Les Relations Entre Turcs Et Juifs Dans La Turquie Moderne 9781611438116, 161143811X

This book investigates the relationship between Turks and Jews in the Turkish Republic. A variety of sources, from popul

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French Pages 179 [177] Year 2019

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Table of contents :
ABRÉVIATIONS
PRÉFACE
INTRODUCTION
I. L'IMAGE DU JUIF DANS LA LITTÉRATURE POPULAIRE TURQUE
II. L'ANTISÉMITISME EN TURQUIE
III. LA POLITIQUE ET L'IDÉOLOGIE OFFICIELLE RELATIVE AUX MINORITÉS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
TABLE DES MATIÈRES
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Les Relations Entre Turcs Et Juifs Dans La Turquie Moderne
 9781611438116, 161143811X

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Les relations entre turcs et juifs dans la turquie moderne

Analecta Isisiana: Ottoman and Turkish Studies

53

A co-publication with The Isis Press, Istanbul, the series consists of collections of thematic essays focused on specific themes of Ottoman and Turkish studies. These scholarly volumes address important issues throughout Turkish history, offering in a single volume the accumulated insights of a single author over a career of research on the subject.

Les relations entre turcs et juifs dans la turquie moderne

Rifat N. Bali

The Isis Press, Istanbul

ptS* 2011

Gorgias Press IXC, 954 River Road, Piscataway, NJ, 08854, USA www.gorgiaspress.com Copyright© 2011 by The Isis Press, Istanbul Originally published in 2001 All rights reserved under International and Pan-American Copyright Conventions. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, scanning or otherwise without the prior written permission of The Isis Press, Istanbul. 2011 v

ISBN 978-1-61143-811-6

Reprinted from the 2001 Istanbul edition.

Printed in the United States of America

Rifat N. Bali est né à Istanbul en 1948. Il est diplômé du Lycée Saint-Benoît et de l'Hcole Pratique des Hautes Etudes, Section des Sciences Religieuses, Sorbonne, Paris. Il est l'auteur de nombreux articles publiés à Istanbul dans des revues telles que Birikim, Tarih ve Toplum, Toplumsal Tarih, Virgiïl et il a contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Il est l'auteur de deux livres: Cumhuriyet Yillarinda Titrkiye Yahudileri Bir Tiirkleçtirme Seriiveni (¡9231945) (Iletigim Y a x m l a r i , Istanbul, 1999) et Musa'nm Evlatlari Cumhuriyet'in Yurttaçlari (Ileti§im Yayinlan, Istanbul, 2001). Il est marié, père de deux enfants et vit à Istanbul.

Ce livre est dédié à la mémoire de ma mère et de mon père ainsi Beti, Seza et Nedim.

ABRÉVIATIONS

MNP

=

Péd.

=

page

=

édition

cd.

=

édition

vol.

=

volume

ADL

=

Anti D e f a m a l i o n I x a g u e

LBDT

=

L a B o z de Tiirkiye

RP

=

R e f a h Partisi

DSP

=

Demokratik Sol Parti

DTP

=

D e m o k r a t Tiirkiye Partisi

DYP

=

D o g r u Y o l Partisi

ANAP

=

A n a v a t a n Partisi

DP

=

D e m o k r a t Parti

CHP

=

C u m h u r i y e t Halk Partisi

MSP

=

Milli S e l a m e t Partisi

s.d.

=

sans date

M i l l i N i z a m Partisi

PRÉFACE

Ce livre est le mémoire présenté à l'École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences Religieuses, Sorbonne en décembre 2000. Ce travail de recherche a été accepté avec la mention "Très honorable avec félicitations" par le Jury composé des Prof. Aron Rodrigue (Stanford), Esther Benbassa, (École Pratique des Hautes Etudes) et & Jean-Christophe Attias (École Pratique des Hautes Études). Je tiens à vivement remercier les Professeurs Esther Benbassa et JeanChristophe Attias dont les conseils et les suggestions m'ont été précieux tout au long de ma recherche, Mlle Lucie Kaennel qui a revu et édité le présent travail avec un soin particulier, le personnel de la Beyazit Devlct Kiitüphanesi (Bibliothèque d'État de Beyazit), de l'Istanbul Büyük§ehir Belediyesi Atatürk Kitapligi (Bibliothèque Atattirk de la Métropole d'Istanbul), de l'Istanbul Üniversitesi Merkez KutUphanesi (Bibliothèque centrale de l'Université d'Istanbul) Milli Kiitiiphane (Bibliothèque Nationale) et des archives de l'Alliance israélite universelle (Paris). Te§vikiye, février 2001

