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French Pages 300 [313] Year 2022
COLLECTION LATOMUS VOLUME 364
Poétique(s) des commentaires antiques Actes du colloque international (Université Charles de Gaulle-Lille 3, 17-19 novembre 2016) Publiés par Séverine CLÉMENT-TARANTINO, Jean-Christophe JOLIVET et Daniel VALLAT
SOCIÉTÉ D’ÉTUDES LATINES DE BRUXELLES – LATOMUS 2022
COLLECTION LATOMUS
VOL. 364
POÉTIQUE(S) DES COMMENTAIRES ANTIQUES
LATOMUS www.latomus.be La Revue Latomus, ainsi que la Collection Latomus, sont publiées par la « Société d’études latines de Bruxelles – Latomus », A.S.B.L. La Collection publie depuis 1939 des volumes consacrés aux différentes disciplines qui composent les études latines : littérature, histoire, linguistique, épigraphie, archéologie, éditions et commentaires de textes ; elle comporte à l’heure actuelle plus de 360 volumes. Président honoraire de la Société : Carl Deroux. Conseil d’Administration de la Société : Philippe Desy, Marc Dominicy, Emmanuel Dupraz, Alain Martin (trésorier), Benoît Sans (secrétaire), Sylvie Vanséveren (présidente), Ghislaine Viré. Membres de la Société : La liste complète des membres effectifs et adhérents figure sur le site internet : www.latomus.be/membres. Comité de rédaction de la Collection : Emmanuel Dupraz (responsable), Alain Martin, Marc Vandersmissen, Sylvie Vanséveren, Ghislaine Viré, Arjan Zuiderhoek. Présentation des manuscrits : Nous invitons les auteurs à se conformer aux consignes énoncées dans le document « Recommandations aux auteurs », accessible sur le site internet de Latomus. Les monographies et volumes collectifs seront soumis à un processus d’expertise anonyme effectuée par des pairs (« peer review »). Contacts par courriel : Les auteurs sont priés d’envoyer une version électronique de leurs monographies ou volumes collectifs au Prof. Emmanuel Dupraz . Commandes : Éditions Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgique ; site internet : www.peeters-leuven.be. Droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays. © Société d’études latines de Bruxelles – Latomus, 2022
COLLECTION LATOMUS VOLUME 364
Poétique(s) des commentaires antiques Actes du colloque international (Université Charles de Gaulle-Lille 3, 17-19 novembre 2016) Publiés par Séverine CLÉMENT-TARANTINO, Jean-Christophe JOLIVET et Daniel VALLAT
SOCIÉTÉ D’ÉTUDES LATINES DE BRUXELLES — LATOMUS 2022
ISBN 978-90-429-4534-0 eISBN 978-90-429-4535-7 D/2022/0602/100
Droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque, par quelque procédé que ce soit et notamment par photocopie ou microfilm, de même que la diffusion sur Internet ou tout autre réseau semblable sont strictement interdites.
Introduction
Le renouvellement des méthodes d’analyse et de lecture des textes, dans la seconde moitié du XXe siècle, a permis une réévaluation du travail d’exégèse de l’Antiquité gréco-latine. La littérature secondaire contemporaine redécouvrait de lointains ancêtres, qui devenaient un champ d’étude à part entière après une longue période de latence. Jusque-là, les commentaires anciens constituaient un outil littéralement secondaire, jusque dans la forme : les éditions de Servius en fournissent l’illustration. Du XVe au XVIIIe siècle, Servius n’est édité qu’avec Virgile, et dans les marges du texte virgilien : le commentaire, selon les cas, se trouve sous le texte poétique ou autour de lui, mais est généralement imprimé en caractères plus petits – peut-être parce qu’il est plus long et nécessite objectivement un espace plus important. Et même si l’on perçoit bien l’avantage qu’il y a, pour le lecteur, à disposer ensemble, et sur une même page, de l’œuvre commentée et du commentaire, le résultat visuel fait finalement écho à la conception même du texte servien à cette époque : il est secondaire à tout niveau, subordonné au texte virgilien qui possède la légitimité première ; jusqu’au XIXe siècle, les éditions de Servius sont avant tout des éditions de Virgile agrémentées du commentaire servien. Encore Servius, aux XVIIe et XVIIIe siècles, n’est-il plus seul à se trouver dans les marges de Virgile : d’autres textes le rejoignent. Ainsi, l’édition de Virgile par Commelin (Leyde, 1646) comporte, sous le texte de Virgile et en plus petit, le commentaire de Servius, celui de Tiberius Donat et des notes intitulées uariorum, regroupant des remarques de quelque 126 savants antiques, renaissants ou modernes ; l’édition virgilienne de Masvig (Leeuwarden, 1717) présente de la même manière, sous Virgile, les commentaires de Servius, de « Philargyrius » le cas échéant, et de l’humaniste Pierius Valerianus (1477-1560). Il a fallu attendre l’édition de Lion (Göttingen, 1826) pour que le texte servien soit édité en soi, indépendamment de Virgile. Comme pour les textes proprement littéraires, le XIXe siècle a vu paraître les premières éditions réellement scientifiques des commentaires anciens, principalement en Allemagne, et cela jusque vers la Première Guerre Mondiale. Outre les scolies à Homère publiées par Dindorf (Oxford, 1855 pour l’Odyssée ; 1875-1888 pour l’Iliade, ensemble complété par Maas), on peut citer, pour illustrer cette intense activité éditoriale sur quelques décennies, les principaux commentaires aux œuvres poétiques : les scholies de Berne à Virgile (Hagen, Leipzig, 1867) ; les scholies de Berne à Lucain (Usener, Leipzig, 1868) ; Porphyrion sur Horace (Meyer, Leipzig, 1874) ; Servius sur Virgile (Thilo, Leipzig, 1881-1887) ; les
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scholies à Euripide (Schwarz, Berlin, 1887-1891) ; les scholies à Sophocle (Papageorgius, Leipzig, 1888) ; les scholies à Lycophron (Scheer, Berlin, 1888) ; les scholies à Aratos (Maas, Berlin, 1898) ; Lactance Placide sur Stace (Jahnke, Leipzig, 1898) ; l’Appendix Serviana (Hagen, Leipzig, 1902) ; Pseudo-Acron sur Horace (Keller, Leipzig, 1902-1904) ; Donat sur Térence (Wessner, Leipzig, 1902-1905) ; les scholies à Pindare (Drachman, Leipzig, 1903-1927) ; les Adnotationes sur Lucain (Endt, Leipzig, 1909) ; les scholies à Théocrite (Wendel, Leipzig, 1914) ; les scholies à Juvénal (Wessner, Leipzig, 1931). Cependant, l’utilisation des commentaires est demeurée, pendant cette période, relativement restreinte. Outre les realia et scholies qui ont intéressé et intéressent toujours, légitimement, les études historiques, religieuses, philosophiques ou grammaticales – surtout lorsqu’on a affaire à des hapax –, les savants de cette période se sont d’abord intéressés aux aspects philologiques et rhétoriques, et principalement dans l’optique de la Quellenforschung qui a marqué l’époque. Dans le commentaire homérique, la question du Viermännerkommentar a dominé les recherches, avec la volonté d’identifier les parts respectives des grands exégètes alexandrins (Zénodote, Aristarque, etc.) dans la masse des scholies marginales présentes dans les manuscrits byzantins d’Homère ; de fait, on ne pouvait plus éditer scientifiquement Homère sans prendre en compte et indiquer, dans l’apparat critique, les nombreuses variantes et autres interventions éditoriales des savants hellénistiques 1. Les approches proprement esthétiques ou rhétoriques restaient discrètes 2. Pour les grands commentaires latins, on a surtout pris en compte, dans les études spécifiques, la dimension grammaticale, stylistique et rhétorique, là encore à la recherche de sources plus ou moins perdues 3, ou par comparaison avec les grands traités existants, comme ceux de Cicéron, Quintilien ou la Rhétorique à Hérennius 4. Et l’une des problématiques majeures des XIX-XXe siècles a été l’identification – ou non – du Servius Danielis 5. Mais il s’agissait surtout d’établir des listes et des loci similes, plus que de commenter réellement le contenu des textes. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, de nouvelles générations de savants ont repris cette matière scholiastique immense. Elles ont d’une part poursuivi les travaux entrepris jusque-là, par exemple dans des éditions sur des bases codicologiques plus sûres : on peut citer, entre autres, l’édition Harvardiana de Servius (depuis 1946), celle des scholies à l’Iliade par Erbse (Berlin, 1969-1988), complétée par l’édition des scholies D par Van Thiel (s.l., 2000), sans parler des éditions en cours de Servius et de Tiberius Donat dans la Collection des Universités de France, ni même des apports de la papyrologie. L’axe philologique Cf., entre autres, LA ROCHE (1866) ; LUDWICH (1884-1885). Ainsi LEHNERT (1896) ; DACHS (1913), etc. 3 Par exemple RIBBECK (1866) pour les variantes du texte virgilien ; KIRCHNER (18751876) ou ROSENSTOCK (1886) pour la grammaire chez Servius ; GEORGII (1891) pour les critiques contre Virgile. 4 Ainsi MOORE (1891) ; STEELE (1894) ; FEYERABEND (1910). 5 Cf. VALLAT (2012). 1 2
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a également été approfondi, en particulier au sujet du texte virgilien 6. D’autres approches se sont également montrées fécondes, comme celle qui, à Rome, a étudié l’univers mental des commentateurs, qui sont aussi des grammatici, avec leurs concepts, leurs lieux communs et leurs schémas intellectuels 7. Mais c’est surtout l’émergence des « sciences humaines », à partir des années 1960, qui a influencé la réception moderne du commentaire, considéré non plus comme une source sans légitimité littéraire, mais comme une œuvre intellectuelle à part entière, véhiculant des techniques et des concepts spécifiques, une approche de l’œuvre commentée qui constitue une véritable réception – et qui a connu une diffusion suffisante pour que les modèles perdurent à travers les siècles, même quand leurs origines s’étaient effacées (ainsi les schémas exégétiques de Servius ne diffèrent guère des pratiques alexandrines, dont il n’avait vraisemblablement pas une connaissance directe), et finissent par influencer les textes littéraires proprement dits 8. Le structuralisme, la sémiotique, la linguistique ont ainsi donné naissance à de nouvelles syntaxes interprétatives (en particulier la narratologie) aptes à approfondir l’étude des commentaires anciens, de leurs schémas exégétiques et de leur portée intellectuelle 9. L’intérêt pour les commentaires a également donné lieu, ces dernières décennies, à un nombre croissant d’ouvrages collectifs qui approfondissent à leur tour l’analyse de ces matériaux 10. L’objectif du présent volume est de croiser les regards sur la poétique des commentaires anciens, tant grecs que latins, et d’explorer leur fonctionnement au-delà de la seule philologie, de leur visée didactique, et en lien avec la littérature à laquelle, surtout si l’on admet de faire du commentaire un « genre » (sc. littéraire), ils s’intègrent. « Poétique des commentaires » est de fait à prendre en deux sens : il s’agit, d’une part, du discours, des conceptions ou des schémas d’analyse pouvant relever de la poétique qui émergent des différents commentaires pris en considération ; et il s’agit d’autre part de la valeur littéraire de ces commentaires mêmes, pour autant que leurs auteurs soient parfois entrés dans un rapport d’émulation avec les auteurs qu’ils commentaient et parce que, plus communément – et c’est un aspect qui se retrouve dans beaucoup de contributions à ce volume – une interaction opère entre la vision qu’un commentaire donne de la poiesis d’une œuvre et sa propre poiesis : la poétique de l’œuvre commentée guide la poétique du commentaire même. L’étroitesse et la richesse de la relation entre les commentaires et les œuvres atteignent enfin Cf. ZETZEL (1981) ; TIMPANARO (1986). Par exemple KASTER (1980) ; UHL (1998). 8 Sur l’influence de la philologie homérique sur les poètes augustéens, cf. SCHLUNK (1974) ; SCHMIT-NEUERBURG (1999) ; JOLIVET (2014) et (2016). 9 NANNINI (1986) ; voir ainsi CALVANI MARIOTTI (1987) ; LAZZARINI (1984) et (1989) ; GARZYA (1989), etc., jusqu’à NÜNLIST (2009) ou CYRON (2009). 10 Par exemple MONTANARI (1996) ; MOST (1999) ; CASALI / STOK (2008) ; MONTANARI / PAGANI (2011) ; BOUQUET / MÉNIEL / RAMIRES (2011) ; STOK (2013) ; GARCEA / LHOMMÉ / VALLAT (2016) ; SHUTTELWORTH KRAUS / STRAY (2016) ; DELATTRE et al. (2018). 6 7
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un comble quand, du discours poétique contenu dans un commentaire, des auteurs ont su extraire des aliments pour leur propre poétique : les approches structuralistes et sémiotiques avaient montré que toute lecture est en soi une interprétation et une recréation de l’œuvre lue, et le présent volume illustrera le fait que cette interaction est valable également pour la lecture commentée (praelectio / ἐξήγησις) de la poésie antique dans l’Antiquité. L’ouvrage est structuré en trois parties, « L’émergence d’un discours poétique dans les commentaires », « Analyses, notions et méthodes », « Du commentaire à l’œuvre ». Dans la première partie, sont réunies des études qui témoignent de la difficulté qu’il peut y avoir à parler d’une authentique poétique des commentaires antiques, pour autant que ceux-ci restent dominés et en quelque façon contraints par leur première visée, qui est d’ordre didactique, et par la référence que plusieurs auteurs mobilisent en premier pour répondre à des problèmes qui peuvent être, au départ, de stricts problèmes de grammaire : la référence rhétorique. L’ancrage didactique des commentaires est d’abord nettement souligné et illustré par René Nünlist qui explore dans le corpus des scholies homériques attribuées à Aristarque les circonstances d’emploi de la ‘formule’ exégétique se présentant comme suit : « ce n’est pas X…, mais Y ». Les premiers mots de Caterina Lazzarini contiennent une mise en garde contre la tentation qui consisterait à faire des commentateurs anciens des spécialistes de narratologie avant la lettre ; étudiant quelques cas d’analyses d’attitudes, de gestes et de regards des personnages de l’Énéide dans le commentaire servien, elle souligne à quel point ces analyses sont le plus souvent motivées, sinon contraintes, par le concept de convenance (prepon). Daniel Vallat a pris quant à lui, pour objet d’étude, l’utilisation dans le commentaire de Donat à Térence, mais surtout, dans celui de Servius à Virgile, de trois notions relevant de l’analyse des sons : cacemphaton, euphonia, homeoteleuton. Les trois posent un problème de licence – cette licentia qui apparaît d’ailleurs régulièrement comme la voie d’accès au poétique dans les commentaires ; si la réaction des commentateurs varie face à chacun de ces trois cas, ils contribuent à éclairer la position contrariée du commentateur qui est un grammaticus en tant qu’il doit respecter la norme, enseigner les règles et, en même temps, décrire et accompagner les mouvements du poète (surtout s’il est considéré comme le Poète) par rapport à ces normes et règles. Viennent ensuite les études où l’expertise rhétorique des commentateurs détermine leur approche du texte commenté. C’est à partir d’une expression qui n’a d’attestation pour nous que dans le seul Servius auctus – poeticum principium professiuum, ad Aen. 1.1, arma uirumque cano) qu’Ilaria Torzi présente son enquête, qui témoigne non seulement de l’ancrage rhétorique des commentateurs, qui se réfèrent ici à la doctrine de l’exorde, mais encore de la créativité de ces enseignants-exégètes qui pouvaient apposer à des concepts bien connus leurs propres dénominations. C’est à une autre catégorie originale, dans l’emploi qu’en fait Tiberius Donat, celle de pathetica dictio, que s’intéresse Luigi Pirovano : il montre qu’en employant cette notion comme il
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le fait, le commentateur virgilien se place au croisement de deux traditions, celle des manuels de rhétorique et de leur conception d’un discours « émotionnel » et celle, pédagogique, relative à l’exercice de l’éthopée. Mais c’est finalement de la tradition des commentaires homériques – en l’occurrence, d’Eustathe – que Tiberius Claudius Donat (ensuite : Tiberius Donat) s’avère être le plus proche dans l’utilisation qu’il fait de la notion à des fins d’exégèse et plus précisément pour rendre compte de certains écarts de Virgile par rapport à la norme grammaticale. Un tel mécanisme se retrouve dans l’étude proposée par Séverine Clément-Tarantino. La rupture de la continuité du discours – un des « écarts » en jeu dans le précédent article – est souvent considérée par Tiberius Donat comme une nécessité et régulièrement comme une nécessité spécialement poétique : un poème dans lequel tout s’enchaînerait de manière linéaire sans aucune rupture, variation ou excroissance serait d’abord quelque chose d’extrêmement ennuyeux ; ce ne serait peut-être même pas un poème. La rupture de la continuité peut néanmoins engendrer des problèmes de compréhension, obscurcir le texte, rendre l’intervention du commentateur indispensable pour que ce texte soit « intègre », comme une phrase ou une expression doivent l’être. Tiberius Donat raisonne au niveau de l’œuvre entière comme au niveau de la phrase ou d’un énoncé plus bref encore, et s’il défend parfois la continuité au sein du texte de Virgile de manière étonnante, c’est aussi, assez souvent, pour trouver un remède décisif à des problèmes de grammaire. Les contributions réunies dans la deuxième partie témoignent plus directement de la présence d’un discours poétique dans les commentaires, en particulier dans les corpus de scholies qui donnent toujours une impression de fragmentation extrême et d’absence de système ; or plusieurs études montrent qu’à y regarder de plus près, on peut mettre au jour une cohérence voire une méthode, un schéma d’analyse des poèmes qui ne sont d’ailleurs pas toujours si éloignés de nos habitudes interprétatives, pour ne pas dire de nos « poétiques ». Une première section est ici dédiée à ce qui pour nous relève, au sens large, de l’intertextualité : l’enjeu de fond concerne l’usage que les scholiastes font des citations (soit de l’auteur commenté lui-même, soit d’autres auteurs, antérieurs ou postérieurs), i.e. les différentes formes et la finalité de ces dernières. Ainsi Thomas Coward présente une typologie des citations de l’œuvre de Pindare dans les scholies à Pindare et montre précisément comment ces citations s’intègrent à la démarche d’explication, qui tient parfois de l’élucidation, de l’œuvre du poète lyrique. Joshua Smith documente, pour sa part, l’homérisme de Sophocle d’après le témoignage de ses commentateurs anciens… dont il commence par montrer l’homérisme propre : l’autorité d’Homère était en effet telle pour les Anciens qu’elle servait aussi dans l’exégèse d’autres textes. Plusieurs fonctions de la citation homérique sont distinguées, du ‘simple’ parallèle à l’outil exégétique, parfois même ecdotique ; Joshua Smith montre que ces commentateurs sont aussi à l’affût de signaux métapoétiques indiquant, dans le texte de Sophocle, la filiation poétique Homère-Sophocle, et que l’on trouve dans ce corpus de
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scholies des traces de discussions sur ce que devait être la juste mesure de l’utilisation d’Homère pour juger Sophocle, mais aussi de son utilisation par Sophocle même, et plus généralement par les auteurs de tragédies. Dans l’analyse qu’il consacre aux citations de Lucain dans le commentaire servien, Stefano Poletti souligne l’importance de Lucain, sinon comme modèle ‘à rebours’ de Virgile, comme outil précieux et considérable dans l’interprétation de l’Énéide. À ce propos, l’article lui-même (re)soulève une quaestio, celle de savoir si Virgile avait prévu les allusions historiques qui se trouvent en des passages fameux de son épopée (la mort de Priam, par exemple), ou si c’est en quelque manière Servius qui en est l’‘auteur’ – Servius guidé par Lucain et ses réécritures des passages concernés. Les textes réunis dans la deuxième section prolongent et amplifient la confrontation déjà à l’œuvre dans l’article de Stefano Poletti, entre les méthodes d’analyse des Anciens et les nôtres. Gregor Bitto montre ainsi que, contrairement à l’idée que les chercheurs avaient pu s’en faire, les scholies à Pindare ne sont pas comme repliées sur des problématiques livresques, et donnent à l’occasion des odes épiniciques un rôle majeur, ce qui rejoint bien une préoccupation des modernes ; le savant décèle ensuite un schéma interprétatif en cinq points dont les commentateurs se seraient servis comme d’un patron avec, en leur cœur, cette notion d’occasion implicitement identifiée comme une spécificité générique. À l’interprétation des Idylles de Théocrite offerte par les scholies, préside également un préalable interprétatif, en vertu duquel l’idylle est proche du ‘drame’ : c’est par cet élément de la poétique en jeu dans ce corpus de commentaires qu’Enrico Prodi commence son étude. S’il contribue, lui aussi, à rappeler le poids de l’approche biographique pour les anciens commentateurs, il fait surtout voir comment ces derniers s’approchent de la distinction entre auteur et narrateur qui est devenu pour nous un présupposé théorique évident. Avec l’article de Jacqueline Fabre-Serris, l’on s’achemine déjà vers la poétique propre des commentaires étant donné la forme remarquable, utilisée de manière « virtuose » par Fulgence dans son commentaire à l’Énéide : un dialogue qui rappelle les échanges callimachéens ou ovidiens entre poète et Muses et en vertu duquel, ici, le poète lui-même, Virgile, est censé rendre compte – de manière véridique – de sa poétique. Après avoir rappelé le fonctionnement de l’allégorie morale dans l’Expositio Vergilianae Continentiae, Jacqueline Fabre-Serris montre que, presque à la façon des commentateurs modernes, Fulgence reconnaît le rôle majeur joué au sein de l’œuvre virgilienne par des notions comme labor et pietas, remparts contre la passion amoureuse ; les choix interprétatifs auxquels le commentateur chrétien se tient strictement, et qui lui font notamment exclure l’histoire, causent néanmoins un écart considérable entre sa perspective et les nôtres. La valeur littéraire des commentaires est l’enjeu central de la troisième partie ; elle se comprend à plusieurs niveaux : avant qu’il soit question des commentaires comme œuvres, le travail de Charles Delattre nous ramène vers la question de ce qu’est un commentaire ou de quand un texte commence à être un
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commentaire avec le cas des Diégèses de Callimaque : ces textes ne se réduisent pas au statut de résumés ; la narration contient bel et bien des formes d’explication et on y retrouve l’application d’une grille interprétative centrée sur un aspect retenu comme dominant dans l’œuvre, ici sa dimension étiologique. Marie-Odile Bruhat aborde la question des (passages de) commentaires qu’Augustin a consacrés, à travers toute son œuvre, aux œuvres de la culture scolaire classique, en se concentrant sur le cas de Virgile ; elle montre comment la pratique d’Augustin commentant les textes sacrés est différente quand il s’agit des textes profanes, avant de considérer quelques éléments de proximité : dans le cas de Virgile, un point commun étonnant réside dans l’amour de l’auteur, qui constitue le préalable indispensable à l’explication d’un texte, ici celui de Virgile, et qui fait du commentaire le lieu d’une défense (sc. dudit auteur) et même d’un éloge. Avec le travail de Massimo Gioseffi, c’est la question de la différence entre les commentaires qui est soulevée, en même temps que le savant nous invite à réfléchir à l’influence déterminante (et parfois trompeuse) que peut avoir sur l’appréciation d’un texte la forme donnée à son édition : il s’agit, en l’occurrence, des Interprétations Virgiliennes de Tiberius Donat qui, éditées par H. Georgii pour Teubner au début du XXe siècle, apparaissent comme un commentaire résolument très différent du commentaire servien. À partir d’un exemple, à valeur d’échantillon pour la nouvelle édition à venir du texte, Massimo Gioseffi montre qu’il ne faut pas surévaluer les spécificités de chacun, et que le texte de Tiberius Donat, quand on essaie de suivre les procédés mentaux qui ont présidé à sa composition, peut se présenter sous une forme comparable à celui de Servius (avec une distinction de lemmes et de sous-lemmes) et sous une forme qui respecte en même temps sa singularité, cette fois-ci vis-à-vis de l’œuvre de Virgile même. L’interaction entre texte commenté et commentaire est au cœur de la contribution de Bruno Bureau, qui montre à quel point le commentaire de Cassiodore n’est pas seulement une œuvre d’érudition et d’édification pour autant qu’elle est imprégnée de la profondeur spirituelle du psautier. Le commentaire doit être à l’image de l’œuvre commentée, tendre à la perfection caractéristique de cette dernière en étant doté de la même profondeur et d’une poétique expressive particulière. Enfin, Jean-Christophe Jolivet propose d’analyser la réception des commentaires homériques dans un passage de l’Ars amatoria d’Ovide, à la fois dans le domaine de l’enquête historique (la topographie de la Troade iliadique) et dans le domaine de la réflexion sur la création d’un célèbre objet poétique dépourvu d’existence historique, le Mur des Achéens, édifice créé par Homère et détruit par les dieux à son initiative : autour de cet objet s’élabore chez les commentateurs une réflexion exégétique qui approche la notion de fiction poétique, comme semble le suggérer un jugement d’Aristote. La saynète ovidienne de l’Ars, consacrée au plasma et à l’aphanismos d’une Troie de sable résulte de l’analyse d’un certain nombre des problèmata posés par les commentateurs à propos du Mur des Achéens.
PREMIÈRE PARTIE
L’ÉMERGENCE D’UN DISCOURS POÉTIQUE
On the Didactic Component of Aristarchus’ Commentaries René NÜNLIST
When a scholar introduces a specific marginal sign in order to mark those passages in his edition where he disagrees with a particular predecessor, it is hardly unexpected that this scholar’s notes repeatedly resort to open polemics against that predecessor. As is well known, the Alexandrian critic Aristarchus of Samothrace (c. 216-144 BC) devised the diplê periestigmenê (>:) to indicate his disagreement with Zenodotus of Ephesus (c. 330-260 BC). The relevant notes do contain a fair dose of polemics. Time and again Aristarchus takes exception to Zenodotus and criticises him, for instance, for what his text reads, for how he understands a word or passage, and so on. The notes in question regularly take the general form “not X (is the case) but Y”. To give an example: early in Iliad 3, Hector chastises his brother Paris and insinuates that the Trojans are angry with him and would long ago have killed him, were it not for the fact that they are “fearsome” (gr. δειδήμονες). 1 Zenodotus read a different text here. His Trojans are “commiserable” (gr. ἐλεήμονες), to which Aristarchus takes exception. He argues: “They do not pity him but they hate him”; 2 not X but Y (gr. οὐ... ἀλλὰ...). This assertion is then backed with a pertinent quotation from the end of book 3. The Trojans would be prepared to betray Paris to Menelaus, who is searching for him on the battlefield, but they do not know either whither Paris disappeared after losing the duel, because all the other characters remain unaware of Aphrodite rescuing him. 1 ἀλλὰ μάλα Τρῶες δειδήμονες (Aristarchus, ἐλεήμονες Zenodotus)· ἦ τέ κεν ἤδη | λάϊνον ἕσσο χιτῶνα κακῶν ἕνεχ᾿ ὅσσα ἔοργας (Il. 3.56-57: “But the Trojans are cowards in truth, else long before this you had worn a mantle of flying stones for the wrong you did us”). Here and in what follows translations of the Homeric epics are taken from LATTIMORE (1951) & (1965), translations of the scholia are my own. The present article was completed and submitted in July 2017 and therefore does not take into account secondary literature published after this date. 2 ὅτι Ζηνόδοτος γράφει “ἐλεήμονες”. οὐκ ἐλεοῦσι δὲ αὐτόν, ἀλλὰ μισοῦσι· “οὐ μὲν γὰρ φιλότητί γ᾿ ἐκεύθανον · | ἶσον γάρ σφιν πᾶσι ἀπήχθετο” (Il. 3.453-454). διὰ δὲ τὸν Πρίαμον καὶ τὸν Ἕκτορα εὐλαβοῦνται αὐτῷ ἀντιπράσσειν (sch. A Il. 3.56a ARISTON.: “ because Zenodotus writes ‘commiserable’. They [the Trojans] do not pity him [Paris] but they hate him. [Cf.] ‘They would not have hidden him for love, since he was hated among them’. Owing to Priam and Hector they refrain from acting against him”).
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The fragments of Aristarchus’ commentary contain numerous examples of this type. One of them is of particular interest because it could perhaps indicate that Zenodotus himself already made use of the “not X but Y” argument. The line in question comes from the scene in Iliad 5 where Pandarus reports to Aeneas that he previously failed to kill Diomedes with an arrow because of divine protection. More specifically, it must have been a god “who turned my flying arrow as it struck, elsewhere, away from him”. 3 Zenodotus did not like this line and doubted its authenticity. “For,” he argues, “he (the god) did not turn the arrow elsewhere but it actually hit him (Diomedes)” (cf. n. 4). So he perceives a logical inconsistency which he expresses by means of the “not X but Y” pattern. Aristarchus, in turn, did not accept Zenodotus’ argument and replied in defence of the line: “He (Homer) does not say that he (Pandarus) completely missed his target but (he says) that he (the god) deflected the arrow that was about to hit a lethal spot” (i.e., the deflected arrow hit another part of Diomedes’ body). 4 A “not X but Y” argument is refuted by the same type of argument. No one is ignorant of the fact that there is no agreement among modern scholars whether Zenodotus actually explained his editorial decisions and, if so, in what form. 5 This disputed question is a can of worms that shall not be opened in the present paper. Suffice it to say that it is not clear whether the first “not X but Y” argument in sch. A Il. 5.187a Ariston. (n. 4) actually originates with Zenodotus or merely represents what Aristarchus assumed to be Zenodotus’ reasons for doubting the line’s authenticity. Be that as it may, it is very unlikely that the pattern was “invented” by Aristarchus (or, for that matter, Zenodotus). In fact, some of Homer’s so-called polar expressions essentially display the same pattern. 6 Needless to say, Zenodotus is not the only target that Aristarchus criticises by means of the “not X but Y” argument. In fact, the fragments of his commentary on the Iliad alone contain some eighty examples that all display the same polemical attitude as the two notes quoted in nn. 2 and 4. Possible targets of his attacks are the Glossographers, the neôteroi, the chôrizontes and others. ὃς τούτου βέλος ὠκὺ κιχήμενον ἔτραπεν ἄλλῃ (Il. 5.187). ὅτι Ζηνόδοτος ἠθέτηκεν αὐτόν· οὐ γὰρ ἐτράπετο ἄλλῃ τὸ βέλος, ἀλλ᾿ ἔτυχεν αὐτοῦ. οὐ λέγει δὲ ὅτι καθόλου ἀπέτυχεν, ἀλλ᾿ ὅτι ἐπὶ καίριον τόπον φερόμενον παρέτρεψεν (sch. A Il. 5.187a ARISTON.: “ because Zenodotus athetised this line. For he [the god] did not turn the arrow elsewhere but it actually hit him [Diomedes]. He [Homer] does not say that he [Pandarus] completely missed his target but [he says] that he [the god] deflected the arrow that was about to hit a lethal spot”). 5 See most recently MONTANA (2015), p. 104-105, with bibliography. 6 Cf. e.g. Od. 2.170: οὐ γὰρ ἀπείρητος μαντεύομαι, ἀλλ᾿ ἐῢ εἰδώς (“I who foretell this am not untried, I know what I am saying”) or 17.415-416 (quoted below n. 36). It is likely to be a “timeless” pattern (cf. e.g. A., Ch. 838, HDT. 2.43.3, THUC. 6.87.2), considered typical, among other things, of the opening of speeches (cf. e.g. the parody in AR., Th. 383-388). 3 4
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In addition to these polemical instances, there is another type of “not X but Y” argument that appears to be of a different nature. It is to these examples that I now turn in order to address the main topic of this paper. A good starting-point are the following two cases. Early in Iliad 16, Patroclus informs Achilles of the major injuries that affected the Greek army during his absence from the battlefield: Diomedes, Odysseus, Agamemnon, Eurypylus, all of whom are being treated by the “doctors skilled in medicine” (ἰητροὶ πολυφάρμακοι, Il. 16.28). Aristarchus’ note on the line explains that “not just the doctors Machaon and Podalirius had joined the Trojan expedition but many more.” 7 Likewise, in a note on a passage from Iliad 5, Aristarchus explains that the so-called schêma Alkmanikon is called thus “not because Alcman was the first to use it but because he uses it with particular frequency”. 8 In neither of these cases is it likely that another ancient critic actually held the view which Aristarchus rejects in the “not X” part of his argument. No ancient scholar would seriously claim that Machaon and Podalirius were the only Greek doctors at Troy or that Alcman actually invented the schêma that is named after him. The conclusion must be that cases like these do not belong to the group of polemical instances. The purpose of the “not X” part is not an actual rejection of this view. Rather, it serves as a rhetorical foil that can be given expression in the following way: “Contrary to what you, reader, might expect or be inclined to believe” or “contrary to the first impression that you might receive, X is not the case but Y”. A term like schêma Alkmanikon might, at first sight, induce readers to believe that it is named after its inventor because numerous other phenomena did receive their name in this way, especially in a society that was so keen to identify the πρῶτος εὑρετής (“first discoverer”). 9 Read against this backdrop, the hypothesis suggests itself that in such cases the intention behind the “not X but Y” argument is primarily didactic in nature. It helps to put into sharp relief the point to be made in the relevant note. It as it were has the function of a Nota bene! in that it expressly mentions an opposing explanation 7 ὅτι οὐ μόνοι οἱ περὶ Μαχάονα καὶ Ποδαλείριον συνεπεπλεύκεισαν ἰατροί, ἀλλὰ καὶ ἄλλοι πλείονες (sch. A Il. 16.28b ARISTON.: “ because not just Machaon and Podalirius had sailed with them as doctors but many more”). For this translation of οἱ περί τινα see LEHRS (1835 = 1979), p. 337-338; KÜHNER / GERTH (1898), p. 270; TRAINA (1956), p. 201-202. 8 ὅτι τὸ κατ᾿ ἀμφοτέρων ῥῆμα μεταξὺ τῶν ὀνομάτων τέταχεν· ἔδει γὰρ ‘ἦχι ῥοὰς Σιμόεις καὶ Σκάμανδρος συμβάλλετον’. τούτῳ δὲ τῷ ἔθει πεπλεόνακε καὶ Ἀλκμάν· διὸ καὶ καλεῖται Ἀλκμανικόν, οὐχ ὅτι αὐτὸς πρῶτος ἐχρήσατο, ἀλλ᾿ ὅτι τῷ τοιούτῳ ἔθει πεπλεόνακε (sch. A Il. 5.774 ARISTON. [cf. fr. 83 MATTHAIOS]: “ because he [Homer] has put the verb that refers to both names between them. He should have : [quotation of the same Homeric line with “correct” word order and therefore unmetrical]. Alcman too has numerous examples of this habit. This is why it is called ‘Alcmanic’, not because he was the first to use it but because he uses it with particular frequency”). 9 Cf. e.g. BAUMBACH (2001), with bibliography.
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that no one actually advocates. The following examples help to corroborate this hypothesis. In a note on Iliad 1.275 Aristarchus draws attention to the fact that Homer, to use modern terminology, construes the verb ἀφαιρέω (“to take away”) with a double accusative. 10 By the Hellenistic era, it had become customary to construe this verb with an accusative and a genitive (“to take something away from somebody”). This is what Aristarchus’ Hellenistic readership expects on account of their own usage. He therefore alerts them to the fact that Homer’s diction is different. Most interestingly, he calls this unexpected phrasing “archaic”. The note in question is therefore apt to disprove the view that ancient scholars had no sense of diachronic linguistic development or, with the German term, no sense of Sprachgeschichte. 11 The note’s didactic purpose is again plain to see. It underscores Homer’s unusual diction by expressly mentioning the option he did not choose. A similar nota bene effect is at work in a comparable comment on Homeric syntax that repeatedly runs against the expectations and habits of a Hellenistic readership. It deals with the speech introduction in Iliad 17.651, where the verb εἰπεῖν (“to speak”) is construed with a plain accusative. 12 Hellenistic readers, however, would expect the more regular dative (εἰπεῖν τινι, “to tell somebody, to speak to somebody”) instead of the accusative. Aristarchus’ note highlights the discrepancy between the expected and the actual construction and explains the latter in terms of an omitted preposition πρός. 13 The next example explains that the dual forms in Iliad 10.577-578 refer to all the Greeks, not specifically Diomedes and Odysseus, the pair of heroes that has just returned from their night expedition to the Trojan camp in the Doloneia. 14 From today’s perspective, Aristarchus’ point that the dual in essence functions here as a plural might seem hardly worth making. It is, however, ὅτι ἀρχαϊκῶς τόνδε ἀφαιροῦ, οὐχὶ τοῦδε (sch. A Il. 1.275b ARISTON. [cf. fr. 43 MATTHAIOS]: “ because archaically ‘take away this one’ [acc. as indirect object] not ‘from this one’ [gen.]”). Erbse first printed cruces around ἀρχαϊκῶς but later withdrew them in his Addenda et corrigenda. 11 This point is argued in more detail in NÜNLIST (2012a), with bibl. 12 καὶ τότ᾿ ἂρ Αἴας εἶπε βοὴν ἀγαθὸν Μενέλαον (Il. 17.651: “Now Aias spoke to him of the great war cry, Menelaos”). 13 ὅτι οὐκ εἶπε βοὴν ἀγαθῷ Μενελάῳ, ἀλλὰ κατὰ παράλειψιν τῆς προθέσεως, πρὸς βοὴν ἀγαθὸν Μενέλαον (sch. A Il. 17.651 ARISTON.: “ because not ‘spoke to Menelaus of the great war cry’ [dat.], but, with omitted preposition, ‘ to Menelaus of the great war cry’ [pros + acc.]”). Omission of a preposition is a favourite explanation of Aristarchus’. The evidence is collected in frr. 195-204 MATTHAIOS. 14 ὅτι ἐπὶ πάντων τοῦ νοητέον, οὐκ ἐπὶ μόνου Διομήδους καὶ Ὀδυσσέως (sch. A Il. 10.578a ARISTON.: “ because this [the dual forms or the passage in general] must be understood with reference to all, not just Diomedes and Odysseus”). The Homeric passage in question reads: τὼ δὲ λοεσσαμένω καὶ ἀλειψαμένω λίπ᾿ ἐλαίῳ | δείπνῳ ἐφιζανέτην (Il. 10.577-578: “And after they had bathed and anointed themselves with olive oil they sat down to dine”). 10
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important to keep in mind that he entertained a narrow understanding of the Homeric dual. Eratosthenes of Cyrene and others were of the opinion that Homer could use the numbers dual and plural more or less interchangeably. This view, to which modern Homerists subscribe too, came under attack by Aristarchus. According to him, Homer does not use the two numbers interchangeably, as he repeats on several occasions. Homer always uses the dual for a pair of two; Eratosthenes and others are wrong on this point. 15 From an Aristarchean point of view, the expectation therefore is that the same rule applies to Iliad 10.577-578 too. But it does not, as Aristarchus himself readily acknowledges. What is more, he is prepared to accept this particular case as an exception and does not attempt to edit it out by tampering with the text. This flexible and undogmatic approach is far more representative of Aristarchus than some modern scholars would have it. They prefer to picture him as a principled, nay, stubborn fellow. But a careful analysis of the evidence reveals that he repeatedly detects exceptions in the Homeric epics and often accepts them as such. This flexibility is rooted in the insight that there are many hapax legomena in the Homeric epics. Contrary to modern practice, the concept hapax legomenon is, for Aristarchus, not a purely lexicographical category, but can apply to every conceivable phenomenon that occurs once only in the Homeric epics. (This last sentence follows the pattern of a “not X but Y” argument.) A hapax legomenon is, as it were, by definition an exception. Hence Aristarchus’ willingness to accept many of them, which, to repeat, is indicative of his general flexibility and sense of proportion. 16 A final example of the nota bene effect deals, in modern terms, with the difference between terminology and conceptualisation. Aristarchus observes that Homer does not seem to have a particular word for “perfume” but he is well aware of the phenomenon as such. 17 Modern Homerists had better pay more attention to Aristarchus’ point, even though it is made in connection with an apparent triviality such as perfume. For the underlying methodological principle is of crucial importance. When Bruno Snell famously attempted to capitalise on the fact that Homeric Greek has no word for “body”, Aristarchus would have given him a mild slap on the wrist and told him not to confuse terminology with conceptualisation. 18 The evidence is collected in fr. 80 MATTHAIOS (with commentary p. 378-382). This point is argued in more detail in NÜNLIST (2015), with bibl. 17 ἡ διπλῆ, ὅτι μύρον μὲν οὐκ ὀνομάζει, τεθυμιαμένον δὲ ἔλαιον τὸ μύρον λέγει ὥστε εἰδέναι μὲν τὴν χρῆσιν, τὸ δὲ ὄνομα μή. λέγει δέ που καὶ “ῥοδόεντι δὲ χρῖεν ἐλαίῳ” (Il. 23.186) καὶ “κάλλεϊ μέν οἱ πρῶτα ” (Od. 18.192-193), μύρου τι γένος ὀνοματοποιήσας (sch. A Il. 14.172c1 ARISTON. [cf. sch. A Il. 23.186a ARISTON.]: “ because he [Homer] does not name ‘perfume’, but he calls perfume ‘scented oil’, with the result that he knows the use but not its name. Elsewhere he also says ‘annointed with rosy oil’ and ‘first, for her beauty’s sake, she [Athena] freshened all her fine features with ambrosia’”). 18 SNELL (1946 = 2009), p. 13-29. 15 16
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Taken together, the preceding examples will have shown that Aristarchus can easily use the “not X but Y” argument in non-polemical ways too. In these cases, his primary goal seems to be didactic in nature. The correct answer to a particular problem is thrown into sharp relief by contrasting it with a negative foil. This alternative is pre-emptively ruled out, even though no one is likely to have proposed or advocated it in the first place. Its presence is primarily owed to the rhetoric of didactics. Browsing through the fragments of Aristarchus’ commentary, readers inevitably notice how fond he actually is of this didactic tool. And he puts it to use in various thematic areas. When going by frequency, the first position is occupied by semantic explanations. Aristarchus is prone to put to use the “not X but Y” argument when he explains the meaning of words. The fragments of his commentary on the Iliad alone contain some forty notes of this type. A didactic impetus is arguably present in all of them. On occasion Aristarchus even makes this impetus explicit. For instance, he tellingly explains that Homer never uses the adverb ὧδε in a local sense (“here”), “like we (do)” (καθάπερ ἡμεῖς). To his mind, the Homeric meaning of ὧδε is always modal (“thus”). 19 Likewise, he maintains that the adverb πάλιν does not mean “again” (in the sense of “a second time”), ὡς ἡμεῖς (that is, as in Hellenistic Greek), but “against, opposite, in return” or the like. 20 In each case, the explicit point that Homeric Greek differs from contemporary usage makes it clear that Aristarchus is concerned that readers might misunderstand the passage because they inadvertently apply the meaning or usage of a word that is part of their own language. The general concept of “false friends” comes to mind. In fact, the risk of possible confusion seems to be the common denominator of all the lexicographical notes of the “not X but Y” form. Aristarchus wrote a commentary on Homer, not a Homeric lexicon. That is to say, there is no intent to discuss the meaning of all the words that are attested in the Homeric epics. He is therefore likely to pay attention specifically to those words that might be a stumbling-block for Hellenistic readers. Consequently, he tries to eliminate this risk in that he expressly draws attention to an interpretation that might present itself to the reader, which is, however, mistaken. The above verbalisation of his reconstructed rationale is worth repeating here: “contrary to what you, reader, might expect or be inclined to understand at first sight, the word A does not actually mean X but Y.” ὅτι τὸ “ὧδε” οὐδέποτε τοπικῶς, καθάπερ ἡμεῖς, λέγει, ἀλλ’ ἀντὶ τοῦ οὕτως τοῦτο παραλαμβάνει (sch. A Il. 3.297a ARISTON. [= fr. 157A MATTHAIOS]: “ because he [Homer] never mentions hôde in a local sense, like we , but he uses it in the sense of ‘thus’”). 20 τὸ δὲ “πάλιν” οὐκ ἔστιν ἐκ δευτέρου, ὡς ἡμεῖς, ἀλλ’ ἀντὶ τοῦ ἔμπαλιν ἐρεῖ, ἐναντίως (sch. A Il. 9.56-57 ARISTON. [cf. fr. 149 MATTHAIOS]: “palin does not mean ‘a second time’, as in our usage, but has the sense of ‘he will speak in return, against’ [i.e., retort, contradict, reject]”). 19
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The same type of verbalisation also works well for the second largest group of examples. Some fifteen notes explain the meaning of short passages and single lines by means of the “not X but Y” pattern. The comment on the exceptional interchangeability of dual and plural in Iliad 10.577-578 (cf. n. 14) is one of them. Another discusses a passage from the Catalogue of Ships in Iliad 2. The expression “They who came from Doulichion and the sacred Echinai islands” (οἳ δ᾿ ἐκ Δουλιχίοιο Ἐχινάων θ᾿ ἱεράων | νήσων, Il. 2.625-626) might induce readers to understand the line in such a way that it represents two different geographical entities, which, however, is not the case. As Aristarchus’ note on the passage explains, Doulichion is actually one of the Echinai islands. 21 Two general problems, at least, remain. First, it is not always possible to determine with certainty whether the “not X but Y” argument is actually polemical or not. For instance, Aristarchus’ note on Iliad 22.255 laconically states that the Homeric form of the word “witnesses” is μάρτυροι (second declension) not μάρτυρες (third declension). 22 Taken in isolation, the note might easily be understood in such a way that it intends to draw the readers’ attention to a Homeric form that noticeably differs from how they themselves decline the noun “witness” (that is, according to the third declension). It would then be comparable to the comments that differentiate between the Homeric and Hellenistic meanings of words (cf. nn. 19, 20). A related note on Iliad 2.302 demonstrates, however, that Aristarchus took exception to Zenodotus’ text because he read μάρτυρες in that passage, whereas Aristarchus defended the transmitted form μάρτυροι. 23 It is unknown what Zenodotus’ text read in Iliad 22.255. Aristarchus’ note on this passage at any rate corroborates his objections to Zenodotus’ text in 2.302. But if his note on that passage had not been preserved, it would be easy to miss the polemical aspect of his note on 22.255. Cases like this one could be multiplied. They make it necessary to express the general caveat that at least some of the examples that seem to be non-polemical could 21 ὅτι οὐχ ὡς κεχωρισμένου Δουλιχίου τῶν Ἐχινάδων οὕτως εἴρηκεν, ἀλλ᾿ ἀντὶ τοῦ ἐκ Δουλιχίου καὶ τῶν ἄλλων Ἐχινάδων (sch. A Il. 2.625a ARISTON.: “ because he [Homer] has not spoken thus as if Doulichion were distinct from the Echinai islands, but in the sense of from Doulichion and the other Echinai islands”). 22 ὅτι “μάρτυροι”, οὐ μάρτυρες· καὶ γὰρ τὸ ἑνικὸν “Ζεὺς δ᾿ ἄμμ᾿ ἐπιμάρτυρος ἔστω” (Il. 7.76) (sch. A Il. 22.255a ARISTON.: “ because marturoi not martures. For there is also the singular form ‘let Zeus be our witness’”). The Homeric text in question reads: τοὶ γὰρ ἄριστοι | μάρτυροι ἔσσονται καὶ ἐπίσκοποι ἁρμονιάων (Il. 22.254-255: “For these are the highest who shall be witnesses and watch over our agreements”). 23 ὅτι Ζηνόδοτος γράφει “μάρτυρες”. ὁ δ᾿ Ὅμηρος οὕτως ἐσχημάτικεν· “Ζεὺς δ᾿ ἄμμ᾿ ἐπιμάρτυρος ἔστω” (Il. 7.76), οὗ τὸ πληθυντικὸν “μάρτυροί” ἐστε (sch. A Il. 2.302a ARISTON. [= fr. 53 MATTHAIOS]: “ because Zenodotus writes martures. But Homer has formed it in the following way: ‘let Zeus be our witness [epimarturos]’, hence the plural you are ‘witnesses’ [marturoi]”).
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in fact be part of a polemical argument with an opponent, but it is impossible to prove or disprove this for lack of evidence. A good example of such an ambivalent case is Aristarchus’ view on a notorious question that keeps haunting Homerists to this day. Do the Homeric epics depict a society that is familiar with alphabetic writing? A crucial passage then and now is the document which Proetus instructs Bellerophon to hand over to his (Proetus’) father-in-law and which indicates that Bellerophon is to be killed (Il. 6.168-170). In his note on Iliad 6.178, Aristarchus emphasises that Homer speaks of “signs (σήματα) not letters (γράμματα)”, which, to his mind, must refer to some kind of pictograms. 24 In a related note (sch. A Il. 6.169a Ariston.), he acknowledges that the passage contains a hint of alphabetic writing but nevertheless dismisses this interpretation as uncalled-for because the relevant verb graphein means “to incise, engrave”. Since he does not name an actual proponent of the other interpretation, the question cannot conclusively be answered whether or not his note has a polemical edge. 25 Either way, the note has the same nota bene effect that has been documented above. The second general problem refers to the actual origin of the “not X but Y” argument. So far, this paper has taken it for granted that the notes in question originate with Aristarchus. This assumption is unproblematic and in accordance with the communis opinio on the matter. 26 In the present context, the salient question is whether the notes also represent his actual wording, an aspect that one should never simply take for granted when dealing with scholia. As is well known, they have been subject to multiple steps of transmission and, in particular, substantial abbreviation and condensation, which inevitably affected the wording too. 27 Since the format of the “not X but Y” argument offers such a handy and unequivocal way of making a point, it is at least conceivable that it entered the picture in the course of the abbreviation process and need not represent Aristarchus’ own wording. An excerptor might have taken the liberty to represent the gist of Aristarchus’ argument in the convenient “not X but Y” form. While it is impossible positively to rule out this scenario, two arguments speak against it. The first argument is quantitative in nature: the “not X but Y” pattern recurs with considerable frequency in Aristarchus’ commentaries. The 24 ὅτι σημεῖα λέγει, οὐ γράμματα· εἴδωλα ἄρα ἐνέγραψεν (sch. A Il. 6.178 ARISTON.: “ because he [Homer] says ‘signs’ not ‘letters’. So he [Proetus] incised pictures”). The plural forms show that Aristarchus has in mind Il. 6.168 (σήματα λυγρά) as much as 6.178 (σῆμα κακόν). 25 This said, SCHMIDT (1976), p. 213 may well be right when he argues that Aristarchus opposes “die verbreitete Ansicht, wonach die Heroen schon die Schrift kannten (vgl. Herodot 5.58, Aristoteles F 501 R, Ephoros FGrHist 70 F 105 und die Darstellungen bei den Tragikern”). 26 E.g. DICKEY (2007), p. 18-19. 27 E.g. DYCK (1993), p. 774, n. 5, and, more generally on the source problem of Aristarchus’ commentaries, MATTHAIOS (1999), p. 36-59.
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fragments of his commentary on the Iliad alone contain some 180 examples (polemical and non-polemical instances combined). The sheer number makes it unlikely that they were all introduced by someone who excerpted Aristarchus’ commentaries. Second, and more importantly, in at least one case Didymus literally quotes a passage from Aristarchus’ commentary that provides a nonpolemical instance of the pattern. The point of reference is the meaning of Iliad 4.343, which Aristarchus renders by means of two opposing paraphrases. 28 Modern scholarship agrees that this is a verbatim quotation of Aristarchus’ commentary. 29 In conclusion, then, one can be fairly confident that the “not X but Y” notes do originate with Aristarchus. Since many of them are, as seen, indicative of his didactic impetus, it is appropriate to return to this impetus as such and add a few strokes to the picture drawn so far. First, it is remarkable how often Aristarchus resorts to paraphrasing the passage in question, which is a very convenient and virtually timeless didactic tool. More specifically, he likes spelling out the consequences of a particular interpretation by giving a paraphrase. Unsurprisingly, he can do this by means of the “not X but Y” pattern. A lexicographical note provides a good illustration. It is triggered by the meaning of the noun πόνος. Several Aristarchean notes argue that πόνος cannot have the (Hellenistic) meaning “pain” (ἀλγηδών). 30 To Aristarchus’ mind, one passage is of particular importance. At the end of Iliad 21, Achilles is lured away from the Trojan citadel by Apollo in human disguise. The god then mocks him in a speech (Il. 22.8-13) and provokes him by saying: “You really do not bother about the πόνος of the Trojans.” 31 And here is Aristarchus’ note on the passage: “(The marginal sign,) because πόνος clearly does not mean ‘pain’. For he (Apollo) would not say ‘You really do not bother about the pain of the Trojans’, but he has spoken thus in the sense of ‘You really do not bother about acting against the Trojans’.” 32 “οὐ λέγει δὲ τῆς ἐμῆς δαιτὸς πρῶτοι ἀκούετε, ἀλλὰ πρῶτοί μου ἀκούετε περὶ δαιτός.” οὕτως Ἀρίσταρχος (sch. A Il. 4.343a DID. [= fr. 131 MATTHAIOS]: “‘he [Homer] does not say ‘you are the first to listen to my [invitation to] dinner’ but ‘you are the first to listen to me about the dinner’, thus Aristarchus’”). The Homeric line in question reads: πρώτω γὰρ καὶ δαιτὸς ἀκουάζεσθον ἐμεῖο (Il. 4.343, Agamemnon speaking). Aristarchus’ concern seems to be one of decorum. Agamemnon, though criticising Menestheus and Odysseus for their passivity on the battlefield, is not implying that they are gluttons. For omitted prepositions see n. 13 above. 29 LUDWICH (1884-1885), p. 249; ERBSE ad loc. 30 Sch. A Il. 2.291b, sim. sch. A Il. 1.467a/b, sch. Od. 2.334f (= CARNUTH [1869], p. 26), all attributed to Aristonicus. Cf. his notes on the meaning of ὧδε (n. 19) and πάλιν (n. 20). 31 ἦ νύ τοι οὔ τι μέλει Τρώων πόνος (Il. 22.11). 32 ὅτι σαφῶς ὁ “πόνος” οὐκ ἔστιν ἀλγηδών· οὐ γὰρ ἂν λέγοιτο ‘οὐ μέλει σοι ἡ τῶν Τρώων ἀλγηδών’· ἀλλ᾿ οὕτως εἴρηκεν ἀντὶ τοῦ ‘οὐ μέλει σοι τὸ περὶ τοὺς Τρῶας πονεῖν καὶ ἐνεργεῖν’ (sch. A Il. 22.11a ARISTON.). The adverb σαφῶς (“clearly”) marks the 28
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Apollo is not cheekily referring to Achilles’ (alleged) lack of interest in the pain of the Trojans but to his (alleged) lack of interest in making an effort and attacking the Trojan host (instead of an individual that is untouchable because it turns out to be a god in human disguise). The two alternative explanations are each presented in a lucid and very engaging way. One can almost see an Aristarchus in the classroom who works hard to persuade his students by means of two opposing paraphrases, each of which nicely catches the spirit of the two alternatives that are thus set against each other. The two paraphrases save him the trouble of explaining in detail or in dry grammatical terms why one interpretation is better than the other (e.g., “the genitive Τρώων is objective here”). Another phenomenon worth discussing here are those notes where Aristarchus expresses an idea that the Homeric text merely presupposes, for example, when he spells out the positive implication of a negative phrase. In Iliad 3.224 the Trojan Antenor describes how they were impressed by Odysseus when he and Menelaus previously came to Troy in order to negotiate about Helen: “Then we were not so astonished at Odysseus’ appearance.” 33 The negative phrase implies a positive counterpart (“as at the power of his speech”) that Aristarchus’ note spells out. 34 In a way, he treats the Homeric passage as if it were a polar expression, with the positive part being suppressed or implied. The idea with the polar expression is not so far-fetched because, in a way, Aristarchus says this much himself in a related note. The occasion is a litotes from the beginning of Iliad 15. Hector is lying unconsciously on the Trojan battlefield “because not the weakest of the Achaeans (sc. Ajax) had struck him.” 35 Aristarchus’ note not only spells out the implied counterpart (“but the strongest”) but also explains that Homer does not present the polar expression in its full form (ἐκ πλήρους), as he does elsewhere (incl. quotation of the relevant lines). 36 Homeric passage as one that is apt to settle a disputed question, a so-called topos didaskalikos (NÜNLIST [2012b]). 33 οὐ τότε γ᾿ ὧδ᾿ Ὀδυσῆος ἀγασσάμεθ᾿ εἶδος ἰδόντες (Il. 3.224). 34 πρὸς τὸ σημαινόμενον, ὅτι συνυπακοῦσαι δεῖ τὸ οὐ τότε οὕτως ἐθαυμάσαμεν τὸ εἶδος ἰδόντες ὡς τὴν κατὰ λόγον δύναμιν (sch. A Il. 3.224a ARISTON.: “ refers to the meaning, because one must understand ‘we were not so much astonished seeing his appearance as at the power of his speech’”). Further examples where Aristarchus spells out the counterpart that the Homeric text tacitly presupposes are: sch. A Il. 6.241a, sch. A Il. 9.77a, sch. A Il. 14.416, sch. A Il. 15.11b (quoted in n. 36), sch. A Il. 15.155a (all attributed to Aristonicus). 35 ἐπεὶ οὔ μιν ἀφαυρότατος βάλ᾿ Ἀχαιῶν (Il. 15.11). 36 ὅτι τὸ ἐναντίον ὑπακουστέον, ἀλλ᾿ ἰσχυρότατος· οὐ γὰρ ἐκ πλήρους ἀποδέδωκεν, ὡς ἐπὶ τοῦ “δός, φίλος, οὐ γάρ μοι δοκέεις ὁ κάκιστος Ἀχαιῶν | ἔμμεναι, ἀλλ᾿ ὤριστος” (Od. 17.415-416) (sch. A Il. 15.11b ARISTON.: “ because the opposite must be understood, ‘but the strongest’. For he [Homer] has not presented it in the full form as in ‘Give, dear friend. You seem to me, of all the Achaians, not the worst, but the best’”). This note clearly accepts that Homeric epic contains fully developed
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On occasion, Aristarchus gives two opposing paraphrases without actually deciding between them. In Iliad 15.504-505 Ajax tries to rouse the Greek army by means of a sarcastic question which underscores their hopelessness if the Trojans succeed in burning their ships. 37 According to Aristarchus, Ajax’ question can be understood in two ways, as his paraphrase indicates: “(The marginal sign,) because he (Ajax) either ironically says ‘do you expect to go aboard ships that are about to be burnt?’ or ‘do you expect to reach home setting foot on the sea?’, that is, making your journey walking over the sea.” 38
The salient point is the exact meaning of the adverb ἐμβαδόν. It is related to the verb ἐμβαίνω, which either has the specifically nautical meaning “to embark” or the more general meaning “to step on”. Both express an impossibility here because, as Ajax’ rhetorical question implies, either there will be no more ships to put to sea or human beings are unable to walk on water. Aristarchus’ memorable paraphrase juxtaposes the two options, apparently without giving preference to either one. 39 Instead, he didactically presents the two options in the form of a paraphrase, either for the readers to decide for themselves or to indicate that the Homeric text cannot be disambiguated here. The above picture of an Aristarchus who tries to persuade his students in the classroom receives further support from another example. The relevant note is triggered by a difficult passage from Iliad 16 that, to ancient scholars, seemed to contain the following contradiction. If the Homeric text says that Hector’s sword completely cuts off the head of Ajax’ spear (16.115-116a), why would Ajax brandish his spear and its head only then come off (116b-118)? Aristarchus solves the problem by suggesting that the Homeric text first presents the outcome of the action in summary fashion (κατὰ συμπέρασμα) and then, as it were, goes through the entire action a second time in more detail. 40 The fact polar expressions. It therefore seems to clash with sch. A Il. 13.344 ARISTON., which declares the full form to be contrary to his usual practice (πρὸς τὸ σύνηθες). The best solution of this problem is to assume that, for Aristarchus, the short form with implied counterpart is the rule, the full form the exception, which, however, does not do justice to the textual evidence (LEHRS ap. FRIEDLÄNDER [1853], p. 219; NÜNLIST [2009], p. 222223). For Aristarchus’ attitude vis-à-vis exceptions see above. 37 ἦ ἔλπεσθ᾿, ἢν νῆας ἕλῃ κορυθαίολος Ἕκτωρ | ἐμβαδὸν ἵξεσθαι ἣν πατρίδα γαῖαν ἕκαστος; (Il. 15.504-505). 38 ὅτι ἤτοι ἠθικῶς λέγει ἐλπίζετε ἐμβήσεσθαι ἐπὶ τὰς καησομένας ναῦς, ἢ καὶ ἐλπίζετε ἐμβάντες ἐπὶ τὴν θάλασσαν ἀφίξεσθαι ἐπὶ τῆς πατρίδος, ὅ ἐστι βάδην ἐπὶ τῆς θαλάσσης πορευόμενοι (sch. A Il. 15.505a ARISTON.). 39 The notion that an Aristarchus always takes a decision is equally problematic as that of his alleged stubbornness (NÜNLIST [2015], p. 398, with more examples of undecided cases). 40 ἡ διπλῆ, ὅτι δοκεῖ μάχεσθαι· εἰ γὰρ ἀπήραξε κατὰ συμπέρασμα, ὅ ἐστιν ἀπέθραυσεν, πῶς ἐπιφέρει “τῆλε δ᾿ ἀπ᾿ αὐτοῦ | αἰχμὴ χαλκείη χαμάδις ” (Il. 16.117-118), ὡς πρότερον μὴ ἀποκεκομμένου, ἀλλ᾿ ὅτε διέσεισεν ὁ Αἴας ἀποπεπτωκότος; ὁ μὲν οὖν Ἀρίσταρχος τὸ συμπέρασμα λέγει προειρῆσθαι, εἶτα κατὰ μέρος
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that modern scholarship rejects this explanation is of little importance in the present context. 41 What matters here is that he clearly invents a parallel of his own in order to explain the narrative technique of the Homeric passage, which reminds one again of a teacher (“this is as when you say...”, ὡς εἴ τις λέγοι). The same note also contains another didactic feature that Aristarchus frequently uses in his commentary: questions. They allow him to pinpoint the underlying problem in a way that is both clear and engaging. 42 A similar idea stands behind a closely related feature. Rhetorical questions regularly highlight a particular impossibility in order to set it off against the correct explanation, as in the following example. Its subject is the disputed meaning of the adjective πηρός, which is what the Muses rendered the singer Thamyris after he was so imprudent as to engage in a competition with the divine singers (Il. 2.599). The neôteroi (i.e. the post-Homeric poets) thought it meant “blind”. Aristarchus retorts: “In what way would it hurt a citharode if he were deprived of his eyesight?” Blindness would only increase the focus on his singing and therefore not really be an appropriate punishment. The adjective cannot possibly mean “blind” (deprived of eyesight), it must mean “deprived of song”. 43 Comparable to the nota bene effect discussed above, the negative implication of the rhetorical question puts the correct answer in sharp relief.
ἐπηκριβῶσθαι, ὡς εἴ τις λέγοι ‘ὅδε τις τόνδε εἰς τὰ σπλάγχνα δόρατι παίσας ἀπέκτεινεν· ἐκσπασθέντος δὲ τοῦ δόρατος ἀπέθανεν’, ὡς ἐγένετο, ὕστερον ἐπιδιηγούμενος· οὕτως “ἀπάραξε” καὶ “κόλον δόρυ” (Il. 16.117) λέγει κατὰ συμπέρασμα· ὡς δὲ ἀπέπεσεν ὕστερον ἡ αἰχμὴ διακραδανθέντος τοῦ δόρατος, ἐπεξηγεῖται κτλ. (sch. A Il. 16.116a ARISTON.: “ because there seems to be a contradiction. For if he [Hector] slashed it clean away, that is, cut it straight off, why does he [Homer] continue with ‘far away from him the spearhead fell echoing to the ground,’ as if it [the head] had first not come off but then did drop off when Ajax brandished [the spear]? Aristarchus explains that the text first gives a summary and then presents the details one by one, as when you say ‘A killed B, striking his guts with a spear, and with the spear removed he died,’ subsequently narrating [in detail] how it happened. Thus he [Homer] says ‘slashed away’ and ‘lopped spear’ in summary fashion. He then elaborates on how the head later fell off the spear that had been brandished etc.”). 41 JANKO (1992), p. 332. 42 Cf. the standard pattern “question–answer” typical of the zêtêmata literature, which started no later than with Aristotle (PFEIFFER [1968], p. 69-70; NÜNLIST [2009], p. 11-12). 43 ὅτι πηρὸν οὐ τυφλὸν †ἀπεδέξαντο (ὡς ἀπεδέξαντο LEHRS) οἱ νεώτεροι, ἀλλὰ τῆς ᾠδῆς πηρόν· τί γὰρ ἦν αὐτῷ (sc. Θαμύριδι) βλαβερὸν κιθαρῳδῷ ὄντι, εἰ τῶν ὀφθαλμῶν ἐστηρήθη; μᾶλλον γὰρ προσεκτικὸς ἂν ἐγένετο τῇ φωνασκίᾳ. τόν γε δή τοι Δημόδοκον ἡ Μοῦσα “ὀφθαλμῶν μὲν ἄμερσε, δίδου δ᾿ †ἰδίαν† (l. ἡδεῖαν) ἀοιδήν” (Od. 8.64) (sch. A Il. 2.599a ARISTON.: “ because pêros [does] not [mean] blind, as the neôteroi took it, but deprived of song. For in what way would it hurt him [Thamyris], a citharode, if he were deprived of his eyesight? He would be more focussed on practicing his voice. In Demodocus’ case, at least, the Muse ‘deprived him of his eyes and gave him sweet song’”).
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The final point of this paper concerns the repetition of the same explanation in multiple parts of the commentary. Such repetition is sometimes taken to be indicative of particular emphasis, for example, as part of an argument with an opponent. 44 This explanation, however, seems to beg the question. More than twenty notes state, for example, that when Homer construes a verb of motion with the genitive πεδίοιο (“plain”), he “omits” the preposition διά (that is, the meaning is “through the plain”). 45 This and comparable cases are unlikely subjects for a debate among ancient scholars. It is much more likely that Aristarchus has in mind those readers who will not peruse his commentary. Frequent and regular repetition of the same explanation guarantees that even the cursory or selective reader will not miss it. In such cases the intention behind the repetition is again didactic. 46 The main purpose of a commentary is to help readers better understand the text under consideration. Like any good commentator, Aristarchus not only thought about what to tell his readers but also how. This paper attempts to demonstrate how didactic considerations regularly determine the shape of his arguments – even in the abbreviated form in which they have reached posterity.
E.g. SCHIRONI (2001), p. 14. The evidence is collected in fr. 198 MATTHAIOS. For omitted prepositions see n. 13. 46 This is not to deny, of course, that repetition can form part of a polemical argument. Repetition as such, however, does not automatically point to particular emphasis or polemics. 44 45
Gesti, sguardi ed emozioni dei personaggi nel Commentario di Servio all’Eneide Caterina LAZZARINI
Tra la messe preziosa delle osservazioni di varia natura che il Commentario di Servio, nelle sue due redazioni, ci ha conservato, vorrei questa volta condividere l’esame di alcune note che puntano l’attenzione su gesti, sguardi ed emozioni dei personaggi. Date l’eterogeneità delle notazioni confluite nell’opera serviana e la loro stratificazione 1, una selezione di questo tipo ha un evidente fine operativo, che non vuole in nessun modo oscurare la destinazione scolastica dei Commentari, e la loro conseguente forma ad accumulo, verso per verso. È piuttosto un po’ compiere un’operazione di marcatura del testo con dei “tag” che, lasciando intatta la fisionomia dell’insieme, permettono però una navigazione interna più efficace. Prenderò in esame dunque soltanto alcune tipologie di gesti o di espressione di sentimenti tra quelle rilevate nelle note serviane all’Eneide, scelte come indicatori dell’interesse che le muove. Come è noto 2, quello che si estrae in generale dal commento all’Eneide, a proposito della tecnica narrativa virgiliana (e che a una prima lettura può suscitare perfino un qualche entusiasmo come segno di un interesse narratologico maturo), va ricondotto piuttosto a un interesse di fondo per la coesione e la coerenza interna del testo di matrice retorico-didattica. Le osservazioni sulla caratterizzazione dei personaggi non fanno eccezione: gli antichi commentatori sono solleciti ad apprezzare nella costruzione virgiliana dei personaggi l’attenzione al prepon e alla coerenza rispetto a dei “tipi” umani, volta a volta riconosciuti per il rango (capi, re, personaggi del popolo), o per l’età; non rientra viceversa nello spettro della loro analisi niente che rimandi allo spessore di personaggi a tutto tondo. Anche nel caso di Enea, che riceve (come è giusto che sia) un’attenzione tutta particolare, Servio si preoccupa che la sua caratterizzazione risponda correttamente a quella di un capo carismatico, di un eroe esemplare per il destinatario romano augusteo, e che, in 1 Gli studi su Servio hanno conosciuto negli ultimi decenni uno sviluppo significativo: tra i lavori più recenti, dove si troverà bibliografia più specifica, mi limito a segnalare i volumi: PELLIZZARI (2003); CASALI / STOK (2008); DELVIGO (2011); BOUQUET / MÉNIEL / RAMIRES (2011); STOK (2013); GARCEA / LHOMMÉ / VALLAT (2016). 2 Mi permetto di rinviare ai miei studi: LAZZARINI (1984), (1989) e (2013).
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ossequio alla coerenza interna del testo, Virgilio badi a giustificare la “colpa” della fuga. L’intera opera serviana va infatti ricondotta alla sua funzione primaria di strumento esegetico ad uso della formazione dei giovani, futuri oratori: in questo quadro va vista anche l’attenzione riservata ai personaggi e alla loro caratterizzazione, e cioè come attenzione alla costruzione di un tessuto coeso e verisimile per chi, nel progresso dei suoi studi, dovrà cimentarsi con la tenuta dei propri discorsi. Ciò non toglie che alcune osservazioni sembrano spingersi un po’ più in profondità, sembrano muovere da interrogativi posti al testo virgiliano sulle ragioni della sua costruzione letteraria, e non solo da un intento pragmaticoeducativo. In filigrana, si avverte il costante confronto con la costruzione del testo e dei personaggi nel grande modello dei poemi di Omero (tracce di un’osmosi con il lavoro della scoliastica omerica sono presenti nelle note serviane) 3. Da lì possiamo partire. 1. Gesti di eroi a confronto: parlare al proprio cuore “magnanimo” (Hom., Od. 5, 291 ss.) vs tendere ad sidera palmas (Verg., Aen. 1, 81 ss.) Osserviamo, ad esempio, i due passi dell’Odissea e dell’Eneide, della tempesta sul mare suscitata dai venti e la reazione dell’eroe protagonista. Hom., Od. 5,291-312
Verg., Aen. 1,81-102
ὣς εἰπὼν σύναγεν νεφέλας, ἐτάραξε δὲ πόντον χερσὶ τρίαιναν ἑλών: πάσας δ᾽ ὀρόθυνεν ἀέλλας παντοίων ἀνέμων, σὺν δὲ νεφέεσσι κάλυψε γαῖαν ὁμοῦ καὶ πόντον: ὀρώρει δ᾽ οὐρανόθεν νύξ. σὺν δ᾽ Εὖρός τε Νότος τ᾽ ἔπεσον Ζέφυρός τε δυσαὴς καὶ Βορέης αἰθρηγενέτης, μέγα κῦμα κυλίνδων. καὶ τότ᾽ Ὀδυσσῆος λύτο γούνατα καὶ φίλον ἦτορ, ὀχθήσας δ᾽ ἄρα εἶπε πρὸς ὃν μεγαλήτορα θυμόν: “ὤ μοι ἐγὼ δειλός, τί νύ μοι μήκιστα γένηται; δείδω μὴ δὴ πάντα θεὰ νημερτέα εἶπεν ἥ μ᾽ ἔφατ᾽ ἐν πόντῳ, πρὶν πατρίδα γαῖαν ἱκέσθαι, ἄλγε᾽ ἀναπλήσειν: τὰ δὲ δὴ νῦν πάντα τελεῖται, οἵοισιν νεφέεσσι περιστέφει οὐρανὸν εὐρὺν Ζεύς, ἐτάραξε δὲ πόντον, ἐπισπέρχουσι δ᾽ ἄελλαι παντοίων ἀνέμων. νῦν μοι σῶς αἰπὺς ὄλεθρος. τρὶς μάκαρες Δαναοὶ καὶ τετράκις, οἳ τότ᾽ ὄλοντο Τροίῃ ἐν εὐρείῃ χάριν Ἀτρεΐδῃσι φέροντες. ὡς δὴ ἐγώ γ᾽ ὄφελον θανέειν καὶ πότμον ἐπισπεῖν
Haec ubi dicta, cauum conuersa cuspide montem impulit in latus: ac uenti, uelut agmine facto, qua data porta, ruunt et terras turbine perflant. Incubuere mari, totumque a sedibus imis una Eurusque Notusque ruunt creberque procellis Africus, et uastos uoluunt ad litora fluctus. Insequitur clamorque uirum stridorque rudentum. Eripiunt subito nubes caelumque diemque Teucrorum ex oculis; ponto nox incubat atra. Intonuere poli, et crebris micat ignibus aether, praesentemque uiris intentant omnia mortem. Extemplo Aeneae soluuntur frigore membra: ingemit, et duplicis tendens ad sidera palmas talia uoce refert: “O terque quaterque beati, quis ante ora patrum Troiae sub moenibus altis contigit oppetere! o Danaum fortissime gentis Tydide! mene Iliacis occumbere campis non potuisse tuaque animam hanc effundere dextra,
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Per una messa a punto recente dei rapporti tra Servio e la scoliastica omerica cfr. FARRELL (2008), p. 112-131.
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ἤματι τῷ ὅτε μοι πλεῖστοι χαλκήρεα δοῦρα Τρῶες ἐπέρριψαν περὶ Πηλεΐωνι θανόντι. τῷ κ᾽ ἔλαχον κτερέων, καί μευ κλέος ἦγον Ἀχαιοί: νῦν δέ λευγαλέῳ θανάτῳ εἵμαρτο ἁλῶναι.”
Saeuus ubi Aeacidae telo iacet Hector, ubi ingens Sarpedon, ubi tot Simois correpta sub undis scuta uirum galeasque et fortia corpora uoluit!”
Ciascuna delle due sezioni occupa lo stesso numero di versi, 22, ed è evidente, già in questo, la cura con cui Virgilio ha voluto instaurare la sua “sfida” intertestuale con Omero. È altrettanto sotto gli occhi di tutti come abbia consapevolmente alterato le proporzioni interne tra le parti che compongono la scena, dedicando alla descrizione della tempesta 10 versi contro i 6 di Omero e inserendo, prima della reazione di terrore dell’eroe protagonista, il punto di vista dei compagni, rispettivamente ai vv. 87 e 88-91 (in Omero questo manca, in quanto Odisseo a quel punto della vicenda è ormai rimasto solo, come i lettori dell’Odissea apprenderanno dal racconto che l’eroe farà a ritroso, davanti ai Feaci). Il punto nodale del racconto in entrambi i testi è comunque quello in cui la “macchina da presa”, o il fuoco della narrazione, si sposta dalla descrizione dell’azione dei venti sul mare alla reazione dell’eroe, ed è questa che attrae l’attenzione della nota del Servio Vulgato e più in particolare quella del Servius Auctus. Servius, Aen. 1,92. [...] AENEAE: seruauit τὸ πρέπον ut Aeneam ultimum territum dicat. FRIGORE: timore. [...]
La notazione del Servio Vulgato 4 rileva il rispetto del πρέπον del personaggio, una delle categorie più rappresentate nel commento alla trattazione dei personaggi da parte di Virgilio. Enea è un capo, e dunque fa bene Virgilio – dice il Vulgato – a descriverlo come l’ultimo dei Troiani sulla nave a mostrare timore. Più interessante la nota dell’Auctus, che riporta una critica mossa a Virgilio (da parte di quegli obrectatores, contro cui aveva scritto anche Asconio Pediano) nel confronto con il passo omerico. Ben diverso è per il commentatore il valore dell’espressione omerica e di quella virgiliana impiegate per descrivere la reazione istintiva del personaggio, e nella differenza rilevata credo che un ruolo 4 Seguo qui l’edizione THILO (1881-1887), ma essendo qui usato il corsivo sia per il Servio Vulgato sia per l’Auctus, le note dell’Auctus saranno segnalate dalle parentesi angolate.
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importante giochi la presenza di frigore, il cui corrispondente manca in Omero. È su frigus infatti che si concentrano le notazioni precedenti a questa a commento dello stesso verso, per avvalorare, con esempi, la sovrapposizione metaforica della reazione emotiva del “timore” a quella fisica di “freddo”. È qui, insomma, nel “timore” dichiarato, che il πρέπον del capo comincia a incrinarsi. Ma è soprattutto il gesto di tendere ad sidera palmas che in questa valutazione connota la differenza fra i due testi, poiché viene sentito come un gesto molle e non eroico, ben diverso dal comportamento di Odisseo, che, “irato”, “pieno di sdegno” (ὀχθήσας) contro il destino, in una reazione che noi moderni classificheremmo come “titanica”, parla al suo “cuore di eroe” (μεγαλήτορα θυμόν). L’aggettivo applicato al θυμός, ricorrente e formulare in questa iunctura, è avvertito come potente: appartiene alla tradizionale rappresentazione omerica dell’eroe che elabora interiormente un dilemma. In Omero, il soliloquio si fa dialogo, attraverso uno sdoppiamento “fisico” tra il personaggio agente e il suo animo, trattati come entità separate 5. Per l’interpretazione serviana, proprio in questa differenza di atteggiamento è il segno di una superiorità di “stile” epico-eroico tra il personaggio di Odisseo e quello di Enea. Ora, una pagina troppo lunga della esegesi virgiliana del Novecento si aprirebbe qui se volessimo commentare le ragioni – per noi evidenti – del processo che ha portato Virgilio al distacco consapevole, in svariati casi, dalla formularità della dizione omerica. Quello che ci interessa, nell’ambito di questo spazio, è cercare di comprendere le ragioni della lettura serviana del gesto di “levare le palme al cielo” come molle. Se guardiamo alle occorrenze del nesso tendens ad sidera palmas, inaugurato per noi da Virgilio, in ognuno dei casi in cui compare (in Stazio, 1 in Theb. e 1 in Silu.; 1 in Val. Fl.; 3 in Sil. e 1 in Ilias Latina) e ugualmente in quelli, un po’ più numerosi, della variante con tollens, preferita da Ovidio 6, ci accorgiamo che è sempre espressivo di un gesto di preghiera, come l’Auctus rileva (quis ad caelum manum tendens non aliud precatur potius...?), un’invocazione, per ottenere qualcosa in un futuro spesso immediato. Nel caso specifico, viceversa, Enea formula un desiderio irrealizzabile rivolto al passato, invoca gli dei quasi a supplicare che possano cambiare il vissuto (in questo, esattamente come Odisseo che esprime lo stesso desiderio irrealizzabile di essere morto sul campo), ma facendo virare il desiderio in preghiera grazie a un gesto, che Omero non concede al suo eroe. Probabilmente è l’intera costruzione di questa immagine, dettaglio per dettaglio, che disturbava gli antichi esegeti virgiliani: l’indicazione del timore che raggela le membra dell’eroe, l’espressione del lamento affidata al verbo ingemit, poco Su questo molto ancora hanno da dirci le pagine di SNELL (1946). Cfr. Met. 6,368 (con BÖHMER [1976]) e 9,175 e i numerosi casi con bracchia o manus (2,487; 3,404; 5,82; 6,279; 9,703; 10,580; 11,131; 11,541; 13,668-669; 14,734; 15,38; 15,570). 5 6
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consono al carattere eroico, ma soprattutto il gesto marcato delle mani levate al cielo, tipico di chi implora, seguito dalla specificazione che le parole di Enea vengono pronunciate come un grido, uoce, vale a dire “a voce alta”, mentre Odisseo parla, come viene sottolineato, tra sé e sé 7. Per chiudere il discorso su questo gesto e la sua rilevanza per i commentatori antichi, vorrei richiamare l’attenzione sui versi del secondo libro dell’Eneide in cui è descritta l’entrata in scena di Cassandra nella terribile ultima notte dei Troiani e su alcuni versi di Ovidio (Trist. 1,11). Nel secondo libro dell’Eneide, nella “preghiera muta” che Cassandra rivolge al cielo quando compare davanti agli occhi di Enea, prigioniera e trascinata fuori dal tempio, sono gli occhi della sacerdotessa levati al cielo a interpretare la funzione delle mani, che sono in catene – spiega Virgilio ai vv. 2, 405 s., con mossa che verrebbe voglia di definire ovidiana 8: Heu nihil inuitis fas quemquam fidere diuis! ecce trahebatur passis Priameia uirgo crinibus a templo Cassandra adytisque Mineruae ad caelum tendens ardentia lumina frustra, lumina, nam teneras arcebant uincula palmas. (Aen. 2,402-406)
Il gesto di “levare le mani al cielo” era evidentemente così eloquente da evocare immediatamente la preghiera anche attraverso l’impotente “alzare gli occhi al cielo”, in funzione vicaria delle mani, e le due versioni del Commentario non mancano di sottolinearlo: Servius, Aen. 2,405. TENDENS ARDENTIA LVMINA: quod est manuum oculis dedit;
Se ora passiamo all’elegia 1,11 dei Tristia, in cui di nuovo troviamo una riproposizione dello stesso gesto, vediamo che è tutta la situazione virgiliana della tempesta del primo libro ad essere evocata, nella descrizione del viaggio che porta il poeta verso il luogo della sua relegatio. In un mare inospitale e furioso, che sembra voler travolgere insieme alla nave anche la stabilità emotiva del poeta, eroe passivo di un Fato subìto, persino il gubernator smarrisce con 7 Il fatto che l’Auctus aggiunga che questa è una precauzione per non turbare i compagni, mentre sappiamo che nel passo dell’Odissea l’eroe è fisicamente solo, deriva probabilmente da una contaminazione che il commentatore fa tra passi di tempesta diversi, tra cui segnalo la sequenza del libro 12, tra la fuga da Scilla, 312-316, con un verso e mezzo identici a 5,293-94, episodio che nella fabula precede immediatamente quello delle vacche del Sole, che priverà Odisseo di tutti i compagni ancora vivi. 8 E come in un gioco di specchi, sarà Ovidio a incaricarsi di “rinormalizzare il gesto”, nel suo resoconto in Met. 13,408-411: Ilion ardebat, neque adhuc consederat ignis, / exiguumque senis Priami Iouis ara cruorem / conbiberat, tractata comis antistita Phoebi / non profecturas tendebat ad aethera palmas. Trascinata per i capelli, Cassandra può levare le mani al cielo (pur inutilmente, non profecturas), come usualmente si fa.
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la stabilità anche il senso della propria funzione (inmemor artis), e abbandona il timone, tollens ad sidera palmas. Nunc quoque contenti stridunt Aquilone rudentes, inque modum cumuli concaua surgit aqua. ipse gubernator tollens ad sidera palmas exposcit uotis, inmemor artis, opem. (Ov., Trist. 1,11,18-21)
Ben altra adesione al proprio ruolo di eroe aveva incarnato Palinuro, sbalzato dalla nave da un inganno del dio Sonno, ma custode indòmito del timone anche nella sua caduta nel mare, saldato ad esso come fossero una cosa sola 9: è forse nel passo dei Tristia la migliore conferma che la lettura del gesto come molle e non heroicum era forse chiara da subito agli antichi. 2. Effet de réel e ancora prepon Esiste poi nell’Eneide una serie di gesti che vengono enfatizzati attraverso una similitudine, secondo uno schema inaugurato da Omero, volto ad aumentare l’effet de réel del testo. Anche questa non è una novità per i lettori dell’epica. Un esempio molto celebre si trova nel poema di Virgilio appena dopo l’episodio di cui abbiamo parlato sopra, quando Nettuno emerge dalle acque a sedare la tempesta scatenata da Eolo e la sua funzione pacificatrice sugli elementi viene paragonata, in una similitudine elaborata espressamente sulla cultura romana, all’azione di un uomo autorevole per pietas e grauitas che riesce a placare il popolo in rivolta. Il Commentario di Servio in questo caso è attento a cogliere la descrizione dell’uomo autorevole come rispondente al modello perfetto dell’oratore, uir bonus dicendi peritus, anche qui, dunque, con attenzione alla pertinenza del gesto al personaggio 10. Un altro esempio, sempre nel primo libro, è quello del fervore dei Tirii che lavorano alla costruzione della loro nuova città, paragonato al lavoro incessante delle api operaie. Miratur molem Aeneas, magalia quondam, miratur portas strepitumque et strata uiarum. Instant ardentes Tyrii pars ducere muros, molirique arcem et manibus subuoluere saxa, pars optare locum tecto et concludere sulco. 9
Aen. 6,349-351, nel passo in cui l’ombra di Palinuro incontra Enea negli Inferi e gli racconta della propria fine (ma lo stesso atteggiamento è descritto dal narratore di primo livello Virgilio in Aen. 5,852-853: Talia dicta dabat clauomque adfixus et haerens / nusquam amittebat oculosque sub astra tenebat). 10 Cfr. Aen. 1,148-156 e SERV., Aen. 1,151 GRAVEM uenerabilem, unde et contemptibiles “leues” dicimus. et bene seruat circa hunc rhetoricam definitionem, cui dat et iustitiam et peritiam dicendi, ut “tum pietate grauem” et “ille regit dictis animos”. orator enim uir bonus, dicendi peritus.
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Iura magistratusque legunt sanctumque senatum; hic portus alii effodiunt; hic alta theatris fundamenta locant alii, immanisque columnas rupibus excidunt, scaenis decora alta futuris. Qualis apes aestate noua per florea rura exercet sub sole labor, cum gentis adultos educunt fetus, aut cum liquentia mella stipant et dulci distendunt nectare cellas, aut onera accipiunt uenientum, aut agmine facto ignauom fucos pecus a praesepibus arcent: feruet opus, redolentque thymo fragrantia mella. (Aen. 1,421-436)
La descrizione – lo sappiamo – è filtrata dal punto di vista di Enea, da quel miratur in anafora ai vv. 421 e 422, che è commentato anche in Servio: Servius, Aen. 1,421. MIRATVR MOLEM AENEAS hoc ad ipsum refertur, magalia quondam hoc ad poetam; nec enim hoc nouit Aeneas.
In questo caso il commentatore del Servio Vulgato è attento a distinguere tra la competenza narrativa del personaggio che stupisce di fronte alla grandezza delle costruzioni (ipsum è Enea) e la voce del narratore di primo grado, Virgilio, che introduce con magalia quondam un pezzo di storia del passato. Il Danielino, viceversa, cercando di legare la descrizione della città nascente alle tradizioni di fondazioni etrusche, si limita a sottolineare la pertinenza dell’atto di mirari da parte di Enea, stupire alla presenza di una città vera e propria laddove nel passato erano solo capanne (magalia): Servius Danielis, Aen. 1,422.
Esprimere ammirazione o stupore però non è sempre sentito come “normale” per degli eroi, verosimilmente perché la loro stessa grandezza li pone al di sopra della misura delle cose condivisa dalla maggioranza. Questo almeno sembra dirci una nota interessante del Commentario, che, sulla base di questo dato, propone una interpunzione tutta particolare (e non seguita dai moderni) del testo dell’Eneide. Si tratta di un passo interno alla gara di pugilato nel quinto libro dell’Eneide, tra il fortissimo Darete, baldanzosamente sicuro della vittoria, e il più anziano Entello, che alla fine risulterà vincitore. In medium geminos immani pondere caestus proiecit, quibus acer Eryx in proelia suetus ferre manum duroque intendere bracchia tergo. Obstipuere animi: tantorum ingentia septem
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terga boum plumbo insuto ferroque rigebant. Ante omnis stupet ipse Dares longeque recusat, magnanimusque Anchisiades et pondus et ipsa huc illuc uinclorum immensa uolumina uersat. (Aen. 5,401-408)
Il soggetto di proiecit (v. 402) è appunto Entello che, dopo aver esitato, spiegando ad Aceste le ragioni della propria riluttanza a combattere (la vecchiaia, la mancanza di forze e vigore), si fa convincere e, prima di dare inizio allo scontro che chiede sia giocato ad armi pari, getta nello spazio destinato alla contesa i “cesti” enormi di cuoio che il suo mentore Erice usava portare e che lui stesso aveva ereditato. Gli animi dei presenti stupiscono, e prima di tutti stupisce Darete. Così Servio: Servius, Aen. 5,404. ANIMI TANTORVM hoc est uirorum fortium, unde addidit “ante omnes stupet ipse Dares”: nam stultum est dicere “tantorum boum”, cum dixerit septem.
Tantorum è sentito come genitivo sostantivato riferito agli eroi che osservano la scena, verosimilmente per rispondere a (o prevenire) una critica degli obrectatores per cui l’aggettivo applicato a boum poteva sembrare eccessivo (Williams 1960, ad loc.: “Virgil’s obrectatores... had criticized tantorum on the grounds that if the gauntlets were made of seven ox-hides, the size of the oxen was not particulary relevant” 11). L’accusa di incoerenza che appare ai nostri occhi un po’ pretestuosa non doveva apparire tale al giudizio dei commentatori antichi, che propongono di staccare l’aggettivo dal suo sostantivo, riferendolo invece ai uiri fortes. E qui si coglie una differenza piccola ma significativa nell’ampliamento della nota danielina rispetto a quella del Vulgato: per il Vulgato il tantorum del testo sarebbe equivalente tout-court a uirorum fortium, per cui Virgilio avrebbe aggiunto la notazione che primo fra tutti stupisce proprio lo sfidante Darete. Il Danielino, ampliando, commenta che non sarebbe stato aequum per degli eroi magna mirari. È proprio l’uso dell’aggettivo aequum al neutro sostantivato, nel Commentario, ad autorizzare l’identificazione di aequum esse con “essere naturale” 12. E poiché sappiamo che nella caratterizzazione dei personaggi le note serviane sono molto attente agli epiteti che offrono una qualifica secundum naturam 13, vale a dire una qualifica “fissa”, possiamo ragionevolmente supporre che anche in questo caso il commentatore Danielino ragionasse in termini di prepon del personaggio. In questa evidente forzatura del testo, l’argomento difensivo della nota è comunque in linea con l’indirizzo critico che cerca nella costruzione dei personaggi anzitutto l’aderenza ad un modello
11 C’è anche la possibilità, a leggere la nota serviana, che il significato di tantus stesse ormai virando verso quello di tot. 12 Cfr. soprattutto la nota ad Aen. 2,426 all’aggettivo iustissimus, che distingue tra iustus come ciò che è “secundum leges” e aequum come ciò che è “iuxta naturam”. 13 Cfr. LAZZARINI (1989), p. 241-260.
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condiviso, nelle azioni, nei gesti, nell’espressione dei sentimenti, un modello che è di matrice retorico-aristotelica. 3. Effet de réel: anche gli dèi piangono – ma non i uiri fortes Il motivo del pianto nell’epica è un tema di grande rilevanza anche in termini di antropologia culturale, come espressione di sentimenti da parte degli eroi. Anche in questo caso, le note serviane ci accompagnano in un terreno degli studi oggi ricco e ampiamente stratificato, che obbligherebbe, per un’indagine esaustiva, a tracciare una distinzione molto netta fra il mondo valoriale greco arcaico e quello romano di Virgilio, con le rispettive rispondenze sul piano della costruzione epica. Qui ci limiteremo come anche prima a qualche osservazione che apra la via a ulteriori riflessioni interne allo studio dei commenti antichi. E partiremo non dal pianto di eroi, ma dalle lacrime degli dèi. È noto che gli dèi virgiliani, nel processo di cultural transfert che il poeta ha applicato alla definizione della loro fisionomia (e della loro presenza) nel poema, non concedono ampio spazio all’esternazione delle loro emozioni, per lo meno non come gli dèi di Omero. Sono, per riassumere in una definizione la differenza, dèi più dignitosi. Ugualmente sono note, sullo sfondo, anche le ragioni generali alla base di questa deviazione dal modello: tutti concordiamo che per il sistema dei valori romano, maturato si già in età arcaica e rinvigorito dalla politica culturale di Augusto, dèi troppo effusivi avrebbero perso credibilità (con conseguenti crepe nel potere educativo della stessa costruzione epica), se misurati sui modelli di comportamento che si volevano perpetuare e di cui i singoli dèi dovevano rappresentare la proiezione. Qualche volta, però, anche gli dèi virgiliani piangono: diversi dèi e diverse lacrime. La differenza conta. Che Venere pianga ci stupisce in fondo poco. Tra tutti gli dèi del pantheon è quella che nell’Eneide meno si distacca dall’Afrodite omerica: anche se nobilitata dall’essere la madre di Enea, e quindi di fatto la progenitrice della dinastia Giulia, deve continuare a incarnare quel tipo di femminilità seduttiva che tra i propri comportamenti conosce l’uso anche strumentale delle lacrime. Nel primo libro, quando Iuppiter ha appena fissato lo sguardo sul regno di Libia, dove i Troiani con Enea sono approdati dopo la tempesta, Venere si avvicina al padre degli dèi e lo interpella chiedendogli un intervento che metta fine ai travagli del suo figlio ingiustamente tormentato, e lo fa con il volto rigato di lacrime. Et iam finis erat, cum Iuppiter aethere summo despiciens mare ueliuolum terrasque iacentis litoraque et latos populos, sic uertice caeli constitit et Libyae defixit lumina regnis. Atque illum talis iactantem pectore curas tristior et lacrimis oculos suffusa nitentis adloquitur Venus: […] (Aen. 1,224-232)
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La dea è definita tristior, con un comparativo assoluto, che indicherebbe quanto meno una condizione diversa da quella abituale, quasi un “più triste del solito”, o “del dovuto” 14. La nota del Vulgato al lemma TRISTIOR, attenta alla coerenza del testo, rileva che altrove Venere non è apparsa come tristis, in modo da rendere pertinente che ora sia tristior, e suppone quindi l’uso del comparativo per il positivo: Servius, Aen. 1,228. TRISTIOR conparatiuum posuit pro positiuo. quando enim tristis est Venus, ut nunc “tristior” diceretur? OCVLOS SVFFVSA NITENTES nitidos oculos lacrimis perfusos habens. et est figura, quae fit quotiens participio praeteriti temporis a passiuo iungimus casum accusatiuum, ut “deiectus animum”, “maesta uultum”. dicendo autem “nitentes” expressit nimiam etiam in lacrimis pulchritudinem, sicut de Euryalo “lacrimaeque decorae”.
La nota danielina è invece, come spesso, più profonda, e avanza l’interpretazione condivisa dai moderni. Soprattutto nel caso del Vulgato, è evidente ancora una volta lo scrupolo per un’idea di prepon dei personaggi che doveva essere condivisa con i lettori virgiliani. Una dea come Venere-Afrodite si associa con difficoltà alla tristezza: dunque il comparativo impiegato da Virgilio potrebbe avere pieno valore. Proseguendo nella lettura delle note, al lemma OCVLOS SVFFVSA NITENTES dello stesso v. 228, siamo condotti al tema della bellezza di un volto rigato da lacrime: nel caso di una dea come Venere, infatti, anche le lacrime possono aggiungere “splendore” agli occhi già belli, e il commentatore antico è pronto a notarlo, trovando anche un parallelo interno, nel caso di un giovane di quelli cari a Virgilio, e cioè Eurialo. Il riferimento alle lacrimae decorae ci guida al quinto libro dell’Eneide. Tutatur fauor Euryalum lacrimaeque decorae, gratior et pulchro ueniens in corpore uirtus. (Aen. 5,343-344)
Siamo di nuovo all’interno dei giochi funebri per Anchise. Contro l’esito della gara di corsa che vede all’ultimo vincitore Eurialo, grazie all’aiuto dell’amico Niso, protesta platealmente Salio, vincitore mancato: chiede che gli sia reso il premio a cui crede di avere diritto. Ma, dice Virgilio, dalla parte di Eurialo pendono il favore (del pubblico), le sue “belle lacrime” e il valore, che viene apprezzato di più quando (come nel suo caso) è unito ad un corpo stupendo. 14 I moderni pensano possa trattarsi o di un uso attenuato del comparativo (AUSTIN [1971]), o di una marcatura di differenza rispetto all’abituale gioiosità della dea, qualità che rispecchierebbe il greco φιλομειδὴς Ἀφροδίτη (CONINGTON / NETTLESHIP [18763], AUSTIN [1971]); oppure ancora (Henry, in CONINGTON / NETTLESHIP [18763]), la serenità che non conosce lacrime, propria degli dèi (Ov., Fast. 4,521).
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Così Servio, che associa alla spiegazione più ovvia, quella delle lacrime di gioia, anche l’ipotesi che si tratti di lacrime volte a suscitare commiserazione per lo sconfitto Salio: Servius, Aen. 5,343. LACRIMAEQVE DECORAE ipse etiam fletus habebat aliquid uenustatis, ortus aut a gaudio, ut Terentius “o lacrimo gaudio”, quod et congruit puero propter uictoriam inopinatam: aut certe ad miserationem mouendam contra eum qui se adserebat esse uictorem.
Lacrime, in ogni caso, legittime per Servio e appropriate. Tutto diverso è invece il discorso per le lacrime di disperazione, che accompagnano il lutto, nel poema che più di ogni altro nella letteratura classica a noi pervenuta invita a una riflessione partecipe sulla morte. Anche nel caso della tragica morte di un giovane, Eurialo (e sappiamo quanto spazio di partecipazione empatica riservi Virgilio alla morte anzi tempo), per gli antichi esegeti il pianto resta una manifestazione concessa ai giovani, ma inappropriata nel caso dei uiri fortes, in un ossequio un po’ rigido al sistema di valori romano. Vediamo a questo riguardo i versi che seguono il lamento della madre di Eurialo, e la nota di Servio: Hoc fletu concussi animi, maestusque per omnis it gemitus, torpent infractae ad proelia uires. illam incendentem luctus Idaeus et Actor Ilionei monitu et multum lacrimantis Iuli corripiunt interque manus sub tecta reponunt. (Aen. 9,498-502) Servius, Aen. 9,499. LACRIMANTIS IVLI puero dat lacrimas, cui potest sine pudore; uiris fortibus tantum dolorem.
All’arrivo della notizia per bocca della Fama, nel campo troiano tutti sono sconvolti dalla tragica fine del giovane e dal lamento della madre, d’improvviso viene meno la forza di combattere (vv. 498-499), secondo una notazione tipicamente virgiliana che sembra incrinare la fiducia nelle ragioni della guerra, di tutte le guerre. In realtà, questo effetto “ad eco” prodotto dall’esternazione dello strazio da parte della donna produce una sorta di “contaminazione” di modelli culturali, trasferendo parte di un legittimo comportamento femminile ad uomini guerrieri 15. La donna viene soccorsa da Ilioneo e Attore, spinti dal monito di Ilioneo e di Iulo, a sua volta in lacrime 16. Servio non ha dubbi: un giovane come Iulo può abbandonarsi al pianto, il uir fortis ha a disposizione solo il dolore (evidentemente composto e trattenuto). Lo stesso ripetono le note Cfr. HARDIE (1994), ad loc. Le ragioni delle lacrime attuali di Iulo stanno in quelle del v. 9,294, nel momento in cui il giovane aveva affidato a Eurialo e Niso la missione che ora li ha portati alla morte, ricevendone in cambio da Eurialo la richiesta di informare e salutare per lui sua madre, in caso di non ritorno. 15 16
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serviane nel libro decimo, commentando la commozione di Lauso per il padre, e ammettendo l’eccezionalità. Ingemuit cari grauiter genitoris amore, ut uidit, Lausus, lacrimaeque per ora uolutae (Aen. 10,789-790) Servius, Aen. 10,790. considerata persona.
LACRIMAEQVE PER ORA VOLVTAE
non uiri fortis, sed filii est
Lauso, secondo Servio, è qui trattato come filius (di fronte alla sorte del padre), non come uir fortis. O, ancora, il bisogno di giustificare come eccezionali le lacrime di un eroe si avverte nelle note che commentano la reazione di Enea di fronte all’incendio delle navi, alla fine del libro 5, cercando di giustificare la momentanea debolezza dell’uomo e del re: Servius, Aen. 5,685. TVM PIVS AENEAS VMERIS RESCINDERE VESTEM et notant quidam quod damnum quattuor nauium uir fortis et rex inpatienter doleat. sed magis illud considerandum est, quod ait supra Ascanius “uestras spes uritis”: ut non damnum doleat, sed spem nauigationis ereptam.
Il uir fortis che Enea incarna non piange dunque il danno subito, ma l’infrangersi della speranza della navigazione, un motivo ritenuto più alto, credo, in quanto sentito in relazione con la missione a cui Enea si sente chiamato dal Fato, dello smarrimento per la perdita subita. 4. Realismo e gesti del capo Arriviamo così al punto nodale. Enea, appunto, è un capo. I commentatori antichi non perdono occasione di rilevare come Virgilio ne dia ampia testimonianza nella caratterizzazione indiretta del suo personaggio attraverso le azioni o i discorsi, talvolta con osservazioni che a noi possono apparire ingenue, ma sempre dettate da una notevole sensibilità per la coerenza interna del testo. Un esempio (fra i tanti) proviene sempre dal libro 1, che, proprio in quanto libro iniziale naturalmente attrae un flusso maggiore di attenzione da parte degli esegeti su vari aspetti, nella costruzione del racconto e dei personaggi, che saranno poi verificati nel procedere del poema. Si tratta dei versi in cui sono descritte le prime azioni dei Troiani approdati con Enea sulle coste della Libia. Ac primum silici scintillam excudit Achates succepitque ignem foliis atque arida circum nutrimenta dedit rapuitque in fomite flammam. Tum Cererem corruptam undis Cerealiaque arma expediunt fessi rerum, frugesque receptas et torrere parant flammis et frangere saxo. Aeneas scopulum interea conscendit, et omnem prospectum late pelago petit, Anthea si quem
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iactatum uento uideat Phrygiasque biremis, aut Capyn, aut celsis in puppibus arma Caici. (Aen. 1,174-183)
Nella descrizione delle attività fondamentali a garantire la sopravvivenza, Acate accende il fuoco, mentre il resto dei compagni si dà a recuperare le granaglie salvate dalla tempesta per poi tostarle alla fiamma accesa e infine macinarle. Enea, isolato, scruta il mare dall’alto di un’altura. È fuor di dubbio che c’è una ricerca da parte di Virgilio di assegnare all’eroe una parte nella scena descritta coerente alla sua funzione di comandante. Le note di Servio non mancano di osservarlo. Servius, Aen. 1,180. AENEAS merita personarum uilibus officiis interesse non debent: quod bene seruat ubique Vergilius, ut hoc loco, item in sexto cum diuersis officiis Troianos diceret occupatos, ait “at pius Aeneas arces quibus altus Apollo praesidet”: nisi cum causa pietatis interuenit, ut ad sepeliendum socium Misenum de Aenea dixit “paribusque accingitur armis”.
Il parallelo istituito con i vv. 9-10 del libro sesto, l’approdo dei Troiani a Cuma, è interessante: la scena presenta in effetti una situazione analoga a questa del primo libro, con i compagni che si sono allontanati a cercare di che alimentare il fuoco e i viveri, ed Enea che sale sui colli per esaminare il luogo. Un buon esempio dell’attenzione alla struttura narrativa nel suo complesso e una buona traslazione del principio aristarcheo di “spiegare Omero con Omero”. E tuttavia il buon capo è anche colui che sa sostenere i compagni, associandoli a sé, quando è il momento di rincuorarli, non facendo sentire in nessun modo la propria superiorità. Servio lo rileva a commento di celebri versi, sempre del primo libro dell’Eneide, interni alla sequenza appena successiva a quella dell’approdo in Libia. Portata a termine la caccia dei tre cervi avvistati dall’altura, Enea divide il bottino con i compagni e parla loro da «buon padre», come un vero comandante deve saper fare e secondo il modello che verrà assunto pubblicamente da diversi imperatori nei confronti del popolo: Hinc portum petit, et socios partitur in omnes. uina bonus quae deinde cadis onerarat Acestes litore Trinacrio dederatque abeuntibus heros, diuidit, et dictis maerentia pectora mulcet: “O socii – neque enim ignari sumus ante malorum – o passi grauiora, dabit deus his quoque finem”. (Aen. 1,194-199) Servius, Aen. 1,198. o socii ordo est “o socii, reuocate animos”. bene autem “socios” dixit, ut se eis exaequaret.
Il discorso di Enea è un passo intessuto di reminiscenze letterarie, che vanno dall’Odissea di Omero (con allusione a tre passi diversi di situazioni analoghe 17) Come rileva MARTINA (1987), si tratta di: “Od. X 173-82, ritorno di Odisseo dai compagni dopo l’uccisione del cervo e suo discorso”, “Od. XII 208-21, discorso di 17
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al poema di Nevio, di cui lo stesso Servio Danielino ci attesta l’influenza 18: anche altre osservazioni serviane relative a questi versi meriterebbero ulteriori riflessioni, che riservo a un’altra occasione. Quello che qui interessa, ai fini del discorso complessivo, è piuttosto che l’attenzione del commento verso la caratterizzazione del personaggio è di nuovo mossa da un concetto di prepon, relativo questa volta al comportamento codificato di un buon condottiero. Tralascio qui di fermare l’attenzione anche su alcuni gesti di Enea interpretati, a torto o a ragione, come gesti augurali. Vorrei chiudere invece con alcuni casi in cui le note serviane si concentrano sugli sguardi (e il numero delle note di questo tipo è tale che richiederebbe una riflessione a parte). Tra gli interrogativi che il nostro tempo ci muove a rivolgere ancora a un testo come l’Eneide, e più in generale anche ai poemi epici di età imperiale, il linguaggio degli sguardi dei personaggi come veicolo di significato rappresenta senz’altro uno dei più stimolanti. Sguardi come rivelatori di rapporti di potere, sguardi come risoluzione del non detto, sguardi come tramite di una complicità non dichiarabile, sguardi che si riempiono di orrore per atrocità e delitti rappresentano solo alcune delle modalità messe in atto nella costruzione letteraria (e più indicative del modo di rapportarsi alla società) da parte di poeti che si trovano a vivere in regime di sudditanza. Virgilio, che scrive sotto Augusto, non ha dovuto ancora sperimentare il clima di sospetto e di tensioni drammatiche degli epici di età neroniana e flavia. Ma già lo sguardo di Iuppiter sulle vicende degli uomini e sulle regioni del mondo terreno è diverso da quello dello Zeus di Omero. 5. Il potere dello sguardo 5.1. Sguardi che si posano sulle atrocità Il tema dell’enàrgheia in negativo suscitata dall’uccisione di figli sotto gli occhi del padre (tema tragico per eccellenza) è stato oggetto di interesse e dibattito critico sin dalla retorica antica, rappresentando un tabù. La vista in questo caso potenzia l’atrocità del delitto. Il caso di Priamo, costretto dalla ferocia di Pirro Neottolemo ad assistere all’uccisione del figlio, alla devastazione della reggia con la strage delle nuore, rappresenta, grazie al secondo libro dell’Eneide, un paradigma letterario di enorme portata. Ma tutta la narrazione del libro, nel resoconto di Enea davanti ai Tirii, è potenziata dal filtro dello sguardo dell’eroe, testimone impotente della strage che segna la fine di Troia.
