L' adjectif démonstratif dans la langue de la Bible latine: Étude sur la formation des systémes déictiques et de l'article défini des langues romanes 9783111328515, 3484520302, 9783484520301


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French Pages 229 [232] Year 1971

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Table of contents :
AVANT - PROPOS
TABLE DES MATIÈRES
BIBLIOGRAPHIE
VERSIONS LATINES DE LA BIBLE
PREMIÈRE PARTIE. INTRODUCTION
1. État de la question
2. Buts et méthodes de cette étude
3. Systèmes déictiques latin et romans
DEUXIÈME PARTIE RÉSULTATS GÉNÉRAUX
TROISIÈME PARTIE. LES DIFFÉRENTS DÉMONSTRATIFS
1. HIC
2. ISTE
3. ILLE
4. IS
5. IPSE
6. IDEM
QUATRIÈME PARTIE. QUESTIONS PARTICULIÈRES
1 . Démonstratifs auprès d'un numéral
2. Contextes particuliers
3. La position de ILLE et celle des autres démonstratifs
4. Les démonstratifs en position articulatoire
5. Constructions ambiguës du type «.patris eius»
6. Démonstratifs accompagnant un participe
7. Deux démonstratifs
8. Emploi de IPSE auprès d'un pronom personnel
9. Hic mundus et similia
10. OMNIA HAEC et similia
11. HUIUSMODI et similia
12. Particularités morphologiques et phonétiques
CINQUIÈME PARTIE. CONCLUSION (Thèses)
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L' adjectif démonstratif dans la langue de la Bible latine: Étude sur la formation des systémes déictiques et de l'article défini des langues romanes
 9783111328515, 3484520302, 9783484520301

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BEIHEFTE

ZUR

Z E I T S C H R I F T FÜR R O M A N I S C H E BEGRÜNDET VON GUSTAV

GRÖBER

FORTGEFÜHRT VON WALTHER VON HERAUSGEGEBEN

VON KURT

125. Heft

PHILOLOGIE

WARTBURG

BALDINGER

FRITZ ABEL

L'adjectif démonstratif dans la langue de la Bible latine Étude sur la formation des systèmes déictiques et de l'article défini des langues romanes

MAX NIEMEYER V E R L A G TÜBINGEN 1971

Die vorliegende Arbeit wurde von der Philosophischen Fakultät der Universität Tübingen als Dissertation zur Erlangung des Doktorgrades angenommen. Gedruckt mit Unterstützung der Deutschen Forschungsgemeinschaft ISBN 3-484-52030-2 © Max Niemeyer Verlag Tübingen 1971 Alle Rechte vorbehalten. Printed in Germany Satz und Druck: Allgäuer Zeitungsverlag Kempten Einband von Heinr. Koch Tübingen

AVANT-PROPOS

L'étude que nous présentons ici cherche à fournir une description «synchronique» aussi détaillée que possible de l'emploi des adjectifs démonstratifs latins dans des textes particulièrement significatifs du point de vue de la diachronie. S'appuyant sur les méthodes du structuralisme fonctionnel, elle propose de nouveaux arguments pour la résolution des questions difficiles posées par la formation des systèmes déictiques et de l'article défini des langues romanes. Au terme d'un travail qui l'a accompagné pendant cinq ans, l'auteur tient à remercier chaleureusement tous ceux qui, pendant tout ce temps, ont facilité sa tâche. Sa gratitude va tout d'abord au Professeur Eugenio Coseriu qui lui a confié le sujet de cette étude, et à qui il doit tant de conseils utiles et de suggestions précieuses. Sans son aide efficace, ce travail n'aurait jamais vu le jour. L'auteur tient aussi à exprimer sa vive reconnaissance pour leur extrême amabilité au Docteur Bonifatius Fischer O S B , directeur du Vetus-LatinaInstitut de l'abbaye de Beuron, et au Docteur Ehlers, directeur du Thesaurus Linguae Latinae à Munich, qui, en lui accordant des entretiens et en lui ouvrant l'accès de leurs bibliothèques, lui ont évité bien des recherches inutiles. Cette aide a été d'autant plus précieuse que, pendant la période consacrée à cette étude, l'auteur a également enseigné, d'abord comme lecteur et assistant associé à la Faculté des Lettres de Toulouse, puis comme Referendar au lycée de Spire, et enfin comme Akademischer Rat à la Faculté des Lettres de Tübingen. Q u e le lecteur attentif qui découvrira une erreur d'addition dans tel tableau ou de citation dans tel chapitre veuille bien pardonner ces méprises : bien souvent l'auteur a dû se consacrer avant tout à sa tâche d'enseignant. (Tous les chiffres et toutes les citations ont été revus au moins deux fois, les erreurs qui peuvent subsister ne devraient en rien modifier les résultats de l'étude.) Ma reconnaissance va encore à Madame Zundel-Ben Khemis, archiviste paléographe à la Bibliothèque Nationale à Paris, qui s'est chargée avec un dévouement inégalable de la révision stylistique d'une partie importante de mon travail; ma femme ne m'a pas moins aidé en relisant les différentes versions successives de mon manuscrit. Il m'est malheureusement impossible de mentionner ici tous les maîtres dont l'enseignement a profité à mon travail, de nommer tous les collègues (linguistes, philologues classiques, hispanistes ou romanistes), qui à Toulouse ont trouvé le temps de discuter avec moi les problèmes de mon étude. A tous, V

je reste profondément reconnaissant. Qu'ils me permettent de dédier mon travail plus particulièrement à deux d'entre eux, le latiniste Wilhelm Süß et le romaniste Gerhard Rohlfs. C'est à la suite de conversations avec ces deux éminents savants que je me suis décidé, au printemps 1965, à étudier la formation des systèmes déictiques et de l'article défini dans la langue de la Bible latine. La «Studienstiftung des deutschen Volkes» m'a aidé pendant mes études dans des situations matérielles parfois difficiles. La 7rou èxcivou seront pires que les premières, ms e hominis huius. HUIUS est sans doute appelé par les mss ff2, i, 1, q qui ont «buiusmodi hominis». L 20.35 Les enfants de ce monde (TOÛ attôvoç TOUTOU) prennent femme ou mari, mais ceux qui seront dignes TOO alûvoç êxeivou et de la résurrection des morts . . . mss d, q saeculi huius pour: TOO atfijvoç èxetvou. L'emploi de HIC n'a aucun sens, mais s'explique facilement par le contexte.

1.21}

6Ss

Dans les textes bibliques dépouillés pour cette étude, 68e n'est utilisé de façon incontestable qu'une seule fois, et il a dans ce passage (voir 3.216) une signification très particulière. Dans la tradition manuscrite de deux autres passages, 68e se confond avec des adverbes de temps ( T O T E ) ou de mode (¿Se). Si les traducteurs latins utilisent un adjectif démonstratif dans la traduction de ces deux passages, ils choisissent toujours HIC. Dans le contexte le choix de HIC correspond aux normes classiques et n'a rien d'étonnant. Gamme HIC correspond ici à un texte grec particulier, les deux passages sont néanmoins mentionnés: Gen 43.21 Les frères de Joseph ont trouvé de l'argent dans leurs sacs. Ils en parlent à l'intendant de Joseph: Lorsque nous avons ouvert ces sacs, T Ó S E T Ò àpY'ipiov. Variante: TÒTE sûpojxev TÒ àpyipiov. Les variantes du texte grec se reflètent dans les traductions latines, où seule la version A utilise un démonstratif: aperuimus saccos nostros ei hoc argentum uniuscuiusque in sacco suo. (Sans autre verbe.) Mt 14.8 La mère de Salomé: Apporte-moi la tête de Jean ¿>8e (sans 1 souscrit chez Nestle) èrti 7tivaxi ms a in hoc disco ms k hoc in catino.

1.22

Alternances

Voir Tableau 1.02, 1.05. 1.220

Remarques préliminaires

Les passages où une partie des traductions latines emploie à côté de HIC d'autres démonstratifs latins pour OUTOÇ, sont particulièrement significatifs pour une étude des fonctions de ILLE dans la langue de la Bible latine. 43

175 des J49 passages qui traduisent oûxoç utilisent exclusivement HIC dans toutes les traductions latines. Dans tous les autres cas, une partie des traducteurs choisit un autre démonstratif latin pour rendre le même démonstratif grec.

