La planification en U.R.S.S. et dans les autres pays socialistes 9783111717258, 9783111274867


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Table of contents :
Table des matières
Introduction à la collection
Introduction to the Series
PREMIÈRE PARTIE: ÉTAT DES RECHERCHES
DEUXIÈME PARTIE: BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES AUTEURS
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La planification en U.R.S.S. et dans les autres pays socialistes
 9783111717258, 9783111274867

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LA P L A N I F I C A T I O N EN U . R . S . S . ET D A N S L E S A U T R E S P A Y S S O C I A L I S T E S

i

CONFLUENCE SURVEYS OF RESEARCH IN THE SOCIAL SCIENCES

A S E R I E S E D I T E D BY T H E INTERNATIONAL

COMMITTEE

FOR SOCIAL

SCIENCES

DOCUMENTATION

VOL. XIII

IN CO-OPERATION WITH THE I N T E R N A T I O N A L SOCIAL SCIENCE COUNCIL AND WITH THE SUPPORT OF UNESCO ii

CONFLUENCE ÉTATS DES RECHERCHES EN SCIENCES SOCIALES

C O L L E C T I O N P U B L I É E PAR LE COMITÉ INTERNATIONAL

POUR LA

DES SCIENCES

DOCUMENTATION

SOCIALES

VOL. XIII

AVEC LA C O L L A B O R A T I O N D U CONSEIL I N T E R N A T I O N A L DES SCIENCES SOCIALES ET AVEC L ' A P P U I D E L ' U N E S C O iii

LA PLANIFICATION EN U.R.S.S. ET DANS LES AUTRES PAYS SOCIALISTES

PAR Aleksander D . K U R S K I J Institut d'Economie Académie des Sciences de l'U.R.S.S. Moscou TRADUIT D U RUSSE PAR JACQUELINE

PARIS

PORTIER

É D I T I O N S M O U T O N • LA H A Y E 1969 v

© 1969 MOUTON & CO PRINTED IN BELGIUM

vi

Table des matières

Introduction à la collection

ix

Introduction to the Sériés

xi

PREMIÈRE PARTIE: ÉTAT DES RECHERCHES

Introduction I Les bases économiques de la planification, la conformité au plan et la proportionnalité du plan de développement de l'économie socialiste

3

7

II Le problème de la méthodologie scientifique de la planification

24

III Le système de la planification de l'économie nationale. La planification et la stimulation économique de la production

36

Conclusion English Summary

53 55

DEUXIÈME PARTIE: BIBLIOGRAPHIE

I Les problèmes socio-économiques de la planification a. Titres en caractères cyrilliques (1-52) b. Titres en caractères latins (53-128) II La planification des taux et des proportions de l'économie nationale 1. Problèmes généraux a. Titres en caractères cyrilliques (129-154) b. Titres en caractères latins (155-177)

65 65 71 78 78 78 81 vu

2. Le produit social et le revenu national a. Titres en caractères cyrilliques (178-194) b. Titres en caractères latins (195-197)

83 83 85

3. La planification régionale et sectorielle a. Titres en caractères cyrilliques (198-211) b. Titres en caractères latins (212-216)

85 85 87

III La planification de la consommation et de la main-d'œuvre . . .

88

1. La planification des courants d'échange et de la consommation sociale a. Titres en caractères cyrilliques (217-236) b. Titres en caractères latins (237-242) 2. La planification des indices d'activité et de la main-d'œuvre . . a. Titres en caractères cyrilliques (243-264) b. Titres en caractères latins (265)

88 88 90 91 91 93

IV La méthodologie et les bases de l'organisation de la planification .

94

1. La méthode des balances 94 a. Titres en caractères cyrilliques (266-301) 94 b. Titres en caractères latins (302-311) 98 2. L'évaluation de l'efficacité économique des investissements: les indices du plan 99 a. Titres en caractères cyrilliques (312-342) 99 b. Titres en caractères latins (343-355) 103 3. Les méthodes mathématico-économiques 104 a. Titres en caractères cyrilliques (356-373) 104 b. Titres en caractères latins (374-379) 106 107 4. Les formes de l'organisation de la planification a. Titres en caractères cyrilliques (380-400) 107 b. Titres en caractères latins (401- 437) 109 5. Les stimulants économiques dans la planification de la production 112 a. Titres en caractères cyrilliques (438-447) 112 b. Titres en caractères latins (448-459) 113 INDEX DES AUTEURS

VIII

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Introduction à la collection

