u r e s est pour notre capitaliste de 20 sh. sur lesquels d o u z e a p p a r t i e n n e n t a u x m o y e n s de p r o d u c t i o n d o n t la valeur ne fait que reparaître. R e s t e n t d o n c 8 sh. c o m m e expression m o n é t a i r e de la valeur nouvelle p r o d u i t e d a n s d o u z e heures, tandis q u ' e n m o y e n n e cette s o m m e de travail ne s'exprime q u e par 6 sh. Le travail d ' u n e productivité exceptionnelle c o m p t e c o m m e travail complexe, o u crée d a n s u n t e m p s d o n n é plus de valeur q u e le travail social m o y e n du m ê m e genre. M a i s n o tre capitaliste c o n t i n u e à payer 5 sh. pour la valeur journalière de la force de travail d o n t la r e p r o d u c t i o n coûte ||138| m a i n t e n a n t à l'ouvrier sept heures et d e m i e au lieu de dix, de sorte q u e le surtravail s'accroît de d e u x heures et d e m i e , et q u e la plus-value m o n t e de 1 à 3 sh. Le capitaliste q u i emploie le m o d e de p r o d u c t i o n perfectionné s'approprie par c o n s é q u e n t sous forme de surtravail u n e plus grande partie de la j o u r n é e de l'ouvrier q u e ses concurrents. Il fait pour son c o m p t e particulier ce q u e le capital fait en grand et en général d a n s la p r o d u c t i o n de la plusvalue relative. M a i s d'autre part, cette plus-value extra disparaît dès q u e le n o u v e a u m o d e de p r o d u c t i o n se généralise et q u ' e n m ê m e t e m p s s'évan o u i t la différence entre la valeur individuelle et la valeur sociale des m a r chandises produites à m e i l l e u r m a r c h é . La d é t e r m i n a t i o n de la valeur par le t e m p s de travail s'impose c o m m e loi au capitaliste e m p l o y a n t des procédés perfectionnés, parce qu'elle le force 4
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« L e profit d ' u n h o m m e ne p r o v i e n t p a s de ce q u ' i l dispose des produits du travail d ' a u t r e s h o m m e s , m a i s de ce q u ' i l dispose du travail lui-même. S'il p e u t v e n d r e ses articles à un plus h a u t prix, t a n d i s q u e l e salaire d e ses ouvriers reste l e m ê m e , i l a u n bénéfice clair e t n e t . . . . U n e plus faible p r o p o r t i o n de ce q u ' i l p r o d u i t suffit p o u r m e t t r e ce travail en m o u v e m e n t , et u n e plus g r a n d e p r o p o r t i o n l u i en revient par c o n s é q u e n t . » (Outlines of polit, econ. L o n d o n , 1832, p . 4 9 , 50.)
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Quatrième section · La production de la plus-value relative à vendre ses m a r c h a n d i s e s au-dessous de leur valeur sociale ; elle s'impose à ses rivaux, c o m m e loi coercitive de la concurrence, en les forçant à a d o p ter le n o u v e a u m o d e de p r o d u c t i o n . Le t a u x général de la plus-value n'est d o n c affecté en définitive q u e lorsque l ' a u g m e n t a t i o n de la productivité du travail fait baisser le prix des m a r c h a n d i s e s comprises d a n s le cercle des m o y e n s de subsistance q u i forment des éléments de la valeur de la force de travail. La valeur des m a r c h a n d i s e s est en raison inverse de la productivité du travail d'où elles proviennent. Il en est de m ê m e de la force de travail, puisq u e sa valeur est d é t e r m i n é e par la valeur des m a r c h a n d i s e s . Par contre, la plus-value relative est en raison directe de la productivité du travail. Cellelà m o n t e et descend avec celle-ci. U n e j o u r n é e de travail social m o y e n n e d o n t les limites sont d o n n é e s , produit toujours la m ê m e valeur, et celle-ci, si l'argent ne change pas de valeur, s'exprime toujours d a n s le m ê m e prix, par exemple de 6 s h . , quelle q u e soit la proportion d a n s laquelle cette s o m m e se divise en salaire et plus-value. M a i s les subsistances nécessaires deviennent-elles à meilleur m a r c h é par suite d ' u n e a u g m e n t a t i o n de la productivité du travail, alors la valeur journalière de la force de travail subit u n e baisse, par exemple, de 5 à 3 sh. et la plus-value s'accroît de 2 sh. P o u r reproduire la force de travail, il fallait d'abord dix heures par j o u r et m a i n t e n a n t six heures suffisent. Q u a t r e heures sont ainsi dégagées et p e u v e n t être annexées au d o m a i n e du surtravail. Le capital a d o n c un p e n c h a n t incessant et u n e t e n d a n c e c o n s t a n t e à a u g m e n t e r la force productive du travail pour baisser le prix des m a r c h a n d i s e s , et par suite - celui du travailleur . 5
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Considérée en elle-même, la valeur absolue des m a r c h a n d i s e s est indifférente au capitaliste. Ce q u i l'intéresse, c'est s e u l e m e n t la plus-value 5
« S i m o n voisin, e n faisant b e a u c o u p avec p e u d e travail, p e u t v e n d r e b o n m a r c h é , i l m e faut i m a g i n e r u n m o y e n d e v e n d r e a u s s i b o n m a r c h é q u e lui. C'est a i n s i q u e t o u t art, t o u t c o m m e r c e , t o u t e m a c h i n e faisant œ u v r e à l'aide d u travail d e m o i n s d e m a i n s , e t c o n s é q u e m m e n t à m e i l l e u r m a r c h é , fait n a î t r e d a n s les autres u n e espèce de n é c e s s i t é et d ' é m u l a t i o n q u i les p o r t e soit à e m p l o y e r les m ê m e s p r o c é d é s , le m ê m e g e m e de trafic, la m ê m e m a c h i n e , soit à e n i n v e n t e r d e s e m b l a b l e s , afin q u e c h a c u n reste s u r u n pied d'égalité e t q u e p e r s o n n e n e p u i s s e v e n d r e à p l u s b a s prix q u e ses voisins.» (The advantages of the East India Trade to England. L o n d o n , 1720, p. 67.) « D a n s q u e l q u e p r o p o r t i o n q u e les d é p e n s e s du travailleur s o i e n t d i m i n u é e s , s o n salaire sera d i m i n u é d a n s l a m ê m e p r o p o r t i o n , s i l'on abolit e n m ê m e t e m p s t o u t e s les restrictions p o s é e s à l ' i n d u s t r i e . » (Considerations concerning taking off the Bounty on Corn exported, etc. L o n d o n , 1 7 5 3 , p.7.) « L ' i n t é r ê t du c o m m e r c e r e q u i e r t q u e le b l é et t o u t e s les s u b s i s t a n c e s s o i e n t à aussi b o n m a r c h é q u e possible ; c a r t o u t c e q u i les e n c h é r i t doit e n c h é r i r é g a l e m e n t l e t r a v a i l . . . . D a n s t o u s les pays où l ' i n d u s t r i e n ' e s t pas restreinte, le prix des s u b s i s t a n c e s doit affecter le prix d u travail. C e d e r n i e r sera toujours d i m i n u é q u a n d les articles d e p r e m i è r e n é c e s s i t é d e v i e n d r o n t m o i n s chers.» ( L . c , p. 3.) « L e salaire diminue d a n s la m ê m e p r o p o r t i o n q u e la puissance de la production augmente. Les m a c h i n e s , il est vrai, font b a i s s e r de prix les articles de p r e m i è r e nécessité, m a i s elles font par cela même baisser de prix le travailleur également. » (A Prize essay on the comparative merits of competition and cooperation. L o n d o n , 1834, p. 27.)
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qu'elle renferme et qui est réalisable par la vente. Réalisation de plus-value i m p l i q u e c o m p e n s a t i o n faite de la valeur avancée. Or, c o m m e la plus-value relative croît en raison directe du développement de la force productive du travail, tandis q u e la valeur des m a r c h a n d i s e s est en raison inverse du m ê m e d é v e l o p p e m e n t ; p u i s q u e ainsi les m ê m e s procédés q u i abaissent le prix des m a r c h a n d i s e s élèvent la plus-value qu'elles c o n t i e n n e n t , on a la solution de la vieille é n i g m e ; on n ' a plus à se d e m a n d e r p o u r q u o i le capitaliste qui n ' a à c œ u r q u e la valeur d'échange s'efforce sans cesse de la rabaisser. C'est là u n e c o n t r a d i c t i o n q u ' u n des fondateurs de l ' é c o n o m i e politique, le docteur Quesnay, jetait à la tête de ses adversaires, q u i ne trouvaient rien à répondre : « V o u s convenez, disait-il, q u e plus on peut, sans préjudice, épargner de frais ou de travaux d i s p e n d i e u x d a n s la fabrication des ouvrages des artisans, plus cette épargne est profitable par la d i m i n u t i o n des prix des ouvrages. C e p e n d a n t , vous croyez q u e la p r o d u c t i o n de richesse q u i résulte des travaux des artisans consiste dans l ' a u g m e n t a t i o n de la valeur vénale de leurs o u v r a g e s . » D a n s la p r o d u c t i o n capitaliste, l'économie de travail au m o y e n du dével o p p e m e n t de la force p r o d u c t i v e ne vise n u l l e m e n t à abréger la j o u r n é e de travail. Là, il ne s'agit q u e de la d i m i n u t i o n du travail qu'il faut pour produire u n e m a s s e d é t e r m i n é e de m a r c h a n d i s e s . Q u e l'ouvrier, grâce à la productivité multipliée de son travail, produise d a n s u n e h e u r e , par exemple, dix fois plus q u ' a u p a r a v a n t , en d'autres termes, qu'il d é p e n s e p o u r c h a q u e pièce de m a r c h a n d i s e dix fois m o i n s de travail, cela n ' e m p ê c h e p o i n t q u ' o n c o n t i n u e à le faire travailler d o u z e heures et à le faire produire d a n s ces d o u z e h e u r e s ||139| 1200 pièces au lieu de 120, ou m ê m e q u ' o n prolonge sa j o u r n é e à dix-huit h e u r e s , p o u r le faire produire 1800 pièces. Chez des économistes de la profondeur d ' u n MacCulloch, d ' u n Senior et tutti quanti, on p e u t d o n c lire à u n e page - q u e l'ouvrier doit des r e m e r c î m e n t s infinis au capital, qui, par le d é v e l o p p e m e n t des forces productives, abrège le t e m p s de travail nécessaire - et à la page suivante, qu'il faut prouver cette reconnaissance en travaillant désormais q u i n z e h e u r e s au lieu de dix h e u r e s . Le d é v e l o p p e m e n t de la force productive du travail, d a n s la p r o d u c t i o n 7
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Q u e s n a y : Dialogues sur le commerce et les travaux des artisans, p. 188, 189 (édit. D a i r e ) . « C e s s p é c u l a t e u r s , si é c o n o m e s du travail des ouvriers q u ' i l f a u d r a i t qu'ils p a y a s s e n t ! » ( J . N . B i d a u t : Du monopole qui s'établit dans les arts industriels et le commerce. Paris, 1828, p. 13.) « L ' e n t r e p r e n e u r m e t t o u j o u r s s o n esprit à la t o r t u r e p o u r trouver le m o y e n d ' é c o n o m i s e r le t e m p s et le travail.» ( D u g a l d S t e w a r t : Works ed. by Sir W.Hamilton. E d i n b u r g h , v . V I I I , 1855. lectures on polit, econ., p. 318.) « L ' i n t é r ê t des capitalistes est q u e la force p r o d u c t i v e d e s travailleurs soit la plus g r a n d e possible. L e u r a t t e n t i o n est fixée, p r e s q u e e x c l u s i v e m e n t fixée, sur les m o y e n s d ' a c c r o î t r e c e t t e force. » (R. J o n e s , 1. c. L e c t u r e III.) 8
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Quatrième section · La production de la plus-value relative capitaliste, a pour b u t de d i m i n u e r la partie de la j o u r n é e où l'ouvrier doit travailler p o u r l u i - m ê m e , afin de prolonger ainsi l'autre partie de la j o u r n é e où il p e u t travailler gratis p o u r le capitaliste. D a n s certains cas, on arrive a u m ê m e résultat sans a u c u n e d i m i n u t i o n d u prix des m a r c h a n d i s e s , c o m m e n o u s le m o n t r e r a l'examen q u e n o u s allons faire des m é t h o d e s particulières de produire la plus-value relative. |
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11401 CHAPITRE XIII Coopération La production capitaliste ne c o m m e n c e en fait à s'établir q u e là où un seul maître exploite b e a u c o u p de salariés à la fois, où le procès de travail, exé- 10 cuté sur u n e grande échelle, d e m a n d e pour l'écoulement de ses produits un m a r c h é étendu. U n e m u l t i t u d e d'ouvriers fonctionnant e n m ê m e t e m p s sous le c o m m a n d e m e n t du m ê m e capital, d a n s le m ê m e espace (ou si l'on veut sur le m ê m e c h a m p de travail), en vue de produire le m ê m e genre de m a r c h a n d i s e s , voilà le p o i n t de départ historique de la p r o d u c t i o n capita- 15 liste. C'est ainsi q u ' à son début, la m a n u f a c t u r e p r o p r e m e n t dite se disting u e à peine des m é t i e r s du m o y e n âge si ce n'est par le plus grand n o m b r e d'ouvriers exploités s i m u l t a n é m e n t . L'atelier du chef de corporation n ' a fait qu'élargir ses d i m e n s i o n s . La différence c o m m e n c e par être p u r e m e n t quantitative. 20 Le n o m b r e des ouvriers exploités ne change en rien le degré d'exploitation, c'est-à-dire le t a u x de la plus-value q u e rapporte un capital d o n n é . Et des c h a n g e m e n t s ultérieurs q u i affecteraient le m o d e de p r o d u c t i o n , ne s e m b l e n t pas pouvoir affecter le travail en t a n t qu'il crée de la valeur. La n a t u r e de la valeur le veut ainsi. Si u n e j o u r n é e de d o u z e h e u r e s se réalise 25 en 6 sh., cent j o u r n é e s se réaliseront en 6 sh. x 1 0 0 ; d o u z e h e u r e s de travail étaient d'abord incorporées a u x produits, m a i n t e n a n t 1200 le seront. Cent ouvriers travaillant isolément, produiront d o n c a u t a n t de valeur q u e s'ils étaient réunis sous la direction du m ê m e capital. N é a n m o i n s , en de certaines limites u n e modification a lieu. Le travail 30 réalisé en valeur est du travail de qualité sociale m o y e n n e , c'est-à-dire la manifestation d ' u n e force m o y e n n e . U n e m o y e n n e n'existe q u ' e n t r e grandeurs d e m ê m e d é n o m i n a t i o n . D a n s c h a q u e b r a n c h e d'industrie l'ouvrier isolé, Pierre ou Paul, s'écarte plus ou m o i n s de l'ouvrier m o y e n . Ces écarts individuels ou ce q u e m a t h é m a t i q u e m e n t on n o m m e erreurs se c o m p e n - 35 sent et s'éliminent dès q u e l'on opère sur un grand n o m b r e d'ouvriers. Le célèbre sophiste et sycophante Edmund Burke, se basant sur sa propre expé-
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Chapitre XIII · Coopération rience de fermier, assure q u e m ê m e « d a n s un peloton aussi r é d u i t » q u ' u n groupe de cinq garçons de ferme, toute différence individuelle d a n s le travail disparaît, de telle sorte q u e cinq garçons de ferme anglais adultes pris e n s e m b l e font, d a n s u n t e m p s d o n n é , a u t a n t d e besogne q u e n ' i m p o r t e 5 quel cinq a u t r e s . Q u e cette observation soit exacte ou n o n , la j o u r n é e d ' u n assez grand n o m b r e d'ouvriers exploités s i m u l t a n é m e n t constitue u n e journ é e de travail social, c'est-à-dire moyen. Supposons q u e le travail quotidien dure d o u z e h e u r e s . D o u z e ouvriers travailleront alors 144 h e u r e s par jour, et q u o i q u e c h a c u n d ' e u x s'écarte plus ou m o i n s de la m o y e n n e et 9
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exige par c o n s é q u e n t plus ou m o i n s de temps p o u r la m ê m e opération, leur j o u r n é e collective c o m p t a n t 144 heures possède la qualité sociale m o y e n n e . P o u r le capital1141 |liste q u i exploite les d o u z e ouvriers la journ é e de travail est de 144 heures et la j o u r n é e individuelle de c h a q u e ouvrier ne c o m p t e plus q u e c o m m e quote-part de cette j o u r n é e collective ; il importe p e u q u e les d o u z e coopèrent à un produit d'ensemble, ou fassent s i m p l e m e n t la m ê m e besogne côte à côte. M a i s si au contraire les d o u z e ouvriers étaient répartis entre six petits patrons, ce serait p u r h a s a r d si chaque patron tirait de sa paire la m ê m e valeur et réalisait par c o n s é q u e n t le t a u x général de la plus-value. Il y aura des divergences. Si un ouvrier dépense dans la fabrication d ' u n objet b e a u c o u p plus d'heures qu'il n ' e n faut socialement et q u ' a i n s i le t e m p s de travail nécessaire p o u r lui individuellem e n t s'écarte d ' u n e m a n i è r e sensible de la m o y e n n e , alors son travail ne comptera plus c o m m e travail moyen, ni sa force c o m m e force m o y e n n e ; elle se vendra au-dessous du prix courant ou pas du tout. Un m i n i m u m d'habilité d a n s le travail est d o n c toujours s o u s - e n t e n d u et n o u s verrons plus tard q u e la p r o d u c t i o n capitaliste sait le mesurer. Il n ' e n est pas m o i n s vrai q u e ce m i n i m u m s'écarte de la m o y e n n e , et c e p e n d a n t la valeur m o y e n n e de la force de travail doit être payée. Sur les six petits patrons l'un retirera d o n c plus, l'autre m o i n s q u e le t a u x général de la plusvalue. Les différences se c o m p e n s e r o n t pour la société, m a i s n o n p o u r le petit patron. Les lois de la p r o d u c t i o n de la valeur ne se réalisent d o n c c o m p l è t e m e n t q u e pour le capitaliste q u i exploite collectivement b e a u c o u p d'ouvriers et m e t ainsi en m o u v e m e n t du travail social m o y e n . 1 0
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' « S a n s contredit, il y a b e a u c o u p de différences e n t r e la v a l e u r du travail d ' u n h o m m e et celle d ' u n a u t r e , sous le r a p p o r t de la force, de la d e x t é r i t é et de l ' a p p l i c a t i o n c o n s c i e n c i e u s e . M a i s j e suis p a r f a i t e m e n t c o n v a i n c u , e t d'après d e s e x p é r i e n c e s r i g o u r e u s e s , q u e n ' i m p o r t e quels c i n q h o m m e s , é t a n t d o n n é e s les p é r i o d e s d e vie q u e j ' a i fixées, f o u r n i r o n t l a m ê m e q u a n t i t é d e travail q u e n ' i m p o r t e quels a u t r e s c i n q h o m m e s ; c'est-à-dire q u e p a r m i ces c i n q h o m m e s , u n p o s s é d e r a t o u t e s les q u a l i t é s d ' u n b o n ouvrier, u n a u t r e d ' u n m a u v a i s , e t les trois autres n e s e r o n t n i b o n s n i m a u v a i s , m a i s e n t r e les d e u x . A i n s i d o n c d a n s u n s i p e t i t p e l o t o n q u e c i n q h o m m e s , v o u s trouverez t o u t ce q u e p e u v e n t g a g n e r c i n q h o m m e s . » E. B u r k e , 1. c. p. 16. C o n s u l t e r Quételet sur l'Homme moyen. L e professeur R o s c h e r d é c o u v r e q u ' u n e c o u t u r i è r e q u e m a d a m e s o n é p o u s e o c c u p e p e n d a n t 10
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Quatrième section • La production de la plus-value relative M ê m e si les procédés d'exécution ne subissent pas de c h a n g e m e n t s , l'emploi d ' u n personnel n o m b r e u x a m è n e u n e révolution d a n s les c o n d i tions matérielles du travail. Les b â t i m e n t s , les entrepôts pour les matières premières et m a r c h a n d i s e s en voie de préparation, les i n s t r u m e n t s , les appareils de toute sorte, en un m o t les m o y e n s de p r o d u c t i o n servent à plu5 sieurs ouvriers s i m u l t a n é m e n t : leur usage devient c o m m u n . Leur valeur échangeable ne s'élève pas parce q u ' o n en tire plus de services utiles, m a i s parce qu'ils d e v i e n n e n t plus considérables. U n e c h a m b r e où vingt tisserands travaillent avec vingt métiers doit être plus spacieuse q u e celle d ' u n tisserand qui n ' o c c u p e que d e u x c o m p a g n o n s . M a i s la construction de dix 10 ateliers p o u r vingt tisserands travaillant d e u x à d e u x coûte plus q u e celle d ' u n seul où vingt travailleraient en c o m m u n . En général, la valeur de m o y e n s de p r o d u c t i o n c o m m u n s et concentrés ne croît pas proportionnell e m e n t à leurs d i m e n s i o n s et à leur effet utile. Elle est plus petite q u e la valeur de m o y e n s de p r o d u c t i o n disséminés qu'ils r e m p l a c e n t et de plus se 15 répartit sur u n e masse relativement plus forte de produits. C'est ainsi q u ' u n é l é m e n t du capital constant d i m i n u e et par cela m ê m e la portion de valeur qu'il transfère aux m a r c h a n d i s e s . L'effet est le m ê m e que si l'on avait fabriq u é par des procédés m o i n s c o û t e u x les m o y e n s de p r o d u c t i o n . L ' é c o n o m i e d a n s leur emploi ne provient q u e de leur c o n s o m m a t i o n en c o m m u n . 20 Ils acquièrent ce caractère de conditions sociales de travail, q u i les distingue des m o y e n s de p r o d u c t i o n éparpillés et relativement plus chers, lors m ê m e q u e les ouvriers rassemblés ne c o n c o u r e n t pas à un travail d ' e n s e m ble, m a i s opèrent tout s i m p l e m e n t l ' u n à côté de l'autre dans le m ê m e atelier. D o n c , avant le travail l u i - m ê m e , ses moyens matériels p r e n n e n t un ca- 25 ractère social. L ' é c o n o m i e des m o y e n s de production se présente sous un d o u b l e point de vue. P r e m i è r e m e n t elle d i m i n u e le prix de m a r c h a n d i s e s et p a r cela m ê m e la valeur de la force de travail. S e c o n d e m e n t , elle modifie le rapport entre la plus-value et le capital avancé, c'est-à-dire la s o m m e de valeur de ses parties constantes et variables. N o u s ne traiterons ce dernier point q u e dans le troisième livre de cet ouvrage. La m a r c h e de l'analyse n o u s comm a n d e ce m o r c e l l e m e n t de n o t r e sujet; il est d'ailleurs conforme à l'esprit de la production capitaliste. Là les conditions du travail apparaissent i n d é p e n d a n t e s du travailleur; leur é c o n o m i e se présente d o n c c o m m e q u e l q u e chose qui lui est étranger et t o u t à fait distinct des m é t h o d e s q u i servent à a u g m e n t e r sa productivité personnelle.
d e u x j o u r s fait plus d e b e s o g n e q u e d e u x c o u t u r i è r e s q u ' e l l e o c c u p e l e m ê m e j o u r . M o n s i e u r l e professeur ferait b i e n d e n e p l u s é t u d i e r l e procès d e p r o d u c t i o n capitaliste d a n s l a c h a m b r e de la n o u r r i c e , ni d a n s d e s c i r c o n s t a n c e s où le p e r s o n n a g e principal, le capitaliste, fait défaut.
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Chapitre XIII · Coopération Q u a n d plusieurs travailleurs fonctionnent e n s e m b l e en vue d ' u n but c o m m u n dans le m ê m e procès de p r o d u c t i o n ou dans des procès différents mais connexes, leur travail prend la forme c o o p é r a t i v e . De m ê m e q u e la force d ' a t t a q u e d ' u n escadron de cavalerie ou la force 5 de résistance d ' u n r é g i m e n t d'infanterie diffère essentiellement de la s o m m e des forces individuelles, déployées isolément par c h a c u n des cavaliers ou fantassins, de m ê m e la s o m m e des forces m é c a n i q u e s d'ouvriers isolés diffère de la force m é c a n i q u e q u i se développe dès qu'ils fonctionn e n t c o n j o i n t e m e n t e t s i m u l t a n é m e n t d a n s u n e m ê m e o p é r a t i o n indivise, 10 qu'il s'agisse par e x e m p l e de soulever un fardeau, de t o u r n e r u n e manivelle ou d'écarter un o b s t a c l e . D a n s de telles circonstances le résultat du travail c o m m u n ne pourrait être o b t e n u par le travail individuel, ou ne le serait qu'après un long laps de t e m p s ou sur u n e échelle t o u t à fait r é d u i t e . Il s'agit n o n - s e u l e m e n t d ' a u g m e n t e r les forces productives individuelles m a i s 15 de créer par le m o y e n de la coopération u n e force nouvelle ne f o n c t i o n n a n t que c o m m e force c o l l e c t i v e . A part la nouvelle p u i s s a n c e q u i résulte de la fu||142|sion de n o m b r e u s e s forces en u n e force c o m m u n e , le seul contact social p r o d u i t u n e é m u l a t i o n et u n e excitation des esprits a n i m a u x (animal spirits) q u i élèvent la capa20 cité individuelle d ' e x é c u t i o n assez p o u r q u ' u n e d o u z a i n e de p e r s o n n e s fournissent dans leur j o u r n é e c o m b i n é e de 144 heures un produit b e a u c o u p plus grand q u e d o u z e ouvriers isolés d o n t c h a c u n travaillerait d o u z e heures, ou q u ' u n seul ouvrier qui travaillerait d o u z e jours de s u i t e . Cela 11
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« C o n c o u r s de forces.» {Destutt de Tracy, 1. c, p. 80.) « I l y a u n e m u l t i t u d e d ' o p é r a t i o n s d ' u n g e n r e si s i m p l e q u ' e l l e s n ' a d m e t t e n t p a s la m o i n d r e division parcellaire e t n e p e u v e n t être a c c o m p l i e s s a n s l a c o o p é r a t i o n d ' u n g r a n d n o m b r e d e m a i n s : l e c h a r g e m e n t d ' u n gros arbre sur u n c h a r i o t p a r e x e m p l e . . . . e n u n m o t t o u t c e q u i n e p e u t être fait s i des m a i n s n o m b r e u s e s n e s ' a i d e n t p a s e n t r e elles d a n s l e m ê m e a c t e indivis e t d a n s le m ê m e t e m p s . » (E. G. W a k e f i e l d : A View of the Art of Colonization. L o n d o n , 1849, p . 168.) « Q u ' i l s'agisse d e soulever u n p o i d s d ' u n e t o n n e , u n s e u l h o m m e n e l e p o u r r a p o i n t , 10 h o m m e s seront obligés de faire des efforts; m a i s 100 h o m m e s y p a r v i e n d r o n t aisém e n t avec le petit d o i g t . » ( J o h n B é l i e r s : Proposals for raising a colledge of industry. L o n d . 1696, p. 21.) « I l y a d o n c » ( q u a n d u n m ê m e n o m b r e d e travailleurs est e m p l o y é p a r u n c u l t i v a t e u r s u r 300 arpents au lieu de l'être p a r 10 cultivateurs sur 30 arpents) « u n a v a n t a g e d a n s la proport i o n des ouvriers, a v a n t a g e q u i n e p e u t être b i e n c o m p r i s q u e p a r des h o m m e s p r a t i q u e s ; o n est en effet p o r t é à dire q u e c o m m e 1 est à 4 ainsi 3 est à 12, m a i s ceci ne se s o u t i e n t p a s d a n s la réalité. Au t e m p s de la m o i s s o n et à d ' a u t r e s é p o q u e s s e m b l a b l e s , alors q u ' i l faut se hâter, 12
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l'ouvrage se fait plus vite et m i e u x si l'on e m p l o i e b e a u c o u p de bras à la fois. D a n s la m o i s s o n p a r e x e m p l e , 2 c o n d u c t e u r s , 2 c h a r g e u r s , 2 lieurs, 2 racleurs, et le reste au tas ou d a n s la grange, feront d e u x fois p l u s d e b e s o g n e q u e n ' e n ferait l e m ê m e n o m b r e d e bras, s'il s e distrib u a i t entre différentes f e r m e s . » (AnEnquiry into the Connection between the present price of provisions and the size of farms. By a Farmer. L o n d . 1 7 7 3 , p. 7, 8.)
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Q u a t r i è m e s e c t i o n · La p r o d u c t i o n de la p l u s - v a l u e relative
vient de ce que l ' h o m m e est par n a t u r e , sinon un a n i m a l politique, suivant l'opinon d'Aristote, mais d a n s tous les cas un a n i m a l s o c i a l . Q u a n d m ê m e des ouvriers opérant e n s e m b l e feraient en m ê m e t e m p s la m ê m e besogne, le travail de c h a q u e individu en tant q u e partie du travail collectif, p e u t représenter u n e phase différente d o n t l'évolution est accélé5 rée par suite de la coopération. Q u a n d d o u z e m a ç o n s font la c h a î n e p o u r faire passer des pierres de construction du pied d ' u n échafaudage à son s o m m e t , c h a c u n d ' e u x exécute l a m ê m e m a n œ u v r e , e t n é a n m o i n s toutes les m a n œ u v r e s individuelles, parties c o n t i n u e s d ' u n e opération d ' e n s e m ble, forment diverses phases par lesquelles doit passer c h a q u e pierre et les 10 vingt-quatre m a i n s du travailleur collectif la font passer plus vite q u e ne le feraient les d e u x m a i n s de c h a q u e ouvrier isolé m o n t a n t et d e s c e n d a n t l ' é c h a f a u d a g e . Le t e m p s d a n s lequel l'objet de travail parcourt un espace d o n n é , est d o n c raccourci. 15
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U n e c o m b i n a i s o n de travaux s'opère encore, b i e n q u e les coopérants fassent la m ê m e besogne ou des besognes identiques, q u a n d ils a t t a q u e n t l'objet de leur travail de différents côtés à la fois. D o u z e m a ç o n s , d o n t la j o u r n é e c o m b i n é e c o m p t e 144 heures de travail, s i m u l t a n é m e n t occupés a u x différents côtés d ' u n e bâtisse, avancent l'œuvre b e a u c o u p plus rapidem e n t q u e ne le ferait un seul m a ç o n en d o u z e jours ou en 144 h e u r e s de travail. La raison est q u e le travailleur collectif a des yeux et des m a i n s par devant et par derrière et se trouve j u s q u ' à un certain point présent partout. C'est ainsi q u e des parties différentes du produit séparées par l'espace, v i e n n e n t à m a t u r i t é d a n s le m ê m e temps. N o u s n ' a v o n s fait q u e m e n t i o n n e r les cas où les ouvriers se c o m p l é t a n t m u t u e l l e m e n t , font la m ê m e besogne ou des besognes semblables. C'est la plus simple forme de la coopération, m a i s elle se retrouve, c o m m e élément, dans la forme la plus développée. Si le procès de travail est compliqué, le seul n o m b r e des coopérateurs p e r m e t de répartir les diverses opérations entre différentes m a i n s , de les faire exécuter s i m u l t a n é m e n t et de raccourcir ainsi le t e m p s nécessaire à la confection d u p r o d u i t . D a n s b e a u c o u p d'industries il y a des époques déterminées, des moments
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L a définition d ' A r i s t o t e est à p r o p r e m e n t p a r l e r celle-ci, q u e l ' h o m m e est p a r n a t u r e cit o y e n , c'est-à-dire h a b i t a n t d e ville. Elle caractérise l ' a n t i q u i t é c l a s s i q u e t o u t a u s s i b i e n q u e l a d é f i n i t i o n d e F r a n k l i n : « L ' h o m m e est n a t u r e l l e m e n t u n fabricant d ' o u t i l s » , caractérise l e Yankee. V. F. Skarbek: Théorie des richesses sociales. 2 édit. Paris, 1839, 1.1, p. 9 7 , 98. « E s t - i l q u e s t i o n d ' e x é c u t e r u n travail c o m p l i q u é ? P l u s i e u r s c h o s e s d o i v e n t être faites sim u l t a n é m e n t . L ' u n e n fait u n e , p e n d a n t q u e l'autre e n fait u n e a u t r e , e t t o u s c o n t r i b u e n t à l'effet q u ' u n seul [ h o m m e ] n ' a u r a i t p u p r o d u i r e . L ' u n r a m e p e n d a n t q u e l ' a u t r e t i e n t l e gouvernail, et q u ' u n troisième j e t t e le filet ou h a r p o n n e le poisson, et la p ê c h e a un s u c c è s i m p o s sible s a n s ce c o n c o u r s . » (Destutt de Tracy, 1. c. [p. 78.]) 16
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Chapitre XIII • Coopération
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critiques qu'il faut saisir p o u r obtenir le résultat voulu. S'agit-il de t o n d r e un troupeau de m o u t o n s ou d'engranger la récolte, la qualité et la q u a n t i t é du produit d é p e n d e n t de ce q u e le travail c o m m e n c e et finit à des termes fixes. Le laps de t e m p s p e n d a n t lequel le travail doit s'exécuter est déterm i n é ici par sa n a t u r e m ê m e c o m m e d a n s le cas de la p ê c h e a u x harengs. D a n s le j o u r n a t u r e l l'ouvrier isolé ne p e u t tailler q u ' u n e j o u r n é e de travail, soit u n e de d o u z e h e u r e s ; m a i s la coopération de cent ouvriers entassera d a n s u n seul j o u r d o u z e cents h e u r e s d e travail. L a brièveté d u t e m p s disponible est ainsi c o m p e n s é e par la m a s s e du travail j e t é e au m o m e n t décisif sur le c h a m p de p r o d u c t i o n . L'effet p r o d u i t à t e m p s d é p e n d ici de l'emploi s i m u l t a n é d ' u n grand n o m b r e de j o u r n é e s c o m b i n é e s et l ' é t e n d u e de l'effet utile du n o m b r e des ouvriers e m p l o y é s . C'est faute d ' u n e coopération de ce genre q u e d a n s l'ouest des États-Unis des masses de blé, et d a n s certaines parties de l'Inde où la d o m i n a t i o n anglaise a détruit les a n c i e n n e s c o m m u n a u t é s , des m a s s e s de c o t o n sont presque tous les ans d i l a p i d é e s . La coopération p e r m e t d'agrandir l'espace sur lequel le travail s ' é t e n d ; certaines entreprises, c o m m e le dessèchement, l'irrigation du sol, la construction de c a n a u x , de routes, de c h e m i n s de fer, etc., la r é c l a m e n t à ce seul p o i n t de vue. D ' a u t r e part, tout en développant l'échelle de la production, elle p e r m e t de rétrécir l'espace où le procès du travail s'exécute. Ce double effet, levier si puissant d a n s l ' é c o n o m i e de faux frais, n'est dû q u ' à l'agglomération des travailleurs, au r a p p r o c h e m e n t d'opérations diverses, m a i s connexes, et à la c o n c e n t r a t i o n des m o y e n s de p r o d u c t i o n . | |143| C o m p a r é e à u n e s o m m e égale de j o u r n é e s de travail individuelles et isolées, la j o u r n é e de travail c o m b i n é e rend plus de valeurs d'usage et dim i n u e ainsi le t e m p s nécessaire p o u r obtenir l'effet voulu. Q u e la j o u r n é e de travail c o m b i n é e a c q u i è r e cette productivité supérieure en m u l t i p l i a n t 18
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« L ' e x é c u t i o n d u travail (en agriculture) p r é c i s é m e n t a u x m o m e n t s c r i t i q u e s , est d ' u n e i m p o r t a n c e d e p r e m i e r o r d r e . » ( A n Inquiry i n t o t h e C o n n e c t i o n b e t w e e n t h e p r e s e n t price, etc.) « E n agriculture, il n ' y a p a s de facteur p l u s i m p o r t a n t q u e le t e m p s . » (Liebig: Heber Theorie und Praxis in der Landwirthschaft, 1856, p . 2 3 . ) « U n m a l q u e l ' o n n e s ' a t t e n d r a i t g u è r e à t r o u v e r d a n s u n pays q u i e x p o r t e p l u s d e travailleurs q u e t o u t a u t r e au m o n d e , à l ' e x c e p t i o n p e u t - ê t r e de la C h i n e et de l'Angleterre, c'est l'impossibilité d e s e p r o c u r e r u n n o m b r e suffisant d e m a i n s p o u r n e t t o y e r l e c o t o n . I l e n résuite q u ' u n e b o n n e p a r t de la m o i s s o n n ' e s t p a s recueillie et q u ' u n e a u t r e p a r t i e u n e fois ram a s s é e se d é c o l o r e et pourrit. De sorte q u e faute de travailleurs à la saison v o u l u e , le cultivat e u r est forcé de s u b i r la perte d ' u n e forte part de cette récolte q u e l'Angleterre a t t e n d avec t a n t d ' a n x i é t é . » (Bengal Hurkaru. Bi-Monthly Overland Summary of News, 22 July 1861.) « A v e c l e progrès d e l a c u l t u r e t o u t , e t p l u s p e u t - ê t r e q u e t o u t l e c a p i t a l e t l e travail autrefois d i s s é m i n é s s u r 500 a r p e n t s , s o n t a u j o u r d ' h u i c o n c e n t r é s p o u r la c u l t u r e p e r f e c t i o n n é e de 100 a r p e n t s . » B i e n q u e « r e l a t i v e m e n t a u m o n t a n t d u c a p i t a l e t d u travail e m p l o y é s l'espace soit c o n c e n t r é , n é a n m o i n s la s p h è r e de p r o d u c t i o n est élargie, si on la c o m p a r e à la s p h è r e de p r o d u c t i o n o c c u p é e o u e x p l o i t é e a u p a r a v a n t par u n s i m p l e p r o d u c t e u r i n d é p e n d a n t » . (R. J o n e s : On Rent. L o n d . 1 8 3 1 , p. 1 9 1 , 199.) 19
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Quatrième section • La production de la plus-value relative la puissance m é c a n i q u e du travail, en é t e n d a n t son action d a n s l'espace ou en resserrant le c h a m p de p r o d u c t i o n par rapport à son échelle, en mobilisant a u x m o m e n t s critiques de grandes quantités de travail, en développant l'émulation, en excitant les esprits a n i m a u x , en i m p r i m a n t aux efforts u n i formes de plusieurs ouvriers soit le cachet de la multiformité, soit celui de 5 la continuité, en e x é c u t a n t s i m u l t a n é m e n t des opérations diverses, en écon o m i s a n t des i n s t r u m e n t s par leur c o n s o m m a t i o n en c o m m u n , ou en comm u n i q u a n t aux travaux individuels le caractère de travail m o y e n ; la force productive spécifique de la j o u r n é e c o m b i n é e est u n e force sociale du travail ou u n e force du travail social. Elle naît de la coopération e l l e - m ê m e . 10 E n agissant conjointement avec d'autres dans u n b u t c o m m u n e t d'après un plan concerté, le travailleur efface les bornes de son individualité et développe sa puissance c o m m e e s p è c e . 21
En général, des h o m m e s ne peuvent pas travailler en c o m m u n sans être réunis. Leur r a s s e m b l e m e n t est la condition m ê m e de leur coopération. 15 Pour que des salariés puissent coopérer, il faut q u e le m ê m e capital, le m ê m e capitaliste les emploie s i m u l t a n é m e n t et achète par c o n s é q u e n t à la fois leurs forces de travail. La valeur totale de ces forces ou u n e certaine s o m m e de salaires p o u r le jour, la semaine, etc., doit être amassée d a n s la poche du capitaliste avant q u e les ouvriers soient réunis d a n s le procès de 20 production. Le p a y e m e n t de trois cents ouvriers à la fois, ne fût-ce q u e p o u r un seul jour, exige u n e plus forte avance de capital q u e le p a y e m e n t d ' u n n o m b r e inférieur d'ouvriers, par semaine, p e n d a n t t o u t e u n e a n n é e . Le n o m b r e des coopérants, ou l'échelle de la coopération, d é p e n d d o n c en premier lieu de la g r a n d e u r du capital qui p e u t être avancé p o u r l'achat de 25 forces de travail, c'est-à-dire de la proportion d a n s laquelle un seul capitaliste dispose des m o y e n s de subsistance de b e a u c o u p d'ouvriers. Et il en est du capital constant c o m m e du capital variable. Les m a t i è r e s premières, par exemple, coûtent trente fois plus au capitaliste qui o c c u p e trois cents ouvriers q u ' à c h a c u n des trente capitalistes n ' e n e m p l o y a n t q u e 30 dix. Si la valeur et la q u a n t i t é des i n s t r u m e n t s de travail usés en c o m m u n 21
« L a force d e c h a q u e h o m m e est très-petite, m a i s l a r é u n i o n d e p e t i t e s forces e n g e n d r e u n e force totale p l u s g r a n d e q u e l e u r s o m m e , e n sorte q u e par l e fait seul d e leur r é u n i o n elles p e u v e n t d i m i n u e r le t e m p s et accroître l'espace de l e u r a c t i o n . » (G.R. Carli, I.e., t . X V , p. 196, note.) « L e travail collectif d o n n e des r é s u l t a t s q u e le travail i n d i v i d u e l ne s a u r a i t j a m a i s fournir. A m e s u r e d o n c q u e l ' h u m a n i t é a u g m e n t e r a e n n o m b r e , les p r o d u i t s d e l ' i n d u s t r i e r é u n i e e x c é d e r o n t d e b e a u c o u p l a s o m m e d ' u n e s i m p l e a d d i t i o n calculée sur c e t t e a u g m e n t a t i o n . . . . D a n s les arts m é c a n i q u e s c o m m e d a n s les t r a v a u x d e l a science, u n h o m m e p e u t a c t u e l l e m e n t faire plus d a n s u n j o u r q u ' u n i n d i v i d u isolé p e n d a n t t o u t e s a vie. L ' a x i o m e des m a t h é m a t i ciens, q u e le t o u t est égal a u x parties, n ' e s t p l u s vrai, a p p l i q u é à n o t r e sujet. Q u a n t au travail, c e grand pilier d e l ' e x i s t e n c e h u m a i n e , o n p e u t dire q u e l e p r o d u i t d e s efforts a c c u m u l é s exc è d e d e b e a u c o u p t o u t c e q u e d e s efforts i n d i v i d u e l s e t séparés p e u v e n t j a m a i s p r o d u i r e . » (Th. S a d l e r : The Law of Population. L o n d o n , 1830.)
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Chapitre XIII · Coopération
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ne croissent pas p r o p o r t i o n n e l l e m e n t au n o m b r e des ouvriers exploités, elles croissent aussi c e p e n d a n t considérablement. La c o n c e n t r a t i o n des m o y e n s de p r o d u c t i o n entre les m a i n s de capitalistes individuels est d o n c la condition matérielle de t o u t e coopération entre des salariés. N o u s avons vu (ch. XI) q u ' u n e s o m m e de valeur ou d'argent, p o u r se transformer en capital, devait atteindre u n e certaine g r a n d e u r m i n i m a , perm e t t a n t à son possesseur d'exploiter assez d'ouvriers p o u r pouvoir se décharger sur eux du travail m a n u e l . Sans cette condition, le m a î t r e de corporation et le petit p a t r o n n ' e u s s e n t pu être remplacés par le capitaliste, et la p r o d u c t i o n m ê m e n ' e û t pu revêtir le caractère formel de p r o d u c t i o n capitaliste. U n e g r a n d e u r m i n i m a de capital entre les m a i n s de particuliers se présente m a i n t e n a n t à n o u s sous un tout autre aspect ; elle est la concentration de richesses nécessitée pour la transformation des travaux individuels et isolés en travail social et c o m b i n é ; elle devient la base matérielle des c h a n g e m e n t s q u e le m o d e de p r o d u c t i o n va subir. A u x débuts du capital, son c o m m a n d e m e n t sur le travail a un caractère p u r e m e n t formel et presque accidentel. L'ouvrier ne travaille alors sous les ordres du capital q u e parce qu'il lui a v e n d u sa force; il ne travaille p o u r lui que parce qu'il n ' a pas les m o y e n s matériels pour travailler à son propre compte. M a i s dès qu'il y a coopération entre des ouvriers salariés, le comm a n d e m e n t du capital se développe c o m m e u n e nécessité p o u r l'exécution du travail, c o m m e u n e c o n d i t i o n réelle de production. Sur le c h a m p de la production, les ordres du capital deviennent dès lors aussi indispensables q u e le sont ceux du général sur le c h a m p de bataille. Tout travail social ou c o m m u n , se déployant sur u n e assez grande échelle, réclame u n e direction p o u r m e t t r e en h a r m o n i e les activités individuelles. Elle doit remplir les fonctions générales qui tirent leur origine de la différence existante entre le m o u v e m e n t d ' e n s e m b l e du corps productif et les m o u v e m e n t s individuels des m e m b r e s i n d é p e n d a n t s d o n t il se compose. Un m u s i c i e n e x é c u t a n t un solo se dirige l u i - m ê m e , m a i s un orchestre a besoin d ' u n chef. Cette fonction de direction, de surveillance et de m é d i a t i o n devient la fonction du capital dès q u e le travail q u i lui est s u b o r d o n n é devient coopératif, et c o m m e fonction capitaliste elle acquiert des caractères spéciaux. L'aiguillon puissant, le grand ressort de la p r o d u c t i o n capitaliste, c'est la nécessité de faire valoir le capital ; son b u t d é t e r m i n a n t , c'est la plus grande extraction possible de p l u s - v a l u e , ou ce qui revient ||144| au m ê m e , la plus grande exploitation possible de la force de travail. A m e s u r e q u e la masse des ouvriers exploitée s i m u l t a n é m e n t grandit, leur résistance contre 22
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« L e p r o f i t . . . . tel est l e b u t u n i q u e d u c o m m e r c e . » (J. V a n d e r l i n t , 1 . c , p . 11.)
