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French Pages 197 [200] Year 2013
L'Expansion nestorienne en Asie
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Kiraz Classic Archaeological Reprints
16
Kiraz Classic Archaeological Reprints is a series dedicated to making historic contributions to the field of archaeology, particularly in Ancient Western Asia, available to scholars. The titles in this series are generally selected from the early days of excavation in the Levant and Mesopotamia, although significant contributions of a more recent vintage may also be included.
L'Expansion nestorienne en Asie
François N a u
2013
Gorgias Press LLC, 954 River Road, Piscataway, NJ, 08854, USA www.gorgiaspress .com G&C Kiraz is an imprint of Gorgias Press LLC Copyright © 2013 by Gorgias Press LLC Originally published in 1913 All rights reserved under International and Pan-American Copyright Conventions. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, scanning or otherwise without the prior written permission of Gorgias Press LLC. 2013
ISBN 978-1-61143-832-1 Reprinted from the 1913 Paris edition.
Printed in the United States of America
ISSN 1935-4401
L'EXPANSION
NESTOHIENNË
EN ASIE PAI!
F . NAU
MESDAMES,
MESSIEURS,
I. E.rorde : Les pierres
du Musée Gui met. —
Ce sont îles p i e r r e s qui ont donné o c c a s i o n à la présente
conférence.
Quelques-unes
ont été
placées ici s o n s vos yeux, sur c e t t e table, sur ces f e n ê t r e s , sur ce pilier. E l l e s ont é t é offertes l'an dernier, par M. JE. tlindatiiian, cation de provenance, au M u s é e nous
nous
sommes
proposé
leur s e n s , leur origine, leur
de
sans i n d i Gniinet,
et
rechercher
histoire.
La c r o i x que vous y voyez g r a v é e e l l e g e n r e de l'écriture, qui est Pestrangliélo syrien oriental,
nous
indiquent
une
origine
chrétienne
n e s l o r i e n h e . Le contenu indique d e s
pierres
tombales : lin l'année 1018 (1307 de notre ire), qui est l'année tic la brebis, ceci csl le tombeau de Jéréinie, fidèle.
194
CONFLUENCES
AL
MUSÉE
GUIMET
En l'année 1050 (1330 de notre ère), qui est l'ann du lièvre, en turc Tcbiuhcaii {ou Taweltean, b pour«' i ceci est le tombeau de Clia-Dîkarit, chef d'église, fils i Mangou-Tach, prêtre Nous avons ainsi trouvé partout un m é l a u g de noms c h r é t i e n s et de noms t u r c s . De plus à
côté
de
la
date
qui
se
rapporte
à
Pèr
d ' A l e x a n d r e , usitée chez les S y r i e n s , vous ave r e m a r q u é l'indication d'un nom d'animal, em prunlé au c y c l e de douze ans des T u r c s et de; Mongols, N o u s
avons
donc
ici
des
pierrei
tombales, datées du X I H * et du X I V e s i è c l e s de
notre ère,
orientaux
qui
syriens,
proviennent
de
chrétien!
m é l a n g é s de T u r c s et
Mongols, et nous allons montrer q u ' e l l e s
de pro-
viennent du T t i r k e s t a n , au sud de la S i b é r i e et près de la f r o n t i è r e de Chine. L e s e x p l o r a t e u r s r u s s e s ont trouvé en effet au sud du lac Balkaeh, près des villes de P i c h p e k et
de Tokinak,
n e s t o r i e n s , qui
deux c i m e t i è r e s de
chrétiens
ont
de
renfermé
plus
3.000
morts. On y a t r o u v é près de 600 p i e r r e s titmulaires avec i n s c r i p t i o n , datées du X i l ï * et du X I V e s i è c l e s de notre è r e . Q u e l q u e s - u n e s
ont
1. Voir, ft ¡ 'Appendice I, la reproduction de toutes tes p i e r r e s et la traduction de toutes Je« inscriptions.
L'EXPANSION
N ESTONIENNE
EN
ASIE
195
été o f f e r t e s à Sa Majesté l'empereur de R u s s i e ; d'autres ont été portées au Musée Asiatique de Saint-Pétersbourg; les plus n o m b r e u s e s sont restées sur place, mais tours inscriptions, dont on a pris des photographies et des e s t a m p a g e s , ont été éditées dans les Comptes r e n d u s de l'Académie impériale îles sciences de SaintP é t e r s b o u r g 1 . C'est le cas de plusieurs p i e r r e s placées ici sous vos yeux et dont la p r o v e n a n c e est ainsi nettement déterminée : elles ont été photographiées dans les cimetières dont j e viens de vous marquer l ' e m p l a c e m e n t ; leurs inscriptions ont été éditées en 1897, et les pierres, par des voies inconnues, d'étapes en étapes, sont arrivées, en 1912, au palais bâti par M, Guiinel sur les rives de la Seine et dédié aux antiquités asiatiques. La région qui nous occupe à été très p e u p l é e , comme le montrent les ruines et les travaux d'irrigation dont les explorateurs r e t r o u v e n t les restes. C'était un lieu de passage p o u r les barbares du nord qui contournaient, les m o n t a g n e s avant de se diriger vers l'Europe par le nord de la mer Caspienne, ou vers la Syrie et la Méso1, Cf. Ile rue tle l'Orient chrétien : Les pierres tombales rieuneê du Musée Gmmti,
t. XVIII (l'Ji3), p. 3, noie 1,
neito-
196
CONFÉRENCES AU MUSÉE GU1MET
pot a mie, par le Sud de celte mer. Le lac IssikKoul, ou le lac chaud, est ainsi nommé», parce que ses eaux ne gèlent j a m a i s ; les montagnes élevées qui l'entourent du côté nord le protègent contre les vents froids, aussi celle région était le séjour préféré d'un fils de Gettgts-Khan, Djagataï, qui lui a donné son nom'.
(F^tUj
- hotfogo a . it r a è v t j j
Croquis du Turkestan Emplacement des etmetiôres NMiAricii« (près dp. Pidipek • I de Tokiiiuk) et »les r^uiHes ilea m i s i o n s allemandes, anglaises, françaises cl russes. t . D'après Rubruq, le pays an sud du la« Bufkucb porte lu num d'Orgniiuiu ou Argonum (suivant les manuscrits). 11 a s«ns ddule reçu ce nom des nesloriens, que l'an nommait Argon. Cf. Heu ut de l'Orient chrétien, toc. cit., p, 8-9,
L'EXPANSION
NESTOHIENNE
EN
ASIE
197
Les morts qui ont été couchés sous ses pierres tombales ont vu passer les Turcs et les Mongols de Gengis- Khan et de ses premiers s u c c e s seurs, en route vers la Perse, la Russie, la Pologne, la Hongrie. C'est vers 1243 en effet, que les Mongols massacraient les Russes après leur avoir promis fa vie sauve, qu'ils remplissaient des sacs avec les oreilles des Polonais et des Allemands tués à la bataille de W a h l s l a d t , qu'ils brûlaient Cracovie et Buda-Pesth et qu'ils massacraient les captifs Hongrois, dès
qu'ils
n'en avaient plus besoin pour leur usage et qu'ils avaient fini d'engranger leurs récoltes. Le vieillard Georges qui a été couché sous cette pierre de granit blanc, datée de l'an 1264 de notre ère, a pu voir passer en 1253 le moine franciscain Guillaume de Rubruquis
«pie nous appellerons
désormais Rubruq, envoyé par saint Louis pour conclure une alliance avec le Khan des Mongols, car Guillaume a traversé ce pays, a séjourné durant douze j o u r s dans la ville de Cailac (ou Chilik) et a chanté près de là, écrit-il, de sa voix la plus claire, un Salve
Hegina,
dans une
église de Nesloriens. 11 a pris soin
d'inter-
roger les vivants, et son récit sera notre principal guide pour traiter des Nesloriens à son
198
CONFÉHKNCKS AU MUSÉE GU1MKT
é p o q u e et dans ces r é g i o n s ' , car, pour nous, si l o i n des événements, nous ne pouvons qu'interr o g e r les morts. Nous nous penchons sur ces tombes et nous demandons à leurs hôtes: « Chrét i e n s , nos frères, qui êtes-vous ? Gomment vous trouvez-vous au milieu de ces barbares, au seuil de la Chine et de la Sibérie?» Et nous entendons r é p o n d r e : « Nous somnes tes chrétiens orientaux, L e s apôtres Thomas, Addaï et Marès ont instruit nos pères. Notre patriarche a demeuré à Séleucie-Ctésiphon, la capitale du roi des rois. Nos martyrs ont rougi de leur sang le sol de la P e r s e . Plus tard, nos ancêtres ont porté l'évangile dans l'Arabie, l'Inde, le Turkestan et la Chine. N/js corps jalonnent l'une des étapes où ils ont planté la croix au milieu des idolâtres et des barbares. » Cette réponse contient le cadre de ma confér e n c e . J e vais donc vous retracer brièvement les o r i g i n e s cîe l'Église orientale que nous appelons nestorienne, ses épreuves sous certains rois de P e r s e , son prosélytisme vers l'Arabie, l'Inde, le Turkestan et la Chine. J e terminerai par quelq u e s mots sur son étal actuel. î . Le récit de Rubruq doit être lu en entier par qui veut a v o i r une idée de l'influence des nestoriens chez le» Mongols,
L'EXPANSION
NESTOIUENNE
II. Origine du christianisme
EN
ASIE
199
en Perse, — La
propagation du christianisme a été très rapide. Elle élail favorisée en effet par la centralisation de l'empire romain et du culte juif. L e s voies romaines, jalonnées de relais et parcourues dans les deux sens par les troupes, les fonctionnaires el les marchands, se prêtaient aussi bien aux déplacements des apôtres el des missionnaires ; l'obligation imposée aux Juifs de se rendre au temple unique élevé à Jérusalem, amenait tous les ans en Judée des Juifs d e s diverses parties du monde qui devaient ensuite raconter chez eux les événements remarquables survenus en cours de route. Les apôtres eux-mêmes, allaient d'abord île ghetto en ghetto, avec des lettres de recommandation pour les diverses communautés juives. Les légendes orientales ne s'écartent donc pas de la vraisemblance quand elles nous montrent des apôtres et des disciples semant le christianisme dans les communautés juives de la Mésopotamie. et de la Perse. Ces provinces étaient alors soumises à la dynastie part lie des Arsacides ; le mazdéisme, ou religion du Zoroastre, était sans doute le culte dominant, mais il s e m b l e avoir manqué alors de direction centrale et avoir
200
C O N F E H E N C E S AU MUSÉE
GU1MET
consisté s u r t o u t en superstitions locales qui survivront chez les Muni du T u r k e s t a n : Un adorait d e s a r b r e s , d e s fontaines et d e s g r o t t e s . Certains villages allaient j u s q u ' à j e t e r d e s petits e n f a n t s d a n s le feu'. Ces absurdités, j o i n t e s à ia t o l é r a n c e cjne m o n t r è r e n t les rois de ces l égions, facilitèrent les p r o g r è s du c h r i s t i a n i s m e , qui couvrait toute la Perse lorsque Sapor II voulut l'étouffer, au IV 6 siècle, pour faire du mazdéisme de l'Avesta la seule religion d e s P e r s e s . La p e r s é c u t i o n a u g m e n t a i t chaque fois q u e les P e r ses étaient en g u e r r e avec les G r e c s ; p a r c e q u e les c h r é t i e n s , s o u m i s à la juridiction spirituelle de l'évéque d'Antioche, étaient c e n s é s être les amis des G r e c s . E n dépit de ces difficultés, l'Église orientale c o m p t a i t , en l'an 410, six m é t r o p o l e s et une q u a r a n t a i n e d'évéchés*. Je m e b o r n e à m a r q u e r les m é t r o p o l e s p o u r ne pas trop c h a r g e r la carte qui est s o u s vos yeux 3 . Ce sont les villes de Séleucie C t é s i p h o n , séjour du p a t r i a r c h e , lieit Lapat, Nisibe, Bassora, Arbelle et Karka de 1, D'après l'histoire de Mshiku-zcka. 2, Voir les »igvnuture» des évèque» qui ont iiasîsté uu synode d'Isnac, en 410, d a n s J . B. Chahut, St/nodicon orientale, Paris, 1902, p. 274-275. Cf. p, 272-273 et 616-620. 3 , Voir ia c a r t e ajoutée ù la fin de ce t r a v a i l .