INTRODUCTION

Le chercheur qui veut analyser les relations entre Turcs et juifs dans la Turquie moderne se doit de prendre en considération le legs de l ' E m p i r e ottoman pour bien comprendre les mécanismes développés par le pouvoir politique et la société turque à l'endroit des minorités non musulmanes, et en particulier de la minorité juive. Sous l'Hmpire o t t o m a n , les minorités non m u s u l m a n e s étaient cataloguées comme dhimmi, c'est-à-dire des non-musulmans placés sous la protection des musulmans. Ce statut leur imposait certaines restrictions: l'obligation de porter des vêtements de certaines couleurs, l'interdiction de construire des synagogues ou des églises dans les quartiers habités par des musulmans, la défense de bâtir des maisons plus hautes que celles appartenant à des musulmans et surtout l'exemption du service militaire contre paiement d ' u n e taxe. Ces m e s u r e s restrictives faisaient des n o n - m u s u l m a n s des «citoyens de seconde classe». Notons cependant que sous l'Empire la notion de citoyenneté telle que nous l'entendons aujourd'hui n'existait pas. Les nonmusulmans qui bénéficiaient du statut de dhimmi étaient conscients des restrictions qui leur étaient imposées et les acceptaient. Cette réglementation était une sorte de «contrat social» régissant les relations entre les Turcs (musulmans) et les c o m m u n a u t é s non musulmanes organisées en millet (nation). Les millet étaient des microsociétés, gérées soit par le grand rabbin dans le cas de la communauté juive, soit par le patriarche dans le cas des communautés grecque et arménienne. Ces chefs spirituels faisaient office de médiateurs entre les millet et le pouvoir politique de l'Empire. Le Tanzimat (les réformes), la révolution des Jeunes-Turcs et la proclamation de la Constitution visaient à abolir le système des millet, ainsi que le statut de dhimmi, et à mettre les non-musulmans sur un pied d'égalitc avec; les musulmans. Il n'est donc pas étonnant que la proclamation de la nouvelle Constitution en 1908 suscitât l'enthousiasme des trois communautés non musulmanes. Mais la reconnaissance de l'égalité impliquait également l'enrôlement des non-musulmans dans l'armée ottomane. Cette obligation que les non-musulmans acceptèrent souvent à contrecœur fut de courte durée et fut rapidement remplacée par l'acquittement d ' u n e taxe exemptant les nonmusulmans du service militaire. Les Jeunes Turcs décidèrent de la participation de l'Empire ottoman à la Première Guerre mondiale aux côtés des Allemands. Cette décision fut fatale car, en raison de la défaite des Allemands et de leurs alliés, l'Empire ottoman, déjà réduit géographiquement à l'Asie Mineure, vit les Alliés et la Grèce envahir ses terres. Une guerre d'indépendance longue et douloureuse s'ensuivit. Les négociations de paix aboutirent finalement à la signature du traité de Lausanne le 2 4 juillet 1923 et à la proclamation de la République le 29 octobre 1923.