La collection Confluence est un élément du programme bibliographique d'ensemble que le Comité International pour la Documentation des Sciences Sociales a entrepris de mettre en œuvre. Ce Comité, créé en 1950 avec l'aide de l'Unesco, est une organisation internationale non gouvernementale, dont les membres sont des spécialistes des diverses sciences sociales et des techniciens en matière de documentation. Ils travaillent en liaison étroite avec le Conseil International des Sciences Sociales et avec les associations internationales spécialisées en ce domaine. En matière bibliographique, la première tâche assumée par le Comité a été l'établissement de bibliographies internationales annuelles, concernant respectivement la sociologie, la science économique, la science politique et l'anthropologie sociale et culturelle, régulièrement publiées depuis 1951 (actuellement diffusées par Tavistock Publications, Londres). En outre, le Comité établit ou fait établir des bibliographies occasionnelles, des bibliographies analytiques, des répertoires et index, dont la liste peut être envoyée sur demande. En ce même domaine bibliographique, le Comité s'est donné comme deuxième tâche la préparation d'études évaluatives et critiques. Les volumes de la collection Confluence ont ainsi pour objet de faire connaître l'état actuel des recherches sur des sujets donnés. Certains de ses volumes sont consacrés à des problèmes de caractère interdisciplinaire, intéressant à la fois différentes sciences sociales ou justifiant d'approches multiples. D'autres concernent des méthodes utilisées par plusieurs disciplines. La rédaction de chaque volume est confiée à un spécialiste, qui établit le manuscrit sous sa propre responsabilité, mais en se conformant à des règles de présentation valables pour la collection dans son ensemble, noix

tamment en ce qui concerne les références bibliographiques. Un souscomité de lecture est, dans chaque cas, appelé à se prononcer sur le manuscrit avant son impression. Le Comité International exprime sa reconnaissance aux personnalités qui ont accepté de constituer le sous-comité auquel a été soumis le manuscrit du présent volume : Prof. Jôzsef BOGNÀR, Centre pour la recherche de l'Afro-Asie de l'Académie des sciences de Hongrie, Budapest. Dr. Michael KASER, St. Antony's College, Oxford. Dr. Jôzef PAJESTKA, Institut de recherche économique de la Commission de planification, Varsovie.

x

Introduction to the Series•

The series Confluence is a part of the overall bibliographical program undertaken by the International Committee for Social Sciences Documentation. The Committee, formed in 1950 with the support of Unesco, is an international non governmental organization, whose members are social scientists and specialists of documentation problems. They work in close cooperation with the International Social Science Council and the various specialized international associations. As far as bibliography is concerned, the first task undertaken by the Committee has been to prepare annual international bibliographies, for sociology, economics, political science and social and cultural anthropology, which have been issued regularly since 1951 and are presently published by Tavistock Publications, London. Other publications, such as occasional bibliographies, abstracts services, repertories and indexes, are prepared by the Committee or under its auspices; their list will be sent upon application. In the same field of bibliography, the second task of the Committee has been to publish critical surveys. The volumes in the series Confluence are intended to assess the situation of current research on special subjects. Most of these subjects are problems of an interdisciplinary nature, of interest to several social sciences or warranting multiple approaches. Other volumes are devoted to one method used in several disciplines. Each volume is written by an individual scholar, under his own responsibility. However, each author follows common instructions as to the standard form of the report and the bibliographical references. A reading sub-committee reviews each manuscript before it is printed. The Committee expresses its gratitude to the members of the sub-comXF

mittee to which the manuscript of the present volume was thus submitted for review: Prof. Jozsef BOGNAR, Center for Afro-Asian Research of the Hungarian Academy of Sciences, Budapest. Dr. Michael KASER, St. Antony's College, Oxford. Dr. Jozef PAJESTKA, Economic Research Institute at the Planning Commission, Warsaw.

