Introduction au N'ko: Une alternative linguistique pour l'Afrique 234311983X, 9782343119830

Depuis le xxe siècle, des dizaines de systèmes d’écriture autochtones ont été inventés en Afrique pour diverses langues.

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French; Mande (N'Ko / ߒߞߏ) Pages 224 [210] Year 2017

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Introduction au N'ko: Une alternative linguistique pour l'Afrique
 234311983X, 9782343119830

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Nafadji Sory CONDÉ

Introduction au N’ko Une alternative linguistique pour l’Afrique

Presses de l’Université Kofi Annan de Guinée

Introduction au N’ko

Collection N’ko dirigée par Nafadji Sory CONDÉ Le N’ko, système d’écriture phonétique et phonologique élaboré par le chercheur guinéen Solomana Kanté (1922-1987) en 1949 pour la transcription des langues à ton en Afrique occidentale, est devenu de nos jours un vaste mouvement intellectuel, idéologique, et thérapeutique possédant son propre modèle éducatif et participe activement à la transition vers les technologies numériques et l’entrepreneuriat. La « collection N’ko », en collaboration avec les Presses de l’Université Kofi Annan de Guinée, vise la publication de manuels scolaires et d’alphabétisation, de documents de vulgarisation scientifique et littéraire, de traductions en n’ko et en français.

Déjà parus CONDÉ Nafadji Sory, Sociologie générale ou les sciences sociales en N’ko, 2017. KOULIBALY Ibrahima Kalil, Le pays de Bafilaben ou la destinée de deux royaumes. Roman, 2017.

Nafadji Sory CONDÉ

Introduction au N’ko Une alternative linguistique pour l’Afrique

Du même auteur Sociologie générale ou les sciences sociales en N’ko, 2017.

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11983-0 EAN : 9782343119830

DEDICACE A mon cher père Saratamori CONDE, mathématicien et professeur d’université à la retraite à Kankan, qui m’a toujours soutenu dans mes études et dans mes choix. A ma tendre mère Doussou Sanassa KABA, institutrice à Kankan, dont l’amour exemplaire fut nécessaire pour mon éducation familiale. A mon cher grand-frère Saranmadi CONDE, officier supérieur dans l’armée guinéenne, chez qui je poursuivis mes études supérieures à Conakry dans des conditions optimales d’épanouissement.

REMERCIEMENTS A Dr Ousmane KABA, fondateur de l’Université Kofi Annan de Guinée, pour son inestimable soutien financier. A Sanassi Fiman DIANE, fondateur de la librairie N’KO qui m’ouvrit les portes du N’KO et à Baba Mamadi DIANE, de l’université du Caire, qui m’a fourni les illustrations importantes pour cet ouvrage. A Monsieur Mohamed Lamine BAYO, aux grands projets et initiateur de l’Esprit d’Entreprise en N’KO. A Monsieur Moussa CISSE, Directeur du Bureau de Presse PRG, pour son appui général au Mouvement N’KO. A mes collègues de l’Académie N’KO (Hayamadi SYLLA, Dioubassila Madi BERETE, Niagassola Lamine KEITA, Moussa DIALLO, Mohamed Nasser KEITA et Amadou CAMARA) pour leurs remarques et suggestions. A Dr Aboubacar Sidiki CONDE, doyen familial à Conakry pour ses encouragements et à M. Sanassy KEITA, éducateur et idéologue politique pour ses conseils d’orientation pour la réalisation de cet ouvrage. A Mr Faya Ismael TOLNO, pour ses amendements utiles et à son action salvatrice dans la réalisation de l’œuvre. A Mr Ibrahima loncébalitè KONATE, sociologue, pour son appui à la relecture de l’ouvrage. A Nanfo Ismael DIABY, promoteur de l’alphabet N’KO à Kankan. A Mr Karime KOUROUMA, Directeur de la Bibliothèque Universitaire de l’U.J.N.K, pour son appui au N’KO. A Mr Ibrahima KANTE, fils aîné de l’inventeur de l’alphabet N’KO pour certains renseignements sur la vie de Soulemana KANTE.

Aux membres de l’Association pour le Développement de Batè-Nafadji pour leurs encouragements. A mes frères Alama Bangaly CONDE et Adama CONDE pour leurs soutiens envers mes activités culturelles. Avec les compliments des différentes structures du N’KO (N’KO DOUMBOU, ICRA-N’KO, ATP, ARAF, LA.KA.FA, ACTN, N’KO LEADER). Aux différents intervenants de l’alphabétisation et éducation non formelle (AENF) en Guinée : REGA, Pamoja-Guinée. L’auteur.

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SOMMAIRE

Prélude : ma rencontre avec le N’KO .................................... 13 Avant-propos ............................................................................. 21 Introduction ............................................................................... 25 PREMIERE PARTIE INTRODUCTION au N’KO .......................................27 DEUXIEME PARTIE Le mouvement N’KO ................................................... 51 TROISIEME PARTIE Le N’KO à la conquête du monde : de l’informatique aux universités ........................................................................... 75 QUATRIEME PARTIE LE N’KO : UN SYSTEME D’EDUCATION POPULAIRE ................................................................93 CINQUIEME PARTIE De la Littérature en N’KO .......................................... 103 SIXIEME PARTIE Des Aspects linguistiques du N’KO .......................... 175 SEPTIEME PARTIE Du système thérapeutique N’KO ............................... 195 HUITIEME PARTIE Des aspects de la philosophie N’KO .......................... 201 CONCLUSION ...................................................................... 209 Références bibliographiques .................................................. 211

PRELUDE : MA RENCONTRE AVEC LE N’KO Mon nom de plume est Nafadji Sory CONDE. Bien qu’étant né à KOUROUSSA en 1980, Je suis originaire de Batè-Nafadji, localité située près de Kankan, la deuxième ville de Guinée. Concernant ma rencontre avec l’alphabet N’KO, ma chance est tout simplement d’avoir pour village des ancêtres, Batè Nafadji. Mais que représente cette localité de Batè Nafadji dans le symbolisme du N’KO pour que j’estime être chanceux d’y avoir vécu ? Batè-Nafadji est une localité située à 35 km au nord de la ville de Kankan, sur la route nationale 6 Kankan–Siguiri. Historiquement fondée en 1679, la localité est l’un des douze villages du royaume musulman de Batè. Aujourd’hui, c’est le chef-lieu de la plus grande sous-préfecture de la préfecture de Kankan. Ce village est la toute première localité d’où l’alphabet N’KO s’est propagé en Haute Guinée. En effet, dès l’invention de cet alphabet N’KO en Côte d’Ivoire en avril 1949, certains des tout premiers disciples de l’inventeur de l’alphabet N’KO, parmi les plus dynamiques, retournèrent à Batè-Nafadji dès 1951 pour y implanter l’alphabet N’KO et alphabétiser la population. Plus tard, les premières élites du N’KO, du vivant même de l’inventeur du N’KO, seront issus de la localité. Pour ne citer que trois exemples, Karifala BERETE, que nous découvrirons dans cet ouvrage, est le premier écrivain issu de l’école N’KO après Soulemana KANTE lui-même. Poète, essayiste, homme de culture et théologien islamique ayant été formé en Egypte fut le compagnon intellectuel de l’inventeur de l’alphabet N’KO, qui lui considérait comme son héritier intellectuel. A son retour d’Égypte en 1960, il contribua à l’alphabétisation du village en N’KO et en arabe avant de se fixer à Lorombo, près de Dabola où il propagea le N’KO en Haute Guinée ouest. Le second et le plus grand alphabétiseur de Batè nafadji fut Mama Kèmoh CONDE qui y construisit une école spéciale pour le N’KO en 1971.

Son influence et son sens de l’organisation furent si grands, qu’à la fin des années 1980, le N’KO était généralisé dans ce village. Si je fus partie des rares enfants qui ont appris précocement l’alphabet N’KO en Guinée dès la fin des années 1980, c’est d’avoir été au bon endroit et au bon moment. Le troisième représentant de l’école de BatèNafadji est Mamady Baba DIANE à qui l’inventeur de l’alphabet N’KO avait confié la publication de ses œuvres. Installé au Caire en Égypte, il est celui qui a impulsé la publication documentaire, le développement pédagogique et l’expansion informatique du mouvement N’KO. Ainsi, la localité de Batè-Nafadji fut le premier endroit de la Haute Guinée où l’alphabétisation en N’KO fut massive. J’ai été témoin oculaire de vieilles femmes, de vieux hommes, d’adultes, de jeunes et des enfants comme moi qui apprenaient à lire et à écrire avec cet alphabet. Or c’est plus tard dans les années 1990 et 2000 que l’expansion de l’alphabétisation en N’KO a entamé sa vitesse de croisière ailleurs en Guinée, et en Afrique Occidentale. Mais la localité dont on a parlé ci-haut avait une grande longueur d’avance puisque le N’KO s’y était solidement implanté quelques décennies avant les autres. Pour revenir à mon propre parcours, j’ai fréquenté l’école coranique de Sadanna à Batè-Nafadji quand j’avais cinq ans. A 6 ans, j’appris l’alphabet N’KO sans avoir un grand niveau. A 7 ans, je commençai à fréquenter l’école primaire française et je délaissai l’étude du N’KO pendant 7 ans au profit de mes études primaires. Après l’obtention de mon certificat d’étude élémentaire à Kankan, je recommençai mes études en N’KO parallèlement à mes études au collège. A 14 ans, auprès du formateur Salati Mamady FOFANA du quartier SENKEFRA, j’obtins mon certificat gbènyélé, le tout premier diplôme du cursus N’KO élaboré par Soulemana KANTE qui est l’équivalent du CEPE (Certificat d’Étude Primaire Élémentaire). Après une pause de 4 ans, plus tard, auprès du formateur Kandjamady KEITA du 14

même quartier, je poursuivis mes études N’KO pour obtenir le diplôme Sôlô, diplôme de maîtrise de la phonologie N’KO, équivalent du BEPC (Brevet d’Etude du Premier Cycle) d’après Soulemana KANTE. Je complétai ma formation de maîtrise de l’alphabet N’KO en obtenant le diplôme badoun, maîtrise de la grammaire N’KO, équivalent du Baccalauréat classique. Comme je fréquentais les centres de formation N’KO parallèlement à mes études au secondaire, je fus orienté à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Ma venue à Conakry à l’âge de vingt ans me permit de côtoyer les dirigeants de l’Association pour l’Impulsion et la Coordination des Recherches sur l’Alphabet N’KO (ICRAN’KO), mais aussi et surtout Sanassy Fiman DIANE, fondateur de la librairie N’KO qui me donna accès à la documentation disponible en N’KO. J’eus ainsi le plaisir, en tant qu’amoureux de la lecture, de dévorer voracement plusieurs centaines de livres N’KO traitant de plusieurs domaines de connaissances (théologies islamique et biblique, histoire-géographie, sciences naturelles, mathématiques, belles lettres, philosophie). Ce qui me donna une vue panoramique du contenu des ouvrages publiés en N’KO. J’appris en même temps l’informatique en N’KO et la pédagogie d’enseignement de l’alphabet N’KO tout en suivant un stage de journalisme au niveau du mensuel de la presse écrite N’KO SOMOYA-SILA. Je participai tour à tour à tous les congrès de l’association ICRA-N’KO. Bien intégré au sein des milieux N’KO, qui voyait en moi un des leurs, je commençai par traduire des ouvrages scientifiques en N’KO comme il est fortement conseillé à toute personne maîtrisant les langues étrangères de le faire. Ensuite je deviens écrivain romancier en N’KO, puis membre actif du mouvement. J’ai alors participé au premier Symposium Académique International sur l’Alphabet N’KO tenu en 2005 à Conakry. Étant parmi les jeunes figures marquantes du mouvement, j’intégrai en leurs noms de vastes réseaux 15

d’alphabétisations à l’échelle nationale comme le REGA (Réseau Guinéen d’Alphabétisation) et un peu plus tard le réseau Pamoja-Guinée (Réseau Guinéen des Pratiquants de l’Approche Reflect). Avec ces deux réseaux, je parcourus les quatre régions naturelles de la Guinée en partageant notre approche d’alphabétisation inspirée du système d’éducation populaire élaboré par l’inventeur du N’KO, et les méthodes des théoriciens occidentaux sur l’alphabétisation des adultes. Ce contact mutuellement enrichissant me permit d’appliquer sur le terrain plusieurs méthodes d’investigations sociologiques et de mesurer ainsi leur efficacité pratique. A la fin de mes études universitaires, je réussis non seulement à m’imposer parmi les leaders les plus actifs du mouvement N’KO, mais aussi à gagner l’amitié de tous ces chercheurs et universitaires occidentaux qui menaient des études sur le N’KO. Ces derniers trouvaient en moi l’universitaire guinéen, l’interlocuteur naturel qui a appris et maîtrisé non seulement les méthodes d’investigations scientifiques, mais aussi celui qui maîtrise les tenants et aboutissants de l’écriture N’KO. À l’époque, il était très rare de trouver les élites intellectuelles universitaires au sein du mouvement N’KO. J’eus aussi le loisir de lire les publications de scientifiques occidentaux (américains, français, italiens et russes principalement) sur le N’KO. J’ai été surpris de découvrir alors, que non seulement le N’KO était quasiméconnu des universitaires guinéens, mais aussi, que le contenu de certaines réflexions des universitaires étrangers ne reflètent pas généralement le point de vue des utilisateurs du N’KO. Avec cette position d’interface, je dus participer à de nombreuses conférences internationales en Guinée, en Afrique ou en Europe. Ainsi, lors du 7ème congrès de l’Association des Etudes Mandé (Mande Studies Association) tenu à Conakry, puis à Kankan, je fus admis comme membre de cette association internationale qui regroupait des chercheurs issus des universités américaines, européennes et africaines. Ce qui m’ouvrit différents 16

horizons et me donna l’opportunité de rédiger et de publier certaines de mes recherches dans les revues scientifiques internationales. A 25 ans, à Bamako, je participai à ma deuxième conférence internationale et la première conférence à l’étranger. Cette conférence avait été organisée par l’ACALAN (Académie Africaine des Langues) et l’UNESCO sur le thème du multilinguisme et de la diversité culturelle dans le cyberespace. Ma participation consistait à faire prévaloir les points de vue des dirigeants du mouvement N’KO au moment où certaines puissances s’opposaient encore à l’intégration de l’alphabet N’KO dans l’Unicode. Mon thème était : le N’KO et ses problèmes dans le cyberespace ». A 26 ans, je devins membre fondateur de l’Académie N’KO, l’institution qui va donner une plus grande visibilité à la dynamique et à l’accélération des progrès de l’alphabet N’KO en Guinée. A la même année, je devins Directeur de Publication du journal bilingue N’KOfrançais dénommé YELEN, un mensuel imprimé au Caire et vendu en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali. Un an plus tard, je devins un des membres fondateurs du bimestriel Daloukèndè, publié par l’Académie N’KO, qui devint plus tard mensuel, mais qui est de nos jours hebdomadaire. A 28 ans, je fus membre de l’équipe de traduction des terminologies de téléphone portable que la compagnie NOKIA avait confié à l’Académie N’KO. En 2008, je participai à ma première conférence internationale en Europe (Lisbonne, capitale du Portugal). Mon thème s’intitulait : « le N’KO et l’éducation en langue nationale en Guinée : compte-rendu de lecture et d’observation ». La même année, ma communication au colloque international des langues et de la linguistique mandé fut publiée à St Petersburg en Russie dans la revue des actes du colloque. Le thème était : « Soulemana KANTE entre linguistique et grammaire : cas de la langue littéraire utilisée dans ses textes en N’KO ». La revue scientifique internationale américaine publia en 2008 en Anglais mon article qui s’intitulait : « the 17

emergence of n’kophone littérature : from the poetry to the novel ». Cet article parle de l’émergence d’une littérature écrite en N’KO, de la poésie au roman. En juin 2011, j’étais de retour à Bamako pour un autre colloque international afin de défendre mon thème : « poésie classique et versification chez Soulemana KANTE : illustrations de son recueil de textes poétiques ». Toujours dans la capitale malienne, je participai au débat sur la pertinence de l’introduction de la Charte de kurukanfuga, que l’inventeur de l’alphabet N’KO avait recueilli, dans la constitution malienne. Ensuite, je reçus une invitation conjointe de deux structures du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) français : le LLACAN (Laboratoire Langues et Cultures d’Afrique Noire) et l’INALCO (Institut National des Langues et des Civilisations Orientales). Je me rendis alors en septembre 2011 à Paris à ce colloque international pour défendre mon thème : « Normalisation de l’orthographe N’KO : expérience de l’Académie N’KO ». Trois ans plus tard, je partis à BoboDioulasso, Burkina Faso, pour le congrès des africanistes de MANSA. Vu la pertinence et l’engouement que suscite le N’KO en République du Mali, mon expertise a été sollicitée par l’Etat malien dans l’organisation par le Ministère de l’éducation malienne « des journées pédagogiques du N’KO » tenues en collaboration avec le mouvement N’KO du Mali. Vu le grand retard des universités guinéennes en matière d’enseignement du N’KO par rapport à certaines de leurs consœurs du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique, l’Université Julius Nyerere de Kankan sollicita l’assistance technique de l’Académie N’KO. L’Académie N’KO me choisit pour être consultant de ladite université. A ce titre, je pilotai l’équipe qui a effectué le recrutement des enseignants chercheurs N’KO de l’université, et celle qui a élaboré le programme universitaire de licence N’KO conformément au système LMD (Licence Master Doctorat) en vigueur dans les institutions d’enseignement supérieur en Guinée.