Odisseo ai compagni in prossimità di Scilla e Cariddi”, “Od. XX 18-21, monologo con cui Odisseo si rincuora in attesa della vendetta”. 18 Al lemma ANTE MALORVM: [...] et totus hic locus de Naeuio belli Punici libro translatus est.
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La nota serviana, soprattutto nella parte danielina, alle parole di Enea al v. 499 s., uidi ipse furentem / caede Neoptolemum, mette in sistema altri passi dell’Eneide, sottolineando diverse funzioni associate al verbo di vedere. Instat ui patria Pyrrhus; nec claustra nec ipsi custodes sufferre ualent; labat ariete crebro ianua, et emoti procumbunt cardine postes. fit uia ui; rumpunt aditus primosque trucidant immissi Danai et late loca milite complent. non sic, aggeribus ruptis cum spumeus amnis exiit oppositasque euicit gurgite moles, fertur in arua furens cumulo camposque per omnis cum stabulis armenta trahit. uidi ipse furentem caede Neoptolemum geminosque in limine Atridas, uidi Hecubam centumque nurus Priamumque per aras sanguine foedantem quos ipse sacrauerat ignis. quinquaginta illi thalami, spes tanta nepotum, barbarico postes auro spoliisque superbi procubuere; tenent Danai qua deficit ignis. (Aen. 2,491-505) Servius, Aen. 2,499. VIDI IPSE FVRENTEM ut “quaeque ipse miserrima uidi”. et hic “uidi” pro admiratione posuit; at uero “uidi Hecuba”’ pro miseratione. sane “uidi ipse” hac particula addita miseriorem se ostendit, cuius ante oculos casus patriae suorumque fortuna constituerat.
Il legame riconosciuto nella nota del Vulgato con il uidi pronunciato da Enea all’inizio del lungo flashback (quaeque ipse miserrima uidi, v. 5) è corretto: Enea sottolinea davanti alla regina Didone la fatica di rievocare fatti, infelicissimi, di cui lui stesso è stato testimone. Lo stesso vale per la funzione del uidi del v. 501, in anafora rispetto a quello del v. 499. La sottolineatura danielina ci conferma che non sfuggiva alla lettura degli antichi il valore di fil rouge che lo sguardo di Enea rappresenta per tutta la narrazione della notte fatale, filtro della vicenda e potente costruzione di uno sfondo interpretativo per le guerre che si combatteranno sul suolo italico, nel poema, a partire dal libro nono. La condanna, che è per Virgilio condanna della più recente storia romana, repubblicana, è già tutta qui. La stessa condanna dell’atrocità insita nel “vedere” si legge nelle due note serviane di commento alle parole che Priamo rivolge allo spietato figlio di Achille, prima di soccombere a propria volta alla sua sete di massacri 19. “At tibi pro scelere,” exclamat, “pro talibus ausis di, si qua est caelo pietas quae talia curet, persoluant grates dignas et praemia reddant debita, qui nati coram me cernere letum fecisti et patrios foedasti funere uultus. (Aen. 2,535-539) 19
Su questo episodio nei commentatori antichi, cfr. GIOSEFFI (2004).
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Servius, Aen. 2,538. CORAM modo aduerbium [temporis] est, quia uerbo cohaeret: ut “coram quem quaeritis adsum”. ME CERNERE de spectaculo queritur, non de morte, 539.
A conferma di questo tipo di interesse, possiamo leggere anche una nota esplicita di Servio sul tabù tragico del rappresentare in scena la morte, nel commento dei versi che descrivono la morte di Didone: Servius, Aen. 4,664. CONLAPSAM ASPICIVNT non induxit occidentem se, sed ostendit occisam. et hoc tragico fecit exemplo, apud quos non uidetur quemadmodum fit caedes, sed facta narratur.
Ma, a proposito del personaggio di Didone, le note che si appuntano sullo sguardo della regina nelle scene in cui si confronta con Enea sono diverse e tutte animate dalla stessa sensibilità. Rimando la loro analisi nel dettaglio ad altra sede. 5.2. Sguardi degli dèi Per concludere, vorrei fermare l’attenzione sul tema degli sguardi degli dèi. Essi rivelano molto, in quell’ottica di rapporti gerarchici cui accennavo. Un esempio significativo di come gli esegeti virgiliani antichi ne erano avvertiti è quello che riporto, relativo a un passo di grande significato per il poema intero. Nella preghiera di Anchise a Iuppiter nel momento drammatico della partenza da Troia in fiamme (Aen. 2,688), perché “guardi” i Troiani e dunque venga loro in aiuto, Servio legge correttamente tutto il valore dello sguardo e porta prove, e contrario, del venir meno dell’appoggio degli dèi quando il loro sguardo viene distolto dagli uomini, rimandando al caso di Iuppiter che nel libro decimo distoglie gli occhi dai Rutuli (v. 473), e a quello di Pallade ostile ai Troiani nelle raffigurazioni che Enea vede a Cartagine, nel libro primo (v. 483). At pater Anchises oculos ad sidera laetus extulit et caelo palmas cum uoce tetendit: “Iuppiter omnipotens, precibus si flecteris ullis, aspice nos, hoc tantum, et si pietate meremur, da deinde auxilium, pater, atque haec omina firma.” (Aen. 2,688-691) Servius, Aen. 2,690. ASPICE NOS quia intuentes dii iuuant: unde est “atque oculos Rutulorum reicit aruis”, et contra “diua solo fixos oculos auersa tenebat”.
Da questa carrellata forzatamente un po’ cursoria, spero che sia risultato sufficientemente chiaro che l’attenzione degli antichi esegeti per i gesti e le emozioni dei
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personaggi del poema era viva non meno della nostra. Se la spinta iniziale a questo tipo di commenti proveniva dalla tradizione retorica e dalle finalità formative dell’opera serviana, mi pare comunque innegabile che, almeno in certi casi, l’interesse si andasse approfondendo e spostando dal piano retorico a quello dello studio dell’ethos, un interesse che ancora una volta fa sentire convergente la prospettiva antica e quella moderna e che sicuramente appare suscettibile di approfondimenti, anche con il sussidio di un’indagine allargata alle arti figurative.
Le son et l’intention : phonétique et stylistique dans les commentaires latins Daniel VALLAT
Le sujet ici abordé illustre l’ambiguïté et l’hybridité des commentaires dans leurs principes mêmes et dans leurs rapports avec la grammaire et les textes littéraires, puisque le genre du commentaire forme une littérature transitionnelle qui n’aborde la langue qu’à travers des textes précis, et qui lit un contexte précis à travers des concepts pré-établis, mais pas nécessairement bien définis : on ne peut jamais prévoir la teneur ni la solidité d’une identification conceptuelle. La phonétique relève d’abord de l’ars grammatica, tandis que la stylistique s’apparente davantage à l’ars rhetorica, la limite entre les deux restant aussi floue et poreuse que le genre du commentaire vis-à-vis des deux disciplines en jeu : le grammaticus, sans être un rhetor, initie ses élèves au choix des sons, dans la mesure où un tel choix est possible. Ces deux aspects figurent donc dans les commentaires antiques, en particulier à Rome ; ils ont fait l’objet de divers catalogages depuis le XIXe s. 1, et construisent un discours spécifique dont nous souhaitons ici analyser la portée et le fonctionnement ; nous l’articulerons autour de trois notions fondamentales et interdépendantes : le cacemphaton, l’euphonia et l’homoeoteleuton. Elles portent des noms grecs, comme c’est presque la règle dans ce cas – ce qui confère au discours une profondeur exégétique aussi évidente que trompeuse, car les grammairiens latins non seulement modifient l’héritage grec (quand il existe) mais ont aussi tendance à multiplier les définitions contradictoires et à prendre leur autonomie intellectuelle. Une situation aussi complexe, aux confins de la grammaire, n’empêche pourtant pas l’émergence d’un discours poétique qui met en jeu sa propre cohérence. 1. Cacemphaton : l’indicible licentia Si les définitions du cacemphaton diffèrent d’un grammairien à l’autre, elles mettent en cause, selon l’étymologie du terme, une séquence phonétique désagréable. Cette figure phonétique est aussi la plus présente dans le discours stylistique, et 1
MOORE (1891), p. 284 ; FEYERABEND (1910), p. 56.
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l’on peut étudier son évolution, puisqu’à Rome, où elle semble remplacer la cacophonia 2 grecque, on la relève déjà – sans son nom – chez Cicéron : Cic., Or. 154 : Quid, illud non olet unde sit quod dicitur “cum illis”, “cum autem nobis” non dicitur, sed “nobiscum ”? Quia si ita diceretur, obscenius concurrerent litterae, ut etiam modo, nisi “autem” interposuissem, concurrissent. Ex eo est “mecum” et “tecum”, non “cum me” et “cum te”, ut esset simile illis “nobiscum” atque “uobiscum”.
Le discours est ici elliptique, puisqu’il engage une forme d’obscénité taboue chez Cicéron : il tente d’expliquer la postposition de la préposition cum avec les pronoms personnels des personnes 1 et 2 ; l’intention est d’éviter absolument la séquence cum nobis, qui donnerait un sens obscène que Cicéron se garde bien d’expliciter 3, en l’occurrence une paronymie avec le terme sexuel cunnus, induite par un phénomène de samdhi : l’assimilation au moins partielle du -m final de cum au n- initial de nobis. À en croire Cicéron, c’est pour éviter l’émergence d’un calembour involontaire dans ce seul cas que les autres pronoms personnels connaissent le même sort – ce qui est faux d’un point de vue philologique, mais permet de mesurer la force du tabou linguistique de l’obscénité, suffisante pour justifier une contamination analogique à des termes où elle n’est pas pertinente, par la force d’attraction d’une stratégie d’évitement. Par la suite, Quintilien emploie le terme cacemphaton pour la première fois à Rome, et l’explique précisément ; il s’agit d’un défaut du style qui prend deux formes : – cacemphaton 1 : par déformation du sens, la compréhension obscène d’une expression qui ne l’est pas dans son contexte d’origine, avec des exemples de Salluste 4 comme patrare bella « terminer la guerre », mais aussi « achever les ébats » 5 ; – cacemphaton 2 : une mauvaise jonction de mots, qui entraîne l’apparition d’un sous-mot obscène 6 : parmi les exemples, on trouve la même séquence phonétique que chez Cicéron, lorsque Quintilien explique qu’il faut éviter cum notis hominibus, au profit de cum hominibus notis. ZAFFAGNO (1985). Il agit de même dans un cadre plus privé, celui de la lettre 943 (= Fam. 9,22), où il joue également sur les non-dits. 4 QUINT. 8,3,44-45 : siue mala consuetudine in obscenum intellectum sermo detortus est, ut “ductare exercitus” et “patrare bella” apud Sallustium… (quam culpam non scribentium quidem iudico sed legentium, tamen uitandam…). 5 ADAMS (1982), p. 143. Mais on peut comprendre par calembour, avec l’amuïssement du -m final, patrare bella « trousser une belle fille ». 6 QUINT. 8,3,45 : siue iunctura deformiter sonat, ut, si “cum hominibus notis” loqui nos dicimus, nisi hoc ipsum “hominibus” medium sit, in praefanda uidemur incidere, […]. 2 3
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Dans les deux cas, le problème est celui de l’obscénité dans le discours public 7. Quintilien rejette d’abord la faute sur les esprits soupçonneux qui voient le mal partout et finissent par rendre tout discours suspect 8, mais concède qu’il n’en faut pas moins éviter les tournures ambiguës. Il existe cependant, au-delà de l’obscénité, un problème de divergence : les deux définitions sont, techniquement, irréductibles l’une à l’autre, puisque la première implique la seule sémantique, tandis que la deuxième y mêle la phonétique et la syntaxe (donc la stylistique). Les grammairiens tardo-antiques, dans la lignée de Quintilien, font face à cette ambiguïté des définitions, qu’ils recyclent, en mêlant exemples anciens et nouveaux, dans les chapitres de uitiis et uirtutibus orationis de leurs traités, avec parfois des distinctions conceptuelles, comme celle entre l’aeschrologia et le cacemphaton chez Sacerdos (IIIe s.) : pour lui, l’aeschrologia est l’emploi de termes ambigus, potentiellement obscènes comme dans la phrase de Cicéron (Verr. 2,2,139) teneat nunc Metellus testes meos « Que Métellus tienne donc mes témoins / mes cou…es » (= cacemphaton 1 de Quintilien), alors que le cacemphaton contient un sous-entendu obscène dans des mots qui ne le sont pas en soi (+/- cacemphaton 2 de Quintilien ?) 9. Cela dit, la différence est toute théorique, vu que plus bas Sacerdos considère comme un cacemphaton l’exemple de Plaute conprime sis iram 10 d’abord identifié comme une aeschrologia (Sac. 6,461,24-26 Keil) ; cette dernière apparaît alors plutôt comme un sous-genre de cacemphaton. On voit aussi apparaître un exemple fréquent (Virg., Aen. 11,1 arrectique ora tenebant) avec le verbe arrigo « se dresser » et, dans un sens sexuel, « bander » ; mais Sacerdos n’exploite pas l’exemple de la préposition cum. Quant à Diomède, au IVe siècle, il reprend la distinction conceptuelle de Sacerdos en modifiant les exemples et même leur identification : l’aeschrologia apparaît par compositio (= iunctura = cacemphaton 2 de Quintilien, avec l’exemple de cum) ou par pronuntiatio (cacemphaton 1 de Quintilien ; exemple de Salluste) 11 ; quant au cacemphaton, il ne s’en distingue que par son degré d’ambiguïté (opposition oratio / suspitio). Voir sur ce point ZIOLKOWSKI (1998), p. 49-56. Voir aussi une interprétation sexuelle de Virgile rapportée par QUINT. 8,3,47 : Siquidem Celsus cacemphaton apud Vergilium putat: “incipiunt agitata tumescere”: quod si recipias, nihil loqui tutum est. 9 SAC. 6,453,16-23 Keil : Inter cacenphaton ergo et aeschrologian hoc est, quod cacenphaton honestis uerbis turpem continet sensum, aeschrologia uero obscenis uerbis honestum exprimit intellectum. 10 PLAUT., Truc. 262 ; le sens est difficile ; on peut retenir l’explication d’Ernout (CUF, ad loc.), qui voit dans iram une paronymie pour eram « maîtresse », ce qui signifierait « trousse ma maîtresse » au lieu de « contiens ta colère » ; dans ce cas, il s’agit bien d’une aeschrologia au sens de Sacerdos. 11 DIOM. 1,450,32-451,7 Keil : Aeschrologia est uitio conpositionis inuerecunda oratio, conpositio uerborum obscenae significationis aut unius uerbi obscena significatio et 7 8
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Ainsi, l’exemple du verbe arrigo relève à la fois de l’aeschrologia dans arrexit animos militum et du cacemphaton dans arrige aures, Pamphile ; ce n’est pas particulièrement cohérent, et la complexité de la doctrine laisse entrevoir des compilations plus ou moins bien maîtrisées ; mais apparaissent des tendances profondes qu’on retrouve par la suite : l’adjectif obscenus remplace turpis ; le cacemphaton de cum devant n-, omis par Sacerdos, et en deuxième place chez Quintilien, revient dans la description de la figure, mais en première position. Charisius évacue le concept d’aeschrologia pour ne retenir que le cacemphaton : Charisius 356,21-27 Barwick : Cacenphaton est conpositio uerborum obscenae significationis aut unius uerbi obscena pronuntiatio. Conpositione fit, ut “cum Numerio fui”; sed emendabitur hoc uitium interposita aliqua parte orationis, ut: “cum quodam Numerio fui”. Fit et in uno uerbo, ut apud Sallustium “ductabat exercitum” et “arrexit animos militum”.
Ses définitions regroupent exactement les deux aspects de l’aeschrologia de Diomède : la différence est donc terminologique, et non conceptuelle. Les exemples portent d’ailleurs sur des tournures similaires, sinon identiques. Mais le cacemphaton propre à Diomède (par suspitio) est supprimé. Donat, enfin, résume la question comme Charisius, mais avec des exemples présents chez Diomède : Donat 658,10-11 Holtz : cacemphaton est obscena enuntiatio uel in conposita dictione uel in uno uerbo, ut “numerum cum nauibus aequet” et “arrige aures Pamphile”.
La simplification, maximale, aboutit à la neutralisation des deux formes de cacemphaton de Quintilien, au profit d’une opposition morpho-tactique entre cacemphaton en un mot unique, et cacemphaton entre deux mots. Quant aux commentateurs de Donat, Servius et Pompée, ils procèdent à une re-complexification, et ajoutent, aux deux catégories de Charisius et de Donat (cacemphaton sur un mot / sur plusieurs mots), une troisième, le cacemphaton in sensu, qui, en fait, explicite le cacemphaton de Sacerdos (cacemphaton 1 de Quintilien) : Servius 4,447,14-21 Keil : inter quae et cacenphaton posuit, quod dixit fieri aut in uno sermone aut in pluribus. Illud non adiecit, fieri cacenphaton etiam in sensu. In quo reprehenditur Salustius dicens “nam res ista si cogitetur”, obscena est. Et cum dicat Virgilius “coniugis infusus gremio”, et hic cacenphaton est in sensu 12.
Cette troisième catégorie implique en effet un signifié obscène (= turpis sensus chez Sacerdos) exprimé par un signifiant neutre (= honesta uerba). Elle se pronuntiatio. Conpositione fit, ut “cum Numerio fui” (…). Item unius uerbi obscena pronuntiatione sic fit, ut est apud Sallustium “ductabat” et “arrexit animos militum”. (…) Cacenphaton est uitio conpositionis inuerecunda suspitio, ut “arrige aures, Pamphile” (…). 12 Voir aussi les explications plus détaillées de POMP. 5,293,14-31 Keil.
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caractérise par une extension du cacemphaton, puisqu’il n’est plus question de prononciation ni de phonétique, mais bien du sens, autrement dit de l’obscénité in rem, selon la distinction stoïcienne rapportée par Cicéron (Fam. 9,22). On trouve ici des caractéristiques de la transmission grammaticale dans l’Antiquité tardive : d’une part, l’ensemble est globalement homogène, même si, dans le détail, on note une tendance à la dérive conceptuelle et terminologique, qui modifie les définitions sur des bases dont on ignore l’origine, probablement plus anciennes que le IIIe siècle ; d’autre part, les exemples sont récurrents et finalement plus stables que les définitions théoriques ; enfin, le rapport entre définition et exemple n’est pas explicité, c’est au lecteur de le reconstituer. Si tout cela relève d’un cas assez banal au sein des traditions complexes et fluctuantes du domaine artigraphique, le cacemphaton et le tabou qui le frappe ne font que renforcer ces tendances ; on en trouve une illustration flagrante chez Servius, lorsqu’il écrit : nemo enim dicit ‘cum me’, ‘cum te’ propter cacenphaton (4,419,1-2 Keil). Or ni cum me ni cum te ne constituent un cacemphaton ; le raisonnement est elliptique et sous-entend le cheminement en vigueur depuis Cicéron : le tabou qui frappe cum nobis provoque, selon le discours artigraphique, la postposition de cum pour tous les pronoms personnels et l’extension du domaine du cacemphaton même à des cas non pertinents 13. Le non-dit atteint alors son sommet à travers des exemples qui ne sont pas concernés. Après cet aperçu sur l’histoire du cacemphaton à Rome, l’intérêt est de comparer les deux discours artigraphique et exégétique, puisqu’on retrouve le cacemphaton dans les commentaires de Donat à Térence et de Servius à Virgile. Chez Donat, on relève au moins deux cas de cette figure. Dans le premier 14, il s’agit d’une remarque générale sur la phonétique des Anciens, avec un exemple particulier qui n’offre apparemment rien d’obscène, contrairement à la définition du mot par le grammairien dans son ars. Cet écart suggère que Donat emploie ici κακέμφατον et εὐφημισμόν en couple antithétique avec un autre sens, en remplacement sans doute d’euphonia et de cacophonia (ce dernier mot n’étant pas employé en latin, cf. Zaffagno 1985). Il s’agirait alors d’un élargissement supplémentaire du terme, par un retour à certaines prescriptions de Quintilien (8,3,16) sur l’utilisation des sons. Quant au second exemple, il illustre cette fois le cacemphaton par sous-entendu grivois, à double sens : Donat, Adelph. 214.3 : Et ‘morem gerere’ proprie lenonis est et meretricis, unde et ipse sic respondet, ut non fugiens κακέμφατον dicat “usque os praebui”.
L’expression usque os praebui signifie à la fois « je suis allé jusqu’à offrir mon visage [à ses coups] » et « je suis allé jusqu’à lui offrir ma bouche ». Il s’agit On trouve une analyse de cet abus chez PRISCIEN (Inst. 2,594,15-19 Keil), qui cite le témoignage de Pline l’Ancien. 14 DON., Hec. 206 : NON ITA ME DI BENE AMENT: ... ueteres non minus εὐφημισμόν in uerbis quam κακέμφατον neglexisse. 13
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alors d’un cacemphaton au sens où l’entendait Sacerdos (mot neutre, sens obscène). Le plus important ici n’est pas la seule identification de la figure, mais la remarque non fugiens : non seulement ce verbe renvoie à la pratique de l’exégèse grecque (on trouve φεύγω dans cet emploi, voir infra), mais il établit en plus une cohérence dans l’éthos du personnage (et donc dans l’écriture de l’auteur) en soulignant qu’il n’a pas souhaité éviter le cacemphaton. Chez Servius, le cacemphaton est explicité cinq fois dans le commentaire à Virgile ; l’un de ces cas reprend un exemple virgilien présent dans son traité de grammaire : Servius, Aen. 8,406 : CONIVGIS INFVSVS GREMIO: hoc est ante concubuit et sic quieuit. Probus uero et Carminius propter sensum cacenphaton ‘infusum’ legunt, ut sit sensus: dormiit cum coniuge dormiente, id est petiit soporem, infusum etiam coniugis gremio. Cf. Servius Danielis, ad loc. : Alii ‘infusus’ legunt, ut significetur coisse illos et sic sopitos, et uolunt esse emphasin coitus: nam ‘infusum gremio soporem’ nihil esse dicunt. Multi autem cacenphaton accipiunt, ne duo epitheta uideantur, ‘placidum’ et ‘infusum’. Alii figurate accipiunt ‘placidum per membra’ pro eo quod est placidum membris.
Il s’agit d’un cacemphaton in sensu, c’est-à-dire une réalité choquante à travers des mots qui ne le sont pas. La note nous apprend que Servius ne cherche ni à justifier ni à écarter la figure : il la présente comme une donnée. D’autre part, il précise que la question a été posée à date ancienne, puisqu’elle remonte à Probus, commentateur fameux du Ier siècle de notre ère (et donc antérieur à nos autres sources grammaticales), qui modifiait le texte (infusus > infusum) pour écarter le cacemphaton en accordant le terme infusus au mot soporem : le « sommeil répandu » en Vénus étant moins choquant que le mari « répandu en son sein » 15. La note supplémentaire du Servius de Daniel est également révélatrice : non seulement elle est beaucoup plus explicite sur l’acte sexuel, mais elle apporte en outre la réfutation de la variante infusum proposée par Probus, et lui est donc postérieure. Cette réfutation se fait en deux temps : d’une part, la correction de Probus fournirait un texte dénué de sens ; de l’autre, on voit apparaître une concurrence entre deux défauts stylistiques : le cacemphaton (évité par Probus grâce au choix d’infusum) et la juxtaposition de deux épithètes successives (défaut dénoncé plusieurs fois 16) ; et, en fin de compte, ce dernier défaut semble pire au scoliaste anonyme que le cacemphaton : une fois de plus, la dimension formelle l’emporte sur le sens. 15 Cf. VIRG., Aen. 8,406 (éd. Perret, CUF) : coniugis infusus gremio per membra soporem ; un exemple de cacemphaton in sensu – au sens donné par Servius – se retrouve dans les scolies à Horace du pseudo-ACRON, Epod. 17,51. 16 SERV., B. 3,38 ; G. 4,19 ; 4,369 ; 4,424 ; Aen. 2,392 ; 3,70 ; 6,283 ; 6,438 ; 6,552 ; 8,406 ; 10,44. Voir déjà QUINT. 8,6,43.
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Par ailleurs, si l’on synthétise les notes de Servius, on trouve deux exemples types de cacemphaton chez Virgile : – d’une part, la succession de deux syllabes -ca- : Aen. 2,27 : DORICA CASTRA: mala est compositio ab ea syllaba incipere, qua superius finitus est sermo; nam plerumque et cacenphaton facit, ut hoc loco. Aen. 3,203 :
CAECA CALIGINE:
G. 2,13 : GLAVCA canentia”.
cacenphaton in sermone
CANENTIA FRONDE SALICTA:
[...] sane cacenphaton est “glauca
Les derniers exemples constituent de simples relevés, mais le premier contient une explication double : une règle sur l’inconvenance d’enchaîner deux syllabes identiques en fin et début de mot 17 ; une conséquence possible : le cacemphaton, en l’occurrence un terme *caca, qui a plus ou moins le même sens qu’en français ; – d’autre part, la séquence cum n- : Aen. 1,193 : CVM NAVIBVS: cacenphaton in sermone, quod fit si ‘cum’ particulam n littera sequatur.
Il s’agit du cas attesté depuis Cicéron, mais on remarquera une précision plus grande que dans toutes les grammaires, puisque Servius ne se contente pas de constater le cacemphaton, mais le contextualise – sans aller jusqu’à expliciter le calembour – et finit par souligner à quel point le cas est ténu, car très spécifique. En somme, le cacemphaton s’intègre dans des modèles artigraphiques et finalement les dépasse. Depuis Cicéron, tout tourne autour d’un cas spécifique (cum n-), sur lequel sont construites les théories latines du cacemphaton : ces dernières témoignent à la fois de la prise de pouvoir de l’exemple sur le concept, et de la tendance profonde des grammairiens à appliquer une théorisation inductive, qui finit par cacher le cas particulier à la base de tout. Le cacemphaton, finalement assez peu présent dans les commentaires, jette un éclairage sur les rapports entre grammairiens et auteurs scolaires : en effet, nous n’avons pas de condamnation explicite de cette figure 18 : son seul nom suffit à établir une frontière entre le bon et le mauvais usage. Les commentateurs, sans jugement de valeur apparent, se contentent de constater le cacemphaton et se trouvent sans doute dans l’impossibilité paradoxale de le condamner, en particulier pour ce qui concerne Virgile. Le commentateur est pris, en effet, entre deux injonctions, entre le devoir de pointer un défaut pour que ses élèves ne le reproduisent pas, et la quasi-impossibilité de critiquer Virgile, figure désormais tutélaire de la pédagogie romaine. Le cacemphaton apparaît alors comme le trou Cf. GODEL (1967). Nous en avons un exemple rare dans les scolies à Horace du pseudo-ACRON, Ars 355, où il est dit que l’auteur a écrit quamuis est au lieu de quamuis sit à cause du cacemphaton. 18 Comme le fait ainsi MART. CAP. 5,518. 17
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noir de la stylistique, la figure qu’on ne peut expliciter et qu’on ne peut non plus critiquer ouvertement (au moins chez Virgile), et finalement, dans le discours grammatical, comme la licentia indicible – car il s’agit bien d’un problème de licence accordée au poète, mais une licence tacite, qui n’est jamais identifiée comme telle. Le discours poïétique, descriptif et vidé alors de tout jugement de valeur, se fait non-discours, et simple balisage du texte virgilien ; il suit le modèle de présentation de n’importe quelle figure, et se neutralise lui-même à travers une forme d’autocensure 19. On en trouve un exemple dans une formulation comme celle de la Breuis expositio Georgicorum 1,310 : NIX ALTA: cacemphaton ; en l’absence de toute précision, il faut avoir le texte de Virgile en tête ou sous les yeux (cum nix alta iacet) pour comprendre que nous sommes dans le cas-source de la figure. 2. Euphonia : la licentia paradoxale Comme le cacemphaton, l’euphonia apparaît à Rome d’abord dans le discours sur l’art rhétorique 20, et assez peu dans l’ars grammatica du IVe siècle, où elle n’est d’ailleurs pas définie : chez Charisius et Diomède, elle sert surtout à justifier des paradigmes irréguliers, comme les parfaits de la 2e conjugaison 21, ou la concurrence des désinences -ubus/-ibus à la 4e déclinaison 22. Il s’agit donc d’un principe qui justifie des anomalies dans la langue. Le terme reste surtout employé par Priscien, au VIe siècle, qui l’applique à l’assimilation des préverbes ou aux phénomènes d’épenthèse 23 : à ce stade le concept est envisagé comme uniquement phonétique, et non rhétorique. Chez Servius aussi, il sert à justifier la double désinence d’ablatif singulier dans les participes présents (-e ou -i) 24 : selon lui, le choix est justifié par le mètre (-ĕ vs -ī) ou par l’euphonie, qui, comme chez Quintilien, apparaît alors comme un facteur de choix susceptible de provoquer des mutations phonétiques dans le mot, donc comme un principe subjectif, non rationnel (contrairement au mètre), qui neutralise la règle et crée ainsi une forme d’entropie. Dans le commentaire à Térence de Donat, on relève une fois le terme uocalitas, attesté chez Quintilien, et trois fois euphonia ou des mots apparentés, là 19 Le cacemphaton est peu nommé et peu exploité dans la scholiastique grecque ; on le trouve surtout dans les scolies à Aristophane, au sens de « sous-entendu obscène », par exemple Lysist. 410 : ταῦτα δὲ πάντα εἰς τὸ κακέμφατον λαμβάνεται ; 732 ; 739 ; 1170 ; Gren. 48 ; en revanche, le mot semble plutôt désigner l’homéotéleute en Ois. 1258 : εὖραξ πάταξ : ἐπιρρήματά τινα ἀνέπλασεν εἰς τὸ κακέμφατον. 20 QUINT. 1,5,4 : Sola est quae notari possit uelut uocalitas, quae euphonia dicitur: cuius in eo dilectus est ut inter duo quae idem significant ac tantundem ualent quod melius sonet malis. 21 CHAR. 227,10-19 Barwick = DIOM. 1,348,25 Keil. 22 DIOM. 1,308,2-5 Keil. 23 PRISC., Inst. 2,43,17 ; 48,1 ; 49,20 Keil, etc. 24 SERV. 4,417,1-3 Keil.
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encore comme possibilité de choix entre deux formes ou deux mots, avec la volonté de choisir le plus agréable à l’oreille 25. Quant au commentaire à Virgile de Servius, il propose une dizaine d’occurrences du mot euphonia, sans compter les notices où le concept apparaît sans être nommé. On discerne au moins deux lignes directrices dans son emploi : il agit tantôt comme « juge » entre deux formes possibles, tantôt comme un principe « contre la règle ». En somme, l’euphonie sert d’issue à une règle dogmatique, qui n’a parfois plus aucun rapport avec la phonétique. Cette dernière peut être encore présente en : Servius, Aen. 1,177 : et sciendum est iudice euphonia dici ‘Cerealia’ uel ‘Cerialia’, ‘Typhoea’ uel ‘Typhoia’, ‘Caesareanus’ uel ‘Caesarianus’. In his ergo licentia deriuationis est.
Historiquement, [e] en hiatus évolue vers [i] et [j], et la note pourrait attester ces doublets à l’époque de Servius, même si la datation des remarques grammaticales demeure très problématique et s’il n’est pas du tout sûr que le commentateur vise un fait linguistique stricto sensu. La phonétique est d’ailleurs absente de l’euphonia en Aen. 8,77 où, à propos du mot fluuius, Servius explique qu’il s’agit d’une ancienne forme de vocatif de la 2e déclinaison, en concurrence avec fluuie, et que les poètes la préfèrent « pour raison d’euphonie » (poetae euphoniae causa antiquitatem sequuntur). Ailleurs, en Aen. 1,480 et G. 1,262, Servius explique que le verbe tundor présente deux formes de participe parfait (tunsus et tusus), et que c’est l’euphonie qui est juge, même si elle tend à préférer l’absence de -n- ; mais là encore, il s’agit plus d’orthographe que de phonétique, puisque le -n- devant sifflante était débile dès la période républicaine, même si on le maintenait le plus souvent à l’écrit. Servius voudrait-il dire qu’on peut le réintroduire dans la langue parlée ? Il n’est pas impossible qu’il se laisse abuser par l’orthographe (on en a différents exemples) ; en tout cas, il s’agit là d’un cas très caractéristique, où l’euphonie sert à justifier un écart supposé à la norme, qui en fait n’existe pas, et qui conduit à une reconstitution factice de la langue ; c’est flagrant dans la déclinaison du nom Anio, Anienis ; les grammairiens se contentent d’ordinaire d’enregistrer l’irrégularité 26, mais Servius (Aen. 7,683) l’explique par une euphonie allant contre la règle qui réclamerait un radical *Anion- attesté, selon lui, chez Ennius. Mais il semble douteux qu’Ennius, appelé ici en renfort, ait jamais utilisé cette forme « régulière ». Quelques cas d’euphonie, d’ailleurs, concernent des mots grecs et leur adaptation contra regulam en latin 27. La même conception du langage est à l’œuvre dans une notice difficile à comprendre : Servius, Aen. 1,616 : ‘adplicat’ secundum praesentem usum per ‘d’ prima syllaba scribitur, secundum antiquam orthographiam, quae praepositionum ultimam litteram 25 26 27
DON., Andr. 505 ; Ad. Praef. 1 ; Eun. 554 ; Eun. 1065. Cf. SAC. 6,474,30 Keil ; CHAR. 79,12 ; 168,19 Barwick. SERV., Aen. 1,30 (sur le génitif Achilli) ; B. 6,2 (sur le nom Thalia).
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in uicinam mutabat, per ‘p’, secundum euphoniam per ‘a’ tantum. Praepositio enim cum ad conpositionem transierit aut uim suam retinet, ut ‘indico’, aut mutat ultimam litteram, ut ‘sufficio’, aut perdit, ut ‘coemo’.
On y retrouve l’application systématique et abusive de la triple possibilité de variation des préverbes, présente dans les exemples finaux, mais appliquée au préverbe ad sans discernement 28, avec création d’une potentialité *aplicat qu’on chercherait en vain dans l’histoire linguistique du latin ; il s’agit en fait d’une reconstruction par analogie : à partir des exemples (qui arrivent en dernier, mais sont en réalité premiers dans l’ordre logique) in-dico / suf-ficio / co-emo, qui illustrent chacun un aspect de la règle énoncée, Servius produit un triptyque ad-plico / ap-plico / a-plico ; et comme le dernier terme n’existe pas, on le justifie par l’euphonia, dont l’emploi n’est pas pertinent ici ; il pourrait l’être pour coemo, mais ici la création d’une prononciation inédite pour *aplico n’a rien d’euphonique, et est contradictoire avec la notion même de choix (comment choisir une forme qui n’existe pas ?). En somme, le terme euphonia ne s’applique ici que par une extension issue d’un pur dogmatisme grammatical, qui conduit paradoxalement à un discours apparemment rigoureux, mais en vérité imaginaire, entropique et quelque peu utopique 29. Même en dehors de ce cas extrême, l’euphonie n’engage pas le sens, et apparaît comme une licence d’autant plus paradoxale qu’elle est valorisée et constitue une explication reconnue et jugée acceptable. Elle sert à construire un discours justificatif, autrement dit un cas de licentia, qui plus d’une fois illustre des phénomènes dogmatiques et hors-cadre ; il s’agit alors d’une justification formelle, subjective, sans lien réel avec le sujet. L’euphonie est ainsi une catégorie de secours, par défaut, ce qui n’est qu’à demi-avoué par la reconnaissance de l’implication du locuteur et/ou de l’auteur comme juges, dont on ne discute pas la partialité. Elle devient donc une catégorie poéticogrammaticale et forme un espace de liberté pour le poète comme pour le commentateur, dans un mouvement d’interaction 30. Sur le même principe, mais sans être nommée, l’euphonie est aussi présente à travers le substantif suauitas 31 ou le verbe sonat et l’adjectif-participe sonans, accompagnés ou non d’adverbes mélioratifs, toujours pour justifier la subjectivité du choix entre des doublons 32. Il faut également noter qu’elle possède son contraire, exprimé par le mot latin asper et ses dérivés 33 : mais la présence de l’aspérité phonétique n’existe Il trouvait peut-être un parallèle chez QUINT. 1,5,69 : on y trouve les trois formes prises par le préverbe ab-, mais avec des verbes différents. 29 Cf. VALLAT (2016), p. 147-148. 30 Voir aussi SERV., Aen. 5, 522 ; SD, Aen. 8,641. 31 SERV., Aen. 1,562. 32 SERV., Aen. 2,14 ; 2,37 ; 10,689 ; 12,95 ; B. 2,54 ; G. 3,376 ; SD, Aen. 2,471. 33 SERV., Aen. 3,457 ; 3,461 ; 10,689 ; B. 6,3. 28
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qu’en creux car le commentateur explique comment l’auteur a choisi X pour éviter Y : Servius, Aen. 12,5 : et bene alia uerba interposuit, quia ‘saucius pectus’ et sonabat asperrime, et inperitis poterat soloecismus uideri.
Ce qui est asper ici, c’est la succession des finales en -us, qui implique certes un risque de déformation syntaxique, mais surtout un troisième type de concept phonétique récurrent dans les commentaires latins : l’homéotéleute. 3. Homoeoteleuton : la licentia évitée L’homéotéleute fait partie chez les grammairiens des uitanda, des défauts à éviter. Il entre dans le cadre plus global des répétitions phonétiques, que les grammairiens classent parfois sous le terme grec d’aprepia « inconvenance » : Sacerdos 6,454,29-30 Keil : Aprepia est absurda et indecens uerborum structura, ut “o Tite tute Tati tibi tanta”.
Le vers d’Ennius (Ann. 109 Vahlen) est repris par Charisius et Donat comme exemple de parhomoeon, c’est-à-dire de répétition de sons en début de mot, alors que l’homéotéleute concerne la fin des termes 34. Mais, contrairement à Sacerdos, ils n’émettent pas de jugement explicite sur ces figures. Servius relève, de son côté, plusieurs exemples de séquences initiales identiques 35. Le raisonnement se construit sur la double opposition passé / présent et fautif / non-fautif : la répétition initiale est projetée comme un trait de poésie ancienne, désormais de mauvais goût, avec l’assertion (récurrente) que Virgile cale son esthétique sur les modèles qui l’ont précédé ; seule la scolie Aen. 5,866 fait preuve d’originalité en récusant le uitium pour un jugement positif sur le caractère expressif de la figure. Mais c’est bien l’homéotéleute qui occupe la place principale parmi les figures sonores dans les commentaires latins. Assez peu représenté dans la théorie rhétorique 36, il apparaît dans le commentaire de Donat à Térence, surtout comme constat : Donat, Eun. 156 : HINC EST ABREPTA EDVXIT MATER PRO SVA: uide μίμησιν cum odio inductam et deprauatam pronuntiatione ita, ut et ὁμοιοτέλευτα non uitarentur de industria: “abrepta pro sua soror est dicta”. 37 CHAR. 370,24-30 Barwick (dans les figures de mots) ; DON. 665,12-666,3 Holtz. Voir les développements de POMPÉE 5,287,24-288,11 Keil. Cf. aussi QUINT. 9,3,77-80. 35 Aen. 2,199 : MAIVS MISERIS MVLTOQVE: ut “sale saxa sonabant” et “casus Cassandra canebat”; nam apud ueteres a similibus incipere uitiosum non erat ; 3,183 ; 5,866 : et bene imitatus est maris stridorem “sale saxa sonabant”. 36 La Rhétorique à Hérennius (4,12,17-18) condamnait déjà les répétitions de sons excessives, mais QUINTILIEN (9,3,75-77) n’émet aucun jugement négatif sur la question ; même RUTILIUS LUPUS (2,14) reste modéré à son sujet. Voir HERESCU (1960), p. 57-58 ; 170-173. 37 Voir aussi DON., Eun. 236.5 ; Eun. 476.3 ; Phor. 521. 34
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Donat estime que non seulement Térence n’a pas évité l’homéotéleute, mais qu’en plus il l’a choisi expressément pour rendre l’hostilité de la réplique. En revanche, dans le commentaire servien et pseudo-servien à Virgile, sur 17 citations explicites de la figure (il y en a d’implicites), on relève seulement trois constats 38. Tous les autres cas affirment que Virgile a évité l’homéotéleute, avec des tournures introductives telles que uitauit (ou d’autres formes de ce verbe) 39, noluit facere/dicere 40, ne faceret 41, timuit 42 ou propter 43. On assiste alors à la valorisation paradoxale de ce qui n’a pas été dit : on souligne que Virgile a obéi à la règle implicite qui exclut l’homéotéleute 44 ; or les structures de la langue latine rendent inévitable l’homéotéleute. Il existe donc dans le travail du grammairien un objectif à la Don Quichotte : proposer aux élèves un discours préceptif et une initiation à des règles d’écriture que la langue même rend caduques en permanence. Les commentaires sont d’ailleurs loin d’enregistrer tous les cas d’homéotéleutes et font preuve d’un esprit sélectif peu cohérent 45. Cette figure phonétique étant la plus présente dans les commentaires latins, faut-il voir dans cette obsession une critique implicite contre les hymnes chrétiens qui se développaient à l’époque de Servius, et recherchaient de nouvelles formes d’expression, comme ces effets de rime abhorrés par les commentateurs 46 ? Ce n’est pas impossible en soi, car on peut argumenter qu’il existe chez Servius des critiques – bien qu’implicites, tant l’actualité n’a pas de prise sur son commentaire – contre la religion chrétienne. Mais dans ce cas précis, cette approche ne nous semble pas pertinente ; comme l’essentiel des notes de grammaire ou de stylistique, les scolies sur l’homéotéleute ne sont pas datables précisément, mais sont probablement antérieures à Servius, et forment une vulgate esthétique dans laquelle Servius a opéré un tri sévère, tout en assumant ce qu’il transmet. Elles doivent dater des premiers siècles de notre ère. Elles ne sont d’ailleurs pas sans parallèles dans l’exégèse grecque, où l’homéotéleute est cité, même s’il n’est pas honni comme à Rome : dans les scolies à Homère, on 38 SERV., Aen. 9,606 ; SD, B. 5,38 : PVRPVREO NARCISSO: duo homoeoteleuta (la précision duo est inutile) ; Aen. 4,558. Il faut y ajouter la condamnation de la figure, non identifiée, en SERV., Aen. 4,504. 39 SERV., Aen. 5,391 ; 11,464 ; 12,781 ; B. 3,1 ; G. 3.539 ; SD, Aen. 1,220 ; 8,545 ; 11,112. 40 SERV., Aen. 3,663 ; 10,571. 41 SD, Aen. 2,745 ; B. 8,28. 42 SERV., Aen. 8,435. 43 SERV., Aen. 2,56 ; propter ὁμοιοτέλευτον dans ce contexte signifie « pour éviter l’homéotéleute ». 44 C’est en particulier net en B. 3,1, où l’expression cuium pecus avait suscité des polémiques violentes contre Virgile, rapportées par DONAT dans sa Vita Vergiliana 43. 45 Voir par exemple HÅKANSON (1982) ; SHACKLETON BAILEY (1994) ; FACCHINI TOSI (2000). 46 Voir en dernier lieu UHL (1998), p. 208-209.
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se contente surtout de constater sa présence 47 ; parfois aussi, on affirme que le poète a évité la figure 48, ou encore qu’elle apporte un « plus » au vers 49. Dans ces conditions, le souci des récurrences phonétiques dans les commentaires latins pourrait être un héritage grec, qui à Rome a pris une direction particulière, en s’intégrant dans l’opposition – peu prégnante en Grèce – entre Anciens et Modernes, avec le rejet de l’esthétique des auteurs pré-classiques. Conclusion Notre sujet se trouve au croisement de domaines divers, et illustre des phénomènes de convergence et de cohérence dans le travail des grammatici. Le discours sur les liens entre phonétique et stylistique à Rome est double, présent à la fois dans les commentaires et dans les traités grammaticaux. Apparemment, chacun possède ses spécificités méthodologiques 50 : théorie et démarche synthétique pour les artes, approche pratique et analyse linéaire pour les commentaires. Mais la réalité est plus complexe : on a vu pour le cacemphaton que l’édifice conceptuel des traités est instable, ce qui oblige parfois les commentaires à apporter des précisions supplémentaires qui dédoublent le discours théorique ; parallèlement, si la définition de l’homéotéleute ne pose pas de problème, les artes restent purement descriptives, tandis que les commentaires introduisent à son sujet des jugements dysphoriques. Par ailleurs, l’étude spécifique des sons dans les commentaires permet de sonder à la fois les intentions des auteurs et, ce faisant, celles des commentateurs : à leurs yeux, tout s’agence pour que la phonétique apparaisse comme un espace de liberté, qui consacre l’importance de la forme et son primat sur le fond dans l’univers intellectuel des grammatici, ainsi qu’une vision finalement souple du langage. L’écrivain, selon eux, cherche à éviter des séquences phoniques disgracieuses : dans cette dynamique de la phrase, ils sollicitent deux règles interactives : le choix de l’euphonia et le rejet de l’homéotéleute. Ces choix ont des répercussions grammaticales : ainsi, nous dit-on, Virgile opte pour le passif turbatae pour éviter l’actif turbantis (Servius, Aen. 8,435) ; pour le participe présent luctans au lieu du participe parfait luctatus (Servius, Aen. 12,781) ; pour le participe présent uolens en place du futur uolitura (Servius, Aen. 3,457) ; pour l’indicatif ueni au lieu du subjonctif uenissem (Servius/SD, Aen. 11,112) ; il jouerait avec les états de langue en préférant, toujours dans des stratégies d’évitement, les formes archaïques (comme le supposé vocatif en -us, Servius, Aen. 8,77 et 11,464) aux formes modernes, etc. Le commentateur ne se demande pas si la forme qu’il prétend remplacée est compatible ou non avec le vers : ce 47 48 49 50
Par exemple Il. A,141-144 ; 308 ; 458b ; B,382b etc. Cf. I,443c : τὸ ὁμοιοτέλευτον ἔφυγε. Cf. M,339-340 : ἔμφασιν ἔχει ἡ ὁμοιοκαταληξία ; Φ,239. VALLAT (2015).
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critère n’entre pas en compte ; il s’en tient à un remplacement de X par Y, avec une neutralisation de leur spécificité (telle la diathèse) qui aboutit à une équivalence évidemment abusive. Au-delà, le discours sur les sons est représentatif du discours exégétique en soi : il reprend ainsi ses lignes de fond que sont les structurations antiqui / hodie et ars / licentia, à savoir la double opposition entre les tournures archaïques et modernes d’une part, et la règle et l’exception de l’autre. Les répétitions phoniques s’inscrivent dans les deux ensembles, puisqu’elles sont perçues à la fois comme un héritage du passé et une entorse aux règles en vigueur. D’ailleurs l’essentiel de l’exégèse sur les sons met en jeu des formes de licentia : honteuse et silencieuse pour le cacemphaton, valorisée pour l’euphonia, évitée pour l’homoeoteleuton. Même la portée pragmatique des commentaires se trouve bousculée par ces contradictions entre la règle et l’exception qu’introduit la présentation des sons. Il n’est certes pas question de remettre en cause la visée didactique des commentaires 51 : outre les formulations explicites du type « il faut éviter cela / il faut faire ceci », de simples remarques comme « le poète a évité l’homéotéleute » constituent plus qu’une appréciation sur le style de l’auteur : c’est aussi une injonction à faire comme lui. Mais dès qu’on aborde les licentiae, autrement dit les libertés que l’auteur se permet et que l’élève du grammaticus ne doit pas imiter (technique du contre-exemple, si fréquente dans les commentaires), le discours exégétique se dissocie et prend une direction qui permet de mieux saisir une ambiguïté essentielle : tout en restant avant tout un discours d’identification (« c’est un cacemphaton »), il prend, pragmatiquement, une portée contradictoire, car à la fois dogmatique (elle s’appuie sur des règles préétablies : « la succession ca/ca est un cacemphaton », parfois jusqu’à l’absurde 52) et dérogatoire (« le modèle [Virgile] n’a pas respecté les règles »). Le discours exégétique est ainsi animé par ces deux tendances contradictoires, dont on pourrait estimer qu’il s’agit d’un cas banal du couple règle/exception. Mais, contrairement au discours artigraphique, la forte récurrence de la licentia transforme le commentaire en un long supplice pour la règle, et entraîne l’émergence de contradictions, mises au cœur de conflits d’au(c)torité. Ces contradictions sont le fruit d’une interaction permanente entre l’ars et l’auctor, et d’une renégociation intellectuelle pour le grammaticus, qui doit défendre, en fait, les deux, et se retrouve ainsi dans une situation inconfortable, qui ne se résout que Cf. KASTER (1980) ; UHL (1998). Sur aplico, voir supra ; quant à la succession phonique ca/ca, il faut préciser un élément dont on ne parle guère et qui invalide pourtant, en grande partie, le jugement axiologique : c’est l’accentuation, qui possède un rôle discriminant ; en effet, dans les exemples mentionnés par Servius, la séquence ca/ca n’est jamais accentuée, alors que les formes du verbe caco portent nécessairement l’accent tonique sur une syllabe ou une autre : le surgissement du mot obscène n’est donc pas totalement réalisé, mais simplement suggéré ; idem pour cunnus. 51 52
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dans une inéluctable contextualisation et un choix binaire : « voici le modèle : vous (devez / ne devez pas) l’imiter » ; autrement dit, c’est un travail qui n’est jamais vraiment fini, car soumis à la linéarité du texte commenté et aux hasards du kairon. Lorsque la poétique de l’auteur est présentée comme conforme avec le but didactique (comme dans le discours exégétique sur l’homéotéleute, plus que dans la pratique réelle du poète), l’efficacité pédagogique s’en trouve nécessairement confortée : en revanche, lorsqu’entre en jeu la complexité de la licentia poétique dans une situation d’enseignement, et que la liberté de l’auteur, soulignée par les licentiae phoniques, s’oppose au devoir pédagogique du grammaticus, c’est la poïétique du commentaire qui s’en trouve affectée, par une divergence et un conflit entre deux formes d’autorité : celle du poète et celle du grammairien, qui a théoriquement le dernier mot et qui, par devoir, récuse le modèle et endosse pragmatiquement le rôle prêté à l’euphonia : juger de ce qui convient le mieux.
Et est poeticum principium professiuum Ilaria TORZI
Introduzione Nel commentare l’incipit dell’Eneide, troviamo un’interessante aggiunta dell’auctus alle parole di Servio: Et est poeticum principium professiuum “arma uirumque cano”, inuocatiuum “Musa mihi causas memora”, narratiuum “urbs antiqua fuit”. Et professiuum quattuor modis sumpsit: a duce “arma uirumque cano”, ab itinere “Troiae qui primis ab oris”, a bello “multa quoque et bello passus”, a generis successu “genus unde Latinum” 1.
Il significato del passo è chiaro: il proemio virgiliano è costituito da una parte che esprime l’argomento (professiuum), un’altra di invocazione alla Musa (inuocatiuum), una terza, quella che si riferisce alla presentazione di Cartagine e delle preoccupazioni di Giunone, idonea ad introdurre la narrazione (narratiuum). Viene inoltre precisata la modalità dell’uso del principium professiuum, facendo quindi supporre che si tratti di un termine tecnico: l’argomento è esposto a partire dal protagonista, dal viaggio compiuto, dalla guerra combattuta e infine dalla stirpe generata. La cosa notevole è, però, il fatto che l’aggettivo utilizzato è un unicum della lingua del commentario e per giunta limitato a questo passo 2, né ci sono motivi per credere ad un guasto della tradizione manoscritta 3. Per cercare di comprendere quindi quale sia l’origine del termine e come mai sia utilizzato qui, articolerò il lavoro in diversi momenti; in primo luogo 1 Seguo qui l’edizione THILO (1881-1887), ma essendo qui usato il corsivo sia per il Servio Vulgato sia per il Danielino, le note del Danielino saranno segnalate dalle parentesi angolate. 2 Si fa riferimento ad una ricerca sul database degli autori latini (Library of Latin Texts) e sul sito del CGL (http://kaali.linguist.jussieu.fr/CGL/). BEIKIRCHER (1999) cita il passo serviano, collega il termine a profiteor/professio e definisce: qui professionem continet (sc. profitetur, de qua re agendum sit; technice in arte rhet.). Il Forcellini (vol. 3, p. 891) spiega il termine come professiuus qui profitetur, qui rem aperte fatetur uel affirmat e cita ancora solo Servio. 3 Neppure gli Scholia Veronensia portano qualcosa di analogo in commento al primo verso dell’Eneide. Per i rapporti fra Danielino e Scholia Veronensia cfr. BASCHERA (2000) e BASCHERA (2008). Non significativi i passi dei grammatici che citano il primo verso dell’Eneide.
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accennerò al termine principium e alla sua valenza retorica, sottolineando come la nota e più in generale l’opera da cui è tratta si servano del lessico specifico di questa disciplina. Successivamente paragonerò il commento di Servio e delle Note Danieline all’esegesi dei primi versi del poema da parte di Tiberio Claudio Donato (in seguito Donato), che imposta indiscutibilmente la sua spiegazione sui dettami della retorica, evidenziando una vicinanza fra principium professiuum e thema. La somiglianza del passo in questione con altre note serviane che fanno riferimento alle stesse categorie interpretative, pur non avvalendosi del medesimo lessico, farà ampliare la ricerca a termini quali propositio, propono, propositum, e all’uso che ne fanno da una parte la tradizione retorica classica e tardoantica nell’ambito della costituzione di un’orazione e dall’altra l’esegesi virgiliana. Per lo stesso motivo non mancherà un cenno ad expositio materiae e praefatio. Infine si prenderanno in considerazione termini della stessa area semantica di professiuus, profiteor e professio, per constatarne frequenza ed uso esegetico, mentre si vedranno possibili influssi di vocaboli tecnici greci, come πρόθεσις, προέκθεσις, πρόφασις, che, pur non avendo costituito la base né per un calco né per una traduzione in latino, possono tuttavia aver influenzato la formazione dell’aggettivo. Si giungerà tuttavia a conclusioni non dirimenti. 1. Principium come termine tecnico retorico Prima di analizzare la spiegazione di Donato all’incipit del poema, per proporre un parallelo con quanto troviamo nell’altro commentario, vorrei accennare anche al termine principium. Certo la sua valenza può essere generica, o indicare appunto l’inizio del poema, ma non va dimenticato che, in ambito retorico, ha anche un significato tecnico in quanto costituisce uno dei due possibili exordia di un’orazione, più specificamente quello adatto ad una causa del genus honestum, in cui si possa esplicitamente agire per rendere l’uditorio attentus, beniuolus e docilis, in contrapposizione all’insinuatio che deve raggiungere lo scopo in modo surrettizio, adatta a cause non così limpide. Ci parlano di questi diversi exordia, ad esempio, sia Cicerone nel De inuentione (1,20), sia la Rhetorica ad Herennium (1,7,11) 4. Nel commentario serviano e nelle Aggiunte Danieline sono numerosi i passi che utilizzano principium con questo valore; si può ricordare, fra tutti, il commento a Aen. 4,31, la risposta di Anna a Didone: ANNA REFERT: suasoria est omni parte plena: nam et purgat obiecta, et ostendit utilitatem, et a timore persuadet.
La valenza tecnica del passo è inequivoca già dalle parole serviane, mi sembra poi particolarmente utile ai nostri fini la specificazione della summa rei e della partizione della materia (partes rei) a persona Didonis, a persona Aeneae, a loco, a timore, a causa et utilitate, a modo, in modo a mio avviso analogo a quanto abbiamo letto a commento dell’incipit, in riferimento ai quattuor modi del pincipium professiuum; su questo tuttavia torneremo in seguito (§ 3.1). Non mi dilungo ulteriormente sull’argomento, cito ancora solo la nota a Aen. 11,411, questa volta interamente di Servio, in cui si pone la distinzione fra principium e insinuatio, a conferma, appunto, che siamo nell’ambito della dottrina dell’exordium cui si è fatto cenno 5. Anche Donato presenta numerose occorrenze di principium come termine tecnico riferito all’exordium, ad esempio a Aen. 1,522, così commentato pure dalle Aggiunte Danieline, oppure laddove specifica che l’inuectio, quale quella di Nettuno contro i venti ribelli a Aen. 1,132, non è opportuno che abbia un principium essendo l’espressione di un animo adirato. Donato ha poi una decina di occorrenze di insinuatio, alcune delle quali indubbiamente come termine tecnico, fra cui si può ricordare il commento a Aen. 4,9, l’esordio della confessione inhonesta di Didone a Anna 6. 2. Thema nella spiegazione di Donato all’incipit dell’Eneide Se quindi è chiaro che l’esegeta conosce e utilizza la terminologia dell’exordium, talvolta anche in riferimento agli stessi passi in cui la troviamo nell’altro commentario e nella sua versione aucta, Donato non se ne serve tuttavia a proposito dell’incipit del poema 7. Vediamo allora qual è la sua spiegazione del proemio dell’Eneide: come sempre l’autore è molto prolisso e suddivide i versi iniziali dell’opera in tre parti: i primi sette corrispondono al thema, segue l’inuocatio 5 Si tratta del discorso tenuto da Turno a Latino prima di battersi con Enea, dopo che già aveva rintuzzato le parole di Drance. Va tuttavia sottolineato che questa nota è l’unica in cui viene citata l’insinuatio. Cfr. TORZI (2014), p. 222. 6 Cfr. CAVIGLIA (1995), p. 99-104. Cfr. inoltre Aen. 7,331; 12,146. 7 Cfr., fra tutti, la nota a 1,664-669.
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Musae, dal v. 8 all’11, ed infine l’enumerazione delle causae che hanno provocato l’ira di Giunone, a partire dal desiderio del potere universale per Cartagine. Si può quindi ravvisare una vicinanza con i tre principia del Danielino; è evidente infatti che il principium professiuum va riferito al thema. Analizziamo più da vicino questo termine: l’OLD lo definisce come “a situation or case proposed for debate in a school of rhetoric” (OLD s.v. thema, vol. 2, p. 1936), portando ad esempio diversi passi delle Controuersiae senecane e dell’Institutio Oratoria di Quintiliano, fra cui 5,10,9, in cui si avvicina il concetto di argumentum a quello di thema. Anche il Forcellini, fra i vari ambiti di significato del vocabolo, contempla quello retorico, con esempi tratti dalle medesime opere: Apud rhetores uero thema sumitur pro argumento et materia controuersiae declamandae, quae dissertationis fundamentum est (vol. 4, p. 722). Thema non fa parte della terminologia ciceroniana, benché sia utilizzato dai suoi commentatori, Mario Vittorino e Grillio; se ne servono inoltre altri autori tardoantichi, quali Fortunaziano e Giulio Vittore. Essi non lo definiscono, ma ne indicano il valore di “argomento di dibattito o di causa” in diverse parti delle loro trattazione 8. Fortunaziano, invece, in riferimento alla circumstantia della res, atta a determinare la materia di uno status, specifica che va preso in considerazione il thema: In re quid consideramus? thema. Consideratio thematis multiformis est, in qua uidebimus quae sit et qualis, quae quasi publica est omnium circumstantiarum: ut an illa res fieri potuerit ab illo homine, illa causa, illo tempore, illo loco, illo modo, illa materia, quamuis omnes circumstantiae hoc modo sibi sint inuicem iunctae. (Rhet. 2,2, p. 103,16-20 = p. 108,13-109,2 CM 9)
Più interessante è però vedere come Donato si serva del termine thema. Nelle Interpretationes ricorre 17 volte: tutte sono riferite al proemio e alla spiegazione dei primi sette versi del poema 10. Rimane esclusa quella nella nota a Aen. 2,405, in cui, come ha dimostrato L. Pirovano, il thema, argomento da trattare nell’esercitazione retorica, si inserisce nella dinamica del locus communis, descritto secondo i dettami dei progymnasmata 11. 8 Cfr. MAR. VICTORIN., Rhet. 1,15, p. 196,23-32 (= 1,20, p. 60,13-21 ed. Reisenweber); GRILL., Rhet. p. 599,17-19; IUL. VICT., Rhet. 2, p. 374,29-36 (= p. 3,22-4,4, ed. Giomini-Celentano). 9 Accolgo l’emendatio di L. Calboli-Montefusco che ha modificato thesin in thema. Sulle circumstantiae e la loro importanza cfr. anche il commento dell’editore, p. 342346. Non mi sembra fuori luogo individuare un collegamento fra questo passo di Fortunaziano, in cui si parla della circumstantia della res e delle sue diverse possibilità, con la Nota Danielina a Aen. 4,31, in cui si analizza la risposta di Anna a Didone, tramite l’individuazione di una res generale e delle sue varie partes. 10 Cfr. in proposito MORETTI (1997), p. 64-66. 11 Si tratta della nota ai v. 403-406 in cui si descrive la figura di Cassandra che, contro ogni diritto dei supplici, viene trascinata dai Danai fuori dal tempio in cui si era rifugiata. Cfr. PIROVANO (2007-2008), p. 183 ss.
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A titolo esemplificativo, riporto due passi, il primo, tratto appunto dal Proemio, il secondo dal commento al primo verso: Itaque conponit, non, ut alii putant, carminis caput, sed, ut nos adserimus, carminis thema tanta subtilitate artis, ut in eodem, hoc est in eius breuitate, latitudinem magnam futuri operis demonstraret. (Proem., I, p. 3,14-18 G.) Interpretabimur igitur quod diximus thema, cuius prima pars est “arma uirumque cano”: in hac breuitate et angusta propositione multa conplexus est. (Aen. 1,1, I, p. 7, 5-7 G.)
È evidente quindi la totale sovrapponibilità per l’esegeta fra l’argomento del proemio (carminis caput), come alcuni lo definiscono, e il thema, secondo la visione di opera di retore che Donato dà dell’Eneide. Anche Servio si serve del termine con una accezione analoga 12: Sciendum praeterea est quod, sicut nunc dicturi thema proponimus, ita ueteres incipiebant carmen a titulo carminis sui, ut puta “arma uirumque cano”, Lucanus “Bella per Emathios”, Statius “Fraternas acies alternaque regna”. (Praef. p. 5,7-11)
Pare tuttavia che non identifichi i due concetti, ma che faccia un paragone fra il modo di comporre dei poeti antichi che iniziano l’opera con un “titolo” e l’atteggiamento dei moderni declamatori che aprono il discorso con un thema. L’unico altro passo dell’esegeta in cui viene utilizzato il termine tecnico si trova a commento di 10,18: è iniziato il concilio degli dei, e, dopo un breve discorso di Giove, prende la parola Venere. Si tratta in realtà di una nota non del tutto chiara, in cui si citano Tiziano e Calvo, personaggi pressoché ignoti, vissuti presumibilmente fra II e III sec. d.C., in qualità di autori di Themata Vergiliana, a noi non pervenuti. A quanto lascia intendere l’esegeta, essi prevederebbero una raccolta di situazioni tratte dall’opera di Virgilio su cui impostare delle declamationes 13. La cosa di maggior rilievo ai nostri fini, tuttavia, è l’evidenza di una lettura retorica del poema tanto da poterne analizzare i discorsi in basi alla dottrina degli status 14. 3. Propositio e partitio Un ulteriore passo consiste nel paragonare la nota del Danielino con una di Servio a proposito del v. 8 del primo libro, laddove comincia la vera e propria invocazione alla Musa: MVSA MIHI CAVSAS MEMORA (…) in tres partes diuidunt poetae carmen suum: proponunt inuocant narrant. Plerumque tamen duas res faciunt et ipsam propositionem 12
Il vocabolo thema non è invece presente in Aelio Donato o in Eugrafio. Cfr. PIROVANO (2006), p. 35-36 e più specificamente, per il commento al passo di Servio e le figure di Tiziano e Calvo, PIROVANO (2004). 14 Sulla dottrina degli status, specificamente nell’esegesi virgiliana, rimane basilare PIROVANO (2006); cfr. anche CALBOLI-MONTEFUSCO (1986). Donato non commenta però in questo senso Aen. 10,18. 13
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miscent inuocationi, quod in utroque opere Homerus fecit; namque hoc melius est. Lucanus tamen ipsum ordinem inuertit; primo enim proposuit, inde narrauit, postea inuocauit, ut est nec si te pectore uates accipio.
I tre principia qui sono espressi tramite i verbi, proponere, inuocare, narrare e i sostantivi derivati: propositio, inuocatio (non è esplicitamente citata la narratio). Il termine propositio, piuttosto comune nella tradizione retorica latina, rimanda alla πρόθεσις greca la cui trattazione affonda le radici nella dottrina aristotelica 15. La conoscono la generazione di Cicerone, quella di Quintiliano, anche se non con il medesimo significato, e i retori latini successivi; da Quintiliano è visto, in prima battuta, in base al dettato aristotelico, come una sorta di transizione fra proemio e narratio: nel genus iudiciale, infatti, la propositio è, per così dire, il “genere” di cui la narratio è la “specie” (Inst. 3,9,5). Successivamente, mentre nel quarto libro dell’ Institutio spiega l’ordo delle cause giudiziarie, il retore specifica che, a suo avviso, la propositio non è una parte autonoma del discorso, ma l’inizio della confirmatio, sia per chiarire la quaestio principale, sia per le singole argomentazioni (Inst. 4,4,1 s.). Inoltre, se si presenta la seconda ipotesi, cioè se si hanno più probationes con singole propositiones, e queste ultime sono collegate fra loro, si rientra nell’ambito della partitio (Inst. 4,4,7). Quintiliano poi esplica altrove come, secondo alcuni, anche la partitio sia una parte autonoma della causa giudiziaria che, assieme alla propositio, fa parte della probatio (Inst. 3,9,1 s.). Quando successivamente definisce la partitio (Inst. 4,5,1), parla di nostrarum aut aduersarii propositionum aut utrarumque ordine conlocata enumeratio e inequivoco, per chi la ritiene utile, è anche lo scopo del procedimento, analogo a quello del principium, di rendere l’uditorio attento, favorevole e ben disposto, partendo da differenti punti di vista. Diversa fonte si evince dalla lettura del De inuentione di Cicerone e della Rhetorica ad Herennium, che pure non usano il sostantivo ma solo il verbo proponere; in questi testi la propositio è una delle due possibilità della partitio, che, nel secondo, è definita diuisio 16. Va però precisato che in questi manuali la partitio è riconosciuta in modo univoco come parte del discorso, che, assieme alle altre, è appannaggio dell’inuentio e non della dispositio, a differenza di quanto leggiamo in Aristotele e quindi in Quintiliano 17. La tradizione tardoantica, infine, si richiama prevalentemente a Cicerone e alla Rhetorica ad Herennium, anche se non li segue sempre in tutto e per tutto e su questa linea si colloca, come vedremo, anche l’esegesi virgiliana. 15 ARIST., Rhet. 3,1414a31-36. Ho già trattato altrove la valenza di propositio e partitio/diuisio nell’ambito della retorica latina classica e tardoantica e più specificamente in Donato: TORZI (2015a), cui si rimanda anche per la citazione completa dei passi. 16 Cfr. CIC., Inu. 1,31; Rhet. Her. 1,10,17 e comm. ad loc. di CALBOLI (19932), p. 217 s. Cfr. anche MARTIN (1974), p. 91-95 e CALBOLI-MONTEFUSCO (1987). 17 CIC., Inu. 1,19 e Rhet. Her. 1,3,4. Cfr. anche il commento di ad loc. di CALBOLI (19932), p. 211.
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3.1. Propositio, propono, propositum in Servio e nelle Note Danieline A questo punto risulta fondamentale vedere come gli esegeti virgiliani si servano del termine propositio, per valutare l’eventuale rapporto fra i vocaboli di questa area semantica e professiuus. In Servio propositio non è frequente, oltre al passo citato all’inizio del paragrafo precedente (Aen. 1,8) ne troviamo un altro in cui, a proposito dell’esordio del discorso di Ettore a Enea (Aen. 2,289), leggiamo, in modo molto stringato: propositio est. Ancora nella spiegazione di Georg. 2,177 vediamo: NVNC LOCVS ARVORVM INGENIIS: naturis. Tempus est, inquit, naturam agrorum describere. Et multi hoc loco culpant Vergilium, quod in unum coegit quattuor librorum propositionem; nam et de aruo et de consito et de pascuo et de floreo in isto loco commemorat: quod ideo non est reprehendendum, quod non ea late exsequitur, sed capitatim et breuiter transit quae latius explanat in singulis.
La nota mi pare particolarmente significativa perché accomuna l’incipit dei diversi libri delle Georgiche a quelli di discorsi retorici e inoltre perché si avvicina al passo di Quintiliano (Inst. 4,4,1) che prevede la possibilità di avere una propositio generale, così come una per ogni argomento. Va inoltre specificato che questa possibilità di un argomento generale cui fanno riferimento quattro particolari da esplicitare più distesamente in seguito, allude alla partitio, come già si è notato in Quintiliano (Inst. 4,4,7). Si avvicina, però, per lo stesso motivo, anche a quanto compare nella trattatistica di età repubblicana, ripresa poi da quella tardoantica, che vuole esplicitamente la propositio come sezione della partitio, come abbiamo notato, ad esempio, nel De inuentione di Cicerone (1,31) e nella Rhetorica a Herennium (1,10,17). Nello stesso ambito semantico si inseriscono alcune occorrenze del verbo propono o di propositum; oltre ai già citati Praef. p. 5,7-11, in cui troviamo il sintagma proponere thema (§ 2), e Aen. 1,8, con cui si è iniziato il par. 3, si può ricordare, ad esempio, un passo tratto dal Danielino, che, invece, non pare utilizzare il sostantivo propositio 18. Siamo nell’ambito del discorso di Enea quando, nell’ottavo libro, si presenta ad Evandro; a proposito dei v. 127 s. (optime Graiugenum, cui me Fortuna precari / et uitta comptos uoluit praetendere ramos), con cui si apre l’orazione, leggiamo:
Si rileva il riconoscimento del principium a partire dai due protagonisti e della propositio come momento successivo all’esordio, in cui si esprima il vero oggetto del discorso (res). Infine vorrei far notare come nella già citata nota Danielina ad Aen. 4,31 (§ 1), si leggesse una distinzione fra asserzione del punto focale del discorso di Anna e delle diverse partizioni dello stesso, che ritengo si possa ricondurre a questa dottrina, benché non si utilizzino i termini tecnici specifici 19. Allo stesso modo, in quella sede, si era segnalata la vicinanza della suddivisione del pincipium poeticum professiuum, da cui abbiamo preso le mosse. 3.2. Propositio e diuisio nelle Interpretationes Vergilianae Particolarmente significativo è poi quanto leggiamo nelle Interpretationes Vergilianae; in tutta la parte introduttiva e nella spiegazione del thema viene usata più volte la terminologia riferita a propositio e diuisio 20. La prima volta che parla del thema del poema, infatti, l’esegeta dice: Itaque conponit, non, ut alii putant, carminis caput, sed, ut nos adserimus, carminis thema tanta subtilitate artis, ut in eodem, hoc est in eius breuitate, latitudinem magnam futuri operis demonstraret. Commendat in prima propositione carmen suum personamque eius et gesta quem purgandum laudandumque susceperat simulque partitur quid fato, quid extra fatum perpessus sit, subtiliter monstrans quae accidunt fato nullius posse uiribus superari, perindeque non esse illius crimen, si expugnare fata non ualuit, illa uero quae extra fatum inponebantur aduersantibus superis et Iunone patientia et uirtute animi transmisisse. (Proem., I, p. 3, 14-25 G.)
Mi pare chiara la distinzione fra una propositio generale e una successiva partizione (partitur) all’interno dell’esposizione del thema di cui viene esaltata la breuitas, che sunteggia il successivo ampio sviluppo del poema. Il concetto viene ribadito poco dopo, sempre all’interno del Proemio; questa volta viene utilizzato il termine diuisio, per indicare come, collegandolo proprio nel thema stesso, il poeta prometta di esporre che cosa Enea abbia sofferto per terra e per mare (Proem., I, p. 3,27-4,5 G.). 19
Nel Commentario Serviano e nella versione aucta non viene utilizzato il termine partitio, mentre partior e diuisio non hanno valenza tecnico-retorica. Poco specifico anche l’uso del verbo diuido; oltre alla citata spiegazione di Aen. 1,8 (§ 3), cfr. quella a 4,284 e a 11,281. 20 Solo una delle cinque occorrenze di diuisio è in un altro punto (Aen. 3,323), ma non ha una valenza retorica. Donato non usa invece il termine partitio, pur utilizzando, per esempio nel passo subito dopo citato, il verbo partior.
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Nel prosieguo del testo, quando si passa alla spiegazione puntuale dei primi versi, abbiamo una ulteriore articolazione tale per cui pare che non ci sia un’unica propositio cui segue una diuisio, ma più propositiones che prevedono autonome ripartizioni. La prima riguarda arma uirumque (Aen. 1,1) e i verbi proponere e diuidere limitano lo spettro di azione al primo emistichio, appunto, del thema, la prima pars, come dice l’autore, in cui sono proposti e ripartiti due capisaldi del poema: le armi e l’eroe. Segue l’esposizione dell’altera cum propositione diuisio, ut ostendat quid Aeneas fatali ratione, quid extra fatum perpessum sit, che, almeno per quanto concerne il primo elemento della ripartizione, ciò che Enea ha subito per volere del Fato, è racchiuso in Troiae qui primus ab oris / Italiam fato profugus Lauiniaque uenit / litora (v. 1-3), che, come rimarca Donato: fatorum id ratione contigisse non dubium est. Nel commento a multum ille et terris iactatus et alto / ui superum (v. 3-4) che, secondo l’esegeta, dovrebbe costituire quello che Enea ha subito extra fatum, quindi, diremo noi, il secondo argomento della diuisio appena citata, viene individuata invece una terza diuisio cum propositione; nam specialiter scripsit in carmine suo quae in terris, quae in pelago perpessus sit Aeneas et haec ipsa adserit extra fatum fuisse addendo ui superum. Inoltre, prima di passare alla spiegazione dell’invocazione, a conclusione del commento ai v. 6-7, Donato ci tiene a spiegare che nel propositum thema secondo una noua inuentio, Virgilio non si è limitato a indicare ciò di cui avrebbe parlato, ma si è servito anche della ratio multiformis della diuisio, ha presentato valorizzandola la propria opera, ha difeso Enea e evidenziato le colpe di Giunone. Infine, come vedremo meglio più avanti parlando di professio (§ 4), sottolinea il fatto che non va imputato al poeta la mancata trattazione di tutto quanto prestabilito (proposito themati): non ha parlato dei padri Albani e delle mura dell’alta Roma, perché interrotto dalla morte prematura. Non mi soffermo su questi passi e su questo punto, in quanto ne ho già parlato ampiamente in un altro lavoro 21; traggo solo rapidamente le conclusioni: l’area semantica tecnica di propono e propositio riguarda l’inuentio dell’argomento principale del poema, ma anche la diversa ripartizione dei singoli elementi che lo costituiscono che, a loro volta, possono essere oggetto di ulteriore diuisio. Benché il termine inuentio ricorra in Donato anche con valore non tecnico-retorico, dato il contesto, penso che in questo caso vada riferito proprio alla prima parte della retorica, quella appunto in cui si trovano gli argomenti da trattare nel discorso oratorio e quella in cui, secondo la dottrina presente nel De inuentione di Cicerone e nella Rhetorica ad Herennium, va inserita la partitio/diuisio quale parte del discorso, come visto nel § 3. Già nel De inuentione, poi (1,33), ma soprattutto nella precettistica retorica posteriore, specificamente in Fortunaziano, troviamo la possibilità di una ulteriore suddivisione della partizione principale, che deve rispettare breuitas, absolutio e paucitas e quindi non contenere troppi argomenti, in suddivisioni ulteriori da affrontare nella narrazione 22. 21 22
TORZI (2015a). FORTVN., Rhet. 2,21, p. 113,34-114,16 (= p. 127,12-128,9 CM).
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4. I corradicali di professiuus: profiteor e professio Constata per ora la vicinanza di ambito d’uso fra principium professiuum, thema e propositio può essere interessante approfondire l’etimologia dell’aggettivo per trovare altre corrispondenze fra la terminologia retorica. La derivazione da profiteor, composto di fateor, non dà adito a dubbi; tuttavia un controllo nel Commentario serviano rileva che anche il verbo è poco usato. Lo troviamo infatti solo in due passi, ma senza una valenza tecnica (Aen. 5,176 [nota Danielina] e Georg. 2,504). Decisamente più tecnico sembra l’uso del verbo o del sostantivo professio in Donato. Per quanto riguarda il primo, non mancano passi in cui profiteor è utilizzato in modo piuttosto generico, nell’ambito semantico dell’“affermare”, “asserire apertamente”, per esempio all’interno del discorso di Sinone 23. Possiamo però focalizzare l’attenzione su altri passi, ad esempio uno del Proemio delle Interpretationes, in cui l’esegeta si oppone agli obtrectatores di Virgilio che lo accusano di contraddizioni in ambito religioso o filosofico, che collega il verbo profiteor e il thema dell’Eneide (Proem., I, p. 6,9-12 G.). Allo stesso modo, commentando quello che lui stesso afferma essere la conclusione del thema, cioè i versi 5-7 del primo libro, Donato giustifica il fatto che Virgilio non abbia portato a termine lo sviluppo del thema proposto, non trattando gli argomenti dei padri albani e delle alte mura di Roma: la morte prematura gli ha infatti impedito di completare il piano della sua professio; si può quindi ravvedere una sorta di sinonimia fra professio appunto e thema 24: Interea proposito themati non mirandum est in omnibus non respondisse Vergilium; cum enim libros suos disposita ordinatione perscriberet, fine uiuendi circumuentus intentionem professionis suae conplere non potuit; nam “Albanique patres atque altae moenia Romae” non scripsit. (Aen. 1, 5-7, I, p. 10, 19-24 G.)
5. Expositio materiae, praefatio Sempre nell’ambito dell’esegesi a Virgilio, troviamo una nota interessante, in quanto mette a confronto l’esordio delle Georgiche con quello dell’Eneide; si tratta di un passo della Breuis expositio Vergilii Georgicorum 25: Principium Georgicorum paene tale est, quale in Aeneide: ut expositio materiae ibi, hic praefatio, secunda inuocatio numinis, ut (Aen. 1,8): “Musa, mihi causas memora”, tertia expositio materiae narratiua, ut (Aen. 1,12): “Vrbs antiqua fuit”. Hic igitur praefatio est (Georg. 1,1 s.): “Quid faciat laetas segetes”; inuocatio numinis (Georg. 1,5 s.): “Vos, o carissima mundi Lumina”, ut ibi (Aen. 1,8): Cfr. CLAVD. DON., Aen. 2,97 (I, p. 160, 14 G.); 2,101-104 (I, p. 161, 12 G.); cfr. inoltre 4,169-170 (I, p. 375, 17-18 G.). Per nessuno dei passi citati c’è una nota utile in Servio o nel Danielino. 24 Manca invece in Servio e nelle Aggiunte Danieline il termine professio. 25 Su quest’opera, per i suoi legami col commentario serviano cfr. CADILI (2008). 23
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“Musa, mihi causas”; expositio materiae (Georg. 1,43): “Vere nouo, gelidus” reliqua. (Praef. p. 198,5-12 Hagen)
La struttura dell’analisi è palesemente la stessa, tuttavia si nota una differente scelta dei termini; in particolare il principium professiuum passa a expositio materiae di cui però non si dà il testo dell’Eneide ed inoltre il sintagma è utilizzato anche successivamente, specificato dall’attributo narratiua, ma solo per quanto concerne il poema epico, in riferimento al principium narratiuum. Per le Georgiche, invece, si parla di praefatio per quello che potremmo definire l’argomento o titolo, visto che si cita il primo verso, e solo di expositio materiae per quanto riguarda l’esordio della narrazione vera e propria, ingenerando un possibile fraintendimento con i termini utilizzati per i versi iniziali dell’Eneide. Se analizziamo un altro passo della stessa opera (Praef. p. 195,23-196,7 H.), però, notiamo che non c’è un uso specifico di praefatio nell’ambito del poema didascalico a differenza di quello epico, mentre expositio sembra più il vocabolo riferito alla narrazione, qualora non sia diversamente specificato. Altrove ancora (Georg. 2,98) il termine expositio assume il significato generico di “interpretazione”, “spiegazione”. Uno sguardo ai principali commentatori virgiliani, ma anche a Elio Donato e Eugrafio, permette di constatare che non si trova il sintagma expositio materiae e che expositio è usato soprattutto nel senso di “interpretazione”, “spiegazione” 26 o eventualmente in modo abbastanza generico, come esposizione, talvolta in coppia con narratio 27; nessuno sembra avere una valenza specifica riguardante l’argomento all’interno del proemio di un poema epico. Gli autori citati, inoltre, non si servono del termine praefatio; poco utilizzato anche il verbo da cui deriva, praefor; troviamo un’occorrenza in Elio Donato (Ter. Ad. 663) con il significato di “premettere”, nel dialogo fra Eschino e Micione; in Donato e Servio, invece, sembra più specificamente riferito alla premessa, in cui ci si rivolge agli dei 28. 6. I termini greci: πρόθεσις, προέκθεσις, πρόφασις Prima di trarre qualche conclusione su professiuus, vorrei accennare alla terminologia greca da cui può essere stato influenzato; abbiamo già visto πρόθεσις (§ 3), che ha dato il calco latino propositio. Per i termini che vedremo di seguito non si deve pensare tuttavia ad un rapporto diretto: professiuus non è senz’altro né il calco né la traduzione di alcuno di essi. Non si può però escludere che il loro Cfr., ad es., CLAVD. DON., Aen. 3,102 s. (I, p. 278, 11 G.); SERV., Aen. 11,152 e 12,74 ma anche le Note Danieline, Aen. 8,144 o 10,439. 27 Cfr., ad es., DON., Ter. Phorm. 97; o CLAVD. DON., Aen. 1,354; 8,131-133; EVGRAPH., Ter. Phorm. 35. 28 Invero l’unica occorrenza di Donato e due su quattro di Servio spiegano o rimandano a praefatus diuos di Aen. 11,301. 26
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uso in ambito retorico, la parziale vicinanza nella formazione del significante e del significato abbiano influito sulla coniazione del vocabolo professiuus. Il primo termine rilevante può essere la προέκθεσις, accettata da alcuni retori come parte del discorso, di cui ci parla anche l’Anonimo Segueriano 29, che divide il discorso politico in quattro momenti, προοίμιον, διήγησις, πίστις, ἐπίλογος (1,1) e poi aggiunge, dopo aver affermato che lo scopo del proemio è quello di rendere l’uditorio attento, recettivo e ben disposto (1,9): Εἰδότες γὰρ οἱ ἀκούοντες, περὶ ὧν οἱ λόγοι, εὐμαθέστεροι γενήσονται. Εὐμάθειαν δὲ ποιεῖ προέκθεσις, ἀνανέωσις, μερισμός. Προέκθεσις μέν ἐστιν, ὅταν ἃ μέλλει τις λέγειν ὡς ἐν κεφαλαίῳ προεκθῆται. (1,10-11). Pare quindi che la προέκθεσις sia una forma di “riassunto anticipativo per sommi capi” volto a catturare l’attenzione del pubblico. Il termine è comunque anche della tradizione di Ermogene che nel Περὶ μεθόδου δεινότητος, nel paragrafo dedicato a Περὶ προεκθέσεως καὶ ἀνακεφαλαιώσεως (12), così lo definisce: Τὸ ἐν ἀρχῇ τι λέγειν ἐπὶ κεφαλαίων, περὶ ὧν τις μέλλει κατασκευάζειν ἢ διδάσκειν, οἱ τεχνικοὶ καλοῦσι προέκθεσιν, τὸ δ’ ἐπὶ τέλους ἀναμιμνῄσκειν τὰ ἀποδεδειγμένα ἢ λελεγμένα οἱ τεχνικοὶ καλοῦσιν ἀνακεφαλαίωσιν (Hermog., Meth. 12, p. 427,12-16 Rabe). Il vocabolo è noto infine all’esegesi omerica; un esempio fra tutti può essere il passo di Eustazio nell’introduzione all’Iliade: Ἐνταῦθα δὲ ἰστέον καὶ ὅτι σχῆμα εὐκρινείας καὶ σαφηνείας παρὰ τοῖς παλαιοῖς ἡ προέκθεσις, προδιδάσκουσα κεφαλαιωδῶς καὶ προεκτιθεμένη τὸν τοῦ ἐφεξῆς λόγου σκοπόν. Ὃ δὴ καὶ ἐνταῦθα ποιεῖ Ὅμηρος λέγων, ὅτι ἐκ τῆς τοῦ Ἀχιλλέως ἀρξάμενος μήνιδος ἀφηγήσεται τὰ ἐν αὐτῇ συμβεβηκότα κακὰ οὐ μόνον τοῖς Ἀχαιοῖς, εἰ καὶ τούτοις ἐπὶ πλέον, ἀλλ’ ὡς εἰκὸς καὶ τοῖς Τρωσίν. (EUST., Il. 1, vol. 1, p. 12,23-28 Van der Valk).
Anche in questo caso viene evidenziato il fatto che la προέκθεσις si distingue come procedimento che contribuisce alla chiarezza, spiegando anticipatamente per sommi capi il fine del discorso che seguirà; a tale proposito viene citato proprio l’incipit dell’Iliade. Poco dopo viene inoltre detto: Ἰστέον δὲ ὅτι, ὥσπερ ἡ Ἰλιὰς ἀπὸ προεκθέσεως ἄρχεται, οὕτω καὶ ἡ Ὀδύσσεια, ὡς δῆλόν ἐστι τοῖς μετιοῦσιν αὐτήν (vol. 1, p. 13,9 s.). L’utilizzo potrebbe essere dunque, per alcuni aspetti, analogo a quello del principium professiuum, posto a spiegazione di arma uirumque; tuttavia va ricordato che, nel commentario di Eustazio, l’uso del termine non è limitato al proemio delle opere, ma più in generale ai momenti di “anticipazione di quanto seguirà”, come dimostrano altri passi 30. L’ultimo vocabolo greco che vorrei prendere in considerazione è πρόφασις; si tratta in realtà di un termine piuttosto comune che si colloca nell’area semantica Su quest’opera cfr. l’introduzione di Kennedy in DILTS / KENNEDY (1997), p. IX-XV e quella dell’edizione PATILLON (2005), p. LXXXIX-XC. 30 Cfr. ad es. EUST., Il. 10,40 s.; vol. 3, p. 12,11-17; 11,73-77; vol. 3, p. 156,14-21 Van der Valk. 29
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del “motivo”, “pretesto”. C’è tuttavia un passo di Dionigi di Alicarnasso, tratto dal de Isaeo, in cui πρόφασις sembra avere una valenza paragonabile a quella di προέκθεσις. L’autore fa un parallelo fra il modo di comporre i proemi di Lisia e di Iseo, sottolineando come lo stile del primo appaia più semplice e naturale rispetto a quello del secondo e servendosi di πρόφασις per indicare, a quanto pare, una parte introduttiva del proemio 31. Poco oltre, infatti, l’autore dichiara che anche le altre parti del proemio hanno nei due oratori le stesse differenze: più semplici in Lisia, più retoriche in Iseo 32. Conclusioni Mi pare evidente che, benché più di un termine greco possa aver influenzato il latino professiuus, non siamo comunque di fronte a un calco né alla perfetta traduzione di un lemma specifico. È altrettanto chiaro che, se nelle Interpretationes di Donato troviamo una dottrina in cui si possono mettere in luce filoni più legati ad una tradizione specifica benché mai unica, non altrettanto si può dire del commentario serviano nelle due diverse versioni. Anche in quest’opera è presente un interesse retorico, però molto meno lineare o continuo, con uno uso meno sistematico dei termini tecnici. Sembra quasi che nel commentario ci siano echi di diverse dottrine, che parzialmente richiamano la retorica sia dell’età classica sia di quella tradoantica, ma che l’opera si ancori solo saltuariamente ad un lessico tecnico specifico, come se si facesse piuttosto riferimento ad una conoscenza condivisa, entrata nell’uso della prassi didattica, per quanto concerne almeno i sui elementi essenziali. Riguardo più specificamente a professiuus utilizzato solo dal Danielino, se ne potrebbe dedurre, anche se non se ne avrà mai la certezza, che sia un neologismo creato da un esegeta o da un insegnante, sulla scorta della radice di profiteor e di professio. Anche inuocatiuum comunque, benché il significato sia palese, non trova frequenti riscontri nella classicità e nella tarda latinità: nel passo citato della Breuis expositio, ad esempio, si preferisce il sintagma più esplicito inuocatio numinis e anche Donato si serve solo del sostantivo. Se poi proseguiamo con l’analisi del primo verso, troviamo, nella spiegazione serviana di cano, l’uso di polysemus sermo; è evidente che l’attributo nasce come calco dal greco, ma anch’esso non trova altre attestazioni. Non mi soffermo su questo termine in quanto è già stato autorevolmente studiato: indica ciò che ha più di due significati che si specificano nel contesto, ma non dà adito ad ambiguità; si oppone pertanto proprio ad ambiguus che, invece, determina ciò che ha due valenze, ma non consente di decidere con sicurezza quale sia appropriata al passo in cui si situa 33. DION. HALIC., Opusc. vol. 1, p. 100,3-101,7 UR. DION. HALIC., Opusc. vol. 1, p. 101,19-21 UR. 33 Cfr. THOMAS (2000), che fornisce, discutendola criticamente, anche la bibliografia precedente. 31 32
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Vorrei piuttosto evidenziare come la presenza di tre lessemi inusitati in uno spazio tanto ridotto, anche se due appartenenti alla Note Danieline e la terza a Servio, lasci intuire, a mio avviso, la vivacità della trasformazione linguistica dell’epoca in ambito esegetico-scolastico. Conferma, quindi, qualora ce ne fosse bisogno, il fatto che quanto ci è rimasto della tradizione è solo una goccia nel mare, da cui emergono alcuni elementi di cui manca purtroppo il tessuto connettivo.
Expressit plenam patheticam. Tiberio Claudio Donato e la retorica delle emozioni Luigi PIROVANO
1. Premessa 1. L’episodio del naufragio dei Troiani, nel primo libro dell’Eneide, è costruito da Virgilio attraverso una sapiente alternanza di parti dialogate e di sequenze narrative: le parole mettono in moto le azioni, che a loro volta – attraverso un meccanismo a catena – suscitano nuove parole e quindi nuove azioni, fino all’intervento risolutore di Nettuno e all’approdo conclusivo sulle coste cartaginesi. Il motore primo degli eventi è costituito dall’ira di Giunone, che al vedere i Troiani viaggiare spediti verso l’Italia sente riaprirsi il dolore di un’antica ferita (v. 36: aeternum seruans sub pectore uulnus). Ardendo di rabbia (v. 50: flammato … corde) di fronte alla propria impotenza, la regina degli dei si rivolge a Eolo con tono supplice (v. 64: supplex), chiedendogli di ostacolare la navigazione di Enea (vv. 65-75). Eolo prontamente scatena la forza dei venti e subito una minacciosa tempesta si addensa sulla flotta dei Troiani. Posto di fronte ad un presagio di morte, Enea si lascia andare ad un moto di disperazione (v. 93: ingemit), nel quale magnifica – con un celebre makarismos – le sorti dei compagni che trovarono una morte gloriosa sotto le mura di Troia (vv. 94-101). Neanche il tempo di terminare, che la tempesta si abbatte con violenza sulla flotta dei Troiani, causando morte e distruzione. Ma il piano di Giunone è destinato a non raggiungere l’effetto desiderato: Nettuno non tarda a riconoscere le trame della sorella e, a sua volta profondamente irato (v. 126: grauiter commotus), rimprovera i venti con parole di rara violenza (vv. 132-135), prima di porre fine alla tempesta. 2. Grazie alla presenza ravvicinata di tre discorsi diretti, pronunciati al culmine di altrettante scene particolarmente intense dal punto di vista emozionale, questo episodio si rivela congeniale all’esegesi di Tiberio Claudio Donato, che nelle Interpretationes Vergilianae dedica costante attenzione al rapporto tra parole ed azioni ed elogia a più riprese Virgilio per la sua capacità di calarsi nei vari personaggi, attribuendo loro discorsi retoricamente compiuti. Produrre un’orazione che sappia tenere in considerazione la situazione contingente (le persone, il tempo, il luogo) è in effetti la quintessenza di ogni insegnamento retorico,
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sine qua orator nihil est 1: e Virgilio, retore sommo, trasmette questa abilità ai vari personaggi che affollano il poema, dando vita ad un esercito di oratori in miniatura 2. Non stupisce dunque che Donato, nell’atto di interpretare i discorsi di Giunone, Enea e Nettuno, abbia dispiegato appieno il suo arsenale di strumenti retorici, mettendo a nudo le strategie profonde che operano in ciascuno di essi. Ed è particolarmente degno di nota il fatto che in tutti e tre i casi egli abbia fatto ricorso ad una categoria esegetica – la pathetica (dictio) – che, di fatto, non tornerà più nel resto del commentario, conferendo all’episodio del naufragio una spiccata autonomia ed un eccezionale rilievo, che trovano poche analogie all’interno delle Interpretationes Vergilianae. 3. Nelle pagine che seguono mi propongo di analizzare la natura e il funzionamento della pathetica (dictio), al fine di collocare le informazioni teoriche offerte da Donato all’interno della tradizione retorica antica e, al contempo, di studiare nel dettaglio le modalità attraverso le quali esse contribuiscono all’esegesi del testo virgiliano. I risultati di questa indagine ci consentiranno di collocare la figura di Donato all’interno di una precisa tradizione, che trova un interessante corrispettivo – sul versante greco – nell’esegesi di Eustazio di Tessalonica. 2. Tiberio Claudio Donato e la pathetica (dictio) 1. Apprestandosi ad analizzare il colloquio tra Giunone e Eolo, Donato si premura innanzitutto di definire la situazione comunicativa all’interno della quale esso si sviluppa 3. Lo scopo evidente è quello di difendere Virgilio da possibili critiche che, con terminologia moderna, potremmo definire di verosimiglianza narrativa: essendo la regina degli dei, Giunone avrebbe dovuto impartire ordini ad Eolo attraverso l’invio di un messaggero. In questo frangente, tuttavia, l’accesso di ira che si impadronisce della sua persona (quae conueniret iratae; totum adsignat iratae) la spinge a mettere da parte le prerogative del proprio ruolo gerarchico (in ea parte non quae competeret reginae; neglecta [...] potestatis ratione) e ad umiliarsi personalmente presso un inferior (ut irata non consideraret iniuriam suam), pur di raggiungere al più presto l’obiettivo desiderato. Virgilio ha dunque costruito la caratterizzazione di Giunone (personae ratio) nel pieno rispetto dei dettami retorici (miro artis ingenio), mettendo tuttavia in 1 CLAUD. DON., ad Aen. 1.597 (I.117.30-118.1 G.): Prima pars rhetoricae disciplinae fuit quod loci et temporis et personae optime gnarus, etc.; 1.663 (I.130.12 G.): Seruata illa parte rhetoricae disciplinae sine qua orator nihil est; nam et personarum et loci et temporis rationem tenuit. 2 Sul rapporto tra il piano dell’autore e quello dei personaggi nelle Interpretationes Vergilianae, rimando a PIROVANO (2006), p. 39-48. 3 CLAUD. DON., ad Aen. 1.51-52 (I.24.10-31 G.).
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primo piano il suo momentaneo stato d’animo (iratae persona), rispetto alle caratteristiche per così dire “costitutive” del personaggio (reginae persona). Una volta chiarita questa premessa generale, Donato offre un’interpretazione prettamente retorica del discorso di Giunone 4. Il proemio, “completamente ricolmo di arte e sottigliezza oratoria” (arte et subtilitate dicentis admodum satiatus), è finalizzato a rendere l’ascoltatore benevolo e attento (fecit ergo secundum artis praecepta beniuolum, facit attentum), in ossequio alle indicazioni che i manuali retorici tradizionalmente forniscono per questa parte del discorso 5; Giunone previene le possibili obiezioni di Eolo, in modo da evitare inutili perdite di tempo (dictio autem [...] ne esset prolixa et plurimum temporis teneret) e sfruttare appieno l’occasione propizia 6; la questione, troppo delicata per essere trattata in modo diretto, viene introdotta surrettiziamente e con prudenza (incipit iam insinuare ipsam causam) 7, spiegando solo alla fine quale sia il punto vero e proprio, vale a dire la volontà di Giunone (desiderii dehinc summa subnectitur et modus poenae) 8. Il tratto saliente del discorso di Giunone è tuttavia, secondo Donato, il suo aspetto “emozionale”, che informa le parole della dea fin dall’inizio e ne condiziona inevitabilmente le caratteristiche espressive 9: Expressit plenam patheticam 10: nam si eo ordine quo locuta est uelimus intellegere, non cohaeret. Si enim ordinatam posset commota proferre dictionem, sic debuit loqui: Cfr. in part. VERG., Aen. 1.65-70: “Aeole, namque tibi diuum pater atque hominum rex / et mulcere dedit fluctus et tollere uento, / gens inimica mihi Tyrrhenum nauigat aequor, / Ilium in Italiam portans uictosque Penates: / incute uim uentis submersasque obrue puppes, / aut age diuersos et dissice corpora ponto”. 5 CLAUD. DON., ad Aen. 1.65-66 (I.25.6-27 G.). Sulle finalità dell’exordium nella tradizione retorica, cfr. CALBOLI MONTEFUSCO (1988), p. 1-8. 6 CLAUD. DON., ad Aen. 1.65-66 (I.25.27-26.12 G.). Sulla breuitas nelle Interpretationes Vergilianae, rimando a DAGHINI (2013), ed in particolare alle p. 425-426, dove viene preso in considerazione questo passo. 7 CLAUD. DON., ad Aen. 1.67-68 (I.26.11-27.1 G.). L’interpretazione offerta da Donato ricorda da vicino la precettistica retorica dell’insinuatio, che tuttavia si riferisce di norma al proemio: si veda in proposito CALBOLI MONTEFUSCO (1988), p. 11-18. 8 CLAUD. DON., ad Aen. 1.69-70 (I.27.1-30 G.). 9 CLAUD. DON., ad Aen. 1.69-70 (I.27.2-15 G.). 10 L’impiego dell’aggettivo patheticus senza alcun sostantivo di riferimento desta qualche perplessità. Secondo GATTI (1990), col. 704.24-25, bisognerebbe sottintendere la presenza di dictio, ricavabile da quanto affermato poco dopo (si enim ordinatam posset commota proferre dictionem), oltre che da un confronto con Aen. 1.95-96 (et quia pathetica fuit, continua dictio perseverare non potuit). Tuttavia, l’impiego combinato di due aggettivi risulta piuttosto anomalo, come anomala sembra l’idea di ricavare il presunto termine sottinteso (dictio) da due passaggi che, nel testo, vengono dopo. Si potrebbe pertanto pensare ad un uso sostantivato dell’aggettivo (cfr. la nota ad Aen. 11.175: in patheticis) con valore tecnico-retorico, ad indicare cioè un discorso pronunciato in una situazione di turbamento: non sono tuttavia conservati riscontri che permettano di 4
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“Aeole (v. 65a), gens inimica mihi Tyrrhenum nauigat aequor (67), Ilium in Italiam portans uictosque penates (68): incute uim uentis submersasque obrue puppis (69) et dissice corpora ponto (70b) aut age diuersos (70a); namque tibi diuum pater atque hominum rex (65b) et mulcere dedit fluctus et tollere uento” (66). Ante omnia tamen consideranda sunt quae Iuno perfici cupiebat dicta quidem, sed non ordine suo, ut appareret eam per commotionem nimiam ordinationem rebus ipsis dare nequisse. Dixit “incute uim uentis submersasque obrue puppis” (69), iungere debuit “et dissice corpora ponto” (70b), quod fieri necesse erat nauibus submersis, atque ita nouissimum ponere “aut age diuersos” (70a), ut esset, sicut diximus, oratio recte conposita hoc modo: “incute uim uentis submersasque obrue puppis (69) et dissice corpora ponto (70b) aut age diuersos” (70a). Denique hoc et ipsae coniunctiones ostendunt, etc.
Totalmente pervasa dall’ira (commota; per commotionem nimiam), Giunone non solo umilia sé stessa di fronte ad Eolo, ma non è nemmeno in grado di conferire alle proprie parole un ordine logico (non ordine suo; ordinationem rebus ipsis dare nequisse) e un senso coerente (non cohaeret). Questo giustifica l’intervento di Donato, che – nella sua funzione di esegeta – spiega al lettore come il discorso avrebbe dovuto articolarsi in condizioni normali (oratio recte composita), vale a dire in una situazione emozionalmente neutra. 2. Interpretando il makarismos di Enea 11, Donato determina per prima cosa quali siano le affezioni del corpo e dell’animo che colpiscono l’eroe in un momento tanto drammatico (cuiusmodi animo atque corpore senserit pathos) 12. Fisicamente, Enea sente freddo: frigus al v. 92 non è sinonimo di timor, come hanno inteso altri (alii frigus pro timore intellegunt) 13, ma va interpretato letteralmente (frigus ergo dixit proprie; uerum frigus), ad indicare cioè il freddo che verificare questa supposizione. Per costruzioni in qualche modo simili, cfr. CLAUD. DON., ad Aen. 3.707-708 (I.351.16 G.) expressit plenam moralitatem; 5.107-108 (I.439.2 G.) expressit plenissimam laudem Troianorum; 5.533 (I.484.20 G.) religionem plenam praecipuae caritatis expressit; 8.364-365 (II.167.20 G.) “egenarum” autem “rerum” significatio miserias exprimit et mendicitatem plenam. 11 VERG., Aen. 1.94-96: “O terque quaterque beati, / quis ante ora patrum Troiae sub moenibus altis / contigit oppetere!”. 12 CLAUD. DON., ad Aen. 1.90-91 (I.32.6-7 G.). 13 Cfr. SERV., ad Aen. 1.92: FRIGORE timore. Et est reciproca translatio; nam et timor pro frigore et frigus pro timore ponitur.
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colpisce l’animo dell’eroe di fronte alla prospettiva di una morte ingloriosa (ex leti genere), estinguendone il calore vitale (corporis calores extinxerant) 14. Dal punto di vista psicologico, Enea è pervaso invece dal dolore, che spinge l’eroe a parlare in uno sfogo di disperazione (incipit iam dolores suos exprimere) e ad esaltare la sorte dei compagni morti gloriosamente – cioè combattendo – sotto le mura di Troia 15. Ed è proprio il dolore a determinare le caratteristiche espressive di questo sfogo 16: Et quia pathetica fuit, continua dictio perseuerare non potuit, cum dicturum fuisse intellegamus quod dolebat, id est: ‘ego autem amissa patria, in fluctibus, perdita gloria, moriturus sum’.
Il tratto saliente di questa prima parte del makarismos è, secondo Donato, la sua incompletezza (continua dictio perseuerare non potuit). L’esaltazione del destino dei compagni morti presuppone logicamente un confronto con la sorte presente, ma l’eccessivo dolore non consente ad Enea di pronunciare il paragone in termini espliciti: tanto che, ancora una volta, l’esegeta sente la necessità di intervenire, esplicitando la parte di testo sottintesa (ego autem amissa patria, in fluctibus, perdita gloria, moriturus sum). 3. Il duro rimprovero di Nettuno 17 è classificato da Donato come una obiurgatio, nella quale il dio – in preda alla commozione e all’ira – rimprovera i venti per il crimen da loro commesso, amplificandone (exaggerat) retoricamente la gravità 18: Vocauit uentos ad sese et huiusmodi habuit obiurgationem, quae erit pathetica utpote commoti et irati, abscisa hoc est non continua nec composita, breuis etiam, subuenientis enim in tali causa beneficium multiloquium non quaerebat: [1.132] TANTANE VOS
GENERIS TENVIT FIDVCIA VESTRI?
Incipit ab inuectione (hoc enim genus materiae non habet principium) et crimen exaggerat dicens eos non solum suam sed hereditariam quoque sectari temeritatem, quod genus uitii, quoniam naturale est, non potest emendari […]. [1.133] IAM CAELVM TERRAMQVE: abscisa dictio eius ac breuis qui loquebatur iratus et qui ad sedandum tumorem pelagi festinaret.
Il rimprovero di Nettuno si contraddistingue per due caratteristiche principali: da un lato, lo stile è spezzettato e disarticolato (abscisa hoc est non continua nec composita; abscisa dictio), a causa della presenza di commozione e ira, CLAUD. DON., ad Aen. 1.92 (I.32.10-18 G.). CLAUD. DON., ad Aen. 1.94 (I.32.18-30 G.). 16 CLAUD. DON., ad Aen. 1.95-96 (I.33.3-6 G.). 17 VERG., Aen. 1.132-135: “Tantane uos generis tenuit fiducia uestri? / Iam caelum terramque meo sine numine, uenti, / miscere et tantas audetis tollere moles? / Quos ego...!”. 18 CLAUD. DON., ad Aen. 1.132-133 (I.35.22-36.8 G.). 14 15
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vale a dire di pathos (pathetica, utpote commoti et irati; iratus); dall’altro la breuitas (breuis), dal momento che la fretta dovuta alla situazione non consente un discorso di molte parole (multiloquium). 4. Questi tre passaggi delle Interpretationes Vergilianae sono con evidenza caratterizzati dal ricorrere di categorie interpretative comuni, utilizzate da Donato in presenza di situazioni comunicative simili. In tutti e tre i casi, un personaggio virgiliano si esprime sotto l’influsso di un sentimento forte (pathos) – dolor nel caso di Enea, ira nel caso di Nettuno, ira e dolor contemporaneamente nel caso di Giunone – che ne determina le caratteristiche espressive: (a) l’ordine delle parole risulta alterato (non ordine suo; ordinationem rebus ipsis dare nequisse) rispetto a quello che sarebbe più logico attendersi, e che il medesimo personaggio adotterebbe in una situazione emozionalmente neutra (ordinatam ... dictionem; oratio recte composita), al punto da rasentare l’incoerenza (non cohaeret); (b) lo stile è brusco e spezzettato (abscisus), vale a dire privo di consistenza e tendente alla paratassi (continua dictio perseuerare non potuit; abscisa hoc est non continua nec composita; abscisa dictio), cosa che può rendere il proemio non necessario (hoc enim genus materiae non habet principium); (c) il discorso risulta improntato alla virtù della breuitas e tende ad evitare il multiloquium (breuis etiam, subuenientis enim in tali causa beneficium multiloquium non quaerebat; breuis). 5. Laddove sia possibile individuare almeno una di queste caratteristiche, Donato classifica il discorso come “passionale” – pathetica (dictio) – e si sforza di mettere in evidenza come e fino a che punto la presenza di un sentimento forte (pathos), legato alla situazione contingente, influenzi lo stile del personaggio parlante 19. Dal momento che si tratta di una categoria retorica, è proprio nella tradizione retorica che occorrerà individuarne il senso e la natura, per poi cercare di definire con maggior precisione la sua valenza esegetica. 3. Lo stile “emozionale” nella manualistica retorica 1. Nei manuali retorici, soprattutto in quelli greci, non è difficile trovare indicazioni a proposito delle caratteristiche che contraddistinguono uno stile (λέξις) “emozionale”. Nel novero delle fonti a nostra disposizione, la trattazione più interessante è offerta dal cosiddetto Anonimo Segueriano, che nel 19 Si tratta, come si diceva, di una categoria esegetica che non verrà più riproposta per il resto del poema, dove pure non mancano discorsi diretti pronunciati in situazioni emozionalmente intense. Un unico, ancorché parziale, parallelo ricorre in CLAUD. DON., ad Aen. 11.175 (II.432.6-11 G.): Ipse reprehendit multiloquia sua, quae dolore cogente urgebatur effundere; et reuera, cum in patheticis breuis esse debeat sermo, ipse quoque non misit breuitatem, sed idcirco uidetur multa dixisse, quia multas partes tetigit multasque personas, quae si separentur, inuenietur breuem in singulis habuisse sermonem.