XII

Première partie

ÉTAT DES RECHERCHES

Introduction

A l'époque actuelle, l'importance capitale de la planification pour l'évolution socio-économique des Etats contemporains apparaît dans toute son évidence. Dans son sens le plus complet et le plus achevé, la planification, à l'échelle du pays tout entier, de la région, du secteur, de l'entreprise, est réalisée dans les pays socialistes, où le caractère même de la science économique détermine la nécessité d'une gestion planifiée générale du développement économique. Ces derniers temps, les pays en voie de développement de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine se sont orientés vers la planification. Les formes et les méthodes de la planification reflètent ici les particularités socio-économiques et le niveau de l'économie atteint dans chacun de ces pays. Dans les pays capitalistes industrialisés, différentes formes de réglementation étatique et de contrôle dans le domaine de l'économie sont également employées ; des plans à long terme, qui utilisent les possibilités offertes par les techniques comptables sont élaborés. Dans de nombreux pays, depuis un certain nombre d'années, des recherches sont menées sur les problèmes complexes de la planification. Toutefois, il est impossible de ne pas voir les différences qui existent dans les conceptions de la planification et de la réglementation de la vie économique dans les pays capitalistes et socialistes. Les résultats historiques du système de planification dans les domaines de l'augmentation rapide du potentiel économique, de la croissance du bienêtre et de la culture chez les peuples des pays socialistes confirment l'efficacité et la puissance de ses principes. Les idées de planification à l'échelle de l'économie nationale ont tout d'abord connu un plein développement en Union soviétique. L'économie planifiée soviétique, issue en 1917 de réformes sociales révolutionnaires et 3

ÉTAT DES RECHERCHES

de l'apparition d'une nouvelle forme de propriété collective des moyens de production, a maintenant cinquante ans. Pendant cette période une immense expérience de planification s'est élaborée, dont les formes et les méthodes ont évolué en liaison directe avec la solution des différents problèmes économiques, le développement des forces productives et le degré de collectivisation socialiste de la production. L'examen de l'expérience historique de développement de l'économie planifiée de l'U.R.S.S. permet de constater une série d'étapes importantes qui se distinguent par des différences essentielles dans les formes et les méthodes. La première étape se situe au début des années 1920. Durant cette période, les économistes soviétiques ont jeté les bases économiques de la planification, et instauré le système des organes du plan; le premier grand plan perspectif de développement de l'économie soviétique — le plan d'électrification de la Russie — établi à l'instigation de V.I. Lénine, et connu dans l'histoire de la planification sous le nom de plan GOELRO (Commission d'Etat pour l'électrification de la Russie), date également de cette époque. La deuxième étape essentielle du développement de la planification soviétique se déroule entre le milieu des années 1920 et le début des années 30. Après la fin de la guerre civile et de l'intervention, l'U.R.S.S. a concentré ses efforts sur le redressement de l'économie, la réalisation des nouvelles tâches de planification et l'extension de l'industrialisation du pays. Les caractéristiques fondamentales de la planification pendant cette période ont été déterminées par le caractère mixte de l'économie par suite de la survivance des petites exploitations agricoles. Aussi, la planification étatique de la production socialiste qui avait commencé à prédominer dans l'industrie a-t-elle dû coexister avec une large réglementation économique de la propriété privée. De ces années, datent la formation du système actuel de planification de l'économie nationale et l'élaboration du premier plan quinquennal qui repose sur l'idée de l'industrialisation socialiste du pays et de la création progressive de conditions économiques permettant l'adaptation des petites exploitations agricoles à la production par grandes unités mécanisée. La troisième étape essentielle de la planification soviétique est celle de la réalisation des plans quinquennaux d'avant et d'après-guerre. Elle a apporté des progrès considérables. Avec la prédominance des formes socialistes dans l'économie, avec les entreprises d'Etat et les coopératives, la planification a commencé à englober la totalité des domaines de la vie économique, sociale et culturelle du pays. 4

INTRODUCTION

Dans l'étape actuelle de la planification sont réalisées de nouvelles tâches économiques impliquant la poursuite de l'édification des bases matérielles et techniques du communisme et la croissance du bien-être du peuple; ceci se reflète dans le plan septennal et dans le nouveau plan quinquennal de développement de l'économie de l'U.R.S.S. pour les années 1966-1970. Pendant cette période, d'importantes mesures ont été prises pour perfectionner le système de planification et utiliser plus largement les stimulants matériels et les leviers économiques. Le but de la réorganisation du système de planification dans l'industrie, qui a été expliqué dans le rapport de A.N. Kossyguine lors de l'Assemblée plénière du Comité central du P.C.U.S. en septembre 1965, est de créer les conditions d'une accélération des taux de croissance du progrès technique et d'élever le rendement de l'ensemble de la production socialiste. Le problème essentiel du nouveau plan quinquennal de l'économie de l'U.R.S.S. pour les années 1966-1970, comme cela est indiqué dans les directives qui ont précédé son établissement, est—sur la base d'une utilisation maximale des résultats de la science et de la technique — d'élever le rendement de la production sociale, d'assurer un taux de croissance élevé dans l'industrie, ainsi que des taux de développement constants dans l'agriculture et de parvenir à une augmentation importante du niveau de vie du peuple et à une plus entière satisfaction des besoins matériels et culturels des Soviétiques. On peut lier l'expérience de planification socialiste en U.R.S.S. à celle des autres pays socialistes, où sont nées des formes et des méthodes analogues de développement planifié de l'économie, reflétant le niveau de la production, les structures sociales, les traditions historiques et les particularités nationales. Depuis quelques années, de nombreux ouvrages scientifiques traitant des problèmes de la planification sont publiés dans les pays socialistes. On y trouve en particulier l'état actuel des discussions et des délibérations se rapportant aux méthodes tendant à perfectionner les systèmes de planification actuellement en vigueur. Toutes ces recherches ont préparé les importantes mesures qui ont largement transformé les méthodes de planification en U.R.S.S. et dans les autres pays socialistes. L'étude de l'expérience historique de planification socialiste en U.R.S.S. est présentée, principalement dans la première partie de la présente revue bibliographique, et en particulier dans les travaux d'économie politique (35 et 36); elle fait l'objet d'un examen spécial dans les monographies de Sorokin (44) et de Gladkov (10). 5