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Parallèlement à cet engagement pour la cause des langues nationales, j’ai enseigné les sciences humaines et sociales dans plusieurs établissements secondaires et universitaires de la capitale. Finalement, l’Université Kofi Annan de Guinée, l’une des plus importantes structures universitaires privées à Conakry, sollicita la création d’une chaire de N’KO. J’y exerce également les fonctions de Directeur de programme N’KO dans cette institution. Conakry, 10 juillet 2016. L’auteur.

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AVANT-PROPOS Le continent africain, dans sa courte évolution coloniale et postcoloniale a vu se succéder beaucoup de réformes pédagogiques pour la consolidation de son système éducatif, base de tout développement socio-économique et culturel. Malgré ces efforts, le continent a le taux d’analphabétisme le plus élevé au monde (UNESCO, 1995). Il s’avère aussi que les Etats africains indépendants ont choisi les langues étrangères comme langue de l’enseignement. Il résulterait de cet état de fait un déséquilibre entre les élites et les masses (UNESCO, 1991), car on ne peut pas penser avec la tête d’autrui, poursuit l’UNESCO. Ce choix de l’éducation dans les langues étrangères sans tenir compte des langues maternelles entrave la vulgarisation de l’accès à la science et à la culture pour beaucoup d’Africains surtout au niveau des enfants (UNICEF, 2003). Face à cette lente avancée, certains chercheurs africains de par leur propre initiative, ont pensé trouver la solution dans la transcription des langues nationales, car les langues africaines supportent au mieux la culture africaine par rapport aux langues étrangères (UNESCO, 1971). Ainsi, on a assisté au vingtième siècle à l’invention des systèmes d’écritures originales pour diverses langues ouest africaines : kpèllè, lomagoe, bassa, wolof, Manding, pular (VYDRINE, 2001). C’est dans ce cadre qu’il faut situer le N’KO, inventé le 14 avril 1949 en Côte d’Ivoire, par le Guinéen Soulemana KANTE (1922 – 1987) selon (les archives d’ICRA-N’KO, 2000). Ce nouvel alphabet dans lequel sont transcrites et harmonisées les langues mandingues unifiées permet aux alphabétisés l’instruction en Histoire, en Théologie islamique, en Sciences naturelles et humaines, en Pharmacopées (AMSELLE, 2001).

En Guinée où il se développe de façon significative, il a pu faire augmenter le taux d’alphabétisation à l’est du pays (archives DPE- KANKAN, avril 2000), d’autant plus que d’énormes besoins se font sentir pour l’éducation formelle en langue française (MEPU - EC, 2002). Les chiffres suivants sont révélateurs des enjeux de l’éducation nationale. En effet, selon le SSP (service statistique et planification) du ministère guinéen de l’Enseignement pré universitaire et de l’éducation civique en 2001, le taux brut de scolarisation du pays s’estime à 61 % pour l’enseignement primaire. Selon le même service en 2002, plus des 2/3 du budget alloué à l’éducation nationale vont dans le financement de l’enseignement primaire ; il aurait en Guinée 608 salles de classe de besoins pour le collège dans l’année scolaire 19981999 (unité documentaire MEPU- ES- SINDA, 2000). Si on ajoute à ces problèmes d’infrastructures les difficultés rencontrées pour la qualification pédagogique des enseignants et professeurs, on conclurait que l’éducation formelle nationale ne peut pas convenablement satisfaire tous les besoins des populations aspirant à l’alphabétisation et à la culture. Alors nombreux sont les adultes et les enfants qui se tournent vers leurs langues maternelles pour accéder à la culture. Ces critères d’ordres infrastructurel et pédagogique font que le N’KO a sa place dans l’éducation guinéenne. C’est ce qui expliquerait la motivation des organisations non gouvernementales nationales et internationales à utiliser l’alphabet N’KO dans leurs projets éducatifs. Ce besoin se justifie d’autant plus que les enfants âgés d’à peine quatre, cinq ou six ans sont obligés d’adopter une deuxième langue, ils abandonnent ainsi un univers familier pour entrer dans l’inconnu (site Internet de l’UNICEF, accès mars 2013). Toujours est-il que malgré les progrès du N’KO en Guinée, il demeure cependant assez méconnu sur la scène scientifique par la quasi-inexistence de recherches académiques universitaires en Guinée (CONDE, 198822

1989). Les rares recherches existant à ce jour ont été effectuées par des anthropologues, des sociologues, des linguistes ou de philosophes occidentaux pour le compte de leurs universités ou revues scientifiques. Or, ces recherches occidentales, malgré la notoriété de leurs auteurs, sont souvent affectées par un parti-pris pro-occidental et sont parfois tendancieuses. Ainsi l’anthropologue français Jean Loup AMSELLE définit le N’KO en 1996 comme « un mouvement prophétique scripturaire ouest-africain antiarabe, anti-occidental et pro-malinké ». Une telle définition, d’ailleurs rejetée fort heureusement par de nombreux chercheurs européens et américains, loin de refléter la réalité du N’KO, vise non seulement à présenter le N’KO comme une secte extrémiste qui va à l’encontre de l’occident et du monde arabe, mais aussi et surtout isoler le N’KO dans un carcan irrédentiste malinké et non africain comme le présentait son fondateur, en montrant aux autres Africains qu’ils ne sont pas concernés. Par ailleurs, la plupart de ces scientifiques s’intéressent aux questions linguistiques (VYDRINE, 1996), ethnologiques, historiques ou philosophiques (Mande studies, 2001). Vu le rôle actuel et futur du N’KO dans la recherche des solutions aux problèmes de l’Afrique, l’insuffisance des recherches académiques sur le N’KO par des Africains, son rôle dans le développement local, justifient tout l’intérêt que je porte à ce livre que j’ai intitulé le N’KO au premier plan. Ce livre est également censé exprimer une vision objective de l’alphabet N’KO. Par rapport à ce thème, nous nous sommes posé les questions suivantes : Qu’est-ce que le N’KO ? Quelles sont sa genèse et son évolution ? Que renferment les écrits en N’KO ? Qui sont les auteurs des livres N’KO ? Quelle est la vision de l’inventeur de l’alphabet N’KO pour l’Afrique ? Comment est organisé le mouvement N’KO en Guinée, au Mali et

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dans le monde ? Que disent les Occidentaux à propos du N’KO ? Les réponses à toutes ces interrogations font partie intégrante du contenu de cet ouvrage. Pour cerner au plus près tous les contours liés aux thèmes abordés dans cet ouvrage, nous avons adopté une méthodologie scientifique basée sur une approche interdisciplinaire en faisant appel notamment à la recherche documentaire, à la linguistique africaine, à l’interview et à l’observation participante sociologique, à la littérature comparée, à la critique philosophique, à l’historiographie, à l’épistémologie, à la pharmacopée et à l’histoire de l’informatique.

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INTRODUCTION Le N’KO est avant tout un système d’écriture autochtone spécifiquement africain, inventé un Jeudi, 14 avril 1949 à Bingerville en Côte-d’Ivoire par l’encyclopédiste guinéen Soulemana KANTE ou Soulemana KANTE (1922 – 1987). Originaire de la région de Kankan en Haute-Guinée, Soulemana KANTE est l’auteur de 183 livres rédigés en 38 ans (1949 – 1987). Ses travaux sont aussi divers que variés parce qu’ils couvrent plusieurs domaines de savoir. Pour cela, il en sera question plus loin dans cet ouvrage. Quoi qu’il en soit, l’inventeur de ce système a eu aussi le mérite de fonder une langue littéraire et une littérature écrite en langue mandingue, utilisant les caractères N’KO (VYDRINE, 2001). La langue littéraire, qu’il a créée et dans laquelle s’expriment les écrivains utilisant son système d’écriture alphabétique, est basée sur le principe de l’unicité des principaux parlers mandingues : bamanankan, maninkakan, julakan, mandingo. Ce médium linguistique, enrichi par les vocabulaires de 28 autres idiomes africains qu’il avait dénombrés, lui avait permis de fonder un vaste mouvement littéraire qui ne prendra de l’ampleur qu’après la divulgation progressive de ses travaux après sa mort. Cette littérature basée essentiellement sur les genres littéraires mandingues, comme nous avons pu les déceler dans ses écrits, est considérée par lui et ses héritiers intellectuels comme la langue standard du groupe linguistique mandingue (VYDRINE, 1996). Ce N’KO standard se démarque nettement de la tradition linguistique de l’école occidentale, non seulement par la qualité et l’abondance des œuvres produites, mais aussi par l’attitude des populations concernées. En effet, le mouvement N’KO considère les parlers mandingues comme dialectes d’une même langue standard nommée N’KO, alors que tous les instituts nationaux de linguistique appliquée d’obédience occidentale ont choisi les divergences dialectales : c’est-à-dire

standardiser le bamanankan au Mali, le maninkakan en Guinée, le julakan en Côte-d’Ivoire et ceux, malgré toutes les tentatives d’harmonisation en cours (KOBA, 1999). Le fait d’avoir réussi une seule et unique forme standard dans laquelle toutes les communautés mandingues se reconnaissent expliquerait en partie l’une des raisons de la popularité de la littérature N’KO auprès des populations mandingues d’Afrique occidentale (DIANE, 1998 : communication personnelle.). Plus de soixante-six ans après la naissance de l’alphabet N’KO, on y dénombre une abondance d’œuvres produites par divers écrivains ouest-africains, la naissance d’un système d’éducation populaire, d’un système thérapeutique, d’un mouvement culturel inspiré des idées de l’inventeur et d’une modernisation informatique de l’édition. C’est l’ensemble des domaines touchés par le phénomène du N’KO qui feront objet de différentes parties de cet ouvrage.

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PREMIERE PARTIE

INTRODUCTION AU N’KO

PRESENTATION DE L’ALPHABET N’KO Le N’KO est un système d’écriture phonétique et phonologique, transnational de type alphabétique élaboré en 1949 par le scientifique et érudit africain Soulemana KANTE (1922-1987). Il comporte 27 lettres subdivisées en 7 voyelles, 19 consonnes et une diphtongue. Comme en Arabe, le N’KO se lit de la droite vers la gauche et les écritures peuvent être reliées. Comme l’écriture latine, le système syllabique du N’KO se forme par l’association des consonnes et des voyelles. Le N’KO possède des voyelles nasales (un point sous la voyelle). Il possède aussi des signes diacritiques pour noter les tons des langues. D’après son fondateur, le N’KO peut noter toutes les langues du monde, point de vue d’ailleurs confirmé par deux linguistes européens et américains (Valentin VYDRINE et Coleman). Cependant, le N’KO a été désigné spécifiquement par son fondateur comme l’alphabet phonétique africain. Le mot N’KO signifie « je dis » dans toutes les variantes de langues mandingues en Afrique de l’Ouest.

Voyelles N’KO

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Equivalent en lettres françaises u Consonnes N’KO

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Equivalent français

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Consonnes N’KO Chiffres

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N’KO Equivalent arabe

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Tableau 1 : alphabet N’KO et équivalent français

Tableau 2 : alphabet N’KO et transcription anglaise

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Historique et acceptions du terme N’KO À l’origine, le N’KO désigne la langue commune du manden médiéval. C’est l’empereur manding Soundjata qui aurait popularisé le terme lorsqu’il s’adressait à ses légions en 1236 à Kouroukan-fouwa. Au début de son discours, pour éviter de citer le nom de chaque tribu ou groupe ethnique, il s’est acclamé : « Je m’adresse à tous ceux qui disent N’KO ». Ce terme fédérateur désigne l’ensemble des langues parlées dans cet empire du Mali qui avait regroupé une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. Accessible au langage des griots, SOULEMANA KANTE a tiré ce terme de l’oubli et l’utilisa comme le nom de son alphabet. Le monde actuel connaît le terme comme un système d’écriture. L’inventeur de l’alphabet N’KO lui donnait deux sens : langue commune du manden (manden fodoba kan ߲ ߬ ߬ ߲߫ ߲߬ ) et alphabet phonétique africain (fadafinna sebesoun kanmaserema ߬ ߲߬ ߬ ). Donc, il est clair que, dans ߲ ߲ l’esprit de Soulemana KANTE, le terme désigne aussi bien la langue que l’écriture. Mais pour le monde de la recherche, la signification du concept N’KO va au-delà de ces deux premières acceptations, il embrasse aussi la littérature, la thérapie, un système d’éducation populaire, et une philosophie etc. Pour cerner cela, voici certaines définitions du N’KO données par des universitaires. Pour AMSELLE Jean Loup, anthropologue français et Directeur des Etudes à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris et auteur de plusieurs publications sur le N’KO : « le N’KO, qui est à la fois une méthode de transcription des langues à ton, un mouvement idéologico-culturel et un système thérapeutique, s’est surtout développé en Guinée et au Mali, mais il possède des ramifications en Egypte, en Roumanie, en Côte d’Ivoire, en Sénégambie, en Sierra Léone, au Liberia, au Burkina Faso, en Europe occidentale et aux États-Unis. » Pour le Pr VYDRINE Valentin, linguiste russe au Département Mande de l’Institut National des Langues et

Civilisations Orientales (INALCO – Paris) en 2010 : « Le N’KO est un alphabet pour le mandingue créé en 1949 par un érudit guinéen, Soulemana KANTE : Cet alphabet représente correctement le système phonologique du maninka de Guinée, en ce qui concerne le niveau segmental et tonal. Dans la vision du créateur du N’KO et de ses adeptes, le N’KO est un « alphabet africain » pouvant desservir toutes les langues africaines, voire les langues du monde entier (les signes diacritiques sont utilisés pour les phonèmes non existant en maninka) ». Le même auteur avait décrit d’autres aspects du N’KO en 2001 : « Le N’KO est aussi et surtout une philosophie africaine de l’innovation traditionnaliste, un système d’éducation populaire développé par Soulemana KANTE et ses héritiers intellectuels ». Pour Hutchison John, linguiste américain de l’université de Harvard en 2014: « l’écriture N’KO dépasse presque n’importe quelle orthographe latine donnée, non seulement du point de vue de sa fidélité à la langue représentée, sa structure et ses sons, mais aussi de la manière qu’elle est répandue et qu’elle se propage, et surtout quand on compare la réussite, la variété, la fonctionnalité et la grandeur de son environnement lettré (fidélité à la langue, à la culture, à l’histoire, aux sciences, et aux vies et métiers des locuteurs). » Pour le Pr David CONRAD, historien américain : « le N’KO est une doctrine philosophico-scientifique de type encyclopédique, un système de transcription des pensées africaines, et une réinvention des traditions orales ». Pour Artem DAVYDOV de l’Université de St Petersburg en Russie : « le N’KO, système de transcription inventé par Soulemana KANTE, est une école réalisée dans le cadre d’une tradition linguistique africaine autochtone ». Toutes ces acceptations du terme seront développées dans cet ouvrage.

