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French Pages [234] Year 1997
L'axe rhodano-jurassien dans le probleme des relations sud-nord au N6olithique ancien Claire Manen
BAR International Series 665 1997
Published in 2019 by BAR Publishing, Oxford BAR International Series 665 L'axe rhodano-jurassien dans le problème des relations sud-nord au Néolithique ancien © Claire Manen and the Publisher 1997 The author’s moral rights under the 1988 UK Copyright, Designs and Patents Act are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher. ISBN 9780860549079 paperback ISBN 9781407349756 e-book DOI https://doi.org/10.30861/9780860549079 A catalogue record for this book is available from the British Library This book is available at www.barpublishing.com BAR Publishing is the trading name of British Archaeological Reports (Oxford) Ltd. British Archaeological Reports was first incorporated in 1974 to publish the BAR Series, International and British. In 1992 Hadrian Books Ltd became part of the BAR group. This volume was originally published by John and Erica Hedges in conjunction with British Archaeological Reports (Oxford) Ltd / Hadrian Books Ltd, the Series principal publisher, in 1997. This present volume is published by BAR Publishing, 2019.
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Preface de Jean Guilaine
En choisissant d' approfondir le role de l' axe
pans1en, en dressait l'inventaire, soulignait
rhodanien dans la possible transmission des influences "neolithisantes" mediterraneennes
propos ses specificites techniques -avec
a l'Europe du Nord-
notamment
Ouest, Claire Manen aborde l'une des questions les d' Occident
Comment
exacte
due
expliquer
ces
originalites
nord-
"remontees" en latitude de l'impact cardial face au
dans la sphere de diffusion du Neolithique danubien ?
processus de diffusion de I' economie agro-pastorale
En regardant vers le Sud, c'est-a-dire vers l'espace
generee par la civilisation
a ceramique lineaire.
cardial, Christian Jeunesse, Jens Luning ou Paul-Louis
Periodiquement en effet, mais de fa~on plus soutenue
Van Berg tentaient de jeter un pont entre deux
depuis quelque temps, ce debat agite le petit monde
courants de neolithisation - celui de I'Europe moyenne
des neolithiciens. C' est ainsi que lorsque Christian
et celui de souche mediterraneenne - supposes se
Jeunesse reconnut dans les restes de recipients mis au
recouper ou s'imbriquer dans l'aire la plus extreme de
jour sous le cairn megalithique
notre vieux continent. De son cote Marion Lichardus
temoins
part
pile-,
occidentales sur des terres geographiquement incluses
des
la
d' os
l'usage
aux
(Calvados)
:
degraissant
ce
morphologiques et decoratives.
plus cruciales et les plus controversees du Neolithique ancien
d'un
a
de la Hoguette
originaux,
proches
avait signale, en Bassin parisien, de tels processus
de
documents ceramiques retrouves sur divers sites du
d'hybridation ou de peripherisation
domaine rhenan moyen ou superieur, ii posa les jalons
cultures meres, Imprime et Rubane.
a des
a la
sur le monde rhenan des l'epoque du Tres Ancien
a secouer
Lineaire, si elle semble trouver de hons arguments
populations exterieures
sphere culturelle du Rubane, ii contribua
marge des
Cette hypothese d'un influx mediterraneen ancien
d'une petite revolution culturelle . En attribuant ce style ceramique
a la
d'une
dans l' analyse technique et la composition des decors
colonisation exclusive du Nord-Quest de !'Europe par
ceramiques, ne va pas pour autant de soi. Et c' est sans
des migrations realisees le long de l' axe danubien et
doute l'un des merites de ce memoire que d'affronter
ses marges. A vrai dire, la notion de poteries "non
ces interrogations. Comment, quand et par ou ont pu
l'image,
longtemps
quasi
a
rubanees" mais
figurant
ensembles propres
a la famille
nouvelle. Des
les annees
s'interrogeaient
sur
une
immuable,
dans des
se realiser ces vieilles diffusions en milieu chasseur ?
danubienne n' etait pas
Car admettre ces contacts sud-nord, c' est aussi devoir
trente les chercheurs
echafauder des scenarios sur les axes parcourus et,
!'occasion
autre
production
-
plus que tout, sur leur chronologie.
la
ceramique du Limbourg, ainsi denommee par Pieter
Une remontee par I' Atlantique? Le site meme de
en 1974 -, repartie en
la Hoguette (Calvados), largement deconnecte de la
Belgique et Pays-Bas, elle aussi totalement distincte
sphere majeure du "Hoguettien", pourrait constituer
par sa thematique decorative des recipients rubanes,
l'un
meme si des temoins des deux complexes cohabitaient
geographique de l' aire armoricaine. Les ceramiques
parfois dans les memes fosses. Et, plus recemment,
irnprimees de sty le mediterraneen ne franchissent
Claude Constantin, par ses travaux de terrain et de
guere la Loire et les datations disponibles pour les
synthese, reconnaissait la presence de cette ceramique
sites de la cote medocaine et vendeenne ne sont pas
Jan Remees. Modderman
du Lirnbourg dans leHainaut beige et le Bassin
3
de
ces jalons.
Mais
demeure
le
hiatus
assez
anciennes
pour justifier
la "ceramisation"
resterait,
precoce des populations rhenanes.
pour expliquer
chasseurs-pecheurs
les
affinites
d'Europe
entre
septentrionale
ces
et la
L' axe du Rhone ? Certes des temoins Hoguette
ceramique du Limbourg, l'hypothese d'un processus
"descendent" jusque dans l 'Ain . De son cote le Cardial
de convergence, idee deja suggeree d'ailleurs par
colonise l'arriere-pays jusqu'a l' Ardeche, la Drome et
Gerard Bailloud.
la Haute-Loire mais sa progression au-dela de ce front
On mesure done,
a l'enonce
de ces quelques
n' est plus balisee, meme si les fleches de Montclus
lignes, l'ampleur des problemes poses pour expliquer
parviennent a une latitude superieure. On pourrait
ces creations si particulieres du Nord-Quest europeen.
aussi evoquer des influx nord-italiques a travers les
Dans le present ouvrage I' auteur a essentiellement
Alpes dont on chercherait l' origine parmi les groupes
developpe les ressemblances mediterraneennes de ces
de l'aire padane (Gaban, Fagnigola) ou le "Ligurien"
entites et s' en est tenu
du golfe de Genes. Mais les jalons sont, ici, encore
sud-nord,
moins nets et la validation de l'hypothese demeure , en
privilegier la thematique decorative. Dans ce concert,
l' etat, irrealisable. Le couloir rhodanien semble plus
ii me semble que l'interet de ce memoire reside aussi
porteur de promesses et les progres de la recherche
dans l' analyse affinee,
sont, dans cette region, a suivre avec attention. On
Manen,
n' oubliera pas pour autant que toute demonstration
languedociens et catalans,
devra reposer sur un cadre chronologique serre. En
grammaire omementale susceptible de faire emerger,
effet si le Cardial ouest-mediterraneen se met en place
a
vers 6000 a 5800 avant J.-C. et le plus ancien Rubane
geographiques et, qui sait, chronologiques. Ce faisant,
occidental vers 5600-5500 avant J.-C., il faut que la
les specialistes du domaine mediterraneen trouveront
« ceramisation » pre-lineaire se soit produite dans
eux aussi dans ces pages matiere
l' intervalle
dire que, au Sud comme au Nord, cet ouvrage
des
deux
ou trois
siecles
separant
court
a la vision
que semble,
des
terme,
styles
des
en
a
d'une sorte de derive
l' etat
laquelle se livre Claire
tyrrheniens, decortiques
sous-groupes
bonne ? Les recipients a fond pointu des series
du Nord.
iberiques mais l' on sait que ces bases coniques sont tout autant specifiques des civilisations de chasseurs du Nord de l'Europe, de la Russie du Nord et des etats
Jean GUILAINE
baltes jusqu'au Danemark et aux Pays-Bas. Et l'on
Professeur au College de France
les
parentes
entre
les groupes du "Neolithique
forestier" de !'Europe orientale et les cultures du domaine balte et scandinave. Pour autant ces horizons purent-ils favoriser la genese de la ceramique du Limbourg
stylistiques,
a reflexion.
"Hoguette" peuvent certes rappeler des contenants
Constantin d'avoir attire !'attention sur
selon une
C' est
processus de neolithisation entre Mediterranee et Mer
Au juste cette hypothese meridionale est-elle la
a Claude
proven9aux,
deviendra vite incontoumable dans l' approche des
l' apparition de ces deux cultures.
doit
du probleme ,
? Outre, ici encore, un certain hiatus
geographique , cette piste s' est vite heurtee aux donnees chronologiques, celles-ci globalement trop basses en regard de la colonisation rubanee. Toutefois Paul-Louis Van Berg n' exclut pas un impact de ces civilisations nordiques en raison d'une re-evaluation de leur deroulement temporel. Dans la negative ,
4
TABLEDES MATIERES
Avant-propos ............... ...............................................................
.............................................................................
7
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION ...................................................................................................................... I. Les relations sud-nord ............................................................................................................................... A) Le schema traditionnel ................................................................................................................. B) Evolution des conceptions .......................................................................................................... C) Effondrement de la theorie classique .......................................................................................... II. Les voies de circulation .........................................................................................................................
9 9 9 10 11 12
CHAPITRE 2 : CERAMIQUE DE LA HOGUETTE ...................................................................................... I. Historique des decouvertes ...................................................................................................................... IL Caracteristiques de la ceramique de la Hoguette .................................................................................... A) Materiaux, formes et moyens de prehension .............................................................................. B) Decor .......................................................................................................................................... III. Techniques et combinaisons ................................................................................................................. IV. Repartition ............................................................................................................................................ V. Contexte de decouverte et chronologie .................................................................................................. A) Ceramique de la Hoguette et Rubane ......................................................................... ................ B) Ceramique de la Hoguette et Mesolithique recent ...................................................................... VI. Interpretation ........................................................................................................................................
13 13 13 13 13 14 14 15 15 16 17
CHAPITRE 3 : CERAMI QUE DU Lll\1BOURG ............................................................................................. I. Historique des decouvertes ...................................................................................................................... IL Caracteristiques de la ceramique du Limbourg ...................................................................................... A) Materiaux, formes et moyens de prehension .............................................................................. B) Techniques decoratives .............................................................................................................. C) Le decor ..................................................................................................................................... III. Aire de repartition ........................................................................................................................ ........ IV. Contexte de decouverte et chronologie ................................................................................................. A) Ceramique du Limbourg et Rubane ........................................................................................... B) Ceramique du Limbourg et contexte non rubane ........................................................................ V. Interpretation .........................................................................................................................................
19 19 19 19 19 20 21 21 21 21 22
CHAPITRE 4 : LES RELATIONS HOGUETTE - LIMBOURG ...................................................................
25
CHAPITRE 5 : LES ELEMENTS NON RUBANES DE L' AXE RHODANO - JURASSIEN ..................... 27 I. L'abri du Mannelfelsen I a Oberlarg (Haut-Rhin, France) ...................................................................... 27 II. Le site de Bavans (Doubs, France) ........................................................................................................ 27 III. L'abri de Gigot a Bretonvilliers (Doubs, France) .................................................................................. 31 IV. L'abri du Col des Roches au Locle (Neuchatel, Suisse) ....................................................................... 32 V. L'abri de la Cure a Baulmes (Vaud, Suisse) .......................................................................................... 32 VI. L'abri du Roseau aNeuville-sur-Ain (Ain, France) .............................................................................. 34 VII. Le Neolithique ancien a ceramique decoree de la grotte du Gardon (Amberieu-en-Bugey, Ain,) ...... 35 VIII. Du Mesolithique au Neolithique dans l'axe rhodano - jurassien ........................................................ 40 A) Les donnees ................................................................................................................................ 40 B) Synthese ........ ............................................................................................................................. 42
5
CHAPITRE 6 : COMP ARAISONS ................................................................................................................... 45 I. Le corpus de comparaison: le Neolithique ancien meridional ................................................................ 45 A) Introduction ................................................................................................................................ 45 B) Italie du Nord ......... ..... ................................................... ............................................................ 45 C) Le sud de la France ........................................................................................................ ............ 49 D) Catalogne et Pays valencien ....................................................................................................... 53 E) Synthese ............................................................................... ...................................................... 54 II. Comparaisons ........................................................................................................................................ 55 A) Buts, methodes et limites ........................................................................................................... 55 B) Comparaisons des techniques decoratives .................................................................................. 56 C) Comparaisons stylistiques .......................................................................................................... 58 D) Conclusions .......... ....... .......................................................... ..................................................... 66 CHAPITRE 7 : CADRE CHRONOLOGIQUE ................................................................................................ 67 I. Buts ......................................................................................................................................................... 67 II. Les donnees chronologiques ....................................................................................... ........................... 67 III. Confrontation des donnees .................................................................................................................... 68 CHAPITRE 8: INTERPRETATION ................................................................................................................
71
ANNEXE I : Catalogue des sites de la ceramique de la Hoguette ........................................................................
77
ANNEXE 2 : Catalogue des sites de comparaisons ..............................................................................................
83
RESUME ...............................................................................................................................................................
87
BIBLIOGRAPHIE ..............................................................................................................................................
89
FIGURES ............................................................................................................................................................
6
105
AVANT-PROPOS
La grotte meridional,
du Gardon,
situee
dans le Jura
Ain (Ain, France) livrent des ceramiques decorees du
fait depuis 1986 l'objet d'une fouille
style
programmee dirigee par Jean-Louis Voruz. Par sa
de la Hoguette, rapprochant ainsi l'aire de repartition
position
de la ceramique de la Hoguette vers le sud de la
geographique
strategique
dans
la zone
a
intermediaire entre le Midi et l'Arc jurassien, l'etude
France. Les decouvertes du Gardon permettent quant
de
elles de rapprocher la sphere de la ceramique du
ce site
offrait
plusieurs
interets,
dont une
problematique interessante pour le Neolithique ancien.
Limbourg
de
celle
du
Neolithique
11 s'agissait d'une part de mieux cemer les modalites
mediterraneen (Jeunesse et al. 1991).
ancien
rhodanien
Mon travail poursuit plusieurs buts. 11 s'agit
(acculturation ou diffusion ?), et d'autre part d'evaluer
d'abord de confirmer !'existence d'affinites reliant la
le role tenu par les influences mediterraneennes dans
ceramique de la Hoguette, la ceramique du Limbourg
la formation
de l'axe rhodano -
et le Neolithique ancien meridional. Si ce travail
jurassien. C'est au cours des campagnes de fouille de
s'avere positif, ii faudra situer ou et quand se placent
1988 et de 1989 qu'ont ete decouverts les premiers
ces affinites et, si cela est possible, preciser l'origine
indices
des ceramiques de la Hoguette et du Limbourg. Enfin,
de
neolithisation
du
Haut-Bassin
du Neolithique
datant
du
Neolithique
ancien.