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Quatrième section • La production de la plus-value relative le capitaliste grandit, et par c o n s é q u e n t la pression q u ' i l faut exercer pour vaincre cette résistance. E n t r e les m a i n s du capitaliste la direction n ' e s t pas s e u l e m e n t cette fonction spéciale q u i naît de la n a t u r e m ê m e du procès de travail coopératif ou social, m a i s elle est encore, et é m i n e m m e n t , la fonction d'exploiter le procès de travail social, fonction qui repose sur l'antago5 n i s m e inévitable entre l'exploiteur et la m a t i è r e qu'il exploite. De plus, à m e s u r e q u e s'accroît l'importance des m o y e n s de p r o d u c t i o n q u i font face au travailleur c o m m e propriété étrangère, s'accroît la nécessité d ' u n contrôle, d ' u n e vérification de leur emploi d ' u n e m a n i è r e convenable . 10 Enfin, la coopération d'ouvriers salariés n'est q u ' u n simple effet du capital q u i les occupe s i m u l t a n é m e n t . Le lien entre leurs fonctions individuelles et leur u n i t é c o m m e corps productif se trouve en dehors d ' e u x d a n s le capital qui les réunit et les retient. L ' e n c h a î n e m e n t de leurs travaux leur apparaît i d é a l e m e n t c o m m e le plan du capitaliste et l'unité de leur corps 15 collectif leur apparaît p r a t i q u e m e n t c o m m e son autorité, la puissance d ' u n e volonté étrangère qui s o u m e t leurs actes à son but. Si d o n c la direction capitaliste, q u a n t à son c o n t e n u , a u n e d o u b l e face, parce q u e l'objet m ê m e qu'il s'agit de diriger, est d ' u n côté, procès de prod u c t i o n coopératif, et d'autre côté, procès d'extraction de plus-value, - la 20 forme de cette direction devient nécessairement despotique. - Les formes particulières de ce despotisme se développent à m e s u r e q u e se développe la coopération. Le capitaliste c o m m e n c e par se dispenser du travail m a n u e l . Puis, q u a n d son capital grandit et avec lui la force collective qu'il exploite, il se d é m e t 25 de sa fonction de surveillance i m m é d i a t e et assidue des ouvriers et des groupes d'ouvriers et la transfère à u n e espèce particulière de salariés. Dès qu'il se trouve à la tête d ' u n e a r m é e industrielle, il lui faut des officiers supérieurs (directeurs, gérants) et des officiers inférieurs (surveillants, inspecteurs, contre-maîtres), qui, p e n d a n t le procès de travail, c o m m a n d e n t au 30 n o m du capital. Le travail de la surveillance devient leur fonction exclusive. Q u a n d l'économiste c o m p a r e le m o d e de p r o d u c t i o n des cultivateurs ou des artisans i n d é p e n d a n t s avec l'exploitation fondée sur l'esclavage, 23
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U n e feuille anglaise a r c h i - b o u r g e o i s e , l e Spectateur d u 2 6 m a i 1866, r a p p o r t e q u ' à l a s u i t e de l ' é t a b l i s s e m e n t d ' u n e e s p è c e de société e n t r e capitalistes et ouvriers d a n s la « W i r e w o r k c o m p a n y » d e M a n c h e s t e r , « l e p r e m i e r résultat a p p a r e n t fut u n e d i m i n u t i o n s o u d a i n e d u d é gât, les ouvriers ne voyant p a s p o u r q u o i ils d é t r u i r a i e n t l e u r p r o p r i é t é , et le d é g â t est p e u t - ê t r e avec les m a u v a i s e s c r é a n c e s , la plus g r a n d e s o u r c e de pertes p o u r les m a n u f a c t u r e s » . C e t t e m ê m e feuille d é c o u v r e d a n s les essais coopératifs d e R o c h d a l e u n d é f a u t f o n d a m e n t a l . « I l s d é m o n t r e n t q u e des a s s o c i a t i o n s ouvrières p e u v e n t c o n d u i r e e t a d m i n i s t r e r avec s u c c è s des b o u t i q u e s , des fabriques d a n s t o u t e s les b r a n c h e s d e l ' i n d u s t r i e , e t e n m ê m e t e m p s a m é l i o r e r e x t r a o r d i n a i r e m e n t l a c o n d i t i o n d e s travailleurs, m a i s ! m a i s o n n e voit p a s b i e n q u e l l e p l a c e elles laissent a u c a p i t a l i s t e . » Q u e l l e h o r r e u r !
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Chapitre XIII • Coopération telle que la p r a t i q u e n t les planteurs, il compte ce travail de surveillance p a r m i les faux frais . M a i s s'il e x a m i n e le m o d e de p r o d u c t i o n capitaliste, il identifie la fonction de direction et de surveillance, en t a n t qu'elle dérive de la n a t u r e du procès de travail coopératif, avec cette fonction, en t a n t qu'elle a pour f o n d e m e n t le caractère capitaliste et c o n s é q u e m m e n t antagonique de ce m ê m e p r o c è s . Le capitaliste n'est p o i n t capitaliste parce qu'il est directeur i n d u s t r i e l ; il devient au contraire chef d'industrie parce qu'il est capitaliste. Le c o m m a n d e m e n t dans l'industrie devient l'attribut du capital, de m ê m e q u ' a u x temps féodaux la direction de la guerre et l'administration de la justice étaient les attributs de la propriété f o n c i è r e . L'ouvrier est propriétaire de sa force de travail tant qu'il en débat le prix de vente avec le capitaliste, et il ne p e u t vendre q u e ce qu'il possède, sa force individuelle. Ce rapport ne se trouve en rien modifié, parce q u e le capitaliste achète cent forces de travail au lieu d ' u n e , ou passe contrat n o n 24
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avec un, m a i s avec cent ouvriers i n d é p e n d a n t s les u n s des autres et qu'il pourrait employer sans les faire coopérer. Le capitaliste paye d o n c à chac u n des c e n t sa force de travail i n d é p e n d a n t e , m a i s il ne paye pas la force c o m b i n é e de la c e n t a i n e . C o m m e p e r s o n n e s i n d é p e n d a n t e s , les ouvriers sont des individus isolés q u i entrent en rapport avec le m ê m e capital m a i s n o n entre eux. Leur coopération ne c o m m e n c e q u e d a n s le procès de travail; mais là ils o n t déjà cessé de s'appartenir. Dès qu'ils y entrent, ils sont incorporés au capital. En t a n t qu'ils coopèrent, qu'ils forment les m e m b r e s d ' u n organisme actif, ils ne sont m ê m e q u ' u n m o d e particulier d'existence du capital. La force productive q u e des salariés déploient en f o n c t i o n n a n t c o m m e travailleur collectif, est par c o n s é q u e n t force productive du capital. Les forces sociales du travail se développent sans être payées dès q u e les ouvriers sont placés d a n s certaines conditions et le capital les y place. Parce que la force sociale du travail ne coûte rien au capital, et que, d ' u n autre côté, le salarié ne la développe q u e lorsque son travail appartient au capital, elle semble être u n e force dont le capital est d o u é par nature, u n e force productive q u i lui est i m m a n e n t e . 24
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A p r è s avoir d é m o n t r é q u e l a surveillance d u travail est u n e des c o n d i t i o n s essentielles d e l a p r o d u c t i o n esclavagiste d a n s les É t a t s d u Sud d e l ' U n i o n a m é r i c a i n e , l e professeur C a i r n e s a j o u t e : « L e p a y s a n p r o p r i é t a i r e (du N o r d ) q u i s'approprie l e p r o d u i t total d e s a terre, n ' a p a s b e s o i n d ' u n a u t r e s t i m u l a n t p o u r travailler. T o u t e surveillance est ici superflue.» ( C a i m e s , I.e., p . 4 8 , 49.) Sir J a m e s Steuert, q u i e n g é n é r a l analyse avec u n e g r a n d e p e r s p i c a c i t é les différences sociales caractéristiques des divers m o d e s d e p r o d u c t i o n , fait l a réflexion s u i v a n t e : « P o u r q u o i l'industrie des particuliers est-elle m i n é e par de g r a n d e s entreprises en m a n u f a c t u r e s , si ce n ' e s t p a r c e q u e celles-ci s e r a p p r o c h e n t d a v a n t a g e d e l a s i m p l i c i t é d u r é g i m e e s c l a v a g i s t e ? » (Princ. of Econ., trad, franc. Paris, 1789, t . I , p. 308, 309.) A u g u s t e C o m t e e t son école o n t c h e r c h é à d é m o n t r e r l'éternelle n é c e s s i t é des s e i g n e u r s d u c a p i t a l ; ils a u r a i e n t pu t o u t aussi b i e n et avec les m ê m e s r a i s o n s , d é m o n t r e r celle des seigneurs féodaux. 25
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Quatrième section · La production de la plus-value relative L'effet de la coopération simple éclate d ' u n e façon merveilleuse d a n s les œ u v r e s gigantesques des an||145|ciens asiatiques, des Égyptiens, des Étrusques, etc. «Il arrivait à des époques reculées q u e ces États de l'Asie, leurs dépenses civiles et militaires u n e fois réglées, se trouvaient en possession d ' u n excédant de subsistances qu'ils pouvaient consacrer à des œ u v r e s de 5 magnificence et d'utilité. Leur pouvoir de disposer du travail de presque t o u t e la p o p u l a t i o n n o n agricole et le droit exclusif du m o n a r q u e et du sacerdoce sur l'emploi de cet excédant, leur fournissaient les m o y e n s d'élever ces i m m e n s e s m o n u m e n t s d o n t ils couvraient tout le pays .... P o u r m e t t r e en m o u v e m e n t les statues colossales et les masses é n o r m e s d o n t le trans- 10 port excite l ' é t o n n e m e n t , on n'employait presque que du travail h u m a i n , m a i s avec la plus excessive prodigalité. Le nombre des travailleurs et la concentration de leurs efforts suffisaient. Ainsi voyons-nous des b a n c s é n o r m e s de corail surgir du fond de l'Océan, former des îles et de la terre ferme, b i e n q u e c h a q u e individu qui contribue à les constituer soit faible, 15 imperceptible et méprisable. Les travailleurs n o n agricoles d ' u n e m o n a r chie asiatique avaient p e u de chose à fournir en dehors de leurs efforts corporels ; m a i s leur n o m b r e était leur force, et la despotique p u i s s a n c e de direction sur ces masses d o n n a naissance à leurs œuvres gigantesques. La concentration e n u n e seule m a i n o u dans u n petit n o m b r e d e m a i n s des re20 venus dont vivaient les travailleurs, rendit seule possible l'exécution de pareilles e n t r e p r i s e s . » Cette puissance des rois d'Asie et d'Egypte, des t h é o crates étrusques, etc., est, d a n s la société m o d e r n e , é c h u e au capitaliste isolé ou associé par l'entremise des c o m m a n d i t e s , des sociétés par actions, etc. 25 27
La coopération, telle q u e n o u s la trouvons à l'origine de la civilisation h u m a i n e , chez les peuples c h a s s e u r s , dans l'agriculture des c o m m u n a u tés indiennes, etc., repose sur la propriété en c o m m u n des c o n d i t i o n s de p r o d u c t i o n et sur ce fait, q u e c h a q u e individu adhère encore à sa tribu ou à la c o m m u n a u t é aussi fortement q u ' u n e abeille à son essaim. Ces d e u x caractères la d i n s t i n g u e n t de la coopération capitaliste. L'emploi s p o r a d i q u e de la coopération sur u n e grande échelle, dans l'antiquité, le m o y e n âge et les colonies m o d e r n e s , se fonde sur des rapports i m m é d i a t s de d o m i n a t i o n et de servitude, g é n é r a l e m e n t sur l'esclavage. Sa forme capitaliste présuppose au contraire le travailleur libre, v e n d e u r de sa force. D a n s l'histoire, elle se développe en opposition avec la petite culture des paysans et l'exer28
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R. J o n e s : Textbook of Lectures, etc., p. 77, 7 8 . Les collections assyriennes, é g y p t i e n n e s , etc., q u e p o s s è d e n t les m u s é e s e u r o p é e n s , n o u s m o n t r e n t les p r o c é d é s d e ces t r a v a u x coopératifs. L i n g u e t , d a n s sa Théorie des lois civiles, n ' a p e u t - ê t r e pas tort de p r é t e n d r e q u e la c h a s s e est la p r e m i è r e forme de c o o p é r a t i o n , et q u e la chasse à l ' h o m m e (la guerre) est u n e d e s prem i è r e s formes de la chasse. 28
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Chapitre XIII · Coopération cice i n d é p e n d a n t des métiers, que ceux-ci possèdent ou n o n la forme corp o r a t i v e . En face d ' e u x la coopération capitaliste n'apparaît p o i n t c o m m e u n e forme particulière de la coopération ; m a i s au contraire la coopération elle-même c o m m e la forme particulière de la p r o d u c t i o n capitaliste. Si la puissance collective du travail, développée par la coopération, apparaît c o m m e force productive du capital, la coopération apparaît c o m m e m o d e spécifique de la p r o d u c t i o n capitaliste. C'est là la p r e m i è r e phase de transformation que parcourt le procès de travail par suite de sa s u b o r d i n a tion au capital. Cette transformation se développe s p o n t a n é m e n t . Sa base, l'emploi s i m u l t a n é d ' u n certain n o m b r e de salariés d a n s le m ê m e atelier, est d o n n é e avec l'existence m ê m e du capital, et se trouve là c o m m e résultat historique des circonstances et des m o u v e m e n t s qui ont c o n c o u r u à décomposer l'organisme de la p r o d u c t i o n féodale. Le m o d e de p r o d u c t i o n capitaliste se présente d o n c c o m m e nécessité historique p o u r transformer le travail isolé en travail social; m a i s , entre les m a i n s du capital, cette socialisation du travail n ' e n a u g m e n t e les forces productives q u e p o u r l'exploiter avec plus de profit. D a n s sa forme é l é m e n t a i r e , la seule considérée jusqu'ici, la coopération coïncide avec la p r o d u c t i o n sur u n e grande échelle. Sous cet aspect elle ne caractérise a u c u n e é p o q u e particulière de la p r o d u c t i o n capitaliste, si ce n'est les c o m m e n c e m e n t s de la m a n u f a c t u r e encore p r o f e s s i o n n e l l e et ce genre d'agriculture en grand q u i correspond à la période m a n u f a c t u r i è r e et se dinstingue de la petite culture m o i n s par ses m é t h o d e s q u e par ses dim e n s i o n s . La coopération simple p r é d o m i n e a u j o u r d ' h u i encore d a n s les entreprises où le capital opère sur u n e grande échelle, sans que la division du travail ou l'emploi des m a c h i n e s y j o u e n t un rôle important. Le mode fondamental de la p r o d u c t i o n capitaliste, c'est la coopération dont la forme r u d i m e n t a i r e , tout en c o n t e n a n t le germe de formes plus complexes, ne reparaît pas s e u l e m e n t d a n s celles-ci c o m m e un de leurs éléments, m a i s se m a i n t i e n t aussi à côté d'elles c o m m e m o d e particulier. | 29
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L a petite c u l t u r e e t l e m é t i e r i n d é p e n d a n t q u i t o u s d e u x f o r m e n t e n p a r t i e l a b a s e d u m o d e de p r o d u c t i o n féodal, u n e fois celui-ci dissous, se m a i n t i e n n e n t en p a r t i e à côté de l'exploitat i o n capitaliste ; ils f o r m a i e n t é g a l e m e n t la b a s e é c o n o m i q u e des c o m m u n a u t é s a n c i e n n e s à l e u r m e i l l e u r e é p o q u e , alors q u e la p r o p r i é t é o r i e n t a l e o r i g i n a i r e m e n t indivise se fut d i s s o u t e , et a v a n t q u e l'esclavage se fût e m p a r é s é r i e u s e m e n t de la p r o d u c t i o n . « R é u n i r p o u r u n e m ê m e oeuvre l'habileté, l ' i n d u s t r i e e t l ' é m u l a t i o n d ' u n c e r t a i n n o m b r e d ' h o m m e s , n ' e s t - c e p a s l e m o y e n d e l a faire r é u s s i r ? E t l'Angleterre aurait-elle p u d ' u n e a u t r e m a n i è r e porter ses m a n u f a c t u r e s de d r a p à un aussi h a u t degré de p e r f e c t i o n ? » (Berkeley: The Querist, Lond., 1750, p. 56, § 5 2 1 . ) 30
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Quatrième section · La production de la plus-value relative
|146| CHAPITRE XIV Division du travail et manufacture I Double origine de la manufacture Cette espèce de coopération q u i a p o u r base la division du travail revêt dans la m a n u f a c t u r e sa forme classique et p r é d o m i n e p e n d a n t la période manufacturière p r o p r e m e n t dite, q u i dure environ depuis la m o i t i é du seiz i è m e j u s q u ' a u dernier tiers du d i x - h u i t i è m e siècle. La manufacture a u n e d o u b l e origine. Un seul atelier p e u t r é u n i r sous les ordres du m ê m e capitaliste des artisans de métiers différents, par les m a i n s desquels un p r o d u i t doit passer pour parvenir à sa parfaite m a t u r i t é . Un carrosse fut le produit collectif des travaux d ' u n grand n o m b r e d'artisans i n d é p e n d a n t s les u n s des autres tels q u e charrons, selliers, tailleurs, serruriers, ceinturiers, t o u r n e u r s , passementiers, vitriers, peintres, vernisseurs, doreurs, etc. La m a n u f a c t u r e carrossière les a réunis tous dans un m ê m e local où ils travaillent en m ê m e temps et de la m a i n à la m a i n . On ne p e u t pas, il est vrai, dorer un carrosse avant qu'il soit fait ; m a i s si l'on fait b e a u c o u p de carrosses à la fois, les u n s fournissent c o n s t a m m e n t du travail a u x doreurs tandis q u e les autres passent par d'autres procédés de fabrication. J u s q u ' i c i n o u s s o m m e s encore sur le terrain de la coopération simple qui trouve tout préparé son m a t é r i e l en h o m m e s et en choses. M a i s b i e n t ô t il s'y introduit u n e modification essentielle. Le tailleur, le ceinturier, le serrurier, etc., qui ne sont occupés q u ' à la fabrication de carrosses, perdent p e u à p e u l ' h a b i t u d e et avec elle la capacité d'exercer leur m é t i e r d a n s t o u t e son é t e n d u e . D ' a u t r e part, leur savoir-faire borné m a i n t e n a n t à u n e spécialité acquiert la forme la plus propre à cette sphère d'action rétrécie. A l'origine la m a n u f a c t u r e de carrosses se présentait c o m m e u n e c o m b i n a i s o n de métiers i n d é p e n d a n t s . Elle devient peu à p e u u n e division de la p r o d u c t i o n carrossière en ses divers procédés spéciaux d o n t c h a c u n se cristallise c o m m e besogne particulière d ' u n travailleur et d o n t l'ensemble est exécuté par la r é u n i o n de ces travailleurs parcellaires. C'est ainsi q u e les m a n u f a c t u r e s de drap et un grand n o m b r e d'autres sont sorties de l'agglomération de métiers différents sous le commandement d'un m ê m e capital . |
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Un e x e m p l e p l u s r é c e n t : « L a filature de soie de L y o n et de N î m e s est t o u t e p a t r i a r c a l e ; elle e m p l o i e b e a u c o u p d e f e m m e s e t d ' e n f a n t s , m a i s s a n s les é p u i s e r n i les c o r r o m p r e ; elle les laisse d a n s leurs belles vallées de la D r ô m e , du Var, de l'Isère, de la V a u c l u s e , p o u r y élever
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture
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|147| M a i s la m a n u f a c t u r e p e u t se produire d ' u n e m a n i è r e t o u t opposée. Un grand n o m b r e d'ouvriers d o n t c h a c u n fabrique le m ê m e objet, soit du papier, des caractères d'imprimerie, des aiguilles, etc., peuvent être occupés s i m u l t a n é m e n t par le m ê m e capital d a n s le m ê m e atelier. C'est la coopération dans sa forme la plus simple. C h a c u n de ces ouvriers (peut-être avec un ou d e u x compagnons) fait la m a r c h a n d i s e entière en e x é c u t a n t l'une après l'autre les diverses opérations nécessaires et en c o n t i n u a n t à travailler suivant son a n c i e n m o d e . C e p e n d a n t des circonstances extérieures d o n n e n t b i e n t ô t lieu d'employer d ' u n e autre façon la c o n c e n t r a t i o n des ouvriers dans le m ê m e local et la simultanéité de leurs travaux. U n e quantité supérieure de m a r c h a n d i s e s doit par e x e m p l e être livrée d a n s un temps fixé. Le travail se divise alors. Au lieu de faire exécuter les diverses opérations par le m ê m e ouvrier les u n e s après les autres, on les sépare, on les isole, puis on confie c h a c u n e d'elles à un ouvrier spécial, et toutes ensemble sont exécutées s i m u l t a n é m e n t et côte à côte par les coopérateurs. Cette division faite u n e p r e m i è r e fois a c c i d e n t e l l e m e n t se renouvelle, m o n tre ses avantages particuliers et s'ossifie p e u à p e u en u n e division systémat i q u e du travail. De p r o d u i t individuel d ' u n ouvrier i n d é p e n d a n t faisant u n e foule de choses, la m a r c h a n d i s e devient le produit social d ' u n e réun i o n d'ouvriers d o n t c h a c u n n ' e x é c u t e c o n s t a m m e n t q u e l a m ê m e opération de détail. Les m ê m e s opérations qui, chez le papetier d ' u n corps de métier allemand, s'engrenaient les u n e s dans les autres c o m m e travaux successifs, se c h a n g e a i e n t d a n s la m a n u f a c t u r e hollandaise de p a p i e r en opérations de détail exécutées parallèlement par les divers m e m b r e s d ' u n groupe coopératif. Le faiseur d'épingles de N u r e m b e r g est l'élément fondam e n t a l de la m a n u f a c t u r e d'épingles anglaise ; m a i s tandis q u e le p r e m i e r parcourait u n e série de vingt opérations successive? peut-être, vingt ouvriers d a n s celle-ci n ' e x é c u t è r e n t bientôt c h a c u n q u ' u n e seule de ces opérations qui, par suite d'expériences ultérieures, o n t été subdivisées et isolées encore davantage. L'origine de la m a n u f a c t u r e , sa provenance du métier, présente d o n c u n e double face. D ' u n côté elle a pour point de départ la c o m b i n a i s o n de métiers divers et i n d é p e n d a n t s q u e l'on désagrège et simplifie j u s q u ' a u point où ils ne sont plus q u e des opérations partielles et c o m p l é m e n t a i r e s les u n e s des autres d a n s la p r o d u c t i o n d ' u n e seule et m ê m e m a r c h a n d i s e ; des vers e t dévider leurs c o c o n s ; j a m a i s elle n ' e n t r e d a n s u n e véritable f a b r i q u e . P o u r être aussi b i e n observé . . . . le p r i n c i p e de la division du travail s'y revêt d ' u n c a r a c t è r e spécial. Il y a b i e n des d é v i d e u s e s , des m o u l i n e u r s , des teinturiers, des e n c o l l e u r s , p u i s des t i s s e r a n d s ; m a i s ils n e s o n t pas r é u n i s d a n s u n m ê m e é t a b l i s s e m e n t , n e d é p e n d e n t p a s d ' u n m ê m e m a î t r e : t o u s s o n t i n d é p e n d a n t s . » ( A . B l a n q u i , Cours d'Économie industrielle, recueilli p a r A . B l a i s e . Paris, 1 8 3 8 - 3 9 , p. 79.) D e p u i s q u e B l a n q u i a écrit cela, les divers ouvriers i n d é p e n d a n t s o n t été p l u s o u m o i n s r é u n i s d a n s les fabriques.
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Quatrième section • La production de la plus-value relative d ' u n autre côté elle s'empare de la coopération d'artisans de m ê m e genre, d é c o m p o s e le m ê m e m é t i e r en ses opérations diverses, les isole et les r e n d i n d é p e n d a n t e s j u s q u ' a u p o i n t où c h a c u n e d'elles devient la fonction exclusive d ' u n travailleur parcellaire. La m a n u f a c t u r e introduit d o n c t a n t ô t la division du travail d a n s un m é t i e r ou bien la développe ; t a n t ô t elle com5 b i n e des métiers distincts et séparés. M a i s quel que soit son point de départ, sa forme définitive est la m ê m e - un organisme de p r o d u c t i o n d o n t les m e m b r e s sont des h o m m e s . P o u r bien apprécier la division du travail dans la m a n u f a c t u r e , il est essentiel de ne point perdre de vue les d e u x points suivants: p r e m i è r e m e n t , 10 l'analyse du procès de p r o d u c t i o n d a n s ses phases particulières se confond ici tout à fait avec la d é c o m p o s i t i o n du m é t i e r de l'artisan d a n s ses diverses opérations m a n u e l l e s . C o m p o s é e ou simple, l'exécution ne cesse de d é p e n dre de la force, de l'habileté, de la p r o m p t i t u d e et de la sûreté de m a i n de l'ouvrier dans le m a n i e m e n t de son outil. Le m é t i e r reste toujours la base. 15 Cette base t e c h n i q u e n ' a d m e t l'analyse de la besogne à faire q u e d a n s des limites très-étroites. Il faut q u e c h a q u e procédé partiel par lequel l'objet de travail passe, soit exécutable c o m m e m a i n - d ' œ u v r e , qu'il forme, pour ainsi dire, à lui seul un métier à part. Précisément parce q u e l'habileté de m é t i e r reste le f o n d e m e n t de la m a nufacture, c h a q u e ouvrier y est approprié à u n e fonction parcellaire p o u r t o u t e sa vie. D e u x i è m e m e n t , la division manufacturière du travail est u n e coopération d ' u n genre particulier, et ses avantages p r o v i e n n e n t en grande partie n o n de cette forme particulière, m a i s de la n a t u r e générale de la coopération.
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II Le travailleur parcellaire et son outil E n t r o n s dans quelques détails. Il est d'abord évident q u e l'ouvrier parcellaire transforme son corps tout entier en organe exclusif et a u t o m a t i q u e de la seule et m ê m e opération simple, exécutée par lui sa vie durant, en sorte qu'il y emploie moins de temps q u e l'artisan q u i exécute t o u t e u n e série d'opérations. Or le m é c a n i s m e vivant de la m a n u f a c t u r e , le travailleur collectif, n'est composé q u e de pareils travailleurs parcellaires. C o m p a r é e au m é t i e r i n d é p e n d a n t , la m a n u f a c t u r e fournit d o n c plus de produits en m o i n s de temps, ou, ce q u i revient au m ê m e , elle multiplie la force p r o d u c tive du t r a v a i l . Ce n'est pas t o u t ; dès q u e le travail parcelle devient fonc32
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« P l u s u n e m a n u f a c t u r e est divisée et p l u s t o u t e s ses parts s o n t a t t r i b u é e s à des a r t i s a n s dif-
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Chapitre XIV • Division du travail et manufacture tion exclusive, sa m é t h o d e se perfectionne. Q u a n d on répète c o n s t a m m e n t un acte simple et c o n c e n t r e l'attention sur lui, on arrive p e u à p e u par l'expérience à atteindre l'effet utile voulu avec la plus petite d é p e n s e de force. Et c o m m e toujours diverses générations d'ouvriers vivent et travaillent en5
semble d a n s les m ê m e s ateliers, les procédés t e c h n i q u e s acquis, ce q u ' o n appelle les ficelles du métier, s ' a c c u m u l e n t et ||148| se t r a n s m e t t e n t . La m a n u f a c t u r e produit la virtuosité du travailleur de détail, en r e p r o d u i s a n t et poussant j u s q u ' à l'extrême la séparation des métiers, telle qu'elle l'a trouvée dans les villes du m o y e n âge. D ' a u t r e part, sa t e n d a n c e à transfor10 mer le travail parcelle en vocation exclusive d ' u n h o m m e sa vie d u r a n t , rép o n d à la p r o p e n s i o n des sociétés a n c i e n n e s , à r e n d r e les métiers héréditaires, à les pétrifier en castes, ou bien, lorsque des circonstances historiques particulières o c c a s i o n n è r e n t u n e variabilité de l'individu, incompatible avec le régime des castes, à ossifier du m o i n s en corporations 33
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les diverses b r a n c h e s d'industries. Ces castes et ces corporations se forment d'après la m ê m e loi naturelle qui règle la division des plantes et des anim a u x en espèces et en variétés, avec cette différence c e p e n d a n t , q u ' u n certain degré de d é v e l o p p e m e n t u n e fois atteint, l'hérédité des castes et l'exclusivisme des corporations sont décrétés lois sociales . 20 «Les m o u s s e l i n e s de D a k k a , p o u r la finesse, les cotons et autres tissus de C o r o m a n d e l p o u r la magnificence et la d u r é e de leurs couleurs, n ' o n t jam a i s été dépassés. Et c e p e n d a n t ils sont produits sans capital, sans m a chines, sans division du travail, sans a u c u n de ces m o y e n s qui c o n s t i t u e n t tant d'avantages en faveur de la fabrication e u r o p é e n n e . Le tisserand est un 25 individu isolé qui fait le tissu sur la c o m m a n d e d ' u n e p r a t i q u e , avec un métier de la construction la plus simple, composé parfois u n i q u e m e n t de perches de bois grossièrement ajustées. Il ne possède m ê m e a u c u n appareil pour t e n d r e la chaîne, si b i e n q u e le m é t i e r doit rester c o n s t a m m e n t é t e n d u dans toute sa longueur, ce qui le r e n d tellement ample et difforme q u ' i l ne 34
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peut trouver place dans la h u t t e du producteur. Celui-ci est d o n c obligé de férents, m i e u x l'ouvrage est e x é c u t é , avec u n e e x p é d i t i o n p l u s p r o m p t e , avec m o i n s d e p e r t e en t e m p s et travail.» (The Advantages of the East India Trade. L o n d o n , 1720, p. 71.) « T r a v a i l facile est t a l e n t t r a n s m i s . » ( T h . H o d g s k i n , l . c . p . 4 8 . ) « L e s arts a u s s i . . . . s o n t arrivés en Egypte à u n h a u t degré de perfection. C a r c'est le s e u l pays où les artisans n ' i n t e r v i e n n e n t j a m a i s d a n s les affaires d ' u n e a u t r e classe de c i t o y e n s , forcés qu'ils s o n t par la loi de r e m p l i r l e u r u n i q u e v o c a t i o n h é r é d i t a i r e . Il arrive c h e z d ' a u t r e s p e u p l e s q u e les g e n s d e m é t i e r d i s p e r s e n t leur a t t e n t i o n s u r u n t r o p g r a n d n o m b r e d'objets. T a n t ô t ils e s s a y e n t d e l'agriculture, t a n t ô t d u c o m m e r c e , o u b i e n ils s ' a d o n n e n t à p l u s i e u r s arts à la fois. D a n s les É t a t s libres, ils c o u r e n t a u x a s s e m b l é e s d u p e u p l e . E n Egypte, au contraire, l'artisan e n c o u r t des p e i n e s sévères, s'il se m ê l e des affaires de l'État ou p r a t i q u e p l u s i e u r s m é t i e r s . R i e n n e p e u t d o n c t r o u b l e r les travailleurs d a n s leur activité professionnelle. E n o u t r e , a y a n t h é r i t é d e leurs a n c ê t r e s u n e foule d e p r o c é d é s , ils s o n t j a l o u x d ' e n inv e n t e r de n o u v e a u x . » (Diodorus Siculus. B i b l i o t h è q u e h i s t o r i q u e , 1.1, c. L X X I V . ) 33
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Quatrième section • La production de la plus-value relative faire son travail en plein air, où il est interrompu par c h a q u e c h a n g e m e n t de t e m p é r a t u r e . » Ce n'est q u e l'aptitude spéciale, a c c u m u l é e de génération en génération et t r a n s m i s e par héritage de père en fils q u i prête à l'Indien c o m m e à l'araignée cette virtuosité. Le travail d ' u n tisserand i n d i e n , comparé à celui des ouvriers de m a n u f a c t u r e , est c e p e n d a n t très-compli5 que. Un artisan qui exécute les u n s après les autres les différents procès partiels qui c o n c o u r e n t à la p r o d u c t i o n d ' u n e œuvre, doit changer tantôt de place, t a n t ô t d ' i n s t r u m e n t s . La transition d ' u n e opération à l'autre interrompt le cours de son travail et forme p o u r ainsi dire des pores d a n s sa jour10 n é e . Ces pores se resserrent dès qu'il emploie la j o u r n é e entière à u n e seule opération c o n t i n u e , ou b i e n ils disparaissent à m e s u r e q u e le n o m b r e de ces c h a n g e m e n t s d'opération d i m i n u e . L'accroissement de productivité provient ici soit d ' u n e d é p e n s e de plus de force d a n s un espace de t e m p s d o n n é , c'est-à-dire de l'intensité accrue du travail, soit d ' u n e d i m i n u t i o n 15 d a n s la dépense improductive de la force. L ' e x c é d a n t de d é p e n s e en force qu'exige c h a q u e transition du repos au m o u v e m e n t se trouve c o m p e n s é si l'on prolonge la durée de la vitesse n o r m a l e u n e fois acquise. D ' a u t r e part, un travail c o n t i n u et u n i f o r m e finit par affaiblir l'essor et la t e n s i o n des esprits a n i m a u x qui trouvent délassement et c h a r m e au c h a n g e m e n t d'acti- 20 vite. 35
La productivité du travail ne d é p e n d pas s e u l e m e n t de la virtuosité de l'ouvrier, m a i s encore de la perfection de ses i n s t r u m e n t s . Les outils de m ê m e espèce, tels q u e c e u x q u i servent à forer, trancher, percer, frapper, etc., sont employés d a n s différents procès de travail, et de m ê m e un seul outil p e u t servir d a n s le m ê m e procès à diverses opérations. M a i s dès q u e les différentes opérations d ' u n procès de travail sont détachées les u n e s des autres et q u e c h a q u e opération partielle acquiert dans la m a i n de l'ouvrier parcellaire la forme la plus a d é q u a t e , et par cela m ê m e exclusive, il devient nécessaire de transformer les i n s t r u m e n t s qui servaient auparavant à différents buts. L'expérience des difficultés q u e leur a n c i e n n e forme oppose au travail parcelle i n d i q u e la direction des c h a n g e m e n t s à faire. Les instrum e n t s de m ê m e espèce p e r d e n t alors leur forme c o m m u n e . Ils se subdivisent de plus en plus en différentes espèces d o n t c h a c u n e possède u n e forme fixe p o u r un seul usage et ne prête t o u t le service d o n t elle est capable que dans la m a i n d ' u n ouvrier spécial. Cette différenciation et spécialisation des i n s t r u m e n t s de travail caractérisent la m a n u f a c t u r e . A Birmingh a m , on produit environ 300 variétés de m a r t e a u x , d o n t c h a c u n e ne sert q u ' à un seul procès particulier de production, et grand n o m b r e de ces varié35
Historical and descriptive Account of Brit. India, etc., by Hugh Murray, James Wilson, e t c . E d i n -
b u r g h , 1832, v. I I , p. 449 [, 450]. La c h a î n e du m é t i e r à tisser i n d i e n est t e n d u e v e r t i c a l e m e n t .
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Chapitre XIV • Division du travail et manufacture tés ne servent q u ' à des opérations diverses du m ê m e procès. La période m a nufacturière simplifie, perfectionne et multiplie les i n s t r u m e n t s de travail en les a c c o m m o d a n t aux fonctions séparées et exclusives d'ouvriers parcell a i r e s . Elle crée p a r cela m ê m e u n e des conditions matérielles de l'emploi des m a c h i n e s , lesquelles consistent en u n e c o m b i n a i s o n d ' i n s t r u m e n t s simples. Le travailleur parcellaire et son outil, voilà les ||149| éléments simples de la m a n u f a c t u r e d o n t n o u s e x a m i n e r o n s m a i n t e n a n t le m é c a n i s m e général. 36
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III Mécanisme général de la manufacture - Ses deux formes fondamentales: Manufacture hétérogène et manufacture sérielle
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La m a n u f a c t u r e présente d e u x formes f o n d a m e n t a l e s qui, malgré leur ent r e l a c e m e n t accidentel, constituent d e u x espèces essentiellement distinctes, j o u a n t des rôles très-différents lors de la transformation ultérieure de la m a n u f a c t u r e en g r a n d e industrie. Ce double caractère provient de la n a t u r e du produit q u i doit sa forme définitive ou à un simple ajustement m é c a n i q u e de produits partiels i n d é p e n d a n t s , ou bien à u n e série de procédés et de m a n i p u l a t i o n s c o n n e x e s . U n e locomotive, par exemple, contient plus de cinq mille pièces complét e m e n t distinctes. N é a n m o i n s elle ne p e u t pas servir de produit-échantillon de la première espèce de m a n u f a c t u r e p r o p r e m e n t dite, parce qu'elle provient de la grande industrie. Il en est a u t r e m e n t de la m o n t r e q u e déjà William Petty a choisie p o u r décrire la division manufacturière du travail. Prim i t i v e m e n t œ u v r e individuelle d ' u n artisan de N u r e m b e r g , la m o n t r e est devenue le produit social d ' u n n o m b r e i m m e n s e de travailleurs tels q u e faiseurs de ressorts, de cadrans, de pitons de spirale, de trous et leviers à rubis, d'aiguilles, de boîtes, de vis, doreurs, etc. Les sous-divisions foisonnent. Il y a, par exemple, le fabricant de roues (roues de laiton et roues d'acier séparément), les faiseurs de pignons, de m o u v e m e n t s , l'acheveur de pignon (qui assujettit les roues et polit les facettes), le faiseur de pivots, le planteur de finissage, le finisseur de barillet (qui d e n t e les roues, d o n n e 36
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D a n s son ouvrage q u i a fait é p o q u e sur l'origine des espèces, D a r w i n fait c e t t e r e m a r q u e à propos des o r g a n e s n a t u r e l s d e s p l a n t e s e t des a n i m a u x : « T a n t q u ' u n seul e t m ê m e o r g a n e doit a c c o m p l i r différents t r a v a u x , il n ' e s t p a s rare q u ' i l se m o d i f i e . La r a i s o n en est p e u t - ê t r e q u e l a n a t u r e est m o i n s s o i g n e u s e d a n s c e cas d e p r é v e n i r c h a q u e p e t i t écart d e s a f o r m e primitive, q u e s i cet o r g a n e avait u n e f o n c t i o n u n i q u e . C'est ainsi p a r e x e m p l e q u e d e s c o u t e a u x d e s t i n é s à c o u p e r t o u t e s sortes de c h o s e s p e u v e n t , sans i n c o n v é n i e n t , avoir u n e f o r m e c o m m u n e , t a n d i s q u ' u n o u t i l d e s t i n é à u n seul u s a g e doit p o s s é d e r p o u r t o u t a u t r e u s a g e u n e t o u t a u t r e forme. »
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Quatrième section • La production de la plus-value relative aux trous la g r a n d e u r voulue, affermit l'arrêt), les faiseurs d ' é c h a p p e m e n t , de roues de rencontre, de balancier, le planteur d ' é c h a p p e m e n t , le repasseur de barillet (qui achève l'étui du ressort), le polisseur d'acier, le polisseur de roues, le polisseur de vis, le peintre de chiffres, le fondeur d'émail sur cuivre, le fabricant de p e n d a n t s , le finisseur de charnière, le faiseur de 5 secret, le graveur, le ciseleur, le polisseur de boîte, etc., etc., enfin le repasseur qui assemble la m o n t r e entière et la livre toute prête au m a r c h é . Un petit n o m b r e seulement des parties de la m o n t r e passe par diverses m a i n s et tous ces m e m b r e s disjoints, membra disjecta, se rassemblent pour la première fois dans la m a i n qui en fera définitivement un t o u t m é c a n i q u e . Ce 10 rapport p u r e m e n t extérieur du produit achevé avec ses divers éléments rend ici, c o m m e d a n s tout ouvrage semblable, la c o m b i n a i s o n des ouvriers parcellaires dans un m ê m e atelier t o u t à fait accidentelle. Les travaux partiels peuvent m ê m e être exécutés c o m m e métiers i n d é p e n d a n t s les u n s des a u t r e s ; il en est ainsi d a n s les c a n t o n s de W a a d t et de Neufchâtel, tandis 15 q u ' à Genève, par exemple, il y a p o u r la fabrication des m o n t r e s de grandes manufactures, c'est-à-dire coopération i m m é d i a t e d'ouvriers parcellaires sous le c o m m a n d e m e n t d ' u n seul capital. M ê m e dans ce cas, le cadran, le ressort et la boîte sont r a r e m e n t fabriqués dans la m a n u f a c t u r e . L'exploitation manufacturière ne d o n n e ici de bénéfices que dans des circonstances 20 exceptionnelles, parce q u e les ouvriers en c h a m b r e se font la plus terrible concurrence, parce q u e le d é m e m b r e m e n t de la p r o d u c t i o n en u n e foule de procès hétérogènes n ' a d m e t guère de moyens de travail d ' u n e m p l o i comm u n , et parce que le capitaliste é c o n o m i s e les frais d'atelier, q u a n d la fabrication est d i s s é m i n é e . Il faut r e m a r q u e r q u e la c o n d i t i o n de ces 25 ouvriers de détail qui travaillent chez eux, m a i s p o u r un capitaliste (fabricant, établisseur), diffère du t o u t au tout de celle de l'artisan i n d é p e n d a n t q u i travaille p o u r ses propres p r a t i q u e s . 37
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E n 1854, G e n è v e a p r o d u i t 8 0 0 0 0 m o n t r e s , à p e i n e u n c i n q u i è m e d e l a p r o d u c t i o n d u c a n t o n d e N e u f c h â t e l . C h a u x - d e - F o n d s , q u e l'on p e u t regarder c o m m e u n e seule m a n u f a c t u r e , livre c h a q u e a n n é e d e u x fois a u t a n t q u e G e n è v e . De 1850 à 1861 cette d e r n i è r e ville a e x p é d i é 720 0 0 0 m o n t r e s . Voyez : Report from Geneva on the Watch Trade d a n s les Reports by H. M's. Secretaries of Embassy and legation on the Manufactures, Commerce, etc., n ° 6 , 1863. Ce n ' e s t p a s s e u l e m e n t l ' a b s e n c e d e r a p p o r t e n t r e les o p é r a t i o n s particulières d a n s lesquelles s e d é c o m p o s e la p r o d u c t i o n d'ouvrages s i m p l e m e n t ajustés, q u i r e n d très-difficile la t r a n s f o r m a t i o n de s e m blables m a n u f a c t u r e s en g r a n d e i n d u s t r i e m é c a n i q u e ; d a n s le cas q u i n o u s o c c u p e , la fabricat i o n de la m o n t r e , d e u x obstacles n o u v e a u x se p r é s e n t e n t , à savoir la petitesse et la d é l i c a t e s s e des divers é l é m e n t s e t leur c a r a c t è r e d e l u x e , c o n s é q u e m m e n t leur variété, s i b i e n q u e d a n s les m e i l l e u r e s m a i s o n s de L o n d r e s , p a r e x e m p l e , il se fait à p e i n e d a n s un an u n e d o u z a i n e de m o n t r e s q u i s e r e s s e m b l e n t . L a fabrique d e m o n t r e s d e V a c h e r o n e t C o n s t a n t i n , d a n s laquelle o n e m p l o i e l a m a c h i n e avec s u c c è s , fournit t o u t a u plus trois o u q u a t r e variétés p o u r l a g r a n d e u r et la forme. L a fabrication des m o n t r e s est u n e x e m p l e classique d e l a m a n u f a c t u r e h é t é r o g è n e . O n p e u t y é t u d i e r t r è s - e x a c t e m e n t c e t t e différenciation et cette spécialisation des i n s t r u m e n t s de travail d o n t il a été q u e s t i o n ci-dessus.