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Soulemana KANTE (Kankan Soumankoyi, 1922 – Conakry, 1987) et les origines du N’KO :

Photo de Soulemana KANTE en 1986 à Conakry.

Image de Soulemana KANTE en 1980 à Bamako. Courtoisies de Baba Mamady Diané.

La genèse du N’KO Cette genèse est liée à la biographie du fondateur du N’KO, non seulement par le fait que Soulemana KANTE est une personnalité d’envergure, mais aussi par le fait que cette biographie a beaucoup d’influence sur l’ensemble de son œuvre. Le fondateur du N’KO est issu d’une famille de marabouts habitant le village de Kolonin-Soumankoyi, localité située à 14 km au nord-ouest de la ville de Kankan 34

en Haute-Guinée. Originaire de Ségou (région malienne), cette famille au terme d’une migration s’était établie dans le Wassolon guinéen au XIX siècle. Le conquérant et héros guinéen, Samori TOURE, au cours de sa guerre de conquête au wassolon, recueillit Amara KANTE, le futur père de Soulemana KANTE, et le confia à des marabouts de Kankan pour assurer sa formation religieuse. Ce dernier se fixa d’abord à Soumankoyi et face au succès grandissant de son école coranique, il se fixa à Kölönin en 1921. En 1922, Soulemana KANTE naquit dans cette petite bourgade-école (OYLER, 1995). L’école coranique de son père Amara KANTE était très florissante dans les années 1920 et 1930. Le jeune Soulemana KANTE apprit le Coran, la grammaire et la littérature arabe classique ; en plus, il a la chance de côtoyer les locuteurs de nombreux dialectes ouest-africains qui étaient les disciples de son père. En effet, de nombreux apprenants de cette école s’exprimaient à travers différents parlers africains. Des centaines de talibés de ce centre d’études islamiques étaient originaires de plusieurs contrées de l’Afrique Occidentale. Au cours de ses années studieuses, le jeune KANTE, ayant grandi dans ce milieu multi-dialectal et hétérogène, commence à avoir une base de richesse en vocabulaire africain. Il exploitera plus tard cette maîtrise des langues africaines au service de son alphabet, un atout pour lui dans ses recherches en linguistique africaine. Evidemment, ce n’est pas la seule explication et le fait d’avoir séjourné longtemps en Côte-d’Ivoire et d’avoir vécu au Mali ont certainement approfondi ses connaissances sur les langues de ces deux pays. Et toutes ses publications en N’KO auront la trace de ses connaissances linguistiques. Le futur fondateur du N’KO ne sera pas rapidement en contact avec le monde blanc. Et, dans sa lettre destinée au linguiste africaniste français Maurice HOUIS, publiée dans la revue américaine in Mande Studies, Vol. 3 par le linguiste russe Valentin VYDRINE, il affirmait avoir vu pour la première

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fois un Blanc quand il avait douze ans ; ce qui se situerait en 1934.

L’éveil de conscience chez Soulemana KANTE En 1941, la mort inattendue d’Amara KANTE, père de Soulemana KANTE, produisit un changement profond dans la vie du jeune adolescent : il quitta le domicile paternel, séjourna d’abord à Kouroussa, puis à Balandougou, porte d’entrée du Wasulu. Dans cette localité, il vit un livre d’histoire du Wasulu chez son oncle Djibrila Diallo. Ce manuscrit aurait été conjointement rédigé en maninka en caractère arabe par Ary Soulé, le grand-père de Soulemana KANTE qui est le père de Djibrila DIALLO. Cette découverte permit néanmoins au futur fondateur de l’écriture N’KO de s’informer de la réalité des tentatives de transcription du maninka, préoccupation majeure de certains lettrés de la région de Kankan. Malgré ses connaissances pourtant bien attestées en arabe, il n’arriva pas à lire ces textes sur l’histoire du Wasulu. Son oncle lui dit qu’il a luimême récité le texte. C’est la seule condition qui lui permet de le relire. A quoi bon transcrire ses pensées si une autre personne ne peut la déchiffrer ? rétorqua KANTE. Il pensa alors qu’on ne peut pas transcrire les langues africaines. Il poursuivit sa route vers la Côte d’Ivoire (KANTE, 2004).

Kamal MARWA et les premières tentatives de KANTE Trois ans après le décès de son père, KANTE acheta une revue arabe à Bouaké en Côte d’Ivoire. Il lut dans cette revue un article intitulé « Nahnou fî Ifrikiya », qui signifie, « Nous sommes en Afrique ». Cet article a été rédigé par Kamal MARWA, un ethnologue libanais qui dressait la monographie des pays de l’Afrique de l’Ouest dans lesquels résidaient des communautés libano-syriennes. En le lisant, KANTE découvre la problématique de l’écriture dans les 36

cultures africaines, « vouées à l’oralité » ; l’auteur félicite les Vaï du Libéria pour avoir inventé une écriture, quoique complexe et imparfaite (AMSELLE, 2001). C’est après la lecture de cet article que KANTE commença à transcrire le maninka, sa langue maternelle, en utilisant l’écriture arabe. Il trouva assez d’insuffisances dans les transcriptions arabes du mandingue (l’arabe a trois voyelles, alors que le mandingue en a besoin de sept). Il abandonna l’écriture arabe au profit de celle latine. L’abandon de l’arabe par l’inventeur du N’KO n’est pas dû seulement aux imperfections de cette écriture dans la transcription du mandingue, elle s’expliquerait aussi par les difficultés d’impression et de diffusion des livres. Dans une interview que le fondateur du N’KO avait accordé aux journalistes en 1969, interview dont la traduction est publiée en 2004 en N’KO, le fondateur du N’KO dit : « Comme le mandingue a besoin de trois voyelles arabes (a, i et ou) et de quatre autres voyelles manquantes, j’ai complété les trois voyelles arabes à sept voyelles ; après, j’ai ajouté des points à certaines consonnes pour pouvoir transcrire les phonèmes (gba, tcha, pa), absents de l’alphabet arabe. A l’aide de ce dispositif scripturaire, j’ai pu rédiger quelques poèmes, des proverbes, des devinettes sans oublier la traduction de certains versets coraniques dans nos langues. J’ai fait un premier tome que j’ai envoyé à Roudossi Kadour à Alger pour impression. Ce dernier me retourna mon manuscrit en me disant qu’il ne possède pas de caractères d’imprimerie pour mes nouvelles voyelles et consonnes. Il estima qu’il peut l’imprimer malgré tous ces obstacles à condition de prendre soin de reprendre mon manuscrit en recopiant sur une feuille très blanche avec utilisation d’une encre très noire, avec les lignes très droites et les bordures de feuilles bien alignées. Il photocopierait et multiplierait ce manuscrit. Cependant, vu les difficultés liées à cette forme de publication, il ajouta qu’on devait publier au minimum 3000 exemplaires alors que j’avais besoin d’un tirage à 1000 exemplaires. J’ai finalement compris qu’au-delà des frais d’imprimerie exorbitants, les lettrées en arabe à qui j’ai montré mon manuscrit me dirent que j’ai compliqué un système d’écriture qui l’ai déjà ; des illettrés me dirent que 37

j’ai surchargé l’écriture arabe qui est déjà saturée de diacritiques. J’ai compris que je ne devrais pas engager tout mon argent pour assurer les frais d’imprimerie d’un document que le lectorat n’apprécierait pas ». (KANTE 2004, CONDE 2008). Parallèlement à ses recherches, il faisait du commerce et voyageait beaucoup en Côte-d’Ivoire et dans les territoires voisins anglophones (Liberia, Gold Coast). En 1947, Soulemana KANTE se rendit au Gold Coast (l’actuel Ghana) et découvrit des transcriptions de la Bible dans les langues de ce pays à travers les caractères latins. KANTE s’est détourné de l’écriture arabe pour transcrire le mandingue en caractères latins. Ce système romain plut à KANTE à cause de sa simplicité par rapport à l’arabe. S’il n’eut aucun problème à déterminer les lettres de sa langue en latin, il se heurta néanmoins aux problèmes de notation des phonèmes mandingues. Car en mandingue, il remarquait que la différence fondamentale des morphèmes était réalisée au niveau tonal. Alors, l’écriture latine était incapable de transcrire correctement les tons de sa langue (AMSELLE 2001, CONDE 2008, KANTE 2004, OYLER 1995, VYDRINE 2001).

Image du jeune Souleymane KANTE et son épouse en 1958 en Côte d’Ivoire. Courtoisie d’Ibrahima KANTE, son fils aîné.

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L’invention de l’Alphabet N’KO Se lançant à la recherche d’un alphabet propre aux langues africaines, il inventa le 14 Avril 1949 l’Alphabet phonétique N’KO à Bingerville en Côte-d’Ivoire sous domination coloniale française (Oyler1995). L’invention de cet alphabet sera suivie par 38 années d’intenses rédactions de livres au cours desquelles il produisit près de cinq livres par an en moyenne.

Image de l’Alphabet N’KO (Courtoisie de Baba Mamadi DIANE).

L’alphabet N’KO dans la transcription des langues africaines L’invention africaine dont nous avons l’honneur de vous présenter est un système d’écriture apte à la transcription exacte de toutes les langues. L’efficacité et la notoriété du N’KO sont scientifiquement établies dans la transcription phonétique et phonologique des langues africaines. Toute tentative de transcription des langues africaines sans notation tonale s’est avérée inappropriée à la cause. L’avènement du N’KO a permis de combler ce déficit linguistique. Pour exemple, les langues africaines présentent des inflexions vocales non inscriptibles aux alphabets étrangers. Exemples en langue Maninka : fè ( ) et fè ( ߭ ) pour la calebasse et l’infirmité, ba ( ") et ba (߭") pour le fleuve et la chèvre, sassa ( ) et sassa ( ߬ ) pour la sacoche en cuir 39

et le rhume, kari (# d’âge.

) et kari (# ߬ ) pour le fil et la classe

Exemple en langue Sosso : yèkè ( ߫ $ ߭ %) et yèkè ( $ ߬ %) pour le poisson et le mouton, sènbè ( ߲ ) sènbè ( ߬ ߲߬ ) pour la force et l’aiguille, touré ( &') et touré ( & ߬ ') pour l’huile et le patronyme, n’ma guinè ( ߬ (߬) ߭ ߒ) pour ma femme et n’ maguinè ( ߬ ( ) ߭߰ ߒ) pour ma sœur. Les œuvres de Soulemana KANTE D’après un extrait du journal produit par l’Académie N’KO (N’KO Doumbou) en 2011, « Cette invention permit à KANTE de rédiger en 38 ans de recherche plus de 183 ouvrages. Cette œuvre colossale répertoriée comprend 9 syllabaires, 16 livres de lecture, 24 livres de littérature, 3 romans, 48 livres d’histoire, 25 livres de sciences, 10 livres de culture, 4 livres de philosophie, 38 livres de théologie et 6 livres divers . Allah rappela le fondateur du N’KO à lui le 23 novembre 1987 à Conakry (quartier Bonfi) ». Ces ouvrages couvrent des domaines très divers et variés : la Pharmacopée africaine à travers la description de 400 plantes médicinales répertoriées traitant environ 317 maladies tropicales ; le nombre de plantes répertoriées a été apporté à 2870 par les continuateurs de Soulemana KANTE. la traduction intégrale du saint coran et plus de 4000 hadiths du prophète (PSL) ; les traités d’Histoire de l’ensemble des chefferies, tribus, royaumes et empires Ouest africain ; 40

25 lexiques sur les terminologies couvrant toutes les sphères de l’administration publique moderne ; un dictionnaire N’KO de 32 500 mots ; une encyclopédie philosophique traitant des conceptions de 100 philosophes dont 50 avant et 50 apr. J.-C. ; les traités de différentes disciplines scientifiques, notamment : la Géographie, les mathématiques (Géométrie, Trigonométrie, Algèbre et Arithmétique), la biologie (Zoologie, Botanique); Des ouvrages descriptifs sur les cultures et sociétés africaines ; Enfin, la Morale, l’Instruction civique, la Littérature, la Grammaire, la Météorologie, l’Astronomie, la Physique sans oublier la Chimie dont la traduction intégrale du tableau périodique des éléments de Mendeleïev ont été, entre autres, les centres d’intérêt de l’œuvre multiforme de KANTE. L’évolution du N’KO en Guinée Cette partie sera axée principalement sur les éléments ci-après : la contribution du N’KO à la lutte anticoloniale, le N’KO et les indépendances africaines. La contribution du N’KO à la lutte contre le système colonial Résidant en Côte-d’Ivoire, le fondateur du N’KO a effectué un déplacement spécial pour assister aux festivités de l’indépendance de la Gold Coast (Ghana actuel) en 1957. Soulemana KANTE, très ému devant cet événement, dédia un poème en N’KO pour 41

immortaliser l’artisan de l’indépendance ghanéenne, le leader Nkwamé NKRUMAH et montra l’importance de la souveraineté aux peuples africains. À son retour des festivités de l’indépendance du Ghana, il composa plusieurs poèmes en N’KO sur les avantages de la lutte contre la colonisation pour que les territoires encore non indépendants accèdent à leur souveraineté. Il invita ses compatriotes guinéens à resserrer les rangs pour l’indépendance. L’écriture N’KO et les indépendances africaines Son premier soutien à l’indépendance de la Guinée a été de traduire en N’KO les 53 articles de la constitution du nouvel Etat, les publier sur autofinancement et les distribuer gratuitement aux lecteurs du N’KO. Il publia de nombreux autres poèmes sur l’indépendance de la Guinée.

Le N’KO sous les régimes successifs en Guinée Sous cette rubrique, nous aborderons l’implantation du N’KO et son épanouissement progressif dans les trois républiques de la Guinée indépendante.

