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French Pages 201 Year 2006
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est une revue
politiques et culturelles
trimestrielle
qui concernent
dont l'ambition
est d'aborder
les
les peuples et les sociétés du bassin
Sons aucun porti pris idéologique, elle privilégie avant tout le débat entre les acteurs,
les témoins et les décideurs, aussi différents soient-ils. Les membres du comité de rédaction ont choisi cette orientation
parce qu'ils sont convaincus que le
dialogue est une philosophie de l'action politique. Ni l'ampleur
des divergences,
oppositions ne doivent empêcher que soient patiemment Cet attachement
ni 10 gravité des
recherchées les possibilités de confluences.
au dialogue et à 10 confrontation des idées vient de 10 conviction que seul le dialogue
peut permettre de construire durablement
de nouvelles formes de configurations
politiques,
à 10
fois
équilibrées et fécondes. La création de cette revue à vocation internationale d'un indispensable façonneront
espace de confrontations
apparaît comme une contribution à l'ouverture
des analyses et des opinions sur les problèmes
qui
l'avenir de cette région.
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éditoriale sont à adressés à 10 rédaction de 10 revue.
En couverture: Prière du vendredi à 10 mosquée de Paris (03/02/2006) Photo AFP/Medhi Fedouach
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Christian Bruschi 8 lain Gresh 8 Paul Kessler 8 ni 8 Gilbert Meynier 8 méd 8 Baccar Touzani 8
Shalabi (Amman) 8 Sàrnia El Machat (Tunis) 8 er Heacock (Jérusalem)
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logiques conversionnistes et mouvements de réislamisation FRANKPETER
Une religion civile en quête d'autorités religieuses VINCENTGEISSER
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DOMINIQUEBAlllET
les rétributions du militantisme associatif maghrébin KHADIJA
MOHSEN-FINAN
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BERTOSSI
le débat public confessionnalisé MICHEL MORINEAU
laïcité et Islam: histoire d'une Commissionet itinéraire d'une réflexion FRANCKFREGOSI
les mosquées dans la République
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Les déterminants du poids des partis religieux en Israël CLAUDELlAUZU Contre
des manifestations d'antisémitisme dans les Universites du Maghreb
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Dossier préparé par A. Lamchichi et A. Boubekeur
Musulmans de France
I Culture
Actuel
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a politisation de la présence des musulmans en Europe de l'Ouest par les institutions nationales et européennes s'échelonne sur 30 ans'. Jusque dans les années 70, cette présence peu visible et considérée comme temporaire à travers la figure de l'immigré, ne suscite que peu d'intérêt de la part des politiques publiques. Au début des années 80, la fin de la dynamique migratoire et l'émergence de jeunes de confession musulmane nés en Europe incite de plus en plus les Etats membres de l'Union européenne à inscrire sur leur agenda la présence nouvelle et souvent pensée comme problématique de ces populations. Parce que plus touchés par le chômage et l'exclusion sociale que le reste de la
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Musulmans
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population, les musulmans d'Europe se sont souvent vus paradoxalement exclus au titre de leur manque d'intégration aux sociétés européennes. C'est donc à travers le prisme de la crise sociale (grèves, émeutes... ) que va se structurer l'attention que les acteurs publics (Etats et médias) porteront aux musulmans. Les réponses politiques apportées vont dans un premier temps être élaborées sous l'angle ethnique notamment en France avec la politique «beuI'».A partir des années 90, ces réponses politiques changent de registre. Ce n'est plus à travers la question de l'ethnicité mais celle de l'islam, que sont reconceptualisés les problèmes sociaux que peuvent connaître les musulmans européens. Ces problèmes ne sont que très rarement spécifiques à la communauté musulmane (notamment ceux se structurant autour des femmes) mais vont être inextricablement liés dans leur traitement politique à la construction d'une nature problématique de l'islam, un islam de crise n'intervenant dans l'espace public que de façon quasi exclusivement polémique. En effet, les années 90 correspondent aussi à un certain nombre d'événements liés (de façon très différente) à la présence des musulmans européens tels que les attentats terroristes (Paris, Madrid, Londres), l'affaire Rushdie au Royaume-Uni, les processus de réislamisation des jeunes nés en Europe et leurs lots de confrontations identitaires2, et depuis les années 2000, les tensions autour du rôle du religieux dans l'espace séculier, la lutte contre l'antisémitisme, voire même la délinquance dans les quartiers