200 22 17MB
French Pages [205] Year 2004
BAR S1272
Actes du XIVème Congrès UISPP, Université de Liège, Belgique, 2-8 septembre 2001 Acts of the XIVth UISPP Congress, University of Liège, Belgium, 2-8 September 2001
2004
SECTION 4
SECTION 4
PREMIERS HOMMES ET PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR HUMAN ORIGINS AND THE LOWER PALAEOLITHIC
GENERAL SESSIONS AND POSTERS
Sessions générales et posters General Sessions and Posters Édité par / Edited by
Le Secrétariat du Congrès Présidents de la Section 4 : M. Toussaint, Chr. Draily, J.-M. Cordy
BAR International Series 1272 B A R
2004
Actes du XIVème Congrès UISPP, Université de Liège, Belgique, 2-8 septembre 2001 Acts of the XIVth UISPP Congress, University of Liège, Belgium, 2-8 September 2001
SECTION 4 PREMIERS HOMMES ET PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR HUMAN ORIGINS AND THE LOWER PALAEOLITHIC
Sessions générales et posters General Sessions and Posters Édité par / Edited by Le Secrétariat du Congrès Présidents de la Section 4 : M. Toussaint, Chr. Draily, J.-M. Cordy
BAR International Series 1272 2004
ISBN 9781841716251 paperback ISBN 9781407326931 e-format DOI https://doi.org/10.30861/9781841716251 A catalogue record for this book is available from the British Library
BAR
PUBLISHING
TABLE DES MATIÈRES / TABLE OF CONTENTS SESSION GÉNÉRALE / GENERAL SESSION 4-I Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest) .......................................................................................... 1 A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine Acheulian Industry of the Kudaro I Cave: Raw Material Diversity and Characteristics of the Assemblage ............................................................ 21 V.P. Lioubine, E.V. Beliaeva Les industries lithiques archaïques du site de Dmanisi, Géorgie .......................... 29 V. Celiberti, D. Barsky, D. Cauche, O. Notter, M. Nioradze, D. Lordkipanidzé, L. Gabunia, H. de Lumley Bifaces and the Acheulian Industries of Yabroud Shelter I, Syria .......................... 37 R.L. Solecki, R.S. Solecki The Po Plain in the Lower Pleistocene in the Context of Ancient Industries in Southern Europe .......................................................................................... 41 F. Fontana, F. Lenzi, G. Nenzioni & C. Peretto Les plus anciennes industries lithiques du Latium, Italie ....................................... 49 D. Cauche, V. Celiberti, D. Barsky, O. Notter, I. Biddittu, H. de Lumley New Data on the Lithic Industry of Isernia La Pineta: Typology, Technology and Functional Analysis ................................................................................... 59 A. Minelli, M. Arzarello, L. Longo, A. Ollé, J. M. Vergés & C. Peretto Skillful, but Apish or On the Way to Becoming Human? Object Planning in the Lower Palaeolithic .................................................................................. 69 M. Haidle
SESSION GÉNÉRALE / GENERAL SESSION 4-II Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata (Paléolithique inférieur, France) ........................... 75 P. Valensi & K. El Guennouni Bilan des recherches sur le Pléistocène moyen de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault, France) ............................................................................. 87 S. Simone i
Caractérisation des industries lithiques du Paléolithique inférieur présentes dans les différents niveaux archéologiques de la Caune de l’Arago ................ 95 D. Barsky, H. de Lumley Les technocomplexes acheuléens du Pléistocène moyen en plein air de la dépression de La Selva dans le contexte des industries du Paléolithique inférieur du nord-est de la Catalogne ............................................................. 105 J. Garcia I Garriga Approche taphonomique à partir des cervidés, des sites du Pliocène terminal de Chilhac, Senèze, et Blassac-La-Girondie (Haute-Loire, France) .............. 113 O. Boeuf & P. Barbet
SESSION GÉNÉRALE / GENERAL SESSION 4-III Bone Surface Micromorphological Study of the Faunal Remains from the Lower Palaeolithic Site of Isernia La Pineta (Molise, Italy) ....................... 123 U. Thun Hohenstein, G. Malerba, G. Giacobini & C. Peretto Occupations humaines et carnivores dans la grotte du Vallonnet (Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes, France) à la fin du Pléistocène inférieur .................................................................................. 131 A. Echassoux Variabilité et taxonomie des premiers représentants du genre Homo: nouvelles considérations ................................................................................ 139 S. Prat L’utilisation de la face des Homo erectus comme argument taxonomique. Étude rétrospective critique et données nouvelles ......................................... 149 A. Vialet Human Remains in Early Pleistocene Deposits from Orce and Cueva Victoria (SE Spain) ....................................................................... 157 J. Gibert, D. Campillo, E.G. Olivares, M.J. Walker, L. Gibert, C. Ferrández-Cañadell, F. Ribot, C. Borja, F. Sánchez, A. Iglesias, J.M. Arquès Two Neanderthal Man Sites in Murcia (SE Spain): Sima De Las Palomas Del Cabezo Gordo and Cueva Negra Del Estrecho Del Río Quípar .............. 167 M.J. Walker, J. Gibert i Clols, T. Rodríguez-Estrella, M. López Martínez, A. Legaz López, A. López Jiménez
SECTION 4 POSTERS The Arrangement of the Permanent Exhibition on Human Evolution in the Mediterranean at the Natural History Museum of Livorno (Italy) .................... 181 E. Carnieri, S. Ricci, F. Bertoldi, F. Bartoli, F. Mallegni L’Acheuléen ancien dans le Val d’Arno inférieur (Toscane, Italie) ....................... 183 P. Giunti Le peuplement de la Haute Vallée du Tevère durant l’Acheuléen (Arezzo, Italie) ................................................................................................ 193 V. Borgia, A. Moroni Lanfredini
ii
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
LES COMPLEXES ACHEULEÉNS DES MONTAGNES DE MUGODJARY (ASIE DU NORD-OUEST) A.P. DÉRÉVIANKO & V.T. PÉTRINE
Au cours de l’étude de la zone aride de l’Eurasie, la mission historico-culturelle russo-mongole, la mission russomongolo-américaine et la mission russo-kazakh ont accumulé beaucoup d’information tout à fait nouvelle sur le Paléolithique et surtout, sur ses stades anciens [Derevianko, Dorj, Vasilievski et al., 1990; Derevianko, Olsen, Tsevendorj et al. 1996, 1998, 2000;. Derevianko, Petrin, Taimagambetov, 2000]. L’événement le plus agréable et surtout attendu est devenu la découvetre des complexes industriels de la période acheuléenne avec beaucoup de bifaces dans les montagnes de Mugodjary.
Les montagnes de Mugodjary et leur encadrement dont la superficie est égale à 1054 m2 sont recouvertes de formations friables de la période quaternaire de génèse différente: éluviales, éluvio-déluviales, déluviales, proluviales, alluviales, lacustro-alluviales et éoliennes. En outre, on observe les dépôts des terrains salifères et les fonds des lacs desséchant de temps à autre. Du point de vue stratigraphique, on subdivise bien les dépôts alluviaux, lacustro-alluviaux, lacustres et proluviaux [Tapalov, 1966]. Du point de vue hydrologique, les montagnes de Mugodjary se rapportent à la zone du premier ordre de la région plissée Ouralo-Mugodjarskaïa [Sotnokov, 1960]. Les dépôts anciens paléozoïques et prépaléozoïques gisant à la superficie sont très disloqués, ils forment des plis et ont de nombreuses perturbations tectoniques.
Le but de la présente publication est l’introduction de cette information nouvelle et très intéressante mountrant sous le nouveau jour plusieurs problèmes globaux des étapes anciennes de la mise en valeur par l’homme des espaces de l’Asie.
Le fleuve Emba prend sa source, de toute évidence, grâce aux eaux des brisures. Dans les conditions de la zone aride à laquelle se rapportent les montagnes de Mugodjary, les ressources aquatiques représentent une constate. D’autre part, le nombre considérable de roches siliceuses et, avant tout, des grès de quartzite facilement accessibles créait la base des ressources lithiques nécessaires pour l’industrie lithique de l’homme ancien. C’est la combinaison de ces deux facteurs qui a donné la possibilité de l’existence fructueuse des collectifs humains dans la région des montagnes de Mugodjary. C’est dans la région de l’amont du fleuve Emba qu’en 1999-2000, au cours de la mission russo-kazakh étudiant le Paléolithique de la zone aride de l’Asie, on a trouvé les dizaines de gisements de différents types de l’époque paléolithique (fig. 1)
Les montagnes de Mugodjary représentent l’extrémité sud du système plissé d’Oural s’étendant jusqu’à 47o de la latitude nord [Kazakhstan, 1950, p.109]. Elles sont séparées de la crête d’Oural par l’abaissement de la direction latitudinale le long de laquelle on observe la vallée du fleuve Oural (fig. 1). Les montagnes de Mugodjary représentent une partie du synclinorium (structure en éventail composée inverse) de Mugodjary [Gvozdetski, Nikolaev ..., 1971, c.133]. La hauteur moyenne des sommets montagneux des Mugodjary est égale à 500-600m., l’exhaussement relatif de la région des basses montagnes au-dessus des plaines qui l’entourent est égal seulement à 150-200 m. La partie la plus élevée, le groupe de Bertchougur, a le repère relatif de 536 m. et le massif Ayran – celui de 639 m. La hauteur de la montagne la plus élevée Boktybaï est égale à 657 m. En général, le paysage de Mugodjary est perçu comme le paysage ondulé, avec les formes arrondies; cependant, sur les sommets, on observe des affleurements rocheux. Les fleuves aux alentours des montagnes ont des vallées bien prononcées – jusqu’à 20-30 m. de profondeur; au fur et à mesure de leur éloignement des montagnes, elles forment des méandres sur les plaines [Suslov, 1954, c.620]. Les montagnes de Mugodjary se divisent en deux parties: partie nord et partie sud. Les montagnes de Mugodjary sud se compsent de deux ailes: ouest et est. L’aile ouest c’est juste la crête de Mugodjary brusquement limitée par le plateau Subouralien à partir de l’ouest.
Avant de commencer l’analyse des monuments de l’époque acheuléenne des montagnes de Mugodjary, arrêtons-nous sur les principes méthodiques essenciels que nous avons élaborés au cours du traitement des collections de la zone aride de l’Eurasie. Sur la plupart des monuments archéologiques de la zone aride, les restes culturels ne sont présentés que par les artefacts lithiques gisant sur la superficie, ce qui rend les possibilités informationnelles de la “source première” très apauvries. Puisque la même superficie au cours de dizaines et même de centaines de millénaires avait représenté le niveau d’habitation, il s’est produit le mélange des restes culturels de différents époques. De notre point de vue, les situations pareilles sont mieux exprimées par la notion de “l’horizon culturel superficiel” ou bien, du “ gisement superficiel des artefacts” que par celle des “monuments avec la couche culturelle perturbée” [Korobkov, 1971]. Les indices
Dans le cadre chronologique du mézozoïque récent au pliocène récent (aktchaghyl), on relève l’existence de quatre niveaux d’arasement ce qui est directement lié avec le nombre d’impulsions de soulèvement et des périodes du “repos” relatif. 1
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig.1. Carte du Kazakhstan et localisation des monuments de Mugodjary-3-6.
2
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
caractéristiques de “l’horizon culturel superficiel” sont: 1) le gisement des restes culturels hors des dépôts friables; 2) le caractère “mélangé”, la diachronie des restes culturels; 3) les artefacts lithiques (le composant principal).
forte déflation se compose de 7 éclatements dont un est laminaire, de 2 artefacts bifaciaux et de 2 racloirs. La série à déflation moyenne se compose des préformes – 3 ex., des nucléus – 5 ex., des nucléiformes – 4 ex., des éclatements des nucléus – 5 ex., des éclats sans façonnage secondaire – 26 ex., des outils en éclats – 14 ex., d’un éclatement segmentoïde – 1 ex., des outils en plaque – 12 ex. La série à faible déflation n’est pas nombreuse, elle comprend les éclatements verticaux des nucléus– 2 ex., une encoche denticulée et un débris avec les négatifs des éclatements.
Le second point très important est la division des monuments avec le gisement superficiel des artefacts d’après le types des activités humaines. Dans le Paléolithique de la Mongolie, on peut dégager les types suivants des monuments: campement-atelier, campement, station et atelier [Derevianko, Petrin, Dorj et al., 2000].
Il est à noter que la collection comprend les objets appartenent aux différentes époques. Ce sont les artefacts à forte et moyenne déflation qui sont les plus proches. La ressemblance entre ces séries de la déflation est confirmée par quelques facteurs: la base de matière première commune, le débitage, les types des outils. Le pourcentage considérable de l’outillage de la collection indique le caractère du complexe lié avec l’habitation des hommes où les types principaux des outils ont été présentés par les bifaces et les racloirs. Du point de vue chronologique, les données technologiques et typologiques de l’inventaire sont les plus proches de l’époque prémoustérienne.
Plusieurs scientifiques ont accordé leur attention à la signification des données géomorphologiques au cours de l’identification de l’âge des objets archéologiques dans la zone aride [Medoev, 1982; Aubekerov, 1992]. On obtient des résultats intéressants si l’on prend en considération les deux faits suivants: la situation géomorphologique du monument et le degré de la conservation de la superficie des artefacts y découverts. La conservation de la superficie des artefacts lithiques joue le rôle principal dans l’étude et la datation relative des complexex mixtes. Le processus de la désintegration et de la désagrégation des roches de montagnes a le caractère comprenant plusieurs facteurs [Timofeev, 1977]. Parmi ces facteurs, on peut relever quelques types: 1) les facteurs exogènes (l’érosion mécanique ou bien, l’inflience physique); 2) les facteurs endogènes (la destruction biologique) – l’influence des algues, des mousses et des racines végétales, ainsi que la vitalité des vers et des animaux; 3) l’érosion chimique – la dissolution, l’hydrooxydation et l’hydratation.
La série d’artefacts à faible déflation n’est pas nombreuse, elle ne peut pas être analysée systématiquement; cependant, les petites dimensions des découvertes et le degré de la déflation indiquent la période plus récente par rapport à la masse principale des artefacts. Le monument de Mugodjary-4 se trouve sur le cap terrassoïde de la rive gauche de la rivière Aulié, affluent droit du fleuve Emba. Les coordonnées sont: la latitude nord48o52’45,2'', la longitude - 058o25’45,3''. La superficie des collectes est assez bien localisée, elle est égale à 100 x 70 m.
LA DESCRIPTION DES MONUMENTS DES MONTAGNES DE MUGODJARY-3-6
Au total, on a recueilli 298 artefacts en grès rouge foncé, rouge et jaune. D’après la conservation de la superficie, la majorité écrasante des objets de la collection est à forte déflation – 205 ex., les artefacts à déflation moyenne sont beaucoup moins nombreux – 79 ex. et les artefacts à faible déflation sont uniques – 11 ex.
Les montagnes de Mugodjary attirent l’attention en s’élevant au milieu de la steppe. L’itinéraire de prospection de l’an 1999 avait été élaboré de manière suivante: la vallée du fleuve Irghiz à partir du village Irghiz jusqu’au village Karabutak, ensuite – la vallée du fleuve Or’ à partir du village Boguetsaï jusqu’au village Kumsaï, puis – l’intrsection des montagnes de Mugodjary jusqu’au village Altyndy et ensuite – la prospection de la pente ouest des montagnes jusqu’au village Emba.
La série à forte déflation (sur les surfaces du débitage, on observe des cavernes) est présentée par: les nucléiformes – 7 ex., les nucléus (fig. 2) – 10 ex., les artefacts à façonnage bilatéral et les bifaces (fig. 3) – 8 ex., les racloirs – 46 ex., les grattoirs massifs – 7 ex., les encoches-denticulés (fig. 4, 6-8) – 91 ex., les outils à bec (fig. 4, 2-3) – 17 ex., les lames retouchées (fig. 4, 4,5) – 11 ex., les plaques et les éclatements avec la retouche épisodique – 25 ex. et les éclats – 8 ex.
Mugodjary-3 se trouve à 15 km. à l’est du village Emba, plus loin vers le sud de la route allant du village Emba au village Altyndy. Ses coordonnées sont: la latitude – 48 o53’05,3'', la longitude – 58o26’33,8''. La collection comprenant près de centaine d’exemplaires a été recueillie sur les sommets des collines où l’on observe les affleurements des grès silicifiés. Ici, on a trouvé des macronucléus stationnaires uniques. Les découvertes se trouvaient sur la croûte altérée.
Parmi les nucléus bien exprimés du point du vue typologique, le type principal est présenté par les nucléus destinés pour l’obtention des éclats en forme de tortue, ce qui exprime, évidemment, la dominante du débitage primaire. Or, parmi les artefacts à forte déflation, on a découvert 15 exemplaires des éclatements en forme de tortue (fig. 5, 1-4). Ils ont les dimensions très différentes. On a découvert au total 11 lames, la plupart de ces lames ont des proportions raccourcies. Il est à remarquer qu’il y a 37 exemplaires exécutés en plaques et
Au total, la collection comprend 85 artefacts dont la plupart sont faits en grès de quartz à gros grain gris claire et rosâtre. D’après le degré de la conservation, le complexe se divise en trois séries: a) à forte déflation – 11 ex.; b) à déflation moyenne – 70 ex.; c) à faible déflation – 4 ex. La série à 3
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig.2. Nucléus à forte déflation. Mugodjary-4.
Fig.3. Bifaces à forte déflation. Mugodjary-4. 4
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
Fig.4. Série à forte déflation. Mugodjary-4. 1-3 – outils à bec; 4,5 – lames retouchées; 6-8 - encoches-denticulés.
Fig.5. Racloirs à (5-7) déflation forte (1-4) et moyenne. Mugodjary-4. 5
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
en petites concrétions naturelles. Tout cela, ainsi que le fait que les autres artefacts sont présentés par les éclats, indique la large propagation de la technologie levalloisienne de l’obtention des ébauches dans le débitage primaire.
8, 1,2) et les bifaces – 25 ex. (fig. 9), les unifaces – 2 ex., les racloirs – 24 ex. (fig. 8, 3-6), les encoches-denticulés – 27 ex. (fig. 8, 7-9), les lames complètes et cassées – 12 ex., les outils à bec – 1 ex. (fig. 8, 10), les éclats – 12 ex.
L’outillage comprend quelques composantes principales: les bifaces, les pièces à façonnage bifacial, racloirs, grattoirs, encoches-denticulés, outils à bec et lames retouchées. Le façonnage secondaire des bifaces a été réalisé, en général, par les grands éclatements, on observe très rarement l’esquille, en particulier, sur les racloirs. La grande retouche a été effectuée à partir du côté dorsal, et c’est seulement sur les encoches-denticulés qu’elle a été effectuée souvent à partir du côté ventral.
En général, en appréciant le débitage primaire, on peut conclure que ce sont, principalement, les nucléus levalloisiens pour l’obtention des éclats en forme de tortue et les lames de différents types qui ont servi de base pour l’obtention des éclatements secondaires. En outre, il est à noter que dans la collection il y a 8 éclats lavalloisiens et 12 lames complètes et cassées. Comme ébauches initiales, on utilisait des plaques et des concrétions – 28 ex. En général, les outils du complexe présentent le spectre d’instruments assez déterminé: les bifaces et les artefacts à façonnage bifacial, les racloirs, les encoches-denticulés, les lames retouchées. Or, on observe la ressemblance des matériaux des séries à forte et moyenne déflation.
La série à déflation moyenne (82 ex.) comprend: une nucléiforme – 1 ex., des préformes – 2 ex., des nucléus – 9 ex., des artefacts à façonnage bifacial et des bifaces – 18 ex. (fig. 6), un artefact à façonnage unilatéral – 1 ex., des racloirs – 13 ex. (cf. fig. 4, 5-7), un grattoir – 1 ex., des encochesdenticulés – 27 ex., des lames retouchées – 4 ex. et des éclats – 3 ex.
Le monument de Mugodjary-5 peut être déterminé comme atelier avec les éléments de la station.
En caractérisant le système du débitage primaire de la série à déflation moyenne, il est à remarquer qu’on a découvert 3 éclatements levalloisiens et 4 grandes lames. En général, il peut être caractérisé comme levalloisien. En effet, les conclusions sont faites à la base de l’analyse des nucléus de la série à forte déflation et transférées ensuite sur les matériaux de la série à déflation moyenne, puisque ces deux groupes représentent un tout dont témoigne la ressemblance typologique des outillages.
Si l’on parle de l’époque de l’existence du complexe, l’appartenance à la période acheuléenne ne provoque aucun doute; il est à remarquer seulement qu’il est plus récent que les complexes des montagnes de Mugodjary 4. Ce fait est constaté d’après le degré de la conservation de la superficie, ainsi que d’après l’aspect techno-typologique de l’industrie toute entière; on voit augmenter la part des racloirs et diminuer le groupe d’encoches-denticulès, d’outils à bec. D’ailleurs, le système du débitage primaire change en général très peu, dans sa base il y a des nucléus levalloisiens pour l’enlèvement des éclatements en forme de tortue.
Les artefacts au faible degré de la déflation de la superficie ne sont pas, évidemment, pris pour le décompte dans ce complexe.
Le complexe de Mugodjary-6 se situe au nord de l’élévation où l’on a découvert le gisement Mugodjary-5. Ses coordonnées sont: la latitude - 48o52’55,5'', la longitude 58o22’43,3''. Les découvertes ont été faites sur le piemont déluvial, sur la superficie de 50 x 50 m.
Sans doute, d’après le caractère de l’inventaire lithique, le monument de Mugodjary-4 peut être déterminé comme station-atelier sur les affleurements de la matière première. A notre avis, ce complexe peut être attribué à la période acheuléenne, de toute évidence, pas trop récente.
On a recueilli 69 artefacts en même grès siliceux qui était présenté sur le gisement de Mugodjary-5. Le degré de la déflation est fort et moyen, c’est pourquoi, les matériaux de la collection sont envisagés tous ensemble.
Mugodjary-5 se situe plus loin vers le nord de l’autoroute Altyndy-Emba, à 12 km. de cette dernière, sur le pièmont déluvial. Ses coordonnées sont: la latitude - 48o52’34,8'', la longitude - 58o23’17,4''. Les collectes ont été réalisées sur la superficie de 200 x 100 m. Au total, on a recueilli 151 artefacts en grès siliceux gris et jaunâtre.
La collection des artefcts lithiques comprend 8 nucléus (fig. 10), les bifaces complets et cassés (fig. 11) et les pièces à façonnage bifacial – 21 ex. (fig. 12, 1), les pics – 3 ex. (fig. 12, 6,7), les racloirs – 8 ex. (fig. 12, 2,4), les encochesdenticulés – 11 ex. (fig. 12, 5), les lames – 10 ex. et les éclatements sans façonnage – 8 ex.
Le degré de la déflation de la superficie des artefacts est moyen et faible. C’est que, les collectes ont été effectuées dans l’endroit de l’obtention du ballast pour le chemin de fer où plusieurs artefacts ne se trouvaient pas sur la superficie, mais dans les formations friables. A cause de cela, la collection est envisagée au total, sans dégagement des sériés d’après le caractère de la destruction de la superficie.
On voit la combinaison de la technique levalloisienne de l’obtention de l’éclat levalloisien en forme de tortue et des lames. Il est à remarquer que dans la collection il y a 8 éclatements en forme de tortue, 10 grandes lames, 15 artefacts en plaques et concrétions du grès de quartzite.
La collection est présentée par: les nucléiformes – 11 ex., les nucléus – 24 ex. (fig. 7), les outils à façonnage bifacial (fig. 6
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
Fig.6. Bifaces à déflation moyenne. Mugodjary-4.
Fig.7. Nucléus levalloisiens (1-4, 6,7) et un nucléus du principe parallèle de débitage 95). Mugodjary-5. 7
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 8. Outillage lithique. Mugodjary-5. 1,2 – outils à façonnage bifacial; 3-6 – racloirs; 7-9 – encoches-denticulés; 10 – outil à bec.
Fig. 9. Bifaces. Mugodjary-5. 8
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
Fig. 10. Nucléus levalloisiens. Mugodjary-6.
Fig. 11. Bifaces. Mugodjary-6. 9
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 12. Outillage lithique. Mugodjary-6. 1 – outil à façonnage bifacial; 2,4 – racloirs; 3 – débris d’un nucléus; 5 – encoche-denticulé; 6,7 – pics.
L’outillage du gisement de Mugodjary-6 est très expressif, il a des analogies directes avec les matériaux de Mugodjary-5. De toute évidence, il s’agit de leur ressemblance technotypologique et chronologique, ainsi que de celle de faciès. Mugodjary-6 représente l’atelier-station sur les affleurements rocheux.
Parmi les nucléus, ce sont les nucléus levalloisiens pour l’obtention des éclatements en forme de tortue qui sont les plus nombreux. Ils se trouvent sur les différents stades de la chaîne technologique de l’utilisation. Les nucléus du principe d’éclatement parallèle et subparallèle sont un peu moins nombreux (tabl. 2). Quant à l’outillage des monuments de Mugodjary-3-6, il est à noter qu’on a découvert au total 404 artefacts lithiques (tabl. 3) dont 85 représentaient les bifaces et les artefacts à façonnage bifacial. Parmi les biface, on voit prédominer les objets foliacés (en amande) et ovalaires (tabl. 4). Les bifaces cordiformes sont moins nombreux. Il y a les catégories suivantes des bifaces: subrectangulaires, “en forme de virgule”, avec une extrémité tronquée, de forme irrégulière et certaines autres présentées par des exemplaires isolés.
L’ANALYSE DES COMPLEXES INDUSTRIELS Les complexes présentés 3-6 de l’industrie sont, sans doute, assez représenatifs pour l’obtention de l’information sur les composants principaux des monuments acheuléens de Mugodjary. Si l’on parle des particularités régionales de l’acheuléen des montagnes de Mugodjary avec les bifaces occupant une place importante dans les complexes, elles sont les suivantes.
La technologie de l’exécution des bifaces de différentes modifications est stable; il s’agit des grands éclatements du caractère subparallèle effectués à partir des bords vers le centre. Le façonnage supplémentaire par les éclatements est presque absent. Les bifaces sont symétriques dans leur section longitudinale, leur épaisseur ne dépasse d’habitude 2 ou 3 cm. Le façonnage d’accomodation est presque absent excepté les bifaces à dos sur le côté long.
Toute la collection analysée de l’industrie lithique du monument de Mugodjary 3-6 de tous les degrés de la déflation de la superficie de l’artefact se compose de 603 exemplaires dont 86 ex sont liés avec le débitage primaire (préformes, nucléus, nucléiformes); les autres artefacts n’ont aucun façonnage secondaire (tabl. 1). La présence dans les complexes des préformes et des nucléiformes est bien explicable puisqu’on observe ici le choix de la matière première et son épreuve.
Il est à remarquer les artefacts à façonnage bifacial – 9 ex.; bien qu’ils ne soient pas nombreux, ils sont observables sur 10
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest) Tableau 1. Débitage primaire et déchets de la production. Тype d’artefact
monument Мugodjary 3
Мugodjary4
total
Мugodjary 5
Мugodjary 6
3
Nucléiformes
4
Nucléus
5
Eclatements des nucléus
7
Eclatement segmentoïde Débris avec les négatifs des éclatements Lames
5
1
10
9
6 11 24
24 8
2
1 1
1 12
26
8
3
5
25
25
15
7
72
Eclatements 7
56 14
1
Eclats TOTAL
A défl. forte et moyenne
1
1
A défl. faible et moyenne
2 7
faible
moyen
Préformes
fort
faible
moyen
fort
Degré de la déflation
44
3
10
22 67
8
8
26
199
Levalloisiens du principe parallèle d’éclatement Monofrontaux à deux plans de frappe
A défl. forte et moyenne
1
A défl. faible et moyenne
A défl. moyenne
9
1
A faible défl.
Mugodjary-6
A faible défl.
Mugodjary-5
A forte défl.
Levalloisiens pour les éclats en forme de tortue
Mugodjary-4
A forte défl.
Тype d’artefact
Mugodjary-3 A défl. moyenne
Tableau 2. Types des nucléus.
13
5
29
11
2
13
2
total
2
Monofrontaux à un plan de frappe
1
1
Du principe subparallèle d’éclatement
7
7
Discoïde
1
1
Divers
2
2
De côté TOTAL
5
10
les trois monuments de Mugodjary 4-6 et ressemblent aux artefacts discoïdes.
9
24
1
1
8
56
très nombreux et ne déterminent pas l’aspect de l’industrie. Tels sont les principales composantes techno-typologiques de l’industrie des complexes acheuléens de Mugodjary.
Les artefacts à façonnage unifacial ne sont pas nombreux – 3 ex., ils ne sont pas caractéristiques pour les complexes donnés. Il en est de même en ce qui concerne les outils du type de “pic”, bien qu’ils se combinent très bien avec les bifaces.
Il est bien évident qu’après la découverte de cette industrie, le territoire des montagnes de Mugodjary doit être inclus dans la zone de la propagation de l’acheuléen avec les bifaces (Sensu Strictu).
Quant aux autres types des artefacts, ce sont les encochesdenticulés et les racloirs de différentes variations qui prédominent ici. Les autres types des artefacts ne sont pas
Quant à la division en périodes relative des complexes de Mugodjary-3-6, il nous semble que la linge généralisée du développement poursuit logiquement le complexe de 11
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
8 1 1 1
46
21 1 13 1
66 7 17
27
11
4
A faible défl.
2
1
A défl. moyenne
8
A forte défl.
6
A faible défl.
2
2
Mugodjary-5
Mugodjary-6 A défl. forte et moyenne
Bifaces et artefacts à façonnage bifacial Artefacts à façonnage ubifacial Racloirs Grattoirs Pics Encoches-denticulés Racloirs massifs Outil à bec Outil à épine Lames retouchées Eclats retouchés Plaquettes et éclatements à retouche épisodique Outil composite Outil à dos TOTAL
A défl. moyenne
Type d’artefact
Mugodjary-4
A forte défl.
Mugodjary-3
A défl. faible et moyenne
Tableau 3. Outillage lithique.
25 2 24
21 8
2 3 11
27 1
3 4 25 4
1 1 26
1
180
67
4
79
43
total
85 3 101 4 4 133 7 18 3 15 4 25 1 1 404
4 1
4 9 2
A défl. forte et moyenne
2 2
2
A faible défl.
A défl. moyenne
A forte défl.
Mugodjary-6
A faible défl.
Mugodjary-5 A défl. faible et moyenne
Cordiformes Foliacés Ovalaires Subrectangulaires «Virgules» Du type «Les Pendus» Avec l’extrémité tronquée Proche des clivers A dos De forme irrégulière Débris TOTAL
Mugodjary-4
A forte défl.
Type d’artefact
Mugodjary-3 A défl. moyenne
Tableau 4. Types des bifaces.
2 1 8
2 4 8
2 2 5 20
2
1 1 1 1 2 2
1 5
1 7
3 18
Mugodjary-4 en allant vers les complexes de Mugodjary-3, 5, 6 ce qui donne le tableau général de l’aspect industriel de l’acheuléen du territoire donné.
3 19
total
10 18 22 1 1 1 1 1 6 2 13 76
ancienne gisaient ici sous la couche mésolithique, de la collection duquel elles avaient été dégagées sur la base de la typologie et de la patine considérable de la superficie. Dès le début, cette collection assez petite a été attribuée au Moustérien, ensuite, on l’a divisée en deux complexes – acheuléen et moustérien.
Les gisements de l’époque acheuléenne des montagnes de Mugodjary, en ce qui concerne les bifaces, peuvent être rapprochés des complexes des artefacts lithiques avec des bifaces isolés. En particulier, c’est la station Myssovaïa à l’Oural du Sud [Bader, Matushin, 1973; Matushin, 1990; Tseitlin, 1975] qui représente l’objet avec la stratigraphie complexe et de faible épaisseur. Les découvertes de la période
L’autre monument dans l’inventaire lithique duquel on observe des bifaces, a été étudié par V.S. Volochine au Kazakhstan Central, dans l’amont de la rivière Ichim. En se basant sur la position géomorphologique des collectes 12
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
effectuées, on suppose la limite chronologique inférieure suivante: mindel-riss [Voloshin, 1988]. Au total, on a découvert 10 bifaces dont les formes sont assez variables: subtriangulaire, ellipsoïde, allongée ovalaire.
- la date de RTL égale à 350±70 000 BP (RTL-373) [Lubin, Kulikov, 1991, p. 6-7]. On voit bien qu’outre Dmanissi avec sa date très ancienne, les autres complexes acheuléens peuvent être placés dans les limites des dates absolues de 550 à 350 000 BP; autrement dit, dans les limites des industries acheuléennes les plus anciennes datées par le début du pléistocène moyen (la seconde moitié du kramère). Les complexes acheuléens avec les bifaces de l’époque moins ancienne se rapportent à la période mindel, mindel-riss. De toute évidence, les monuments avec le gisement superficiel des artefacts lithiques (Yachtoukh, Satani-Dar) se rapportent à la même période. Cette supposition est basée sur la comparaison technotypologique des complexes des monuments de caverne stratigraphiés et des complexes des monuments du gisement superficie.
Plus loin vers l’est, les bifaces ont été découverts aussi sur les monuments du gisement superficiel de la région près d’Irtych, sur le littorale du lac Kudaïkol [Medoev, 1982], dans la région près de Balkhach du Nord, dans les complexes de Sémizbougou [Derevianko, Aubekerov Petrin et al. 1993], ainsi que près du village Saïak [Derevianko, Petrin, Taimagambetov, Zenin et al. 1999б, в]. Si l’on parle des analogies orientales, il faut mentionner le complexe de Torgalyk à Touva [Astahov, 1980] et les collectes sur les monuments de “Dno Gobi” et Yarkh en Mongolie [Okladnikov, 1983]. Il est à remarquer qu’en examinant les bifaces des gisements de Mugodjary 3-6, on relève une certaine ressemblance avec les artefacts pareils du Kazakhstan Central (Vichniovka-3), de la région près de Balkhach du Nord (Sémizbougou, Saïak), de la région près d’Irtych (Kudaïkol); cependant, les artefacts de Torgalyk et de la montagne Yarkh “Dno Gobi” ont la morphologie tout différente et ne peuvent pas être envisagés comme analogies.
Les matériaux que nous avons découverts dans les montagnes de Mugodjary, du point de vue de la comparaison technotypologique, ainsi que d’après le type du monument, sont comparables avec avec les matériaux caucasiens ce qui donne la possibilité de transférer en général le cadre chronologique de la période acheuléenne caucasienne sur certaines positions chronologiques de l’acheuléen des montagnes de Mugodjary, sans précision de la limite inférieure.
Les complexes avec les bifaces du Paléolithique ancien sont aussi connus au sud-ouest des complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary. Ils ont été découverts dans la région près d’Aral du Nord [Derevianko, Taimagambetov, Petrin et al. 1999б], à Manghychlak [Medoev, 1982; Derevianko, Taimagambetov, Petrin et al. 1999a, б], ainsi que plus loin vers le sud, sur le plateau Krasnovodskoïé. Les premières découvertes ont été faites dans cet endroit (à 39-41 km. du chemin de fer Krasnovodsk-Achkhabad) encore dans les années 50-s par A.P. Okladnikov; ensuite, on a découvert à la proximité tels complexes que Yagandja-Kara-Tenghir [Lubin, 1984; Vishniatski, 1996].
D’ailleurs, il n’est pas raisonnable d’envisager le territoire de la région précaspienne, préaralienne et celui des montagnes de Mugodjary comme la zone de la pénétration humaine à partir du Caucase, sur le littorale sud de la mer Caspienne, à travers “les portes” Kopetdagskié, à l’époque acheuléenne [Vishniatski, 1996]. On n’a aucune confirmation objective de cette idée. Si l’on partage le point de vue de I. Korobkov [1978] envisageant le lien des monuments acheuléens du Caucase, sur l’exemple des monuments de la région près de la mer Noire de l’époque acheuléenne (Yachtoukh), et de la tradition Oubeydiisko-latamanéenne, alors, on tirera aussi la conclusion de la justese de l’hypothèse de V. Lioubine sur les contacts larges et variés à l’époque acheuléenne des cultures des contreforts asiatiques et caucasiens [1998, p.172]. Avec cela, il faut prendre en considération le fait suivant: la zone des contacts pouvait ne pas être limitée seulement par le territoire caucasien qui n’était qu’une des régions d’une grande zone territoriale comprenant les territoires déjà mentionnés de la région précaspienne est, de la région préaralienne et des montagnes de Mugodjary, d’autant plus que la mer caspienne ne semble pas aujourd’hui la barrière paléogéographique tellement impénétrable que dans l’ancienneté. Les transgressions et les regressions nombreuses ont considérablement changé la configuration des bords caspiens – par exemple, les regressions du pléistocène inférieur entre l’époque verkhnebakinski (les couches ouroundjikski) et nijnékhazarski (les couches singuilski). On peut supposer que les rythmes de la restriction et de l’élargissement du plan d’eau aient aussi eu lieu dans l’anciénneté [Leontiev, Maev, Rychagov, 1977; Tugolesov, 1948; Fedorov, 1957] et l’impulsion de la propagation de l’acheuléen allant du territoire du Levant n’ait pas été limitée
Leurs analogies les moins lointaines ont été découverts, principalement, au Caucase. Actuellement, sur le territoire du Caucase, on connaît plus de 150 monuments de différents types de l’époque acheuléenne. Ces monuments se situent au Caucase de l’Ouest et au sud de la crête Caucasienne [Zamiatnin, 1937; Zamiatnin, 1961; Panichkina, 1950; Soloviev, 1971; Guseinov, 1985; Kulikov, 1991; Lubin, 1998]. Les complexes acheuléens du Caucase sont datés et corrélés sur la base des monuments de cavernes stratigraphiés à plusieurs couches par les méthodes de la biostratigraphie et la géochronologie [Lubin, Kulikov, 1991; Lubin, 1993, 1998]. Les datations absolues sont les suivantes. Pour la station Dmanissi qui a donné, à côté des artefacts lithiques, les restes de l’archanthrope [Gabunia, Jöris, Justus et al., 1999] la datation paléomagnétique indique l’âge de 1,8±0,1 million d’an BP. Le complexe pozdnétiraspolski de la couche 7a de la caverne Tréougolnaïa est daté par la méthode de la résonance électro-paramagnétique de 538±25 000 BP et la couche 5б – de 393±27 000 BP. Dans la caverne Kudaro III, la couche 8a (la seconde moitié du kromère) est daté par la méthode RTL de 560±112 000 BP. La couche 6в de la caverne Kudaro I a la date de RTL de 360±90 000 BP (RTL-379) et la couche recouvrant le niveau acheuléen 5a, б de la station 13
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
par le territoire caucasien, mais passait beaucoup plus loin vers l’est.
V.A. Ranov a le mérite d’avoir dégagé sur le terriotire de cette zone entre deux formations historico-culturelles de deux lignes du développement [1962]. Le groupe A a été caractérisé au début comme la culture avec les hachoirs et le groupe B – comme celle avec les objets de galet (choppers, choppings). La première ligne de l’évolution provient des cultures de l’Asie Antérieure et la deuxième – des cultures de l’aspect de l’Asie Orientale. Cette thèse a été présentés aussi dans les travaux récents [Ranov, Shäfer, 2000].
LES PARTICULARITÉS RÉGIONALES DE LA CULTURE DES MONTAGNES DE MUGODJARY EN COMPARAISON AVEC LE PALÉOLITHIQUE DES TERRITOIRES LIMITROPHES Les matériaux très expressifs de l’industrie acheuléenne des montagnes de Mugodjary permettent d’envisager autrement certains problèmes globaux du Paléolithique ancien du nordouest de l’Asie dont font partie l’Asie Centrale et le Kazakhstan. Il s’agit, avant tout, de l’aspect industriel et technique des complexes du Paléolithique ancien. A regret, les bases de l’étude des monuments ne sont pas bien présentées. Tout de même, nous allons essayer de tracer les lignes générales de la division en périodes en présentant toutes ses variantes possibles.
Or, les schémas principaux de la division en périodes du Paléolithique de l’Asie Centrale et du Kazakhstan brièvement présentés ici nous font penser que, malgré toutes les contradictions et les imperfections, tous reconnaissent la présence du stade du Paléolithique ancien. A notre avis, on a actuellement plus de possibilités d’envisager en détail le problème soulevé, en s’appuyant sur toute l’information concernant le stade du Paléolithique ancien, et de créer le schéma original de la mise en ordre des matériaux empiriques. De notre point de vue, grâce aux travaux de recherche des dernières décennies, on peut grouper les monuments existant en les réunissant par le terme “la ligne du développement”. Sur le territoire de l’Asie Centrale et du Kazakhstan, on a dégagé quelques lignes du développement: a) la ligne de galet de Karatau (Obi-Mazar 6, Karatau, Lakhouti); b) la ligne micro-industrielle (Kuldara, Kochkourgan, Choktass); c) la ligne à “encoches-denticulés” (Kulbulak, Seloungour); d) l’acheuléen de Mugodjary avec les bifaces (Mugodjary, Chakhbagata, Tanirkazgan, Borykazgan) (fig. 17). On peut supposer que la dernière ligne comprennne quelques variantes; par la suite, elle peut se diviser, par exemple, on peut dégager les monuments du type de Tanirkazgan et Borykazgan ayant peu de bifaces. Les complexes de Sémizbougou et de Manghychlak peuvent occuper aussi une place à part. Cependant, il y a un trait commun pour tous les monuments – il s’agit du système levalloisien du débitage primaire.
Cela concerne, avant tout, le territoire du Kazakhstan étudié par plusieurs chercheurs [Alpysbaev, 1979; Artuhova, 1998; Aubekerov, 1992; Vishniatski, 1996; Voloshin, 1990; Medoev, 1982; Taimagambetov, 1998]. La faiblesse des schémas proposés a été remarqée par Vichniatski [1996]. Cependant, ils s’appuyaient sur la base objective - l’absence de la stratigraphie dans les conditions de la zone aride de l’Eurasie où prédiminent les complexes du gisement superficiel, ainsi que le caractère assez conventionnel dans le dégagement de telles subdivisions que “arystandy” ou bien, “aktasty” et leur datation de l’époque oldowayenne. D’ailleurs, les autres unités du schéma d’évolution ont aussi provoqué certaines difficultés. V.A. Ranov a aussi beaucoup travaillé sur la division en périodes du Paléolithique de l’Asie Centrale et du Kazakhstan. Ayant les sources archéologiques excellentes sur les coupes loessiques de la dépression afgano-tadjike atteignant 200 m. de profondeur, avec les pédocomplexes bien prononcés datés par les méthodes PM et RTL, il a créé la première division en périodes viable et chronologiquement explicable.
La ligne de galet de Karatau. Les complexes les plus anciens stratifiés et datés du Paléolithique ancien en Asie Centrale ont été étudiés dans les loess de Tadjikistan, dans la dépression Afgano-tadjik [Ranov, Shäfer, 2000]. Attardons nous dans la caractéristique de l’industrie de galet de Karatau (la ligne du développement B) sur l’exemple du complexe plus ancien ObiMazar-6 et de Lakhouti daté de plus de 500000 BP [Ranov, Shäfer, 2000; Schäfer, Sosinn, Ranov, 1998]. Cette industrie est caractérisée par le degré initial de la mise en forme des nucléus (à plusieurs plans de frappe, cuboïdes), bien qu’on observe les nucléus à un plan de frappe, le type principal est présenté par le nucléus de galet, il existe la technologie des éclatements lobulaires et cunéiformes, en outre, on voit apparaître les nucléus pyramidaux. Dans la collection d’ObiMazar-6, il y a un chopper et un chopping, ainsi que des racloirs et des éclats retouchés. A Lakhouti, on voit apparaître les nucléus d’aspect lavalloisien. On observe l’évolution graduelle de l’industrie Obi-Mazar 6 et Lakhouti au sein de la culture de Karatau. Les analogies peuvent être découvertes dans les monuments de la Chine (Liangtiang, Kaihet et dans les couches inférieures de Tchjoukoudiang) [Ranov, 1999] et, peut-être, dans; les couches inférieures d’Oubeydiya au Proche-Orient.
En ce qui concerne l’évolution des cultures paléolithiques de l’Asie Centrale, V.A. Ranov est l’adepte de la conception de A.P. Okladnikov sur la coexistance en Asie Centrale de deux zones culturelles dont une est liée avec l’Occident (l’Asie Antérieure) et l’autre – avec l’Orient (l’Asie Orientale). Cette conception se base sur la théorie de H. Movius de deux univers dans le Paléolithique ancien. L’univers des “hachoirs à main” et l’univers “oriental” des “choppers et choppings” sont divisés par une ligne intermédiaire comprenant dans sa partie nord le territoire de l’Asie Centrale et du Kazakhstan [Movius, 1944, fig.44, p.103]. En analysant la corrélation des cultures de galet, Ranov a publié le travail où il a mis en valeur ce caractère “intermédiaire” des territoires mentionnés [1982, 1992]. Le caractère limitrophe des territoires de l’Asie centrale a été mentionné par certains autres chercheurs [Boriskovski, 1971;Vishniatski, 1992;Okladnikov, 1956; 1966]. 14
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
Fig.13. Stratigraphie des coupes loessiques de sol dans la région Hovalingski du Tadjikistan et la corrélation de la courbe oxygénée-isotope (d’après [Ranov, Chäfer, 2000]) avec la répartition des monuments du Paléolithique ancien en Asie Centrale et au Kazakhstan (avec les notes des auteurs).
La ligne micro-industrielle du développement. Les complexes micro-industriels sont datés de 200000 BP à 1000000 BP. Ce sont les stations de Bilzingsleben en Allemagne, Vértersszölös en Hongrie et Isernia la Pineta en Italie qui sont les plus connues en Europe. Au Proche-Orient, en Isra¸l, il y a trois ans on a découvert la station de Bizat Rukhama.
En Asie Centrale, on observe les stations de Kuldara, Kochkourgan, Choktass. En Chine, ce sont Dunghuto et Siaotchangliang. Envisageons les complexes micro-industriels de Kochkourgan et Choktass. Ce sont les nucléus levalloisiens 15
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
qui représentent le type principal. Les indices techniques des deux collections sont suivants: IL est égale à 0,8 pour Kochkourgan 1 et 0,4 – pour Choktass 1; IFlarge est égal, respectivement, à 21 et 16,3; IFstrict - à 18,6 et 13,5; Ilam – à 7,2 et 3,6. Il est à remarquer l’indice levalloisien (IL) très bas, malgré le poids spécifique élevé des nucléus levalloisiens. Il est à noter la présence des ébauches raccourcies sur les deux monuments. Pour l’exécution des outils, on utilisait souvent des galets.
des fouilles en prétendant que la profondeur de 19 m. aurait pu se former dans le cadre du pléistocène tardif. De toute évidence, l’interprétation de M. Kassymov peut être acceptée sous certaine réserve. Les couches acheuléennes sont attribuables au pléistocène ancien (la période nanaïski) et, partiellement, au quaternaire moyen (le début de la période tachkentski). Les restes culturels sont inclus, principalement, dans les couches ayant le caractère de lit, de terre inondable, de prés, ainsi que le caractère lacustre. Les conditions climatiques de cette période-là sont caractérisées comme subtropiques, parfois - humides; on observe la transformation du climat chaud humide en climat un peu chaud, aride et même humide froid. La faune est présentée par les espèces suivantes: Equus sp., Ovis ammon L., Cervus elaphus L., Bas primigenius Bojanus, Capra sibirica Pall [Kasymov, Godin, 1984; p.3-18; Kasymov et al., 1985].
Les collections de Kochkourgan-1 et Choktass-1 donnent l’information détaillée sur les particularités technotypologiques d’une des lignes principales du développement de l’industrie au cours du Paléolithique non seulement de l’Asie Centrale, mais aussi de l’Eurasie toute entière. Sur la base des échantillons pris dans les sédiments, à l’Institut de la géologie de la République du Kazakhstan (Almaty), par la méthode de EPR, on a obtenu les six dates suivantes: 500±75, 430±20, 320±90, 300±90, 250±75, 40±12 000 BP.
Dans l’industrie lithique des 45-24-e couches acheuléennes de Kulbulak, on observe la nette succession de tous les complexes de l’inventaire lithique témoignant de leur appartenance à une seule ligne du développement.
A l’Institut de la cinétique chimique et de l’ignition de la BS ASR (Novossibirsk), par la méthode de EPR, on a daté quatre échantillons des os d’une lentille de sable: 501±23, 487±20, 470±35, 427±48 000 BP ce qui concorde bien avec la datation réalisée auparavant et basée sur les matériaux paléontologiques du complexe faunique de Kochkourgan représentant l’analogie du complexe faunique du Pléistocène ancien de Tiraspol de l’Europe de l’Est.
Le problème de la datation des sédiments de Kulbulak semble très compliqué, puisqu’on a seulement une datation paléomagnétique au niveau de la 31-e couche fixant ici la frontière Bruness-Matouyama [Toichiev, 1982]. La nature fonctionnelle de Kulbulak est absolument évidente – il s’agit de l’endroit de l’habitation à long terme bien situé près d’une source à l’eau douce, à côté des puissants affleurements siliceux à la distance d’environ 3 km., dans les collections duquel il y avait des outils lithiques.
On a dégagé la corrélation entre l’industrie de l’aspect de Kochkourgan et Choktass et la petite collection assez expressive des artefacts du 11-e et 12-e pédocomplexes de Kuldara (40 ex.).
A notre avis, de tous les monuments du Paléolithique ancien de l’Asie Centrale, c’est l’industrie découverte dans les sédiments de la caverne de Seloungour de la vallée de Fergana en Kirghizie qui est la plus proche de la ligne du développement denticulée de Kulbulak.
La découverte des monuments de Kochkourgan et Choktass avec l’ensemble micro-industriel complet de l’inventaire lithique, ainsi que celle du monument de Kuldara, réunit en un entier territorial les complexes micro-industriels de l’Europe (Vértersszölös, Bilzingsleben, Isernia la Pineta), de l’Asie Occidentale (Bizat Rukhama), Centrale (Kochkourgan, Choktass, Kuldara) et Orientale (Dunghuto, Siaotchangliang). Or, on observe l’identité eurasienne des micro-industries du Paléolithique ancien.
Ce monument à plusieurs couches a cinq couches culturelles qui peuvent être attribuées, d’après U. Isslamov et A. Krakhmal, à l’acheuléen (sa variante de galet) [1995]. Le complexe industriel se compose des choppers, choppings, racloirs simples à bord droit et convexe, encoches-denticulés, des limaces et clivers peu nombreux [Islamov, Krahmal, 1995, p.180-181]. Il y a une date absolue obtenue par la méthode de thorium-ionium - 126±5 000 BP (ЛУ-936).
La localisation des complexes les plus anciens de Siaotchangliang et Dunghuto (environ 1 mln. d’années) à l’est de l’Asie et des complexes un peu plus récents au centre de l’Asie (Kuldara – 0,8 mln. d’annés), en Asie Occidentale (Rukhama – 0,75 mln. d’années) et en Europe (Isernia la Pineta – 0,74 mln. d’années) fait penser au mouvement de l’est à l’ouest, si l’on prend en considération le point de vue “monocentriste” de l’origine des industries [Derevianko, Petrin, Tsevendorj et al. 2000; Derevianko, Petrin, Taimagambetov et al., 2000].
La ligne du développement de l’acheuléen de Mugodjary avec les hachoirs a été bien décrite ci-dessus: le débitage primaire est levalloisien, les nucléus sont en forme de tortue du principe parallèle du débitage, il y a des bifaces, beaucoup de racloirs et d’encoches-denticulés. A regret, la plupart des monuments ne sont pas datés ou bien, sont datés approximativement.
La ligne du développement à encoches-denticulés. A la station en plein air de Kulbulak, M. Kassymov a attribué à la période acheuléenne toutes les couches à partir de la 45-e (la plus inférieure) gisant à la profondeur de 19 m. environ de la supeficie [1990]. En se basant sur la stratigraphie du monument, V. Ranov et S. Nesméïanov répliquent à l’auteur
En général, en appréciant la situation avec les complexes industriels du Paléolithique ancien de l’Asie Centrale et du Kazakhstan, on doit reconnaître qu’elle est assez compliquée. Les industries des monuments du Paléolithique ancien de 16
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest)
l’Asie Antérieure et du Proche-Orient (Oubeydiya, Latamna) sont influencées par les cultures africaines ayant la base plus ancienne liée avec les traditions techniques du type asiatique – cela concerne, avant tout, les matériaux de Dmanissi [Dzaparidze et al., 1989; Gabunia et al., 1999]. Il faut reconnaître que bien que l’influence africaine ait commencé à l’époque assez ancienne (1,5 mln. ans à Oubeydiya), elle ne dépassait pas les limites de l’Afrique Occidentale.
DEREVIANKO A.P., DORJ D., VASILIEVSKI R.S., LARITCHEV V.E., PETRIN V.T., DEVIATKIN E.V., MALAYEVA E.M., Kamennyi vek Mongolii: Paleolit i neolit Mongolskogo Altaya. – Novosibirsk: Nauka, 1990. – 644 p. DEREVIANKO A.P., OLSEN D., TSEVENDORJ D., PETRIN V.T., GLADYSHEV S.A., ZENIN A.N., MYLNIKOV V.P., KRIVOSHAPKIN A.I, RIVE R.U., BRANTINGHEM P.D., GUNCHINSUREN B., TSERENDAGVS I., Arheologicheskie issledovaniia Rossiisko-mongolsko-amerikanskoi ekspeditsii v Mongolii v 1997-1998 godah. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 2000. – 383 p.
Il est à remarquer qu’il existe des collections des artefacts lithiques de la coupe Rivat au Pakistan dont l’âge est égal à 2000 000 BP environ [Dennell, Rendell, Hailwood, 1988; The Palaeolithic Cultures..., 1997], ainsi que toute une série de monuments en Arabie [Amirhanov, 1991] et en Chine (Nikhevanie) datés de 2000 000 BP environ [U Uichju, Tan Intsjun, Li I, 1980], qui auraient pu servir de source d’apparition de l’industrie du Paléolithique ancien en Asie Centrale et au Kazakhstan. Il est à noter, une fois de plus, que ce territoire représente une zone de transition dans les matériaux des complexes industriels de laquelle on voit l’influence de l’Occident, ainsi que de l’Orient.
DEREVIANKO A.P., OLSEN D., TSEVENDORJ D., PETRIN V.T., ZENIN A.N., KRIVOSHAPKIN A.I., NIKOLAIEV S.V., MYLNIKOV V.P., RIVE R.U., GUNCHINSUREN B., TSERENDAGVS I., Arheologicheskie issledovaniia Rossiiskomongolsko-amerikanskoi ekspeditsii v Mongolii v 1996 g. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1998. – 343 p. DEREVIANKO A.P., OLSEN D., TSEVENDORJ D., PETRIN V.T., ZENIN A.N., KRIVOSHAPKIN A.I., RIVE R.U., DEVIATKIN E.V., MYLNIKOV V.P., Arheologicheskie issledovaniia Rossiisko-mongolsko-amerikanskoi ekspeditsii v Mongolii v 1995 g. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1996. – 326 p.
Adresses des auteurs
DEREVIANKO A.P., PETRIN V.T., TAIMAGAMBETOV J.K., Fenomen microindustrialnyh kompleksov Evrazii// Arheologiia, etnografiia i antropologiia Evrazii. –2000. –№4. – P. 2-18.
A. DEREVIANKO V. PETRIN Institute of Archaeology & Ethnography Lavrentieva av, 17 630090, Novosibirsk, RUSSIE
DEREVIANKO A.P., PETRIN V.T., TAIMAGAMBETOV J.K., ZENIN V.N., GLADYSHEV S.A., Paleoliticheskie kompleksy poverhnostnogo zaleganiia Mugodjarskih gor// Problemy arheologii, etnografii, antropologii Sibiri I sopredelnyh territorii. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1999a. –P. 50-55. DEREVIANKO A.P., PETRIN V.T., TAIMAGAMBETOV J.K., ZENIN V.N., GLADYSHEV S.A., Arheologicheskie razvedki pamiatnikov epohi paleolita v Vostochnom i Severnom Pribalhashie// Problemy arheologii, etnografii, antropologii Sibiri I sopredelnyh territorii. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1999б. –P. 6770.
Bibliographie ALPYSBAEV H.A., Pamiatniki nijnego paleolita Ujnogo Kazahstana. –Alma-Ata, 1979. 207 p. AMIRHANOV H.A., Paleolit Ujnoi Aravii. –M.: Nauka, 1991. – 271 p..
DEREVIANKO A.P., PETRIN V.T., TAIMAGAMBETOV J.K., ZENIN V.N., GLADYSHEV S.A., Planigraficheskoe izuchenie paleoliticheskih kompleksov otkrytogo tipa v Severnom Pribalhashie // Problemy arheologii, etnografii, antropologii Sibiri I sopredelnyh territorii. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1999в. –P. 7176.
ARTUHOVA O.A., Korreliatsiia mustierskih izdeliy Kazahstana// Kamennyi vek Kazahstana i sopredelnyh territoriy. –Turkestan: Miras, 1998. – p. 31-48. ASTAHOV S.N., Otkrytiye drevnrgo paleolita v Tuve// Hronostratigrafia paleolita Severnoi, Tsentralnoi I Vostochnoi Asii I Ameriki. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1990. –P. 40-43.
DEREVIANKO A.P., PETRIN V.T., TAIMAGAMBETOV J.K., ISABEKOV Z.K., RYBALKO A.G., OTTE M., Rannepaleoliticheskie mikroindustrialnye kompleksy v travertinah Ujnogo Kazahstana. - Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 2000. – 300 p.
AUBEKEROV B.J., Kontinentalnye tsetvertichnye otlojeniia Kazahstana: Exposé des grandes lignes de thèse.Thèse du troisième cycle des sciences géologo-minéralogiques. –Àlma-Ata, 1992. – 35 p. BADER O.N., MATUSHIN G.N., Novyi pamiatnik srednego paleolita na Ujnom Urale// CA. –1973. -№ 4. –P. 135-142.
DEREVIANKO A.P., PETRIN V.T., TSEVENDORJ D., DEVIATKIN E.V., LARITCHEV V.E., VASILIEVSKI R.S., ZENIN A.N., GLADYSHEV S.A., Paleolit i neolit severnogo poberijia Doliny Ozior. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 2000. – 438 p.
BORISKOVSKI P.I., Drevni kamenny vek Ujnoi i Ugo-Vostochnoi Asii. –L.: Nauka, -172 p. DENNELL R.W., RENDELL H., HAILWOOD E., Early Toolmking in Asia: Two-million-year-old artefacts in Pakistan // Antiquity. - 1988. - Vol. 62. - P. 98-106.
DEREVIANKO A.P., TAIMAGAMBETOV J.K., PETRIN V.T., GLADYSHEV S.A., ZENIN A.N., ZENIN V.N., ISKAKOV G.T., Issledovaniia pamiatnikov epohi paleolita na plato Mangyshlak v 1999 godu// Problemy arheologii, etnografii, antropologii Sibiri I sopredelnyh territorii. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1999a. –P. 42-45.
DEREVIANKO A.P., AUBEKEROV B.J., PETRIN V.T., TAIMAGAMBETOV J.K., ARTUHOVA O.A., ZENIN V.N., PETROV V.G., Paleolit Severnogo Pribalhahsia: Semizbugu, punkt 2, ranni-pozdni paleolit. –Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1993. –P. 114. 17
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic DEREVIANKO A.P., TAIMAGAMBETOV J.K., PETRIN V.T., GLADYSHEV S.A., ZENIN A.N., ZENIN V.N., ISKAKOV G.T. Paleoliticheskie mestonahojdeniia severnogo poberejia Aralskogo moria// Problemy arheologii, etnografii, antropologii Sibiri I sopredelnyh territorii. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1999б. –P. 4649.
de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1990. –P. 226-230. MEDOEV A.G., Geohronologiia paleolita Kazahstana. – Alma-Ata, Naula Kaz. SSSR, 1982. – 54 p. + 12 tabl. MOVIUS H. L., Early man and Pleistocene stratigraphy in southern and eastern Asia. // Papers of the Peabody Museum of American Archaeology and Ethnology. -1944. -vol. 19. -№ 3. –125 p.
DZAPARIDZE V., BOSINSKI G., BUGIANISVILI T., GABUNIA L., JUSTUS A., KLOPOTOVSKAYA N., KVAVADZE E., LORDKIPANIDZE D., MAJSURADZE G., MGELADZE N., NIORADZE M., PAVLENISVILI E., SCHMINCKE H.-U., SOLOGASVILI D., TUSABRAMISVILI D., TVALCRELIDZE M., VEKUA A. Der altpaläolithische Fundplatz Dmanisi in Georgien (Kaukasus) //Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz.- 1989. - Bd. 36. - S. 67-116.
OKLADNIKOV A.P., Paleolit i mezolit Sredney Azii// Sredniaa Aziia v epohu kamnia I bronzy. –M. L.: Nauka, 1966. –P. 11-75. OKLADNIKOV A.P., Paleolit Mongolii v svete noveishih issledovaniy// Pozdnepleistotsenovye i rannegolotsenovye kulturnye sviazi Azii i Ameriki. – Novosibirsk: Nauka, 1983. –P. 8-21. OKLADNIKOV A.P., Paleoliticheskoe vremia na Tian-Shane i Enisee// Istoriia Kirgizii. – Frunze: Kirgizgosizdat, 1956. – T.1. – P. 33-65.
FEDOROV P.V. Stratigrafiia chetvertichnyh otlojeniy i istoriia razvitiia Kaspiiskogo moria//. – M.: Izd. AS URSS, 1957. – 187 p. – (Tr. Geol. Inst. AS URSS; Vyp.10).
PANICHKINA M.Z., Paleolit Armenii. –L.:Izd. Gos. Ermitaja, 1950. –C. 108.
GABUNIA L., JÖRIS O., JUSTUS A., LORDKIPANIDZE D., MUSCHELIŠVILI A., NIORADZE M., SWISHER III C.C., VEKUA A. Neue Hominidenfunde des Altpaläolithischen fundplatzes Dmanisi (Georgien, Kaukasus) im kontext aktueller grabungsergebnisse //Archäologisches Korrespondenzblatt. – Mainz: Verlag des Römisch-Germanischen Zentralmuseums, 1999. –№ 29. –H. 4. –S. 451-488.
RANOV V.A., O stratigraficheskon polojenii paleolita Sredney Azii/ / Noveyshiy etap geologicheskogo razvitiia territorii Tadjikistana. – Dushanbe: Donish, 1962. – P. 35-58. RANOV V.A., Paleolit v predgoriah Gimalaev// Rannepaleoliticheskie kompleksy Evrazii. –Novosibirsk: Nauka, 1992. –P. 28-49.
GUSEINOV M. M. Drevni paleolit Azerbaidjana. – Baku:Ed. Elma, 1985. –72 p. + 21 fig.
RANOV V.A., Soanskaya kultura: mif ili deystvitelnost?// Drevniaia India. –M.: Nauka, 1982. –P. 267-296.
GVOZDETSKI N.A., NIKOLAEV V.A.Kazahstan. -M.:Ed. Mysl, 1971. – 295 p.
RANOV V.A., NESMEIANOV S.A., Paleolit i stratigrafiia antropogena Srednei Azii. – Dushanbe, 1973. – 160 p.
ISLAMOV U.I., Krahmal K.A. Paleoecologiia i sledy drevneishego cheloveka v Chentralnoi Asii. –Tashkent: Fan, 1995. –219 p.
RANOV V.A., SHÄFER J., Lessovyi paleolit// Arheologiia, etnografiia, antropologiia Evrazii. –2000. -№ 2. –P. 20-32.
KASYMOV M.P., GODIN M.H. Vajneishie resultaty issledovaniia mnogosloinoy stoianki Kulbulak (po dannym raskopok 19801982 gg.)// Istoriia materialnoy kultury Uzbekistana. –1984. – vyp. 19. –P. 3-18.
RANOV V.A., Ranniy paleolit Kitaia. –M.: 1999. – 110 p. SCHÄFER J., SOSIN P. M., RANOV V. A., Neue untersuchungen zum losspaläolithikum am Obi-Mazar, Tadshikistan // Archäologisches Korrespondenzblatt. –1998. –Bd 26, N 2. –S. 97-109.