Le N’KO sous la première République (1958-1984) Nous tenons ces informations d’un enregistrement audio de l’inventeur du N’KO lui-même daté de 1986 à Conakry, soit un an avant son décès. Au lendemain de la proclamation de l’indépendance de la Guinée, certains artistes apprenant le N’KO ont fait parvenir à Ahmed Sékou TOURE, Président de la République, un recueil de poésie sur l’indépendance rédigé en N’KO par Soulemana KANTE dont la page de couverture était illustrée de l’image du président Ahmed Sékou TOURE et d’un drapeau tricolore guinéen. Ce qui permit au président de s’informer de l’existence d’autres personnes qui luttaient pour l’indépendance en langue 42

africaine, mais utilisant une autre forme d’écriture dont le contenu était inaccessible au colon blanc. Discrètement, le président entreprit de faire revenir le fondateur du N’KO, personnalité importante à ses yeux, en Guinée. Mission qu’il confia à Djéli Mamoudou KANDE en se chargeant luimême du financement de tous les frais. Ainsi, le fondateur du N’KO revint en novembre 1959 en Guinée avec toute sa famille. Il fut reçu en janvier 1960 par le président Ahmed Sékou TOURE qui présenta Soulemana KANTE au célèbre Fodéba KEITA, l’homme de culture de la première décennie des indépendances. L’inventeur de l’Alphabet N’KO voulait faire adopter cet alphabet par le gouvernement guinéen. Mais le premier gouvernement de la Guinée indépendante, malgré sa bienveillance avec le N’KO, pensa qu’instituer le N’KO pourrait attiser les rivalités ethniques dans une Guinée où la fibre ethnique très sensible, aurait vu en l’alphabet N’KO, une propension hégémonique de l’ethnie du président. Néanmoins le Président Ahmed Sékou TOURE lui remit une somme de 300 000 francs CFA contre une promesse ferme de ne plus quitter la Guinée et de s’installer près de lui à Conakry. Il lui dit en ces termes quasi prophétiques :

« Même si le gouvernement ne l’a pas adopté, continue ton travail et montre-le au peuple. Le jour où le peuple saura la valeur de tes recherches, il l’adoptera et aucun gouvernement ne pourra le détruire. Mais si c’est moi qui l’impose, le jour où je ne serai plus là, on peut essayer de le détruire pour des motifs politiques. » Source : enregistrement audio Soulemana KANTE en 1986, Conakry

Par ailleurs, afin de lier l’acte à la parole, le chef de l’Etat ordonnera plus tard à l’Imprimerie Nationale Patrice Lumumba d’éditer les manuels de lecture en N’KO. Ce qui se confirme dans la mesure où toute une série de livres de lecture en N’KO publiés aux débuts des années 1970 portent la marque de l’imprimerie 43

Patrice Lumumba. Même si le régime ultrarévolutionnaire du PDG ne permettait pas l’existence d’association hors du cadre strict des instances du parti unique, les utilisateurs du N’KO ont créé à la fin des années 1960 l’association d’étude N’KO « N’KO karan dè ». Malgré l’interdiction légale de former des associations en Guinée, l’existence de cette structure était tolérée dans une dizaine de gouvernorats (correspondant aux préfectures actuelles). Cette neutralité bienveillante du PDG à l’égard du N’KO a permis aux disciples de Soulemana KANTE de continuer leurs activités sans être inquiétés. Les résultats du N’KO en cette période étaient réels, mais ils étaient moins visibles, car, masqués par la politique d’alphabétisation officielle en langues nationales du gouvernement dans le système formel de l’éducation en guinée ; cette politique avait choisi l’écriture latine comme système officiel de transcription de 8 langues nationales de la Guinée. Cependant, les recherches de KANTE sur l’histoire et la médecine traditionnelle l’obligèrent à quitter plus tard la Guinée pour le Mali en 1977, puis pour la Côte d’Ivoire entre 1982 et 1985. Le fondateur du N’KO retourna en Guinée en mai 1985 au lendemain du décès du premier président et treize mois après la venue du président Lansana CONTE au pouvoir.

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Le N’KO sous la deuxième République (1984-2008) De son retour à Conakry en mai 1985 à son décès en novembre 1987, KANTE, malgré tous ses efforts, n’a pas pu rencontrer le président CONTE. Il a toutefois été reçu en audience par le colonel Diarra TRAORE, l’un des piliers du nouveau régime. Malgré tout, la première Association N’KO eut son agrément le 21 juin 1991. Ce qui libéralisa les initiatives des promoteurs de l’alphabet N’KO ; le N’KO bénéficia de nombreux séminaires, ateliers de formation, caravanes d’alphabétisation sous la deuxième république. Le Président de la République, le général Lansana CONTE, reçut en audience l’équipe dirigeante du N’KO le 17 septembre 2004 au palais présidentiel. Au cours de cette audience, la délégation de l’association ICRA-N’KO lui fit don de 200 exemplaires du saint coran traduit en N’KO. Il remercia la communauté N’KO pour la lutte contre l’analphabétisme et fit plusieurs promesses. Mais la dégradation de son état de santé ne lui permit pas de tenir ces promesses. Mais « l’intention vaut l’action », estime-t-on du côté des promoteurs de l’alphabet N’KO (SOMOYA SILA, 2004). Toutefois, il est à signaler que le N’KO enregistra de nombreux progrès sous la présidence de CONTE. Nous avons la naissance de plusieurs centres d’alphabétisation villageoise et comme, on le verra plus loin, de plusieurs écoles formelles privées expérimentales N’KO-français reconnues par l’Etat.

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Les émissions de promotion de l’alphabet N’KO ont été autorisées et animées dans les principales stations de radios rurales dans les langues nationales en Guinée. Le N’KO et la troisième République (2010-2015) A commencer par la campagne pour les élections présidentielles 2010 jusqu’à nos jours : - Les mouvements de soutien à certains partis politiques utilisèrent les spots publicitaires et les affiches de communication en N’KO lors de la campagne pour les présidentielles 2010 et 2015. - La portée du discours présidentiel de 2011 au palais du peuple avec les commerçants, au cours duquel il affirma solennellement que les intrants agricoles importés pourront avoir des inscriptions en N’KO pour faciliter leurs utilisations par les paysans en milieu rural. - La création d’émissions de promotion de l’alphabet N’KO à la Radio et à la télévision nationale en 2012. - La création du journal « Sekoutouréya Info » pour informer la population sur les activités du Président et la publication de la variante N’KO du même journal en 2011. - L’insertion expérimentale de l’enseignement du N’KO dans le cursus de l’université de Kankan en 2011. - La signature le 18 mars 2011 du décret de restructuration du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, dans lequel la création d’un Centre de Recherche et de Vulgarisation du N’KO y figure.

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Les travaux réalisés en Guinée en N’KO après KANTE Dans un mémorandum du « collectif des ONG N’KO » publié en 2012 à Conakry, on peut y lire des informations qui, vu leur importance, ont été reproduites ici in extenso : « A part les œuvres réalisées par le fondateur du N’KO, la communauté N’KO a produit plusieurs centaines d’ouvrages qui sont venus enrichir la bibliothèque N’KO. Ces travaux sont basés essentiellement sur la sensibilisation, la moralisation des comportements, l’éducation à la citoyenneté, la vulgarisation de nos lois et textes juridiques dans un contexte de démocratisation portant notamment sur les Droits et Devoirs du citoyen, la compréhension de l’importance des principes du vote : De 1992 à 1994, le journal de diffusion du RPG, parti d’opposition à l’époque, le soleil, était régulièrement traduit et transcrit en N’KO. En 1994, cinq textes de loi ont été traduits en N’KO et regroupés sous un seul volume pour leur vulgarisation en milieu rural. Cet ouvrage appelé « grand recueil de lois » regroupe les textes suivants : - la loi fondamentale de 1990 ; - L’ordonnance N° 005 portant sur les associations et coopératives ; - Le code civil (mariage) ; - le code civil (la paternité des enfants) ; - le code civil (l’héritage et le partage de l’héritage) ; - le code foncier et domanial 47

En 1996, ces codes ont été publiés dans un livre illustré. En 1999, le saint coran traduit par le fondateur du N’KO fut publié pour la première fois en cinquante mille exemplaires par le Roi Fahd d’Arabie Saoudite à Médine (paix à son âme) et distribué au lectorat N’KO de toute l’Afrique occidentale. En 2001, à la demande de la mission évangélique canadienne, la sainte Bible fut traduite et publiée en N’KO. En 2004, le guide de formation des droits de la femme fut traduit en N’KO sous forme de livres comprenant (Droits politiques, Droits de la famille, Droits aux finances, Droit pénal, Droit aux associations). En 2005, un livre illustré d’explication des droits de la femme fut publié en N’KO sous le nom « Nadouba, une femme émancipée " ߲߬ #$ ߬ %& ߫( ߬)" ߬ *+,». En 2006, le code électoral de la République de Guinée a été traduit en N’KO. En 2007, un mémo portant sur l’émancipation de la femme englobant les expériences des femmes leaders, a été traduit en N’KO. Le mémo explique également l’importance de la participation de la femme dans le processus électoral et son implication dans les activités publiques. En 2008, un dépliant de sensibilisation sur les types d’élection a été publié. En 2009, les statuts du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) ont été traduits en N’KO. En 2010, la constitution de la 3ème République fut traduite en N’KO.

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En 2010, entre les deux tours des élections, un livre comparatif bilingue N’KO-français, sur les candidats Elhadj Celou Dalein DIALLO et le Pr Alpha CONDE, dénommé « comparaison sans passion » fut publié et connut un succès immense. En 2011, le document de formation sur la reproduction des animaux et leur amélioration génétique a été traduit en N’KO sous les auspices du ministère de l’élevage avec le nom : le cahier de l’éleveur. En 2012, le dépliant sur les élections législatives a été élaboré. Des guides électoraux de communication ont été traduits en N’KO en 2013. De 2010 à 2015, les programmes de certains mouvements politiques de soutien ont été élaborés et publiés en N’KO. De nombreux journaux publiés en N’KO ont des pages et articles de sensibilisation. Guide amélioré du citoyen en zone minière a été traduit en N’KO. » La rédaction d’ouvrages scientifiques et religieux s’est poursuivie avec les continuateurs de l’œuvre de Soulemana KANTE.

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DEUXIEME PARTIE

LE MOUVEMENT N’KO ORGANISATIONS ET EXPANSION GEOGRAPHIQUE

LE MOUVEMENT N’KO Le mouvement N’KO est composé de nos jours de structures diverses dont les objectifs sont différents. Toutes ces structures s’inscrivent dans une vision globale et cohérente du N’KO. Il y a des associations nationales ou locales, des ONG, des coopératives, des librairies, une académie et une organisation mondiale. Les organisations N’KO en Guinée Indépendant de toute structure de l’Etat, le mouvement N’KO est solidement implanté en Guinée ; il est présent dans un millier d’agglomérations (villes et villages) et 1 100 000 Guinéens sont alphabétisés en N’KO (Académie Nko 2012). En l’absence de tout moyen de l’Etat et de toute aide étrangère, le N’KO a atteint ce résultat grâce au concours d’associations de promotion, d’ONG d’alphabétisation, de donateurs personnels et de bénévoles. Parmi ces structures en Guinée, les plus importantes sont les suivantes : N’KADA : Association d’étude N’KO ou (N’KO Karan Dè) est la toute première structure associative du N’KO en Guinée. Malgré l’absence de tout cadre légal, son existence fut tolérée par les autorités de la première république (1958-1984). Elle serait née dans les années 1960. D’après Djèkaramoko KABA, écrivain N’KO parmi les premiers disciples de Soulemana KANTE interviewé par l’auteur de ce livre en septembre 2011 à Kankan, l’association N’KADA était principalement implantée dans une dizaine de villes en Haute et Guinée Forestière. Ces informations sont corroborées par deux autres sources : Mamadi DIANE, ancien élève du Fondateur du N’KO, interviewé à Kankan en 2014 par

l’auteur. Le témoignage de Moussa CISSE en 2012 à Conakry, actuel directeur du bureau de presse à la présidence de la république de Guinée, dont le père était membre de l’association au milieu des années 1960 à Kérouané, confirme les mêmes informations. Cette structure a créé des groupes d’alphabétisation nocturne en vue de vulgariser l’alphabet N’KO. ICRA-N’KO : Association pour l’Impulsion et la Coordination des Recherches sur l’Alphabet N’KO est la première ONG de promotion du N’KO agréée par l’Etat guinéen en 1991. Cependant, sa création date des derniers moments de la vie de l’inventeur du N’KO à Conakry. Association caritative au départ pour venir en aide à l’inventeur du N’KO, elle évoluera pour devenir la première structure la plus puissante en Guinée particulièrement entre 1995 et 2005, période à laquelle elle était devenue la première organisation de toute la Guinée avec plus de mille antennes fonctionnelles. Son objectif principal est de relever « le défi de l’oralité » et d’« assurer la promotion des langues et cultures africaines et de vulgariser la science et la technique en s’appuyant sur les langues nationales » (Statuts ICRAN’KO 1995). L’ONG a joué un rôle prépondérant dans l’implantation et l’organisation du N’KO en Guinée. L’association ICRA-NKO possède son journal, le mensuel SOMOYA SILA (le chemin de la civilisation , -߯ / ).

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La librairie N’KO (N’KOLERADA)

Un stand d’exposition de la librairie N’KO aux 72 heures du livre 2015 à Conakry organisé par Harmattan-Guinée. Courtoisie de l’auteur.

La librairie centrale N’KO fût fondée en 1992, par Mr. Sanoussy Fiman Diané, ancien disciple du fondateur de l’alphabet N’KO. Avant cette date, les livres de ce dernier n’existaient que sous forme manuscrite et étaient recopiés par ses élèves et compagnons. Lorsque la librairie a ouvert sa loge, cela a rendu possible la production et la diffusion des savoirs au contenu local en N’KO tout en leur donnant une nouvelle impulsion en favorisant ainsi l’éclosion d’une véritable littérature en N’KO. Cette librairie est à l’origine d’une véritable multinationale du livre. Les livres N’KO, imprimés au Caire en Egypte, importés à Conakry, siège de la Librairie, sont distribués à l’intérieur de la Guinée et réexportés dans les autres pays voisins d’Afrique de l’Ouest. 55

En une vingtaine d’années, plus de dix millions de livres en volume ont été publiés par la Librairie N’KO. C’est l’un des piliers dans la stratégie du mouvement N’KO. ARAF N’KO : Association pour la Recherche, l’Alphabétisation et la Formation N’KO a été créée en 1996 à Conakry par Nagnouma Moussa Keita, un chimiste diplômé guinéen d’Europe orientale reconverti en promoteur de l’éducation populaire en N’KO. L’ONG ARAF a créé de nombreux centres d’alphabétisation et de formation en N’KO dans la capitale guinéenne et à l’intérieur du pays. En 2014, l’association a créé son journal mensuel « wéntéré 0 ߲߬ 1» qui paraît à Conakry. Son siège se situe dans la banlieue de Conakry. C’est l’une des organisations N’KO les plus anciennes en Guinée à continuer d’être très active encore de nos jours. N’SALANYADA est son acronyme en N’KO. ATP N’KO : Association des Tradithérapeutes et Pharmacologues N’KO est une ONG qui regroupe tous les pratiquants de la médecine traditionnelle N’KO. Les membres de cette structure, se basant sur les traités de pharmacopées et de médecine de l’inventeur du N’KO, ont leur propre programme de formations de thérapeutes qui doivent continuer le travail de classement des plantes entrepris par leur maître et se lancer dans la production artisanale de médicaments en recourant à des substances locales.(AMSELLE1997).

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Sigle de ATP à gauche et inscription de thérapeute N’KO en banlieue de Conakry. Courtoisie de l’auteur.

AGEDEL N’KO : Association Guinéenne pour le Développement et l’Enseignement dans les Langues Nationales a été créée en 1997 à Conakry par Diaka Laye KABA, ancien leader de l’ICRA-N’KO. Elle anime des centres d’alphabétisation fonctionnelle. AVRA-N’KO : Association pour la Vulgarisation, la Recherche et l’Alphabétisation en N’KO a été créée en 2001 à Kankan par Nanfo Ismael DIABY. Ses objectifs sont la formation, la propagation du N’KO par les médias. L’AVRA-N’KO possède un centre info-nko à Kankan qui a produit des cassettes et ensuite des CD et cartes mémoires audio pour la vulgarisation du contenu des messages N’KO. Ce centre produit également des médicaments de la pharmacopée N’KO à Kankan ainsi qu’un journal N’KO, le mensuel DJEDELON SILA ( , 2, ߲ ߬ 3), qui est le seul périodique paraissant en province en Guinée. N’KO DOUMBOU (ACADEMIE N’KO) : est un organe de chercheurs N’KO créé en décembre 2006 à Conakry. D’abord commission technique autonome de 57

l’ICRA N’KO chargée de réfléchir sur les problèmes liés à la grammaire et à la lexicographie en 2005, N’KO DOUMBOU est finalement agréée par l’Etat guinéen comme structure indépendante et transversale du N’KO qui élabore les normes linguistiques : dictionnaires, grammaires, manuels de recherches scientifiques et technologiques. L’organisation est de nos jours le moteur principal du mouvement N’KO en Guinée et possède un journal hebdomadaire (daloukèndè ߲ $& ߬ ,߬4) qui paraît à Conakry.

Sigle de l’Académie N’KO : le soleil brille sur le baobab qui symbolise l’arbre à palabre de l’Afrique (courtoisie de l’auteur).