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I II R C S E T

JUIFS

La R é p u b l i q u e de T u r q u i e s'est c o n s t i t u é e sur les d é b r i s d e l ' E m p i r e o t t o m a n . Elle a d o n c hérité du p a t r i m o i n e culturel, h i s t o r i q u e et social de l ' E m p i r e , ainsi que de la question des minorités non m u s u l m a n e s . Bien q u e le r é g i m e r é p u b l i c a i n se soit d é f i n i c o m m e un r é g i m e l a ï q u e r e c o n n a i s s a n t l'égalité d e tous ses c i t o y e n s sans distinction de race ou d e religion, d a n s la pratique, les choses n'étaient pas aussi simples. C o m m e l ' i l l u s t r e n t les articles sur la r e p r é s e n t a t i o n d u j u i f d a n s la littérature populaire turque, la société turque considérait le juif c o m m e un nonm u s u l m a n vivant aux d é p e n s des m u s u l m a n s et en m a r g e d e la société turque, bref c o m m e un dhimmi. Une telle p e r c e p t i o n , qui frisait l ' a n t i s é m i t i s m e , se retrouve à peu de c h o s e s près c h e z les élites t u r q u e s et les r e p r é s e n t a n t s du p o u v o i r politique c o m m e le montrent les r e c h e r c h e s sur «La politique relative a u x m i n o r i t é s sous la R é p u b l i q u e » et « L ' i d é o l o g i e o f f i c i e l l e et les c i t o y e n s non m u s u l m a n s » . A u x y e u x des élites t u r q u e s , a v o c a t e s d ' u n e r é p u b l i q u e l a ï q u e , les c i t o y e n s non m u s u l m a n s étaient en p r e m i e r lieu des n o n - m u s u l m a n s et non des citoyens de confession non m u s u l m a n e , c o n s é q u e n c e logique d ' u n statut de dhimmi et d ' u n s y s t è m e de millet hérité d e l ' E m p i r e o t t o m a n et t o u j o u r s d ' a c t u a l i t é . P a r m i c e s n o n - m u s u l m a n s a u x q u e l s on a v a i t r e c o n n u la citoyenneté par la force des choses, le juif était regardé c o m m e un c o m m e r ç a n t s ' e n r i c h i s s a n t aux d é p e n s des T u r c s , un t h è m e q u ' o n retrouve s o u v e n t d a n s la littérature populaire turque et qui reflète l ' i m a g e que se f o n t du juif la société et les élites turques. C ' e s t d ' a i l l e u r s cette i m a g e du j u i f , m o n n a i e c o u r a n t e d a n s les caricatures des a n n é e s trente et quarante, qui constitue l ' u n des a r g u m e n t s d a n s l ' a p p l i c a t i o n de l ' i m p ô t sur la f o r t u n e a d o p t é par la G r a n d e A s s e m b l é e nationale le 11 n o v e m b r e 1942. D e 1923 à 1945, le pouvoir politique s ' e m p l o y a a v e c f e r m e t é à laïciser la s o c i é t é t u r q u e . C ' e s t p o u r q u o i les p u b l i c a t i o n s i s l a m i s t e s s o n t q u a s i inexistantes durant cette période. Il f a u d r a attendre la fin d e la S e c o n d e G u e r r e m o n d i a l e et l'établissement d ' u n r é g i m e multipartite en 1946 pour que renaisse le m o u v e m e n t i s l a m i s i e et q u e s o i e n t d e n o u v e a u p u b l i é e s d e s r e v u e s i s l a m i s t e s telles q u e Scbilurreçad, l a n c é au d é b u t d u siècle, s u s p e n d u à l ' é p o q u e du parti unique et ayant reparu en 1948. La création de l'État d ' I s r a ë l en 1948 p è s e r a aussi sur les r e l a t i o n s e n t r e T u r c s et j u i f s , d ' u n e p a r t en a f f e c t a n t les relations de la T u r q u i e a v e c les p a y s v o i s i n s et, de l ' a u t r e , en i n f l u e n ç a n t p r o f o n d é m e n t les m i l i e u x n a t i o n a l i s t e s et i s l a m i s t e s et en c o n s t i t u a n t un des p r i n c i p a u x f a c t e u r s du r e n o u v e a u d e l ' a n t i s é m i t i s m e à l ' é p o q u e du multipartisme. Les recherches sur les liens entre, d ' u n côté, le m o u v e m e n t islamiste et, de l ' a u t r e , la c o m m u n a u t é j u i v e et l ' a n t i s é m i t i s m e existant en T u r q u i e d o i v e n t être é v a l u é e s d a n s ce c o n t e x t e d e r e n o u v e a u du m o u v e m e n t i s l a m i s t e en T u r q u i e d o n t les o r i g i n e s r e m o n t e n t à 1946. Un p r e m i e r parti p o l i t i q u e d e t e n d a n c e islamiste est f o n d é en 1947, un d e u x i è m e en 1951, à c h a q u e fois p a r le p u b l i c i s t e a n t i s é m i t e C c v a t R i f a t A t i l h a n a u q u e l est c o n s a c r é e u n e r e c herche. M a i s ces partis seront de courte durée. Il f a u d r a attendre 1970 pour voir réapparaître d a n s l ' a r è n e politique un parti politique islamiste, 1 e Millî Nizam Partisi (Parti de l ' o r d r e national, M N P ) , avec son leader N e c m e t t i n Erbakan.

INTRODUCTION Le M N P et les partis succédant au M N P , qui tentent vainement de restaurer un régime islamiste contrastant avec les principes de la République, présentent tous une conception du non-musulman comme dhimmi, ce qui n'est guère étonnant car ils aspirent à rétablir un régime similaire à celui régissant les différents millet sous l ' E m p i r e . Les islamistes se distinguent des républicains et des kémalistes quant aux critiques émises à l'encontre des minorités et en particulier des juifs. Les républicains et les kémalistes ont toujours reproché aux minorités d ' a v o i r conservé leurs habitudes et leur structure communautaire et de ne pas s'être assimilées, dérogeant ainsi aux principes de la République qui voulait que tous ses citoyens et surtout les nonmusulmans deviennent des Turcs véritables. Lorsque l'assimilation ne s'est pas faite aussi rapidement que le souhaitaient les élites républicaines, on en est venu à reprocher aux juifs de n'être pas devenus des Turcs véritables et de s'être enrichis aux dépens d ' u n e Turquie à laquelle ils ne s'identifiaient pas. Quant aux islamistes, qui se représentaient une société modelée sur l'ancien Empire ottoman, avec des minorités ayant une identité propre, ils ne pouvaient dès lors pas reprocher aux juifs de ne pas s'être assimilés. C'est pourquoi le thème de la non-assimilation de la communauté juive est quasi inexistant chez les islamistes et les nationalistes. Dans notre travail, nous nous attacherons à analyser le statut du citoyen juif face au pouvoir politique, ainsi que celui du mouvement islamiste qui a profondément affecté la Turquie ces vingt dernières années, et à étudier la perception du juif dans la littérature populaire.