L'EXPANSION
NESTORÍKNNE EN ASIE
201
lieit-Selok, auxquelles jon allait bientôt joindre Rewardaschir, métropole du Fars et de l'Inde. Littérature
nestoricnne. — L'activité littéraire
des aéstoriens a été considérable'. Sans parler des livres d'offices : prières, bréviaires, liturgie, ni des traductions et des commentaires de la Hible, ni des ouvrages de théologie dogmatique ou ascétique et de droit canon, ils nous ont transmis* des ouvrages de philosophie, traductions ou imitations du grec, des grammaires, des vocabulaires, des dictionnaires®, des chroniques, des histoires générales et de
nom-
t. Voir Sflhcin Duvnl, La littérature syriaque, 3* édil, Paris, 1907 ; pasnirn. On prendra tino idée futiBlDRle de l'activité dp« écrivain« ne,;!oriens en parcourant le catulogue de leurs œuvres, rédigé vers l'un L'iOO, par Rbedjésus, édité, traduit cl cnuiiueiité par Armani, Bibi. mieuttth'i, t, IH, t. 2. On h d'abord acheté des manuscrits gy rtaques-monopliyeitesjaeobites parce que les région» habitées par ceux-ci ont été visitées íes premières; pni* les manuscrits nestnriens sont venus du Malabar et des contrées limitrophe» de ia Perse. Il y en a quelques-uos ft Paris et une belle collection ù Londres (British Muséum), h Cambridge (Université. Provenant de M. Percy Badger et de lu Société anglicane de propagation de la foi), à Berlin (provenant de M. Sachuu), à Borne (Vntiennj. 3. Par exemple, les lexiques de Bonein, de Zacharie de Merv ¡IX* siècle), de Bnr Ali (édité par M. Hoffmann), d'Auunjésus, évèque de llira, vers l'an 900, H surtout de Bar Buhioui {X* siècle, édité par Kttbens Duval, XL-f-246-f.HO poges -f 20(J8 colonnes grand in-'i").
202
CONFÉnKNCES AU MUSKfc. GUIM KT
breuses monographies. Les manuscrits n'ont pas ta lielle antiquité des manuscrits monophysites jncobites, conservés en Fgyple j u s q u ' a u siècle dernier nu monastère îles Syriens tin désert de S c é t é ' , car il n'y a sans doute aucun couvent nestorien qui n'ait été saccagé un grand nombre de fois', mais il y a quelques unica précieux comme le récit de l'ambassade de Habban Çauma eu Italie, en France et en Angleterre en 1288'; des histoires", la traduction î . Cette bibliullièqni!, fondé« an c o m m e n c e m e n t du el e n r i c h i e des (d'après
nn
mnntlHCril»
colophou
de
confisqués
manuscrit
j>nr les que
X* s i è c l e
Arnhrs
non» n
en S y r i e
communiqué
M g r KahinaniJ, a v a i t on g r a n d nombre do m i t n u c r i l i
du V* ou
VII* siècle, qui s o n t maintenant quclques-uu.s à Home et le p l u 9 grand nombre & Londres. 2, C'est ainsi q u e nous trouvons
le d o m i c i l e du p a t r i a r c h e it
S é l e u c i e , « B a g d a d , « A r b è l e s , à Aaclinou, à Kotrhannè«. E n c o r e d a n j cette d e r n i è r e résidence, p u r les K u r d e s ,
les m a n u s c r i t s
BlHIVngcs, heureusement,
Ces
pas s y s t é m a t i q u e m e n t .
L o r s q u ' i l s ont
pillé
ont c l é ne les
saccagés détruisent
In b i b l i o t h è q u e
de
S é e r t , lor» des récents m a s s a c r e s a r m é n i e n s , i l s ont s u r t o u t enlevé
les
p l u s b e l l e s reliures des livres e u r o p é e n s ,
l ' a r c h e v ê q u e de c e l l e ville, et on n pu
ramasser
nous les
a dil
feuillets
épnrs et r e c o n s t i t u e r les livre.« el les m a n u s c r i t s . 3, C f . infra,
p. 278.
4, P a r exemple,
ln Chronique
de
Seerl : l'a/rat.
or,,
t,
fnsc. 3 ; t. V, f a s c . 2 ; t. VII, fane. 2 et l ' h i s t o i r e de llnr b e s h a b b a " A r b o r a (fin du VI* siècle), que Patrologie
orientale,
4 / X V I (1011). p. 234.
t, IX, fuse. 5. Cf. lUviu
IV, Had-
nous éditons d a n s l a de l'Orient
chrétien,
L'EXPANSION NBSTOIIIENNE EN A.SIE d'un o u v r a g e de N e s t o i î u s '
et. d'une
203
contro-
verse de T h é o d o r e de Mopsueste avec les M a cédoniens*, la traduction (faite sur le pehlvi) des fables du Kaliia et D i m u a ' , etc. L e s Perses chrétiens faisaient d'abord
leurs
études à Edesse et avaient donné leur nom à la plus célèbre école de cette v i l l e ' . L o r s q u e t . Le livre d'Héraulide
de Damas, éd. P. Bedjetn, Irad. F. Non,
Pnris, !9t0. '2. Cf. ttfvtir de lOrient éditée Pair,
chrétien,
l, XVi
(t9|I|, p. 236-237,
Or. t. IX, fnsc. 5.
3. Sur le manuscrit unique de celle traduction, voir F. Nnu, Un manuscrit
de Mgr Cm/fin : L'ancien
manuscrit
dans Revue de l'Orient
chrétien,
Dimna syriaque,
du Katita
p. 200-20^». Ajoutons encore que l'histoire d'Ahikar fils d'Anne), neveu de Tobie, n'est dans des manuscrits
de provenance
Histoire et sagesse dAhikar...
conservée en
et
l . XVI (HM1), 1'nssyrien,
syriaque que
nestorienne ; cf.
F. Nau,
Pnris, 1909, p. 78, Celte légende,
qui renferme des sentences et des fables apparentées nu* fables d'Esope, n pris grande importance depuis que In découverte des papyrus d'Kléphiinline nous n montré qu'elle était vtilgnrisée en langnge «rouiéen, an V* siècle avant notre Ère, depuis la Perse jusqu'au fond de l ' E g y p t e .
Des
fables,
dont
on cherchait
ia
source dans l'Inde, ont chance d'y nvoir été portées pal' les Arotnéens. C'est déjà iV Edesse, à l'école de
Bardestyie, que la
philo-
sophie iiteïnndriiie do Vnlentin (êtres de raison transformés en êtres concrets), et de Marcton {dualisme, dieu bon et dieu mauvais; lumière et ténèbres) a été élaborée pour servir de moule nu christianisme. La tentative » échouée, niais de nombreuses sectes de dualistes chrétiens : Bardesanites, Marciomtes,
Manichéens,
Audiens, Mns3itliens, Lnmpétiens, Koulcéens, Mandéena, Ophites, aussi bien que les Muzdéens oflieiels de l A v e s l u cl les Maxdéens
204
CONFÉKENCES
AU
MUSKE
GU1MET
cette école fut f e r m é e parce qu'elle était trop favorable à N e s l o r i u s , les élèves, rentrés
en
l'erse, s o n g è r e n t à 8e concilier
du
la faveur
roi en o b l i g e a n t tous les chrétiens de ce r o y aume à timbrasser la cause de Nestorius, p r o s crite dans l ' e m p i r e g r e c , « De cette
manière,
disait l'un deux, ifs détesteront les G r e c s et les Grecs les délesteront «. C'est depuis cette époque {vers 457) que les adversaires de l ' É g l i s e orientale lui ont donné le nom d'Église nestorienne, bien q u ' e l l e - m ê m e ail toujours r e f u s é 4é
prendre ce n o m . Eu tout cas, elle s'était
separee des G r e c s , et elle s'était constituée en É g l i s e chrétienne nationale persane,
protégée
par certains rois au même titre que le mazdéisme 1 . L e roi f l o r m i z d se servait de la c o m p a raison
suivante,
pour
faire
comprendre
aux
mages que l ' e m p i r e , p e r s e ne pouvait plus s'aph é r é t l q u e s (ou M o n i ) du T u r k e s t n n , ont continué à u t i l i s e r c e t t e philosophie dualiste
comme
toutes les é g l i s e s
u t i l i s é I » p h i l o s o p h i e d ' A r i s t o t e . Il d o n n e r à tous
l e s d u a l i s t e » le
nom
y
a de
de l ' O c c i d e n t o n t
toujours
eu
manichéens,
tendance & parce
que
c'est le p l u s s o n o r e , m a i s c e t t e c o n c e p t i o n est t r o p s i m p l i s t e . I.
Ualnsh (48'I-'J88) f u t
favorable
f u r e n t r e b â t i e s d e son t e m p s . Il COÎ n e s t o r i e n A c a c e , q u i
nu»
chrétiens;
les
églises
f a i s a i t bon a c c u e i l BU c u t h o l i -
se p r é s e n t a i t c b e i l u i , Pair,
or.,
t. V I I ,
p . 122, Q a w a d (488-531) m o n t r a lu m ê m e b i e n v e i l l a n c e u m c h r é tiens,
ibid.,
p , 125, 126. En 616, C h o s r a u i l d é t r u i s a i t l e s é g l i s e s
l'expansion NE3TOHIENNE EN AStE
205
puyer sur eux seuls : « De même, disait-il, qu'un trône qui a quatre pieds, ne peut se tenir sur les deux pieds de derrière s'il ne s'appuie également sur les deux pieds de devant; de même le royaume des Perses ne peut se tenir avec la seule religion des mages s'il n'y a une autre religion qui lui soit opposée. Gardez-vous de contrarier les ordonnances que j'ai faites pour la protection des chrétiens, pour la conservation de leurs lois et pour la pratique de leurs usages, car ils sont fidèles et obéissants 1 ». L'Eglise orientale, grâce à la protection des rois de Perses, voyait rentrer dans son patrimoine toutes les provinces qiie les armes des Perses allaient conquérir vers l'Inde, la Palestine et l'Arabie; de plus, comme elle n'avait plus à lutter pour la vie contre les mages, elle allait pouvoir développer son prosélytisme au dehors.