I.22I

ISTE

L'emploi de plusieurs démonstratifs différents peut provenir d'une interprétation différente du texte grec, mais il est fort peu probable qu'une partie des traducteurs latins eût choisi ISTE à côté de HIC dans 149 des 349 passages qui traduisent ouxoç, si ISTE n'avait pas été considéré comme équivalent de HIC. L'alternance HIC - ISTE se retrouve, avec des différences de degré assez significatives, dans toutes les versions de la Bible latine. Parmi les 149 passages en question, on peut distinguer trois types d'attestations. L'énorme majorité des passages (97) manifeste une préférence marquée pour HIC. ISTE ne se trouve que dans une minorité de versions. Exemples : L 1 1 . 3 0 xfj yeve^ Taurfl mss c, f, f f 2 in generatione hac mss b, d, q générationi buic mss a, r buic generationi ms aur; V generationi isti. L II.32 (LEXÀ RÏJÇ Y£VE&Ç XAISX7)Ç mss aur, f, ff2, q, b, V cum generatione bat ms a cum gente hac mss r, e cum ista progenie ms i cum viris generationi: huius. L 1 1 . 5 1 &kb xvjç yeveâç Taôrrçç mss aur, b, f, i, 1, q, r ; V ab bac generatione ms a a gente bac ms d a generatione bac ms c a progenie hac ms e a saeculo isto. Les 18 passages qui emploient HIC et ISTE à peu près dans le même nombre de msi constituent un deuxième type de traduction. L 9.44 xoùç Xàyouç TOUTOUÇ mss b, q, ff2, 1 sermones bos mss aur, f , r, e; V sermones istos ms a verba haec ms c haec ms d verba ista. L 23.14 èv T£p àv&pcàlKp XOlixCp mss b, q in hoc bomine ms d in eo ms r in hoc

44

ms a in bomine hoc mss ff2 in hominem isto (sic) mss aur, c, f ; V in bomine isto mss e, 1 in bominem (sic). L 24.18 èv ralç i)népaiç TauTatç mss aur, b, ff2,1, V (in) bis diebus ms r in diebus bis mss a, d, f in diebus istis ms c, e in istis diebus. On peut ajouter à cela une troisième catégorie, constituée par les 34 passages qui emploient ISTE dans la majorité des mss. L 3.8 ÎY. TÔV XtôiùV TOÙTOIV mss a, aur, b, c, d, f, ff8, q, r ; V de lapidibus ms 1 de bis lapidibus ms e de istis lapidibus. L 13.16 Smb TOO Sea|xoû TOUTOU mss aur, c, ff2, i, 1, q, r ; V a vinculo ms f a vinculis istis mss a, a 2 , d a vinculo hoc mss b, e a vinculo. L 24.11 Tà ¡Sr)|i.aTa xaura mss aur, b, c, ff2,1, e; V verba mss a, d verba haec.

istis

isto

ista

Compte tenu des textes classiques où ISTE est l'adjectif démonstratif le moins employé, il n'est pas étonnant que les passages qui hésitent entre HIC et ISTE comme traduction de OUTOÇ choisissent beaucoup plus souvent HIC que ISTE. L'augmentation de l'emploi de ISTE reste néanmoins très importante. Pour la langue de la Bible latine, on peut affirmer à partir d'arguments d'ordre numérique que HIC et ISTE y sont normalement interchangeables. Les passages qui ne choisissent que HIC comme traduction de OUTOÇ ne se distinguent en rien de ceux qui emploient concurremment ISTE dans une partie des versions latines. Il découle implicitement de la fréquence de l'emploi de HIC que l'utilisation de ce démonstratif n'est en général pas due à des raisons particulières. Par contre, il est facile de trouver des raisons qui expliquent l'emploi de ISTE.

Elles seront exposées dans la partie de cette étude consacrée à

ISTE

(voir

2.221).

La seule remarque sur la concurrence entre HIC et ISTE qui s'impose ici est que l'emploi de ces deux démonstratifs dépend considérablement de préférences individuelles. La preuve la plus sûre en est fournie par les mss e et k, qui constituent la Afra de Jtilicber, Leur texte a déjà été étudié par Soden, qui a également remarqué la préférence de ces deux mss pour l'emploi de ISTE (p. 84). 45

Le ms e contient 89 des 124 passages des Évangiles qui hésitent entïe HIC et ISTE pour traduire ouxoç. Dans 75 de ces passages le ms e choisit ISTE, se trouvant 44 fois en accord avec d'autres mss: M t 15.8, 15.54, 1 8 . 1 0 , 1 8 . 1 4 , 19.1, 28.15.

L 1.24, 1.61, 1.66, 2.19, 3.8, L 4.36, 7.17, 7.44, 9.28, 9.44, 11.29,

ll-

5 z,

I2.4i,

15.3, 16.26, 17.25, 18.9, 18.30, 19.42, 20.19, 2I -4> 2 1 . 3 6 , 22.42, 23.48, 2 4 . 1 1 , 24.18. J 4 . 1 3 , 4 . 2 1 , 6.58, 6.60, 7.8, 7.36, 7.46, 9.24, 12.27, 12.34, 1 3 . 1 .

Dans 31 passages, le ms e est seul à choisir ISTE : Mt 19.20, 24.2, 24.33, 24.34 W , 24-34 (2). L 1.65, 2.15, 4.21, 4.23, 8.9, 9.13, 11.51, 1 2 . 1 0 , 13.6, 13.7, 16.24, I 7 - 1 8 . 1 8 . 1 1 , 1 8 . 2 1 , 20.2, 2 1 . 3 , 2 1 . 2 3 . J 2.19, 2.20, 4.20, 6.34, 7.49, 8.23 (1), 8.23 (2), 18.36 (1), 18.36 (2).

(Les chiffres entre parenthèses désignent différentes attestations dans le même verset.) Dans onze cas, le ms e choisit HIC, bien que d'autres mss préfèrent ISTE: L 4-3. 2 3 - 4 . 23-14, 23.47, 24.9, 24.17, 24.21. J IO.I9, l z - 2 J y 18.29, 21.23.

(Le texte que donne le ms e de L 22.29-24.11 provient d'une autre version; cf. Burkitt, Itala Problems, Homm. Amelli, 1927; Tonneau, Revue Biblique 1927, p. 309311 ; communication du P. Fischer.) Trois passages ne contiennent pas de démonstratif dans le ms e, bien que le texte grec p r é s e n t e OSTOÇ ( L 2.25, 1 3 . 1 6 , 23.14).

Les proportions sont encore plus claires pour le ms k. Il contient seulement 22 des 124 passages et choisit 18 fois ISTE, 12 fois en accord avec d'autres mss: M t 1 0 . 2 3 , 1 0 . 4 2 , 1 1 . 1 6 , 1 2 . 3 2 , 1 2 . 4 1 , 1 2 . 4 2 , 1 3 . 5 4 , 1 3 . 5 6 . M e 10.5, 1 0 . 3 0 , 1 3 . 3 0 , 1 4 . 7 1 .

Six fois le ms k est seul à choisir ISTE:

M t 7.28, 9.26, 10.5, 13.34. M e 10.20, 1 2 . 1 6 .

Dans les quatre passages qui restent, le ms k choisit une fois HIC (Me 14.4), une fois tester (Me 9.42) et deux fois l'absence de tout démonstratif (Me 8.38, 14.9).

L'examen du ms qui utilise le plus volontiers le démonstratif HIC fournit des résultats bien différents: Le ms d contient 108 des 124 passages des Évangiles qui emploient concuremment HIC et ISTE comme traduction de OSTOÇ. Il choisit 90 fois HIC, en général en suivant la majorité des autres mss (69 fois), douze fois en accord avec une minorité de mss seulement : M t 1 2 . 4 1 , 12.42, 26.31, 28.15. L 1.29, 2.25, 11.50, 1 2 . 1 0 , 1 3 . 1 6 , 20.19, 21.36, 24.11.

Pour neuf passages seulement, le ms d est le seul à employer HIC : M t 10.23,

IO-42,

n . i 6 , 13.56, 1 8 . 1 4 , I 9 - 1 , 19.11. M e 13.30. L 1.66.

Dix-sept passages où le ms d choisit ISTE prouvent facilement que sa préférence pour HIC n'est ni absolue ni générale, mais qu'elle correspond plutôt à une certaine excentricité. Car dans l'emploi de ISTE, le ms d suit neuf fois seulement la majorité des autres mss (Me 4.10, 8.12, 10.5, 14.4, 14.5, 14.71. L 3.8, 9.44, 24.18 ; un passage sans démonstratif L 23.48).