L'etude
dans cette problematique
preliminaire de la sequence neolithique a fait l'objet
ii faudra integrer
d'un travail de diplome, presente par Pierre-Yves
productions jurassiennes afin de preciser le role tenu
Nicod
a l'Universite
echantillonnage
par l'axe rhodano - jurassien dans le probleme des
de Geneve (Nicod 1991a). Le
materiel des couches 54
a
60 ne formait qu'un
tres limite quoique
les
relations sud- nord au Neolithique ancien.
varie : silex
lamellaires blonds, pointe en os, canines de suides,
Cet ouvrage constitue en fait la publication d'un
bois de cerf sectionnes, parure sur Co/umbel/a rustica
memoire
et ossements humains avec traces de decoupes. Le
d'Anthropologie de l'Universite de Geneve sous la
mobilier ceramique, tout aussi faiblement represente,
direction de Jean Louis Voruz et d'Alain Gallay que je
offrait un caractere ambigu puisqu'il presentait des
remercie vivement pour leur attention .
de
diplome
realise
au
Departement
affinites d'une part avec la ceramique du Limbourg d'Alsace et d'autre part avec le Neolithique ancien
Je souhaiterais remercier ici tous les chercheurs
meridional. L'etude de ce materiel avait amene Pierre-
du Sud de la France qui m'ont ouvert leur porte et sans
Yves Nicod
a la question
cheminement stylistique
suivante : "Faut-i/ voir un
Sud
-
Nord
qui ce travail n'aurait pas ete possible .
d'origine
mediterraneenne, ja/onne par la grotte du Gardon et
Les dates ont ete calibrees par le programme de
aboutissant en Alsace, clans /es groupes "non
Stuiver and Reimer, version 3.0.3. L'intervalle indique
rubanes"? (Nicod 1991b, 127).
est celui fourni par une fourchette de plus ou moins un
Plusieurs decouvertes ont montre par la suite que
sigma.
l'axe rhodano - jurassien a favorise des relations dans le sens sud - nord, des le debut du Neolithique. Les sites de Baulmes (Vaud, Suisse) et de Neuville-sur-
7
CHAPITRE PREMIER
INTRODUCTION
I. Les relations sud - nord
rencontre
a l'est du Rhin, en Allemagne
et aux Pays-
Bas. II est represente par des habitats bien connus A) Le schema tradifionnel
(maisons quadrangulaires en bois et en terre) et une economie tres stereotypee basee sur l'elevage du boeuf
Selon le schema traditionnellement admis clansle
et la culture du ble. La ceramique est caracterisee par
courant des annees cinquante-soixante (Amal 1950 ;
une forme en bombe et un decor de spirales incisees
Amal et al. 1960), la neolithisation de l'Europe se
qui evoluent au coms du temps
serait faite par diffusion
a partir
en chevrons.
du Proche-Orient
Contrairement au sud de la France, son industrie
suivant deux voies : 1me voie maritime au sud de
lithique ne semble rien devoir au Mesolithique recent
l'Europe et une voie continentale en Europe centrale.
local. Le Rubane couvre, en France, l'Alsace, le nord
En France, ces deux courants de neolithisation
de la Lorraine et la moitie est du Bassin parisien. II
donnent au sud, le Cardial et au nord le Rubane. Le
s'etend egalement au nord de la Bourgogne et en
Cardial
Franche-Comte.
est
habituellement
reconnu
comme
la
Chronologiquement,
le
Cardial
premiere culture neolithique du sud de la France. II est
apparait entre 6100 et 5880 av. J.-C. dans le sud de la
present sur toute la fa~de mediterraneenne fran~aise
France alo~ que le Rubane atteint l'Alsace vers 5300
et ne depasse pas la zone de l'olivier (Amal 1971). Ce
av. J.-C.
milieu mediterraneen devint "(...) la prison de cette
Le sud presenterait, selon ce schema traditionnel;
civilisation qui ne trouva jamais le dynamisme et /es
un cas de neolithisation active, les chasseurs-cueilleurs
facultes d'adaptation necessaires pour lui permettre
mesolithiques
de gagner l'arriere-pays, que ce soit le centre de
}'apparition du Neolithique. "La neolithisation se
l'Espagne ou la France continentale et, de la, la
realisera
majeure partie de /'Europe" (Roudil et al. 1979, 22).
auraient
La ceramique se caracterise par des formes simples a
(Chateauneuf) et
jouant
a partir
1m role
important
dans
des peuplades castelnoviennes qui
deja domestique le qui
des
mouton le
ve
Sauvage millenaire
a
probablement, devinrent sedentaires et fabriquerent la
l'aide d'une valve de cardium. Les decors plastiques ou
ceramique cardiale, tout en conservant l'industrie
incises sont egalement frequents. Son industrie
lithique traditionnelle" (Escalon de Fonton 1966a,
lithique
176). Lenord de la France presenterait, au contraire,
fond rond, et par un decor principalement realise
est
generalement
pe~ue
comme
tres
influencee par le substrat mesolithique castelnovien
un cas de neolithisation passive, comparable
(Escalon de Fonton 1966a). Les habitats hors grotte,
phenomene de colonisation des chasseurs-cueilleurs
tout comme les sepultures, sont mal connus, et
qui disparaitraient par assimilation.
a 1m
l'economie ne correspond pas aun modele bien defini.
Entre l'aire du Neolithique ancien mediterraneen
Le Cardial est egalement connu en Espagne ou il
et celle du Neolithique ancien danubien aurait alors
s'exprime de fa~on tres baroque, combinant figures
existe un vaste "no man's land", s'etendant des rivages
anthropomorphes et decors tres structures.
de l'Atlantique
Dans l'est de la France, apparait, en Alsace, un Neolithique
a la France centrale, ou le Mesolithique
amait subsiste longtemps (fig. 1). Ainsi, l'absence de
a ceramique lineaire identique a celui
documents du Neolithique ancien dans le centre de la
9
France a longtemps donne
a penser
que les deux
Neolithique
ancien
Centre-Atlantique
(NACA).
courants n'etaient jamais rentres en contact avant
Defmie comme proche de la ceramique cardiale, la
!'extension du Chasseen vers le nord.
ceramique du Neolithique ancien atlantique offre cependant ses propres particularites. Cette demiere
B) Evolution des conceptions
renvoie d'une part meridionale
a
a plusieurs
aspects de la culture
ceramique imprimee. D'autre part,
La premiere fissure de la theorie classique
"cette poterie evoque /es aspects originaux de la
exposee plus haut, apparait des le debut des annees
ceramique du Neolithique ancien septentrional, mais
soixante. Le
comme
dans ce qu'ils ont d'etranger au Rubane proprement
homogene et tres type, montre dans sa phase recente
dit et pour une aire geographique reduite a une partie
un important phenomene de regionalisation. En 1964,
du Bassin parisien" (Schoenstein et Villes 1990, 262).
Gerard Bailloud identifie et definit dans le Bassin
Le hiatus geographique separant les deux courants
parisien, le Rubane Recent du Bassin Parisien
rubane et cardial semble done se combler (fig. 2). Le
(RRBP), le groupe de Cerny, le groupe d'Augy-Sainte-
debut des annees quatre-vingts voit egalement
Pallaye
Menneville.
s'affinner des idees esquissees plus tot et modifiant la
L'explication de la genese de ces groupes souleve
conception que l'on pouvait se faire du Neolithique
alors le probleme d'apports exterieurs. En 1966,
ancien de la France septentrionale. Daniel Cahen,
Walter Meier-Arendt pose le probleme de l'origine de
Claude Constantin, Pieter Jan Remees Modderman et
la technique de !'impression au peigne pivotant,
Paul-Louis Van Berg (1981) publient un bilan des
frequente clans la ceramique rubanee, et propose
acquis concemant le Neolithique ancien non rubane
l'apport
ou
des vallees du Rhin inferieur et de la Seine. Les
Epicardial). Gerard Bailloud rejette cette hypothese en
connaissances relatives aux groupes "non rubanes"
1972
hiatus
(Blicquy et Villeneuve-Saint-Germain) sont ainsi
geographique qui subsiste jusqu'a ce }our entre
affirmees. Le concept de ceramique du Limbourg,
Epicardial et Rubane. L 'origine locale du decor au
defmi en 1970 (Modderman et al. 1970) est par
peigne (...) nous semble aisement comprehensible sans
ailleurs precise puisque le corpus des sites livrant ce
faire appel a une lointaine influence mediterraneenne
type de ceramique s'agrandit et qu'il est possible de la
qui ne se serait pas manifestee d'une autre maniere"
defmir plus rigoureusement. Cette ceramique, bien
(Bailloud 1972, 403). On accepte plus volontiers la
que rencontree en contexte rubane, est tres differente
theorie de l'archeologie evenementielle selon laquelle
tant au niveau technologique, morphologique que
"la civilisation se degrade en se repandant et elle se
decoratif de la ceramique lineaire. Elle s'apparente au
diversifie sous /'influence de la variete des situations
contraire, du point de vue stylistique, au Neolithique
qu'elle rencontre" (Gallay 1986, 65).
ancien mediterraneen. Cette hypothese, precisee plus
Rubane,
(ASP)
et
le
d'influences "en
alors considere
groupe
de
meridionales
raison
du
tres
La seconde fissure apparait
(Cardial
important
a la
fm des annees
tard par Claude Constantin (I 985), est appuyee par les
soixante-dix et durant le debut des annees quatre-
travaux de Marion Lichardus-Itten (1986) et de Paul-
vingt. La fa9ade atlantique, alors consideree comme
Louis Van Berg (1990b). II faut done admettre que "le
vierge de temoins neolithiques, joue un role important
Rubane ne regne pas sans partage, puisqu'on le trouve
dans !'evolution des
conceptions precedemment
accompagne de poteries d'un type et d'une origine
admises par les chercheurs. Julia Roussot-Larroque
radicalement differents" (Schoenstein et Villes 1990,
(1977) met en evidence, d'apres l'etude de quelques
280).
sites restes inedits, les traces d'un Neolithique ancien
Le Neolithique du sud de la France change egalement
s'apparentant
a celui
de la Mediterranee occidentale.
de visage. L'observation de la stratigraphie du site de
De nouvelles decouvertes (Pautreau et Robert 1980 ;
Pendimoun, situe dans les Alpes-Maritimes, montre
Joussaume
198 1)
confirment
!'existence
d'un
un niveau
a ceramique
cardiale precede d'un niveau
a
a
coquille ou au peigne en technique pivotante... Elle
ceramique
admet egalement les affinites mediterraneennes de la
imprimee d'Italie (Binder et al. 1993). Parallelement,
ceramique du Limbourg et retient le NACA comme
les sites de Caucade (Alpes-de-Haute-Provence) et de
mediateur des relations entre le sud et le nord de la
Peiro Signado (Herault) presentent egalement, mais
France.
que l'on peut rattacher
un facies
hors stratigraphie, de la ceramique se rapprochant de
En 1986 puis en 1987, Christian Jeunesse definit
celle des Arene Candide (Binder et Courtin 1986 ;
un nouvel element non rubane du Neolithique ancien
Roudil et Soulier 1983). Du point de vue lithique, le
septentrional : la ceramique de la Hoguette qui, elle
travail de Didier Binder (1987) montre la rupture
aussi, presente
existant entre les industries cardiales et celles du
ceramique mediterraneenne.
des affinites
flagrantes
avec
la
Elle se rencontre en
"Elle est tota/e, surtout sur le plan
contexte rubane, mais aussi isolee ou en possible
typologique, des /ors qu'un outil caracteristique
relation avec des industries de type Mesolithique
castelnovien ne passe dans le Neolithique ancien sans
recent. Son aire de repartition, dont le point le plus
que /'on puisse avancer des explications d'ordre
meridional se trouve dans l'Ain, permet de faire la
stratigraphique ou chronologique" (Binder
jonction entre le sud et le nord mais cette fois ci le
Castelnovien.
1987,
long de l'axe Rhone - Rhin (Jeunesse et al. 1991b).
172). Entin, bien que l'on ait longtemps pense que le Cardial etait une culture tres fortement encree sur le
Un nouvel element vient appuyer ces theories : il
littoral med.iterraneen, il faut admettre aujourd'hui le
s'agit de la Co/umbel/a rustica utilisee des le
caractere plus expansif de celle-ci (voir par exemple le
Mesolithique recent et durant le Neolithique ancien.
cardial du site de Soyons situe dans la Drome
Ce coquillage marin, originaire de la fa~ade maritime
(Beeching
la
occidentale et typiquement mediterraneen, est present
neolithisation de la France sous un nouvel angle en
sur Jes lieux de frequentation des rubanes (Gallay et
tenant compte de ces nouvelles donnees.
Mathieu 1988). La presence de ce coquillage dans l'est
1986) ).
II
faut
done
envisager
de la France, en Suisse et en Allemagne, des le C) Effondrement de la theorie classique
Mesolithique,
montre
l'anciennete du reseau
de
diffusion etabli entre le sud et le nord de !'Europe et passant par les vallees du Rhone et de la Saone et par
Puis c'est l'effondrement du mur construit entre le
le Plateau suisse (fig. 4).
Rubane et Card.ial. En 1982, Corrie Bakels publie huit sites rubanes du N ord-Ouest presentant des grain es de
La presence de fleches tranchantes dans plusieurs
pavot dont on sait que les ancetres sauvages sont
sites septentrionaux : Colmar "Route de Rouffach" et
un_iquement connus dans le sud-ouest du bassin
Larzicourt (Mauvilly 1989 ; Lichardus-Itten 1986), la
mediterraneen (fig. 3). Le site de Schwanfeld en
presence de bracelets en pierre decouverts dans des
Baviere revele une ceramique dont la pate livre des
tombes du Bassin parisien et dont les paralleles les
restes
ceramique
plus convaincants sont dans le domaine cardial (Barge
appartenant au Rubane le plus ancien demontre
1982), tous ces elements demontrent une fois de plus
l'anciennete
que les rapports entre le nord et le sud de la France ne
de
graines
de
pavot.
Cette
des echanges etablis entre les deux
peuvent plus etre ignores.
spheres. admet
Pour clore cet historique, il nous faut mentionner
dans la
la publication des actes du collogue de Liege (Cahen
sphere rubanee. Elle se base sur l'etude du decor de la
et Otte 1990) concemant les relations etablies entre le
ceramique du RRBP et montre les nombreux points
Rubane et le Cardial. On constate en premier lieu que
communs existant avec le Cardial et l'Epicardial :
les liens entre le complexe impresso-cardial et les
En
1986,
Marion
!'existence d'influences
Lichardus-Itten
mediterraneennes
disposition en T, bandes remplies d'impressions
a la
civilisations danubiennes sont frequents, notamment
11
a
Il. Les voies de circulation
!'est des Alpes (Kozlowsky 1990) et en ltalie du Nord (Bagolini
1990). La possibilite de contacts entre
Mesolithique et Neolithique est egalement reaffirmee
II nous reste cependant
a decouvrir
et comprendre
(Gob 1990). Enfin , l'origine, en partie meridionale , du
les modalites de ces echanges ainsi que les voies
RRBP, du BQY-VSG, de l'ASP ou du Cerny est
geographiques
supposee (Schoenstein et Villes 1990), tout comme
existent entre groupes neolithises ou entre groupes
celle de la ceramique du Limbourg (Van Berg 1990b).
mesolithiques et neolithiques, se font-ils par le biais de
"Ce livre met done surtout en lumiere /es originalites
mouvements
qui, des le Neolithique ancien, caracterisent peu
deplacement de composantes culturelles de proche en
OU
empruntees.
de
Ces
population
ou
contacts,
par
le
qu'ils
simple
prou toute la moitie occidentale de /'Europe. JI en sort
proche
des images neuves et fortement stimulantes" (Guilaine
migrationnisme
1990, 7).
mouvement de population) et de diffusionnisme (qui
A la lumiere de ce qui a ete decrit plus haut, nous
pris
? lei s'opposent
au
(ou !'importance
sens restreint,
devons retenir quelques points qui interviendront tout
d'elements
au long de notre discussion :
d'emprunts).
les deux concepts
culturels
par
est donnee
caracterise voies
de au
la diffusion d'echanges
ou
''La controverse reste vive et /es
neolithiques
arguments pour la trancher insuffisants" (V oruz
penetrant en France ne doivent plus etre considerees
1991b, 144). De plus il est souvent difficile de mettre
comme homogenes. Dans le nord de la France, le
en evidence l'une ou l'autre de ces solutions aux
Rubane n'est pas le seul representant du Neolithique
travers des simples faits archeologiques. La recherche
ancien. II faut aujourd'hui tenir compte des elements
de provenance des pates ceramiques peut cependant
non rubanes tel que la ceramique du Limbourg, la
nous renseigner
ceramique de la Hoguette, le RRBP ou le BQY-VSG.