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Chapitre XIV • Division du travail et manufacture La seconde espèce de m a n u f a c t u r e , c'est-à-dire sa forme parfaite, fournit des produits qui p a r c o u r e n t des phases de développement connexes, t o u t e u n e série de procès gradués, c o m m e , p a r exemple, d a n s la m a n u f a c t u r e d'épingles, le "fil de laiton passe par les m a i n s de soixante-douze et m ê m e 5 de quatre-vingt-douze ouvriers d o n t pas deux n ' e x é c u t e n t la m ê m e opération. U n e m a n u f a c t u r e de ce g e m e , en tant qu'elle c o m b i n e des métiers prim i t i v e m e n t i n d é p e n d a n t s , d i m i n u e l'espace entre les phases diverses de la production. Le t e m p s exigé p o u r la transition du produit d ' u n stade à 10 l'autre est ainsi raccourci, de m ê m e q u e le travail de t r a n s p o r t . C o m p a r a tivement au métier, il y a d o n c gain de force productive, et ce gain provient du caractère coopératif de la m a n u f a c t u r e . D ' a u t r e part, la division du travail q u i lui est propre réclame l'isolement des différentes opérations, et leur i n d é p e n d a n c e les u n e s vis-à-vis des autres. L'établissement et le m a i n 15 tien du rapport d ' e n s e m b l e entre les fonctions isolées nécessite des transports incessants de l'objet de travail d ' u n ouvrier à l'autre, et d ' u n procès à l'autre. Cette source de faux frais constitue un des côtés inférieurs de la m a n u f a c t u r e c o m p a r é e à l'industrie m é c a n i q u e . | |150| A v a n t de parvenir à sa forme définitive, l'objet de travail, des chif20 fons, par exemple, d a n s la m a n u f a c t u r e de papier, ou du laiton dans celle d'épingles, parcourt t o u t e u n e série d'opérations successives. M a i s , c o m m e m é c a n i s m e d ' e n s e m b l e , l'atelier offre à l'œil l'objet de travail d a n s toutes ses phases d'évolution à la fois. Le travailleur collectif, Briarée, d o n t les mille m a i n s sont a r m é e s d'outils divers, exécute en m ê m e t e m p s la c o u p e 25 des fils de laiton, la façon des têtes d'épingles, l'aiguisement de leurs pointes, leur attache, etc. Les diverses opérations connexes, successives dans le temps, d e v i e n n e n t simultanées d a n s l'espace, c o m b i n a i s o n q u i perm e t d ' a u g m e n t e r c o n s i d é r a b l e m e n t la m a s s e de m a r c h a n d i s e s fournies dans u n temps d o n n é . 30 Cette s i m u l t a n é i t é provient de la forme coopérative du travail; m a i s la m a n u f a c t u r e ne s'arrête pas aux conditions préexistantes de la coopéra39
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« Q u a n d les gens s o n t a i n s i r a p p r o c h é s les u n s d e s a u t r e s , i l s e p e r d n é c e s s a i r e m e n t m o i n s de t e m p s e n t r e les diverses o p é r a t i o n s . » (The Advantages of the East India Trade, p. 106.) « L a s é p a r a t i o n des t r a v a u x différents d a n s l a m a n u f a c t u r e , c o n s é q u e n c e forcée d e l ' e m p l o i d u travail m a n u e l , ajoute i m m e n s é m e n t a u x frais d e p r o d u c t i o n ; car l a p r i n c i p a l e perte p r o v i e n t du t e m p s e m p l o y é à passer d ' u n p r o c è s à un a u t r e . » (The Industry of Nations. L o n d o n , 1855. P a r t i i , p . 2 0 0 . ) « E n s c i n d a n t l'ouvrage e n différentes parties q u i p e u v e n t t o u t e s être m i s e s à e x é c u t i o n d a n s l e m ê m e m o m e n t , l a division d u travail p r o d u i t d o n c u n e é c o n o m i e d e t e m p s . . . . L e s différ e n t e s o p é r a t i o n s q u ' u n seul i n d i v i d u devrait e x é c u t e r s é p a r é m e n t é t a n t e n t r e p r i s e s à la fois, il devient possible d e p r o d u i r e p a r e x e m p l e u n e m u l t i t u d e d'épingles t o u t a c h e v é e s d a n s l e m ê m e t e m p s q u ' i l faudrait p o u r e n c o u p e r o u e n a p p o i n t e r u n e s e u l e . » ( D u g a l d Stewart, I.e., p. 319.) 40
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Quatrième section · La production de la plus-value relative t i o n : elle en crée de nouvelles par la d é c o m p o s i t i o n qu'elle opère d a n s les métiers. Elle n ' a t t e i n t son b u t q u ' e n rivant pour toujours l'ouvrier à u n e opération de détail. C o m m e le produit partiel de c h a q u e travailleur parcellaire n'est en m ê m e temps q u ' u n degré particulier de développement de l'ouvrage 5 achevé, c h a q u e ouvrier ou c h a q u e groupe d'ouvriers fournit à l'autre sa m a tière première. Le résultat du travail de l'un forme le point de départ du travail de l'autre. Le t e m p s de travail nécessaire pour o b t e n i r d a n s c h a q u e procès partiel l'effet utile voulu est établi e x p é r i m e n t a l e m e n t , et le m é c a n i s m e total de la m a n u f a c t u r e ne fonctionne q u ' à cette condition, q u e dans 10 u n t e m p s d o n n é u n résultat d o n n é est o b t e n u . C e n'est q u e d e cette m a nière q u e les travaux divers et c o m p l é m e n t a i r e s les u n s des autres p e u v e n t m a r c h e r côte à côte, s i m u l t a n é m e n t et sans interruption. Il est clair q u e cette d é p e n d a n c e i m m é d i a t e des travaux et des travailleurs force c h a c u n à n ' e m p l o y e r que le t e m p s nécessaire à sa fonction, et q u e l'on o b t i e n t ainsi 15 u n e c o n t i n u i t é , u n e régularité, u n e uniformité e t surtout u n e intensité d u travail q u i ne se r e n c o n t r e n t ni dans le m é t i e r i n d é p e n d a n t ni m ê m e d a n s la coopération s i m p l e . Q u ' u n e m a r c h a n d i s e ne doive coûter q u e le t e m p s du travail socialement nécessaire à sa fabrication, cela apparaît d a n s la prod u c t i o n m a r c h a n d e en général l'effet de la concurrence, parce q u e , à parler 20 superficiellement, c h a q u e p r o d u c t e u r particulier est forcé de v e n d r e la m a r c h a n d i s e à son prix de m a r c h é . D a n s la m a n u f a c t u r e , au contraire, la livraison d ' u n q u a n t u m d e produit d o n n é d a n s u n t e m p s d e travail d o n n é devient u n e loi t e c h n i q u e du procès de p r o d u c t i o n l u i - m ê m e . 42
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Des opérations différentes exigent c e p e n d a n t des longueurs de t e m p s inégales et fournissent, par c o n s é q u e n t , d a n s des espaces de t e m p s égaux, des quantités inégales de produits partiels. Si d o n c le m ê m e ouvrier doit, j o u r par jour, exécuter toujours u n e seule et m ê m e opération, il faut, p o u r des opérations diverses, employer des ouvriers en proportion diverse : quatre fondeurs, par exemple, p o u r d e u x casseurs et un frotteur d a n s u n e m a nufacture de caractères d'imprimerie ; le fondeur fond par h e u r e d e u x mille caractères, tandis que le casseur en d é t a c h e quatre mille et q u e le frotteur en polit h u i t mille. Le principe de la coopération d a n s sa forme la plus simple reparaît: o c c u p a t i o n s i m u l t a n é e d ' u n certain n o m b r e d'ouvriers à des opérations de m ê m e espèce ; m a i s il est m a i n t e n a n t l'expression d ' u n rapport organique. La division manufacturière du travail simplifie d o n c et
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« P l u s il y a de variété e n t r e les artisans d ' u n e m a n u f a c t u r e . . . . plus il y a d ' o r d r e et de régularité d a n s c h a q u e o p é r a t i o n , m o i n s il faut de t e m p s et de travail.» (The Advantages, etc., p . 68.) Dans beaucoup de branches cependant l'industrie manufacturière n'atteint ce résultat q u ' i m p a r f a i t e m e n t , p a r c e q u ' e l l e n e sait p a s c o n t r ô l e r avec c e r t i t u d e les c o n d i t i o n s p h y s i q u e s e t c h i m i q u e s générales d u p r o c è s d e p r o d u c t i o n . 43
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Chapitre XIV • Division du travail et manufacture
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multiplie en m ê m e t e m p s n o n - s e u l e m e n t les organes qualitativement différents du travailleur collectif; elle crée, de plus, un rapport m a t h é m a t i q u e fixe qui règle leur q u a n t i t é , c'est-à-dire le n o m b r e relatif d'ouvriers ou la grandeur relative du groupe d'ouvriers d a n s c h a q u e fonction particulière. Le n o m b r e p r o p o r t i o n n e l le plus convenable des différents groupes de travailleurs parcellaires est-il u n e fois établi e x p é r i m e n t a l e m e n t pour u n e échelle d o n n é e de la production, on ne p e u t é t e n d r e cette échelle q u ' e n e m p l o y a n t un m u l t i p l e de c h a q u e groupe s p é c i a l . Ajoutons à cela q u e le m ê m e individu accomplit certains travaux tout aussi b i e n en grand q u ' e n petit, le travail de surveillance, par exemple, le transport des produits partiels d ' u n e phase de la p r o d u c t i o n dans u n e autre, etc. Il ne devient d o n c avantageux d'isoler ces fonctions ou de les confier à des ouvriers spéciaux, qu'après avoir a u g m e n t é le personnel de l'atelier; m a i s alors cette a u g m e n tation affecte p r o p o r t i o n n e l l e m e n t tous les groupes. Q u a n d le groupe isolé se c o m p o s e d'éléments h o m o g è n e s , d'ouvriers employés à la m ê m e fonction parcellaire, il forme un organe particulier du m é c a n i s m e total. D a n s diverses manufactures, c e p e n d a n t , le groupe est un travailleur collectif parfaitement organisé, tandis q u e le m é c a n i s m e total n'est formé q u e par la répétition ou la multiplication de ces organismes producteurs élémentaires. P r e n o n s , par exemple, la m a n u f a c t u r e de bouteilles. Elle se d é c o m p o s e en trois phases essentiellement ||151| différentes: p r e m i è r e m e n t , la phase préparatoire où se fait la composition du verre, le m é l a n g e de chaux, de sable, etc., et la fusion de cette c o m p o s i t i o n en u n e masse f l u i d e . D a n s cette première phase, des ouvriers parcellaires de divers genres sont occupés ainsi q u e dans la phase définitive, q u i consiste d a n s l'enlèvement des bouteilles hors des fours à sécher, d a n s leur triage, leur m i s e en paquets, etc. Entre les d e u x phases a lieu la fabrication du verre p r o p r e m e n t dite, ou la m a n i p u l a t i o n de la masse fluide. A l ' e m b o u chure d ' u n m ê m e fourneau travaille un groupe qui porte, en Angleterre, le n o m de hole (trou), et q u i se c o m p o s e d ' u n bottle maker, faiseur de b o u teilles ou finisseur, d ' u n blower, souffleur, d ' u n gatherer, d ' u n putter up ou whetter off et d ' u n taker in. Ces cinq ouvriers forment a u t a n t d'organes différents d ' u n e force collective de travail, q u i ne fonctionne q u e c o m m e u n i t é , c'est-à-dire par coopération i m m é d i a t e des cinq. Cet organisme se 44
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« Q u a n d l ' e x p é r i e n c e , s u i v a n t l a n a t u r e p a r t i c u l i è r e des p r o d u i t s d e c h a q u e m a n u f a c t u r e , a u n e fois appris à c o n n a î t r e le m o d e le p l u s a v a n t a g e u x de s c i n d e r la f a b r i c a t i o n en o p é r a t i o n s partielles, e t l e n o m b r e d e travailleurs q u e c h a c u n e d'elles exige, t o u s les é t a b l i s s e m e n t s q u i n ' e m p l o i e n t pas u n m u l t i p l e e x a c t d e c e n o m b r e , f a b r i q u e n t avec m o i n s d ' é c o n o m i e . . . . C'est là u n e des c a u s e s de l ' e x t e n s i o n colossale de certains é t a b l i s s e m e n t s i n d u s t r i e l s . » (Ch. B a b -
40 b a g e , On the Economy of Machinery. 2 edit. L o n d . , 1832, ch. XXII.) En Angleterre le f o u r n e a u à f o n d r e est séparé du four de verrerie où se fait la p r é p a r a t i o n du verre. E n Belgique, par e x e m p l e , l e m ê m e f o u r n e a u sert p o u r les d e u x o p é r a t i o n s . e
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Quatrième section · La production de la plus-value relative trouve paralysé dès qu'il lui m a n q u e un seul de ses m e m b r e s . Le m ê m e fourneau a diverses ouvertures, en Angleterre de quatre à six, d o n t c h a c u n e d o n n e accès à un creuset d'argile rempli de verre fondu, et o c c u p e son groupe propre de cinq ouvriers. L'organisme de c h a q u e groupe repose ici sur la division du travail, tandis q u e le lien entre les divers groupes analogues consiste en u n e simple coopération qui p e r m e t d ' é c o n o m i s e r un des m o y e n s de production, le fourneau, en le faisant servir en c o m m u n . Un fourneau de ce genre, avec ses quatre à six groupes, forme un petit atelier, et u n e m a n u f a c t u r e de verre c o m p r e n d un certain n o m b r e de ces ateliers avec les ouvriers et les m a t é r i a u x d o n t ils o n t besoin pour les phases de p r o d u c t i o n préparatoires et définitives. Enfin la m a n u f a c t u r e , de m ê m e qu'elle provient en partie d ' u n e c o m b i n a i s o n de différents métiers, p e u t à son t o u r se développer en c o m b i n a n t e n s e m b l e des m a n u f a c t u r e s différentes. C'est ainsi q u e les verreries anglaises d ' u n e certaine i m p o r t a n c e fabriquent elles-mêmes leurs creusets d'argile, parce q u e la réussite du produit d é p e n d en g r a n d e partie de leur qualité. La m a n u f a c t u r e d ' u n m o y e n de p r o d u c t i o n est ici u n i e à la m a n u facture du produit. Inversement, la m a n u f a c t u r e du produit p e u t être u n i e à des m a n u f a c t u r e s où il entre c o m m e m a t i è r e première, ou au p r o d u i t desquelles il se j o i n t plus tard. C'est ainsi q u ' o n trouve des m a n u f a c t u r e s de flintglass c o m b i n é e s avec le polissage des glaces et la fonte du cuivre, cette dernière opération ayant pour b u t l'enchâssure ou la m o n t u r e d'articles de verre variés. Les diverses m a n u f a c t u r e s c o m b i n é e s forment alors des départ e m e n t s plus ou m o i n s séparés de la m a n u f a c t u r e totale, et en m ê m e t e m p s des procès de production i n d é p e n d a n t s , c h a c u n avec sa division propre du travail. Malgré les avantages q u e présente la m a n u f a c t u r e c o m b i n é e , elle n ' a c q u i e r t n é a n m o i n s [pas] u n e véritable u n i t é t e c h n i q u e , tant qu'elle repose sur sa propre base. Cette u n i t é ne surgit qu'après la transformation de l'industrie manufacturière en industrie m é c a n i q u e .
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D a n s la période m a n u f a c t u r i è r e on ne tarda guère à reconnaître q u e son 30 principe n ' é t a i t que la d i m i n u t i o n du temps de travail nécessaire à la prod u c t i o n des m a r c h a n d i s e s , et on s'exprima sur ce point t r è s - c l a i r e m e n t . Avec la m a n u f a c t u r e se développa aussi çà et là l'usage des m a c h i n e s , surt o u t pour certains travaux préliminaires simples qui ne p e u v e n t être exécutés q u ' e n grand et avec u n e dépense de force considérable. Ainsi, par 35 exemple, dans la m a n u f a c t u r e de papier, la trituration des chiffons se fit b i e n t ô t au m o y e n de m o u l i n s ad hoc, de m ê m e q u e dans les établissements métallurgiques l'écrasement du m i n e r a i au m o y e n de m o u l i n s dits bro46
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C'est c e q u e l'on p e u t voir e n t r e a u t r e s c h e z W . Petty, J o h n Béliers, A n d r e w Y a r r a n t o n , The Advantages of the East India Trade, et J. V a n d e r l i n t .
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture 41
cards . L'empire r o m a i n avait transmis avec le moulin à eau la forme élém e n t a i r e de t o u t e espèce de m a c h i n e p r o d u c t i v e . La période des métiers avait légué les grandes inventions de la boussole, de la p o u d r e à c a n o n , de l'imprimerie et de l'horloge a u t o m a t i q u e . En général, c e p e n d a n t , les m a chines ne j o u è r e n t d a n s la période m a n u f a c t u r i è r e q u e ce rôle secondaire q u ' A d a m Smith leur assigne à côté de la division du t r a v a i l . L e u r emploi sporadique devint très-important au dix-septième siècle, parce q u ' i l fournit a u x grands m a t h é m a t i c i e n s d e cette é p o q u e u n point d'appui e t u n stimulant pour la création de la m é c a n i q u e m o d e r n e . C'est le travailleur collectif formé par la c o m b i n a i s o n d ' u n grand n o m b r e d'ouvriers parcellaires qui constitue le m é c a n i s m e spécifique de la période manufacturière. Les diverses opérations que le p r o d u c t e u r d ' u n e m a r c h a n dise exécute tour à t o u r et qui se confondent d a n s l'ensemble de son travail, exigent, p o u r ainsi dire, qu'il ait plus d ' u n e corde à son arc. D a n s l'une, il doit déployer plus d'habileté, dans l'autre plus de force, d a n s u n e troisième plus d'attention, etc., et le m ê m e individu ne possède pas toutes ces facultés à un degré ||152| égal. Q u a n d les différentes opérations sont u n e fois séparées, isolées et r e n d u e s i n d é p e n d a n t e s , les ouvriers sont divisés, classés et groupés d'après les facultés q u i p r é d o m i n e n t chez c h a c u n d'eux. Si leurs particularités naturelles constituent le sol sur lequel croît la division du travail, la m a n u f a c t u r e u n e fois introduite, développe des forces de travail q u i ne sont aptes q u ' à des fonctions spéciales. Le travailleur collectif possède m a i n t e n a n t toutes les facultés productives au m ê m e degré de virtuosité et les dépense le plus é c o n o m i q u e m e n t possible, en n ' e m p l o y a n t ses organes, individualisés dans des travailleurs ou des groupes de travailleurs spéciaux, q u ' à des fonctions appropriées à leur qua48
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Vers l a fin d u s e i z i è m e siècle, o n s e servait e n c o r e e n F r a n c e d e m o r t i e r s e t d e cribles p o u r écraser et laver le m i n e r a i . L'histoire des m o u l i n s à g r a i n s p e r m e t de suivre p a s à p a s le d é v e l o p p e m e n t du m a c h i n i s m e en général. En A n g l e t e r r e , la f a b r i q u e p o r t e e n c o r e le n o m de mill ( m o u l i n ) . En A l l e m a g n e , on trouve ce m ê m e n o m Mühle e m p l o y é d a n s les écrits t e c h n o l o g i q u e s des t r e n t e p r e m i è r e s a n n é e s d e c e siècle p o u r d é s i g n e r n o n - s e u l e m e n t t o u t e m a c h i n e m u e p a r d e s forces n a t u r e l l e s , m a i s e n c o r e t o u t e m a n u f a c t u r e q u i e m p l o i e des appareils m é c a n i q u e s . E n français, l e m o t moulin, a p p l i q u é p r i m i t i v e m e n t à la m o u t u r e des grains, fut p a r la s u i t e e m p l o y é p o u r t o u t e m a c h i n e q u i , m u e p a r u n e force e x t é r i e u r e , d o n n e u n e violente i m p r e s s i o n sur u n corps, m o u lin à p o u d r e , à papier, à t a n , à foulon, à retordre le fil, à forge, à m o n n a i e , etc. 48
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C o m m e o n p o u r r a l e voir d a n s l e q u a t r i è m e livre d e cet ouvrage, A d a m S m i t h n ' a p a s é t a b l i u n e s e u l e p r o p o s i t i o n n o u v e l l e c o n c e r n a n t la division du travail. M a i s à c a u s e de l ' i m p o r t a n c e q u ' i l lui d o n n a i l m é r i t e d ' ê t r e c o n s i d é r é c o m m e l ' é c o n o m i s t e q u i caractérise l e m i e u x l a p é r i o d e m a n u f a c t u r i è r e . L e rôle s u b o r d o n n é q u ' i l assigne a u x m a c h i n e s souleva d è s les c o m m e n c e m e n t s d e l a g r a n d e i n d u s t r i e l a p o l é m i q u e d e L a u d e r d a l e , e t p l u s tard celle d e U r e . A d a m S m i t h c o n f o n d a u s s i l a différenciation d e s i n s t r u m e n t s , d u e e n g r a n d e partie a u x ouvriers m a n u f a c t u r i e r s , avec l ' i n v e n t i o n d e s m a c h i n e s . C e u x q u i j o u e n t u n rôle ici, c e n e s o n t pas les ouvriers d e m a n u f a c t u r e , m a i s des savants, des artisans, m ê m e des p a y s a n s (Brindley), etc.
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Quatrième section · La production de la plus-value relative 50
l i t é . En tant q u e m e m b r e du travailleur collectif, le travailleur parcellaire devient m ê m e d ' a u t a n t plus parfait qu'il est plus b o r n é et plus i n c o m p l e t . L ' h a b i t u d e d ' u n e fonction u n i q u e le transforme en organe infaillible et s p o n t a n é de cette fonction, tandis que l'ensemble du m é c a n i s m e le contraint d'agir avec la régularité d ' u n e pièce de m a c h i n e . Les fonctions 5 diverses du travailleur collectif étant plus ou m o i n s simples ou complexes, inférieures ou élevées ; ses organes, c'est-à-dire les forces de travail individuelles, doivent aussi être plus ou m o i n s simples ou complexes ; elles possèdent par c o n s é q u e n t des valeurs différentes. La m a n u f a c t u r e crée ainsi u n e hiérarchie des forces de travail à laquelle correspond u n e échelle gra- 10 d u é e des salaires. Si le travailleur individuel est approprié et a n n e x é sa vie d u r a n t à u n e seule et u n i q u e fonction, les opérations diverses sont a c c o m m o d é e s à cette hiérarchie d'habiletés et de spécialités naturelles et acq u i s e s . C h a q u e procès de p r o d u c t i o n exige certaines m a n i p u l a t i o n s d o n t le premier v e n u est capable. Elles aussi sont détachées de leur rapport m o - 15 bile avec les m o m e n t s plus i m p o r t a n t s de l'activité générale et ossifiées en fonctions exclusives. La m a n u f a c t u r e produit ainsi d a n s c h a q u e m é t i e r d o n t elle s'empare u n e classe de simples manouvriers q u e le m é t i e r du m o y e n âge écartait i m p i t o y a b l e m e n t . Si elle développe la spécialité isolée au point d'en faire u n e virtuosité a u x dépens de la puissance de travail in- 20 tégrale, elle c o m m e n c e aussi à faire u n e spécialité du défaut de t o u t dével o p p e m e n t . A côté de la gradation hiérarchique prend place u n e division simple des travailleurs en habiles et inhabiles. P o u r ces derniers les frais 51
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« Dès q u e l ' o n divise l a b e s o g n e e n p l u s i e u r s o p é r a t i o n s diverses, d o n t c h a c u n e exige des degrés différents de force et d ' h a b i l e t é , le d i r e c t e u r de la m a n u f a c t u r e p e u t se p r o c u r e r le q u a n t u m d ' h a b i l e t é e t d e force q u e r é c l a m e c h a q u e o p é r a t i o n . M a i s s i l'ouvrage devait être fait p a r u n seul ouvrier, i l faudrait q u e l e m ê m e i n d i v i d u p o s s é d â t assez d ' h a b i l e t é p o u r les o p é r a t i o n s les plus délicates et assez de force p o u r les plus p é n i b l e s . » (Ch. B a b b a g e , 1. c, ch. XIX.) L o r s q u e , par e x e m p l e , ses m u s c l e s s o n t p l u s développés d a n s u n sens q u e d a n s l ' a u t r e , ses os déformés et c o n t o u r n é s d ' u n e c e r t a i n e façon, etc. A cette q u e s t i o n d u c o m m i s s a i r e d ' e n q u ê t e : « C o m m e n t p o u v e z - v o u s m a i n t e n i r t o u j o u r s actifs les j e u n e s g a r ç o n s q u e v o u s o c c u p e z ? » , l e d i r e c t e u r g é n é r a l d ' u n e verrerie, M . W . M a r shall, r é p o n d fort j u s t e m e n t : « I l l e u r est i m p o s s i b l e de négliger l e u r b e s o g n e ; u n e fois q u ' i l s o n t c o m m e n c é , n u l m o y e n d e s'arrêter; ils n e sont r i e n a u t r e c h o s e q u e d e s parties d ' u n e m a c h i n e . » (Child. Empi. Comm. Fourth Report, 1865, p . 2 4 7 . ) L e Dr. U r e , d a n s son a p o t h é o s e d e l a g r a n d e i n d u s t r i e , fait b i e n m i e u x ressortir les c a r a c tères particuliers d e l a m a n u f a c t u r e q u e les é c o n o m i s t e s ses d e v a n c i e r s , m o i n s e n t r a î n é s q u e l u i à la p o l é m i q u e , et m ê m e q u e ses c o n t e m p o r a i n s , par e x e m p l e , B a b b a g e , q u i l u i est de beaucoup supérieur c o m m e mathématicien et mécanicien, mais ne comprend cependant la g r a n d e i n d u s t r i e q u ' a u p o i n t d e v u e m a n u f a c t u r i e r . U r e dit fort b i e n : « L ' a p p r o p r i a t i o n des travailleurs à c h a q u e o p é r a t i o n s é p a r é e forme l'essence de la d i s t r i b u t i o n d e s t r a v a u x . » Il défin i t cette d i s t r i b u t i o n « u n e a c c o m m o d a t i o n des t r a v a u x a u x diverses facultés i n d i v i d u e l l e s » e t caractérise enfin l e s y s t è m e e n t i e r d e l a m a n u f a c t u r e c o m m e u n s y s t è m e d e g r a d a t i o n s , c o m m e u n e division du travail d'après les divers degrés de l ' h a b i l e t é , etc. (Ure, 1. c, 1.1, p . 2 8 - 3 5 , passim.) 51
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture d'apprentissage disparaissent; pour les premiers ils d i m i n u e n t c o m p a r a t i v e m e n t à ceux qu'exige le m é t i e r ; dans les d e u x cas la force de travail perd de sa v a l e u r ; c e p e n d a n t la d é c o m p o s i t i o n du procès de travail d o n n e parfois naissance à des fonctions générales qui, d a n s l'exercice du métier, ne j o u a i e n t a u c u n rôle ou un rôle inférieur. La perte de valeur relative de la force de travail provenant de la d i m i n u t i o n ou de la disparition des frais d'apprentissage entraîne i m m é d i a t e m e n t pour le capital accroissement de plus-value, car t o u t ce q u i raccourcit le t e m p s nécessaire à la p r o d u c t i o n de la force de travail agrandit ipso facto le d o m a i n e du surtravail. 54
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IV Division du travail dans la manufacture et dans la société
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N o u s avons vu c o m m e n t la m a n u f a c t u r e est sortie de la c o o p é r a t i o n ; n o u s avons étudié ensuite ses é l é m e n t s simples, l'ouvrier parcellaire et son outil, et en dernier lieu son m é c a n i s m e d'ensemble. E x a m i n o n s m a i n t e n a n t le 15 rapport entre la division manufacturière du travail et sa division sociale, laquelle forme la base générale de t o u t e p r o d u c t i o n m a r c h a n d e . Si l'on se b o r n e à considérer le travail l u i - m ê m e , on p e u t désigner la séparation de la p r o d u c t i o n sociale en ses grandes branches, industrie, agriculture, etc., sous le n o m de division du travail en g é n é r a l ; la séparation de 20 ces genres de p r o d u c t i o n en espèces et variétés sous celui de division du travail en particulier, et enfin la division dans l'atelier sous le n o m du travail en d é t a i l . La division du travail d a n s la société et la l i m i t a t i o n correspondante des individus à u n e sphère ou à u n e vocation particulière, se développent, | 25 j 1531 c o m m e la division du travail dans la m a n u f a c t u r e , en p a r t a n t de points opposés. D a n s u n e famille, et d a n s la famille élargie, la tribu, u n e division s p o n t a n é e de travail s'ente sur les différences d'âge et de sexe, 55
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« U n ouvrier, e n s e p e r f e c t i o n n a n t p a r l a p r a t i q u e sur u n seul e t m ê m e p o i n t , d e v i e n t . . . . m o i n s c o û t e u x . » (Ure, 1. c, p. 28.) « L a division d u travail a p o u r p o i n t d e d é p a r t l a s é p a r a t i o n des professions les p l u s diverses, e t m a r c h e p r o g r e s s i v e m e n t j u s q u ' à cette division d a n s l a q u e l l e p l u s i e u r s travailleurs s e p a r t a g e n t l a confection d ' u n seul e t m ê m e p r o d u i t , c o m m e d a n s l a m a n u f a c t u r e . » (Storch., L e , t . I , p. 173.) « N o u s r e n c o n t r o n s c h e z les p e u p l e s p a r v e n u s à un c e r t a i n degré de civilisation trois g e n r e s d e division d ' i n d u s t r i e : l a p r e m i è r e q u e n o u s n o m m o n s générale, a m è n e l a d i s t i n c t i o n d e s p r o d u c t e u r s en a g r i c u l t e u r s , m a n u f a c t u r i e r s et c o m m e r ç a n t s ; elle se r a p p o r t e a u x trois p r i n c i p a l e s b r a n c h e s d ' i n d u s t r i e n a t i o n a l e ; la s e c o n d e , q u ' o n p o u r r a i t appeler spéciale, est la division d e c h a q u e g e n r e d ' i n d u s t r i e e n espèces . . . . l a t r o i s i è m e division d ' i n d u s t r i e , celle enfin q u ' o n devrait qualifier de division de la b e s o g n e ou de travail p r o p r e m e n t dit, est celle q u i s'établit d a n s les arts et les m é t i e r s séparés q u i s'établit d a n s la p l u p a r t des m a n u f a c t u r e s et des ateliers.» (Skarbek, 1. c, p . 8 4 , 85.) 55
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Quatrième section • La production de la plus-value relative c'est-à-dire sur u n e base p u r e m e n t physiologique. Elle gagne plus de terrain avec l'extension de la c o m m u n a u t é , l'accroissement de la p o p u l a t i o n et surtout le conflit entre les diverses tribus et la soumission de l ' u n e par l'autre. D ' a u t r e part, ainsi q u e n o u s l'avons déjà r e m a r q u é , l'échange des m a r c h a n d i s e s prend d'abord naissance sur les points où diverses familles, 5 tribus, c o m m u n a u t é s e n t r e n t en c o n t a c t ; car ce sont des collectivités et n o n des individus qui, à l'origine de la civilisation, s'abordent et traitent les u n s avec les autres en pleine i n d é p e n d a n c e . Diverses c o m m u n a u t é s trouvent dans leur entourage naturel des m o y e n s de production et des m o y e n s de subsistance différents. De là u n e différence d a n s leur m o d e de 10 production, leur genre de vie et leurs produits. Des relations entre des c o m m u n a u t é s diverses u n e fois établies, l'échange de leurs produits réciproques se développe b i e n t ô t et les convertit p e u à peu en m a r c h a n d i s e s . L'échange ne crée pas la différence des sphères de p r o d u c t i o n ; il ne fait q u e les mettre en rapport entre elles et les transforme ainsi en b r a n c h e s 15 plus ou m o i n s d é p e n d a n t e s de l'ensemble de la p r o d u c t i o n sociale. Ici la division sociale du travail provient de l'échange entre sphères de p r o d u c tion différentes et i n d é p e n d a n t e s les u n e s des autres. Là où la division physiologique du travail forme le point de départ, ce sont au contraire les organes particuliers d ' u n tout c o m p a c t e qui se d é t a c h e n t les u n s des autres, 20 se décomposent, p r i n c i p a l e m e n t en vertu de l'impulsion d o n n é e par l'échange avec des c o m m u n a u t é s étrangères, et s'isolent j u s q u ' a u p o i n t où le lien entre les différents travaux n'est plus m a i n t e n u q u e par l'échange de leurs produits. T o u t e division du travail développée qui s'entretient par l'intermédiaire 25 de l'échange des m a r c h a n d i s e s a pour base f o n d a m e n t a l e la séparation de la ville et de la c a m p a g n e . On p e u t dire que l'histoire é c o n o m i q u e de la société roule sur le m o u v e m e n t de cette antithèse, à laquelle c e p e n d a n t n o u s ne n o u s arrêterons pas ici. De m ê m e que la division du travail dans la m a n u f a c t u r e suppose c o m m e 30 base matérielle u n certain n o m b r e d'ouvriers occupés e n m ê m e t e m p s , d e m ê m e la division du travail d a n s la société suppose u n e certaine g r a n d e u r de la population, a c c o m p a g n é e d ' u n e certaine densité, laquelle r e m p l a c e l'agglomération dans l'atelier . Cette densité c e p e n d a n t est q u e l q u e chose 56
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C'est Sir J a m e s S t e u a r t q u i a l e m i e u x traité cette q u e s t i o n . S o n ouvrage, q u i a p r é c é d é d e d i x ans c e l u i d ' A d a m S m i t h , est a u j o u r d ' h u i e n c o r e à p e i n e c o n n u . L a p r e u v e e n est q u e les a d m i r a t e u r s d e M a l t h u s n e savent m ê m e p a s q u e d a n s l a p r e m i è r e é d i t i o n d e s o n écrit s u r l a p o p u l a t i o n , a b s t r a c t i o n faite d e l a p a r t i e p u r e m e n t d é c l a m a t o i r e , i l n e fait g u è r e q u e c o p i e r J a m e s Steuart, a u q u e l il faut ajouter W a l l a c e et T o w n s e n d . « I l faut u n e c e r t a i n e d e n s i t é d e p o p u l a t i o n soit p o u r les c o m m u n i c a t i o n s sociales, soit p o u r la c o m b i n a i s o n des p u i s s a n c e s par le m o y e n d e s q u e l l e s le p r o d u i t du travail est a u g m e n t é . » ( J a m e s Mill, I.e., p . 5 0 . ) « A m e s u r e q u e l e n o m b r e des travailleurs a u g m e n t e , l e p o u v o i r p r o -
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture
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de relatif. Un pays d o n t la population est p r o p o r t i o n n e l l e m e n t clair-semée, possède n é a n m o i n s , si ses voies de c o m m u n i c a t i o n sont développées, u n e population plus d e n s e q u ' u n pays plus peuplé, d o n t les m o y e n s de c o m m u n i c a t i o n sont m o i n s faciles. D a n s ce sens, les États du nord de l ' U n i o n américaine possèdent u n e p o p u l a t i o n b i e n plus dense q u e les I n d e s . La division m a n u f a c t u r i è r e du travail ne p r e n d racine q u e là où sa division sociale est déjà p a r v e n u e à un certain degré de développement, division que par contre-coup elle développe et multiplie. A m e s u r e q u e se différencient les i n s t r u m e n t s de travail, leur fabrication va se divisant en différents m é t i e r s . L'industrie m a n u f a c t u r i è r e prend-elle possession d ' u n m é t i e r q u i j u s que-là était c o n n e x e avec d'autres c o m m e o c c u p a t i o n principale ou accessoire, tous étant exercés par le m ê m e artisan, i m m é d i a t e m e n t ces métiers se séparent et d e v i e n n e n t i n d é p e n d a n t s ; s'introduit-elle d a n s u n e phase particulière de la p r o d u c t i o n d ' u n e m a r c h a n d i s e , aussitôt les autres phases constituent a u t a n t d'industries différentes. N o u s avons déjà r e m a r q u é que là où le produit final n ' e s t q u ' u n e simple composition de produits partiels et hétérogènes, les différents travaux parcelles d o n t ils p r o v i e n n e n t p e u v e n t se désagréger et se transformer en métiers i n d é p e n d a n t s . P o u r perfectionner la division du travail d a n s u n e m a n u f a c t u r e on est b i e n t ô t a m e n é à subdiviser u n e b r a n c h e de p r o d u c t i o n suivant la variété de ses matières premières, ou suivant les diverses formes que la m ê m e m a t i è r e première peut obtenir, en m a n u f a c t u r e s différentes et p o u r u n e b o n n e part entièrem e n t nouvelles. C'est ainsi q u e déjà d a n s la première m o i t i é du dix-huitième siècle on tissait en F r a n c e plus de cent espèces d'étoffes de soie, et q u ' à Avignon par e x e m p l e u n e loi o r d o n n a q u e « c h a q u e apprenti n e devait se consacrer q u ' à un seul genre de fabrication et n ' a p p r e n d r e j a m a i s à tisser q u ' u n seul genre d'étoffes». La division territoriale du travail qui assigne certaines b r a n c h e s de p r o d u c t i o n à certains districts d ' u n pays reçoit égalem e n t u n e nouvelle i m p u l s i o n de l'industrie manufacturière q u i exploite partout les spécialités . Enfin l'expansion du m a r c h é universel et le sys58
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d u c t i f d e l a société a u g m e n t e a u s s i e n r a i s o n c o m p o s é e d e cette a u g m e n t a t i o n m u l t i p l i é e par les effets de la division du t r a v a i l . » ( T h . H o d g s k i n , I.e., p. 120.) Par suite de la d e m a n d e considérable de coton depuis 1861, la production du coton dans q u e l q u e s districts de l ' I n d e d'ailleurs très-peuplés, a été d é v e l o p p é e a u x d é p e n s de la p r o d u c t i o n d u riz. I l e n est résulté u n e f a m i n e d a n s u n e g r a n d e p a r t i e d u pays, les m o y e n s défect u e u x d e c o m m u n i c a t i o n n e p e r m e t t a n t p a s d e c o m p e n s e r l e déficit d e riz d a n s u n district par u n e i m p o r t a t i o n assez r a p i d e des a u t r e s districts. 58
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C'est ainsi q u e l a f a b r i c a t i o n des n a v e t t e s d e tisserand formait e n H o l l a n d e déjà a u dix-sept i è m e siècle u n e b r a n c h e d ' i n d u s t r i e spéciale. « L e s m a n u f a c t u r e s d e l a i n e d ' A n g l e t e r r e n e sont-elles p a s divisées e n b r a n c h e s distinctes, d o n t c h a c u n e a un siège spécial où se fait u n i q u e m e n t ou p r i n c i p a l e m e n t la f a b r i c a t i o n : les draps fins d a n s le S o m e r s e t s h i r e , les draps c o m m u n s d a n s le Y o r k s h i r e , les crêpes à N o r w i c h ,
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Q u a t r i è m e s e c t i o n · La p r o d u c t i o n de la p l u s - v a l u e relative
t é m e colonial q u i font partie des conditions d'existence générales de la pé-| |154|riode m a n u f a c t u r i è r e lui fournissent de riches m a t é r i a u x p o u r la division du travail d a n s la société. Ce n ' e s t pas ici le lieu de m o n t r e r c o m m e n t cette division infesta n o n - s e u l e m e n t la sphère é c o n o m i q u e m a i s encore toutes les autres sphères sociales, i n t r o d u i s a n t partout ce d é v e l o p p e m e n t des spécialités, ce m o r c e l l e m e n t de l ' h o m m e qui arracha au maître d ' A d a m Smith, à A . F e r g u s o n , ce c r i : « N o u s s o m m e s des n a t i o n s entières d'ilotes et n o u s n'avons plus de citoyens l i b r e s . » Malgré les n o m b r e u s e s analogies et les rapports q u i existent entre la division du travail dans la société et la division du travail d a n s l'atelier, il y a c e p e n d a n t entre elles u n e différence n o n pas de degré m a i s d'essence. L'analogie apparaît i n c o n t e s t a b l e m e n t de la m a n i è r e la plus frappante là où un lien i n t i m e entrelace diverses branches d'industrie. L'éleveur de bétail par exemple produit des p e a u x ; le t a n n e u r les transforme en cuir; le cordonnier du cuir fait des bottes. C h a c u n fournit ici un p r o d u i t g r a d u é et la forme dernière et définitive est le produit collectif de leurs travaux spéciaux. Joignons à cela les diverses b r a n c h e s de travail q u i fournissent des instruments, etc., à l'éleveur de bétail, au t a n n e u r et au cordonnier. On p e u t facilement se figurer avec A d a m S m i t h q u e cette division sociale du travail ne se distingue de la division manufacturière q u e subjectivement, c'est-à-dire que l'observateur voit ici d ' u n coup d ' œ i l les différents travaux partiels à la fois, tandis q u e là leur dispersion sur un vaste espace et le grand n o m b r e des ouvriers occupés à c h a q u e travail particulier ne lui perm e t t e n t pas de saisir leurs rapports d ' e n s e m b l e . M a i s qu'est-ce q u i constit u e le rapport entre les travaux i n d é p e n d a n t s de l'éleveur de bétail, du tann e u r et du c o r d o n n i e r ? C'est que leurs produits respectifs sont des m a r c h a n d i s e s . Et qu'est-ce q u i caractérise au contraire la division m a n u -
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les brocatelles à K e n d a l , les c o u v e r t u r e s à W h i t n e y , et ainsi de suite. » (Berkeley, The Querist, 1750, p. 56, § 5 2 0 . ) A. F e r g u s o n : History of Civil Society. Part IV, sect. II [, p. 285]. D a n s les m a n u f a c t u r e s p r o p r e m e n t dites « l a totalité des ouvriers q u i y sont e m p l o y é s est n é c e s s a i r e m e n t p e u n o m b r e u s e , e t c e u x q u i s o n t o c c u p é s à c h a q u e différente b r a n c h e d e l'ouvrage, p e u v e n t s o u v e n t être r é u n i s d a n s le m ê m e atelier, et placés à la fois sous les y e u x de l'observateur. Au c o n t r a i r e , d a n s ces g r a n d e s m a n u f a c t u r e s (!) d e s t i n é e s à fournir les objets de c o n s o m m a t i o n d e l a m a s s e d u p e u p l e , c h a q u e b r a n c h e d e l'ouvrage e m p l o i e u n s i g r a n d n o m bre d'ouvriers, q u ' i l est i m p o s s i b l e de les r é u n i r t o u s d a n s le m ê m e atelier La division y 61
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est m o i n s sensible, et, p a r c e t t e r a i s o n , a été m o i n s b i e n o b s e r v é e . » (A. S m i t h : Wealth of Nations, 1.1, ch. I.) Le célèbre passage d a n s le m ê m e c h a p i t r e q u i c o m m e n c e p a r ces m o t s : « O b servez d a n s u n pays civilisé e t florissant, c e q u ' e s t l e m o b i l i e r d ' u n s i m p l e j o u r n a l i e r o u d u d e r n i e r des m a n œ u v r e s » , etc., e t q u i d é r o u l e e n s u i t e l e t a b l e a u des i n n o m b r a b l e s t r a v a u x s a n s l ' a i d e e t l e c o n c o u r s d e s q u e l s « l e p l u s p e t i t particulier, d a n s u n pays civilisé, n e p o u r r a i t être vêtu et m e u b l é » : - ce passage est p r e s q u e l i t t é r a l e m e n t copié des R e m a r q u e s ajoutées p a r B. de M a n d e v i l l e à s o n ouvrage : The Fable of the Bees, or Private Vices, Publick Benefits. l é d i t i o n s a n s r e m a r q u e s , 1 7 0 5 ; é d i t i o n avec d e s r e m a r q u e s , 1714. r e
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture facturière du travail? C'est q u e les travailleurs parcellaires ne p r o d u i s e n t pas de m a r c h a n d i s e s . Ce n'est q u e leur produit collectif qui devient m a r c h a n d i s e . L ' i n t e r m é d i a i r e des travaux i n d é p e n d a n t s d a n s la société c'est l'achat et la vente de leurs produits ; le rapport d ' e n s e m b l e des travaux par5 tiels de la m a n u f a c t u r e a p o u r c o n d i t i o n la vente de différentes forces de travail à un m ê m e capitaliste qui les emploie c o m m e force de travail collective. La division m a n u f a c t u r i è r e du travail suppose u n e c o n c e n t r a t i o n de m o y e n s de p r o d u c t i o n d a n s la m a i n d ' u n capitaliste ; la division sociale du travail suppose leur d i s s é m i n a t i o n entre un grand n o m b r e de p r o d u c 10 teurs m a r c h a n d s i n d é p e n d a n t s les u n s des autres. T a n d i s q u e d a n s la m a nufacture la loi de fer de la proportionnalité s o u m e t des n o m b r e s d é t e r m i nés d'ouvriers à des fonctions déterminées, le hasard et l'arbitraire j o u e n t leur j e u déréglé d a n s la distribution des producteurs et de leurs m o y e n s de p r o d u c t i o n entre les diverses branches du travail social. 15 Les différentes sphères de p r o d u c t i o n tendent, il est vrai, à se m e t t r e c o n s t a m m e n t e n équilibre. D ' u n e part, c h a q u e p r o d u c t e u r m a r c h a n d doit produire u n e valeur d'usage, c'est-à-dire satisfaire un besoin social déterm i n é ; or, l ' é t e n d u e de ces besoins diffère q u a n t i t a t i v e m e n t et un lien int i m e les e n c h a î n e tous en un système q u i développe s p o n t a n é m e n t leurs 20 proportions réciproques ; d'autre part la loi de la valeur d é t e r m i n e c o m b i e n de son temps disponible la société p e u t dépenser à la p r o d u c t i o n de c h a q u e espèce de m a r c h a n d i s e . M a i s cette t e n d a n c e constante des diverses sphères de la p r o d u c t i o n à s'équilibrer n'est q u ' u n e réaction contre la destruction continuelle de cet équilibre. D a n s la division m a n u f a c t u r i è r e de l'atelier le 63
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« I l n ' y a p l u s r i e n q u e l ' o n p u i s s e n o m m e r l a r é c o m p e n s e n a t u r e l l e d u travail i n d i v i d u e l . C h a q u e travailleur n e p r o d u i t p l u s q u ' u n e p a r t i e d ' u n tout, e t c h a q u e p a r t i e n ' a y a n t n i v a l e u r ni utilité p a r e l l e - m ê m e , il n ' y a r i e n q u e le travailleur p u i s s e s'attribuer, r i e n d o n t il p u i s s e d i r e : ceci est m o n p r o d u i t , je v e u x le garder p o u r m o i - m ê m e . » (Labour defended against the daims of Capital. L o n d . , 1825, p. 25.) L ' a u t e u r de cet écrit r e m a r q u a b l e est T h . H o d g s k i n , déjà cité. C'est c e q u i a été d é m o n t r é d ' u n e m a n i è r e singulière a u x Y a n k e e s . P a r m i les n o m b r e u x e t n o u v e a u x i m p ô t s i m a g i n é s à W a s h i n g t o n p e n d a n t la guerre civile, figurait u n e accise de 6 % s u r les p r o d u i t s i n d u s t r i e l s . Or, q u ' e s t - c e q u ' u n p r o d u i t i n d u s t r i e l ? A cette q u e s t i o n p o s é e par les c i r c o n s t a n c e s l a sagesse législative r é p o n d i t : « U n e chose d e v i e n t p r o d u i t q u a n d elle est faite (when it is m a d e ) , et elle est faite dès q u ' e l l e est b o n n e p o u r la v e n t e . » C i t o n s m a i n t e n a n t u n e x e m p l e e n t r e m i l l e . D a n s les m a n u f a c t u r e s d e p a r a p l u i e s e t d e parasols, à N e w - Y o r k et à P h i l a d e l p h i e , ces articles é t a i e n t d ' a b o r d fabriqués en entier, b i e n q u ' e n réalité ils s o i e n t des mixta composita de c h o s e s c o m p l è t e m e n t h é t é r o g è n e s . Plus tard les différentes parties q u i les c o n s t i t u e n t d e v i n r e n t l'objet d ' a u t a n t d e fabrications spéciales d i s s é m i n é e s e n divers l i e u x , c'est-à-dire q u e l a division d u travail, d e m a n u f a c t u r i è r e q u ' e l l e était, d e v i n t sociale. L e s p r o duits des divers t r a v a u x partiels f o r m e n t d o n c m a i n t e n a n t a u t a n t d e m a r c h a n d i s e s q u i e n t r e n t d a n s l a m a n u f a c t u r e d e p a r a p l u i e s e t d e parasols p o u r y être t o u t s i m p l e m e n t r é u n i s e n u n tout. Les Y a n k e e s o n t b a p t i s é ces p r o d u i t s d u n o m d'articles a s s e m b l é s ( a s s e m b l e d articles), n o m qu'ils m é r i t e n t d'ailleurs à c a u s e d e s i m p ô t s q u i s'y t r o u v e n t r é u n i s . L e p a r a p l u i e p a y e ainsi 6 % d'accise sur le prix de c h a c u n de ses é l é m e n t s q u i e n t r e c o m m e u n e m a r c h a n d i s e d a n s sa m a n u f a c t u r e , et de p l u s 6 % s u r s o n p r o p r e prix t o t a l . 64
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Quatrième section • La production de la plus-value relative n o m b r e proportionnel d o n n é d'abord par la pratique, puis par la réflexion, gouverne à priori à titre de règle la masse d'ouvriers attachée à c h a q u e fonction particulière ; d a n s la division sociale du travail, il n'agit q u ' à posteriori, c o m m e nécessité fatale, cachée, m u e t t e , saisissable s e u l e m e n t d a n s les variations b a r o m é t r i q u e s des prix du m a r c h é , s'imposant et d o m i n a n t 5 par des ca||155|tastrophes l'arbitraire déréglé des producteurs m a r c h a n d s . La division m a n u f a c t u r i è r e du travail suppose l'autorité absolue du capitaliste sur des h o m m e s transformés en simples m e m b r e s d ' u n m é c a n i s m e q u i lui appartient. La division sociale du travail m e t en face les u n s des autres des producteurs i n d é p e n d a n t s q u i ne reconnaissent en fait d'autorité 10 q u e celle de la c o n c u r r e n c e , d'autre force q u e la pression exercée sur eux par leurs intérêts réciproques, de m ê m e q u e dans le règne a n i m a l la guerre de tous contre tous, bellum omnium contra omnes, entretient plus ou m o i n s les conditions d'existence de toutes les espèces. Et cette C o n s c i e n c e bourgeoise q u i exalte la division m a n u f a c t u r i è r e du travail, la c o n d a m n a t i o n à 15 perpétuité du travailleur à u n e opération de détail et sa s u b o r d i n a t i o n passive au capitaliste, elle pousse des h a u t s cris et se p â m e q u a n d on parle de contrôle, de r é g l e m e n t a t i o n sociale du procès de p r o d u c t i o n ! Elle d é n o n c e t o u t e tentative de ce genre c o m m e u n e a t t a q u e contre les droits de la Propriété, de la Liberté, du G é n i e du capitaliste. «Voulez-vous d o n c transfor- 20 m e r la société en u n e f a b r i q u e ? » glapissent alors ces enthousiastes apologistes du système de fabrique. Le régime des fabriques n'est b o n q u e p o u r les prolétaires! Si l'anarchie dans la division sociale et le despotisme d a n s la division manufacturière du travail caractérisent la société bourgeoise, des sociétés 25 plus a n c i e n n e s où la séparation des métiers s'est développée s p o n t a n é m e n t , puis s'est cristallisée et enfin a été s a n c t i o n n é e légalement, n o u s offrent par contre l'image d ' u n e organisation sociale du travail régulière et autoritaire tandis que la division manufacturière y est c o m p l è t e m e n t exclue, ou ne se présente q u e sur u n e échelle m i n i m e , ou ne se développe 30 q u e s p o r a d i q u e m e n t et a c c i d e n t e l l e m e n t . Ces petites c o m m u n a u t é s i n d i e n n e s , d o n t on p e u t suivre les traces j u s q u ' a u x t e m p s les plus reculés, et qui existent encore en partie, sont fondées sur la possession c o m m u n e du sol, sur l ' u n i o n i m m é d i a t e de l'agriculture et du m é t i e r et sur u n e division du travail invariable, laquelle sert de 35 plan et de m o d è l e toutes les fois qu'il se forme des c o m m u n a u t é s n o u 65
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« O n p e u t . . . . établir e n règle g é n é r a l e q u e m o i n s l ' a u t o r i t é préside à l a division d u travail d a n s l'intérieur de la société, plus la division du travail se développe d a n s l ' i n t é r i e u r de l'atelier, et plus elle y est s o u m i s e à l ' a u t o r i t é d ' u n seul. A i n s i l ' a u t o r i t é d a n s l'atelier et celle d a n s la société, par r a p p o r t à la division du travail, s o n t en r a i s o n inverse l ' u n e de l ' a u t r e . » (Karl M a r x , Misère de la Philosophie, p. 130, 131.)