Dans les autres cas, il s'y oppose presque intentionnellement; trois fois le ms d choisit même ISTE contrairement à tous les autres (Mt 26.42. L 1.39, 24.21. Mt 12.32. L 1.24, 4.3, 21.4).

Pour un passage particulier, où le ms d emploie à la fois HIC et ISTE (L 24.17 ista verba haec) voir 2.235. L'excentricité du ms d se manifeste aussi par le fait que dans dix passages, où ce ms suit la majorité des autres mss en employant HIC, il est seul à préférer la postposition du démonstratif: L 2 . 1 5 , 1 2 . 4 1 , 16.26, 1 7 . 1 8 , 18.30, 24.9. J 6.60, 9.24, 12.25, I 3 - 1 -

46

Compte tenu de tous ces détails, il semble indiscutable que la préférence du ms d pour l'emploi de HIC soit due au souci d'écrire une langue un peu recherchée. L'emploi de ISTE dans les mss e et k suggère plutôt l'interprétation inverse.

1.222

ILLE

Pour ce qui est des autres alternances relevées dans des passages où HIC traduit un démonstratif grec, elles sont trop peu nombreuses pour que l'on puisse penser, comme dans le cas de la concurrence de HIC et de ISTE, à un

rapprochement fonctionnel des différents démonstratifs en question. Seuls les passages qui emploient ILLE à côté de HIC exigent un commentaire. Les passages où HIC alterne avec d'autres démonstratifs (is, IPSE, IDEM) sont

sans importance pour le sujet de cette étude, puisqu'il s'agit de cas isolés, conditionnés par des faits sans signification pour l'évolution romane. Les 23 passages, par contre, où ILLE alterne avec HIC sont particulièrement

significatifs, car un des résultats les plus importants de cette étude sera la constatation que l'extrême augmentation de l'emploi de ILLE ne concerne

qu'un deuxième degré déictique, où le démonstratif sert à marquer la distance. Dans les passages où ILLE ne se trouve pas à la place d'un démons-

tratif grec, il n'empiète pratiquement jamais sur le domaine de HIC et de ISTE. Par contre, HIC traduisant ouroç est parfois employé dans un contexte où l'on attendrait un emploi de ILLE, le démonstratif grec y marquant

plutôt une certaine distance. Cela provient sans doute d'un réflexe des traducteurs, qui ont l'habitude de reconnaître en OÎJTOÇ un équivalent de HIC ou de ISTE. Uemploi assez étendu de ILLE dans quelques passages de ce genre montre cependant que la conscience de la valeur propre de ILLB comme marque de la distance est assez vivante. Cela est particulièrement sensible dans les traductions de la formule èv XAUTAIÇ TOCÏÇ i)|xépaiç, qui est rendue dans presque toutes les versions latines par «in diebus illis» dans les trois passages où elle désigne les jours passés (L 1.39, 6.12, 25.7); les seules exceptions sont le ms d pour L 1.39 (ISTE) et le ms a pour L 23.7 (HIC). Cette traduction n'est certainement pas due à la seule analogie de la formule èv Tcàç •fyiipaiç èxeivaiç, puisque un passage où èv raïç Y]|i.épaiç xauxaiç désigne le présent (L 24.18) n'emploie que HIC et ISTE: L 24.18 Les pèlerins d'Emmaus: Es-tu le seul habitant de Jérusalem qui ignore ce qui s'est passé èv TOCÏÇ ^(XÉPATÇ RAÙXAIÇ ? mss aur, b, ff2,1; V (in) bis diebus ms r in diebus bis mss a, d, f in diebus istis mss c, e (in) istis diebus. De la même façon, on constate que, pour un passage qui désigne la nuit de la fin du monde par xaiirn Tfj vux-ti (L 17.34), HIC n'est choisi que dans deux mss (a, d), tous les autres mss, sauf q, utilisent ILLE; le ms q évite également un emploi de HIC et de ISTE; il utilise IPSE. Pour la majorité des traducteurs, «bac tiocte» signifiait sans doute encore «proxima nocte». Mais il faut tenir compte aussi de l'expansion de la signification eschatologique de ILLE (voir 3.231).

47

Malgré la présence d'un pronom personnel de la première personne, ILLE est la seule traduction utilisée pour OUTOÇ dans un contexte où le démonstratif ne contient aucune notion de proximité (L 19.27). Il n'exprime qu'une anaphorie très éloignée: Amenez-moi ROÙÇ ¿/S-poûç |xoo TOUTOUÇ (les È^^poi sont mentionnés pour la dernière fois au v. 14). Lors de la désignation de personnes absentes, quelques mss emploient ILLE pour traduire ofrroç, même si le contexte immédiat du passage parle des mêmes personnes. L 15.32 Les pharisiens à Jean: Va-t-en, Hérode veut te faire tuer. Réponse de Jean: Dites T7) àXûirexi TAURFL.. . . Quatre mss emploient HIC, les autres préfèrent ILLE. ILLE aurait-il ici une valeur péjorative? L 13.2 Croyez-vous que oi raXiXocïoi ouxoi (dont la mort est mentionnée dans le contexte) aient été plus coupables que . . . Ici, seul le ms r utilise ILLE, tous les autres mss emploient HIC OU ISTE. On note la même hésitation dans J 18.17. La servante demande à la porte: N'es-tu pas aussi un disciple TOÛ àv&pti>7rou TOUTOU ? (Jésus est interrogé devant Anne et Caïphe.) ms a ILLE ms aur; V ISTE tous les autres mss : HIC (Valeur péjorative de ILLE ?) A côté de ces quelques passages, où ILLE semble rendre une notion de distance contenue dans OSTOÇ, quelques autres passages utilisent OUTOÇ presque avec la valeur d'un démonstratif neutre, qui peut être compris à la fois comme marque de la distance et de la proximité. Ces passages aussi provoquent un emploi de ILLE dans un manuscrit. Trois passages de ce genre concernent un contexte identique : Après un discours de Jésus, les gens se posent des questions sur ce discours. (L 9.45 (1, 2); J 7.40.) La majorité des mss préfère HIC et ISTE.

1.23

Fonctions de HIC

1.230

Résultat général

Les passages bibliques qui traduisent un démonstratif grec par HIC, rendent ainsi, comme on l'a vu, presque exclusivement le démonstratif ofrroç. HIC a donc essentiellement la même fonction que O&TOÇ, c'est-à-dire qu'il désigne un premier degré déictique, où il marque la proximité. La suite de cette étude montrera (voir 1.32) que HIC a aussi cette même fonction dans les passages où il ne se trouve pas à la place d'un démonstratif grec. Il est évident que ces passages sont plus significatifs pour une description des fonctions de HIC dans la langue de la Bible latine que les passages où le démonstratif latin est provoqué par un démonstratif grec. Ici, on ne trouvera donc qu'un relevé des fonctions les plus courantes de HIC. Les parties de cette étude consacrées à l'empoi de HIC dans les passages où il ne correspond pas à un démonstratif grec examineront en détail les fonctions de HIC dans chacun de ces passages. 48

1.231

HIC

avec les fonctions de

ISTE

Par rapport aux normes classiques, l'importance d'une étude de l'emploi de HIC dans la langue de la Bible latine provient surtout du fait que la multiplicité des versions latines de la Bible (voir Introduction 2.221) démontre d'une façon indiscutable qu'il n'y a plus de différence fonctionnelle claire entre HIC et ISTE, et que la confusion dans l'emploi de ces deux démonstratifs fait augmenter la fréquence de l'utilisation de ISTE. HIC se trouve de préférence dans des formules relativement fixes. E n latin classique (voir p. 25), HIC désigne normalement le domaine de la personne qui parle, ISTE celui du deuxième interlocuteur. L'abandon de la distinction entre HIC et ISTE dans les textes bibliques a certainement été favorisé par le texte grec, qui ne dispose plus que d'un seul démonstratif pour marquer un premier degré déictique exprimant la proximité. Mais la confusion entre Hicet ISTE n'aurait pas pu atteindre un tel degré, si les traducteurs avaient encore eu conscience des différences fonctionnelles qui existaient dans la langue classique entre HIC et ISTE. Les 375 passages qui traduisent QUTOÇ emploient tous HIC ou ISTE, mais seulement 26 passages emploient ISTE exclusivement. Les traducteurs hésitent entre HIC et ISTE dans 160 passages, bien que OSTOÇ n'y ait pas d'autres fonctions que dans les 189 cas qui

présentent exclusivement

HIC

sans qu'il se trouve en alternance avec

ISTE.