populaires à majorité musulmane. Ces évènements de crise vont amener les acteurs institutionnels ainsi que les médias à prendre en compte la variable religieuse comme mode déterminant dans la compréhension et la résolution de ces problèmes. Cette perspective sous-tend donc l'idée selon laquelle l'islam serait le facteur explicatif de ces crises en même temps qu'il en serait la solution. Ainsi, les politiques de lutte contre le terrorisme dit islamique se résument à un ensemble de dispositifs sécuritaires, doublés de la volonté de mettre en place un islam officiel, national et paisible. Avec ce diagnostic présentant l'islam comme variable explicative des difficultés que connaissent les musulmans d'Europe, on élude les déficiences en matière d'égalité d'accès au ressources culturelles et économiques, qui participent également à l'émergence de ces crises, et dont la responsabilité de résolution politique relève prioritairement des Etats et de l'Union. Va donc progressivement s'effacer la frontière entre l'islam comme
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Introduction
religion européenne de facto et l'islam en tant que facteur politique exogène et autonome, déclencheur de crises menaçant les fondements des sociétés concernées. Les débats sur le rôle de l'islam dans ces crises sont le plus souvent présentés en terme d'inadaptabilité culturelle pouvant mener au «clash des civilisations», tels que l'ont été les questions du port du voile, des émeutes en banlieue et plus récemment l'affaire des caricatures islamophobesJ. La réponse amenée par l'Union en termes de développement de politiques interculturelles afin de prévenir les crises autour de l'islam, participent également, et de façon presque ironique, à cette question d'inadaptabilité culturelle. Une culture intrinsèque à l'islam et mal adaptée à l'Europe, plus que la relative égalité d'accès à l'identité majoritaire entre musulmans et non musulmans, serait donc le problème. Dans le contexte post 11 septembre, cette question d'une nature islamique incompatible s'est accompagnée d'une logique sécuritaire de lutte contre le terrorisme islamique de la part des Etats de l'Union. Là aussi, si l'islam en tant que religion doit être concerné, les politiques anti-terroristes occultent alors en partie les problèmes plus quotidiens qui se posent aux musulmans d'Europe tels que l'islamophobie, la gestion du culte, la construction de mosquées, la formation d'imams et autres. Le rôle au sein de l'Europe de ces citoyens pensés comme «nouveaux» et «particuliers» est ainsi configuré par des politiques hésitantes et non homogènes, oscillant entre assimilation, interculturalisme et intégration\ mettant en avant la difficulté, à un niveau national comme à un niveau européen, de choisir entre les catégories de minorités, d'immigrants, de nouveaux nationaux ou encore de «nouveaux européens» pour désigner les musulmans. L'apparent échec de 30 ans de politiques sociales européennes visant à intégrer les musulmans est aussi sans doute à relier au fait que ces politiques se sont largement faites sans eux, hormis bien sûr lorsque ceux perçus comme des autorités musulmanes sont sollicités sur des sujets reliés à la sécurité et au terrorisme. Comblant le manque de représentation et de participation politique sereines de l'ensemble des musulmans en Europe, cette conception d'un islam de crise consomme de plus en plus la rupture existante entre les élites politiques européennes et la réalité excentrée et polémique des musulmans européens. Pour mieux comprendre le rôle réel ou supposé de l'islam dans les multiples crises que rencontrent l'Europe aujourd'hui et qui se Il...i,. 57. .'Int '
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>51. Ainsi, se présentant à la fois comme des associations et des entreprises, et devant donc concilier leurs objectifs respectifs, elles peuvent revêtir diverses formes. Elles correspondent à trois des quatre groupes d'entreprises associatives décrites par I. Kandel et E. Marchai: les unes, dirigées par des bénévoles fondateurs, offrent un service de voisinage ou personnalisé, destiné à des particuliers, et ressemblent à des entreprises familiales, dans lesquelles les relations domestiques revêtent une grande importance; les autres ont pour dirigeants des salariés fondateurs, qui ont créé leur propre emploi, qu'ils peuvent conserver selon les résultats économiques de l'entreprise, et se caractérisent par un nombre de diplômés du supérieur assez faible et une gestion de l'emploi marquée par un recours au travail intermittent ; les troisièmes, dirigées par un salarié d'un organisme extérieur impliqué dans leur création et leur gestion, se caractérisent par des dirigeants qui travaillent bénévolement pour le compte de l'entreprise associative, mais dans le cadre de fonctions rémunérées à un autre titre, et disposent de temps et de moyens bien supérieurs aux bénévoles52.
