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Greek/French Pages [363]
NONNOS DE PANOPOLIS LES DIONYSIAQUES
ΤΟΜΕ V
COLLECTION
DES
UNIVERSITÉS
DE
FRANCE
fJMide sow k fJdt^rot de l'ASSOCIAΤΙΟΝ GUIL^UME BUDE
NONNOS DE PANOPOLIS LES DIONYSIAQUES ΤΟΜΕ V
CHANTO ΧΙ-ΧΙΙΙ
TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR
Francis VIAN Professeur honoraire à l’Universilé de Pans Χ
PARIS
LES BELLES LEPRES 1995
Conformément aux statuts de l’Association Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l’approbation de la commission technique, qui a chargé Μ. Bernard Gerlaud d'en faire la révision et d'en surveiller la correction en collaboration avec Μ. Francis Vian.
Toux droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 1995. Société d'édition Les Belles Lettres. 95 bd Ra.spail 7^50 Paris.
ISBN : 2.251.^0047-5 ISSN : 0184-7155
AV ANT-PROPOS
La parution du tome V vient combler une lacune : désormais la série des tomes Ι-ΙΧ des Dionysiaques est complète. Ce retard enfin rattrapé indique assez que le volume a connu des vicissitudes. J. Gutierrez agrégé des lettres, aru:ien élève de l'Ecole Normale Supérieure, s'était charge des chants ΧΙ-ΧΙΙ; il en avait élaboré une traduction et avait réuni de nombreux matériaux pour le commentaire quand il a été attiré par des secteurs de recherche où l'hellénisme n'avait plus de part. Le chant ΧΙΙΙ revenait de droit à Ρ. Chuvîn, Professeur a l'Univer sité de Clermont II, qui l'a étudié en detail dans sa belle thèse intitulée Mythologie et géographie dionysiaques : recherches sur l’œuvre de Nonnos de Panopolis (Cler mont-Ferrand, 1991). Mais, alors que ses autres travaux allaient lui laisser le loisir de se consacrer à ce chant. il a été appelé à desforu:tions extra-universitaires qui l'ont lui aussi obligé d'abandonner son entreprise. J'ai été ainsi amené a prendre en charge successivement les deux parties de ce volume qui se trouve donc être une œuvre collective, bien qu 'il porte le nom d'un seul auteur. J'ai bénéficié des brouillons de J. Gutierrez; j'ai eu constamment sous la main la thèse de Ρ. Chuvin ; j'ai tiré profit aussi des Mémoires de Maîtrise de deux de mes anciens étudiants, Louis Sérange et Annie Toulouse, qui, en 1970, avaient traduit et commenté le chant XIII. J'assume pleinement la responsabilité des partis que j'ai pris dans l'édition, la traduction et l'annotation de ces chants ; ^ais je tiens à dire ma dette vis-à-vis des uns et .
des autres. Je n 'ai garde d'oublier le précieux concours apporté par le rfaiseur, Β. Gerlaud, Professeur de Pre mière Supérieure au Lycée Jeanne d'Arc de Rouen, qui a grandement contribué à la mise au point de la rédac tion finale.
Francis Vian
ÉDITIONS ΕΤ ÉTUDES CITÉES DANS L’APPARAT CRITIQUE 1
anon. Villois. : ^arginalia d'un exemplaire de l'éd. Cunaeus publies par I. d'Ansse de ViUoison, Epistulae Vinarienses (Zurich, 1782). Berkel : édition d'Étienne de Béance par Α. Berkelius (Leyde, 1674, réimpr. 168, 1694). Canter : notes de G. Canter publiées en appendice de l'ed. Falkenburg. C^ubon : marginalia d'I. Casaubon (vers 1^584-1596) sur un exemplaire de l'éd. Falkenburg au Corpus Christi College, Oxford, publiés par Μ. L. West, Class. Quart., η. s. 12, 1962, p. 231-234. Chuvin :* Ρ. Chuvin, Mythologie et géographie dionysia ques : recherches sur l'œuvre de Nonrws de Panopolis (Clermont-Fenand, ADOSA, 1991). Cunaeus : Ρ. Cunaeus, Animaduersiones in Nonni Dion., formant le début du t. 2 (p. 1-174) de l'ed. d'Hanovre. Falkenburg : editio princeps de G. Falkenburg (Anvers, 1569). Falkenburg* : notes critiques en appendice de l'édition précédente. Faure : Ρ. Faure, Bull. Corr. Hell., 86, 1962, p. 55, n. 1. Gerhard : Ε. Gerhard, Lectiones Apollonianae (Leipzig, 1816).
Graefe : édition de D. F. Graefe, t. 1 : ch. ι-χχιν (Leipzig, 1819).
Graefe* : notes de l'édition précédente. Graefe" : préface de l'édition précédente. ed. Hanou. : édition d'Hanovre (1610). 1. On a conserve les signes diacritiques adoptes par R. Keydell dans son édition à la suite d' Α. Ludwich.
ABRÉVIATIONS
χ
Hermann : conjectures de G. Hermann mentionnées dans l’éd. Graefe. Hermann1 : iJ., Orphica (Leipzig, 1805). Hermann3 : id., Opuscula (Leipzig, 1827-1877). Hilberg : I. Hilberg, Das Priru:ip der Silbenwagung und die daraus entspringenden Gesetze der Endsilben in der griech. Poesie (Vienne, 1879). Keydell : édition de R. Keydell, t. 1 : ch. i-xxiv (Berlin, 1959). Keydell3 : id., Byz.-Neugriech. Jahrbb. 6, 1928, p. 19-24 = Kl. Schr., p. 407-412. Keydell4 : id., ibid. 9, 1932, p. 39-44 Kl. Schr., p. 413-418. KeydelP0 : id., Hermes, 79, 1944, p. 13-24 = Kl. Schr., p. 431-442. Keydell" : id., Byz. Zeitschr, 46, 1953, p. 1-17 = Kl. Schr., p. 533-549. Koch* : Η. Α. Koch, Rhein. Mus. 10, 1805, p. 167-194. Koechly : édition d'A. Koechly, t. 1 : ch. i-xxiv (Leipzig, =
1857). Koechly* : préface de l’édition précédente. Koehler : R. Koehler, Ueber die Dionysiaka des Nonnus von Panopolis (Halle, 1803). Lehrs1 : Κ. Lehrs, Quaestiones epicae (Konigsberg, 1807). Lehrs2 : id, Kleine Schriften (Konigsberg, 1802). Lennep : Animaduersiones complétant l'édition de Collouthos, Rapt d'Hélène, par J. Daniel a Lennep (Leuwarden, 1747). Lloyd-Jones : Η. Lloyd-Jones, Class. Rev., n. s. 10, 1801, p. 22-24. Lobeck4 : Ch. Α. Lobeck, Paralipomena grammaticae graecae (Leipzig, 1807). Lubin : édition d'E. Lubin (Hanovre, 1805), rééditée en 1610. Ludwich : édition d'A. Ludwich, t. 1 : ch. i-xxiv (Leipzig, 1909). Ludwichi : id., Beitrdge zur Kritik des Nonnos von Panopolis (Konigsberg, 1873). Ludwich9 : id., Epimetrum Nonnianum Π. Universitâtsprogr. (Konigsberg, 1913), p. 3-8. Marcellus : édition du comte de Marcellus (Paris, 1^tô). Masson : Ο. Masson, Bull. Corr. Hell., 104, 1980, p. 232-235. Moser : édition de G. Η. Moser (Heidelberg, 1^W). Moser* : notes de l’édition précédente. Muller : édition des Geographi graeci minores par C. Muller, t. 2 (Paris, 1801). Ouwaroff : S. Ouwaroff, Nonnos von Panopolis der Dichter.
ÉDITIONS ΕΤ ETUDES CITÉES DANS L'APPARAT
xi
Ein Beitrag zur Geschichte der griechischen Poesie (Saint-Pétersbourg, 1817), réimprimé dans Études de philologie et de critique (Saint-Pétersbourg, 1^843). Peek1 : W. Peek, Lexikon zu den Dionysiaka des Nonnos (Berlin, 1968-1975). Peek2 : id., Kritische und erklirende Beitrage zu den Dionysiaka des Nonnos (Abhandl. d. deutschen Ak. d. Wiss. Berlin, Κ1. f. Sprachen, Lit. u. Kunst, 1^969, .. 1)· Politianus : excepta des Dionysiaques copiés par Ange Politien entre 1481 et 1^484 : cf. Parisinus gr. "^3069, ff. 166ν-16.Ψ (inédit) et Angelo Poliriano, Commento inedito ai Fasti di Ovidio, a cura di F. Lo Monaco (1991) *. Rigler2 : F. Α. Rigler, Meletemata nonniana 11 (Potsdam, 1851). Rigler8 : id., Lexicon nonnianum (demeuré manuscrit). Rhodomann : marginalia de L. Rhodomann sur un exemplai
re de l'éd. Falkenburg, mentionnés par Hermann L Scaliger : notes de J. J. Scaliger publiées en appendice dans l'éd. d'Hanovre, t. 2, p. 203-216. Tiedke2 : Η. Tiedke, Hermes, 13, 1878, p. 59-66. Tiedke3 : id., ibid., p. 266-275. Tiedke’ : id., Rhein. Mus., 33, 1878, p. 530-537. Tiedke7 : id., Hermes, 14, 1879, p. 412-422. Tiedke16 : id., ibid., 58, 1923, p. 305-321. Wakefield1 : G. Wakefield, Silua critica (Cambridge, 1789 ss.). Wernicke : édition de Triphiodore par F. Α. Wernicke (Leipzig, 1819). Zoega 1 : G. Zoega, Li bassirilievi antichi di Ro^a incisi da Tom^maso Piroli Ι (Rome, 1^^).
1. J'étudie ces excerpta dans un article destiné aux Miscellanea di studi in onore di Antonio Garzya, 8 paraître a Naples, chez D^uria en 1997.
OUVRAGES CITÉS ΕΝ ABRÉGÉ
DANS LES NOTICES ΕΤ DA NS LES NOTES
Ρ. C^hantraine, Dictionwire éty^logique de la langue grecque. Pots, Klincksieck, 1^968-1^980. Ρ. Chuvin, Mythologie et géographie dionysiaques. Recher ches sur l'œuvre de Nonnos de Panopolis. ClermontFenand, ADOSA, 1991 (ouvrage mentionné par le sein nom de l'auteur au ch. χιιι). Ρ. Collart, Nonnos de Panopolis. Études sur la composition et le texte des Dionysiaques. Le Caire, Institut francs, 1930. C. Daremberg-E. Saglio, Dlotionnoire des antiquités grecques et romaines (5 vol.) Pots, Hachette, 1877-1919. Th. Duc, Studien zur Kommposition der Dionysiaka des Nonnos von Panopolis. Biicher 1-12. Zurich, diss. dactyl. 1^98 (aimablement communiquee par l'au teur). W. Fauth, Eidos poikilan. Zur The^atik der Metamorphose und zum Prinzip der Wandlung aus dem Gegensatz in den. Dionyslaud des Nonnos von Panopolis, Gottingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1981 (Hypomnemata, 66). D. Gigli Piccardi, Metafora e poetica in Nonno di Panopoli. Fire^, Université degli studi, 1^fô (Studi e testi, 7). Λ Greek-English Lex con, compiled by Η. G. Liddell & R. Scott, revised by Η. Stuart Jones, with Supplément. Oxford, Clarendon Press, 1^968 [abrégé LSJ]. Ε. Heitsch, Die griechischen Dichterfragmente der romischen Kaiserzeit. ^ttingen, Vandenhoeck & Ruprecht. Band Ι : 2. Auflage, 1963. Band II : 1964. Ν. Hopki^wn (éd.), Studies in the Dionysiaca of Nonnus. Cambridge Philological Society, 1^994 (Suppl. vol. n° 17). G. d’Ippolïto, Studi Nonnlani. L ’epillio nelle Dionisiache. Palermo, presse 1' Accademia, 1^& .
XIV
ABRÉVIATIONS
R. Keydell, Nonni Panopolitani Dionysiaca (2 vol.). Berlin, Weidmann, 1959. R. Keydell, Kleine Schriften zur hellenistischen und spatgrie· chischen Dichtung (1911-1976), zusammengestellt von W. Peek. Leipzig, Zentralantiquariat, 1982. Lexicon iconographicum mythologiae classicae. Zürich/München, Artemis Verlap;, 1981 ss. Ε. Livrea, Nonno di Panopoli. Parafrasi del Vangelo di S. Giovanni Canto XVIII. Napoli, D’Auria, 1989. Η. Lloyd-Jones & Ρ. Parsons, Supplementum hellenisticum. Berlin/New York, 1983. Miscellanea di studi alessandrini in memoria di Augusto Rostagni. Torino, Bottega d’Erasmo, 1^963 Nonnos. Dionysiaca. Translated by W. D. Rouse; mythologi· cal introduction and notes by Η. J. Rose (3 vol.). Cambridge, Mass./London, 1940 (coll. Loeb). L. Robert, Villes d'Asie Mineure (2e éd.). Paris, De Boccard, 1962. W. Η. Roscher, Ausführliches Lexikon der griechischen und rômischen Mytho logie. Leipzig, Teubner, 1^^1937 [abrégé Myth. Lex.J. V. Stegemann, Astrologie und Universalgeschichte. Studien zur Interpretationen zu den Dionysiaka des Nonnos von Panopolis. Leipzig/Berlin, Teubner, 1930 (Stoicheia, 9). Η. White, Studies in late Greek epic poetry. Amsterdam, Gieben, 1987. G. Wissowa, d. (edd.), Paulys Real-encyclopiidie der classischen Altertumswissenschaft. Stut^tgart/München, 1^^ 1^980 [abrégé Real-Enc.].
Selon la règle adoptée des le tome Ι, les Notes placées a la fin de l’ouvrage sont numérotées d’après les vers du texte et annoncées dans la traduction par un astérisque.
SIGLA
L L1
Laurentianus 32, 16 (1280).
U ... L5
recentiorum uirorum coniecturae (uide t. LXIV).
libiOTÎ ipsius correcturae.
I,
p. lxii·
Codices recentiores qui nonnunquam respiciuntur. Ρ
F V
Palatinus Heidelbergensis gr. 85 (s. χνι), ex L descriptus. Vindobonenses phil. gr. 45 et 54 (circa 1^550), ex Ρ descripti. Vindobonensis phil. gr. 52 (1561) ex Ρ descriptus.
CHANT ΧΙ Έν3έχιχτον 3i 36wJC χ«ι ΐμερ/ιε^β νοήσεις Άμπελον άνδροφόνω πεφορτ,μένον &ρπι:ιγι ταύρω.
NOTICE
Le chant ΧΙ s'insère aussi élroiteinent qiic I e prmulenl dans l’unité narrative que constiliient les ch. IX-XII. Ampelos commence par s'abandonner a la joie que lui cause sa victoire a la course; puis il affronte Dionysos a la nage dans une troisième épreuve. Du point de vue du récit, les Jeux constituent un tout depuis 10. 322 jusqu'à 11. 55. De même, l’épisode des Saisons déchiffrant les tables d’Harmonie s'étend de 11, a 12, 117, commençant et finissant a la diérèse bucolique. Comme d'autres, ce chant donne l'impression d'ètre une juxtaposition de morceaux autonomes. Α. Scheindler, suivi par Ρ. Collart et R. Keydell, a considéré que l'épisode îles Saisons était une insertion postérieure 1 Ρ. Collart. de son côté, voit dans l'histoire de Calamos et de Carpos (11, 369 481) un · ep isode surajouté » 2. D'au très morceaux plus brefs pounaient aussi être retranches sans inconvénient. Ces observations ont leur intérêt. Elles révèlent que Nonnos, comme la plupart des écrivains, n'écrit pas d'un seul jet. S'il retouche, semble-t-il, assez peu, il insère volontiers des morceaux dans la trame initiale. Est -ce a dire qu'il ne nous a laissé qu’un brouillon informe? ·
1. Α. Scheindler, Wien. Sud 2, 1880, p. 35-37; cf. Ρ. Collart, Nonnos, p. 107; R. Keydell, Ant. Class., 1, 1932, p. 180-181 (= K/. &hr., p. 492-493); J. Diggle, Euripides Phaethon (1970), p. 184-185. Contra, Μ. String, Untersuchungen zum Stil der Dionysiaka des Nonnos von Ρ. (diss. Hambourg, 1^ft), p. ^^M; Ρ. Krafft, dans Studien zur Literatur der Spatantike (1975), p. 135-137. 2. Ρ. Col^rt, ο. c., p. 105-107; cf R. Keydell, l. c., p. 180.
4
CHANT ΧΙ
Certainement
non.
11
suffit
pour s'en
convaincre
de
regarder le début et la fin du chant. Le chant commence,
comme trois autres, par λΰτο 3' άγών, a l'imitation du ch. XXIV de VIliade 1. Le vers final répète presque entièrement le v. 487; il clot donc la description des quatre Saisons, selon un procédé familier a la poésie. Le ch. ΧΙΙ s'ouvre sur un ως αΐ μεν ..., début de chant attesté sept ou huit fois dans l'ensemble du poeme 1 2. 11 est donc évident que les divisions actuelles des chants ont été
voulues par le poète et que c'est a dessein qu'il a distribué sur deux chants la prétendue intercalation des Saisons.
^ ^*v daSSewc : *
Comme a la fin du ch. Χ, les deux adolescents se livrent a d'aimables jeux ou se manifeste un innocent érotisme.
L'essentiel
du morceau est constitué par un discours de Dionysos long de trente-sept vers 3. Le dieu commence par
inviter son ami a une troisième épreuve et lui promet une double couronne de feuillage en cas de victoire 4 ; mais, dès le v. 17, l'invitation se change en compliment galant :
Ampélos est tour a tour assimilé aux trois fleuves métallifères chers a Nonnos : le Pactole (où se situe l'action), l'Éridan et le Geudis 5.
Ces longs compliments ont dû être débités sur le rivage ; mais; quand Dionysos se tait, fl est déjà en train de nager
vigoureusement (v. 43 πεφόρητο) et Ampélos s'empresse
1. Cf. la note à 3, 1 (t. 2, p. 133). 2. Voir les ch. II, Χ, XII, ΧΧΧ, XXXI, XXXV(?), XXXVII, XLIII.
3. C'est le troisième discours ού Dionysos déclare son amour pour Ampélos : cf. 10, 196-216 (21 vers), ^292-320 (29 vers). Le premier est adresse a Ampélos ; le second a Zeus. 4. D'autres poetes, moins prudes quand il s'agit d'amour homo sexuel, auraient parlé plutôt d'un baiser. 5. Le composition ne manque pas d'habileté. Le thème central est répeté trois fois : le Pactole ne convient qu'à Ampélos (v. 17-21, 26 31, 40-42). Entre ces leitmotive s'insèrent deux développements : α) le Pactole embellira Ampélos et réciproquement (ν. 22-25); b) rêve impossible de baigner Ampélos d^u les eaux de l'Êridan et du Geudis (v. 32-39).
NOTICE
5
de le rejoindre. La cou^ proprement dite n 'occupe que onze vers. 11 n'y a pas lieu de supposer une grande lacune apres le v. 54 pour donner à cette épreuve une longueur équivalente à celle des deux précédent es (53 et 48 vers) 1· La course est jouée d'avance. Nonnos ne s'intéresse qu'aux subterfuges employés par Dionysos pour contempler amoureusement le corps de son compagnon 12. Prili^i^..Ampélos a remporté une triple .ι. 1σ morrt d’A.m^fa , victoire avec la complicité de Diov. S6-1U. nysos. Grisé par son succès, il va
succomber à U démesure. L'insense (άφρων : v. 95) se comportera avec arrogance (γαύρος : v. 57) et témérité (θρασύς : v. 81, 113, 167, 185). 11 s'aventure seul dans la foret (v. 56) et ose imiter Dionysos en empruntant son costume et en chevauchant des fauves (v. 60-70). Sans plus se soucier des couronnes de feu^ile promises par son ^ni aux v. 15-16, il se ceint lui-même de ces se^sents entrelacés dont les Saisons avaient paré Dionysos ιί se naissence (9, 13-15). Ce comportement n'est pas secrilège en lui-même, car il est celui de tous les compagnons de Dionysos, Silènes, Satyres et BaccLantes. Mais Nonnos qualifie la nébride d'Ampelos de « vêtement d'emprunt » (v. 61 νόθην έσθήτα) : il laisse donc entendre que le jeune Satyre n'a pas encore été admis dans le cercle des « initiés ·, des Bacchante. Dionysos se contente de lui faire d'affectueux reproches. C'est d'abord l'amoureux délaissé qui parle, peiné de voir son ^ni couru la forêt sur des fauves loin de lui (v. 74-77). Il le met ensuite en garde contre les taureaux (v. 7^8-80). Ce pressentiment doit avoir une origine à la fois naturelle et
1. Hypothèse de Koechly retenue par Keydell. Voir la note au v. 54. 2. La scène est étroitement reliée a l'action ; on peut douter qu'elle s'inspire d'hydromimes contemporains, de meme que les jeux entre Calamos et Carpos (v. ^^^l). L'hypothese est plus plausible pour les jeux des Satyres en 10, 148-170 : cf. t. 4, p. 70-71, et G. d'Ippolito, Atene e Ro^a, 7, 1^962 p. 1-14.
6
CHANT ΧΙ
surnaturelle. Dans le domaine de Rhea ne vivent que les fauves énumérés ici (ours, lion, tigre, panthère) 1 : le taureau y est une bête apparemment inconnue et donc dangereuse. Mais on ne peut guère douter que Dionysos a aussi une prescience divine de l'avenir. Le récit du prodige qui suit (v. 83-98) le confirme. Dionysos n'a pas de peine a découvrir la signification de la mort du faon tué par un serpent cornu; mais il comprend aussi que la mort d'Ampélos annonce la naissance de la vigne, ce qui ne ressort pas du prodige lui-même. Ce passage met en évidence l'ambiguïté de l'attitude de Dionysos en face d'Ampélos. En apparence, c'est son affection qui, par ses excès imprudents, fait tourner h tête a son ami. Mais, sur le plan « théologique », il agit de propos délibéré pour que le destin s'accomplisse. À cet égard, le prodige se laisse parfaitement déchiffrer. Le 8ράχων... κεραστής, image du futur taureau meurtrier, s'identifie a Dionysos-taureau, le dieu cornu (ταυροφυη Διόνυσον... κεράστην) ceint lui-même de serpents cornus (9, 14-15). À mots couverts, Nonnos suggère qu'Ampélos, simple double de Dionysos, a pour meurtrier Dionysos luimême. Après l'avertissement du prodige, la vie reprend son cours normal, ce que soulignent fortement έμ^ς, ήΟάδος et êtl (v. 99-101). Ce développement de quatorze vers (v. 99-112) déconcerte 2. 11 est occupé dans sa plus grande partie par un topos déjà utilisé en 10, 230-234, où il est 8 sa place : l'amant admire jusqu'aux défauts de l'être aimé (v. 103-112) 3. R. Keydell considère ces vers comme un morceau erratique 4. 11 peut avoir raison ; mais les v. 99-
1. Cf. 9, 169-199, où se trouve mentionne aussi le lynx. 2. Β. Gerlaud en rapproche un autre pacage qui a egalement suscite les critiques de R. Keydell : en 16, 245b-249, Dionysos ne semble tenir aucun compte des conseils de la Ν ymphe Melienne ; cf. t.
6, p. 96. 3. Sur ce lieu commun, cf. t. 4, p. 96, n. 1. 4. R. Keydell, Anl. C/ass., 1, 1932, p. 180, η. 10 ( = Kl. Schr.,
p. 496).
NOTICE
7
102 ne se situent pas non plus dans le droit fil de la nanation. Dionysos vient d’éprouver une douleur mêlée de joie a l'annonce de la mort prochaine d’Ampélos. On ne s'attend pas a lire ensuite : « Néanmoins, il avait encore plaisir a voir Ampélos, car un amant ne se lasse jamais de voir son bien-aimé ·, autre topos qu Όη retrouve en 42, 180-181. En fait, c'est le morceau entier qui forme un tout autonome bâti sur des lieux communs. 11 n'est pas pour autant étranger au développement. Dionysos avait invité son ami a rester en sa compagnie, a la chasse comme dans les banquets (v. 75-77). C'est précisément ce qui se produit aux v. 99-112. La part faite aux banquets peut sembler disproportionnée ; mais les compliments excessifs décernés par Dionysos aux v. 111-112 sont bien a leur place et rappellent son comportement au cours des jeux. Incons ciemment ou non, Dionysos fait une fois de plus perdre le sens de la mesure a Ampélos. Até peut intervenir. Le récit de la mort d'Ampélos a a La ^mort d'Amp8lo8 : peu prés la meme longueur que l'en v. 113-m. semble des deux developpements précédents 1. Elle est provoquée par Até, l'Eneur,
dépêchée par Héra (v. 117). Cette allégorie n'apparaît qu'ici dans le poème; elle se confond avec Apaté, la Tromperie, autre instrument d'Héra qui abuse Sémélé avec des arguments similaires en 8, 199-266. Toutes deux, par une cruelle ironie, contribuent en définitive a l'accom plissement des destins qu'Héra veut empêcher. Le discours d'Até est habilement construit 2. Dans les douze premiers vers (v. 118-129), Eneur démontre a Ampélos que son amant l'honore moins que ses autres compagnons : le morceau est rythmé par un refrain a variante (ποιον . .. γέρας ελλαχες; cf. v. 119, 123, 128) ainsi que par les deux μάτην placés au début et a la fin (v. 118, 129). Aux v. 130-139, Até poursuit en montrant qu’ApolΙ. La fin des Jeux et les Préliminaires comptent H2 vers ( + un vers perdu apres le v. 82) ; la mort d’Ampélos occupe 111 vers. 2. 11 est long de 36 vers, comme le discours précédent de Dionysos.
8
CHANT ΧΙ
lon et Zeus savent mieux honorer leurs favoris (Atymnios, Abaris; Ganymède). Apres ces syncriseis (21 vers), elle
adresse a Ampélos une mise en garde et un conseil (16 vers) : elle l’invite a se méfier des chevaux (v. 139
146 = 8 vers) et a préférer un taureau (v. 147-154 = 8 vers). Comme précédemment, elle tire argument d’exem ples mythologiques : Glaucos, Beilérophon, Europé.
Le drame se produit dès son départ. Un taureau survient soudain et, comme l’annonçaient les derniers mots d’Até, Ampélos se comporte avec lui a la façon d’Europé (v. 155 184 = 30 vers). Nonnos retrouve pour modèle l’Europe de
Moschos dont il s’était inspiré plus fidèlement au ch. Ι 1. Ampélos, une fois de plus emporté par la démesure,· raille la Lune qui se venge en lançant un taon sur la bête (v. 185
193 = 9 vers) 1 2. Victime du taureau en furie, le Satyreau succombe après avoir adressé a sa monture une longue et vaine supplication (v. 194-223 = 30 vers). Tout cet épisode est bien équilibré formellement (30 + 9 + 30) ; mais il se situe dans un cadre irréel. Até avait montré a Ampélos un troupeau de bœufs et l’avait invité a la suivre dans cette direction (v. 147-149). En réalité, elle disparaît dès la fin de son discours et le taureau se présente
de lui-meme. Le rencontre a lieu au bord d'une rivière dont on comprend bientôt qu’il s’agit du Pactole (v. 159
181) ; mais, aussitôt après, il faut supposer que l’action se dérouie dans la haute montagne, puisque l’animal, devenu
furieux, dévale d’une cime (v. 193 κατέτρεχεν) comme lorsqu’il s’approchait du Satyre au v. 156 (κατέδριχμε). Ampélos s'adresse a la Lune, bien que l’action ait apparemment lieu pendant le jour 3.
Le Lune lance un taon
1. Voir les notes au ch. I, v. 47-78, 92, 110-117, 132, 343-347. Pour notre p^^^e, voir les notes aux v. 147-149, 153-154, 160, 154, 168, 175-178, 180, 215. Sur Nonnos et Moschos, cf. maintenant Μ. Whitby, dans Ν. Hopkinson (éd.), Studies, p. 99-155. 2. La scène rappelle vaguement les railleries de la Lune a l’adresse de Médée partant en exil (Apoll. Rh., 4, ^^ft). 3. La taureau est altéré (ν. 157), ce qui situe l’action aux environs de l’heure fatidique de midi : cf. la note ad loc.
NOTICE
9
qui demeure symbolique, puisque Ampélos n'y fait aucune allusion. Le ^aiheureux Satyre est « décapité · (άχάρηνος) d'un coup de come (v. ^22), ce qui est déjà étrange 1; mais Dionysos découvrira le « ^tau » cadavre d'un adolescent « qui semble encore vivant · (ν. 231). Enfin, bien que la scène se passe en un lieu désert, un hasard providentiel veut que le corps soit aussitôt découvert par un Satyre (v. 224-225). Ce catalogue montre à l'évidence que la n^ration se soucie peu des contingences matérielles et de notre logique. 11 convient de s'en souvenir dans les où l'on peut être tenté de toucher au texte ou de soupçonner des remaniements 12. Le thème de l'homme victime d'un furieux est bien attesté 3, celui de la bete affolée par un taon aussi 45. Ν onnos a pu se souvenir de la tradition rare selon laquelle Zeus avait lancé un taon contre Pégase pour désarçonner le trop présomptueux Bellérophon s; c'est du moins ce que suggère l'allusion à la chute de Bellérophon qu'on trouve aux v. 144-146. Le prière d'Ampélos est bâtie sur un plan ries simple : v. 197-201 : ne me tue pas; v. 202-^208 : tue-moi du moins au milieu des Satyres ;
1. On a tente de corriger le texte : cf. la note ad ^. 2. Voir ici même (p. 6-7) la discussion au sujet des v. 103-112. 3. 11 s’agit en general d’un châtiment divin, par exemple pour Glaucos (voir la note au v. 143) ou pour Acteon. Comparer la mort de Chariclès tue par le cheval que son ^^mt Clinias lui avait offert : Ach. Tat., 1, 12-14. L’animal, effraye par un bruit, prend pour (οΐατρηθεις τω φόβω — Nonnos, 11, 192 ο(ατρω), il se précipite dans la forêt, projette son cavalier contre un arbre, puis le piétine. Apres sa mort, Clinias se lamente et se reproche entre autres d’avoir paré d’or le meurtrier de son ami : έκόσμησά σου τΟν φονέα χρυσω; cf. Nonnos, 11, 179, 184. G. d’Ippolito, Stadi Nonn., p. 139, doute néanmoins que Nonnos s'inspire du romancier. 4. On pense évidemment d’abord a la légende d’Iô. 5. Sur la chute de Bellérophon, cf. la note a 28, 166-167. L’intervention du taon est attestes par Aselépiade de Tragilos, 12 F 13 Jac.; sehol. à Pind., Ol., 13, 130 c Drachmann; schol. à Lycophron, 17 (p. 16, 26 sa. Schesr).