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capitolo relativo alla narratio (διήγημα) descrive nel dettaglio lo stile che questa parte del discorso deve assumere per suscitare pathos presso l’ascoltatore (141142, pp. 38.23-39.8 D-K.): Τοῦ δὲ παθητικοῦ διηγήματος τὴν λέξιν ἀσυναφῆ καὶ διακεκομμένην εἶναι δεῖ καὶ λελυμένην τοῖς κώλοις· φορτικὸς γὰρ ὁ τρόπος καὶ βαρύς, ὅτι μὴ κατὰ πρόθεσιν ἀκολουθίας, ἀλλ’ ἕκαστα βιαίως καὶ ἐξ ἀνάγκης λέγειν, ὡς ἐπὶ τούτου τοῦ ζητήματος· ἐν μακρᾷ πολιορκίᾳ ἐβουλεύσαντό τινες τὴν ἄχρηστον ἡλικίαν διῶξαι· ἀξιοῦσιν οἱ πατέρες ὑπὲρ ἐκείνων ἀνῃρῆσθαι. Τὸ δὲ ἁπλοῦν καὶ σαφές, ὃ καὶ μάλιστά ἐστι διηγηματικόν, ἐν πολλοῖς ἐστι παραδείγμασιν· ὅπου δ’ ἀνατετραμμένην σε δεῖ, φησί, ποιεῖν τὴν διήγησιν καὶ ἀσαφῆ, μὴ τῇ λέξει τὴν ἀσάφειαν ἐργάζου, ἀλλὰ τὴν μὲν λέξιν, ὡς ἔνι μάλιστα ἁπλῆν, ἵνα καὶ εὐμαθείας δόξαν ἐνθῇς τῷ ἀκροατῇ, τὴν δὲ τῶν πραγμάτων τάξιν κίνει.
Le coincidenze con la pathetica (dictio) di Donato appaiono notevoli: (a) il participio διακεκόμμενος corrisponde, tanto nella forma quanto nel senso, ad abscisus; (b) ἀσυναφῆ e λελυμένην τοῖς κώλοις 20 richiamano da vicino il discorso non continuus nec compositus di Donato (continua dictio perseuerare non potuit; obiurgatio [...] non continua nec composita); (c) l’idea di un discorso sconvolto (ἀνατετράμμενος) e privo di consequenzialità logica (μὴ κατὰ πρόθεσιν ἀκολουθίας) corrispondono esattamente alla dictio non ordinata di Donato, come pure l’invito a κινεῖν τὴν δὲ τῶν πραγμάτων τάξιν trova un corrispettivo nell’osservazione che un personaggio irato o addolorato non è in grado di conferire un ordine logico alle proprie parole (ordinationem rebus ipsis dare nequisse); (d) notevole infine il richiamo al concetto di ἀσάφεια, strettamente collegato a quello di ordine 21, al quale fa implicito riferimento anche Donato (non cohaeret) 22. 2. In ambito latino, il riferimento più interessante proviene da un’opera per certi versi eclettica come i Saturnalia da Macrobio. In un passaggio del quarto libro, dedicato alla presenza del pathos nelle opere virgiliane, l’autore si sofferma a descrivere quali siano le caratteristiche che, secondo i manuali di retorica, un discorso (oratio) deve possedere per suscitare indignazione o misericordia presso l’ascoltatore (4.2.1-10): Nunc uideamus pathos quo tenore orationis exprimitur. Ac primum quaeramus quid de tali oratione rhetorica arte praecipitur. Oportet enim ut oratio pathetica Come si legge in ANON. SEG. Rhet. 242, un “periodo” è una frase composta da “kola” e provvista di un significato di per sé completo: περίοδος δέ ἐστι λόγος διάνοιαν ἀπαρτίζων αὐτοτελῆ ἐκ κώλων συγκείμενος. Cfr. anche Rhet. Her. 4.27; ALEX., Fig. 2.1. 21 Cfr. ANON. SEG. Rhet. 82-83: la mancanza di chiarezza si ottiene stravolgendo l’ordine di esposizione (ὅταν συγχέωμεν τὴν τάξιν τῶν γεγονότων, ὡς τὰ μὲν πρῶτα τελευταῖα εἶναι, τὰ δὲ τελευταῖα προτετάχθαι). 22 Osservazioni interessanti si trovano anche in APS., Rhet. 3.25-27 (dove viene descritta la narratio emozionale); 48-55 (stile patetico nell’epilogo). Cfr. anche PLANUD., RhG V.288.12-19 W.; Anon. RhG VII.344.27-345.2, 345.24-29, 346.29-347.12 W.; SYRIAN. II.91.23-92.4 R. 20
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aut ad indignationem aut ad misericordiam dirigatur, quae a Graecis οἶκτος καὶ δείνωσις appellantur. Horum alterum accusatori necessarium est, alterum reo; et necesse est initium abruptum habeat, quoniam satis indignantibus leniter incipere non conuenit. Ideo apud Vergilium sic incipit Iuno: “… quid me alta silentia cogis rumpere… ?”23, et alibi: “… mene incepto desistere uictam?”24. [Seguono altri esempi virgiliani: Aen. 4.659-660 e 4.590-591 (Didone); 2.535 (Priamo).] Nec initium solum tale esse debet, sed omnis si fieri potest oratio uideri pathetica, et breuibus sententiis et crebris figurarum mutationibus debet uelut inter aestus iracundiae fluctuare. Vna ergo nobis Vergiliana oratio pro exemplo sit 25: “Heu stirpem inuisam…”. [Segue una dettagliata analisi retorica del discorso di Giunone.] Vides quam saepe orationem mutauerit ac frequentibus figuris uariauerit; quia ira, quae breuis furor est, non potest unum continuare sensum in loquendo. Nec desunt apud eundem orationes misericordiam commouentes.
Dall’analisi proposta da Macrobio emergono almeno tre elementi che trovano un preciso corrispettivo nell’esegesi di Donato: (a) l’esordio deve essere brusco e improvviso (initium abruptum), dal momento che la dolcezza non si concilia con l’indignazione (quoniam satis indignantibus leniter incipere non conuenit); (b) il resto dell’orazione deve essere caratterizzata da sentenze brevi e da cambi continui di figure retoriche (breuibus sententiis et crebris figurarum mutationibus); (c) la presenza dell’ira impedisce che il discorso possa avere una sua continuità espressiva (non potest unum continuare sensum in loquendo). L’elemento forse più interessante della riflessione di Macrobio consiste tuttavia nel fatto che, come nel caso di Donato, la teoria retorica relativa al pathos è applicata all’esegesi del testo virgiliano; e che, del pari, Giunone viene in qualche modo caratterizzata come il personaggio “passionale” per eccellenza, ossia come la creazione virgiliana che più si avvicina al tipo ideale dell’oratore irato (persona iratae): su questo avremo modo di ritornare tra poco. 4. L’esercizio preliminare dell’etopea 1. A questo punto, potremmo quasi sospendere la nostra ricerca. Senza troppa fatica abbiamo individuato una serie di fonti retoriche che analizzano il rapporto che lega tra di loro lo stile di un discorso e la presenza di emozioni (pathe), ricostruendo con una certa precisione le premesse teoriche sulle quali si fonda la categoria esegetica della pathetica (dictio). In tutto questo c’è tuttavia qualcosa che non torna fino in fondo, visto che Donato descrive e commenta dal 23 24 25
VERG., Aen. 10.63-64. VERG., Aen. 1.37. VERG., Aen. 7.293 sgg.
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punto di vista retorico dei discorsi pronunciati sotto l’influsso di un pathos, laddove l’Anonimo Segueriano, Macrobio e le altre fonti retoriche elencano le caratteristiche stilistiche che un discorso deve possedere per suscitare pathos presso l’ascoltatore. A ben vedere, ci troviamo dunque di fronte a due approcci che percorrono in senso inverso il tragitto ideale che collega le parole alle emozioni: mentre nella manualistica retorica il discorso di norma precede il pathos e ne è anzi la causa, nel caso di Donato il pathos precede il discorso e ne determina le caratteristiche espressive. 2. L’idea che l’ascoltatore occupi una posizione centrale all’interno del processo comunicativo è un fatto normale a partire almeno da Aristotele, che nella Retorica ha legato in modo definitivo le emozioni alla persuasione, aprendo un cammino che si sarebbe rivelato fecondo di conseguenze durante tutto l’evo antico. Per risultare convincente, un oratore deve essere capace di suscitare nel suo uditorio le passioni che desidera; il che comporta, come corollario, che egli debba conoscere che cosa sono le passioni e qual è il loro funzionamento. Salvo rare eccezioni, quando le fonti retoriche parlano di pathe, lo fanno da questa prospettiva e con questo specifico obiettivo, che risulta in certo modo connaturato all’essenza stessa della retorica e alle sue finalità. Il percorso inverso, quello che porta cioè dalle emozioni alle parole, è stato invece molto meno battuto. Per individuare un approccio simile a quello della pathetica (dictio), che potremmo definire “mimetico”, dobbiamo rivolgerci ad un ambito particolare e per certi versi secondario come quello dei progymnasmata. 3. L’esercizio preliminare dell’etopea richiedeva allo studente di imitare il carattere di una determinata persona 26, immaginando le parole che questa avrebbe potuto pronunciare in una situazione data (τίνας ἂν εἴποι λόγους / quibus uerbis uti posset) 27. Secondo una classificazione che potremmo definire “emozionale”, presente nella maggior parte dei manuali, le etopee erano definite “etiche”, se esse davano espressione unicamente al carattere (ethos) del personaggio parlante; “patetiche” se in esse prevaleva un’emozione forte (pathos); oppure “miste”, se in esse convivevano in egual misura ethos e pathos. Nel caso delle etopee “patetiche” (e, parzialmente, anche di quelle “miste”), gli studenti dovevano dunque dimostrarsi capaci di riprodurre, attraverso lo strumento della parola, lo stato d’animo di un personaggio parlante, turbato o sconvolto da una situazione emozionalmente intensa 28. Questo consentiva loro 26 [HERMOG.], Prog. 20.7-8 R. = APHTH., Prog. 34.4-5 R.: Ἠθοποιία ἐστὶ μίμησις ἤθους ὑποκειμένου προσώπου. 27 Sull’etopea, ed in modo particolare sul suo insegnamento nella tradizione latina, si vedano PIROVANO (2013a); PIROVANO (2013b). 28 [HERMOG.], Prog. 21.10-18 R.; APHTH., Prog. 35.1-10 R.; NICOL., Prog. 64.14-19 F.
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di approssimarsi allo studio delle passioni e dell’effetto che esse producono sulle caratteristiche espressive di un discorso, secondo una prospettiva simile a quella applicata da Donato all’esegesi dell’Eneide. 4. In ambito latino, la descrizione più interessante dell’etopea ci è stata lasciata dal retore Emporio, che testimonia una concezione dell’esercizio vistosamente eclettica 29. Tra le differenti sottospecie di etopea, Emporio ne classifica anche una – denominata pathopoeia – in cui il discorso è condizionato dalla presenza di un sentimento forte 30: Est sane praeter etho 31 et pathopoeia, qua imitamur affectum non naturalem, sed incidentem. Quam materiam ab ethopoeia praue distinguunt, qui putant esse ethicas, quae laetos fingant, patheticas uero, quae tristium sint, cum ideo hoc sit pathetica nuncupata, quod accidens alter adfectus naturalem illum morem saepe subuertat, patiaturque natura uelut uim quandam, cum is qui loquitur a suo loquendi more declinat, ut cum Hercules, cuius constans fuit semper oratio, parricidium suum luget, uel cum apud Homerum Achilles semper minax circumuentum se a flumine gemit, aut cum Mezentius semper crudelis uel Turnum precatur, ut se suscipiat, uel Aenean, ut sibi tribuat sepulturam. Denique ethos personam sequitur, pathos causam. Igitur cum incurrens praeponderabit adfectus, tum uocabitur quidem pathopoeia, nec tamen plene adfectus, qui ingeneratus est, deseretur. Nam neque ipse Mezentius sic precatur ut Turnus, nec sic uulnere suo Mars maeret ut Venus.
Dal punto di vista squisitamente retorico, la pathopoeia di Emporio è simile – anche se non perfettamente sovrapponibile – alle etopee “miste” della manualistica tradizionale, in quanto in esse domina il sentimento “che sopraggiunge” (adfectus incidens / accidens / incurrens), vale a dire il pathos, senza tuttavia eliminare del tutto il “carattere connaturato” (naturalis mos / ingeneratus adfectus), ossia l’ethos del personaggio parlante, che continua a giocare una sua parte, per quanto minoritaria, nella composizione del discorso (nec tamen plene [...] deseretur). Ed è particolarmente interessante sottolineare come, insieme agli esempi tratti dalla letteratura greca (Eracle, Achille), derivanti con ogni probabilità dal modello, Emporio spieghi il funzionamento della pathopoeia facendo ricorso ad un personaggio dell’Eneide, Mezenzio; e nella parte conclusiva del De ethopoeia, dopo aver spiegato che l’esercizio deve essere articolato secondo la successione dei tre tempi (presente – passato – futuro), egli illustri questo meccanismo sulla base di un altro esempio virgiliano, il discorso pronunciato da Giunone in Aen. 7.293-322 (sermo Iunonis, cum Aenean in Italia uideret): che – come si è 29
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Su Emporio e la tradizione di insegnamento dei progymnasmata, si vedano PIRO(2008a); PIROVANO (2016a). EMPOR., Rhet. 562.10-23 H. Per questa integrazione, cfr. VOLKMANN (1869), p. 4.
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visto – è lo stesso utilizzato da Macrobio per illustrare le caratteristiche di un discorso “emozionale” 32. 5. Che queste corrispondenze non siano casuali è dimostrato dal confronto con un ultimo testo, il celebre passaggio delle Confessiones nel quale Agostino descrive le sue prime glorie scolastiche, che risalgono al periodo dell’apprendistato presso la scuola del grammaticus 33: Proponebatur enim mihi negotium animae meae satis inquietum praemio laudis et dedecoris uel plagarum metu, ut dicerem uerba Iunonis irascentis et dolentis, quod non possit “Italia Teucrorum auertere regem” (Aen. 1.38), quae numquam Iunonem dixisse audieram. Sed figmentorum poeticorum uestigia errantes sequi cogebamur et tale aliquid dicere solutis uerbis, quale poeta dixisset uersibus: et ille dicebat laudabilius, in quo pro dignitate adumbratae personae irae ac doloris similior affectus eminebat uerbis sententias congruenter uestientibus.
L’esercizio ricordato da Agostino è con tutta evidenza un’etopea, basata sul monologo pronunciato da Giunone in Aen. 1.37-49 – anche questo citato da Macrobio, come esempio di discorso emozionale privo di prologo. Stando alla descrizione offerta da Agostino, questa etopea può essere classificata come “mista” (o, secondo la terminologia di Emporio, come una pathopoeia), visto che gli studenti erano chiamati a tenere conto del “rango” di Giunone (pro dignitate adumbratae personae), vale a dire del suo ethos, e contemporaneamente dei sentimenti “forti” (pathe) che si impadroniscono della dea al vedere i Troiani avvicinarsi alle coste della Sicilia, che Agostino descrive come ira e dolore (uerba Iunonis irascentis et dolentis; irae ac doloris similior affectus). 6. Le analogie tra Emporio, Agostino e Donato sono troppo evidenti per poter essere considerate casuali. Come Agostino, anche Donato distingue in effetti tra il rango di Giunone (potestatis ratio), vale a dire il suo ethos, ed i sentimenti (pathe) che ne condizionano temporaneamente l’agire e il parlare, che sono – proprio come stabilito da Agostino – dolore e ira; cosicché il meccanismo descritto dai due autori, nel quale si instaura una dialettica tra le caratteristiche costitutive del personaggio parlante e il pathos legato alla situazione contingente, risulta identico a quello prescritto da Emporio per la pathopoeia. Se non che, secondo l’esegesi proposta da Donato, il pathos sembra prevalere totalmente sull’ethos, trasfigurando completamente la personalità di Giunone (potestatis ratione neglecta), mentre per Agostino i due elementi coesistono: il che significa, in termini retorici, che il primo concepisce il discorso di Giunone come un’etopea “patetica”, il secondo come un’etopea “mista” (o come una pathopoeia). 32
Parallelamente, nei manuali progimnasmatici greci gli esempi di etopea sono prevalentemente ricavati da situazioni omeriche: cfr. UREÑA BRACERO (1999); UREÑA BRACERO (2000); WEBB (2010), p. 138-145. 33 AUGUST., Conf. 1.27.
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5. La pathetica (dictio) tra retorica, grammatica ed esegesi 1. L’analisi delle fonti consente dunque di mettere in relazione la pathetica (dictio) con due differenti – e per certi versi contrapposte – tradizioni: da un lato, le caratteristiche stilistiche descritte da Donato riconducono alle prescrizioni offerte dai manuali retorici per la composizione di un discorso “emozionale”, volto cioè a suscitare pathos (normalmente indignazione o commiserazione) presso l’ascoltatore; dall’altro, la centralità dell’aspetto “mimetico”, l’applicazione all’esegesi del testo virgiliano e la caratterizzazione di Giunone come personaggio “adirato” per eccellenza sembrano invece da riconnettere alla tradizione di insegnamento dell’esercizio progimnasmatico dell’etopea nelle scuole latine, così come essa ci viene testimoniata da Emporio e Agostino. È difficile stabilire se la combinazione tra questi due ambiti sia il frutto di un accostamento “analogico” di Donato, o se per contro esistessero in antico dei manuali progimnasmatici nei quali lo stile di un’etopea “passionale” veniva descritto secondo i dettami stilistici previsti per la pathetica (dictio) 34. Il caso di Macrobio, che inizialmente concentra la propria attenzione sulla figura dell’ascoltatore (aut ad indignationem aut ad misericordiam dirigatur), ma strada facendo si sposta progressivamente su quella dell’oratore (quia ira, quae breuis furor est, non potest unum continuare sensum in loquendo), lascia ad ogni modo intendere che la separazione tra questi due ambiti fosse meno netta di quanto si possa pensare. 2. Per Donato, tuttavia, la pathetica (dictio) non è tanto un concetto teorico o un esercizio scolastico, quanto piuttosto uno strumento esegetico, che viene applicato con una logica costante all’interpretazione di determinati episodi dell’Eneide: ed è proprio in questa logica che dobbiamo ricercarne il senso profondo. I tre esempi virgiliani che abbiamo analizzato esibiscono in effetti una caratteristica comune, vale a dire la presenza di una più o meno evidente “anomalia” di tipo formale o, se vogliamo, grammaticale: (a) nel caso di Giunone, la logica complessiva del discorso è alterata dalla presenza di una parentetica 35 e da un problema di ordinamento logico, che coinvolge i due membri del v. 70 (et dissice corpora ponto + aut age diuersos) 36; (b) nel makarismos di Enea non vengono esplicitate le ragioni del dolore di Enea (quod dolebat), che, dalla prospettiva – se vogliamo un po’ pedante – di Donato, avrebbero dovuto rappresentare il punto centrale del discorso; (c) la obiurgatio di Nettuno, infine, è caratterizzata da una celebre aposiopesi, che lascia solo immaginare che cosa il Qualche indicazione è offerta solamente da DOXAP., in Aphth. Prog. 503.1829 W., dove si prescrive l’utilizzo di uno stile κομματικός. 35 Cfr. SERV., ad Aen. 1.65: AEOLE INCVTE VIM VENTIS ordo ipse est. Et est figura parenthesis. 36 Cfr. SERV., ad Aen. 1.69: SVBMERSASQVE OBRVE PVPPES ordo est in sensu; ante enim est ut obruantur fluctibus, et sic submerguntur. 34
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dio avrebbe effettivamente detto, se avesse avuto il tempo di completare il proprio discorso 37. Si tratta dunque di passaggi nei quali Virgilio si allontana da quella che potrebbe essere definita la “norma” grammaticale 38, esponendosi alle possibili critiche dei suoi obtrectatores. 3. Attraverso lo strumento interpretativo della pathetica dictio, Donato offre dunque una risposta retorica ad un problema prettamente grammaticale. Sottolineando la corrispondenza tra scelte stilistiche e situazione emozionale, l’esegeta non si limita a giustificare gli “scarti” dalla norma presenti nel testo, ma spiega al lettore che Virgilio ha utilizzato lo stile più confacente alla situazione specifica, e che anzi avrebbe commesso un errore qualora avesse deciso di agire diversamente. Si prenda ad esempio il discorso di Giunone, che risulta a questo proposito esemplare. Prendendo le mosse da una prospettiva eminentemente grammaticale, Donato rileva nel testo la presenza di un anomalo ordinamento delle parole e segnala che, così com’è, il discorso risulta privo di coerenza logica (non cohaeret), fornendo al lettore – secondo un’operazione tipica del grammaticus – la successione ritenuta più corretta (oratio recte composita, dove recte indica il rispetto della norma grammaticale). Questo non si traduce però in una critica a Virgilio, perché Donato, superando il punto di vista limitato dell’insegnamento grammaticale ed indossando finalmente le vesti del retore, sottolinea che il discorso di Giunone non poteva e non doveva cohaerere, dal momento che la dea non era in grado di dare ordine alle proprie parole (ordinationem rebus ipsis dare nequisse) a causa dell’eccesso di ira (per commotionem nimiam). A parlare in modo inconvenzionale non è in effetti il poeta, ma uno dei suoi personaggi, la persona iratae per antonomasia. La prospettiva “mimetica” che abbiamo visto essere tipica dell’esercizio progimnasmatico dell’etopea viene così utilizzata in modo strumentale, al fine di trasformare in elogio le possibili critiche. 4. Interpretazioni di questo genere non sono frequenti nella produzione esegetica antica e tardoantica. Certo, anche Servio distingue sovente tra le affermazioni da attribuire al poeta e quelle che si devono invece a uno dei suoi personaggi (secondo la formula ex persona poetae accipiendum / intellegendum) 39, e a 37 Cfr. SERV., ad Aen. 1.135: QVOS EGO [...] subauditur “quos ego ulciscar”. Ergo ἀποσιώπησις est, hoc est, ut ad alium sensum transeat, ideo abruptum et pendentem reliquit. Si veda anche SERV., ad Aen. 1.65: ellipsis autem est quotiens remotis interpositis deest aliquid, ut est “quos ego – post mihi non simili poena”. 38 Sulla presenza delle categorie grammaticali nelle Interpretationes Vergilianae, cfr. GIOSEFFI (2003). 39 SERV., ad Aen. 1.23: Nunc ergo “ueteris” ex persona poetae intellegendum; 1.710: Et hoc ex persona poetae accipiendum; 3.703: Quod frequenter facit, sed nunc ideo uitiosum est, quia ex persona narrantur Aeneae.
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proposito del discorso di Nettuno spiega l’aposiopesi sulla base dello stato d’animo irato e turbato del dio 40. Tuttavia, l’impressione è che egli, per metodo, interessi e risultati, non esca mai da una prospettiva puramente e squisitamente “grammaticale”. Per individuare la presenza di un meccanismo esegetico analogo alla pathetica (dictio) occorre allontanarsi dall’ambito ristretto dell’esegesi virgiliana e allargare lo sguardo alla parallela tradizione di commento alle opere di Omero, concentrando in particolare l’attenzione sui commentarî di Eustazio di Tessalonica 41. Mi limito a qualche esempio. Interpretando il discorso di Tersite contro Agamennone (Il. 2.225-242), Eustazio osserva come l’espressione ἢ γυναῖκα νέην (v. 232) sia erronea rispetto alla sintassi abituale (ἀκαταλλήλως ἔχει πρὸς τὴν συνήθη σύνταξιν), visto che ci si aspetterebbe di trovare il nesso in caso genitivo, in parallelismo con χρυσοῦ (v. 229); ma subito spiega come questo errore grammaticale sia stato introdotto dal poeta volutamente (ἐπίτηδες), allo scopo di “imitare un uomo adirato” (θυμούμενον ἄνθρωπον μιμούμενος) e come tale “totalmente dimentico della consequenzialità del discorso, e per questo proteso verso un’erronea sintassi” (ἐκλαθόμενον τῆς τοῦ λόγου ἀκολουθίας καὶ διὰ τοῦτο εἰς κακοσυνταξίαν ἐκκλίναντα). Allo stesso modo, commentando le parole rivolte da Ettore ad Andromaca in Il. 6.476-481, Eustazio rileva la presenza di un problema grammaticale (un “solecismo apparente”: σολοικοφανές), visto che l’accusativo ἀνιόντα (v. 480) mal si concilia, dal punto di vista sintattico, con il resto della frase; ma anche qui precisa che si tratta di una scelta del poeta, che ha voluto “assegnare una sintassi particolare ad un personaggio che si trova in una situazione di impazienza e di ansia” (σπεύδοντι καὶ ἀγωνιῶντι προσώπῳ τὸ καινοφανὲς δέδωκε τῆς συντάξεως). E ancora, commentando le parole con cui Priamo, cercando di distogliere Ettore dal suo proposito di affrontare Achille, ricorda i numerosi figli morti durante la guerra proprio a mano di Achille (Il. 22.56-69), Eustazio osserva come vengano dette “numerose frasette” (συχνὰ κόμματα), a causa dello “zelo del personaggio parlante” (διά τε σπουδὴν ῥήτορος) e delle “regole dell’etopea, ed in particolar modo di quella patetica” (διὰ τὸν τῆς ἠθοποιΐας κανόνα καὶ μάλιστα τῆς παθητικῆς). 5. Gli esempi potrebbero moltiplicarsi, ma sarebbe sostanzialmente inutile. Esattamente come abbiamo visto nel caso di Donato, Eustazio prende le mosse da apparenti “errori” grammaticali (ἀκαταλλήλως ἔχει πρὸς τὴν συνήθη σύνταξιν; σόλοικον; σολοικοφανές; τὸ καινοφανὲς τῆς συντάξεως) e si sforza di giustificarli da un punto di vista retorico. Così facendo, egli richiama molti dei 40 SERV., ad Aen. 1.135: QVOS EGO deficit hoc loco sermo; et congrue, quasi irati et turbatae mentis, [...] his enim adfectibus tantum sermonis defectio congruit. 41 Cfr. VAN DER VALK (1971), p. CXV-CXVI, § 117a; VAN DER VALK (1976), p. XXV-XXVII, § 146; p. LIX, § 160. Sull’impiego dell’etopea come categoria interpretativa nell’opera di Eustazio, si veda NÜNLIST (2012c).
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concetti e delle categorie che abbiamo incontrato nel nostro breve resoconto – l’idea di mimesi (μιμούμενος), di pathos (θυμούμενον ἄνθρωπον; σπεύδοντι καὶ ἀγωνιῶντι προσώπῳ), di stile emozionale (ἐκλαθόμενον τῆς τοῦ λόγου ἀκολουθίας καὶ διὰ τοῦτο εἰς κακοσυνταξίαν ἐκκλίναντα; τὰ ῥηθέντα συχνὰ κόμματα), di etopea passionale (διὰ τὸν τῆς ἠθοποιΐας κανόνα καὶ μάλιστα τῆς παθητικῆς) – e li utilizza per difendere il poeta da possibili critiche di stampo grammaticale. Pur essendo lontani nello spazio e nel tempo, i due commentatori utilizzano un meccanismo del tutto simile per rispondere ad un identico bisogno, dimostrando di appartenere alla medesima tradizione esegetica.
L’Énéide selon Tiberius Donat : un poème un et continu (?) Séverine CLÉMENT-TARANTINO
Cette recherche se situe dans le prolongement de deux travaux que j’ai précédemment menés sur les Interpretationes Vergilianae (I.V.) : un sur la uarietas dans les commentaires virgiliens, dont celui de Tiberius Claudius Donat ; l’autre sur le traitement du chant 6 de l’Énéide par cet auteur 1. Le premier travail avait mis en relief l’importance cruciale reconnue par Tiberius Donat aux procédés de la uariatio, en particulier dans les passages énumératifs de l’épopée ; il m’avait néanmoins semblé que la variété n’était pas louée absolument sans réserve dans les I.V., en raison d’un attachement particulier de ce commentateur à l’idée, ou peut-être plutôt l’idéal, d’un poème un et continu. Précisons tout de suite que si Tiberius Donat tend à cultiver un tel idéal, il ne le fait pas en référence à des théories poétiques ou à des discussions comme il dut y en avoir au temps de Virgile et d’Ovide, en relation, notamment, avec l’héritage de la poétique callimachéenne 2. Outre la conviction que ce commentateur a de l’utilité de la variété, sa conscience de la poéticité du texte de Virgile – une 1 BRÉCHET / CLÉMENT-TARANTINO (2014), CLÉMENT-TARANTINO (2016). Pour une introduction au commentaire de Tiberius Donat, voir SQUILLANTE SACCONE (1985) et GIOSEFFI (2000). 2 Sur Ovide et les débats autour de la continuité du récit épique dans les Métamorphoses, voir la mise au point de WHEELER (2000), dans son introduction. Le fait d’avoir traité des sujets dignes de l’épopée en un « poème » qui n’était pas « un et continu » (οὐχ ἓν ἄεισμα διηνεκὲς : CALL., Aitia, fr.1, v. 3 Pf.) est ce qui valut à Callimaque les critiques des « Telchines » (ce n’est pas le fait de ne pas avoir composé une épopée) : pour une mise au point sur ce fragment 1 et la fameuse expression qu’il contient, voir notamment KLEIN (2012). On ne trouve pas plus de référence dans les I.V. à la conception aristotélicienne de l’unité de l’action épique, ou de l’unité relative qui est préservée dans les poèmes homériques, à la composition excellente, même si leur longueur d’épopées a nécessité de la variété, de la pluralité, en particulier par le jeu des épisodes : ARIST., Poet., chap. 23.59a17-59b1 ; 26.62b3, 1-11 avec le commentaire ad loc. de DUPONT-ROC / LALLOT (1980). S’il est vrai que la référence de Tiberius Donat est plutôt rhétorique, il privilégie les narrationes continuae (par rapport aux narrationes partiles : cf. MART. CAP., Nupt. V.552), tout en admettant la nécessité d’« interpositions » (voir infra) pour créer une variété nécessaire ; mais celles-ci ne doivent pas aboutir à ‘découper’ le récit en parties (trop) distinctes (le commentateur admet quelquefois les transitions qui permettent des ‘relances’) ; celles-ci ne sauraient en tout cas être disjointes, laisser voir un interstice (on pense à la définition de la continuatio dans SÉN., N.Q. 2.2 : continuatio est
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conscience bien réelle, même si le poème en tant que tel est plutôt rarement mis en avant 3 – lui fait très tôt admettre et justifier que tout ne soit pas présenté de manière absolument linéaire. C’est le cas de l’exposé du sujet et des deux premiers mots de l’Énéide qui définissent librement l’ordo que le texte va suivre… qu’il va suivre et ‘réaliser’ de manière différente : aux yeux de Tiberius Donat qui, pour le choix de la res (arma) avant la persona (uirum) invoque aussi l’exemple de Salluste, il s’agit fondamentalement de licence poétique 4. Néanmoins son attachement à la continuité et, encore plus, à l’unité du texte virgilien se manifeste régulièrement et en particulier toutes les fois qu’il relève des faits qui paraissent y contrevenir. Au nom de la clarté et de la cohérence du texte de Virgile, Tiberius Donat en vient en effet à prêter un caractère que nous appellerions digressif – pour lui, il s’agit plutôt de parenthèse/s 5 – à nombre de passages de l’œuvre qui soit partium inter se non intermissa coniunctio). Signalons enfin que Tiberius Donat n’emploie pas perpetuus dans un sens rhétorique-stylistique. 3 Si l’on considère l’emploi dans les I.V. de termes-clés comme poeticus et carmen, on constate que le premier est spécialement employé à propos de passages mythologiques et incroyables comme la descente aux enfers, la sollicitation d’Éole par Junon, la féérie marine de la fin du chant 5 avec Neptune et son cortège, et à propos de certaines interventions – inventées et ‘non vraies’ – de Fama et d’Allecto, dont Tiberius Donat décrit le fonctionnement allégorique (la notion n’apparaît pas explicitement, le commentateur opère une distinction entre une lecture faite poetice et une lecture extra poeticum de l’action des deux personnifications-allégories) ; les occurrences de carmen sont particulièrement nombreuses dans le commentaire du proème du livre 1 ainsi que des passages où le « je » épique prend la parole et commente son énonciation. 4 Voir I.V. ad Aen. 1.1 ARMA VIRVMQVE CANO (I.7.17-24 G. : les chiffres dans les références au texte du commentaire indiquent, dans l’ordre, le numéro du volume de l’édition Teubner soignée par Georgii, la page, les lignes ; toutes les traductions qui suivent sont de mon fait). Cf. TORZI (2015b), p. 11. 5 Un des termes les plus fréquemment employés dans tous les passages que nous allons aborder et que j’ai par ailleurs étudiés est le verbe interponere. Tiberius Donat n’emploie cependant pas le substantif usuellement employé en latin pour désigner la parenthèse (ainsi QUINT., IX.3.23), interpositio (parenthesis n’apparaît pas non plus dans les I.V.). Pour traduire les formes du verbe, je garderai de ce fait quelque chose de plus littéral comme « interposer », ou « intercaler ». Par ailleurs, même si cette image n’est pas formulée en tant que telle, je pense que « boucle » est ce qui décrit le mieux la façon dont ce commentateur envisage toutes ces parties du texte qui s’ajoutent en quelque manière à sa trame principale, sur la voie desquelles le lecteur s’engage comme le poète l’invite à le faire, mais avec l’assurance de regagner ensuite le point exact d’où il est parti (cf. DEREMETZ [1994], qui parle lui-même de « boucle » à propos des épisodes de l’Énéide et en particulier de l’excursus que constitue l’épisode carthaginois). Cela fait aussi penser – et on verra que le commentateur porte sur la construction du récit un regard semblable à celui qu’il porte sur la construction des phrases – à la structure cyclique de la « période », un autre mot (periodus), que Tiberius Donat n’emploie pas (sur les liens entre l’interpositio, « parenthèse » et la période : voir LAUSBERG [19732], § 860). Dans les faits il semble plus adepte, en matière, quant à lui, de construction narrative, de l’oratio perpetua telle que la définit AQVILA ROMANVS (De figuris §18).
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relèvent de l’ornement poétique (comparaisons, descriptions…), soit constituent des étapes de la narration principale. Le cas qui m’avait frappée et qui m’avait conduite à travailler sur le chant 6 est celui de la catabase : pour que le lien logique (tel qu’il est exprimé par quoque dans l’apostrophe à Caiéta au début du chant 7) entre l’épigramme pour la nourrice et celle pour Misène soit bien visible, le commentateur prescrit de mettre la catabase de côté ; certes, il ne dit pas que c’est un épisode superflu et qu’il doit être retranché, pour de bon, du récit ; mais le fait est qu’il le soumet alors au même traitement que des parties du récit qui, parce que ce sont des ornements, ou des boucles digressives, ou des épisodes parallèles, peuvent être théoriquement considérées comme superflues, alors que la catabase est une partie essentielle du récit principal, qui suit chronologiquement la disparition de Misène. Ce cas reste ainsi pour moi très révélateur de l’importance que Tiberius Donat confère à la cohérence de la narration, privilégiée par rapport à la cohérence de l’action. Il est sans doute aussi révélateur d’une réticence vis-à-vis des séquences les plus mythologiques du poème, la descente d’Énée aux enfers tendant pour lui au même superflu que plusieurs scènes divines du poème (il s’agit, comme nous allons le voir, des principaux concilia deorum) 6. Mon intention de départ était de dénombrer les passages que ce commentateur se montrait ainsi prêt à ‘sacrifier’ – ou, tout au moins, à soumettre à l’exercice mental de la soustraction (l’action qu’il désigne par des formes de retraho ou de subtraho) : à première lecture, j’avais le sentiment qu’ils pouvaient être assez nombreux et qu’en les énumérant – et en les retranchant, au fur et à mesure, de l’Énéide –, on obtiendrait une vue particulière (réduite, voire dépouillée) de l’épopée virgilienne, encore plus « une » et plutôt continue (éléments admis de uarietas obligent). Mais l’attitude de Tiberius Donat est loin d’être systématique : il ne traite pas ainsi toutes les comparaisons ou toutes les fabulae secondaires, ni non plus toutes les scènes divines ou tout ce qui, à nos yeux de modernes, pourrait apparaître comme une digression. Je vais néanmoins commencer par produire le relevé de ces passages où la réaction de Tiberius Donat est apparemment la plus drastique, en ce qu’elle consiste à retrancher les développements qui éloignent de la narratio principale et/ou qui interrompent la continuatio narrationis. Après avoir évalué la part de critique à l’œuvre dans ces occurrences, je m’attacherai plutôt aux préceptes positifs que le commentateur en vient à formuler à partir de l’observation des recours que le poète fait à la ‘parenthèse’ – pour désigner d’un mot l’intercalation d’éléments – à tous les niveaux de l’énoncé, avant de tirer quelques conclusions générales sur sa conception du texte. 6
Encore une fois, Tiberius Donat ne désigne pas explicitement ces scènes comme superflues. Mais c’est seulement à propos du premier conseil divin qu’il précise, sans développer outre mesure, que cette action divine a été « interposée de manière nécessaire » (necessario… interposita : voir le premier passage cité ci-dessous).
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1. Le test de la soustraction : entre Virgile memor sui et le commentateur garant de l’intégrité du texte Commençons par énumérer les passages qui, pour le commentateur, procèdent d’écarts (par rapport à la marche du récit principal) ou marquent des divisions, voire des coupures dans le ‘tissu’ du récit, et qui, en général pour bien faire voir à quel point Virgile a soigneusement pourvu à la cohésion de son texte (textus), appellent le test de la soustraction désigné par les verbes subtraho ou retraho : en ôtant ces passages, on pourra admirer la façon dont Virgile a ainsi formé des boucles pour son récit, revenant à chaque fois exactement au point d’où il était parti ; la conséquence de cette observation, à savoir que les boucles en question ont un caractère détachable, n’est, quant à elle, pas tirée, Tiberius Donat songeant plutôt, à l’occasion, à préciser – mais sans s’y attarder – qu’il s’agit de développements nécessaires. 1.1. Le conseil des dieux du livre 1 et l’intervention de Mercure : ad Aen. 1.305 (I.66.7-16 et 66.27-67.3 G.) His inter Iouem et Venerem et per Mercurium gestis redit ad ea a quibus interim recesserat, ab illa scilicet cogitatione qua dixit [Aen. 1.220-222] “praecipue pius Aeneas nunc acris Oronti nunc Amyci casum gemit et crudelia secum fata Lyci fortemque Gyan fortemque Cloanthum.” Haec ergo Aeneas cogitabat per diem. Et quia dixit “et iam finis erat” [Aen. 1.223] uel conuiuii uel fabularum uel lucis, uideamus quas cogitationum curas etiam per noctis tempus habuerit, quod ipsum laudabile est satis, si in tot laboribus in aliquam quietem flecti non potuit […] AT PIVS AENEAS PER NOCTEM PLVRIMA VOLVENS [Aen. 1.305]: remouenda sunt interposita quae Venus ad Iouem et ad Venerem Iuppiter habuit quaeque de Mercurio dicta sunt et erit una narratio, quae uidetur ad tempus esse diuisa. Sic enim conectitur si, retractis mediis superioribus inferiora iungantur. Dixit enim supra “praecipue pius Aeneas nunc acris Oronti nunc Amyci casum gemit” et cetera et recessit. Completis igitur quae necessario uidentur interposita redit, ut omnis Aeneae curas ac diligentiam monstret et cautelam optimi regis ostendat. « Après ce qui a été accompli entre Jupiter et Vénus puis par l’intermédiaire de Mercure, il revient à ce dont il s’était éloigné un moment, c’est-à-dire à partir de cette considération qui lui a fait dire “surtout le pieux Énée pleure le sort, tantôt du vigoureux Oronte, tantôt d’Amycus, à part lui, ainsi que les destinées cruelles de Lycus, le vaillant Gyas, le vaillant Cloanthe”. Telles étaient donc les pensées d’Énée pendant le jour. Et parce qu’il a dit “et déjà c’était la fin” ou du repas, ou des conversations, ou du jour, voyons quels soucis il nourrit dans sa pensée également pendant la nuit, ce qui en soit est assez louable si parmi tant de travaux il ne pouvait pas s’en détourner pour prendre quelque repos. […] MAIS LE PIEUX ÉNÉE ROULANT MILLE PENSÉES TOUT AU LONG DE LA NUIT : il faut écarter ce qui a été intercalé – les discours de Vénus à Jupiter et de Jupiter à Vénus, puis ceux à propos de Mercure –, et la narration qui paraît avoir été provisoirement divisée sera une. La connexion se fait bien si, une fois retranché ce qui est au milieu, on
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joint ce qui suit à ce qui précède. Précédemment il a dit en effet “surtout le pieux Énée pleure le sort, tantôt du vigoureux Oronte, tantôt d’Amycus, etc.” et il s’est éloigné. Après avoir donc complété ce qui paraît avoir été intercalé de façon nécessaire, il revient à ce propos, de manière à montrer tous les soucis d’Énée et sa sollicitude et de manière à faire voir la prudence d’un excellent roi. »
1.2. Jupiter rassurant Vénus et introduisant la prophétie du chant 1 : ad Aen. 1.260 et 263 (II.290.28-291.7 G.) 7 Huic nomini subiungendum est “bellum ingens geret Italia” subtractis his uersibus qui narrationem continuam diuiserunt, hoc est [Aen. 1.260b-262] “neque me sententia uertit, hic tibi fabor, enim quando haec te cura remordet, longius euoluens fatorum arcana mouebo”. Hoc ergo subtrahendum est, dehinc iungendum est cetera, ut integretur narratio futurorum, ut sit “sublimem feres ad sidera caeli magnanimum Aenean” et sequatur “bellum ingens geret Italia”, id est non “Italia geret ingens bellum”, sed “ipse Aeneas bellum ingens geret Italia”. « À ce nom [Énée, dans magnanimum Aenean, Aen. 1.260a] il faut rattacher “mènera en Italie une grande guerre”, après avoir soustrait les vers qui ont introduit une division dans la continuité de la narration, c’est-à-dire “mon avis n’a pas changé, je vais te le révéler maintenant, puisque ce souci te ronge, en les déroulant d’assez loin je te révélerai les arcanes du destin”. Voilà donc ce qu’il faut soustraire avant d’y joindre le reste, de sorte que la narration des événements à venir forme un tout ; on a ainsi “tu élèveras vers les astres du ciel le magnanime Énée” et, en suivant, “il mènera une grande guerre en Italie”, c’est-à-dire, non pas “l’Italie mènera une grande guerre”, mais “le héros, Énée, mènera une grande guerre en Italie”. »
1.3. Le serment d’Énée : ad Aen. 2.437 (I.208.26-209.6 G.) PROTINVS AD SEDES PRIAMI CLAMORE VOCATI: non est locus iste pro transitu habendus ; de superioribus enim pendet. Denique si subtrahantur uerba iusiurandi [Aen. 2.431-434a] et quae dudum dicta sunt inferioribus iungantur, unus fiet sensus ; a descriptione enim pugnae recesserat in qua ceciderunt Coroebus, Panthus et ceteri [Aen. 2.424-430], dehinc dixit “diuellimur inde, Iphitus et Pelias”; ipse enim fuit tertius qui loquebatur. Si coniungamus ergo superioribus “protinus ad sedes Priami clamore uocati”, erit unum atque coniunctum, ut sit “per illorum 7 Cette explication se trouve à propos du discours de Jupiter au chant 10, quand il affirme qu’il n’avait pas voulu que l’Italie se liguât, en armes, contre les Troyens (abnueram bello Italiam concurrere Teucris, v. 8). Face à cette contradiction virgilienne bien connue, la réponse de Tiberius Donat est un peu déroutante pour autant qu’il l’attribue à l’erreur de ceux qui, dans la prophétie de Jupiter au chant 1, ont lu : Italia geret ingens bellum (avec Italia lu comme un nominatif). Au chant 10, avant de préciser qu’Italia dans ce passage est mis pour in Italia – ce qui a induit les gens en question en erreur –, le commentateur se concentre sur la construction particulière de l’énoncé, avec une introduction par le dieu de sa prophétie que Tiberius Donat considérerait plutôt comme une parenthèse ; au livre 1 toutefois, ce passage « intermédiaire » n’est pas du tout signalé comme tel.
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mortem et Panthi protinus inde diuellimur, Iphitus et Pelias clamoribus uocati mecum qui ex domo Priami mittebantur”. Vnde post iusiurandum non caput fecit nouae relationis, sed remeauit ad ea a quibus recesserat ut iuraret. « AUSSITÔT APPELÉS PAR UNE CLAMEUR VERS LES DEMEURES DE PRIAM : ce passage ne doit pas être considéré comme une transition, car il dépend de ce qui précède. En bref, si l’on soustrait les mots du serment et qu’on joint ce qui a été dit après à ce qui suit, le sens deviendra un : il s’était éloigné de la description du combat dans lequel sont tombés Corèbe, Panthus et tous les autres, puis il a dit “nous nous arrachons de là, Iphitus et Pélias” ; lui était le troisième, qui parlait. Si nous relions donc à ce qui précède “aussitôt appelés par une clameur vers les demeures de Priam”, ce sera un et bien lié, comme ceci : “à cause de la mort de ces guerriers et celle de Panthus, aussitôt, nous nous arrachons de là, Iphitus et Pélias, appelés tout comme moi par les clameurs qui étaient émises depuis la maison de Priam”. Ainsi, après le serment, il n’a pas formé le début d’un nouveau récit, mais n’a fait que revenir à ce dont il s’était éloigné pour prononcer le serment. »
1.4. La comparaison de Didon avec une biche blessée : ad Aen. 4.69-73 (I.365.815 G.) Didonem comparauit ceruae […] Subtracto similitudinis istius textu superioribus inferiora iunguntur: dictum est enim “uritur infelix Dido totaque uagatur urbe furens”, conectitur “nunc media Aenean secum per moenia ducit”… « Il a comparé Didon à une biche. […] Si l’on soustrait le texte de cette comparaison, ce qui suit est joint à ce qui précède : en effet, à ce qui a été dit, “l’infortunée Didon brûle et erre, furieuse, dans toute la ville”, se connecte “maintenant elle conduit Énée avec elle au milieu des remparts”. »
1.5. Le portrait de Fama : ad Aen. 4.174-175 et 196-197 8 (I.377.13-16 ; 379.1923 G.) Interea definitionem Famae repetamus, quam poeta interponendo fecit hyperbaton et totum textum in duas partis abscisum posuit et minus attentis facit errorem. […] Interea ostendamus hyperbaton quod diximus factum; descriptione enim Famae tunc posita una descriptione diuisit. Hanc si subtrahas, erit una narratio: “extemplo Libyae magnas it Fama per urbis” [Aen. 4.173] sequi debet “protinus ad regem cursum detorquet Hiarban” [Aen. 4.196]. « Entre-temps, reprenons la définition de la Rumeur ; en l’intercalant, le poète a produit une hyperbate 9 et il a donné un texte entier scindé en deux parties, induisant en erreur les moins attentifs. […] » 8 Sur la manière très particulière dont Tiberius Donat organise son commentaire à ce passage, voir la contribution de Massimo GIOSEFFI plus loin dans ce volume. La deuxième remarque citée forme plutôt un élément de conclusion sur la description de Fama. 9 L’hyperbate pourrait être la figure de référence par rapport aux dispositions particulières – de mots, mais aussi de séquences de texte plus longues – que nous avons
L’ÉNÉIDE SELON TIBERIUS DONAT
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Entre-temps, faisons voir l’hyperbate qu’il a produite, comme nous l’avons dit ; en effet, dans la description de la Rumeur qu’il a donnée, il a opéré une division avec une description : si l’on soustrait cette description, la narration sera une : “sur-le-champ par les grandes villes de Libye” (que doit suivre) “aussitôt elle détourne sa course en direction du roi Hiarbas”. »
1.6. Autre comparaison : ad Aen. 5.220 (I.448.7-14 G.) Hac completa conparatione redit ad rem ET PRIMVM IN SCOPVLO LVCTANTEM DESERIT ALTO SERGESTVM: tanta est subtilitas recedentis descriptione et post parabolam redeuntis ut, si subtrahas parabolam, iunctum inuenias carminis textum. Denique ante dixit “at laetus Mnestheus successuque acrior ipso agmine remorum celeri uentisque uocatis prona petit maria et pelago procurrit aperto” [Aen. 5.210-212] et iam post parabolam iunxit quae describebat. « Cette comparaison une fois complète, il revient au sujet ET D’ABORD IL [MNESSERGESTE QUI LUTTE EN HAUT D’UN ROCHER : il s’éloigne de la description et y revient après la similitude avec une si grande subtilité que, si l’on soustrait la similitude, on découvre une jonction bien faite au sein du texte poétique. En bref, auparavant, il a dit “mais Mnesthée, joyeux, dynamisé par le succès même, grâce à la troupe rapide des rames et les vents qu’il a appelés, gagne la mer précipitamment et court en tête sur l’étendue marine qui s’est ouverte” et après la similitude il a tout de suite joint l’objet de sa description. »
THÉE] LAISSE DERRIÈRE LUI
1.7. La description de la Sibylle possédée par Apollon : ad Aen. 6.46-51 (MARSHALL [1993] = lib. 6 p. 8 l. 10) [46] CVI TALIA FANTI ANTE FORES (dum enim ante fores talia loqueretur) SVBITO NON VVLTVS NON COLOR VNVS, NON COMPTAE MANSERE COMAE, SED PECTVS ETC. Motus Sibillae, uox, [vox ue, ut videtur] oculi [veculi], capilli, color orationem uatis, quae continuasse potuerat, diuiserunt. Nos tamen subtractis quae sunt interposita iungemus. « à elle qui parlait ainsi devant les portes (cela concerne en effet le moment où elle prononçait de telles paroles devant les portes), soudain, son visage, son teint se décomposèrent, ses cheveux ne restèrent pas coiffés, mais sa poitrine, etc. L’agitation de la Sibylle, sa voix, ses yeux, ses cheveux, son teint ont introduit une division dans le discours de la prophétesse qui aurait pu continuer sans s’interrompre. Nous, cependant, après avoir soustrait ce qui a été intercalé nous opérerons la jonction. » [Et il fait se suivre les v. 45-46, « Poscere fata /… deus ecce deus », et les v. 51-53, « Cessas in uota precesque… ? ».] » entrepris d’observer en suivant Tiberius Donat : mais lui semble plutôt voir dans l’hyperbate une source d’obscurité (voir I.319.1, II.335.15-16, II.464.11-12) ; il parle aussi d’hyperbates à propos de comparaisons (comme en II.195.8-10) et se soucie alors surtout de la prononciation de tels passages, qui doit tout ‘tenir’ (ne pas s’interrompre avant que le sens et l’énoncé ne soient complets).
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1.8. La catabase : ad Aen. 7.1-2 (II.3.18-4.13 G.) Fortassis aliquis putet improprie caput libri constituisse Vergilium ideo, quia dixit “tu quoque”, cum ante hunc uersum nullum nominasse uideatur. Hoc aestimant qui interiecta nesciunt retrahere, ut quod ad tempus separatum est iungant. Iste enim uersus sublato medio de inferis tractatu Miseni exequiis iungitur; ab his enim discedens carminis cursus ad easdem redit et facit integram narrationem, ut recte posuerit “tu quoque”. Melius autem apparebit haec adsertio si unde discessum est repetamus: “at pius Aeneas ingenti mole sepulchrum imponit suaque arma uiro remumque tubamque monte sub Aerio qui nunc Misenus ab illo dicitur aeternumque tenet per saecula nomen”. Sequi debuit “tu quoque litoribus nostris, Aeneia nutrix, aeternam moriens famam, Caieta, dedisti”. Interposita igitur de inferis carmina quod unum esse oportuit diuiserunt. Sed et nunc unum est, quia unde se recessisse meminerat poeta remeauit. Ergo recte superioribus haec nectens ait “tu quoque litoribus nostris, Aeneia nutrix, aeternam moriens famam, Caieta, dedisti.” « Quelqu’un pensera peut-être que Virgile a formé de manière inappropriée le début de ce livre en disant “toi aussi” alors que visiblement, avant ce vers, il n’a nommé personne d’autre. Ceux qui voient les choses ainsi sont ceux qui sont incapables de retrancher le passage intermédiaire de façon à joindre ce qui a été séparé temporairement. Ce vers, en effet, si l’on soustrait le passage sur les enfers qui se trouve entre les deux, se joint bien aux funérailles de Misène ; le cours du poème s’éloigne de celles-ci puis y revient : il fait que sa narration forme un tout, et ainsi, il a eu raison d’employer “toi aussi”. Mais cette affirmation apparaîtra plus clairement si nous reprenons à l’endroit où l’écart s’est fait : “mais le pieux Énée fait élever un tombeau, masse énorme, et il y dépose les armes du guerrier, sa rame, sa trompette, au pied du mont Aerius qui maintenant, d’après cet homme, s’appelle Misène et conserve ce nom éternellement à travers les siècles”. Aurait dû suivre “toi aussi, à nos rivages, nourrice d’Énée, tu as donné en mourant une renommée éternelle, Caiéta”. Ainsi les vers qui ont été intercalés, à propos des enfers, ont créé une division dans ce qui aurait dû garder son unité. Mais même maintenant cette unité existe, parce que le poète est revenu au point à partir duquel il se souvenait s’être éloigné. C’est donc en rattachant – correctement – à ceux qui se trouvent plus haut les vers dont nous parlons qu’il dit “toi aussi, à nos rivages, nourrice d’Énée, tu as donné en mourant une renommée éternelle, Caiéta”. »
1.9. La requête d’Ilionée à Latinus : ad Aen. 7.243-244 (II.38.24-33 G.) DAT
TIBI PRAETEREA FORTVNAE PARVA PRIORIS MVNERA, RELIQVIAS
TROIA EX ARDENTE “praeterea” importune positum uidebitur, quoniam nihil fuerat ante datum, si intellectus multorum interpositione confusus non reseretur. Huius igitur aperiendi causa narrationis superiora repetamus retrahentes quae narrationem diuiserunt: “Troius Aeneas tua nos ad limina misit [Aen. 7.221], dat tibi praeterea fortunae parua prioris munera, reliquias Troia ex ardente receptas”. Ecce dictionis integritas, “misit nos Aeneas, ut rogaremus te, praeterea dat tibi munera”. RECEPTAS:
« IL TE DONNE EN OUTRE DE PETITS PRÉSENTS DE SA FORTUNE PASSÉE, RESTES RECUEILLIS HORS DE TROIE EN FLAMMES : “En outre” paraîtra avoir été employé de manière
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inopportune vu que rien n’avait été donné antérieurement, si le sens, rendu confus par l’intercalation de nombreux éléments 10, n’est pas dévoilé. Pour donc le découvrir, reprenons ce qui précède dans la narration en retranchant ce qui a créé une division au sein de cette narration : “le Troyen Énée nous a envoyés vers ton seuil, il te donne en outre de petits présents de sa fortune passée, restes recueillis hors de Troie en flammes.” La phrase complète donne ceci : “Énée nous a envoyés pour que nous t’adressions une requête, et en outre, il te donne des cadeaux”. »
1.10. Le conseil divin du début du chant 10 : ad Aen. 10.118-119 (II.307.31-308.4 G.) INTEREA RVTVLI PORTIS CIRCVM OMNIBVS INSTANT STERNERE CAEDE VIROS ET MOENIA CINGERE FLAMMIS: reditus est iste narrationis quam post finem noni libri concilii describendi causa dimiserat. Denique, si haec subtrahantur quae Venus, Iuno ac Iuppiter elocuti sunt, continuabuntur omnia quae de castrorum expugnatione dicebantur. « PENDANT
CE TEMPS LES
RUTULES
FONT PRESSION SUR TOUTES LES PORTES POUR
ABATTRE DES HOMMES DANS UN MASSACRE ET CEINDRE LES REMPARTS DE FLAMMES
: cela forme un retour à la narration qu’il avait laissée de côté passé la fin du livre 9 pour décrire le Conseil. En bref, si l’on soustrait les propos de Vénus, Junon et Jupiter, tout ce qui concerne l’assaut du camp sera sous forme continue. »
1.11. L’histoire de Camille et la scène divine Diane-Opis : ad Aen. 11.597-602 (II.508.8-22 G.) AT MANVS INTEREA MVRIS TROIANA PROPINQVAT TYRRHENIQVE DVCES EQVITVMQVE EXERCITVS OMNIS, COMPOSITI NVMERO IN TVRMAS: FREMIT AEQVORE TOTO INSVLTANS SONIPES ET PRESSIS PVGNAT HABENIS HVC OBVERSVS ET HVC; TVM LATE FERREVS HASTIS HORRET AGER CAMPIQVE ARMIS SVBLIMIBVS ARDENT. Reliquum est hoc superioris descriptionis, quam imperfectam dimisit, ut Camillae fabulam diceret, qua subtracta si prima pars atque ista iungatur, non erit diuisa narratio; supra [447] enim dixit, “nuntius ingenti per regia tecta tumultu ecce ruit magnisque urbem terroribus implet, instructos acie Tiberino a flumine Teucros Tyrrhenamque manum totis descendere campis”, hic dicit “at manus interea muris Troiana propinquat Tyrrhenique duces equitumque exercitus omnis”, ut appareat integrari posse narrationem, si Camillae fabula subtrahatur. « CEPENDANT
LES FORCES TROYENNES S’APPROCHENT DES MURS, AINSI QUE LES
CHEFS ÉTRUSQUES ET TOUTE L’ARMÉE DES CAVALIERS, RANGÉS REGULIÈREMENT EN ESCADRONS.
DANS
LA PLAINE ENTIÈRE, LE CHEVAL HENNIT, FRAPPE DU PIED, LUTTE
CONTRE SES RÊNES SERRÉES, SE TOURNANT DANS UNE DIRECTION PUIS DANS L’AUTRE
;
ALORS EN LONG ET LARGE LES LANCES DRESSÉES FONT UN CHAMP DE FER, LES PLAINES FLAMBOIENT DES ARMES HAUT TENDUES.
On a ici le reste de la description qui se trouve plus haut, qu’il a laissée inachevée pour dire l’histoire de Camille ; or si
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Parmi les interposita se trouve l’objet même de ce discours de requête (petitio) ; dans le commentaire qui se déploie à propos de tous ces éléments intermédiaires (Aen. 7.221-242), Tiberius Donat est purement élogieux et ne relève rien de superflu : voir I.V. II.35.8-38.24. Pour la dispositio de ce discours, voir CLÉMENT-TARANTINO (2013).
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l’on soustrait cette dernière et qu’on joint la première partie à celle-ci, la narration ne sera plus divisée ; plus haut, en effet, il a dit “Voici que la nouvelle fond dans un vacarme gigantesque à travers la maison royale et emplit la ville de grandes terreurs : à partir du Tibre les Troyens rangés en formation de combat, les troupes tyrrhéniennes descendent dans toutes les plaines” ; ici il dit “cependant les troupes troyennes s’approchent des murs, ainsi que les chefs étrusques et toute l’armée des cavaliers”. Il apparaît ainsi que la narration peut former un tout si on soustrait l’histoire de Camille. »
1.12. Commentaire du narrateur sur le léger retardement de l’offensive troyenne causé par le combat Énée-Sucro : ad Aen. 12.505-508 (II.611.28-612.5 G.) Interpositum diximus [II.611.22-23 G.] “ea prima ruentis pugna loco statuit Teucros” [v. 505-506], quo facto diuisum constat unum sensum, nos isto subtracto integremus quod interposita diuiserunt: “Aeneas Rutulum Sucronem haut multa morantem excipit in latus et qua fata celerrima crudum transadigit costas et cratis pectoris ensem”. Hic iungendum est “ea prima ruentis pugna loco statuit Teucros” et erit compositio directa uerborum. « Nous avons déjà dit que “ce combat fut le premier à arrêter les Troyens qui se précipitaient” avait été intercalé, ce qui, clairement, a provoqué une division de l’idée unique qui était exprimée : mais nous, en soustrayant ces mots, reformons un tout avec ce que les mots qui ont été intercalés ont divisé : “Énée cueille au côté le Rutule Sucro qui ne cause pas un long retard et là où la mort est la plus rapide il pousse son épée, sanglante, entre les côtes et la cage de la poitrine”. Et c’est ici qu’il faut joindre “ce combat fut le premier à arrêter les Troyens qui se précipitaient” et il n’y aura plus de détour dans l’agencement des mots. »
1.13. Le dernier conseil des dieux et les adieux de Juturne : ad Aen. 12.887-888 (II.634.9-19 G.) Interpositis uerbis Iunonis et Iouis et his quae usque ad hunc locum ex persona Iuturnae et poetae consecuta sunt intercisa narratio est, sed idem poeta sui memor redit ad ea quae paulisper omiserat atque ita ut si interposita ipsa subtrahantur una fiat dictionis integritas. Dixerat quippe ante Iouis uerba, qui prior locutus est “olli sublimes, armis animisque refecti, hic gladio fidens, hic acer et arduus hasta, adsistunt contra certamina Martis anheli” [Aen. 12.788-790]: nunc subiungendum est “Aeneas instat contra telumque coruscat ingens, arboreum”, ut una fiat narrantis intentio. « La narration a été entrecoupée par ce qui a été intercalé, les propos de Junon et de Jupiter, et ceux qu’il y a ensuite jusqu’à cet endroit – ceux qui sont prononcés par la personne de Juturne et par celle du poète – mais le même poète, se souvenant de ce qu’il a fait, est revenu à ce qu’il avait un peu laissé de côté et de telle façon que, si l’on soustrait précisément ce qui a été intercalé, l’énoncé forme à nouveau un tout qui soit un. De fait, il avait dit, avant que Jupiter ne prenne la parole le premier : “Eux se redressent, ils ont repris leurs armes et leur courage, l’un confiant dans son glaive, l’autre impétueux et tenant haut sa lance, debout
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face à face, prêts aux combats haletants de Mars” : maintenant il faut y raccrocher “Énée ne relâche pas son effort, il fait tournoyer sa pique gigantesque et qui semble un arbre, le cœur furieux il parle ainsi” de manière à ce que l’intention du narrateur soit une. »
Tiberius Donat ne critique pas ouvertement Virgile. Dans six des treize passages recensés, le poète est même plus ou moins explicitement loué pour son très grand souci de la cohérence – pour la mémoire précise qu’il garde de ce qu’il a fait et, en l’occurrence, des « écarts » qu’il a effectués par rapport à la trame principale de son récit, mémoire qui lui permet de revenir, après avoir achevé (compleo) la partie intermédiaire (ce qu’il a « intercalé », interponere), au point exact d’où il est parti 11. Ce qui vient maintenant s’enchaîne parfaitement à ce qui se trouvait plus haut et l’unité de la narratio est sauve : elle l’est clairement quand, suivant le conseil du commentateur, on se livre à l’opération de « soustraction » de la partie où le poète s’est éloigné ; mais elle l’est aussi (et c’est à propos de l’exemple le plus considérable, celui de la catabase, que Tiberius Donat le précise expressément : sed et nunc unum est…) même en l’état ‘actuel’ ou virgilien du texte, c’est-à-dire même si on n’effectue pas l’opération de soustraction. Toutefois, dans la majorité des cas – sept des treize présentés ci-dessus – où le commentateur invite à retirer une partie du texte pour que celui-ci soit bien d’un seul tenant, le poète n’est pas loué ; et s’il n’est pas non plus ouvertement critiqué, le commentateur fait néanmoins comprendre que sa propre action a quelque chose de salutaire : il rend au texte la clarté qui lui manquait ou il le répare, pour ainsi dire, il le remet en un seul morceau qui forme un tout (voir les emplois de integro ou integer), là où les choix du poète l’ont coupé en plusieurs (cf. l’emploi des composés de caedo, abscisa et intercisa), ou, du moins, y ont introduit des divisions trop nettes (emplois de diuido). Le rejet par le commentateur de la partie qu’il incrimine peut donner lieu de sa part à une appropriation du texte virgilien, une réécriture de ce dernier où la partie en question soit se trouverait à la place qui lui paraît la plus appropriée (c’est le cas de la parenthèse à propos du retard – modéré – causé par Sucro au chant 12 ; c’est surtout le cas de la description de Fama, cause d’une hyperbate embarrassante qui l’amène à traiter le texte dans un ordre différent de celui de Virgile 12), soit n’aurait plus lieu d’être (pensons aux cas où Tiberius Donat « soustrait » réellement la partie qui le gêne au poème de Virgile en ne la commentant pas : ainsi de la description de la possession de la Sibylle au début du chant 6). 11 À propos de la comparaison qui concerne Vulcain au chant 8 (v. 407-415, I.V. II.175.17-19), Tiberius Donat emploie, au lieu de l’image de l’écart ou de l’éloignement, celle du « saut » que fait Virgile alors qu’il vient de commencer à décrire Vulcain se levant pour aller forger les armes d’Énée : l’important est encore qu’il revienne, après cette description-saut, à son point de départ. 12 Voir CLAUD. DON., ad Aen. 4.173-197 (I.376.13-379.23 G.) et le texte de Massimo GIOSEFFI dans ce volume.
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Les cas que nous avons passés en revue dans ce premier temps sont ceux qui étaient peut-être les plus problématiques aux yeux de Tiberius Donat 13 : il y en a beaucoup d’autres à propos desquels il n’est pas question de retirer ou de déplacer temporairement ou pour de bon un ou des vers de Virgile ; le commentateur ne fait alors que constater que le poète s’est momentanément écarté de la narration principale, et/ou que cette dernière a été « divisée » notamment du fait de l’interposition d’un passage (d’un épisode ou d’une fabula secondaire, ou encore de quelques mots…) – l’important étant que le poète a pris soin de « revenir », à chaque fois, là d’où il était parti 14. Dans ce second ensemble de cas dont nous allons traiter – beaucoup plus brièvement 15 – maintenant, le point de vue de Tiberius Donat est bien plus favorable à la manière virgilienne d’intercaler (interponere) des éléments, qui peut correspondre à des formes d’énonciation particulières ou offrir des exemples que le commentateur considère parfois comme devant être imités. 2. L’art virgilien de l’interpositio Les remarques du commentateur qui concernent la continuatio s’appliquent – la première série d’exemples a déjà permis de le voir – à différents niveaux de la narratio ou de la dictio virgiliennes : la façon dont Tiberius Donat envisage la construction du récit épique n’est pas différente de celle dont il considère la construction d’une phrase ; il s’agit d’opérer, quand cela s’impose, la même remise en ordre afin que tout soit clair, complet et unifié. Les cas de diuisio ou d’interpositio dans lesquels Tiberius Donat identifie des modèles à imiter se situent de fait plutôt au niveau de la phrase ou du 13 Il est difficile de dire pourquoi certains l’ont été plutôt que d’autres : un ensemble de passages forme une unité très claire, ce sont les scènes divines, même si elles ne sont pas toutes représentées ; on voit bien par ailleurs dans d’autres cas que la première urgence pour le commentateur est de faire en sorte que le texte de Virgile soit irréprochable du point de vue de l’expression et de la logique (c’est son analyse du fameux ‘quoque’ d’Aen. 7.1, et de praeterea en d’autres endroits). Mais je ne sais pas m’expliquer pour l’instant pourquoi les deux comparaisons que l’on a vues l’ont fait s’arrêter plutôt que d’autres. En sens inverse, la comparaison de la Dira à une flèche en 12.856-859 est particulièrement mise en valeur comme un moyen de briser l’orationis continuatio et d’empêcher le lecteur de s’ennuyer (CLAUD. DON., ad Aen., 12.856-859 [II.631.9-11 G.]) : c’est la remarque typique que l’on trouve en contexte énumératif, alors que ce n’est pas du tout le cas ici. Tiberius Donat serait-il surtout indisposé par l’ensemble de cet épisode et cette scène en particulier ? 14 Pour donner un exemple de ce genre de présentation « neutre » – exemple qui contraste avec l’exemple de parenthèse (pré)‘ovidienne’ que nous avons croisé dans la première partie (Sucro) et où l’on voyait Tiberius Donat empressé de remettre les choses en ordre, ad Aen. 12.206 (II.578.14-15 G.), il note simplement : interposuit poeta ‘dextra sceptrum nam forte gerebat’ dehinc quod diuiserat reddit. 15 Comme je l’ai expliqué en introduction, je tenais à rassembler en un même endroit les passages les plus ‘critiques’ que j’ai cités et traduits dans la première partie. Faute de place, je ne pourrai entrer dans le détail en citant beaucoup d’exemples dans la deuxième partie, mais j’espère revenir, dans une recherche prochaine, sur les différents modes d’‘interposition’ que sont les comparaisons et les descriptions, ainsi que sur les transitus.
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discours 16. Un des exemples les plus parlants est constitué par le discours d’Ascagne à Nisus aux v. 269-274 du chant 9. Le fils d’Énée promet à Nisus toute une série de récompenses dont l’énumération a débuté au v. 263. Tiberius Donat l’a traitée pas à pas ; mais une fois parvenu à la fin, à la pensée des mots qui auraient pu s’y trouver, il revient en arrière et, de la position donnée par Virgile à « je les excepterai du tirage, dès maintenant ces récompenses sont tiennes, Nisus » (Aen. 9.271), il tire la ‘leçon’ suivante (II.224.11-19 G.) : Interea mos poetae ad imitationem retinendus est ; ubi enim multa narranda sunt, ne continuatio fastidium pariat, haec diuidit interponendo aliquid, tamen quod non sit alienum. Nam in media enumeratione munerum interposuit “excipiam sorti, iam nunc tua praemia, Nise” [Aen. 9.271]. Quis non arbitraretur completam fuisse enumerationem ipsam? Venit ad alia et addidit “praeterea” cum possit continuare et completis omnibus dicere “haec erunt, Nise, praemia tua”. « En attendant, cet usage du poète doit être retenu en vue d’être imité : quand on a beaucoup de choses à raconter, pour éviter que la linéarité du propos ne cause de la gêne, il les divise en y intercalant quelque chose, à condition toutefois que ce ne soit pas quelque chose d’étranger. Ainsi au milieu de l’énumération des récompenses, il a intercalé “je les excepterai du tirage, dès maintenant ces récompenses sont tiennes, Nisus”. Qui n’aurait pas pensé que l’énumération était alors achevée ? Mais il est passé à d’autres éléments et il ajouté “en outre” alors qu’il aurait pu avoir un propos linéaire et quand il eût été achevé, dire “voilà ce que ce seront, Nisus, tes récompenses”. »
Le caractère énumératif du passage est, je crois, essentiel ; le raisonnement de Tiberius Donat ici est en effet le même que celui qui le conduit à évaluer positivement le recours aux fabulae, aux comparaisons, aux transitions visibles, dans différents contextes énumératifs (« catalogues » 17, mais aussi narration belliqueuse qui, sans de tels éléments de uarietas ou d’ornement, risquerait, selon Tiberius Donat, de ne former plus qu’une liste de noms – de morts 18). 16 Au niveau de la phrase, c’est le placement d’un terme construit avec plusieurs autres termes – en l’occurrence, un verbe avec plusieurs compléments – au milieu de la phrase plutôt qu’à une extrémité de celle-ci qui suscite l’approbation du commentateur en II.115.11-13 et 20-24 : en l’occurrence, il s’agit du verbe edoceat en Aen. 8.13. Tiberius Donat explicite la valeur d’exemple : « nous devons imiter de tels exemples quand nous écrivons quelque chose, car la continuité [le fait de simplement aligner les mots les uns derrière les autres] est odieuse ». Cf. ce que la Rhétorique à Hérennius (4.38) appelle coniunctio ; voir d’ailleurs 4.18 pour les désagréments d’une longa uerborum continuatio. 17 Voir CLAUD. DON., ad Aen. 10.185-186 (II.317.2 G. : le transitus – une apostrophe – qui amène les personnages de Cinyrus et Cupavo compense la continuatio odiosa propre aux catalogues), et ad Aen. 10.187 (II.317.11-16 G.), à propos de la fabula de Cycnus que, conformément à son habitude, Virgile a introduite dans ce même catalogue (des alliés étrusques) pour soulager la peine du lecteur. 18 Avec l’idée d’interposition, voir ainsi CLAUD. DON., ad Aen. 10.721-729 (II.382.2425 G.), où, à propos de la comparaison de Mézence à un lion qui a aperçu une proie, le commentateur affirme que les similitudes (parabolae) peuvent aussi avoir cette utilité – contribuer à l’ornatus de la narration –, en évitant au lecteur de subir, pour son déplaisir,
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Dans les discours des personnages, il peut arriver par ailleurs que la linéarité soit brisée (à juste titre, aux yeux du commentateur), qu’il y ait des éléments intercalés et surtout des divisions parce que cela reflète l’état de trouble et d’agitation dans lequel ils se trouvent 19. Au niveau de la construction du récit épique, Tiberius Donat ne trouve pas de tels usages du poète à imiter – à part peut-être en ce qui concerne les transitions, pour autant que celles-ci constituent, dans l’idéal, une source de uarietas au sein même de la continuité du discours, du récit ou du texte 20. Le traitement qu’il consacre à deux épisodes ‘humains’ confirme en tout cas l’attention assez importante qu’il a prêtée à ce que nous appelons la structure épisodique de l’épopée. Il s’agit des derniers agissements de Didon et de sa mort d’une part et, d’autre part, des funérailles de Pallas. Le premier passage est vu comme une de ces boucles du récit que Virgile referme parfaitement en revenant – en l’occurrence, au début du livre 5 21 – exactement au point où il s’était éloigné de la narratio, c’est-à-dire du récit de la navigation des Troyens (ad Aen. 5.1, I.423.1-3 G.) 22. Supra [4.583] dixit Troianos nauigasse, sed interposita descriptione actuum Didonis et mortis nauigationis ipsorum diuisa narratio est. Ad hanc igitur poeta regreditur, quia quod interposuerat constat impletum. une énumération de noms. Quelques vers avant (Aen. 10.720-721, II.382.10-14 G.), c’est la courte biographie d’Acron – le premier mort fait à ce moment par le chef étrusque –, qui fait dire au commentateur que de tels passages n’apportent rien à la ‘cause’ de la guerre, mais servent à détendre le lecteur et à repousser la laideur qui serait attachée à une pure et simple liste de noms. S’agissant de la narration belliqueuse, un exemple de transitus visible (et assumé), exprimé par interea, se trouve en Aen. 10.575-577 (II.366.610 G.), où le commentateur généralise en disant que de telles transitions ont été conçues pour renouveler, en quelque sorte, la narratio. Cf. CLAUD. DON., ad Aen. 6.854 (I.614.2124 G.) et ad Aen. 8.337-339 (II.162.30-163.3 G.) à propos des discours d’Anchise en Aen. 6 et d’Évandre en Aen. 8, les deux discours ayant un caractère énumératif. Pour la prise en compte d’autres passages en rapport avec la notion de uarietas, voir CLÉMENTTARANTINO (2013). 19 Voir ainsi CLAUD. DON., ad Aen. 4.675-677 (I.418.17-25 G.), discours d’Anna ébranlée par la mort de Didon. Voir également les exemples que Luigi PIROVANO dans ce volume donne aux points 2.2-3 de son article. Un cas intermédiaire est formé par le commentaire ad Aen. 10.515-517 (II.359.24-26 G.), où il s’agit d’Énée bouleversé par la nouvelle de la mort de Pallas ; le commentateur voit surtout le bien-fondé de l’interpositio de in ipsis omnia sunt oculis au sein de l’énumération, si brève soit celle-ci. 20 C’est ce qu’il relève à propos de la transition (via un passage à la generalitas) qu’il identifie aux v. 646-647 d’Aen. 11 (II.513.17-30 G.). Je traiterai ailleurs dans le détail la question des transitus. 21 Au sujet d’interea, non seulement au début de ce chant mais aussi au début du chant 10, je renvoie à l’analyse complète de TORZI (2015b), chap. 5, qui tient compte des travaux de REINMUTH (1933) et KINSEY (1979), de nombreux commentateurs anciens et modernes, mais aussi et surtout des apports des grammairiens anciens. 22 Il manque le texte du v. 385 au v. 621 si bien que l’on ne peut pas savoir ce que Tiberius Donat en disait dans le détail.
L’ÉNÉIDE SELON TIBERIUS DONAT
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« Plus haut, il a dit que les Troyens avaient commencé à naviguer, mais avec l’intercalation de la description des agissements de Didon et de sa mort, la narration de la navigation en question a été divisée. Ainsi c’est vers elle que le poète revient, parce que ce qu’il avait intercalé est manifestement complet. »
Le second passage est vu de la même manière, et peut-être même plus encore, comme une espèce de digression parce qu’il contrevient à la dispositio qui avait été mise en place ; aux v. 135-138 du chant 11, où il est question de l’abattage des arbres pour les bûchers, le poète a entrepris de raconter les funérailles de nombreux guerriers troyens ; mais le cas spécifique des funérailles de Pallas l’a fait dévier (ad Aen. 11.184, II.434.6-9 G.) : IAM PATER AENEAS, IAM CVRVO IN LITORE TARCHON CONSTITVERE PYRAS: confecta narratione interposita quae ad funus Pallantis pertinebat redit ad ordinatam dispositionem, ut ceterorum quoque describat exequias. « DÉJÀ
ÉNÉE, SUR LE RIVAGE CREUX, DÉJÀ TARCHON, ONT ÉLEVÉ DES Après avoir achevé la narration qu’il a intercalée, à propos des funérailles de Pallas, il retourne à la dispositio qui avait été précédemment mise en place et décrit également les obsèques de tous les autres. » LE GRAND
BÛCHERS :
L’épisode parallèle – il s’agit à nouveau d’événements contemporains de l’action principale, c’est-à-dire, dans ces deux cas, celle qui est centrée sur Énée – est présenté comme un écart ; il n’est nullement critiqué en tant que tel (et il n’est absolument pas question de test de soustraction ici) mais cette façon de le mettre en évidence est peu commune. Il est intéressant de signaler cependant que, comme pour le conseil divin du livre 1, Tiberius Donat a peut-être été sensible à la délimitation de l’épisode en tant que tel parce que le texte luimême invite à le faire : dans le passage du livre 1, il s’agit de la formule notable et iam finis erat (Aen. 1.223) ; dans le cas présent, c’est une intervention de Fama, la Rumeur dans sa fonction de Messagère de deuils, qui assure le transport du récit d’un lieu à un autre et ouvre ainsi l’épisode contemporain de l’action principale (Aen. 11.139-141). En tout état de cause, Tiberius Donat se montre attentif aux lieux où la narration (principale) se divise véritablement au sens où, avec le traitement d’événements simultanés, elle suit deux chemins parallèles – mais lui, précisément, ne voit pas les choses ainsi : pour lui, il y a plutôt détour, ou même, un « pas de côté » qui est toujours assorti d’un retour et garantit à celui qui arpente le texte de ne jamais quitter tout à fait le chemin principal, de suivre une direction unique comme l’est, selon Tiberius Donat, la narrantis intentio. La qualité essentielle de la poétique de Virgile (celle que le poète doit respecter à ses yeux et qu’il respecte en effet) selon Tiberius Donat est incontestablement l’unité. La continuité, qui lui est souvent liée, est également très importante, mais le commentateur admet qu’elle ne soit pas parfaite. La plupart du temps, quand le poète l’interrompt, c’est pour de bonnes raisons : ainsi d’épisodes (de « descriptions ») qui, comme pour les funérailles de Pallas, sont
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comme la version spécifique d’un épisode général, (et/) ou, comme pour la fin de Didon, forment l’aboutissement attendu d’un épisode considérable (chose que le commentateur ne théorise pas, pour sa part). À un niveau inférieur (non pas au niveau de la structure du récit épique, mais du point de vue de l’ordo des discours, voire des phrases, ou bien lorsqu’il s’agit d’interruptions brèves de la continuatio comme celles que causent des comparaisons), Tiberius Donat est prêt à relativiser son exigence de continuité, surtout si l’attention, le confort ou le plaisir du lecteur sont en jeu (lutte contre le taedium), au nom, aussi, de l’ornement poétique, et, enfin, quand cela fournit des exemples d’expressions qu’il est tout prêt à adopter et à recommander même en prose. Les limites à ne pas franchir sont de deux sortes : 1) il ne faut pas que la discontinuité (ce qu’il désigne plutôt au moyen du verbe diuido) soit source d’une trop grande obscurité. En tout cas, son devoir de commentateur est de faire un jour maximal sur le texte, de clarifier tout ce qui doit l’être. En ce sens, sa poétique, s’il en est, se distingue de celle de Virgile et il opère parfois très clairement cette division (ainsi à propos de la description de la première phase de possession de la Sibylle : [le poète peut bien faire cela] nos tamen … iungemus, voir plus haut §1.7). Une affirmation résume très bien cela et elle le fait s’éloigner plus franchement de la logique poétique : celle qu’il utilise en expliquant la tmèse (circum… tulerat) commise par Virgile aux v. 104-105 du chant 7 : « ce qui a été divisé [par Virgile] pour une raison poétique doit être réuni et joint [par nous] ». 2) La deuxième réserve de Tiberius Donat en matière de rupture de continuité peut s’exprimer dans des termes imagés que ses emplois récurrents de textus font venir à l’esprit : il ne faut pas que le fil se casse, ni même que les coutures qui passent parfois entre les différents pans de tissu qui font le texte soient trop visibles. C’est toute la question des transitus : les plus visibles sont ceux qui passent entre les livres et ils sont admis comme tels parce qu’ils assurent à ces derniers de ne pas être coupés les uns des autres ; ailleurs dans le texte, le fait que les transitions soient visibles est parfois salué comme une source de variété bien à propos, mais parfois, leur identification est contestée parce que cela signifierait une rupture superflue de la continuité. La préférence de Tiberius Donat en la matière réside sans doute dans l’équilibre illustré par certains cas comme celui d’Aen. 11.646-648 : recours à la generalitas et introduction de Camille donnent l’impression que la narration se conclut puis redémarre ; surtout cela prévient tout risque de monotonie et procure de la uarietas « in ipsa continuatione referentis » (I.V. II.513.29-30 G.). Cette formulation est celle qui saisit le mieux le fond de la pensée de Tiberius Donat sur le sujet, qui fait supposer qu’il n’eût probablement pas été un adepte des poèmes épiques véritablement discontinus.
DEUXIÈME PARTIE
LA POÉTIQUE DANS LES COMMENTAIRES : ANALYSE, MÉTHODES, NOTIONS
Understanding Pindar in the Scholia to Pindar 1 Thomas COWARD
Introduction The scholia to Pindar is a treasure trove of information and conjecture. It consists of citations, comments, observations, references, opinions and explanations. The scholia constitute a heterogeneous corpus that contains, among other things, the observations and annotations of Hellenistic grammarians, citations of various literary works, and historical and biographical reconstructions. There are comments concerning the style of Pindar that offer interpretations of varying degrees of understanding and detail; from general comments of ‘x is referring to y’ to more precise examples of interactions of and observations on metre, themes or words. They tend to focus on the content and interpretative qualities for dealing with textual matters. 2 Although there can be some consistencies in the preferences of what the critics talk about, the quality or veracity of these comments can vary. 3 The scholia are a mixed and incomplete body of cited authorities, anonymous (but just as authoritative) statements, several connected opinions, and interconnected passages on either the same part of the text or poem or different poems. For example, there are connected assertions (indicated by πάλιν) that Pindar is referring to Bacchylides (e.g. Σ Pind., Pyth. 2.166d and 171c Drachmann), or a piece of Pindar is cited to explain another piece (e.g. Σ Pind., Pyth. 9.90c Drachmann citing Pind., fr. 36 S-M + Pyth. 4.16 to verify that Zeus is Ammon, or Σ Pind., Nem. 7.1a citing frr. 120 and 105a S-M to demonstrate wordplay; 4 or Pind., Pyth. 2. Inscr. cites frr. 204, 82, 196 S-M as examples of the same 1 I would like to thank the audience at Lille for their comments on the oral version of this paper, and the editors for their hospitality and suggestions in the revised version of this paper. As always Enrico Emanuele Prodi has been invaluable for discussing the idiosyncrasies of the Pindar scholia. Translations, unless indicated, are my own. 2 See Σ PIND., Isth. 1.58a-60 Drachmann below. LEFKOWITZ (1991), p. 282 notes that the scholia viewed Pindar as ‘impulsive, impressive, but enigmatic.’ 3 For contrasting positive and negative views see LEFKOWITZ (1975) and WILSON (1980) respectively. 4 Σ PIND., Nem. 9.114b Drachmann on PIND., Nem. 9.48, quotes PIND., Nem. 5.7-8 as a parallel construction of imagery and vice versa at Σ PIND., Nem. 5.10a Drachmann which cites PIND., Nem. 9.48.
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word for the same purpose). Furthermore, passages of scholia are interconnected or interdependent on one another by their citations of Pindaric passages, (e.g. Σ Pind., Nem. 3.1c cites Pind., Ol. 9.1 and is aware of Σ Pind., 9.1 Drachmann which cites [Archil.] 324 IEG, for the context of what sort of celebration was had for the victor of Nemean Three). 5 This chapter examines the quotations of and comments on Pindar’s poems in the exegetical scholia vetera to Pindar. It presents a typology of these quotations and references. It outlines for what purpose ancient critics used them for commenting on and explaining Pindar. It then takes a selection of quotations, references, and summary translations from the scholia vetera, and how critics use them or understand Pindar and what means they used to make Pindar understandable to other readers. It identifies the different purposes Pindar is cited by ancient critics, and the ways in which he is cited i.e. direct quotation, partial quotation, reference by name in which the actual quotation is inferred from another source, or summary description. The next section lists the instances where Pindar is cited or referred to, and briefly summarises the aim or direction of each instance. By examining these quotations and references, this chapter can contribute to bigger questions of problems of picking apart the trends of literary and historical analysis of Pindar’s works, and ancient and medieval understandings and translations of Pindar’s style and accessibility. 1. References to Pindar in the Scholia There are instances where Pindar is just named, usually as the subject of a sentence or comment (I), or the ancient critic, while commenting on a particular passage, makes reference or alludes to another piece of the Pindaric corpus without citing it (II), or a piece of Pindar is cited in support of a point or observation (III). 6 I.
Pindar is named without citation: Σ Pind., Ol. 1.28a, Σ Pind., Ol. 1.97g, Σ Pind., Ol. 1.174a, Σ Pind., Ol. 2.123e, Σ Pind., Ol. 5.19, Σ Pind., Ol. 6.52f, Σ Pind., Ol. 7.64, Σ Pind., Ol. 8.70c, Σ Pind., Ol. 9.40, Σ Pind., Ol. 9.44a, Σ Pind., Ol. 10.1g, Σ Pind., Pyth. 3.52ab, Σ Pind., Pyth. 3.137-8, Σ Pind., Pyth. 4.281, Σ Pind., Pyth. 4.331, Σ Pind., Pyth. 4.341, Σ Pind., Pyth. 6.1,
5 Cf. also Σ PIND., Ol. 1.97a and 97d, 97c and 97g, and 97b, 97e, 97f, and Pyth. 3.74a Drachmann below. 6 Many other literary figures (e.g. Homer, Pherecydes, Euripides, Timaeus, Callimachus, the lyric, elegiac, and iambic poets) are also cited, summarized or referred. See DRACHMANN (1903-1927), p. III.312-321 for a list of literary and historical figures in the scholia to Pindar. The ancient critics also make errors of authorial attribution (Σ PIND., Ol. 11.15a Alcaeus for Alcman, Ol. 13.12e Homer for Theognis/Solon, Isth. 1.56 Drachmann Homer for Hesiod), though this could also be through errors of transmission by later copyists rather than a misattribution by an ancient critic.
UNDERSTANDING PINDAR IN THE SCHOLIA TO PINDAR
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Σ Pind., Pyth. 9.6a, Σ Pind., Nem. 1.29a, Σ Pind., Nem. 10.39, Σ Pind., Nem. 10.103, Pind., Isth. 1. Inscr. A. II.
References to works are made but are not cited: Σ Pind., Nem. 1.3 (Pind., Nem. 2.10-12 + ref to Pyth. 2.7); Σ Pind., Pyth. 4.455c (Pind., Pyth. 4.67ff); Σ Pind., Pyth. 5.51a (Pind., Pyth. 6.9); Σ Pind., Pyth. 6.15 (Pind., Isth. 2.22); Σ Pind., Isth. 1.11c (Pind., Isth. 1.55-57), Pind., 67 S-M = F5 Rutherford (Σ Pind., Ol. 1.26g); Σ Pind., Pyth. 6.5c (Pind., 69 S-M); Σ Pind., Nem. 7.150a (Pae. 6); Σ Pind., Pyth. 4.313a (128c.11 S-M); Σ Pind., Pyth. 7.18a (Pind., 137 S-M); Σ Pind., Ol. 10.17i (140b S-M) Σ Pind., Nem. 9.35a (169a S-M); Σ Pind., Pyth. 8.1a (250a S-M)
III. Quotations: 1. Pind., Ol. 2.90-95 ~ Σ Pind., Ol. 2.15d 2. Pind., Ol. 9.1 ~ Σ Pind., Nem. 3.1c 3. Pind., Ol. 9.97 ~ Σ Pind., Nem. 10.82a 4. Pind., Pyth. 1.33 ~ Σ Pind., Nem. 1.49c 5. Pind., Pyth. 2.7 ~ Σ Pind., Nem. 1. Inscr. 6. Pind., Pyth. 3.1 ~ Σ Pind., Pyth. 3 metr. 7. Pind., Pyth. 3.70ff. ~ Σ Pind., Pyth. 3 inscr. B 8. Pind., Pyth. 3.81 ~ Σ Pind., Ol. 1.97g 9. Pind., Pyth. 3.81 ~ Σ Pind., Pyth. 5.74a 10. Pind., Pyth. 4.16 + 36 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 9.90c 11. Pind., Pyth. 4.56 ~ Σ Pind., Pyth. 9.90b 12. Pind., Pyth. 4.67ff. ~ Σ Pind., Pyth. 4.455c 13. Pind., Pyth. 5.24 ~ Σ Pind., Pyth. 9.16a 14. Pind., Pyth. 6.9 ~ Σ Pind., Pyth. 5.51a 15. Pind., Pyth. 8.95 ~ Σ Pind., Nem. 6.4f 16. Pind., Nem. 1.7 ~ Σ Pind., Nem. Inscr. A 17. Pind., Nem. 2.1 ~ Σ Pind., Nem 5.46b 18. Pind., Nem. 2.1-2 ~ Σ Pind., Isth. 4.63h 19. Pind., Nem. 2.10-12 ~ Σ Pind., Nem. 1.3 20. Pind., Nem. 4.1 ~ Σ Pind., Nem. 2.21b 21. Pind., Nem. 4.51-3 ~ Σ Pind., Nem. 7.95 22. Pind., Nem. 4.69 ~ Σ Pind., Isth. 4.21b 23. Pind., Nem. 5.1 ~ Σ Pind., Isth. 2.66 24. Pind., Nem. 5.7-8 ~ Σ Pind., Nem. 9.114b 25. Pind., Nem.7 3.19-21 ~ Σ Pind., Nem. 9.109b 26. Pind., Nem. 9.48 ~ Σ Pind., Nem. 5.10a 27. Pind., Nem. 10.33 ~ Σ Pind., Nem. 10.91 28. Pind., Isth. 1.1 ~ Σ Pind., Ol. 9.32a 29. Pind., Isth. 1.18 ~ Σ Pind., Isth. 4.18d 30. Pind., Isth. 1.35-38 ~ Σ Pind., Isth. 1.1a 31. Pind., Isth. 2.1 ~ Σ Pind., Ol. 2.87g, 89a
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32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69.
Pind., Isth. 2.8 ~ Σ Pind., Ol. 9.34c Pind., Isth. 3.18 ~ Σ Pind., Isth. 4.8a Pind., Isth. 4.79 ~ Σ Pind., Isth. 4.104g Pind., 4 S-M ~ Σ Pind., Isth. 5 inscr. b Pind., 29.1 S-M ~ Σ Pind., Nem. 10.1a Pind., 36 S-M + Pyth. 4.16 ~ Σ Pind., Pyth. 9.90c Pind., 37 S-M ~ Vit. Pind., Ambr. p.2.9 Pind., 49 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 4.288 Pind., Pae. 6.117 ~ Σ Pind., Nem. 7.94a Pind., 75.11-12 S-M ~ Σ Pind., Isth. 8.75 Pind., 76 S-M ~ Vit. Pind., Ambr. p.1.15 Pind., 83 S-M ~ Σ Pind., Ol. 6.152 Pind., 94c S-M ~ Vit. Pind., Ambr. p.3.3 Pind., 95 S-M ~ Vit. Pind., Ambr. p.2.5, Σ Pind., Pyth. 3.139a Pind., 105ab S-M ~ Σ Pind., Pyth. 2.127, Nem. 7.1a Pind., 114 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 5.10a, Isth. 1.21 Pind., 118 S-M ~ Σ Pind., Ol. 2.39a Pind., 119 S-M ~ Σ Pind., Ol. 2.15d, 2.39a Pind., 135 S-M ~ Σ Pind., Ol. 1.127a Pind., 158 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 4.106a Pind., 169.1-4 S-M ~ Σ Pind., Nem. 9.35a Pind., 179 S-M ~ Σ Pind., Nem. 7.116 Pind., 190 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 8.53 Pind., 191 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 2.128 Pind., 192 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 4.4 Pind., 193 S-M ~ Vit. Pind., Ambr. p.2.18 Pind., 195 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 4.25b Pind., 202 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 4.207 Pind., 209 S-M ~ Vit. Pind., Ambr. p.4.6 Pind., 212.1-2 S-M ~ Σ Pind., Pae. 2.38 Pind., 222. S-M ~ Σ Pind., Pyth. 4.410c Pind., 225 S-M ~ Σ Pind., Ol. 2.42e Pind., 229 S-M ~ Σ Pind., Ol. 8.92, Pyth. 9.163 Pind., 231 S-M ~ Σ Pind., Nem. 7.87 Pind., 238 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 2.31a Pind., 240 S-M ~ Σ Pind., Ol. 10.62a Pind., 302 S-M ~ Σ Pind., Ol. 7.90 Pind., 313 S-M ~ Σ Pind., Pyth. 2.31c
In the quotations (III), the scholia cite at least one example of every type of song, where identifiable, that Pindar composed (bar the prosodia) and a selection of fragments (Nos. 53-69) that are not found elsewhere could be from known song-types. When a quotation occurs, it is for one of several purposes:
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I. Grammar Σ Pind., Ol. 8.64d (Pind., Pyth. 1.15): Use of feminine with prepositions. Σ Pind., Nem. 2.21b (Pind., Nem. 4.1): Mixed gender endings. Σ Pind., Nem. 5.10a (Pind., Nem. 9.48): Example of reversal of word order to demonstrate a Pindaric habit. II. Metre 7 Σ Pind., Pyth. 3 metr. (Pind., Pyth. 3.1; Archil. 172.2 IEG): Metrical pattern example that corresponds to Archilochus. III. Style Σ Pind., Nem 5.46b (Pind., Nem. 2.1): Proemic ‘beginning from Zeus’ parallels with citations of Pindar and Aratus. Σ Pind., Nem. 9.114b (Pind., Nem. 5.7-8): Example of similar expression of construction. Σ Pind., Isth. 1.1a (Pind., Isth. 1.35-38): Description of what Pindar is doing at the beginning of the ode and background of victor. Σ Pind., Nem. 10.1a (Pind., 29.1 S-M): Example of discussive opening. Σ Pind., Ol. 9.32a (Pind., Isth. 1.1): Use of mother for native land. Σ Pind., Isth. 4.18d (Pind., Isth. 1.18): Use of another piece of Pindar to explain another piece. Σ Pind., Isth. 4.8a (Pind., Isth. 3.18): Use of the same phrase. Σ Pind., Isth. 5.73 ~ Pind., Isth. 5.57-58: Schema Pindaricum. IV. Parallels Σ Pind., Nem. 10.82a (Pind., Ol. 9.97): Periphrastic use of cloaks as a victory prize. Σ Pind., Ol. 2.1a (Pind., Pyth. 1.1-2): Parallel use of lyre address. Use of quote for an interpretation of incipit of Olympian Two. Σ Pind., Nem. 1. Inscr. B (Pind., Pyth. 2.7): Other quotation and description of Hieron. Σ Pind., Isth. 2.66 (Pind., Nem. 5.1): Parallel citation. Σ Pind., Isth. 4.21b (Pind., Nem. 4.69): Parallel citation. Σ Pind., Isth. 4.63h (Pind., Nem. 2.1-2): Parallel citation. V. Geography Σ Pind., Pyth. 9.90c (Pind., 36 S-M + Pyth. 4.16): Support that Zeus is Ammon. Σ Pind., Pyth. 9.90b (Pind., Pyth. 4.56): Support that Zeus is Ammon. 7 Cf. also Σ Pind., Ol. 6. metr., Σ Pind., Ol. 8 metr. 8-16, Σ Pind., Ol. 11 metr., Σ Pind., Ol. 12 metr. 4-21, Σ Pind., Pyth. 1 metr. 2.10-41, Σ Pind., Pyth. 2 metr. 20-36, Σ Pind., Pyth. 6 (metr a.), Pind., Pyth. 9 metr., Pind., Nem. 1. metr., Pind., Nem. 11 metr., Pind., Isth. 1. metr., Pind., Isth. 2. metr., Pind., Isth. 5. metr., Pind., Isth. 6. metr. Tessier; Σ Pind., Ol. 6 metr., Σ Pind., Ol. 8 metr., Σ Pind., Ol. 11 metr., Σ Pind., Ol. 12 metr. Abel.
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Σ Pind., Pyth. 9.16a (Pind., Pyth. 5.24): Divisions of habitations. Europe, Asia, Libya. VI. Historiographical (and Biographical either of Victor or of Poet) Σ Pind., Nem. 1. Inscr. B (Pind., Pyth. 2.7): Other quotation and description of Hieron. Σ Pind., Pyth. 3 Inscr. B (Pind., Pyth. 3.70ff): Date of victories. Biography of Hieron. Σ Pind., Nem. Inscr. A (Pind., Nem. 1.7): Origins of the Nemean Games. Σ Pind., Nem. 10.91 (Pind., Nem. 10.33): Back story to the visit of the Dioskouri to the ancestors of Theaios of Argos. Σ Pind., Isth. 1.1a (Pind., Isth. 1.35-38): Description of what Pindar is doing at the beginning of the ode and background of victor. Σ Pind., Ol. 2.87g, 89a (Pind., Isth. 2.1): Family connection between Olympian Two and Isthmian Two. Σ Pind., Ol. 2.15d: Theron and Akragas. VII. Mythographical Σ Pind., Ol. 1.97g (Pind., Pyth. 3.81): Tantalus and the good and bad fortunes of men. Σ Pind., Isth. 4.104g (Pind., Isth. 4.79): Children of Heracles, names, and actions. VIII. Wisdom Σ Pind., Ol. 1.97g (Pind., Pyth. 3.81): Tantalus and the good and bad fortunes of men. Σ Pind., Pyth. 5.74a (Pind., Pyth. 3.81): Good and bad fortunes of men. Σ Pind., Nem. 6.4f (Pind., Pyth. 8.95): Explanation and parallel of the sentiment. Σ Pind., Nem. 9.109b (Pind., Nem.7 3.19-21): Explanation of the gnome with parallel. IX. Point of Discussion in Ancient Scholarship Σ Pind., Nem. 1.49c (Pind., Pyth. 1.33): The critic asks why Heracles is mentioned? References to Aristarchus, Chrysippus, Didymus. Citation by Didymus (144 C.-Pr. = 40 Braswell) to back up point. Σ Pind., Nem. 3.1c (Pind., Ol. 9.1): Question about what type of victory song. Cites Archilochus and reference to where Pindar uses it. Σ Pind., Ol. 9.34c (Pind., Isth. 2.8): Use of a similar word inferred by Didymus (120 C.-Pr. = 17 Braswell). 2. Passages for Discussion This section analyses some passages in detail that show the different ways that critics understand Pindar. In the first example, the critic uses a piece of Pindar
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to support the background information the critic supplies in commenting on a particular passage. ἐκ δὲ Πελλάνας [Pind., Nem. 10.44]: ἀντὶ τοῦ καὶ ἐν Πελλήνῃ ἐνίκησαν. τίθεται δὲ παχέα ἱμάτια ἐν Πελλήνῃ ἄγναφα· δυσχείμεροι δὲ οἱ τόποι. περιφραστικῶς δὲ τὴν χλαμύδα μαλακὴν κρόκην εἶπε· καὶ ἑτέρωθι (Pind., Ol. 9.97) ‘ψυχρᾶν ὁπότ’ εὐδιανὸν φάρμακον αὐρᾶν 8.’ ὁ δὲ ἀγὼν Διός· καλεῖται δὲ Δίϊα. (Σ Pind., Nem. 10.82a Drachmann) “‘and from Pellana’: in the sense that they won [these things] in Pellene. The victor wore uncarded thick clothes in Pellene. The sort of things was for wintry weather. Pindar spoke periphrastically about the soft cloak. And elsewhere [Pindar says]: ‘and in Pellene, when he carried off the warming remedy for chill winds.’ The contest of Zeus. It is called ‘Diïa’.”
The critic here says that the line beginning ἐκ δὲ Πελλάνας (Nem. 10.44) refers to a victory at Pellene won by the maternal ancestors (which the critic understands as indicated by ἐνίκησαν) of the addressee (Theaeus of Argos) as part of a catalogue of their victories. 9 The critic then goes on to give some background information that the victory prize was a thick winter cloak. The critic then says that Pindar was speaking periphrastically (περιφραστικῶς) about the cloaks, i.e. he does not say simply state there were cloaks (ἱμάτια), rather ἐκ δὲ Πελλάνας ἐπιεσσάμενοι νῶτον / μαλακαῖσι κρόκαις (‘and from Pellene wearing softest woolens on their backs’). The critic then cites another instance when Pindar refers to the athletic games at Pellene and periphrastically refers to its victory prize (ψυχρᾶν ὁπότ’ εὐδιανὸν φάρμακον αὐρᾶν Πελλάνᾳ φέρε, ‘and in Pellene, when he carried off the warming remedy for chill winds,’ Ol. 9.97). Here, Pindar is being used to back up Pindar, and the particular choice of quotation is strongly authorative as it concerns the same athletic venue and victory prize. Therefore, the critic or his source is using Pindar appropriately to back up information and provide a pertinent parallel. The particular choice of quotation may indicate that the critic here is not only using a Pindaric text but may be summarising or making use of a reference work on athletic games (i.e. the entry under Pellene) or an etymological work about a particular word (such as Pellene or a word for cloak), or is mediated by a commentary on Pindar. ὁ δὲ ἀγὼν Διός indicates to the reader that the athletic competition at Pellene is for Zeus, and it was also called Δίϊα. 10 The critic likely inferred this otherwise Πελλάνα παρέχει Σ; Πελλάνᾳ φέρε codd. See IG IV 510; ANTH. PAL. 13.19; BACCH. 9.33 on the Games at Pellene. 10 Other sources, including elsewhere in the scholia to Pindar, indicate that the games were also called Heraia (Σ AR. Av. 1421 Holwerda), or Hermaia (Σ AR. Av. 1421 Holwerda; Σ PIND., Ol. 9.146c, h, 7.156c Drachmann), or Theoxenia (PAUS. 7.27.4; Σ PIND., Ol. 7.156a, c Drachmann). IACP, p. 485 on Pellene (No. 241) incorrectly states Σ PIND., Ol. 9.116c Drachmann, which does not exist, and IACP also does not mention Δίϊα as another name for the athletic games. 8 9
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unattested name for the games from line 48 in Nemean Ten (καὶ Λύκαιον πὰρ Διὸς θῆκε δρόμῳ), which actually refer to the games for Zeus Lykaios in Arcadia (cf. Ol. 9.95), and perhaps the critic thought this might refer to the games at Pellene. 11 In doing so, the critic has conflated this reference to games in honour of Zeus in other locations and created this name (Δίϊα) derived from the text of Nemean Ten and other mentions of the games at Pellene in Pindar (cf. Ol. 9.95), which the critic has just cited as part of a list of victories in different places. This sort of error shows the reading habits of an ancient critic and the text-based approaches, even if they show cursory or mis-remembered or mis-read analyses, that inform their reconstructions and suggestions. The next example shows both translation and using quotations to support interpretations of a passage: Ἀναξιφόρμιγγες: ἤτοι τῶν φορμίγγων ἀνάσσοντες· ἕπονται γὰρ τοῖς ὕμνοις καὶ φόρμιγγες, δι’ οὓς {Α}καὶ ἀπεδείχθησαν· ἢ οἱ ἀνασσόμενοι ὑπὸ φορμίγγων ὕμνοι· πρότερον γὰρ ἐνδίδωσι μέλος ὁ κιθαριστής, ἔπειτα ἡ ᾠδὴ λέγεται· ὡς καὶ ἐν Πυθιονίκαις (Pind., Pyth. 1.1-2)· χρυσέα φόρμιγξ Ἀπόλλωνος καὶ ἰοπλοκάμων σύνδικον Μοισᾶν κτέανον. (Σ Pind., Ol. 2.1a Drachmann) “‘Lyre-ruling’: Surely ‘the ones leadings the lyres.’ For the lyres follow with hymns, and lyres through which they also follow; or ‘the hymns leading by the lyres.’ For the lyre-player previously struck up a tune, since the ode says this. Thus, Pindar says in the Pythians: ‘Golden lyre, rightful possession of Apollo and of the violet-haired Muses.’”
