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French Pages [124] Year 2013
Paul Christophe
L’unité sacrée, principe du langage mégalithique Stonehenge, Carnac et autres mystères résolus
L’unité sacrée Principe du langage mégalithique
Paul Christophe
L’unité sacrée Principe du langage mégalithique Stonehenge, Carnac et autres mystères résolus
Illustration de couverture : Beaghmore (Comté de Tyrone Irlande), d’après Harbison, © Thames and Hudson
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-00565-2 EAN : 9978-2-343005652
Chapitre 1
STONEHENGE : le temple universel
Stonehenge (Wiltshire, Grande Bretagne) est l’un des plus étranges sanctuaires du Néolithique. Son architecture particulière l’a rendu célèbre bien au-delà des frontières de l’Angleterre. Malgré les avancées, le monument reste toujours une énigme. Pendant longtemps, Stonehenge a été considéré comme une sorte de calendrier servant à des visées astronomiques pour prévoir des moments importants de l’année. Actuellement, il semblerait que ce soient les rayons du solstice d’hiver qui se projettent dans l’édifice et non ceux du solstice d’été comme cela était admis depuis longtemps. Les hypothèses les plus récentes assimilent Stonehenge à un lieu de guérison. Ce sont notamment les fameuses pierres bleues qui porteraient ce pouvoir thérapeutique. On a retrouvé des fragments de ces pierres dans des tombes avoisinantes. Les fouilles de 2008 ont apporté des éléments de datation mais n’ont pas permis d’expliquer l’architecture particulière du monument qui a été remanié à de nombreuses périodes. La
compréhension de l’édifice était-elle perdue à jamais ? Inversement, pourquoi la solution ne serait-elle pas à notre portée, inscrite dans le plan du site ? Une solution simple, accessible à tout le monde. Notre étude repose sur l’architecture du monument tel qu’il a été restitué par les archéologues dans sa dernière phase :
Fig. 1 : Stonehenge reconstitué.
1) Description Le monument est composé de plusieurs « couches » concentriques, étudions-les de l’extérieur vers l’intérieur. Nous sommes tout d’abord confrontés à une « enceinte », formée d'un fossé et d’un talus de terre qui entoure l’édifice de pierre. Celui-ci, de diamètre moindre, est placé au centre de ce cercle :
Fig. 2 : Stonehenge et son « enceinte ».
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Au niveau de cette enceinte s’abouche « l’Avenue », également bordée d’un fossé et d’un talus. Cette Avenue est rectiligne sur plusieurs centaines de mètres puis change deux fois de direction pour rejoindre la rivière Avon. La longueur de l’Avenue est d’environ 3 km :
Fig. 3 : Stonehenge et l’Avenue. La pierre la plus célèbre du site est la Heel Stone qui est placée dans l’Avenue qui rejoint le cercle de terre entourant l’édifice mégalithique (fig. 2). C’est sur elle que se lève le soleil au solstice d’hiver pour projeter ses rayons au centre de l’édifice. Le premier cercle de pierres est formé de blocs de trilithes de hauteur constante (un trilithe = trois pierres, pouvant être comparées aux montants d'une porte coiffée d'un linteau). Les linteaux des différents trilithes se touchaient de telle sorte, que vu de haut, le cercle périphérique était continu. Les deux montants possédaient un tenon sur leur sommet dans lequel venait s’emboîter une cavité ménagée dans les linteaux. Juste à l’intérieur du cercle extérieur de trilithes se situe un cercle de pierres bleues (fig. 1 et 2). Celles-ci sont relativement petites et cachées par les trilithes. Ces pierres qui prennent des reflets bleutés une fois mouillées et fraîchement taillées avaient une importance capitale pour les constructeurs qui les ont cherchées à plus de deux cents kilomètres (Monts Preseli, Pays de Galles). Elles ont fait couler beaucoup d'encre, on leur a attribué diverses significations : pierres magiques… pierres thérapeutiques. 9
Toujours plus vers le centre de l’édifice se trouve un fer à cheval de cinq énormes trilithes (fig. 1 et 2). A la différence des trilithes du cercle extérieur, ceux-ci sont séparés, les linteaux ne se touchent pas. Le trilithe le plus grand est au centre, il sépare deux groupes de deux trilithes plus petits. Enfin la dernière structure mégalithique se situe au centre de l’édifice, il s’agit d’un fer à cheval de pierres bleues (fig. 1 et fig. 2). Ce sont les mêmes pierres bleues déjà disposées sur le cercle juste après les trilithes circulaires et périphériques. Dans l’espace défini par le fer à cheval de pierres bleues, se trouve une grande pierre actuellement couchée, la « pierre de l’autel ». Cette pierre est plus grande que les pierres bleues avoisinantes (fig. 1 et 2). Nos hypothèses reposent sur la composition des strates et leurs formes géométriques établies avec certitude.
2) Le premier secret de Stonehenge : la relation entre les strates Lorsque l’on considère le plan de l’édifice, on s’aperçoit qu’il y a deux types de pierres (les trilithes et les pierres bleues) et deux types de formes géométriques (le cercle et le fer à cheval). Il y a un mélange complexe entre ses différents éléments. Lorsqu’on progresse vers l’intérieur, les trilithes sont d’abord sur un cercle puis sur un fer à cheval. De même pour les pierres bleues, en allant de l’extérieur vers l’intérieur, les pierres bleues sont d’abord situées sur un cercle puis sur un fer à cheval. Il y a sûrement un lien qui unit ces deux formes et ces deux types de pierres. Pour tenter d’expliciter la relation entre ces « strates » nous allons assimiler Stonehenge à un œuf. Pour accéder au centre d’un œuf, il faut obligatoirement le décortiquer et enlever les différentes couches qui se succèdent. Il y a une sorte de parcours obligatoire avec l’impossibilité de griller les étapes. La coquille périphérique constitue la strate de départ. Puis vient le blanc et ensuite au centre, le jaune. La couche blanche est une couche intermédiaire entre la coquille et le jaune, entre le « départ » et « l’arrivée ». Le parcours au sein de notre œuf se
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compose ainsi de trois étapes : un départ, une arrivée et entre les deux, une étape intermédiaire. Faisons la même chose à Stonehenge avec un promeneur qui se dirige de la périphérie de l’édifice vers le centre. Nous imaginons qu’il commence son parcours en face de l’Avenue. Le point de départ est marqué d’une flèche sur la figure suivante :
Fig. 4 : Sens d’un parcours virtuel. Nous appellerons arbitrairement cette partie, « l’arrière » de l’édifice qui s’oppose à « l’avant » de l’édifice, situé près du départ de l’Avenue. Le promeneur devra tout d’abord franchir le cercle périphérique de trilithes, véritable coquille, première étape du parcours. L’aspect de coquille est d’ailleurs renforcé par la cohésion des linteaux des trilithes. Le cercle extérieur de trilithes est fait d’un seul tenant et forme une couronne continue par opposition au cinq trilithes du fer à cheval qui eux sont séparés. Le promeneur traversera successivement le cercle de pierres bleues, le fer à cheval de trilithes et le fer à cheval de pierres bleues qui délimite le centre de la construction. Notre promeneur a ainsi effectué un parcours avec un départ, le cercle de trilithes situé en périphérie et une arrivée, le fer à cheval de pierres bleues, situé au centre. Entre le départ et l’arrivée, il a traversé deux « strates » intermédiaires : le cercle de pierres bleues et le fer à cheval de trilithes. C’est au niveau de ces deux strates intermédiaires que se situe le point le plus important pour le décryptage de cet édifice, la
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clef de voûte permettant de rentrer dans la compréhension de ce site : « le premier secret de Stonehenge ». Tout repose sur un simple parcours avec un début, une fin, et entre les deux, le chemin proprement dit. Ces deux strates que nous avons qualifiées « d’intermédiaires », (le cercle de pierres bleues et le fer à cheval de trilithes), placées entre le départ (l’extérieur) et l’arrivée (l’intérieur), sont d’une importance capitale. Elles sont l’expression du raffinement de Stonehenge et donnent accès au langage des constructeurs de ce temple : celui du symbole. Le premier secret de Stonehenge repose sur un « truc », sorte « d’astuce mégalithique » qui nous a été léguée par les constructeurs. Le départ, le cercle extérieur de trilithes, impose deux caractéristiques : une liée à la forme (le cercle) et l’autre liée à la pierre (le trilithe). De même pour l’arrivée, le fer à cheval de pierres bleues impose deux caractéristiques : une liée à la forme (le fer à cheval) et l’autre liée à la pierre (les pierres bleues). Dans cette hypothèse, les strates de départ et d’arrivée sont radicalement différentes et n’ont aucun point commun. Examinons maintenant la première strate intermédiaire, le cercle de pierres bleues. Il présente le type de pierre de l’arrivée, les pierres bleues qui sont réparties sur une forme caractéristique du départ : le cercle. Même remarque pour la deuxième strate intermédiaire, le fer à cheval de trilithes. Il présente des pierres (les trilithes) « issues » de la couronne périphérique de départ qui sont réparties cette fois-ci sur une forme géométrique « issue » de l’arrivée, le fer à cheval. Non seulement ces deux strates sont en situation intermédiaire par rapport au départ et à l’arrivée mais en plus elles sont de composition intermédiaire par rapport aux deux strates qu’elles séparent. Leur constitution résulte d’un mélange d’éléments issus des strates reliées. Leur composition et leur situation sont intermédiaires entre les deux extrêmes qu’elles relient. Ces deux strates différentes ont la même symbolique et forment un seul ensemble, à l’image des deux autres étapes : le départ et
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l’arrivée. Il y a quatre strates mais seulement trois étapes ou trois couches comme dans l’œuf. Le rôle du cercle de pierres bleues et du fer à cheval de trilithes est de réaliser une médiation entre le départ et l’arrivée qui sont radicalement différents. Ce sont deux strates qui ont emprunté des caractéristiques au départ et à l’arrivée pour les mélanger entre les deux. Elles représentent un domaine de transition qui sépare et relie à la fois deux « berges » différentes et éloignées. Elles sont comparables à un pont jeté entre deux rives qui resteraient inaccessibles sans ce moyen de passage. Sur ce « pont », il persiste encore certaines caractéristiques de départ qui se trouvent déjà mélangées à des caractéristiques de l’arrivée. Avant d’arriver au but, on en a déjà certains éléments. Après avoir quitté le départ, on a déjà perdu certaines caractéristiques mais on en a gagné d’autres venues du but. L’étape intermédiaire est la plus « longue », elle est composée de deux strates alors que le départ et l’arrivée n’en n’ont qu’une. Nous sommes en présence de trois étapes : un départ, une arrivée et entre les deux un domaine de passage qui relie et assure une transition. Il y a bien un voyage, un parcours qui est représenté par le biais du langage symbolique. Il reste maintenant à donner un nom à ces trois étapes. Cette astucieuse configuration a sûrement un but précis et n’a pas été établie par simple jeu, vu les efforts déployés pour la réalisation de cet édifice.
3) Le deuxième secret de Stonehenge : le rôle des pierres bleues C’est là qu’il faut laisser parler les mystérieuses pierres bleues qui irritent par leur mutisme. Ces pierres beaucoup moins impressionnantes que les gigantesques trilithes ont pourtant eu une importance capitale pour les constructeurs. Elles ont été cherchées dans des carrières distantes de plusieurs centaines de kilomètres et ramenées sur le site. Elles proviennent des monts Preseli au Pays de Galles. Les archéologues ont noté la présence
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de constructions mégalithiques sur les monts Preseli, notamment des cercles de pierre. Ces monts devaient revêtir une importance particulière pour les hommes du Néolithique et surtout pour les constructeurs de Stonehenge. Sur les monts Preseli, les pierres n’ont qu’à être « cueillies ». A l’état naturel, elles se dressent comme des pointes vers le ciel. Elles prennent leur nom de « pierres bleues » justement à cause de leur reflet bleuté qui apparaît lorsqu’elles sont fraîchement taillées et mouillées. Avec les intempéries et le temps, elles se couvrent de moisissures et perdent leur reflet bleu. Il est vrai que l’on ne comprend toujours pas aujourd’hui l’importance de ces pierres. Pourquoi, les constructeurs de Stonehenge sont allés les chercher si loin pour les traîner vers leur édifice ? Les dernières hypothèses confèrent des vertus thérapeutiques aux pierres bleues, Stonehenge serait alors un lieu de guérison. La solution est plus simple, c’est leur couleur qui est fondamentale, le bleu, et leur situation originelle : les monts. Les pierres bleues ont été choisies parce qu’elles rappellent la couleur du ciel, la couleur bleue de l’azur. Les pierres bleues sont des pierres célestes. Les constructeurs ont cherché des pierres qui pouvaient rappeler la couleur du ciel et les ont descendues des monts pour les placer dans leur édifice. Les constructeurs ont descendu des morceaux d’azur dans leur temple, ils ont descendu le ciel sur la terre, c’est le « deuxième secret » de Stonehenge. Les monts Preseli constituaient un véritable « don des dieux » pour les constructeurs. Non seulement il s’agit d’un lieu élevé, plus proche du ciel, un lieu qui « touche » le ciel mais en plus il fournit des pierres de la couleur du ciel. En admettant que les constructeurs de Stonehenge aient trouvé des pierres bleues en plaine, la force du symbole n’aurait pas été aussi forte. Les pierres bleues issues des sommets sont véritablement proches du ciel. Ces pierres bleues dressées vers le ciel, comme on les trouve à l’état naturel sur les monts Preseli, constituaient un moyen parfaitement adapté à la représentation du ciel pour leur temple. Alors peu importe les efforts à fournir, il fallait des pierres bleues issues de sommets même s’il elles étaient distantes de plusieurs centaines de kilomètres. 14
Les constructeurs de Stonehenge ont descendu le ciel dans leur édifice, ils l’ont virtuellement placé sur le cercle de pierres bleues et sur le fer à cheval situé au centre du temple. Pourquoi n’avoir pas placé leur ciel à un seul endroit ? Pourquoi cette complexité ? Il y aurait alors un double ciel au sein de cet édifice ? Pour comprendre l’idée qui se cache dans cet agencement particulier, il faut revenir au chapitre précédent et reprendre le parcours que nous avons défini (fig. 4). Ce parcours se fait de l’extérieur vers l’intérieur, de « l’arrière » de l’édifice vers « l’avant », l’avant étant placé du côté où se situe l’Avenue. Ce parcours possède une gradation des étapes. Au fur et à mesure que l’on progresse vers le centre, les étapes sont de plus en plus importantes, on se rapproche d’une sorte de « Saint des saints ». La dernière strate, proche du centre correspond au but du parcours, le fer à cheval de pierres bleues. De par la couleur des pierres, nous pouvons assimiler le fer à cheval de pierres bleues au ciel. Les constructeurs de Stonehenge ont symbolisé le ciel par un fer à cheval de pierres bleues. Si le but est constitué par le ciel, le départ est facile à trouver : il s’agit, à l’opposé, du début du voyage, qui correspond à la strate la plus périphérique ou externe. Celle-ci est en rapport avec la terre, point de départ obligatoire d’un parcours vers le ciel. Le cercle périphérique (la coquille de l’œuf) symbolise la terre. Dans le temple de Stonehenge, le cercle extérieur de trilithes représente la terre. La couleur blanche des trilithes rappelle probablement la couleur du sol crayeux. Stonehenge reproduit, par le biais du langage symbolique, un parcours débutant avec la terre et se terminant au ciel. Si le temple est original par sa constitution, le message délivré est quasi universel. Dans de nombreuses civilisations, le ciel a toujours été le domaine des dieux, le but à atteindre. Pour l’instant, nous avons étiqueté le cercle de trilithes placé au départ du parcours et qui correspond à la terre. Au centre, le fer à cheval de pierres bleues représente le ciel. Quelle est alors la signification des deux strates intermédiaires placées entre le départ et l’arrivée, entre la terre et le ciel ?
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La première objection qui vient immédiatement en contradiction avec notre hypothèse assimilant le fer à cheval de pierres bleues au ciel est la présence de pierres bleues sur le cercle de pierres bleues. Il s’agit de la deuxième strate que le promeneur rencontre dans son parcours vers le centre de l’édifice. Comment expliquer cette double présence des pierres bleues, au milieu et à la fin du parcours ? Il ne peut y avoir deux ciels. Il faut revenir sur ce jeu d’échange entre deux types de pierres, les trilithes et les pierres bleues et deux types de formes géométriques, le cercle et le fer à cheval. Ce « truc » que nous avons développé au premier chapitre va nous donner des indications sur la vision de l’univers des constructeurs de Stonehenge et en particulier sur son cloisonnement. Etudions à nouveau les deux strates intermédiaires placées entre le départ et l’arrivée, entre le cercle de trilithes extérieur et le fer à cheval de pierres bleues situé près du centre. Ces deux strates placées en situation intermédiaire sont de composition intermédiaire. Leur constitution relève d’un « apport » de la strate de départ associé à un « apport » de la strate d’arrivée. Le départ et le but donnent chacun un élément qui se mélange entre eux deux. Le départ, la terre, ou cercle de trilithes donne la forme (le cercle) sur lequel viennent se placer des pierres couleurs de ciel qui « proviennent » de l’arrivée, du fer à cheval de pierres bleues, ou but céleste. Ce premier mélange conduit à la création du cercle de pierres bleues placé en situation intermédiaire. Mêmes remarques pour le fer à cheval de trilithes. La terre, le départ, représenté par le cercle de trilithes extérieur donne un type de pierre, les trilithes, qui viennent se positionner sur une forme issue du ciel de Stonehenge, le fer à cheval de pierres bleues. Dans les deux strates intermédiaires, il y a un « peu de ciel » et un « peu de terre » qui sont mélangés. Stonehenge est un temple qui reproduit une vision horizontale et concentrique de l’axe du monde. Cet univers est segmenté en trois parties qui sont en fait superposées. L’axe repose sur terre et conduit au ciel (l’azur) à l’image d’une échelle. Entre le départ (le bas) et l’arrivée (le haut), il existe, d’après la 16
constitution du temple, un domaine de transition qui correspond par analogie à l’atmosphère et à ses nuages. Dans notre langage moderne, la notion de « ciel » comprend à la fois l’azur (le bleu) et les nuages, aucune distinction n’est faite. Dans la vision de Stonehenge, il existe une séparation entre les deux. L’axe du monde était ainsi composé de trois portions, le bas, le haut et l’intermédiaire. Nos ancêtres de Stonehenge voyant le ciel éloigné de la terre ont jeté une échelle entre les deux. Ils ont rejoint ces deux éléments séparés par une portion intermédiaire : ils ont fait descendre un peu de ciel (la couleur bleue) dans ce domaine médiateur et ils y ont fait monter un peu de terre (la couleur blanche). Ils ont mélangé les deux pour bien montrer qu’à cet endroit ce n’est plus véritablement la terre et pas encore tout à fait le ciel. La terre et le ciel se tendent la main dans cette portion médiatrice pour se rejoindre. Le « bas » perd un de ses qualificatifs et en gagne un venant du « haut ». Un élément du haut descend au milieu et un élément du bas, monte. Dans cette étape particulière de médiation, il y a « un peu de terre » et « un peu de ciel », nous sommes véritablement entre les deux. Ce domaine intermédiaire n’a pas véritablement de caractéristiques propres, il ne fait que les emprunter aux deux strates qu’il relie. Notre hypothèse s’écroulerait s’il y avait la moindre pierre bleue au niveau du cercle extérieur de trilithes représentant la terre. Cette étape de départ est spécifique et n’a pas à avoir d’éléments venant du haut. Inversement, l’arrivée n’a pas à avoir de trilithes qui sont caractéristiques du départ. Par contre l’étape médiatrice a le « droit » d’avoir les deux caractéristiques à la fois : couleur blanche de la terre et bleue du ciel, lourdeur des trilithes et légèreté des pierres bleues, cercle de la terre et fer à cheval du ciel. Tous les éléments se mélangent dans cette étape de transition. Pour comprendre Stonehenge, il faut bien sûr examiner le plan du site mais surtout regarder le ciel. La condition météorologique idéale pour comprendre le message de ce temple est lorsque le ciel est bleu avec quelques nuages. Nous avons là véritablement trois étapes : la terre en bas, l’azur en haut (qui reste immuablement bleu même lorsqu’il est caché) et
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entre les deux les nuages. Ils constituent l’étape intermédiaire qui sépare et qui relie à la fois la terre et l’azur. Cette couche nuageuse reproduit très bien l’étape médiatrice de Stonehenge. Les nuages possèdent encore un peu de matérialité par rapport à la terre grossière mais ils en ont encore trop par rapport à l’azur, immatériel. La même symbolique est attribuée aux deux strates de transition de l’édifice. Les constructeurs de Stonehenge ont trouvé un artifice leur permettant de reproduire, grâce au langage symbolique, cette étape particulière placée entre terre et ciel qui a disparue de notre vision moderne. Le modèle original de Stonehenge est à la portée de tout le monde, il est à la portée de celui qui veut bien regarder le ciel. Les architectes de Stonehenge ont simplement copié, à leur façon, le modèle original qu’ils avaient en permanence devant leurs yeux. Par le biais du langage symbolique, ils ont reproduit le cosmos avec deux types de pierres et deux formes géométriques. La nature les a considérablement aidé en leur fournissant ces pierres bleues providentielles qui ont été « descendues du ciel » (les monts Preseli). Stonehenge est un temple universel, il copie l’Univers. A n’importe quel point du globe, l’homme qui lève les yeux au ciel, aperçoit le modèle original du temple de Stonehenge avec ses pierres bleues. L’étape médiatrice du temple est la plus riche au point de vue symbolique parce qu’elle condense des éléments venant des extrêmes qu’elle relie. Ce domaine est également le plus long puisqu’il se répartit sur deux strates alors que la terre et le ciel ne sont représentés que par une seule strate. Ce domaine intermédiaire de par sa longueur constitue le chemin placé entre le départ et l’arrivée et à ce titre il est le plus étendu. Le premier rôle de l’étape intermédiaire est de relier la terre au ciel mais elle possède encore un deuxième rôle. En effet, le départ, le cercle de trilithes est totalement différent du fer à cheval de pierres bleues, fin du voyage. Dans les deux strates intermédiaires, il y a déjà des éléments venant du but, les pierres bleues et le fer à cheval. Ce domaine intermédiaire a pour rôle de « préparer » doucement à l’accession au but du 18
voyage. Il s’agit d’une étape de passage qui assure la transition ou la médiation entre deux choses radicalement différentes, la terre et le ciel.