10 ν. 209-211 : v. 212-213 :
CHANT
ΧΙ
ou va annoncer ma mort a Dionysos; ultimes reproches 1·
Ce sont les seules paroles que prononce le Satyreau dans le poème. 11 y exprime son affection pour Dionysos. On y notera le thème du pAtAonos (v. 201) : Ampélos feint de croire que le taureau est jaloux de Dionysos 12. Ce^rtains passages aux v. 202-208 rappellent la prière d'Hector suppliant Achille de rendre son cadavre aux siens (Χ 342^343). Les deux derniers vers peuvent surprendre par leurs sous-entendus « théologiques ». Le taureau est considéré comme l'animal de Déméter et Ampélos invoque les liens qui unissent celle-ci a Dionysos pour mettre en garde l'animal contre le crime qu'il va commettre. Il laisse ainsi présager que le taureau est appelé a devenir la victime sacrifiée en l'honneur du dieu du vin. Le thème reparaîtra bientôt.
Ce développement a une lon gueur qui η' excède guère celle des deux parties précédentes : 127 vers contre environ 112 vers. 11 évoque d'abord sous une forme narrative le deuil de Dionysos qu'un Satyre a averti de l'accident survenu a son ami. Le dieu accourt avec plus de précipitation encore qu'Héraclès a la nouvelle de la disparition d'Hylas (v. 224-231) 3; puis il procède a la toilette du mort (v. 232-252). Le schéma de la scène est homérique : le défunt est habillé, puis recouvert d'un linceul (ένδυμα et έπίβλημα); les assistants déposent une boucle de cheveux sur sa dépouille et lancent les lamentations rituelles. Mais d'auLe deuil de Dfon^^w : v. 2Z4^-3SD.
1. Ampélos adresse une prière au taureau; au contraire, Actéon, au moment de sa mort, se lamente sur son sort sans supplier ses chiens
(5, 337-365). 2. Même thème aux v. 228 (Hylas), 255 (jalousie du destin), 4.27 (jalousie des Vents dans l’épisode de Calamos). Le thème du phthonos est fréquent dans les épigrammes funéraires : cf. Α.·Μ. Vérilhac, ΙΙΛΙΔΕΣ AUPOl, t. 2 (1982), §§ 92. 94. 95. 3. Le Satyre qui prévient Dionysos joue le rôle de Polyphémos dans la légende d'Hylas selon Apoll. Rh., 1, 1240-1241, 1255-1260.
NOTICE
11
très details transfo^ent la signification de la cérémonie. D'une part, des fleurs sont placées sur le cadavre (ν. 2:-15237), hommage du aux άωροι. 1 qui souligne la parenté d'Ampélos avec Adonis et congénères. D'autre part et surtout, Ampélos reçoit des mains memes de Dionysns le vêtement mystique : la nébride, les cothurnes, le thyr!W et sa propre tunique Après sa triple victoire, Ampélos s 'était indûment paré du costume bacchique 2; maintenant, il devient, après la mort, un véritable Bacchant et s'identifie a Dionysos 3. La mention de l'ambroisie prend un relief tout parti culier. Chez Homère, les dieux l'utilisent a plusieurs reprises pour sauvegarder le corps d'Hector avant qu'il ne soit rendu 8 Priam 45. Chez Nonnos, l'ambroisie, don de Rhéa, est versée sur la blessure d' Ampélos, alors que ('t'Inici est déjà recouvert de son suaire (v. 241-252). Cet illogisme a sa raison d'être « théologique » : l'ambroisie signifie tout 8 la fois que le mort paraît ressusciter s et que le raisin auquel il donnera naissance aura le parfum de l'ambroisie (v. 242-243). 11 n'est peut-être pas indifférent que ces vers se situent exactement au milieu du chant. si on fait abstraction du développement final sur les Saisons (v. 485-521). Α la partie narrative succèdent deux longues lamenta tions de Dionysos au style direct qui s 'ciicliainent I' une 8 l'autre 6. Toutes deux sont des variations sur le schéma .
1. L.a fleur symbolique par excellence est l'éphémère am-monr : cf. v. 237, et la note aux v. 232-239. 2. V. ; cf. ci-dessus, p. 5. 3. Une épitaphe funéraire (Rome, n* s. ap. J .-C.) identifie le jeune défunt a Dionysos: cf. Vérilhac, ο. c., t. 1 (1978), n° 196; t. 2 (1982), § 140. Rapprocher une histoire contée par Apuli-e. Met.. 8. 5 et 7 : un jeune époux est tué traîtrt'u!Iement au coure d’une chasse; il reçoit apres sa mort le nom de Liber, appellation latine de Dionysos. 4. Cf. la note aux v. 239-241. 5. V. 244-252. l. développement oppose la beauté vivante du cadavre aux déplorations funèbres rappelées incidemment au milieu du développement (v. 248-249). 6. Elles comptent respectivement 58 et 36 vers.
CHANT ΧΙ
12
rhétorique bien connu Τ(να λόγον εϊποι &ν ό δείνα ... ; mais elles different par leur construction et leur tonalité. La première se caractérise par la rigueur et l'habileté de la composition : Α 1. Quelle jalousie m'a privé d'Ampelos (ν. 255-
16 vers
257)? Όλβιος... Φοίβος : Apollon conserve en sou venir de son bien-aimé un nom et une fleur
(ν. 258-263). Α 2. 'Αλλά : quant a moi, je tuerai le to^ureau
meurtrier (ν. 264-270). Β 1. Όλβιος Έννοσίγαιος : Poséidon a conduit son bien-aimé dans l'Olympe, puis il lui a donné une épouse (v. 271-275), alors qu'Ampélos est mort avant de se mmarier (v. 276 279). Β 2. Non! Meme mort, Ampélos vit encore (v. ^280287·). C 1. Ώμοι 'Ερώτων : reproches a Ampelos (v. 257b-
D.
300). Ούχέτι (ter) : Ampélos n'est plus (v. 301-
17 vers
13 vers 12 vers
303).
C 2. Ώμοι... Άίδης : reproches a l'inexorable Hadés (v. 3()4.312).
Le discours se compose clairement de deux couples de développements. Dans le premier, Dionysos passe par deux fois du regret ala consolation : il envie Apollon (Α l) et Poseidon (Β 1); puis se console ala pensée qu'il vengera Ampélos (Α 2) et que celui-ci est encore vivant (Β 2) *. La deuxième couple réunit deux morceaux antithétiques : vains regrets sur le passé adressés a Ampélos (C 1); rançons offertes en vain 8 Hadès (C 2) 12.
1. R. Keydell, Ant. Class., 1, 1932, p. 180 ( = Kl. Schr., p. 492), atbétise les v. 2^270 qui interrompraient la comparaison entre Dionysos et d'autres dieux et ruineraient ainsi l'effet produit par l'anaphore ό'δλβιος. L'examen d'ensemble de la composition du discoure montre que ces arguments sont dénues de valeur. 2. On notera aussi que le triple ούχέτι des v. 801-^B réplique à cinq Ιτι (ou synonymes) qui ponctuent les v. ^28).287.
NOTICE
13
La composition des secondes plaintes est plus lâche.
Dionysos demande d'abord a son père de rendre un moment la parole a Ampélos et il rapporte au style direct ce que pourrait être ce dernier adieu. Ce développement se conclut sur un regret et sur un souhait : Dionysos regrette de n'avoir pas eu un pere mortel, ccar il aurait pu suivre son ^m dans l'outre-tombe ; il souhaite pouvoir porter comme Apollon le nom de son bien-aimé (v. 315-
^330
=
16 vers). Suit un aimable moment de rêverie amou
reuse : Dionysos feint de croire a une fâcherie de son bienaimé dans un passage où le sort d'Ampélos est assimilé à celui d'Hylas (v. 331-336 = 6 vers) 1· Enfin, sans transi tion, Dionysos clame sa volonté d'exterminer la race de l'animal meurtrier, qu'il s'agisse d'un lion, d'une panthère, d'un ^glier ou d'un taureau (v. 337-350 = 14 vers). Ce discours contient quelques rappels du premier 1 2; ^als il s'en distingue par sa liberté de construction et la
place qu’il fait au pathétique : Dionysos voudrait pouvoir mourir; oublieux de la r^ealité, il s'imagine en amant délaissé. La morceau le plus remarquable est le discours prêté a l'âme d'Ampélos. 11 évoque celui que l'ombre de
Patrocle adresse à Achille (Ψ 69-92) ; mais il se situe dans un tout autre registre. Patrocle presse son aami de veiller a
1. Dam les discours de Dionysos, comme dans tout le chant, de frequentes allusions aux légendes d’Hyakinthoe et d’Hylas illustrent le sort d’Ampélos (puis celui de Carpos). On retrouve cette triade dansns une élégie qu’un papyrus du ii‘ s. ap. J .-C. nous a restituée récemment. Le poète mentionne successivement les amours garçon· nières d'Apollon (Hyakinthos), de Dionysos et d’Héracles (Hylas); ίΙ veut ^sana doute montrer que dieux et héros abandonnent parfois leur mission par amour pour un jeune garçon. Le nom de l'éromène de Dionysos fait problème : il s’agit peut..etre d’un dénommé Indos (ou d’un « garçon indien ·) en compagnie duquel, semble-t-il, Dionysos se plait à dansor, parmi les Bacchantes « mystiques » dans la région du Tmôlos (τμώλοιό rs πέζιχν) et sur le Cithéron. Cf. Ρ. J. Parsons, Ρ. 0%y., 54 (1987), n° 3723. 2. Désir de porter le nom du bien-aimé : 258-261 — 3^^W ; désir de tuer l’animal meurtrier : ^54270 — 337-^W ; ώμοι : ^54~ 325; réries d’hypotheseses introduites par· ai : ^289, ^296~ 337, ^340, 341, ^346, 349.
14
CHANT ΧΙ
ses funérailles et lui indique les dispositions a prendre pour leur future sépulture commune : tout le discours est hanté par l'obsession de la mort et de l'outre-tombe. Ampélos refuse au contraire les manifestations de deuil,
les morts et les vivants n'ont aucun moyen de communiquer entre eux. L'affirmation est désolante *, mais seulement en apparence : déclarer que le mort est
totalement étranger au monde des vivants aboutit à nier la légitimité du deuil. Ampélos mort convie Dionysos à nier la mort et a retrouver la joie. La même philosophie se dégage de l' « oraison funèbre » de Maron après la méta
morphose de Silène en 19, 303-^345 2. Elle est ici d'autant mieux a sa place qu'Ampélos est destiné à ressusciter sous une autre apparence. La juxtaposition de deux lamentations a fait supposer
divers remaniements. Selon Ρ. Collait, Nonnos aurait contaminé maladroitement deux récits de la mort d'Ampé los : dans l'un, il était tué par un fauve; dans l'autre, par un taureau. Les v. 56-77 et 337-350 seraient les vestiges de la première version 3. En fait le premier passage signifie
seulement qu'Ampélos imite Dionysos 4; il n'implique pas qu'il sera un jour victime des fauves qu'il a domestiqués. C'est le taureau qui est constamment présenté comme le
meurtrier d'Ampélos/vigne; à ce titre, il sera la victime expiatoire naturelle dans la viticulture (v. 264-270, 349 350; cf. v. 91-93, et surtout 12, 229-231), de même qu'il sera contraint de peiner pour irriguer les vignes (v. 164 166) et que sa corne servira de premier vase a boire le vin (12, ^360-362). Le taureau est aussi indissolublement lié à Dionysos-taureau qu'a Démeter (v. 212-213). On aimerait même penser que Nonnos n'a pas inventé de toutes pièces
Ι. Le thème est connu des épitaphes : la mort est une fin définitive et les lamentations sont inutiles. Cf. R. Lettimore, Themes in Greek and Latin Epitaphs (1942), p. 74 ss., 217-220 (textes où le mort dit lui-meme aux vivants qu'il est vain de le pleurer); cf. aussi Vérilhac, ο. c., t. 2, § 107. 2. Cf. t. 7, p. 111. 3. Ρ. Collart, Nonnos, p. 100-107. 4. Cf. ci-dessus, p. 5-6.
NOTICE
15
son récit de la mort d 'Ampelos : le taureau a pu être i^mmolé à l'oc^casion des vendanges et la fable d'Ampélos serait alors un aition de cette coutume 1· Ρ. Collart a neanmoins eu le mérite d'attirer l'atten tion sur les difficulté que soulèvent les v. 337-^350. Dio nysos parle comme s'il ignorait quelle bête a tué Ampe los, alors qu'il accusait le seul taureau aux v. 264-270, confo^ément a ses pressentiments antérieurs (ν. 80, 64 98). R. Keydell a justifié le pas^sage en alléguant que Dionysos est censé ignorer les circonstances du drame ; mais, dans le même temps, il athétise les v. 264-270, en rusant la composition du premier discours 12. G. d'Ippolito note une autre anomalie : Dionysos avait appris qu'Ampélos donnerait naissance a la vigne dès les v. 96 98; dès lors, les deux lamentations du dieu perdent leur raison d'être, de même que la prédiction d'Atropos en 12, 142 ss. qui fait double emploi avec le prodige du ch. ΧΙ. Le savant italien conclut que toute cette partie du poème a été défigurée par des additions et des remaniements 3. Plutôt que d'accumuler les hypothèses, mieux vaut tenter de comprendre ces indiscutables incohérences en gardant en mémoire que Ν onnos se soucie peu de la logique 4. Nul n'ajusqu'ici mis en question les v. 331-336 : on ne manquerait pourtant pas d'arguments pour les athétiser eux aussi. Un μέγα σήμα a appris à Dionysos que la vigne naîtra d' Ampélos ; mais il est constant que les prophéties et les
1. Cf. R. Eisler, OrpAiscA-dionysûcAen Mysteriengedanken in der christlichen Antike (1^ΰ), p. 279-^280. Mais les témoignages explici tes font défaut. 2. R. Keydell, Ant. Class., 1, 1932, p. 179-180; cf. ci-dessus, p. 12, n. 1. 3. G. d’Ippolito, Studi Nonn., p. 136-139. Le prodige des v. 83-98 serait « une ^maladroite insertion postérieure de Nonnos »· En revan che, lOrdre des deux lamentations aurait été interverti après Nonnos : « J'incline 8 considérer que le passage a été gâté par la tradition plutôt qu'abandonné par Nonnos dans un état incomplet ». On voit mal comment ce savant imagine d'une façon concrète ces remaniements. 4.. Cf. ci-desus, p. 9.
16
CHANT ΧΙ
prodiges ne modifient jamais le cours du destin : ils n'ont
d’intérêt que pour le lecteur 1· 11 est donc normal que Dionysos s’abandonne au π^θος (v. 96) en raison de son affection pour Ampélos (ν. 83 φιλοστόργω Διονόσω) avant de se réjouir plus tard au moment où se produira la
métamorphose. 11 est tout aussi naturel que la prédiction, vague et voilée, des v. 83 ss. soit, le moment venu, suivie de la grande scène cosmique qu’exige l’importance de
l’événement pour l’humanité — la nais^ce de la vigne. Qu’Hélios, les Saisons et les Destinées soient mobilises pour la circonstance est « theologiquement » attendu.
La contradiction entre les v.
^264-270
et
337-^350 est
a la
fois mineure et plus choquante. Mais elle figure dans deux discours qui relèvent de la rhétorique et celle-ci a pour coutume de s’octroyer bien des libertés. L’énumération emphatique des quatre betes dont Dionysos rat prêt a aneantir l’espèce pour venger Ampélos a une valeur totalisante et ne doit pas être prise au pied de la lettre 12. , , . ^ ι:ο^^^η rf’E,.,. remâ^ d'^mur
C’est
^Eros lui-même qui console
Dionysos sous les traits de Silène, (v. JS1-168). un travestissement d’autant plus naturel que Silène sait 8 1’ occasion philosopher sur la vie, 8 l'imitation de Socrate 3.
1. songes apparus à Dionysos chez Staphylos ne modifient pas son comportement ultérieur et ne lui évitent pas sa défaite devant Lycurgue. 2. Elle comporte d'ailleurs un amusant illogisme : Dionysos se dit prêt a exterminer les lions, les sangliers et les taureaux ; mais, si la panthère est coupable, il se contentera de changer de monture ! Th. Duc, Studien z. Komp. d. Dion., p. 71, note avec raison que les deux plaintes de Dionysos font place à l'ironie, en particulier aux v. 335-3336 et dans le passage litigieux. 3. Cf. schol. a Aristoph., Nuées, ^223 (citant Pind., fr. 157 SnellMaehler); Plut., Cons. ά Apollonios, 21, 115 b-e (citant Aristote, Eudeme, fr. 44 Rose), et la note de J. Hani, C.U.F., p. 291-292. Socrate est comparé aux Silènes et aux Satyres drns un du sage fameux du Banquet de Platon (221 d-e). Les m^uiques dio nysiaques connaissent un Silène philosophe et pédagogue : Ρ. Cani· vet-J.-P. Darmon, Monuments Piot, 70, 1^29, p. 20-21 ; J. Balty,
N OTIC E
17
Dionysos enviait Apollon d'avoir su trouver un φάρμαχον (v. 260) apres la mort d'Hyakinthos. Éros/Silène lui en propose un : remplacer un amour défunt par un nouvel amour; un exemple mythologique (v. ^^-^5) et une image tirée du jardinage (v. ^36^368) illustrent ce pré cepte. Le thème de 1'ερωτος φάρμακον est bien attesté depuis Callimaque et Théocrite 1 ; Nonnos s'y réfère a plusieurs reprises 2· Le conseil de guérir un chagrin d'amour par un nouvel amour se trouve dans les Remèdes d'amour d'Ovide. J. F. Schulze a supposé que Nonnos s'inspire dans notre passage directement du poète latin 3; mais il est difficile de tirer une conclusion assurée à partir d'un rapprochement qui se limite à trois vers. Le précepte est banal en lui-meme 4 et il s'accompagne d'un autre lieu commun absent chez Ovide, le temps impuissant à triompher de l'amour s· Mél. d'Arch. et d’Hist. Ec. fr. de Rome (Antiquité), 103, 1991.
p. 24-26. 1. Callim ., Épigr. 46, 4 (cf. Cl. Meillier, Calliimaque et son temps [1979], p. 157-158); Théocr., ll, 1 et 17; 14, 52; 23, 24. Textes plus récents réunis par Α. S. F. Gow, Theocritus ( 1952), t. 2, p. ^209 (note a 11. 1). 2. 4, 146, 171 ; 6. 364; 12. 117-118; 16, 328; 34. 72-73 ; 42. 196; 48. 160-161. 476, 492-493. 3. J. F. Schulze, Wissensch. Zeitschr. Halle, 34, 1^03, fasc. 6, p. 78-82. Cf. Ovide, Rem. Am., ^&-^fô (a propos d'Agamemnon qui se console grâce a Briséis de la perte de Chryseis) et hanc habuit solacia rmagna prioris | et posita est cura cura repuisa noua. | Ergo adsume nouas auctore Agamemnone flammas. Schulze rapproche notamment prioris... noua et παλαιοτέροιο... νέος, ainsi que le jeu des répétitions cura cura et έρωτος έρως, πόθος πόθον.
4. On le retrouve dans un contexte différent (fem me volage) dans Ach. Tat., 6, 17, 4 παλαιόν γαρ έρωτα μαραίνει νέος έρως. 5. 11 faut ajouter que la plupart des passages où Nonnos parle des • remèdes d'amour » (cf. supra, n. 2) se réfèrent explicitement a \'ldylle ΧΖ de Théocrite. — Schulze, l. c., évoque dans sa bibliogra phie le débat sur Nonnos imitateur d'Ovide. 11 me classe parmi ceux qui nient l'influence du poète latin en alléguant mes Recherches sur les Posthomerica ού je traite ... de Quintus de Sniyrne. 11 ne peut être question d'opposer un clan a un autre. Le problème dépend, a mon avis, de la chronologie et des auteurs concernés ; je me permets de renvoyer au point de ν ue nuancé que j'ai exprimé au sujet de Nonnos au t. 1, p. xlvi-xlvii (en supprimant la dernière phrase de la note 5 de
18
CHANT ΧΙ
La pertinence du développement sur les remèdes d'amour n'apparaît pas au premier abord : Dionysos ne va pas connaître un nouvel amour, du moins dans l'immé diat ; en outre, l'histoire de Calamos et de Carpos qui occupe le reste du discours n'a aucun rapport avec les préceptes qui l'introduisent en dépit du v. ^369. Les v. ^484^485a montrent d'ailleurs qu'elle n'apporte aucun réconfort immédiat, malgré ce que prétendent les v. 355 et 482-^483. À moins de recourir à l'athétèse, solution de facilité 1, force est d'admettre que ces apparents hiatus s'expliquent par la technique épique de Ν onnos qui procède par juxtaposition, compose une mosaique et laisse au lecteur le soin de decouvrir la cohérence interne de l'ensemble. Dans le cas présent, on la découvre 88ns peine. L'histoire de Calamos et de Carpos est bien destinée à consoler, de meme que, dans l'Hymne V de Callimaque, Athéna, prise de pitié (v. 95), réconforte la mère de Tirésias en lui racontant les malheurs d'Actéon 2. La sort des deux ado lescents annonce évidemment la métamorphose d' Ampé los. Dionysos trouvera ainsi le φάρμακου promis par Éros : ce ne sera pas le « nouveau jouvenceau » annoncé au v. 357, mais la plante née d'Ampélos lui-meme. En 16, 328, Pan, désespéré de ne pouvoir assouvir son propre amour, le proclamera, dans un contexte, il est vrai, diffé rent : Dionysos « a trouvé le remède a l'amour, 88 propre plante » 3.
la p. xlvii). La question des imitations éventuelles d'Ovide ppar Ν onnos doit être examinée cas par cas. Pour notre passage, le doasier établi par J. F. Schulze est trop mince pour autoriser une réponse positive. J'observe que Α. Hollis, dans Ν. Hopkinson (éd.), Studies, p. 44, η. 16, fait preuve de la même prudence. 1. Sur l'argument grammatical que Keydell a cru pouvoir tirer de l'absence de sujet exprimé au v. ^484, voir la note ad loc. 2. Cf. Th. Duc, Studien, p. 73. 3. Pan veut dire ici que le vin est le phar^kon grâce auquel Dionysos a pu conquérir Nicaia.
NOTICE .
. ..
r^^. .. étendit la vendange qu 'il y déversait en amoncelant le raisin au milieu du fond de piene ; < ... > au sein de la cuve, U disposa les couches compactes de grappes onduleuses en les étalant de façon uniforme. Et, quand, telles des gerbes sur l'aire, il eut réuni toute la vendange au creux de la piene et rempli la cuve a ras bords, il se mit à fouler le raisin de ses pieds en bondissant en cadence *. Et les Satyres, agitant dans les airs leur folle chevelure, imitaient en tout point Dionysos, leur maître : ils nouaient sur l'épaule la peau tachetée du faon, entonnaient a l'unisson les accents d'une chanson bacchique 12 et, de leurs pieds bondissants, foulaient dans leur ronde la vendange en chantant l'évohé. Du sein de la cuve pleine de grappes, .
1. Είλικόεντος (cf. encore v. 347) signifie sans doute que la grappe est « onduleuse », « flexible · plutôt qu' « allongée en spirale » (Collart). La meme formule désigne les « grappes bouclées · d'une chevelure en 10, 182. 2. La chant des Satyres préfigure l'air du pressoir, μέλος ίπιλήνιον, normalement joué à la flûte, qui rythme le foulage des grappes dans la vie quotidienne; cf. Athénee, 5, 199α (procession dionysiaque organisée par Ptolémée Philadelphe).
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ΔΙΟΝΥΣΙΑΚΩΝ IB
^^αίης ^δήστ παλαίτερο ^^^τα ’Ρβίης. Καί σκοπέλους έλάχηντ, trc^^m^a+έος Μ ^^^ρου δήγαλτη γλωχΐνι μυχόν κοιλήνατο πέτρης * λειήνας δί: μέτ^α βσβυ^ψ^^ κινεώ^νων τύφ^κ έ^νταφύλοιο τύπον ποιήσατο ληνού, ντ^οβηλέας ό&ίι. θύ^ρσν, 335 ^^ρυας τεύχων όψιγ^ιοιο τύπον γσμ.^+ώνυχοι &^της. Καί Σατό^ον χορός ήιν ^^σταλος ' ών ό ^ιών αύτών λ^ός ίην τρυγ^όων, ό δί: βότρυας âyytï κοίλφ ^^νυτο τεμνομόνους, ό δί: σύμπλοκα φύλλα δσ^ων 340 χλωρά φιλΜρήτων άπεσιίσατο λύματα καρπόν * άλλοι &τερ 8ύροοιο καί εότόκτσιο σιδήρου δέξιτερήν άλάαίδηρον έπ’ όνρομ^^ τιταίνων βότρυος είλικ^^τος άπέάλ^^ άκρο κορύμ^υ, όκλάζων έπίκυρτον, ές ^πελον όμμα τιταί^νων. Κσι γλαφυ^ κΜώνι χυτήν εστ^^^ άλώρην 345 όγκώσας σταφυλησι μεσ^^^Αα νώτα χαράλρης
330
< . .......................................... ...... ................................................................................................ ...............................................................................................
)
βότρυας είλικ^^τας έπ^^υτέ^ιος βέτο κόλπφ έκτ^αδόν Μα καί Μα · καί ώς βημώνας άλωής πλήσας κόλπον άπαντα συτήγαγε κοι.λάδι πέτ^, 330 κσι στα+υλήν έπάτηστ π^^όν βητάρ^ονι παλμφ. Καί Σάτυροι σείοντες ές ήέρο 8uitôa χαίτην, ^^φυές μίμημα διδ^κόμινοι Διονύσου, στικτά περιοφίγ&αντες έπωμίδι δέρματα ^£^όν, ^κχείης άλάλαζον όμογλ^^ιου μέλος ήχούς, 35 ποσσί πολυσκά^^ιο^ περι.θλ^^^ες όπώρην, εΰιον όνίδοντες. Έρ^αφύλοιο δί: κόλπου ^332 χοιλήνατο [λ e ν] L || ^334 τάφρον Cunaeus : άφρόν L || ^336 τεύχων ι:ι : χεό- L || ^339 δαίζων L4P2 : δαίξων LP || 341 εύτόκτοιο L : εύθήκτοιο Falkenburg* || ^:u3 άπέχλασεν Scaliger : χατέχλ- L | ^34 ίπι χυρτον L || ^346 post. u. lac. stat. Graefe* || 347 έπασσυτέρους L2 : -ρω L | χόλπω [ω p.c.) L 11 ^350 παλμώ LP : ταρσώ L5 |1 351 θυιάδαι : t prima mmanu ut uid. L 1| όμογλώσσου P,c : -ώσου LPpc (sic) || ^356 άείδοντες Falkenburg* : άείοντες L.
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le vin débordait et rougissait les rochers ; la vendange, écrasée par le mouvement alterné des pieds, faisait mousser une écume blanche sur la rouge liqueur. Et ils puisaient le breuvage dans des cornes (kerâasin) de bœufs au lieu des coupes qui n'existaient pas encore; c'est de la que vient le nom divin donné plus tard au vin qu'on verse (kerannyménoi) *. Et voici que l'un, dégorgeant le breuvage ensorceleur de Bacchos, se mit a faire la pirouette en exécutant sur ses jambes de bondissantes virevoltes tour a tour sur le pied droit, puis sur le pied gauche : ses lippes velues ruisse laient du breuvage de Bacchos 1 · Cet autre bondit en l'air sous l'aiguillon lancinant de l'ivresse, dès qu'il entendit la peau de bœuf mupr terriblement sous les coups. Celui-ci, qui avait avalé a flots, sans retenue, le vin guérisseur de tout mal, avait sa barbe noire rougie par la boisson vermeille. L'un levait un regard vacillant vers le haut d'un arbre et lorgnait une Ν ymphe sans bandeau qui se montrait a demi, tout près de lui; et il allait grimper jusqu'au sommet des feuillages dans la forêt montagneuse en s'aidant des ongles crochus de son pied mal assuré, si Dionysos ne l'avait retenu. Près d'une source, cet autre, l'esprit excité par l'ivresse, bondissait dans son égarement a la poursuite d'une jeune Naïade des eaux dévêtue et il aurait saisi la nageuse de son bras velu si elle ne l'avait prévenu en plongeant au fond du courant *. Dionysos est le seul buveur de vin a qui Rhéa a donné l'améthyste qui préserve des fatales fureurs de l'ivresse *. La foule des Satyres cornus, - entraînés d'un pied joyeux dans les ébats de la danse, se livra a la fête. L'un d'eux, le
1. Le premier Satyre exécute une danse en tourbillonnant tantôt sur le pied gauche tantôt sur le pied droit; les expressions sont presque identiques en 19, 198-199, quand Marôn commence sa pantomime : cf. les notes ad loc. et a 18, 137 (t. 7, p. 141 et 173). Le second Satyre au contraire va bondir en l'air. deux mouvements sont combines en 18, 140-141 (danse de Staphylos ivre).