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C h a p i t r e XIV · Division du travail et m a n u f a c t u r e
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velles. Établies sur un terrain qui c o m p r e n d de cent à quelques m i l l e acres, elles c o n s t i t u e n t des organismes de p r o d u c t i o n complets se suffisant à elles-mêmes. La plus g r a n d e m a s s e du produit est destinée à la c o n s o m m a tion i m m é d i a t e de la c o m m u n a u t é ; elle ne devient point m a r c h a n d i s e , de m a n i è r e q u e la p r o d u c t i o n est i n d é p e n d a n t e de la division du travail occasionnée par l'échange d a n s l'ensemble de la société i n d i e n n e . L ' e x c é d a n t seul des produits se transforme en m a r c h a n d i s e , et va t o u t d'abord entre les m a i n s de l'État a u q u e l , depuis les t e m p s les plus reculés, en revient u n e certaine partie à titre de rente en n a t u r e . Ces c o m m u n a u t é s revêtent diverses formes d a n s différentes parties de l'Inde. Sous sa forme la plus simple, la c o m m u n a u t é cultive le sol en c o m m u n et partage les produits entre ses m e m b r e s , tandis q u e c h a q u e famille s'occupe chez elle de travaux domestiques, tels q u e filage, tissage, etc. A côté de cette m a s s e o c c u p é e d ' u n e m a n i è r e uniforme n o u s trouvons « l ' h a b i t a n t p r i n c i p a l » juge, chef de police et receveur d'impôts, le t o u t en u n e seule p e r s o n n e ; le t e n e u r de livres qui règle les comptes de l'agriculture et du cadastre et enregistre t o u t ce q u i s'y rapporte; un troisième employé q u i poursuit les criminels et protège les voyageurs étrangers qu'il a c c o m p a g n e d ' u n village à l ' a u t r e ; l'homme-frontière qui e m p ê c h e les e m p i é t e m e n t s des c o m m u n a u t é s voisines; l'inspecteur des e a u x qui fait distribuer p o u r les besoins de l'agriculture l'eau dérivée des réservoirs c o m m u n s ; le b r a m i n e qui remplit les fonctions du culte ; le maître d'école qui enseigne a u x enfants de la c o m m u n a u t é à lire et à écrire sur le sable ; le b r a m i n e calendrier qui en qualité d'astrologue indique les époques des semailles et de la m o i s s o n ainsi que les h e u r e s favorables ou funestes aux divers travaux agricoles ; un forgeron et un charpentier qui fabriquent et réparent tous les instruments d'agriculture ; le potier qui fait t o u t e la vaisselle du village; le barbier, le blanchisseur, l'orfèvre et çà et là le poëte qui dans q u e l q u e s c o m m u n a u t é s remplace l'orfèvre et dans d'autres, le maître d'école. Cette d o u z a i n e de personnages est e n t r e t e n u e
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aux frais de la c o m m u n a u t é entière. Q u a n d la population a u g m e n t e , u n e c o m m u n a u t é nouvelle est fondée sur le m o d è l e des a n c i e n n e s et s'établit dans un terrain n o n cultivé. L'ensemble de la c o m m u n a u t é repose d o n c sur u n e division du travail régulière, m a i s la division dans le sens m a n u f a c t u rier est impossible p u i s q u e le m a r c h é reste i m m u a b l e p o u r le forgeron, le 35 charpentier, etc., et q u e t o u t au plus, selon l'importance des villages, il s'y trouve d e u x forgerons ou d e u x potiers au lieu d ' u n . La loi qui règle la division du travail de la c o m m u n a u t é agit ici avec l'autorité inviolable d ' u n e loi physique, tandis q u e c h a q u e artisan exécute chez lui, dans s o n atelier, 66
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Lieut. Col. M a r k W i l k s : Historical Sketches of the South of India., L o n d . , 1 8 1 0 - 1 7 , v. I, p . 1 1 8 - 1 2 0 . ) O n trouve u n e b o n n e e x p o s i t i o n des différentes formes d e l a c o m m u n a u t é ind i e n n e d a n s l'ouvrage de G e o r g e C a m p b e l l : Modem India. L o n d . , 1852.
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Quatrième section • La production de la plus-value relative d'après le m o d e traditionnel, m a i s avec i n d é p e n d a n c e et sans reconnaître a u c u n e autorité, toutes les opérations qui sont de son ressort. La simplicité de l'organisme productif de ces c o m m u n a u t é s q u i se suffisent à ellesm ê m e s , se reproduisent c o n s t a m m e n t sous la m ê m e forme, et u n e fois détruites accidentellement se reconstituent au m ê m e lieu et avec le m ê m e n o m , n o u s fournit la clef de l'immutabilité des so||156|ciétés asiatiques, i m m u t a b i l i t é qui contraste d ' u n e m a n i è r e si étrange avec la dissolution et reconstruction incessantes des États asiatiques, les c h a n g e m e n t s violents de leurs dynasties. La structure des éléments é c o n o m i q u e s f o n d a m e n t a u x de la société, reste hors des atteintes de toutes les t o u r m e n t e s de la région politique. Les lois des corporations du m o y e n âge e m p ê c h a i e n t m é t h o d i q u e m e n t la transformation du m a î t r e en capitaliste, en limitant par des édits rigour e u x le n o m b r e m a x i m u m des c o m p a g n o n s qu'il avait le droit d'employer, et encore on lui interdisait l'emploi de c o m p a g n o n s dans t o u t genre de m é tier autre q u e le sien. La corporation se gardait également avec un zèle jaloux contre tout e m p i é t e m e n t du capital m a r c h a n d , la seule forme libre du capital q u i lui faisait vis-à-vis. Le m a r c h a n d pouvait acheter t o u t e sorte de m a r c h a n d i s e s le travail excepté. Il n ' é t a i t souffert q u ' à titre de d é b i t a n t de produits. Q u a n d des circonstances extérieures nécessitaient u n e division du travail progressive, les corporations existantes se subdivisaient en sousgenres, ou bien il se formait des corporations nouvelles à côté des anciennes, sans q u e des métiers différents fussent réunis d a n s un m ê m e atelier. L'organisation corporative excluait d o n c la division m a n u f a c t u r i è r e du travail, b i e n qu'elle en développât les conditions d'existence en isolant et perfectionnant les métiers. En général le travailleur et ses m o y e n s de prod u c t i o n restaient soudés e n s e m b l e c o m m e l'escargot et sa coquille. A i n s i la base première de la m a n u f a c t u r e , c'est-à-dire la forme capital des m o y e n s de production, faisait défaut.
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T a n d i s que la division sociale du travail, avec ou sans échange de marchandises, appartient a u x formations é c o n o m i q u e s des sociétés les plus diverses, la division manufacturière est u n e création spéciale du m o d e de p r o d u c t i o n capitaliste.
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« S o u s c e t t e simple forme . . . . les h a b i t a n t s d u pays o n t v é c u d e p u i s u n t e m p s i m m é m o r i a l . L e s limites d e s villages o n t été r a r e m e n t modifiées, e t q u o i q u e les villages e u x - m ê m e s a i e n t eu souvent à souffrir de la g u e r r e , de la f a m i n e et d e s m a l a d i e s , ils n ' e n o n t p a s m o i n s g a r d é d'âge e n âge les m ê m e s n o m s , les m ê m e s l i m i t e s , les m ê m e s intérêts e t j u s q u ' a u x m ê m e s fam i l l e s . Les h a b i t a n t s n e s ' i n q u i è t e n t j a m a i s d e s r é v o l u t i o n s e t d e s divisions d e s r o y a u m e s . P o u r v u q u e le village reste entier, p e u l e u r i m p o r t e à q u i passe le p o u v o i r ; l e u r é c o n o m i e i n t é r i e u r e n ' e n é p r o u v e l e m o i n d r e c h a n g e m e n t . » (Th. Stamford Raffles, late L i e u t . G o v . o f J a v a : The History of Java. L o n d . 1817, v. I, p. 285.)
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V Caractère capitaliste de la manufacture
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Un n o m b r e assez considérable d'ouvriers sous les ordres du m ê m e capital, tel est le point de départ n a t u r e l de la m a n u f a c t u r e , ainsi q u e de la coopération simple. M a i s la division du travail, tel q u e l'exige la m a n u f a c t u r e , fait de l'accroissement incessant des ouvriers employés u n e nécessité techn i q u e . L e n o m b r e m i n i m u m q u ' u n capitaliste doit employer, lui est m a i n t e n a n t prescrit par la division du travail établie. P o u r obtenir les avantages d ' u n e division ultérieure, il faut n o n - s e u l e m e n t a u g m e n t e r le n o m b r e des ouvriers, m a i s l ' a u g m e n t e r par multiple, c'est-à-dire d ' u n seul c o u p , selon des proportions fixes, d a n s tous les divers groupes de l'atelier. De plus, l'agrandissement de la partie variable du capital nécessite celui de sa partie constante, des avances en outils, instruments, b â t i m e n t s , etc., et surtout en matières premières d o n t la q u a n t i t é requise croît b i e n plus vite q u e le n o m b r e des ouvriers employés. Plus se développent les forces productives du travail par suite de sa division, plus il c o n s o m m e d e matières premières d a n s u n t e m p s d o n n é . L'accroissement progressif du c a p i t a l - m i n i m u m nécessaire au capitaliste, ou la transformation progressive des m o y e n s sociaux de subsistance et de p r o d u c t i o n en capital, est d o n c u n e loi imposée par le caractère t e c h n i q u e de la m a n u f a c ture . Le corps de travail f o n c t i o n n a n t d a n s la m a n u f a c t u r e et d o n t les m e m bres sont des ouvriers de détail, appartient au capitaliste; il n'est q u ' u n e forme d'existence du capital. La force productive, issue de la c o m b i n a i s o n des travaux, semble d o n c naître du capital. La m a n u f a c t u r e p r o p r e m e n t dite ne s o u m e t pas s e u l e m e n t le travailleur a u x ordres et à la discipline du capital, m a i s établit encore u n e gradation hiérarchique p a r m i les ouvriers e u x - m ê m e s . Si, en général, la coopération simple n'affecte guère le m o d e de travail individuel, la m a n u f a c t u r e le révolutionne de fond en c o m b l e et a t t a q u e à sa racine la force de travail. Elle estropie le travailleur, elle fait de lui q u e l q u e chose de m o n s t r u e u x en activant le d é v e l o p p e m e n t factice de sa dextérité de détail, en sacrifiant t o u t 68
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« I l ne suffit pas q u e le c a p i t a l n é c e s s a i r e à la s u b d i v i s i o n des o p é r a t i o n s n o u v e l l e s se trouve disponible d a n s l a s o c i é t é ; i l faut d e p l u s q u ' i l soit a c c u m u l é e n t r e les m a i n s des e n t r e p r e n e u r s e n m a s s e s suffisantes p o u r les m e t t r e e n état d e faire travailler s u r u n e g r a n d e échelle . . . . A m e s u r e q u e l a division s ' a u g m e n t e , l ' o c c u p a t i o n c o n s t a n t e d ' u n m ê m e n o m b r e d e travailleurs exige u n c a p i t a l d e plus e n plus c o n s i d é r a b l e e n m a t i è r e s p r e m i è r e s , o u t i l s , etc.» (Storch, I.e., p . 2 5 0 , 251.) « L a c o n c e n t r a t i o n des i n s t r u m e n t s de p r o d u c t i o n et la division du travail s o n t aussi i n s é p a r a b l e s l ' u n e de l ' a u t r e q u e le sont, d a n s le r é g i m e p o l i t i q u e , la c o n c e n t r a t i o n des pouvoirs p u b l i c s et la division d e s intérêts privés. » (Karl M a r x , I.e., p. 134.)
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Quatrième section · La production de la plus-value relative un m o n d e de dispositions et d'instincts producteurs, de m ê m e q u e d a n s les États de la Plata, on i m m o l e un t a u r e a u pour sa p e a u et son suif. Ce n'est pas s e u l e m e n t le travail q u i est divisé, subdivisé et réparti entre divers individus, c'est l'individu l u i - m ê m e qui est morcelé et m é t a m o r phosé en ressort a u t o m a t i q u e d ' u n e opération exclusive , de sorte q u e l'on trouve réalisée la fable absurde de M e n e n i u s Agrippa, représentant un h o m m e c o m m e fragment d e son propre c o r p s . Originairement l'ouvrier vend au capital sa force de travail, parce q u e les m o y e n s matériels de la p r o d u c t i o n lui m a n q u e n t . M a i n t e n a n t sa force de travail refuse t o u t service sérieux si elle n'est pas v e n d u e . P o u r pouvoir fonctionner, il lui faut ce milieu social qui n'existe q u e d a n s l'atelier du capitaliste . De m ê m e q u e le peuple élu ||157| portait écrit sur son front qu'il était la propriété de Jehovah, de m ê m e l'ouvrier de m a n u f a c t u r e est m a r qué c o m m e au fer rouge du sceau de la division du travail q u i le revendiq u e c o m m e propriété du capital. Les connaissances, l'intelligence et la volonté que le paysan et l'artisan i n d é p e n d a n t s déploient, sur u n e petite échelle, à peu près c o m m e le sauvage pratique tout l'art de la guerre sous forme de ruse personnelle, ne sont désormais requises q u e p o u r l'ensemble de l'atelier. Les puissances intellectuelles de la p r o d u c t i o n se développent d ' u n seul côté parce qu'elles disparaissent sur tous les autres. Ce q u e les ouvriers parcellaires perdent, se concentre en face d ' e u x d a n s le c a p i t a l . La division m a n u f a c t u r i è r e leur oppose les puissances intellectuelles de la p r o d u c t i o n c o m m e la propriété d'autrui et c o m m e pouvoir q u i les d o m i n e . Cette scission c o m m e n c e à poindre dans la coopération simple où le capitaliste représente vis-à-vis du travailleur isolé l'unité et la volonté du travailleur collectif; elle se développe d a n s la m a n u f a c t u r e qui m u t i l e le travailleur au point de le réduire à u n e parcelle de l u i - m ê m e ; elle s'achève enfin dans la grande industrie qui fait de la science u n e force productive i n d é p e n d a n t e du travail et l'enrôle au service du c a p i t a l . 69
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D u g a l d Stewart appelle les ouvriers d e m a n u f a c t u r e « d e s a u t o m a t e s vivants e m p l o y é s d a n s les détails d ' u n o u v r a g e » . ( L . c , p . 318.) C h e z les c o r a u x , c h a q u e i n d i v i d u est l ' e s t o m a c d e s o n g r o u p e ; m a i s cet e s t o m a c p r o c u r e d e s a l i m e n t s p o u r t o u t e l a c o m m u n a u t é , a u lieu d e lui e n d é r o b e r c o m m e l e faisait l e p a t r i c i a t romain. « L ' o u v r i e r q u i p o r t e d a n s ses m a i n s t o u t u n m é t i e r , p e u t aller p a r t o u t exercer son i n d u s t r i e e t trouver des m o y e n s d e s u b s i s t e r ; l'autre (celui des m a n u f a c t u r e s ) , n ' e s t q u ' u n accessoire q u i , séparé de ses confrères, n ' a plus ni c a p a c i t é ni i n d é p e n d a n c e , et q u i se t r o u v e forcé d'acc e p t e r la loi q u ' o n j u g e à p r o p o s de l u i i m p o s e r . » (Storch, 1. c, édit. de Pétersb., 1 8 1 5 , 1.1,
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A . F e r g u s o n , I.e., trad, franc. 1 7 8 3 , t . I I , p . 135, 136. « L ' u n p e u t avoir g a g n é c e q u e l ' a u t r e a perdu. » «Le savant e t l e travailleur s o n t c o m p l è t e m e n t séparés l ' u n d e l'autre, e t l a s c i e n c e d a n s les 73
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture
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D a n s la m a n u f a c t u r e l'enrichissement du travailleur collectif, et par suite du capital, en forces productives sociales a pour c o n d i t i o n l'appauvrissement du travailleur en forces productives individuelles. « L ' i g n o r a n c e est la m è r e de l'industrie aussi bien q u e de la superstition. La réflexion et l ' i m a g i n a t i o n sont sujettes à s'égarer; m a i s l ' h a b i t u d e de m o u v o i r le pied ou la m a i n ne dépend ni de l'une, ni de l'autre. Aussi pourrait-on dire, que la perfection, à l'égard des manufactures, consiste à pouvoir se passer de l'esprit, de m a n i è r e que, sans effort de tête, l'atelier puisse être considéré c o m m e u n e m a c h i n e d o n t les parties sont des 74
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h o m m e s . » Aussi un certain n o m b r e de m a n u f a c t u r e s , vers le m i l i e u du dix-huitième siècle, employaient de préférence p o u r certaines opérations formant des secrets de fabrique, des ouvriers à m o i t i é i d i o t s . «L'intelligence de la plupart des h o m m e s » , dit A . S m i t h , « s e forme n é cessairement par leurs occupations ordinaires. Un h o m m e dont t o u t e la vie 15 se passe à exécuter un petit n o m b r e d'opérations simples .... n ' a a u c u n e occasion de développer son intelligence ni d'exercer son i m a g i n a t i o n . . . . Il devient en général aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à u n e créature h u m a i n e de le devenir. » Après avoir dépeint l'engourdissement de l'ouvrier parcellaire, A . S m i t h c o n t i n u e a i n s i : « L ' u n i f o r m i t é de sa vie sta20 tionnaire corrompt n a t u r e l l e m e n t la vaillance de son e s p r i t . . . . elle dégrade m ê m e l'activité de son corps et le rend incapable de déployer sa force avec q u e l q u e vigueur et q u e l q u e persévérance, d a n s tout autre emploi q u e celui a u q u e l il a été élevé. A i n s i sa dextérité d a n s son m é t i e r est u n e qualité qu'il semble avoir acquise a u x dépens de ses vertus intellectuelles, sociales 25 et guerrières. Or, d a n s t o u t e société industrielle et civilisée tel est l'état où doit t o m b e r n é c e s s a i r e m e n t l'ouvrier pauvre (the labouring poor), c'est-àdire la grande m a s s e du p e u p l e . » Pour porter r e m è d e à cette détérioration complète, q u i résulte de la division du travail, A. S m i t h r e c o m m a n d e l'ins75
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m a i n s de ce dernier, au lieu de développer à son a v a n t a g e ses propres forces p r o d u c t i v e s , s'est p r e s q u e p a r t o u t t o u r n é e c o n t r e l u i . . . . L a c o n n a i s s a n c e d e v i e n t u n i n s t r u m e n t susceptible d'être séparé du travail et de l u i être o p p o s é . » (W. T h o m p s o n : An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth. L o n d . , 1824, p. 274.) A . F e r g u s o n , I.e., p . 134, 135. J. D . T u c k e t t : A History of the Past and Present State of the Labouring Population. L o n d . , 1846, v . I , p . 148. A. S m i t h : Wealth of Nations, 1. V, ch. I, art. 1 1 . En sa q u a l i t é d'élève de A . F e r g u s o n , A d a m S m i t h savait à q u o i s'en t e n i r s u r les c o n s é q u e n c e s funestes de la division du travail fort b i e n exposées p a r son m a î t r e . Au c o m m e n c e m e n t de s o n ouvrage, alors q u ' i l célèbre ex professo la division du travail, il se c o n t e n t e de l ' i n d i q u e r en p a s s a n t c o m m e la s o u r c e des inégalités sociales. D a n s le d e r n i e r livre de s o n ouvrage, il r e p r o d u i t les idées de F e r g u s o n . - D a n s m o n écrit, Misère de la philosophie, etc., j ' a i déjà e x p l i q u é s u f f i s a m m e n t le r a p p o r t h i s t o r i q u e e n t r e F e r g u s o n , A. S m i t h , L e m o n t e y et Say, p o u r ce q u i regarde leur c r i t i q u e de la division du travail, e t j ' a i d é m o n t r é e n m ê m e t e m p s p o u r l a p r e m i è r e fois, q u e l a division m a n u f a c t u r i è r e d u travail est u n e forme spécifique d u m o d e d e p r o d u c t i o n capitaliste. (L. c , p . 122 e t suiv.) 74
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Quatrième section • La production de la plus-value relative t r a c t i o n populaire obligatoire, t o u t en conseillant de l'administrer avec p r u d e n c e et à doses h o m œ o p a t h i q u e s . Son traducteur et c o m m e n t a t e u r français, G. Garnier, ce s é n a t e u r prédestiné du premier empire, a fait preuve de logique en c o m b a t t a n t cette idée. L'instruction du peuple, selon lui, est en contradiction avec les lois de la division du travail, et l'adopter 5 «serait proscrire tout n o t r e système social . . . . C o m m e toutes les autres divisions du travail, celle qui existe entre le travail m é c a n i q u e et le travail int e l l e c t u e l se p r o n o n c e d ' u n e m a n i è r e plus forte et plus t r a n c h a n t e à m e sure q u e la société avance vers un état plus opulent. (Garnier applique ce m o t société d ' u n e m a n i è r e très-correcte au capital, à la propriété foncière et 10 à l'État qui est leur.) Cette division c o m m e toutes les autres, est un effet des progrès passés et u n e cause des progrès à venir Le g o u v e r n e m e n t doit-il d o n c travailler à contrarier cette division de travail, et à la retarder d a n s sa m a r c h e naturelle ? Doit-il employer u n e portion du revenu public p o u r tâcher de confondre et de mêler d e u x classes de travail q u i t e n d e n t 15 d'elles-mêmes à se d i v i s e r ? » Un certain rabougrissement de corps et d'esprit est inséparable de la division du travail dans la société. M a i s c o m m e la période m a n u f a c t u r i è r e pousse b e a u c o u p plus loin cette division sociale en m ê m e t e m p s q u e par la division qui lui est propre elle a t t a q u e l'individu à la racine m ê m e de sa 20 vie, c'est elle q u i la première fournit l'idée et la m a t i è r e d ' u n e pathologie industrielle . | |158| «Subdiviser un h o m m e , c'est l'exécuter, s'il a m é r i t é u n e s e n t e n c e de m o r t ; c'est l'assassiner s'il ne la m é r i t e pas. La subdivision du travail est l'assassinat d ' u n p e u p l e . » 25 La coopération fondée sur la division du travail, c'est-à-dire la m a n u f a c ture, est à ses débuts u n e création s p o n t a n é e et inconsciente. D è s qu'elle a 77
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F e r g u s o n dit déjà: « L ' a r t d e p e n s e r d a n s u n e p é r i o d e o ù t o u t est séparé, p e u t l u i - m ê m e form e r un métier à part.» G. G a r n i e r , t. V de sa t r a d u c t i o n , p. 2 - 5 . R a m a z z i n i , professeur de m é d e c i n e p r a t i q u e à P a d o u e , p u b l i a en 1700 son o u v r a g e : De marbis artificum, t r a d u i t en français en 1777, r é i m p r i m é en 1841 d a n s Y Encyclopédie des sciences médicales. 7 Div. Auteurs classiques. Son c a t a l o g u e des m a l a d i e s d e s ouvriers a été n a t u r e l l e m e n t t r è s - a u g m e n t é p a r la p é r i o d e de la g r a n d e i n d u s t r i e . Voy. e n t r e a u t r e s : Hygiène physique et morale de l'ouvrier dans les grandes villes en général, et dans la ville de Lyon en particulier, p a r le D A. L. F o n t e r e t . Paris, 1 8 5 8 ; Die Krankheiten welche verschiedenen Ständen, Altern und Geschlechtern eigenthümlich sind. 6 vol. U l m , 1840, et l'ouvrage de E d u a r d R e i c h , M . D . : lieber den Ursprung der Entartung des Menschen. E r l a n g e n , 1868. La Society of Arts n o m m a en 1854 u n e c o m m i s s i o n d ' e n q u ê t e sur l a p a t h o l o g i e i n d u s t r i e l l e . L a liste des d o c u m e n t s r a s s e m b l é s par c e t t e c o m m i s s i o n se trouve d a n s le c a t a l o g u e du Twickenham Economie Museum. L e s rapports officiels sur Public Health o n t c o m m e de j u s t e u n e g r a n d e i m p o r t a n c e . D . U r q u h a r t : Familiar Words. L o n d o n , 1855, p. 119. H e g e l avait des o p i n i o n s t r è s - h é r é t i q u e s sur l a division d u travail. « P a r h o m m e s cultivés, dit-il d a n s s a p h i l o s o p h i e d u droit, o n doit d ' a b o r d e n t e n d r e c e u x q u i p e u v e n t faire t o u t ce q u e font les a u t r e s . » 78
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acquis u n e certaine consistance et u n e base suffisamment large, elle devient la forme r e c o n n u e et m é t h o d i q u e de la p r o d u c t i o n capitaliste. L'histoire de la m a n u f a c t u r e p r o p r e m e n t dite m o n t r e c o m m e n t la division du travail qui lui est particulière acquiert e x p é r i m e n t a l e m e n t , p o u r ainsi dire à l'insu des acteurs, ses formes les plus avantageuses, et c o m m e n t ensuite, à la m a n i è r e des corps de métier, elle s'efforce de m a i n t e n i r ces formes traditionnellement, et réussit quelquefois à les m a i n t e n i r p e n d a n t plus d ' u n siècle. Cette forme ne c h a n g e presque j a m a i s , excepté d a n s les accessoires, que par suite d ' u n e révolution survenue dans les i n s t r u m e n t s de travail. La m a n u f a c t u r e m o d e r n e (je ne parle pas de la grande industrie fondée sur l'emploi des m a c h i n e s ) ou b i e n trouve, dans les grandes villes où elle s'établit, ses m a t é r i a u x t o u t prêts q u o i q u e disséminés et n ' a plus q u ' à les rassembler, la m a n u f a c t u r e des vêtements par exemple ; ou b i e n le principe de la division du travail est d ' u n e application si facile q u ' o n n ' a q u ' à approprier c h a q u e ouvrier exclusivement à u n e des diverses opérations d ' u n m é tier, par exemple de la reliure des livres. L'expérience d ' u n e s e m a i n e suffît a m p l e m e n t d a n s de tels cas p o u r trouver le n o m b r e p r o p o r t i o n n e l d'ouvriers qu'exige c h a q u e f o n c t i o n . Par l'analyse et la d é c o m p o s i t i o n du m é t i e r m a n u e l , la spécialisation des i n s t r u m e n t s , la formation d'ouvriers parcellaires et leur g r o u p e m e n t d a n s un m é c a n i s m e d ' e n s e m b l e , la division manufacturière crée la différenciation qualitative et la proportionnalité quantitative des procès sociaux de production. Cette organisation particulière du travail en a u g m e n t e les forces productives. La division du travail dans sa forme capitaliste - et sur les bases historiques d o n n é e s , elle ne pouvait revêtir a u c u n e autre forme - n'est q u ' u n e m é t h o d e particulière de produire de la plus-value relative, ou d'accroître aux dépens du travailleur le r e n d e m e n t du capital, ce q u ' o n appelle Richesse nationale (Wealth of Nations). A u x dépens du travailleur elle développe la force collective du travail pour le capitaliste. Elle crée des circonstances nouvelles q u i assurent la d o m i n a t i o n du capital sur le travail. Elle se présente d o n c e t c o m m e u n progrès historique, u n e phase nécessaire d a n s la formation é c o n o m i q u e de la société, et c o m m e un m o y e n civilisé et raffiné d'exploitation. L ' é c o n o m i e politique, qui ne date c o m m e science spéciale q u e de l'époque des manufactures, considère la division sociale du travail en général 81
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La foi naïve au g é n i e d é p l o y é a priori par le capitaliste d a n s la division du travail, ne se renc o n t r e plus q u e c h e z des professeurs a l l e m a n d s , tels q u e R o s c h e r p a r e x e m p l e , q u i p o u r réc o m p e n s e r le capitaliste de ce q u e la division du travail sort t o u t e faite de son c e r v e a u olymp i e n , lui a c c o r d e « p l u s i e u r s salaires différents». L ' e m p l o i p l u s ou m o i n s d é v e l o p p é de la division du travail d é p e n d de la g r a n d e u r de la b o u r s e , et n o n de la g r a n d e u r du g é n i e .
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Quatrième section · La production de la plus-value relative 82
du point de vue de la division m a n u f a c t u r i è r e ; elle n'y voit q u ' u n m o y e n de produire plus avec m o i n s de travail, de faire baisser par c o n s é q u e n t le prix des m a r c h a n d i s e s et d'activer l ' a c c u m u l a t i o n du capital. Les écrivains de l'antiquité classique, au lieu de d o n n e r t a n t d ' i m p o r t a n c e à la q u a n t i t é et la valeur d'échange, s'en t i e n n e n t exclusivement à la qualité et à la va5 leur d ' u s a g e . P o u r eux, la séparation des b r a n c h e s sociales de la p r o d u c t i o n n ' a q u ' u n r é s u l t a t : c'est que les produits sont m i e u x faits et q u e les p e n c h a n t s et les talents divers des h o m m e s p e u v e n t se choisir les sphères d'action q u i leur c o n v i e n n e n t le m i e u x , car si l'on ne sait pas se limiter, il est impossible de rien produire d ' i m p o r t a n t . La division du travail perfec- 10 t i o n n e d o n c le produit et le p r o d u c t e u r . Si, à l'occasion, ils m e n t i o n n e n t aussi l'accroissement de la m a s s e des produits, ils n ' o n t en vue q u e l'abond a n c e de valeurs d'usage, d'objets utiles, et n o n la valeur d ' é c h a n g e ou la baisse ||159| d a n s le prix des m a r c h a n d i s e s . P l a t o n , q u i fait de la division 83
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Les p r é d é c e s s e u r s d ' A d a m S m i t h , tels q u e Petty, l ' a u t e u r a n o n y m e de « Advantages of the 15 East India Trade», o n t m i e u x q u e l u i p é n é t r é le c a r a c t è r e capitaliste de la division m a n u f a c t u rière du travail. P a r m i les m o d e r n e s , q u e l q u e s é c r i v a i n s d u d i x - h u i t i è m e siècle, B e c c a r i a e t J a m e s H a r r i s , p a r e x e m p l e , sont les seuls q u i s ' e x p r i m e n t sur la division du travail à p e u près c o m m e les a n c i e n s . « L ' e x p é r i e n c e a p p r e n d à c h a c u n , dit Beccaria, q u ' e n a p p l i q u a n t l a m a i n e t l'intelli20 g e n c e toujours a u m ê m e g e n r e d ' o u v r a g e e t a u x m ê m e s p r o d u i t s , ces d e r n i e r s s o n t p l u s a i s é m e n t o b t e n u s , plus a b o n d a n t s e t m e i l l e u r s q u e s i c h a c u n faisait i s o l é m e n t e t p o u r l u i s e u l t o u t e s les choses n é c e s s a i r e s à sa vie . . . . Les h o m m e s se divisent de cette m a n i è r e en classes 83
et c o n d i t i o n s diverses p o u r l'utilité c o m m u n e et privée. » (Cesare B e c c a r i a : Elementi di Econ. Pubblica ed. Custodi, Parte Moderna, t . X I , p . 2 8 . ) J a m e s H a r r i s , plus t a r d c o m t e de M a l m e s b u r y , dit l u i - m ê m e d a n s u n e n o t e de s o n Dialogue concerning Happiness. L o n d . , 1 7 7 2 : « L ' a r g u m e n t d o n t j e m e sers p o u r p r o u v e r q u e l a société est n a t u r e l l e (en s e f o n d a n t s u r l a d i v i s i o n des trav a u x et des e m p l o i s ) , est e m p r u n t é t o u t e n t i e r au s e c o n d livre de la République de P l a t o n . » A i n s i d a n s l'Odyssée, X I V , 2 2 8 : « " Α λ λ ο ς γ ά ρ τ α λ λ ο ι σ ι ν ά ν ή ρ έ π ι τ έ ρ π ε τ α ι ε ρ γ ο ι ς » e t A r c h i l o q u e cité p a r S e x t u s E m p i r i c u s : « " Α λ λ ο ς α λ λ ω έ π ' ε ρ γ ω κ α ρ δ ί η ν ΐ ά ι ν ε τ α ι . » A c h a c u n s o n m é t i e r e t t o u t l e m o n d e est c o n t e n t . « Π ο λ λ ' ή π ί σ τ α τ ο έ ρ γ α , κ α κ ώ ς δ ' ή π ί σ τ α τ ο π ά ν τ α . » Q u i trop e m b r a s s e m a l étreint. C o m m e producteur marchand, l'Athénien se sentait supérieur au Spartiate, parce que ce dernier pour faire la g u e r r e avait b i e n des h o m m e s à sa d i s p o s i t i o n , m a i s n o n de l ' a r g e n t ; c o m m e le fait d i r e T h u c y d i d e à Périclès d a n s la h a r a n g u e où celui-ci excite les A t h é n i e n s à la g u e r r e du P é loponèse: «Σώμασί τε ετοιμότεροι ol αυτουργοί των α ν θ ρ ώ π ω ν η χρήμαστ πολεμείν» ( T h u c ,
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L I , c . C X L I ) . N é a n m o i n s , m ê m e d a n s l a p r o d u c t i o n m a t é r i e l l e , Γ α ύ τ ά ρ κ ε ι α , l a faculté d e s e suffire, était l'idéal d e l ' A t h é n i e n , « π α ρ ' ώ ν γ ά ρ τ ο ε δ , π α ρ ά τ ο ύ τ ω ν κ α ί τ ο α υ τ α ρ κ ε ς . C e u x - c i o n t le b i e n , q u i p e u v e n t se suffire à e u x - m ê m e s . » Il faut dire q u e m ê m e à l ' é p o q u e de l a c h u t e des t r e n t e tyrans i l n ' y avait p a s e n c o r e c i n q m i l l e A t h é n i e n s s a n s p r o p r i é t é foncière.
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P l a t o n e x p l i q u e l a division d u travail a u sein d e l a c o m m u n a u t é p a r l a diversité des b e s o i n s e t l a spécialité des facultés i n d i v i d u e l l e s . S o n p o i n t d e v u e p r i n c i p a l , c'est q u e l'ouvrier d o i t s e c o n f o r m e r a u x e x i g e n c e s d e s o n œ u v r e , e t n o n l ' œ u v r e a u x e x i g e n c e s d e l'ouvrier. S i celui-ci p r a t i q u e p l u s i e u r s arts à la fois, il négligera n é c e s s a i r e m e n t l ' u n p o u r l ' a u t r e . (V.Rép., 1. II.) Il e n est d e m ê m e c h e z Thucydide I.e., c . C X L I I : « L a n a v i g a t i o n est u n art c o m m e t o u t a u t r e , e t il n ' e s t p a s de cas où elle p u i s s e être traitée c o m m e un h o r s - d ' œ u v r e ; elle ne souffre p a s m ê m e q u e l'on s ' o c c u p e à côté d'elle d ' a u t r e s m é t i e r s . » Si l ' œ u v r e d o i t a t t e n d r e l'ouvrier, dit P l a t o n , l e m o m e n t c r i t i q u e d e l a p r o d u c t i o n sera s o u v e n t m a n q u é e t l a b e s o g n e g â c h é e ; « έ ρ γ ο υ κ α ι ρ ό ν δ ι ό λ λ υ τ α ι » . O n r e t r o u v e c e t t e i d é e p l a t o n i q u e d a n s l a p r o t e s t a t i o n des b l a n c h i s -
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Chapitre XIV · Division du travail et manufacture du travail la base de la séparation sociale des classes, est là-dessus d'accord avec X é n o p h o n , qui avec son instinct bourgeois caractéristique, t o u c h e déjà de plus près la division du travail d a n s l'atelier. La r é p u b l i q u e de Platon, en t a n t du m o i n s q u e la division du travail y figure c o m m e principe 5 constitutif de l'État, n ' e s t q u ' u n e idéalisation a t h é n i e n n e du régime des castes égyptiennes. L'Egypte, d'ailleurs, passait p o u r le pays industriel m o dèle aux y e u x d ' u n grand n o m b r e de ses c o n t e m p o r a i n s , d'Isocrate, par e x e m p l e , et elle resta telle p o u r les Grecs de l'empire r o m a i n . P e n d a n t la période m a n u f a c t u r i è r e p r o p r e m e n t dite, c'est-à-dire p e n d a n t 10 la période où la m a n u f a c t u r e resta la forme d o m i n a n t e du m o d e de p r o d u c tion capitaliste, des obstacles de plus d ' u n e sorte s'opposent à la réalisation de ses t e n d a n c e s . Elle a b e a u créer, c o m m e n o u s l'avons déjà vu, à côté de la division h i é r a r c h i q u e des travailleurs, u n e séparation simple entre ouvriers habiles et inhabiles, le n o m b r e de ces derniers reste très-circons15 crit, grâce à l'influence p r é d o m i n a n t e des premiers. Elle a b e a u adapter les 87
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seurs anglais c o n t r e l'article d e l a loi d e f a b r i q u e q u i établit u n e h e u r e fixe p o u r les r e p a s d e t o u s leurs ouvriers. L e u r g e n r e d ' o p é r a t i o n s , s'écrient-ils, n e p e r m e t pas q u ' o n les règle d'après c e q u i p e u t c o n v e n i r a u x o u v r i e r s ; « u n e fois e n t r a i n d e chauffer, d e b l a n c h i r , d e c a l a n d r e r o u d e t e i n d r e , a u c u n d ' e u x n e p e u t être arrêté à u n m o m e n t d o n n é s a n s r i s q u e d e d o m m a g e . E x i ger q u e t o u t ce p e u p l e de travailleurs d î n e à la m ê m e h e u r e , ce serait d a n s c e r t a i n s cas e x p o ser de g r a n d e s valeurs à un r i s q u e certain, les o p é r a t i o n s r e s t a n t i n a c h e v é e s . » Où d i a b l e le p l a t o n i s m e va-t-il se n i c h e r ! C e n ' e s t p a s s e u l e m e n t u n h o n n e u r , dit X é n o p h o n , d ' o b t e n i r des m e t s d e l a t a b l e d u r o i des P e r s e s ; ces m e t s sont, en effet, b i e n plus s a v o u r e u x q u e d ' a u t r e s , « e t il n ' y a là r i e n d ' é t o n n a n t ; car de m ê m e q u e les arts en g é n é r a l s o n t s u r t o u t p e r f e c t i o n n é s d a n s les g r a n d e s villes, de m ê m e les m e t s du g r a n d r o i s o n t p r é p a r é s d ' u n e façon t o u t à fait spéciale. En effet d a n s les petites villes, c'est le m ê m e i n d i v i d u q u i fait portes, c h a r r u e s , lits, tables, etc. ; s o u v e n t m ê m e il c o n s t r u i t d e s m a i s o n s et se t r o u v e satisfait s'il p e u t ainsi suffire à son e n t r e t i e n . Il est a b s o l u m e n t i m p o s s i b l e q u ' u n h o m m e q u i fait t a n t d e choses les fasse t o u t e s b i e n . D a n s les g r a n d e s villes, a u c o n t r a i r e , o ù c h a c u n i s o l é m e n t trouve b e a u c o u p d ' a c h e t e u r s , i l suffit d ' u n m é t i e r p o u r n o u r r i r son h o m m e I I n ' e s t p a s m ê m e b e s o i n d ' u n m é t i e r c o m p l e t , car l ' u n fait des c h a u s s u r e s p o u r h o m m e s , e t l ' a u t r e p o u r f e m m e s . O n e n voit q u i , p o u r vivre, n ' o n t q u ' à tailler des h a b i t s , d ' a u t r e s q u ' à ajuster les pièces, d ' a u t r e s q u ' à les c o u d r e . Il est de t o u t e n é cessité q u e c e l u i q u i fait l ' o p é r a t i o n la plus s i m p l e , soit a u s s i celui q u i s'en a c q u i t t e le m i e u x . Et il en est de m ê m e p o u r l'art de la c u i s i n e . » ( X é n o p h o n , Cyrop., l . V I I I , c.II.) C'est la b o n n e q u a l i t é de la v a l e u r d ' u s a g e et le m o y e n de l'obtenir, q u e X é n o p h o n a ici e x c l u s i v e m e n t en v u e , b i e n q u ' i l s a c h e fort b i e n q u e l'échelle d e l a division d u travail d é p e n d d e l ' é t e n d u e e t d e l'importance du marché. « I l (Busiris) divisa t o u s les h a b i t a n t s e n castes p a r t i c u l i è r e s . . . . e t o r d o n n a q u e les m ê m e s i n d i v i d u s fissent toujours l e m ê m e m é t i e r , p a r c e q u ' i l savait q u e c e u x q u i c h a n g e n t d ' o c c u p a tion n e d e v i e n n e n t parfaits d a n s a u c u n e , t a n d i s q u e c e u x q u i s'en t i e n n e n t c o n s t a m m e n t a u m ê m e g e n r e de travail e x é c u t e n t à la perfection t o u t ce q u i s'y r a p p o r t e . N o u s verrons égalem e n t q u e p o u r c e q u i est d e l'art e t d e l ' i n d u s t r i e , les Égyptiens s o n t a u t a n t a u - d e s s u s d e leurs r i v a u x q u e l e m a î t r e est a u - d e s s u s d u b o u s i l l e u r . D e m ê m e e n c o r e , les i n s t i t u t i o n s p a r lesquelles ils m a i n t i e n n e n t la s o u v e r a i n e t é royale et le reste de la c o n s t i t u t i o n de l ' É t a t s o n t tell e m e n t parfaites, q u e les p h i l o s o p h e s les p l u s célèbres q u i o n t entrepris de traiter ces m a t i è r e s , o n t toujours placé la c o n s t i t u t i o n é g y p t i e n n e a u - d e s s u s de t o u t e s les a u t r e s . » (Isocr. Busiris, c. [VII,] VIII.) V. Diodore de Sicile. 87
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Quatrième section • La production de la plus-value relative opérations parcellaires aux divers degrés de maturité, de force et de dével o p p e m e n t de ses organes vivants de travail et pousser ainsi à l'exploitation productive des enfants et des femmes, cette t e n d a n c e é c h o u e g é n é r a l e m e n t contre les h a b i t u d e s et la résistance des travailleurs mâles. C'est en vain q u ' e n d é c o m p o s a n t les métiers, elle d i m i n u e les frais d'éducation, et par c o n s é q u e n t la valeur de l'ouvrier; les travaux de détail difficiles exigent toujours un t e m p s assez considérable pour l'apprentissage; et lors m ê m e que celui-ci devient superflu, les travailleurs savent le m a i n t e n i r avec un zèle jaloux. L'habileté de métier restant la base de la m a n u f a c t u r e , tandis q u e son m é c a n i s m e collectif ne possède point un squelette matériel i n d é p e n d a n t des ouvriers e u x - m ê m e s , le capital doit lutter sans cesse contre leur i n s u b o r d i n a t i o n . « L a faiblesse de la n a t u r e h u m a i n e est telle, s'écrie l'ami Ure, que plus un ouvrier est habile, plus il devient opiniâtre et intraitable, et par c o n s é q u e n t m o i n s il est propre à un m é c a n i s m e , à l'ensemble d u q u e l ses b o u t a d e s capricieuses peuvent faire un tort c o n s i d é r a b l e . » P e n d a n t toute la période manufacturière, on n ' e n t e n d q u e plaintes sur plaintes à propos de l'indiscipline des travailleurs . Et n ' e u s s i o n s - n o u s pas les témoignages des écrivains de cette époque, le simple fait que, depuis le seizième siècle j u s q u ' a u m o m e n t de la grande industrie, le capital ne réussit j a m a i s à s'emparer de t o u t le t e m p s disponible des ouvriers m a n u f a c t u riers, q u e les m a n u f a c t u r e s n ' o n t pas la vie dure, m a i s sont obligées de se déplacer d ' u n pays à l'autre suivant les émigrations ouvrières, ces faits, disje, n o u s tiendraient lieu de t o u t e u n e bibliothèque. « I l faut q u e l'ordre soit établi d ' u n e m a n i è r e ou d ' u n e autre», s'écrie, en 1770, l'auteur souvent cité de Y Essay on Trade and Commerce. L'ordre, répète soixante-six ans plus tard le docteur Andrew Ure, «l'ordre faisait défaut d a n s la m a n u f a c t u r e basée sur le dogme scolastique de la division du travail, et Arkwright a créé l'ordre ». 90
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Il faut ajouter q u e la m a n u f a c t u r e ne pouvait ni s'emparer de la p r o d u c tion sociale dans toute son é t e n d u e , ni la bouleverser d a n s sa profondeur. 30 C o m m e œ u v r e d'art é c o n o m i q u e , elle s'élevait sur la large base des corps de métiers des villes et de leur corollaire, l'industrie d o m e s t i q u e des campagnes. Mais dès qu'elle eut atteint un certain degré de développement, sa base t e c h n i q u e étroite entra en conflit avec les besoins de p r o d u c t i o n qu'elle avait elle-même créés. | 35 |160| U n e de ses œ u v r e s les plus parfaites, fut l'atelier de construction où se fabriquaient les i n s t r u m e n t s de travail et les appareils m é c a n i q u e s plus compliqués, déjà employés dans quelques m a n u f a c t u r e s . « D a n s l'enfance 9 0
Ure, 1. c , p. [30,] 3 1 . Ceci est b e a u c o u p plus vrai p o u r l'Angleterre q u e p o u r l a F r a n c e e t p o u r l a F r a n c e q u e p o u r la H o l l a n d e .