La réduction du système déictique à trois degrés de la langue classique à un système à deux degrés, où la proximité est marquée aussi bien par HIC que par ISTE, fait partie des résultats les plus importants de cette étude. Pour l'évolution romane, cette constatation devient d'autant plus significative qu'elle est accompagnée d'une réduction de la disponibilité de HIC, dont l'emploi tend à se concentrer sur quelques formules fixes (voir 1.1). L'abandon de la fonction classique de HIC, qui reliait ce démonstratif à la première personne, est particulièrement sensible dans quelques passages bibliques, où HIC se trouve employé en alternance avec tuus et vester. La parabole de l'Enfant prodigue présente à la fois la tournure «hic filius meus» (L 15.24, le père parle) et un emploi de «hic filius» équivalent de « f i l i u s tuus» (attesté dans d'autres versions, L 15.30, le fils aîné parle). Dans le même contexte, les traductions de ô àSeX7TOu; Les mss latins hésitent entre HIC et ISTE. La Vulgate choisit ISTE. D e u x mss ne présentent aucun démonstratif (b, c). A u c u n e version n'utilise le démonstratif ILLE, que l'on attendrait dans un texte classique.

1.237

Omissions

A la fin de ces remarques sur l'emploi de HIC à la place d'un démonstratif grec dans la langue de la Bible latine, il convient de mentionner encore que dans certains passages, où OUTOÇ est exclusivement traduit par H I C , une partie des versions latines omet HIC. Cela constitue, dans la plupart des cas, l'abandon de l'expression d'une anaphorie plus ou moins directe; le fait n'est pas lié à un contexte particulier, il semble s'expliquer plutôt par l'inattention d'un traducteur ou d'un scribe. Dans certains mss, les omissions de HIC sont plus fréquentes que dans d'autres. Quatre des 15 omissions de HIC que l'on relève dans les Évangiles, se trouvent ainsi dans le ms a (Mt 20.21, 24.14, 26.12, Me 7.6; cf. les omissions de HIC dans le ms e: Mt 21.21, Mt 20.21, L 18.5 ; ms ffa: Me 7.6, L 7.31, J 12.31). Des omissions dues à des intentions stylistiques claires ou à un souci d'hypercorrection, telles qu'on les relève assez souvent dans l'emploi de ILLE (voir 3.236), font totalement défaut pour HIC. Les passages qui n'utilisent que ISTE pour rendre OSTOÇ ne présentent pour ainsi dire pas d'omissions du tout (voir 2.236). Ce fait renseigne en même temps sur l'affaiblissement de la valeur déictique de HIC. On oublie moins facilement un démonstratif plus fort. 1.3

HIC à la place d'un article défini grec

1.30

Remarque préliminaire

L'analyse des passages bibliques qui utilisent l'adjectif démonstratif HIC à la place d'un article défini grec ne tient pas compte des 67 passages où 53

«hic mundus» vel similia traduisent Ô XOCT^OÇ. Ils sont sans importance immédiate pour la formation des systèmes déictiques et de l'article défini des langues romanes. Dans la partie de cette étude consacrée aux «Questions particulières» (n° 9), les passages du type «hic mundus» font l'objet d'un examen détaillé.

I.JI

Attestation

Le résultat le plus important de l'étude de l'emploi de HIC dans les traductions latines de la Bible est certainement le suivant: on constate que ce démonstratif est assez rarement ulilisê à la place d'un article défini grec. En effet, à la place d'un article défini grec, on ne le relève que, d'une part, dans 48 passages où il est seul employé, et, d'autre part, dans 14 passages où il est employé en alternance avec d'autres démonstratifs latins. ILLE se trouve 115 fois seul à la place d'un article défini grec. A cela s'ajoutent 15 passages présentant ILLE en alternance avec d'autres démonstratifs. Ce fait est très étonnant, non seulement parce que HIC est le démonstratif le plus employé en chiffres absolus, mais aussi parce que, comme on le verra, l'extension de l'emploi de ILLE à la place d'un article défini grec ne concerne pas le domaine de HIC. ILLE employé à la place d'un article défini n'exprime nulle part une idée de proximité. Compte tenu du fait que le décalage entre le système déictique du grec et celui du latin est dû principalement à l'existence d'un article défini en grec, on aurait pu s'attendre à un emploi très fréquent de HIC à la place de l'article défini. Dans la plupart des cas, un tel emploi aurait dû être considéré comme un procédé de traduction tout à fait justifié. Le fait que ILLE se trouve néanmoins plus de deux fois plus souvent que HIC à la place d'un article défini grec constitue un indice extrêmement important de la formation d'un article défini à partir de ILLE à l'époque des traductions latines de la Bible. L'examen de l'attestation de HIC dans les différents passages conduit tout d'abord à cet autre résultat important: l'emploi de HIC à la place d'un article défini grec, comme celui de tous les autres démonstratifs latins, ne concerne jamais toutes les versions latines. De ce fait, l'emploi d'un démonstratif latin à la place d'un article défini grec peut toujours être considéré comme explétif. Il n'est dans aucun passage une traduction «nécessaire» du texte grec. Le tableau 1.03, qui présente l'attestation de HIC dans les passages des Évangiles où il se trouve à la place d'un article défini grec, montre en outre l'extrême irrégularité de l'emploi de HIC dans les différents mss. Il est vrai que certains mss manifestent une tendance particulière à l'emploi de HIC, mais cette tendance s'exprime surtout dans des passages où d'autres mss choisissent également le démonstratif. Son emploi semble donc dépendre du caractère du passage en question, plutôt que de préférences individuelles. 54

A ce sujet, il convient de rappeler que l'emploi du démonstratif latin peut évidemment être dû à une variante du texte grec qui nous serait inconnue, et qui pourrait présenter un démonstratif. Notre texte grec n'est pas nécessairement celui qui était à la disposition des traducteurs latins. Les particularités de l'attestation des démonstratifs latins prouvent cependant facilement que leur emploi n'est généralement pas dû à l'influence d'un texte grec inconnu : on trouve des démonstratifs à la place d'un article défini grec dans un nombre si grand de mss qu'il semble impossible que toutes les versions grecques correspondantes aient disparu. D'autre part, si une préférence particulière pour l'emploi du démonstratif se manifeste dans quelques mss déterminés, il est très peu probable qu'une version particulière du texte grec, disparue maintenant, ait présenté constamment un adjectif démonstratif dans des passages où les autres versions ne contiennent qu'un article défini. Si c'est un passage déterminé qui présente le démonstratif dans un nombre particulièrement élevé de mss, il est improbable que cela soit dû à un texte grec aujourd'hui disparu. Car il serait assez étonnant qu'un texte grec ayant servi de modèle à tant de traductions latines, n'ait pas laissé de traces dans les manuscrits du texte grec dont on dispose aujourd'hui. Cette remarque est valable pour l'emploi de tous les démonstratifs latins à la place d'un article défini grec. Pour ce qui est du cas particulier de l'emploi de HIC dans les Évangiles, le tableau 1.03 fournit les renseignements suivants: 28 passages des Évangiles emploient HIC dans la Vulgate et dans 16 mss différents. En moyenne, HIC est attesté par un nombre de manuscrits situé entre deux et trois mss. Le même manuscrit emploie en moyenne HIC dans quatre des 28passages.Le msfchoisit 13 fois HIC à la place d'un article défini, le m s b 11 fois, le ms c sept fois. Sept mss utilisent HIC dans seulement deux des 28 passages. (Ces constatations n'ont qu'une valeur relative puisque tous les mss ne contiennent pas le texte intégral des Évangiles. Voir liste des Versions latines de la Bible.) La Vulgate atteste HIC une seule fois de façon claire; dans deux autres passages, une partie seulement de la tradition manuscrite de la Vulgate contient HIC. ILLE connaît une «densité» d'attestation beaucoup plus grande dans les passages où il est choisi à la place d'un article défini grec (voir 3.31).