Si ces entreprises associatives connaissent certaines limites financières et juridiques, elles comptent néanmoins quelques atouts. En effet, grâce à leur objectif désintéressé, elles bénéficient de conditions de fonctionnement qui offrent plus d'attrait et de flexibilité que des institutions ou des entreprises. Elles agissent dans l'intérêt général, et remplissent, comme le souligne E. MarchaI, leur mission d'intégration d'individus en difficulté sur le marché du travaiP\ notamment les jeunes d'origine maghrébine qui connaissent si ce n'est le chômage, en tous cas la précarité. Ainsi, de par leurs caractéristiques, elles ont pu former un «marché secondaire» du travail et permis d'éviter dans une certaine mesure le chômage de ces jeunes. En effet, elles ont contribué à un nouveau mode d'organisation du travail, post-taylorien, en réponse à la crise économique actuelle. Elles ont remplacé, depuis la deuxième moitié des années 1980, le rôle d'intégration que jouait le travail salarié traditionnel dans les années 1970. Elles n'ont pas mis fin au travail comme facteur essentiel d'intégration, mais elles ont mis fin à la centralité du modèle du travail salarié à temps plein. Avec l'augmentation du chômage des jeunes dans les années 118
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Culture i
Les rétrihutions du militantisme associatif maghréhin I
1980-90,
ces associations ont été souvent plus intégratrices que les
stages proposés par l'ANPE, que toutes les mesures mises en place dans les années 1980, tels les TUC (les Travaux d'utilité collective), les SM (Stages d'initiation à la vie professionnelle), les CES (Contrats emploi-solidarité), les CEC (Contrats emplois renforcés) ou toute forme d'emplois précaires. Elles ont souvent utilisé ces dispositifs, mais ont permis aux jeunes de trouver un stage qualifiant ou un emploi dans le travail social, leur ont donné des stratégies, ont mis à leur disposition un réseau et un système de recommandations susceptibles de les faire accéder à un marché du travail spécifique, et les ont insérés davantage que le travail salarié classique54. Elles ont même pu permettre à l'occasion des reconversions professionnelles, en facilitant l'accès, après une période de chômage choisie ou imposée, à un emploi plus conforme au projet de vie des militants. Elles ont donné la possibilité, en d'autres termes, d'un passage d'un emploi de «nécessité», estimé souvent ali,énant et propre aux catégories populaires, à un emploi de «liberté», selon les termes de P. Bourdieu55.
Les emplois de ces associations se situent surtout dans le secteur de l'économie sociale, de l'économie solidaire, et du tiers-secteur. L'économie sociale désigne l'ensemble des activités productives menées au sein de trois types de personnes morales: les mutuelles, les coopératives, les associations. Elle comprend un ensemble de règles formelles: le principe de direction (