En ce qui conceme les voies de communication, la
II en va de meme pour le sud de la France ou de
cote atlantique consideree comme mediatrice
nouvelles decouvertes (Roudil 1990, Binder et al.
contacts entre le sud et le nord de la France a quelque
1993) attestent du polymorphisme
peu efface le role possible de la voie rhodanienne sans
-
les
premieres
manifestations
du Neolithique
a ce sujet. des
2
ancien meridional et demontrent que le sud de la
que celle-ci soit pour autant totalement negligee
France a ete atteint par divers facies neolithiques,
Aujourd'hui, de nouvelles decouvertes le long de l'axe
distincts du Cardial, et le precedant peut-etre.
Rhone - Jura permettent de reprendre la discussion.
•
- Les relations etroites entretenues entre le sud et le nord de la France sont maintenant attestees, de fa9on physique par la presence de graines de pavot et de Co/umbel/a rustica dans le nord et de fa9on plus
a
symbolique
travers les decors de la ceramique
( ceramique du Limbourg, ceramique de la Hoguette, RRBP, BQY, VSG, ASP ...)1 - ces contacts existent entre groupes neolithiques mais
egalement
mesolithiques longtemps
entre
chasseurs-cueilleurs
et colons neolithiques.
nie les possibilites
On a trop
de contacts entre
groupes de niveau economique et social different. I. II existe egalement des indices d'influences de la culture rubanee dans la culture cardiale, notamment en ce qui conceme !'agriculture (Marinval 1989 et 1990).
2. Voir par exemple !'interpretation du Neolithique de Gonvillars ou de celui d'Egolzwil 3 (Petrequin et al. 1985, 44-45).
12
CHAPITRE2 CERAMIQUE DE LA HOGUETTE
I. Historique des decouvertes
d'un vase ovoide a bord epaissi et a fond pointu tel qu'on le trouve
a
Filderstadt-Bemhausen
ou a
En 1972, Robert Caillaud et Edouard Lagnel
Dautenheim (fig. 6 et 7) (Liining et al. 1989). On
publient le rapport de fouille du Cairn de la Hoguette
rencontre egalement quelques assiettes a fond plat et
situe a Fontenay-le-Marmion en Calvados. Deux
quelques
recipients
Remarquons que ces formes sont tres differentes de
reunis
sous
!'appellation
de
"vases
coupes
de
forme
du Rubane. Les moyens
quadrangulaire.
danubiens" suscitent un grand interet du fait de la
celles
de prehension
rarete d'elements rubanes situes a l'ouest du Bassin
consistent en de simples boutons interrompant ou non
parisien (fig. 5). Cependant ce type de vase ne semble
le decor.
pas trouver de correspondance avec les types deja
B) Decor
definis. En 1974 (a) Andre Thevenin et Jean Sainty soulignent les ressemblances existant entre les vases de Normandie et des tessons decouverts en Alsace.
C'est !'utilisation du peigne qui domine par
Puis en 1986, Christian Jeunesse publie un article
rapport aux autres techniques decoratives pourtant tres
demontrant les relations etroites unissant les vases de
variees : sillons, cannelures, impressions circulaires ou
la Hoguette et des tessons d'Alsace et du Doubs. II
allongees,
propose de reunir ce type de ceramique sous le terme
presentant ces decors secondaires ont ete d'abord
de "ceramique de la Hoguette". Apres reexamen
rassemblees
d'anciennes collections et decouverte de nouveaux
d'accompagnement de la ceramique de la Hoguette"
sites (Jeunesse 1987 et 1993a ; Uining et al. 1989), le
(Jeunesse et Sainty 1991). En 1993, ce terme est
corpus de la ceramique de la Hoguette s'agrandit et
abandonne. Les deux categories de decor doivent etre
permet aujourd'hui d'affiner le concept.
reunies. "(...) 11 est clair
/es deux
composantes
et meme
decoration plastique. Les sous
!'appellation
de
ceramiques "ceramique
a present que appartiennent a une seule
entite" (Jeunesse 1993a, 69). Christian Jeunesse
II. Caracteristiques de la ceramique de la Hoguette
propose alors une simple distinction entre decor au peigne et decor au poin9on ; distinction que nous suivrons ici. Reste enfin le probleme de !'attribution
A)
Materiaux,
formes
et moyens
de
culturelle de la ceramique grossiere non decoree.
prehension 1) La ceramique decoree au peigne Les tessons de la ceramique de la Hoguette se
Comme il a ete dit plus haut, !'utilisation du
caracterisent par une cuisson oxydante en surface et
peigne a deux, trois ou quatre dents est caracteristique
reductrice au coeur donnant une pate de couleur brun
de la decoration de la ceramique de la Hoguette
rouge. Le degraissant, heterometrique, est caracterise
(fig. 7, 8, 9, 10). Son passage, une ou plusieurs fois,
par la presence d'os pile et de coquille fossile. La
forme une bande d'impressions de largeur variable.
forme la plus courante semble etre celle
Bien qu'elle soit connue a Anrochte, !'utilisation du
13
peigne
a
III. Techniques et combinaisons
plus de deux dents semble rare en
Allemagne. Cette bande d'impressions, frequemment superposee
a
un
cordon
d'impressions simples, c'est
applique,
est margee
Les differents elements composant le decor de la
a dire faites avec un outil
ceramique de la Hoguette sont les suivants (fig. 12) :
adeux, trois, quatre ou six dents,
different du peigne. Les impressions simples sont de
1. Peigne
forme circulaire ou allongee (ces demieres sont
2. Leger cordon horizontal,
souvent nommees "impressions en forme de graines
3. Leger cordon vertical,
de cereales"). Le decor sous le bord est constitue d'une
4. Impressions circulaires legeres,
bande d'impressions mordant la levre ou directement
5. Impressions circulaires profondes ,
situee en dessous. Le sommet de la levre est tres
6. Impressions allongees en forme de graines
frequemment encoche. Le decor de la panse est quant
de cereales ,
a lui forme
7. Impressions triangulaires ou rectangulaires ,
de "bandes horizontales repetant le decor
du bord, en guirlandes multiples, retrecies
8. Mamelon, moyen de prehension,
OU
segmentees au niveau des appendices de prehension,
9. Cannelures et sillons ,
et en ondes multiples. Des cordons verticaux peuvent
10. Incisions.
recouper !es guirlandes" (Van Berg 1990b, 164). Tous ces elements s'imbriquent de fa~ons diverses
2) La ceramique decoree au poim;on
comme l'indique la figure 13 qui permet de visualiser les differentes combinaisons possibles.
La fragmentation de la ceramique decoree au poin~on ne permet guere de reconstituer la forme des recipients et !'organisation du decor. Les differents
IV. Repartition
elements rencontres sont des ponctuations circulaires profondes, des impressions en forme de graines de
L'extension de la ceramique de la Hoguette
cereales, des lignes incisees et des cannelures. Les impressions
en
accompagnent
forme tres
de
graines
frequemment
de
cereales
couvre une aire geographique tres vaste (fig. 14). Elle
des
cordons
s'etend, d'Est en Quest, du Lichtenfels
(Baviere,
Allemagne) au Calvados (Haute-Normandie, France)
appliques (fig. 11).
et du nord au sud de !'Herford (Allemagne)
a l'Ain
(France). Cependant, bien que le site eponyme de la
3) La ceramique non decoree Ce type de ceramique pose le probleme de son
Ceramique de la Hoguette se situe en Normandie, la
a la ceramique categorie a part entiere.
concentration la plus elevee de sites
rattachement
de la Hoguette en tant
que
Elle est tres presente
a ceramique
de la
a
Hoguette se trouve dans l'est de la France et en
Bavans, Bischoffsheim ou Bruchenbriicken. 11 n'est
Allemagne du Sud-Quest avec quelques cas isoles aux
cependant pas aise de la reconnaitre, qu'on la trouve
Pays-Bas et en Hollande. Dans l'est de la France on la
isolee comme
a
rencontre le long de l'axe Rhone - Rhin (Ain, Doubs,
Dietfurt, ou associe au Rubane.
Pourtant, et les analyses effectuees sur le site de
Haute-Saone, Bas-Rhin, Haut-Rhin,
Bavans le confrrment, cette ceramique non decoree,
Allemagne, elle suit la plaine du Rhin superieur et la
degraissee au calcaire (coquilles fossiles ), au quartz, la chamotte ou
a la calcite,
a
Moselle).
En
vallee du Neckar (Bade-Wurtemberg, Baviere, Hesse, Rhenanie du Nord-Westphalie et Rhenanie-Palatinat).
semble former une entite
La figure 15 montre !'orientation preferentielle
coherente de la ceramique de la Hoguette.
de
l'aire de repartition de la ceramique de la Hoguette le long de l'axe Rhone - Rhin. Cependant il se peut que cette aire de repartition soit biaisee par les conditions
14
favorables de conservation que fournissent les fosses
Si l'on etudie la figure 16, on peut observer que
du Rubane (Jeunesse 1993a). Les porteurs de la
c'est avec le Rubane le plus ancien et le Rubane recent
ceramique de la Hoguette s'accommodant d'habitats
que l'on retrouve le plus souvent la ceramique de la
beaucoup plus legers que ceux du Rubane, il est
Hoguette. L'etape la plus ancienne du Rubane
difficile et rare de decouvrir des temoins de cette
correspond a un phenomene de colonisation et a la
ceramique en contexte isole, faute de bonnes
formation des zones d'implantation
conditions de conservations. De plus, les quelques
Rubane. Durant le Rubane recent, on assiste a une
sites decouverts bien au-dela de l'aire de concentration
expansion en dehors de ces zones. Ces deux etapes du
de la ceramique de la Hoguette (Normandie, Ain,
Rubane temoignent done d'un important deplacement
Hainaut...) montrent qu'il faut s'attendre a voir
de populations, multipliant ainsi les contacts avec les
s'agrandir l'espace occupe par cette derniere.
porteurs de la ceramique de la Hoguette (Jeunesse
primaire du
1990). Les sites presentant !'association ceramique de la
V. Contextes de decouverte et chronologie
Hoguette - Rubane le plus ancien, se trouvent tous en Allemagne et, a !'exception du site de Nackenheim,
En association avec le Rubane, on rencontre la
tous a l'est du Rhin. A l'ouest du Rhin la ceramique de
ceramique de la Hoguette des l'etapela plus ancienne
la Hoguette est associee aux etapes ancienne,
et jusqu'a l'etape la plus recente de cette culture. Dans
moyenne et recente et finale du Rubane. Elle persiste
de nombreux cas, la ceramique de la Hoguette se
done jusqu'au environ de 4900-4800 av. J.-C. La
trouve sur des sites ou plusieurs etapes du Rubane sont
ceramique de la Hoguette semble s'eteindre en meme
representees et ii est alors impossible de la situer
temps que le Rubane cependant rien encore ne nous
precisement dans le temps. Quelques sites suggerent,
permet de definir precisement sa date d'extinction
quant a eux, !'association ceramique de la Hoguette -
(fig. 17).
Mesolithique recent. Enfin, la ceramique de la
mentionnes plus haut, presentent egalement des
Hoguette se trouve parfois isolee, sur une aire
differences stylistiques. Durant
frequentee OU non par les Rubanes.
ancienne les vases sont toujours decores au peigne a
Les
deux
groupes
"chronologiques", l'etape
la
plus
deux dents alors que durant les etapes recente et finale, "on observe la presence,
A) Ceramique de la Hoguette et Rubane
a
cote de la
ceramique decoree au peigne, de nombreu:x autres tessons decores appartenant
Comme il a ete dit precedemment, la ceramique
a
la categorie de
de la Hoguette est presente pendant toutes les etapes
"ceramique au poinr;on" et ega/ement, bien que /'on
du Rubane. Sa position chronologique est donnee par
n'ait pas pris l'habitude d'y prendre garde, de lessons
l'etude des cas d'association avec la Ceramique
non decores. Ces differences suggerent un changement
lineaire.
clans la nature des contacts : ceramique de prestige
La ceramique de la Hoguette existe des l'etape la
clans le premier cas, clans le cadre de contacts tres
plus ancienne du Rubane. Le premier contact se situe
ritualises; objets plus ordinaires clans le second, avec
done entre 5800 et 5300 av. J.-C. a l'est du Rhin.
des formes de relations "banalisees"? La question
Cependant rien ne prouve qu'elle ne soit pas apparue
merite en tout cas d'etre posee, meme si /'on ne
avant. La situation actuelle des recherches ne nous
dispose pas encore d'une documentation suffisante
donne en effet pas la possibilite de dater !'apparition
pour avancer des frypotheses so/ides" (Jeunesse
de la ceramique de la Hoguette. Lors de leur arrivee,
1993a, 72). La relation entre la ceramique de la Hoguette et
les rubanes ont pu rencontrer un groupe connaissant
le Rubane ne peut etre plus approfondie dans l'etat
deja la ceramique.
15
actuel des recherches ; il est cependant evident que
Les harpons ainsi que l'industrie lithique furent
l'etroite cohabitation
entre ces deux groupes a
attribues
certainement entraine
des changements . Ceux-ci,
ceramique fut rattachee au groupe de la ceramique de
imperceptibles dans la ceramique de la Hoguette,
la Hoguette . Pour confirmer ces donnees essentielles
a !'inverse se ressentir dans le Rubane. On peut envisager, a titre d'hypothese, la possibilite d'un
concemant la comprehension du phenomene de la Hoguette , deux nouveaux sondages furent entrepris en
transfert culturel de la ceramique de la Hoguette vers
1991.
le Rubane qui se manifesterait par !'acquisition du
(palynologiques, malacologiques, anthracologiques, et
peigne comme outil decoratif dans les phases recentes
radiocarbones) dont nous ne possedons pas encore les
ou par le changement de l'industrie lithique de
resultats . De meme que le precedent, ces sondages
quelques sites de la vallee du Neckar (Gronenborg
livrerent de la ceramique de la Hoguette degraissee
1990b).
l'os ainsi que des lames
peuvent
au Mesolithique recent
Ils
permirent
de
alors que
multiples
a retouches
la
analyses
a
directes, des
microlithes et des restes d'ovicaprines. Le site fut
B)
Ceramique
de
la
Hoguette
et
interprete par les fouilleurs comme habitat de la
Mesolithique recent
culture de la Hoguette, les habitants mesolithiques, se
trouvant
a la transition
d'une economie de chasse et
Chacun des sites susceptibles de presenter une
d'une economie de production (Schutz et al. 1991). La
telle association merite d'etre detaille. Cependant seuls
fouille de ce site, pourtant primordial pour la
les sites allemands seront traites ici puisque l'on
comprehension du phenomene de la ceramique de la
retrouvera l'etude des sites fran9ais et suisses dans le
Hoguette, ne peut etre plus etendue puisqu'elle se situe
chapitre 5.
au coeur d'un pare protege.