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Chapitre XV • Machinisme et grande industrie
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de la m é c a n i q u e » , dit Ure, « u n atelier de construction offrait à l'œil la division des travaux d a n s leurs n o m b r e u s e s g r a d a t i o n s : la lime, le foret, le tour, avaient c h a c u n leurs ouvriers par ordre d'habileté. » Cet atelier, ce produit de la division manufacturière du travail, enfanta à son tour les machines. L e u r intervention supprima la m a i n - d ' œ u v r e c o m m e principe régulateur de la p r o d u c t i o n sociale. D ' u n e part, il n'y e u t plus n é cessité t e c h n i q u e d'approprier le travailleur p e n d a n t t o u t e sa vie à u n e fonction parcellaire; d'autre part, les barrières q u e ce m ê m e principe opposait encore à la d o m i n a t i o n du capital, tombèrent. |
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|161| C H A P I T R E XV
Machinisme et grande industrie ι Développement des machines et de la production mécanique « I l reste encore à savoir», dit J o h n Stuart Mill, dans ses Principes d'économie politique, «si les inventions m é c a n i q u e s faites j u s q u ' à ce j o u r ont allégé le labeur q u o t i d i e n d ' u n être h u m a i n q u e l c o n q u e . » Ce n ' é t a i t pas là leur but. C o m m e tout autre développement de la force productive du travail, l'emploi capitaliste des m a c h i n e s ne t e n d q u ' à d i m i n u e r le prix des m a r chandises, à raccourcir la partie de la j o u r n é e où l'ouvrier travaille p o u r 20 l u i - m ê m e , afin d'allonger l'autre où il ne travaille que pour le capitaliste. C'est u n e m é t h o d e particulière p o u r fabriquer de la plus-value relative. La force de travail d a n s la m a n u f a c t u r e et le m o y e n de travail d a n s la p r o d u c t i o n m é c a n i q u e sont les points de départ de la révolution i n d u s 25 trielle. Il faut d o n c é t u d i e r c o m m e n t le m o y e n de travail s'est transformé d'outil en m a c h i n e et par cela m ê m e définir la différence qui existe entre la m a c h i n e et l ' i n s t r u m e n t m a n u e l . N o u s ne m e t t r o n s en relief que les traits caractéristiques : p o u r les époques historiques, c o m m e p o u r les époques géologiques, il n'y a pas de ligne de d é m a r c a t i o n rigoureuse. 30 Des m a t h é m a t i c i e n s et des m é c a n i c i e n s , d o n t l'opinion est reproduite par quelques économistes anglais, définissent l'outil u n e m a c h i n e simple, et la m a c h i n e un outil c o m p o s é . Pour eux, il n ' y a pas de différence essentielle et ils d o n n e n t m ê m e le n o m de m a c h i n e s aux puissances m é c a n i q u e s
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M i l l aurait d û ajouter « q u i n e vit p a s d u travail d ' a u t r u i » , car i l est c e r t a i n q u e les m a c h i n e s ont g r a n d e m e n t a u g m e n t é l e n o m b r e des oisifs o u c e q u ' o n appelle les g e n s c o m m e i l faut.
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Quatrième section • La production de la plus-value relative 93
élémentaires telles que le levier, le plan incliné, la vis, le coin, e t c . . En fait, toute m a c h i n e se compose de ces puissances simples, de q u e l q u e m a nière q u ' o n les déguise et c o m b i n e . M a i s cette définition ne vaut rien au point de vue social, parce q u e l'élément historique y fait défaut. Pour d'autres, la m a c h i n e diffère de l'outil en ce q u e la force motrice de 5 celui-ci est l ' h o m m e et celle de l'autre l'animal, l'eau, le vent, e t c . . A ce c o m p t e , u n e charrue attelée de boeufs, i n s t r u m e n t c o m m u n a u x é p o q u e s de p r o d u c t i o n les plus différentes, serait u n e m a c h i n e , tandis q u e le Circular Loom de Claussen, qui, sous la m a i n d ' u n seul ouvrier, exécute 9 6 0 0 0 mailles par m i n u t e , serait un simple outil. M i e u x encore, ce m ê m e 10 loom serait outil, si mû par la m a i n ; m a c h i n e , si mû par la vapeur. L ' e m ploi de la force a n i m a l e étant u n e des premières inventions de l ' h o m m e , la p r o d u c t i o n m é c a n i q u e précéderait d o n c le métier. Q u a n d John Wyatt, en 1733, a n n o n ç a sa m a c h i n e à filer, et, avec elle, la révolution industrielle du dix-huitième ||162| siècle, il ne dit m o t de ce q u e l ' h o m m e serait r e m p l a c é 15 c o m m e m o t e u r par l'âne, et c e p e n d a n t c'est à l'âne que ce rôle échut. U n e m a c h i n e pour «filer sans doigts», tel fut son p r o s p e c t u s . T o u t m é c a n i s m e développé se compose de trois parties essentiellement différentes : m o t e u r , transmission et m a c h i n e d'opération. Le m o t e u r 94
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V. p a r e x e m p l e H u t t o n ' s Course of mathematics. « On p e u t à ce p o i n t de v u e tracer u n e ligne précise de d é m a r c a t i o n e n t r e o u t i l et m a c h i n e : la pelle, le m a r t e a u , le ciseau, etc., les vis et les leviers, q u e l q u e soit le degré d'art q u i s'y t r o u v e atteint, d u m o m e n t q u e l ' h o m m e est leur seule force m o t r i c e , t o u t cela est c o m p r i s d a n s c e q u e l ' o n e n t e n d p a r o u t i l . L a c h a r m e a u c o n t r a i r e m i s e e n m o u v e m e n t p a r l a force d e l ' a n i m a l , les m o u l i n s à vent, à e a u , etc., d o i v e n t être c o m p t é s p a r m i les m a c h i n e s . » ( W i l h e l m S c h u l z : Die Bewegung der Production. Z ü r i c h , 1843, p.38.) Cet écrit m é r i t e des éloges s o u s p l u sieurs rapports.
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On se servait déjà a v a n t lui de m a c h i n e s p o u r filer, très-imparfaites, il est vrai ; et c'est en Italie p r o b a b l e m e n t q u ' o n t p a m les p r e m i è r e s . U n e histoire c r i t i q u e d e l a t e c h n o l o g i e ferait voir c o m b i e n il s'en faut g é n é r a l e m e n t q u ' u n e i n v e n t i o n q u e l c o n q u e du d i x - h u i t i è m e siècle a p p a r t i e n n e à un seul i n d i v i d u . Il n ' e x i s t e a u c u n ouvrage de ce g e n r e . D a r w i n a attiré l'attention s u r l'histoire de la technologie naturelle, c'est-à-dire sur la f o r m a t i o n des o r g a n e s des p l a n t e s e t des a n i m a u x c o n s i d é r é s c o m m e m o y e n s d e p r o d u c t i o n p o u r l e u r vie. L ' h i s t o i r e des o r g a n e s productifs d e l ' h o m m e social, b a s e m a t é r i e l l e d e t o u t e o r g a n i s a t i o n sociale, n e seraitelle p a s d i g n e d e s e m b l a b l e s r e c h e r c h e s ? E t n e serait-il p a s plus facile d e m e n e r cette e n t r e prise à b o n n e fin, p u i s q u e , c o m m e dit Vico, l'histoire de l ' h o m m e se d i s t i n g u e de l'histoire de la n a t u r e en ce q u e n o u s avons fait celle-là et n o n celle-ci? La t e c h n o l o g i e m e t à nu le m o d e d ' a c t i o n de l ' h o m m e vis-à-vis de la n a t u r e , le procès de p r o d u c t i o n de sa vie m a t é r i e l l e , et, p a r c o n s é q u e n t , l'origine des rapports s o c i a u x e t des idées o u c o n c e p t i o n s intellectuelles q u i e n d é c o u l e n t . L'histoire de la religion e l l e - m ê m e , si l'on fait a b s t r a c t i o n de cette b a s e m a t é r i e l l e , m a n q u e de c r i t e r i u m . Il est en effet b i e n p l u s facile de trouver par l'analyse, le c o n t e n u , le n o y a u terrestre des c o n c e p t i o n s n u a g e u s e s des religions, q u e d e faire voir p a r u n e voie inverse c o m m e n t les c o n d i t i o n s réelles de la vie r e v ê t e n t p e u à p e u u n e forme é t h é r é e . C'est là la s e u l e m é t h o d e m a t é r i a l i s t e , p a r c o n s é q u e n t scientifique. P o u r c e q u i est d u m a t é r i a l i s m e abstrait des sciences n a t u r e l l e s , q u i n e fait a u c u n cas d u d é v e l o p p e m e n t h i s t o r i q u e , ses défauts é c l a t e n t d a n s la m a n i è r e de voir abstraite et i d é o l o g i q u e de ses porte-paroles, dès q u ' i l s se h a s a r d e n t à faire un p a s h o r s de l e u r spécialité.
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Chapitre XV • Machinisme et grande industrie
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d o n n e l'impulsion à t o u t le m é c a n i s m e . Il enfante sa propre force de m o u v e m e n t c o m m e la m a c h i n e à vapeur, la m a c h i n e électro-magnétique, la m a c h i n e calorique, etc., ou b i e n reçoit l'impulsion d ' u n e force naturelle externe, c o m m e l a r o u e h y d r a u l i q u e d ' u n e c h u t e d'eau, l'aile d ' u n m o u l i n à vent des courants d'air. La transmission, c o m p o s é e de balanciers, de roues circulaires, de roues d'engrenage, de volants, d'arbres m o t e u r s , d ' u n e variété infinie de cordes, de courroies, de poulies, de leviers, de plans inclinés, de vis, etc., règle le m o u v e m e n t , le distribue, en change la forme, s'il le faut, de rectangulaire en rotatoire et vice versa, et le transmet à la m a c h i n e - o u t i l . Les d e u x premières parties du m é c a n i s m e n'existent, en effet, q u e p o u r c o m m u n i q u e r à cette dernière le m o u v e m e n t q u i lui fait attaquer l'objet de travail et en modifier la forme. C'est la m a c h i n e - o u t i l qui i n a u g u r e au dixh u i t i è m e siècle la révolution industrielle ; elle sert encore de point de départ toutes les fois qu'il s'agit de transformer le m é t i e r ou la m a n u f a c t u r e en exploitation m é c a n i q u e . En e x a m i n a n t la m a c h i n e - o u t i l , n o u s retrouvons en grand, q u o i q u e sous des formes modifiées, les appareils et les i n s t r u m e n t s q u ' e m p l o i e l'artisan ou l'ouvrier manufacturier, m a i s d ' i n s t r u m e n t s m a n u e l s de l ' h o m m e ils sont devenus i n s t r u m e n t s m é c a n i q u e s d ' u n e m a c h i n e . T a n t ô t la m a c h i n e entière n'est q u ' u n e édition plus ou m o i n s revue et corrigée du vieil instrum e n t m a n u e l , - c'est le cas pour le m é t i e r à tisser m é c a n i q u e , - t a n t ô t les organes d'opération, ajustés à la charpente de la m a c h i n e - o u t i l , sont d ' a n c i e n n e s connaissances, c o m m e les fuseaux de la M u l e - J e n n y , les aiguilles du m é t i e r à tricoter des bas, les feuilles de scie de la m a c h i n e à scier, le c o u t e a u de la m a c h i n e à hacher, etc. La plupart de ces outils se distinguent par leur origine m ê m e de la m a c h i n e d o n t ils forment les organes d'opération. En général on les produit a u j o u r d ' h u i encore par le m é tier ou la m a n u f a c t u r e , tandis q u e la m a c h i n e , à laquelle ils sont ensuite incorporés, provient de la fabrique m é c a n i q u e . La m a c h i n e - o u t i l est d o n c un m é c a n i s m e qui, ayant reçu le m o u v e m e n t convenable, exécute avec ses i n s t r u m e n t s les m ê m e s opérations q u e le travailleur exécutait a u p a r a v a n t avec des i n s t r u m e n t s pareils. Dès q u e l'instrument, sorti de la m a i n de l ' h o m m e , est m a n i é par un m é c a n i s m e , la m a chine-outil a pris la place du simple outil. U n e révolution s'est accomplie 96
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D a n s l a p r e m i è r e f o r m e m é c a n i q u e d u m é t i e r à tisser, o n r e c o n n a î t a u p r e m i e r c o u p d ' œ i l l ' a n c i e n m é t i e r . D a n s sa d e r n i è r e f o r m e m o d e r n e cette a n a l o g i e a d i s p a r u . C e n ' e s t q u e d e p u i s 2 0 a n s e n v i r o n q u ' u n n o m b r e toujours croissant d e ces outils m é c a n i q u e s sont fabriqués m é c a n i q u e m e n t e n A n g l e t e r r e , m a i s d a n s d ' a u t r e s ateliers d e c o n s t r u c t i o n q u e les c h a r p e n t e s d e s m a c h i n e s d ' o p é r a t i o n . P a r m i les m a c h i n e s q u i servent à la fabrication d'outils m é c a n i q u e s , on p e u t citer l ' a u t o m a t i q u e bobbin-making engine, le card-setting engine, les m a c h i n e s à forger les b r o c h e s des m u l e s et d e s m é t i e r s c o n t i n u s , etc. 97
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Quatrième section · La production de la plus-value relative alors m ê m e q u e l ' h o m m e reste le m o t e u r . Le n o m b r e d'outils avec lesquels l ' h o m m e p e u t opérer en m ê m e temps est limité par le n o m b r e de ses propres organes. On essaya, au dix-septième siècle, en A l l e m a g n e de faire m a n œ u v r e r s i m u l t a n é m e n t d e u x rouets par un fileur. Mais cette besogne a été trouvée trop pénible. Plus tard on inventa un rouet à pied avec d e u x fu5 seaux ; m a i s les virtuoses capables de filer d e u x fils à la fois étaient presque aussi rares que des veaux à d e u x têtes. La Jenny, au contraire, m ê m e d a n s sa première ébauche, file avec d o u z e et dix-huit fuseaux; le m é t i e r à bas tricote avec plusieurs milliers d'aiguilles. Le n o m b r e d'outils q u ' u n e m ê m e m a c h i n e d'opération m e t en j e u s i m u l t a n é m e n t est d o n c de p r i m e abord 10 é m a n c i p é de la limite o r g a n i q u e q u e ne pouvait dépasser l'outil m a n u e l . Il y a b i e n des i n s t r u m e n t s d o n t la construction m ê m e m e t en relief le double rôle de l'ouvrier c o m m e simple force motrice et c o m m e e x é c u t e u r de la m a i n - d ' œ u v r e p r o p r e m e n t dite. P r e n o n s , par exemple, le rouet. Sur sa m a r c h e t t e , le pied agit s i m p l e m e n t c o m m e moteur, tandis q u e les doigts fi- 15 lent en travaillant au fuseau. C'est p r é c i s é m e n t cette dernière partie de l'instrument, l'organe de l'opération m a n u e l l e , que la révolution i n d u s trielle saisit tout d'abord, laissant à l ' h o m m e , à côté de la nouvelle besogne de surveiller la m a c h i n e et d'en corriger les erreurs de sa m a i n , le rôle purem e n t m é c a n i q u e de m o t e u r . 20 Il y a u n e autre classe d ' i n s t r u m e n t s sur lesquels l ' h o m m e agit toujours c o m m e simple force m o t r i c e , en t o u r n a n t , par exemple, la manivelle d ' u n m o u l i n , e n m a n œ u v r a n t u n e p o m p e , e n écar||163|tant e t r a p p r o c h a n t les bras d ' u n soufflet, en broyant des substances dans un mortier, etc. Là aussi l'ouvrier c o m m e n c e à être r e m p l a c é c o m m e force motrice par des ani- 25 m a u x , le vent, l ' e a u . B e a u c o u p de ces i n s t r u m e n t s se transforment en m a chines longtemps avant et p e n d a n t la période manufacturière sans cepend a n t révolutionner le m o d e de production. D a n s l'époque de la g r a n d e industrie, il devient évident qu'ils sont des m a c h i n e s en germe, m ê m e sous leur forme primitive d'outils m a n u e l s . 30 Les p o m p e s , p a r exemple, avec lesquelles les Hollandais m i r e n t à sec le lac de H a r l e m en 1 8 3 6 - 3 7 , étaient construites sur le principe des p o m p e s 98
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« T u n e dois pas, dit M o ï s e d ' E g y p t e , lier les n a s e a u x d u b œ u f q u i b a t l e g r a i n . » L e s trèspieux et très-chrétiens seigneurs germains, pour se conformer aux préceptes bibliques, mett a i e n t u n g r a n d c a r c a n c i r c u l a i r e e n bois a u t o u r d u c o u d u serf e m p l o y é à m o u d r e , p o u r l ' e m p ê c h e r de p o r t e r la farine à sa b o u c h e avec la m a i n . L e m a n q u e d e c o u r s d ' e a u vive e t l a s u r a b o n d a n c e d ' e a u x s t a g n a n t e s forcèrent les H o l l a n d a i s à u s e r le v e n t c o m m e force m o t r i c e . Ils e m p r u n t è r e n t le m o u l i n à v e n t à l ' A l l e m a g n e , où c e t t e i n v e n t i o n avait p r o v o q u é u n e belle b r o u i l l e e n t r e l a n o b l e s s e , l a prêtraille e t l ' e m p e r e u r , p o u r savoir à q u i d e s trois le vent a p p a r t e n a i t . L ' a i r asservit l ' h o m m e , d i s a i t - o n en A l l e m a g n e , t a n d i s q u e l e vent c o n s t i t u a i t l a liberté d e l a H o l l a n d e e t r e n d a i t l e H o l l a n d a i s p r o p r i é t a i r e d e s o n sol. En 1836, on fut e n c o r e obligé d'avoir r e c o u r s à 12 000 m o u l i n s à v e n t d ' u n e force de 60 000 c h e v a u x , p o u r e m p ê c h e r les d e u x tiers du pays de revenir à l'état m a r é c a g e u x .
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Chapitre XV • Machinisme et grande industrie
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ordinaires, sauf q u e leurs pistons étaient soulevés par d ' é n o r m e s m a c h i n e s à vapeur au lieu de l'être à force de bras. En Angleterre, le soufflet ordinaire et très-imparfait du forgeron est assez souvent transformé en p o m p e à air; il suffit p o u r cela de m e t t r e son bras en c o m m u n i c a t i o n avec u n e m a chine à vapeur. La m a c h i n e à vapeur elle-même, telle qu'elle exista, pend a n t la période m a n u f a c t u r i è r e , à partir de son invention vers la fin du dixseptième s i è c l e j u s q u ' a u c o m m e n c e m e n t d e 1780, n ' a m e n a a u c u n e révolution dans l'industrie. Ce fut au contraire le création des m a c h i n e s outils qui rendit nécessaire la m a c h i n e à vapeur révolutionnée. Dès q u e l ' h o m m e , au lieu d'agir avec l'outil sur l'objet de travail, n'agit plus q u e c o m m e m o t e u r d ' u n e m a c h i n e - o u t i l ; l'eau, le vent, la vapeur p e u v e n t le remplacer, et le d é g u i s e m e n t de la force motrice sous des muscles h u m a i n s devient p u r e m e n t accidentel. Il va sans dire q u ' u n c h a n g e m e n t de ce genre exige souvent de grandes modifications t e c h n i q u e s dans le m é c a n i s m e construit p r i m i t i v e m e n t p o u r la force h u m a i n e . De n o s j o u r s toutes les m a chines qui doivent faire leur c h e m i n , telles q u e m a c h i n e s à coudre, m a chines à pétrir, etc., et d o n t le b u t n'exige pas de grandes d i m e n s i o n s , sont construites de d o u b l e façon, selon que l ' h o m m e ou u n e force m é c a n i q u e est destiné à les mouvoir. La m a c h i n e , point de départ de la révolution industrielle, r e m p l a c e d o n c le travailleur qui m a n i e un outil par un m é c a n i s m e qui opère à la fois avec plusieurs outils semblables, et reçoit son i m p u l s i o n d ' u n e force u n i q u e , quelle q u ' e n soit la f o r m e . U n e telle m a c h i n e - o u t i l n'est c e p e n d a n t q u e l'élément simple de la p r o d u c t i o n m é c a n i q u e . P o u r développer les d i m e n s i o n s de la m a c h i n e d'opération et le n o m b r e de ses outils, il faut un m o t e u r plus puissant, et p o u r vaincre la force d'inertie du m o t e u r , il faut u n e force d'impulsion supérieure à celle de l ' h o m m e , sans c o m p t e r q u e l ' h o m m e est un agent très-imparfait d a n s la p r o d u c t i o n d ' u n m o u v e m e n t c o n t i n u et u n i f o r m e . Dès q u e l'outil est r e m placé par u n e m a c h i n e m u e par l ' h o m m e , il devient b i e n t ô t nécessaire de remplacer l ' h o m m e d a n s le rôle de m o t e u r par d'autres forces naturelles. De toutes les forces motrices qu'avait léguées la période m a n u f a c t u r i è r e , le cheval était la pire ; le cheval a, c o m m e on dit, sa tête, son usage est disp e n d i e u x et ne p e u t trouver place dans les fabriques q u e d ' u n e m a n i è r e r e s t r e i n t e . N é a n m o i n s , la force-cheval fut employée f r é q u e m m e n t d a n s 100
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Elle fut, il est vrai, t r è s - a m é l i o r é e p a r W a t t , au m o y e n de la m a c h i n e à v a p e u r d i t e à s i m p l e effet; m a i s sous cette d e r n i è r e f o r m e elle resta toujours s i m p l e m a c h i n e à soulever l'eau. « L a r é u n i o n d e t o u s ces i n s t r u m e n t s simples, m i s e n m o u v e m e n t p a r u n m o t e u r u n i q u e , f o r m e u n e m a c h i n e . » (Babbage, 1. c.) D a n s u n m é m o i r e « s u r les forces e m p l o y é e s e n a g r i c u l t u r e » l u e n d é c e m b r e 1859 d a n s l a Society of Arts, M. J o h n C. M o r t o n dit : « T o u t e a m é l i o r a t i o n q u i a p o u r r é s u l t a t de n i v e l e r et de r e n d r e u n i f o r m e le sol, facilite l ' e m p l o i de la m a c h i n e à v a p e u r p o u r la p r o d u c t i o n de s i m p l e 1 0 1
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Quatrième section · La production de la plus-value relative les débuts de la grande industrie, ainsi q u ' e n t é m o i g n e n t les l a m e n t a t i o n s des agronomes de cette é p o q u e et l'expression «force de cheval» usitée encore aujourd'hui p o u r désigner la force m é c a n i q u e . Le vent était trop inconstant et trop difficile à contrôler; d'ailleurs l'emploi de l'eau c o m m e force motrice, m ê m e p e n d a n t la période manufacturière, p r é d o m i n a i t en 5 Angleterre, ce pays n a t a l de la grande industrie. On avait essayé au dix-septième siècle de m e t t r e en m o u v e m e n t , au m o y e n d ' u n e seule r o u e h y d r a u lique, d e u x m e u l e s et d e u x t o u r n a n t s . M a i s le m é c a n i s m e de t r a n s m i s s i o n devenu trop pesant r e n d i t la force motrice de l'eau insuffisante, et ce fut là u n e des circonstances qui conduisirent à l'étude plus approfondie des lois 10 du frottement. L'action inégale de la force motrice dans les m o u l i n s m u s par percussion et traction conduisit d'autre part à la t h é o r i e et à l'emploi du volant qui j o u e plus tard un rôle si i m p o r t a n t dans la grande industrie, d o n t les premiers éléments ||164| scientifiques et t e c h n i q u e s furent ainsi p e u à p e u développés p e n d a n t l'époque des manufactures. Les filatures par 15 métiers continus (throstle mills) d'Arkwright furent, dès leur origine, m u s p a r l'eau. M a i s l'emploi presque exclusif de cette force offrit des difficultés de plus en plus grandes. Il était impossible de l ' a u g m e n t e r à volonté ou de suppléer à son insuffisance. Elle se refusait parfois et était de n a t u r e p u r e m e n t l o c a l e . Ce n'est qu'avec la m a c h i n e à vapeur à d o u b l e effet de W a t t 20 q u e fut découvert un premier m o t e u r capable 'd'enfanter l u i - m ê m e sa propre force motrice en c o n s o m m a n t de l'eau et du c h a r b o n et d o n t le degré de puissance est e n t i è r e m e n t réglé par l ' h o m m e . M o b i l e et m o y e n de locom o t i o n , citadin et n o n c a m p a g n a r d c o m m e la roue h y d r a u l i q u e , il p e r m e t de concentrer la p r o d u c t i o n d a n s les villes au lieu de la disséminer d a n s les 25 c a m p a g n e s . Enfin, il est universel d a n s son application t e c h n i q u e , et son 103
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force m é c a n i q u e . . . . O n n e p e u t s e passer d u cheval l à o ù des h a i e s t o r t u e u s e s e t d ' a u t r e s o b s tacles e m p ê c h e n t l'action u n i f o r m e . Ces obstacles d i s p a r a i s s e n t c h a q u e j o u r d e plus e n plus. D a n s les o p é r a t i o n s q u i e x i g e n t plus d e volonté q u e d e force, l a s e u l e force q u i p u i s s e être e m ployée est celle q u e dirige d e m i n u t e e n m i n u t e l'esprit d e l ' h o m m e , c'est-à-dire l a force h u m a i n e . » M. M o r t o n r a m è n e e n s u i t e la force-vapeur, la force-cheval et la force h u m a i n e à l ' u n i t é de m e s u r e e m p l o y é e o r d i n a i r e m e n t p o u r les m a c h i n e s à vapeur, a u t r e m e n t dit à la force c a p a b l e d'élever 33 000 livres à la h a u t e u r d ' u n p i e d d a n s u n e m i n u t e ; et c a l c u l e q u e les frais du c h e v a l - v a p e u r a p p l i q u é à la m a c h i n e , sont de 3 d. p a r h e u r e , c e u x du cheval de 5 % d. En o u t r e , le cheval, si on v e u t l ' e n t r e t e n i r en b o n n e s a n t é , ne p e u t travailler q u e 8 h e u r e s p a r j o u r . S u r u n t e r r a i n cultivé l a force-vapeur p e r m e t d ' é c o n o m i s e r p e n d a n t t o u t e l ' a n n é e a u m o i n s trois c h e v a u x sur sept, et ses frais ne s'élèvent q u ' à ce q u e les c h e v a u x r e m p l a c é s c o û t e n t p e n d a n t les trois o u q u a t r e m o i s o ù ils font l e u r b e s o g n e . Enfin, d a n s les o p é r a t i o n s agricoles o ù elle p e u t être e m p l o y é e , l a v a p e u r f o n c t i o n n e b e a u c o u p m i e u x q u e l e cheval. P o u r faire l'ouvrage de la m a c h i n e à vapeur, il faudrait 66 h o m m e s à 15 sh. p a r h e u r e , et p o u r faire celui d e s c h e v a u x 32 h o m m e s à 8 sh. p a r h e u r e .
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F a u l h a b e r 1625, D e C o u s 1688. L ' i n v e n t i o n m o d e r n e des turbines fait d i s p a r a î t r e b i e n des obstacles, q u i s ' o p p o s a i e n t a u p a ravant à l ' e m p l o i de l'eau c o m m e force m o t r i c e . « D a n s les p r e m i e r s j o u r s d e s m a n u f a c t u r e s textiles, l ' e m p l a c e m e n t d e l a f a b r i q u e d é p e n 1 0 4
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Chapitre XV · Machinisme et grande industrie usage d é p e n d relativement peu des circonstances locales. Le grand génie de Watt se m o n t r e d a n s les considérants du brevet qu'il prit en 1784. Il n'y dépeint pas sa m a c h i n e c o m m e u n e invention destinée à des fins particulières, m a i s c o m m e l'agent général de la grande industrie. Il en fait pres5 sentir des applications, d o n t q u e l q u e s - u n e s , le m a r t e a u à vapeur par e x e m ple, ne furent introduites q u ' u n demi-siècle plus tard. Il d o u t e c e p e n d a n t q u e la m a c h i n e à vapeur puisse être appliquée à la navigation. Ses successeurs, Boulton et Watt, exposèrent au palais de l'industrie de L o n d r e s , en 1851, u n e m a c h i n e à vapeur des plus colossales p o u r la navigation m a r i 10 time. U n e fois les outils transformés d'instruments m a n u e l s de l ' h o m m e en i n s t r u m e n t s de l'appareil m é c a n i q u e , le m o t e u r acquiert de son côté u n e forme i n d é p e n d a n t e , c o m p l è t e m e n t é m a n c i p é e des bornes de la force h u m a i n e . La m a c h i n e - o u t i l isolée, telle q u e n o u s l'avons é t u d i é e j u s q u ' i c i , 15 t o m b e par cela m ê m e au rang d ' u n simple organe du m é c a n i s m e d'opération. U n seul m o t e u r p e u t désormais mettre e n m o u v e m e n t plusieurs machine-outils. Avec le n o m b r e croissant des m a c h i n e - o u t i l s auxquelles il doit s i m u l t a n é m e n t d o n n e r la propulsion, le m o t e u r grandit tandis q u e la transmission se m é t a m o r p h o s e en un corps aussi vaste q u e c o m p l i q u é . 20
L'ensemble du m é c a n i s m e productif n o u s présente alors d e u x formes distinctes : ou la coopération de plusieurs m a c h i n e s h o m o g è n e s ou un syst è m e de m a c h i n e s . D a n s le p r e m i e r cas, la fabrication entière d ' u n produit se fait par la m ê m e m a c h i n e - o u t i l q u i exécute toutes les opérations accomplies auparavant par u n artisan travaillant avec u n seul i n s t r u m e n t , c o m m e 25 le tisserand avec son métier, ou par plusieurs ouvriers, avec différents outils, soit i n d é p e n d a n t s , soit réunis d a n s u n e m a n u f a c t u r e . D a n s la m a nufacture d'enveloppes, par exemple, un ouvrier doublait le papier avec le plioir, un autre appliquait la g o m m e , un troisième renversait la lèvre q u i 106
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dait d e l'existence d ' u n r u i s s e a u p o s s é d a n t u n e c h u t e suffisante p o u r m o u v o i r u n e r o u e hyd r a u l i q u e , et q u o i q u e l ' é t a b l i s s e m e n t des m o u l i n s à e a u p o r t â t le p r e m i e r c o u p au s y s t è m e de l'industrie d o m e s t i q u e , c e p e n d a n t les m o u l i n s situés sur d e s c o u r a n t s et s o u v e n t à d e s dist a n c e s c o n s i d é r a b l e s les u n s d e s a u t r e s , c o n s t i t u a i e n t un s y s t è m e p l u t ô t r u r a l q u e c i t a d i n . Il a fallu q u e la p u i s s a n c e de la v a p e u r se s u b s t i t u â t à celle de l'eau, p o u r q u e les f a b r i q u e s fussent r a s s e m b l é e s d a n s les villes et d a n s les localités où l ' e a u et le c h a r b o n r e q u i s p o u r la p r o d u c tion de la v a p e u r se t r o u v a i e n t en q u a n t i t é suffisante. L ' e n g i n à v a p e u r est le p è r e des villes m a n u f a c t u r i è r e s . » ( A . R e d g r a v e , d a n s Reports of the Insp. of Fact. 30 April 1860, p. 36.) A u p o i n t d e vue d e l a division m a n u f a c t u r i è r e , l e tissage n ' é t a i t p o i n t u n travail s i m p l e , m a i s un travail de m é t i e r t r è s - c o m p l i q u é , et c'est p o u r q u o i le m é t i e r à tisser m é c a n i q u e est u n e m a c h i n e q u i e x é c u t e d e s o p é r a t i o n s très-variées. E n général, c'est u n e e r r e u r d e croire 1 0 6
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q u e le m a c h i n i s m e m o d e r n e s ' e m p a r e à l'origine p r é c i s é m e n t des o p é r a t i o n s q u e la division m a n u f a c t u r i è r e du travail avait simplifiées. Le tissage et le filage furent b i e n d é c o m p o s é s en genres de travail n o u v e a u x , p e n d a n t la p é r i o d e des m a n u f a c t u r e s ; les outils q u ' o n y e m p l o y a i t furent variés et p e r f e c t i o n n é s , m a i s le p r o c è s de travail l u i - m ê m e resta indivis et affaire de métier. Ce n ' e s t pas le travail, m a i s le m o y e n de travail q u i sert de p o i n t de d é p a r t à la m a chine.
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Quatrième section · La production de la plus-value relative porte la devise, un q u a t r i è m e bosselait les devises, etc. ; à c h a q u e o p é r a t i o n partielle, c h a q u e enveloppe devait changer de m a i n s . U n e seule m a c h i n e exécute aujourd'hui, du m ê m e coup, toutes ces opérations, et fait en u n e h e u r e 3000 enveloppes e t m ê m e davantage. U n e m a c h i n e a m é r i c a i n e pour fabriquer des cornets, exposée à Londres en 1862, coupait le papier, collait, pliait et finissait 1 8 0 0 0 cornets par heure. Le procès de travail qui, d a n s la m a n u f a c t u r e , était divisé et exécuté successivement, est ici a c c o m p l i par u n e seule m a c h i n e agissant au m o y e n de divers outils c o m b i n é s . D a n s la fabrique (factory) - et c'est là la forme propre de l'atelier fondé sur l'emploi des m a c h i n e s - n o u s voyons toujours reparaître la coopération simple. Abstraction faite de l'ouvrier, elle se présente d'abord c o m m e agglomération de m a c h i n e - o u t i l s de m ê m e espèce f o n c t i o n n a n t d a n s le m ê m e local et s i m u l t a n é m e n t . C'est sa forme exclusive là où le produit sort t o u t achevé de c h a q u e m a c h i n e - o u t i l , q u e celle-ci soit la simple r e p r o d u c tion d ' u n outil m a n u e l complexe ou la c o m b i n a i s o n de divers i n s t r u m e n t s ayant c h a c u n sa fonction particulière. Ainsi u n e fabrique de tissage est formée par la r é u n i o n d ' u n e foule de métiers à tisser m é c a n i q u e s , etc. M a i s il existe ici u n e véritable u n i t é techn i q u e , en ce sens que les n o m b r e u s e s m a c h i n e - o u t i l s reçoivent u n i f o r m é m e n t et s i m u l t a n é m e n t leur i m p u l s i o n du m o t e u r c o m m u n , i m p u l s i o n t r a n s m i s e par u n m é c a n i s m e qui leur est également c o m m u n e n partie p u i s q u ' i l n'est relié à c h a c u n e q u e par des e m b r a n c h e m e n t s particuliers. D e m ê m e q u e d e n o m b r e u x outils forment les organes d ' u n e m a c h i n e outil, de m ê m e de n o m b r e u s e s m a c h i n e - o u t i l s forment a u t a n t d'organes homogènes d'un m ê m e mécanisme moteur.
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Le système de m a c h i n e s p r o p r e m e n t dit ne remplace la m a c h i n e i n d é p e n d a n t e que lorsque l'objet de travail parcourt successivement u n e série de divers procès gradués exécutés par u n e chaîne de machi||165|ne-outils différentes m a i s c o m b i n é e s les u n e s avec les autres. La coopération par division du travail q u i caractérise la m a n u f a c t u r e , reparaît ici c o m m e c o m b i - 30 n a i s o n de m a c h i n e s d'opération parcellaires. Les outils spéciaux des différents ouvriers dans u n e m a n u f a c t u r e de laine par exemple, c e u x du batteur, du cardeur, du tordeur, du fileur, etc., se transforment en a u t a n t de m a c h i n e - o u t i l s speciales d o n t c h a c u n e forme un organe particulier d a n s le système d u m é c a n i s m e c o m b i n é . L a m a n u f a c t u r e elle-même fournit a u 3 5 système m é c a n i q u e , d a n s les branches où il est d'abord introduit, l'ébauche de la division et, par conséquent, de l'organisation du procès productif . C e p e n d a n t u n e différence essentielle se manifeste i m m é d i a t e 107
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A v a n t l ' é p o q u e d e l a g r a n d e i n d u s t r i e , l a m a n u f a c t u r e d e l a i n e était p r é d o m i n a n t e e n A n gleterre. C'est elle q u i , p e n d a n t la p r e m i è r e m o i t i é du d i x - h u i t i è m e siècle, d o n n a lieu à la plupart des essais et des e x p é r i m e n t a t i o n s . Les e x p é r i e n c e s faites sur la l a i n e profitèrent au coton, d o n t l e m a n i e m e n t m é c a n i q u e exige d e s p r é p a r a t i o n s m o i n s p é n i b l e s , d e m ê m e q u e p l u s
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Chapitre XV · Machinisme et grande industrie
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m e n t . D a n s la m a n u f a c t u r e , c h a q u e procès partiel doit pouvoir être exéc u t é c o m m e opération m a n u e l l e par des ouvriers travaillant i s o l é m e n t ou en groupes avec leurs outils. Si l'ouvrier est ici approprié à u n e opération, l'opération est déjà d'avance a c c o m m o d é e à l'ouvrier. Ce principe subjectif de la division n'existe plus dans la p r o d u c t i o n m é c a n i q u e . Il devient objectif, c'est-à-dire é m a n c i p é des facultés individuelles de l'ouvrier; le procès total est considéré en l u i - m ê m e , analysé dans ses principes c o n s t i t u a n t s et ses différentes phases, et le p r o b l è m e qui consiste à exécuter c h a q u e procès partiel et à relier les divers procès partiels entre eux, est résolu au m o y e n 108
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de la m é c a n i q u e , de la c h i m i e , e t c . , ce qui n ' e m p ê c h e pas n a t u r e l l e m e n t que la conception t h é o r i q u e ne doive être perfectionnée par u n e expérience pratique a c c u m u l é e sur u n e grande échelle. C h a q u e m a c h i n e partielle fournit à celle q u i la suit sa m a t i è r e première, et, c o m m e toutes fonct i o n n e n t en m ê m e t e m p s et de concert, le produit se trouve ainsi 15 c o n s t a m m e n t a u x divers degrés de sa fabrication et dans la transition d ' u n e phase à l'autre. De m ê m e q u e d a n s la m a n u f a c t u r e , la coopération i m m é diate des ouvriers parcellaires crée certains n o m b r e s proportionnels déterm i n é s entre les différents groupes, de m ê m e dans le système de m a c h i n e s l'occupation continuelle des m a c h i n e s partielles les u n e s par les autres crée 20 un rapport d é t e r m i n é entre leur n o m b r e , leur d i m e n s i o n et leur célérité. La m a c h i n e d'opération c o m b i n é e , q u i forme m a i n t e n a n t u n système articulé de différentes m a c h i n e - o u t i l s et de leurs groupes, est d ' a u t a n t plus parfaite que son m o u v e m e n t d ' e n s e m b l e est plus continu, c'est-à-dire q u e la m a tière première passe avec m o i n s d'interruption de sa première phase à sa 25 dernière, d ' a u t a n t plus d o n c q u e le m é c a n i s m e et n o n la m a i n de l ' h o m m e lui fait parcourir ce c h e m i n . D o n c si le principe de la m a n u f a c t u r e est l'isol e m e n t des procès particuliers par la division du travail, celui de la fabrique est au contraire la c o n t i n u i t é n o n i n t e r r o m p u e de ces m ê m e s procès. Qu'il se fonde sur la simple coopération de m a c h i n e - o u t i l s h o m o g è n e s , 30
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tard et i n v e r s e m e n t le tissage et le filage m é c a n i q u e s du c o t o n servirent de b a s e à l'industrie m é c a n i q u e d e l a l a i n e . Q u e l q u e s o p é r a t i o n s isolées d e l a m a n u f a c t u r e d e l a i n e , p a r e x e m p l e l e cardage, n ' o n t été i n c o r p o r é e s q u e d e p u i s p e u a u s y s t è m e d e fabrique. « L ' a p p l i c a t i o n d e l a m é c a n i q u e a u c a r d a g e d e l a l a i n e . . . . p r a t i q u é e s u r u n e g r a n d e échelle d e p u i s l ' i n t r o d u c t i o n de la m a c h i n e à carder, celle de Lister s p é c i a l e m e n t , a eu i n d u b i t a b l e m e n t p o u r effet de m e t tre h o r s de travail un g r a n d n o m b r e d'ouvriers. A u p a r a v a n t la l a i n e était c a r d é e à la m a i n , le plus s o u v e n t d a n s l ' h a b i t a t i o n du c a r d e u r . Elle est m a i n t e n a n t c a r d é e d a n s la f a b r i q u e , et le travail à la m a i n est s u p p r i m é , e x c e p t é d a n s q u e l q u e s genres d'ouvrages particuliers où la laine c a r d é e à la m a i n est e n c o r e préférée. N o m b r e de c a r d e u r s à la m a i n t r o u v e n t de l ' e m p l o i d a n s les fabriques ; m a i s leurs p r o d u i t s s o n t si p e u de chose c o m p a r a t i v e m e n t à c e u x q u e fourn i t l a m a c h i n e , q u ' i l n e p e u t p l u s être q u e s t i o n d ' e m p l o y e r ces ouvriers e n g r a n d e proport i o n . » (Rep. of Insp. of Fact, for 31st Oct. 1856, p. 16.) « L e p r i n c i p e d u s y s t è m e a u t o m a t i q u e est d o n c . . . d e r e m p l a c e r l a division d u travail p a r m i les artisans, par l'analyse du p r o c é d é d a n s ses p r i n c i p e s c o n s t i t u a n t s . » (Ure, 1. c. 1.1, p. 30.) 1 0 8
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Quatrième section · La production de la plus-value relative c o m m e dans le tissage, ou sur u n e c o m b i n a i s o n de m a c h i n e s différentes, c o m m e dans la filature, un système de m a c h i n i s m e forme par l u i - m ê m e un grand a u t o m a t e , dès qu'il est mis en m o u v e m e n t par un p r e m i e r m o t e u r qui se m e u t l u i - m ê m e . Le système entier p e u t c e p e n d a n t recevoir son impulsion d ' u n e m a c h i n e à vapeur, q u o i q u e certaines m a c h i n e - o u t i l s aient encore besoin de l'ouvrier p o u r m a i n t e opération. C'est ce q u i avait lieu d a n s la filature p o u r certains m o u v e m e n t s exécutés a u j o u r d ' h u i par la m u l e a u t o m a t i q u e , et dans les ateliers de construction où certaines parties des machine-outils avaient besoin d'être dirigées c o m m e de simples outils par l'ouvrier, avant la transformation du slide rest en facteur-automate. Dès q u e la m a c h i n e - o u t i l e x é c u t e tous les m o u v e m e n t s nécessaires au façonnem e n t de la matière première sans le secours de l ' h o m m e et ne le réclame qu'après coup, dès lors il y a un véritable système a u t o m a t i q u e , susceptible c e p e n d a n t de constantes améliorations de détail. C'est ainsi q u e l'appareil qui fait arrêter le l a m i n o i r (drawing frame) de l u i - m ê m e , dès q u ' u n fil se casse, et le self acting stop qui arrête le m é t i e r à tisser à vapeur dès q u e la duite s'échappe de la b o b i n e de la navette, sont des inventions tout à fait m o d e r n e s . La fabrique de papier m o d e r n e p e u t servir d'exemple aussi bien pour la continuité de la p r o d u c t i o n q u e p o u r la m i s e en œ u v r e du principe a u t o m a t i q u e . En général, la p r o d u c t i o n du papier p e r m e t d'étudier avantag e u s e m e n t et en détail la différence des m o d e s productifs basée sur la différence des moyens de produire, de m ê m e que le rapport entre les c o n d i tions sociales de la p r o d u c t i o n et ses procédés t e c h n i q u e s . En effet, la vieille fabrication a l l e m a n d e du papier n o u s fournit un m o d è l e de la prod u c t i o n de métier, la H o l l a n d e , au dix-septième siècle, et la F r a n c e au dixh u i t i è m e , nous m e t t e n t sous les yeux la m a n u f a c t u r e p r o p r e m e n t dite, et l'Angleterre d'aujourd'hui la fabrication a u t o m a t i q u e ; on trouve encore dans l'Inde et d a n s la C h i n e différentes formes primitives de cette i n d u s trie.