1.32

Fonctions de HIC employé à la place d'un article défini grec

1.320

Note préliminaire

Les passages où on trouve un démonstratif latin dans la traduction d'un texte grec ne contenant pas de démonstratif, sont particulièrement significatifs pour une étude des fonctions du démonstratif latin en question, 55

puisque dans ces passages son emploi ne peut pas s'expliquer par l'influence d'un démonstratif grec, à moins que le même contexte ne se retrouve dans d'autres passages grecs, qui, eux, utilisent un démonstratif (cf. 1.326). Pour cette raison et à cause de leur importance générale pour le sujet de cette étude, tous les passages des textes dépouillés qui utilisent un démonstratif latin pour un texte grec sans démonstratif seront exposés en détail par la suite.

I.}2i

HIC comme marque de la présence

Le résultat le plus important de l'étude de la fonction de HIC dans des passages où il se trouve à la place d'un article défini grec, est sans doute le fait que pratiquement tous ces passages emploient HIC d'une façon qui ne s'éloigne guère des normes classiques. Ainsi dans presque une vingtaine des 48 passages bibliques qui utilisent HIC à la place d'un article défini grec, le démonstratif peut être compris comme marquant la présence d'une personne ou d'un objet, ou encore désignant le temps présent ou le lieu où se trouvent les interlocuteurs. Comme tous ces passages se trouvent en discours direct, la présence d'une personne ou d'un objet, soulignée ainsi au moyen de l'emploi de HIC, peut se rapporter en général aux deux interlocuteurs. La distinction classique entre HIC et ISTE était donc assez difficile à introduire. On ne constate cependant nulle part un effort pour la réaliser et il semble qu'elle n'ait plus cours. Une seule fois, HIC est employé dans un contexte où il se rapporte directement à la première personne; mais cela ne prouve rien: L 6.47 J e vous dirai à qui ressemble celui qui écoute [¿ou T£SV X6yo>v . . .

ms b sermones meos bos ms q verba mea haec.

Dans quatre passages de la Genèse, HIC auprès de «terra» (pour :'t\yîj) désigne l'Égypte et souligne le fait que les personnes qui parlent se trouvent dans ce pays. (Gen 41.36 Vers S; Gen 42.9 Vers A ; Gen 42.34 Vers S; Gen 47.4 Vers S). Deux autres passages du même type concernent la ville ou la région de Sodome (Gen 19.15 TÎjç niXeaiç, Vers S : civitaiis buius-, Gen 1 9 . 1 7 ¿v izàaf] Tft Ttepixoipco.Vers S : in bac miversa regione). ij Ttepi/cùpoç provoque d'ailleurs assez fréquemment l'emploi d'un démonstratif dans les traductions latines (voir Questions particulières n° 2 b).

Dans le seul passage où la Vulgate maintient clairement HIC à la place d'un article défini grec, ce démonstratif a également une valeur «présentative». M e 6.35 Avant la multiplication des pains Ip7)|x6ç èaxtv ô zinoç

Desertus est locus hic.

La postposition de HIC renforce encore l'effet de l'homomorphie du démonstratif et de l'adverbe de lieu. Parmi les six mss qui utilisent HIC, seul le ms f préfère la position «bic locus». S ms f Ai illi ignorabant hoc verbum Mt 1 5 . 1 2 ày.OUAA\ITSÇ xàv Xàyov IcrxavSaXÉaibjaav mss a, aur, c, q, ff2, g audito hoc verbo (variantes de position; ff1 boc serrnom f verbo hoc) ms e cum audissent verbum hune (sic) Me 5.36 roxpaxoiiaaç TÎ>V X6fov mss aur, d, f, i, q audito hoc verbo ms ff2 audiens boc verbum.

Deux passages de la première Épître de St Pierre présentent un HIC anaphorique qui reprend une idée déjà exprimée dans le contexte, sans que soit répété un terme précis. 1 Pet 2.7 Celui qui croit en Dieu ne sera pas confondu Vous qui croyez, vous prendrez part à cet honneur (fi Tijxif)). Version S (seule version ancienne) : btc honor. L'emploi d'un démonstratif anaphorique semble utile à la clarté du texte. La Vulgate s'en passe néanmoins : Vobis igitur bonor credentibus, non credentibus autem lapis. I Pet 5.9 Résistez au diable, car vos frères supportent les mêmes souffrances que vous. Une variante de la Version T renforce IDEM par l'emploi de HIC: TA aùxà TÛV RO*IB][J.ÀTCI>V bas easdem passiones.

Dans d'autres passages, HIC accompagne la reprise du même substantif. J 4.11 La question de la Samaritaine : TTO&SV v/zic, ib (5Sop TÔ ÇÛV ms r Uttde banc habes aquam vivant 1 Le verset précédent parle de ûScop Çc5v (aqua viva). Il est possible que HIC ait également la fonction de signaler que le terme de aqua viva est inconnu à la Samaritaine. (Voir «hic filius hominisv>, 1.236.) Dans un autre passage, l'emploi de HIC auprès d'un nom propre fait penser à l'emploi morphématique de IPSE dans le même contexte (voir 5.323), mais HIC a une fonction anaphorique très claire, il renvoie à une désignation du même personnage qui précède immédiatement: Gen 3 6 . 1 4 ÊTEXEV Sè T7)T7]I; aónfjv elç TÀ ÎSta mss a, c, n, aur accepit illam ille discipulus (Variantes de position).

Un ILLE anaphorique à la place d'un article défini grec accompagne aussi bien des substantifs assez fréquents que des substantifs plutôt rares. L'emploi de ILLE dans les passages suivants n'exige en général aucun commentaire: il exprime un rapport avec le contexte qui précède immédiatement: 11.55 reS.i° mss a> aur> c> e J Me 1.28 regio ms c Me 5.10 regio ms b L 4.37 regio ms b 6.13 pañis mss aur, ffa, 1 J M e 6.41 panis ms b M e 8.6 panis ms c 15.27 vitulus saginatus mss a, b, ff2, 1, q L L 15.50 vitulus saginatus mss a, b, i, q Gen i 22.2 filius tuus unicus Isaac Vers K Me 5.15 spiritus ms b

Me L L L L L L L L J

15.20 1.10 7.24 8.58 16.3 16.22 16.22 20.32 24.33 18.17

dies ms c hora ms e nuntius ms b vir ms a actor ms e inops ms e dives ms e mulier ms r undecim mss d, ff2, r ancilla ostiario mss b, c, f, ff2,

Relevons, parmi les passages qui emploient un ILLE anaphorique à la place d'un article défini grec, l'explication des songes du Pharaon. Il y a là six emplois de ILLE, prouvant assez clairement que les traducteurs ont choisi le démonstratif latin sans en avoir conscience; en effet, dans des textes identiques, les mêmes traducteurs réagissent de façon si différente qu'il semble impossible qu'ils aient choisi ILLE intentionnellement. G e n 41.4 Vers E devoraverunt illae VII vaccae turpes et macrae carnibus Version S : vaccas bonas aspectu et electas Version I : illas septem boves bonas .. . 112