ÉTAT DES RECHERCHES

En face de la multiplicité des conditions et des formes de planification dans les Etats socialistes, il est impossible de ne pas voir l'unité des objectifs et des procédés de planification de ces pays où le principe de la gestion scientifique, centralisée, planifiée, coexiste avec l'utilisation des différentes formes économiques dont l'influence est indirecte sur la vie économique du pays. La planification en Yougoslavie comporte une série de particularités essentielles et nous traiterons plus loin de ce qui caractérise ses conceptions dans ce domaine.

6

I. Les bases économiques de la planification, la conformité au plan et la proportionnalité du plan de développement de l'économie socialiste.

Pour étudier les bases de la planification dans les pays socialistes, il faut tout d'abord souligner la liaison directe et immédiate qui existe entre la planification à l'échelle de l'économie nationale tout entière et la propriété collective des moyens de production. En effet, la propriété socialiste des moyens de production, qui existe dans les pays socialistes, sous deux formes — propriété d'état et propriété des coopératives — nécessite un développement systématique et une gestion centralisée de l'économie. Nous présenterons plus loin les principales positions théoriques qui sont exposées dans les cours d'Economie Politique socialiste, dans les manuels de planification de l'économie nationale, et également dans les monographies relatives à la théorie de la planification, incluses naturellement dans la première partie de la revue bibliographique. L'établissement des éléments de la planification ainsi que la monopolisation de la production et l'existence d'une réglementation de l'Etat n'impliquent pas obligatoirement la transformation d'une économie capitaliste en une économie planifiée. La planification, en régime capitaliste, ne peut connaître un développement complet, tant que sont conservées les bases du caractère spontané du développement de l'économie où la concurrence et le profit constituent le moteur essentiel et le but immédiat de la production sociale. Pour que la planification assure un développement complet de la production sociale, les procédés de réglementation qui entrent dans le cadre de l'économie capitaliste sont insuffisants. Il faut qu'il y ait une condition préalable d'ordre économique importante: l'établissement de la propriété collective socialiste des moyens de production, qui permet d'éliminer la contradiction inhérente au système capitaliste entre le caractère collectif 7

ÉTAT DES RECHERCHES

de la production et la forme privée de l'appropriation des résultats de la production. La nécessité et la possibilité de la planification à l'échelle de l'économie tout entière trouvent là leur origine. Il s'ensuit que... « pour comprendre la planification socialiste, il faut, avant tout, étudier les causes matérielles de la nécessité d'une économie planifiée à l'échelle nationale, les tendances objectives de son développement, en tant que traits essentiels du socialisme, puis, mettre en place les éléments généraux indispensables, capables de réaliser la planification de l'économie nationale, puis mettre en évidence les bases théoriques et méthodologiques de l'établissement des plans... » (Sorokin, 44, p. 9). Sik (123) étudie les conditions préalables plus générales de la planification; pour lui, la gestion planifiée de l'économie est une nécessité objective de la réalisation des rapports de production socialistes, qui déterminent les rapports entre la société et les entreprises isolées, et entre les entreprises et les travailleurs. La nécessité objective d'une gestion planifiée de l'économie, issue du développement de la propriété socialiste des moyens de production, trouve son reflet dans l'action de la loi économique du développement de la propriété socialiste des moyens de production sur la base de laquelle est établie la production. Cette loi économique exige une gestion planifiée unique de l'économie par l'Etat, dans les domaines des taux de croissance, des proportions et du progrès technique, des investissements, de la détermination des systèmes de rémunérations, des prix, du profit, des finances et du crédit. Cette loi exprime ... «premièrement la nécessité et la possibilité d'une gestion planifiée unique de l'économie par l'Etat socialiste, deuxièmement, la garantie d'un développement planifié de l'économie et de la cohérence entre tous les secteurs de la production sociale, troisièmement, la garantie de l'utilisation efficace de toutes les ressources en matières premières, maind'œuvre, crédits, et richesses naturelles ». (Economie politique, 39, pp. 150151). La négation de cette loi, selon Mine (99) apparaît comme la négation de fait du rapport qui existe dans l'économie socialiste, entre la propriété socialiste des moyens de production et la planification centralisée. Cette loi permet de réaliser l'objectif du mode socialiste de production, qui est, comme le montre Korac (86), la satisfaction la plus complète des besoins grandissants des populations. L'économie planifiée socialiste se développe sur la base de la production marchande. Il convient ici de souligner le rôle de la loi de la valeur qui agit 8