III. Expansion
vers Chute et VArabie, — Il
semble que les premiers agents du christiades orthodoxes et leur imposait le iiestoriiiiiisine pour indisposer la coui- de Byiance, cf. Ttiéoplinne dnns Migne, P. G,, t. CVHI, col. Ii5irft| et lu syrien (aouriuy»), el on le nomme ,iiiu,-nii de In crois; moine 11 r e v e n i r pour un t e m p s au c h r i s t i a n i s m e ' ou bien, c o m m e M . P a l g r a v e l'a constaté dans le nord et dans l'est d e l ' A r a b i e » ils ont m é l a n g é des pratiques c h r é t i e n n e s ou païennes aux pratiques musulmanes e t sont d e v e n u s en s o m m e îles
hérétiques*.
Jusque
vers
l'an
900,
les
« s a i n t s » musulmans honorés à Bagdad, étaient empruntés 1, D'après
à
la
Bible
Masoudï, Prairiea
et d'ort
au
christianisme :
IV, 418, c'est le cas des
partisans île Hirrit {sons Mo'awiah I e ' ) . Ci. Mélanges de la culte orientale île Beyrouth, 2. Cf. W . G. Palgrave, centrale,
Fa-
t. Il, I W , p. 26. l'ne
année de
voyage
dam
l'Arabie
irad. E, Jonveuux, Puris, 1866, I. I, p. 6t et Ml. Le»
habitants du Djorof ( « a nord) étaient chrétiens ; ils furent convertis de furce ù l'islamisme, puis retombèrent dans un
demi
pagunisme et «dorèrent une divinité locale nommée Djann, quand les wababites les obligèrent, sous peine de mort, à recevoir l'islamisme le plus pur. — Ibift, In plupart, embrassé
In
p. I I I : Les Shomers avaient, pour foi chrétienne ; mois ils
adoptèrent
enfin 1 islamisme et retombèrent peu îi peu dans tu barbarie : les coutumes païennes repartirent. — Ihïd., pnr toute l'Arabie d'origine
les
Çolibak
¡de I alib,
136-137. On trouve c « o î * ) qui
semblent
rhrêtienne el gardent une antipathie profonde contre le
mahomélisme. — Ibid.,
I l , 30I-W7, M. Palgruve truite de la ré
gion d'Oman ; il ne sait pas qu elle a été chrétienne et qu'on y pince les ( Bïdïonites que Ptoléniée mettait nu nord de* H i m y a rHc»! ntnis i consta te que si le» habitant* ont grand soin de se f co«vrir d uu vftrrtîs mahométan « une observation plus attentive ( t«îl déBcuvri} rqi|e ce sont des iniidèlcH, pis encore, de» apos^ t»ù,B. \ o >
/ x
/ /
234
CONFLUENCES
AU M U S É E
OUIMET
c'étaient surtout les prophètes, en particulier Josué et Elie, puis les martyrs chrétiens du Nedjran et les sept dormants d'Ephèse. Vers cette époque, les provinces persanes, qui avaient produit tant d'ascètes chrétiens et une si riche littérature monastique, développèrent aussi, au sein de l'islamisme, les doctrines mystiques du soufisme, avec ses ascètes, ses thaumaturge», ses saints et une riche l i t t é r a t u r e ' . En Syrie encore, la doctrine des Nocairis, avec ses d o g m e s de la Trinité et de plusieurs incarnations, semble un compromis entre l'islamisme chiite et te christianisme ; leur liturgie rappelle les pratiques du culte chrétien, leur calendrier porte encore les fêtes de Noël, de l'Epiphanie, de Pâques, delà Pentecôte, avec celles de Saint Jean-Baptiste, de Saint Jean Chrysostome, de Sainte Madeleine et de Sainte Barbe 1 . Les Yézidiseux1, Voir, p a r esenipfe, Le Mémorial det saints, t r a d u i t pur A. Pavet de Courteille, sur le manuscrit ouïgour de la Bibliothèque nationale, Paris, 1889. L'auteur de l'ouvrage est P e r s a n , comme la p l u p a r t des saints musulmans dont il raconte 1» vie; quelques-uns sont de Balk et de S a m a r k a n d . Aussi l'original persan a v a i t été traduit en turc (ouïgour) p o u r être mis à la portée do tous les h a b i t a n t s de ces régions, 2. Cf. H. L a m m e n s : AH pays des Notoiri», d a n s Utvuc de ¡'Orient chrétien, t. V (1900), p. 111-113. M ttené Dussaud, sons nier l'influence du christianisme, tient que les Nosairis n'ont j a -
l'expansion NESTOHIENNE EN ASIE
235
m ê m e s , c e s é t r a n g e s m u s u l m a n s h é r é t i q u e s qui passent pour être les a d o r a t e u r s du diable, ont de nombreux emprunts c h r é t i e n s dans leur religion*. D'après un récit syriaque que nous avons entre les mains, leur principal c h e f , Adi, fils du Kurde Mussir, était le p r o c u r e u r du grand c o u vent nestorien de Mar Y o u k h a n a n (Jean)et d ' i s h o Sabran. 11 en arriva à c h a s s e r les moines et à s ' e m p a r e r du couvent. Le s u p é r i e u r se plaignit à Batou, c h e f tles M o n g o l s , et c e u x - c i , lorqu'ils arrivèrent à A r b e l l e s , a r r ê t è r e n t Adi et l'envoyèrent à Maragha où on le mit à mort (1200). Ses deux fils, Charaf ed-Din et G h a m s e d - D i n , qui avaient épousé des f e m m e s m o n g o l e s , p é r i r e n t dans les g u e r r e s e n t r e les M o n g o l s et les musulmans, mais ses petits-enfants allèrent trouver, avec leurs mères m o n g o l e s , le grand Khan A h med,lorsqu'il se fut fait m u s u l m a n , e t lui d e m a n dèrent le couvent nestorien. l i s l'obtinrent en 1283, lui donnèrent le nom de Cheikh Adi et il resta le lieu saint des Yézidis qui r e m o n t e n t à m«is été chrétien« ; misai nous «'avens pna suivi le P, LHIIImens jusque-lù. Cf. Histoire et religion* des ftosairit, Paris, l'JOO, p. XXXV. 1, Ci. H. Lu mutent, Kiudes île géographie et d'tt/inogra/thie orientâtes, dit lis Mélangé?
l, If, 1007, j). 3'J2,
tle la Faculté' orientale de
lieyrauth,
230
CONFÉRENCES
AU
MU BEE
GUIMET
Y é z i d fils de Moawiah. Dans celte secte, dont le principal c h e f a été le procureur d'un c o u v e n t nestorien qu'il a fini par liquider à son profit, nous
voyons
en
raccourci
toute l'histoire de
l'islamisme primitif. Parmi tous les chrétiens, les nestoriens ont d'ailleurs eu,
chez les Arabes, une situation
p r i v i l é g i é e : leur patriarche était seul reconnu par les califes et tous les autres chrétiens étaient placés sous sa juridiction 1 ; leurs scribes, leurs t . Cf. Assémani, liibl,
I I I , ! , p. '98 à 1()0. Ce
or,,
privilège
n'empêchait pas, d'ailleurs, de fréquentes persécutions : Voici, par exemple, l'histoire du patriarche nestorien Georges, su» t e s teur d'Ishou'yabb (658 A (180) : « il parcourait le« pays et s'occupait d'y organiser les «finires de
l'Eglise, lorsque certains hommes qui le haïs*aient
l'.tccu-
sèrent, nuprès de l'émir des Arabes, de parcourir les puys pour ramasser de l'argent, En conséquence, l'émir lui demanda rie l'or, et, comme il refusait d'en donner et qu'il endura des tourment* et la prison
sans en donner, l'émir se fâcha et détruisit
beaucoup d'églises
h 'Aqoula et dans tout le pays de Hirla. »
Cf. Bar Hébraeus, Chonicon Les massacres du
ect/etiatiieum,
I I I , 131.
Liban, d'Arménie et d'Aduna nous donnent
une idée de la tolérance de certains musulmans contemporains ; quant b leurs ancêtres, nous rappellerons seulement la desti uction des églises d ' E g y p t e racontée par Multrizi, lleme chrétien,
fie i Orient
t. X I I 2. 2. Ilic (Danns) repperit in itrbe Homn, in monaslerio qui appel/atur Ihftiaiia, ntilorionita» monnehos tgrot, quai per dierrsa rnortasieria dU'isit, in quo prjrtiicto monasten'o mon achat ramano» ¡ntiiiuil. Cf. Le Liber Pantificalit, éd. Duché»»«, t, I, p . 3 4 8 . verti ; cf,
238
f.ONFÉJlENCES AU MlfSKK GUI MET
une carie, vous montrera combien l'Europe occupe peu de place, en comparaison d e l'Asie, et vous comprendrez que les Orientaux fassent de notre petite Europe une simple presqu'île du continent asiatique. La France ne forme pas la trentième partie des régions du centre et du nord de l'Asie qui vont nous o c c u p e r . Ces régions sont en général très froideè, en partie à cause de leur latitude et en partie aussi à cause de leur altitude au-dessus du niveau du la mer. De no m tireuses régions sont d e s plateaux très élevés, où la température est t o u j o u r s beaucoup plus rude que ne l'indiquerait leur latitude. Citons par exemple le plateau du Pamir, dont la latitude est celle de l'Espagne, tandis (pie son altitude — qui est en m o y e n n e de 4.000 mètres et qui lui a fait donner le nom de toit du monde — le rend presque inhabitable, M y a là sejit mois d'hiver et un seul mois sans gelées nocturnes. Les populations de ces pays, venues successivement en contact avec les Occidentaux, portaient les noms de Scythes, Partîtes, Huns, Turcs, Mongols, Tartares ; elles vivaient de la pêche, de la chasse et de la garde des t r o u p e a u x ; elles étaient misérables, sauvages et b a r b a r e s ;
L'expansion NESTOItlfiNNE EN ASIE
239
e l l e s s'enivraient de lait de j u m e n t aigri ; elles s'habillaient de
doubles
vêtements
de
peau
q u ' e l l e s taisaient pourrir s u r leur corps ; elles l o g e a i e n t sous des tentes et dans des c h a r i o t s . L o r s q u ' e l l e s devenaient t r o p n o m b r e u s e s , elles se mettaient eu route avec leurs troupeaux et l e u r s chars, vers des c o n t r é e s plus favorisées, et elles en massacraient d'ordinaire
les popu-
lations pour c h a n g e r un pays bien cultivé en g r a s pâturages. C'est contre elles q u e la C h i n e n construit sa grande muraille et qu'Alexandre le G r a n d , d'après u n e l é g e n d e , a fermé le défilé de Derbend à l a i d e de portes de fer. L e u r vie sauvage, leur frugalité, leur e n d u r a n c e , leur habileté à la chasse et à l'équitation, leur fring a l e des richesses et d e s
jouissances
incon-
nues sons leur ciel n u a g e u x et dans leur patrie froide et pauvre, en faisaient des
adversaires
irrésistibles. C ' e s t une loi de nature, s e m b l e t - i l , que les peuples r i c h e s antimilitaristes,
c'en
est
et h e u r e u x soient
une
aussi
que
les
peuples pauvres et d e n s e s soient militaristes à outrance et n'en d e m a n d e n t pas l'autorisation à leurs v o i s i n s ; les A r a b e s ,
sortis
des
sables
brûlants de l'Arabie, pour se ruer à travers l'Afrique et l'Espagne j u s q u e s o u s les murs de
240
CONFÉRENCES Ali MUSKB GUIMET
Poitiers, n o u s t'ont déjà montré * les Huns, T i t r e s ,
Mongols,
des s t e p p e s g l a c é e s , vont
Tarlares,
Scythes,
descendus
nous l(! m o n t r e r à
nouveau. C o m m e pour nos laineux c o n q u é r a n t s : L a gloire était leur nourriture Ils étaient sans pain, sans souliers, l.a nuit, ils couchaient s u r la dure, Avec leur sac pour oreiller.