4) Stonehenge : une pyramide aplatie La première conséquence que nous pouvons tirer de ce qui précède est la verticalité de Stonehenge. Il ne faut plus voir cet édifice de façon horizontale comme une galette mais comme un escalier qui monte au ciel. L’autre message du temple est le suivant : ce qui est couché sur le sol, ce qui apparaît horizontal à nos yeux, doit se voir de façon verticale. Ne pouvant construire l’édifice comme une pyramide égyptienne, les architectes de Stonehenge ont employé le langage symbolique pour recréer la même idée d’ascension mais avec des éléments horizontaux. Stonehenge doit être vu comme un cône avec trois paliers, la terre en bas au ras du sol avec la circonférence la plus large, le ciel vers le haut avec la circonférence la plus faible et entre les deux, un étage intermédiaire de circonférence intermédiaire :
Fig. 5 : Stonehenge, vue pyramidale. 19
Si nous écrasons cette pyramide comme une galette, nous retrouvons, les trois étapes qui s’emboîtent, les unes dans les autres, sur un plan horizontal. Le plus haut se situe alors au centre, le plus bas en périphérie. Stonehenge est une pyramide écrasée, les constructeurs ont recrée la verticalité par le langage symbolique. Le promeneur qui effectue le parcours de l’extérieur vers l’intérieur effectue un parcours vertical. Plus il se rapproche du centre plus il monte. Ce sanctuaire n’est autre que l’ancêtre de notre jeu de marelle.
5) Le but de Stonehenge A quoi va servir ce temple/symbole ? Quel est le but de Stonehenge ? Pourquoi tous ces d’efforts ? Stonehenge répond au problème du devenir de l’homme. En joignant la terre au ciel par le biais des strates concentriques, le temple recrée le parcours post mortem de l’individu. Le parcours de Stonehenge n’est qu’une répétition du vrai voyage de l’âme après la mort. En franchissant, les quelques mètres qui séparent le cercle de trilithes périphérique et le fer à cheval central, l’homme de Stonehenge est assuré d’atteindre le ciel après sa mort. Les religions diront avec des mots ce que Stonehenge a symbolisé avec des pierres. Le fer à cheval de pierres bleues, but du parcours, correspond au ciel. A l’opposé, le cercle de trilithes situé au départ du voyage, correspond à notre monde ici-bas, le monde des vivants. L’étape intermédiaire, représentée par les deux strates de composition intermédiaire, est un pont entre la terre, notre monde, et le ciel. L’imposant cercle de trilithes extérieur et le fer à cheval de pierres bleues n’ont aucun point commun alors que dans l’étape intermédiaire, il y a un peu des deux, encore des éléments du départ et déjà des éléments du but. Ce domaine réalise la transition et prépare à l’accession au but. Stonehenge est bien un lieu de guérison, non du corps mais de l’âme.
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La constitution tripartie du temple permet d’extrapoler les croyances des hommes de Stonehenge. Leur univers est formé de trois mondes, le monde des vivants qui correspond à notre monde, la terre, et le « royaume des morts » constitué de deux autres mondes, le domaine intermédiaire et le ciel. Les fouilles de 2008 ont montré la présence de très nombreux petits fragments de pierres bleues sur le site. Certains ont été trouvés dans des sépultures avoisinantes. Ces morceaux de pierres bleues ou « pierres célestes » constituent une sorte de passeport pour le ciel. En portant un morceau de pierre bleue de son vivant ou dans sa sépulture, l’individu assure son avenir post mortem en désignant l’ultime but à atteindre, l’azur.
6) Une dernière étape ? Stonehenge reproduit un parcours commençant par la terre (le cercle de trilithes) et se terminant par le ciel (le fer à cheval de pierres bleues). Dans l’espace défini par ce fer à cheval, nous sommes arrivés tout en haut de la pyramide, virtuellement dans l’azur du ciel. Existe-t-il une ultime étape à atteindre ? Au sein de ce fer à cheval central, il existe une pierre de grande taille, beaucoup plus grande que les pierres bleues avoisinantes. Elle est actuellement couchée, il s’agit de la pierre de l’autel (Altar Stone) (fig. 1 et 4). Cette pierre située virtuellement en plein ciel possède- t-elle un rôle prédominant par rapport aux autres strates du temple. Correspondrait-elle à la projection d’un point divin ? Comme chaque portion du temple a sa correspondance avec une partie du cosmos, on peut se poser la question suivante : pourquoi la pierre de l’autel n’aurait-elle pas sa correspondance avec un élément présent dans le ciel ? Il nous manque le sommet du cône, qui vu de haut, correspond à un point situé au centre des différents étages horizontalisés. Les différentes strates de Stonehenge indiquent une étape du cosmos. Avec la pierre de l’autel, c’est un point céleste bien précis qu’il faut rechercher : une planète ou une étoile particulièrement importante au point de vue symbolique comme le soleil.
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* L’axe du temple et le soleil Les deux fers à cheval rappellent la forme d’un réceptacle couché sur le sol et ouvert vers l’Avenue. Une des plus célèbres pierres du temple, la Heel Stone, se situe au voisinage de l’abouchement de l’Avenue avec le talus périphérique qui entoure le temple mégalithique (fig. 2). La partie centrale de l’édifice se répartie autour d’un axe qui est celui de l’Avenue. Celle-ci est rectiligne sur plusieurs centaines de mètres avant de changer d’orientation. A l’heure actuelle les auteurs s’accordent à dire que c’est au solstice d’hiver et non au solstice d’été que le soleil s’aligne sur l’axe défini par l’Avenue et l’ouverture du fer à cheval de pierres bleues. A cette période, le soleil projette ses rayons audessus de la Heel Stone en direction du centre du temple, dans le réceptacle que constitue le fer à cheval de pierres bleues. A ce moment le ciel du temple (le fer à cheval de pierre bleue) est en conjonction avec le véritable ciel. Le problème avec le soleil est son constant mouvement dans le ciel. Sa projection au sein du temple reste éphémère. Cela nous conduit à rechercher un point fixe céleste qui pourrait se projeter de façon permanente dans le réceptacle constitué par le fer à cheval de pierres bleues. Le seul point immobile dans le ciel est l’étoile polaire, toutes les étoiles tournent autour de ce centre. * L’axe du temple et le pôle nord Le nord actuel n’est plus le nord de l’époque de Stonehenge. L’axe de la terre se déplace lentement et décrit un cercle céleste en 26 000 ans, le cercle de précession. Ce phénomène appelé précession des équinoxes a été décrit par l’astronome Grec Hipparque (IIe siècle avt. J.-C.). Actuellement le pôle nord se projette sur une étoile relativement brillante située au niveau de la queue de la Petite Ourse. Il y a environ 4000 ans, la période de Stonehenge qui nous intéresse, le pôle se trouvait dans la constellation du Dragon, au voisinage d’une étoile qui porte le nom de Thuban.
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Actuellement l’axe de l’Avenue (qui donne l’axe du temple) est au nord-est. Si nous plaçons un observateur au centre du temple, dans l’espace défini par le fer à cheval de pierres bleues, l’écart entre le nord actuel et le nord de l’époque est d’environ 20°. L’angle réalisé par l’axe du temple (centré par l’Avenue) et le nord actuel est aux alentours de 50° :
Fig. 6 : Le nord de Stonehenge pour un observateur terrestre.
Dans cette situation, l’Avenue n’indiquait pas le nord il y a 4000 ans et la relation entre l’étoile polaire et le temple ne peut se faire. Nos hypothèses précédentes assimilent le fer à cheval de pierres bleues au ciel. A cet endroit nous sommes en haut du cône et de l’axe du monde, virtuellement dans le ciel. Le ciel ne se scrute plus de la terre vers le ciel mais du ciel vers le ciel comme si un observateur se plaçait au centre du cercle de précession. Dans ce cas, il y a 4000 ans, l’angle entre l’étoile polaire actuelle et le pôle de cette époque est de 56°, ce qui se rapproche de l’angle que fait l’Avenue avec l’étoile polaire actuelle, environ 50° :
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Fig. 7 : Le nord de Stonehenge pour un observateur céleste. Dans le cas d’un observateur placé au centre du cercle de précession, il pourrait y avoir une corrélation entre le nord à l’époque de Stonehenge et l’axe du temple donné par la direction de l’Avenue. Les hommes du Néolithique connaissaient-ils le phénomène de précession ? Ont-ils « descendu » l’étoile polaire de l’époque dans le ciel de leur temple, le fer à cheval de pierres bleues, et en particulier sur la pierre de l’Autel, support symbolique d’une divinité unique ? Quel serait alors le rôle du soleil ? Le soleil ne serait qu’un indicateur annuel de la date du parcours au sein du temple. Lorsqu’au solstice d’hiver, les rayons du soleil frappaient le centre du temple, le parcours vers le ciel pouvait commencer.
7) La notion « d’unité sacrée » et son rapport avec l’architecture Grâce à la structure tripartite du temple de Stonehenge nous pouvons introduire la notion d’unité sacrée. Le parcours représenté au sein de l’édifice est divisé en trois étapes indissociables comme le sont la terre, l’atmosphère et le ciel. Ces trois maillons différents d’une même chaîne forment une unité. Celle-ci peut servir de support au sacré à l’image d’un moule applicable à des échelles et à des formes différentes. L’unité sacrée est une représentation de trois éléments associés qui symbolise les étages superposés d’un univers tripartite.
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* Le fer à cheval de trilithes
Fig. 8 : Le fer à cheval de trilithes. Il est composé de cinq trilithes, un grand trilithe central et de part et d’autre deux trilithes plus petits placés en symétrie par rapport à l’élément médian. Cet agencement reproduit une segmentation ternaire : une partie centrale prédominante et deux portions latérales symétriques. Pour nous, il s’agit d’une nouvelle unité sacrée, c'est-à-dire une représentation d’un univers tripartite formé de trois étages superposés. La vision de cet univers se fait encore une fois horizontalement. Le trilithe central qui relie les deux groupes latéraux représente le domaine intermédiaire chargé de faire la liaison entre la terre et le ciel. Un des deux groupes latéral représente la terre et l’autre le ciel. Si la symbolique du temple repose sur la triade terreintermédiaire-ciel qui est une véritable unité alors le fer à cheval devient une sous unité : une partie du tout contient le tout mais sous une forme différente. Il s’agit d’un exemple d’architecture sacrée : l’idée principale du temple est reproduite sous une forme différente et à une échelle plus petite au sein du sanctuaire. - Le trilithe : Prenons l’exemple des cinq trilithes formant le fer à cheval (fig. 8). Un trilithe est constitué de deux pierres verticales et d’un linteau qui les recouvre. Cet agencement reproduit un encadrement de porte. La pierre horizontale placée en hauteur peut très bien symboliser le ciel. Les deux montants
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qui font la jonction entre le bas (la terre) et le haut (le ciel) correspondent à ce domaine intermédiaire tendu entre terre et ciel. Le trilithe devient une représentation de l’axe du monde comprenant trois étages superposés. Cette fois-ci l’unité sacrée est verticale comme il se doit. Dans cette unité, seuls deux éléments sont construits, les montants et le linteau. Le troisième élément de la triade est naturel, il s’agit du sol qui symbolise à juste titre la terre. Nous verrons au cours de cet ouvrage que les trois éléments d’une unité sacrée ne sont pas forcément tous construits, la nature offre parfois une segmentation que vient s’intégrer dans la triade. Les auteurs ont noté que pour les trilithes, l’écart entre les deux pierres verticales augmente au fur et à mesure vers le haut. Le ciel apparaît de plus en plus au cours de l’ascension pour être au maximum sous le linteau. Au niveau de cette étape intermédiaire, constituée cette fois-ci par les deux montants, la terre fait progressivement place au ciel, c’est bien le rôle de ce domaine de jonction. - Les tenons et mortaises. Les linteaux des trilithes sont fixés par un système équivalent à des tenons et à des mortaises. Le sommet d’un montant possède un appendice qui va s’emboîter dans une cavité creusée sur la face inférieure du linteau :
Fig. 9 : Le système tenon mortaise. De même, les pierres horizontales, les linteaux, sont reliés entre eux par un système d’emboitement avec une pièce mâle et femelle : un linteau possède une saillie qui s’emboîte dans une rainure située sur le linteau adjacent (fig. 9).
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Certains auteurs estiment que ce montage ne sert à rien car le poids des linteaux est tel qu’il suffit largement à assurer la stabilité de l’édifice. Par le biais du système tenon-mortaise, les pierres emboîtées possèdent ainsi un « domaine intermédiaire » qui assure leur jonction. Nous sommes à nouveau en présence d’une segmentation ternaire : deux pierres latérales et un domaine de jonction intermédiaire. Cet agencement peut servir de support symbolique à une représentation d’un univers tripartite fait de trois étages superposés. Dans le cas du système tenon-mortaise vertical, le montant représente la terre et le linteau, le ciel. Dans le système tenon-mortaise horizontal, une des deux pierres latérales représente la terre et l’autre le ciel. L’axe du monde est représenté soit de façon verticale comme il se doit, soit horizontal. L’architecture sacrée n’a pas forcément de rôle fonctionnel, elle correspond à une règle de construction qui a pour but de recréer la segmentation tripartite du cosmos, tel que le voyaient les Anciens. Tout est construit selon le même moule même si la forme change. L’architecture sacrée vient sacraliser le temple. Les différentes unités sacrées de Stonehenge s’emboîtent à l’image des poupées russes. La première unité sacrée est représentée par le temple avec sa segmentation tripartite répartie sur quatre strates. La deuxième unité est constituée par le fer à cheval de trilithes. Chaque trilithe de ce fer à cheval constitue une unité sacrée. Au sein de chaque trilithe, il y a un système de tenon-mortaise qui correspond à une nouvelle unité sacrée. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres comme des poupées russes. Le même message se répète à des échelles et sous des formes différentes allant de « l’infiniment grand à l’infiniment petit ».
8) Les « ancêtres » de Stonehenge A) Windmill hill (Wiltshire) Il s’agit d’un site plus ancien que Stonehenge, les deux constructions sont situées dans une même région, le Wiltshire. 27
Windmill Hill est formé de trois talus de terre associés à trois fossés concentriques décentrés qui se succèdent autour des flancs d'une colline.
Fig. 10 : Windmill hill (Wiltshire).
Il n’y a aucune pierre sur le site, ce n’est pas un site mégalithique. Ces enceintes sont interrompues par endroits. Le cercle de plus grand diamètre est le plus bas, le cercle le plus petit est au sommet de la colline. On pense actuellement qu’il s’agissait d’un lieu de rencontre annuel. Malgré la forme totalement différente, c’est le même principe qu’à Stonehenge avec l’étape intermédiaire réduite à une strate. Cette fois-ci la répartition des paliers se fait sur les flancs d’une colline pour marquer la progression verticale vers un but situé en haut. Vu de dessus, l’on retrouve le même emboîtement des strates que pour Stonehenge Ces trois cercles concentriques constituent la représentation simplifiée des trois étapes du parcours terre-ciel décrit pour Stonehenge avec une adaptation au terrain.
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Le cercle le plus extérieur c’est à dire le plus bas devrait correspondre à juste titre à la terre. Le cercle intermédiaire est en rapport avec le domaine médiateur et le cercle le plus interne, le plus petit et surtout le plus haut correspond au ciel, but du parcours. Le cercle du sommet de la colline « touche le ciel », c’est l’équivalent du fer à cheval de pierres bleues de Stonehenge. Le sommet de la colline correspond au sommet des monts Preseli où les hommes de Stonehenge ont pris les pierres bleues reproduisant la couleur du ciel. Le raffinement de Windmill Hill consiste en une adaptation de l’architecture sacrée aux formes du terrain, lui-même déjà porteur d’un fort potentiel symbolique : il y a une adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Les constructeurs ont utilisé le relief pour exprimer leur idée. La colline constitue un chemin idéal vers le ciel. Cette fois-ci, nous ne sommes plus dans l’horizontalité, la nature fournit une aide importante. Les constructeurs ont simplement reporté leur vision tripartite de l’univers sur cette colline en apposant trois cercles qui correspondent aux trois étapes de leur axe du monde : la terre, le ciel et entre les deux une étape intermédiaire. Stonehenge et Windmill Hill se complètent très bien, l’un apportant des réponses à l’autre. Le principe est le même, seule la forme change. Grâce à l’apposition de ces trois cercles de terre, la colline devient un temple avec un parcours de la terre vers le ciel. Les trois cercles viennent sacraliser une banale colline. B) Le site de Thornborough (Yorkshire, Grande-Bretagne) Dans le cadre de notre méthode analogique, il nous paraît intéressant de décrire ce site en raison de la présence de trois cercles de terre alignés. Comme Stonehenge et Windmill Hill, ce site reste actuellement inexpliqué. Thornborough comprend trois enceintes de terre (henge) séparées et alignées. Chaque enceinte a un diamètre de 240 m. Il ne s’agit pas d’un site mégalithique compte tenu de l’absence de pierres, le site est plus ancien que Stonehenge. 29
Fig. 11 : Thornborough (Yorkshire). (Inspiré du schéma de J. Harding,© J.Harding). Le cercle central est équidistant des deux autres cercles sud et nord dont il est éloigné de 500 mètres. Chaque cercle est constitué d’un talus situé entre deux fossés. Ils possèdent chacun deux entrées alignées avec l’axe des trois monuments, à l’image de trois perles séparées et enfilées sur une ficelle. Au niveau de la partie sud du cercle intermédiaire, il y a une levée de terre (appelée cursus) d’une longueur originelle de plus d’un kilomètre sur 20 mètres de large qui est perpendiculaire au grand axe formé par les trois cercles alignés. Sur ce site, le ternaire est cette fois-ci très bien représenté avec ses trois enceintes équidistantes. Les trois enceintes ne sont plus centrées par une colline comme pour Windmill Hill (fig. 10) mais elles sont alignées. Si la forme change, la segmentation ternaire est nette. Pour nous, ces trois cercles alignés et séparés constituent une unité sacrée qui reproduit la segmentation tripartite de l’univers. L’axe du monde est ici très simplement représenté avec ses trois portions alignées et équidistantes. L’axis mundi avec ses trois parties (terre, atmosphère, ciel) s’est
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couché sur le sol. Un des cercles latéral représente la terre et se situe en bas, l’autre cercle latéral représente le ciel et se situe en haut. Le cercle intermédiaire représente le domaine sacré du même nom, le domaine intermédiaire. Il s’agit du même message véhiculé par Stonehenge sous une forme simplifiée. La différence essentielle pour Stonehenge est le domaine intermédiaire qui est constitué de deux strates qui n’en forment en fait qu’une seule. Stonehenge a poussé le raffinement beaucoup plus loin que Thornborough tout en gardant le même principe de base qui segmente l’univers en trois étages. Même si les trois enceintes de Thornborough ne sont pas reliées par une avenue, elles constituent néanmoins un temple avec un parcours débutant par la terre et se terminant au ciel par le biais d’un domaine intermédiaire. Des deux cercles latéraux, lequel représente la terre, lequel le ciel ? Dans quel sens se faisait le parcours ? Il est difficile de répondre à cette question. Nous pouvons tout de même tenter une réponse en nous aidant de cette longue levée de terre rectiligne (le cursus) qui est perpendiculaire au grand axe du monument centré par les ouvertures des trois enceintes. Le cursus est associé au cercle intermédiaire qui symbolise ce domaine de jonction entre terre et ciel. La longueur du cursus de Thornborough et son aspect rectiligne sont comparables à une barrière ou à une frontière qui a pour but de séparer deux territoires de symbolique différente. Dans un des deux territoires séparés par le cursus, il y a deux cercles et dans l’autre il n’y en a qu’un (fig. 11). D’après nos hypothèses précédentes issues de l’étude de Stonehenge, le monde des vivants est composé d’une étape, la terre. Le monde des morts est composé de deux étapes, le domaine intermédiaire et le domaine céleste. Il est probable que cette notion soit à nouveau représentée sur le site de Thornborough par le biais du cursus qui sépare le domaine des vivants et des morts. Le cercle sud « isolé » devrait correspondre à la terre. Dans le parcours vers le nord, le cursus réalise une séparation nette entre les vivants et les morts. A partir du cursus commence le domaine des morts avec la première étape, le cercle intermédiaire (que le cursus affleure). Le troisième cercle, le
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plus au nord correspond au ciel, la dernière étape du monde des morts. Le site doit à nouveau se lire de façon verticale, le cercle sud est en bas et le cercle nord est en haut. Le rôle de séparation du cursus entre deux territoires différents (vivants et morts) est renforcé par le décalage dans l’alignement des trois cercles. En effet, les deux cercles, intermédiaire et nord, sont parfaitement alignés. Chaque cercle a deux ouvertures, ces 4 ouvertures sont sur un même axe (fig. 11). Le troisième cercle (sud), séparé des deux autres par le cursus, est légèrement décalé par rapport à l’axe. Le cercle symbolisant la terre n’est pas aligné sur les cercles représentant le domaine intermédiaire et le ciel. Autre élément à noter : la constitution particulière de chaque cercle. Les cercles sont délimités par un talus placé entre deux fossés. Il s’agit d’une architecture venant recréer le ternaire d’où la notion d’architecture sacrée. Cette nouvelle segmentation ternaire va servir de support à la représentation de l’axe du monde avec ses trois étages superposés. Un des fossés latéral représente la terre et l’autre le ciel. Le talus intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Par ce biais chaque cercle devient une unité sacrée. Il s’agit d’une expression de l’architecture sacrée qui n’a pas de rôle fonctionnel mais symbolique en rapport avec un unique moule reproduisant la constitution tripartite de l’univers. Chaque cercle est une représentation de l’univers, une unité sacrée. Chaque cercle devient une sous-unité par rapport à l’unité sacrée principale formée des trois cercles. Le même message se reproduit à des échelles et sous des formes différentes à l’image des poupées russes. Stonehenge, Windmill Hill et Thornborough véhiculent le même message malgré leur différence de forme. Stonehenge est une forme beaucoup plus complexe et raffinée en raison de ses deux strates intermédiaires qui ne constituent qu’un seul domaine.
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Conclusion Stonehenge nous fait redécouvrir le langage des Anciens, ce monde oublié, celui du symbole. Ce langage est fondé sur l’analogie avec la constitution tripartite du cosmos. Stonehenge est un bijou, il condense sur une superficie relativement modeste une très grande richesse symbolique, faisant de lui une véritable bible de pierre. Cet édifice constitue d'une part le sommet de l'art mégalithique mais également, avec les alignements de Carnac (Morbihan, France) le résumé du « message » mégalithique. On n’insistera pas assez sur l’importance des pierres bleues qui indiquent précisément le but à atteindre, le ciel, l’azur. Elles ouvrent la compréhension du langage mégalithique et constituent un lègue pour nos générations. Même si l’on n’a jamais vu les pierres bleues, il suffit de lever les yeux au ciel pour les apercevoir plantées dans l’azur. Stonehenge est un temple universel, il copie l’univers. Où que l’on soit, son plan est en permanence devant nos yeux avec la terre en bas, le ciel en haut et entre les deux un domaine de jonction.