LA.KA.FA : Association pour l’Alphabétisation et l’Enseignement en Afrique : créée en 2009 à Kankan par des jeunes étudiants diplômés, elle a pour objectif d’atteindre l’alphabétisation générale en N’KO. Elle possède plusieurs centres de formation urbains à Kankan et organise des cours d’alphabétisation de soir dans certains collèges et lycées publics de la ville. Mis à part le cas de Kankan, elle est de nos jours implantée à Siguiri et à Kissidougou. N’KO WALIFAYA : c’est la Coopérative N’KO pour la promotion de l’esprit d’entreprise. Issue de 58

l’académie N’KO en 2013, cette coopérative a traduit en N’KO des ouvrages basés sur l’entreprenariat américain. Ces ouvrages ont fait l’objet d’ateliers, de séminaires et d’adaptation au contexte africain. La maîtrise de l’entreprenariat et la création des Petites et Moyennes Entreprises dans les villes et les villages grâce au N’KO constituent la mission principale de cette coopérative qui organise des formations à Conakry et en province.

M. Alseny Aly TOUNKARA. Président de N’KO Walifaya, archétype de l’entrepreneur N’KO. Courtoisie de l’auteur

INSTITUT N’KO MANDEN : Institut de formation professionnelle agréé par le Ministère guinéen de l’Enseignement Technique et de la formation professionnelle en 2014, c’est le premier centre d’enseignement technique privé utilisant l’écriture N’KO en Guinée. Le pari, d’après ses concepteurs, est de concilier l’apprentissage du N’KO avec celui d’une activité professionnelle. Le Directeur de cet institut, dans son discours inaugural en juillet 2014 dixit : « Aujourd’hui, apprendre le N’KO pour son identité africaine n’est plus suffisante, pratiquer un métier et s’adapter à 59

l’environnement moderne doivent être le grand défi à relever si le N’KO doit continuer à exister au troisième millénaire ». Cet institut possède un centre informatique moderne où on étudie les systèmes d’exploitation, les programmes et les logiciels à l’aide de l’alphabet N’KO. En plus du N’KO, des cours d’informatique y sont enseignés également en français, en anglais et en arabe. N’KO LEADER : Organisation de promotion de l’alphabet N’KO basé sur le leadership, le renforcement des capacités managériales et la maîtrise des techniques de communication moderne. Cette structure a son siège à Matoto (ville de Conakry) et possède un centre de formation, un musée culturel et un centre informatique. La Librairie N’KO BENKADI : Créée en 2014 par Sèbè Mara, un membre de l’Académie N’KO, la librairie N’KO Benkadi a pour objectif de répondre au besoin d’impression croissante des livres en N’KO dont la demande implose chaque année. Basée à la Médina de Conakry, cette nouvelle librairie, très active, compte s’implanter en province.

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Stand de la Librairie N’KO BENKADI lors de l’exposition des « 72 heures du livre » organisée en 2015 par l’Harmattan-Guinée. Courtoisie de l’auteur.

Les organisations N’KO au Mali De nos jours, le mouvement N’KO prend de plus en plus d’importance au Mali. Soulemana KANTE, l’inventeur du N’KO, a séjourné à Bamako (1977 -1982) pour ses recherches sur les sites historiques médiévaux et ses travaux sur la médecine traditionnelle. Il en a profité pour former ses premiers disciples maliens. Ces disciples deviendront plus tard les élites maliennes du mouvement N’KO. Les promoteurs du N’KO, très actifs au Mali, ont implanté le mouvement, d’abord dans la haute vallée du Niger (zone linguistique bambaramalinké) de 1992 à 2000, ensuite dans la boucle du Niger (centre du Mali à Mopti) et enfin au nord du Mali (Gao principalement). Il y existe cinq périodiques en N’KO : Síndjiya` fɔɔ̀bɛ́` / ߰ - 5߲ « journal de la fraternité » est le plus ancien, il apparaît à Koutiala en 2000. (C’était d’abord un mensuel, mais ensuite, il est devenu un hebdomadaire). De nos jours, ce journal est 61

édité à Bamako. Le journal scientifique ‘NANKAMAA’߭ ߲$6߬7 a été créée en 2005 à Bamako pour vulgariser les informations scientifiques en N’KO. Un autre mensuel est YƐRƐYA - ߬ % lancé en 2005. La même année, un troisième mensuel est apparu, MÀNDENKÁ $ ߲߬ ߲߬ « habitant du pays Manding ». C’est un périodique bilingue (N’KO et français) ; tous ses matériaux sont en parallèle. Le premier quotidien paraissant en N’KO JANSAN ߲߬3 « la récompense » en bambara a été lancé en 2013. Cela fait vingt ans (19952015) que le mouvement N’KO possède deux émissions hebdomadaires à l’ORTM (Office de la Radiodiffusion Télévision Nationale du Mali). D’après le chercheur russe Valentin VYDRINE en 2011 : « Les activistes du mouvement N’KO sont très présents sur les ondes partout au Mali. Même à Mopti, centre de la région peule, cinq heures sont réservées hebdomadairement aux N’KOïsants sur la radio locale. Les Maliens produisent de plus en plus de littérature en N’KO. (…) aujourd’hui, le Mali dépasse la Guinée par le nombre de publications en N’KO paraissant annuellement. Le nombre des écoles privées du N’KO s’accroît constamment, et à l’automne 2009, une première école étatique avec enseignement en N’KO s’est ouverte à Ségou. A Bamako et ailleurs dans le pays, on trouve de plus en plus d’enseignes et autres inscriptions en N’KO ». A l’avènement de la démocratie au Mali, comme en Guinée, des associations de promotion de l’alphabet ont été créées. MANDEN YELENYA DE (Association pour le rayonnement du Mande) : c’est la première 62

association de N’KO agréée en juillet 1992 au Mali. Enfin de compte, elle changea de nom et devient le mouvement culturel pour le développement du N’KO au Mali. N’KO LAYA (MCD N’KO) : C’est le Mouvement Culturel pour le Développement du N’KO. Sa devise est « connaissance, travail, équité ». De nos jours, l’organisation est puissamment implantée au Mali : elle couvre sept régions sur les huit que compte le Mali. Le plaidoyer de ce mouvement en faveur du Nko s’est adressé à l’Académie Africaine des Langues (ACALAN), au parlement de la CEDEAO en 2003 et à l’Assemblée nationale du Mali. Pour ce dernier cas, nous citons in extenso, preuve de l’activisme de ce mouvement, le courrier adressé à l’Assemblée Nationale du Mali en 2007. L’association culturelle N’KO a adressé une lettre ouverte au Président de l’Assemblée Nationale et aux élus de la nation malienne. « Le Mali indépendant a 47 ans (quarante-sept ans). On peut penser à l’âge adulte s’il s’agissait d’un Homme. Nous Maliens Femmes et Hommes de toutes conditions sociales : - Conscients des enjeux de ce monde que nous vivons directement au jour le jour ou indirectement à travers les médias. - Conscients de la place de notre pays bien aimé au cœur de l’Afrique de l’ouest. - Conscients de la place de notre pays dans le classement des pays les plus pauvres de la planète.

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- Conscients de la haute idée que nous nous faisons de la Nation Africaine du Mali unie et indivisible dans sa diversité. - Espérant que vous tous individuellement et collectivement vous nous voulez du bien tout simplement ; que vous voulez du bien au Mali et à l’Afrique ; que vous voulez nous éviter les multiples peines que connaissent les pays dits pauvres. - Et si votre volonté réelle est de sortir ce pays de sa situation actuelle et de propulser son véritable développement dans une démocratie authentique puisant sa force dans les valeurs du Peuple Malien, respectueuse de sa culture, de son identité ; un développement basé sur les aspirations profondes du peuple et qui veut aboutir à l’épanouissement le plus complet de ce peuple. - Nous souhaitons partager avec vous les constats suivants : 1. Notre pays compte plus de douze millions d’habitants (extérieur compris) dont 70 % ont moins de 30 ans et 52 % sont des femmes. -Ainsi 8 400 000 jeunes filles et garçons - 6 240 000 femmes, « la moitié du ciel comme l’a dit le poète » 2. Environ 50 000 fonctionnaires soit 0.4 % de la population qui décident de presque tout dans ce pays. - Nous voulons être des Citoyens, mais comment le devenir quand on n’entend rien à la langue officielle exclusive de l’Etat et de toutes les institutions ? - Nous sommes LES SUJETS du développement et voulons y participer, mais le développement se fait «uniquement en langue officielle». - Nous sommes ceux qui regardent passer le train du développement, car ce train ne s’arrête que dans « les gares officielles ».

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- Pour prendre ce train, il faut avoir de l’argent et pour avoir l’argent il faut parler « la langue des Officiels, ou bien connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un qui les connaît »… - Vous qui venez de prendre nos destinées entre vos mains. - Où placez-vous la question de la culture ? (non pas en termes de folklore, mais de réarmement et de refondation indispensable pour le processus de développement). - Où placez-vous la question de nos langues ? (sans lesquelles on ne peut espérer un jour domestiquer les sciences et la technologie pour le plus grand nombre). -Nous sommes Kel tamasheq et nous voulons écrire le TIFINAR. - Nous sommes Songhoye, arabe, Peul, Dogonnon, Soninké, Mandén, Sénoufo/Minianka, Bambara, etc. - Ces langues sont embastillées depuis leur transcription, dans le coffre blindé et scellé sous le vocable «langues nationales». Elles sont considérées comme des «sans papier» et bonnes à être nettoyées par la méthode de l’oubli délibéré, de l’ignorance voulue et de l’interdiction de «séjour». -Vous engagez-vous à agir comme l’Afrique du Sud l’a fait en indiquant dans sa constitution au nombre des langues officielles aussi bien les langues autochtones du pays, que les deux langues étrangères, l’Anglais et l’Afrikaans, et en ordonnant aux autorités nationales et à chaque gouvernement provincial (régional) d’utiliser au moins deux de ces langues (article 6 de ladite constitution). - Vous engagez-vous à prendre rapidement des mesures concrètes pour que nos langues nationales soient de plus en plus utilisées, concurremment avec la langue française, - dans l’enseignement ? - dans la vie politique ? 65

- dans l’administration publique ? - dans l’état civil ? - dans les cours et tribunaux ? - dans les transactions bancaires ? - dans la presse parlée et écrite, les débats à la radio et à la télévision ? - et même dans les messages à la nation du Chef de l’Etat, etc. ? Qu’attendez-vous pour officialiser nos langues à travers la Constitution ? Nous voulons votre engagement formel et sans réserve. Nous sommes libérés il y a 47 ans, il faut à présent libérer nos langues ». Aussitôt cette lettre ouverte adressée au parlement malien, une commission parlementaire a été créée pour la promotion des langues nationales au Mali. N’KO FAYA : l’autre grande organisation N’KO au Mali est N’KO Faya de Mahamoud SANGARE. Créée dans les années 2008, elle possède aujourd’hui sa propre radio privée à Bamako : (YELEN ߲ , %) qui signifie lumière en bambara. Officiellement, c’est la première radio privée au Mali créée spécialement pour la vulgarisation de l’Alphabet N’KO. Elle organise en N’KO des séminaires de formation sur l’aviculture (2 ߬,߬/( ), l’apiculture (2 , $8), la pisciculture (2 , ߯ 3), le jardinage ( ( /$ 7), et l’élevage de petits ruminants (#, - ߲ , ). Elle s’efforce de répandre les formations professionnelles en N’KO. Dans la vision de l’association, seule la maîtrise des activités professionnelles autonomisant pourra jeter les bases d’un véritable développement de l’alphabet N’KO et 66

des langues africaines. Cette ONG possède sa propre librairie à Bamako. C’est elle qui a enfin créé le premier quotidien N’KO : JANSAN. LIBRAIRIE N’KO-MANDEN : c’est le cœur de l’industrie du livre N’KO au Mali. Créée à Bamako dans les années 2000 comme filiale de la librairie centrale N’KO de Conakry, elle est devenue au fur et à mesure un éditeur de premier plan pour les livres N’KO au Mali. Ce travail d’édition est une chaîne qui va de Koutiala à Bamako. Ces dix dernières années, le nombre de publications de livres N’KO paraissant à Bamako à imploser. Ce qui est jugé comme une preuve du dynamisme du mouvement N’KO au Mali. ASSOCIATION DES NATUROTHERAPEUTES N’KO DU MALI équivalent malien de l’Association des Tradithérapeutes Pharmacologues guinéens, cette association basée sur les travaux de la pharmacopée et de la médecine N’KO fait la promotion de la thérapie N’KO. Elle pratique une médecine entièrement axée sur les travaux du fondateur du N’KO. Elle possède son centre de traitement et de vente des médicaments à Djicoroni Para, un quartier situé au sud de Bamako. Le N’KO au Burkina Faso L’implantation du mouvement N’KO date du début des années 2000 au Burkina Faso. Des activistes maliens du N’KO ont implanté des centres d’alphabétisation à l’ouest du pays : Bobo-Dioulasso et environnants. Mais la création d’une structure de N’KO agréée par l’Etat burkinabè est récente.

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Photographie du Bureau exécutif de l’Association N’KO du Burkina Faso. Photo prise par l’auteur en juin 2014 à Bobo-Dioulasso.

L’ASSOCIATION POUR LA PROMOTION DU N’KO : elle a été fondée à Bobo-Dioulasso en 2010 et agréée en 2013. Elle a pour mission, l’introduction de l’alphabet N’KO dans le cursus de formation de l’alphabétisation et des écoles formelles. Elle a créé des cours d’alphabétisation dans les écoles privées. Au marché de Bobo-Dioulasso, on peut regarder des enseignes et inscriptions de l’écriture N’KO sur certains magasins et boutiques. Le N’KO en Côte d’Ivoire L’alphabet N’KO, nous l’avons vu plus haut, est né en Côte d’Ivoire et Soulemana KANTE y a formé ses premiers disciples. La Côte d’Ivoire était le centre de l’édition des livres N’KO dans les années 1980 avant d’être supplantée par l’Égypte au début des années 1990. Le N’KO fut très tôt implanté au nord, au centre 68

et à l’ouest du pays par le prosélytisme de la communauté guinéenne. Deux associations N’KO quasi homonymes dominent l’alphabétisation N’KO en Côte d’Ivoire. ASSOCIATION DE LUTTE CONTRE L’ANALPHABETISME : Créée en 1992, c’est la première structure de N’KO en RCI. Ses objectifs sont la vulgarisation du N’KO et la promotion des langues nationales. Elle est implantée dans les principaux centres urbains. Cette structure fait aussi la promotion du N’KO en se basant principalement sur l’islam. Ce qui a eu pour conséquences des querelles de leadership entre partisans d’un N’KO uniquement au service de l’islam et ceux d’un N’KO laïc. Contrairement à la Guinée et au Mali où les deux tendances ont été conciliées, cela provoqua une scission au sein du mouvement. ASSOCIATION N’KO DE LUTTE CONTRE L’ANALPHABETISME : elle a été créée par le courant réformateur de l’alphabet N’KO. Elle a pour objectif principal, l’atteinte de la « scolarité pour tous » dans les langues nationales. Jusqu’en 2000, la proportion d’implantation du N’KO en Côte d’Ivoire était à peu près équivalente à celle du Mali. Cependant, les différentes crises politicomilitaires et la guerre civile ont considérablement ralenti le dynamisme du N’KO dans ce pays. Le N’KO au Sénégal La présence du N’KO est assez faible dans ce pays. Au Sénégal méridional, c’est à Tambacounda qu’un centre de formation N’KO a été implanté en 2005 par 69