Des c h e v a u c h é e s fantastiques les ont c o n d u i t s jusqu'au fond de la C h i n e et de l'Inde, j u s q u ' e n Egypte«
jusqu'à
Constantinople
et
jusqu'à
Paris. C e s peuples touraniens, de race b l a n c h e et de
race
jaune,
descendaient le l o n g
des
m o n t a g n e s , ou sortaient par leurs d é f i l é s , pour se r é u n i r dans la région du lac B a l k a c h , au nord du P a m i r . La mer Caspienne l e s s é p a r a i t ensuite en deux courants d'invasion ; les
uns
descendaient par ce couloir e n t r e la m e r et le P a m i r et frappaient aux portes de la P e r s e et de l'Inde ; les a u t r e s par le nord de la C a s p i e n n e , se j e t a i e n t s u r la Russie et l'Europe ; leur p o u s sée se r é p e r c u t a i t sur les peuplades s u c c e s s i v e s é c h e l o n n é e s en E u r o p e , c o m m e le m o u v e m e n t de la houle se propage à la surface d'une eau tranquille, et c e l l e s - c i se j e t a i e n t s u r le R h i n et le D a n u b e ,
pour traverser ces
fleuves
et
L'EXPANSION
NESTOIUENNE
EN
ASIE
% Ï
pour chercher sur l'autre rive un abri contre de féroces poursuivants.
Les
Romains,
qui
connaissaient peu l'Asie, ne comprenaient pas cette ruée des peuples qui venaient
mourir
sans cesse devant leurs postes du Rhin et du Danube,
comme le Ilot vient
mourir sur la
g r è v e ; ils n'y voyaient que le trop plein de la Germanie qui était,d'après eux»la grande fabrique des nations : Magna
gentium
Ils
officina.
se trompaient : La grande fabrique des nations, ce n'était pas la petite G e r m a n i e , c'était le centre et le nord de l'Asie. partaient
C'est de là que
les farouches rabatteurs, qui
pous-
saient toutes les nations successivement sur les avant-
postes des Romains, et lorsque ceux-ci
ont été las de tuer et de réduire en captivité, lorsque les barrières ont été rompues, lorsque le timide g i b i e r : Francs, (îoths, Bourguignons, Alaias,
Saxons,
Vandales se sont
terrés en
Italie, en Gaule, en Espagne, dans les îles et jusqu'en Afrique; on a vu paraître les rabatteurs, les Huns, Des légendes te pr i lia nie s les précèdent : en Occident, Frédégaire te scholastique et J o r nandès racontent qu'ils sont nés du commerce des diables avec des sorcières que les Golhs 9
242
CONFERENCES
AU
MUSÉE
GU1MET
avaient chassées dans les déserts de la Scythie et qu'ils se nourrissent de chair humaine. En Orient, saint Ephrem écrit : « Ils mangent la chair des enfants et ils boivent le sang des femmes. Couverts de peaux, chevauchant
le
vent et la tempête, ils renversent en un clin d'oeil les villes fortes; ils rasent leurs murs t t ils massacrent les hommes vaillants. Lorsque le bruit de leur arrivée se répand, on les voit surgir de partout, car ce sont des magiciens; ils volent entre le ciel et la terre et leurs chars sont rapides comme le vent. Ils couvrent la terre comme l'ont fait les eaux du déluge et personne ne leur résiste m. La vaillance de Mérovée et d'Àétius a d é l i vré la France pour toujours des peuples de l'Asie centrale ; ils ont du moins laissé dans notre langue le mot ogre,
formé du nom de
l'une de leurs tribus : celle des Ougours ou Ogors, et ils sont restés jusqu'au X V siècle le fléau de l'Europe et de l'Asie, Campés dans la Ilussie du sut), ils ont ravagé plusieurs fois la Hongrie, tandis que les tribus
turques ron-
geaient en Asie l'empire arabe, lui succédaient enfin, prenaient encore, avec Constantinople en 1454, la succession de l'empire grec, et apparais-
L'EXPANSION" NESTOHIENNE EN ASIE
243
saient si formidables, que le pape Calixte prescrivait la récitation de ['Àngelus, pour implorer le s e c o u r s du eiel contre les T u r c s . Y. Expansion nestorienne. vers l'Asie centrale. — 1° Moyens de propagande. — Ici encore, les m a r c h a n d s syriens ont s a n s doute servi de trait d ' u n i o n entre le nestorianisme et les peuples sauvages de l'Asie centrale : Après les a n n é e s de g u e r r e , qui épuisaient é g a l e m e n t les deux adversaires, venaient souvent îles années de trêve, avec relations de bon v o i s i n a g e ; d'ailleurs les g u e r r e s elles-mêmes n'arrêtaient pas les m a r c h a n d s syriens : L o r s q u e saint J é r ô m e écrivait, en l'année 403 : « les H u n s a p p r e n n e n t le p s a u t i e r ; les frimais de la Scythie b r û l e n t de la chaleur de la loi »; il a j o u t e bientôt : « lin a m o u r inné du commerce d e m e u r e j u s q u ' a u jourd'hui chez les Syriens; le d é s i r du gain les fait courir par tout le m o n d e ; maintenant que l'empire romain est troublé par la g u e r r e , ils poussent la Jolie du commerce j u s q u ' à chercher les richesses au milieu des glaives et des m e u r tres des malheureux; ils fuient la pauvreté au prix des plus grands p é r i l s » . Cf. supra, p. 206. La propagande nestorienue a pris un nouvel
244
CONFKKENCES
AU
MUSKE
GUIMKT
e s s o r , a p r è s l'année 486, lorsque les é v ê q u e s orientaux ont retenti le célibat (jour les s e u l s m o i n e s et évoques, mais ont imposé le m a r i a g e , m ê m e a p r è s l'ordination, à tout le c l e r g é s é c u lier. Ils agissaient ainsi, en partie p o u r se d i s t i n g u e r davantage d e s h é r é t i q u e s m a n i c h é e n s , qui condamnaient tout mariage et c a u s a i e n t de sérieux aussi,
soucis
aux
rois
disaient-ils, p o u r
de l ' e r s e , en partie diminuer le
nombre
des s c a n d a l e s . En loul c a s , cette m e s u r e , qui vulgarisait le s a c e r d o c e , rendait très Tacite la transforma (ion du m a r c h a n d en prêtre. L a transformation
r é c i p r o q u e — celle
du
prêtre
en
marchand — était s a n s doute é g a l e m e n t fréq u e n t e ; elle a c h o q u é souvent les m i s s i o n n a i r e s latins lorsqu'ils ont d é c o u v e r t , au X I I I " s i è c l e , les m i s s i o n s n e s l o r i e u n e s ; mais elle avait peu d'importance
chez
des
barbares
comme
les
Huns, les T u r c s , les M o n g o l s , qui n'avaient pas d ' é c r i t u r e et qui voyaient volontiers, dans tout manuscrit une incantation, et, dans lotit s c r i b e , un magicien et un s o r c i e r . Ce sont les n e s t o r i e n s , en effet, qui s e r v a i e n t de s e c r é t a i r e s aux T u r c s et aux M o n g o l s . Ils ont imaginé un alphabet pour é c r i r e la l a n g u e turque dont ils se s e r vaient c o u r a m m e n t
en
Asie
centrale, et
cet
L'EXPANSION NESTOKIKNNK EN A Si K
245
alphabet a été appliqué plus lard ou mongol puis an mandchou. L'alphabet pehlvi, complété par les s c r i b e s nestoriena, constitue encore aujourd'hui l'alphabet coréen.
2° Expansion vers te Khomssan
et le Tttrhes-
tan. — H*ti l'année 424, parmi les signataires d'un concile, nous trouvons des évoques de Haï, d'Ispahan, du Ségeslau, de
N'isihabour,
de tlorat, de Merv. Vers la fin du V* siècle, le roi de Perse, Oawnd, se réfugia deux fois chez les lluns llephtalites; il y trouva des chrétiens qui
l'aidèrent
à
reconquérir
son
trône
et,
depuis lors, disent les historiens, il fut toujours bien disposé pour les nestoriens. Vers 549, à là demande du chef des Huns llephtalites, le patriarche Mar Aba lui envoya un évèque pour tout son pays. Nous avons sans doute ici l'origine du siège de Badghès et du Qadistan, résidence du roi des llephtalites, et peut-être du siège de Balk. Les Huns llephtalites ont été absorbés par les Turcs vers 570, nous ne sommes donc pas surpris de lire que de nombreux T u r c s , faits prisonniers par les Romains, en 581, portaient une croix sur le front 1 . t. Cf. Théophjlnclc SimucBlta,
¡listait c de
l'empereur
Munit).