Chapitre 2 LES ALIGNEMENTS DE CARNAC (Morbihan, France)
Le site de Carnac avec ses longues files de pierres dressées est aussi mystérieux que Stonehenge. Ces étranges files narguent toujours notre savoir moderne. Pendant un certain temps, les auteurs ont estimé que ces files étaient destinées à des visées astronomiques à l’image d’un gigantesque calendrier. A l’heure actuelle on pense qu’il s’agissait plutôt de temples néolithiques avec des processions le long des files. Les alignements de Carnac auraient été établis 4000 ans avt. J.-C. bien avant la dernière phase de Stonehenge. Grâce à notre étude sur Stonehenge et à la symbolique des pierres bleues essayons de retrouver les différentes segmentations que nous avons décrites. Stonehenge et Carnac sont totalement différents dans leur forme, peut-on en dire autant de leur signification ? A Carnac, il existe plusieurs portions d’alignements :
Fig. 12 : Les alignements de Carnac (Schéma du haut d’après P. R. Giot, © Editions Ouest-France). La grande file discontinue s'étend sur 4 kilomètres environ, elle débute avec les alignements du Petit-Ménec à l’est (côté terre), suivi de ceux de Kerlescan. Après un intervalle libre apparaissent les alignements de Kermario qui s'arrêtent brutalement. Plus loin, ils reprennent et constituent les alignements du Ménec (côté mer). Isolons tout d’abord les alignements du Ménec qui sont les mieux conservés et étudions les à part.
Fig. 13 : Les alignements du Ménec à Carnac (Schéma de droite P. R. Giot, © Editions Ouest-France). (Voir Les alignements du Ménec, page suivante.) 36
1) Les alignements du Ménec (fig. 13, page précédente) Les alignements du Ménec sont limités par une enceinte de forme ovoïdale située à l’est et par une autre de même forme à l’ouest. Ces deux espaces circulaires, dont il ne reste que quelques pierres, ont été virtuellement reconstitués par les archéologues. L’enceinte placée à l’est épouse la forme d'un œuf (107/90 m). L’enceinte ouest se compare à un œuf renversé, il est plus petit que le précédent (91/71 m). Les alignements se répartissent sur des files disposées en éventail sur environ 900 mètres dont la partie convergente arrive en regard de l’enceinte est. Les files de la partie divergente arrivent, pour certaines seulement, en regard de l’enceinte ouest. Les alignements du Ménec se divisent en deux parties quasiment égales, les pierres les plus basses sont à mi-chemin des files puis elles augmentent au fur et à mesure qu'elles se rapprochent des enceintes (fig. 12). Nos réflexions reposent sur le postulat suivant : les alignements et les enceintes ont été établis en même temps et sont liés. A) Les constituants du temple du Ménec Sur ce site axial, les alignements sont placés entre deux enceintes qu’ils relient, ils sont comparables à des câbles placés entre deux structures. Chaque enceinte délimite vraisemblablement un espace sacré. Nous allons appliquer nos hypothèses issues de l’étude de Stonehenge qui reproduit les trois étapes de l’axe du monde selon une forme concentrique. Dans le cas des alignements du Ménec, la segmentation tripartite est reproduite selon un axe longitudinal bien plus facile à comprendre que le mélange des strates de Stonehenge. Les trois éléments du Ménec, les deux enceintes latérales et les alignements intermédiaires, constituent une unité sacrée, c'est-àdire une représentation d’un univers tripartite couché sur le sol. L’un des deux cercles de pierres devrait alors représenter le ciel même si la forme est totalement différente par rapport à Stonehenge (où c’est un fer à cheval de pierres bleues qui est assimilé au ciel). Au Ménec, toutes les pierres ont la même
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couleur, la couleur bleue est spécifique de Stonehenge mais c’est elle qui nous ouvre les portes du Mégalithisme. Si une des enceintes du Ménec représente le ciel, l’autre enceinte devrait correspondre à la terre. Les alignements placés en situation intermédiaire s’assimilent à cette étape de transition que nous avons décrite avec Stonehenge. Le départ se fait de la terre (enceinte proximale), le chemin passe par les alignements intermédiaires pour se terminer au ciel (enceinte distale). Ce site est une projection d'un parcours vertical, à l'image d'une colonne ou d'une échelle renversée où les pierres d'alignement constitueraient les échelons, le chemin du ciel. Les alignements ne sont qu'un moyen pour atteindre le but, bien que tous les regards aient toujours été tournés vers eux. Une des enceintes serait en bas (la terre) et l'autre en haut (le ciel), c’est cette dernière qui prime. Ce site serait un grand jeu de marelle dont le but est de relier la terre au ciel. Les deux enceintes reliées par les alignements constituent un temple venant représenter les trois étages superposés d’un univers tripartite. Il s’agit du temple du Ménec. Les éléments rentrant dans ce parcours ayant été définis, il faut maintenant tenter de trouver le sens de circulation le long des files. Quelle est l’enceinte de départ, est ou ouest ? Où est la terre, où est le ciel ? B) Le sens du parcours Même si le terrain est relativement plat, l’enceinte occidentale (côté mer) est située plus en hauteur que l’enceinte orientale. Cette différence de hauteur bien que faible peut suffire à donner un rôle prépondérant à l’enceinte ouest qui domine ainsi les alignements du Ménec. Les constructeurs se sont volontairement rapprochés du ciel en se servant d’une petite surélévation du terrain. Même si le dénivelé est très modeste, c’est la symbolique qui prime. Il y a une adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Le site est choisi en fonction de son relief. L’architecture ne vient que confirmer l’idée exprimée par la nature. L’enceinte ouest symbolise le ciel et constitue le but du parcours. L’enceinte située à l’est constitue le point de départ de 38
ce temple et représente alors la terre. Le parcours se fait entre le bas et le haut entre la terre et le ciel. Dans ce cas, toutes les files partent de l’enceinte est, enceinte de départ. Mais toutes n’arrivent pas à rejoindre l’enceinte d’arrivée (fig. 13). L’éventail que forme les files étant divergent, seules les files placées au sud vont à la rencontre de l’enceinte d’arrivée. Pour expliquer cette curiosité nous comparons ces files de pierres aux trajets des plombs d’un fusil à tir divergent : plaçons un tireur dans un cercle tracé sur le sol, limite qu'il ne doit pas enfreindre. Il est armé d'un fusil à tir divergent et vise une cible accrochée au mur. Le trajet des plombs se répartit sur des lignes formant un éventail. Seuls les plombs placés sur les lignes centrales touchent la cible, les autres non. Le principe est le même pour les alignements, seules certaines rangées de menhirs partant de l’enceinte est ou enceinte de départ (terre) « atteignent » l’enceinte ouest ou enceinte d'arrivée (ciel). Ce sens de circulation nous donne des informations sur la liaison réalisée par les alignements qui devient sélective. Toutes les files n'arrivent pas au but. Les alignements ont un rôle de défense en conduisant volontairement sur un chemin qui ne mène nulle part. Si tout le monde débute le parcours à partir du même point, l'arrivée est par contre sélective. La difficulté réside dans le choix des bonnes files. C'est à peu près la même philosophie que celle d'un labyrinthe (plusieurs trajets possibles, un seul permet de sortir). Le fil d'Ariane est représenté ici par les alignements qui vont au but. Les alignements sont également comparables aux cases successives du jeu de l'oie, certaines favorisent la progression, d'autres la retardent ou l'empêchent. Au niveau de la partie occidentale des alignements, les auteurs ont noté la présence de deux files privilégiées ménageant une sorte d’allée qui se dirige vers le centre de l’enceinte ouest, cette dernière s’ouvrirait à cet endroit. Cette allée permettait ainsi de canaliser les « pèlerins » en leur évitant de se perdre dans le labyrinthe et d’emprunter un chemin qui risquerait de les éloigner du but escompté (l’enceinte ouest).
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Les alignements constituent le domaine intermédiaire de ce temple tripartite qui reproduit l’univers et ses trois étages superposés. L’éventail divergent côté ciel nous indique que le domaine intermédiaire est ambivalent, il conduit soit au ciel soit nulle part, sur une fausse route. Celle-ci doit être considérée comme une sanction, un échec sur le chemin du ciel. Le domaine intermédiaire a pour but d’assurer la médiation entre terre et ciel mais également de défendre l’accession à cette étape finale. Par le biais de cette fausse route, les alignements induisent une sélection dans le parcours. L'examen des enceintes vient conforter cette notion. L’enceinte ouest (arrivée, ciel) est légèrement plus petite que l’enceinte est (départ, terre). L’enceinte de départ « donne beaucoup », l’enceinte d'arrivée « reçoit peu ». Comme il y a moins de files qui arrivent à l’enceinte distale (sous-entendu moins de personnes), sa contenance diminue par la même occasion, d'où un plus faible diamètre. Cette différence de taille indique qu'il y a eu une sélection pendant le parcours grâce aux files qui dévient volontairement du but. La « protection du ciel » s'est opérée en chemin. Les alignements sont donc à la fois bénéfiques car certaines files mènent au but et « maléfiques » par une déviation volontaire en dehors de la cible. Autre élément venant donner une prépondérance à l’enceinte occidentale : la hauteur des pierres composant les alignements. Les files se divisent en deux moitiés à peu près d'égale longueur (fig. 12). Lorsque l'on part de l’enceinte proximale (est), les pierres sont hautes puis décroissent jusqu'à mi-chemin où elles reprennent leur croissance jusqu'à l’enceinte ouest. C'est là qu'elles sont les plus hautes. Leur grande taille donne à nouveau cette impression de hauteur à l’enceinte ouest. Leur hauteur importante signifie qu’elles « touchent » le ciel. Tout est fait pour que l’enceinte ouest soit associée au ciel, but du parcours. Les alignements du Ménec relient la terre au ciel, c’est leur principale fonction. Ils assurent également un rôle de défense du domaine céleste en conduisant sur un chemin aberrant. Mais ils ont encore un autre rôle. Lorsque l’on part de l’enceinte située à l’est, les pierres sont hautes puis elles décroissent à mi-chemin 40
pour grandir à nouveau en atteignant un maximum de hauteur au voisinage de l’enceinte ouest qui correspond au ciel (fig. 12). Des files d'une même hauteur auraient très bien pu réaliser la jonction entre les deux enceintes remplissant ainsi leur office de pont entre terre et ciel. Dans le sens est-ouest (terre-mer) que nous avons défini, la portion décroissante des alignements se « rattache » à l’enceinte orientale (terre), ce sont les alignements dits « terrestres ». La portion ascendante se rattache à l’enceinte ouest, alignements dits « célestes ». Les pierres véhiculent des « caractéristiques » leurs venant des enceintes auxquelles elles sont rattachées. Il est probable que cette décroissance des pierres, suivie d’une croissance, soit en relation avec la notion de médiation du domaine intermédiaire. Celui-ci est chargé de préparer l’accession au ciel en diminuant progressivement les « caractéristiques terrestres » et augmentant progressivement les « caractéristiques célestes ». Les alignements ajustent l’état du « voyageur » partant de la terre pour se rendre au ciel, ils le rendent compatible au but à atteindre. Les alignements ont un rôle de médiation entre terre et ciel. On ne passe pas de la terre au ciel brutalement, il y a une nécessité d’apposer un domaine intermédiaire qui effectue une transition progressive entre les deux berges éloignées. C’est le même principe qu’à Stonehenge où pour passer du cercle de trilithes externe au fer à cheval de pierres bleues situé à l’intérieur, il y a nécessité d’interposer deux strates intermédiaires qui vont effectuer une médiation progressive entre les deux. Le résultat de cette modification qui s’est déroulée au sein du parcours se retrouve dans l’inversion des enceintes du temple. Sur la figure 13, la pointe de l'ovoïde oriental est dirigée vers le nord contrairement à l'ovoïde distal retourné de 180°, pointe vers le sud. L’enceinte « ciel » s'est retournée ou inversée par rapport à l’enceinte "terre". Au départ il y a l'œuf, à l'arrivée il est inversé. Dans le temple du Ménec, le ciel est le symétrique inversé de la terre. Les alignements ont un rôle d’interface comparable à celui d'un miroir. L'objet est constitué par l’enceinte de départ. Le miroir représente les alignements et l’enceinte distale, l'image de l'objet (identique mais inversée). 41
La terre est le reflet inversé du ciel. Le passage des alignements correspond à une traversée du miroir, porte très particulière. Celui qui arrive n’est plus le même que celui qui part, c’est l’un des buts des alignements du temple du Ménec. Le temple de Stonehenge et le temple du Ménec constituent deux représentations de l’axe du monde. Malgré leur forme totalement différente, ils véhiculent tous deux le même principe : la représentation horizontale d’un univers composé de trois étages superposés. Ces deux temples vont solutionner le problème de la destinée humaine en permettant à l’homme du Néolithique d’accéder à la troisième et dernière étape du parcours post mortem, le ciel. Comme pour Stonehenge ont peut imaginer un parcours au sein du temple qui aurait lieu une fois dans l’année en rapport avec une position particulière du soleil aux solstices. Après avoir étudié le temple du Ménec, passons maintenant aux alignements situés les plus à l'est, du côté terre.
2) Les alignements du Petit-Ménec et de Kerlescan La grande file commence du côté terre après la rivière de Crac'h. Les premiers alignements sont ceux du Petit-Ménec (fig. 12) qui ont été largement démantelés. Ces alignements ont beaucoup plus soufferts que ceux du Ménec, ce qui rend leur interprétation plus difficile. On ne sait pas s’il y avait une enceinte à l’est des files du Petit-Ménec. Certains auteurs estiment qu'à l'origine les alignements du Petit-Ménec rejoignaient les alignements de Kerlescan pour former un deuxième grand ensemble d’environ 900 mètres de long avec un éventail dont la partie rétrécie se situe du côté du PetitMénec et la partie élargie à Kerlescan. Les pierres restantes du Petit-Ménec sont hautes à l’est et commencent à décroître vers l’ouest. La hauteur des pierres augmente avec les alignements de Kerlescan (fig. 12). La partie divergente de l'éventail arrive en regard d'une enceinte quadrangulaire de 80 mètres de large sur 90 mètres de long. Au nord de l’enceinte se situe un long tumulus :
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Fig. 14 : Les alignements de Kerlescan (© Editions Errance). Cette enceinte quadrangulaire est placée en hauteur par rapport aux alignements qui y arrivent. Il y a une adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Cette situation dominante lui donne une importance particulière comme pour l’enceinte occidentale du temple du Ménec qui symbolise le ciel. Il est probable que l’enceinte quadrangulaire de Kerlescan a la même symbolique céleste en représentant la troisième portion d’un temple venant reproduire l’axe du monde. Compte tenu des dégradations des alignements du Petit Ménec, il est difficile de décrire les éléments de départ de cet axe. Comme pour les alignements qui se rapprochent de l’enceinte occidentale du Ménec, les alignements de Kerlescan ne conduisent pas tous à l’enceinte quadrangulaire. Il y a des files qui arrivent de part et d’autre de l’enceinte. Certaines files nord conduisent sur un tumulus qui contenait des coffres funéraires. Pourquoi avoir dirigé certaines files sur une tombe et les autres sur l’enceinte ? Ce tumulus pourrait avoir un rôle symbolique en indiquant la sanction possible au cas de choix des mauvaises files, celles qui ne conduisent pas à l’enceinte. Cette sanction rejoint la notion de fausse route que nous avons évoquée pour le temple du Ménec où certaines files dévient volontairement sur un chemin aberrant. Le domaine intermédiaire protège le ciel qu’il relie à la terre en déviant volontairement du but à
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atteindre. Le domaine intermédiaire de cette portion de temple est ambivalent comme le domaine intermédiaire du temple du Ménec. La sanction est également symbolisée de façon particulière au sein des différents alignements de Carnac (Ménec, Kermario, Kerlescan). Certaines pierres d'alignements ont été implantées sur la pointe, faut-il y voir l'indication d'une direction vers le bas ? Comme un rappel pour indiquer que si les alignements conduisent au ciel, ils ont également la possibilité d'empêcher cette ascension. Pour éviter que les voyageurs du Néolithique empruntent un mauvais chemin, les architectes ont (comme pour le temple du Ménec) privilégié deux files qui délimitent une allée se dirigeant vers la partie nord de l’enceinte. Par ailleurs, la densité des pierres qui composent les files en direction du tumulus ou en dehors de l’enceinte quadrangulaire, est plus faible que pour les « bonnes files » conduisant à l’enceinte. Tout est fait pour que le « voyageur » ne se trompe pas dans le choix des files, le but est bien d’atteindre l’enceinte quadrangulaire. La fausse route est uniquement là dans un but virtuel montrant la possibilité d’un échec dans cette ascension vers le ciel. Nous passons à la troisième portion d’alignements, ceux de Kermario.
3) Les alignements de Kermario (fig. 12) Les alignements de Kermario sont situés entre le temple du Ménec placé à l’ouest et l’enceinte de Kerlescan, à l’est. Ce sont les alignements les plus longs (1100 mètres) et les pierres qui les composent sont plus hautes que pour les autres portions. Les pierres situées à l’ouest des files de Kermario sont plus hautes que pour les autres alignements. Ces alignements prennent la forme d’un éventail avec une partie divergente à l'ouest et une partie convergente à l'est comme pour les autres alignements. Il n’y a qu’une portion croissante qui commence à l’est, du côté Kerlescan, pour se terminer à l’ouest, côté Ménec. Il n’y a pas d’enceintes de part et d’autre de ces alignements contrairement aux alignements du Ménec et aux alignements de Kerlescan. Par contre, à l’ouest, au niveau des files sud, 44
se trouve un petit dolmen à couloir (Lann Mané Kermario) qui était à l’origine couvert comme la plupart des dolmens par un tertre de pierres. Les dolmens étaient des tombes.
Fig. 15 : Les alignements de Kermario. Dans la partie est des alignements de Kermario, là où les pierres sont encore de petite taille, les files passent sur un tertre tumulaire (le Manio, fig. 15) marqué par un grand menhir (le menhir du Manio) avec cinq serpents gravés à sa base. Au sein de ce tertre, il existe deux excavations ou coffres funéraires. Comment interpréter ces alignements ? Compte tenu de l’absence d’enceintes de part et d’autre des files, il n’y a aucune segmentation tripartite sur le site de Kermario. Cette portion d’alignements ne peut être assimilée à un temple qui reproduirait les trois étages superposés de l’axe du monde comme c’est le cas pour le temple du Ménec. La solution des alignements de Kermario réside dans leur situation par rapport au temple du Ménec et à l’enceinte de Kerlescan, dernière étape d’une portion de temple. Les alignements de Kermario occupent une position centrale par rapport aux deux autres portions latérales du site constituée par le temple du Ménec à l’ouest et l’ébauche de temple du PetitMénec /Kerlescan à l’est. Il existe un intervalle libre de plusieurs centaines de mètres entre les deux temples latéraux. Cette segmentation ternaire des alignements de Carnac nous incite à décrire une nouvelle unité sacrée de taille gigantesque qui correspond à un plan d’ensemble. Cette séparation est intentionnelle, dans le but de reproduire trois territoires distincts de symbolique différente.