I L'IMAGE DU J U I F D A N S LA L I T T É R A T U R E P O P U L A I R E T U R Q U E

a) b) c)

L'Image du juif dans la littéraire nationaliste populaire Stéréotypes du juif dans le folklore turc L'Image du juif dans les recueils d'anecdotes publiés en Turquie

L'IMAGE DU JUIF DANS LA LITTÉRATURE NATIONALISTE POPULAIRE*

La littérature est l'un des vecteurs de propagande auprès des masses populaires. Là où il importe à l'auteur de transmettre au peuple le plus efficacement possible idéologie et opinion politique, les genres littéraires tels que la poésie, le roman ou le récit s'avèrent être les supports les plus appropriés. Si l'objectif premier de l'auteur est de revigorer les sentiments «moraux» et «nationalistes» peut-être quelque peu endormis du «peuple» auquel est destiné le message doctrinal, il arrive souvent que l'on ait cependant affaire à une bonne, voire à une très bonne production littéraire. Dans un milieu où il n'est pas possible de nier, en arrière-fond, le lien affectif qui unit les musulmans à la création de l'État d'Israël en 1948, l'image du juif véhiculée par l'opinion publique nationaliste et la c o m p o s a n t e nationaliste du courant islamiste - un juif somme toute identifié avec Israël comporte toujours, sauf exceptions, un élément antisémite. Le fait que la question israélo-arabe d'abord, puis la question israélo-palestinienne restent irrésolues, ainsi que la poursuite de ces conflits j u s q u ' a u j o u r d ' h u i , ont fortement contribué à alimenter de tels sentiments. Dans le présent texte, on s'attachera d ' u n e part à l'étude de l'image du juif telle qu'elle se donne à voir dans des poèmes et des romans écrits en Turquie. On étudiera d'autre part des poèmes nationalistes qui, pour les uns, illustrent la manière dont les juifs de Turquie se défendent contre ces «attaques» littéraires et, pour les autres, traitent de la fondation de l'État d'Israël. Dans notre analyse de l'influence des évolutions historiques sur la production littéraire, cinq ouvrages tiendront lieu d'illustrations: - A b d u r r a h m a n D i l i p a k , Filistin'de Bir Çocuk |Un enfant en Palestine], Çekirdek Yayinlan, Istanbul, 1983 et Risale Yayinlari, Istanbul, 1990. - Enver Tuncalp, Asalak-Sion [Sion parasite], Ankara, A n Matbaasi, 1969. - Cahit Inceler (ince-eler), Salamon'a Bomba [Bombe sur Salamon], Izmir, Cemal Gumù§ayak Matbaasi, 1949. - Yusuf Yilmaz, Zalim Yahudi [Le juif cruel], Istanbul, Risale Yayinlari, 1991.

*Cet article est la traduction de l'article : "Popiïler Milliyetçi Edebiyatta Yahudi Imgesi" publié dans Birikim no. 81 janvier 1996 pp. 78-83.

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I H R C S

-

M e h m e t Z e r e n . Vahçet,

ET

Filistin

.1 U I F S

Kan Aglarken

| A t r o c i t é , quand la

Palestine verse des larmes d e sang], Hazen Yayinlari, Istanbul, 1991 (3e éd.). Les o u v r a g e s d ' H n v e r T u n c a l p et d e Cahit tneeler sont des recueils de p o è m e s , c e u x d e Y u s u l Yilmaz. et M e h m e t Z e r e n s o n t d e s r o m a n s , celui d ' A b d u r r a h m a n Dilipak relève de la littérature pour enfants. Le livre de Cahit inceler a été publié en 1949, d o n c peu de temps après la création de l'État d ' I s r a ë l . Le d é c l e n c h e m e n t des hostilités j u d é o - a r a b e s , qui a b o u t i r o n t à la c r é a t i o n de l'État d ' I s r a ë l , a r é v e i l l é le n a t i o n a l i s m e j u i f particulièrement fort au sein de la j e u n e génération de la c o m m u n a u t é j u i v e en T u r q u i e et inauguré l'émigration vers l'Etat indépendant d'Israël q u ' o n cherchait alors à construire en Palestine. D e v e n u e massive a v e c la f o n d a t i o n de l'Etat d ' I s r a ë l , cette émigration a c o n s t i t u é la plus i m p o r t a n t e des v a g u e s d ' é m i g r a t i o n de j u i f s d e T u r q u i e en Israël. A u cours d e ces \ a g u e s d ' é m i g r a t i o n , l ' o p i n i o n p u b l i q u e t u r q u e n ' e s t pas r e s t é e i n d i f f é r e n t e : la p r e s s e d e l ' é p o q u e , qui en est le reflet, rend a b o n d a m m e n t c o m p t e d ' u n e réaction contre cette émigration et s ' i n t e r r o g e sur les raisons de ce flux interrompu de départs, ainsi que sur la fidélité des j u i f s à la T u r q u i e ; q u a n t aux p o r t e - p a r o l e et aux r e p r é s e n t a n t s d e la c o m m u n a u t é j u i v e , ils ont, dans des déclarations mêlées d ' e x c u s e s , essayé d e montrer que cet é v é n e m e n t n ' é t a i t pas l ' e x p r e s s i o n d ' u n e attitude sioniste m a i s de d é c i s i o n s individuelles. Q u e s t i o n à l ' o r d r e du j o u r d ' o c t o b r e 1947 à j a n v i e r 1948 1 , ce sujet est d e v e n u b r û l a n t en o c t o b r e 1948, c a r on p a r l a i t d é s o r m a i s d ' u n e f o u l e c o n s i d é r a b l e de j u i f s turcs qui s ' a p p r ê t a i t à é m i g r e r en Israël a v e c un passeport o b t e n u en toute légalité: à en croire certains c h i f f r e s , il se serait agi de vingt mille personnes en une semaine 2 , une f o u l e si considérable q u e la Préfecture d e police d ' I s t a n b u l dut r e n f o r c e r son personnel^. Cette situation a mis au j o u r un d é s a c c o r d e n t r e les j u i f s d é s i r e u x d e rester en T u r q u i e et c e u x s o u h a i t a n t s ' i n s t a l l e r en Israël. S a l a m o n A d a t o , le d é p u t é juif d e l ' é p o q u e , et les notables d e la c o m m u n a u t é j u i v e ont q u a l i f i é c e u x qui v o u l a i e n t é m i g r e r en Israël d ' « a v e n t u r i e r s , de c h ô m e u r s , de v a g a b o n d s » ; une «accusation désobligeante» à laquelle l ' u n des j u i f s du D P qui se préparait à é m i g r e r en Israël a répondu: «Il s e m b l e q u ' A d a t o Efendi ait oublié qu'il s'adressait à nous en disant " m e s a m i s " q u a n d il f a i s a i t la p r o p a g a n d e du parti à K u l e d i b i » 4 . E n raison d e c e t t e é m i g r a t i o n massive, on a prétendu d a n s les j o u r n a u x q u e les j u i f s prenaient