KASYMOV M.P., TETUHIN G.F., GODIN M.H., HUSANBAEV D.I K voprosu o kompleksnom issledovanii mnogosloinoy paleoliticheskoi stoianki Kulbulak v Uzbekistane// KSIA. –1985. –Vyp. 181. –P. 101-109.
SOLOVIEV L.I., Pervobytnoe obchtchestvo na territorii Abhazii. – Suhumi: Alashara, 1971. –81 p. + L tabl. SOTNIKOV A.V., Gidrologicheskoe raionirovanie Zapadnogo Kazahstana//Materialy po geologii i poleznym iskopaemym Zapadnogo Kazahstana. – Alma-Ata: Nauka, 1960. – P. 225231.
KASYMOV M.P., Problemy paleolita sredney Asii i Ujnogo Kazahstana: Exposé des grandes lignes de thèse. Thèse du troisième cycle des sciences historiques. –Novosibirsk, 1990. – 48 p.
SUSLOV P.N., Fizicheskaya geografiia SSSR: Aziatskaya chast. – M.: Izd. Uchpedgiz, 1954. – 710 p.
KOROBKOV I.K., K probleme nijnepaleoliticheskih poselenii otkrytogo tipa// MIA –1971. -№ 173. –P. 61-99.
TAIMAGAMBETOV J.K., Periodizatsiia, hronologiia i korreliatsiia paleoliticheskih industrii Kazahstana s industriiami sopredelnyh territorii// Problemy izucheniia I sohraneniia istoricheskogo naslediia. –Almaaty: Nauka KazSSR, 1998. – P. 111-128.
KOROBKOV I.K., Paleolit Vostochnogo Sredizemnomoria// Paleolit Bliznego i Srednego Vostoka. – L.: Nauka, 1978. – P. 9101. KULAKOV S.A., Nijnepaleoliticheskiy material Kavkaza: Exposé des grandes lignes de thèse du troisième cycle des sciences historiques. – L., 1991. –15 p.
TAPALOV G.D., Chetvertichnye otlojeniia Ujnyh Mugodjar i ih obramlenie// Materialy po geologii I poleznym iskopaemym Zapadnogo Kazahstana. – Alma-Ata: Nauka KazSSR, 1966a. – P. 225-231.
LEONTIEV O.K., MAEV E.G., RYCHAGOV G.I., Geomorfologiia beregov i dna Kaspiiskogo moria. – M.: MGU, 1977. –209 p. LUBIN V.P., Ashelskaya epoha na Kavkaze. – S-Pt: : Petergurgskoye vostokovedenie, 1998. –187 p.
The Palaeolithic Cultures of Potwar with Special Reference to the Lower Palaeolithic. Sohail Altaf Printer, Eid Ghah, Rawalpindi, 1997. –285 p.
LUBIN V.P., Hronostratigrafiia paleolita Kavkaza// RA. –1993. № 2. –P. 5-14.
TIMOFEEV D.A., Terminologiia aridnogo i eolovogo reliefoobrazovaniia. – M.: Nauka, 1977. – 163 p.
LUBIN V.P., Paleolit Turkmenii// CA –1984. -№ 1. –P. 26-45. LUBIN V.P., KULIKOV O. A., O vozraste drevneishih paleoliticheskih pamiatnikov Kackaza// RA. –1991. -№ 4-P. 5-8.
TOICHIEV H., Svodnyi paleomagnitnyi razrez chetvertichnyh otlozenii Uzbekistana// Uzbekskiy geologicheskiy jurnal. –1982. -№ 3. – P. 6-8.
MATUSHIN G.N., Osnovnye etapy razvitiia paleolita Urala// Hronostratigrafia paleolita Severnoi, Tsentralnoi i Vostochnoi Asii i Ameriki: Dokl. Mejdun. Simpoz. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut
TSEITLIN S.M., K GEOLOGII PALEOLITICHESKOI STOIANKI URTA-TUBE (Mysovaya) v Vostochnoi Bashkirii// Pamiatniki drevneishei istorii Evrazii. –M.: Nauka, 1975. –P. 27-41. 18
A.P. Dérévianko & V.T. Pétrine: Les complexes acheuléens des montagnes de Mugodjary (Asie du Nord-ouest) TUGOLESOV D.A., O prichinah transgressiy i regressiy Kaspiiskogo moria// Izvestiia AS URSS. Ser. Geol. -1948. -№ 6. –P. 131-139.
Vostochnoi Asii I Ameriki. – Novosibirsk: Ed. de l’Institut de l’archéologie et de l’éthnographie de la BS ASR, 1990. – P.99106.
U UICHJU, TAN INTSJUN, LI I., Nihevan-tszu tszuchtchitsi de fasian// Chjungo disytszi iantsui. –1980. –T. 5, № 1. –P. 78-91 (en chinois.).
ZAMIATNIN S.N., Paleolit Abhazii. – Suhumi: Gruz.flial Inst. Abh. kultury, 1937. – 120 p. – (Tr. Gruz. Fliala nst. Abh. kltury; Vyp. 10).
VISHNIATSKI L.B., Paleolit Srednei Asii i Kazahstana. –S-Pt.:Ed. Evropeiski Dom, 1996. –P. 213.
ZAMIATNIN S.N., Paleoliticheskie mestonahojdeniia vostochnogo poberejia Chernogo moria// Ocherki po paleolitu. - M. L.: Ed. De l’AS URSS, 1961. – P.67-118.
VOLOSHIN V.S., Ashelskie bifasy iz mestonahojdeniia Vishnevka3 (tsentralny Kazahstan) // CA. –1988. -№ 4. –P. 199-203.
КАЗАХСТАН: Obchtchaia fisiko-geograficheskaya harakteristika –M. L.: Nauka,1950. – 492 p.
VOLOSHIN V.S., Stratigrafiia i periodizatsiia paleolita Tsentralnogo Kazahstana// Hronostratigrafia paleolita Severnoi, Tsentralnoi I
19
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
20
V.P. Lioubine & E.V. Beliaeva: Acheulian Industry of the Kudaro I Cave: Raw Material Diversity and Characteristics...
ACHEULIAN INDUSTRY OF THE KUDARO I CAVE: RAW MATERIAL DIVERSITY AND CHARACTERISTICS OF THE ASSEMBLAGE Vassili P. LIOUBINE & Elena V. BELIAEVA
Résumé : La station Acheuléenne de la grotte Koudaro I (la partie centrale du Grand Caucase) datée du stade moyen du Pléistocène moyen a fourni une industrie lithique comptant plus de 5000 pièces. Dans la fabrication des artefacts des roches diverses locales de qualité assez médiocre (variétés des grès, schiste argileux et silicieux, aleurolite, silex fissure etc.) ont été utilisées largement. La matière première d’origine apparemment exogène (ou “exotique”) est représentée par de peu nombreux artefacts en silex de bonne qualité et par des objets très rares en obsidienne et andésite transportes des régions distantes. Les caractéristiques de chaque variété de matière première ont considérablement influence la technique de débitage et la morphologie des outils. La structure de l’industrie combine des nombreux outils sur éclats (des racloires et des pointes diverses, de formes à bec, des outils a encoches etc.) et des macro-outils sur les blocks de grès et de schiste (des bifaces, des choppers, des grands grattoirs nucléiformes). En général, l’industrie Acheuléenne de Koudaro I fait voir des traits particuliers locaux (par exemple, les groupes des outils a encoches et des racloirs standardises, l’outil ressemblant a une machette etc.) comme des traits caractéristiques du tout Acheuléen du Caucase (l’abondance et la variabilité des outils sur éclats, peu nombreux bifaces, la prédominance des bifaces non classiques). Abstract: The Acheulian site at the Kudaro I cave (central part of the Greater Caucasus) dated back to the middle stage of the Middle Pleistocene has yielded a lithic industry comprising more than 5,000 pieces. As regards the lithic manufacturing, the different local rocks of rather mediocre quality (several kinds of sandstone, clayey and flinty schist, aleurolite, cracked chert etc.) were predominantly used. Raw material of clearly non-local origin (or «exotic») is represented by a small number of artifacts made of chert of higher quality and very rare pieces of obsidian and andesite transported from the distant regions. The characteristics of each kind of the raw material considerably influenced the primary flaking technique and the tool morphology. The composition of the industry combines numerous flakey tools (various side-scrapers and points, beck-like tools, notched tools etc.) and macro-tools on blocks of sandstone and schist (bifaces, choppers and core-scrapers). In general, the Acheulian industry of Kudaro I show both the special local traits (for example, the groups of standardized notched tools and side-scrapers, the tool resembling a machete etc.) and the traits characteristic for the Caucasus Acheulian as a whole (abundance and variability of flakey tools, small amount of bifaces, predominance of the non-classical bifaces).
The Kudaro I cave site is located on the south slope of the central part of the Greater Caucasus (Java district of South Ossety, Georgia), at the altitude of 1.600 m above sea level. The cave consists of two entrance and one blind galleries radiating from the central chamber (fig. 1). A general cultural sequence is as follows: a thick Acheulian bed 5 subdivided in places into three lithological layers 5a, 5б and 5в is covered by thinner Mousterian levels 4-3, underlying layer 2 with Mesolithic finds and layer 1 with some later deposits. At the same time, each of thirteen sediment sections resulted from excavation in different parts of the cave show both complicated and variable stratigraphy (fig. 2). The changes concerned certain characteristics of the layers as well as sometimes their subdivision. All the Acheulian levels contain a single industry. Even being considerably eroded the Acheulian deposits have yielded around five thousand lithics including various tools, byproducts of knapping, hard hammers and manuportrs. To judge by the rich industry associated with numerous faunal remains and traces of fire-places in Acheulian the cave was used primarily as a base site. By contrast to the Acheulian levels the Mousterian ones contained rare finds suggesting rather short-term occupation (hunting camps). Figure 1. Kudaro I Cave. Plan: 1 – excavations of different field seasons; 2 – stone walls protecting the sediment sections; 3 – limits of the entrance areas.
The Acheulian industry based on variable local raw material of mediocre quality (several kinds of schist, sandstone, 21
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 2. Kudaro I Cave. Transverse sediment section near the entrance to the blind, or dark gallery (Excavation 1978): 1 – modern soil; 2 – Mesolithic; 3, 4 – Mousterian; 5a, 5б and 5в – Acheulian; 6 – sterile bottom clay; X1, X2 and X3, – erosion lenses.
siliceous limestone, aleurolite and cracked chert). The predominant raw materials were schist (60-70%) and sandstone (15-20%). The schist rocks show the most variability in mineral composition and metamorphic grade including such varieties as quartz schist, flinty or calc-schist, slate, clay shale and leafy shale that extracted from local natural outcrops. The sandstone material is dominated by quartz-feldspatic and quartzose boulders or large pebbles gathered in the near river beaches. There are also rare artifacts of such exotic rocks of high quality as andesite, obsidian and color flint imported from different remote regions. Both flint and andesite pieces appeared to be transported from the zone of foothills at a distance of thirty-fifty kilometers. The obsidian sources are located in the Armenian or South Georgian volcanic plateaus at a distance of more than one hundred kilometers in a straight line from the cave site. So, for the first time evidence was obtained as about relationships between the South volcanic plateaus and the Greater Caucasus in the Acheulian epoch.
most flakes of such rocks are thin, flat and straight. Usually their points of percussion and cones are hardly recognizable and bulbs of percussion are flat enough. Sometimes, percussion initiated not only the intended fracture but also some others propagating along natural layer structure. For this reason among the schist blanks one may see a lot of atypical flakes or even chunks. It is also quite possible that some of these might be simply natural pieces selected due to their appropriate forms. At the same time, knappable qualities of some other schist varieties (quartz and siliceous ones) were high enough what was confirmed by numerous typical flakes and a lot of complex cores from this rock. Such cores were often much reduced through changes in orientation of removals within the same flaking surface (from the unidirectional to centripetal) or, sometimes, by means of creating new flaking surfaces. In many cases these cores may be defined as exhausted. It should be noted also that number of the schist cores is too small in comparison to the abundance of schist flakes. This fact may suggest that schist flakes were partly produced outside the cave.
Availability, natural form, sizes and, especially, knappable qualities of the aforementioned rocks predetermined to a certain extent morphological traits of both the blanks and tools. Thus, some varieties of schist are characterized by fine-leafy structure that favored flaking along parallel planes. It is evident that the cave inhabitants took it into account when orienting flaking surfaces of schist cores. As a result
By its isotropic nature the sandstone, unlike most schist varieties, is more favorable for the fracture control in spite of its coarser structure. Edges of sandstone flakes, however, are not as sharp as those of more fine-grained rocks, like flint or flinty schist. Sandstone flakes usually exhibit well-pronounced point and bulb of percussion, cone and fissures. Their mean 22
V.P. Lioubine & E.V. Beliaeva: Acheulian Industry of the Kudaro I Cave: Raw Material Diversity and Characteristics...
length and width/thickness ratios are much higher than of all other rocks. The boulders of sandstone chosen for knapping were often double-flat. The flat surfaces used as natural striking platforms and flakes were removed along a part of the perimeter of boulder, i.e. in prismatic manner. In some cases the striking platforms of such sub-prismatic cores were fashioned by flaking place (fig. 3: 1). If the thickness of the boulder was not sufficient for the required length of flakes, the striking platforms were located otherwise, around the perimeter. Therefore, the centripetal flaking of the flat surface took. In both cases, either of sub-prismatic or disk-core technique, the majority of flakes were cortical or partly cortical. Compared with flakes of other rocks those of sandstone more often have cortex on their butts. It is noteworthy that a majority of flakes have oblique striking platforms and, irrespective to raw material, mean values of their exterior angle reach about 110o (fig. 3: 2). In both schist and sandstone flake groups the prepared striking platforms are quite rare and no reliable indications of Levallois technique are observed. At the same time, there were found several true blades.
appeared to be imported to the site. A majority of imported artifacts exhibit extremely high extent of reduction and traces of a very intensive utilization. It suggests that the cave inhabitants greatly appreciated good qualities of such implements. The Acheulian tool assemblage of Kudaro I is dominated by flake tools. Core-tools (bifaces, choppers and heavy-duty scrapers) make up only 10%. Trihedrals, picks and polyhedrons are totally absent. Among flake tools sidescrapers make up around 40%, end-scrapers – 9%, notched and beck-like tools – more than 20%. Points and denticulates are rather rare. There are few limaces, pointes de Quinson (fig. 4: 1,2) and pointes surelevees. Several tools were defined as “divers” including certain special forms mostly of sandstone with the combinations of working parts such as massive pointed becs and narrow cutting, scraping or chisellike edges formed by notches or intended breaks (fig. 5). Side-scrapers are dominated by various single-sided forms (lateral, diagonal and transverse) (fig. 4: 3-7; 6: 3,5,6), which often demonstrate rough retouching. Double side-scrapers such as bi-lateral (6: 1), convergent (fig. 6: 2) and dejete ones were met rarely. It is noteworthy, however, that in the upper Acheulian levels groups of partly standardized single side-scrapers as well as end-scrapers and notched tools are observed. For example, there is a group of similar backed side-scrapers – lateral or transverse whose elongated subrectangular shape was created with truncating of one or both ends. Sometimes these ends were additionally thinned on the ventral side (fig. 7).
Rare local cherts are represented usually by small cracked fragments. A low quality of local chert resulted in a limited blank production: typical flake blanks and, especially, cores are very rare. A lot of such cherts are natural pieces with or without traces of utilization. The exotic rocks of high quality are represented mainly in tools or small flakes, whereas the cores, excepting two secondary ones on flakes, are practically absent. So, there was no primary knapping of this raw material in the place and exclusively flake blanks or tools proper
Figure 3. Kudaro I Cave. 1 – Acheulian sub-prismatic core of sandstone; 2 – sandstone flake. 23
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 4. Kudaro I Cave. Tools: 1- limace; 2 – Quinson-like tool; 3-7 – side-scrapers; 8 – “tsaldi“; 9 – sub-rectangular hand-axe.
Among end-scrapers and notches there were met some subtriangular or sub-rectangular forms made like aforementioned standardized side scrapers through breaking or truncating too (fig. 8).
thin and double-flat atypical bifaces (fig. 11: 1-5) as well as thin foliated forms (fig. 11: 6,7) and various slab-like scraping or cutting tools. Of special interest is so called “tsaldy” tool resembling a machete of Georgian vine-growers and fashioned on elongated schist plate thinned additionally with flat retouch (fig. 4:8). At the same time, local tool production was not absolutely dictated by raw material though the Kudaro toolmakers deliberately selected rocks suitable for manufacturing different tool forms. Thus, beck-like and notched tools as well as limaces, pointes surelevees and small massive side-scrapers were made primarily of flint or flinty schist. Large bifaces and side-scrapers, heavy-duty scrapers were made usually of sandstone or siliceous limestone and sometimes quartz and flinty schist.
Choppers that were mainly made of the sandstone pebbles and boulders are not numerous but their forms are various and typical enough. There are, in particular, sided, ended and pointed choppers (fig. 9). As regards the bifaces only rare ones are represented by large and bi-convex classical types (amygdaloid, lanceolate, cordiform) (fig. 10). Most hand-axes are attributed to non-classical types (backed and partial bifaces, lageniform) (fig. 6: 4). As it has been already noted earlier certain tool forms of the industry were strongly influenced by qualities of raw material. For example, use of predominant schistose rocks with pronounced layer structure resulted in production of small,
Probable age of the Acheulian deposits of the Kudaro I cave may be estimated on the basis of both relative geochronology and absolute dating. To judge by the faunal remains from the 24
V.P. Lioubine & E.V. Beliaeva: Acheulian Industry of the Kudaro I Cave: Raw Material Diversity and Characteristics...
lowermost Acheulean level 5c (Macaca cf. sylvana, Canis cf.etruscus, Dicerorhinus etruscus brachycephalus) these deposits may be attributed to the early or middle stage of the Middle Pleistocene (Ljubin and Bosinski 1995: 243-244; Lioubine 1998: 169). Absolute dates were obtained through RTL-dating of loam samples carried out by O.A.Kulikov (Laboratory of the Moskow State University). The readings are as follows: 360+-90 KYR for the lower part of the Acheulian bed, 322+-65 KYR for the middle part and 172+35 KYR for the eroded topmost Acheulian level (Lioubin, Kulikov 1991: 4-6; Lioubine 1993: 5-14). Additionally, G.A. Pospelova (Institute of Physics of the Earth) carried out measuring of the magnetic susceptibility of rocks along the Acheulean stratigraphic sequence. Being correlated to the paleoclimate curve the magnetic data suggest that the lower part of the Acheulian deposits of the Kudaro I corresponds to the OIS 11.3, the middle part to the OIS 11.24 and the uppermost on e to the OIS 11,23. (Pospelova et al. 2001: 7686). In general, these estimates are close enough to the absolute dates. It is quite obvious that the Acheulian industries with bifaces moved to the Caucasus from the Near East through the Eastern Anatolia. However, because of certain reasons it seems to be hardly possible to follow both their origins and farther spreading. When moving from the Levant rich in chert to the Caucasus, the Acheulians must adapt to the unknown earlier raw materials such as obsidian and andesite in the
Figure 5. Kudaro I Cave. Peculiar local tool forms: beck-like (1), scraping (3) and cutting (2, 4) working parts formed by notches (1, 3) or intended breaks (2, 4).
Figure 6. Kudaro I Cave. 1-3, 5, 6 – varieties of side-scrapers: 1 – bi-lateral; 2 – convergent; 3 – diagonal; 5 – demi-Quina with the thinned back, 6 – backed single lateral; 4 partial backed biface. 25
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 7. Kudaro I Cave. Small backed single side scrapers of sub-rectangular shape; their ends are truncated and/or thinned removals from the ventral surface. Figure 8. Kudaro I Cave. End-scrapers (1-6) and notched tools (7-12) with indications of some standardization.
Figure 10. Kudaro I Cave. Bifaces of the classical types.
Figure 9. Kudaro I Cave. Different varieties of choppers (1, 2 – of sandstone; 3 – of calc-schist). 26
V.P. Lioubine & E.V. Beliaeva: Acheulian Industry of the Kudaro I Cave: Raw Material Diversity and Characteristics...
At the same time, besides these common traits the Caucasus Acheulian assemblages also exhibit some local peculiarities reflecting probably their different raw material bases (volcanic rocks, schists etc.) or/and different origins. Local industrial traditions may be better traced in such rich Acheulian assemblages of the Caucasus as those of the Kudaro I cave, Azykh cave (Azerbaijan) and Jashtukh (Black seaside). As regards the Kudaro I industry it is distinguished by are such special tool types as the backed single side-scraper of sub-rectangular shape, the “tsaldi” tools, both numerous and various end-scrapers and a group of the peculiar combination tools. Author’s address Department for Paleolithic Studies Institute for the Material Culture History Dvortsovaya nab. 18 196181 St.-Petersburg RUSSIA Bibliography LIOUBINE, V.P., 1993, La chronostratigraphie du paleolithique du Caucase. L’Anthropologie 97, p. 291-298. LIOUBINE, V.P., 1998, Ashel’skaya epokha na Cavcaze (The Acheulian epoch in the Caucasus). St.-Petersburg: “Peterburgskoe vostokovedenie”. (in Russsian). LIOUBINE, V.P. & KULIKOV, O.A., 1991, O vozraste drevneyshih paleoliricheskih pamiatnikov Cavcaza (On the age of the earliest Paleolithic sites in the Caucasus). Sovetskaya Archeologia 4, p. 4-6 (in Russian).
Figure 11. Kudaro I Cave. Tools of leafy schist: 1-5 – small atypical double-flat partial bifaces; 6-7 – double-flat foliated partial bifaces (foliated points?).
LJUBIN, V.P. & BOSINSKI, G., 1995, The earliest occupation of the Caucasus region. In The Earliest Occupation of Europe, edited by W. Roebroeks & T. Van Kolfschoten. Leiden: University of Leiden, p. 207-253.
South Caucasus volcanic plateaus, schist and sandstone in the Greater Caucasus. Because the knappable qualities of the new rocks differ from those of shert some technological and morphological traits of ancestral industries must have undergone a partial transformation. Therefore, use of the nonchert raw materials is likely to be involved into the process of forming the regional traits that characterize the Caucasus Acheulian as a whole. These characteristics are as follows: relatively small amounts of hand-axes, the frequency of nonclassical and partial bifaces, presence of particular subrectangular bifacial forms (fig. 4: 9) and high proportions of flakey tools (Lioubine, Beliaeva 2001: 52).
LIOUBINE, V.P. & BELIAEVA, E.V., 2001, Macro-orudia kak pokazatel’ etapov pervonachal’nogo rasselenia hominid iz Afriki v Zapadnuyu Asiu (Macro-tools as indicators to different stages of the initial hominid expansion from Africa to Western Asia). In Kamenny vek Starogo sveta (k 90-letiu P.I. Boriskovskogo), edited by G.V. Grigorieva. St.-Petersburg, 50-53. POSPELOVA, G. A, KAPICKA, A, LYUBIN, V.P. & SHARONOVA, Z.V., 2001, Application of Scalar Magnetic Parameters to the Reconstruction of Climate Coeval with the Deposition of Sediments in the Kudaro-1 and Kudaro-3 Caves, South Ossetia, Georgia. Izvestia, Physics of the Solid Earth 37, # 10, p. 844-854.
27
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
28
V. Celiberti et al.: Les industries lithiques archaïques du site de Dmanisi, Géorgie
LES INDUSTRIES LITHIQUES ARCHAÏQUES DU SITE DE DMANISI, GEORGIE Vincenzo CELIBERTI, Deborah BARSKY, Dominique CAUCHE, Olivier NOTTER, Medea NIORADZE, David LORDKIPANIDZE, Leo GABUNIA†, Henry DE LUMLEY
Résumé : L’industrie lithique découverte dans les niveaux du Pléistocène inférieur de Dmanisi en Georgie a été entièrement réalisée à partir de galets en roches volcaniques ou métamorphiques récoltés localement. Les pièces, ne montrant aucune trace de transport postdepositionnel, proviennent de 4 niveaux archéologiques. L’assemblage des niveaux inférieurs (couche V à III ; 1,75 Ma à 1,5 Ma) se distingue de celui provenant du sommet de la stratigraphie (couche II ; 1,5 Ma à 900 Ka). L’industrie des niveaux inférieurs se caractérise par une dominance de galets et d’outils sur galets peu ou pas aménagés, souvent avec des traces de percussion. Les nucléus, peu exploités, sont bien représentés. Le débitage s’est effectué fréquemment de façon orthogonale sur une face et sur le profil du galet. Les éclatsentièrement ou majoritairement corticaux sont en nombre réduits. Le talon est généralement en cortex, parfois lisse. Certains éclats proviennent de l’éclatement des percuteurs, tandis que d’autres sont produits lors de la taille des galets aménagés. Les tranchants des éclats présentent parfois des retouches irrégulières d’utilisation. La réalisationde petits outils sur éclat est rare. L’industrie de la couche II présente, en revanche, des caractéristiques plus évoluées, telles que la meilleure facture des galets aménagés, la présence de nombreux outils sur éclat, le débitage plus exhaustif des nucléus et des éclats abondants. Abstract : Stone artefacts discovered in levels attributed to the Lower Pleistocene at Dmanisi in Georgia were entirely made from locally available volcanic or metamorphic pebbles. The industry, coming from 4 different archaeological levels, shows no traces of post-depositional transport. The assemblage from the lower levels (levels V to III ; 1,75 myr to 1,5 myr) shows some differences with that from the top of the stratigraphical sequence (level II ; 1,5 myr to 900 kyr). The industry from the lower levels is characterised by an abundance of pebble and pebble tools manufactured by a small number ofremovals and often showing traces of percussion. The cores are numerous and reveal a low degree of exploitation. Flake production often took place using the orthogonal method, with an initial series of removals on one side of the pebble serving as a platform for a second series on another side. The flakes, entirely or largely cortical, are relatively scarce. The striking platform is often cortical, sometimes smooth. Some of the flakes appear to have been produced accidentally from hammerstones while others were produced during manufacture of pebble tools. Some of the flakes have irregular retouch on their cutting edges which may be the result of use-wear. The realisation of small retouched tools was very rare. The industry from level II shows more evolved characteristics such as finer manufacture of pebble tools, more abondant retouched tools on flakes, more exhaustive debitage and more numerous flakes.
LE SITE
al., 2000), sur laquelle s’est déposée une couche de cendres volcaniques (couche VI). Cette coulée basaltique aurait fait barrage à l’écoulement des rivières Pinézaouri et Mashavera, créant ainsi un point d’eau, vraisemblablement un lac, qui serait à l’origine du dépôt des sédiments sableux (couches V et IV). Les incisions successives du barrage par les cours d’eau auraient provoqué unassèchement du lac, favorisant ainsi la présence animale et humaine et la formation des lits carbonatées de la couche III. Enfin, la reprise du fonctionnement fluviatile du système et le dépôt des sédiments sableux des couches II et I vient compléter cette stratigraphie (Gabunia et al., 2000).
Le site préhistorique de Dmanisi est localisé à une altitude d’environ 1000 m sur le versant nord du Petit Caucase, en Georgie. Le gisement se situe dans la province de KvemoKartli et il se trouve près du village de Patara Dmanisi, à environ 70 km au sud de la ville de Tbilisi, capitale de la Géorgie et à seulement 20 km au nord de la frontière arménienne (fig. 1). Il est situé à 90 mètres au-dessus des lits actuels des rivières de Pinezouri et de Mashavera, au sommet d’un promontoire rocheux à la confluence des deux cours d’eau. Le site était d’abord connu pour ses vestiges médiévaux dont les plus anciens remontent au Vème siècle. Les premières fouilles médiévales datent des années 1930 mais c’est seulement à partir du 1983 que le site livre, sous les fondations médiévales, des ossements fossiles datés du Pléistocène inférieur. Ces ossements, étudiés par A. Vekua (1985), ont été découverts en association avec des outils en pierre taillée (Nioradze et Justus, 1998). Suite à ces découvertes, des fouilles préhistoriques ont été organisées à partir du 1991 (Džaparidze, V. et al., 1989).
Le gisement de Dmanisi a livré un assemblage faunique très diversifié et particulièrement intéressant, comprenant des espèces d’origine africaine, comme la hyène, Pachycrocuta perrieri, et la girafe, ainsi que des espèces d’origine asiatique telles que Panthera gombaszoegensis et Cervus perrieri. Cette faune, qui a été attribué par A. Vekua (1985) au début du Villafranchien supérieur et donc à la transition paléomagnetique Olduvai-Matuyama, est ainsi datée de 1,8 Ma.
La stratigraphie du site, épaisse d’environ 3 mètres, comprend six couches. Le substratum est formé par une coulée basaltique, daté de 1,8 Ma (Majsuradze, 1989 ; Gabunia et
Trois crânes, trois mandibules et plusieurs restes postcéphaliques d’hominidés ont été retrouvés jusqu’à ce jour. 29
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 1. Localisation géographique du site de Dmanisi
Il s’agit des plus anciens restes fossiles d’hominidés trouvés hors de l’Afrique. Les deux premiers crânes, mis au jour en 1999, sont caractérisés par une petite taille, une faible capacité crânienne et un rétrécissement post-orbitaire très important. L’ensemble des caractéristiques morphologiques de ces fossiles dénote leur rapprochement aux Homo erectus archaïques, quoique plusieurs ressemblances les relie aux Homo ergaster découverts en Afrique orientale, à l’est du lac Turkana, et datés d’environ 1,7 Ma (Gabunia et al., 2000).
qui leur confère une datation comprise entre 1,77 et 0,7 Ma. Le basalte sus-jacent du gisement, qui a été daté par la méthode K/Ar, a aussi donné un age compris entre 2 et 1,8 Ma (Majsuradze, 1989 ; Gabunia et al., 2000). L’INDUSTRIE LITHIQUE L’assemblage lithique a été entièrement étudié, dans le cadre d’une coopération de recherches franco-géorgiennes. Le matériel comprend toutes les pièces recueillies lors des fouilles préhistoriques ayant eu lieu de 1991 jusqu’en l’année 2000. L’industrie comprend 4 639 pièces, dont 2 398 galets entiers ou fragments de galets non aménagés. L’origine anthropique de ces galets est incertaine, mais plusieurs d’entre eux présentent des traces de percussion telles que des stigmates ou des zones à écrasements. Lacouche II, fouillé sur une plus grande surface, a livré la plupart du matériel (tab. 1).
Plusieurs datations absolues ont été effectuées sur le site et les résultats de ces analyses, bien que parfois controversées, ont confirmé les données chronologiques relatives reliées à la biostratigraphie. Les études géochronologiques assignent au basalte et aux couches VI et V une polarité inverse (Goguitchaivili et Pares, 2000), c’est à dire entre la fin de la période d’Olduvai et la fin de la période de Matuyama, ce
Tab.1. Composition de l’assemblage lithique de Dmanisi, en nombre et en pourcentage, en fonction des niveaux archéologiques. L’assemblage lithique de Dmanisi Couche II Typologie Percuteurs Galets aménagés Nucléus Eclats Petits éclats Débris Petits outils Total
Nb
Couche III
Couche IV+V
Indéterminé
Total
%
Nb
%
Nb
%
Nb
%
38
2,0
2
2,3
8
4,8
9
7,0
57
2,5
137
7,4
12
13,8
62
36,9
21
16,4
232
10,4
64
3,4
11
12,6
17
10,1
5
3,9
97
4,3
552
29,7
14
16,1
35
20,8
36
28,1
637
28,4
3,1
84
3,7
37,6 1033
46,1
79
4,3
0
-
1
0,6
4
908
48,9
42
48,3
35
20,8
48
80
4,3
6
6,9
10
6,0
5
1858
82,9
97
3,9
168
7,5
128
30
3,9
Nb
101
5,7 2241
%
4,5 100
V. Celiberti et al.: Les industries lithiques archaïques du site de Dmanisi, Géorgie
CARACTERISTIQUES DE L’OUTILLAGE
d’écrasement situées au niveau du point d’impact. Ces indices témoignent de leur utilisation pour des activité de percussion. Les tranchants d’outils sur galet, et parfois même ceux des enlèvements des nucléus, ont aussi été utilisés, comme en témoigne la présence de fréquentes retouches irrégulières et d’écrasements. Les tranchants des éclats bruts présentent également des traces d’utilisation.
L’industrie de Dmanisi a été entièrement réalisée à partir de galets en roches volcaniques (tuf, tuf silicifié, basalte, porphyre, rhyolite et ponce) ou métamorphiques (granite, gneiss et quartzite), récoltés dans les alluvions des rivières Pinezaouri et Mashavera. Quelques rares galets de quartz ont également été employés par les hominidés, qui ont toutefois majoritairement exploité le tuf volcanique et le basalte (tab. 2). L’industrie présente un aspect frais et non roulé, aux arêtes vives et ne montre aucune trace de transport post-dépositionnel.
Les outils sur galet, présents dans tous les niveaux de Dmanisi (tab. 3 ; fig.2), montrent un nombre réduit d’enlèvements. Dans tous les niveaux, la plupart des outils sur galet ont été aménagés par un enlèvement unique, à bord tranchant concave, soulignant l’aspect primitif de l’industrie. Ces pièces peuvent être considérées soit en tant qu’ébauche de nucléus soit, dans le cas où le tranchant à été retouché ou utilisé, en tant que chopper primaire (fig. 2). Les choppers, le plus souvent façonnés en bout du galet, sont assez nombreux et présentent souvent untranchant à bord légèrement convexe. Les rares choppers à bords convergents ont été aménagés par un enlèvement adjacent à une fracture oblique. Le tranchant des choppers est généralement peu denticulé. Les très rares choppers de type rostro-caréné, à tranchant peu convexe et à front large, proviennent des couches IV et V. Les chopping-tools sont également plus nombreux dans ce niveau. Contrairement au choppers, les chopping-tools ont été généralement taillés sur le bord latéral du galet.
L’industrie est essentiellement composée de produits de débitage et de façonnage, avec de nombreux éclats et débris. Les galets aménagés, parfois à la limite technologique et morphologique des nucléus (chopper-core) sont nombreux. Ces galets taillés sont le plus souvent de morphologie cubique, à pan multiples, tandis que ceux sans aménagement sont généralement de forme arrondie ou ovalaire, ce qui évoque un choix du support. De nombreux galets entiers ou aménagés présentent des stigmates de percussion, souvent localisés sur une pointe ou en bout du galet. Quelques galets de grandes dimensions portent des stigmates sur une face, ce qui suggère leur emploi en tant qu’enclume. Les galets à négatifs d’enlèvements à bords convexes ont souvent des traces
Tab. 2. Nature des matières premières de l’assemblage lithique de Dmanisi, en nombre et en pourcentage, en fonction des ensembles typologiques. Nature de la roche Tuf Ensembles typologiques
Nb
Galets aménagés
Quartzite
Autres roches
Total
%
Nb
%
Nb
%
Nb
%
Nb
%
Nb
%
126
8,3
64
14,9
9
18,4
7
10,9
3
-
23
22,3
232
10,6
58
3,8
26
6,0
1
2,0
3
4,7
2
-
7
6,8
97
4,4
20,4 15
454 27 778
Petits outils Total
Quartz
Nb
Petits éclats Débris
Granite
%
Nucléus Eclats
Basalte
71 1514
30,0 133 1,8
30,9 10
33
7,7
51,4 159 4,7
9
37,0 18
19
3,5
69,3 434
23,4
6
-
19
18,4
637
29,2
5
7,8
4
-
6
5,8
84
3,8
36,7 32
50,0
5
-
41
39,8 1033
47,3
3,1
0
-
7
101
4,6
18,4
2
4,1
19,9 49
2
2,2 64
2,9 20
0,9 103
6,8
4,7 2184
Tab. 3. Types d’outils sur galets de Dmanisi en fonction des niveaux archéologiques. Les types d’outils sur galet de Dmanisi
Galet à enlèvement convexe
Couche II Nb % 31 18,5
Couche III Nb % 1 -
Couche IV+V Nb % 10 14,3
Indéterminé Nb % 3 -
Total Nb % 45 17,0
Galet à enlèvement concave
71
42,3
6
-
20
28,6
4
-
101
38,2
Galet à enlèvements doubles
19
11,3
1
-
8
11,4
2
-
30
11,3
Chopper
22
13,1
3
-
8
11,4
2
-
35
13,2
Rostro-caréné
0
-
0
-
2
2,9
1
-
3
1,1
Chopping-tool
7
4,2
1
-
12
17,1
1
-
21
7,9
18
10,6
1
-
10
14,3
168
63,4
13
4,9
70
Outil composite Total
31
26,4
1
-
30
14
5,3
265
11,3 100
100
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 2. Les outils sur galet et les nucléus de Dmanisi.1. couche II:Chopping-tools; 2. couche IV : Chopper-core; 3. couche II : Galet à enlèvement unique convexe (percuteur); 4. couche II : Chopper; 5. couche II : Chopping-tools; 6. couche II : Chopper. 7. couche II : Nucléus à enlèvements centripètes à plan de frappe préparé; 8. couche II : Nucléus à enlèvements multiples bifaciales. Les dessins des pièces sont de M. Montesinos, D. Cauche et V. Celiberti.
Tab. 4. Types des outils retouchés de Dmanisi en fonction des niveaux archéologiques Les outils retouchés de Dmanisi Couche II
Couche III
Couche IV+V
Indéterminé
Total Nb % 51 50,4
Encoche
41
1
6
3
Denticulé
3
0
2
0
5
5,0
Bec
12
1
0
1
14
13,9
Racloir
19
4
2
0
25
24,7
Grattoir
4
0
0
1
5
5,0
Burin
1
0
0
0
1
Total
80
6
10
5
101
Les outils retouchés, sur éclat ou sur débris, sont extrêmement rares dans l’assemblage et leurs retouches sont souvent à la limite des retouches irrégulières. Ces outils sont largement dominés par les encoches simples, clactoniennes ou très rarement retouchées, ainsi que par d’autres outils à encoches. L’assemblage comprend des denticulés, toujours à aspect
1,0 100
irrégulier et des encoches adjacentes qui dégagent parfois un bec (tab. 4 ; fig. 3). Les racloirs constituent seulement 25% de l’ensemble et les grattoirs sont également peu représentés. Les retouches des racloirs sont assez irrégulières. Le bord des racloirs est le plus souvent convexe, dégagé par des retouches abruptes ou épaisses (fig.3). 32
V. Celiberti et al.: Les industries lithiques archaïques du site de Dmanisi, Géorgie
Fig. 3. Les éclats et les outils retouchésde Dmanisi.1. couche II : Eclat ; 2. couche IV : Eclat; 3. couche II : Eclat à retouches irrégulières ; 4. couche III :Racloir ; 5. couche II : Encoche ; 6. couche II : Denticulé ; 7. couche II : Racloir ; 8. couche II : Bec dégagé par deux encoches ; 9.couche II : Eclat à retouches irrégulières ; 10. couche II : Racloir. Les dessins des pièces sont de M. Montesinos, D. Cauche et V. Celiberti. 33
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
LE DÉBITAGE
négatifs d’enlèvements antérieurs orthogonaux ou longitudinaux bipolaires témoignent de l’emploi occasionnel des méthodes de débitage uni-faciales bipolaires (fig. 3).
Les produits de débitage (éclats, petits éclats et débris) forment la grande majorité des pièces lithiques mises au jour dans le site (78,2%). Les débris, généralement en basalte ou en tuf volcanique, présentent le plus souvent une réserve en cortex de leur galet d’origine. Ces débris sont souvent de petites dimensions et constituent près de la moitié de la totalité de l’assemblage (tab. 1). Les petits éclats sont peu représentés (3,7%), ce qui peut être lié à la rareté des pièces retouchées. Les éclats, assez nombreux (28,4%), sont essentiellement à résidu cortical, caractéristique observée dans la plupart des assemblages archaïques (tab. 5). Les éclats sans cortex sont néanmoins plus fréquents dans la couche II où le débitage semble avoir été plus poussé.
La plupart des nucleus ont été abandonnés à un stade de débitage peu avancé. Ils présentent souvent des négatifs d’enlèvements uni-directionnels, en petites séries orthogonaux, aboutissant à des formes peu régulières (tab. 7). Des galets à pans naturels, de forme plus ou moins cubique, ont été sélectionnés de manière préférentielle, permettant de dégager des éclats à partir d’un plan de frappe non-préparé. L’exploitation des nucléus par la techniqueorthogonale (sur une face, puis sur le profil du galet), observée également à Gran Dolina dans le niveau TD6 (Carbonell, 1995) et à Cà Belvedere di Monte Poggiolo (Peretto, 1999), s’est effectuée tout d’abord à un stade préliminaire d’initialisation, par un enlèvement ou une fracture, destiné à servir de plan de frappe pour une série d’enlèvements uni-directionnels.Les éclats ainsi produits sont à talon lisse, avec un nombre réduit d’enlèvements à direction longitudinale unipolaire (enlèvements parallèles) et à résidu de cortex sur le coté et/ou à l’extrémité distale.
L’angle d’éclatement des éclats est peu ouvert (généralement proche de 90°). Le bulbe visible sur leur face plane est généralement diffus ou peu convexe et le cône de percussion est peu développé. Certains éclats corticaux à bulbe diffus et à talon nul étaient certainement issus de percuteurs. D’autres, à talon en cortex et à face supérieure entièrement ou majoritairement corticale, sont issus de la taille de choppers ou des premières étapes de production des éclats. Le talon est généralement en cortex ou parfois lisse et les négatifs d’enlèvements sont majoritairement longitudinaux et unipolaires (tab. 6). Ces caractéristiques résultent des méthodes de taille unipolaires et uni-faciales. Des éclats à
Les éclats ainsi produits sont à talon lisse, avec un nombre réduit d’enlèvements à direction longitudinale unipolaire (enlèvements parallèles) et à résidu de cortex sur le coté et/ ou à l’extrémité distale. Les éclats issus des nucléus à enlèvements centripètes, dont la technique est attestée à
Tab. 5. Distribution des éclats, retouchés ou non retouchés, en fonction de leur résidu cortical. Les éclats de Dmanisi Couche II Nb % 98 15,5
Eclats corticaux
Couche III Couche IV+V Indéterminé Total % Nb % Nb % Nb % Nb 15,0 6 6 13,3 1 2,4 111 8
19,6 134
18,2
- 17
37,8 16
39,0 229
31,0
-
17
37,8 16
39,0 264
35,8
45
6,1 41
5,6 738
100
Eclats majoritairement en cortex
118
18,6
3
-
Eclats à résidu cortical
190
30,1
6
Eclats sans cortex
226
35,8
5
Total
632
85,6
20
-
5
11,1
Tab. 6. Direction des négatifs d’enlèvements antérieurs des éclats, en fonction des niveaux archéologiques. Direction des négatifs d’enlèvements antérieurs
Sans enlèvements
Couche II Nb % 96 15,9
Longitudinaux unipolaires
272
Longitudinaux bipolaires Orthogonaux
Couche III Couche IV+V Indéterminé Total % Nb % Nb % Nb % Nb 16,3 11 30,6 9 15,2 4 9,8 120
45,2
6
16,7 29
49,2 20
32
5,3
3
8,3
3
5,1
3
81
13,5
6
16,7
7
11,9
8
48,8 327
44,3
41
5,6
19,5 102
13,8
7,3
Transversaux unipolaires
4
0,7
0
-
3
5,1
1
2,4
8
1,1
Transversaux bipolaires
2
0,3
3
8,3
0
-
0
0,0
5
0,7
Entrecroisés
50
8,3
0
-
3
5,1
3
7,3
56
7,6
Centripètes
2
0,3
0
-
1
1,6
0
0,0
3
0,4
63
10,5
7
19,4
4
6,8
2
4,9
76
602
81,6
36
Indéterminés Total
4,9 59 34
8,0 41
5,6 738
10,2 100
V. Celiberti et al.: Les industries lithiques archaïques du site de Dmanisi, Géorgie Tab. 7. Types des nucléus de l’assemblage lithique, en nombre et en pourcentage, en fonction des niveaux archéologiques Les nucléus de Dmanisi
Orthogonal
Couche II Nb % 2 3,1
Couche III Nb % 1 -
Couche IV+V Nb % 0 -
Indéterminé Nb % 0 -
Total Nb 3
% 3,1
Globuleux
3
4,7
0
-
0
-
0
-
3
3,1
Prismatique
4
6,3
0
-
1
-
0
-
5
5,2
Centripète unifaciale
3
4,7
0
-
1
-
0
-
4
4,1
Centripète bifaciale
3
4,7
1
-
0
-
0
-
4
4,1
45
70,2
7
-
12
-
5
-
69
71,1
4
6,3
2
-
3
-
0
-
9
9,3
64
66,0
11
11,3
17
17,5
5
5,2
97
Mal caracterisé Indéterminés Total
Dmanisi tout comme dans plusieurs sites archaïques tels que Fejej en Ethiopie (de Lumley et al, à paraître)ou dans le Bed I à Olduvai (Leakey, 1971), sont soit à talon cortical (dans le cas des discoïdes unifaciaux), soit à talon large et lisse, généralement incliné, pour les nucléus discoïdes bifaciaux. Les enlèvements antérieurs sont unipolaires convergents, orthogonaux, entrecroisés ou centripètes, selon les dimensions du nucléus. Certains nucléus sont à enlèvements unidirectionnels bifaces contigüs mixtes, latéraux ou d’axe, et peuvent être rapprochés des chopping-tools. Quelques rares nucléus sont à plan de frappe périphérique, de type pyramidal. D’autres nucléus, généralement en quartz et de forme cubique à plans de frappe opposés, témoignent de l’utilisation occasionnelle de la méthode bipolaire sur enclume.
100
débitage et de véritables outils retouchés, montrent des tendances pouvant être considérées comme plus évoluées et qui vont se développer par la suite dans certains gisements du Paléolithique inférieur européen, comme à Isernia La Pineta en Italie (Peretto, 1994) ou à la Caune de l’Arago en France (Barsky, 2001). Ces sites plus récents, datés entre 700 et 450 Ka, montrent en effet une diminution progressive des outils à encoches par rapport aux outils à retouches continues, une typologie de plus en plus variée et l’apparition des premiers outils à bords retouchés convergents. Adresses des auteurs Vincenzo CELIBERTI, Deborah BARSKY UMR 5590 du CNRS, Centre Européen de Recherches Préhistoriques, av. Leon-Jean Gregory, 66720 Tautavel, FRANCE
CONCLUSIONS L’assemblage lithique de Dmanisi constitue la plus ancienne industrie découverte à ce jour en dehors du continent africain. Son grand âge, ainsi que sa localisation stratégique à un carrefour entre Afrique, Asie et Europe, permet de la comparer avec les complexes du Pebble Culture africain, proches en âge de l’industrie de Dmanisi, ainsi qu’avec les plus anciennes industries européennes, qui présentent pourtant des dates beaucoup plus récentes (entre 1,2 million d’années et 800 000 ans). L’industrie lithique de Dmanisi se rattache donc aux industries archaïques d’Afrique, datées d’environ deux million d’années, ou aux plus anciens gisements européens tel que Monte Poggiolo (Peretto, 1999) et les sites du Latium méridional (Biddittu, 1984) en Italie ou Atapuerca (Carbonell, 1995) et Fuente Nueva 3 (Turq et al., 1996) en Espagne, de part la présence des galets aménagés ou des nucléus sommairement débités, accompagnés d’un rare outillage sur éclat, fruste et d’aspect primitif. De plus, dans ces sites, on remarque toujours la prédominance d’outils à encoches par rapport aux racloirs, une morphologie des outils peu typique, une typologie peu variée et l’extrême rareté des outils composites. D’autre part, l’apparition dans les couches supérieures de Dmanisi d’un façonnage plus élaboré, produisant des tranchants réguliers et dans certains cas à bords convergents, ainsi que la diversification des modes de
Dominique CAUCHE Laboratoire départemental de Préhistoire du Lazaret, Parc de la villa la Côte, 33bis boulevard Franck Pilatte, 06300 Nice, France Olivier NOTTER Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon, 04480 Quinson, FRANCE Medea NIORADZE Académie des Sciences de Géorgie, Centre de Recherches Archéologiques, Département du Paléolithique, 14 rue Ouznadze, 380002 Tblissi, GÉORGIE David LORDKIPANIDZE Georgian State Museum, Geology Paleontology and Paleoanthropology, 3 Purtseladze Str., 380007 Tblissi, GEORGIE Leo GABUNIA Académie des Sciences de Géorgie, Institut ofPaleobiology, 4A Potochnaia, 380007 Tblissi, GEORGIE Henry DE LUMLEY Muséum National d’Histoire Naturelle, Institut de Paléontologie Humaine, 1 rue René Panhard, 75013 Paris, FRANCE 35
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Bibliographie
occupation in Europe. Comptes rendus de l’Academie des Sciences, Paris, série II, tome 331,n°3, p. 683-690.
BARSKY, D., 2001, Le débitage des industries lithiques de la Caune de l’Arago (Pyrénées-Orientales, France) : leur place dans l’évolution des industries du Paléolothique inférieur en Europe méditerranéenne. Thèse de Doctorat de 3e cycle, Université de Perpignan, Perpignan, p. 3-529.
LEAKEY, M., 1971, Olduvai Gorge, Excavations in Bed I and Bed II, 1960-1963. vol. 3, Cambridge Press, p. 1-301. LUMLEY, de H., BEYENE, Y., BAHAIN, J.J., ALEMSEGED, Z., BARSKY, D., BYRNE, L., CAMARA, A., CAUCHE, D., CELIBERTI, V., CHAPON, C., COUREL, M.F., DARMON, F., DESCLAUX, M., DURANDEAU, A., ECHASSOUX., A., FOURNIER, A., LAURENT, M., LUMLEY, de M.A., MARCHAL, F., MARTIN, L., MOULLÉ, P.E., OVSTRAND, N., PLEURDEAU D., RENAULT-MISKOVSKY, J., RHUN, J., SIMONIN, A., THETARD, J., à paraître, Les sites préhistoriques de la région de Fejej, sud Omo, Ethiopie, dans leur contexte stratigraphique et paléontologique. L’Anthropologie, Paris.
BIDDITTU, I., 1984, Le più antiche industrie del Paleolitico inferiore del Lazio, Atti VIII Riunione Scientificadell’Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria, Roma 1984. CARBONELL, E., BERMUDEZ DE CASTRO, J.M., ARSUAGA, J.L., DIEZ, A., ROSAS, G., CUENCA-BESCOS, G., SALA, R., MOSQUERA, M., RODRIGUEZ, X.P., 1995, Lower Pleistocene Hominids and Artefacts from Atapuerca TD6 (Spain). Science, 269, p. 826-829.
MAJSURADZE, G., PAVLENISVILI, E., SCHMINCKE, H.U., SOLOGASVILI, D.,1989, Paléomagnetik and Datierung der Basaltlava. In Der altpaläolithische Fundplatz Dmanisi in Georgien (Kaukasus). Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, 36, p. 74-83.
DŽAPARIDZE, V., BOSINSKI, G., BUGIANIŠVILI, T., GABUNIA, L., JUSTUS, A., KLOPOTOVSKAJA, N., KVAVADZE, E., LORDKIPANIDZE, D., MAJSURADZE, G., MGELADZE, N., NIORADZE, M., PAVLENIŠVILI, E., SCHMINKE, H., SOLOGAŠVILI, D., TUŠABRAMIŠVILI, D., TVALÈRELIDZE, M. & VEKUA, A., 1989, Der altpaläolithische Fundplatz Dmanisi in Georgien (Kaukasus). Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz, 36, p. 67-116.
NIORADZE, M., JUSTUS, A., 1998, Stone tools of the ancient Palaeolithic site Dmanisi, In Dmanisi, edited by J. Kopaliani, Tblisi: Metsniereba, p. 140-159. NIORADZE, M., DE LUMLEY, H., BARSKY, D., CAUCHE, D., CELIBERTI, V., NOTTER, O., BIDDITTU, I., KILADZE, G., ZVANIA, D., 2000, Les industries archaïques du site de Dmanisi, Géorgie. Comparaisons avec les industries archaïques de l’Afrique de l’Est et de l’Europe méridionale. In Résumés des communications du colloque “Les premiers habitants de l’Europe”, Tautavel, p. 94-95.
GABUNIA, L.K., VEKUA, A.K., 1995, A Plio-Pleistocene hominid from Dmanisi, East Georgia, Caucasus. Nature, 373, p. 509-512. GABUNIA, L.K., JÖRIS, O., JUSTUS, A., LORDKIPANIDZE, D., MUSCHELIŠVILI, A., NIORADZE, M., SWISHER, C. & VEKUA, A.K., 1999, Nue Hominidenfunde des Altpaläolithischen Fundplatzes Dmanisi (Georgien, Kaukasus) im Kontext Aktueller Grabungsergebnisse. Archäologisches Korrespondenzblatt 29, p. 451-488.
PERETTO, C., 1994, sous la direction de, Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia la Pineta. La tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione. Cosmo Iannone editore, Isernia, p. 5-493.
GABUNIA, L.K., VEKUA, A.K., LORDKIPANIDZE, D., SWISHER, C., FERRING, R., JUSTUS, A., NIORADZE, M., TVALCHRELIDZE, M., ANTÓN, S.C., BOSINSKI, G., JÖRIS, O., DE LUMLEY, M.A., MAJSURADZE, G., MUSCHELIŠVILI, A., 2000, Earliest Pleistocene hominid cranial remains from Dmanisi, Republic of Georgia : Taxonomy, Geological setting and age. Science 288, p. 1019-1025.
PERETTO, C. et al., 1999, L’industrie lithique de Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo. Stratigraphie, matière première, typologie, remontages et traces d’utilisation. L’Anthropologie, tome 102, 4, p. 1-120. TURQ, A., MARTINEZ-NAVARRO, B., PALMQWIST, P., ARRIBAS, A., AUGUSTI, J., RODRIGUEZ VIDAL, J., 1996, Le Plio-Pléistocène de la région d’Orce, Province de Grenade, Espagne : Bilan et perspectives de recherches. Paleo, 8, p. 161204.
GABUNIA, L.K., VEKUA, A.K., LORDKIPANIDZE, D., 2000, The environmental contexts of early human occupation of Georgia (Transcaucasia). Journal of Human Evolution, 38, p. 785-802. GARCIA, T., 2001, Etude stratigraphique et sédimentologique du site de Dmanissi en Georgie. Mémoire de DEA du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, p. 1-52.
TVALCHRELIDZE, M., LORDKIPANIDZE, D., 1998, The peculiarities of sedimentation on Dmanisi site. In Dmanisi, edited by J. Kopaliani, Tblisi: Metsniereba, p. 229-238.
GOGUITCHAIVILI, A., PARES, J.M., 2000, A recognition paleomagnetic study of volcanic and sedimentary rocks from Dmanisi (Caucasus) : implications for the oldest human
VEKUA, A.K., DJIGAURI, D., TOROSOV, R., 1985, Novie paleontologicheskie nakhodki v okrestnostiakh Tsalki. Coob. AN Grusii, 118, p. 373-376.
36
R.L. Solecki & R.S. Solecki: Bifaces and the Acheulian Industries of Yabroud Shelter I, Syria
BIFACES AND THE ACHEULIAN INDUSTRIES OF YABROUD SHELTER I, SYRIA Rose L. SOLECKI and Ralph S. SOLECKI
Résumé : Un nouvel examen des industries pré-Mousteriennes de l’Abri I Yabroud fait nécessaire repenser la validité des industries Acheuléennes, identifiées par Rust (Jungacheuleen, Micoquien, et Spätes Mittelacheuleen). Nous croyons que toutes les industries préMoustériennes devraient être assignées à une des industries pre-Moustériennes devraient assignées a une des industries de Tradition Mugharan. De plus, nous suggérons que les tailleurs de Abri I Yabroud out réutilisé comme nucleus des bifaces, dont les habitants de la vallée avaient jeté, sont aussi bien anciens qu’eux. Abstract: A re-examination of the Pre-Mousterian industries of Yabroud Shelter I calls into question the validity of Rust’s identification of Middle Acheulian and Late Acheulian industries at the site. We believe that all the pre-Mousterian industries should be assigned to one of the facies of the Mugharan Tradition. Furthermore, we believe that because of the nature of the local raw material sources in the Yabroud area, the ancient knappers who lived in Shelter I picked up from the surface bifaces discarded by even earlier peoples and used them as a raw material source, along with the local chert nodules available to them.
INTRODUCTION
industries as opposed to his non-Acheulian, Yabrudian or Pre-Aurignacian ones. And he classified his materials in such a way that the Yabrudian or Pre-Aurignacian industries did not contain any bifaces even though they could contain biface fragments (KS15 is the clearest example of this). In this paper, we do not wish to discuss the integrity of Rust’s cultural layers (R.L. Solecki & R.S. Solecki 1986). Also we shall not get into the problem of what percentage of bifaces an industry must have to qualify as Acheulian. This problem has received recent attention in papers on the British Lower Palaeolithic.
New interpretations of the pre-Mousterian industries of Yabroud Shelter I (YSI) are suggested here based on:(a) our restudy of Rust’s (1950) original lithic collections and those found during more recent excavations (R.L. & R.S. Solecki 1986, 1995; R.S. & R.L. Solecki 1966); (b) a clearer understanding of the geological and depositional history of the site and the local Pleistocene environment (Farrand 1970, 1979, 1988; De Heinzelin 1966, N.D.); and (c) the distribution patterns of the local raw materials. On the basis of these studies we have concluded that all the preMousterian deposits at Yabroud Shelter I from bedrock to 2.20 meters can be attributed to the Mugharan Tradition industries (Acheuleo-Yabrudian and Pre-Aurignacian/ Amudian) (Jelinek 1982). That is, we could find no good evidence for Middle Acheulian or even Late Acheulian occupations at the site, as suggested by Rust (1930). Furthermore, at Yabroud because of the nature of the local raw material sources, we suggest that the ancient knappers picked up discarded bifaces from the surface, along with similar sized unworked chert nodules and used them all for tool production. Thus the types of bifaces found in the various industries at YSI, and these are even found in the Mousterian occupations, cannot be used to establish “cultural” affiliations. We must emphasize here that we are suggesting this interpretation only for the Yabroud sites; it cannot be applied to other sites without reference to local raw material distributions patterns.
Rust’s classification of the Acheulian industries at YSI, as noted above, was primarily based on the presence or absence of bifaces, but also on the typology of the bifaces. Bordes (1955), in his study of these materials followed Rust’s cultural classifications. Both of these studies were done before a better understanding of the industrial variations present in the Acheuleo-Yabrudian and Pre-Aurignacian/Amudian was developed, based on data from the excavations at Adlun (Roe 1983) and the reexcavations at Tabun (Jelinek 1982) and YSI. In addition, for YSI new data on the geology and environmental history of the site as well as technological studies of the lithic remains has provided new insights into the local Pre-Mousterian industries. Because of the geographic location of the Yabroud Valley and the geological conformation of the site itself, YSI was not continuously occupied during the pre-Mousterian period (Abdul-Salam 1966; R.S. Solecki N.D.). The earliest occupation, ca one meter thick, was concentrated along the rear wall of the shelter; no hearths were associated. The deposits from 9.0 meters to ca 5.0 meters, according to de Heinzelin (1966, N.D.) was the result of intense fluvial disturbances, with no man-made cultural features and only occasional, non-distinctive lithics. The section from ca 5.0 meters to 2.20 meters was heavily occupied with virtually
THE PRE-MOUSTERIAN INDUSTRIES OF YABROUD SHELTER I The hallmark of the Acheulian is, of course, the biface. Rust used the biface to classify his pure and mixed Acheulian 37
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
horizontal living floors, broad hearth areas, and much cultural debris. This section includes Rust’s KS19 through KS11.
Mousterian peoples did the same thing, but that they used pieces as raw materials for their own knapping projects. They used them as cores, but they also could have used them to make their characteristic small sized bifaces, tools, or even used them, as found, as large heavy duty tools. The point to emphasize here, is that on the basis of our study, bifaces or even biface morphology cannot be used at YSI to determine cultural relationships. In the light of this interpretation and on the basis of our reanalysis of all the lithics from the site, we cannot support Rust’s conclusions that there were Late Acheulian or Middle Acheulian occupations at YSI. We believe that all the Pre-Mousterian industries at YSI can be assigned to one of the industrial facies of the Mugharan Tradition.
Our reanalysis of the YSI lithics, as already noted, concentrated on technological questions, especially core reduction and the relationships between knapping processes and raw material sources.In this paper, we discuss the bifaces not as examples of artifact types but as links in the lithic operational chain. The prime sources for raw materials at YSI is the locally available, poor quality chert nodules. Because of the small size of the retouched tools and the frequency of cortex flakes and blades recovered from the site, it seems likely that these nodules were also characteristically small in size. The majority of the bifaces from YSI are also small, often with sections of cortex still in place. They also characteristically have pointed tips. This pattern of pointed bifaces correlated with nodular raw material fits in well with the pattern described by White for the bifaces of southern Britain (9).
Authors’ address Rose L. and Ralph S. SOLECKI Department of Anthropology Columbia University New York, N.Y., 10027 U.S.A.
Only 63 complete bifaces have been recovered from all the excavations at YSI, and 11 (17.5%) of these came from the Mousterian deposits. The complete bifaces are characteristically small in size, under 10.0 cm in length, and crudely made. The longer bifaces, i.e., over 10.0 cm in length, comprise only 25.0% of the total number. The mean length of these specimens is 12.0 cm and the largest one is 18.5 cm long. Generally they are better made than the small sized bifaces.
Bibliography ABDUL-SALAM, A., 1966, Morphologische Studien in der Syrischen Wüste und dem Anti-Lebanon. Berliner Geographische Abhandlungen 2, Geographischen I Berlin. BAKDACH, J., 2000, Die Palaolithischen Freilandfundstellen auf dem Hochplateau um Jabrud und in der Nabek-Ebene.Damaszener Mitteilungen 20, p. 1-16.
We also classified fifteen specimens as bifaces reused as cores (fig. 1a, b). In these examples, there was enough left of the biface morphology, especially bifacially retouched, sharp angled sides to determine that they originally had been fashioned as bifaces. On the other hand, the cores made on nodules lacked the distinctive retouched sides of these specimens, and could not readily be confused with the cores made on bifaces, especially during the early stages if core reduction.
BAR-YOSEF, O., 1994, The Lower Palaeolithic of the Near East. Journal of World Prehistory 8, p. 211-265. BORDES, F., 1955, Le Paléolithique Inferieur et Moyen de Jabrud (Syrie) et la Question de Pré-Aurignacien. L’Anthropologie 59, p. 486-507. FARRAND, W.R., 1970, Geology, Climate and Chronology of Yabrud Rockshelter I. In Frühe Menscheit und Unwelt, edited by H. Schwabedissen. Fundamenta Reihe A, Band 2.
Biface fragments are also found throughout the YSI industries; in fact more biface fragments were recovered than complete bifaces. The YSI collections include 66 pointed biface tips and 36 pieces from other sections of bifaces (e.g., sides, butts, etc.). So there are almost twice as many biface fragments as complete bifaces. In addition, some of the biface tips were retouched to serve as such tools as perforators (fig. 1c) or side scrapers (fig. 1d). The tips were even occasionally used as mini cores for small flake removals (fig. 1e).
FARRAND, W.R., 1979, Chronology and Palaeoenviornment of Levantine Prehistoric Sites as Seen from Recent Studies. Journal of Archaeological Science 6, p. 369-392. FARRAND, W.R., 1988, Geoarchaeological Studies at Yabrud Rockshelters, 1988.Preliminary report submitted to the National Geographic Society, Oct. 1988. HEINZELIN J. de, Geological Observations near Yabroud, 1965. Unpublished manuscript. HEINZELIN J. de, 1966, Revision du Site de Yabroud. Les Annales Archéologiques Arabes Syriennes XVI, p. 157-163. JELINEK, A.J., 1982, The Middle Paleolithic in the Southern Levant with Comments on the Appearance of Modern Homo Sapiens. In The Transition from Lower to Middle Paleolothic and the Origin of Modern Man, edited by A. Ronen. Oxford: B.A.R. Internation Series 151: 57-104.