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C’est un nouvel axe du monde qui est représenté sur une longueur de 4 kilomètres environ. Chacune des trois portions d’alignements va correspondre à un étage d’un univers tripartite. L’ensemble du temple du Ménec correspond soit au ciel soit à la terre, il est soit en haut de l’axe soit en bas, de même pour le supposé temple du Petit-Ménec/Kerlescan. Les alignements de Kermario, placés en situation intermédiaire, correspondent au domaine sacré du même nom, chargé de faire la liaison entre les deux complexes mégalithiques latéraux, entre la terre et le ciel. En ménageant un intervalle libre entre les trois portions d’alignements, les constructeurs ont intentionnellement séparés trois parties distinctes qui correspondent aux trois étages superposés de leur univers. Les alignements de Carnac constituent une projection horizontale d'une « philosophie » qui se conçoit selon un axe vertical. Ce plan d’ensemble se conçoit mieux avec le recul d’une carte où les trois portions sont distinctes (fig. 12). Les architectes de Carnac ont représenté un immense univers tripartite qu’ils ont couché sur le sol. Le sacré vu par les néolithiques prend des proportions qui nous sont devenues inhabituelles. Même si les trois portions de cette unité sacrée sont nettement séparées, les alignements de Kermario placés en situation intermédiaire, établissent un pont entre les deux complexes mégalithiques qu’ils séparent. Ce qui explique la longueur de ces alignements de Kermario qui est supérieure aux autres alignements du temple du Ménec et du complexe PetitMénec/Kerlescan. La fonction des alignements de Kermario est identique aux alignements des complexes latéraux, le but est de faire la liaison entre deux éléments, qu’il s’agisse d’enceintes ou de deux temples, leur rôle ne change pas, seule l’échelle se modifie. Les alignements de Kermario sont les plus longs car leur fonction est de relier deux temples de taille importante. Leur longueur est en quelque sorte proportionnelle à la taille des complexes latéraux qu’ils relient. Se pose maintenant la question de la hiérarchie des deux éléments latéraux de cette grande unité sacrée, où est la terre où est le ciel ? Où est le bas où est le haut ? Pour tenter d’apporter une solution à ce problème, il faut procéder par analogie et extrapoler les notions que nous ont enseigné l’étude du temple 46
du Ménec et l’étude du probable temple du PetitMénec/Kerlescan. Nous avions conclu que la partie divergente de l’éventail des alignements des deux temples se situait côté ciel. Dans ce cas, c’est le temple du Ménec qui est désigné par les alignements de Kermario pour symboliser le ciel, l’éventail de Kermario s’ouvre vers le Ménec (fig. 12). Dans ce nouvel axe du monde gigantesque, le temple du Ménec est tout en haut, il correspond à la troisième portion d’un univers tripartite. Le supposé temple du Petit-Ménec/Kerlescan est en bas, il correspond à la terre, première marche d’un univers tripartite. Le sens de « circulation » au sein du temple du Ménec et au sein du supposé temple du Petit-Ménec/Kerlescan est identique au sens de circulation au sein du plan d’ensemble. Le trajet ascensionnel se fait de la terre vers la mer, de l’est vers l’ouest. Cette hiérarchie est confortée par la taille des pierres des alignements de Kermario. Nous avons vu au cours de notre étude sur le temple du Ménec que les pierres de plus grande taille se situent au voisinage de l’enceinte placée à l’est qui pour nous représente le ciel. Par analogie, les pierres les plus hautes de Kermario qui se situent au bout de la partie divergente de l’éventail et qui dépassent par leur taille les autres alignements du site vont désigner le ciel, c'est-à-dire le temple du Ménec. Cet immense complexe est un très bon exemple d'architecture sacrée qui emploie comme « moule », le principe de l'unité sacrée. Sur ce site, les unités sacrées s’emboitent comme des poupées russes. L’unité sacrée de grande taille est formée de trois portions venant représenter l’univers. Une de ces trois portions, le temple du Ménec, est elle aussi, subdivisée en trois parties qui viennent également reproduire un univers tripartite. Le même message se répète sous des formes et à des échelles différentes. Le temple du Ménec devient une sous-unité par rapport à l’unité sacrée de grande taille ou plan d’ensemble. Si le temple du Ménec (comme le probable temple du PetitMénec/Kerlescan) a une fonction cultuelle, c'est-à-dire qu’il propose un parcours entre terre et ciel, il n’en est pas de même pour le plan d’ensemble. Ce dernier n’a pas de fonction cultuelle, il n’y a pas de parcours en son sein. Il est « simplement » là pour donner au sacré une dimension qui se rapproche de la véritable taille de l’univers. 47
Les alignements de Kermario ont la même fonction que les autres alignements du site, ils font la liaison entre la terre et le ciel, que ces deux éléments soient symbolisés par des enceintes ou par des temples. Nous avons vu au cours de l’étude du temple du Ménec et du supposé temple du PetitMénec/Kerlescan que les alignements avaient une autre fonction qui est d’apposer une sanction sur le chemin du ciel. Cette sanction s’exprime par le biais d’une tombe (tumulus de Kerlescan, fig. 14) ou par le biais d’une fausse route qui dévie du but escompté, l’enceinte symbolisant le ciel. Les alignements ont une fonction ambivalente, ils peuvent conduire au ciel mais également sur une sanction. Nous retrouvons ce « versant maléfique » au sein des alignements de Kermario par la présence du tertre funéraire du Manio sur lequel passent quelques files (fig. 15). Le tertre du Manio est marqué par un grand menhir décoré de 5 serpents. Cette tombe est probablement une tombe/symbole venant signifier la sanction possible sur le chemin du ciel. Il en est de même pour le petit dolmen, qui est une tombe, placé à l’extrémité des fils sud de Kermario (fig. 15). Les auteurs ont noté que les trois portions d’alignements n’étaient pas dans le même axe (fig. 12). Les alignements du Ménec sont dans le même axe que les alignements de Kermario. Par contre les alignements du Petit-Ménec-Kerlescan sont décalés par rapport aux deux autres portions. Certains auteurs assimilent cette grande file à un gigantesque serpent et à ses ondulations. Quelle autre hypothèse peut-on introduire ? Dans notre plan d’ensemble, le temple du Ménec (le ciel) et les alignements de Kermario (le domaine intermédiaire) sont dans le même axe. Le supposé temple du Petit-Ménec/Kerlescan représentant la terre est décalé. Ce décalage est-il en rapport avec la séparation de deux « royaumes », d’un côté le royaume des vivants formé d’un seul monde, le nôtre, en l’occurrence la terre et de l’autre le royaume des morts composés de deux mondes, le domaine intermédiaire et le domaine céleste ? Kermario signifie « maison des morts » ; dans le plan d’ensemble, le royaume des morts commence avec les premières pierres des alignements de Kermario. 48
4) Carnac : une géographie sacrée ? Les alignements ont un rôle de liaison, entre deux enceintes (temple du Ménec) ou entre deux complexes mégalithiques (alignements de Kermario). Ce rôle de liaison peut également se concevoir à une échelle encore plus grande. Les alignements du Petit-Menec /Kerlescan de Kermario et du Ménec sont quasiment établis entre la rivière de Crac'h (à l’est) et la mer à l’ouest :
Fig. 16 : Le site de Carnac et les alignements. La grande file fait en quelque sorte le lien entre la terre et la mer. Trois territoires peuvent alors être désignés. Un premier territoire terrestre situé à l’est de la rivière de Crac’h, un territoire intermédiaire situé entre la rivière de Crac’h et la mer qui porte les alignements et un troisième territoire, la mer. Au sein du temple du Ménec, les alignements vont de la terre vers la mer, il en est de même au sein du plan d’ensemble formé de trois portions d’alignements. Dans ce cas, le territoire situé à l’est de la rivière de Crac’h représente la terre et la mer représente le ciel. Entre les deux, se situent les alignements, image du domaine intermédiaire, sorte de « grand serpent » qui
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ondule entre les deux territoires, faisant le lien entre la terre et le ciel. A Carnac, la mer représente le ciel.
5) Le serpent Les alignements ne sont par rectilignes, ils changent fréquemment d’orientation recréant les ondulations d’un serpent. Ces ondulations concernent les files des trois portions d’alignements mais également l’ensemble du site où le complexe Petit-Ménec/Kerlecan n’est pas aligné avec les deux autres portions (Kermario et Ménec). Au sein des files de Kermario (fig. 15), cinq serpents ont été gravés sur le menhir du Manio. Ces serpents viennent en quelque sorte apposer leur signature à ces alignements. Les alignements sont liés au domaine intermédiaire, que celui-ci soit à l’échelle d’un temple comme pour le Ménec, ou à l’échelle d’un plan d’ensemble comme pour les alignements de Kermario. Le serpent s’associe à ces différents domaines intermédiaires dont il devient le symbole. L’animal désigne ce monde médian reliant la terre au ciel, domaine de médiation et de transformation, à l’image de la mue du serpent.
Chapitre 3
AUTRES SITES MÉGALITHIQUES
* Avebury (Wiltshire, Grande-Bretagne) Cet immense ensemble mégalithique est situé dans la même région que Stonehenge. Il est composé d'un très grand cercle d’environ 400 mètres de diamètre. De l’extérieur vers l’intérieur nous sommes confrontés à un talus, un fossé avoisinant parfois les 10 mètres de profondeur et un cercle de pierres. A l’intérieur du grand cercle périphérique on trouve des cercles de pierres plus petits. Du grand cercle partent deux « avenues » délimitées de chaque côté par des pierres dressées. La « West Kennet Avenue » part vers l’est, elle a une longueur de 2,4 Km et serpente en direction d’un cercle de pierres plus petit, appelé « le Sanctuaire », situé sur le sommet de la colline d’Overton.
Fig. 17 : Avebury (Schéma du haut d’après Pollard et Reynolds, schéma du bas d’après C. Scarre, © C. Scarre). A l’intérieur de ce cercle on trouve un autre cercle plus petit qui contenait des cercles concentriques faits de poteaux de bois. L’autre avenue, la « Beckhampton avenue » part vers l’ouest et serpente également en direction d’une structure de pierres, probablement une enceinte sur laquelle on ne possède, à ce jour, aucun détail. Certains auteurs ont comparé les allées aux ondulations d’un serpent. Dans l’hypothèse où il existe une enceinte de pierres au départ de la Beckhampton avenue, ce complexe tripartite peut être
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considéré comme une représentation horizontale d’un univers formé de trois étages superposés. Avebury devient un temple avec un parcours reliant la terre au ciel par le biais d’une étape intermédiaire. La troisième et dernière étape, le ciel, est en rapport avec le cercle le plus élevé situé sur la colline d’Overton, le « Sanctuaire ». Il y a une adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Le cercle placé en hauteur se rapproche du ciel. Le grand cercle de pierres qui attire l’attention n’est qu’une étape sur le parcours qui conduit au ciel. De par sa situation élevée, c’est le petit cercle de pierres qui prime et l’appellation de « Sanctuaire » est finalement bien adaptée. Les deux avenues n’en forment en fait qu’une seule, interrompue par le grand cercle intermédiaire. L’avenue est destinée à relier l’éventuelle enceinte ouest (départ du parcours) au Sanctuaire placé à la fin. C’est globalement le même principe que pour le temple du Ménec (Carnac) où les nombreuses files relient deux cercles. A Avebury, c’est une seule allée qui relie les deux structures latérales avec l’apposition d’un cercle intermédiaire. La symbolique ne change pas malgré la forme différente. Dans le cas d’Avebury, l’éventuelle enceinte ouest représente la terre, le départ du parcours. Le domaine intermédiaire est en relation avec les deux avenues et le grand cercle intermédiaire. L’aspect serpentiforme des allées évoque le serpent, animal en relation avec le domaine intermédiaire. Avebury est le plus grand des temples mégalithiques avec un parcours réparti sur plusieurs kilomètres, il dépasse largement par sa taille le temple du Ménec à Carnac (Morbihan, France). Nous allons nous intéresser à quelques dolmens à couloir qui servaient de sépultures. Les dolmens étaient enfouis sous des cairns (monticule de pierres), bon nombre de ces cairns ont disparu. Le couloir des dolmens conduit à une chambre, l’élément principal de la tombe, où l’on peut retrouver les restes de défunts parfois associés à du mobilier funéraire. La plupart de ces tombes ont été pillées. Beaucoup plus que le contenu, c’est le plan des monuments qui va retenir notre attention. 53
* Le dolmen du Kercado (Carnac, Morbihan, France) La tombe, située au voisinage des alignements que nous avons décrits, est composée d'un petit couloir conduisant à une chambre centrale rectangulaire, l'ensemble est placé sous un tertre rond de 25 mètres de diamètre et 5 mètres de haut.
Fig. 18 : Le dolmen du Kercado (© Editions Errance). Une enceinte, dont il ne reste que la partie Sud, ceinturait l'ensemble. Le dolmen est particulièrement intéressant en raison de l’enceinte qui entourait le monument. Son rôle reste énigmatique. Pour nous, cette enceinte n’a pas de rôle fonctionnel mais symbolique. Elle a pour but de délimiter un territoire sacré qui est en rapport avec une segmentation d’un univers tripartite. Grâce à l’enceinte, on retrouve une segmentation ternaire de l’ensemble venant représenter les trois étages de l’axe du monde. Une première partie externe au dolmen est limitée par l’enceinte périphérique, il s’agit de la première portion de l’axe du monde en relation avec la terre. Les deux autres segments sont inclus dans le dolmen, il s’agit du couloir et de la chambre. Le couloir, intermédiaire entre l’espace extérieur et la chambre, correspond au domaine intermédiaire de cette unité sacrée. La chambre, troisième et dernière étape de l’ensemble, est en relation avec la troisième étape d’un univers tripartite, le ciel. Le « royaume des 54
vivants », notre monde, la terre, est situé à l’extérieur du dolmen, il est limité par l’enceinte périphérique. Le « royaume des morts » est composé de deux mondes réunis au sein du dolmen, le domaine intermédiaire (couloir) et céleste (chambre). Ce dolmen réunit des segmentions qui se font à la fois selon un mode concentrique (l’enceinte) et axial (le couloir et la chambre), un mélange de Stonehenge et de Carnac (alignements). Le couloir est tout d’abord bas au niveau de l’entrée puis sa hauteur augmente au fur et à mesure de l’approche vers la chambre. Ce relèvement reproduit l’idée d’une ascension. C’est l’équivalent de l’augmentation de la taille des pierres des files d’alignement au voisinage de l’enceinte occidentale du temple du Ménec voisin, cette enceinte symbolisant le ciel. Le couloir du dolmen possède la même symbolique que les files d’alignements. Le couloir relie l’espace extérieur à la chambre, les files du temple du Ménec relient deux enceintes. Le dolmen du Kercado est une tombe, les alignements du Ménec et les deux enceintes forment un temple. Les deux sont établis selon le même moule tripartite venant représenter un univers de trois étages superposés couché sur le sol. Le dolmen du Kercado, comme le temple du Ménec, doit se voir de façon verticale. L’enceinte périphérique est en bas, la chambre est en haut, le couloir en situation intermédiaire.
* Le dolmen de Gavrinis (Larmor-Baden, Morbihan, France)
1) L’architecture Gavrinis est actuellement sur une île, ce qui n’était pas le cas à l’époque compte tenu du niveau de la mer plus bas de plusieurs mètres. Cette île était une colline à l’époque. Ce dolmen est célèbre pour ses nombreuses décorations. Un long couloir de 14 mètres (divisé en deux parties par un seuil) mène à une chambre légèrement plus large que le couloir. 55
Fig. 19 : Le dolmen de Gavrinis (d’après C. T. Le Roux) (© Editions Ouest France). Le couloir est construit sur les pentes d’une colline et la chambre sur le sommet. Le dolmen est enfoui sous un cairn de forme quadrangulaire. Le tout recouvert d’un tumulus. A la différence du dolmen du Kercado, il n’y a pas d’enceinte autour du dolmen, il nous manque une segmentation pour véritablement assimiler cet ensemble à un univers tripartite. Par contre le point qui nous semble intéressant dans cet édifice est l’adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Le couloir est situé sur la pente alors que la chambre est au sommet. La colline est une représentation naturelle de l’axe du monde, le pied de la colline représente la terre. La pente symbolise le domaine intermédiaire et le sommet constitue le domaine céleste, image du ciel. Le couloir placé sur la pente va épouser la symbolique intermédiaire, la chambre placée au sommet épouse la symbolique céleste, troisième et dernière portion de l’axe du monde. L’architecture sacrée s’adapte à la géographie sacrée, l’architecture ne vient que confirmer une idée présente à l’état naturel. L’ascension au sein du couloir de Gavrinis est l’équivalent du relèvement progressif du plafond au sein du couloir du dolmen du Kercado (fig. 18). Pour Gavrinis, la pente
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évoque l’ascension ; pour le dolmen du Kercado, c’est le plafond qui s’ascensionne. Au Kercado, l’architecture vient compenser l’absence de pente naturelle. Pour Gavrinis, la géographie sacrée nous donne la clef de l’architecture sacrée. Le couloir, domaine de passage, représente le niveau intermédiaire et la chambre, dernière étape du parcours, est en relation avec le ciel, comme pour le dolmen du Kercado à Carnac. Il faut à nouveau voir Gavrinis dans un plan vertical calqué sur l’axe du monde. A partir de l’entrée tout devient vertical. La chambre est placée au sommet de l’axe comme le ciel est au sommet de l’axe du monde. Ce changement de plan est en rapport avec le passage sous le tumulus, tout ce qui est sous le monticule est vertical. En dehors, c’est la terre, le domaine terrestre horizontal qui n’est pas délimité par une enceinte mais qui aurait pu être limité à l’époque par le sommet de la colline. La nature offrant spontanément une séparation au sacré. Le couloir placé sur la pente est comparable aux alignements qui mènent à l’enceinte distale ou occidentale du temple du Ménec à Carnac. La chambre de Gavrinis correspond à l’enceinte distale ou occidentale du temple du Ménec, placée légèrement en hauteur par rapport à l’enceinte orientale de départ. La relation peut également se faire entre la chambre surélevée et le Sanctuaire d’Avebury placé sur la colline d’Overton (Wiltshire, Grande-Bretagne, fig. 17). La progression dans le dolmen de Gavrinis se fait en direction du centre du cairn. Il s’agit comme à Stonehenge d’une progression vers un centre comme si l’on quittait la périphérie du cercle pour se diriger vers le centre mais cette fois-ci par le biais d’un rayon d’une roue. On n’accède plus au centre par une succession de strates concentriques mais selon une structure axiale qu’est le couloir. Cette progression vers un centre se retrouve dans la composition même du dolmen (fig. 19). Si nous décortiquons les couches du dolmen, nous sommes tout d’abord confrontés au tumulus de terre superficiel puis au cairn fait de petites pierres et enfin au monument mégalithique fait de grosses 57
pierres qui occupe la situation la plus interne. Ces trois couches correspondent à une nouvelle unité sacrée venant représenter un univers tripartite. Le tumulus externe correspond au domaine terrestre, le cairn au domaine intermédiaire et le monument mégalithique au niveau céleste. Il s’agit d’une architecture sacrée qui recrée les segmentations présentes dans le cosmos. L’architecture sacrée n’a pas de rôle fonctionnel mais symbolique. Tous les éléments entrant dans la composition d’une architecture sacrée ne sont pas forcément destinés à être vus ou à servir au niveau fonctionnel, ils sont là pour recréer l’unité sacrée calquée sur l’axe du monde. Parmi les décorations de ce temple on retrouve des serpents qui sont particulièrement nombreux au niveau du couloir. Le serpent s’associe encore une fois au domaine intermédiaire.
2) Les représentations artistiques Gavrinis est célèbre pour les nombreuses représentations artistiques gravées sur les pierres verticales composant le couloir et la chambre. Cet art reste toujours énigmatique. Notre attention se porte sur certains décors présentant une segmentation tripartite.
Fig. 20 : Un décor de Gavrinis (schéma J. Markale, © Editions Payot & Rivages, 1994). Ce décor peut se lire de deux façons. Considérons le tout d’abord dans son ensemble. Il est constitué de trois parties, deux parties latérales comprenant chacune deux hémi cercles ou deux
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hémi ovoïdes composés de lignes concentriques horizontales. La gravure possède une partie centrale également constituée de deux hémi-ovoïdes mais superposés avec des lignes concentriques verticales. La partie centrale s’interpose entre les parties latérales et vient « couper » les deux ovoïdes en leur milieu. En l’absence de cette partie centrale, les hémi-ovoïdes latéraux viendraient s’emboiter pour faire un ovoïde complet. Ces hémi ovoïdes représentés sur cette pierre n’ont probablement pas de sens propre. Par contre, la segmentation ternaire venant cloisonner ce décor pourrait à nouveau être un support à une unité sacrée, la représentation d’un univers tripartite fait de trois étages superposés. Dans ce cas, une des parties latérales représente la terre et l’autre le ciel. La partie intermédiaire du décor correspond au domaine sacré du même nom. Ce domaine fait office de miroir : les éléments séparés, en l’occurrence les deux hémi-ovoïdes, ont une symétrie en miroir, la terre devient le reflet du ciel. L’agencement des motifs de cette dalle constitue un exemple d’art sacré dont la fonction est de reproduire les trois étages de l’univers. Le décor reproduit le même message que le dolmen entier, sous une forme et à une échelle plus petite, c’est le principe des sous-unités. Le même moule va servir pour certaines formes architecturales mégalithiques comme pour certaines représentations artistiques. La deuxième façon de lire ce décor est de séparer la triade supérieure de la triade inférieure, ces deux triades étant identiques. Chacune d’elle constitue une représentation d’un univers tripartite. Il s’agit de deux sous-unités qui expriment le même message que l’ensemble du signe. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres comme les poupées russes. Le deuxième décor de Gavrinis qui mérite notre attention est plus complexe que le précédent mais on retrouve globalement le même principe de segmentation ternaire. Deux parties latérales grossièrement symétriques sont séparées par une partie intermédiaire :
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Fig. 21 : Un décor de Gavrinis. (D’après J. Markale, © Editions Payot & Rivages, 1994). La pierre sur laquelle est gravé ce décor possède une rainure horizontale au tiers inférieur. Cette rainure sépare le décor en une partie supérieure et inférieure. Il est probable que chacune des deux parties représente une unité sacrée. Au sein d’un même décor, le message ternaire peut se répéter, c’est le principe des sous-unités. Si nous examinons la partie inférieure sous la rainure, on distingue deux hémi-ovoïdes latéraux séparés par trois hémi-ovoïdes centraux. Cette partie inférieure est une unité sacrée, un des deux hémi-ovoïdes latéral représente la terre et l’autre le ciel. Le domaine intermédiaire est représenté par les trois hémi-ovoïdes centraux. Cette triade centrale constitue une nouvelle représentation d’un univers tripartite apparaissant sous une forme différente, il s’agit d’une sous-unité par rapport à l’unité sacrée principale réalisée par les trois portions de l’ensemble du signe, placé dans la partie inférieure de la dalle. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres comme des poupées russes. Sur le schéma (fig. 21), les trois portions sont sur un même plan alors qu’en réalité les figures épousent la forme de la pierre. La partie intermédiaire du décor est sur la face avant de la pierre alors que les deux parties latérales du dessin épousent les faces latérales de la pierre. Les artistes se sont servis de la forme de la pierre pour adapter leurs figures et surtout leurs segmentations.
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Dans ce cas, il y a une adaptation de l’art sacré au relief de la pierre. Non seulement le décor en lui-même est de nature ternaire mais en plus il s’adapte aux trois faces de la pierre. Les trois faces de la pierre servent de support à la représentation de l’axe du monde, les décors ternaires viennent en quelque sorte confirmer ce que la pierre propose naturellement. Cette notion d’adaptation de l’art sacré au relief de la pierre est une notion que nous avons déjà développée pour l’architecture sacrée. Pour certains sites mégalithiques, l’architecture sacrée s’adapte à la géographie sacrée : les constructions épousent la segmentation ternaire que propose la nature. Cette dernière sert de support à la représentation de l’axe du monde, il n’y a qu’à confirmer cette segmentation par les constructions. C’est le même principe pour certaines représentations artistiques mégalithiques : dans certains cas, le support apporte des indications sur la signification du décor. L’examen du support constitue une aide au décryptage. Rien ne remplace la vision directe des figures mégalithiques et du support. Ne disposant pas de cette possibilité, notre étude sur l’art sacré ne peut être qu’ébauchée. Autre exemple d’une segmentation ternaire apparaissant cette fois-ci par le biais de haches :
Fig. 22 : Un décor de Gavrinis (schéma J. Markale, © Editions Payot & Rivages, 1994).