This piece offers explanations of the opening line of Olympian Two. Ἀναξιφόρμιγγες (‘lyre-ruling’) is a hapax, which qualifies ὕμνοι in the opening address and is understood that the song-type or the poetic text governs the music. In the scholia, the first interpretation consists of ἤτοι and a statement to unpack the compound. The critic offers prose interpretations of the meaning of the compound noun (τῶν φορμίγγων ἀνάσσοντες…ἢ ἀνασσόμενοι ὑπὸ φορμίγγων ὕμνοι). It takes the view that the first part of the compound is derived from ἀνάσσω. The former, with an active participle and the assertive ἤτοι, states that something (the supplied ), probably the ὕμνοι, leads the lyres, which also follows after the song. The latter, a passive construction, is suggested because the lyre player started up the tune before the song began. The second interpretation uses the argument of res ipsa loquitur (ἔπειτα ἡ ᾠδὴ λέγεται) that the ode itself provides evidence for the performance context. The critic refers to the opening of the poem itself, and then offers a quotation from Pythian One as support. The opening of Pythian One backs up the assertion that the lyre player offered a prelude before the song itself began. The extant quotation itself does not fully support this notion as it just a vocative address to the lyre, the 11
RAWLES (2018), p. 216, n. 63.
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complete opening sentence of Pythian One does however support the interpretation provided by the critic: Χρυσέα φόρμιγξ, Ἀπόλλωνος καὶ ἰοπλοκάμων σύνδικον Μοισᾶν κτέανον· τᾶς ἀκούει μὲν βάσις ἀγλαΐας ἀρχά, πείθονται δ᾿ ἀοιδοὶ σάμασιν ἁγησιχόρων ὁπόταν προοιμίων ἀμβολὰς τεύχῃς ἐλελιζομένα. (Pind., Pyth. 1.1-4) “Golden Lyre, rightful possession of Apollo and the violet-haired Muses, to you the footstep listens as it begins the splendid celebration, and the singers heed your signals, whenever with your vibrations you strike upthe chorus-leading preludes.” (trans. Race)
The passage above gives the fuller context to the point of the ancient critic, and indicates that the quote acts as a cue to recalling the fuller opening of Pythian One. Both opinions identify performance contexts, from which it is understood that the words are more important than the music. Passages of Pindar are naturally open to multiple interpretations. A quotation of Pindar may be used more than once to illustrate a point: 97g. ἢ ὅτι τριῶν μερίδων οὐσῶν κατὰ τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως κατὰ τοὺς ποιητὰς, καὶ τοῖς μὲν εὐδαίμοσι μίαν ἕπεσθαι ἀγαθὴν, δύο δὲ κακὰς, τοῖς δὲ δυσδαίμοσι τὰς τρεῖς φαύλας· ὅθεν καὶ τρισκακοδαίμονας καὶ τρισαθλίους ἐν τῷ βίῳ τινὰς λέγεσθαι· ἵν’ ᾖ οὖν ὁ νοῦς οὕτως, ὅτι δὴ ὁ Τάνταλος καὶ μετὰ τὰς τρεῖς ταύτας δυστυχίας ἃς ὑπέστη κατὰ τὸν ἀνθρώπινον βίον, ἐξ ἀνθρώπων γεγονὼς,{A(C) EHQ} καὶ τετάρτην ὑφίσταται. καὶ ὅτι ἡ τοιαύτη γνώμη ἀσφαλής ἐστι, μαρτυρεῖ ἡμῖν καὶ αὐτὸς ὁ Πίνδαρος ἐν ἑτέροις λέγων (Pind., Pyth. 3.81) · οἶσθα προτέρων (ὅτι) ἓν παρ’ ἐσλὸν πήματα σύνδυο δαίονται βροτοῖς ἀθάνατοι. {λέγει δὲ ταῦτα ἐν Πυθιονίκαις}. (Σ Pind., Ol. 1.97g Drachmann) “Or because, according to the poets, there is a triple part inherent in human nature, (it is said that) fortunes are those which are accompanied by a good part for two bad ones, whereas misfortunes have them bad all three; hence the appellations of triple-misfortunes or triple-unfortunate that some receive in their existence; so that the meaning is thus the following: Tantalus, precisely, after these three misfortunes which he endured in the course of his human existence, since he was not human, still bears a fourth. And that this idea is sure, Pindar himself in testimony for us when he says in other verses. ‘you know the lesson of former poets: the immortals apportion to humans a pair of evils for every good.’ {He says these things in the Pythians}.”
This piece is from a series of opinions on understanding the fate and number of punishments of Tantalus. The critic is commenting upon the proverbial statement
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μετὰ τριῶν τέταρτον πόνον (‘with three a fourth labour’, Pind., Ol. 1.60, but ‘with three’ what?). The expression has generated a great amount of discussion in ancient commentaries. 12 Some of the critics (97a and 97d) think that Pindar here is categorizing Tantalus as one of the four sinners in Tartarus, along with Tityus, Sisyphus, and Ixion. 13 Others (97b, cf. also 97e) that Tantalus is pained with four punishments (hunger, thirst, the stone, and fatigue from standing, cf. Hom. Od. 11.583), but there are not four. And others (97c and 97g) that the number three refers to the number and proporition of good and bad fortune to persons. The phrase could also be understood as an intensifying use of numbers i.e. ‘in great degree’. 14 Alternatively, the expression may be proverbial, meaning ‘toil upon toil’. These critics do not focus on the details from mythology, details which would clarify what Pindar says here of Tantalus but, from a general and impersonal point of view, make Tantalus a counter-model illustrating the punishment for excess. The observations in 97g above that human fortune consists of three parts are inspired by quotations of Homer and Pindar (κατὰ τοὺς ποιητὰς), and presents the origin, at least the content of the proverbial expression above: it is fortunate that the one who obtains a part of good fortune for two shares of ills; the unfortunate have three parts of evil, and that is why they are called ‘triple misfortunate and triple unfortunate’ (τρισκακοδαίμονας καὶ τρισαθλίους); during their lifetime. Tantalus, being in Tantarus, on the other hand, attracted a fourth share of misfortune for his actions. καὶ ὅτι ἡ τοιαύτη γνώμη ἀσφαλής ἐστι, μαρτυρεῖ ἡμῖν καὶ αὐτὸς ὁ Πίνδαρος ἐν ἑτέροις λέγων shows that the critic critically and deliberately uses Pindar (μαρτυρεῖ ἡμῖν) to support the interpretation of the gnome. The quotation is an appeal to a poetic authority on the proportion and distribution of good and bad fortune for humans, along with a quotation from Iliad 24. This pair of quotations is also cited in the scholia to Pythian Five: τὰ καὶ τὰ νέμων (Pind., Pyth. 5.55): τουτέστι τὰ ἀγαθὰ καὶ τὰ κακά. ἀμήχανον γὰρ, φησὶν, ἄνθρωπον ὄντα πάντα ἀγαθὰ λαχεῖν. Ὅμηρος (Hom., Il. 24.527) δοιοὶ γάρ τε πίθοι κατακείαται ἐν Διὸς οὔδει καὶ αὐτὸς ὁ Πίνδαρος (Pind., Pyth. 3.81) ἓν παρ’ ἐσλὸν πήματα σύνδυο δαίονται βροτοῖς. (Σ Pind., Pyth. 5.74a Drachmann) 12 See INSTONE (1996), p. 106; CATENACCI (2013), p. 375-376; DAVID / DAUDE / FARTZOFF / MUCKENSTURM-POULLE (2014), p. 375-384 for summaries. Cf. also SCHIRONI (2018), p. 685-686. 13 Cf. 97a and 97d, 97c and 97g are connected to one another, as are 97b, 97e, 97f. Tantalus, Tityus, Sisyphus, and Ixion are not usually grouped together (though cf. SEN., Phaedr. 1229-35), and the other three are not relevant here. 14 INSTONE (1996), p. 106 references HOM., Od. 5.306; AR., Plut. 851-852, PIND., Nem. 7.104-105; CALL., Epig. 2.4 Pfeiffer. Cf. also Σ PIND., Ol. 2.123c Drachmann (εἰς τρίς: ἤτοι ἀριθμῷ, ἢ ἀντὶ τοῦ πολλάκις) for this interpretation.
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“‘as it bestows this, now that’: it is possible to have good things and bad things. For, Pindar says, that the man who is helpless has obtained all the good things by lot. Homer says ‘for two jars lie on the floor of Zeus’ abode,’ and Pindar himself says ‘[the immortals] apportion to humans a pair of evils for every good.’”
It has been discussed since antiquity whether there were two or three jars of Fate. 15 Pindar took these lines to imply that there were three jars, two of bad things, one of good, if Pythian 3.80-82 refers to this passage. Plato (Resp. 2.379d) and Plutarch (Mor. 24a-b, though cf. [Plut.] Mor. 105c where ‘Plutarch’ follows Homer rather than Plato) understood that there were only two jars. The point is not that men have more bad fortune than good, but that they have either a mixture of good and bad, or else merely bad in Iliad 24. Pindar interprets the text to mean that there were two urns of evils and one of good. Most scholars follow Plato’s interpretation, according to which only two urns are at issue. In these extracts from the scholia, quotations are used to support an interpretation or provide background information to a passage that is being commented on. This is straightforward exegesis of the text. The next section analyses how both general features of Pindar’s language and particular aspects of his style were understood. 3. The Difficulty and Habits of Pindar Pindar was understood in ancient literary criticism as either the most successfully innovative or as a deeply immersed traditionalist. Ancient literary criticism does not note that Pindar’s language was difficult; in general, they placed him highly as the best of the lyric poets and emphasised his qualities, which does not indicate obscurity. 16 The scholia, however, despite the disagreement Cf. Σ HOM., Il. 24.527-528 Erbse; Σ PIND., Pyth. 3.141a-145 Drachmann. See VON WILAMOWITZ-MOELLENDORF (1922), p. 445-463; IRIGOIN (1952), p. 11-20; WILSON (1980); MOST (1985), p. 11-24 for a survey of the material. In comparison, the ancient critics in the scholia to Euripides, by contrast, do not decry such obscurity and difficulty in Euripidean corpus. MASTRONARDE (2010), p. 3 noted that Hellenistic scholars in the Euripidean scholia, influenced by Aristophanes, Aristotle and the Peripatetics and probably excerpted by Didymus, ‘found fault with various Euripidean strategies and techniques, especially on the grounds of deviation from proper tragic decorum and lack of “necessity” in construction of scenes or speeches.’ They criticize his style and presentation. See MEIJERING (1987) on the importance of this Aristotelian background, and MASTONARDE (2010), p. 1-9 on Euripides’ ancient reception. Despite the fact that Euripides elsewhere was praised and used as a source of wisdom and was a popular representative of poetic skill (see e.g. the biography of Satyrus: EUR., T110 TrGF5.1). The scholia on Euripidean choruses take a rhetorical approach to the function and accessibility of the chorus who are expected to be sympathetic to the plight of the characters that suffer, yet are not expected to be strongly opinionated, but rather ought to express modesty and due caution as social subordinates of the protagonists (cf. also PS-ARIST., Probl. 19.48). See MEIJERING (1985) for examples. Such comments are in part due to the 15
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of critics on details (indicated by ἄλλως), are consistent in their belief on the difficulty of Pindar. The ancient critics in the scholia use various words or phrases to state such difficulty, such as αἰνιγματωδῶς (‘enigmatic’), ἄδηλος (‘unclear’), αἴνιγμα (‘enigma’), αἰνίττεσθαι (‘to speak in riddles, hint at’), ἀμφιβάλλειν (‘to be ambiguous’, ‘to be doubtful’, ‘to be in dispute’), ἀσάφεια (‘unclear’), κρύπτειν (‘to conceal’), σκληρός (‘hard/difficult’) and ὑποφάινειν (‘to show indirectly’). 17 Critics may also suggest or believe that Pindar lies or speaks incorrectly. 18 Examples of which will be seen above and below. Ancient Greek commentators and critics in the scholia often frame their notes in terms of a problem (problēma or zētēma) that needs a solution (lusis). A note on the phrase (ὁπότ᾽ ἐκάλεσε πατὴρ, ‘when his father [Tantalos] called (on),’ Pind., Ol. 1.37) in the Byzantine scholia explains that ‘the sentence seems unclear (asaphēs),’ because it does not contain the information of who Tantalos called on. 19 An object needs to be supplied. The Byzantine critic goes on to resolve (luei) this unclearness (asapheian), by stating that Pindar continues, although the quote from the poem is omitted, to makes this clear (dêlon) that he called on the gods. It would have been clearer (saphesteron) if it had been put as follows: ‘when his father called on the gods’’ (ὁπότε κάλεσε πατὴρ τοὺς θεούς), thereby providing the understood object and offering a translation and re-write of Pindar. Critics in the scholia uetera also show an understanding of Pindar when they offer prose translations or summaries of the passages they are commenting on. Some critics try to make sense or rearrange Pindar in order to make his Greek clearer to their readers, for example with the opening of Olympian Three: Τυνδαρίδαις τε φιλοξείνοις ἁδεῖν καλλιπλοκάμῳ θ᾿ Ἑλένᾳ κλεινὰν Ἀκράγαντα γεραίρων εὔχομαι, Θήρωνος Ὀλυμπιονίκαν ὕμνον ὀρθώσαις, ἀκαμαντοπόδων ἵππων ἄωτον. (Pind., Ol. 3.1-4) grammatical and pedagogical tradition whereby Euripides was used as a school text and so his educational value as a source of models of good behaviour was emphasized. Euripides, unlike Pindar, was not found to be obscure or difficult, and parallels and interactions were easier to point out and discern. 17 See DRACHMANN (1903-1927): III.378-396 for a full list of references. Cf. also HOR., Carm. 4.2, where Pindar’s mountain torrent of water is compatible with obscurity in metaphorical terms and Eustathius (Prooem. ad Pind., §11 Drachmann) notes that Pindar behoves obscurity. Demetrius of Lacon (De poematis 13 col. LXI-LXII Romeo = ALC. T42 Liberman) notes the obscurity of Sappho and Alcaeus in their use of words within their rhythms. 18 Cf. Σ PIND., Ol. 13.12d, 1.9d, 2.157b, 7.146a, 6.8b Drachmann. 19 Σ PIND., Ol. 1.60 Abel: ἀσαφὴς δοκεῖ ὁ λόγος οὐκ ἔχων, τίνα ἐκάλεσεν ὁ Ταντάλος· τὸ ἐπαγόμενον δὲ λύει τὴν αὐτοῦ ἀσάφειαν· ἐπάγεται γάρ· ἀμοιβαῖα θεοῖσι δεῖπνα παρέχων. ἀφ᾽ οὖ δῆλον γίνεται, ὅτι τοὺς θεοὺς ἐκάλεσεν. εἶχε δ᾽ ἄν σαφέστερον, εἰ οὕτως ἂν ἐλέγετο· ὁπότε κάλεσε πατὴρ τοὺς θεούς, ἀμοιβαῖα αὐτοῖς δεῖπνα παρέχων.
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“I pray that I may please the hospitable Tyndaridae and Helen of the beautiful locks, as I honor famous Acragas, when, for Theron, I raise up an Olympic victory hymn, the finest reward for horses with untiring feet.” (trans. Race)
The scholia on this passage says: Τυνδαρίδαις τε φιλοξείνοις ἀδεῖν: ὁ νοῦς· τὴν ἔνδοξον Ἀκράγαντα τιμῶν καὶ ἐν αὐτῇ τὸν ὕμνον τελειῶν καὶ ὀρθῶν τὸν ἐπὶ τῇ τῶν Ὀλυμπίων νίκῃ, ὅστις ὕμνος ἄωτόν ἐστι καὶ κόσμος τῶν ἀκαμαντοπόδων ἵππων τοῦ Θήρωνος, εὔχομαι ἀρέσαι τοῖς τε Διοσκούροις καὶ τῇ Ἑλένῃ. διὰ τί δὲ τούτοις εὔχεται ἀρέσαι; διὰ τὸ εἰς θεοξένιαν γράφειν. ἀντέστραπται δὲ ἡ τάξις, καὶ δοκεῖ τῇ συγχύσει ἀσάφειαν εἰργάσθαι· ἐπεὶ ἡ ἀκόλουθος ἑρμηνεία οὕτως ἐστί· κλεινὰν Ἀκράγαντα γεραίρων, Ὀλυμπιονίκαν ὕμνον ὀρθώσας Θήρωνος ἀκαμαντοπόδων ἵππων ἄωτον, ἔυχομαι ἀδεῖν Τυνδαρίδαις τε φιλοξένοις καλλιπλοκάμῳ θ᾽ Ἑλένᾳ. (Σ Pind., Ol. 3.1b Drachmann) “‘to please the hospitable Tyndaridae’: The gist is: he is honouring Akragas of high repute and performs/completes the hymn for this place and raises up the hymn of the Olympic Games for this victory, whatever the hymn is the finest and the order/form of the horses with untiring feet for Theron, I pray to please both the Dioscuri and Helen. For what reason does Pindar pray to please them? He prays to write a theoxenia for them. The order is inverted, and it seems that this confusion caused unclearness. The correct order/translation is as follows: ‘I honour famous Acragas, I raise up an Olympic victory hymn for Theron the finest reward for horses with untiring feet, I pray that I may please the hospitable Tyndaridae and Helen of the beautiful locks.’”
The critic offers two prose translations of Pindar. In the first, the ancient critic paraphrases the opening of Olympian Three, rendering Pindar’s Greek into Attic/ Koinē Greek (e.g. κλεινὰν = ἔνδοξον, Ὀλυμπιονίκαν = τῇ τῶν Ὀλυμπίων νίκῃ, ἁδεῖν = ἀρέσαι, ὀρθώσαις = ὀρθῶν), and omitting the epithets with Helen and the Dioscuri. The critic then rhetorically asks why Pindar wishes to please the children of Tyndarus, explaining that Olympian Three was written for a theoxenia. The critic then comments on the opening again, remarking that ‘the order is inverted,’ (ἀντέστραπται δὲ ἡ τάξις) and it seems that this confusion caused unclearness (asapheia). The critic then goes on to offer a translation (ἑρμηνεία) in the correct order (ἐπεὶ ἡ ἀκόλουθος ἑρμηνεία οὕτως ἐστί). The order of the opening of the ode is changed by placing the participial phrases first, then the main clause, reflecting non-poetic and typical Koinē Greek word order. Critics also make comments on Pindar’s style, language, or poetics, sometimes using the phrase ἔθος δέ ἐστι Πινδάρῳ (‘it is Pindar’s habit/practice’) uel. sim. or σύνηθες τῷ Πινδάρῳ/κατὰ τὴν τοῦ Πινδάρου συνήθειαν uel. sim. (‘according to Pindar’s custom/the Schema Pindaricum) to explain away a phrase or passage. 20 These range from observations on single words or figures of speech to 20 See Σ PIND., Ol. 1.5g, Ol. 6.115a, Pyth. 4.331a, Pyth. 8.10a, Nem. 1.11a, Nem. 2.17a, Isth. 1.15b, Isth. 5.9 Drachmann and Σ PIND., Ol. 7.24c, Pyth. 4.459a, Pyth. 4.528, Isth. 1.11c, Isth. 1.60, Isth. 8.75 Drachmann respectively.
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larger topics of interpretation and structure. For example, a critic on Pind., Pyth. 4.297 says: ἡσυχίᾳ θιγέμεν:ἀντὶ τοῦ ἡσυχίας. σύνηθες δὲ τὸ σχῆμα τῷ Πινδάρῳ. (Σ Pind., Pyth. 4.528 Drachmann) “‘give his heart over to youthful enjoyment’: In the sense of ἡσυχίας. The customary practice in regard to Pindar.”
θιγγάνω takes the dative in Pindar (Pyth. 4.296, 8.24, 9.42, Nem. 4.35), and once takes the genitive (Isth. 1.18). Elsewhere the verb usually takes the genitive, so σύνηθες δὲ τὸ σχῆμα τῷ Πινδάρῳ is a valid observation for the reader of explaining why the verb takes the dative. The critic on this passage knows the language and habits of Pindar, as well as Attic Greek. Another Pindaric habit is the schema Pindaricum, where plural non-neuter subject goes with a singular verb, although this is actually something that does not occur often in Pindar. This phrase (τὸ σχῆμα Πινδάρῳ) only occurs twice in the scholia, but is found in ancient literary criticism. 21 It can also be understood by the phrase κατὰ τὴν Πινδάρου συνήθειαν. The scholia to Isthmian One provides a conjectured example of schema Pindaricum and of textual criticism of Pindar, thereby changing the meaning of Pindar: εἰ δ᾿ ἀρετᾷ κατάκειται πᾶσαν ὀργάν, ἀμφότερον δαπάναις τε καὶ πόνοις, χρή νιν εὑρόντεσσιν ἀγάνορα κόμπον μὴ φθονεραῖσι φέρειν γνώμαις· ἐπεὶ κούφα δόσις ἀνδρὶ σοφῷ ἀντὶ μόχθων παντοδαπῶν ἔπος εἰπόντ᾿ ἀγαθὸν ξυνὸν ὀρθῶσαι καλόν. (Pind., Isth. 1.41-47) “If someone is devoted wholeheartedly to excellence with both expenses and hard work, it is necessary to give those who achieve it a lordly vaunt with no begrudging thoughts, since it is a light gift for a man who is wise to speak a good word in return for labors of all kinds and to raise up a noble tribute shared by all (i.e. by the victor and the polis).” (trans. Race) εἰ δ᾿ ἀρετᾷ κατάκειται [Pind., Isth. 1.41]: ὅτι ‘ἀρεταὶ κατάκειται’ εἴρηκεν ἐπιζεύξας πληθυντικῷ ἑνικὸν ῥῆμα τὸ κατάκειται. καὶ ὅτι ‘ὀργὰν’ τὸ ἦθος λέγει. (Σ Pind., Isth. 1.58a Drachmann) “‘If deeds of prowess are reclining’: Because he said ‘ἀρεταὶ κατάκειται’ having joined it to the plural on account of the word κατάκειται. And he says ὀργάν as that is the custom.” εἰ δ᾿ ἀρετᾷ κατάκειται [Pind., Isth. 1.41]: Ἀρίσταρχος σὺν τῷ ι γράφει καὶ περισπᾷ, καὶ Ἀττικὴν δέχεται τὴν σύνταξιν, ἵν᾽ ᾖ ὁ λόγος. εἰ τῇ ἀρετῇ κατάκειται πάντα τρόπον, ἔν τε τῷ πονεῖν αὐτὸν τῷ ἰδίῳ σώματι καὶ τῷ δαπανᾶν, τῷ μὲν Σ PIND., Pyth. 4.528 and Σ PIND., Isth. 5.73 Drachmann, and see BRASWELL (1988), p. 138-140 and SILK (1998), p. 32-33 on the schema Pindaricum and its differing usages. 21
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δαπανᾶν καθόσον ἱπποτρόφησε, τῷ δὲ πονεῖν καθόσον ἡνιόχει χρὴ τοῖς εὑροῦσι τὴν τοιαύτην ἀρετὴν τὸν ἀγήνορα κόμπον μὴ φθονεραῖσι γνώμαις φέρειν, τουτέστι τὸ σεμνὸν ἀυτῶν καύχημα μὴ φθονερῶς φέρειν, ἀλλ᾽ ἐπαινεῖν. (Σ Pind., Isth. 1.58b Drachmann) “‘if excellence is reclining’: Aristarchus writes and pronounces it with an iota, and it adheres to Attic syntax, so that the meaning is ‘if someone is devoted in every manner to excellence’ (εἰ τῇ ἀρετῇ κατάκειται πάντα τρόπον), and both to work hard with one’s own body and with expense, inasmuch as he has to pay for his horses’ upkeep; inasmuch as it is necessary to give those who achieve such excellence and not to bear a magnificent vaunt with begrudging thoughts, it is possible that the meaning of their ‘boast’, not to bear things with malice, but to praise them.” χρή μιν εὑρόντεσσι [Pind., Isth. 1.43] 22: καὶ ταῦτα περὶ Ἡροδότου τοῦ λόγου ὄντος, καὶ ἐπαναλαμβάνοντος τοῦ Πινδάρου τὴν ἀρετὴν τοῦ Ἡροδότου. ἔνιοι δὲ πληθυντικῶς ἀναγινώσκουσιν, εἰ δὲ ἀρεταὶ κατάκειται, κατὰ τὴν Πινδάρου συνήθειαν, ἵν’ ᾖ· ‘εἰ {D} αἱ ἀρεταὶ κατάκεινται κατὰ πάντα τρόπον ἐν δυσὶ τούτοις, πόνῳ καὶ δαπάνῃ, χρὴ αὐτόν, τὸν Ἡρόδοτον, ἐπαινεῖν καὶ {BD} μὴ φθονεῖν·’ ἢ χωρὶς τοῦ ἰῶτα· ‘εἰ ἀρετὰ κατάκειται·’ ὃ καὶ {D} μᾶλλον. βέλτιον δέ φησιν ὁ Δίδυμος (169 C.-Pr. = 65 Braswell) τὸ ‘εὑρόντεσσιν ἀγάνορα κόμπον ἐπὶ τῶν ἐπαινούντων τοὺς νενικηκότας’ ἀκούειν, ἵν’ ᾖ· {BD} προσήκει τοῖς εὑρόντεσσι τὸν ἀγάνορα κόμπον, τουτέστι τὸν ὕμνον εἰς τοὺς δαπάνῃ καὶ ἔργῳ κεκτημένους τὴν ἀρετὴν μὴ φθονεῖν· ὥστε καὶ τὸν Πίνδαρον μὴ δεῖν φθονεῖσθαι διὰ τοὺς εἰς τὸν Ἡρόδοτον ἐπαίνους. λέγοι δ’ ἂν ἀγάνορα κόμπον τὸν ἐκ τῶν ἀγαθῶν ἔπαινον τὸν ἐκ τῶν ποιημάτων· τοῦτο δὲ σαφὲς ἐκ τοῦ ἐπιφερομένου· ‘ἐπεὶ κούφα δόσις ἀνδρὶ σοφῷ᾽ (Pind., Isth. 1.45)· σοφὸν δ᾽ ἂν εἴη λέγων καὶ τὸν τοὺς ἀγαθοὺς ἐπαιοῦντα. (Σ Pind., Isth. 1.60 Drachmann 23) “‘One must [give] to those who achieve it (sc. excellence) [a lordly vaunt]’: This [is said] about Herodotos, since the statement is [about him], and Pindar repeatedly mentions the excellence of Herodotos. Some however read it as a plural ‘if excellences are applied,’ according to Pindar’s habit, so that it means ‘if excellences are applied in every way in these two things, hard work and expenses, one must praise him, Herodotos, and not envy him.’ Or without the iota, ‘if excellence is applied.’ This is more [likely]. Didymus, however, says that it is better to understand the statement as ‘for those who devise a lordly vaunt in the case of those who praise the victors,’ so that it means: it is proper for those to devise a lordly vaunt, that is not to envy the hymn to those who have acquired excellence through expense and labour, so that one ought not to feel envy toward Pindar on account of his praises for Herodotos. One could call the praise of good men which comes from the poems ‘a lordly vaunt’. This is clear from the following: ‘since it is a light gift for a man who is wise.’ He would be saying that he who praises the good is wise.” (trans. Braswell) χρή νιν εὑρόντεσσιν, codd. BRASWELL (2013), p. 253 notes that Didymus errs in interpretating the rest of the passage. 22 23
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The ancient critics here offer different translations of Pindar due to different renderings of the transmitted and emended (both ancient and modern) endings of ἀρετά (here ‘physical excellence, valour, prowess’): ἀρετὰ (nom. sg., Σ Pind., Isth. 1.60), or ἀρεταὶ (nom. pl., ‘deeds of prowess, achievements, exploits’, Σ Pind., Isth. 1.58a, 60), or ἀρετᾷ (dat. sg., Σ Pind., Isth. 1.58b). In the MSS, B has ἀρετὰ ante correctionem, ἀρεταὶ or ἀρεταῖ or ἀρετᾷ post correctionem, and D has ἀρετᾶ or possibly ἀρετᾷ. 24 This indicates that the transmitted text was ἈΡΕΤΑΙ where it was unclear whether the iota is subscript or adscript, or ἈΡΕΤΑ and there was dittography with κατάκειται. The case for the plural reading is, in part, argued as Pindaric practice (κατὰ τὴν Πινδάρου συνήθειαν, Σ Pind., Isth. 1.60), here the schema Pindaricum. Syntax and sense make the plural unlikely. In Pindar, ἀρετά means basically an ‘excellence’ that is displayed in action, and Pindar regularly uses the plural form for ‘deeds of prowess’. Pindar uses both the plural and singular, but more often uses the plural. 25 The accepted transmitted text is the dative of place (ἀρετᾷ), which may also be supported by Didymus (Σ Pind., Isth. 1.60), Aristarchus and is also considered good Attic syntax (Σ Pind., Isth. 1.58b). The dative singular is the generally accepted reading. Aristarchus also makes general statements on Pindaric style. In Olympian Two when Pindar talks about his poetic art in an Abbruchsformel and states the sort of people who can appreciate it (vv. 83-88), Aristarchus connected the need to clarify Pindar and Pindar’s lack of clearness were linked in another comment on the same passage to the fact that he uses a lot of background knowledge (historia), figures of speech, variety of expression, and hyperbata. ὁ δὲ Ἀριστάρχος οὕτω· διάδηλά φησιν ὁ Πίνδαρος τοῖς συνετοῖς τῶν ἀνθρώπων εἶναι, εἰς δὲ τὸ κοινὸν ἀγόμενα ἑρμηνέως χρῄζειν τοῦ σαφηνίζοντος αὐτὰ, ὡς οὐ πᾶσι καταδήλως φράζων· ὥστε τοῖς μὲν σοφοῖς σοφὰ διαλέγεσθαι καὶ μὴ ἔκθεσμα, τοῖς δὲ ἰδιώταις μὴ κατάδηλα γίνεσθαι. (Σ Pind., Ol. 2.152c Drachmann) “Aristarchus (writes) thus: Pindar says that (these words) are clear to those among men who are intelligent, but when (the same words) are brought before the common folk they require an interpreter who clarifies these words, because (he) speaks in a way that is not clear to all; as a consequence, (he says that) he says to the wise things that are wise and not irregular, but to ordinary folk they are not clear.”
24 The apparatuses of TURYN (1952), SNELL / MAEHLER (1987-1989), THUMMER (1968-1969), and FENNEL (1899) give different readings for the MSS. I have inspected a digitised version of B (Vat. gr. 1312) at http://digi.vatlib.it. and a digitised version of D (Laur. 32, 52) at http://teca.bmlonline.it/. See BEATTIE (1953) for some further discussion on this passage. 25 See SLATER (1969), s.v. ἀρετά for examples, and BRASWELL (1988), p. 271-272 on aretē in Pindar.
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ἤτοι περὶ τῶν ποιημάτων ἑαυτοῦ διαλέγεται· οἶδε γὰρ ὅτι πολλῇ ἱστορίᾳ κέχρηται καὶ σχήμασιν ἐξηλλαγμένοις καὶ φράσει ποικίλῃ· ἔχει γὰρ ὑπερβατὰ πολλά. τὰ ποιήματα οὖν μου, φησὶν, ἑρμηνέων χρῄζει. (Σ Pind., Ol. 2.153b Drachmann) “[Aristarchus] says about Pindar’s poems. For he knows he uses much background knowledge and figures of speech and ornate phrasing. For he has much hyperbata. Therefore, Pindar says that my poems need interpreters.”
The passages above show that critics such as Aristarchus understood the components of Pindaric Greek and how to approach him. In the first passage, Aristarchus translates his understanding of the passage from Olympian Two. The second passage, which is probably a continuation of the previous Aristarchan comment, is a comment about Pindar’s style, its features, and why his poems need interpretators. Conclusions What remains of the scholia are lucky survivals of a far larger body of commentaries. This can make it a body of material that is treated differently from an authored text or modern commentary, and leads, in part, to differing attitudes of how to approach the scholia as there is no singular authorial figure to engage with as the many critics that make up the scholia can be treated as a homogenous body in the quality of its output, when there are actually a plurality of voices and differing qualitities in different places on the same passage, or different purposes. 26 This chapter has shown several of these voices at work. The scholia to Pindar show multiple ways that critics understand or try to understand Pindar’s poetry. As show in Section Two, the critics use quotations of Pindar to explain or parallel points of grammar, metre, style, background information on geography, mythography, the historiographical and biographical context or background of the victor or the poet, piece of wisdom or gnomai, and evidence for points of discussion in ancient scholarship. In Section Three, critics provide a cue or parallel to explain the phrase or word that is being commented upon, or provide corroborating proof for an assertion or argument made on a passage, or use Pindar to supply background information to the passage. In Section Four, critics aim to explain Pindar’s Greek, they can translate or render it into more easily readable or understandable Attic/Koinē Greek prose that the rhetorically trained readers will understand. 27 In some cases, they demonstrate that several critics had a good understanding of Pindaric Greek in terms of its features and habits. In other passages, there are cases where there are attempts to streamline Pindar’s Greek that is not born out by the context or See DICKEY (2007), p. 40 for a mostly positive view for their interpretations and transmitted readings and LEFKOWITZ (1985), p. 271 for some general sceptisim of the value of the scholia. 27 This can be paralleled in the scholia and Acro commentary to Horace. 26
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can work syntactically or grammatically in a particular passage, but show an overall understanding where they try to make Pindar fit the mould. The ancient and medieval critics in the scholia make comments on Pindar’s poems using the Pindaric corpus. The selection of quotations, references, and summary translations show how critics use them to explain Pindar and to make Pindar’s language and style understandable to other readers. In examining these quotations and references, this chapter demonstrates ancient and medieval understandings and translations of Pindar’s style and in what way they understand him or do not understand him without some aid or recomposition. It also points towards further work on quotations and references to non-Pindaric authors, and towards picking apart the layers that make up these comments.
Σοφοκλέα ἐξ Ὁμήρου σαφηνίζειν: Homeric Exegesis in the Scholia to Sophocles Joshua M. SMITH
Whether it originated with Aristarchus or not, the practice of interpreting Homer from Homer (Ὅμηρον ἐξ Ὁμήρου σαφηνίζειν) was firmly rooted in the commentary tradition from the Hellenistic period onward, as is amply attested by the extant Homeric scholia, filled with myriad internal cross-references that address lexical, mythological, poetic, and other aspects of Homeric epic. 1 Behind this practice of citation was the assumption that Homer was both consistent and authoritative, able to explain thoroughly his own poetic and linguistic principles to anyone who paid sufficient attention to his work. Yet Homer’s authority was by no means limited to his own poiesis, as this same impulse to use the Homeric texts for internal interpretation was also extended to other literature – quite naturally so, as he was considered the fount of all sorts of knowledge. 2 Although Homer’s shadow reached far and wide to cover both prose and poetry, there were a few authors with whom his perceived connection was especially close. Among these were the tragedians, whose deployment of character, mythology, register, and theme induced thinkers as early as the Classical period to associate them with epic. Plato referred to Homer as the leader and best representative of the tragedians. 3 Aristotle carefully distinguished between epic and tragedy on formal lines, but nonetheless asserted a familial relationship between them: tragedy was born from epic and so maintained similarities with its parent. 4 Later, Diodorus Siculus could refer to Homer’s Trojan War narrative as a tragic performance, and Athenaeus reports For the debate over the maxim’s origin, see, e.g., PORTER (1992) and PFEIFFER (1968), p. 225-227. Erbse’s edition of the Iliad scholia alone contains thousands of such crossreferences: to put this in a general perspective, in the 97-page index auctorum, 71 pages belong to Homer. 2 The Ps.-Plutarchan Essay on the Life and Poetry of Homer is a good example of such thinking, for which see KEANEY / LAMBERTON (1996), p. 10-13; see also GRAZIOSI (2002), passim. 3 R. 598d: τήν τε τραγῳδίαν καὶ τὸν ἡγεμόνα αὐτῆς Ὅμηρον; see also R. 605c, 606e; Tht. 152e. Of course, Plato’s assertion must be understood in its context – lumping Homer in with the tragedians simplifies his arguments against poetry tout court – but such provocative language would hardly serve its point were it not in some sense considered accurate. 4 Poet. 1448b. 1
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that Aeschylus referred to his own dramas as “slices of meat from Homer’s feasts”. 5 Tragedy thus seems to have been taken a priori as a natural nesting ground for epic characters, stories, ideals, and language. Yet of all possible epic-tragic connections, it was the one between Homer and Sophocles that became most famous. As early as Xenophon there are hints that the two may have been linked simply on the basis that they were the preeminent representatives of their respective genres, 6 but other assessments saw a more intimate link, formulated most powerfully by Polemon: Homer was the epic Sophocles, Sophocles the tragic Homer. 7 Philhomerism also became a staple of the later biographical tradition for Sophocles, as his Vita proclaims that he followed in the footsteps of the great epic poet. 8 Given this backdrop, it is no surprise that the search for Homeric influence in Sophocles has been a central concern of modern scholarship, with numerous studies devoted both to the question itself and to the ancient perception of it. 9 In addressing this topic, however, little use has been made of the Sophoclean scholia, which have much to contribute. The most thorough analysis is that of Cantarella (1970), who offers some meaningful observations on the scholia in their relation to ancient literary criticism more broadly, but without fully addressing the intensity of their Homeric exegesis or the limits they applied to it. 10 So in the present study I aim to sketch out a more complete picture of how the scholia make use of Homer in their interpretation of Sophocles – to test, in other words, the validity of an inflected version of that famous dictum: Σοφοκλέα ἐξ Ὁμήρου σαφηνίζειν. 11 To this end, I present several passages in which D.S. 37.1.1; ATH. 8.347e. For a different interpretation of the Athenaean passage, see RADIN (1922), who understands Aeschylus as referring to the portions of the mythic cycle that Homer had left untouched. 6 Mem. 1.4.3; cf. Aristotle’s argument (Poet. 1448a) that both authors are the same in terms of mimesis in that they both represent serious characters. 7 Reported by DIOGENES LAERTIUS (4.20): ἔλεγεν οὖν τὸν μὲν Ὅμηρον ἐπικὸν εἶναι Σοφοκλέα, τὸν δὲ Σοφοκλέα Ὅμηρον τραγικόν. 8 For a good discussion of this material and further comments on the other sources, see SCHEIN (2012), p. 425-427; also relevant is Eustathius, whose Homeric notes often attest to Sophocles’ love for the epic poet (see MILLER [1946]). 9 EASTERLING (1984), DAVIDSON (1988), SCODEL (2009), and SCHEIN (2012) are good examples of this type of analysis. 10 SCHEIN (2012), p. 427-428 also comments on the scholia, though his brief analysis relies mostly on Cantarella and does not provide additional information. A few relevant comments are found in JOUANNA (2001), p. 15-16, and DAVIDSON (1988), passim. It is noteworthy that GIGANTE (1980-1981) gives almost no attention to the scholia in treating the theme of philhomerism. 11 Sophocles was by no means the only poet for whom Homer was invoked as an interpretive metric, and some may justly wonder whether the concentration of Homeric citations is comparable in other scholiastic corpora. Such questions cannot be addressed here but will be treated fully in my upcoming monograph on Homeric citation in the commentary tradition. 5
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the commentators make surprisingly subtle links between the Sophoclean and Homeric texts, and in which they treat Homeric allusion as a key part of the Sophoclean program. I therefore tease out evidence for an ancient reading method in which Homer is not simply a casual source of analogous examples, but an exegetical tool at the reader’s disposal for discerning the choices made by a self-consciously Homeric Sophocles. The third objective, finally, is to add some nuance to our understanding of these ancient commentators and their methods by showing moments of dispute over the extent and meaning of Sophocles’ philhomerism. While some evidently looked for Homer at every Sophoclean turn, others established limits for such assessment, thus freeing the tragic poet from the shackles of an absolute Homeric mimesis. I begin with a summary of the evidence. Among the scholia currently available in modern editions on the seven canonical plays, 12 there are 173 moments in which a Homeric passage is connected with a Sophoclean one. 13 The scholia to Ajax contain the most (30%), followed by Trachiniae and Electra (17% each), with the other four containing 7-10% apiece. 14 55% of the citations come from the Iliad, compared to 19% from the Odyssey; the remaining 26% include formulaic quotations and general references that cannot be pinned down to a unique Homeric locus. 19 books from the Iliad are represented, 17 from the Odyssey. 15
The best editions for the scholia vetera are helpfully laid out by DICKEY (2007), p. 34-35: DE MARCO (1952) for Oedipus Coloneus; CHRISTODOULOU (1977) for Ajax; XENIS for Electra (2010a) and Trachiniae (2010b); JANZ (2004) for Philoctetes; PAPAGEORGIOU (1888) for Oedipus Tyrannus and Antigone. All scholia quoted in this study are from these editions and are classified as scholia vetera, though my statistical analysis also includes a handful of Byzantine scholia found in CHRISTODOULOU (1977) and LONGO (1971). Of course, the labeling scholia as “old” and “new” is often doubtful, and material appearing first in Byzantine sources may have been copied from older material unknown to us; furthermore, the general conservatism of the tradition (to which MCNAMEE [2007] strongly attests) makes differentiation even more difficult. At any rate, the present argument does not depend on such distinctions but rather provides a panoptic look at the commentary tradition as a whole. 13 Some are arguable, as when a word that is predominantly Homeric but also quoted elsewhere is given without attribution (e.g., Σ Ajax 143); I have used my best judgment, and at any rate these cases are few. CANTARELLA (1970), p. 313 counts 176, and for each play his total differs from mine. As his criteria and sources are not made fully explicit, it will remain unclear where the discrepancy lies. It is nonetheless worth observing that our independent surveys yielded similar quantitative results. 14 The concentration of Homeric citations should not be taken a priori as an indication of which plays were considered more or less Homeric, as the disproportion will have much to do with the varying amounts of scholia extant for each play. 15 Iliad 2 and 6 are the most represented books; citations from the former are scattered throughout, while citations of the latter are located almost exclusively within Ajax, for which see below. 12
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The citations themselves – which encompass direct quotation, paraphrase, and other, more oblique types of reference – vary substantially in form. Most are short quotations introduced by simple formulae such as ὡς Ὅμηρος (“as Homer [says]”) or καὶ Ὅμηρος (“and Homer [says]”). Over two thirds of the citations mention Homer by name or, in a few cases, refer to him as “the Poet”, while in the rest he is not mentioned at all. 16 This typical scholiastic concision is also demonstrated by the occasional omission of any explicit guidance as to how the Homeric text should be interpreted or understood vis-à-vis the Sophoclean passage, though fortunately there are a number of cases in which the thinking of the commentator is made explicit, and these examples allow more confidence in evaluating the interpretive methods being used. Also varied are the purposes for which Homeric citations are adduced. 17 Already by the classical period Homer was reputed to be a reliable source of knowledge in any discipline (pace Plato), and the scholia bear out this assumption. Whether it is a point of linguistics, philosophy, history, or numerous other fields, Homer is presented as a touchstone against which the Sophoclean text may be assessed. Perhaps predictably, given the importance of lexicography to commentaries in general and the early date at which glosses entered the stream of Hellenistic scholarship, 18 the most represented category (over 35% of the total) deals with the definition or etymology of individual words. A typical example is Ajax 545, where the eponymous hero orders Tecmessa to bring his son: αἶρ’ αὐτόν. Since the verb αἴρειν usually means “to lift”, the commentator anticipates a question from the reader by glossing the verb as πρόσφερε and then adding a corresponding usage from Iliad 6.264: καὶ Ὅμηρος· μή μοι οἶνον ἄειρε (“And Homer [says]: ‘Do not bring me wine’”). The implicit rationale behind the citation seems to be that Homer’s deployment of the verb as “bring” in some way authorizes and supports the Sophoclean usage. In second place (19%) is a loosely defined category consisting of turns of phrase, word pictures, and expressions, which I have termed “images” after the 16 E.g., Σ Trach. 207. See CANTARELLA (1970), p. 313-314 for a useful and concise summary of these formulae. I discern no pattern as to when the different formulations are used. In some cases, the decision will have depended on the physical writing space available to the commentator, and different formulations are often used in different manuscripts for the same citation. Because of the ease with which such changes are introduced, it seems unwise at this point to use these formulaic elements as a basis for any firm conclusions, such as Cantarella’s guess that the preponderance of “Homer” over the purportedly later designation of “the Poet” makes the scholia more likely to be Alexandrian, CANTARELLA (1970), p. 315. Better to err on the side of caution. 17 The following categorical divisions are my own. Sometimes they align with terminology found in the scholia, though at other times not, and in any case the scholiastic terminology is hardly consistent; furthermore, often one category will bleed into another. The point is not to split hairs, but to offer a general impression of the reasons for which Homer is invoked. 18 See PFEIFFER (1968), p. 78-79, 90-91.
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Greek term εἴδη that is occasionally used to describe them. At Antigone 1030, for example, Teiresias chides Creon for refusing to bury the body of Polyneices, asking: τίς ἀλκὴ τὸν θανόντ’ ἐπικτανεῖν; (“What mark of strength is it to kill the dead again?”). The statement reminds a commentator of how the Homeric Apollo described Achilles’ treatment of Hector’s corpse at Iliad 24.54: κωφὴν γὰρ δὴ γαῖαν ἀεικίζει μενεαίνων (“For in his rage he mars the mute earth”). The link between the passages in this case is found more in the overall impression of disapproval at beating a dead horse, as it were, than in a specific linguistic overlap. The remaining categories are not as highly concentrated (12% or less) but nonetheless show the broad use of Homer across many fields of knowledge, including mythology, proverbial expressions, universal truths, linguistic and rhetorical figures, grammar and morphology, geography, ethnography, natural philosophy, the ars poetica, and more. 19 The tendency of commentators of any time period to invoke Homer will of course depend to some extent on the choices of the author in question, and any reader generally familiar with Homeric epic may be expected to recognize direct allusions to famous episodes and strongly-marked epic language. In a number of cases, however, the Sophoclean commentators demonstrate a Homeric pattern of thinking that is especially rigorous in identifying even the faintest echoes. In the following examples I address my second objective: to show the intensity with which the commentators searched for Homeric parallels, and to demonstrate that their method was rooted in the assumption that Homeric imitation was an integral aspect of the Sophoclean poetic program. At Trachiniae 284, the herald Lichas emphasizes the recent change of fortune experienced by a group of slave women whom Heracles has captured in his sack of Oechalia: “But these women you see now come to you having found, in place of riches, an unenviable life.” After a short gloss on ἄζηλον, the commentator appends ἀμέγαρτε συβῶτα (“unenviable swineherd”), used twice in the Odyssey to refer to Eumaeus. 20 It is a curious connection with little to motivate it. Even if a swineherd and war captives can both be considered wretched, their situations are nonetheless quite different, as is the word for “unenviable” used in each case. It is furthermore unlikely that the Homeric quotation was considered necessary to elucidate the meaning of the Sophoclean adjective, which is easily explained by the commentator as “unlucky, one whom no one would envy”. Compare a note at Philoctetes 392, where the chorus prays to “All-nourishing Gaia of the mountains, Mother of Zeus himself”. A commentator explains παμβῶτι Γᾶ as 19 The occasional assertion that the scholia point almost exclusively to superficial connections of expressions, words, and phrases needs some adjustment (CANTARELLA [1970], p. 313; cf. GIGANTE [1980-1981], p. 15). Although the nature of the scholia lends itself to individual comments of style and comparisons between small strings of text, this does not prevent the commentators from addressing much broader issues, albeit in their usual elliptical way. 20 17.219, 21.362.
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follows: πάντας τρέφουσα· παρὰ τὸ Ὁμηρικὸν ζείδωρος ἄρουρα (“Nourishing all, similar to the Homeric ‘life-giving land’”). 21 Again the citation seems gratuitous. The formulation of the land as nourishing is hardly unique, and, what is more, the Sophoclean phrase is an invocation of a personified goddess, whereas the Homeric phrase refers to the land as an impersonal feature, yet the connection is made nonetheless. These examples represent a general tendency in the Sophoclean scholia to supply a parallel Homeric phrase even when there is no lexical overlap to condition the citation, nor any apparent need to explain Sophocles through further exempla. 22 The frequency of these citations is sufficient to suggest that the commentators were reading with an especially keen eye for potential Homeric resonances, and that they considered such resonances to be meaningful in the explication of Sophocles. In such examples the citation of Homer appears to arise sua gratia in an affirmation of poetic parallels without any obvious bearing on the interpretation of the Sophoclean text, but other scholia demonstrate a more complicated Homeric involvement, for here he serves not only as an interesting parallel, but also as a critical tool for interpreting difficult Sophoclean words and passages, and even in establishing the text itself. At Trachiniae 94, for instance, the phrase αἰόλα νύξ (“shimmering night”) sparked some controversy. While some claimed that αἰόλα meant “black” in this passage, and others opted for “varied” because of the appearance of the stars against the sky, others made a third choice: ἢ ταχεῖα διὰ τὸ νυκτὶ θοῇ παρ’ Ὁμήρῳ (“Or [it means] ‘quick’ on account of the [phrase] ‘swift night’ in Homer [Il. 12.463, 14.261]”). Exhibited here is the same parallel-finding impulse displayed above, and in fact we could have imagined a simple addendum of νυκτὶ θοῇ to the Sophoclean text, à la the nourishing lands and unenviable persons already mentioned. Here, however, the use of διά indicates a more nuanced logic. This Homeric morsel is no mere parallel, but leverage in a lexicographical argument that assumes a very precise philhomerism on the part of Sophocles and that advocates interpreting his language accordingly. In short, Homer tells us what Sophocles means. Even more striking is the use of Homer to determine the Sophoclean text rather than simply to interpret it. A revelation made by Neoptolemus about the son of Nestor at Philoctetes 425, for example, presented to ancient readers 21
The Homeric formula appears four times: Il. 2.547; Od. 4.229, 9.357, 11.309; the connection is even more tenuous if the meaning is taken to be “zea-giving land,” but probably the commentator reads it as “life-giving” in accordance with an interpretation attested in later Greek. Note also that the preposition παρά is used variously in the scholia to indicate a series of relationships, including morphological and other types of derivation, as well as general parallelism; it is possible that the commentator here means that Sophocles has specifically taken his formulation from a Homeric phrase and not simply produced something like it. In any case, stronger assertions of Sophoclean borrowing are presented below, and my argument does not rest on this interpretation of παρά. 22 See also Σ Tr. 21, 327, 680, 888; Aj. 298; Ant. 20.
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a problem in textual criticism. One version read: ἐπεὶ θανὼν / Ἀντίλοχος αὐτῷ φροῦδος, ὅσπερ ἦν γόνος (“Since Antilochus, who was his very son, is gone from him in death”). A scholion describes a dispute over the final word in the verse: οἱ μὲν γράφοντες μόνος παρ’ ἱστορίαν φασὶν – εἶχε γὰρ καὶ ἄλλους – οἱ δὲ γόνος τῷ ποιητῇ ἀκολουθοῦντες λέγουσιν (“Some go against the story by writing μόνος – for he had other children also – but others say γόνος, following the Poet [Od. 3.412]”). The scholiastic term ἱστορία is its own complicated issue and may indicate versions of the same story or a single “true” account, 23 but for now it suffices to recognize that reading γόνος or μόνος would put Sophocles, respectively, inside or outside the Homeric camp. We are not privy to the defense of those alleging the latter, and perhaps they found good reason why Sophocles might diverge from the mainstream (read: Homeric) account. What we do see is that some scholars voted in favor of a textual emendation that would preserve the perceived philhomeric status of the tragedian: all other things being equal, the argument runs, it is better to assume that Sophocles would have followed the Poet. In this way Homer becomes a force that exerts control over the very composition of the tragic text. Notable so far in this investigation is the degree to which scholiastic arguments about Homer and Sophocles were sometimes reduced to a few words, and sometimes left completely to inference. The often highly compressed scholia can therefore leave much to the imagination when it comes to the rationale behind a given textual or exegetical choice, as the traces of sustained scholarly debates are reduced via epitomization to what “some” and “others” said about the text (οἱ μὲν ... οἱ δὲ ...). It is therefore particularly important to examine those few cases in which the scholarly logic is laid bare, for here it becomes possible to see more clearly how Homer was thought to have shaped the Sophoclean texts, an assumption that conditioned the diligent search for Homeric parallels exhibited above. An important example is found in a note to Philoctetes 94, where Odysseus pressures Neoptolemus to use treachery in order to acquire the bow of Heracles from the snake-bitten castaway. Neoptolemus rejects this proposal, stating, “But sent as your partner, my lord, I shudder to be called a traitor, and I prefer failing rightly to succeeding wrongly.” The commentator sees in these words a deliberate evocation of Homer and offers an abbreviated quotation of a famous Achillean dictum: εἰσάγει δὲ αὐτὸν ὁ Σοφοκλῆς τὸν τοῦ πατρὸς λόγον λέγοντα· ἐχθρὸς γάρ μοι κεῖνος ὁμῶς Ἀίδαο (“And Sophocles introduces him speaking his father’s word: ‘For that man is as hateful to me as Death’s [gates, whoever hides one thing in his mind but speaks another]’”). 24 It is easy to see how a more concise See PAPADOPOULOU (1998), p. 207-208 and CAMERON (2004), p. 90-93. Cf. Il. 9.312-313; the omission of the second verse shows that the commentator expects the reader to understand the full statement. 23 24
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version of this note could have left implicit the conscious choice of the tragedian, expressing a legitimate parallel about a preference for honesty and nothing more. As it stands, the scholion betrays thoughts of a deeper connection through its language of poetic design: Sophocles brings the son on stage (εἰσάγει) to replicate the thought of his Homeric father, as if by quotation (τὸν τοῦ πατρὸς λόγον λέγοντα). The commentator, in other words, plays on the idea of inheritance: just as Neoptolemus gets his preference for honesty from his father Achilles, so too does Sophocles derive his characterization from his poetic forebear. This is deliberate allusion: like Homeric father, like Sophoclean son. The tragedian’s philhomeric program is emphasized further in two passages from Ajax. I begin with verse 731, taken as part of a larger narrative movement that borrows from the Iliad. Here a messenger describes the arrival of Teucer at the Greek camp: how he was confronted by the other Greeks, who were furious at Ajax’ devastation of their flocks; how the argument reached fever pitch, even to the point of drawing swords; how the elders stepped in to calm things down with peaceful words. The commentator sees this as a Homeric move: ἐκ τῆς τοῦ Ἀχιλλέως δὲ πρὸς Ἀγαμέμνονα μάχης παραγέγραπται· καὶ ὥσπερ ὁ Νέστωρ ἐκεῖ διαλλάσσει οὕτως καὶ νῦν οἱ γέροντες (“This has been copied from Achilles’ quarrel with Agamemnon; and just as Nestor makes reconciliation there [Il. 1.247ff], so also the elders do here”). Conscious allusion is clearly marked by the verb παραγέγραπται, probably best known as a legal term for the process of copying out a disputed proposal next to the law that it was purported to have violated. Within literary criticism the verb may denote a similar type of copying, for instance when it describes the transcription of ὑπομνήματα from various sources. 25 In the present case, though, the “copying” is not verbatim replication, but a poetic reworking, closer to “emulation” than “plagiarism”. This is, as it were, a tragic version of an epic exemplar, again a deliberate poetic choice by Sophocles and no mere chance parallel. My third example of this type is in a way the most remarkable. At the start of Ajax Athena addresses Odysseus: “Always, son of Laertes, do I see you seeking some way to attack your enemies.” The play’s very first word grabs the attention of the commentator: τὸ δὲ ἀεὶ εἶπεν ἀναφέρουσα εἰς ἐκεῖνο, ὅτι καὶ μετὰ Διομήδους κατάσκοπος γενόμενος ἐπὶ τοὺς Τρῶας οὐ διέλαθεν αὐτήν, ὡς αὐτὸς μαρτυρῶν φησιν· κλῦθί μοι, αἰγιόχοιο Διὸς τέκος, ἥ τέ μοι αἰεὶ / ἐν πάντεσσι πόνοισι παρίστασαι οὐδέ σε λήθω (“She said ἀεί in reference to the fact that, even when he was a spy along with Diomedes against the Trojans, she 25
As happens, for instance, at the end of the scholia to Euripides’ Orestes, for which see SCHWARTZ (1887-1891), vol. 1, p. 241. It is worth noting here as well that the commentators project back on Sophocles the same highly specific and explicitly written mode of engagement with Homer that they themselves use in their exegetical work. Their notion of a meticulous “scholar-poet” will go some distance in explaining their heightened sensitivity to possible allusion.
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did not fail to observe him, as he himself bears witness [Il. 10.278f]: ‘Hear me, child of aegis-bearing Zeus, you who always stand by my side in all my struggles, and you do not fail to observe me’”). Once again the commentator is affirming not simply that Odysseus and Athena exhibit their familiar Homeric alliance on the tragic stage, but that Sophocles composed the play’s opening verse – indeed its opening word – as a nod to Homer, expressed in the use of ἀναφέρειν, a verb not uncommonly used in the scholia for just this type of poetic allusion. 26 What is more, the isolation of a single adverb as a locus of allusion further illuminates the intense specificity with which Sophocles is thought to have considered the Homeric texts—and the intense specificity with which a competent scholar must address his plays. The scholion suggests that, if we are to understand Sophocles vis-à-vis Homer, we will have to start paying attention immediately, even from the very first word. The evidence presented thus far demonstrates clearly, I think, that commentators looked assiduously for Homeric echoes in Sophocles, and that their interpretation of his poetry on the small and large scale was colored significantly by their understanding of Sophocles as a poet who deliberately imitated Homer. As a result, a reader’s interpretation of that text – and we have seen that the expected mode of engagement is reading – would need to rely on Homer as an exegetical tool. But not every voice from the commentary tradition echoes this sentiment, as implicitly witnessed above by scholia in which the Homeric interpretation is but one of several possible solutions. What is more, some voices directly oppose a blind endorsement of absolute Homeric imitation, and the debate could become heated. This leads me to my third and final objective: tracing out an ancient discussion about the limits of using Homer to evaluate Sophocles. The natural place for such investigation is where commentators allege that Sophocles has departed from Homer in some way. True to their standard concision, some of these scholia simply report the difference without any explicit judgment for or against the tragedian, as with a morphological note at Trachiniae 172: τὴν ἐν Δωδώνῃ τῆς Θεσπρωτίας φηγὸν ἐφ’ ᾗ δύο περιστεραὶ καθήμεναι ἐμαντεύοντο· ὡς ἀπ’ εὐθείας δὲ τῆς ἡ Δωδὼν ὡς Πλευρών· Ὅμηρος δὲ Δωδώνην εἶπεν (“The oak at Dodona in Thesprotia, upon which two doves sat and prophesied. [Sophocles uses a form] as if from the nominative Δωδών, like Πλευρών. But Homer said Δωδώνην [viz., as a first-declension noun, not third-declension]”). The same may be true of mythological differences, as when Teucer is said to praise Ajax “in a non-Homeric way,” since he boasts that Ajax confronted Hector of his own accord, when in the Iliad Nestor must chide the Greeks before any respond to the challenge. 27 No comment as to whether Sophocles should be blamed or praised for this decision. 26 27
E.g., Σ E. Or. 1388; Σ Pi. N. 3.57. Σ Aj. 1284: ἐπαινῶν αὐτὸν οὐχ Ὁμηρικῶς; cf. Il. 7.92ff.
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But other scholia are rather more opinionated, as is best witnessed by four notes to Electra. At the beginning of this play, a pedagogue brings Orestes to his hometown of Mycenae and must explain its topography, since the young man has been away since he was a child. The scene is ripe for allusion to Odyssey 13, where Athena must (re-)introduce Odysseus to his native Ithaca after his lengthy absence, and Sophocles’ commentators noted this. Evidently, however, at least one commentator thought Sophocles did not go far enough in following Homer, a criticism revealed in a scholion to the play’s opening verse. ἀπειρόκαλον τὸ λέγειν ὅτι ὃν τρόπον τὰ κατὰ μέρος τῆς Ἰθάκης ἡ Ἀθηνᾶ ἔδειξε τῷ Ὀδυσσεῖ οὕτως ἔδει καὶ τὸν παιδαγωγὸν τῷ Ὀρέστῃ δεῖξαι· τῷ μὲν γὰρ ἀγνοοῦντι δείκνυσιν ὁ παιδαγωγὸς τῷ δὲ ἀπιστοῦντι ἡ Ἀθηνᾶ. “It is aesthetically ignorant to say that, just as Athena points out to Odysseus the particular features of Ithaca, so too should the pedagogue have done for Orestes. For the pedagogue points things out to one who does not know, but Athena to one who does not believe her.”
In what particulars Sophocles was found wanting by the unnamed scholarly predecessor(s), we do not know, and there is not even a short quotation of Homer to show which part(s) of Odyssey 13 were intended for consideration – very likely a much fuller critique has been harshly epitomized here – but in any case the response to this criticism is clear and forceful: Homeric imitation must be judged carefully, and agreement in some particulars does not bind a tragedian, even the most Homeric of tragedians, to follow the epic poet in every way. In fact, blindly toeing the Homeric line would lead to inconsistency in the work at hand, where subtle differences require subtle narrative techniques. Homeric material cannot simply be dropped into the middle of another literary work without due caution, and anyone who thinks so does not appreciate τὸ καλόν. 28 Disputes also arose over matters of genealogy. At verse 157 of the same play, the chorus reminds Electra that she is not the only one suffering: her sisters Chrysothemis and Iphianassa do as well. The commentator sees an unresolved question in the absence of Iphigenia: ἢ Ὁμήρῳ ἀκολουθεῖ εἰρηκότι τὰς τρεῖς θυγατέρας τοῦ Ἀγαμέμνονος ἤ, ὡς ὁ τὰ Κύπρια, τέσσαράς φησιν, Ἰφιγένειαν καὶ Ἰφιάνασσαν (“Either [Sophocles] follows Homer [Il. 9.145, 287], who said that Agamemnon had three daughters, or, like the one [who composed] the Cypria, he says there are four, Iphigenia and Iphianassa [being separate people]”). There is actually little dispute here: Sophocles has not followed Homer, who had listed only Laodice, Chrysothemis, and Iphianassa. Even if we assume the identification of Laodice with Electra, the problem remains, for the play refers 28 DAVIDSON (1988), p. 56 appears to read the note as an injunction against considering Homer at all, but this misses the point, which is rather to curb excessive demands on Sophoclean imitative poetics.
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clearly to Electra and her three sisters: two who are still alive and suffering, and another who has already been sacrificed. The commentator’s allegation that Sophocles might have followed Homer is therefore quite puzzling. 29 Nonetheless, for present purposes it is enough to see that the tragedian has been granted a choice: he may have followed Homer, but he was not obligated to do so, and even in case of a departure his material was no invention out of whole cloth, as the four-daughter solution was attested in at least one other epic source. 30 An affirmation of poetic freedom replaces what could easily have been an accusation of Sophoclean ignorance or indiscretion, and the comment itself may in fact reflect the existence of such criticism in an earlier, more complete version of the commentary. Later in the play, Electra laments the hypocrisy of her mother in making offerings to the ghost of the husband she has just killed (442-446). Σκέψαι γὰρ εἴ σοι προσφιλῶς αὐτῇ δοκεῖ γέρα τάδ’ οὑν τάφοισι δέξεσθαι νέκυς, ὑφ’ ἧς θανὼν ἄτιμος ὥστε δυσμενὴς ἐμασχαλίσθη, κἀπὶ λουτροῖσιν κάρᾳ κηλῖδας ἐξέμαξεν. “For consider whether this dead man in his grave will view these gifts favorably when coming from you, at whose hands he died – disgraced and butchered like some enemy – you, a woman who wiped up the stains with his own head for the ablution!”
Electra’s strong claims about the role of Clytemnestra in the post-nostos malfeasance at Mycenae are standard fare on the tragic stage, at least after Aeschylus’ memorable Oresteia, but the death of Agamemnon is actually a vexed mythological question. Homer attributes the murder to Aegisthus, who welcomed the king to a feast before killing him at table like an ox at the trough; the Homeric Clytemnestra plays a supporting role but does not perform the murder, and it is only in the bitter words of her husband’s ghost that she is elevated even to the dative of accompaniment: “But Aegisthus, fashioning my death and doom, killed me, along with my ruinous wife, when he had called me home.” 31 So when Electra accuses her mother of hands-on participation in the bloodshed, Sophocles might well have been called to trial for his departure from Homer, even if he could have summoned as witness an authoritative fellow
For more on the problem, see DAVIDSON (1988), p. 61. The impulse to find other sources defending a mythological choice is common in the scholia and echoes the concern found in a famous Callimachean principle of composition: ἀμάρτυρον οὐδὲν ἀείδω (frag. 612 Pfeiffer). 31 Od. 11.409f: ἀλλά μοι Αἴγισθος τεύξας θάνατόν τε μόρον τε / ἔκτα σὺν οὐλομένῃ ἀλόχῳ οἶκόνδε καλέσσας. 29 30
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tragedian. Yet a commentator (perhaps the same one as before?) nips such criticism in the bud. οὐ δεῖ δὲ διαφωνίαν δοκεῖν εἶναι πρὸς τὸν Ὅμηρον ἐπεί φησιν ἐκεῖνος· δειπνίσσας ὥς τίς τε κατέκτανε βοῦν ἐπὶ φάτνῃ· ἤρκει γὰρ τὰ ὅλα συμφωνεῖν τῷ πράγματι· τὰ γὰρ κατὰ μέρος ἐξουσίαν ἔχει ἕκαστος ὡς βούλεται πραγματεύσασθαι εἰ μὴ τὸ πᾶν βλάπτῃ τῆς ὑποθέσεως. “And one should not think that there is disagreement with Homer since that poet said [of Aegisthus], ‘Having set before him a feast, just as someone slaughters an ox at the trough’ [Od. 4.535, 11.411]. For each poet has the license to work with the details as he wants, provided he does no harm to the overall narrative.”
Note in particular the dismissal of the notion that Sophocles must follow Homer τὰ κατὰ μέρος (“in the details”), the same phrase used in the scholion to Electra 1. Again the commentator comes to the aid of the tragedian against those who demand too strict an adherence to Homeric models. Sophocles may break free from Homeric precedent as long as his overall narrative (ὑπόθεσις) is not jeopardized, and minor differences do not constitute “disagreement” (διαφωνία). To continue this thread, I turn finally to Electra 539, where Clytemnestra blames Agamemnon for sacrificing Iphigenia at the start of the Trojan expedition. Would it not have been sensible, she asks, to sacrifice instead one of the two children that Menelaus had with Helen, since it was for their sake that the expedition sailed in the first place? A scholion reveals another genealogical dispute: λαμβάνονταί τινες τοῦ ποιητοῦ ἐκ τῶν Ὁμηρικῶν ἐπεὶ ἐκεῖνος μίαν γεγονέναι τῷ Μενελάῳ τὴν Ἑρμιόνην φησίν, οὗτος δὲ διπλοῦς ὁμομητρίους φησὶν αὐτῷ γεγονέναι· ὅμως οὐ συμφωνεῖ αὐτῷ Ἡσίοδος· ἣ τέκεθ’ Ἑρμιόνην δουρικλειτῷ Μενελάῳ, / ὁπλότατον δ’ ἔτεκεν Νικόστρατον, ὄζον Ἄρηος· οὐ περὶ μεγάλων δὲ αἱ τοιαῦται διαφωνίαι τοῖς ποιήμασιν ὥστε οὐ πάνυ δεῖ αὐτοὺς ἐπὶ τῶν τοιούτων ἐνοχλεῖν ἀφεμένους τῶν ἀναγκαιοτέρων ἅπερ παρατηρεῖν ἐχρῆν, ταῦτα δέ ἐστι τὰ ἠθικὰ καὶ χρήσιμα ἡμῖν τοῖς ἐντυγχάνουσιν· ὅρα οὖν πῶς ἐκείνῳ τῷ μέρει τῆς ἱστορίας κατεχρήσατο ὅτι συνέφερεν τῷ λόγῳ τῆς Κλυταιμήστρας. “Some blame the poet [viz., Sophocles] on the basis of the Homeric texts, since that poet said that Hermione was Menelaus’ only daughter [Od. 4.13f], but this one says he had two from the same mother [viz., Helen]. Nevertheless, Hesiod does not agree with him [viz., Homer]: ‘[Helen], who bore Hermione to spearfamed Menelaus, and next bore Nicostratus, scion of Ares.’ And such differences are not of great concern for poems, so [poets] must not burden themselves with such things to the exclusion of the more important issues requiring their careful attention. And these are matters of character and things that are useful to us the readers. See then how [Sophocles] used that part of the story that was advantageous to Clytemnestra’s argument.”
This nuanced note follows the same trajectory as before, but here the motivation behind the analysis is spelled out more precisely. The mythological differences
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are negligible, and it would be incorrect for a poet to worry about minor details if it should cause him to lose sight of his primary literary aims. And besides, Sophocles’ choice coheres excellently with Clytemnestra’s rhetoric: perhaps Menelaus would have reasonably balked at sacrificing an only child, but, since he had two, all the more reason to expect him to provide the victim. Those who complain about Sophocles’ decision have therefore failed to understand both the particular demands of the tragic narrative and, more generally, the ground rules of poetic allusion. What these excerpts show is that, as far as the evidence of the scholia reveals, ancient commentators paid extremely close attention to the intersection of Sophoclean and Homeric poetry, frequently calling attention even to faint echoes in narrative, language, and poetic technique, thus reinforcing the stereotype of a philhomeric Sophocles. It might even be argued that in the mind of these scholars there is no valid reading of Sophocles that does not pay attention to his dynamic relationship with Homer, so deep was the epic imprint on this tragic landscape. On the other hand, there were disagreements over how far to take this assumption. If some scholars expected Sophocles to match Homer as closely as possible and blamed him for anything short of this, there were others who described a poetics of imitation with certain limits, a set of built-in protections that allowed the poet to emulate his literary predecessor while also attending to the particularities of his own composition. In this way the scholia map out for us the remnants of an ancient discussion about what it meant for Sophocles to be “the tragic Homer”. Imitation and allusion were a given and could be expressed even by a single word, but the definition of “philhomeric” was still subject to debate. 32
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My thanks to Professor Silvia Montiglio and Professor J. C. McKeown for their help in refining this paper.
Servio fra Virgilio e Lucano. Una relazione intertestuale nell’esegesi antica* Stefano POLETTI
Premessa La presenza di citazioni lucanee nel commento di Servio a Virgilio è molto significativa (fra i poeti, Lucano è terzo dopo Orazio e Terenzio) 1. Da tempo gli studiosi hanno riconosciuto l’importanza della Pharsalia nell’opera serviana, fatto che è stato interpretato come una vera e propria “riscoperta di Lucano nel IV-V sec.” 2. Come è noto, Servio si dimostra pienamente consapevole delle deviazioni del poema di Lucano rispetto ai canoni classici, a livello di forma e contenuto, e si premura di segnalare ciò in un giudizio sulla Pharsalia di stampo prettamente (per non dire rigidamente) classicistico 3: Servius, Aen. 1.382. hoc loco per transitum tangit historiam, quam per legem artis poeticae aperte non potest ponere. […] Lucanus namque ideo in numero poetarum esse non meruit, quia uidetur historiam composuisse, non poema.
Tuttavia, non si può mancare di notare che, fin dall’inizio della sua opera, Servio mette il Bellum ciuile di Lucano sullo stesso piano degli altri grandi veteres e lo propone come degno di essere confrontato con loro – così suggeriscono i * Ringrazio i curatori del volume per la loro grande disponibilità. Un ringraziamento anche a Sergio Casali, Massimo Gioseffi, Giuseppe Ramires, Ernesto Stagni e Ute Tischer per i loro suggerimenti. Edizioni di riferimento: per Servio THILO (1881-1887) (nel presente volume, il testo di Servio è scritto in corsivo, mentre le note dell’Auctus sono racchiuse tra parentesi angolari < >); per l’Eneide CONTE (2009); per Georgiche e Bucoliche CONTE / OTTAVIANO (2013); per Lucano BOURGERY / PONCHONT (1926-1929). 1 Nelle aggiunte dell’Auctus le menzioni di Lucano sono scarsissime. A riguardo ESPOSITO (2004b), p. 151-152 e (2011), p. 457-460 presenta due ipotesi, ma, come lui stesso ammette, prendere una posizione è difficile: 1. il commento su cui si basò il compilatore dell’Auctus era povero di citazioni lucanee (dunque un Donato anteriore alla “riscoperta di Lucano”?) 2. Servio integrò nel suo commento citazioni di Lucano presenti nelle sue fonti (il commento di Donato in primis), sicché il compilatore dell’Auctus non dovette aggiungerne molte. 2 VINCHESI (1979) (ma cfr. le precisazioni di DE PAOLIS [2013], p. 484-487). 3 Non mi posso qui soffermare su questo complesso giudizio, sulle diverse accezioni del termine historia e sull’espressione per transitum tangere, a cui sono stati dedicati diversi studi: LAZZARINI (1984), PELLIZZARI (2003), p. 84, CAPELLUPO (2009), p. 80-83, VILA (2011), p. 151-152, DELVIGO (2013), VALLAT (2013), ESPOSITO (2014), p. 171-174, STOK (2016a), p. 116-117.
SERVIO FRA VIRGILIO E LUCANO
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seguenti passi (il primo relativo al titolo-incipit, il secondo alla divisio della materia poetica, che Lucano inverte): Servius, Aen. 1 praef. […] ueteres incipiebant carmen a titulo carminis sui, ut puta “arma uirumque cano”, Lucanus “Bella per Emathios”, Statius “Fraternas acies alternaque regna”. Servius, Aen. 1.8. […] in tres partes diuidunt poetae carmen suum: proponunt inuocant narrant. plerumque tamen duas res faciunt et ipsam propositionem miscent inuocationi, quod in utroque opere Homerus fecit; namque hoc melius est. Lucanus tamen ipsum ordinem inuertit; primo enim proposuit, inde narrauit, postea inuocauit, ut est (1.63-64) “nec si te pectore uates accipio”.
Per quanto eccentrico, Servio presenta il poema epico di Lucano come un imprescindibile punto di riferimento e di confronto 4. Ma, al di là di queste premesse su questioni di composizione poetica, come è stato interpretato il nucleo di citazioni lucanee nel commento di Servio? Secondo Paolo Esposito, autore di uno studio fondamentale sul tema, Lucano è per Servio una “auctoritas di tipo storico-antiquario o semantico-linguistico” 5. La maggior parte delle citazioni afferisce a questioni tecniche (fisica, natura, geografia, etnografia, rituali…), a problemi storici e mitologici e a disquisizioni metriche e linguistico-grammaticali: tutto ciò che, insomma, costituisce l’“impalcatura” del commento serviano. Pertanto, il nucleo delle citazioni lucanee è normalmente giudicato come poco significativo dal punto di vista della relazione intertestuale fra Virgilio e Lucano. È da segnalare, tuttavia, un’altra classe di citazioni lucanee, che mettono in rilievo somiglianze di situazioni o concetti fra i due autori. Senza dubbio in essa c’è un buon numero di confronti generici e non sempre pertinenti; d’altra parte mi sembra che le potenzialità di un’analisi dettagliata siano state finora decisamente sottovalutate 6. Caterina Lazzarini ha analizzato alcuni casi interessanti, ma ha concluso che, in generale, il commentatore bada raramente alla coerenza contestuale e “situazionale”, diversamente da quanto accade per le citazioni staziane 7. 4 MONNO (2013b), p. 126: “Servio sembra quasi voler creare un ‘nuovo’ canone a tre per l’epos, sul modello delle triadi rappresentative della tragedia e della commedia già fissate dalla tradizione” (similmente MONNO [2013a], p. 15). Vd. anche PELLIZZARI (2003) e RAMIRES (in ESPOSITO [2004b], p. 151, n. 42), che invita “a tenere presente la forte carica di convenzionalità insita nelle critiche serviane a Lucano, da non confondere, o almeno da non assimilare senz’altro alle reali e profonde convinzioni del grammatico”. 5 ESPOSITO (2004b), p. 137. Vd. anche la recente analisi di BARRIÈRE (2016), con un’utile proposta di classificazione delle citazioni e con un pratico indice. Sugli auctores idonei cfr. THOMSON (1928) e KASTER (1978); più recentemente PELLIZZARI (2003), p. 240-245. 6 BARRIÈRE (2016), p. 328-330 segnala con acume le “comparaisons entre les scènes topiques ou les images poétiques chez Virgile et chez Lucain” e ne fornisce un utile elenco (n. 46), ma, dato il taglio più generale del suo articolo, non si sofferma sulla modalità della citazione né sulla “sensibilità intertestuale” rivelata da questi paralleli. 7 LAZZARINI (2013). La studiosa analizza le note ad Aen. 2.257 (che riprenderemo infra); 4.311, 10.528. Sulla Tebaide in Servio vd. anche MONNO (2013a) e (2013b).
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In questo saggio vorrei presentare alcuni esempi particolarmente emblematici che indurrebbero a ripensare la questione. Questa analisi ci porterà a rivisitare due fra i più famosi ed enigmatici passi serviani, quelli sulle allusioni storiche contenute nel secondo libro dell’Eneide. Naturalmente, a dispetto della “relazione intertestuale” menzionata nel titolo, sarebbe semplicemente anacronistico ricercare in Servio una precisa consapevolezza della complessa intertestualità fra Virgilio e Lucano. Questo anche perché Servio, dati i fini didattici ed eruditi del suo commento, non appare particolarmente interessato a descrivere le dinamiche allusive – o meglio: gli interessa questo aspetto soprattutto per gli autori che Virgilio imita, assai meno per gli autori che imitano Virgilio 8. D’altra parte è anche possibile che, davanti all’“Anti-Eneide” di Lucano, l’atteggiamento “filoaugusteo” di Servio abbia giocato un suo ruolo 9. Nonostante tali caueat, credo che questa indagine possa contribuire a definire un aspetto non valorizzato dell’esegesi serviana, gettando luce sulla sua “sensibilità intertestuale” nei confronti di Lucano e sui meccanismi mentali della citazione. Un’ultima importante premessa. Il commento serviano ci fornisce una fotografia della sensibilità al confronto Lucano-Virgilio nell’esegesi antica, una sensibilità che poteva, in una certa misura, essersi sviluppata già prima di Servio. Proprio questo aspetto permetterà di riconsiderare in una nuova luce il ruolo del commentatore nella “riscoperta di Lucano”. 1. La modalità di citazione: alcuni esempi Partirei da un esempio che può lasciare forse un po’ freddo il lettore moderno, ma che permette di esplorare i meccanismi mentali della citazione. Servius, Aen. 2.446. HIS SE propter quae pugnabant. Sic Lucanus (3.674) “in pugnam fregere rates”. uel ‘his’ huius modi.
Durante la distruzione di Troia narrata in Aen. 2, i Troiani, in preda alla disperazione, usano come armi parti del palazzo reale: his se […] parant defendere telis 10. Servio commenta his con lo scolio propter quae pugnabant (“(cose) a motivo delle quali stavano combattendo”) 11. Menziona poi una sententia lucanea 8 Servio si mostra senz’altro più sensibile alle imitazioni virgiliane in Stazio e Giovenale: vd. MONNO (2009) e (2013a); LAZZARINI (2013), p. 116-123. 9 PELLIZZARI (2003), p. 109-110, 242 nota che Servio non prende in considerazione la polemica ideologica di Lucano nei confronti di Virgilio, un aspetto fondamentale dell’intertestualità della Pharsalia (vd. almeno NARDUCCI [2002]; CASALI [2011]). Anche BARRIÈRE (2016), p. 325-326 evidenzia una certa “ritrosia” di Servio nell’impiegare Lucano come fonte per gli eventi della guerra civile. Sull’“augusteismo” di Servio vd. THOMAS (2001), p. 93-121. 10 VERG., Aen. 2.445-449: “Dardanidae contra turris ac tota domorum / culmina conuellunt – his se, quando ultima cernunt, / extrema iam in morte parant defendere telis – / auratasque trabes, ueterum decora illa parentum, / deuoluunt”. 11 CIGNARELLA (2011), ad loc. traduce in modo erroneo (“armi con le quali combattevano”). PARATORE (1978-1981), ad loc. considera la glossa serviana “un’ambigua
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tratta dalla battaglia navale di Marsiglia in cui i marinai, non avendo altra arma a disposizione (omni fusis nudato milite telis), divelgono parti della propria nave per usarle come armi: in pugnam fregere rates. La battaglia lucanea non è certo ispirata alla scena virgiliana, ma il parallelo serviano ha una sua pregnanza: in entrambi i casi combattenti disperati a corto di armi distruggono e utilizzano come armi (tela) cose propter quae pugnant 12. Oltre alla somiglianza situazionale, eventuali spie lessicali potevano indurre Servio a questo confronto 13. Passiamo ora a esempi più stringenti, in cui è possibile (se non certa) una relazione intertestuale fra i due autori. Servius, Aen. 8.246. feriere die”.
TREPIDENT INMISSO LVMINE
MANES Lucanus (6.744) “et subito
In Virgilio si tratta di una similitudine. Ercole “scoperchia” la caverna del mostruoso Caco; in una maniera simile avverrebbe un ipotetico contatto fra la luce e i Mani, causato da una spaccatura della terra 14. Il passo lucaneo citato da Servio è parte di una minaccia della maga Eritto nei confronti del dio dei morti: se questi non accoglierà le sue richieste, la strega farà in modo che il sole penetri sottoterra ed egli venga colpito da un improvviso raggio di luce. Come nel caso precedente, l’analogia situazionale è corroborata da svariate somiglianze lessicali 15. Servius, Aen. 10.392. SVIS etiam suis: Lucanus (3.608) “et amissum fratrem lugentibus offert”. et est absolutum, suis omnibus, non suis parentibus.
Lucano sta certamente imitando un episodio virgiliano, in cui due fratelli gemelli rimangono vittima della furia di Pallante. Sia in Virgilio che in Lucano troviamo un evento cruento che provoca un discrimen fra due gemelli, eliminando la possibilità di error per i genitori 16. Se il parallelo di Lucano non appare particolarmente funzionale alla spiegazione etiam suis, ha perfetta rilevanza per quanto riguarda il rapporto intertestuale. chiosa”. La breuitas della nota di Servio, in effetti, risulta oscura e resta qualche dubbio sulla sua interpretazione. 12 HUNINK (1992), a LVCAN. 3.670 cita il passo virgiliano (“for the idea of improvised weapons”); nella nota a LVCAN. 3.674 valorizza anche il commento di Servio: “Servius […] notices the paradox: these are the very vessels the soldiers are defending”. 13 Telis in Aen. 2.447 e LVCAN. 3.670; Aen. 2.446 conuellunt – LVCAN. 3.673 auulsas. 14 Si tratta di un topos che ha una lunga storia: vd. almeno HOM., Il. 20.54-66; HES., Theog. 850-853; OVID., Met. 5.354-361; PETRON. 120.90-93 (mi permetto di rimandare alla mia nota ad loc. in POLETTI [2017]). 15 Aen. 8.243 immisso lumine – LVCAN. 6.743 immittam Titana; Aen. 8.247 deprensum luce repente – LVCAN. 6.744 subito feriere die; cauernae spalancate in Aen. 8.243 e LVCAN. 6.743. 16 VERG., Aen. 10.390-396; LVCAN. 3.603-613 (con HUNINK [1992], ad loc.). Un motivo fortunato: STAT., Theb. 9.294-295; SIL. 2.636-649 (NARDUCCI [1979], p. 82; ESPOSITO [1987], p. 98; LEIGH [1997], p. 252-257). Si tratta sempre della battaglia navale di Marsiglia, un passo che evidentemente aveva colpito il commentatore.
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Si potrebbero analizzare ulteriori esempi. Da citare almeno la similitudine del leone ferito, applicata nell’Eneide a Turno e nella Pharsalia a Cesare, due passi che Servio mette in relazione (Verg., Aen. 12.4-9; Lucan. 1.205-212) 17: Servius, Aen. 12.8. INPAVIDVS securus uulneris exit”.
FRANGIT TELVM
Lucanus (1.212) “per ferrum tanti
Prima di passare alla trattazione di qualche caso più complesso, farei il punto sulla modalità di citazione, un aspetto a mio parere fondamentale e finora non analizzato a dovere. Almeno nella forma del commento serviano a noi pervenuta, di ogni luogo parallelo lucaneo troviamo di norma citate le ultime parole di una frase o di una sequenza, ma queste non necessariamente contengono la parte più significativa del confronto dal punto di vista lessicale e/o contenutistico: si vedano soprattutto gli ultimi tre casi, ma si tenga presente che questa considerazione vale anche per molti altri paralleli “situazionali”. Escludendo la possibilità di tagli nelle citazioni lucanee intervenuti nella tradizione (un’eventualità poco probabile), bisogna costatare che Servio presuppone nel fruitore del suo commento una più ampia e approfondita conoscenza del contesto lucaneo. Se è vero che il commentatore non pone mai apertamente la questione della Imitationstechnik (non dice mai: “Lucano imita Virgilio”), è probabile che lasci scientemente al lettore il compito di svilupparla, proponendogli spunti non banali 18. D’altra parte, l’assai sintetica modalità di excerptio (e spiegazione) dei paralleli lucanei sembra presupporre riflessioni ben più approfondite sul confronto Lucano-Virgilio, riflessioni che potrebbero risalire, almeno in parte, all’esegesi precedente. Questo elemento, insomma, spingerebbe nella direzione di un ridimensionamento del ruolo di Servio nella “riscoperta” di Lucano 19. 2. Eneide 6 e Pharsalia 6 Negli esempi finora proposti Servio offre un confronto puntuale fra un passo virgiliano e un passo lucaneo. Nel commento al sesto libro dell’Eneide si può riscontrare un significativo nucleo di citazioni dal sesto libro della Pharsalia 20 BARRIÈRE (2016), p. 329. ROCHE (2009), ad loc. cita Servio. Si potrebbe valorizzare la componente orale presupposta dal commento serviano (vd. LAZZARINI [2013], p. 21, n. 109): la minima, ma pregnante indicazione del testo lucaneo funge da stimolo a ricordare (magari a memoria) il contesto e a confrontarlo con quello virgiliano, un’operazione che poteva essere svolta oralmente dal magister oppure richiesta ai discipuli. 19 Cfr. DE PAOLIS (2013), p. 486-487. I più recenti studi sulla scoliastica lucanea (ESPOSITO [2004a] e [2011]; BARBARA [2011]), pur notando quanto questa sembri essere influenzata da Servio, non escludono la possibilità di una fonte comune (o comunque anteriore a Servio) che forse poteva aver proprio la forma di un commento alla Pharsalia. Al di là di questa ipotesi, credo che dietro la sintetica modalità di citazione nel commento serviano sia lecito intravedere una più sofisticata riflessione sul confronto fra Virgilio e Lucano. 20 Vd. BARRIÈRE (2016), p. 323-324, 326-327. 17 18
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che sviluppano un confronto più dettagliato. Si potrebbe pensare che la tematica comune del finale di Pharsalia 6 rendesse inevitabile il confronto, ma una tale prospettiva risulterebbe semplificata, non rendendo giustizia alla rete di citazioni messa in campo da Servio. In primo luogo, diversi elementi inferi vengono glossati tramite riferimenti alle parole della maga Eritto (o agli immediati dintorni) 21. Quando si parla della vox della Sibilla, Servio propone la ricca descrizione della vox di Eritto per dimostrare che non si tratta di semplici verba, ma di mystici soni che permettono di evocare i diversi numina 22. Servio non sfrutta solamente questo tratto descrittivo per connettere la Sibilla ad Eritto. Prima di tutto menziona, quale modello omerico, la vicenda dell’Elpenore odissiaco – un compagno che appare a Odisseo nel corso della nekyia e gli richiede sepoltura. In secondo luogo, il commentatore considera l’episodio virgiliano della sepoltura di Miseno come una sciomantia (“evocazione dell’ombra”) che permette ad Enea il contatto con gli inferi. Basandosi su questa interpretazione, Servio lega dunque strettamente la sciomantia della Sibilla alla necromantia della maga Eritto, che riporta in vita un soldato con la promessa di una sepoltura 23. Sebbene nel confronto ci siano alcune evidenti semplificazioni, da notare è l’intuizione serviana di un legame fra la Sibilla di Aen. 6 e la maga di Pharsalia 6, così come la riflessione sull’utilizzo del cadavere insepolto nel contesto della sciomantia/necromantia (Miseno/il soldato). Su un livello più generale, notevole è anche il confronto strutturale proposto da Servio fra Omero, Virgilio e Lucano. Lucano (presentato come autore non di un poema, ma di una historia) 21 SERV., Aen. 6.118 HECATE […]. Vnde Lucanus de Proserpina ait (6.700) “Hecate pars ultima nostrae”; 135 TARTARA locus inferorum profundus, de quo Lucanus (6.748749) ad inferos dicit “cuius uos estis superi”; 257 VISAEQVE CANES VLVLARE […] “canes” autem Furias dicit Lucanus (6.733-734) “Stygiasque canes in luce superna destituam”, sicut etiam diximus supra (3.209); 418 quia de animabus dicturus est, bene facit ante Cerberi commemorationem, consumptoris corporum: Lucanus (6.702-703) “qui uiscera saeuo spargis nostra cani”. 22 SERV., Aen. 6.247 ([…] quod aperte Lucanus expressit). Altro confronto calzante proposto da Servio è con la sacerdotessa Phemonoe (SERV., Aen. 6.47), menzionata anche in relazione a Eleno (SERV., Aen. 3.379, a sostegno di una proposta di interpunzione; 434). Vd. anche le parole di Appio Claudio citate in SERV., Aen. 6.662. 23 SERV., Aen. 6.107 : sine gaudio autem ideo ille dicitur locus, quod necromantia uel sciomantia, ut dicunt, non nisi ibi poterat fieri: quae sine hominis occisione non fiebant; nam et Aeneas illic occiso Miseno sacra ista conpleuit et Vlixes occiso Elpenore; 149: […] est et alia opportunitas descendendi ad inferos, id est Proserpinae sacra peragendi. duo autem horum sacrorum genera fuisse dicuntur: unum necromantiae, quod Lucanus exsequitur, et aliud sciomantiae, quod in Homero, quem Vergilius sequitur, lectum est. sed secundum Lucanum in necromantia ad leuandum cadauer sanguis est necessarius, ut (6.667) “pectora tunc primum feruenti sanguine supplet”, in sciomantia uero, quia umbrae tantum est euocatio, sufficit solus interitus: unde Misenus in fluctibus occisus esse inducitur; 152: […] persuadet autem sepulturam, ut possit recentis cadaueris uti anima, ut ait Lucanus (6.712-715) “non in tartareo […]”. Sul tema vd. JEUNET-MANCY (2012), ad loc.
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viene qui posto sullo stesso piano dei grandi poeti epici – questo perché, come detto, l’episodio di Eritto era facilmente confrontabile con altre scene epiche e ispirava considerazioni su pratiche rituali e magiche (questioni di cui il commentatore è particolarmente “ghiotto”), ma sicuramente anche perché, nel finale di Pharsalia 6, i ficta e la fabula dominano sulla historia in maniera più evidente che altrove. 3. Le armi della guerra civile e Filippi Un altro caso piuttosto complesso si può trovare negli scoli al finale del primo libro delle Georgiche: la rappresentazione dello scontro fratricida 24. Servius, Georg. 1.489. PARIBVS TELIS Lucanus (1.7) “pares aquilas et pila minantia pilis”. 490 ITERVM VIDERE PHILIPPI ciuitas Thessaliae, in qua primo Caesar et Pompeius, postea Augustus et Brutus cum Cassio dimicauerunt. 491
NEC FVIT INDIGNVM SVPERIS
quasi exclamatio est ad deos.
492 EMATHIAM Thessaliam, dictam ab Emathio rege. Haemus autem mons est Thessaliae.
Virgilio si sofferma sull’utilizzo delle medesime armi da parte dei due schieramenti (paribus telis). Il confronto con il proemio della Pharsalia (pares aquilas et pila minantia pilis) è di grande acume: Lucano sta sviluppando il concetto del passo delle Georgiche (il finale del primo libro, più in generale, è di fondamentale importanza per l’intertestualità lucanea) 25. Il parallelo non solo è particolarmente calzante dal punto di vista intertestuale, ma fornisce in sé una forma di spiegazione del sintagma paribus telis. Come detto sopra, questa modalità di citazione sembra presupporre non solo un lettore che abbia presente – e sappia valorizzare – il contesto originario (ove si trovano ulteriori agganci lessicali significativi) 26, ma anche una riflessione ben più approfondita sul rapporto con Lucano. Molto ci sarebbe da dire sull’interpretazione del v. 490 e dell’iterum. Filippi – sostiene Servio – è città della Tessaglia, presso la quale si scontrarono prima Cesare e Pompeo, poi Augusto e i cesaricidi. I moderni commentatori tendono a legare iterum non all’indicativo perfetto uidere, ma all’infinito concurrere: il primo scontro fu a Farsalo, che è in Tessaglia; Filippi, che è in Macedonia, VERG., Georg. 1.489-492: Ergo inter sese paribus concurrere telis / Romanas acies iterum uidere Philippi; / nec fuit indignum superis bis sanguine nostro / Emathiam et latos Haemi pinguescere campos. 25 Cfr. PARATORE (1943), NARDUCCI (2002) (vd. indice dei passi), CASALI (2011), p. 85-86, 97-98, KERSTEN (2018), POLETTI (2020). Il parallelo con LVCAN. 1.7 è sia in THOMAS (1988) che in MYNORS (1990), ad loc. 26 Vd. Georg. 1.492 Emathiam e campos – LVCAN. 1.1 Emathios…campos; pila in Georg. 1.495 e LVCAN. 1.7; Georg. 1.490 Romanas acies – LVCAN. 1.4 cognatasque acies. 24
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al confine con la Tracia, “fu testimone” di un secondo scontro 27. L’interpretazione serviana, però, trova ancora diversi sostenitori 28. In questa questione, Lucano e la peculiare geografia del suo poema giocano un ruolo fondamentale. Il poeta, in più occasioni, impiega il termine “Philippi” al posto di “Pharsalia” e colloca la città in Tessaglia; a questa peculiarità se ne accompagnano altre (la collocazione dell’Emo, catena montuosa della Tracia, in Tessaglia ed Emathia come sinonimo per questa regione). Questo “scambio” è il fulcro di un famoso concettismo lucaneo, di capitale importanza ideologica e letteraria, sicuramente connesso all’enigmatico passo virgiliano 29. Tornando alla spiegazione serviana, il testo di Virgilio contiene un’evidente ambiguità, ma non è da sottovalutare la possibilità di un diretto influsso lucaneo sull’interpretazione di Servio, che cita significativamente Lucano nel commento al verso precedente 30. 4. Allegorie storiche nel secondo libro dell’Eneide Quest’ultima considerazione ci porta a ribadire un principio tanto banale quanto spesso disatteso: prima di basarsi su Servio per sostenere qualsiasi interpretazione del testo virgiliano bisogna indagare le probabili fonti su cui il commentatore potrebbe basarsi, pur non citandole esplicitamente; bisogna definire, cioè, il possibile percorso mentale che lo ha portato a una determinata interpretazione. A questo problema metodologico ha dedicato contributi importanti Ute Tischer 31, analizzando diversi esempi interessanti, due dei quali conviene qui richiamare. In Aen. 2 Sinone, nell’ingannevole discorso che rivolge ai Troiani, parla della sua fuga in una palude. Servio annota: Servius, Aen. 2.135. LIMOSOQVE LACV ut uerisimilem fugam faciat, circumstantiis utitur. Notandum sane Vergilium sub aliorum persona causam exsequi nobilium, ut hoc loco Marii, item paulo post Pompeii, ut “iacet ingens litore truncus”. “Per rendere verisimile la fuga, ne propone una descrizione circostanziata. Invero, bisogna notare che Virgilio, dietro la maschera di altri, presenta la situazione 32 di Vd. almeno RICHTER (1957) e BARCHIESI (1980). Vd. almeno THOMAS (1988), sulla scorta di Page. 29 Su Philippi = “Farsalo” cfr. LVCAN. 6.582 e 9.271 (vd. WICK [2004], ad loc.); sul tracio Emo in Tessaglia cfr. 6.576, 7.174 e 480 (vd. LANZARONE [2016], ad loc.), 10.499. Non ci si può qui diffondere sulla storia di questo concettismo, presente anche in OVID., Met. 15.823-824 (vd. HACKEMANN [1940], p. 49 sul possibile rapporto Ovidio-Servio) e MANIL. 1.908-913, sull’analisi di Georg. 1.489-492 e sul ruolo dei due scontri storicamente avvenuti a Filippi (vd. MYNORS [1990] a Georg. 1.489-492, che lega iterum a uidere, ma sulla questione rimane un po’ ambiguo). Ho trattato il tema in POLETTI (2018). 30 Stessa conformazione della glossa (“pares aquilas”+“(con)fusione Farsalo-Filippi”) negli Scholia Bernensia alle Georgiche. 31 TISCHER (2006a), p. 68-69 e (2006b). 32 Non credo che causam exsequi significhi “sostenere, convalidare la causa di qualcuno”, per quanto il nesso sia altrove attestato in questo senso (TLL 5.2.1852.57-60): 27 28
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famosi personaggi, di Mario in questo passo e poco dopo di Pompeo, quando dice ‘giace sulla spiaggia un grande tronco’”.
Più sotto, nel ritratto del cadavere di Priamo abbandonato sulla spiaggia, troviamo lo scolio: Servius + DServius, Aen. 2.557. IACET INGENS LITORE TRVNCVS Pompei tangit historiam .
“Allude alla storia di Pompeo” – un po’ sfuggente il senso dell’aggiunta danielina: “…dal momento che dice ‘ingens’ non ‘magnus’”. Certo il Servio danielino connette l’aggettivo “ingens” al cognomen di Pompeo, “Magnus”, ma la sua intenzione non è del tutto chiara. Con questo collegamento vuole sostenere la tesi dell’allusione? In questa direzione Thilo propone la correzione di non in id est. Oppure vuole porre una specie di obiezione? In questa direzione Tischer sostiene la necessità della correzione dicat e di un’interpretazione concessiva del cum+ congiuntivo. Per parte mia, propenderei per la prima interpretazione 33. Al di là di questo problema, l’aggiunta lascia supporre che anche la fonte del Danielino conoscesse l’associazione Pompeo-Priamo. Ora, l’esegesi serviana risulta particolarmente enigmatica per due ragioni: Servio non spiega quale sia la finalità di tale allusione storica; Servio non così TISCHER (2006b), p. 96, n. 19 (alla ricerca di un fine dell’allegoria) e HORSFALL (2010), p. 238 (“maintains the cause of famous men”). Exsequi è lessico serviano standard per “esporre, presentare”, mentre causa significa qui “stato, situazione” (TLL 3.687.3-54): cfr. SERV., Aen. 1.14 causam ostendit mirabilem, dicens hos esse et bellicosos et diuites, cum otiosa semper sit opulentia. Un’interpretazione simile alla mia in CIGNARELLA (2011), ad loc. e DELVIGO (2013), p. 33. 33 Si tratta di un problema spinoso. Più che pensare a un generalizzato guasto tradizionale (così Tischer), mi pare probabile che il redattore della glossa sia stato un po’ “sbrigativo”. L’analisi del lessico dell’aggiunta danielina può però fornire qualche elemento di riflessione. Abbastanza diffuso in Servio è l’uso temporale/causale del cum dicit (“dal momento che dice”). Significativi esempi sono SERV.+SERV. DAN., Aen. 2.199 hac autem re ostendit ex accidentibus dolos Graecorum esse firmatos, (si veda la simile dinamica dell’aggiunta danielina) e SERV. DAN., Aen. 1.554 , dove il cum dicit contiene termini del testo virgiliano (un po’ come il nostro cum ‘ingens’ dicit), spiegando perché la lode è mira. Suscita qualche perplessità un’interpretazione concessiva (TISCHER [2006a], p. 69, n. 199; QUARTARONE [2011], p. 6; DELVIGO [2013], p. 29): la nota danielina porrebbe un’obiezione decisamente strana, proponendo il collegamento ingens-magnus (non citato dal Servio vulgato) nel momento stesso in cui lo respinge. Ammesso che, come detto sopra, non si tratti di un glossatore un po’ sbrigativo, si potrebbe prendere in considerazione la correzione di Thilo id est in luogo di non. MEERWALDT (1931), p. 188 legge dicat, ma rifiuta il senso concessivo e propone hoc est, oltre all’interpretazione ingens ille truncus [agg.], seguita anche da SCARCIA (1996), p. 126, n. 2. Forse, al posto di non, mi aspetterei un pro, che meglio potrebbe cogliere la “dinamica allusiva”: “dice ‘ingens’ in luogo di ‘magnus’”, quasi a dire “dice ‘ingens’ alludendo a ‘magnus’”. Sul gioco di parole HORSFALL (2008), ad loc. e O’HARA (2017), p. 134. Specificatamente su ingens nel passo virgiliano NARDUCCI (2002), p. 143, n. 14 e QUARTARONE (2011).
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argomenta su quale base si possano leggere tali allusioni. Sulla prima questione non mi soffermerei troppo, anche perché la ricerca di tale piano di lettura “nascosto” (per transitum tangere) è spesso, per Servio, fine a se stessa, mirante a dimostrare la scientia e l’historia che Virgilio nasconde sotto il velo della fabula, da vero poeta totus scientia plenus 34. Bisogna almeno notare, però, che il commentatore sembra applicare qui il metodo dell’allegoria storica tipico delle Bucoliche (sub persona), ma, al contrario di quanto accade nel commento alle Bucoliche, non sembra interessato a considerarne le possibili implicazioni 35. Più rilevante è la seconda questione: su quale base sono proposte queste allusioni? A livello preliminare, osserverei che la base di queste allusioni potrebbe/dovrebbe trovarsi in un’unica fonte, una fonte in cui i dati su Mario e Pompeo sono strettamente connessi (di conseguenza sono legati anche nello scolio a 2.135). Proprio per questo è molto attraente l’idea di Tischer, secondo cui alla base di questo scolio ci sono due passi della Pharsalia, della “historia lucanea”, collocati a un’ottantina di versi di distanza, in cui la fuga di Mario e la morte di Pompeo sono descritte in termini del tutto analoghi alle scene virgiliane 36. A sostegno di questa idea, Tischer segnala che l’associazione fra il passo di Mario e quello di Sinone è presente anche nella scoliastica a Lucano. Adnotationes super Lucanum (ed. Endt) 2.70 VLVA herba in paludibus, ut Virgilius “Obscurus in ulua delitui”. 34 Sul tema delle allusioni storiche vd. TISCHER (2006a), p. 59-70 e (2006b), in part. p. 98-99; STOK (2016a) e (2016b); più in generale LAZZARINI (1984) e VALLAT (2013). 35 Sull’allegoria storica nelle Bucoliche cfr. i capitoli in TISCHER (2006a). Massimo Gioseffi ha in corso di stampa un lavoro specifico a riguardo (“Da Virgilio a Servio: il cammino delle Bucoliche”) negli atti dell’incontro “Forme di accesso al sapere in età tardoantica e altomedievale” (Milano 2016). 36 VERG., Aen. 2.134-136 (discorso di Sinone) “Eripui, fateor, leto me et uincula rupi, / limosoque lacu per noctem obscurus in ulua / delitui dum uela darent, si forte dedissent”. LVCAN. 2.68-72 (discorso del vecchio padre) “Non alios” inquit “motus tunc fata parabant, / cum post Teutonicos uictor Libycosque triumphos / exul limosa Marius caput abdidit ulua. / […]. mox uincula ferri / exedere senem longusque in carcere paedor”. VERG., Aen. 2.557-558 […] Iacet ingens litore truncus / auulsumque umeris caput et sine nomine corpus. LVCAN. 1.685-686 (profezia della matrona) “Hunc (sc. Pompeium) ego, fluminea deformis truncus harena / qui iacet, agnosco” (cfr. 8.698-699 […] litora Pompeium feriunt, truncusque uadosis / huc illuc iactatur aquis). Narducci ha postulato un autoschediasmo di Servio basato su Lucano per l’associazione Priamo-Pompeo (NARDUCCI [1973], p. 322, n. 24; [1979], p. 44-45; [2002], p. 113; seguito da ESPOSITO [1996], p. 101-102, n. 29 e [2004a], p. 73). Cfr. anche SANTINI (2007), p. 39: “[…] il rapporto di complementarità che integra i due testi [morte di Priamo nell’Eneide e morte di Pompeo in Lucano] ha indotto Servio ad ammettere che qui la scrittura di Virgilio Pompei tangit historiam”. In questa direzione anche STOK (2016a), p. 424: “L’uso del termine [adludere], come pure quello dell’espressione miscere historiam, inserisce l’anacronismo in una gamma di possibilità poetiche che include anche allusioni basate su analogie o riprese intertestuali. Un caso ben noto […] è la figurazione della morte di Priamo su quella di Pompeo registrata da Servio nello scolio ad
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La spiegazione delle adnotationes, a mio parere, suggerisce anche una possibile “pista” che Servio potrebbe aver seguito. Alla base del confronto fra i due passi, ci potrebbe essere anche una ricerca di carattere lessicale su (limosa) ulua, termine tutto sommato raro 37. A questa aggiungerei un’altra coincidenza, che non è sfuggita a diversi interpreti 38. Servius, Aen. 2.257. FATIS INIQVIS uoluntate numinum non illi propitia, sed in nos iniqua; ut Lucanus (2.85-86) “non ille fauore numinis ingenti superum protectus ab ira”.