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ώ,ννον όν^λύζ^^ος έποΡ+ύ^ροντο χ^^ώρόι * ατε^^ένη δέ π^^^ην όμο^αίο^ν ό^ώρη λευκόν έρευβαλτής όνετήκι.εν ci +^έν έέ^ρσης. Καί ^δέοις όρύ^^ο κερ^^ιν άντί κυπέλλων μή πω ^ινομ^ένων, ^δθιν ^^ερόν έξέτι κείνου Ιέσκελον ο^^^α τούτο κερόννυ^ένψ πελεν οίνν. Καί τις όν^^ύζων φ^^^^λγεοι ί^^όδΔ ^όνχου κΔμπύλον ί^ος εκαμ+ε π^^έν έλικ^δέϊ παλμφ, δέξιόν έκ λαιοΐο μετήλυδα. τα^ρσόν όμείζων, καί λ^ίας έδίηνι γ^ιάά.δα.ς ίκμόδι Βάκχου. Άλλος άνεσκίρρτησε, μ^^ς δέ^^ημένος οίατ^, φρικτόν όρ^^ομ^^ς όίων μύ^μα ^κίης. Καί τις άκε^ιπόναιο πιών ^ρόον άαχχετον οίνου κυανέην ^^^^ι ποτφ πόρ+u^w ύ1Ι'ήνην. •Αλλος ίίνω τανύων σ+Δλερήν έπί ^^δρόν όν^τήν ήμ^ανή σκοπίαζεν όνάμπυκα γείτονα Νύμ^ν * καί νύ κεν ύφιπέτηλον όρει^δές είς φυτόν ϋλης είρπεν όλ^^ροΐο π^οδός γΔμφώνυχι τα^^, εί μή μιν Διόνυσος έρήτυεν* Άμφί δέ ^γάς άλλος ^ε^ηνόοιο μ^^ς έτερόφρονι παλμφ ύδρηλήν έδίωκεν όνείμονα Νηίδα. κούρην ' καί νύ κε νιχομένην λΔσ'ι ""ιχ^^ όγ^^φ, εί μή μιν φ^ψ^η βυθ'ι κεκάλυπτο ^έβρι* Μούνφ δ' οίνοποτήρι Διωνύύσι πόρε ’Ρείη λυσσαλτής όμέβυατον όλεξήτειραν όνάγκης* Πολλοί δ* εύκε^^Μ Σατύρων φιλοπαίγμονι Ta^pcrc; είς χορόν οόντρη^^τες έκώμ.Δσαν* Ών ό μέν αύτών
357 οίνον Rigler* : οίνου L 11 ^358 σταδομένη Graefe* : στεινο- L 11 359 άνεχήχιεν Falkenburg* : -χίχιεν L 11 ^360 χεράασιν [σ e σσ] L 11 χαμηλόν L : &στοιτον Keydell11 Peek2 11 post 370 transpos. Koechly 11 369 άσχετον L : άσπετον Castiglioni2 11 370 χυανέην [τιν ex ης ?] L 11 372 fol. 52* L 11 ήμιφανή Graefe : -νής L 11 377 Νηίδκ Graefe : vnàSa L 11 ^— 8' οίνοποτηρι LSV : 8έ ΐνο- LP οίνο- F.
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cœur enflamme par ce dard nouveau qui le portait aux amours, prit de son bras velu une Bacchante par la taille. Un autre, tourmente par l'aiguillon de l'ivresse qui égare les sens, saisit la chaste ceinture d'une jouvencelle igno rante de l'hymen ; il lui arracha ses voiles pour soumettre a Cypris la vierge indocile et, d'une main folle de désir (?), effleura ses cuisses roses. Celui-ci, malgré sa résistance, attira vers lui une jeune myste qui allumait pour Dionysos la torche des danses nocturnes 1, tandis qu'un autre, avançant des doigts précautionneux vers sa poitrine, pressait les généreux contours de sa gorge ferme ·. Et, après la fête célébrant sa douce vendange, Dionysos, exultant de joie, regagna l'antre de la déesse de Cybèles en tenant des rameaux chargés de grappes dans sa main amie du pampre en fleur ; et il enseigna à la Méonie ses rites qui ignorent le sommeil ·. 1. La naissance et la découverte de la vigne ont eu lieu pendant le jour; mais c'est seulement a la fin du développement que Nonnos introduit d'une façon incidente une précision chronologique aux v. 391 et 397.
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βερμον «χων νέον ο^ιρον ύπο φ^^α, πομπόν C^otw, 385
""ιχεϊ λαχνή^τι μεαην ήγκ^^το ^κχην.
"0, δί ν^^λάγκτοΜΟ μ^ς δί^δονη^μίνος ^τρώ πα^όνι^ς άγά^μοιο σαό+ρονος ήφατο μίτρης · αίκρύων δ' έπί Κύπριν άπειδίος εψατα νύιι+ης, χειρί t όν^^^^ιι t ^&ων έπαφήσατο μηρών. 390
Καί τις άναι^^^^ν άνεσεί^^η p^mfo κού^ν λαμπά.δα νυκτιχόρευτον άναπτ^^^ν Aw^^ *
δί δί περί στερνοις πεφ^ημίνα δόκτυλα βάλλων ο^αλίην Ηλιψ^ άκαμπεος αντυγα μαζοΰ. Καί γλυκείς Διόνυσος έης μετά κώμον όνώρης
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δύσατο κυδιόων Κυζεληίδος άντρώ βεοίνης,
κλήματα ^Ηρυόεντα φιλάει χειρί τιταί^νων, Μαιονίην τ' Ιδίδαξ^ έην άγρυ^^ν έορτήν.
βάκχην (ν s.l. add. uid.] L : -χη Ρ || ^Μ IXU έρύω'Ι L 11 8' post έρύων habet L. del. Ludwich 11 ^389 locus corruptus : όπισθοδότω L 8' όπισθοβόλω Ludwich 8' όπισθοπόρω Vian ποθοβλητω Tiedke5 11 έπαφήσατο [ήσιχ in ras.] L 11 ^2 πεφιδημένα L : -φιλη- Marcellus 11 397 τ' L : 8’ Graefe.
CHANT ΧΙΙΙ Έν τρισκαιδεκάτω στρατιήν αριθμόν ένίψω καί προμάχους ηρωας άγειρομένους Διονύσω.
NOTICE
Comme il était éerit sur les tablettes d'Harmonie, la vigne vient ’ ’ d' apparat tre sur l a terre et D ionysos a inventé le vin. Séance tenante, Zeus dépêche Iris chez Rhéa pour donner ses ordres a son fils. Le « dessein de Zeus * (v. 18 Διος. .. βουλήν) ne sera complètement accom pli qu 'a la fin du ch. XL V III : au:;si est -il naturel que le ch. ΧΙΙΙ, placé au début du deuxième quart du poème, comporte un prologue et une invocation aux Muses, au meme titre que les ch. Ι et XXV qui ouvrent les deux tomes des Dionysiaques. Zeus expose son dessein a Iris (v. 1-7). Après une brève « scène de visite * (ν. 8-18), celle-ci délivre son message a Dionysos (v. 19-34), puis regagne l'Olympe. Nonnos, qui va bientôt solli ci ter l'aide d'Homère, « havre parfait de toute belle poésie * (ν. 51), se démarque avec humour de son maître en ce début de chant. De la scène typique de la visite, il ne retient qu'un motif : la visiteuse est invitée a se restaurer avant de prendre la parole. Encore ce motif est-il trai té d'une façon humoristique : Iris se voit offrir du vin pour la première fois et c'est « possédée par Bacchos » (βακχευΟεΐσα) que, la tête lourde, elle expose le dessein de Zeus (ν. 14-18). Le reste du rituel homéri q ue 1 est rc mplacé par un céré monial Le deaaeni de Zeu· :
Ν.Β. En raison de la multiplicité des renvois, l'ouvrage de Ρ. Chuvin, Mythologie el géographie dionysiaques, est désigné au
XIII par le seul nom de l'auteur. 1. Le visiteur arrive ail palais ; le maître de œans l'accueille en se
ch.
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CHANT XIII
qui évoque plutôt celui des cours impériales a l’époque de Nonnos : Iris se prosterne en silence devant Rhéa, lui baise les pieds et Rhéa, hiératiquement immobile, donne des ordres a ses serviteurs par d’impérieux signes de tête (v. 8 13) ». Chez Homère, le messager répète littéralement le mes sage dont il est chargé. Nonnos préfère varier l’expres sion 2 : il rapporte les instructions de Zeus au style indirect et le discours d’Iris au style direct. En outre, il faut combiner les morceaux, voire les corriger l'un ppar l'autre, pour avoir une vue d'ensemble du dessein de Zeus et disposer ainsi, a condition de rétablir l’ordre chronologi que, d’un sommaire relativement précis des événements qui occupent la suite du poeme. 1. Les Indiens sont dénoncés comme un peuple qui ignore la justice et pratique la démesure (v. 3 δίκης αδίδαχτον, ύπερφιάλων), ce qu'Iris transcrit par εύσεβίης &.δίδιχκτον (v. 20). Justice et piété se confondent donc : les Indiens, qui refusent d'adorer les Olympiens, se compor tent par la-même en criminels 3. C'est bien une croisade que Zeus demande a Dionysos de conduire contre des infidèles. 2. La première mission qu'il lui assigne est de « bouter hors d'Asie les Indiens avec son thyrse vengeur » (v. 4). L'expression est a prendre au sens strict : ’Ασίς désigne levant ; il le prend par la main pour le conduire dans h grand-salle et le fait asseoir. Cf. W. Arend, Die typischen Scenen bei Homer (1933), p. 28-53. 1. Au ch. ΧΧΧΙ, la scène de yisite d’Héra chez Persephone est purement et simplement supprimez (ν. 30-31). 2. Cf. t. 8, p. 55, n. 2. Au ch. XXXI, Nonnos reste plus proche d'Homère : Iris-Nyx reprend en partie les termes du message dont Héra l'a chargée (ν. 114-115 — ν. 154, 155) ; Héra répétera à son tour les memes formules en s'adressant à Aphrodite (ν. 272, 274). 3. Au ch. ΧΧΧΙ. le « dessein d'Héra », opposé a celui de Zeus, assimile aussi la justice et la piété. Pour obtenir l'alliance de l'Êrinys Mégère, Héra accuse Zeus d'avoir · un cœur inique · (ν. 88 &θεσμον .. . νόον) et d'exterminer « les Indiens qui pratiquent la piété (εύσεβίη .. . μεμηλότοις), que Thémis a sans doute nourris de son soin » (ν. 93-94). Le terme d\ùoc6i1J n'est attesté que dans ezs deux pesages.
NOTICE
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chez Nonnos exclusivement l'Asie Mineure (cf 17, 18), meme quand le terme s'oppose a Εύρώ^ (13, 41 — 43, 449). Elle vise donc b première campagne au cours de laquelle Dionysos « libérera » la partie de l'Asie Mineure occupée par les Indiens (ch. XIV-XVII) ’· 3. Les v. S-6* et 20 se réfèrent 8 l'expedition en Inde proprement dite. Son dénouement est annoncé avec quel que liberté. S'il est exact que Dionysos a « exterminé » successivement les armées d'Astraeis (et d'Orontès) en Asie Mineure (17, 353-356), puis celles de Thoureus sur la rive occidentale de l'Hydaspe (23, 116), la guene s'achève par une soumission des Indiens (40, 234-^^236) et non par leur anéantissement malgré ce que suggère άιστώσαι (v. 20). D'autre part, Dionysos ne tue pas Dériade au cours de la bataille navale du ch. XXXIX, mais dans l'engage ment tenestre consécutif 12· En dé pit de ces inexact itudes, les deux passages font clairement allusion au dénouement de la guene. On notera que Nonnos a jugé nécessaire de mentionner la bataille navale dans ce résumé, bien que celle-ci se présente pour nous comme une péri pétie secondaire, voire inutile 3. 4. Le premier morceau s'achève sur une allusion à la mission civilisatrice du dieu (v. 6b-7) qui enseignera a l'univers entier (έθνεα πάντα) les rites de son culte et la culture de la vigne. Tel sera son but constant dès le début de son expédition (14, 286-287) et plus particulièrement au cours de ses perégrinations dans les ch. XL-XLVIII. 5. Le dernier élément du message de Zeus n'apparaît que dans le discours d'iris où il occupe quatorze vers 1. Les analystes considèrent cette partie comme une addition : R. Keydell, Hermes, 62, 1927, p. 393-402 ( = Kl. Schr., p. 443-452) ; id., Ant. Class., 1, 1932, p. 183-184 ( = Kl. Schr., p. 495-496); Ρ. Collart, Nonnos, p. 119-121, 124-127. Le v. 4, correctement interprété, dément à lui seul cette thèse. 2. En fait, les deux batailles sont étroitement associées : cf. 40, 3-5. 11 n'est d'ailleurs pas nécessaire de donner une valeur temporelle a ναύμαχον (ν. 5). 3. Mais on ne doit pas oublier que le ch. ΧΧΧΙΧ nous est parvenu a l’état de brouillon. Nonnos se proposait peut-être de lui donner plus d'ampleur.
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CHANT XIII
(v. 21-34). Pour accéder au ciel, Dionysos doit accomplir un exploit comme l'ont fait d'autres fils de Zeus, Hermès et Apollon, et Zeus lui-même. Le développement est banal dans les Dionysiaques 1 : il annonce évidemment l'apo théose finale (48, 974-978). Après ce sommaire, l'action s'engage. Dionysos ne répond pas plus a Iris qu 'il ne répondra aux exhortations ou aux semonces de Staphylos (18, 216-305), d'Éris (20, 44-98) ou d'Athéna (30, 258-292)2· C'est Rhéa en personne qui prend les choses en main en faisant porter par Pyrrhichos l'ordre de mobilisation générale à travers le monde (v. 35-38). 11 eût été sans doute malséant qu'une déesse aussi considérable s'adressât directement aux mor tels, alors qu'elle rassemblera elle-meme les « phalanges divines » en 14, 1-14. Le choix du Corybante Pynhichos se justifie sans peine. L'eunuque Attis eût été déplacé dans ces préliminaires guerriers, alors que les Corybantes pratiquent la danse en armes, la pynhique, image et préambule de la bataille. Or ceux-ci sont les parèdres de Rhéa en Lydie : ils accueillent Iris au v. 14; la demeure de la déesse est qualifiée de Κορυβαντίς en 14, 247, de meme que les Muses qui sont invoquées avant le Catalogue (13, 46) 3· Cette localisation
] . Ρ. Collart, Nonnos, p. 56-58, rapproche 20, 44-98. Selon son habitude, Nonnos pratique la variatio. Apollon triomphe de Delphyné en 13, 28, mais des Aloades Otos et Ephialtes en 20, 63-64, 80 81. Hermès tue Argos en 13, 25-27, comme en 20, 65-56, 83-85 ; mais le rh. ΧΙΙΙ lui attribue aussi le mérite d’avoir libéré Ares enchaîné par les Aloades (v. 27b). Les deux développements mentionnent la Titanomachie ; mais le premier fait état du triomphe de Zeus (13, 20 32) et le second des exploits d’Athéna et d'Ares (20, 58-61). Le cil. ΧΙΙΙ passe Artémis sous silence au contraire du ch. ΧΧ (ν. 63-77, 82-83 : Tityos et Orion). Les allusions aux πόνοι nécessaires pour parvenir dans l’OIympe sont plus vagues en 13, 23, 58; la référence au • mont de la Vertu » hésiodique ne figure qu'en 20, 94-96 (cf. t. 8, p. 5, et la note ad /oc., p. 156). 2. Π répondra en revanche aux reproches de Rliéa transmis par Attis (25, 340-350). 3. Κορυ6αντί3ει:; ... Μοΰσαι signifie « Muses qui habitez le pays îles Conliantes * (iri la Lydie); comparer 41, 11 Λιόανηίδεε... Μοϋσαι. et
Νοτιεε
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lydienne est concurrencée par d’autrf"s * ; mais on nf" sau rait en conclure que le texte a subi des remaniement s 2. L’épisode s’achève avec le voyage de Pyrrhichos a travers le monde (v. 39-42). Nonnos, qui aime les expres sions dichotomiques, oppose Europe et Asie : mais ce η 'cst qu'un trompe-l’œil, car I e catalogue inclut la Libye et adopte, comme on le verra, un ordre différent.
Le prélude aiix Catalogues qui suit commence par une présentation somv. 43-52. maire des contingents qiii seront énu mérés (ν. 43-46). Procédant à nouveau par dichotomie, Nonnos établit une distίnction entre combattants humains et divins qui sera répétée de façon plus explicite au début du chant suivant (14, 15-16; cf. déjà v. 5 et 10). Cette division surprend, car les contingents « divins * compor tent des êtres mortels 3. Plutôt que de supposer des remaniements 4, il convient d’interpréter correctement la terminologie du poète. La cc race héroïque (ήρωΐδα φύτλην) des champions de toute origine » s est composée de guer riers analogues a ceux de l’/liade et de l’épopée tradi tionnelle en général. Au contraire, l'armée qualifiée de θεσπεσίτ,, de δαιμονίη ou de ζαΟέη ( 14. 5, 10, 16) regroupe Le prélude
a^
Catalogue·
:
Β 491 'Ολυμπιάδες Μοϋσχι que f!l ose le v. UH Μυΰσχι 'Ολυμπιχ δώμχτ' ε//,υσχι. En 32, 184, '( Ιμηρΐδε:... Μοΰσχι a un sens différent : « Muses inspirées par Homère ». 1. Cf. la note au v. 135 (p. 220). 2. R. Keydell. Herme.?, 62. 1927. p. 3% ( Κ/. 5chr.. p. 41-6). juge invraisemblable que le même Pvrrhichos soit l'envové de Rhéa au ch. XIII, puis fa!;!lf' partie du contingent des Corvbantes divins en I 4, 34. 11 se méprend aussi sur le sens de I' expression « Μ uses Corybantides » : Ant. C7aw l, 19:12, p. I83 ( 1\l. 8rhr.. p. 495). 3. Cf. Β. Gerlaud, t. 6. p. 6-8. Des Centaures et des Bacchantes sont blessés ou tués : 17, 197-224; 29. 256-275: 30. 192-225: .34. 226 248. La mort des' Bacchantes tuées au ch. X X X est rappelée aui· insistance aiix ch. ΧΧΧΙΙΙ et XXXV. En 30, 4.5-104. le Cahire Eurymédon aurait succombé sans l'intervention de son père Héphaistos. 4. Cf. Kevdcll. /occ. riff. (p. lll. n. I); Collart, A’onnos, p. 1 I l118. 5. 13, 43 14. 15. Ή ρωί: n 'apparaît que dans t't's deux passages ; 1,ρως n'est attesté· que dans la Pcnodié (ν. 26) a propos dii ch. Xlll. =
.·
=
=
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CHANT XIII
tous ceux qui n’appartiennent pas au monde héroïque 1· Ce sont des divinités mineures, des semi-divinités comme les Nymphes, et surtout tous ceux qui constituent la suite habituelle de Dionysos, ceux-là précisément qui sont énumérés, à l'exclusion, des autres, au début du ch. ΧΙΙΙ (v. : Satyres, Centaures, Silènes et Bassarides). Tous ont pour trait commun de ne pas appartenir au genre humain dont ils diffèrent par leur origine, leur aspect physique et leur comportement ; ^ais, à aucun moment, ils ne sont considérés comme αθάνατοι, à la différence des véritables dieux 2· Au moment d'aborder un thème typiquement homé rique — le catalogue d'une aimee —, Nonnos rend hom mage à son maître. 11 le fait d'abord en paraphrasant les termes dont celui-ci s'est servi dans son invocation aux Muses 3· Puis, non content d'appeler à l'aide les Muses, il se proclame ouvertement le disciple d'Homère qu'il appelle le « havre parfait de toute belle poesie » : l'image du port est prolongée par une allusion aux marins pris par la tempête qui aspirent à trouver un refuge 4.
Le eatttlMgue ιι. con^^'Lroîg— :
Ρ. Chuvin a eu le mérite d' apercevoir que le catalogue
ιι— gé,.^nJ.. du ch. ΧΙΙΙ (v. 53-565) se divise en deux parties d'égale longueur 5, l'une groupant les contingents de Grèce propre, l'autre ceux qui viennent
1. Ce monde héroïque est Γάνδρών ήρώων θειον γένος dont parle Hésiode (Trav., 159). 2. Strabon classe egalement dans la meme catégorie les Silènes, les Salyres, les Bacchantes, les Mimallones, les Naïades et les Nymphes : 10, 3, 10 (^£) et 15 (470). Ces δαίμονες sent considérés tantôt comme des πρόπολοι θεών tantôt comme de véritables dieux : cf. 10, 3, 19 (471). 3. Cf. la note aux v. ^4^. 4. Sur cette image, cf. la note aux v. 51-52. 5. Ρ. Chuvin, p. 30. Le catalogue compte 513 vers. Chuvin admet deux lacunes d'un vers dans la première partie, après les v. 181 et 230, et une lacune d'un vers dans la seconde partie, apres le v. 394. Les deux parties auraient donc chacune 258 ven. Personnellement, je les ramène a 257 vere, car les lacunes supposees après les v. 181 et 394 ne semblent pas néc^esires : cf. les notes ad locc.
NOTICE
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de l’extérieur. 11 dénombre dans chaque partie huit contingents, chiffre qu'il est préférable de ramener a sept : les Phocidiens, dépou^ms de chefs, appartiennent au même contingent que les Beotiens commandés par Hyménaios, comme le prouve le verbe συνεστρατόωντο 12; quant au thrace Oiagros, fils d’Arès, qui amve seul, il s’agrège sans peine aux troupes de la Samos de Thrace que commande un « second Arès » (ν. 417) 2 Ce chiffre de sept n'est pas indifférent : chiffre dionysiaque par excellence chez Nonnos 3, d constitue visiblement une clé numérique du catalogue, comme sans doute le chiffre 545. Cette structure concertée prouve que l'auteur ne s'est ppas contenté de démarquer ses prédécesseurs, Homère dans la première partie, et des sources plus récentes dans la seconde, notamment D ionysios qui avait dressé avant lui un catalogue des ^armées de Dionysos et de Dériade dans ses Bassariques s. Son dessein est plus ambitieux : il veut donner une vision cohérente et globale des peuples qui se coalisent autour de Dionysos. En apparence, il reproduit servilement l'ordre du catalogue homérique dans la première partie ; il ne s’ en départit que sur un point : l'Arcadie est rejetée apres la Crète sous le prétexte qu’Aristée, fâché contre Diony sos, amve le dernier (v. 253-254). En réalité, il comge subtilement l'énumération homérique et il procède a une sevère selection. On est surpris au premier abord
1. V. 122. Le verbe introduit un développement annexe comme en 13, 158, 518 ; 26, 47, 94 (sur ce pa^ge, cf. t. 9, p. 82, où on comgera ce qui concerne 13, 122), 291. 2. Le situation d'Oiagros est analogue à celle de Phaunos qui s'adjoint, comme combattant isole, aux troupes siciliennes d'Achates (ν. 328-332). 3 ..Cf. t. 9, p. 11-12, 33 (n. 1). 4. Voir l'appendice I (p. 255-^258). 5. Dionysios, Bassariques, fr. 1-18 Livrea. Les maigres fragments conserves attestent que Dionysios mentionnait comme Nonnos la Phrygie (fr. 3), Chypre (fr. 4, 5, 14), la Sicile (fr. 7) et la Lydie (fr. 12). Il était aussi question de la Cilicie (fr. 13) et, hors catalogue, de tribus thraces (fr. 18) ; on ignore à quel camp ces contingents appartenaient.
116
CHANT ΧΙΙΙ
par la formulation des v. 253-254 : « Aristée est le seul qui
arrive sans empressement : il est le dernier de tous ceux
qui habitent une terre limitrophe de la terre d'Hellade »,
λοίσθιος άλλων, | άσσοι γαιαν εναιον όμούριον Έλλά8t γαί^. L'expression implique que l'Arcadie et apparemment la
Crète 1 se situent en marge de l'Hellade proprement dite qui se limite donc aux cinq premiers contingents (Beotie I, Beotie ΙΙ et Phocide, Eubée, Attique, Egine)2.
Ces cinq régions constituent pour Nonnos, comme pour
ses contemporains, le cœur de la Grèce ancienne, ou se trouvent
ses
capitales
culturelles,
Athènes, Thèbes et
Delphes. Elles sont censées en outre constituer le centre
du monde habite, ce qui explique que Nonnos rejette a la périphérie l'Arcadie et la Crète et qu'il élimine les peuples
de la Grèce occidentale (Etolie et îles de la mer Ionienne) et septentrionale (Locride, Thessalie), ainsi que les îles mineures de la mer Égée 3·
Cette sélection lui permet d'écarter les régions d'où proviennent les principaux héros de l'Iliade, Agamem-
non, Ménélas, Nestor, Ulysse, Achille et Patrocle, et de se distinguer ainsi d'Homère en présentant une vision archaï-
sante de la Grèce contemporaine de Dionysos. Le sort fait
au Péloponnèse est a cet égard instructif : le poème n'ignore ni Sparte ni Olympie ni Argos et Mycènes; il fait meme état de guerriers péloponnesiens dans l'armée
de Dionysos 4 ; mais le catalogue ne retient que 1'Άρκαδίη
1. Si on tient compte, comme il sied, du pluriel άλλων, I δσσοι. 2. Les termes d"EXXàç, ΈλΧήνιος, Ι1ιχνέλλτ,νει;, désignent le plus souvent la Grèce propre dans son ensemble : 1, 125 ; 4, 252, 260; 40, 401 ; 41, 38; 42, 459; cf. 1, 385; 20, 207 (la Grèce, pays des fables).
'Ελλάς prend un sens plus restreint quand il indique le pays où se rend un vovageur depuis Sainothrace (4, 249), l'Hémonie ( = la Thessalie) et le Pèlion (44, 3) ou Naxos (47; 475). En 22, 279, l'Hellade est mentionnée a propos d’Aiacos d’Egine et du culte de Zeiis Panhellénios qu'il fonde dans l'île. 3. Aux dépens de la géographie, Salamine, domaine d'Ajax, est remplacée par Egine, patrie de son grand-père Aiacos. L'île est considérée comme appartenant alors a l'Attique, au mépris de l'Iiistoire : cf. v. 201, et Chuvin, p. 53. 4. Cf. 30, 186-220, et lcs notes ad /oc.
NOTICE
117
προσέληνος (41, 90) 1 Α u demeurant. Α rgos et Μ yeènes. domaines d’Héra, ne pouvaient participer a l'expédition de Dionysos. La seconde partie du catalogue s’ordonne autour de ce nombril du monde qu’est la petite Hellade selon un schéma aisé à déchiffrer. Les sept contingents extérieurs arrivent des quatre points cardinaux. Le niotif, cher a Nonnos23, demeure implicite au ch. XIII \ alors qu'il sera formulé explicitement au début du eh. XIV pour signifier que Rhéa parcourt, comme Pyrrhiclios. l’univers entier 45. Le catalogue énumère successivement la Sicile f't Ιιι Libye a l'ouest s, Samothraee et la Bistonie ( = Thrace) au nord. Chypre au sud, enfin à l'est, les trois provinces d'Asiι· Mineure (Lydie, Phrygie, Carie) 6. Ce schéma dc l'univers fait quelque violence a la géographie réelle, du moins en ce qui concerne le nord et le sud ; mais il s’inscrit dans une vision à la fois mythique et géométrique du monde caractéristique des Dionysia ques. On le retrouve dans la description de l'Inde, pré sentée, à la suite de Denys le Périêgète, comme un qua drilatère dont chaque côté fait face a lin point l'ardinal 7. Cette tendance simplificatrice se manifeste par d’autres .
1. Lf' catalogue |ιresenle. conbtriiiéiiient a la tradition, les Area· diens comme mi peuple pritnit il' : Stabios et Stamnos. v. 511-545 : Contingent XIII. La Phrygie : Priasos. v. 543-5565 : Contingent XIV. La Carie : Miletos.
Les troupes se rassem!Jlent autuur de la demeure de Rhéa : v. 56568.
CHANT ΧΙΙΙ
Cependant Zeus le Père dépêche vers h divine demeure de Rhea la messagère Iris pour enjoindre a Dionysos d'éveiller le combat : cette race qui ignore la justice, ces Indiens arrogants, qu'il la boute hors d'Asie avec son s thyrse vengeur 1 ; qu'il fauche qui lui livrera combat naval, le fils cornu d'un fleuve, le roi Dériade, et qu'il enseigne a tous les peuples ses rites avec leurs danses nocturnes et le fruit vineux de la vendange ·. Iris, en ramant de ses ailes, s'élance, vive comme le 10 vent, et plonge dans les profondeurs retentissantes de l'antre aux lions. Sans un bruit, elle fige son pas ; muette, imposant le silence a sa bouche asservie, devant la Dame des montagnes, immobile, elle se prosteme : la tête courbée, de ses lèvres suppliantes, elle baise les pieds de IS Rhea. Et les Corybantes, sur un signe de tete de Rhea impassible, la régalent auprès du cratère de la table divine. Elle boit, tout étonnée, une gorgée de ce vin nouvellement né et, charmée, elle est saisie d'un transport bacchique. La déesse, la tete lourde, en présence du fils de Zeus, clame alors le dessein de Zeus * :
1. 11 s'agit de la partie de l'Asie Mineure ou aura lieu la bataille des ch. XIV-XV (lerriloire de la future Nicée). Sur le sens d”Aσ(ς, cf. la Notice, p. 110-111.
ΔΙΟΝΥΣΙΑΚΟΝ ΙΓ
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1ϋ
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Ζβύς 8C πατήρ π^ροάικ^ Ις auXia Μσκβλα 'Ρ«ίη$ ,ριν àwayycÀXouaav lyc^^^^ Διον^, ό+ρο δί^$ ^^ακτον ùwc^^ÀXw γίνος 'Iv^w *Άα^$ 1£cX^mw I.; ποιτήτορι Ού^^, ναύμ.αχον ^ή^$ ποταμ.ή^ uta κβ^^^ν, Δη^^τήν ^^^ήα, καί ^^α πάντα &MC(fl 6^ια νυκτιχόρουτα καί oî^rna ^ρπόν ^ώρη5· Ή μ.ίν ίροασ^^^ πτ«ρύγων άν^^ϊ ^ιτή δυσ^^^ «Χά6.δοντα Χ^ντακ^μου μυχόν άντρου &ψ^^ ίχνοί Μ£™ · ^ό+ωνήτφ 8C α+ιγξα^μ.ένη ^όμα δουΧον όροι^ά.δο$ ^^ύι ά^^^$, ^^ατο κυρτ^^^α, κα^Χκ^^^υ Μ καρήνου X«iXcrnv ÎKOTÎorn π^6δα$ π^^^ύξατο 'Ριίης. Καί τήν μ^ Καρύ^ντις άροιδέι νιύμ.ατι 'Ρβίη$ &0'1«ήη$ ^^αντα wa^ κρητήρι τραπέζης * βα^αΧτή 8C wiouaa ν^γ^α$ χύαιν αίνου τέρπβτο ^Kxcufeiaa ' ^ρη^α^ουσα 8C fai^w παιδί Διός παροόντι Διό pu^aaro βουΧήν *
U χαι^λχομμ.ίνου L || 13 ίχισίοιαι (ο ex η] L || προσππτίιξατο Moser :' προπτ- L || 16 χόσιν (χ ex ot] L || 18 μυχήσαιτο L (cf. 10, 137) : μ^^σατο ^^ubon Graefe*.