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On distingue trois groupes de haches, un groupe supérieur, inférieur et intermédiaire. Le groupe supérieur porte des haches dont les pointes sont tournées à la fois vers le haut et le bas, de même pour le groupe inférieur. Les pointes des haches du groupe médian ne sont tournées que vers le bas. Ces trois groupes pourraient à nouveau correspondre à une unité sacrée venant représenter l’axe du monde, cette fois-ci l’axe est vertical. Le groupe inférieur représente alors la terre, le groupe supérieur, le ciel. Le groupe intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Par les similitudes de positionnement des haches, le groupe inférieur est en quelque sorte le reflet du groupe supérieur, la terre devient le reflet du ciel. Au sein du groupe supérieur, on distingue deux groupes de trois haches séparés par une ligne oblique de la pierre. Une 7e hache est un peu décalée sur la droite. Il est probable que ces deux groupes de trois éléments constituent deux sous-unités venant représenter un nouvel univers tripartite. Les représentations de l’axe du monde s’emboitent comme des poupées russes, le même message se répète à des échelles et à des formes différentes. Le décor suivant met en évidence trois bandes verticales dans la partie supérieure gauche de la pierre. Les pointes des bandes latérales sont dirigées vers le bas alors que les pointes de la bande intermédiaire sont dirigées vers le haut :
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Fig. 23 : Un décor de Gavrinis (schéma J. Markale, © Editions Payot & Rivages, 1994). Les trois bandes représentent une unité sacrée, une des bandes latérales symbolise la terre, l’autre le ciel, la bande intermédiaire est en relation avec le domaine sacré du même nom. En raison de l’orientation identique des motifs des bandes latérales, la terre devient le reflet du ciel. Juste à droite de ces trois bandes, on remarque trois haches groupées. Les pointes des deux haches latérales regardent vers le haut, la pointe de la hache intermédiaire regarde vers le bas. Il s’agit d’une unité sacrée reproduisant le même message que les trois bandes voisines juxtaposées. Dans cette unité sacrée, les pointes des haches latérales ont la même orientation, la terre devient le reflet du ciel. Dans la chambre du dolmen de Gavrinis, il existe une curiosité. La pierre offre de façon naturelle trois trous qui sont séparés par deux proéminences imitant une poignée.
Fig. 24 : Les trois trous de la chambre de Gavrinis.
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Ces trous sont associés à des gravures périphériques. Pour nous, ces trois trous forment une unité sacrée destinée à reproduire de façon symbolique l’axe du monde et sa segmentation en trois parties. Les constructeurs de Gavrinis ont probablement repéré ses trous creusés par la nature sur un bloc de pierre à l’extérieur du dolmen. La pierre a été taillée en une dalle puis placée dans la construction. Ces trois trous reproduisent l’idée princeps de l’édifice et d’une partie de leur art. Les « caprices tripartites » de la nature servent de support à la représentation de l’axe du monde, que cela soit pour l’architecture ou pour l’art. La plupart des décors de Gavrinis ne possèdent pas de segmentation ternaire, il s’agit souvent de figures complexes sans cloisonnement. Nos hypothèses ne peuvent pas s’appliquer à l’ensemble des représentations artistiques de ce dolmen. Avant de clore ce chapitre, il est intéressant d’étudier un motif issu du dolmen des Pierres Plates (Locmariaquer, Morbihan) :
Fig. 25 : Un décor du dolmen des Pierres Plates (J. Markale, © Editions Payot & Rivages, 1994). Le signe est composé de deux parties verticales presque identiques séparées par un trait central. Le groupe droit restitue une segmentation ternaire avec un cercle supérieur, un cercle inférieur et deux fers à cheval intermédiaires. Il s’agit d’une unité sacrée venant reproduire les trois étages d’un univers tripartite. Le cercle supérieur représente le ciel, le cercle inférieur, la terre. Les deux fers à cheval intermédiaires
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correspondent au domaine sacré du même nom. Il en est de même pour le groupe gauche qui diffère de l’autre groupe par une orientation inverse d’un des deux fers à cheval. Ce signe peut également se considérer selon un plan d’ensemble avec un nouveau ternaire. L’unité sacrée de grande taille est constituée par les deux groupes latéraux, un des deux représente soit la terre soit le ciel. Le trait intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Il agit comme une interface sur un des deux fers à cheval qui est inversé par rapport à l’autre : la terre devient le reflet asymétrique du ciel. Ces quelques exemples d’art sacré montrent que ce ne sont pas les motifs qui sont forcément importants mais leur répartition tripartite. L’artiste est libre de choisir ses motifs mais dans le cas d’un art sacré, il doit trouver de quelle façon reproduire la segmentation tripartite, image de son univers formé de trois mondes superposés. * Les dolmens de la rivière Boyne. (Comté de Meath, Irlande)
Fig. 26 : Les trois dolmens de la rivière Boyne.
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1) Le dolmen de Newgrange C’est l’un des plus célèbres dolmens en Europe, son tertre est de taille très importante (85 mètres de diamètre, 13 mètres de haut). Il est entouré d’une enceinte de menhirs dont il ne reste qu’une partie. Un très long couloir d’une vingtaine de mètres de long conduit à une chambre :
Fig. 27 : Le dolmen de Newgrange. Le couloir a une allure serpentiforme bien qu’il soit centré sur un axe qui permet aux rayons du soleil de se projeter au fond de la chambre au moment du solstice d’hiver. Comme à Gavrinis, le couloir suit une pente ascendante. La chambre est établie en encorbellement (la largeur du plafond se rétrécit au fur et à mesure vers le haut), elle atteint une hauteur de 6 mètres, elle est établie selon un plan cruciforme et contenait des bassins de pierre avec les cendres des défunts. Grâce à l’enceinte, nous retrouvons une segmentation ternaire en relation avec une représentation d’un univers tripartite. L’enceinte périphérique délimite le domaine terrestre à l’image de l’enceinte du dolmen de Kercado (Carnac, France, fig. 18). L’étape intermédiaire est représentée par le couloir ascendant qui ondule en rappelant la reptation d’un serpent, animal en relation avec l’étape de passage.
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La chambre correspond au niveau céleste, but du voyage. La hauteur est en quelque sorte proportionnelle au monde qu’elle représente, en l’occurrence le ciel. L'intérêt de ce dolmen réside dans la forme particulière de la chambre segmentée en trois cellules conférant à cet ensemble un aspect cruciforme. Comment expliquer cette architecture particulière de la chambre ? Ces trois cellules constituent une nouvelle représentation d’un univers tripartite. Une des deux cellules latérales représente la terre et l’autre le ciel. La cellule intermédiaire, dans l’axe du couloir, correspond au domaine sacré du même nom. Le message ternaire se répète au bout du chemin sous une forme différente. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres comme les poupées russes. L’unité sacrée principale du dolmen est constituée par la triade enceinte-couloir-chambre. Une fois arrivé dans la chambre, le message se répète par le biais des trois retraits qui constituent une sous-unité. C’est l’équivalent de la dalle placée intentionnellement dans la chambre du dolmen de Gavrinis qui possède trois trous alignés, creusés par la nature (fig. 24). Les Néolithiques emboitent leurs univers tripartites comme des séquences qui se répètent. Cette règle s’applique pour l’architecture et pour l’art.
2) Dowth et Knowth Le tertre de Dowth possède deux dolmens s’ouvrant à l’ouest (fig. 26). Le dolmen nord possède un couloir conduisant à une chambre cruciforme. Le dolmen sud a un couloir de quelques mètres conduisant à une chambre circulaire. La longueur de ces couloirs est faible par rapport à l’ensemble du cairn, les deux dolmens sont très loin du centre de l’édifice. Knowth (fig. 26) possède deux tombes à longs couloirs disposés dos à dos. La tombe ouest se termine sur une chambre peu différenciée. L’autre tombe possède une chambre cruciforme. Pour ces deux dolmens, il manque l’enceinte périphérique pour que l’unité sacrée soit complète.
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3) Le plan d’ensemble Malgré l’éloignement des trois dolmens dominant la vallée de la Boyne, cette triade nous incite à les assimiler à une unité sacrée de grande taille ou plan d’ensemble. Chaque dolmen représente un étage d’un univers tripartite. Un des dolmens latéral représente la terre et l’autre le ciel. Newgrange situé en position intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Quelle est la hiérarchie au sein de cette grande unité sacrée ? Quel est le dolmen qui symbolise le ciel, Dowth ou Knowth ? Si nous comparons les couloirs des trois dolmens, nous constatons qu’il existe une progression de leur longueur au fur et à mesure que l’on se rapproche de Knowth (fig. 26). Les deux dolmens de Dowth possèdent des couloirs courts. Les deux dolmens de Knowth possèdent les couloirs les plus longs qui se rejoignent presque au centre du cairn. Le dolmen de Newgrange, placé en situation intermédiaire par rapport aux deux autres dolmens latéraux, possède un couloir de longueur intermédiaire par rapport aux dolmens latéraux. Il y a une corrélation entre la longueur du couloir de Newgrange et sa situation intermédiaire par rapport aux dolmens latéraux. Comme nous l’avons vu, le couloir des dolmens doit être vu de façon verticale. Dans ce cas, les chambres qui sont au bout de l’axe sont les plus hautes pour le dolmen de Knowth, les deux chambres de Knowth se rapprochent le plus du ciel. Dans ce plan d’ensemble, Knowth représente le ciel, il est le plus haut. Dowth symbolise la terre, il est le plus bas. Un autre élément architectural viendrait conforter Newgrange dans sa situation intermédiaire : l’aspect serpentiforme du couloir. Nous avons associé le serpent au domaine de passage. La forme ondulée appose le sceau intermédiaire au couloir de Newgrange qui conduit à la chambre, but du voyage. Mais il peut également apposer la signature intermédiaire par rapport aux couloirs des deux autres dolmens latéraux. Non seulement le couloir de Newgrange est de longueur intermédiaire par rapport aux couloirs des dolmens latéraux mais en plus il imite les reptations d’un serpent, animal symbole du domaine intermédiaire. Les constructeurs ont apposé plusieurs caractéristiques intermédiaires sur un élément déjà 68
placé en situation intermédiaire, Ils ont ainsi conforté leur élément intermédiaire dans sa symbolique intermédiaire. C’est ce que nous pourrions appeler : « le principe de confortation ». Dans cette grande unité sacrée, la terre est en quelque sorte le reflet du ciel. Dowth et Knowth possèdent deux dolmens, alors que Newgrange n’en a qu’un (fig. 26). On remarquera également, le nombre important de tombes qui se sont agglutinées autour du cairn de Knowth formant une sorte d’anneau périphérique (fig. 26). Ces tombes satellites sont beaucoup plus nombreuses que pour les deux autres dolmens. Elles se sont en quelque sorte serrées autour de Knowth pour profiter de la symbolique céleste du dernier élément de la triade constituant le plan d’ensemble. Les défunts placés dans ces tombes satellites sont ainsi « enterrés » dans le ciel. Les trois dolmens de la rivière Boyne constituent une grande unité sacrée venant reproduire la taille de l’univers et ses trois étages superposés. Au sein du plan d’ensemble, chaque dolmen est lui-aussi une représentation d’un univers tripartite et en particulier Newgrange qui possède une enceinte. Les deux autres dolmens latéraux ne sont que des représentations partielles de l’univers. Les unités sacrées s’emboitent les unes dans les autres à chaque fois sous des formes différentes. L’étude de ce site montre que les plans d’ensemble peuvent se faire pour des tombes. Pour Carnac et ses alignements, le plan d’ensemble concernait des temples. Le même moule s’emploie pour les deux. Nous profitons de Knowth pour décrire un signe gravé à l’extérieur du Dolmen :
. Fig. 28 : Un signe de Knowth (d’après J. Markale, © Editions Payot & Rivages, 1994).
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Quatre signes en fer à cheval sont séparés par des points et un trait. La partie supérieure est formée de deux fers à cheval séparés ou reliés par un point. Il s’agit d’un premier ternaire évoquant une unité sacrée imitant la segmentation ternaire de l’axe du monde. Le point représente le domaine intermédiaire de l’unité sacrée. L’un des deux fers à cheval représente la terre et l’autre le ciel. Par le biais de cette unité sacrée, la terre devient le reflet du ciel. La configuration est la même pour le groupe de signes placé sous le trait. Nous sommes en présence de deux unités sacrées, l’une supérieure et l’autre inférieure. Si nous considérons l’ensemble du motif, l’unité sacrée supérieure est séparée de l’unité sacrée inférieure par un trait. Cette nouvelle segmentation ternaire verticale permet de définir une unité sacrée de plus grande taille qui englobe l’ensemble du signe. La triade supérieure symbolise le ciel, la triade inférieure représente la terre. Le domaine intermédiaire est représenté par le trait, il agit comme un miroir pour les parties inférieures et supérieures qu’il sépare. Compte tenu des similitudes entre le haut et le bas, la terre devient le reflet du ciel. On retrouve les mêmes principes de reflet au sein de l’unité sacrée principale comme au sein deux sous-unités. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres comme des poupées russes, le même message ternaire se répète sous des formes et à des échelles différentes. Ce modeste signe porte en son sein le principe des alignements de Carnac (Morbihan, France) : l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand. Sur le schéma suivant, nous avons séparé les trois portions constituant le plan d’ensemble du signe pour les comparer aux trois portions d’alignements de Carnac :
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Fig. 29 : Comparaison entre un signe de Knowth et les alignements de Carnac. Le temple du Ménec est formé de trois portions, deux enceintes latérales inversées et les alignements intermédiaires. Cette répartition tripartite correspond aux deux fers à cheval du signe, associé au point central. Les alignements de Kermario ne sont formés que d’une portion d’alignements sans enceintes latérales. Ces alignements correspondent au trait horizontal intermédiaire qui sépare les deux sous-unités du signe de Knowth. L’enceinte quadrangulaire de Kerlescan correspond à un fer à cheval de la deuxième sous-unité du signe et les alignements sont en relation avec le point central. Comme le départ des alignements du Petit-Ménec sont mutilés, il n’est pas possible de poursuivre l’analogie. Les mêmes règles d’élaboration du sacré s’appliquent à l’architecture comme à l’art (ou du moins certaines formes d’art).
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* Le site de Maes Howe (îles Orcades, Ecosse) 1) le dolmen Ce grand dolmen est placé sous un cairn visible de loin, (35 mètres de diamètre, 7 mètres de haut). Une des particularités de ce site réside dans la présence d’un fossé circulaire qui délimite une plateforme centrée par le cairn. Celui-ci est ainsi placé légèrement en hauteur par rapport au voisinage. Le couloir du dolmen possède un rétrécissement juste avant la chambre. Celle-ci est particulière en raison de trois appendices en forme d’équerre, chaque face de la chambre possède son appendice. La chambre, très haute, est en encorbellement, elle recrée une pyramide négative avec les parois qui se rapprochent de plus en plus vers le haut.
Fig. 30 : Le dolmen de Maes Howe. Le fossé circulaire a le même rôle de cloisonnement de l’espace qu’une enceinte de pierres. Il délimite le domaine terrestre marqué par ce disque surélevé au centre duquel se trouve le cairn. Le couloir symbolise le domaine intermédiaire avec un rétrécissement juste avant la chambre qui occasionne une difficulté sur ce domaine de passage. La chambre représente le domaine céleste. Sa hauteur est proportionnelle au monde qu’elle symbolise, le ciel. Les trois retraits posent le même problème que pour la chambre de Newgrange (fig. 27). Ces trois retraits constituent une nouvelle unité sacrée. Ils correspondent à une sous unité distale présente à la fin du parcours. Le message ternaire de Maes Howe se répète encore
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Fig. 31 : Le site de Maes Howe (D’après C. Richards, © C. Richards).
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une fois sous une forme et sous une taille différente. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres chaque fois sous une autre forme. L’originalité de ce site réside dans l’étude des éléments mégalithiques situés au voisinage de cette grande tombe et notamment les cercles de pierres. Même si leur intérêt architectural est modeste, ils ont une grande importance pour nos hypothèses. 2) Le site de Maes Howe (îles Orcades) Les auteurs décrivent deux cercles de pierres localisés sur le site de Maes Howe, les pierres de Stenness et l’anneau de Brodgar (fig. 31, page précédente). A quelques centaines de mètres du dolmen, sur la même berge, on trouve un cercle de pierres, les Pierres de Stenness. Sur le cercle, il ne reste que quelques pierres debout :
Fig. 32 : The stones of Stenness. (Inspiré de A. Ritchie © Mac Donald Institute for Archeological Research). Le diamètre du fossé qui entoure cette enceinte de pierres est d’environ 50 mètres, de nombreuses pierres ont disparu.
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Celles qui restent sont très hautes (jusqu’à 6 mètres) et élancées comme des aiguilles qui pointent vers le ciel. Les fouilles ont révélé la présence d’une structure quadrangulaire (4 dalles) placée au centre du cercle que les archéologues ont assimilé à un four (fig. 32). Maes Howe et les pierres de Stenness sont placés sur la même rive à l’est. Avant de franchir le bras de terre qui relie l’autre berge, il y a une grande pierre de 6 mètres de haut, la Watch stone, placée au voisinage du village néolithique de Barnhouse (fig. 31). Environ un kilomètre plus loin, sur le bras de terre qui sépare deux bassins de mer (loch of Stenness, Loch of Harray), il y a un autre cercle de pierres : l’anneau de Brodgar (fig. 31). Ce cercle de pierres est placé à l’intérieur d’un fossé taillé dans le roc (diamètre de 105 mètres sur 3 mètres de profondeur). Les pierres restantes qui dessinent le cercle ont une hauteur comprise entre 2,1 mètres et 4,7 mètres mais elles n’atteignent pas la hauteur des pierres géantes de Stenness. Plus loin encore vers l’ouest, sur la berge opposée au dolmen de Maes-Howe, se situe l’anneau de Bookan (fig. 31). Cet anneau est composé d’un simple fossé circulaire entourant une plateforme ovale de terre d’environ 44 mètres de long sur 38 mètres de large. Ces dimensions rappellent le diamètre de l’anneau des pierres de Stenness. Il n’y a aucune pierre sur cet anneau. Ces cercles sont toujours énigmatiques. Si le dolmen de Maes Howe possède une segmentation tripartite, les cercles situés sur le site sont ininterprétables faute de cloisonnement interne. Par contre, la présence de trois cercles nous incite à les associer à une unité sacrée venant reproduire les trois étages superposés d’un univers tripartite. Ces trois cercles sont alignés comme s’ils étaient placés sur un axe (fig. 31). Ils reproduisent l’axe du monde et ses trois étages. Le cercle intermédiaire est à équidistance des cercles latéraux. Ces trois cercles ont le même agencement que les trois cercles de terre alignés de Thornborough (Yokshire) (fig. 11). Pour le site de Maes Howe, un des deux cercles latéral représente le ciel, l’autre la terre. Le cercle intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Ces trois cercles viennent verticaliser le site. Quel est le sens de cette nouvelle 75
unité sacrée ? Où est la terre, où est le ciel ? Quel cercle est en bas, quel cercle est en haut ? Pour tenter de répondre à cette question, il faut examiner la taille des pierres restantes qui forment les anneaux. Les pierres les plus hautes sont celles qui forment l’anneau de Stenness, placé sur la même rive que l’élément principal du site, la grande tombe de Maes Howe. A côté des pierres de Stenness se trouve la Watch Stone, pierre géante de 6 mètres de haut. Les pierres formant l’anneau intermédiaire, l’anneau de Brodgar, situé sur le bras de terre qui relie les deux berges, sont de tailles inférieures par rapport aux pierres géantes du cercle de Stenness. Le dernier anneau, l’anneau de Bookan, situé sur la berge opposée à Maes Howe, est plat. Il ne possède aucune pierre. Au sein des trois cercles apparaît une hiérarchie en rapport avec la hauteur des pierres : absence de pierres pour l’anneau de Bookan donc anneau plat, pierres de hauteur moyenne pour l’anneau de Brodgar et pierres géantes pour le cercle de Stenness. La taille des pierres des cercles peut être mise en rapport avec la « hauteur » des trois mondes superposés venant constituer un univers tripartite. Le cercle où les pierres sont les plus hautes est en rapport avec le ciel. Ces pierres « touchent » en quelque sorte le ciel et leur hauteur désigne le monde correspondant. Dans ce cas, c’est l’anneau de Stenness qui symbolise la troisième et dernière portion de l’axe du monde. A l’opposé, sur l’autre berge, le cercle sans pierres, l’anneau de Bookan, représente la terre. Sa constitution exclusive en terre rappelle le domaine auquel il est lié, la terre. La construction faite en terre va symboliser le monde qu’il représente, le plus bas sur l’axe, point de départ d’un parcours vers le ciel : les pierres de Stenness. Le cercle intermédiaire fait de pierres de hauteur intermédiaire (entre l’absence totale de pierres et les pierres géantes) correspond au domaine sacré du même nom, le domaine intermédiaire, monde « d’entre-deux », coincé entre terre et ciel, sorte de pont jeté entre deux rives distantes. Nous pouvons appliquer une des règles mégalithiques : « ce qui est couché sur le sol doit être vu de façon verticale ».