les professeurs N’KO de la branche malienne du mouvement. Une association de promotion de l’alphabet N’KO et des langues nationales a été créée à Dakar et agréée par l’État sénégalais en 2006. Le N’KO dans les pays non francophones (Nigéria, Liberia, Sierra Leone, Gambie, Guinée Bissau) L’expansion territoriale de l’alphabet N’KO n’est pas circonscrite seulement à l’Afrique occidentale francophone. Si la présence de l’alphabet N’KO au Nigéria est le fait des diasporas guinéenne et malienne, il en va autrement des autres pays anglophones ouestafricains. Au Liberia, des Guinéens et Ivoiriens y ont implanté le N’KO après la guerre civile. Une association d’étude N’KO existe depuis 2005. Elle s’est affiliée à l’association ICRA-N’KO de Guinée. Le N’KO a facilement et rapidement fait son chemin à cause de la souplesse du système éducatif des pays anglophones plus réceptifs aux innovations par rapport à ceux des pays francophones jugés plus rigides. Ainsi, le N’KO est enseigné aujourd’hui dans certaines écoles comme « native language » en complément à la langue officielle. En Gambie, l’implantation du N’KO date du milieu des années 1990. Ce sont les thérapeutes N’KO qui y ont créé des premiers centres de formation N’KO. De nos jours, une ONG de promotion de l’alphabet N’KO travaille à Serekunda. Elle a été reconnue par le gouvernement gambien en 2010. En Sierra Leone, la présence du N’KO est aussi ancienne qu’en Guinée et au Mali. Parmi les premiers 70

disciples de Soulemana KANTE qui ont introduit le N’KO en Guinée, certains ont choisi de s’installer dans les zones minières en Sierra Leone dans les années 1970. Mais la guerre civile a désorganisé cette présence au point que presque tout était à refaire. Avec le retour de la stabilité, une association de vulgarisation de l’alphabet N’KO s’est constituée à Freetown et à Kenema en 2010. L’association possède même un temps d’antenne à la radio publique nationale et a commencé à implanter des centres d’alphabétisation fonctionnelle au nord-est du pays. En Guinée Bissau, pays lusophone situé au nordouest de la Guinée, aucune association N’KO agréée par cet État n’existe. Mais un centre d’alphabétisation N’KO a été créé dans ce pays en 2003 par des ressortissants guinéens. Ce centre essaye de faire la promotion de l’écriture N’KO au sein des natifs bissauguinéens. Cependant, les instabilités politiques incessantes et son corollaire de crise sécuritaire ont fortement entamé la progression de l’alphabet N’KO dans ce pays. A part ces structures nationales, il existe des associations N’KO de la diaspora (hors de l’Afrique occidentale). Les associations N’KO de la diaspora L’ASSOCIATION KOUROUKANFOUWA : créée en Égypte en 1988 par des étudiants guinéens, maliens et ivoiriens, c’est la première association N’KO de la diaspora et la troisième en général après N’KADA et ICRA-N’KO. On doit à cette structure les premières démarches pour l’informatisation du N’KO, la 71

numérisation du coran traduit en N’KO et les rudiments de l’édition en N’KO des premiers manuels de lecture et des manuscrits de Soulemana KANTE. Baba Mamadi DIANE, éditeur guinéen établi au Caire, préalablement choisi par l’inventeur du N’KO pour la publication de ses œuvres, a joué un rôle prépondérant pour la diffusion et la modernisation de l’écriture N’KO. N’SADATA : principale organisation N’KO du continent asiatique, elle a été créée à Médine en Arabie saoudite en 1996 par des étudiants ouest-africains. Ensuite, elle s’implanta en Malaisie (Kuala Lumpur) en Thaïlande (Bangkok) et en Chine (Hong-Kong). Cette structure finance les activités des associations N’KO. ASOCIACION POR LA EDUCACION DE LOS IDIOMAS AFRICANOS NKO EN ESPAÑA : l’Association N’KO pour l’Éducation dans les langues africaines en Espagne a été créée en 2005 à Madrid. Elle fut agréée par les autorités espagnoles en 2008. C’est la principale structure du N’KO en Europe. De nos jours l’association a son centre d’alphabétisation à Madrid. Elle est aujourd’hui implantée en Belgique et en Allemagne. L’ASSOCIATION N’KO D’ANGOLA : après la guerre civile angolaise, la communauté ouest-africaine est devenue importante dans ce pays. Une structure dynamique créée à Luanda en 2009 a été agréée par les autorités en 2010. Elle a créé une école maternelle et élémentaire arabe- N’KO à Luanda pour assurer l’éducation religieuse et élémentaire des enfants de la diaspora dont les parents sont acquis à la cause du N’KO. 72

N’KO USA : cette structure est basée à Massachussetts aux États-Unis. Créée par le Malien Boubacar Diakité, Elle fait la promotion du N’KO dans la diaspora africaine et négro-américaine aux USA. Pour certains Négro-Américains en quête de ressourcement africain, le dynamisme du mouvement culturel N’KO en Afrique les séduit beaucoup. L’influence du N’KO sur les universitaires américains s’inscrit dans cette logique. L’Association N’KO des USA prend une part de plus en plus active au financement du mouvement N’KO et même à des prises de position de plaidoyer face aux autorités américaines et les ambassades africaines accréditées à Washington et auprès des Nations unies à New York. Les fêtes anniversaires de l’invention de l’alphabet N’KO sont commémorées en grande pompe chaque année à New York. Les représentants ouest-africains près des Nations Unies président ces anniversaires « sankunben » ORGANISATION MONDIALE POUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ALPHABET N’KO :

Sigle de l’OMD. Courtoisie de Djibrila DIANE.

Créée en 2011, l’OMD est une structure transnationale regroupant les promoteurs de l’alphabet N’KO de l’Afrique et de la diaspora. Ses objectifs sont la mobilisation des ressources humaines et financières pour la mise en œuvre du plan d’action globale de 73

développement de l’alphabet N’KO. Son siège est provisoirement basé à Boston aux États-Unis. Elle est composée de délégués des associations N’KO et tient des réunions bimestrielles sur internet en utilisant des applications comme Skype ou zoom meeting US. Comme on le voit, l’organisation est au cœur des technologies nouvelles par lesquelles ses membres communiquent et propose même des cours à distance par internet. Elle est actuellement le lien entre la communauté N’KO et les firmes de technologie (Microsoft, Google, Mozilla). Elle a été créée dans le souci de fédérer les efforts du mouvement N’KO sans tenir compte des frontières et des nationalités.

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TROISIEME PARTIE

LE N’KO A LA CONQUETE DU MONDE : DE L’INFORMATIQUE AUX UNIVERSITES

LE N’KO ET LES TECHNOLOGIES NOUVELLES

Image du clavier N’KO sur l’iPhone (2011). Courtoisie de Baba Mamadi DIANE.

Les progrès des TIC N’KO à travers le monde Pour bien comprendre le processus technique de l’informatisation de l’écriture N’KO, nous avons divisé le processus en deux étapes : le système pré-Unicode N’KO et le système Unicode N’KO. L’informatisation N’KO à l’étape pré-Unicode En 1987, l’organisation N’KO KOUROUKANFOUWA d’Égypte mena des démarches auprès de la représentation Ouest-Allemande de ce pays pour mettre sur pied un logiciel de transcription. Mais les diagnostics réalisés n’ont pas permis au projet d’évoluer, faute de financement. En 1988, un autre projet visant la fabrication des machines à écrire échoua pour les mêmes motifs. Il a fallu attendre l’année 1990 pour, qu’avec le concours

d’un expert informaticien égyptien nommé Mahmud MUFID, Baba Mamadi DIANE arrive à lancer les travaux de création des premières polices d’ordinateur pour le N’KO. En 1992, ces premières polices N’KO pour les ordinateurs étaient disponibles. Cette opération fût financée grâce à une grande levée de fonds des membres et sympathisants des associations N’KO d’Afrique qui ont accepté de faire des contributions volontaires : ICRA-N’KO, MDA… Ce travail fût une demi-réussite dans la mesure où les polices en question ont pu convenablement noter les lettres, mais sans les signes diacritiques, qui ne seront noter que deux ans plus tard lorsque le travail fût repris grâce à un autre financement des milieux N’KO dont la figure prépondérante fût l’Association pour l’Impulsion et la Coordination des Recherches sur l’Alphabet N’KO. Dès après ce perfectionnement, plusieurs œuvres de Soulemana KANTE ont été reprises avec les polices d’ordinateur par Baba Mamady DIANE, et cela de 1992 jusqu’à nos jours : la traduction intégrale du saint coran, les recueils de poèmes, les livres d’histoire traitant de l’Afrique pré coloniale, les livres de lecture, les calendriers, les cartes géographiques, les livres de sciences, les matériels didactiques… Ces perfectionnements réalisés au fil des années permirent de créer de nouveaux programmes, notamment en 1996 avec le programme (mandén koma kuda & ߬ ߬ ߲߫ ߲߬ ), version N’KO de Ms DOS, et le premier véritable logiciel de l’alphabet N’KO. En 1998, le logiciel N’KO fut adapté et devient compatible avec Windows Office. 78

En 1999, la fièvre cybernétique s’empara du N’KO dont les membres aspiraient à l’Internet pour apporter, aux côtes des langues codées, leur pierre à l’édifice de la civilisation des communications électroniques. Ce projet se heurta à d’énormes difficultés techniques parce que les polices cairotes ne pouvaient être téléchargées par un internaute malien ou guinéen à cause de la non-unification des différents programmes. Ce qui avait contraint les techniciens N’KO à choisir les images. En 2000, ils eurent droit à un site à l’entreprise NBC. Cet effort ne s’est pas concrétisé à cause du fait que le financement espéré n’a jamais pu être obtenu. Sans que les techniciens cairotes ne le sachent, un autre technicien guinéen fournissait parallèlement les mêmes efforts afin d’installer le N’KO sur son site à Philadelphie(USA). L’union des deux groupes (Cairote et américain) permit la création d’un premier site d’Information en Anglais, Arabe et Français. (http://www.kanjamadi.com).

En

2001,

un

second

site

voit

le

jour

(http://www.ICRA-nko.com). L’institut N’KO d’Amérique créa son site (http://www.nkoinstitute.com). La création de tous ces sites N’KO contrastait fortement

avec la non-utilisation de ces polices dans la communication électronique.

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Image de Baba Mamadi DIANE, concepteur et principal artisan des TIC en N’KO. Courtoisie de l’intéressé.

Le N’KO à l’étape Unicode L’université de Californie qui avait pour initiative l’encodage des alphabets minoritaires s’associa au N’KO pour commencer le processus de codage de ce dernier dans l’Unicode. L’UNESCO soutiendra plus tard le processus de codage du N’KO dans l’Unicode à travers l’initiative b@bel pour l’encodage des alphabets dits minoritaires. Quatre personnes pionnières ont été à l’origine du projet d’encodage de l’écriture N’KO : Baba Mamadi Diane de l’Université du Caire, Mamadi DOUMBOUYA de l’Institut N’KO de Philadelphie, Karamo JAMMEH de nationalité gambienne qui est établi à Uppsala en Suède et Michael EVERSON de 80

nationalité irlandaise. Ils ont travaillé sur ce projet parce que l’Unicode a été non seulement l’étape suivante dans le développement de l’écriture, mais très nécessaire aussi pour l’utilité de l’écriture à toutes les langues. L’Unicode est une norme de codage établie par les plus grandes entreprises de technologie avancée comme IBM et Microsoft Intel etc. En plus de ceux-ci des nations aussi bien que certaines organisations internationales à travers le monde sont membres de l’Unicode. Le but du groupe est de faciliter l’échange entre les différentes données et systèmes de communication. Avant l’Unicode, chaque principale entreprise et chaque nation avaient son propre système de codage. Avec le système de normalisation qui est inclus dans l’Unicode, plusieurs engins technologiques comme l’ordinateur et l’Internet peuvent se comprendre en utilisant des éléments communs. Pour cela, l’organisation a développé plusieurs normes de codage que bénéficient les langues et les systèmes d’écriture comme le N’KO. Une fois tout le travail relatif à l’encodage terminé, le N’KO fait partie d’un ensemble de logiciels fournis avec tous les nouveaux ordinateurs construits partout au monde. L’avantage pour les utilisateurs de l’écriture a été entre autres : Ecrire des courriers électroniques en N’KO employant des programmes comme Microsoft Outlook a été rendu possible. Les organisations N’KO ont pu publier des journaux et de les transmettre par l’Internet.

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Ecrire des documents en employant des programmes comme Microsoft Office, Word, Excel, et PowerPoint en N’KO. Faire des recherches sur l’Internet avec des moteurs de recherche comme Google. Les polices de N’KO sont disponibles chez tout éditeur du monde… Pour adhérer à l’Unicode, il a fallu soumettre d’abord une proposition détaillée aux membres du consortium. Cette proposition a été étudiée par les représentants techniques des membres du consortium. Après avoir approuvé la proposition du N’KO, d’abord par les comités techniques, elle fut présentée aux membres eux-mêmes pour l’approbation finale. La proposition de N’KO a été présentée à la réunion de l’Unicode de Markham, Ontario, au Canada en juin 2004 par la délégation irlandaise. Elle a été approuvée par le comité technique d’Unicode (UTC) et le groupe de travail (WG2) ; deux comités du consortium dont l’approbation était nécessaire pour que la proposition avance dans le processus. Après avoir approuvé la proposition, les comités l’ont incorporé dans l’amendement 2 de l’Unicode. La seule représentation technique ayant voté négativement fut le Canada. Le Canada avait déclaré que la raison de son objection était que les trois caractères de N’KO appelé classique Ja, Cha, et Ra devraient être retirés. La deuxième objection canadienne se basait sur les accents de N’KO (Kamasere) qui, selon eux, devraient également être enlevés et remplacés par les caractères semblables 82

préalablement codés par l’Unicode. La délégation irlandaise, à l’origine de la proposition, n’était pas d’accord avec la conclusion canadienne. Les mêmes objections furent présentées encore au cours de la réunion d’Unicode en janvier 2005 à Xiamen en Chine, puis en Allemagne. En raison du soutien de la communauté N’KO aux Irlandais, la proposition N’KO fut finalement approuvée par les membres du consortium à Paris en septembre 2005. Au même mois de septembre, une conférence avait eu lieu le 07 à Dakar sur la localisation, Conférence à laquelle avaient participé certains membres de l’Unicode et de la Communauté N’KO. Cela a ouvert la voie à la seconde phase du projet soutenu par l’UNESCO et l’université de Berkeley en Californie aux USA. Voici in extenso le contenu d’un communiqué de l’UNESCO sur le sujet de la phase technique du projet, communiqué publié à Paris le 03 novembre 2005 et qui illustre l’intérêt de cette organisation pour le N’KO : « Afin de favoriser la présence des langues africaines dans le cyberespace, l’UNESCO continue de soutenir le projet N’KO. L’UNESCO poursuit ses actions de soutien en faveur du projet qui doit permettre la présence dans le cyberespace des langues africaines transcrites en N’KO, un alphabet inventé en 1949, grâce au développement de polices de caractères N’KO pour les systèmes informatiques. Le projet est mené en partenariat avec l’Université de Californie (Berkeley) et son programme Scripts Encoding Initiative pour le codage des alphabets minoritaires. L’objectif de la phase actuelle du projet consiste à développer du matériel informatique et des logiciels compatibles avec l’écriture N’KO, ainsi que des standards adaptés, afin de favoriser la 83

présence dans le monde numérique des langues utilisant l’alphabet N’KO (malinké, bambara, dioula). Un standard Unicode pour le N’KO, compatible avec les normes internationales de codage des caractères et la norme ISO/IEC 10646, a été mis au point lors d’une phase précédente. Ce projet bénéficie à une communauté de 20 millions de locuteurs de langues mandé (malinké, bambara, dioula) en Afrique de l’Ouest, vivant au Mali, en Guinée et en Côted’Ivoire. « Le projet est un exemple des bonnes pratiques à mener pour garantir la présence des langues menacées, non représentées pour l’instant dans le cyberespace », précise Claudio MENEZES, responsable du projet à l’UNESCO. À l’issue de la phase actuelle du projet, les langues africaines et leurs dialectes pourront être fidèlement décrits dans le monde numérique. Il sera ainsi possible de représenter et de diffuser sur Internet des objets numériques dans ces langues (du texte et des images, par exemple). Cette avancée favorisera notamment la production de journaux, revues, textes scolaires et autres objets numériques en N’KO. Le projet aura aussi d’autres retombées positives, comme une plus grande utilisation d’ordinateurs et de logiciels en langues locales dans les centres multimédias communautaires et les écoles. Les concepts développés dans le cadre de ce projet peuvent être étendus à des langues utilisant des alphabets non latins sur d’autres continents. Pour l’UNESCO, la diversité linguistique et culturelle est un principe fondamental des sociétés du savoir. Dans ce contexte, la présence des langues africaines constitue un grand pas pour la promotion des contenus locaux dans le cyberespace ». Comme le prédisait ce communiqué de l’UNESCO en 2005, dix ans plus tard, l’écriture N’KO a fait du 84

chemin et s’est beaucoup adapté à l’environnement numérique. Ainsi, d’après un document de plaidoyer de l’Académie N’KO publié en 2015 à Conakry, on peut y lire un paragraphe qui résume à suffisance les dates clés de l’informatisation de l’écriture N’KO : « La création des premières polices d’ordinateur pour le N’KO en 1992 en Egypte ; l’élaboration du premier logiciel de transcription de l’alphabet N’KO en 1996 avec MS DOS ; L’incorporation du N’KO dans le Windows Office en 1998 ; la création des premiers sites internet en N’KO préunicode en 2001 ; L’incorporation du N’KO dans l’Unicode en 2005 ; Le N’KO dans le système Linux et Macintosh en 2006 ; Le N’KO dans le Windows 7 en 2008 ; Le N’KO dans les appareils iPhone, iPad et Mcintoch en 2011 ; Le N’KO dans le Windows 8, en 2012 et le N’KO dans la communication électronique Triage et la tablette Windows en 2013 ; le N’KO dans le navigateur operamini en 2013 ; le N’KO dans l’application N’KOpad pour androïde en 2014 ; le N’KO dans le navigateur Mozilla Firefox pour les systèmes androïdes en 2014, le N’KO dans le Windows phone en 2015 ».