LES BASES ÉCONOMIQUES DE LA PLANIFICATION

sur les mécanismes du marché. La question de l'utilisation de la loi de la valeur en régime socialiste, de la corrélation entre le plan et les rapports commerciaux et monétaires, a suscité ces dernières années, une abondante littérature dans les pays socialistes. Dans l'un des ouvrages qui fait le point sur l'ensemble des discussions en Pologne (Brus, 63), le rapport entre la valeur et la planification est défini ainsi: « u n plan optimal exige une répartition des moyens telle que les corrélations entre les prix des produits isolés correspondent à celles de la valeur, c'est-à-dire aux dépenses socialement nécessaires à la création de ces produits. Ce plan optimal, à l'échelle de l'économie nationale, détermine alors une corrélation entre les prix et les dépenses, telle que la loi de la valeur en régime socialiste agit comme une loi objective; s'il n'en est pas ainsi, il est alors indispensable de déterminer une autre base pour la fixation des prix dans le cadre du plan ». La planification apparaît comme la condition indispensable du développement, non seulement du secteur étatique socialiste, mais également des entreprises fondées sur la propriété coopérative. Le kolkhoze, en tant que type socialiste d'entreprise, ne peut se développer que dans le cadre du plan, sur la base d'une combinaison entre le principe de la gestion centralisée de l'agriculture et celui du développement de la responsabilité et de l'initiative du kolkhoze considéré comme un tout et de ses membres. L'Etat, dans un cadre planifié, garantit la satisfaction des besoins des kolkhozes, en machines, en engrais chimiques et autres moyens de production; il réalise les grands travaux (ainsi que les investissements propres aux kolkhozes), et s'occupe de la formation de cadres agricoles qualifiés. Les leviers de l'influence de l'Etat sur le développement du kolkhoze sont essentiellement, la planification du volume des achats, la fixation des prix de la production et des moyens de production dans le domaine agricole. Les bases de la planification de l'économie nationale apparaissent, lors de la détermination du rôle des proportions économiques, c'est-à-dire des interactions déterminées quantitativement entre tous les secteurs et tous les éléments de l'économie nationale. Dans la littérature économique des pays socialistes, il est fréquemment question du problème de la corrélation entre les différentes catégories économiques (cf. 163, 167, 171, et les manuels d'économie politique cités dans la première partie). Sans nul doute, ces catégories permettent d'expliquer les particularités existant dans la planification à l'échelle de l'économie nationale. Plus loin, nous exposerons la conception de la planification et de la proportionnalité, qui est partagée par de nombreux économistes dans les pays socialistes. 9