' «Istanbul'daki Yahudiler Filistin'e gitmeye baçladi» |Les juifs d'Istanbul ont commencé à partir pour la Palestine], Her Gün, 6 décembre 1947 / «Tiirkiye Yahudileri iane toplamaya baçladilar» |Les juifs de Turquie ont commencé à ramasser des d o n s | . Her Gün, 9 décembre 1947 / «Tedhiççi Yahudi Tcçkilâti» |Une Organisation juive terroristel, Her Gün, 4 janvier 1948. 2 «Istanbul Yahudileri Filistin'e gidiyor» |Les juifs d'Istanbul partent pour la Palestinel, Her Gün, 19 octobre 1948. ^ «Diinya Yahudileri Filistin'e akiyor» [Les juifs se ruent en Palestinel, Her Giin, 21 octobre 1948 / «istanbul Musevilerinin seyahiit arzulari manidar bir hal aliyor» (L'envie des juifs d'Istanbul de partir en voyage prend une tournure significative!, H^r Gün, 26 octobre 1948. 4 «Istanbul'da yaçayan Museviler iki grupa ayrildi» |Les juifs résidant à Istanbul se sont divisés en deux groupes], Her Gün, 22 octobre 1948.

L'IMAGE

DU

J UIF

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avec eux de l'or et de l'argent, et on est allé jusqu'à avancer que le produit de la loterie, organisée par l'association de bienfaisance juive sans but lucratif, pourrait bien être emporté en Israël 1 . Pour les juifs vivant en Turquie, la fondation de l'État d'Israël a suscité joie et fierté, mais elle a également mis en évidence la nécessité de combattre un antisémitisme très violent qui, au sein de l'opinion publique turque, était alimenté par le mouvement du turquisme, un mouvement qui exaltait la pureté de la race et du sang, et dont le principal porte-parole était Cevat Rifat Atilhan. Dès que la création de l'État d'Israël fut incontestable, les juifs de Turquie ont ouvertement c o m m e n c é à écrire des poèmes magnifiant la fondation d'un État juif indépendant et glorifiant les hommes d'État juifs. Il ne s'agissait nullement là de cas isolés, de tels poèmes furent écrits pendant un certain temps 2 . À titre d'illustration de cette exaltation des leaders juifs, on peut citer le poème d'Îzak §aul, «Theodor Herzl». «THEODOR HERZL! Le premier chef du Premier Congrès juif, Tu t'es éternellement installé dans le cœur des juifs, Tu as montré à cette nation l'objectif qu'il faut se fixer En disant: "Vous êtes en train de construire une patrie en Palestine"» 3 . La lutte contre l'antisémitisme a également fait l'objet de poèmes: «Aux ennemis des j u i f s . . . » se veut une réplique à Cevat Rifat Atilhan, lors d ' u n e dispute engagée avec lui, et attire l'attention par l'emploi d'un style précis et tranchant sans précédent. «Ce n'est ni un péché ni un crime d'être juif, Soyez-en sûrs, ennemis! Le chemin que vous avez pris est jonche de difficultés. Jetez bas ce masque écœurant, L'univers ne vous a pas pardonné, mais Dieu vous pardonnera peut-être. Est-ce une faute si je suis juif? Dis-le, ô Cevat Rifat! Ou serait-ce un droit pour toi de nous opprimer? Mais non, ton idéologie est infirme. Non, le juif aussi est humain, il vivra libre lui aussi,