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Le système des m a c h i n e - o u t i l s a u t o m a t i q u e s recevant leur m o u v e m e n t 30 par transmission d ' u n a u t o m a t e central, est la forme la plus développée du m a c h i n i s m e productif. La m a c h i n e isolée a été (/166( remplacée p a r un m o n s t r e m é c a n i q u e qui, de sa gigantesque m e m b r u r e , emplit des bâtim e n t s entiers ; sa force d é m o n i a q u e , dissimulée d'abord par le m o u v e m e n t c a d e n c é et presque solennel de ses é n o r m e s m e m b r e s , éclate d a n s la d a n s e 35 fiévreuse et vertigineuse de ses i n n o m b r a b l e s organes d'opération. Il y avait des métiers m é c a n i q u e s , des m a c h i n e s à vapeur, etc., avant qu'il y eût des ouvriers occupés exclusivement à leur fabrication. Les grandes inventions de V a u c a n s o n , d'Arkwright, de Watt, etc. ne p o u v a i e n t être appliquées q u e parce q u e la période m a n u f a c t u r i è r e avait légué un 40 n o m b r e considérable d'ouvriers m é c a n i c i e n s habiles. Ces ouvriers étaient
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des artisans i n d é p e n d a n t s et de diverses professions, ou se trouvaient réunis d a n s des m a n u f a c t u r e s r i g o u r e u s e m e n t organisées d'après le principe de la division du travail. A m e s u r e q u e les inventions et la d e m a n d e de m a chines s'accrurent, leur construction se subdivisa de plus en plus en branches variées et i n d é p e n d a n t e s , et la division du travail se développa p r o p o r t i o n n e l l e m e n t d a n s c h a c u n e de ces b r a n c h e s . La m a n u f a c t u r e forme d o n c h i s t o r i q u e m e n t la b a s e t e c h n i q u e de la grande industrie. D a n s les sphères de p r o d u c t i o n où l'on introduit les m a c h i n e s fournies par la m a n u f a c t u r e , celle-ci, à l'aide de ses propres m a c h i n e s , est supplantée par la grande industrie. L'industrie m é c a n i q u e s'élève sur u n e base m a térielle i n a d é q u a t e qu'elle élabore d'abord sous sa forme traditionnelle, m a i s qu'elle est forcée de révolutionner et de conformer à son propre principe dès qu'elle a atteint un certain degré de m a t u r i t é . D e m ê m e q u e l a m a c h i n e - o u t i l reste chétive t a n t q u e l ' h o m m e reste son m o t e u r , et que le système m é c a n i q u e progresse l e n t e m e n t t a n t q u e les forces motrices traditionnelles, l'animal, le vent, et m ê m e l'eau ne sont pas remplacés par la vapeur, de m ê m e la grande industrie est retardée d a n s sa m a r c h e t a n t q u e son m o y e n de p r o d u c t i o n caractéristique, la m a c h i n e ellem ê m e , doit son existence à la force et l'habileté h u m a i n e s , et d é p e n d ainsi du développement m u s c u l a i r e , du coup d'ceil et de la dextérité m a n u e l l e de l'artisan i n d é p e n d a n t du m é t i e r et de l'ouvrier parcellaire de la m a n u facture, m a n i a n t leurs i n s t r u m e n t s n a i n s . A part la cherté des m a c h i n e s fabriquées de cette façon - et cela est affaire du capitaliste industriel - le progrès d'industries déjà fondées sur le m o d e de p r o d u c t i o n m é c a n i q u e et son i n t r o d u c t i o n d a n s des b r a n c h e s nouvelles, restèrent t o u t à fait s o u m i s à u n e seule condition, l'accroissem e n t d'ouvriers spécialistes d o n t le n o m b r e , grâce à la n a t u r e presque artist i q u e de leur travail, ne pouvait s'augmenter q u e l e n t e m e n t . Ce n'est pas t o u t : à un certain degré de son développement, la g r a n d e industrie entra en conflit, m ê m e au point de vue technologique, avec sa base d o n n é e par le m é t i e r et la m a n u f a c t u r e . Les d i m e n s i o n s croissantes du m o t e u r et de la transmission, la variété des m a c h i n e - o u t i l s , leur construction de plus en plus c o m p l i q u é e , la régularité m a t h é m a t i q u e qu'exigeaient le n o m b r e , la multiformité et la délicatesse de leurs é l é m e n t s constituants à m e s u r e qu'elles s'écartèrent du m o dèle fourni par le m é t i e r et devenu incompatible avec les formes prescrites par leurs fonctions p u r e m e n t m é c a n i q u e s , le progrès du système a u t o m a 109
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L e m é t i e r à tisser m é c a n i q u e d a n s s a p r e m i è r e forme s e c o m p o s e p r i n c i p a l e m e n t d e b o i s ; le m é t i e r m o d e r n e p e r f e c t i o n n é est en fer. P o u r j u g e r c o m b i e n à l'origine la vieille f o r m e du m o y e n de p r o d u c t i o n influe s u r la f o r m e n o u v e l l e , il suffit de c o m p a r e r s u p e r f i c i e l l e m e n t le m é t i e r m o d e r n e avec l ' a n c i e n , les souffleries m o d e r n e s d a n s les fonderies de fer avec la pre-
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Quatrième section · La production de la plus-value relative t i q u e et l'emploi d ' u n m a t é r i e l difficile à m a n i e r , du fer, par exemple, à la place du bois - la solution de tous ces problèmes, q u e les circonstances faisaient éclore successivement, se h e u r t a sans cesse contre les bornes personnelles dont m ê m e le travailleur collectif de la m a n u f a c t u r e ne sait se débarrasser. En effet, des m a c h i n e s , telles que la presse d'impression m o d e r n e , 5 le m é t i e r à vapeur et la m a c h i n e à carder, n ' a u r a i e n t pu être fournies par la manufacture. L e bouleversement d u m o d e d e p r o d u c t i o n dans u n e sphère industrielle entraîne u n bouleversement analogue d a n s u n e autre. O n s'en aperçoit d'abord d a n s les b r a n c h e s d'industrie, qui s'entrelacent c o m m e p h a s e s 10 d ' u n procès d'ensemble, q u o i q u e la division sociale du travail les ait séparées, et m é t a m o r p h o s é leurs produits en a u t a n t de m a r c h a n d i s e s i n d é p e n dantes. C'est ainsi q u e la filature m é c a n i q u e a r e n d u nécessaire le tissage m é c a n i q u e , et q u e tous d e u x o n t a m e n é la révolution m é c a n i c o - c h i m i q u e de la blanchisserie, de l'imprimerie et de la teinturerie. De m ê m e encore la 15 révolution dans le filage du coton a provoqué l'invention du gin p o u r séparer les fibres de cette plante de sa graine, invention q u i a r e n d u seule possible la production du coton sur l ' i m m e n s e échelle q u i est a u j o u r d ' h u i deve-, n u e i n d i s p e n s a b l e . La révolution dans l'industrie et l'agriculture a nécessité u n e révolution d a n s les conditions générales du procès de pro- 20 d u c t i o n social, c'est-à-dire d a n s les m o y e n s de c o m m u n i c a t i o n et de transport. Les m o y e n s de c o m m u n i c a t i o n et de transport d ' u n e société q u i avait p o u r pivot, suivant l'expression de Fourier, la petite agriculture, et c o m m e corollaire, l ' é c o n o m i e d o m e s t i q u e et les métiers des villes, étaient c o m p l è t e m e n t insuffisants p o u r subvenir a u x besoins de la p r o d u c t i o n m a n u f a c t u 25 rière, avec sa division élargie du travail social, sa c o n c e n t r a t i o n d'ouvriers et de m o y e n s de travail, ses m a r c h é s coloniaux, si b i e n qu'il a fallu les transformer. De m ê m e les m o y e n s de c o m m u n i c a t i o n et de transport légués par la période m a n u f a c t u r i è r e devinrent b i e n t ô t des obstacles insupportables pour la grande industrie avec la vitesse fiévreuse de sa p r o d u c t i o n 30 centuplée, son ||167| l a n c e m e n t c o n t i n u e l de capitaux et de travailleurs d ' u n e sphère de p r o d u c t i o n dans u n e autre et les conditions nouvelles du m a r c h é universel qu'elle avait créé. A part les c h a n g e m e n t s r a d i c a u x intro110
m i è r e r e p r o d u c t i o n m é c a n i q u e d e l o u r d e allure d u soufflet o r d i n a i r e , e t m i e u x e n c o r e , d e s e rappeler q u ' u n e des p r e m i è r e s l o c o m o t i v e s essayées, avait d e u x p i e d s q u ' e l l e levait l ' u n après l'autre, c o m m e u n cheval. I l faut u n e l o n g u e e x p é r i e n c e p r a t i q u e e t u n e s c i e n c e p l u s a v a n c é e , p o u r q u e la forme arrive à être d é t e r m i n é e c o m p l è t e m e n t p a r le p r i n c i p e m é c a n i q u e , et p a r suite c o m p l è t e m e n t é m a n c i p é e d e l a f o r m e t r a d i t i o n n e l l e d e l'outil. L e cottongin d u y a n k e e Eli W h i t n e y avait s u b i j u s q u ' à n o s j o u r s m o i n s d e m o d i f i c a t i o n s essentielles q u e n ' i m p o r t e q u e l l e a u t r e m a c h i n e d u d i x - h u i t i è m e siècle. M a i s d e p u i s u n e vingt a i n e d ' a n n é e s u n a u t r e A m é r i c a i n , M . E m e r y d ' A l b a n y , New-York, a u m o y e n d ' u n perfect i o n n e m e n t aussi s i m p l e qu'efficace, a fait m e t t r e la m a c h i n e de W h i t n e y au r e b u t .
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Chapitre XV • Machinisme et grande industrie duits dans la construction des navires à voiles, le service de c o m m u n i c a tion et de transport fut p e u à peu approprié aux exigences de la g r a n d e industrie, au m o y e n d ' u n système de b a t e a u x à vapeur, de c h e m i n s de fer et de télégraphes. Les masses é n o r m e s de fer qu'il fallut dès lors forger, bra5 ser, trancher, forer et m o d e l e r exigèrent des m a c h i n e s m o n s t r e s d o n t la création était interdite au travail manufacturier. La grande industrie fut d o n c obligée de s'adapter son m o y e n caractéristiq u e de production, la m a c h i n e elle-même, p o u r produire d'autres m a chines. Elle se créa ainsi u n e base t e c h n i q u e a d é q u a t e et p u t alors m a r c h e r 10 sans lisières. A m e s u r e q u e dans le premier tiers du d i x - n e u v i è m e siècle elle s'accrut, le m a c h i n i s m e s'empara p e u à peu de la fabrication des m a chine-outils, et d a n s le second tiers s e u l e m e n t l ' i m m e n s e construction des voies ferrées et la navigation à vapeur o c é a n i q u e firent naître les m a c h i n e s cyclopéennes consacrées à la construction des premiers m o t e u r s . 15
La condition sine qua non de la fabrication des m a c h i n e s par des m a chines, était un m o t e u r susceptible de tout degré de p u i s s a n c e et en m ê m e temps facile à contrôler. Il existait déjà dans la m a c h i n e à vapeur. M a i s il s'agissait en m ê m e temps de produire m é c a n i q u e m e n t ces formes strictem e n t géométriques telles q u e la ligne, le plan, le cercle, le cône et la sphère 20 qu'exigeaient certaines parties des m a c h i n e s . Au c o m m e n c e m e n t de ce siècle, H e n r y M a u d s l a y résolut ce p r o b l è m e par l'invention du slide rest, qui fut bientôt r e n d u a u t o m a t i q u e ; du b a n c du t o u r n e u r p o u r lequel il était d'abord destiné, il passa ensuite à d'autres m a c h i n e s de construction. Cet engin ne r e m p l a c e pas s e u l e m e n t un outil particulier, m a i s encore la m a i n 25 de l ' h o m m e qui ne parvient à produire des formes d é t e r m i n é e s q u ' e n dirigeant et en ajustant le t r a n c h a n t de son outil contre l'objet de travail. On réussit ainsi «à p r o d u i r e les formes géométriques voulues avec un degré d'exactitude, de facilité et de vitesse q u ' a u c u n e expérience a c c u m u l é e ne pourrait prêter à la m a i n de l'ouvrier le plus h a b i l e ». 30 Si n o u s considérons m a i n t e n a n t d a n s le m é c a n i s m e employé à la construction, la partie qui constitue ses organes d'opération p r o p r e m e n t dits, n o u s retrouvons l ' i n s t r u m e n t m a n u e l , m a i s d a n s des proportions gigantesques. L'opérateur de la m a c h i n e à forer, par exemple, est un foret de d i m e n s i o n é n o r m e m i s en m o u v e m e n t par u n e m a c h i n e à vapeur, et sans 35 lequel les cylindres des grandes m a c h i n e s à vapeur et des presses hydrauliques ne pourraient être percés. Le tour à support m é c a n i q u e n'est q u e la re111
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The Industry of Nations. L o n d . , 1855, Part. I I , p . 2 3 9 . « S i s i m p l e et si p e u i m p o r t a n t , y est-il dit, q u e p u i s s e s e m b l e r e x t é r i e u r e m e n t cet accessoire d u tour, o n n'affirme r i e n d e t r o p e n s o u t e n a n t q u e s o n i n f l u e n c e sur le p e r f e c t i o n n e m e n t et l ' e x t e n s i o n d o n n é e au m a c h i n i s m e a été aussi g r a n d e q u e l ' i n f l u e n c e des a m é l i o r a t i o n s a p p o r t é e s p a r W a t t à la m a c h i n e à v a p e u r . Son i n t r o d u c t i o n a eu p o u r effet de p e r f e c t i o n n e r t o u t e s les m a c h i n e s , d ' e n faire baisser le prix et de s t i m u l e r l'esprit d ' i n v e n t i o n . »
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Quatrième section • La production de la plus-value relative p r o d u c t i o n colossale du t o u r o r d i n a i r e ; la m a c h i n e à raboter représente, pour ainsi dire, un charpentier de fer qui travaille d a n s le fer avec les m ê m e s outils q u e le charpentier d a n s le bois ; l'outil qui, d a n s les chantiers de Londres, tranche les p l a q u e s q u i b l i n d e n t la carcasse des navires est u n e espèce de rasoir cyclopéen, et le m a r t e a u à vapeur opère avec u n e tête de m a r t e a u ordinaire, m a i s d ' u n poids tel q u e le dieu Thor l u i - m ê m e ne pourrait le s o u l e v e r . Un de ces m a r t e a u x à vapeur, de l'invention de N a s m y t h , pèse au delà de six t o n n e s et t o m b e sur u n e e n c l u m e d ' u n poids de trente-six t o n n e s avec u n e chute verticale de sept pieds. Il pulvérise d ' u n seul c o u p un bloc de granit et enfonce un clou dans du bois t e n d r e au m o y e n d ' u n e série de petits coups légèrement a p p l i q u é s .
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Le m o y e n de travail acquiert d a n s le m a c h i n i s m e u n e existence m a t é rielle q u i exige le r e m p l a c e m e n t de la force de l ' h o m m e par des forces n a turelles et celui de la r o u t i n e par la science. D a n s la m a n u f a c t u r e , la division du procès de travail est p u r e m e n t subjective ; c'est u n e c o m b i n a i s o n d'ouvriers parcellaires. D a n s le système de m a c h i n e s , la grande industrie crée un organisme de p r o d u c t i o n c o m p l è t e m e n t objectif ou i m p e r s o n n e l , q u e l'ouvrier trouve là, d a n s l'atelier, c o m m e la c o n d i t i o n matérielle t o u t e prête de son travail. D a n s la coopération simple et m ê m e d a n s celle fondée sur la division du travail, la suppression du travailleur isolé par le travailleur collectif semble encore plus ou m o i n s accidentelle. Le m a c h i n i s m e , à q u e l q u e s exceptions près q u e n o u s m e n t i o n n e r o n s plus tard, n e f o n c t i o n n e q u ' a u m o y e n d ' u n travail socialisé ou c o m m u n . Le caractère coopératif du travail y devient u n e nécessité t e c h n i q u e dictée par la n a t u r e m ê m e de son moyen.
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II Valeur transmise par la machine au produit On a vu que les forces productives résultant de la coopération et de la division du travail ne coûtent rien au capital. Ce sont les forces naturelles du travail social. Les forces physiques appropriées à la p r o d u c t i o n , telles q u e 30 l'eau, la vapeur, etc., ne c o û t e n t rien n o n plus. M a i s de m ê m e q u e l ' h o m m e a besoin d ' u n p o u m o n p o u r respirer, de m ê m e il a b e s o i n d'organes façonnés par son industrie pour c o n s o m m e r p r o d u c t i v e m e n t les 1 1 2
U n e de ces m a c h i n e s e m p l o y é e à L o n d r e s p o u r forger d e s paddle-wheel shafts p o r t e le n o m d e « T h o r » . Elle forge u n shaft d ' u n p o i d s d e 1 6 % t o n n e s avec l a m ê m e facilité q u ' u n forgeron un fer à cheval. L e s m a c h i n e s q u i travaillent d a n s l e bois e t p e u v e n t aussi être e m p l o y é e s d a n s d e s t r a v a u x d'artisan, sont la plupart d'invention américaine. 1 1 3
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Chapitre XV · Machinisme et grande industrie
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forces physiques. Il faut u n e r o u e h y d r a u l i q u e p o u r exploiter la force m o trice de l'eau, u n e m a c h i n e à vapeur p o u r exploiter l'élasticité de la vapeur. Et il en est de la science c o m m e des forces naturelles. Les lois des dé-| |168|viations de l'aiguille a i m a n t é e dans le cercle d'action d ' u n c o u r a n t électrique, et de la p r o d u c t i o n du m a g n é t i s m e d a n s le fer a u t o u r d u q u e l un courant électrique circule, u n e fois découvertes, n e c o û t e n t pas u n l i a r d . Mais leur application à la télégraphie, etc., exige des appareils très-coûteux et de d i m e n s i o n considérable. L'outil, c o m m e on l'a vu, n'est p o i n t supp r i m é par la m a c h i n e ; i n s t r u m e n t n a i n d a n s les m a i n s de l ' h o m m e , il croît et se multiplie en d e v e n a n t l ' i n s t r u m e n t d ' u n m é c a n i s m e créé par l ' h o m m e . Dès lors le capital fait travailler l'ouvrier, n o n avec un outil à lui, mais avec u n e m a c h i n e m a n i a n t ses propres outils. Si d o n c il est évident au p r e m i e r c o u p d ' œ i l q u e l'industrie m é c a n i q u e , en s'incorporant la science et des forces naturelles puissantes, a u g m e n t e d ' u n e m a n i è r e merveilleuse la productivité du travail, on p e u t c e p e n d a n t d e m a n d e r si ce q u i est gagné d ' u n côté n'est pas p e r d u de l'autre, si l'emploi de m a c h i n e s é c o n o m i s e plus de travail que n ' e n c o û t e n t leur construction et leur entretien. C o m m e tout autre é l é m e n t du capital constant, la m a c h i n e ne produit pas de valeur, m a i s t r a n s m e t s i m p l e m e n t la sienne à l'article qu'elle sert à fabriquer. C'est ainsi q u e sa propre valeur entre d a n s celle du produit. Au lieu de le rendre meilleur m a r c h é , elle r e n c h é r i t en proportion de ce qu'elle vaut. Et il est facile de voir q u e ce m o y e n de travail caractéristique de la g r a n d e industrie est très-coûteux, c o m p a r é a u x m o y e n s de travail employés par ie m é t i e r et la m a n u f a c t u r e . R e m a r q u o n s d'abord q u e la m a c h i n e entre toujours tout entière d a n s le procès qui crée le produit, et par fractions s e u l e m e n t d a n s le procès qui en crée la valeur. Elle ne transfère j a m a i s plus de valeur que son u s u r e ne lui en fait perdre en m o y e n n e . Il y a d o n c u n e grande différence entre la valeur de la m a c h i n e et la portion de valeur qu'elle t r a n s m e t p é r i o d i q u e m e n t à son produit, entre la m a c h i n e c o m m e é l é m e n t de valeur et la m a c h i n e c o m m e é l é m e n t de p r o d u c t i o n . Plus grande est la période p e n d a n t laquelle la m ê m e m a c h i n e fonctionne, plus grande est cette différence. T o u t cela, il est vrai, s'applique é g a l e m e n t à n ' i m p o r t e q u e l autre m o y e n de travail. M a i s la différence entre l'usage et l'usure est b i e n plus i m p o r t a n t e par rapport à la m a c h i n e que par rapport à l'outil. La raison en est q u e la m a c h i n e , 114
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L a s c i e n c e n e c o û t e e n g é n é r a l a b s o l u m e n t r i e n a u capitaliste, c e q u i n e l ' e m p ê c h e p a s d e l'exploiter. L a s c i e n c e d ' a u t r u i est i n c o r p o r é e a u capital t o u t c o m m e l e travail d ' a u t r u i . Or, a p p r o p r i a t i o n « c a p i t a l i s t e » et a p p r o p r i a t i o n p e r s o n n e l l e , soit de la s c i e n c e , soit de la r i c h e s s e , s o n t choses c o m p l è t e m e n t é t r a n g è r e s l ' u n e à l ' a u t r e . L e D U r e l u i - m ê m e déplore l ' i g n o r a n c e grossière de la m é c a n i q u e q u i caractérise ses chers fabricants exploiteurs de m a c h i n e s sav a n t e s . Q u a n t à l ' i g n o r a n c e e n c h i m i e d e s fabricants d e p r o d u i t s c h i m i q u e s , Liebig e n cite d e s e x e m p l e s à faire dresser les c h e v e u x . r
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Quatrième section • La production de la plus-value relative construite avec des m a t é r i a u x plus durables, vit p a r cela m ê m e plus longtemps, q u e son emploi est réglé par des lois scientifiques précises, et q u ' e n fin son c h a m p de p r o d u c t i o n est i n c o m p a r a b l e m e n t plus large q u e celui de l'outil. D é d u c t i o n faite des frais q u o t i d i e n s de la m a c h i n e et de l'outil, c'est-à5 dire de la valeur que leur u s u r e et leur dépense en matières auxiliaires telles q u e charbon, huile, etc., t r a n s m e t t e n t en m o y e n n e au produit j o u r n a lier, leur aide ne coûte rien. M a i s ce service gratuit de l ' u n e et de l'autre est proportionné à leur i m p o r t a n c e respective. Ce n'est q u e d a n s l'industrie m é c a n i q u e q u e l ' h o m m e arrive à faire fonctionner sur u n e g r a n d e échelle 10 les produits de son travail passé c o m m e forces naturelles, c'est-à-dire gratuitement . L'étude de la coopération et de la m a n u f a c t u r e n o u s a m o n t r é q u e des m o y e n s de p r o d u c t i o n tels q u e bâtisses, etc., d e v i e n n e n t m o i n s dispend i e u x par leur usage en c o m m u n et font ainsi d i m i n u e r le prix du produit. 15 Or, d a n s l'industrie m é c a n i q u e , ce n'est pas s e u l e m e n t la charpente d ' u n e m a c h i n e d'opération q u i est usée en c o m m u n par ses n o m b r e u x outils, m a i s le m o t e u r et u n e partie de la transmission sont usés en c o m m u n par d e n o m b r e u s e s m a c h i n e s d'opération. É t a n t d o n n é e la différence entre la valeur d ' u n e m a c h i n e et la quote-part 20 de valeur que son u s u r e q u o t i d i e n n e lui fait perdre et transférer au produit, celui-ci sera enchéri par ce transfert en raison inverse de sa propre q u a n tité. D a n s un compte r e n d u publié en 1857, M. Baynes de Blackburn est i m e q u e c h a q u e force d e cheval m é c a n i q u e m e t e n m o u v e m e n t 450 broches de la m u l e a u t o m a t i q u e ou 200 broches du throstle, ou bien 25 encore 15 métiers pour 40 inch cloth avec l'appareil qui tend la chaîne, etc. D a n s le premier cas, les frais journaliers d ' u n cheval-vapeur et l'usure de la m a c h i n e qu'il m e t en m o u v e m e n t se distribuent sur le p r o d u i t de 450 broches de la m u l e ; d a n s le second, sur le produit de 200 broches du throstle, et dans le troisième, sur celui de 15 métiers m é c a n i q u e s , de telle 30 sorte qu'il n'est transmis à u n e once de filés ou à un m è t r e de tissu q u ' u n e portion de valeur imperceptible. Il en est de m ê m e p o u r le m a r t e a u à vap e u r cité plus h a u t . C o m m e son usure de c h a q u e jour, sa c o n s o m m a t i o n de 115
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R i c a r d o p o r t e parfois s o n a t t e n t i o n s i e x c l u s i v e m e n t s u r cet effet des m a c h i n e s ( d o n t i l n e se r e n d d'ailleurs p a s p l u s c o m p t e q u e de la différence g é n é r a l e e n t r e le procès de travail et le p r o c è s de formation de la plus-value) qu'il o u b l i e la p o r t i o n de v a l e u r t r a n s m i s e p a r les m a c h i n e s au p r o d u i t , et les m e t s u r le m ê m e pied q u e les forces n a t u r e l l e s . « A d a m Smith, dit-il p a r e x e m p l e , n e prise j a m a i s t r o p b a s les services q u e n o u s r e n d e n t les m a c h i n e s e t les forces n a t u r e l l e s ; m a i s il d i s t i n g u e t r è s - e x a c t e m e n t la n a t u r e de la valeur qu'elles a j o u t e n t a u x utilités . . . . c o m m e elles a c c o m p l i s s e n t l e u r œ u v r e g r a t u i t e m e n t , l'assistance q u ' e l l e s n o u s p r o c u r e n t n ' a j o u t e r i e n à la valeur d ' é c h a n g e . » (Ric., I.e. p . 3 3 6 , 337.) L ' o b s e r v a t i o n de R i c a r d o est n a t u r e l l e m e n t très-juste si on l ' a p p l i q u e à J. B. Say, q u i se figure q u e les m a c h i n e s r e n d e n t le « s e r v i c e » d e créer u n e v a l e u r q u i forme u n e part d u profit d u capitaliste.
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Chapitre XV • Machinisme et grande industrie charbon, etc., se distribuent sur d ' é n o r m e s masses de fer martelées, c h a q u e q u i n t a l de fer n ' a b s o r b e q u ' u n e portion m i n i m e de valeur ; cette portion serait é v i d e m m e n t considérable, si l'instrument-cyclope ne faisait qu'enfoncer de petits clous. 5 É t a n t d o n n é le n o m b r e d'outils, ou q u a n d il s'agit de force, la m a s s e d ' u n e m a c h i n e , la g r a n d e u r de son produit d é p e n d r a de la vitesse de ses opérations, de la vitesse par exemple avec laquelle t o u r n e la b r o c h e , ou du n o m b r e de coups q u e le m a r t e a u frappe dans u n e m i n u t e . Q u e l q u e s - u n s de ces m a r t e a u x ||169| colosses d o n n e n t 70 coups par m i n u t e ; la m a c h i n e de 10 Ryder, qui emploie des m a r t e a u x à vapeur de m o i n d r e d i m e n s i o n p o u r forger des broches, assène j u s q u ' à 700 coups par m i n u t e . É t a n t d o n n é e la proportion suivant laquelle la m a c h i n e t r a n s m e t de la valeur au produit, la g r a n d e u r de cette quote-part d é p e n d r a de la valeur originaire de la m a c h i n e . M o i n s elle contient de travail, m o i n s elle ajoute 15 de valeur au produit. M o i n s elle t r a n s m e t de valeur, plus elle est productive et plus le service qu'elle r e n d se rapproche de celui des forces naturelles. Or la p r o d u c t i o n de m a c h i n e s au m o y e n de m a c h i n e s d i m i n u e évidemm e n t leur valeur, p r o p o r t i o n n e l l e m e n t à leur extension et à leur efficacité. U n e analyse c o m p a r é e d u prix des m a r c h a n d i s e s produites m é c a n i q u e 20 m e n t et de celles produites par le m é t i e r ou la m a n u f a c t u r e , d é m o n t r e q u ' e n général cette portion de valeur que le produit dérive du m o y e n de travail, croît dans l'industrie m é c a n i q u e relativement, t o u t en décroissant absolument. En d'autres termes, sa g r a n d e u r d i m i n u e absolument, m a i s elle aug25 m e n t e par rapport à la valeur du produit total, d ' u n e livre de filés, par exemple . 116
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L e l e c t e u r i m b u d e l a m a n i è r e d e voir capitaliste, doit s ' é t o n n e r n a t u r e l l e m e n t q u ' i l n e soit pas ici q u e s t i o n d e « l ' i n t é r ê t » q u e l a m a c h i n e ajoute a u p r o d u i t a u p r o r a t a d e s a v a l e u r - c a p i tal. I l est facile d e c o m p r e n d r e c e p e n d a n t q u e l a m a c h i n e , a t t e n d u q u ' e l l e n e p r o d u i t p a s p l u s d e valeur n o u v e l l e q u e n ' i m p o r t e q u e l l e a u t r e p a r t i e d u capital c o n s t a n t , n e p e u t e n ajouter a u c u n e sous l e n o m « d ' i n t é r ê t » . N o u s e x p l i q u e r o n s d a n s l e t r o i s i è m e livre d e c e t o u v r a g e l e m o d e d e c o m p t a b i l i t é capitaliste, l e q u e l s e m b l e a b s u r d e a u p r e m i e r a b o r d e t e n c o n t r a d i c t i o n avec les lois de la f o r m a t i o n de la valeur. C e t t e p o r t i o n d e v a l e u r ajoutée p a r l a m a c h i n e d i m i n u e a b s o l u m e n t e t r e l a t i v e m e n t , l à o ù elle s u p p r i m e des c h e v a u x e t e n g é n é r a l des a n i m a u x d e travail, q u ' o n n ' e m p l o i e q u e c o m m e forces m o t r i c e s . D e s c a r t e s , e n définissant les a n i m a u x d e s i m p l e s m a c h i n e s , p a r t a g e a i t l e p o i n t d e vue d e l a p é r i o d e m a n u f a c t u r i è r e , b i e n différent d e celui d u m o y e n âge d é f e n d u d e puis p a r de H a l l e r d a n s sa Restauration des sciences politiques, et d'après l e q u e l l ' a n i m a l est l'aide e t l e c o m p a g n o n d e l ' h o m m e . I l est h o r s d e d o u t e q u e D e s c a r t e s aussi b i e n q u e B a c o n croyait q u ' u n c h a n g e m e n t d a n s l a m é t h o d e d e p e n s e r a m è n e r a i t u n c h a n g e m e n t d a n s l e m o d e de p r o d u i r e , et la d o m i n a t i o n p r a t i q u e de l ' h o m m e sur la n a t u r e . On lit d a n s son Discours sur la méthode: « I l est possible (au m o y e n de la m é t h o d e nouvelle) de p a r v e n i r à d e s c o n n a i s s a n c e s fort u t i l e s à la vie, et q u ' a u lieu de cette p h i l o s o p h i e spéculative q u ' o n e n s e i g n e d a n s les écoles, o n e n p e u t trouver u n e p r a t i q u e , p a r l a q u e l l e , c o n n a i s s a n t l a force e t les a c t i o n s d u feu, de l'eau, de l'air, des astres, et de t o u s les autres corps q u i n o u s e n v i r o n n e n t , aussi dis1 1 7
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Quatrième section · La production de la plus-value relative Il est clair q u ' u n simple d é p l a c e m e n t de travail a lieu, c'est-à-dire q u e la s o m m e totale de travail qu'exige la p r o d u c t i o n d ' u n e m a r c h a n d i s e n'est pas d i m i n u é e , ou q u e la force productive du travail n'est pas a u g m e n t é e , si la p r o d u c t i o n d ' u n e m a c h i n e coûte a u t a n t de travail q u e son e m p l o i en économise. La différence c e p e n d a n t entre le travail qu'elle coûte et celui qu'elle économise ne d é p e n d pas du rapport de sa propre valeur à celle de l'outil qu'elle remplace. Cette différence se m a i n t i e n t t a n t q u e le travail réalisé dans la m a c h i n e et la portion de valeur qu'elle ajoute par conséq u e n t au produit, restent inférieurs à la valeur que l'ouvrier avec son outil, ajouterait à l'objet de travail. La productivité de la m a c h i n e a d o n c p o u r m e s u r e la proportion suivant laquelle elle remplace l ' h o m m e . D'après M. Baynes, il y a 2 % ouvriers par 450 broches, y compris l'attirail m é c a n i que, l e t o u t m û par u n cheval v a p e u r , e t c h a q u e broche d e l a m u l e a u t o m a t i q u e fournit d a n s u n e j o u r n é e de dix heures 13 onces de filés ( n u m é r o m o y e n ) , de sorte q u e 2 / ouvriers fournissent par s e m a i n e 365 % livres de filés. D a n s leur transformation en filés, 366 livres de coton (pour plus de simplicité, n o u s ne parlons pas du déchet) n ' a b s o r b e n t d o n c que 150 heures de travail ou 15 j o u r n é e s de 10 heures. Avec le rouet, au contraire, si le fileur livre en 60 heures 13 onces de filés, la m ê m e q u a n t i t é de coton absorberait 2700 j o u r n é e s de 10 h e u r e s ou 27 000 h e u r e s de trav a i l . Là où la vieille m é t h o d e du blockprinting ou de l'impression à la m a i n sur toiles de coton a été remplacée par l'impression m é c a n i q u e , u n e seule m a c h i n e i m p r i m e avec l'aide d ' u n h o m m e a u t a n t d e toiles d e coton à quatre couleurs en u n e h e u r e q u ' e n i m p r i m a i e n t a u p a r a v a n t 200 h o m m e s . Avant q u ' E l i W h i t n e y inventât le cottongin en 1793, il fai-
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t i n c t e m e n t q u e n o u s c o n n a i s s o n s les divers m é t i e r s d e n o s artisans, n o u s les p o u r r i o n s e m ployer e n m ê m e façon à t o u s les u s a g e s a u x q u e l s ils s o n t propres, e t a i n s i n o u s r e n d r e c o m m e m a î t r e s e t possesseurs d e l a n a t u r e , etc., c o n t r i b u e r a u p e r f e c t i o n n e m e n t d e l a vie h u m a i n e . » D a n s la préface des Discourses upon Trade, de sir D u d l e y N o r t h (1691), il est dit q u e la m é t h o d e de D e s c a r t e s a p p l i q u é e à l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e , a c o m m e n c é de la délivrer des vieilles s u p e r s t i t i o n s et des vieux c o n t e s d é b i t é s sur l'argent, le c o m m e r c e , etc. La p l u p a r t des é c o n o m i s t e s anglais de ce t e m p s se r a t t a c h a i e n t c e p e n d a n t à la p h i l o s o p h i e de B a c o n et de H o b b e s , t a n d i s q u e L o c k e est d e v e n u p l u s tard l e p h i l o s o p h e d e l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e p a r e x c e l l e n c e p o u r l'Angleterre, l a F r a n c e e t l'Italie. 1 1 8
D ' a p r è s u n c o m p t e r e n d u a n n u e l d e l a c h a m b r e d e c o m m e r c e d ' E s s e n (octobre 1863), l a fab r i q u e d'acier f o n d u de K r u p p , e m p l o y a n t 161 f o u r n e a u x de forge, de fours à r o u g i r les m é t a u x et de fours à c i m e n t , 32 m a c h i n e s à vapeur, (c'était à p e u près le n o m b r e d e s m a c h i n e s e m p l o y é e s à M a n c h e s t e r en 1800) et 14 m a r t e a u x à v a p e u r q u i r e p r é s e n t e n t e n s e m b l e 1236 chevaux, 49 chaufferies, 203 m a c h i n e s - o u t i l s , et e n v i r o n 2400 ouvriers, a p r o d u i t treize m i l l i o n s de livres d'acier f o n d u . Cela ne fait pas e n c o r e 2 ouvriers p a r cheval.
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B a b b a g e calcule q u ' à Java le filage à l u i seul ajoute e n v i r o n 117 % à la valeur du c o t o n , t a n dis q u ' e n A n g l e t e r r e , à la m ê m e é p o q u e (1832), la v a l e u r t o t a l e ajoutée au c o t o n p a r la m a c h i n e et le filage, se m o n t a i t e n v i r o n à 33 % de la v a l e u r de la m a t i è r e p r e m i è r e . (On the Economy of Machinery, p. 165, 166.) L'impression à la m a c h i n e permet en outre d'économiser la couleur. 1 2 0
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Chapitre XV • Machinisme et grande industrie
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lait, eri m o y e n n e , u n e j o u r n é e de travail pour détacher u n e livre de coton de sa graine. G r â c e à cette découverte, u n e négresse p e u t en d é t a c h e r 100 livres par jour, et l'efficacité du gin a été depuis c o n s i d é r a b l e m e n t accrue. O n emploie dans l'Inde, p o u r l a m ê m e opération, u n i n s t r u m e n t m o i tié m a c h i n e , la churka, avec lequel un h o m m e et u n e f e m m e n e t t o i e n t 28 livres de coton par jour. Le D Forbes a, depuis quelques a n n é e s , inventé u n e c h u r k a qui p e r m e t à d e u x h o m m e s et à u n e f e m m e d'en nettoyer 250 livres par jour. Si l'on emploie des bœufs, l'eau ou la vapeur c o m m e force motrice, il suffit de q u e l q u e s j e u n e s garçons ou j e u n e s filles p o u r alim e n t e r la m a c h i n e . Seize m a c h i n e s de ce genre, m u e s par des b œ u f s , exécutent c h a q u e j o u r u n ouvrage q u i exigeait auparavant u n e j o u r n é e m o y e n n e de 750 h o m m e s . | |170| N o u s avons vu q u ' u n e charrue à vapeur, d o n t les dépenses s'élèvent à 3 d. ou % de sch. par h e u r e , fait a u t a n t de besogne q u e 66 l a b o u r e u r s coûtant 15 sch. par h e u r e . Il est i m p o r t a n t ici de faire disparaître un m a l e n t e n d u assez c o m m u n . Ces 15 sch. ne sont pas l'expression m o n é t a i r e de tout le travail dépensé d a n s u n e h e u r e par les 66 h o m m e s . Si le rapport de leur surtravail à leur travail nécessaire est de 100%, les 66 laboureurs ajoutent au produit par leur h e u r e collective 66 h e u r e s de travail ou u n e valeur de 30 sch. dont leur salaire ne forme que la m o i t i é . Or, ce n ' e s t pas leur salaire que la m a c h i n e r e m p l a c e , m a i s leur travail. En supposant d o n c q u e 3000 /. st. soient le prix ou de 150 ouvriers ou de la m a c h i n e q u i les déplace, cette s o m m e d'argent, par rapport à la m a chine, exprime t o u t le travail - travail nécessaire et surtravail - réalisé en elle, tandis q u e par rapport a u x ouvriers elle n ' e x p r i m e q u e la partie payée de leur travail. U n e m a c h i n e aussi chère q u e la force du travail qu'elle remplace, coûte d o n c toujours m o i n s de travail qu'elle n ' e n r e m p l a c e . Considéré exclusivement c o m m e m o y e n de r e n d r e le produit meilleur m a r c h é , l'emploi des m a c h i n e s r e n c o n t r e u n e limite. Le travail dépensé dans leur p r o d u c t i o n doit être m o i n d r e q u e le travail supplanté par leur usage. Pour le capitaliste c e p e n d a n t cette limite est plus étroite. C o m m e il ne paye pas le travail m a i s la force de travail qu'il emploie, il est dirigé d a n s ses calculs par la différence de valeur entre les m a c h i n e s et les forces de travail qu'elles p e u v e n t déplacer. La division de la j o u r n é e en travail n é cessaire et surtravail diffère, n o n - s e u l e m e n t en divers pays, m a i s aussi d a n s le m ê m e pays à diverses périodes, et d a n s la m ê m e période en diverses r
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C o m p . Paper read by D Watson, Reporter on Products to the Government of India, before the Society of Arts, 19 aprii 1 8 6 1 . «Cesjiagents m u e t s (les m a c h i n e s ) sont toujours l e p r o d u i t d ' u n travail b e a u c o u p m o i n d r e q u e celui qu'ils d é p l a c e n t , lors m ê m e qu'ils s o n t de la m ê m e v a l e u r m o n é t a i r e . » ( R i c a r d o I.e. p . 40.) 1 2 2
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Q u a t r i è m e s e c t i o n • La p r o d u c t i o n de la p l u s - v a l u e relative
b r a n c h e s d'industrie. En outre, le salaire réel du travailleur m o n t e t a n t ô t au-dessus, et descend tantôt au-dessous de la valeur de sa force. De toutes ces circonstances, il résulte q u e la différence entre le prix d ' u n e m a c h i n e et celui de la force de travail p e u t varier b e a u c o u p , lors m ê m e q u e la différence entre le travail nécessaire à la p r o d u c t i o n de la m a c h i n e , et la s o m m e 5 de travail qu'elle r e m p l a c e reste constante. M a i s c'est la première différ e n c e seule qui d é t e r m i n e le prix de revient p o u r le capitaliste, et d o n t la c o n c u r r e n c e le force à tenir compte. Aussi voit-on a u j o u r d ' h u i des m a chines inventées en Angleterre q u i ne trouvent leur emploi q u e d a n s l ' A m é r i q u e du N o r d . P o u r la m ê m e raison, l'Allemagne au seizième et dix- 10 septième siècle, inventait des m a c h i n e s d o n t la H o l l a n d e seule se servait; et m a i n t e invention française du dix-huitième siècle n'était exploitée q u e par l'Angleterre. En tout pays d ' a n c i e n n e civilisation, l'emploi des m a c h i n e s d a n s quelques branches d'industrie produit dans d'autres u n e telle s u r a b o n d a n c e de travail (redundancy of labour, dit Ricardo), q u e la baisse du salaire au-dessous de la valeur de la force de travail, m e t ici obstacle à leur usage et le r e n d superflu, souvent m ê m e impossible au point de vue du capital, d o n t le gain provient en effet de la d i m i n u t i o n , n o n du travail qu'il emploie, m a i s du travail qu'il paye. P e n d a n t les dernières années, le travail des enfants a été considérablem e n t d i m i n u é , et m ê m e çà et là presque supprimé, dans quelques b r a n c h e s de la m a n u f a c t u r e de laine anglaise. P o u r q u o i ? L'acte de fabrique forçait d'employer u n e double série d'enfants d o n t l'une travaillait 6 heures, l'autre 4, ou c h a c u n e 5 heures s e u l e m e n t . Or, les parents ne voulurent p o i n t vendre les demi-temps (half times) m e i l l e u r m a r c h é que les temps-entiers (full times). Dès lors les d e m i - t e m p s furent remplacés par u n e m a c h i n e . Avant l'interdiction du travail des f e m m e s et des enfants (au-dessous de 10 ans) d a n s les m i n e s , le capital trouvait la m é t h o d e de descendre d a n s les puits des femmes, des j e u n e s filles et des h o m m e s n u s liés ensemble, tellement d'accord avec son code de m o r a l e et surtout avec son grand-livre, q u e ce n'est qu'après l'interdiction qu'il e u t recours à la m a c h i n e et s u p p r i m a ces mariages capitalistes. Les Y a n k e e s o n t
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« C e n'est q u e p a r n é c e s s i t é q u e les m a î t r e s r e t i e n n e n t d e u x séries d ' e n f a n t s a u - d e s s o u s d e 13 a n s . . . . En fait, u n e classe de m a n u f a c t u r i e r s , les filateurs de laine, e m p l o i e n t r a r e m e n t d e s enfants a u - d e s s o u s d e 1 3 ans, c'est-à-dire des d e m i - t e m p s . Ils o n t i n t r o d u i t d e s m a c h i n e s n o u velles e t perfectionnées d e diverses espèces, q u i l e u r p e r m e t t e n t d e s'en passer. P o u r d o n n e r u n e x e m p l e d e cette d i m i n u t i o n d a n s l e n o m b r e des enfants, j e m e n t i o n n e r a i u n p r o c è s d e travail d a n s lequel, grâce à l ' a d d i t i o n a u x m a c h i n e s e x i s t a n t e s d ' u n a p p a r e i l appelé piecing machine, le travail de six ou de q u a t r e d e m i - t e m p s , s u i v a n t la p a r t i c u l a r i t é de c h a q u e m a c h i n e , p e u t être e x é c u t é par u n e j e u n e p e r s o n n e (au-dessus d e 1 3 a n s ) . . . . C'est l e s y s t è m e des d e m i t e m p s q u i a suggéré l ' i n v e n t i o n de la p i e c i n g m a c h i n e . » (Reports of Insp. of Fact, for 31 Oct. 1858.)