Come complemento alla spiegazione del verso fatisque deum defensus iniquis (sempre in relazione a Sinone), Servio propone un calzante parallelo dalla Pharsalia, in cui Lucano descrive Mario, non ille fauore numinis ingenti superum protectus ab ira 39. Fra i paralleli Virgilio-Lucano proposti da Servio, questo è stato a ragione considerato da Lazzarini uno dei più significativi e stringenti, per somiglianza lessicale e acume esegetico. Il parallelo fra rovina di Troia in Virgilio e rovina di Roma in Lucano, fra l’(ambigua) iniquità degli dèi virgiliani e la provvidenza crudele lucanea coglie, in nuce, un aspetto fondamentale dell’intertestualità Virgilio-Lucano. Un parallelo del genere rafforza l’idea che Servio si sia basato sulla Pharsalia per identificare Mario dietro alla fuga nella palude di Sinone. Per quanto riguarda l’associazione Priamo-Pompeo, bisogna almeno riconoscere che Servio ha ben presente il ritratto lucaneo della morte di Pompeo (come dimostra la citazione di Lucan. 8.616-617 nello scolio ad Aen. 11.418) 40. Aen. 2.557”. Al di là dello studio di Tischer, lo stretto collegamento fra le due allegorie proposte da Servio non mi pare sia stato però adeguatamente valorizzato. Il legame fra le due allusioni storiche è stato recentemente studiato da DELVIGO (2013) con lo scopo di ribadire la plausibilità dell’interpretazione serviana. 37 Cfr. DELVIGO (2013), p. 34. Nel passo del secondo libro la spiegazione è nel Servio Danielino (). Nel testo del Servio vulgato il termine è spiegato ad Aen. 6.416 VLVA herba palustri (si sofferma sul rapporto con la scoliastica lucanea BARBARA [2011], p. 282-283). Questa “coincidenza” con la scoliastica lucanea va però considerata con le dovute cautele (vd. supra). Senza addentrarsi nel campo tutto ipotetico delle fonti perdute, credo che questa coincidenza possa almeno dimostrare quanto fosse spontaneo, in ambito scoliastico, connettere questi due passi sulla base del termine ulua. 38 NARDUCCI (2002), p. 119, DELVIGO (2013), p. 33-34, LAZZARINI (2013), p. 110-111. Su Lucano cfr. FANTHAM (1992), ad loc. 39 LVCAN. 2.85-88 “Non ille (sc. Marius) fauore / numinis, ingenti superum protectus ab ira / uir ferus et Romam cupienti perdere fato / sufficiens”. Cfr. la scoliastica lucanea: Comm. Bern. NON ILLE FAVORE NVMINIS fauerant ei, inquid, fata non illi propitia sed nobis aduersa. Vt Virgilius “ fatisque deum defensus iniquis”. 40 Servio cita un verso tratto dalla visita di Cesare a Troia per avvalorare una delle varianti del mito, secondo cui Neottolemo avrebbe ucciso Priamo presso l’ara di Giove Erceo (il commentatore sembra tenere ben presente la Pharsalia mentre interpreta questo episodio): SERV., Aen. 2.506 alii uero quod iuxta Hercei Iouis aram extinctus sit [sc. Priamus] dicunt: unde Lucanus (9.979) “Herceas, monstrator ait, non respicis aras?”
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La netta presa di posizione di Tischer, secondo cui è assai probabile che Lucano sia fonte di ispirazione degli scoli serviani, costituisce una reazione salutare alla vulgata dei moderni commentatori virgiliani e lucanei, che impiegano l’informazione serviana su Mario e Pompeo senza porsi il problema di quali siano le sue fonti e le sue motivazioni 41. La domanda che sorge spontanea, però, è perché Servio non menzioni i passi di Lucano che ben avrebbero potuto corroborare la sua interpretazione. Ora, non sempre Servio cita le sue fonti 42. Vero è che, proprio grazie a una citazione lucanea, per esempio, Servio convalida la possibile identificazione con Curione di uno degli anonimi dannati presentati nel sesto libro 43. Va menzionata anche una strada diversa per interpretare la nota serviana su Mario e Pompeo. Priamo, Pompeo e Mario e, più specificatamente, gli eventi qui richiamati erano famosissimi exempla sui rovesci della sorte, ben noti nelle scuole di retorica, spesso accostati in cataloghi afferenti al topos (già Cicerone, in Tusc. 1.85-87, paragona la sorte di Priamo a quella di Pompeo) 44. In una tale et hanc opinionem plene Vergilius sequitur. Degno di nota, peraltro, che in Lucano il monstrator si limita ad indicare il luogo, ma non spiega quale evento sia lì avvenuto. Servio cita Lucano e, al contempo, fornisce un’esegesi precisa del passo della Pharsalia (cfr. anche le Adnotationes e i Commenta al luogo lucaneo). 41 Vd. gli studi specifici sul tema (MOLES [1983], p. 287; BOWIE [1990]; SCARCIA [1996], p. 125-126; HINDS [1998], p. 8-10; MORGAN [2000], p. 52) e i commenti (HORSFALL [2008] ai passi di Aen. 2; ROCHE [2009] a LUCAN. 1.685-686). Fra i saggi più recenti segnalo RADICKE (2004), p. 138; CHIESA (2005), p. 18, n. 54; HORSFALL (2010), p. 237-238; SCAFOGLIO (2012), p. 664; TZOUNAKAS (2014), p. 229-230; AMBÜHL (2015), p. 301, n. 40. Sono grato a Sergio Casali per aver discusso con me il tema delle allegorie storiche in Aen. 2 e per aver generosamente accolto alcuni miei spunti di riflessione nel suo commento (CASALI [2019] ai passi citati, con addenda). 42 A Servio interessa fornire un’interpretazione del testo, non documentare puntigliosamente la sua interpretazione. Tischer analizza alcuni casi in questo senso (TISCHER [2006a], p. 59-69; TISCHER [2006b]). Da non escludere, naturalmente, che il parallelo con Lucano fosse esplicitato nell’esegesi precedente, su cui Servio potrebbe basarsi. 43 SERV., Aen. 6.621 VENDIDIT HIC AVRO PATRIAM etiam haec licet generaliter dicantur, habent tamen specialitatem: nam Lasthenes Olynthum Philippo uendidit, Curio Caesari XXVII s. Romam: de quo Lucanus (4.820) “Gallorum captus spoliis et Caesaris auro”. Ecco i passi di Virgilio e Lucano: VERG., Aen. 6.621-622 uendidit hic auro patriam dominumque potentem / imposuit […]; LVCAN. 4.819-824 Momentumque fuit mutatus Curio rerum, / Gallorum captus spoliis et Caesaris auro. / […] Emere omnes, hic uendidit Vrbem. L’uso della fonte lucanea è analizzato da DEWAR (1988), ESPOSITO (2004a), p. 71-73, TISCHER (2006a), p. 65 e CUCCHIARELLI (2019), p. 507-508, che sottolineano il probabile autoschediasmo serviano (contra THOMAS [2001], p. 91-92). Anche in questo caso bisogna notare che Servio menziona una parte del passo lucaneo contenente la parola auro, ma la sua identificazione nasce chiaramente dal v. 824 hic uendidit Vrbem, da lui non citato ma senz’altro dato per presupposto: non a caso i Commenta Bernensia e le Adnotationes presentano il parallelo con Virgilio al v. 824. Sulla modalità di citazione vd. sopra. 44 NARDUCCI (2002), p. 113-116; HORSFALL (2010), p. 240-241; SCARCIA (1996); DELVIGO (2013), p. 31-32.
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ottica non sembrerebbe strettamente necessario, insomma, presupporre che Servio si basi su Lucano. Tuttavia, questo approccio, che valorizza la capacità serviana di riconoscere elementi topici, non darebbe adeguato conto della vicinanza testuale fra Virgilio e Lucano. Eventualmente si può ipotizzare una spiegazione più composita: a livello tematico Servio riconosce e associa immagini topiche a lui ben note, ma a livello testuale può trovare una conferma definitiva nei versi della “historia” di Lucano, a lui altrettanto noti; il commentatore non sente però la necessità di citarli, proprio perché gli eventi – l’historia che qui Virgilio tangit – afferiscono a exempla celeberrimi (causa nobilium)… e/o perché, come detto, Servio non è interessato a citare le sue fonti sempre e comunque. Un’ultima possibilità è che Servio stia riportando un’esegesi virgiliana molto antica, anteriore a Lucano, a cui Lucano si sarebbe rifatto nell’imitare i due passi virgiliani: un’esegesi allegorica, nata forse sulla scia dell’interpretazione delle Bucoliche, mirante a scovare anche nell’Eneide riferimenti alla storia (più o meno) recente. Quest’ultima ipotesi, per quanto audace, rappresenta certo un affascinante scenario alternativo a quello da me proposto. 45 Conclusioni Cerchiamo di trarre qualche conclusione sul problema delle allegorie storiche nel secondo libro delle Eneide, integrandola con i risultati della nostra analisi precedente. La questione è complessa e delicata e non si può che ragionare in linea ipotetica, ma tocca certamente una serie di interrogativi fondamentali non solo su Servio, sulla sua modalità di citazione e sulla “sensibilità intertestuale” da lui dimostrata, ma anche, in senso più ampio, sull’esegesi di Virgilio e Lucano, sulla dinamica allusiva che lega i due autori e sulla storia dell’interpretazione di tale dinamica allusiva. Contro la tendenza diffusa fra critici lucanei e virgiliani, che impiegano la notizia serviana senza porsi il problema delle sue possibili fonti, credo che Tischer abbia posto una questione di metodo rilevante: la sua soluzione, acuta e prudente, appare pienamente coerente con la sensibilità intertestuale che ho cercato di mettere a fuoco. Servio (o qualcuno prima di lui?) avrebbe dunque impiegato calzanti paralleli lucanei con il fine di identificare allusioni alla historia nascoste nell’Eneide. Mi sembra tuttavia sia una semplificazione considerare tale operazione un mero autoschediasmo (così Tischer e, grosso modo, gli altri critici che pensano a Lucano come base della notizia serviana) – una semplificazione che non considera la suddetta sensibilità intertestuale e non le rende minimamente giustizia. L’operazione serviana porta ad abbozzare una lettura tutta “lucanea” dell’episodio virgiliano e a identificare alcuni snodi importanti della dinamica allusiva fra Virgilio e Lucano: dietro la caduta di Troia si nasconde la tragedia delle guerre civili, condotte e vinte 45
Cfr. STOK (2020) sulla prima esegesi virgiliana e in particolare su Asinio Pollione.
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da personaggi fatis deum defensi iniquis (Serv., Aen. 2.257) 46. Non sono però convinto che l’ipotesi di una fonte lucanea per Servio debba avere conseguenze così radicali come vorrebbe Tischer, che considera improbabile che Lucano identificasse allusioni storiche nei testi virgiliani e impossibile che Virgilio volesse stimolare una tale interpretazione del suo testo 47. Insieme alla maggior parte dei critici lucanei e virgiliani, continuo a pensare che, nella sua dinamica allusiva con l’Eneide, Lucano presenti in modo scientemente provocatorio tali associazioni (Mario-Sinone, Pompeo-Priamo) e che questo dato, insieme a tutta la topica di exempla da tempo identificata, dimostri che siffatte associazioni erano possibili ed in una certa misura spontanee nella mente di un lettore del primo secolo d.C.; mi pare cosa probabile, se non certa, che esse siano state previste da Virgilio 48. Se insomma Servio si è basato su Lucano per interpretare Virgilio, ha seguito una “pista esegetica” molto felice, che di fatto, nel suo piccolo, ha aperto la strada alla moderna comprensione dell’intertestualità Virgilio-Lucano.
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Per una più precisa comprensione di tale “sensibilità intertestuale”, conviene specificare che essa appare spesso strettamente connessa agli interessi più tipici del commentatore per questioni di carattere “tecnico” (storico, geografico, rituale, mitologico…). Proprio questi interessi lo portano però a identificare e a valorizzare tali legami allusivi. 47 Secondo Tischer il pubblico contemporaneo a Virgilio non sarebbe riuscito a cogliere le allusioni storiche citate da Servio, perché questi le ha potute proporre solo grazie ai passi di Lucano (TISCHER [2006a], p. 69-70, n. 125 e [2006b], p. 97-98, n. 26-27). 48 In questo senso vd. i saggi di HORSFALL (2010) e DELVIGO (2013), la quale ha proposto una convincente interpretazione dell’allusione a Mario, finora assai poco valorizzata.
Occasional Poetics and Pindaric Exegesis. A Hypothetical Schema Isagogicum in the Scholia Vetera to Pindar and its Interpretative Premises* Gregor BITTO
1. Introduction 1.1. Schemata Isagogica in Ancient Commentary Literature Placing methodological considerations at the beginning of one’s work is a custom not only found in modern scholarly literature. On the contrary, we can see from quite early on an interest in such explicit deliberations in Greek literature, e.g. in Thucydides’ famous chapter on his own methods (1.22). 1 Such deliberations remain a standard for proems to ancient scholarly prose as we can see, for example, in a very extensive form in the opening books of Strabo’s Geographica. 2 Scholarly works concerned with the exegesis of poets surely contained such methodological prefaces too, although no Greek example has survived the transformation from separate commentary to scholia. Fortunately, the commentaries to Latin authors give an insight in how such prefaces to commentaries on poetical works and their schemata isagogica looked like. 3 In the fourth century * I would like to thank the organizers, especially Jean-Christophe Jolivet, for inviting me to their wonderful conference on the poetics of ancient commentaries at Lille and for giving me the opportunity to publish my thoughts here. 1 This remains valid even if we take Thucydides’ singularity into account. For Thucydides’ historical method and his methodological statements (throughout his work) see FORSDYKE (2017). 2 See PRONTERA (2016), esp. p. 254-255, stressing that “Strabo offers the most elaborate reflection that antiquity has passed down to us on the nature of geography, the tasks of the geographer, and his audience” (p. 254). A good overview about the two prolegomena books of Strabo is provided by AUJAC (1969), p. 3-50. Such prolegomena, especially to philosophical works and biblical commentaries, have been intensively studied: see e.g. MANSFELD (1994) and SKEB (2007); for mathematical works see MANSFELD (1998). 3 See e.g. MANSFELD (1994), p. 43-48 and, especially, SKEB (2007), p. 107-119 where these topics and the two excerpts from Donatus and Servius are treated in much more detail. I concentrate here on the systematical approach as such and refer to Skeb for a convincing explanation of the Latin termini technici. See, too, VAN BERCHEM (1952) who shows that Donatus’ and Servius’ methodology goes back to Hellenistic philology, although it is specifically Pergamene, not Alexandrian influence he detects in the pedagogical and practical approach to literature evidenced by such methodological statements (p. 84).
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AD, Aelius Donatus explains in his praefatio to Virgil’s Eclogues (uita Donat. 47, p. 41-42 Brugnoli / Stok): Quoniam de auctore summatim diximus, de ipso carmine iam dicendum est, quod bifariam tractari solet, id est ante opus et in ipso opere. ante opus titulus causa intentio. titulus, in quo quaeritur cuius sit quid sit; causa, unde ortum sit et quare hoc potissimum sibi ad scribendum poeta praesumpserit; intentio, in qua cognoscitur, quid efficere conetur poeta. in ipso opere sane tria spectantur: numerus ordo explanatio. “Since I have talked about the author in a summary fashion we have to talk now about the poem itself, which is done usually in a twofold manner, that is, before the work and within the work. Before the work are: the title, the cause, the intention. In the category ‘title’ we have to investigate whose it is and what it is; in the category ‘cause’ what is the origin and why the poet chose to write this particular work; in the category ‘intention’ we discern what the poet tried to achieve. Within the work itself three aspects are looked at: number, ordering, explanation.”
Donatus’ methodological remarks show that he is interested in adopting a systematical approach and that he is not inventing it (solet tractari). In a remarkably similar way, 4 Servius explains his method in interpreting Virgil about half a century later (comm. in Aen., p. 1,1-3 Thilo-Hagen): In exponendis auctoribus haec consideranda sunt: poetae uita, titulus operis, qualitas carminis, scribentis intentio, numerus librorum, ordo librorum, explanatio. “When explaining authors one has to consider the following things: the poet’s life, the title of the work, the character of the poem, the intention of the author, the number of books, the ordering of the books, the explanation itself.” 5
Both Donatus and even more so Servius show in their way of expression a certain concern for temporal sequences: in Donatus, we find an explicit reference to a twofold distinction between the preconditions and the finished work (bifariam... ante opus et in ipso opere). 6 For Servius, it all begins with the 4 A detailed comparison of Donatus and Servius is made by OSEBOLD (1968), p. 86-153 who shows Donatus’ influence on Servius. Nevertheless, Osebold points out that Servius not just copied Donatus’ approach and material, but reworked and expanded it according to his own ends (p. 157-159); cf., too, IRVINE (1994), p. 121-126. 5 Cf., too, the systematical approach for the tragedians observed by Trendelenburg already 150 years ago: according to him Didymus following Aristophanes of Byzantium treated other sources of the same myth, the nature of the prologue and the messenger speeches, the staging, the choir, the characters of the play and their entries and exits, the effects on the audience, the parallels and deviations from Homer (TRENDELENBURG [1867], p. 69). 6 See the convincing explanation by SKEB (2007), p. 110-111, referring to SEN., Epist. Mor. 58.21: Habet aliquam faciem statua: haec est idos. Habet aliquam faciem exemplar ipsum quod intuens opifex statuam figurauit: haec idea est. Etiam nunc si aliam desideras distinctionem, idos in opere est, idea extra opus, nec tantum extra opus est, sed ante opus.
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poet’s life as the ultimate source, then he proceeds to an overall view of the poem, reflecting its title and general character; still on a meta-level and harking back to the poet is the question of the poet’s intention; next comes a step by step narrowing of the focus: the books’ sequence, the structure of the individual books and, finally, the sequential explanation of every passage. 1.2. Historical Aspects of Ancient Exegesis Both passages from Donatus and Servius show a trademark of ancient exegesis: they see the author of a work and his life as the ultimate source of the work and, therefore, the ultimate point of reference for exegesis. 7 Furthermore, as Tischer (2006a) has shown, for ancient commentators there existed a direct link between the historical circumstances that surrounded the genesis of a literary work and the composition of the text itself that had to be discovered by the commentator as a kind of allegorical encryption in the text. Even for a poet like Homer who rarely speaks about himself we can see how certain passages provoke the interpreter’s acumen for biographical readings: the special focus on Thersites and his negative description in the second book of the Iliad are explained by a personal vendetta on Homer’s part: Thersites is said to have been Homer’s tutor who appropriated his money. 8 Either this is a complete ad hoc invention, because there are several other passages where the commentators made a clear distinction between the poet’s time and the time of his heroes. Or, this is an abbreviated version of a fuller commentary that suspected, behind the figure of Thersites, a portrait of this malicious tutor. For the scholia to Euripides, it is clear that Euripides introduces his characters as spokesmen of his own view; 9 they see links to contemporary history. 10 Concerning the occasion they provide interpretations about the performance, regarding entries and exits, and the staging; Euripides paying homage to the Athenian audience and so on. 11 For tragedy’s twin, the comedy, the Aristophanes scholia furnish us with explanations and allusions to contemporary events. 12 In Plutarch’s Quaestiones Conuiuales one of the speakers deems old comedy not 7 For a short overview of ancient biographical readings, see KORENJAK (2003), p. 61-66. See, too, the classical analysis of ancient poets’ lives as biographical readings of their poetry by LEFKOWITZ (2012²). 8 Schol. AbT Il. 2.212b ex. (ed. ERBSE): ἐπίτροπον τοῦ ποιητοῦ φασιν αὐτόν, σφετερισάμενον τὴν οὐσίαν κτλ. 9 Schol. Hec. 254 (ed. SCHWARZ): καί ἐστι τοιοῦτος ὁ Εὐριπίδης, περιάπτων τὰ καθ’ ἑαυτὸν τοῖς ἥρωσι καὶ τοὺς χρόνους συγχέων. 10 Schol. Andr. 734: ἔνιοί φασι παρὰ τοὺς χρόνους αἰνίττεσθαι τὰ Πελοποννησιακά. οὐκ ἀναγκαῖον δὲ κατασυκοφαντεῖν τὸν Εὐριπίδην, ἀλλὰ φάσκειν πλάσματι κεχρῆσθαι. 11 Cf. TRENDELENBURG (1867), p. 131-132 and 135-137; and, especially, NÜNLIST (2009), ch. 19 on the staging of dramatic texts according to the scholia. 12 Cf. NÜNLIST (2009), p. 225-227.
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fit for the symposium since one needs a γραμματικός in order to understand all the allusions and jokes so that the symposium runs the risk of becoming a school. 13 We can see from these examples that there is an awareness of and an interest in the historical aspects of these plays, an interest, to be sure, that frequently tended to historical overinterpretation. This is especially true for the scholia to Pindar, as René Nünlist has observed already: “Generally speaking, the ancient scholars whose comments are excerpted in the Pindaric scholia are very prone to read between the lines and as a result recognize rather too many allusions to historical events and persons.” 14 2. Occasionality in the Scholia Vetera to Pindar 15 2.1. Historical/Biographical Circumstances and Occasions To see a link between the text and the historical author and to interpret the text in a biographical manner are of course important prerequisites for occasional poetics but they are not necessarily the same. Just to give one example: Pindar begins his first Pythian ode by invoking the golden lyre. One scholion reads: “Some say that Hieron promised Pindar a golden lyre. Therefore the poet wanted to remind him of his promise and began the proem with the lyre.” 16 This is clearly a biographical interpretation, but apart from mentioning the 13 Quaest. Conu. 7.3 (712A): δεήσει γραμματικὸν ἑκάστῳ τὸ καθ’ ἕκαστον ἐξηγεῖσθαι, τίς ὁ Λαισποδίας παρ’ Εὐπόλιδι καὶ ὁ Κινησίας παρὰ Πλάτωνι καὶ ὁ Λάμπων παρὰ Κρατίνῳ. καὶ τῶν κωμῳδουμένων ἕκαστος, ὥστε γραμματοδιδασκαλεῖον ἡμῖν γενέσθαι τὸ συμπόσιον κτλ. 14 NÜNLIST (2009), p. 227. 15 Being tied to a special occasion one may, of course, call a characteristic of ancient lyric poetry in general (cf. LOWRIE [1997], p. 19: “The degree zero of lyric discourse is utterance, a dramatic speaking out grounded in occasion [...].”), but especially of epinician poetry. Although, I do not want to claim that for the poems of Pindar the Hellenistic commentators developed a specific method of interpretation, I hope I can show that their general exegetic conventions when applied to Pindar with an awareness of their occasional character generate something that may be called occasional poetics. This is not meant in the modern sense as opposed to ‘real’ lyric without purpose, sprung forth from the mind of the autonomous poet. And I do not want to create an opposition between occasional lyric with its ties to the real world and bookish lyric without any relation to real life. I want to understand ‘occasional’ in the broad meaning of having a specific reason for its composition and performance that is also inscribed into the poem itself in a much more concrete way than it is the case for tragedy and Dionysiac festivals. I concentrate on Pindar’s odes, because only for them a substantial amount of exegetic material has been preserved, in contrast to other epinician poets and lyric poets in general. 16 Schol. Pyth. 1.1a (ed. DRACHMANN): τινὲς χρυσῆν ὑποσχέσθαι κιθάραν τὸν Ἱέρωνα τῷ Πινδάρῳ. διὸ καὶ ὁ ποιητὴς ὑπομιμνήσκων αὐτὸν τῆς ἐπαγγελίας ἀπὸ τῆς κιθάρας ἤρξατο τοῦ προοιμίου κτλ.
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victor Hieron as one of the protagonists of this little anecdote, it has no relation to the actual occasion, the Pythian victory. The reader can only infer that the promised lyre was intended as payment for the ode, but that is not said so explicitly. Indeed, it is striking that the scholia to Pindar offer so many examples of historical allusions, much more than any other scholiographic corpus to a poetical text. 17 First of all, it is the frequency of first person statements that provides a basis for biographical interpretations. 18 Apart from this, Pindar’s poetry appears to be to a high degree historical or historically cross-referenced. For the scholars working on Pindar there existed lists of victories, inscriptions, and historians writing about, for example, the rulers of Sicily for whom Pindar composed his odes. In general, the time Pindar was working in was accessible via historiographic accounts. Already at first glance, the individual ode itself displayed historic references: the name of the victor, the agon and so on. Homer by comparison could be localized neither chronologically nor geographically as accurately as Pindar. Furthermore, the question of occasionality seems much more urgent when one has to consider not only two works, but at least 45 odes, to name just the epinicians. In contrast, the connection of tragedy and comedy to its occasions – despite the latter’s frequent references to contemporary history – appears rather loose when compared to Pindar. 19 Stressing the importance of the occasion with regard to ancient Pindar commentaries may seem to risk an anachronistic interpretation of ancient philology. It is true that one important strand of modern Pindar studies focused on the epinicians’ occasional nature, 20 but ancient and modern views on occasionality differ among others in one essential aspect. 21 In the modern sense, occasionality centres on the original performance and possible re-performance as the occasion of celebration. In the ancient sense, occasionality is much more centred on the victory itself as the occasion, which, however, does not exclude the performance. Earlier scholarship tended to be too one-sided with regard to the aesthetics of ancient Pindaric exegesis. Matthias Gelzer for example stated that the focus of Alexandrian scholarship on form and rhetoric resulted in a purely aesthetic interpretation of Pindar’s odes as bookish lyric without any consideration of the 17 See BITTO (2012), p. 88-97 and 220-223 for a more thorough treatment of these issues. 18 For the first person in Pindar see LEFKOWITZ (1991), p. 1-71. 19 This seems to have been the impression of ancient recipients, too; see the famous criticism of Attic tragedy: οὐδὲν πρὸς τὸν Διόνυσον (for the testimonia, see LEONHARDT [1991], p. 68-69). 20 See, e.g., for Pindar HORNBLOWER / MORGAN (2007), for the epinician genre AGÓCS / CAREY / RAWLES (2012), or for archaic poetry in general ATHANASSAKI / BOWIE (2011). 21 I thank Enrico Prodi for pointing out this particular difference to me. For a more detailed comparison of ancient and modern interpretation of Pindar’s occasionality see BITTO (2012), p. 393-397.
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occasion. 22 As the examples in the following section will show this is a far too narrow view that does not match the extant commentary material in the scholia uetera. The occasion, though, is not only as a point of reference for the interpretation of an individual ode, but also served as macro-structural criterion. Stefan Schröder demonstrated in a thorough analysis that the generic classifications of Pindar’s and Bacchylides’ poetry made by Alexandrian scholars paid, if not exclusive, but great attention to the original occasion in order to get valid clues to its generic affiliation and thereby for the structuring of the complete edition and attribution of individual odes to certain books. 23 A famous example for the lively debate about the original occasion of a certain ode and its effect on the generic classification is the inscription to Pyth. 2: Γέγραπται μὲν Ἱέρωνι ἅρματι νικήσαντι, ἄδηλον δὲ εἰς ποῖον ἀγῶνα· διεστασίασται γὰρ οὐ μετρίως τοῖς πρὸ ἡμῶν. οἱ μὲν γὰρ οὐδὲ ὅλως ἐπίνικον αὐτὸν εἶναί φασι, Τίμαιος δὲ θυσιαστικὴν, Καλλίμαχος Νεμεακὴν, Ἀμμώνιος καὶ Καλλίστρατος Ὀλυμπιακὴν, ἔνιοι Πυθικὴν, ὡς Ἀπολλώνιος ὁ εἰδογράφος, ἔνιοι δὲ Παναθηναϊκήν. “The ode was written for the chariot victory of Hiero, but it is unclear for which agon: because there was an excessive debate about that among earlier scholars. Namely, some said that it is not an epinician ode at all, for Timaius it is a sacrificial ode, for Callimachus a Nemean ode, for Ammonius and Callistratus an Olympian ode, for some a Pythian ode, as for Apollonius the Eidographer, for others a Panathenaic ode.”
The interest in the occasional nature of Pindar’s poetry is not only discernible in scholarly literature, but in literary reception as well. Horace’s 24 odes show a 22 GELZER (1982-1984), p. 139. See the overview of earlier secondary literature in SCHRÖDER (1999), p. 113-114. See, too, the general reflections about inadequate theorizing about lyric in antiquity in JOHNSON (1982), p. 76-95. With regard to the Pindaric corpus Johnson sees Aristophanes of Byzantium as “the first serious and successful theorist of lyric genre in Western literature” (p. 84), but Johnson stresses the gap between originally performed lyric poetry and bookish lyric that forced readers to adopt different aesthetical categories for the appreciation of lyric poetry (p. 86-87). For a collection of ancient theoretical statements about lyric poetry, see FÄRBER (1936). 23 SCHRÖDER (1999), p. 110-153, see esp. 136-153 for examples of how the original occasion served as a criterion for arranging the editions of Pindar and Bacchylides; see, too, his final sentence on p. 153: “Man tut mithin den alexandrinischen Gelehrten Unrecht, wenn man ihnen unterstellt, für die Funktionsgebundenheit der Arbeit der großen Lyriker kein Sensorium besessen und ihre Werke als bloße Buchpoesie mißverstanden zu haben.” See, too, n. 11. 24 A contemporary of Horace is Didymus who traditionally is credited as being more interested in historical matters than his predecessor Aristarchus, cf. DEAS (1931), p. 8; IRIGOIN (1952), p. 56; more nuanced, though: VASSILAKI (2009); cf. BITTO (2012), p. 54-55; neutral concerning Didymus’ interest in historical matters: PFEIFFER (1968), p. 276-277. This would fit in very well with Schol. Olymp. 3.1d where Didymus’ explanation, in
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high level of awareness of lyric occasionality not only concerning his own poetry, but also concerning his lyrical ancestors. In the famous Pindar ode 4.2, Horace lists Pindar’s works and except for one genre, he does not designate the different genres by their name, but by their link to their addressees and occasions (Carm. 4.2.9-24, tr. G. Lee): Laurea donandus Apollinari, Winner of the crown of Apolline laurel seu per audacis noua dithyrambos 10 Whether he rolls down in adventurous dithyrambs his new-coined words and is borne along by uerba deuoluit numerisque fertur Free-flowing rhythms, lege solutis, Or he sings of Gods and of kings, by blood the seu deos regesque canit, deorum Sons of Gods, whose hands laid the Centaurs low in sanguinem, per quos cecidere iusta morte Centauri, cecidit tremendae 15 Well-deserved death, laid low the terrifying Fiery Chimaera, flamma Chimaerae, siue quos Elea domum reducit palma caelestis pugilemue equomue dicit et centum potiore signis munere donat, 20
Or he tells of those the Elean palm brings Home again as godlike, of charioteer or Boxer, giving them a more precious gift than One hundred statues,
flebili sponsae iuuenemue raptum plorat et uiris animumque moresque aureos educit in astra nigroque nuidet Orco.
Or he mourns the fate of young husband torn from Weeping bride and lauds to the Stars his golden Character and spirit and strength, begrudging These to black Orcus.
The dithyrambs at the top of the list are of course a nod to the emblematical status of this genre for the inspired genius Pindar: that is why they are designated with their explicit generic title. In addition, this catalogue of works is by no means randomly put together, but mirrors, as Ignazio Cazzaniga has shown, the sequence of works of the Pindar edition made by Aristophanes of Byzantium. The deos regesque mirrors the subdivision εἰς θεοὺς καὶ εἰς ἀνθρώπους, the threnoi come at the end in both catalogues. 25 So, it comes as no surprise that not only the sequence of these works, but also the way of referring to them is informed by the Alexandrian way of interpreting Pindar’s works. 26
contrast to Aristarchus’, is called ἱστορικώτερον (but this may very well be just limited to this particular case). 25 CAZZANIGA (1970-1971). 26 In addition, the comparison with the one hundred statues seems like a hint to the story behind the commission of Nemean 5 developed in Schol. Nem. 5.1a involving a quarrel with the victor’s family about the fee and the supremacy of the word above the statue (see §2.2).
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2.2. An Implicit Schema Isagogicum Epinicorum For Pindar’s odes, as I want to argue, the victor becoming the sponsor of a poem could be the starting point of developing an occasional poetics by proceeding along a chronological line from the victor to the poem. Commentators imagined to my mind a possible chronological sequence from victory to performance, thus making the ode into product of specific historical phenomena. This development can be arranged into a chronological sequence of five elements. In the following, I want to go briefly through these elements and give one example from the scholia for each in order to illustrate my point: 1) the victor: he is the cause of the occasion, the victory; he is part of the poetics with all his circumstances, that is his hometown and its contemporaneous history, his genealogy, physical aspects, etc. Schol. Pyth. 8.1a links the opening invocation of Hesychia to a contemporary political crisis in the victor’s hometown. 27 2) the victory itself: that is the specific type of contest, the circumstances of the victory, etc. Schol. Pyth. 12.52 refers the gnome that a daimon gives or refuses contrary to human expectations (Pyth. 12.29-31) to the unexpected victory after the breaking of the auloi. 28 3) the commission: there are, of course, the people commissioning the ode, that is the victor and his family or someone else; there are discussions about the fee, competitors, etc. Schol. Nem. 5.1a explains the opening comparison with a sculptor as a specific hint at the commissioning: the family was at first shocked about Pindar’s fee and said that for that amount of money they could hire a sculptor. But then they changed their mind and commissioned the ode. 29 4) the composition itself: that includes the time Pindar needs to compose the ode, other commitments he has, other things happening to Pindar during the composition. Schol. Olymp. 10.1b takes Pindar’s opening confession that he forgot the victor’s commission and the financial metaphor at face value and explains: “Pindar seems, after having agreed to write the epinikion, to have 27 Schol. Pyth. 8.1a: ἰδίᾳ Αἰγινήταις ἦσαν στάσεις περὶ τὸν τῆς νίκης τοῦ Ἀριστομένους καιρόν· διὸ καὶ οἰκείως τὴν Ἡσυχίαν κατεύχεται, ποιητικώτατα δὲ τὴν ἡσυχίαν τῆς δικαιοσύνης ἔφη παῖδα εἶναι, ᾗ καὶ ἐκ τῶν ἐναντίων τῆς ἀδικίας τὸν θόρυβον. For the scholia to Pyth. 8 and their (pseudo)historical interpretations see LEFKOWITZ (1991), p. 72-88. 28 Schol. Pyth. 12.52: ἤ τοι σήμερον δαίμων ἢ ὕστερον· τουτέστιν, ἐὰν μὴ παραχρῆμά τις εὐτυχήσῃ, μὴ ἀδημονείτω· ὁ γὰρ θεὸς τὸ εἱμαρμένον ἢ σήμερον τελέσει ἢ αὔριον. τοῦτο δέ φησιν, ἐπεὶ ἀπροσδοκήτως ἐνίκησε κλασθέντος τοῦ καλάμου. 29 Schol. Nem. 5.1a: φασὶν ὅτι οἱ τοῦ Πυθέου οἰκεῖοι προσῆλθον τῷ Πινδάρῳ παρακαλοῦντες ὅπως εἰς αὐτὸν γράψῃ ἐπίνικον· Πινδάρου δὲ αἰτήσαντος τρισχιλίας δραχμὰς ἔφασαν ἐκεῖνοι κάλλιον εἶναι χάλκεον ἀνδριάντα ποιῆσαι τῆς αὐτῆς τιμῆς ἢ τὸ ποίημα. χρόνῳ δὲ ὕστερον γνωσιμαχήσαντες ἐπανῆλθον τὸ αὐτὸ διδόντες· ὁ δὲ ἐξονειδίζων αὐτοὺς οὕτως ἤρξατο, κτλ.
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forgotten to write it; in return he offers it with an interest in order to settle the debt by adding a little ode, the following one.” 30 5) and finally, the performance: that includes the role of the poet, the choir and choirmaster, the audience, contemporaneous events, etc. Schol. Nem. 3.1c offers several explanations why Pindar summons the Muse to Aigina. Aristarchus is credited with the following explanation: right after the victory in Nemea an improvised song was performed, now the choir is waiting in Aigina for Pindar’s real ode. 31 Every element can be regarded as a possible influence for the substance of the ode, or to put it in a methodological way: every element can become an angle for interpretation, as we have seen in the examples. This five elements model of occasional poetics may seem forced at first glance. 32 But taking the schema isagogicum as formulated in Servius as a model one could easily imagine an explicit methodological reference in a lost preface to a commentary on Pindar’s odes (possibly of later date, but encapsulating a longer tradition) running in a Latin version like this: in exponendis carminibus Pindaricis 33 haec consideranda sunt: uictor, uictoria, conuentum, confectio, actio (“When explaining Pindar’s epinician odes one has to consider the following things: the victor, the victory, the commission, the composition and the performance”). Here, we would have then a similar interest in chronology as observed in Donatus and Servius as a backbone for the sequence of interpretational steps. The fragmented form of our scholia could give the impression that ancient exegesis was a random collection of observations on the text. Bearing in mind that these scholia represent only traces of the original commentary traditions we Schol. Olymp. 10.1b: ἔοικεν ὁ Πίνδαρος ἐκ πολλοῦ συνθέμενος γράφειν τὸν ἐπίνικον ὀλιγωρῆσαι τῆς γραφῆς, αὖθις δὲ ἀποδιδοὺς αὐτῷ σὺν τόκῳ ὥσπέρ τι χρέος παλαιὸν διαλύεσθαι προσθεὶς ἕτερόν τι ᾠδάριον τὸ ἑξῆς. For a fuller treatment of the opening of Olymp. 10 in the scholia see BITTO (2017). 31 Schol. Nem. 3.1c: ἐζήτηται, πῶς ἐπικαλεῖται τὴν Μοῦσαν ἐλθεῖν εἰς Αἴγιναν ὑπὲρ τοῦ τὸν ὕμνον ᾀσθῆναι [...]. ὁ μὲν οὖν Ἀρίσταρχός φησιν, ἤτοι τὸν χορὸν ὑπὸ τὸν καιρὸν τῆς νίκης αὐτοσχέδιόν τινα ἐπίνικον ᾆσαι [...]. μεταβάντος οὖν τοῦ χοροῦ εἰς τὴν Αἴγιναν καὶ μέλλοντος ᾄσειν τὸν ὑπὸ τοῦ Πινδάρου πεποιημένον εἰκότως φάναι· κτλ. 32 Cf., too, MANSFELD (1994), p. 48: “If the proem to Servius’ commentary on the Aeneid had been lost, one would be inclined to believe that he dealt with the preliminary issues in an implicit way only, or that he was not aware that one could, if one wished, discuss a full set [...]. Accordingly, the fact that in other extant ancient commentaries preliminary issues are often dealt with in an implicit and/or incomplete way does not always entail that no schema isagogicum was put to use. On the other hand, individual issues may of course be discussed, and are in fact discussed, by authors who wrote before the schemata isagogica came to be formalized. As so often happens, the actual practices existed long before a formal theoretical system was developed.” 33 For other ancient epinician poets the method was very likely the same. I confine this schema isagogicum to Pindar only because it was generated out of the scholia vetera to his poems. 30
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have to assume that without systematically conceived critical tools not even the random notes we have left would have been possible. Therefore, it seems to me not unlikely that some systematical thinking about the occasional nature of Pindar’s poems, comparable to my hypothetical reconstruction, lies behind these scholia. Furthermore, commentaries tend to show theory in action and do not focus on explaining theory itself. When they do, it mainly has a didactic impetus or serves as a proof for the argumentation (see the introduction). Both do not seem necessary in the case of occasional poetics that can be seen convincingly at work for an ancient reader. This does not, however, exclude the possibility that some theoretical thinking about occasional poetics was lost in the transformation from commentaries to scholia. So far, we have seen individual examples for each of the five elements. In the longer discussions of certain problems, we can detect several of these at work in order to solve this problem. As an example, I take the scholia to Olympian 3. The scholia pose the question why the Dioscuri are invoked at the beginning of Olympian 3. The following answers are given in the different scholia. Schol. Olymp. 3.1a 34 presents three answers. First explanation: according to Aristarchus these gods where worshipped in Akragas in a special way; this would be n° 1 of my five elements, the victor. Second explanation: while Theron won the agon, the theoxenia for the Dioscuri were celebrated; again n° 1. Third explanation: Heracles handed the presidency for this agon to the Dioscuri, as Pindar says himself in the ode (Olymp. 3.36); this time the agon, n° 2, is the starting point for the explanation. A fourth explanation is offered by Schol. Olymp. 3.1b: the victory celebration and the theoxenia took place together. 35 That would be n° 5 of my model: during the performance of the ode, that is, during the victory celebration, reference is made to contemporaneous events. It is less likely, to my mind, to take the victory celebration as the one immediately after the victory. So, this would create a very sophisticated reference on Pindar’s part and expect a lot from his audience: they would have to know, and some of them even remember, the original victory celebration and its religious circumstances in order to appreciate the opening allusion. 34 Schol. Olymp. 3.1a: ζητεῖται τί δήποτε ὁ Πίνδαρος Ὀλυμπικὸν ὕμνον γράφων εὔχεται τοῖς Διοσκούροις προσηνεῖς τῇ ᾠδῇ γενέσθαι· ἐχρῆν γὰρ, εἴπερ ἄρα, Ἡρακλέα τὸν διαθέντα τὸν ἀγῶνα κατακαλεῖσθαι. (1) Ἀρίσταρχος μὲν οὖν τὴν ἀπορίαν διαλύων τοὺς θεοὺς τούτους σφόδρα ἐν Ἀκράγαντί φησι τιμᾶσθαι. – (2) οἱ δέ φασι θεοξενίων ὄντων καὶ κεκλημένων τῶν Διοσκούρων εἰς τὰ θεοξένια τὸν Θήρωνα νικῆσαι, ᾧ συγχρησάμενον τὸν Πίνδαρον εὔχεσθαι τοῖς Διοσκούροις. – (3) οἱ δὲ ὅτι Ἡρακλῆς ἀποθεούμενος τούτοις ἐπέτρεψε τὸν ἀγῶνα, ὡς καὶ αὐτὸς ὁ Πίνδαρός φησι [cf. Olymp. 3.36: τοῖς [sc. διδύμοις παισὶ Λήδας] γὰρ ἐπέτˈραπεν Οὔλυμπόνδ’ ἰὼν / θαητὸν ἀγῶνα νέμειν]. τῇ Ἀρισταρχείῳ ἀποδόσει ὁ Δίδυμος μᾶλλον προστίθεται. 35 Schol. Olymp. 3.1b: (4) διὰ τί δὲ τούτοις εὔχεται ἀρέσαι; διὰ τὸ εἰς θεοξένια γράφειν.
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Schol. Olymp. 3.1c combines two perspectives resulting in a fifth explanation: it begins with Heracles appointing the Dioscuri as overseers of the games. Then, it proceeds that while Theron the victor was making his sacrifice for the theoxenia, the victory was announced. 36 Schol. Olymp. 3.1d presents a sixth explanation: according to Didymos the victor’s ancestry goes back to Argos where the Dioscuri are worshipped. This would be again n° 1 of the five elements. 37 A seventh and last explanation is to be found in Schol. Olymp. 3.10c: the komos for the victory celebration may have made its way to the temple of the Dioscuri. Some suppose that this was due to the victor’s relationship (οἰκειότητα) to the Dioscuri. 38 This explanation is in some way related to the fourth one, seeking a religious kind of connection. Here again, if the victory celebration is meant during which the ode was performed, this would correspond to n° 5 of my five elements. In addition, element n° 1 comes in via the connection to the victor. The scholia 1a, 1b and 1d give evidence that the five elements or angles can be employed to produce mutually exclusive alternatives, that is the second and the fourth explanation (if my favoured interpretation for the fourth explanation is correct), but also, and more frequently: co-existing ones, for example the first and the fourth explanation, or a combination like the seventh one. Furthermore, different degrees can be discerned when employing one of these perspectives. The first explanation, that is, Aristarchus’, is made in a very general way with reference to the cult practice of the victor’s hometown. Schol. Olymp. 3.1d weighs Aristarchus’ interpretation against Didymus’, who refers also to the victor’s ancestry, and calls Didymus’ explanation, ἱστορικώτερον, historically more accurate or including more historical data. If we add the end of scholion 1a where it is said that Didymus agrees with Aristarchus, we can see that Didymus is not necessarily refuting Aristarchus but developing his line of thought. 39
Schol. Olymp. 3.1c: (5) οἱ Διόσκουροι κατὰ ἐντολὴν Ἡρακλέος διατεθειμένοι τὸν Ὀλυμπιακὸν ἀγῶνα ὡς ἐνομοθέτησεν Ἡρακλῆς· τούτοις γὰρ εἰς θεοὺς ἀναχωρῶν Ἡρακλῆς τὴν τῶν Ὀλυμπιακῶν ἀγώνων φροντίδα καὶ ἐπιμέλειαν ἐνεχείρισεν· οὗτοι ἀφ’ ἑαυτῶν ἐπενόησαν πανήγυριν θεοξένια παρὰ τὸ δοκεῖν τότε ξενίζειν τοὺς θεούς. θύοντος οὖν τοῦ Θήρωνος εἰς θεοξένια, ἐν τοσούτῳ ἠγγέλθη αὐτῷ καὶ ἑτέρων αὐτοῦ ἵππων νίκη, καὶ εἰς τοῦτο γράφει ὁ ποιητής. More accurately, the last sentence of this scholion reads that “the victory of others of his horses was announced.” Whatever these other horses are, the general sense is clear. 37 Schol. Olymp. 3.1d: (6) ὁ δὲ Δίδυμος ἱστορικώτερον λέγει καί φησι διὰ τὸ τὸν Θήρωνα ἄνωθεν Ἀργεῖον εἶναι· τιμῶνται δὲ κατὰ τὸ Ἄργος καὶ τὴν Πελοπόννησον οἱ Διόσκουροι. 38 Schol. Olymp. 3.10c: (7) οὐκ ἀπιθάνως στοχάζονται, ὅτι ἴσως εἰς Διοσκούριον ὁ κῶμος ἤγετο καὶ ἡ πομπὴ διὰ τὴν πρὸς τοὺς Διοσκούρους τοῦ Θήρωνος οἰκειότητα. 39 Cf., too, BRASWELL (2013), p. 142 that there is no contradiction. 36
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Although, we do not find any examples for elements 3 and 4 in our extant scholia to Olymp. 3, it would be easy to fill out the gaps. For n° 3: “When Theron commissioned the ode he instructed Pindar to pay special attention to the Dioscuri.” We can find this kind of concrete instruction, for example, in Schol. Pyth. 4.467: Damophilus commissioned the ode because he wanted Pindar to reconcile him with Arcesilaus, the victor and ruler of Cyrene. 40 And, finally, for n° 4: “During the composition Pindar had some kind of Dioscurean epiphany.” This may seem far-fetched, but consider Schol. Pyth. 3.137b that is not too far away from this kind of thinking: there, an anecdote about the epiphany of the Mother of Gods during Pindar’s lessons for the aulos player Olympichus is adduced in order to explain the reference to her in the ode. 41 This hypothetical filling out of gaps is not intended to ridicule the ancient commentators’ way of interpreting Pindar, rather I want to illustrate how easily different explanations for textual problems can be found once you have a systematical way of finding solutions. The five elements model provides exactly that without having to resort to ad hoc problem solving for every difficult line or passage. Rather, it offers a plausible historical framework that may be used to generate answers. 2.3. Interpretative Premises for Occasional Poetry Apart from the five elements model of victor-victory-commission-compositionperformance, one can summarize, then, the Alexandrian interpretative premises for occasional poetry in four points: 1) Epinician odes are epideictic in a rhetorical sense as being encomiastic speech and in a very literal sense: they point towards something, that is, the victor and the occasion. 2) Therefore, every single aspect of the ode is potentially related to the original occasion (that is, to at least one of the five elements mentioned above). 3) Passages difficult to comprehend are to be interpreted in light of the occasion, that is: the confusion arises due to our missing knowledge as a later audience or a deliberate obscuring on the part of the poet; as a result, aspects of the occasion, known from the ode or other sources, may serve as a means to explain obscure passages. 40 Schol. Pyth. 4.467: ἐν τοῖς οὖν στασιώταις ἦν καὶ ὁ Δημόφιλος, ὃς καὶ αὐτὸς ἀνάστατος γέγονε τῆς πατρίδος, καὶ φυγαδευθεὶς ἔρχεται εἰς Θήβας καὶ ἀξιοῖ τὸν Πίνδαρον (τινὲς δὲ, ὅτι καὶ τὸν μισθὸν τοῦ ἐπινίκου δίδωσι τῷ Πινδάρῳ αὐτός), ὥστε τῇ τοῦ ἐπινίκου γραφῇ διαλλάξαι αὐτὸν πρὸς τὸν Ἀρκεσίλαον. 41 Schol. Pyth. 3.137b: Ἀριστόδημός φησιν Ὀλυμπίχου αὐλητοῦ διδασκομένου ὑπὸ Πινδάρου γενέσθαι κατὰ τὸ ὄρος, ὅπου τὴν μελέτην συνετίθει, καὶ ψόφον ἱκανὸν καὶ φλογὸς καταφοράν· τὸν δὲ Πίνδαρον ἐπαισθόμενον συνιδεῖν Μητρὸς θεῶν ἄγαλμα λίθινον τοῖς ποσὶν ἐπερχόμενον, ὅθεν αὐτὸν συνιδρύσασθαι πρὸς τῇ οἰκίᾳ Μητρὸς θεῶν καὶ Πανὸς ἄγαλμα.
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4) Different explanations may arise from the last two points. Then they have to be weighed against each other: the one more related to the occasion, that is, the one being more historically concrete, is to be preferred. One may add a fifth point, although it can only be inferred very implicitly from the scholia: 5) The occasional nature inscribed in the odes prolongs the occasion, that is every reading makes them in a virtual way alive again, because the circumstances have to be known from other sources, inferred from the ode itself, imagined according to and combined with information from other sources: that way Pindar achieves the eternal glory of the victor’s pivotal moment he promises in his odes because every interpretation seeks a reconstruction of the original occasion and resembles a re-performance. Occasionality and everlasting fame do not exclude each other, but actually presuppose each other. Since this is far from being obvious, I want to dwell on this point a little longer. The scholia have a strong tendency to see Pindar as a poet writing his odes, and it is the fact of being written that plays an important role in preserving the work. One scholion may serve as an illustration. 42 Through several paraphrases it develops Pindar’s thought of the word living longer than the deed to a Hellenistic way of expressing this idea. In the fourth Nemean ode, Pindar says (Nem. 4.6-8, tr. W. Race): ῥῆμα δ’ ἐργμάτων χρονιώτερον βιοτεύει, For the word lives longer than deeds, ὅ τι κε σὺν Χαρίτων τύχᾳ which, with the Graces’ blessing, γλῶσσα φρενὸς ἐξέλοι βαθείας. the tongue draws from the depths of the mind.
Schol. Nem. 4.10a paraphrases these lines in the following way: (1) παντὸς ἔργου χρονιώτερόν ἐστι τὸ ῥῆμα, τουτέστιν ὁ ὕμνος· (2) οἷον τὰ λεγόμενα πάντα ἢ γραφόμενα χρονιώτερά ἐστι τῶν ἔργων. (3) τὰ μὲν γὰρ ἔργα τῷ γεγονέναι παρήκει, τὰ δὲ γραφόμενα αἰώνια παραδίδοται. (4) ποῖα δέ; ἃ ἂν μετὰ τῆς ἐκ Χαρίτων τύχης τεχθῇ καὶ προαιρεθῇ ἐκ τῆς γλώττης ἑκάστῳ· (5) ὡς ἐάν γε χωρὶς Χαρίτων γράφηται ὁ ὕμνος, ἀπόλωλε καὶ ἔσβεσται, ἐὰν δὲ μετὰ Χαρίτων, μένει πρὸς αἰῶνα. (6) εὖ δὲ [Valkenaer; εὔδια codd.] καὶ Καλλίμαχος [frg. 7.13-14 Pf.]· ἔλλατε νῦν, ἐλέγοισι δ’ ἐνιψήσασθε λιπώσας χεῖρας ἐμοῖς, ἵνα μοι πο[υ]λὺ μένωσιν ἔτος. “(1) longer than every deed lasts the word, that is the hymn; (2) for everything said or written lasts longer than the deeds. (3) since the deeds come to an end when having been done; what is written is produced as eternal. 42
This example and its analysis are taken from BITTO (2012), p. 363-365.
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(4) What sort? Whatever is composed by anyone with the assistance of the Graces and put forth by the tongue: (5) because whenever the hymn is written without the Graces, it has perished and is extinguished; but whenever it is written with the Graces, it persists into eternity. (6) This is well expressed also by Callimachus: ‘Come now, wipe your anointed hands with my elegies, so that they persist many a year.’”
One can summarize the procedure in the following way: 1) a first paraphrase of the first line, close to the text, ῥῆμα is glossed by ὕμνος; 2) a second paraphrase of the same line: γραφόμενα is inserted; oral and written composition are placed side by side; 3) the general thought is explained, oral composition is left out, only γραφόμενα remains; 4) lines two and three are taken into account in a paraphrased version as an explanation for point (3); 5) final combination of the re-interpreted first line (~ 3) and a second paraphrase of lines two and three; 6) a quotation from Callimachus (frg. 7.13-14 Pf.) illustrates the closeness to Hellenistic aesthetics; furthermore, it strengthens the idea of the existence of poetry as a written artefact. The long life Pindar promises to the fame he awards to his patrons is for the scholia inextricably linked to the existence as a written artefact that ensures mechanical survival. But the commentary itself is proof that the physical existence itself is not enough: interpretation for contemporary readers is necessary. With this interpretation, occasionality comes in and revives the artefact, thus making interpretation a re-imaging of the original occasion. Conclusion The scholia uetera to Pindar are extremely aware of the occasional nature of these poems. Much more than any other extant scholiographic corpus like, for example, scholia to the tragedies and comedies, they interpret the epinician odes in terms of occasional poetry. This is in itself not a critical tool unique to the Pindar scholia. Rather, historical and biographical interpretations that are generally en vogue with ancient readers are developed into a kind of occasional poetics because they are applied to Pindar’s odes in a quite systematic fashion. It seems that the occasion has been analysed in a chronological way, extrapolating something like the five elements I propose, ranging from the victor and the victory, to the commission and composition, and, finally, to the performance. With this pattern, the commentator gains five angles from which he can interpret the text, solve problems and explain difficult passages. Furthermore,
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the occasion is, thus, the unifying factor for every ode. One could almost say that the occasion in its five elements becomes fossilized into the ode. The ode as a written artefact of the occasion is, then, revived in the process of interpretation by re-imaging the occasion, thus linking the moment of the occasion to the promised eternal fame. 43
43 At least at the end I have to add three caveats, though: 1) It is scholarly consensus that there is a lot of Alexandrian material in the scholia to Pindar (see DICKEY [2007], p. 38). But the noticeable focus on the occasion could at least partly be due to the late-antique/byzantine transformation into scholia. When abbreviating, historical information or something that is taken for it may be valued higher than other aspects. However, I would add that maybe it is more reasonable to assume a continued interest in this occasional aspects of Pindar’s poetry from Hellenistic times onwards. – 2) A strong interest in historical circumstances and occasional poetics are absolutely no guarantee for historical accuracy or reliability. – 3) It goes without saying that every interpreter so absorbed by one methodology almost necessarily runs the risk of overinterpreting the text. But that is something that is true not only for ancient readers.
Le ‘drame’ de l’idylle. Personnages, poètes, lieux dans les scholies à Théocrite Enrico Emanuele PRODI
Cet article a pour objet certains aspects de l’exégèse des Idylles de Théocrite dans l’Antiquité hellénistique et romaine 1. Ce sont, en premier lieu, les aspects que l’on pourrait qualifier de dramatiques : identification des personnages qui prennent part à l’action, du lieu où elle se déroule, de la présence (ou bien de l’absence) d’une voix narrative. On examinera ensuite l’identification (ou non) de cette dernière avec le poète en tant qu’individu – identification qui, on le verra, n’est pas aussi absolue dans la scholiastique ancienne qu’on le suppose parfois. Faute d’alternatives, il faudra considérer « les scholies à Théocrite » comme un corpus unitaire, la somme des matériaux variés qui nous ont été transmis à travers les manuscrits de l’époque byzantine et qu’on lit aujourd’hui dans l’édition Teubner (et ce, bien que le codex d’Antinoé, qui remonte au cinquième ou sixième siècle de notre ère, nous offre un éclairage précieux sur une étape antérieure et en partie différente des études sur Théocrite) 2. On ne connaît pas suffisamment les éléments qui ont constitué le corpus ni le processus de sa formation pour pouvoir en distinguer les strates, pour assigner plus que quelques bribes 1
Je remercie les organisateurs du colloque et les participants à la discussion, qui ont beaucoup amélioré l’exposé dont cet article est issu, et spécialement Séverine Tarantino, qui a généreusement essayé de débarbariser mon français. Toute erreur qui reste est naturellement de mon fait. Mes recherches à ce sujet, entreprises pendant une Junior Research Fellowship à Christ Church (Oxford), ont été achevées dans les premières semaines d’une bourse Marie Skłodowska-Curie financée par le programme de recherche et innovation Horizon 2020 de l’Union Européenne (Grant Agreement n° 708556). 2 Teubner : WENDEL (1914) ; son complément fondamental est WENDEL (1920). Codex d’Antinoé (MP3 1487) : HUNT / JOHNSON (1930), p. 19-87 ; sur la nature et l’origine de ses scholies, voir au moins MONTANA (2011) ; MELIADÒ (2014), p. 14-34. La papyrologie nous a restitué deux autres exemples importants d’exégèse théocritéenne de la période impériale : P. Oxy. 2064 + L 3548 + LXXXII 5294 (MP3 1489), ed. pr. Hunt in HUNT / JOHNSON (1930), p. 3-19, et P. Monts. Roca inv. 316 (MP3 1495.121), ed. pr. TORALLAS TOVAR / WORP (2009), voir aussi MELIADÒ (2011) ; TORALLAS TOVAR / WORP (2014). À l’exception de ce dernier, tout le corpus des scholies à Théocrite sur papyrus est réédité dans MCNAMEE (2007), p. 376-443.
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d’exégèse à un savant ou un autre – et même à une époque ou une autre – pour tracer de façon assurée la naissance et le développement des notions dont nous nous occupons ici 3. Ce qui est certain, c’est que ce développement ne fut pas linéaire : les scholies en attestent sporadiquement les incertitudes ; et il trouve des témoins à travers son abondant héritage dans les scholies tardives aux Bucoliques de Virgile, dont malheureusement il ne nous sera pas possible de traiter ici. Nous analyserons systématiquement les phénomènes qui nous intéressent dans le corpus tel qu’il nous est parvenu, sans tenir compte de l’aspect proprement historique. Les scholies à la plupart des idylles sont précédées par une introduction contenant un bref résumé de l’« argument », de la situation et du sujet de l’idylle. Plusieurs de ces argumenta expliquent tout d’abord la situation énonciative de l’idylle. Tantôt il y a un dialogue entre deux personnages 4 : 1, arg. c (23) ποιμὴν δέ τις εἰσάγεται πρὸς αἰπόλον διαλεγόμενος, οὗ τὸ ὄνομα οὐκ ἔστιν εἰπεῖν. d ἐν τούτωι τῶι εἰδυλλίωι διαλέγονται πρὸς ἑαυτοῦς Θύρσις ποιμὴν καὶ αἰπόλος, ἤτοι Μενάλκας ἢ Κομάτας· ἀγνοεῖται γὰρ τοῦ αἰπόλου τὸ ὄνομα. 4, arg. a (134) ἔστι Βάττος μὲν αἰπόλος, Κορύδων δὲ βουκόλος, οἳ πρὸς ἀλλήλους διαλέγονται ἀμοιβαίως. b Βάττος αἰπόλος καὶ Κορύδων βουκόλος ἀμοιβαίως πρὸς ἀλλήλους διαλέγονται. 5, arg. a (154-155) αἰπόλος καὶ ποιμὴν ἐπὶ Ἰταλίας ἀλλήλοις διαλέγονται δι’ ἀμοιβαίων. b προσδιαλέγονται δὲ ἀλλήλοις ποιμὴν καὶ αἰπόλος ἐπὶ Ἰταλίας δι’ ἀμοιβαίων. c προσδιαλέγονται δὲ ἀλλήλοις ἐπὶ Ἰταλίας ποιμὴν καὶ αἰπόλος. 10, arg. a (222) Μίλων δ᾽ ἔστι καὶ Βάττος ἐν τῶι θερίζειν προσδιαλεγόμενοι ἀλλήλοις.
Tantôt, au contraire, c’est seulement un personnage qui parle à un autre, soit en s’exprimant en son nom propre, soit en citant longuement des discours prononcés par autrui : 2, schol. Ant. 1 ἡ Σιμαίθα ἡ δέσποινα πρὸς μίαν δούλην Θεστυλίν 5. 3, arg. a (116) ἐπικωμάζει δέ τις Ἀμαρυλλίδι τοῦ ὀνόματος μὴ δηλουμένου. 6, arg. a (188) προσδιαλέγεται Ἀράτωι τινὶ φίλωι ἑαυτοῦ ὁ Θεόκριτος. c (189) τοῦ δὲ Ἀράτου, ὧι προσφωνεῖ, καὶ ἀλλαχόθι μνημονεύει. e τοῦ δὲ Ἀράτου, ὧι προσφωνεῖ, καὶ ἐν τοῖς Θαλυσίοις μνημονεύει. schol. 1 (190) τοῦτό φησιν ὁ ποιητὴς πρὸς τὸν Ἄρατον. 11, arg. a (240) προσδιαλέγεται δὲ ὁ Θεόκριτος Νικίαι τινὶ ἱατρῶι Μιλησίωι τὸ γένος. b προσδιαλέγεται δὲ ὁ Θεόκριτος ἱατρῶι Νικίαι Μιλησίωι τὸ γένος. 13, arg. a (257) πάλιν δὲ τῶι Νικίαι προσδιαλέγεται ὡς καὶ ἐν τῶι Κύκλωπι. Après WENDEL (1920), p. 74-84, les données connues sur les plus anciens commentateurs de Théocrite ont été recueillies et examinées par BELCHER (2005) et PAGANI (2007). 4 Ici et par la suite, le chiffre entre parenthèses est celui de la page dans WENDEL (1914). 5 B fol. 3v ; HUNT / JOHNSON (1930), p. 37 ; MCNAMEE (2007), p. 377. 3
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Le verbe utilisé est fréquemment le même, προσδιαλέγομαι : du point de vue de la terminologie du scholiaste, le tropisme de ce « parler » – s’il est réciproque ou s’il y a une distinction catégorique entre locuteur et destinataire – est secondaire. Ce qui est peut-être plus intéressant est un troisième type de commentaire, qui concerne non pas l’articulation énonciative de l’idylle tout entière, mais plus précisément la situation énonciative au début de l’idylle. Ce sont les quelques notes qui ont recours au verbe προλογίζω : Anecdoton Estense III 10 6 (13) προλογίζει μὲν οὖν ὁ ποιμήν. 6, tit. (188) προλογίζει ὁ Θεόκριτος καὶ ὁ Ἄρατος. 7, arg. c (77) προλογίζει ὁ Θεόκριτος. 9, tit. (215) Δάφνις καὶ Μενάλκας καὶ προλογίζει ὁ ποιμήν. schol. 1/2a (215) νομεύς τις προλογίζει ὁ καὶ κριτής.
Comme le remarque René Nünlist 7, ce verbe n’implique pas une notion de prologue au sens moderne du terme : les premiers vers des Idylles 6 et 7 peuvent aisément être considérés ainsi, mais dans l’Idylle 1, il n’est pas question de prologue en ce sens ; le berger est simplement celui qui parle le premier 8. Cet usage trouve bien des parallèles dans les scholies et les hypotheseis dramatiques, autant tragiques que comiques : ces textes identifient fréquemment le personnage qui προλογίζει, qu’il y ait ou non un « prologue » à proprement parler, prononcé par ce seul personnage 9. Ce n’est pas la seule ressemblance entre l’exégèse ancienne de Théocrite et celle des dramaturges du cinquième siècle. Plusieurs des hypotheseis transmises par les manuscrits médiévaux – celles qu’on appelle parfois « hypotheseis savantes » par opposition aux « hypotheseis narratives » 10 – se terminent, de façon quasiment formulaire, par l’identification de trois éléments : le lieu où l’action scénique est située ; la composition du chœur ; et le personnage qui parle le premier 11. Au sujet de ce dernier, nous venons de voir que les scholies à Théocrite en font mention de temps en temps. Évidemment, il n’est pas question de chœurs dans les Idylles. Quant à l’identification du cadre de l’action, on la trouve également dans les éléments introductifs d’un grand nombre de poèmes : 1, arg. c (23) τὰ μὲν πράγματα διάκεινται ἐν Σικελίαι. an. Est. III 9 (13) διάκειται δὲ τὰ πράγματα ἐν Σικελίαι. 5, arg. a (154-155) αἰπόλος καὶ ποιμὴν ἐπὶ Ἰταλίας ἀλλήλοις διαλέγονται δι᾽ ἀμοιβαίων. 6
Sur l’anecdoton Estense (par la suite an. Est.) voir n. 17 ci-dessous. NÜNLIST (2009), p. 100 avec n. 29. 8 Voir aussi arg. a Id. 14 (294) εἰσάγεται προλέγων χαίρειν πολλά ὁ Αἰσχίνης, où le scholiaste utilise un verbe différent mais équivalent. 9 Exemples de ce dernier cas : arg. 3, schol. Ar. Eq. 1c Jones, arg. a Ar. Th. Regtuit ; hyp. S. Aj.; El.; OC Pearson. 10 VAN ROSSUM-STEENBEEK (1998), p. 32-34 ; MECCARIELLO (2014), p. 7-11. 11 VAN ROSSUM-STEENBEEK (1998), p. 33 ; MECCARIELLO (2014), p. 8. L’identification de cette structure remonte finalement à SCHNEIDEWIN (1853), p. 11. 7
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b προσδιαλέγονται δὲ ἀλλήλοις ποιμὴν καὶ αἰπόλος ἐπ᾽ Ἰταλίας δι᾽ ἀμοιβαίων. c προσδιαλέγονται δὲ ἀλλήλοις ἐπὶ Ἰταλίας ποιμὴν καὶ αἰπόλος. 6, arg. b (188) διάκεινται δὲ δύο ἄνδρες ἄιδοντες ἐν Σικελίαι, Δαμοίτας καὶ Δάφνις. c (189) τὰ δὲ πράγματα ὑπόκεινται ἐν Σικελίαι. d τὰ πράγματα ἐν Σικελίαι. 7, arg. b (76) τὰ δὲ πράγματα διάκεινται ἐν Κῶι. 8, arg. a (203) τὰ μὲν πράγματα ἐπὶ Σικελίας. b τὰ πράγματα ἐν Σικελίαι. 9, arg. (215) τὰ μὲν πράγματα ἐπὶ Σικελίας ὑφίστανται. schol. 15[b] (217) ἐν Σικελίαι γὰρ τὰ πράγματα. 10, arg. a (222) ἄδηλον ἐν ὧι χωρίωι διάκειται τὰ πράγματα. 14, arg. b (294) τὰ πράγματα ἐν Σικελίαι. 15, arg. (305) ὑποτίθεται δέ τινας Συρακοσίας τὸ γένος παρεπιδημούσας ἐν Ἀλεξανδρείαι καὶ κατὰ σύνταξιν ἐπὶ θέαν ἐξιούσας τῆς πομπῆς τοῦ κοσμηθέντος Ἀδώνιδος ἐπὶ Ἀρσινόης τῆς Φιλαδέλφου γυναικός.
Le plus souvent, la localisation se fonde sur des éléments plus ou moins certains repérés dans le texte des idylles. À cet égard, on remarque que les πράγματα siciliens de l’Idylle 6 concernent le contenu du récit, non pas la situation énonciative, que rien de particulier n’oblige à situer en Sicile. On ne saurait dire pourquoi le scholiaste affirme que l’Idylle 14 se déroule, elle aussi, en Sicile : la schol. 5a (295 ; cf. 5b-c) soutient que le Pythagoricien athénien affamé dont il est fait mention aux v. 5-7 n’est nul autre que Platon, qui quitta sa patrie pour se rendre en Sicile au temps du tyran Denys ; mais se peut-il qu’une telle histoire ait été conçue sans que l’on ait déjà au préalable supposé que l’idylle était située en Sicile ? Pourtant, bien que l’identification soit plutôt étrange, elle ne l’est pas plus que celle de la chanteuse argienne des Syracusaines (Id. 15) avec Télésilla, que semble postuler le scholiaste d’Antinoé 12. Il faut prêter attention au seul cas où le cadre de l’action n’est ni indiqué ni omis. En introduisant l’Idylle 2, le scholiaste avoue qu’on ne sait pas de façon certaine où l’action est située. Cela est significatif en ce qu’il sous-entend que la localisation d’une idylle n’est pas (ou n’est pas toujours) une donnée que le commentateur fournit seulement quand il en est capable, et qu’il laisserait de côté dans le cas contraire. Le scholiaste se sent apparemment obligé de poser la question pour y répondre par la négative. On s’attend, certes, à ce que le commentaire indique le cadre de l’action ; l’absence de cette information exige une explication. Nous venons de voir à peu près le même problème dans arg. c Id. 1 et arg. a Id. 6 (23, 116) : le scholiaste déclare ouvertement que les noms 12 B fol. 6r : HUNT / JOHNSON (1930), p. 46 ; MCNAMEE (2007), p. 402. Voir aussi VOX (1991), p. 202-204, quoiqu’il suive HUNT / JOHNSON (1930), p. 76 et comprenne la scholie (qui est biffée sur le manuscrit, peut-être parce qu’elle est déplacée, comme plusieurs autres) comme l’identification d’une allusion à un ouvrage de Télésilla, et non de la chanteuse elle-même. Explication différente chez MONTANA (2011), p. 293.
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du chevrier de la première idylle et du locuteur de la sixième ne sont pas connus. Il n’est pas question de signaler uniquement les personnages qu’on peut nommer ; l’anonymat des autres doit aussi être signalé. En fait, l’attention au cast est encore un élément qui rapproche l’exégèse théocritéenne de celle du théâtre attique. Dans nos manuscrits médiévaux, bien des idylles sont précédées d’une liste des personnages qui y apparaissent 13, précisément comme on énumérait les dramatis personae des comédies et des tragédies. Soulignons en particulier que cela n’a pas lieu seulement au début des idylles proprement dramatiques, celles qui sont entièrement constituées d’un échange entre deux personnages ou plus, mais également au début de quelques idylles « mixtes » – cette distinction sera examinée infra – où un échange entre deux personnages est encadré par une voix narrative, comme la sixième, la huitième, la neuvième. En fait, l’indication du lieu de l’action apparaît de façon similaire : elle n’est pas donnée seulement pour les idylles proprement dramatiques, mais aussi pour celles dans lesquelles, qu’elles soient purement dramatiques ou mixtes, l’élément dramatique est notable. On peut donc conclure pour l’instant que les scholies à Théocrite s’emparent de certains outils de l’exégèse dramatique pour en faire un usage qui n’est pas occasionnel, mais fréquent : cet usage s’étend au point d’identifier comme dramatique, ou quasiment dramatique, une partie considérable du genre bucolique en tant que tel. Bien entendu, l’aspect dramatique de la poésie bucolique est rendu évident pour le lecteur, d’abord par le paratexte éditorial : les paragraphoi délimitant les parties parlées des différents personnages, les didascalies qui les identifient dans la marge – éléments qui se retrouvent précisément dans les manuscrits des tragédies, comédies, drames satyriques. Ce paratexte accompagne le texte, même en l’absence de matériaux exégétiques proprement dits, et nous n’en traiterons pas ici, parce qu’il ne relève qu’indirectement de la scholiastique ; mais le matériel exégétique, quand il est présent, accentue cet aspect d’une façon claire et efficace. Comme toujours, ce n’est pas seulement le contenu de ce matériel, l’exégèse stricto sensu, mais aussi sa structure, la logique des informations à inclure et à exclure, qui orientent la lecture du texte qu’il accompagne. La tripartition des textes littéraires, voire poétiques, en dramatiques, narratifs et mixtes a une très longue histoire qui commence pour nous avec la République de Platon (392b, 394b-c), se poursuit avec la Poétique d’Aristote (1488a) et se retrouve dans plusieurs corpora de scholies 14. La terminologie est variable d’un auteur à l’autre 15, mais les trois catégories demeurent les mêmes : on a des textes entièrement constitués de discours de personnages divers (dont l’exemple 13 Voir l’apparat de GALLAVOTTI (19933), p. 57, 93, 105, 111, 114. Les dramatis personae de l’Id. 15 sont énumérées aussi dans le codex d’Antinoé, B fol. 6r : HUNT / JOHNSON (1930), p. 45. 14 Pour une discussion détaillée des sources principales, voir NÜNLIST (2009), p. 94-102. 15 Bilan précis chez NÜNLIST (2009), p. 99.
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principal est évidemment le drame) ; des textes qui sont confiés exclusivement à la voix d’un narrateur, sans intrusion d’aucune autre ; et des textes où il y a un narrateur premier qui, toutefois, laisse la parole de temps en temps à tel ou tel de ses personnages, comme dans l’epos homérique 16. On retrouve cette tripartition dans les scholies à Théocrite, autant dans l’un des prolegomena que plusieurs manuscrits donnent en amont du texte des Idylles (D : 4-5) que dans l’anecdoton Estense, texte contenant une introduction à la poésie bucolique et à l’Idylle 1 qui est probablement l’œuvre du savant byzantin Jean Tzetzès 17. La version tzetzienne mérite d’être citée : an. Est. III 6 (11) ὅτι πάσης ποιήσεως τρεῖς ἐχούσης χαρακτῆρας, διηγηματικόν, δραματικὸν καὶ μικτόν, τὸ βουκολικὸν ποίημα μῖγμά ἐστι παντὸς εἴδους, ὥσπερ συγκεκραμένον· διὸ καὶ χαριέστερόν ἐστι τῆι ποικιλίαι τῆς κράσεως. ποτὲ μὲν γὰρ διηγηματικόν ἐστι, ποτὲ δὲ δραματικόν, ποτὲ δὲ μικτόν. ἔστι δὲ δραματικὸν μὲν τὸ μηδαμῆι γε ἐμφαῖνον τὸ πρόσωπον τοῦ ποιητοῦ, διηγηματικὸν δὲ τὸ διόλου ἐμφαῖνον, μικτὸν δὲ τὸ πῆι μὲν ἐμφαῖνον, πῆι δὲ οὔ.
Pour Tzetzès, donc, ce qui fait la différence est le « personnage du poète », selon qu’il apparaît tout au long du texte, ou nulle part, ou seulement dans certains passages. Un intérêt pour ce « personnage » se retrouve dans plusieurs passages des scholies elles-mêmes, explicitement ou non. Quand une idylle est entièrement narrative (Id. 12) ou possède un cadre narratif (Id. 8), le scholiaste peut dire qu’à son début « le discours vient du personnage poétique » : 8, arg. a (203) ὁ δὲ λόγος ἐκ τοῦ ποιητικοῦ προσώπου. b ὁ δὲ λόγος ἐκ τοῦ ποιητικοῦ προσώπου. 12, arg. a (249) ὁ δὲ λόγος ἐκ τοῦ ποιητικοῦ προσώπου πρὸς ἐρώμενον.
Le « personnage poétique » est invoqué aussi quand l’idylle est purement dramatique et le scholiaste reconnaît ce fait : 1, arg. b (23) ἔστι δὲ ἀμοιβαῖον καὶ δραματικώτερον μὴ ὑποδεικνυμένου τοῦ ποιητικοῦ προσώπου. an. Est. III 9 (13) ὅτι τὸ πρῶτον τοῦτο εἰδύλλιον δραματικόν ἐστιν· οὐ γὰρ δείκνυται τὸ πρόσωπον τοῦ ποιητοῦ. 5, arg. a (154) αἰπόλος καὶ ποιμὴν ἐπὶ Ἰταλίας ἀλλήλοις διαλέγονται δι᾽ ἀμοιβαίων δραματικώτερον τοῦ ποιητικοῦ προσώπου μὴ συνεκφαινομένου. b (155) προσδιαλέγονται δὲ ἀλλήλοις ποιμὴν καὶ αἰπόλος ἐπὶ Ἰταλίας δι᾽ ἀμοιβαίων. δραματικώτερον δέ ἐστι τὸ εἰδύλλιον τοῦ ποιητικοῦ προσώπου μὴ ἐμφαινομένου. 16 Pour des raisons de simplicité, par la suite nous appellerons « narrateur » le narrateur primaire. 17 L’identification de l’auteur de l’an. Est. avec Tzétzès se trouve dans son editio princeps : KAYSER (1906), p. 97. Sur cet ouvrage, son contenu et ses sources, voir KAYSER (1906), p. 54-97 ; WENDEL (1920), p. 9-17. La section sur la poésie bucolique (la troisième) se trouve dans WENDEL (1914), p. 7-13, qui est en fait l’editio princeps de sa toute dernière partie (III, 9-10), voir p. XXII.
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c προσδιαλέγονται δὲ ἀλλήλοις ἐπὶ Ἰταλίας ποιμὴν καὶ αἰπόλος. δραματικώτερον δέ ἐστι τὸ εἰδύλλιον τοῦ προσώπου τοῦ ποιητοῦ μὴ ἐμφαινομένου. 15, arg. (305) παρέπλασε δὲ τὸ ποιημάτιον ἐκ τῶν παρὰ Σώφρονι Ἴσθμια Θεωμένων καὶ κεχωρισμένον ἐστὶ τοῦ ποιητικοῦ προσώπου.
Ce qui mérite d’être souligné dans tous ces cas est l’usage du mot πρόσωπον. Il ne désigne pas le poète en tant qu’individu historique, l’auteur en tant que tel ; c’est le poète dans le texte, le poète en tant que personnage. Bien que les critiques anciens (comme on le sait, et comme nous le verrons plus en détail) ne connaissent pas notre concept de « narrateur » par opposition à celui d’auteur 18, le concept de « personnage poétique » est probablement celui qui s’en rapproche le plus dans l’érudition antique. Bien sûr, le « personnage poétique » est considéré – la terminologie en témoigne – comme une hypostase de l’auteur à l’intérieur du texte, ce que le narrateur n’est pas ; toutefois, on perçoit l’embryon du concept de narrateur dans la distinction cruciale entre le poète et son « personnage », entre le niveau extra-textuel et celui du texte. Par ailleurs, le concept de « personnage poétique » illustre encore une fois la perspective dramatique dont nous avons traité dans la première partie de cet article – perspective qui ne se limite pas aux autres personnages, mais vaut aussi pour le « poète » lui-même. Cela n’a rien de surprenant. Les scholiastes, qui se chargent fréquemment d’établir qui parle à tel ou tel moment, doivent faire la même chose quand le locuteur est celui qu’ils identifient avec le poète. On le voit aussi dans les copieuses annotations marginales du codex d’Antinoé : le narrateur de l’Idylle 26 est ὁ ποιητ(ής) 19, et c’était aussi le cas pour l’Idylle 24, à en juger par la scholie qui paraphrase sa conclusion, malheureusement perdue 20. Il n’est pas question de niveaux de narration, comme le veut la narratologie ; tandis que le poète en tant qu’auteur est (naturellement) censé être responsable du texte tout entier 21, dans cette perspective dramatique, le « personnage poétique » n’est qu’un personnage comme les autres, dont l’intervention se termine dès qu’il laisse la parole à quelqu’un d’autre. Ce besoin de distinguer entre locuteurs, intra- ou même extra-textuels, s’appliquait également à bien d’autres auteurs non dramatiques. Les scholies à Pindare, par exemple, ont souvent recours à des expressions telles que ὁ λόγος ἀπὸ τοῦ ποιητοῦ, ὁ λόγος ἀπὸ (ou ἐκ) τοῦ χοροῦ, etc. pour mieux expliquer un passage 22. En référence à Alcman, Francesca Schironi a tout récemment mis en NÜNLIST (2009), p. 132-133. B fol. 7r : HUNT / JOHNSON (1930), p. 49 ; MCNAMEE (2007), p. 426. 20 B fol. 9v : HUNT / JOHNSON (1930), p. 55 ; MCNAMEE (2007), p. 425. 21 Ce qui a pour effet de lui assigner les actes, les mots et même quelquefois la mentalité de ses personnages (on pense par exemple à la construction ancienne du caractère d’Euripide à partir de celui de certains de ses personnages ; voir NÜNLIST [2009], p. 133). 22 Voir NÜNLIST (2009), p. 132 ; SCHIRONI (2019), p. 111-118. 18 19
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évidence la façon dont le Grand Parthénée du Louvre (PMGF 1 = fr. 3 Calame) 23, au moyen d’une combinaison de paragraphoi et d’annotations marginales, répartit les v. 39-59 du poème en deux demi-chœurs, « celles du côté d’Agido » et « celles du côté d’Hagésichora » 24. Quant au « personnage poétique », le mieux connu est probablement celui d’Homère. On se souviendra de l’« Homère de Bankes », un somptueux rouleau de papyrus du deuxième siècle de notre ère qui préserve une partie étendue du livre 24 de l’Iliade 25. Dans les marges, des sigla à fonction de didascalies identifient le locuteur de chaque partie : parmi elles, ΠΟ signale les parties du ποιητής 26. On retrouve même « le poète » dans un papyrus d’un ouvrage latin anonyme, l’Alceste de Barcelone, daté du quatrième siècle de notre ère 27. Encore une fois, donc, quand « le poète » fait son apparition à l’intérieur du texte en tant que narrateur, il est traité tout comme les autres personnages, même du point de vue graphique. Le ποιητικὸν πρόσωπον des scholies théocritéennes n’est nullement une exception. En revanche, dans d’autres cas, le scholiaste ne recourt pas au concept de « personnage poétique » et identifie franchement la voix narrative avec « Théocrite » ou parfois « le poète » : 6, arg. a (188) προσδιαλέγεται Ἀράτωι τινὶ φίλωι ἑαυτοῦ ὁ Θεόκριτος, οὗ μέμνηται καὶ ἐν τοῖς Θαλυσίοις. cf. e (189) τοῦ δὲ Ἀράτου, ὧι προσφωνεῖ, καὶ ἐν τοῖς Θαλυσίοις μνημονεύει. schol. 1 (190) τοῦτό φησιν ὁ ποιητὴς πρὸς τὸν Ἄρατον. schol. 6b (191) ὁ ποιητὴς ἐκ προσώπου τοῦ Δάφνιδος. 7, arg. a (76) ἐπιδημήσας ὁ Θεόκριτος ἐν Κῶι ἐφιλιώθη Φρασιδάμωι καὶ Ἀντιγένει τοῖς Λυκωπέως υἱοῖς. b (76-77) ἐπιδημήσας γὰρ ὁ Θεόκριτος τῆι νήσωι, καθ᾽ ὃν χρόνον εἰς Ἀλεξάνδρειαν πρὸς Πτολεμαῖον ἐπορεύετο, φίλος κατέστη Φρασιδάμωι καὶ Ἀντιγένει Λυκωπέως υἱοῖς. (…) ἤρα δὲ ὁ Λυκίδας παιδὸς Ἀγεάνακτος Μιτυληναίου, ὁ δὲ Θεόκριτος Μυρτοῦς ὄνομα. λαμβάνει δὲ ὁ Θεόκριτος λαγωβόλον παρὰ Λυκίδα, καὶ οὕτω χωρίζονται ἀπ᾽ ἀλλήλων.
23
P. Paris 71, Musée du Louvre E 3320 (MP3 78). SCHIRONI (2016), qui repose sur le réexamen détaillé du manuscrit conduit par RÖMER (2013), p. 114-117. Voir aussi SCHIRONI (2019), p. 119, 123. 25 P. Lond. Lit. 28 (MP3 1013). 26 Sur les papyrus où se vérifie ce phénomène, voir SPOONER (2002), p. 171-178 ; AZZARELLO (2008) ; PARSONS (2012), p. 21-22 ; SCHIRONI (2019), p. 119-123. 27 P. Monts. Roca inv. 159a, 160b (MP3 2998.1) ; voir NOCCHI MACEDO (2014), p. 62-63. Les notae personarum étaient aussi utilisées sur un papyrus de l’Énéide, P. Oxy. VIII 1098 (MP3 2944), mais la seule qui survit jusqu’à nos jours est celle qui signale la partie de Laocoon en Aen. 2.42. À cet égard, on peut supposer que le « curved mark » juste en dessous, dont le sens « is not clear » selon l’editio princeps, HUNT (1911), p. 159, est simplement une variante de la paragraphos qui sépare les mots de Laocoon de ceux du « poète », placée comme d’habitude au-dessus du premier vers complet de la partie en question. Sur l’usage des diverses formes de paragraphos dans ces cas, voir AZZARELLO (2008), p. 27-28, n. 2, 3. 24
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c προλογίζει ὁ Θεόκριτος. schol. 43 (90) τάν τοι, ἔφα, κορύναν δωρήσομαι: τὸ « ἔφα » τοῦ Θεοκρίτου, ὁ δὲ λοιπὸς στίχος τοῦ Λυκίδου. 11, arg b (240) προσδιαλέγεται δὲ ὁ Θεόκριτος Νικίαι τινὶ ἰατρῶι Μιλησίωι τὸ γένος, οὗ καὶ ποιημάτιον φέρεται ἀντιγεγραμμένον πρὸς Θεοκρίτου Κύκλωπα. d (240-241) προσδιαλέγεται δὲ ὁ Θεόκριτος ἰατρῶι Νικίαι Μιλησίωι τὸ γένος, ὃς συμφοιτητὴς γέγονεν Ἐρασιστράτου ἰατροῦ ὄντος καὶ αὐτοῦ. μέμνηται δὲ τοῦ Νικίου καὶ ἀλλαχοῦ ὁ Θεόκριτος. schol. 80b (249) οὕτω τοι Πολύφαμος: πρὸς Νικίαν ὁ λόγος ἐκ τοῦ ποιητοῦ. 13, schol. Ant. tit. διαβάλλεται ὁ Θεόκριτ(ος) ὡς περάντης 28. cf. arg. a (257) πάλιν δὲ τῶι Νικίαι προσδιαλέγεται ὡς καὶ ἐν τῶι Κύκλωπι. 28, arg. (333-334) τοῦτο τὸ εἰδύλλιον σύγκειται εἰς ἡλακάτην ἐλεφαντίνην, ἣν πλέων ἐπὶ Μίλητον ὁ Θεόκριτος πρὸς Νικίαν τὸν ἰατρὸν δῶρον ἐκόμιζε τῆι τούτου γυναικὶ Θευγενίδι.
Ces deux désignations, le « personnage poétique » et « Théocrite », sont-elles interchangeables ? À première vue, on pourrait penser que oui. Comme nous venons de le voir, généralement les critiques anciens ne font pas de distinction entre le narrateur et l’auteur : la fonction que nous, modernes, attribuons au narrateur est partout exprimée par ὁ ποιητής ou par des mots du même type, y compris le nom du poète ; quand il y a une voix narrative qu’il n’est pas possible d’identifier avec l’un ou l’autre des personnages du récit, elle est identifiée avec l’auteur. Dans nos scholies aussi, on voit Θεόκριτος et ὁ ποιητής utilisés l’un près de l’autre en référence au même narrateur : dans schol. Id. 6.1 (190), il est « le poète » bien que dans arg. a, comme nous venons de le voir, il soit « Théocrite » ; on doit aussi tenir compte de schol. Id. 11.80b (249) par opposition à arg. b, d (240-241), mais, dans cette scholie, c’est la locution technique ὁ λόγος ἐκ τοῦ ποιητοῦ qui est employée, et il eût été difficile de l’altérer en insérant le nom du poète. Cependant, la distribution de « Théocrite » et du « personnage poétique » en référence au narrateur ne semble pas être fortuite. Si l’on examine les occurrences du premier de ces termes, on voit que les idylles où la voix narrative est identifiée nommément avec Théocrite sont celles où elle est interprétée de façon proprement biographique 29. Personne ne s’étonnera que le Simichidas des Thalysies (Id. 7) soit pris pour figure de l’auteur : schol. 21a (84-85) Σιμιχίδα: οἱ μὲν αὐτόν φασι Θεόκριτον, καθὰ Σιμίχου ἦν υἱὸς ἢ καθὰ σιμὸς ἦν. οἱ δὲ ἕτερόν τινα τῶν σὺν αὐτῶι καὶ οὐ Θεόκριτον διὰ τὸ « Σιμιχίδαι μὲν ἔρωτες ἐπέπταρον » (96). φασὶ δὲ τὸν τοιοῦτον †ἀπὸ πατρίου† κληθῆναι, ἀπὸ Σιμιχίδου τοῦ Περικλέους τῶν Ὀρχομενίων, οἵτινες πολιτείας παρὰ Κώιοις τετυχήκασιν. καὶ τὸν Ἀσκληπιάδην τὸν Σάμιον ποιητὴν Σικελίδαν B fol. 1r : HUNT / JOHNSON (1930), p. 35 ; MCNAMEE (2007), p. 390. Sur les interprétations biographiques de la poésie de Théocrite voir KORENJAK (2003), p. 67-68 ; TISCHER (2006a), p. 273-283 ; SPANOUDAKIS (2011) ; FARRELL (2016), p. 403-407, 414-415. 28
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καὶ αὐτὸν καλεῖ παῖδά τινος Σικελίδα λεγομένου τυγχάνοντα. ἀλλὰ καὶ ἐν τῶι εἰδυλλίωι τῶι οὕτως λεγομένωι Αἰπολικῶι καὶ Ποιμενικῶι καὶ τὸν Εὐμήδη υἱὸν ὄντα τοῦ Κρατίδα Κρατίδαν φησὶ καὶ αὐτόν. οἱ λέγοντες δὲ Σιμιχίδαν λέγεσθαι τὸν Θεόκριτον διὰ τὸ εἶναι σιμὸν κακῶς λέγουσιν. b Σιμιχίδα, πᾶι δή συ μεσαμέριον πόδας ἕλκεις : εἰσὶ καὶ πατρωνυμικὰ οὕτως ἀπαραλλάκτως λεγόμενα καὶ ἐπὶ τῶν υἱῶν ὡς καὶ ἐπὶ τῶν πατέρων. ὥσπερ ὁ Θεόκριτος Σιμιχίδα υἱὸς ὢν Σιμιχίδαν ἑαυτὸν ὀνομάζει πατρωνυμικῶς. 40d (89) Σικελίδαν: ὥσπερ Σιμιχίδαν ἑαυτὸν καλεῖ ὁ Θεόκριτος πατρωνυμικῶς ὡς υἱὸν Σιμιχίδα καὶ τὸν Εὐμήδην Κρατίδαν υἱὸν ὄντα τοῦ Κρατίδα, οὕτω καὶ νῦν Σικελίδαν ὀνομάζει ὡς υἱὸν τοῦ Σικελίδα Ἀσκληπιάδην τὸν Σάμιον.
Comme en témoigne la schol. 21a, cette identification n’était pas universellement admise, mais elle est bien celle que le scholiaste défend ici et présuppose ailleurs. À son tour, le narrateur de l’Idylle 6 est de nouveau « Théocrite » parce qu’il s’adresse au même Aratos dont Simichidas / Théocrite parle dans les Thalysies comme d’un ami très cher (v. 98, v. 119). Les Idylles 11, 13 et 28 sont également perçues comme écrites par Théocrite en sa propre personne parce qu’elles s’adressent toutes au même individu, le poète et médecin Nicias de Milet, qui est connu indépendamment de Théocrite (huit de ses épigrammes ont été conservées jusqu’à nos jours, et Méléagre le mentionne dans l’introduction de sa Couronne) et fut évidemment un correspondant réel de notre auteur 30. Outre l’Idylle 7, il y a deux autres cas où l’identité de la voix narrative était débattue. L’un est l’Idylle 3 : 3, arg. a (116) εἰκάσειε δ᾿ ἄν τις τὸν ἐπικωμάζοντα Βάττον εἶναι· τοῦτον γὰρ αἰπόλον ὄντα δι᾽ ἑτέρου ποιεῖ προσδιαλεγόμενον Κορύδωνι καὶ τὸν ἔρωτα, ὃν ἔσχε πρὸς τὴν Ἀμαρυλλίδα, ἐμφαίνοντα. τὸ μὲν γὰρ τοῦ ποιητοῦ πρόσωπον οὐκ ἂν εἴη, ὡς ὁ Μουνάτιός φησιν ἐκ τοῦ λέγειν τὸν ἐπικωμάζοντα « ἦ ῥά γέ τοι σιμός » (8). c λέγει δὲ ὁ Βάττος. schol. 1a (117) κωμάσδω: τὸ πρόσωπον οὐκ ἔστι φανερὸν τὸ λέγον. καὶ οἱ μέν φασιν αὐτὸν τὸν Θεόκριτον εἶναι διὰ τὸ σιμὸν καταφαίνεσθαι· οἱ δὲ Βάττον αἰπόλον τινά, ὃν ἐν τῶι Αἴγωνι εἰσάγει τῆς Ἀμαρυλλίδος ἐρῶντα· ἀπρεπὲς γὰρ Θεόκριτον τῆς ἀγρώιας ἐρᾶν, ὥστε καὶ ἐν ἀγρῶι διάγειν. 8/9a (119) ἦ ῥά γέ τοι σιμός : τινὲς διὰ τὸ « σιμός » τὸν Θεόκριτόν φασι κωμάζειν, ἐπεὶ καὶ ἐν τοῖς Θαλυσίοις Σιμιχίδας ὠνόμασται. πλὴν οὐκ αἰπόλος ὁ Θεόκριτος οὐδὲ Σιμιχίδας δύναται ἀπὸ τοῦ σιμὸς εἶναι, ἀλλ᾽ ἀπὸ Σιμίχου πατρωνυμικῶς. b τινὲς δὲ διὰ τὸ «σιμός» τὸν Θεόκριτον οἴονται κωμάζειν, Σιμιχίδην καλοῦντες.
L’identité de la voix narrative n’est jamais précisée dans le texte : on doit donc en juger à partir d’indices. Le narrateur est amoureux d’Amaryllis, donc il peut 30 Sur ce Nicias voir GEFFCKEN (1936) ; GOW / PAGE (1965), II, p. 428-429 ; SCHOTT (1976) (non uidi). Ses épigrammes (A. P. 6.122, 127, 270 ; 7.200 ; 9.315, 564 ; A. Pl. 188, 189) sont éditées par GOW / PAGE (1965), I, p. 149-151 et commentées dans ibid., II, p. 429-434.
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être le même que Battos de l’Idylle 4, également amoureux d’Amaryllis (3839) ; sinon, comme le propose Mounatios, il peut être Théocrite parce qu’il est σιμός (8), comme l’est Simichidas / Théocrite selon une interprétation de son nom dans les Thalysies. Ainsi, dans la plupart des scholies parvenues jusqu’à nous, le narrateur de l’Idylle 9 – dont le statut, à vrai dire, est ambigu même au niveau du texte 31 – est présenté comme un νομεύς ou un ποιμήν : tit. 9 (215) 32, schol. 1/2a (214), 28/30b (220) ; pourtant, la schol. 28/30a (220) porte : ταῦτα ὁ νομεὺς ἢ Θεόκριτος λέγει, et une scholie dans l’interligne au-dessus du v. 22, dans P. Oxy. L 3548 fr. 43(a), offre la même double identification du locuteur, ἤτοι ὁ ποιμ(ὴν) ἢ ὁ ποιητή[ς 33. D’après l’usage des deux mots, il apparaît donc que « Théocrite » et « le poète » ne sont pas tout à fait identiques. Certes, « le poète » peut être également évoqué dans le cas d’une interprétation biographique du narrateur, bien que la mention « Théocrite » le soit plus fréquemment dans ce dernier cas ; ὁ ποιητής peut indiquer « l’auteur » en tant que tel, et même le πρόσωπον τοῦ ποιητοῦ peut signifier « la manifestation, dans le texte, du poète en tant qu’individu », comme nous venons de le voir dans arg. a Id. 3 (116) 34. Mais cette flexibilité est limitée et ne s’inverse pas : le scholiaste n’appelle le narrateur « Théocrite » que lorsqu’il y a une véritable identification entre lui et l’auteur. « Théocrite » ne veut pas dire simplement « le narrateur » en un sens général ; le terme le plus proche (malgré les différences que nous avons soulignées plus haut, et malgré un éventail d’usages bien plus ample) est plutôt ὁ ποιητής, ou τὸ ποιητικὸν πρόσωπον. « Théocrite » veut vraiment dire Théocrite : plus précisément, en termes d’aujourd’hui, un narrateur théocritéen que le scholiaste identifie spécifiquement avec Théocrite. Or, il est possible que tout ceci soit seulement une coïncidence. Nous avons essayé néanmoins de vérifier s’il y avait une différence similaire entre l’usage de ὁ ποιητής et de ὁ Πίνδαρος dans les scholies à Pindare, qui sont peut-être les plus semblables aux nôtres pour ce qui concerne le besoin d’identifier et de délimiter la voix narrative 35. Le résultat est négatif : le nom de Pindare est souvent utilisé dans ces scholies pour désigner le narrateur en l’absence d’une interprétation manifestement biographique de ce dernier. Cela ne va pas nécessairement Sur l’étrange articulation de l’Id. 9, voir par exemple GOW (19522), II, p. 185-192, spécialement p. 185-186 ; WHITE (1980), p. 41-51. 32 Cette note se trouve seulement dans les manuscrits EA, raison pour laquelle WENDEL (1914) la relègue dans l’apparat. 33 PARSONS (1983), p. 119 ; MCNAMEE (2007), p. 441. Les fragments de ce papyrus appartiennent au même rouleau que P. Oxy. 2064, voir n. 2 ci-dessus. 34 On se souvient (malgré les différences) des références au πρόσωπον τοῦ ποιητοῦ dans les scholies à Aristophane, qui utilisent ce concept pour signaler quand « Aristophane » parle in propria persona à travers le chœur (notamment dans la parabase) ou un des personnages. 35 Voir NÜNLIST (2009), p. 101 avec n. 34 ; SCHIRONI (2019), p. 111-118. 31
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à l’encontre de notre thèse, car il est bien possible que le narrateur pindarique ait été automatiquement interprété comme Pindare faute de preuves du contraire ; il s’agit certainement d’un ego obstinément auctorial, ce qui facilitait (comme on le voit continuellement dans les scholies et les autres vestiges de l’érudition pindarique ancienne) son identification avec le Pindare historique. Mais même dans les scholies à Homère on trouve parfois l’adjectif Ὁμηρικός indiquant le point de vue du narrateur par opposition à celui d’un personnage 36. On a plus de chances dans les scholies à Apollonios de Rhodes, qui sont plus proches des nôtres du point de vue de la chronologie et remontent en partie, tout comme les nôtres, aux ouvrages du savant alexandrin Théon 37. Une interprétation biographique de la voix narrative est évidemment hors de question, mais on peut examiner la terminologie appliquée à cette voix narrative, d’un côté, et à l’auteur en tant que tel, de l’autre. Dans ces scholies, ὁ ποιητής désigne la plupart du temps Homère ; plusieurs fois, néanmoins, le mot désigne Apollonios en tant qu’auteur, mais la seule référence claire au narrateur utilise, elle aussi, le terme, dans l’expression formulaire ἀπὸ τοῦ ποιητοῦ (schol. 2.1090-1094a Wendel). Au contraire, dans chacune de ses nombreuses occurrences, ὁ Ἀπολλώνιος indique Apollonios en tant qu’auteur, en référence à son choix de mots, son usage linguistique, les éléments mythiques auxquels il a recours, etc., le plus souvent par opposition à d’autres auteurs. Dans l’exégèse de Callimaque aussi, ὁ Καλλίμαχος désigne Callimaque en tant qu’individu historique (schol. Hymn. 2.65 Pfeiffer) ou auteur du texte (schol. add. Aet. frr. 26-31a Pfeiffer = Aet. fr. 31a Harder) ou bien encore en tant que narrateur investi d’un rôle ouvertement auctorial et donc identifié à bon droit, du point de vue du scholiaste, avec l’auteur (schol. Hymn. 2.1 Pfeiffer). Il est donc au moins possible que certains commentateurs des poètes hellénistiques (Théon n’est pas le seul candidat) aient initié une distinction entre le narrateur pur et simple et le narrateur identifié spécifiquement avec l’auteur en tant qu’individu – distinction dont les scholies à Théocrite fournissent l’indice le plus clair et valable. Bien entendu, cette distinction est loin d’être complète ou systématique. Il demeure évident, à partir de la terminologie, que la voix narrative est vue comme une hypostase de l’auteur – du « poète » – dans le texte ; on chercherait vainement une trace d’une distinction absolue entre le narrateur et l’auteur ou d’une prise de conscience du caractère entièrement fictif du premier. Cependant, on voit, d’un côté, que les érudits anciens (ou quelques érudits anciens, mais c’est clairement une idée répandue) reconnaissaient une différence entre le niveau de la réalité extra-textuelle, peuplé de personnes en chair et en os dont NÜNLIST (2009), p. 121-122. Pour Apollonius, voir la subscriptio des scholies dans le manuscrit L : WENDEL (1935), p. 329. Sur Théon commentateur de Théocrite, voir WENDEL (1920), p. 80-83 ; BELCHER (2005), p. 194, 200 ; PAGANI (2007), p. 288-290. 36 37
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l’une est le poète, et le niveau du texte, peuplé de personnages, où l’on trouve, non le poète, mais (et pas toujours) un πρόσωπον, un personnage, qui le représente ; de l’autre côté, la différence d’usage entre ὁ ποιητής et ὁ Θεόκριτος (naturellement quand ils sont utilisés pour indiquer la voix narrative : les deux mots peuvent signifier l’auteur en tant qu’individu historique, ce qui ne concerne pas notre étude) suggère une prise de conscience que le narrateur n’est pas forcément une projection exacte de l’auteur en tant qu’individu, c’est-à-dire que la fonction auctoriale qu’on prêtait à la voix narrative n’impliquait pas nécessairement, aux yeux des commentateurs, un lien étroit entre cette dernière au sein du texte et l’auteur dans la réalité extra-textuelle. Parfois, selon les scholies, la voix narrative est véritablement celle de Théocrite ; cependant, elle ne l’est pas toujours. Parmi les commentateurs anciens, certains au moins en étaient bien conscients et l’usage des mots dans les scholies « dramatiques » aux Idylles en témoigne. Peut-être voit-on donc dans la scholiastique théocritéenne une première ébauche inattendue d’une distinction fondamentale.
La pratique de l’allégorie chez Virgile et un de ses commentateurs tardifs (Fulgence, Expositio Virgilianae continentiae secundum philosophos moralis) Jacqueline FABRE-SERRIS
Pour conforter son interprétation de l’Énéide, Fulgence a eu l’idée ingénieuse de l’attribuer à son auteur, Virgile, qu’il introduit ainsi (85) : Nam ecce ad me etiam ipse Ascrei fontis bractamento saturior aduenit, quales uatum imagines esse solent, dum adsumptis ad opus conficiendum tabulis stupida fronte arcanum quiddam latranti intrinsecus tractatu submurmurant. « Le voici en effet qui vient à moi en personne, tout rassasié du liquide de la source d’Ascra, tel que les portraits représentent traditionnellement les poètes, quand, les tablettes à portée de main pour composer une œuvre, et l’air frappé de stupeur, ils murmurent quelque propos mystérieux où résonne un aboiement 1. »
La fin de la phrase est une allusion au vers 107 de la Bucolique 8, que Fulgence cite un peu avant ce passage, au moment où il commente la continentia (« la substance ») de cette églogue (84) : In parte uero extrema tetigit eufemesin, quam etiam in nona egloga prosecutus est, in octaua quidem ubi dicit: ‘Aspice, corripuit tremulis altaria flammis sponte sua, dum ferre moror, cinis ipse. Bonum sit. Nescio quid certum est et Hilas in limine latrat.’ « Dans la dernière partie de cette églogue (la huitième), il a traité des présages – sujet qu’il a poursuivi aussi dans la neuvième –, quand il dit : ‘Regarde, tandis que je tarde à l’enlever, cette cendre a d’elle-même entouré l’autel de flammes tremblotantes. Qu’heureux soit le présage ! Mais il y a quelque chose, c’est sûr ; je ne sais quoi ; et Hylas aboie sur le seuil.’ »
Il n’est pas étonnant, puisqu’il fait de Virgile son propre commentateur, que Fulgence ait imaginé cette autoréférence à un passage susceptible d’être interprété allégoriquement : l’aboiement – signe d’une présence – étant pris comme l’indice d’un ‘autre’ sens à décrypter. C’est une des tâches du commentateur 1
J’ai utilisé l’édition (texte et traduction) de WOLFF (2009).
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que de repérer l’insertion d’allegoriae, insertion qui est tenue pour une part de la pratique poétique, en particulier chez les uates, dont le modèle est Hésiode, évoqué ici par la mention de la source d’Ascra. L’interprétation de l’Énéide proposée par Fulgence est centrée sur la notion d’humanae uitae status : In omnibus (87) nostris opusculis fisici ordinis argumenta induximus, dit son Virgile, quo per duodena librorum uolumina pleniorem humanae uitae monstrassem statum (« dans tous mes ouvrages, j’ai introduit des développements sur l’ordre naturel, pour finalement montrer plus complètement au travers des douze livres de l’Énéide la condition de la vie humaine » 2). Cette confidence de l’auteur, Virgile, vise à appuyer le projet du commentateur, qui est de montrer que le récit de l’Énéide peut être lu comme une allégorie (morale) des étapes de la vie humaine dans son accès progressif à la sagesse. La critique contemporaine s’est intéressée depuis longtemps à l’influence qu’ont exercée sur Virgile à la fois les exégèses des commentateurs hellénistiques d’Homère et leurs réceptions à Rome : le poète connaît le corpus des quaestiones homericae et leurs différentes solutions ; il y renvoie et il pratique lui-même l’allégorie physique et morale selon des perspectives qui lui sont propres 3. S’il ne s’ensuit pas que tout commentaire des textes virgiliens mettant à jour des allegoriae soit pertinent, c’est une perspective exégétique en soi justifiée, puisque pratiquée par le poète lui-même. Je commencerai par exposer, dans son orientation générale et dans le détail de ses analyses à travers plusieurs exemples, la méthode de Fulgence. Puis je considèrerai plus précisément le défi qu’il s’est lancé en prenant, pour interlocuteur fictif, Virgile, et en adaptant à son propre projet d’exégèse l’usage des questions/réponses, utilisé par les poètes étiologiques, tels Callimaque ou Ovide, sous la forme d’un dialogue avec la ou les Muses. Cette situation impliquait que les réponses apportées soient véridiques, si ce n’est toutes concordantes, comme on le voit bien dans les Fastes. En quoi les explications imputées ici au poète lui-même, placé dans la situation ‘idéale’ de commentateur de sa propre œuvre, sont-elles conformes ou en accord (et dans quelle mesure ?) avec les pratiques de Virgile, telles que nous pouvons aujourd’hui tenter de les reconstituer à partir de ce que nous connaissons des exégèses antiques antérieures ou contemporaines au poète, mais aussi à partir de ce que nous reconstruisons de ses propres options philosophiques, déterminantes dans toute pratique allégorique ? Selon Fulgence, qui postule une progression des premières œuvres de Virgile à la dernière, celui-ci aurait eu le projet de montrer, sur la série des douze livres qui composent l’Énéide, ce que doit être, pour être ‘plus pleinement’ accomplie, une vie humaine, en prenant l’exemple d’un individu particulier, le héros du texte : Énée. À cette déclaration préliminaire le simple grammaticus que Fulgence est 2 3
Traduction légèrement modifiée. Voir JOLIVET (inédit).