«Yahudi vatandaçlarin tertip ettigi piyango» [Une loterie organisée par les citoyens juifs], Yeni Sabah, 16 juin 1949 / «Yahudi vatandaçlarin piyangosunda bir nokta» [Un point sur la loterie des citoyens juifsj, Yeni Sabah, J7 juin 1949 / «Tiirkiye'den kaçip giden Yahudilerin durumu» [La situation des juifs qui se sont enfuis de Turquie], Yeni Sabah, 18 juin 1949 / «Yahudi piyangosu geliri nereye harcanacak?» [Où sera dépensé les revenus de la loterie juive], Yeni Sabah, 19 juin 1949 / «Yeni Sabah oniinde piyangocularin gosterisi» [Une démonstration des loteristes devant Yeni Sabah], Yeni Sabah, 20 juin 1949 / «Mâhud piyango hesabi tetkik ettirilmelidir» [Les comptes de la loterie doivent être examinés], Yeni Sabah, 21 juin 1949. Par exemple, dans les numéros de Çalom, entre le 18 mars 1948 et le 6 janvier 1949, une vingtaine de poèmes a été publiée, parmi lesquels Dr. S. R., «Bir Millet Uyamyor» [Une nation se réveille], §alom, 17 juin 1948 / Izak §aul, «Yosef Trumpeldor», Çalom, 8 juillet 1948 / Léon Benbanaste, «Onbe§ Mayis» ILe quinze mai], ¡¡alom, 5 août 1948 / Izak §aul, «Haïm Weizman», §alom, 18 mars 1948. 3 Izak §aul, «Theodor Herzl», Çalom, 5 février 1948.

18

TURCS

ET

JUIFS

Le j o u r viendra où m ê m e ses e n n e m i s c o m p r e n d r o n t la vérité» 1 . A supposer que cette entrée en matière rende c o m p t e de l ' a t m o s p h è r e et des sentiments qui d o m i n a i e n t l ' o p i n i o n p u b l i q u e de l ' c p o q u e , il devient plus facile de c o m p r e n d r e le contenu du p o è m e d e Cahit Inceler et les sentiments qui ont inspiré ce poème. Inceler conçoit ce c o m p o r t e m e n t des j u i f s qui ont r e t r o u v é c o n f i a n c e a v e c la f o n d a t i o n de l'État d'Israël c o m m e un défi et c o m m e le retentissement de l ' h e u r e de la v e n g e a n c e , et il célèbre cc c o m p o r t e m e n t par la b o u c h e d ' u n j u i f ' a v e c un accent propre aux j u i f s . «Vive Ben Gourion, nous s o m m e s sauvés de l ' e s c l a v a g e , L ' h e u r e est venue de tirer notre v e n g e a n c e de tous les Turcs, N o u s irons en Palestine adorer M o s h e , V o u s allez voir ce que nous f e r o n s à ces T u r c s crédules» 2 . Réitérant les phrases classiques du discours nationaliste, i n c e l e r invite les « j u i f s ingrats» à q u i t t e r la T u r q u i e ; il p r o u v e ainsi q u e non s e u l e m e n t l ' h i s t o i r e se répète, m a i s q u e les s l o g a n s n a t i o n a l i s t e s tels q u e « A i m e [la T u r q u i e ] ou quitte-la», qui sont utilisés de nos j o u r s , se répètent aussi: « N e dors pas, m o n compatriote, il y a un serpent en notre sein, Notre patrie est trop petite pour les j u i f s ingrats, T o u t e médaille a son revers, Q u e les poltrons partent, nous allons voir ce q u ' i l s d e v i e n d r o n t . Q u e Rebecca, Lsther, A v r a m , S a l a m o n s ' e n aillent, Q u ' i l s foutent le c a m p et q u ' o n en finisse avec eux, N o u s venons d ' u n e race guerrière qui faisait trembler le m o n d e entier, I.a m e r chante toujours mille é p o p é e s des Dardanelles» 3 . O n rencontre aussi d a n s ce recueil d e p o è m e s l ' i m a g e d u juif p e u r e u x qui est très f r é q u e n t e dans la littérature générale turque, bien q u ' e l l e ne soit pas idéologiquement connotée: « N o u s s o m m e s tous d e v e n u s soldats et a v o n s participé à la guerre, «Le sort nous a obligés à prendre les a r m e s , que v o u l e z - v o u s , Hier, une b o m b e a e x p l o s é et A v r a m a fait dans sa culotte, Et un j e u n e Arabe s'est e m p a r é d ' E s t h e r [femme] d e R c f a e l . . . » 4

' I z a k § a u l , « Y a h u d i d i i j m a n l a r i n a » | A u x e n n e m i s des j u i f s l , §alam, 2 2 j u i l l e t 1948. J e r e m e r c i e M o ç e G r o s m a n d ' a v o i r attiré m o n attention sur c e s d e u x p o è m e s et d e m ' a v o i r p e r m i s d e les étudier. 2 3 4

« B a g r i m i z d a Yilan Var» |ll > a un serpent en notre s e i n | , p. 3. Ibid. « I m d a d a Yel S a l a m o n » | A u secours, S a l a m o n ] , p. 4-5.