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CHANT ΧΙΙΙ
" Y'aleureux Dionysos, ton père t’ordonne d’anéantir la race des Indiens qui ignore la piété. Va! prends dans tes mains le thyrse belliqueux et mérite l’éther par tes exploits. Car ce n’est qu’au prix de tes travaux que la demeure immortelle de Zeus t’accueillera; ce n’est qu 'après tes combats que les Saisons t Ouvriront les portes de l’OIympe *. 11 a peiné, Hermès, pour parvenir au ciel : il tua dc sa baguette le bouvier Argos dont les yeux lançaient des éclairs deρuis les pieds jιιsqu’aux cheveux ; ίΙ libéra aussi Arès de ses liens. C’est apres avoir terrassé Delphyné qu’Apollon hahita l’éther. Ton père lui-meme, le chef des Bienheureux, Zeus le Très- H au t, ne serait pas monté au ciel sans ses travaux, lui, le régent des astres : il dut d'abord encliaîner ceux qui menaçaient l’OIympe, les Titans. qu'il ensevelit dans le gouffre du Tartare. À ton tour de peiner : apres Apollon, après Hermès, tu auras le salaire de tes travaux en ha b itant l’éther pat ernel *. » Sur cf's mots, la dcesse regagne l’Olympe. Aussitôt Rhéa, la Mère univt>rselle 12, dépêche comme messager, pour lever une armée, Pyrrhichos, le danseur au bruyant bouclier : quïl annonce que Lyaios part en guerre et prend les armes * ! Et, rassemblant pour Di on ysos une armée disparate, Pyrrhichos parcourt les assises de l’univers éternel. Gens d'Europe. peuples de la terre d’Asie, tous, il les amène à son retour sur le sol des Lydiens délicats *. Allons ! la race héroïque des champions de toute origine et celle des Satyres velus, la lignée où coule le sang des Centaures, et la phalange dcs Silènes, lignée à jambe poi 11 te, et le bat a i 11 o n des Bassarides, dites-les moi, Muses de la terre des Corybantes ! Car moi, aurais-je dix langues, verserais-je par dix bouches une voix toute bruissante
1. Les 1/ôrai sont les portières de l’OIympe depuis Homère : cf. la note à 2. 177 (t. 1, p. 173). 2. Rlièa παμμήτωρ : ef. la note a 9, 222 (t. 4, p. 120).
ΔΙΟΝΥΣΙΑΚΩΝ 11'
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« Άλκήεις Διόνυσε, τεός γενέτης σε κελεύει 20
άδίδακτον άιστώσαι γένος 'Ινδών. Άλλα τεαΐς παλόμρσι μαχήμονα θύρσον ό.είρων αίθέρσς άξια Ρέζον, έ'Π'εί Διός άμζρστος αύ λή εύσεζίης
οΰ
σε
πόνων άπάνευβε δεδέζετσι, ούδέ σοι "'Ωρσι
μή πω ^ό.εβλεύσαντι πύλας πετάαουσιν Όλύμπου.
25 Έρμείας μόγις ήλβεν ές ούρσνόν, όππότε ρά£δώ όμμα.αιν ^τράπτοντα π^δών άπο μέχρι κομαων βουκόλον Άργον έ'Π'εφνε καί Άρεα λύσατο δεσμών · Δελφύνην δ* έδώμ^σε καί αίβέρα ναΐέν Απόλλων · ούδε τεός γενέτης, μακάρών πρόμος, ύψιμέ^έν Ζεύς ^νόσφι πόνων άνέζσινέν ές ούρσνόν, όρχαμος Μτρών, 30 εί μή πρώτον έδη^^ απειλητήρας Όλύμ'Π'ον Ταρταρίω Τ ιτήνα.ς ύποκρύψας κενεώνι.
Καί
σύ μετ *
μισθόν εχεις 35
Απόλλωνα, μεθ’ Έρμάωνα μούσας καμάτων πατρώιον αιθέρα ναίων. »
"'Ως φαμένη πρός Όλυμπον εξη θεός · αίφα δε
'Ρείη
ά.γέστρστον άγγελι^ώτην όρχη^ατήρσ φιλοσμαρά.γοιο ^κίης,
παμμήτωρ π^ροέηκέν
Πύρριχον,
φύλοπιν ό^έλλοντα κορυασομένοιο Λυαίου. .w
45
Καί στρστιήν πολύμορφον αολλίζων Διονύσω Πύρριχος ^^όοιο διέδρσμέν έδρανα κόσμου * Εύρώ^ς δε γένεθλα καί Άσίδος ίβνεα γαίη ς πάντας άγων ^^^σέν ές όξ^^ίων χθόνα Λυδών. Άλλα πολυσπερέων προμάχων ήρωίδα. φύτλην καί λ^ίων Σατύρών, Κένταυρίδος αίμα γένέβλης, Σιληνων τε φάλαγγα, δασυ^^μοιο γένέβλης, καί στίχο Β^σαρίδών, Κορυξαντίδες, είπατε, Μουσαι. Ού ^ά.ρ ^ώ τόαα φυλα δέκα γλώσσμσιν αείσω
24 πετάσουσι-ι Graefe* : -σωσιν L : . 34 fol. 53Γ 1, " ε/ει: L : ε//·ι:: Kowhly li πατρώων Falkenburg : πρωιον I. ' Ίχίων 1,1’ : νχίειν Ι,.5’1 (liel 1.3) II 44-45 !'iispexenint Graefe* f'l alîi posl Σχτόρων lac. !xv},ur.t', L·5 : -'(,μ',ι 1..
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CHANT Xlll
d'airain, je ne saurais chanter toutes les tribus que rassembla Bacchos, le brandisseur de lance. Mais, en célébrant ces chefs, je veux appeler aussi a mon aide Homère, havre parfait de toute belle poésie : les marins en détresse appel lent bien le Dieu à la sombre chevelure pour les secourir dans leurs errances * ! Tout d'abord, a l'appel de Dionysos le porte-thyrse, Actéon se hâte d'arriver pour faire honneur a leur ^rng commun 1 ; il a quitté le sol a la septuple bouche de sa patrie aonienne *. À sa suite, les Béotiens font déferler le flot de leurs phalanges : ceux qui habitent la tene de Thébes aux solides remparts et la demeure de l'Êbranleur du sol, Arné, et Pétéôn et Ocaléé et Êrythrai, Amé aux beaux raisins qui tire sa gloire de Dionysos ; les gens de Mideia et des bourgs célèbres d'Eilésion, de Scôlos et de Thisbé, bâtie en bordure de mer, port peuplé des colombes de l'Aphrodite marine * ; — ceux de la contrée de Schoinos et d'Éléôn que couvrent les frondaisons et de Côpai, terre glorieuse dont le lac fameux qui porte son nom nourrit encore des anguilles, à ce que j'ouïs dire ; — ceux de Médéon la touffue et ceux qui ont pour lot les bons pâturages d'Hylé, nourrice aux longs vallonnements de Ty chios le corroyeur ; — les habitants de la vaste plaine destinée ιί recevoir l'oracle souterrain qui prendra plus tard le nom du char d’Amphiaraos ; ceux de la cité de Thespies et de Platées aux profonds vallonnements et de l'humide Haliarte qu'un torrent descendu de la montagne, l'Hélicon, partage en deux par son cours * ; — ceux qui tiennent Anthédon la lointaine, riveraine de la mer, petit
1. Acteon est le fils d’Aristée et d’Autonoé, la sœur de Sémélé. Cf. a son sujet t. 2, p. 95-104.
ΔΙΟΝΊ"ΣΙΑΚΩΝ ΙΓ
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στ^ομότ^^ χ^κ χαλκ^^ρο "ιχώ, ^^χοι 6.Y«pc ^^^^^. ’Άλλά λιγαί^νων ήγφ^ς Kal -ομηρον ^^νητή^ k^^w , «οτπίης δλον ^^, ma πλ^ωτήρες &λήτ« πλαγκτ^^νης καλ^^οτν ^νηγ^ίο Κυανοχαίτην. ^ούδέ
5Ο
Π^οτα ^^, ινικ'·ρόδ'κς 3' ί:νι λειμ.ώνεσσι ; [M^^hos], Chant fun. Bion, 5 ρόδα. φοινίσσεσθε. — V. 179-181. Ampelos recouvre d'or les cornes du taureau ; chez Ovide, Met., 10, 112, le cerf porte déjà des cornes dori-es avant sa rencontre avec Kyparissos. — l. conjecture de Cunaeus κατε/ρύσωσε, habituellement admise, semble confirmée par le v. 200. Mais on comprend mal le mécanisme de la faute qui a conduit à écrire κατεσφήκωσε. Or αφηκόω, · enserrer quelque chose au moyen (le », peut prendre le sens vague de « revêtir » : cf. 23, 29 πόδας σφηκώσατο πτ,λί!ι ; en outre, Triphiod., 88, emploie κατεσφήκωντο à propos des sabots du cheval de Troie recouverts (ou cerclés) d'écailles de tortue : cf. la note de Β. Gerlaud, C.U.F., ad /oc. Cet emploi peut re mon te r à une interprétation libre de l'hapax homérique πλοχμοί θ', οί χρυσώ τε χσιί άργΰρω έσφήκω^ο (Ρ 52). — V. 180. Ξανθόχροα : cf. Moschos, Europe, 84 (robe du tau reau ). Le terme indique une couleur oscillant entre le jaune et le rouge : cf. les notes de W. Buhler et de Μ. Campbell, ad Loc. ; il désigne ici la couleur de l'or : cf. 43, 442-443 (Pactole) χρυσαογέι πηλώ I ... φοινίσσεται ύδωρ; ailleurs, il qualifie un visage vermeil (42, 76), une chevelure « fauve · (14, 84) ou line eau changes en vin (14, 413; 17, 172; 47, 79). — V. 181-184. Arnpeios chevauchant le taureau : Ε. Simon, Jahrb. D. Arch. Inst., 79, 1^964, p. ^304, n. 91, rapproche un relief « copte · de Trieste (fig. 7) figurant un Amour chevauchant le Taureau zodiacal ; à son avis, l'artiste aurait pu s'inspirer d'une miniature illustrant sur un manuscrit le ch. ΧΙ des Dionysiaques. — V. 182b. Cf. 11, 127, 153. — V. 184. ΦορΥ,α, conjecture de Graefe, est le texte attendu, mais pout-être aussi Zcczio facilior. Au v. 190, le taureau est qualifié proleptiquement d'àvδροφόνος, ce qui invite a garder ici φονήα; cf. en outre le parallèle d'Achille Tatios cité ci-dessus, p. 9, n. 3. 185-196. — V. 185. Nonnos insiste sur la témérité d'Ampélos : cf. v. 81, 113, 167. Ταυρώπιδι Μήνη : cf. 44, 217 ; Maximos i'Astrologue, 30, ^509; Ε. Heitsch, Griech. Dichterfragm., 12, n° 59, fr. 10, 16; Synésios, Hymnes, 3 (5), 22 &: ταυρώπις μήνα. — V. 186-187. Ampélos se considère comme l'égal de la Lune ; il a déjà été compare a elle en 10, 184-187, 191-192, 213-216; cf. Th. Duc, Sludien, p. 68, n. 26. — V. 186. Cf. la note à 1, 98 (l. l. p. 141); — κερόεσσα ... Σελήνη : cf. 38, 245, a la suite de Dorothéos de Sidon, fr. 28 a 19
166
NOTES DU CHANT ΧΙ
Stegemann ( = 1, 10, p· 328 Pingree). — V. 190. Vers repris dans le résumé du chant : Périoché, 22. — "Λρπαγι τιχύρω : cf. 1, 131-132 (enlèvement d'Europe). — V. 191-192. Nonnos Be réfère à la fois a Callim ., fr. 3)1 r,ï'tj" όν τε μόωπϊ [βοών καλέουσιν άμορβο(, et à Aftoll. Rh., 1, 1265 μύωπι τετυμμέ^ς έσ^το ταύρος, 1^269 κακ). Le !«>urire est une marque dionvsiaque : cf. les notes à 15, ll9 et a 19, 42-43 (t. 6, p. 210; t. 7, p. 161 ). — V. 252. Variation sur le thème paradoxal du silence expressif. 253-254. — V. 253b. Cf. Apoll. Rh., 3, 635 άδινήν δ' άνενείχατο φωνήν. Les variantes de cette expression sont nombreuses dans le poeme : 4, 76; 6. 343; 16. 146; 21. 10; 24, 146; 37, 403. — V. 254. Νηπενθής Διόνυσος (5 fois dans le poeme) : cf. les notes a 9, 26 (t. 4, p. 102) et a 19, 60 (t. 7, p. 162 s.). — 'Αγέλαστον όπωπ-ήν : cf. 21, 188; 42, 65, 218 (et 4, 9).
Page 39. 255-263. — V. 255. Π εσέτω : cf. 29, 113. Le sens est plus fort ici : « maud i t soit le fil des Moi res ·. — V. 256-263. Hyakinthos de Thérap nai ( bourg voisin de Sparte) a été tué accidentellement son amant Apollon, parce que le Zéphyr, dans 88 jalousie, avait fait dévier le disque lancé par le dieu : cf. la note a 3, 153-163 (et t. 4, p. 91, n. 2) et Collouthos, 240-248. Atymnios est un autre éromène du dieu dont il conduisait le char ; c'est également le lephyr qui a causé 88 mort d'après notre passage : cf. la note a 29, 28 (t. 9, p. ^334) ; ajouter R. Janko, dans G. S. Kirk, Iliad, Comm., t. 4 ( 1^992), p. 358. Pour i n t rod u ire ces deux exemples mythologiques, Nonnos prête a Diony sos I'idée que le taureau a agi lui aussi par jalousie. — V. 2256. On retrouve ζη λήμων construit avec έπί + dat. en 44, 295, et dans Muse, 37 (cf. Κ. Kost, ad loc.). — V. 259-261. Sur l'hyacinthe qui rappelle
le souvenir de l'adolescent et porte les lettres AI (abréviation d'aïXivo.;) inscrites sur ses pétales, cf. Euphorion, fr. 40, 3 Powell (l'hyacinthe « qui gémit des mots inscrits ». γεγραμμένα χωκύουσαν) et les notes a 3, 153-163 et 164 (t. 2, p. 140) et 16, 81 (t. 6, p. 228). Le parallele de 3, 163, invite a conserver le datif ύαχίνθω malgré l'adjonction d'èv πετάλοισιν. Une épigramme de Sardaigne (ic,-iic s.) souhaite que de la défunte naissent des fleurs « afin qu'à l'égal de N arcisse et d'Hyacinthe tant pleuré (elle) laisse dans le temps a la postérité une fleur qui soit (s)ienne » (trad. Verilhac, ο. c., t. 2, ,
NOTES DU CHANT ΧΙ
171
p. 218 = Peek, Griech. Vers.-inschr., t. Ι, ^W5, 33-35). — V. 260. Α re vers fait écho 12, 291. — Sur le thème du remède d'amour, ef. les v. 3356 88. et les notes ad loc. 266-270. — V. 266-268. Un des rares passages du pof>me ού il est quest ion d'un sacrifice sanglant ; cf. F. Vian, Rev. El. Anc., 90, 198, p. à la vue des pommes) ; εη, justement défendu par Stegemann, confirme cette interprétation : d'abord affolee d'amour par Aphrodi te, Atalante sera de nouveau rendue furieuse (οϊστρήσειεν) par Artemis. — V. 89. Μορφήν est régi par άμειβομένην : cf. 31, 189. 90-95. — V. 92. Cf. 25, 43 σύμβολα νίκης (d'après Callimaque). — V. 94-95. La Vierge est le dernier signe zodiacal de l'été ; elle preside à la période où mûrit la vendange (v. 95). Ποιχίλλετο indique qu'elle est représentée sous la forme d'une allégorie. Νόθη précise peut-être seulement que cette allégorie est fictive (Rouse, Stegemann, Peek) ; mais νό^ ... μορφή signifie ailleurs (8 fois) « sous une forme d'em prunt ». Ce sens semble préférable ici : la Vierge, dont l'attribut normal est l'épi (2, 655; 6, 102), a emprunté la grappe pour la circonstance ; elle en a d’ailleurs le droit puisque l'une des étoiles de sa constellation se nomme Προτρυ^τήρ, « l'Annonciatrice de la vendange ». — Θερειγενές : cf. la note au v. ^28. — 'Άνθος ύπώρης : rf. 12, 189; 46, 69 μελισταγές 4. ό., d'après [Opp.], Cyn., 2, 38 μελιχρής i. ό. ; voir aussi Η. Erbse, Fragm. griech. Theos., § 41 ( = Porphyre, p. 123 s. Wolff) Βάκχω γλεοκηρόν άναζέον 4. ό. 97-96. K issos est le Satyre άερσιπόδης qui défie Ampélos en 10, 481-430; il est qualifié ici d'àερσιπότης, « qui vole dans les airs », comme le lierre que deviendra Κισσός άερσιπότητος aux ν. 188-192.
NOTES DU CHANT
ΧΙΙ
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D'apres une autre tradition, ίΙ était un danseur qui fut changé en lierre après s'être tué en dansant devant un temple de Dionysos : cf. G. Chrétien, t. 4, p. 78. Le ppoete comique Euboulos (fr. 102 Kassel· Austin [ = 104 Kock], v. 5. ss.) fait peut.etre allusion a un Kissos se mourant d'amour pour une Nymphe Ololygon ; ce texte obscur as^ie en tout cas χισσός et χάλαμος. Nonnos n'explique pas la métamorphose; έρόεις νέος suggère qu'il s'inspire d'une histoire érotique (cf. ll, 1 pour Ampelos), peut-être originaire d'Asie Mineure comme la plupart des précédentes : il existe un fleuve lydien nommé Kissos qui arrose Tomaris, près de Thyateira ; cf. G. Chrétien, l. c. ; Ρ. Chuvin, Myth. et geogr., p. 137, η. 53. — V. 98. Έλιξ oppose le lierre au calamos όρθιος ; il qualifie souvent cette plante depuis Théocr., 1, 30-31; Opp., Hal., 4, 294. 98-ΙΟ2. Métamorphose de Calamos : cf. ll, 47^481, et la Notice du ch. ΧΙ, p. 19-25. Les roseaux servent d'échalas a la vigne : cf. 24, 31 -34. Sur leur utilisation dans la vallée du Caystre, cf. L. Robert, Rev. Phil., 31, 1957, p. 16-17; 32, 1958, p. 54-55; id., Villes d’Asie Mineure (2!962), p. ^345; pour Tyr, cf. Ach. Tat., 1, 15, 4. — Άεξίφυτος (v. 100) garde chez Nonnos son sens étymologique « qui fait croître les arbres » (et plus spécialement « les vignes ·). Les roselières se trouvaient d'ailleurs souvent a proximité des vignobles : voir par exemple l'intéressant document égyptien cité par Ν. Lewis, La mémoire des sables (trad. Ρ. Chuvin, 1^98), p. 125-126. — V. ^^. Cf. Esope, Fables, 101 Chambry (le roseau et l’olivier) : (le roseau) σεισθείς καί ύποκλιθεΐς τοΐς άνέμοις.
Page 96. 103-100. — V. 103. θέσφατα : rappel du terme employé aux v. 33 et 66; cf. encore v. 100. — Α la suite de Théocr., 7, 3, 31, les mots de la famille de θαλυσιάς sont en général associés chez Nonnos a Déméter et a la moisson, même dans leurs emplois métaphoriques; en ll, 301, la Saison de l'Eté est appelée θαλυσιάς "Ωρη. Ici la même expression désigne l'Automne. θαλύσια peut se dire en effet de n'importe quels prémices, notamment ceux de la vendange dans la première attesta tion du mot (I 534) : cf. Α. S. F. Gow, a Théocr., l. c. — V. 154-105. Expressions similaires dans la scène chez Harmonie en 41, 370.371. D. Gigli Piccardi, La * Cosmogonia di Strasburgo · (1^990), p. 153, rapproche le v. 104 de Ρ. Argent. ^480, verso, ll-13 (ive s., poème relatif aux patria d'Hermoupolis, improprement appelé Cosmogonie de Strasbourg) πάπταινε[ν (cf. Nonnos, v. 66)... | χώρον ... διζήμενος, έ^α πολίσατ, | 4σ™. — V. 106. Cf. Γ 248, al. χρύσεια κύπελλα. — V. 100. Cf. [Opp.], Cyn., 1, χισσοφόρον Διόνυσον. ll0.ll7. — V. 110. Cf. Η. hom. Aphr., 222 Tjj δέ Ζεύς έπένευσε. — V. lll. Cf. Anacreonlea, 55, 22 West £οδόχρους... Αφροδίτη; cf. aussi la note à 11, 176. — V. 112. Cf. Ι 390, α/. Ά^ναί-η γλαυκώπιδι ; Eur., Iph. Taur., 1101 γλαύκας θαλλύν ελαίας (et Nic ., Ther., ^680; Opp., Hal., 4, 301; al.). — V. 116. Cf. Σ 402. al. ρόος 'Ωχεανοΐο.
192
NOTF.S DU CHANT ΧΙΙ
117-122. — V. 119. Cf. ν 279-280 ουδέ τις ήμιν | δόρπου μ^στις ετ,ν; Biori. fr. 6, 5 Legrand νόον... "Ερωτι δονεύμενος. — V. 1^Ρ. Cf. Callirn., Hymnes, 2 (Apollon), 20 χινύρεται «ιλινοι. — V. 1^Α121. Comparer 3-1-, 13-1-Μ35, dans une situation analogue. Άκήδε^στος signifie · négligé ». · abandonne », a cause d'un deuil ou par absence de coquetterie (42, 85). C'est le sens ici : Dionysos abandonne le tambourin au silence parce qu 'il le délaisse; la traduction de Peek, • unbekümmert », · insouciant ·, surprend. — V. 121 b. Souvenir de Callim., Hymnr.t, 4 (Délos), ^286 άσι^τοιο λέβητος? Page 97.
123-137. Le ihf.me (le la nat u re compatissante se retrouve en 15, 370- 122 : cf. la Notice, p. 66, n. 2. Comparer Thheocr., 1, (66-142 (mort de Daphnis) ; Bion, Chant fun. Adonis, 31-39; [Moschos], Chant fun. Bion, pa.s.sim ; Alcée de Messénie, Anth. Pal., 7, 412 (mort du citharèdc Pylade) ; Ovide, Met., 11, *44-49 (mort d'Orphee). Dans les v. 122-128. Nonnos utilise le vocabulaire de Bion et de [Moschos] : κινύρεσθαι. λιγαίνειν, οίκτρός, πένθιμος ; cf. aussi [Moschos], l. c., 46 (oiseaux) ας ποκ' ετερπεν. — V. 124-130. Les fleuves s'anetent de couler : r.f. Alcée, l. c., 5-6 ρόον 8' εστησεν ... | Άσωπός; rapprocher Virg ., Georg ., 4, 401-^H; Ovide, Met., 10, 40-4 (tout s’immobilise aux enfers qιιand Orphée commence a chanter). Le thème illustre le vœu de Daphnis mourant qui souhaite que tout soit « a l’envers » dans le monde : Théocr., 1, 134. Dans d'autres scènes, au contraire, les fleuves pleurent (Bion, l. c., 33 ; [Moschos], l. c., 2) ou sont en crue a cause de leurs larmes (Ovide, Met., 11, 44-49). — V. 124-126. Du point de vue de la forme, Nonnos s’inspire de la scène homérique ou le Scamandre s'arrête devant Hephaistos : Φ ^345 σχέτο... Μωρ, ^36 ούδ' εθεζ.ε προρέειν, άλλ' ϊσχετο (έσ/ετο est un hapax chez Nonnos). Les indications relat i ves au cou rs de l'Hermos sont a la fois exactes et conventionnelles : le fleuve a d'abord un cours rapide quand il descend du Dindytnon par un « veritable ravin » ; puis il devient étale dans la plaine de Sardes au-delà d'Adala/Statala et c'est 18 qu'il peut être quali fié de δονακώδης : cf. L. Robert, Villes d’Asie Mineure (21%2), p. 100, 308-309, pl. 29-33. — V. 126. L’adjectif β«θυχτέ«νος, hapax chez Nonnos, n'est attesté avant lui que dans un poème élégiaqtte anonyme ou il qualifie les Medes : Suppl. hell., fr. 958, 13. —- V. 127. Le Pactole est κροκόεις, car ses eaux roulent de l’or qui a la couleur du safran. — V. 128. D'une manière inattendue dans un pareil contexte, le fleuve fait place a sa représentation anthropomor· pltiq ue. — V. 128-130. Toute l'Asie Mineure s'associe au deuil de
D ion y sos : après les fleuves lydiens, l'Hermos et le Pactole, son affluent, voici le Sangarios phrygien (sur ce fleuve, cf. la note a 27, 34 36, t. 9, p. 294), puis, aux v. 130-132, Niobé dont Nonnos situe arbitrairement le rocher a la frontière entre la Lyd ie et la Phrygie (cf. ci-dessus la note aux v. 79-81). Sur le thème du fleuve qui arrête son cours se greffe celui des eaux qui refluent vers leur source : cf.
NOTES DU CHANT XII
193
παλίσ^τον, qui a une valeur proleptique. Le sens (Γέναύί.ων est romrne 80uvent difficile a préciser : sans doute le · lit », la · galerie · souterraine d’où sourd le fleuve. Dii point de vue formel, rappr»M-her le v. 129 de 28, 78 et 4.5, 276. — V. 130-132. Niobé redouble aussi de pleurs apres la mort d’Hymnos : 15, 374.375. — Λίνοτόκου : cf., encore pour Ν iobe, 2, ] 62; 48. 428; siir cet adject if. cf. la note a 3. 301 (t. 2, p. 148). — Ά^οος είκών (our désigner toutes les manifestations musicales en rapport avec Dionysos et Cybèle : neuf attestations en face d'une seule (46, 123). e poète ne fait en cela que suivre l'exemple d’Eur., Bacch., 127-123 l. Φρυγιών i χόλων, et de Callim., fr. 193, 36 Φρύγα... αιύλόν. Quant au mode dorien. paradoxal dans un banquet, 88 mention se justifie à la fois parce que Dionysos est destiné a célébrer son triomphe guerrier sur les Indiens et surtout parce qu'Atropos se dispose 8 affirmer la supériorité d'Ampélos sur l'éphèbe dorien d’Amyclées (v. 154-171). Comparer 47, 22, où la « flûte d’Athènes » s’unit aux « flûtes phrygiennes » poiir accueillir Dionysos. — V. 154-152. Θυμ.έλη (hapax riiez Nonnos) désigne un autel, en particulier celui de Dionysos dans l'orchestre du théâtre, puis l’estrade sur laquelle se tiennent les auli-tes ou les citharèdes au cours d'un spectacle. ^es (-liants mentionnés ici peuvent être soit des representations theatrales soit les θυμελικοί αγώνες, qui ont fini par regrouper 8 l’époque impériale tous les concours scéniques ou musicaux par opoqsition aux concours ^inniques (étude et bibliographie récente dans Μ. Wonle, Sladt und t'est im kaiserzeitlichen Kleimsien (1^98), p. 227-223).