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Le parcours au sein de cette unité sacrée commence par la berge opposée au dolmen de Maes Howe, il débute par l’anneau de terre de Bookan. A partir de là, le parcours devient vertical sur le bras de terre qui relie quasiment les deux berges à l’heure actuelle. Il se termine tout en haut de l’axe du monde, sur la berge qui représente le ciel, là où sont édifiés le cercle de Stenness et la grande tombe de Maes Howe. L’arrivée sur cette berge céleste, virtuellement la plus haute, est marquée par la présence de la Watch Stone. Compte tenu de la hauteur de la pierre (6 mètres), celle-ci constitue une sorte de panneau indicateur du domaine céleste. Elle indique que la berge où se situe l’anneau de Stenness et la tombe de Maes Howe, symbolise un lieu particulièrement élevé, à son image, en l’occurrence le ciel, troisième étage d’un univers tripartite. Autre point important à noter, il existe une corrélation entre la segmentation tripartite de la grande tombe, le dolmen de Maes Howe, et les trois cercles équidistants. Le premier cercle fait de terre, l’anneau de Bookan, placé sur la berge opposée à Maes Howe, première étape de l’axe du monde, est comparable à l’anneau de terre qui entoure le dolmen (fig. 30). La tombe de Maes Howe est établie sur un cercle de terre délimité par un fossé. Ce cercle inaugure la segmentation tripartite qui se prolonge à l’intérieur du dolmen par le bais du couloir et de la chambre. Le cercle externe correspond à la terre, la première étape d’un univers tripartite que va reproduire le dolmen. Cet anneau fait exclusivement de terre à la même symbolique que l’anneau de terre de Bookan placé sur l’autre berge. Les deux symbolisent le domaine terrestre, chacun pour son unité sacrée, l’un pour les trois cercles, l’autre pour le dolmen. De même, il y a une corrélation entre la hauteur des pierres de Stenness et la hauteur de la chambre du dolmen de Maes Howe. Les pierres sont très hautes sur l’anneau de Stenness, le plafond de la chambre du dolmen également. Les niveaux célestes des deux unités sacrées possèdent la même notion de hauteur qui vient désigner le monde qu’ils représentent, le ciel, dernière étape de l’axe, la plus haute. Le site de Maes Howe possède deux unités sacrées établies selon le même moule ternaire mais apparaissant sous des formes totalement différentes. 77
Avant de continuer note étude du site, notre méthode analogique nous permet de comparer ce crescendo de hauteur des pierres au sein des trois cercles avec la hauteur des pierres des alignements de Carnac (Morbihan, France). Prenons l’exemple du temple du Ménec (fig. 12). Lorsque les pierres composant les alignements arrivent à leur but (enceinte côté mer) leur hauteur est maximum. Ceci est valable pour le temple du Ménec mais également pour le plan d’ensemble. En effet, pour les files de Kermario, leur hauteur est maximum lorsqu’elles arrivent au voisinage de leur but : le temple du Ménec. Comme nous l’avons vu celui-ci représente le ciel pour le plan d’ensemble. La hauteur des pierres est en rapport avec les composantes de l’axe du monde. Les pierres les plus hautes désignent le ciel. Elles sont hautes parce que le ciel est haut. Il en est de même pour la longueur des couloirs des trois dolmens de la rivière Boyne (Irlande) (fig. 26). Dans notre hypothèse qui introduit une hiérarchie entre les dolmens avec une progression de Dowth vers Knowth, les couloirs deviennent de plus en plus longs, c'est-à-dire de plus en plus hauts. Knowth, que nous avons placé au sommet de la triade, possède les couloirs les plus longs. Revenons sur le site de Maes Howe. Les Néolithiques ont-ils poussé le sens du détail dans le positionnement de leur cercles ? D’après les descriptions et les photos, l’anneau de Brodgar est établi sur les pentes d’un plateau. Nous avons vu que la colline représente à elle seule l’axe du monde avec sa segmentation tripartite : le pied de la colline (domaine terrestre), les pentes (domaine intermédiaire) et le sommet (domaine céleste). Le cercle de Brodgar est placé sur les pentes d’une colline, il est en situation intermédiaire entre le sommet et le bas. Il épouse ainsi la symbolique intermédiaire grâce à l’adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Non seulement ce cercle est placé en situation intermédiaire entre les deux autres cercles latéraux mais en plus il est en situation intermédiaire à l’endroit où il se trouve, sur les pentes d’une colline. L’architecture s’adapte à la géographie pour exprimer une même idée. 78
La situation des pierres de Stenness est différente car d’après le plan du cercle, son centre est placé au sommet d’une petite dénivellation (fig. 32). L’anneau intermédiaire de Brodgar est établi sur les pentes d’une colline alors que l’anneau de Stenness entoure le sommet d’une petite surélévation. Il existe une progression symbolique dans la situation en hauteur des deux cercles en rapport avec la hiérarchie des mondes superposés. Examinons maintenant la géographie du site (fig. 31). Il est composé de deux berges. Une berge ouest sur laquelle est établi l’anneau de terre de Bookan, cette berge est maintenant tout en bas de notre axe, elle désigne la terre. A l’opposé, la berge sur laquelle est établie l’anneau de Stenness et le dolmen de Maes Howe est tout en haut, elle désigne le ciel. Entre les deux berges, il existe une sorte de pont réalisé par le bras de terre qui relie les deux berges. Ce pont est un intermédiaire entre les deux berges, c’est sur lui que les constructeurs ont établi leur cercle intermédiaire à équidistance des cercles latéraux, chacun sur sa berge. Ces deux berges sont mieux séparées de nos jours par la montée du niveau de la mer. A l’époque, il n’y avait probablement qu’un marécage entre les deux. Ce bras fait office d’échelle reposant sur terre et conduisant au ciel. Les architectes néolithiques ont en quelque sorte « marqué de leur sceau » les trois territoires naturels du site, les deux berges et le pont. Ils ont confirmé avec l’architecture ce que la nature a réalisé spontanément. Ils ont placé un cercle sur chacune des parties qui compose cet axe du monde couché sur le sol : il y a une adaptation de l’architecture sacrée à la géographie sacrée. Le site a été choisi parce qu’il représentait de façon naturelle une projection horizontale de l’axe du monde avec ses trois parties. La configuration naturelle des lieux s’adapte tout à fait à l’idée d’une séparation entre la terre et le ciel et leur liaison par un pont. Le bras de terre qui fait la jonction entre les deux berges est un cadeau de la nature, il sert de support symbolique à ce domaine médian destiné à joindre la terre au ciel. Ce site est un magnifique exemple de ce que nous avons appelé la géographie sacrée. La nature a parfaitement reproduit l’axe du Monde. Mais elle est encore allée plus loin en donnant une 79
direction à cette unité sacrée, en désignant spontanément laquelle des deux berges reliées par le pont désignerait le ciel. En partant de la berge où se situe l’anneau de Bookan pour aller vers les pierres de Stenness, la bande de terre est très large puis se rétrécit au fur et à mesure de la progression, elle s’interrompt au voisinage de l’autre berge et de la Watch stone. C’est ce rétrécissement progressif dans le sens Bookan-Stenness qui peut très bien désigner le sens de progression, comme un doigt tendu vers le but. Ce pont reproduit également une pyramide dont le sommet désigne le ciel. La nature ayant déjà fait le plus gros du travail, il n’y avait plus qu’à confirmer le sens de cette unité sacrée par l’apposition de cercles dont les pierres sont croissantes en hauteur. La nature, par sa segmentation tripartite, offre également le plan du dolmen. Le bras de terre qui relie les deux berges correspond au couloir qui conduit à la chambre. Le pont de terre et le couloir correspondent tous deux au domaine intermédiaire, destiné à relier la terre au ciel. Quel est le rôle de cette unité sacrée formée par les trois cercles décrits plus haut ? Ils peuvent constituer un temple « dissocié » où les trois composantes de l’unité sacrée ne sont pas reliées mais séparées, à l’image de Thornborough, (fig. 11). Le parcours au sein du temple est ascensionnel, de la terre vers le ciel comme pour les autres temples mégalithiques. Nous aurions sur le même site un temple et une tombe, établis tous deux selon le même moule copiant la segmentation tripartite de l’axe du monde. La deuxième hypothèse est celle du plan d’ensemble. Ces trois cercles ont un rapport direct avec l’élément principal du site, la tombe de Maes Howe. Les trois cercles viennent verticaliser le site. La berge sur laquelle est établi l’anneau de Stenness est en haut. Il en est de même pour le dolmen voisin qui se trouve établi dans le ciel. Grâce aux trois cercles venant compléter la géographie, sorte de « dispositif préliminaire », la tombe devient une tombe virtuellement placée dans le ciel. Grâce à ce plan d’ensemble, la tombe et les défunts qui s’y trouvent, sont propulsés dans le ciel. Il s’agit d’une sorte de vaisseau spatial avant l’heure, destiné à véhiculer les défunts dans leur nouvelle 80
patrie céleste. Grâce au site tripartite et aux trois cercles, Maes Howe devient une tombe céleste. Le but est toujours le même que cela soit pour les vivants dans les temples ou pour les morts dans les tombes : atteindre le ciel. Le site livre encore une curiosité au sein d’un petit groupe d’habitations appelé « Barnhouse ». Les auteurs signalent la présence d’un groupe d’habitation néolithique fait de 12 maisons situées dans le voisinage de la Watch Stone (fig. 31). Ce qui est intéressant à noter est la forme de l’habitat de ces constructions. Les archéologues ont remarqué que l’architecture de ces demeures s’était inspirée à la fois de la chambre tripartite de Maes Howe et de l’anneau de Stenness avec le cercle centré par le four quadrangulaire.
Fig. 33 : Barnhouse (d’après C. Richards, © C. Richards). Prenons l’exemple des maisons 9 et 12. Elles reproduisent le cercle de Stenness avec cette forme circulaire centrée par le four fait de dalles de pierre.
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La maison n°2 possède une double chambre formée de l’accolement de deux chambres à segmentation ternaire de type Maes Howe :
Fig. 34 : La maison 2 de Barnhouse. Chaque chambre possède trois niches quadrangulaires caractéristiques de la chambre du dolmen voisin. Au centre de chaque chambre, une structure quadrangulaire imite le four placé au centre du cercle de Stenness. Comment expliquer ces emprunts faits aux deux monuments voisins ? Dans ces demeures, les architectes ont « pioché » les caractéristiques des deux « ciels voisins ». Le cercle de Stenness avec son four central correspond au troisième cercle des trois cercles alignés, il symbolise le ciel de cet axe du monde. Il en est de même pour la chambre tripartite du dolmen de Maes Howe qui correspond à la dernière étape d’un univers tripartite. Les constructeurs de Barnhouse ont emprunté les caractéristiques de chacun de ces deux domaines célestes équivalents pour les importer dans leur habitat. Dans certains cas, ils gardent les caractéristiques du ciel de Stenness (cercle et four) et parfois ils les mélangent avec des caractéristiques du ciel de Maes Howe, la chambre tripartite. A chaque fois ce sont des éléments célestes qui sont introduits dans l’habitat issus de deux équivalents symboliques. Les habitants de Barnhouse vivaient ainsi en permanence dans le ciel dont les caractéristiques étaient fixées par les deux ciels voisins totalement différents dans la forme mais identiques sur le fond. C’est comme si la partie interne de l’habitation était construite avec les pierres bleues de Stonehenge.
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Les habitants de Barnhouse avaient ainsi décidé de vivre dans le ciel. Une première fois en établissant leur village tout en haut de cet axe du monde dessiné horizontalement par la nature et confirmé par les trois cercles et une deuxième fois par la forme de leurs demeures. Les habitants vivaient ainsi constamment dans le ciel et leur habitat terrestre n’était que le reflet de leur futur habitat céleste qu’ils atteindraient après leur mort. Barnhouse est un village céleste. Dernière remarque sur le site de Maes Howe : le cercle des pierres de Stenness, troisième portion de cet axe du monde composé des deux autres cercles alignés et équidistants, s’ouvre du côté nord (fig. 32). Faut-il y voir un rapport avec l’étoile polaire de l’époque qui se projetterait sur le « four » placé au centre du cercle ? * Les dolmens de Mané-Kérioned (Carnac, France) A 3,5 Km au nord/nord-ouest de Carnac, il existe un groupe de trois dolmens (Mané-Kérioned) qui est entouré des restes d’une enceinte de forme quadrangulaire. Les dolmens forment les trois côtés d’un rectangle s’ouvrant vers le sud. Les dolmens est et ouest sont parallèles, le troisième est placé entre les deux. Chaque dolmen possède un couloir et une chambre. Le dolmen oriental est quasiment sous terre.
Fig. 35 : Les trois dolmens de Mané-Kérioned et l’enceinte.
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Ces trois dolmens forment une unité sacrée. Un des dolmens latéral représente la terre et l’autre le ciel. De par leur orientation similaire, le dolmen symbolisant la terre est le reflet du dolmen en rapport avec le ciel. Il est probable que le dolmen situé à l’est soit en relation avec le domaine terrestre, il est enfoncé dans le sol et désigne ainsi le domaine auquel il est lié. Le dolmen intermédiaire désigne le domaine sacré du même nom. Grâce à l’enceinte commune, une nouvelle segmentation ternaire apparait. Le domaine terrestre est partagé par les trois dolmens, il est limité par l’enceinte. Le domaine intermédiaire des trois dolmens est représenté par le couloir, le domaine céleste par la chambre. * Le site de Callanish (îles Hébrides, Ecosse) Ce site est intéressant en raison de l’association entre un dolmen et des alignements.
Fig. 36 : Les alignements de Callanish. L’allée formée de deux files parallèles aboutit à un espace circulaire au milieu duquel se trouve une grande pierre dépassant les autres. De cet espace partent trois petites files : une rangée médiane dans le grand axe du monument et deux autres files perpendiculaires. Ces trois groupes associés à l'allée,
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forment une croix. On remarque dans le cercle, la présence d’un petit dolmen à couloir conduisant à une chambre. Le dolmen est édifié dans la partie circulaire, il s’abouche à l’est. Il aurait été édifié secondairement. Considérons tout d’abord le monument composé de pierres dressées. Il reproduit le plan de certains dolmens à couloir. L'allée est la partie la plus longue de cette structure mégalithique, elle a un rôle de passage et s'apparente au domaine intermédiaire comme le couloir des dolmens. Le domaine céleste est en relation avec l’espace circulaire et équivaut à la chambre d'un dolmen. Les alignements de Callanish constituent une unité sacrée partielle où le domaine terrestre n’est pas limité. Quel est le rôle des trois petites files qui partent de l’espace circulaire ? Cette nouvelle segmentation ternaire n’a aucun rôle fonctionnel mais constitue une nouvelle unité sacrée, le message se répète sous une forme et à une échelle différente. Ces trois petites files liées à la dernière portion de l’édifice sont l’équivalent des dolmens à chambre trifoliée comme Newgrange (fig. 27) et Maes Howe (fig. 30). La petite file dans l’axe de l’allée correspond au domaine intermédiaire de cette nouvelle unité sacrée, les petites files latérales sont en rapport l’une avec la terre et l’autre avec le ciel, l’une est le reflet de l’autre. Cette nouvelle unité sacrée est une sous-unité au regard de l’unité sacrée principale. Les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres sous des formes différentes. Ces trois files sont l’expression d’une architecture sacrée. Celle-ci n’a pas de rôle fonctionnel mais symbolique, elle est destinée à reproduire la constitution ternaire de l’univers. Penchons-nous maintenant sur le petit dolmen qui s’est construit par la suite dans l’espace circulaire. Il est constitué d’un couloir et d’une chambre. Il s’agit d’une unité sacrée partielle avec un domaine terrestre non limité, un domaine intermédiaire représenté par le couloir et un domaine céleste en rapport avec la chambre. Le dolmen possède les mêmes segmentations que le monument principal dans lequel il est inclus. Le même moule a servi pour le temple et pour la tombe. 85
On notera que la chambre du dolmen est grossièrement tripartite et reproduit peut-être les trois petites files partant du cercle de pierres. Pourquoi le dolmen s’est-il implanté dans l’espace circulaire ? Le cercle ménagé par les pierres levées représente le ciel, la tombe devient ainsi une tombe céleste. Les défunts rejoignent leur dernière demeure, le ciel. Dernière remarque : le départ de l’allée est au nord. Faut-il y voir un rapport avec l’étoile polaire de l’époque qui aurait pu se projeter sur la grande pierre placée dans le cercle ?
Fig. 37 : Le site de Beaghmore (d’après Harbison © Thames & Hudson). * Le site de Beaghmore (comté de Tyrone, Irlande) Ce modeste enclos n’a rien à voir avec le gigantisme d’un Carnac ou d’un Avebury. Rien à voir non plus avec la majesté d’un Stonehenge. Ce n’est pas un site mégalithique au sens
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strict du terme. « Mégalithe » signifie « grosse pierre », ce qui n’est pas le cas pour Beaghmore, les pierres sont de petites tailles et le site est plus récent que la période mégalithique. Et pourtant Beaghmore contient la totalité du message mégalithique. Il s’agit d’un enclos délimité par un mur qui contient trois groupes de 2 cercles. Chaque groupe est associé à un cairn circulaire (cairn = amas de pierres ; fig. 37, page précédente).
1) Description Les cercles A et B sont placés au nord-est. Entre les deux cercles, on distingue un petit cairn circulaire dans lequel on a retrouvé une hache polie. Du cairn partent quatre files de pierres dressées en forme d’éventail. Deux des quatre files, faites de petites et de moyennes pierres, vont rejoindre le mur de l’enclos. Les cercles C et D sont les plus grands (16 à 17 mètres de diamètre). Ils sont également les plus déformés. Du cairn circulaire qui leur est associé partent deux files de pierres. La file faite de petites pierres rejoint le mur périphérique, l’autre s’arrête avant. Le cairn contenait un ciste (coffre funéraire) vide. Le cercle E est un grand cercle aplati et isolé placé au voisinage des cercles C et D. Le cercle E est rempli d’environ huit cents pierres pointées vers le haut qui ont été appelées « les dents de dragon ». Le cercle possède un cairn d’où partent deux files, une file courte faite de grandes pierres et une longue file faite de petites pierres qui rejoint le mur. Dans le cairn on a retrouvé des fragments de crânes incinérés. Juste au sud du cercle E, on distingue un cairn isolé. Les cercles F et G sont placés au sud. Ce sont les plus petits. Le cercle G possède deux pierres plus grandes qui pourraient délimiter une entrée. Le cairn qui est associé est entouré d’un talus et d’un fossé. Le cairn contenait un ciste vide. Du cairn part une file de petites pierres qui traverse les restes d’un mur pour se diriger vers le mur périphérique. 87
2) Interprétation A) l’unité sacrée Commençons par le groupe le plus expressif, les cercles A et B et leur cairn. C’est l’association de trois éléments qui attire notre attention. Ce groupe constitue une unité sacrée reproduisant l’axe du monde et sa segmentation tripartite. Les deux grands cercles correspondent pour l’un au domaine terrestre pour l’autre au domaine céleste. Le cairn placé en situation intermédiaire entre les deux cercles correspond au domaine sacré du même nom. Ces trois éléments doivent être vus de façon verticale, avec un des deux cercles en bas, l’autre en haut et le cairn entre les deux. Une des originalités de ce site est la présence du cairn entre les deux cercles. En règle générale, un cairn est un tumulus funéraire qui contient une sépulture. Sur ce site, les fouilles au sein des cairns sont relativement pauvres. Les cairns de Beaghmore ont une fonction essentiellement symbolique. Ils sont en relation avec ce monde intermédiaire placé entre terre et ciel. Lorsque l’on quitte la terre, on rentre dans le domaine des morts représenté par le cairn. Celui-ci à deux fonctions. Le cairn fait la jonction entre les cercles A et B, il relie ainsi la terre au ciel comme une échelle. Sans ce pont, le ciel ne pourrait être atteint. Mais ce domaine est ambivalent car du cairn partent quatre files dont au moins deux atteignent le mur périphérique. Il s’agit d’une fausse route sur le chemin du ciel. Ces files qui « mènent droit au mur » symbolisent la fausse route qui nous avions déjà évoquée pour les alignements de Carnac (France). En ce qui concerne le temple du Ménec (fig. 13), les alignements conduisent soit au but escompté, le cercle occidental représentant le ciel, soit nulle part. Pour l’éventuel temple du Petit Ménec-Kerlescan, les alignements conduisent soit vers l’enceinte quadrangulaire (but escompté) soit sur un tumulus funéraire qui constitue une sanction sur le chemin du ciel (fig. 14). Les alignements de ces deux temples sont à la fois bénéfiques et maléfiques. En ce qui concerne le site de Beaghmore, les alignements revêtent uniquement le côté maléfique en dirigeant le chemin 88
vers le mur. La sanction est symbolisée par l’éloignement de l’axe imposé par les deux grands cercles. Ces alignements intermédiaires constituent une portion anti axiale. Si l’on verticalise les deux cercles, les files de Beaghmore deviennent horizontales. C’est au niveau du cairn intermédiaire que se situe le risque de dévier et de ne jamais pouvoir atteindre l’autre cercle qui représente le ciel. Le mur périphérique est un symbole, un but aberrant, une sorte d’impasse. Le domaine intermédiaire est un carrefour, une croisée des chemins qui conduit soit au ciel soit nulle part. Imaginons un parcours au sein de cette unité sacrée. Le voyageur débute son parcours avec un des deux cercles qui symbolise la terre. Il passe dans le cairn, obscur monticule de pierres qui contraste avec la lumière présente dans le cercle de départ. Là commence le royaume des morts composé de deux mondes superposés. Le premier monde qu’il rencontre est le domaine intermédiaire qui agit comme un « centre de tri » en dirigeant le voyageur soit vers le ciel constitué par l’autre cercle soit sur un chemin aberrant où il va se perdre irrémédiablement sans jamais pouvoir atteindre le ciel. S’il atteint le ciel, il retrouve la lumière présente dans le cercle opposé à celui de départ. Il passe ainsi dans le deuxième monde du royaume des morts, le domaine céleste. Il existe ainsi une succession lumière-ténèbres-lumière. Le ciel auquel il accède, possède de fortes similitudes avec la terre qu’il vient de quitter. Le cercle en rapport avec le ciel est quasiment identique au cercle de la terre. Nous passons maintenant au groupe de cercles central. Le groupe C-D associé au cairn possède la même symbolique que le groupe précédent mais moins expressive car le cairn est situé au niveau de l’accolement des deux cercles. Des deux files émanant du cairn, une seule rejoint le mur. Le cairn associé au troisième groupe F-G a la même fonction de relier les deux cercles et de conduire de façon ambivalente sur un chemin aberrant. Une seule file s’en détache et traverse les restes d’un mur pour aller en direction du mur périphérique. Le site de Beaghmore reproduit trois unités sacrées établies selon le même moule. Le même message se répète trois fois. 89
Quel est le rôle du cercle E placé isolément à la hauteur du groupe central ? Il faut à présent changer d’échelle et envisager l’ensemble du monument. B) Le plan d’ensemble Dans notre étude des sites précédents nous avons noté que les éléments de grande taille sont souvent reliés entre eux, non pas par l’architecture mais par le symbole. Parfois cet éloignement est de plusieurs centaines de mètres, voire plus. Dans ce cas, il est difficile de les mettre en relation. A Beaghmore, les choses sont plus simples puisque tout est réduit à l’échelle humaine et délimité par un mur périphérique qui rassemble les éléments ayant une relation en eux. Ces trois groupes de trois éléments (deux cercles et cairn) constituent une nouvelle unité sacrée où chaque groupe de trois devient une sous-unité au regard de l’ensemble. Une des deux triades latérales représente la terre et l’autre le ciel Les cercles A-B sont orientés de la même façon que les cercles F-G. Le groupe intermédiaire C-D est orienté de façon inverse. La terre et le ciel possède ainsi certaines similitudes. La sous-unité intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Ces trois triades correspondent à un nouvel axe du monde copiant la segmentation tripartite de l’univers. Le message est le même pour le plan d’ensemble que pour chaque sous-unité formée de trois éléments. Les univers tripartites s’emboitent comme des poupées russes. Ce plan d’ensemble nous permet de donner une explication au cercle E qui est isolé par rapport aux trois groupes. Ce cercle particulier aux « dents de requin » est situé au voisinage du sous-groupe intermédiaire (cercle C-D + cairn) et doit être mis en relation avec la symbolique intermédiaire que véhicule cette sous-unité. Ce cercle a pour particularité d’être rempli de huit cents petites pierres dont les pointes sont dressées. Ces pierres ont été appelées « dents de dragon », sorte de grande mâchoire prête à dévorer. Ce cercle correspond au pôle maléfique du domaine intermédiaire. La sanction sur le chemin du ciel, au sein de ce plan d’ensemble, est cette fois-ci représentée par le 90
cercle E. Le domaine intermédiaire du plan d’ensemble est composé de la sous-unité intermédiaire (cercle C-D + cairn) et du cercle E. Le domaine intermédiaire est ambivalent : soit il fait la jonction entre les deux groupes latéraux, inférieurs et supérieurs, terrestres et célestes, soit il conduit à une sanction placée à sa hauteur, le cercle E. Si l’on verticalise l’ensemble du site, le cercle E se place sur l’horizontale. Cette sanction ce sont les « dents de dragon », sorte de grande mâchoire prête à dévorer le « voyageur » sur le chemin du ciel. Les constructeurs ont placé un cairn sur la bordure du cercle E d’où part une file en direction du mur périphérique. Cela suppose qu’ils ont « prélevé » le domaine intermédiaire d’une sous-unité pour le positionner sur le domaine intermédiaire du plan d’ensemble marquant bien la similitude entre les deux. Le domaine intermédiaire d’une sous unité a été transposé sur le domaine intermédiaire de l’unité sacrée de grande taille. Deux choses identiques ont été réunies pour exprimer une même idée. Sur le cercle E, il y a un cumul de sanctions prévues par le domaine intermédiaire : fausse-route et destruction par les « dents de dragons ». Le cercle E est une sorte d’enfer. Au sud du cercle E, les constructeurs ont placé un cairn montrant encore une fois la corrélation entre les deux domaines intermédiaires, petit et grand. Quelle est la hiérarchie au sein de ce plan d’ensemble ? Quelle sous-unité latérale désigne la terre et laquelle représente le ciel ? Si l’on examine le site dans sa globalité, on remarque que les constructeurs ont quelque peu isolé les cercles F- G et leur cairn des deux autres sous-groupes (fig. 37). L’enclos a une forme qui divise le site en deux parties. D’un côté les deux sous-groupes A-B-cairn et C-D-cairn et de l’autre le sous-groupe F-G-cairn. Cette séparation est marquée par la présence d’un mur interne qui divise le site en deux parties (fig. 37). C’est à travers ce mur que se dirige la file émanant du cairn placé entre les cercles F et G pour aller vers le mur périphérique. Le sous-groupe F-G-cairn est ainsi séparé des deux autres. Cet aspect reproduit le concept de séparation du monde des vivants avec celui des morts. Le monde des vivants est composé 91
d’un seul monde, le nôtre. Le royaume des morts est constitué de deux mondes superposés, le domaine intermédiaire et céleste. Le plan d’ensemble reproduit le plan des dolmens à couloir où les domaines intermédiaires et célestes sont réunis et inclus sous le cairn alors que le domaine terrestre se situe à l’extérieur. Nous pouvons ainsi définir la hiérarchie au sein de ce plan d’ensemble. La sous-unité formée par les cercles F-G et le cairn symbolise la terre. Elle est en bas. La sous-unité en rapport avec le ciel est représentée par les cercles A-B et le cairn associé. Elle est en haut. Le départ se fait au sud-ouest et l’arrivée au nord-est. Sur le site de Thornborough dans le Yorkshire (Grande Bretagne, fig. 11), c’est le cursus accolé au cercle intermédiaire qui sépare le site en deux parties, une partie contenant deux cercles alignés et une partie avec un cercle décalé par rapport aux deux autres. Nous sommes dans la même situation qu’à Beaghmore où le site est divisé en deux parties mais par un mur. Le cursus et le mur sont des barrières symboliques entre deux royaumes. Le royaume des vivants, notre monde, est constitué d’une étape. Le royaume des morts est constitué de deux étapes, l’étape intermédiaire et céleste. Le décalage d’une composante de l’unité sacrée par rapport aux deux autres qui sont alignées est manifeste pour les alignements de Carnac (fig. 12). Le complexe Petit-Ménec /Kerlescan n’est pas aligné avec les deux autres portions d’alignements qui représentent le domaine intermédiaire et le ciel au sein du plan d’ensemble. Le site de Beaghmore est un « Livre des morts » écrit avec des pierres. Il retrace la destinée de l’âme après la mort au sein du monde intermédiaire. Ce monde d’entre-deux est un monde ambivalent, à la fois « ange et démon ». D’après les sites que nous avons étudiés, cette âme a la possibilité de rejoindre la dernière étape de l’axe du monde, le ciel, mais elle peut également être détruite. Le cercle aux dents de dragon de Beaghmore exprime bien cette possibilité. La fausse route occasionnée par les alignements de Beaghmore, comme ceux de Carnac, expriment une sanction un peu différente en dirigeant 92
volontairement sur un chemin aberrant. Le résultat est le même, la dernière étape de l’axe du monde ne sera pas atteinte. La fausse route des alignements de Kerlescan (Carnac, fig. 14) est constituée par un tumulus funéraire. Encore une fois, c’est la mort qui est évoquée par le biais de ce tumulus-symbole, la destruction non plus du corps mais de l’âme. Cette association alignements-tombe se fait également avec certaines files de Kermario (Carnac, fig. 15) qui passent sur le tumulus funéraire du Manio. De même, certaines files de Kermario rejoignent un petit dolmen. Cette notion de destruction de l’âme sera reprise plus tard par les Ecritures sous la notion de « seconde mort ». Le « message mégalithique » est spécifique dans sa forme mais non dans le fond. Les religions rediront avec des mots ce que les Néolithiques ont symbolisé avec des pierres. Malgré sa petite taille le site de Beaghmore mérite une place à part. Même s’il est plus récent que la civilisation des mégalithes, il véhicule leur message. * Balnuaran of Clava (Inverness, Ecosse) Il s’agit d’un complexe funéraire composé de trois cairns « décapités », il manque la partie supérieure qui aurait disparue. Les archéologues ont noté par endroit une ébauche d’encorbellement signant la présence d’un toit.