ÉTAT DES RECHERCHES

Le développement de la production sociale exige une répartition des moyens de production et de la main d'oeuvre dans des proportions délimitées entre les différents secteurs et sphères de l'économie nationale. Karl Marx écrivit même que la nécessité de la répartition du travail social dans des proportions délimitées ne pouvait en aucune manière être rejetée par une forme déterminée de production sociale, que seule pouvait être modifiée la forme de son exécution (K. Marx, Lettres choisies, Moscou, 1953, p. 208). On peut établir des proportions économiques, soit dans le cas de forces économiques spontanées, soit dans celui d'une activité consciente des hommes. Avec le mode capitaliste de production où prédomine la loi de la concurrence, la répartition du travail social dépend d'un transfert spontané de capitaux d'une région à une autre. A la suite du déplacement des capitaux, intervient le mouvement de la main-d'œuvre. Il s'ensuit que dans la production sociale, naissent inévitablement des distorsions, des crises de surproduction. Avec le mode socialiste de production, fondé sur la propriété collective des moyens de production, s'établit un système particulier de proportionnalité, c'est-à-dire de concordance déterminée entre les secteurs et les sphères de l'économie nationale. La conformité au plan, comme l'a remarqué V.I. Lénine, implique une proportionnalité constante, sciemment déterminée. Par « proportionnalité » dans le développement de l'économie socialiste, il faut comprendre, tout d'abord, un système de proportions et de rapports de reproduction objectivement déterminés, système qui correspond au mode socialiste de production et varie en fonction du développement des forces productives et, également, la réalisation des concordances déterminées entre les différents secteurs et sphères de l'économie nationale, qui permet d'augmenter le rendement de la production sociale. Ce problème est étudié en détail dans les travaux de Kurskij (24), Sorokin (44), Bor (271), qui se fondent sur ces proportions économiques essentielles: les corrélations entre la production des moyens de production et celle des biens de consommation, entre la production des instruments de travail et celle des objets de travail, entre l'industrie et l'agriculture, entre l'augmentation de la production et celle du trafic de marchandises ; et également la répartition territoriale des forces productives et la reproduction dans les différents pays socialistes. On trouve une étude plus générale de la planification dans l'ouvrage déjà mentionné de §ik (122); il subordonne les lignes directrices du développement au calcul de tous les rapports existant intérieurement dans l'économie 10

LES BASES ÉCONOMIQUES DE LA PLANIFICATION

nationale; il doit s'ensuivre une correspondance maximale entre l'activité économique planifiée et son développement futur réel, la proportionnalité — dans sa définition — étant le rapport réciproque entre la production et la demande. Dans l'ouvrage de Mine (99) est développée la thèse selon laquelle la planification se présente comme le passage d'un état de proportionnalité à un autre. Le problème des taux et des proportions est assurément le problème central de la planification de l'économie nationale. De nombreuses recherches publiées dans les pays socialistes ont été consacrées aux questions générales de la proportionnalité et à son rôle dans la planification (cf. les ouvrages cités dans la bibliographie, La). Ces auteurs partent des positions de la reproduction, qui établissent des liaisons et des proportions objectives entre les principaux éléments de l'économie nationale prise dans son ensemble, et qui doivent apparaître à la fois dans l'établissement des plans de l'économie nationale et dans le processus de leur réalisation. Ces liaisons et ces proportions ont un caractère dynamique, qui varie en fonction du développement des forces productives et du progrès technique. C'est évidemment dans la recherche de la concordance entre les secteurs de l'économie nationale considérée comme un tout, lors de l'évolution des taux et des proportions, qu'apparaissent les principaux problèmes de la planification. Leur solution dépend selon Notkin (144, p. 4), de l'étude des facteurs et des conditions économiques qui déterminent les taux de la reproduction. Les proportions dans le développement de l'économie socialiste apparaissent, tout d'abord comme une variation dans la structure du produit social et du revenu national, et ensuite, comme les proportions de la répartition de la main-d'œuvre. La découverte d'un optimum entre les éléments de la reproduction — optimum permettant d'atteindre les taux de croissance les plus élevés dans les domaines de la production et de la demande — apparaît donc comme l'objectif de la planification. Les questions de la planification des taux et des proportions du produit social et du revenu national sont étudiées dans les ouvrages figurant dans la Bibliographie (II.2) et également dans les ouvrages d'économie politique mentionnés dans la première partie. Il convient de remarquer que l'Economie politique et la théorie de la planification dans les pays socialistes considèrent le produit social et le revenu national comme le résultat de la production de biens matériels, en excluant la somme des services qui est comprise dans le calcul du revenu national par les économistes et les statisticiens des Etats-Unis et d'autres pays. 11