Comme dans le passege précédent, Nonnos établit une dichotomie totalisante en opposant l ’A tt ique 8 la Béot ie, si on refuse la cogestion aberrante de Cunaeus ένναέτης. L' « habitant de Marathon · est évidemment un Athenien : cf. t. 9, p. ^308 (note 8 27, ^280-^284 ; il fait apparemment référence au théâtre attique. L’homme « qui joue un air isménien sur le chalumeau d'Aonie » est tout aussi clai rement un Thèbain : cf. t. 2, p. 171 (note 8 5, 40), et t. 9, p. 272 (note 8 26, 69). L’expression désigne sans doute le plus célèbre des poètes thebains, Pindare, auteur de dithyrambes. Elle pounait faire allusion aussi a des concours « thyméliques » en l'honneur de Dionysos : cf. par ex. Posidippe (mc s. av. J.-C.), Suppl. hell., fr. 705, 3-4 (Μούσαι) παρ’ 'Ολύμπου | Η«κχω τάς τρι^ϊς άρχόμ^αι θυμέλας, avec le commentaire ad loc. — V. 152-153. D’apres le jeu des particules (cf. v. 147 μέν), ces vers n’introduisent pas une conclu sion, mais une idée nouvelle. Aux œuvres littéraires de nature pro fane s'opposent des œuvres telles que des hymnes sacres; άνευάζω a en effet un sens religieux chez Nonnos : « célébrer un dieu, notam ment Dion ysos (ou un héros), en entonnant l'évohé ». 11 peut s'agir de dithyrambes (pindariques ?) en l'honneur de Dionysos et du vin (ou de la vigne) ; mais il n'est pas exclu que des coafréries bacchiques aient chanté conjointement Dionysos et Ampélos. — Le présent 8
NOTES DU CHANT XII
195
valeur de futur άνε^ζουσι est défendu par L. Castiglioni, Rend. Ist. Lomb., 65, 1932, p. 311 ; mais voir la note a 7, 95 (t. 3, p. 172). Page 98. 154-166. — V. 154. À sa naissance, Dionysos a reçu une guirlande de lierre, « presage pour l'avenir · (car le lierre annonçait l'apparition future de la vigne), et cette guirlande était complétez par une couronne de serpents entrelacés : cf. 7, 100-102, et surtout 9, 14-15 (voir la note au v. 13, t. 4, p. 100). — V. 157. Cf. la note a 19, 187 188 (t. 7, p. 172). — V. 158. La conjecture de Η. Koch, Rhein. Mus., 10, 1885, p. 172, μερίμνης peut s'autoriser de 7, 13; 17, 74; 47, 132 (cf. aussi Hés., Théog., 55; Théognis, ^343). Mais la correction ne s'impose pas; comparer le passage parallèle de 7, 95-96 πάντες άνευάζο^ιν (cf. supra, v. 152) ... I άνδρομέ-ης Διόνυσον άλεξη^ρα γΕΥέθλης. — V. 159. Cf. 14, 435-437. — V. 161-166. Sparte a une réputation guerrière : il est donc naturel d'opposer dans une syncrisis l'or du Pactole au fer ou au bronze militaire; on n'en conclura pas que Nonnos ait prêté un caractère militaire aux Hyacinthies. — V. 165. Όμβρον est a la fois pléonastique et impropre. Όμβρος έίραης se dit pour la pluie d'or tombée sur Danaé ( 16, 68; 25, 115) ou pour un vin jailli miraculeusement (41, 125; cf. 13, 266). R. Keydell observe justement qu'ôyxov, en 15, 17, s'emploie a propos de l'abondance des eaux d'un fleuve ; cf. aussi, pour du vin contenu dans un vase, 19, 162 (et 12, 301 ίιγρόν... δγχον έέραης). La correction mérite d'être adoptée. — V. 165. Κελάδοντος : simple épithète ornante, fréquente chez Nonnos pour qualifier un fleuve; cf. Σ 576 πιΧρ ποταμόν κελάδοντσι ; al. 169-171. Cf. Eur., Bacch., ^423 otwu τέρψιν άλυπον; Orph., fr. 297 a, 5-8 Kem (cité ci-dessus, p. 88, n. 2). — V. 169. Τετράζυγι χόσμ.ω : cf. 6, 99; 41, 278 (pour l'univers) ; 5, 54 (pour les quatre
vents correspondant aux quatre points cardinaux de l'univers) ; même expression pour désigner l'univers sauvé par le Rédempteur dans Paraphr., 3, 82; 20, 94. L'adjectif est attesté pour la première fois dans la · Cosmogonie de Strasbourg · : voir l'étude du mot dans l'édition de D. Gigli Piccardi (citée dans la note aux v. 154-105), p. 99-100. — V. 170. Σπονδή : terme religieux (libation pour un dieu), rare chez Nonnos : cf. 11, 91 ; 28, 44. — Εύφρο^τη (cf. encore v. 255) et εδφρων expriment la joie procurée par le vin, par un banquet ou par Dionysos : cf. Γ 246; Ο 99; Xénophane, fr. 1, 4 Diehl ; Hymnes orph., 46, 2; 30, 8 ; Orph., fr. 297 a, 7 (cité ci-dessus) ; et passim dans les Dionysiaques, où le terme est l'un de ceux qui définissent le mieux la nature du bienfait apporté par Dionysos a l'humanité. — V. 171. Sur ce vers a tonalité chrétienne, cf. la Notice, p. 68, n. 2. 173-187. — V. 173. Cf. Apoll. Rh., 1, 220 μέγα θάμβος ίδέαθσιι. L'étonnement est un lieu commun dans les métamorphoses : cf. 12, 188 ; 19, 346; Ovide, Met., 3, 662; al. — V. 175. Cf. 43, 24 άμπελος
NOTES DU CHANT XII
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αύτοτέλεστο:, pour une vigne jaillie spontanément de terre; le parallèle l'orilirrne la correction de Politien et de Falkenburg. —Έ7ιν •i;». άΐατο μορφήν : ι-f. 7. 2 10; 18, ^W; 33, 28. L’expression est empruntée aux Métamorphoses de Nieandre (fr. 62, 3) : cf. la note a 7. 210. et A. Hollis, dans N. Hopkinson (ed.), Studies, p. 57. — V. 176-181. Scène analogue en 36. 307-312, quand Dionysos se métamorphose en vigne dans son combat contre Dériade : v. 176b, 183b - 36. 307”; v. 177* - 36. 3()98: v. 177b-l7B- - 36, 309"-31()8; v. 178b — 36. 3 11*. 1A'S passages concer na nt la chevelure (v. 179" — :36. iiCIH) et le vêtement (v. 179b-l88 — 36, 310b) ne sont pas comparables: le ch. Χ II souligne davantage les similitudes entre Ampélos et la vigne qu'il devient : jeu de mots entre βόστρυχα et βότρυε:; mention île la nébride pour justifier πολυδαίδαλον qui qualifie les diverses colorations des grappes (cf. 5, 279 ; 27, ^284 :o:'iw.tf/>v,-:pjz). l.Rs ν. 18M84 n’ont pas de parallèle au ch. XXXVI; ils surchargent le texte d'une façon peu heureuse en introduisant des redites (v. 183b — Ι7ό6; v. 181 κόρυμβος — v. 184 κόρυμ&ι). La correspondance entre αύχήν et χόρυμύος s’explique bien, car les
pampres
évoquent
une
nuque
ombragée
par
la
chevelure
(Ι)ολιχόσκιος) : en revanche, les rapports entre κόρυμβιχ et κεραίη sont un peu forcés. — V. 185-187. Marcellus et sans doute Rouse comprennent qu’Ampélos devenu vigne se transforme en vignoble, ce qui constituerait un second prodige : « des rangs innombrables de ceps se multiplient *, « there grew rows of plants without end ». Α mon avis, κετθι... ήσαν signifie que la métamorphose s’est produite dans une futaie. La vigne née d’Ampélos a enlacé de sarments toutes les rangées d'arbres, φυτών στίχες, créant ainsi un δρχιχτος άμπε/.όεις. On remarquera que le v. 185 transcrit la définition ιΐ’όρχατος donnée par la schol. D à Ξ 123 αί έπίστιχοι φυτεΐαι. Pour δρχατος άμπελόεις, cf. Quint. Sm., 8, 279; Nonnos, 7, ^345; 12, 192; 42, 278. — Χλοερούς δρπτ,κας έλίσσων : cf. Paraphr., 12, 57, pour les
feuilles d’un palmier.
Page 99.
188-189. V. 188. Κούρος άθύρων : cf. 10, 177 (Ampeloe) ; 11, 406 (Carpos) ; al. — V. 189. Cf. Ν 437, al. δένδρεον ύψιπέτηλον.
193-206. — V. 193-194. l..a métamorphose de Kissos se presente comme une digression, bien qu’elle constitue un élément néc^esire du récit : rf. la Notice, p. 71 (et n. 3). R. Keydell, Λαί. Class., 1, 1932, p. 181 ( Kl. Schr., p. 493), croit a u ne addition ultérieure. il se fonde sur les v. 193-194 qui seraient a son avis des doublets : le premier vers se référerait au lierre et serait destiné a remplacer le second, relatif a la vigne, apres l’add it ion des v. 188-192. Mais φιλίοις implique que le v. 193 concerne la vigne to u t comme le v. suivant et les deux vers ne font nullement double emp loi — V. 195. Άεξίφυτος signifie d’ordinaire « qui fait croître les plantes », « ού les plantes poussent en abondance 11 ; ici, « qui a donné naissance à une plante ». =
.
197
NOTES DU CHANT XII
miracle de la vigne dont les raisins mûrissent en un seul jour est bien atteste : cf. Nonnos, 47, 16-18; Soph., fr. ^25 Pearson/Radt (et les textes cités ad loc. par Pearson) ; Euphorion, fr. 100 Powell. Rapprocher les vignobles qui poussent en l'espace d'une nuit dans le Massique apres la visite de Bacchus (Sil. ltal., 7, 205-211). — V. 200 201. De meme que le raisin mûrit sur-le-champ, de meme son jus se change aussitôt en vin. Une amphore apulienne du Peintre de Ganymède (Bile S 29) illustre joliment ce prodige : Dionysos assis recueille dans une coupe le vin qui coule de deux raisins suspendus au-dessus de lui ; cf. Μ. Schmidt/Α. D. TrendaH/ Α. Cambitoglou, Eine Gruppe Apulischer Grabvasen in Basel (1976), pl. 7 a, 8, lOa; Α. D. Trendall/A. Cambitoglou, The red-figured Vases of Apulia, t. 2 (1982), ρ. 798 (13). — Άνέφηνε, ποτόν : cf. trag. adesp., fr. ^646 b, 27 Kannicht-SneH εις θνητούς άνέφηνα ποτόν Διονό| σου (dans un passage relatif a l'invention du vin) et les expressions similaires citées par les éditeurs. — V. 202. doigts blancs se colorent de rouge : sur ces associations de couleurs, cf. la note a 11, 223 (p. 167). — V. 203. Cf. γ 437 βοός χέροισιν. L'emploi de la corne comme vase a boire passait pour une pratique primitive, demeurée en usage chez des peuples peu civilises comme les Thraces : cf. Xén., Anab., 7, 2, 23; Athénée, ll, 476 α-f (citant Pind., fr. 166, 4 Snell· Maehler; Esch., fr. 185 Radt (307 α Mette] ; Philoxene, fr. 856d Page). Voir aussi les v. ^360-362, et la note ad loc. — V. 204. Χείλεσιν άκροτάτοισιν : cf. la note a 5, 246 (t. 2, p. 180). — V. 205. Φρένα τίρπων : cf. Ι 186; 8 102 ; Η. hom. Herm., ^565. — V. 206. 'Α^νορέω se lit cinq fois dans les Dionysiaques et une fois dans la Paraphrase-, il n'est attesté avant Nonnos que chez Euphorion, Suppl. hell., fr. 415 ii 9 οί -κεν) ά^νορέωσι τοκήας. 207-211. Le vigne de Dionysos le « Sauveur · apporte aux hommes a la fois nourriture et boisson. J. Golega, Sludien ü. die Evangeliendichtung des Nonnos von Panopolis, 1930, p. 69, a rapproché Paraphe., 6, 164-165 ( — Évangile de Jean, 6, 55). Comme l'a vu D. Gigli Piccardi, Metafora, p. 111-112, le v. 211 rappelle surtout Paraphr., 4, 156 εϊδαρ έμον πέλε μϋθος, έμον ποτόν έργα τοκηος. Ces parallèles sont indiscutables ; mais ils ne doivent pas faire oublier que le thème est ancien : cf. Varron, De re rust., l, 54 uua legitur ad bibendum, eligitur ad edendum. On le retrouve sur un mode plaisant dans une « chanson a boire » de Makédonios (vte s. ap. J €.), Anth. Pal., 11, 59. Déjà, dans un passage célèbre des Bacchantes (v. 274^283), Tirésias proclame que l'homme doit a Déméter et a Dionysos les deux principes nécessaires 8 son existence : l'une a apporté les aliments secs ; l'autre a inventé le vin (βότρυος ύγρόν πώμ' ηύρε), qui guérit des souffrances : cf. le commentaire de J. Roux aux v. 274 et 276. De son coté, Callim., Suppl. hell., fr. 276, 8-9, attribue a Dionysos un double don, les céréales et le vin ; mais le contexte est différent, car le dieu semble être ici plus ou moins identifié a Osiris, inventeur a la fois de l'agriculture et de la viticulture : cf. Α. Henrichs, · Die beiden Gaben des Dionysos », Zeitschr. f. Pup. u. Le
.·
198
NOTES DU CHANT XII
Ef>i!{r.· 16. 1975. p. 139-144. Dans la syncrisis rhétorique qu'institue ίι·ί Dionysos, il est normal que 1e laudateur de la vigne joue sur l'ambivalence du raisin pour prouver 88 superiorité sur 1e blé. — \'. 207. Cf. Τ 38 ίκόροσΐην και νέκταρ. Les deux termes se retrouvent asswiës r.n 10, 285: 18, 34; 40, 420; 42, 367-368. Si le nectar est constamment considéré comme u ne boi^n, la nature de l'ambroisie varie selon les contextes comme chez Homère. C 'est la nourritu re des dieux en 6. 42: 12, 207 (et, implicitemenl, dans la plupart des autres passages ού elle est associée au nectar) : cf. c 93, 199; μ 63. C'est aussi la nourriture des lions de Cybèle (25, 379) comme celle des rhevaux d’Héra en Ε 777. Ailleurs, l'ambroisie est un onguent (9, 280: 11. 241: cf. Ξ 170; Π 680; Ψ 186), voire le lait qui coule des seins d'Héra (35, 326). — V. 210". L'expression est équivoque. On peut entendre que la boisson issue de l'épi (le kykéôn) n'est agréable a boire ; mais le vers suivant interdit cette interprétation : Dionysos veut dire que le blé ne fournit qu'une nourriture. — V. 210b. Ίλαθι, Δηώ : cf. la note à 3, 105 (t. 2, p. 138). — V. 211. Cf. Tzetzi-s, Prol. We.s l 7 ( = Orph., fr. ^280, 5 Kern) λαρόν όπώρης .,
είδαρ.
Poge
1(W.
212-2'31. — V. 212. ΙΙότμος έπήρσιτος : cf. 15, 321 (Hymnos trouverait * la mort douce · s'il la recevait de Nicaia). — V. 217. Οίνε:;. τέ^^κεν : cf. 11, ^250; 12, 145. — Sur Atymnios, éromène d'Apollon comme Hyakinthos, cf. la note a 29, 28 (t. 9, p. ^334). — Στνγός '^ωρ : cf. la note a 9, 135 (t. 4, p. 112). — V. 218. Tisiphone et Mégère : cf. la note a 10, 18-40 (t. 4, p. 130). Les Êrinyes ont pour attribut la torche et leur œil est effrayant : Soph., Oed. Col., 84 3εινώπες ; Eur., Or., 261 γοργώπες ; Quint Sm., 8, 245 βλο^ρώπις ; Hymnes orph., 70, 8 φοβερώπες (et v. 6-7). — V. 219. Καί εί θάνες : nouveau rappel du v. 145. Sur le Lethé, cf. la note a 11, 326 (p. 174). — V. 221. Γαΐα καλύψαι : cf. 9, 74; 15, 327, d'après Ζ 464; Quint. Sm., 10, 403, al. — V. 222. Cf. Paraphr., 13, 131 (Dieu) πσιτ1)ρ υΐήα γεριχίρων. — V. 223. Γλυκύ νέκταρ : cf. la note au v. 39. — V. ^226. Καί έν έρνεσι : tours analogues pour souligner la permanence d'un etre meme après 88 métamorphose en 19, 307, ^308, 313, ^34.3 ; 22, 37, 40; 25, 124, 128, 130 (cf. la note ad loc.). — V. 227. Μελέων ακτίνα : cf. 16, 115; 30, 215. Ce sens métaphorique d’àxriç est bien attesté chez Pindare. — V. 229-231. Arrangement d'une épigramme de Leonidas de Tarente (itt' s. av. J C.), Anth. Pal., 9, 99 : une vigne, rongée jusqu'à la racine par un bouc, l'avertit qu'elle produira néanmoins assez de · doux nectar » (γλυκύ νέκταρ) pour qu’on puisse faire une libation sur l'animal quand on l'immolera, 6σσον έπισπεϊσαί σοι, τράγε, θυομένω. Le thème a été repris par Êvénos d'Ascalon (i" s. av. J .-C.), Anth. Ρα/., 9, 75; on le retrouve dans les Fables d' Esope et chez les Latins : cf. Α. Dain, Anth. Pal., C.U.F., ad 9, 75; Gow-Page, Hellenistic Epigrams, p. ^342. .
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NOTES DU CHANT ΧΙΙ
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231-244. — V. 231. Μώμον... άνάπτεις : cf. 27, 69; 37, 413; 42, 225, d'apres β 86. — V. 232. Εύόδμων : il s'agit ^sans doute du bouquet du vin produit par les κ6ρυμ6οι. La poesie fait rarement état du parfum de la vigne : S. Lilja, The treatment of Odours in the Poetry of Antiquity ( 1972), p. 172-198, ne mentionne pas ce thème. Pourtant le parfum de la vigne en fleur était apprécié et meme utilisé en parfumerie : cf. Pline, Hist. nat., 12, 132; 14, 8; Martial, 3, 65, 3. — V. 233. Cf. Apoll. Rh., 3, 937 έπιπνείουσιν Έρωτες ; Nonnos, 16, 111. — V. ^236. 'Αχρις ό86ντων : cf. 18, 150, a propos d'un récipient plein a ras bords. — Χάρις. · saveur agréable » : cf. Aristoph., Lysûlr., ^W. — V. 241-244. Comparer 47, 89-92 (le vin de Dionysos a le parfum des roses et de toutes les fleurs du printemps). Un vin fleurant bon se nomme άνθοσμίας ; cf. aussi Alcman, fr. 92 Page Γοϊνον... άνθεος δσδοντα; Xénophane, fr. l, 6 Diehl. La poète comique Hermippos (fr. 77 Kassel/Austin 82 Kock, cité par Athé née, 1, 29 ef) mentionne le vin de Thasos · sur lequel court une odeur de pomme » (v. 3), puis le saprias qui sent la violette, la rose, l'hyacinthe et qui répand « une odeur divine » (όδμη θεσπεσίιχ), car il est « a la fois ambroisie et nectar », αμβροσία κιχ νέκταρ όμοϋ (v. 8 10). Las Anciens parfu^ient leur vin avec des petales de fleurs (Athénée, 2, 38./), notamment de roses ou de violettes ; mais, malgré l'ambiguïté de certaines expressions, Nonnos veut évidemment dire que le « bouquet » du vin réunit naturellement la senteur de toutes les fleurs. Sur le parfum du vin dans la poésie antique, cf. Lilja, ο. c., p. 110-119 (aucune mention de Nonnos). — V. 240. L'hapax nonnien πολύτριπτος vient de Nic., Thér., 104, où il qualifie une huile de roses faite avec des fleurs « bien pressées ». — V. 244. Λειμωνίδα ποίην : cf. 7, 15; Denys le Pér., 756. =
Page 101.
245-261. — V. 245. Souvenir de Nic., Thér., 902 πολυθρήνου υακίνθου. — V. 247. Cf. les notes à 3, 154 (t. 2, p. 140) et a 11,
259-261 (ci-dessus, p. 170). — Κήπος, « jardin », se dit aussi d'un vignoble : par ex., 43, 86; 47, 89. Ce « jardin » ne procure a Apollon qu’une couronne de fleurs, alors que Dionysos en obtient en plus une boisson. W. Peek, Beitrage, p. 18, propose de coniger ^i χήπω en από κήπου d'après les parallèles cités ci-dessus. Mais une faute de copie s'explique mal; il faut imaginer les deux dieux se promenant « dans leur jardin » pour y faire leur cueillette. — V. 248. Οίνον άφύσσω : cf. 20, 7, d'après Callim., Hymnes, 6 (Démeter), 69 (et β 349). — V. 251-253. Cf. 8, 90 Ζευς πόρε 37jριν 'Aρηι καί εύφροσύνην Διονύσω. Έριστάφυλος et κορυθιχίολος sont des épicleses de Dionysos (cf. la note à 27, 287, t. 9, p. 308) et d'Arès ( 13, 384; 27, 10). H faut vraisemblablement admettre a coté d’αtματ6εις et d’àμπελ6εtς l'ellip se d’un sujet indéterminé τις (cf. Ν 287 ; Χ 199 ; υ 88). — V. 252*. Cf. 5, 3*. — V. 253*. Cf. 12, 322* ; 18, 134·. — V. 254. ’Εσυλήθης : cf. t. 4, p. 41, n. 1. — V. ^25 Εύφροσύνην : cf. la note au v. 170 (ci-
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NOTES DU C H A NT Xll
. IQ')), — V. 258. Le νίη dissipe les soucis (μέριμναι) : cf. Pind., fr. 124. 3-6 (banquets f't beuveries) άνίκ’ ανθρώπων καματώδεε: οί/ονται μέριμναι I σ^θέων Ιξιο) ; fr. 248; Eur., Bacch., 381 αποπαυσαί τε μεριμνά:. Cf. encore le ν. ^290 et la note p. 102. n. 2. — V. 23*). Cf. Eiir .. Hwch ., 777 Διόνυσος ήσσων ουδενός θεών ίφυ. — V. 266. Cf. Orph.. fr. 297 a, 8 Kern (Διόνυσος) πάιηισί τ' ΐίλαπί^σι πάεεστ'.. 262-269. l .a s\nerisι.s entre l'huile et le νίη s'inspire de l'Za^mbe IV de ( ialliinaque ( μεν πεζή | ... έ ]ν ά.νθρώποις άείδεται ... ; comparer Apoll. Rh., 4, 618 χαΐ τά μέν ώς χείνοισι μετ' άνδράσι ( = Κελτοίς) χεχλή ισται, ou le scholiaste glose le verbe par άδετοιι. — Άμπε:λόε:ντος... χορύμβου. L'expression a un double sens : « les pampres (ou « la cime · : cf. v. 317) de la vigne » et « la plante isaue d’Ampélos ». ^294. Comme ά.είδω, φάτις annonce que le poete rapporte une tradition ancienne (entendez : littéraire) : comparer Paraphr., 6, 56 57, ou les deux termes sont synonymes. Nonnos emploie trois fois φάτις, toujours pour introduire une variante : cf. 26, 354; 41, 155. Logiquement, une variante mérite un moindre crédit. La seconde généalogie de Dériade (26, 354-^û) est ignorée dans le reste du poème; la version du catastérisme d'Érigoné rapportée en 47, 246 ss. est dénoncée comme mensongère, au moins en partie (v. 256-257). De même, Apollonios de Rhodes ne mentionne que pour mémoire la version « celtique » de la légende de Phaéthon (4, 611-618) ; a propos de l'origine du nom de l'île de Drépané, U proteste contre l'impiété d'une φάτις, appelée aussi προτέρων έπος (4, ^^^986) ; A ratos émet des doutes (ώς 81jfh:v) sur une légende relative a Diké, bien qu'il la développe longuement (v. 100-136). On peut en dire autant du récit qui a trait a la vigne tombée du ciel : il ne constitue en principe qu'une. digression, alors que la légende d'Ampélos s'étend sur trois
NOTES DU CHANT ΧΙΙ
203
c^mts. Neanmoins, il faut observer que Nonnos oublie aussitôt qu'il rapporte une simple variante, car c'est a ce second récit que se raccorde le ch. ΧΙΙΙ. La raison de cette ano^malie est contenue dans l'expression πρεσβυτίρη .. . φάπις (ν. ^294) : Nonnos apprend par la a son lecteur que le second récit est le plus ancien et le plus autorise ; c'est par goût pour la nouveauté qu 'il a donné la préférence a une version l^»le moins répandue, celle d 'Ampelos, dont la demière partie (l'invention de la vigne) est d'ailleura conçue comme une réplique de l'autre vereion : cf. la Notice, p. 71. Sur le recoura aux valantes mythologiques en poesie, cf. Α. Hollis, Calli^Mhw Hecale (1990), p. 235, note au fr. 70, 7-8. 294-301. — V. 295. Έρρεεν ιχώρ ( =4, 38) : cf. [Opp.], Cyn., 2, 278-279 (serpents massacrés par un cerf) ρέει 3' ίπί γοιίΌιν ... I Ιχώρ αίματόεις. Ε’ΐχώρ, qui peut désigner chez Homère le sang des dieux, est ici une « liqueur * olympienne de nature merveilleuse comme la rosee tombée du ciel qui distille du miel sur les arbres d'Areizanteia en Inde (26, 183-192). Sur un autre sens du mot, cf. la note 8 29, ^268 (t. 9, p. ^348). La liqueur d'ou naîtra la vigne est qualifies de φερέχοιρπος comme Dionysos lui-meme dans Hymnes orph., 50, 10. — V. ^298-501. Ήμερίς... εύάμπελος υλη : cf. Euphorion, Suppl. hell., fr. ^443, 5 ήμερίς [ΰ]λη (cf. ci-dessus la note aux v. ^285-^289). L'expression d'Euphorion est une périphrase recherches pour dési gner un vignoble ; Nonnos l'emploie dans le meme sens, bien qu'il s'agisse ici de vignes sauvages. — V. ^29. Cf. ι: 50 ήμερίς ήβώωσα : contre-imitation d’Homère. — V. ^29. Cf. Denys le Pér., 1157 Ιλιχές π πολυ^άμπτης έλίνοιο (dans un passage relatif a la guene des Indes), a la suite de Theocr., 7, 68 πολυγνάμπτω π σελίνω. Έλινος (hapax chez Nonnos) designe un « rameau de vigne », τον χλάδον ^ς αμπέλου, selon les “Αταχτοι Γλώσσοιι de Philetas (Etym. Magn., s. u. έλινός), puis une « vigne ». Nonnos a créé (?) έλινοφόρος qui qualifie Dionysos ou la vigne (16, 278 ; 17, 333). La vigne sauvage enlace les arbres de ses lianes ; selon les « physiologues » allégués par Diod. Sic., 3, 62, 3-4, elle produit des raisins presque semblables à ceux de la vigne cultivée ; Philippe (icr s. ap. J.-C.), au contraire, la ^udit comme une plante qui ne pousse que dans d'arides régions nordi ques : Anth. Pal., 9, 561. Sur les différentes especes de vigne sauvage et sur les vertus médicales de leurs fruits, cf. Diosc., De ma.teria medica, 4, 5; 5. 2. — V. 501. La vigne venue de l'Olympe posaede d'emblée deux traits caractéristiques de l'univera bacchique : la surabondance (βεβυσμένος : cf. 14, 240; 18, 150; 19, 296; 20, 294; 23, 210; 25, ^44) et un pouvoir de débordement irrépressible (βλύζω et ses composes, passim). Sur ce dernier aspect du monde dionysia que, cf. t. 7, p. 16 (n. 3), 142 (notes a 18, 150 et 152).
Page 103.
^302-313. Ce vignoble naturel rappelle le verger et le vignoble merveilleux d'Alkinoos où coexistent les quatre saisons (η 112-128). réminiscences sont nombreuses : 1j 112 μέγοις δρχοιτος — ν. 502
204
NOTES DU CHANT XII
πολύ; 1ι. : τ, 115-1 16 7.γλ7.όκ7.ρποι... έλαϊαι ,. v. 310 άγλαόκαρπον... έ/.αίην : Υ, 121 έπϊ σταφυλή a-:7.'1'-j/.f,l — ν. 303 έπί βότρυϊ βότρυς: η 125 ζμφαχες — ν. 31 I; η 126 άνθ-υς ... ύποπερχάζουσιν — ν. ^309 περχ:ίζων... άνθος. Comparer Philostr., lmag., 2, 17 (Νήσοι), 7-8 : l’île que D io ny-sm a confiée a Si lène est cou verte de vignes dont les raisins sont plus ou moi ns murs, si bien qu 'on peut vendanger en toutes saisons; rertaines grappes sont gonflées de jus (όργώσιν), d'autres se t ρ. μ > σ) d'une façon si grosaiére que les deux leçons sont difficiles a déchiffrer. Neanmoins Ρ et ses apographes ne connaissent que π:χλμί;'>, ce qui prouve que ταρσω a été introduit posterieurement (je désigne ces corrections tardives par le sigle L5 ; cf., dans ce volume, 12, ^380; 13, 34, 70, 225). En effet Ρ est un copiste très consciencieux : il note les variantes qu ’il decele en L (cf. la note a 11, 68, p. 158) ou reproduit aussi exactement que possible ce qu'il lit, quand il ne parvient pas a déchiffrer son modèle. Malgré R. Keydell, la leçon primitive de L conserve le texte correct : βητχρμονι πχλμι;, est attesté treize autres fois, dont trois avec πο3ών (18, 140; 4.3, 3 lO; 45, 275 ; cf. aussi 47, 226), alors que β. ταρσω η 'apparaît que deux fois ( 13, ^M; 41, ^234) dans un contexte qui exclut ποδών. De l'analyse de ce ess, on retiendra deux enseignements qui presentent un intérêt général pour l'établissement du texte. (1) Les leçons ρ ri mit ives de L méritent considération : cf., dans ce volume, les notes a 13, 34 et 267. (2) Bien que Ρ soit un simple apographe, son témoignage est parfois capital pour déterminer la date (et donc la valeur) des corrections relevées en L.