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Fig. 38 : Balnuaran © R. Bradley).
of
Clava
(D’après
R.
Bradley
Le cairn placé au sud, est entouré d’une enceinte circulaire discontinue faite de pierres dressées. Le cairn est délimité en périphérie, à sa base, par des pierres beaucoup plus grosses que les pierres composant le cairn. Ces pierres ont été appelées « Kerb stones » (pierres trottoirs). Le cairn sud possède un couloir qui conduit à une chambre circulaire. Le cairn ne possède pas de toit, la chambre est ainsi visible de l’extérieur. Le cairn nord est identique au cairn sud avec enceinte, couloir et chambre.
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Le cairn central possède également une enceinte périphérique mais ne possède pas de couloir, il n’y a pas d’accès à la chambre centrale. Au voisinage du cairn central se trouve un petit cercle formé par des kerb stones appelé « Kerb Cairn » (fig. 38). 1) Les unités sacrées Chaque groupe constitue une unité sacrée. Le domaine terrestre est limité par l’enceinte circulaire comme pour certains dolmens. Le domaine intermédiaire est en relation avec le cairn lui-même marqué à l’extérieur par les Kerb stones. Les cairns sud et nord sont traversés par un couloir qui renforce l’idée de passage et de liaison entre deux domaines séparés. Le domaine céleste est représenté par la chambre centrale, accessible pour le cairn sud et nord. Les cairns sud et nord ont le même plan que les dolmens à couloir : le domaine terrestre est à l’extérieur du cairn, le domaine intermédiaire (couloir) et le domaine céleste sont sous le cairn. Si les cairns sud et nord sont facilement interprétables grâce à leur couloir, le cairn central est plus énigmatique en raison de l’absence de couloir. Il faut nous inspirer de Beaghmore et passer à une échelle plus grande. 2) Le plan d’ensemble Ces trois groupes (enceinte-cairn) constituent une nouvelle unité sacrée de grande taille où chaque groupe devient une sousunité. Un des deux groupes latéral symbolise la terre, l’autre est en rapport avec le ciel. Le groupe intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Dans cette nouvelle unité sacrée, les groupes sud et nord sont identiques, la terre est en quelque sorte le reflet du ciel. Ce qui est intéressant à noter, est la présence d’un petit cercle continu de Kerb stones placé au voisinage du cairn intermédiaire (fig. 38). Nous avons vu que les Kerb stones délimitent le domaine intermédiaire de chaque cairn. Les constructeurs auraient agi 95
comme à Beaghmore (fig. 37) : ils auraient « prélevé » un élément en rapport avec le domaine intermédiaire d’une sousunité (les kerb stones) pour le placer au voisinage du domaine intermédiaire du plan d’ensemble (le sous-groupe intermédiaire) montrant ainsi la similitude entre les deux, entre ce qui est petit (la sous-unité) et ce qui est grand (le plan d’ensemble). Comme pour tous les plans d’ensemble, les éléments constitutifs ne sont pas reliés entre eux physiquement mais par le symbole. Pour ce site à dimension humaine, comme pour Beaghmore, la relation entre les trois éléments séparés est facile à faire. Quand les éléments sont éloignés de plusieurs centaines de mètres, voire plus, la relation n’est pas évidente à établir. Le gigantisme est une échelle que nous avons oubliée. Même question que pour Beaghmore : quelle est la hiérarchie au sein de ce plan d’ensemble ? Où est le départ où est l’arrivée ? Lequel des deux cairns latéral représente la terre, lequel le ciel ? Lequel est en bas, lequel est en haut ? Cette fois ci, il n’y a pas comme à Beaghmore (fig. 37) de mur pour séparer les cairns, ni de cursus comme à Thornborough (Fig. 11). Par contre, comme à Thornborough et à Beaghmore, les trois sous-unités ne sont pas alignées.
Fig. 39 : Balnuaran of Clava et Beaghmore.
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La forme du terrain de Balnuaran of Clava nous incite à penser que les deux sous-groupes, intermédiaires et nord, sont alignés de la même façon qu’à Beaghmore. La sous-unité sud se trouve exclue de l’axe et quelque peu isolée. Le plan d’ensemble de Balnuara of Clava est ainsi séparé en deux parties, une partie contenant un élément (la sous-unité sud) et une deuxième partie contenant deux éléments (la sous-unité intermédiaire et la sous-unité nord). Ce non alignement d’un des éléments de la triade par rapport aux deux autres, correspond à la séparation des deux « royaumes », celui des vivants et celui des morts. Le monde des vivants est composé d’un seul monde, le nôtre. Le royaume des morts est composé de deux mondes, le monde intermédiaire et le monde céleste qui sont groupés ou alignés. Comme pour Thornborough et Beaghmore, nous pouvons émettre l’hypothèse suivante : l’élément du plan d’ensemble qui n’est pas placé dans l’axe des deux autres correspond à la terre, il est en bas et au départ du plan d’ensemble. Dans ce cas, le cairn sud de Balnuaran of Clava correspond à la terre, il est au départ de l’unité sacrée et virtuellement placé en bas. Le cairn nord est en haut, il correspond au ciel. Ce plan d’ensemble explique peut-être l’absence de couloir au niveau du cairn intermédiaire. En admettant que les cairns aient été couverts, la chambre aurait été illuminée grâce au couloir pour les groupes sud de nord. La chambre du cairn intermédiaire reste dans l’obscurité. Dans un parcours virtuel débutant par le cairn sud placé en bas pour aller jusqu’au cairn nord placé en haut, nous serions confrontés à une succession lumière-ténèbres-lumière. A Beaghmore, le domaine intermédiaire est représenté par le cairn lui-même, obscur, par rapport aux deux cercles latéraux « lumineux » en rapport avec la terre et le ciel. Ces deux sites nous incitent à dire que le royaume des morts vu par les Néolithiques se compose de deux mondes : le monde intermédiaire qui est obscur, suivi du monde céleste qui est lumineux à l’image du nôtre, la terre. Le ciel devient le reflet de la terre.
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Restons encore un instant en Ecosse pour décrire un type particulier de cercle de pierres : les « Recumbent stones circles ». * Les « Recumbent stones circles » ou cercles avec une pierre couchée. (Aberdeenshire, Ecosse) Ces structures sont concentrées dans le nord-est de l’Ecosse (Aberdeenshire). Le cercle est composé d’une pierre couchée horizontale (Recumbent stone) souvent de nature géologique différente par rapport aux autres pierres. Elle est accolée de chaque côté à une pierre verticale (flanker). A partir de cellesci, les pierres décroissent en taille formant deux demi-cercles identiques. A l’intérieur de ce cercle particulier, il y a souvent un cairn funéraire.
Fig. 40 : Recumbent stone circle. L’unité sacrée est formée par le groupe de trois pierres, la pierre allongée (Recumbent) et les deux Flankers. La Recumbent est une pierre intermédiaire entre les deux Flankers, elle correspond au domaine sacré du même nom. Un Flanker placé d’un côté correspond à la terre et l’autre au ciel. C’est un nouvel axe du monde qui est représenté de façon horizontale. L’unité sacrée formée par les trois pierres (Recumbent et Flankers) devient une sous-unité au regard de l’ensemble. Le cercle se compose de trois parties, une partie centrale formée par la sous-unité et deux parties latérales identiques constituées chacune par un demi-cercle de pierres décroissantes placé en regard l’un de l’autre. Un demi-cercle latéral correspond à la terre et l’autre au ciel. La sous-unité placée en situation intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom de ce plan d’ensemble.
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Dans ce modeste cercle, les univers tripartites s’emboitent les uns dans les autres comme des poupées russes, le même message se répète sous une forme et à une échelle différente. Le cairn placé au centre du cercle tripartite est ainsi entouré des trois mondes. Les défunts placés dans le cairn pourront ainsi gravir les marches de cet escalier et atteindre le ciel. Ces Recumbent stones circles possèdent certaines analogies avec le fer à cheval de trilithes de Stonehenge. Dans les deux cas, la partie intermédiaire est prédominante puis la taille des composants décroit. Dans les deux cas, il s’agit d’une unité sacrée.
Fig. 41 : Fer à cheval de trilithes de Stonehenge et Recumbent stone circle. * Men an tol (Cornouailles, Grande Bretagne) Ce site original est composé de trois pierres, deux pierres verticales latérales et une pierre trouée située entre les deux :
Fig. 42 : Men an tol.
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Au niveau d’une des pierres latérales on en distingue une 4e qui est couchée, celle-ci faisait partie d’un cercle composé d’autres pierres dressées qui englobaient la triade. En admettant que ces trois pierres conservent leur situation originelle, elles constituent alors une unité sacrée, une reproduction horizontale d’un univers composé de trois étages superposés. Une des deux pierres latérales représente la terre et l’autre le ciel. Par leurs similitudes, la terre devient le reflet du ciel. Ce site doit à nouveau se voir de façon verticale avec une des deux pierres latérales en bas et l’autre en haut. Le domaine intermédiaire de cette unité sacrée est composé de la pierre trouée située à équidistance des deux pierres latérales. Cette disposition nous rappelle celle de sites beaucoup plus étendus comme les trois cercles de terre équidistants de thornborough (Yorkshire) (fig. 11) ou les trois cercles de pierres du site de Maes Howe (Iles Orcades) (fig. 31). Une fois encore, l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand dans sa signification. Le domaine intermédiaire de Men an tol représenté par la pierre trouée nous donne des indications sur ce monde médian placé entre terre et ciel. Comme le trou de la pierre le suggère, il s’agit d’un domaine de passage, sorte de goulet d’étranglement ou tunnel faisant la jonction entre deux mondes séparés (la terre et le ciel) en rapport avec les deux pierres latérales. Cet orifice rétréci montre la difficulté souvent liée au domaine intermédiaire. Le ciel n’est pas accessible facilement, les obstacles se placent au niveau de ce monde jonctionnel. Certains auteurs ont associé ce trou au « trou de l’âme », ce qui va dans le sens de notre interprétation. Le domaine intermédiaire est le domaine de l’âme. Cette triade était probablement incluse dans un cercle de pierres dressées, cette disposition rappelle celle des Recumbent stone circles (fig. 40). Il est possible que ce cercle corresponde à un plan d’ensemble venant constituer une unité sacrée de grande taille respectant ainsi la règle « d’emboitement des univers tripartites ». La triade existante deviendrait alors une sous-unité par rapport à l’ensemble.
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Nous terminons notre étude sur le Mégalithisme en revenant sur le site de Stonehenge (Wiltshire). * Le site de Stonehenge 1) Durrington Walls (Wiltshire, Grande Bretagne) Il s’agit d’un immense cercle de 450 mètres de diamètre situé à quelques kilomètres au nord-est de Stonehenge :
Fig. 43: Durrington Walls et Stonehenge. Le cercle est limité par une levée de terre de 30 mètres de large sur 3 mètres de haut. Ce cercle est 20 fois plus grand que celui de Stonehenge et contenait des cercles faits de poteaux de bois. Une avenue rectiligne de 167 mètres conduisait à la rivière Avon. Durrington Walls était déjà abandonné lorsque Stonehenge était à son apogée. Il ne s’agit pas d’un site mégalithique en raison de l’absence de pierres. Ce cercle reste énigmatique. Pour nous, Durrington Walls constitue une représentation partielle d’un univers tripartite établie selon le même plan que les dolmens à couloir. L’avenue est l’équivalent d’un couloir et le cercle correspond à la chambre. A Durrington Walls,
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l’avenue symbolise le domaine intermédiaire et le cercle, le ciel. La frontière entre le domaine terrestre et intermédiaire se fait par le biais de la rivière Avon qui sépare deux mondes. A partir de la rivière, il faut voir le site de façon verticale avec le cercle tout en haut de l’axe du monde, dernière étape de l’unité sacrée. Durrington Walls devient ainsi un temple avec un parcours reliant la terre au ciel. Cette situation est tout à fait comparable au cercle de terre dans lequel a été construit le temple de Stonehenge et à son avenue, très longue, qui conduit à la rivière (fig. 43). A l’intérieur de l’enceinte de Durrington Walls, il existe des cercles qui étaient réalisés avec des poteaux de bois, un grand cercle sud et un plus petit cercle nord. Vers le fond de l’enceinte, il existait également un groupe de cercles plus petits. Les différents cercles contenus dans l’enceinte de Durrington Walls sont toujours énigmatiques.
Fig. 44 : Les cercles de Durrington Walls. Si nous considérons le groupe de 5 cercles placés vers le fond de l’enceinte, on retrouve une segmentation ternaire en rapport avec une représentation d’un univers tripartite. Parmi ces 5 cercles, le cercle intermédiaire de grande taille sépare de part et d’autre deux petits cercles dont l’écartement n’est pas le même. Un des deux groupes de cercles latéraux représente la terre et l’autre, le ciel. Le grand cercle intermédiaire correspond au domaine sacré du même nom. Ce groupe devient alors une sous-unité par rapport à l’unité sacrée principale constituée par le territoire de terre située au-delà de la rivière Avon, l’avenue 102
et l’enceinte. Le même message se répète sous une forme et à une échelle différente. L’agencement de ces cinq cercles avec un élément central prédominant nous rappelle la constitution du fer à cheval de trilithes de Stonehenge :
Fig. 45 : Le fer cheval de trilithes et certains cercles de Durrington Walls. Par le biais de cette segmentation ternaire, le fer à cheval de trilithes et les cercles de Durrington Walls constituent des sousunités au regard de l’unité sacrée principale réalisée par les deux temples. Durrington walls possède d’autres cercles : un cercle sud placé en regard de l’entrée et un cercle nord (fig. 44). D’après les reconstitutions, ces cercles contenaient des cercles concentriques faits de poteaux de bois. Au sud de l’enceinte de Durrington Walls se situe Woodhenge (fig. 44) : un autre ensemble circulaire constitué de nombreux cercles concentriques fait de poteaux de bois. Ces trois cercles quasiment alignés, tous composés de poteaux de bois, pourraient constituer une autre unité sacrée. La relation qui peut s’établir entre eux est en rapport avec une unité sacrée où deux des trois composantes sont réunies et séparées de la troisième. La séparation ne se fait plus par un mur (Beaghmore, fig. 37) ni par un cursus (Thornborough, fig. 11) mais par une enceinte de terre. Sur cette nouvelle unité sacrée, il y a aurait à nouveau une volonté de séparer le domaine des vivants formé d’une seule étape (la terre) du royaume des morts composé de deux étapes (intermédiaire et céleste). Dans ce cas, Woodhenge qui est
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séparé des deux autres représente la terre, le cercle sud est en rapport avec le domaine intermédiaire et le cercle nord avec le ciel. Les cercles sud et nord ne sont pas alignés avec Woodhenge (fig. 44). Nous pouvons appliquer notre hypothèse : dans une unité sacrée, l’élément de la triade qui n’est pas aligné par rapport aux deux autres, constitue le départ de l’axe et symbolise la terre. Dans ce cas, c’est Woodhenge qui symbolise la terre. Le sens de ce nouvel axe du monde se fait du sud vers le nord. On notera que le cercle sud symbolisant le domaine intermédiaire de cette éventuelle unité sacrée se situe en regard de l’avenue qui constitue le domaine intermédiaire du temple de Durrington Walls. De même, il existe un alignement entre l’avenue, le cercle sud et le cercle intermédiaire séparant les deux groupes latéraux, placés au fond de l’enceinte (fig. 44). Les domaines intermédiaires de ces trois unités sacrées seraient sur un même axe. Le même message se répète sous des formes différentes. Sur un même site, les unités sacrées peuvent « s’entrecroiser ». Dernières remarques sur le site de Stonehenge. Existe-t-il une relation entre Durrington Walls et Stonehenge ? 2) Un plan d’ensemble ? Considérons le site de Stonehenge dans sa globalité (fig. 43). Trois éléments de grande taille apparaissent sur le site. Le premier élément est Durrington Walls, formé de son enceinte et de son avenue qui conduit à la rivière Avon. Le deuxième élément similaire est Stonehenge, entouré de son enceinte de terre et relié par sa longue avenue de 3 km à la rivière Avon. L’avenue change deux fois d’orientation. Lorsque l’on sort de l’enceinte de terre de Stonehenge, l’avenue se dirige tout d’abord vers le cursus qui constitue le troisième élément du site. Il s’agit d’une longue levée de terre allongée d’environ 3 km de long sur 100 à 150 mètres de large. Ces levées de terre ne sont pas spécifiques du site de Stonehenge et existaient avant le Mégalithisme. L’archéologue William Stuckeley, leur a donné
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le nom de cursus par assimilation au cursus romain qui était un terrain réservé aux courses de chevaux. Hypothèse : avant l’édification du temple de pierres de Stonehenge existait-il un temple de terre constitué par l’avenue (domaine intermédiaire) et par l’enceinte de terre (domaine céleste) ? Ce temple aurait-il établi dans la même période que le temple de terre de Durrington Walls constitué de la même façon avec une enceinte et une avenue menant à la rivière ? Peut-on rajouter, pour cette même période, le cursus dont une partie se situe entre les deux temples ? A Thornborough (Yokrshire) fig. 11, le long cursus est également associé à la partie intermédiaire du temple. Pour le site de Stonehenge, le cursus placé partiellement en situation intermédiaire, pourrait symboliser le domaine sacré du même nom d’une unité sacrée de grande taille ou plan d’ensemble. Un des deux temples latéral représenterait la terre et l’autre le ciel. Il est probable que cela soit Stonehenge qui ait été choisi pour occuper cette position céleste sur ce nouvel axe du monde, le futur temple en pierre est ainsi placé dans le ciel. Le temple de Durrington Walls représenterait la terre. Par leur constitution identique (enceinte de terre et avenue menant à la rivière), la terre devient le reflet du ciel.