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Chapitre XV · Machinisme et grande industrie inventé des m a c h i n e s pour casser et broyer les pierres. Les Anglais ne les emploient pas parce q u e le « m i s é r a b l e » («wretch», tel est le n o m q u e d o n n e l ' é c o n o m i e politique anglaise à l'ouvrier agricole) q u i e x é c u t e ce travail reçoit u n e si faible partie de ce q u i lui est dû, que l'emploi de la m a 5 chine enchérirait le p r o d u i t p o u r le c a p i t a l i s t e . En Angleterre, on se sert encore, le long des c a n a u x , de femmes au lieu de chevaux p o u r le h a l a g e , parce q u e les frais des c h e v a u x et des m a c h i n e s sont des quantités d o n n é e s m a t h é m a t i q u e m e n t , tandis q u e ceux des f e m m e s rejetées d a n s la lie de la population, é c h a p p e n t à t o u t calcul. Aussi c'est en Angleterre, le pays des 10 m a c h i n e s , q u e la force h u m a i n e est prodiguée pour des bagatelles avec le plus de cynisme. 124
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III Réaction immédiate de l'industrie mécanique sur le travailleur
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Il a été d é m o n t r é q u e le p o i n t de départ de la grande industrie est le m o y e n de travail qui u n e fois révolutionné revêt sa forme la plus développée | |171| dans le système m é c a n i q u e de la fabrique. Avant d ' e x a m i n e r de quelle façon le m a t é r i e l h u m a i n y est incorporé, il convient d'étudier les effets rétroactifs les plus i m m é d i a t s de cette révolution sur l'ouvrier.
a) Appropriation des forces de travail supplémentaires Travail des femmes et des enfants
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En r e n d a n t superflue la force m u s c u l a i r e , la m a c h i n e p e r m e t d'employer des ouvriers sans grande force m u s c u l a i r e , m a i s d o n t les m e m b r e s sont d ' a u t a n t plus souples qu'ils sont m o i n s développés. Q u a n d le capital s'empara de la m a c h i n e , son cri fut : du travail de femmes, du travail d'enfants ! 25 Ce m o y e n puissant de d i m i n u e r les labeurs de l ' h o m m e , se changea aussitôt en m o y e n d ' a u g m e n t e r le n o m b r e des salariés ; il courba tous les m e m bres de la famille, sans distinction d'âge et de sexe, sous le b â t o n du capital. Le travail forcé p o u r le capital usurpa la place des j e u x de l'enfance et du travail libre p o u r l'entretien de la famille ; et le support é c o n o m i q u e des 30 m œ u r s de famille était ce travail d o m e s t i q u e . 126
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« I l arrive s o u v e n t q u e l a m a c h i n e n e p e u t être e m p l o y é e à m o i n s q u e l e travail (il v e u t dire le salaire) ne s'élève. » ( R i c a r d o 1. c. p. 479.) Voy. : Report of the Social Science Congress at Edinburgh. October 1863. L e d o c t e u r Edward S m i t h , p e n d a n t l a crise c o t o n n i è r e q u i a c c o m p a g n a l a g u e r r e civile a m é r i c a i n e , fut envoyé p a r le g o u v e r n e m e n t anglais d a n s le L a n c a s h i r e , le C h e s h i r e etc., p o u r 1 2 5
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Quatrième section · La production de la plus-value relative La valeur de la force de travail était d é t e r m i n é e par les frais d'entretien de l'ouvrier et de sa famille. En j e t a n t la famille sur le m a r c h é , en distrib u a n t ainsi sur plusieurs forces la valeur d ' u n e seule, la m a c h i n e la déprécie. Il se p e u t q u e les quatre forces, par exemple, q u ' u n e famille ouvrière vend m a i n t e n a n t , lui rapportent plus q u e jadis la seule force de son chef; 5 m a i s aussi quatre j o u r n é e s de travail en ont remplacé u n e seule, et leur prix a baissé en proportion de l'excès du surtravail de quatre sur le surtravail d ' u n seul. Il faut m a i n t e n a n t que quatre personnes fournissent n o n s e u l e m e n t du travail, m a i s encore du travail extra au capital, afin q u ' u n e seule famille vive. C'est ainsi q u e la m a c h i n e , en a u g m e n t a n t la m a t i è r e 10 h u m a i n e exploitable, élève en m ê m e temps le degré d ' e x p l o i t a t i o n . 127
L'emploi capitaliste du m a c h i n i s m e altère foncièrement le contrat, d o n t la première condition était q u e capitaliste et ouvrier devaient se présenter en face l'un de l'autre c o m m e personnes libres, m a r c h a n d s tous deux, l'un possesseur d'argent ou de m o y e n s de production, l'autre possesseur de 15 force de travail. Tout cela est renversé dès q u e le capital achète des m i n e u r s . Jadis, l'ouvrier vendait sa propre force de travail d o n t il pouvait lib r e m e n t disposer, m a i n t e n a n t il vend f e m m e et enfants; il devient m a r c h a n d d'esclaves . Et en fait, la d e m a n d e du travail des enfants ressemble 128
faire u n r a p p o r t sur l'état d e s a n t é des travailleurs. O n lit d a n s c e r a p p o r t : « A u p o i n t d e v u e h y g i é n i q u e , et a b s t r a c t i o n faite de la délivrance de l'ouvrier de l ' a t m o s p h è r e de la f a b r i q u e , la crise p r é s e n t e divers avantages. L e s f e m m e s des ouvriers o n t m a i n t e n a n t assez d e loisir p o u r p o u v o i r offrir le sein à leurs n o u r r i s s o n s au lieu de les e m p o i s o n n e r avec le c o r d i a l de G o d frey. Elles o n t aussi trouvé le t e m p s d ' a p p r e n d r e à faire la c u i s i n e . » M a l h e u r e u s e m e n t elles a c q u i r e n t c e t a l e n t c u l i n a i r e a u m o m e n t o ù elles n ' a v a i e n t r i e n à m a n g e r , m a i s o n voit c o m m e n t l e c a p i t a l e n v u e d e s o n p r o p r e a c c r o i s s e m e n t avait u s u r p é l e travail q u e n é c e s s i t e l a c o n s o m m a t i o n de la famille. La crise a été aussi utilisée d a n s q u e l q u e s écoles p o u r e n s e i g n e r la c o u t u r e a u x ouvrières. Il a d o n c fallu u n e r é v o l u t i o n a m é r i c a i n e et u n e crise u n i v e r s e l l e p o u r q u e des ouvrières q u i filent p o u r le m o n d e entier apprissent à c o u d r e . « L ' a c c r o i s s e m e n t n u m é r i q u e des travailleurs a été c o n s i d é r a b l e p a r s u i t e d e l a s u b s t i t u t i o n croissante des f e m m e s a u x h o m m e s e t s u r t o u t des enfants a u x a d u l t e s . U n h o m m e d'âge m û r d o n t le salaire variait de 18 à 45 sh. p a r s e m a i n e , est m a i n t e n a n t r e m p l a c é p a r 3 p e t i t e s filles de 13 a n s payées de 6 à 8 sh. » (Th. de Q u i n c e y : The Logic of Politic. Econ. Lond. 1844. N o t e de la p. 147). C o m m e certaines f o n c t i o n s de la famille, telles q u e le s o i n et l ' a l l a i t e m e n t des e n fants, ne p e u v e n t être t o u t à fait s u p p r i m é e s , les m è r e s de familles confisquées p a r le c a p i t a l s o n t plus o u m o i n s forcées d e l o u e r des r e m p l a ç a n t e s . Les t r a v a u x d o m e s t i q u e s , tels q u e l a c o u t u r e , le r a c c o m m o d a g e , etc., d o i v e n t être r e m p l a c é s par des m a r c h a n d i s e s t o u t e s faites. A l a d é p e n s e a m o i n d r i e e n travail d o m e s t i q u e c o r r e s p o n d u n e a u g m e n t a t i o n d e d é p e n s e e n argent. L e s frais de la famille du travailleur croissent par c o n s é q u e n t et b a l a n c e n t le surplus de la recette. A j o u t o n s à cela q u ' i l y d e v i e n t i m p o s s i b l e de p r é p a r e r et de c o n s o m m e r les subsist a n c e s avec é c o n o m i e et d i s c e r n e m e n t . - Sur t o u t ces faits passés sous silence p a r l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e officielle on trouve de r i c h e s r e n s e i g n e m e n t s d a n s les r a p p o r t s d e s i n s p e c t e u r s de fab r i q u e , de la ((Children's Employment Commission» de m ê m e q u e d a n s les «Reports on Public Health». En c o n t r a s t e avec ce g r a n d fait q u e ce s o n t les ouvriers m â l e s q u i o n t forcé le c a p i t a l à d i m i n u e r le travail d e s f e m m e s et des e n f a n t s d a n s les fabriques anglaises, les r a p p o r t s les p l u s r é c e n t s de la ((Children's Employment Commission» c o n t i e n n e n t d e s traits r é e l l e m e n t révoltants 1 2 7
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Chapitre XV · Machinisme et grande industrie
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souvent, m ê m e p o u r la forme, à la d e m a n d e d'esclaves nègres telle q u ' o n la rencontra d a n s les j o u r n a u x américains. « M o n attention, dit u n inspecteur de fabrique anglais, fut attirée par u n e a n n o n c e de la feuille locale d ' u n e des plus i m p o r t a n t e s villes manufacturières de m o n district, a n n o n c e d o n t voici le t e x t e : nances de la France», p. 2 9 1 . « I l n'est p a s a u j o u r d ' h u i d ' é c o n o m i s t e q u i , p a r épargner, e n t e n d e s i m p l e m e n t thésauriser, m a i s , à part ce p r o c é d é étroit et insuffisant, on ne saurait i m a g i n e r à q u o i p e u t b i e n servir ce t e r m e , par r a p p o r t à la richesse n a t i o n a l e , si ce n ' e s t p a s à i n d i q u e r le différent e m p l o i fait de ces épargnes selon qu'elles s o u t i e n n e n t l ' u n o u l ' a u t r e g e n r e d e travail (productif o u i m p r o ductif).» Malthus, l . c . [p. 38, 39.] Ricardo, 1. c, p. 163, n o t e . 39
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Septième section • Accumulation du capital Il n'y a pas de plus grande erreur q u e de se figurer que «la portion du revenu q u i s'ajoute au capital soit c o n s o m m é e par des travailleurs p r o d u c tifs». D'après cette m a n i è r e de voir, t o u t e la plus-value transformée en capital deviendrait capital variable, ne serait avancée q u ' e n salaires. Au contraire, elle se divise, de m ê m e q u e la valeur-capital d o n t elle sort, en ca5 pital constant et capital variable, en m o y e n s de p r o d u c t i o n et force de travail. Pour se convertir en force de travail additionnelle, le produit n e t doit renfermer un surplus de subsistances de première nécessité, m a i s , p o u r q u e cette force devienne exploitable, il doit en outre renfermer des m o y e n s de p r o d u c t i o n additionnels, lesquels n ' e n t r e n t pas plus d a n s la c o n s o m m a t i o n 10 personnelle des travailleurs q u e dans celle des capitalistes. C o m m e la s o m m e de valeurs supplémentaire, n é e de l ' a c c u m u l a t i o n , se convertit en capital de la m ê m e m a n i è r e q u e t o u t e autre s o m m e de valeurs, il est évident que la doctrine erronée d ' A d a m S m i t h sur l ' a c c u m u l a t i o n ne p e u t provenir q u e d ' u n e erreur f o n d a m e n t a l e d a n s son analyse de la pro- 15 d u c t i o n capitaliste. En effet, il affirme q u e , b i e n q u e t o u t capital individuel se divise en partie c o n s t a n t e et partie variable, en salaires et valeur des m o y e n s de production, il n ' e n est pas de m ê m e de la s o m m e des c a p i t a u x individuels, du capital social. La valeur de celui-ci égale, au contraire, la s o m m e des salaires qu'il paie, a u t r e m e n t dit, le capital social n'est q u e du 20 capital variable. Un fabricant de drap, par exemple, transforme en capital u n e s o m m e de 200 000 francs. Il en dépense u n e partie à e m b a u c h e r des ouvriers tisseurs, l'autre à acheter de la laine filée, des m a c h i n e s , etc. L'argent, ainsi transféré a u x fabricants des filés, des m a c h i n e s , etc., paie d'abord la plus-value 25 c o n t e n u e dans leurs m a r c h a n d i s e s , m a i s , cette d é d u c t i o n faite, il sert à son t o u r à solder leurs ouvriers et à acheter des m o y e n s de p r o d u c t i o n fabriq u é s par d'autres fabricants, et ainsi de suite. Les 200 000 fr. avancés par le fabricant de draps sont d o n c p e u à peu dépensés en salaires, u n e partie par l u i - m ê m e , u n e d e u x i è m e partie par les fabricants chez lesquels il achète 30 ses m o y e n s de production, et ainsi de suite, j u s q u ' à ce que t o u t e la s o m m e , à part la plus-value successivement prélevée, soit e n t i è r e m e n t avancée en salaires, ou q u e le produit représenté par elle soit t o u t entier c o n s o m m é par des travailleurs productifs. T o u t e la force de cet a r g u m e n t gît dans les m o t s : «et ainsi de suite», q u i 35 n o u s renvoient de Caïphe à Pilate sans n o u s laisser entrevoir le capitaliste entre les m a i n s d u q u e l le capital constant, c'est-à-dire la valeur des m o y e n s de production, s'évanouirait finalement. A d a m S m i t h arrête ses recherches p r é c i s é m e n t au point où la difficulté c o m m e n c e . 43
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E n d é p i t d e s a « L o g i q u e » , M . J . St. M i l l n e s o u p ç o n n e j a m a i s les erreurs d ' a n a l y s e d e ses m a î t r e s ; il se c o n t e n t e de les r e p r o d u i r e avec un d o g m a t i s m e d'écolier. C'est e n c o r e ici le cas.
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Chapitre XXIV • Transformation de la plus-value en capital La r e p r o d u c t i o n a n n u e l l e est un procès très-facile à saisir t a n t que l'on ne considère q u e le fonds de la p r o d u c t i o n annuelle, m a i s tous les élém e n t s de celle-ci doivent passer par le m a r c h é . Là les m o u v e m e n t s des cap i t a u x et des revenus personnels se croisent, s'entremêlent et se p e r d e n t 5 d a n s un m o u v e m e n t général de d é p l a c e m e n t - la circulation de la richesse sociale - q u i trouble la vue de l'observateur et offre à l'analyse des prob l è m e s très-com||259|pliqués . C'est le grand m é r i t e des physiocrates d'avoir les premiers essayé de donner, dans leur tableau économique, u n e image de la r e p r o d u c t i o n a n n u e l l e telle qu'elle sort de la circulation. L e u r 10 exposition est à b e a u c o u p d'égards plus près de la vérité q u e celle de leurs successeurs. Après avoir résolu t o u t e la partie de la richesse sociale, q u i f o n c t i o n n e c o m m e capital, en capital variable ou fonds de salaires, A d a m S m i t h a b o u tit nécessairement à son d o g m e v r a i m e n t fabuleux, aujourd'hui encore la 15 pierre angulaire de l ' é c o n o m i e politique, savoir: que le prix nécessaire des m a r c h a n d i s e s se c o m p o s e de salaire, de profit (l'intérêt y est inclus), et de rente foncière, en d'autres termes, de salaire et de plus-value. P a r t a n t de là, Storch a au m o i n s la naïveté d'avouer q u e : « I l est impossible de résoudre le prix nécessaire dans ses éléments s i m p l e s . » 20 Enfin, cela va sans dire, l ' é c o n o m i e politique n ' a pas m a n q u é d'exploiter, au service de la classe capitaliste, cette doctrine d ' A d a m S m i t h : q u e toute la partie du produit n e t q u i se convertit en capital est c o n s o m m é e p a r la classe ouvrière. 44
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III Division de la plus-value en capital et en revenu Théorie de l'abstinence
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Jusqu'ici n o u s avons envisagé la plus-value, tantôt c o m m e fonds de c o n s o m m a t i o n , tantôt c o m m e fonds d ' a c c u m u l a t i o n du capitaliste. Elle est l'un et l'autre à la fois. U n e partie en est dépensée c o m m e r e v e n u , et 30 l'autre a c c u m u l é e c o m m e capital. 46
«A la l o n g u e , dit-il, le capital m ê m e se r é s o u t e n t i è r e m e n t en salaires, et, lorsqu'il a été rec o n s t i t u é p a r l a vente d e s p r o d u i t s , i l r e t o u r n e d e n o u v e a u e n salaires.» O n e n t r o u v e r a l a s o l u t i o n d a n s l e d e u x i è m e livre d e cet ouvrage. Storch, l . c , é d i t i o n d e P é t e r s b o u r g , 1815, t . I I , p . 1 4 1 , n o t e . L e l e c t e u r r e m a r q u e r a q u e n o u s e m p l o y o n s l e m o t r e v e n u d a n s d e u x s e n s différents, d ' u n e part p o u r désigner l a p l u s - v a l u e e n t a n t q u e fruit p é r i o d i q u e d u c a p i t a l ; d ' a u t r e p a r t p o u r e n désigner la p a r t i e q u i est p é r i o d i q u e m e n t c o n s o m m é e par le capitaliste ou j o i n t e par lui à s o n fonds d e c o n s o m m a t i o n . N o u s c o n s e r v o n s c e d o u b l e sens p a r c e q u ' i l s'accorde avec l e langage u s i t é c h e z les é c o n o m i s t e s anglais et français. 44
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Septième section • Accumulation du capital D o n n é la masse de la plus-value, l ' u n e des parties sera d ' a u t a n t plus grande q u e l'autre sera plus petite. Toutes autres circonstances restant les m ê m e s , la proportion suivant laquelle ce partage se fait d é t e r m i n e r a la grandeur de l'accumulation. C'est le propriétaire de la plus-value, le capitaliste, qui en fait le partage. Il y a d o n c là acte de sa volonté. De l'aliquote 5 du tribut, prélevé par lui, qu'il a c c u m u l e , on dit qu'il l'épargne, parce q u ' i l ne la m a n g e pas, c'est-à-dire parce qu'il remplit sa fonction de capitaliste, q u i est de s'enrichir. Le capitaliste n ' a a u c u n e valeur historique, a u c u n droit historique à la vie, a u c u n e raison d'être sociale, q u ' a u t a n t qu'il fonctionne c o m m e capital 10 personnifié. Ce n'est q u ' à ce titre q u e la nécessité transitoire de sa propre existence est impliquée d a n s la nécessité transitoire du m o d e de p r o d u c tion capitaliste. Le b u t d é t e r m i n a n t de son activité n'est d o n c ni la valeur d'usage, ni la jouissance, m a i s b i e n la valeur d'échange et son accroissem e n t continu. Agent fanatique de l ' a c c u m u l a t i o n , il force les h o m m e s , 15 sans m e r c i ni trêve, à produire pour produire, et les pousse ainsi instinctiv e m e n t à développer les puissances productrices et les conditions m a t é rielles qui seules peuvent former la base d ' u n e société nouvelle et supérieure. Le capitaliste n'est respectable q u ' a u t a n t qu'il est le capital fait h o m m e . D a n s ce rôle il est, lui aussi, c o m m e le thésauriseur, d o m i n é par sa p a s s i o n aveugle pour la richesse abstraite, la valeur. M a i s ce qui chez l ' u n paraît être u n e m a n i e individuelle est chez l'autre l'effet du m é c a n i s m e social d o n t il n ' e s t q u ' u n rouage. Le développement de la production capitaliste nécessite un agrandissem e n t c o n t i n u du capital placé dans u n e entreprise, et la c o n c u r r e n c e impose les lois i m m a n e n t e s de la p r o d u c t i o n capitaliste c o m m e lois coercitives externes à c h a q u e capitaliste individuel. Elle ne lui p e r m e t pas de conserver son capital sans l'accroître, et il ne p e u t c o n t i n u e r de l'accroître à m o i n s d ' u n e a c c u m u l a t i o n progressive. Sa volonté et sa conscience ne réfléchissant que les besoins du capital qu'il représente, dans sa c o n s o m m a t i o n personnelle il ne saurait guère voir q u ' u n e sorte de vol, d ' e m p r u n t au m o i n s , fait à l ' a c c u m u l a t i o n ; et, en effet, la t e n u e des livres en parties doubles m e t les dépenses privées au passif, c o m m e s o m m e s dues par le capitaliste au capital. Enfin, accumuler, c'est conquérir le m o n d e de la richesse sociale, étendre sa d o m i n a t i o n p e r s o n n e l l e , a u g m e n t e r le n o m b r e de ses sujets, c'est sacrifier à u n e a m b i t i o n insatiable. |
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L u t h e r m o n t r e très-bien, p a r l ' e x e m p l e d e l'usurier, c e capitaliste d e f o r m e d é m o d é e , m a i s toujours r e n a i s s a n t , q u e le désir de d o m i n e r est un des m o b i l e s de l'auri sacra fames. « L a simpie r a i s o n a p e r m i s a u x p a ï e n s de c o m p t e r l ' u s u r i e r c o m m e assassin et q u a d r u p l e voleur. M a i s
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Chapitre XXIV • Transformation de la plus-value en capital
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|260| Mais le p é c h é originel opère partout et gâte tout. A m e s u r e q u e se développe le m o d e de p r o d u c t i o n capitaliste, et avec lui l ' a c c u m u l a t i o n et la richesse, le capitaliste cesse d'être simple i n c a r n a t i o n du capital. Il ressent « u n e é m o t i o n h u m a i n e » p o u r son propre A d a m , sa chair, et devient si civilisé, si sceptique, qu'il ose railler l'austérité ascétique c o m m e un préjugé de thésauriseur passé de m o d e . T a n d i s que le capitaliste de vieille roche flétrit t o u t e dépense individuelle q u i n'est pas de rigueur, n ' y voyant q u ' u n e m p i é t e m e n t sur l ' a c c u m u l a t i o n , le capitaliste m o d e r n i s é est capable de voir d a n s la capitalisation de la plus-value un obstacle à ses convoi-
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tises. C o n s o m m e r , dit le premier, c'est « s ' a b s t e n i r » d ' a c c u m u l e r ; a c c u m u ler, dit le second, c'est « r e n o n c e r » à la jouissance. « D e u x â m e s , h é l a s ! h a b i t e n t m o n c œ u r , et l ' u n e veut faire divorce d'avec l ' a u t r e . » A l'origine de la p r o d u c t i o n capitaliste - et cette phase historique se renouvelle dans la vie privée de tout industriel parvenu - l'avarice et l'envie 15 de s'enrichir l'emportent exclusivement. M a i s le progrès de la p r o d u c t i o n ne crée pas s e u l e m e n t un n o u v e a u m o n d e de j o u i s s a n c e s : il ouvre, avec la spéculation et le crédit, mille sources d'enrichissement soudain. A un certain degré de développement, il impose m ê m e au m a l h e u r e u x capitaliste u n e prodigalité toute de convention, à la fois étalage de richesse et m o y e n 20 de crédit. Le luxe devient u n e nécessité de m é t i e r et entre d a n s les frais de 48
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n o u s , c h r é t i e n s , n o u s le t e n o n s en tel h o n n e u r , q u e n o u s l ' a d o r o n s p r e s q u e à c a u s e de s o n argent. Celui q u i d é r o b e , vole e t dévore l a n o u r r i t u r e d ' u n a u t r e , est t o u t aussi b i e n u n m e u r t r i e r ( a u t a n t q u e cela est en son p o u v o i r ) q u e c e l u i q u i le fait m o u r i r de faim ou le m i n e à fond. Or c'est là ce q u e fait l'usurier, et c e p e n d a n t il reste assis en sûreté sur son siège, t a n d i s q u ' i l serait b i e n p l u s j u s t e q u e , p e n d u à la p o t e n c e , il fût dévoré par a u t a n t de c o r b e a u x qu'il a volé d ' é c u s ; si du m o i n s il y avait en l u i assez de c h a i r p o u r q u e t a n t de c o r b e a u x p u s s e n t s'y tailler c h a c u n un l o p i n . On p e n d les petits voleurs . . . . les petits voleurs s o n t m i s a u x fers ; les g r a n d s voleurs vont se p r é l a s s a n t d a n s l'or et la soie. Il n ' y a pas sur terre (à p a r t le diable) un plus grand e n n e m i d u g e n r e h u m a i n q u e l'avare e t u s u r i e r , car i l veut être d i e u s u r t o u s les h o m m e s . T u r c s , gens de guerre, tyrans, c'est là certes m é c h a n t e e n g e a n c e ; ils s o n t p o u r t a n t obligés de laisser vivre le p a u v r e m o n d e et de confesser q u ' i l s s o n t des scélérats et des e n n e m i s ; il leur arrive m ê m e de s'apitoyer m a l g r é e u x . M a i s un u s u r i e r , ce sac à avarice, v o u d r a i t q u e le m o n d e e n t i e r fût en p r o i e à la faim, à la soif, à la tristesse et à la m i s è r e ; il v o u d r a i t avoir t o u t t o u t seul, afin q u e c h a c u n d û t recevoir de l u i c o m m e d ' u n d i e u et rester son serf à p e r p é t u i t é . Il p o r t e des c h a î n e s , des a n n e a u x d'or, se t o r c h e le b e c , se fait p a s s e r p o u r un h o m m e p i e u x e t d é b o n n a i r e . - L ' u s u r i e r est u n m o n s t r e é n o r m e , pire q u ' u n o g r e d é v o r a n t , pire q u ' u n C a c u s , u n G é r i o n , u n A n t é e . E t p o u r t a n t i l s'attife e t fait l a s a i n t e n i t o u c h e , p o u r q u ' o n ne voie pas d ' o ù v i e n n e n t les b œ u f s q u ' i l a a m e n é s à r e c u l o n s d a n s sa c a v e r n e . M a i s H e r c u l e e n t e n d r a les m u g i s s e m e n t s des b œ u f s p r i s o n n i e r s et c h e r c h e r a C a c u s à travers les rochers p o u r les a r r a c h e r a u x m a i n s d e c e scélérat. Car C a c u s est l e n o m d ' u n scélérat, d ' u n p i e u x u s u r i e r q u i vole, pille et dévore t o u t et v e u t p o u r t a n t n ' a v o i r r i e n fait, et p r e n d g r a n d soin q u e p e r s o n n e ne p u i s s e le découvrir, p a r c e q u e les b œ u f s a m e n é s à r e c u l o n s d a n s sa caverne o n t laissé des traces de leurs pas q u i font croire qu'ils en s o n t sortis. L ' u s u r i e r v e u t de m ê m e s e m o q u e r d u m o n d e e n affectant d e l u i être u t i l e e t d e l u i d o n n e r des b œ u f s , t a n d i s q u ' i l les a c c a p a r e et les dévore t o u t seul Et si l'on r o u e et d é c a p i t e les assassins et les voleurs d e g r a n d c h e m i n , c o m b i e n plus n e d e v r a i t - o n pas chasser, m a u d i r e , r o u e r t o u s les u s u riers et leur c o u p e r la t ê t e . » (Martin Luther, l.c.) Paroles d u F a u s t d e G o e t h e . 48
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Septième section • Accumulation du capital représentation du capital. Ce n'est pas t o u t : le capitaliste ne s'enrichit pas, c o m m e le paysan et l'artisan i n d é p e n d a n t s , proportionnellement à son travail et à sa frugalité personnels, m a i s en raison du travail gratuit d ' a u t r u i qu'il absorbe, et du r e n o n c e m e n t à toutes les jouissances de la vie i m p o s é à ses ouvriers. Bien que sa prodigalité ne revête d o n c j a m a i s les franches al5 lures de celle du seigneur féodal, b i e n qu'elle ait peine à dissimuler l'avarice la plus sordide et l'esprit de calcul le plus m e s q u i n , elle grandit n é a n m o i n s à m e s u r e qu'il a c c u m u l e , sans que son a c c u m u l a t i o n soit n é cessairement restreinte par sa dépense, ni celle-ci par celle-là. Toutefois il s'élève dès lors en lui un conflit à la F a u s t entre le p e n c h a n t à l'accumula- 10 tion et le p e n c h a n t à la jouissance. « L ' i n d u s t r i e de M a n c h e s t e r » , est-il dit d a n s un écrit publié en 1795 par le docteur Aikin, « p e u t se diviser en quatre périodes. D a n s la première les fabricants étaient forcés de travailler d u r p o u r leur entretien. » L e u r principal m o y e n de s'enrichir consistait à voler les parents qui plaçaient chez e u x 15 des j e u n e s gens c o m m e apprentis, et payaient pour cela b o n prix, tandis q u e les susdits apprentis étaient loin de m a n g e r leur soûl. D ' u n autre côté la m o y e n n e des profits était peu élevée et l ' a c c u m u l a t i o n exigeait u n e grande é c o n o m i e . Ils vivaient c o m m e des thésauriseurs, se gardant b i e n de dépenser m ê m e de loin les intérêts de leur capital. 20 « D a n s la seconde période, ils avaient c o m m e n c é à acquérir u n e petite fortune, m a i s ils travaillaient a u t a n t q u ' a u p a r a v a n t » , - car l'exploitation directe du travail, c o m m e le sait t o u t inspecteur d'esclaves, coûte du travail, - « et leur genre de vie était aussi frugal q u e par le passé . . . . » « D a n s la troisième période le luxe c o m m e n ç a , et, p o u r d o n n e r à l ' i n d u s - 25 trie plus d'extension, on envoya des c o m m i s voyageurs à cheval chercher des ordres dans toutes les villes du r o y a u m e où se t e n a i e n t des m a r c h é s . D'après t o u t e vraisemblance, il n'y avait encore en 1690 q u e p e u ou point de capitaux gagnés dans l'industrie qui dépassassent trois mille livres st. Vers cette é p o q u e cependant, ou un p e u plus tard, les industriels avaient 30 déjà gagné de l'argent, et ils c o m m e n c è r e n t à remplacer les m a i s o n s de bois et de mortier par des m a i s o n s en pierre . . . » « D a n s les trente premières a n n é e s du dix-huitième siècle, un fabricant de Manchester qui eût offert à ses convives u n e p i n t e de vin étranger se serait exposé au caquet et aux h o c h e m e n t s de tête de tous ses v o i s i n s . . . . 35 Avant l'apparition des m a c h i n e s la c o n s o m m a t i o n des fabricants, le soir dans les tavernes où ils se rassemblaient, ne s'élevait j a m a i s à plus de six deniers (62 centimes ]/ ) p o u r un verre de p u n c h et un denier p o u r un rouleau de t a b a c . » 2
«C'est en 1758, et ceci fait é p o q u e , q u e l'on vit pour la première fois un h o m m e engagé dans les affaires avec un équipage à lui ! . . . »
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Chapitre XXIV • Transformation de la plus-value en capital « L a q u a t r i è m e p é r i o d e » - le dernier tiers du dix-huitième siècle, - « e s t la période de grand luxe et de grandes dépenses, provoquée et s o u t e n u e par l'extension d o n n é e à l ' i n d u s t r i e . » Q u e dirait le b o n docteur Aikin, s'il ressuscitait à M a n c h e s t e r a u j o u r d ' h u i ! 5 A c c u m u l e z , a c c u m u l e z ! C'est la loi et les prophètes ! « L a p a r c i m o n i e , et n o n l'industrie, est la cause i m m é d i a t e de l ' a u g m e n t a t i o n du capital. A vrai dire, l'industrie fournit la m a t i è r e q u e l'épargne a c c u m u l e . » Épargnez, épargnez toujours, c'est-à-dire retransformez sans cesse en capital la plus grande partie possible de la plus-value ou du produit net ! A c 10 c u m u l e r p o u r a c c u m u l e r , produire p o u r produire, tel est le m o t d'ordre de l'économie politique p r o c l a m a n t la mission historique de la période bourgeoise. Et elle ne s'est pas fait un instant illusion sur les douleurs d'enfant e m e n t de la r i c h e s s e : m a i s à q u o i ||261| b o n des j é r é m i a d e s qui ne c h a n gent rien a u x fatalités historiques ? 15 A ce point de vue, si le prolétaire n'est q u ' u n e m a c h i n e à produire de la plus-value, le capitaliste n'est q u ' u n e m a c h i n e à capitaliser cette plus-value. L ' é c o n o m i e politique classique prit d o n c b i g r e m e n t au sérieux le capitaliste et son rôle. P o u r le garantir du conflit désastreux entre le p e n c h a n t à 20 la jouissance et l'envie de s'enrichir, M a l t h u s , quelques a n n é e s après le congrès de V i e n n e , vint d o c t o r a l e m e n t défendre un système de division du travail où le capitaliste engagé dans la p r o d u c t i o n a p o u r t â c h e d ' a c c u m u ler, tandis que la dépense est du d é p a r t e m e n t de ses co-associés d a n s le partage de la plus-value, les aristocrates fonciers, les h a u t s dignitaires de 25 l'État et de l'Église, les rentiers fainéants, etc. « I l est de la plus h a u t e i m portance, dit-il, de tenir séparées la passion pour la dépense et la passion p o u r l ' a c c u m u l a t i o n (the passion for expenditure a n d the passion for accum u l a t i o n ) . » Messieurs les capitalistes, déjà plus ou m o i n s transformés en viveurs et h o m m e s du m o n d e , poussèrent n a t u r e l l e m e n t les h a u t s cris. Eh 30 q u o i ! objectait un de leurs interprètes, un Ricardien, M . M a l t h u s prêche en faveur des fortes rentes foncières, des impôts élevés, des grasses sinécures, d a n s le but de stimuler c o n s t a m m e n t les industriels au m o y e n des c o n s o m m a t e u r s improductifs ! A s s u r é m e n t produire, produire toujours de plus en plus, tel est notre m o t d'ordre, n o t r e p a n a c é e , m a i s «la p r o d u c t i o n serait 49
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Dr. A i k i n : Description of the Country from 30 to 40 miles round Manchester. L o n d , 1795, p. 182 et suiv. A. S m i t h , 1. c, 1. II, ch. III. I I n ' e s t p a s j u s q u ' à J . B . Say q u i n e d i s e : « L e s é p a r g n e s des r i c h e s s e font a u x d é p e n s des p a u v r e s . » « L e prolétaire r o m a i n vivait p r e s q u e e n t i è r e m e n t a u x frais d e l a s o c i é t é ... O n p o u r r a i t p r e s q u e dire q u e la société m o d e r n e vit a u x d é p e n s des prolétaires, de la part q u ' e l l e prélève sur la r é t r i b u t i o n de leur t r a v a i l . » ( S i s m o n d i , Études, e t c , 1.1, p . 2 4 . ) Malthus, 1. c, p. 3 2 5 , 326. 50
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Septième section • Accumulation du capital b i e n plutôt enrayée qu'activée par de semblables procédés. Et puis il n'est pas tout à fait juste (nor is it quite fair) d'entretenir dans l'oisiveté un certain n o m b r e de personnes, tout s i m p l e m e n t pour en émoustiller d'autres, d o n t le caractère d o n n e lieu de croire (who are likely, from their characters) qu'ils fonctionneront avec succès, q u a n d on pourra les contraindre à 5 f o n c t i o n n e r . » M a i s , si ce R i c a r d i e n trouve injuste que, pour exciter le capitaliste industriel à a c c u m u l e r , on lui enlève la crème de son lait, par contre il déclare conforme a u x règles q u e l'on réduise le plus possible le salaire de l'ouvrier « p o u r le m a i n t e n i r l a b o r i e u x » . Il ne cherche pas m ê m e à dissimuler un instant q u e tout le secret de la plus-value consiste à s'appro- 10 prier du travail sans le payer. « D e la part des ouvriers d e m a n d e de travail accrue signifie t o u t s i m p l e m e n t qu'ils c o n s e n t e n t à p r e n d r e m o i n s de leur propre produit pour e u x - m ê m e s et à en laisser davantage à leurs patrons ; et si l'on dit q u ' e n d i m i n u a n t la c o n s o m m a t i o n des ouvriers, cela a m è n e un soi-disant glut ( e n c o m b r e m e n t du m a r c h é , surproduction), je n ' a i q u ' u n e 15 chose à répondre, c'est q u e glut est s y n o n y m e de gros profits . » 53
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Cette savante dispute sur le m o y e n de répartir, de la m a n i è r e la plus favorable à l'accumulation, entre le capitaliste industriel et le riche oisif, le b u t i n pris sur la classe ouvrière, fut i n t e r r o m p u e par la révolution de Juillet. Peu de temps après, le prolétariat u r b a i n s o n n a à Lyon le tocsin 20 d'alarme, et en Angleterre le prolétariat des campagnes p r o m e n a le coq rouge. D ' u n côté du détroit la vogue était au F o u r i é r i s m e et au S a i n t - S i m o n i s m e , de l'autre à l'Owenisme. Alors l ' é c o n o m i e politique vulgaire saisit l'occasion a u x cheveux et proposa u n e doctrine destinée à sauver la société. 25 Elle fut révélée au m o n d e par N.-W. Senior, j u s t e un an avant qu'il découvrît, à Manchester, q u e d ' u n e j o u r n é e de travail de d o u z e heures c'est la d o u z i è m e et dernière h e u r e seule qui fait naître le profit, y compris l'intérêt. « P o u r moi, déclarait-il solennellement, pour m o i , je substitue au m o t capital, en tant qu'il se rapporte à la production, le m o t abstinence .» R i e n 30 55
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An Inquiry into those Principles respecting the Nature of Demand, etc., p. 67. L. c , p . 59. S e n i o r : Principes fondamentaux de l'économie politique, t r a d u c t . A r r i v a b e n e . Paris, 1836, p . 309. Ceci s e m b l a par trop fort a u x p a r t i s a n s d e l ' a n c i e n n e école. « M . S e n i o r s u b s t i t u e a u x m o t s travail et capital les m o t s travail et a b s t i n e n c e ... A b s t i n e n c e est u n e n é g a t i o n p u r e . Ce n ' e s t p a s l ' a b s t i n e n c e , m a i s l'usage d u c a p i t a l e m p l o y é p r o d u c t i v e m e n t , q u i est l a s o u r c e d u profit» ( J o h n C a z e n o v e , 1. c, p. 130, n o t e ) . M. J. S t . M i l l se c o n t e n t e de r e p r o d u i r e à u n e page 5 4
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la t h é o r i e du profit de R i c a r d o et d'inscrire à l'autre la « r é m u n é r a t i o n de l ' a b s t i n e n c e » de Senior. - L e s é c o n o m i s t e s vulgaires ne font j a m a i s cette s i m p l e réflexion q u e t o u t e a c t i o n h u m a i n e p e u t être envisagée c o m m e u n e « a b s t e n t i o n » d e son contraire. M a n g e r , c'est s'abstenir d e j e û n e r ; m a r c h e r , s'abstenir d e rester e n r e p o s ; travailler, s'abstenir d e r i e n faire; n e r i e n faire, s'abstenir de travailler, etc. Ces M e s s i e u r s feraient b i e n d ' é t u d i e r u n e b o n n e fois la prop o s i t i o n de S p i n o z a : Determinatio est negatio.
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Chapitre XXIV · Transformation de la plus-value en capital
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qui vous d o n n e c o m m e cela u n e idée des « d é c o u v e r t e s » de l ' é c o n o m i e politique vulgaire ! Elle r e m p l a c e les catégories é c o n o m i q u e s par des phrases de Tartufe, voilà tout. « Q u a n d le sauvage, n o u s apprend Senior, fabrique des arcs, il exerce u n e industrie, m a i s il ne pratique pas l'abstinence.» Ceci n o u s explique parfaitement p o u r q u o i et c o m m e n t , dans un temps m o i n s avancé q u e le nôtre, tout en se passant de l'abstinence du capitaliste, on ne s'est pas passé d ' i n s t r u m e n t s de travail. « P l u s la société m a r c h e en avant, plus elle exige d ' a b s t i n e n c e » , n o t a m m e n t de la part de ceux qui exercent l'industrie de s'approprier les fruits de l'industrie d'autrui. Les conditions du procès de travail se transforment tout à coup en a u t a n t de pratiques d ' a b s t i n e n c e du capitaliste, supposé toujours que son ouvrier ne s'abstienne point de travailler pour lui. Si le blé n o n - s e u l e m e n t se m a n g e , m a i s aussi se s è m e , abstinence du capitaliste ! Si l'on d o n n e au vin le temps de fermenter, abstinence du c a p i t a l i s t e ! Le capitaliste se dépouille l u i - m ê m e , q u a n d il « prête (!) ses i n s t r u m e n t s de p r o d u c t i o n au trav a i l l e u r » ; en d'autres termes, q u a n d il les fait valoir c o m m e capital en leur incorporant la force ouvrière, au lieu de m a n g e r t o u t crus engrais, c h e v a u x de trait, coton, m a c h i n e s à vapeur, c h e m i n s de fer, etc., ou, d'après l'expression naïve des théoriciens de l'abstinence, au lieu d'en dissiper « l a val e u r » en articles de luxe, e t c . . | |262| C o m m e n t la classe capitaliste doit-elle s'y p r e n d r e p o u r remplir ce p r o g r a m m e ? c'est un secret q u ' o n s'obstine à garder. Bref, le m o n d e ne vit plus que grâce aux mortifications de ce m o d e r n e p é n i t e n t de W i c h n o u , le capitaliste. Ce n'est pas s e u l e m e n t l ' a c c u m u l a t i o n , n o n ! « la simple conservation d ' u n capital exige un effort constant p o u r résister à la t e n t a t i o n de le c o n s o m m e r . » Il faut d o n c avoir r e n o n c é à t o u t e h u m a n i t é p o u r ne pas délivrer le capitaliste de ses t e n t a t i o n s et de son martyre, de la m ê m e façon q u ' o n en a usé r é c e m m e n t p o u r délivrer le p l a n t e u r de la Géorgie de ce pénible d i l e m m e : F a u t - i l j o y e u s e m e n t dépenser en c h a m p a g n e et articles de Paris tout le produit net o b t e n u à coups de fouet de l'esclave nègre, ou b i e n en convertir u n e partie en terres et nègres additionnels ? 56
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Senior, i.e., p . 3 4 2 [,343]. « P e r s o n n e ... n e s è m e r a s o n b l é e t n e l u i p e r m e t t r a d e rester enfoui u n e a n n é e d a n s l e sol, o u n e laissera son vin e n b a r r i q u e s des a n n é e s e n t i è r e s , a u lieu d e c o n s o m m e r ces c h o s e s o u leur é q u i v a l e n t u n e b o n n e fois, s'il n ' e s p è r e a c q u é r i r u n e v a l e u r a d d i t i o n n e l l e . » (Scrope : Polit. Econ., édit. de A . P o t t e r . N e w - Y o r k , 1 8 4 1 , p. 133.) « L a privation q u e s ' i m p o s e l e capitaliste e n prêtant ses i n s t m m e n t s d e p r o d u c t i o n a u travailleur, au lieu d ' e n c o n s a c r e r la v a l e u r à son p r o p r e u s a g e en la t r a n s f o r m a n t en objets d ' u t i lité ou d ' a g r é m e n t . » (G. de Molinari, 1. c, p. 36). Prêter est u n e u p h é m i s m e c o n s a c r é p a r l ' é c o n o m i e vulgaire p o u r identifier l e salarié q u ' e x ploite le capitaliste i n d u s t r i e l avec ce capitaliste i n d u s t r i e l l u i - m ê m e a u q u e l d ' a u t r e s c a p i t a listes p r ê t e n t leur argent. Courcelle-Seneuil, 1. c, p. 2 0 . 57
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Septième section • Accumulation du capital D a n s les sociétés les plus différentes au p o i n t de vue é c o n o m i q u e on trouve n o n - s e u l e m e n t la reproduction simple, m a i s encore, à des degrés très-divers, il est vrai, la reproduction sur u n e échelle progressive. A m e sure que l'on produit et c o n s o m m e davantage, on est forcé de reconvertir plus de produits en n o u v e a u x m o y e n s de production. M a i s ce procès ne se présente ni c o m m e a c c u m u l a t i o n de capital ni c o m m e fonction du capitaliste, tant que les m o y e n s de production du travailleur, et par c o n s é q u e n t son produit et ses subsistances, ne portent pas encore l'empreinte sociale qui les transforme en c a p i t a l . C'est ce que Richard Jones, successeur de M a l t h u s à la chaire d ' é c o n o m i e politique de l'East I n d i a n College de Haileybury, a b i e n fait ressortir par l'exemple des I n d e s orientales. C o m m e la partie la plus n o m b r e u s e du p e u p l e i n d i e n se c o m p o s e de paysans cultivant leurs terres e u x - m ê m e s , ni leur produit, ni leurs m o y e n s de travail et de subsistance, « n ' e x i s t e n t j a m a i s sous la forme (in t h e shape) d ' u n fonds épargné sur un revenu étranger (saved from revenue) et q u i eût parcouru p r é a l a b l e m e n t un procès d ' a c c u m u l a t i o n (a previous process of a c c u m u l a t i o n ) » . D ' u n autre côté, dans les territoires où la d o m i n a t i o n anglaise a le m o i n s altéré l'ancien système, les grands reçoivent, à titre de tribut ou de rente foncière, u n e aliquote du produit net de l'agriculture qu'ils divisent en trois parties. La première est c o n s o m m é e par eux en n a ture, tandis que la d e u x i è m e est convertie, à leur propre usage, en articles de luxe et d'utilité par des travailleurs n o n agricoles qu'ils r é m u n è r e n t m o y e n n a n t la troisième partie. Ces travailleurs sont des artisans possesseurs de leurs i n s t r u m e n t s de travail. La production et la reproduction, simples ou progressives, vont ainsi leur c h e m i n sans intervention a u c u n e de la part du saint m o d e r n e , de ce chevalier de la triste figure, le capitaliste p r a t i q u a n t la b o n n e œ u v r e de l'abstinence.