ÉTAT DES RECHERCHES

Pour la planification de l'augmentation du produit social et du revenu national, on part donc, d'une part, des ressources en matières premières et en main-d'œuvre dont dispose le pays, et d'autre part, des besoins généraux délimités, pour la période fixée par le plan. Le système des proportions du produit social englobe: a. Des proportions physiques, c'est-à-dire la structure du produit social par subdivisions, secteurs et à l'intérieur des dites subdivisions et secteurs. b. Des proportions monétaires, c'est-à-dire, la corrélation entre le produit social et le revenu national, la répartition du revenu national en fonds de consommation et fonds d'accumulation. Quelle est la signification de ces deux aspects du processus de reproduction pour la planification de l'économie nationale? La planification de l'économie nationale a pour but la satisfaction des différents besoins de la société socialiste, en biens de consommation pour les populations et en biens industriels pour l'économie nationale. Ce problème est résolu par la planification du volume et de la structure des moyens de production et des biens de consommation. Le développement de l'économie nationale implique également la réalisation d'une autre tâche issue du mécanisme du processus de reproduction: la répartition du produit social brut selon les objectifs économiques essentiels, la compensation des fonds de consommation et la création du revenu national qui se subdivise en fonds de consommation et fonds d'accumulation. Entre ces deux aspects de la reproduction — physique et monétaire — interviennent des interactions complexes,et c'est à la recherche de leur optimalité que tend la planification de l'économie nationale. La corrélation dans le développement de la production entre les moyens de production et les biens de consommation a une signification déterminante dans le système des proportions de l'économie nationale; elle est directement liée à la planification de la corrélation entre la production, l'accumulation et la consommation. Les proportions, les taux de croissance et la structure de la production des moyens de production déterminent la planification de celle des biens de consommation, étant donné que la production est finalement destinée à la consommation. Le niveau de la production des biens de consommation apparaît comme un élément essentiel de proportionnalité. Dans la reproduction socialiste, la corrélation systématique des deux secteurs est fondée sur la liaison immédiate entre la production et le besoin personnel. De son côté, Mine (99) remarque que les proportions économiques peu12

LES BASES ÉCONOMIQUES DE LA PLANIFICATION

vent être considérées, à la fois comme des rapports quantitatifs entre les grandeurs socio-économiques, (la répartition du revenu national en fonds de consommation et fonds d'accumulation et, suivant le revenu des différentes couches sociales), et comme des proportions technico-économiques qui varient en même temps que le progrès de la technique. Aussi, pour établir un choix optimal dans le développement des secteurs, faut-il selon Spëvâcek (174) évaluer la structure sectorielle d'après les dépenses de travail, de matériel, de capital, le taux d'utilisation des fonds fixes et la rentabilité, c'est-à-dire d'après les facteurs qui influent sur les taux et sur les proportions. Les grandeurs essentielles, la structure de la production industrielle, la mesure des besoins de la production, le taux de croissance de la production des moyens de production, résultent selon l'auteur, de la fixation des grandeurs et de la structure des dépenses matérielles et du volume de la production indispensable, en prenant pour base la balance statistique des liaisons intersectorielles et de leurs coefficients techniques. Spëvâcek intervient contre la fixation de taux à priori. Cependant, comme le remarque Kouba (163), les taux et les proportions ne constituent pas une fin en soi mais doivent assurer une augmentation rapide du revenu national; cet auteur recommande de tenir compte au maximum des facteurs qui limitent le revenu national et de déterminer la structure sectorielle de la production et des investissements sur la base du volume et de la structure de la demande improductive. La structure du produit social, sa division en différents secteurs, sont déterminées avant tout, par les proportions entre les secteurs A (industrie lourde) et B (industrie légère) dans l'industrie. Celle-ci apparaît sans nul doute comme l'origine de la production des instruments de travail pour tous les secteurs de l'économie nationale, et comme la base de la production agricole et de ses rapports essentiels avec les différents secteurs de la consommation. Barbu (156) énumère les bases de l'influence du secteur A sur l'augmentation de la consommation, de la façon suivante: 1. la fourniture des moyens de production agricole, 2. la production de matières premières chimiques pour les produits courants, 3. l'équipement technique pour les industries alimentaires et les industries légères. Dans l'ouvrage de Lange (164) consacré à la théorie générale de la reproduction, l'auteur démontre, en particulier, que, plus est élevé le coefficient de dépenses des moyens de production dans les secteurs I et II, plus est grande la part du secteur I dans la production globale. Et même si les 13

ÉTAT DES RECHERCHES

coefficients de dépenses dépendent uniquement du niveau actuel de développement de la technique, le coefficient d'accumulation pour la reproduction élargie des moyens de production dans les deux secteurs est déterminée par la décision économique du choix de la variante. En régime socialiste, c'est le rôle du plan. Si la part de l'accumulation destinée à l'augmentation de la masse des moyens de production dans les deux secteurs augmente, la production dans le secteur I augmente plus rapidement que dans le secteur II. La corrélation est déterminée non par la structure organique du capital, mais par les dépenses des moyens de production dans un cycle de production donné. Si