1) Le site de Stuttgart - Bad Cannstatt (Bade-
2) Le site d'Himeling (Moselle)
Wurtemberg, Allemagne)
Ce gisement livra lors de ramassage de surface de
En 1963 un premier sondage fut entrepris sur le
nombreux temoins lithiques mesolithiques. II livra
site. II livra de nombreux fragments de faune sauvage
egalement plusieurs tessons rattaches au groupe de la
(sanglier,
ceramique de la Hoguette par Christian Jeunesse
cerf,
chevreuil,
lapin,
aurochs)
ou
(1986) (Belland et al. 1985).
domestique (boeuf et cochon). Une industrie lithique sur lame fut identifiee ainsi qu'une industrie sur bois
Les sites d'Oberlarg, du Roseau, de Bavans, de
de cerf presentant des fragments de harpons. Trois
Gigot I, de la Cure et du col des Roches suggerent
tessons furent egalement mis aujour. Un seul montrait
egalement, mais de maniere plus ou moins sure,
un decor effectue
a l'aide
d'un outil
a deux
dents.
!'association Mesolithique recent - ceramique de la
L'interpretation de ces vestiges posa beaucoup de
Hoguette. Enfin, dans deux articles recents (1990a et
problemes : la ceramique fut rattachee au Neolithique
b), Detfel Gronenbom constate que l'industrie lithique
moyen par le fouilleur alors que les harpons, rares en
rubanee du site de Bruchenbriicken temoigne d'une
contexte
ainsi
que
forte influence mesolithique du point de vue des
typiques
du
matieres premieres, des techniques de taille et de la
Mesolithique recent. Ce materiel resta longtemps
typologie des armatures. La presence de ceramique de
ignore. 11fallut attendre le debut des annees quatre-
la Hoguette sur le site !'encourage a lui attribuer les
vingt-dix, periode importante pour l'etude de la
artefacts mesolithiques . II imagine ainsi que le
transition entre le Mesolithique et le Neolithique en
territoire occupe par le Rubane etait precedemment
Bade-Wurtemberg , pour que le materiel des fouilles
peuple par des groupes connaissant la technologie
de 1963, jusque la oublie , soit alors de nouveau etudie.
ceramique et que le contact entre les deux spheres
l'industrie
neolithique lithique
en
Allemagne,
semblaient
16
entraina !'adoption de tradition lithique mesolithique
(Aude). Suivant cet auteur, nous verrons dans un
ainsi que !'utilisation du peigne par la culture rubanee.
prochain chapitre que la ceramique de la Hoguette
Pour finir ii faut mentionner la decouverte de tessons
montre en effet de troublantes ressemblances avec la
de la ceramique de la Hoguette sur des "sites" isoles
ceramique meridionale et que l'on peut ainsi envisager
de tout contexte rubane ou mesolithique. II s'agit du
un emprunt technologique des groupes mesolithiques
site de Sweikhuizen ou une fosse a livre une vingtaine
la sphere meridionale.
de tesson (Van Berg 1987), du site de HiddebhausenBermbeck (Gunther 1991) ou un tesson isole a ete decouvert en surface sur un site qui n'a pas livre de Rubane et du site de Ede (Pays-Bas) ou une legere depression, creusee dans une couverture sableuse, a livre 77 tessons attribues
a
la ceramique de la
Hoguette, une lame en silex et un eclat (Schut 1988).
VI. Interpretation L'association Mesolithique recent - ceramique, parfois envisagee, n'est que rarement prise au serieux. 11nous semble cependant important de l'envisager ici. Bien sur on pourra toujours contester les associations stratigraphiques des sites exposes plus haut, pretextant que la sedimentation en grotte donne naissance
a des
stratigraphies tres complexes et peu lisibles et que l'on n'est jamais
a
melanges entre regretter
l'abri de perturbations et done de couches. On pourra egalement
l'anciennete
de certaines
des
fouilles
enumerees ci-dessus et douter de la validite des faits rapportes. Cependant ii ne s'agit pas d'un cas isole mais d'une dizaine de sites presentant souvent les memes associations. Comment alors expliquer que les memes melanges se soient produits sur des sites differents ? D'autre part, le site de Stuttgart - Bad Cannstatt, site de plein air, foumit aujourd'hui un element supplementaire confortant l'hypothese selon laquelle le Mesolithique recent et la ceramique de la Hoguette sont
etroitement lies.
hypothese, ii nous reste cependant
Retenant
a
cette
comprendre
comment et de qui ces groupes mesolithiques ont acquis la technologie ceramique. Les travaux de Christian Jeunesse (1987) ouvrent la voie puisqu'ils demontrent les fortes affinites liant la ceramique de la Hoguette avec la ceramique du site cardial de Leucate
17
a
CHAPITRE3 CERAMIQUE DU LIMBOURG
II.
Caracteristiques de la ceramique Limbourg
I. Historique des decouvertes
du
En 1936, Werner Buttler, alors qu'il etudiait le materiel de Cologne-Lindenthal, remarqua une serie
A)
Materiau,
de tessons tres differente de celle de la Ceramique
prehension
forme
et
moyen
de
lineaire ; cette difference se situant au niveau de la La ceramique du Limbourg se definit par une
morphologie et des decors des vases (Buttler et
pate mal compactee et par une cuisson reductrice
Haberey 1936). Plus tard, de nouvelles trouvailles
a
a Stein aux Pays-Bas. Les
coeur et oxydante en surface. Les colombins, lisses en
fouilles plus recentes des annees cinquante-soixante
biseau, sont souvent mal colles. Le degraissant de ce
(Rosmeer, Elsloo...)
livrerent un materiel plus
type de ceramique est notamment caracterise par la
abondant auquel s'ajoutent sans cesse de nouvelles
presence d'os calcine en tres fort pourcentage dans le
decouvertes
Bassin parisien alors que dans le Hainaut, c'est la
similaires furent signalees
(Cuiry-les-Chaudardes,
Aubechies...).
Cette ceramique fut etudiee et decrite pour la premiere
chamotte, toutefois melee
fois par Pieter Jan Remees Modderman qui la nomma
(Constantin 1985).
a
l'os, qui
domine
La forme dominante est celle d'une coupe plus ou
"ceramique du Limbourg". C'est en effet dans le
a
Limbourg hollandais qu'un tel type de ceramique fut
moins haute et ouverte,
decouvert pour la premiere fois hors de tout contexte
accompagnee de quelques vases de forme fermee qui
rubane (Modderman et al. 1970 ; Modderman 1974).
presentent un retrecissement de la partie superieure. II
En 1985, Claude Constantin en publie un nouveau
existe egalement quelques recipients particuliers
corpus et s'interroge sur le statut de ce type de
fond convexe et paroi rentrante dont la jonction forme
ceramique. Suite
a cette
bord epaissi. Elle est
a
une carene. Les fonds, mal connus car trop souvent
publication, on retrouve un
a la ceramique rubanee faute d'etre
bon nombre de tessons de la ceramique du Limbourg
rattaches
dans les collections anciennes. D'autre part, des
semblent etre plutot ronds ou coniques (fig. 18).
programmes de prospections en Allemagne, en
Les moyens de prehension sont tres
Belgique, aux Pays-Bas et en France amenent
abondants. On peut cependant trouver des boutons
egalement de nombreuses decouvertes. Paul-Louis
perforation verticale simple ou double ou quelques
Van Berg reprend, en 1990 (b), le vaste corpus de la
perforations
ceramique du Limbourg et denonce le caractere
generalement faites avant cuisson.
pres
du
rebord.
decores,
Celles-ci
peu
a
sont
disparate des mobiliers non rubanes regroupes sous le
B) Techniques decoratives
nom de ceramique du Limbourg. II propose alors un nouveau corpus etabli avec plus de rigueur et base sur
Les decors sont en majorite obtenus par des sillons
!'analyse de !'organisation du decor.
peu profonds
a
section en U. Ces sillons sont
certainement realises
a
l'aide d'un outil
a
bout
emousse. "La technique du sil/on permet de realiser
19
de longs traits qui constituent la plus grande partie du
pointille" definie comme des "impressions successives
decor mais aussi de courts tirets para/le/es formant
et jointives, realisees sans lever /'instrument" (ibid.).
des barbelures sur /es bords de certains motifs"
Des impressions digitees ou onglees peuvent omer le
(Constantin 1985, 96). L'incision est parfois utilisee
bord du vase.
donnant al ors un sill on
a section
en V. La technique C) Le decor
du coup de poin9on est egalement utilisee pour le
Les decors se repartissent en deux group es (Van
decor sous le bord ou pour remplir un panneau. On
Berg 1990a et b)(fig. 19, 20 et 21):
doit egalement remarquer la technique du "sillon
GROUPE RHENO-MOSAN Decor de la panse
Decor du bord (facultatif) - de courtes bandes de sillons ou d'impressions
- secteurs verticaux jointifs ou separes remplis de
tendues obliquement entre les appendices de
paquets de hachures,
prehension ou entre le haut de la panse et le rebord,
- secteurs verticaux jointifs ou separes remplis de
- des rangees horizontales de motifs effectues au
sillons plus larges, obliques altemativement en sens
poin9on, au doigt ou a l'ongle,
oppose,
- deux rangees de motifs obliques posees en sens inverse,
- des faisceaux verticaux de cordons impressionnes,
- des angles faits de sillons ou de deux rangees de
- des angles en rubans etroits repetes verticalement et
motifs paralleles,
angles remplis de rubans horizontaux hachures,
- des triangles munis d'un remplissage de points.
- des triangles delimites par des sillons et remplis
- decor de la panse qui remonte jusqu'au bord.
d'incisions.
GROUPE SEQUANO-SCALDIEN Decor de la panse
Decor du bord (facultatif)
- panneaux verticaux separes ou non par des plages vides et remplis de quadrillage, - une ou plusieurs rangees de motifs imprimes au - panneaux verticaux separes par des plages vides et remplis de sillons barbeles,
poin9on,
- une ou plusieurs rangees de motifs imprimes au - panneaux verticaux separes par des plages vides et doigt, une ou plusieurs rangees de motifs imprimes
remplis de hachures obliques formant un pavage
a l'ongle,
- decor de la panse qui remonte jusqu'au bord.
polygonal irregulier, - panneaux verticaux separes par des motifs complexes et remplis de hachures obliques , - panneaux verticaux separes par des plages vides et remplis de hachures obliques en sens inverses.
20
Remarquons qu'il existe, tout comme pour la
uniquement associee
a l'etape recente .du Rubane (fig.
ceramique de la Hoguette, une part non omee dans la
24). "Dans la mesure ou la ceramique du Limbourg
ceramique du Limbourg (Constantin et al. 1981).
accompagne aussi bien le Rubane ancien que le Rubane recent du nord-ouest et le Rubane recent du Bassin parisien, elle doit representer une tradition de
ill.Aire de repartition
potiers qui s 'est maintenue pendant au moins un demimillenaire" (Van Berg et Cahen 1993, 49). Quel est le
La ceramique du Limbourg occupe la frange nord
statut de la ceramique du Limbourg? Peut-etre s'agit-
occidentale des territoires occupes par le Rubane. Plus
il d'un groupe anterieur aux rubanes et partiellement
precisement, on la retrouve en Allemagne (Rhenanie,
englobe dans leur monde
Westphalie),
decouvertes isolees de ceramique du Limbourg nous
en
Belgique
(Hainaut,
Hesbaye,
encourage
Limbourg), aux Pays-Bas, au Luxembourg et en
a leur arrivee ? Les quelques
a suivre cette hypothese.
France (Aisne, Somme, Essonne, Y onne, Aube, Bas et
B) Ceramique du Limbourg et contexte
Haut-Rhin, Moselle). Grossierement, la ceramique du Limbourg s'etend done du sud de la Westphalie
a la
nonrubane
vallee de l'Aisne en passant par le Hainaut occidental 1) Kesseleyk (Limbourg, Pays-Bas)
(fig. 22). Paul-Louis Van Berg (1990b) reconnait deux
C'est le premier site limbourg "pur" decouvert. 11
domaines limbourgs : l'un Sequano-Scaldien et l'autre Rheno-Mosan. Ces deux groupes se distinguent,
s'agit d'une trouvaille de surface effectuee dans une
comme
zone non loessique ou l'on n'a jamais decouvert de
nous
l'avons
vu,
par
!'organisation
omementale de leur decor et par leur repartition
ceramique
geographique (fig. 23).
mesolithique fut egalement decouverte mais ne fut pas
La grotte du Gardon, situee Bugey
(Ain),
serait
a Amberieu-en-
susceptible
publiee
rubanee. en
raison
De de
l'industrie !'association
lithique douteuse
(Modderman 1974).
d'etendre
considerablement cette aire de repartition vers le sud 2) Pontavert (Aisne, France)
puisque plusieurs tessons decouverts dans les niveaux inferieurs de la grotte montrent de franches affinites avec la
ceramique
Ce site a livre deux maisons proches d'une
du Limbourg du site de
palissade. Elles sont courtes et trapezoYdales,c'est-a-
Wettolsheim (Alsace) (voir supra).
dire baties selon le modele danubien mais de fa9on un peu plus irreguliere. Une des deux maisons livra trois petites fosses respectant les parois et foumissant de la
IV. Contexte de decouverte et chronologie
ceramique du Limbourg tres proche de celle de Cuiryles-Chaudardes. II semble done qu'il faille "attribuer
A) Ceramique du Limbourg et Rubane
ces maisons
a une
entite culture/le "Limbourg ou de
filiation ''Limbourg"" (Constantin et Demarez 1981, La ceramique du Limbourg se retrouve la plupart
171).
du temps en contexte rubane. Les resultats des fouilles 3) Neer (Limbourg, Pays-Bas)
d' Aubechies confirment la cohabitation des deux groupes sur le site ainsi que leur contemporaneite
Ce site, peu distant de celui de Kesseleyk, a livre
(Constantin 1985). La ceramique du Limbourg est
de la ceramique du Limbourg lors de ramassage de
associee au Rubane ancien, moyen et recent en
surface.
Limbourg neerlandais et beige ainsi qu'en Lorraine et
archeologiques effectuees dans cette region, aucune
en Alsace. En Hainaut et Bassin parisien, elle est
21
Malgre
les
nombreuses
recherches
trace
de ceramique
lineaire n'y
V. Interpretation
a ete decelee
(Modderman 1981). Deux autres sites (Melick et Saint-Odilienberg,
Lors des premieres decouvertes de ceramique du
a Cologne,
Limbourg, Pays-Bas) ont egalement livre, lors de
Limbourg
Werner Buttler et Waldemar
ramassage de surface, de la ceramique du Limbourg
Haberey (1936) l'interpretent comme une ceramique
isolee de tout contexte rubane.
importee sans toutefois risquer d'hypotheses sur son lieu d'origine. Lorsque Pieter Jan Remees Modderman
4) Gassel (Limbourg, Pays-Bas)
definit cette ceramique, il constate que celle-ci est tres
Ce site hollandais a fourni une petite quantite de ceramique
du
Limbourg
et
quelques
eloignee de la ceramique rubanee et qu'il parait
artefacts
impossible qu'elle ait ete fabriquee par les memes
mesolithiques. Les auteurs (Brounen et Jung 1988)
potiers. En 1981, il emet l'hypothese d'une acculturation
emirent des doutes concemant cette association peu habituelle .
des
derniers
Mesolithiques
par
les
Rubanes .