G e n 41.20 Version S et comedermt illae septem vaccae macrae et turpes ¡lias septem vaccas priores bonas et electas Version I et devoveraverunt illae septem vaccae macrae et turpes septem vaccas bonas et lectas. G e n 41.24 Version S gluttierunt illae septem spicae macrae et austrinatae illas septem spicas bonas et plenas. Version I et glutierunt (sic) septem spicae tenues et a vento corruptae septem spicas plenas et bonas. T a n d i s q u e la version S utilise partout ILLE, sauf dans la deuxième partie de G e n 41.4, la version I utilise ILLE dans la deuxième partie de G e n 4 1 . 4 et dans la première partie de G e n 41.20 seulement. D a n s l'épisode de la f e m m e adultère, o n t r o u v e u n emploi anaphorique de ILLE à la place d ' u n article défini particulièrement important p o u r le sujet de cette étude. J 8.9 «Que celui qui est sans péché jette la première pierre»... T o u t le monde se retire. A la fin, Jésus v.aX V) yuvif) restent seuls. La femme adultère n'a plus été mentionnée depuis le v. 4, néanmoins deux mss (c, ff2) introduisent un ILLE anaphorique et le renforcent même par l'emploi de ecce, qui dans les textes dépouillés n'apparaît nulle part ailleurs auprès d'un démonstratif, ce qui met en évidence la sobriété stylistique des traducteurs de la Bible latine. L'emploi de ecce est d'autant plus significatif dans ce passage qu'il prouve l'affaiblissement de l'intensité déictique de ILLE, que les traducteurs ne jugeaient plus suffisant pour rendre la valeur anaphorique contenue dans un article défini grec. L e s autres mss et la Vulgate de J 8.9 n'utilisent ni ILLE ni ecce. Ils emploient «mulier» seul et donnent ainsi la seule traduction conforme aux normes classiques. D a n s quelques passages, la f o n c t i o n anaphorique de ILLE ne se rapporte pas au contexte i m m é d i a t : ILLE renvoie à une mention déjà assez éloignée d u substantif qu'il accompagne. Cette m e n t i o n p e u t être si éloignée q u e l'identité des personnes o u objets désignés par le substantif devient douteuse. U n passage en fournit u n exemple très clair : M e 14.69 Pierre se chauffe: ¡xirx x û v 7rat8icx£iv lui dit . . . Il change de place . . . y.al fj KXISIOKÏ} ISoûaa aùzhv ^p^axo TOXXIV L e ms e emploie dans le deuxième passage ILLE à la place de l'article défini grec pour mettre en évidence le fait qu'il s'agit de la même servante dans les deux passages. Malgré le «TiàXtv» du texte grec, qu'il traduit pourtant («rursum»), le ms c ne s'aperçoit pas qu'il s'agit d'une seule et même personne. Il écrit «altéra puella». D a n s quelques autres passages, ILLE renvoie également à u n contexte assez éloigné : M t 13.27 L'ennemi a semé la zizanie. KPOAEXFTIVRSÇ 8è oi 80OX01 TOO ofocoSeamiTou EÏTCOV aÙTcij. L e oîxo8s désigne les cinq maris de la Samaritaine qui ont été mentionnés dans le contexte, mais qui ne sont jamais désignés par le mot «borne» ; tous les mss les désignent, dans tous les passages, par le substantif «w'r». Si ILLE sert simplement à indiquer que la femme parle aux hommes de la ville où elle est allée, son emploi correspond à celui de l'article défini des langues romanes, et à des traductions comme celle de la Bible de Jérusalem qui donne: «dit aux gens». On ne voit aucune raison particulière qui puisse expliquer le maintien de ILLE dans la Vulgate.

J 7-4° (v. 37:) Le dernier jour de la fête, Jésus dit . . . (v. 39) Il dit cela de l'Esprit Saint qui . . . (v. 40) èy. TOO 6/Xou o5v àxoca x a l TOKJIV TOÏÇ AOOTOÎÇ.

mss a, aur, b, d, f, ff2, 1, q; Vulgate: nuntiaverunt ¡¡lis undecim. ms e renuntiavermt illis undecim discipulis. ms r renuntiaverunt illis undecim apostolis. ms c remmtiaverunt undecim apostolis. Dans ce passage, les onze apôtres sont mentionnés pour la première fois dans l'évangile de Saint Luc. ILLE ne peut pas avoir une valeur anaphorique. Dans un passage ultérieur, déjà cité plus haut (voir 3.323 ; L 24.33), le démonstratif peut avoir une fonction anaphorique, ILLE n'est employé que par les mss d, ff2, r. Il est inconcevable que tous les mss de L 24.9, sauf c, aient choisi d'un commun accord ILLE avec une fonction anaphorique générale (marque de la notoriété; pour «les douze» cf. 3.325) dès la première mention des «onze» apôtres. Les mss e et r prouvent par ailleurs que ILLE ne sert pas seulement à déterminer la fonction grammaticale du numéral. Il se trouve également dans des versions qui ajoutent dans ce but un substantif au numéral. On voit cependant que le démonstratif semble moins nécessaire aux traducteurs, si un tel substantif explicite la fonction grammaticale du numéral (ms c). J 21.8 Dernier chapitre du quatrième Évangile: Des apôtres et des disciples de Jésus sont en train de pêcher, lorsque Jean reconnaît 118

Jésus au bord de l'eau. Il le dit à Pierre et celui-ci se jette à l'eau, oi Sè ¿cXXoi (iaftr)Tal x

v xaT7])(7)-ib)ç X6ycù\i ttjv àaipâXeiav. Tous les mss sauf a, d, e : eorurn verborum de quibus . . . veritatem. ms a eorurn sermonum ms e de quibus edoctus sis sermonibus firmitatem ms d sans «eorum verborum».

Les deux passages qui emploient dans différentes versions is et ILLE pour traduire un texte grec sans article ni adjectif démonstratif, concernent le même contexte grammatical. Ils ont été cités plus haut (voir 3.43).

4.5

Conclusion Discussion des résultats des études antérieures

4.50

Conclusion

L'examen de l'emploi de l'adjectif démonstratif is dans la langue de la Bible latine fournit essentiellement les résultats suivants : Par rapport aux textes classiques, l'emploi de is est devenu très rare. Les passages qui utilisent is le présentent en général en alternance avec un autre adjectif démonstratif. Ceci indique que ce n'est pas l'absence d'équivalent précis dans le système déictique grec qui a entraîné sa rareté dans les traductions latines de la Bible. Les passages examinés montrent plutôt que is pouvait être employé pour traduire tous les adjectifs démonstratifs grecs. Si les traducteurs latins se refusent à cet emploi, c'est sans doute que la langue de leur époque ne connaissait plus guère l'usage de is adjectif. Il est particulièrement remarquable que is ne soit guère employé à la place d'un article défini grec. Un démonstratif neutre comme is à faible intensité déictique aurait pu compenser dans de nombreux passages le décalage entre les systèmes déictiques grec et latin. Néanmoins, la plupart des passages qui emploient is à la place d'un article défini grec sont constitués par des cas non typiques. Onze passages (sur 21) concernent une subordonnée relative de construction particulière, propre à la langue de la Bible latine du type: Is qui me misitpater. Auprès de subordonnées relatives normales, ILLE occupe déjà la place qu'avait is dans la langue classique (cf. Bejarano p. 62). On constate cependant qu'un ms (r) semble éviter consciemment l'emploi de ILLE à la place d'un article défini en choisissant celui de is. Cela fournit e contrario un argument pour la formation d'un article défini à partir de formes de ILLE dans la langue «vulgaire».

138

4-5i

Discussion des résultats des études antérieures

La rareté de l'emploi de is comme adjectif dans la langue tardive est bien connue depuis assez longtemps. Les tableaux de M. Trager montrent clairement que is comme pronom reste assez courant jusque dans des textes très tardifs, tandis que son emploi comme adjectif diminue très tôt après l'époque classique. M. Trager relève par exemple les chiffres suivants : Peregr. 89 adj. contre 186 pron. Bell. Afr. 49 adj. contre 200 pron. Pétrone (Cena) 3 adj. contre 34 pron. St Augustin Epp. 7 adj. contre 78 pron. St Jérôme Ep. 112 9 adj. contre 51 pron. Boèce 7 adj. contre 40 pron. Césaire 2 adj. contre 24 pron. St Benoît 7 adj. contre 154 pron. Grégoire de Tours (L. Mir.) 4 adj. contre 53 pron. Cf. aussi les remarques de B. LSfstedt p. 260, de Westerbergb p. 262 et de Stolz-ScbmalzSzantyr p. 185 ssq.

La fréquence tout à fait exceptionnelle de is chez Vitruve (1300 fois is contre 6 emplois de ILLE) est considéré par Wistrand (p. 122) comme archaïsme. Les textes bibliques ne fournissent aucun élément permettant de confirmer la thèse d'une concurrence entre HIC et is, affirmée par Meader (p. 55-79: The rivalry bettveen HIC and is) et Ziegel {De rs et HIC prono minibus quatenus confusa sint apud antiquos, Marburg 1897). Cette concurrence constitue pour Walther von Wartburg le point de départ du remaniement structural qui a conduit aux systèmes déictiques romans. (Cf. Wartburg, Probi.2 1962, p. 140 ssq; SB Leipzig 1931; FEW s.v. I L L E , I P S E ; Vaananen, Introd. p. 129. - Cf. l'introduction de cette étude, 1.221.)

Les traductions latines de la Bible représentent un état de l'évolution où l'emploi de is adjectif est déjà presque éliminé. - La rareté de certaines formes, surtout du nominatif, a déjà été notée par plusieurs philologues, Cf. Bagan (Gelase) p. 58; Bonnet (Grégoire de T.) p. 384; Corbett (Reg. Mag.) p. 136; Erikson (Epiphanius) p. 1 1 ; Grevander (Mulomedicina) p. 12; Hofmann (Vit. Patr.) IF 43. p. 26; Hrdlilka (St Augustin) p. 228; Josepbson p. 224; Juret (Filastr.) p. 26; Pei p. 198; Salonius (Vit. Patr.) p. 230; Svenmmg (Cotnp. Luc.) p. 149; Tidner (Didasc.) p. 142.