CONCLUSIONS We have concluded, therefore, that the ancient inhabitants of YSI picked up bifaces discarded by even earlier peoples and used them along with the local chert nodules as raw materials to fashion their tools. Rust in the 1930’s picked up several hundred bifaces and other large worked pieces from open-air sites on the high plateau around Yabroud and the nearby town of Nebek (Bakdach 2000). We are suggesting here that the Pre-Mousterian and even
ROE, D.A., 1983, Adlun in the Stone Age. Oxford B.A.R. International Series 159. RUST, A., 1950, Die Möhlenfunde von Jabrud (Syrien). Neumünster. SOLECKI, R.S., Notes on Environmental and Climate Conditions at Yabroud Shelter I, Mousterian Occupations. Unpublished manuscript. 38
R.L. Solecki & R.S. Solecki: Bifaces and the Acheulian Industries of Yabroud Shelter I, Syria SOLECKI, R.L. & SOLECKI, R.S., 1986, A Reappraisal of Rust’s Cultural Stratigraphy of Yabroud Shelter I. Paléorient 12/1, p. 53-59.
SOLECKI, R.S. & SOLECKI, R.L., 1966, New Data from Yabroud Syria. Preliminary Report of the Columbia University Archaeological Investigations. Les Annales Archéologiques Arabes Syriennes XVI, p.121-154.
SOLECKI, R.L. & SOLECKI, R.S., 1995, The Mousterian Industries of Yabroud Shelter I: A Reconsideration. In The Definition and Interpretation of Levallois Technology, edited by H.L. Dibble and O. Bar-Yosef.Madison, Wisconsin: Prehistory Press: 381-397.
WHITE, M.J., 1998, On the Significance of Acheulean Biface Variability in Southern Britian. Proceedings of the Prehistoric Society 64, p. 15-44.
Figure 1. Bifaces reused as cores and biface fragments from Yabroud Shelter I: a) biface reused as a core; b) biface reused as a core; c) perforator made on a biface tip; d) sidescraper made on a biface tip; e) biface tip reused as a core. 39
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
40
F. Fontana et al.: The Po Plain in the Lower Pleistocene in the Context of Ancient Industries in Southern Europe
THE PO PLAIN IN THE LOWER PLEISTOCENE IN THE CONTEXT OF ANCIENT INDUSTRIES IN SOUTHERN EUROPE Federica FONTANA, Fiamma LENZI, Gabriele NENZIONI & Carlo PERETTO
Résumé : La bande territoriale qui s’étend sur plus de 100 Km le long du secteur oriental de la Plaine du Pô, entre la ville de Bologne et la Mer Adriatique, a livré un nombre élevé de gisements paléolithiques de plein air - le plus important étant celui de Monte Poggiolo (Forlì) – attribuables aux toutes premières phases d’occupation de la péninsule italienne. Ces industries, retrouvées en position primaire à l’intérieur des unités sédimentaires continentales proches à une ancienne ligne de côte, sont datées, sur la base d’études pédostratigraphiques et paléomagnétiques, à un âge plus ancien que 0,85 Ka. L’homogénéité de leur caractères techno-typologiques et le taux très bas de transformation des produits sur éclat, obtenus uniquement par la taille de galets siliceux, permettent de rapprocher ces industries aux complexes paléolithiques plus archaïques de l’Italie centrale-méridionale (Arce, Fontana Liri, Ceprano, Colle Marino) et, plus en général, aux industries sur galets connues en Europe méridionale (Vallonet, Atapuerca, Barranco Leon Cinco, Fuente Nueva, Dmanissi). Abstract: Along a continuous belt over 100 km in length, in the east sector of the Po Plain, between the city of Bologna and the Adriatic coast, a series of Palaeolithic open-air sites are documented, the best-known being the deposit of Monte Poggiolo (Forlì); all can be traced back to the very beginnings of human occupation in the Italian peninsula. These assemblages, which, on the basis of pedostratigraphic and palaeomagnetic data, are no less than 0.85 thousand years old, were found in primary position in correspondence with the basal part of the continental sequence in the vicinity of the ancient coast-line. Their very homogeneous techno-typological features and the low percentage of retouched flakes, which were mainly obtained from flint pebbles, allow correlations to be established with the most ancient Palaeolithic complexes of central and southern Italy (Arce, Fontana Liri, Ceprano, Colle Marino) and, in a wider perspective, with several other archaic pebble complexes in southern Europe (Vallonet, Atapuerca, Barranco Leon Cinco, Fuente Nueva, Dmanissi).
PALAEOENVIRONMENTAL CONTEXT AND DISTRIBUTION OF PALAEOLITHIC SITES
deposit of Monte Poggiolo; all can be traced back to the very beginnings of human occupation in the Po area (FARABEGOLI et Alii 2000; PERETTO et Alii 1998a; Peretto et Alii 1998b) (fig. 1). From a chronological viewpoint, the anthropic evidence in these sites consists of pebble industries, which have remarkable affinities with other Italian Lower Palaeolithic deposits such as those of the Lazio basin: they hence constitute one of the oldest known examples in the Italian peninsula, rightly deserving a place in the framework of early human population in Europe (BOSINSKI 1996; PERETTO 2001).
Around 1.2 million years ago the Apennines faced directly onto the Adriatic Sea, and the southern portion of the Po Plain had not yet formed. Starting from the tectonic-eustatic phase which can be dated to 1.15 – 0.95 million years ago, the transition from a marine environment to a continental one began, taking place over a long period of prevalent highstand between isotopic stages 25-29. The basin fill consequently seems to have occurred after the cold period corresponding to isotopic stage 24 (FARABEGOLI & ONOREVOLI 1996; FARABEGOLI & ONOREVOLI 1998a; FARABEGOLI & ONOREVOLI 1998b).
Generally speaking, the industries are immersed in primary in gravelly-sandy deposits, which – considering their position in the regional chronostratigraphic scale combined with palaeomagnetic data - are no less than 0.85 thousand years old. According to the radiometric datings performed, the large deposit of Monte Poggiolo appears to be even older, dating back ca. 1 million years BP. (GAGNEPAIN et Alii 1996; GAGNEPAIN et Alii 1998). Further chronological confirmation comes from the site of Romanina Bianca (San Lazzaro di Savena, Bologna): in its stratigraphic sequence, the archaeological record has as a terminus post quem an overlying level whose direct magnetic polarity is attributable to the base of Brunhes (FARABEGOLI et Alii 1998).
The tectonics and eustatic oscillations connected with Quaternary climate modifications were responsible for a cyclical series of palaeogeographic changes characterised by repeated progradations of the basin during the warm interglacial periods, observable in the marked frontal movement of the coastline a dozen or so kilometres northeastward. As a result of this movement the basin began to fill gradually, due partly to the advance of the alluvial plain and partly to the sediments deposited by watercourses. In this way, the first peri-Apennine belt of continental deposits began to form, settling on the substrate known as Formazione delle Sabbie Gialle di Imola. In correspondence with the basal part of the continental sequence, along a continuous belt over 100 km in length and 2 km in depth, a series of open-air sites (about twenty) are documented, the best-known being the
The industries seem to be entirely autonomous compared with the subsequent Palaeolithic complexes, which developed in the Po plain from isotopic stage 11 onward. This difference is clearly marked from a technological standpoint not only 41
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 1 – Location of the belt of territory occupied by Palaeolithic groups in the Pleistocene (A).
by the presence of bifaces and the use of Levallois technique, but even more so by a radical change of the sources for provisioning raw material, which became available in the terraced deposits of the Middle Pleistocene in the form of
nodules and large-sized pebbles (FARABEGOLI et Alii 2000; PERETTO 1996). All these sites are distributed fairly evenly in the Apennine foothills from Bologna to the Adriatic coast, with the possibility of extending even further westward (so 42
F. Fontana et al.: The Po Plain in the Lower Pleistocene in the Context of Ancient Industries in Southern Europe
far only one deposit is known to exist to the west of Bologna). Their very homogeneity testifies that the early penetration of humans into northern Italy was directly linked, in palaeoecological terms, to the existence of a narrow belt of territory not far from the coastline and, at the same time, criss-crossed from north-east to south-west by a network of small streams and torrents, all parallel and flowing in the same direction. This belt of land was thus subdivided into numerous sub-units of territory whose spatial, geological and environmental layout is undoubtedly at the root of its demographic success, as amply demonstrated by the frequency of anthropic deposits: an exceptional circumstance for such distant times. It surely follows that they are not to be viewed singly as separate sites, but rather as the components of a system sustained by the same ecological motivations.
FONTANA 1996). The finds show homogeneous technotypological characteristics and physical state, with sharp edges and sporadic cases of moderate or intense patina. The raw material consists mainly of small and medium-sized pebbles coming from the same alluvial deposits in which the industry is found in situ. Morpho-technical study highlights certain constant features: almost exclusive use of siliceous lithotypes, low percentages of retouched flakes, and a wide variety and number of pebble artefacts (fig. 2). The frequency and complexity of refittings (about eighty at Monte Poggiolo and one in the Fornace deposit) (PERETTO et Alii 1998b) indicate that rapid, opportunistic flaking techniques were employed, a fact borne out by a series of experimental reconstructions of reduction sequences. It should be remembered that all the industries in this area have one thing in common, i.e. the poor quality of raw material, which placed considerable limitations on the Palaeolithic toolmakers (fig. 3). The experiments performed demonstrate that the three possible percussion methods – direct, bipolar, and on anvil – produce tools of elementary shape, rather homogeneous and, in some cases, difficult to determine from a morphological point of view. In a large number of cases, accidents were caused by the presence of flaws in the raw material (fissility planes, microfracturing, inclusions) which forced the worker to abandon the working sequence abruptly. A fairly simple technological approach was adopted, as can be seen from the elevated number of pebbles with only one removal. The partial, extremely limited exploitation of the flint invariably results in poorly-prepared artefacts, with a large (or even complete) portion of cortex still intact. In all these artefact sets, flaking accidents were frequently due to the violence of percussion, as in the case of the Siret burin (FONTANA & NENZIONI 1998; LONGO et Alii 2000). From a strictly techno-typological standpoint, the lithic assemblages can be characterised as follows:
Putting together the relatively scarce data available for this part of the plain regarding its landscape, climate and biostratigraphy during the late Lower Pleistocene commencing from the closure of the marine cycle we are thus able to gain an insight into the palaeoenvironment situation of the Po plain during the stages immediately preceding and accompanying the arrival of the first human groups in the area. The littoral setting was characterised by phases of internal beach and low coast alternating with other episodes of partial submergence, with bars and flats, while in the fan and river mouth areas the retrieval of large vertebrates remains (Mammuthus aff. meridionalis, Dicerorhinus cf. etruscus, Hippopotamus sp. and Bison cf. schoetensacki) allow a reconstruction of the palaeoenvironmental situation of the Apennine backlands. When humans reached the Po plain this process was already well under way, and damp-cold temperate conditions were established as can be seen from the sedimentological data taken in the FaenzaBologna area as well as the pollen series sampled at Monte Poggiolo, where herbaceous plants predominate, with secondary conifers (Pinus and Abies being the most frequent) (CATTANI 1992; CATTANI et Alii 2000). From a palaeogeographic viewpoint, human interest focused exclusively on the hydrographic network, whether settlements were located in the terminal portion of a watercourse near a conoid delta opening directly onto the coast – as in the case of Monte Poggiolo – or whether they were situated in the palaeochannels, further inside the alluvial plain, but always in the vicinity of the coast, as in the Imola-Faenza area.
The peculiarity of the raw material and of the techniques adopted have led to an absolute prevalence of flat, corticated butts; dihedral, linear forms are less frequent, while facetted butts occur only sporadically. The simplicity of the reduction sequences emerges clearly from the analysis of cores: in fact, the majority of artefacts present removals which start from one (44.4% at Monte Poggiolo) or two striking platforms. The significant number of pebble artefacts – the characteristic feature of these lithic assemblages – are mainly obtained from pebbles of average dimensions, rarely less than 5 cm.
TYPOLOGICAL FEATURES OF THE TECHNOCOMPLEXES
The sizeable category represented by unretouched flakes is a particular one, due to the presence of a high percentage of flakes characterized by partly or completely corticated dorsal surfaces (93% of the total in Bel Poggio). Moreover, in some deposits there is a high frequency of naturally backed knives (13.6% at Monte Poggiolo/excavation) (ANTONIAZZI et Alii 1993).
Despite their highly variable quantity (few tens of finds, in some cases, hundreds or thousands in others), the lithic assemblages display considerable affinities; their typological variety allows a detailed examination of how industries were structured, while a comparison of their physiognomy leads to general considerations that apply to the entire Po belt (ALDINI et Alii 1998; ANTONIAZZI et Alii 1993; ANTONIAZZI et Alii 1996; ANTONIAZZI et Alii 1998; BISI et Alii 1992; BISI et Alii 1994; LENZI 1996; LENZI & BAROGI 1996; FONTANA et Alii 1998; PERETTO &
Artefacts modified by retouch are extremely few and far between; they are mostly restricted to the category of sidescrapers and denticulates on flakes, obtained with simple or 43
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 2 – Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo. Lithic industry.
Fig. 3 – Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo. Lithic industry.
abrupt retouch. The set also comprises small-sized tools on pebble (sensu CHAVAILLON 1981) bearing continual retouches, including the marginal type.
As highlighted by functional analyses applied to the débitage products of the Monte Poggiolo deposit, these small flakes appear to be selected for their cutting edges (PERETTO et Alii, 1998b).
Several problems of interpretation are posed by the preponderance of pebbles with only one removal and the consequent production of first order flakes with few apparent cutting features, devoid of a precise functional role. The possibility cannot be excluded that many of these were in fact hammers at the end of one or more reduction sequences: a hypothesis which has also been verified during experimentation (FONTANA & NENZIONI 1998).
The discoid forms occur only sporadically and in very small percentages; they are obtained from first order flakes, and feature a series of centripetal removals on one of the faces. Last but not least, the remaining pebble artefacts are made up of a series of products, traditionally allotted to the group of choppers and chopping-tools. The average percentage of these is usually around 10% of the entire industry; they are distinguished from cores by the presence of acute cutting edges characterised by rectilinear or wavy profiles (fig. 4). The detailed reconstruction of reduction sequences and the functional study of flaking products performed in the Monte Poggiolo deposit have led us to consider these artefacts as cores, thereby excluding their direct utilisation as tools. According to this interpretation, the Monte Poggiolo industry comprises only flaking products and cores (PERETTO et Alii 1998b; PERETTO 2000). In the absence of further determinations, the usual practice is followed for the other lithic assemblages: i.e. such products continue to be considered as choppers and chopping-tools, at least from a morphological viewpoint. Among these, a more generalised development of distal forms compared to lateral ones is noted, as well as a tendency to shape the cutting-edge with poorly-
With regard to the other cores, certain elements were characterised by alternate removals; these specimens usually generate flakes with portions of cortex on one side of the dorsal face, and the butt may be flat or dihedral. The most complex shapes in the industry, however, consist of cores characterized by a flat striking platform with orthogonal unidirectional removals. These reduction sequences have been identified in the Monte Poggiolo deposit, thanks to a large number of refittings. By lowering the striking platform - or else by exploiting further platforms through rotation - it allows the production of variably corticated flakes during the initial stages, and of naturally backed knives and a series of decorticated flakes of small dimensions during the final stages of the reduction sequence. 44
F. Fontana et al.: The Po Plain in the Lower Pleistocene in the Context of Ancient Industries in Southern Europe
Fig. 4 – Romanina Bianca and Bel Poggio: 1,4 choppers; 2 core with a natural striking platform; 3,5,6 flakes; 7,9 chooping-tools; 8,10 denticulates.
CONCLUSIONS
defined, limited removals (from one to three). Analysis of the facial characters reveals that, in the west-oriented sites, unifacial choppers predominate, whereas the east-oriented assemblages contain more bifacial forms; these also display greater complexity at the planning stage.
The extreme similarity of techno-morphological, depositional and chronological features shared by these ancient deposits of the Po plain suggests a totally homogeneous occupation 45
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
and subsistence model may be reconstructed, applicable on a large scale. The most evident aspect of this model is represented by a series of constant techno-typological features. The exclusive use of siliceous lithotypes, the low number of retouched artefacts, the generally opportunistic flaking techniques adopted: all these features point to exploitation strictly governed by immediate spatial and temporal requirements. In summary, the data in our possession document seasonal occupation which lasted over a long period of time; this occupation regarded areas undergoing erosion connected with palaeochannels, in the proximity of river-mouth and coastal areas. Besides constituting the ideal areas for provisioning and working raw material, these places were able to offer specific subsistence resources. At Monte Poggiolo, the micro-wear detected on flakes coming from refittings - identified as marks caused by butchery sensu lato and vegetable transformation – disclose complete, hasty production sequences by humans who rough-hewed, used and abandoned artefacts in a very short space of time (LONGO et Alii 2000). Behaviour like this, linked to contingent, occasional circumstances, may perhaps explain in part the following: the high percentage of “elementary” shapes such as, for instance, first order flakes and pebbles with a single removal, to be interpreted as residual portions of raw material which were discarded because they were not functional, or else unsuited to fashioning cutting edges; the abundance of technical accidents caused by haste and improvisation in the choice of blank; the sudden abandonment of cores as soon as the balance between the quantity of work to be done and the minimum number or artefacts required had been reached. Altogether, the set of industries described becomes well-defined and fully comprehensible only if it is considered in its widest context, i.e. in the interaction between the human individual and the resources available in a composite macro-environment, able to offer considerably specific subsistence niches.
Alii 2000; CARBONELL et Alii 2001; FERNANDEZ et alii 2000; NIORARADZÉ & JUSTUS 2000; NIORARADZÉ et Alii 2000). To sum up, it seems definitively ascertained that the meaningful sample of deposits situated in southern Europe is to be collocated in the closing stages of the Lower Pleistocene, thanks to the presence of human groups possessing technologies of ancient tradition, and in any case poorly worked from an instrumental viewpoint. This model seems to change gradually between 700,000 and 500,000 BP, when a marked increase in the number of sites occurs, accompanied by significant advances in the organisation of living space and assemblages. Particularly emblematic from this standpoint is the site of Isernia-La Pineta, which can be considered to all effects a transitional deposit between the ancient technocomplexes and the industries already belonging, with every right, to the Acheulean sites. Authors’ addresses Federica FONTANA Dipartimento delle Risorse Naturali e Culturali Università di Ferrara Corso Ercole I d’Este, 32 44100 Ferrara (Italy) e-mail: [email protected] Fiamma LENZI Istituto Beni Culturali della Regione Emilia-Romagna Via Farini, 17 40124 Bologna (Italy) e-mail: [email protected] Gabriele NENZIONI Museo Archeologico “Luigi Donini” Via F.lli Canova, 49 40065 S. Lazzaro di Savena – BO (Italy) e-mail: [email protected] Carlo PERETTO Dipartimento delle Risorse Naturali e Culturali Università di Ferrara Corso Ercole I d’Este, 32 44100 Ferrara (Italy) e-mail: [email protected]
As already mentioned above, the pebble industries in the Po plain are thus to be collocated within the wider context of the earliest human population of the Italian peninsula; in synchrony with central-southern Europe, this seems to have taken place in the time-span between little less than a million and 800,000 years BP. Also belonging to this chronological and technological collocation are the lithic assemblages first reported in the ‘70s, distributed along the ApennineTyrrhenian ridge like Bibbona and Collinaia in the territory of Livorno, or else in the Lazio region south of Rome, where the sites of Arce, Fontana Liri, Ceprano and Colle Marino are situated. The last-mentioned of these lies below the lavas of the Vulcano Laziale, dated at approximately 700.000 BP. (DE LUMLEY et Alii 2000; GALIBERTI 1984; PALMA DI CESNOLA 1996). Even if the available data alone are not sufficient to explain the dynamics of these first anthropic events and the meaning of their spatial and geographic distribution, significant correlations have been established with several other archaic pebble complexes in southern Europe; among these, the Vallonet in France; Atapuerca, Barranco Leon Cinco and Fuente Nueva in Spain; and the site of Dmanissi in Georgia which, on account of its dating, introduces the concept of an even earlier human penetration into Europe (DE LUMLEY et Alii 1998; CARBONELL et
Bibliography ALDINI T., ANTONIAZZI A., ANTONIAZZI A., 1998. Pebble industries of the Forlimpopoli area. In Proceedings of the XIII International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, Proceeding, 6, Workshops, tome II, Forlì, pp. 981-990. ANTONIAZZI A., ANTONIAZZI A, BAROGI M., FONTANA F., PERETTO C., PIANI G., SABATTINI S., UNGARO S., 1998, Pebble industries of the Rimini area. In Proceedings of the XIII International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, Proceeding, 6, Workshops, tome II, Forlì, pp. 991-1000. ANTONIAZZI ALL., BAROGI M., BIORDI M., 1996, Alle origini della storia. Il Paleolitico di Covignano, Rimini. ANTONIAZZI A., ANTONIAZZI A., FAILLA A., PERETTO C., PIANI G., 1998. The stratigraphy of the site of Ca’ Belvedere di 46
F. Fontana et al.: The Po Plain in the Lower Pleistocene in the Context of Ancient Industries in Southern Europe Monte Poggiolo. In Proceedings of the XIII International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, Proceeding, 6, Workshops, tome II, Forlì, pp. 853-968.
F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna: Editrice Compositori, pp. XIXXXXVII. FARABEGOLI E., LENZI F., NENZIONI G., ONOREVOLI G., PERETTO C., 2000. Lithostratigraphie et evolution des industries du Paleolithique inferieur et moyen a l’ est de Bologne (Italie). In Science et Technologie pour la sauvegarde du patrimoine culturel dans les Pays du Bassin Méditerranée, Actes du Congrès International, Paris : Elsevier, II, pp. 1179-1188.
ANTONIAZZI A., ANTONIAZZI A., GALASSINI E., MILLIKEN S., PERETTO C., PIANI G., 1998, Lower Palaeolithic industries of the Castel Bolognese area. In Proceedings of the XIII International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, Proceeding, 6, Workshops, tome II, Forlì, pp. 969-979.
FARABEGOLI E., NENZIONI G., PERETTO C., 1996. Romanina Bianca. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici: sedimenti, industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna: Editrice Compositori, pp. 5661.
ANTONIAZZI A., FERRARI M., PERETTO C., 1993. Il giacimento di Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo del Pleistocene inferiore con industria litica (Forlì). Bullettino di Paletnologia Italiana 84, pp.1-56.
FARABEGOLI E., ONOREVOLI G., 1992. La sezione di S. Mamante (Faenza) nel quadro evolutivo neotettonico ed eustatico del Quaternario dell’Appennino romagnolo. Memori descrittive della Carta Geologica d’Italia XLVI (1991), pp. 417-432.
BISI F., FONTANA L. , PERETTO C., PROLI F., 1992. L’industria di Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo. In I primi abitanti della Valle Padana: Monte Poggiolo nel quadro delle conoscenze europee, edited by C. Peretto, Milano, pp. 347-356.
FARABEGOLI E., ONOREVOLI G., 1996. Il margine appenninico emiliano-romagnolo durante il quaternario: stratigrafia ed eventi. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici: sedimenti, industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna: Editrice Compositori, pp. XXXIX-LXIV.
BISI F., FONTANA L., PERETTO C., PROLI F., 1994. L’industria su ciottolo di superficie di Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo (Forlì). Preistoria Alpina, pp. 101-154. BOSINSKI G. 1996, Les origines de l’homme en Europe et en Asie, Atlas des sites du Paléolithique inférieur, Paris, pp. 15-60.
FARABEGOLI E., ONOREVOLI G., 1998a. Quaternary stratigraphy and lithic industries of Emilia-Romagna outer apenninic margin. In Proceedings of the XIII International Congres of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, 1, Forlì, pp. 113-124.
CARBONELL E., MOSQUERA M., OLLÉ A., RODRÍGUEZ X.P., SAHNOUNI M., SALA R., VERGÈS J. M., 2001. Structure morphotéchnique de l’industrie lithique du Pléistocène inférieur et moyen d’Atapuerca (Burgos, Espagne). L’Anthropologie 105, pp. 259-280.
FARABEGOLI E., ONOREVOLI G., 1998b. Struttura del sottosuolo quaternario continentale della Pianura Padana meridionale (Provincia di Ravenna – Italia). Agip, Geodinamica e Ambiente. Firenze: S.EL.C.A.
CARBONELL E., RODRÍGUEZ X.P., SALA R., 2000. Les industries lithiques d’Atapuerca. Leur place dans le cadre du Paléolithique inférieur européen. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
FERNÁNDEZ G.M., TORO-MOYANO I., TURQ A., MORRERO J. A., ROSALES J., ORTIZ RISCO F., 2000. Les industries du Paléolithique inférieur dans la région d’Orce, bassin de GaudixBaza. Barranco Léon 5 et Fuente Nueva 3, dans leur contexte géochronologique et biostrathigraphique. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
CATTANI L. 1992, Il ricoprimento vegetale nell’area padana durante il Pleistocene inferiore e medio. In I primi abitanti della Valle Padana : Monte Poggiolo, edited by C. Peretto, Milano, pp.291302. CATTANI L., LEBRETON V., ROMAGNOLI S., 2000. Evolution des paysages et des climats au Pleistocéne inférieur et moyen en Italie d’après l’étude des pollens des formations quaternaires. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
FONTANA F., LENZI F., NENZIONI G., PERETTO C., 1998. Pebble Industries of the Apennine Foothills around Bologna. In Proceedings of the XIII International Congres of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, 6, Workshops, tome II, Forlì, pp. 957-968.
CHAVAILLON J.& N.,1981. Galets aménagés et nucléus du Paléolithique inférieur, in AA. VV., Préhistoire Africaine. Mélanges offerts au doyen Lionel Baulot, Paris, pp. 283-293.
FONTANA F., NENZIONI G., 1998. The pebble industry from Bel Poggio (Bologna, Italy): reconstruction of the techniques and chaînes opératoires by means of experimentation. In Proceedings of the XIII International Congres of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, 6, Workshops, 2, Forlì, p. 759764.
CREMASCHI M., PERETTO C., 1988. Le Paléolithique inférieur de la Plaine du Pô. L’Anthropologie, tome 92, n. 2, pp. 643-682. DE LUMLEY H., FOURNIER A., KRZEPKOWSKA J., ECHASSOUX A., 1998. L’industrie du Pléistocène inférieur de la Grotte du Vallonet, Roquebrune-Cap Martin, Alpes Maritimes. L’Anthropologie 92, pp. 464-495.
FARABEGOLI E., FONTANA F., LENZI F., NENZIONI G., ONOREVOLI G., PERETTO C. 2000. Les industries du Paléolithique inférieur d’Emilie-Romagne dans le cadre géochronologique et lithostratigraphique des formations quaternaires de la marge des Appenins de Bologne (Italie). In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
DE LUMLEY H., BIDITTU I., BARSKI D., CAUCHE D., CELIBERTI V., NIORADZÉ M., NOTTER O., 2000. Les industries lithiques archaïques du bassin du Latium. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 1015 avril 2000), in press. FARABEGOLI E., 1985. Note geologiche sul territorio di S. Lazzaro di Savena. In Materiali e documenti per un Museo della Preistoria. S. Lazzaro di Savena e il suo territorio , edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, C. Peretto, Bologna: Nuova Alfa Editoriale, pp. 1326.
GAGENPAIN J., HEDLEY I., BAHAIN J.J., DE LUMLEY H., PERETTO C. & WAGNER J.J. 1996. Elaboration d’un cadre magnetostratigraphique dans le Pleistocène Inferieur et Moyen en Italie et en France Meridionale d’après l’etude paleomagnetique des sites du Vallonet (Alpes Maritimes, France), Cà Belvedere di Monte Poggiolo (Romagna, Italie) et Isernia la Pineta (Molise, Italie). In Abstracts of XIII International Congres of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, 6, Workshops XIII, 2, Forlì, p. 128.
FARABEGOLI E., 1996. I siti paleolitici fra Bologna e Imola in relazione all’evoluzione geomorfologica e paleogeografica del territorio. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici: sedimenti, industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by 47
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic GAGNEPAIN J., LAURENT M., BAHAIN J.J., FALGUÈRES CH., HADLEY I., PERETTO C., WAGNER J.J., YOKOYAMA Y., 1998. Synthèse des données paléomagnethiques et radiochronologiques du site de Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo (Romagne, Italie) et de son environnement géologique. In Proceedings of the XIII International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, Proceeding, 6, Workshops, tome II, Forlì, pp. 877-888.
PALMA DI CESNOLA A., 1996. Le Paléolithique inférieur et moyen en Italie, Paris, pp. 28-47. PERETTO C. 1992, I primi abitanti della Valle Padana : Monte Poggiolo nel quadro delle conoscenze europee, Milano.
GALIBERTI A., 1984. Bibbona. I primi abitanti d’Europa, Roma, pp. 221-223.
PERETTO C., 1996. Il Paleolitico del territorio bolognese: considerazioni sulla tipologia e sulla cronologia delle industrie litiche. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici : sedimenti , industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna : Editrice Compositori, pp.VIIXVIII.
LENZI F. 1996, Romanina Nera. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici: sedimenti, industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna: Editrice Compositori, pp. 62-67.
PERETTO C., FONTANA F., 1996. Bel Poggio. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici: sedimenti, industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna : Editrice Compositori, pp. 25-42.
LENZI F., BAROGI M., 1996. Fornace di S. Lazzaro. In Lettere di Pietra. I depositi pleistocenici: sedimenti, industrie e faune del margine appenninico bolognese, edited by F. Lenzi, G. Nenzioni, Bologna : Editrice Compositori, pp. 5-20.
PERETTO C., LONGO L. MILLIKEN S., OLLÉ A., SOZZI M., VERGÈS J. 1998a. The significance of the lithic industry from Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo in the context of the origin of the human population of Europe. In Proceedings of the XIII International Congres of Prehistoric and Protohistoric Sciences, 8-14 september 1996, Proceeding, 6, Workshops, II, Forlì, pp. 921-926.
LENZI F., NENZIONI G., PERETTO C., (Eds.), 1985. Materiali e documenti per un museo della preistoria. S. Lazzaro di Savena e il suo territorio, Bologna: Nuova Alfa Editoriale. LONGO L. , OLLÉ A., PERETTO C., VERGÈS J.M., 2000. Chaîne opératoire et analysem fonctionnelle des pièces lithiques des sites de Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo et de La Pineta à Isernia dans le contexte des plus anciennes industries en Europe. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 1015 avril 2000), in press.
PERETTO C. et Alii, 1998b. L’industrie lithique de Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo : strathigraphie, matière première, typologie, remontages et traces d’utilisation. L’Anthropologie 102, n. 4, pp. 343-465. PERETTO C., 2000. Les outillages sur galet du site de Ca’ Belvedere di Monte Poggiolo (Forlì, Italie). In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
NIORADZÉ M., JUSTUS A., 2000, Les industries lithiques du site de Dmanissi, Géorge. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
PERETTO C., 2001, The Oldest Human Population in Europe : “Long” or “Short” Chronologies. In Humanity from African Naissance to Coming Millennia, edited by P. Thobias, M. Raath, J. Moggi-Cecchi, G. Doyle, Firenze: University Press, Witwatersrand University Press, pp. 175-180.
NIORADZÉ M., DE LUMLEY H., BARSKJ D., CAUCHE D., CELIBERTI V., NOTTER O., BIDITTU I., KILADZÉ G., ZVANIA D., 2000. Les industries lithiques archaïques du site de Dmanissi, Géorge. Comparaison avec les industries archaïques de l’Afriques de l’Est et de l’Europe méridionale. In Les premiers habitants de l’Europe, Actes du Colloque (Tautavel 10-15 avril 2000), in press.
PIPERNO M., 1992. Il Paleolitico inferiore, Piperno M., Guidi A., Italia preistorica, Bari: Laterza, pp. 139-166.
48
D. Cauche et al.: Les plus anciennes industries lithiques du Latium, Italie
LES PLUS ANCIENNES INDUSTRIES LITHIQUES DU LATIUM, ITALIE Dominique CAUCHE, Vincenzo CELIBERTI, Deborah BARSKY, Olivier NOTTER, Italo BIDDITTU & Henry de LUMLEY
Résumé : La présence du Paléolithique inférieur archaïque dans le Latium (Italie centrale) a été signalée par l’un d’entre nous, I. Biddittu dès 1971, et de nombreuses prospections ont permis de recueillir à ce jour un abondant matériel lithique et faunique au sein de trois stations bien individualisées : Colle Marino, Arce-Fontana Liri, et Campo Grande di Ceprano. Les niveaux contenant les industries de ces sites sont intercalés entre des couches villafranchiennes situées au-dessous et des niveaux attribuables à la première activité éruptive connue du volcanisme latial, dont les manifestations les plus anciennes sont datées aux environs de 700 000 ans par la méthode K-Ar. Les industries de Colle Marino et de Arce-Fontana Liri ont en commun leur archaïsme, de par le caractère rudimentaire du petit outillage et du débitage des nucléus. Par contre, les industries récoltées à Ceprano montrent globalement des caractères plus évolués, que ce soit au niveau de l’aménagement des outils ou du débitage. Abstract : The presence of archaic early Paleolithic in Latium province (central Italy) had been indicated by one of us, I. Biddittu since 1971, and many prospectings have permitted to collect an abundant faunal and lithic material from three well distinctive stations : Colle Marino, Arce-Fontana Liri and Campo Grande di Ceprano. Levels containing stone artifacts are inserted between villafranchian layers situated below and layers attributable to the first known eruptive activity of latial volcanism, which the oldest events are dated about 700 000 years by K-Ar. Colle Marino and Arce-Fontana Liri stone artifacts have their archaism in common, with the rudimentary character of the small tools and cores flaking. Unlike the others, stone artifacts collected at Ceprano globally show more advanced characters, about tools making or flaking.
LA STATION DE COLLE MARINO
LE DÉBITAGE
DESCRIPTION DU SITE
L’industrie lithique, peu abondante (131 pièces), a été entièrement réalisée sur des galets et des blocs de calcaire que l’on retrouve à l’état naturel sur le site. Ce matériel présente un aspect très corrodé et altéré.
Les rares nucléus sont peu exploités, présentant un nombre réduit de négatifs d’enlèvements (de 5 à 7 au maximum), de directions unipolaires ou orthogonales, sur bloc ou galet fracturé. Les séries d’enlèvements sont unipolaires bifaciales ou bipolaire sur une face dans un des cas. Les éclats obtenus sont courts et épais. Ils sont majoritairement corticaux ou semi-corticaux, et le talon est le plus souvent large, lisse ou cortical, faisant un angle ouvert avec la face d’éclatement. La figure 2 montre la distribution des différents états de débitage des éclats : les éclats de type I et II (entièrement corticaux ou à grande plage corticale) représentent une forte proportion (58 %), et beaucoup sont issus du façonnage des outils sur galet. Le type III, correspondant aux éclats à faible résidu cortical, représente un quart des éclats, issus du façonnage des choppers et chopping-tools, mais aussi du débitage des nucléus. Les éclats de type IV, dits de plein débitage, n’ont plus de cortex, et sont issus d’un débitage plus poussé des nucléus. Leur présence révèle à Colle Marino l’existence d’un débitage réel, sur le site. Le bulbe des éclats est diffus et n’affiche pas de cône de percussion, du fait de la faible densité de la matière première. Ce sont des éclats issus d’une chaîne opératoire de débitage peu développée.
COMPOSITION DU MATÉRIEL
LES PERCUTEURS
L’industrie est composée de percuteurs (galets à enlèvements isolés accidentels), de galets à enlèvements isolés concaves, de choppers et de chopping-tools. Un certain nombre d’éclats (parfois retouchés) et de nucléus sont également présents dans l’ensemble lithique (tableau 1 et figure 1).
Les percuteurs sont relativement abondants et présentent tous un ou plusieurs enlèvements accidentels détachés lors des chocs de percussion (enlèvements isolés à bord non tranchant convexe).
La station de Colle Marino est située dans la province de Frosinone, dans le bassin d’Anagni (Biddittu & Segre 1982, Biddittu 1983). L’industrie lithique provient de la partie supérieure d’une couche formée d’argiles calcaires contenant des fragments de calcaire et des blocs de travertin, niveau sous-jacent à une accumulation pyroclastique du volcan Laziale-Albano. Ces dépôts pyroclastiques ont été datés par la méthode K-Ar et les résultats ont permis de situer cette industrie à un niveau antérieur à 700 000 ans. Ce niveau d’où est issu le matériel lithique a également livré un fragment d’humérus attribué à Crocuta brevirostris. La base de la séquence stratigraphique de ce gisement est représentée par des argiles à Pisidium remontant au Villafranchien. MATIÈRE PREMIÈRE
49
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic Tableau 1 : Composition de l’ensemble du matériel lithique de Colle Marino Type d’objet Galets entiers ou fracturés Percuteurs Galets à enlèvement isolé concave Choppers Chopping-tools Rostro-carénés Éclats Petits outils Débris Nucléus Total
nombre 10 12 11 13 4 2 13 32 31 3 131
galets entiers ou fracturés 8%
débris 24%
pourcentage 7,6 9,2 8,4 9,9 3,1 1,5 9,9 24,4 23,7 2,3 100 %
percuteurs 9%
éclats 10%
galets aménagés 23%
nucléus 2%
petits outils 24% Fig. 1 : Composition du matériel lithique de Colle Marino
30% 25%
29%
29%
24%
20%
18%
15% 10% 5% 0%
type I
type II
type III
type IV
Fig. 2 : Etats de débitage des éclats de Colle Marino
LES GALETS AMÉNAGÉS (figure 3) :
Les choppers, d’assez bonne facture, ont été aménagés par un nombre réduit d’enlèvements (1 à 3). Ces outils présentent très souvent des retouches plates inverses localisées sur le bord tranchant et attribuées à l’utilisation. Les choppers sont parfois associés à des enlèvements isolés convexes ou concaves. Il est à noter la présence de rares choppers à bords convergents présentant un angle de convergence ouvert qui
Les galets à enlèvements isolés concaves sont généralement plus plats et de dimensions réduites par rapport aux percuteurs. Leur mise en forme est le plus souvent simple (avec un seul enlèvement intentionnel), mais certains présentent cependant des enlèvements multiples isolés. 50
D. Cauche et al.: Les plus anciennes industries lithiques du Latium, Italie
chopping-tools 13%
rostro-carénés 7%
galets à enlèvement isolé concave 37%
choppers 43% Fig. 3 : Composition du macro-outillage de Colle Marino
durant le Villafranchien. Au-dessus sont déposés des sables et des limons des phases lacustres et fluvio-palustres du Pléistocène inférieur et moyen. La stratigraphie culmine par des graviers intercalés à des brèches. L’industrie lithique se trouve dans ce niveau culminant, âgé d’environ 700 000 ans.
parfois prend la forme d’un bec atténué, dégagé par deux enlèvements. Quelques rostro-carénés ont été observés, leur front étroit et épais ayant été aménagé par des enlèvements courts, pouvant être confondus avec de la retouche. Les chopping-tools sont rares et exceptionnellement de bonne facture. Ces pièces sont à la limite des nucléus.
MATIÈRE PREMIÈRE LE PETIT OUTILLAGE L’industrie lithique a été entièrement réalisée à partir de galets calcaires peu épais et ovalaires, parfois allongés. L’ensemble de ce matériel est peu altéré et les arêtes sont nettes et facilement lisibles.
Le petit outillage est très sommaire et peu abondant. Quelques débris, petits galets et rares éclats ont été transformés en outils : des racloirs, des denticulés, des encoches clactoniennes ou retouchées, dégageant parfois un bec. Les racloirs sont peu arqués et dégagés par des retouches épaisses, denticulées et surélevées. Ces retouches sont à la limite de la retouche irrégulière épaisse ou épaisse abrupte. Les denticulés, de mauvaise facture, sont le plus souvent rectilignes et unifaciaux. Les outils les plus abondants sont les encoches clactoniennes ou retouchées, parfois sur petit galet. Certaines encoches sont à la limite de la retouche abrupte épaisse, et présentent souvent des traces d’utilisation (écrasement ou retouches irrégulières). Les becs sont aménagés par des encoches clactoniennes ou retouchées adjacentes. Ils sont parfois dégagés par une encoche adjacente à un bord aménagé par des retouches continues. Ces becs sont généralement bien dégagés et présentent des retouches irrégulières plates inverses. Parmi ce petit outillage, les outils à encoches sont majoritaires (66%) et les racloirs moins fréquents (34%).
COMPOSITION DU MATÉRIEL L’industrie est composée de nombreux percuteurs (galets à enlèvements accidentels), de galets aménagés et d’un certain nombre d’éclats bruts ou parfois retouchés. La prédominance du macro-outillage est ici caractérisée, constitué d’un très grand nombre de galets à enlèvements isolés à bord convexe ou concave, de choppers et de quelques chopping-tools. Le petit outillage est plus rare, sur éclat mais aussi sur débris (tableau 2 et figure 4). LE DÉBITAGE Quoique de nombreux éclats aient été récoltés, il faut signaler la rareté des nucléus dans le matériel récolté. Trois de ces nucléus sont sur éclat épais cortical ou semi-cortical, présentant un ou deux enlèvements. Les trois autres sont des galets entiers ou fracturés montrant seulement deux à sept enlèvements unipolaires ou multidirectionnels.
LES STATIONS DE ARCE ET FONTANA LIRI DESCRIPTION DES SITES
Les éclats sont épais et courts, présentant presque toujours un dos entièrement en cortex. Le plan de frappe, lui aussi majoritairement cortical (plus rarement lisse ou nul), présente un angle d’éclatement moins ouvert que celui observé dans le matériel de Colle Marino. Nous constatons ici la prédominance des éclats corticaux et semi-corticaux de type I et II (figure 5), avec la quasi-absence d’éclats pouvant être issus d’un débitage de nucléus. Nous pouvons en déduire que ces éclats proviennent pour la plupart du façonnage des galets.
Les stations de Arce et Fontana Liri sont localisées dans la province de Frosinone, dans le territoire compris entre les villages de Arce et de Sora (Biddittu 1971, 1972). Le substratum est constitué de calcaires cénomaniens faillés à la suite d’une tectonique intense. Ces calcaires constituent un bassin pré-quaternaire dans lequel s’est déposé un remplissage pléistocène. Les dépôts sont majoritairement constitués de poudingues et de graviers meubles, produits 51
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic Tableau 2 : Composition de l’ensemble du matériel lithique de Arce-Fontana Liri. Type d’objet Galets fracturés Percuteurs Galets à enlèvement isolé concave Choppers Chopping-tools Éclats Petits outils Débris Nucléus Total
débris 6%
nombre 8 32 19 18 11 39 16 10 6 159
galets fracturés 5%
éclats 25%
nucléus 4%
pourcentage 5,0 20,1 12,0 11,3 6,9 24,5 10,1 6,3 3,8 100 %
percuteurs 20%
galets aménagés 30%
petits outils 10%
Fig. 4 : Composition du matériel lithique de Arce-Fontana Liri
80% 60%
61%
40% 32%
20% 0%
type I
7% type III
type II
type IV
Fig. 5 : Etats de débitage des éclats de Arce-Fontana Liri
LE PETIT OUTILLAGE
rectilignes et à retouches abruptes épaisses non denticulées. Les encoches clactoniennes sont très rares et les denticulés absents. Un grattoir frontal massif a été dégagé par deux encoches, et associé à un museau retouché ôtant le talon d’un éclat de grandes dimensions.
Le petit outillage a été réalisé sur débris, galet et plus rarement sur éclat. Des racloirs, des encoches clactoniennes et des grattoirs ont été décrit. Les racloirs, de mauvaise qualité, sont 52
D. Cauche et al.: Les plus anciennes industries lithiques du Latium, Italie
CAMPO GRANDE DI CEPRANO
quartz laiteux et hyalins, des quartzites, des grès-quartzites et des calcaires marneux. Ces roches se présentent sous forme de galets fortement roulés ou bien de plaquettes. Remarquons un degré important de concassage sur la majorité des pièces.
DESCRIPTION DU SITE Le site de Campo Grande est localisé dans la province de Frosinone près de la commune de Ceprano. Le substratum est constitué de calcaire crétacé au-dessus duquel se retrouvent des dépôts mio-oligocènes marins. Le Villafranchien est représenté par des graviers. Des argiles grises fluvio-lacustres datant du Pléistocène inférieur se sont déposé par-dessus les graviers. C’est dans ces argiles grises qu’a été découvert le crâne d’un Homo erectus (Ascenzi et al. 1995 ; Ascenzi & Segre 1997) qui daterait d’environ 0,8 Ma. Les industries ont été découvertes dans une couche sousjacente aux argiles contenant le crâne.
COMPOSITION DU MATÉRIEL (tableau 3 et figure 6): L’ensemble lithique est composé de percuteurs, de galets aménagés, de nombreux nucléus, d’éclats et débris de taille, ainsi que d’un petit outillage. Le groupe des galets aménagés est nettement moins représenté par rapport à ce qui a été constaté dans le matériel des deux autres sites présentés plus haut. LE DÉBITAGE
Ce site, très étendu, a été divisé en plusieurs secteurs dont les secteurs 9 et 10 font l’objet de cette étude (le crâne a été découvert dans le secteur 1). Les secteurs 9 et 10 sont localisés respectivement à environ 150 mètres au nord-ouest et 600 mètres au sud du secteur 1 qui a livré le crâne.
Les nucléus sont relativement nombreux et composés surtout de silex ou plus rarement de quartzite (planche I). Les enlèvements produits sont au nombre de deux à quinze selon les cas (6,4 en moyenne). Parmi les nucléus montrant une certaine standardisation des techniques de débitage, les gestions à enlèvements unipolaires ou à enlèvements orthogonaux sont les plus fréquentes (figure 7). Les plans de frappe sont alors constitués soit par une fracture, soit par un méplat cortical ou encore par un enlèvement antérieur. Dans
MATIÈRE PREMIÈRE L’industrie lithique récoltée à Campo Grande a été réalisée à partir d’une grande variété de matières premières : nous retrouvons des silex, des jaspes, des brèches silicifiées, des
Tableau 3 : Composition de l’ensemble du matériel lithique de Campo Grande à Ceprano Type d’objet Galets entiers ou fracturés Percuteurs Galets à enlèvement isolé concave Choppers Chopping-tools Rostro-carénés Rabot Éclats Petits outils Débris Nucléus Total
débris 27%
éclats 17%
nombre 24 16 19 17 8 2 1 52 54 80 28 301
galets entiers ou fracturés 8%
pourcentage 8 5,3 6,3 5,6 2,6 0,7 0,3 17,3 18 26,6 9,3 100 %
percuteurs 5% galets aménagés 16%
petits outils 18%
nucléus 9%
Fig. 6 : Composition du matériel lithique de Ceprano. 53
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Planche I Industries lithiques de Campo Grande di Ceprano 1- galet à enlèvement isolé concave; 2,3- choppers; 4- chopping-tool ; 5,6- racloirs denticulés ; 7- grattoir ; 8,9,10- nucléus (dessin D. Cauche et M. Montesinos)
les autres cas, le débitage peut être bifacial ou multidirectionnel, laissant alors des nucléus de forme polyédrique, et, plus rarement, un débitage de direction
centripète depuis la périphérie est révélé par la présence de nucléus à tendance discoïde ou pyramidale, ces derniers montrant le nombre le plus élevé d’enlèvements. 54
nombre
D. Cauche et al.: Les plus anciennes industries lithiques du Latium, Italie
7 6 5 4 3 2 1 0
enlèvements unipolaires
polyédriques
pyramidal
Fig. 7 : Distribution des différents types de nucléus de Ceprano
50% 40%
41%
30%
33%
20% 10% 0%
14%
12%
type I
type II
type III
type IV
Fig. 8 : Etats de débitage des éclats de Ceprano
d’enlèvements (2 à 5). Des traces d’utilisation sous forme d’écrasements et de retouches irrégulières sont très souvent observées. Certains choppers ont des bords convergents formant un angle très ouvert. Des rostro-carénés sont présents, certains étant de très bonne facture. Une des pièces se présente sous la forme d’un rostro-caréné triple. Les chopping-tools ne sont pas de bonne facture, à la limite des nucléus, soulignant la fréquence d’un débitage bifacial.
Les éclats, surtout en silex ou plus rarement en quartzite, sont, contrairement aux autres sites présentés, le plus souvent de type III et IV (à faible résidu cortical ou sans cortex, figure 8), mais ils présentent un nombre réduit de directions et de négatifs d’enlèvements antérieurs. Le talon est très souvent cortical ou lisse (un enlèvement antérieur). Ces caractéristiques sont révélatrices d’une technique de taille peu évoluée tout en étant plus élaborée que dans les autres sites décrits plus haut. Les faibles proportions d’éclats corticaux ou largement corticaux confirment aussi la moindre représentation des galets aménagés.
LE PETIT OUTILLAGE Un grand nombre d’éclats ou de débris ont été retouchés en outils divers et de bonne facture : des racloirs, des denticulés, des encoches (clactoniennes ou retouchées), des becs et des grattoirs (figure 10).
LES PERCUTEURS Les percuteurs sont relativement rares et le plus souvent en granite. Ils présentent des stigmates de percussion et/ou des enlèvements isolés accidentels (parfois à doubles facettes).
Les racloirs sont majoritairement rectilignes (parfois convexes) et latéraux. Ils ont été dégagés par de la retouche courte, épaisse, semi-abrupte à abrupte et peu denticulée. Les rares denticulés sont peu dégagés et ont parfois été réalisés par de la retouche bifaciale. Les encoches sont le plus souvent retouchées, quelquefois clactoniennes. Elles sont occasionnellement contiguës, dégageant un bec. Les becs présentent le plus souvent des retouches d’utilisation. Les grattoirs, parfois sur débris, sont bien représentés et de bonne facture, mis en place par de la retouche abrupte, demi-épaisse et non denticulée.
LES GALETS AMÉNAGÉS (figure 9): Les galets aménagés, surtout en quartzite, ont été façonnés sur des galets de dimensions plus importantes. Certains présentent des enlèvements concaves uniques ou plus rarement multiples. Des pièces à enlèvements multiples contigus dégagent parfois un bec. Les choppers sont de bonne facture, présentant un nombre relativement élevé 55
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
chopping-tools 17%
rostro-carénés 4%
galets à enlèvement isolé concave 41%
rabot 2%
choppers 36%
Fig. 9 : Composition du macro-outillage de Ceprano
grattoirs 14% outils à encoche 48%
racloirs 38%
Fig. 10 : Composition du petit outillage de Ceprano
Les industries ici décrites sont toutes dépourvues de bifaces. Les stations de Colle Marino et de Arce-Fontana Liri ont en commun le caractère archaïque de leurs industries : prédominance du macro-outillage et des percuteurs, caractère sommaire de l’aménagement des outils, débitage peu développé et présence d’éclats issus majoritairement du façonnage des outils. Par contre, les gisements de Campo Grande di Ceprano ont livré des industries plus évoluées avec un petit outillage de meilleure facture, un débitage des nucléus plus élaboré, avec il est vrai des matières premières de meilleure qualité. Ces industries de Ceprano paraissent donc moins archaïques et se rapprochent de ce qui a été décrit à propos des industries de Castro dei Volsci (Biddittu 1974, Biddittu & Segre 1984, Segre 1995, Palma di Cesnola 1996) qui sont issues de niveaux postérieurs au volcanisme de 700 000 ans, dans la même région.
Vincenzo CELIBERTI, Deborah BARSKY Centre Européen de Recherches Préhistoriques, UMR 5590 du CNRS, Av Léon-Jean Grégory, 66 720 Tautavel, France. Email : [email protected] [email protected] Olivier NOTTER Musée de préhistoire des gorges du Verdon, 04 500 Quinson, France. Email : [email protected] Italo BIDDITTU Museo Preistorico di Pofi, Via S. Giorgio, 03 026 Pofi (FR), Italia. Email : [email protected] Henry de LUMLEY Muséum National d’Histoire Naturelle, Laboratoire de préhistoire, Institut de Paléontologie Humaine, UMR 6569 du CNRS, 1 rue René Panhard, 75 013 Paris, France. Email : [email protected]
Adresses des auteurs
Bibliographie
Dominique CAUCHE Laboratoire départemental de préhistoire du Lazaret, UMR 6569 du CNRS, 33 bis Bd Franck Pilatte, 06 300 Nice, France. Email : [email protected]
ASCENZI, A., BIDDITTU, I., CASSOLI, P.F., SEGRE, A. G., SEGRE NALDINI, E., 1996, A calvarium of late Homo erectus from Ceprano, Italy. Journal of Human Evolution 31, p. 409423.
CONCLUSION
56
D. Cauche et al.: Les plus anciennes industries lithiques du Latium, Italie ASCENZI, A., SEGRE, A. G., 1997, Discovery of a Homo erectus calvarium at Ceprano, central Italy. Anthropologie, XXXV/3, p. 241-246.
BESCOS, G., BIDDITTU, I., CARBONELL i ROURA, E., CAUCHE, D., CELIBERTI, V., DESCLAUX, E., ECHASSOUX, A., ECHASSOUX , A., FALGUÈRES, C., GAGNEPAIN, J., MARTINEZ-NAVARRO, B., MOIGNE, A. M., NOTTER, O., PAUNESCU, A. C., PERETTO, C., SEGRE, A., SEGRE NALDINI, E., TORO, I., TURQ, A., VAN DER MADE, J., 2000, Les premiers peuplements de l’Europe méridionale, Congrès international : Les Hominidés et leur environnement : histoire et interactions. Université de Poitiers, Faculté des Sciences Fondamentales et Appliquées, Laboratoire de Géobiologie, Biochronologie et Paléontologie Humaine, CNRS, UMR (ex EP 1596) et IFR 59, Poitiers, M. Brunet et P. Vignaud Ed. (Poster).
BIDDITTU, I., 1971, Il Paleolitico inferiore di Arce e Fontana Liri (Frosinone). In Archivio.per l’Anthropologia.e la Etnologia,.vol. CI, Firenze : Stamperia Editoriale Parenti, p. 251-254. BIDDITTU, I., 1972, Pleistocene e industrie litiche pre-acheuleane ad Arce e Fontana Liri (Frosinone). Quaternaria 16, p. 35-52. BIDDITTU, I., 1974, Giacimenti pre-acheuleani di Castro dei Volsci, Frosinone. Mem. Istituto Italiano di Paleontologia Umana 2, p. 51-60. BIDDITTU, I., 1983, Il Paleolitico inferiore del Lazio, industrie archaiche. In Atti XXIV riunione scientifica dell’ Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria, Firenze.
PALMA DI CESNOLA, A., 1996, Le paléolithique inférieur et moyen en Italie. Grenoble : Ed Jérôme Millon. SEGRE, A. G., 1984, Escursione ai giacimenti paleolitici del Lazio. In Atti della XXIV riunione scientifica dell’ Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria nel Lazio, 8-11 ottobre 1982, Firenze, p. 13-20.
BIDDITTU, I., CASSOLI, P.F., RADICATI DI BROZOLO, F., SEGRE, A. G., SEGRE NALDINI, E. & VILLA, I., 1979, Anagni, a K-Ar dated Lower and Middle Pleistocene site, Central Italy : preliminary report. Quaternaria 21, p. 53-71.
SEGRE, A. G., BIDDITTU, I., PIPERNO, M., 1982, Il Paleolitico inferiore nel Lazio, nella Basilicata e in Sicilia. In Atti XXIII riunione scientifica dell’ Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria, 1980, Firenze, p. 31-37.
BIDDITTU, I., SEGRE, A. G., 1982, Pleistocene medio-inferiore con industria arcaica su ciottolo nel bacino di Anagni (Lazio). In Atti della XXIII riunione scientifica dell’ Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria, 7-9 maggio 1980, Firenze, p. 567-576.
SEGRE, A.G., 1995, Anagni, Colle Marino (Frosinone). In Guide archeologiche, Preistoria e Protostoria, 10, XIII Congresso Internazionale delle Scienze Preistoriche e Protostoriche, A.B.A.C.O. Edizioni, Forlì, p. 158-161.
BIDDITTU, I., SEGRE, A. G., 1984, Castro dei Volsci, Lazio. In Catal. Mostra « I primi abitanti d’Europa », De Luca, Roma, p. 114-115. BIDDITTU, I., SEGRE, A. G., 1993, Paleolitico inferiore di facies arcaica nel bacino di Gualdo Tadino-Nocera Umbra. Quaternaria Nova 3, p. 7-19.
SEGRE, A.G., 1995, Arce e Fontana Liri (Frosinone). In Guide archeologiche, Preistoria e Protostoria, 10, XIII Congresso Internazionale delle Scienze Preistoriche e Protostoriche, A.B.A.C.O. Edizioni, Forlì, p. 170-177.
LUMLEY, H. de, FOURNIER, A., KRZEPKOWSKA, J., ECHASSOUX, A., 1988, L’industrie du pléistocène inférieur de la grotte du Vallonnet. L’Anthropologie 92/2, p. 601-602.
SEGRE, A.G., 1995, Castro dei Volsci. In Guide archeologiche, Preistoria e Protostoria, 10, XIII Congresso Internazionale delle Scienze Preistoriche e Protostoriche, A.B.A.C.O. Edizioni, Forlì, p. 170-177.
LUMLEY, H. de, LUMLEY, M. A., MOULLÉ, P. É., AGUSTI, J., BARSKY, D., BERMULDEZ DE CASTRO, J. M., CUENCA
57
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
58
A. Minelli et al.: New Data on the Lithic Industry of Isernia La Pineta: Typology, Technology and Functional Analysis
NEW DATA ON THE LITHIC INDUSTRY OF ISERNIA LA PINETA: TYPOLOGY, TECHNOLOGY AND FUNCTIONAL ANALYSIS Antonella MINELLI, Marta ARZARELLO, Laura LONGO, Andreu OLLÉ, Josef Maria VERGÉS & Carlo PERETTO
Abstract: Research at the Paleolithic site of Isernia La Pineta and results of the intense activity of exploration on a surface of 300 m2 has made it possible to deepen the study of the techno-typological and functional analyses of the lithic industry and to present a particular model of spatial distribution of the atrifacts that has permitted to understand the existence or not of areas exploited by prehistoric man. The material studied is composed of a considerable number of lithic artefacts, including “tools” of good quality, concentrated in a area of a particular geological interest, flakes with the presence of refittings and cores of various typologies distributed in variable percentages and having undergone different mechanisms of conservation, over a large area, interested by a series of geological events The further application to the artifacts of more profound functional analysis has allowed the identification of use-wear traces that strengthen and confirm the relative interpretation of the objects based on spatial distribution, on a statistical basis. Résumé : Par rapport aux recherches conduites sur le site paléolithique d’Isernia La Pineta et compte tenu des résultats de l’intense activité d’exploration d’une surface de 300 mètres carrés, il a été possible d’agrandir l’étude de l’analyse techno-typologique et fonctionnelle des pièces lithiques et présenter un modèle particulier de distribution spatiale des objets en question, qui a permis de mieux comprendre les zones plus intenses exploitées par l’homme préhistorique. Le matériel étudié est composé d’un nombre considérable de pièces lithiques, comprenant des « outils » de bonne qualité, concentrés dans une zone d’un intérêt particulier géologique, des éclats avec la présence de remontages et des nucleus de typologies diverses répartis en pourcentages variables et ayant subi différents mécanismes de conservation, sur une zone plus vaste, touchée par une série très riche d’événements géologiques. L’autre application aux pièces lithiques pour une analyse tracéologique plus approfondie, a été l’identification des traces d’usure, qui a développé et confirmé les relatives interprétation dérivant de l’analyse des objets, sur la base statistique.
THE CONTEXT
Particularly, the lithic industry collected in a limited area of the site presents specific characteristics that have induced us to study in depth the techno-typological and morphological analysis, the dimensional relationships thickness/width-length/ width with graphic and statistical support related to the planimetric distribution of the artefacts (Minelli, 1999-2000).
The Paleolithic site of Isernia La Pineta in Molise (Italy), with its exceptional richness of the artefactual and faunal remains, with presence of different and extensive living floors and the thick and complex stratigraphic series allow the application of a wide spectrum of research conducted using an interdisciplinary method.
The big concentration of the lithic artefacts is situated on the archeosurface 3a, one of the anthropogenic living floors individuated (Peretto, 1999), interested by a series of important geological events (Fig. 1).
This paper deals with the results of lithic assemblages analyses of the artefact recovered during the 2000-2001 excavations on the site of Isernia.
The stratigraphy of the site (Cremaschi, 1983), in fact, is characterized from the base upwards, by a bank of more or less altered lithoid travertine where at the top lies the living floor 3c, which contains artefacts made from flint and limestone and bone fragments. A totally sterile lacustrine silt, of an average length of about 70 centimeters, separates the underlining living floor 3c from the second living floor 3a characterized at the top by a discrete quantity of lithic artefacts and a lot of bone fragments of large dimensions (Cremaschi et al., 1988).
The Palaeolithic site of Isernia, was discovered in 1978 and since 1979 has been the object of systematic excavation and investigation under the scientific coordination of C. Peretto (Department of Natural and Cultural Resources, University of Ferrara). The excavations carried out until now have been concentrated on the first sector, which is covered by a pavilion built to be availed by visitors. This pavilion represents the first completed structure of an extensive museum complex of the archaeological area.
The bone fragments are constantly attributable to the large Pleistocene mammals which are represented in the different anthropogenic horizons with analogous frequencies (bison followed by rhinoceros and elephant and in more reduced quantities by bear, cervids and hippopotami) (Sala, 1994; Peretto, 1996).
The interventions made in these years have been very important because they have brought to highlight new situations and have allowed us to collect new useful information for the interpretation of the site. 59
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 1. Isernia La Pineta – A part of the archeosurface 3a.
5
Volcanic tuffs (550.000-450.000 b.p.)
4
River sands intercalated with clay
3
The living floor 3a (ca.700.000)
2
Sterile lacustrine silt
1
The living floor 3c
Fig. 2. Isernia La Pineta – The stratigraphy of the site. 60
A. Minelli et al.: New Data on the Lithic Industry of Isernia La Pineta: Typology, Technology and Functional Analysis
The sands with clear volcanic supplies probably had been deposited with a mechanism such debris flow. The dating carried out using the K/Ar method on sanidine crystals from the level in question indicated an age of circa 700.000 years (Coltorti et al., 1982; Delitala et al., 1983;).
of cores with prepared striking platform and of pyramidal cores (Fig. 4). The great part of these artefacts made on flint tablets of alluvial origin, which probably came from the weathering of the formation of Varicoloured jaspers whose outcrops are found today at distance from the site of about 5 kilometers The flint used in Isernia derives from the silification of original limestones which are mainly clastic or bioclastic, with more or less coarse grain of which the flint preserves a “brecciated” texture, and of fine grained limestones which are probably mainly micritic and intraclastic and have a variable microfossil content (Sozzi et al., 1994).
At the top of the sequence it’s possible to individuate deposits of fluvial medium and rough sands of rapid accumulation alternating with by volcanic deposits dated between 550.000– 450.000 years (Fig. 2). THE LITHIC ARTIFACTS: TECHNO-TYPOLOGICAL ANALYSIS
Among the pieces that have been analysed there is a discrete quantity of fine grained flint or “aphanitic flint” whose colour varies from grey to yellow- red (Murray et al., 1992a).
The artefactual finds that have been analysed in this paper are concentrated on the south portion of the archeosurface 3a, where has been registered a lesser concentration than other areas of archeosurface on faunal remains and a larger amount of artefacts exclusively made on flint, very closely related, each others distance is about a few millimetres and, sometimes, grazing the overlay. Effectively these dense concentrations don’t characterize every studied square but they present some percentages of distribution that vary from area to area.
The hypothesis that the bipolar technique may have been used in the production of the flint artefacts at Isernia was formulated on the basis of a series of morpho-technical studies and the experimental activities carried out during the experimental laboratory of 1993 (Crovetto, 1994, 1994a, 1994b). The use of bipolar technique on anvil can produce interferences between the blow and counter blow and can often confer quite singular characteristics to the artefacts, thereby obtained. This technique seems to have been used preferably in all those cases in which the initial dimensions of the core were particularly reduced. In the case of the industry of Isernia the bipolar technique seems to have had a determinant role in the intense fragmentation of all the elements of the debitage, which had as its scope the most radical exploitation possible of the raw material (Fig. 5) (Ferrari et al., 1991).