Page 105. 351-362. — V. 351. Cf. Eur., Cyc/., 75 ξχνΟάν χχίταν σείεις. — V. 353. Στικτά ... δέρματα νεβρών : cf. 11, 353 et la note ad loc. -V. 354. Expressions analogues en 27, 222-223. — V. 355. Cf. Nic., ΑLex., 30-31 άγριόεσσαν ύποθλίφαντες όπώρην | Σιλτ.νοί; [Opp.], Cxn., 1, 127 (évocation de l'automne) βότρυς ημερίδων θλίβων έπιλήνια χαίρει ; voir aussi les parallèles nonniens cités au v. 350. — V. 336-357. Sur le thème du jaillissement du vin, cf. la note au v. 301. — Sur χχράδρη, cf. la note a 2, 74 (t. l, p. 168). Le terme désigne ici soit les torrents que le vin rougit en débordant soit plutôt les rochers dans lesquels Dionysos a aménagé sa cuve. — V. 358. Στείνομσιι, « être serré l'un contre l'autre », « être plein » ou · encombré de » (pour un lieu), semble prendre ici le sens de « être comprimé par ». Le correction στειβυμένη, · piétiné par », donne le sens attendu ; une confusion entre β et ν est facile en minuseule. — V. 359. Pour l'écume blanche du vin rouge, cf. la note a 18, 153 (t. 7, p. 142) ; pour l'expression, cf. 18, 245 et la note (t. 7, p. 150). — V. ^M. Άρύοντο ... κυπέλλων : cf. la note a 20. 5 (t. 8, p. 180). — V. 361-362. Έξέτι κείνου annonce ιιη aition : cf. Callim., Hymnes, 4 (Délos), 275 ; Apoll. Rh., 2, 782 ; 4, 430. Nonnos explique l'emploi de κεράννυμι au sens de « verser » le vin a partir de κέρχς, la corne qui fut le premier vase a boire. Sur cette étymologie et lc sens de κεράννυμι chez Nonnos. cf. l'appendice p. 259-264. 368-379. — V. 363. Le thème du jaillissement reparaît : cf. le
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CHANT ΧΙΙ
v. 357 et la note au v. 301 ; on le retrouve aux v. ^36 et ^W-370. — Φρενοθελγέος : l’hypallage est probable ; d'apres le contexte, l'adjectif qualifie plutôt la boisson. — V. ^364 La répétition καμπύλον/έκαμψε a choqué. R. Keydell, Byz. Zeitschr., 46, 1953, p. 4-5 ( = Kl. Schr., p. ^536-537) et W. Peck, Beitrage, p. 18-19, inclinent a coniger χαμπύλον en άστιχτον, qui est impropre. La Satyre n'a pas la démarche incertaine et chancelante de l'homme ivre malgré G. Chrétien (note a 10, 241) et Η. White, Studies, p. ^57 : il danse et χαμπύλον ίχνος doit être considéré comme une expression technique (cf. encore 6, 48 ; 8, 21 ; 18, 141), ce qui légitime le jeu étymologique : cf. 4, 268 χαράγματα... χαράσσων ; 13, 362 μέλος... έμελίζετο. Κίρπιμον, conjecturé par Μ. L. West, Class. Quart., 12, 1962, p. 224, n'a pas sa place dans le passage, alors qu'il est pleinement justifié en 12, 7. — V. 367b. Formule répétée au v. ^386. — V. ^368. Las tambourins accompagnent donc la beuverie qui se transforme en un véritable comos. On retrouve en 29, 224, une expression similaire dans un contexte de bataille. — V. ^W\ Cf. 47, 73, ou άσπετον remplace άσχετον. R. Keydell, Jahresber. f. Alt.· wiss., 272, 1961, p. 33 ( = Kl. Schr., p. 227), défend avec raison le texte transmis contre L. Castiglioni, Rend. Ist. Lomb., 65, 1932, p. 314 : le Satyre boit sans s'arrêter, d'un trait. — V. 370. 'Ροδόεις,
inusité chez Nonnos pour le vin, peut s'expliquer par le désir d'établir une opposition avec κυανέην : cf. 15, 8 et la note ad loc. (p. 204). Une correction 8ολόεντι (cf. la confusion inverse en 18, 353) ne convient pas dans le contexte. — V. 372. La Nymphe est une ( Hama)d ryade, a demi cachée dans le feuillage : ήμιφανής est un trait saractéristique de ces divinités (cf. 22, 15 ; 44, 12 ; 48, 441), ainsi qu'άνάμπυξ (cf. la note a 29, 266, ι. 9, p. 347). — V. 373. 'Υψιπέτηλον : cf. la note au v. 189. — V. 374. Cf. Statyllius Flaccus (1*T s. av. J.-C.), Anth. Pal., 7, 342, 2 όλισθτ,ροις ποσσίν. — Γαμψώνυξ. Les Satyres de Nonnos ne semblent pas être des chèvre-pieds; ils ont des pieds humains. L'adjectif désigne les ongles crochus de leurs orteils ou peut-être plus simplement leurs orteils qu'ils recroquevillent pour s'agripper au tronc : la formule γαμψώνυχι τιχρσί;Ί s'emploie en 40, 396 pour les serres du phénix. — V. 376. 'Εγερσίνοος, · qui éveille l'esprit ». · qui suscite des iniliatives » (cf. 37, 673), qualifie encore le vin en 47, 57, 76. Le terme, qui n'apparaît pas avant le Ve s. ap. J . C., a une valeur plus intellectuelle ou religieuse quand il qualifie la Samaritaine (Paraphr., 4, 184) ou les livres (Proclos, Hymnes, 3, 4). — Έτερόφρων, « qui dérange l'esprit ·, se dit toujours de l'égarement ou de la folie dans les Dionysiaques, y compris dans notre passage, malgré W. Peck, Lex., s. u. ; cf. encore Paraphr., 5, 115. 11 prend un sens différent dans Paraphr., 4, 155 ( paroles du Christ ayant un sens caché); 6, 210 (foule inconstante) — V. 375-379. Le thème de la Nymphe peursuivie par un Satyre et plongeant dans l'eau pour lui échapper se retrouve à la Renaissance. Β. Gerlaud rapproche Ron sard, Α la fontaine Belierie : « Belle fontaine chérie | De nos N y mphes, q uand ton eau | Las cache au creux de sa source | Fu yantes -
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NOTES DU CHANT
ΧΙΙ
le Satyreau I Qui les pourch^as à 1a course I Jusqu'au bord de ton ruisseau. » 381. L'améthyste passe pour preserver de l'ivresse : cf. 1a note à 18, 75-77 (t. 7, p. 135). Cf. l'épigramme de Platon le Jeune (ive s. av. J.-C.), relative à une image de Diony^ gravée sur une amé thyste : « Cette pierre est une améthyste, et moi, Dionysos, le buveur; ou elle me persuadera d'etre sobre ou qu'elle apprenne a s'enivrer » (trad. Ρ. Waltz, C.U.F.). — Άνάγχης : sur le pou voir contraignant du vin, cf. Pind., Ném., 9, 51-52 βιατάν | Αμπέ λου nat8(a); Bacchyl., Éloges, fr. 3 Ingoin ( = 20 Β Snell), 6-7 γλυκεΓ άνάγχα I ... κυλίκων.
Page 106.
383-393. — V. 383. ΤΩν ό μ^ αιύτών : cf. Callim., Épigr., 4.2, 3. — V. ^385 ’Ηγχάσσατο : cf. la note à 7, 318 (t. 3, p. 182). L'acception érotique, fréquente chez Nonnos, remonte a Euphorion, Su.ppl. hell., fr. 415 Ι 9. — V. ^386. Νοόπλαιγχτος : adjectif propre a Nonnos, ici au sens actif, au sens passif en 9, 255. — V. 387. Cf. Callim., Aitia, fr. 75, 45 Pf. ^ μίτρης άψαο παρθενίης. — V. ^389. L'hiatus révèle une corruption du texte. On peut l'amender de deux façons :
(1) transférer
avec Ludwich au v. ^389 la particule places au vers précédent et corriger l'adjectif en όπισθοβόλω (cf. notamment 45, ^382 pour une œillade) ou en όπισθοπόρω (cf. 4, ^268) ; (2) avec Η. Tiedke, Rhein. Mus., 33, 1878, p. 532, et W. Peek, Beitràge,
p. 18-19, corriger όπισθοδότω en ποθοβλήτω d'après 48, 401. Aucune de ces corrections n'est satisfaisante du point de vue paleographique ; il parait prudent de marquer le passage de la crux. — V. 390. Faut-il imprimer μύστιδα avec ou sans majuscule? La nourrice de Dionysos Mystis (9, 98-138, ^29), quOn retrouve en 13, 141, comme mère de Corynthos, n'est pas une vierge, κούρη. H peut s'agir d'une autre Bacchante qui procède à l'allumage de « la torche des danses nocturnes · enseigné par son homonyme en 9, 118; mais on ne trouve pas ailleurs une formule du type nom propre + κούρη, sauf si le nom propre désigne la patrie ou le pere de la jeune fille.
J'adopte la minuscule, déjà préférée par Keydell dans ses Corrigernda. (fin du t. 2). L'adjectif signifie que la vierge est en train d'accomplir un acte rituel, comme les Bacchantes μύστιδες en 46, 172 (cf. v. 173 τελετάς στησωμ.εν). 11 est d'ailleurs à noter que tous les autres acteurs du cômos sont anonymes. L'acte « mystique · de la Bacchante se réduit sans doute à l'aUumage de la torche qui éclairera les danses nocturnes : les termes caractéristiques des cultes à mystères ont un sens affaibli, presque « laicise », chez Nonnos, cf. F. Vian, Journ. Sav., 1994, p. 217-221. — V. 392-393. Πεφιδημένα δάκτυλα : cf. 17, ^369 pour un médecin soignant un blessé. En l, 347, Zeus effleure « comme per mégarde · les seins d'Europé avant de s'unir à elle. La retenue dont fait preuve le Satyre ivre est surprenante et il serait tentant de corriger πεφιλημένα avec Marcellus; mais cette forme a
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partout ailleurs le sens passif de « chéri de ». Le comportement inattendu du Satyre confirme peut-être que ces unions (accomplies ou seulement tentées) ont une signification symbolique : cf. la Notice, p. ^86-8. — V. 393 = 1, 348. Cf. la note ad loc., t. 1, p. 156. 396-397. — V. 3396. Κλήματα [3οτρυό^« : cf. 47, 67 (sarments de vigne donnés par Dionysos a Icarios). — V. 397. Άγρυπνον : cf. t. 4, p. 38, n. 2. — Le terme religieux d'éop^ n'est attesté que trois fois dans le poeme, toujours a propos de Dionysos : en 16, ^40, il désigne les fêtes nocturnes auxquelles participe Télété/lnitiation ; en 40, ^40, le λυσιπόναιο... κώμος ΐορ^ς est la grande fête célébrant le triomphe indien.
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Page 14. 1-7. — V. Ι. Cf. 25, 377 'Ρείης... θέσχελον αύλήν. Sur la grotte de Rhéa, cf. la Notice, p. 131, n. 4. — V. 2. Έγερσιμόθω est prolepti· que : il résume a lui seul le message qu’lris doit porter a Dionysos. — V. 5. Le participe équivaut indiscutablement a un verbe a un mode personnel. Le sens exigerait : οφρα έξελάσειεν ... , ιΧμήσειε 8έ ... καί. .. διδάξ^. — V. 6. Premie re mention de Dériade. H faudra attendre 17, 254, 293, pour connaître le nom de son père, le fleuve Hydaspe. Dériade est cornu comme celui-ci : cf. la note a 26, 155 (t. 9, p. 276) et comparer 36, 130 πάτερ ... κερασφόρε Δηριαδήος. — V. 7. Selon Mégasthénes, 715 F 12 Jac. ( = Arrien, Inde, 7), Dionysos a apporté la civilisation aux Indiens : il leur a appris, entre autres, a cultiver la vigne, a vénérer les dieux et a exécuter des danses satyriques. Les lndiens de Nonnos different des sauvages nomades décrits par l’historien : ils ont un roi, une ville et meme des dieux. Όργια νυκτιχόρευτα : cf. 27, 214 et la note ad loc. (t. 9, p. 323). 8-18. — V. 9. Cf. ι 236 ές μυχόν άντρου. — V. 10-13. Rhéa, la Mère universelle, occupe une place éminente dans la hiérarchie divine et dans l'action. Mais Nonnos, qui ne lui donne jamais la parole, la laisse presque toujours a l’arrière-plan : les débuts des ch. ΧΙΙΙ et ΧΙ V font exception. Ici elle apparaît dans une attitude hiératique; elle ne parle que par signes (v. 14 άμειδέι νεύματι) et la visiteuse se prosterne humblement (v. 11 δούλαν) devant elle. Cette scène de proscynèse est unique dans le poème ; Paraphr., 4, 95, 112-113, 115 118; 9, 172·174, présente des expressions analogues, toujours pour traduire le προσκυνεΐν du texte de Jean. Pour le baisement des pieds, cf. dans un contexte différent 4, ^W. — V. 1oa. Cf. Calli m., Hymnes, 2 (Apollon), 12, et la note a 3, 54 (t. 2, p. 136). — V. llb. Cf. 20, 72b όρειάδως έπ’:ιθι 'Ρείτις. — V. 14-17. Comme chez Homère, la visiteuse se restaure avant de délivrer son message; l'ordre est inverse en 25, ^368-370. Mais le schéma homérique du repas d'hospitalité est moins bien conserve ici ; Nonnos ne garde que deux motifs : les serviteurs qui apportent la boisson (au lieu de la nourriture) et la satisfaction de l’hôte (τέρπετο). Άρέσαντο (cf. 25, 370 άρεσσάμενος) n’appartient pas au vocabulaire homérique de la scène typique; mais il est employé dans des contextes voisins (T 179 ; Apoll. Rh., 1, ^8). — V. 18.
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Μυχήσατο est garanti par 10, 137 : cf. la note ad loc. (t. 4, p. 137) ; il signifie peut..etre qu'Iris parle en état d'ivresse. Noter le chiasme et la répétition de Διός; pour Διός... βουλήν, cf. Α 5; T 15; al.
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19-34. Le discours est construit selon un plan rigoureux : ordre de Zeus (2 vers) ; — promesse de Zeus (4 vers) ; précedents : Hermes et Apollon (4 vers), Zeus (4 vers) ; — exhortation finale (2 vers). — V. 20b. Meme formule en 18, 221 ; 25, 328 ; 36, 141 ; 39, 80. — V. 22. "Αξια ρέξον : cf. la note 8 28, 3 (t. 9, p. 314). Διός... αύλή : cf. la note a 25, 430b (t. 9, p. 263). — V. 23. Cf. v. 30 νόσφι πόνων. Le thème stoïcien de l'exaltation du πόνος se retrouve en 20, 94-98 : cf. la Notice, p. 112, n. 1. Pour l'expression, cf. Hés., Trav., 113 νόσφιν άτερ τε πόνου (^r. lect. πόνων) ; Quint. Sm., 8, ^423 άπάνευθε πόνων (avec un contexte différent dans les deux cas). — V. 25-27. Sur Argos, cf. la note à 1, 343 (t. 1, p. 136) ; sur Arès emprisonné par les Aloades et libéré par Hermès, cf. Ε ^389-391 et Nonnos, 2, (avec la note ad loc., ι. Ι, p. 178). — V. 27b. Cf. Α 401 τόν γ' (Zeus). .. ύπελύσαο δεσμών; Nonnos, 21, 66; 26, 140. — V. 28. Delphyné est l'un des noms du dragon femelle de Delphes tué par Apollon ; il est attesté depuis Callim., fr. 88 Pf. ; Nonnos ne mentionne Delphyné qu'ici en se souvenant peut-être d'Apoll. Rh., 2, 736 Δελφύ'Π)ν... έξενάριξεν. — Αιθέρα ναϊεν : formule fréquente chez Nonnos (cf. ici même v. 34), variation sur l'homérique αιίθέρι ναιίων (Β 412 ; al.) qui qualifie Zeus. — V. 29-30. 'Ύ'ψιμέδων Ζεύς : cf. la note à 4, 49 (t. 2, p. 153). "Ορχσιμος άστρων : cf. 3, ^264 44, 169. Άνέόαινεν ές ούρανόν : cf. Α 497 άνέβη μέγαιν ούρανόν. — V. 30-31. Souvenirs possibles de la Titanomachie hésiodique : Theog., 718 εδησαιν, 721 Τάρταρον, 729 730 Τι^νες .. I χεχρύφαται βουλησι Διός. — V. 34. Le signe ει placé au-dessus de l' ω de ναίων en L manque en Ρ; ίΙ peut être dû 8 une main tardive (Ls). Malgré la fréquence du tour αιθέρα ναιιειν, l'infinitif, admis depuis Ludwich, ne s'impose pas. 35-38. Pynhichos est l'un des Corybantes · divins ·, originaires de Crète, recensés en 14, 23-35 (cf. v. 34). Généralement classé parmi les Courètes crétois, il est l'inventeur de la pynhique, la danse en armes qui prépare 8 la guerre : cf. Êphoros, 70 F 149 Jac. ( Strabon, 10, 4, 16 (^480]) ; Paus., 3, 25, 2. 11 est le héraut tout désigné pour mobiliser les alliés de Dionysos ; mais, curieusement, il n'intervient pas au cours de la guerre : cf. 28, 292-297 et la note ad loc. (t. 9, p. 329). — V. 36. Ά^ελιώτην : hapax chez Nonnos, qui semble se souvenir de Callim., Hymnes, 1 (Zeus), 68; cf. aussi Η. hom. Herm., ^296; Callim., Hécalë, fr. 268, 6 Pf. ( 69, 6 Hollis). — V. 37. Φιλοσμάραγος qualifie les Corybantes eux-mêmes en 3, 77 ; 29, 234 ; 44, 33. 39-42. Passage symétrique au début du ch. XIV : cf. 14, 5 άολλίζουσα, 6 διέστιχεν Ιδραναι κόσμου, 11 εις χθόναι Λυδών. L'univers est symbolisé ici par le couple Europe/Asie, par les quatre points cardinaux au chant suivant. — V. 40. "Εδρανα κόσμου : cf. 3, 203 ; 14, .
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6; 38, 320; 48, 385, d’apres Η. orph., 26, 4. — V. 42. Άβρόβιος qualifie les Ioniens « effémines · dans ^sechyl., Dith., 4, 1 Irigoin,
puis d’autres peuples asiatiques, par exemple les Arabes, chez Denys le Per., ^968. Nonnos reserve l’épithète aux Lydiens (cf. encore 48, ^36 et 13, A.J8ûv 3' αβρός Ομιλος) et aux Phrygiens (48, 447). Page 136.
48-52. Ce prélude trouve une brève réplique au début du catalogue des contingents divins (14, 15-16); l’invocation aux Φοιβάδες αύραι fait écho a l’invocation aux Muses (v. 46) ; ήρωίδα φύτλην n’est attesté que dans ces deux passages. — V. ^^48. V ers suspectés à tort, à la suite de Graefe, par R. Keydell, Hermes, 62, 1927, p. 394-395 ( = Kl. Schr., p. ^^^48) : cf. Ρ. Collart, Nonnos, p. 113-114 et ci-dessus la Notice, p. 113-114. Si la mention des contingents proprement dionysiaques est nécessaire a cette place, la rédaction des deux vers est embarrassante : on peut s'accommoder de la répétition de γενέθλης, mais la construction de Κενταιυρίδος αίμα γενέθλης fait difficulté. Collart, ο. c., p. 112, semble en faire une ap^taltion a Σατύρων < φύτλην > et traduit (Satyres), « race con^ngume des Centaures ·· On objectera que les Satyres ne sont pas issus du ^sang. des Centaures, bien que certains d’entre eux portent des noma de Centaures : cf. la note a 14, 107 (t. 6, p. 183). Avec plus de vraisemblance, Kocchly admet la chute d’un vers (ou de plusieurs) après Σα^ρων. Faute de mieux, je considère, comme Marcellus et Rouse, que l’énumération des v. 48-46 comporte une asyndéte au milieu du v. 44 et qu’alpa est complément d’objet comme φύτλην, φιΧ.λαγγα et στιχα. Le ch. XIV distingue trois catégories de Centau res : v. 49-51, 148-192, 193-202 ; la suite du récit ne retient que le second groupe, celui des Pheres : 17, 139-148, 197-217 ; 20, ^223-224; 27, 31. — Δασυκνήμοιο : cf. la note a 18, 60 (t. 7, p. 134). — V. 46 49". Transposition du prélude homérique au Catalogue des vaisseaux : v. 46b = Β ίσπετε νϋν μοι, Μοοοαι, 491 'Ολυμπιάδες Μοϋσαι; ν. 47-48— Β ^489-490 ούδ' εί μοι δέκα (Uv γλώσσαι, δέκα δέ στο ματ' εϊεν, | φωνή δ' άρρηκτος, χάλκεον δέ μοι ήτορ ένείη. Pour χέων, cf. Bacchyl., Épin., 5, 7 Irigoin (5, 15 Sn.-M.) γάρυν... χέων. — V. 49&·52. Nonnos appelle a l’aide a la fois les Muses et Homère : cf. v. 60 και ί 'Όμηρον. Άλλά n’est pas corrélatif d'ού γάρ ; il n’y a pas lieu de coniger λιγαιίνων en λιγαίνω malgré Keydell : cf. W. Peek, Beitrage, p. 19, n. 2. On retrouve λιγαίνω et εύε^η dans l’invocation a Homère du ch. XXV (ν. 260 ss.). — Ηγεμόνας, terme rare chez Nonnos, vient de Β 487. — V. 51-52. Image familière : le poéte est comparé a un marin et son poeme à un navire ; cf. par exemple Pind., Pyth., 2, 62 ; 10, 51-52 ; 11, 39-48 ; Nem., 3, 26-27 ; 5, 51 ; Bacchyl., Dith., 2, 1-2 Irigoin (16, 1 Sn.-M.) ; Aristoph., Cav., 341-^54; et en général D. Gigli Piccardi, Meta/ôra, p. 157 (et n. '183); Ε. Livrea, Κρέσσονα βασκανί^ς, 1993, p. 121, n. 8 (bibl.). Comme l’a vu R. Keydell, Gnomon, 45, 1973, p. 24 ( = Kl. Schr., p. 567), . Nonnos s’inspire plus particulièrement de Claudien : dans le
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prélude a la Gigantomachie grecque (v. 1-17), le poète, après avoir rappelé qu’il a été sauvé autrefois d'une tempête en adressant une prière « aux Bienheureux de la mer », invoque Phoibos « dieu de la poésie » a son secours afin de « pouvoir naviguer en paroles dans de beaux vers », αύδήεντα χατάπλοον εύηπιάων (v. 8). Ce rapprochement permet d'écarter la conjecture de Peek, Beitmge, p. 19-20 (ιΧπερ au lieu d'ènet, * puisque »). Au v. 51, δλον signifie apparemment qu’Homère est en tous les cas le havre de la belle p^ie. 53. Contingent Ι : Beotie (v. 53-82). 53-55. Acteon. — V. 53. L'appel de Dionysos n'est mentionné qu'ici ; pour l'expression, rapprocher 26, 43, 350 (catalogue indien). La participation d'Actéon à la guene des Indes s'accorde mal avec le récit de sa mort au ch. V; selon Nicandre, fr. 97 Schn., ce sont les chiens d'Actéon qui ont accompagné Dionysos en Inde après la mort de leur maître : cf. t. 2, p. 100-101 et ci-dessus la Notice, p. 123. Ταχύς (v. 54) s'oppose a βραδύς (v. 253) : Actéon anive vite au contraire de son fils, le chef du dernier contingent de Grèce (composition annulaire) : cf. Chuvin, p. 50. Έπτάστομος (v. 55) qualifie Thèbes aux sept portes dans Eur., Phen., 287 ; Bacch., 919 (cf. Suppl., 401). 56-62. Villes de Béotie (v. 56-79). Sur les vingt-neuf villes recensées par Homère (Β 494-510), Nonnos en élimine quatre (Étéônos, Eutrésis, Glisas, Onchestos) et en transfère deux dans le contingent suivant (Hyrié, Aulis). Aux vingt-trois qu'il retient s'ajoute Ascra (v. 75), variante attestée pour Arné en Β 507. Sur l'ordre adopté par Nonnos par rapport a Homère, cf. Chuvin, p. 35 37. — V. 55*. Sur cette formule, cf. la note a 14, 52 (t. 6, p. 178). — V. 56b-57a. Thèbes, la ville de Cadmos, est substituée à l'homérique Hypothébai (Β 505), qui est postérieure a la destruction de la ville par les Épigones. — V. 58. Marcellus remplace Άρνην καί par Όγηστον; sa conjecture a été adoptée par Koechly, Ludwich et Rouse. Contra, Ρ. Maas, Byz.-neugr. Jahrbb., 3, 1^92, p. 130, qui relève le meme type d'anaphore en Σ 398-399. Grâce a ce procédé, Arné est mentionnée a un double titre. Elle apparaît comme le domaine de Poseidon, sans doute parce que la Nymphe Arné fut aimée du dieu selon Euphorion, fr. 96 Powell (cf. Chuvin, p. 40, n. 20), puis comme terre a vignes chère a Dionysos, conformément a la tradition homérique (Β 507 πολυστάφυλον "Αρνην). — V. 6lb-62. Thisbé : cf. Β 502 πολυτρήρωνά τε Θίσ6ην. Cette épithète a suggéré a Nonnos (ou a l'un de ses prédécesseurs) que la ville, qui possède un mouillage peuplé de tourterelles (Strabon, 9, 2, 28 [411]), était consacrée a Aphrodite : cf. Chuvin, p. 39-40, n. 15. — V. 63. Éleon : cf. Β 50. Nonnos qualifie le bourg de « feuillu » ; sur ce sens d'eûxat^ç, cf. Anth. Pal., 4, 1, 51 (Méléagre) ; 9, ^669 8 (Marianos). Selon Keydell (apparat critique), il a peut-être compris qu''EXcôv équivaut à έλοιιών, « oliveraie » ; c'est d'ailleurs la leçon amétrique donnée par la première main de L. 63-72. — V. 56-65. La mention de Copai (Β 502) a amené celle des
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anguilles du lac Copaïs célébrées par Aristophane : cf. Chuvin, p· 40, η. 18. — V. ^66-61. Λάσιος, comme εύχαίτης (ν. 63), donne à en tend re que Médéô n (B 501) se trouve dans une forêt, comme il est naturel en ces temps anciens. caractéristiques d’Hylé (Β ^50) sont tirées d'Homf.re : pour Tychios d’Hylé, cf. Η 219-^223; la notice sur Oresbios d’Hylé (Ε 707-710) a conduit a penser que le bourg se trouve dans la montagne (τανυκνήμις, cf. Β 497 πολύκνημον) et qu'il est aussi opulent quOresbios (εύόοτος). — V. 63^. Allusion a H^^sa (Β 449), plaine ού la terre pngloutit plus tard le devin Amphiaraos et son char (!ίρμ:χ) apres la défaite des Sept contre Thèbes. 11 y avait U un oracle souterrain célèbre : cf. Chuvin, p. 38. Sur εύρυάλως, cf. la note a 4, (t. 2. p. 168). — Άμφιαρήου : d’après quelques indices, Ι'τ, semble être de seconde main en L (forme plus maniéree qu'à l’accoutumée) et en Ρ (où il surcharge apparemment l’a); Politien écrit d'ailleurs άμφιαράου. Nesnmoins, la forme avec η parait prHerable, car on la lit dans le Dionysos ou les Chiliades d’Euphorion que Nonnos utilise dans cette partie du catalogue : cf. Suppl. he//., fr. 422, 5, et Α. Bairgazzi, Mise. Λ. Rostagni (1963), p. 425-26. — V. 70. Même vers en 4, ^336 : pour l’expression, Nonnos s’inspire de Callim., Hymnes, 5 (Bain de Pa/las), ^60-62, et non de Β 498, ^M; cf. la note ad loc. (t. 2, p. 165). Βαθύκνημος n'est attesté que dans ces deux passages : il implique un paysage conventionnel de haute montagne comme τανυκνήμις (ν. 61) ; rapprocher βαθυκνήμις, épithè te du Parnasse en 9, 273. — V. 71-72. Haliarte est nommée en 4, ^335, a côté des deiix villes précédentes. Homère la qualifie d'herbeuse, ποιήεντα (Β 503). Ύδρηλή lui convient bien, car elle est anosee par le Permessos et l’Olmeios qui descendent de l'Hélicon (Strabon, 9, 2, 19 [407]), sans compter le Mélas (ibid., 18 (407]) et le Lophis (Paus., 9, 33, 3). La construction du passage fait difficulté. Rouse et Peck (Lex., s. u.) comprennent 'Ελικώνος comme un génitif de separation. Ce type de gén it i f est fréquent a l'époque tardive (cf. R. Keydell, Nonni Dion., t. 1, p. 38*); mais il n’est pas attesté avec μερίζομαι et le sens n’est pas satisfaisant : (Haliarte) « séparee de l'Hélicon par les eaux médianes d'un fleuve descendu de la montagne ·. Έλικώνος dépend plutôt de ποταμοϊο ou, ce qui revient au meme, développe όρεσσι(voir un cas analogue en 22, 225). En ce cas, Nonnos dirait qu 'Haliarte est partagée en deux par les eaux du fleuve : cf. Strabon, 9, 2. 18 (Mélas) τον ρέοντα 8ιά •rij Άλιαρτίας, et comparer 1, 252 et 25. 403, où μερίζομαι est couplé avec μέσος ou un terme analogue. Ces précisions supposent que Nonnos dépend d’une source erudite. Page /37.
73-79. — V. 73-75*. La v. 13 glose l'hom. ’Α^ηδόνα τ' έσχατόωσαν (Β 598). Nonnos rappelle ensuite la légende de Glaucos, un pêcheur d’Anthedon devenu un dieu de la mer pour avoir mangé une herbe d’immortalité : cf. encore 35, 73-77 ; 39, 49-101 et la note à 10, 105 (t. 4, p. 135). La précision βαιήν ... πολίχνην paraît empruntee à
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une source géographique ; en tout cas, Ν onnos est tributaire, directement ou non, du Glaucos Pontios d'Eschyle, car l'hapax ιΧειζώοιο, qualifiant l'herbe de vie, vient des fr. 28-29 Radt ( = 60 Mette) την άείζων άφθιτον πόαν, της άειζώου πόας; en 35, 75, le terme eschyléen est · traduit » par βοτάτην ζωαρκέα. — V. 75b-76. Cf. Chuvin, p. 40. 'Άσχρη, patrie d'Hésiode, est la leçon de zenodote en Β 507. Δαφτηεσσαν fait référence a Théog., 30, et l'hésiodique δυσπέμφελον glose le vers consacré au « bourg maudit » d'Ascra (Trav., ^W). — V. 77b-78. Cf. Β 498 Γραιάν τε χαί εύρύχορον Μυκαλησσόν. Sur ces deux villes, cf. Chuvin, p. 38. Graia est une • ville sainte ·. parce qu'elle possède un sanctuaire de Poséidon : Strabon, 9, 2, 10 (^M) ; pour l'expression ίερόν άσ^ (cf. encore v. 318, al.), cf. Théodotos, Suppl, hell., fr. 757, 7, et le commentaire des éditeurs. C'est a Mycalessos que la Gorgone Euryalé et sa sœur ont renoncé a poursuivre Persée : Nonnos rapproche Εύρυάλης de l'hom. εύρυχόρου et explique le nom du bourg par le mugissement de la Gorgone (cf. 25, 58 Εύ ρυάλη ς μύχημα ; 30, 266). Cette tradition est attestée dans les scholies et chez Eustathe à Β 498b. Selon une autre légende, Mycalessos doit son nom au mugissement de la vache qui a guidé Cadmos (Paus., 9, 19, 4). — V. 79. Χθόνα Νισαίην transpose Β ^508 Νϊσαν. Coronee est nommee en 4, 335 ; la mention de son fondateur Coronos vient de la scholie à Β 503; cf. aussi Paus., 9, 34, 7.
80-82. — V. 30b. Meme formule en 21, 310; 32, 42; 33, 166. Nonnos affectionne le tenne prosaïque et technique de χλίμα, qu'il emploie en général par référence a l'un des points cardinaux. Cf. déjà Alphée de Mitylène (époque d' Auguste), Anth. Pal., 9, 97, 6 γαίης δ' άμφοτέρης χλίματα. — V. 82. Pour δαφναιος, cf. la note au v. 129. — Έπέπταιρε : l'étemuement est un présage favorable ; cf. ρ 541 ; Nonnos, 7, 107, et la note de Α. S. F. Gow, à Théocr., 7, 96. 83. Contingent II : Béotie et Phocide (v. 83-134). 83-92. Hyménaios. Sur cet éromene de Dionysos, cf. t. 9, p. 198· ^208. ll est une des rares figures qui benéficient dans le poème d'une longue présentation, d'ailleurs conventionnelle. Ce privilège est en général réservé aux héros ou héroïnes d'un épisode érotique. — V. 54*· Cf. la note a 29, 15-17 (t. 9, p. 333). — V. 84b 45, 121. — V. 86-90. Nonnos se réfère explicitement a Apoll. Rh., 1, 190-196. Les v. 90-91 transposent le v. 195 d'Apollonios relatif à Méléagre : ώδ' ετι χουρίζων, δϋνεν όμιλον; cf. aussi 1, 723-724 νηός | Άργους, ^80 'Ιησονίη (mais cf. aussi Aratos, ^348 'Ιησονίς ... 'Αργώ). — V. 90. Π αιδήιον ήβην : cf. la note à 9, 185 (t. 4, p. 117). — V. 91*. Cf. 33, 81-82 ; sur αβροκόμης, cf. les notes a 1θ, 426 (t. 4, p. 158) et a 16, 172 (t. 6, p. 231). — V. 91b = v. 549b. — V. 92. Cf. Apoll. Rh., 2, 676 = 4, 1662 παρειάων έκάτερθε ; Callim., Hymnes, 4 (Délos), 297 ήλιχα χαίτην. Sur cette expression, voir le commentaire île W. Η. Mineur : la chevelure a le meme âge que celui qui la porte ; =
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elle n'a jamais été coupée : ce sens, qui a été contesté chez Callimaque, s'impose ici. 93-95. Villes de Bèotie (ν. 93-119). Aux deux villes qui constituent le second contingent homérique, Asplédon et Orchomene (Β 5ll516), Nonnos ajoute, au mépris de la géographie, Hyrié et Au lis qu 'Homère place au début du premier contingent : cf. Β 496 dont les deux hémistiches sont transcrits littéralement aux v. 96 et 105. 11 prend prétexte de ces villes pour inserer deux longues digressions mythologiques d'origine littéraire. — V. 93 = v. 310. — V. 94-95. Cf. Β 511 Άσπλτ,81,ναι... 18' 'Ορχομενον Μινύειον. Hyménaios est originaire d’Orchoméne, puisqu'il est fils de Phléguas (29, 33) ; la ville est le domaine des Charites qui y effectuent des danses en l'honneur d'Aphrodite : cf. Chuvin, p. 41 ; et t. 9, p. 198-^208.