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Dans les poèmes d'Inceler, il est également question des procédés auxquels les juifs recoururent pour quitter la Turquie, ainsi que de l'or et de l'argent qu'ils emportèrent avec eux: «Il est impossible d'aller directement en Palestine, Nous avons fait faire des passeports pour l'Italie et la Chine, A force de réfléchir, nous avons recouru à mille ruses, Nous avons créé des organisations secrètes partout dans le monde»'. «Nous sommes m ê m e parvenus à nous évader, juste soixante-treize personnes, Nous avons loué un petit vapeur semblable à une barque, Rafaël et Raçel étaient bourrés de pièces d ' o r à l'intérieur comme à l'extérieur, Nous avons caché des pièces d'or dans les trous les plus secrets» 2 . Que le livre ait été publié en 1949 est significatif, car cette date correspond au nombre d'émigrants de la Turquie vers Israël le plus élevé: 26 306 personnes 3 . Le contenu du livre (la prononciation que l'on prête aux juifs, les noms des personnages) renforce également l'hypothèse selon laquelle l'auteur aurait connu cette époque et aurait été très proche de la communauté juive de Izmir. Le recueil de poèmes d'Enver Tuncalp, Asalak-Siyon [Sion parasite], a été publié en 1969. Au cours des années 1967-1969, la presse nationaliste et islamiste est régulièrement dominée par un large discours antisémite 4 , en raison d'abord de la victoire d'Israël lors de la guerre de 1967, et ensuite de l'incendie de la mosquée Al-Aqsa en août 1969 qui a fortement agité l'opinion publique islamique en Turquie, dans un élan de solidarité. Lire ce recueil de poèmes à la lumière de ces considérations et d'informations sur son auteur rend son contenu et son lien à l'histoire plus évidents. Enver Tuncalp est une personnalité aux sentiments nationalistes et religieux très prononcés. Son poème «Enosis» a été publié dans le journal Yeni Istiklâl du 14 octobre 1962 et ses poèmes «Yahudilere Ôlum» [Mort aux juifs], réédité dans «Sion parasite», et «Le j u i f » ont paru dans le numéro d'avril 1968 de la revue Fedai. Traduit en 1966 devant un tribunal pour avoir fait la propagande du Nurculuk, il est présenté comme un «poète nationaliste et [un] défenseur des valeurs sacrées, connu pour son engagement, à l'échelle

1 j ¡bid. «Kina Yaksin» fQu'il y mette du hennél, p. 8-9. 3 Walter F. Weiker, The Unseen Israelis: The Jews from Turkey in Israel, Lanham, University Press of America, 1988, p. 22. 4 Pour une illustration, cf. la série d'articles de Huseyin Pirlioglu, publiés dans Bugiin entre le 21 janvier et le 9 mai 1968, et qui a ultérieurement donné lieu à un ouvrage de t. H. Pirzade, Turkiye ve Yahudiler [La Turquie et les juifs], Ark Matbaacilik, Istanbul, 1968.

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nationale, contre les communistes, et ennemi de la gauche» 1 . Tuncalp fait partie du comité de rédaction de la revue Fedai, éditée par Kemal Fedai Co§kuner, autre nationaliste fervent 2 . Les poèmes de Tuncalp sont marqués par des idées et des jugements rebattus propres aux islamistes: «Le juif en Turquie te prend tout ce qui t'appartient, se rassasie de ton sang, te creuse les fondements» 3 . Concernant la profession du juif et sa position en Turquie: «Regarde, l'ensemble de la patrie est occupée, qui, importateurs, qui, changeurs, O, fils turc, élimine-les tout de suite, Le plus grand danger, c'est Mi§on le juif» 4 . Après ces «considérations poétiques» sur la position sociale des juifs vient la notion d'«Israél impérialiste», résumée dans la formule «Grand Israël du Nil à l'Euphrate» qu'on rencontre dans les publications islamistes et qui, de nos jours, resurgit dans le slogan «Israël convoite le GAP», du fait qu'Israël figure parmi les participants au projet du G A P (projet de développement agricole de l'Anatolie du sud-est) 3 . «C'est un rêve du Grand Israël; Le juif félon qui convoite l'EUPHRATE aurait envoyé en Anatolie ses hommes d'avunt-garde...» Lorsqu'il affirme que le juif, «en fait, est un serviteur du rouge, du maçon» 6 , Tuncalp reprend à son compte une idée largement répandue dans les publications islamistes, selon laquelle le communisme serait une idéologie juive visant à la souveraineté mondiale, et que les francs-maçons seconderaient les juifs.

' Cf. « E n v e r T u n ç a l p Nurculuk propagandasi ithami ile A n k a r a ' d a m a h k e m e y e v e r i l d i » , 3 6 , n o v e m b r e 1966, p. 2 2 . 2 Cf. Fedaî 4 0 , 5 e a n n é e , vol. 4 . avril 1967, 4 e p a g e d e couverture. 3 « T i i r k i y e ' d e Y a h u d i » | L e j u i f en T u r q u i e | , p. 4. 4

« M i § o n » , p. 6. «Firat'a U o z d i k e n » [Celui qui c o n v o i t e l'Euphrate], p. 7.