The squares considered are situated on the 2nd quadrant of the 1st sector, along a line that proceeds in diagonal towards North and limited by the passage to the 1st quadrant of the 1st sector (Fig. 3). 662 artefacts have been studied, and the sample is composed of: 75% of flakes, 10% of “tools”, 8% of flint tablets, 3% of cores with natural striking platform, 2% of flake cores, 1%
Fig. 3. Isernia La Pineta – The squares studied situated in the I sector of the 2nd quadrant. 61
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 4. Isernia La Pineta. The graphic which resumes the lithic artefacts studied divided on the base of the typological scheme.
As regards to the debitage of the flint flakes, the great part of the artefacts doesn’t present cortex. The smooth-platforms are decidedly more numerous than the corticated ones; the smooth-platform are dominated by smooth-flat types with 49% and inclined towards the ventral face. There are also numerous natural platforms, 4%, which testifies the very casual definition of the core platform. In variable percentages we have also linear 2% and pointform and dihedral butt 1%. The bulbs are generally singles and not very prominent (Fig. 7). In the group, classified as flakesssensu lato, there is a discrete quantity of reflected flakes and of so-called “Siret accidents”. The great part of cores is characterized by indirectable striking platform (9%)because the core platform doesn’t tend to show any particular preparation; normally they were created by the detachment of a wide flake in an apparently casual manner or else derived from the natural breakage of the stone as a result of the presence of internal fissile planes. The presence of particular types such as pyramidal or subpyramidal forms (1%) which are sometimes very small in size is also interesting.
Fig. 5. Isernia La Pineta – The experimental activities carried out in 1993 show the products derived by the use of bipolar technique on anvil.
The state of preservation of the artefacts seems very fresh, with sharp cutting edges, not showing patina or other kind of chemical or physical surface alteration. The large part of the artefactual blanks are complete (57% degree of completeness) while the rest of variable percentages is divided between indeterminate (13%), distal (9%), proximal (5%) and medial (2%) fragments (Fig. 6).
In the group of the artefacts, besides the flakes sensu lato, there are those artefacts that we have named “tools” (10%) because according to the classical typological schemes of
Fig. 6. Isernia La Pineta – Graphic which resumes the state of preservation of lithic artifacts. 62
A. Minelli et al.: New Data on the Lithic Industry of Isernia La Pineta: Typology, Technology and Functional Analysis
Fig. 7. Isernia La Pineta – Graphic which resumes the type of platforms of lithic assemblage.
Fig. 8. Isernia La Pineta – Graphic of dispersion of the relationships between width and length.
Bordes and Laplace can be classified as proper tools but they were not obtained with a predeterminated and intentional typological configuration, but rather they were the accidental result of the intense exploitation and of the breakage of the raw material: the denticulates (10%), beaks, notches, planes and endscrapers or sidescrapers (1%) represent none other than the last residues, obtained in a purely accidental way, of all those elements used as cores; in other words, they are none other than “flaking waste” (Peretto et al., 1994a).
In all cases the type of retouch was achieved by means of a single wide flake removal, and this type of retouch characterizes both the carinated tools as well as flatter ones. There is a big quantity of more or less denticulate edges which are often characterized by beaks which are either single or multiple. The retouch is localized, in the major part of the cases, on the lateral left edge with a percentage of 67%, followed by lateral right edge (8%) and transversal distal edge (8%). (Crovetto et al., 1994c). The measurements of length and width show different distributions; they tend to cluster around small dimensional categories and the artefacts which range from 10 to 50 mm are particularly frequent as well as the long supports are more numerous than the short ones (Fig. 8).
There is also, but represents a small minority (1%), the presence of real tools such sidescraper, which are generally flat and characterized by sparse retouch or by marginal retouch. 63
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
FUNCTIONAL ANALYSIS
less large portions of the working edge in the form of step and conchoidal fractures which partially or totally remove the polish, thickening of the cutting edge and consequent loss of sharpness. In fact after only a few minutes (5 to 7 minutes) the edge loses its efficiency owing to the adherence of organic parts (muscular fibres, cartilage, skin etc.). This series of modifications tends to affect those artefacts, and principally flakes, which are used for incising, cutting and resectioning, in the other operations related to butchery activities. Furthermore it is ascertained that the artefacts which were most easily adapted for the butchery operations were medium-small flakes with thin working edges, which were not necessarily very long, and preferably with a working edge angle of around 30°-38°. Flakes with long and rectilinear working edges, 10-25 mm, were particularly useful in all the cutting operations both on soft material such as muscular masses and on more resistant material such as skin and tendons (Figs. 9, 10).
A sample of about 400 artifacts have been analysed using three microscopic observation approaches: a first level is characterized by the use of a stereomicroscope (Wild, with enlargement to 80X), a second level is characterized by the use of a metallographic microscope (Leica DML with enlargement to 400X) and then by a SEM (Scanning electronic microscope with enlargement up to 2000X). The application of these studies to the lithic artefacts of Isernia La Pineta has followed a hierarchical approach in the identification of worked materials. As a result of this series of crossed investigations the working edges were identified on the vast majority of the artefacts analysed. The observations made were both of a qualitative and quantitative nature. In fact, some of the most useful parameters for the identification of the working edges are the presence of polish, microflakes or microretouch and edge rounding. The majority of the artefacts used have cutting part of the working edges which are sometimes very sharp and which are rapidly rejuvenated by means of the detachment of microflakes of the snap and step fractures type until their complete destruction and the consequent impossibility of continuing their utilization. Polish proved to be not very easily detaching, for been only occasionally present and not always determinant for the functional interpretation of the industry from Isernia La Pineta. There are various reasons why the polish has not reached a sufficient degree of development in order to be considered as a diagnostic parameter. First of all it is necessary to remember that the use time of the artefacts was always very brief, because the working edges dulled very quickly (experimental determination between 7 to 10 minutes of use on animal tissues) (Longo et al., 1997). Furthermore the worked material had a degree of hardness which can be defined as soft (meat, fresh tendons) and only sometimes was more resistant material (fresh and dry cartilage) or hard material (dry periosteum, bone or wood) used. Rejuvenation in the form of microretouch has always played a determinant role in the removal of more or less substantial parts of the working edge, thus also determining the removal of areas which may have had polish (Longo et al., 1997).
What emerged is that, unconnected with the type of work for which the artefacts have been used, the vast majority of those which, according to conventional schemes are classified as carinated tools, in particular end-scrapers, notches, denticulates and beaks, microscopically show no elements that would suggest that they form part of the toolkit. With the latter, even when they had particularly small dimensions (often less than 15 mm), it was possible to carry out rapidly a wide range of operations. SPATIAL DISTRIBUTION OF THE ARTIFACTS The analysis of spatial distribution of all the artefacts has shown that the greatest concentration of the pieces is localized in the squares: 23; 24; 32; 33; 34; 35; 42 and in this concentration the great part of the artefacts is characterized by unretouched flakes. The presence around this area of other zones with variable percentages of distribution of the artefacts and sometimes with lower concentrations of the pieces, can suggest the existence of diversified areas where it was possible to realize different kinds of activities (Peretto et al., 2000). The presence of some refitting individuated in the squares 42 and 32 and the particular morphology of this surface, characterized by the presence of travertine strips and confirmed by the complex stratigraphic sequence in evidence, have put in light some elements that need a further confirmation from the study in progress of informatic management of all lithic and faunal finds individuated on the archeosurface 3a (Fig. 11).
Given the characteristics of the edges analysed one of the phenomena which has affected quite intensively the working edge has been the use retouch. The very frequent presence of snap, step and conchoidal fractures not only contributed to the scarce presence of polish but also proved to be a decisive element for the recognition of the tools used in the activities carried out at Isernia. The presence, localization and distribution of these microflakes has furnished interesting elements for the individualization of the formation model of use wear traces on the artefacts of the lithic assemblage of Isernia. It seems reasonable to propose a sequence of phases of alteration and modification of the microtopography of the working edge of the artefacts which occurred in the following sequence: polishing (initial degree of development), detachment of tiny portions of the working edge in the form of snap fractures (edge weathering), stabilization of the margin, formation of a second layer of polish, rejuvenation of the cutting edge by means of the detachment of more or
CONCLUSIONS The most significant observations which have emerged from the techno-typological investigations of the flint assemblages from Isernia La Pineta is the intense exploitation of the raw material which was carried out using the bipolar technique on an anvil. Some precise characteristics of the industries studied can certainly be attributed to this factor: the reduced dimensions of the pieces, the notable thickness of the 64
A. Minelli et al.: New Data on the Lithic Industry of Isernia La Pineta: Typology, Technology and Functional Analysis
Fig. 9, 10. Isernia La Pineta – Location of active margins on flakes. 65
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 11. Isernia La Pineta – The spatial distribution of lithic artefacts.
Fig. 12. Isernia La Pineta – Lithic assemblage: 1,4 flakes ; 2,3,5-10 cores. Some pieces, for their morphology, can be considered denticulates. Experimental texts and the use-wear analysis confirm their attribution to the cores (Crovetto et alii, 1994; Peretto ed., 1994); (2/3 natural greatness; drawed by D. Mengoli). 66
A. Minelli et al.: New Data on the Lithic Industry of Isernia La Pineta: Typology, Technology and Functional Analysis
artefacts; the high incidence of wide butt which are flat and inclined toward the ventral face; the diffuse presence of wide elevated flake scars which either occur singly or else in groups which widely cover the margins and dorsal surface of the artefacts, thus producing a nearly indiscriminate incidence of denticulate forms; the difficulty of individualizing and separating the different morphologies, especially with regard to the difference between cores and “tools”.
l’Uomo e l’ambiente, edited by C. Peretto. Cosmo Iannone Editore, Isernia, pp. 7-23. BISI, F., GIUSBERTI, G., GUERRESCHI, A., PERETTO, C., RUGGERI, M.,1989, Informatizzazione dei dati per lo studio delle paleosuperfici di Isernia La Pineta. In Atti XXVII Riunione Scientifica I.I.P.P., Ferrara 1987, pp. 315-320. BORDES, F., 1961, Typologie du Paléolithique ancien et moyen. Delmas, Bordeaux. COLTORTI, M., CREMASCHI, M., DELITALA, M.C., ESU, D., FORNASERI, M., MCPHERRON, A., NICOLETTI, M., VAN OTTERLOO, R., PERETTO, C., SALA, B., SCHMIDT, V. & SEVINK, J., 1982, Reversed magnetic polarity at Isernia La Pineta, a new Lower Paleolithic site in Central Italy. Nature, 300, 5888, pp. 173-176.
As regards the functional study the artefacts analysed using both the high power approach (by observing the tools with a metallographic microscope with orthogonal incidence light) and ultra-high power approach (SEM microscope) have shown quite clear evidence of use and it is ascertained that the functional active element of the industry from Isernia La Pineta is principally represented by unretouched flakes.
CREMASCHI, M., 1983, La serie pleistocenica di Isernia La Pineta (Molise) e la posizione stratigrafica dei suoli d’abitato paleolitici in essa inclusi. In Isernia La Pineta: un accampamento più antico di 700.000 anni, Catalogo della mostra omonima, edited by C. Peretto et alii. Calderini Editore, Bologna pp. 49-62.
It seems possible to suggest the hypothesis that there was a notable influence of opportunistic choice which was closely tied to the scope of producing cutting edges rather than a precisely planned framework of use and exploitation of the lithic blanks. The need for the nearly indiscriminant and certainly not organised production of artefacts or multipotential blanks dominates, connected with the provisioning and exploitation of alimentary resources.
CREMASCHI, M., PERETTO, C., 1988, Les sols d’habitat du site paleolithique d’Isernia La Pineta (Molise, Italie centrale). L’Anthropologie, 92, 4, pp. 1017-1040. CROVETTO, C., 1994, Analisi tecnotipologica dei reperti di scavo. In Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, la tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione, edited by C. Peretto. Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”, C. Iannone Editore, Isernia, pp. 183354.
In this case we can say that the site of Isernia La Pineta may represent one of the more classic and typical cases of an archaic cultural world in which the unretouched flakes represent the most significant element, in a phase in which the concept of “retouch” and thus also of preconceived “tool” had yet to be established.
CROVETTO, C., FERRARI, M., PERETTO, C., VIANELLO, F.,1994a, Le industrie litiche. La scheggiatura, descrizione degli insiemi, i rimontaggi. In Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta. La tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione, edited by C. Peretto. Cosmo Iannone Editore, pp. 87-118. CROVETTO, C., FERRARI, M., PERETTO, C. & VIANELLO, F.,1994b, Le industrie litiche. La sperimentazione litica. In Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, la tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione, edited by C. Peretto. Istituto Regionale per gli studi Storici del Molise “V. Cuoco”, C. Iannone Editore, Isernia, pp. 119-181.
Authors’ addresses Antonella MINELLI, Marta ARZARELLO, Carlo PERETTO Department of Natural and Cultural Resources, University of Ferrara Corso Ercole I D’Este, 32 44100 Ferrara (ITALY) Phone: +39 0532 293702 Fax: +39 0532 206468 Address e-mail: [email protected] Laura LONGO Museum of Natural History of Verona, Palazzo Gobetti C.so Cavour, 11 – I 337121 Verona Phone: +39 045 8005157 Fax: +39 045 594836 Address e-mail: [email protected] Andreu OLLÉ, Josef Maria VERGÉS University of Tarragona (Spain) Laboratori D’Arquelogia, Universitat I Virgili, Plaza Imperial Tarraco, 1; 43005 Tarragona
CROVETTO, C., FERRARI, M., LONGO, L., PERETTO, C. & VIANELLO, F., 1994c, The carinated denticulates from the Palaeolithic site of Isernia La Pineta (Molise, Central Italy): tools or flaking waste? The results of the 1993 lithic experiments. Human Evolution, 9, pp. 175-207. DELITALA, M.C., FORNASERI, M., NICOLETTI, M., 1983, Datazioni argon-potassio sulla serie pleistocenica di Isernia La Pineta. In Isernia La Pineta: un accampamento più antico di 700.000 anni, edited by C. Peretto et alii. Catalogo della mostra omonima, Calderini Editore, Bologna, pp. 65-66. FERRARI, M., PERETTO, C., VIANELLO F., 1991, Aspetti tecnotipologici e distribuzione areale dell’industria litica del II settore di Isernia La Pineta (Molise, Italia). In Isernia La Pineta, nuovi contributi scientifici, edited by C. Peretto, volume pubblicato in occasione della XXX Riunione Scientifica I.I.P.P., Venosa-Isernia, Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”, pp. 49-78.
Bibliography
GIUSBERTI, G., FERRARI, M. & PERETTO C.,1991, Tipologia, frequenza e distribuzione dei reperti paleontologici e paletnologici della paleosuperficie t. 3a del I° settore di scavo di Isernia La Pineta (Isernia, Molise). In Isernia la Pineta, nuovi contributi scientifici, edited by C. Peretto. XXX Riun. Scient. I.I.P.P., Venosa-Isernia, Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”, Isernia, pp. 5-41.
ACCORSI, C.A., CREMASCHI, M. & MERCURI, A.M., 1996, Qualche dato sul paesaggio dell’accampamento paleolitico di Isernia (Molise, Italia Centrale): dati litostratigrafici e spettri pollinici della serie “Isernia-Fiume Cavaliere”. In I reperti paleontologici del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, 67
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic INIZAN, M.L., ROCHE, H, REDURON, M., TIXIER, J., 1995, Technologie de la pierre taillée. Centre National de la Recherche Scientifique de l’Université de Paris X Nanterre.
sperimentazione. Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”; Cosmo Iannone Editore, Isernia.
LAPLACE, G., 1964, Essai de tipologie sistématique. Annali dell’Università di Ferrara, sez. XV, supplemento II al vol. I.
PERETTO,C.,1996, I reperti paleontologici del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta. Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”; Cosmo Iannone Editore, Isernia.
LAPLACE, G., 1972, La tipologie analytique et structurale base rationelle d’étude des industries lithiques et osseuses. In Actes du Colloque National du C.N.R.S, sur les banques de donnée arquéologique. Paris.
PERETTO, C.,1999, I suoli d’abitato del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, natura e distribuzione dei reperti. Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”; Cosmo Iannone Editore, Isernia.
LYMAN, R.L., 1984b, Broken bones, bone expediency tools and bone pseudotools: lessons from the blast zone around Mount St. Helens, Washington. In American Antiquity 49, 315-333.
PERETTO, C., ARZARELLO, M., FONTANA, F., GALLOTTI, R., GRUPPIONI, G., LEMBO, G., PAVIA, M., THUN HOHENSTEIN, U., MINELLI, A., 2001, Excavation in progress: the palaeolithic site of Isernia La Pineta, Italy. Preistoria 2000, 1: 138-49.
LONGO, L., 1994, Le industrie litiche. L’analisi delle tracce d’uso. In Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta. La tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione, edited by C. Peretto. Cosmo Iannone Editore, pp. 355-452. LONGO, L., PERETTO, C., SOZZI, M. & VANNUCCI, S.,1997, Artefacts, outils ou supports épuisés? Une nouvelle approche pour l’étude des industries du paléolithique ancien: le cas d’Isernia La Pineta (Molise, Italie Centrale). L’Anthropologie, 101, 4, pp. 579596.
PERETTO, C., BENVENUTI, C., BISI, F., CAVALLINI, E., CORTI, P., EVANGELISTA, L., FERIOLI, V., GUERRESCHI, A., LONGO, L., MILLIKEN, S., THUN HOHENSTEIN, U., VULLO, N., 2000, Isernia La Pineta (Molise): type and distribution of the finds on the living floor 3a in sector I of the excavation. In Atti del II Congresso Internazionale CNR. Parigi 1999. Edizioni Elsevier, II: 995-8.
MINELLI, A., PERETTO, C.,1999-2000, Industria litica di Isernia La Pineta (Molise). Caratteristiche tecno-tipologiche, frequenza e distribuzione areale nell’archeosuperficie 3a del I settore di scavo. Rivista di Scienze Preistoriche , pp. 15-37.
SALA, B.,1996, Gli animali del giacimento di Isernia la Pineta. In I reperti paleontologici del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, l’Uomo e l’ambiente, edited by C. Peretto. Cosmo Iannone Editore, Isernia; pp. 87-186.
MURRAY, R.W., BUCHHOLTZ TEN BRINK, M.R., GERLACK, D.C., RUSS III, G.P., JONES, D.L., 1992a Interoceanic variation in the rare earth, major and trace element depositional chemistry of chert: Perspectives gained from the DSDP and ODP record.In Geochim. Cosmoch. Acta, 56, pp. 1897-1913.
SOZZI, M., VANNUCCI, S., VASELLI, O.,1994, Le industrie litiche. La materia prima impiegata nella scheggiatura. In Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, la tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione, edited by C. Peretto. Istituto Regionale per gli Studi Storici del Molise “V. Cuoco”; Cosmo Iannone Editore, Isernia, pp. 45-85.
PERETTO, C., 1994a, Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, la tipologia, le tracce di utilizzazione, la
68
M. Haidle: Skillful, but Apish or On the Way to Becoming Human? Object Planning in the Lower Palaeolithic
SKILLFUL, BUT APISH OR ON THE WAY TO BECOMING HUMAN? OBJECT PLANNING IN THE LOWER PALAEOLITHIC Miriam Noël HAIDLE
Résumé : La planification est un aspect substantiel dans l’évolution de la pensée humaine. On observe de nettes différences en comparant le comportement conceptuel de l’homme moderne à celui des autres primates. De surcroît, l’anticipation constitue une partie importante pour la production d’artéfacts et pour le processus d’utilisation de l’outillage. La planification et l’anticipation sont fréquemment employées pour définir les caractéristiques du comportement de l’homo sapiens moderne. Cependant, la planification est souvent mentionnée dans un sens large, sans une vision détaillée de ce que peut comprendre la formulation d’ actions et de la façon dont on peut le détecter au travers de restes archéologiques. Il est possible d’éviter ces difficultés si l’on se focalise sur le comportement de planification d’un objet : les modèles de planification de divers groupes d’artéfacts peuvent être suivis sur plusieurs périodes temporelles. Ces patterns de comportement quant à la planification d’un objet se composent de 6 aspects : • Unité du problème : Qui a besoin d’une solution ? (sujet/organisme connu, organisme inconnu) • Etendue du problème: Dans quel intervalle de temps les problèmes sont-ils perçus et résolus ? (présent, présent étendu/futur proche, futur imprévisible) • Impulsion de résolution : Quelle activité stimulus lance activement le déroulement du programme ? (instinctif, cognitif) • Moyen de résolution : Quels sont les moyens mis en œuvre pour résoudre le problème ? (simple objet, objet systémique) • Unité de résolution : De quel manière l’objet doit-il être manipulé pour être utilisé comme moyen de résolution? (manipulation directe, indirecte, en série, avec des objets intermédiaires) • Approche de résolution : La solution concrète est-elle liée à un problème spécifique ? (spécifique, transférable). La planification d’un objet au Paléolithique Inférieur témoigne d’un développement ostensible de certains aspects de la conception que l’on peut nettement distinguer du comportement de planification chez les chimpanzés modernes. On peut suivre ces changements dans le temps : En ce qui concerne l’évolution cognitive, le Paléolithique Inférieur ne peut pas être considéré comme une phase homogène. Abstract: Planning is a substantial aspect in the evolution of human thought. Marked differences can be observed comparing conceptual behaviour of modern humans to that of other primates. Planning and anticipation are frequently used as defining characteristics of modern sapient behaviour. Furthermore, anticipation constitutes an important cognitive aspect in any artefact production and tool use processes. But often planning is only mentioned in a broad sense, without a detailed view on what the formulation of actions can comprise, and how it can be interpreted from archaeological remains. A focus on object planning behaviour can help to avoid these pitfalls: planning patterns of various artefact groups can be traced through several different time periods. These patterns of object planning behaviour are composed of six planning aspects: • Problem unit: Who needs a solution? (subject; known organism/unknown organism) • Problem range: In which time range are problems perceived and solved? (present, extended present/near future, unforeseeable future) • Solution impulse: Which stimulus actively starts the programme? (instinctive, cognitive) • Solution medium: What means are used to solve the problem? (simple object, systemic object) • Solution unit: In which way has the object to be manipulated in order to be used as the solution medium? (not, direct, indirect, serial manipulation, with intermediate objects) • Solution approach: Is the concrete solution linked to a specific problem? (specific, transferable). Object planning in the Lower Palaeolithic shows a marked development in some of the planning aspects, which can clearly be distinguished from object planning behaviour in modern chimpanzees. These changes can be followed over time: Regarding cognitive evolution, the Lower Palaeolithic cannot be considered as a homogeneous phase.
INTRODUCTION
important part in any artefact production and tool use processes.
Planning is a substantial aspect in the evolution of human thought. Marked differences can be observed comparing the conceptual behaviour of modern humans to that of other primates. Several authors emphasise planning as a special quality in human cognitive evolution – primatologists and ethologists (e.g. Gibson 1996; Lethmate 1994; Parker & Milbrath 1993), archaeologists (e.g. Binford 1989; Mellars 1996; Roebroeks et al 1988; Wynn 1985), archaeologists, working together with evolutionary psychologists, (e.g. Noble & Davidson 1996). Furthermore, anticipation constitutes an
Commonly, anticipation and planning are mentioned in a general way to distinguish early Homo, including the Neanderthals, with little planning and organisation from modern humans with highly organised structures and a strongly developed anticipation of future needs. In Lewis Binford’s (1989) basic article on this subject, planning is considered composed of three elements: 1) planning depth, which stands for the time range in and for which plans are made, 2) tactical depth, the measure of how flexible solutions used are, and 3) 69
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
curation of artefacts. Binford described the Lower Palaeolithic as being with very little variation and without specialised use of environmental niches. Although he saw more complex industries in the Middle Palaeolithic, the sites in his view showed no variation, no spatial organisation and little curation: fully modern planning behaviour is only reached in the Upper Palaeolithic. To support his argument he looked for planning elements in subsistence behaviour, namely hunting, in technological organisation, spatial differentiation and social organisation as flexibility of group size and camp duration. Comparable data on these aspects, however, is rare and open for subjective debate. Binford’s mainly used measures of planning were curation and transport of tools and raw materials, which were sometimes used in a contradictory way. Roebroeks et al. (1988) were right to criticise this approach and to refute it in part.
used in a way of common sense. Furthermore, a critique of the archaeological resources is lacking regarding the tangibility of planning in excavated material remains. Diversity in the planning behaviour of modern societies points to the difference between the actual application of planning and the ability to plan. This has to be taken into account if the behaviour of prehistoric social units is compared. To avoid or minimise the listed problems, an approach to the archaeological analysis of planning behaviour was looked for, which comprises a precise definition of the study’s object and thereby a controlled registration in the archaeological record. It should be detailed enough to allow the coarse modelling of the evolution of planning behaviour (see Haidle 1999). The planning pattern approach focuses on the identification of several planning aspects in individual objects and artefacts instead of complex social behaviour which is often hard to perceive in badly preserved or redeposited sites. With the limitation on object planning behaviour the database is markedly broadened: any use of an object as a tool requires, at least, a minimum of planning. The formulation of actions with objects is differentiated in six separate aspects, which are again subdivided in several varieties (see below). Each object used as a tool can be allocated in this scheme (Tab. 1) and this results in specific planning patterns for the tools. The patterns can be directly compared or combined to the totality of realised planning patterns in one period or social unit (Tab.2). This enables a more elaborate comparison of animal, early hominid and modern human object behaviour. It has to be kept in mind, however, that only this sort of object planning can be analysed on that which had been materialised in a preservable way and has been discovered. What can be compared is therefore barely the minimum of actually detected object behaviour in a given period or social unit and not the totality of planning or cognitive capacities. The planning pattern approach is of course only one in a diversity of accesses to the evolution of human cognition (e. g. Gibson & Ingold 1993; Mithen 1996; Wynn 1979; 1981) and tries to illuminate one of its aspects.
Yet, planning is a useful approach to studying human cognitive evolution, it only has to be applied in a different way with a detailed view on what the formulation of actions can comprise and how it can be deducted from archaeological remains. An analysis of object planning is a more fruitful enterprise, as clearly defined planning patterns of various artefact groups can be traced through several different time periods. HOW TO ANALYSE AND COMPARE PLANNING? Previous approaches try to outline the amount of planning within a techno-complex or a society in a broad sense (see above), or describe individual examples like symbols or the layout of a settlement (Renfrew & Bahn 2000, 391, 402403) in which planning behaviour is detected. Focusing on only one social unit, doing so can be good enough. If, however, different social units have to be compared and the outline of a behavioural development through human evolution is attempted, several problems arise. There is no clear definition of ‘planning’ as the study’s object, it is mainly
Tab. 1. List of planning aspects with their varieties and three examples of planning patterns of different artefacts. Planning aspects Problem unit Problem range
Solution impulse Solution medium
Solution unit
Solution approach
termite fishing probe
hand axe
X
X
X
X X
personal/extended pers. Unknown Present Extended pr./foreseeable f. Unforeseeable future Instinctive Cognitive/learned Subject Individual object Systemic object Not manipulated Directly manipulated Indirectly manipulated Serially manipulated Intermediate objectives Concrete/specific Figurative
coin X
X X
X
X
X
X
X X X X X 70
X
X
M. Haidle: Skillful, but Apish or On the Way to Becoming Human? Object Planning in the Lower Palaeolithic Tab. 2. Comparison of the totality of realised planning patterns in primates, the Oldowan and Acheuléen techno-complexes and modern humans. Planning aspects Problem unit Problem range
Solution impulse Solution medium
Solution unit
Solution approach
Primates
Oldowan
Acheuléen
modern
X
X
X
X
X X
X X
X X X X
X X X X
X X X X
X X (X)
X X X
X X
X X
X X X X X X X
X X X X X X X X X X X X X X X X X
personal/extended pers. Unknown Present Extended pr./foreseeable f. Unforeseeable future Instinctive Cognitive/learned Subject Individual object Systemic object Not manipulated Directly manipulated Indirectly manipulated Serially manipulated Intermediate objectives Concrete/specific Figurative
objectives by producing an implement to create the desired tool.
STRUCTURE OF OBJECT PLANNING: PLANNING PATTERNS
• The last aspect asks about the nature of the solution approach: Is the concrete solution linked to a specific problem or is the solution figurative, transferable as a knife which can be used to spread butter on bread, slice meat and vegetables, or carve wood?
The following set of planning aspects and their varieties was developed from modern primate and human object planning behaviour. They are only briefly summarised here, for more details, see Haidle 2000. • The first aspect asks for the problem unit: Who needs a solution? Is it the subject him/herself, or a known organism, or are plans made for an unknown organism as we sometimes plan today?
The increase of planning aspect varieties during human evolution broadens the possible set of solutions for a given problem. Furthermore, for unfavourable circumstances, which have not yet been seen as changeable, alterations become reachable: unpleasant facts turn into solvable obstacles and the perception of problems is expanded. The enlargement of the problem/solution pool goes hand in hand with increasing abstraction: not only specific, immediate and personal problems are taken into account, but also certain problem blueprints. For existing solution models, more and more fitting applications are sought.
• The problem range aspect focuses on the time range in which problems are perceived and solved. Are needs anticipated only in the present, in the extended present or near future, or even in the unforeseeable future? • Which stimulus actively starts the programme? Is the solution impulse instinctive or cognitive, acquired by experience, or learned?
In the following, a brief review will be given on object behaviour in modern primates, mainly chimpanzees, as well as in the Oldowan and the Acheuléen. A comparative analysis of the object planning behaviour of these ‘groups’ will be added using the introduced planning aspects.
• What means are used to solve the problem; what is the solution medium? Is it the subject him- or herself (then we have no object planning), is it a simple object or a systemic object or composite tool composed of several parts with new qualities?
OBJECT BEHAVIOUR IN MODERN PRIMATES • And how is the solution unit achieved? In which way has the object to be manipulated in order to be used as the solution medium? The object cannot be manipulated, be directly altered by the individual’s own facilities, such as claws or teeth, or indirectly modified using another object for manipulation, as in flaking stones etc. The object can also be serially modified following an anticipated sequence of actions, or the goal has to be reached with intermediate
Tool use and manufacture are a rather common behaviour in modern primates, be it in wild populations or in captivity. Particularly, chimpanzees show varied combinations of object behaviour (McGrew 1992) leading Whiten et al. (1999) to conclude different cultures. Chimps apply probes, to fish for ants and termites, to investigate things, to dip them in fluids; from leaves sponges are made, *used as napkins to clean the 71
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
body or as a base to inspect and squash ectoparasites. Nuts are opened with stone or wood hammers on stone or wood anvils. Capuchin monkeys (Westergaard 1995), an orangutan (Wright 1972) and the bonobo Kanzi (Toth et al. 1993) even learned and developed stone flaking in different techniques. However, this stone flaking and the use of the flakes was trained at least in part and has not been observed so far in the wild. The primates did not apply directed blows as e.g. in using a negative as a platform for the following stroke.
observed (Tab. 2). Nothing is changed in the problem unit aspect: in all three groups, problems are only perceived concerning personal needs or needs within the present group. Planning for unknown individuals cannot be observed. In primates the problem range does not exceed the present. Neither are they postponing the solution for a problem for hours until they got the right tool, nor do they anticipate needs in the near future and carry artefacts with them as a precaution over a longer time period or distance. In Oldowan samples, however, this behaviour is proved several times by transport of tools or raw material over some kilometres. In the Lower Palaeolithic no planning for the unforeseeable future can be traced.
What is extraordinary in stone flaking? It is not the use of stone as raw material, chimpanzees use stone hammers and anvils. It is the production of so-called secondary artefacts i.e. when one object has to be manipulated with another to create a tool. Kitahara-Frisch (1993) denied the use of secondary artefacts in wild primates, but there is evidence from the Campo Animal Reserve in Cameroon that the chimpanzee group there modifies sticks into brushes with the help of stones (Sugiyama 1985).
It can be assumed from the behaviour of primates and the variety of ways to produce adequate tools that the stimulus to look for object supported solutions was not only instinctive in Oldowan and Acheuléen groups, rather the solution impulse was mainly based on personal experience, or learned behaviour as it is in primates.
OBJECT BEHAVIOUR IN PRE-ACHEULÉEN CONTEXT
As a solution medium, only simple individual objects are used in primates, *as throughout the Lower Palaeolithic. There is no proof of any systemic or composite tools in this period, so far. The objects, however, were modified in different ways to be used as a solution medium. In primates the objects are either not manipulated at all, or only directly modified with the help of the individual’s own facilities such as teeth or hands. There is only very little evidence that primates also work with indirectly manipulated tools; objects that were modified using another object to become the needed tool. In Oldowan contexts, however, this behaviour is common. In Acheuléen contexts even more complex solution units came into use and broadened the possibilities for problem solving. Serially manipulated objects such as hand axes and tertiary artefacts such as wooden spears, produced with the help of other artefacts as intermediate objectives, mark this extension of object planning behaviour.
In Oldowan context and earlier stone tool techno-complexes these secondary artefacts are generally used. Stone artefacts were produced by different techniques, but directed blows were very common. Sharp edges on stone flakes were the desired products, but the creation of special forms seems not to have been intended (Toth 1985). Use, wear, and modifications on some bones (e.g. Backwell & d’Errico 2001) indicate the use of different raw materials, a feature that could already be supposed from primate behaviour. A clearly new aspect in Oldowan tool behaviour is the raw material transport over some kilometres which is not documented for primates (Wynn & McGrew 1989). To do this either a need is seen in the present, but the solution is postponed for some hours until the means are fetched, or a possible need is anticipated in the near future and the tools are carried as a precaution.
In chimpanzees as well as in the Oldowan and Acheuléen, figurative solution approaches are documented. Different solutions are not only used to solve a single specific problem but are transferred to near needs.
OBJECT BEHAVIOUR IN ACHEULÉEN CONTEXT In Acheuléen inventories even more sophisticated flaking techniques can be observed. Bifacial stone tools such as hand axes are produced by a series of modifications in order to gain the desired form. The intended result could not be obtained by one independent blow after another, but a sequence of actions has to be anticipated to reach the aim. In late Acheuléen contexts then, there is evidence of the use of tertiary artefacts e.g. in the spears of Schöningen (Thieme 1997; 1998). Not only is an object needed to modify another object, but a tool has to be produced to make the desired artefact. To carve a wooden spear, first a stone tool has to be produced as an intermediate objective.
CONCLUSIONS Object planning in the Lower Palaeolithic shows a marked development in some of the planning aspects which can clearly be distinguished from object planning behaviour in modern chimpanzees. These changes can be followed over time: Regarding cognitive evolution, the Lower Palaeolithic cannot be considered as a homogeneous phase. In conclusion, it is evident that extended future thinking is not only a sapient merit that distinguishes modern humans from all earlier forms, additionally, increasing planning, anticipation and abstraction are characters that connect Homo sapiens sapiens with the hominid branch through several steps, each broadening the potential of solutions to material, economic and social problems.
COMPARISON OF OBJECT PLANNING In the object behaviour of modern chimpanzees, Oldowan and Acheuléen hominins, different planning patterns can be 72
M. Haidle: Skillful, but Apish or On the Way to Becoming Human? Object Planning in the Lower Palaeolithic
Author’s address
MITHEN, S., 1996, The prehistory of the mind. A search or the origins of art, religion and science. London: Thames & Hudson.
Dr. Miriam Noël HAIDLE Institut für Ur- und Frühgeschichte und Archäologie des Mittelalters Abt. Ältere Urgeschichte und Quartärökologie Schloss, Burgsteige 11 D-72070 Tübingen GERMANY [email protected]
NOBLE, W. & DAVIDSON, I., 1996, Human evolution, language and mind. A psychological and archaeological inquiry. Cambridge: Cambridge University Press. PARKER, S. T. & MILBRATH, C. 1993, Higher intelligence, propositional language, and culture as adaptations for planning. In Tools, language and cognition in human evolution, edited by K. R. Gibson & T. Ingold. Cambridge: Cambridge University Press, p. 314-333. RENFREW, C. & BAHN, P., 2000³, Archaeology: theories, methods and practice. London: Thames & Hudson.
Bibliography BACKWELL, L. R. & D’ERRICO, F., 2001, Evidence of termite foraging by Swartkrans early hominids. Proceedings of the National Academy of Sciences USA 98/4, p. 1358-1363.
ROEBROEKS, W., KOLEN, J. & RENSINK, E., 1988, Planning depth, anticipation and the organization of Middle Palaeoloithic technology: the „archaic natives“ meet Eve’s descendants. Helinium XXVIII/1, p. 17-34.
BINFORD, L. R., 1989, Isolating the transition to cultural adaptations: an organizational approach. In The emergence of modern humans: biocultural adaptations in the later Pleistocene, edited by E. Trinkaus. Cambridge: Cambridge University Press, p. 17-41.
SUGIYAMA, Y., 1985, The brush-stick of Chimpanzees found in South-West Cameroon and their cultural characteristics. Primates 26, p. 361-374. THIEME, H., 1997, Lower Paleolithic hunting spears from Germany. Nature 385, p. 807-810.
GIBSON, K. R., 1996. The biocultural human brain, seasonal migrations, and the emergence of the Upper Paleolithic. In Modelling the early human mind, edited by P. Mellars & K. R. Gibson. Cambridge: The McDonald Institute for Archaeological Research, p. 33-46.
THIEME, H., 1998, Altpaläolithische Wurfspeere von Schöningen, Niedersachsen. Praehistorica Thuringica 2, p. 22-31
GIBSON, K. R. & INGOLD, T., 1993, Tools, language and cognition in human evolution. Cambridge: Cambridge University Press.
TOTH, N., SCHICK, K. D., SAVAGE-RUMBAUGH, E. S., SEVCIK, R. A. & RUMBAUGH, D., 1993, Pan the tool-maker: Investigations into the stone tool-making and tool-using capabilities of a Bonobo (Pan paniscus). Journal of Archaeological Science 20, p. 81-91.
TOTH, N., 1985, The Oldowan reassessed: A close look at Early Stone Age artefacts. Journal of Archaeological Science 12, p. 101-120
HAIDLE, M. N., 1999, Der Unterschied liegt in der Zukunft: Untersuchungen zur Planungstiefe als Marker kognitiver Evolution. Mitteilungen der Anthropologischen Gesellschaft in Wien 129, p. 1-11.
WESTERGAARD, C. G., 1995, The stone-tool technology of capuchin monke ys: possible implications for the evolution of symbolic communication in hominids. World Archaeology 27/1, p. 1-9.
HAIDLE, M. N., 2000, Neanderthals – ignorant relatives or thinking siblings? A discussion of the ‚cognitive revolution‘ at around 40,000 BP. In Neanderthals and modern humans – discussing the transition. Central and Eastern Europe from 50.000-30.000 BP, edited by J. Orschiedt & G.-C. Weniger. Mettmann: Neanderthal Museum, p. 275-286.
WHITEN, A., GOODALL, J., MCGREW, W. C., NISHIDA, T., REYNOLDS, V., SUGIYAMA, Y., TUTIN, C. E. G., WRANGHAM, R. W. & BOESCH, C. 1999. Cultures in chimpanzees. Nature 399, p. 682-685.
KITAHARA-FRISCH, J., 1993, The origin of secondary tools. In The use of tools by human and non-human primates, edited by A. Berthelet & J. Chavaillon. A Fyssen Foundation Symposium. Oxford: Clarendon Press, p. 239-246.
WRIGHT, R. V. A., 1972, Imitative learning of a flaked stone technology – the case of an orang-utan. Mankind 8, p. 296-306.
LETHMATE, J., 1994, Die Besondereiten des Menschen. In Der Mensch in seiner Welt: Anthropologie heute, edited by U. Opalka, Vol.1: Vom Affen zum Halbgott: Der Weg des Menschen aus der Natur, edited by W. Schiefenhövel. Stuttgart, p. 13-41.
WYNN, T., 1981, The intelligence of Oldowan hominids. Journal of Human Evolution 10, p. 529-541.
WYNN, T., 1979, The intelligence of later Acheulian hominds. Man 14, p. 379-391.
WYNN, T., 1985, Piaget, stone tools and the evolution of human intelligence. World Archaeology 17/1, p. 32-43.
MCGREW, W. C., 1992, Chimpanzee material culture. Implications for human evolution. Cambridge: Cambridge University Press.
WYNN, T. & MCGREW, W. C., 1989, An ape’s view of the Oldowan. Man 24, p. 383-398.
73
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
74
P. Valensi & K. El Guennouni: Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata...
COMPORTEMENTS DE SUBSISTANCE ET STRUCTURES D’HABITAT SUR LE SITE DE PLEIN AIR DE TERRA AMATA (PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR, FRANCE) Patricia VALENSI & Khalid EL GUENNOUNI
Résumé : Une révision du matériel paléontologique du site de Terra Amata a été effectuée sous une approche taphonomique. Les grands mammifères et les lapins sont analysés sous diverses méthodes et en utilisant pour la première fois des unités archéo-stratigraphiques bien définies. L’association faunique d’âge Pléistocène moyen est relativement homogène tout au long de la stratigraphie. La conservation du matériel est cependant différente entre les niveaux archéologiques et explique en particulier dans la dune, le déficit en certains éléments osseux. L’accumulation du matériel découvert en contexte archéologique est d’origine anthropique. Le Lapin est l’animal préférentiellement chassé par les hommes de Terra Amata, suivi du Cerf et de l’Eléphant. Les dommages (fractures et traces) occasionnées par l’homme permettent de retracer le traitement des animaux. L’analyse spatiale des vestiges met en évidence l’existence d’habitats structurés de plein air. Abstract: A revision of the paleontological material of the Terra Amata open-air site has been carried out using a taphonomic approach. Large mammals and rabbits have been analysed with varied methods while for the first time well-defined archaeostratigraphic levels have been used. The faunal association, of middle Pleistocene age, is relatively homogeneous in all the archaeological levels. However, the state of bone preservation varies between these levels. It explains the absence of some bone elements in the dune. The origin of the accumulation of the faunal material, discovered in archaeological context, is human. Rabbits, followed by red deers and elephants dominate the fauna. The damages (patterns of bone fracturing and marks) caused by humans permit us to determine the butchery procedures. The spatial analysis of the archaeological remains reveals a well-organised open-air site.
INTRODUCTION
Les différentes structures d’habitat mises en évidence au cours des fouilles sont situées plus précisément dans la dune (C1b) et dans le niveau P4 (Lumley et al., 1976).
Le gisement de plein air de Terra Amata est situé à Nice (Alpes-Maritimes), sur le versant occidental du Mont-Boron, à une altitude moyenne de 26 mètres au-dessus du niveau actuel de la Méditerranée. C’est à la suite d’importants travaux de terrassements que des fouilles de sauvetage furent organisées par Henry de Lumley, de janvier à juillet 1966. Le gisement s’étendait sur environ 120 m2 et présentait une succession de paléosurfaces riches en matériel archéologique et en structures d’habitat.
L’industrie lithique de Terra Amata est attribuée à un acheuléen ancien (Lumley et al., 1976). Elle comprend de nombreux outils sur galets, pour la plupart en calcaire (choppers, galets à enlèvement isolé, chopping-tools, autres pics et quelques bifaces). Le petit outillage est bien diversifié. Le débitage était effectué sur le site, comme en témoigne la présence des remontages et des nucleus, le plus souvent atypiques et peu exploités (Villa, 1978 ; Coombs, 1997).
La stratigraphie du gisement (Lumley & al., 1976), épaisse d’environ 10 mètres, se compose en particulier d’une succession de trois plages fossiles surmontées chacune par des dépôts éoliens (ensembles stratigraphiques A, B, C1) (figure 1). Le matériel archéologique provient du complexe stratigraphique C1. A la base de ce complexe, l’ensemble stratigraphique C1a, situé à 26 m d’altitude, correspond principalement à des dépôts marins littoraux déposés au cours d’une transgression de la mer. Les couches inférieures (couches M7 à P4) de cet ensemble sont constituées de lits de galets alternant avec des lits de sables limono-argileux. On y distingue en particulier un niveau de marnes (M) surmonté d’un dépôt continental (P4). Au-dessus, s’est déposé un cordon littoral de galets (couches P3 à P1s de la plage). H. de Lumley (1976) attribue la plage (C1a) à la période tempérée du stade isotopique 11. L’ensemble stratigraphique supérieur C1b correspond à une dune déposée lors d’une régression marine (début du stade 10 ?) et qui peut atteindre à certains endroits plus d’un mètre d’épaisseur.
La faune de grands mammifères de l’ensemble C1 comprend Cervus elaphus, Dama sp., Bos primigenius, Hemitragus bonali, Sus scrofa, Stephanorhinus hemitoechus, Elephas antiquus, Ursus sp. et Oryctolagus cuniculus (MourerChauviré & Renault-Miskovsky, 1980 ; Serre, 1991, El Guennouni, 2001 ; Valensi, 2001). L’association faunique, similaire entre les niveaux de dune et de plage, caractérise une période tempérée du Pléistocène moyen. La mandibule de rhinocéros se rapproche par sa taille et sa morphologie dentaire, des populations archaïques de Stephanorhinus hemitoechus (comm. pers. F. Lacombat). Par ses dimensions dentaires, le rhinocéros de Terra Amata paraît moins évolué que celui d’Orgnac 3 daté du stade isotopique 9 (Aouraghe, 1992). En 1990, Pollet établit des unités archéo-stratigraphiques à partir des projections d’objets sur des plans verticaux (ou 75
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 1 : Coupe stratigraphique du site de Terra Amata (In : Lumley, 1976, modifié).
profils). L’auteur propose plusieurs types d’unités archéostratigraphiques (tableau 1). Les grandes unités (d’ordre 1), au nombre de 4, correspondent aux ensembles lithostratigraphiques principaux : Dune (D), Plage (P sup.), dépôt continental à lits de petits galets (P4) et Marnes (M). Une subdivision plus fine en unités spatio-temporelles de moindre épaisseur (d’ordre 2) a par la suite été réalisée grâce à l’existence d’horizons stériles à l’intérieur de ces grands ensembles (Pollet, 1990).
L’éléphant antique est représenté par de nombreux petits fragments de dents (lames) qui surestiment le nombre de restes de l’espèce et par conséquent le taux de détermination de l’assemblage. La quantification de la population étudiée est donnée dans le tableau 2, en nombre de restes et en nombre minimal d’individus, par unité archéo-stratigraphique. Les petits fragments dentaires d’éléphant, inférieurs à 30 mm, ont été comptabilisés à part. L’éléphant n’est alors représenté que par 65 restes au lieu de 495.
L’étude du matériel de Terra Amata est ici réalisée pour la première fois en utilisant ces unités archéo-stratigraphiques. L’utilisation des couches théoriques établies lors de la fouille ont montré en effet des incohérences tant au niveau des remontages (problèmes déjà soulevés par P. Villa en 1978 sur le matériel lithique) qu’au niveau de l’analyse spatiale des objets. Les unités d’ordre 1 ont été utilisées pour quantifier l’assemblage osseux de Terra Amata, celles d’ordre 2, de moindre épaisseur, pour l’analyse spatiale. La correspondance entre les unités archéo-stratigraphiques utilisées et le type d’analyses taphonomiques traité a déjà été détaillée par ailleurs (Valensi, 2000).
Le matériel osseux ne présente pas le même degré de conservation au sein de la stratigraphie. 61 % des restes osseux proviennent de la dune (grands mammifères, esquilles et lapins) mais dans ce niveau, les pièces généralement de couleur blanche possèdent un cortex souvent altéré et de texture « crayeuse». L’indice de détermination est très faible (de l’ordre de 6 %) et semble traduire une mauvaise conservation du matériel. Ces observations ont été confirmées par l’étude taphonomique. Dans les niveaux inférieurs, le matériel est moins abondant mais mieux conservé. Les os, de couleur plus foncée, présentent une surface corticale compacte et bien conservée. Le taux de détermination est meilleur, en particulier dans le niveau P4 où il atteint 16,6 %.
L’ensemble du matériel archéologique (pierres, galets à enlèvements isolés, industries lithiques, restes fauniques, charbon, coprolithes, coquilles, etc.) représente plus de 30 000 objets qui proviennent essentiellement de la dune (67 %) et de la plage (22%).
PROFILS DE MORTALITÉ Les courbes de mortalité s’avèrent délicates à interpréter compte tenu du faible nombre d’individus pour chaque espèce. Néanmoins la représentation des classes d’âge chez le Cerf, marquée par une majorité d’adultes, semble caractériser un profil de prédation. Chez l’Eléphant, la mortalité des individus concerne essentiellement les non-adultes (figure 2).
PRÉSENTATION DU MATÉRIEL OSSEUX : QUANTIFICATION ET ETAT DE CONSERVATION L’assemblage osseux étudié comprend les grands Mammifères (représentés par les restes déterminés et les esquilles osseuses indéterminés) et les Lagomorphes. La grande faune déterminable est relativement pauvre et les taxons sont peu diversifiés. Le cerf est l’animal le plus abondant (56.8 % en NR et 27.3 % en NMI), suivi de l’éléphant et du sanglier. Les carnivores sont quasi absents de l’assemblage.
La population d’Aurochs est représentée par un jeune, deux adultes et un adulte âgé ; le rhinocéros au moins par un adulte d’environ 10 ans, le sanglier par un jeune, un jeune adulte, un adulte et deux individus âgés à très âgés, qui peuvent se rapporter au moins à deux mâles et deux femelles. Enfin, la population de lapins comprend 30 adultes et un seul jeune. 76
P. Valensi & K. El Guennouni: Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata... Tableau 1 : Données générales du site : ensembles stratigraphiques, unités archéo-stratigraphiques, datations et localisation des structures d’habitat et du matériel archéologique. U nit és a rc héos trat igraph iqu es
U nit és s trat igraph iqu es (Lu m ley , 19 76)
D at at i ons C om plex e
E ns em bles
(P ollet , 1 990 ) N ive aux
ordre 1
Do nné es a rc héo log iq ues
N om bre de res te s fau niques (*)
ordre 2 DA
S . hem it oec h us
C1 b
proc h e d'O rgn ac 3
Du ne
D
DB / S A , S B
c aba nes , fo y ers am én agé s
6 092
et a bon dant m at ériel lit hique
DC S ta de is ot opique 1 1 (L um ley , 1976 )
P1 P lage
P s up.
m at ériel lt ihique
C1
21 4 -2 44 K y (W in tle & a l. , 1977 )
93 5
P2 P3
38 0+ - 80 K y
c a bane s , foy ers
C1 a
(F algue re s & al. , 199 1)
D épô t c o nt in ent al
P4
P4
am én agés e t m a té riel lith iqu e
46 5
M arne s . A lt erna nc e d e dépô ts
M
M
p ré s en t
99 0
m a rins et c on t ine nt aux Niveau ind : > 72
(* ) Grands Mam m iferes (restes déterm inés et es quilles) + Lagom orphes
Tot al : 85 78
Tableau 2 : Quantification des restes fauniques en Nombre de Restes (NR) et en Nombre Minimal d’Individus (NMI), par unité archéo-stratigraphique (D, Ps, P4 et M). NR
Re stes fa unique s / Un ité arc hé o-s tra tigrap hiq ue
NMI
D
Ps
P4
M
17 1
37
44
31
13
296
56,8
4
3
3
2
12
27,3
Da m a s p.
18 72 0
15 4 1
21 2 0
6 2 0
5 5 0
65 85 1
12,5 16,3 0 ,2
3 4 0
2 1 1
2 1 0
1 1 0
8 7 1
18,2 15,9 2,3
He m it ragus b ona li
18
2
1
2
1
24
4 ,6
2
1
1
1
5
11,4
Bo s prim igen ius
35 6 1
2 1 0
0 1 0
2 1 1
0 0 0
39 9 2
7 ,5 1 ,7 0 ,4
3 1 1
1 1 0
0 1 0
1 1 1
5 4 2
11,4 9,1 4,5
32 1
62
69
45
24
521
10 0,0
18 10
8
8
44
10 0
(24)
40 93 26 52 72 66
61 39 10 0
17 66
28 44
430 882
-
25
6
31
-
6 092 935 4 65 990
72
85 78
-
-
7,2
-
Ce rvu s ela phu s Eleph as an tiquu s Su s s c rof a
St ep hano rh in us hem it oec hus Urs u s s p.
Total G ran ds M am m ife re s Es quilles no n brulé es Es quilles brulées Total res te s déterm inés + e squ ille s Fragm e nts den ta ires < 3 0m m d'E lepha s Oryc to lag us c u nic ulu s Total d es restes faun iq ues % de déterm ination des G rand s M am m iferes
2 757 726 1 13 497 1 956 97 2 34 365 5 034 885 4 16 907 35 6 70 2
6 ,4
17 33
12 37
7,0 16 ,6 5,0
C er vus elap hus
8
Indet. to ta l
% total
D Ps
P4
Ele phas a nti quus
4
N MI
N MI
6
4
2
2
0
0 Jeun es
A dultes
A dultes âgés
Tr es jeune s
Clas s e d'âge
Jeunes Clas s e d'âge
Figure 2 : Profils de mortalité du cerf et de l’éléphant. 77
A dultes
M tota l % total
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Les profils de mortalité établis sur les espèces les mieux représentées (cerfs, éléphants, lapins) sont cohérents avec les profils de chasse respectifs établis dans d’autres gisements préhistoriques (voir Fosse, 1994 ; Valensi, 1996). Ces profils sont établis à partir de la totalité de la séquence stratigraphique mais la répartition des classes d’âge est similaire si on utilise les unités archéo-stratigraphiques. Concernant les autres espèces, il n’est pas possible de conclure sur le mode de subsistance. L’absence de sélection sur l’âge des sangliers pourrait indiquer, par exemple, une activité de chasse occasionnelle et/ou de charognage.
Dans la figure 4, l’abondance des éléments anatomiques (en NMI) est représentée en fonction de leur densité (Lyman, 1984). Il existe une faible corrélation dans la dune (figure 4A) et aucune dans la plage (figure 4B). La conservation différentielle semble donc expliquer en partie le déficit du matériel dans la dune. Ces résultats ont été confirmés par l’étude des traces sur les os, puisqu’on a relevé un fort degré d’altération sur les os de la dune. Dans le niveau de plage et marnes, on note une meilleure conservation. D’autre part, la faible relation entre l’abondance des éléments anatomiques (MAU) et leur valeur nutritive (FUI de Metcalfe & Jone, 1988) montre qu’il n’y a pas eu de sélection sur les parties de carcasses de cerf rapportées sur le site (figure 4C).
REPRÉSENTATION DES ÉLÉMENTS ANATOMIQUES
On peut alors dire que le déficit en matériel de cerf est lié en partie seulement à une mauvaise conservation dans la dune, mais on peut également l’expliquer par la forte fragmentation des os, puisque l’assemblage est constitué de plusieurs milliers d’esquilles indéterminées et dont certaines pourraient par leurs dimensions appartenir au cerf.
L’étude a porté sur le cerf, l’éléphant et le lapin qui sont les mammifères les plus abondants de l’assemblage (figure 3). Le cerf est représenté quasiment par tous les éléments du squelette (crâne, squelette axial, os des ceintures et des membres). Il existe toutefois des déficits en certains os. On s’est donc demandé si leurs absences étaient liées à la conservation différentielle et/ou à un traitement sélectif de certaines parties anatomiques de l’animal.
Chez l’éléphant, le déficit en éléments anatomiques peut également s’expliquer par un transport différentiel de parties
C e rv u s e la p h u s
E le p h a s a n tiq u u s c râ n e
b o is
m a n d ib u le
c râ n e
d é fe n s e
m a n d ib u le
m o la ire s d e n ts
c ô te s
v e rte b re s
s c a p u la
c ô te s
h u m e ru s
s c a p u la
E le m e n ts a n a to m iq u e
E le m e n ts a n a to m iq u e
v e rte b re s
ra d iu s u ln a c a rp e m é ta c a rp e coxal fé m u r
h u m e ru s ra d io -u ln a c a rp e m é ta c a rp e coxal
tib ia
fe m u r
fib u la tib ia
ta rs e m é ta ta rs e
ta rs e
p h a la n g e s
m é ta ta rs e
d ia p h ys e
p h a la n g e s
e x tré m ité s
a u tre s
n o n id e n tifié 0
5
10
15
0
20
20
40
60
NR
NR
D
P
P4
M
IN D
Figure 3 : Représentation ostéologique de l’éléphant et du cerf, par unité archéo-stratigraphique (D, P, P4 et M). 78
80
y = 2 4,3 26x + 26,23
Ce rf
y = 100 ,6 8x - 5,0 435
Cerf
Du ne
R = 0,4 5
P lag e + m a rne s
100
80
80
60
60
40 20
0,2 A
0,4
0,6
0,8
Den sité (g/c m 3)
R = 0 ,2 9
80
40
60 40 20 0
0 0
y = -0,4 19x + 46,599
100
20
0
Ce rf
R = 0,1 0
% MAU
100
% NMI
% NMI
P. Valensi & K. El Guennouni: Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata...
0
0,2 B
0,4 De nsité (g/cm 3)
0,6
0,8
0
20 C
40
60
80
100
(s) FUI
Figure 4 : Abondance des éléments anatomiques (NMI et MAU) du cerf en fonction (A) de leur densité dans la dune et (B) dans le niveau inférieur et (C) de leur indice d’utilité nutritive ((s) FUI).
de carcasses. D’autre part, il faut tenir compte du problème de détermination puisque de nombreux fragments osseux (diaphyses, extrémités d’os longs, etc.) d’éléphants n’ont pu être déterminés anatomiquement (figure 3).
Faucon de prairie, l’Aigle royal et le Coyote (El Guennouni, 2001). Les résultats sont présentés sur la figure 5.
Le lapin est représenté par tous les éléments anatomiques, néanmoins nous observons un certain déficit pour certaines parties. Pour évaluer cette perte, nous utilisons le pourcentage de représentation (PR) proposé par Dodson & Wexlar (1979). Le PR a pour formule :
• le regroupement des lapins de Terra-Amata, Lazaret et Orgnac 3. Ces trois populations se rapprochent des restes de léporidés récoltés dans les pelotes de rapaces (Grandduc d’Amérique, la Chouette effraie et le Busard-SaintMartin).
PR =
La coupure du dendrogramme à une distance égale à 100 nous montre :
• les populations de lapins de Zafarraya (Espagne) et d’Arma delle Manie (France) sont très proches. Ces deux populations s’associent aux restes de léporidés trouvés dans les nids de deux rapaces diurnes et un rapace nocturne (respectivement, le Faucon de prairie, l’Aigle royal et le Grand-duc européen).
FO × 100 FT × NMI
avec FO : Fréquence observée de chaque élément squelettique retrouvé dans l’assemblage (fossilifère ou actuel), NMI : Nombre minimal d’individus estimé à partir de l’os le mieux représenté, FT : Fréquence théorique de représentation de chaque élément squelettique estimée pour un individu.
• Les restes de léporidés récoltés dans les fèces du Coyote présentent des PR qui semblent très éloignés de toutes les autres populations retenues pour cette analyse hiérarchique.
Sur le profil du pourcentage de représentation des lapins de Terra-Amata, nous observons une nette représentation des mandibules par rapport aux maxillaires. Les incisives et les molaires, avec un PR voisinant les 17%, sont faiblement représentées. Les pics observés correspondent aux os longs, essentiellement l’humérus, le radius et le tibia (ce dernier étant l’élément le mieux représenté avec un PR de 83%). Les PR des côtes + sacrum, des vertèbres et des phalanges + métapodes sont relativement mal représentés (moins de 20%).
Cette méthode taphonomique apporte des résultats intéressants mais ne suffit pas à elle seule pour interpréter l’origine de l’accumulation des lapins sur le site de Terra Amata et doit être complétée par d’autres analyses taphonomiques. Afin de mieux connaître les causes de perte du matériel observée et d’évaluer le rôle de la conservation différentielle dans la formation de l’assemblage de lapins de Terra Amata, nous avons suivi la relation entre l’abondance de certaines parties anatomiques des lapins et leur densité (figure 6). Les valeurs de densité sont extraites de Pavao & Sthzl (1999). L’abondance est exprimée en MAU. Les éléments squelettiques retenus pour cette étude sont les suivants: mandibule (md), scapula (sc), atlas (atl), axis (ax), sacrum (sacr), humérus (hu), radius (ra), ulna (ul), pelvis (l,s et p), fémur (fe), patella (pat) et tibia (ti). Le rôle de la conservation différentielle dans la composition finale de l’accumulation des lapins de Terra-Amata semble très faible (r de Pearson = 0.2, P = 0.228) ; elle est néanmoins attestée par la conservation des différentes parties des ulnas, scapulas ou
La difficulté de pouvoir comparer le profil de représentation des lapins de Terra-Amata avec ceux d’autres sites préhistoriques ainsi qu’avec des léporidés récoltés dans les nids, pelotes ou fèces de prédateurs actuels, nous a amené à utiliser une analyse hiérarchique. Le regroupement des différents assemblages de lapins (= individus) est fait en fonction des PR (= variables). En plus des cinq populations de sites préhistoriques (Terra-Amata, Orgnac 3, Lazaret, Zafarraya et Arma delle Manie), l’analyse hiérarchique a porté sur des assemblages de léporidés laissés par sept prédateurs actuels : le Grand-duc d’Amérique, le Grand-duc européen, la Chouette effraie, le Busard-Saint-Martin, le 79
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 5 : Profil de représentation en fonction du PR des ossements de lapin du site de Terra Amata (A) et regroupement hiérarchique, en fonction des PR, des lapins de certains sites préhistoriques et des léporidés récoltés dans les nids, pelotes ou fèces de certains prédateurs de Léporidés (B). COY : Coyote, BUSARD : Busard-Saint-Martin, GD DUC AM : Grand-duc d’Amérique, CHOUETTE 1, 2: Chouette effraie, FAUCON : Faucon de prairie, AIGLE ROY : Aigle royal, GD DUC : Grand-duc européen, TA : Terra Amata, LAZ : Lazaret, OR : Orgnac 3, MN : Arma delle Manie, ZAF : Zafarraya.
Figure 6 : Lapins de Terra Amata - Relation entre l’abondance des éléments anatomiques (voir texte) et leur densité.
mandibules qui montrent une meilleure représentation des parties les plus denses.
montre que la majorité des os sont de faible longueur par rapport à la longueur originelle et de circonférence très incomplète (figure 7). Aucun os complet, ni aucun os long en cylindre (classe C3) n’a été découvert. En se référant aux travaux de Bunn (1983) et de Villa & Mahieu (1991) qui ont établi ces méthodes d’analyse, on peut dire que les produits de fragmentation obtenus sur le cerf de Terra Amata caractérisent en premier lieu une action anthropique. Ces
FRAGMENTATION DES OS Tous les os longs de grands mammifères et de lagomorphes sont brisés. L’étude de la fragmentation des os longs de cerf 80
P. Valensi & K. El Guennouni: Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata...
proposé par Perez Ripoll (1992), montre que les profils obtenus sur les lapins de Terra-Amata sont très proches de ceux d’origine anthropique des gisements de Picareiro (Portugal), Nerja et Tossal de la Roca (Espagne) (figure 8). Les profils des fémurs et des tibias montrent en particulier une dominance des diaphyses.
40 35 % de restes
30 25 20 15 10 5
ETUDE DES TRACES
C3 C2
0 L1
L2
L3
C1
Les dommages présents à la surface des os sont d’origine anthropique et climato-édaphique. Aucune marque de carnivores n’a été mise en évidence. Les marques anthropiques correspondent à des traces de découpe et à des marques occasionnées au cours de la fracturation des os longs. Les marques de Weathering correspondent à des altérations du cortex. Elles sont abondantes dans la dune, plus rares dans les niveaux inférieurs (plage et marnes).
Circonférence
L4
Longueur
Figure 7 : Fragmentation des os longs de cerf : Fréquence relative des longueurs de diaphyses en fonction de la circonférence (voir Bunn, 1983 ; Villa & Mahieu, 1991 ; Valensi, 1996).