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Image du navigateur Mozilla Firefox qui permet aux téléphones androïdes et aux tablettes mobiles d’afficher correctement des sites internet en N’KO, courtoisie de Baba Mamadi DIANE.

À droite, Image de N’KOPAD, une application mobile pour les androïdes permettant d’écrire, d’envoyer ou recevoir des SMS et des Emails en N’KO. Courtoisie de Baba Mamadi DIANE.

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L’alphabet N’KO dans le monde universitaire Le N’KO intéresse beaucoup les milieux scientifiques, car il renferme sur l’Afrique une source extraordinaire de nombreuses données linguistiques, historiques, littéraires, ethnologiques, anthropologiques, culturelles, historiques et scientifiques. L’intérêt accordé au N’KO par les milieux universitaires permit sa connaissance en occident. Pendant ces vingt dernières années (1995-2015), on observe ainsi une ruée de scientifiques occidentaux vers le N’KO. Les études effectuées par ces chercheurs ne sont qu’à leurs débuts (VYDRINE, 2001). Elles sont le fait d’anthropologues (AMSELLE, 1997, 2001), d’historiens (CONRAD, 2001 ; OYLER, 1995), de socio ou d’ethnolinguistes, de littéraires bibliothécaires (Lauer, 2001) ou de philosophes (CIMINELI, 2003)… A noter l’existence d’un thème de mémoire du Guinéen Fode Baba CONDE (1988-1989) intitulé : KANTE Soulemana, auteur méconnu et la littérature N’KO à l’université Julius N’yéréré de Kankan. Cet intérêt actuel de ces chercheurs est basé essentiellement sur la conception philosophique du N’KO (VYDRINE, 2001 ; CIMINELI, 2003). Certains tentent de tracer ou de délimiter les contours de la doctrine de KANTE. D’autres recherches concernent la linguistique (DAVYDOV 2008, 2012 ; GALTIER, 1980 ; HOOVER, 2012 ; VYDRINE, 1996, 2001, 2012). Ils ont mené des recherches sur la conception linguistique de KANTE et sur l’unification des parlers mandingues. Des recherches effectuées sur les méthodes historiques utilisées par l’école N’KO ont été le fait du russe

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VYDRINE et de l’Américain David CONRAD (mande studies, 2001). Par ailleurs, Ce sont d’autres recherches ethnologiques, anthropologiques, sociologiques et des données sociales présentes dans les études non sociologiques qui présentent le plus d’intérêt pour l’analyse. En effet, l’anthropologue français Jean Loup AMSELLE (2001) a abordé la place de la diversité culturelle dans l’actuelle mondialisation. Il accorde une place de choix au N’KO qu’il considère comme un « prophétisme scripturaire » devenu une « véritable multinationale culturelle » en Afrique de l’Ouest. Il essaye de démontrer que la Culture américaine est devenue un « opérateur d’universalisation » dans lequel nos spécificités peuvent se reformuler sans se perdre. L’historienne américaine J.W OYLER (2001) de l’Université de Fayetteville en Floride a fait une courte analyse sur certaines œuvres de KANTE en lui comparant aux encyclopédistes du Siècle des lumières en Europe. Elle publia les résultats de la première grande enquête de terrain sur l’histoire de l’alphabet N’KO dans sa thèse de doctorat en 1995. Elle publiera également des articles scientifiques en 2001 in Mande Studies Review et un livre en 2006 sur le rôle du verbe comme arme de combat par le mouvement N’KO ; Ces auteurs ont mis l’accent sur la performance de la pédagogie employée par l’enseignement en N’KO facilitée par le fait qu’elle utilise une langue maternelle. Christopher WYROD, anthropologue de l’université George Washington aux USA publia en 2003 dans sa thèse de doctorat les résultats de ses enquêtes sur le 88

système d’éducation populaire N’KO en Guinée et au Mali. Ces intérêts des milieux scientifiques ont été accompagnés d’un ajustement, celui de l’introduction des cours de N’KO dans les cursus universitaires. La liste des universités qui enseignent le N’KO comme matière ou comme programme - Université d’État de Saint-Petersburg en Russie en 1999 comme programme. - Université du Caire en Égypte en 2002 comme programme. - Institut N’KO à Philadelphie aux États Unis en 2003 comme programme. - Université d’Indiana à Bloomington aux États Unis en 2006 comme matière. -INALCO, Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris en France en 2011 comme matière. - Université de Harvard à Boston aux États Unis en 2011 comme programme. - Université Julius Nyerere de Kankan en Guinée en 2011 comme matière. - Université de Philadelphia aux USA en 2012 comme programme. -Université Kofi programme en 2016.

Annan

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de

Guinée

comme

Comme on le voit sur cette liste, le leadership des universités américaines est incontestable. Chaque année l’université de Harvard organise un colloque à Boston et invite les écrivains et leaders du mouvement N’KO à venir présenter leurs œuvres. En Europe, ce sont les Russes à travers l’université d’État de saint Petersburg qui ont un programme N’KO et les Français à travers l’INALCO enseignent les cours d’initiation en N’KO. En Afrique du Nord, l’université du Caire a introduit un programme d’enseignement du N’KO au Caire. Quant à la Guinée, il y a des cours d’initiation de l’alphabet N’KO introduit à la faculté des langues et lettres de l’Université Julius Nyerere de Kankan et un programme d’enseignement du N’KO est également en œuvre à l’Université Kofi Annan de Guinée, une structure privée d’enseignement supérieur.

Image de l’Université Julius Nyerere de Kankan en 2013 : la première université publique en Guinée ayant inséré les cours d’initiation du N’KO à titre expérimental. Courtoisie de l’auteur.

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Image de l’Université Kofi Annan de Guinée en 2013 : la première université privée de Guinée ayant introduit un programme de N’KO dans son cursus en 2015. Courtoisie de l’auteur.

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QUATRIEME PARTIE

LE N’KO : UN SYSTEME D’EDUCATION POPULAIRE

LE SYSTEME D’EDUCATION POPULAIRE N’KO

Séance d’alphabétisation populaire N’KO à Kouroukoro woulada (Kouroussa) en Guinée en 2013. Courtoisie de l’auteur.

Après avoir produit plusieurs documents de formation, l’inventeur de l’alphabet N’KO a élaboré un système de certification des différents niveaux pour les diplômes N’KO. Il a mis aussi ces diplômes N’KO en correspondance avec les diplômes officiels des gouvernements. Même si c’est un enseignement de type non formel, mais ces diplômes sont de type formel. Dans ce système, d’après VYDRINE, « Il faut dire que Soulemana KANTE a élaboré un système de degrés spécifiques propres au N’KO, degrés qui sont appliqués dans le système éducatif N’KO : 1) celui qui a le diplôme (gbɛ́ɲéle ,9 :) est un (jɛ̀dɛlɔnna / ߲߬ , ߬ 3) « débutant » (qui a lu le « Premier

livre du N’KO », donc il sait lire et écrire, mais ne maîtrise pas encore les tons et l’arithmétique) ; c’est l’équivalent du Certificat d’études primaire élémentaire ; 2) celui qui a le diplôme (sɔ̀lɔ́2,߬ / ) est un (kólɔnna /, ) « qui connaît la chose » (qui a lu le ߲ « Deuxième livre du N’KO et maîtrise les tons et les opérations arithmétiques ; il est capable de lire tout ce qui est écrit en N’KO) ; 3) celui qui a le diplôme (bádun ߲ ") est un « connaisseur » (correspond au (lɔ́nninna ߲ /8 ߲ ) baccalauréat français) : il maîtrise la grammaire et les quatre opérations arithmétiques ; il connaît bien la poésie et a écrit un peu lui-même ; 4) celui qui a le diplôme (fódeya ) est un sénkola( , $ ߲ ) (il a écrit un livre en N’KO ; il sait écrire de la poésie ; il connaît la pharmacopée), c’est un équivalent de la licence française ; 5) celui qui a le diplôme kónbo( -߬ ߲߬ ) est un lɔ́nkotii(߮#0 $/8 ߲ ), ou scientifique. C’est l’équivalent du doctorat « docteur » (KANTE 1970, 38-39). SOULEMANA KANTE avait également proposé au gouvernement de la République du Mali, lors de son séjour dans ce pays de 1977 à 1982, l’adoption officielle de l’alphabet N’KO comme système de transcription pour le Bambara. D’après l’anthropologue français Jean Loup AMSELLE en 2001, « Pas plus que son homologue guinéen, le gouvernement malien, lui aussi, n’a pas non plus adopté le N’KO ». Bien qu’ayant réussi à changer la transcription latine du Dioula, la tentative de Soulemana KANTE de faire adopter le N’KO par le 96

gouvernement ivoirien, de 1982 à 1985, se solda aussi par un échec. Face à toutes ces réticences qui remontent aux premières heures de l’invention du N’KO, Soulemana KANTE, très tôt, a élaboré un système d’éducation populaire pour le N’KO. Ce système, perfectionné au fil des années, a permis à l’enseignement N’KO d’exister à la marge des systèmes officiels dans les trois pays (Mali, Guinée, Côte d’Ivoire principalement). C’est l’efficience et l’efficacité de ce système d’éducation populaire qui sont à la base du succès actuel de l’alphabet N’KO en Afrique occidentale. D’après le professeur Valentin VYDRINE en 2001, Soulemana KANTE était un pédagogue né qui savait très bien graduer les taches : élaboration de livrets de lecture facile pour encourager et donner d’abord l’envie de lire aux nouveaux alphabétisés, ensuite passer à des structures et constructions syntaxiques plus compliquées. Soulemana KANTE lui-même, en répondant à une interview des journalistes en 1969, disait que sa méthode d’enseignement s’appelle « pédagogie de la simplicité » (KANTE 2004). Le chercheur américain Christopher WYROD a mené en 2003 une enquête sur les écoles formelles N’KO en Guinée ; enquête qui a prouvé leur efficacité avec un taux très bas de déperdition scolaire et une rareté de l’absentéisme. Cette enquête aussi a pu mettre en exergue le réseau d’écoles formelles N’KO en Guinée, prouvant ainsi l’épanouissement du système d’éducation populaire N’KO qui est passé de la phase non formelle à la phase formelle. En effet, certaines Directions Préfectorales de l’Education (DPE) ont autorisé aux écoles privées

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l’introduction de l’enseignement du N’KO à l’école élémentaire à titre expérimental et bilingue : - L’école élémentaire Soulemana KANTE de Togniwoulén (préfecture de Siguiri) fondée en 1995 par la communauté ; - Ecole Sir Mathieu SAMAKE de Siguiri-centre fondée en 1998 sous le financement du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) ; - L’école Soulemana KANTE de Djènègbè Madi DIANE alias (quinze-ans) créée à Siguiri ville en 2002. - Ecole Ladji Sidafa SANOH de Kankan-ville, créée en 1995. - Ecole Sanassy Fiman DIANE de Kérouané-ville, créée en 2000 par Kaba KANTE. - Ecole Soulemana KANTE de Soumankoyi (préfecture de Kankan) fondée en 2005. - Ecole Soulemana KANTE de Kinieran (préfecture de Mandiana) créée en 2006. Comme on l’a vu ci-haut, le réseau d’écoles formelles est assez dense en Guinée ; si on ajoute à cette liste la cinquantaine de medersa qui incorpore le N’KO pour une meilleure interprétation de textes religieux arabes en langues africaines, ça assure un dynamisme à ce système. La réussite de ce modèle, basé sur le bilinguisme français-N’KO ou Arabe-Nko à l’école primaire, est largement évoquée par les élites du mouvement N’KO 98

dans leur plaidoyer face à l’Etat guinéen pour une réintroduction des langues nationales dans l’enseignement officiel. (Académie N’KO 2009).

Ecole Abdoulaye NABE de Kankan en 2014, archétype d’une école formelle élémentaire N’KO. Courtoisie de l’auteur.

Cas concret : école N’KO de Siby au Mali Siby est un village malien situé à environ 50 km au sud de Bamako vers la frontière guinéenne. Le blogueur français Alexandre Magot nous décrit ici sa visite à l’école N’KO de Siby en 2009 et donne ses appréciations du système d’éducation populaire N’KO. À Siby justement se trouve une école N’KO, et nous rencontrons ainsi Dramane FOFANA. La trentaine à peine passée, il est l’un des 2 enseignants de l’école et accepte de passer l’après-midi avec nous… Créée en 2003 par Sinali CAMARA, l’école comporte 1 seule salle de classe dans un nouveau bâtiment tout neuf, où 2 enseignants dispensent des cours à 27 enfants le matin (réparties en 3 niveaux) et 15 adultes en cours du soir, 99

moyennant des frais d’inscription de 500 FCFA par mois. Au Mali, tout le monde peut monter une école privée. Cet établissement scolaire ne repose donc pas sur le programme officiel malien, ni d’ailleurs sur un quelconque programme officiel N’KO, mais essaye tant bien que mal avec les moyens qui sont les siens, de donner des formations à peu près équivalentes aux écoles fondamentales. L’accent est mis sur l’alphabétisation, mais l’objectif à terme est de pouvoir dispenser également des cours d’histoire-géographie, d’anglais, etc. L’école n’est pas seule pour autant, et s’inscrit dans un vaste mouvement de promotion du N’KO assez bien structuré au Mali : Deux associations, l’une nationale (LAYA), l’autre internationale ont leurs bureaux dans la capitale. Pas de programme officiel donc, cela ne fait que deux ans qu’une académie N’KO s’est constituée en Guinée afin de poursuivre la réflexion linguistique entamée par Soulemana KANTE, et éventuellement de pouvoir travailler sur la réalisation de manuels scolaires) : le seul suivi des instances bamakoises étant pour le moment l’envoi d’un professeur de N’KO venu il y a quelques mois pour effectuer une formation des deux enseignants. Il semble que l’école fonctionne assez bien (mais aucun élève n’a pour objectif de passer le DELF - équivalent malien du brevet des collèges - ni a fortiori le bac), les conditions incomparables offertes par rapport à une école fondamentale (équivalent de l’école primaire) où les enfants sont scolarisés à une centaine par classe ne doivent pas y être étrangères.