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Ibid.

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L'appel lancé par les musulmans à boycotter des lieux de travail des juifs, dont on trouve également des exemples dans l'histoire récente 1 , s'inscrit dans un mouvement plus vaste, ensuite de la guerre de 1967, et auquel participe, à sa manière, Tuncalp lorsqu'il écrit son recueil de poèmes. Citons ici ces vers du poème «Ne leur reconnais pas le droit de vivre»: «La victoire du juif poltron dans le désert, A vrai dire, m'a blessé le cœur». Écrits selon un registre sentimental analogue, les autres poèmes de ce «poète» s'intitulent «Le j o u r palestinien», «Jérusalem», «Le retour à Jérusalem», «Mesjid-i Aqsâ». Deux autres poèmes reflètent les sentiments des musulmans après la guerre arabo-israélienne de 1967, celui d'Ali Fikret «Sina Çôlii'nde dola§anlara» |A ceux qui se baladent dans le désert du Sinaï] 2 et celui de Kemal Fedai Co§kuner «1967 Arap-lsrail Savaçindan Son Durum Uzerine Agitlar» [Élégie sur la dernière situation dans la guerre arabo-israélienne de 1967)3. Quant au poème d'Enver Tuncalp, intitulé «Mezbaha» [L'abattoir], qui commence ainsi: «Les rabbins juifs sont des aghas, des khans dans ton propre abattoir» et qui se termine par: «Tu es indifférent et négligent, Ne sois pas si naïf, Regarde ton abattoir qui est sous occupation juive en Turquie...», il est évident qu'il est inspiré d ' u n sujet extrêmement simple et ordinaire, qui occupait alors le devant de la scène des publications islamistes. Il s'agissait du fait que des rabbins j u i f s se trouvaient dans les abattoirs d'Istanbul et de Kirklareli pour veiller à ce que l'abattage des animaux se fasse selon les règles rituelles du judaïsme 4 .

1 Cf. «musulman!», Bugiin, 1 er avril 1968, p. 7; Ridvan Akar, «Bu bölücü kampanyaya dikkat!» [Attention à cette campagne séparatiste! |, Milliyet, 10 mars 1994. 2 Fikir ve Sanatta Hareket 19 fMouvement dans l'idée et l'art], juillet 1967. ^ Vatanda Gurbet [Ce pays étranger qu'est notre propre patrie], izmir, Fedaî Yayinlari, 1970, p. 66-67. 4 Cf. «Istanbul Mezbahasinda Haham Saltanati» [Le règne des rabbins dans l'abattoir d'Istanbul], Sebil 13, 26 mars 1976, et Zekeriya Beyaz, Tilrkluk kammiz, Islam canimtz [Etre turc, c'est dans notre sang, et l'islam est dans notre âme ], Istanbul, Sancak Yayinlari, 1995, p. 297-298 (1ère éd.: 1977).

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Q u a n d on passe des a n n é e s 1 9 4 7 - 1 9 4 9 et 1 9 6 0 - 1 9 7 0 à n o s j o u r s , on voit q u e l ' i m a g e du j u i f en T u r q u i e va d e pair a v e c la q u e s t i o n i s r a é l o palestinienne. La demande de terres que T h e o d o r Herzl adressa à Abdiilhamid II en vue d e la création d ' u n État j u i f , puis la présence d ' E m m a n u e l C a r a s o d a n s la délégation qui notifia à Abdiilhamid II sa déposition, ont s e m é les p r e m i è r e s graines d ' a n t i s é m i t i s m e 1 . La q u e s t i o n p a l e s t i n i e n n e à l a q u e l l e n e s'intéressaient, d a n s les a n n é e s 1970, que les socialistes et les m a r x i s t e s en est venue, à partir des a n n é e s 1980, à p r é o c c u p e r les islamistes, au point d ' e n v a h i r la q u a s i - t o t a l i t é des p u b l i c a t i o n s i s l a m i s t e s : p r o d u c t i o n d ' i n n o m b r a b l e s articles, livres, représentations, a f f i c h e s et cassettes vidéo, et, plus r é c e m m e n t , fondation de l'Association d ' a m i t i é et de solidarité avec la Palestine 2 . Bnfin, la Palestine, sujet, sensible d a n s l ' o p i n i o n p u b l i q u e i s l a m i q u e , m a i s a u s s i é l é m e n t i n c o n t o u r n a b l e , e s t é g a l e m e n t p r é s e n t e d a n s les p r o d u c t i o n s littéraires. Les l i v r e s d e Y u s u f Y i l m a z , M e h m e t Z e r e n et A b d u r r a h m a n D i l i p a k n ' o n t q u ' u n seul p o i n t c o m m u n : la P a l e s t i n e et l'attitude «impitoyable» d'Israël vis-à-vis de l'insurrection palestinienne (Intifada). Dans le livre de Yusuf Y i l m a z , les j u i f s sont p r é s e n t é s c o m m e «les racistes les plus violents et les n a z i s les plus f a n a t i q u e s du m o n d e » - ' . L e c o m m a n d a n t des j u i f s . 5

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