Le cerf est l’espèce qui porte le plus grand nombre de marques de découpe (figure 9). Sur les autres espèces, les traces anthropiques sont rares mais témoignent d’un traitement sans équivoque de l’homme sur ces animaux. Il s’agit par exemple des traces de décharnement visibles sur la scapula partiellement brûlée de rhinocéros, des stries d’écorchement sur une phalange de thar ou des stries de désarticulation sur un métatarsien de lapin. On notera en revanche aucune trace de digestion sur les os de lapins. A ces différentes marques anthropiques précédemment décrites, il faut rajouter la présence d’os brûlés de grands mammifères et de lapins.
résultats sont confirmés par la présence de marques de percussion : encoches, contre-coups et stigmates de percussion. Chez le lapin également, aucun os long entier n’a été découvert. Ce sont les extrémités des os qui sont les mieux conservées, excepté pour le tibia où c’est la diaphyse qui présente le taux le plus élevé de conservation. Selon Hockett (1995) et Perez-Ripoll (1992), la fréquence de diaphyses des os longs (humérus, fémurs et tibias) apporte des informations sur l’origine de l’accumulation. Les valeurs sont élevées dans les accumulations d’origine anthropique, alors que dans les restes laissés par les rapaces ou les carnivores, les diaphyses sont moins nombreuses. Les lapins de Terra-Amata présentent le pourcentage le plus élevé du taux de diaphyse (tableau 3). La valeur est très proche de celle enregistrée chez les lapins d’origine anthropique récoltés à Picareiro au Portugal et est très loin des pourcentages observés dans les restes laissés par les autres prédateurs (rapaces et coyote).
ANALYSES SPATIALES Au cours de la fouille de sauvetage, le relevé des coordonnées cartésiennes a pu être effectué de façon correcte dans les niveaux de la dune. Le relevé s’est avéré en revanche plus délicat pour les objets provenant des niveaux inférieurs, compte tenu du temps imparti laissé au sauvetage du site (voir Lumley et al., 1976). L’analyse spatiale a donc porté principalement sur la dune, en utilisant les unités archéostratigraphiques d’ordre 2 établies par Pollet (1990). C’està-dire que nous avons subdivisé la dune en trois niveaux d’occupation DA, DB et DC (tableau 1).
D’autre part, la représentation des différentes parties des os longs (humérus, fémur et tibia), établie selon le modèle Tableau 3 : Pourcentage de diaphyses d’humérus, fémurs et tibias dans des accumulations de léporidés d’origines différentes Site/ Préda teur
Une analyse hiérarchique à double entrée est présentée pour le niveau d’occupation DC de la dune (figure 10). Des regroupements ont été effectués à la fois sur la nature des objets et sur les carrés de fouille. Cette analyse montre par exemple que les lapins sont étroitement liés à la grande faune et aux os brûlés. Un autre groupement comprend le petit outillage, les éclats et les esquilles osseuses (El Guennouni, 2001).
Diaph y s e (% )
Terra-Am a ta
33. 88
Orgn ac 3 Laz a re t Zafarra y a Arm a D elle M an ie Pic areiro Gran d-duc (nid) Gran d-duc d ’A m ériq ue (pelot es)
2 0. 6 9 .9 7 9 .9 3 0 35. 25 3 .2 6 0
Ch ouet t e effraie (pelotes ) Fau c on de prairie (n id ) Co y ote
0.5 4 .5 4 7 .2 4
En tenant compte des carrés de fouille, il est possible de distinguer trois zones de densité : une première zone (A) très riche en matériel et comprenant toutes les catégories d’objet, une deuxième moins dense en matériel (B) qui ne contient plus d’os brûlés et une troisième zone (C), beaucoup plus pauvre en matériel et qui renferme uniquement des esquilles, des éclats et des percuteurs. En reportant ces zones sur un 81
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 8 : Présentation des os longs (humérus, fémur et tibia) selon le modèle proposé par Perez-Ripoll (1992) des lapins de certains sites préhistoriques. A : gisement de Nerja (Magdalénien), B : gisement de Tossal de la Roca (Magdalénien), C : gisement de Nerja niveau Néolithique (d’après Perez-Ripoll, 1992), PICA : Picareiro (Portugal), T-A : Terra Amata, G-Duc : Grand-duc (nid).
% pieces avec m odification
30% dune
25%
plage+m arnes
20% 15% 10% 5% 0% Traces de déc oupe
Encoc hes Impacts de de percuss ion percus sion
Ec lat d'os adh.
Contrecoup
Léger weathering
Figure 9 : Fréquence des marques sur les os de cerf. 82
Fort weathering
P. Valensi & K. El Guennouni: Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata...
Figure 10 : Analyse hiérarchique à double entrée (Two-way cluster) regroupant, selon les modes Q et R, les carrés et les objets archéologiques du niveau DC de Terra Amata. L’abondance relative des objets dans chaque carré est indiquée par des points proportionnels à leur effectif (El Guennouni, 2001).
Figure 11 : Mise en évidence des zones d’activités anthropiques (A,B,C) dans le niveau DC de la dune.
CONCLUSION
plan horizontal (figure 11), on s’aperçoit que la zone (A) riche en matériel est en position centrale et inversement la zone la plus pauvre (C) se situe en périphérie de l’habitat. Ces analyses sont encore préliminaires mais permettent de souligner d’une part la validité des unités archéostratigraphiques utilisées et d’autre part, confirment l’existence d’une organisation des habitats de plein-air de Terra Amata décrits par ailleurs (Lumley et al., 1976).
L’utilisation de niveaux archéologiques bien définis est indispensable pour une bonne approche taphonomique. C’est dans cette optique que nous avons réalisé l’étude des faunes de Terra Amata, en utilisant pour la première fois des unités archéo-stratigraphiques bien délimitées. Le site de Terra Amata renferme une faune peu diversifiée comme il est 83
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
souvent observé dans des gisements de plein-air. Des degrés différents de conservation osseuse ont été mis en évidence entre les niveaux archéologiques. La particularité de ce gisement est liée au fait que nous sommes en présence d’habitats de plein air incontestables hors de tout contexte fluviatile et de façon générale de tout piégeage naturel à proximité du site. Les principaux grands mammifères, le Cerf et l’Eléphant, apportent ainsi des renseignements sur le comportement de l’homme vis-à-vis de la faune : acquisition de nourriture, transport des carcasses sur le site et traitement de l’animal. Les autres espèces, plus rares, telles que le thar ou le rhinocéros portent également les preuves d’un traitement par l’homme. De même, les lapins retrouvés sur le site et qui correspondent à l’espèce la plus abondante, semblent avoir uniquement une origine anthropique. Celle-ci est étayée par la présence quasi exclusive de lapins adultes, d’une fragmentation des os longs semblable à celle observée sur les lapins d’autres sites d’origine anthropique et de la présence d’une trace de découpe retrouvée sur un métatarsien. Le faible rôle joué par la conservation différentielle dans l’obtention de cet assemblage, l’absence de traces de digestion ou d’intervention de carnivores et/ou de rapaces, l’absence de zones de concentration de lapins dans le site, la forte liaison entre les lapins et les objets d’origine anthropique et la quasiabsence de rongeurs (seulement deux dents ont été trouvées) sont autant de preuves qui penchent plutôt pour une origine anthropique qu’intrusive ou de prédation par les carnivores ou les rapaces. Enfin, les analyses spatiales préliminaires mettent en évidence des zones d’activité anthropiques cohérentes avec les données de fouilles établies par ailleurs (Lumley et al., 1976).
Kenya. In Animals and Archaeology : 1. Hunters and their Prey, edited by J. Clutton-Brock & C. Grigson. BAR Int. Series 163, p. 143-148. COOMBS, R., 1997, Les industries lithiques du Paléolithique inférieur du site de Terra Amata, Nice, Alpes-Maritimes. Thèse de Doctorat, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. DODSON, P. & WEXLAR, D., 1979, Taphonomic investigations of owls pellets. Paleobiology 5, 3, p 275-284. EL GUENNOUNI, K., 2001, Les Lapins du Pléistocène moyen et supérieur de quelques sites préhistoriques de l’Europe méditerranéenne : Terra Amata, Orgnac 3, Baume Bonne, Grotte du Lazaret, Grotte du Boquete de Zafarraya, Arma delle Manie. Etude paléontologique, taphonomique et archéozoologique. Thèse de Doctorat, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. FALGUÈRES, C., YOKOYAMA, Y., QUAEGEBEUR, J.P., 1991, Datation par la résonance de spin électronique (E.S.R.) de sédiments quaternaires. Cahiers du Quaternaire 16, p. 39-52. FOSSE, P., 1994, Taphonomie paléolithique : les grands mammifères de Soleihac (Haute-Loire) et de Lunel-Viel 1 (Hérault). Thèse de Doctorat, Université de Provence, AixMarseille I. HOCKETT, B., 1995, Comparaison of leporid bones in raptor pellets, raptor nests, and archaeological sites in the Great Basin. North American Archaeologist, 16, p. 223-238. LUMLEY H. DE, LUMLEY, M.-A., MISKOVSKY, J.-C., RENAULT-MISKOVSKY, J., 1976, Le site de Terra Amata. In Sites paléolithiques de la région de Nice et Grottes de Grimaldi, edited by H. de Lumley. IX° Congrès UISPP, Livret-guide de l’excursion B1, Nice, p. 53-54. LYMAN, R.L., 1984, Bone density and differential survivorship of fossil classes. Journal of Anthropological Science 12, p. 259299. METCALFE, D. & JONE, K. T., 1988, A reconsideration of animal body-part utility indices. American Antiquity 53, 3, p. 486-504. MOURER-CHAUVIRE, C. & RENAULT-MISKOVSKY, J., 1980, Le paléoenvironnement des chasseurs de Terra Amata (Nice, Alpes-Maritimes) au Pléistocène moyen. La flore et la faune de grands mammifères. Geobios 13, p. 279-287.
Remerciements Les auteurs remercient le professeur H. de Lumley pour nous avoir confié l’étude du matériel ainsi que Mme M. Goudet, conservateur, et toute l’équipe du Musée de Terra Amata, pour leur aide et leur accueil au Musée. Merci également à G. Pollet pour ses conseils sur les unités archéostratigraphiques.
PAVAO, B. & STAHL, P.W., 1999, Structural Density Assays of Leporid Skeletal Elements with Implications for Taphonomic, Actualistic, and Archaeological. Journal of Archaeological Science, 26, p. 53-66.
Adresse des auteurs
PEREZ-RIPOLL, M., 1992, Marcas de carniceria, fracturas intencionadas y mordeduras de carnivoros en los huesos prehistoricos del mediterraneo espanol. Alicante : Inst. De Cultura J. Gil-Albert.
Laboratoire départemental de Préhistoire du Lazaret, 33bis, Boulevard Franck Pilatte, 06300 Nice, FRANCE E-mail : [email protected] E-mail : [email protected]
POLLET, G., 1990, Contribution à l’individualisation des sols d’habitat de Terra Amata. Elaboration de lexiques de correspondance, sols d’habitat-couches-objets coordonnés. Diplôme d’Etudes Doctorales, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. SERRE, F., 1991, Etude taphonomique des restes fossiles du gisement pléistocène moyen ancien de Terra Amata (Nice, AlpesMaritimes). L’Anthropologie 95, p. 779-796.
Bibliographie
VALENSI, P., 1996, Taphonomie des grands Mammifères et palethnologie à la grotte du Lazaret (Nice, France). Anthropozoologica 23, p. 13-28.
AOURAGHE, H., 1992, Les faunes de grands mammifères du site Pléistocène moyen d’Orgnac 3 (Ardèche, France). Etude paléontologique et palethnographique. Implications paléoécologiques et biostratigraphiques. Thèse de Doctorat, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
VALENSI, P., 2000, The archaeozoology of Lazaret cave (Nice, France). International Journal of Osteoarchaeology 10, p. 357367.
BUNN, H., 1983, Comparative analysis of modern bone assemblages from a San hunter-gatherer camp in the Kalahari desert, Bostawana, and from a spotted hyena den near Nairobi,
VALENSI, P., 2001, The Elephants of Terra Amata open air site (Lower Paleolithic, France). In The World of Elephants, edited by G. Cavaretta, P. Gioia, M. Mussi , M.R. Palombo. Proceedings 84
P. Valensi & K. El Guennouni: Comportements de subsistance et structures d’habitat sur le site de plein air de Terra Amata... of the 1st International Congress, Roma, 16-20 Oct., 2001, p. 260-264.
VILLA, P. & MAHIEU, E., 1991, Breakage patterns of human long bones. Journal of Human Evolution 21, p. 27-48.
VILLA, P, 1978, Terra Amata and the Middle Pleistocene archaeological record of Southern France. Ph. D. dissertation, University of California, Berkeley.
WINTLE, A.G., AITKEN, M.J., 1977, Thermoluminescence dating of burnt flint : application to a Lower Paleolithic site, Terra Amata. Archaeometry 19, p. 111-130.
85
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
86
S. Simone: Bilan des recherches sur le Pléistocène moyen de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault, France)
BILAN DES RECHERCHES SUR LE PLÉISTOCÈNE MOYEN DE LA GROTTE D’AL DÈNE (CESSERAS, HÉRAULT; FRANCE) Suzanne SIMONE
Résumé : Synthèse des correspondances entre les divers témoins de remplissages conservés à l’entrée de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault), de la fin de la phase isotopique 13 à la phase 5.5 (environnement, assemblages lithiques et fauniques). Il est notamment fait état de la découverte d’une mandibule de Macaca sylvanus florentina en exceptionnel état de conservation. Abstract: Synthesis of the correlations between different check cross-sections of the outliers preserved at the entrance of Aldene cave (Cesseras, Hérault), from the end of the isotopic stage 13 till the stage 5.5 (environment, lithic and faunistic assemblages). It is particularly taken into account the discovery of a Macaca sylvanus florentina mandible in a good state of preservation.
A, séparés par des ravinements et/ou des concrétionnements stalagmitiques. Un ravinement majeur intéresse notamment les couches A2 à D si bien que le plancher stalagmitique A1 chapeaute directement la couche E au sud-est. Cet ensemble supérieur a fourni:
Sise au versant méridional de la Montagne Noire, dans les monts du Minervois, la grotte d’Aldène s’ouvre à rive droite de la Cesse, affluent de l’Aude, 45m au-dessus du lit de la rivière, au pied d’une barre de calcaires à Alvéolines (Ilerdien) de 30m de haut. Ces calcaires, subhorizontaux (5°S), reposent en contact anormal sur des calcaires dolomitiques du Géorgien supérieur, redressés à 40°N et érodés, d’où en ce point lacune sédimentaire de tout le Secondaire et du début du Tertiaire. C’est à la faveur de cette discordance majeure, localement soulignée par une formation lacustre conglomératique (Sparnacien), que s’est développé l’étage supérieur de la grotte, sur 1 200m de long.
– Une flore où alternent la forêt tempérée, parfois à cachet méditerranéen, et la steppe à Poacées (H, E, C, B). – Une grande faune tempérée, hôte de la forêt claire où domine le Cerf élaphe, à froide, à Ours des cavernes exclusivement (E, C, B). H. Bocherens a pu démontrer, d’après les abondances isotopiques en 13C et en 15N du collagène osseux, que l’Ours des cavernes - en particulier à Aldène - avait un régime alimentaire essentiellement végétarien.
Son remplissage a donné lieu, de 1888 à 1937, à une intense exploitation industrielle de phosphates. En 1929, 2 840 tonnes de sédiments riches en ossements d’Ours, d’Hyènes, de Félins en avaient été extraites... et broyées - sans grand succès pour la « Compagnie des guanos-phosphates de Fauzan », vu la pauvreté en phosphates. Il ne restait plus, après la dernière guerre, que d’infimes portions de remplissages, situées près de l’entrée (fig.1) : un témoin majeur (T1, T2, T4 - longueur : 10m; largeur : quelques cm à 4m; hauteur : 8m), plaqué contre la paroi nord, et quelques témoins plus modestes (T3, T5 à T9), objets des fouilles du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco (L. Barral, S. Simone et coll.) de 1971 à 1991 et de 1996 à 1998.
– Une petite faune steppique, de climat continental (G, D) à boréal (C, B) : aux Campagnols et aux Hamsters migrateurs succèdent la Siciste et le Lemming à collier. – Une industrie représentative de l’Acheuléen supérieur (G à A) : bifaces élaborés en quartzite ou en silex, outillage sur éclats de silex ou de chailles. Les quartzites ont été récoltés dans le lit de la Cesse en amont de la cavité; silex et chailles dans les terrains tertiaires affleurant sur le plateau de Fauzan et aux alentours, notamment dans les calcaires lacustres de Montolieu (Thanétien), de Ventenac (Cuisien) et dans les conglomérats d’Aigne (Bartonien), dans un rayon d’action de l’ordre de 6 km. Présence d’un biface en basalte, matériau de provenance éventuellement plus lointaine : dykes de dolérite au N de Saint-Julien-desMolières et de Félines-Minervois, à quelque 8 à 10 km, ou dykes de basalte du système Agde-Lodève-Escandorgue, distants d’environ 50 km.
CHRONOSTRATIGRAPHIE DU TÉMOIN PRINCIPAL (T1, T4) ET DES TÉMOINS ANNEXES. Mis à part les cailloutis cryoclastiques sus-jacents au plancher stalagmitique A1, le remplissage s’étend, non sans lacunes, de la fin de la phase climatique 13 à la phase 5.5 (fig.2, 3). Il consiste en l’alternance de blocailles ou de cailloutis, liés par des argiles plus ou moins sableuses, et de colluvions.
Du point de vue technique, c’est une industrie sur éclats de débitage levallois, pauvre en lames. Les talons sont lisses ou dièdres, parfois facettés; les nucléus rarement entiers (polyédriques, discoïdes; un exemplaire levallois et de dimensions réduites). Du point de vue typologique, dominent : les racloirs droits ou convexes, le plus souvent à retouches surélevées; les denticulés, les encoches clactoniennes.
1- Ensemble supérieur (couches H à A) Cet ensemble couvre parties des stades 10 à 5.5 de C. Imbrie et al.. On y discerne trois sous-ensembles : H à F, E à D, C à 87
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 1. Grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault). Plan schématique de l’entrée. T1 à T9 : témoins de remplissages. Sur le figuré tireté du témoin T4 sud, un point marque la position de la mandibule de Macaque.
Présence de racloirs : transversaux, déjetés, sur face plane, à retouche biface; de pointes de Tayac en silex et en quartz. Les outils du groupe Paléolithique supérieur sont très mal représentés.
diagnose : indices de pointe et de talon : 0,76 et 0,41 en coupe horizontale, 1,43 et 0,78 en coupe sagittale; arête semiflexueuse à rectiligne et relativement lisse dans le détail, surtout dans la partie distale.
L’absence de remontages, la rareté des petits éclats et des déchets de taille inclinent à avancer que le débitage des nucléus et la retouche des outils n’ont généralement pas été effectués sur place. La concentration des vestiges à l’interface de deux couches plaide en faveur d’une présence humaine occasionnelle (haltes de chasse?). Quant à l’industrie comprise dans les horizons argileux, elle résulte d’une mise en place secondaire, après transport. L’Homme vivait alors plutôt sur le Causse dominant la grotte.
Au total, quant aux couches supérieures A à G, notre échantillon d’industrie est représentatif de l’ensemble des collections anciennes provenant de la grotte d’Aldène, pour lequel H. de Lumley a proposé la diagnose suivante : « Acheuléen supérieur de type micoquien possédant une industrie sur éclats de débitage levallois ». – Les restes d’un petit feu, installé dans une cuvette rocheuse (fig. 1, T8), à l’abri du vent de nord-est, au toit de la couche 7=G. Les cendres charbonneuses formaient un fuseau de 50cm de largeur et de 1m de corde. Des ossements partiellement carbonisés de deux Ours, l’un de grande taille, l’autre plus petit, gisaient à proximité, vertèbres cervicales et côtes au SE, vertèbres lombaires et os du tarse au NW.
Selon notre processus simple de classification des bifaces d’après leur silhouette horizontale, en fonction des indices n/L et a/m, on décompte sur 12 bifaces entiers : 4 ovalaires étroits, 1 ovalaire large et 6 elliptiques. De cet échantillon réduit on peut tirer le modèle suivant (moyennes): L = 145, l = 72, e = 40 mm. La considération des indices de sinuosité relevés sur les contours sagittaux permet de compléter la
– Des datations U/Th et ESR (G.J. Hennig, C. Falguères et al.). Elles ont conforté les correspondances suivantes : N1 = A1 (stade climatique n°5.5) et X0 = N3a (phase chaude n°9). 88
S. Simone: Bilan des recherches sur le Pléistocène moyen de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault, France)
2- Ensemble inférieur (couches M à I)
présence de Myriophyllum, plante aquatique signant la proximité de l’eau, démontre que le lit de la Cesse était proche du seuil de la cavité lorsque l’Homme y séjournait.
Cette séquence correspond à portions des stades climatiques 13 à 11. Y ont été mis en évidence :
– Une grande faune abondante (fig. 2), proche de celles de Lunel-Viel (Hérault) et de la Caune de l’Arago (Pyrénées Orientales), où paraissent des éléments archaïques tels que
– Une flore où la steppe boisée relaie la forêt tempérée méditerranéenne. Dans I (comme d’ailleurs dans D), la
Figure 2. Grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault). Tableau synoptique : stratigraphie, sédimentologie, grande faune. 89
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Plionarctos, Ursus deningeri, Hyaena prisca, Canis etruscus mosbachensis, Hemitragus jemlahicus bonali, Cervus acoronatus, Megaceros. Dans I2, le fort degré de fracturation des os et des dents témoigne d’un habitat prolongé.
sud du témoin T4 (couche I2), de deux fragments de mandibule et d’une incisive de Macaque (I.2959, I.3518, I.3519) : Macaca sylvanus florentina, le Magot de Florence (fig. 4, 5). Cette mandibule, en parfait état de conservation, comporte deux séries dentaires gauche et droite avec I2, C, P3, P4, M1, M2, M3; sa longueur est de 75mm de la symphyse mandibulaire à l’extrémité (brisée) de la branche montante gauche, sa largeur de 42mm au niveau des M3. Pour ce qui
Parmi les rares pièces presque entières (après reconstitution), on notera la découverte, en 1979 et en 1981, dans la zone
Figure 3. Grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault). Tableau synoptique : petite faune, flore, industries. 90
S. Simone: Bilan des recherches sur le Pléistocène moyen de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault, France)
Fig.4 - Grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault). Plan du témoin T4 sud (couche I2; z = 0,4 à 0,5m au-dessous du repère VI). Position des deux fragments de mandibule et de l’incisive isolée de Macaque. En pointillé : ossements; en noir : silex. e /// : calcaires à Alvéolines (Ilerdien).
est des molaires bilophodontes, le diamètre mésio-distal varie de 8,1 à 12,6mm de M1 à M3; le diamètre vestibulo-lingual de 6,3 à 7,9mm de M1 à M3; bien que les cuspides vestibulaires soient légèrement arasées, l’individu semblerait correspondre à un adulte jeune.
et de Barroubio, quartz filonien mis en place lors de l’orogenèse hercynienne) et d’un outillage léger en quartz ou en calcaires siliceux locaux (respectivement 51,5 et 48,5%). L’industrie sur galets de section longitudinale quadrangulaire, souvent de grandes dimensions (8 à 24cm de longueur), comprend environ 70% de choppers, 20% de galets aménagés disto-latéralement et 10% de chopping-tools. Il semblerait se dégager un type d’outil, aménagé par enlèvements distolatéraux abrupts à surélevés. Ce gros outillage « aldénien », mieux représenté qu’à la Caune de l’Arago (P.-O.), est très semblable à celui glané sur les hautes terrasses des fleuves côtiers du Roussillon.
D’après les mesures publiées par A.-M. Tillier et B. Vandermeersch, comme d’après nos propres mesures, le Cynomorphe d’Aldène se placerait entre celui du Val d’Arno (Italie) et celui de l’Escale (Saint-Estève-Jeanson, Bouchesdu-Rhône). – Une petite faune caractéristique d’une steppe boisée, sous climat continental à influences méditerranéennes. La présence, dans I, d’un Campagnol archaïque : Pliomys episcopalis, permet de rattacher ce niveau à l’interglaciaire holsteinien (phase climatique 11).
A ce lot d’objets relativement volumineux s’ajoute une petite série d’outils microlithiques, sur galets de quartz de 2 à 3cm de longueur : 2 choppers, 2 pseudo-becs déterminés par des encoches opposées, à retouches abruptes à surélevées, sur galets fendus.
– Un assemblage lithique constitué d’un outillage lourd tiré de galets du Primaire (quartzites des formations de Marcory 91
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
la pauvreté en lames, la retouche surélevée très répandue, les nombreux quartz taillés (parfois microlithiques), l’abondance des racloirs, des denticulés, des encoches clactoniennes, la présence de pointes de Tayac et de rares bifaces. Elles ne se séparent, pour l’instant, que par des proportions différentes de l’outillage sur galets (moins bien représenté à l’Arago). – Un sol d’habitat (12m²) empierré à l’aide de grands éclats de galets en calcaires à Alvéolines et de pavés en concrétions stalagmitiques, taillés et ajustés en une sorte de dallage (limite I1-I2). Le repérage systématique sur plans et coupes a permis de juger de la concentration des vestiges selon un second horizon de la couche I2, sous-jacent au pavage, dont l’épaisseur implique la compaction de plusieurs niveaux d’habitats. Quelques renseignements d’ordre plus général peuvent enfin être avancés. D’une part, quant à l’encaissement du haut cours de la Cesse : les grands éclats en calcaires à Alvéolines, éléments du dallage I1-I2, sont tirés de gros galets puisés dans le lit de la rivière lorsque celui-ci s’établissait à proximité du seuil de la cavité, alors que le creusement en amont intéressait encore largement le Tertiaire. Par conséquent, selon toutes probabilités, la vallée épigénique n’aurait été surcreusée dans le Primaire que depuis la fin de la phase climatique 11, sur environ 40 m de dénivelé à l’aplomb de l’entrée. D’autre part, quant à l’origine des phosphates de la couche M : il s’agit plus précisément de guanos fossiles de chauves-souris, dont des vestiges ont été trouvés en abondance dans la couche L. Figure 5. Grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault). Mandibule de Macaca sylvanus florentina, face occlusale (couche I2 - Photo J.-F. Bussière).
Comme tout système karstique, la grotte d’Aldène a subi remplissages et vidanges successifs, au gré du climat. Malgré la discontinuité des témoins, dans l’espace et dans le temps, on a néanmoins acquis une idée plus précise de la succession des divers relais, les témoins T3 et T5 à T8 ayant trouvé une adresse dans la séquence de la galerie principale. Tour à tour piège à sédiments, repaire d’Ours, abri temporaire ou gîte permanent pour l’Homme, le gisement reste du plus haut intérêt vu l’extrême rareté des vestiges de remplissages, assortis de structures d’habitat, remontant au Pléistocène moyen.
Du point de vue technique, l’outillage sur éclats, de débitage non levallois (IL = 2,6), comprend des pièces en calcaire siliceux, de petites dimensions, à plan de frappe large et lisse (35,9%), et des pièces en quartz généralement à talon en cortex (18%). Les nucléus sont essentiellement informes sinon fragmentés; leur rareté impose un débitage hors les secteurs fouillés. Les outils sont façonnés sur galets fracturés de quartz ou de quartzite, ou encore sur éclats de débitage ou sur cassons de silex ou de quartz.
Adresse d’auteur
Du point de vue typologique, dominent les racloirs (IRess = 57,1%), obtenus par retouches abruptes ou surélevées, rarement minces, les denticulés (IV = 29,6%), les encoches clactoniennes. Présence de grandes encoches à retouches abruptes, sur éclats de quartz; d’éclats de décorticage, en quartz, retouchés en racloirs sur la face plane; de pointes de Tayac en silex ou en quartz. Deux bifaces grossiers, l’un en calcaire dolomitique géorgien, altéré, l’autre en quartz, viennent compléter l’échantillonnage.
S. SIMONE Musée d’Anthropologie préhistorique 56 bis bd du Jardin exotique 98000 Monaco
Bibliographie BAÏSSAS, P., 1972, Étude sédimentologique sommaire du remplissage de la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 18, p. 69-88.
En sa totalité, l’ensemble industriel inférieur de la grotte d’Aldène est étroitement apparenté au Tayacien ancien ou Proto-Charentien de la Caune de l’Arago (P.-O.). En effet, ces deux industries ont en commun le débitage non levallois,
BARRAL, L. & SIMONE, S., 1972, Le Mindel-Riss et le Riss à la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 18, p. 45-68. 92
S. Simone: Bilan des recherches sur le Pléistocène moyen de la grotte d’Aldène (Cesseras, Hérault, France) BARRAL, L., & SIMONE, S., 1976, Le Pléistocène moyen à la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Livret-guide excursion C2, IX° Congrès Union internationale des Sciences préhistoriques et protohistoriques, Nice, p. 255-266.
l’uranium et de la résonance de spin électronique. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 34, p. 17-27. HENNIG, G. J., 1982, Notes and comments on the 230 Th / 234 U dating on speleothem samples from the grotte d’Aldène Cesseras, Hérault. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 26, p. 21-25.
BOCHERENS, H., FIZET, M., MARIOTTI, A., BILLION, D., BELLON, G., BOREL, J.-P. & SIMONE, S., 1991, Biogéochimie isotopique 13C, 15N, 18O et paléoécologie des ours pléistocènes de la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 34, p. 29-49.
LÉCOLLE, F., 1982, Contexte géologique de la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Origine possible des matières premières de l’industrie lithique. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 26, p. 31-40.
BONIFAY, M.-F., 1989, Étude préliminaire de la grande faune d’Aldène, Cesseras, Hérault. Fouilles du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 32, p. 5-11.
LEDRU, M.-P., 1986, Palynologie de la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 29, p. 25-43.
BONIFAY, M.-F. & BUSSIÈRE, J.-F., 1989, Les grandes faunes de la grotte d’Aldène (Ursidés), Cesseras, Hérault. Fouilles du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 32, p. 13-49.
SIMONE, S., 1982, A propos des datations 130 Th / 234U des planchers stalagmitiques d’Aldène, Cesseras, Hérault. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 26, p. 2730.
BONIFAY, M.-F. & BUSSIÈRE, J.-F., 1994, Les grandes faunes de la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Carnivores et Périssodactyles. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 37, p. 5-9.
TILLIER, A.-M. & VANDERMEERSCH, B., 1976, Les cynomorphes. In La préhistoire française, 1. Paris : Centre national de la Recherche scientifique, p.367-370. VIRIOT, L., ZANY, D., CHALINE, J., COURANT, F., BRUNETLECOMTE, P. & SIMONE, S., 1991, Compléments aux faunes de Rongeurs des gisements d’Aldène, Cesseras, Hérault, de la grotte du Prince, Grimaldi, Ligurie et de l’Observatoire, Monaco. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 34, p. 7-16.
CHALINE, J., 1974, Les Rongeurs de la grotte d’Aldène, une nouvelle séquence climatique du Pléistocène moyen. Bulletin du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco 19, p. 5-20. FALGUÈRES, C., AJAJA, O., LAURENT, M. & BAHAIN, J.-J., 1991, Datation de la grotte d’Aldène, Cesseras, Hérault. Comparaison par les méthodes du déséquilibre des familles de
93
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
94
D. Barsky, & H. de Lumley: Caractérisation des industries lithiques du Paléolithique inférieur...
CARACTÉRISATION DES INDUSTRIES LITHIQUES DU PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR PRÉSENTES DANS LES DIFFÉRENTS NIVEAUX ARCHÉOLOGIQUES DE LA CAUNE DE L’ARAGO Deborah BARSKY & Henry DE LUMLEY
Résumé : La grotte de la Caune de l’Arago renferme un remplissage quaternaire de 15 m d’épaisseur, daté entre 690 000 et 90 000 ans. Le complexe moyen du remplissage a été subdivisé en trois ensembles stratigraphiques (I, II et III), corrélés aux stades isotopiques 14, 13 et 12. Nous pouvons distinguer, à l’intérieur de ce remplissage, une quinzaine de niveaux archéologiques bien distincts à la fois par : - les conditions climatiques régnant pendant leur mise en place, - les pratiques de chasse, - le comportement des hominidés envers les matières premières lithiques sélectionnées pour fabriquer les industries, - la composition typologique des différents ensembles lithiques et les techniques de débitage privilégiées. L’analyse de ces critères permet de caractériser chaque assemblage, tout en relevant l’existence des points communs, des éléments évolutifs et des attributs spécifiques. Nos recherches, orientées vers une démarche pluridisciplinaire, visent à comprendre le lien entre les préoccupations économiques et sociales des hominidés et le profil d’un assemblage lithique. Les caractéristiques de l’industrie ont été analysées en fonction des quatre principaux types d’habitats reconnus à la Caune de l’Arago : 1. bivouacs, 2. haltes de chasse, 3. occupations temporaires saisonnières, 4. occupations de longue durée. Abstract: The Caune de l’Arago cave site contains 15 m thick deposits, dated to between 690 000 and 90 000 years old. The Middle Complex of the deposits has been subdivided into three stratigraphical units (I, II and III), correlated to isotopic stages 12, 13 and 14. Within these deposits, fifteen distinct archeological levels have been identified, each presenting differences concerning : the climatic conditions dominant during their accumulation, - hunting strategies, - hominid behavioural patterns towards lithic raw materials selected for tool fabrication, - typological composition of each lithic assemblage, as well as knapping technologies used. Analysis of these criterion allows for the characterisation of each assemblage, revealing points each level has in common while at the same time underlining evolutionary trends and attributes specific to particular levels. Our research, oriented towards a pluridisciplinary approach, aims at the comprehension of the relationship between the economic and social preoccupations of hominids with the profile of a lithic assemblage. The characteristics of the lithics were analysed according to the four principal types of habitat identified at the Caune de l’Arago : 1. punctual stays, 2. hunting halts, 3. temporary seasonal occupations, 4. long-term occupations.
à partir des données accumulées que quatre principaux types d’habitats ont pu être identifiés à la Caune de l’Arago (bivouac, halte de chasse, habitat temporaire saisonnier, occupation de longue durée). Pour chaque niveau archéologique, le type d’habitat a été défini grâce aux renseignements portant sur l’estimation de la durée de l’occupation et sur le spectre faunique identifié. Mise en relation avec ces éléments, l’industrie lithique peut également servir de critère d’identification et de caractérisation de l’habitat.
PRESENTATION DU SITE Fouillée depuis 1964 par le Professeur Henry de Lumley, la Caune d’Arago est localisée sur le territoire de la commune de Tautavel, à 19 km au nord-ouest de la ville de Perpignan, dans le département des Pyrénées-Orientales. Entre la plaine du Roussillon et la basse vallée de l’Aude, cette grotte se trouve à 40 km au nord de la chaîne des Pyrénées, à 25 km à l’Ouest de la côte méditerranéenne, à l’extrémité méridionale du massif des Corbières. Elle est située à 100 mètres au-dessus du lit actuel de la rivière du Verdouble et du ruisseau de Vingrau (210 m d’altitude absolue). Ces rivières, riches en galets alluviaux, ont fourni les matières premières qui ont servi à la réalisation de l’industrie. Pendant les différentes époques d’occupation de la grotte, la plaine de Tautavel était fréquentée par une faune abondante et très variée. Ce milieu cynégétique a permis à des groupes de chasseurs préhistoriques de s’installer pour une période saisonnière ou de plus longue durée. La dominance de certaines espèces dans les unités stratigraphiques identifiées témoigne de la spécialisation de la chasse et de facteurs climatiques (tabl. 1).
INVENTAIRE DU MATERIEL LITHIQUE EN FONCTION DES PRINCIPAUX ENSEMBLES TYPOLOGIQUES ET DES DIFFERENTS NIVEAUX ARCHEOLOGIQUES La richesse de l’industrie lithique recueillie dans la grotte (plus de 100 000 pièces coordonnées ; tabl. 2) a suscité des nombreux travaux présentés au fur et à mesure de l’avancement des fouilles, dont plusieurs ont contribués directement à la constitution d’une banque de données archéologiques (Kalamara-Matzanas, 1995 ; Matzanas, 1995, Messaoud-Sadallah, 1995 ; Batailla i Llasat, 1996 ; Barsky, 2001 ; Byrne, 2001). L’homogénéité méthodologique avec laquelle ces travaux ont été menés, ainsi que l’utilisation de nouvelles techniques informatiques, ont permis la réalisation d’un travail de synthèse sur cet
Nous avons considéré les propriétés technologiques et typologiques de l’industrie dans un contexte global incorporant tous les éléments apportés par les diverses spécialités rattachées à ce genre d’étude (sédimentologie, géologie, géomorphologie, taphonomie, palynologie). C’est 95
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic Tableau 1 : Age, sédimentologie, climat, espèces dominantes et type d’habitat des différents niveaux archéologiques de la Caune de l’Arago (d’après H. de Lumley et al., 1984) Niveaux Archéologiques A et complexe sommital B
C
D
E
F
FG
G
H1, 2 ,3 I1, 2 J K L MàQ
Age (stades isotopiques)
Sédimentologie
Climat
Espèces dominantes
Type d'habitat
Planchers Alternance de Occupations de stalagmitiques et phases tempérées Chevaux, cerfs et courte durée, unités archéostratiet humides avec mouflons bivouacs graphiques intercalés des phases fraîches Planchers Occupations de 92 K.A. Chevaux, cerfs et stalagmitiques et Tempéré et humide courte durée, (stade isotopique 7) unités archéostratimouflons bivouacs graphiques intercalés Alternance de Planchers phases tempérées, Occupations de 0,4 M.A. à 92 K.A. stalagmitiques et Chevaux, cerfs et humides avec des courte durée, (stade isotopique 7) unités archéostratimouflons phases froides et bivouacs graphiques intercalés sèches Cervidés 0,41 M.A. Habitat saisonnier à Sables grossiers lités Froid et sec dominants, (stade isotopique 12) chasse spécifique mouflon et cheval Mouflon dominant 0,42 M.A. avec cheval, cerf, Habitat saisonnier à Sables grossiers lités Froid et sec (stade isotopique 12) thar, bison et chasse spécifique bœuf musqué Très froid et sec, Mouflon dominant 0,43 M.A. Habitat saisonnier à Sables grossiers lités avec des vents avec thar, cerf, (stade isotopique 12) chasse spécifique parfois violents cheval et renne Occupations ponctuelles de 0,44 M.A. Sables grossiers lités Froid et sec Bœuf musqué courte durée (stade isotopique 12) (bivouacs) à chasse spécifique Mouflon, thar, Habitats de longue cerf, cheval, 0,45 M.A. Cailloutis à matrice De frais, à froid durée, à chasse non bison, rhinocéros, (stade isotopique 12) limono-sableuse et sec spécifique de grands bœuf musqué, et herbivores renne 0,48 M.A. Cerf, daim Habitat saisonnier (stade isotopique 13) Argiles Limono0,5 M.A. Tempéré et humide Cerf, daim Habitat saisonnier sableuses (stade isotopique 13) 0,53 M.A. Cerf, daim Habitat saisonnier (stade isotopique 13) mouflon 0,53 M.A. Chasse sélective Renne (stade isotopique 14) Halte de chasse Froid et sec à vents 0,55 M.A. Chasse sélective Sables lités Renne parfois violents (stade isotopique 14) Halte de chasse 0,57 M.A. Bison, cheval, Bivouacs (stade isotopique 14) mouflon et renne 92 K.A. à 35 K.A. (stade isotopique 4)
ensemble lithique (Barsky, 2001). Ce travail vise la reconstitution des schémas techniques employés à la Caune de l’Arago et la compréhension de leur évolution dans le remplissage.
produits bruts et principales méthodes de débitage employées. Chaque niveau présente des éléments distinctifs pour ces derniers critères, permettant leur définition et leur caractérisation. Ce travail permet de mettre en relief les caractéristiques de chacune des unités : - les point communs, les éléments évolutifs et les attributs spécifiques. Une approche pluridisciplinaire permet d’observer les attributs de chaque ensemble lithique dans un contexte global. Elle prend en compte une variété d’aspects susceptibles d’influer sur la vie quotidienne des hominidés : l’environnement, les conditions climatiques, le type de chasse, le territoire de chasse, le type et la durée de l’habitat, etc.
NIVEAUX ARCHÉOLOGIQUES Le profil de chaque ensemble lithique est dressé selon les critères suivants : - comportement vis à vis de la matière première, - fréquence des différents groupes typologiques, types d’outils retouchés et leur fréquence par rapport aux 96
D. Barsky, & H. de Lumley: Caractérisation des industries lithiques du Paléolithique inférieur... Tableau 2 : Inventaire du matériel lithique de la Caune de l’Arago en fonction des niveaux archéologiques (Base de données archéologique, 2001) *Un total de 61 686 débris, également décomptés dans l’industrie, ne sont pas inclus dans ce tableau.
Inventaire du matériel lithique de la AàC Caune de l'Arago Galets entiers et percuteurs 22 2,3 Galets fracturés 23 2,4 Galets aménagés 4 0,3 Bifaces et hachereaux 1 0,1 Polyèdres Nucléus Eclats Lames Petits éclats Petits outils Totaux % % du matériel recueilli selon les niveaux
152 16,1 223 23,5 7 0,7 119 12,6 397 41,9 948 100 % 2,1
D
E
F
FG
G
H1,2,3 I1,2
57 80 173 38 687 102 15 1,9 4,7 2,8 2,5 3.3 5,9 2,0 87 143 507 105 1958 167 66 2,9 8,4 8,1 6,9 9,5 9,6 8,6 25 31 56 17 507 39 19 0,9 1,9 0,9 1,1 2,5 2,2 2,4 13 5 3 14 0,4 0,3 0,05 0,1 11 1 5 2 0,1 0,1 0,2 0,1 161 91 198 38 632 50 11 5,3 5,3 3,2 2,5 3,1 2,9 1,4 937 491 1960 482 6442 570 234 30,9 28,7 31,2 31,8 31,2 32,8 30,6 17 7 25 6 79 6 2 0,6 0,4 0,4 0,4 0,4 0,3 0,3 863 395 2052 629 6711 437 220 28,6 23,2 32,6 41,4 32,5 25,2 28,8 854 458 1311 203 3619 365 198 28,3 26,9 20,9 13,4 17,5 21,0 25,9 3019 1703 6285 1518 20656 1737 765 100% 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 6,7
3,8
14,1
3,4
TYPES DE ROCHES ET LEUR ORIGINE DANS L’ENVIRONNEMENT
46,2
3,9
1,7
J 146 2,8 239 4,6 51 1,0 1 0,02
K
L
30 4,1 13 1,7 7 0,9
59 4,6 41 3,2 15 1,2 1 0,1
MàQ 44 5,5 29 3,7 11 1,4 6 0,8
59 15 26 42 1,1 2,0 2,0 5,3 1127 142 273 61 21,5 19,1 21,1 7,7 9 3 2 1 0,2 0,4 0,2 0,1 2767 513 774 446 52,8 69,0 59,9 56,2 839 21 101 153 16,0 2,8 7,8 19,3 5238 744 1292 793 100 % 100 % 100 % 100 % 11,7
1,7
2,9
Totaux % 1453 3,2 3378 7,6 782 1,8 44 0,1 19 0,04 1475 3,3 12942 28,9 164 0,4 15926 35,6 8519 19,1 44702 100 %
1,8 100 %
gisement. Plus les roches se trouvent éloignées de la grotte, moins elles sont abondantes dans l’industrie. L’étude de la fréquence des sous-types, à l’intérieur des grandes familles de roches, a révélé l’existence de variations intéressantes, permettant de caractériser et même de différencier chacun des niveaux (Grégoire, 2000 ; Barsky, 2001).
L’exceptionnelle diversité des matières premières exploitées pour la réalisation de l’industrie de la Caune de l’Arago est à la base de toute considération technologique traitée dans le cadre de cette étude. Neuf groupes de roches, subdivisés en cent-six sous-types, ont été reconnus dans l’industrie (Wilson, 1986 ; Grégoire, 2000 ; Barsky, 2001). Ces groupes sont, en allant des plus abondants vers les plus rares : les quartz laiteux, les quartz hyalins, les roches siliceuses sédimentaires, les quartzites, les grès quartzites, les grès, les calcaires, les roches métamorphiques et les roches éruptives. Parmi les roches identifiées dans l’industrie, seules les roches siliceuses sédimentaires ont été récoltées sur leur lieu de formation. Toutes les autres matières premières étaient disponibles aux environs immédiats de la grotte, notamment dans les alluvions de la rivière le Verdouble. La distance maximale parcourue par les hominidés, en quête des matières premières de bonne qualité a été établie à environ 40 km de la grotte, à partir de l’emplacement du gîte le plus éloigné, la Presqu’île du Doul dans les Corbières (Grégoire, 2000). Environ 70 % des roches présentes dans l’industrie, proviennent de la rivière du Verdouble, au pied de la falaise. Peu de galets disponibles dans les alluvions de cette rivière sont favorables à l’extraction d’éclats de bonne venue. La majorité des roches utilisées a été récoltée dans un rayon de 10 km autour du
APPROCHE COMPARATIVE POUR LA DEFINITION DES CARACTERISTIQUES DES INDUSTRIES LITHIQUES SELON LES DIFFERENTS NIVEAUX ARCHEOLOGIQUES DU SITE L’observation des dissemblances et des ressemblances de cet assemblage lithique, mise en relation avec les variations du cadre paléo-environnemental, permet de se rendre compte des changements survenus dans le comportement technologique des hominidés, afin de comparer les différents niveaux entre eux et de tenter d’interpréter l’aspect culturel et comportemental de ces populations. En premier lieu, les points communs entre les différents niveaux du remplissage, puis les éléments «évolutifs». Ces derniers contribuent à une vision linéaire et progressive des transformations technologiques d’un niveau d’occupation à l’autre. Quelques observations concernant l’impact de l’environnement et le type d’habitat sur les caractéristiques saillantes de l’industrie 97
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
contribuent ensuite à construire une vision d’une évolution diachronique de ces transformations, en tenant compte des influences extérieures.
prismatiques. Seules ces roches ont été débitées par la technique bipolaire sur enclume. - Le quartz laiteux a été la matière première privilégiée pour le débitage dans tous les niveaux, malgré l’abondance d’autres types de roches aux alentours immédiats de la grotte. Les seules exceptions sont les galets aménagés qui sont souvent en calcaire, et les bifaces qui sont principalement en cornéenne.
POINTS COMMUNS ENTRE LES INDUSTRIES DES DIFFÉRENTS NIVEAUX ARCHÉOLOGIQUES Les points suivants sont comparables dans tous les niveaux archéologiques (Barsky, 2001):
* le débitage * le comportement envers la matière première - Dans tous les niveaux, les premières étapes de débitage des nucléus ont eu lieu à l’extérieur de la grotte, quelle que soit la distance de la source d’approvisionnement de la matière première. Par contre, le façonnage de galets aménagés a eu lieu à l’intérieur de la caverne, malgré les dimensions généralement élevées des pièces.
- Les mêmes sources de matière première ont été exploitées dans quasiment tous les niveaux (Grégoire, 2000). - Le choix de la roche s’est effectué en fonction du produit souhaité et les mêmes roches ont été privilégiées pour la réalisation d’outils spécifiques de façon constante à travers la stratigraphie. Cette caractéristique, déjà observée dans de nombreux gisements datant du Paléolithique inférieur (à la Pineta à Isernia, Peretto et al., 1994 ; à Galeria d’Atapuerca, Carbonell, 1999 ; à Orgnac 3, Moncel, 1999), n’est pas exclusive à l’industrie de la Caune de l’Arago. Le calcaire a été privilégié pour la réalisation d’outils lourds dits «de percussion», les roches siliceuses sédimentaires et à grains fins ont été réservées pour le débitage et pour la réalisation d’outils retouchés. Ainsi, les éclats en silex et en quartzite, roches rares et de bonne qualité, présentent le taux le plus élevé de transformation en outils.
- Le type de roche débité n’entraîne pas nécessairement un choix technique particulier. Cependant des techniques plus complexes ont été utilisées pour le débitage des matières premières de meilleure qualité, aboutissant à des nucléus de type globuleux ou discoïde. * la composition typologique - Les mêmes types d’outils sont présents dans tous les niveaux (Byrne, 2001).
* la morphologie des pièces
ELÉMENTS ÉVOLUTIFS DES INDUSTRIES DES DIFFÉRENTS NIVEAUX ARCHEOLOGIQUES
- Les éclats les plus grands et les plus épais ont été privilégiés pour les outils (Barsky, 2001 ; Byrne, 2001). Par rapport aux bruts, les éclats retouchés sont alors issus des premières phases de débitage et présentent souvent un résidu cortical important. Comme dans la plupart des gisements à industries datant de la même époque, un bord tranchant le plus long possible a été recherché pour la réalisation d’outils retouchés, dont la grande majorité est constituée par des types à retouches continues.
Les éléments suivants se transforment tout au long du remplissage (Barsky, 2001) : * le comportement envers la matière première - Un comportement d’exploitation de plus en plus exclusif, visant en particulier le quartz, a été pratiqué dans les niveaux les plus récents. * la morphologie des pièces
- Deux groupes dimensionnels ont été mis en évidence en fonction du type de roche débité :
- Les dimensions des pièces diminuent progressivement. Les nucléus et les éclats du niveau D sont de très petites dimensions, caractère également observé dans les niveaux A à C (malgré une pauvreté relative du matériel).
1.les galets en grès, en grès quartzite, en calcaire et en roches éruptives, tous disponibles aux alentours immédiats du site, sont peu dégrossis. Les éclats et les nucléus sont de grandes dimensions. Les nucléus produits dans ces roches sont le plus souvent à enlèvements en séries uni-directionnelles (de type Clactonien).
- Les bifaces les plus symétriques et les plus soignés sont présents dans les niveaux les plus anciens (niveaux M à Q ; tabl. 1).
2.Les roches cristallines et siliceuses sédimentaires, plus rares aux environs de la grotte, ont souvent été totalement réduites. Les galets en quartz laiteux, très diversement débités, font exception. Ils sont les plus abondants parmi tous les types de nucléus. Les produits sont généralement de petites dimensions. Ce deuxième groupe de roches a été privilégié pour la réalisation des petits outils. Les nucléus produits dans ces roches sont le plus souvent à enlèvements centripètes bifaces, pyramidaux ou
* le débitage - Les types de nucléus se diversifient progressivement dans la stratigraphie (à partir du niveau H) mais la proportion des différents types montre qu’une ou deux méthodes ont été privilégiées dans les niveaux du sommet du remplissage (fig. 2). 98
D. Barsky, & H. de Lumley: Caractérisation des industries lithiques du Paléolithique inférieur...
Figure 1 : Fréquence des éléments morpho-technologiques des éclats déterminants la complexité du débitage, selon la stratigraphie (Barsky, 2001)
- Les nucléus de type globuleux deviennent nombreux à partir du niveau F et continuent à être abondants dans les niveaux du sommet de la stratigraphie.
grattoirs devient également plus important dans les niveaux les plus récents (Voinchet-Zuili, 1991 ; Singh, 1993).
- Ce sont les nucléus du types : globuleux, centripètes et multidirectionnels qui sont les plus abondants dans les niveaux les plus récents, tandis que les nucléus de types centripètes, uni ou bidirectionnels et orthogonaux abondent dans les niveaux les plus anciens.
ELEMENTS SPECIFIQUES DES INDUSTRIES DES DIFFÉRENTS NIVEAUX ARCHEOLOGIQUES : INFLUENCE DU TYPE D’HABITAT SUR LES CARACTÉRISTIQUES MORPHOTECHNOLOGIQUES DE L’INDUSTRIE LITHIQUE
- Le débitage se complexifie au sommet du remplissage comme en témoigne la fréquence relative d’éclats montrant plusieurs directions d’enlèvements, un talon dièdre ou facetté et aucun résidu cortical vers le sommet de la stratigraphie (fig. 1).
1) Bivouac La présence d’accumulations éparses d’outils et de restes d’herbivores, le plus souvent une ou deux espèces représentées par un faible nombre d’individus, signale un court séjour des hominidés dans la grotte. Ces accumulations alternent avec des niveaux riches en ossements de carnivores (ours de Deninger ou Canidés). Ces petits groupes humains pratiquaient une chasse peu diverse, qui variait certainement en fonction de la saison de l’occupation. Les hominidés, connaissaient déjà l’environnement de la grotte car ils arrivaient avec une réserve de matières premières de bonne qualité apportées sur une distance de 15 à 30 km environ (Grégoire, 2000). Cette réserve a été complétée avec les diverses roches, de qualité médiocre, disponibles aux alentours immédiats du site. Ce comportement a également été observé à Torralba (Province de Soria, Espagne)où
- Le rapport éclat / nucléus se réduit graduellement au sommet de la stratigraphie. * la composition typologique - La présence de bifaces, de galets entiers et fracturés, de percuteurs et de galets aménagés diminue progressivement (fig. 3). - Les encoches retouchées augmentent graduellement par rapport aux clactoniennes et le nombre de denticulés et de 99
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Centripètes 50 40 30 20 10 0
Multidirectionnels
Pyramidaux
Uni et bi directionnels
Multidirectionnels
Centripètes 50 40 30 20 10 0
Prismatiques
Orthogonaux
Globuleux AàC
Multidirectionnels
Ensemble II % Type de nucléus
Multidirectionnels
Pyramidaux
Uni et bi directionnels
Prismatiques
Orthogonaux
Globuleux FG
Centripètes 50 40 30 20 10 0
Pyramidaux
Prismatiques
Orthogonaux
D
Base de l'ensemble III % Type de nucléus
Uni et bi directionnels
G
Globuleux E
Centripètes 50 40 30 20 10 0
Pyramidaux
Uni et bi directionnels
Prismatiques
Orthogonaux
Sommet de l'ensemble III % Type de nucléus
Ensembles IV et V % Type de nucléus
J
F
Centripètes 50 40 30 20 10 0
Multidirectionnels
Uni et bi directionnels
Globuleux I
H
Ensemble I % Types de nucléus Pyramidaux
Prismatiques
Orthogonaux
Globuleux
MàQ
L
K
Figure 2 : Types de nucléus en selon les niveaux archéologiques (Barsky, 2001).
l’industrie a été réalisée sur des galets de provenance lointaine, (jusqu’à une cinquantaine de kilomètres du site : Howell, 1962 ; Freeman, 1991). Il suggère que les hominidés, qui sont venus sur le site à plusieurs reprises, amenaient avec eux leurs matières premières. Ils débitaient les roches dans la grotte en se servant des méthodes multidirectionnelles, généralement centripètes, visant à une exploitation maximale. Les éclats ainsi produits étaient le plus souvent utilisés bruts. Ils étaient parfois retouchés en outils divers, principalement des racloirs simples latéraux (Byrne, 2001). La fabrication d’outils a été exécutée avec le plus grand soin pour le façonnage de bords tranchants d’une grande régularité. Ce type d’habitat se rencontre à la base du remplissage de la Caune de l’Arago, dans les niveaux M à Q (toujours en cours
de fouilles), dans les dépôts entre les grands niveaux archéologiques G et F (le niveau F-G), ainsi que dans les niveaux du sommet de la séquence stratigraphique (niveaux C à A ; tabl. 1). 2) Halte de chasse Une dominance très marquée d’une seule espèce dans ces niveaux témoigne d’une chasse spécifique, réalisée à l’occasion d’une halte de chasse, occupation d’une durée de quelques semaines. L’espèce a été chassée pendant une période précise par des groupes constitués probablement de quelques individus. Les autres espèces, vivant dans des niches écologiques diverses, ont été délaissées (Moigne, 1983). Lors 100
D. Barsky, & H. de Lumley: Caractérisation des industries lithiques du Paléolithique inférieur...
Figure 3 : Proportion des différents ensembles typologiques en fonction de la stratigraphie (Barsky, 2001)
3) Habitat temporaire saisonnier
de leurs migrations vers la grotte, les hominidés récoltaient des roches de bonne qualité, en l’occurrence le silex, sur les gîtes de matière première éloignées du site (Grégoire, 2000). Ces roches, rares et de bonne qualité, ont été réservées à la production des éclats et à la fabrication des petits outils spécialisés. Cet assemblage a été complété par un apport de roches moins propices pour le débitage mais abondantes autour du site. Ces roches servaient à manufacturer une gamme d’outils variée, y compris des outils de percussion. Ils permettaient d’accomplir une variété de tâches de boucherie, effectuées à l’intérieur de la caverne, à savoir : la désarticulation des carcasses et la fracturation des ossements pour extraire la moëlle (Moigne, 1983). Les méthodes de débitage étaient divers et dépendaient largement de la matière première exploitée : les méthodes clactoniennes étaient employées pour débiter les galets en roches de qualité médiocre (grès, calcaire), les techniques centripètes ou multidirectionnelles pour les roches favorables à l’extraction d’éclats (silex, quartzite), enfin le débitage bipolaire sur enclume pour réduire en morceaux des petits galets en quartz (Barsky, 2001). Ce type d’occupation est particulièrement bien représenté dans la grotte par les niveaux archéologiques K et L où les restes de renne constituent environ 90 % du matériel paléontologique (tabl. 1)
Ces habitats, de durée prolongée, correspondent à des occupations par des groupes familiaux, comme attestent la présence de dents déciduales (M. A. de Lumley, 1976). Le séjour correspondait à la période d’une saison, pendant laquelle une espèce animale était privilégiée pour la chasse qui se déroulait dans un biotope particulier. Cependant, les hominidés pratiquaient et abattaient ponctuellement différentes espèces animales qu’ils traquaient dans les diverses niches écologiques qu’offrait l’environnement de la grotte. Dans ces sols, une ou deux matières premières ont été favorisées pour la fabrication de l’industrie, mais il existe toujours un lien entre la typologie et la roche utilisée. La récolte des matières premières s’effectuait majoritairement près de la grotte, avec quelques apports d’autres roches provenant de distances allant jusqu’à 33 km du site. Des allerretours sur les gîtes lointains (au delà de 20 km de la grotte) étaient possibles et les roches provenant de ces zones étaient assez souvent utilisées (Grégoire, 2000). Dans ce type d’habitat, l’industrie comprend de nombreux outils sur éclat ou sur débris, souvent sur les roches les plus propices au débitage. L’outillage comprend également une quantité nonnégligeable d’outils sur galet, de percuteurs et de galets non101
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
aménagés. Le petit outillage est bien soigné et présente des types assez diversifiés, malgré une abondance très marquée de racloirs simples latéraux. Une quantité importante de pierres, parfois utilisées, ont été amenées de l’extérieur. Les méthodes de débitage utilisées sont plus diversifiées que dans les habitats de moins longue durée. Les méthodes multidirectionnelles, principalement par enlèvements centripètes, sont fréquentes et la morphologie des nucléus discoïdes est variée. Ces dernières méthodes concernent surtout les roches de bonne qualité (quartzite, quartz hyalin). Le quartz laiteux a été débité principalement par la technique bipolaire sur enclume mais devient la roche privilégiée pour effectuer toutes les méthodes expérimentées. L’analyse des éclats et des nucléus provenant de ces niveaux montre que les méthodes clactoniennes ont été largement utilisées, le plus souvent pour la production d’éclats en roches peu propices au débitage (Barsky, 2001). Ce type d’habitat est très bien représenté à la Caune de l’Arago (niveaux archéologiques J, I, H, F, E et D ; tabl. 1).
archéologique Q (à peine entamé par les fouilles), qui permettent d’observer ce type d’habitat. CONCLUSIONS Malgré leurs ressemblances et leur structure analogue, les industries des différents niveaux de la Caune de l’Arago montrent des variations intéressantes. Ces dernières semblent liées d’une part, à la nature de l’occupation et d’autre part, à des stades évolutifs différents. Ces observations, effectuées grâce à la richesse et à la diversité de l’industrie de la Caune de l’Arago, ne sont certainement pas spécifiques à ce gisement. A titre de comparaison, la morphologie des industries du site de la Pineta à Isernia (Peretto et al., 1994) se compare difficilement avec celle des niveaux inférieurs de la Caune de l’Arago, assez proches en âge. Les différences entre ces assemblages sont elles dues aux contextes dissemblables des deux sites (grotte / site en plein air), à la matière première exploitée (galets alluviaux en quartz / silex en plaquettes) ou bien, sont elles dues aux exigences liés à la chasse et au dépeçage des carcasses (traitement des carcasses abattues et amenées sur le site / gisement d’exploitation opportuniste des carcasses) ? En Catalogne, dans la région de Montgrí (Cau del Duc) et de la Selva (Puig d’Esclats et Casa Nova d’en Feliu), cette variabilité a été observée dans la structure des industries qui sont proches chronologiquement et géographiquement (Carbonell, 1985). Les dissemblances technologiques et typologiques ont été attribuées à des différences dans la fonction des deux sites. Plusieurs études en cours semblent appuyer certaines des hypothèses exposées ci-dessus, en particulier la relation entre un assemblage lithique «spécialisé» et l’habitat de courte durée à chasse spécifique. L’approche pluridisciplinaire permet de se rendre compte de la diversité et de la variabilité des assemblages lithiques : le rôle important joué par les types de matières premières exploités et leur disponibilité, le caractère de la chasse pratiquée, le climat prépondérant et le nombre d’individus composant le groupe humain sont tous des facteurs ayant une influence sur la morphologie finale des industries lithiques. La diversité des facteurs d’influence révèle ainsi la complexité culturelle atteinte dès le Paléolithique inférieur.
4) Occupation de longue durée Ces niveaux, très riches en matériel archéologique, présentent un spectre faunique qui révèle la présence d’hominidés dans la grotte pendant toutes les périodes de l’année (Moigne et al., 1999). Cet amas de matériel pourrait correspondre aussi bien à plusieurs successions d’occupations superposées qu’à un seul et unique campement. Quoi qu’il en soit, les nombreux restes humains témoignent de la présence de plusieurs groupes familiaux (M. A. de Lumley, 1976). Ces individus pratiquaient une chasse très diversifiée de grands herbivores. Les activités de chasse se déroulaient dans une grande variété de niches écologiques, témoignant d’une connaissance profonde de l’environnement et d’une maîtrise remarquable des techniques d’abattage. La récolte des matières premières, très majoritairement locale, s’effectuait jusqu’à une trentaine de kilomètres autour du site. En revanche, la plupart des roches siliceuses sédimentaires (90 %) provenaient des gîtes les plus éloignés de la grotte, où les hominidés effectuaient régulièrement des aller-retours pour s’approvisionner (Grégoire, 2000). Les roches de bonne qualité sont rares et ne font pas systématiquement l’objet d’une gestion économique. Malgré ce fait, la relation entre la matière première et la typologie demeure toujours très marquée (Barsky, 2001). L’industrie comprend de nombreux éléments non aménagés : pierres, galets entiers et fracturés. Elle comprend également une quantité non-négligeable de galets aménagés et de petits outils. L’aspect de l’outillage varie considérablement avec à la fois des outils de très belle manufacture et des outils peu soignés. Les méthodes de débitage sont également très variées. Le concassage du quartz a été abondamment pratiqué et le débitage bipolaire sur enclume diversement utilisé pour le quartz, le silex et le quartzite. La production volontaire de débris est manifeste. Les méthodes de débitage clactoniennes ont été plus souvent utilisées par rapport aux méthodes multidirectionnelles et le débitage est souvent inachevé. Cette dernière caractéristique est la raison pour laquelle ces industries sont généralement de dimensions importantes (Barsky, 2001). C’est l’important niveau archéologique G et vraisemblablement le niveau
Adresses des auteurs D. BARSKY UMR 5590 du CNRS, Centre Européen de Recherches Préhistoriques, av. Leon-Jean Gregory, 66720 Tautavel, FRANCE H. DE LUMLEY Muséum National d’Histoire Naturelle, Institut de Paléontologie Humaine, 1 rue René Panhard, 75013 Paris, FRANCE Bibliographie BARSKY D., 2001, Le débitage des industries lithiques de la Caune de l’Arago (Pyrénées-Orientales, France) : leur place dans 102
D. Barsky, & H. de Lumley: Caractérisation des industries lithiques du Paléolithique inférieur... l’évolution des industries du Paléolothique inférieur en Europe méditerranéenne. Thèse de Doctorat de 3e cycle, Université de Perpignan, Perpignan, 529 p.
et Mésolithiques de la France, Editions C.N.R.S., Paris, pp. 547 - 560. MATZANAS C. (1995) - Etude du débitage des roches dans les industries du Paléolithique Inférieur de la Caune de l’Arago d’après l’étude des nucléus. Thèse de Doctorat de 3e cycle, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. 498 p.