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L’alphabétisation des enfants est donc réalisée par le biais du N’KO. Les caractères latins ne sont introduits qu’au service de l’apprentissage du français comme langue étrangère, à partir de la 3e année. La grande différence de méthode entre le système N’KO et le système malien officiel repose donc sur le fait que l’alphabétisation, qui se fait dans la langue natale, est déconnectée de l’apprentissage du français. Dans la préface de son traité de sciences, écrite en 1960, Soulemana KANTE explique sa démarche au travers d’une préface « rédigée en français et adressée aux intellectuels africains instruits en langue officielle de l’ex A.O.F" (seule partie qu’il m’a donc été possible de déchiffrer). Il y développe justement ce point en précisant que : « des expériences montrent que la seule solution pour instruire un peuple arriéré est l’enseignement (même supérieur) donné dans des langues nationales qui est douze fois plus rapide qu’être artificiellement cultivé dans une langue étrangère. Nous avons constaté qu’un enseignement nocturne (alphabétisation) donné aux adultes en langues nationales peut les certifier dans un délai maximum de six mois, tandis qu’en langues étrangères il faut six ans au moins. » Ces exemples prouvent suffisamment que le N’KO est en train de combler un vide : celui laissé par les politiques éducatives officielles.

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CINQUIEME PARTIE

DE LA LITTERATURE EN N’KO

LA LITTERATURE AFRICAINE EN N’KO Concept de littérature africaine En Afrique comme ailleurs, il est généralement admis que la littérature soit définie comme « l’ensemble des œuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une valeur esthétique ». Elle peut aussi se ramener à l’ensemble des productions littéraires d’un pays, d’une époque, d’un genre, d’une langue… (LAROUSSE, 2004). De ces approches académiques, on en déduit que la littérature africaine revêt un aspect dualiste qui concerne aussi bien l’oralité que l’écrit. Littérature africaine traditionnelle orale Est désigné sous le thème de littérature orale africaine, l’ensemble des productions orales fait de contes, de proverbes, épopées, et mythes permettant de transmettre de génération en génération ou de « bouche à oreille » la sagesse populaire africaine. C’est une littérature traditionnelle grâce à laquelle les contes, les adages, coutumes, et spécificités ont pu se perpétuer pendant des siècles chez des peuples africains. Ces savoirs se transmettaient dans les familles, dans les activités quotidiennes et par des spécialistes de la tradition : griots, conteurs, anciens. Ce qui a fait dire à l’écrivain malien d’expression francophone Amadou Hampaté BA, qu’en Afrique, la mort d’un vieillard équivaut à une bibliothèque qui brûle (Kane, 1983). Cette pensée de l’homme de lettres

malien que fut Amadou Hampaté BA expose le caractère essentiellement oral des civilisations africaines et l’importance des traditions. Il n’est pas surprenant alors, que la plupart des auteurs africains ou africanistes ont eu à se prononcer ou à prendre position par rapport à la tradition. Littérature africaine traditionnelle écrite C’est la littérature dont les origines remontent aux périodes précoloniale et coloniale. Concernant la période précoloniale, l’introduction de l’islam en Afrique de l’Ouest depuis le temps des grands empires a permis le développement d’une littérature africaine indigène d’expression arabophone qui faisait les beaux temps de Tombouctou, Djenné, et bien d’autres métropoles de l’époque (KI-ZERBO,1978). Ainsi, d’après l’historien guinéen Ibrahima Baba KAKE, le célèbre pèlerin empereur manding Kankou Moussa aurait rédigé un traité de bienséance en arabe au XIV ème siècle. Les témoignages d’Ibn BATOUTA sur l’enseignement coranique au Mali d’antan confirment la même tendance (KANTE, 1974). À la fin des grands empires médiévaux, d’autres cités et royaumes prendront le relais des maîtres de Tombouctou : il s’agissait des royaumes théocratiques Peulhs et Toucouleurs du Fouta Toro, du Macina, du Fouta Djallon ou de Sokoto. Dans ces Etats émergea une littérature écrite en Peulh à travers les caractères arabes, d’ailleurs souvent appelés Ajami. Pour le cas précis du Fouta Djallon, un lettré peul érudit de son état du nom de Thierno Samba Mombéa

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DIALLO fit d’importantes recherches et écrivit en pular (Keïta, 2005). Dans ce même ordre d’idée, nous pouvons inscrire le cas du royaume musulman de Batè en Haute Guinée où la naissance d’une littérature en maninka produite en arabe avait fait la célébrité des Oulémas de Kankan dès le XVIII ème siècle. En outre la traduction de certains textes sacrés en maninka par les exégètes de Kankan, il eût un développement prodigieux des poèmes islamiques. Tels furent les cas d’Alpha Mahmoud Kaba (XVIII ème siècle) et de Diakagbè Taliby Kaba (début du XX ème siècle). Soulemana KANTE, le père de la Littérature en N’KO considère ces deux auteurs comme ses maîtres à penser (KANTE, 1993). Contrairement à ce que pensent certains chercheurs, les maîtres de Soulemana KANTE ne sont pas à chercher outre-mer, mais chez les oulémas du Batè. En effet, certaines critiques occidentales situent toute la pensée de Soulemana KANTE dans une perpétuation du chemin de l’ethnologue français Maurice Delafosse qui serait son maître idéologique (AMSELLE, 2001 ; CONRAD, 2001 ; VYDRINE, 2001). Notamment, pour AMSELLE, « tout le travail de Soulemana KANTE a consisté à traduire dans du vernaculaire l’œuvre de l’ethnologue français Maurice Delafosse ». Or dans un recueil de poème publié en N’KO en 1993 à titre posthume, SOULEMANA KANTE révèle se situer dans le prolongement des maîtres coraniques du Batè (KANTE, 1993).

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Il sera très difficile alors de soutenir vivendi mordicus l’idée selon laquelle le fondateur du N’KO est l’héritier intellectuel de Delafosse à cause de l’originalité de sa pensée même si des similitudes ou des convergences peuvent être facilement décelées entre les pensées de ces deux grands africanistes. Cela est perçu souvent dans les milieux N’KO comme du paternalisme scientifique où tout Africain à l’esprit inventif doit forcément avoir un maître occidental. L’autodidacte arabophone qu’était KANTE échappe à ce schéma (voir bibliographie). Littérature africaine écrite moderne La littérature traditionnelle écrite qui florissait aux XVIII ème et XIX ème siècles fut interrompue ou limitée dans son expansion pendant la pénétration coloniale et l’occupation européenne. Alors, l’introduction des langues européennes en AFRIQUE provoqua progressivement la rupture avec ce type de littérature précoloniale et l’avènement d’une littérature africaine d’expression langues européennes (en fait française, portugaise ou anglaise principalement). Confrontées à la domination, à l’exploitation coloniale des Européens, les nouvelles élites africaines, lettrées dans les langues européennes, réagiront en composant des chants, poèmes, proses ou romans. Ce courant dit de « réveil des consciences » a permis l’éclosion d’une série d’œuvres littéraires dans tout le monde négro africain. Le champ d’action de cette littérature Négro africaine s’est exercé aussi bien sur le continent américain (Williams Eduar DUBOIS, Cunttee CULLEN, Claud 108

MCKAY, Langston HUGUES, Richard WRIGHT, Léon Gontran DAMAS, Etienne LERO, René MENIL, René MARAN, Aimé CESAIRE, Frantz FANON…) qu’en Afrique noire (Léopold Sédar SENGHOR, Birago DIOP, Bernard DADIE, Laye CAMARA, Wolé SOYINKA, Mariama BA, Amadou Hampaté BA, Seydou Badjan KOUYATE, Djibril Tamsir NIANE). Certains ont été panafricanistes, d’autres ont animé le mouvement de la renaissance nègre ou négro renaissance, les derniers ont combattu dans la revue légitime défense ou dans le mouvement de la Négritude dans les années 1930. Les années 1950 consacrent le procès du colonialisme à travers de nombreuses œuvres romanesques. Cependant, au -delà de l’aspect original de la littérature africaine d’expression langue étrangère, il est à remarquer que le débat entre la tradition et la modernité des sociétés africaines en est le thème essentiel. Ainsi, des apôtres Négro-américains du panafricanisme à René MARAN aux revues Légitime Défense et Etudiant Noir de la Négritude, sans omettre les romans des années 1950, la littérature dite des « Indépendances », celle dite « contemporaine », nous constatons que l’attitude envers la tradition en est le thème majeur de la littérature africaine écrite d’expression langues européennes de ses origines à nos jours. Cela pourrait s’illustrer aussi par deux œuvres majeures qui demeurent à ce jour parmi les romans les plus interprétés de la littérature africaine d’expression française : l’enfant noir du Guinéen CAMARA Laye publié en 1953 et une si longue lettre de la Sénégalaise 109

Mariama BA éditée en 1979 demeurent parmi les romans francophones les plus interprétés. Cette célébrité des deux romans les rend intemporels par le fait qu’ils n’ont jamais perdu de leurs actualités. Ces deux œuvres se positionnent pour ou contre la tradition et en faveur ou non de la modernité. En réalité, la littérature africaine écrite en général étant sommairement traitée, nous pensons qu’elle se divise en trois parties : La littérature africaine écrite d’origine arabo-berbère La littérature africaine écrite née à partir de l’influence arabo-musulmane et fruit d’une culture lettrée de grands foyers maraboutique (Tombouctou, Fouta Djallon, Kankan, Macina, Kano) fut discréditée par l’introduction de la colonisation européenne en Afrique au XIXème siècle et ne fut jamais restaurée après les indépendances. Aujourd’hui, sa survie n’est pas totalement assurée malgré la persistance de quelques foyers très actifs. La littérature africaine écrite d’expression européenne La littérature africaine écrite d’expression étrangère est née avec la colonisation et contrairement à la première, se fait dans les langues occidentales. Elle est actuellement la mieux outillée et la plus développée, car, enregistrant assez d’œuvres publiées. Elle bénéficie d’un contexte national et international favorable et il est à remarquer que les langues européennes demeurent les langues d’expression officielle des pays africains près de soixante ans après leur accession à la souveraineté et à 110

l’indépendance politique. Une littérature autochtone utilisant les langues du continent n’a pas pu émerger réellement. La littérature africaine écrite en N’KO La littérature africaine écrite en N’KO est la dernièrenée des littératures, car elle a vu le jour seulement après la Seconde Guerre mondiale. Elle est une sorte de prolongement de la littérature des foyers maraboutiques, car, son inventeur y a trouvé son goût et sa passion pour l’écriture. Cependant, elle est très autochtone et s’avère forcement distincte des deux autres qui s’appuient sur des écritures étrangères comme l’arabe pour transcrire les langues ou ne tiennent pas du tout compte des langues africaines. Quoi qu’il en soit, on observe une certaine popularité de cette littérature en N’KO dont l’ampleur augmente année après année. Comment cette littérature écrite en N’KO est-elle née ? Comment a-t-elle évolué ? Quels en sont ses principaux thèmes littéraires ? Quels sont les genres littéraires employés par les auteurs ?

Dans les rubriques qui suivent, nous essayerons d’apporter des éléments de réponse à ces questions citées plus haut, en nous basant également sur les auteurs les plus remarquables. Concept de Littérature en N’KO : querelle sémantique ? « La littérature N’KO ߊߦߎߞߋߟߡ ߏߞߒ » La littérature écrite africaine d’expression N’KO est un terme qui peut être convenable, mais pose un problème d’interprétation. Pour de nombreux 111

spécialistes étrangers, le terme N’KO désigne un système d’écriture et non une langue. Par conséquent, on ne peut pas ou on ne doit pas le considérer comme une langue. Il est clair alors que considérer le N’KO comme une langue est une confusion (AMSELLE, 2001). Pour les personnes qui utilisent l’écriture N’KO, le concept N’KO désigne avant tout la langue avant de nommer l’écriture. A la question de savoir si le N’KO est une langue ou une écriture, on reçoit souvent pour réponse l’Arabe est-elle une langue ou une écriture ? (AMSELLE, 2001). Si l’on donne la parole au fondateur du N’KO lui même, il définit le terme de la façon suivante : « le N’KO est la langue commune du mandén composée de quatre dialectes distincts : Maninka, Bamanan, Jula, Mandingo ». Dans tous ses textes, le N’KO a souvent pour attribut « Mandén fodoba Kan ߲ ߬ ߬ ߲߫ ߲߬ », expression qui signifie littéralement, langue commune du Mandén (KANTE, 2003). Pour mieux traiter la notion de littérature utilisant l’écriture N’KO, nous ne parlerons pas ici de littérature mandingue, ensemble sémantique très large, pour ne pas qu’elle se confonde avec les autres littératures mandingues. Pour ne pas perdre de vue l’originalité et la spécificité de cette littérature en N’KO, nous avons préféré utiliser le terme N’kophone pour mettre l’accent sur l’aspect linguistique comme le soutient son fondateur ; notre objectif n’est pas de nous mêler de ces querelles d’écoles, mais d’essayer de rendre aussi 112

fidèlement que possible les aspects de cette littérature sans trahir l’idée des auteurs. Nous n’avons pas non plus utilisé l’expression littérature N’KO, qui peut dans certaines conditions, être normalement correcte et appropriée, pour ne pas que l’équivoque scripturaire reste dans l’esprit des apprenants, informateurs et chercheurs. Le concept de littérature N’KOphone « N’KO mélékuya

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N’kophone est un terme à consonance plus linguistique et plus précis. Il désigne cette littérature en langue mandingue utilisant l’écriture N’KO. Le terme à l’avantage de circonscrire notre domaine aux langues mandingues. Ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est qu’il existe des débuts d’une littérature peulh en N’KO, voire d’une littérature Mandé (Soussou ou Soninké). Donc, la littérature N’KO devient sujette à confusion. C’est pour éviter cette confusion sémantique que nous utiliserons ici le mot N’KOphone. D’après KANTE, le terme « mélékuya -&$ , » qui signifie littérature dans les textes en N’KO a pour étymologie le mot « méléku $ , » qui est un corroboratif selon la grammaire élaborée en N’KO. Il est une sorte d’adverbe expressif qui accompagne les verbes « exprimer ou parler » éloquemment. C’est un sens qui est proche de la rhétorique chez les Européens. Voici les détails que cet auteur donne au terme « mélékuya -&$ , » :

113

« La culture d’un peuple est ce que ses membres se montrent avec art en théorie et en pratique ; donc, se transmettre la culture est la littérature. » Le fondateur de l’alphabet N’KO considère la littérature comme un élément de transmission de la culture au sein d’un peuple. Pour le cas du mandén, il a distingué dix genres littéraires oraux « mandén mélékuya bolon tan » :

Kumamasanda

( *߲߬+%+1+1"2)

est désigné littéralement comme un ensemble de paroles proverbialisées, c’est l’équivalent des maximes chez les Européens ;

Sanda ( *߲߬+3) est le proverbe proprement dit, il désigne une sagesse populaire ou une vérité générale supposée comme vrai chez un peuple ; Sandamunun (45"1߬ +*߲߬+3), littéralement forme de ߲ proverbe ou ressemblant au proverbe, c’est une sorte de dicton ou un énoncé très court ; Sandakodobo (6)߬7*#߬+*߲߬+3) est l’équivalent des devinettes ;

Lagnoonma ( 17߲߯ 9+() est le genre comparatif qui peut être assimilé aux figures de style chez les Européens ;

Toli (:.$߬ ;) est le conte. Chez le fondateur du N’KO, il englobe les romans et les épopées ;

Sirin (:߲