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96-103. Hyrié et Orion. Οήοη est originaire soit de Tanagra soit d'Hyrié chez Nonnos (cf. la note a 1, 235, t. 1, p. 150), comme chez ses prédécesseurs ; il n'y a pas de réelle contradiction, car Hyrié se trouve sur le territoire de Tanagra : Strabon, 9, 2, 12 (^404). La li-gende de sa naissance est rapportée par la schol. AD a Σ ^486 ( = Euphorion, fr. 101 Powell); cf. aussi, entre autres, Strabon, 9, 2, 12 (404) ( Pind., fr. 73 Sn.-M.); Ovide, Fastes, 5, 493-536; Hygin Astr., 2, 34. H y rieus de Tanagra avait donné l’hospi talité à Zeus, Poseidon et Hermes ; pour le remercier, ses hôtes l'invitent à formuler un vœu. Comme il était sans descendance, i l souhaite avoir un enfant. Las dieux urinent alors dans la peau du bœuf qu 'il avait immolé et lui demandent de l'enterrer pendant dix mois. Au bout du terme, nait un enfant qui fut nommé Ourion (d'apres ούρεϊν, « uriner »), puis Orion « par euphémisme ». Nonnos rapporte cette légende fidèlement, mais d'une manière allusive : ίΙ ne nomme pas les dieux et ne fait qu'une vague mention de leur visite a Hyrieus; il se plait en revanche a souligner les traits paradoxaux du récit (cf. ci-dessous). Euphorion a traité plusieurs fois d’Orion : cf. encore les fr. 103-104 Powell. Comme Nonnos lisait encore ses œuvres, on peut croire qu'il est ici sa source directe : cf. Α. Hollis, Class. Quart., 26, 1976, p. 145; id., Callimachus Heeale, p. ^348; Α. Barigazzi, Mise. Α. Rostagni, p. 429; Chuv in, p. 38-39, 42. Sans doute le témoignage de la scholie homérique est-il suspect, comme l'observe J. Martin (per litt.), car le récit qu 'il fait des aven tu res ultérieures d'Orion est contredit par la sc ho lie PQT a ε 121 ( = fr. 103 Ρ.); mais la divergence ne concerne pas la naissance d'Orion. — V. 98. Noter une triple allitération dans ce vers. — V. 101-103. Λύτοτέλεστος et άσπορος, associés en 12, 38, se disent de toute naissance spontanée ou non consécutive à une union sexuelle : cf. les notes a 9, 229 (t. 4, p. 120) et a 29, 261-262 ( t. 9, p. 347) ; pour αύτοτέλεστος, cf. 7. 228; 12, 38 ; 14, 26 ; 27, 323 ; 48, 84. Paradoxalement, le v. 102 ut ilise à propos de la peau de bœuf des termes appropriés a une union sexuelle « normale » ; pour =
,
NOTES DU CHANT XIII
219
l'association ά’αύλαξ avec νυμφεύω, rf. 22, 262 ; 41, 64. — V. 103. Le pléonasme χθονός/γαίης pourrait être invoqué en faveur du texte transmis en 21, ^306-307 ; mais ici il se justifie pleinement : 1e flanc de 1a Terre (déesse) accouche d'un * fils né sans semence du sol »· 164119. Aulis et Iphigénie. Résumé scolaire assez libre de X'Iphigénie à Aulis d'Euripide et de sa « suite ·, VIphigënie en Tauride. — V. 108. Κεμάς ούρεσίφοιτος ( = 5, 462) : cf. Eur., Iph. Aul., 1593 έλαφον ... όρειδρόμον; — άμεμφέι : cf. ibid., 1595 ώς μή μιά^ βωμόν. — V. 110*111. Résumé analogue dans Iph. Taur., 24 25. — V. 113-114. Le motίf de l'absence de vent est commun aux deux pièces d'Euripide; mais Nonnos fait un emprunt a Esch., Ag., 149 έχε^δας άπλοιας (rapprochement signalé par Keydell ), bien que celui-ci fasse état de vents contraires. Pour le v. 113, comparer 39, 11; pour πομπός άήττ,ς, cf. Iph. Aul., 352 ούριας πομ^ς, et Nonnos 3, 23-24; 47, 357. — V. 115. Agamemnon avait tué un cerf consacré a Artémis : c'est la version habituelle qu'Euripide a bandonne dans Iph. Aul., 20-24. — V. 116. Μετάρσιος : cf. Iph. Taur., 29 δια... λαμπρόν αιθέρα. — V. ll7-l1fr. Selon Iph. Taur., 617-626, 1154-1155,
Iphigénie avait seulement pour mission de consacrer les victimes ; les Taures les égorgeaient ensuite, puis les brûlaient : cf. Apollod., Ép., 6, 26. Selon Nonnos, au contraire, elle les dépèce, puis met leurs membres a bouillir dans un chaudron ; comme l'a vu Keydell, la variante est emprunté a Lycophron, 198 σάρκας λεβητίζουσα. 'Οψέ (v. 116), qui a gêné (Koechly conjecture αίψα), s'explique peut-être parce que Lycophron qualifie Iphigénie de « vieille », γραία. — V. 118b-119. Nouveau résumé de l'Iph. Taur. Il n'y a pas lieu de supposer qu'lphigénie a ressuscité son frère après l'avoir fait cuire dans un chaudron (Chuvin, p. 39) : cette version n'est pas attestée et (άνα)ζωγρέω ne signifie qu'exceptionnellement « ressusciter » (12, 216; 18, 29; 19, 104; cf. 25, 214, « redonner vie · au figuré) ; quand ζωγρέω ne signifie pas « capturer vivant ·, il a le plus souvent le sens de « sauver d'un péril mortel », « rendre la vie a un mourant », • guérir » (11 ex.).
Page 139. 122-134. Villes de Phocide. Le contingent phocidien, dépourvu de chef, est rattaché au précédent grâce a συνεστρατόωντο : cf. la Notice, p. ll5, n. 1. Ce rattachement est particulièrement justifié pour Hyampolis qui est voisine d'Orchomène (cf. St rabon, 9, 2, 42 [416]) et dont la légende fait intervenir la « truie d'Aonie 11. Sur les neuf villes recensées par Homère (Β 517-526), Nonnos en retient six dont trois figurent dans un vers emprunté a sa source : v. 128 ~ Β 520 (άειδομένην remplace τε ζα.θέτιν qu'interdit la métrique nonnienne). — V. 123. Kyparissos : cf. Β 519. On peut se demander si l'expres sion Κυπαρίσσου | ... έδος est périphrastique ou signifie « le domaine du (héros) Kyparissos »; sur celui-ci, cf. les notes a 2, 81 (t. 1, p. 168) et a 11, (ci-dessus, p. 175) ; sur le sens d'83oç dans un tour
220
NOTES DU CHANT XIII
analogue AEAEA^OIC. — V. 132 : expression similaire en 9, 271. — V. 133-134. Comparer 4. 307 (trépied) et lurne 12. 3.'>0; 13. 34. — V. 2269. Même motif exprimé sous une forme différente en 19, ^258; 20, 7-8. — 'HSet Ουμώ : cf. Paraphr.. 18. 57 ού πίομιι.ι ... 8έπαι; ή. θ., et le commentaire de· t:. l.ivrea ad lac. ·— V. 270. Οίνου est génitif de cause comme μέλι-:-'.: au v. 25.5. - \'. 271. Β. Gerlaud, à la suite de Marcellus, défend έ():Χ:ΐ',εεν en ob^rvant que, pour les dieux, le miel est une nouveauté crnnnie le ,-ίπ : « Zeus s 'extasie sur l’invention de son petit-fils Aristée avant de donner la palme à son fils Dionysos ·. \ otanl qu'οι ι doit en ce cas donner une valeur adversative au χαί du v. 273. il ajoute : · 11 y a même un double paradoxe : les dieux t rouvent Ι ι> miel éc qui met fin aux peines ·; comparer 19, 260 οίνά8οι; ήδυπότοιο ... πρεσόήιιι. νίκης. — 11 ρωτάγρια νίκης : cf. 37, 467; le terme désigne d'al>ord les prémices (de la chasse) : cf. Callim., Hymnes, 3 (Artémis), 104 (et la note de F. Bornmann ad loc.), d’où !\J onnos. 19, 196; 44. 76. 275-286. Aristée : les vents étésiens. Sur les vents étésiens qii'Aristée suscite pour conjurer la sécheresse due à la canicule, cf. Apoll. Rh., 2, 516-527 et les notes ad loc. (C.U.F.) ; Nonnos, t. 2, p. 93, et les notes a 5. 2269, 279 ; Ρ. Chuvin, p. 51-52. Tout le passage du ch. ΧΙΙΙ est une savante variation sur le développement du ch. V (ν. 220-221, 269-279) ou sont utilisés tour à tour CaUimaque, Apollonios et ses scholies, Euphorion : cf. Α. Hollis, Class. Qu.art., 26, 1976, p. 147. Le ch. V s'attarde sur le sacrifice à Zeus Icmaios qui est ici passe sous silence. — V. 276. Pour Άρκκ8α πέτρην, restitué par Η. Tiedke, cf. 13, 132 Π υθιάς... πέτρη; 16, 168 Λιβάνοιο ... πέτρης; al. — V. 277-278. Λιπών ... | ... νά.σσαιτο : cf. Apoll. Rh., 2, 519-520 λίπεν ... | ... χατενάσσατο. — Ού πω γάρ... : sur ce procédé, « typique de la poésie hellénistique », qui vise a établir une chronolo gie relative dans les temps légendaires, cf. Α. Hollis, Callimachus Hecale, p. 235, note au fr. 70, 10. lci cette chronologie contredit celle du ch. V : cf. la Notice, p. 123. — Μεροπηί8ι ... ^σω : cf. Callim.,
NOTES DU CHANT ΧΙΙΙ
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Hymnes, 4 (Délos), 160 Κόων Μερο'Π"Ι)ίδα ^σον et W. Η. Mineur ad loc. L'imitation de Callimaque prouve que Nonnos situe par erreur l'épisode des vents étésiens a Cos, l'île des Méropes, et non a Céos. 11 a été abusé par une scholie à Apoll. Rh., 2, 520 qui commente Κέω par la note .,ήσός έστιν +, Κώς, δθεν ήν 'Ισοκράτης. Π ressort de cette bévue que Nonnos lisait Apollonios dans une édition pourvue de scholies. Chuvin, p. 52, n. 28, émet une hypothese différente. — V. 279. Transposition de 5, 269 (qui utilise Euphorion, Suppl. hell., fr. > μελετών, 3, 1^984, ρ· 237-273. l. thème est banal chez' Nonnos : cf. 6, 339-365; 37, 169 173; 40, 559-562; 42, 104-107 ; 45, 116-118. 11 est d'autant mieux a sa place ici que le poète semble avoir été inspiré par un récit relatif au rapt de Perséphone qui fait une place a Aréthuse (cf. ci-dessus). Νησαΐος, simple cheville, signifie que le Pachynos est un cap • insulaire », situé sur une île, la Sicile. — V. 323’ = 43, 11 '7-, d'après Anth. Ρα/., 9, 362, 6* (sur ce poeme, cf. t. 3, p. ^40-41), à la suite de Théocr .· 16, 102 Σικελήν 'ΑρέΟοισαν. — V. 324’ = 19, 240; cf. Anth. Pal., l. c., 23 1 I ισαίω ποταμφ. Allusion aux couronnes d'olivier por tées par les vainqueurs aux jeux oly mpiq ues. — V. 324b. Αλφειός άλήτης - 42, 105b. — V. 325-326. Cf. Anth. Pal., 9, 536 (Nestor de l.aranda ?) &οροχον έν πελάγεσσι 3ι' ύδατος έπλεεν ύδωρ, â propos de l'Alphée; voir la note ad loc. (C.L.F.). D'après la tradition qui remonte a Ibycos, fr. 42 Page, 1' Alphée traverse la mer (διά πελάγους) pour rejo ind re Aréthuse; la plu part des auteurs préc isent que le fleuve coule sous la mer sans mêler ses eaux a celle-ci : cf. par ex. Moschos, fr. 3, 4-6 Legrand ; Virg., En., 3, 694-^696; Anth. Pal., 9, 362, 4. Au f'h. XIII, Nonnos ad met au cont rai re q u 'i l coule a la surface des flots, ce qui ne ressort pas des autres allusions faites a la légende (37, 173; 42, 106), mais semble sous-entendu en 6, ^343. — Les ex pressions d u v. 326 son t reprises, a propos de l'Alphée, en 37, 173 αοροχον ... ύδωρ et en 42, 105 λάτριν "Ερωτος. Pour le v. 327, cf. 42, 106-107 (δι' ύδατος, θερμόν έρωτα) et 6, 362 άπτόμενον πύρ
(d'après 11 293).
Pwge 146. 328-332. Phaunos. Sur ce développement et le problème de texte
posé par le v. 329, cf. la Notice, p. 120. Faunus/Phaunos pourrait être la transposition italique de l’Agrios hésiodique, fils de Circé et
NOTES DU CHANT ΧΙΙΙ
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d'Ulysse comme son frere Latinos : cf. Théog., 1013, et le commen· taire de Μ. L. West qui juge l'hypothèse séduisante. En ce cas, il est permis de supposer que les Siciliens, après avoir annexe Faunus/ Phaunos et sa mere, ont substitué a Ulysse Poseidon auquel les traditions locales attribuent la paternité d'Éryx, de Trinacros, de Sikélos et naturellement de Polyphème. Comme on l'a vu, les Sirènes ont été aussi transplantées en Sicile, pour la plus grande gloire de l'île, grâce a une version locale du rapt de Perséphone. — V. 328. Η υρισφρήγιστον : cf. la note à 29, 317 (l. 9, p. 350). — V. 329. Cf. 6, 124. — V. 331. Cf. Callim., Hécalé, fr. 364 Pf. ( = 3 Hollis) πολύθρονον (et Nic., Ther., 875 uar. lecl.) ; Apoll. Rh., 3, 27 κούρην Αίήτεω πολυφάρμακον. Α. Hollis, Zeitschr. f. Pap. u. Epigr., 95, 1993, p. 45-47, et dans Ν. Hopkinson (éd.), Studie.s, p. 45, pense qu'Apollonios et Nonnos s'inspirent tous deux de Callimaque qui aurait ecrit < κούρην Αίητάο > πολύθρονον. — V. 332. Cf. Η. hom. Hermès, 229 πέτρης είς κεοθμώνα βαθύσκιον. Pour κύκλα μελιΧθροu, cf. 4, 21. 33. Contingent ΙΧ : la Libye (v. 333-392). 338-^348. Cadmos et Harmonie en Libye (ν. 333-366). Cadmos est censé avoir fait escale en Libye alors qu 'il conduisait Harmonie de Samothrace en Grèce : cf. la Notice, p. 123-124. Le récit transpose librement un épisode argonautique rapporté par Hérod., 4, 179 : au cours de la traversée qui doit les conduire — comme Cadmos — a Delphes, les Argonautes eux aussi sont déroutés par la tempête et jetés sur les cotes libyennes; ils y sont accueillis par Triton, une divinité indigène, qui leur prédit qu'un de leurs descendants fondera — comme Cadmos — cent villes grecques autour du lac Tritonis. Plusieurs auteurs du IIIe s. ap. J.-C. mentionnent les errances marines de Cadmos : cf. Ρ. Chuvin, p. 78-80 (et, dans cette édition, l. 2, p. 10-19). Nonnos a pu lire l'épisode libyen chez Pisandre de Leranda. Mais, comme le note Β. Gerlaud, une source hellénistique n'est pas exclue si on considère que Virg., En., 4, 206-207, mentionne la Maurusia... gens ( v. 344 λαός . Μαυρούσιος) dans un contexte analogue. Le Gétule larbas. fils de Jupiter Hammon et de Garamantis (éponyme des Libyens Garamantes qui habitent non loin du lac Triton), a élevé en l'honneur de son père cent temples et cent autels (Én., 4, 198-20) comme Cadmos a bâti en Libye cent villes (ν. ^K; pour Zeus Ammon, cf. v. 371). 11 s'est d'autre part épris de Didon (En., 4, 36) et, quand la Renommée (v. 173-174 ~ Nonnos, v. 338) répand en Libye la nouvelle de son union avec Enée, il exhale sa fureur (v. 203-218) et Didon craint meme qu'il ne parte en guerre pour la conquérir (ν. 326 Nonnos, v. 341-344). V. 333b 34, ^35Qb ; cf. 5, 69 ; 27, 154. — V. 334. Le plupart des événements rapportés dans l'épisode libyen se déroulent en extrême occident : cf. v. 347, 351, 361. Les cent villes sont « proches des nuages ·, car elles sont bâties sur le mont Atlas qui est si haut qu'on n'en voit jamais la cime (Hérod., 4, 184). — V. 337-338. La digression est introduite par une épanalepse : v. 337 ής δια μορφήν ~ v. 341 ής έπί μορφή. —
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-—
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NOTES DU CHANT Xlll
Ρ. Chuvin, p. 79, n. 12, rapproche cette guene pour Hannonie de la competition sportive que livrèrent les Libyens nomades pour obtenir la main de la fille d'Antée : Pind., Pylh., 9, 103-125. — V. 3399. Χαρίτην : forme aberrante qu'on a tente d’éliminer en co^^eant Χάριν έξονόμηνε (Kocchly) ou άντονόμη^ (Ludwich : verbe non attesté). Harmonie et les Chantes sont apparentées; elles ap^rtiennent toutes a l'entourage d'Aphrodite; selon certains auteurs, les 'Charites étaient filles de Zeus et d'Harmonie (Lact. Plac., a Stace, Theb., 2, ^28). Cyrène a pu jouer un rôle important dans l'assimila tion de Charis et d'Harmonie. — V. 33φ>-340. Cf. 42, ^46467 όπλοτέρη γάρ I τρισσάων Χαρίτων Βερόη βλάστησε τετάρ^ ; cf. aussi 5, 202-203. 11 faut noter qu'Hannonie est une mortelle (ίπιχθονίτ;), bien qu'elle soit la fille de deux Olympiens. — V. 341. Cf. Caftm., fr. 673 Pf. Χαρίτων λόφον, après Hérod., 4, 175. Hérodote parle d’une colline située en Tripolitaine pres de Lepcis Magna; Callimaque fait plutôt allusion a une colline de Cyrene. C'est une loc^sation occidentale qui convient chez Nonnos. — V. ^34. Sur les Maures, cf. Ρ. Chuvin, p. 79, n. 12. — 'Ερημονόμος : cf. Apoll. Rh., 4, 1333, où l’adjectif qualifie les déesses tutélaires du désert libyen. Le texte de L pounait être maintenu : « le peuple Mauresque des nomades ·; sur ce type d'hypallage, cf. ma note a [Orph.), Arg., 421 (C.U.F., p. 179). Mais il est douteux qu' έρ-ημονόμων puisse être considéré comme un substantif. — V. 345. Χαμαιγενέεσσι : même opposition entre le tenestre Cadmos et les dieux en 2, ^66 ; cf. R. Keydell, Byz. Jahrbb., 12, 1936, p. 3 ( = Kl. Schr., p. 421). — Λι6υστί3ος : l'adjectif est attesté depuis Callimaque et Apollonios; cf. Ε. Livrea, a Apoll. Rh., 4. 1753. Sur l'Athéna libyenne, cf. Hérod., 4. 180, 188-189. — V. 347. Cf. Apoll. Rh., 3, 1 192 , έσπερίων (Frankel, έσπέριος c^od.) ... Αίθιο^ων, et ma note ad loc. (C.U.F., 2e éd., p. 101, n. 1). Nonnos confond Maures et Éthiopiens occidentaux, alors que Strabon, 17, 3, 5 (827) fait état d'un conflit qui les a opposes. — V. ^348. Cadmos, armé de la lance de l'Athéna indigène, reçoit l'aide de Zeus, qu'il a sauvé lui-même lors de la Typhonie, ainsi que celle des parents de son épouse. Comparer la coalition divine qui combat Lycurgue en 21, 133; cf. la note ad loc. (l. 8, p. 214).
Page 147. 349-^36. Les noces de Cadmos et d’Harmonie en Libye préludent a la célébration solennelle qui aura lieu a Thèbes (5, 88-210) et elles en constituent l'antithese. Elles mentionnent l'union sexuelle (ν. 350, ^$), alors que le ch. V met l'accent sur les cérémonies officielles et sur la progéniture du couple ; a Thèbes, les Olympiens descendent sur la terre et apportent des présents ; en Libye, les noces sont célébrees par le cosmos (Hespérides, Cithare céleste, Atlas) et c'est CadmO& qui laisse un présent aux indigènes en fondant cent villes pour commémo rer l'événement. Ces antithèses sont soulignees par des reprises de formules ou de thèmes : v. 351 ~5, 110 γαμήλιον ^λεχΕ μολ^ν ;
NOTES DU CHANT XIII
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v. 352-358 (Aphrodite et les Amours) - 5, 91, 112, 135; v. 352 - 5, 91 Ιϊαφίη ... έχόσμεε παστάδα; v. ^353 — 5, 133 χρυσείην ... έπιχρεμάσας ; v. 359 (Cithare céleste) — 5, 102 (cithare d'Apollon) ; v. ^360-^të (danse d'Atlas) - 5, 93-100 (danse d'Arès). — V. 349. Ώς ένίπουσι : cf. Callim., Α itia, fr. 178, 27; Apoll. Rh., 1, 26, 1148; 2, 905. Comme prédecesseurs, Nonnos assure qu'il rapporte un récit • autorise ». — 11 existe un lac Tritonis en Tunisie du sud (Hérod., 4, 179) et un autre en Cyrénaïque (Apoll. Rh., 4, 1391, 1539) ; cf. l'éd. C.U.F. d'Apoll. Rh., t. 3, p. 57-64 (et la note a 4, 1391). Tout le contexte implique que le lac mentionné ici est le plus occidental. — V. ^350. Παρέλεχτο, hapax chez Nonnos : cf. Η. hom. Aphr., 167. — V. 351. Cf. Apoll. Rh., 4, 1398-1399 Νύμφαι | 'Εσπερίδες. — Κήπου : le terme est souvent employé pour designer le jardin des Hespérides appelé aussi jardin des dieux ou jardin d'Héra; cf. Soph., fr. 320 Radt; Aristoph., Nuées, 271 ; Phérécyde, 3 F 16 d Jac. — V. ^353. La Tene offrit des pommes d'or a Héra lors de son mariage; celle-ci fit planter les arbres qui les procuraient dans son jardin : Eur., Hipp., 742-751 ; Hygin, Astron., 2, 3 (d'apres Phérecyde, 3 F 16 Jac.). Nonnos se souvient ici de cette légende; autres mentions des pommes : 4, 121 (rectifier la note ad loc.) ; 25, 247-248. — V. 334 et 35Ί-. Souvenir probable des noces de Jason et de Médée (Apoll. Rh., 4, 1141-1145) : la toison d'or est étendue sur la couche nuptiale pour honorer les rnoces ; les Nymphes offrent desfleurs. — V. ^358. Cf. Γ 64 μή μοι δώρ’ έρατά πρόφερε χρυτης Αφροδίτης ; pour χρύσεα δώρα, cf. 8, 261, et π 185. Pour la répétition χρύσεα/χρυσής, c f. 2, 003; 16, 70; 24, 314; 34, 119; 42, 417 ; 47, 652-653. — V. 359. Sur la constellation de la Lyre, cf. la note a 1, 257 (t. 1, p. 152). — V. 362. Άρμονίη désigne l'harmonie cosmique, associée au nom d'Harmonie comme en 1, 397 ; 41, 332-333 (et 3, 375). W. Peek, Lex., s. u. traduit autrement : « harmonische Gesang ». — V. ^34 Έπίβαθρα : cf. la note a 4, ^258 (t. 2, p. 100). — V. ^ΰ. Έχατοντάς : première attestation du mot dans anon., Suppl. hell., fr. 940, 9 (icr s. ap. J.-C.). Sur les cent villes libyennes, cf. la note aux v. 333-^348. — V. ^36. Cadmos bâtit en quelque sorte cent Thèbes fortifiées ; il laissera au contraire 8 Amphion le soin d'élever les murailles de la Thèbes de Béotie (5, 66-67). 367-377. Peuples de Libye. Six peuples sont énumérés ; il faut leur adjoindre les Psylles qui ont donné le chef du contingent entier (v. 378-392). — V. ^W. L'expression pounait englober tous les Libyens considérés comme le peu ple qui habite le Couchant, ού se lève la lune. On admettra plutôt avec Rouse et Peek (Lex., s. Μήτη) qu'elle désigne un peuple particulier, celui qui vit au bord du lac Tritonis : Athéna Tritogéneia passe en effet pour avoir été enfantée (cf. τιχτομένης) près de ce lac et elle est identifiée à la Lune, par référence aux trois phases de l'astre; cf. 5, 69-73, et les notes aux v. 71, 73 (t. 2, p. 172-173). Selon Hérod., 4, 178-180, le peuple en question est celui des Machlyes et des Auses, adorateurs d'Athéna. ■—V. 370-373. Hérodote (4, 170) place les Asbystes au sud de Cyrène.