Cependant les traces de contacts entre Rubanes et Mesolithiques ne semblent
5) Liege (Belgique) Une fouille de sauvetage entreprise
a Liege
guere
quelques artefacts mesolithiques
a
consistantes
:
dans des fosses
pennis de mettre en evidence une serie de fosses
rubanees, quelques herminettes et pointes de fleches
creusees dans le limon alluvionnaire. Certains depots
rubanees en contexte mesolithique. En 1985, Claude
ont foumi une concentration particuliere de documents
Constantin pose le probleme de l'origine et de la
mesolithiques meles
a quelques
signification de la ceramique du Limbourg ; il expose
pieces rubanees et
les hypotheses envisageables :
non-rubanees. Le mode de debitage ainsi que la forme
- la ceramique du Limbourg est une production
des armatures plaident en faveur d'un Mesolithique recent. L'hypothese soutenue par le fouilleur tend
a
rubanee, groupe
du Limbourg ont ete produits par la meme population, anterieure de peu Belgique et
a Liege.
a
l'installation
demontrent
/'existence
mesolithique
dont
interstratifies
avec
a la peripherie de
/es
cette
vestiges
ceux
des
humain. pouvant
mesolithique.
du Rubane en
"Quelques documents lithiques
retrouves dans /es limons
a un
autre
neolithique
ou
- la ceramique du Limbourg est due
demontrer que l'industrie mesolithique et la ceramique
Dans
ce
etre demier
cas
il faudrait
comprendre comment et de qui ce groupe a re9u la
des fosses
technologie ceramique.
installation se
seraient
Rubanes
Imaginer la ceramique du Limbourg comme une
par
production rubanee nous semble impossible etant
effondrements successifs des bords des fosses" (Otte
donne les differences enormes
1993, 68). Enfin, notons la decouverte d'un vase isole
(Constantin 1985 ; Van Berg 1983). Le fait que la
dans une petite fosse circulaire
a trois
ceramique
cents metres de
du
Limbourg
qui les separent
provienne
presque
!'habitat RRBP de Berry-au-Bae (Aisne, Constantin
exclusivement de contexte rubane n'implique
pas
1995). Aucun de ces sites ne nous informe clairement
qu'elle soit fabriquee par les Rubanes eux-memes. En
sur l' origine et le statut des porteurs de la ceramique
effet Pieter Jan Remees Modderman imagine, sur la
du Limbourg. Faute de donnees plus rigoureuses, nous
base des resultats de deux fouilles , que les porteurs de
ne pouvons que retenir ces elements pourtant bien
la ceramique du Limbourg n'aient creuse " de fosses
interessants .
que sous une forte influence des porteurs de la Ceramique lineaire" (Modderman 1981, 159). Ceci expliquerait selon lui que les sites Limbourg purs soient si rares. La decouverte de Berry-au-Bae ''La
22
Renardiere" permet de relancer l'hypothese d'une population specifique porteuse de la ceramique du Limbourg. "La multiplication de decouvertes de vases /imbourg en dehors du contexte rubane constiturait un argument en faveur de cette solution" (Constantin 1995, 98). Admettons alors que la ceramique du Limbourg soit fabriquee par un autre groupe neolithique. Quel peut-etre ce groupe ? Les raisons evoquees plus haut nous empechent d'envisager le Rubane comme solution. En 1966, Walter MeierArendt
emet
l'hypothese
d'influences
mediterraneennes en contexte rubane alors que Gabriel (1976) ''fait appel pour rendre compte de /'apparition de la Ceramique du Limbourg
a des
apports qui restent peu precises avec la ceramique impressionnee, le Cardial et le Chasseen ancien" (Constantin 1985, 130). Comme nous le verrons dans le chapitre 6, les affinites reliant la ceramique du Limbourg et le Neolithique ancien meridional sont tres fortes. Cependant, rien ne nous permet de definir l' identite des fabriquants de cette ceramique.
23
CHAPITRE 4 LES RELATIONS HOGUETTE - LIMBOURG
En ce qui conceme le possible recouvrement des
(Roussot-Larroque 1993, 21). De meme, Ulrich Kloos
territoires de la ceramique de la Hoguette et de la
propose de faire deriver la ceramique du Limbourg de
ceramique du Limbourg, deux theses s'affrontent.
la ceramique de la Hoguette, ceci pendant le Rubane
Christian Jeunesse
situation
ancien (Liining et al. 1989). Ces hypotheses ne sont
d'exclusion mutuelle : axe coude de la Loire-Limbourg
pourtant pas justifiables si l'on en croit les decouvertes
neerlandais pour
faites en Alsace ou la ceramique de la Hoguette est
propose une le Limbourg,
"(...) Plaine
du Rhin
a
superieur-Main inferieur pour la Hoguette" (Jeunesse
associee
1993a, 71). La decouverte de sites hoguettes en plein
(Ensisheim, Wettolsheim ou Bischoffsheim) et meme
milieu
vice-versa
au Rubane final (Niedemai) (Jeunesse et Sainty 1991 ;
parler d'une interpenetration
Jeunesse 1993a). La ceramique du Limbourg et la
partielle des deux aires. Paul-Louis Van Berg defend
ceramique de la Hoguette sont deux phenomenes bien
quant a lui la these opposee. Apres examen du corpus
distincts qui, bien que cohabitant pendant une longue
de la ceramique du Limbourg et reattribution de
periode, ont garde leurs traits caracteristiques. Du
limbourg
(Rosheim), l'amene
certains tessons
(Sweikhuizen)
a
a la
et
plusieurs reprises au Rubane recent
ceramique de la Hoguette, ii
point de vue stylistique plusieurs elements abondent
constate que les deux domaines se recouvrent sur une
egalement en ce sens. Le peigne, element majeur de la
aire assez etendue (Van Berg 1990b). Cependant, si
decoration de la ceramique de la Hoguette, est
I' on observe la carte de repartition de la ceramique de
totalement absent du decor de la ceramique du
la Hoguette et de la ceramique du Limbourg (fig.
Limbourg. Le decor hoguette est d'ailleurs beaucoup
137), les quelques sites isoles de la ceramique de la
moins varie que celui de la ceramique du Limbourg
Hoguette en milieu limbourg, ne pesent pas lourd face
qui utilise beaucoup plus de structures geometriques.
a l'importante
Ces types de ceramique ne representent done pas,
concentration de l'axe Rhone-Rhin.
Cette discussion etant liee
a
l'etat actuel de la
nos
yeux,
les
aspects
successifs d'un
a
meme
recherche, ii nous semble difficile de trancher.
phenomene mais bel et bien deux aspects distincts et
Quoi qu'il en soit, comment ceramique de la Hoguette,
autonomes cohabitant sur une longue periode. Notons
ceramique du Limbourg et
enfin que le statut particulier de ces deux types de
ceramique lineaire
a
purent-elles, a priori, coexister si longtemps sans pour
ceramique a amene Paul-Louis Van Berg (1990a)
autant alterer leurs propres caracteristiques (fig. 25) ?
envisager !'existence d'une ceramique fabriquee par
C'est la question que se pose Julia Roussot-Larroque
des groupes de chasseurs-cueilleurs, caracterisee par
en 1993 : "leur co-presence
des formes ovoides
n'est elle pas, au
a fond pointu (fig. 26), opposable
contraire, une illusion nee de notre perception trop
a celle
grossiere de la chrono/ogie? Plutot que de coexister,
cependant pas valable si l'on n'en croit les decouvertes
sur le tres vaste te"itoire concerne, de la Normandie
de la grotte du Gardon (cf. chapitre 5).
au Rhin, et sur une duree presumee de plusieurs siec/es, ces diverses expressions du Neolithique ancien auraient bien pu s'eche/onner clans le temps"
25
des agriculteurs. Cette hypothese ne semble
CHAPITRE5
LES ELEMENTS NON RUBANES DE L'AXE RHODANO-JURASSIEN
Plusieurs sites de l'axe rhodano - jurassien ont revele
ce niveau. Andre Thevenin et Jean Sainty ne font
la presence d'elements que l'on peut rattacher a la
cependant jamais allusion, dans leur differents articles,
ceramique de la Hoguette et a la ceramique du
a
Limbourg (fig. 27).
hypothetique. Notons egalement qu'Andre Thevenin et
ces
tessons.
Cette
association
reste
done
Jean Sainty (1977) signalent la presence de restes de faune domestique (pore et boeut).
I. L'abri du Mannlefelsen I
a Oberlarg
(Haut-
Le niveau A4, immediatement sus-jacent, a livre
Rhin, France)
quelques traces d'un "Rubane tres final" (Thevenin et Sainty 1974b, 58) suivi par un ensemble homogene de
A) Presentation du site
la culture de Grossgartach.
L'abri du Mannlefelsen I, situe dans les premiers
II. Le site de Bavans (Doubs, France)
chamons du Jura alsacien a 650 metres d'altitude, s'ouvre a quelques kilometres du village d'Oberlarg,
A) Presentation du site
pres de la frontiere suisse. L'interet du site, deja remarque en 1876, a decide la direction des Antiquites d'Alsace a fouiller le site de 1971 a 1982.
Les abris sous roche de Bavans se situent dans le Doubs a une dizaine de kilometres
B) Stratigraphie (fig. 28)
au sud de
Montbeliard. Ce sont cinq abris contigus, creuses dans une falaise rocheuse en calcaire du Callovien. Trois de
L'abri
fournit
trois
grands
ensembles
ces abris ont fait l'objet de fouille. La "grotte nord" a
stratigraphiques :
livre des industries de l'Epipaleolithique
et du
- ensemble inferieur ( couches T a Q) : Dryas ancien -
Paleolithique superieur (Aime et Jeunesse
1986).
Preboreal;
L'abri central, endommage par des fouilles anciennes,
- ensemble moyen ( couches P a G) : Preboreal -
n'a plus presente que quelques lambeaux de la couche
Atlantique ;
5 qui nous interesse ici, alors que les couches
- ensemble superieur (couches A4 a Al): Atlantique -
inferieures, en place, ont livre une sequence debutant
Subboreal.
au Mesolithique moyen. Le dernier abri que nous presenterons de fa~on plus detaillee, l'abri sud sud-
Les niveaux G correspond a un "Meso/ithique de transition sur debitage regulier, avec lamelles para/le/es,
a nervures
ouest, a ete fouille sous la direction de Gerard Aime
abords
des 1978.
regulieres" (Thevenin et Sainty
1974b, 58). Le niveau G a egalement fourni selon Christian Jeunesse (1986) un tesson, decore au peigne, typique de la ceramique de la Hoguette (fig. 29). D'autres tessons non decores ont ete decouverts dans
27
B) Stratigraphie du sondage de l'abri sud
Quelques types d'outils caracterisent uniquement la partie superieure du niveau 5. 11 s'agit de flechettes
sud-ouest
triangulaires
a base
a ailerons
concave,
asymetriques
et a retouches plus ou moins couvrantes (fig. 30, 1-5).
Gerard Aime et Christian Jeunesse presentent en 1986 la stratigraphie suivante :
"Ce type parait etre une copie un peu miniaturisee des
- Niveau 1 : remplissage recent ;
pointes dites "danubiennes" qui accompagnent la
- Niveau 2 : du Moyen Age au xvrre siecle ;
ceramique lineaire d'Alsace" (Aime 1991, 336). Ces
- Niveau 3 : sterile sauf
a la base : Gallo-Romain
flechettes triangulaires
sur
a base
concave se retrouvent
sol empierre ;
dans le Mesolithique recent du Jura dans plusieurs
- Niveau 4 : Tene III au sommet / Neolithique
sites : Baulmes , Col des Roches, Birsmatten et meme
moyen/recent en dessous ;
Culoz. Si l'on en croit Andre Thevenin (1992), ce type
- Niveau 5 : Mesolithique recent/ Neolithique ancien ;
d'armature serait caracteristique de la phase finale du
- Niveau 6 : Mesolithique moyen ;
Mesolithique d'Alsace et absente de l'etape la plus
- Niveau 7 : Mesolithique moyen ;
ancienne
- Niveau 8 : Epipaleolithique au sommet puis sterile
Christophe Cupillard (et al. 1991). "C. Aime et C.
jusqu'au substrat.
Jeunesse
du Rubane . Nous (J986)
suivrons
estiment
que
dissymetriques pourraient etre,
davantage
/es flechettes ici, un emprunt
technique et "microlithise" au Rubane alsacien; nous
C) Le niveau 5
n'en sommes pas convaincus du tout, d'autant que la majorite des auteurs pense, avec quelque raison, que
Le niveau 5 est constitue "d'une matrice de terre
argileuse ocre jaune
a marron tres fortement
l'emprunt s'est justement fait
rubejiee
en sens inverse"
par endroits, embal/ant des concretions calcaires
(Cupillard et al. 1991, 359). Il semble en effet que les
(''poupees '') et des plaquettes gelives, ces dernieres
armatures
etant particu/ierement denses a /'aplomb de la paroi"
Mesolithique dont la repartition n'englobe pas la zone
(Aime et Jeunesse 1986, 33). Un grand foyer,
qui nous interesse. Ces flechettes pourraient done
entamant le sommet de la couche 6 et utilise pendant
venir du Mesolithique d'Alsace mais via le Rubane
toute la duree de formation de la couche 5, constitue la
comme le suggere Bavans.
seule structure evidente. Grace
a
l'etude de la
per9antes
du
Rubane
derivent
du
On trouve egalement dans la partie superieure du
projection verticale du mobilier, le niveau 5 a pu etre
niveau 5 de Bavans des pointes triangulaires effilees,
divise en deux sous-ensembles, 5 inferieur et 5
base tres concave et retouchee sur les deux faces,
superieur.
ailerons marques et
a
bord gauche
a
a a
retouches
unilaterales denticulees et continues (fig. 30, 10-13). 1) L'industrie lithique (fig. 30)
En 1986, Gerard Aime et Christian Jeunesse proposent
L'ensemble du niveau 5 livre un debitage de type
de nommer ce type de fleche "pointe de Bavans" ,
Montbani produisant lames et lamelles (fig. 30, 47-
faute d'elements de comparaison (Aime et Jeunesse
62). "Certaines d'entre el/es presentent des coches
1986). Mais en 1991, Gerard Aime revient sur cette
simples, decalees, jumel/es ou multiples ou des
notion et constate la relative banalite de ce genre
retouches uni- ou bilatera/es partielles ou continues"
d'outil notamment comparable
(Aime
trapezes
definie comme "une pointe triangulaire large dont la
a base
base droite ou concave, porte en general des
inverses) se retrouvent egalement
retouches inverse plates ; elle possede un bord
1991,
336).