BARSKY D., GREGOIRE S. 2001, Nouvelles données sur l’origine des matières premières lithiques utilisées par les hominidés de la Caune de l’Arago, In : Colloque européen La pierre en archéologie : Carrières, origine des matériaux, extraction, méthodes d’analyses, matériel lithique, Université de Perpignan, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, UMR 5590 du C.N.R.S. et Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel, (sous presse).
MESSAOUD-SADALLAH M., 1995, Les galets fracturés de la Caune de l’Arago (Pyrénées-Orientales). Etude morphométrique, position et relation stratigraphique avec les galets entiers. Mémoire de D.E.A. de l’Université de Perpignan, n. p. MOIGNE A.M., 1983, Taphonomie des faunes Quaternaires de la Caune de l’Arago, Tautavel. Thèse de Doctorat de 3e cycle, Université Pierre et Marie Curie, Paris VI. 342 p.
BATATILLA I LLASAT G., 1996, Les stigmates de percussion sur les galets entiers de la Caune de l’Arago, Mémoire de D.E.A., Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, l’Université de Perpignan, 349 p.
MOIGNE A.M. et BARSKY D, 1999, Large Mammal Assemblages from Lower Paleolithic Sites in France : La Caune de l’Arago, Terra-Amata, Orgnac 3 and Cagny l’Epinette. In : Colloque International The Role of Early Humans in the Accumulation of European Lower and Middle Paleolithic Bone Assemblages, Monographien des Römisch-Germanischen Zentralmeuseums 42, Mainz, Allemagne, pp.219 à 235.
BYRNE L., 2001, Technologie et typologie des outillages de la Caune de l’Arago (Tautavel, Pyrénées-Orientales). Thèse de Doctorat de 3e cycle, Muséum National d’Histoire Naturelle. CARBONELL E., 1985, Méthode d’analyse appliquée aux industries lithiques des gisements du Pléistocène moyen du massif de Montrí (Catalogne, Espagne). Thèse de Doctorat de 3e cycle, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, 569 p.
MONCEL M. H., 1999, Les assemblages lithiques du site Pléistocène Moyen d’Orgnac 3 (Ardèche, moyenne vallée du Rhône, France) : Contribution à la connaissance du Paléolithique moyen ancien et du comportement différentiel des Hommes au Paléolithique inférieur et au Paléolithique Moyen. ERAUL n° 89, Etudes et Recherches Archéologiques de l’Université de Liège, Liège, 446 p.
CARBONELL E., ROSAS GONZÁLEZ A., DÍEZ FERNÁNDEZLOMANA J. C., 1999, Atapuerca. Nuestros antecesores, Gráficas Varona, Salamanca, 390 p. FREEMAN L. G., 1991, What Mean These Stones ? Remarks on Raw Material Use in the Spanish Paleolitic. In : A. Montet-White & S. Holen (ed.). Raw Material Economy Among Prehistoric Hunter-Gatherers. Lawrence, Kansas, University of Kansas, pp. 73-125.
PERETTO C. (a cura di), 1994, Le Industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia la Pineta : la typologia, e tracce di utilissiazione, la sperimentazione. Cosmo Iannone Editore, Isernia, Italie, 493 p.
GREGOIRE S., 2000, Origine des matières premières lithiques du Paléolithique pyrénéen et méditerranéen. Contribution à la connaissance des aires de circulations humaines, Thèse de Doctorat de 3e cycle, Université de Perpignan, 246 p.
PERRENOUD C., 1993, Origine et mise en place des paragenèses de remplissages karstiques quaternaires. Etude micromorphologique des sédiments de la Caune de l’Arago (Tautavel, Pyrénées-Orientales) et de la Baume Bonne (Quinson, Alpes-de-Haute-Provence), Thèse de Doctorat de 3e cycle, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. 178 p.
HOWELL F. C., 1962, El Yacimiento achelense de Torralba (Soria). In : VII Congr. Nac. Arq. Barcelona. Zaragosa, pp. 110-116. KALAMARA-MATZANAS A., 1995, Etude du débitage des roches dans les industries du Paléolithique inférieur de la Caune de l’Arago d’après l’étude des éclats. Thèse de Doctorat de 3e cycle, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, 359 p.
RENAULT–MISKOVSKY J., 1981, Etude palynologique du remplissage de la Caune de l’Arago à Tautavel. Signification chronologique, paléoclimatique et paléthnographique des flores. In : Datations et analyses isotopiques en Préhistoire. Méthodes et limites., Colloque international du C.N.R.S., 22 – 28 juin 1981, Tautavel, Prétirage p. 253-257.
LUMLEY H. DE, FOURNIER A., PARK Y.C., YOKOYAMA Y., DEMOUY A., 1984 Stratigraphie du remplissage pléistocène moyen de la Caune de l’Arago à Tautavel. Etude de Huit carottages effectués de 1981 à 1983, L’Anthropologie, Paris, Tome 88, n°1, pp. 5-18.
WILSON, L., 1986 Archéopétrographie des industries du Paléolithique Inférieur de la Caune de l’Arago (Tautavel, France) : identification et provenance des roches, Thèse de Doctorat de 3e cycle, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. 459 p.
LUMLEY M.A. de, 1976, Les Anténéandertaliens dans le Sud, La Préhistoire Française, Tome I, Les Civilisations Paléolithiques
103
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
104
J. Garcia I Garriga: Les technocomplexes acheuléens du Pléistocène moyen en plein air de la dépression de La Selva...
LES TÉCHNOCOMPLEXES ACHEULÉENS DU PLEISTOCENE MOYEN EN PLEIN AIR DE LA DÉPRESSION DE LA SELVA DANS LE CONTEXTE DES INDUSTRIES DU PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR DU NORD-EST DE LA CATALOGNE Joan GARCIA I GARRIGA
Résumé : Les sites paléolithiques de La Selva sont des sites de surface mais aussi des sites en terrasse, sans contexte archéologique ou stratigraphique. C’est pour cette raison que les artefacts lithiques sont les seuls vestiges archéologiques que l’on ait récupérés. Les caractéristiques des vestiges de La Selva établissent une connexion entre ceux-ci et la technologie acheuléenne de la Méditerranée. La fin de cette période est documentée au site de Puig d’Esclats, et il est attribué à l’acheuléen supérieur. À côté de la région de la Selva, Puig d’En Roca IV a été situé entre la période Mindel et la période Mindel-Riss et Cau del Duc de Toroella de Montgri, a été situé entre la période Riss et le début de la période Würm. Par conséquent, nous acceptons que les ensembles de Cau del Duc, Puig d’En Roca IV et La Selva partagent le même système de chaînes opératoires et de technologie et pourraient donc être datés approximativement entre 300 000 et 100 000 ans avant notre époque. Abstract: The Paleolithic sites from La Selva are surface sites and terrace as well, without archaeological or stratigraphic context. For that reason, lithic artefacts are the only archaeological remains recovered. The features of the lithic remains from La Selva links it to mediterrian achelian technology. The end of this period is documented at Puig d´Esclats site, blamed to the upper achelian. Beside the La Selva region, Puig d´En Roca IV has been placed between the Mindel and Mindel-Riss period and Cau del Duc de Torroella de Montgrí, has been placed between the Riss and the begining of Würm period. Therefore, we accept that the assemblages from Cau del Duc, Puig d´En Roca IV and La Selva share the same chaine operatoires and technology system and then, these industries could be dated randomly between 300.000 and 100.000 years BP. Keywords: La Selva, Puig d’en Roca, Can Garriga, Cau del Duc, Thème Opératif Technique, Puig d’Esclats, Casa Nova d’en Feliu, Can Burgés, Acheuléen supérieur, Pléistocène moyen, Centre d’Intervention Référentiel et Centre d’Intervention Complémentaire.
Le travail que nous présentons se centre sur les industries des gisements de la dépression de La Selva et leur relation avec les gisements du Puig d’en Roca, Can Garriga et Cau del Duc de Torroella de Montgrí, gisements qui se trouvent à Gérone. Les ensembles de la Selva que nous avons choisis représentent les trois gisements les plus importants trouvés et étudiés par l’équipe de recherche de l’Association Archéologique de Girona. Il s’agit de La Casa Nova d’en Feliu, de Can Burgés et, très spécialement, du Puig d’Esclats. Ces gisements ont fourni les registres les plus riches et que nous considérons les plus significatifs et les plus importants dans l’ensemble du canton de La Selva.
contexte stratigraphique, ce qui rend leur attribution chronologique énormément difficile. En plus, il s’agit de gisements sans faune et sans contexte archéologique bien défini. Le canton de La Selva s’étend entre la Serralada Transversal et la Costa Brava, limitant au nord avec les cantons du Gironès, de la Garrotxa, à l’ouest avec le canton d’Osona, celui du Vallès Oriental et, au sud avec celui du Maresme et à l’est avec celui du Baix Empordà. Ce canton se place, du point de vue de la tectonique, dans la Dépression Prélittorale Catalane, constituée par une longue fosse d’à peu près 100 Km de longueur, limité par la Chaîne littorale et Prélittorale. C’est dans son extrême nord que se situe le canton de La Selva.
Cette étude a été menée grâce aux prospections systématiques réalisées dans le canton de La Selva depuis 1976, moment où fut découvert le complexe le plus connu et le plus important de la dépression de La Selva, le Puig d’Esclats. Depuis cette découverte, le groupe de travail de l’Association Archéologique de Girona, groupe auquel la découverte du gisement a été communiquée par M. Nestor Sanchiz, a entrepris un programme de prospections systématique dans la zone. Cette prospection se déroule dans le temps depuis la première découverte et arrive à sa fin vers les années 80 (divers auteurs, 1985).
Le caractère géologique du canton n’a pas permis la formation de grottes ou abris. De ce fait, les occupations humaines, les gisements, sont à l’air libre, ce qui pose des problèmes concernant la conservation, les processus post-dépositionnels et toute autre sorte d’anthropisation du territoire. Ces caractéristiques sont certainement à l’origine du fait que la plupart des restes ne soient pas arrivés jusqu’à nous.
Les différents gisements du canton de La Selva correspondent à des gisements à l’air libre ou en terrasse. Ils n’ont pas de
Nous pouvons différencier deux zones aussi bien au niveau morphologique que géologique. La partie occidentale est 105
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 1. Situation des complexes de mode 2 de La Selva et de la vallée moyenne du Ter (divers auteurs, 1985 : p5).
caractérisée par la présence de matériaux hercyniens, avec une prédominance de reliefs abrupts et une végétation abondante tout le long du massif des Guilleries. Par contre, la partie orientale occupe la plus grande partie de la dépression tertiaire de La Selva, caractérisée par un relief vallonné compris entre 90 et 300 mètres (Solé Sabarís, 1948). En ce qui concerne l’étude technologique, les matrices morphogénétiques des gisements de La Selva présentent une grande diversité de Thèmes opératifs techniques (TOT). Dans les trois ensembles litho-techniques nous avons pu constater l’existence d’une grande présence des Bases naturelles ou galets non taillés ramenés par les hominidés.
Fig. 2: Plan géologique de la dépression de La Selva (Trilla i Estelrich, recueilli dans : Canal et Carbonell, 1989 : 207).
Les outils les plus représentés sont les bifaciaux, avec un double dièdre latéral associé à un trièdre transversal distal. Le deuxième type d’instrument représenté est celui de la configuration, sur la partir distal du support, des morphologies uniangulaires qui présentent un dièdre réalisé avec une taille unifaciale. Il s’agit des pics. Certains présentent une symétrie de la face frontale, ce sont les pics du Montgri, alors que d’autres montrent une asymétrie, ce sont les pics de Cresse. Le dernier type d’artefacts est mieux représenté dans les gisements de La Selva que les autres types. Cette stratégie de 106
J. Garcia I Garriga: Les technocomplexes acheuléens du Pléistocène moyen en plein air de la dépression de La Selva...
taille est orientée à la confection des bords droits ou légèrement convexes sur le côté transversal distal du support. Généralement, ces outils présentent une taille réalisée à partir de quelques extractions qui donnent des dièdres unifaciaux, des choppers, bien que d’autres fois ils soient bifaciaux, c’està-dire des chopping-tools. Chacun des outils présentés a été réalisé sur deux types de supports. Même si normalement on sélectionne les galets pour les transformer en outils, il est aussi fréquent que ceux-ci soit utilisés pour obtenir de grands éclats, souvent destinés à être configurés.
Puig d’en Roca (Gérone) ; c’est un des ensembles de gisements en surface situés sur des coteaux de la rive gauche du Ter, au Nord Est, dans les environs de la ville de Gérone. Les divers ensembles archéologiques de ce gisement (Carbonell, et al., 1988 ; Canal et Carbonell, 1989) sont répartis sur ces petites collines, sur les terrasses III et IV du Ter (Pallí, 1976). Le complexe du Puig d’en Roca I-II a été localisé dans la partie la plus élevée et c’est dans un de ses secteurs qu’a été réalisé un petit sondage nommé Puig d’en Roca Excavació (PREX). À l’est du premier ensemble, sur le petit promontoire du Turó de la Bateria, se situe le Puig d’en Roca III. Et finalement, le Puig d’en Roca IV, se trouve dans la dernière des terrasses de cette rivière. C’est sur les versants de ces formations, qu’un abondant registre lithique, d’environ 5 000 objets en position secondaire, a été récupéré.
L’étude de l’industrie lithique des trois complexes, nous a permis de mettre en évidence la présence de six stratégies différentes dans le but d’obtenir systématiquement des éclats. Il s’agit des systèmes d’exploitation des unifaciaux centripètes, des bifaciaux centripètes sans une hiérarchisation des faces taillées, des bifaciaux multipolaires centripètes ou discoïdes, des bifaciaux multipolaires centripètes hiérarchisés ou Levallois, des trifaciaux et des multifaciaux. En définitive, les systèmes centripètes prédominent dans la totalité des complexes étudiés.
3.2.- Les TOTI : Importance des Thèmes bifaciaux (unifacial centripète, bifacial centripète, bifacial multipolaire centripète et bifacial multipolaire centripète hiérarchisé). Ces TOTI sont composés d’une grande présence de BN1GE, mais aussi de BN2GE, de BN2GC et des produits de taille (BP1G et BP2G) et présence très importante de noyaux gérés avec des stratégies trifaciales et multifaciales. Cette particularité peut être due à l’exploitation si exhaustive (cryptogènes) que présentent les matrices.
Ainsi donc, les principales caractéristiques techniques de ces gisements sont les suivantes : 1.- Matières premières : Importance remarquable des quartzs en tant que matière première basique dans la réalisation des Thèmes Opératifs Techniques, l’utilisation du quartzite en tant que roche préférée dans les TOT les plus élaborés et les plus complexes et la présence très peu significative des matières premières restantes, qui sont utilisées de façon très sporadique et isolée.
La matière première la plus utilisée dans la taille est le quartz (85,6%), suivi du porphyre (4,7%), de la cornéenne (2,7%), du quartzite (2,7%) et du grès (2%) entre autres (Rodríguez, 1977). Selon cet auteur, le principal TOTD a été celui de la matérialisation de bords droits ou légèrement convexes dans la partie transversale distale. Les morphotypes du « biface » et de l’« hachereau » ont une représentation pratiquement testimoniale. La plupart des TOTI sont destinés à l’exploitation unifaciale centripète et bifaciale centripète sur l’une des faces, associée, sur l’autre, à la taille linéaire, bipolaire opposée ou orthogonale. Les séquences de configuration et ou d’exploitation réalisées sur BN2G de grand format sont rares, ce qui est un fait différentiel entre le Puig d’en Roca et les complexes de La Selva. Les BN2GC de petit format qui prédominent sont d’abord les denticulés (26,7%), suivis des racloirs (19,1%), des encoches (17,5%), des pointes (15,2%) et des abruptes continues (8,76%). Les catégories structurales les plus représentées sont les BP (39,3%), ainsi que les FRAGS (24,2%), les BN1G (17,1%), les BN2G (13,5%) et les Bn (5,6%).
2.- Catégories structurales : Présence de toutes les catégories structurales, prédominance des BP en tant que catégorie structurale la plus représentée et grande représentation des BN1G et des BN2G. 3.- Thèmes Opératifs Techniques (TOT) : 3.1.- Les TOTD : spéciale signification du Thème bifacial partiel/total, où l’on peut particulièrement remarquer les doubles dièdres associés à des trièdres transversaux distaux « bifaces », grande représentation du Thème unifacial triangulaire, avec des objets avec des trièdres transversaux distaux « pics » et prépondérance du Thème unifacial/bifacial droit-convexe.
En définitive, nous avons envisagé la possibilité que les activités de la taille du Puig d’en Roca se réalisèrent dans le Centre d’Intervention même (Carbonell, et al., 1988 ; Rodríguez, 1997). Celui-ci aurait fonctionné en même temps en tant que Centre d’Intervention de type Référentiel, où on aurait installé un campement central, développé dans un ample ensemble d’activités qui générèrent un registre lithique important ayant un ample spectre (Carbonell, et al., 1988 ; Canal et Carbonell, 1989). À partir de la relation entre les diverses terrasses fossiles de certains courants fluviaux et de l’étude morphotechnique des matériaux, la chronologie proposée pour les divers ensembles du Puig d’en Roca se situe entre les périodes du Mindel et du Mindel-Riss (Carbonell, et al., 1988).
4.- Aspects technologiques : Grande homogénéité de l’industrie lithique des gisements étudiés, grand format du registre lithique, obtention de BP de grandes dimensions, probablement obtenues par percussion de projection, pour les destiner aux séquences de configuration et / ou exploitation et sélection importante de FRAGS, qu’ils soient naturels ou anthropiques pour procéder à leur retouche. En définitive, dans l’ensemble de sites de La Selva, on a pu constater des caractéristiques technologiques qui confèrent à ces gisements une grande singularité dans leurs industries. Ces considérations techniques corroborent celles qui ont été exposées dans des travaux antérieurs (Canal et Carbonell, 1978 ; 1989). 107
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 3 : Matrice morphogénétique du Puig d’Esclats.
Fig. 4 : Matrice morphogénétique de la Casa Nova d’en Feliu.
Fig. 5 : Matrice morphogénétique de Can Burgés. 108
J. Garcia I Garriga: Les technocomplexes acheuléens du Pléistocène moyen en plein air de la dépression de La Selva...
Fig. 6.- Matrice morphogénétique du Puig d’en Roca Excavació (Rodríguez, 1997 : p. 86 et 91).
Fig. 7.- Matrice morphogénétique de Can Garriga (Rodríguez, 1997 : p. 119). 109
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Fig. 8.- Matrice morphogénétique du Cau del Duc de Torroella de Montgrí (Rodríguez, 1997 : p. 163).
Can Garriga (Sant Julià de Ramis, Girona) ; il s’agit d’un gisement en plein air en stratigraphie. Il est localisé sur la rive gauche de la deuxième terrasse de la rivière Ter (Pallí, 1976), sur le lit du torrent de la Garriga. Il n’a produit que du matériel lithique. Il est composé d’un total de quatre niveaux archéologiques constitués d’argiles, déposées dans des ambiances de charge hydrique, qui a supposé la formation de structures travertiniques. Celles-ci auraient leur origine à des moments de chaleur, tandis que les occupations humaines ont eu lieu pendant de petites crises climatiques (Giralt, et al., 1995).
chronologies de 87700 ± 2500 ka BP pour les niveaux travertiniques supérieurs au niveau 1, et de 103500 ± 3200 ka BP pour les travertins superposés au niveau 2 (Mora, et al., 1987). Le Cau del Duc de Torroella de Montgrí (Toroella de Montgrí Baix Empordà) ; c’est un des gisements dans une grotte localisé dans le Massís de Montgrí. Il ne reste aucun témoignage stratigraphique en raison des intenses phénomènes diagénétiques. Les restes archéologiques récupérés, lithiques et faunistiques, se trouvaient donc en position secondaire (Carbonell, 1985)
Les objets lithiques découverts dans les niveaux 1 et 2, qui sont ceux qui ont apporté le plus de matériel, sont au nombre de 430, et sont principalement taillés à l’aide de quartz, suivi de quartzite, de porphyre, de cornéenne, de granit, de syénite et de grès entre autres. En fonction du niveau étudié, de petites variations ont été observées (Rodríguez, et al., 1995 ; Rodríguez 1997). Les TOTD différenciés, malgré le petit nombre d’effectifs analysés, indiquent la présence de la taille bifaciale qui configure des bords convexes. Les TOTI les plus habituels sont la taille orthogonale et opposée, ainsi que la bifaciale multipolaire orthogonale sur une face et la bipolaire opposée ou orthogonale sur l’autre. Quelques matrices préconfigurées (« Levallois ») ont également été documentées. Les BN2GC de petit format plus fréquents dans le niveau 1 sont les encoches suivis des racloirs et des denticulés, et dans le niveau 2, les denticulés, les racloirs et les encoches. Les catégories structurales les plus représentées sont les FRAGS, ainsi que les BP, les BN2G, les Bn et les BN1G, qui présentent également quelques différences en fonction du niveau.
L’industrie lithique de ce gisement compte 6071 objets, taillés spécialement à l’aide de quartz (70,9%), suivi de cornéenne (10,8%), de quartzite (6,4%), de porphyre (4,5%), la pierre calcaire (2,7%) et le grès (1,6%). Rodríguez (1997), souligne la présence de deux TOTD, dont l’un répond à la réalisation d’instruments unifaciaux (« choppers ») ou bifaciaux (« chopping-tools ») avec des bords transversaux droits ou légèrement convexes, tandis que l’autre consiste en la configuration d’outils unifaciaux uniangulaires (« pics »). Les standards opératifs du « biface » et du « hachereau », bien que plus rares, sont également documentés. En définitive, la présence très réduite de « bifaces », contrairement à ce que nous avons constaté dans les complexes de La Selva, particulièrement dans le Puig d’Esclats, est interprété comme étant un transfert de leur potentialité vers celle de l’unifacial uniangulaire (Carbonell, et al., 1992). En ce qui concerne les TOTI, l’un des plus importants est celui de l’exploitation bifaciale centripète ; on remarquera l’existence d’interrelations entre ces TOTI. Il y a également une faible présence de la technique « Levallois ». Les séquences opératives mises en pratique sur les BN2G de grand format ont une bonne signification. Parmi les BN2GC de petit format, les racloirs (43,5%) et les denticulés (36,2%) sont spécialement prépondérants. Ils sont suivis des abruptes (5,8%), des grattoirs (4,3%) et des pointes (2,9%).
Les interprétations proposées dans les études réalisées, justifient les différences morphotechniques des niveaux 1 et 2 qui ont des fonctionnalités distinctes. Dans le niveau 1, il semble que les occupations qui se seraient établies étaient plutôt brèves, spécialisées dans les tâches de configuration, probablement destinées au processus de traitement de la faune. Dans le niveau 2, par contre, les occupations ont été beaucoup plus sporadiques et intenses et destinées également aux processus de configuration et d’exploitation (Rodríguez, et al., 1995 ; Rodríguez, 1997). Les datations réalisées par la méthode de l’Urani-Torri à Can Garriga, ont fourni des
Malgré la différence que nous venons de décrire entre le Cau del Duc de Toroella de Montgrí et les complexes de La Selva, nous devons remarquer que les caractéristiques techniques entre ces deux ensembles se ressemblent réellement. 110
J. Garcia I Garriga: Les technocomplexes acheuléens du Pléistocène moyen en plein air de la dépression de La Selva...
En ce qui concerne les catégories structurales documentées, la plus représentée est celle des FRAGS (56,7%), ainsi que les BP (33,7%), les BN1G (4,3%), les BN2G (3,3%) et les Bn (0,6%). En définitive, l’industrie de ce gisement « peut être définie comme une industrie à bords taillés avec de rares bifaces qui sont irréguliers et atypiques et dans laquelle prédomine l’outil du type « chopper » (Canal et Carbonell, 1980 : 13).
les suivantes : le nombre réduit d’objet lithiques, la faible diversification morphotechnique et morphofonctionnelle et l’absence de l’aménagement du territoire (Carbonell, et al., 1986). En résumé, nous pouvons donc affirmer que les gisements du Puig d’Esclats, de la Casa Nova d’en Feliu et Can Brugués agirent en tant que Centres d’Intervention Référentiels, où les habitants du paléolithique s’organisèrent et se structurèrent pour explorer et modifier de façon intense et systématique les ressources de cette région. En raison de la très faible présence de registre lithique, les technocomplexes restants de La Selva, auraient pu agir en tant que Centres d’Intervention Complémentaires qui dépendaient des Centres d’Intervention Référentiels, autour desquels les groupes humains auraient développé leurs activités de subsistance et de reproduction.
Les interprétations réalisées suggèrent que le Cau del Duc a fonctionné en tant que Centre d’Intervention Référentiel spécialisé dans la chasse des chevaux, un animal longuement identifié dans le registre osseux (Estévez, 1979). En même temps, les activités de la taille furent réalisées dans le Centre d’Intervention même (Carbonell, 1985 ; Canal et Carbonell, 1989 ; Rodríguez, 1997). La chronologie proposée pour cette opération irait, selon les indications des travaux d’Estévez (1979), du Riss, moment où se serait produite une partie importante de dépôt des sédiments de la grotte, aux premières phases du Würm lorsque seraient entrés les derniers apports sédimentaires.
Quant à la possible durée dans le temps et à la fréquence et à l’intensité avec lesquelles ces occupations eurent lieu et se produisirent, nous nous en remettrons aux études réalisées par Mora (1982) sur quelques-uns des gisements de cette même région et par Rodríguez (1997). Nous avons adapté ces approches aux caractéristiques spécifiques des gisements de La Selva, qui, comme nous l’avons déjà commenté, sont en surface et présentent une absence de contexte stratigraphique et de restes osseux, ce qui relativise nos hypothèses. De toute façon, nous pouvons suggérer quatre types différents d’occupations à partir des restes lithiques récupérés : ceux de longue durée ou continus avec la diversité des activités réalisées, ceux de longue durée ou continus destinés à la production d’instruments et de supports lithiques (BP), ceux de courte durée avec une ou diverses occupations à faible activité de production lithique et ceux de caractère sporadique avec une ou diverses occupations à faible activité de production lithique.
Une fois la question chronologique abordée à travers la comparaison technique de ces gisements, nous nous concentrerons sur un des aspects qui se réfèrent aux types d’occupations ou de fonctionnalité et à la durée de celles-ci dans les gisements que nous avons étudiés. Ces gisements sont établis en espaces concrets dans lesquels se produisent des relations sociales dont l’origine de façon différentielle se trouve dans l’environnement. Ces zones ou espaces géographiques ont été définies comme des Centres d’Intervention (C.I.). En fait, « Nous ne pouvons reconstruire les activités destinées à la reproduction de la vie communale que dans le centre d’intervention ; sa définition nous est donnée par ce caractère : le centre d’intervention est l’espace de la reproduction continue de ces conditions et de ces activités communales. C’est le seul espace sur tout le territoire exposé à l’action humaine où se reproduit la tradition technico-culturelle et où se développent les activités économiques propres à la fonction du centre d’intervention. Pendant le processus productif, la communauté peut développer des types différents de centres d’intervention. » (Carbonell, et al., 1983 : p. 97).
Selon ces approches, le Puig d’Esclats et La Casa Nova d’en Feliu pourraient correspondre à des occupations de longue durée ou continues où se réalisèrent un ensemble d’activités diversifiées. Nous pouvons argumenter cette hypothèse en nous basant sur le nombreux registre lithique qui a été récupéré, sur la grande dispersion du matériel lithique, sur la notable diversité morphotechnique autant de TOTI que d’objets correspondants à toutes les Unités Opératives Techniques et sur le pourcentage élevé de restes lithiques appropriés à la réalisation des TOTI. Dans le cas de Can Brugués, la plus grande représentation, par rapport au Puig d’Esclats et à La Casa Nova de Can Feliu, de BP provenant de la réalisation des séquences d’exploitation, ainsi que la spécialisation unique dans la matérialisation des TOTD unifaciaux ou bifaciaux qui consistent en la confection de bords droits ou légèrement convexes et le faible taux de configuration de BN2GC de petit format, nous font penser qu’il s’agit d’une occupation de longue durée spécialisée dans la production systématique d’instruments et de supports lithiques (BP).
Ainsi donc, l’un d’eux est celui qui est appelé Centre d’Intervention Référentiel (C.I.R.). C’est le cadre dans lequel sont réalisées un ensemble d’activités principales pour la subsistance et la reproduction du groupe. Ses caractéristiques basiques sont les suivantes : l’abondance de registre lithique synchronique, la diversité morphotechnique, la spécialisation morphofonctionnelle, l’aménagement de l’espace et la localisation potentiellement stratégique. Ces centres génèrent une importante activité sur eux-mêmes, de sorte qu’il peut se créer de manière synchronique ou diachronique, des foyers d’intervention anthropique dans leur environnement. Ceuxci sont appelés Centres d’Intervention Complémentaires (C.I.C.), où ne sont menées à terme que des relations immédiates avec l’environnement, telles que la chasse, l’approvisionnement en matières premières ou la production lithique. Leurs caractéristiques techniques fondamentales sont
Finalement, et comme hypothèse de travail, nous envisageons la possibilité qu’en raison du peu d’industrie qu’ils ont fourni, beaucoup de Centres d’Intervention Complémentaires du 111
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
canton de La Selva que nous mentionné auparavant, furent sûrement des occupations uniques ou successives avec des durées courtes et sporadiques qui générèrent une faible ou très faible activité de production lithique destinée aux tâches spécialisées. Certaines de ces tâches spécialisées pourraient avoir consisté au traitement des ressources faunistiques, mais l’absence de restes osseux dans le registre ne nous a pas permis d’affirmer avec sécurité.
CARBONELL, E., MARTÍNEZ, J., MORA, R. & MURO, I. (1986). Conceptos básicos en el análisis espacial. Coloquio sobre el microespacio. Seminario de Arqueología y Etnología Turolense. Colegio Universitario de Teruel. Núm. 7. Teruel. CARBONELL, E., GUILBAUD, M., MORA, R., MURO, I., SALA, R. & MIRALLES, J. (1988). El complex del Plistocè mitjà del Puig d’en Roca. C.S.I.C. Girona. CARBONELL, E., RODRÍGUEZ, X.P., SALA, R. & VAQUERO, M. (1992). New elements of the logical-analitic system. Cahier Noir. Núm. 6. ESTÉVEZ, J. (1979). La fauna del Pleistoceno catalán. Tesis doctoral. Universitat Autònoma de Barcelona. Cerdanyola del Vallés.
Adresse d’auteur Joan GARCIA I GARRIGA Àrea de Prehistòria. Departament d’Història i Geografia. Universitat Rovira i Virgili. Plç. Imperial Tarraco, 1. 43005 Tarragona, Spain. E-mail: [email protected]
GIRALT, S., VALLVERDÚ, J., SALA, R. & RODRÍGUEZ, X. P. (1995). Cronoestratigrafia i paleoclimatologia de l’ocupació humana a la vall mitjana del Ter al Pleistocè mitjà i superior inicial. In: Excavacions d’urgència a Sant Julià de Ramis (Anys 1991-1993). Agustí, B., Burch, J. & Merino, J. Ed. Centre d’Investigacions arqueològiques de Girona. Sèrie Monogràfica. Núm. 16. Girona. pp. 23-36.
Bibliographie
MORA, R. (1982). Estudio tecnològico de los complejos líticos al aire libre de la comarca de La Selva (Avellaners y Diable Coix) y comparación con l´Arbreda H43 (Serinyà). Tesis de llicenciatura. Universitat Central de Barcelona. Barcelona.
DIVERS AUTEURS. (1985). L’Axeulià de la comarca de La Selva. Butlletí de l´Associació Arqueològica de Girona. Núm. 6. pp. 522. CANAL, J. & CARBONELL, E. (1978). Nova aportació per l’estudi del Paleolític Inferior i Mig del NE de Catalunya. Revista de Girona. Núm. 83. pp. 265-288.
MORA, R., CARBONELL, E. & MARTÍNEZ, J. (1987). Can Garriga: un tecnocomplejo en contexto estratigràfico (Sant Julià de Ramis, Girona). Cuaternario y Geomorfología. Núm. 1. pp. 195-218.
CANAL, J. & CARBONELL, E. (1980). Los bifaces abbevilienses del Cau del Duc de Torroella de Montgrí. Butlletí de l´Associació Arqueològica de Girona. Núm. 3. pp. 4-14.
PALLÍ, L. (1976). Morfolitología de las terrazas del Ter en Girona. Anales de la Sección de Ciencias del Colegio Universitario de Girona. Núm. 1. Girona.
CANAL, J. & CARBONELL, E. (1989). Catalunya paleolítica. Diputació de Girona. Patronat Francesc Eiximenis. Girona.
RODRÍGUEZ, X. P. (1997). Los sistemas técnicos de producción lítica del Pleistoceno Inferior y Medio de la Península Ibérica: Variabilidad tecnológica entre yacimientos del noreste y de la Sierra de Atapuerca. Tesis doctoral. Dept. d’Història i Geografia. Universitat Rovira i Virgili. Tarragona.
CARBONELL, E. (1985). Mètode d´anàlisi aplicat a les indústries lítiques dels jaciments del Plistocè Mig del Massís del Montgrí (Catalunya, Espanya). Tesis doctoral. Université Paris VI. Paris.
RODRÍGUEZ, X. P., SALA, R., CASELLAS, S. & VALLVERDÚ, J. (1995). Ocupació antròpica de la vall mitjana del Ter en l’inici del Plistocè superior. In: Excavacions d’urgència a Sant Julià de Ramis (Anys 1991-1993). Agustí, B., Burch, J. & Merino, J. Ed. Centre d’Investigacions arqueològiques de Girona. Sèrie Monogràfica. Núm. 16. Girona. pp. 37-65.
CARBONELL, E., CANAL, J. & SANCHIZ, N. (1978). El achelense superior de Puig d´Esclats. La Selva (Gerona). Cuadernos de Prehistoria y Arqueología Castellonense. Diputación Provincial de Castellón de la Plana. Departamento de Arqueología. Núm. 5. Castellón de la Plana. pp. 7-30. CARBONELL, E., CEBRIÀ, A., ESTEBAN, A., MORA, R. & PARRA, I. (1983). Aproximació crítica a l’estudi dels espais prehistòrics. Estudis d’Història Agrària. Universitat de Barcelona. Barcelona. pp. 87-99.
SOLÉ SABARÍS, L. (1948). Observaciones sobre el Plioceno de la comarca de La Selva (Gerona). In: Estudios Geológicos. Barcelona. pp. 27.
112
O. Boeuf & P. Barbet: Approche taphonomique à partir des cervidés, des sites du Pliocène terminal de Chilhac...
APPROCHE TAPHONOMIQUE À PARTIR DES CERVIDÉS, DES SITES DU PLIOCÈNE TERMINAL DE CHILHAC, SENÈZE, ET BLASSAC-LA-GIRONDIE (HAUTE-LOIRE, FRANCE) Odile BOEUF & Pascal BARBET
Résumé : Les sites de Chilhac, Senèze et Blassac-la-Girondie (Haute-Loire) sont distants de moins de 10 km. les uns des autres. Les Cervidés sont inégalement représentés dans la faune de Chilhac (biozone Mn. 17), dans celle de Senèze (gisement type de la biozone Mn. 18) et dans celle de Blassac-la-Girondie (biozone Mn. 19). L’étude des éléments crâniens (osseux et dentaires) montre une conservation différentielle au niveau des espèces dans chacun de ces 3 sites. Les premiers résultats d’une étude taphonomique conduisent à émettre des hypothèses quant à la genèse de ces 3 gisements. Cette genèse est étroitement liée au volcanisme actif au Pliocène terminal. Les “galets-aménagés”, découverts à Chilhac (2 M.a) témoignent, en cette lointaine époque, de la présence d’Hominidés sur le continent eurasiatique. Abstract: The three fossiliferous sites of Chilhac (Mn. 17 biozone), Senèze (Mn. 18 type-biozone) and Blassac-la-Girondie (Mn. 19 biozone) (Haute-Loire, France) are 10 km. far from each other. The Cervids are unequally represented in the fauna of these three sites. The study of cranial bones and teeth shows a discriminating conservation between the species in these three places. The first results of taphonomic study suggest some hypothesis about the diagenesis of these sites. In this area, during the upper Pliocene, this diagenesis was associated with volcanoes. The first-published “Pebble-Culture” from Chilhac confirms that 2 millions years ago, human beings were present on the Eurasiatic continent.
INTRODUCTION
Le site de Chilhac, à l’extrémité Sud d’une importante faille séparant le horst cristallin de La Chomette du bassin de Paulhaguet (fig. 2), est à environ 1 km. au Nord du bourg, dans le petit vallon du Rabioulet, affluent de l’Allier. Deux gisements, CH.2. sur le versant Ouest et CH.3. sur le versant Est, constituent le site de Chilhac, à une altitude d’environ 100 m. au dessus du niveau actuel (470 m.) de l’Allier. Les sédiments fossilifères ne sont pas des alluvions fluviatiles mais le remplissage d’une petite cuvette volcano-tectonique (GUTH & al. 1979). Ces sédiments d’origine lacustre, auxquels sont intimement mêlés des éléments volcaniques (grande quantité de cendres fines et indurées), révèlent, en même temps qu’une très belle faune, la conservation d’empreintes en creux d’éléments végétaux (BOEUF 1996) à l’origine de la découverte de Protiste: thécamoebien (BOEUF & GILBERT 1997). Une coulée de basalte, d’environ 2 M.a. (datations par la méthode K/Ar.) (in:
GEOGRAPHIE et GEOLOGIE Les sites de Chilhac, Senèze et Blassac-la-Girondie sont en Haute-Loire (France). Géographiquement proches, ils sont étroitement liés au volcanisme qui fut actif dans cette région au cours du Pliocène terminal (BOEUF 1983, BOEUF & al. 1992, BOEUF 1997). Sur la rive gauche du Rhône le site de Saint-Vallier (Drôme) (fig. 1) est considéré comme type de la biozone Mn.17 (MEIN 1975, GUERIN 1982). Il ne sera pas question ici du site du Mont-Coupet (fig. 2.) qui appartient au même ensemble volcanique mais, il faut insister à nouveau sur le fait que "la" faune du Coupet, connue à ce jour et rapportée à la biozone Mn.18, n’est pas un ensemble homogène. Les éléments la constituant proviennent de sédiments de formations très différentes les unes des autres.
Figure 1 - Situation géographique des gisements. Geographic location of fossiliferous localities area. 113
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 2 - Carte géologique régionale. Geological map of fossiliferous localities area.
BOEUF 1983, 1992) et de polarité inverse (PREVÔT 1975), scelle les sédiments fossilifères de CH.2.. La stratigraphie de CH.3. est moins évidente, cependant il semble bien que du volcanisme, sur le versant Nord-Ouest du "Pié des Varennes", de 2 à 2,3 M.a. soit la phase ultime de ce remplissage. Le site de Senèze (fig. 1-2) à 10 km. au Nord de Chilhac est situé dans un maar d’explosion (BOEUF 1997). Du bord Ouest du cratère, une coulée de basanite, de 2,3 M.a. et de polarité inverse (PREVÔT 1975), s’est épanchée en direction de l’Allier. Après cet épisode éruptif, un épisode explosif ouvre un maar de 750 m. de diamètre dans lequel se sont accumulés plus de 175 m. de dépôts lacustres argileux. Le sommet des sédiments lacustres contient la plus grande partie de la faune de Senèze pour laquelle, après discussions (BOEUF & al. 1992) un âge proche de 2 M.a. a été proposé (entre épisodes : Réunion et Olduvaï) (fig. 3). Quelques éléments de cette faune furent recueillis à la base de "dépôts de versants" dont P. BOUT (1970) pense : "..il est possible que les dépôts de versant aient repris à Senèze, des témoins lacustres laissés pour compte sur les bords du maar lors d’un début de déblaiement en relation avec l’approfondissement de l’exutoire (vers le Nord). Dans ce cas, la faune des dépôts de versant n’a guère de raison de différer de celle des argiles lacustres même si elle provient de couches initialement plus haut situées.".
Le site de Blassac-la-Girondie (fig. 1-2) se situe à environ 5 km. en aval et au Nord-Ouest de Chilhac, dans un méandre de l’Allier. Les sédiments fossilifères reposent sur un lit d’alluvions fluviatiles constituées de galets roulés, principalement basaltiques, dont l’âge absolu est de l’ordre de 2,8 M.a. ± 0,3 M.a.. Les sédiments, fossilifères de la base au sommet, sont scellés par un tuf volcanique ayant précédé de peu une coulée de basalte se présentant actuellement en falaise, d’une quarantaine de mètres de haut, au dessus du gisement (BOEUF 1997). L’âge de ce basalte (environ 1,9 Ma.) et son paléomagnétisme de polarité "normale" situe son écoulement à la base de l’épisode d’Olduvaï. FAUNES En ce qui concerne les faunes de ces trois sites du MassifCentral français : celle de Chilhac (biozone Mn. 17) est antérieure à l’un des épisodes Réunion, celle de Senèze (type de la biozone Mn. 18) est un peu plus récente que cet épisode Réunion, quant à celle de Blassac-la-Girondie (biozone Mn. 19), elle est proche ou au plus à la base de l’épisode d’Olduvaï (fig. 3). La faune de Chilhac est connue par la découverte de tonnes de matériel dont des milliers de pièces fossiles déterminables, d’une remarquable qualité de conservation. Pour les Cervidés, le squelette complet de Cervus philisi (fig. 5) (BEDEN 1970) 114
O. Boeuf & P. Barbet: Approche taphonomique à partir des cervidés, des sites du Pliocène terminal de Chilhac...
Megantereon megantereon [renommé : Megantereon cultridens], Pachycrocuta perrieri [renommée Pliocrocuta perrieri], Ursus aff. minimus plutôt qu’Ursus etruscus, Nyctereutes megamastoïdes, Homotherium crenatidens, [Vulpes(?) et Canis (?)], Hystrix sp., Castor sp.; auxquelles il faut ajouter 3 espèces d’Oiseaux et un Protiste : thécamoebien. La faune de Senèze (BOULE 1892, SCHAUB 1943, HEINTZ 1970, PRAT 1980) est mondialement connue par des fossiles découverts, pour certains d’entre eux, en connexion anatomique. Les Mammifères sont représentés par une trentaine d’espèces dont : - Mammuthus meridionalis, Dicerorhinus etruscus etruscus, Equus stenonis senezensis, Equus bressanus, Sus strozzi, Leptobos etruscus, Leptobos furtivus, Gallogoral meneghinii, Procamptoceras brivatense, Gazellospira torticornis, Pliotragus ardeus, Megalovis latifrons, Gazella borbonica, Croizetoceros ramosus, Eucladoceros senezensis, Cervus philisi philisi, Libralces gallicus (dénommé aussi Alces gallicus), Ursus etruscus, Pachycrocuta perrieri, Nyctereutes megamastoïdes, Acinonyx pardinensis, Megantereon megantereon, Homotherium crenatidens, Canis senezensis, Paradolichopithecus arvernensis. De la faune de Blassac-la-Girondie, 11 espèces de mammifères furent reconnues par BEDEN & GUTH (1970) puis une douzième par Chr. GUTH (1975). L’étude des Cervidés (BOEUF et al. 1992) a permis d’établir la liste suivante : - Cervus ischnoceros, Eucladoceros cf. teguliensis, Alces cf. carnutorum, Leptobos etruscus, Equus stenonis cf. senezensis, Equus cf. bressanus, Dicerorhinus etruscus (Stephanorhinus etruscus), Canis etruscus, Pachycrocuta perrieri, Panthera sp., Megantereon megantereon, Ursus etruscus, Mammuthus meridionalis.
Figure 3 – Échelle de polarité géomagnétique. Geomagnetic scale.
en est le plus bel exemple. Cette faune comprend à l’heure actuelle plus de 15 espèces de Mammifères : - Anancus arvernensis chilhiacensis, Mammuthus meridionalis, Dicerorhinus etruscus [renommé par certains auteurs Stephanorhinus etruscus], Equus stenonis guthi, Eucladoceros senezensis, Cervus philisi, Croizetoceros ramosus, Gallogoral meneghinii, Gazellospira torticornis,
CHILHAC biozone Mn. 17
LES CERVIDES A ce jour les Cervidae : Eucladoceros senezensis, Cervus philisi, Croizetoceros ramosus sont reconnus tant à Chilhac qu’à Saint-Vallier. A Senèze il faut y ajouter le genre Libralces
SENÈZE biozone Mn. 18
Eucladoceros senezensis
BLASSAC-la-GIRONDIE biozone Mn. 19
Eucladoceros senezensis senezensis Eucladoceros cf. teguliensis
--------------------------------------
--------------------------------------------------------
Cervus philisi
Cervus philisi philisi
-----------------------------------------------------------Cervus ischnoceros
--------------------------------------
--------------------------------------------------------
Croizetoceros ramosus
Croizetoceros ramosus
--------------------------------------
--------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Libralces gallicus (ou Alces) Alces cf. carnutorum Figure 4 - Cervidés des sites du Pliocène terminal de Haute-Loire, France. Cervidae from upper pliocene sites of Haute-Loire, France. 115
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 5 – Cervus philisi découvert ainsi, en connexion anatomique, sur le site de CH.2a. Cervus philisi, articulated skeleton, from CH.2a site, Chilhac, France.
[ou Alces] (AZZAROLI 1952). A Blassac-la-Girondie furent découverts : Eucladoceros cf. teguliensis (peu de fossiles), Cervus ischnoceros (possible descendant de Cervus philisi) et un Alces cf. carnutorum. L’espèce Croizetoceros ramosus n’est plus présente ici.
entre la population d’Eucladoceros de Tegelen et celle de Senèze. A Chilhac le genre Eucladoceros est, parmi les 3 Cervidés connus, celui qui est le mieux représenté en quantité de matériel fossile découvert à ce jour (fig. 7). Les populations reconnues de ces 3 Cervidés, à Senèze, sont en proportions similaires. Les fossiles rapportés au genre Eucladoceros sont répartis, quantitativement, de façon similaire à CH2 et CH3 (Chilhac). Le matériel crânien actuellement connu comprend : un crâne complet et 7 autres sans partie faciale, 17 massacres et 8 bois fragmentaires, un maxillaire complet et 3 fragmentaires, une mandibule complète et une vingtaine fragmentaires, enfin, plus de 70 dents isolées.
Le genre Eucladoceros est bien représenté dans les différents gisements européens des biozones Mn. 17 et Mn. 18. Il semble apparaître au cours de la biozone Mn. 16 et ne pas dépasser la biozone Mn. 20. Il n’est nullement question, dans ce travail, d’ouvrir une discussion sur l’ensemble des espèces attribuées à ce genre ainsi que sur l’effort de recherche de synonymies proposées notamment par AZZAROLI & MAZZA (1992) puis de VOS & al. (1995). Nous maintenons cependant l’identité des espèces Eucladoceros senezensis et Eucladoceros teguliensis. Il semble que le matériel fossile, la stratigraphie et l’âge reconnus au site de Tegelen, ne permettent pas d’établir une synonymie d’ordre spécifique, satisfaisante,
Une étude comparative paléontologique et taphonomique (en cours) est réalisée avec les populations de Cervidés de sites géographiquement ou stratigraphiquement proches tels que Senèze (Haute-Loire) [principalement fouilles P. Philis] (SCHAUB 1943) et Saint-Vallier (Drôme) [fouilles de J. 116
O. Boeuf & P. Barbet: Approche taphonomique à partir des cervidés, des sites du Pliocène terminal de Chilhac...
Figure 6 – bois et, crâne d’Eucladoceros senezensis à CH.3. en 1990. Eucladoceros senezensis, antlers and skull (under plaster), from CH.3. site, (1990).
Figure 7 – Répartition des Cervidés à Chilhac (228 éléments anatomiquement déterminables (dents, Maxillaires, mandibules). Species –percentage of Chilhac – Cervidae (228 fossils remains: upper and lower, teeth and maxillaries).
VIRET] (VIRET 1954). Le site de Blassac-la-Girondie (Haute-Loire) n’a livré du genre Eucladoceros, que trop peu de fossiles pour des comparaisons satisfaisantes alors que, de ce site, sont connus près de 300 restes identifiables (crâniens et dentaires) de l’espèce Cervus ischnoceros.
sont, proportionnellement, en plus grand nombre que les dents isolées (fig. 8 et 9). Au sujet de l’étude des ramures concernant les 3 espèces de Cervidés reconnues sur le site de Chilhac, il faut remarquer l’absence quasi-totale de bois de chute (fig. 10) dont aucun du genre Eucladoceros. Ces populations représentent certainement une image saisonnière ponctuelle. Il n’y a pas de crâne inerme, n’y aurait-il pas de femelles ? Il n’a pas été découvert de bois de très jeunes individus. Il pourrait s’agir d’une harde de mâles et non d’une population d’individus des 2 sexes et de tous âges.
A propos d’Eucladoceros du site de Chilhac, bien que les fossiles soient conservés sans déformation, les crânes sont le plus souvent sectionnés au niveau de l’Ethmoïde, région particulièrement vulnérable car zone de jonction entre la face et la partie céphalique. Il est à remarquer que ceci n’est pas le cas pour la plupart des crânes de Cervus ischnoceros découverts à Blassac-la-Girondie où la conservation du matériel fossile est différente. Cela tient, sans aucun doute, à la nature du sédiment fossilifère, ici un dépôt deltaïque, donc lié à la genèse de chacun des sites considérés. Du matériel crânien de Cervus ischnoceros les pièces osseuses complètes
L’analyse du matériel dentaire a permis de tracer la courbe de mortalité de cet Eucladoceros de Chilhac (fig. 11). Elle est de type catastrophique. Cette courbe est représentative car 44 individus sont dénombrés à ce jour. Cette population 117
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 8 – Répartition du matériel dentaire fossile (156 éléments) d’Eucladoceros senezensis, de Chilhac. Eucladoceros senezensis dentition percentage (156 fossil remains) from Chilhac site, France.
Figure 9 – Répartition du matériel dentaire fossile de Cervus ischnoceros, du site de Blassac-la-Girondie, France. Cervus ischnoceros dentition percentage (266 fossils remains) from Blassac-la-Girondie site, France.
du grand cerf de Chilhac constitué de jeunes adultes au plus vieux mâles, pourrait avoir péri entre la fin de l’été et le début de l’hiver, donc dans un temps très bref ce qui, là encore, accrédite l’hypothèse d’une mortalité de type catastrophique.
absence de bois de chute (uniquement 2 bois de chute sur un total de plus de 60) et de crânes inermes, comme pour Eucladoceros de Chilhac, fait penser que cette population de Cervus ischnoceros représente plutôt des hardes de mâles, morts «ponctuellement» au cours d’une période limitée de l’année, "sans doute à la faveur de crues".
En ce qui concerne la population de Cervus ischnoceros de Blassac-la-Girondie, dont nous venons de dire que cette espèce est nettement dominante, en nombre, par rapport aux autres Cervidés de ce site, l’analyse du matériel dentaire a permis de tracer la courbe de mortalité (fig. 11). Le nombre de jeunes n’est certes pas négligeable mais le nombre total d’individus des différentes classes d’âges, parmi les adultes, est tel qu’il permet d’interpréter cette courbe comme indicatrice d’une mortalité de type catastrophique. La quasi
L’étude anatomique comparative des fossiles attribués au genre Eucladoceros de Chilhac et Saint-Vallier laissent supposer que ces 2 populations doivent être assez proches l’une de l’autre. Les différences reconnues pourraient être dues à des différences géographiques et, peut-être également à une légère différence stratigraphique. L’étude comparative des bois de l’Eucladoceros de Chilhac et de celui de Senèze, met en évidence des 118
O. Boeuf & P. Barbet: Approche taphonomique à partir des cervidés, des sites du Pliocène terminal de Chilhac...
Figure 10 – Répartition des bois incomplets, bois de chute et massacres (109 éléments) de Chilhac, France. Distribution of 109 fossils- remains (incomplete antlers,coast-antlers and skulls with antlers) from Chilhac.
Figure 11 – Classes d’âges établies à partir des restes fossiles : d’Eucladoceros senezensis de Chilhac (à gauche) et de Cervus ischnoceros de Blassac-la-Girondie (à droite). Age-distribution of Cervidae : Eucladoceros senezensis from Chilhac (on the left) and Cervus ischnoceros from Blassac-la-Girondie (on the right).
caractéristiques propres à chacune de ces populations, qui pourraient s’expliquer par une différence stratigraphique entre ces deux gisements qui ne sont distants que de 10 km. l’un de l’autre (BARBET 2000, BOEUF & BARBET sous presse). Cette première analyse des restes crâniens d’ Eucladoceros senezensis de Chilhac, semble donc bien nous conduire à des conclusions similaires à celles obtenues lors de l’étude d’autres Ongulés (BOEUF 1986, 1992, 1995 et 1997).
traces d’oxydation (Fe et Mn ) observées sur certains fossiles pourraient bien être interprétées comme le témoignage de l’association d’un milieu humide et volcanique. CONCLUSION Les trois sites de Chilhac, Senèze et Blassac-la-Girondie, géographiquement très proches, peuvent être datés du Pliocène terminal, compte tenu des résultats obtenus (datations absolues et paléomagnétisme) sur les coulées volcaniques étroitement associées à la genèse et/ou la conservation de ces sites.
L’étude, en cours, du squelette post-crânien nous permettra d’infirmer ou de confirmer la réelle individualisation de l’Eucladoceros de Chilhac. Sur le site de Chilhac le matériel fossile a semble t-il très peu subi les effets du weathering (dégradation des composants organiques et inorganiques d’un os par des agents physiques et chimiques in situ, dans le sol ou à la surface du sol). Les
Les faunes de ces 3 gisements, partiellement bien connues et encore en cours d’étude, ont en commun l’importante incidence du milieu volcanique environnant. 119
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 12 – Les 5 premiers "galets aménagés" découverts à Chilhac, France (plus de 2 Ma.). Pebble-culture (2 millions.years) from Chilhac, the first five published.
L’étude des Cervidés montre des caractéristiques spécifiques ou de populations propres à chacun de ces 3 sites. Ces résultats ne peuvent être attribués qu’à des différences stratigraphiques qui sont tout à fait concordants avec les âges absolus obtenus au niveau du volcanisme. Pour les Cervidés des sites de Chilhac et de Blassac-la-Girondie, il est à remarquer : l’absence de crânes inermes (pas de femelles ?) et pour ainsi dire pas de très jeunes animaux. Les courbes de mortalité, de type catastrophique, nous font conclure à la présence des hardes de mâles, morts au cours d’une période limitée de l’année. Y avait-il de grands déplacements des populations d’Herbivores à travers un vaste territoire, comme on l’observe aujourd’hui en certaines régions de savanes ? Les rives tant de l’Allier (Blassac-la-Girondie) que de ces "lacs" de semimontagne (Chilhac et Senèze) devenaient peut être des zones plus hospitalières ou plus recherchées à certaines saisons.
sur le continent eurasiatique à une époque aussi reculée (2 Ma.). Cette découverte alimenta bien des polémiques entretenues par des interrogations concernant l’ancienneté de ces objets taillés de main d’Hommes et de leur réelle position in situ. Ces découvertes suscitèrent un nouvel élan de recherche dans des niveaux statigraphiques jugés similaires, tant dans la région que dans d’autres pays circumméditerranéens. Ces recherches sont très heureusement fructueuses et des découvertes plus ou moins spectaculaires permettent d’écrire de nouvelles pages de l’Histoire de l’Humanité sur le continent eurasiatique. Les restes d’Hominidés de Dmanisi (Géorgie) datés de plus de 1,7 Ma. sont remarquables. Tous ces éléments rendent aujourd’hui encore plus plausible la découverte qui fut faite à Chilhac. Remerciements
La répartition dans l’espace, actuellement connue, des fossiles découverts tant à Chilhac qu’à Blassac-la-Girondie exclue l’idée d’intervention anthropique sur les assemblages osseux fossilifères. A ce jour, aucune trace de décarnisation n’a été décelée sur les fossiles.
Au Professeur Yves COPPENS, Membre de l’Institut, Chaire de Paléoanthropologie et Préhistoire au Collège de France et au Professeur Henry de LUMLEY du Museum d’Histoire Naturelle de Paris, Directeur de l’Institut de Paléontologie Humaine, pour des crédits accordés pour cette étude. A Véronique BELLEFET pour les photos.
Les sites de Chilhac, Senèze et Blassac-la-Girondie se caractérisent par la découverte de nombreuses pièces fossiles en connexion anatomique, il ne s’est donc pas produit de remaniements ultérieurs aux dépôts.
Adresses des auteurs
N’oublions pas que c’est dans ce contexte favorable, qui demande de nouvelles et plus vastes investigations de terrain, qu’à eu lieu, pour la première fois au début des années 1970 (GUTH 1974) (fig. 12) la découverte à Chilhac des premiers «galets aménagés», témoignage de l’existence d’Hominidés
O. BOEUF Université de Poitiers, Faculté des Sciences, U.M.R. 6046 du C.N.R.S., laboratoire de Géobiologie, Biochronologie et Paléontologie Humaine, 40 avenue du Recteur Pineau. 86022 POITIERS cedex, FRANCE. 120
O. Boeuf & P. Barbet: Approche taphonomique à partir des cervidés, des sites du Pliocène terminal de Chilhac...
P. BARBET Museum d’Histoire Naturelle, Institut de Paléontologie Humaine, 1 rue René Panhard. 75013 PARIS, FRANCE.
France). in : "Les dossiers de l’Archéo-logis", n°1 : TEPHRAS. C.D.E.R.A.D. édit., 43150 Goudet, France. pp. 129-136. BOEUF O.& BARBET P. (sous presse), A propos des Ongulés, première analyse d’Eucladoceros senezensis des sites, du Pliocène terminal, de Chilhac, Senèze et Blassac-la-Girondie, (HauteLoire) France.
Bibliographie
BOULE M., 1892, Découverte d’un squelette d’ Elephas meridionalis dans les cendres basaltiques du volcan de Senèze (Haute-Loire). Comptes Rendus de l’Académie des Sciences. Paris. 24 Octobre 1892, 3 p..
AZZAROLI A., 1952, L’Alce di Senèze. Palaeontographia italica. Pisa. vol. 47 (nov.ser. vol.17), pp.133-141. AZZAROLI A & MAZZA P., 1992, The cervid genus Eucladoceros in the early Pleistocene of Tuscany. Palaeontographia Italica. Pisa. t.79, pp.43-100.
BOUT P., 1970, Problèmes de volcanisme, XV, Le maar de Senèze (Haute-Loire). La Revue d’Auvergne. t. 84, (1), pp. 54-68. GUTH Chr., 1974, Découverte dans le Villafranchien d’Auvergne, de "galets aménagés". Comptes Rendus de l’Académie des Sciences. Paris. série D, t. 279, pp. 1071-1072.
BARBET P., 2000, Contribution à l’étude des restes crâniens d’Eucladoceros senezensis du site Plio-Pléistocène de Chilhac (Haute-Loire), étude paléontologique, biochronologique, paléoécologique et taphonomique. D.E.A., Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, Institut de Paléontologie Humaine . 27 juin 2000, 137 p., (inédit).
GUTH Chr., 1975, Chilhac et Blassac-la-Girondie, deux gisements villafranchiens de la vallée de l’Allier. In : Colloque international C.N.R.S.,n°218, Problèmes actuels de Paléontologie, Evolution des Vertébrés. Paris, juin 1973. édit. C.N.R.S. PARIS. pp. 627– 630.
BEDEN M., 1970, Découverte d’un squelette de Cervus philisi Schaub 1941, dans le gisement villafranchien de Chilhac (HauteLoire). Bulletin des Sciences de la Terre. Université de Poitiers. t. XI, 11 p..
GUTH Chr., BOEUF O., LATREILLE G. & MEON H., 1979, Etudes paléontologique, sédimentologique et palynologique du gisement Pléistocène inférieur de Chilhac III (Haute-Loire). In : 7e. Réunion Annuelle des Sciences de la Terre, LYON. édit. Société Géologique de France, Paris. p.244.
BEDEN M. & GUTH Chr., 1970., Un nouveau gisement de Vertébrés du Villafranchien de la vallée de l’Allier. Comptes Rendus de l’Académie. des Sciences. Paris. série D., t. 271, pp. 168 – 171.
GUERIN Cl., 1982, Première biozonation du Pléistocène européen, principal résultat biostratigraphique de l’étude des Rhinocerotidae (Mammalia, Perissodactyla) du Miocène terminal au Pléistocène supérieur. GEOBIOS, Lyon. t. 15, fasc. 4, pp. 593 –598.
BOEUF O., 1983, Le site villafranchien de Chilhac (Haute-Loire, France), Etude paléontologique et biochronologique. Thèse de Doctorat d’Etat, Université de Paris VII. Paris, 253 p..
HEINTZ E., 1970, Les Cervidés villafranchiens de France et d’Espagne. Mémoires du Museum d’Histoire Naturelle de Paris. n.s. série C., Sciences de la Terre, t. 22, vol. 1 : 303 p., 40 pl.,& vol. 2 : 319 fig., 131 tabl..
BOEUF O., 1986, L’équidé du site villafranchien de Chilhac (HauteLoire, France) : Equus stenonis guthi nov. subsp.. Annales de Paléontologie (Vert-Invert.). Paris. vol. 72, (1), pp. 29-67. BOEUF O., 1992, Anancus arvernensis chilhiacensis nov. subsp. (Proboscidea, Mammalia), un mastodonte du Plio-Pléistocène de Haute-Loire, France. GEOBIOS, Lyon. Mémoire spécial n°14, pp. 179 – 188.
MEIN P., 1975, Résultat du groupe de travail des Vertébrés. In : I.U.G.S, regional committee on Mediterranean Neogene Stratigraphy. pp. 77–91. PRAT F., 1980, Les Equidés villafranchiens en France, genre Equus. Cahiers du Quaternaire, Bordeaux. n° 2, édit. du C.N.R.S. BORDEAUX, 1 vol., 291 p.
BOEUF O., GERAADS D. & GUTH Chr., 1992, Les Cervidés villafranchiens de Blassac-la-Girondie, Haute-Loire, France. Annales de Paléontologie. PARIS, Masson édit., vol.78, (3), pp.159-187, 7fig., 5 pl.h.t..
PREVÔT M., 1975, Magnétisme et minéralogie magnétique de roches néogènes et quaternaires, contribution au paléomagnétisme et à la géologie du Velay. Thèse de Doctorat d’Etat (Sciences Physiques), Université Pierre et Marie Curie, Paris. n° C.N.R.S. : A.O. 10885, 443 p..
BOEUF O., 1995, Le Dicerorhinus etruscus (Rhinocerotidae, Mammalia) du site Pliocène supérieur de Chilhac (Haute-Loire, France). GEOBIOS. Lyon. t. 28, (3), pp. 383 – 391. BOEUF O., 1996, Premières empreintes végétales du site pliocène supérieur de CH.2b, Chilhac, Haute-Loire, France. Comptes Rendus de l’Académie des Sciences, Paris, (2a), t.323, pp. 965971.
SCHAUB S., 1943, Die oberpliocaene Saugetierfauna von Senèze (Haute-Loire, France) und ihre verbreitungsgeschichtliche Stellung. Eclogae Geologicae Helvetiae. BÂLE, vol. 36, n° 2, Déc. 1943, pp. 270–289, 8 fig.
BOEUF O., 1997, A propos de Chilhac, Senèze, Blassac-la-Girondie (Haute-Loire, France), gisements du Pliocène terminal, leur intérêt biochronologique. In : Actes du Congrès BiochroM’97.. Mém. Trav. E.P.H.E. Montpellier. t.21, pp. 661-668, 9 fig..
VIRET J., 1954, Le loess à bancs durcis de Saint-Vallier (Drôme) et sa faune de mammifères villafranchiens. Nouvelles Archives du Museum d’Histoire Naturelle de Lyon. Lyon. fasc. 4, 200 p., XXXIII pl..
BOEUF O. & GILBERT D. 1997, Présence de Thécamoebiens du genre Trinema, au Pliocène supérieur, découverte à Chilhac (Haute-Loire). Comptes Rendus de l’Académie des Sciences. Sciences de la Terre et des Planètes. Paris. t.325 pp. 623-627.
VOS J. de, MOL D. & REUMER J.W.F., 1995, Early Pleistocene Cervidae (Mammalia, Artiodactyla) from the Oosterschelde (The Netherlands), with a revision of the cervid genus Eucladoceros Falconer, 1868.