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Callimaque les considère comme les premiers habitants de la Cyrénaïque: Hymnes, 2 (Apollon), 76; fr. ^384, 6 Pf. ; il qualifie d’Asbyste le lac Triton de Cyrénuque (Aitia, fr. 37, 1). La géographie de Nonnos est différente et plus floue. D’après le contexte, son lac Triton est situé beaucoup plus a l'ouest, comme celui d'Hérodote (cf. ci-dessus la note aux v. ^349-^36). Quant a Zeus Asbyste, il est identifié a Zeus Ammon dont le célèbre oracle se trou ve dans l’oasis de Siwa. L’oasis est qualifiée a juste titre de « méridio nale · (ν. 370) ; mais, comme elle est située a l’est de Cyrène, pres de l’Egypte, Zeus Ammon ne peut être appelé « Occidental - (ν. 373) que parce que la Libye, dans son ensemble, est par convention le pays du Couchant. Les v. 371-373 font allusion notamment a l'oracle que Zeus Ammon rendit a Alexandre dans l'oasis de Siwa : cf. Diod. Sic., 17, 50-51, avec le commentaire de Ρ. Goukowsky (C.U.F.). Sur cet oracle, cf. encore 3, 294 (et la note, t. 2, p. 146); 40, 392. — V. 372. Τριέλιχτον : c’est sous la forme d’un serpent lové trois fois que Zeus Ammon s’est uni a Olympias pour engendrer Alexandre : cf. 7, 128, et la note (t. 3, p. 174). — V. 374-377. Hérodote mentionne en Cyrénaïque les Auschises (sic) et les Bacales (4, 171), puis le fleuve Kinyps qui naît sur la colline des Charités en Tripolitaine (4, 175) ; les fragments de Callimaque attestent les Bacales (fr. ^484) et le Kinyps (fi. ^384, 24). La Chrémétés, connu depuis Hannon, Périple, 9, est un fleuve mal identifié qui se jette dans « la mer extérieure » ( = l'Océan) selon Aristote, Météor., l, 13, 21, ce que Nonnos n'ignore pas (cf. 31, 103). Malgré les rapprochements qu’on peut établir soit avec Hérodote (Ρ. Chuvin, p. 80) soit avec Callimaque (R. Pfeiffer, commentaire au fr. 673 : omnia Calli^chea), Nonnos est sans doute tributaire d’une source plus récente. 11 contredit Hérod., 4, 198, en présentant comme un désert le pays traversé par le Kinyps. Face a la graphie Αύ(σ)χίσαι/σοι des manuscrits d’Hérodote, il adopte la graphie Αύχήται que Graefe et ses successeurs ont corrigée a tort, puisque la désinence a dentale est attestée par divers ^nuscrits de Diod. Sic., 3, 49, 1 (D“, l’un des deux meilleurs manuscrits, a Αύοχεϊται), d’Étienne de Byzance (Αύσχϊται, d'apres Apollodore d’Athénes, 244 F 328 Jac.) et de Ptol. 4, 5, 12 (Αύσχϊται W, Άναχίται PRV). — En toute rigueur, Αΰχηται Βάχαλές τε est en apposition aux deux o'L du v. 374; m.ais il paraît préférable d'admettre avec Rouse une asyndète et de considérer que ces deux peuples sont distincts des précédents, ce qui permet d'atteindre un total de sept. Sur les Auschises/Auchétai et les Bacales, cf. Ο. Masson, Mus. Helv., 41, 19984,, p. 139-142. — V. 377. Ζεφυρήιος... άγχών ne désigne sans doute pas un cap (ou un golfe) Zéphyrion; l'expression a le sens vague de « recoins · ou « confins · d'où souffle le Zéphyr ( = occidentaux) : cf. Rouse, « a corner of the West », et les notes a 1, 229 ; 2, 377 (t. 1, p. 149, 180). ,
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Page 148. 378-392. Crataigonos et l'expédition, de Psyllos. Crataigonos est inconnu, de meme que la généalogie que lui attribue Nonnos. Psyllos est le héros éponyme des Psylles : cf. Agroitas, 762 F 2 Jac. ; Agatharchidès de Cnide, 86 F 21 Jac. Selon Hérod., 4, 173, les Psylles habitaient dans la région de la Grande Syrte ; comme le Notos (vent du sud) avait tari leurs citernes, ils partirent en guerre contre lui, mais le vent les ensevelit sous les sables du désert ; Agatharchidès mentionne le tombeau de Psyllos. Nonnos (ou sa source) transforme cette expédition en campagne navale qui conduit Psyllos jusqu’à la demeure d’Eole, le maître des Vents. Cf. Ρ. Chuvin, p. 79-80. — V. 382. Άγκάς έχουσαι : cf. les notes à 8, 54 (t. 3, p. 186) et a 19, ^296 (t. 7, p. 180). — V. ^383 A ut res mentions du souffle brûlant du Notos : 2, 534-536 (cf. la note, t. 1, p. 187) ; 39, 199. — V. 387-38. Cf. 3 823; al. ΐέμενοι κτεϊναι. La 'naumachie du ch. ΧΧΧΙΧ reprendra plusieurs expressions des v. ^389-391 : v. 115-116 άελλήεντι
κυδοιμφ | ύλκάδας, 378 έθωρήχθησαν άΥ,ταιι, 382 άντίπνοον αιΰρην, ' ' επεμαιστιε. 393. Contingent Χ : Samothrace et la Thrace (ν. 393-431). 393-405. Localités de Samothrace. Le catalogue des sept localités est introduit par la mention du roi de l’île, Emathion (v. 394-395) ; il est suivi par un développement relatif a Electre, sa mère déifiée (ν. ^406-416). Ainsi s’établit une continuité avec le récit de la visite de Cadmos à Samothrace (ch. III-IV) ; la cohérence chronologique est respectes : Emathion, frère de lait d'Harmonie, est désor^als un vieillard et Electre est devenue un astre. — V. 393*. Cf. 29, 193, et la note (t. 9, p. 34.3). — V. 393b - 22, 127. — V. 394 = 6, 54; cf. la note ad loc. (t. 3, p. 140). Βαθυσμήριπ0? ίιπήνης est un génitif de qualité. Ce type de génitif, dont Keydell nie l’existence (Nonni Dion., t. l, p. 57*), est bien attesté dans la langue néo-testamentaire et dans la poésie tardive : cf. G. Giangrande, Scripta minora alex., 4, p. 313 314. Pour Nonnos, cf. par ex., 13, 402 (voir ci-dessous); 14, 211; 17, 235 ; 26, 112; 27, 18q; pour Dioscoros, cf. J.-L. Fournet, Aspects de
l'hellénisme dans l'Egypte du K/' siècle (thèse dactyl., Strasbourg, 1994), t. 2, p. 862, § 52 (avec bibliographie). L’hypothèse d'une lacune après le v. 394, émise par R. Keydell, est donc sans fonde ment. — V. 396. Les gens de Samothrace ressemblent à des Titans et leur chef est pareil a un Géant (v. 418). Ce trait, que Nonnos doit sans doute a l’une de ses sources, a plusieurs justifications. Electre, fille d'Atlas, est d'ascendance « titanique » ; l’île est proche des lieux ou se sont livrées la Titanomachie selon Hésiode et la Gigantomachie de Pallène/Phlégra, comme l'indique le nom meme d'Emathion qui signifie « le Macédonien ... Les habitants de l’île se proclamaient autochthones (Diod. Sic., 5, 47) : ces références mythologiques ne pouvaient que les conforter dans leur opinion. — V. 397-405. Des sept toponymes cités, seuls sont connus le mont Saoké (Saon ou Saos désigne aussi le chef-lieu de l’île) et le nom de Zérynthos, associé a
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Hécate et aux Corybantes. On se reportera a Ρ. Chuvin, p. ^^%, qui donne une carte de l'île et émet des hypothèses pour identifier les cinq autres l()("alités. — V. 397. Le féminin Σαώχην est accompagne d'une épithète masculine ά-.ιθεμόε-.ιτα ; sur ce type d’accord, cf. ma note a (Orph.), Arg., 125 (C.U.F., p. 175), avec bibliographie. — V. 3^?. Teumérios n'est pas attesté. Marcellus propose de lire Τεμπυρίοιο : Tempyra est sur le continent l'échelle de Samothrace; cf. Strabon, 7, fr. 47 (et Baladié, p. 329). — V. 398b-339. On trouve au v. 513 une expression analogue, mais plus condense. — V. ‘^^^Ol. Cf. Lycophron, 77 Ζήρυνθον &vrpov της χυνοσψάγοος θεάς ( = Hécate) Ι ... έρυμ'Ιόν χτίσμα Κυρβάντων Σάον; Apoll. Rh., 3, 478 'Εκάτης 11 ερτηίδος ; 4, 1020 νυχτιπόλου Περτηίδος δργια χούρης. Il ressort des passages cités qu'il faut ponctuer après χτίσμα (sic Keydell) et non après il ερτη ίδος. — Le syntaxe des v. 40P-402 n'est pas claire. Μυστιπόλων δαιδων, « aux torches mystiques », est sans doute un génitif de qualité (cf. ci-dessus la note au v. 394) dépondant soit de χούρης soit d’έρίπναι (en ce cas, χούρης est un complément déterminatif de δαίδων : sic, Peek, Lex., s. χούρη). — V. ^402 Μυστιπόλων δαιδων : même expression dans une inscription attique de l'époque de Julien : JG, 111, 172, 8. — V. 403. Le conjecture de Koechly Π',ιριγλώχινος mérite considération à cause du lieu-dit Brontion : Samothrace est une île volcanique comme Lemnos qui possède une πυριγλώ/ι^ς έρίπνης (14, 17). — V. 405. J'ai risqué l'hypothèse, admise par Chuvin, p. 85, que les « Sentiers de Poseidon · sont un lieu-dit commémorant les « trois enjambées » que fit Poséidon pour descendre des hauteurs de Samothrace quand il regagna son palais sous-marin d'Aigai selon Ν 10-22. Quoi qu’il en soit, ces Άτραπιτοί sont sûrement la septième localité de lTle. 11 est exclu que le substantif soit un nom commun et désigne d'une façon vague les « routes maritimes du littoral thrace », comme le propose St. Mersinias, ΔΩΔΩΝ Η, 23, 1994 (Mélanges Th. Sakalès), p. 133 134, qu i ne fait mention ni de l'ouvrage de Chuvin ni, dans la suite de l'article, des volumes parus de la présente édition. Au v. ^M, le meme auteur défend la leçon de L ύπό en lui donnant le sens de « pres de », « by the neighbouring shore ». Quelques parallèles pourraient autori ser cette interprétation : cf. la note de l'éd. Allen-Halliday-Sikes a hom. Ap., 18. Mais Nonnos use ailleurs de la formule παρά γείτονι πόντω ( 17, 392; 33, 3346 ; 41. 47) et il ne donne a ύπό un sens voisin qu'avec un nom de montagne : cf. 40, 258 « au pied de/le long de l’Imaios ». Dans le cas présent, ύπό introduirait une ambiguité inacceptable (on pounait comprendre « sous la mer voisine ») ; en revanche, la proximité de βυθίοιο 11 οσειδάωνος explique aisement une faute de copiste. _ ^^416. Les présages d'Electre. L'épisode de Samothrace au ch. ΠΙ combine diverses traditions locales : cf. Ρ. Chuvin, t. 2 de cette édition, p. 9, n. 3, et p. 12-18. v. ^^410 en apportent confirmation. Ήλέχτρης όμόφυλον ... γενέθλην (v. 407) désigne Diony sos ; Electre est donc considérée comme la mère véritable d'Harmonie
C.U.F.,
Η.
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conformément a la version de Samothrace, ce que suppose aussi le v. 415. Au contraire, malgré un γάρ qui voile pudiquement la contradiction, les v. ^^^10 adoptent la généalogie thébaine admra au ch. 111 : le v. ^408 signifie en effet qu'Harmonie est fille d'un Olympien (en l'occunence Ares fils de Zeus) et d'une divinité issue de la mer (Aphrodite), ce qu'implique aussi le vers suivant. Ces trois vers reprennent d'ailleurs certains termes du ch. ΙΙΙ : άνάεδ^ν (v. 437), Κρον(ωνι χαί 'Άρεϊ χιχι Κυθερείη (ν. ^44, déjà utilise plus haut au v. 348) ; cf. encore au v. 412 έβδομος άστήρ, qui répete la formule de 3, 354. Ils rappellent aussi que Zeus a promis à Cadmos la main d'Harmonie pour le récompenser de l'avoir assisté contre Typhée (cf. 3, 373^-4). — V. 411-416. Le lever prophétique des Pléiades a une valeur symbolique ; il ne signifie pas que le départ de l'expédition a lieu en octobre, époque du lever vesperal (« Spataufgang ·) des Pléiades comme le suppose V. Stegemann, Astrol. u. Univ.-gesch., p. 164, n. 1. — V. 413. Cf. Callim., Hymne.,, 3 (Artémis), 219 σημήιιχ ν(χης, avec un sens différent. — V. 414. Άντίθροος est un hapax que Nonnos emprunte sans doute a Satyros (nc s. av. J.-C.), Anth. Plan., 153, auquel il doit aussi le qualificatif d'Êcho ύστερόφωνος : cf. les notes a 16, ^289 (t. 6, p. ^234) et 22, 229 (t. 8, p. 103, n. 3). On retrouve le motif des clameurs poussees par les astres en 1, 240-243 et 2, 170-174.
Page 149. 416-427. Ogyros. Nonnos réserve en général ces portraits aux épisodes érotiques : 11, 370-399 (Calamos et Carpos); 15, 170-219 ( N icaia et Hymnos) ; pour Astérios, cf. ci-dessus la note au v. 224. Le d^ription, complaisante et allusive (πατρώιον au v. 424 n'est pas expliqué), de ce ^cant inconnu par ailleurs laisse supposer que Nonnos n'a pas inventé Ogyros. 11 peut s’agir d'un héros local, de même nature que les troupes · titaniques » (v. 396) qu'il conduit. Mais Ρ. Chuvin, p. 86 et 310, rapproche avec vraisemblance son nom de celui de l'ile Ogyris, tombeau dans la mer Érythrée du roi Erythras, compagnon de Dériade : cf. Denys le Pér., fXJ7, et la seholie qui cite la source de Denys, Alexandre d'Éphèse (voir Suppl. hell., fr. 33, qui réunit l'ensemble des témoignages). Le ment ion de Dériade laisse supposer que le seholiaste se réfère aux Bassariques de Dionysios, qui pourrai t dès lors être la source de Nonnos. Ogyros est un Geant (v. 418) ; pour ύψιχάρηνος, cf. 22, 165 (Thoureus) ; 26, 146 (Ginglon); 28, 266 (un Cyclope); pour έχων ίνδαλμα Γιγάντων, cf. 26, 249 (Rhigbasos) ; 47, 626 (Orontès). 11 offre la particularité de ne pouvoir se ployer — ou être ployé —, tel un roc : v. 419 άγνιχμπτον, ^423 όμοίιον αύχένι πέτρης; a ce titre, il est comparable a Caineus, q ualifie d’àρρηχτος άχιχμπτος par Apoll. Rh., 1, 63 (cf. aussi [Orph.], Arg., 173). Il est d'autre part couvert, depuis la tête jusqu 'aux reins, de crins pareils aux piquants d'un héri^n : cf. Matron, Suppl. hell., fr. 554 έχίνους... χαρηχομόωντας άχάνθαις; [Opp.], C_vn., 2. 599
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έχίνοις άξυκάμαιιτιν. — V. 4423. Rapprocher 40, 83 (Dionysos devient immense et pare il au roc du Parnasse); pour le premier hémistiche, cf. aussi 26, 311 (description de l’éléphant). — V. 424-427. Chez les Indiens, il existe une hiérarchie dans l'ordre de la valeur guerrière : cf. t. 9, p. 76. Dans le camp de Dionysos, l'indication donnée ici est isolée et incongrue. En prêtant ces rodomontades a Ogyros, dont il ne sera plus question par la suite, Nonnos veut peut-être faire une allusion ironique a un poème antérieur ού cet être monstrueux occupait une place démesurée. J’ai suppose plus haut (cf. Notice, p. 125-126 et note au v. 224) que la façon dont il traite l'histoire d’Astérios doit se comprendre aussi par référence a l'œuvre d'un prédécesseur. 428-431. Oiagros le Thrace est un combattant isolé qui accompa gne le contingent de la Samos de Thrace de même que Phaunos se joint aux troupes siciliennes d'Achatès. Sur ce héros, cf. t. 7, p. 80 et 166 (note a 19, 101); t. 8, p. 82-83. Le passage s'inspire d'Apoll. Rh., 1. 23-34; mais Nonnos est le seul auteur qui donne Arès pour pere a Oiagros. Pour Pimple-ia, cf. aussi Callim., Hymnes, 4 (Délos), 7, et la note de W. Η. Mineur. 432-433. Contingent ΧΙ : Chypre (v. 432-^tf). La notice men tionne d’abord les chefs du contingent : le v. 432 reprend la formule utilisée aux v. 135 et 206. Lapéthos est l'éponyme d'une ville (cf. v. 447-4-450) de la cote nord de Chypre. Son compagnon est aussi l'éponyme d'une ville connue, Ledra ou Ledroi, l'actuelle Nicosie : la leçon de L Λίτρος a été corrigée en Λήδρας d'une façon convaincante par Ο. Masson et, d'une manière indépendante, par Ρ. Chuvin. Sur ces deux villes, cf. Ο. Masson, Bull. Corr. Hell., 101, 1977, p. 323 328; 104, 1980, p. 232-235; id., Class. Quart., 44, 1994, p. 286-287 (défense de Λήδρας en répon se aux critiques injustifiées de Κ. Hadjioannou, Ή άοχαία Κύ::τοος εις τάς ελληνικάς ::τηγάς, 6, 1^992, ρ. 56 s.); Ρ. Chuvin, V 89, 04,* 98. 434-^443. Le catalogue énumère deux fois sept villes : v. 43^^40, 447-^463. — V. 434. Sphékeia est un ancien nom de l'île : cf., par ex., Lycophron, 447, et Tzetzès ad loc. L'expression àXixt"jnov ίν^γα νήσου est périphrastique et désigne l’île dans sa totalité : cf. 26, 174; 38, 183 (et 26, 51). Néanmoins Nonnos compte Sphékeia-Kypros comme l'une des quatorze villes de l'île. — V. 4.36. Le fautif χύπρω (L) a été corrigé en Κύπρου (Graefe) et χύχλω (Keydell). La deuxième conjecture est la plus satisfaisante du point de vue paléographique (mélecture due a la proximité de KônpQV, Κυπρίδος) ; pour χύχλω adverbial, cf. 32, 78 ; Paraphr., 18, 84, 101. — V. 438 et 442-4. Hés., Théog., 191-193, 198-199, ne précise pas comment Aphrodite a été transportée a Cythère, puis a Chypre ; le deuxième Hymne hom. à Aphr., 3-5, fait intervenir le Zéphyr. Nonnos est le seul auteur qui mentionne un dauphin et compare l'île elle-même a un dauphin. Peut-être s'inspire-t-il des représentations iconographiques qui figu rent Aphrodite chevauchant un dauphin : cf. Lex. Icon. Myth. Class., 2. 1984, s. Aphrodite, n°’ 977-^986, et le commentaire ad loc. La déesse est assimilée a une Néréide : oour ce dernier motif. cf. 1. 72-78
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(et la note t. 1, p. 139) ; 6, 297-^298, ^308 έζομένη δελφίνι θαλασσαίης Αφροδίτης; 43, ^283 Aphrodite est accompagnée d'un dauphin sur diverses monnaies d’Asie Mineure (mais non de Chypre) : cf. Μ. Wellmann, dans Real-Enc., s. Delphin, 2509. — V. 439-440. Ex pressions analogues en 41, 99-102 Θύρανίης... αΰλακος, άρσενι λλθρω, μορφοϋτο, άφρω. L’emploi dans les deux passages de μορφόω (cf. encore 7, 228), « donner forme 11 (a l’écume), fait allusion à l’épiclèse de Morphô par laquelle Lycophron désigne Aphrodite aux v. 447^-4 dans un passage relatif à Chypre qu'utilise Non nos; sur Aphrodite Morphô a Chypre, cf. Ρ. Chuvin, p. 92 et 322 (add.). — V. 441. Κεραστίδος... Κύπρου : cf. Lycophron, 447 Σφήκειαν είς ΚερασΗαν ; al. ; pour l'explication de cette épithète, cf. la note à 5, 615 (t. 2, p. 193) et Ρ. Chuvin, p. 89-90. — V. 440. Cf. 1, 59 λοφιη Τρίτωνος έφεζομέτην Άφροδίτην. Page 150.
4444446. Passage en partie gâté. Une faute dOnciale aggravée par une tentative de correction métrique est à l'origine d’ùSaTÔsv τε au lieu ό”^άτιχο ; sur Hylatas, épiclèse d'Apollon que Nonnos semble prendre ici pour un toponyme, cf. Dionysios, fr. 4 Livrea *)>άταο θεοϋ έδος Απόλλωνος, à la suite de Lycophron, ^tô ’^άτου τε την ; d'après Et. Byz., .s. ^^7j, le nom véritable de la viIle est Hylé. Dans le meme vers, on n'hésitera pas à restituer έδεθλα Τετησσοΰ d ’après Dionysios, fr. 14 Livrea au lieu d’èSé^ia Σηστοϋ, car Sestos, ville de Propontide, n’a pas sa place ici : un réviseur, prenant la première syllabe de Τετησσοΰ pour un coordonnant absurde, l'aura éliminé ; il a rétabli ensuite le mètre en utilisant des mots grecs connus. On restituera pareillement au v. ^446 Πανάκρου (cf. Et. Byz., .s. Π άνακρα, d'après Dionysios ?) , et au v. ^45 Κραπάσειαν (d’après Dionysios, fr. 5 Livrea, cité par Etienne de Byzance). On sera plus circonspect au v. ^tô, bien qu'il transpose Dionysios, fr. 4, 2 Livrea Τέμβρον Έρύσθειάν τε καί είνιχλίην Άμαμασσόν. La correction Έρύσθειάν pour Έρυθραίην est séduisante (lectio difficilior) ; mais Tamasos, qui remplace Amamassos, est une ville de Chypre bien attestée : Nonnos a du l'emprunter à une autre source (ου à un vers perdu de Dionysios). Or Erythrai est également un toponyme de Chypre : c’est le nom ancien de Paphos selon Et. Byz., s. u. Sur tous ces toponymes, cf. Ρ. Chuvin, p. 91-94; sur Tamasos et Crapaseia (ν. 455), cf. aussi L. Robert, Bull. epigr., 1983, n° 193 (citant Ρ. Aupert, Bull. Corr. Hell., 106, 1982, p. 263-280). 447-^45 — V. 447-^450. Sur Soloi et Lapéthos, cf. Ο. Masson, Bull. Corr. Hell., 101, 1977, p. 323-328; Ρ. Chuvin, p. 94. Dionysios, Bass., fr. 13 Livrea, désigne Soloi sous la forme rare Σώλειιχ (cf. Et. Byz., s. Σόλοι). On retrouve le héros Lapéthos en 24, 237 ; mais sa mort n'est pas relatée. — V. 451-435. Cf. Dionysios, fr. 5 Livrea ήδ’ όπόσοι Κινύρειον ΐδ’ αίπεινήν Κραπάσειαν. Sur Crapaseia/Carpaseia, cf. Ρ. Chuvin, p. 94-95. Nonnos substitue άλιστεφές 8 Ι’αΐπεινήν df' sa
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NOTES DU CHANT Xlll
source : il sait donc que la viUe se trouve au bord de la mer. L’ëpithète pourrait même signifier qu'il la situe sur une île. En effet άλιστεφής (hapax chez Nonnos) peut qualifier une île (Thasos, dans W. Peek, Griech. Versinschr., 1, n° ^^, 16 ; Salamine, dans [Orph.], Arg., 186), de même ςυ'άλιστέφανος, épithète de ^σος dans Nonnos, 40, 521, et Musée, 45, ou de Tapro^me dans Lychnos d'Êphèse (Suppl. hell., fr. 36, 1). Or Strabon, 14, 6, 3 (^&), co^^t des îles Carpasiai au large de Carpasia. Quel que soit le sens exact d'àXtaTctpéç dans le passage, il implique que Nonnos ne se contente ^ de démarquer Dionysios,, ce que suggèrent déjà la substitution de Tamasos et d'Erythrai à A^massos et à Erystheia au v. ^tô et l'abandon de la graphie Σώ^ι« au v. 447. — V. 451. Πάτρην : L a bien πέτρην et non πέτρων, bien que Ludwich ait hesité. C'est l'accusatif qui se lit d'une façon indiscutable sur les eœerpta d'Arçe Politien. — V. 452b-^454. La périphrase désigne la ville d'Ou^^ia dont le nom est sans doute en rapport avec celui d'Aphrodite Ourania; l'ailion donné par Nonnos est hautement fantaisiste. Sur cette ville, cf. Ρ. Chuvin, p. 95-96. ^^^^. Pour στεφανηφόρον, cf. 29, ^të-^343 (les Amours couron nent de fleurs les portes de Paphos). Paphos est le principal lieu de culte d'Aphrodite à Chypre : cf. la note a 29, 342 (t. 9, p. 352). v. ^&^M, en rappelant diverses traditions létales, complètent les v. 455-‘^3 qui concernent l'arrivée de la « Paphienne · à Chypre. Paphos disputait en effet à Cythère l'honneur d'avoir été le premier lieu où la déesse avait abordé : Lucain, 8, ^^459 ; Tacite, Hisl., 2, 3; Philostr., lmag., 2, 1. Cette version sera contestée à son tour par un autre όρμος 'Ερώτων (41, 14), Béroe/Beyrouth en 41, 117-119, ou on retrouve έπίβαθρα, emprunt à Callim., Hymnes, 4 (Délos), 22. C'est également à Paphos, sur les bords du Satrachos, qu'ont eu lieu les amours d'Aphrodite et d'Adonis, né d'une union incestueuse de Mynha avec son père Kinyras : cf. les notes à 2, 151 (t. 1, p. 172) ; 29, 135 (l. 9, p. 339). Cette version concurrence celle qui identifie 1'εόγαμον ύδωρ au fleuve Adonis dans le Liban : cf. 20, 146-145 (et la note, t. 8, p. 190); 31, 126-127. La Sétrachos (Satrachos selon Lycophron, ^tô) est difficile à localiser : cf. Ρ. Chuvin, p. 92 et l'^ad. p. 321-322. Nonnos semble en tout cas le situer près de Paphos; on rapprochera la note de l'Etym. Gen. ΑΒ, s. Άωος (citée Suppl. hell., fr. 641), d'après laquelle le Sétrachos s'est aussi nommé Άωος, autre appellation d'Adonis. La passage se réfère visiblement à des rites commémorant l'hiérogamie d'Aphrodite et d'Adonis : après son bain, le fils de Myrrha a reçu d'Aphrodite le vêtement nuptial : voir les autres emplois 3'άναχλαινόω (verbe propre à Nonnos) qui a presque toujours une signification symbolique ou religieuse. 451-7:λο·)τ»>ι μετάλλου (et 10, 146; 11, 26; 43, 410). La relative ot conclut la première partie du développement en regroupant tous les riverains de l'Hermos et du Pactole : les deux cours d'eau symboli sent en effet la Lydie (cf. encore 12, 124, 127), bien que Nonnos privilégie le Pactole (cf. la note à ll, 40-42, p. 156). La disparition de Métallon offre l'avantage de ramener a sept le nombre des villes lydiennes; sur l'importance de ce chiffre dans le catalogue, cf. la Notice. p. ll5, et l'Appendice I, p. 255-258. 474-497. StalaZa : Typhée vaincu par le prêtre de Zeus. Des 1735, Ρ. Wesseling, dans son commentaire au Synecdemus d’Hiéroclès (394, 22, p. 439 dans le Corpus de Bonn [1^M]) a reconnu dans Statala la ville de Satala (Adala en turc) ; mais la correction ΣιχτιΧλων qu'il propose est inadmissible, comme l'a noté Graefe (cf. v. ^S).
L. Robert a confirmé l'équivalence Statala/Satala et expliqué la légende rapportée par Nonnos : Typhée symbolise le volcan du Kaplan Alan d'où un flot de lave a coulé jusqu'à S(t)atala ; cf. Anatolia, 3, 1958, p. 137-144 (avec traduction des v. 47^437) ; Villes d’As. Min.1, p. ^280-317 ; d'où Ρ. Chuvin, p. 105. La légende de Typhée est bien implantée dans la région volcanique de la Lydie brûlée (catakécauméné) : c'est la que Xanthos de Lydie situe les Arimes homériques (765 F 13 Jac. = Strabon, 12, 8, 19 [579-580] ; 13, 4, 11 [628]), et un vers interpolé apres Β 783 a prétendu justifier cette thèse ; de son coté, Lycophron, 1354-1355, fait du lac Gygaia, non loin de Satala, la demeure d'Echidna, l'épouse de Typhée. — V. 475. Typhée vomit les flammes de la foudre qui l'a frappé; sur ce motif, fréquent a l'époque impériale, cf. la note a 2, ^& (t. 1, p. 187). — V. 476-478. Expressions analogues dans la Typhonie (2, 521-522 έτεφρώθησιχν όπωπαί Ι κιχ^ώ λι^υόευτι) et dans la Gigantomachie (43, 59 γυιοβόρω σπιν^ρι). — Κεφιχλάων : les têtes de Typhée et non des cimes de montagnes comme traduisent Marcellus et L. Robert, Anatolia, l. c., p. 142. — V. 479. La temple de Zeus se trouve apparemment a S(t)atala ; il n'est pas attesté ; mais Zeus était honoré en divers lieux de Lydie : cf. Α. Β. Cook, Zeus, 2 (1925), p. 807, n. 3 (6) ; 956-961 ; 1228 (citant J. Keil, · Die Kulte Lydiens », Anatolian Studies près. to Sir W. Μ. Ramsay, 1923, p. 259-261). Pour l'expres sion , cf. Η. hom. Aphr., 58 θυώδειχ νηόν εδυνεν. — V. 479-497. L’aition du nom de Statala appartient a une classe connue d'histoires folkloriques : un homme arrête un cataclysme par sa piété ou, du moins, il est épargné par celui-ci. C'est ainsi que Lycurgue, Contre Leocrate, 95-96, rapporte qu'une coulée de lave venue de l'Etna a miraculeusement épargné un jeune homme qui avait c^tfgé son pere
NOTES DU CHANT XIII
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sur les épaules, alors qu'elle a anéanti tous ceux qui ne songeaient qu'a leur propre salut ; le lieu où se produisit le prodige s'appelle depuis ce temps « la place des Gens Pieux », των εόσεόών χώρον. On trouve des variantes de ce récit dans Paus., 10, 28, 4; Claudien, De piis fratribus ( Carm. min., 17 Hall). En 252 ap. J .-C., les habitants de cette meme ville arrêtent une autre roulée de lave en exposant le voile qui couvrait le tombeau de Sainte Agathe : cf. Montessus de Balore, Ethnographie sismique et volcanique (1923), p. 128 et 150. L'histoire du père de Priasos (cf. v. 541-544) appartient au même type de récit. Dans la légende de Statala, le prêtre de Zeus se comporte a la façon d'un théurge capable de contraindre par la parole un dieu ou un démon : cf. D. Gigli Piccardi, Metafora, p. 221-224. On retrouve ce thème dans Paraphr., 18, 34-38 : Jésus, άσίδηρος (cf. v. ^M), terrasse les soldats par la seule vertu de son Verbe; cf. D. Gigli, Sileno, 10, 1^984, p. 283; Ε. Livrea, Parafrasi, p. 33-34. L'épigramme qui a du servir de suscription a une édition des Dionysiaques (Anth. Pal., 9, 198) utilise aussi, au sens figuré, le motif de la parole qui tue. D'une manière générale, le thème de l'arme paradoxale est bien attesté chez Nonnos (cf. t. l, p. 178, note a 2, 295) et a l'époque tardive (cf. F. Vian, Lex. Icon. Myth. Class., 4 [1^98], s. Gigantes, p. 195, et cidessous la note au v. ^fâ). — V. ^M. Κ^τορι μΰθω : l'adjectif est a prendre au sens propre comme dans κέντορι θύρσω (43, 330) ; ailleurs, la formule s'emploie pour des paroles d'encouragement ou de dérision. — V. 432. I I ειθήνιος a le sens de « devenu docile », comme πειθήμων en 4, 178. — V. ^fâ. Comparer Aphrodite qui lutte contre les Géants, armée de sa seule beauté : Claudien, Gig. grecque, 50-51 είχε γάρ α.ΰ^ | πλέγμα. κόρυν, δόρυ μα.ζόν, όφρϋν βέλος, ασπίδα, κάλλος. — V. ^485. Μύστις et μύσ^ς (ν. 490, hapax chez Nonnos) impliquent ici magie ου sorcellerie comme en 36, 353. La formule μΰστιδι τέχ^ désigne au contraire les rites secrets des mvstères en 3, 263; 4,271 ; 9, 113. — V. 487. Cf. 46, 226 (Ares) κεκορυθμένος ήθα.δ1 λόγχη. — V. ^48. Γυιοπέδην α.σίδηρον s'emploie ailleurs pour les liens magiques formés avec des sarments de vigne : 21, 50 (conj.) ; 36, ^tô. — V. 4^. Cf. 2. 439 (Typhée) ; 25, 248. — V. 492b. α. 22, 314
πεπα.ρμένον όξέι χα.λκω. — V. 495. Άστυφέλικτον ένερρίζωσεν : cf. ^340 (Apollon immobilisant Astérié, la Nymphe de Délos).
33,
Page 152. 499-510. Les chefs lydiens et leurs modes de combat. La Lydie étant par excellence la terre de Dionysos, tout le développement expose les modes de combat proprement bacchiques. L'un des chefs se nomme Stamnos, « cruche a vin », a rapprocher des noms parlants de l'entourage de Staphylos (notamment Pithos, la Jarre). La nom de son compagnon ne se laisse pas interpréter : il pourrait être corrompu. Ρ. Chuvin, p. 101, n. 13, propose Στα.διος, · qui a le pied ferme », ce qui convient a un guerrier comme a un bon buveur. On songera plutôt a des noms dérivés de noms de vases a boire : Στα.τιος
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NOTES DU CHANT ΧΙΙΙ
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