De
(symetriques, asymetriques, droite ,
a retouches
nombreux
a base
concave,
a la pointe
tronque OU retouche (le plus souvent
sur tout le niveau (fig. 30, 16-46).
du Martinet
a gauche clans le
Sud-Ouest), d'ou part frequemment une retouche semi-
28
abrupte ou rasante envahissant une partie de la face
retrouve sur toute l'epaisseur du niveau 5 (fig. 31, 7-
dorsale" (Roussot-Larroque 1990a, 57). Bien que
10). L'analyse de la composition des pates des tessons
n'etant pas totalement convaincue par la ressemblance
inomes et de la ceramique de la Hoguette montre de
de ces deux types de pointe de fleche, il nous semble
tres fortes ressemblances. On peut done envisager
cependant
de remarquer la relative
l'appartenance de la ceramique inomee au lot de la
importance des armatures per9antes dans l'industrie
ceramique de la Hoguette et une origine locale pour
lithique du Neolithique ancien roucadourien (Roussot-
cette demiere.
interessant
Larroque 1990). 11faudrait, pour mieux rendre compte 3) La faune
de la variabilite morpho-technique de ces deux types d'armatures, confronter sur une meme carte, tous les
Ce sont les especes chassees qui dominent avec
exemplaires connus. On pourrait ensuite discuter des
une preference pour le cerf et le sanglier. Deux
ressemblances ou des dissemblances et de !'apparition
especes domestiques ( 10% de la faune) ont cependant
d'une eventuelle frontiere ... Ce travail reste afaire.
ete determinees. II s'agit du boeuf (4,4%) et de caprines (5,6%) (dont un mouton). Ces traces de domestications plaident en faveur de contacts avec une
2) Le mobilier ceramique La
ceramique
presente
trois
types
population pleinement neolithisee (Chaix et al. 1991).
bien
differents : 4) Synthese
- une ceramique decoree dans le style du Rubane recent du Haut-Rhin. On observe un decor sous le
L'association, dans le meme niveau, d'outils
bord forme de lignes d'incisions et d'impressions et
typiques du Mesolithique recent et de ceramique
a deux dents. La composition de
presente une difficulte d'interpretation. Gerard Aime
!'utilisation du peigne
la pate, de couleur gris-noir et orange, tout comme le
et Christian Jeunesse posent trois alternatives:
decor rentrent dans la definition de la ceramique
"a) Le melange est /'oeuvre des facteurs post-
rubanee de la plaine d'Alsace. Ce type de ceramique
depositionnels et Jes objets neolithiques etaient
se retrouve uniquement dans la partie superieure du
l'origine superposes a un niveau Mesolithique recent.
niveau 5.
b) Plusieurs niveaux neolithiques etaient intercales
- une ceramique grossiere non decoree et tres
entre plusieurs niveaux mesolithiques, l'origine du
fragmentee. Les formes sont tres simples et le
melange etant dans ce cas le meme que dans a).
degraissant est compose de calcaire pile, de calcite
c) Le melange rejlete une realite prehistorique" (Aime
broyee,
et Jeunesse 1986, 36).
de
quartz
ou de chamotte. L'analyse
a
petrographique de la pate demontre la fabrication
La premiere hypothese (a), souvent envisageable
locale de ce type de ceramique que l'on retrouve sur
lorsqu'il s'agit de sedimentation en grotte ou en abri,
toute l'epaisseur du niveau.
n'est pas retenue par les auteurs decrivant le niveau 5
- une ceramique presentant un decor de bandes
comme homogene et compact, sans traces de
a deux dents et
structures intrusives. "D'autre part, la ceramique est
bordees par une rangee d'impressions circulaires.
presente sur toute l'epaisseur, certains tessons etant
Cette ceramique a ete interpretee par Christian
meme pris,
Jeunesse
comme appartenant au groupe de la
rubefiee qui entoure le foyer" (Aime et Jeunesse 1986,
ceramique de la Hoguette (Jeunesse 1986). Elle en
37). Cependant, ii semble qu'il puisse exister des
presente en effet le decor typique (fig. 31, 1-6).
phenomenes de sous-tirage ou de remaniement
D'autres decors tels que des sillons paralleles larges et
(Cupillard et al. 1991).
formees par le passage d'un peigne
a la
base de la couche, dans la zone
peu profonds, des cannelures ou des cordons en relief
La seconde hypothese (b) impliquerait une
impressionnes caracterisent cette ceramique qui se
frequentation du site en altemance par deux groupes
29
distincts , l'un mesolithique
et l'autre neolithique.
montrent une fabrication locale.
Lorsque l'on connait le statut de la ceramique de la Hoguette par rapport
a celle du Rubane,
ii est difficile
d'imaginer qu'elle ait pu etre introduite par ces derniers . De plus
les analyses
La demi ere hypothese (c) reste done la plus probable aux yeux de Gerard Aime et de Christian Jeunesse (Aime et Jeunesse 1986).
petrographiques
LITHIQUE
N
I V E A
u
Debitage Montbani
Ceramique du Rubane recent
Trapezes varies
Ceram ique non decoree
5
s
Flechettes triangulaires
~
Ceramique de la Hoguette
/ \ /i'lf\
~~~~w
p
i-t~
Pointes de Bavans
Ceramique non decoree
Debitage Montbani
E A
~{sill?
u 5
a base concave ~
u
N I V
CERAMIQUE
Trapezes
Ceramique de la Hoguette
I N F
Fig. 32 : tableau recapitulatif du niveau 5 de Bavans
5) Datations du niveau 5
Segment calibre av. J.-C.
a I sigma:
5517 - 5329.
a I sigma:
6065 - 5881.
Lv 1415 : 7130 ± 70 BP.
Les differentes datations donnent (Aime 1991, 337):
Calibration : PM = 5968.
- abri central :
Segment calibre av. J.-C.
Lv 1590: 6410 ± 95 BP. Calibration : PM = 5426, 5407, 5401, 5387, 5384,
La premiere date doit etre prise avec prudence
5384, 5365, 5332. Segment calibre av. J.-C.
puisque l'abri central n'a livre que quelques restes
a I sigma:
5438 - 5270.
epars du niveau 5. La demiere date, prise
a la base
du
- abri SSW:
niveau 5, revele une periode ancienne. Bien que la
Lv 1588: 6500 ± 100 BP.
ceramique de la Hoguette soit deja connue des 5700
Calibration: PM= 5437.
av. J.-C. dans d'autres contextes, cette date parait tout
30
de meme un peu haute. Nous retiendrons done la
B) Stratigraphie (fig. 33)
fourchette de 5500 - 5300 av. J.-C. Quatre grands ensembles ont ete individualises. Seul D) Conclusion
!'ensemble C, niveau qui nous interesse ici, sera detaille. Il se subdivise en plusieurs sous-ensembles :
Si l'on admet que la stratigraphie du niveau 5 de
- Cl : Neolithique non defini, contemporain de
Bavans reflete une realite prehistorique, Le niveau 5
l'Atlantique recent ;
inferieur
- C2 : Mesolithique recent a trapezes et harpons,
verrait
!'installation
de
groupes
mesolithiques, porteurs de ceramique de la Hoguette
contemporain de l'Atlantique ancien ;
(fabriquee sur place), durant la seconde moitie du
- C3 : Mesolithique moyen, contemporain du Boreal ;
sixieme millenaire av. J.-C. Le niveau 5 superieur
- C4 : Mesolithique non defini, contemporain du
serait quant
a lui le temoin de contacts avec le Rubane
Boreal.
de la plaine d'Alsace, transformant quelque peu
Le niveau C2 a fourni des lames et des lamelles de
l'industrie lithique des groupes mesolithiques et
type
introduisant la ceramique rubanee. H est egalement
symetriques (fig. 32, 2-4 et 7-8) ainsi qu'une pointe de
interessant de souligner la decouverte d'une perle en
fleche
spondyle dans la partie superieure du niveau 5 (Aime
retouches inverses (fig. 32, 5). Ce type de fleche
1991). Ces perles en spondyle sont tres frequentes
rappelle ceux de Bavans ou de Baulmes. Des
dans le Rubane de Haute-Alsace (Jeunesse 1993).
fragments de harpons ont egalement ete decouverts
Bien que !'ensemble stratigraphique de Bavans 5 doive
dans cette couche. Ce niveau semble pouvoir se
etre manie avec prudence, ce site montre "que la
diviser en deux. L'ensemble C2a, situe au sommet, a
colonisation rubanee, au moirzs sur /es marges de la
livre deux tessons de ceramique de la Hoguette (fig.
France de /'Est, ne s'est pas faite au detriment de
32, 1 1) et la pointe de fleche. L'ensemble C2b,
groupes du Mesolithique recent vrai, mais bien aux
inferieur, est caracterise par des trapezes, des lames
deperzs de communautes deja fortement neolithisees,
coches et des fragments de harpons (Vuaillat et al.
avec au moins /es jlechettes
a retouches
Montbani,
a retouches
des
trapezes
couvrantes et
asymetriques
a base
ou
concave
a
3
a
1984; Cupillard et al. 1991).
plates et la
poterie" (Cupillard et al. 1991, 359)
L'un des deux tessons porte le decor caracteristique du
m. L'abri
a deux dents. L'autre est couvert de cannelures tres legeres effectuees a la pointe mousse. Ce decor moins typique se retrouve pourtant a Bavans ou a peigne
de Gigot
a Bretonvilliers
(Doubs,
France)
Merxheim. 11 faut egalement noter que ce niveau contient,
A) Presentation du site
a faible pourcentage, du boeuf (5,3%) et des
caprines domestiques (2,6%) (Chaix et al. 1991).
L'abri de Gigot est situe sur la commune de Bretonvilliers au fond d'une vallee du massif jurassien. Etant menace, il fit l'objet de plusieurs campagnes de fouille, dirigees par Jacques-Pierre Millotte, de 1973 a 1975. Une nouvelle phase d'intervention, dirige par Andre Thevenin et par Jean Heim, eut lieu dans le debut des annees quatre-vingt.
3. Le second tesson. inedit, est conserve ala direction des Antiquites de Franche-Comte (Cupillard et al. 1991).
31
IV.
L'abri du Col des Roches au Locle
cordon impressionne rentre tout
a fait dans le corpus 4
(Neuchatel, Suisse)
de la ceramique de la Hoguette
•
Cependant le
caractere ubiquiste de ce type de decor ne permet pas
A) Presentation du site
d'assurer cette attribution.
L'abri du Col des Roches , situe dans le Haut-Jura, est
V. L'abri de la Cure a Baulmes (Vaud, Suisse)
a la base d'une falaise kimmeridgienne. II s'ouvre a 938 metres d'altitude. Decouvert ii y a plus creuse
A) Presentation du site
de cinquante ans par Louis Eugene Chapuis, l'abri fut fouille par Paul V ouga en 1927. Malheureusement, aucune coupe n'a ete relevee et notre connaissance de
Cet abri est situe sur la commune de Baulmes, au
a la description qu'en a fait le
pied du Jura, non loin du lac de Neuchatel. L'abri de la
la stratigraphie se borne
Cure est un petit surplomb oriente plein sud au pied
fouilleur.
d'une falaise calcaire du Jurassique superieur. "Son remplissage essentiellement detritique et cryoclastique
B) Stratigraphie
est du au fonctionnement permanent de deux cones
En 1984, Christophe Cupillard publie une revision du
d'eboulis qui le bordent de chaque cote" (Jeunesse et
gisement et propose la stratigraphie suivante :
al. 199la, 52). II fut decouvert en 1966 par Michel
- Niveau I (fig. 34) : la faune est sauvage (cerf,
Egloff lors d'un programme de prospection etabli sur
chamois et castor) et domestique. L'industrie lithique
la commune de Baulmes. Deux sondages permirent
a
d'evaluer la superficie du site a400 m 2 sur 9 metres de
retouches envahissantes. La ceramique est caracterisee
profondeur. Ils permirent ainsi de mettre en evidence
par des petits mamelons coniques non perfores et des
une sequence complete allant du Dryas recent au
anses. Ce niveau est rattache au Neolithique moyen
Subboreal.
presente des lames courtes et des pointes de fleche
type Cortaillod ancien (fig. 34). - Niveau III : ce niveau livre une industrie lithique
B) Stratigraphie
typique du Mesolithique fmal (debitage Montbani,
a
technique du microburin, lamelles trouve egalement des flechettes
a
coches). On
Michel
Egloff
a
mis
en
evidence
une
base concave
stratigraphie de neuf metres presentant une alternance
rappelant celles de Bavans (fig. 35, 1-19). La faune
de niveau charbonneux et de cailloutis calcaire
sauvage est dominee par le cerf et le sanglier tandis
steriles. En 1967 ii decrit les differents niveaux
que l'on voit apparaitre la premiere faune domestique
rencontres :
(chevre ou mouton). La ceramique fait egalement son
- niveau Gallo-Romain,
apparition et presente un tesson
a
leger cordon
- niveau Bronze fmal,
imprime d'impressions transversales (fig. 35, 20). Le
- niveau Bronze moyen,
reste de la ceramique ne presente pas de decor.
- niveau Neolithique moyen se rattachant au complexe
- Niveau IV-VII : indetermine .
Chassey-Cortaillod-Lagozza proche
de
celui
du
Vallon-des-Vaux. II signale que dans la partie C) Conclusion
anterieure du gisement, le Neolithique se subdivise en deux niveaux avec dans la partie inferieure un
Comme
a l'abri de la Cure,
le niveau mesolithique de
ce site rappelle celui de Ba vans (debitage Montbani, flechettes, trapezes). De plus le tesson decore d'un
4. On le retrouvepar exemple aBavans, AmmerbuchReusten ou Bischoffsheim.
32
Neolithique dit "inferieur" qui presente des tessons
et retouches envahissantes bifaciales ainsi que des
atypiques.
traces d'agriculture demontrees par la presence de
- niveau Mesolithique tardif immediatement sous-
pollen
jacent,
deboisement et la presence de plantes ruderales. Les
- niveau Mesolithique moyen,
memes pointes de fleche se retrouvent
- niveau Mesolithique inferieur.
(Aime et Jeunesse 1986).
"type
cereale",
les
traces
d'un
a
leger Bavans
En 1971, Arlette Leroi-Gourhan et Michel Girard
D) 11Le Neolithique ancien"
publient une analyse pollinique de l'abri. Il en resulte un diagramme tres complet. Grace
a des comparaisons Ce niveau n'a jamais ete reconnu par Michel
avec les analyses effectuees dans le sud-ouest du Jura, reperes
Egloff. Cependant, Christian Jeunesse, Pierre-Yves
chronologiques. L'analyse met aussi en evidence la
Nicod, Paul-Louis Van Berg et Jean-Louis Voruz
ii
est
possible
d'etablir
quelques
presence de cereales domestiques niveau sans ceramique et
a l'interieur
a industrie
signalerent en 199l(b) la presence de sept tessons
d'un
microlithique
a
qu'ils attribuent au Neolithique precisement
trapezes.
et plus
de la Hoguette. Trois de
ces sept tessons proviennent de la fosse F 1 decouverte
Ainsi on obtient la sequence suivante :
a
a la ceramique
ancien
pointes
dans une petite banquette temoin. "Cette fosse serait
abattus et grattoirs.
posterieure au "Mesolithique superieur" tel qu'il a ete
Contemporain de la deuxieme moitie du Boreal et du
decrit par Michel Egloff, mais tres nettement
tout debut de l'Atlantique.
anterieure
-
Mesolithique
inferieur
a bords
triangulaires, lamelles
- Mesolithique moyen
a trapezes,
triangles,
lamelles
a encoches
Les sept tessons sont decrits comme suit : - rebord rentrant et epaissi d'un vase decore,
ancien. Mesolithique
ceramique
couche du Neolithique moyen type
Vallon-des-Vaux"(Jeunesse et al. 1991b, 53).
denticulees et grattoirs. Contemporain de l'Atlantique -
a la
superieur
decrit
plus
ou bas.
Neolithique Contemporain
a pate
noire et tres ol 'O,>OQf
0 O ocfQo ta
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Cova de Chaves (Baldellou et al. 1989, p. 103) Cova de l'Or (Marti Oliver 1980, fig. 46 et 51 ; Marti Oliver 1977, pl. XIX) Cova de la Sarsa (San Valero Aparisi 1950, pl. XIII; musee d'Alcoy, inedit) Leucate (Guilaine et al. 1984, fig. 10, 12 et 13) Fontbregoua (inedit, dessin Courtin) Grotte Lombard (Binder 1991, fig. 5) Saint Veredeme (inedit, Museum de Nimes) Epicardial (fig. 61) Bora Tuna (Bosch Lloret 1992, fig. 27)
BANDE D'IMPRESSIONS EFFECTUEE AU PEIGNE PARFOIS
Theme 2
REHAUSSEE D'UN CORDON
Cardial zone horizontalement (fig.67 a 73) Cueva del conjunto de Gabasa (Baldellou et al. 1989, p. 75)
l1 i.:,,"."f
Cova de Chaves (Baldellou et al. 1989, p. 71 et 91 ; Baldellou 1982, fig. 1)
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Espluga de la Puyascada (Baldellou 1982, fig. 2)
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.