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« L e s classes particulières d e r e v e n u q u i c o n t r i b u e n t l e plus a b o n d a m m e n t à l ' a c c r o i s s e m e n t du capital n a t i o n a l c h a n g e n t de p l a c e à différentes é p o q u e s et v a r i e n t d ' u n e n a t i o n à l ' a u t r e selon le degré du progrès é c o n o m i q u e où celles-ci sont arrivées. Le profit source d'accum u l a t i o n s a n s i m p o r t a n c e , c o m p a r é a u x salaires e t a u x r e n t e s d a n s les p r e m i è r e s é t a p e s d e l a s o c i é t é . . . . Q u a n d la p u i s s a n c e de l'industrie n a t i o n a l e a fait des progrès c o n s i d é r a b l e s , les profits a c q u i è r e n t u n e h a u t e i m p o r t a n c e c o m m e s o u r c e d ' a c c u m u l a t i o n . » ( R i c h a r d J o n e s : « T e x t b o o k , e t c . » , p. 16, 20, 21.) L . c , p . 3 6 e t suiv. 61
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Chapitre XXIV · Transformation de la plus-value en capital
IV Circonstances qui, indépendamment de la division proportionnelle de la plus-value en capital et en revenu, déterminent l'étendue de l'accumulation Degré d'exploitation de la force ouvrière Productivité du travail - Différence croissante entre le capital employé et le capital consommé Grandeur du capital avancé
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É t a n t d o n n é e la proportion suivant laquelle la plus-value se partage en capital et en revenu, la g r a n d e u r du capital a c c u m u l é dépend é v i d e m m e n t de la g r a n d e u r absolue de la plus-value. M e t t o n s , par exemple, qu'il y ait 80 p o u r cent de capitalisé et 20 pour cent de dépensé, alors le capital accum u l é s'élève à 2400 francs ou à 1200, selon q u ' i l y a u n e plus-value de 3000 francs ou u n e de 1500. A i n s i toutes les circonstances q u i d é t e r m i n e n t 15 la masse de la plus-value c o n c o u r e n t à d é t e r m i n e r l'étendue de l ' a c c u m u l a tion. Il n o u s faut d o n c les récapituler, mais, cette fois, s e u l e m e n t au point de vue de l'accumulation. On sait q u e le taux de la plus-value dépend en premier lieu du degré d'exploitation de la force ouvrière . En traitant de la p r o d u c t i o n de la plus20 value, n o u s avons toujours supposé q u e l'ouvrier reçoit un salaire n o r m a l , c'est-à-dire que la juste valeur de sa force est payée. Le prélèvement sur le salaire j o u e c e p e n d a n t d a n s la p r a t i q u e un rôle trop i m p o r t a n t pour q u e n o u s ne n o u s y arrêtions pas un m o m e n t . Ce procédé convertit en effet, dans u n e certaine m e s u r e , le fonds de c o n s o m m a t i o n nécessaire à l'entre25 tien du travailleur en fonds d ' a c c u m u l a t i o n du capital. io
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«Les salaires, dit J. St. Mill, n ' o n t a u c u n e force p r o d u c t i v e ; ils sont le prix d ' u n e force productive. Ils ne c o n t r i b u e n t pas plus à la p r o d u c t i o n des ||263| m a r c h a n d i s e s en sus du travail que n'y contribue le prix d ' u n e 62
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Accélérer l ' a c c u m u l a t i o n p a r u n d é v e l o p p e m e n t s u p é r i e u r des pouvoirs productifs d u travail et l'accélérer p a r u n e p l u s g r a n d e e x p l o i t a t i o n du travailleur, ce sont là d e u x p r o c é d é s t o u t à fait différents q u e c o n f o n d e n t s o u v e n t les é c o n o m i s t e s . Par exemple, Ricardo dit: « D a n s des sociétés différentes o u d a n s les p h a s e s différentes d ' u n e m ê m e société, l'accum u l a t i o n d u capital o u des m o y e n s d ' e m p l o y e r l e travail est plus o u m o i n s r a p i d e , e t doit d a n s t o u s les cas d é p e n d r e d e s p o u v o i r s productifs d u travail. E n général, les pouvoirs p r o d u c t i f s d u travail a t t e i g n e n t leur m a x i m u m là où le sol fertile s u r a b o n d e . » Ce q u ' u n a u t r e é c o n o m i s t e c o m m e n t e ainsi : «Les pouvoirs productifs du travail signifient-ils, d a n s c e t a p h o r i s m e , la petitesse de la quote-part de chaque produit dévolue à ceux-là qui le fournissent par leur travail manuel? Alors la p r o p o s i t i o n est t a u t o l o g i q u e , car la p a r t i e r e s t a n t e est le fonds q u e son possesseur, si tel est son plaisir, p e u t a c c u m u l e r . M a i s ce n ' e s t p a s g é n é r a l e m e n t le cas d a n s les pays les p l u s fertiles.» («Observations on certain verbal disputes in Pol. Econ.», p . 7 4 . )
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Septième section • Accumulation du capital m a c h i n e en sus de la m a c h i n e elle-même. Si l'on pouvait avoir le travail sans l'acheter, les salaires seraient superflus .» M a i s , si le travail ne coûtait rien, on ne saurait l'avoir à a u c u n prix. Le salaire ne p e u t d o n c j a m a i s descendre à ce zéro nihiliste, b i e n q u e le capital ait u n e t e n d a n c e constante à s'en rapprocher. Un écrivain du d i x - h u i t i è m e siècle q u e j ' a i souvent cité, l'auteur de l'Essai sur l'industrie et le commerce , ne fait q u e trahir le secret i n t i m e du capitaliste anglais q u a n d il déclare que la grande t â c h e historique de l'Angleterre, c'est de r a m e n e r chez elle le salaire au niveau français ou hollandais. « S i nos pauvres, dit-il, s'obstinent à vouloir faire continuelle b o m b a n c e , leur travail doit n a t u r e l l e m e n t revenir à un prix excessif.... Q u e l'on jette s e u l e m e n t un coup d'oeil sur l'entassement de superfluités (heap of superfluities) c o n s o m m é e s par nos ouvriers de m a n u f a c t u r e , telles qu'eau-de-vie, gin, thé, sucre, fruits étrangers, bière forte, toile i m p r i m é e , t a b a c à fumer et à priser, etc., etc., n'est-ce pas à faire dresser les c h e v e u x ? » Il cite u n e b r o c h u r e d ' u n fabricant du N o r t h a m p t o n s h i r e , où celui-ci pousse, en louc h a n t vers le ciel, ce g é m i s s e m e n t : « L e travail est en F r a n c e d ' u n b o n tiers meilleur m a r c h é q u ' e n Angleterre : car là les pauvres travaillent r u d e m e n t et sont p i è t r e m e n t nourris et v ê t u s ; leur principale c o n s o m m a t i o n est le pain, les fruits, les légumes, les racines, le poisson salé ; ils m a n g e n t rarem e n t de la viande, et, q u a n d le froment est cher, très-peu de p a i n . » Et ce n'est pas tout, ajoute l'auteur de l'Essai, « l e u r boisson se c o m p o s e d'eau p u r e ou de pareilles (sic !) liqueurs faibles, en sorte qu'ils d é p e n s e n t étonn a m m e n t peu d ' a r g e n t . . . . Il est sans doute fort difficile d'introduire chez n o u s un tel état de choses, m a i s é v i d e m m e n t ce n'est pas impossible, p u i s q u ' i l existe en F r a n c e et aussi en H o l l a n d e . » 63
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De nos jours ces aspirations ont été de b e a u c o u p dépassées, grâce à la c o n c u r r e n c e cosmopolite dans laquelle le développement de la p r o d u c t i o n capitaliste a jeté tous les travailleurs du globe. Il ne s'agit plus s e u l e m e n t de réduire les salaires anglais au niveau de c e u x de l'Europe c o n t i n e n t a l e , 30 63
J. St. M i l l : Essays on some unsettled questions of Pol. Econ., L o n d . 1844, p. 90 [, 91]. «An Essay on Trade and Commerce», L o n d . , 1770, p. [43,] 4 4 . - Le Times p u b l i a i t , en d é c e m b r e 1866 e t e n j a n v i e r 1867, d e véritables é p a n c h e m e n t s d e c œ u r d e l a p a r t d e p r o p r i é t a i r e s d e m i n e s anglais. Ces M e s s i e u r s d é p e i g n a i e n t l a s i t u a t i o n p r o s p è r e e t enviable d e s m i n e u r s belges, q u i n e d e m a n d a i e n t e t n e r e c e v a i e n t r i e n d e p l u s q u e c e q u ' i l l e u r fallait s t r i c t e m e n t p o u r vivre p o u r leurs « m a î t r e s » . C e u x - c i ne t a r d è r e n t pas à r é p o n d r e à ces félicitations p a r la grève de M a r c h i e n n e , étouffée à c o u p s de fusil. L. c , p . [44,] 4 6 . L e fabricant d u N o r t h a m p t o n s h i r e c o m m e t ici u n e fraude p i e u s e q u e son é m o t i o n r e n d exc u s a b l e . Il feint de c o m p a r e r l'ouvrier m a n u f a c t u r i e r d ' A n g l e t e r r e à c e l u i de F r a n c e , m a i s ce q u ' i l n o u s d é p e i n t d a n s les p a r o l e s citées, c'est, c o m m e il l'avoue plus tard, la c o n d i t i o n des ouvriers agricoles français. L . c , p . 70. [,71]. 64
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Chapitre XXIV • Transformation de la plus-value en capital m a i s de faire descendre, d a n s un avenir plus ou m o i n s prochain, le niveau européen au niveau chinois. Voilà la perspective que M. Stapleton, m e m b r e du p a r l e m e n t anglais, est v e n u dévoiler à ses électeurs d a n s u n e adresse sur le prix du travail dans l'avenir. « S i la Chine, dit-il, devient un grand pays 5 manufacturier, je ne vois pas c o m m e n t la population industrielle de l'Europe saurait soutenir la lutte sans descendre au niveau de ses concurrents . » Vingt ans plus tard un Y a n k e e baronnisé, Benjamin T h o m p s o n (dit le c o m t e Rumford), suivit la m ê m e ligne p h i l a n t h r o p i q u e à la grande satisfac10 tion de Dieu et des h o m m e s . Ses Essays sont un vrai livre de c u i s i n e ; il d o n n e des recettes de t o u t e espèce pour remplacer par des s u c c é d a n é s les aliments ordinaires et trop chers du travailleur. En voici u n e des plus réussies: 68
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« C i n q livres d'orge, dit ce philosophe, cinq livres de maïs, trois d. (en chiffres r o n d s : 34 centimes) de harengs, un d. de vinaigre, d e u x d. de poivre et d'herbes, un d. de sel - le t o u t p o u r la s o m m e de 20¾ d. - d o n n e n t u n e soupe p o u r soixante-quatre personnes, et, au prix m o y e n du blé, les frais peuvent être réduits à % d. (moins de 3 centimes) par tête. » La falsification des m a r c h a n d i s e s , m a r c h a n t de front avec le d é v e l o p p e m e n t de la 20 production capitaliste, n o u s a fait dépasser l'idéal de ce brave T h o m p s o n . A la fin du d i x - h u i t i è m e siècle et p e n d a n t les vingt premières a n n é e s du dix-neuvième, les fermiers et les landlords anglais rivalisèrent d'efforts p o u r faire descendre le salaire à son m i n i m u m absolu. A cet effet on payait m o i n s que le m i n i m u m sous forme de salaire et on c o m p e n s a i t le déficit 15
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Times, 9 sept. 1873. B e n j a m i n T h o m p s o n : «Essays political, economical and philosophical, e t c . » (3 vol. L o n d , 1 7 9 6 - 1 8 0 2 ) . B i e n e n t e n d u , n o u s n ' a v o n s affaire ici q u ' à l a p a r t i e é c o n o m i q u e d e ces « E s s a i s » . Q u a n t a u x r e c h e r c h e s de T h o m p s o n sur la chaleur, etc., leur m é r i t e est a u j o u r d ' h u i gén é r a l e m e n t r e c o n n u . - D a n s s o n o u v r a g e : «The state of the poor, e t c . » , Sir F . M . E d e n fait valoir c h a l e u r e u s e m e n t les v e r t u s de cette s o u p e à la R u m f o r d , et la r e c o m m a n d e s u r t o u t a u x directeurs des workhouses. Il r é p r i m a n d e les ouvriers anglais, l e u r d o n n a n t à e n t e n d r e « q u ' e n Ecosse bon n o m b r e de familles se p a s s e n t d e froment, de seigle et d e v i a n d e , et n ' o n t , p e n d a n t des m o i s entiers, d ' a u t r e n o u r r i t u r e q u e d u g r u a u d ' a v o i n e e t d e l a farine d'orge m ê l é e avec d e l'eau et du sel, ce q u i n e les e m p ê c h e p a s d e vivre t r è s - c o n v e n a b l e m e n t (to live very comfortably too)». (L. c, 1.1, liv. II, ch. II.) Au d i x - n e u v i è m e siècle, il ne m a n q u e p a s de g e n s de cet avis. « L e s ouvriers a n g l a i s » , dit, p a r e x e m p l e , C h a r l e s H . Parry, « n e v e u l e n t m a n g e r a u c u n m é l a n g e de grains d'espèce inférieure. E n Ecosse, o ù Y éducation est meilleure, ce préjugé est i n c o n n u . » (The question of the necessity of the existing corn laws considered. L o n d , 1816, p. [68,] 69.) Le m ê m e Parry s e plaint n é a n m o i n s d e c e q u e l'ouvrier anglais « s o i t m a i n t e n a n t (1815) p l a c é d a n s u n e p o s i t i o n b i e n inférieure à celle q u ' i l o c c u p a i t » à l ' é p o q u e é d é n i q u e (1797). Les rapports d e l a d e r n i è r e c o m m i s s i o n d ' e n q u ê t e p a r l e m e n t a i r e sur l a falsification d e d e n rées p r o u v e n t q u ' e n A n g l e t e r r e l a falsification des m é d i c a m e n t s forme n o n l ' e x c e p t i o n , m a i s l a règle. L ' a n a l y s e d e t r e n t e - q u a t r e é c h a n t i l l o n s d ' o p i u m , a c h e t é s c h e z a u t a n t d e p h a r m a ciens, d o n n e , par e x e m p l e , c e r é s u l t a t q u e t r e n t e e t u n é t a i n t falsifiés a u m o y e n d e l a farine d e froment, de Fécale de pavot, de la g o m m e , [de] la terre glaise, du sable, etc. La p l u p a r t ne c o n t e n a i e n t pas u n a t o m e d e m o r p h i n e . 6 8
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Septième section · Accumulation du capital p a r l'assistance paroissiale. D a n s ce b o n temps, ces r u r a u x anglais avaient encore le privilège d'octroyer un tarif légal au travail agricole, et voici un exemple de l'humour bouffonne d o n t ils s'y p r e n a i e n t : « Q u a n d les | |264| squires fixèrent, en 1795, le t a u x de salaires pour le S p e e n h a m l a n d , ils avaient fort b i e n dîné et p e n s a i e n t é v i d e m m e n t q u e les travailleurs 5 n ' a v a i e n t pas besoin de faire de m ê m e . . . . Ils décidèrent d o n c q u e le salaire h e b d o m a d a i r e serait de 3 sh. par h o m m e , t a n t q u e la m i c h e de p a i n de h u i t livres onze onces coûterait 1 sh., et qu'il s'élèverait r é g u l i è r e m e n t j u s q u ' à ce que le pain coûtât 1 sh. 5 d. Ce prix u n e fois dépassé, le salaire devait d i m i n u e r progressivement j u s q u ' à ce que le p a i n coûtât 2 sh., et 10 alors a nourriture de c h a q u e h o m m e serait d ' u n c i n q u i è m e m o i n d r e qu'auparavant .» 71
En 1814, un comité d ' e n q u ê t e de la C h a m b r e des lords posa la q u e s t i o n suivante à un certain A. Bennet, grand fermier, magistrat, a d m i n i s t r a t e u r d ' u n workhouse (maison de pauvres) et régulateur officiel des salaires agricoles : « Est-ce q u ' o n observe u n e proportion q u e l c o n q u e entre la valeur du travail journalier et l'assistance paroissiale? - M a i s oui, répondit l'illustre B e n n e t ; la recette h e b d o m a d a i r e de c h a q u e famille est complétée au delà de son salaire n o m i n a l j u s q u ' à concurrence d ' u n e m i c h e de p a i n de h u i t livres o n z e onces et de trois p e n c e par tête . . . . N o u s supposons q u ' u n e telle m i c h e suffit pour l'entretien h e b d o m a d a i r e de c h a q u e m e m b r e de la famille, et les trois p e n c e sont pour les v ê t e m e n t s . S'il plaît à la paroisse de les fournir en nature, elle d é d u i t les trois p e n c e . Cette pratique règne n o n s e u l e m e n t dans tout l'ouest du Wiltshire, m a i s encore, je pense, d a n s t o u t le p a y s . » C'est ainsi, s'écrie un écrivain bourgeois de cette é p o q u e , « que p e n d a n t n o m b r e d'années les fermiers ont dégradé u n e classe respectable de leurs compatriotes, en les forçant à chercher un refuge d a n s le workhouse . . . . Le fermier a a u g m e n t é ses propres bénéfices en e m p ê c h a n t ses ouvriers d'acc u m u l e r le fonds de c o n s o m m a t i o n le plus i n d i s p e n s a b l e . » L ' e x e m p l e du travail dit à domicile n o u s a déjà m o n t r é q u e l rôle ce vol, c o m m i s sur la c o n s o m m a t i o n nécessaire du travailleur, j o u e a u j o u r d ' h u i dans la formation de la plus-value et, par conséquent, d a n s l ' a c c u m u l a t i o n du capital. On trouvera de plus amples détails à ce sujet d a n s le chapitre suivant. Bien que, dans toutes les branches d'industrie, la partie du capital 72
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G. L. N e w n h a m (barrister at law) : A Review of the Evidence before the committees of the two Houses of Parliament on the Cornlaws. Lond., 1815, p. 20, n o t e . L. c. C h . H . P a r r y , 1. c, p. 77 [,69]. De leur côté, les p r o p r i é t a i r e s fonciers ne s ' i n d e m n i s è r e n t p a s s e u l e m e n t p o u r l a guerre a n t i j a c o b i n e qu'ils faisaient a u n o m d e l'Angleterre. E n d i x - h u i t ans, « l e u r s r e n t e s m o n t è r e n t a u d o u b l e , triple, q u a d r u p l e , et, d a n s certains cas e x c e p t i o n n e l s , a u s e x t u p l e » . (L. c, p. 100, 101.) 7 2
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Chapitre XXIV · Transformation de la plus-value en capital 4
constant qui consiste en outillage'' doive suffire pour un certain n o m b r e d'ouvriers, - n o m b r e d é t e r m i n é par l'échelle de l'entreprise, - elle ne s'accroît pas toutefois suivant la m ê m e proportion q u e la q u a n t i t é du travail m i s e n œ u v r e . Q u ' u n établissement emploie, par exemple, cent h o m m e s 5 travaillant h u i t h e u r e s par jour, et ils fourniront q u o t i d i e n n e m e n t h u i t cents heures de travail. P o u r a u g m e n t e r cette s o m m e de m o i t i é , le capitaliste aura ou à e m b a u c h e r un n o u v e a u contingent de c i n q u a n t e ouvriers ou à faire travailler ses a n c i e n s ouvriers d o u z e h e u r e s par j o u r au lieu de huit. D a n s le premier cas, il lui faut un surplus d'avances n o n - s e u l e m e n t en saio laires, mais aussi en outillage, tandis que, d a n s l'autre, l'ancien outillage reste suffisant. Il va désormais fonctionner davantage, son service sera activé, il s'en usera plus vite, et son t e r m e de renouvellement arrivera plus tôt, m a i s voilà tout. De cette m a n i è r e un excédant de travail, o b t e n u par u n e tension supérieure de la force ouvrière, a u g m e n t e la plus-value et le 15 produit net, la s u b s t a n c e de l ' a c c u m u l a t i o n , sans nécessiter un accroissem e n t préalable et proportionnel de la partie constante du capital avancé. D a n s l'industrie extractive, celle des m i n e s , par exemple, les matières premières n ' e n t r e n t pas c o m m e é l é m e n t des avances, .puisque là l'objet du travail est n o n le fruit d ' u n travail antérieur, m a i s b i e n le d o n gratuit de la 20 nature, tel q u e le métal, le m i n é r a l , le charbon, la pierre, etc. Le capital constant se borne d o n c presque exclusivement à l'avance en outillage, q u ' u n e a u g m e n t a t i o n de travail n'affecte pas. Mais, les autres circonstances restant les m ê m e s , la valeur et la masse du produit multiplieront en raison directe d u travail appliqué a u x m i n e s . D e m ê m e q u ' a u p r e m i e r j o u r 25 de la vie industrielle, l ' h o m m e et la n a t u r e y agissent de concert c o m m e sources primitives de la richesse. Voilà donc, grâce à l'élasticité de la force ouvrière, le terrain de l ' a c c u m u l a t i o n élargi sans agrandissement préalable du capital avancé. D a n s l'agriculture on ne p e u t é t e n d r e le c h a m p de cultivation sans avancer un surplus de semailles et d'engrais. Mais, cette avance u n e fois faite, la seule action m é c a n i q u e du travail sur le sol en a u g m e n t e merveilleusem e n t la fertilité. Un e x c é d a n t de travail, tiré du m ê m e n o m b r e d'ouvriers, ajoute à cet effet sans ajouter à l'avance en i n s t r u m e n t s aratoires. C'est d o n c de n o u v e a u l'action directe de l ' h o m m e sur la n a t u r e q u i fournit ainsi 35 un fonds a d d i t i o n n e l à a c c u m u l e r sans intervention d ' u n capital additionnel. Enfin, d a n s les m a n u f a c t u r e s , les fabriques, les usines, toute dépense additionnelle en travail présuppose u n e dépense proportionnelle en matières premières, m a i s n o n en outillage. De plus, p u i s q u e l'industrie extractive et 40 l'agriculture fournissent à l'industrie manufacturière ses matières brutes et 30
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N o u s e n t e n d o n s par « o u t i l l a g e » l ' e n s e m b l e d e s m o y e n s d e travail, m a c h i n e s , appareils, i n s t r u m e n t s , b â t i m e n t s , c o n s t r u c t i o n s , voies d e t r a n s p o r t e t d e c o m m u n i c a t i o n , etc.
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Septième section · Accumulation du capital instrumentales, le surcroît de produits o b t e n u d a n s celles-là sans surplus d'avances revient aussi à l'avantage de celle-ci. N o u s arrivons d o n c à ce résultat général, q u ' e n s'incorporant la force ouvrière et la terre, ces d e u x sources primitives de la richesse, le capital acquiert u n e puissance d ' e x p a n s i o n qui lui p e r m e t d ' a u g m e n t e r ses é l é m e n t s 5 d ' a c c u m u l a t i o n au delà des limites a p p a r e m m e n t fixées par sa propre grandeur, c'est-à-dire par la valeur et la m a s s e des m o y e n s de p r o d u c t i o n déjà produits dans lesquels il existe. Un autre facteur i m p o r t a n t de l'accumulation, c'est le degré de p r o d u c t i vité du travail social. | 10 |265| É t a n t d o n n é e la plus-value, l ' a b o n d a n c e du produit net, d o n t elle est la valeur, correspond à la productivité du travail mis en œ u v r e . A m e sure d o n c q u e le travail développe ses pouvoirs productifs, le produit n e t c o m p r e n d plus de m o y e n s de jouissance et d ' a c c u m u l a t i o n . Alors la partie de la plus-value q u i se capitalise p e u t m ê m e a u g m e n t e r a u x d é p e n s de l'autre qui constitue le revenu, sans q u e la c o n s o m m a t i o n du capitaliste en soit resserrée, car désormais u n e m o i n d r e valeur se réalise en u n e s o m m e supérieure d'utilités. Le revenu déduit, le reste de la plus-value fonctionne c o m m e capital additionnel. En m e t t a n t les subsistances à meilleur m a r c h é , le développem e n t des pouvoirs productifs du travail fait q u e les travailleurs aussi baissent de prix. Il réagit de m ê m e sur l'efficacité, l ' a b o n d a n c e et le prix des m o y e n s de production. Or, l ' a c c u m u l a t i o n ultérieure q u e le n o u v e a u capital a m è n e à son tour, se règle n o n sur la valeur absolue de ce capital, m a i s sur la q u a n t i t é de forces ouvrières, d'outillage, de matières premières et auxiliaires d o n t il dispose. Il arrive en général que les c o m b i n a i s o n s , les procédés et les i n s t r u m e n t s perfectionnés s'appliquent en premier lieu à l'aide du n o u v e a u capital additionnel. Q u a n t à l'ancien capital, il consiste en partie en m o y e n s de travail qui s'usent p e u à p e u et n ' o n t besoin d'être reproduits qu'après des laps de t e m p s assez grands. Toutefois, c h a q u e a n n é e , u n n o m b r e considérable d'entre eux arrive à son t e r m e de vitalité, c o m m e on voit tous les ans s'éteindre n o m b r e de vieillards en décrépitude. Alors, le progrès scientifiq u e et t e c h n i q u e , accompli d u r a n t la période de leur service actif, p e r m e t de remplacer ces i n s t r u m e n t s usés par d'autres plus efficaces et c o m p a r a t i v e m e n t m o i n s coûteux. En dehors d o n c des modifications de détail q u e subit de temps à autre l'ancien outillage, u n e large portion en est c h a q u e ann é e e n t i è r e m e n t renouvelée et devient ainsi plus productive. Q u a n t à l'autre é l é m e n t constant du capital ancien, les matières premières et auxiliaires, elles sont reproduites p o u r la plupart au m o i n s an-
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n u e l l e m e n t , si elles p r o v i e n n e n t de l'agriculture, et d a n s des espaces de temps b e a u c o u p plus courts, si elles p r o v i e n n e n t des m i n e s , etc. Là, t o u t procédé perfectionné q u i n ' e n t r a î n e pas u n c h a n g e m e n t d'outillage, réagit d o n c presque du m ê m e c o u p et sur le capital a d d i t i o n n e l et sur l ' a n c i e n capital. En découvrant de nouvelles matières utiles ou de nouvelles qualités utiles de matières déjà en usage, la c h i m i e multiplie les sphères de placem e n t pour le capital a c c u m u l é . En enseignant les m é t h o d e s propres à rejeter dans le cours circulaire de la r e p r o d u c t i o n les résidus de la p r o d u c t i o n et de la c o n s o m m a t i o n sociales, leurs excréments, elle convertit, sans a u c u n concours du capital, ces non-valeurs en a u t a n t d'éléments a d d i t i o n nels de l ' a c c u m u l a t i o n . De m ê m e q u e l'élasticité de la force ouvrière, le progrès incessant de la science et de la t e c h n i q u e d o u e d o n c le capital d ' u n e puissance d'expansion, i n d é p e n d a n t e , d a n s de certaines limites, de la g r a n d e u r des richesses acquises d o n t il se c o m p o s e . Sans doute, les progrès de la puissance productive du travail q u i s'accomplissent sans le concours du capital déjà en fonction, m a i s d o n t il profite dès qu'il fait p e a u n e u v e , le déprécient aussi plus ou m o i n s d u r a n t l'intervalle où il c o n t i n u e de fonctionner sous son a n c i e n n e forme. Le capital placé dans u n e m a c h i n e , par exemple, perd de sa valeur q u a n d s u r v i e n n e n t de meilleures m a c h i n e s de la m ê m e espèce. Du m o m e n t , c e p e n d a n t , où la concurrence r e n d cette dépréciation sensible au capitaliste, il c h e r c h e à s'en i n d e m n i s e r par u n e r é d u c t i o n du salaire. Le travail t r a n s m e t au produit la valeur des m o y e n s de p r o d u c t i o n c o n s o m m é s . D ' u n autre côté, la valeur et la m a s s e des m o y e n s de p r o d u c tion, mis en oeuvre par un q u a n t u m d o n n é de travail, a u g m e n t e n t à m e s u r e que le travail devient plus productif. D o n c , b i e n q u ' u n m ê m e q u a n t u m de travail n'ajoute j a m a i s a u x produits q u e l a m ê m e s o m m e d e valeur n o u velie, l ' a n c i e n n e valeur-capital qu'il leur t r a n s m e t va s'accroissant avec le développement de l'industrie. Q u e le fileur anglais et le fileur chinois travaillent le m ê m e n o m b r e d'heures avec le m ê m e degré d'intensité, et ils vont créer c h a q u e s e m a i n e des valeurs égales. P o u r t a n t , en dépit de cette égalité, il y aura entre le produit h e b d o m a d a i r e de l'un, q u i se sert d ' u n vaste a u t o m a t e , et celui de l'autre, qui se sert d ' u n r o u e t primitif, u n e merveilleuse différence de valeur. D a n s le m ê m e t e m p s q u e le Chinois file à p e i n e u n e livre de coton, l'Anglais en filera plusieurs centaines, grâce à la productivité supérieure du travail m é c a n i q u e ; de là l ' é n o r m e surplus d ' a n c i e n n e s valeurs q u i font enfier la valeur de son produit, où elles reparaissent sous u n e nouvelle forme d'utilité et d e v i e n n e n t ainsi propres à fonctionner de n o u v e a u c o m m e capital. 527
Septième section • Accumulation du capital « E n Angleterre les récoltes de laine des trois a n n é e s 1 7 8 0 - 8 2 restaient, faute d'ouvriers, à l'état brut, et y seraient restées forcément longtemps encore, si l'invention de m a c h i n e s n'était b i e n t ô t v e n u e fournir fort à propos les m o y e n s de les filer .» Les nouvelles m a c h i n e s ne firent pas sortir de terre un seul h o m m e , m a i s elles m e t t a i e n t un n o m b r e d'ouvriers relative5 m e n t p e u considérable à m ê m e de filer en peu de t e m p s cette é n o r m e masse de laine successivement a c c u m u l é e p e n d a n t trois a n n é e s , et, t o u t en y ajoutant de nouvelle valeur, d ' e n conserver, sous forme de filés, l'anc i e n n e valeur-capital. Elles provoquèrent en outre la reproduction de la laine sur u n e échelle progressive. 10 75
C'est la propriété naturelle du travail q u ' e n créant de nouvelles valeurs, il conserve les a n c i e n n e s . A m e s u r e d o n c q u e ses m o y e n s de p r o d u c t i o n a u g m e n t e n t d'efficacité, de m a s s e et de valeur, c'est-à-dire, à m e s u r e q u e le m o u v e m e n t ascendant de sa puissance productive accélère l'accumulation, le travail conserve et éternise, sous des formes toujours nouvelles, u n e 15 a n c i e n n e valeur-capital toujours grossissante . M a i s , dans le système du 76
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F. Engels : Lage der arbeitenden Klasse in England (p. 20). F a u t e d ' u n e analyse exacte d u procès d e p r o d u c t i o n e t d e valorisation, l ' é c o n o m i e p o l i t i q u e classique n ' a j a m a i s b i e n a p p r é c i é cet é l é m e n t i m p o r t a n t d e l ' a c c u m u l a t i o n . « Q u e l l e q u e soit l a v a r i a t i o n des forces p r o d u c t i v e s » , dit R i c a r d o , p a r e x e m p l e , « u n m i l l i o n d ' h o m m e s p r o d u i t d a n s les fabriques toujours la m ê m e v a l e u r . » Ceci est j u s t e , si la d u r é e et l ' i n t e n s i t é de leur travail r e s t e n t c o n s t a n t e s . N é a n m o i n s , l a v a l e u r d e leur p r o d u i t e t l ' é t e n d u e d e l e u r a c c u m u l a t i o n v a r i e r o n t i n d é f i n i m e n t avec les variations successives de leurs forces p r o d u c t i v e s . - A p r o p o s de cette q u e s t i o n , R i c a r d o a v a i n e m e n t essayé de faire c o m p r e n d r e à J.-B. Say la différ e n c e q u ' i l y a e n t r e valeur d ' u s a g e (wealth, richesse matérielle) et valeur d ' é c h a n g e . Say l u i r é p o n d : « Q u a n t à la difficulté q u ' é l è v e M . R i c a r d o en d i s a n t q u e , p a r des p r o c é d é s m i e u x e n t e n d u s , u n m i l l i o n d e p e r s o n n e s p e u v e n t p r o d u i r e d e u x fois, trois fois a u t a n t d e richesses, s a n s p r o d u i r e plus d e valeurs, cette difficulté n ' e n est p a s u n e l o r s q u e l ' o n c o n s i d è r e , a i n s i q u ' o n le doit, la p r o d u c t i o n comme un échange d a n s l e q u e l on d o n n e les services productifs de son travail, de sa terre et de ses capitaux, p o u r o b t e n i r des produits. C'est p a r le m o y e n de ces services productifs q u e n o u s a c q u é r o n s t o u s les p r o d u i t s q u i s o n t a u m o n d e . . . . O r . . . . n o u s s o m m e s d ' a u t a n t plus riches, n o s services productifs o n t d ' a u t a n t plus d e valeur, qu'ils o b t i e n n e n t dans l'échange appelé production, u n e plus g r a n d e q u a n t i t é de c h o s e s u t i l e s . » ( J . - B . S a y : Lettres à M.Malthus. Paris, 1820, p. 168, 169.) La «difficulté» d o n t Say s ' a c h a r n e à d o n n e r la s o l u t i o n et q u i n ' e x i s t e q u e p o u r lui, revient à ceci : c o m m e n t se fait-il q u e le travail, à un degré de p r o d u c t i v i t é supérieur, a u g m e n t e les valeurs d'usage, t o u t e n d i m i n u a n t leur v a l e u r d ' é c h a n g e ? R é p o n s e : L a difficulté disparaît dès q u ' o n baptise « a i n s i q u ' o n l e d o i t » l a v a l e u r d'usage, v a l e u r d ' é c h a n g e . L a v a l e u r d ' é c h a n g e est certes u n e c h o s e q u i , de m a n i è r e ou d ' a u t r e , a q u e l q u e r a p p o r t avec l ' é c h a n g e . Q u ' o n n o m m e d o n c l a p r o d u c t i o n u n «échange», u n é c h a n g e d u travail e t des m o y e n s d e p r o d u c t i o n c o n t r e le p r o d u i t , et il devient clair c o m m e le j o u r , q u e l'on o b t i e n d r a d ' a u t a n t plus de v a l e u r d ' é c h a n g e q u e l a p r o d u c t i o n fournira plus d e valeurs d ' u s a g e . P a r e x e m p l e : p l u s u n e j o u r n é e de travail p r o d u i r a de c h a u s s e t t e s , plus le fabricant sera r i c h e - en c h a u s s e t t e s . M a i s s o u d a i n e m e n t Say se rappelle la loi de l'offre et la d e m a n d e , d'après laquelle, à ce q u ' i l paraît, u n e p l u s g r a n d e q u a n t i t é d e choses u t i l e s e t leur m e i l l e u r m a r c h é sont des t e r m e s s y n o n y m e s . I l n o u s revêle d o n c q u e « le prix d e s c h a u s s e t t e s (lequel prix n ' a é v i d e m m e n t r i e n de c o m m u n avec leur valeur d'échange) baissera, parce q u e la c o n c u r r e n c e les oblige (les p r o d u c t e u r s ) de d o n n e r les p r o d u i t s p o u r c e q u ' i l s l e u r c o û t e n t » . M a i s d ' o ù vient d o n c l e profit d u capitaliste, 76
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Chapitre XXIV • Transformation de la plus-value en capital salariat, cette faculté naturelle du travail p r e n d la fausse apparence d ' u n e propriété q u i est i n h é r e n t e au ca||266|pital et l'éternisé; de m ê m e les forces collectives du travail c o m b i n é se déguisent en a u t a n t de qualités occultes du capital, et l'appropriation c o n t i n u e de surtravail par le capital t o u r n e au 5 miracle, toujours renaissant, de ses vertus prolifiques. Cette partie du capital c o n s t a n t qui s'avance sous forme d'outillage et q u ' A d a m Smith a n o m m é e «capital fixe», fonctionne toujours en entier dans les procès de p r o d u c t i o n périodiques, tandis q u ' a u contraire, ne s'usant que p e u à peu, elle ne t r a n s m e t sa valeur que par fractions aux m a r 10 chandises qu'elle aide à confectionner successivement. Véritable g r a d i m è tre du progrès des forces productives, son accroissement a m è n e u n e différence de g r a n d e u r de plus en plus considérable entre la totalité du capital actuellement employé et la fraction q u i s'en c o n s o m m e d ' u n seul c o u p . Q u ' o n compare, par exemple, la valeur des c h e m i n s de fer e u r o p é e n s q u o t i lo d i e n n e m e n t exploités à la s o m m e de valeur qu'ils perdent par leur usage q u o t i d i e n ! Or, ces m o y e n s , créés par l ' h o m m e , r e n d e n t des services gratuits t o u t c o m m e les forces naturelles, l'eau, la vapeur, l'électricité, etc., et ils les r e n d e n t en proportion des effets utiles qu'ils contribuent à p r o d u i r e sans a u g m e n t a t i o n de frais. Ces services gratuits du travail d'autrefois, saisi 20 et vivifié par le travail d'aujourd'hui, s ' a c c u m u l e n t d o n c avec le développem e n t des forces productives et l ' a c c u m u l a t i o n de capital qui l'accompagne.
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Parce que le travail passé des travailleurs A, B, C, etc., figure d a n s le syst è m e capitaliste c o m m e l'actif du non-travailleur X, etc., bourgeois et économistes de verser à t o u t propos des torrents de larmes et d'éloges sur les opérations de la grâce de ce travail défunt, a u q u e l M a c Culloch, le génie écossais, décerne m ê m e des droits à un salaire à part, vulgairement n o m m é s'il est obligé d e v e n d r e les m a r c h a n d i s e s p o u r c e q u ' e l l e s l u i c o û t e n t ? M a i s p a s s o n s o u t r e . Say arrive au b o u t du c o m p t e à c e t t e c o n c l u s i o n : d o u b l e z la p r o d u c t i v i t é du travail d a n s la fab r i c a t i o n des c h a u s s e t t e s , et dès lors c h a q u e a c h e t e u r é c h a n g e r a c o n t r e le m ê m e é q u i v a l e n t d e u x paires d e c h a u s s e t t e s a u l i e u d ' u n e seule. P a r m a l h e u r , c e r é s u l t a t est e x a c t e m e n t l a p r o p o s i t i o n de R i c a r d o q u ' i l avait p r o m i s d'écraser. A p r è s ce p r o d i g i e u x effort de p e n s é e , il a p o s t r o p h e M a l t h u s e n ces t e r m e s m o d e s t e s : « T e l l e est, M o n s i e u r , l a d o c t r i n e b i e n liée sans laquelle il est i m p o s s i b l e , je le déclare, d ' e x p l i q u e r les p l u s g r a n d e s difficultés de l ' é c o n o m i e
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p o l i t i q u e et n o t a m m e n t c o m m e n t il se p e u t q u ' u n e n a t i o n soit plus r i c h e lorsque ses p r o d u i t s d i m i n u e n t d e valeur q u o i q u e l a r i c h e s s e soit d e l a v a l e u r . » (L. c , p . 170). - U n é c o n o m i s t e anglais r e m a r q u e , à propos de ces tours de force, q u i f o u r m i l l e n t d a n s les « L e t t r e s » de S a y : « C e s façons affectées et b a v a r d e s (those affected ways of talking) c o n s t i t u e n t en g é n é r a l ce q u ' i l plaît à M. Say d ' a p p e l e r sa doctrine, d o c t r i n e q u ' i l s o m m e M. M a l t h u s d ' e n s e i g n e r à Hertford,
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c o m m e cela se fait déjà, à l ' e n croire, . . . A p r è s avoir été e x p o s é p e n d a n t de l o n g u e s h e u r e s au vent et à la p l u i e , le l a b o u r e u r r e v i e n t à s o n cottage, p o u r s'asseoir a u p r è s d ' u n feu d e t o u r b e o u d e m o r c e a u x d e terre e t d e d é c h e t s d e c h a r b o n , q u i r é p a n d d'épaisses v a p e u r s d ' a c i d e c a r b o n i q u e e t d ' a c i d e sulfureux. L e s m u r s d e la h u t t e sont faits de terre et de m o e l l o n s ; elle a p o u r p l a n c h e r la terre n u e c o m m e a v a n t qu'elle fût c o n s t r u i t e et son t o i t est u n e m a s s e de paille h a c h é e et boursoufflée. C h a q u e fente est b o u c h é e p o u r conserver l a c h a l e u r , e t c'est là, d a n s u n e a t m o s p h è r e d ' u n e p u a n t e u r infern a l e , les pieds d a n s l a b o u e e t son u n i q u e v ê t e m e n t e n train d e sécher sur son corps, q u ' i l p r e n d son repas du soir avec la f e m m e et les enfants. D e s a c c o u c h e u r s , forcés de p a s s e r u n e partie d e l a n u i t d a n s ces h u t t e s , n o u s o n t r a c o n t é q u e leurs pieds s'enfonçaient d a n s l e sol e t q u e p o u r s e p r o c u r e r p e r s o n n e l l e m e n t u n p e u d e respiration ils é t a i e n t obligés d e faire u n t r o u d a n s l e m u r , ouvrage d'ailleurs facile. D e n o m b r e u x t é m o i n s d e t o u t rang affirment q u e l e p a y s a n i n s u f f i s a m m e n t n o u r r i (underfed) est e x p o s é c h a q u e n u i t à ces influences m a l s a i n e s et à d'autres e n c o r e . Q u a n t au résultat, u n e p o p u l a t i o n débile et scrofuleuse, il est a s s u r é m e n t o n n e p e u t plus d é m o n t r é . . . D ' a p r è s les c o m m u n i c a t i o n s d e s e m p l o y é s des paroisses d e Carm a r t h e n s h i r e et C a r d i g a n s h i r e , on sait q u e le m ê m e é t a t de choses y règne. A t o u s ces m a u x s'en ajoute u n p l u s grand, l a c o n t a g i o n d e l ' i d i o t i s m e . M e n t i o n n o n s e n c o r e les c o n d i t i o n s clim a t é r i q u e s . D e s vents du s u d - o u e s t très-violents soufflent à travers le pays p e n d a n t h u i t ou n e u f m o i s de l ' a n n é e , et à l e u r suite arrivent des p l u i e s torrentielles q u i i n o n d e n t p r i n c i p a l e m e n t les p e n t e s des collines du côté de l'ouest. Les arbres s o n t rares, si ce n ' e s t d a n s les e n droits c o u v e r t s ; là où ils ne s o n t p a s protégés, ils s o n t t e l l e m e n t s e c o u é s , qu'ils en p e r d e n t t o u t e forme. L e s h u t t e s s e c a c h e n t sous l a terrasse d ' u n e m o n t a g n e , s o u v e n t d a n s u n ravin o u d a n s u n e carrière, et il n'y a q u e les m o u t o n s lilliputiens du p a y s et les b ê t e s à c o r n e s q u i p u i s sent trouver à vivre d a n s les p â t u r a g e s ... Les j e u n e s g e n s é m i g r e n t à l'est, vers le district m i nier de G l a m o r g a n et de M o n m o u t h . C a r m a r t h e n s h i r e est la p é p i n i è r e de la p o p u l a t i o n d e s m i n e s e t son h ô t e l des invalides ... Cette p o p u l a t i o n n e m a i n t i e n t son chiffre q u e difficilement. - Exemple Cardiganshire:
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Septième section · Accumulation du capital misérable des h a b i t a t i o n s de nos travailleurs agricoles. Et depuis n o m b r e d ' a n n é e s leur situation à cet égard n ' a fait qu'empirer. Il leur est m a i n t e n a n t bien plus difficile de trouver à se loger, et les logements qu'ils trouvent sont bien m o i n s adaptés à leurs besoins, q u e ce n ' é t a i t le cas depuis peut-être des siècles. D a n s les vingt ou trente dernières a n n é e s particulièrem e n t , le m a l a fait de grands progrès, et les conditions de domicile du paysan sont aujourd'hui l a m e n t a b l e s au plus h a u t degré. Sauf les cas où ceux q u e son travail enrichit j u g e n t q u e cela vaut bien la peine de le traiter avec u n e certaine indulgence, m ê l é e de compassion, il est a b s o l u m e n t hors d'état de se tirer d'affaire. S'il parvient à trouver sur le sol qu'il cultive un abri-logis décent ou un toit à cochons, avec ou sans un de ces petits j a r d i n s qui allègent tant le poids de la pauvreté, cela ne d é p e n d ni de son inclination personnelle, ni m ê m e de son aptitude à payer le prix q u ' o n lui dem a n d e , m a i s de la m a n i è r e d o n t d'autres veulent b i e n exercer d'user de leur propriété c o m m e b o n leur semble. Si grande que soit u n e ferme, il n'existe pas de loi qui établisse qu'elle contiendra un certain n o m b r e d'habitations pour les ouvriers, et q u e m ê m e ces h a b i t a t i o n s seront décentes. La loi ne réserve pas n o n plus à l'ouvrier le m o i n d r e droit sur ce sol, a u q u e l son travail est aussi nécessaire q u e la pluie et le s o l e i l . . . . U n e circonstance notoire fait encore fortement p e n c h e r la b a l a n c e contre lui, c'est l'influence de la loi des pauvres et de ses d i s p o s i t i o n s sur le d o m i cile des pauvres et les charges qui r e v i e n n e n t a u x paroisses. Il en résulte q u e c h a q u e paroisse a un intérêt d'argent à limiter au m i n i m u m le n o m b r e des ouvriers r u r a u x domiciliés chez elle, car, m a l h e u r e u s e m e n t , au lieu de garantir à ceux-ci et à leurs familles u n e i n d é p e n d a n c e aussurée et per||301|manente, le travail champêtre, si r u d e qu'il soit, les conduit, en général, par des a c h e m i n e m e n t s plus ou m o i n s rapides, au p a u p é r i s m e ; paupérisme toujours si i m m i n e n t , q u e la m o i n d r e m a l a d i e ou le m o i n d r e m a n q u e passager d'occupation nécessite un appel i m m é d i a t à l'assistance paroissiale. La résidence d ' u n e population d'agriculteurs d a n s u n e paroisse y fait d o n c é v i d e m m e n t a u g m e n t e r la taxe des p a u v r e s . . . . Il suffit a u x grands propriétaires f o n c i e r s de décider q u ' a u c u n e h a b i t a t i o n de travail-
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( D H u n t e r ' s Report. Public Health. S e v e n t h R e p o r t , 1864, L o n d , 1865, p. 4 9 8 - 5 0 2 , passim.) C e t t e loi a été q u e l q u e p e u a m é l i o r é e en 1865. L ' e x p é r i e n c e fera voir b i e n t ô t q u e t o u s ces replâtrages ne servent de rien. P o u r faire c o m p r e n d r e la s u i t e de la citation, n o u s r e m a r q u e r o n s q u ' o n appelle close vil1 9 5
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Chapitre XXV • Loi générale de l'accumulation capitaliste
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leurs ne pourra être établie sur leurs d o m a i n e s , pour qu'ils soient sur-lec h a m p affranchis de la m o i t i é de leur responsabilité envers les pauvres. J u s q u ' à quel point la loi et la constitution anglaises ont-elles eu p o u r b u t d'établir ce genre de propriété absolue, q u i autorise le seigneur du sol à traiter les cultivateurs du sol c o m m e des étrangers et à les chasser de son territoire, sous prétexte