246
CONFÉdKNCES
AU
MUSÉE
GUIMET
Eft 644, lions t r o u v o n s un récit de c o n v e r s i o n d e n o m b r e u x T u r c s : Elie, métropolitain d e Merv, tjui voyageait v e r s l'extrémité de son diocèse, y trouve un roi turc qui partait en g u e r r e contre un a u t r e . Elie lui d e m a n d e d e r e n o n c e r à celte g u e r r e , e l l e roi va j u s q u ' à lui p r o m e t t r e d ' e m b r a s s e r le christianisme, p o u r v u qu'il lui montre d e s p r o d i g e s c o m m e lut en molliraient les p r ê t r e s de ses idoles. Le roi fait venir ces p r ê t r e s ; ils i n v o q u e n t les d é m o n s el aussitôt l'air est o b s c u r c i de nuages, t a n d i s q u e les vents, le t o n n e r r e et les éclairs faisaient rage. Alors, par une impulsion divine, dit l ' h i s lorien, 10lie l'ait le s i g n e de la croix, il a r r ê t e aussitôt l'hallucination q u e les d é m o n s avaient causée, et elle s ' é v a n o u i t à l'instant. Le roi se convertit avec sa tribu, l'évêque les b a p t i s e , « " « , V, to. Les Turcs racontaient que leurs mères leur a v a i e n t ffrtivé ces croix, sur I «vis des chrétiens, pour les préserver d'une m a l a d i e contagieuse. Au VI* siècle, c o m m e nu XIII* dans les récits de HuLruq et de Murco Polo, la croix e*t déjà censée a g i r i lu manière d'une mnulelte, R a p p e l o n s que les nesloriens ne rcprésuntuiettl pas le Christ sur In croix, Hiins doute pour éviter les snrcusuics des Chinois, c o m m e l'a montré le P. Hnvret. U n e croix en brtihié, rapportée de Khotan p a r M, Grennrd en 1895, et qui se trouve maintenant nu Musée Guimel, présente le m ê m e caractère, bien qu'elle provienne sans doute de chrétiens g r e c i ; c f . Journal asiatique, IX- série, t. VIII (1896), p. 435-437,
L'EXPANSION
NESTOHIENNE
EN ASIE
247
leur crée des diacres et des prêtres et r e t o u r n e à Merv Il est intéressant de trouver ici, en 044, dans une chronique écrite vers t>80, le prodige que les devins ou prêtres des Mongols prétendaient encore opérer au XIII* siècle. Kttbruq écrit en effet, en l'année 1274 : « Les devins troublent l'air par leurs incantations. Lorsque le froid est très intense, naturellement ils n'y peuvent r i e n ; ils accusent alors quelques-uns du camp d'avoir provoqué celle rigueur de ta température, et ceux-ci sont exécutés sans retard ». Hubruq, nous apprend encore que certains devins mongols évoquent les démous, comme nous venons déjà de le voir dans l'histoire d'Elie de Merv, en 644. Un siècle plus tard, le patriarche Timothéc écrit aux Maronites : « Le roi des T u r c s avec presque tout son pays, a abandonné HOU antique erreur athée et s'est fait chrétien, il n o u s a d e mandé par lettres, vers 781® de créer un métropolitain dans son pays, ce que nous avons fait ». 1, Cf. 1, Guidi, Chrottica minora, ¡jars priât,
Pari», 1903,
p. 28-29.
2, Cf. Hicronymus Lnbourt, De Timotheo I, netlorianorum (728-823), Paris, 1904, p. 4a.
Uiarcka
pa-
COKFÉHEWCKS
AU
MUSÉE
GUlMET
Nous trouvons sans J o u l e ici l'origine dos métropoles de Kachgar et d'Al-Malig, on pays turc, car la métropole de Samarkand et celle de Chine étaient, d'après Ebed j é s u s , antérieures à 714. 3" Expansion
vers le Thibel,—
Un peu plus
loin le même patriarche rappelle qu'il a nommé un métropolite pour le pays des T u r c s et il ajoute qu'il va en nommer un pour le T h i b e t ' . C'est sans doute l'origine du métropolite de Tangout. 4° Fî*/',î lu Chine.— Timothée avait choisi une cinquantaine «le moines, avait créé q u e l q u e s cvôques, puis il les avait envoyés convertir les idolâtres. L'un d'eux « alla jusqu'aux extrémités de l'Orient, catéchisa les peuples qui adoraient les arbres, les statues, les animaux, les poissons, les reptiles, les oiseaux, le feu et les astres » Bedjan, Liber
super iorumt
[>.262, Paris, 1901;
il fut mis à mort comme il revenait eu l'erse, mais « les marchands et les scribes des rois, qui allaient et venaient dans ces pays pour leur négoce et pour les ailaires r o y a l e s » , ont écrit qu'il avait converti des villes et des bourgs, qu'il y avait mis des évèques et des prêtres, 1.
Ibid., p.
'i5-4.
L'EXPANSION
NESTOHIENNË
RN
249
ASIE
et qu'il avait combattu « les païens, les
ftlareio-
niles, les Manichéens el toutes les impiétés ». Un antre avait été plus heureux et avait [>n revenir en Perse, niais i! s'était trouvé très malade pour avoir mangé du pain, parce que dans le pays d'où il venait, on ne mangeait que du r i z ' . D'après ce menu détail, nous pou vous conclure que In pays non désigné d'où il venait, était la Chine, d'autant que Timolliée a créé
aussi
nu métropolitain, nomme David, pour ce pays".
inscription de Karalwlgtisonn.
— 11 est impos-
sible de ne pas songer à rapprocher la conversion du qaghan des Turcs, mentionnée par l'historien ftlarès* et l'octroi d'un métropolitain eu 781, rapporté plus haut d'après Timolliée, du texte de l'inscription si célèbre, mais si obscure,
de Karabalgasoun. CI". Journal
Asiatique,
XI e
série, t. 1, p. 190 à 198. Après l'année 7(>2, le qaghan des Turcs ouïgours a emmené avec lui quatre religieux, qui ont ensuite prêché la vraie
1, ma., p.
litwh af Bibt. or.t I I I ,
2 , D'»[très Tlionins de Margii, IV, 2 0 , cf. l i u d g c , '/'Ac
Govtrnors,
L o n d r e s , IS'J:), i . Il, j>. 4 4 8 ; As#émaui,
2, p. 4Vu. 3,
M a r è s é c r i l : « Tiniolhéu
« m e n a «i 1« foi le f|»gtinn
du
royaume des T u r c s e l d ' a u t r e « r o i s tjni lui « i d r c s i u i c u l des l e t t r e s . « Cf. Litbourl, /oc,
rit,,
j>,
250
CONl'ÉllENOES AU MUStÎE GUI MET
r e l i g i o n dans ses étals. Dans c e l t e r e l i g i o n ou a vu, non sans raison, le b o u d d h i s m e
parce que
l e i a p i c i d e d n I X e siècle l'ait d i r e au qaghnn qu'avant sa c o n v e r s i o n « c'est aux dénions q u ' i l d o n nait le n o m de Bouddha » , ce qui s e m b l e i m p l i q u e r q u ' i l s'est converti au véritable O n y a vu le chéisme car
ii
uestoi'ianismè 4
Bien
ne
n'exclut
Bouddha.
et enfin l e manile
nesl o ria n mute,
faut pas o u b l i e r que nous Hommes
en p r é s e n c e d'un texte chinois à f o r m u l e s s t é réotypées ;
voici
n i c h é e n n e s : « Ils les
deux
les
phrases
d é v e l o p p a i e n t et
sacrilâ es et
ment l e s trois m o m e n t s de la loi était
soi-disant
pénétraient D'ailleurs
ma-
exaltaient profondéle
Maître
m e r v e i l l e u s e m e n t instruit
dans
la d o c t r i n e de la l u m i è r e et c o m p r e n a i t p a r f a i t e ment les sept o u v r a g e s . Ses capacités
étaient
plus hautes (¡ne le pic m a r i t i m e ; son é l o q u e n c e
f. Cf. W. MlulF: itir- attturUscken Imchriften der Mongvlci, Sttîn4-P«lerst>uHrfî, Iw.fj. Itudlolf semble traduire : « Les incrédule», qui tte c9Ri»iii«iii«iit pus ces enseignements, donnaient au Bouddha le nom de démon ; mais maintenant ils ontrofflttriila Tirité, »
2, W. Schicgel, cité par M. É. Chnvnnnes, Journal asiatique, IX' iérie, t, IX ( 1807), j>. 'i4. M. Chavctnne» conclut en cet endroit que le nestoriauisme est jiossililo, mais n'est pas eeituln, 3, Cf. Éd. (.'lia vannes et P. l'elliot, Un traité manichéen retrouvé en Chine, dans Journal as., XI* série, t. I (1913), p. 1H9,
251
I>* K X P A NSI Ôlf NKSTOHIKNNK JiN ASIK était comme une cascade. » Ibid,, p. l'Jl.
Le
texte ne porte pas « tes deux principes » ; si c'était inlentionnel, on pourrait peut-être dire au contraire que le lapicule voulait exclure hérétiques dualistes,
mazdéens
Mais on peut admettre que
et
les
chrétiens.
les « ileux
sacri-
fices » est mis pour les « deux principes » , car ceci n'avait pas d'importance en chinois, puisque le scribe nestorien de Si-ngaii é c r i t : (Dieu) util en
mouvement
ainsi produisit le
Téther
lumineux
primitif
el
double principe » . L e chinois
veut simplement dire que le Maître de la lui, Jouei-si ou « l a sérénité perspicace » , était « un homme instruit » qui connaissait « le passé, le présent cl l'avenir » (les trois moments). La « doct r i n e d e la Lumière » (les iiestoriens disaient: la foi lumineuse) est encore une métaphore analogue. L e s a sept ouvrages » , qui peuvent nous l'aire songer aux « sept vertus » peuvent aussi être rapprochés des ( v i n g t ) sept ouvrages ; le «initient lui donnait les d o i g t » éclipsés. Si vement était au-dessous de 270, l'éclipsé était
moutotale
avec demeure. Ku 802, H e i i - K a r i g
l'ait son
traité du
calcul
des
é c l i p s e s ; ce n'est au fond que la méthode de Y - l l a n g . Histoire dv. l'astronomie
ancien ne,
1. 1,
Paris,
1B17,
p. 374-375. M . OhavaiHH'S toc,
cit.,
elle
encore
lo l e x l e
sitivanl :
}». 53.
I X . En 732, le neuvième mois (octobre ?) le roi de l'erselpatriarchejenvoya l'oilicier Pannami et le religieux de grande vertu Kï-lic rendre hommage à la c o u r et apporter tribut 1 . f , U fiiui noter, à cette dulCj qui* t e » Chinois s e m b l e n t n ' a v o i r mai»
bien
distingué
les niuzdéen« p e r s a n »
de
l'Aveste,
15.
de«
262
CONFÉItENCES
AU
MUSEE
GUIMET
C e f a i t est e x p o s é à n o u v e a u plus loin tle la manière suivante : X . L e Huitième mois (Septembre •) un j o u r keng-siii, le roi de l ' e r s e envoya l'officier Pannanii ei le religieux de grande
vertu
Ki-lie
rendre
hommage à la
cour,
( L ' e m p e r e u r ) conféra à l'officier le titre de brave et donna au religieux un kashaya violet, ainsi que cinquante pièces de soie line, et il les renvoya dans leurs pays. lit #11 tin d a n s r î n s e r i p t i o n
On
sotin
1
de
Karaîrniga-
:
X I . I,e roi de la religion (qui peut être le patriarche nestorien de Babylonc) ayant appris que (les Ouigoiirs) avaient accepté la vraie religion, loua fort leur respectueuse.... .