BOEUF O., 2001, Volcanisme et importance des sites, du Pliocène terminal, de Chilhac, Senèze et Blassac-la-Girondie (Haute-Loire,
121
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
122
U. Thun Hohenstein et al.: Bone Surface Micromorphological Study of the Faunal Remains...
BONE SURFACE MICROMORPHOLOGICAL STUDY OF THE FAUNAL REMAINS FROM THE LOWER PALAEOLITHIC SITE OF ISERNIA LA PINETA (MOLISE, ITALY) Ursula THUN HOHENSTEIN*, Giancarla MALERBA**, Giacomo GIACOBINI** & Carlo PERETTO*
Résume: L’étude micromorphologique des surfaces osseuse conduite sur les restes fauniques du site du Paléolithique inférieur d’Isernia La Pineta a fourni une contribution ultérieure pour la compréhension de l’exploitation des carcasses animales, de la part des hominidés qui ont fréquenté ce site. Certains restes présentent des surfaces osseuses relativement bien conservées au niveau macroscopique, mais plusieurs montrent un état plus ou moins avancé d’altération des surfaces, causé par des facteurs pré- et post-dépositionnels. L’identification de traces de boucherie sur les restes paléontologiques d’Isernia La Pineta est rendu difficile par la présence de cristaux d’origine volcanique présents dans le sédiment, qui ont souvent produit par piétinement des stries linéaires qui peuvent être confondues avec des traces de découpe. Cependant, l’observation au microscope électronique à balayage des surfaces osseuses a consenti l’identification de caractéristiques microscopiques diagnostiques de traces produites par l’utilisation d’un outil lithique, ainsi que de stigmates produites par une variété de facteurs non anthropiques. Abstract: A micromorphological study carried out on the surface of bone remains from the Lower Palaeolithic site of Isernia La Pineta has made a further contribution towards understanding the exploitation of animal carcasses by the prehistoric hominids in this site. Some remains have relatively well preserved surfaces at a macroscopic level, although many show more or less advanced surface alterations caused by pre- and postdepositional action. The identification of cutmarks on these remains was complicated by the presence of crystals of volcanic origin in the sediment which produced linear trampling marks morphologically confusable with cutmarks. However, observation of bone surfaces by Scanning Electron Microscopy allowed identification of morphological characteristics diagnostic of cutmarks and of marks produced by a variety of non anthropic factors.
INTRODUCTION
The excavation campaign began again in 2000 (Peretto et al., 2001) after the construction of a Pavilion which covers the excavation area, and of an adjoining Museum which is now at an advanced phase of construction.
The site of Isernia la Pineta was discovered in 1978 during excavation work for the construction of the Naples-Vasto motorway. Campaigns conducted by one of the authors (C.P.) brought to light three living-floors in the first sector of excavations, with evidence of human occupation (Cremaschi & Peretto, 1988). The most ancient, t 3c, lies on a travertine deposit at the base of the stratigraphic series, and is separated from t 3a by a greyish silty deposit 70 centimetres thick resulting from a flood. T 3a, the second living floor, is the richest and most extensive among those so far identified at Isernia. It was subsequently covered by fluvial deposits which became dominant; these were accompanied by volcanic events which led to the deposition of tuffs and other volcanic material used for the radiometric datings. During this phase humans camped once again in the area, leaving the remains of two further living floors (t3a in the second sector and t 3S10 in the first sector). The age of the site, 736,000±40,000 BP (Delitala et al., 1983), was obtained using the potassium/ argon method on sanidine crystals related to volcanic activity coming from the sediments which cover living floor 3a. Other dates of about 500,000 BP were calculated on the volcanic tuffs lying at the top of the stratigraphic series. These dates are in agreement with the data which emerged from the paleomagnetic analyses (Coltorti et al., 1982).
The three living-floors are characterised by intensive human occupation, as highlighted by a remarkable concentration of lithic artefacts with associated faunal assemblage (Peretto, 1999; Peretto et al., 2000). Technological analyses carried out on the lithic industry, particularly the presence of refittings and the absence of any traces connected with postdepositional phenomena on the surface of the remains, enable us to establish that the lithic implements were knapped at the site and were not displaced after the camp was abandoned (Peretto, 1994). Furthermore, use-wear analysis has shown that only the flakes were used for butchery activities, especially for the exploitation of meat and tendons (Longo, 1994). Archaeozoological and taphonomic studies have demonstrated that humans were mainly responsible for the accumulation of the faunal assemblage, as shown by the selection of the species and bone elements represented at the site (Anconetani, 1996), as well as by the systematic fracturing of long bones and mandibles for alimentary purposes (Anconetani et alii 1998; Giusberti & Peretto, 123
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
1991). Bison, rhinoceros, elephant and bear were numerous, while hippopotamus, wild boar, cervids and small bovids were rarer. Only one carnassial lion tooth was found. Other finds belong to small rodents, aquatic birds, turtles and fishes (Sala, 1996).
walls and its transverse V section, the point of entry of the tool (linear) and of exit (comet-tail or swallow-tail), the secondary striations inside the main sulcus and eventual parasite striae caused by accidental contact of the use-worn edge of the flake.
The aim of the present study was to obtain further taphonomic data, mainly based on observation of the modifications of bone surfaces, in order to contribute further to the interpretation of the site (for previous studies, see Anconetani et al., 1996; Diez et al., 1997; Malerba et al., 2000). Attention was focused on linear marks possibly related to anthropic activity, such as the action of lithic tools, through macro- and microscopic observations.
However, in the case of Isernia La Pineta the identification of these microscopic features is complicated by the state of preservation of most remains. Slight erosive phenomena often damaged the bone surface, resulting in shallower cutmarks with smoothed edges and almost effaced secondary striations inside the main sulcus. It must also be pointed out that sanidine phenocrystals are present in the sediment containing faunal remains. These sharp-edged crystals often produced linear marks characterised by a V-shaped transverse section and by the presence of secondary striae (Anconetani et al., 1996). They can mimic cutmarks, so that differentiation is sometimes uncertain.
MATERIAL AND METHODS The bone assemblage considered in the present study was composed of 1248 remains which came from 3S10 and 3 colluvio stratigraphic units (US) of the first sector of the dig, investigated during the excavations carried out in 2000 (Peretto et al., 2001). The remains were extremely fragile, and preventive consolidation was required before they could safely be removed from the sediment. This was followed by careful cleaning and accurate restoration. Study was carried out using a magnification lens, an Optech LF-Z stereomicroscope and a Scanning Electron Microscope (S.E.M.) Cambridge Stereoscan 120. SEM pictures were obtained from replicas of bone surfaces made with silicone elastomer Provil L (Bayer, Leverkunsen, Germany) and epoxy resin (araldite LY 504 – Ciba-Geigy, Basel, Switzerland) (for further technical details, see Aimar et al., 1998; Cilli et al., 2000). These transparent replicas were also used for stereomicroscope observation in transmitted light. RESULTS Preliminary analysis of the remains with the aid of a magnification lens was performed at the laboratory prepared in the excavation pavilion. The bone surfaces appeared relatively well preserved at a macroscopic level. However, a more detailed analysis showed different kinds and intensities of superficial alterations such as erosions, abrasions and exfoliations. In several cases, these alterations prevented further analysis aimed at identifying traces produced by anthropic or non anthropic actions. Nevertheless, linear marks could be identified on more than 250 bone fragments. About 60 remains with relatively well preserved bone surface modifications were selected for closer examination, including SEM analysis. In general terms, cutmarks are microscopically recognisable because they present typical morphological characteristics, well described in literature (Hill, 1976; Olsen & Shipman, 1988; Lyman, 1994; Giacobini, 1995; Aimar et al., 1998). The most important of these are: the greater depth of the main sulcus with respect to its width, the inclination of its
The attribution of linear marks to different categories (cutmarks, trampling marks, toothmarks produced by scoring) was thus based on a complex of features, including the anatomical location, orientation and length of marks. Location of striae in anatomical areas compatible with butchery actions (proximity to muscle insertions or to joints) was in fact considered an important factor for the identification of cutmarks. With regard to the identification of fine details of linear marks (such as secondary striae), considering the state of preservation of the remains, low magnification observation (e.g., on transparent replicas by the stereomicroscope) often proved more informative than SEM observation. The following examples are illustrative of the problems encountered in attributing linear marks to different taphonomic factors. They correspond to the following categories: linear marks showing several diagnostic microand macroscopical features of cutmarks (identified with confidence as cutmarks), linear marks showing only few of these features (identified as probable cutmarks) and linear marks mimicking cutmarks but showing diagnostic features of trampling marks. Several bone fragments bear traces ascribed to the first category (linear marks identified with confidence as cutmarks). An example is provided by a fragment of bison mandible bearing a series of parallel striae located in the area of masseter insertion (Fig.1A, B). They show the V-shaped cross section typical of marks produced by the sliding of a lithic tool (Fig.1C, D). Secondary striations are also present inside the main sulcus, even if only slightly preserved because of the bone surface erosion (Fig.1D). The attribution of these marks to anthropic actions is based on both macroscopic features (direction, association, and anatomical location), and microscopic characteristics (cross-section of the sulci, presence of secondary striae). It should also be stressed that all striae belonging to this series show a very similar morphology, suggesting they were produced by the same tool. An example of traces ascribed to the second group (linear marks identified as probable cutmarks) is provided by an unidentified fragment of bone shaft (Fig.2 A). Three parallel 124
U. Thun Hohenstein et al.: Bone Surface Micromorphological Study of the Faunal Remains...
Figure 1. Isernia La Pineta. A) Fragment of bison mandible. B) Close-up showing the series of cutmarks located close to the masseter insertion. C, D) Details of the cutmarks (SEM observations).
Figure 2. Isernia La Pineta. A) Unidentified bone fragment. B, C, D) Details of an area with three parallel linear marks (same magnification, with different observation techniques: B, bone surface, stereomicroscope, incident light; C, transparent resin replica, stereomicroscope, transmitted light; D, resin replica, SEM). E) SEM close-up of one of the marks. 125
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 3. Isernia La Pineta. A) Fragment of bison mandible. B, C) Close-up of an isolated linear mark. D, E) SEM images at different magnifications. The V-shaped cross-section of this deep sulcus is evident. Secondary and parasite striae are visible. The mark is crossed by series of fine parallel striae.
126
U. Thun Hohenstein et al.: Bone Surface Micromorphological Study of the Faunal Remains...
striae are located in an area compatible with butchery actions (close to a muscular insertion). They show different depths, and one of them is well marked. The state of preservation of the bone surface is not good. The sides of the sulci appear smoothed, and microscopic features, such as secondary striations, are not easily identifiable (Fig. 2B, C, D). One of the marks shows typical micromorphological characteristics corresponding to the entry and exit of an incising agent (stone tool or sanidine phenocrystal). In this case their interpretation as cutmarks is probable, but ascription to trampling action cannot be excluded.
Another example of probable cutmarks is shown in fig. 3, representing a fragment of bison mandible. One isolated linear mark was noted (Fig. 3B, C). SEM observation shows that the sulcus is deep and has a V-shaped transverse section. Although poorly preserved, a few secondary striae are visible within the sulcus, as well as parasite striae at its periphery. This mark is crossed by a series of very fine parallel striae showing the typical characteristics produced by trampling. On the basis of these microscopic features, its interpretation as a cutmark seems reliable, even if by the action of sanidine phenocrystals compounded by trampling cannot be excluded.
Fig. 2 (B-E) further demonstrates that mainly when the state of preservation of the bone surface is poor, the stereomicroscope observation of transparent replicas in transmitted light often prove more informative than SEM observation.
An example of marks belonging to the third category (linear marks mimicking cutmarks, but showing the diagnostic features of trampling marks) is provided by fig. 4, which represents a shaft fragment bearing some linear marks. The
Figure 4. Isernia La Pineta. A) Unidentified shaft fragment. B) Stereomicroscope close-up of an area with linear marks. C) SEM detail showing trapezoidal cross-section of the larger sulcus, as well as “comet” pattern of a smaller one (arrow). 127
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
largest of these is characterised by a trapezoidal cross-section (with flat base) (Fig.4B, C). Another of these sulci shows a “comet” shape, with enlarged head. All these features are typical of scratches produced by trampling.
Bibliography AIMAR, A., CILLI, C., MALERBA, G., & GIACOBINI, G., 1998, L’étude au microscope électronique à balayage des surfaces osseuses. Le problème de l’identification des traces d’action anthropiques sur les objets archéologiques en matière dure animale. In Science and technology for the safeguard of cultural heritage in the Mediterranean Basin, edited by CNR, Roma, p. 1437-1443.
In conclusion, the quest for cutmarks on the Isernia La Pineta faunal remains is complicated by the state of preservation of the specimens as well as by the presence of sanidine crystals in the sediment. Nevertheless, a few linear marks, which can be attributed with confidence to butchering activities, could be identified. These data, together with the observation of the high number of diaphyseal fragments bearing traces of intentional fracture, contribute to the definition of a significant role of humans in the accumulation and modification of the faunal assemblage.
ANCONETANI, P., 1996, Lo studio archeozoologico del sito di Isernia La Pineta. In I reperti paleontologici del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, L’Uomo e l’ambiente, edited by C. Peretto. Isernia: Cosmo Iannone Editore, p. 87-186. ANCONETANI, P., MALERBA, G. & GIACOBINI, G., 1996, Studio micromorfologico di superficie dei reperti faunistici di Isernia La Pineta. Considerazioni tafonomiche. In I reperti paleontologici del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, l’Uomo e l’ambiente, edited by C. Peretto. Isernia: Cosmo Iannone Editore, p. 53-85.
Authors’ addresses
ANCONETANI, P., EVANGELISTA, L., PERETTO, C. & THUN HOHENSTEIN, U., 1998, Intentional bone fracturing on Bos primigenius domestic variety: results of field experimentation. In Proceedings of the XIII International Congress of Prehistoric and Protohistoric Sciences, Workshop, 6 (I), p. 153-159.
Ursula THUN HOHENSTEIN Carlo PERETTO Dipartimento delle Risorse Naturali e Culturali Università degli Studi di Ferrara Corso Ercole I d’Este, 32 44100 Ferrara, ITALY E-mail: [email protected]
CILLI, C., MALERBA, G., & GIACOBINI, G., 2000, Le modificazioni di superficie dei reperti in materia dura animale provenienti da siti archeologici. Aspetti metodologici e considerazioni tafonomiche. Bollettino del Museo Civico di Storia Naturale di Verona, 24, p. 73-98.
Giancarla MALERBA Giacomo GIACOBINI Dipartimento di Anatomia Farmacologia e Medicina Legale Università degli Studi di Torino Corso M. d’Azeglio 52 10126 Torino, Italia E-mail: [email protected] Email: [email protected]
COLTORTI, M., CREMASCHI, M., DELITALA, M. C., ESU, D., FORNASERI, M., MCPHERRON, A., NICOLETTI, M., VAN OTTERLOO, R., PERETTO, C., SALA, B., SCHMIDT, V. & SEVINK J., 1982, Reversed magnetic polarity at Isernia La Pineta, a new Lower Paleolithic site in Central Italy. Nature, 300 (5888), p. 173-176. CREMASCHI, M. & PERETTO, C., 1988, Les sols d’habitat du site paléolithique d’Isernia La Pineta (Molise, Italia centrale). L’Antropologie, 92 (4), p. 1017-1040. DELITALA, M., C., FORNASERI, M. & NICOLETTI, M., 1983, Datazioni argon-potassio di Isernia La Pineta (Molise). Atti XXX Riun. Scient. I.I.P.P., p. 197-210. DIEZ LOMANA, C., ROSELL, J., MALERBA, G., THUN HOHENSTEIN, U., GIACOBINI, G. & PERETTO, C., 1997, Indagini sulle tracce di macellazione sui reperti faunistici di Isernia La Pineta (Molise, Italia): metodologia e nuovi risultati. Antropologia Contemporanea 20 (1-3), p. 85-87. GIACOBINI, G., 1995, Identificazione delle tracce di macellazione con strumenti litici. Analisi di microscopia elettronica a scansione. In Atti del 1° Convegno Nazionale di Archeozoologia, Rovigo 1993. Padusa Quaderni 1, p. 29-38. GIUSBERTI, G. & PERETTO, C., 1991, Evidences de la fracturation intentionelle d’ossements animaux avec moelle dans le gisement Paléolothique de La Pineta de Isernia (Molise, Italie). L’Anthropologie 96, p. 765-778. HILL, A., 1976, On carnivore and weathering damage to bone. Current Anthropology 17, p. 335-336. LONGO, L., 1994, Le industrie litiche. L’analisi delle tracce d’uso. In Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, la tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione, edited by C. Peretto. Isernia: Cosmo Iannone Editore, p. 355452. LYMAN, R.L., 1994, Vertebrate taphonomy. Cambridge: Cambridge University Press.
128
U. Thun Hohenstein et al.: Bone Surface Micromorphological Study of the Faunal Remains... MALERBA, G., THUN HOHENSTEIN, U., DIEZ LOMANA, C., ROSELL, J., GIACOBINI, G. & PERETTO, C., 2000, Cutmarks e pdeudocutmarks. Il problema del riconoscimento di tracce diorigine antropica e non sui reperti faunistici del sito di Isernia La Pineta. In Atti del II Convegno Nazionale di Archeozoologia, Asti 1997. Forlì: ABACO Edizioni, p. 91-97. OLSEN, S.L. & SHIPMAN P. (1988), Surface Modification on Bone: Trampling versus Butchery. Journal of Archaeological Science 15, p. 535-553. PERETTO, C., 1994, ed., Le industrie litiche del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, la tipologia, le tracce di utilizzazione, la sperimentazione. Isernia: Cosmo Iannone Editore. PERETTO, C., 1999, ed., I suoli d’abitato del giacimento paleolitico di Isernia La Pineta, natura e distribuzione dei reperti. Isernia: Cosmo Iannone Editore. PERETTO, C., ARZARELLO, M., FONTANA, F., GALLOTTI, R., GRUPPIONI, G., LEMBO, G., PAVIA, M., THUN HOHENSTEIN, U. & MINELLI, A., 2001, Excavation in progress: the Palaeolithic site of Isernia La Pineta, Italy. Preistoria 2000 1, p. 138-149. PERETTO, C., BENVENUTI, C., BISI, F., CAVALLINI, E., CORTI, P., EVANGELISTA, L., FERIOLI, V., GUERRESCHI, A., LONGO, L., MILLIKEN, S., THUN HOHENSTEIN, U. & VULLO, N., 2000, Isernia La Pineta (Molise): type and distribution of the finds on the living floor 3a in sector I of the excavation. In Atti del II Congresso Internazionale CNR. Parigi: Edizioni Elsevier, II, 995-998. SALA, B., 1996, Gli animali del giacimento di Isernia La Pineta. In I reperti paleontologici del giacimento paleolitico di Isernia LaPineta, L’Uomo e l’ambiente, edited by C. Peretto. Isernia: Cosmo Iannone Editore, p. 25-49.
129
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
130
A. Echassoux: Occupations humaines et carnivores dans la grotte du Vallonnet...
OCCUPATIONS HUMAINES ET CARNIVORES DANS LA GROTTE DU VALLONNET (ROQUEBRUNE-CAP-MARTIN, ALPES-MARITIMES, FRANCE) À LA FIN DU PLÉISTOCÈNE INFÉRIEUR Anna ECHASSOUX
Résumé: La grotte du Vallonnet (Lumley H. de, 1988) est un site clef du Quaternaire est-européen, d’une part pour sa faune riche et caractéristique de la transition Villafranchien-Galérien, et d’autre part par la présence d’outils incontestablement taillés et bien datés par plusieurs méthodes, contemporains de cette faune et des plus anciens européens de l’ouest connus à ce jour. L’étude taphonomique permet de tracer les grandes lignes de la conservation différentielle des ossements de grands mammifères. L’étude spatiale permet de retrouver la succession de niveaux archéostratigraphiques montrant un remplissage progressif, déjà mis en évidence l’étude palynologique (Renault-Miskovsky J. et Girard M., 1988). Enfin, l’étude des ossements, en particulier des marques de surface et des fractures, permet d’émettre des hypothèses sur la nature des activités des divers occupants de la grotte, et de raisonner en terme de type de gisement et type d’occupation, contribuant à connaître les relations qu’entretenaient les premiers européens avec leur environnement. Mots clefs: Vallonnet, Pléistocène inférieur, archéozoologie, paléoécologie Human and carnivore occupations in Vallonnet cave (Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes, France) at the end of the lower Pleistocene Abstract: The Vallonnet cave (de Lumley et al., 1988) is a key site for the study of the European Quaternary, for its rich fauna, which is caracteristic of the Villafranchian/Galerian transition, and for the presence of lithic tools associated to this fauna, corresponding to the very first human occupations of Europe. The taphonomical study allows a description of the conservation patterns of the bones of big mammals. The study of the spatial distribution of the objects shows the succession of archeostratigraphic levels. The fitting appears to have been progressive, as the palynologic study had already witnessed (Renault-Miskovsky J. and Girard M., 1988). The study of the bones, marks and fracture patterns, allows some hypothesis on the activities of the different users of the cave, men, carnivores and rodents. Key words: Vallonnet cave, Lower Pleistocene, zooarcheology, paleoecology
INTRODUCTION
L’Ensemble Stratigraphique III a livré à ce jour plus de 37 000 restes osseux et dentaires coordonnés ou non, plus de 60 000 pierres, galets et galets cassés, et environ 90 pièces d’industrie lithique. Il s’agit d’une industrie archaïque sur galet, composée de choppers, chopping-tools, éclats et percuteurs, en calcaire, quarzite et silex.
La grotte du Vallonnet est située dans les Alpes-Maritimes, sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin, à 110 m d’altitude et à 1 km à vol d’oiseau du rivage actuel de la mer Méditerrannée. Découverte en 1958, elle est fouillée par le Professeur Henry de Lumley et son équipe depuis 1962. Annie Echassoux est responsable des fouilles depuis 1986.
La faune de grands mammifères, particulièrement riche (Moullé, 1992, 1997), est composée de onze espèces de carnivores : Ursus deningeri (31 ind.), Pachycrocuta brevirostris (6 ind.), Canis lupus mosbachensis (6 ind.), Xenocyon cf. falconeri (4 ind.), Alopex praeglacialis (1 ind.), Homotherium crenatidens (1 ind.), Panthera gombaszoegensis (3 ind.), Panthera pardus (1 ind), Acinonyx pardinensis (1 ind.), Lynx spelaea (1 ind.), Felis silvestris (1 ind.) ; de deux perissodactyles : Equus stenonis (3 ind), Dicerorhinus etruscus brachycephalus (17 ind.), de huit artiodactyles : Sus sp. (7 ind.), Pseudodama nestii vallonnetensis (57 ind.), Megaceroides cf. verticornis (11 ind.), Bison schoetensacki (30 ind.), Hemitragus bonali (3 ind.), Ovis sp. (6 ind.), Caprinae indéterminé (1 ind.), d’un primate Macaca sylvanus florentina (1 ind.), et du proboscidien Archidiskodon meridionalis (2 ind.) (les nombres d’individus indiqués sont absolus et ne sont pas de combinaison).
La stratigraphie, comprenant cinq ensembles, est décrite par Henry de Lumley en 1988 de la façon suivante: Ensemble Stratigraphique I, formé d’un plancher stalagmitique daté par la méthode ESR d’environ 1,39 Ma ; Ensemble Stratigraphique II, plage de sable marin correspondant à un réchauffement climatique, contenant des restes de poisson et de phoque moine Monachus monachus ; Ensemble Stratigraphique III, sédiment argileux rougeâtre à petit cailloutis contenant la totalité des restes de faunes pléistocènes et les industries lithiques du gisement. Cet ensemble est mis en parallèle avec l’épisode paléomagnétique de Jaramillo. L’Ensemble Stratigraphique IV est formée d’une stalagmite dite “de fermeture” datée par la méthode ESR d’environ 0,89 Ma, et enfin l’Ensemble Stratigraphique V est composé de colluvions récents comprenant de nombreux ossements de micromammifères. 131
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Biostratigraphiquement, l’association d’espèces du Vallonnet forme l’Horizon biostratigraphique du Vallonnet, correspondant à la transition entre le Villafranchien et le Galérien et elle a été rapprochée de celles des sites de Untermasfeld en Allemagne, Redicicoli dans le Latium (Italie) et Akhalkalaki en Géorgie (Moullé P.-E., Echassoux A., Palombo M. R., Caloi L., Vekua A. et Kahlke R. D. (sous presse)). PROBLÉMATIQUE
quand elles sont présentes, sont particulièrement bien conservés sans contenir de calcite. Néanmoins, l’extraction des ossements du sol nécessite une consolidation préalable. La surface corticale des os est bien conservée. Les os portent peu de marques de charriage, et pas de vermiculations. Les altérations atmosphériques sont peu importantes et rares sont celles qui atteignent le stade 2 de A. K. Behrensmeyer (1978). Il est observé par ailleurs la disparition in situ de parties osseuses fines, comme en témoigne la présence de nombreuses séries dentaires complètes sans l’os mandibulaire ou maxillaire.
La grotte du Vallonnet, connue depuis le début des années soixante, est longtemps restée le plus ancien témoignage de la présence de l’homme en Europe, il y a au moins un million d’années. La découverte plus récente, en Europe de l’ouest, de sites au moins aussi anciens, comme Ca’Belvedere di Monte Poggiolo (Italie), Fuente Nueva 3 et Barranco Leon (Andalousie, Espagne), puis de sites un peu plus récents, ayant en outre livré des restes humains, comme Ceprano (Latium, Italie) et Atapuerca TD6 (Espagne), a permis d’établir un cadre géographique et culturel pour ces premiers Européens.
En conclusion, les ossements du Vallonnet semblent ne pas avoir séjourné à l’extérieur de la grotte, mais ont probablement été introduits peu après la mort des animaux. La présence de connexions anatomiques, bien qu’en faible nombre, ainsi que le peu de marques de surface montrent que les os ont subi un remaniement faible après leur dépôt. Le très grand nombre d’esquilles osseuses montrent par ailleurs un piétinement intense post-dépositionnel, probablement provoqué par les ours. Enfin, une grande partie de la matière osseuse originellement présente a vraisemblablement disparu.
Pour autant, l’analyse des activités des hommes pour ces périodes très anciennes s’avère délicate. En effet, ces activités anthropiques ainsi que leurs résultats encore observables par nous sont peu stéréotypées par rapport aux sites de périodes plus récentes. Les méthodes traditionnelles d’investigation, basées sur les observations d’assemblages plus modernes ou sur des études expérimentales peuvent ne pas suffire et mener à confondre les activités anthropiques et carnivores, notamment en ce qui concerne les fractures osseuses.
LES MARQUES OBSERVÉES SUR LES OSSEMENTS DE GRANDS MAMMIFÈRES DE LA GROTTE DU VALLONNET
Dans le cas de l’étude de l’activité anthropique sur l’assemblage osseux de la grotte du Vallonnet (Echassoux Anna, 2001), la présence d’un grand nombre de carnivores et de nombreux ossements d’herbivores portant des marques de dents de carnivores tendait à montrer, malgré l’absence de coprolithes (y compris au niveau microscopique), que les carnivores avaient eu un grand impact, au moins dans la modification des ossements. La nature de l’intervention des carnivores, l’origine de l’accumulation primaire et la signification des pièces d’industrie lithique dans l’assemblage restaient à déterminer. Afin de répondre à ces interrogations, la totalité du matériel osseux a été examinée et les marques extrinsèques ont fait l’objet d’une classification afin de déterminer les modalités de leur répartition sur l’assemblage, en fonction de l’espèce, de la partie anatomique et de la localisation stratigraphique. REMARQUES SUR LA TAPHONOMIE DES OS DE GRANDS MAMMIFÈRES Les ossements du Vallonnet présentent un état de conservation remarquable et homogène. Les os sont légers, peu minéralisés, et ils présentent une couleur allant de jaune blanchâtre à marron rouge, conforme à la couleur du sédiment. Les tissus spongieux des épiphyses articulaires,
L’étude des marques de surface des os du Vallonnet a pour but de déterminer la chronologie des évènements subis par les ossements, depuis la mort de l’animal jusqu’au moment du recouvrement par le sédiment. La seule présence de marques à la surface des ossements atteste de leur enfouissement tardif. La distribution des marques en fonction du type d’os et de l’espèce peut indiquer le degré de dégradation du squelette de l’animal. D’autre part, la superposition de marques révèle directement la chronologie de leur dépôt. LES MARQUES DE DENTS DE PORC-ÉPIC Certaines des marques observées à la surface des os du Vallonnet permettent une interprétation directe, en particulier les marques laissées par les rongeurs. Au Vallonnet, le porcépic Hystrix cf. major a été déterminé. La comparaison avec d’autres assemblages et les données relatées dans la littérature ont permis de conclure qu’une grande partie des marques observées sur l’assemblage est due à ce grand rongeur. Les marques sont planes ou légèrement incurvées, toujours doubles, larges (environ 3 mm pour chaque dent) et longues (10 mm minimum). Les marques ont été décrites par l’importance qu’elles occupent sur l’os et leur localisation anatomique (surface plane, bord saillant...) afin de connaître le mode d’altération de l’intégrité de l’os et d’évaluer la perte d’information due aux rongements. L’observation du matériel met en évidence le fait que les marques de porc-épic ne sont jamais altérées par d’autres stigmates. D’autre part, les marques de porc-épic se retrouvent indifféremment sur les os de tout type et de toutes les espèces. 132
A. Echassoux: Occupations humaines et carnivores dans la grotte du Vallonnet...
Par contre, aucune marque de dent de porc-épic n’a été observée sur des racines de dents isolées (cf. Pei Wen Chung, 1938) et rarement sur des surfaces articulaires, ce qui signifie que l’assemblage n’était pas encore ancien et éparpillé lors de l’intervention du porc-épic. Le porc-épic semble donc être intervenu comme ultime agent modificateur de l’assemblage, et ne semble pas avoir pris une part importante dans l’accumulation. Par contre, l’absence de marques sur des partie difficiles d ‘accès montre que l’assemblage était encore dans un certain état au moment de l’enfouissement.
• marques triangulaires profondes, sur os compact (nb+Tc)
LES MARQUES DE DENTS DE CARNIVORES
• (M2 pour les deux)
L’observation du matériel osseux de la grotte du Vallonnet et l’observation d’autres assemblages, fossiles d’une part, provenant de contextes archéologiques différents, et actuels d’autre part, résultant d’expérimentations, ont mis en évidence l’existence de spécificités (forme, taille, profondeur, localisation sur l’os, nombre...) permettant de former des catégories. Les types de marques observés au Vallonnet sont les suivants :
La définition de ces catégories a permis l’analyse des marques par espèce et par type d’os. Une certaine affinité avec un type d’os ou les os d’une espèce en particulier inscrirait la dite marque dans un schéma spécifique d’accès à la carcasse de la part du prédateur (ou du charognard).
• perforation circulaire sur os spongieux (nb+Cs) • os digéré (corrodé par acide gastrique) (D) • cupule circulaire sur os compact (nb+Cc) • marque atypique marques associées à un bord de cassure • cassure dentelée associée à des cupules (Bd) • bord lustré, arrondi, avec cupules larges (correspondant à un rongement d’ extrémité osseuse) (Br)
Les figures 1 et 2 montrent que certaines marques se retrouvent indifféremment sur n’importe quel type d’os, et sur les os de n’importe quelle espèce (marque Br, Rl, les plus nombreuses), et que d’autres sont plus caractéristiques d’un type d’os (marque Cc pour les stylopodes, marque Rl pour le rhinocéros à l’exclusion des autres types de marques). On remarque que le cervidé de grande taille Megaceroides cf. verticornis présente la plus grande proportion de marques de toutes sortes, à l’exception de la marque Tc.
marques sur cortex osseux • rainures isolées superficielles, larges à fond plat (section carrée) rectangulaires (Rc) • rainures à section en U, nombreuses, allongées, sur surface compacte (Rl) • rainures longues à section en U, sur surface articulaire (Ra)
humérus 20
métatarsien
radius Br Rl Cc Rc Tc Bd
0
tibia
métacarpien
fémur
Figure 1 : Pourcentage relatif des marques sur diaphyses par type d’os, sur tous les os longs de grands mammifères 133
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Bd
Bison schoetensacki 15
Ra Rc Br Cc Rl Cs Tc
Ursus deningeri
Megaceroides cf. verticornis
0
D. e. brachycephalus
Pseudodama nestii vallonnetensis
Figure 2 : Pourcentage relatif des marques sur les os, pour chacune des espèces de grands mammifères les mieux représentées.
L’analyse de ces données permet l’élaboration d’un tableau caractérisant chacune des marques (tableau 1). Ce tableau expose les remarques découlant des observations directes (type d’os et espèce les plus touchés, marques les plus souvent associées), et en conséquence, l’auteur, l’action, et le moment de l’intervention supposés.
témoigne de l’invalidité d’un lien direct entre la présence des os dans la grotte et la présence de marques sur les os. Les calculs de pourcentages d’os rongés dans un site donné ne sont donc pas légitimes pour conclure à une accumulation par les carnivores.
Le fait que la plupart des marques soient visibles sur tous les types d’os et sur les os de toutes les espèces indifféremment montre que ces marques ne sont pas liées à un de ces deux paramètres (type d’os ou espèce). Elles ne se sont donc pas inscrites dans un schéma comportemental répétitif d’acquisition de nourriture de la part du carnivore. Chaque os portant ces marques était donc réduit à l’unique nature d’os isolé au moment du dépôt de la marque. Cela permet de conclure que la plupart des marques de dents de carnivores visibles sur les os de grands mammifères du Vallonnet correspondent à un accès secondaire. Ceci confirme le fait déjà attesté par la présence de rongements de porc-épic tardifs, montrant que les os se sont enfouis de façon très progressive, demeurant à la surface pendant un certain temps. Les carnivores, canidés ou jeunes hyénidés (les adultes détruisant la presque totalité des os), ont eu accès à ces os et en ont tiré profit de façon tardive après la mort des herbivores.
L’ACTION ANTHROPIQUE DANS LA GROTTE DU VALLONNET L’étude des marques de surface a montré que les interventions secondaires par les carnivores et le porc-épic ont été importantes. Il en résulte que les éventuelles marques anthropiques sur le matériel osseux de la grotte du Vallonnet ont été entamées voire détruites en grande partie. L’étude de l’action anthropique sur les os de grands mammifères a été basée sur la recherche de stigmates répétitifs et de marques de boucherie. Ces dernières (figures 3 et 4) sont relativement rares. Cela peut être dû au fait que les pièces d’industrie lithique susceptibles de laisser des stries caractéristiques, comme les pièces en silex, sont rares. Le quartzite et en calcaire, matière première la plus abondante, n’est pas suffisamment tranchante pour provoquer des incisions fines.
Si ces marques correspondant à un accès tardif n’excluent pas que les carnivores soient également à l’origine de la présence de ces os dans la grotte, leur caractère secondaire
De nombreux éclats d’os et cônes de percussion correspondant à des os longs d’herbivores de grande taille ont été découverts. 134
A. Echassoux: Occupations humaines et carnivores dans la grotte du Vallonnet... Tableau 1 – Type de marque observée sur les ossements, en fonction de la nature de l’os concerné, de l’espèce et des associations de marques
Marque Bord lustré avec cupules (Br) Rainures longues sur os compact (Rl) Rainure courte isolée (Rc) Rainure sur surface articulaire (Ra) Cupule sur os compact (Cc) Cupules sur os spongieux (Cs) Triangle sur os compact (Tc) Bord dentelé (Bd)
Os du squelette le plus touché
Espèce la plus touchée
Tous
Tous
Action supposée
Moment supposé de l’action
Auteur supposé
Valeur indicati ve de la marque
Ours
Rongement
Tardif
Canidé ou petit carnivore
+
Ours
Rongement
Tardif
Canidé ou grand carnivore
+
Br, Rl, Cc
Prise d’appui
Précoce
Petit ou grand carnivore
+
Rl, Br
Rongement
Tardif
Grand carnivore
+
Grand carnivore
+
Petit carnivore
-
Fémur Radius Humérus Humérus ?
Espèces de grandes tailles
Radius ulna Tibia
Ours
Métapodes
Bison
Métapodes Humérus Radius
Cervidé de taille moyenne
Humérus Bison prox. Rhinocéros Fémur prox.
Marque la plus souvent associée
Croquement Précoce (pression) ou tardif Croquement Précoce (pression) ou tardif ? Rl
Pression
Tardif ?
Petit carnivore
+
Croquement
Précoce
Petit ou moyen carnivore pour les grandes tailles/ Petit carnivore pour le Cervidé de taille moyenne
-
Figure 3 : Agrandissement d’une strie attribuable à l’action d’une industrie lithique
Les stigmates répétitifs ont été décelés sur les os longs de cervidé de grande taille Megaceroides cf. verticornis, sur des ossements ne portant pas de marques de dents de carnivore. En effet, les humérus et les radius (figure 5) portent des fractures longitudinales caractéristiques, avec parfois des points d’impacts marqués. Ces observations ont permis de considérer certaines fractures osseuses identiques, sur les os
de cervidés de petite taille et de bison, comme résultant d’une action anthropique. Les os de rhinocéros et d’ours ne présentent pas de fractures pouvant être assimilées à ce traitement particulier. En outre, les trois espèces Megaceroides cf. verticornis, Pseudodama nestii vallonnetensis et Bison schoetensacki présentent une courbe de mortalité équivalant à une chasse (majorité d’adultes dans 135
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 4 : Agrandissement d’une strie attribuable à l’action d’une industrie lithique
Figure 5a : Représentation de radius-ulnas fracturés de Megaceroides cf. verticornis (dessins Eva Richard) 136
A. Echassoux: Occupations humaines et carnivores dans la grotte du Vallonnet...
traitement particulier par les hommes au moyen d’outils. Ces stigmates, non encore observés ailleurs, sont à noter parmi les particularités observées sur l’assemblage osseux du Vallonnet. CONCLUSION SUR LES OCCUPATIONS HUMAINES ET CARNIVORES DANS LA GROTTE DU VALLONNET
Figure 5b : Représentation d’un fragment de la face caudale d’un radius-ulna gauche fracturé de Megaceroides cf. verticornis, délimité par des bords de fractures lisses (dessins Eva Richard)
L’étude taphonomique, archéozoologique et paléoécologique des ossements de grands mammifères a mis en évidence le fait que la grotte du Vallonnet a été un lieu d’accumulation très important d’ossements de grands herbivores, peu après la mort des individus comme le montre l’absence d’altérations atmosphériques sur les os. La grotte a été fréquentée par des hommes qui y ont laissé des outils et qui y ont exploité des carcasses de grands cervidés (cinq individus), et éventuellement celles de petits cervidés et de bisons, lesquels ont été vraisemblablement chassés, soit par ces hommes, soit par des carnivores de grande taille ou des carnivores sociaux. Les ossements accumulés dans la grotte ont connu un
la force de l’âge), alors que le rhinocéros présente un courbe en U (peu d’adultes dans la force de l’âge) et que chez l’ours, ce sont principalement des individus adultes âgés qui ont été découverts. Enfin, il a été remarqué la présence de quelques os longs de grands mammifères, notamment de bison, portant de longues stries longitudinales (figure 6) pouvant être dûes à un
Figure 6 : Représentation des stries longitudinales sur une diaphyse de fémur de Bison schoetensacki (dessins Eva Richard) 137
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
enfouissement très progressif, permettant au porc-épic de ronger des os en dernier lieu. Ils ont été concassés par un piétinement intense, vraisemblablement par les ours, ce qui a provoqué une grande fragmentation, mais les os n’ont pas connu de déplacements sur des longues distances comme le montre la quasi-absence de traces de charriage. Le contexte géologique a permis une conservation remarquable des ossements, mais une certaine quantité de matière osseuse a disparu.
Bibliographie
La grotte du Vallonnet, déjà connue pour la présence d’outils lithiques parmi les plus anciens en Europe (environ un million d’années), a apporté par sa faune le témoignage d’activités humaines et aussi d’interactions intenses avec des grands carnivores, qui partageaient dans la promiscuité les ressources naturelles du moment de la région du Vallonnet, pendant la transition entre le Villafranchien et le Galérien de l’Europe ouest-méditerranéenne.
LUMLEY H. de, 1988, La stratigraphie du remplissage de la grotte du Vallonnet, Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes. L’Anthropologie. Tome 92, 2. 407-428. Paris.
BEHRENSMEYER A. K., 1978, Taphonomic and ecologic information from bone weathering. Paleobiology, 4 (2), p. 150162. ECHASSOUX Anna, 2001, Etude taphonomique, archéozoologique et paléoécologique des faunes de grands mammifères de la fin du Plésitocène inférieur de la grotte du Vallonnet, Roquebrune-CapMartin, Alpes-Maritimes). Thèse de Doctorat du Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. 600 pages.
LUMLEY H. de, Kahlke H. D., Moigne A.-M. et Moullé P.-E., 1988, Les faunes de grands mammifères de la grotte du Vallonnet, Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes. L’Anthropologie. Tome 92, 2. Paris. MOULLE P.-E., 1992, Les grands mammifères du Pléistocène inférieur de la grotte du Vallonnet (Roquebrune-Cap-Martin, alpes-maritimes). Etude paléontologique des carnivores, Equidé, Suidé et Bovidés. Thèse de Doctorat du Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris. 365 pages.
Remerciements
MOULLE P.-E., 1997, Les grands mammifères du Vallonnet (Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes). Synthèse des études antérieures et nouvelles déterminations. Bulletin du Musée d’Anthropologie Préhistorique de Monaco. N°39 –1997-1998.
Mes remerciements les plus sincères vont au Professeur Henry de Lumley qui m’a confié l’étude des ossements de grands mammifères de la grotte du Vallonnet et à Monsieur Pierre-Elie Moullé, attaché de conservation au Musée de Préhistoire Régionale de Menton, qui m’a enseigné les principes de détermination des os.
MOULLE P.-E., Echassoux A., Palombo M. R., Caloi L., Vekua A. et Kahlke R. D. (sous presse) – Les faunes de la fin du Pléistocène inférieur de la grotte du Vallonnet (Alpes-Maritimes, France), de Redicicoli (Latium, Italie), de Untermassfeld (Allemagne) et de Akhalkalaki (Géorgie) : l’Horizon Biostratigraphique du Vallonnet. Actes du colloque de Tautavel. Avril 2000.
Adresse de l’auteur
PEI Wen Chung, 1938, Le rôle des animaux et des causes naturelles dans la cassure des os. Palaeontologia sinica. New series D n°7. Whole series n°118. 61 p.
Anna ECHASSOUX Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret Parc de la villa « La Côte » 33 bis Bd Franck Pilatte 06300 Nice, FRANCE Email : [email protected]
RENAULT-MISKOVSKY J. et Girard M. (1988) Palynologie du remplissage de la grotte du Vallonnet, (Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes). L’Anthropologie. Tome 92, 2. Paris.
138
S. Prat: Variabilité et taxonomie des premiers représentants du genre Homo: nouvelles considérations
VARIABILITE ET TAXINOMIE DES PREMIERS REPRESENTANTS DU GENRE HOMO : NOUVELLES CONSIDERATIONS Sandrine PRAT
Résumé : Il n’existe actuellement aucun consensus concernant la taxinomie et la constitution de l’hypodigme de Homo habilis Leakey et al., 1964. Quatre hypothèses majeures sont aujourd’hui avancées à partir des restes crâniens et mandibulaires des spécimens attribués classiquement à Homo habilis sensu lato : (1) tous les spécimens appartiennent à un seul et même taxon : Homo habilis ; (2) deux espèces peuvent être identifiées dans ce groupe : Homo habilis sensu stricto et Homo rudolfensis ; (3) ces spécimens n’appartiennent pas au genre Homo mais au genre Australopithecus ; (4) il serait plus approprié de mettre l’espèce rudolfensis dans le genre Kenyanthropus. Le but de cette étude est de réévaluer de façon critique la variabilité au sein de cet ensemble des spécimens fossiles plio-pléistocènes et de tester si ces spécimens appartiennent bien au genre Homo. Cette analyse porte sur les spécimens originaux provenant d’Ethiopie, du Kenya, de Tanzanie, du Malawi et d’Afrique du sud. L’étude morphologique permet de mettre en évidence une variabilité considérable au sein des premiers représentants du genre Homo. L’analyse cladistique des 122 caractères montre, d’une part la position taxinomique particulière du spécimen kenyan KNM-ER 1805 et d’autre part l’appartenance des spécimens KNM-ER 1470, KNM-ER 1813, OH 24, OH 62 et Stw 53 au genre Homo et non aux genres Australopithecus ou Kenyanthropus. Abstract: No consensus has been achieved regarding the status of the species Homo habilis, since the first discoveries in 1959 in the Olduvai Gorge. Many hypotheses have been expressed: (1) the specimens from Olduvai, East Turkana and Omo belong to the same paleospecies : Homo habilis sensu lato ; (2) the hypodigm is heterogeneous. Two species could be defined: Homo habilis sensu stricto and Homo rudolfensis ; (3) these specimens don’t belong to the genus Homo but to Australopithecus (4) Kenyanthropus . The goal of this study is to critically reevaluate the phylogeny and the taxonomy of the specimens of early Homo. A numerical cladistic analysis on 122 morphological characters was carried out on the original Plio-Pleistocene specimens. However, the Operational Taxonomic Unit used in this analysis is defined by the fossil specimen and not by the species (as often used), in absence of consensus about the hypodigm of the species Homo habilis. The result of this analysis shows (a) a particular taxonomic position for the Kenyan specimen KNM-ER 1805, and (b) that the conclusions concerning the revision of the genus Homo and the inclusion of the specimens of H. habilis and H. rudolfensis in the genus Australopithecus or Kenyanthropus are questioned.
1. INTRODUCTION
1975 ; Alexeev, 1978, 1986 ; Walker et Leakey, 1978 ; Stringer, 1986 ; Chamberlain, 1987 ; Groves, 1989 ; Wood, 1991, 1992, 1996 ; Rightmire, 1993 ; Ferguson, 1995 ; Lieberman et al., 1996 ; Prat, 1997).
Malgré l’ancienneté des découvertes de spécimens attribués à Homo habilis dans les gorges d’Olduvai, il n’existe pas de consensus concernant la taxinomie et la constitution de l’hypodigme de cette espèce définie par Louis Leakey, John Napier et Phillip Tobias en 1964. A ce jour près de 90 restes crâniens, dentaires et mandibulaires ont été attribués à ce taxon (figure 1).
- les deux espèces Homo habilis et Homo rudolfensis n’appartiennent pas au genre Homo mais au genre Australopithecus (Wood et Collard, 1999 a, b). - enfin selon les travaux de Meave Leakey et collaborateurs (Leakey et al., 2001), il serait sans doute plus approprié de mettre le fossile type de l’espèce Homo rudolfensis KNMER 1470 dans le genre Kenyanthropus.
Quatre hypothèses majeures sont actuellement avancées à partir des données crâniennes et mandibulaires relevées sur les spécimens attribués classiquement à Homo habilis sensu lato :
Le but de cette étude est de réévaluer de façon critique la variabilité au sein des premiers représentants du genre Homo et de tester si ces spécimens appartiennent bien à ce genre. Cet article est axé tout particulièrement sur l’étude morphologique et l’analyse cladistique des restes crâniens et mandibulaires des premiers représentants du genre Homo. L’étude des restes dentaires et l’analyse métrique sont quant à elles détaillées dans Prat (2000 a).
- les spécimens de Koobi Fora (Kenya), d’Olduvai (Tanzanie), et de l’Omo (Ethiopie) appartiennent au même taxon Homo habilis (Howell, 1978; Tobias, 1978, 1991). - deux groupes distincts peuvent être observés au sein de l’échantillon d’Homo habilis sensu lato (Groves et Mazak, 139
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 1. Carte de répartition des premiers représentants du genre Homo.
orangs-outans (27 Pongo pygmaeus pygmaeus, 20 Pongo pygmaeus abelii) et 55 hommes actuels (Prat, 2000 a).
2. MATÉRIEL ET MÉTHODES 2.1. Etude morphologique
2.2. Analyse cladistique Cette étude porte sur les spécimens originaux découverts au Kenya, en Tanzanie, en Ethiopie, au Malawi et en Afrique du Sud et répartis chronologiquement entre 2,45 et 1,55 millions d’années (tableau 1). Seules les données morphologiques du crâne et de la mandibule ont été intégrées dans ce travail. De plus, afin de tester l’influence de l’attribution sexuelle et du stade de développement post-natal de l’individu sur les caractères morphologiques, 226 grands singes et hommes actuels (de sexe et de localités connus) ont été étudiés. Cet échantillon est constitué de 49 gorilles (20 Gorilla gorilla graueri, 20 Gorilla gorilla gorilla, et 9 Gorilla gorilla beringei), de 55 chimpanzés communs (30 Pan troglodytes troglodytes, 25 Pan troglodytes schweinfurthi), 20 chimpanzés nains (Pan paniscus), 47
En l’absence de consensus concernant l’attribution taxinomique de ces fossiles plio-pléistocènes, une analyse cladistique ayant comme Unité Taxinomique Opérationnelle (OTU) le spécimen, et non l’espèce, est proposée. Cette analyse, menée avec le logiciel PAUP 3.1, porte sur cent vingt deux caractères crâniens. Pour estimer le sens de polarité des transformations ou polarité des caractères, le critère de comparaison « extra-groupe » (constitué par les chimpanzés (Pan) et les gorilles (Gorilla)) est utilisé. Le codage au sein de cet « extra-groupe » a été effectué sur les individus adultes. L’échantillon incluant un grand nombre de spécimens édentés, les données dentaires n’ont pu être prise en compte. De même, la capacité crânienne n’étant estimée que sur un
Tableau 1. Tableau récapitulatif des éléments crâniens, mandibulaires et dentaires des spécimens ayant des affinités avec l’espèce Homo habilis. SITE
CRÂNES
Olduvai (Tanzanie)
OH 7, 13, 16, 24 OH 7, 13, 37, 62 KNM-ER 807, 1470, 1478, 1590, 1805, KNM-ER 819, 1482, 1483, 1501, 1502, 1506, 1813, 3732, 3735, 3891 1801, 1802, 1805 KNM-BC 1
Est Turkana (Kenya) Chemeron (Kenya)
MANDIBULES
Sterkfontein (Afrique du Sud)
Stw 53, Sts 19, SE 1508
Swartkrans (Afrique du Sud)
SK 27, 847
Omo (Ethiopie)
L 894-1
SK 15, 45 Omo 75-14, 222-73-2744
Hadar (Ethiopie)
AL 266-1
Uraha (Malawi)
UR 501 140
S. Prat: Variabilité et taxonomie des premiers représentants du genre Homo: nouvelles considérations Tableau 2. Inventaire des spécimens fossiles originaux utilisés dans l’analyse cladistique. SPÉCIMENS
SITES
DATATIONS (MA)
AL 333-45 KNM-ER 406 KNM-ER 730 KNM-ER 1470 KNM-ER 1805 KNM-ER 1813 KNM-ER 3732 KNM-ER 3733 KNM-ER 3883 KNM-WT 17000 OH 5 OH 9 OH 13 OH 16 OH 24 OH 62 Sts 5 Sts 71 Stw 53 Stw 505 SK 46 SK 48
Hadar (Ethiopia) Est Turkana (Kenya) Est Turkana Est Turkana Est Turkana Est Turkana Est Turkana Est Turkana Est Turkana Ouest Turkana (Kenya) Olduvai (Tanzanie) Olduvai Olduvai Olduvai Olduvai Olduvai Sterkfontein (République d’Afrique du Sud) Sterkfontein Sterkfontein Sterkfontein Swartkrans Swartkrans
3,22-3,18 (Walter, 1994) 1,7 (Feibel et al., 1989) 1,7 (Feibel et al., 1989) 1,9-1,88 (Feibel et al., 1989) 1,85 (Feibel et al., 1989) 1,9-1,88 (Feibel et al., 1989) 1,9-1,88 (Feibel et al., 1989) 1,78 (Feibel et al., 1989) 1,57+/- 0,08 (Feibel et al., 1989) 2,5 (Feibel et al., 1989) 1,85-1,8 (Hay 1976) 1,25 (Hay 1976) 1,6 (Hay 1976) 1,67 (Hay 1976) 1,88 (Hay 1976) 1,85-1,75 (Johanson et al., 1987) 2,8-2,4 (Schwartz et al., 1994) 2,8-2,4 (Schwartz et al., 1994) 2,0 (Schwartz et al., 1994) 2,8-2,4 (Schwartz et al., 1994) 1,8-1,5 (Vrba, 1985) 1,8-1,5 (Vrba, 1985)
- et du groupe défini par KNM-ER 1482, 1813, 3775, 3891, BC1 du Kenya ; L 894-1, AL 266-1 d’Ethiopie ; OH 7, 13, 16, 24, 37, 62 de Tanzanie et Stw 53, SKW 5 de la République d’Afrique du Sud. Cet ensemble est nommé Homo habilis sensu stricto en référence au spécimen OH 7, holotype de l’espèce Homo habilis Leakey et al., 1964.
faible nombre d’individus, ce caractère n’a pu être intégré dans cette analyse. Afin de tenir compte de la variabilité intra-spécifique, le polymorphisme a été codé en état multiple (0/1, 0/2, 0/1/ 2…) à l’aide de l’option « polymorphisme » du logiciel PAUP 3.1. Les variables métriques (ou caractères continus) ont été codées en caractères discontinus grâce à la méthode proposée par Thiele en 1993. Les données ont été entrées de façon aléatoire afin d’éviter toute hypothèse phylogénétique préconçue.
Ces deux espèces se distinguent selon 28 caractères morphologiques (tableaux 3 et 4). Aucun caractère n’est lié à l’attribution sexuelle de l’individu. Les spécimens d’Homo habilis présentent, en vue supérieure, deux dépressions. L’une se situe en arrière de la région orbitaire (dépression supratrigonale) et l’autre latéralement à celle-ci (dépression post-orbitaire latérale). Chez ces deux espèces, la longueur maximale de l’os pariétal se situe en position haute, proche de la suture sagittale. Les bosses pariétales sont en position haute et aucune dépression pré-lambdatique n’est observée. Chez les spécimens attribués à Homo habilis, la forme de l’écaille de l’os temporal est basse et triangulaire, son bord antérieur est orienté verticalement, lorsque le crâne est positionné dans le plan de référence de Francfort. La crête supramastoïdienne et l’apophyse mastoïde sont faiblement développées. Les crêtes mastoïdienne et supramastoïdienne ne sont généralement pas jointives sur les spécimens d’Homo habilis contrairement à Homo rudolfensis. En vue inférieure, la portion temporale de l’articulation temporo-mandibulaire des Homo habilis est de forme rectangulaire et le tubercule articulaire n’est pas plan contrairement aux spécimens d’Homo rudolfensis. Chez ces derniers, le processus postglénoïde est en position médiale par rapport à l’extrémité latérale de la partie tympanique de l’os temporal. La racine du processus zygomatique de l’os temporal est de forme elliptique chez Homo habilis contrairement aux spécimens d’Homo rudolfensis, où celle-ci est plane. Le plan nuchal est fortement incliné chez les fossiles attribués à Homo habilis.
« L’intra-groupe » est constitué de vingt-deux fossiles originaux provenant d’Ethiopie, du Kenya, de Tanzanie et d’Afrique du Sud (tableau 2). En raison du nombre important de taxons étudiés, la recherche de l’arbre le plus court a été effectuée en utilisant l’algorithme heuristique de recherche avec les options de réarrangement des branches (« general, starting trees, stepwise addition et branch swapping »). 3. RÉSULTATS 3.1. Comparaisons morphologiques D’un point de vue anatomique, deux groupes peuvent être mis en évidence au sein des premiers représentants du genre Homo. Il s’agit du groupe constitué par : - KNM-ER 819, 1470, 1590, 1801, 1802, 3732 du Kenya et UR 501 du Malawi. Cet ensemble est nommé Homo rudolfensis, en référence au spécimen KNM-ER 1470, holotype de l’espèce Homo rudolfensis (Alexeev, 1978). 141
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic Tableau 3. Distinctions entre les restes crâniens de KNM-ER 1470, KNM-ER 1590, KNM-ER 1813, KNM-ER 3732, KNMER 3735, KNM-ER 3891, KNM-BC 1, OH 13, OH 16, OH 24, OH 62, L 894-1 et Stw 53. Les caractères mentionnés par « * » correspondent aux caractères liés au stade de développement post-natal de l’individu et par « # » aux caractères présentant au sein des populations actuelles une variabilité intra-spécifique importante (Prat, 2000 a). Description morphologique du groupe défini par les spécimens : KNM-ER 1470, KNM-ER 1590, KNM-ER 3732 Homo rudolfensis
Description morphologique du groupe défini par les spécimens KNM-ER 1813, KNM-ER 3735, KNM-ER 3891, KNM-BC1, L 894-1, OH 7, OH 13, OH 16, OH 24, OH 62, Stw 53 Homo habilis sensu stricto
absente
présente
absente (KNM-ER 3732)
présence (Stw 53, KNM-ER 3891, OH 16, 24)
absent
présent
Importance de la crête supramastoïdienne au niveau du porion
nulle
moyen
Position des lignes courbes temporales *
médiane (KNM-ER 1470, 1590, 3732)
haute (OH 7, 13, 16, 24) basse et triangulaire (KNM-ER 1813, OH 24) verticale (OH 13, 24, KNM-ER 1813) pas de jonction (KNM-ER 1813, Stw 53, L894-1) elliptique (KNM-ER 1813, OH 16, KNM-BC 1, Sts 19) ; plane (OH 24, Stw 53) 2 surfaces articulaires (L894-1, Stw 53, KNM-BC 1, KNM-ER 3891, 3735, OH 13, 16)
Caractères
Dépression supratrigonale Dépression postorbitaire latérale Sulcus supratoral
Forme de l'écaille de l'os temporal
haute et arrondie
Jonctions des crêtes mastoïdienne et supramastoïdiennne *
antérieure (KNM-ER 1470) jonction (KNM-ER 1470)
Forme de la racine du processus zygomatique de l'os temporal *
plane (KNM-ER 1470)
Forme du tubercule articulaire *
plan (KNM-ER 1470)
Orientation du bord antérieur de l'écaille
Position du processus post-glénoïde par rapport à l'extrémité latérale de la partie tympanique de l’os temporal Continuité de la pente postérieure du tubercule articulaire Inclinaison du plan nuchal *, # Torus occipital externe # Prognathisme alvéolaire Largeur de la face moyenne/face supérieure Clivus naso-alvéolaire Orientation du processus zygomatique de l’os maxillaire par rapport au plan de référence de Francfort Taille de l’os zygomatique Position du point frontomaxillaire par rapport à la rangée dentaire *, # Individualisation de la région incisive par rapport à l'ouverture nasale Fosse zygomatico-maxillaire Forme des orbites * Forme du bord supérieur de l'orbite Position du bord supérieur de l'orbite par rapport au bord inférieur Palais
médiale
au même niveau
continue (KNM-ER 1470, 3735, 3891) faible (KNM-ER 1470) absent (KNM-ER 1470, 1590)
non continue (KNM-BC 1, OH 13, 16) forte (KNM-ER 1813, OH 24) développement médial (KNM-ER 1813, OH 16)
plus faible
réduit
face moyenne plus large
identiques
plat
convexe
postérieure
verticale
grande
petite
P4-M1 (KNM-ER 1470)
M1-M2 (OH 24, 62)
non
oui
absente
présente
carrée (KNM-ER 1470)
rectangulaire à allongement supéro-inférieur (KNM-ER 1813)
ovoïde
arrondie
dans le même plan
en position antérieure
large
étroit
142
S. Prat: Variabilité et taxonomie des premiers représentants du genre Homo: nouvelles considérations Tableau 4. Distinctions entre les restes mandibulaires de KNM-ER 819, KNM-ER 1801, KNM-ER 1802, UR 501, OH 7, OH 13, OH 37, KNM-ER 1482, AL 266-1 et SKW 5. Description morphologique du groupe défini par les spécimens KNM-ER 819, KNM-ER 1801, KNM-ER 1802, UR 501 Homo rudolfensis
Description morphologique du groupe défini par les spécimens OH 7, OH 13, OH 37, KNM-ER 1482, AL 266-1, SKW 5 Homo habilis sensu stricto
subrectangulaire
convexité médio-latérale
Proéminence mentonnière
trigone
variable absence (OH7, AL 266-1) trigone (OH13) proéminence mentonnière (KNM-ER 1482)
Planum alvéolaire
grand
petit
basse
haute
parallèle
< 15° (OH 7, 13, 37, KNM-ER 1482)
Alignement des dents jugales
oui
variable alignées (OH 7, 13, AL 266-1) non alignées (KNM-ER 1482, OH37)
Taille de la dentition antérieure
grande
petite
Caractères
Forme de la région mentonnière
Position de l’origine de la branche mandibulaire sur le corps mandibulaire Parallélisme entre le grand axe de la mandibule et la rangée dentaire jugale
La majorité des caractères qui permettent de distinguer les spécimens attribués à Homo habilis et à Homo rudolfensis se situe au niveau de la face. Ces deux espèces se distinguent notamment par des proportions différentes entre la face supérieure et la face moyenne (de largeur identique chez Homo habilis), le prognathisme alvéolaire (plus faible chez Homo rudolfensis) et la taille de l’os zygomatique (plus petit chez Homo habilis). Chez ces derniers, une fosse zygomaticomaxillaire peut être observée sur certains spécimens.