Theme3
Cova dell Toll (inedit, musee de Moia) Leucate (Guilaine et al. 1984, fig. 6, 19, 23, 25, 52) Baume d'Oullins (inedit, collection Roudil, Montpellier) Chateauneuf-les-Martigues (inedit, museum de Marseille)
CORDON IMPRESSIONNE Epicardial (fig. 74 a 77) Cova S'Espasa (Bosch Lloret 1992, fig. 67) Cova de l'Or (Bemabeu Auban 1989, fig. 11.24) Cueva de Chaves (Baldellou et al. 1989, p. 90) Cova de la Sarsa (San Valero Aparisi 1950, pl. VI ; musee d'Alcoy) Gazel (inedit, depot de fouille de Carcassonne)
59
IMPRESSIONS CffiCULAIRES PROFONDES
Theme 4
Cardial zone horizontalement (fig. 78 a80)
Espluga de Puyascada (Baldellou 1982, fig. 2) Cova Fosca (0 laria 1988, fig. 5 et 2 1) Leucate (Guilaine et al. 1984, fig. 36)
oo 0 o
Chazelle (inedit, collection Roudil, Montpellier)
o88io ooo 0
O
oo0 o
Epicardial (fig. 81)
Camprafaud (Rodriguez 1984, fig. XV) Balmo Sabatiero (Guilaine et al. 1993) Gaze I (inedit, depot de fouille de Carcassonne)
L'organisation
des themes
en guirlande est
(inedit, depot de fouille de Carcassonne). Ce vase est
egalement bien connue dans le Cardial espagnol oil la
tout a fait comparable, du point de vue morphologique
faible
et stylistique,
fragmentation
des
vases
a
pennis
de
aceux de la ceramique de la Hoguette.
reconstituer cette demiere (fig. 82, 83). Les recipients ovoi"des
a fond
conique sont egalement connus en
2) ceramique du Limbourg
Espagne (fig. 84). 11faut noter que le niveau III de la
Nous avons egalement decompose le decor de la
grotte de Gazel a livre un recipient de fonne conique
ceramique du Limbourg en divers themes decoratifs
ome de cordons impressionnes organises en guirlande
s'organisant sur le bord et la panse des recipients.
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THEME6
THEME7
Fig. 85 Themes decoratifs caracteristiques de la ceramique du Limbourg
60
decor du bord:
horizontale non decoree en altemance.
- Motif 1 : decor en epis ou en arete de poisson.
- Theme 3 : decor en arete de poisson associe
- Motif 2 : decor en angle ou en triangle.
decor secondaire de pendentifs ou de triangles.
decor de la panse :
- Theme 4 : decor en angles ou en rubans etroits en
- Theme 1 : decor de lignes paralleles inclinees. D'un
forme de chevrons remplis de sillons et separes par
secteur
des zones non decorees .
au
suivant,
les
lignes
possedent
des
a un
inclinaisons altemees qui dessinent un motif en sapin.
- Theme 5 : decor de triangles remplis de sillons ou de
Ce motif en sapin peut etre separe en son milieu par
ponctuations.
une ligne verticale.
- Theme 6: decor de sillons hordes de coups de
- Theme 2 : decor en arete de poisson. Differentes
poin9on ou "sillons barbeles".
variantes existent : lignes de separation ou bande
- Theme 7 : decor de quadrillage.
MOTIF EN EPIS OU EN ARETE DE POISSON
Motif 1 : bord
Cardial zone horizontalement (fig. 86, 87) : Cova de l'Or (Baldellou et al. 1989, p. 59 ; Bemabeu Auban 1989, fig. 11.5) Cova Gran (Baldellou et al. 1989, p. 70) Baume Bonne (Courtin 1974, fig. 4) Fontbregoua (inedit, dessin J. Courtin)
>>>>~>>»>
Leucate (Guilaine et al. 1984, fig. 11)
~~
Jmpressa geometrique (fig. 88) Peiro Signado (Roudil et Soulier 1983, fig. 26, 28 et 27) Caucade (Binder et Courtin 1987, fig. 3) Cardial geometrique (fig. 89) Basi (Bailloud 1969, fig. 18) Strette (Camps 1988, p. 62)
Motif 2 : bord
ANGLES ET TRIANGLES Car dial geometrique (fig. 90, 9 I) Basi (Bailloud 1969, fig. 17, 20 et 24) Filiestru (Trump 1983, fig. 6) Pienz.a (Calvi Rezia 1980, fig. 3)
61
"SAPIN"
Theme 1: anse
Cardial zone horizontalement (fig. 92 a 96) : Cova de l'Or (Marti Oliver 1980, fig. 38 et 52, musee d'Alcoy) Cova Fosca (Olaria 1988, fig. 34) Cova de Ia Sarsa (San Valero Aparisi 1950, pl. XI; musee d'Alcoy) Leucate (Guilaine et al. 1984, fig. 11 et 22) Escanin (Montjardin 1995) Fontbregoua (inedit, dessin J. Courtin)
Cardial geometrique (fig. 97) : Pienza (Calvi Rezia 1980, fig. 2) Basi (Bailloud 1969, 19 et 22)
ARETE DE POISSON
Theme 2: panse
Cardial zone horizontalement (fig. 98
a IOI) :
Cova de l'Or (Bemabeu Auban 1989, fig. III. 31 et III. 33)
>>>>~>))>)
Chateuneuf-les-Martigues (Binder et Courtin 1986, fig. 1) Fontbregoua (inedit, dessin J. Courtin; Binder et Courtin 1986, fig. 1) Baume d'Oullins (Roudil 1990, fig. 2)
lllll
Baume Bonne (Courtin 1974, fig. 3 et 4) Saint-Veredeme (inedit, museum de Nimes)
Cardial geometrique (fig. I 02) Basi (Bailloud 1969, fig. 18) Pienza (Calvi Rezia 1980, fig. 3 et 4)
Theme 2: panse
ARETE DE POISSON AVEC LIGNE DE SEPARATION OU BANDE VIDE Cardial zone horizontalement (fig. I 03 a I 06)
))))))))
Cueva de Chaves (Baldellou et al. 1989, p. 88) Cova Bonica (Baldellou et al. 1989, p. 98 et 95)
ssssssss
Cova d'En Pau (Bosch Lloret 1992, fig. 97)
7177777
Leucate (Guilaine et al. 1984, fig . 17) Baume d'Oullins (inedit, collection Roudil, Montpellier) Courthezon (Courtin 1975, fig. 3)
62
Grotte inferieure de l'Eglise (Courtin 1974, fig. 7) Batime Bonne (Courtin 1974, fig. 5) · . : Jmpressa geometrique et 1mpressd ·de type Pendimoun (fig. 107) Pendimoun (Binder et al. 1993, fig. 22) Caucade (Binder et Courtin 1987, fig. 8)
ARETE DE POISSON ASSOCIE A UN DECOR SECONDAIRE DE
Theme 3: panse
PENDENTIFS OU DE TRIANGLES Cardial zone horizontalement (fig. 108 a 109)
~
Fontbregoua (Echallier et Courtin 1994, fig. 2; inedit, dessin J. Courtin)
"2
Cova de l'Or (Marti Oliver 1980, fig. 57)
ANGLES OU RUBANS ETROITS EN FORME DE CHEVRONS REMPLIS
Theme 4: panse
DE SILLONS ET SEPARES PAR DES ZONES NON DECOREES Cardial geometrique (fig. 110 a 113) Pendimoun (Binder et al. 1993, fig. 18) Basi (Bailloud 1969, fig. 18, 19 et 24; musee de Sartenne) Pienza (Calvi Rezia 1980, fig. 3) Strette (Camps 1988, p. 62) Filiestru (Trump 1983, fig. 6 et 8)
TRIANGLES DELIMITES OU NON ET REMPLIS DE PONCTUATIONS
Theme 5: panse
OU DE SILLONS
AA
Basi (Bailloud 1969, fig. 25 et 20)
Oo
00000 , ••
0
•o•o o o•
o:••• :-o.°. 0
Cardial geometrique (fig. 114)
0
Filiestru (Trump 1983, fig. 8)
63
Theme 6: panse
SILLONS BORDES DE COUPS DE POIN(:ON OU "SILLONS BARBELES"
Cardial zone horizontalement (fig. J J5) Chateaneuf-les-Martigues (Escalon 1968, fig. 39) Escanin (Montjardin 1995)
Epicardial (fig. 116 a 120) Timba d'en Barens (Vilardell i Pascual 1992, p. 114) Cova de l'Or (Marti Oliver 1980, fig. 51 ; Bemabeu Auban 1989, fig. III.37 et
~
1
1
~
I
I
....... . 0
111.35) Cova Fosca (Olaria 1988, fig. 14, 26, 27 et 34) Puig Mascaro (Bosch Lloret 1991, fig. 123)
tJooo
Camprafaud (Rodriguez 1984, fig . XIV)
tJtJOO
Gaze} (Guilaine 1966, fig. 5) Ratos-Panados (Guilaine et al. 1993, p. 461) Baima Sabatiero (Guilaine et al. 1993, p. 461) Baume Bourbon (inedit, depot de fouille d'Uzes) Montclus (Escalon 1966, fig. 4 7) grotte des Fees (Guilaine et al. 1993, p. 461) Saint-Pierre-de-la-Fage (Amal 1983, fig. 43, 44 et 50)
QUADRILLAGE DE SILLONS
Theme 7: anse
Neolithique ancien meridional (fig. J21) Cova d'en Pau (Bosch Lloret 1992, fig. 97) Courthezon (Courtin 1975, fig. 5) Sagnebande(Vaquerl990,fig
. 70)
Camprafaud (Rodriguez 1984, fig. XXV)
L'organisation des themes decoratifs de la ceramique
3) Les elements non rubanes de l'axe rhodano -
du Limbourg est caracteristique . 11 s'agit de secteurs
jurassien
verticaux, separes
OU
a) Ceramique de la Hoguette
non par une plage vide, repetes
sur tout le tour de la panse . Cette organisation en
Les divers decors de la ceramique de la Hoguette
a
panneaux se retrouve egalement dans le Neolithique
de
ancien meridional (fig. 122 a 125).
representatifs de la ceramique de la Hoguette d'Alsace
64
l'axe
rhodano
- jurassien
sont
tout
fait
11ne nous a done pas semble utile de presenter de
meme si les ressemblances semblent moins franches
nouvelles planches de comparaisons puisque chacun
(fig. 127, 5-7). ''Les angles superposes du premier
de ces themes
tesson du Gardon sont probablement repetes autour
decoratifs a deja fait l'objet de
comparaisons avec le sud de la France.
du vase, determinant ainsi une division en secteurs
Le decor en flamme d'un des tessons de la
(..)" (Jeunesse et al. 1991a, 64). Ce theme decoratif
ceramique de la Hoguette de Baulmes (fig. 126, 2) a
evoque sans ambigwte la ceramique du Limbourg
cependant retenu notre attention. Ce type de decor
(theme 1) (fig. 128). De meme, la forme en coupe et le
n'est pas tres frequent. On le retrouve cependant sur le
biseau qui surmonte l'epaississement du bord, evoque
site d'Ammerbuch-Reusten
associe a des tessons
la ceramique du Limbourg. Du cote meridional, le
typiques de la ceramique de la Hoguette (Liming et al.
theme des meplats encoches est rare. On le retrouve
1989). C'est a la Cova de la Sarsa (musee d'Alcoy,
cependant
Alicante ), en contexte
des motifs
cardial, que nous avons
retrouve ce theme decoratif (fig. 126, 3). Le decor en (coquille
?). L'ensemble
quoique de taille
a un ensemble
ou
plus
Cardial final
(Binder et Courtin 1986). Cette meme stylistique est
est marge
d'impressions circulaires probablement effectuees
comparables,
importante, appartiennent
flamme de la Sarsa est realise a l'aide d'impressions triangulaires
a l'abri 2 des Seguins (Buoux, Vaucluse)
presente a la Baume de Montclus (Escalon 1966, fig.
a
47) et
l'aide du crochet de la coquille.
a Ia Cova de la Sarsa (San Valero Aparisi
1950,
pl. VI), en contexte cardial. On est cependant loin des
L'ensemble des sites de l'axe rhodano - jurassien
meplats encoches du Gardon. L'organisation supposee
forme done un ensemble coherent permettant d'etendre
(fig. 128) est frequente dans le Neolithique ancien
l'aire de repartition de la ceramique de la Hoguette de
meridional (fig. 92
plus de 250 km vers le sud. 11represente egalement un
a 97).
La question de !"attribution des tessons decores
a l'une
solide jalon, reliant la ceramique de la Hoguette de
du Gardon
ou l'autre des deux spheres a deja
l'est de la France et de l'Allemagne au Neolithique
ete traitee
ancien du sud de la France et du nord de la peninsule
ceramiques decorees du Gardon a la ceramique du
Iberique.
Limbourg aurait pour consequence de rapprocher
dans le chapitre 5. L'attribution
des
considerablement l'aire de repartition de cette demiere b) "Ceramique du Limbourg"
vers la sphere meridionale ou nous pensons qu'elle
Ce sont les tessons decores de cannelures
trouve son origine. Si l'on interprete les tessons decores
Gardon qui nous interessent ici (fig. 42, 1-2). Ces
Neolithique
tessons presentent des affinites avec des elements
ceramique presente des affinites avec la ceramique du
decouverts a Wettolsheim-Ricoh (Haut-Rhin). Cet
Limbourg,
habitat rubane a en effet livre trois tessons (fig. 127, 2-
responsables de !'apparition de ces ceramiques ? .
4) "decores de cannelures para/le/es separees par des
Selon cette hypothese,
meplats encoches, pratiquement identiques a ceux du
separees par des meplats encoches" existant aussi
Gardon
encoches,
dans le limbourg, la relation Gardon-Wettolsheim
morphologie et espacement des encoches)" (Jeunesse
apporte un bon argument a l'frypothese d'une filiation
et al. 1991a, 64). Un quatrieme tesson a egalement
meridionale,
livre des bourrelets encoches (fig. 127, 1). Ces quatre
ornemental" (Jeunesse et al. 1991, 69). Dans cette
elements, attribues a la ceramique du Limbourg,
optique le Gardon correspondrait a un jalon entre
fournissent un bon ensemble de comparaison pour les
Neolithique
tessons du Gardon . Ce type de decor est egalement
Limbourg.