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censé être réplique que pour un chrétien, c’est le Christ qui passe pour avoir donné l’exemple d’une vie humaine totalement accomplie (perfectum hominis diuinitas adsumpsisse uideretur statum, 87), ce que ne conteste pas son interlocuteur, qui déclare s’en tenir à son propre point de vue (nobis interim quid uisum sit edicamus). C’est là un élément important car il signale les limites de la contribution du texte virgilien à l’édification morale, en même temps qu’il affiche une visée, qui justifie la lecture de l’Énéide, ou plus exactement l’interprétation que Fulgence va en proposer. Pour exposer son point de vue, ce dernier va opérer une lecture linéaire, mais non exhaustive du poème de Virgile, en s’arrêtant sur certains épisodes qu’il met en relation avec les ‘âges de la vie humaine’ : enfance, jeunesse, âge adulte, en considérant que les événements racontés peuvent être interprétés comme des transpositions fictionnelles du comportement de l’homme en général au cours de ces différentes phases de son existence, Énée étant pris soit comme un individu représentatif de tous les hommes, soit (et plutôt) comme celui ou l’un d’entre eux ayant conduit l’existence humaine à son plus haut point de réalisation morale. C’est ainsi, pour donner un exemple du premier cas de figure, que Fulgence glose l’incapacité où est Énée, au livre 1, de reconnaître Vénus, puis le fait qu’il voit ses compagnons, mais ne peut pas leur parler, comme une attitude typique du comportement du nourrisson (92) : Vt dicere coeperam, mox ut terram tangit, matrem uidet nec agnoscit, plenam designantes infantiam quia a partu recentibus matrem uidere datur, non tamen statim cognoscere meritum contribuitur. Dehinc nube conseptus socios cognoscit, adloqui non potest; uide quam euidens crepundiorum mos, dum adest inspiciendi potestas et deest loquendi facultas. « Comme j’avais commencé à le dire, dès qu’il touche terre, il voit sa mère et ne la reconnaît pas. Nous représentons ici un état d’enfance complet, puisqu’il est donné aux nouveau-nés de voir leur mère, non cependant de reconnaître aussitôt sa qualité. Ensuite, enveloppé dans un nuage, il reconnaît ses compagnons, mais ne peut leur parler. Vois combien est clairement reproduit le comportement des enfants, qui ont la possibilité de voir, mais à qui fait défaut la faculté de parler. »
D’un autre côté, Fulgence essaie d’adapter au personnage d’Énée le type d’interprétations qui avaient été développées à propos d’Ulysse. Le voyage de retour à Ithaque avait été lu, dans son déroulement général et dans certains de ses détails, comme mettant en scène un homme confronté aux vices et aux passions, avec pour même particularité qu’Ulysse y aurait été présenté comme un sage, autrement dit, comme un modèle pour le lecteur. C’est ainsi que, dans son Épître 1,2, Horace loue le héros homérique pour sa prudence, son endurance et sa résistance à des tentations. Il en donne deux exemples dont les protagonistes sont des femmes : les Sirènes et Circé ; et les objets, le désir et les plaisirs (Ep. 1,2,17-26). Rursus, quid uirtus et quid sapientia possit, utile proposuit nobis exemplar Vlixen,
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qui domitor Troiae multorum prouidus urbes, et mores hominum inspexit, latumque per aequor, dum sibi, dum sociis reditum parat, aspera multa pertulit, aduersis rerum immersabilis undis. Sirenum uoces et Circae pocula nosti; quae si cum sociis stultus cupidusque bibisset, sub domina meretrice fuisset turpis et excors, uixisset canis immundis uel amica luto sus. « En revanche ce que peuvent la vertu et la sagesse, Ulysse nous en a proposé un exemple utile, lui qui, après avoir vaincu Troie, a observé avec prudence les villes et les mœurs de nombreux hommes, et qui, à travers la vaste étendue de la mer, tandis qu’il préparait pour lui et pour ses compagnons le retour, supporta de nombreuses épreuves sans jamais être submergé par les flots de l’adversité. Tu connais les voix des sirènes et les coupes de Circé ; si en même temps que ses compagnons, stupide et avide, il les avait bues, il serait, ignoble et hors de son sens, tombé sous la domination d’une courtisane et il aurait vécu en chien immonde ou en porc aimant sa fange. » (trad. personnelle)
Héraclite, dans les Allégories d’Homère 70, ajoute au plaisir la colère, deux vices dont Ulysse se serait abstenu ou débarrassé en choisissant de passer au large du pays des Lotophages et en aveuglant Polyphème : Καθόλου δὲ τὴν Ὀδυσσέως πλάνην, εἴ τις ἀκριβῶς ἐθέλει σκοπεῖν, ἠλληγορημένην ἑυρήσει˙ πάσης γὰρ ἀρετῆς καθάπερ ὄργανον τι τὸν Ὀδυσσέα παραστησάμενος ἐαυτῷ διὰ τοῦτο πεφιλοσόφηκεν, ἐπειδή τὰς ἐκνεμομένας τὸν ἀνθρώπινον βίον ἤχθηρε κακίας. Ἡδονὴν μέν γε, τὸ Λωτοφάγον χωρίον, ξένης γεωργὸν ἀπολαύσεως, ἣν Ὀδυσσεὺς ἐγκρατῶς παρέπλευσεν˙ τὸν δ’ ἄγριον ἑκάστου ϑυμὸν ὡσεπρεὶ καυτηρίῳ τῇ παραινέσει τῶν λόγων ἐπήρωσε. Κύκλωψ δὲ οὗτος ὠνόμασται, ὁ τὸυς λογισμοὺς ὑποκλωπῶν. « Dans son ensemble la course errante d’Ulysse, si on veut bien la regarder de près, est une allégorie. S’étant donné en Ulysse une espèce d’instrument pour toutes les vertus, Homère, par ce moyen, se livre à une réflexion philosophique, car il déteste les vices qui se repaissent de la vie humaine : le plaisir d’abord, ce pays des Lotophages, qui cultive une jouissance exotique, au large duquel Ulysse est passé en restant maître de lui. L’emportement sauvage de chacun de nous, il l’a brûlé, pour ainsi dire, au feu de ses exhortations, et il l’a aveuglé : et cet emportement a pour nom Cyclope, celui qui dérobe le jugement 4. »
L’interprétation que Fulgence propose du livre 4 de l’Énéide est tout à fait significative de la façon dont il applique ce genre de clefs de lecture. Énée a connu l’amour – une passion néfaste, imputée aux pulsions sexuelles –, mais cette expérience a été cantonnée par Virgile à la jeunesse du héros. C’est à cette période de la vie humaine que Fulgence rattache en effet la rencontre avec Didon (Expositio, 94-95) : 4
J’ai utilisé, pour ce qui est du texte, l’édition de BUFFIÈRE (1962).
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Feriatus ergo animus a paterno iudicio in quarto libro et uenatu progreditur et amore torretur, et tempestate ac nubilo, uelut in mentis conturbatione, coactus adulterium perficit. In quo diu commoratus Mercurio instigante libidinis suae male praesumptum amorem relinquit; Mercurius enim deus ponitur ingenii; ergo ingenio instigante aetas deserit amoris confinia. Qui quidem amor contemptus emoritur et in cineres exustus emigrat; dum enim de corde puerili auctoritate ingenii expellitur, sepulta in obli (95) uionis cinere fauillescit. « Dans le quatrième livre, l’esprit libéré du jugement paternel, il va à la chasse, s’embrase d’amour, et, poussé par l’orage et la nuée, qui symbolisent l’agitation de son âme, il commet l’adultère. Après s’être attardé longtemps dans cette situation, il abandonne sur les instances de Mercure un amour, fruit de sa sensualité, dans lequel il s’était engagé à tort. Mercure est là en tant que dieu de l’intelligence. Ainsi, c’est sur les instances de l’intelligence que la jeunesse quitte les régions de l’amour. Cet amour dédaigné meurt, et, consumé, se change en cendres. Car la passion sensuelle, une fois chassée du cœur du jeune homme par le pouvoir de l’intelligence, est ensevelie dans la cendre de l’oubli où elle se dissout. »
Je n’entrerai pas dans les détails des lectures allégoriques que Fulgence propose, jusqu’au neuvième livre, soit d’épisodes entiers soit de détails commentés généralement à l’aide d’étymologies. Cela le conduit parfois à des redites, plus ou moins habilement masquées. C’est ainsi qu’il propose exactement la même interprétation pour l’abandon de Didon et la mort de Palinure à la fin du livre 5. Il voit en effet dans le naufrage de ce dernier une image de la jeunesse et de sa propension à céder au désir (95) : Ergo postposito lubricae aetatis naufragio et Palinuro omisso – Palinurus enim quasi planonorus, id est errabunda uisio; unde et in quarto libro de aspectu libidinis ita posuimus: ‘Totumque pererrat luminibus tacitis’, nam et in bucolica: ‘errabunda bouis uestigia’ – ergo omissis his rebus ad templum Apollinis, id est ad doctrinam studii, peruenitur. « Le naufrage, qui correspond à cet âge de la vie où l’on trébuche facilement (jeunesse), est maintenant relégué dans l’oubli, et Palinure a été abandonné. Palinure, en effet, est comme planonorus, c’est-à-dire vision errante. Voilà pourquoi j’ai dit au quatrième livre à propos des manifestations visibles du désir : ‘Tout entier elle le parcourt des yeux, en silence’, et j’ai parlé dans les Bucoliques des ‘traces vagabondes du taureau’. Une fois donc toutes ces faiblesses abandonnées, on parvient au temple d’Apollon, c’est-à-dire, à la connaissance (enseignement de ce qui doit être l’objet de l’étude). »
Le nom propre Palinurus est proposé comme un équivalent de planonorus, décomposé en πλάνος ou πλάνης et ὁρῶ 5. L’ensemble est traduit par errabunda uisio, une expression exprimant le va-et-vient du regard qu’est censé causer le désir (libido). La première citation est empruntée au livre 4,363-364 : l’attitude attribuée dans ce vers à Didon est provoquée par son trouble, son désir et sa 5
WOLFF (2009), p. 152, n. 57.
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colère à l’annonce du départ d’Énée. La seconde citation est, à première vue, moins appropriée : l’adjectif errabunda renvoie à l’errance du taureau dont Pasiphaé, emportée par son désir, cherche les traces (Buc. 6,58). Néanmoins Fulgence a vu juste en s’arrêtant sur cet adjectif. Le substantif error (au double sens d’« errance » et d’« erreur »), fait en effet partie du discours amoureux élégiaque 6. C’est un des termes utilisés dans la description donnée de la passion (furor) par le fondateur du genre, Gallus, que Virgile met en scène, dans la même églogue, en utilisant à son propos l’expression errantem Permessi ad flumina (« errant près du fleuve du Permesse », 64) pour évoquer un mouvement au hasard, inspiré par les souffrances amoureuses. La mort de Misène, qui, au livre 6, précède également la descente aux Enfers, est aussi interprétée comme une étape nécessaire sur la voie de la libération des passions et de l’application à l’étude : Ergo omissis his rebus ad templum Apollinis, id est ad doctrinam studii, peruenitur; ibique de futurae uitae consultatur ordinibus et ad in(96)feros discensus inquiritur, id est dum quis futura considerat, tunc sapientiae obscura secretaque misteria penetrat. Sepeliat ante et Misenum necesse est. « Une fois donc toutes ces faiblesses abandonnées, on parvient au temple d’Apollon, c’est-à-dire à la connaissance. Là, il demande conseil sur le déroulement de sa vie future et cherche le chemin qui descend aux enfers, c’est-à-dire que, quand on considère le futur, on pénètre les mystères obscurs et secrets de la sagesse. Mais auparavant, il faut qu’il enterre Misène. »
Ce n’est pas un hasard si Fulgence s’est arrêté sur les destins de Palinure et de Misène. Certains passages virgiliens, comme ces deux morts dues à des dieux, rendaient en effet plus impérative la recherche d’un sens second. C’est, entre autres, à eux que Fulgence pense quand il parle de « propos mystérieux où résonne un aboiement », leur apparente ‘immoralité’ (comment les faire cadrer avec la nature des dieux, censés être dénués des passions auxquelles cèdent les hommes ?) ne pouvant qu’alerter l’exégète. Du reste, dans le cas de Misène, Virgile avait ménagé la possibilité d’une autre interprétation en ajoutant, à propos de son assassinat par Triton, si credere dignum est (« si cela mérite d’être cru », Aen. 6,173). Fulgence justifie l’élimination de Misène par Triton en glosant étymologiquement leurs deux noms (96) : Misio enim Grece orreo dicitur, enos uero laus uocatur. Ergo nisi uanae laudis pompam obrueris, numquam secreta sapientiae penetrabis; uanae enim laudis appetitus numquam ueritatem inquirit, sed falsa in se adulanter ingesta uelut propria reputat. Denique etiam cum Tritone bucino atque conca certatur. Vides enim quam fixa proprietas; uanae enim laudis tumor uentosa uoce turgescit, quem quidem Triton interimit quasi tetrimmenon, quod nos Latine contritum dicimus; 6
228.
Sur le fait qu’il s’agit probablement d’un mot gallien, voir CAIRNS (2006), p. 227-
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omnis ergo contritio omnem uanam laudem extinguit. Ideo et Tritona dicta est dea sapientiae; omnis enim contritio sapientem facit. « Or misio veut dire avoir horreur de, en grec, et enos signifie gloire. À moins, donc, que tu ne détruises la pompe de la vaine gloire, tu ne pénétreras jamais les secrets de la sagesse. Car le désir de vaine gloire ne cherche jamais la vérité, mais il pense que les flatteries mensongères qu’on lui adresse correspondent à ce qu’il est. En outre Misène rivalise avec Triton à la trompette et à la conque. Vois comme cela est bien approprié. En effet la vaine gloire dans sa présomption se gonfle en une voix creuse. C’est cette présomption que tue Triton – Triton, comme tetrimmenon, ce qui veut dire en latin contrit –, donc toute contrition éteint toute vaine gloire. Pour cette raison aussi la déesse de la sagesse est appelée Tritona ; car toute contrition rend l’homme sage. »
Le nom Misenus (transcription latine du nom grec Μισηνόν) est décomposé en deux parties : un misio qui renverrait au verbe grec : μισῶ (« haïr ») et un enos issu du nom grec αἶνος (« éloge ») 7. Misène, dont le nom signifierait donc « qui a en horreur la gloire » (qualifiée négativement de « vaine ») n’incarne pas, comme Palinure, un comportement dont le héros principal de l’épopée doit se défaire pour progresser dans la voie de la sagesse, mais une attitude qu’il doit au contraire acquérir avant de chercher à accéder à la sagesse. La contradiction qu’il y a entre le fait de noter qu’il faut enterrer Misène et l’attitude recommandable et recommandée mise à jour par l’étymologie de son nom, n’a pas été perçue par Fulgence, qui justifie l’élimination de Misène par Triton en l’interprétant comme l’extinction du (désir de) la vaine gloire par la « contrition », un comportement typiquement chrétien, comme l’est aussi le sens qu’il donne anachroniquement au mot contritus, qui serait selon lui l’équivalent latin de tetrimmenon. L’anachronisme en revanche n’a pas totalement échappé à Fulgence dans la mesure où il insère à cet endroit du texte une réponse à Virgile, dans laquelle il souligne que la sentence : omnis enim contritio sapientem facit est conforme à la conception chrétienne du salut 8. L’opposition entre sagesse païenne et sagesse chrétienne éclate quand Fulgence en vient aux « secrets de la connaissance » (secreta scientiae, 98), auxquels Énée accède en descendant aux Enfers. Tant qu’il lui est possible d’utiliser une grille morale, Fulgence expose des enseignements profitables à tout lecteur, païen ou chrétien. Les Géants, Ixion et Salmonée, sont, selon lui, châtiés pour leur orgueil (superbia, 101). Tantale, dont le nom, transcrit sous la forme teantelon (θέαν θέλων 9), signifierait uisionem uolens (« voulant la WOLFF (2009), p. 172, n. 59. Après avoir dit qu’il approuvait pleinement cette pensée, Fulgence ajoute : « En effet, notre doctrine de salut, enseignement de Dieu, proclame que Dieu ne regarde pas avec mépris le cœur contrit et humilié. Cela est vraiment sagesse sûre et manifeste » (nam et nostra salutaris diuinaque praeceptio cor contritum et humiliatum Deum non dispicere praedicat. Quae uere certa manifestaque est sapientia, 96). 9 WOLFF (2009), p. 174, n. 86. 7 8
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vision », sous-entendu de la déesse) et figurerait la concupiscence réduite à la seule jouissance de la vue. Passons sur le fait que les Géants sont ici substitués aux Titans (Aen. 6,580-581), que c’est Tityos (Aen. 6,595-600), non cité ici, qui a désiré une déesse et que Tantale est absent de la liste virgilienne des prisonniers du Tartare. Glosant le nom de leur juge Rhadamanthe de Gnosse par tarematadamonta (τὰ ῥήματα δαμῶντα), qu’il traduit par « domptant ses paroles », et par gnoso (tiré de γιγνώσκω qu’il traduit par sentire : « percevoir, se rendre compte 10 »), Fulgence explicite ainsi la situation décrite, en laissant, ce faisant, le cas de Tantale à part : « Donc celui qui sait dominer l’élan de sa parole châtie et méprise l’orgueil » (ergo qui uerborum impetum dominari scit, hic superbiae et damnator est et contemptor, 101). Quand il en vient aux révélations d’Anchise, Fulgence renonce à toute tentative de double lecture. Certes, Virgile donne d’abord pour étymologie du nom d’Anchise quasi ano scenon (ἄνω σκηνῶν 11 : « habitant en haut »), qu’il transcrit par patrium habitans (« habitant la maison paternelle »), ce qui a pour effet de rapprocher Anchise de Dieu. Fulgence l’indique indirectement en remarquant : « Or seul Dieu est père, roi de tous les hommes, habitant unique du plus haut des cieux, tout en se laissant apercevoir, quand le bienfait du savoir nous le montre » (unus Deus enim pater, rex omnium, solus habitans in excelsis, qui quidem scientiae dono mostrante conspicitur, 102). Mais c’est sans proposer de lecture seconde qu’il résume ensuite ses enseignements (102) : Nam et uide quid filium docet: ‘Principio caelum ac terram camposque liquentes lucentemque globum lunae Titaniaque astra 12.’ Vides ergo quia, sicut Deum creatorem oportuit, et de secretis naturae mysteriis docet et reduces iterum animas iterum de uita demonstrans et futura ostendit. « Et vois ce qu’il enseigne à son fils : ‘D’abord, le ciel et la terre, les plaines liquides, le globe lumineux de la lune et les feux du Titan.’ Tu vois donc que, comme il conviendrait à un Dieu créateur, il enseigne les mystères cachés de la nature et dévoile le futur, en montrant dans la vie le retour répété des âmes. »
Fulgence critique immédiatement les leçons d’Anchise en condamnant la théorie de la métempsychose, qu’il attribue (à tort, j’y reviendrai) au néoplatonisme : Ad haec ego: “O uatum Latialis autenta, itane tuum clarissimum ingenium tam stultae defensionis fuscare debuisti caligine? Tune ille qui dudum in bucolicis mystice persecutus dixeras: (103) 10 11 12
WOLFF (2009), p. 174, n. 86. WOLFF (2009), 175, n. 94, qui renvoie à COURCELLE (1964). VIRG., Aen. 6,724-725.
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‘Iam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna; iam noua progenies caelo promittitur alto 13’, nunc uero dormitanti ingenio Academicum quippiam stertens ais: ‘Sublimes animas iterumque ad tarda reuerti corpora’? Numquidnam oportuerat te inter tanta dulcia poma mora etiam ponere tuaeque luculentae sapientiae funalia caligare?” « À ces mots je m’écrie : “Ô maître des poètes latins, devais-tu ainsi ternir le vif éclat de ton esprit par l’obscurité d’une affirmation si stupide ? Toi qui, naguère, as dit dans les Bucoliques en langage mystique : (103) ‘Voici que revient aussi la Vierge, que revient le règne de Saturne, voici qu’est promise des hauteurs du ciel une nouvelle génération’, maintenant, tu lâches avec les ronflements de ton esprit endormi un propos digne de l’Académie : ‘les âmes, remontées au ciel, retournent à nouveau dans des corps pesants 14’. Fallait-il vraiment qu’entre tant de fruits doux, tu introduises aussi des mûres, et obscurcisses le flambeau de ta lumineuse sagesse ?” »
Il n’y a rien d’étonnant à ce que Fulgence oppose la théorie de la métempsychose, en tant qu’elle postule un retour des âmes, à des vers de la Bucolique 4, susceptibles d’être lus à travers une grille chrétienne, sur le retour de la « Vierge » comme premier signe de temps nouveaux. L’interprétation qu’il est en train de développer à propos de la trame narrative de l’Énéide a de fait pour précédent la quatrième églogue. Dans le mythe hésiodique et dans sa réception par Aratos les différentes races humaines étaient, chacune, associées à une étape de l’évolution – négative – de l’humanité. Dans la Bucolique 4, Virgile met ces différentes phases (qu’il annonce comme devant prochainement s’inverser) en relation avec les âges de la vie d’un homme : naissance, jeunesse, âge adulte 15. Comme ce sera le cas aussi chez Fulgence, la vieillesse est exclue, et l’individu choisi est un cas exceptionnel. Il s’agit d’un enfant encore à naître, pourvu d’une généalogie remarquable, dont la naissance et l’existence sont mises en relation avec le récit mythique d’une façon mystérieuse (à la manière oraculaire) si bien qu’on ne sait s’il s’agit d’un rapport de cause à effet ou simplement de concomitance. Les critiques actuels considèrent que Virgile a choisi de ne pas présenter clairement certains événements politiques contemporains qui pouvaient être interprétés comme présageant un retour à la situation antérieure aux guerres civiles. Il évoque – à la place – des éléments mythiques associés dans les Travaux et les Jours, mais aussi dans d’autres textes (comme les Phénomènes d’Aratos, les oracles, les écrits pythagoriciens, le carmen 64 de Catulle …), au VIRG., Buc. 4,6-8. VIRG., Aen. 6,720-721. 15 On trouve les indications suivantes : nascenti puero (« l’enfant au moment où il naîtra », 8) ; prima… munuscula (« premiers petits cadeaux », 18) ; At simul heroum laudes et facta parentis / iam legere et quae sit poteris cognoscere uirtus (« Cependant dès que tu pourras lire les exploits des héros, les hauts faits de ton père et apprendre ce qu’est la valeur », 26-27), Hinc ubi iam firmata uirum te fecerit aetas… (« Quand l’âge dès lors affermi aura fait de toi un homme… », 37). 13 14
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mythe des races ou des âges de l’humanité, qu’il met en relation avec le déroulement de la vie d’un individu, censé symboliser l’apparition d’une génération nouvelle. Si la construction narrative de la Bucolique 4 et la nécessité dans laquelle Virgile place son lecteur de l’interpréter allégoriquement ont pu influencer Fulgence, ce dernier n’a pas perçu ou, en tout cas, ne fait pas état de cette dimension politique, qui est fondamentale même si elle est masquée. Elle est d’ailleurs souvent convoquée dans l’exégèse antique : Servius commente les textes virgiliens en utilisant régulièrement comme clef allégorique les relations du poète avec César ou Auguste. C’est une autre ‘histoire’ qui intéresse Fulgence : celle qui raconte la venue d’un sauveur de l’humanité en la personne du Christ. Son principal objectif est de tirer le discours d’Anchise dans un sens chrétien. Aussi, quand cela n’est pas possible, comme c’est le cas avec la théorie de la métempsychose, force-t-il Virgile à faire un mea culpa ; le poète reconnaît n’avoir pas eu accès, en tant que païen, à toute la vérité (103) : Ad haec ille subridens: ‘Si, inquit, inter tantas Stoicas ueritates aliquid etiam Epicureum non desipissem, paganus non essem; nullo etiam omnia uera nosse contingit nisi uobis, quibus sol ueritatis inluxit.’ « Lui, souriant à ces mots : “Si, entre tant de vérités stoïciennes, je n’avais pas lancé aussi quelque folie épicurienne, je ne serais pas un païen. Personne en effet n’a de chance d’accéder à la vérité tout entière, hormis vous, sur qui s’est levé le soleil de la vérité.” »
Ce mea culpa permet à Fulgence de revendiquer, de façon tout à fait habile, le statut d’exégèse véridique pour l’ensemble de l’interprétation qu’il attribue au poète, ce dernier concluant : « au demeurant, engagé comme exégète, je ne suis pas venu dans ton livre pour discuter de ce que je devrais penser, mais plutôt afin de t’éclaircir ma pensée » (neque enim hoc pacto in tuis libris conductus narrator accessi, ut id quod sentire me oportuerat disputarem, et non ea potius quae senseram lucidarem, 103). Fulgence poursuit son interprétation avec toujours pour clef de lecture la progression morale. Je m’arrêterai sur deux autres de ses développements. Le premier, au livre 7, porte sur le mariage d’Énée avec Lavinia, dans lequel Fulgence décrypte le choix de « la voie du labeur » (laborum uiam, 104). C’est ainsi en effet qu’il décompose le nom de Lavinia. Il appuie cette étymologie, assez curieuse, par celles qu’il propose des noms de son père et de son grand-père. Latinus dériverait de latito (« demeurer caché »), « parce que tout labeur se cache en un lieu différent » (quod omnis labor diuersis in locis latitet, 104). L’exégèse du nom de Faunus est encore plus acrobatique, du fait d’un enchaînement d’approximations : Faunus uero [id] est quasi camnonus, id est laborans sensus (« D’autre part Faunus, comme Caunus, est comme camnonus (κάμνων νοῦς), c’est-à-dire pensée en labeur 16 »). Faunus est l’époux 16
WOLFF (2009), p. 176, n. 109.
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de la nymphe Marica, quasi mericam, id est cogitationem (« comme mericam, c’est-à-dire réflexion »), mericam étant rapproché de μέριμνα 17. Ces étymologies permettent à Fulgence de mettre en évidence une notion fondamentale dans l’œuvre de Virgile : le labor, qui est clairement valorisé, dans les Géorgiques, comme la caractéristique de la condition humaine : tum uariae uenere artes: labor omnia uicit / improbus, et duris urgens in rebus egestas (« alors apparurent les différentes techniques : un travail acharné triomphe de tout ainsi que le besoin pressant dans une dure condition », G. 1,145-146). Le second développement que je vais résumer est le dernier de l’Expositio Virgilianae continentiae. L’étymologie que Fulgence propose du nom de Turnus (il le fait correspondre au grec turosnus, une contraction de ϑοῦρος νοῦς 18, traduit par furibundus sensus, « esprit furieux ») oriente l’ensemble de sa lecture des morts de Mézence, de Lausus et du duel entre Énée et Turnus L’idée générale est que l’homme sage (uir sapiens) doit combattre en lui-même son propre animus, en tant que siège des passions, par les armes de la sagesse et de l’intelligence. Comme c’était aussi le cas pour Palinure, la lecture allégorique proposée permet de justifier un des événements moralement discutables de l’Énéide : la mort de Lausus, le fils de Mézence, tué par Énée. Elle est interprétée comme un anéantissement, à travers l’élimination du fils, ‘des actes d’audace destructeurs’ du père (ausus ledentes, mis pour ausus laedentes), une attitude condamnable rapportée à une tendance de l’esprit dont l’homme sage doit se débarrasser. Conclusion L’interprétation que Fulgence donne de l’Énéide a en soi une valeur de témoignage sur ce qu’a été la réception chrétienne du texte de Virgile dans l’Antiquité. Qu’en dire, si on la confronte à la façon dont on commente et analyse aujourd’hui l’Énéide et, plus largement, la pratique poétique de Virgile ? Première observation. Le commentaire proposé par Fulgence met en évidence, d’une façon systématique et totalisante, ce qui a été une dimension constante dans la façon de penser et d’écrire de Virgile : l’usage de l’allégorie morale. Ce n’est pas une surprise. Comme je l’ai déjà souligné, en tant que commentateur d’un texte épique, Fulgence se situe dans la ligne de la tradition des exégèses d’Homère, dont s’est aussi nourri Virgile. Comme les autres commentateurs anciens, il considère que sa tâche est de retrouver et d’expliciter des sens que les poètes ont préalablement inclus, d’une façon masquée, dans leurs textes, en les décryptant dans les épisodes narratifs et dans les noms propres à la lumière de leurs étymologies. Deuxième observation. L’idée générale que Fulgence met en évidence : il faut combattre les passions, sous tous leurs aspects …, correspond à une intention 17 18
WOLFF (2009), p. 176, n. 109. WOLFF (2009), p. 116, n. 113.
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forte chez Virgile, qui l’a manifestée clairement dans plusieurs passages de son œuvre. Par exemple, à la fin des Géorgiques 2, dans l’attaque frontale dirigée contre le genre de vie mené dans les villes versus celui des paysans, la campagne étant valorisée comme l’espace-refuge des vraies valeurs. Ou encore, dans le chant attribué à Silène dans la Bucolique 6, quand le poète fait, à travers l’évocation de divers mythes d’Hylas à Philomèle, la critique du genre de vie, dominé par l’amour et/ou la colère, de celles et ceux qui s’abandonnent aux passions. En l’occurrence, Virgile n’est pas une exception. C’est aussi de cette façon, en voyant dans ses épisodes ou ses personnages des illustrations des effets délétères de l’amour ou de la colère, qu’Horace lira l’Iliade dans l’Épître 1,2 19. Dans son cas toutefois, l’exemple qu’il donne d’exégèse allégorique, on ne peut plus enlevé, est sans doute à prendre comme un exercice de virtuosité sur une pratique brillamment, si ce n’est sérieusement, appliquée au plus fameux poème épique grec 20. Troisième observation. Si la grille de lecture utilisée – le découpage de l’intrigue narrative de l’Énéide en moments associés aux trois premiers âges de la vie (enfance, jeunesse, âge adulte) – est peu probante, le point de vue appliqué à chacun d’entre eux (il y aurait chez Virgile une réflexion systématique sur le choix du bon comportement, aboutissant à une idée générale du bon genre de vie, dont la pierre de touche serait l’attitude face aux passions) semble globalement exacte. Je renvoie à la fin des Géorgiques 4, où, comme l’a montré Gian Biagio Conte 21, avec les personnages d’Aristée et d’Orphée, Virgile met en regard deux genres de vie, l’un régi par le labor et la pietas (qui est celui que valorise l’ensemble de son texte), l’autre dominé par la passion amoureuse, 19 HOR., Ep. 1,2,6-16 : Fabula qua Paridis propter narratur amorem / Graeciae barbariae lento conlisa duello, / stultorum regum et populorum continet aestum. / Antenor censet belli praecidere causam; / quid Paris? ut saluus regnet uiuatque beatus / cogi posse negat. Nestor componere litis/ inter Peliden festinat et inter Atriden; / hunc amor, ira quidem communiter uritque utrumque. / Quicquid delirant reges, plectuntur Achiui. / Seditione, dolis, scelere atque libidine et ira/ Iliacos intra muros peccatur et extra (« L’histoire où on raconte que, à cause de l’amour de Pâris, la Grèce s’entrechoqua au cours d’un long conflit avec les barbares a pour matière le bouillonnement des passions chez les rois et les peuples en proie à la déraison ; Anténor est d’avis de retrancher la cause de la guerre. Et Pâris ? Régner en toute sécurité et vivre heureux il dit qu’on ne peut l’y contraindre. Nestor s’empresse pour arranger les différends entre le fils de Pélée et l’Atride ; l’amour enflamme l’un, la colère également tous les deux. Quel que soit l’objet du délire des rois, les Achéens en souffrent. Par désunion, ruses, crimes, passion et colère, on faute dans les murs d’Ilion comme en dehors »). Sur la tendance générale de l’exégèse antique à voir en Homère le premier poète de la passion amoureuse, voir SCHMIT-NEUERBURG (1999), p. 197-198. 20 Sur le fait qu’il s’agisse à la fois d’un discours sérieux et d’un jeu, voir LAIRD (2003), p. 168-169 : « We are unlikely to take Horace’s allegory of Homer, dare I say it, literally. On the other hand, we should not necessarily regard its writer as a jovial academic colleague who rehearses trite moral allegories of Homer as a jeu d’esprit ». 21 CONTE (1984), p. 43-53.
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illustré par l’échec de l’amant d’Eurydice, incapable de respecter les prescriptions divines. Dans l’Énéide, c’est un seul homme, Énée, que le poète place dans la nécessité de choisir entre ces deux genres de vie : la passion amoureuse versus la pietas et le dévouement au bien commun. Il est frappant que la pietas ne fasse pas partie des vertus répertoriées par Fulgence. Il utilise une fois seulement l’adjectif pius dans la phrase : uir enim pius superbiae uoces et malorum poenas effugit et pauescit (« l’homme pieux en effet fuit la voix de l’orgueil et les châtiments des méchants et s’en effraie », 101). L’épithète qui caractérise l’Énée de Virgile et qui correspond à une des « vertus » du peuple romain, est nettement minorée ici dans la mesure où pius est utilisé presque « en passant » dans une réflexion morale dont la résonance peut apparaître comme chrétienne. Un autre aspect de l’œuvre de Virgile sur lequel la critique actuelle met l’accent est la dimension communautaire qu’a prise rapidement sa recherche sur le meilleur genre de vie. Les Géorgiques explorent ce qu’a été et doit être celui des paysans du Latium, en ajoutant à la fin du livre 2 une perspective historique et politique, qui devient majeure dans l’Énéide. Ce n’est évidemment pas un hasard non plus si Fulgence ne commente pas la maxime finale du discours d’Anchise, énoncée comme un précepte de vie donné aux Romains, précepte qui prend en compte leur destin historique : tu regere imperio populos, Romane, memento / (hae tibi erunt artes), pacique imponere morem, / parcere subiectis et debellare superbos (« Toi, Romain, souviens-toi de diriger les peuples en les soumettant à ton pouvoir (c’est ce que sera ta ligne de conduite), d’imposer les usages de la paix, d’épargner ceux qui auront été jetés à tes pieds et de faire jusqu’au bout la guerre aux orgueilleux », Aen. 6,851-853). Ce qui l’intéresse, c’est de reconstituer un discours général sur l’homme, dont la teneur soit anhistorique. C’est un point de désaccord important avec la plupart des commentateurs modernes, qui considèrent qu’on ne peut appréhender un texte antique sans essayer d’en reconstituer les arrière-plans historiques et culturels. Autre pierre d’achoppement. Les réflexions virgiliennes sur les genres de vie ont pour autre particularité d’avoir été menées en relation avec une réflexion sur la notion de genre littéraire, et ce dans un dialogue qui, selon moi, s’est poursuivi de texte en texte avec Gallus, le seul poète romain qui ait véritablement inventé, avec l’élégie érotique, un nouveau genre, en même temps qu’il célébrait de façon plus systématique que les neoteroi le genre de vie dominé par l’amour 22. Virgile s’est donné sciemment pour tâche de renouveler successivement le genre bucolique, le genre didactique et l’épopée. La dernière critique que l’on peut adresser à Fulgence vaut pour tous les commentateurs qui pratiquent l’allégorie morale. Virgile s’est certes posé la question : « comment faut-il vivre ? Quels sont les meilleurs choix pour un homme, pour la communauté romaine après les guerres civiles, pour le peuple romain, dans le passé, le présent et le futur ? », et il a apporté des réponses. 22
Voir FABRE-SERRIS (2008), p. 57-87.
LA PRATIQUE DE L’ALLÉGORIE CHEZ VIRGILE
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Mais pour y répondre il a écrit des textes poétiques, autrement dit, des textes qui supportent plusieurs types de lectures, d’où l’impression de trop grande simplicité et d’esprit de système réducteur que nous avons aujourd’hui à la lecture d’un commentaire comme celui de Fulgence, nos paramètres religieux et culturels ayant en outre profondément changé. Si l’on reprend, par exemple, l’abandon de Didon par Énée, il est commandé par les destins et apparemment Énée a raison de suivre l’ordre des dieux en renonçant à la passion amoureuse, mais, comme l’a montré Gian Biagio Conte 23, le texte laisse aussi un point de vue et une voix à Didon (comme à Turnus et à Mézence) et, dans le cas de Didon, ménage une rencontre dans les Enfers, qui rend moins incontestable le choix du héros. Cette complexité du texte poétique, plus ou moins voulue, plus ou moins maîtrisée par l’auteur, fait de la littérature un lieu de débats philosophiques, moraux, politiques et sociaux. C’est de là qu’elle tire sa force intellectuelle et sa valeur sociale, bien plus que des enseignements univoques et redondants auxquels la réduit souvent une lecture allégorique, en l’occurrence, chrétienne, quand bien même elle est, comme c’est le cas ici, brillamment appliquée.
23
CONTE (1984), p. 55-96 et plus particulièrement p. 76-80.
TROISIÈME PARTIE
DU COMMENTAIRE À L’ŒUVRE
Les Diégèses de Callimaque (P.Mil.Vogl. 1.18). Du résumé au commentaire Charles DELATTRE
Les Diégèses sont généralement définies comme un ensemble de résumés portant sur l’œuvre de Callimaque. À ce titre, elles sont d’une importance fondamentale pour appréhender certains aspects de l’œuvre, majoritairement fragmentaire, du poète alexandrin. Cependant il est difficile, encore aujourd’hui, d’accéder à l’ensemble du texte des Diégèses : l’édition de référence est longtemps restée celle de R. Pfeiffer, qui en a disséminé les éléments au long de ses deux volumes consacrés aux œuvres du poète 1. En 1998, M. van Rossum-Steenbeek en a proposé une très utile version continue, en se fondant sur l’édition fournie par R. Pfeiffer et en consultant les photographies du papyrus P.Mil.Vogl. 1.18 contenues dans l’édition d’A. Vogliano, sans inclure toutefois de traduction ni de commentaire complet 2. Y. Durbec a intégré une traduction en français des Diégèses dans ses Fragments poétiques de Callimaque 3, mais il a imité la disposition adoptée par R. Pfeiffer (le texte des Diégèses vient en complément de lecture des différents fragments de Callimaque), et l’exclusion des Hymnes de son ouvrage prive le lecteur de la consultation des deux notices correspondantes 4. M. R. Falivene propose enfin une introduction détaillée, qui complète généreusement les données exposées par M. van Rossum-Steenbeek 5. Cependant, malgré tout l’intérêt et l’érudition propres à chacune de ces publications, il manque encore une étude détaillée et complète, et autant que possible à jour, de l’ensemble des Diégèses. 1. Description du P.Mil.Vogl. 1.18 Les Diégèses ont pour originalité de constituer un texte unifié dès l’Antiquité. En effet, contrairement à d’autres textes exégétiques se rapportant à Callimaque 6, les Cette édition (1949-1953) fait suite à l’editio princeps de NORSA / VITELLI (1934) et à celle de VOGLIANO (1937). 2 VAN ROSSUM-STEENBEEK (1998), n°43, p. 75-77 et 259-273. 3 DURBEC (2006). 4 De même HARDER (2012) intègre seulement les diegeseis aux Aitia. 5 FALIVENE (2011). 6 VAN ROSSUM-STEENBEEK (1998), n°44-47, p. 77-80 et 273-278 ; CAMERON (2004), p. 52-56 ; FALIVENE (2011), p. 89-92. Voir PSI 1219.21-37 (« Scholies florentines ») 1
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Diégèses sont conservées par un seul papyrus, le P.Mil.Vogl. 1.18, qui, malgré son caractère partiellement fragmentaire, se laisse encore lire aisément sur des colonnes entières. Qui plus est, ce papyrus embrasse à la fois les Aitia, les Iambes, quatre pièces lyriques, l’Hécalé et les deux premiers Hymnes du poète alexandrin. Or, de cet ensemble, seuls les Hymnes sont aujourd’hui connus de façon quasi complète 7. C’est dire l’importance de ce papyrus, qui nous éclaire du même coup sur les partis-pris et les choix d’un lecteur de Callimaque entre le Ier et le IIe s. de notre ère, si l’on choisit la date probable du papyrus, ou même avant, si l’on admet que le P.Mil.Vogl. 1.18 reprend les données d’une archive antérieure. Les circonstances de la découverte du papyrus et de sa publication ont été récemment exposées avec minutie par M. R. Falivene, dont nous reprenons les principaux points. Le P.Mil.Vogl. 1.18 a été découvert en 1934 dans l’Insula des Papyrus à Tebtynis, au milieu d’environ 750 autres papyri. Le travail des vers, qui ont attaqué le papyrus enroulé par son milieu, a considérablement détérioré le début du texte au point d’anéantir une ou plusieurs colonnes, qui devaient être consacrées aux trois premiers livres des Aitia : ne restent plus que quatorze colonnes (Y, Z, I-XII), dont certaines très fragmentaires, de l’original 8. À la fin du texte, la dernière colonne est pratiquement vide : seules les notices aux deux premiers Hymnes ont été intégrées par l’auteur du texte (ou le copiste). La main est celle d’un connaisseur, influencé peut-être par l’écriture de chancellerie. L’auteur n’est pas identifié, et n’apparaît même nulle part dans l’énoncé, que ce soit sous forme directe ou grâce à une allusion au temps de la rédaction. L’intention de l’auteur, ou celle qui lui a été attribuée, se lit cependant dans le titre donné à une portion du texte : au-dessus de la colonne VI, qui ouvre une nouvelle section consacrée aux Iambes, on trouve la formule conclusive « diegeseis aux quatre livres des Aitia de Callimaque » 9. L’expression concerne donc la première partie du papyrus et instaure une coupure avec les Iambes, les poèmes lyriques, l’Hécalé et les Hymnes I et II, dont des éléments sont repris à la suite, le plus souvent sans titre 10. Les modernes ont cependant pris l’habitude de désigner l’ensemble du texte sous le nom de Diégèses et de pour le Fr. 3 Pfeiffer ; P.Oxy. 2263, Fr. 1, col. II.9-30, pour les Fr. 26-31 Pfeiffer ; P.Mich. inv. 6235 = SH 276, pour le Fr. 667 Pfeiffer ; P.Lille inv. 76d sq. (commentaire à la Victoire de Bérénice, fin du IIIe s. ou début du IIe s.) ; Schol. AD Hom. Il. 13.66 et Schol. Lyc. 1141, pour le Fr. 35 Pfeiffer. 7 Le P.Mil.Vogl. 1.18 est le plus ancien témoin de ces Hymnes (voir STEPHENS [2015], p. 39-40). 8 Aux colonnes Z et I-XII, déjà identifiables dans l’édition de Pfeiffer, GALLAZZI / LEHNUS (2001) ont ajouté un fragment (Y.1-6 = P.Mil.Vogl. 1006) qui identifie ainsi une nouvelle colonne Y, ainsi qu’un autre intégré dans la colonne Z (Z.26-44 = P.Mil. Vogl. 28b). 9 Τῶν Δ’ Αἰτίων Καλλιμάχου διηγήσεις. Les notices aux livres III et IV des Aitia sont également séparées par un intertitre indiquant la numérotation du nouveau livre, Δ’ (IV). 10 Seule l’Hécalé est introduite par un titre, Ἑκάλης : celui-ci renvoie directement au contenu du poème de Callimaque, et non à l’énoncé qui porte sur lui.
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tenir pour acquis que c’est ce terme qui permet de qualifier le projet de l’auteur. Le texte des Diégèses est divisé en notices, clairement identifiées à la fois par un saut de ligne, par une paragraphos et par la reprise en lemme du premier vers de chaque passage de Callimaque traité par l’auteur des Diégèses. Pour M. R. Falivene, les diegeseis décrivent le sujet de chaque poème, tout en éliminant toute référence à Callimaque et tout ce qui n’est pas événement réduit à sa plus simple expression 11. De même pour A. Cameron, ces diegeseis sont des « sommaires » (summary) 12. Les Diégèses seraient donc une compilation de résumés, grâce auxquels l’auteur cherche à donner accès au contenu de l’œuvre de Callimaque. R. Pfeiffer propose même d’étendre ce terme de diegesis à d’autres résumés, généralement connus comme des hypotheseis, et d’en faire un identifiant générique 13. Sans être un commentaire au sens moderne, du même type que les suggrammata ou hypomnemata, distingués par F. Leo 14, les diegeseis font donc partie de la tradition exégétique, pédagogique ou plus largement intellectuelle, telle qu’elle a été définie par R. Pfeiffer 15, puisqu’elles sont un énoncé portant sur un autre énoncé, et visent à le comprendre. À ce titre, elles sont supposées secondaires et fidèles : l’intervention auctoriale est réputée être minimale dans ce type d’énoncés. Les études récentes sur la tradition du commentaire ont cependant souligné la diversité des pratiques exégétiques et la porosité des frontières qui semblaient les isoler de la tradition proprement littéraire 16. A. Cameron va dans le même sens lorsqu’il note que ces « sommaires » offrent, pour les Iambes I et V, des détails qui sont absents du texte de Callimaque 17. Cette réévaluation rapide nous incite à montrer à notre tour que les diegeseis ne sont pas des résumés, mais des reformulations sélectives qui obéissent aux choix d’un commentateur. Ces reformulations nous donnent ainsi accès à un type de lecture critique de l’œuvre de Callimaque et révèlent certaines orientations de l’auteur des Diégèses. 2. Des résumés sélectifs Là où Callimaque a consacré un passage de ses Aitia à un personnage ou une anecdote, la notice correspondante en restitue l’essentiel sous la forme d’un FALIVENE (2011), p. 88. CAMERON (2004), p. 52. 13 PFEIFFER (1968), p. 195. 14 LEO (1901), p. 104-107 ; la pertinence de cette définition a été débattue par exemple chez MONTANARI (1996) et DORANDI (2000), ainsi que chez PORRO (2009). 15 PFEIFFER (1968), p. 3. 16 Voir en dernier lieu JOLIVET (2014) et (2016) sur la poésie latine savante comme forme d’exégèse, ainsi que les articles réunis dans MOST (1999) ; GIBSON / SHUTTLEWORTH KRAUS (2002) ; SHUTTLEWORTH KRAUS / STRAY (2016) ; DELATTRE et al. (2018). 17 CAMERON (2004), p. 54 ; cf. déjà CAMERON (1995), p. 119-127, à partir du Thrax d’Euphorion et de son traitement par PARTH., Narr. 13 et 26. 11 12
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récit simple, qui identifie les principaux acteurs, leurs motivations et les événements qui leur sont associés. Ainsi, la col. III.25-33 propose-t-elle, après un récit consacré à Théodote de Liparos, d’abord en lemme le premier vers du nouveau passage de Callimaque, puis un récit consacré à un individu qui avait mis à mort sa propre fille, Leimonè, en l’enfermant dans sa chambre avec un cheval, ainsi que l’amant de sa fille. Un lieu-dit « du cheval et de la jeune fille » rappelait à Athènes le souvenir de l’événement 18. Les vers correspondants des Aitia (Fr. 95 Pfeiffer) sont pratiquement perdus, mais ce qu’on en déchiffre est confirmé tant par le texte des Diégèses que par deux passages du Contre Ibis (335-338 et 459-460) d’Ovide, dont on sait combien il doit à Callimaque en particulier dans ce poème 19. Plus généralement, la meilleure connaissance que nous avons des Aitia aujourd’hui confirme l’équivalence globale entre le plan des Diégèses et celui du poème de Callimaque dans son état final 20. La structuration de nombre de diegeseis en récits étiologiques, réputée dériver directement du projet poétique de Callimaque, justifie à posteriori l’interprétation que l’on s’accorde à donner au titre même des Aitia de Callimaque, à la fois Causes et Origines de détails surprenants dont il fait le catalogue. Parfois l’auteur des Diégèses se contente d’un résumé des différents points observés, sans adopter de structure étiologique. C’est particulièrement net dans la col. II.29-40, où la notice développe la simple description d’un rituel : il est question de l’expulsion d’Abdère d’un individu qui sert d’offrande purificatrice (καθάρσιον) à la cité. L’auteur s’est contenté d’une simple description, sans doute parce que Callimaque lui-même n’offrait pas d’autre donnée dans ce passage des Aitia. La comparaison avec d’autres poèmes non étiologiques permet de confirmer que les paragraphes du papyrus suivaient bien le déroulement de l’œuvre de Callimaque pour en extraire ce qu’ils estimaient être essentiel pour la compréhension du passage, sans imposer toujours une forme narrative particulière. La diegesis du premier Iambe comporte ainsi un résumé des premières données du poème, résumé qui dépend lui-même d’un verbe introducteur (ὑποτίθεται) qui renvoie à l’activité auctoriale de Callimaque. De même, la diegesis à l’Iambe XIII (col. IX.32-38) définit le poème comme un tout où le poète se défend contre ses critiques. Et les diegeseis aux poèmes lyriques maintiennent cette prise en compte de la voix de l’auteur tout en intégrant différents éléments qu’aucun récit ne vient unifier. Particulièrement caractéristique en ce sens est la notice de la deuxième pièce lyrique (X.6-9) : l’ensemble est défini comme un prologue adressé aux Dioscures et aussi un chant sur Hélène ; le poète les Voir DELATTRE (2015) pour l’ensemble des versions sur cette anecdote. Le titre d’Ovide renvoie à un Ibis de Callimaque, et le Contre Ibis intègre nombre d’anecdotes provenant des Aitia (voir CAMERON [2004], p. 180-183). Pour une analyse plus complexe du Contre Ibis, voir WILLIAMS (1996), p. 8-14. 20 Voir en dernier lieu HUTCHINSON (2003) et HARDER (2012), t. 1, p. 2-8 pour la composition d’ensemble, ainsi que BULLOCH (2006) pour le détail de l’organisation du livre III. 18 19
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invite à accepter le sacrifice, en y joignant une exhortation faite aux convives de rester éveillés. La prise en compte des différents destinataires se fait grâce à une alternance de verbes (ὑμνεῖ, παρακλεῖ) et de substantifs (παροίνιον, προτροπή) qui tous s’appliquent à la fois à l’action du poète, à la fonction du poème et à la nature de ce dernier : il est tour à tour prologue (paroinion), chant religieux (hymnos), invitation (paraklèsis) et exhortation (prostropè). Une analyse rapide montre donc que l’auteur du texte conservé dans le P.Mil. Vogl. 1.18 a procédé à une condensation sélective qui l’a conduit à reformuler des pièces plus ou moins longues du poète en isolant des motifs ou des constructions narratives qui lui ont paru essentielles. Comme tout résumé, le résultat peut être discutable, et un moderne pourrait considérer que tel aspect a été passé sous silence, non sans dommage pour l’appréciation que l’on devrait avoir des vers de Callimaque. Il n’en reste pas moins que l’on observe une correspondance assez bonne entre les thèmes proposés par le poète et leur reprise dans les Diégèses. L’examen détaillé des diegeseis pour lesquelles nous pouvons procéder à une comparaison fouillée nous conduit cependant à nuancer cette première conclusion. La reformulation de l’Hymne à Zeus en particulier présente l’intérêt d’offrir un texte complet, puisqu’il n’a pas été touché par les vers qui ont détruit la partie gauche du papyrus, et de se rapporter à un poème de Callimaque conservé dans son ensemble, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Nous pouvons ainsi jauger exactement les opérations menées par le commentateur et évaluer la portée des transformations qu’il a fait subir au texte initial. 3. Résumé, extrait, reformulation et réorientation. Le cas de l’Hymne à Zeus L’Hymne à Zeus est lui-même un poème complexe, peut-être composé pour la célébration de l’anniversaire de Ptolémée II ou de son accession au trône. Les 96 vers associent donc à la fois la tradition de l’hymne clétique, issue des Hymnes homériques, et celle de l’éloge du souverain. La composition en hexamètres dactyliques et la tripartition du poème en inuocatio, pars epica et uotum sont cohérents avec la tradition hymnique, tandis que les vers 85-90 ressortissent à la poésie encomiastique et à la littérature de cour 21. Nous n’avons pas à nous poser ici la question controversée de la performance de cet hymne : l’auteur des Diégèses l’a traité comme un poème accessible par la lecture. L’Hymne à Zeus aborde plusieurs thèmes touchant les dieux de façon polémique et tantôt manifeste son accord, tantôt prend ses distances avec Homère et Hésiode. Les vers 1-3, qui constituent l’adresse à Zeus, sont en effet suivis par une première affirmation tranchée, qui situe la naissance de Zeus en Arcadie (v. 4-14) : on voit bien que ce sont les vers 459-506 de la Théogonie, où Zeus Outre STEPHENS (2015), p. 47-51, on peut consulter ACOSTA-HUGHES / CUSSET (2012) comme voie d’accès à une vaste bibliographie. 21
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naît en Crète, qui sont contestés. Pourtant, après les vers 15-41, consacrés à une étiologie du fleuve Néda en Arcadie, Callimaque revient à Hésiode et manifeste son accord partiel avec lui en situant l’enfance de Zeus en Crète (v. 42-52). La célébration de la puissance de Zeus, qui s’inscrit, là encore, dans la tradition de la Théogonie, est l’occasion d’une probable allusion politique à Ptolémée Philadelphe et à ses frères, et réfute le passage de l’Iliade sur le partage du pouvoir entre Zeus, Hadès et Poséidon (v. 55-67 ; cf. Iliade 15,186-193). Le passage suivant (v. 68-90) corrobore cette fois le portrait de la justice de Zeus dressé dans les Travaux et les Jours et s’achève par la célébration de Ptolémée II, elle-même suivie du uotum final (v. 91-96). Des liens intertextuels se retrouvent aussi au niveau de l’énoncé : une partie du vers 96 de la Théogonie est reprise par Callimaque au vers 79, et les vers 83-84 de l’Hymne à Zeus reformulent en le condensant le vers 7 des Travaux. De son côté, la diegesis de l’Hymne à Zeus est composée d’un paragraphe assez court. Les interventions auctoriales de Callimaque que l’on trouvait dans l’inuocatio et le uotum, mais aussi dans la pars epica (par exemple des attaques contre les anciens poètes, v. 60 et 65) ont toutes été éliminées. Ont été exclus également tous les éléments à connotation politique, qu’il s’agisse d’allusions probables ou d’adresses directes à Ptolémée II. Le contexte proprement alexandrin a été gommé, de façon à transformer l’Hymne à Zeus en une pièce poétique sans attaches. Le plus surprenant réside pour nous dans l’extension de la diegesis : seule une petite partie de la pars epica, les vers 4-14, a été prise en compte. On ne peut à ce compte parler d’un résumé, au sens moderne, mais seulement d’une reformulation sélective : la diegesis ne donne pas accès à l’ensemble du poème, mais seulement à un point développé par Callimaque. Il faut noter cependant la fidélité de la diegesis à ce passage, jusque dans le détail du vocabulaire 22 : l’opposition entre Crète et Arcadie est maintenue sous la forme d’une « dispute » entre les habitants respectifs de ces deux régions (Ἀρκάδες καὶ Κρῆτες ἀντιποιοῦνται) 23, puis reprend la conciliation proposée par Callimaque : Rhéa accouche à Parrhasie, puis transfère Zeus nouveau-né dans le Dicté. La diegesis met ainsi en valeur l’un des objectifs de l’Hymne, dans sa première partie, qui est de répondre à la question initiale de la pars epica 24, et souligne l’originalité de Callimaque, qui propose une version nouvelle de la naissance de Zeus en accordant deux traditions divergentes. 22 L’adjectif « arboré » (θαμνώδης) glose la « couverture d’abrisseaux » (θάμνοισι περισκεπές) du vers 11, et le « mensonge des Crétois » maintient à la fois la formule du vers 8, empruntée à EPIMENID. (Fr. 1 Diels / Kranz) et le jeu de mots avec le toponyme Parrhèsia, « Franchise » (v. 10). 23 Cf. v. 5, qui est lui-même la réécriture d’ANTAGORAS, Hymn. Eros, Fr. 1.1 Powell. 24 Cf. v. 4 : πῶς καί νιν, Δικταῖον ἀείσομεν ἠὲ Λυκαῖον ; (« comment le chanteronsnous, sous le nom de Zeus du Dicté ou de Zeus du Lycée ? »). Sont en jeu deux visions de Zeus, l’une associée à la Crète législatrice et l’autre au sacrifice humain du mont Lycaios (cf. déjà PLAT., Resp. 8,565d-566a).
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Implicitement, l’auteur de la notice est sensible à l’insertion du poème de Callimaque dans la tradition hymnique, qui interroge la meilleure façon de nommer les dieux en fondant sa réponse sur les éléments biographiques qui leur sont associés 25. Un exemple très proche du développement proposé par Callimaque se trouve dans l’Hymne homérique à Dionysos cité par Diodore de Sicile 26. La citation commence chez Diodore par l’énumération des différents lieux où Dionysos a pu naître, et la liste s’achève par un rejet sans appel de toutes ces versions, attribuées à des « menteurs » (ψευδόμενοι, v. 6), comme chez Callimaque. Tout comme dans l’Hymne à Zeus, on retrouve à la fois une reprise de la Théogonie, une solution originale au dilemme des origines divines et la redéfinition d’une épiclèse qui dit la vérité du dieu : en cachant Dionysos à Héra, Zeus renouvelle le geste de sa propre mère Rhéa ; une montagne du nom de Nysa est proposée comme lieu de naissance, ce qui anéantit toutes les prétentions nationales énumérées juste avant ; le toponyme choisi sert d’étiologie transparente au nom de Dionysos. La sélection opérée par l’auteur de la diegesis ne dit donc pas seulement l’intérêt que, comme lecteur, il a pu trouver au poème de Callimaque : elle souligne aussi la cohérence de sa lecture avec les thématiques développées dans la tradition hymnique, en particulier à l’époque hellénistique, dans les milieux proches des stoïciens 27, et à l’époque romaine, lorsqu’un historien comme Diodore cite de façon répétée le fragment A de l’Hymne homérique à Dionysos 28. Le rôle joué par les épiclèses Dictaios et Lycaios au vers 4 de l’Hymne à Zeus a bien été senti par l’auteur des Diégèses : l’exemple suivant montrera mieux l’importance de l’étiologie dans la perception que l’auteur des Diégèses a eue de l’œuvre de Callimaque. 4. Résumé et motif étiologique : le cas de l’Iambe VII L’état très fragmentaire de l’Iambe VII de Callimaque dans la documentation papyrologique rend indispensable la consultation de la diegesis pour se faire une idée des thèmes abordés par le poète 29. L’exemple de l’Hymne à Zeus montre cependant que la diegesis n’offre pas forcément un résumé complet et 25 ARAT., Phain. 1,1-18 développe le thème de la naissance de Zeus avec une stratégie similaire et un même type de rapport intertextuel, cette fois avec l’Hymne à Zeus de Cléanthès (voir CUSSET [2011]). 26 Fragment A de l’HYMN. HOM. BACCH., I Allen / Sikes = III Humbert : voir DIOD. 3,66,3. Cet Hymne homérique à Dionysos ne pourrait-il être l’hypotexte du début de l’Hymne à Zeus ? 27 L’auteur de cet Hymne à Dionysos explicite ainsi ce qui est seulement sousentendu au vers 5 de l’HYMN. HOM. BACCH., XXVI Allen / Sikes = II Humbert. 28 DIOD. 1,15,7 ; 3,66,3 ; 4,2,4 ; cf. Schol. APOLL. RHOD. 2,1209-1215c. 29 CALLIM., Iamb. VII, Fr. 197 Pfeiffer ; KERKHECKER (1999), p. 182-196 ; ACOSTAHUGHES (2002), p. 265-267 ; 272-277 ; 294-300.
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fidèle du poème. Peut-on malgré tout en dessiner les principaux contours à l’aide de la Diégèse, comme le propose l’éditeur des Iambes, A. Kerkhecker 30 ? Nous insisterons plutôt ici sur les divergences entre les deux énoncés, en soulignant en particulier le fait que, contrairement à la diegesis, l’Iambe ne suit pas forcément le fil d’une intrigue narrative continue. La diegesis propose en effet une histoire en bonne et due forme, qu’elle associe au premier vers de l’Iambe. Ce vers constitue une sorte de programme pour le commentateur : il associe au nom d’Hermès son épiclèse de Perpheraios et la localité d’Ainos. Le récit qui suit se donne donc pour tâche d’expliquer l’origine de l’épiclèse et l’ancrage d’Hermès dans cette cité grecque de la côte thrace, et débute par la reformulation du premier vers (Περφεραῖος Ἑρμῆς ἐν Αἴνῳ, « Hermès est Perphéraios à Ainos ») suivi d’un corrélatif à valeur explicative (ἐντεῦθεν, « pour la raison que voici »). Une statue d’Hermès faite par le sculpteur Épéios à Troie fut emportée par une crue du Scamandre jusqu’aux rivages d’Ainos, où elle fut récupérée par des pêcheurs qui la trouvèrent dans leurs filets. La prenant d’abord pour un simple bout de bois, ceux-ci tentèrent d’en faire du feu, mais devant l’impossibilité de la consumer ou de l’abîmer, par quelque moyen que ce fût, ils en conclurent qu’il s’agissait d’un objet lié au divin et consacrèrent un sanctuaire à Hermès. La fin de la diegesis souligne qu’il faut trouver là l’origine de l’épiclèse : une procession à trajectoire circulaire, exprimée par le participe περιφέρων 31, justifie le nouveau surnom donné au dieu, que confirme un oracle d’Apollon, et complète une série d’allusions à la circularité présentes dans le texte 32. La diegesis attribue ainsi plusieurs fonctions au premier vers du poème : tout en participant à la mise en ordre des paragraphes dans le papyrus, puisqu’il indique, en l’absence de titre, le début d’une nouvelle section de l’énoncé, il joue aussi un rôle dans la définition thématique du passage. Le récit produit par l’auteur de la diegesis devient le développement explicatif du lemme, qui doit être compris, du point de vue du commentateur et de son lecteur, comme un programme à éclaircir. Ce dispositif condense celui utilisé pour l’Hymne à Zeus : tandis que le vers 1 servait d’indice pour le repérage du lecteur dans le papyrus et marquait le début de la notice consacrée à l’Hymne, c’était le vers 4 de l’Hymne, non repris par le commentateur, qui servait d’enjeu et de point de départ pour la constitution de la diegesis. De façon plus économique, le vers 1 de l’Iambe VII remplit les deux fonctions. Est-ce le signe que le poème de Callimaque s’organise conformément au dispositif narratif élaboré par la diegesis ? KERKHECKER (1999), p. 182. À noter cependant que περιφέρων est seulement une restitution probable pour la lacune πε[......]ν (pour d’autres possibilités, voir KERKHECKER [1999], n. 15, p. 186, ainsi que le commentaire de PFEIFFER [1949-1953], ad locum et ACOSTA-HUGHES [2002], n. 54, p. 298). 32 Voir DELATTRE (2007), p. 71-74. 30 31
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L’auteur de la diegesis opère cependant un certain nombre de réorientations qui expliquent soit l’omission de détails encore reconnaissables dans le texte de l’Iambe, malgré les nombreuses lacunes qui en empêchent une lecture suivie, soit des décalages entre l’intrigue proposée et la structure du poème. Outre l’abandon attendu des spécificités linguistiques de la langue de Callimaque 33 et des tensions produites par l’adoption d’un hexamètre dactylique 34, on note l’abandon de possibles jeux de mots et allusions, voire de liens intertextuels probables. Est particulièrement significative la présence à au moins deux reprises dans l’Iambe d’un cri ou d’un appel, ὦ Παλαίμονες, qui invoque au pluriel la figure divine de Palémon : ce dernier, honoré aux jeux Isthmiques, est identifié depuis au moins l’époque hellénistique 35 à Mélicerte, fils d’Ino et d’Athamas, divinisé avec sa mère après que celle-ci s’est jetée avec lui dans la mer depuis la roche Molouris, près de Mégare. Le corps de l’enfant, échoué près de Corinthe, suit dans la plupart des versions un type de trajet identique à celui accompli par la statue d’Hermès : échoué sur un rivage après un séjour dans la mer, il est récupéré par des habitants du lieu et reçoit, à la suite de cet événement, des honneurs divins. Que le cri ὦ Παλαίμονες soit ou non prononcé par les pêcheurs, sa présence dans l’Iambe intègre la possibilité d’une comparaison, voire d’une allusion à un texte dont l’identité nous échappe 36. L’identification de ceux qui s’exclament ὦ Παλαίμονες permet de mettre en valeur un fort décalage entre l’Iambe et la diegesis qui s’y rapporte. De même, la présence au vers 2 du verbe ἔμμι indique sans contestation possible que le texte de l’Iambe est mis au compte du dieu, et sans doute de sa statue, au discours direct. L’Iambe est ainsi défini comme l’extension d’une dédicace assumée par l’objet consacré, suivant un dispositif bien attesté dans les poèmesdédicaces de l’Anthologie Grecque 37. L’Iambe VII est même particulièrement proche de l’épigramme de Callimaque 38 où l’objet consacré se définit au premier vers (Κόγχος ἐγώ, « je suis un coquillage »), décrit brièvement sa course et son point d’arrivée ainsi que sa consécration finale (v. 7-8). 33 La Diegesis transpose le dorien littéraire de Callimaque et ses traces d’éolien en koiné : voir KERKHECKER (1999), n. 20, p. 187. 34 La bibliographie souligne l’ambiguïté de la construction callimachéenne, qui revendique l’héritage d’Hipponax (Iamb. I) mais impose comme nouveau patron dans l’Iambe XIII le polygraphe Ion de Chios, qui sert de modèle à la polyeideia que Callimaque revendique pour lui-même, d’après la diegesis à l’Iambe XIII,35-36. 35 L’identification est certaine dans un vers tragique cité par ATHENAGORAS, Legatio pro Christianis 29, identifié comme EURIP., Ino Fr. 27-28 Jouan / Van Looy, ou Trag. Adesp., Fr. 100-101 Snell / Kannicht. Elle est probable chez PIND., Fr. 5.3 Snell / Maehler et EURIP., Med. 1282-1289. 36 CALLIM. Aitia, Fr. 91-92 Pfeiffer, nomme Mélicerte, mais le fait échouer sur l’île de Ténédos, d’après la diegesis ; l’identification avec le Palémon de l’Isthme de Corinthe n’est donc pas certaine dans ce cas-là. 37 Voir KERKHECKER (1999), n. 3, p. 183. 38 Épigramme 5 Pfeiffer citée par ATHEN. 7,318B ; cf. les Épigrammes 55 et 56 Pfeiffer.
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La diegesis réorganise ainsi le poème en un récit, ce qui a aussi pour conséquence d’oblitérer son intégration spécifique dans les Iambes. Les vers consacrés à un Hermès d’Ainos finalement assez bavard contrastent en effet avec la description de la silencieuse statue de Zeus à Olympie (Iambe VI) et avec la conversation menée par un autre Hermès (Iambe IX). Si l’on attend de la diegesis un résumé fidèle, reproduisant les thèmes et les caractéristiques poétiques de l’Iambe de Callimaque, on ne pourra qu’être déçu par un récit qui réarticule sous forme narrative simplifiée et linéaire des éléments dispersés dans le poème, et qui supprime ce qui passe aux yeux de nombreux modernes pour être l’essentiel de la poétique alexandrine, à savoir les jeux intertextuels et les encodages et décodages permis par l’allusion érudite. Si l’on accepte de considérer la diegesis non comme un ratage, mais comme le résultat d’une stratégie, avec ses enjeux propres, on sera sensible en revanche à l’efficacité avec laquelle l’auteur a construit une intrigue propre à articuler anecdote, institution d’un culte et étiologie d’une épiclèse. Il s’agit là d’une stratégie très différente de celle des scholies rassemblées par R. Pfeiffer : les scholia uetera aux Hymnes se concentrent principalement sur l’explicitation des toponymes et des termes rares et ne fournissent aucun commentaire d’ensemble. Comme pour l’Hymne à Zeus, le commentateur a trouvé dans le poème cette construction étiologique, il ne l’a pas inventée ou tirée d’une autre source. En laissant de côté les autres aspects du poème, il a attiré l’attention de ses propres lecteurs sur ce qui, de son point de vue, constituait l’enjeu principal du poème, ou en tout cas ce qui valait la peine d’être retenu. Indépendamment du type de poème (hymne, iambe) et des stratégies particulières de Callimaque, il s’est montré sensible à la récurrence d’un thème, la justification de l’origine d’un culte ou d’une épiclèse, qui constitue justement l’enjeu des Aitia dont il s’est occupé avant d’aborder les Iambes ou les Hymnes, en tout cas pour la rédaction de ses Diégèses. L’Iambe VII et l’Hymne à Zeus ont été implicitement lus suivant le modèle fourni par le début du papyrus : on peut suggérer qu’aborder l’œuvre de Callimaque dans cet ordre a permis au commentateur d’élaborer une grille de lecture qu’il a appliquée aux différents recueils à disposition. L’Hécalé n’échappe pas à cette réorganisation thématique : la diegesis, qui résume considérablement le poème et réduit au minimum la rencontre entre Thésée et Hécalé, une vieille paysanne qui l’héberge pour une nuit, s’achève sur une conclusion développée qui met en valeur la création par Thésée d’un dème qui porte désormais le nom de la vieille femme qui l’hébergea avant son combat contre le taureau de Marathon, et d’un sanctuaire consacré à un Zeus qui conserve dans son épiclèse d’Hécaléios le souvenir d’Hécalé 39. Même si ces éléments τοῦτο ἐπετέλεσεν δ[ῆ]μον συνστησάμενος ὃν ἀπ᾿ αὐτῆς ὠνόμα[σ]εν, καὶ τέμενος ἱδρύσατο Ἑκαλείου Δι[ό]ς (« Thésée accomplit sa promesse [de récompenser Hécalé pour son hospitalité] en instituant un dème, auquel il donna son nom, et en fondant un sanctuaire de Zeus Hécaléios »). 39
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étaient bien présents dans le poème de Callimaque – les lacunes de la tradition textuelle nous empêchent cependant de le confirmer – ils n’y occupaient manifestement qu’une place réduite au regard de toutes les autres données incluses dans les vers dont les fragments papyrologiques nous donnent une idée. Le commentateur a ainsi pu viser à montrer la cohérence de l’ensemble constitué par les Aitia, les Iambes, l’Hécalé et les Hymnes. Le classement générique des poèmes par colométrie ou par thématique a été laissé de côté, au profit d’un critère issu de Callimaque lui-même : l’abondance des formules étiologiques chez ce poète, la fréquence des interrogations sur les cultes et les épiclèses ont été ressenties par le commentateur comme ce qui méritait d’être conservé de son œuvre. Les Diégèses ont ainsi été conçues non comme des résumés, mais comme un catalogue du matériau proprement étiologique proposé par le poète, quand l’œuvre de Callimaque le permettait, même incidemment. On peut même se demander si les diégèses aux Aitia n’opéraient pas parfois une réduction semblable et n’imposaient pas un scénario étiologique à des passages qui, tout en intégrant cette dimension, disaient encore bien d’autres choses. Par exemple, le long Fr 75 Pfeiffer (= C.11.9 Durbec) nous permet de mesurer la diversité de l’écriture callimachéenne dans les Aitia : ce passage de 77 vers inclut récit à la troisième personne (les aventures d’Acontios et de Cydippé), intervention de Callimaque, qui interrompt brutalement sa propre digression (v. 4-7) et en tire une réflexion éthique (et ironique ?) sur les dangers de l’érudition et sur le silence à garder sur les rites (v. 8-9), commentaire sur la maladie sacrée (v. 13-14), oracle d’Apollon rapporté au discours direct (v. 22-31), définition d’une source possible de Callimaque lui-même (v. 53-55), qui semble ensuite être résumée à grands traits (v. 56-77). En regard, ce qui reste de la diegesis laisse deviner que, comme dans le reste du papyrus, seuls certains épisodes du récit ont attiré l’attention du commentateur : les sept lignes partiellement conservées correspondent à la fois aux Fr. 70-74 Pfeiffer (= C.11.4-8 Durbec) et à la partie proprement narrative du Fr 75, qui sont considérablement résumés et simplifiés. On peut donc penser que les Aitia de Callimaque ont imposé un mode de lecture au commentateur, en l’incitant à privilégier un motif étiologique qui était central pour la définition du thème des Aitia. Mais on constate aussi que les Aitia ont été soumises au même processus de sélection et de réduction que les autres œuvres, et que les diegeseis qui les concernent attirent l’attention sur la structure étiologique de l’intrigue bien au-delà de ce que proposent les poèmes eux-mêmes. Quelques diegeseis échappent sensiblement au modèle étiologique : les diegeseis aux Iambes I et II proposent un récit condensé sans conclusion, et les diegeseis aux Iambes III-VI et à l’Iambe XIII reformulent différents éléments trouvés dans les poèmes de Callimaque sans les organiser en récit, tout comme les quatre diegeseis qui concernent des Lyrica. À l’inverse, les autres diegeseis attirent l’attention sur un élément étiologique contenu dans les poèmes de Callimaque, voire se focalisent sur cet élément au détriment de tout le reste. Il est
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donc difficile, dans l’état actuel de nos connaissances, de nous fonder sur la seule notice des Diégèses pour reconstituer le contenu exact d’un passage perdu de Callimaque : l’auteur des Diégèses n’avait pas pour intention de fournir un condensé fidèle du contenu d’un poème de Callimaque, mais plutôt d’en tirer des éléments qu’il estimait utiles pour l’appréciation du poète et qui étaient dégagés de toute prétention à fournir que ce soit une somme exégétique, un commentaire complet sur l’œuvre, ou même son image en réduction. 5. Résumé et glose : le cas de l’Hymne à Apollon Avec la dernière diegesis, celle de l’Hymne à Apollon, on voit se dessiner un nouveau visage critique de l’auteur des Diégèses. Confronté à une composition privée de tout motif explicitement étiologique, il suit le fil du texte, mais cette fois avec peut-être plus de détails qu’il ne le faisait dans les autres notices. Ici, en effet, la diegesis n’amorce pas la description d’une anecdote, ne désigne pas un contexte et ne nomme pas de personnage principal. Elle reprend les effets de l’épiphanie d’Apollon, qui occupent les premiers vers de l’Hymne, qui sont à leur tour dûment notés et commentés dans la diegesis : l’auteur mentionne l’animation des « branches de laurier » 40 et du « sanctuaire » lui-même 41, la « danse des enfants » 42 ; le son de la « cithare » 43 ; le « calme de la mer » qui se répand 44 lorsque résonne « l’hymne du dieu » 45 ; le fait que même « ceux qui souffrent retiennent leurs lamentations » 46. Contrairement à ce qu’il avait fait pour l’Hymne à Zeus, l’auteur des Diégèses ne s’en tient pas là et poursuit en reprenant les vers 42-46 qui énumèrent les attributs et fonctions du dieu, en s’attachant à les traduire et les réduire : Apollon « maîtrise de nombreux arts » 47 ; il est un archer d’exception » 48 ; il est « médecin », il est « devin » (ce qui inverse l’ordre des vers de Callimaque) 49 ; etc. La fin de la diegesis est lacunaire et semble s’achever sur une paraphrase des vers 61-96, dont certains passages sont glosés avec précision 50. δαφνίνων τε κλάδων ; cf. v. 1 : δάφνινος ὅρπηξ. τοῦ τεμένους ; cf. v. 2, τὸ μέλαθρον, « la demeure », et v. 6-7, κατοχῆες… πυλάων, « verrous des portes », et κληῖδες, « clés ». 42 χορεύειν τοὺς παῖδας, cf. v. 8, οἱ δὲ νέοι… χορόν. 43 κιθαρίζειν ; cf. v. 12, κίθαριν, et v. 16, χέλυς. 44 γεγαληνῶσθαι δὲ καὶ τὸ πέλαγος ; cf. v. 18 : εὐφημεῖ καὶ πόντος. 45 ἐφ᾿ ὕμνῳ τοῦ θεοῦ ; cf. v. 18 : κλείουσιν ἀοιδοί. 46 τοὺς περιπαθεῖς ἀνέχειν τοῦ θρηνεῖν ; cf. v. 20-24, où sont évoquées Thétis pleurant sur Achille ainsi que Niobé. 47 τὸ πολύτεχνον τοῦ θεοῦ ; cf. v. 42 : τέχνῃ δ᾿ ἀμφιλαφὴς οὔτις τόσον ὅσσον Ἀπόλλων. 48 τοξότης ἀγαθός ; cf. v. 43 : κεῖνος ὀϊστευτὴν ἔλαχ᾿ ἀνέρα. 49 ἰατρὸς ; cf. v. 45-46 : ἐκ δέ νυ Φοίβου / ἰητροὶ δεδάασιν ἀνάβλησιν θανάτοιο ; μάντις ; cf. v. 45 : κείνου δὲ θριαὶ καὶ μάντιες. 50 On lit à la toute fin les mots λέοντα, qui renvoie au v. 91, et Βάττῳ, qui pourrait reprendre les Βαττιάδαι du v. 96. 40
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Comme dans l’Hymne à Zeus, le commentateur reformule le texte par des gloses explicatives, mais cette fois en dehors de tout contexte étiologique, sans référence à un récit qu’on pourrait définir comme un aition, puisque le poème ne l’y autorise pas. Il semble ainsi s’attacher davantage à une explicitation lexicographique de l’énoncé, en ne se concentrant plus seulement sur un passage, mais en parcourant une longue partie du texte. Sa paraphrase se rapproche ainsi de certaines des scholies de la tradition manuscrite médiévale, qui sélectionnent, comme lui, certains vers pour en proposer un équivalent simplifié. Pour nous en tenir à un seul exemple, le parallèle entre le début de la diegesis (col. XI.2225) et les scholies correspondantes est frappant, y compris dans le détail de l’énoncé. Le εὐφημεῖ καὶ πόντος (« même les flots gardent un religieux silence ») du vers 18 est rendu par un infinitif parfait moyen, γεγαληνῶσθαι, dans la diegesis, auquel fait écho la 3e personne du singulier du présent actif du même verbe, γαληνιᾷ, dans un scholion 51. Dans les mêmes manuscrits, le scholion qui suit commente la deuxième partie du vers, « lorsque font résonner les aèdes » (ὅτε κλείουσιν ἀοιδοί), en transposant le verbe en un ὑμνοῦσιν (« ils chantent ») qui rappelle aussi la formule de la diegesis, où l’on trouve le substantif correspondant (ἐφ᾿ ὕμνῳ τοῦ θεοῦ). Le résumé explicatif proposé par l’auteur des Diégèses prend donc pour l’Hymne à Apollon une nouvelle forme, fondée sur l’usage de la glose, et une nouvelle extension, puisqu’une plus large part du poème est concernée. Le commentaire semble ici passer au premier plan, d’autant que la notice débute par une remarque négative portant sur Callimaque lui-même, qui a « tenu des propos prodigieux », voire « hors de tout sens commun » (προτερατευσάμενος), ce qui contraste avec les autres mentions, beaucoup plus neutres, que les Diégèses font du poète 52. On doit cependant souligner deux différences notables entre la notice du P.Mil.Vogl. 1.18 et les scholies médiévales. La première tient justement au jugement porté sur l’activité poétique de Callimaque, dont on ne trouve aucune trace dans les scholies, où un simple φησι renvoie au poète et à son action (schol. 1). La deuxième concerne la rédaction de la diegesis : elle intègre, pour l’Hymne à Apollon, les gloses dans un énoncé continu, là où les scholies fragmentent le même poème en une succession de lemmes immédiatement transposés en une ou deux expressions détachées de tout contexte énonciatif. Tout comme les papyri exégétiques P.Oxy. 20.2258 et P.Ant. 20, qui présentent leurs gloses en marge du texte de l’Hymne lui-même 53, les scholies médiévales constituent une aide au déchiffrement et à la lecture, tandis que les Diégèses proposent un texte continu qui se substitue à celui de l’Hymne. Schol. 18a Pfeiffer. Un ἡσυχάζει glose et explicite la transposition en γαληνιᾷ. On trouve à des endroits divers de nombreuses formules (pace CAMERON [2004], p. 54) : φησιν (col. I.8 ; VII.5 ; IX.29 ; IX.35) ; ἱστορεῖ (IV.2), προσιστορεῖ (XI.26) et ἱστορία (ΙΙ.12) ; γέγραπται (IX.27) et γράφει (IX.35) ; ἐπιλέγει (XI.20), etc. 53 P.Oxy. 20.2258 contient des gloses lisibles pour les v. 3-41 ; ce qui reste de P.Ant. 20 concerne les v. 38-76. 51
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Conclusions La forme énonciative, tantôt narrative, tantôt descriptive ou paraphrastique adoptée par l’auteur des Diégèses, permet sans doute d’éclairer l’emploi même du terme diegesis qui est utilisé comme titre au moins pour les notices concernant les Aitia. On sait en effet que, depuis Platon, le terme désigne aussi bien une catégorie générale, celle de la « narration », que des types plus précis 54. Ainsi le terme, dans son ambiguïté, peut englober l’ensemble des stratégies narratives et exégétiques adoptées dans les Diégèses et dire, par sa proximité étymologique avec exegesis, combien la narration peut contenir des formes d’explication, et comment l’explication peut être une narration 55. La tendance que l’auteur a eue à isoler, y compris quand certains poèmes ne l’y autorisaient pas tout à fait, un motif étiologique dont il a fait le thème principal de sa lecture, montre à son tour les glissements qu’a pu subir sa technique de résumé-commentaire et les adaptations qu’il a fait subir au format de la diegesis. En faisant de l’étiologie un modèle narratif récurrent, il révèle pour nous le type de lecture qu’il a construit en se confrontant aux Aitia, et qu’il a ensuite tantôt appliqué, tantôt laissé de côté, pour finir par adopter un nouveau modèle fondé sur la glose, pour le dernier Hymne commenté, avant de s’interrompre définitivement. Daniela Antúnez nous a quittés le 31 décembre 2015. Elle était enseignante et chercheuse à l’U. Nationale de Rosario (Argentine), et spécialiste de Callimaque. On peut dire même qu’elle était lectrice et commentatrice de Callimaque, tout comme l’était l’auteur du texte que nous connaissons aujourd’hui sous le titre de Diégèses, un auteur qu’elle consultait avec assiduité pour avoir accès à l’œuvre du poète auquel elle consacrait sa thèse de doctorat. C’est dans ce jeu de miroirs entre nos pratiques du commentaire et celles de l’époque hellénistique et romaine que j’ai voulu, à sa suite, contribuer à dessiner certains sens de l’exégèse antique. Avant sa disparition tragique, Daniela Antúnez avait proposé une communication sur les Diégèses à Callimaque pour le colloque « Poétique(s) des commentaires antiques », et nous avions évoqué ensemble son sujet dans plusieurs conversations et échanges de messages. Après la nouvelle de son décès, j’ai proposé de reprendre une partie de ses idées, en souvenir de celle qui fut une collègue et une amie chère. Je remercie les organisateurs de m’en avoir donné l’opportunité et souhaite, en reconnaissance pour son travail et pour ce qu’elle a apporté à ses collègues et ses amis de par le monde, que cet article, malgré ses imperfections, soit associé à son nom. Une première version, en espagnol, de ce travail a été présentée aux Journées « Miradas sobre la Grecia antigua y sus obras. Homenaje a la Prof. Daniela R. Antúnez » organisées par le Centro de Estudios Helénicos de l’Université Nationale de Rosario le 28 octobre 2016. PLAT., Resp. 392d-394d : distinction entre « récit simple » et « récit mimétique » (cf. ARIST., Poet. 1448a20-24) ; THEON, Prog. 78 : distinction et association entre diegesis et diegema, qui se spécialise dans ses exercices en un récit court à sujet mythologique. 55 Cf. les Narrationes d’Ovide et ce qu’en dit CAMERON (2004), p. 3-32. 54
Augustin commentateur de Virgile Marie-Odile BRUHAT
Outre l’œuvre exégétique considérable qu’il a consacrée à l’explication des textes bibliques, Augustin nous a légué des commentaires de passages puisés chez les auteurs qui relèvent de la culture scolaire classique. Ces commentaires, de nature et de longueur diverses, sont dispersés dans l’ensemble de son œuvre, des Confessions à la Cité de Dieu en passant par les Sermons au peuple. L’ouvrage, lui-même classique, d’Harald Hagendahl recense les citations d’auteurs classiques chez Augustin et met en évidence la place prépondérante de certains d’entre eux : Cicéron, Varron, Salluste, Tite-Live, Virgile 1. Il va sans dire que les commentaires brefs et épars d’Augustin sur tel ou tel passage d’un auteur classique ne peuvent pas plus être comparés aux commentaires suivis des grammatici qu’à ses propres commentaires de l’Écriture. L’explication des auteurs profanes n’est pas, aux yeux d’Augustin, une fin en soi, mais elle sert le propos autobiographique, polémique, pastoral ou exégétique de l’œuvre dans laquelle elle s’insère. Toutefois, on ne saurait réduire ces commentaires à leur visée immédiate, car ils contribuent indéniablement à notre connaissance des pratiques du commentaire antique. Augustin est en effet le seul auteur latin chrétien à évoquer si souvent les grammatici dans sa réflexion sur l’exégèse. La raison en est certainement que sa propre pratique du commentaire repose en partie sur une contestation de la pratique qu’il a connue comme étudiant, puis comme professeur. Le témoignage le plus marquant de son expérience d’étudiant se trouve au livre 3 des Confessions, lorsqu’il découvre l’Hortensius de Cicéron et s’enflamme à cette lecture 2. Augustin insiste rétrospectivement sur l’opposition entre la forme littéraire de l’œuvre, qui est l’objet habituel des études scolaires, et la pensée qui y est exprimée, pensée négligée dans ces mêmes études et qui, dans le cas présent, changea ses sentiments et marqua le début du processus de conversion 3. La prépondérance de la forme sur le fond 1
HAGENDAHL (1967). AUGUST., Conf., 3, 4, 7. 3 Ibid. : « Déjà le programme habituel des études m’avait fait parvenir à un ouvrage d’un certain Cicéron, chez qui on admire en général la langue, le cœur pas tellement. […] Vile devint pour moi soudain toute vaine espérance ; c’est l’immortalité de la sagesse que je convoitais dans un bouillonnement du cœur incroyable, et j’avais commencé à me lever pour revenir vers toi. Car ce n’était pas à l’affinement du langage, comme le faisaient croire les cours payés avec les subsides maternels, maintenant que 2
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dans la formation scolaire était pourtant si forte que, malgré le bouleversement de la volonté provoqué par la lecture de l’Hortensius, le jeune étudiant condamna l’Écriture, à la première lecture qu’il en fit alors, parce qu’il en jugea le langage indigne de Cicéron et ne perça pas le sens profond de ses mystères 4. C’est pourquoi, lorsque l’évêque Augustin enseigne les rudiments de la catéchèse aux futurs prédicateurs, il les prévient qu’ils auront à combattre, en ceux qui viennent des écoles des grammatici ou des oratores, la tendance à priser la beauté formelle au détriment de la vérité, et qu’il faudra en outre éclairer pour eux le sens littéral des récits par une explication allégorique 5. Il ne fait guère de doute que le regard critique d’Augustin sur l’exercice scolaire du commentaire, dont il a éprouvé la méthode comme pédagogue pendant plusieurs années, a joué un rôle dans sa réflexion sur la pédagogie de l’exégèse biblique. Parmi les auteurs profanes dont Augustin s’est fait le commentateur occasionnel, pourquoi avoir choisi Virgile ? La première raison est évidemment la place éminente du poète dans la culture scolaire d’une part, dans l’imaginaire collectif romain d’autre part 6. Mais la raison plus évidente encore est la place singulière qu’il occupe dans la culture et l’imaginaire personnels d’Augustin. S’il faut partir d’un premier constat, c’est à Augustin lui-même que nous le devons. Dans le sermon 374, dont il sera question plus loin, Augustin avoue à ses auditeurs qu’il ne sait pas par cœur les Saintes Écritures, alors qu’il est capable de réciter de mémoire les œuvres profanes qu’il a étudiées depuis l’enfance. C’est pourquoi il est contraint d’avoir sous les yeux les livres saints qu’il doit commenter 7. Ce constat que les œuvres de la culture scolaire sont profondément mon père était mort depuis deux ans, ce n’était donc pas à l’affinement du langage que je rapportais la lecture de cet ouvrage ; et ce n’était pas de l’expression littéraire, mais de la pensée exprimée qu’il m’avait persuadé. » (trad. TRÉHOREL / BOUISSOU [19922]). 4 AUGUST., Conf., 3, 5, 9. 5 De catechizandis rudibus, 9, 13 : « C’est en effet à eux surtout qu’il est utile de savoir que les idées doivent avoir préséance sur les mots comme l’âme est préférée au corps. Il s’ensuit qu’ils doivent préférer écouter des instructions vraies plutôt qu’éloquentes, comme ils doivent préférer des amis sages plutôt que des amis beaux. » (trad. MADEC [1991]). 6 Encore qu’il faille être prudent sur la nature de cet imaginaire collectif. S’il ne fait aucun doute que l’élite cultivée connaît son Virgile à l’époque où Augustin écrit, il est tout aussi certain que la plus grande partie de la population de l’empire romain n’a, au mieux, de l’Énéide que l’image déformée dont Augustin fait état dans le sermon 241. Commentant les v. 719-721 du chant 6 de l’Énéide, voici comment il introduit son commentaire : Exhorruit quidam auctor ipsorum, cui demonstrabatur uel qui inducebat apud inferos demonstrantem patrem filio suo. Nostis enim hoc prope omnes, atque utinam pauci nossetis! Sed pauci nostis in libris, multi in theatris, quia Aeneas descendit ad inferos et intendit illi pater suus animas Romanorum magnorum uenturas in corpora (Sermo 241, 5). Si la descente d’Énée aux enfers est familière à ses auditeurs, c’est par le biais du théâtre, probablement du mime, et non par la lecture du poème virgilien. 7 Sermo 374 (Mayence 59), 19-20 : Ecce lego uobis, ne forte aliquid memoriam meam fugiat. Ego enim, fratres, ab adolescentia litteras istas non didici et alia, quod peius est,
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inscrites dans la mémoire de ceux qui ont été formés à l’école du grammaticus est amplifié de manière lyrique et pathétique dans un passage bien connu du premier livre des Confessions 8. Ce texte, souvent lu du point de vue de la condamnation rétrospective d’une littérature profane tant aimée, est surtout éclairant quant aux effets de la conversion sur la lecture des textes profanes par Augustin. Or il est assez manifeste que l’Énéide constitue aux yeux d’Augustin une sorte de cas extrême de son attachement à la poésie. Quelques chapitres plus loin, il condamne avec virulence les effets d’une éducation corruptrice, quand le théâtre de Térence invite les hommes à imiter les turpitudes des dieux, topos moral de l’apologétique chrétienne. Mais dans le chapitre 13, il s’agit de bien autre chose. La perspective est herméneutique et participe du schéma de conversion élaboré tout au long des Confessions. Augustin décrit à la fois une contrainte extérieure, exercée par un enseignement de la littérature qui repose sur la fixation des textes dans la mémoire (tenere cogebar), et une dérive intérieure, qui résulte de l’adhésion passionnée à ces textes. La description de l’apprentissage à l’école des grammatici est très subjective, et la fonction du langage qu’Augustin met en avant dans l’évocation du poème de Virgile n’est pas la fonction poétique, mais la fonction impressive : ce qui est en question est ce que sent Augustin, non ce que Virgile veut signifier, ni comment il le fait. Tout le réseau d’antithèses serrées (tenere cogebar Aeneae nescio cuius errores / oblitus errorum meorum; plorare Didonem mortuam, quia se occidit ab amore / me ipsum in his a te morientem […] siccis oculis ferrem; flente Didonis mortem quae fiebat amando Aenean / non flente autem mortem suam, quae fiebat non amando te) décrit le paradoxe de la situation vécue par Augustin : fixation dans la mémoire des errances d’Énée quand il oubliait les siennes propres ; pleurs sur la mort de Didon survenue par amour pour Énée, quand il gardait les yeux secs devant sa propre mort se produisant faute d’amour pour Dieu. Le jeu sur le polyptote (Quid enim miserius misero non miserante se ipsum) dénonce avec des accents pascaliens le processus négatif créé par la lecture du livre 4 de l’Énéide : c’est la misère de l’homme sans Dieu, la littérature comme divertissement qui éloigne l’homme de la prise de conscience de sa situation métaphysique. Le thème d’abord scolaire de la mémoire (tenere cogebar) revêt une dimension tragique à travers une interprétation allégorique de l’errance d’Énée et de la mort de Didon. L’Augustin du passé est le lecteur fasciné, étranger à lui-même, sur lequel se penche l’Augustin du présent, qui voit dans cette réaction affective au poème de Virgile le signe à la fois de l’oubli de soi, au sens du détournement sur autrui du souci de soi, et de l’errance loin de Dieu. Ce texte célèbre est pertinent à plusieurs titres dans la réflexion sur la poétique du commentaire. En effet, ce qu’Augustin décrit ici est une forme d’interprétation superflua possum memoriter recitare. Ista uero quibus a pueritia studui, nisi codices inspiciam, pronuntiare non possum. 8 Conf., 1, 13.
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du substrat virgilien : les errores d’Énée sont l’allégorie des errores d’Augustin en quête de Dieu, la mort de Didon est l’allégorie de sa propre mort spirituelle. En réalité, cette interprétation rétrospective ne commente pas le texte de Virgile, mais reconsidère à la lumière du livre 4 de l’Énéide la situation du jeune Augustin lecteur de Virgile. Ce n’est pas Virgile qui est blâmé, mais le lecteur de Virgile que fut Augustin, un lecteur que sa passion pour les héros de Virgile et leurs tourments détournait de Dieu et du salut en Dieu. La démarche interprétative adoptée ici, qui consiste à utiliser le schéma narratif d’un texte pour en tirer une lecture allégorique, elle-même destinée à éclairer le parcours spirituel du lecteur, pourrait être le pendant de celle par laquelle Augustin lit le récit de la parabole du fils prodigue dans l’évangile de Luc comme un récit de conversion qui éclaire son propre cheminement, c’est-à-dire son exil loin de Dieu en terre étrangère, puis son retour à soi, et enfin son retour vers le Père 9. En quelque manière, Augustin fait d’Énée une figure poétique de ses propres errances. Mais le décalage entre les deux figures, ou les deux interprétations, est patent : les choses ne sont pas sur le même plan. La parabole du fils prodigue se prête par sa nature même à l’interprétation allégorique qui en fait un récit de conversion, et c’est dans ce schéma allégorique général qu’Augustin reconnaît son propre itinéraire spirituel. En revanche, ce que j’ai appelé l’interprétation allégorique des errances d’Énée et de la mort de Didon n’a pas de réel fondement dans le récit virgilien et n’existe pas indépendamment de l’interprétation personnelle d’Augustin. Tout repose sur la magnifique rigueur rhétorique des antithèses, sur le mouvement des phrases animées par le lyrisme et le pathos, mais ces effets mêmes manifestent qu’il est impossible pour Augustin de faire de l’Énéide une lecture christianisée. Ni les errances d’Énée, ni la mort de Didon ne sont signifiantes en elles-mêmes, seules sont signifiantes la lecture qu’en faisait alors Augustin et l’interprétation rétrospective selon laquelle cette lecture le détournait de ses propres errances et de sa propre mort spirituelle. Une telle lecture, en effet, reposait sur l’émotion et sur l’abandon de l’être à cette émotion : et si prohiberer ea legere, dolerem, quia non legerem quod dolerem, « et si l’on m’avait interdit de lire ces choses, j’aurais souffert de ne pas lire quelque chose qui me fasse souffrir ». 9
Conf., 3, 6, 10 : « Où étais-tu donc alors pour moi ? Bien loin ! Et bien loin, j’errais en terre étrangère, séparé de toi, et même pas admis à partager les gousses de ces porcs que je nourrissais de gousses. En fait, combien valaient mieux les fables des grammairiens et des poètes que ces piperies ! Car les vers et la poésie et le ‘Vol de Médée’ sont plus utiles certes que les cinq éléments, diversement maquillés pour répondre aux cinq antres de ténèbres, choses qui n’ont aucune existence et qui tuent si l’on y croit. Les vers et la poésie, j’arrive à les transformer en vraie nourriture. Quant au ‘Vol de Médée’, j’avais beau le déclamer, je ne garantissais pas le fait ; j’avais beau l’entendre déclamer, je n’y croyais pas ; tandis qu’à ces sottises, j’y ai cru ! » Augustin commente ici son errance manichéenne, et relativise du même coup la gravité de l’erreur véhiculée par les fables des poètes. L’exemple du « Vol de Médée » ne peut toutefois être mis sur le même plan que celui des errances d’Énée que nous analysons ici.
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Ainsi, Augustin fait de sa lecture du texte virgilien, et non du texte virgilien lui-même, le contre-exemple de la parabole du fils prodigue. Là où le texte de la parabole agit comme un ferment, invitant à la prise de conscience de son éloignement, au retour à soi et au retour à la maison du Père, la lecture de Virgile entretenait cet éloignement de soi et de Dieu. Il me semble que la confrontation entre ces deux exemples permet de cerner ce qui fait la différence entre les commentaires des textes profanes et les commentaires de l’Écriture aux yeux d’Augustin. Ainsi que nous l’avons rappelé, Augustin fut d’abord, comme d’autres lettrés chrétiens, rebuté par la lecture des livres saints, trop différents des modèles classiques et desservis par de médiocres traductions latines. La découverte de l’exégèse spirituelle d’Ambroise lui permit d’entrer enfin dans les textes bibliques. Les belles études de Marie-Anne Vannier 10 et d’Isabelle Bochet 11 ont bien montré qu’à partir de ce moment, Augustin fait de l’interprétation des textes bibliques le moyen pour l’homme de se connaître « au miroir de l’Écriture », et qu’interprétation de soi et interprétation des Écritures se nourrissent dès lors l’une de l’autre dans un « cercle herméneutique ». Ainsi, dans les livres 11 à 13 des Confessions, Augustin « relit son propre itinéraire spirituel à travers les premiers chapitres de la Genèse 12 ». Les considérations rétrospectives sur l’effet de la lecture de Virgile à l’époque où Augustin errait loin de Dieu prennent donc, dans le présent de l’énonciation du texte des Confessions, un double sens : condamnation de la formation formaliste dispensée par les grammatici, elles excluent aussi implicitement du projet herméneutique d’Augustin des textes profanes qui détournent l’homme de la connaissance de soi. Est-ce à dire qu’Augustin confond lecteur et interprète d’une œuvre ? Il ne faudrait pas se méprendre : Augustin ne se contente pas de mettre en scène son expérience de lecteur dans le récit rétrospectif de son cheminement intellectuel et spirituel. Dans le traité De utilitate credendi, il introduit une réflexion sur le travail de l’interprète par l’analyse du processus de la lecture. Le propos de l’ouvrage est de réfuter l’interprétation des textes bibliques à laquelle se livrent les Manichéens et, dans cette entreprise, Augustin s’appuie sur sa connaissance des œuvres classiques et de leurs commentaires. Il distingue trois types d’erreurs de lecture. La première erreur « consiste à juger vrai ce qui est faux, quand ce n’est pas la pensée de l’auteur » : par exemple, quand Virgile dit que Rhadamante, aux enfers, entend et juge les causes des hommes. Croire cela est faire doublement erreur, en croyant ce qui ne doit pas être cru et en pensant que l’auteur y a cru. La question du croire est donc rapportée à la vérité intrinsèque de l’énoncé, mais aussi à la position de l’auteur par rapport à cet énoncé. La seconde erreur « consiste à juger vrai ce qui est faux, mais en ne faisant que 10 11 12
VANNIER (1997). BOCHET (2004). VANNIER (1997), p.
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reprendre la pensée de l’auteur » : par exemple, lorsque Lucrèce expose la théorie des atomes et de la mort comme désagrégation de ces atomes. Dans ce cas, c’est l’auteur lui-même qui entraîne le lecteur dans l’erreur. La troisième erreur est la plus développée par Augustin. Elle revient à « saisir dans l’œuvre de l’auteur une vérité à laquelle lui-même n’a pas pensé » : par exemple, à partir des passages dans lesquels Épicure prône la maîtrise de soi, croire qu’il fait de la vertu le souverain bien. L’exemple est particulièrement intéressant, car Augustin, comme précédemment avec Lucrèce, dénonce l’erreur de la philosophie épicurienne, qu’il condamne sans ambages comme une « opinion si immonde et dangereuse », mais il sauve ici la lecture méliorative qui est faite du texte. L’interprétation est erronée, mais n’est pas condamnable. Il vaut la peine d’examiner précisément la manière dont Augustin défend ce troisième genre d’erreur, qui revient à créditer le texte d’une valeur positive qu’il ne possède pas en réalité. Hic error non modo humanus est, sed saepe etiam homine dignissimus. Qu’est-ce que cette erreur « très digne de l’homme » ? Augustin s’en explique par un exemple qui, cette fois, ne renvoie pas à la littérature, mais à l’expérience vécue : « Supposons que l’on me rapporte cette histoire d’un de mes bons amis : dans un cercle nombreux, il aurait déclaré, bien qu’il porte barbe, trouver beaucoup de charme à l’enfance, au point d’être résolu (il l’aurait affirmé sous serment) de vivre comme un enfant. Supposons qu’on m’en donne la preuve, que je ne puisse décemment pas le nier. Si je juge que par cette déclaration il a voulu montrer qu’il trouvait du charme à l’innocence et à un cœur pur des passions qui enlacent les hommes : si je ne fais que l’en aimer toujours plus que par le passé, pourra-t-on me le reprocher, quand bien même lui, peut-être, n’aurait fait que s’éprendre follement de cette liberté de jouer, manger et des loisirs du premier âge ? Supposons qu’il soit mort après que cette histoire m’a été rapportée et que je n’aie pu lui demander sa véritable pensée : se trouvera-t-il un homme si dépourvu de bon sens qu’il se fâche de m’entendre louer, dans ces propos mêmes qu’on m’a rapportés, l’intention et la résolution de mon ami ? Bien plus, à bien apprécier la situation, hésiterait-on même à me féliciter de mon jugement et de mon attitude, puisque j’aurais trouvé du charme à l’innocence et porté, moi homme, une appréciation favorable sur un autre homme, en un cas douteux, alors qu’il m’eût été permis de juger en mauvaise part ? » (Vtil. cred., 4, 10 [trad. Pegon (19822)])
C’est bien du point de vue de l’interprète des paroles que les choses sont envisagées : num reprehendendus uiderer, si eum existimarem, cum hoc diceret, significare uoluisse…? La question est celle de la légitimité de l’interprétation et, contrairement aux deux erreurs précédentes, elle ne se pose pas en termes de vérité ou d’erreur, mais d’éloge ou de blâme. Quand bien même mon ami aurait effectivement prévu de se livrer follement, malgré son âge avancé, à des comportements du premier âge, si j’interprète son intention de vivre à la manière des petits enfants comme un désir d’innocence et de pureté enfantines, je ne dois pas être blâmé. Comment Augustin légitime-t-il cette interprétation favorable
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d’une attitude pourtant peu défendable ? Par l’amour : et ex eo illum magis magisque diligerem quam antea diligebam. C’est l’amour qu’il a pour son ami qui fait qu’il interprète en bonne part des propos douteux, et c’est cet amour qui justifie son interprétation. Jugement et amour se confortent mutuellement, car non seulement l’amour qu’on porte à autrui justifie l’interprétation favorable, mais il en sort renforcé. C’est l’intention (uoluntas) de l’interprète qui légitime la signification qu’il accorde aux paroles, quelle qu’ait été l’intention de celui qui les a prononcées : essetne quisquam tam improbus qui mihi succenseret, cum hominis laudarem propositum et uoluntatem per illa ipsa uerba quae acceperam? Quid, quod etiam iustus rerum existimator non dubitaret fortasse laudare opinionem ac uoluntatem meam, cum et innocentia mihi placeret, et homo de homine in re dubia bene potius existimarem, cum etiam male liceret?
L’opinion et l’intention de l’interprète peuvent donc prévaloir sur le projet et l’intention de l’auteur, à condition qu’elles expriment le meilleur de l’homme, c’est-à-dire qu’elles partent du meilleur de l’interprète et supposent le meilleur de l’auteur. Augustin transpose ici un principe d’exégèse biblique : de même qu’il faut faire une lecture des Écritures qui soit digne de Dieu, c’est-à-dire trouver un sens digne de Dieu, il est légitime de produire une interprétation digne de l’homme. Dans ce cas de figure, l’interprétation prend l’homme – à la fois le lecteur et l’auteur – comme critère de réception des paroles. Au chapitre 6, Augustin reformule cette idée, non plus à partir d’un exemple familier, mais en l’appliquant à Virgile. Le passage est intéressant du point de vue de la pratique du commentaire comme exercice d’éloge ou de blâme de l’auteur. Dans le développement qui précède ce chapitre, Augustin est passé des différents types d’erreurs de lecture aux différentes catégories d’œuvres, distinguant les cas où l’auteur écrit utiliter et le lecteur comprend non utiliter, où l’auteur écrit non utiliter et le lecteur comprend non utiliter, enfin où l’auteur écrit non utiliter et le lecteur comprend utiliter. Le seul genre d’œuvre digne de la plus grande approbation est celui de l’« œuvre bonne prise en bonne part par le lecteur 13 ». Mais même ce genre d’œuvre n’exclut pas complètement l’erreur : il arrive que la pensée de l’auteur étant juste, celle du lecteur le soit aussi, mais autrement, soit en mieux, soit en moins bien, mais toujours de manière utile. Il n’y a plus de place pour l’erreur (falsitatis locus) quand nous comprenons la même chose que celui que nous lisons et quand il s’agit d’une pensée parfaitement appropriée à la bonne manière de vivre, cas très rare quand le sujet est obscur. Augustin convient donc qu’il reste toujours une marge d’erreur dans la lecture. Il ajoute deux principes critiques intéressants : d’une part, il est pratiquement impossible de garantir que l’on restitue exactement la pensée profonde 13
Vtil cred., 5, 11: Vnum igitur genus est probatissimum et quasi purgatissimum, cum et bona scripta sunt, et in bonam partem accipiuntur a legentibus.