(vertu), conduisant des religieux et des
religieuses, entra dans le royaume pour y répandre et y exalter (la religion), (insulte les disciples de Mouche (on peut lire aussi Mou-loti) se succédèrent sans interruption de l'est à l'ouest, et allèrent de tous côtés prêchant et convertissant,
muzdéens hérétique* du Tuvkeglan ou Moni. Les muzdcens, persci'utés
pur
Ict» M i t m l m m ,
leadiueiit
ii se funnre uvec
Itouddliistca et « n i été condamné« en 732, Joiim.
les
« » . , X i * série, 1
jl'JI3}, p. 154, et ccnsnrés sous le nom de Siun-Siun, vers 7ti0; iAirf,, p. 158, t . Journal
as., XI* série, t I (11)13), p. tîHi-ltMî; nous
pris In fin dnns tu IX* série, t, IX, p. 45-48,
avons
l'expansion
NESTOJUENNE
E N ASIE
263
0 » lit encore' : XII. L'an 742, le cinquième mois (Juin ?) le roi de Feu-lin lie patriarche neslorien) envoya (à la cour de Chine) un religieux de grande vertu.
Ces textes concordent avec ce que n o u s savons des nestorieus de l'erse et de Si-ngan : Depuis l e d i t de 638, les patriarches n esto rien s entretiennent de bonnes relations avec ta cour chinoise (supra I — IV). Après 713, les nestoriens étaient tournés en dérision en Chine, mais un chef des prêtres nommé Lo-han, puis un prêtre très vertueux nommé Ki-lic les relevèrent (Si-ngan, II). C'est de Balk, ou les nestoriens étaient établis depuis la conversion des Hephtalites, que partaient les envoyés du patriarche (Si-ngan, 34, supra V); le roi du pays dont ils étaient les sujets, leur donnait des lettres de créance. Par cette voie, le patriarche adressa en Chine, en lévrier 719, un grand dignitaire (supra, 1) et, en Juillet 710, un religieux de grande vertu qui entrait en Chine sous Je couvert de l'astronomie, comme plus lard les Jésuites (sttpra, Y à VU), La diffèrence des textes V à VII s'explique ! . IX* s é r i e , t . I X , ]>. 5 2 .
264
C O N F É R E N C E S AU M U S É E
GUIMKT
facilement : Le religieux avait des lettres de créance et du patriarche et du roi du Tokharestan, cela résulte du texte V, mais le premier auteur n'a utilisé que les premières (V), tandis que les deux autres n'ont utilisé que les dernières {textes VI et Vil). Le l'ait important, établi par V, c'est que le patriarche prenait le Tokharestan pour intermédiaire. Puisqu'on admet maintenant que Mouche n'est pas un nom propre, mais un titre et que Ta n'est qu'un amplificatit': « te grand » Moucht;; ce titre, si c'est le pelhvi Mouch « docteur >• ; analogue au syriaque « Itablum », peut s'appliquer à un nestorien quelconque, comme Lo-hau, qui a relevé le nestorianisine (Si-iigaii, 11-12) ou encore à Mêlés, qui était de. Halle (Si-ugan, 3'«)', Si l'on préfère voir dans Mouche, bu mieux Mocho, un titre religieux, le mol lui-même et d'antres analogies encore. conduisent à le rapprocher du Shmosho « diacre », le « grand Mocho » I, RnMiiin « notre niaitre t», est un litre i|««i se d o n n a i ! s«rtout m u moine* ; O-io-pen — Itubban était ttowe siium dnn.lo un moine, Oheï les Ncatoriens, les moines (et les évèques) li'étnicnt pus mariée. Le Ttt-mou-che, qui avait des e n f a n t s , n'était donc pas un moine ot n 'avait pas droit au titré de Itnbluin. C'est peutêtre p o u r cela qu'on )'« désigné pur le synonyme Mouch.
L'EXPANSION NESTOIUENNE EN ASIE
265
est l'archidiacre'. Dans ce cas .1 télés serait exclu et le Ta-Mouche serait Lo-htm, car celui-ci est nommé « chef des prêtres » (Si-ngan i l ) et l'archidiacre nous apparaît bien dans ces régions comme le représentant de l'cvdqttfe et « le c h e f des prêtres ». Cette induction semble d'ailleurs confirmée par Si-ngaw, 1Î, qui rapproche Lo-han de Ki-tie, et par le texte VII iDt lorsque ce» deux derniers » » n i uri*i« é i A Si-ugan, ht fin de 7'20 uti a » cnmnicnttmeiil de 721, quel h élé le rôle du i^ritnd mnUvc (Tuuioitche} tttttoniiiiicet à quelle« questions il h répondu, puisque e'csl Y-haitg qui u tenu lu p l a c e ; mm» demandons aussi à quelle »muse un peut attribuer te renouveau ueslorieti. I.'identité serait presque certaine ni 1e I1. Gaubil h eu ruïsou d'écrire ; n L'auteur du livre uil est rilé ce trait d'histoire (l'envoi de Ta-mouebc en 7I'.I) dit ijue cet homme (Ta-mouche) était comme Li-mu-theon (le pèro Kicci) et que les savant» de lit cour de Iliuen-Uonif, pur jalousie, lin.nl renvoyer cet étranger ». Cité JauFtt. an., I X ' série, t. (X (IHOT), p, 'itt. Ceci ne semble pus laisser place f» Y-hang, car ec sentit Tnmouche qui aurait renouvelé lasliuiioniie. L'empereur Khang-hi (end aussi ii faire de Y-hnng un occidental, lorsqn il écrit qu'il a puisé su méthode dans les écrits des Miilinniéliin«. Cité pur Paittbier dans Chine (collection î'l'nivcr$\, Paris, Didwt, 1H.17, p, .'! IS. Y-bung fut exposé à lit jalousie des Hindous, comme Ginibil le dit de Ta-mouche, car, après m mort précoce, on voulut prouver qu il avait pillé un calendrier hindou, Juurn. as,, XI' série, t. I, p. Ifii», ce qui tend encore à prouver qu'il ne venait p a s de l'Inde, Dans deux o u v r a g e s astrologiques mis sous son nom, on trouverait les noms soghdiens et pcrseB des jours de ln semaine, Journ. as., XI* série, I, 167, ce qui prouverait encore qu'il venait de la Perse p a r IJalk et non de l'Inde.
L'EXPANSION
NESTORIKNNE
EN
ASIE
267
venances tirées do textes parallèles, c'est (|ue l'astronomie de Y - l i a n g a une tournure o c c i dentale et grecque (supra
Y l l l ) et qu'Y-hang ne
peut donc pas être un chaînai! lure, ni un sorcier Kachmirien, Il s'agissait (railleurs de supplanter des astronomes hindous, tes Ganta ma, les Kaçyapa et les K uni ara, Journ.
as., XI 0 s é r i e , ! ,
159, il y a donc peu de chance — Kj(îOfï). ha p r e m i è r e ligne tle l'inscription « en l'année 1 0 0 0 » , est assez mal g r a v é e , lille fait double emploi avec le c o m me urcnient de ta l i g n e s u i v a n t e . l/aimée 1035 va du l"1 octobre 1323 au 30 s e p tembre 1324. L'année du rat va de février 1324 à février 1325. Le nom ture l o u s h m i d est fréquent dans nos inscriptions : « le prêtre loushmid » Cliwolson, II, 19 et 8 7 ; « l e seholastique (écolier) loushmid » C h w „ 11, 39 ; « le docteur loushmid » Chw., 11, 48. M, Decourdemanche rapproche ce nom de Jasmin, nom t u r c fréquent. 11 n'est pas étonnant de voir un prêtre nommé « j e u n e h o m m e » , puisque, dans ces r é g i o n s où ils allaient rarement, les é v é q u e s nestoriens 18
314
nONFKHEKCRS AU MUSEE GUIMET
donnaient l'ordination
sacerdotale m ê m e
aux
enfants en bas âge,
EN L'ANNÉE
1650 (1339), QUI EST L'ANNÉE DU
LIÈVRE» EN TURC TSBJSHKAN ; CECI EST LE TOMBEAU IlE SlU-DlKAM, CHEF D'ÉGLISE, FILS I>E MENGOLTASH, PHKTHE. 1. Dimensions ; 37 X 28 X 14 ctn. 34, ti" 1(13.
Traduite
Ckwotion, III,
L'EXPANSION
NESTOBIENMI
EN ASIE
L e nom Aqnian ne se trouve pas ailleurs. Nous avons songé à une forme arménienne. Le qof pourrait être un vav, car dans nos inscriptions les vnv ne sont piis isolés comme dans les manuscrits. Au lieu de ni, on pourrait vaille s deux branches d'un sehin séparées l'une de l'autre, comme en d ' a u t r e s endroits (cf. infra it® 1G609). Si l'on osait lire ensuite un mini (juédiftl) arabe (voir ci-dessous), ce qui serait unique, on serait conduit à la lecture Oslimân (Osman), que nous n'avons pas osé donner parce qu'elle est trop inattendue. . — l^o 16008). Le sehin initial du mot « six cents » est figuré par un simple trait, conune le font souvent les Arabes dans leur
écriture.
Nous avons déjà rencontré le caf arabe. Celte influence de l'écriture arabe constatée pour le caf et le sehin nous a permis de pour ta pierre précédente,
supposer*
qu'il fallait peut-
être lire un mini (médiat) arabe et lire Osman au lieu d'Aqnion. L'année 1650 va du I er octobre 1338 au 30 septembre 1339. L'année du lièvre va de février 1339 à février 1340. Tebishcan pourrait se lire Tabshcan et se rapproche de la forme turque actuelle du nom
316
clii
CONFÉRENCES
lièvre
qui
AU
MUSÉE
GUIMET
est Tawchan, car
b équivaut
souvent à v ou u\ Les deux lettres sh et c sont actuellement remplacées par une seule. Sha-Dikam
est sans doute
un nom
turc
composé, qu'il faut rapprocher de Shatt-Maliq, Chw., II, 2!. Il se retrouve Chw., l i t » 39, où il désigne un prêtre (en 1341); et*. III, 50, Le titre « chef d'église » caractérise
l'Église
nestorienne, et signifie sans doute « économe » , d'après SjfHod. orientale,
Paris, HW>2, p, 414.
cf. Chw,, II, 34, Oii. 11 figure aussi dans l'inscription de Si-ngan-fou, infra n° 35, aussi bien (jne le titre de Qankalà
« sacristain », n®41, que
l'on trouve encore sur nos pierres tombales. Mengou est fréquent dans nos inscriptions. On trouve Mengkou-Ts\sh, Chw., II, 15; 111, 19; el T:\lsli Mingkou, II, 98. Meng-kou, possesseur de perfection {équivalent au Meng-tseu chinois) est le nom que les Mongols se donnent. Tank veut dire « p i e r r e » en turc, mais, appliqué à un homme, il veut dire compagnon. Entre Mengou-Tash et Tash-Mengou, il y a une nuance : Mengou-Tash veut dire : « celui dont te compagnon est Mengou». Tash-Mengou veut
dire : « celui qui est le compagnon
Mengou »,
Mengou-Tash
est
le
patron
de de
I.'ËXIMKSION NKKTUMKNNK EN ASIE
317
7«, . _ M» tlîfiOîf 1
E n l ' a n n é e 1640 (1338), ti est l ' a n n é e lie l a 1»ANTHKHE, ytil EST EN TUHC l'aNlNÉE FÉllÉS : CECI EST LE TOJIllBAt! l)E LA KIDÈI.E K 0 U T L 0 U K - A W \ 7 „ M e n g o u ; Tltsll-Mtmgutl c s l le .subordonné die Mengou.