(ecartement
des
meplats
present sur les sites de Rosmeer et de Koln-Lindenthal
65
du
Gardon
comme
a
separees par des meplats encoches de la grotte du
appartenant
ancien d'essence meridionale quels
au
ancien
sont
alors
les
un
dont la
mecanismes
"le decor de "cannelures
moins partiel/e
meridional
de
ce
et ceramique
style
du
2) Ceramique du Limbourg (fig. 131 a 133)
D) Conclusions
Les resultats concemant la ceramique du Limbourg 1) Ceramique de la Hoguette (fig. 129 et 130)
sont beaucoup moins satisfaisants que ceux obtenus
La recherche d'elements de comparaison vers le
pour la ceramique de la Hoguette. En effet, il ne nous
Neolithique ancien meridional s'est averee fructueuse
a pas ete possible de cerner la culture d'origine de la
puisqu'elle nous permet de situer avec precision la
ceramique du Limbourg. Cette demiere presente des
culture susceptible d'etre a l'origine de la ceramique de
styles decoratifs tres varies que l'on retrouve avec plus
la Hoguette. L'origine cardiale de la ceramique de la
ou moins de preference dans les divers facies du
Hoguette , deja envisagee (Jeunesse 1987 ; Jeunesse
Neolithique ancien meridional. Le complexe Cardial
1993a ; Liming et al. 1989), est en effet ici confortee
geometrique - Cardial zone horizontalement semble se
par une analyse plus minutieuse des divers facies du
detacher sans pour autant presenter une solution
Neolithique ancien mediterraneen . Nous souhaiterions
satisfaisante. "(...) /es traits communs aux styles
cependant faire deux remarques .
meridionaux et
a la
ceramique du Limbourg sont
- C'est en Catalogne et en Languedoc que nous avons
disperses sur de vastes domaines, en sorte qu'i/s
retrouve les traits les plus proches de la ceramique de
semblent traduire une influence diffuse, mais ne
la Hoguette ; le Cardial provem;al ne fournissant que
permettent pas d'identifier un lieu d'origine, ni un
des elements de comparaison discrets. Le site de la
ancetre de la ceramique du Limbourg
baume
Ardeche),
1990b, 175). Nous pensons pourtant que c'est bien
fournit d'ailleurs un solide jalon entre les sites
dans la sphere meridionale que nous trouverons
cardiaux languedociens et les sites hoguettes du Jura et
l'origine de la ceramique du Limbourg. De telles
de !'Alsace. II conforte egalement l'hypothese selon
affinites ne peuvent pas suggerer, a nos yeux, un
laquelle ces influx auraient circule le long de l'axe
simple
Rhone - Jura. Les relations tres serrees unissant
certainement d'un reseau de diffusion complexe etabli
Cardial de Catalogne - Cardial du Languedoc et
entre les deux entites et que nous ne pouvons, clans
ceramique de la Hoguette ouvrent d'interessantes
l'etat actuel des recherches, pas definir. Une meilleure
perspectives qu'il conviendra de ne pas perdre de vue.
seriation des decors de la ceramique du Limbourg et
- La
meridionaux vers la
des decors des differents facies meridionaux pennettra
Ceramique de la Hoguette semble perdurer durant
peut-etre d'envisager la question sous un nouvel angle.
l'Epicardial. Certains decors hoguettes, deja connus
11faut noter, pour finir, que la part des elements
d'Oullins
(Labastide-en-Virac,
circulation d'influx
phenomene de
11
convergence.
(Van Berg
II
s'agit
durant le Cardial, persistent clans l'Epicardial (fig. 58,
decoratifs du Midi, appeles dans
78).
presque
comparaison, est tres importante notamment en ce qui
(fig. 75-77).
conceme la ceramique du Limbourg. Ceci renforce les
L'existence de liens unissant ceramique de la Hoguette
affinites observees puisque bon nombre des elements
et Epicardial, facies
decoratifs de la ceramique du Neolithique ancien
D'autres
ne
se
retrouvent
qu'exclusivement clans l'Epicardial
13
uniquement represente en
Languedoc et en Espagne, renforce l'hypothese de
meridional est present
relations serrees etablies entre ces deux regions et la
Limbourg.
ceramique de la Hoguette.
13. Nous verifierons la coherence chronologiquede notre propos dans le chapitre 7.
66
dans la
ce jeu
ceramique
de
du
CHAPITRE 7
CADRE CHRONOLOGIQUE
type est superieur a 150. Les resultats obtenus sont les
I. Buts
suivants: Comme nous l'avons montre clans le chapitre
Impressa zonee genre Pendimoun : 5900 - 5300 av.
precedent, les affinites de la ceramique de la Hoguette
J.-C.
et de la ceramique du Limbourg avec le monde
lmpressa geometrique: 5950 - 5330 av. J.-C.
mediterraneen ne peuvent plus etre niees et il nous
Cardial geometrique: 5670 - 5250 av. J.-C.
faut
Cardial zone horizontalement, phase ancienne
maintenant
nous
assurer
de
la
validite
chronologique de notre hypothese. En effet, si l'on
5850- 4800 av. J.-C.
admet la remontee d'influences meridionales le long
Cardial zone horizontalement, phase recente: 5300 -
de l'axe rhodano - jurassien, nous devons demontrer
4800 av. J.-C.
l'anteriorite des modeles meridionaux par rapport aux
Epicardial languedocien: 5350 - 4800 av. J.-C.
ensembles septentrionaux . Nous etablirons, clans un
Cardial zone horizontalement d'Espagne : 5750 -
premier temps, un bilan des donnees chronologiques
5200 av. J.-C.
disponibles. Nous discuterons dans un deuxieme
Epicardial d'Espagne: 5200 - 4600 av. J.-C.
ancien
La premiere occupation neolithique du sud de la
mediterraneen par rapport au Neolithique ancien
France a done lieu au debut du 6eme millenaire avant
rubane.
coherence
J.-C. Comme l'indique !'ensemble des datations, le
chronologique des rapprochements effectues entre le
Cardial zone horizontalement, longtemps considere
Cardial, l'Epicardial et la ceramique de la Hoguette
comme unique representant du Neolithique ancien du
ainsi que ceux liant ceramique du Limbourg et
sud de la France, cotoie plusieurs facies d'influences
Neolithique ancien meridional.
italiennes. "Un element important resultant de la
temps
de
l'anteriorite
Enfm,
nous
du
Neolithique
testerons
la
calibration est la rapidite de la premiere extension du Cardial, avec des ceramiques richement decorees au
II. Les donnees chronologiques
Cardium, dans /es Basses-plaines des arriere-pays, Montse"atien de Catalogne compris, vers 5800-5600"
A) Le monde mediterraneen
(Voruz 1990a, 69). Les fourchettes chronologiques
obtenues pour l'lmpressa geometrique et le Cardial Les
differentes
datations
disponibles
pour
le
geometrique, confrrment la proximite chronologique
Neolithique ancien du nord de l'Italie, du sud de la
de ces deux facies (Binder 1995). Remarquons que le
France et du nord de la peninsule lberique sont
Cardial geometrique fournit un ensemble coherent de
donnees par les figures 134 et 135. Les dates ont ete
datations rassemblees autour du 56eme siecle av. J.-C.
calibrees par le programme de Stuiver et Reimer,
La mise en place de l'Epicardial, defini en Languedoc
version 3.0.3. Les ecarts sont donnes a un sigma. Nous
et en Catalogne, semble se derouler parallelement
n'avons pas retenu dans cette etude les datations
celle de
incoherentes, effectuees sur coquille ou dont l'ecart
horizontalement de Provence. Malgre tout, !'ensemble
la
phase
recente
du
Cardial
a
zone
des datations ne permet pas une bonne definition
67
chronologique des facies reconnus . Les fourchettes
ceramique de la Hoguette semble s'eteindre, avec le
chronologiques obtenues sont encore tres larges et il
Rubane , vers 4900 av. J.-C .
est difficile d'articuler les differents facies entre ewe
D) Ceramique du Limbourg B) Le monde ruban e La chronologie de la ceramique du Limbourg est D'apres les recentes etudes de Jens Liining
egalement liee a celle du Rubane. Elle est associee au
(1988) , nous savons que l'etape la plus ancienne du
Rubane ancien, moyen
Rubane se deroule entre 5700 et 5300 av. J.-C. sur la
neerlandais et beige ainsi qu'en Lorraine et en Alsace .
rive droite du Rhin. Aucune periodisation inteme de
En Hainaut et en Bassin parisien, elle est uniquement
cette etape, pourtant longue de 4 siecles, n'a ete
associee a la phase recente du Rubane (fig. 24) . La
entreprise . C'est a l'ouest du Rhin que se deroulent les
ceramique du Limbourg est actuellement consideree
etapes posterieure s (Rubane ancien au Rubane le plus
comme posterieure a la ceramique de la Hoguette
recent) , entre 5300 et 4900 av. J.-C.
puisque aucun cas d'association avec le Rubane le plus
et recent
en Limbourg
ancien n'a ete decouvert . La ceramique du Limbour g C) Chronologie de la Ceramique de la
semble done apparaitre aux environs de 5300 av. J.-C .
Hoguette
Elle disparait, comme la ceramique de la Hoguette , avec l'etape la plus recente du Rubane, vers 4900 av.
Ce sujet, deja aborde dans le chapitre 2, ne fera
J.-C.
ici l'objet que d'un court developpement. La position chronologique de la ceramique de la Hoguette est
II. Confrontation des donnees (fig. 136)
donnee par l'etude des cas d'associations avec la Ceramique lineaire. Elle existe des l'etape la plus ancienne du Rubane et persiste jusqu'a l'etape la plus
L'etude de ces donnees chronologiques nous
recente de ce demier (fig. 17). Le premier contact
incite a penser que "rien ne permet (...) d'exclure (...)
avec le Rubane se situe done entre 5800 et 5300 av. J.-
l'idee que des groupes originaires du Midi aient pu
C. Rien ne permet de situer plus precisement ce
avoir le temps d'atteindre la France du nord et la
premier contact que Christian Jeunesse place, a titre
Vallee du Rhin avant le milieu du neme millenaire"
arbitraire, aux environs de 5500 av. J.-C. (Jeunesse
(Jeunesse 1993a, 76).
1995). Rien ne prouve cependant que la ceramique de
Les rapprochements effectues entre la ceramique
la Hoguette ne soit pas apparue avant. Les seules
de la Hoguette et le Cardial offrent, du point de vue
donnees de chronologie absolue disponibles pour un
chronologique, une image coherente. Le Cardial existe
site purement hoguette sont les dates C 14 de Bavans
anterieurement a la ceramique de la Hoguette et si l'on
qui la situe aux environs de 5500 - 5300 av. J.-C. (voir
imagine que cette demiere , originaire du Cardial, est
infra). ''La datation d'autres niveaux du Mesolithique
transportee et fabriquee par des groupes de predateurs,
contenant de la ceramique de la Hoguette serait bien
le laps de temps disponible pour rejoindre le nord de
sur necessaire pour situer /'apparition de cette entite,
la France et le sud de l'Allemagne est tout 4
dont on sait seulement qu'elle est presente en Europe
suffisant1 • Les
occidentale et rhenane au moment de l'arrivee des
l'Epicardial et la ceramique de la Hoguette laissent
premiers colons rubanes, mais sans disposer d'aucun
penser que ce reseau de diffusion, certainement etabli
moyen pour determiner depuis combien de temps elle
le long de l'axe Rhone - Rhin, aurait ''££1·~~~
'\.
lc"!T"'l:'G:l'f 1--1--'!~'.,~P':~:;.k_"'.
,,-..::::::,,,~r)~::5:j
4
'' -- Abri Frcymond, c. 4b(GRG 579)
Coufin2, FU (Ly 3648) Pas de la Cbarmatte, c. l (Ly 3786)
i
Pas de la ~tte,
c.l (Ly 5661)
I
MESOLIDnQUE RECENT DU NORD DES ALPES
---Hl"--11-1-11- 4180) Pas
la Clwmattc, c.l (Ly
1
7oo0
6500
6000
5500
5000
Fig. 49 : Chronologie de la neolithisation de l'axe rhodano - jurassien
149
ALPESDU NORD
JURA MERIDIONAL
4300-i------------+-------------+-------------t-4300 VBQ
JURA SEPTENTRIONAL
SAINT-lJZERECENT Gardon c48-S0
Charmatte, cB3
EPICARDIAL
4500·
CORTAIU..00
...4500
SAINT-UZE ANOEN
Grande-Rivoire,cB1
Gardon,cSl·S3
NEOLITHQUE ANOEN
p~~~~~~~~~E -------------I ·
?
NAR
EPICASTELNOVIEN
5000 Coum 1, F2 Grande-Rivoire,cB2b
-+-~-~=~:--t
RUBANERECENT Gonvillars, cXI Chatai/lon Bale
•LJmbourg•
Balme-Rousse , c 1b MESOL.RECENT Grande-Rivoire, cB2a HOGUETTE Gardon, cS4-60 Balme-de-Thuy, c5B """·
#.~
Bouvante
----
~5000
Freymond, F46 et 41
--
MESOLITHIQUE Tuileries, clX RECENT
Roseau,c3
- - _,~.------------1 t--->---
-"-£SOL RECENTHOGUETTE 1,Bavans,cS) La Cure 'Mannelfelsen Gigot 'Col-des•Roches
Les Gripons Liesbergmulhe IV
5500
- -
5500
- - ? MESOUTHIQUE RECENT
DUBUGEY
?
--
M:SOUTHIQUE RECENT
Sous-Ba/me, c3
Touviere
Schotz 7
Souhait
6000-
6000
Freymond, c4b
?
6500- -
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
'"'6500
-
? CASTELNOVIEN
Charmatte, c1 Coufin 2, F11 Grande-Rivoire Pas de rAiguille
Sous•Vargonne
70001..._______________________
.,_____________
Fig. 50 : Tableau synthetique de la neolithisation de l'axe rhodano-jurassien
Bouvante: site non date -
-
1=···· ·····=····=-······ ······1
limite chronologique incertaine traces d'agriculture revelees par la palynologie
NAR : Neolithiqueancien Rhodanien
150
7000
2
;
\
'
/ 3
4
6
·,
.. . . .·. •,
.
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..
,%,: 7 0 L_L_J
2cm
Fig. 51 : Ceramique imprimee de type Pend.imoun. 1-3: ceramique monochrome, 4-6: cerarnique impressionnee, 6-7 ceramique decoree au doigt et a l'ongle. (Ri.r-,Jeret al. 1993, fig. 21, 22 et 24). Ech . : 0,5
151
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-
7
Fig. 52 : Ceramique imprimee de type geometrique : Peiro-Signado (Portiragnes, Herault) 1: ceramique decoree au doigt, 2-6: ceramique decoree au sillon d'impression, 7: ceramique decoree coquille de cardium. (Roudil et Soulier 1983, fig. 10 et 11). Ech. en cm
152
a la
................ ... ·-·::.
1
1i~~11i14f ill,., 5 O
2cm
L..J_J
7
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~-4: 1/j
12
11
9
14
15
13
Fig. 53: Ceramique cardiale de type geometrique. 1-6: Basi, 7-12: Pienza, 13-15: Filiestru (Calvi Rezia 1980, fig. 1, 2 et 3; Trump 1983, fig. 6). Ech.: 0,5
153
2
5 6
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~ OJ(1) (1)0
(v {1)(l)
-··-- .
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I
7
Fig. 54 : Ceramique cardiale zonee horizontalement, phase ancienne : Fontbregoua (C. 45-47) . (Courtin, inedit)
154
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- ·.
.
O
2 cm
L_L_J
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2
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I
I 3
0
S cm
4
Fig. 55 : Ceramique cardiale zonee horizontalement, phase recente. 1, 2, 4: grotte Lombard, 3: Fontbregoua (c. 4044). (Binder 1991, fig. 48 et 49; Binder et Courtin 1986, fig. 5). Ech.: 1-2: 0,5; 3-4: 0,3
155
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1
4
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Fig. 56: Cerarnique cardiale d'Espagne : Cova de l'Or. (Baldellou et al. 1989). Ech.: 0,3
156
1/Jll~\\IJJ~\\\\~ · ._ ............. .. ... . ... .. ) ( ........ ........: : ;
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Fig. 57 : Epicardiallanguedocien(Guilaine 1986, fig 1)
157
0
Scm
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3
2
Fig. 58 : Epicardial espagnol. 1, 3 : Reclau Viver , 2: Puig Mascaro. (Bosch-Lloret 1992, fig. 123, 129 et 130). Ech . : 0,3
158
3
~ ~ t) () (J()f)() c~~ccccc: c c.c.c.c
0
cc:ccc