L’orientation du processus zygomatique de l’os maxillaire est verticale, lorsque le crâne est positionné dans le plan de référence de Francfort (figure 2). La position du point frontomaxillaire par rapport à la rangée dentaire est plus antérieure chez Homo rudolfensis (P4-M1). Chez les spécimens d’Homo habilis, la région incisive est totalement indépendante de l’ouverture nasale et proéminente par rapport à la région canine. Chez les spécimens attribués
Figure 2. Localisation des caractères : taille de l’os zygomatique, présence d’une fosse zygomatico-maxillaire, orientation du processus zygomatique de l’os maxillaire sur le spécimen kenyan KNM-ER 1813. 143
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
à Homo rudolfensis, l’ouverture nasale est étroite et le clivus naso-alvéolaire est plan. Des distinctions anatomiques peuvent être également observées au niveau de la région orbitaire et de la partie supérieure des os nasaux. Ceux-ci peuvent être saillants chez certains spécimens d’Homo habilis. En ce qui concerne la région orbitaire, la forme des orbites est plus carrée chez les spécimens d’Homo rudolfensis (notamment KNM-ER 1470) et le bord supérieur ovoïde (c’est-à-dire qu’il est courbe médialement et présente une obliquité supéromédiale-latéroinférieure). Les bords supérieur et inférieur de l’orbite se situent dans le même plan. Le palais des spécimens attribués à Homo rudolfensis est plus large que celui des individus d’Homo habilis.
auteurs), et avec SK 48 et SK 46, tous deux considérés comme des Australopithecus robustus (ou Paranthropus robustus). KNM-ER 1805 n’est pas, en revanche, groupé avec les individus appartenant au clade Homo défini au nœud A. Le clade défini au nœud D (KNM-ER 1805((KNM-ER 406, OH 5)(SK 48, SK 46))) est soutenu par deux synapomorphies : la position haute de la longueur maximale de l’os pariétal et la forme du méat auditif externe (elliptique de grand axe supéroantérieur - postéroinférieur). L’analyse cladistique (figure 3), en intégrant les données issues de la description du nouveau spécimen kenyan KNMWT 40000, holotype de l’espèce Kenyanthropus platyops Leakey et al., 2001, met également en évidence l’appartenance des spécimens KNM-ER 1470, KNM-ER 1813, KNM-ER 3732, OH 24, OH 62 et Stw 53 au clade Homo (défini au nœud A) et non au clade Australopithecus ou Kenyanthropus. L’arbre de consensus strict des deux arbres les plus parsimonieux a une longueur de 442 pas, un indice de cohérence (IC) de 0,442 et un indice de rétention (IR) de 0,431. Les caractères « fixes » ou « non ambigus» au nœud A sont : une région glabellaire plane en norma lateralis, la présence d’une dépression post-orbitaire latérale, l’absence de crête sagittale, un développement faible de la crête supramastoïdienne, l’absence de jonction entre les crêtes mastoïdienne et supramastoïdienne, la présence d’une crête pétreuse uniforme, un foramen magnum en position
Concernant l’anatomie de la mandibule (tableau 4), les principales différences anatomiques entre ces deux groupes se situent au niveau de la région mentonnière. Les deux espèces se distinguent principalement par la forme de la région mentonnière qui est sub-rectangulaire chez les spécimens d’Homo rudolfensis. Chez ces derniers, un trigone mentonnier peut être observé, le planum alvéolaire est grand et l’origine de la branche mandibulaire est en position basse sur le corps de la mandibule, la rangée dentaire jugale est parallèle au grand axe de la mandibule, les dents jugales sont alignées et les dents antérieures sont de grandes dimensions. 3.2. Analyse cladistique La recherche d’arbres optimaux à partir des 122 caractères crâniens non ordonnés, observés sur vingt deux fossiles originaux matures, a abouti à trois arbres également parcimonieux de 431 pas, quelles que soient les options choisies («general, starting trees, stepwise addition ou branch swapping »). L’arbre de consensus strict (figure 2) a une longueur de 431 pas, un indice de cohérence (IC) de 0,452 et un indice de rétention (IR) de 0,431. Les résultats de cette analyse (figure 2) montrent l’appartenance des spécimens KNM-ER 1470, KNM-ER 1813, KNM-ER 3732, OH 24, OH 62 et Stw 53 au genre Homo et non au genre Australopithecus. Le clade Homo défini par (((((KNM-ER 1470((KNM-ER 1813(OH 16, OH 9))KNM-ER 730))(OH 24, OH 13)KNMER 3732)(KNM-ER 3733, KNM-ER 3883))OH 62)Stw 53) est soutenu au nœud A par six caractères « fixes » ou « non ambigus ». Ces caractères sont : la présence de bosses pariétales en position médiane, la forme du tubercule articulaire (deux surfaces articulaires présentant une angulation supérieure à 90°, convergence avec le clade C), la rupture d’angulation avec la pente postérieure du tubercule articulaire et du plan sous-temporal (convergence avec le clade C), la forme du processus post-glénoïde (asymétrique avec un apex déjeté latéralement), une crête pétreuse uniforme, et la présence d’une épine nasale antérieure. Cette analyse cladistique met également en valeur la position particulière du spécimen kenyan KNM-ER 1805 (Prat, 2001, 2002). Cet individu est en effet lié au nœud D avec les spécimens KNM-ER 406 et OH 5, attribués à Australopithecus boisei (ou Paranthropus boisei selon les
Figure 3. Arbre de consensus strict des trois arbres les plus parcimonieux se rapportant à 122 caractères crâniens non ordonnés et 22 spécimens fossiles adultes (L= 421 pas, IC = 0,452, IR = 0,431). 144
S. Prat: Variabilité et taxonomie des premiers représentants du genre Homo: nouvelles considérations
postérieure par rapport à la ligne bitympanique, une région canine indépendante par rapport à l’ouverture nasale, l’absence de proéminence latérale de l’os zygomatique, un bord inférieur de l’orbite situé postérieurement par rapport au bord supérieur et non arrondi latéralement, et des os nasaux saillants.
1999 a, b). Ces espèces n’appartiennent ni au genre Australopithecus ni au genre Kenyanthropus. De plus, si comme le propose Wood et Collard (1999 a, b), habilis et rudolfensis appartiennent au genre Australopithecus, alors une redéfinition du genre Australopithecus s’avère indispensable. L’intégration des données du spécimen AL 666-1, ayant des affinités avec Homo habilis (Kimbel et al., 1996), est nécessaire pour confirmer ces premiers résultats. Une étude plus détaillée de l’holotype de Kenyanthropus platyops est également indispensable pour conforter les résultats de l’analyse cladistique (figure 4) établie à partir des données de la diagnose.
4. DISCUSSION ET CONCLUSION Deux groupes peuvent être définis au sein des premiers représentants du genre Homo sur la base de leur anatomie crânienne et mandibulaire : Homo habilis sensu stricto et Homo rudolfensis. Ces deux espèces se distinguent également selon les composantes de taille et de conformation (size and shape), en particulier au niveau du complexe maxillo-facial (Prat, 2000 a, b).
Il faut toutefois noter que l’un des problèmes méthodologiques actuels concerne la comparaison des différents résultats des analyses cladistiques. Il peut en effet exister de grandes distinctions dans l’attribution taxinomique des spécimens entre les auteurs. Les différences de topologie des arbres peuvent être ainsi dues soit aux spécimens, soit aux caractères pris en compte dans l’analyse. L’attribution, par exemple, du spécimen kenyan KNM-ER 1805 à l’espèce Homo habilis a des conséquences évidentes sur l’attribution des états de caractère pour cette espèce. En effet, les caractères : « présence d’une crête sagittale » et « présence d’une crête temporo-nuchale » sont codés « oui » pour l’espèce habilis (Skelton et McHenry, 1992 p. 321, Strait et al., 1997, p. 26), du fait de l’attribution de KNM-ER 1805 à cette espèce (pour la crête temporonuchale, « the H. habilis state assignment is based on KNMER 1805 », Strait et al. 1997, p. 69). Si l’on ne considère pas ce spécimen comme un spécimen mâle moyen d’Homo habilis (Prat, 2002), alors ces caractères sont codés « non » et toute la topologie de l’arbre de consensus peut s’en trouver modifiée.
L’étude métrique de ces individus met en valeur un dimorphisme sexuel plus élevé que celui des gorilles actuels. Les différences entre ces deux espèces ne peuvent donc être expliquées par le dimorphisme sexuel (Prat, 2000 a). Nos conclusions rejoignent celles d’autres auteurs sur la variabilité au sein du taxon Homo habilis sensu largo (Stringer, 1987 ; Chamberlain, 1987 ; Groves, 1989 ; Wood 1991, 1992, 1996 ; Rightmire, 1993 ; Kimbel et Rak, 1993 ; Lieberman et al., 1996 ; Strait et al., 1997). Elles s’en distinguent néanmoins par la liste des spécimens attribués à chaque espèce et notamment celle concernant KNM-ER 1482, KNM-ER 1805, KNM-ER 1813, KNM-ER 3891, Sts 19, SK 15, SK 45, SK 847 et Stw 53 (tableau 5). Les résultats de l’analyse cladistique montrent que le genre Homo reste un groupe monophylétique malgré l’inclusion des espèces habilis et rudolfensis (contra Wood et Collard,
Tableau 5. Attributions des spécimens selon Groves (1989), Wood (1991, 1992, 1996), Kimbel et Rak (1993), Strait et al., (1997 et Prat (2000). Auteurs
Homo habilis
Homo rudolfensis
Homo ergaster
Groves (1989)
OH 7, 13, 16, 24
KNM-ER 1470, 1590, 1802
KNM-ER 730, 820, 992, 1805, 1813 KNM-ER 3733, 3883, KNMWT 15000
Wood (1991, 1992, 1996) OH7, 13, 16, 24, 62, KNM-ER KNM-ER 819, 1470, 1482, 1805, 1813 1483, 1590, 1801, 1802, 3732, 3891 Rightmire (1993) OH 7, KNM-E 1470, 1590, OH 13, 24, KNM-ER 1813 (Homo sp. nov) 3732 Kimbel et Rak (1993) KNM-ER 1813, 3734, 3735, KNM-ER 1470, 1590, 1802, 3891, L894-1, Stw 53, Sts 19 3732 Lieberman et al. (1996) OH 7, 13, 16, 24, 62, KNMKNM-ER 1470, 1590, 1801, ER 1501, 1502, 1805, 1813 1802, 3732 Strait et al. (1997) OH 7, 13, 24, 62, KNM-ER KNM-ER 819, 1470, 1482, 1501, 1502, 1805, 1813, 1483, 1590, 1801, 1802, 1478, 3735, Sts 19, Stw 53, 3732, 3891, UR 501 SK 15, SK 27, SK 45, SK 847, L894-1 Prat (2000) KNM-ER 1482, 1813, 3735, KNM-ER 809, 1470, 1590, 3891, BC1, L 894-1, OH 7, 1801, 1802, 3732, UR 501 13, 16, 24, 37, 62, Stw 53, SKW5, AL 266-1 145
KNM-ER 992, 3733, 3883 KNM-ER 730, 820, 993, 1507, 3733, ER 3883, WT 15000
KNM-ER 730, 992, 3733, 3883, KNM-WT 15000, SK 15, 45, 847, Dmanissi
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Kenya, le Ministère de la Culture de Tanzanie, les National Museums of Tanzania, National Museums of Kenya et National Museums of Ethiopia, W. Van Neer, H. Hartman, C. Smeenk pour m’avoir accordé l’autorisation d’étudier les collections d’hominidés fossiles et de grands singes actuels. Cette étude a été soutenue financièrement par le Ministère des Affaires Etrangères et la Fondation Singer-Polignac.
Adresse d’auteur Laboratoire de Paléoanthropologie et de Préhistoire Collège de France 3 rue d’Ulm 75321 Paris cedex 05 Email : [email protected]
Bibliographie ALEXEEV, V.P., 1978, Paleoantropologia zemnogo shara i formirovanie chelovecheskikh ras. Moscow: Nauka. ALEXEEV, V.P., 1986, The origin of Human Race. Moscow: Progress. CHAMBERLAIN, A.T.,1987, A taxonomic review and phylogenetics analysis of Homo habilis, Ph. D. thesis. Liverpool: University of Liverpool.
Figure 4. Arbre de consensus strict des deux arbres les plus parcimonieux se rapportant à 122 caractères crâniens non ordonnés et 23 spécimens fossiles adultes (L= 442 pas, IC = 0,442, IR = 0,431).
FEIBEL, C.S., BROWN, H. & MCDOUGALL, I., 1989, Stratigraphic context of fossil hominids from the Omo group deposits : northern Turkana Basin, Kenya and Ethiopia. American Journal of Physical Anthropology 78, p. 595-622. FERGUSON, W.W., 1995, A new species of the genus Homo (Primates: hominidae) from the Plio/Pleistocene of Koobi fora, Kenya. Primates 36, p. 69-89.
Un examen approfondi de la valeur phylogénétique de chaque caractère doit être pris en compte. Il est en effet essentiel de vérifier si les caractères sont bien des caractères homologues (Lieberman, 1999), s’ils sont indépendants c’est-à-dire s’ils ne sont pas reliés fonctionnellement ou structurellement entre eux (Skelton et McHenry 1998 ; Strait et Grine, 1998 ; Strait, 2001). Il apparaît également primordial de vérifier si ces caractères ne peuvent pas être liés au stade de développement ou à l’attribution sexuelle de l’individu (Prat, 2000 a ; Prat et Thackeray, 2001). En effet, de nombreux caractères morphologiques permettant de distinguer ces deux ensembles, énoncés dans ce travail et par d’autres auteurs (Lieberman et al., 1996 ; Strait et al., 1997) sont soit liés à l’attribution sexuelle, soit au stade de développement de l’individu. Ces caractères doivent donc être considérés avec prudence dans les études sur les hominidés plio-pléistocènes.
GROVES, C.P., 1989, A theory of Human and Primate Evolution. Oxford: Clarendon Press. GROVES, C.P. & MAZAK, V., 1975, An approach of taxonomy of the hominidae : gracile Villafranchian hominids in Africa. Casopis pro Mineralogii geologii 20, p. 225-247. HAY, R.L., 1976, The setting of the gorge and history of the geological investigations. In The Geology of Olduvai Gorge edited by R.L. Hay. Berkeley: University of California Press, p. 2528. HOWELL, F.C., 1978, Hominidae. In Evolution of african mammals, edited by V.J. Maglio & H.B.S. Cooke. Washington: Harvard University Press, p. 190-194. JOHANSON, D.C., MASAO, F.T., ECK, G.G., WHITE, T.D., WALTER, R.C., KIMBEL, W.H., ASFAW, B., MANEGA, P., NDESSOKIA, P. & SUWA, G., 1987, New partial skeleton of Homo habilis from Olduvai Gorge. Nature 327, p.205-209.
Les résultats de cette étude montre que, sur la base de leur morphologie crânienne et mandibulaire, deux espèces peuvent être définies : habilis sensu stricto et rudolfensis. Ces deux espèces appartiennent bien au genre Homo et leur attribution aux genres Australopithecus ou Kenyanthropus est contestable.
KIMBEL, W.H., WALTER, R.C., JOHANSON, D.C., REED, K.E., ARONSON, J.L., ASSEFA, Z., MAREAN, C.W., ECK, G.G., BOBE, R., HOVERS, E., RAK, Y., VONDRA, C., YEMANE, T., YORK, D., CHEN, Y., EVENSEN, N.M. & SMITH, P.E., 1996, Late Pliocene Homo and Oldowan tools from the Hadar formation (Kada Hadar member), Ethiopia. Journal of Human Evolution 31, p. 549-561. KIMBEL, W.H. & RAK, Y., 1993, The importance of species taxa in Paleoanthropology ad an argument for the phylogenetic concept of the species category. In Species, species concepts, and Primate evolution, edited by W.H. Kimbel & B. Martin. New York: Plenum Press, p. 461-484.
Remerciements Je tiens à adresser tous mes remerciements à P.V. Tobias, L. Berger, F. Thackeray, M.G. Leakey, l’Office du Président du 146
S. Prat: Variabilité et taxonomie des premiers représentants du genre Homo: nouvelles considérations LEAKEY, L.S.B., TOBIAS, P.V. & NAPIER, J.R, 1964, A new species of the genus Homo from Olduvai Gorge. Nature 202, p. 7-9.
STRAIT, D.S., GRINE, F.E. & MONIZ, M.A., 1997, A reappraisal of early hominid phylogeny. Journal of Human Evolution 32, p. 17-82.
LEAKEY, M.G., SPOOR, F., BROWN, F.H., GOTHOGO, P.N., KIAIRIE, Ch., LEAKEY, L.N. & MCDOUGALL, I., 2001, New hominin genus from eastern Africa shows diverse middle Pliocene lineages. Nature 410, p. 433-439.
STRAIT, D.S. & GRINE, F.E., 1998, Trait list bias? A reply to Skelton and McHenry. Journal of Human Evolution 34, p. 115118. STRAIT, D.S., 2001, Integration, phylogeny, and the hominid cranial base. American Journal of Physical Anthropology 114, p. 273297.
LIEBERMAN, D.E., 1999, Homology and hominid phylogeny : problems and potential solutions. Evolutionary Anthropology 7, p. 147-151.
STRINGER, C.B., 1986, The credibility of Homo habilis In Majors topics in primate and human evolution, edited by B.A. Wood., L. Martin & P. Andrews. New York: Cambridge University Press, p. 266-294.
LIEBERMAN, D.E., WOOD, B.A. & PILBEAM, D.R., 1996, Homoplasy and early Homo : an analysis of the evolutionary relationships of H. habilis sensu stricto and H. rudolfensis. Journal of Human Evolution 30, p. 97-120.
STRINGER, C.B., 1987, A numerical cladistic analysis for the genus Homo. Journal of Human Evolution 16, p. 135-146.
PRAT, S., 1997, Problème taxinomique des premiers représentants du genre Homo. Etudes crâniennes des individus d’Olduvai et de Koobi Fora. Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris 9, p. 251-266.
THIELE, K., 1993, The holy of the perfect character : the cladistic treatment of morphometric data. Cladistics, p. 275-304. TOBIAS, P.V., 1978, Position et rôle des Australopithécinés dans la phylogénèse humaine, avec étude particulière d’Homo habilis et des théories controversées avancées à propos des premiers hominidés fossiles de Hadar et de Laetoli. In Les origines humaines et les époques de l’intelligence edited by Fondation Singer Polignac. Paris: Masson, p. 38-74.
PRAT, S., 2000 a, Origine et taxinomie des premiers représentants du genre Homo, thèse, Talence : Université Bordeaux I. PRAT, S., 2000 b, Variabilité métrique et morphologique du complexe maxillo-facial : similitude et divergence au sein des hominidés plio-pléistocènes. Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris 12 , p. 503.
TOBIAS, P.V., 1991. Olduvai Gorge Volume IVa et IVb : Homo habilis, skulls, endocasts and teeth. Cambridge: Cambridge University Press.
PRAT S., 2001, Comparison between KNM-ER 1805 and other specimens of early Homo : a reevaluation of its taxonomic allocation. American Journal of Physical Anthropology 32, p. 121.
VRBA, E.S., 1985, Ecological and adaptative changes associated with early hominid evolution. In Ancestors : the hard evidence edited by E. Delson, New York: Alan R. Riss, p. 63-71.
PRAT, S. & THACKERAY J.F, 2001, Position des lignes temporales sur le cranium de “Mrs” Ples (A. africanus) : une attribution sexuelle est-elle possible? Comptes Rendus de l’Académie des Sciences de Paris, Sciences de la Terre et des planètes 332, p. 403-409.
WALKER, A.C. & LEAKEY, R.E.F., 1978, The hominids of East Turkana. Scientific American 239, p. 44-56. WALTER, R.C., 1994, Age of lucy and the first family single cristal 40 Ar/ 39Ar dating of the Denen Dora and lower Kada Hadar members of the Hadar Formation, Ethiopia. Geology 22, p. 6-10.
PRAT, S., 2002 (sous presse), Anatomical study of the skull of the kenyan specimen KNM-ER 1805 : a re-evaluation of its taxonomic allocation ?, Comptes Rendus Palevolution.
WOOD, B.A., 1991, Koobi Fora : research Project Volume 4 : hominid cranial remains, Oxford: Clarendon Press.
RIGHTMIRE, G.P., 1993, Variation among early Homo crania from Olduvai Gorge and the Koobi Fora region. American Journal of Physical Anthropology 90, p. 1-33.
WOOD, B.A., 1992, Origin and evolution of the genus Homo, Nature 355, p. 783-790. WOOD, B.A., 1996, The origin and evolution of the genus Homo. In Issues in human evolution, memoir 21 edited by W.E. Meikle, F.C. Howell & N.G. Jablonshy. San Francisco: California Academy of Sciences, p. 105-114.
SCHWARTZ, H.P., GRÜN R. & TOBIAS P.V., 1994, ESR dating studies of the Australopithecine site of Sterkfontein, South Africa. Journal of Human Evolution 26, p. 175-181. SKELTON, R.R. & MCHENRY H.M., 1992, Evolutionary relationships among early hominids. Journal of Human Evolution 23, p. 309-349.
WOOD, B.A. & COLLARD, M., 1999 a, The Human genus. Science, 284, p. 65-71. WOOD, B.A. & COLLARD, M., 1999 b, The changing face of the genus Homo. Evolutionary Anthropology, p. 195-207.
SKELTON, R.R. & MCHENRY, H.M., 1998, Trait list bias and a reappraisal of early hominid phylogeny. Journal of Human Evolution 34, p. 109-113.
147
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
148
A. Vialet: L’utilisation de la face des Homo erectus comme argument taxonomique...
L’UTILISATION DE LA FACE DES HOMO ERECTUS COMME ARGUMENT TAXINOMIQUE. ÉTUDE RÉTROSPECTIVE CRITIQUE ET DONNÉES NOUVELLES Amélie VIALET
Résumé : Nous avons étudié les fragments de face appartenant aux hominidés de Zhoukoudian L-C1 attribués aux Homo erectus sensu lato. Nos observations comparées à celles de Franz Weidenreich publiées en 1943 ont mis en évidence certaines contradictions que nous expliquons comme le résultat de l’influence de présupposés scientifiques en vigueur à l’époque. Comparés à un référentiel d’hommes modernes et de spécimens du Pléistocène inférieur et moyen, les sinanthropes montrent peu de particularités. Parmi celles-ci cependant, un complexe de caractères permet de conclure à la mise en place précoce d’une morphologie faciale de type moderne, définie par la présence d’une dépression sous-orbitaire. Il s’agit donc d’un caractère plésiomorphe. Seule la forte largeur supérieure des os nasaux, relativement à la largeur faciale orbitaire interne, constitue un caractère spécifique aux hominidés de Zhoukoudian L-C. La morphométrie de l’os zygomatique permet en revanche d’établir une distinction claire entre ces derniers, les spécimens de Sangiran (Java, Indonésie) et les fossiles africains du Pléistocène inférieur considérés dans notre étude. Abstract: We have studied the facial remains of hominids from the cave of Zhoukoudian L-C attributed to Homo erectus sensu lato. Some contradictions appeared in comparing our analysis with the one published by Franz Weidenreich in 1943. We explain them as the result of scientific biases at this period. Compared with a sample of modern men and one of fossils from early and middle Pleistocene, sinanthropus show few peculiarities. However, among them, a complex of features allows us to conclude that the modern facial morphology was already established. Therefore it is a plesiomorphic trait. Only the large superior width of nasal bones (compared with facial width) is typical of the Zhoukoudian L-C hominids. Finally with metrical and morphological parameters of cheek bone, it is possible to distinguish clearly three kinds of fossil hominids between those from Sangiran (Java, Indonesia), African fossils of early Pleistocene from Africa and those from Zhoukoudian L-C.
INTRODUCTION
PROBLÉMATIQUE
C’est une donnée acquise que le taxon Homo erectus tient son origine de celui de Pithecanthropus erectus, terme utilisé par Eugène Dubois (1893) à l’occasion de ses découvertes de Trinil à la fin du 19è siècle. L’influence des lectures de Haeckel (1866) est manifeste, ce dernier ayant avant toute découverte paléo-anthropologique, désigné un être intermédiaire entre l’homme et le singe : littéralement le Pithécanthropus, qu’il imaginait non doué de parole puisque qualifié de alalus, c’est-à-dire muet.
Franz Weidenreich, anatomiste allemand présent en Chine dès 1934 (Walker et Shipman 1996), synthétise les particularités de la série de fossiles humains de Zhoukoudian L-C en 121 traits morphologiques et métriques, dans son étude publiée en 1943. Parmi ceux-ci, plus d’un tiers concerne le massif facial. Ce sont ces caractères que nous avons analysés et discutés. Nous avons d’une part, vérifié leur présence et la concordance de leur description sur le matériel fossile et d’autre part testé leur valeur taxinomique en les confrontant aux fréquences d’apparition des mêmes traits morphologiques au sein d’un référentiel moderne composé de 60 individus (collection de l’Institut de Paléontologie Humaine, Paris) répartis selon trois grandes zones géographiques, l’Europe, l’Asie et l’Afrique (Vialet 2000).
La même logique est adoptée par Davidson Black (1927) lorsqu’il découvre les premières dents humaines à Zhoukoudian Lower-Cave (L-C) en Chine. Dans un élan qualifié aujourd’hui de médiatique, il crée le terme Sinanthropus pekinensis. Franz Weidenreich, (1940) au milieu du siècle dernier, propose le nom de genre Homo pour les restes fossiles à la fois de Chine et de Java, avec une distinction au niveau de la sous espèce qui, comme il le précise, ne désignait pas une réalité biologique. Enfin c’est Ernst Mayr (1950) qui, conformément à sa théorie synthétique de l’évolution, rassemble ces fossiles sous le terme Homo erectus. 1
Desservie par le faible nombre d’éléments fossilisés, la face n’en reste pas moins pertinente d’un point de vue taxinomique car d’une part, elle est une région anatomique hautement discriminante de l’individu et d’autre part elle constitue le viscéro-crâne, logeant les principaux organes sensoriels (cavités orale, nasale et orbitaires). C’est pourquoi, la face a été l’objet de nombreuses recherches (Rak 1983, Heim 1992,
L-C : Lower-Cave.
149
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
1. Les concordances
Maureille 1994, Rigthmire 1998). Il nous a semblé impératif de mener une étude rétrospective critique du travail fondamental et pionnier de Franz Weidenreich livrant une série de caractères descriptifs, systématiquement réutilisés depuis.
Parmi tous les caractères décrits, seule la moitié a été confirmée par nos observations. Nous présentons dans un premier temps, ceux dont la fréquence d’apparition au sein de notre population d’hommes modernes choisie comme référence, est faible. (Tabl. 2).
MATÉRIEL FOSSILE Trois de ces traits, à savoir l’orientation antérieure du processus frontal de l’os zygomatique, la position de l’arcade zygomatique sous le plan de Francfort, la position du bord orbitaire supérieur au même niveau que le plafond de l’orbite sont apparus comme spécifiques aux Homo erectus étant donné qu’ils n’ont jamais été observés parmi notre référentiel moderne.
C’est dans la grotte de Zhoukoudian L-C, prés de Pékin que les plus anciennes découvertes de fragments de face d’Homo erectus ont été effectuées entre 1933 et 1937. Ce matériel qui a entièrement disparu pendant la seconde guerre mondiale, a été sous forme de moulages (UMR 6569 du CNRS – Marseille), la base de notre étude. Ces derniers comprennent des fragments d’os maxillaires gauches : partie inférieure de l’os et processus frontal (I, III à VI), ainsi que le corps d’un os zygomatique gauche (II). Les os nasaux sont encore en connexion anatomique sur les crânes n° II et XII, de même que le processus frontal de l’os zygomatique gauche sur ce dernier (Tabl. 1 et Fig. 1).
Le fort tubercule supra-orbitaire (Fig. 3), les exostoses buccales maxillaires (Fig. 4) ainsi que la projection vers l’avant du bord supra-orbitaire sont présents chez l’homme moderne mais en faibles fréquences, respectivement 1,7%, 6,7% et 16,7%. A l’inverse, une série de caractères cités par Franz Weidenreich et concordants avec nos observations se manifeste selon des fréquences fortes chez l’homme moderne (Tabl. 3).
RÉSULTATS La comparaison des données publiées par Franz Weidenreich (1943) sur les spécimens de Zhoukoudian L-C et de nos observations sur le même matériel a mené à plusieurs constatations. Nous commenterons d’une part les séries de caractères morphologiques puis métriques ayant donné lieu à des descriptions concordantes, avant de discuter les discordances portant le plus souvent sur des caractères matérialisés dans la reconstitution du sinanthrope. Cette dernière proposée par Franz Weidenreich et Lucille Swan en 1937 manifeste de par sa nature une certaine subjectivité, reflet des conceptions paléoanthropologiques de l’époque (Fig. 2).
Weidenreich avait déjà mentionné que ces caractères étaient communs aux hominidés de Zhoukoudian L-C et aux hommes modernes. Il avait par contre distingué les premiers par la position reculée du foramen incisif par rapport au point oral. Or selon nos statistiques une telle position est presque systématiquement observée chez l’homme moderne, c’est à dire que dans 90% des cas, le bord postérieur du foramen incisif se situe sur la tangente aux prémolaires (P3 ou P4). Deux complexes de caractères exprimés chez les sinanthropes concernant la région sous orbitaire et nasale nous paraissent
Tableau 1. Inventaire (Weidenreich 1943) des fragments de face fossilisés découverts dans le gisement de Zhoukoudian L-C. Numéro Description FACE I
Processus frontal du maxillaire gauche
II
Corps d’un os zygomatique gauche
III
Base d’un maxillaire gauche comprenant P1 à M3
IV
Voûte palatine du maxillaire gauche
V
Base d’un maxillaire gauche comprenant I2, P1 à M3
VI
Base d’un maxillaire gauche comprenant P1, M1 à M3
Découverte
Numéro d’inventaire
1936 locus L 1936 locus L 1936 locus L
PA 98 Appartient au Skull X PA 98 Appartient au Skull X PA 99 Appartient au Skull XI PA 98-99 Appartient au Skull X ou XI ? PA 313 Appartient au Skull XIII PA 115 Appartient au Skull XIV ?
1936 locus L 1937 locus O 1933 Upper cave
CRANE II XII
Crâne fragmentaire avec partie supérieure des os nasaux en connexion Crâne dont la base est fragmentaire Avec partie supérieure des os nasaux et processus frontal de l’os zygomatique gauche en connexion 150
1929 locus D
PA 17
1936 locus L
PA 100
A. Vialet: L’utilisation de la face des Homo erectus comme argument taxonomique...
II
I
III
1cm
IV
VI
V
Fig. 1 : Fragments de face des hominidés de Zhoukoudian L-C (Chine) I processus frontal de maxillaire gauche – face antérieure II corps d’os zygomatique gauche – face antérieure III base de maxillaire (P1 a M3) gauche – face latérale IV voute palatine de maxillaire gauche – face inférieure V base de maxillaire (I2, P1 a M3) gauche – face latérale VI base de maxillaire (P1, M1 a M3) gauche – face latérale (la P1 manque sur ce moulage) Moulages UMR 6569-Marseille
B
A
2cm
Figure 2. (A) Reconstitution du sinanthrope par Franz Weidenreich, a gauche sur la photo et Lucille Swan a droite, en 1937 et (B) moulage du crâne restitué Institut de Paléontologie Humaine - Paris
particulièrement importants. La définition de la dépression sous-orbitaire telle qu’elle est clarifiée dans Maureille (1994) et Maureille et Houët (1997) correspond à un « changement d’orientation globale de la face antérieure du massif facial ». Elle se manifeste entre autres par une concavité prononcée de la crête faciale, nommée incisura maxillaris par Franz Weidenreich et est caractéristique des populations actuelles.
La morphologie de la région nasale projetée vers l’avant grâce à une ensellure nasale haute, large et des os nasaux concaves en vue latérale caractérise le genre Homo. Franciscus et Trinkaus (1988) considèrent même comme le signe de l’émergence de ce genre. Cette série de traits commune aux hommes modernes et aux hominidés de Zhoukoudian L-C permet de conclure à la mise en place précoce d’une 151
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic Tableau 2. Les caractères décrits par Weidenreich (1943) sur les hominidés de Zhoukoudian L-C exprimés selon de faibles fréquences parmi un référentiel d’hommes modernes. Numérotation Weidenreich 1943 N° 35 N° 95 N° 103 N° 106 N° 114 N° 115
Définition du caractère Tubercule supra-orbitaire proéminent Présence d’exostoses buccales maxillaires Processus frontal de l’os zygomatique orienté dans plan frontal Arcade zygomatique située sous le plan de Francfort Projection du bord orbitaire supérieur par rapport au bord inférieur Bord orbitaire supérieur en continuité avec le plafond de l’orbite
1cm
Fréquence d’apparition référentiel moderne (N=60) 1,7 % 6,7 % 0% 0% 16,7 % 0%
1cm
Figure 4. Exostoses buccales maxillaires développées chez un homme actuel.
Figure 3. Tubercule supra-orbitaire développé chez un homme actuel.
Tableau 3. Les caractères décrits par Weidenreich (1943) sur les hominidés de Zhoukoudian L-C exprimés selon une fréquence forte parmi un référentiel d’hommes modernes (IO : infra-orbitaire) Weidenreich 1943 N° 35 N° 115 N° 116 N° 119 N° 119 N° 87 N° 87 Sans N° Sans N° Sans N° N° 91 N° 92 N° 92 N° 93 N° 93 N° 97 N° 98 N° 116 N° 105
Définition du caractère Encoche supra-orbitaire peu profonde Bord orbitaire supérieur arrondi Bord orbitaire inférieur arrondi Foramen zygomatico-orbitaire dans l’angle inféro-latéral de l’orbite Foramen zygomatico-orbitaire dans prolongement de la fissure I-O Ensellure nasale haute Ensellure nasale large Courbure latérale continue des os nasaux Disproportion des os nasaux dans leur partie proximale Prognathisme du maxillaire prononcé Délimitation du bord inférieur de l’ouverture nasale Jugum canin large et proéminent Fossette canine ou « sulcus infra-orbitalis » du foramen IO aux P3-P4 Pilier malaire arrondi Concavité de la crête faciale « incisura maxillaris » Palais rugueux Position reculée du foramen incisif (entre C et P1) Bord inféro-latéral de l’orbite arrondi Processus marginal bien développé 152
Fréquence d’apparition référentiel moderne (N=60) 68 % 65 % 82 % 91,7 % 90 % 73,3 % 80 % 62 % 88,3 % 52 % 58 % 82 % 70 % 100 % 93 % 97 % 65,5 % 58 % 66,7
A. Vialet: L’utilisation de la face des Homo erectus comme argument taxonomique...
morphologie faciale de type moderne, ce qui va dans le sens des observations de Pope (1991).
forte en effet par rapport à l’homme actuel. Il s’agit cependant d’une valeur uniquement observable sur la reconstitution du sinanthrope. Weidenreich commente que les valeurs actuelles les plus hautes se retrouvent parmi le groupe des mongols, ce qui n’apparaît pas statistiquement à partir de notre population de référence. Enfin, la longueur du canal incisif paraît très forte, de 24 mm sur le sinanthrope, elle est en moyenne de 13 mm dans notre échantillon moderne.
2. Les données métriques Selon Franz Weidenreich, les os nasaux des sinanthropes sont particulièrement larges, comparés aux hommes actuels (n°86). Dans notre référentiel moderne en effet, la largeur supérieure des os nasaux est en moyenne de 11mm (e-c = 3mm) alors que sur le crâne n°XII de Zhoukoudian L-C elle s’élève à 17mm. Cette valeur, proportionnellement à celle de leur largeur faciale orbitaire interne respective (M43.1 de Martin 1928), permet la même constatation, la largeur supérieure des os nasaux représentant presque 16% de la largeur faciale orbitaire interne chez le sinanthrope. Elle équivaut à moins de 12% chez l’homme actuel.
Nous ne discuterons pas des indices relatifs aux cavités sensorielles que publie Franz Weidenreich car ils sont également liés à la reconstitution du sinanthrope, seul élément complet à partir duquel toutes les mesures nécessaires à leur calcul ont pu être entreprises dont le détail n’est jamais explicitement mentionné par l’auteur. 3. Les disconcordances
Il faut apporter une précision sur la suite de la description enregistrée sous ce même numéro d’inventaire par Franz Weidenreich qui concerne l’aspect constant de la largeur des os nasaux. Sur les crânes II et XII, seule l’extrémité proximale et la partie supérieure sont conservées. C’est pourquoi l’auteur utilise les termes anglais upper breadth et least breadth en précisant que la seconde, la largeur minimale, est généralement située à la moitié de la hauteur des os nasaux et que chez les sinanthropes, aucune différence métrique n’est notable entre les deux dimensions ainsi définies. Dans ce cas, nous confirmons le fait que ces hominidés ont une largeur supérieure et moyenne des os nasaux équivalente.
Plusieurs éléments des descriptions de Franz Weidenreich n’ont pas été confirmés par nos propres observations eu égard à l’aspect trop fragmentaire du matériel fossile. Ainsi l’alignement dans un plan horizontal des sutures nasofrontales et fronto-maxillaires (N° 85) n’a pu être confirmé étant donné que sur aucun spécimen l’intégralité de ces sutures n’est conservée. De même, aucun des restes de maxillaire ne peut témoigner de l’aspect convexe du clivus naso-alvéolaire dans un plan médian (N° 94), ces remarques ont déjà été soulignées par Maureille (1994).
Par contre, l’auteur utilise et cite les conclusions de Martin (1928) concernant ces caractères métriques, pour rapprocher les hominidés de Zhoukoudian L-C des populations dites « mongoles », ce qui ne concorde pas avec nos données. En effet, nous avons découpé notre référentiel moderne selon trois groupes : les populations africaine, asiatique et européenne. Le test de Student auquel nous les avons soumises, a révélé une différence statistiquement significative entre les trois ensembles concernant la largeur nasale supérieure. Cette dernière est la plus étroite parmi l’échantillon asiatique (Tabl.4). De plus, seul un individu parmi les soixante considérés montre des os nasaux aux largeurs minimale et maximale identiques. Au sein des populations actuelles, il s’agit donc d’un caractère rare, non caractéristique des populations asiatiques.
De la même manière, les caractères suivants n’ont pu être avérés : • le développement vertical du jugum canin le long de l’ouverture nasale (N° 92) • la concavité de l’incisure zygomatico-temporale, à la base du processus maxillaire de l’os zygomatique, qui concourt à l’aspect saillant du processus marginal (N°105) • la position du bord infra-orbitaire au même niveau que le plancher de l’orbite (N° 116) L’orientation du corps de l’os malaire (N° 104) reste sujette à caution étant donné que le fragment n°II, seul vestige de cette partie anatomique est un élément isolé. Bien que guidée par une certaine cohérence anatomique (présence d’un prolongement sinusal interne), sa disposition reste difficile à établir sachant, de plus, qu’il ne montre aucun tracé sutural. Quant à l’alignement des deux points Rhinion et Nasospinal
La hauteur de l’os zygomatique, mesurée du point frontomalaire orbitaire au point zygomatico-maxillaire, apparaît
Tableau 4. Les différences statistiquement significatives entre les trois populations pour la largeur nasale supérieure. Résultats du test t pour des échantillons indépendants par le logiciel Statistica 5, ‘97â [AF= africains ; AS= asiatiques ; EU= européens]
Moyenne AF
Moyenne AS
Valeur t
dl
P
Nb des actifs AF
Nb des actifs AS
Ecart-type AF
Ecart-type AS
Ratio-F variance
P varia
11,8
9,45
2,82
35
0,0078
20
20
3,19
1,85
2,97
0,256
Moyenne EU
Moyenne AS
Valeur t
dl
P
Nb des actifs EU
Nb des actifs AS
Ecart-type EU
Ecart-type AS
Ratio-F variance
P varia
12,2
9,45
-3,518
38
0,0011
20
20
2,97
1,85
2,57
0,046
153
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
dans un plan vertical (N° 90), il nous semble qu’il ne peut être observé qu’à partir du moment où les deux repères sont en place sur un même ensemble maxillo-facial. Or ces conditions ne sont réunies que sur la reconstitution du sinanthrope.
4. Présence d’un tubercule proéminent bordant l’incisure supra-orbitaire 5. Présence d’exostoses buccales maxillaires 6. Projection vers l’avant du bord orbitaire supérieur par rapport au bord orbitaire inférieur 7. Largeur supérieure des os nasaux forte 8. Largeur supérieure des os nasaux équivalente en dimension à celle mesurée à la moitié de la hauteur de l’os
Il a été intéressant de noter que de manière systématique, la description attachée à ces caractères que nous n’avons pu confirmer, laissait suggérer un rapprochement soit avec les grands singes soit avec la « race mongole », selon les termes de l’époque. La répétition de cette constatation nous autorise à penser que ces contradictions manifestes entre le matériel fossile tel que nous avons pu l’observer et les descriptions de Franz Weidenreich résultent de présupposés scientifiques. En effet, en conférant un aspect simiesque aux individus de Zhoukoudian L-C, par un jugum canin très développé et un clivus naso-alvéolaire convexe (caractères n°92 et 94) ils étaient conformes aux attentes de l’époque en matière de « chaînon manquant » c’est-à-dire de spécimen intermédiaire entre les grands singes et les hommes modernes.
Nous avons analysé l’expression de ces caractères morphométriques sur les moulages de spécimens fossiles suivants : Sangiran 17, Gongwangling 2 (PA 1051-6), Yunxian I (EV 9001) et II (EV 9002), Hexian (PA 830), Nankin I, KNM-ER 3733, KNM-ER 3883, OH9. La protrusion du bord orbitaire supérieur (6)2 s’explique par le développement plus ou moins marqué du torus susorbitaire, présent chez tous les individus considérés. De plus, il faut noter pour le dernier caractère (8) que si la largeur mesurée à la moitié de la hauteur des os nasaux est souvent équivalente à la largeur supérieure, l’extrémité distale des os nasaux est, chez ces fossiles la plus large, ce qui ne peut être observé sur les hominidés de Zhoukoudian L-C. Par contre la largeur supérieure des os nasaux chez ces derniers paraît forte relativement aux autres spécimens chez qui elle représente à peine 10% de la largeur faciale orbitaire interne. Elle s’élève à 12% chez l’individu d’Olduvai et atteint 17% chez les sinanthropes. Ce dernier trait ainsi que l’orientation du processus frontal du maxillaire (1) constituent donc deux caractéristiques qui sont propres aux spécimens de Zhoukoudian L-C.
Enfin, les autres caractères mentionnés avec lesquels nous sommes en désaccord, concernant surtout l’os zygomatique sont systématiquement des traits particuliers à « la race mongole ». Parmi les trois groupes (européen, africain et asiatique) de notre référentiel moderne et pour ces mêmes traits (Tabl. 5), nous n’avons pas enregistré de différence significative qui soutiendrait ce rapprochement. Cette prise de position permettait à l’auteur de soutenir sa théorie de la continuité biologique entre les spécimens de Zhoukoudian L-C et les populations asiatiques actuelles. Afin de nuancer cette remarque, il faut prendre en considération le fait que Franz Weidenreich a utilisé les données bibliographiques de ses contemporains. Ces dernières sont souvent biaisées par la faiblesse numérique de l’échantillon d’hommes modernes de comparaison et la subjectivité du choix des individus de référence au départ. D’un point de vue épistémologique, il s’agit bien là d’un exemple de l’influence des conceptions anthropologiques, telles que formulées entre les deux guerres où se manifestait une volonté délibérée de minimiser la variabilité humaine au profit de caractérisations parfois grossières de groupes de populations ou races mettant le plus souvent en évidence, sur des bases scientifiques, la suprématie des européens (Cohen 1999).
La position de l’arcade zygomatique sous le plan de Francfort (2) et la présence d’un tubercule supra-orbitaire (4) sont des caractères communs aux fossiles considérés, dont la valeur taxinomique est de ce fait moindre. Tandis que le bord supraorbitaire se situe, d’une manière variable selon les individus fossiles, au même niveau que le plafond de l’orbite (3). Par ailleurs, nous pensons que la position et la morphométrie de l’os zygomatique témoignent d’une réelle distinction entre les spécimens fossiles considérés dans notre étude. Par la présence d’une dépression sous-orbitaire, les hominidés de Zhoukoudian L-C (Fig. 5a) et d’une manière générale l’ensemble des spécimens chinois, se distinguent nettement de ceux de Java (dont seuls Sangiran 10 et 17 montrent des éléments de face). Ces derniers se caractérisent par un enracinement bas de la crête faciale dont la concavité est absente. Le corps de l’os zygomatique frontalisé, est très haut, marqué par la présence d’une proéminence centrale. Bien qu’il n’y ait pas de tubercule marginal, le processus frontal apparaît large à sa base, conférant à l’angle latéro-inférieur de l’orbite un aspect tronqué (Fig. 5c). Le groupe africain présente une disposition de l’os zygomatique exactement intermédiaire entre celle que l’on vient de décrire et celle du groupe chinois. En effet, l’os zygomatique paraît gracile. Il
4. Comparaison avec les fossiles du Pléistocène inférieur et moyen
Une fois le filtre de cette analyse critique passé, la liste des caractères morphologiques présents sur le matériel fossile lacunaire et pouvant être qualifiés de spécifiques parce que rarement ou jamais rencontrés dans notre référentiel moderne est courte. Il s’agit des éléments suivants : 1. Processus frontal de l’os zygomatique orienté dans le plan frontal 2. Position de l’arcade zygomatique sous le plan de Francfort 3. Position du bord orbitaire supérieur au même niveau que le plafond de l’orbite
2
154
Les numéros se rapportent à ceux utilisés dans notre étude, rappelés au dessus et dans le tableau 6.
A. Vialet: L’utilisation de la face des Homo erectus comme argument taxonomique... Tableau 5. Fréquence d’apparition de certains des caractères des sinanthropes selon Franz Weidenreich et parmi notre échantillon d’hommes modernes. Caractère
Rapprochements effectués par Franz Weidenreich (1943)
85 92 94 104 105 116
Mongols and Negroes anthropoids anthropoids Buriats ; anthropoids Mongolian racial groups Mongolians skulls
% du référentiel moderne (N=60) Africains Asiatiques Européens 6% 6% 3% 18 % 18 % 24 % 18 % 21 % 21 %
Figure 5. Morphométrie de l’os zygomatique permettant de distinguer trois groupes parmi les fossiles africains et asiatiques du Pléistocene inférieur et moyen (A) reconstitution du sinanthrope proposée par Tattersall et Sawyer (1996), Zhoukoudian L-C (Chine) (B) SK 847, Swartkrans (Afrique du Sud) Sangiran 17, Java (Indonésie)
Tableau 6. Expression de huit caractères observés sur les hominidés de Zhoukoudian L-C chez des spécimens fossiles du Pléistocène inférieur et moyen (+ : même expression ; — : expression différente ; / : non observable). Fossiles Afrique ER 3733 ER 3883 OH 9 SK 847 Asie S 17 PA 1051-6 EV 9001 EV 9002 PA 830 Nankin I
1
2
3
4
5
6
7
8
--/ --
+ + / +
/ + + --
+ / + /
/ / / /
+ + / +
8mm 10mm 14mm 5mm
-+ + --
-/ --/ --
+ / + + / /
-+ / / + +
+ + + / -+
/ / + + / /
+ / / / / --
8mm / / 12mm / 8mm
+ / / + / --
se place dans un plan intermédiaire entre un plan frontal et un plan parasagittal et montre une concavité de la crête faciale atténuée voire absente (Fig. 5b). Ces distinctions, par leur nature morphologique et métrique, désignent un agencement osseux suffisamment différent pour accorder une certaine valeur taxinomique à la séparation en trois groupes que nous venons d’opérer.
CONCLUSION L’analyse comparée de nos observations sur les fragments de face du site de Zhoukoudian L-C avec l’étude de Franz Weidenreich (1943) a permis de mettre en évidence des contradictions que nous proposons d’expliquer en termes épistémologiques. Certaines sont en effet imputables aux 155
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Bibliographie
conceptions paléoanthropologiques influentes de l’époque concernant tant la notion de « chaînon manquant » que le problème de l’origine de l’homme moderne.
BLACK, D., 1927, On the lower molar hominid tooth from the Chou Kou Tien deposit. Paleontologica Sinica, serie D, 7, p. 128.
La reconstitution du sinanthrope proposée par Franz Weidenreich et réalisée par Lucille Swan en 1937 en témoigne, c’est pourquoi nos conclusions trouvent plus d’échos dans la restitution argumentée récemment par Tattersall et Sawyer (1996). En effet, celle-ci utilise les fragments de face les plus complets (I, II, V) ainsi que la seule calotte crânienne (XII) en connexion avec certaines parties des os nasaux et de l’os zygomatique. De plus, la distinction matérialisée sur ce nouveau moulage, entre les parties originales et celles qui sont reconstituées, apporte une nouvelle rigueur. A cette occasion, les auteurs soulignent la réduction de la convexité naso-alvéolaire, qui, comme nous l’avions noté, conférait à la restitution du sinanthrope par Franz Weidenreich au milieu du XXème siècle un aspect simiesque, en accord avec le courant de pensée de l’époque.
COHEN, C., 1999, l’homme des origines : savoirs et fictions en Préhistoire. Editions du Seuil. DUBOIS, E., 1893, Paleontologische onderzoekingen op Java. Verslag Mijnwezen (Batavia), 10, p.10-14. FRANCISCUS, R.G. & TRINKAUS, E., 1988, Nasal morphology and the emergence of Homo erectus. American Journal of Physical Anthropology 75, p.517-527. HAECKEL, E., 1866, Generelle Morphologie der Organismen. G. Reimer, Berlin. HEIM, J.L., 1992, La structure faciale des Hommes de Néandertal et son interpretation phylogénétique. In Cinq millions d’années, l’aventure humaine. Liège, ERAUL, p. 177-190. MAUREILLE, B., 1994, La face chez Homo erectus et Homo sapiens, recherche sur la variation morphologique et métrique. Thèse de doctorat, Université de Bordeaux I (inédit).
Notre étude incluant un référentiel d’hommes modernes et fossiles du Pléistocène inférieur et moyen a révélé peu de caractères exclusifs aux hominidés de Zhoukoudian L-C. Une forte largeur des os nasaux ainsi qu’une orientation frontale du processus frontal de l’os zygomatique sont cependant des dispositions qui leur sont particulières.
MAUREILLE, B. & HOUËT, F., 1997, Nouvelles données sur des caractéristiques dérivées du massif facial supérieur des Néandertaliens, Anthropologie et Préhistoire 108, p.89-98.
D’un point de vue structurel, concernant l’os zygomatique et son enracinement sur l’os maxillaire, nous pouvons nettement séparer les spécimens fossiles considérés. Les hominidés de Zhoukoudian L-C, montrent une morphologie faciale sous orbitaire de type moderne. A l’inverse, l’os zygomatique de ceux de Sangiran s’inscrit dans un plan frontal entraînant une rectitude de la crête faciale. Les spécimens africains, plus graciles, présentent une disposition intermédiaire.
POPE, G.G., 1991, Evolution of the zygomaticomaxillary region in the genus Homo and its relevance to the origin of moderns humans. Journal of Human Evolution 21, p.189-213.
MARTIN, R., 1928, Lehrbuch der Anthropologie in Systematischer. Jena, verlag von Gustav Fischer. MAYR, E., 1950, Taxonomic categories in fossil hominids. Cold Spring Harbor Symposia on Quantitative Biology 15, p.109-118.
RACK, Y., 1983, The Australopithecine face. Academic Press. RIGHTMIRE, G.P., 1998, Evidence from facial morphology for similarity of Asian and African representatives of Homo erectus. American Journal of Physical Anthropology 106, p.61-85. TATTERSALL, I. & SAWYER, G.J., 1996, The skull of “Sinanthropus” from Zhoukoudian, China: a new reconstruction. Journal of Human Evolution 31, 311-314. VIALET, A., 2000, Etude de la variabilité humaine, la face des populations modernes et des hominidés du Pléistocène inférieur et moyen. Mémoire de D.E.A. du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (inédit).
Adresse de l’auteurs Amélie VIALET Laboratoire de Préhistoire du Muséum National d’Histoire Naturelle – UMR 6569 du CNRS 1, rue René Panhard - 75013 Paris FRANCE Email : [email protected]
WALKER, A. & SHIPMAN, P., 1996, The wisdom of bones. In Search of Human origins. Weidenfeld & Nicolson, London. WEIDENREICH, F., 1940, Some problems dealing with ancient man. American Anthropology 42, p. 375-383. WEIDENREICH, F., 1943, The skull of Sinanthropus pekinensis. A comparative study on a primitive hominid skull. Paleontologica Sinica, New serie D, 10, p. 1-484.
156
J. Gibert et al.: Human Remains in Early Pleistocene Deposits from Orce and Cueva Victoria (SE Spain)
HUMAN REMAINS IN THE EARLY PLEISTOCENE DEPOSITS OF ORCE AND CUEVA VICTORIA (SE SPAIN) José GIBERT, Lluis GIBERT, Ribot FRANCESC, Ferrández CARLOS, Sánchez FLORENTINA, Iglesias ALFREDO Gibert PATXU & Fernando GONZALEZ
Résumé : Le présent article est une description des restes humains fossiles trouvées dans les gisements de la région d’Orce et de Cueva Victoria (S.E. de l’Espagne). C’est aussi une description d’autres évidences de la présence humaine trouvées dans ces gisements (comme par exemple l’industrie lithique). Et aussi c’est une discussion autour de leurs âges. Abstract: This paper describes the human remains and other evidence of human presence (lithic artefacts) located in the early Pleistocene deposits of Orce and Cueva Victoria (SE Spain). We also discuss the age of those sites. Key words: Orce, Cueva Victoria, Early Pleistocene, Theropithecus, lithic artefacts
INTRODUCTION
Venta Micena
Until 1976 the NE sector of the Baza basin (Orce region) was unknown from the paleontological point of view. Only some palaeontological finds were reported before 1976 in a southern area of the basin (Ruiz Bustos, 1976), and in the adjacent Guadix subbasin. Venta Micena site was discovered in 1976 by a team from the Palaeontological Institute of Sabadell including N. Sànchez, J. Agustí and J. Gibert, who leaded the survey. Although no mammal fossil remains had been previously reported from this area, its geological characteristics -in the margin of a lacustrine basin- promised the finding of new paleontological sites. In subsequent surveys (1979 and 1981) further palaeontological sites were discovered. In 1982 the first excavation was carried out in Venta Micena. During this excavation an amazing collection of fossil material was collected. Among these fossils there was a human skull fragment. The excavations, leaded by J. Gibert, have continued in different sites of the Orce region with great interruptions and difficulties.
Venta Micena deposits correspond to a carbonatic mud plain which appears in the area during a lowstand in the local lake level. The bed containing abundant mammal fossil remains is about 75 cm thick and can be followed for about 2 km. The accumulation of mammal remains in these deposits appears to be related to the action of carnivores close the lake shoreline during a period of drought. Six excavations have been done in Venta Micena, the last one in summer 1995. During these excavations 250 square meters were partially excavated in three different surfaces on the same fossiliferous bed. The excavations supplied 10.335 bones, corresponding to at least 214 different individuals. This is one of the reasons to consider Venta Micena as one of the most important palaeontological sites from the lower Pleistocene of Europe. These fossils bones included three human remains, which show signs of scavenging. The following association has been reported from this site: Homo sp., Desmana sp., Allophaiomys pliocaenicus, Apodemus aff. mystacinus, Castillomys crusafonti ssp., Eliomys intermedius, Hystrix major, Prolagus calpensis, Oryctolagus cf. lacosti, Ursus etruscus, Canis etruscus, Canis cf falconeri, Vulpes praeglacialis, Homotherium latidens, Meganthereon sp., Lynx sp., Pachycrocuta brevirostris, Meles sp., Mammuthus meridionalis, Equus granatensis, Dicerorhinus etruscus brachycephalus, Hippopotamus amphibius antiquus, Praemegaceros sp., Cervidae indet., Bubalus sp., Soergelia minor, Hemitragus alba, Testudo sp., Lacerta sp., Rana sp., Charadriiforme indet.
GENERAL SETTING The archaeological sites of Venta Micena, Barranco León-5 and Fuentenueva 3 are located in the NE sector of the Baza basin, in Southeast Spain (fig.1). This part of the basin exposes a continental sedimentary sequence more than a hundred meters thick. Sedimentation in this basin was almost continuous between the Late Miocene and the Upper Pleistocene. The Plio-Pleistocene sediments that outcrop in this sector form an alternation of fluviatile and lacustrine sediments. The archaeologial sites of Orce are located in the lacustrine deposits of the lower Pleistocene age which outcrop along the Vélez canyon.
Barranco León The site of BL-5 at Barranco León is located in a fine sand bed that corresponds to the distal part of a small and 157
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Hercinian External zones Internal zones Betic Neogene Basins
Figure 1: Location of the Orce and Cueva Victoria sites in SE Spain.
ephemeral alluvial system. The thickness of this bed varies between 10 and 25 cm. During a survey in 1983, the first lithic artefacts at BL-5 site were discovered by J. Gibert and A. Iglesias, (J.Gibert et al., 1992). Systematic work led by L.Gibert on this site was made in the summer of 1995; the area excavated was 20 sq.m. The excavation revealed a lower mandible of Hippopotamus amphibius antiquus surrounded by more than a hundred lithic artefacts (Oldowan type), associated with Castillomys cf. crusafonti, Mimomys sp., Allophaiomys sp, Equus granatensis, Praemegaceros sp. and a human molar fragment (BL-0), (Gibert et al 1998b) (fig.2). Fuentenueva-3 The Fn-3a site is located in a very marginal zone of the basin. The sediments that outcrop there belong to a lacustrine marginal environment, with levels with different proportions of detritic material and organic matter. The first lithic artefacts were found on the surface, together with fossil mammal remains, by J. Gibert and J. Serrallonga during a survey in 1990. Later, in 1992, when the electric company was working near by, a large amount of lithic artefacts and mammal remains were located by Alan Buquet (J. Gibert et al., 1992). In 1995 a systematic excavation supplied numerous lithic artefacts associated with Mimomys sp., Allophaiomys sp, Equus granatensis,
Figure 2: Oldowan flakes from BL-5. 158
J. Gibert et al.: Human Remains in Early Pleistocene Deposits from Orce and Cueva Victoria (SE Spain)
Figure 3: Oldowan flakes from FN-3.
Leon sites, which appears to indicate earliest Pleistocene age.
Hippopotamus amphibius antiquus, Mammuthus meridionalis, and Bovini indet. Most of the lithic artefacts were closely associated with remains of large mammals (Gibert et al., 1998b) (fig. 3).
The chronologies of the sites with lithic artefacts and human remains in Orce are based on palaeomagnetic, palaeontological and stratigraphic data. The available data do not allow exact determination of the age of the sites. However, both the faunal assemblages and the presence of thick sections with reverse polarity overlaying the sites argue for first human presence in this region at about 1.5 m.y.a.
CHRONOLOGY OF THE ORCE SITES Agustí et al. (1997) reported a transition from reverse polarity to nine metres of normal polarity in the Barranco de Orce section. According to these authors, this normal polarity interval corresponds to the Olduvai event because of the presence of Allophaiomys pliocaenicus in the Orce-7 layer. Stratigraphic correlations between Orce-7 site and the archaeological site of Barranco León-5, shows that both sites have similar age (Gibert et al. 1998b).
The site of Dmanisi (Georgia) is also located in a reverse polarity interval close to the Olduvai event. The comparison of the Dmanisi faunal association with that from Venta Micena, indicates a similar age for both sites, slightly younger in the Spanish site. Cueva Victoria
New magnetostratigraphic data (Scott & L. Gibert, 1999) revealed that the normal polarity reported by Agustí et al. (1997) from Barranco de Orce was in fact reverse. These new data, together with the stratigraphic framework (Gibert et al., 1998b) indicate that the site Barranco León-5 is located in a reverse polarity interval. This agrees with new palaeomagnetic data from Barranco León (Oms et al., 2000).
Cueva Victoria is a karstic site developed in the San Ginés de la Jara mountain (Cartagena, Murcia) near the Mar Menor. The cave was probably formed during the early Pliocene, and opened to the surface during the early Pleistocene. Thereafter, it was filled with piedmont sediments and animals remains transported by scavenging carnivores (Gibert et. al. 1992). The breccia that fills the cavities has yielded: Homo sp, Homotherium latidens, Canis etruscus, Pachycrocuta brevirostris, Mammutus meridionalis, Stephanorhinus etruscus, Allophaiomys chelinei,, Castillomys crusafonti and Apodemus mystacinus. Most noteworthy among our discoveries is the presence of Theropithecus oswaldi (Gibert, J. et al. 1995a), a cercopithecid that confirms the presence of African fauna in Southeastern Spain during the Lower Pleistocene.
The new magnetic data show that up to now only reverse polarities have been found in the Orce area. The archaeological sites of Venta Micena, Barranco León-5, and Fuentenueva-3 are located in a reverse polarity interval between Olduvai and Jaramillo. The thickness of the lacustrine sediments of reversal polarity overlying these sites (12 m in Fuentenueva-3; 15 m in Barranco León-5) suggests that they are far from Jaramillo. This is confirmed by the presence of A. pliocaenicus in Venta Micena and Barranco 159
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
THE HUMAN FOSSILS FROM ORCE
1989, 1997). The sagittal suture obliterates at different ages in main mammalian groups. The obliteration of the sagittal suture in the medium-sized species, which are represented in the Venta Micena fauna, starts at following ages: in equids - 9 month after birth, in carnivores – 7 month, in bovines – before or few months after birth and in dears – at 2-3 month after birth (Gibert et al., 1999). VM-0 does not have its sagittal suture obliterated. Therefore, it can only be compared with specimens younger than 9 months. If the lamda point is taken as reference for the comparison, this is anatomically impossible because the obelic region in VM-0 is larger than others of non human skulls (figure 4).
VM-0 In 1982 the skull fragment VM-0 was located at the early Pleistocene deposits of Venta Micena and classified as human (Gibert, J., Agustí, J. Moyà, S., 1983). Later in 1987, Agustí and Moyà, change their opinion and included this fossil among the young equids. This theory is still maintained by Agustí & Moyà in 1987, and Moyà & Köhler in 1997. The author’s arguments are based basically on the presence of a small crest in the occipital region and a supposed coronal suture on the distal part of the skull. Different anatomical data against Agusti’s, Moyàs and Kholer’s opinions are described in the articles, Gibert et al 1989b,c, 1998a, 1995a,1999; Campillo et al 1989, Campillo 1989, 1999; Campillo & Gibert 1996. On these papers is proved that, the small crest in the occipital of VM-0 is found in human population and the suggested coronal suture is a fracture.
Comparison with the bregmatic region in bovids and deer Apparently VM-0 can be compared with the fronto-parietal region (bregmatic region) of deer and bovines. VM-0 can be differentiated from bovines on the basis of the large thickness of the bone (>10mm) and the presence of a sinus in this region in the latters. VM-0 is also different from deer because of the large thickness of the bone of their fronto-parietal region and the presence of characteristic protuberances between horns. Therefore, VM-0 differentiates from all medium-sized mammalian groups that are represented in Venta Micena fauna in abundance.
The importance of a non obliterated sagittal suture in VM-0 All the authors who have published this piece place it in the obelic region. They also describe the sagittal and lambdoid suture and affirm that it can be followed all the way on both internal and external sides, which means that the sutures are not obliterated as shown in the above mentioned author’s drawings (Agusti et al 1987, Gibert et al 1983, Gibert et al 1989, 1998, Campillo 1989, Agustí et al 1987, Moyà et al
Anatomical data indicates that VM-0 must have a large brain volume, very superior to young horses (470cm3), which means he possesses one of the most typical anthropomorphic characteristics in Homo: its large cranial capacity. This
Figure 4: VM-0 superposed to a 9 moths equid skull. 160
J. Gibert et al.: Human Remains in Early Pleistocene Deposits from Orce and Cueva Victoria (SE Spain)
volume may probably be close to or superior to Dmanisi’s specimen D 2282 (625 cm3).
close similarity between the fossil and human humeri and its remarkable difference towards cercopithecids and carnivores (figure7), (Gibert et al 1992, 1999).
VM-1960 Besides anatomical data, fossil proteins were found by two independent laboratories in different mammals remains from Venta Micena, such as equids and bovids, but also in VM-0 and VM-1960. The nature of this fossils proteins permits to classify VM-0 and VM-1960 as human bones (Borja et al, 1992, 1997, Borja 1999, Garcías Olivares et al 1989, Lowenstein, 1995, Lowenstein et al 1999).
This remain (figure 5) is identified as a full humeral body. It has part of the anatomical neck on the dorso-internal side of the proximal extremity and the upper edge of the epitroclea on the reverse side of the distal extremity. Subtroquiteriane and subtroquiniane crests are not too marked. The assignment of VM-1960 to Homo is based in two main anatomical characters: the torsion index and the rare development of muscle insertions. Both characters separate VM-1960 from cercopithecids and carnivores, which are the only groups this specimen can be compared with. cercopithecids (Gibert et al 1992, and 1999). The torsion index shows the great mobility of the human arm, very different to carnivores and cercopithecids (figure 6). Muscle insertion in the proximal part of VM-1960 is not too developed, as occurs in human children. This fact sets it apart from cercopithecids and carnivores, groups characterised by a quick growth of muscle insertions a few months after birth. In order to make a precise comparison, transversal sections of humerus pertaining to cercopithecids, carnivores and humans were studied using computerized tomographies (Gibert et al 1999). The sections were characterised from Fourier’s series, harmonic amplitudes adjusted to the contours and also using several circularity indexes. The data obtained were the subjected to canonical analysis to discriminate between the three groups. The results of this study show the
BL-0 This molar fragment is classified as human because its enamel thickness (figure 8), presence of perikymates, parallel arrangement of the H-S bands and the arrangement of the prisms pattern (figure 9), (Gibert et al 1999). HUMAN FOSSILS FROM CUEVA VICTORIA CV-0 The assignment of this phalanx to Homo is based mainly on the distribution of the internal cortical (Gibert et al 1992 and Palmqvist & Gibert et al. 1995). Humans are the only primates that have their hands free while on the move. Cercopithecids lean their hands on the floor to move through the savannah and panides use their knuckles.
Figure 5: image of the VM 1960 (infantile humeral diaphisis from Venta Micena site).
Figure 6: torsion angle in VM-1960 compared with modern humans, cercopithecids and carnivores. The image obtained from transversal tomographies shows a similar torsion angle between humans and VM 1960. 161
Premiers hommes et Paléolithique inférieur / Human Origins and the Lower Palaeolithic
Figure 7: Bivariate plot of the first two canonical discrimiant functions obtained from the humeri of carnivores, cercophitecoid monkeys, and fossil specimens KNM-WT-15000 and VM-1960. Grey areas represents the p