M . O h w o l s o n a Irottvé a u s s i le n o m
I. Dimensions : 42 X '-8 X III, 31, ii" li».
«•». Kcsttfiniè par GLwuUun, 18.
318
CONFÉRENCES
AU
MUSÉE
GU1MKT
Aimengkou. Il faut sans doute lire Ak-mengou, « le noble Mengou ». Ak « blanc », est la couleur qui signifie «noble», «sans tache», dans le répertoire magique des couleurs 7«, — (N* 16609). Le schin du premier mot est formé de deux traits, celui du troisième mot est figuré comme dans les manuscrits. Le f du second mot est une simple boucle comme dans l'écriture de nombreux documents retrouvés en Asie centrale. L'année IG49 va du I" octobre 1337 au 30 septembre 1338. L'année de la Panthère va de février 1338 à février 1339, Fércs, ou Pars est le nom persan du tigre. 11 signifie aussi léopard (tacheté; /tardas en latin), Koutlouk veul dire fortuné et fortune, Awaz signifie voix. Koutlouk-Awaz signifie donc « voix fortunée » ; < elle dont la parole jette de bons sorts ». M. Ghwolson a lu Ashi au lieu de Awaz, mais la dernière lettre est un zaïn. Le schin PSt encore formé de deux traits dont un seul est visible sur la photographie. Koutlouk « heureux », « fortuné » est très 1. M. D e c o u r d e m u n c h e a b i e n voulu nous f o u r n i r (ici e t p l u s bat) tous les d é t a i l s r e l a t i f s aux n o m s t u r c s .
L'EXPANSION
NFCSTOHIENNE
8° —
EN
L'ANNÉE
1629
Nu
EN
ASIE
319
16508 '
(1318),
QUI
EST
L'ANNÉE
DU
*
C H E V A L ; CECI
EST
LE T O M B E A U
DE M o N A N
AWAZ,
PFLÊTBE. 1, C e t t e i n s c r i p t i o n et les s u i v a n t e s s o n t c o n s e r v é e s nu Musée G u i r a e l da L y o n . T r a d u i t e C b w . , I I I , 22, 11« 8 2 .
320
CONFÉRENCES AU MUSÉE tiUlMKT
fréquent dans nos inscriptions, ou seul, ou lié à un autre nom. II s'applique aux hommes «;t aux femmes. On peut le comparer à nos noms Félix et Kéiicie. Le mot syriaque que nous avons traduit par « la fidèle », signifie littéralement « exorciste » (Mournantâ, féminin de Momniiià). Nous y avons 0-
_
j\™
luni)/, «
Ceci est l e tombeau de Sehoulan (ou {plutôt : Séhouk), jeune f i l l e . I . T r m l u i t e € b w „ 111, V.», H* do-\
l'expansion NESTOHIENNE EN ASIE
321
v « , comme M. Chwolson, une contraction de mehaimantà, 8°. — L'année 1629 (n" KÎ598) va du l* r o d o bre 1317 an 30 septembre
1318. L'année du
cheval va de février 1318 à février 1319. Monnau, « b i e n f a i t e u r » , est l'un des noms de Dieu dans le chapelet musulman. Chez les chrétiens,
Monntut
a le
sens
de
Sauveur ;
Monnan-Awaz signifie donc « voix du sauveur ». M, Chwolson écrit n/ au lieu de Avya/. 11 écrit aussi Houian au lieu de Aionau. 9". — La lecture Se boulon
(n° 1G604) n'est
pas certaine. Nous l'avons choisie pour nous rapprocher de Sibylle, M. Chwolson a lu Seùituç. 11 a lu en deux autres endroits : Sibuitç Te/an et Sibttnç Tigin. Nous avons évideininent ici le nom connu Sébouk-Téghine
(Subuk-Téghin),
nom du père de Mahmoud le Ghaznévide. Il faut donc lire aussi Sibouk ou Sé boule. Le dernier caractère, trop courbé pour un noun, ne l'est pas assez pour un eadé. Il a chance, joint au précédent, de former un caf final syriaque. En turc, Sebek signifie subtil.
322
CONFÉRENCES
L'ANNÉE
DU
ÇALIBA, JEUNE
AU
SERPENT;
MUSÉE
GUiMET
CECI EST L E TOMIIEAU
DE
FILLE.
Çaliba est un nom syrien qui signifie « c r o i x » et
qui
est
cf. I l , 8 3 ,
fréquent
dans
nos
inscriptions,
I I I , 34. Il peut aussi d é s i g n e r un
h o m m e , cf. I l , 06, où il e s t é c r i t , ÇaUwa, par permutation du b et du w.
t , TniHirito C h w , , I I I , 42, n* 234,
L'EXPANSION
NESTOHIKNNE
11° —
CECI
EN A S I E
323
16607
EST L E TOMUEAU I»E M A R I E , J E U N E
FILLE
L E NOM HE L'ANNÉE ÉTAIT LE BIEUF,
La dernière ligne est formée de mots turcs. M, Bouvat nous a donné le mot à mot : « l'année, son nom, bœuf était ». Nous avons placé cette inscription et la précédente pour permettre de lire facilement les caractères, mais on voit encore que l'inscription n'était pas écrite horizontalement, au-dessus et au-dessous de la croix, niais verticalement, à gauche et à droite de la croix, la première ligne étant celle de gauche.
CON I- KHKNCKS .VU MUS F. K (iUIMKT 12° — ft" 16650
En i/année I.I K V H K ,
1650 (KW!)} qui e s t i/année nu
RN T U HC T E I I I S I I K A N ; C E C !
B'ANIUH\H,
L'aimée
JEUNK
HOMME,
Mîfjû va
30 s e p t e m b r e
1
du
E S T L,K T O M H K A U
F I L S L*E
h*
OL.UIA.
octobre
I33ÍÍ. L ' a n n é e du lièvre
1338 an vu
de
f é v r i e r 1339 à février 1340.
Sur Tebishkan,
cf, supra,
n8 1.6608, p. 315-
316. L e cal' il encore la f o r m e a r a b e , A b r a h a m est e m p r u n t é à l'un cien T e s t a m e n t , c o m m e Isaac et .lérémie., L Tmiluitc Umv„ ttl, 3«, »• i»5.
l'expansion NESTOIllKNNE EN ASIE
325
Qlanut (an féminin Qlamtflâ), nom syrien qui signifie « la résurrection », est fréquent dans nos inscriptions et correspond à Auaslase (et Anastasie), Chw., Il, 31, 85 (Qîôinâ), 8 6 ; III, 30. Il ne semble pas désigner mi religieux séculier (Bar-Qiamâ) comme cela a eu lieu dans tes premiers siècles où l'on devait traduire par « (ils de l'alliance ou du pacte». Un lit cependant, III, 18, n° 61 : « E n 1619 (1308), ceci est le tombeau de loushmid, jeune homme, fils de Denkhft', religieux (Qîaiaft) ». C'est sans doute ce Denkliâ qui ligure U, 36 : « E n 1603 (1292), c'est le dragon, ceci es! le tombeau de Denkliâ Qtômâ ». Ici M. Chwolson a traduit Qiôniâ par proefeclus ou inspcctor. En dépit de la différence d'une lettre, c'est sans doute le même mot rapporté au même homme. Do même, le féminin Qiamthâ, qui peut se traduire par résurrection (Anastasie), est souvent un nom propre ; par exemple : 11, p, 31 : « En l'année du porc, 1598 (1287), ceci est le tombeau de Qitunlhâ, fidèle », III, p. 47, n* 201 : «Ceci est le tombeau de Qiamtliâ, fidèle, d'Al-Malig (ancienne Kouldja)»; Ibid., 1. Nom syrien qu'on peut t r a d u i r e p a r « Nof) », c a r il sert à désigner celle fête. 19
'{20
CON FKHKNCES AU MUSKK C.tJIMET VA» -
KM I.'ANSRK
IGG5 ! '
1 r»7.r> (1'2(»4); LE HAT; CECI EST LE
TOM 11 KA UK l'i 11 II IM'K, VISITEIJII, MLS HR MALIGNA, VISITE Uli, VILS HE TOUNGA, VISITKLII. n" 2 0 4 , 11 ut' p i e r r e lie p o r l e (pie le mot Q î a n i t h â , síi h s iloulu itum p r o p r e ; p. 4 9 , est
le
294 : « C e r i
lo m b e a u d« Q ï a m t h â , j e u n e íille ».
1, Traduite Uhw„ III, 7, n 8.
En
f.'EXI'ANSION
N E S T O R I EN NE
EN
ASIE
327
un endroit cependant, ce mot est peut-être une épithète. On lit» 111, p. 18, n° 07. « L'année du porc. Ceci est
le tombeau de
1« jeune
iille
Pâcâk E\ », et on pourrait traduire, à Isi rigueur : « l % â k , religieuse » . ~
(/année 1575 (n" I0G51) va du 1 er oc-
tobre I20.Î an dO septembre 1201» L'année du rat va de février 1201 à février 1205. Malfana signifie docteur: Malfîa,
mais il
M, Chwolson a lu
lit plus lias Tounga
et
non
Touiga, d'ailleurs Mal Ha n'a pas de sens et ne se trouve pas ailleurs. Le « de Tounga n'est pas sur, mais Tonga a ie sens de subtil, lin. Dans la hiérarchie mongole, le sens de ce mot est devenu
greUier,
secrétaire du Daroga, celui qui écrit, qui donne des
ordres ;
Tounga,
rapproché
de
donne donc un sens, sinon Tamga
Tenga,
ne
serait
pas impossible. De plus, on trouve mentionné aussi Arslan Tounga, Chw., Il, 44, le lion qui écrit, qui imprime ses grilles, et il n'est pas étrange
de
trouver
ici
encore
ce
nom
de
Tounga (Tenga). Visiteur
(Se'oura) est un titre très fréquent
dans l'Église nestorienne. Il correspond à pé-
328
CONFÊRENCKS AU MUSÉE GUIMET
riodeute figure
: L e mot ne ilgure en entier sur la
q u e dans le troisième cas; dans les deux
premiers,
les
deux
dernières
lettres
sont
g r a v é e s d e r r i è r e la pierre, Il y avait aussi un « visiteur des visiteurs » ou
«
visiteur
général
»,
Habban Çauma. Ci, supra,
(l'était
le titre: du
p. 27fJ.