— = 1 , estime Lange, le processus de reproduction se Vt + M t — C2 trouve en équilibre; dans cette formule: Q = la part de l'accumulation destinée à l'augmentation des moyens de production V j = la rémunération de la main-d'œuvre qui crée les moyens de production M x = la plus-value créée dans le secteur I C 2 = les moyens de production dans le secteur II L'établissement de proportions entre les secteurs qui produisent les moyens de production et ceux qui produisent les biens de consommation dans l'industrie, exige une estimation concrète du niveau de production et des exigences du progrès technique, et la détermination des besoins des populations à chaque étape de la planification. Le taux de croissance et les poids spécifiques des secteurs A et B n'apparaissent pas comme des indices du plan pré-établis, mais comme les résultantes de la planification concrète des différents secteurs, compte tenu de la balance de matières premières et des capacités de production. Dans l'économie de l'U.R.S.S. comme dans celle de certains pays socialistes, on a découvert ces dernières années, une disparité entre les taux de croissance des deux secteurs de la production industrielle. Pour atteindre un niveau élevé de production de moyens de production, il faut que la planification de l'accélération des taux de production des biens de consommation soit régulière. Ceci demande d'une part, des taux de développement plus rapides dans l'agriculture et un élargissement considérable de la production, en vue de la production des biens de consommation, et d'autre part, une utilisation plus efficace des moyens de production disponibles dans l'économie nationale. La structure de la production des moyens de production dans l'industrie 14

LES BASES ÉCONOMIQUES DE LA PLANIFICATION

est déterminée par la corrélation entre les instruments et les objets de travail et par la structure de leurs éléments. Dans la production des objets de travail, il convient de distinguer trois groupes de secteurs qui remplissent des fonctions différentes dans le processus de la reproduction: les secteurs producteurs de matières premières et de matériel, les secteurs producteurs de combustibles et l'énergie électrique. Dans chacun de ces groupes de secteurs, comme le montre l'expérience de la planification de l'économie en U.R.S.S. il se forme une structure progressiste déterminée par le progrès technique. Selon Bajec (55), l'importance des secteurs qui assurent une croissance rapide de l'ensemble de l'économie témoigne de la structure progressiste de celle-ci et de la nécessité de créer les conditions d'une augmentation plus rapide du fonds d'accumulation. Ainsi, par exemple, la structure de la production de matières premières varie en fonction de l'augmentation de la part des produits chimiques; on constate des progrès dans la structure de la balance des combustibles, compte tenu du pétrole et du gaz, alors que l'industrie du charbon reste stationnaire; enfin, la structure de la balance énergétique peut être modifiée en tenant compte de l'augmentation de la part de l'énergie électrique dans la production et la consommation de sources d'énergie. L'industrie chimique occupe une place importante à l'heure actuelle car elle entraîne la rationalisation de la structure des moyens de production et de la production sociale. Elle se trouve à la jonction des secteurs qui produisent les moyens de production et les biens de consommation, tout en contribuant au rapprochement des taux de croissance des principaux secteurs de la production industrielle. L'industrie chimique dans les pays socialistes connaît des taux de croissance qui dépassent de beaucoup ceux des autres industries. La planification en U.R.S.S. prévoit dans les années à venir, que la chimie sera très utilisée pour les besoins de l'agriculture et de la production de biens de consommation et que la part des produits chimiques dans la balance de matières premières de l'industrie lourde augmentera également. D'autres conditions essentielles à la formation d'une structure progressiste de la production sociale sont évidemment constituées par le développement accéléré de l'énergie électrique et l'élaboration rationnelle d'une balance énergétique. L'ouvrage de Fel'd (205) où l'électrification apparaît comme le pivot de la base matérielle et technique de l'économie nationale est consacré notamment à ce problème. La planification de l'électrification suppose à l'origine l'augmentation de la capacité des centrales électriques et des taux de production élevés qui dépassent de beaucoup les 15

ÉTAT DES RECHERCHES

taux de croissance de l'industrie dans son ensemble: les variations progressives dans la structure de la production et de la demande de combustibles sont déterminées par le dépassement des taux d'augmentation de l'extraction de pétrole et de gaz par rapport à celle du charbon. Dans la balance énergétique, doivent se refléter, comme l'estime Fel'd, non seulement les progrès dans la production et la demande de ressources déterminées par le progrès technique et l'organisation du travail social, mais également les possibilités de substitution des différentes sources d'énergie, celles de transformation d'une sorte d'énergie en une autre, et celles