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de l’auteur ; d’autre part, même si l’on interrogeait l’auteur lui-même, il ne dirait pas forcément la vérité sur sa pensée. Ces difficultés d’interprétation justifient la médiation nécessaire des expositores, les « commentateurs » ou « interprètes ». Il existe en effet des œuvres obscures qui ne sont pas accessibles au grand public (uulgo) : d’où la nécessité de recourir à des hommes capables d’expliquer ces textes, et d’abord de les faire aimer. Augustin formule ici une sorte de condition préalable à l’étude des auteurs de l’Écriture, un ama ut intellegas, « aime pour comprendre », qui répond au célèbre crede ut intellegas et qui précède toute exégèse : Agendum enim tecum prius est, ut auctores ipsos non oderis, deinde ut ames: et hoc agendum quouis alio modo potius, quam exponendis eorum sententiis et litteris. « D’abord, je devrais t’empêcher de détester les auteurs, puis te les faire aimer et pour cela recourir à n’importe quel moyen plutôt que d’exposer ce qu’ils ont pensé et écrit. » (Vtil. cred., 6, 13)
La formulation de l’idée est forte : l’amour pour l’auteur doit précéder l’exposition de sa pensée et de ses écrits. C’est à ce moment de la réflexion qu’intervient l’exemple de Virgile, au travers duquel Augustin livre des observations à la fois personnelles et visiblement appuyées sur des pratiques reçues : Propterea quia si Virgilium odissemus, imo si non eum, priusquam intellectus esset, maiorum nostrorum commendatione diligeremus, numquam nobis satis fieret de illis eius quaestionibus innumerabilibus, quibus grammatici agitari et perturbari solent: nec audiremus libenter, qui cum eius laude illas expediret; sed ei faueremus, qui per eas illum errasse ac delirasse conaretur ostendere. Nunc uero cum eas multi ac uarie pro suo quisque captu aperire conentur, his potissimum plauditur, per quorum expositionem melior inuenitur poeta, qui non solum nihil peccasse, sed nihil non laudabiliter cecinisse, ab eis etiam qui illum non intellegunt, creditur. Itaque in quaestiuncula magistro deficienti, et quid respondeat non habenti, succensemus potius, quam illum mutum uitio Maronis putamus. Iam si ad defensionem suam peccatum tanti auctoris asserere uoluerit, uix apud eum discipuli, uel datis mercedibus, remanebunt. « Car si nous avions détesté Virgile, bien plus, si, avant de le comprendre, nous ne l’avions pas aimé sur la recommandation de nos aînés, jamais nous n’aurions trouvé de réponse satisfaisante aux innombrables questions qu’il pose et dont les grammairiens se préoccupent et s’inquiètent. Nous n’aurions pas écouté volontiers ceux qui les résolvaient à l’avantage de l’auteur et notre faveur serait allée à qui aurait entrepris d’y trouver des marques d’égarement et d’extravagance. En fait, il y a abondance de solutions variées, que chacun s’efforce d’apporter selon la façon dont il comprend, si bien qu’on applaudit de préférence aux interprétations qui mettent le poète en valeur ; et ceux-là mêmes qui ne comprennent pas croient non seulement qu’il n’a pas commis de faute, mais que ses poèmes n’offrent absolument rien que d’admirable. Aussi lorsque sur un détail le commentateur, embarrassé, ne sait que répondre, nous nous irritons contre lui, au lieu de penser
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que, s’il ne dit rien, c’est la faute de Virgile. Et, si pour se justifier, il entreprend de critiquer un si grand écrivain, il aura peine à garder ses élèves, même en les payant. » (Ibid.)
Augustin atteste ici que l’amour de l’auteur, dont il a fait personnellement le critère essentiel de la compréhension de l’Écriture, prévaut de manière générale dans les commentaires de Virgile. C’est sans doute ainsi qu’il faut comprendre cette « recommandation de nos aînés » qui, quand il était à l’école des grammairiens, a précédé en lui la compréhension du poète, et qui lui a encore permis par la suite de choisir des solutions aux difficultés posées par le texte : le bon interprète aime et fait aimer l’auteur qu’il commente. Augustin dresse un petit tableau qui nous renseigne précieusement sur l’étude scolaire de Virgile : il atteste les difficultés posées par le texte et les nombreux conflits d’interprétation qui opposent les grammairiens, les uns proposant des interprétations favorables au poète (cum eius laude), les autres concluant de manière négative à des marques d’égarement et d’extravagance (illum errasse et delirasse). La règle exégétique qui découle de ce tableau est la suivante : il faut que celui qui explique et celui qui écoute partagent le même amour pour l’auteur pour que les difficultés du texte puissent être résolues. On reconnaît ici, appliqué aux études profanes, la règle qu’Augustin prédicateur ne cesse de répéter aux auditeurs de ses sermons : seule la caritas qui unit en Dieu le pasteur et le peuple de Dieu auquel il s’adresse leur permet à tous d’accéder à la compréhension de la Parole divine. Il y a certes, aux difficultés du texte virgilien, des solutions nombreuses, variées, adaptées à la compréhension de chacun, mais les commentateurs que l’on applaudit de préférence sont ceux dont l’explication (expositio) fait paraître meilleur le poète. Et l’acte de croire l’emporte sur celui de comprendre, dès lors que l’auditeur est convaincu que Virgile n’a rien écrit qui ne soit digne de louange (qui non solum nihil peccasse, sed nihil non laudabiliter cecinisse, ab eis etiam qui illum non intellegunt, creditur). Le commentaire fondé sur l’amour est donc un discours d’éloge, et même de défense, de l’auteur. Il est tout à fait remarquable que, dans ce développement, Augustin applique à Virgile le principe de l’exégèse scripturaire selon lequel Dieu n’a rien dit qui ne soit digne de louange, et non moins remarquable qu’il le fasse à partir de situations réelles dont il a été témoin dans le milieu des commentateurs du poète. Il atteste en effet qu’en cas de difficulté d’interprétation, on incrimine le commentateur et non le poète, et qu’un maître qui critique Virgile risque de perdre ses élèves. La réflexion menée par Augustin, au début du De utilitate credendi, sur les erreurs de lecture et sur la nécessité de recourir à des interprètes bienveillants pour accéder au meilleur de l’auteur a pour finalité de dénier toute légitimité aux critiques des Manichéens, détracteurs de l’Ancien Testament. Pour autant, la place qu’il réserve dans son argumentation aux auteurs profanes, et particulièrement à Virgile, montre que, de la culture classique à la culture biblique, il n’y a pas solution de continuité. Il apparaît clairement que la pratique scolaire des commentaires ne se réduit pas au « manteau de l’erreur » auquel l’auteur
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des Confessions assimile les « tentures qui pendent au seuil des écoles de grammaire 14 ». Si les égarements d’Énée entretenaient son errance loin de Dieu, l’amour pour Virgile né à l’école du grammaticus lui sert encore à comprendre et à exposer l’amour pour les auteurs de l’Écriture, amour sans lequel il n’est pas de bonne interprétation. Il reste donc à examiner s’il y a trace, dans les commentaires de Virgile par Augustin, de cet amour pour le poète, dont il confie qu’il lui a permis de trouver des « réponses satisfaisantes aux innombrables questions qu’il pose et dont les grammairiens se préoccupent et s’inquiètent ». Un tel amour, rappelons-le, suppose d’interpréter dans un sens favorable les difficultés du texte. Un exemple assez remarquable illustre à la fois ce parti pris d’interprétation et la manière dont Augustin prétend déjouer le premier type d’erreur de lecture qu’il a identifié dans le De utilitate credendi, c’est-à-dire juger vrai ce qui est faux en croyant à tort que c’est la pensée de l’auteur. Il s’agit d’un passage hautement polémique du sermon 105 « Sur la chute de Rome ». Augustin prononça ce sermon fameux pour répondre aux attaques du camp païen, qui rendait les chrétiens responsables de la prise et du sac de Rome du fait de l’abandon des dieux traditionnels. L’évêque commente la promesse jovienne du chant 1 de l’Énéide, v. 278-279 : Qui hoc (sc. aeternitatem) terrenis regnis promiserunt, non ueritate ducti sunt, sed adulatione mentiti sunt. Poeta illorum quidam induxit Iouem loquentem et ait de Romanis: “His ego nec metas rerum nec tempora pono: imperium sine fine dedi.” Non plane ita respondet ueritas. Regnum hoc, quod sine fine dedisti, o qui nihil didisti, in terra est an in caelo? Vtique in terra. Et si esset in caelo, caelum et terra transient. Transient quae fecit ipse Deus; quanto citius quod condidit Romulus. Forte si uellemus hinc agitare Vergilium et insultare, quare hoc dixerit, in parte tolleret nos et diceret nobis: “Et ego scio; sed quid facerem, qui Romanis uerba uendebam, nisi hac adulatione aliquid promitterem, quod falsum erat? Et tamen et in hoc cautus fui; quando dixi: ‘Imperium sine fine dedi’, Iouem ipsorum induxi, qui hoc diceret. Non ex persona mea dixi rem falsam, sed Ioui imposui falsitatis personam: sicut deus falsus erat, ita mendax uates erat. Nam uultis nosse, quia ista noueram? Alio loco, quando non Iouem Lapidem induxi loquentem, sed ex persona mea locutus sum, dixi: ‘Non res Romanae perituraque regna’ (Georg. II, 498). Videte quia dixi peritura regna, non tacui.” Peritura, ueritate non tacuit; semper mansura, adulatione promisit. « Ceux qui ont promis cela aux règnes terrestres n’ont pas été guidés par la vérité, mais ont menti par flatterie. Un de leurs poètes a mis en scène Jupiter qui parle et dit au sujet des Romains :
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Conf., 1, 13, 22.
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“À ceux-là je n’impose ni bornes dans l’espace ni durée définie : je leur ai donné un empire sans fin.” Ce n’est certainement pas ainsi que répond la vérité. Ce règne, que tu as donné sans fin, ô toi qui n’as rien donné, est-il sur la terre ou dans le ciel ? Évidemment sur la terre. Et s’il était dans le ciel, ciel et terre passeront. Elles passeront, les choses que Dieu lui-même a faites ; combien plus vite ce qu’a fondé Romulus. Si d’aventure nous voulions à partir de là attaquer et insulter Virgile, parce qu’il a dit cela, il nous prendrait à part et nous dirait : “Moi aussi, je le sais ; mais que pouvais-je faire, moi qui vendais des mots aux Romains, si ce n’est promettre par cette flatterie quelque chose qui était faux ? Et pourtant, même en cela, j’ai été prudent ; quand j’ai dit ‘J’ai donné un empire sans fin’, j’ai mis en scène leur Jupiter pour qu’il dise cela. Ce n’est pas en mon propre nom que j’ai dit une chose fausse, mais j’ai attribué à Jupiter le rôle de la fausseté ; de même qu’il était un faux dieu, de même il était un prophète mensonger. Car vous voulez savoir que je savais cela ? En un autre endroit, quand je n’ai pas mis en scène Jupiter Lapis, mais ai parlé en mon propre nom, j’ai dit : ‘Ni les affaires de Rome et les règnes destinés à périr ’. Constatez que j’ai dit ‘les règnes destinés à périr’, je ne l’ai pas tu.’ Qu’ils soient destinés à périr, il ne l’a pas tu par souci de vérité ; qu’ils doivent demeurer toujours, il l’a promis par flatterie”. » (S., 105, 7)
Par un dispositif rhétorique et argumentatif soigneusement élaboré, Augustin déclare à la fois que la promesse selon laquelle le règne de Rome n’aura pas de fin est un mensonge et que Virgile n’est pas l’auteur du mensonge. Après avoir opposé aux prétentions à l’éternité de l’empire romain la finitude de la création divine, le prédicateur imagine une saynète dans laquelle il prend à partie le poète, et livre la réponse de ce dernier au style direct. Les premiers mots, et ego scio, créent d’emblée une complicité entre le poète et son objecteur et tirent sans ambiguïté Virgile du côté de la thèse de la disparition des règnes terrestres. La suite est plus surprenante. On se souvient que, dans les Confessions, Augustin, dénonçant les « courses errantes d’Énée et toutes les fables de ce genre », déplorait d’avoir accordé plus d’importance aux enseignements des « vendeurs de grammaire » qu’à ceux, plus utiles, des maîtres enseignant à lire et à écrire 15. Or voici qu’il met en scène un Virgile qui se dépeint lui-même comme un vendeur de mots ! C’est un poète presque cynique qu’Augustin fait parler, un homme mû par le désir de flatter et de dire ce que son public a envie d’entendre, non ce que lui-même croit. Ce choix est doublement curieux : d’une part, il ne correspond pas à l’image très positive qu’Augustin donne par ailleurs du poète, d’autre part, ce Virgile auquel il donne la parole s’exprime plus comme un poète dramatique que comme un poète épique 16. La question à laquelle il répond sans la formuler est celle qui se pose à tout commentateur : qui parle ? Le débat 15
Conf., 1, 13, 22. La raison en est peut-être que la plupart des auditeurs d’Augustin, comme nous l’avons rappelé précédemment, ne connaissaient Virgile que par le théâtre. 16
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est entre vérité et fausseté, et Virgile concède que par flatterie, il a promis quelque chose qui était faux. Mais c’est pour nier l’avoir fait en son propre nom : Iouem ipsorum induxi, qui hoc diceret. Non ex persona mea dixi rem falsam, sed Ioui imposui falsitatis personam. À première vue, le poète ne fait que distinguer fiction et mensonge : il est l’auteur de la fiction dans laquelle Jupiter s’exprime, il n’est donc pas garant de la vérité ou de la fausseté de propos fictionnels. Pourtant, la notion de persona permet à Augustin d’aller plus loin. Il joue sur les deux sens du mot, celui de « personne » et celui de « personnage ». Lorsque, dans ce discours imaginaire de défense, Virgile affirme qu’il n’a pas dit une chose fausse ex persona , l’énoncé a une triple fonction : dénoncer la fausseté de la promesse de durée, démentir qu’elle reflète la pensée du poète et, par conséquent, le disculper d’avoir menti. La persona dont il s’agit ici est un concept exégétique qui permet de désigner le locuteur comme une « personne » qui répond de sa parole 17. En revanche, lorsque le Virgile imaginaire déclare avoir « attribué à Jupiter le rôle de la fausseté », persona a le sens de « personnage », et l’énoncé revient à attribuer la fausseté des propos à un personnage fictif dont l’unique rôle est de mentir. Pourtant, l’énoncé est plus ambigu, car Jupiter est entièrement réduit à la fausseté qu’il incarne ; la formule falsitatis personam ne caractérise pas seulement un rôle attribué dans le cadre d’une fiction, mais sous-entend que Jupiter n’est que personnage de fiction, qu’il n’a aucune existence en dehors de ce rôle. Augustin explicite l’idée dans la phrase suivante : sicut deus falsus est, ita mendax uates erat, « de même qu’il est un faux dieu, de même il était un prophète mensonger ». On comprend ici que le discours de défense de Virgile répond à une visée polémique propre au propos apologétique d’Augustin. Sous couvert de sauver Virgile de l’accusation d’avoir menti, il lui fait dire que Jupiter est un faux dieu. La falsitas caractérise à la fois l’être, la personne, et le rôle, le personnage de Jupiter : il est faux en tant que dieu et donc menteur en tant que prophète dans l’Énéide. Virgile, selon Augustin, a utilisé sciemment le truchement d’un faux dieu pour faire la promesse mensongère que les Romains attendaient de lui : c’est faire du poète un contempteur des dieux traditionnels ! Ce point de vue est déjà un renversement polémique de taille. Mais si l’on va au bout des choses, le résultat de ce qui se présente comme une défense de Virgile est pour le moins paradoxal : c’est en effet le projet poétique de l’Énéide tout entière qu’Augustin récuse en niant la fonction prophétique que l’exégèse traditionnelle lui attribue. Mais il le fait en tentant de préserver la persona du poète. Il est en effet extraordinaire que Jupiter soit désigné comme uates, quand la tradition voit dans le poète lui-même le uates par excellence. La raison en est qu’Augustin ne voulait pas faire de Virgile un mendax uates. Or, se contenter de dire que 17 Sur les emplois de persona dans l’exégèse, voir MARLIANGEAS (1978), Ière partie : « Sens et emploi traditionnel des formules « in » et « ex persona » avant le XIIIe siècle » ; HOUSSET (2007).
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la prophétie imperium sine fine dedi est mensongère revenait à cela, puisque l’exégèse traditionnelle considère que non seulement les vers qu’Augustin commente, mais le poème entier, éclairent le sens providentiel de l’histoire romaine. La solution exégétique adoptée par Augustin est en réalité l’application parfaite de l’interprétation fondée sur l’amour qui a été analysée plus haut. Il s’agit, rappelons-le, d’interpréter favorablement, d’une manière digne de l’auteur, un passage problématique. En transposant les termes par lesquels Augustin justifiait l’interprétation méliorative des propos sur l’enfance de son ami, on a l’explication de ce à quoi il se livre dans son commentaire des vers de Virgile. Prêtons-lui la parole, comme il le fait avec Virgile. Nous prenant à part, il nous dirait : « Si je juge que Virgile n’a pas voulu mentir, mais seulement se montrer complaisant avec les Romains, et qu’il n’est que le dramaturge du mensonge d’un faux dieu, qu’il est parfaitement conscient qu’il s’agit là d’une pure fiction, si donc, à défaut de louer cette intention et ce projet de Virgile, je les excuse, se trouvera-t-il quelqu’un pour me reprocher mon opinion et mon intention, puisque j’ai porté une appréciation favorable sur le poète, alors que j’aurais pu faire de lui un menteur ? ». Il n’est pas sûr que Virgile eût apprécié cette preuve d’amour. Mais il faut replacer le commentaire des vers virgiliens par Augustin dans le double contexte de sa réflexion sur la lecture et de sa réception de l’Énéide. Dans le cas qui nous intéresse, l’évêque veut prévenir les auditeurs de son sermon contre l’erreur de lecture qui consisterait à prendre pour vraie une promesse à laquelle l’auteur lui-même ne croyait pas. Une telle conviction surprend le lecteur moderne. Mais Sabine MacCormack a très justement souligné que, si l’idée que Rome était éternelle était acceptée par certains chrétiens qui voyaient dans l’Empire romain l’instrument de la divine Providence, Augustin ne partageait pas une telle manière de penser. Il se sentait africain et fier de l’être, et n’était pas fasciné par cette lointaine métropole fondée par un certain Romulus 18. Sabine MacCormack résume parfaitement la démarche par laquelle Augustin démythifie le poème virgilien et résout ici la question de l’interprétation par le seul argument de la fiction 19. Nous avons tenté de montrer que cette fictionnalisation n’a pas seulement une visée polémique conforme au propos apologétique du sermon 105, mais que le petit commentaire auquel se livre Augustin est la mise en œuvre de ses conceptions en matière d’interprétation et qu’il atteste en outre 18
MACCORMACK (1998), p. 188. Ibid., p. 190 : « This mode of interpratation reduced the subtle mingling of myth and history and of divine and human action that characterized epic poetry to a straightforward contrast of truth and invention. By fictionalizing Jupiter’s words, along with Jupiter himself, Augustine resolved at one stroke a host of exegetical questions regarding the nature and scope of figurative interpretation that had long occupied readers of Virgil. Large parts of what remained of the poem could thus be read as a straightforward historical narrative alongside other historical narratives, much as had been done earlier by the anonymous author who wrote the Origins of the Roman People. » 19
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d’un certain type de réception du poème de Virgile à son époque. Le fait que beaucoup d’auditeurs de l’évêque ne connaissent l’Énéide que par le biais d’adaptations scéniques permet de présenter un Virgile metteur en scène de fictions opportunistes, sans que soit discrédité l’« auteur le plus savant de la langue latine 20 ». Il reste à mener une étude fouillée des nombreux passages où Augustin commente Virgile et à en proposer une typologie qui repose moins sur le cadre générique ou thématique des œuvres 21 dans lesquelles ils s’inscrivent que sur une logique proprement interprétative. Cet essai se contente de proposer une esquisse des enjeux et des méthodes d’une telle entreprise, nécessairement attentive aux facteurs de continuité et d’interaction entre commentaires profanes et exégèse biblique.
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Contra Faustum, XXII, 25. Voir par exemple la typologie adoptée dans ZIOLKOWSKI / PUTMAN (2008).
Dare ordine al caos. Alla ricerca di percorsi mentali nelle Interpretationes Vergilianae di Tiberio Claudio Donato Massimo GIOSEFFI
Chiunque legga le Interpretationes Vergilianae di Tiberio Claudio Donato non manca di provare un senso di fastidio 1, ispirato dal testo, ma anche dall’aspetto che esso presenta nell’unica edizione critica a tutt’oggi disponibile. La situazione editoriale di Donato, lo ricordo, non è di fatto delle più floride. Esiste una sola edizione, pubblicata in due volumi, rispettivamente nel 1905 e nel 1906, firmata da Carl Heinrich Georgii (1842-1926), un professore di Gymnasium che si era procurato molti meriti per i suoi libri sulla filologia virgiliana antica ricostruita attraverso i commentari di IV-V secolo 2. Al suo apparire l’edizione ebbe recensioni positive; a oltre un secolo di distanza si avverte però molto forte, in essa, lo spirito dei tempi. Intanto vi sono taluni palesi errori, non corretti nella successiva ristampa, di tipo puramente anastatico 3. Oltre a questo, ci sono alcuni problemi di metodo: Georgii conferì eccessiva importanza a un codice probabilmente descriptus 4; per la constitutio textus non prese in considerazione i manoscritti umanistici, che pure conosceva e aveva elencato in gran numero 5, ma che escluse dalla recensio. Non credo che fra di loro si daranno molti casi di ritrovamenti inediti 6; resta che, grazie alla scelta di Georgii, parte della tradizione è stata ignorata, e anche se non dovesse restituire importanti contributi, valeva la pena di capire che cosa può offrire. Georgii non serve nemmeno a A cominciare dal suo editore, GEORGII (1905-1906), I, p. III, “scriptor taedii plenissimus”. 2 GEORGII (1891) e GEORGII (1902). Di particolare interesse l’articolo reperibile on-line, quale voce della “wikipedia” tedesca (https://de.wikipedia.org/wiki/Heinrich_ Georgii). 3 Stutgardiae 1969, come parte della “Bibliotheca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana”. 4 R;. Per i codici carolingi di Tiberio Claudio Donato cfr. PIROVANO (2008b), LUCARINI (2013a), PIROVANO (2016b) e, per il loro ambiente di produzione, WILLIAMS (2009). 5 GEORGII (1905-1906), I, p. XXXI-XXXVII; per un aggiornamento e una messa a punta del materiale umanistico rimando a LANDIS (2009) e LANDIS (2010), PIROVANO (2011) e PIROVANO (2018). 6 Come è capitato a MARSHALL (1993), che grazie al ms. BAV, Vat. lat. 8222, ff. 2r-9v, ha recuperato una porzione inedita del commento al VI libro dell’Eneide. 1
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ricostruire la storia di Donato prima delle scoperte umanistiche 7, o subito dopo di esse: penso al manoscritto di Tours, parzialmente edito da Luigi Pirovano 8; oppure al materiale che si ritrova, sporadicamente, ma con sicura origine donatiana, nelle glosse altomedievali a Virgilio, il cui studio è appena iniziato 9; o ancora, al Donato di Cristoforo Landino, che pubblicò solo una parte del testo nel 1488, con manipolazioni che fino ad ora non sono state prese in considerazione: compito forse non strettamente editoriale, ma comunque importante per la storia del testo 10. Dove Georgii è però inaccettabile, e contribuisce non poco a diffondere quel senso di fastidio cui accennavo prima, è nella forma da lui assegnata alle Interpretationes. Per Georgii quello di Donato non era un vero commentario a Virgilio 11, e il testo non andava perciò stampato nella stessa forma degli altri commentari virgiliani, quella utilizzata pochi anni prima da Thilo e da Hagen per Servio e i suoi derivati 12. Prendiamo però in esame una porzione di testo unitaria, scelta a caso, la descrizione della Fama ai vv. 173-197 del IV libro dell’Eneide, un blocco abbastanza compatto nell’opera di Virgilio, corrispondente alle p. 376.13-379.23 dell’edizione teubneriana 13. Ecco le parole del poeta: Extemplo Libyae magnas it Fama per urbes, Fama, malum qua non aliud uelocius ullum: mobilitate uiget uiresque adquirit eundo, parua metu primo, mox sese attollit in auras ingrediturque solo et caput inter nubila condit. Illam Terra parens ira inritata deorum extremam, ut perhibent, Coeo Enceladoque sororem progenuit pedibus celerem et pernicibus alis, monstrum horrendum, ingens, cui quot sunt corpore plumae, tot uigiles oculi subter (mirabile dictu), tot linguae, totidem ora sonant, tot subrigit aures. Nocte uolat caeli medio terraeque per umbram stridens, nec dulci declinat lumina somno; luce sedet custos aut summi culmine tecti
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Studiate da SABBADINI (19712). PIROVANO (2010b) e PIROVANO (2014). 9 Cfr. BOGNINI (2016), che pure non segnala la corrispondenza fra Donato e il ms. BNF, Par. lat. 7926, f. 57r. 10 Hanno interesse solo emendatorio LUCARINI (2013b), LUCARINI (2014a) e LUCARINI (2014b). 11 Cfr. GEORGII (1905-1906), I, p. XLV-XLVI. Il commento è a carattere retorico, non grammaticale: sul che è ormai piuttosto cospicua la bibliografia, a partire da SQUILLANTE SACCONE (1985) e GIOSEFFI (2000); cfr. da ultimo MAES (2010). 12 E cioè, rispettivamente, THILO (1881-1887); HAGEN (1902). 13 Dal primo volume della quale d’ora in poi cito, con il semplice rimando alla pagina e alle righe. Così per Servio e per il Servio Danielino, con riferimento al primo volume dell’edizione di THILO (1881). 7 8
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turribus aut altis, et magnas territat urbes, tam ficti prauique tenax quam nuntia ueri. Haec tum multiplici populos sermone replebat gaudens, et pariter facta atque infecta canebat: uenisse Aenean Troiano sanguine cretum, cui se pulchra uiro dignetur iungere Dido; nunc hiemem inter se luxu, quam longa, fouere regnorum immemores turpique cupidine captos. Haec passim dea foeda uirum diffundit in ora. Protinus ad regem cursus detorquet Iarban incenditque animum dictis atque aggerat iras.
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Nell’edizione di Georgii il commento a questi versi non conosce interruzione. Georgii, in sostanza, concepiva le Interpretationes come un’immensa riproposizione del testo virgiliano, solo trasformato nella struttura continuativa della prosa e inframmezzato da più o meno lunghi “a parte” del commentatore. Questo spiega la struttura a blocchi da lui adottata – che sono i blocchi degli episodi virgiliani: qui è protagonista la Fama; subito dopo viene il blocco che vede in azione Iarba (vv. 198-218 = p. 379.24-382.27); il nostro passo è preceduto da quello che descrive la caccia, fino all’incontro dei due amanti nella caverna (vv. 160-172 = p. 374.3-376.12). Questi blocchi Georgii li evidenzia con i suoi rarissimi “a capo” con capoverso in rientro, l’unico elemento che conferisce vivacità ai due volumi; i versi virgiliani che costituiscono ciascuno di questi blocchi, se vengono di nuovo citati all’interno del blocco stesso, con continuità e secondo il loro ordine di apparizione nel testo di partenza, vengono rimessi in evidenza tramite il corsivo, che consente di riconoscere queste citazioni come dei “sottolemmi” che scandiscono l’andamento interno al blocco. In questo modo Georgii distingue due categorie di lemmi, quelli complessivi all’intero episodio e quelli più ripartiti all’interno dei primi, cosa che di norma non avviene nei codici a me noti 14. In ogni modo, Georgii non adotta il corsivo per ogni “sottolemma”, ma solo alla condizione che i versi di Virgilio (ri)citati da Donato costituiscano dei segmenti continui e consecutivi. Nessun risalto è invece dato alle (ri)citazioni interne che servano a introdurre la spiegazione di singoli nessi e di brevi gruppi di parole, o che compaiano all’interno di discorsi più ampi e generali. Nella porzione di testo che ho scelto di analizzare è questo, ad esempio, il caso del v. 195 Haec passim dea foeda uirum diffundit in ora, citato all’interno del lemma iniziale, p. 376.19; (ri)citato a p. 377.10, nel momento in cui sta per essere spiegato; citato una terza volta anche a p. 378.1, senza nessuna spiegazione di commento, all’interno di un più ampio ragionamento sulle figure allegoriche trasformate da Virgilio in divinità, fra le quali c’è appunto la Fama, qui espressamente indicata come dea. Di tutte queste citazioni, Georgii sottolinea come parte di un lemma soltanto la prima, ma non 14
Ma servirebbe uno studio più approfondito.
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segnala in nessun modo come parole di Virgilio né la seconda né la terza occorrenza. Con procedimento affine, poco risalto è dato alle citazioni interne al discorso di Donato, siano esse di Virgilio oppure di altri autori 15. In questo caso, Georgii si limita all’utilizzo delle virgolette alte, che non aiuta a riconoscere ed evidenziare i passi in questione: una scelta del tutto insoddisfacente, soprattutto per i rimandi interni all’opera virgiliana 16. La decisione ha, naturalmente, una sua logica: queste sono citazioni e, quand’anche Donato si diffonda su di esse, per Georgii non fanno parte della struttura complessiva e unitaria del testo, sono pause e divagazioni. Casi come quello del v. 195, invece, non sono giudicati importanti, tanto da non meritare nemmeno l’indicazione del loro essere parola virgiliana o una numerazione di accompagnamento, perché il v. 195 era già stato compreso nel “sottolemma” dei vv. 191-195, e la sua ulteriore riproposizione da parte di Donato dovette sembrare a Georgii un’inutile ripresa, la ripetizione di una cosa già detta e che si poteva lasciare implicita. La scelta ha però un prezzo da pagare, primo fra tutti quello di rischiare che la citazione passi inosservata. Di fatto, il Donato di Georgii ingloba sempre il testo di Virgilio commentato; ma per capire davvero il commento, va sempre letto avendo a fianco un’edizione di Virgilio 17. Infine: mentre Georgii accetta, ad esempio, il carattere lemmatico dei vv. 174-175 a p. 377.16-17 – nonostante l’intrusione di un inquit autoriale 18, che lega tale lemma con quanto precede in una sorta di continuum – come già sappiamo a p. 378.1 non ci avverte che Haec passim dea foeda uirum diffundit in ora è un verso virgiliano: e questo nonostante si tratti di un esametro ripreso per intero e indicato esplicitamente dal commentatore come opera del poeta, attraverso il riferimento a un Vergilius che ait quell’espressione, all’interno di un ragionamento fitto di riferimenti ai versi dell’Eneide. Allo stesso modo, l’incipit del v. 176 primo parua [est] metu, citato a p. 378.24-25 entro la nota ai vv. 178-190, è anch’esso una ripresa testuale da Virgilio, sebbene questa volta non si possa parlare di vera e propria citazione per via dell’intrusione di un est non previsto nel testo originale e di un’ordinatio diversa rispetto a quella dell’Eneide, normalizzata sulle regole della prosa. La Fama, dice infatti Donato, secondo Virgilio parua est cum metus interuenit. E poi prosegue: Sed cum dicit primo parua est metu, constat eam 15 Come ad esempio TER., eun. 732, citato a p. 376.23-24 e inteso da Georgii come un corpo estraneo, di cui sono a mala pena indicati i riferimenti alla numerazione tradizionale. 16 Si veda ad esempio il richiamo ai vv. 86-89 del medesimo quarto libro a p. 377.3-6; o quello al v. 267, r. 9 della stessa pagina: citazioni presenti all’interno del più ampio commento ai vv. 191-195, e quindi non segnalate dall’editore se non attraverso il richiamo parentetico alla numerazione dei versi. 17 Ciò è vero soprattutto nel caso in cui il “sottolemma” sia costituito solo da una o due parole; infatti, è spesso facile che non ci si accorga subito del loro essere parole virgiliane. 18 Segnalata attraverso l’abbandono del corsivo.
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postea non timere et sumere augmentum. Le osservazioni dell’interprete si concentrano quindi su primo, che è parola virgiliana (v. 176), e su parua metu, che è il concetto sottoposto a discussione (e che di nuovo è forma di Virgilio). Ma tutto questo in Georgii si perde: poiché quelle parole egli le aveva già segnalate come virgiliane nel blocco dei vv. 176-177, all’interno del sottolemma, ora non le indica più come tali in questa loro nuova occorrenza, anche a rischio di far smarrire qualcosa al lettore… Mi fermo qui. Per me è importante dimostrare che questa forma dipende dalle scelte di Georgii, ma non coincide né con la disposizione dei codici, né con la disposizione delle stampe precedenti a Georgii. Prendiamo una di queste, l’edizione firmata da Georgius Fabricius (1516-1571) 19. Nel blocco di versi che ci interessa, Fabricius poneva un segno di “a capo lemmatico” (una semiparentesi quadra) dopo il v. 173; dopo i vv. 191-195; e, in quel contesto, prima di Haec de Didone, p. 377.6, a separare nettamente il caso della regina da quello di Enea citato subito di seguito. Ancora: altre semiparentesi si ritrovano dopo la menzione del v. 195 Haec passim dea foeda uirum diffundit in ora (p. 377.10); dopo i vv. 174-175 e i vv. 176-177, dopo il blocco lungo dei vv. 178-190, ma anche dopo i vv. 176-177 contenuti entro quel blocco; infine, dopo i vv. 196197. Inoltre, Fabricius evidenziava nettamente la citazione di Terenzio in nota ai vv. 191-195 con i segni grafici propri della sua edizione 20. La struttura del volume non consente la visualizzazione dei diversi lemmi con dei veri “a capo”, e dunque alla fine il risultato non è più attraente che in Georgii: ma questo è un problema interno al volume di Fabricius, un’edizione di Virgilio con i commenti disposti intorno a Virgilio, com’era d’uso al tempo. È una scelta priva di connessione con Donato e i suoi caratteri specifici, una scelta che vale infatti anche per gli altri commenti che fanno corona al poeta in quel volume, Servio e i diversi commentatori alle Bucoliche e alle Georgiche. Quanto Fabricius ci insegna, però, è che la facies alla quale siamo abituati per Donato è, in realtà, una peculiarità dell’edizione teubneriana, ma non trova riscontro nella storia editoriale delle Interpretationes. Ciò potrebbe significare poco; basta tuttavia per invitare a liberarci – sia pure con prudenza – della forma in cui Donato si è cristallizzato nell’ultimo secolo della sua vita. Perché, e a questo punto vengo alle mie considerazioni, io credo che una nuova edizione di Donato piuttosto che rincorrere le suddivisioni tutte personali e discutibili di Georgii dovrà cercare di evidenziare i procedimenti analitici e mentali che Donato ha seguito nell’esame dei versi virgiliani, le ricorrenze e le costanti del suo ragionare, quelle che lui esibisce al lettore e alle quali chiede al lettore di assentire. In altri termini, è mia convinzione che nel testo di Donato 19
Il primo editore “completo” di Donato, Basileae 1561; prima le Interpretationes circolavano solo nella forma abbreviata edita da Landino, cui ho già fatto riferimento. Una sua biografia si legge in appendice a BAUMGARTEN-CRUSIUS (1845). 20 E cioè uno spaziato prima e dopo la citazione.
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sia possibile riconoscere delle costanti operative, dei procedimenti – e un ordine logico di procedimenti – più o meno fissi; e compito del nuovo editore sarà mettere in luce, per l’appunto, queste costanti, che sono poi la vera ossatura del testo. Si tratta però di discutere se, per riuscire a tanto, sia legittimo operare anche graficamente sul testo di Donato, per spostarlo, per così dire, da una “forma Georgii” a una “forma Thilo”. Bisognerà cioè ragionare su quali problemi implichi una simile operazione, ovvero quali perdite comporti una volta realizzata. In questa sede vorrei limitarmi alla prima parte del ragionamento. Si tratterà cioè di verificare come lavori Donato sul testo di Virgilio, quali domande si ponga, in quale ordine, se e come si possa dare risalto ad esse. Per arrivare a tanto, torniamo al passo dedicato alla Fama, per verificare se ci siano delle costanti di pensiero. Lo trascrivo in una nuova forma: [4.173] EXTEMPLO LIBYAE MAGNAS
IT
FAMA PER
URBIS
Huius, inquit, facti nulla interposita uel modici temporis mora per urbes Africae magnas et plurimas fama percrebuit. [4.191-195] VENISSE AENEAN TROIANO A SANGUINE CRETUM, CUI SE PULCHRA VIRO DIGNETUR IVNGERE DIDO, NUNC HIEMEM INTER SE LUXU, QUAM LONGA, FOVERE REGNORUM INMEMORES TURPIQUE CUPIDINE CAPTOS. HAEC PASSIM DEA FOEDA VIRUM DIFFUNDIT IN ORA. Haec Fama referebat: Troianum uirum consensu Didonis exceptum iudicatum dignum cui se regina coniungeret uiro, utrumque conuiuiis suis uacare ac luxuriae, hoc est libidinis partibus (feruent enim ueneriae uoluptates, sicut Terentius ait 21, ubi interuenerint Ceres et Liber). Neque hoc breui tempore aut diebus interpositis, sed hieme quam longa, hoc est quantum longa est ac per hoc omne, usque adeo ut omnem curam disponendi regni tuendique reiecissent. Hoc est quod ait in superiore libri parte (4.86-89) “Non coeptae adsurgunt turres, non arma iuuentus exercet portusue aut propugnacula bello tuta parant, pendent opera interrupta minaeque murorum ingentes aequataque machina caelo”. Haec de Didone. Aeneae uero reprehensio fuit, quod in alienis commorans regnis commoditatem suam neglegebat, quam partem ex Iouis persona Vergilius non multo post plenissime prosecutus est (4.267) “Heu regni” et cetera. [4.195] HAEC
PASSIM DEA FOEDA VIRUM DIFFUNDIT IN ORA
Non dea foeda, sed ora uirum foeda. Vbi enim quid secus admissum in hominum scientiam uenerit, turpius quam admissum est carpitur. Interea definitionem Famae repetamus, quam poeta interponendo fecit hyperbaton et totum textum in duas partes abscisum posuit et minus attentis facit errorem. [4.174-175] FAMA, inquit, MALUM, QUO NON ALIUD VELOCIUS ULLUM, MOBILITATE VIGET VIRESQUE ADQUIRIT EUNDO
Et cito, inquit, ambulat et fit fortior et uirtutem non perdit, sed adquirit; contrariis iuuatur utpote monstrum. 21
TER., Eun. 732 sine Cerere et Libero friget Venus.
DARE ORDINE AL CAOS
[4.176-177] PARVA
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METU PRIMO, MOX SESE ATTOLLIT IN AURAS INGREDITURQUE SOLO
ET CAPUT INTER NUBILA CONDIT
Veteres omnes multis incorporalibus et nomina dederunt et formas et nonnulla pro numinibus habuerunt, Victoriam scilicet, Concordiam, Discordiam, Furorem, Somnum et cetera similia. Ita et Famam corporalem esse uoluerunt et deam, ut ipse Vergilius hoc loco ait: “Haec passim dea foeda uirum diffundit in ora” (4.195). Huic addidit et corpus et corporis incredibilem mobilitatem et loquacitatem satis effusam nihilque occultantem, hoc amplius ut non tantum ueritatis sit nuntia uerum etiam ueris falsa conmisceat; illam monstri esse genus, natam ex Terra cum Gigantibus; uolatu alarum uigere et pedum celeritate, aurium quoque sensu et oculis quam plurimis semper uigilantem; loquentem plurimis linguis, nullo tempore habentem requiem, noctu diuque uolitantem atque currentem, explorantem de summis locis quid singuli agant quidue loquantur, plus praua et ficta quam uera nuntiantem. Idcirco dixit [4.178-190] ILLAM TERRA PARENS IRA INRITATA DEORUM EXTREMAM, UT PERHIBENT, COEO ENCELADOQUE SOROREM PROGENUIT, PEDIBUS CELEREM ET PERNICIBUS ALIS, MONSTRUM HORRENDUM, INGENS, CUI QUOT SUNT CORPORE PLUMAE, TOT VIGILES OCULI SUPTER, MIRABILE DICTU, TOT LINGUAE, TOTIDEM ORA SONANT, TOT SUBRIGIT AURIS. NOCTE VOLAT CAELI MEDIO TERRAEQUE PER UMBRAM STRIDENS NEC DULCI DECLINAT LUMINA SOMNO, LUCE SEDET CUSTOS AUT SUMMI CULMINE TECTI TURRIBUS AUT ALTIS ET MAGNAS
TERRITAT URBIS, TAM FICTI PRAVIQUE TENAX QUAM NUNTIA VERI. HAEC TUM MULTIPLICI POPULOS SERMONE REPLEBAT GAUDENS ET PARITER FACTA ATQUE INFECTA CANEBAT
Parua est, inquit, Fama, cum metus interuenit. Tunc metus est, cum de personis potioribus incipit loqui. Sed cum dicit primo parua est metu, constat eam postea non timere et sumere augmentum. Denique sequitur Mox sese attollit in auras ingrediturque solo et caput inter nubila condit. [4.177] INGREDITUR SOLO Hoc est ambulat in solo, ut sit integra locutio. Vt autem ostenderet monstrum esse ultra inaestimabilem formam, ‘pedes’ inquit ‘habet in terra et capite tangit caelum’. Quod ait ut perhibent, morem proprium tenuit: in fabulosis quippe et incredibilibus non se facit auctorem. Hoc dictum sit de Famae definitione, nunc redeamus ad reliqua, quae eadem Fama per infinitos passim loquendo pertulerat. [4.196-197] PROTINUS AD REGEM CURSUS DETORQUET HIARBAN INCENDITQUE ANIMUM DICTIS ATQUE AGGERAT IRAS
Si poetice et ita ut positum est intellegamus, instruxit eum Fama atque iras eius agitauit. Quaeritur utrum: quas fecerat an quas apud Hiarban inuenerat? Melius est intellegere quas inuenerat, quia dixit exaggerat: facilius enim excitatur in iracundiam maiorem qui iam habet animum ex eadem causa commotum. Hiarbas quidem, qui fuit in Didonis petitione contemptus, eoque maxime quod alienigena meruisset quod ipse impetrare non ualuit, debuit acrius commoueri.
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Si extra poeticum textum quaeramus intellectum simplicem, cum Hiarbas audisset rumoribus sparsis Aenean ex longinquis partibus uenientem sibi proximo et, ut ipse arbitrabatur, potiori esse praelatum, uehementer motus est. In his enim uel maxime causis intoleranda repulsa est, quae tunc magis sentitur, cum inferiorem putamus nobis esse praelatum. Interea ostendamus hyperbaton quod diximus factum: descriptione enim Famae tunc posita una descriptione diuisit. Hanc si subtrahas, erit una narratio: extemplo Libyae magnas it Fama per urbes, sequi debet protinus ad regem cursum detorquet Hiarban.
Vengo alla discussione. Segnalo subito che, per quanto Donato sottolinei con forza la distanza delle Interpretationes dagli altri commenti, e quindi inviti alla prudenza per non assimilarle troppo ad essi 22, oggi sappiamo che si accostava a Virgilio partendo dal materiale grammaticale, e con la forma mentis del grammatico 23. Dal che, una prima domanda: è giusto riportare Donato quanto più possibile a una forma riconoscibile come quella del commentario “grammaticale”, oppure è meglio lasciarlo così come lo pubblicava Georgii, tale da mettere in evidenza la diversità da lui esibita nella sua Praefatio? La risposta dovrà tenere conto di diversi ordini di pensiero. Il primo consiste nel decidere se l’edizione di testi esegetici, per loro natura funzionali a uno scopo di servizio, debba guardare più al bene del lettore o alle intenzioni dell’autore. Il secondo è questo: Donato parla di un commentario retorico all’Eneide e di una interpretatio del poema, all’una e all’altra idea fornendo grande risalto nell’introduzione 24. Ma l’uno e l’altro concetto sono riduttivi rispetto a quanto ha davvero realizzato. Come hanno mostrato gli studi più recenti 25, ci troviamo davanti a una paraphrasis più che ad una interpretatio, che ripete il testo base di Virgilio, ma – come dice Quintiliano – sentendosi libero di praticare con esso circa eosdem sensus certamen atque aemulatio, trasformandosi così in un audacius uertere, in cui et breuiare quaedam et exornare, saluo modo poetae sensu, permittitur 26. A tale scopo Donato fa propri numerosi procedimenti grammaticali, applicando operazioni tipiche del grammatico quali l’ordinatio, la costruzione e il completamento delle frasi, i rimandi interni, l’explanatio, la segnalazione di specifici fenomeni linguistici, l’individuazione dell’esatto significato di nessi e costrutti, la glossa, lo scioglimento delle perifrasi, la valutazione della portata lessicale e retorica di singoli termini, etc. Non voglio fare un elenco dei fenomeni: mi importa di più osservare come le singole operazioni siano sempre compresenti 22
Nella Praefatio dice di avere scritto le Interpretationes rendendosi conto che nihil magistros discipulis conferre quod sapiat e che i commentari altrui sono scritti non docendi studio sed memoriae suae [= dei loro autori] causa (p. 1.5-7). 23 Vedi in particolare GIOSEFFI (2003). 24 Su questo la bibliografia è vastissima, per cui mi sia lecito evitare ulteriori rimandi oltre a quelli già fatti in precedenza. 25 Cfr. in particolare GIOSEFFI (2013). 26 QUINT., Inst. 10.5.5 e 1.9.2.
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fra loro e siano spesso impossibili da separare l’una dall’altra; e però, siano tutte operazioni da grammatici, quelli che normalmente editiamo e leggiamo nella forma che ho indicato come “alla Thilo”. Allora, se Donato presenta la sua opera come qualcosa di diverso dal mondo grammaticale, ma poi in quel mondo per molte operazioni ricade, è giusto adottare una forma editoriale “diversa” da quella adottata per gli altri grammatici, o è possibile avvalerci di questa contraddizione per assegnare al testo una facies più comoda e consueta? Ecco un problema su cui riflettere. È infatti vero anche il rovescio della medaglia, e cioè che queste operazioni, per quanto sempre presenti, non esauriscono né la forma assunta dalle Interpretationes né l’interesse delle singole note: che possono, sì, contenere materiale di tal genere, ma non si limitano ad esso. E allora, adottando la forma che ho chiamato “alla Thilo” non si rischia di distruggere la continuità del testo di Donato, quella che è stata sempre riconosciuta come il suo tratto specifico? E che peso ha, in questo dilemma, la possibilità di individuare delle operazioni “fisse”, compiute da Donato? Torniamo al quarto libro e alla Fama, per vedere come si comporta Donato, se siano legittime le considerazioni che ho proposto finora e se aprano la via a un possibile miglioramento del testo di Georgii 27. Partiamo dalla nota al v. 173. In essa Donato sottolinea due espressioni, extemplo e magnas per urbes. La prima viene glossata con nulla interposita uel modici temporis mora, attraverso un meccanismo di sostituzione che è però anche un meccanismo di spiegazione, evidentemente perché extemplo non era più percepito come parola d’uso comune 28. In magnas per urbes la sostituzione di Libyae con Africae sembra avere anch’essa valore esegetico 29, mentre il magnas del testo originale si amplia, senza per questo precisarsi, in magnas et plurimas. Huius facti all’inizio del periodo serve invece a collegare questa nota alla precedente, in particolare al v. 172 coniugium uocat, hoc praetexit nomine culpam, che Donato aveva citato mezza pagina prima nell’edizione Georgii, perdendosi poi in una serie di osservazioni in tema di culpa, di sua definizione, di sua definizione nel caso specifico di una culpa muliebris, di sua applicazione al caso particolare di Didone 30. Più difficile è giudicare la scelta di sostituire fama percrebuit a it fama di Virgilio: dovremo pensare a una sostituzione sinonimica, oppure all’anticipo dell’idea che la fama adquirit uires eundo (per cui il suo ire coincide con un percrebescere)? E quindi vi dovremo riconoscere una pura modifica dei termini, oppure un’esplicita volontà di spiegazione? Come dovremo valutare
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Che è quanto dovrà decidere il lettore. In effetti anche in poesia si nota una rarefazione delle occorrenze dopo l’epica flavianea (verifica effettuata sul sito Musisque deoque. Un archivio digitale di poesia latina, dalle origini al Rinascimento italiano, http://mizar.unive.it/mqdq/public/). 29 Per quanto suoni strano che la spiegazione sia fornita solo a questo punto del racconto. 30 L’argomento di commento al v. 172, che qui non ho riportato. 28
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queste note? Le definiremo grammaticali, retoriche, esegetiche, o non le definiremo affatto? A me sembra che si possa dire così: – attraverso la sua parafrasi Donato spiega extemplo con delle affermazioni generali, e che valgono per qualsiasi occorrenza di extemplo in qualsiasi testo, di Virgilio oppure no; – Donato spiega invece it fama con un’affermazione che ha senso solo all’interno del testo e del contesto di Virgilio preso in esame. Questa sarà allora la discriminante da mettere in evidenza, perché diremo la prima nota “grammaticale” in senso lato, la seconda “esegetica” in senso specifico. Significativa mi sembra anche l’amplificazione di magnas urbes con plurimas: se il poeta ha usato il plurale, la molteplicità delle città era già di per sé implicita, e non avrebbe avuto bisogno di ulteriori sottolineature; farlo, ha voluto dire proporre una diversa scrittura del testo, che non ha valenza né propriamente esegetica (la situazione era chiara), né grammaticale (plurimas non è in diretta connessione morfologica/lessicale con magnas, né specifica il significato di quello). Questa, allora, potremmo considerarla una nota retorica, fondata sul meccanismo di interpretatio/paraphrasis così come lo aveva definito Quintiliano 31. La separazione fra le tre possibilità, come si vede, è molto, molto sottile – si cammina spesso sopra una lastra di ghiaccio – ma il criterio adottato può a mio giudizio valere per tutte le note simili. E, soprattutto, ci dice: 1) quali meccanismi Donato applicava nella sua esegesi (spiegazione grammaticale; nota esegetica; riscrittura amplificata); 2) che questi meccanismi si susseguono e si sommano, a costituire un’unità complessiva (= la nota al verso), che deve perciò risaltare nella sua unità, ma che nello stesso tempo deve rendere conto di queste distinzioni; 3) che dentro un’unità complessiva (ossia, una nota unitaria) sono riconoscibili operazioni diverse e complementari fra loro, alle quali è giusto fornire la massima evidenza possibile. Applicando subito una simile idea, direi che il quarto intervento assegnabile qui a Donato, e cioè la messa in evidenza del legame fra questo verso e il precedente attraverso l’iniziale Huius facti, risponde alla volontà di sottolineare la continuità e la logica interna del testo virgiliano. L’intervento, allora, andrà rubricato anch’esso alla voce “nota esegetica”. Non è però tanto importante mettere una precisa etichetta a ciascun intervento; importante è capire che c’è un procedimento complesso di approccio al testo. La somma delle operazioni evidenziate finora sviluppa infatti tutto ciò che era possibile dire attorno al 31
La distinzione fra i due meccanismi agisce a livello di riscrittura, ma non è davvero sostanziale: cfr. GIOSEFFI (2013).
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verso in esame, e lo fa unendo interessi di vario genere, che si integrano fra loro. È quindi giusto riconoscere nella successiva citazione di versi virgiliani un nuovo lemma cui dare la massima evidenza, perché da lì è come se si ripartisse da capo. È altrettanto giusto non introdurre troppe suddivisioni entro queste note, perché nel loro insieme costituiscono un’unità. Ma è anche giusto segnalare che ci sono atteggiamenti e interessi differenti, dei quali è doveroso tenere conto, senza impastarli gli uni con gli altri. A questo punto Donato parla del diffondersi della Fama anticipando il contenuto delle sue parole. Sono i vv. 191-195, riportati immediatamente dopo il v. 173. Georgii aveva accolto questa lunga citazione come un nuovo “sottolemma”, nonostante i versi siano fuori posto rispetto alla continuità del discorso, continuità che riprende solo più tardi, con la spiegazione dei vv. 174-190 (p. 377.16-378.12). La scelta è condivisibile, considerando che quando il filo del racconto ci riporta al v. 191 (p. 378.32-379.3), Donato non analizza più i versi in questione, ma li lascia senza commento, con una formula generica 32. Inoltre, dopo la citazione Donato esamina i versi uno per uno e applica loro i procedimenti che gli sono usuali, cosa che, ad esempio, non è solito fare per le citazioni virgiliane introdotte in corso d’opera: si veda il rimando ai vv. 86-89 e 267 entro questa stessa nota. Infine: Donato segnala esplicitamente la presenza di un hyperbaton, praticato da Virgilio interponendo all’annuncio delle parole della Fama la descrizione della dea, anziché il contenuto delle sue parole, come ci saremmo aspettati 33. Con il suo intervento, allora, Donato non fa altro che rimettere le cose a posto, secondo quello che gli appariva il giusto ordine delle idee 34. Insomma, nulla di strano, o che per un commentatore non sia legittimo fare. Però, noi dovremo osservare che in Georgii c’è una contraddizione rispetto al comportamento adottato quando, lo abbiamo già visto, in altri casi egli non riconosceva carattere lemmatico alle riprese “spostate” dei versi virgiliani, proprio per la loro condizione di riprese “spostate”. Qui invece si vede chiaramente che Donato, pur nella sostanziale continuità del testo virgiliano, può anche presentare fratture più o meno ampie di questa continuità; e l’andamento delle sue note non deve essere per forza di cose lineare, come voleva invece Georgii, e come lineare non deve dunque essere espresso. In generale, allora, proporrei di riconoscere carattere lemmatico a tutto ciò che, di misura almeno pari a un verso o a un segmento compiuto di verso, sia seguito da una spiegazione/riscrittura parola per parola del testo virgiliano; e di negare tale carattere quando non si diano queste condizioni. Applicando l’idea al nostro 32
E cioè, Hoc dictum sit de Famae definitione, nunc redeamus ad reliqua, quae eadem Fama per infinitos passim loquendo pertulerat (p. 378.32-379.3). 33 Cfr. p. 377.13-16 Interea definitionem Famae repetamus, quam poeta interponendo fecit hyperbaton et totum textum in duas partes abscisum posuit et minus attentis facit errorem. 34 Si veda, in questo stesso volume, l’intervento di Séverine CLÉMENT-TARANTINO.
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passo, ha ragione Georgii di assegnare valore di lemma ai vv. 191-195, e non, ad esempio, ai vv. 86-89 e 267; ha ragione a negarlo alla citazione del v. 195 a p. 378.1; ma ha torto nel negarlo alla ripresa del medesimo v. 195 entro il più ampio contesto dei vv. 191-195 (p. 377.10), dato che nessun segnale linguistico o formale distingue questo caso dagli altri “sottolemmi”; e l’unica argomentazione cui si possa fare appiglio, e cioè che quel verso era già stato citato all’interno del “sottolemma” principale (p. 376.19), non diversifica questo passo dagli altri passi presi in esame dal commentatore. Si potrà invece discutere se questi versi vadano riproposti come un lemma del tutto nuovo, come ho fatto nel mio specimen 35, o se non sia preferibile rimarcarne in qualche altro modo la posizione atipica. Questa è però sostanzialmente una scelta grafica, che non interessa il mio discorso, ma che dovrà semmai tenere conto delle regole e della modalità di fruizione che si propongono per la nuova edizione. Torniamo invece al nostro passo. Che cosa ha fatto Donato in questi versi (191-195)? Prima c’è una loro riscrittura, in cui, ad esempio, al poetico Aenean Troiano a sanguine cretum di Virgilio si sostituisce il più diretto Troianum uirum, mentre l’ampio giro cui se pulchra uiro dignetur iungere Dido si normalizza nella frase consensu Didonis exceptum iudicatum dignum cui se regina coniungeret uiro. Dove, si noti, dignetur si esplicita in consensu Didonis, ma l’idea di dignitas presente nel verbo viene recuperata da iudicatum dignum (Aenean), con aggettivo corradicale al verbo utilizzato dal poeta, che non si allontana troppo dal dettato originario. Pulchra nella riscrittura scompare, sostituito da regina, meglio consequenziale al discorso circa la dignità/la messa in gioco di sé stessi e del proprio ruolo da parte dei due amanti, che per Donato è un elemento essenziale del giudizio sul quarto libro 36. Restano cui se (con)iungeret uiro, parole pressoché identiche in un testo come nell’altro, fatta salva la sostituzione del verbo composto in luogo del semplice 37. Il seguito della nota è più articolato, e le intenzioni esplicative si fanno totali: la citazione da Terenzio, le due citazioni interne, la spiegazione delle ragioni di insistenza sulla stagione invernale – importante non perché invernale, ma in quanto intera stagione – si riconoscono tutti come meccanismi esegetici e, pur nelle caratteristiche proprie di questo commentario, appaiono non diversi da quelli applicati dagli altri lettori virgiliani tardoantichi. E però, per quanto simili, identici questi meccanismi non lo sono mai: nel complesso dei versi in esame Servio si sofferma infatti sull’uso di dignetur; sulla menzione dell’inverno, con interesse però al costrutto virgiliano, non alla durata della stagione; sull’affermazione del v. 194, regnorum 35 Distinguendoli però dai lemmi veri e propri attraverso l’uso della parentesi tonda, e non quadra, nella numerazione dei versi. 36 GIOSEFFI (1999); la lettura moraleggiante dell’opera virgiliana è, per Donato, non meno importante di quella esegetica: cfr. GIOSEFFI (2005). Sull’intero IV libro, pioneristico è stato STARR (1991). 37 Operazione fondata sul riconoscimento di una predilezione di Virgilio per il simplex pro composito, in quanto elemento tipico della lingua poetica.
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immemores, in cui ravvisa una palese falsificazione della Fama 38. Quanto alle note danieline, maggiore attenzione è da loro prestata all’uso di uir, fouere e in ora 39. Vorrei insistere su questo. Continuiamo a guardare non a Donato, ma agli altri commentari a Virgilio: il materiale danielino di commento al v. 191 sottolinea la struttura retorica delle parole della Fama, che mescolano vero e falso, come dice il poeta, partendo da una nozione – l’arrivo di Enea a Cartagine – palesemente vera, che come tale serve a dare forza di verità a quanto viene poi (che invece è falso) 40. Donato qui non afferma nulla del genere, ma un simile insegnamento l’aveva proposto nel commento all’episodio di Sinone, nel secondo libro, dove pure il procedimento risultava applicato 41. Dunque, ci troviamo di fronte a una nota danielina con materiale perfettamente donatiano – non propongo cronologie o derivazioni fra i commenti, ma semplici tipologie, sempre per domandarmi se e quanto debbano valere le contrapposizioni di genere (e, di conseguenza, di forma) fra i diversi testi 42. Seconda osservazione: ancora il Danielino, al v. 194, sottolinea l’ingiustizia della Fama nel riferire ad Enea accuse che si prestano alla sola Didone, in particolare quella di essere regni immemor 43. Donato, più equo, non faceva distinzione fra i due amanti, riconoscendo in ambedue qualcosa di riprovevole 44; Servio li aveva assolti entrambi. E poi: come Donato, anche il Danielino commenta la potenza d’amore attraverso un testo comico, che non è di Terenzio, ma di Plauto 45. Infine: i tre commentatori sono in contrasto (ma vicini per atteggiamento) nell’interpretare foeda al v. 195: per Donato è attributo di ora, il volto degli 38 Cfr. rispettivamente p. 497.7-8, 9-12 e 15-16 in THILO (1881-1887): Dignetur] Librauit sermonem, quasi personae superioris; poi: Luxu quam longa] Id est nunc hiemem inter se luxu fouere, in quantum longa est ipsa hiemps. Facit talem etiam alibi figuram, ut “Thybris ea fluuium, quam longa est nocte leniit (= VERG., Aen. 8.86-87). Infine: Hoc fingit: nam et illi curae est Carthago et Aeneae Italia. 39 THILO (1881-1887), p. 497.7 e 13-14 e p. 498.2-3, cioè, rispettivamente: Viro] marito, ut “uir gregis ipse caper” (VERG., Ecl. 7.7); Fouere] ueteres ‘fouere’ pro ‘diu incolere’ et ‘inhabitare’ dixerunt, ut ipse alibi “fouit humum” (VERG., Georg. 3.420). Da ultimo: In ora] palam, ut antequam audiant loquantur. Et proprie ‘ora’. Terentius (TER., Adelph. 93): In ore esse omni populo. 40 THILO (1881-1887), p. 497.6: Venisse Aenean] Haec facta sunt. 41 Ad esempio, cfr. quanto si legge a commento di Aen. 2.116-119, in riferimento al sacrificio di Ifigenia e alla partenza degli Achei dalla Grecia (= p. 162.26-30): Ferunt ueram esse fabulam, hoc autem quod dicit Apollinem respondisse, ipse Sinon ad fallendum composuit et more suo falsum ueris admiscuit, ut ex parte quae fuerat uera composita mendacia tegerentur. 42 Cfr. già GIOSEFFI (2008). 43 THILO (1881-1887), p. 497.16: An quia quod una patitur duobus assignat? (si intende, la Fama). 44 In accordo a Virgilio stesso, del resto (= p. 377.2-6 e 6-10 per Donato, equamente diviso fra i due amanti). 45 PLAUT., Curc. 3 = I, p. 497.17-23, a commento di cupidine nel nesso cupidine captos.
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uomini che accolgono e trasmettono le menzogne della Fama; per Servio (crudelis) e una nota danielina (impia) è attributo della Fama stessa, che non conosce il rispetto del vero 46. Perché insistere su questo confronto? Non si tratta di fare un commento passo per passo del testo di Donato 47. È che queste note dimostrano la liceità di considerare la parafrasi di Donato come un caso a sé nel panorama dei commentari virgiliani tardoantichi, ma solo entro certi limiti. E offrono ulteriore giustificazione a quella frantumazione del testo che, pace Georgii, sono venuto proponendo, e che dovrebbe servire a mettere in evidenza le annotazioni donatiane. In fondo, problemi e meccanismi sono gli stessi in tutti e tre i commenti all’Eneide che ci sono pervenuti 48, anche quando le soluzioni proposte divergano (ma questo, per il momento, non ci interessa), e anche senza negare quello che avevo affermato fin dal principio – e che ogni rilettura riconferma – cioè la particolarità di ciascuno di questi testi entro il panorama scoliastico antico, e quindi anche la particolarità di Donato. Un elemento che non va sottovalutato; ma che non andrà nemmeno troppo sopravvalutato. Credo che a questo punto sia inutile proseguire oltre nell’analisi, che non farebbe altro che ripresentare cose già viste. Mi sembra invece venuto il momento di ricapitolare e concludere. Sulla base di un caso, unico ma del tutto occasionale, e quindi presumibilmente abbastanza esemplare, spero di essere riuscito ad illustrare alcuni punti forti dei quali dovrà tener conto una futura edizione delle Interpretationes Vergilianae. Il primo è la liceità di suddividere il testo di Donato in più note, non fosse altro per ragioni “economiche”, ma in realtà, credo, non solo per quelle, bensì anche per una motivazione intrinseca al testo e alle parti di cui si compone, che hanno diritto di apparire ben chiare al lettore. Ciò significa, seconda osservazione, che l’edizione di Georgii può essere messa da parte non solo per quanto riguarda le informazioni che fornisce, ma anche per l’organizzazione del testo che propone. È infatti emerso che lemmi e sottolemmi sono distinti e distinguibili in Donato secondo regole precise, che però sono regole interne alle Interpretationes, e non alla continuità di Virgilio, come voleva Georgii 49. Entro ogni lemma sarà inoltre possibile distinguere fra note a carattere grammaticale, esegetico o retorico secondo regole fissate a priori, ma sempre giustificate dal testo e chiaramente riconoscibili in esso. L’insieme di queste note, e degli interessi che vi stanno alle spalle, costituisce la somma 46 Cfr. rispettivamente THILO (1881-1887), p. 498.1-2, per i testi serviani; p. 377.9-10 per Donato. 47 Che pure sarebbe un desideratum della filologia virgiliana, una riedizione aggiornata e corretta dei libri di Georgii citati supra, alla nota 2. 48 VALLAT (2009). Considero qui, per comodità, le note danieline come un unico testo, anche se probabilmente risultano dall’aggregazione di materiale di diversa origine, ad opera di varie mani. 49 Il quale, come sappiamo, aveva messo Virgilio a base della sua organizzazione del testo.
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degli interessi di Donato per Virgilio – interessi che spesso divergono per proporzione, ma non per tipologia da quelli degli altri commentatori coevi. Partendo da questa possibilità di riconoscere alcune operazioni “preliminari” che Donato compie sul testo di Virgilio, sarà infine possibile ripensare il testo di Donato anche nella sua facies editoriale. Su questa base, insomma, sarà possibile “dare ordine al caos”, lo scopo che mi ero prefisso, cercando un equilibrio fra caratteristiche di genere e autonomia di un testo (e un autore) che fa chiaramente le proprie scelte epistemologiche e strutturali, e quelle scelte ha quindi diritto di vedersi riconosciute.
« Sur la lyre à dix cordes, il est bon de louer le Très-Haut » : poétique des psaumes et de leur commentaire selon l’Expositio psalmorum de Cassiodore Bruno BUREAU
Le commentaire de Cassiodore sur le psautier qui a occupé son auteur pendant toute la seconde partie de sa vie constitue le seul commentaire complet du psautier pensé comme tel, une œuvre originale et systématique, qui fournit une sorte de somme de savoirs divers autour du psautier 1. Le plan adopté par Cassiodore révèle un souci aigu de la mise en forme de sa matière et une conception hautement littéraire de son travail. Après une épître dédicatoire à l’évêque de Rome, le texte s’ouvre par une longue introduction qui est un véritable traité d’exégèse psalmique 2. Le commentateur y fournit à son lectorat tous les éléments nécessaires à la compréhension du psautier, mais aussi à celle de sa méthode de commentaire que Cassiodore fait reposer sur une poétique du psautier qui guide la lecture 3. Or, ce qui fait l’originalité de Cassiodore, et donc son intérêt pour la réflexion que nous menons, est que cette poétique est explicitement présentée et détaillée dans l’introduction du traité. C’est donc de ce traité liminaire que nous partirons pour dégager trois éléments qui s’articulent évidemment entre eux : d’abord la manière dont Cassiodore décrit la poétique propre du psautier, ensuite en quoi cette poétique de l’œuvre commentée guide et, pour ainsi dire, conditionne la poétique du commentaire lui-même, puis le statut littéraire que Cassiodore donne à son commentaire 4. L’édition complète du commentaire est celle du CCL, CASSIODORE (1958) ; toutefois pour la préface on se reportera maintenant à l’édition critique de P. Stoppacci (CASSIODORE [2012]) philologiquement bien mieux informée que la précédente ; il existe une traduction anglaise intégrale, WALSH (1990). 2 Sur les origines du texte, voir WALSH (1987) et le désormais classique O’DONNELL (1979) en particulier les p. 131-176. 3 La technique du traité a fait l’objet de deux études très importantes : SCHLIEBEN (1974) et HAHNER (1973). Elles permettent de comprendre la dépendance du traité par rapport aux sciences profanes et en particulier la logique et montrent clairement comment Cassiodore inscrit son commentaire dans la tradition à la fois philologique et exégétique classique. Sur l’aspect proprement logique, voir FERRÉ (2004). 4 Sur la méthode cassiodorienne, voir en particulier CERESA-GASTALDO (1968). 1
« SUR LA LYRE À DIX CORDES, IL EST BON DE LOUER LE TRÈS-HAUT »
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1. La poétique du psautier Dans les 17 chapitres qui constituent son introduction, plusieurs traitent clairement de la poétique du psautier : ce sont le 1, le 15 et le 16. Il s’agit d’abord pour lui de replacer la poétique propre des psaumes dans le concept plus large de littérature inspirée. Le chapitre 15 traite ainsi de l’éloquence de l’Écriture sainte en général, ce que le 16 particularise en traitant de l’éloquence propre au psautier. Nous avons donc tout un ensemble très complet qui dessine une poétique du psautier dans l’ensemble de la Bible. Dans le deuxième paragraphe de l’introduction, Cassiodore revient sur Ch 23, 5 5 qu’il paraphrase et commente ainsi : CASSIOD., in psalm. praef. 2 : cum propheta Dauid deuota domino aetate senuisset, quatuor millia iuuenum ex israelitico populo, qui psalmos, quos ipse domini aspiratione protulerat, organis, citharis, nablis, tympanis, cymbalis, tubis propriaque uoce in magnam iucunditatem supernae gratiae personarent. Quae suauis adunatio tribus partibus diuisa constabat: rationabilis pertinebat ad humanam uocem; irrationabilis ad instrumenta musica; communis autem de utrisque partibus aptabatur, ut et uox hominis certis modulationibus ederetur et instrumentorum melos consona se uicinitate coniungeret. Sic suauis illa et iucunda musica ecclesiam catholicam tali actu praedicebat, quae ex diuersis linguis uarioque concentu in unam fidei concordiam erat, Domino praestante, creditura.
Dans ce texte, essentiel pour comprendre le projet du commentateur, la parole humaine se trouve prise dans un réseau complexe de médiations entre Dieu et l’homme, et entre l’homme qui a proféré les psaumes et l’Église qui se les approprie. La poétique propre au psautier implique donc d’abord la prophétie des psaumes, ce qui amène à questionner le statut de l’auteur humain par rapport à l’inspirateur divin, puis la recherche de la reproduction de « la grande douceur de la grâce divine » où Dieu se dit lui-même par le psaume, à travers David, et enfin l’actualisation du psautier dans son usage par « l’Église catholique, qui, de diverses langues et d’un concert varié tend, on doit le croire, avec l’aide de Dieu vers la concorde d’une seule foi ». 1.1. L’intermédiaire prophétique : le statut de la voix humaine, poète et/ou rédacteur La question de l’auctorialité du texte psalmique joue évidemment, dans la définition de sa poétique, un rôle extrêmement important. Dans le premier chapitre de l’introduction, Cassiodore définit ainsi la prophétie : CASSIOD., in psalm. praef. 1 : Prophetia est aspiratio diuina, quae euentus rerum aut per facta aut per dicta quorumdam immobili ueritate pronuntiat. De qua 5
Quattuor milia ianitores et totidem psaltae canentes Domino in organis quae fecerat ad canendum.
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bene quidam dixit: prophetia est suauis dictio caelestis doctrinae fauos et dulcia diuini eloquii mella componens.
Dans cette définition qui inclut une citation d’Origène (Rufin, Orig. in Iud. 5, 2), deux éléments méritent d’être retenus : – il n’existe, dans la prophétie, qu’un seul véritable auteur, Dieu, car la personne du prophète n’est même pas nommée. D’ailleurs, dans la suite du chapitre, Cassiodore s’emploie à montrer que l’état de prophétie est transitoire chez tous les prophètes, alors qu’il est charisme permanent dans la personne du Christ, qui est Dieu. La prophétie est donc l’utilisation temporaire par Dieu d’un médium humain pour « proférer » un message qui peut d’ailleurs ne pas être verbal. – Cassiodore, dans la suite du passage, va certes rappeler qu’il existe d’autres types de prophétie que la prophétie verbale, mais nous avons bien ici en germe une véritable poétique de la prophétie « réunissant les rayons de la doctrine céleste et le doux miel de la divine éloquence 6 », c’est-à-dire une alliance parfaitement réalisée entre la vérité absolue du contenu et la perfection de la forme. De ce fait, on ne peut assigner à la prophétie d’autre auteur réel que Dieu lui-même, qui est l’auteur de l’ensemble de l’Écriture : CASSIOD., in psalm. praef. 15 7 : Eloquentia legis diuinae humanis non est formata sermonibus, neque confusis incerta fertur ambagibus, ut aut a rebus praeteritis obliuione discedat, aut praesentium confusione turbetur, aut futurorum dubiis casibus eludatur, sed cordi, non corporalibus auribus loquens, magna ueritate, magna praescientiae firmitate cuncta diiudicans, auctoris sui ueritate consistit.
1.2. Dieu comme auteur et sujet, une poétique de la parole divine où Dieu se dit lui-même Si donc Dieu est l’auteur du psautier, la parole psalmique ne peut que jusqu’à un certain point se comparer à la parole humaine : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : Sic enim in euangelio de Domini Christi praedicatione dictum est: “loquebatur autem sicut potestatem habens, non sicut scribae eorum et pharisaei”: ille enim indubitata loquitur, cui omnia praesentia sunt, et rerum exitus probatur esse subiectus.
Se pose alors la question de la traduction de cette parole divine dans un langage humain, autrement dit, du risque d’insertion d’imperfection humaine dans la perfection divine, car : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : ex ipso ore benedicimus Deum et Patrem, et ex ipso ore maledicimus hominem, qui ad imaginem et similitudinem Dei factus est. 6 7
Cf. CASSIOD. in psalm. praef. 1 cité ci-dessus. Sur ce chapitre fondamental dans la préface, voir AGOSTO (1999).
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Il importe donc au commentateur de dégager la parole psalmique de tout risque de perversion de la vérité par l’éloquence humaine et Cassiodore le fait de deux manières complémentaires, en s’inspirant de l’analyse augustinienne de l’éloquence scripturaire dans le de Doctrina christiana qu’il applique aux spécificités du psautier 8 : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : Nam et pater Augustinus in libro tertio de Doctrina Christiana ita professus est: “sciant autem litterati modis omnium locutionum, quos grammatici Graeco nomine tropos uocant, auctores nostros usos fuisse”. Et paulo post sequitur: “quos tamen tropos (id est modos locutionum) qui nouerunt, agnoscunt in litteris sanctis, eorumque scientia ad eas intellegendas aliquantulum adiuuantur”. Cuius rei et in aliis codicibus suis fecit euidentissimam mentionem. In libris quippe quos appellauit de Modis Locutionum diuersa schemata saecularium litterarum inueniri probauit in litteris sacris; alios autem proprios modos in diuinis eloquiis esse declarauit, quos grammatici siue rhetores nullatenus attigerunt.
Concernant les tropes, Cassiodore rappelle (in psalm. praef. 15) que haec mundanarum artium periti, quos tamen multo posterius ab exordio diuinorum librorum exstitisse manifestum est, reprenant ainsi un argument traditionnel depuis Minucius Felix qui présente la science profane comme inspirée, avec une bonne dose d’erreur ajoutée, par la science biblique. Les tropes bibliques témoignent donc d’un stade où l’éloquence, don divin offert aux hommes pour qu’elle serve de canal à la vérité divine, n’est pas encore polluée par les erreurs des rhéteurs païens et peut donc s’appréhender en toute confiance sans nul risque de parole sophistique. C’est dans ce contexte particulier qu’il faut comprendre l’usage que Cassiodore fait des « modes propres à l’éloquence divine que les grammairiens et les rhéteurs n’ont nullement abordés » en prenant l’exemple du pāsûq 9 : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : Fasucium enim est per commata procedens ad depromendum sensum, nauiter explicata conceptio. Cuius si uirtutem lector diligens perscrutaris, audi apostolum ad Hebraeos dicentem: “uiuus est enim Dei sermo et efficax, et acrior omni gladio ancipiti, et pertingens usque ad diuisionem animae ac spiritus, compagum quoque et medullarum, et discretor cogitationum et intentionum cordis”.
Plus que la définition, d’ailleurs très exacte, que le commentateur donne du pāsûq, c’est le commentaire tiré de l’Apôtre 10 qui mérite ici l’attention. Parce que le pāsûq est inconnu des rhéteurs profanes et que donc il caractérise la 8 Sur le rapport entre Cassiodore et Augustin dans ce contexte, voir QUACQUARELLI (1985). 9 Sur le pāsûq et la restitution de ce passage de Cassiodore malmené dans la transmission textuelle voir VACCARI (1959). 10 Rappelons pour mémoire que Cassiodore considère l’Épître aux Hébreux comme une œuvre de Paul, bien que des Pères aient très tôt (Tertullien) contesté cette attribution et proposé d’autres auteurs du milieu paulinien.
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parole propre du psautier, il en atteste en quelque sorte l’origine sacrée, ainsi que le rappelle l’Épître aux Hébreux pour l’ensemble de la Bible. De fait, dans les psaumes, les figures de la rhétorique traditionnelle, quand on les rencontre, sont comme purifiées 11 : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : Haec enim, quando in diuinis scripturis splendent, certa atque purissima sunt; cum uero ad opiniones hominum et quaestiones inanissimas ueniunt, ambiguis altercationum fluctibus agitantur, ut, quod hic est firmissime semper uerum, frequenter alibi reddatur incertum.
Or, cette éloquence « vivante » comme « la parole de Dieu » impose au lecteur un statut qui est très différent de celui du lecteur habituel d’un texte ou de son commentaire. Les Psaumes ne sont pas un livre à lire, mais un livre à vivre. 1.3. Le livre à faire : une poétique qui est une pragmatique Cette fois, Cassiodore fait appel à Athanase d’Alexandrie (mort en 373) pour expliciter sa vision de la lecture des psaumes. Il traduit en effet un passage de la lettre à Marcellin (Ad Marcell. PG 27, 24 A) : CASSIOD., in psalm. praef. 16 : Quicumque psalmi uerba recitat, quasi propria uerba decantat et tamquam a semetipso conscripta unus psallit et non tamquam alio dicente, aut de alio significante sumit et legit; sed tamquam ipse de semetipso loquens, sic huiusmodi uerba profert et qualia sunt quae dicuntur, talia uelut ipse agens, ex semetipso loquens, deo uidetur offerre sermones.
Cette affirmation demande évidemment à être lue à la lumière de ce qui précède car elle reprend en conclusion de l’introduction technique une remarque faite par le commentateur lui-même dans la lettre dédicatoire à propos de l’usage liturgique des psaumes : CASSIOD., in psalm. praef. Ad Vig. : Ipsi enim diem uenturum matutina exsultatione conciliant, ipsi nobis horam tertiam consecrant, ipsi sextam in panis confractione laetificant, ipsi nona ieiunia resoluunt, ipsi nobis diei horam dedicant, ipsi diei postrema concludunt, ipsi noctis aduentu ne mens nostra tenebretur efficiunt, sicut ipsi dicunt: “nox illuminatio in deliciis meis, quoniam tenebrae non tenebrabuntur abs te, Domine”, ut merito se a uera uita credat alienum, quisquis huius muneris iucunditate non fruitur.
Au terme de l’introduction, on comprend le sens que Cassiodore donne à la liturgie des psaumes et qui explique le recours à la citation d’Athanase 12. La lecture des psaumes est en réalité une expérience directe de communication de l’homme avec Dieu qui passe par l’intermédiaire de la prophétie, mais d’une 11 Sur le commentaire et la rhétorique profane, voir outre les ouvrages cités ci-dessus AGOSTO (2003) et ASTELL (1999). 12 Sur le rapport de Cassiodore à l’hellénisme, voir GARZYA (1986).
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prophétie qui, certes annonce des événements déjà réalisés, comme l’incarnation, la passion ou la résurrection, mais surtout « nous » les annonce, c’est-à-dire les inscrit dans notre propre histoire : CASSIOD., in psalm. praef. 16 : Quid enim in illo libro non inuenies unde se humanum genus debeat suauiter consolari? Thesaurus in pectore mundo semper excrescens, consolatio magna lugentium, spes beata iustorum, periclitantium utile suffugium, unde semper quod expedit tollitur, eiusque fons indefecta perennitate seruatur.
Le texte biblique, et singulièrement le texte psalmique, n’est donc pas un texte comme les autres, en ce sens qu’il renouvelle la question du dialogue entre l’auteur et le lecteur. Cela découle du fait que l’auteur en est Dieu qui se sert d’une langue humaine pour atteindre l’homme. On notera que Cassiodore n’envisage la réponse de l’homme que comme une appropriation de la parole divine que l’homme renvoie en quelque sorte à Dieu après l’avoir chargée de sa propre expérience. Un tel processus implique-t-il qu’on ne peut pas commenter ce texte comme on commenterait n’importe quel autre texte ? C’est ce que nous allons voir maintenant. 2. Quelle poétique pour commenter le psautier ? Aucun autre commentaire ancien n’est à ma connaissance aussi précis sur sa méthode que le commentaire de Cassiodore, qui va jusqu’à prévoir les questions de mise en page de son texte, en vue d’en faciliter la consultation : CASSIOD., in psalm. praef. ad Vig. : Quem tamen codicem etiam per quinquagenos psalmos cum praefationibus suis trina sum diuisione partitus, ut et claritas litterae senioribus oculis se pulchrius aperiret et desiderio legentium fratrum numerosi codicis corpora praestarentur. Ita et ad bibliothecae cautelam unus relictus est et propter congregationis studium commodissime forsitan noscitur esse diuisus.
Ce souci du détail s’accompagne évidemment de la mise en place d’une méthode exégétique explicitement détaillée et justifiée dans la préface. Après l’avoir présentée, nous verrons sur quels points essentiels du texte cette méthode fait porter l’intérêt du commentateur. 2.1. La construction d’une méthode exégétique Le chapitre 14 de la préface est entièrement consacré à présenter la méthode de commentaire. Il mérite d’être analysé en entier, car il fixe le cadre méthodologique immuable de l’expositio 13. 13
Sur cette méthode, voir outre CERESA-GASTALDO (1968), CURTI (1986).
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2.1.1. Une méthode d’analyse fixe Voici comment Cassiodore présente sa méthode : CASSIOD., in psalm. praef. 14 : Primo nobis de titulorum inscriptione, Domino iuuante, dicendum est, unde uelut uberibus expressis lacteus sensus diuinae praedicationis emanet. Tum: unusquisque psalmus pro sua qualitate diuidendus est, ne nobis intellectum permisceat aut occulta mutatio rerum, aut uarietas introducta loquentium. Tertio: arcanum psalmi, partim secundum spiritalem intellegentiam, partim secundum historicam lectionem, partim secundum mysticum sensum, subtilitates rerum discutiens proprietatesque uerborum, prout concessum fuerit, conabor aperire. Quarto: prout locus exegerit, uirtutem eius breuiter demonstrare contendam, quatenus intentio digesti carminis diuino munere oculis interioribus elucescat. Virtutem psalmi dico inspirationem diuinam, qua nobis intentio superna reseratur, et sermone Dauidico a uitiis nos remouet et recte nobis uiuere persuadet. Quinto: de ordine numeri psalmorum, cum res exegerit, memorabimus, qui reuerendissimarum rerum honore sacratus est. Hoc enim per singulos quosque psalmos facere nobis difficile fuisse profitemur, quod indeterminatum atque suspensum patrum etiam reliquit auctoritas. ... In conclusionibus uero aut summam totius psalmi sub breuitate complectimur, aut contra haereses aliquid dicimus destruendas...
La parenté des deux premières parties, titre et plan, avec le commentaire grammatical ne fait aucun doute et nous pouvons passer rapidement, en notant cependant combien l’influence de ce type de commentaire est grande sur Cassiodore, ce qui le sépare d’une tradition homilétique qui donne par exemple le commentaire augustinien du psautier. Ici le commentaire est bien pensé comme un manuel de « grammaire spirituelle ». Les troisième et quatrième parties méritent une attention particulière. Elles sont évidemment liées dans un processus ascendant qui part de l’observation des mots et des structures pour aller vers la découverte du sens profond. Les phénomènes linguistiques et lexicaux sont soigneusement décrits, classés et analysés selon les règles de l’étymologie, de la sémantique, de la syntaxe et de l’art oratoire, membre par membre (le membre étant en général l’équivalent de la moitié ou du tiers d’un verset). Ce n’est que de cet examen que naît de façon certaine la découverte de la « valeur du psaume », parce que précisément ce sont les particularités formelles du texte qui signalent la nécessité d’une interprétation symbolique ou spirituelle sous le sens littéral. Car, note Cassiodore, la langue du psautier utilise les tropes précisément pour signaler la nécessité d’une lecture plus complexe : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : Vnam rem in malo et in bono plerumque ponit, ut quod nomine uidetur esse commune, probetur qualitatibus discrepare. Caelestia terrenis comparat, ut quod incomprehensibilis magnitudo uetat intellegi, per notissimas similitudines possit aduerti. In uerbis autem serendis mira potentia est, ut subito immensa nobis atque incomprehensibilia duobus tribusque sermonibus
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explicentur. Quid breuius dicam, frequenter etiam una syllaba ineffabilem Domini naturam demonstrat, ut est illud: “qui est misit me”. Cuius omne uerbum subtiliter inquisitum copiosis sensibus scaturit.
Dans le travail d’analyse textuelle, Cassiodore montre une singulière attention à la structure particulière de la poésie hébraïque, qui apparaît clairement dans le traitement qu’il réserve à la question délicate du diapsalma, qu’il considère comme une pause accompagnant un changement énonciatif ou de point de vue. Outre l’analyse systématique des diapsalma marqués dans son édition, il étend cette pratique à d’autres psaumes où elle n’est pas présente, et en tire une sorte de règle analytique : CASSIOD., in psalm. praef. 11 : Merito ergo tale nomen illic interponitur, ubi uel sensus uel personae diuidi comprobantur. Vnde et nos diuisiones congrue faciemus, ubicumque in psalmis diapsalma potuerit inueniri. Reliquas autem, prout datum fuerit, indagabimus, ubi tamen auctoritas huius nominis non potuerit inueniri.
La pratique habituelle (usus) du psautier impose ici clairement un mode de lecture et d’analyse particulier et spécifique. Quant à la cinquième partie, la conclusion, elle rejoint ce souci de l’analyse à la fois interne et externe du corpus, autrement dit le souci de comprendre la cohérence interne du psautier et de révéler le sens de chacun. Pour Cassiodore en effet, le numéro du psaume peut prendre sens de deux manières, soit dans une liste, soit dans la valeur propre du chiffre. Ainsi, par exemple, un psaume pourra prendre un sens symbolique parce qu’il est troisième, ou parce qu’il porte le chiffre 50. Or cet usage de l’analyse numérologique, très appréciée chez les Pères, conduit le commentateur à une importante précision. Sur ces questions difficiles et qu’il maîtrise mal, il laissera aux autorités en la matière la responsabilité de leurs analyses et se gardera bien d’y ajouter quoi que ce soit : CASSIOD., in psalm. praef. 14 : Hoc enim per singulos quosque psalmos facere nobis difficile fuisse profitemur, quod indeterminatum atque suspensum patrum etiam reliquit auctoritas. Reliquos autem sibi calculos diligens perscrutator exquirat, quoniam multa accessu temporis in scripturis diuinis fiunt clara, quae nunc uidentur abscondita.
La méthode cassiodorienne est donc faite à la fois d’une rationalisation des pratiques antérieures, ici théorisées et explicitées, d’une construction méthodologique et exégétique personnelle, mais aussi d’une sélection dans les méthodes appliquées au texte de celles qui semblent les plus certaines. 2.1.2. La fonction de la préface La fonction de la préface devient alors à la fois de justifier cette « poétique » propre du commentaire, et de donner tout l’outillage méthodologique nécessaire à la bonne utilisation du commentaire lui-même. Elle est à la fois un avis au
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lecteur et un mode d’emploi. Nous nous intéresserons ici à la fonction de mode d’emploi. Cette fonction qui est explicitement mentionnée dans la lettre dédicatoire 14 revient à plusieurs reprises dans l’introduction par exemple à propos des éléments de structure portés par les titres (in psalm. praef. 9 15), de la lecture christologique (in psalm. praef. 13 16). Il s’agit donc bien de préparer le lecteur à la poétique propre du texte : CASSIOD., in psalm. praef. 15 : specialia psalterii, Domino iuuante, tangamus: quoniam ipsa res euidenter agnoscitur, quae, communibus rebus praemissis, postea sub aliqua proprietate describitur.
Le commentateur entend donc par cette préface : 1. justifier l’organisation de son travail par le confort du lecteur et le profit qu’il tirera de sa lecture ; 2. fournir avant le début du commentaire de détail une armature méthodologique qui permette de passer vite sur des points récurrents ou relevés en introduction et qu’il suffira de signaler. Le texte expose donc, en même temps que son économie de composition, son économie de lecture, ce qui lui permet évidemment de se concentrer sur les aspects essentiels aux yeux du commentateur d’un travail sur les psaumes. Les axes directeurs du commentaire sont ainsi la conséquence de la nature du psautier et le produit de la lecture particulière que cette nature impose. Le premier axe de lecture est la recherche du sens profond du texte. Elle conduit à dépasser une lecture trop littérale, qui effacerait la dimension prophétique. Dans le paragraphe 10, Cassiodore reprend et synthétise à propos des titres ses idées sur le sens profond du psautier. CASSIOD., in psalm. praef. 10 : Quasdam superscriptiones psalmorum per allusionem consimilem constat spiritaliter intuendas, quia si litteram consideras, extraneum est, cum non ea inuenias in psalmis, quae continentur in titulis. Si uero trahantur ad tropicum intellectum, nimis uidentur accommodae… Quapropter in superscriptionibus titulorum, siue psalmum siue canticum siue psalmumcanticum siue canticumpsalmum siue in finem siue aliquid de sexta, quam diximus, complexione reperire potueris, aut singillatim, aut unum, duo uel tria siue quatuor ex eis inserta cognoueris, ad illas uirtutes trahe, quas unicuique inesse dicemus, quia rerum istarum commemoratio ad similitudinem occultae intellegentiae posita 14 CASSIOD., in psalm. praef. ad Vig. : Sed, antequam enthecas spiritales attingam, quaedam diuisis capitibus, quae sunt numero decem et septem, aestimo praegustanda, ut cum earum rerum locus se intulerit, magni nectaris potus suauissimis delectationibus hauriatur. 15 Quia sunt et aliae multifariae superscriptiones, quas praetereundas esse non arbitror, breuiter in unam conclusionem aestimo colligendas, ut nec fastidium lector incurrat, nec in damno intellegentiae necessaria forte praetereat. 16 Haec ideo praefati sumus, ut cum uentum fuerit ad loca talia, intrepidus lector audire possit quod se iam salubriter didicisse cognouerit.
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subtiliter inuenitur. Ista enim ante fores psalmorum, tamquam sacrata uela pendent, per quae, si aciem mentis intendas rarescentibus quibusdam filis, facile eorum penetralia contueris. Quis enim tot causas, tot diuersitates nominum putet otiosas, cum nefas sit credere scripturas diuinas aliquid superuacuum continere?
L’image topique du voile qui couvre le sens est ici essentielle car elle fonde la méthode de commentaire qui nous intéresse ici. Tout part des passages qui semblent incohérents ou oiseux, car il ne peut, nous l’avons vu, rien y avoir d’incohérent ou de superflu dans la parole divine. Ces passages nécessitent donc une autre forme d’interprétation. On pourrait objecter à Cassiodore qu’il pourrait commencer par expliciter les allusions historiques contenues dans les titres, mais il répond par avance. Il le fera, mais cela ne résout rien. Car les titres sont souvent incohérents et porteurs d’éléments contradictoires. Expliciter l’allusion n’est donc pas suffisant, il faut recourir à la grammaire symbolique du psautier qu’il s’attachera à construire et à présenter. Le but n’est pas en effet de savoir des choses sur le psautier, mais de parvenir au cœur du message prophétique qu’il délivre. Le commentaire n’a pas un but didactique, mais un but protreptique. Il tourne le lecteur vers le sens profond du psautier. On y découvre alors la présence constante du Christ, origine et terme de notre foi 17. Les modalités de l’application des psaumes au Christ sont l’objet du chapitre 13 de l’introduction : CASSIOD., in psalm. praef. 13 : Tribus modis psalmi loquuntur de persona Domini Iesu Christi pro instructione fidelium. Primum per id quod ad humanitatem eius noscitur pertinere... Secundo quod aequalis et coaeternus ostenditur Patri, … Tertio a membris Ecclesiae, cuius ipse dux et caput est Christus, … Quod dictum pro unoquoque fidelium debemus accipere.
Ces trois modalités recouvrent bien les trois modalités traditionnelles de la manifestation du Christ : Christ incarné, Christ deuxième personne de la Trinité, Christ total. Or l’importance de ce travail d’identification de la personne du Christ présente dans chaque verset est essentielle : CASSIOD., in psalm. praef. 13 : error maximus inde nascitur, quando inconuenienter redditur alibi, quod dictum constat ad aliud. Nam si uno modo fuisset locutus, quis eius geminam substantiam potuisset agnoscere, cum etiam nunc in tam euidentissima distinctione, naturam diuinitatis et humanitatis Domini Christi aliqui nitantur sacrilega uoluntate confundere? Multa quoque secundum litteram commonet, multa spiritaliter iubet, personas subito decenter immutat, ut nunc Christus Deus, Verbum incarnatum et homo factus, caput Ecclesiae, nunc ipsa Ecclesia, nunc homo iustus, nunc paenitens loqui uideatur, ut omnia necessaria tangat atque concludat.
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Sur la christologie du commentaire, voir DE SIMONE (1993).
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Dans un contexte de controverses christologiques aiguës, une telle mise au point n’est sans doute pas inutile. On notera toutefois que Cassiodore ne se limite pas aux aspects dogmatiques stricts de la discussion sur la personne du Christ, mais, qu’à travers la figure du Christ total, il intègre la dimension ecclésiale de la psalmodie. Car, dans ce dialogue de l’homme avec Dieu que sont les psaumes, le texte nous parle également de l’Église qui est selon le mot de l’apôtre « le corps dont le Christ est la tête ». La christologie dans le commentaire n’est pas séparable de l’ecclésiologie. Car ce que nous découvrons du Christ est ce que l’Église doit croire pour être fidèle à sa tête, le Christ. Dans cette première forme d’application, l’Église pénitente se tourne vers sa tête pour obtenir de lui le pardon. Mais, si cette dimension est essentielle, en particulier dans le commentaire des psaumes de la pénitence, ce n’est pas la seule. L’ensemble du psautier porte cette dimension cultuelle du corps de l’Église se tournant vers son Seigneur : CASSIOD., in psalm. praef. ad Vig. : nequaquam nobis, ut psittacis merulisque uernandum est, qui, dum uerba nostra conantur imitari, quid tamen canant, noscuntur modis omnibus ignorare. Melos siquidem blandum animos oblectat, sed non compellit ad lacrimas fructuosas; permulcet aures, sed non ad superna erigit audientes. Corde autem compungimur, si quod ore dicimus, animaduertere ualeamus, sicut in psalterio legitur: “beatus populus qui intellegit iubilationem”. Et iterum: “quoniam rex omnis terrae Deus: psallite sapienter”. Philippus quoque apostolus, cum reginae Candacis eunuchum Isaiam legere cognouisset, scripturas ei sanctas competenter exposuit; qui, postquam quod legebat aduertit, statim gratiam baptismatis exquisiuit et mox perfectae munera salutis accepit. In euangelio etiam Dominus ait: “omnis qui audit uerbum regni et non intellegit, uenit malus et rapit quod seminatum est in corde eius”. Vnde congrue datur intellegi haec illis prouenire non posse, qui scripturas sanctas puro corde merentur aduertere.
La comparaison du début porte en réalité la clé du sens de cette application. Ne pas comprendre ce que l’on chante, c’est ne pas se livrer à l’acte pour lequel les psaumes ont été écrits. C’est refuser d’entrer dans la lecture qui nous unit au Christ total. Tel est le sens de la citation évangélique conclusive : une lecture sans comprendre ouvre la porte non seulement à l’erreur, mais encore à l’action du démon. C’est dire combien les psaumes et leur commentaire sont indissociables et liés à leur dimension liturgique. C’est dire aussi combien leur utilisation liturgique, s’ils sont clairement compris avec l’aide du commentaire, est fondamentale pour l’édification du Christ total : CASSIOD., in psalm. praef. ad Vig. : ut merito se a uera uita credat alienum, quisquis huius muneris iucunditate non fruitur. Quorum uirtutes ut breuiter diuinus sermo concluderet, in septuagesimo psalmo dicturus est: “ego autem confitebor tibi in uasis psalmorum ueritatem tuam”. Reuera uasa ueritatis, quae tot uirtutes capiunt, tot diuinis odoribus farciuntur, tot thesauris caelestibus cumulantur.
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Hydriae quae uinum caeleste recipientes, puritatem eius semper in nouitate custodiunt. Dulcedo mirabilis, quae saeculi corruptionibus non acescit, sed in sua permanens dignitate, gratia semper purissimae suauitatis augetur. Apotheca ualde copiosa de qua cum bibant tam magni terrarum populi, ubertas eius nescit expendi.
On voit bien comment ces trois aspects sont liés les uns aux autres et en quoi ils conditionnent la méthode mise en place. La dimension liturgique du psautier réalise le mystère contenu dans leur texte, à la condition que ce texte soit parfaitement compris. Pour parvenir à cette compréhension qui est une lecture christologique, il faut comprendre ce qui fait que le psautier n’est pas un texte comme les autres. Et pour saisir la spécificité même de ce texte, il faut lui appliquer une méthode particulière. Cette méthode respecte d’abord la poétique du psautier ; mais elle est véritablement une poétique de commentaire dans la mesure où elle construit pas à pas la pragmatique de lecture du texte. On peut donc définir la poétique du commentaire comme étant d’abord la représentation d’une pragmatique de lecture. 3. Le statut littéraire du commentaire Cette pragmatique de lecture s’incarne en réalité dans une poétique d’écriture du commentaire lui-même, non plus seulement dans sa méthode, mais bien dans sa forme même. Car si le commentaire représente la manière dont le texte commenté doit être lu, il ne faut pas en conclure mécaniquement qu’il n’est pas lui-même régi par une poétique propre. Trop souvent considérée comme de la « littérature grise », sans aucune prétention littéraire, en raison de son caractère fractionné et donc nécessairement haché, le commentaire antique – et singulièrement celui de Cassiodore – n’est pas exempt de prétentions littéraires, au sens où il revendique pour lui-même une poétique qui n’est pas seulement celle du texte commenté. Avec le commentaire de Cassiodore, comme, pour Virgile, avec celui de Tibérius Donat, nous sommes en effet en face d’un commentaire qui s’affranchit de la forme éclatée des commentaires grammaticaux de type donatien ou servien, pour se donner l’allure d’un texte suivi. Cela entraîne nécessairement une modification du statut que se donne l’auteur, comme aussi de la conscience qu’il peut avoir de faire véritablement « œuvre littéraire ». La position de Cassiodore par rapport à son propre texte n’est pas sans ambiguïté. D’un côté, en effet, le commentateur récuse une partie de son statut auctorial en faveur d’une autorité plus grande : celle d’Augustin : CASSIOD., in psalm. praef. ad Vig. : Tunc ad Augustini facundissimi patris confugi opinatissimam lectionem, in qua tanta erat copia congesta dictorum, ut retineri uix possit relectum quod abunde uidetur expositum. Credo, cum nimis auidos populos ecclesiasticis dapibus explere cupit, necessario fluenta tam magnae praedicationis emanauit. Quocirca memor infirmitatis meae, mare ipsius quorumdam psalmorum fontibus profusum, diuina misericordia largiente, in riuulos uadosos compendiosa breuitate deduxi, uno codice tam diffusa complectens.
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Or il est évident que, si le commentaire de Cassiodore recourt assez régulièrement aux analyses d’Augustin, il faut voir dans cet élément plus un locus humilitatis et une autojustification de l’entreprise par le patronage d’un Père incontestable, qu’un réel refus d’une position auctoriale qui ferait de Cassiodore un simple abréviateur. En effet, dès la suite du texte, le commentateur indique qu’il a bien une visée personnelle sur le texte, et qu’il fait donc réellement œuvre d’auteur : CASSIOD., in psalm. praef. ad Vig. : Quaedam uero nouiter inuenta, post tam mirabilem magistrum sola domini praesumptione subieci, qui paruulis confidentiam, caecis uisum, mutis sermonem, surdis praestat auditum.
Or les apports cassiodoriens excèdent évidemment la simple compilation d’autres sources qu’Augustin et dégagent une véritable poétique propre que le commentateur explicite d’ailleurs dans la comparaison déjà notée avec les « perroquets » et les « merles ». Il ne s’agit pas pour lui de répéter des mots, fussentils ceux d’Augustin ou de quelque autre autorité, mais de proposer sa propre lecture croyante du psautier qui le pousse lui aussi à des lacrimas fructuosas, fruit de l’influence de la parole divine sur son propre esprit. Dans les éléments de sa méthode qui ne relèvent plus d’Augustin ou de quelque autre modèle, mais de la poétique propre et personnelle de Cassiodore, la préface fournit un intéressant exemple de la manière dont le commentateur va faire évoluer son texte d’un simple commentaire à une sorte de traité spirituel et mystique, prenant certes les psaumes comme fondement et centre, mais ouvrant sur tout autre chose qu’un simple commentaire du texte. La simple lecture de l’ouverture de la laus Ecclesiae suffit à convaincre d’une mise en œuvre littéraire du commentaire dont le but excède la simple explication du texte psalmique : CASSIOD., in psalm. praef. 17 : O uere sancta, o immaculata, o perfecta mater ecclesia, quae, diuina gratia largiente, sola uiuificas, sola sanctificas et perditum propriis culpis institutione tua humanum genus instauras, cuius piae confessioni nihil addi, nihil minui potest. Per omnes quippe psalmos, per omnia cantica, praeconia sanctae trinitatis interseris, ut, cuius sunt sacrata uerba quae loquimur, eis laus semper et dulcissima gloria redderetur.
La multiplication des anaphores (o... o... o… ; sola... sola… ; nihil... nihil… ; per... per…), des rimes et assonances (par exemple uiuificas, sanctificas), mais aussi le jeu expressif sur les sonorités (Perditum ProPriis culPis par exemple) témoignent déjà d’une recherche stylistique et de l’emploi d’une véritable prose d’art, ce qui est confirmé par le rythme donné au passage par les structures métriques et accentuelles 18. 18
Sur la question de la structuration du discours par la répartition accentuelle, voir CHARPIN (1990). Le système proposé par l’auteur n’est pas sans faille, ni difficultés, mais
« SUR LA LYRE À DIX CORDES, IL EST BON DE LOUER LE TRÈS-HAUT »
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On voit alors à l’œuvre un double travail sur la matérialité du texte lui-même unissant pour produire des effets expressifs le recours au numerus et l’usage raisonné des accents dans la phrase. Ainsi, le passage se clôt sur une clausule dactyle+ditrochée (gloria redderetur) 19, qui marque clairement la fin de cette première partie de la louange 20, mais d’autres éléments rythmiques structurent la phrase et en soulignent les articulations syntaxiques et sémantiques. On remarque ainsi, sur le plan syntaxique, mater Ecclesia (trochée+ionique majeur) devant la relative, ou de même trinitatis interseris (ditrochée+ionique majeur) devant le ut. Mais d’autres éléments, non liés à la perception de la structure syntaxique, sont également traités de manière rythmée, par exemple sŏlă uĭuĭfĭcās (pyrrhique+péon 4) 21. Dans ces trois exemples de numerus recherché à l’intérieur de la phrase, on observe que le contenu n’est pas du tout indifférent : la maternité de l’Église donne vie parce qu’elle seule révèle la nature véritable de la Trinité. De plus, dans tous ces cas, et dans l’ensemble du texte, les effets induits par le rythme se croisent habilement avec des effets réalisés par la distribution des accents dans la phrase. Ce système, dont F. Charpin notait qu’il « s’effondre » à la période tardive semble au contraire aussi parfaitement maîtrisé par Cassiodore que la science des numeri. On observe ainsi par exemple que la distribution accentuelle isole le segment gratia largiente 22, faisant ainsi clairement apparaître le numerus (amphimacre+ditrochée 23) en introduisant un rebond accentuel après diuina d’autant plus étonnant que diuina gratia sont syntaxiquement liés. Il se crée ainsi un double effet : la mise en évidence par le rebond accentuel du segment diuina gratia et le soulignement par le numerus de l’action décisive de la Grâce pour la construction de l’Église authentique, celle seule qui peut assurer le salut. On pourrait multiplier les exemples d’utilisations expressives de ces répartitions accentuelles jointes à des phénomènes de numerus, et une étude détaillée il présente l’énorme avantage de mettre en évidence d’importants phénomènes de structuration de la phrase. Il s’agit de considérer comme appartenant à un même segment les passages qui présentent des mots dont la séquence pré-accentuelle est identique ou croissante, et de postuler un nouveau segment quand une séquence pré-accentuelle inférieure à celle qui précède. Nous l’adoptons donc ici avec toutes les précautions nécessaires comme un outil pour faire émerger une structuration du discours autre que le numerus. 19 Cette clausule et plus loin la clausule trochée+ionique majeur sont admises comme excellente dans la liste des 14 clausules répertoriées par le De structuris des Fragmenta Bobbiensia. 20 La phrase suivante en effet traite de la puissance de l’Église pour nous protéger de l’hérésie. 21 On pourrait sans doute ajouter sŏlă sānctĭfĭcās anapeste+anapeste, clausule admise par Quintilien. 22 Le segment se lit en effet selon le système de Charpin : quáe, diuína (0 1)| grátia largiénte (0 2) | sóla uiuíficas (0 1) | sóla sanctíficas (0 1). 23 Nouvelle clausule admise et recommandée par le De structuris.
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de la langue du commentaire montrerait sans nul doute le soin extrême apporté par le commentateur à la forme de son texte, mais la lecture de ce simple exemple confirme clairement, il nous semble, que le commentaire ne se borne pas à une visée purement informative qui le détournerait de toute prétention littéraire, mais qu’au contraire il propose de présenter un contenu à la fois exégétique et spirituel sous une forme raffinée, réalisant ainsi par son travail d’écrivain la plus parfaite adéquation possible entre la poétique du texte qu’il commente et sa propre poétique d’auteur. Là se trouve, me semble-t-il, un point essentiel de l’entreprise cassiodorienne. Réaliser un commentaire des psaumes n’est pas seulement une œuvre d’érudition ou d’édification, c’est également un cheminement spirituel qui mérite que l’on utilise pour l’exprimer toutes les ressources d’une poétique expressive et supposée agir non sur l’intellect du lecteur, mais sur ses sens. Il s’agit donc pour Cassiodore non seulement d’expliquer la grandeur et la profondeur spirituelle du psautier, mais de la faire ressentir par la perfection même du commentaire. Or ce que l’on nomme trop souvent un peu vite le maniérisme des prosateurs tardifs peut certes être, dans le cas d’écrits destinés à circuler dans une société mondaine, une forme de marqueur social, mais ne saurait se limiter à cela. Trouver dans un texte strictement spirituel et destiné de plus à un public avant tout monastique de pareils raffinements ne relève certainement pas du tic d’écriture d’un ancien haut-fonctionnaire. La poétique de l’écriture cassiodorienne ne peut ici se comprendre qu’à la lumière de la poétique du texte psalmique luimême, qui, en raison de sa particulière richesse mystique et spirituelle, demande de la part de son lecteur, pour que le texte soit pleinement assimilé, une sorte de mise au diapason de sa propre parole.