Conclusion Le langage mégalithique reproduit de façon horizontale, la vision d’un univers composé de trois étages superposés. Ce moule constitué par la triade, terre-intermédiaire-ciel, infiltre de nombreux sites de formes différentes. Cette règle de base s’applique pour l’édification de temples, de tombes et de plan d’ensemble. Elle est également présente dans l’architecture même des monuments, introduisant la notion d’architecture sacrée dont la fonction est symbolique. Le « moule de l’univers » se retrouve dans certaines reproductions artistiques, expression d’un art sacré qui favorise la segmentation ternaire plutôt que les motifs employés. La nature est également concernée par la représentation d’un univers tripartite, elle offre parfois des segmentations ternaires sur lesquelles vont s’adapter les constructions. Les architectes vont conforter ce que la nature a ébauché. Parfois la nature n’offre qu’une segmentation, les hommes compléteront les deux autres par leur construction. Dans certains cas où deux segmentations naturelles sont présentes, la triade se constitue par un seul élément construit. S’il est important d’étudier le plan des édifices mégalithiques, il faut également savoir « lire la nature » et examiner le site dans lequel ils sont établis. Le décryptage de la nature et de ses segmentations constitue une aide importante à la compréhension des monuments. La géographie sacrée vient souvent compléter l’architecture sacrée. Les constructeurs de Mégalithes ont retrouvé leur univers tripartite dans les segmentations de la nature faisant de ces sites, des sites sacrés. L’eau (rivière, mer) joue un rôle très important dans ces segmentations en délimitant de façon très nette des territoires différents servant de support à la segmentation du sacré. Ces univers tripartites intégrés dans l’architecture, et parfois dans l’art, s’emboîtent souvent les uns dans les autres allant de l’infiniment grand à l’infiniment petit comme une mère portant dans son sein un enfant qui lui ressemble : un petit modèle inclus dans un grand modèle. Le même message se répète sous des formes et à des échelles différentes.
Le langage mégalithique permet de retrouver ce monde que l’homme moderne a perdu. Ce monde oublié, le monde intermédiaire, cet « entre deux » est coincé entre terre et ciel. Il s’agit d’un domaine de médiation, de transformation et de tri. Ce monde ambivalent est celui de l’âme, étape obligatoire avant d’atteindre le ciel. Dans ce monde de transition, l’âme peut être détruite rejoignant ainsi les croyances de l’Egypte ancienne. Le but final, troisième étape de l’axe du monde, est constitué par le ciel. Ce dernier possède des similitudes avec notre monde, la terre. Le ciel et la terre sont souvent le reflet l’un de l’autre. Parfois, ils sont inversés comme au travers d’un miroir. Ce sont les pierres bleues de Stonehenge qui désignent le but à atteindre, l’azur, dernière étape de cet univers tripartite, finalité d’un parcours post mortem.
Bibliographie Bailloud G, Christine Boujot, Serge Cassen, Charles Tanguy Le Roux : Carnac, les premières architectures de pierre. CNRS éditions. Bradley, R. The good Stones : a new signification of the Clava cairns. Edinburgh : Society of Antiquaries of Scotland. 2000. Burl. A : Guide des dolmens et menhirs bretons. Errance. Burl, A. The Stone Circles of Britain, Ireland and Brittany. New Haven & London : Yale University Press. 2000 Charles-Tanguy Le Roux : Carnac, Locmariaquer et Gavrinis. Editions Ouest-France, 2006. Cunnington R. H. : « The Sanctuary » on Overton Hill. Was it roofed? Wiltshire archeological and natural history magazine, 45, 486-8. 1931. Gibson A.: Stonehenge and timber circles. Tempus. Giot p. R. : Les alignements de Carnac. Editions Ouest France. Harbison, p. Pre-Christian Ireland, From the First Settlers to the Early Celts. London : Thames and Hudson. 1988. Harding J. Henge monuments of the British Isles. Stroud : Tempus. 2003. Markale J.: Dolmens et menhirs. Payot Mohen J.P. : Les Mégalithes : Pierres de mémoire. Découvertes Gallimard. Mohen J.P. : Les alignements de Carnac : temples néolithiques. Monum, éditions du patrimoine. Niel .F : Dolmens et menhirs. Presses universitaires de France. Niel. F : Connaissance des mégalithes. Laffont, 1976. Le Rouzic Z : Les monuments mégalithiques de Carnac et de Locmariaquer. s.d. Philibert M.: Carnac : les sites sacrés. Editions du Rocher. Philibert M.: Stonehenge et son secret. Editions du Rocher. Pollard, J. & Reynolds, A. Avebury : The biographie of a landscape. Stroud : Tempus. 2002. Richards, C. : Monuments as landscape : creating the center of the world in the late neolithic Orkney. World archeology. 1996. 190- 208.
Ritchie A (ed). Neolithic Orkney in its European context. Cambridge : Mc Donald institute for archeological research. 2000. Scarre C. : Monuments mégalithiques de Grande-Bretagne et d’Irlande. Errance The Stonehenge story : Thames House Books. Tanguy C. Le Roux, Yvon Boelle : Carnac, Locmariaquer et Gavrinis. Editions Ouest France.
Remerciements Aux auteurs et aux éditeurs qui ont autorisé l'utilisation et/ou la publication de leurs schémas : -
R. J. Bradley J. Harding C. J. Pollard C. Richards C. Scarre
-
Editions Errance Editions Ouest France Editions Payot & Rivages Editions Thames and Hudson Mac Donald institute publications Society of Antiquaries of Scottland
Pour leur aide : Gaston-Paul, Jean-Michel, Jean-Claude et Patrick (pour la partie astronomique). A ma femme, qui a eu le courage de lire ce livre.
Tables des matières Chapitre 1 : Stonehenge, le temple universel Description Le premier secret de Stonehenge Le deuxième secret de Stonehenge : le rôle des pierres bleues Stonehenge : une pyramide aplatie Le but de Stonehenge Une dernière étape ? La notion « d’unité sacrée » et son rapport avec l’architecture Les « ancêtres » de Stonehenge
7 8 10 13 19 20 21 24 27
Chapitre 2 : Les alignements de Carnac (France) 34 Les alignements du Ménec Les alignements du Petit-Ménec et de Kerlescan Les alignements de Kermario Carnac, une géographie sacrée ? Le serpent Chapitre 3 : Autres sites mégalithiques Avebury (Grande-Bretagne) Le dolmen du Kercado (Carnac) Le dolmen de Gavrinis (Lamor Baden) Les dolmens de la rivière Boyne (Irlande) Le site de Maes Howe (Îles Orcades) Les dolmens de Mané-Kérioned (Carnac)
36 42 43 48 49 50 50 54 55 65 72 83
Callanish (Îles Hébrides) Beaghmore (Irlande) Balnuaran of Clava (Ecosse) Recumbent stones circles (Ecosse) Men an tol (Grande Bretagne) Le site de Stonehenge (Grande Bretagne) Conclusion
84 86 93 98 99 101 106
Tables des illustrations Fig. 1 : Stonehenge reconstitué. Fig. 2 : Stonehenge et son « enceinte ». Fig. 3 : Stonehenge et l’Avenue. Fig. 4 : Sens d’un parcours virtuel. Fig. 5 : Stonehenge, vue pyramidale. Fig. 6 : Le nord de Stonehenge pour un observateur terrestre. Fig. 7 : Le nord de Stonehenge pour un observateur céleste. Fig. 8 : Le fer à cheval de trilithes. Fig. 9 : Le système tenon mortaise. Fig. 10 : Windmill hill (Wiltshire) Fig. 11 : Thornborough (Yorkshire). (Inspiré du schéma de J. Harding). Fig. 12 : Les alignements de Carnac (schéma du haut d’après P. R. Giot). Fig. 13 : Les alignements du Ménec (schéma de droite d’après P. R. Giot). Fig. 14 : Les alignements de Kerlescan. Fig. 15 : Les alignements de Kermario. Fig. 16 : Le site de Carnac et les alignements. Fig. 17 : Avebury (d’après Pollard et Reynolds et C. Scarre). Fig. 18 : Le dolmen du Kercado. Fig. 19 : Le dolmen de Gavrinis (d’après C. T. Le Roux). Fig. 20 : Un décor de Gavrinis (schéma J. Markale). Fig. 21 : Un décor de Gavrinis. (D’après J. Markale). Fig. 22 : Un décor de Gavrinis (schéma J. Markale). Fig. 23 : Un décor de Gavrinis (schéma J. Markale). Fig. 24 : Les trois trous de la chambre de Gavrinis. Fig. 25 : Un décor du dolmen des Pierres Plates (J. Markale). Fig. 26 : Les trois dolmens de la rivière Boyne. Fig. 27 : Le dolmen de Newgrange. Fig. 28 : Un signe de Knowth (d’après J. Markale). Fig. 29 : Comparaison entre un signe de Knowth et les alignements de Carnac. Fig. 30 : Le dolmen de Maes Howe. Fig. 31 : Le site de Maes Howe (D’après Richards). Fig. 32 : The stones of Stenness. (Inspiré de A.Ritchie).
Fig. 33 : Barnhouse (d’après Richards). Fig. 34 : La maison 2 de Barnhouse. Fig. 35 : Les trois dolmens de Mané-Kérioned et l’enceinte. Fig. 36 : Les alignements de Callanish. Fig. 37 : Le site de Beaghmore (d’après Harbison). Fig. 38 : Balnuaran of Clava (d’après R. Bradley). Fig. 39 : Balnuaran of Clava et Beaghmore. Fig. 40 : Recumbent stone circle. Fig. 41 : Fer à cheval de trilithes de Stonehenge et Recumbent stone circle. Fig. 42 : Men an tol. Fig. 43 : Durrington Walls et Stonehenge. Fig. 44 : Les cercles de Durrington Walls. Fig. 45 : Le fer à cheval de trilithes et certains cercles de Durrington Walls.
Religion aux éditions L’Harmattan Dernières parutions évangile (L’) du treizième apôtre Aux sources de l’évangile selon Saint Jean
Benoît Michel
Aucun des auteurs des quatre Évangiles n’a connu Jésus personnellement. On sait maintenant qu’un treizième homme faisait partie de son entourage, le mystérieux disciple bien aimé. Son récit nous est parvenu par un groupe peu connu, les Nazôréens. En exhumant ce récit enfoui dans l’évangile de Jean, Michel Benoît nous fait découvrir un autre Jésus que celui des apôtres. Son visage apparaît infiniment humain, démaquillé de tout ce que l’Église a plaqué sur lui. (15.00 euros, 130 p.) ISBN : 978-2-343-00029-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51629-8 En couple catholique et franc-maçon – Dialogue spirituel
Griffard Michel, Griffard Dominique
Lui, est franc-maçon, elle, est reconvertie au catholicisme. Tout semble les opposer mais pourtant, ils chemineront ensemble et ne cessent d’échanger sur leur recherche de Vérité. Ce dialogue intime et authentique dans lequel les auteurs rappellent le besoin de chaque homme de vivre sa dimension spirituelle, est une initiation au monde invisible qui nous entoure, un plaidoyer pour la tolérance. (19.00 euros, 196 p.) ISBN : 978-2-343-00192-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-53012-6 essentiel (L’) est invisible Petit essai sur les fondamentaux de la Bible
Lucien Marie
L’essentiel est invisible aux yeux de chair, dit le renard au Petit Prince. Le but de ce livre est de donner des pistes de réflexion concernant les questions fondamentales. La place du vivant et de l’homme en son sein. Mais aussi de la cause de l’origine du monde, d’un Dieu créateur, de la part de divin en l’homme ; ou bien encore de l’existence de l’âme et de son devenir après la mort. (13.50 euros, 128 p.) ISBN : 978-2-336-00606-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-51531-4 Dieu ou l’éthique ? – Dialogue sur l’essentiel
De Tanoüarn Guillaume, D’Urance Michel
Voici un dialogue entre un croyant et un incroyant. Tous les deux écrivains engagés, leurs interrogations révèlent une préoccupation commune concernant la décroissance des valeurs qui fait l’étoffe de notre quotidien.
Quand les sociétés se morcellent, quand les individus deviennent des agents de l’argent, un tel dialogue contribue à fournir des armes autant conceptuelles que pratiques. (Coll. Théôria, 28.00 euros, 276 p.) ISBN : 978-2-296-99774-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-51577-2 Pour une unification du monde et son accomplissement De l’intelligence des Ecritures à la pensée évolutionniste de Teilhard de Chardin
Comby Marcel
Historiquement, les domaines de la science et des religions ont connu différentes phases de conflits culturels. Le langage rationnel et les modèles qu’il engendre est là pour rendre les choses intelligibles y compris celles qui s’inscrivent dans le champ de la métaphysique. Un grand scientifique et théologien, Teilhard de Chardin, a apporté une large contribution dans la compréhension du monde, en raison de ses travaux sur l’évolution et en liaison avec le christianisme. (23.00 euros, 234 p.) ISBN : 978-2-336-00701-4, ISBN EBOOK : 978-2-296-51541-3 pensée (La) chrétienne face à la mondialisation néolibérale – La croix, le globe et le marché
Laîné Loïc
La mondialisation constitue un défi pour l’homme d’aujourd’hui et interroge la foi et la praxis chrétiennes. Face à l’effondrement des systèmes idéologiques, la pensée chrétienne peut en retour aider l’homme à mieux vivre dans l’espacetemps mondial et contribuer à une critique de la mondialisation libérale, à partir des Écritures et de l’enseignement social de l’Église. L’Église a sans doute une occasion historique à saisir, en accompagnant le combat de toutes celles et ceux qui veulent humaniser la mondialisation. (28.00 euros, 282 p.) ISBN : 978-2-296-99757-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51716-5 chrétiens (Les) face aux valeurs sociales et éthiques dans la société congolaise
Andely-Beeve - Préface de Monseigneur Anatole Milandou
Ce livre se présente comme un plaidoyer pour les valeurs éthiques au sein de la société congolaise contemporaine, laquelle n’a pas encore trouvé l’équilibre entre les valeurs venant de la tradition, les éléments de la culture moderne de type occidental et le message chrétien. En vue de l’élaboration «d’une charte des valeurs», l’auteur revisite le fonds culturel bantou, pour y trouver ce qu’il faut articuler avec le message chrétien. (Coll. Croire et savoir en Afrique, 14.00 euros, 140 p.) ISBN : 978-2-336-00862-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-53008-9 Esquisse d’une théologie du logos en Afrique – Proposition d’une foi narrative et dialogale en milieu bantu
Maweni Malebi Stanislas
L’auteur contribue à la Théologie africaine en présentant le Christ comme «Ancien» et non uniquement «Ancêtre». Il s’agit ici de présenter Jésus de
Nazareth dans l’horizon de sa mort et de sa résurrection, conception inexistante dans le milieu bantu. Car chez les Bantu, la mort est une malédiction dont il faut trouver la cause. Il leur présente un véritable paradigme salutaire et libérateur en la personne de Jésus, Véritable et Unique Parole de Dieu, qui est un Ancien à suivre. (Coll. Afrique théologique & spirituelle, 24.50 euros, 236 p.) SBN : 978-2-336-00262-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-51574-1 Essai d’une théologie de la malédiction en milieu africain Statut de la Parole de Dieu au Concile Vatican II et au 1er synode africain
Maweni Malebi Stanislas
Comment concilier la ferme croyance à la parole traditionnelle avec la foi en la Parole libératrice de Dieu ? Est-ce que le statut de cette Parole divine peut libérer l’homme de sa peur et de sa peur de la malédiction ? A une époque où le thème de la formation chrétienne est particulièrement d’actualité, l’auteur pose de façon nouvelle cette problématique pour ramener tout le monde à la découverte du véritable statut et de l’intelligence de la parole dans la Bible. (Coll. Afrique théologique & spirituelle, 24.50 euros, 236 p.) ISBN : 978-2-343-00099-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-53011-9 Unité et spiritualité – Le courant Melâmî-Hamzevî dans l’Empire ottoman
Ballanfat Paul
L’enseignement d’ibn al-’Arabî - connu sous le nom d’unité de l’existence -, fondement de l’ensemble de la «mystique» ottomane, a donné lieu à de nombreuses interprétations et fut au centre des conflits entre mouvements mystiques. L’un des plus intéressants est le courant Melâmî, devenu ensuite Hamzevî, qui se distingue par son rejet et sa critique radicale de toutes les pratiques confrériques au nom de son interprétation de l’unicité de l’existence. (Coll. Théôria, 49.50 euros, 534 p.) ISBN : 978-2-336-00864-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-53003-4 Que signifie être chrétien – Pour moi, pour vous, vraiment ?
Finet Roger
Jésus ne nous a laissé aucun écrit. Il a parlé beaucoup à ceux qui venaient l’écouter, en utilisant les mots et les expressions de son pays et de son temps. Puis il a demandé à ses disciples d’aller redire au monde entier ce qu’il leur avait enseigné. Dieu aime chacun de nous, tous voués à l’immortalité. Difficile à comprendre et à répéter. A chacun de se mettre à son écoute et transmettre les paroles de vie, avec les pensées et les mots de son propre pays et de son temps. Ce que cherche à faire ce livre. (13.50 euros, 124 p.) ISBN : 978-2-336-29076-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51474-4 Lève-toi et marche ! Mémoires d’un prêtre indigné
Chenel Jean-François
Chacun de nous s’interroge légitimement sur le sens et le devenir de sa vie, le doute et la foi, l’être et la mort, les religions, la personne de Jésus, les
Évangiles, la vie spirituelle. Ce récit d’un prêtre indigné, retraité, marié sert, non pas à renier ce qu’il fut, mais à mettre en lumière les étincelles du divin pour l’avenir d’un christianisme épuré, retrouvant ses sources et son élan. (15.50 euros, 148 p.) ISBN : 978-2-336-00592-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-51320-4 Un missionnaire français au coeur de la décolonisation (2 volumes)
Legrain Michel
Les rapides considérations à propos des colonisations et décolonisations rapportées dans ce livre sont destinées à mieux saisir le contenu des 91 lettres qui ont ponctué le demi-siècle de la vie missionnaire de l’auteur, parti vers l’Afrique en 1957. Quelques années en pleine brousse congolaise, suivies de nombreux déplacements pour partager avec autrui interrogations et convictions en vue d’une meilleure évangélisation, l’ont amené à percevoir autrement l’activité missionnaire. (Coll. Eglises d’Afrique, Tome 1, 38.00 euros, 394 p.) ISBN : 978-2-336-00242-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-51249-8 (Coll. Eglises d’Afrique, Tome 2, 38.00 euros, 382 p.) ISBN : 978-2-336-00243-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51250-4 Prédications de Noël à la Pentecôte (Tome 1) Ecouter Dieu au coeur de Berlin
Vallotton Claude Henri
Ecouter Dieu au coeur de Berlin rassemble les prédications prononcées par Claude Henri Vallotton, pasteur pendant deux ans auprès de la Communauté protestante francophone de Berlin. Elles ne sont pas des sermons qui moralisent, culpabilisent ou enrôlent. Elles invitent à la méditation et à la discussion et orientent vers le Sens et l’Essentiel. Ce premier volume souhaite aider chacune et chacun à mieux vivre les temps de fêtes. (Coll. Religions et Spiritualité, 22.00 euros, 218 p.) ISBN : 978-2-296-99746-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-51456-0 Prédications pour mieux vivre au quotidien (Tome 2) Écouter Dieu au coeur de Berlin
Vallotton Claude Henri
Berlin, ville captivante : elle vit intensément le présent, tout en regardant en face son passé et en laissant ouvert l’avenir. Dans ce second volume et dans le même esprit que le premier, Claude Henri Vallotton, pasteur pendant deux ans auprès de la Communauté protestante francophone de Berlin offre des paroles et des mots pour donner goût à l’existence, pour que la vie quotidienne devienne plus légère. (Coll. Religions et Spiritualité, 22.00 euros, 218 p.) ISBN : 978-2-296-99747-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51455-3
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L’unité sacrée, principe du langage mégalithique Stonehenge, Carnac et autres mystères résolus Stonehenge, les alignements de Carnac… autant de sites sacrés demeurant mystérieux pour l’homme moderne. Malgré les progrès de la science, la civilisation mégalithique reste muette. Nos ancêtres ont abandonné ces grandes pierres il y a des milliers d’années, les laissant vides de sens. Et pourtant, le message caché derrière ces blocs pourrait encore être accessible simplement à partir du plan des constructions. L’auteur s’appuie sur les mystérieuses pierres bleues de Stonehenge pour fonder son hypothèse de l’unité sacrée. Ces pierres bleues qui ont fait couler beaucoup d’encre ouvrent la voie de la compréhension du Mégalithisme. Le concept de l’unité sacrée va faire parler les pierres. Il nous fait comprendre ces sites souvent différents dans leurs formes mais proches dans leur signification, montrant l’unité de la civilisation mégalithique. Cette lecture au travers d’un prisme particulier nous permet de retrouver la vision de l’univers, comme le voyaient les anciens, vision aujourd’hui disparue. Elle nous donne également des indications sur les croyances religieuses de cette civilisation, justifiant les efforts fournis pour la réalisation de leurs constructions. La notion d’unité sacrée restitue le langage de nos ancêtres, celui du symbole. Paul Christophe a toujours été attiré par le caractère énigmatique des constructions mégalithiques. Il y a une vingtaine d’années, il se plonge dans l’étude des civilisations qui ont assemblé ces grosses pierres, en examinant notamment les plans des sites plusieurs fois millénaires. Au fur et à mesure de sa réflexion a émergé le concept de l’unité sacrée, qui s’est affiné avec le temps. Ainsi cet ouvrage a vu le jour dans l’espoir de réveiller une civilisation endormie.
ISBN : 978-2-343-00565-2
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