Cette p i e r r e est la seule, parmi toutes c e l l e s qu'on a r e t r o u v é e s , qui lasse mciiliun du grandp è r e du défunt. L e s autres ne mentionnent f]ne le père. Un
remarquera
aussi la f o r m e
des
noms
p r o p r e s : le g r a n d - p è r e portait un nom turc, le fils un nom syrien et le petit-lils un nom g r e c . IN.
métis
LA
de
CHRONOLOGIE.
Les
A r g o n uni,
turcs et de syriens, qui ont d o n n é
leur nom au de
—
llubruq
pays ( O r g a n u m dans les éditions et A r g o n u m dans certains d e ses
manuscrits) e m p l o y a i e n t le c y c l e d e d o u z e ans des T u r c s et l'ère des Séieucides usitée chez les Syriens. L ' o r i g i n e du cycle de douze ans est inconnue, mais on
le trouve par
Cambodge'
toute
l'Asie
jusqu'au
et l'on tend aujourd'hui à le
rap-
1, On retrouverait itiénje une ncitBliun tmuluguc en Amérique.
L'expansion MESTOIUENME EN ASIK I»rocher ile« douze signes du zodiaque
329
Comme
les occidentaux ne l'ont jamais utilisé et qu'il csl donc, eu somme, assez peu connu, nous ajoutons, syriens,
sur colonnes turcs,
chinois,
parallèles, les cambodgiens,
noms des
douze années, N'nus prenons les noms syriens chez Bar Ilebraeus, Cours d1 astronomie,
édité
et traduit par F. Non, Paris, 1899 (121* f a s c i cule de la Bibliothèque de l'école des Hautes Etudes), ¡1. 171-172 (texte p. 1 9 4 ) ; les noms turcs et chinois chez Sedillot, Prolégomènes
tables astronomiques ||5
p. 9,
et
les
d'Oloug-Beg, noms
Pans, 1853,
cambodgiens
Adii. L e d e r e , lie vue scientifique,
des chez
Paris, 1897,
p, 71a, nous ajoutons aux noms turcs et syriens les variantes que fournissent nos inscriptions, et* Chwulson, 1888, p. 7 : Cf. Amcriilu «'»nr F. Borii, .(rvhttf., 'i*. Leipzig. t. U I ( t S l 2 ) . p. t-ÎO,
dans
Orientalisches
I. C'rst, à nUt> ¡.vis, lu cycle de doute tms (tes aslroluguea clmMéen« «iLiiliiinm- pur Censori««», De dir nateti, XVIII, poree tju'iV ne faut /îijj moins, disent-ils, que cette revolution ite tempi [t'J uns pour embra* er tes époques d'abondance, de stérilité et de nialtidiis. î.c l'iit >yir ti»IUiiit shiir doute une année de famine; te «-ht; tut une année de guerres, etc., et celte conception efaiildèennc u «'•!•'• pntliV par it»ui - l'Aiie et juiiju'e» Amérique.
330
c o n f é r e n c e s
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pt A i n e s l i o ç p e n d s ) . Chacun des ê t r e s île lîardesaiiti se tenait eu sa p l a c e 1 l o r s q u e l ' o b s c u r i t é ( A h a r m a n
et
siens chez les Mazdéeris) monta d'en bas p o u r se
les nié-
t. D'npr&s Mnyse bar KÉt'IU, traduit dans nutr«*éd«lion du Livre des loi* des pays, édité et traduit l'atrol Syr, t. II, Paris. 1907, p. 513, teitc analogue à celui de Théodore bar Khouni, édité pur 1!. POGNON, dans Les iniaiplwnx m an du ïlr s, j». I2'2. 2. Pairof. Or., t. VII, p. 520-3*21. Le texlc d'Agapîus a été repris par Michel le Syrien, et ensuite pur Har Uébisieus. 3.
M o y s e b a r K É P H A , toc.
cit.
l.*KXriNSION
NKSTOIilENWE EN ASIE
341
langer avec en\ et en eux A l o r s les êtres purs e o m m e n eèreiii
ftiut ¡»^ités â fuir devant l'obscurité { d e
même
clu'x les Mayûr.'HK) ry de Thicrsatil, Le catholicisme en ('//ine traduan Vf/1" siècle de noter ère aver une ction de r inscription de Si/-u^uu /nu, Pu ri.-s 1877 (il lient (in»' Tinse ripiion est fili titilli f it romaine et non nestorieune); du l'ère Henri fluvret n ici [h locution des Neatoriens qui consiste à attribuer l'incarnation, lu naissance et la mort du Messie ou Clinat, !ti, jmor eu*, ta personne Dieu-humma, et à dire que la Vierge uvuil uni«» té lu Mussiu ou le Christ, Dieu-homme. Leurs adversaires préféraient attribuer la nuissatice et la mort & Dieu cl dire que la Vior^o «lait w t t l île Dieu, aussi les Nestorlens les « ( • p i a i t u t cl lus »¡.¡»client Théopaschiles (qui attribuent les souffrances à lu nature divine), bien qu'ils ne le soient pas. 2. .< Dans la Syrie », W, 3. Sic W. h. Po-sze. S, Ce mot chinois avait encore le sens d'école, de doctrine. Ibid,,
p. 'i8.
358 irais
CONH HKNCI-S U
MISÉE fit" 1MET
inaugurant
principes
la
vie et
suppri-
mant la mort. Il s u s p e n d i t le soleil lumineux ' pour
triompher
ilès l o r s , l e s
de
Peut pire
th'
r u s e s du d é m o n
Ithichres
ftiretit
et,
toutes
b r i s é e s . Conduisait! a la r a m e la b a n p i e de la miséric o r d e ,
il
s i leva aux
drmenres
luiili-
i M'uses ; dès lors, ijiii (¡ne i'J.. Il leur iiiiiiitjue uiif épitre ilo Pierre, deu* dp. Jeun, l'iijiiire «le Judc cl riipiiealypsff. Un utvl emuiu il eertuiiie époque le dernier iuim itcs upûlrcs traduit du Jcrei' en -»yriuî]ue im'i l'on peut n»iiipter '¿7 livres, puisque l'HiMn iilypnt.' !us IKIUL, ititiis, plus loin, il écrit toujours Té. — W. éi'rit fuit.-«tit>f{.
L*K.VI»ANSION
crée peu
N BSTORIENN K EN
ASIE
371
peu, forme et a c h è v e la substance.
17. L E
MINISTKIIB
DES C U L T E S .
— N o t r e empe-
reur T é - T s o t i j j , le vertueux, le s a g e , le civil, le militaire, à ¡institué : 1° huit
principes
tendant â substituer la lumière
aux
(tchin) ténèbres
dans l'ail luitiî -il ni lion et à faire p r é v a l o i r la juslice dans les récompenses et les punitions des fonctionnaires ; 2° neuf r è g l e s (tcheoti) en vue spécialement
d'assurer
mandat de lu religion
et
de
renouveler
lumineuse
le
(nestorieune)
qui, par coll.- transformation, a pu reprendre sa force o r i g i n e l l e , Prier ou vertemen t sans roug i r ; parvenu au sommet de la g r a n d e u r , reslor simple et iinmhlo; s'appliquer à être toujours oaluie, tnaiii c o m m e ou
de soi-même ; traiter les autres voudrait
qu'ils
nous
traitassent;
p r o t é g e r la \crut et pardonner aux autres; être bienveillant, bon, charitable; s e c o u r i r les allliifés ; aimer son semblable c o m m e soi-même, r> l'aider en toutes circonstances ; être indulgent pour
les
{'¡Mîtes des autres ; telle
est
la
voie
que n o i r e i r l i g i o n ordonne de suivre et qui est c o m m e l'échelle de notre sainte Si le
veut et la pluie ont leur
Loi,
temps mar-
qué, si la paix règne sur la terre, si les h o m m e s sont bien g o u v e r n é s , si chaque chose est dans
.'Î72
L ' O N L-'K » E X C E S
AU
MUSKK
GUIMBT
un ordre parfait, ai !»-saiï
(ev-shambat) (le dimanche)*.
:JÛ, Soi.s l'administration
du
prétre-évéque
JN'ing-IVII MI *, c h e f de la foi lumineuse
pour
le Tnng-I uig (la région orientale). t. L année é l a n l d a n s le signe tio-yo,
c ' e s t - à - d i r e lu d i x i è m e
ttanée «tu cy< le de J u p i t e r , W., p. 3 2 3 - 3 2 4 . 2. 11 s'ajril du s e p t i è m e j o u r de la lune où le soleil est e n t r é d a n s les (*i»)''!ti»ris. Cf. Yisdelou, p. 165, C o m m e ie «oleil dans le Iteli. r u u t e n v i r o n » du 21 m a r i
(du moin« ai l'on
entre fait
coïncider Je r o i m n e n c e m e n t du B é l i e r a v e c le point v e r n a l , bien que lu prée.ssHMi d é p l a c e c o n s t a m m e n t ce point d a n s le c i e l ) , il est entré J u n s les Poissons a u i environs du 19 février et le septième j o u r de celle lune a pu t o m b e r le 25 février qui était, un d i m a n c h e . W. p r o p o s e le % février, p. 625, :r. N i m - ï u , VUdclow, p . l i t C'est p r o b a b l e m e n t le n o m c h i n o i s du p a t r i a r c h e iHistorien Hanunjésu«.
380
CONFLUENCES Al MUSÉE -e et à 1« vie COIIIIIIMIK* ou ifémiti'jiie i\ l'écart des endroits huiiités. 2. Le syriaque, uu lieu de u moine », porte ùiti. Ou l'u traduit liyjiolliétiipicuiciil par et tevirhuiu.i (lluvrct, lot:, f i t . ) , nini> si l'un rumurque que eu mot est suivi uutotllftl di' •'uritelêreH nlittiiiii, ou cul fondé ù croire qui- Idé est un«; iibréviiilion -loti M. 1* -Hinl, c"i'»t un titre bouddhique donné « Sergiit, rf. Tonug lvwo, . XII, W l l . !i. I) v avait miiie aussi des écoliers comme on en trouve tunt sur !«•!< pit rres toinbnlea, supra, p, 335. Qanhitiu traduit souvent pur « portier », mais, comme il vii nt île X ' i abside », MM. NoeldeLe et Cliwolsou préfèrent traduire p a r sa.rislnin, enr ce titre figure «ur le» pierres tombales, Chw. m , r»:-&s.