Ὁ δὲ πλάσας ποιητὴς ἠφάνισεν, ὡς Ἀριστοτέλης φησίν : Ovide et les commentaires homériques relatifs à la topographie troyenne et au Mur des Achéens (Ars Amatoria, 2,113-142) 1 Jean-Christophe JOLIVET
L’influence des commentaires sur la poésie hellénistique et romaine n’est plus à démontrer, que ce soit la glose du vocabulaire homérique chez les poètes hellénistiques 2 ou l’intégration dans la reprise d’une scène iliadique par Virgile d’une correction suggérée par les critiques des scholiastes 3 ou encore l’allusion à un zètèma dans la poésie ovidienne 4. Mais les commentaires comportent aussi des réflexions plus générales sur la poétique, en particulier quant aux rapports que les poètes, et Homère au premier chef, entretiennent avec la vérité historique. À ce titre, les questions de géographie et de topographie ont occupé, comme on le sait, une place importante dans les recherches des savants de l’Antiquité. Les enquêtes sur la géographie de l’Odyssée, les périples d’Ulysse et de Ménélas 5, comme les recherches sur la topographie iliadique et l’emplacement même de Troie 6 ont constitué une part non négligeable des commentaires hellénistiques, donnant parfois lieu à des travaux spécialisés. Ces enquêtes, fondées sur une analyse des poèmes homériques, ont essaimé dans les commentaires disponibles au début de l’époque impériale. Pour l’Iliade en particulier, un certain nombre de recherches topographiques figuraient dans les travaux d’Aristarque. C’est en cette matière que l’enquête des commentateurs posait peut-être de la façon la plus nette la question de la véracité des récits homériques et de leur valeur documentaire, quand, à l’inverse, le débat sur la géographie de l’Odyssée donnait lieu à des interprétations opposées entre les tenants d’une interprétation historique du poème et les partisans d’une interprétation Un état sensiblement différent de cette enquête figure dans JOLIVET (2014), p. 46-59. Voir e.g. RENGAKOS (1994) et (2001). 3 Voir e.g. SCHLUNK (1974), SCHMIT-NEUERBURG (1999), JOLIVET (2014). 4 JOLIVET (2014), (2016). 5 Pour les enquêtes sur la géographie de l’Odyssée, voir le premier livre de la Géographie de Strabon. Le livre 13 est consacré à la Troade. Sur Homère géographe d’après Strabon, voir AUJAC (1966), p. 20-36 ; KIM (2010), p. 56-60. Sur la topographie iliadique, TRACHSEL (2007), (2014). 6 ERSKINE (2001), p. 98-112. 1 2
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d’un point de vue purement poétique 7. Toutefois, pour l’Iliade, la question de la véridicité des récits s’est posée de façon particulièrement aiguë à propos d’un édifice évoqué par Homère dont il était impossible de trouver la trace sur les côtes de la Troade. Et pour cause : il s’agit du fameux Mur des Achéens, mur de protection du mouillage des navires (le Naustathme) construit – contre toute vraisemblance – durant la dernière année de la guerre (Il., 7,430-465), détruit par les dieux, jaloux de l’édifice, après le départ des Achéens (Il., 12,1-35), dont l’existence même était parfois considérée comme une fiction d’Homère : le poète aurait pris soin d’évoquer par une prolepse la destruction de ce mur après la guerre au cours de son récit (Il., 12,1-35) afin que la postérité n’ait pas lieu d’en chercher l’emplacement et de l’accuser de forgeries mensongères 8. Il y a dans l’Art d’aimer d’Ovide une curieuse histoire « iliadique » de construction et de destruction en bord de mer qui pourrait bien avoir partie liée avec ces débats interprétatifs. La scène a pour cadre le chant 5 de l’Odyssée, une plage de l’île de Calypso. Elle a pour objet d’illustrer la puissance amoureuse des beaux discours 9. Pour retarder le départ du héros, la nymphe lui demande un récit de ses aventures, plus précisément, un récit de la Dolonie 10. Ulysse dessine alors un plan de Troie sur le sable (A. A., 2,125-142) 11 : A! quotiens illum doluit properare Calypso, remigioque aptas esse negauit aquas! Haec Troiae casus iterumque iterumque rogabat: ille referre aliter saepe solebat idem. Voir BOUCHARD (2016). Voir Schol. bT ad Il. 12,3-35. 9 Pour une analyse détaillée de ce passage, voir SHARROCK (1987), JANKA (1997), JOLIVET (2014), p. 46-59, WEIDEN BOYD (2017), p. 197-202. 10 Ulysse, avec sa baguette, est ici un peu un aède ou un rhapsode : JOLIVET (2014), p. 58-59, WEIDEN BOYD (2017), p. 202. AEL., VH 13,14-15 constitue un intéressant témoignage à propos de performances consistant en l’exécution d’épisodes séparés des poèmes homériques. 11 Ulysse, qui est en train de construire son radeau, tient une baguette à la main ; cet indice permet de situer la scène dans la trame narrative du chant 5 de l’Odyssée : voir SHARROCK (1987) ; JANKA (1997), ad loc. La mention litore constiterant correspond à Od., 5,233-261 (238 : νήσου ἐπ’ ἐσχατίης). Les vers 151-191 sont un autre point possible de rattachement. Il faut noter toutefois que les scholies fournissent ici un complément notable pour la situation de la saynète dans la trame homérique : la schol. ad Od. 5,238a justifie les allées et venues de Calypso jusqu’à l’extrémité de l’île pour conduire Ulysse et lui apporter outils et matériaux par l’amour : διὰ τὸν ἔρωτα ἑτοίμως ὑπουργεῖ. ἑξῆς γοῦν μυρίας ἀφορμὰς εὑρίσκει τοῦ συνεῖναι καὶ ἐντυγχάνειν αὐτῷ. « C’est par amour qu’elle l’aide résolument. Par suite, elle trouve donc mille prétextes pour être en sa compagnie et parler avec lui. » Les demandes de récits troyens mentionnées par Ovide sont l’un de ces prétextes. Quant à la baguette, elle se trouve elle aussi dans une scholie : dans l’Odyssée, 5,245, Ulysse manie le cordeau pour bâtir son radeau (στάθμη). Le terme ne devait pas être très clair et la schol. ad Od. 5,245b1 en propose différentes gloses ; l’une d’entre elle est κανών (κανόνα), que l’on peut aisément traduire par uirga. 7 8
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Litore constiterant; illic quoque pulchra Calypso exigit Odrysii fata cruenta ducis. Ille leui uirga (uirgam nam forte tenebat) quod rogat, in spisso litore pingit opus. “Haec, inquit, Troia est (muros in litore fecit): hic tibi sit Simois; haec mea castra puta. Campus erat (campumque facit), quem caede Dolonis sparsimus, Haemonios dum uigil optat equos. illic Sithonii fuerant tentoria Rhesi: hac ego sum captis nocte reuectus equis.” Pluraque pingebat, subitus cum Pergama fluctus abstulit et Rhesi cum duce castra suo tum dea: “Quas, inquit, fidas tibi credis ituro, perdiderint undae nomina quanta, uides?” « Ah ! Combien de fois Calypso gémit de sa hâte à vouloir partir et lui affirma que les eaux ne se prêteraient pas au mouvement des rames. Elle lui demandait sans cesse de lui raconter encore la chute de Troie et lui en faisait le récit d’une manière presque toujours différente. Ils s’étaient arrêtés sur le rivage : là aussi, la belle Calypso veut entendre la fin sanglante du chef des Odrysiens. Ulysse, avec une baguette légère (il tenait par hasard une baguette), lui dessine l’œuvre qu’elle demande dans le sable épais. ‘Voici Troie, lui dit-il (et il fit des murailles sur le rivage). Ici coule le Simoïs. Suppose que voici mon camp. Il y avait une plaine (il fait une plaine) que nous avons ensanglantée du meurtre de ce Dolon qui, pendant la nuit, voulait ravir les chevaux d’Hémonie. Là étaient les tentes de Rhésus le Sithonien 12 ; c’est par ici que, moi, je revins avec les attelages que j’avais pris.’ Il en dessinait davantage, lorsque tout à coup une vague vint effacer Pergame, et Rhésos et son camp. Alors la déesse : ‘Vois-tu de quels grands noms les vagues ont causé la disparition, elles auxquelles tu te fies pour t’en retourner chez toi ?’ ».
1. La Troie d’Ovide et le Mur des Achéens : destructions de châteaux de sable Les châteaux de sable ovidiens trouvent vraisemblablement leur origine dans un passage de l’Iliade évoquant la destruction du Mur des Achéens. Lors d’un assaut donné par les Troyens, Apollon jette à terre une partie du Mur des Achéens comme un enfant ferait d’un château de sable (Il., 15,361-366) : ἔρειπε δὲ τεῖχος Ἀχαιῶν ῥεῖα μάλ’, ὡς ὅτε τις ψάμαθον πάϊς ἄγχι θαλάσσης, ὅς τ’ ἐπεὶ οὖν ποιήσῃ ἀθύρματα νηπιέῃσιν ἂψ αὖτις συνέχευε ποσὶν καὶ χερσὶν ἀθύρων· ὥς ῥα σὺ ἤϊε Φοῖβε πολὺν κάματον καὶ ὀϊζὺν σύγχεας Ἀργείων. Cf. VERG, Aen., 1,469-470 : nec procul hinc Rhesi tentoria uelis / adgnoscit (sc. Énée). 12
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« Apollon abattit le mur achéen aussi aisément qu’un enfant au bord de la mer édifie, avec le sable, pour jouer, des constructions qu’il abat ensuite du pied ou de la main, sans retenue ; ainsi toi tu renverses, Phoibos qui frappes au loin, le grand et pénible labeur des Argiens. 13 »
Il est assez probable que cette comparaison constitue l’une des sources d’inspiration du récit ovidien 14. La construction est analogue : le parallèle entre les châteaux de sable de l’enfant (ἄγχι θαλάσσης… ποιήσῃ ἀθύρματα) et la Pergame de sable d’Ulysse (muros in litore fecit) est net. En outre, le château de sable ovidien est, comme le Mur des Achéens, détruit par l’élément liquide : au début du chant 12 de l’Iliade, les dieux (Zeus, Poséidon et Apollon) déchaînent les éléments liquides pendant neuf jours 15 et le rivage retrouve son aspect antérieur. Chez Ovide, la Troie de sable comme l’ensemble du plan de la Troade sont effacés instantanément par une vague, ce qui met fin au récit épique. La construction et la destruction du Mur des Achéens ont suscité une abondante littérature zétématique. Pour résumer – sans doute à l’excès –, le dossier exégétique concernant cet épisode touche à deux aspects de l’exégèse homérique : l’interprétation historique d’Homère et les recherches sur l’emplacement et la disposition du camp des Achéens d’une part, la question de la licence poétique d’autre part : les commentateurs ne sont pas en mesure d’assigner un emplacement au Mur des Achéens ; le Poète a-t-il inventé cet épisode ? La construction et la destruction du Mur des Achéens sont-elles des forgeries 16 ? 13
L’action destructrice de Poséidon trouve un écho plus net en Aen., 2,610-612, dans le sublime tableau virgilien de la destruction divine de Troie. Ovide en prend évidemment le contrepied dans cette version miniaturisée. 14 JANKA (1997), p. 135. 15 MARTELLI (2013), p. 102, suggère un parallèle avec la destruction du mur évoquée au chant 12 de l’Iliade. Il est à noter que la destruction de Troie et celle du Mur sont étroitement associées. 16 La position du mur dans la plaine de Troie pose des difficultés : la station des vaisseaux (le Naustathme) – que le mur est censé protéger –, est tout près de la ville d’Ilion ; pourquoi donc attendre si longtemps (la neuvième année de la guerre) pour le construire ? où pouvait donc se trouver le Mur ? STRAB. 13,1,36 (trad. TARDIEU) : « Telle est, en outre, la proximité du Naustathme (comme on l’appelle encore aujourd’hui) par rapport à la ville actuelle [d’Ilion], qu’elle donnerait lieu en vérité de se demander comment les Grecs, d’une part, ont pu être si peu sages et les Troyens, de l’autre, si peu hardis : les Grecs, si peu sages d’avoir tant attendu pour fortifier une position pareille à portée de la ville ennemie et de l’immense agglomération de ses défenseurs, indigènes et auxiliaires, puisque Homère confesse que le mur du Naustathme ne fut élevé que très tard, si même il a jamais existé ailleurs que dans l’imagination du poète (…) ; – et les Troyens, de leur côté, si peu hardis d’avoir laissé bâtir un mur, qu’il leur fallut plus tard forcer, quand ils se ruèrent enfin sur le Naustathme à l’attaque des vaisseaux, et de n’avoir pas osé s’approcher du Naustathme ni en faire le siège, quand la muraille n’était pas encore construite, bien qu’il y eût pour cela si peu de distance à franchir, vu que le Naustathme touchait à Sigée et à l’embouchure du Scamandre, laquelle n’est qu’à 20 stades d’Ilion. »
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La saynète de l’Ars a vraisemblablement quelque chose à voir avec ces deux questions : le récit d’Ulysse évoque une construction et une destruction de murailles en bord de mer, dans un contexte iliadique, et quelques indices confirment, semble-t-il, le bien-fondé de ce rapprochement : la construction du Mur des Achéens est désignée dans les scholies homériques par le terme de Teichopoiia. Ce terme désigne à la fois la construction elle-même et l’épisode qui la relate : ἀνέπλασε τὴν τειχοποιΐαν ὁ ποιητής « le poète a imaginé la Construction du mur » 17. Il n’y a guère meilleur moyen de traduire en latin le grec teichos poiein qu’avec la formule muros facere. Le fait qu’Ulysse, dessinant son œuvre sur le sable : opus pingit (132), procède, lui-aussi, à une Teichopoiia est peutêtre indiqué par la parenthèse : muros in litore fecit (133). Le héros dessine, certes, les murailles de Troie, et non pas le Mur des Achéens ; mais en définitive c’est bien un Achéen qui édifie un mur sur un rivage. Quant à la destruction, Calypso demande régulièrement à Ulysse de lui narrer les malheurs de Troie : Troiae casus : une Chute de Troie, un Excidium Troiae en quelque sorte 18. Le passage ovidien traite donc, selon des modalités différentes, d’une construction (muros… fecit) et d’une destruction (Troiae casus) dans le cadre d’une narration iliadique. La question de la disparition (aphanismos), thème essentiel pour les exégètes de la Teichopoiia – on le verra, est fortement évoquée dans le passage ovidien. Calypso, celle qui cache 19, assiste, chez Ovide, à la disparition de la Troie de sable. Son nom se retrouve étrangement dans la racine du verbe évoquant la destruction du Mur des Achéens (Il., 12,31 : « Poséidon cacha (ψαμάθοισι κάλυψε) le vaste rivage sous les sables, après avoir détruit le Mur » 20). Le dieu, incarnation de l’élément marin dans la tradition des allégoristes 21, qui figure nommément dans le passage iliadique comme acteur majeur de la destruction du Mur des Achéens, trouve une vaguelette comme équivalent dans la destruction de la petite Troie ovidienne. Le rivage troyen revient à son état originel après la destruction du Mur par l’élément liquide qui ramène le rivage à son état naturel (Il., 12,31-32 : αὖτις δ᾽ ἠϊόνα μεγάλην ψαμάθοισι κάλυψε / τεῖχος ἀμαλδύνας). 17
Schol. bT ad Il. 12,3-35. Calypso réclame « les destins sanglants du chef des Odryses ». La Dolonie jouit d’une certaine faveur dans la poésie augustéenne. Ulysse s’arroge la gloire d’avoir ramené les chevaux de Rhésos. Voir JOLIVET (2004). 19 Voir BUFFIÈRE (1956), p. 461. 20 Le fait est d’ailleurs qu’une disparition analogue attend Ulysse dans la suite de ses pérégrinations : HOM., Od., 5,434 : τὸν δὲ μέγα κῦμα ἐκάλυψεν. Net parallélisme d’expression avec l’Ars 2,139-140 (subitus fluctus abstulit) qui renvoie assez clairement au locus homérique et peut donc mettre sur la voie d’une mise en relation du verbe kaluptein avec la Calypso ovidienne. 21 HERACLIT., All., 38 : (trad. BUFFIÈRE) : « Quant au mur grec, ce rempart qu’ils avaient élevé occasionnellement pour leur sécurité, je ne crois pas, moi, que ce soit Poséidon leur allié qui l’ait démoli : quelque pluie torrentielle se produisit, les fleuves de l’Ida débordèrent, et il advint que le mur fut renversé ; et l’on rendit responsable de l’affaire Poséidon, qui préside à l’élément liquide ». 18
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De même, la vaguelette ovidienne fait retrouver à la plage de Calypso son aspect originel 22. 2. Enquêtes topographiques sur la Troade homérique Une fois le lien établi entre la Troie de sable et le Mur des Achéens, on remarquera qu’Ulysse propose à Calypso, pour appuyer son récit, un schéma de la topographie iliadique. Il ne s’agit pas uniquement ici d’une reprise du motif qui consiste à peindre Troie dans une goutte de vin 23. Les déictiques indiquent des lieux précis de la Troade ou du camp des Achéens. Or, la question de la topographie troyenne revêt une importance particulière pour l’interprétation historique d’Homère. On sait combien ces enquêtes furent importantes à l’époque hellénistique et impériale, notamment, pour ce qui concerne l’Iliade, à propos du catalogue des vaisseaux ou du catalogue des Troyens, du camp des Achéens et du Naustathme 24 : Strabon, par exemple, reprend au début de l’époque impériale les questions de topographie et de géographie homériques qui avaient été traitées avec acribie au deuxième siècle av. J.-C. par les plus grands spécialistes (Aristarque, Cratès de Mallos, Démétrios de Scepsis, Apollodore d’Athènes) 25. Le géographe fait référence aux recherches concernant la plaine de Troie en invoquant d’ailleurs le témoignage d’Ulysse, et notamment les indications topographiques qu’il donne au chant 10 de l’Iliade, durant la Dolonie, c’est-à-dire précisément, l’épisode qu’Ulysse narre à Calypso dans l’Ars 26. Celui-ci faisait donc l’objet d’une exploitation documentaire de la part des commentateurs. 22
Un écho, plus difficile à évaluer, renvoie – peut-être – aux circonstances de la destruction du Mur des Achéens (Il., 12,20-22). Dans le catalogue des fleuves détruisant le Mur, figure le Rhésos. Or la tradition établit un lien entre l’hydronyme et le patronyme du roi thrace, ici désigné comme rex Odrysius. L’homonymie fut sans doute prise en compte dans les travaux de Démétrios sur la Troade (TRACHSEL [2014], p. 277-278) ; elle est relevée par Strabon (STRAB. 13,1,21) ; Parthénios fait de la mort du roi thrace près du fleuve lors de la Dolonie l’aition du nom du cours d’eau (PARTH., Narr., 34,4). 23 TIB. 1,10,29,32 ; OV., Her., 1,31-36. 24 Voir TRACHSEL (2014) et la bibliographie. Pour CRATÈS, Fr. 19 (Broggiato) et PORTER (1992), p. 109. 25 Strabon reflète les débats interprétatifs relatifs à Homère au tout début de notre ère. Il commence sans doute la composition de sa Géographie assez tard dans sa vie, vers 7 ou 18 après J.-C. (voir AUJAC [1966], p. 13), mais effectue de longs séjours à Rome à partir de 44 av. J.-C. Les discussions qui paraissent dans sa Géographie étaient d’actualité dès le premier siècle av. J.-C. Le géographe considère Homère comme une importante autorité en matière de topographie troyenne, lui accordant une valeur documentaire ; voir AUJAC (1966), p. 17-36 ; KIM (2010), p. 47-84 ; TRACHSEL (2014), p. 30-39. 26 STRAB. 13,1,36 (trad. TARDIEU) : « Non, la distance du Naustathme à la ville était fort considérable, c’est ce que prouvent et ce passage du faux récit que fait Ulysse à Eumée : ‘Comme en ces jours où nous dressions sous Troie quelque adroite embuscade’ (Od., 14,469), passage qui se termine un peu plus bas par ces mots : ‘Car nous nous sommes par trop éloignés des vaisseaux’ (Od., 14,496), et cet autre passage relatif aux
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À cet intérêt pour la topographie iliadique, sans parler des Tabulae Iliacae, la poésie latine offre d’ailleurs un écho plus ou moins direct, par exemple, dans l’Énéide, par les illustrations figurant sur le temple de Junon à Carthage (Aen., 1,464-468 et 469-473, avec une représentation de la Dolonie), lors de l’évocation de la visite du camp achéen par les Troyens (Aen., 2,27-30) ou encore dans la première Héroïde, (Her., 1,29-36). Différents éléments topographiques énoncés par l’Ulysse de l’Ars méritent ainsi d’être passés en revue. Ulysse évoque l’emplacement du Simoïs (134 : Hic tibi sit Simois) emplacement discuté (schol. ad Il. 12,22a (…) διὰ μέσου γὰρ τοῦ πεδίου φέρεται. « Le Simoïs coule au milieu de la plaine »). De même pour l’emplacement du camp d’Ulysse (134 : Haec mea castra puta), dont Aristarque s’était préoccupé : Schol. A ad Il. 11,6 : (Aristonicus) πρὸς τὰ περὶ τοῦ ναυστάθμου ὅτι ἐν μέσῳ τὰς τοῦ Ὀδυσσέως ὑποτίθεται, ἐφ’ ἑκατέρου δὲ κέρατος τὰς Ἀχιλλέως καὶ Αἴαντος. « pour le traité [?] Sur le Naustathme 27, parce qu’il place les d’Ulysse au milieu et à chaque extrémité du croissant [i.e. du croissant constitué par les navires] ceux d’Achille et d’Ajax. »
La question de la plaine de Troie et de son emplacement se pose à l’époque hellénistique en lien avec la situation de la Troie homérique. En la dessinant – avec une certaine insistance, 135 : Campus erat (campumque facit) – Ulysse répond ici opportunément au problème homérique classique du Τρωικὸν πεδίον dont s’était occupé, entre autres, Démétrios de Scepsis, spécialiste du catalogue des Troyens (Strab. 13,1,33-34 = Demetr. Scep., fr. 26 Gaede) 28. Selon Démétrios, que cite Strabon, une grammairienne d’Alexandrie, nommée Hestiée, s’était préoccupée, dans son Commentaire de l’Iliade, de la situation du théâtre des opérations et, semble-t-il (le texte de Strabon est vraisemblablement lacunaire), de l’emplacement de cette fameuse plaine de Troie, que le poète signale entre la ville et la mer. En effet, dit Strabon, « le terrain qu’on voit en avant de la ville actuelle [d’Ilion] a été formé à une époque postérieure des alluvions des fleuves 29. »
espions que les Grecs se proposent d’envoyer à la découverte, pour apprendre d’eux si les Troyens comptent demeurer près des vaisseaux à une si grande distance de leurs propres remparts, ‘Ou s’ils doivent bientôt se replier sur leur ville’ (Il., 10,208). » 27 Voir e.g. LEHRS (18823), p. 224 ; TRACHSEL (2014), p. 28. 28 Sur Démétrios, voir TRACHSEL (2014). 29 Strabon s’opposait à l’identification entre la Troie homérique et l’Ilion hellénistique, en montrant que la topographie supposée par les événements de l’Iliade était incompatible avec la topographie d’Ilion. Hestiée d’Alexandrie est fort mal connue : l’essentiel pour nous est que les questions ici traitées remontent au moins au deuxième siècle av. J.-C. Le zètèma de la plaine de Troie se pose par exemple à propos de la poursuite d’Hector par Achille : STRAB. 13,1,37. Voir TRACHSEL (2009), p. 85-86 ; TRACHSEL (2014), p. 200.
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Ulysse fait encore allusion à l’itinéraire qu’il emprunte avec Diomède pour ramener les chevaux de Rhésos au camp des Achéens, à la fin de leur expédition nocturne, la fameuse Dolonie (138 : Hac ego sum captis nocte reuectus equis). Or, on ne rentre peut-être pas par n’importe quelle porte du Mur avec des chevaux. Eustathe a conservé les traces d’une polémique impliquant Aristarque et relative aux portes construites par les Achéens dans le Mur pour accéder au Naustathme (Eust., ad Il. 7,438 vol. 2, p. 491,18-492,2V) 30 : Ἐν δὲ τῷ «πύλας ἐνεποίεον εὖ ἀραρυίας», γράφουσί τινες « πύλας ἐνεποίεον ἑπτ’ ἀραρυίας », ὡς ἑπτὰ πυλῶν οὐσῶν ἐκεῖσε, ἱππηλάτων δηλαδὴ κατὰ τὸν ποιητὴν εἰπόντα «ὄφρα δι’ αὐτῶν ἱππηλασίη ὁδὸς εἴη». Ἀρίσταρχος μέντοι, ὡς καὶ προεδηλώθη, ἐναντιούμενος καὶ δοκῶν παραδοξολογεῖν ἐπαγωνίζεται δεῖξαι πυλίδας μὲν πολλὰς εἶναι πρὸς διαφόρους χρείας, ἱππήλατον δὲ μίαν ἐπὶ τὰ ἀριστερὰ τοῦ ναυστάθμου περὶ τὸ προρρηθὲν Ῥοίτειον ἀκρωτήριον. « Au vers, ‘ils firent des portes bien ajustées’ (Il., 7,438), certains lisent ‘ils firent sept portes ajustées’, dans l’idée qu’il y avait sept portes à cet endroit, propres à laisser passer les attelages, assurément, puisque le poète dit ‘afin qu’elles ménagent un passage pour les attelages’. Aristarque cependant, comme il a été dit auparavant, s’oppose à ce point de vue, semble dire des extravagances et se démène pour démontrer qu’il y avait plusieurs portes pour différents usages, mais une seule porte faisant passer les chevaux, située sur la gauche du Naustathme, dans la direction du cap Rhétée dont on a parlé 31. »
Le paysage troyen, et plus précisément le paysage de la Dolonie, est ce qui intéresse particulièrement Ulysse 32. Ainsi, la représentation de l’espace troyen correspond aux enquêtes documentaires des exégètes (emplacement de la plaine, porte aux chevaux dans le Mur, emplacement du Mur). Ces emplacements, l’Ulysse latin n’est pas le seul à s’y intéresser. Aristarque avait apparemment consacré un traité particulier au Naustathme 33 et aurait annexé à ce travail un plan établi d’après les données topographiques contenues dans l’Iliade qui ne devait guère différer du schéma de l’Ulysse ovidien ! Ce plan se trouve mentionné deux fois dans nos scholies : τὸ περὶ τοῦ ναυστάθμου διάγραμμα (schol. ad Il. 11,166a) et τὸ τοῦ στρατοπέδου διάγραμμα (schol. ad Il. 11,807a). En évoquant les lieux « réels » de la Troade homérique et du camp des Achéens, en en dressant la carte, à la façon d’un savant alexandrin, l’Ulysse ovidien apporte donc un témoignage qui peut évoquer au lecteur érudit la tradition de l’interprétation historique d’Homère. Ce témoignage n’est toutefois pas sans sel : Ulysse dessine ce plan tiré de son expérience iliadique sur une plage de l’île de Calypso, lieu par excellence de la géographie imaginaire de l’Odyssée 30 La discussion d’Eustathe correspond peut-être à une scholie perdue de Didyme. Voir ERBSE, ad loc. in apparatu. 31 Cf. SCHOL. T ad Il. 7,339 b 1 ; SCHOL. ad Il. 12,118-119. 32 Même préoccupation chez DIO CHRYS. 11,75-76. Voir TRACHSEL (2009), p. 85-86. 33 LEHRS (1882), p. 221-224.
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puisque certains la considèrent comme une ἐκτετοπισμένη νήσος, que le poète aurait inventée de toutes pièces (πλάττεσθαι τῷ ποιητῇ), à l’instar d’autres lieux du poème 34. Le plan tracé par Ulysse se trouve irrémédiablement effacé par une vague, avec le schéma du camp achéen et de la plaine de Troie : tout espoir d’en reconstituer la topographie disparaît, comme le laisse entendre la sentencieuse conclusion de Calypso. Cette situation délibérément imaginaire du récit d’Ulysse et la disparition du précieux plan sous l’égide de celle qui voile (Calypso) vouent à l’oubli la Troade iliadique. 3. Plasma, aphanismos et licence poétique Après cet effacement désinvolte des derniers indices topographiques, il est temps de revenir à l’épisode de la Teichopoiia. On a vu que l’historiette ovidienne de la destruction par la vague du château de sable d’Ulysse trouve son origine dans une comparaison appliquée à la destruction du Mur des Achéens (Apollon détruisant le mur comme un enfant fait d’un château de sable sur une plage). Il n’est dès lors pas absurde de se demander si les analyses des commentateurs relatives à la Teichopoiia peuvent être confrontées au passage de l’Ars. S’il est un passage de l’Iliade qui a particulièrement illustré le conflit de l’interprétation historique et de l’interprétation par la liberté poétique dans les commentaires anciens, c’est bien cet épisode. Le dossier exégétique est trop fourni et complexe pour être présenté ici dans tous ses détails 35. Il suffit de dire que certains commentaires accumulent les problèmes posés par le Mur des Achéens du point de vue de la vraisemblance du récit ; certains autres vont jusqu’à considérer la Teichopoiia, du fait de son caractère hautement problématique, comme une forgerie, une espèce de fiction, et tentent de justifier Homère d’une liberté prise avec la vérité « historique » en invoquant des solutions qui relèvent soit de la licence poétique, soit d’une volonté du poète, conscient de la valeur documentaire que la postérité prêtera à sa parole et détruisant le Mur par provision, afin que nul ne le recherche dans l’avenir 36.
34 EUST., ad Od., 4,558, p. 1508, 59. Cf. SCHOL. ad Od. 4,558 b (à propos de l’île de Calypso : δῆλον κἀκ τούτου ὅτι ἐξωκεάνισται ἡ νῆσος) et PONTANI (2014), ad loc. Sur les notions d’ektopismos et d’exoceanismos appliquées par les exégètes à la géographie imaginaire de l’Odyssée, voir LEHRS (1882), p. 244-245. 35 Voir PORTER (2011) ; JOLIVET (2014), p. 46-59 ; BOUCHARD (2016), p. 272-289. 36 La scholie bT ad Il. 12,3-35 est un bon exemple. Elle justifie ainsi la construction et la destruction du Mur : pourquoi Homère construit-il le mur ? Il a imaginé la Teichopoiia pour pouvoir donner dans l’Iliade une scène de siège, un assaut de mur, une Teichomachia, ce qu’il ne pouvait faire avec les murs de Troie, construits par les dieux et donc imprenables. Pourquoi Homère détruit-il le mur ? Le poète, dans sa prudence, fait détruire le Mur par les dieux afin qu’aucun savant n’ait ensuite l’idée de rechercher son emplacement et de prouver son mensonge par l’absence de traces. Il se protège ainsi à l’avance de toute accusation de forgerie. On remarquera que la solution adoptée par
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Certains problèmes posés par l’épisode de la Teichopoiia ont été compilés par Porphyre (Porph., ad Il. 12,10-32, 1-2) : Διὰ τί τὸ τεῖχος οἱ μὲν Ἀχαιοὶ μιᾷ ἡμέρᾳ ἐποίησαν, ὁ δὲ Ἀπόλλων καὶ ὁ Ποσειδῶν ἐννέα ἡμέραις κατέβαλον; ἄλογον γὰρ τὸ μὲν χαλεπώτερον ῥᾳδίως τοὺς ἀνθρώπους ποιῆσαι, τὸ δὲ ῥᾷον, τὸ καταβαλεῖν τοῦ οἰκοδομῆσαι, τοὺς θεοὺς μόλις. « Pourquoi les Achéens ont-ils bâti le mur en un jour alors qu’Apollon et Poséidon ont mis neuf jours à le détruire ? Il est de fait illogique que les hommes aient accompli la tâche la plus difficile avec facilité et les dieux, la plus facile (détruire est plus facile que construire) avec difficulté. »
La solution consiste à dire qu’Homère a peu insisté sur la construction du Mur parce qu’il était inconvenant de représenter rois et héros travaillant comme des maçons et charriant des pierres. En revanche, il le fait détruire par les dieux en neuf jours pour magnifier son récit (Porph., ad Il. 12,10-32, 5-6) : ἅμα δὲ καὶ τῷ ποιητῇ ἡ μὲν τῶν Ἀχαιῶν τειχοποιία οὐ παρεῖχε τὴν διατριβήν· οὐ γὰρ εὐπρεπὲς τοὺς ἀριστέας ποιῆσαι λιθοφοροῦντας· ἡ δὲ τῶν θεῶν μεγαλοπρεπής· τοῖς γὰρ ποταμοῖς καὶ τῇ τριαίνῃ διέλυον τὸ τεῖχος. « Dans le même temps la ‘construction du mur’ des Achéens n’a pas donné au Poète l’occasion de s’attarder : c’est qu’il n’était pas convenable de montrer des héros transportant des pierres. En revanche du Mur par les dieux est convenable et grandiose : c’est par les fleuves et au moyen du trident qu’ils détruisaient le Mur. »
La construction du Mur (par les Achéens) comme sa destruction (par les dieux) n’apparaissent ni vraisemblables ni nécessaires aux critiques : il est inutile et invraisemblable de le construire si tard dans la guerre, il est inutile et invraisemblable de le faire détruire si tard, après la guerre, quand nul ne s’en soucie plus ; par ailleurs la narration n’insiste pas sur la construction pour ne pas montrer des rois à la tâche et des héros à la peine (οὐ γὰρ εὐπρεπὲς τοὺς ἀριστέας ποιῆσαι λιθοφοροῦντας) ; en revanche, la destruction cause trop de peine aux dieux, qui doivent mobiliser les forces de la nature. La construction comme la destruction ne présentent donc ni vraisemblance, ni nécessité. On peut remarquer que ces questions ne se posent pas dans le récit ovidien où l’on a affaire à un autre type de plasma et d’aphanismos. Ainsi, la Teichopoiia ovidienne (muros in litore fecit) ne mobilise pas le dur labeur des rois achéens : un seul roi achéen, à l’aide d’une légère baguette, trace les murailles de Pergame dans le sable 37 : Virgile ou sa source au chant 2 de l’Énéide est de faire prendre le mur de Troie par les dieux eux-mêmes. 37 La schol. ad Od. 5,238b justifie la relégation de la construction du radeau d’Ulysse à l’extrémité de l’île de Calypso (νήσου ἐπ’ ἐσχατιῆς) par le souci de rapprocher le chantier du rivage et de ne pas montrer le héros charriant de lourdes charges : ὑπὲρ τοῦ μὴ ἀχθοφόρον τὸν ἥρωα φαίνεσθαι μακρόθεν φέροντα τὰ ξύλα εἰς θάλασσαν. La leuis uirga ovidienne satisfait aux mêmes exigences.
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amusant paradoxe, car la « véritable » construction avait coûté beaucoup de peine à Apollon et à Poséidon, un labor difficilis, comme Ovide le rappelle luimême dans les Métamorphoses 38. Quant à l’aphanismos, qui survient, répétons-le, sous les yeux experts en la matière de Calypso, il est instantané (subitus cum Pergama fluctus / abstulit) : beaucoup plus rapide que la destruction du Mur des Achéens dans l’Iliade, qui dure neuf jours, mobilise tous les fleuves de Troade et la pluie de Zeus, lequel a grand mal à accélérer les choses (Il., 12,26 : ὄφρά κε θᾶσσον ἁλίπλοα τείχεα θείη : « afin que le dieu recouvre d’eau le Mur plus promptement »). Cette disparition pose bien des problèmes aux commentateurs et ne se trouve justifiée que par son caractère grandiose chez Porphyre ; c’est au fond la destruction des Murs de Troie par les dieux dans le chant 2 de l’Énéide (604-631) qui en est l’héritière. Dans l’Art d’aimer, une simple vaguelette suffit, qui ramène le rivage à son état originel, comme c’est le cas pour le rivage de la Troade au chant 12 de l’Iliade. Il est remarquable que les évocations de la destruction du Mur des Achéens, celle du chant 12 et celle du chant 15, aient servi de modèle pour la Teichomachia 39 divine de l’Énéide et pour la destruction de la Pergame miniature de l’Ars. En somme les problèmata soulevés par les lecteurs anciens à propos du Mur se trouvent de façon assez curieuse résolus par la Teichopoiia ovidienne : absence de distorsion entre le temps de la construction et le temps de la destruction ; absence de ponos aussi bien pour le constructeur, Ulysse, que pour la vague destructrice. Cette hypothèse d’une Teichopoiia revue et corrigée pour ne plus présenter les problèmes de l’épisode iliadique pourrait sembler hardie si elle ne se trouvait confirmée dans une scholie au passage même de l’Iliade qui a inspiré la saynète de destruction ovidienne, à savoir la comparaison homérique qui assimile l’action destructrice d’Apollon lors de l’assaut des Troyens contre le Mur des Achéens à celle d’« un enfant qui au bord de la mer édifie avec le sable des constructions pour jouer, qu’il s’amuse ensuite à abattre d’un coup de pied ou d’un revers de main. » Le commentaire mérite une certaine attention : Schol. bT ad Il., 15,362-364 : ῥεῖα μάλ’, ὡς ὅτε τις : καὶ πῶς τοῖς θεοῖς πολλοῦ ἐδέησε πρὸς παντελῆ ἀφανισμόν (Il. 12,17-35); T διαναπαύουσι δὲ τὸν πόνον αἱ παραβολαί. καὶ ταπεινὴ μὲν ἡ εἰκών, ὅμως πᾶσι γνωστή. « fit tomber fort aisément le Mur des Achéens, comme un enfant le sable, au bord de la mer, etc.>’ : et comment a-t-il fallu beaucoup d’efforts aux dieux pour parvenir à un effacement total ? Les comparaisons introduisent une pause dans le labeur. En outre l’image relève d’un registre bas, mais connu de tous 40. » 38
Ov., Met., 11,199-201. Voir note 36. 40 SCHOL. bT ad Il. 15,363a : πιθανῶς παίγνιά φησι τὰ δώματα τῶν νηπίων. « Il désigne de façon convaincante les maisons que bâtissent les enfants comme des jouets. » 39
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Apollon renverse le Mur très facilement, comme un enfant fait d’un château de sable sur la plage, alors qu’il faudra, après le départ des Achéens, neuf jours aux dieux, à l’aide de tous les fleuves de Troade, de la pluie de Zeus et du trident de Poséidon pour abattre le Mur (Il. 12,17-35). Tel est le zètèma : il souligne la contradiction entre la facilité de la destruction du Mur par Apollon (ῥεῖα μάλ’) et l’effort dantesque que doivent déployer les dieux pour faire disparaître le Mur à la fin de la guerre. La solution qui semble envisagée est la suivante : les comparaisons permettent d’introduire une pause dans le πόνος – la peine prise par les acteurs du récit ? mais aussi celle qu’éprouve le lecteur en prenant part, en quelque sorte, à l’effort déployé dans le récit 41. Il s’agirait donc de délasser le lecteur par une sorte d’ellipse, de narration indirecte et économique de la destruction. Cette comparaison facilite la destruction, en quelque sorte. Il en va de même dans la saynète ovidienne : les murs de Troie ne sont pas détruits au prix du labeur des dieux, de l’angoisse de l’auditoire et d’une longue narration. Une vaguelette suffit, elle apporte un terme contre l’attente à tout un récit iliadique. Par ailleurs, le registre stylistique de la comparaison d’Apollon avec l’enfant destructeur est considéré comme ταπεινός dans la scholie 42. Ce registre n’était apparemment pas approprié à la μεγαλοπρέπεια d’une destruction divine du prestigieux Mur des Achéens. Mais la comparaison correspondait au moins à une scène que tout le monde connaît, la destruction d’un château de sable sur une plage. Ce caractère familier à tous et expressif excusait apparemment l’inadéquation du registre 43. La miniaturisation ovidienne de ces scènes de construction et de destruction grandioses, suggérée par la comparaison homérique d’Apollon et de l’enfant construisant et détruisant un château de sable, permet au Magister Amoris d’imaginer une Teichopoiia sans problèmes, avec un casus Troiae particulièrement bref et contre l’attente. Tout le grandiose, toute la μεγαλοπρέπεια de la destruction de Troie se trouvent ainsi réduits, dans le cadre de cet excidium Troiae en miniature, à l’action d’une vaguelette contre un château de sable. Strabon, pour revenir à lui, envisage un instant, comme solution aux problèmes posés par le Mur 44, la possibilité qu’il n’ait tout simplement pas existé et cite sur ce point Aristote (Strab. 13,1,36 = Arist., fr. 162 Rose) : νεωστὶ γὰρ γεγονέναι φησὶ τὸ τεῖχος ἢ οὐδ´ ἐγένετο, ὁ δὲ πλάσας ποιητὴς ἠφάνισεν, ὡς Ἀριστοτέλης φησίν. « Le poète dit que le Mur a été construit tardivement. Ou bien alors le Mur n’a pas existé et c’est le poète qui l’a inventé qui l’a fait 41 NÜNLIST (2009), p. 153, n. 71, rattache de fait la scholie à l’évocation des moyens employés par le poète pour accorder un moment de détente au lecteur (ἀναπαύειν). 42 Sur ce point, voir NÜNLIST (2009), p. 296. 43 NÜNLIST (2009), ibid. : « On the positive side, the reader’s close familiarity with the phenomena in question makes the similes all the more illustrative and persuasive », à propos de la scholie. 44 STRAB. 13,1,36 cité supra, note 16.
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disparaître, comme le dit Aristote. » L’interprétation de cette formule, lapidaire et prise hors de son contexte, est fort difficile 45, de même que le sens du verbe plattein, difficile à déterminer, n’était sans doute pas exactement le même pour Aristote et pour Strabon 46. La formule d’Aristote constitue sans doute une lysis ; mais on ne sait à quel zètèma elle répondait. Il est toutefois vraisemblable qu’elle attire l’attention sur la nature fictionnelle ou, pour le dire plus prudemment, inventée, du mur des Achéens 47. Quoi qu’il en soit, à un plasma succède apparemment un aphanismos. En rendant le Poète responsable en dernière instance de la « construction » et de la destruction du Mur, l’expression ὁ δὲ πλάσας ποιητὴς ἠφάνισεν balaierait en somme soit le bien-fondé d’une interprétation « historique » du Mur, soit les critiques relatives à l’organisation de la narration (rapidité invraisemblable de la construction par les Grecs, lenteur invraisemblable de la destruction par les dieux, caractère intempestif de la prédiction de la destruction – dès le chant 7 – tout comme de la destruction elle-même – après le départ des Grecs). La libre régie du récit par le Poète se trouverait affirmée (et tout se trouverait donc explicable par la licence poétique). Il n’est peut-être pas indispensable de comprendre exactement ce que voulait dire Aristote ou la manière dont l’entendait Strabon pour s’interroger sur la Teichopoiia ovidienne. Qu’en est-il, en effet, du passage de l’Ars ? Il y est question d’un plasma : la nature construite, fabriquée, du château de sable ovidien est soulignée par l’emploi, à deux reprises, du verbe facere (133 : muros in litore fecit… ; 135 : campum… facit) et par celui, à deux reprises, du verbe pingere (132 : pingit opus ; 139 : pluraque pingebat). À un autre degré, l’épisode odysséen lui-même est d’ailleurs une forgerie homérique du Magister amoris, un plasma, dans une perspective de « continuità delle storie, continuazione dei testi », pour reprendre une célèbre formule. La saynète de l’Ars évoque aussi un aphanismos et voue à la disparition non seulement le plan fidèle de la Troade que trace un témoin autoptique, mais encore le récit iliadique d’Ulysse, interrompu brutalement. En un sens, l’historiette ovidienne est construite sur un procédé narratif cher à Ovide, une sorte de deceptio exspectationis. Le récit d’Ulysse est interrompu alors qu’il s’apprêtait à en dire davantage : pluraque pingebat cum…, etc. La Dolonie d’Ulysse ne sera pas racontée à Calypso : c’en est fini des récits iliadiques. Ils disparaissent, car tel est le bon plaisir du Magister amoris. Ainsi, même si les tenants et les aboutissants exacts de l’influence des commentaires antiques de l’Iliade et de la Teichopoiia en particulier sur le récit ovidien sont impossibles à déterminer, il paraît peu probable que la réflexion antique sur la topographie troyenne et sur le Mur des Achéens n’ait BOUCHARD (2016), p. 272-289. BRÉCHET (2010). 47 Le sens même du participe dans la formule d’Aristote n’est pas obvie. Voir BOUCHARD (2016), ibid. 45 46
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pas, directement ou indirectement, influencé l’historiette contée par Ulysse. D’une certaine manière, le passage de l’Ars, en déplaçant la problématique de la construction et de la disparition du Mur des Achéens aux murailles d’une Troie de sable, provisoirement réédifiées par Ulysse dans son récit balnéaire de la Dolonie, pourrait peut-être signifier que raconter la construction de Troie (muros fecit) et sa destruction (Troiae casus) présente des analogies avec ce qui concerne le plasma et l’aphanismos du Mur des Achéens : d’un point de vue ovidien, il est hors de doute que le poète en soit l’ultime responsable. Certains critiques anciens voyaient dans le problématique Mur des Achéens une création, une forgerie d’Homère, alors qu’ils n’auraient sans doute pas osé penser la même chose au sujet des murailles de Troie, du Naustathme lui-même, etc. Il était sans doute impossible pour beaucoup d’interpréter la topographie iliadique comme relevant de la pure licence poétique, de la pure invention. Mais d’un point de vue ovidien, la construction des murs (les murs de Troie comme le Mur des Achéens) est en définitive la construction des poètes (plasma) et ce sont les mêmes poètes qui les détruisent (aphanismos), et ce de la façon qu’ils veulent, avec μεγαλοπρέπεια, dieux et tridents, comme le font Homère et Virgile ou avec ταπεινότης, comme le fait une petite vague inspirée d’une comparaison homérique dans l’Ars amatoria. Tous ces récits ne contiennent en définitive que des nomina, comme le dit la Calypso latine, de uana nomina, de purs noms, de vains noms sans substance. En quelque sorte le geste du Magister amoris à l’égard de la Dolonie narrée par Ulysse reproduit celui prêté à Homère par Strabon lecteur d’Aristote à l’égard du récit du Mur des Achéens : le poète fait disparaître ce qu’il avait façonné : ὁ δὲ πλάσας ποιητὴς ἠφάνισεν.
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Index locorum ACRON (PS.-) Ars 355 : 47 (n. 17) Epod. 17.51 : 46 (n. 15)
APSINÈS Rhet. 3.25-27 : 76 (n. 22) Rhet. 3.48-55 : 76 (n. 22)
ADNOTATIONES SUPER LUCANUM 2.70 : 143-144 4.824 : 145 (n. 43)
AQUILA ROMANUS Fig. 18 : 86 (n. 5)
ALCMAN fr. 3 Calame : 170 ALCESTE 170
DE
BARCELONE
ALEXANDRE LE RHÉTEUR Fig. 2.1 : 76 (n. 20) ANONYME DE SÉGUIER : 1.1 P. : 67 1.9-12 P. : 67 Rhet. 82-83 : 76 (n. 21) Rhet. 141-142 : 75-76 Rhet. 242 : 76 (n. 20) ANTAGORAS fr. 1.1 P : 198 (n. 23) ANTHOLOGIE DE PLANUDE 188 : 172 (n. 30) 189 : 172 (n. 30) ANTHOLOGIE PALATINE 6.122 : 172 (n. 30) 6.127 : 172 (n. 30) 6.270 : 172 (n. 30) 7.200 : 172 (n. 30) 9.315 : 172 (n. 30) 9.564 : 172 (n. 30) 13.19 : 109 (n. 9) APHTHONIUS Prog. 34.4-5 R. : 78 (n. 26) Prog. 35.1-10 R. : 78 (n. 28)
ARATOS Phaen. 1.1-18 : 199 (n. 25) ARISTOPHANE Plut. 851-852 : 112 (n. 14) Th. 383-388 : 12 (n. 6) ARISTOTE fr. 162 R. : 262-263 fr. 501 R. : 18 (n. 25) Poet. 1459a17-59b1 : 85 (n. 2) Poet. 1462b.1-1 : 85 (n. 2) Poet. 1448a : 122 (n. 6) ; 167 ; 206 (n. 54) Poet. 1448b : 121 (et n. 4) Rhet. 3.1414a31-36 : 61 (n. 15) ARISTOTE (PS.-) Probl. 19.48 : 113 (n. 16) ATHANASE Ad Marcell. PG 27, 24 A : 240 ATHÉNAGORAS Legatio 29 : 201 (n. 35) ATHÉNÉE 7.318b : 201 (n. 38) 8.347e : 121-122 (et n. 5) AUGUSTIN Conf. 1.13 : 209 (et n. 8) ; 217 (et n. 15) Conf. 1.27 : 80 (et n. 33) Conf. 3.4.7 : 207 (et n. 2) Conf. 3.5.9 : 208 Conf. 3.6.10 : 210 (et n. 9) Contra Faustum 22.25 : 220 (et n. 20)
282
INDEX LOCORUM
De catechizandis rudibus 9.13 : 208 (et n. 5) De utilitate credendi 4 : 212 De utilitate credendi 5 : 213 (et n. 13) De utilitate credendi 6 : 213-215 Serm. 241 : 208 (n. 6) Serm. 105 : 216-217 Serm. 374 : 208 (et n. 7) BACCHYLIDE 9.33 : 109 (n. 9) BREVIS EXPOSITIO GEORGICORUM Praef. p. 195,23-196,7 H. : 66 Praef. p. 198,5-12 H. : 65-66 1.310 : 48 2.98 : 66 CALLIMAQUE Ep. 2.4 Pf. : 112 (n. 14) Ep. 5 Pf. : 201 (et n. 38) Ep. 55 Pf. : 201 (n. 38) Ep. 56 Pf. : 201 (n. 38) Iamb. 1 : 196 Iamb. 6 : 202 Iamb. 7 : 199 (et n. 29)-204 Iamb. 7, 1 : 200 Iamb. 9 : 202 Iamb. 13 : 201 (n. 34) Aet. fr. 1.3 Pf. : 85 (n. 2) Aet. fr. 3 Pf. : 194 (n. 6) Aet. fr. 7.13-14 Pf. : 160-161 Aet. fr. 26-31 Pf. : 194 (n. 6) Aet. fr. 35 Pf. : 194 (n. 6) Aet. fr. 70-74 Pf. : 203 Aet. fr. 75 Pf. : 203 Aet. fr. 91-92 Pf. : 201 (n. 36) Aet. fr. 95 Pf. : 196 Aet. fr. 667 Pf. : 194 (n. 6) Hymn. 1.1-14 : 197-198 Hymn. 1.4 : 198 (n. 24) ; 199 Hymn. 1.15-52 : 198 Hymn. 1.55-96 : 198 Hymn. 2.42-46 : 204 Hymn. 2.61-96 : 204 (et n. 40-50) CASSIODORE In psalm. praef. Ad Vig. : 240-241 ; 244 (n. 14) ; 246-248 In psalm. praef. 1 : 237-238
In In In In In In In In In
psalm. psalm. psalm. psalm. psalm. psalm. psalm. psalm. psalm.
praef. praef. praef. praef. praef. praef. praef. praef. praef.
2 : 237 9 : 244 10 : 244-245 11 : 243 13 : 244-245 14 : 242-243 15 : 238-240 ; 242-243 16 : 240-241 17 : 248
CHARISIUS 79 B : 49 (n. 26) 168 B : 49 (n. 26) 227 B : 48 (n. 21) 356 B : 44 370 B : 51 (n. 34) CHRONIQUES (LIVRE I Ch. 23.5 : 237
DES)
CICÉRON Fam. 9.22 : 42 (n. 3), 45 Inu. 1.19 : 61 (n. 17) Inu. 1.20 : 57 Inu. 1.31 : 61 (n. 16), 62 Inu. 1.33 : 64 Orat. 154 : 42 Tusc. 1.85-87 : 145 Verr. 2.2.139 : 43 CLÉANTHE Hymn. : 199 (n. 25) COMMENTA BERNENSIA AD LUCANUM 2,85-86 : 144 (n. 39) 4,824 : 145 (n. 43) 9.979 : 145 (n. 40) CRATÈS fr. 19 B. : 256 (n. 24) DÉMÉTRIOS LACON De poematis 13 : 114 (n. 17) DÉMÉTRIOS DE SCEPSIS fr. 26 G. : 257 DENYS D’HALICARNASSE Opusc. : 68 (et n. 31-32)
INDEX LOCORUM
DIÉGÈSES À CALLIMAQUE Iamb. 1 : 195 ; 203 Iamb. 2 : 203 Iamb. 3-6 : 203 Iamb. 5 : 203 Iamb. 7 : 199-204 Iamb. 13 : 196 ; 201 (n. 34) ; 203 Hecale : 202 (et n. 39) Hymn. 1 : 197-199 ; 202 ; 205 Hymn. 2 : 204-205 DIODORE DE SICILE 1.15.7 : 199 (n. 28) 3.66.3 : 199 (n. 28) 4.2.4 : 199 (n. 28) 37.1.1 : 121-122 (et n. 5) DIOGÈNE LAËRCE 4.20 : 122 (n. 7) DIOMÈDE 1.308 K. : 48 (n. 22) 1.348 K. : 48 (n. 21) 1.450-451 K. : 43-44 (n. 11) DION CHRYSOSTOME 11.75-76 : 258 (n. 32) DONAT (AELIUS) Ars 658 H. : 44 Ars 665-666 H. : 51 (n. 34) Adel. Praef. 1 : 49 (n. 25) Adel. 214 : 45 Adel. 663 : 66 Andr. prol. 1 : 62 (n. 18) Andr. 1.28 : 62 (n. 18) Andr. 505 : 49 (n. 25) Eun. 156 : 51 Eun. 236 : 51 (n. 37) Eun. 476 : 51 (n. 37) Eun. 554 : 49 (n. 25) Eun. 1065 : 49 (n. 25) Hec. 206 : 45 (n. 14) Hec. 527 : 62 (n. 18) Hec. 743 : 62 (n. 18) Hec. 774 : 62 (n. 18) Phorm. 97 : 66 (n. 27) Phorm. 521 : 51 (n. 37)
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Vita Vergiliana 43 : 52 (n. 44) Vita Vergiliana 47 : 149 DONAT (TIBERIUS CLAUDIUS) Proem. I. 1.5-7 G. : 228 (et n. 22) Proem. I. 3.14-18 G. : 60 Proem. I. 3.14-25 G. : 63 Proem. I. 3.27-4.5 G. : 63 Proem. I. 6.9-12 G. : 65 Aen. 1.1 (I.7.5-7 G.) : 60 Aen. 1.1 (I.7.17-24 G.) : 86 (et n. 4) Aen. 1.1-7 : 64 Aen. 1.5-7 (I.10.19-24 G.) : 65 Aen. 1.51-52 (I.24.10-31 G.) : 71 (et n. 3) ; 72 Aen. 1.65-66 (I.25.6-27 G.) : 72 (et n. 5) Aen. 1.65-66 (I.25.27-26.12 G.) : 72 (et n. 6) Aen. 1.67-68 (I.26.11-27.1 G.) : 72 (et n. 7) Aen. 1.69-70 (I.27.1-30 G.) : 72 (et n. 8) Aen. 1.69-70 (I.27.2-15 G.) : 72 (n. 9-10) ; 73 Aen. 1.90-91 (I.32.6-7 G.) : 73 (et n. 12) Aen. 1.92 (I.32.10-18 G.) : 74 (et n. 14) Aen. 1.94 (I.32.18-30 G.) : 74 (et n. 15) Aen. 1.95-96 (I.33.3-6 G.) : 72 (n. 10) ; 74 (n. 16) Aen. 1.132-133 (I.35.22-36.8 G.) : 74 (n. 18) Aen. 1.132 (I.35.26-28 G.) : 58 Aen. 1.196-197 (I.379.19-23 G.) : 90 Aen. 1.260-263 (II.290.28-291.7 G.) : 89 (et n. 7) Aen. 1.305 (I.66.7-16 & 66.27-67.3 G.) : 87 Aen. 1.354 : 66 (n. 27) Aen. 1.522 : 58 Aen. 1.597 (I.117.30-118.1 G.) : 71 (n. 1) Aen. 1.663 (I.130.12 G.) : 71 (n. 1) Aen. 1.664-669 : 58 (n. 7) Aen. 2.97 (I.160.14 G.) : 65 (n. 23) Aen. 2.101-104 (I.161.12 G.) : 65 (n. 23) Aen. 2.116-119 (I.162.26-30 G.) : 233 (et n. 41) Aen. 2.405 : 59 Aen. 2.403-406 : 59 (n. 11) Aen. 2.437 (I.208.26-209.6 G.) : 89 Aen. 3.102 (I.278.11 G.) : 66 (n. 26) Aen. 3.323 : 63 (n. 20) Aen. 3.381-387 (I.319.1 G.) : 91 (n. 9) Aen. 3.707-708 (I.351.16 G.) : 73 (n. 10)
284
INDEX LOCORUM
Aen. 4.9 (I.356.23-27 G.) : 58 Aen. 4.69-73 (I.365.8-15 G.) : 90 Aen. 4.160-172 (I.374.3-376.12 G.) : 223 Aen. 4.169-170 (I.375.17-18 G.) : 65 (n. 23) Aen. 4.172 (I.375.30-376.12 G.) : 229 Aen. 4.173 (Gioseffi) : 226 ; 229-230 Aen. 4.173-197 (I.376.13-379.23 G.) : 95 (et n. 12) ; 222 sqq. Aen. 4.174-190 (I.377.13-16 G.) : 231 (et n. 33) Aen. 4.174-175 (I.377.13-16 G.) : 90 ; 231 (n. 33) Aen. 4.174-175 (I.377.16-17 G.) : 224 Aen. 4.174-175 (I.377.16-378.12 G.) : 231 Aen. 4.174-175 (Gioseffi) : 226 Aen. 4.176-177 (Gioseffi) : 227 Aen. 4.177 (Gioseffi) : 227 Aen. 4.178-190 (I.378.24-26 G.) : 224225 Aen. 4.178-190 (Gioseffi) : 227 Aen. 4.191 (I.378.32-379.3 G.) : 231 (et n. 32) Aen. 4.191-195 (Gioseffi) : 226 ; 232-233 Aen. 4.191-195 (I.376.16-19 G.) : 231-232 Aen. 4.194 (I.377.2-6 & 6-10 G.) : 233 (et n. 44) Aen. 4.195 (I.376.19, I.377.10, I.378.1 G.) : 223 Aen. 4.195 (I.377.9-10 G.) : 233-234 (et n. 46) Aen. 4.195 (Gioseffi) : 226 Aen. 4.196-197 (I.379.19-23 G.) : 90 Aen. 4.196-197 (Gioseffi) : 227-228 Aen. 4.198-218 (I.379.24-382.27 G.) : 223 Aen. 4.675-677 (I.418.17-25 G.) : 98 (n. 19) Aen. 5.1 (I.423.1-3 G.) : 98-99 Aen. 5.107-108 (I.439.2 G.) : 73 (n. 10) Aen. 5.220 (I.448.7-14 G.) : 91 Aen. 5.533 (I.484.20 G.) : 73 (n. 10) Aen. 6.46-51 (Manuscripta 37 (1993) = lib. 6 p. 8 l. 10) : 91 Aen. 6.854 (I.614.21-24 G.) : 98 (n. 18) Aen. 7.1-2 (II.3.18-4.13 G.) : 91 Aen. 7.104-105 (II.19.8-9 G.) : 100 Aen. 7.221-242 (II.35.8-38.24 G.): 93 (n. 10) Aen. 7.243-244 (II.38.24-33 G.) : 92-93 Aen. 8.13 (II.115.11-13 & 20-24 G.) : 97 (n. 16)
Aen. 8.127-128 : 62-63 Aen. 8.131-133 : 66 (n. 27) Aen. 8.337-339 (II.162.30-163.3 G.) : 98 (n. 18) Aen. 8.364-365 (II.167.20 G.) : 73 (n. 10) Aen. 8.407-415 (II.175.17-19 G.) : 95 (n. 11) Aen. 9.59-68 (II.195.8-10 G.) : 91 (n. 9) Aen. 9.271 (II.224.11-19 G.) : 97 Aen. 10.8 (II.290.28-291.7 G.) : 89 (et n. 7) Aen. 10.118-119 (II.307.31-308.4 G.) : 93 Aen. 10.185-186 (II.317.2 G.) : 97 (n. 17) Aen. 10.187 (II.317.11-16 G.) : 97 (n. 17) Aen. 10.324-327 (II.335.15-16 G.) : 91 (n. 9) Aen. 10.515-517 (II.359.24-26 G.) : 98 (n. 19) Aen. 10.575-577 (II.366.6-10 G.) : 98 (n. 18) Aen. 10.720-721 (II.382.10-14 G.) : 98 (n. 18) Aen. 10.721-729 (II.382.24-25 G.) : 97 (n. 18) Aen. 11.336-342 (II.464.11-12 G.) : 91 (n. 9) Aen. 11.175 (II.432.6-11 G.) : 72 (n. 10) ; 75 (n. 19) Aen. 11.184 (II.434.6-9 G.) : 99 Aen. 11.301 : 66 (n. 28) Aen. 11.597-602 (II.508.8-22 G.) : 93-94 Aen. 11.646-647 (II.513.17-30 G.) : 98 (n. 20) ; 100 Aen. 12.146 : 58 (n. 6) Aen. 12.206 (II.578.14-15 G.) : 96 (n. 14) Aen. 12.505-508 (II.611.28-612.5 G.) : 94 Aen. 12.856-859 (II.631.9-11 G.) : 96 (n. 13) Aen. 12.887-888 (II.634.9-19 G.) : 94-95 ÉLIEN VH 13.14-15 : 252 (n. 10) EMPORIUS Rhet. 562.10-23 H. : 79 (et n. 30) ENNIUS Ann. 109 V. : 51 ÉPHORE DE CUMES FGrHist 70 F 105 : 18 (n. 25) ÉPIMÉNIDE fr. 1 D.K : 198 (n. 22)
INDEX LOCORUM
ESCHYLE Ch. 838 : 12 (n. 6) EUGRAPHIUS Phorm. 35 : 66 (n. 27) EUPHORION Thrax : 195 (n. 17) EURIPIDE Ino fr. 27-28 : 201 (n. 35) Med. 1282-1289 : 201 (n. 35) EUSTATHE DE THESSALONIQUE Il. praef. vol. 1, p. 12,23-28 V. : 67 Il. praef. vol. 1, p. 13,9 V. : 67 Il. 2.225-242, vol. 1, p. 320,23-321,1 V. : 83 Il. 6.476-481, vol. 2, p. 369,10-15 V. : 83-84 Il. 7.438, vol. 2, p. 491,18-492,2 V. : 258 Il. 10.40-41, vol. 3, p. 12,11-17 V. : 67 (n. 30) Il. 11.73-77, vol. 3, p. 156,14-21 V. : 67 (n. 30) Il. 22.56-69, vol. 4, p. 570,18-19 V. : 83-84 Od. 4.558, p. 1508,59 : 259 (n. 34) FORTUNATIANUS Rhet. 2.2 : 59 Rhet. 2.21 : 64 (n. 22) FULGENCE LE MYTHOGRAPHE Exp. Virg. 84 : 176 Exp. Virg. 85 : 176 Exp. Virg. 86 : 177 Exp. Virg. 87 : 177-178 Exp. Virg. 92 : 178 Exp. Virg. 94-95 : 179-180 Exp. Virg. 96 : 181-182 (et n. 8) Exp. Virg. 98 : 182 Exp. Virg. 101 : 183 ; 188 Exp. Virg. 102 : 183 Exp. Virg. 103 : 183-185 Exp. Virg. 104 : 185 GRILLIUS Rhet. p. 599 H. : 59 (n. 8) HÉRACLITE Alleg. 38 : 255 (n. 21) Alleg. 70 : 179
HERMOGÈNE Meth. 12 R. : 67 Prog. 20.7-8 R. : 78 (n. 26) Prog. 21.10-18 R. : 78 (n. 28) HÉRODOTE 2.43 : 12 (n. 6) 5.58 : 18 (n. 25) HÉSIODE Th. 96 : 198 Th. 459-506 : 197 Th. 850-853 : 137 (n. 14) Tr. 7 : 198 HOMÈRE Il. 1.247 sqq. : 128 Il. 1.275 : 14 Il. 2.225-242 : 83 Il. 2.302 : 17 Il. 2.547 : 126 (n. 21) Il. 2.599 : 22 Il. 2.625-626 : 17 Il. 3.56-57 : 11 (et n. 1) Il. 3.224 : 20 (et n. 33) Il. 3.453-454 : 11 (n. 2) Il. 4.343 : 19 (et n. 28) Il. 5.187 : 12 (et n. 3) Il. 6.168 : 18 (n. 24) Il. 6.168-170 : 18 Il. 6.178 : 18 (et n. 24) Il. 6.264 : 124 Il. 6.476-481 : 83 Il. 7.76 : 17 (n. 22) Il. 7.92 sqq. : 129 (n. 27) Il. 7.430-465 : 252 Il. 7.438 : 258 Il. 9.145 : 130 Il. 9.287 : 130 Il. 9.312-313 : 127 (n. 24) Il. 10.208 : 257 (n. 26) Il. 10.278-279 : 129 Il. 10.577-578 : 14 (et n. 14) ; 15 Il. 12.1-35 : 252 Il. 12.17-35 : 262 Il. 12.20-22 : 256 (n. 22) Il. 12.26 : 261 Il. 15.11 : 20 (et n. 35) Il. 15.361-366 : 253-254
285
286
INDEX LOCORUM
Il. 15.504-505 : 21 (et n. 37) Il. 16.28 : 13 Il. 16.115-118 : 21 Il. 16.117-118 : 21 (n. 40) Il. 17.651 : 14 (et n. 12) Il. 20.54-66 : 137 (n. 14) Il. 22.8-13 : 19 Il. 22.11 : 19 (et n. 31) Il. 22.56-69 : 83 Il. 22.254-255 : 17 (n. 22) Il. 22.255 : 17 Il. 23.186 : 15 (n. 17) Il. 24.54 : 125 Il. 24.527 : 112 Od. 2.170 : 12 (n. 6) Od. 3.412 : 127 Od. 4.13-14 : 132 Od. 4.229 : 126 (n. 21) Od. 4.535 : 132 Od. 5.151-191 : 252 (n. 11) Od. 5.233-261 : 252 (n. 11) Od. 5.238 : 252 (n. 11) Od. 5.245 : 252 (n. 11) Od. 5.291-312 : 25-26 Od. 5.293-294 : 28 (n. 7) Od. 5.306 : 112 (n. 14) Od. 5.434 : 255 (n. 20) Od. 8.64 : 22 (n. 43) Od. 9.357 : 126 (n. 21) Od. 11.309 : 126 (n. 21) Od. 11.409-410 : 131 (et n. 31) Od. 11.411 : 132 Od. 11.583 : 112 Od. 12.312-316 : 28 (n. 7) Od. 13 : 130 Od. 14.469 : 256 (n. 26) Od. 14.496 : 256 (n. 26) Od. 17.219 : 125 (n. 20) Od. 17.415-416 : 20 (n. 36) Od. 18.192-193 : 15 (n. 17) Od. 21.362 : 125 (n. 20)
Hymne homérique à Dionysos XXVI, 5 A.-S. = II H. : 199 (n. 27) IG 4.510 : 109 (n. 9) JEAN DOXAPATRÈS In Aphth. prog. 503.18-29 W. : 81 (n. 34) JULIUS VICTOR Rhet. 2 : 59 (n. 8)
HORACE Carm. 4.2 : 114 (n. 17) Carm. 4.2.9-24 : 154 Epist. 1.2.6-16 : 187 (et n. 19) Epist. 1.2.17-26 : 178-179
LUCAIN 1.1 : 140 (n. 26) 1.4 : 140 (n. 26) 1.7 : 140 (et n. 26) 1.63-64 : 135 1.205-212 : 138 1.212 : 138 1.685-686 : 143 (n. 36) 2.68-72 : 143 (n. 36) 2.85-86 : 144 (et n. 39) 3.603-613 : 137 (n. 16) 3.608 : 137 3.670 : 137 (n. 12, n. 13) 3.673 : 137 (n. 13) 3.674 : 137 (n. 12) 4.819-824 : 145 (n. 43) 4.820 : 145 (n. 43) 6.576 : 141 (n. 29) 6.582 : 141 (n. 29) 6.667 : 139 (n. 23) 6.700 : 139 (n. 21) 6.702-703 : 139 (et n. 21) 6.712-715 : 139 (n. 23) 6.733-734 : 139 (et n. 21) 6.743 : 137 (n. 15) 6.744 : 137 (et n. 15) 6.748-749 : 139 (et n. 21) 7.174 : 141 (n. 29) 7.480 : 141 (n. 29) 8.616-617 : 144 8.698-699 : 143 (n. 36) 9.271 : 141 (n. 29) 9.979 : 144 (n. 40) 10.499 : 141 (n. 29)
Hymne homérique à Dionysos, I A.-S. = III H. : 199 (et n. 26)
MACROBE Sat. 4.2.1-10 : 76-77
INDEX LOCORUM
MANILIUS 1.908-913 : 141 (n. 29) MARIUS VICTORINUS Rhet. 1.15 : 59 (n. 8) MARTIANUS CAPELLA 5.518 : 47 (n. 18) 5.552 : 85 (n. 2) NICIAS DE MILET voir Anthologie de Planude, Anthologie Palatine NICOLAOS Prog. 64.14-19 F : 78 (n. 28) OVIDE A. A. 2.125-142 : 252-253 A. A. 2.132 : 255 ; 263 A. A. 2.133 : 255 ; 263 A. A. 2.134 : 257 A. A. 2.135 : 257 ; 263 A. A. 2.138 : 258 A. A. 2.139 : 263 A. A. 2.139-140 : 255 (n. 20) Fast. 4.521 : 33 (n. 14) Her. 1.29-36 : 257 Her. 1.31-36 : 256 (n. 23) Met. 5.354-361 : 137 (n. 14) Met. 11.199-201 : 261 (n. 38) Met. 13.408-411 : 28 (n. 8) Met. 15.823-824 : 141 (n. 29) Trist. 1.11.18-21 : 29 Ib. 335-338 : 196 Ib. 459-460 : 196 PAPYRUS P.Ant. 20 : 205 (et n. 53) P.Lille inv. 76d : 194 (n. 6) P.Mich. inv. 6235 = SH 276 : 194 (n. 6) P.Mil.Vogl. 1.18 : 193-194 ; 197 ; 205 et passim col. 2, 29-40 : 196 col. 3, 25-33 : 196 col. 9, 32-38 : 196 col. 10, 6-9 : 196 col. 11, 22-25 : 205 P.Mil.Vogl. 1006 : 194 (n. 8)
287
P.Mil.Vogl. 28b : 194 (n. 8) P. Monts. Roca inv. 316 (MP3 1495.121) : 163 (n. 2) P.Oxy. 20.2258 : 205 (et n. 53) P. Oxy. 2064 + L 3548 + LXXXII 5294 (MP3 1489) : 163 (n. 2) ; 173 (n. 33) P.Oxy. 2263, fr. 1, col. II.9-30 : 194 (n. 6) PARTHÉNIOS DE NICÉE Narr. 34.4 : 256 (n. 22) Narr. 13 : 195 (n. 17) Narr. 26 : 195 (n. 17) PAUSANIAS 7.27.4 : 109 (n. 10) PÉTRONE 120.90-93 : 137 (n. 14) PINDARE Isth. 1.18 : 116 Isth. 1.41-47 : 116 Isth. 1.43 : 117 Isth. 1.45 : 117 Isth. 1.60 : 115 (n. 20) Nem. 4.6-8 : 160 Nem. 4.35 : 116 Nem. 5.7-8 : 103 (n. 4) Nem. 7.104-105 : 112 (n. 14) Nem. 9.48 : 103 (n. 4) Nem. 10.44 : 109 Nem. 10.48 : 110 Ol. 1.37 : 114 Ol. 1.60 : 112 Ol. 2.83-88 : 118 Ol. 3.1-4 : 114-115 Ol. 3.36 : 157 (et n. 34) Ol. 9.1 : 104 Ol. 9.95 : 110 Ol. 9.97 : 109 Pyth. 1.1-2 : 110 Pyth. 1.1-4 : 111 Pyth. 3.81 : 111 Pyth. 3.80-82 : 113 Pyth. 4.16 : 103 Pyth. 4.296 : 116 Pyth. 4.297 : 116 Pyth. 5.55 : 112
288
INDEX LOCORUM
Pyth. 8.24 : 116 Pyth. 9.42 : 116 Pyth. 12.29-31 : 155 fr. 5 S.-M. : 201 (n. 35) fr. 36 S.-M. : 103 fr. 82 S.-M. : 103 fr. 105a S.-M. : 103 fr. 120 S.-M. : 103 fr. 196 S.-M. : 103 fr. 204 S.-M. : 103 PLANUDE RhG V.288.12-19 W. : 76 (n. 22) PLATON Resp. 2.379d : 113 Resp. 392b : 167 Resp. 392d-394d : 206 (n. 54) Resp. 394b-c : 167 Resp. 565d-566a : 198 (n. 24) Resp. 598d : 121 (et n. 3) Resp. 605c : 121 (n. 3) Resp. 606e : 121 (n. 3) Tht. 152e : 121 (n. 3) PLAUTE Curc. 3 : 233 (n. 45) Truc. 262 : 43 (et n. 10) PLUTARQUE Mor. 24a-b : 113 Mor. 105c : 113 Quaest. Conu. 7.3 (712a) : 151 (n. 13) PS.-PLUTARQUE De Vita et Poesi Homeri : 121 (n. 2) POMPÉE 5,287-288 K. : 51 (n. 34) 5,293 K. : 44 (n. 12) PORPHYRE Il. 12.10-32, 1-2 : 260 Il. 12.10-32, 5-6 : 260 PRISCIEN Inst. 2.43 K. : 48 (n. 23) Inst. 2.48 K. : 48 (n. 23) Inst. 2.49 K. : 48 (n. 23)
Inst. 2.594 K. : 45 (n. 13) PSI 1219.21-37 : 193 (n. 6) QUINTILIEN 1.5.4 : 48 (n. 20) 1.5.69 : 50 (n. 28) 1.9.2 : 228 (n. 26) 3.9.1 : 61 3.9.5 : 61 4.4.1 : 62 4.4.7 : 62 4.5.1 : 61 5.10.9 : 59 8.3.16 : 45 8.3.44-45 : 42 (n. 4, n. 6) 8.3.47 : 43 (n. 8) 8.6.43 : 46 (n. 16) 9.3.23 : 51 (n. 34) ; 86 (n. 5) 9.3.75-77 : 51 (n. 36) 9.3.77-80 : 51 (n. 34) 10.5.5 : 228 (n. 26) RHÉTEURS GRECS (ANON.) RhG VII.344.27-345.2 W. : 76 (n. 22) RhG VII.345.24-29 W. : 76 (n. 22) RhG VII.346.29-347.12 W. : 76 (n. 22) RHÉTORIQUE À HÉRENNIUS 1.3 : 61 (n. 17) 1.7 : 57 (et n. 4) 1.10 : 61 (n. 16) ; 62 4.12 : 51 (n. 36) 4.18 : 97 (n. 16) 4.27 : 76 (n. 20) 4.38 : 97 (n. 16) RUFIN Orig. in Iud. 5, 2 : 238 RUTILIUS LUPUS 2.14 : 51 (n. 36) SACERDOS 6.453 K. : 43 (et n. 9) 6.454 K. : 51 6.461 K. : 43 6.474 K. : 49 (n. 26)
INDEX LOCORUM
SCHOLIES À APOLLONIOS DE RHODES 2.1090-1094 : 174 2.1209-1215c : 199 (n. 28) SCHOLIES À ARISTOPHANE Av. 1258 : 48 (n. 19) Av. 1421 : 109 (n. 10) Eq. 1c : 165 (n. 9) Ran. 48 : 48 (n. 19) Lysist. 410 : 48 (n. 19) Lysist. 732 : 48 (n. 19) Lysist. 739 : 48 (n. 19) Lysist. 1170 : 48 (n. 19) Th. arg. a : 165 (n. 9) SCHOLIES À CALLIMAQUE schol. Hymn. 2.1 Pf. : 174 schol. Hymn. 2.65 Pf. : 174 schol. 18a Pf. : 205 (n. 51) schol. add. Aet. fr. 26-31a Pf. = Aet. fr. 31a H. : 194 (n. 6) SCHOLIES À EURIPIDE Andr. 734 : 150 (n. 10) Hec. 254 : 150 (n. 9) Or. 1388 : 129 (n. 26) SCHOLIES À HOMÈRE sch. A Il. 1.275b : 14 (et n. 10) sch. A Il. 1.467a/b : 19 (n. 30) sch. AbT Il. 2.212b : 150 (n. 9) sch. A Il. 2.291b : 19 (n. 30) sch. A Il. 2.302a : 17 (et n. 23) sch. A Il. 2.599a : 22 (et n. 43) sch. A Il. 2.625a : 17 (et n. 21) sch. A Il. 3.56a : 11 (et n. 2) sch. A Il. 3.224a : 20 (et n. 34) sch. A Il. 3.297a : 16 (n. 19) sch. A Il. 4.343a : 19 (n. 28) sch. A Il. 5.187a : 12 (et n. 4) sch. A Il. 5.774 : 13 (et n. 8) sch. A Il. 6.169a : 18 sch. A Il. 6.178 : 18 (et n. 24) sch. A Il. 6.241a : 20 (n. 34) sch. T Il. 7.339 b1 : 258 (n. 31) sch. A Il. 9.56-7 : 16 (n. 20) sch. A Il. 9.77a : 20 (n. 34) sch. A Il. 10.578a : 14 (et n. 14) ; 15 sch. A Il. 11.6 : 257
289
sch. A Il. 11.166a : 258 sch. A Il. 11.807a : 258 sch. bT Il. 12.3-35 : 252 (n. 8) ; 255 (et n. 17) ; 259 (n. 36) sch. A Il. 12.22a : 257 sch. T Il. 12.118-119 : 258 (n. 31) sch. AD Il. 13.66 : 194 (n. 6) sch. A Il. 13.344 : 21 (n. 36) sch. A Il. 14.172c1 : 15 (n. 17) sch. A Il. 14.416 : 20 (n. 34) sch. A Il. 15.11b : 20 (et n. 34, n. 36) sch. A Il. 15.155a : 20 (n. 34) sch. bT Il. 15.362-364 : 261 sch. bT Il. 15.363a : 261 (n. 40) sch. A Il. 15.505a : 21 (et n. 38) sch. A Il. 16.28b : 13 (et n. 7) sch. A Il. 16.116a : 21-22 (et n. 40) sch. A Il. 17.651 : 14 (et n. 13) sch. A Il. 22.11a : 19-20 (et n. 32) sch. A Il. 22.255a : 17 (et n. 22) sch. A Il. 23.186a : 15 (n. 17) sch. A Il. 24.527-528 : 113 (n. 15) sch. Od. 2.334f : 19 (n. 30) sch. BHMOPT Od. 4.558b : 259 (n. 34) sch. HP Od. 5.238a : 252 (n. 11) sch. HOP Od. 5.238b : 260 (n. 37) sch. HMPVY Od. 5.245b1 : 252 (n. 11) SCHOLIES À LYCOPHRON 1141 : 194 (n. 6) SCHOLIES À PINDARE Isth. 1.11c : 115 (n. 20) Isth. 1.15b : 115 (n. 20) Isth. 1.41 : 116 Isth. 1.56 : 104 (n. 6) Isth. 1.58a-60 : 103 (n. 2) Isth. 1.58a-b : 118 Isth. 1.60 : 115 (n. 20) ; 117 ; 118 Isth. 5.9 : 115 (n. 20) Isth. 5.73 : 116 (n. 21) Isth. 8.75 : 115 (n. 20) Nem. 1.11a : 115 (n. 20) Nem. 2.17a : 115 (n. 20) Nem. 3.1c : 104 ; 156 (et n. 31) Nem. 3.57 : 129 (n. 26) Nem. 4.10a : 160-161 Nem. 5.1a : 154 (n. 26) ; 155 (et n. 29) Nem. 5.10a : 103 (n. 4)
290
INDEX LOCORUM
Nem. 7.1a : 103 Nem. 9.114b : 103 (n. 4) Nem. 10.82a : 109 Ol. 1.5g : 115 (n. 20) Ol. 1.9d : 114 (n. 18) Ol. 1.60 : 112 ; 114 (n. 19) Ol. 1.97a-g : 104 (n. 5) ; 112 (et n. 13) Ol. 1.97g : 111, 112 Ol. 2.1a : 110 Ol. 2.123c : 112 (n. 14) Ol. 2.157b : 114 (n. 18) Ol. 2.152c : 118 Ol. 2.153b : 118 Ol. 3.1a : 157 (et n. 34) Ol. 3.1b : 115 (n. 20) ; 157 (et n. 35) Ol. 3.1c : 158 (et n. 36) Ol. 3.1d : 153-154 (n. 24) ; 158 (et n. 37) Ol. 3.10c : 158 (et n. 38) Ol. 6.8b : 114 (n. 18) Ol. 6.115a : 115 (n. 20) Ol. 7.24c : 115 (n. 20) Ol. 7.146a : 114 (n. 18) Ol. 7.156a, c : 109 (n. 10) Ol. 9.1 : 104 Ol. 9.116c : 109 (n. 10) Ol. 9.146c, h : 109 (n. 10) Ol. 10.1b : 155-156 (et n. 30) Ol. 11.15a : 104 (n. 6) Ol. 13.12d : 114 (n. 18) Ol. 13.12d-e : 104 (n. 6) Pyth. 1.1a : 151 (et n. 16) Pyth. 2. Inscr. : 103 ; 153 Pyth. 2.166d : 103 Pyth. 2.171c : 103 Pyth. 3.74a : 104 (n. 5) Pyth. 3.137b : 159 (et n. 41) Pyth. 3.141a-145 : 113 (n. 15) Pyth. 4.331a : 115 (n. 20) Pyth. 4.459a : 115 (n. 20) Pyth. 4.467 : 159 (et n. 40) Pyth. 4.528 : 115 (n. 20) ; 116 (et n. 21) Pyth. 5.74a : 112 Pyth. 8.1a : 155 (et n. 27) Pyth. 8.10a : 115 (n. 20) Pyth. 9.90c : 103 Pyth. 12.52 : 155 (et n. 28) SCHOLIES À SOPHOCLE Aj. arg. : 165 (n. 9)
Aj. 1 : 128-129 Aj. 143 : 123 (n. 13) Aj. 298 : 126 (n. 22) Aj. 545 : 124 Aj. 731 : 128 Aj. 1284 : 129 (et n. 27) Ant. 20 : 126 (n. 22) Ant. 1030 : 125 El. arg. : 165 (n. 9) El. 1 : 130 El. 442-446 : 132 El. 539 : 132 OC arg. : 165 (n. 9) Ph. 94 : 127 Ph. 392 : 125-126 Ph. 425 : 126-127 Trach. 21 : 126 (n. 22) Trach. 94 : 126 Trach. 172 : 129 Trach. 207 : 124 (n. 16) Trach. 284 : 125 Trach. 327 : 126 (n. 22) Trach. 680 : 126 (n. 22) Trach. 888 : 126 (n. 22) SCHOLIES À THÉOCRITE Anecdoton Estense 3,6 : 168 Anecdoton Estense 3,9 : 165 ; 168 Anecdoton Estense 3,10 : 165 1, arg. b. : 168 1, arg. c. : 164 ; 165 ; 166 1, arg. d : 164 2, schol. Ant. 1 : 164 3, arg. a : 164 ; 172-173 3, arg. c. : 172 3, 1 a-b : 172 3, 8/9 a-b : 172 4, arg. a-b : 164 5, arg. a-b-c : 164-166 ; 168-169 6, tit. : 165 6, arg. a : 164 ; 166 ; 170 6, arg. c : 164 6, arg. e : 164 ; 170 6, arg. b-c-d : 166 6, 1 : 170-171 6, 6b : 170 7, arg. a-b-c : 170-171 7, arg. b : 166 7, arg. c : 165
INDEX LOCORUM
7, 21a-b : 171-172 7, 40d : 172 7, 43 : 171 8, arg. a-b : 166 ; 168 9, tit. : 165 ; 173 9, arg. : 166 9, 1/2a : 173 9, 15 : 166 9, 22 : 173 9, 28/30a : 165 ; 173 9, 28/30b : 173 10, arg. a : 164 ; 166 11, arg. a-b : 164 11, arg. b. : 171 11, arg. d. : 171 11, 80b : 171 12, arg. a : 168 13, arg. a : 164 ; 171 13, schol. Ant. tit. : 171 14, arg. a : 165 (n. 8) 14, arg. b : 166 14, 5 : 166 15, arg. : 166 ; 169 28, arg. : 171 SÉNÈQUE Epist. Mor. 58.21 : 149 (n. 6) Nat. Quaest. 2.2 : 85-86 (n. 2) Phaedr. 1229-1235 : 112 (n. 13) SERVIUS Ars 4,417 K. : 48 (n. 24) Ars 4,419 K. : 45 Ars 4,447 K. : 44 Aen. praef. : 60 ; 135 ; 149 Aen. 1.8 : 60-61 ; 63 (n. 19) ; 135 Aen. 1.23 : 82 (n. 39) Aen. 1.30 : 49 (n. 27) Aen. 1.65 : 81 (n. 35) ; 82 (n. 37) Aen. 1.69 : 81 (n. 36) Aen. 1.92 : 26-28 ; 73 (n. 13) Aen. 1.135 : 82 (n. 37) ; 83 (et n. 40) Aen. 1.151 : 29 (n. 10) Aen. 1.177 : 49 Aen. 1.180 : 36 Aen. 1.193 : 47 Aen. 1.198 : 36 Aen. 1.228 : 33 Aen. 1.382 : 134
291
Aen. 1.421 : 30 Aen. 1.480 : 49 Aen. 1.562 : 50 (n. 31) Aen. 1.616 : 49-50 Aen. 1.710 : 82 (n. 39) Aen. 2.14 : 50 (n. 32) Aen. 2.27 : 47 Aen. 2.37 : 50 (n. 32) Aen. 2.56 : 52 (n. 43) Aen. 2.135 : 141-143 Aen. 2.199 : 51 (et n. 35) ; 142 (n. 33) Aen. 2.257 : 147 Aen. 2.289 : 62 Aen. 2.392 : 46 (n. 16) Aen. 2.405 : 28 Aen. 2.426 : 31 (n. 12) Aen. 2.446 : 136 Aen. 2.499 : 38 Aen. 2.506 : 144-145 (n. 40) Aen. 2.538 : 39 Aen. 2.539 : 39 Aen. 2.557 : 135 (n. 7) ; 142 ; 144 Aen. 2.690 : 39 Aen. 3.70 : 46 (n. 16) Aen. 3.183 : 51 (n. 35) Aen. 3.203 : 47 Aen. 3.379 : 139 (n. 22) Aen. 3.434 : 139 (n. 22) Aen. 3.457 : 53 Aen. 3.461 : 50 (n. 33) Aen. 3.663 : 52 (n. 40) Aen. 3.703 : 82 (n. 39) Aen. 4.31 : 57-58 ; 63 Aen. 4.194 : 232-233 (et n. 38, n. 45) Aen. 4.195 : 234 (et n. 46) Aen. 4.284 : 63 (n. 19) Aen. 4.311 : 135 (n. 7) Aen. 4.504 : 52 (n. 38) Aen. 4.664 : 39 Aen. 5.343 : 34 Aen. 5.391 : 52 (n. 39) Aen. 5.404 : 31 Aen. 5.522 : 50 (n. 30) Aen. 5.685 : 35 Aen. 5.866 : 51 (et n. 35) Aen. 6.47 : 139 (n. 22) Aen. 6.107 : 139 (n. 23) Aen. 6.118 : 139 (et n. 21) Aen. 6.135 : 139 (et n. 21)
292 Aen. 6.149 : 139 (n. 23) Aen. 6.152 : 139 (n. 23) Aen. 6.247 : 139 (n. 22) Aen. 6.257 : 139 (et n. 21) Aen. 6.283 : 46 (n. 16) Aen. 6.416 : 144 (n. 37) Aen. 6.418 : 139 (et n. 21) Aen. 6.438 : 46 (n. 16) Aen. 6.552 : 46 (n. 16) Aen. 6.621 : 145 (et n. 43) Aen. 6.662 : 139 (n. 22) Aen. 7.683 : 49 Aen. 8.77 : 49 ; 53 Aen. 8.246 : 137 Aen. 8.406 : 46 (et n. 15) Aen. 8.435 : 52 (n. 42) ; 53 Aen. 9.499 : 34 Aen. 9.606 : 52 (n. 38) Aen. 10.18 : 60 Aen. 10.44 : 46 (n. 16) Aen. 10.392 : 137 Aen. 10.528 : 135 (n. 7) Aen. 10.571 : 52 (n. 40) Aen. 10.689 : 50 (n. 32) Aen. 10.790 : 35 Aen. 11.112 : 53 Aen. 11.152 : 66 (n. 26) Aen. 11.281 : 63 (n. 19) Aen. 11.301 : 66 (n. 28) Aen. 11.411 : 58 (et n. 5) Aen. 11.418 : 144 Aen. 11.464 : 52 (n. 39) ; 53 Aen. 12.5 : 51 Aen. 12.8 : 138 Aen. 12.74 : 66 (n. 26) Aen. 12.95 : 50 (n. 32) Aen. 12.781 : 52 (n. 39) ; 53 B. 3.1 : 52 (n. 39) B. 3.38 : 46 (n. 16) B. 2.54 : 50 (n. 32) B. 6.2 : 49 (n. 27) B. 6.3 : 50 (n. 33) G. 1.262 : 49 G. 1.489-492 : 140 G. 2.13 : 47 G. 2.177 : 62 G. 2.504 : 65 G. 3.376 : 50 (n. 32) G. 3.539 : 52 (n. 39) G. 4.19 : 46 (n. 16)
INDEX LOCORUM
G. 4.369 : 46 (n. 16) G. 4.424 : 46 (n. 16) SERVIUS DANIELIS Aen. 1.1 : 56 Aen. 1.92 : 26-28 Aen. 1.220 : 52 (n. 39) Aen. 1.228 : 33 Aen. 1.198 : 37 (et n. 18) Aen. 1.422 : 30 Aen. 1.522 : 58 Aen. 1.554 : 142 (n. 33) Aen. 2.70 : 144 (n. 37) Aen. 2.199 : 142 (n. 33) Aen. 2.471 : 50 (n. 32) Aen. 2.499 : 38 Aen. 2.538 : 39 Aen. 2.539 : 39 Aen. 2.557 : 142 Aen. 2.690 : 39 Aen. 2.745 : 52 (n. 41) Aen. 4.31 : 57-58 Aen. 4.191 : 233 (et n. 40) Aen. 4.192 : 233 (et n. 39) Aen. 4.193 : 233 (et n. 39) Aen. 4.194 : 233 (et n. 43) Aen. 4.195 : 233-234 (et n. 39, n. 46) Aen. 4.558 : 52 (n. 38) Aen. 5.176 : 65 Aen. 5.404 : 31 Aen. 8.127 : 62 Aen. 8.144 : 66 (n. 26) Aen. 8.406 : 46 Aen. 8.545 : 52 (n. 39) Aen. 8.641 : 50 (n. 30) Aen. 10.439 : 66 (n. 26) Aen. 11.112 : 52 (n. 39) B. 5.38 : 52 (n. 38) B. 8.28 : 52 (n. 41) SILIUS ITALICUS 2.636-649 : 137 (n. 16) SOPHOCLE Aj. 1 : 128 Aj. 545 : 124 Aj. 731 : 128 Ant. 1030 : 125 El. 1 : 130 El. 157 : 130
INDEX LOCORUM
El. 539 : 132 El. 442-446 : 131 Ph. 94 : 127 Ph. 392 : 125 Ph. 425 : 126 Trach. 94 : 126 Trach. 284 : 125 STACE Theb. 9.294-295 : 137 (n. 16) STRABON 13.1.21 : 256 (n. 22) 13.1.33-34 : 257 13.1.36 : 254 (n. 16) ; 256 (n. 26) ; 262-263 13.1.37 : 257 (n. 29) SYRIANUS II.91.23-92.4 R. : 76 (n. 22) TÉRENCE Ad. 93 : 233 (n. 39) Eun. 732 : 224 (et n. 15) ; 226 (n. 21) THÉOCRITE 4.38-39 : 173 6.98 : 172 6.119 : 172 11 : 172 13 : 172 28 : 172 THÉON Progymn. 78 : 206 (n. 54) THUCYDIDE 1.22 : 148 6.87 : 12 (n. 6) TIBULLE 1.10.29-32 : 256 (n. 23) TRAGIQUES GRECS Trag. Adesp. Fr 100-101 S.-K. : 201 (n. 35) VIRGILE Aen. 1.1-33 : 57-58 Aen. 1.36 : 70 Aen. 1.37 : 77 (et n. 24)
293
Aen. 1.37-49 : 80 Aen. 1.50 : 70 Aen. 1.64-75 : 70 Aen. 1.65-70 : 72 (n. 4) Aen. 1.70 : 81 Aen. 1.81-102 : 25-26 Aen. 1.93-101 : 70 Aen. 1.94-96 : 73 (et n. 11) Aen. 1.126 : 70 Aen. 1.132-135 : 70 ; 74 (et n. 17) Aen. 1.148-156 : 29 (n. 10) Aen. 1.174-183 : 35-36 Aen. 1.194-199 : 36 Aen. 1.223 : 99 Aen. 1.224-232 : 32 Aen. 1.278-279 : 216 Aen. 1.421-436 : 29-30 Aen. 1.464-468 : 257 Aen. 1.469-470 : 253 (n. 12) Aen. 1.469-473 : 257 Aen. 1.483 : 39 Aen. 2.27-30 : 257 Aen. 2.42 : 170 Aen. 2.135 : 141-142 (et n. 32) Aen. 2.134-136 : 143 (n. 36) Aen. 2.116-119 : 233 (n. 41) Aen. 2.402-406 : 28 Aen. 2.445-449 : 136 (et n. 10) Aen. 2.446 : 137 (n. 13) Aen. 2.447 : 137 (n. 13) Aen. 2.491-505 : 38 Aen. 2.535-539 : 38 Aen. 2.557-558 : 143 (n. 36) Aen. 2.604-631 : 261 Aen. 2.610-612 : 254 (n. 13) Aen. 2.688 : 39 Aen. 2.688-691 : 39 Aen. 5.343-344 : 33 Aen. 4.86-89 : 224 (n. 16) ; 226 ; 231 Aen. 4.173-197 : 222 sqq. Aen. 4.176 : 224-225 Aen. 4.195 : 223 ; 225 ; 232 Aen. 4.198-218 : 223 Aen. 4.267 : 224 (n. 16) ; 226 ; 231 Aen. 4.363-364 : 180-181 Aen. 5.401-408 : 30-31 Aen. 5.852-853 : 29 (n. 9) Aen. 6.9-10 : 36 Aen. 6.173 : 181 Aen. 6.349-351 : 29 (et n. 9)
294 Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen. Aen.
INDEX LOCORUM
6.580-581 : 183 6.595-560 : 183 6.621-622 : 145 (et n. 43) 6.719-721 : 208 (n. 6) 6.720-721 : 184 (n. 13) 6.724-725 : 183 (n. 12) 6.851-853 : 188 7.1 : 87 7.221-242 : 93 (n. 10) 7.293-322 : 79-80 8.86-87 : 233 (n. 38) 8.243 : 137 (n. 15) 8.247 : 137 (n. 15) 8.406 : 46 9.294 : 34 (n. 16) 9.498-502 : 34 10.63-64 : 77 (et n. 23) 10.390-396 : 137 (n. 16) 10.473 : 39 10.789-790 : 35 11.1 : 43 11.135-138 : 99
Aen. 11.139-141 : 99 Aen. 11.301 : 66 (n. 28) Aen. 12.4-9 : 138 G. 1.145-146 : 186 G. 1.489-492 : 140 (et n. 24) G. 1.490 : 140 (n. 26) G. 1.492 : 140 (n. 26) G. 1.495 : 140 (n. 26) G. 3.420 : 233 (n. 39) B. 3.1 : 52 (n. 44) B. 4.6-8 : 184 (n. 13) B. 4.8 : 184 (n. 15) B. 4.18 : 184 (n. 15) B. 4.26-27 : 184 (n. 15) B. 4.37 : 184 (n. 15) B. 6.58 : 181 B. 6.64 : 181 B. 7.7 : 233 (n. 39) B. 8.107 : 176 XÉNOPHON Mem. 1.4.3 : 122 (et n. 6)
Table des matières
Introduction ................................................................................................. PREMIÈRE PARTIE : L’ÉMERGENCE D’UN
1
DISCOURS POÉTIQUE
I.1. Cadre et contraintes didactiques René NÜNLIST On the Didactic Component of Aristarchus’ Commentaries ......................
11
Caterina LAZZARINI Gesti, sguardi ed emozioni dei personaggi nel Commentario di Servio all’Eneide .....................................................................................................
24
Daniel VALLAT Le son et l’intention : phonétique et stylistique dans les commentaires latins ........................................................................................................
41
I.2. La référence rhétorique Ilaria TORZI Et est poeticum principium professiuum .....................................................
56
Luigi PIROVANO Expressit plenam patheticam. Tiberio Claudio Donato e la retorica delle emozioni.......................................................................................................
70
Séverine CLÉMENT-TARANTINO L’Énéide selon Tiberius Donat : un poème un et continu (?) ....................
85
DEUXIÈME PARTIE : LA POÉTIQUE DANS LES COMMENTAIRES :
ANALYSE, MÉTHODES, NOTIONS
II.1. Usages de la citation Thomas COWARD Understanding Pindar in the Scholia to Pindar ........................................... 103
296
TABLE DES MATIÈRES
Joshua M. SMITH Σοφοκλέα ἐξ Ὁμήρου σαφηνίζειν: Homeric Exegesis in the Scholia to Sophocles ..................................................................................................... 121 Stefano POLETTI Servio fra Virgilio e Lucano. Una relazione intertestuale nell’esegesi antica
134
II.2. Poétiques antiques et modernes Gregor BITTO Occasional Poetics and Pindaric Exegesis. A Hypothetical Schema Isagogicum in the Scholia Vetera to Pindar and its Interpretative Premises ...... 148 Enrico Emanuele PRODI Le ‘drame’ de l’idylle. Personnages, poètes, lieux dans les scholies à Théocrite ...................................................................................................... 163 Jacqueline FABRE-SERRIS La pratique de l’allégorie chez Virgile et un de ses commentateurs tardifs (Fulgence, Expositio Virgilianae continentiae secundum philosophos moralis)
176
TROISIÈME PARTIE : DU COMMENTAIRE À L’ŒUVRE Charles DELATTRE Les Diégèses de Callimaque (P.Mil.Vogl. 1.18). Du résumé au commentaire
193
Marie-Odile BRUHAT Augustin commentateur de Virgile ............................................................. 207 Massimo GIOSEFFI Dare ordine al caos. Alla ricerca di percorsi mentali nelle Interpretationes Vergilianae di Tiberio Claudio Donato....................................................... 221 Bruno BUREAU « Sur la lyre à dix cordes, il est bon de louer le Très-Haut » : poétique des psaumes et de leur commentaire selon l’Expositio psalmorum de Cassiodore
236
Jean-Christophe JOLIVET Ὁ δὲ πλάσας ποιητὴς ἠφάνισεν, ὡς Ἀριστοτέλης φησίν : Ovide et les commentaires homériques relatifs à la topographie troyenne et au Mur des Achéens (Ars Amatoria, 2,113-142) ..................................................... 251 Bibliographie................................................................................................ 265 Index locorum .............................................................................................. 281 Table des matières ....................................................................................... 295
COLLECTION LATOMUS OUVRAGES DISPONIBLES 21. Deonna W., De Télésphore au “moine bourru”. Dieux, génies et démons encapuchonnés, 1955, 168 p. + 50 pl. 23. Hommages à Max Niedermann, 1956, 352 p. 27. Van Weddingen R., Favonii Eulogii Disputatio de Somnio Scipionis, 1957, 72 p. 28. Hommages à Waldemar Deonna, 1957, 548 p. + 69 pl. 30. Bolaffi E., La critica filosofica e letteraria in Quintiliano, 1958, 64 p. 32. Astin A.E., The Lex Annalis before Sulla, 1958, 47 p. 33. Favez C., Saint Jérôme paint par lui-même, 1958, 56 p. 35. Paladini M.L., A proposito della tradizione poetica sulla battaglia di Azio, 1958, 48 p. 36. Richter G.M.A., Greek Portraits II. To what extent where they faithful likenesses?, 1959, 49 p. + 16 pl. 39. Tsontchev D., Monuments de la sculpture romaine en Bulgarie méridionale, 1959, 44 p. + 24 pl. 40. Deonna W., Un divertissement de table. “À cloche-pied”, 1959, 40 p. 41. Stengers J., La formation de la frontière linguistique en Belgique ou de la légitimité de l’hypothèse historique, 1959, 56 p. 42. Van Essen C.-C., Précis d’histoire de l’art antique en Italie, 1960, 152 p. + 71 pl. 44. Hommages à Léon Herrmann, 1960, 815 p. + 52 pl. 47. Balty J.C., Études sur la Maison Carrée de Nîmes, 1960, 204 p. + 27 pl. 51. Harmand J., Les origines des recherches françaises sur l’habitat rural galloromain, 1961, 52 p. + 6 pl. 52. Cambier G., Embricon de Mayence. La vie de Mahomet, 1961, 94 p. 53. Chevallier R., Rome et la Germanie au Ier siècle de notre ère, 1961, 49 p. 55. Vandersleyen C., Chronologie des préfets d’Égypte de 284 à 395, 1962, 202 p. 56. Le Glay M., Les Gaulois en Afrique, 1962, 43 p. + 1 carte 58. Renard M. (ed.), Hommages à Albert Grenier, 1962, 1679 p. + 338 pl. (3 vol.) 59. Herrmann L., Perse: Satires, 1962, 55 p. 61. Joly R., Le Tableau de Cébès et la philosophie religieuse, 1963, 92 p. 62. Deonna W., La Niké de Paeonios de Mendé et le triangle sacré des monuments figurés, 1968, 220 p. 63. Brown E.L., Numeri Vergiliani. Studies in “Eclogues” and “Georgics”, 1963, 146 p. 64. Detsicas A.P., The Anonymous Central Gaulish Potter known as X-3 and his Connections, 1963, 73 p. + 16 pl. 65. Bardon H., Le génie latin, 1963, 264 p. 67. Herrmann L., Le rôle judiciaire et politique des femmes sous la République romaine, 1964, 128 p. 69. Herrmann L., Les fables antiques de la broderie de Bayeux, 1964, 62 p. + 42 pl. 71. Fletcher G.B.A., Annotations on Tacitus, 1964, 108 p.
30 € 50 € 30 € 50 € 30 € 30 € 30 € 30 € 30 € 30 € 30 € 30 € 30 € 60 € 40 € 30 € 30 € 30 € 40 € 30 € 90 € 30 € 30 € 40 € 30 € 30 € 40 € 30 € 30 € 30 €
72. Decouflé P., La notion d’ex-voto anatomique chez les Étrusco-Romains. Analyse et synthèse, 1964, 44 p. + 19 pl. 73. Fenik B., “Iliad X” and the “Rhesus”. The Myth, 1964, 64 p. 75. Pascal C.B., The Cults of Cisalpine Gaul, 1964, 122 p. 76. Croisille J.-M., Les natures mortes campaniennes. Répertoire descriptif des peintures de nature morte du Musée National de Naples, de Pompéi, Herculanum et Stabies, 1965, 134 p. + 127 pl. 77. Zehnacker H., Les statues du sanctuaire de Kamart (Tunisie), 1965, 86 p. + 17 pl. 78. Herrmann L., La vision de Patmos, 1965, 150 p. 79. Pestalozza U., L’éternel féminin dans la religion méditerranéenne, 1965, 83 p. 80. Tudor D., Sucidava. Une cité daco-romaine et byzantine en Dacie, 1965, 140 p. + 30 pl. 81. Fitz J., Ingenuus et Régalien, 1966, 72 p. 82. Colin J., Les villes libres de l’Orient gréco-romain et l’envoi au supplice par acclamations populaires, 1965, 176 p. + 5 pl. 84. des Abbayes H., Virgile: Les Bucoliques, 1966, 92 p. 85. Balty J.C., Essai d’iconographie de l’empereur Clodius Albinus, 1966, 70 p. + 10 pl. 86. Delcourt M., Hermaphroditea. Recherches sur l’être double promoteur de la fertilité dans le monde classique, 1966, 76 p. + 10 pl. 87. Loicq-Berger M.-P., Syracuse. Histoire culturelle d’une cité grecque, 1967, 320 p. + 21 pl. 89. Newman J.K., The Concept of Vates in Augustan Poetry, 1967, 132 p. 92. Cambier G. (ed.), Conférences de la Société d’Études Latines de Bruxelles. 1965-1966, 1968, 132 p. 93. Balil A., Lucernae singulares, 1968, 98 p. 97. Cambier G., La vie et les œuvres de Gislain Bulteel d’Ypres 1555-1611. Contribution à l’histoire de l’humanisme dans les Pays-Bas, 1951, 490 p. + 1 pl. 101. Bibauw J. (ed.), Hommages à Marcel Renard I. Langues, littératures, droit, 1969, 840 p. + 14 pl. 102. Bibauw J. (ed.), Hommages à Marcel Renard II. Histoire, histoire des religions, épigraphie, 1969, 896 p. + 41 pl. 104. Veremans J., Éléments symboliques dans la IIIe Bucolique de Virgile. Essai d’interprétation, 1969, 76 p. 105. Benoit F., Le symbolisme dans les sanctuaires de la Gaule, 1970, 109 p. 106. Liou B., Praetores Etruriae XV populorum. Étude d’épigraphie, 1969, 118 p. + 16 pl. 107. Van den Bruwaene M., Cicéron: De Natura Deorum. Livre I, 1970, 191 p. 111. Mansuelli G.A., Urbanistica e architettura della Cisalpina romana fino al III sec. e.n., 1971, 228 p. + 105 pl. 113. Thevenot E., Le Beaunois gallo-romain, 1971, 292 p. 114. Hommages à Marie Delcourt, 1970, 454 p. + 17 pl. 115. Meslin M., La fête des kalendes de janvier dans l’empire romain. Étude d’un rituel de Nouvel An, 1970, 138 p. 117. Dulière W.L., La haute terminologie de la rédaction johannique. Les vocables qu’elle a introduits chez les Gréco-Romains: Le Logos-Verbe, le Paraclet-Esprit-Saint et le Messias-Messie, 1970, 83 p. 118. Bardon H., Propositions sur Catulle, 1970, 160 p.
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30 € 30 € 40 € 30 € 50 € 30 € 30 € 30 € 50 € 57 € 50 € 50 € 30 € 40 € 30 € 30 € 30 € 40 € 50 € 50 € 40 € 30 € 30 € 63 € 40 € 40 € 30 € 30 € 50 € 30 €
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