139

IPSE

5.0

Tableaux

5 . 0 1 : Fréquence et Formes de IPSE dans les textes classiques et dans la Bible. Textes classiques : Chiffre avant la forme Textes bibliques: Chiffre après la forme 20 IPSE

25 IPSA IO IPSIUS

23

8 IPSUM 17 IPSO 3 IPSI 2 IPSORUM 10 IPSOS

3 IPSI 9 IPSAM 17 IPSA

5 6 2

2 IPSAE

-

-

5

3 IPSUM 2

3 6 2

-

13 2

2 IPSARUM

-

1 IPSIS

-

1 IPSAS

1

9 IPSIS

-

- IPSUD 2

IPSUM -

2 IPSA 2

5 IPSA I

Total: Textes classiques: 149 formes Textes bibliques:

75 formes

Voir Note Tableau 1.01

5.02 : Texte grec traduit par IPSE. Texte grec Traduction latine

Article défini

46 IPSE 10 ipse/ille 6 ipse/ille/ IDEM 5 ipse/idem 1 ipse/hic 1 ipse/hic/ ISTE

20 2

Total: 69 140

Sans (XÙt6Ç œÙTéç art. 6 ni dém.

4 -

14 2

6 2

ô aùféç

OÔTOÇ ¿XEÏMOÇ Sans équivalent grec

Cas non typ.

-

-

-

1

1

-

-

4

-

-

-

-

1

-

-

1

-

-

-

-

1

-

-

-

-

-

4 4

-

-

-

-

-

-

-

-

1

-

-

-

-

-

I

-

-

-

23

4

l6

16

1

I

5

1

2

5-oj : Attestation de article défini grec.

IPSE

dans les passages où il se trouve à la place d'un

20 passages dont 9 dans la Genèse. b

Manuscrits Passages Me 1.6 Me 3 . 2 7 Me 5 . 3 3 L 6.5

J

1-34

J 8.32 Me 2 . 2 8 L 11.35 J 20.4 L 11.46 Mt 6 . 2 3

i i i i i i 5

b b b b

6

-

7

b

2 2

Total: 11 passages 28 attestations

e

e e -

i

-

1

-

-

-

-

e -

i -

5 b 3«

2

aur

a

q

1

f

c

ff2

r

v

c

-

-

-

-

r r r -

q

-

-

-

a a

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

f f

1 1

q i 2q 2a

-

aur aur 2

aur

2

-

f

ff2

-

2I

IC

IFF2

3

ff1

h

-

-

v

-

-

r

I V

-

h

ff1

IFF1

I

h

5.04: Attestation de IPSE dans les passages où il traduit une expression grecque sans article ni démonstratif. Aucun des quatre passages qui emploient I P S E dans la traduction d'une expression grecque ne contenant ni article défini ni démonstratif ne se trouve dans les Évangiles: G en 9 . 4 , G en 4 9 - 1 7 , Inc. Ep. Eph, 1 Pet 1 . 1 2 .

j.05 : Alternances. IPSE

HIC

IPSE

46

-

IPSE/ILLE

IO

ILLE

IS

-

-

-

-

-

10

IPSE/ILLE/IDEM

6

-

-

6

IPSE/IDEM

5

-

-

-

IPSE/HIC

I

I

-

-

-

-

IPSE/HIC/ISTE

Total:

5.1

ISTE

I

I

I

-

69

2

I

16

Fréquence et formes de Bible

IPSE

IDEM

6

5

11

dans les textes classiques et dans la

Voir Tableau 5.01 et Tableau p. 31 1M fréquence de l'emploi de IPSE dans les textes bibliques ne correspond pas à ce que l'on attendrait d'après les données des langues romanes, dont certaines le conservent et l'utilisent même comme article défini. 141

Dans les textes classiques comme dans les textes bibliques IPSE occupe numériquement la quatrième place. Les passages qui l'utilisent constituent cependant un huitième des passages relevés dans les textes classiques, mais seulement un quinzième des passages bibliques. Il semble donc que IPSE ait perdu du terrain dans les textes bibliques par rapport aux textes classiques. L'analyse de l'emploi des différentes formes confirme cette impression. Dans les textes bibliques deux formes (IPSE, nom., et IPSA, abl.) constituent presque la moitié de toutes les attestations; leur emploi se concentre sur quelques types de contextes particuliers. Les treize emplois de la forme IPSA se répartissent de la façon suivante: 7 3 2 i

fois ipsa bora fois ipsa die fois ipsa nocte cas particulier.

IPSE (nom.) se trouve 23 fois; dans 17 de ces passages, il accompagne un nom propre; dans cinq autres, il se trouve auprès d'un substantif désignant une personne. (Dans ces cas, IPSE n'est pas nécessairement adjectif. - L'emploi de IPSE auprès d'un nom propre ou lors de la mention d'une personne est déjà assez fréquent dans les textes classiques.) On constate les mêmes tendances aussi dans l'emploi de formes moins fréquentes de IPSE dans la langue de la Bible: quatre des six attestations de IPSI (dat.) concernent des noms de personnes; deux des six attestations de IPSO se trouvent auprès de tempore, deux autres auprès de die. D'autres formes se trouvent rarement ou manquent tout à fait dans les textes bibliques. Les cas du pluriel ne réunissent que huit emplois. Le génitif, le datif et l'ablatif pluriel ne sont pas attestés du tout; le féminin et le neutre de l'accusatif pluriel ne sont utilisés qu'une seule fois; le masculin fait totalement défaut. La rareté de IPSE, comme celle de is, ne concerne que son emploi comme adjectif. Dans les textes bibliques, on relève 96 formes de IPSE accompagnant un pronom personnel (voir Quest. Part. n° 8), et, contrairement à l'emploi de IPSE auprès d'un substantif, ces passages ne concernent pratiquement pas le nominatif. (Au singulier, on relève une fois seulement «.ego ipse» dans les textes bibliques, comme dans les textes classiques.) Comme dans le cas de is, la rareté de IPSE adjectif peut provenir du texte grec. Le démonstratif grec qui correspond à IPSE d'après les normes classiques (T6Ç Ô 'HpcôSirjç Tous les mss: Ipse enim Herodes Me 6.22 eEaeA9-ouTOV T6V iayopiv 87)07). ms b ipsum fortem. V La vérité («et rien d'autre que la vérité») vous rendra libres. J 8.52 xal •piaxrca-9-e rfjv àXr)i)-e(.av xal 7) àXrj&eia èXeuS-epciaet. û[xâç. ms b et veritas ipsa liberabit vos.

Les deux derniers passages se rapprochent des cas où ILLE est employé à la place d'un article défini auprès d'un substantif mentionné pour la deuxième fois. Le décalage entre le texte grec et l'intensité déictique qu'aurait la traduction latine, si l'emploi de IPSE correspondait aux normes classiques, rend assez probable une diminution très importante de la valeur classique de IPSE. Dans le passage suivant, cette réduction est encore plus sensible: Me 1.6 La description de saint Jean Baptiste: ijv 8è ô 'Itoàvvr)? èvSs8u[xévoç ms c : erat autem Ioannes ipse vestitus . . .

Le contexte ne parle que de Jean. L'emploi de IPSE en devient assez surprenant: aucune confusion n'est possible, IPSE peut être provoqué par des passages semblables qui traduisent aù-réç auprès d'un nom propre. Cela permettrait de conclure que dans un moment d'inattention, un emploi explétif de IPSE n'avait rien de choquant pour les traducteurs. Un emploi de IPSE comme marque de l'unicité semble également superflu et inutile dans le passage suivant: Gen 33.20 Jacob fit un autel xal èTOxaXéaa-ro èxeï T6V -9-E6V. Variante de la Version E : et invocavit ipsum Deum. «Il appela Dieu même, justement Dieu, rien que Dieu.»

5.322

IPSE

avec une fonction anaphorique

Dans les quatre passages qui viennent d'être cités et où l'emploi de IPSE semble peu justifié comme marque de l'unicité, il peut s'expliquer facilement, si on attribue à IPSE une fonction anaphorique: Me 3.27 Sans avoir lié d'abord cet homme fort qui vient d'être mentionné. J 8.32 Vous apprendrez la vérité et cette vérité vous rendra libres. Me 1.6 Ce Jean, dont il est question, était vêtu de . . . Gen 33.20 II pria Dieu, c'est-à-dire le Dieu dont parle la Genèse. (Fonction anaphorique générale, voir 3.325 ILLE = notissimus.)

On constate encore la même fonction anaphorique de IPSE dans d'autres passages : Gen 11.3 La construction de la tour de Babel. Ils firent alors des briques. xal èyévcxo aùfoïç '!] 7tXiv&oç eiç XÎS-ov Version C facta est eis ipsa latera quasi lapis. Ils employèrent la brique comme pierre. Saint Jérôme traduit simplement : babueruntque lateres pro saxis.

151

L 11.46 Vous, légistes, vous chargez les hommes de fardeaux insupportables, mss aur (sec. man.), f, i, 1, r, e: et ipsi uno digito vestro non tangitis (TOÏÇ çopTÎoiç) sarcinas ipsas (ms e: ipsas sarcinas). L'addition ultérieure de IPSA dans le ms aur de L 11.46 semble indiquer que son emploi était considéré comme nécessaire. L e démonstratif ne peut cependant avoir qu'une fonction anaphorique: Vous chargez les hommes de fardeaux insupportables (tous les mss (hjonera, sauf ms a: sarcina), et vous-mêmes, vous ne touchez pas d'un seul doigt à ces (mêmes) fardeaux. «A ces fardeaux mêmes» n'aurait guère de sens. Me 5.33 Une femme vient d'être guérie parce qu'elle a touché la tunique de Jésus. T) Sè yuvY) 8exa posent la question . . . mss aur, 1, f, V : hi (aur: hit) qui cum eo erant (f et V : + cum) duodecim. * HIC n'a ici rien à voir avec l'article grec; Biaise (Dict. s . v . HIC et Manuel p. 102) ne tient pas compte des variantes du texte grec. 163

L'emploi de HIC est sans doute dû à la subordonnée relative qui le suit immédiatement; l'emploi de ILLE pourrait se défendre également. Le passage est important parce qu'il prouve que rien n'exige un emploi automatique de ILLE auprès de duodecim. Le seul passage dans lequel SwSexa était accompagné d'un démonstratif grec avait d'ailleurs également provoqué l'emploi de HIC (pour OSTOÇ, Mt 10.5). Il ne semble donc pas permis de considérer illi duodecim comme une formule chrétienne figée. Son attestation est d'ailleurs très variable dans les différents passages. Auprès de duodecim, ILLE peut toujours avoir le sens de «bien connu», ce qui suffit à justifier son emploi d'après les normes classiques, même s'il n'a pas de fonction anaphorique immédiate. Quatre des cinq passages des Évangiles qui emploient ILLE auprès de duodecim semblent cependant indiquer que c'est plutôt pour sa fonction morphématique, auprès d'un numéral indéclinable, que le démonstratif a été employé. L'exemple le plus clair en est certainement L 22.}, où le ms e traduit ex TOU ÀPI&FXOÛ TCOV ScoSexa par: ex numéro illorum duodecorum. Pour résoudre la même difficulté, trois autres passages (L 8.1, L 9.12, J 6.67) adjoignent au numéral, parfois dans un assez grand nombre de manuscrits, le substantif «discipu/us», sans que ce substantif ait un équivalent dans le texte grec. Trois passages des Évangiles seulement emploient un substantif grec auprès de ScôSsxa. Leur traduction ne contient pas de démonstratif (Mt 10.1 (/.aihf)Tr]i;, M t 10.2 àmSdToXoç, M t 26.20 [i.a9"r)T7) L 1.29, 5.11, 8.24, 9.21, 10.29, IO-39> i8 - 2 3» 2°-l7, J 8.9, 11.44-

Dans ces textes aussi, I L L E prédomine nettement: I P S E est choisi une seule fois par la majorité des manuscrits, dans un contexte assez emphatique (Mt 16.23), où il se rapporte à Jésus; on relève cependant un passage presque identique dans lequel seul I L L E est utilisé (Me. 8.33). L'emploi de I L L E dans cette construction est déjà si figé qu'on le rencontre même dans un passage où le contexte lui confère une certaine valeur adversative : Mt 26.56/57 TOTS oi (¿AIHR)TAÎ TOXVTEÇ àçévxeç aùxov è'Toç, aau-roç, éauTÔç) ; d'après les normes classiques, IPSE est superflu dans la majorité des passages. Pourtant, bien qu'on le trouve rarement dans toutes les versions latines d'un même passage, il est en général attesté par un nombre assez important de manuscrits. Exemples : IPSE est employé par l'extrême majorité des mss dans les passages: Mt 19.19, 22.39, Me 12.31, L 4.23, 10.27, J 1.22; au contraire, son emploi n'est attesté que par deux ou trois mss dans: Mt 4.6, Me 1.44,

L 5-14, 25-37Par rapport aux textes classiques, les textes bibliques présentent une extraordinaire augmentation de l'emploi de IPSE auprès d'un pronom personnel : cela ne peut s'expliquer que par une réduction considérable de l'intensité déictique de ce démonstratif. L'emploi fréquent de la particule -METconfirme cette interprétation, puisqu'il est impossible qu'elle soit due au texte grec. Il est bon de souligner que, même dans cet emploi auprès d'un pronom personnel, IPSE a conservé une certaine autonomie. Trois passages bibliques en présentent une forme antéposée auprès d'un pronom personnel, bien que cet emploi soit inconnu des textes classiques. (L 23.28, J 3.28, 1 Pet 2.5) Étant donné la fortune que connaît la particule -MET- dans les langues romanes, il est peut-être utile de remarquer que les grammairiens considéraient l'expression egomet ipse comme un exemple typique de tautologie : Donat (Gr. lat. IV 395, 10): «Tautologia est eiusdem dictionis repetitio vitiosa, ut egomet ipse.»

9. Hic mundus et similia Pour désigner clairement le monde terrestre (par opposition à un autre monde), le texte grec adjoint, dans un certain nombre de passages, à des substantifs tels que X6CT(AOÇ OU aîtov le démonstratif OUTOÇ. Dans les traductions latines, l'emploi de HIC et de ISTE avec la même fonction s'étend à un nombre de passages bien plus considérable. En effet, on ne relève dans le texte grec que 12 passages dans lesquels xôc[j.oç soit accompagné de OUTOÇ (J 8.23 ( 1 ) et (2), 9.39, 1 1 . 9 , 12.25 (2), 12.31 (2), 1 3 . 1 , 1 6 . 1 1 , 17.3, 18.36 (1) et (2), E. 2.2), et encore quatre passages qui présentent le démonstratif auprès de xôafxoç dans une variante (J 12.31 (1), E 2.12, Jac 2.5, 4.4). En face de cela, on compte 67 passages traduits par un substantif latin accompagné d'un démonstratif (hic mundus), bien que le texte grec ne contienne que XOCT^OÇ sans démonstratif. 194

Depuis que cette technique des traducteurs de la Bible a été remarquée par Ronsch (p. 421), elle sert d'argument dans la plupart des études sur la formation de l'article roman (cf. Introduction 1.33). Une telle extension de l'emploi du démonstratif n'est guère réductible à l'effet d'une simple analogie avec les quelques passages contenant outoç dans le texte grec. Il est bien plus probable que hic mundus ait été une formule figée de la langue des chrétiens. On trouve également un démonstratif auprès de mundus dans un passage où xôajxoç n'est même pas accompagné de l'article défini dans le texte grec (Mt 25.34), et dans six passages sans équivalent grec: J 3.16, 12.25 (i), 17.11 (1) et (2), E 6.12 (1) et (2). (E 6.12 constitue un cas un peu particulier: (1) n'a pas d'équivalent grec, et dans (2) le texte grec présente xoujjioç à l'intérieur d'un mot composé.) Un seul passage emploie ille auprès de mundus à la place d'un article défini grec: 2 Pet 3.6: ô t6ts xocrjxoç

ille tune mundus (Vulgate) La traduction latine imite la construction de l'original grec, mais l'emploi de ille peut se justifier d'après les normes classiques (voir 3.327). Les autres textes dans lesquels un démonstratif latin accompagnant mundus correspond à un article défini grec emploient exclusivement hic. iste n'est jamais utilisé dans ce cas, bien que l'on relève son emploi dans la même expression lorsque xoct^oç est accompagné de oStoç dans le texte grec. Ainsi, parmi les douze passages qui présentent outoç auprès de x6